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Titre : Histoire des maires de Melun, 1506-1891 / Albert Huguenin

Auteur : Huguenin, Albert. Auteur du texte

Éditeur : Impr. du "Messager de Seine-et-Marne" (Melun)

Date d'édition : 1897

Sujet : Administration -- Melun (Seine-et-Marne, France) -- 1500-1800

Sujet : Administration -- Melun (Seine-et-Marne, France) -- 19e siècle

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34122603p

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 257 p.-[1] f. de front. ; in-16

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Description : Collection numérique : Fonds régional : Île-de-France

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k67195p

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, LK7-31162

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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HISTOIRE DES MAIRES

DE MELUN


.7.-

MELUN EN l86o


MAIRES (te MELUN

IMPKIMEÏUE DU 0 MR88AGRR DE SBINË-&-MARNH <)~r~e de la Gare, 9

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Il a été tiré cent exemplaires,

seulement, de cet ouvrage.


AVAXTT PROPOS

7/HïSTOIRB DES MAIRES DE MELUN, ~MC je présente, est la réunion d'une série d'articles qui ont paru dans le Messager de Seine-et-Marne, journal ~r~t~ consacré aux ~~r~ Cité y~Mnaise.

Le lecteur ne sera donc pas surpris de la brièveté du qu'unjournaliste est souvent obligé d'employer pour un artic!~ publié dans une feuille où la plus large place est ~s~~ H~c ac~H~H~. Ceci ~a&H, ne y~c reste plus qu'à r~c~r toutes ~s personnes qui ont bien voulu m'aider dans ce travail de compilation en me procurant des ~oc~ments exacts et absolument historiques Je suis heureux de rendre ici un <M<rc hommage au talent de M. Gabriel Leroy, auteur de l'Histoire de Melun, dans ~~Me~y~c puisé des inspirations


AVANT-PROPOS

qui yy~o~ été précieuses pour la tâche yH~yc m'étais tracée.

Z'HiSTOIRE DES MAIRES DE MELUN n'est pas H~ OM~ donnant les 6ïO~'r~p/M<?S des SO~yH~ ~r~~ qui. ont été sMccessïp~yyï~ tête de la municipalité pendant plus de trois siècles. Elle est le résumé sMcc~~ des principauxfaits qui.se sont passés sous l'administration de chacun, donnant. ainsi le développement de la ville depuis f~o~ jusqu'à nos jours.

En popularisant une. ~H~y~ aussi utile, ye crois avoir rempli mon devoir de bon citoyen d'une cité OM j'ai rAo~CM/' de r~ï~r~~pHt~H~ quart de siècle; aussi,. l'espoir que l'HISTOIRE DES MAIRES sera bien accueillie par les M~~M~~M par tous ceux qui s'intéressent au passé ~0~07~6~ glorieux de l a de Mel un.

Melun, le i5 septembre 1897.

A H.


Histoire des Maires

DE MEJUN

XV et XVt siècles

En tous temps les communes ont été dirigées par des habitants choisis dans les communes elles-mêmes.

Qu'ils aient été primitivement appelés consuls, ~Mr$, 7~/Or.S, J~OCMr<?M/s~~cs pu j~r~m~s échevins que les pouvoirs leur fussent octroyés par les Chartes des rois ou des seigneurs déterminant leurs prérogatives, pu par les suffrages de leurs concitoyens, ils étaient, comme nos maires actuels, les représentants de l'ensemble des habitants de leurs localités.

On ne peut guère préciser une date relative à la création des maires, leurs attributions sont venues peu à peu, suivant


les événements et le progrès toutefois on peut, au point de vue administratif, &i~e remonter les premiers maires au temps de la République romaine, 5og ans avant Jésus-Christ

(~est, en effet, après la chute de Tarquin le Superbe, le dernier roi de Rome, que deux consuls furent nommés par les suffrages des électeurs romains pour administrer la capitale républicaine. La durée de leurs mandats étant annuelle ces deux consuls n'étaient en réa- w lité que des maires chargés de la gestion des intérêts de la cité.

Jusqu'à la féodalité, les communes ont été régies par les seigneurs, maîtres absolus de leurs fiefs, et. qui, plus puissants que la royauté, fractionnaient la France en. plusieurs petits Etats.

C6 fut sous le règne de Loui& VI, dit Gros, que commença l'affranchi des communes. Enserrées de tous côtés

par la puissance de la. Seigneurie, le roi trouva, dans la bourgeoisie des localités, de~ adversaires du régime ieodah et! toute


la politique de Louis le Gros consista à favoriser la révolution communale. Les guerres privées que les seigneurs se faisaient entre eux nécessitaient des besoins d'argent afin de tenir leurs /~<2~ convenablement. Ils accordèrent alors aux villes et aux communes de leurs fiefs, certaines franchises moyennant finances, l'autorité royale intervenait pour sanctionner et garantir les conventions passées entre le peuple et les seigneurs.

Peu à peu, les opprimés tournèrent leurs regards vers la royauté qui défen~ dait leurs intérêts.

Les Chartes que les seigneurs concédaient, moyennant certaines redevances ou moyennant finances, stipulaient la liberté des bourgeois de la commune.

Elles leur accordaient la libre disposition de leurs biens et leur reconnaissaient le droit d'élire les magistrats municipaux échevins, maires ou consuls.

Aucune pièce, concernant ces nominations, n'est restée dans les archives du département de Seine-et-Marne, mais il est


supposable que sous la féodalité il devait y avoir à Melun un premier échevin, ou maire, jouissant d'une certaine faveur auprès de la Cour, attendu que la cité Melunaise était fréquentée, tous les ans, par les gentilhommes et par les rois eux-mêmes qui aimaient « venir passer la besle sayson sur les bords de la Seyne dans la ville de Meleun ».

Robert II, roi de France, y mourut en io3i dans le château qui se trouvait au bout de l'île et dont il ne reste comme vestige qu'une tourelle dite tour de la Reine-Blanche,

Cependant, les bonnes dispositions prises au xn~ siècle par Louis le Gros pour l'affranchissement des communes, ne durèrent que jusqu'à l'avènement des Valois en i3a8.

Les seigneurs reprirent leur autorité et nommèrent les ~H~ da.ns chacune de leur communauté. y.

Ces mayeurs étaient plutôt des oiRciers de police que des maires.

Représentants des seigneurs, ils exer-


çaient les droits de ceux-ci, les défendaient en cas échéant et surtout percevaient les dîmes pour le compte des seigneurs féodaux.

Certaines villes, comme Melun, par exemple, dépendant du domaine royal, étaient gérées par des procureurs-syndics ou plutôt des prévôts chargés de la perception des impôts de toute nature.

Comme partout, le rôle du procureursyndic était très limitée les curés des paroisses St-Aspais, St-Etienne, St-Liesne, St-Barthélemy et St-Ambroise tenaient les registres de Fêtât civil; les églises étaient construites et réparées avec l'argent des fabriques, l'entretien des routes et des fortifications incombait au trésor royal et la police était faite par le bailli ° Cet état de choses durait encore sous Louis XI.

Ce monarque habile et cruel, dont la devise JL~s<?r poitr r~r, sert encore au politiciens de nos jours, encouragea puissaniment le commerce et l'industrie


il traça des routes, multiplia les foires et créa les postes, en un mot, il constitua la France moderne.

La question des maires et des échevins le préoccupait surtout, il rêvait de les nommer dans toutes les villes du royaume afin d'amoindrir la prépondérance de la noblesse qu'il se plaisait à humilier. Sa mort, survenue le 2~ août 1~83, l'empêcha de continuer son œuvre d'organisation.

Son fils, Charles VIII, étant trop jeune pour régner, la régence du royaume fut confiée à Anne de Beaujeu, sa sœur aînée, ce qui amena une rivalité entre la régente et Louis d'Orléans, marié avec la deuxième sœur du roi.

Avec cette rivalité, qui dura quinze ans, s'arrêta le mouvement de progrès commencé par Louis XI.

Plus tard, lorsque Louis d'Orléans, sous le nom de Louis XII, succéda à Charles VIII mort sans enfants, les réformes communales ont été appliquées. Des co~us /ïM gouvern.ement, chargés


d'administrer le~ biens et les adirés êtes villes du domaine royal, furent nommés par le roi.

C'est Nicolas Tappereau, « bourgeois de Meleun, sieur de Marché-Marais)),quifut désigné pour remplir ces fonctions. Son nom à été retrouvé dans le procèsverbal de rédaction de la première coM~yy~ du baillage dressé le 20 octobre L5o6.

Si Nicolas Tappereaunc portait pas le nom de maire il n'en n'était pas moins, en qualité de coy~ gouverment, administrateur et, de. ce fait, peut être consi-~déré comme le premier maire de la ville de Melun.

Assisté de quatre échevins et d'un conseil de. «notables)); le « sieur de MarchéMarais~ administra la ville jusqu'à ~a mort, qui a certainement eu lieu après celle de Louis XII, car ce monarque était trop soucieux de l'administration des villes dudbmaine royal pour ne pas avoir donné un successeur au « comis au gou* vernement pour la ville de Meleun)) si Nicolas Tappereau était décédé avant lui.


En toute supposition, le premier maire de Melun connu a été à la tête de la municipalité jusqu'au-delà de i5i5, date de la mort du roi.

C'est pendant sa gestion que le chevet et le chœur de l'église Saint-Aspais furent reconstruits sur les plans de Jehan de Félin, architecte parisien.

C'est également pendant les premières années du xvi~ siècle que Louis XII autorisa les habitants, « les bourgeois et les manants », à se livrer au tir de l'arquebuse.

Pendant trois siècles, la compagnie de l'Arquebuse fit l'honneur de la cité elle figurait dans les parades militaires et se battit vaillamment lorsque les troupes d'Henri IV assiégèrent Melun, en 15go. Elle avait pour devise L'Anguille, ce qui prouve que le dicton populaire Z/Ht~ de j~e~M~ crie avant qu'on ne l'écorche est antérieur au règne de Henri III. Ceci dit pour certains historiens qui le font remonter au temps des « Ligueurs »


du reste, Rabelais en parle dans son P~~~7'H~.

Composée ~( d'hommes honorables » de la cité la compagnie des arquebusiers. devint bientôt florissante et, grâce aux dons qui lui furent faits à différentes reprises, elle acheta un hôtel dans le quartier StAmbroise.

L'Hôtel de r~yK<?&MS<? a été vendu le 20 novembre 1~92, par devant M~ Savenet, notaire à Melun, à la suite du licenciement de la compagnie.

Cent ans plus tard, en 1892, les enfants de Melun ont fondé un société fraternelle avec le titre de l'Anguille; leur insigne est semblable à celui de leurs ancêtres, espérons pour elle qu'elle vivra autant que la compagnie des arquebusiers melunais. f

François 1er était trop avide de gloire militaire pour s'occuper de l'administration civile

Ses démêlés avec l'empereur Maximi-


lien et le pape Léon X, le successeur de Jules II qui avait organisé la sainte-ligue contre la France ses guerres avec Charles-Quint l'absorbèrent tellement qu'il négligea les administrations communales. Ces alternatives d'organisation et de rétrogradation n'avaient rien d'extraordinaire à une époque où les seigneurs gouvernaient eux-mêmes leurs provinces. Catherine de Médicis, épouse de Henri M tué dans un tournoi, était une femme de gouvernement pendant le règne de son mari, elle avait repris les projets de Louis -XII pour l'atiranchissement des communes et, quand François II, son fils, monta sur le trône, il suivit l'impulsion' de sa mère et nolnma, en i56o, Gabriel Bordier procureur-syndic de la ville de Melun.

A partir de cette époque, le pouvoir municipal fut définitivement constitué. En i5~o, Gabriel Bordier mourut et Claude Fuselie~ « homme seyrieux et de


bons conseils j~ =' le remplaça à la gérance des affaires municipales.

Ce troisième maire était un notable très dévoué pour les intérêts de la. ville c'est lui qui fut chargé d'établir le premier impôt en espèces dans la cité melunaisc.

Le roi Henri III avait, dans un édit, autorisé la ville de Melun à ce qu'elle eut un revenu annuel et que ce revenu serait fourni par une imposition de a sols 6 deniers sur chaque minot de sel vendu au grenier de Melun.

Comme le minot équivalait à un demisetier, mesure encore employée par nos marchands de grains, c'était une imposition de 2 sous 1/2 pour environ 5o litres de sel.

Les contribuables de 1896 sourient en songeant à la somme minime que leurs pères payaient il y a 3~5 ans et ils ont raison, car nous avons retrouvé dans un

compte de budget d'une de ces dernières années que nous payions 10 francs par 100 kilogrammes et que le produit total


du revenu sur le sel produisait 38,000,000 de francs au trésor français.

En i5~5, les Etats Généraux réunis a Hlois revendiquèrent la liberté des élections dans les assemblées communales. Claude Fuselier, d'après l'édit, fut nommé par la pluralité des suffrages ainsi que les échevins choisis parmi les notables. Les pouvoirs municipaux expiraient tous les ans « le jour de la Saint-Rémy » (i~ octobre).

Ce jour-lit, le lieutenant-général du baillage et ses assesseurs assignaient les notables de la ville de Melun à comparaître à la /y~r~<? pour nommer les ofUciers municipaux.

Ceux qui ne répondaient pas à cette assignation étaient « très mal venus » et condamnés à 10 écus d'ainende, lesquels servaient aux «réparations de la commune ».

Comme on le voit, il y a trois siècles,

1-

sous la royauté, le vote était obligatoire. Que les insouciants de nos jours, qui ne


remplissent pas leur devoir de citoyens. méditent les dispositions prises par la monarchie en i5~5

Pendant les guerres de religion, qui avaient lieu dans la Nièvre entre les catholiques et les protestants, des réquisitions nombreuses étaient faites chez les habitants qui possédaient des chevaux et des charrettes.

Naturellement/les propriétaires melunais protestaient et de graves conflits s'élevaient entre eux et l'intendance royale. Grâce au tact et à l'intelligence de Claude Fuselier, qui savait intervenir dans ces réquistitions, l'entente se faisait et souvent à la satisfaction des deux partis.

Ce magistrat dévoué resta il la tête de la municipalité jusqu'en i58~.

'Les plus grandes calamités s'abattirent sur Melun pendant la durée de son administration.

En i5~8, c~H/ sorte de dysenterie fit de sérieux ravages dans la population melunaise.


En i5~9, la' Seine déborda et tous les bas quartiers de la ville furent inondés les eaux étaient si fortes qu'elles passèrent par-dessus le pont Saint-Liesnc, ce qui interrompit les communications urbaines avec le faubourg.

En i58o, une maladie, à laquelle on avait donné le nom de coquel uche, fut apportée à Melun par les parisiens qui. avaient fui la capitale dans la crainte de ce fléau.

L'épidémie jeta l'effroi dans la ville de Melun où les principes de l'hygiène publique étàient encore très primitifs.

Une famine épouvantable se déclara en 108~ à la suite des pluies continuelles qui avaient noyé les récoltes de la Brie. Il en fut de même en i586 où le prix du setier de blé qui variait jusqu'alors entre 4 et 6 livres s'éleva à 12 livres y sols 6 deniers. Pendant cette époque de calamités qui consternaient la pauvre cité melunaise, Claude Fuselier déploya un zèle digne d'éloges niais les magistrats lurent im"


pmssants à soulager ces misères attendu que, d'après une nouvelle ordonnance royale, les ressources de la ville, produites par l'impôt du sel et du vin, étaient spécialement aûectées aux travaux des fortifications.

.Claude Fuselier fut remplacé par Charles Riotte (premier du nom), le 2 du mois d'octobre i58~.

Pressé par les catholiques ardents, Henri III se décida à sortir de sa réserve contre la ligue, ou plutôt la 6~e-C//no/~ do~it le but secret était de renverser le roi pour faire passer la couronne dans la maison de Guise.

Après la journée des jB~r~c< les ligueurs avaient envoyé à Melun le capitaine Saint-Pol, afin de s'emparer de cette ~ille qui v commandait la vallée de la Seine.

Pendant leur séjour, Saint-Pol et ses bandes d'hommes armés mirent à contribution les habitants ils pillèrent, volèrent chez tous ceux qu'ils suspectaient


d'être restés fidèles au roi et se battirent, en mai i588, contre Tristan de Rostaing qui avait organise la défense de l'île SaintEtiennc.

Après une canonnade de deux ou trois jours, ils durent se retirer pour ne pas être pris entre deux feux, car les troupes royales, commandées par Claude de Bourbon de Rubempré, accouraient de Corbeil pour soutenir les partisans de Henri III.

Lorsque Saint-Pol arriva dans Melun, le maire Charles Riotte arbora l'écharpe verte, emblème des ligueurs, mais il s'empressa de dissimuler cet insigne de p~rti lorsque les soldats du roi furent les vainqueurs de la cite.

Soit en raison de son aililiation à la ligue, soit qu'il eut le réel désir de soulager ses concitoyens déjà si éprouvés, Charles Riotte refusa net la proposition d'une commission qui lui avait été envoyée par Henri III, proposition qui consitait à lever un impôt de 1,~33 écus sur les habitants de Melun.


Il quitta son poste à l'expiration de son mandat et, le octobre i588, Symon Mégyssier fut élu Claude Leconte, Jean Legendre, Estienne Moyreau, cc/~e~~s.

Après la retraite de Saint-Fol, le gouverneur rétablit l'autorité royale dans la paroisse St-A.spais et Tristan de Rostaing, dont la mansuétude égalait la loyauté, ne sévit pas contre les ligueurs melunais qui s'étaient déclarés contre lui.

Le roi manifesta sa satisfaction, envers les défenseurs de sa cause, par une lettre de félicitations adressée à M. de Sourdys, .gendre du gouverneur; puis, pour recompenser les habitants de St-Etienne -et StAmbroise, il leur accorda une foire franche «pour chaque année »

Cette faveur suscita des jalousies dans la paroisse St-Aspais les habitants s'adressèrent au nouveau maire, Mégyssier, qui exposa leur plainte au gouverneur, lequel la transmit au roi.

Henri III revint sur sa décision et, dans une nouvelle ordonnance du 2~ novembre


i588 datée de Bloys, il déclara que cette foire s'appliquerait a « toutes les paroisses et faubourgs de Melun

Ce fut l'origine de la foire Saint-Martin qui a été rétablie en i85o sous l'administration de M. Poyex.

Après la journée d.es B~r/~c~c! Henri III, qui s'était réfugié a Blois, afiecta la générosité et l'oubli mais, en digne descendant des Médicis, il fit assassiner le duc de Guise et son frère, le cardinal de Lorraine, dans ce château le a3 décembre i588.

La nouvelle de ce lâche assassinat excita 1~ colère des ligueurs dans toute la France.

A Melun, le maire, les échevins et la majorité de la population se prononcèrent nettement pour les Guises et menacèrent le gouverneur Tristan de Rostaing -qui fut obligé de se retrancher encore une fois dans l'ile St-Etienne.

Mégyssier avait délégué a Paris un


nommé Pierre Jauvart, l'un des « notables eschevins » pour aller réclamer des secours au duc de Mayenne.

Pierre Jauvard revint avec des troupes commandées par le capitaine Aubert qui avait reçu l'ordre suivant

De par le Pr~os< des A~rc/~acfs et Esc/?'? de la Vt~e de Paris

II est ordonna au capitaine Aubcrt et sa compagnye de gens de pied de se transporter promptement en la ville de Melun, pour le secours des catholiques, ou ils seront menez et conduicts par Pierre Jauvart, l'un des eschevins de la dite ville de Melun.

Faict au bureau de la Ville, le a3' jour de janvier l'an i58~.

Signé HMVEHAR:).

Cette pièce existe dans les minutes du notaire Godefroy qui exerçait de 16~9 à 1590 dans l'étude tenue aujourd'hui par M~ Duguet.

Les combats recommencèrent comme au mois de mai, avec plus de rage et plus acharnés encore.


L'île St-Etienne fut bombardée par les ligueurs et prise d'assaut le février 1589.

La ville entière se trouvait au pouvoir des partisans de la vengeance des Guises. Pour fctcr cette victoire, on fit des feux de joie dans les rues, des scènes populaires furent organisées par la municipalité et le maire prononça des tirades contre « Henri de Valois, détestable tyran, homicide des saincts martyrs les duc et cardinal de Guise ».

Le 3i mars, jour du «vendredy saincts, un service solennel fut célébré dans Féglise Notre-Dame pour les « saincts martyrs », puis, le soir, le maire, les échevins et « j ,~oo personnes de tout âge » se promenèrent en procession dans la ville « à la clarté des torches tenues par les moynes et les ecclésiastyques »

A cette triste époque de notre histoire, Henri III était répudié à Paris et dans plusieurs parties de la France.

C'est alors qu'Henri de Navarre, avec


une grande habilité politique, vint oSrir au roi le secours de& troupes protestantes dont il disposait.

Les deux princes s'entendirent et, le 35 juillet i58g, ils assiégèrent la capitale. L'assaut allait être donné quand, le i~' août, Henri III fut poignarde a St-Cloud par le moine Jacques Clément.

Le lendemain de cet attentat, les troupes, rassemblées au camp de St-Cloud, proclamèrent le fils d'Antoine de Boui~ bon roi de France qui prit le nom de Henri IV.

Le même jour, le duc de Mayenne était nommé lieutenant-général du royaume par le cardinal de Bourbon que les ligueurs venaient de reconnaître pour roi de France sous le nom de Charles X. Le duc de Mayenne, qui connaissait le dévouement de Melun pour la ligue, vint un. jour dans notre ville et fut chaleureusement acclalné par les melunais c'est à la suite de cette visite qu'il ordonna au maire Mégyssier de fournir un local de-


vant servir d'atelier « afin d'y installer les coings et autres objets pour battre la monnaie du roi des ligueurs

Des pièces à F effigie de Charles X, cardinal de Bourbon, ont été retrouvées, en 1826, en faisant des fouilles dans la rue Saint-Jacques.

Elles sont naturellement très rares, cependant nous connaissons, à Melun, un numismate qui en possède une parfaitement conservée.

En ces temps de troubles, les rouages communal et administratif fonctionnaient toujours avec la môme ponctualité. Le j our de la saint Rémy suivant on convoqua les électeurs, comme d'habitude, pour le renouvellement de la municipalité.

Claude Leconte, l'un des échevins, fut élu maire pour l'exercice I588-I5QO, Mathieu Gaillard, avocat Pierre Pichon, procureur Pierre Barbin furent élus échevins pour la même période.

Trop faible pour attaquer Paris, Hen-


ri IV parcourut la Normandie, levant des impôts, lançant des ordonnances, etc. Le duc de Mayenne ne pouvait le voir, d'un œil calme, agir en roi dans les provinces qu'il avait oSertes au cardinal de Bourbon.

Il entra en campagne contre le « Béarnais ».

Battu à Arques, le lieutenant-général abandonna complètement la rive gauche de la Peine et, après sa défaite d'Ivry, la route de Paris fut ouverte à Henri IV. Le roi protestant en profita et marcha vivement sur la capitale.

A l'approche des troupes royales, les autorités melunaises préparèrent la résistance.

« Des gens de guerre » du duc de Mayenne, repliés sur Melun, renforcèrent la garnison qui se composait de la milice, sorte de garde nationale, et de la compagnie des arquebusiers F~Me; en tout 1,000 hommes sous le commandement général du capitaine Fouronne.


La plus grande activité régnait dans la ville.

-Un « notable », nommé Claude Pinot, avança l'argent nécessaire pour réparer les fortifications.

Des ravelins ou éperons furent construits devant la place de la porte de Paris et devant la place St-Jean dans la rue qui porte encore le nom d'qocro/t. Le maire et les échevins encourageaient les compagnies bourgeoises à la résistance.

Tous s'occupaient d'organiser la défense de la cité, car les melunais étaient décidés à mourir pour la cause de la ligue. Quand tout fut prêt, on attendit l'attaque

Le 5 avril i5go, les guetteurs qui ne quittaient pas leurs postes, signalèrent les premiers éclaireurs royaux sur les routes de Corbeil et du Châtelet.

Le C, Henri IV s'installa dans le parc de Vaulx-Ie-Pénil, puis, le lendemain avril, l'armée, commandée par -le roi en personne, prit position sur les hauteurs


de St-Liesne, les Carmes et St-Barthélemy et, dans la matinée, les premiers boulets furent lancés, par sept pièces de canons et deux couleuvrines, sur les remparts près de la porte St-Jean.

Trois cents coups de canons ont été tirés sur les vieux remparts de Melun. Devant cette forniidable artillerie, les fortifications du xn~ siècle ne résistèrent pas et bientôt une brèche assez grande permit aux soldats huguenots de s'élancer à l'assaut.

Les défenseurs de Melun tenaient bon, mais les troupes royales, habituées à vaincre, arrivèrent ivres de rage dans les fossés, ils escaladèrent la muraille, pénétrèrent dans la ville par la rue aux Oignons (rue de THôtel-de-Ville) et la place du Martroy (rue Carnot).

Les ligueurs melunais reculaient de barricades en barricades, battant en retraite du côté de l'ile St-Etienne, faisant passer les « habytants inotlensyfs )) sur le Pontaux-Fruits.


Quand les derniers combattants eurent traversé, ils incendièrent le Châtelet, qui fermait le pont, pour barrer la route aux assaillants.

Plusieurs habitants, qui s'étaient réfugiés dans l'intérieur de l'église St-Aspais, croyant y trouver l'inviolabilité, furent battus et massacrés dans le chœur même sans aucun scrupule religieux de la part des protestants.

Le curé de Notre-Dame, Nicolas Moullard et Pierre Perrotte, curé de St-Aspais, qui avaient fui ce lieu de refuge, arrivèrent à temps pour passer le pont avant sa destruction.

Claude Leconte, le maire, n'eut pas ce bonheur les soldats d'Henri IV le firent prisonnier et le gardèrent dans la Maison commune (hôtel de ville) située au bout de la rue Neuve, sur le bord de la Seine. Enivrés par le succès et furieux de ne pouvoir atteindre les ligueurs melunais, its se vengèrent en incendiant plusieurs maisons dans la rue du Chaude (rue St-


Jacques) ainsi que l'habitation du notaire Courtinier, un des prédécesseurs de Me Auberge.

Depuis quatre jours la paroisse St-Aspais était abandonnée aux vainqueurs, lorsque Henri IV se décida à faire cesser le massacre et le pillage.

Les prisonniers furent amnistiés, mais Claude Leconte, bien connu pour sa fidélité à la ~m~Thto~ et coupable d'avoir organisé la résistance, fut, par ordre du roy, pendu haut et court sur les remparts de la porte St-Jean afin de « servyr d'exemple ?, terroriser les ligueurs et « assurer leur soumyssion absolue ».

Suivant la coutume du temps, qui voulait que toute ville ayant tiré le canon «contre elle » donna ses cloches aux vainqueurs, le maître de l'artillerie royale, Vincent du Bertrand, mandataire du capitaine général de l'artillerie de France, exigea cette rançon des échevins de la ville.

Deux fabriciens en exercice, Jehan Desnoyers et Charles Dalençoh intervinrent


et, moyennant « 3oo escus d'or soleil », les cloches restèrent à la fabrique.

L'acte relatif à ce rachat a été passé, en avril 1690, chez M~ Violet, notaire, dans F étude tenue aujourd'hui par Me Pujol. Après l'exécution de Claude 1.écoute, Tristan de Rostaing gouverna la ville assisté du sieur de la Grange-le-Roi, ami personnel d'Henri IV.

Le vieil administrateur mourut le mars i5~i et fut enterré dans Féglisc de Vaux-le-Pénil avec dame Françoise Roberté son épouse

Jacques delà Grange-le-Ro y lui succéda comme gouverneur, car Henri IV, qui guerroyait toujours pour conquérir la capitale, ne se souciait pas de confier la direction des aûaircs municipales aux habitants qu'il avait combattus.

De ce fait, les fonctions de maire passèrent au pouvoir du représentant militaire du premier des Bourbons.

Pendant le siège de Paris, le roi venait de temps- en temps à Melun chez son ami «La Grange ? qui le recevait en son hôtel,


dans l'île St-Eticnne, à l'extrémité du Pont-aux-Fruits.

On voit encore aujourd'hui cette maison du côté du petit bras de la Seine, derrière le magasin d'épicerie de M. Vigneron, sur le quai de la Courtille.

Il reste deux fenêtres du temps avec croisillons de pierre, frontons pinacles, feuillages et autres sculptures.

Lorsque le roi put enfin entrer dans Paris, après avoir adjuré le protestantisme, le calme se rétablit. Le gouverneur, tout en surveillant les'anciens ligueurs, faisait tous ses efforts pour faire oublier aux melunais les mauvais souvenirs du siège les incendies et les cruautés des soldats huguenots.

A proximité de la capitale, protégée par la rivière, Melun devint une ville militaire.

Un ingénieur nommé Bachot, plus connu sous le nom du capitaine Ambroise,


y fut envoyé par le roy pour réparer et faire de nouvelles fortifications.

Toutes les maisons qui étaient en dehors de la ville furent brûlées, on éleva des bastions avancés, ou éperons, en tête des portes St-Jean, des Carmes, de Paris et de Bierre.

A cette époque, Melun était enfermée dans une enceinte fortifiée, les trois quartiers formaient trois villes.

Ainsi la muraille des fortifications du quartier St-Aspais partait de la Seine le long du boulevard Gambetta. Auprès du fleuve, il y avait une tour que l'on appelait la tour de «Messire Pasquier », en suivant l'enceinte on arrivait à la porte St-Jean; la boulangerie Leprince a été construite sur son emplacement.

Les fortifications se continuaient dans la rue de l'Eperon et tournaient au milieu du jardin de l'hôtel de ville.

Dans la rue du Palais-de-Justice, en face la maison de MM. Chambon et Charruel, marchands de vins en gros, s'élevait la porte des Carmes, puis le mur suivait dans les rues Dugupsclin et des, Fossés,


gagnant la porte de Paris de là, il traversait l'emplacement où se trouve actuellement l'hôtel du Grand-Monarque pour rejoindre, en biaisant, les rues de Boissettes etVaugrain au bout de laquelle on voyait la tour des « Pieux » qui faisait pendant à celle de « Messire Pasquier » L'Ile St-Etienne était également entourée de murailles.

St-Ambroise avait aussi ses fortifications particulières. Elles partaient de la tour « Guindard)), qui se trouvait au bord de la Seine entre le mur de la caserne de cavalerie et l'usine de la compagnie des eaux, suivaient en droite ligne pour arriver à la porte de Bierre, qui s'élevait an coin de la rue St-Ambroise et du Pré-Cbamblain. Elles longeaient le boulevard St-Ambroise et elles aboutissaient à la grosse tour «Mauger)), dont les fondations baignaient dans la rivière, en face la maison de M. Caget, banquier. v

Vpil~ c~mïne~t était Melun en 1094.


Nous avons tenu à en expliquer la topographie pour qu'en lisant ce qui va suivre le lecteur puisse se rendre bien compte des transformations successives de la cité durant les trois derniers siècles

Les travaux de réparations aux murailles, des nouvelles fortifications et de. la citadelle élevée près de la porte de Bierre se poursuivaient avec activité sous les ordres du capitaine Ambroise.

Tous ces travaux coûtaient énormément d'argent, s'il faut en croire le roi qui dut sa popularité à sa galanterie et a la jovialité de son cractêre.

« La marchadise la plus chère de mon royaume, disait-il, ce sont les éperons La Grange m'en a vendu deux à Melun pour 5o, ooo livres. ))

Il est a remarquer que, bien qu'elle ait toujours été pacifique, la ville de' Melun a souvent eu des charges pour les questions militaires.

Il y a'trois cents ans, le ministère de la


guerre dépensait 5 à 600,000 francs pour les fortifications en 189~ il décrétait la même somme pour les casernements. On a bien raison de dire que « l'histoire se répète ))

La prospérité revint un peu dans la cité le gouverneur La Grange fit faire de grands embellissements dans son hôtel de l'île Saint-Étienne, il dota la ville de fontaines alimentées par les sources de Saint-Liesne, il créa les transports par bateaux, coches et allèges, entre Paris et Melun.

En i5~, au mois d'août, le roi autorisa les sieurs Jacques et Vincent Sarrode frères et Horace Ponté, leur neveu, à établir une manufacture de verrerie dans le quartier Sàint-Ambroise

Les frères Sarrode ne profitèrent pas de ce privilège; ce ne fut que plus tard, vers i~8y, qu'elle a été fondée par le sieur Charlot.

En i8a5, par suite d'un défaut d'entente avec la municipalité, au sujet des droits d'octroi, la verrerie a été transférée à


Choisy-le-Roi, au grand regret des commerçants, car elle occupait de nombreux ouvriers.

Le magasin à fourrages et la manutention militaire ont été installés dans les bâtiments de l'ancienne verrerie, où ils

sont encore.

Lorsque, sous le règne de Louis-Phiippe, on construisit les quais de la ville le Melun, on donna le nom de quai de la Ferrera à la jolie voie qui n'a pas été iébaptLsée depuis.

En i5g8, le curé et les paroissiens de St-Barthélemy obtinrent l'autorisation du gouverneur de reconstruire l'église et le presbytère qui avaient été démolis par ordre de l'ingénieur Bachot.

Les travaux traînèrent en longueur, car l'argent manquait, et ne furent terminés qu'en 1688.

Sur son emplacement a été élevé l'hôtel de la préfecture.


XVH siècïe

Avec le nouveau siècle, Melun avait repris sa vie calme et tranquille de bonne ville de province.

Les ouvriers qui exécutaient les travaux procuraient des ressources au commerce local.

Henri IV avait mis bon ordre aux exploits des bandes armées et des ravageurs qui terrorisaient les environs.

Les melunais se levaient à l'aurore et se couchaient quand les portes de la ville étaient fermées, après le couvre-feu. ,j Tout était pour le mieux.

Le a juillet 1606, le roi vint solennellement à Melun pour poser la première pierre de la chapelle des Capucins, à l'extrémité du faubourg des Carmes, en présence du clergé, du bailli, du lieutenantgénéral, des avocats au baillage, du gouverneur et des officiers municipaux. Qu~nd on édiS~ le collège, sur Fempla-


cément de l'ancien couvent, on retrouva une pierre et une plaque de cuivre sur lesquelles la visite royale était mentionnée.

Elles sont conservées au musée de la Ville.

Si le roi Henri IV désirait que ses sujets mangeassent la poule au pot tous les dimanches, il ne se gênait pas pour les pressurer d'impôts de toute nature. A court d'argent, assez prodigue avec les femmes, le V~-G~i! donnaient des ordres aux gouverneurs des villes pour lever des contributions suivant le nombre d'habitants et les ressources des populations. C'est ainsi que le i~ août 16og une sentence du Conseil d'Etat du roi enjoignit au fermier du domaine de Melun, d'exiger un droit de 4 deniers parisis sur « les filles accouchées hors mariage ».

Cette perception étant très difficile à appliquer, l'impôt fut abandonné.

Le i~ mai 1610, deux courriers arrivant


de Paris, vinrent annoncer la nouvelle de l'assassinat du roi par Ravaillac. Malgré les guerres qui avaient été fatales à la cité, le monarque avait donné tant de marques de sympathies, que les melunais oubliaient leurs rancunes. Sa mort fut un deuil public le gouverneur, les ofliciers municipaux et les magistrats se rendirent, le lojuin suivant, en la collégiale de Notre-Dame pour assister à la célébration d'un service divin. Ce fut la ville qui en supporta les frais. Voici, d'après des papiers conservés au greffe des archives de Seine-et-Marne, en quoi consistaient les dépenses qui ont été faites pour cette cérémonie douzaines de torches, 4 douzaines de cierges du poids d'une livre chaque, des tentures de drap noir, des armoiries royales qui décoraient le portail et l'intérieur de l'église. Un impôt de 5 sols par muid de vin entrant dans la ville et les faubourgs, fut perçu pendant les quatre jours de la foire de la Saint-Martin afin de solder ces dépenses.


Le gouverneur La Grange mourut dans la dernière quinzaine de juin, suivant de près dans la tombe le roi qui l'avait installé dans la ville de Melun après le siège de 1590.

Son fils François le remplaça.

Louis XIII fut nommé roi de France et de Navarre, et Marie de Médicis, sa mère, eut la régence du royaume.

Sully, le ministre populaire, fut remplacé par l'italien Concini qui reçut le nom de maréchal d'Ancre bien que n'ayant jamais été militaire.

Les intrigues de la Cour, étaient telles que les prérogatives furent retirées aux gouverneurs des villes suspects de ne pas être du parti du maréchal d'Ancré. C'est ainsi que le Conseil d'Etat rendit un arrêt ordonnant que le maire et les échevins de Melun seraient nommés à l'élection, mais que les assemblées relatives aux affaires de la commune seraient présidées par le bailly et le lieutenant-général.

Dans ces conditions, le pouvoir muni-


cipal, tout en n'ayant pas l'autonomie qu'il avait au xvi~ siècle, reprenait un peu d'autorité.

On procéda a l'élection et le sieur Estienne Piloust fut élu maire en 1612.

Peu de temps après son installation, il reçut l'ordre du Conseil de la régence « de faire bonne garde et de ne permettre à aucune troupe soit grande ou petite, de cheval ou de pied, d'entrer ou de passer dans nostre ville, sy elles ne font pas apparoir de nos commandements exprez par lettres ou closes du passeport de nous. » Cet ordre avait été envoyé parce que des bandes franches parcouraient les campagnes, et réquisitionnaient au grand effroi des paysans.

En 163~, un avocat du roi, Jacques Cochon, devint maire en remplacement d'Estienne.Piloust. w

Les protestants s'agitaient dans les provinces à la voix de Condé, les Craintes de la Cour étaient vives et les melunais


tremblaient en se demandant si les guerres de religion n'allaient pas recommencer comme vingt années auparavant.

Les parisiens, qui prenaient ombrage des villes fortifiées aux environs de la capitale, demandèrent la destruction des places fortes.

Le roi, voulant leur donner satisfaction, envoya l'ordre au gouverneur et à Jchan le Métayer, sieur du Port, commissaire de l'artillerie royale, de démolir la citadelle construite près de la porte de Bicrre par le capitaine Ambroisc.

« A yant pour plusieurs bonnes considérations ordonné que la citadelle de nostre ville de Melun sera entièrement démolie, en sorte qu'elle ne puisse auculnement nuire ni préjudicier à nostre dicte ville de Paris. »

Pendant la gestion de Jacques Cochon, Barbin, un ancien procureur du roi, à Melun, fut nommé contrôleur général du Trésor.

Il était intendant des fermes de Marie


de Médicis quand, en 1616 il entra au ministère des finances.

Son crédit fut à son comble, tous ses parents et ses amis de Melun gravitaient autour de ce grand dispensateur de places et de grâces~

Le maire profita de tant de bienveillance pour obtenir plus de prorogatives, ce qui fut très facile au ministre, car le nouveau gouverneur, François La Grange, était incapable et impopulaire dans Melun.

L'influence de Barbin fut de courte durée le jour de l'assassinat de Concini, le a5 avril 161~, il faillit être lui-même poignardé poi-

gnardé.

Arrêté et conduit à la Bastille, on le transféra aFort-FEvôque où il mourut. La disgrâce de l'ancien procureur melunais fut bien regrettée, car on s'était habitué a recourir à sa protection toute puissante.

Quand il tomba, il y eu beaucoup de projets détruits et des déceptions dans la bourgeoisie locale.


Le a3 mars 1620, Jacques Cochon entouré de ses échevins présenta les clefs de la ville à Louis XIII qui traversait Melun pour se rendre à Fontainebleau. Les autorités municipales étaient réunies à la porte des Carmes et quand le roi i parut, arrivant de Lésigny d'où il venait de chasser « l'oiseau » en compagnie du duc de Luyncs, il n'y eut pas un grand enthousiasme les iiielunais gardaient rancune au monarque qui avait laissé assassiner le maréchal d'Ancre par Vitry, brisant ainsi l'influence de Barbin. Le 31 janvier 162~, un arrêt du Conseil du roy fut porté a Melun pour la reconstruction du Châtelet qui avait été incendié en 1590.

Depuis ce temps les « arrêts de justice » se rendaient dans un local situé près de l'église ~aint-Sauveur; l'édit portait que « les dépenses nécessaires pour cette construction seraient prélevées sur la moitié des deniers à provenir de rentrée accordée à la ville, sur les vins passant à Montereau ».


En 1626, Pierre Lefebure, avocat au baillage de Melun, se trouve a la tète dela municipalité pendant que la peste sévit encore une fois dans la malheureuse cité iiielunaise. J

Une question commerciale très grave, qui est encore en litige dans Melun, eut lieu en mai 1626.

Paris, comme de nos jours, envoyait des marchandises et des pourvoyeurs sur les marchés de la localité. Cette concurrence souleva des réclamations de la part des commerçants.

Les ofliciers municipaux en déférèrent au grand prévôt de France qui accueillit favorablement leur réclamation.

Les marchés de la ville furent interdits aux marchands étrangers.

Les parisiens ne s'en tinrent pas la et réclamèrent à leur tour au nom de la liberté commerciale.

Ne sachant à quel parti entendre, le roi ordonna que le commerce se ferait dans Melun comme au préalable.


En 162~, Ambroise Rousseau devint maire eu remplacement de Pierre Lefebure.

La peste était pour ainsi dire permanente dans les bas quartiers de Melun. Les rues voisines de la Seine, dont les eaux n'étaient pas maintenues par des quais, étaient de véritables cloaques où les épidémies faisaient d'épouvantables ravages.

Ce lieu, occupé maintenant par les rues au Lin, Vaugrain et du Presbytère, était surnommé le TroH-C'A~M; ce nom lui avait été donné parce que des carrières de pierres à chaux s'y trouvaient en exploitation.

La réputation des chaux de Melun a été très étendue sous 1 .ouis XIV il y avait près de 80 fourneaux, constamment en feu, établis entre le Mec et Melun. C'est en souvenir de cette industrie disparue à la fin du siècle dernier que l'on a dénommé le ~K~ des T~K/v~~M~ la promenade qui longe la Seine depuis l'octroi de Melun jusqu'au pont du chemin de fer.

Les principaux monuments élevés à


Paris pendant le règne de Louis XIV les Invalides, le Val-de-Gràce, Notre-Damedes-Victoires, etc., ont été construits avec 1~ chaux provenant de ces fours. Pendant la peste, des secours actifs étaient organisés sous la direction des ofllciers de l'hôtel de ville.

Quarante-quatre maisons, dont les habitants étaient atteints du fléau, durent être évacuées, fermées et «cadenassées)). Défense était faite aux gens, dont la santé paraissait suspecte, d'entrer en ville; les portes furent soigneusement gardées jusqu'en 16~8, époquel'épidémie cessa.

La ville avait dépensé en secours plus de 8,~00 livres.

En novembre 1628, il y eut une grande fête dans Melun pour célébrer le départ de la flotte anglaise des eaux de la Hochelle.

Le siège de cette ville durait depuis onze mois quand Richelieu, qui gouvernait la France, songea à mettre à contri-


bution les villes du royaume pour subvenir aux frais de guerre.

Un mandelnent royal avait enjoint au maire, Ambroisc Rousseau, de payer 1,2~5 livres pour la fourniture de « 5o paires d'habits )) afin de vêtir les soldats qui combattaient à la Rochelle.

La fin du siège empêcha le prélèvement de cet impôt; on conçoit la joie des Melunais qui fêtaient et la victoire de nos .troupes et. l'argent qui restait dans leurs poches.

On chanta un l'e D~My~ dans l'église StAspais et des feux de joie furent allumés aux carrefours de la ville.

François Lagrange, gouverneur de Melun, mourut devant la Rochelle le i~ août 1628.

Par lettre du 16 septembre suivant, son fils aîné, Jacques Le Roy, sieur de Montigny, fut nommé, quoique bien jeune encore, en remplacement de son père.

Le <~ juin i6~g,la rciue-mère écrivit aux magistrats du prcsidial de Melun, afin de


favoriser dans la villé l'établissement des religieuses de la Madeleine qui ne se trouvaient pas suiMsamment protégées dans le couvent qu'elles habitaient a Trainel, en Champagne.

Les Bénédictines du Trainel achetèrent l'ancien hôtel des Cens qui se trouvait dans la rue aux Oignons (de l'Hôtel-deVille).

Construite sous Louis XII, cette ancienne habitation devait être, en i8/{8, l'hôtel de ville actuel.

La maison appartenait à un arrière petit-neveu de Jacques Amyot, un nommé Pierre Regnault le contrat fut passé, le i~ décembre i6a<), devant M~ Courtinier, notaire, un des prédécesseurs de Me Aubergé.

N'étant pas plus en sûreté à Melun qu'en Champagne, les religieuses se retirèrent a Paris en i65a.

Melun était dans une période de calme on reconstruisait les édifices qui avaient été démolis et ruinés~ous la ligue l'hôtel des Saints-Pères (préfecture), le couvent


des Carmes (collège), l'église St-Barthélemy, le Châtelet.

En i63a, c'est le sieur Jehan Chartier qui est a la tète de la municipalité. Pour toute ressource, la ville avait une somme de /ooo livres que le gouvernement lui allouait pour l'entretien des murailles, des fontaines publiques et autres dépenses municipales

Cette allocation était donnée en compensation de l'abolition de l'entrée sur les vins qui était perçue directement par la gabelle royale.

Jacques Riotte, lieutenant général du Chàtelet, est nommé maire de Melun en i635.

Une des principales questions qui ont existé pendant les quatre années qu'il administra la ville fut celle du logement des troupes chez les particuliers.

Le roi Louis XIII allait souvent passer quelques mois au château de Fontainebleau. Pour soulager les contribuables de cette ville, le fils d'Henri IV n'avait rien


trouve de mieux que de faire tenir garnison à son escorte dans. la ville Melun pendant les séjours de la cour au Château. Les habitants de notre cité étaient tenus de « loger et nourrir )) les soldats du roi.

Tous les. deux jours, une compagnie partait de la place du Martroy (rue Carnot) pour aller prendre la garde au château de Fontainebleau.

Cétait un spectacle très attrayant pour les melunais de voir défiler ces grands gaillards, dans leurs brillants uniformes, au son des fifres et des tambours. Bien souvent, les moutards les accompagnaierlt fort loin dans la forêt, entraînés par la marche militaire, sans réfléchir aux « taloches » dont leurs parents pouvaient les gratifier en rentrant.

Mais s'ils étaient un régal pour les yeux, les gardes-françaises étaient loin de plaire aux contribuables.

Les habitants ne tardèrent pas à se plaindre de cette nouvelle charge imposée par les « gens de guerre »

Le maire s'en plaignit au roi lui-même


quand il vint entendre la messe dans l'église Notre-Dame, le 18 juin i636. Louis XIII écouta la requête de Jacques Riotte; et, à titre de compensation, lui donna, dix-huit. mois plùs tard, une lettre de cachet afin d'exempter la ville de Melun de toute autre réception des « gens de guerre ?.

Voici la teneur de cette lettre qui se trouve aux archives dans les registres des Causes du Roi.

DE PAR LE ROY

Chers et bien amés, étant adverti que quelques compagnies de chcvau-legers prétendent d'aller loger dans nostre ville de Melun et nostre intention estant de vous exempter de tout autre logement que celui que vous avez du régiment de nos gardes lorsque nos sommes à Fontainebleau, nous avons bien voulu vous faire cette lettre, que s~il se présente à vostre ville quelques compagnies de cavalerie ou autres troupes avec nos ordres ou autres, nous vouions et entendons que vous les receviez point, attendu que ces ordres ne peuvent avoir été obtenus que par surprise.

Donné à Fonta~nbleau, le i~ janvier i63~. LOUYS.


Cette faveur temporaire dura à peine trois ans, au grand «mécontentement des gens de la cité ».

A cette époque, une légende était en cours .dans la contrée.

Les superstitieux prétendaient que les femmes stériles n'avaient qu'a faire un pélérinage a Féricy, petite commune dépendant du baillage de Melun, et, qu'après avoir bu l'eau de la source SainteOsmanne, elles étaient assurées d'avoir un enfant.

Etant a Fontainebleau, en i63~, la reine entendit parler des verLus de l'eau de Féricy comme elle était désolée de son infécondité, elle résolut de tenter l'épreuve. Une neuvaine fut faite dans Féglise du pays, Anne d'Autriche but l'eau de SainteOsmanne et, soit que l'eau fut, en effet, prodigieuse, soit qu'une réaction se produisit dans l'organisme de la femme de Louis XIII, le 5 septembre i638, elle donnait le jour a un fils qui devait être Louis XIV.

Melun célébra la délivrance de la reine


par un Te D< et une procès sien d~ns laquelle figuraient les magistrats municipaux.

Jacques Riotte, le maire, donna le signal des réjouissances populaires en allumant un feu de joie sur le parvis de StAspais.

L'élection du maire était supprimée depuis longtemps, niais comme il y avait une espèce de dérogeance de la part du gouverneur, fringant officier et grand seigneur, à s'occuper des adaircs multiples de l'administration de la ville, on décida que les habitants nommeraient des délégués qui eux-mômes élieraient leur maire sous le bon plaisir de M. le gouverneur qui se réservait le droit d'annuler l'élection si le choix ne lui plaisait pas, Tous les ans, les délégués des paroisses se réunissaient dans la salle du Châtelet. Mais ces réunions ne se passaient pas sans orages; les électeurs, partisans de leurs candidats, s'invectivaient, s'injuriaient et quelquefois de violents pugilats venaient compléter le défaut d'arguments.


En i63~ l'élection de M. Luc de la Planche donna Heu à des désordres inouïs; ses ennemis protestèrent par un pamphlet adressé au gouverneur cette lettre, d'une extrême rigueur, avait pour titre « ?/tK/ et ~'<?.s-~r~Me rc/~o/ï~roy~ « j~c~ M. Za Gr~~e, sur l'élection ~M ~~trc « de Melun, dit de La P/a~c/tc. ?

La protestation disait que « c'était une honte d'avoir un traître qui n'a brigué sa charge que pour s'enrichir des biens des habitants ». Plus loin, le nouveau maire est traité de faussaire, pillard, meurtrier « qu'il s'est fait nommer pour se venger de ceux qu'il s'est rendu inconciliables par ses criiiies ?.

Ces luttes, ces discussions, nous permettent de constater la passion de nos ancêtres et l'extrême indifférence de la population actuelle pour le choix des candidats municipaux.

Mais, comme de nos jours, il y avait des sectaires haineux et pleins de Hel qui excitaient les paisibles citoyens les uns contre les autres, créant des antipathies éternelles.


Tristes fruits des passions politiques

Le 24 mai i6~3, Ijouis XIII mourait, suivant de près dans la tombe son premier ministre Richelieu.

Anne d'Autriche fut nommée régente du royaume pendant la minorité de Louis XIV proclamé roi a cinq ans.

Les gaspillages de la Cour forcèrent Mazarin, le premier ministre, a lever de nouveaux impôts.

Le 3 juillet i6~3, on nomma, gouverneur de la ville, François-Louis Arbaleste, seigneur de la. Horde-d'Ëprunes, viconlte, en partie, de Melun; il arriva précède d'une réputation de brutal et d'autoritaire.

A la suite de la révolution qui éclata contre Maxarin, le 26 août 16/~8, la ville bien que fidèle au gouvernement, prit parti contre lui pour faire opposition au nouveau gouverneur.

De graves conflits curent lieu, dans les séances de la salle du Chatelet, entre le


lieutenant-général, le maire et le sieur Arbaleste.

A la suite de ces incidents, un règlement particulier enleva la plupart des droits au maire de Melun. le sieur Jacques Garnot, qui, en 16~8, remplaçait Luc de La Planche.

Condé, qui était à la tète des frondeurs, venait de prendre la ville de Corbeil il croyait pouvoir s'emparer de Melun qu'il savait un peu portée à sa cause, mais, par un revirement inexplicable, ses soldats furent battus et chassés des portes de la ville.

En apprenant cette défense, Mazarin, qui tenait à se ménager le plus de villes possible, fit écrire par le jeune roi là lettre suivante

DE PAR LE ROY

-Chers et bien amez, nous avons reçu avec grand contentement les témoignages que vous nous avez rendus de votre fidélité pour le refus que vous avez iaict d'ouvrir vos portes aux troupes de Paris qui se sont présentées pour -entrer en vostre ville de Melun, et que par cet acte d'obéissance dans les présents mouvements, vous nous avez paict paroistre que vous demeu-


rez inviolables en l'observation de nos ordres, c'est ce qui nous oblige à vous i'aire cette lettre, de l'advis de la reine auguste nostre très honorée dame etmcrC) pour vous témoigner l'entière satifaction que nous avons et vous asseurer que nous recognoistrons cette ndélité par les dé charges que nous ferons en faveur de vostre dicte ville~ le plus tôt que nous. pourrons et qu'en toutes rencontres vous nos trouverez toujours disposé à vous donner en généraleten particulier des marques de nostre bienveillance, dans la créance que nous avons que vous continuerez dans les bons sentiments o~ êtes pour le bien de nostre service.

Donné à St-Germain-cn-Laye, le 2"" jour de mars 16~9. Louis.

« A nos chers. et bien ainez les maires et es-.chevins, corps de ville oniciers de Melun. ~Arc~es ~c~e-ct-~f~r~.

Ces belles promesses du roi n'orit pas été tenues, au contraire, la ville eut à supporter le passage et le séjour des « gens de guerre )) du prince de Condé, réconcilié avec la cour.

Un régiment de la. reine étant de passage à Melun, le maire Jacques Garnot


leur refusa l'entrée de la ville les soldats logèrent dans Saint-Liesne où ils commirent pas mal de désordres. Les officiers de l'élection furent obligés d'avancer i ,38o livres afin de payer les dégâts qu'ils avaient fait dans ce faubourg.

Lorsqu'au mois de novembre suivant, les habitants, réunis, par convocation, dans la salle du Châtelet, discutèrent le remboursement de cette somme, la séance fut excessivemement orageuse on reprocha violemment au maire d'avoir empêché l'entrée des troupes du régiment de la reine.

A cette époque, c'était, dans la ville, un passage continuel de troupes; de plus, le ministre Le Tellier ordonnait que Melun devrait payer 2,000 livres pour les « gens de guerres.

Ecrasés par ces charges, une députation de melunais se rendit à 'St-Germain, auprès de la régente, pour obtenir exeniption des M gens de guerre )) en rappelant les promesses insérées dans la lettre du roi datée du 2 mars dernier.


{~ diélégmés revinr'ent sans aucune d~pis~ou

M~cpn~nts dp toutes ses charges, cubi~sant Finfl~nce de Paris et détestant de plus eu plus te gouverneur, les habitants prirent }p parti du Parlement tandis q~ie te gonyeri~eup était avec la cour. tCtiap~n avait ses partisans, si bien que la viU~ ~tait divisée et, de cette divepgenpp d'op~~pns des cpn(!its devaient surgir.

Un pvpnemp~t qui provoqua une grande émotion dans la ville eut lieu en juin tQ~Q. Dans la cour du château de la vicomte, ~itue d~9 rUp St-Et~epnc nous ~yons ~it p~s haut un npmnié Jacques Bpn~pgpr, capp~al de la nlilice, habitant de St-A~broise, ne s~ gêna pas pour protester contre les ordres du gouver~~ï* or~yes qm cp~st~ie~t lisser entrer dans I~el~ de~x compagnies du régi~~t de Persan. A~baleste, furieux de cette critique et s~rto~t exaspéré par la logique 4u ca.ppral, tira son ép~e et ~ss~s~ina te m:mc~


en criant « Voila co~me j'accommode ceux qui fc~t tes gaillards! » Apr&s cet a~cte de sauvagerie, il cotn~mnda aux bananes de jéter le cadavre dans Semé, mais les soldats terri Rés se bornèrèSt a; le déposer dans ùM ehamb~ du château. A ta suite de ce meurtre, le gou~ernéû~ dut quitter ]a ville, les habitants Payantnten~cé de le « lapider s'il sortait de' la vicomte.

F~~çois de Rostain~ fut non~é g~~ v~~eùr le 9 septembre t65o et p~it possession du château le 2~ dudit mois. En même temps. Jean Defïltat, coAseit1er, était élu maire de Melun.

L'autorité du gouverneur n'étant pas reconnue par le~ habitants, il dut céder devant une manifestation de ceux-ci. C~était le3 octobre, François de Rostaing accompagné du maire, des eschevins et de quelques sergents de la YiHe, s'était rendu à la porte des Carmen pour recevoir une compagnie de chevau-légers de S.A.R. qui devait tenir garnison a Melun.


La population, exaspérée, refusa carrément de les recevoir des coups de fusils furent tirés et M. de Rostaing.menacé luimême, se retira dans la maison du sieur Allegrin, lieutenant général du baillage. En présence d'une telle antipathie, le nouveau gouverneur se désista de ses fonctions.

On réintégra François d'Arbaleste qui écrivit, le 10 mars i65i,aux officiers de la municipalité, une lettre, dans laquelle il souhaitait « de faire oublier le meurtre du caporal et de vivre «avec amour » dans la ville de Melun ». Il terminait en disant

Comme vous êtes les plus équitables, j'espère que vous affectionnerez mes intentions et me rendrez cette justice, en cas de quelque nouvelle mésintelligence, de faire sçavoir à tout le monde que j'ai faict et désire faire au-delà de ce que je suis obligé pour vivre dans une concorde telle qu'il faut pour ne jamais cesser d'être, messieurs, votre très humble et très affectionné serviteur, v

DK ME LUX.

La paix était faite entre le sieur Arbaleste et les melunais.


II y eut un moment de trêve, mais Condé qui, fier et hautain, n'avait pu s'entendre ni avec la cour ni avec le Parlement, s'était mis à la tête des rebelles, luttant contre Turenne que Mazarin, après son exil à Cologne, avait réussi à amener à la cause royale.

Les deux armées avaient pris contact à Bleneau, près d'Etampes, et cherchaient a marcher sur la capitale.

La ville de Melun était dans- l'anxiété, on se colportait les excès commis par les soldats.

Sollicites par les deux partis, les frondeurs et les royalistes, les habitants étaient très perplexes.

Deux commissaires du gouvernement, les sieurs Geniers et Bitault, vinrent à Melun ~our notifier aux maire et eschevins l'arrêt de la cour, enjoignant à tous les Français de combattre Condé a outrance.

Les officiers municipaux promirent de s'y conformer.

Cependant, malgré tous ses efforts, le


sieur Arhaleste ne pouvait faire ~uMier le meurtre du caporal été la milice l~s mécontents Rrent.un jouT*. irruption d~~s l'hôtel du gouverneur, ils s'emparèrent d'une pièce de campagne et plusieurs mortiers furent jetés dans la Seine leur but était de venger le caporal Jacques Boulanger, d'abord,. ensuite de mettre le gouverneur dans l'impossibilité de servir des bouches à feu aux royalistes. Des désordres graves avaient lieu, le maire Deiïitat, très écouté et très aimé dans la ville, finit par concilier les~ récalcitrants en iaisant conduire l'artillerie enlevée au château dans le Châtelet qui venait d'être reconstruit; déjà plusieurs fa~connaux y étaient en réserve.

Le 16 avril, le gouverneur ordonna de réparer les remparts, car on avait appris que les frondeurs avançaient à marcha forcées sur la capitale.

Le maire déclara qu'il n'y avait pas d'argent pour faire ces travaux et que c'était au roi à acquitter les 6,000 livres de dépenses ave? sa papt d~n~ les recettes


des gabelles, la ville n'ayant pas de deniers patrimoniaux ni d'octroi.

Le roi, qui résidait à St-Gerinain pendant que le duc d'Orléans et le prince de Condé étaient dans Paris à la tête des frondeurs, ne se trouvant pas en sûreté si près de la capitale, vint, avec la reinemère et le cardinal de Mazarin, s'installer à Melun la cour était suivie d'une bande de mendiants et de gens sans aveu qui lui faisait un triste cortège.

Le lieutenant-général harangua le jeune monarque au moment où il passait sous le portaul du Châtelet, avant de traverser le po~t, pour gagner l'hôtel de la vicomté.

Le maire DeiRtat et les conseillers municipaux pro~tèyent de la présence du Conseil d'Etat pour faire réduire la taille ou l'impôt royal de la ville de Melun. En considération des souffrances et des pertes subies par les habitants depuis les troubles de la ligue, la taille fut réduite à 8,000 livras pour les années i65a, i653 et

i6§4.


Affranchie des gens de guerre, la peste réapparut et frappa encore une fois la pauvre cité melunaise.

La mortalité fut épouvantable, on a compté jusqu'à 8 décès par jour 485 personnes, dont 226 enfants, moururent dans la paroisse St-Aspais.

En voyant les ravages du fléau, le roi quitta la ville, le 22 juin, pour se fixer à Lagny.

Saint-Vincent de Paul envoya des missionnaires pour soigner les pestiférés que l'on amenaient à l'Hôtel-Dieu de la rue du Chandé (rue St-Jacques), mais ces malheureux apôtres furent victimes de leur dévouement.

Ce ne fut qu'au mois de septembre, après les chaleurs, que l'état sanitaire s'améliora.

r

Quand le roi reprit possession de la capitale, Charles Riotte, deuxième du nom, venait d'être nommé maire (i653). Le pays reprenait un peu de tranquilité mais, à Melun, les frondeurs n'a-


valent pas désarmé, ils n'attendaient qu'une occasion pour reprendre FoSensive.

Leur vengeance s'accomplit en 1654. Ils incendièrent la maison du lieutenant du baillage, située dans laNeuve; puis ils poignardèrent le lieutenant-général qui poursuivait sans merci tous ceux qu'il soupçonnait d'être contre la cause royale. Plusieurs notables furent arrêtés et jugés, quelques-uns ont été pendus sur la place du Martroy.

Le lieutenant-général eut pour successeur un nommé Charlot, homme énergique et sévère qui terrorisa la ville en menaçant de sévir avec une extrême rigueur contre les frondeurs

C'est au commencement de l'année i65/~ le a/î janvier, qu'une ordonnance de l'Election prescrivit au greffier de cette juridiction d'intituler les oiMciers de la ville sous les noms de. maire et échevins, et non de procureurs-syndics, comme il le faisait habituellement.


pour ranimer le commerce local, le m&ire et les officiers municipaux sollicitèrent la création d'un marché franc le premier jeudi de chaque mois.

Le roi se rappelant sans doute tout ce que la ville avait souCert pour sa cause eut un mouvement de bienveillance et autorisa cette création en septembre i655. .Le marché se tenait tout le long de la côte des Carmes.

Pierre Guyard, conseiller du roi au Châtelet, est nommé maire en i65~. Pendant l'année qu'il s'occupa des affaires de la ville, il favorisa le monastère dés religieuses de la Visitation SàniteMarie, qui avaient leur chapelle daù~ la rue de Samois, aujourd'hui rue deà Gàsernes et St-Michel, en leur concédant la tour des Guindart « à charge pour eux de « restaurer les parapets du mur de la « ville qui tombait en ruine et l'escalier « proche de la poterne St-Michel » Le maire Pierre Guyard éta~t un homme pacifique ce qui ne faisait pas ra~f~ir~ du gouverneur, le m9.yq~s Pa~ne~~ qui


avait été installé à Melun par, le roi, le 18 mai i655.

Devant -le parti menaçant des frondeurs melunais, il révoqua Pierre Guyard au commencement de l'année i658 et Antoine Charlot, lieutenant-général, prit en main la direction des affaires de la

vill~.

Charlot était un ami personnel de l'ancien gouverneur, François d'Arbaleste, le meurtrier du caporal Boulanger il n'était pas aimé dans la ville et le savait; alors, pour se venger de l'antipathie qu'il inspirait. à ses administrés, il les persécutait odieusement.

Son pouvoir autoritaire fut de courte durée le juillet, les habitants de StAspais se réunirent et se dirigèrent en corps pour aller demander la révocation du maire auprès du gouverneur qui, devant ce mouvement populaire, s'était prudemment barricadé, avec sa garde, dans l'hôtel de la vicomté.

La foule, qui s'exaltait de plus en plus, descendait la Grande-Rue (rue Saint'Aspdi~ en. criant ~t protestant contre le maire


persécuteur. Arrivée devant le Châtelet, Chariot, qui avait gardé ses fonctions de lieutenant général, se présenta a la foule. En apercevant leur oppresseur, les frondeurs lui adressèrent des injures mais Charlot, qui avait fait placer des gardes de la milice sous le portail, se croyant en sûreté, exaspéra la foule en la menaçant davantage.

Mal lui en pris, car les miliciens firent cause commune avec les protestataires. Se sentant perdu, Antoine Charlot voulut fuir; il descendit le long de la Seine pour regagner l'hôtel de ville, situé au bout de la rue Neuve, où il espérait trouver un appui auprès des eschevins. Il courait dans cette d irection, quand une pierre l'atteignit à la tête et il tomba.

A mort! a mort! criait.la foule, qui le poursuivait pour le lynché, lorsqu'il fut rejoint il reçut un coup de poignard en plein cœur.

Ace moment, la garde du gouverneur .accourait pour secourir le maire, mais la foule se dispersa, abandonnant sur la ber-


ge le cadavre du despote victime du sédition. populaire.

Le gouverneur fit transporter le corps a la mairie et, le lendemain, les « gens de robe suivaient en procession le convoi du lieutenant-général.

Le clergé de la paroisse donna l'absoute puis, après un discours du gouverneur retraçant le dévouement de Chariot à Sa Majesté le roi, il fut inhumé dans l'église St-Aspais.

Après l'assassinat d'Antoine Charlot, l'autorité royale, qui venait de vaincre les frondeurs et peu soucieuse de susciter de nouvelles révoltes dans les places fortes des environs de Paris, ferma presque les yeux sur le crime et le gouvernement, malgré son despotisme, ne poursuivit pas l'enquête sur l'attentat..

Claude Lefèvre succéda, comme maire de Melun, à F ancien lieutenant-général, eni658.

Le nouveau titulaire, lieutenant de la Prévôté, résidait depuis longtemps dans


la ville où il était estimé pour le tact qu'il apportait dans ses délicates fonctions. Le château des rois du moyen-âge, situé au bout de l'Ile St-Etienne, tombait en ruine le Conseil d'Etat publia un édit, le 16 juillet 1660, portant qu'une somme de ~o,ooo livres serait imposée sur la généralité de Paris afin de faire les réparations nécessaires « au Château, le Châtelet, la maison de Santé, les tours et les fontaines publiques de la ville de Melun ».

Le i~ août 1661, les melunais furent éblouis par le passage de la cour fastueuse du roi Louis XIV qui, venant de Fontainebleau, se rendait à la fête de Vaux-leVicomte qué Fouquet, surintendant de~ finances, ofirait à Sa Majesté dans son château qu'il venait de faire construire dans la paroisse de Vaux-le-Vicomte et les hameaux de Jumeaux et de MaisonRouge.

La réception fut splendide, mais le roi, en voyant les prodigalités du ministre des Rnances ~t surtout j~Ïoux de la cour ~s~


due que Fouquet faisait à Mlle de Lavallière, qu'il aimait, quitta brusquement la f8te et, le 5 septembre suivant, faisait arrêter le surintendant, à Nantes, en l'accusant de concussion.

Disons, puisque nous parlons de ce château rendu célèbre par la platantion de la fameuse allée cf'arbres en une nuit, qu'il ,fut mis sous séquestre, avec ses dépendances, pendant la durée du procès de Fouquet.

Le tout fut restitué à sa femme, Marie Madeleine de CastUle, qui le donna à son fils, Nicolas Fouquet, pour le reprendre à la mort de celui-ci survenue en lyoï. Elle tendit le domaine de VauxJe-Vi~omte a~ maréchal ViHar~ 29 août i~o5.

Le château resta la propriété de la famille Villars jusqu'au a~ août 1~6~, époque à laquelle Antonin-Honor~ &Ia du maréchal, le vendit à son tour à CésarGabriel de Choiseul, duc de Praslin, ministre d'Etat du roi Louis XV.

La famille PrasUn le conserva jusqu'en 18~ et le céda à M. Pommier le proprié-


taire actuel, pour le prix de 2 millions ~y5 mille francs.

Ajoutons que 12 millions ont été dépensés pour sa restauration et son embellissement.

Le i~ novembre 1661, le maire fit annoncer/par des hérauts d'armes, que la reine venait'de donner naissance à un fils, le dauphin, dans le château de Fontainebleau il enjoignait aux habitants d'illuminer leurs maisons pour fêter l'heureuse délivrance de Marie-Thérèse sous peine de 2~ livres parisis d'amende contre les récalcitrants.

Malgré la misère et l'autocratie de cet ordre, l'enthousiasme fut très grand dans la cité melunaise.

En 1668, les soldats qui venaient de guerroyer dans le Jura passèrent àM<elun et logèrent chez les habitants. Bien que très heureux de posséder les conquérants de] la franche-Comte, les melunais protestèrent contre cette nouvelle charge. 4


Cette fois, Je roi écouta leurs réclamations et ordonna d'indemniser les « cytadins de la bonne ville de Melun » en leur octroyant une somme prélevée sur le Trésor royal.

L'argent fut apporté de Paris par un courrier spécial, qui le remit au maire pour en faire la répartition.

Au bout de deux années, les melunais, qui jouaient de malheur, ne recevant aucune indemnité, résolurent de porter plainte contre Claude Lefevre.

Apres son arrestation, on reconnu qu'il avait dissipé les fonds à lui confiés. Le maire fut destitué le 11 août i6yo et remplacé par Fhonnête Pierre Guyard qui avait déjà occupé l'hôtel de ville, avant l'assassinat de Chariot.

Le il septembre suivant, le maire prévaricateur comparaissait devant les juges du présidial de Meaux et était condamné en une indemnité envers le roi et les habitants, et à faire amende honorable. Voici la teneur du jugement qui a été fidèlement exécuté.


Nous avons déclaré et déclarons Claude Lcfcvre suffisamment atteint et convaincu d'avoir appliqué à son proflit particulier et retenu une partie des deniers destinez pour le remboursement des Estapes fournies et advancées par les habitants de la dite ville de Melun aux troupes qui y ont passé et séjourné, et d'avoir indeuëment promté sur les ventes et achapts des provisions de fourrages qui cstoient dans le magasin establit à cet effet. Pour réparation dequoy et autres cas mentionnez au procez. Auons condamné et condamnons le dit le Fèvre à comparoître en l'audience du DaiIIage et Présidial de Melun, et là, déclarer nuë teste et à genous et à haute et intelligible voix, qu'il a appliqua à son proffit et retenu partie des dits deniers et proflité indeuëment sur les dites provisions de fourrages dont il demande pardon à Dteu, au Roy et à Iustice Auons aussi déclaré et déclarons le dit le Fèvre incapable de tenir et exercer aucun omcc de Iudicature et Charge publique Ce faisant l'auons destitué et destituons de la Mairerie du dit Melun, et à luy enjoint de disposer dans de~x ans de ses Charges de Lieutenance de la Préuosté du dit Melun, et de Commissaire Enquesteur et Examinateur es Iuridictions de la dite Ville; autrement et à faute de ce faire dans le dit temps, et iceluy pas&é, demeureront les dites Charges uacantcs et impétrables au profit de Sa Maiesté, et cependant le dit le Fèvrc interdit des fonctions d'icellcs Auons en outre condamné et condamnons le dit


le Fcvre en cinq cens liurcs d'intérêts ciuils enuers les demandeurs, en mil liures d'amende cnucrs le Roy, et en pareille somme, mille liures enuers les habitants de la dite ville laquelle leur sera distribuée en cette manière Sçauoir, quatre cens cinquante liures aux habitants de la Paroisse Saint-Ambroise, deux cens cinquante liurcs à ceiilx de la Paroisse' SaintEtienne, deux cens liures aux habitants de la Paroisse Saint-Liesne et cens liurcs à ceulx de la Paroisse Saint-Aspais. Et t l'y auons encore < ndamné le dit le Fcvre à aumosncr cent 1. 'es au pain des pauvres prisonniers du dit Chasiclet de Mciun et en tous les dépens du procez.

Le 19 septembre, sur la diligence du procureur roi aubaillage de Meaux, l'arrêt reçut son exécution.

Cet expiation solennelle impressionna vivement la population melunaise. Claude Lefèvre vendit sa charge six mois après et disparut de la ville de Mclun.

L'éternelle question du logement des troupes, qui restaient de longs mois chez les habitants où elles apportaient la gêne et l'ennui incessant, était toujours la cause


des conflits entre la population et le pouvoir.

La garnison était une plaie, non seulement pour les pauvres melunais, niais les gardes de Louis XIV émettaient la prétention d'avoir les marchandises meilleur marché que les « cytadins naturellement les marchands n'obtempéraient pas a leurs exigences, ce qui occasionnait des disputes et parfois des rixes graves. C'est pour empêcher de semblables scènes que les commerçants furent réunis pour s'entendre avec le marquis de Brissac, commandant des troupes de la garnison de Melun depuis 166~).

D'un commun accord, on accepta le tarif officiel suivant

La livre de pain entre bis et blanc, deniers; La livre de bœui', mouton et porc, 3 sols La pinte de vin (crû du pays), 2 sols 6 deniers; Le foin, 2 sols la botte pesant 9 à 10 livres; Le setier d'avoine, livres ~mesure de Melun,

~ai boisseaux faisant le setier; 2 boisseaux de Melun fuisaie~t les 3 de Paris).

La botte de paille, i5 deniers.

~Pap~~ du ~c~. Arc/~cs de ~-c~-M.~


Pierre Guyard, le nouveau maire, s'eniployait de son mieux pour gérer les affaires municipales et surtout s'occuper du logement des troupes qui venaient prendre leurs quartiers d'hiver dans la ville. Cette répartition s'appelait «FUztancilc le maire devait déterminer la solde, les vivres à donner aux soldats c'était une question très délicate dont Pierre Guyard s'acquittait à Inerveille, car il fallait coinpter avec les prévilégiés riches, nobles, etc., qui étaient aitranchis « des gens de guerre )), injustice criante de la monarchie absolue que le peuple devait briser un siècle plus tard.

En décembre 16~1, 2,ooo soldats italiens vinrent à Melun pour prendre logement, cette fois encore les habitants s'exaspérèrent leurs plaintes étaient d'autant plus fondées que depuis trois mois, ils logeaient déjà les troupes de la garnison, les gardes-françaises et suisses.

Pierre Guyard fut arrêté dans la grande rue par une foule surexcitée qui l'injuria en l'accusant de mollesse, de lâcheté, etc., un habitant plus hardi lui lança un formi-


dable coup de poing en pleine figure; alors ce fut une véritable révolte, les soldats italiens allaient s'élancer sur la foule et une effusion de sang était à craindre, mais Pierre Guyard se releva et parvint a haranguer la population qui, fort lieureusement, écouta cet homme pacifique par excellence.

Plus tard, Féchevin Noël subit une agression semblable pour le même motif.

En 1(~2, la ville de Melun possédait 600 feux a raison de 5 habitants, en moyenne la ville avait donc une population de 3,ooo habitants environ.

Des difficultés qui surgirent entre les magistrats et les maire et échevins amenèrent, à Melun, M. le Tonnellicr de Breteuil. maître des requêtes, afin de faire uile enquête pour étudier les griefs des deux parties.

Il régla plusieurs questions qu'il envoya au conseil du roi, ainsi

La présidence des assemblées générales incombait au lieutenant-général aux maire et échevins, on confia le droit d'é-


tablir le logement des «gens de guerre », de mandater les dépenses, d'ouvrir la correspondance, de conserver les clefs de la ville et de faire le nécessaire pour la garde des remparts.

Le même arrêt prescrivait que l'élection des maires aurait lieu de trois ans en trois, le dimanche de la (~K~s~o~o, sur la convocation des délégués par le procureur du roi.

Ces délégués devaient être nommés tous les deux ans par les paroissiens au sortir de la grande messe, le premier dimanche de F année, de deux ans en deux ans. 56 délégués étaient choisis dans la ville de Melun, comme suit

3o pour la paroisse Saint-Aspais 10 pour chacune des paroisses SaintEtienne et Saint-Ambroise

3 pour les paroisses des faubourgs StBarthélemy et St-Liesne.

Ces députés devaient contrôler les ofïiciers municipaux c'était, comme on le voit, le commencement de l'établlissement du conseil municipal.

Le but de l'arrêt de i6~3 était de faire


cesser les désordres des réunions électorales où environ ~oo personnes s'invectivaient en termes peu familiarisés avec les formes parlementaires.

Le premier maire nomméjdans ces conditions fut le ~ieur Georges Biberon, élu pour trois ans.

Depuis plusieurs années, on remarquait que les voûtes principales de l'église StAspais menaçaient de s'effondrer le manque de fonds empêchait la restauration du monument lorsque le i~ août i6~/{, à la suite d'un violent orage qui éclata sur la ville de Melun, il fallut songer a l'exécution des travaux de réparations. Ce fut un architecte, membre de l'Acadérnie royale de Paris, nommé Daniel Gittard, natif de Blany-Iez-Tours, qui dirigea ces importants travaux exécutés par Isambert Sinlon, maître maçon, Jehan Gourgourou et Gille Lccomte, tailleurs de pierres à Paris.

St-Aspais ne fut rendu au culte qu'en décembre 16~8.


Une nouvelle épidémie vint encore attrister la ville de Melun, en i6~5, pendant la saison estivale.

Il y eut de nombreuses victimes et les registres paroissiaux annoncent une mortalité de personnes pour les mois de mai, juin et juillet le chiffre correspondant des autres années était de 18. Mme Marie Bonneau, veuve de Jacques de Miramion, dame de Rubelles, envoya des secours aux officiers municipaux qui restèrent à leurs postes pendant toute la durée de l'épidémie alors que la plupart des nobles et magistrats désertèrent notre cité.

La même année, en i6~5, i/} compagnies d'infanterie de Bourgogne vinrent loger dans Melui pendant l'hiver. Il fallut alors, faire une nouvelle iniposition à raison de 100 sols par jour pour chaque compagnie, et ça pendant cinq mois!

Ce n'était pas fini avec les charges après la peste, « l'uztancile ». Le roi pu-


bUa, le 29 juillet l6~3, un édit autorisant la levée, durant neuf mois, d'une imposition sur toutes les maisons de la ville sans exception « afin, disait l'arrêt, de venir en aydc aux gueux et les empêcher de mendier, de faire le nettoyage des rues, des latrines publiques)) en réalité, c'était les contributions des portes et fenêtres qui commençaient.

H était perçu

Sur les maisons a portes cochcrcs, 5o sois

Sur les maisons a portes bâtardes, 3o

so)s~

Sur les autres, ~o sois.

Le 12 avril i~6, Dumondé (Pierre), conseiller du roi au Chàtclet, était élu maire par les délégués des paroisses, lorsque le 2Q mars suivant un arrêté, signé Deligre et Colbcrt, portait « à l'avenir, le corps de la ville de Melun sera composé de deux eschcvins seulement, l'ancienfera les fonctions de procureurs-syndic )). I/arrêt, portant la suppression des maires, n'eut p.is de suite et Pierre Du*


mondé continua d'administrer la ville avec le titre de y~~re.

Le 3o septembre i6~g, le maire réunit les habitants en assemblée dans la salle du Châtelet afin de délibérer sur les moyens de s'affranchir du logement de la garnison des neuf compagnies d'infanterie que le roi se proposait d'envoyer a Melun, en quartier d'hiver.

Le logement des « gens de guerre était si odieux que les habitant préférèrent accorder 10 livres par jour, soit le double de ce qu'ils payaient, pour se décharger « du droit des troupes de passage, a prendre le lit, le pot et place au feu et la chandelle », en un mot, l'uztancile.

Cette décision fut prise « bien qu'ils fussent dans l'impuissance Je pouvoir financer ~utre chose à l'occasion des pertes qu'ils ont faites, qu'ils souffrissent continuellement par la cessation du commerce et la chute du pont )).

En 16~, les arches du Pont-aux-MouUn~ s'écroulèrent et, en 16~9, les réparations entreprises notaient p~s encore tc~mi-

née~.


Le passage de la Seine se faisait au moyen d'un bac qui transportait les chevaux, voitures et habitants d'une rive à l'autre.

Un affreux accident, occasionné par ce mode de transport, eu lieu le samedi 4 octobre. Le radeau trop chargé coula, et 18 personnes périrent sur 22 passagers.

Le 9 avril 16~9, on procéda au vote pour l'élection du maire.

Nous croyons intéressant de publier le procès-verbal de la séance, on verra comment on procédait pour élire le premier magistrat de la municipalité melunaise.

PROCÈS-VERBAL

Election des mcureSy e~c/t~p~~ e< r~cepeMy de deniers communaux dans la ville de 3~t

CE JOURD'IIUY DIMANCHE, NEUFIÈME JOUR D~AVRIL MIL SIX cË~s soixANTE-Dix-NEUF, à Fissue de la grand'messe de la paroisse St-Aspais. célébrée en la dite église.

Nous CLAUDE GAULT, sieur de Clerisse, conseiller du roy nostre Sire, lieutenant-général pour Sa Majesté au Châtelet, baillage et présidial de


Melun accompagné du procureur du Roy et du commis-greffier ordinaire des ditz sièges et assisté de Jean Odon, et Estienne Charpentier, huissiers royaulx en la dicte ville; Nous sommes rendu dans la grande salle de l'audience du dit Châtelet de Melun pour exécution de l'arrest de nos seigneurs du Conseil d'Estat de Sa Majesté du a8 janvier i6~3 procéder à l'élection d'un maire, eschevins et d'un receveur de deniers communs

Ou estant entré et après avoir pris nostre séance, scroient entrez et montez les sieurs Biberon, lieutenant-criminel Drion, lieutenant particulier Quart, Cadot, Colleau, conseillers es-dites juridictions Leconte, lieutenant en l'eslection du dict Melun, et Pilloust, procureur du Roy de ce d~ct Châtelet, pris les voix, suffrages, opinions et advis des électeurs et déput. tés de cette ville, ainsy qu'il ensuit et sera ci. après déclaré et exprimé par lesquels ils ont nommé scavoir

Le dit Biberon a n~iamé pour maire du dict Melun, maistre François-Paul Lefebure Desboulleaux, avocat et lieutenant de la maréchaussée de Melun, pour premier eschevin de la paroisse Saint-Aspais, M. Charles Riotte sieur de Peaumolin, bourgeois de la ville, pour second eschevin d'icelle paroisse, Pierre Thomas, maistre chirurgien et commis aux rapports, pour eschevin de la paroisse St-Etienne~ Edme Morisson, pour celle de St-Ambroise, Nicolas Hubert, marchand, et pour receveur des de-


niers communs, Pierre Petit, voilturieur par eaue

Le dict sieur Drion, lieutenant particulier, a dit qu'il estime que M. Pierre Dumondc, conseiller au Châtelet de Melun, à présent maire de la dite ville, doit estre continué en la charge de maire, de laquelle il s'est très dignement acquitté pendant les trois dernières années. Et a nommé le dict sieur Riotte de Peaumolin pour premier eschevin; pour second eschevin, Jean Boucher, marchand, pour eschevin de la paroisse St-Etienne le dict Morisson puis pour celle de St-Ambroise le dict Hubert, et pour receveur des deniers le dict Petit.

Le sieur Cadot a voté pour les mêmes excepté Henry Ravault, hostellier, qu'il nomme pour la paroisse St-Ambroise

Le sieur Colleau a voté comme le sieur Cadot

Le sieur Leconite, lieutenant de l'eslection, a semblablement nommé pour maire le sieur Dumjondé et pour eschevins et receveur des deniers communs les sieurs de PeaumouUn, Boucher. Morisson, Hubert et Petit

Le sieur PUloust, procureur du Roy en Feslection a nommé les mêmes ayec le sieur Ravault pour St-Ambroise.

Pierre. Guiber~ advocat en parlement et an C~telet de Meiun, a nomB~é les mesmes M" Jean Tescbe, aussy advocat en parlement a nommé les mesmes

M* Louis Houy, notaire au Châtelet de Melun,


Documents manquante (pages. cah!er<) N F Z 43.120-13

MANQUE PAGE~-50


M* Louis Houy, notaire au Châtelet, de Melun, a nommé le sieur Dumondépoùr maire ~t pour eschevins et receveur~ des deniers commune les dicts Peaumolin, Thomas/Marisson, Hubert et Daniel Darramy, thonnellier, pour receveur;

Puis ont voté

M'François Guthert, notaire

]\F Pierre Sauvage, notaire;

M~ Hierasm~ Lcfranc, procureur

Pierre Thomas~ chirurgien

Louis Lheureux, marchand;

Pierre Chariot, id.

François Ratier, id. i:

Pierre Rousset Faisné, id.

Jacques Charlot, id.

Pierre Besnard, id.

Pierre Roussel le jeune, id.

Pierre Clément dit la Pochette, maistre chi-

rurgien et commis aux rapports du Châteiet

Pierre Fresnau, huissier;

François Barbier, tailleur d'habits Charles Jauvin, maistre pâtissier

Estienne Feydon, maistre cordonnier Jean Guigne, vigneron au fàulxbourg St-Bar-

thélemy

Jean Feron, aussy vigneron audict faulxbourp;

Et, après avoir longtemps attendu et que les autres électeurs et députtés des paroisses de cette ville, ne sont venus ni comparus, nous avons contre eux donne denàuix~ pour le promt duquel avons présentement colligé les voix, en-


s~i~ ~e qtt~y s'o~t tM~f~ë q~e ~e dtct ~f~ur D~mohdé e~t <c(yntmûé~ ïK~mné et ~esleu pendant

3 YMmveIles aWRées maire de la dicte ville de Meiun, te sieu~ Riotte de Peaumolin est nomïoé premier eschevin pour la paroisse ~t-Aspais

Le sieur Thomas po~ur second eschevin d'iccrUe paroisse; le sieur Mari~SMi pour celle de ~ain~Etienne, le sie~f ~Rava'nl~ pc~&r St-Ambrodse et le dit Petit pour receveur de deniers communaux de la Melun

En conséquence desquelles nominations et élections, disons, sur ce oùy le procureur dit Roy, qu'a sa requête ~ponrSuiMcs et dilUge~ces, ils seront assignes pa~evant nous à c~e j'o'urd'huy, trois heures de tc!!cv<'<\ po~r '~acnn d'oui x près ter le sonnent es~ictes c~b~rges et qMcflit<~s.

Ce ~t i~it et doln~c <par notis, lif'utcnanft~ncral et ju~es sus-nommés, les j<)r et an q~ dessus.

/.S~ /<~ ~y'?/H/T~/

Pierre Ï)umondc, rcchi, a gcrc la ~iUc jusqu'au i~ avril 168~, époque à laquelle il fut remplace par Jacques Lefebure de Viliaroche, président de l'ciection. <? système d'électioTi du maire, qui est absolument sehiMabIc a celui qui nous régit aujourd'hui/donna un peu de tranquil-


lité à la ville de Melun mai& l'éternelle question du logement de~ troupes~ les dépenses folles qui étaient faites a Versailles forcèrent le roi à lever des impôts et à pressurer les malheureux contribuables. Quand les habitants i~e pouvaient pas solder leurs «tailles)), ce qui arrivait fréquemment, les collecteurs étaient emprisonnés; avec cette punition, en perspective, on doit penser quels moyens employaient les collecteurs royaux pour percevoir les contributions.

En i685, une lutte eujL ILcu « entre les députtés électeurs dn maires; p]~si.cur& séances orageuses éclatèrent entre les partisans <d~ F ancien maire L~fe!we <t~ YiHaroche et ceux de Dellan~cr, docteur en médecine. Le prcsidial uc voulait pas lâcher le pouvoir municipal et, dans la scance du :t5 avril, la, discussion s'envenima à tel pp~ que l'élection fut remise à quinze

jonrs pour donner le tjemps « aux esprits

1? donner teiiips aux e p

de se calmer )). Knfin,~<) avrU i685, Jacques Bellan~er l'emporta et devint le chef de la municipalité.


Les magistrats de Melun, jaloux devoir la mairie leur échapper, devinrent tout à fait inexorables les intrigues succédèrent

aux intrigues et, au bout de ses trois années, Jacques Bellanger, désillusionné, écœuré de 1~ politique locale, ne se représenta pas a nouveau lors de F élection du maire, le ~5 avril 1688.

Les magistrats reconquirent la municipalité et Louis Riotte de Peaumolin, conseiller au Châtelet, fut élu maire pour la période 1688-1691.

Louis Riotte était le descendant de la famille qui avait déjà donné trois maires à la ville de Melun en l'espace d'un siècle.

Les prodigalités de la cour la rendait de plus en plus exigeante, on accablait de charges ceux qui possédaient et les petits propriétaires étaient obligés de cacher leur avoir', de se priver du bien-être afin de ne pas donner l'éveil aux collecteurs qui, semblables à des « bandits seraient venus les dévaliser.

Alors, la vie devint impossible, la ville de Melun est abandonnée, les gens fuient


devant l'impôt c est la misère effrayante et nomade qui ne préoccupe nullement l'oppresseur égoïste, avide d'accaparement.

En 16go, au sujet d'une nouvelle taxe sur le ibrage des vins, les melunais exposèrent leurs plaintes ainsi qu'il suit « Que la ville estant un grand passage « de gens de guerre, elle en est accablée, « en sorte qu'il y a plus de 35o maisons « de vuiddes, ruynées et sans habitans, « n'y ayant pas plus de moytié de mai« sons, dans la dicte ville, habitées et rem« plyes. » (Archives niunicipale 1s).

~Arc/t~c~ ~m~K~e~.

A force de demander et pour se procurer de nouvelles ressources que les « tailles » ne pouvaient plus fournir, le RoiSoleil enjoignit aux églises, communautés, monastères, etc., de déposer à l'hôtel de la Monnaie l'argenterie dont ils n'avaient pas besoin pour célébrer les services divins; le 5 août 16~1, les paroissiens de Saint-Aspais se réunirent et dressèrent l'état d c l'argenterie que l'on pouvait «offrir au roy)).


Les églises St-Etiennc, St-Ambroise, les moiiastères des Carmes, des Annonciades, de la Visitation et des Ursulines envoyèrent aussi une partie de leur argenterie qui fut expédiée à l'hôtel des Mbh~ naies par les soins du maire, Riotte de Peaumolin, qui avait été réélu le a~ avril 16(~1.

Le règne de Louis XIV a été un règne glorieux pour les arts et les lettres, mais il fut lourd et dur pour le peuple toutes les villes se saignaient pour le roi. Versailles était le gouffre qui absorbait toutes les épargnes. La cour cherchait toujours des moyens d'avoir de l'argent pour son luxe.

En i6g3, le gouvernement rendit vénales les charges d~ofïiciers de l'hôtel de ville.

Les troubles qui survenaient à chaque élection de maire furent un prétexte à la décision du roi.

On vendit les ~Aa/~s ~?~vc absolument comme une étude d'oiticicr ministériel.

1. Co f


Le Trésor encaissait le capital et les administrés payaient les intérêts qui constuaient les gages annuels du maire. Le premier maire perpétuel de Melun fut Louis de Montault, conseiller du roi, président au baillage et siège présidial. Louis de Montault reçut ses lettres de provision le ~o juillet i6g3 et paya, pour prix de sa charge, 1~ sommme de 8,000 livres.

LETTRES DU ROI LOUIS XIV

c~J~eHr ~H maire /)prpe~He~ de A~H~ l~?

Loris, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, a tous ceux que sc~ présentes lettres verront sALn, sçavoir faisoti~ que pour ta plaine et en'tière conHance que ttous avons eD J<a personne de, Nostre cher et bien aîné M~ Louis de Montault, nostre conseiller, président an bailla~e présidial de Metun et en s~s sens~ su~Mancc, loyauté, prudhomniye, expérience, capacité, HdéUté et anection à nostre service pour ces causes et autres, à ce Tious mouvans lui avons donné et octroyé, donnons et octroyons par ces présentes, ~q~ce nostre c~y?l1lail'e .lie la ville e< M)~~M~M<e de ~7<<M~, ~énéraiité de Paris créé héréditaire par édit du mois daoût dernier, et auquel n'a pas


encore esté pourveu. Pour y celuy avoir, tenir et doresnavant exercer, en jouir et. user par le dit sieur de Montault, ses hoirs ou ayant cause, héré~airement) aux gages de trois cens-vingt liures par an dont sera laisse i<n!ds d~ns L'Etat de nos nnanees de la di':(r ~tité, et a~\

mesmes honneurs. droits et é'.rohim's, p.

v~eges. prérop:at~\es, rang c~ .~i~:cc donL Ic~

n~~rcs ('y-devant L psk~biy et t<n's <e~ ~tcu'rs qui en ont faict les fonctions om jouy tant eshcstel-de-villes, assemblées et cérémonies pnbr<ques qu'autres ticux~ exemption de tuLei!c, curatelle de guet ~t ~arde du ban et arricrc-ban~ t~nies, logement de ~ens de guerre et autres charges et contril)utures, le tout suivant et ainsi qn H est. plus an long porté par notre édit donL eo~pie imprimée et ey-<dtachéc sous le contre scei de nostrc ( haneeilerye.

.S~* do~~o/xs en mendemcnt a nostrc amé et féal conseiller en nos conseils, maistre des requestes de nostre hostel, intendant de justice et finance en la généralité de Paris, le sieur Pilip" peau, que lui estant apparut de bonne vye, mœurs, conversation et religion catholique apostolique et romaine, le sieur de MontaulL et Iny prié et tenir le serment en tel cas requis et accoustumé, il le reçoive, mette et institue de par nous en possession et jouissance du dict ofiice, l'en faisant jouir et user, ensemble des honneurs, autoritez, rang, séances, prérogatives, gages de trois cens vingt-cinq livres par an, droicts, fonctions, attributions et exemptions


susdicts, plainement, paisiblement et hériditairement, et à luy obéir et entendre de tous ceux et ainsi qu'il appartiendra ès-choses touchant et concernant le dict omce. i

Mandons en outre à nos amés et féaux conseillers les présidents, trésoriers de France et généraux de nos finances à Paris, que par ceux de nos officiers receveurs, payeurs et comptables qu'il appartiendra, ils fassent payer et délivrer comptant au dict de Montault doresnavant par chacun ou les bagages et droicts au au dict omce appartenant aux termes et en la majorité accoustumée, à commencer du jour de sa réception, rapportant coppie de laquelle et des présentes duement collationnées pour une fois seullement avec quittance du dict de Montault sur ce sunizante, nous voulons les dicts gages et droicts estre passez et allouez en la dépence des comptes de ceux qui en auront fait le paiement par nos amez et féaux conseillers les gens de nos comptes à Paris, auxquels mandons ainsy le faire sans dimculté, car tel est nostre plaisir. En témoing de quoy nous avons fait mettre notre scel à ces dictes présentes. Donné à Paris, le cinquiesnïe jour de juillet, l'an mil six cens quatre-vingt-treize.

1 (Signé :) Louis.

Louis de Montault prit possession du pouvoir municipal le a5 juillet i6g3.

Ses attributions étaient ainsi déiinies


n avait le droit de convoquer les assemblées municipales, d'examiner et de recevoir les comptes, de délivrer des mandats de paiements, de garder les archives et d'allumer les feux de joie.

Il portait la robe et avait ses entrées aux séances des Etats provinciaux (conseil général des provinces).

Il était exempt des droits d'octroi pour ses provisions personnelles, ne payait pas « la taille )) et ne logeait pas les « gens de guerre ».

Rendues vénales, les fonctions de maire devenaient, ainsi un privilège du roi, c'est pourquoi la nomination de Louis de Montault ne fit pas grand bruit parmi les habitants de la classe ouvrière melunaise et eut le don de déplaire aux fonctionnaires qui craignaient de voir leurs attributions amoindries.

L'un d'eux, Cilaude Cacon~ prévost de Melun, protesta contre la vente de la charge de maire et n'hésita pas à porter rafTaire devant. le Conseil d'Etat dû Roy,


qui rendit l'arrêt suivant, le 12 janvier 1694'

« A la requête du sieur Montault, or« donnons que le niaire présidera, à l'ex« clusion de tout autre, les assemblées « concernant l'Hôtel-Dicu et l'hôpital St« Jacques, et lui octroyons la police sur « tous les ports de la ville avec défense au « prévost de le troubler ians ses droits « et fonctions. »

Les motifs allégués pour justifier Ledit étaient de faire cesser les disputes et les cabales qui précédaient et suivaient chaque élection du chef de la municipalité; c'était aussi, afïirmait le gouvernement, pour éviter les abus, le despotisme du maire élu contre ses adversaires et les prévilèges qu'il accordait à ses partisans mais, ce que Fédit n'avait pas prévu, c'était qu' un maire nommé a perpétuité, ne devant rien aux électeurs, pouvait devenir plus tyrannique qu'un magistrat municipal élu pour trois ans. Il pouvait se permettre toutes lés Injustices et ça, sans contrôle de la part de habitants il pdù-


vait devenir infirme. mourir. alors, dans ce cas, que serait devenu la charge ? la veuve, les héritiers auraient-ils continué ou l'auraient-ils vendue à qui bon leur auraient semblé?.

C'eut été leur droit, après tout! Il est vrai que sous une monarchie absolue, comme celle inaugurée parle roi Louis XIV l'Etat ne s'embarrassait pas pour trancher les questions de légalité cependant, malgré tout, l'édit royal n'était pas pratique. Les arguments invoqués pouvaient paraître justes à cette époque, mais nous, qui connaissons la suite de l'histoire, nous savons qu'en décrétant cette loi Louis XIV ne visait que l'argent qu'elle pouvait lui rapporter; toutes les places, même les plus modestes, étaient converties en ofïlces et pouvaient s'acheter.

C'est ainsi qu'en 1693, le concierge de l'Hôtel de Ville a payé 100 livres pour' avoir le droit de tenir cet emptoi à la mairie.

La cour somptueuse du Roi-Soleil coûtait cher à la France i


Tous ceux qui jouissaient d'une certaine

r

aisance, préféraient acheter des emplois afin d'être exemptes du logement des « gens de guerre ». C'est ainsi que Pierre Leroy, «voyturicrpar eau », domicilié à Melun, s'oiFrit de faire faire à ses frais les réparations du bâtiment de Fhôtel de ville qui tombait en ruines, en 1691, a condition d'être exempte de r« ustancile)) pendant quatre années. i

Tous les moyens étaient bons pour procurer des ressources au roi on taxait tout! jusqu'aux blasons des villes. Melun dut payer 5o livres pour ses armoiries, qui sont encore celles d'aujourd'hui « Une c~Kro/~c antique sur « M~ simple blason <f~M/\ semés de fleurs de lis d'or, cA~r~ ~'M~ château « ~O~f~~ trois ~M/~ m~p0~ « ~/CH7~e~S~&~ ».,

Dessous, une banderolle avec cette devise 7~~ ~H~s Hs~K~ ad /7?Mr~ (B'idcle à ses murs jusqu'à manger des rats). Cette fière devise était une allusion aux soudrances endurées par la famine et à la


fidélité des habitants pendant le siège des Anglais en 1~20.

Elle a remplace une plus ancienne qui était ainsi conçue JËA- M/~ ~c/* /~M/'mo H/m~.

C'est Sébastien Houillard, l'historien de Melun, qui a composé la devise que nous avons encore aujourd'hui.

En i6g3, la récolte avait été mauvaise, la famine éclata à nouveau et tout chacun tenait a cacher ses provisions de grains. Le premier acte de Louis de Montault fut de faire rechercher le blé emmagasiné dans les granges et dans les greniers. Ces réquisitions arbitraires surexcitèrent la population qui se révolta. Le 4 septembre i6<)3, deux bateaux de blé, qui allaient sur Paris, furent arrêtés à Melun et une partie de leur contenu fut vendue sur la place du marché de la ville La (aminé n'empochait pas le Trésor de lever des impôts, car il décida que Melun servît taxée de ~00 livres pour l'année

l694.


Le jeudi i~ février 1695. le tocsin retentit dans la cité, un incendie s était déclaré dans les bâtiments du Chàtclet. Ce sinistre est raconté.dans une note publiée par M. Huchcreau. l'un des cschcvins, et conservée dans les archives municipales « Le feu s'était conserve pendant quel« qucs jcurs dans une des cheminées du ~< (!hàteletdc Melun, le consuma, en sorte « qu'il n'en resta que les quatre murailles. « Depuis, il a été rétably plus beau par « les ordres de M. Phélyppcaux, intendant « de la Généralité de Paris, et on y rentra « pour l'élection, le 28 féviricr 169~, et « pour le présidial, le i~ mai au dit an. » La môme année, une inondation fit beaucoup de ravages dans les bas quartiers de la ville le nomnié Besnard, gi~i*fier de la mairie, le déclare dans un prpcès-verbal que l'on a retrouvé dans les registres de l'hôtel de ville.

« La rivière a commencé à grossir le 22 « juin jusqu'à la St-Pierre, les anciens « n'avaient jamais vu ça il ne s'en man« quait guère que de quatre doigts que

«~ Fean n~ dépassât le pont St-Liesne. La


« pbterne de l'hôtel de ville était com« ptëtement bouchée. »

A la fin du xvn~ siècle, Melun vit le château royal tomber en ruines, les capucins des Carmes avaient obtenu l'autorisation de prendre des matériaux pour la constructiion de leur cloître et le 26 juillet 1696 une lettre de l'Intendant de la Généralité )) autorisait la vente « de la couverture et des matériaux des combles, pour en appliquer le produit à la restauration des ponts de la ville. »

Les Bourbons démolissaient les Valois! Melun eut cependant une amélioration. En 1698, les routes non empierrées étaient impraticables, les Ornières exposaient les voyageurs aux accidents. A la suite d'une visite de Racine~ qui était venu le 8 octobre pour assister à rentrée en religion de sa ûllc au monastère des Ursulines, on commença a paver le chemin de Paris, dans le faubourg St-Barthélemy. La taille rapportait 8,5oo livres par an,

et, pour éviter les incessantes réclama-


tions des habitants pour le logement des troupes, on promit de construire une caserne sur l'emplacement du château royal.

Cette promesse qui ne devait se réaliser que dans le courant du xvur siècle, fit accepter sans trop de récriminations les nouvelles charges; mais ces levées d'impôts, ces vexations au peuple devaient faire germer dans les cerveaux français les idées d'indépendance et de liberté qui éclatèrent cent ans plus tard, le 14 juillet 1789.

Le luxe insatiable de la cour mettait la nation à sec et nos gouvernants, hommes intelligents et de progrès, s'ingéniaient à trouver des impôts pour alimenter la cassette royale.

En toute impartialité, il faut reconnais tre que des grandes choses ont été faites pendant le règne du grand roi, tant il est vrai que la nécessité est la mère des inventions.

Toutes les villes de France étaient pressurées, accablées de charges semblables a celles que nous venons d'énumerer de-


puis l'avénement du petit-fils du monarque qui voulait que ses sujets mettassent lapoM~ au pot tous les dimanches. Ainsi finit ce siècle, dans un cadre superbe, misérable et dur pour le peuple.

XVÏH sièete

En 1~01, les inondations de la Seine avaient intercepté la route de Paris, à Villeneuve-St-Gcorges, de sorte que les marchandises provenant de la capitale n'arrivaient plus sur le marché de Melun. Le maire fit demander, par un courrier, au Conseil du Roy de bien vouloir autoriser le fermier des coches par terre a continuer le service en passant par Corbeil et Essonnes et au bout de quelques jours les approvisionnements parisiens reparurent sur les marchés melunais.

Puisque nous parlons des coches, voici, a ce propos, les prix que l'on payait pour un voyage de Melun à Paris au commence-


ment du xvïii~ siècle 35 sols à l'aller et ~5 sols au retour.

On mettait 8 à 10 heures pour faire le trajet, cela dépendait de la saison. Le prix du voyage par eau était de i liv. a sols en descendant et de i liv. i3 sols en remontant.

Jusqu'à 1~00, les coches d'cau~ venant d'Auxerre, s'arrêtaient, les dimanches et fêtes, près le Pont-aux-Moulins et les voyageurs descendaient pour aller entendre la messe dans l'église St-Sauveur. En remontant, les bateaux faisaient station au pied de la tour M auger alors les voyageurs, pour entrer dans la ville, devaient cotoyer les fortifications, aujourd'hui le Pré-Chamblain, pour arriver à la porte de Bierre située au coin de la rue St-Ambroise.

En 1~4~ les frères Richard, entrepreneurs du service des coches, obtinrent l'autorisation de faire percer une porte près la tour, ce qui supprima le détour à faire pour les arrivants.

Cette porte prit le nom de « Porte Richard


La nomination du maire perpétuel n'avait pas éteint l'antagonisme qui existait entre les « gens de robe ). et les ofliciers civils, pour les questions de préséances. Le maire fit des réclamations et, le i5 janvier 170~, un arrêt du Conseil d'Etat publia l'ordre et la marche qui devaient être observés entre les magistrats et la municipalité durant les 7~D~H~, de joie et les cérémonies publiques.

Quelques mois plus tard, Louis deMontaûlt mourait et sa «charge ') é tait concédée à Lefébure du Tillet (Thomas), le i3 juillet 1~.

En 1~06, un conflit éclata entre les boulangers de la ville et la municipalité des boulangers forains venaient vendre du pain sur les marches à i sol au-dessous des boulangers de la ville, pour le pain de huit livres.

Les melunais réclamèrent contre cette concurrence, alléguant qu' ils avaient a payer la «tailler et l\<ustancile)) et dc~


mandèrent le monopole de la vente sur les foires et les marches.

La municipalité leur donna raison a condition qu'il ne pussent jamais vendre le pain hors de leurs boutiques au-dessus du taux suivant six sous le pain de huit livres, si le scticr de blé valait six Mvrcs sept sous s'il valait sept livres, etc. En 1~08, le commencement de l'hiver n'avait pas été rigoureux mais, le 5 janvier i ~og, il commença a geler « pendant vingt jours en augmentant)), nous dit dans ses notes M~ Bcsnard, grefïier (le la ville.

A la suite d'un faux dégel, survenu en février, les blés furent gelés et la misère devint épouvantable jusqu'à la récolte de 1~10 qui fit renaître l'abondance. Détail affreux pendant le ~ï/~ /~(~ on enterrait les morts dans les églises, car il était impossible, a cause de la gelée, de creuser des fosses dans les cimetières.

Après ces épreuves successives, la ville de Melun connut, non pas la prosperitc,


les trop lourdes charges imposées aux habitants empêchaient le développement de la cite, mais un calme. relatif dû principalement au grand âge du roi qui ne quittait plus Versailles.

Les troupes continuaient à prendre leurs quartiers d'hiver chez les contribuables à qui l'on faisait espérer la construction d'une caserne.

Au mois de janvier i~i5, la population était reunie sur la route de Fontainebleau pour attendre l'arrivée de l'ambassadeur du schah de Perse, Mehemet-Riza-Dcy, qui se rendait à Versailles.

Le maire, les échevins,. la milice et les arquebusiers de la ville le reçurent a la Croix-St-Jacqucs à 6 heures du soir. Il arriva, vêtu à la mode persane, avec toute sa suite composée d'environ quarante personnes tant oiïlciers, pages et valets.

Tous marchaient les uns derrière les autres, en file indienne; on forma l'escorte et, comme il faisait nuit, il entra


dans la ville de Melun « au milieu des falots allumés en masse ».

Il descendit à l'abbaye des St-Pères. Après le souper, les dames furent admises à le voir; il les rejçut gracieusement, en fit asseoir quelques-unes à côté de lui « en tailleur ou en singea, les. fit déchausser et après leur avoir offert du café, il les fit danser.

Le lendemain, il reprenait la route de Paris, salué au départ par la milice et la population.

a galanterie plût aux dames et les petites bourgeoises de i~i5 enviaient Mlles Ravault (de l'hôtel de la Galère) et Madelon Bcsnard, la fille du grenier de Fhôtel de ville, qui avaient été particulièrement remarquées par l'ambassadeur persan.

Cependant les finances de l'Etat étaient loin d'être prospères et après avoir vendu les charges de maires pour en tirer de l'argent, on imagina, quand il fut épuisé, de les reprendre pour se créer de nouvelles ressources.

Au mois de septembre 171~ Louis XIV


lançait un Nouvel édit ordonnant la suppression des maires perpétuels.

On accordait trois années aux villes

1

pour «acheter la chargea, c'est-a-dirc rembourser le prix d'achat au, titulaire qui l'avait payée, mais on devait donner les 8,000 livres au roi qui en ferait tel usage qu'il lui plairait.

Un an plus tard, le i~ septembre i~i5, Louis XIV mourait et le duc d'Orléans

était nommé régent du petit-fMs du défunt qui avait été proclamé roi sous le nom de Louis XV.

A l'expiration du délai, en juin 1~1~ la Ville, n'ayant pas rempli les conditions formulées par l'édit royal publié en i?i4~ le duc (TEstrées, gouverneur de la province, écrivit la lettre suivante à la municipalité melunaise

Ayant plu au roi de supprimer la charge des maires et autres ofliciers de, maisons de ville de son royaume, qu'il avait cy-devant rendues liéréditaires, et voulant, à commencer du i" jan-

vier prochain i~iS/qu'cHes soient remplies de sujets choisis et nommés à la pluralité des voix de tous les habitants librement assemblés


et convoques à cet appel. Ne manquez pas, s'il vous plaît, à procéder avant ledit jour, i~ janvier prochain, à l'élection des dits ofliciers en la matière accoutumée, et avec' l'exactitude requise en pareilles assemblées. 1

L'élection eu lieu le 19 novembre 1~7 et Moreau (Philippe-François), lieutenant particulier du baillage, fut élu pour 3 ans. Il prit possession de la mairie le i~ janvier 1~18.

Sa gestion se passa sans incidents remarquables il est vrai que le pouvoir municipal était annihilé par la puissance de l'Intendant de la province, le maire, placé sous ses ordres, n'était en réalité que Temployé du pouvoir provincial. Dans ses conditions, la place de maire n'avait plus d'envieux les habitants se désintéressaient de l'élection.

Moreau fut réélu pour trois ans le 20 avril 1~21.

Un an plus tard, le 6 décembre 1~22, un conflit entre les oûiçiers de la milice et les arquebusiers provoqua sa disgrâce.


C'était pour une question de préséances le jour des fêtes données en l'honneur du sacre du roi.

Les officiers de la milice prétendaient avoir les places d'honneur dans l'église Notre-Dame, où un Te D~um devait être chanté les officiers des arquebusiers faisaient valoir que ces places leur étaient dues.

Alors, le maire Moreau prit fait et cause pour les arquebusiers, ce qui força les miliciens a exposer leurs griefs au comte d'Evreux, gouverneur de l'Ile-de-Françe. Celui-ici leur donna raison par un mandement du 12 mars i~a3.

Le maire se désista au mois d'avril suivant et Pierre Leclerc, notaire, fut pourvu de l'oNice par lettres royales du 3 niai iya3.

Pierre Leclerc était un prédécesseur de M~ Auberge, actuellement notaire à Melun,41 avait acheté son étude, en i~o5, à Jacques Guespereau q~i .1~ dirigeait depuis i6§8.


Plusieurs titulaires de l'étude de M" Aubergé ont été maires de notre ville nous les citerons à leur tour chronologique, afin de procéder par ordre et ne pas anticiper sur la nomenclature que nous faisons de tous les magistrats municipaux qui se sont succédés dans la ville .de Melun.

Animé de bons sentiments, vonlaut amoindrir les charges des habitants et principalement le logement des troupes, Pierre Leclercût des démarches pour reprendre le projet de construction d'une caserne.

En i~/t, elle était décidée; l'emplacement choisi fut le château royal, dans l'île S-Etienne, et l'on commença a démolir les tours,

Mais, soit que l'on ait reconnu l'exiguïté du terrain, soit. que l'on ait songé aux dangers produits parles inondations, on abandonna le projet.

Pierre Lecicrc déniissionna la même

&nnée.


Nicolas Chariot, lieutenant-particulier, un descendant d'Antoine Charlot, assassiné en i658, reprit sa succession. Il resta à la mairie jusqu'en i~3i.

Le 4 septembre iya5, il y eut dans la cite des réjouissances publiques données à l'occasion du mariage du roi Louis XV avec la princesse polonaise, Marie Leczinska

Le jeune monarque, avait, dit-on, un esprit élevé dès son enfance mais les exemples de la cour du régent lui suggérèrent des idées de débauche qui firent'de son règne, un règne de libertinage et de dépravations.

Le dimanche 8 septembre, quatre jours après leur mariage qui avait eu lieu à Fontainebleau, les jeunes souverains passèrent à Melun et furent harangués par des notabilités du royaume qui étaient descendues dans notre ville, n'ayant pu trouver à se loger dans Fontainebleau tant l'affluence des étrangers était grande. Le maire et les échevins leur offrirent


des vins d'honneur que Leurs Majestés burent au milieu des acclamations générales.

Plusieurs fois la reine traversa Melun, venant de Fontainebleau, pour aller rendre visite au maréchal Villars qui avait acheté le château de Vaux-le-Vicomte à la famille Fouquet en iyo5.

Chaque fois, la population faisait un accueil enhousiaste à la fille du roi de Pologne qui commençait à désespérer de posséder le cœur de son volage et royal époux.

L'idée de revendre les charges de maires commença à hanter les cerveaux des ministres de Louis XV, dont la caisse était aussi trouée que celle de son grandpère, mais il fallait un prétexte; c'est alors que l'on imagina, pour préparer la vénalité des places de maires, de les faire nommer par le roi.

Jacques Colleau lieutenant-criminel, fut nommé par arrêté du 18 août i~3i. Au bout de trois ans à peine, en novembre 1~33, un édit annonçait que les offices


de maires seraient vendues comme moyen de finances.

Sept mois après, un acquéreur consentait a donner au trésor 10,280 livres pour être le premier magistrat de la ville de Melun. C'était Etienne-Simon Poiret, conseiller du roy il s'installa à l'hôtel de ville, en qualité âe maire, le 3o juin i~. Il lui était alloué une somme de 3oo livres par an --ce qui constituait les intérêts de son versement.

Ces gages, ou plutôt cette rente, lui était fournie par un prélèvement sur les revenus d'octrois, sur les fonds patrimoTliaux de 'la localité ou, à défaut, sur les états du roi en la Généralité de Paris. Le souvenir de l'édit de 171~ avait rendu prudent le nouveau maire perpétuel qui tenait à garantir son cautionnement en cas d'une nouvelle décision du roi. Simon Poiret resta ly ans à la tête de la municipalité.

On doit lui rendre cette justice, c'est que malgré la vénalité de sa place, il n'en n'abusa pas et s'occupa sérieusement de la prospérité de la -ville.


En effet, c'est à partir de son administration que Melun commença à se transformer.

En 3~35, l'hôtel de ville de la rue Neuve menaçant de s'effondrer on dut l'étayer et faire des travaux de réparations qui coûtèrent t,8oo livres et i sou. Dans le cours des travaux, on reconnut que les bâtiments de l'hôtel de ville n'étaient plus réparables et, le 16 août i~3~, le maire et les échevins en demandèrent la démolition pour éviter les accidents. La mairie fut vendue en 1~8 pour le prix de 390 livres et cette somme servit à l'achat dé sceaux et d'une pompe à incendie, la première que l'on ait eue dans notre cité.

C'était une pompe de l'invention du. sieur Tillaye, de Rouen elle lançait l'eau à 50 pieds de hauteur :et consommait de i~ à I5 muids à l'heure.

Avec toutes les constructions en bois qui existaient à l'époque, c'était une acquisition utile les miliciens la faisait manoeuvrer, car les pompiers n'ont été


institués à Melun que sous le règne de Napoléon 1~.

La ville loua une salle da~s la rue aux Oignons (rue de FHôtel-de-Ville) et les services couimunaux y furent installés jusqu'en 1~8~.

L'idée de la construction d'une caserne était trop intéressante pour ne pas occuper un maire si dévoué aux intérêts de ses concitoyens.

Poiret et les échevins adressèrent une supplique au roi, qui était en résidence à Fontainebleau et, le 3 septembre iy3~,un arrêt du Conseil d'Etat concédait à la ville, la propriété de l'ancien château royal pour y construire des casernes, moyennant 10 livres de rente par an. La population apprit cette nouvelle avec joie, car elle mettait les habitants à l'abri des charges de « l'Ustansile des gens de guerre ».

Malheureusement, les financés de la ville étaient trop restreintes et le 19 octobre 1~3 les oûiciers municipaux passè-


M~ tow ~~té M& d~s CMhes

d'e<

i~Me~MMMM~aB~pe<tp&B~formèr(~~ T~e~~ ebât~a'~ de Rob~~ le P~e~~ ~CtM~l~ V et d~ St-Lo~is en bure~~L ~t ~~na~ }~M~~yt~teMrs employés ainsi que les (d~va~x qm lisaient le service de remonter les coches ~ac le chcmm de h~Ua~e.

E~ ~3~ ~ewp~~ de vtt!~ ~~ib~ent 9~ ?ume~ les ha,bi.taLnAs s$ gê~aï~nt pa~ p~w aJU~r e~eych~ï' de ïa terre et m~e 1~9 p~rre~de~~uj'&d'ei]L(~j~te pour leurs co~tru<ctions p~r~u~ères. Le <n~~ PoJ~et ~émut ck c~t et~ de c~~s e~ octobre t~ M, tML~y, tnt~AM~ Mtp~~ t~ (M~oMtMn, rem-

~ts a~j~r 4e ÏA pQ~ S~t-Je~.

t~f~$é~ f~~ ~n~ié% te~~n

bien nive~j~ ~~t ~t-ï~~w~ V~Hà co~«~~t ~é~ ç~ la~ ~a~ StJ~M~ ~tt~ ~}~çe~ét<dt q<~ des

~M~ c~ ~p~c~~ ci ta q~l-

~M~ JbMM ~h~M~ et tQML~i~ ~W les bords de l'~bM~


En ïy43~ on démolit le vieille porte StJean et on en reconstruisit une autre sur les plans de Boffrand, architecte du roi, ingénieur des ponts et chaussées. On en voit encore des vestiges à la maison de la boulangerie tenue aujourd'hui par M. Leprince.

En i~5o, une loge maçonnique fut établie a Melun, sous le nom de C~M~7/ns. Le jeton de présence de cette association représentait Saint-Jean avec un agneau, montrant le soleil et ces mots en exergue Caritas nos vocat.

Plus tard, sous la Révolution, le jeton fut modifié au milieu de deux branches de chêne, on y lisait « Liberté-Egalité n au revers, Minerve armée d'une lance, une équerre, un compas et un maillet, en exergue Cônsociare amat.

Melun reprenait un peu de gaieté, les arqubusiers donnaient de jolies fêtes dans leur hôtel, situé dans la rue Saint-Ambroise, et les jeunes gens ne manquaient aucune occasion de s'amuser.


Eni~5o,ilyeutàMelunun très beau carnaval un poète du cru fit des couplets sur les demoiselles, celles-ci composèrent une chanson sur les garçons et « elles eurent l'avantage )).

Bref, on a beaucoup ri dans la journée, et le soir il y eut un grand bal de société où toute la jeunesse melunaise se trouva réunie.

Garçons et filles étaient « costumés de belles &çons )) et dansèrent la danse « du Pierrot » vieille danse où le cavalier doit embrasser sa danseuse quand arrive la coda.

Les f~tes de nos ancêtres n'ont guère varié de nos jours et les cavalcades, bals de sociétés, costumés et travestis, qui sont organisés tous les ans par les jeunes gens, ne sont que la continuation des plaisirs qui amusaient si bien nos pères.

Au mois d'avril iy5ï, le maire, dont la santé n'était pas très forte, donna sa démission sous~ la résorvede toucher ses gages annuels la démission fut acceptée et Simon Poiret se retira dans sa maison de


la ~MoAe~R~ (roc St-A~is)it vécut soc~~ pendant t~ Mnée&.

Ses ctMMkpaes ~nt~r&s ~oivA&s~ Guérm d'Espinet (EtieM~B'M~oia~ t d~yen des (MMa&eN&ewa dm iMM~lag~ été

n~mmé maire le 18 avril ï~&i

A l'occasion de la naissance du dwe Ae BoM~gM, te DMphm~dM g~M~A~s eurent H~<t d~ms toc~ t~ France à M~ lun, ta mumcipaM~é im~ÎM~ des ré~oMSrsance~ p~ ordinaires.

On avait aligné des chandelles sur tes bopAs des CenêtMS <te d~v~cs dwbttMemen~s

et,le~ir, quaad ~Ites Savent ~Umnées,

r~Uégreasae ëtnit génë~

Deux je~mcs filles d~ ta vHte, désigaées

par le maire et les échevMM, ont été mariées ce jonr~a et ont reçu chacune une dot de 3oo livres. Cette somme fut prélevée ~ur te p<'ed~ ~06 4r~iMM~. ttC soir, it y ent festin dont la vttte ~eqai~ tà!M &aM.

A titre de c<at !o64M v~Mt te <M~Mt de ce repas~i~tf~eopieux:


~~p~r~ Fï~~

Remboursement de la viande

achetée par les M!M*s g~Ms Fourniture de 3a livres de

viande &8 sots < ta t6 JFarme et h~ nécmsM~e p<HMr

~p&tMs~rte ?

3~p4aAes de via à 8 sols. ïa 4 salades à M s~b. a ï p&ias de livrée à ïo sots. 6 ~ceyveAasà~so~s. i ï p&in~eSïivres. i Pour peio<es et ~ahiMs. M

Total. 5~ iiv.

On vivait à bon marché à cette époque la viande vataM 8 sots h thrre, le vî~ 8 8<~a piMe, ïe pain Mvfw 10 wts, (Mt a sc~ ï~ ta itvr~ un poutet 18 sots, ~n gigot de mouton a livres, une bouteille de bon v&a de Maçon t tivre, d~ Champagne aM~~e~~bonvmc~in~ 6 sola!!

Seulement i~ ~aiMa étaient peu ét~

v~ et nn bon ou~TJbep nmM~e g~aa~ ton~ a~ ph~ ~So Mv~pM par an, soit ~o et qnehpMS aob par jon~


En i~5~, le 21 avril, Leiébure des Boulleaux(Georges),président au Châtelet,devint maire en remplacement de Guérin d'Espinet.

L'année suivante, il eut maille à partir avec l'Intendant de la province qui demandait à la ville, malgré que l'Etat percevait les octrois, de faire les réparations du pavage sur les routes royales. Le maire et les échevins résistèrent de toutes leurs forces et, à cet effet, ils réunirent les notables de la cité dans une assemblée spéciale, le i5 mai 1~55. Il fut décidé qu'une lettre serait adressée au gouverneur de la province, et elle fut rédigée séance tenante.

Dans cette requête il était dit que « le nombre des habitants avait considérable-

nient diminué. ainsy que le commerce depuis vingt ans. Que la ville payait, en iy4~ une « taille )) de 8,000 livres, qu'elle était portée, depuis 1~8, à jro.ooo livres et que, de plus il était imposé à la ville une somme de ~oo livrée pour l'enlèvement des boues a5o livrès'pour la fourniture de bois du corps'de garde et le lo-


gement des gardes-françaises de passage z~o livres 5 sols pour l'annuel des offices municipaux 200 livres pour le loyer d'une maison servaiit de caserne à la maréchaussée/ce qui formait un total de 9~0 livres 5 sols, sans le quartier d'hiver et la capitation de 4 sols par livré et. industrie. L'Intendant ne voulut pas entendre les justes raisons des ofRciers municipaux et conseilla de créer des ressources nouvelles la ville de Melun fut autorisée a percevoir, pendant 12 années à partir du i~ janvier 1~56, un octroi de i sol par muid de vin et 3 so!s par muid d'eau-de-vie ou liqueurs passant sous les ponts.

La recette fut consacrée à la réfection des routes royales, entretenir les fortifications et à la construction d'un port. Le supplément de la somme exigée annuellement était prélevé sur les habitants par des droits sur les fourrages, le vin et la viande.

Le i3 avril 1760, Lefébure des Boulleaux quitta la mairie et céda la place à Ravaùlt (Robert-Jèan), conseiller du roi.


Q~Miq~s: s~~M~ < <M~ txM~J~L-

t~ f~t&~ d~ B~~U~~ (h~Me~ ~it

~~c~BM~ pa~ <M~~ to~at~ 4M~ la

BMMtd~i~a~jt~l~.

J~ l~~emaiBï a~B~tr~ le S~B't~-

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M~be~é~~C!

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gniRques bois qui exista ~c<we: <~s jours.

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n'accepta p~s M~s~h mois ~Ms t~fd, le a5 juillet, ce fut Moreau de Maison-Rô~e (Pierrc-Glàir-Aïi~oihé), lieutenant particulier, qui s'installa dans l'hôtel de ville. Cette période ne fut pas heureuse pour les melunais.

L'Hiver avait été rude, là Seine gela et, quand la débâcle arriva, le Pôht-àuxMoulins fut très endoïUmàgé, ce qui nécessita dé fortes dépenses pb~r lés réparations.

Les àcc&pàreursde blé~ commençaient leur triste négoce, là fameuse société Malisset, iq~i Venait d'être ibhdêë, avait d~s agents p&rëMr~iëïit les arches j~bdr acheter les Mes. Quand les greniers de ces marchands f~ëht remplis et là plupart des marchés dëgârhis, ils fifëiit là hausse des ~rdihsà leur volonté.

La cour fernïait les yeux sur ces inaii~ùv~ës ëMt~inelIës, ~ncôùrageàht par ~dn silëë~ ëes ~iÏittneNrs dti ~e~lë qui,

~Ô~&MëMëÊît, âliniëiitàiëht cassette


royale avec des bénéfices si tristement acquis.

Les esprits français fermentaient et les auteurs du pacte, de famine furent les seuls, par leur inhumaine àpreté, cause de la Révolution française qui devait éclater quelques années plus tard.

Les hommes de 8g naissaient à cette époque

En 1~68, le ag juin, Moreau de MaisonRouge ayant abandonné l'hôtel de ville, la place fut offerte à nouveau à M" Eicher de la Rivière qui, cette fois, accepta. C'était un notaire qui avait acheté, en 1~36, sa charge à Pierre Leclerc, ancien maire, et qu'il devait revendre 4o ans plus tard à Nicolas Chamblain, premier maire de la Révolution. (Etude de Me A ubergé).

C'est sous son administration que furent installés les premiers réverbères dans les rues de la ville. Cette installation ne se fit pas sans difficultés d'abord une première fois, les dépenses évaluées à 600 fr. atteignirent le double des prévisions, onsupprima Féclai-


rage et les melunais durent reprendre leurs antiques falots quand ils circulaient la nuit dans la cité.

On essaya d'accrocher des lanternes munies de chandelles dans les rues, mais cet éclairage primitif, peu pratique,, fut abandonné en i7?5.

Ce n'est qu'en 1~85 que les réverbères furent définitivement installés à Melun il y en avait onze et, pour couvrir les frais annuels d'entretien et de fournitures, on imposa les propriétaires d'immeubles en façade sur la voie publique à payer i5 sols par toise.

En 1~68, l'hiver étant très rigoureux, le nouveau maire demanda et obtint l'autorisation de démolir les portes de Paris et de Bierre afin d'occuper, à ces démolitions, les ouvriers sans ouvrage.

L'année suivante, les restes de l'ancien château royal furent rasés, à l'exception d'un mur qui bordait la Seine et d'une tour, qui existe encore aujourd'hui au coin du port.

Le vieux Melun disparaissait ainsi tous


les hLtv~s; e~ f~~i, 1~ pM~çdes C~n~s toj~ba a son tour sous 1~ pioche d~s démolisseurs et les ibrtiRc~ipns furent comblées afm de permettre a 1~ cité de s'étendre ~r~ ~K7?os.

Godin (Alcxandre-Le~), suçc~d~ Eir c~r ~e Riyi~re, le 3: oçtq~e ~~yï. C'éta,i;t 1~ doyen des nçj~es d~ 1~ vH~. 11 ayait a(~etéso~étud~.enL~c)bra conservée jusqu'au y ni~r~ i~~ J9W~ sa mort, il avait donc cmqu~nt~ années de not~ri~t quand il fut nommé m~e de Melun.

Son étude est, aujourd'hui, tenue par Me Féron, rue du Pala~s-dc-JusUce.

Un an plus t~rd, te 9 novembre 1~2, ii quitta la mairie et fut remplap~ pa~ Lévêque (Pierre-François), conseil~r dn roi.

1~ gestion d~ ï)ouYet, p~~ ~~cip~

fu$ cp~tc d~rc~, Q~ il Y~p~~ s~

mç~ après, le 16 n~ 1~3.

~nina.~qck de P~pce L~ôqn~ ~va~t été faite en vertu de redit suiva~R~I~ pajp le roi en lyyi, édit qui rendait encore


une fois la charge du maire perpétuelle moyennant finance.

Nous octroyons Foincc de notre conseiller maire en la ville et la communauté de Melun, auquel n'a été pourvu depuis. sa création ù présent. casuçl, à Pierre-François Lcvequc qui a payé à la finance po:ir en jouir aux gages de ooo livres par an payables de six mois en six mois sur les revenus d'octrois et deniers patrimoniaux de la ville df Melun aux mêmes prc*rogatives qu'avaient droit les titulaires avant la suppression Exemption du logement des gens de guerre, collecte, tutelle, curatelle, guet et garde milice tant pour lui que pour ses enfants.

Même la taille personnelle.

Louis.

Comme cela ne coûtait rien au gouvernement de payer les employés municipaux, les gages annuels furent ainsi ûxés en môme temps que le rétablissement des maires perpétuels

Maire. 5oo livres Lieutenant du maire. 120 i* Echevin. 100 2~ Echevin. 100 Assesseur. 5o Procureur de roi 120


Receveur syndic des de-

niers pahimoni~ux 120 GreHicr de Fhûtcl de Ville. 100 2 Valets de ville, chacun

4o livres. 80

La mort prématurée de Pierre Lévôque supprima toutes les conventions de l'édit et, dans l'impossibilité de trouver pour le moment un nouvel acquéreur de l'office, la ville fut dirigée par le lieutenant du maire et les échcvins jusqu'en 3~~ sous le contrôle de l'Intendant général de la province.

Cette tutelle suscita à la cour l'idée de redemander de l'argent à la ville et la municipalité provisoire eut à lutter contre le gouvernement afin d'éviter de nouveaux impôts.

Pour mieux dépiontrer au roi l'insufïisance des ressources pour faire face aux exigences du fisc, les officiers municipaux firent établir le budget suivant

Z~ Mairie de Melun en ~7~

RECETTES

Diverses rentes foncières. 168 i5


Octroi i sol par muid de vin et 3 sols par muid d'eau-de-vie passant de- sus et dessous les ponts, rapportant annuellement. 8,820 » Total. 8,988 i5

DEPENSES

Loyer de l'hôtel de ville 120 ? Enlèvement des boues 35o ? Entretien du pavé. 1,000 » Bois, bougie, papier pour Fhôtcl de

ville. 300 » Eclairage public 1,000 » Loyer de la caserne des deux briga-

des de la maréchaussée. 600 ? Cuisine et réfectoire pour les troupes de passage 6o M Bois, chandelles, billets de logement

aux troupes de passage 400 » Redevances au domaine du Roy. 20 » Entretien des puits, fontaines, prome-

nades et port. 1,000 ? Gages des omciers municipaux

maire, lieutenant du maire, échevins, valets de ville, tambour, etc. i,o5o » Dépenses pour le service de la ville. 100

Total. 6,000

Excédent de recettes 2,988' i5 sous.

~eg~re~ de l'hôtel de ville.)


La confection de ce tableau n'était pas très compliquée et les prévoyants administrateurs eurent soin de mentionner à l'Intendant général que l'excédent de recettes « devait être conservé pour les dépenses imprévues ».

Grâce à l'ordre et à l'équilibre de son budget, la ville de Melun n'eut pas à subir l'augmentation « de la taille ». Quelques mois plus tard, une partie de «l'excédent de recettes)) fut engloutie pour payer les frais d'une messe solennelle célébrée à St-Aspais pour la guérison du roi atteint de la petite vérole. Les prières des melunais ne purent sauver le monarque qui mourait le lendemain même de la cérémonie, le 10 mai 1774'

Après onze mois de deuil ofHciel, des fêtes furent données à l'occasion du sacre et du couronnement du roi Louis XVI à Reims, les pauvres reçurent des vivres et un banquet de 5o couverts eut lieu a l'hôtel de ville.

Comme c'était la ville de Melun qui


payait tous les frais « l'excédent de recettes » dut être vite épuisé par ces dépenses imprévues.

Le 16 septembre 1~6, le roi venant de Fontainebleau traversait la ville pour se rendre à Grosbois, il était accompagné du comte de Provence (plus tard Louis XVIII), du comte d'Artois (Charles X) ses frères et de M. de Luxembourg, capitaine des gardes.

La milice était sous les armes, les cloches sonnaient à toute volée, la foule était énorme à cause du marché et, quand le carrosse royal arriva à l'entrée de la ville, un immense cri de Vive le JRot sortit de toutes les poitrines.

Pendant que l'on faisait le relai, devant r~M~ Galère, les officiers municipaux voulurent saluer Sa Maj esté et demandèrent la permission de la complimenter M. de Luxembourg leur répondit « Messieurs, le roi reçoit votre compli« ment et vous en remercie, mais il n'est « point de l'étiquette de le débiter quand « Sa Majesté est en chasse ».

Après cette leçon du protocole, le lourd


carrosse traîné par deux chevaux vigoureux monta la côte St-Barthélemy pour se rendre à Grosbois pendant que les ofïiciers municipaux, un peu décontenancés, s'en retournaient a l'hôtel de ville escortés par la milice.

Hâtons-nous d'ajouter que le roi revint à Melun en 3 y8i, que cette fois il se laissa haranguer et répondit même par quelques paroles aimables à M. Romain qui était maire à cette époque.

L'année suivante, le 26 mars 1~82, Louis XVI traversa encore une fois la yille de Melun.

Aux compliments de bienvenue qu'on lui souhaita, les échevins ajoutèrent une magnifique corbeille remplie d'anguilles le présent fit grand plaisir au monarque qui avait déjà la réputation d'un gourmet et d'un fort mangeur.

Ce cadeau coûta 3o livres la ville. Une importante manufacture de cotonnades et de toiles peintes fut construite et fondée dans le quartier St-Liesne.en i~5, côté du. ~moulin Farineau qui, depuis, a


été transformé en une scierie mécanique, exploitée aujourd'hui par MM. Ganotirè-

res.

Une maison semblable existait déjà dans la rue des Fabriques, une autre, plus importante, fut fondée, en 179~ sur le bord de l'Almont, près de la place SaintJean.

Ces manufactures, qui occupaient plus de cinq cents ouvriers, étaient une grande ressource pour le faubourg Saint-Liesne et elles causèrent un grand préjudice à ce quartier après leurs disparitions, ,par suite de la concurrence étrangère, vers l'année i8a5.

Une de ces fabriques sert aujourd'hui de quartier d'infanterie, sous le nom de caserne Breton.

Cependant, le gouvernement ne pouvait arriver à trouver un maire perpétuel ( ?) moyennant finances; après diverses démarches infructueuses, il se décida à nommer un titulaire ayant la gratuité de la place et, le~juîUeti~ Simon de Valbel (Pierre-Marie), avocat, président


en l'élection, était nommé maire de la ville' de Melun.

En 17~8, on créa une compagnie de grenadiers qui fut adjointe à la milice melunaise. Puisque nous parlons de la milice, il n'est pas sans intérêt de rappeler comment elle était composée.

On la recrutait parmi les habitants de la ville absolument comme se recrutait la garde nationale dans les dernières années du second empire.

Les miliciens nommaient eux-mêmes leurs officiers par l'élection.

A Melun, la milice était composée de six compagnies de quatre-vingts hommes chacune.

Ces compagnies étaient formées par quartiers et avaient toutes leurs sur-

noms

LA COLONELLE comprenait les rues StAspais jusqu'à l'extrémité du faubourg des Carmes.

LA LIEUTENANT-COLONELLE les rues de

la Juiverie, aux Oi~no~ leJEMhanyg Saint-Liesne.


LA ciTE toute la paroisse St-Etienne. LA ROYALE place de la Pointe, rue des Potiers, rues Neuve, du Miroir et du Presbytère.

LES FRANCS-BOURGEOIS Rues au Lin, de la Geôle, Marché-au-blé, faubourg StBarthélemy.

LES CORDONS-BLEUS toute la paroisse Saint-Ambroise.

Lors de la transformation de la milice en garde nationale, en 1789, on y adjoignit une compagnie d'artillerie pour le tir de deux petits canons que M. le duc de .Praslin, propriétaire de Vaux-le-Vicomte, avait cédés a la ville.

C'est de cette époque que date la création de la caserne de cavalerie, si longtemps réclamée par les habitants. Par suite de querelles religieuses et de mauvaises gestions administratives, les monastères des Visitandines et des Ursulines disparurent en 1767 et 1772.

Les frères de la doctrine chrétienne firent l'acquisition du couvent des Ui~sulimes~ j~&gad~ ~ur ~a rueSt-Ambro~


ils restèrent jusqu'à la suppression des ordres religieux de 1~91.

Dans le couvent de la Visitation, en face la Seine, derrière l'église St-Ambroise.on créa un dépôt de mendiants et, comme le Châtelet de l'entrée du Pont-aux-Fruits avait été vendu par le domaine royal en iy;:3, les tribunaux et la prison y furent également transférés.

Cela resta ainsi jusqu'en 1818, date de la prise de possession du palais de justice au couvent des Carmes.

Dans le reste'des bâtiments, une caserne fut aménagée et, au mois de juillet 1~80, deux escadrons de dragons de La Rochefoucault vinrent y tenir garnison. Ce fut un événenlent et une grande joie pour les 'habitants; les brillants uniformes firent sensation et bon nombre de melunais ne manquaient pas d'aller les voir faire leurs exercices à l'endroit où se trouve aujourd'hui la place Praslin, lequel n'était pas encore exhaussé et servait de champ de manoeuvres.

L'agrandissement de la caserne eut lieu en plusieurs fois dMÏorentes les cuismes


ont été installées dans l'ancienne église St-Ambroise démolie en 1~91, quand on supprima la paroisse les cantines du quartier se trouvent dans l'ancienne chapelle St-Michel dont on peut voir encore un fragment de mur soutenu par un contrefort qui borde la rue de ce nom. Plus tard, on construisit des bâtiments annexes sur l'emplacement de l'ancien cimetière du canton sud après son transfert au bout de ia rue de la Rochette.

Voilà l'origine de la caserne actuelle elle va bientôt disparaître, à son tour, pour faire place à un quartier neuf qui, espérons-le, servira à l'embellissement et la prospérité de la ville de Melun.

Le juin 1~81, le maire Simon de Valbel démissionna et Romain (François) le remplaça à l'hôtel de ville.

Les puissances d'Europe s'étaient coalisées pour secouer, sur mer, le joug des anglais qui prétendaient empêcher celles-ci d'aller appuyer la guerre d'indépendance américaine.


Pendant trois ans, nos marins maintinrent glorieusement l'honneur de notre drapeau dans diSerents combats navals. L'enthousiasme populaire provoqué par ces faits, ainsi que le retour de Lafayette, avait été si grand que les villes, dépendant de la Généralité de Paris, décidèrent d'offrir un vaisseau au roi.

Le ~juin 1~82, la municipaUté melunaise, décida qu'une somme de a5,ooo francs seraient donnée par la ville pour sa part de souscription.

Quand les habitants apprirent cette décision ils en furent frappés de stupeur et refusèrent d'approuver la délibération, se demandant, avec raison, comment la cité, déjà sans ressources, arriverait à payer cette contribution par trop excessive. Heureusement que la paix, signée à Versailles en 1~83, annula l'engagement des villes, à la grande joie des melunais qui fêtèrent la fin des hostilités par une fête admirable, le i~ janvier 178~, de sorte que le vaisseau tomba dans l'eau c'est le cas de le dire.


Be~bâtitûentë de rKôtël'dë ville avaient subi plusieurs transformations depuis ~34.

Les séances du conseil municipal se tenaient dans une maison située dans la rue aux Oignons.

En 1~81, la maison étant sur le point d'être vendue et le bail n'étant pas renouvelable, la municipalité se préoccupa de ttiM~er~un'Iocàl plus vaste pour réunir les délégués des paroisses, et de loge~ les deux brigades, de maréchaussée en résid~tcedhï~ la ville.

Il se trouvait un vaste immeuble donnant sur là rue aux Oignons, comprenant un ,grand corps de bâtiment a trois étages. L'acquisition en fut faite, moyennant u&e reïît~ anïïuelle de 800 livres rachetable attdèhiër vingt.

iFancièe local coûtait 660 livres par an, l~cH&t d~là~ propriété, dans ces conditt~n~, ïie Ûït p&s onéreuse pour la ville. G'étàit'uïïe ancienne fabrique de toiles exploitée par un sieur Kœnig on ût les

a{~r~p~ati6në nécessaires et, mobiltier

cMaprts~ cei~ coùt~ liv~s.


Le rez-de-chaussée de la nouvelle mairie fut aSecté à la maréchaussée.

On installa les écuries et la pompe à incendie dans la cour.

Au premier étage se trouvaient les bureaux et la salle du conseil.

Le deuxième étage fut réservé pour les logements des hommes de la. maréchaussée.

L'hôtel de ville actuel remplaça l'ancien

(i83~-i848).

Gaston de la Ribellerie (François-Gabriel), succéda, le 28 février 1~85, a M. Romain qui avait donné sa démission de maire le a3 avril.

En i~S~Melun fut désignée pour l'assemblée provinciale de l'Ile-de-France.. Des députés, au nombre de quarantehuit, vinrent de différents points de la province et la première séance eut lieu, le i i août, dans la salle du premier étage du bâtiment municipal.

Les melunais accueillirent les députés avec joie aussi le maire et les échevins,


pour en perpétuer le souvenir, firent graver une plaque de marbre commémorât! ve. Cette plaque existe encore à l'hôtel de ville.

L'hiver rigoureux de i~88-8g, la cherté du blé, le pacte defamine, les abus du régime commençaient à échauffer les esprits français; les idées de liberté grondaient, et le roi Louis XVI, qui n'osait pas tenir tête à Forage qui s'amoncelait sur le trône, adressa des lettres de convocation aux Etats-Généraux et chaque ville fut appelée à formuler ses désirs.

Les melunais réclamèrent entre autres l'exercice du pouvoir législatif, les suppressions de la dîme et la mendicité des moines, etc., etc.

Au mois de juillet suivant, la nouvelle arriva à Melun, que le peuple avait pris la Bastille; la population si calme de notre cité, applaudit à cet acte de liberté et entrevit l'avenir sans aucune crainte, On ouvrit dans les villes, des souscriptions patriotiques en faveur du gouverne. ment. Melun s'inscrivit pour la somme


fabuleuse de 39,91~ livres sols 6 deniers, indépendamment des bijoux d'or et d'argent qui furent transportés à la monnaie.

Dans sa réunion F Assemblée législative ordonna de procéder an ren~~veU~ent des maires par voie d'élection.

Tous les délégués des paroisses de ville de Melun, vinrent voter a,l,a n~u~e, le 4 Février 1~90, et sur 3~3 v~nt~ M. Nicolas Chamblain, notaire (~(~ AH&er~), fut élu ma~re de la vine de ]~telun.

Le 21 février suivante la miHce ~t Ie~ arquebuisier~ ~nsi q~e~es tr~np~ ca&ernées, se réunirent à la suite d'un Te J9~M~ chanté à Notre-Dame et M. De~p~tys, député, félicita M. Chamblain pour sa nomination.

A cette époque, les réformes se succédaient avec rapidité.

Au ~nois de décembre 3 y89,i~~jQ~~se con~ti~nte, vouls~ donner ~~nçe une~puis~nte <nnité, sn~priïn~dj~jp~ anciennes provinces et ,pMt~ge~ la <nat~n


en ~83 départements. 1/Ile-de~France, dont Melun faisait partie, fut de ce fait fractionnée en six départements.

chaque département "tut également divisé en un certain nombre de districts La viUe de ~M~lun demanda à M. TFa~é< avocat a~Sens, de monter une imprimerie et~l~r~que le département prit déSnitivement le nom des deux principaux cours d'eau qui le traversent, 'le ~Mr~~ de ~?07~ fut ibndé.

C'était une feuille hebdomadaire gni paMt,$v~c~utorisation du roi, le 8 mars 1790.

~Le lundi, a3 mai suivant, les administrateurs des districts du département se reunirent a Melun, dans le couvent des CMmes (Palaisde Justice), pour choisir la ville qui devait être le chef-lieu du nouveau département de~ Seine-et-Marne. La lutte fut très vive, plusieurs villes vouant devenir préfecture, 'les compétitions étaient nombreuses.

'M~MM~se~p~év~lai~de ~importance de


sa population, de son évéché, de son titre de capitale de la Brie.

Provins alléguait qu'elle avait eue l'ancienne résidence des comtes de Champagne.

Rozoy était sur les rangs, se targuant de sa situation au centre du département. Melun invoquait l'importance de ses affaires, sa situation au bord de la Seine, sa population de 4,gi8 habitants.

Enfin, Nemours, Nangis et La Fertésous-Jouarre briguaient aussi la préfecture.

Ces dernières villes furent de suite éliminées.

Les électeurs du district de Provins renoncèrent également à leur prétention et se déclarèrent en faveur de Melun. Meaux se désista la veille du scrutin, prévoyant sans doute un échec en raison de sa situation topographique.

Il ne resta plus en présence que Melun et Rozoy.

Les partisans étaient acharnés de tous les côtés. Melun avait pour elle les districts de Nemours,. Provins Nangis


Rozoy avait La Ferté-sous-Jouarre et Meaux.

Sur 5o4 électeurs, il y eut ~5 suffrages exprimés.

Voici les résultats

Melun 339 Rozoy a3i Provins. 3 Nangis. I. La Ferté-s/s-Jouarre. i Total. 4~5

C'est donc avec 8 voix de majorité que

Melun est devenue la préfecture de Seineet- M arne:

Le surlendemain du vote, le 3o mai ce qui prouve que les hommes de la Révolution ne laissaient pas traîner les affaires -le député Gressin faisait adopter à l'Assemblée nationale une proposition conférant à Melun le chef-lieu de l'administration du département.

r

La municipalité de Melun était ainsi composée Nicolas Chamblain, maire Estancelin, Lemoust de la Fosse, Amyot,


Thierry de. Vaucresson, Gilbert; Gittard; Métier et Doucet, oNiciers municipaux~ L~i~~uiIletiygp.&roccasion'd~raYïniversaire de la prise de la Bastille on célébra dignement la Fôte de I& Fédération. Melun Rt une belle fête, une fête inoubliable les anciens. melunais se souviennent d'en avoir entendu p&rler par leurs pères qui en avaient été témoins

Voici le compte rendu dh temps

« Le cors municipal arriva à l'hôtel de ville à~dix~ heures du matin

« Un~détaohementd~l~g~vd~ nationale alla prendre le drapeau chez le commandant.

« De" cortège se mit en rout~ pour la

« ne~ C7 se mit! en" rOl1t~ pour

pl&~o d'Armes (~J~yy), les gendàrme~eïï

tête~aAnsi~qu'unc~compagnio~d~ vétéran~

répée en~ main, lai compagnie des canonniers~avec ses canons.

« Le maire et' les oûiciers municipaux a~oo leurs é~Marpes t~eolbres, le receveur de la ville.

« Les dix-huit notables, deux compagnies de la garde nationale, 2~ jeunes ci-.toyens, dont le plus âgé avait~il ans, por-

tMt<t~ tMM~ db~ p~plU~ de là nnlice~t'

U!<~ d~MbMa~Lt< des ch~Mem's~ de ItM~


raine .en garnison à Melun pour fermer la marche.

« Le cortège traversa la ville au son des musiques et des tambours.

« Sur la place St-Jean s'élevait l'autel de la Patrie élevé sur une plate-forme par neuf marches en gazon, les symboles de la Paix et de la Guerre contribuaient à l'embellissement au sommet, des trophées de drapeaux avec le bonnet phrygien de la Z<~r~.

Une foule énorme était accourue des villages deVaux.Voiscnon, Maincy, le Mée, Dammarie.

« Des citoyens~ des citoyennes de tout âge; les vieux paysans, qui connaissaient les abus de l'ancien régime formaient un groupe à part, ils semblaient heureux de l'abolition de la monarchie quelques-uns élevaient leurs petits-fils dans leurs bras en criant

« Regarde! et souviens-toi! « Le curé de St-Aspais, M. Dauphin. entouré du clergé, célébra le messe la foule chanta le Vc/n creator et le Domine salvilm.

« Le curé de St-Liesne, M. Métier, prononça un discours empreint du plus grand patriotisme qui fit une grande impression.


« Le maire, Chamblain, prit à son tour la parole.

« Puis à midi précis, heure désignée par l'Assemblée nationale pour que toutes es municipalités de France fassent le même serment à la même heure, le maire gravit les marches de l'autel, le visage tourné vers le ciel, la main droite placée sur son cœur et la main gauche étendue sur la foule, il prononça un discours patriotique dont la formule avait été votée par l'Assemblée nationale

Nous jurons de rester à jamais fidèle à la nation, à la loi et au Roi, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par FAssemblee Nationale et acceptée par leRo~ de protéger, conformément aux lois la sûreté des personnes et des propriétés, la libre circulation des graines et des subsisiances dans rintérieur du royaume et la perception des contributions publiques sons quelque forme qu'elle existât, de demeurer unis à tous les fiançais par les liens indissolubles de la Fraternité »

« Un cri immense retentit sur !a place d'Armes

« ~VOMS ~yM7WÏS/ nous ~yHrOM/

le

~~o~ Vive le ~ot

« Tous les bras s'étendaient vers l'autel de la Patrie, les trompettes retentissaient les tambours battaient aux champs, on entendait des décharges de mousqueterie, les larmes coulaient des citoyen


se jetaient dans les bras les uns des autres saluant l'aurore de la liberté. « Le président du district, Marillier~ gravit les marches et répéta le serment. t> « Le commandant de la maréchaussée, M. Liénard, chevalier de Saint-Louis, et M. de la Roche, chef d'escadron du régiment des chasseurs de Lorraine, prêtèrent également le serment fédératif et le reçurent de leurs cavaliers et de leurs chasseurs.

« Un Te Deum termina la cérémonie, puis le cortège reprit sa marche. « On remarquait que -le corps du présidial, si à cheva sur l'étiquette, n'était pas venu à cette démonstration.

« Les honneurs de la journée furent pour la municipalité.

« Une table de 400 couverts fut dressée dans le cloître des Carmes et un banquet confraternel réunit le corps municipal 6t la garde nationale.

« Le soir, la ville fut illuminée.

« Il y avait des transparents lumineux devant les maisons des commerçants de la rue Grande et la rue aux Oignons sur lesquels on lisait LA Lpi ET LE ROI ÉGALITÉ, DROITS DE L'HOMME,– UNION, FORCE, LIBERTE.

« Les bals commencèrent et on dansa jusqu'au jour. ))


Telle fut à Melun, la première fête de la liberté, fête imposante et fraternelle qui marquait le premier enthousiasme d'un peuple libre. `

Au mois de novembre i~gi/le i5, on vota pour le remplacement du maire Chamblain, dont les pouvoirs étaient expirés..

C'est un propriétaire de Melun, Chapelle (Jean-André), qui fut élu par ao5 voix sur 382 votants.

L'année suivante, fut une année terrible pour l'histoire, les événements se précipitaient d'une façon inquiétante à Melun, il y avait eu des émeutes sur le marché

aux grains

Dans les jours qui suivirent la fête de la Fédération de 1~92, une armée de 3o,ooo hommes, armés et équipés, fut démandée aux départements voisins de Paris.

Au 10 août, le conseil de la commune de Melun proclama la suspension des pouvoirs du roi.


La frontière était menacée pour hâter la levée des 'volontaires, deux commissaires nationaux, Ronsin et Lacroix, sont envoyés à Melun par le pouvoir exécutif. La levée s'organise trois compagnies de volontaires melunais, dont une de -cavalerie, sont forrnées, armées et équipées les chevaux, les mulets et les voitures sont réquisitionnés.

En peu de jours les deux bataillons du district sont réunis à Melun, la population les acclame sur la place Saint-Jean d'où ils partent pour être dirigés sur le camp de Châlons, où se fait la concentration générale.

Le maire et les officiers municipaux siègent en permanence à l'hôtel de ville, ils exécutent les ordres des délégués Ronsm et Lacroix. Tous prennent l'initiative d'une contribution pour soulager les parents pauvres des volontaires.

La municipalité proclame, au son des tambours et escortée par la garde nationale, l'abolition de la royauté et la prise de Longwy, ainsi que les décrets de la Convention déclarant la P~r~ ~y~~r.


Au milieu de ces événements, des élections avaient eu lieu à Meaux pour nommer les députés de Seine-et-Marne à la Convention nationale.

Onze citoyens furent élus parmi eux, Tellier, avocat au baillage de Melun. Nous allons donner quelques notes biographiques sur ce député

Tellier était né à Laon, en 1~55; -fils d'un hôtelier, il avait été reçu avocat au Parlement de Paris.

Il avait acheté une modeste charge à Melun, et demeurait dans la rue des Buffetiers, dans la maison appartenant aujourd'hui à M. Hugon.

Député aux Etats-Généraux en 1~89, il fut élu député de Seine-et-Marne en 1~92. A la Convention, il vota la mort du roi Louis XVI sans appel ni sursis.

Chargé, par le Comité du Salut Public, de plusieurs missions à Lyon et à Chartres, il s'en acquitta heureusement et se suicida dans cette dernière ville dans tes circonstances suivantes

Des troubles s'étant produits da~rs


Chartres à l'occasion de la circulation des grains.

Les émeutiers forcèrent Tellier à taxer le pain malgré sa parole donnée.

Il céda, pour éviter une effusion de sang, mais le lendemain il se brûlait la cervelle après avoir rétracté son arrêté. Dans son testament, il déclarait

« Je meurs pour épargner un crime à « l'ignorance et à l'aveuglement. » et il ajoutait « Je sors de la vie avec un hé« ritage de probité que je transmets à « mes enfants, ainsi que je Pavais reçu « de mon respectable père.

Quand la nouvelle de sa mort fut connue à Melun, elle causa une réelle stupeur, car Tellier était très aimé.

Le curé Métier, le futur démagogue, organisa une manifestation pour aller saluer la veuve et les enfants « d'un véritable homme de cœur! ».

Le 9 décembre 1793, Tarbé des Sablons (Sébastie~An~ré), avocat-imprimeur, a


été nommé maire par 262 suffrages sur 522 votants.

Ce M. Tarbé a joué un grand rôle dans la ville de Melun dont il fut un des maires des plus remarquables.

Pendant ses différentes gestions, il a été mêlé à de graves événements qui lui valurent la haine des Jacobins, sectaires de la ville sa vie a été menancée et finalement il triompha de ses ennemis. Nous donnerons, plus loin, quelques notes biographiques sur lui notes que nous avons recueillies dans les bouquins du temps.

A peine élu~ il dut déployer beaucoup de courage afin d'obtenir l'élargissement de Duport, ancien membre de la Constitante et qui était détenu à la prison de Melun.

La Convention nationale vota, le 21 mars 1793, une loi pour installer des comités de surveillance dans les villes, Ces comités étaient eux-mêmes placés sous la direction des représentants du peuple pour chaque département.


Melun, ce fut fex-ç~rp Métier (mi ~pviN.t le chef ~u cqmité ~e surveillance dont les séances avaient lieu dans le couvent des Carmes.

Dans ces conciliions~ le m~ire et les conseillers n'ét~ie~t p~s que Ips enregistreurs 4e5 volontés des démogasrues melunais.

Ce~ der~;ers, tirent efïacer les attributs de la royauté ~t de 1~ féodalité s~ir ~s églises et les monmnents.

ps pptretcsaienti~ suspicion entre tous les citoyen~, pour un o~ii DQ~ir nqn Qn vous ~rrôtait et l'on vous dirigeait v~ys le ~bi~i~l févplutipp~aire 4e P~ns. Ai~si, mpn~isier fut mis sous Ips verrous pour avoir dit qu'il ~<~ ~Mr rcpM (~p~~ SMr~c~ on arrêta 1~ pe~me d'Hn apothicaire qui avait dépl~r~ que les prisonnier~ étaipnt dps hon-

~ê~s ge~ns )) e a~tre fut mise en prison

g yp~ ~1J~,re ~ut xnise ex~ prison

p~Fpp q~'eHe ét~Lit la maîtresse d'un garde du corps.

On perquisitionnait le~ voitures jet les d~ences.

L'~p~pit des cultes f~t ordonnée, on


fabriqua du salpêtre dans l'église St-Aspais et Notre-Dame devint un magasin à fourrages.

Au mois de novembre i~)3, une inscription ainsi conçue, fut placée au-dessus du portail de l'église St-Aspais

Le peuple français r~co/M rj~rc suprême et l'imn1,ortalité de r~/y~.

(rest à ce moment que l'aflaire Bailly, l'ancien maire de Paris, éclata.

Bailly avait quitté la capitale pour ne pas être arrêté par les membres du Comité du Salut Public auquel il était dénoncé. Très lié avec le savant géomètre-mathématicien Laplace, et le sachant réfugié à Melun, il arriva dans notre ville, et se cacha chez son ami.

Il pouvait s'y croire en sûreté et à l'abri des vengeances des Jacobins, mais il y avait dans la ville des gardes nationaux parisiens, chargés du service des subsistances de la capitale, qui n'ignoraient pas que Bailly était hors la loi.

Un jour qu'il se promenait dans le jardin de l'ancien hôtel des gouverneurs de Melun dans l'île St-Etienne, il fut reconnu


par un garde national qui s'empressa de le signaler au club révolutionnaire des Carmes.

On convint que son arrestation aurait lieu n'importe où on le rencontrerait. Ignorant ce qui se passait Bailly qui se rendait le lendemain chez M. Despatys, rue Neuve, fut arrêté dans cette rue par deux gardes nationa'ux de Paris.

On le conduisit à la mairie là, le maire, M. Tarbé. essaya de le sauver en démontrant que sa conduite avait toujours été irréprochable, mais les gardes nationaux excitaient les melunais et de~ menaces furent proférées.

Sous peine d'être suspecté lui-même, le courageux maire se vit dans la cruelle nécessité d'abandonner Bailly au comité de surveillance qui le fit incarcérer dans la prison du quartier St-Ambroise.

Métier prévint les deux conventionnels, Dubochet et Maure, en mission dans Seine-et-Marne, ceux-ci accoururent à Melun et ordonnèrent le transfert de Bailly à Paris.

Le bulletin de réquisition écrit de la


main de Duhôuchet existe dàhs l~s archives municipales.

Le voici:

LES CttoYhNS~Ef RÉSENTANTS DEPEUPLE, ~OÛ~ ~~ic ~a~c et q~c~rs niunicipaux de Melun, SALUT

Citoyens; nous vous requérons et vous autorisons par ces présentes de remettre entre les mains du citoyen Pa\ie, aide de ~mp la torce ar~nèe da ~aris, et ~Ot~tA~M~nt <du détache~eht de t& garde ~àtionatie parisiennes la peMo~me dtt citoyen Bailly~ ci.devant maire de I~ris, an~té et détenu à la maison d'arrêt de cette ville, lequel citoyen iPavie veinera & Ïa sûreté du détenu, conjôlnte~nent et d~e co~t'ert avec le détachement de ~ûrde n~tioY~ale de Melun ~i sera commandée pour cet effet. Fàtt~M~tun~ te i3 septembre l'an de ~r&cé de ia République.

B~Bout:~ET. MAURE aîné. On sait que Bailly fut con~mùé & tno~t pa~ le tribunal révolutionnai et exécuté a~Ghamp-de-Mars.

Tarbé des SaMons MItiM pay~f d~ ra tête le zèle qu'il avait déployé pot~ ~àùv~r Bailly.


Sur les ordres de Métier, auquel les conventionnels venaient de déléguer des pouvoirs illimités, il fut arrêté comme suspect, mais l'ex-curé de St-Liesne n'osa pas l'envoyer devant le tribunal révolutionnaire tant M. Tarbé était vénéré dans la ville de Melun il le fit relâcher et le i~emplaça à la mairie par M. Estancelin (Louis-Nicolas), marchand mercier à Melun.

L'arrêté de sa nomination fut promulgué et sig'né par Métier qui était le maître de la ville en date du troisième jour du deuxième mois (brumaire) de l'an II (octobre 1793), il avait au préalable dissons le conseil de la commune.

Il s'était approprié tous les pouvoirs, il était à la fois curé constitutionnel, juge au tribunal civil, président du département et délégué des représentants du peuple. .La ville était terrorisée, il décrétait d'accusation ceux qu'il suspectait être ses ieHYiemis, il Rt violer les domiciles et dans l'hospice St-Jacques, transformé en prison, il fit incarcérer 200 habitants sur ~ooo, soit un vingtième de la population.


Les voitures et les diligences étaient soumises à d'incessantés perquisitions Pendant tout le temps de cette terreur, les frontières étaient menacées et l'on faisait de nouvelles levées d'hommes pour la dépense du pays.

L'abondance ne renaissait pas à Melun, la cherté des vivres persistait le pain était sur le point de manquer, le sucre, l'huile à brûler, l'eau-de-vie, le tabac et autres objets de consommation manquaient dans la ville.

Une société populaire, présidée par un cordonnier, fut ibndée elle envoyait tous les jours des notes aux membres de la municipalité.

Dans une, remise le 5 ventôse de la même année. ils envoyèrent un échantillon-de pain avec ces mot~ Vq~?, ~*o~~~yM~

Les séances de cette société étaient encore plus orageuses que celles du c lub des Jacobins.

Elle donnait des ordres précis à la municipalité elle demandait la démolition


de l'église St-Aspais, l'abattage des croix, la police des marchés, empêchant aux pâtissiers de vendre des p~~s pâtés sous prétexte « que le beurre serait plus avan« tageusement destiné à l'usage du sans<~ culotte qui ne connaît pas l'art raûiné « de la cuisine ».

Elle demande la transformation des églises en Temple de la Raison et l'observation de la loi du maximum, loi qui forçait les paysans à accepter les assignats. A l'occasion de la fête de Marat et Lepelletier, qu'elle alla célébrer à Vaux-lePénil, la société populaire fit changer le nom du pont de bois construit à l'embouchure de l'Almont.

On l'appelait alors le pont Gaillard, ce nom fut remplacé par celui de Marat qu'il a conservé jusqu'à nos jours.

Disons que ce pont a été reconstruit en maçonnerie en i8~3.

Le plus curieux de tous les or~re~ qui furent donnés à la municipalité, ce fut, sans contredit, la dénomination des rues de la ville.


Voici le tableau comp~raUf des nonis des rues et places, en ~9~, a~vcc les noms de 189~.

J!M~S:

Saint-Barthélémy. des Fossés. du Palais-de-Justice de la Juiverie de l'Hôtel-de-Ville Saint-Aspais. Guy-Beaudouin Jacques-A~yot Saint-Sauveur Barthel. du Miroir. Saint-Etienne Saint-Ambroise JP~ac~s

de la Porte-de-Paris Saint-Jean parvis Saint-Aspaib Notre-Dame.

J?HCS

de la Montagne.

de la Liberte.

de la République.

des Droits ~p rUo~ïne. de la Commune.

du Centre.

Voltaire~

Jean-Jacques-Rousseau. de Philadelphie.

des Sans-Cutottes.

de la Loi.

de nie.

de la Varenne.

~~C~S

de la Révolution.

de la Réunion.

de l'Unité.

.de la Nation.

La plus originale de ces dénominations est celle de la rue des Sa~s-CmIotte~ (ancienne rue Malgouverne).

On lui donna ce npm en raison des nombreuses stations que faisant ~e~ passants dans cette rue déserte, de là le nom de sans-culottes.

La rue Guy-Beaudouin reçut n~ de Voltaire en souvenir du séjour de récri-


vain'chez son ami Thiriot qui habitait cette rue en i'7i<). .0

On aîïirme que c'est dans cette maison

:r

de la rue Guy-Bcaudouin que Voltaire composa « dans une petite chambre isolée )) la Z/<M/

Les archéologues se basent, pour cette afîirmation, sur une lettre autographe du poète, lettre qui a été vendue aux enchères à Paris, en 1886.

La population subissait le joug d'une poignée d'individus audacieux, elle supportait leurs vexations en silence, sans oser se plaindre; il en fut ainsi jusqu'à yT~rm~or.

Alors, les terroristes devinrent plus calmes; la société populaire chassa de son sein les membres les plus en vue pendant la terreur.

Métier/qui avait prévu la débâcle, s'était enfui à Paris; mais, arrêté, il fut ramené à Melun et outragé par la population qui l'acclamait naguère.

Incarcéré à la prison Pt-Ambroise, il


parvint à s'évader, se cacha et finit par se faire oublier.

On n'entendit parler de lui que vingt ans après, lorsqu'il mourut à Nemours où il s'était établi épicier.

Après la chute de Robespierre, 4 l'apaiseinent se fit. M. Dauphin, curé de SaintAspais, revint d'Angleterre et reprit possession de sa cure. Les offices divins furent repris dans les églises, mais ils étaient célébrés dans les nefs latérales, les chœurs étaient réservés à l'administration. Elles ne furent rendues aux cultes entièrement qu'en brumaire an IX (novembre 1800), après l'abolition des fêtes décadaires.

C'est a partir de cette époque que la ville de Melun commença à se transformer pour bien faire comprendre cette métamorphose, il nous faut retourner un peu en arrière. Voici, par ordre, les divers changements exécutés dans notre cité pendant la fin du xvin~ siècle.

On combla les fossés des fortifications du quartier Saint-Ambroise. Ces fossés forment aujourd'hui le boulevard de ce nom.


E:i JL~t. l'abbaye des St-Pères fut ven-

due moyennant ) 21,000 livres, en assignats le département acheta les bâtiments en 1809 pour y établir la préfecture actuelle en 1818, il fit l'acquisition de tous les terrains du couvent.

La maison des Capucins, en haut des Carmes, où se trouve notre collège, fut vendue le 22 r~tobre i~8t pour le prix de 26,700 livres, < assignats.

En 1~92, le Châtelet qui obstruait l'entrée du Pont-aux-Eruits a été complètement démoli.

Quant à l'esprit de la population durant cette période, il était très gaî on n'arrêtait pas de danser et de festoyer. Des réformes furent imposées, quelquesunes survécurent, d'autres, assez originales, méritent d'être signalées. Ainsi, les propriétaires de bals, cafés et lieux publics étaient tenus de placer cette inscription à l'endroit le plus en vue de leurs établissements « Ici <~ ~Ao/~ore du titre de citoyen ».

Quelques-uns enchérissaient sur ces in-


jonctions, un d'entre eux avait mis dessous « Ici on se tutoie » et, sur la porte (Feutrée cette anomalie «~cr/n~ laporte V. »

Un épicier de la Grande-Rue commanda de mettre sur son enseigne « Z~s~ dire les. sots, le s~~oïr soit ~v D le peintre, involontairement ou non, écrivit bravement « Z~S~ dire les sots, le SAVON so~jortjc/~

C'était un mot bien placé à la porte d'un épicier.

Plusieurs crimes, qui sont restes célèbres, ont été commis dans les environs de Melun pendant les dernières années du xvni~ siècle

Un assassinat de cinq personnes accoinpli par la bande légendaire des C7<~M/~~!?H~, à Scrmaize, près Bois-le-Roi, le Il germinal an IV en iloréal de la même année, le 8. le courrier de Lyon fut attaqué entre Lieusaint et la Fontaine-Ronde, le cadavre du conducteur, le malheureux Esco~icr, fut ramené a Melun après la descente de justice durant le procès, des


témoins melunais afïirmèrent que les assassins étaient venus à cheval dans notre ville, qu'ils avaient descendu à r7fd/<~ ~c G~M/puis qu'ils s'étaient fait servir des consommations dans un café au coin de la rue de la Loi (du Miroir). Ce ne peut-être que dans l'établissement tenu aujourd'hui par M. Legros-Doidy.

Les nobles et les prêtres laissés libres étaient soumis à une surveillance qui in~ ccmbait à la municipalité.

Le gouvernement du Directoire avait assigné Melun à Joseph de Bourbon, prince de Conti il habitait sur le quai (actuellement quai Pasteur) et devait se présenter à l'hôtel de ville à des jours fixés.

On comprend que ce noble prince souffrait d'aller s'humilier ainsi, c'est pourquoi il s'en affranchissait en payant à diner aux officiers qui, de la sorte, constataient sa présence.

En prairial an VL les tendances réactionnaires se manifestaient dans la ville


la municipalité redoublait de zèle pour maintenir l'idée républicaine, mais ses efforts furent sans effet.

Les jours de la République étaient comptés. Après le t8 Brumaire, la nouvelle Constitution soumise par Bonaparte reçut l'approbation des melunais qui, comme tous les français, étaient enivrés par les victoires du futur empereur. Durant les sept années qui restaient pour terminer le siècle, les maires de Melun furent changés dix fois comme nous avons relaté les principaux faits qui se sont passés dans notre ville pendant cette période, nous allons donner la liste des maires qui se sont succédés depuis i~<)3 jusqu'en (800.

Après Estancelin, Tarbé~ déjà nommé, entra à la mairie le 8 nivôse an III, mais la loi du 3 brumaire an IV ayant été votée, loi qui supprimait les maires pour les remplacer par des administrateurs municipaux; Tarbé donna sa démission le 6 du munie mois.

Duvcrgcr (Jacques (prédécesseur do M~


Féron, notaire), accepta la présidence des administrateurs municipaux, le i~ brumaire, mais démissionna à son tour cinq mois plus tard.

Le môme j our, le 4 germinal ( i ~96), Roussel (Alexandre), était nommé administrateur provisoire, il resta deux mois dans ses fonctions et fut remplacé, le 16 prairial, par Nicolas Charbonneau, un marchand de bois.

En 1~9~, Gilbert ~Guillaume-Fiacre), avoué près le tribunal du district, est élu maire car on avait rétabli le pouvoir municipal son élection est annulée par la loi du 19 fructidor suivant, loi qui retire encore le titre de maire.

Charbonneau redevient administrateur temporaire, il est remplacé par Nicolas Passeleu, marchand mercier, le 21 vendémiaire an VI.

Liger (Simon-Germain), prend sa place. Un arrêté des consuls le suspend de ses fonctions en 1799.

Un homme de loi, Nicolas-Alexis Royer, est maire le 4 nivôse.

Enfin, Tarbé, déjà cité, est nommé par


le premier consul le 28 janvier 1800, mais .il n'accepte pas.

Voici quelques notes, concernant M. Tarbé, puisées dans la jB~~T~ nou~H<? des contemporains

Tarbé des Sablons (Andréa ne en ~62, à Sens (Yonne); son père était iniprimeur du roi et président du tribunal de commerce dans cette ville. Son frère Charles fut député de la Seine-Inférieure à l'Assemblée législative en ~91. Avocat à Sens, il quitta sa ville nalale et vint à Melun ou il monta une imprimerie.

Maire de cette ville au moment de l'arrestation de l'infortuné Bailly, il fit tbut pour le sauver, mais la multitude s'opposa avec fureur à ses intentions.

Grâce à l'influence de son frère, il fut mis en

1

rapport avec le premier consul qui rie renomma maire de Melun en 1800. Conseiller général depuis l'an X. i

En 181~, il fut nommé directeur général des douanes françaises; anobli par Louis XVIII, en 1817, il ajouta le titre de des <SaMo~ à son nom de Tarbé.

A ces notes, parues en i8a5, nous ajouterons que l'ancien maire de Melun fut conseiller général jusqu'en 18~ et qu'il mourut a Paris en i83~.


XIX~ siècte

Au commencement de notre siècle, les attributions du maire furent réglées définitivement les officiers municipaux s'occupaient de la confection du budget, de l'exécution de la loi sup la conscription et l'exécution des mesures de police ordonnées par le Préfet c'était, avec quelques modifications, comme de nos jours. Un arrêté du gouvernement consulaire en date duag ventôse an VIII avait ordonnée dans chaque département, l'érection d'une colonne départementale sur laquelle devaient être incrits les noms des citoyens mLorts pour la Patrie..

Cette colonne, qui devait être élevée sur la place Saint-Jean, ne fut jamais exécutée. La première pierre avait été posée par M. Alexandre de La Rochefoucauld, premier préfet de Seine-et-Marne. Quand on abandonna le -projet, la médaille de'bronze, qui avait été placée sous la pierre, fut retirée et déposée au musée de la ville où elle est encore.

Le iy février 1800, les adjoints au maire sont créés et, le a5 mai de la même an-


née, M. Thierry (Jean-Baptiste-CharIes). notaire, est nommé maire de Melun par arrêté du premier consul il gouverna la ville pendant toute la durée de rcinpire. Thierry avait acheté, en 1~97, l'étude de notaire de M~ Lemoust de la Fosse il Ta revendue, le i~ avril 181~ à M~ Desprez dont le fils, qui succéda son père, est mort il y a quelques années l'étude est dirigée aujourd'hui par Me Duguct. Le 20 Juillet i8o3, les b&timcnts de rHôtcl-Dieu St-Nicolas, furent convertis en prison pour les mendiants et les vagabonds ce fut l'origine de la maison ceûtrale de force, qui a été b&tie en 181~, sur es terrains vagues de la Courtille. Elle a été agrandie en i8a), en 1860 et en ï885. A sa création, la Maison centrale recevait les hommes et les femmes en i8~3, les condamnées ont été transférées à Clairvaux (Aube).

Tous les fonctionnaires furent convoqués le i~ mai 180~ à la préfecture, où le citoyen Lagarde, le nouveau préfet, leur déclara qu'il avait reçu le vœu du pre-


mier c<Mi~ui, qui dc&u'ai~t «pour le bonheur de la France )) avoir le pouvoir suprême et héréditaire dans sa famille. Le plébiscite ouvert sur la question de la fondation de Fc~pirc, au profit de Napoléon Bonaparte, premier consul, donna les résultats suivants dans chacun des cin~ arrondissements de Seinc-ct-Marne

Oui. Non.

Melun. ~,o33 .(~ouJomm~rs. 3.~55 » Meaux. ~,663 8 Provins 4~9~4 » ~Fontainebleau 8,11~ i Total 1 3~,5~9 i3

Pendant les fêtes oQicicUcs, qui furent céléb~s~le ao niai 180~, un canounicr de ~a g~rde nationale a etc tue par un accident survenu sur la place PrasUn durant J.es.salv~ d'.artillerie tirées en rhonneur du nouvel empereur.

Des fêtes analogues eurent encore lieu le S~uin, .9 jour de la .prcstaUou de. servent


de fidélité à l'empire exigé par le monarque.

Napoléon traversa la ville de Melun le i~ juillet 180~; il venait de Fontainebleau et se rendait chez le général Augcrcau à la Houssaic.

La population l'acclama et le maire lui adressa un pompeux discours.

Quand il eut terminé, l'empereur lui demanda si le corps des pompiers, nouvellement organise, répondait aux services qu'ils devaient rendre à la population, puis il s'informa si les melunais étaient heureux d'avoir ses nianielucks pour garnison.

A ce propos, disons que les manielucks ramenés d'Egypte par Bonaparte, tinrent garnison à Melun pendant toute la durée de l'empire au licenciement de l'escadron, quelques-uns restèrent dans la ville, s'y marièrent et firent souche d'honorables familles qui existent encore aujourd'hui.

Au sacre de l'empereur, le 3 décembre


suivant, la municipalité inaugura le buste du souverain à l'hôtel de ville.

Au mois d'octobre i8o5, le maréchal Augereau passa en revue, sur le champ de manœuvre dans la plaine de la Varenne, les quatre régiments réunis à Melun qui partaient en campagne après la rupture du traité de Lunéville.

De nombreux corps de troupes traversèrent la ville et la population reconduisit aux portes les mamelucks qui, eux aussi, faisaient partie de l'expédition.

Aussi leur fit-elle une véritable ovation lorsqu'ils furent de retour, le i5 février suivant, et de grandes fêtes furent données en l'honneur des vainqueurs d'Austerlitz.

Napoléon profita du traité de Presbourg pour consolider son pouvoir.

Il abolit le calendrier républicain, il autorisa les cérémonies religieuses en public, les processions et les convois. enthousiasme fut à son comble quand on apprit l'entrée triomphale de Napoléon à Berlin, le 6 octobre 1806, et la victoire d'Iéna.


Pendant les moments où il n'était pas aux prises avec les puissances, Napoléon séjournait quelques mois au palais deFontainebleau; des chasses, des réceptions avaient lieu à la cour et les melunais voyaient souvent passer, en chaise de poste, le célèbre tragédien Tahna qui venait de 13runoy, où il habitait, pour donner des représentations~ devant la. cour impériale.

Les guerres de l'empire n'ont pas empêché le développement de la ville de Mclun.

Ainsi, en 1806, l'église de la paroisse de St-Barthélemy lut démolie, on ne conserva que le clocher qui servit au célèbre astronome Casini, pour ses opérations trigonométriques la ville l'acheta en i835 et il fut restauré, tel qu'il est aujourd'hui. en i858.

Des comédiens s'étaient constitués en société et, le 3o avril i8j3, ils se rendirent acquéreurs de l'église du couvent des Car~ mes .pour y créer une saHc de spectacle: Jusqu'en i835 des représentations fu-


r~ 1t données dans la nef prmeip&le qui avait été aménagée à cette effet; cette même année~ te n juillet, la société la revendit a la ville qui y Rt construire la salle de spectacle que nous avons actuellement.

Dans les bâtiments conventuels, conservés par la Nation, on y installa le collège communal, le tribunal et la maison d'habitation de l'état-major militaire où est aujour Fhui la maison d'arrêt et la gendarmerie.

Le siège de l'administration du département resta dans l'ancien couvent des Carmes jusqu'en 18 ï8,époque la préfecture fut transférée dans l'ancienne abbaye des Saints-Pères, de St-Rarthélemy, qui avait été achetée par le département en i8og.

Le tribunal civil et criminel y fut établi également et resta ainsi jusqu'en 18~6, où on le reconstruisit entièrement. Voila les transformations qui ont été faites dans notre ville pendant l'administration de M. Thierry, maire.


Naturellement. les victoires de l'empire furent fêtées dans la ville avec enthousiasme et chaque fois que des troupes passaient dans Melun elles étaient acclamées. Cependant, les levées d'hommes imposées par l'empereur commençaient à épuiser le pays la jeunesse était sous les armes, les travailleurs des champs devenaient rares et on ne voyait plus que des vieux ouvriers dans les ateliers.

Après la campagne d'Espagne, l'étoile de Napoléon pâlit; ses premiers revers avaient découragé les plus braves et les réfractaires étaient nombreux à tel point qu'en i8n, des colonnes de mobiles parcouraient les campagnes pour forcer les jeunes gens à se rendre à l'armée. En 181~, la France était envahie.

L'armée du prince Schwazemberg marchait sur Paris en suivant les rives de la Seine dans la direction de Melun. Le général PajoL qui commandait une division française, arriva dans notre ville le 21 janvier et équipa la garde nationale; deux jours après, il partait dans la direction de Montereau, mais avant son départ


il avait fait couper l'arche du Pont-auxMoulins et créneler les maisons voisines; quatre cents gardes nationaux melunais étaient postés pour la deiense de ce passage.

Un arrêté préfectoral, en date du 11 février, ordonnait la levée en masse. Conformément aux ordres du maréchal Oudinot, qui était à Mormant, le général traversa la ville avec ses troupes, se repliant sur Paris par Brie-Comte-Robert. Des cosaques et des éclaireurs autrichiens, avançaient sur les deux rives de la Seine.

Quelques gardes nationaux, postés dans le moulin à vent de St-Liesne, dont on voit encore les ruines sur la route du Châtelet, avaient tiré sur des hussards wurtembergeois, mais ils durent se. replier. On. avait fait des barricades à chaque entrée de la ville, car les melunais étaient disposés à défendre leur cité.

A St-Liesne. aux Carmes, à Saint-Barthélemy des voitures renversées barraient les rues, laissant seulement un passage


pour les pistons dans St-Ambroise, on avait établi des chevaux de frise charpentes sur lesquelles sont fixés des bois taillés en fuseaux.

Ce fut le i5 février que les premiers cavaliers ennemis entrèrent dans la ville quelques hussards, plus hardis que les autres, descendirent la côte St-Liesne. franchirent la barricade par le passage réservé et vinrent demander à boire dans le cabaret du coin de la rue de l'Eperon (tenu aujourd'hui par M. Cheutin); des fantassins français, sans armes, s'y trouvaient. Tous burent largement et quand les wurtembergeois remontèrent en selle, ils étaient ivres.

Un à un ils repassaient par le passage de la barricade de St-Liesne quand un coup de fusil, tiré par an inconnu, étendit raide mort le dernier qui allait disparal-

trè.

Sans s'occuper de leur camarade~ les autres hussards piquèrent des deux pour regagner leur camp dans la plaine StLiesne.


On jeta le cadavre du wurtembergeois par-dessus le pont de l'Almont, et on l'enterra dans le terre-plein qui existe au bas de l'hôtel ~co~s.

Le lendemain de cet incident, un détachement de cavalerie ennemie pénétra dads la ville l'officier se présenta à l'hôtel de ville et demanda aux maire et adjoints une somme exhorbitante.

Ils s'eNbrçaient de lui démontrer le peu de ressources de la ville, quand tout à coup des cris de Vive l'empereur! Vive la j~r~cc/ et des cliquetis d'armes se font entendre, puis un officier de dragons français se précipite sur le wurtembergeois. Fait prisonnier, son escorte eut peine à s'échapper; des hussards galopaient dispersés dans les rués, l'un d'eux poursuivi pa~un oûicier de dragons, se retourna au moment où le sabre de ce dernier allait rattemdre et tira sur le français l'arme rata~ mais le dragon, d'un coup de latte, étendit rétrang~r a ses pieds.

Ce~~up de main était d& au patï~otisxne d'un ancien militaire nommé Debeyne,


entrepreneur de voitures publiques a ~tBarthélemy.

Quand il apprit que l'ennemi étaita l'hôtel de ville, il se rendit en toute hâte dans les bois de Montaigut ot campait un détachement de dragons de ràvant-gàrde de la division Pajol immédiatement, les cavaliers français étaient accourus.

Après ce coup de main, P~jol et~ses cavaliers traversa encore une fois Melun pour se rendre à Montereau où, le 18 février, il se couvrit de gloire en faisant exécuter par ses dragons une charge qui culbuta les wurtembergeois dans le fleuve. Ce glorieux fait d'armes fit rétrograder les troupes ennemies jusqu'à Fontainebleau en suivant la rive gauche de la Seine, les cosaques parurent alors à SaintAmbroise et vinrent se heurter contre les chevaux de frise établis à la porte de Bierre.

Au cri de « ~Mt ~pc poussé par un garde national, ils répondirent par des coups de pistolets tirég sur la barricade,


puis il~ tournèrent bride et galopèrent dans la direction de la forêt.

De nombreux prisonniers, fait à Montereau et dans les environs, passèrent dans la ville et plusieurs cadavres charriés par la- Seine furent retirés et enterrés sur les bords du fleuve.

Le 28 mars, les troupes du maréchal Marmont firent étape à Melun.

Cependant l'envahisseur avançait et s'acheminait en masse vers la capitale il fut reçut à coup de fusils par les gardes nationaux qui défendaient les barricades aux entrées de la ville.

N'étant pas en force, ils se replièrent dans St-Ambroise après avoir démoli une seconde fois l'arche du Pont-aux-Moulins que le général Alix avait fait rétablir pour le passage de ses troupes qui devaient opérer sur la rive gauche.

Le ~9 mars, au matin, les cosaques installés dans St-Barthélemy ouvrirent le feu, avec plusieurs pièces de canon, sur des détachements français qui étaient retranchés dans St-Ambroise.

Des maisons bordant la. Semé nos sol-


dats ripostaient; mais le 6~ lanciers, qui campait sur l'emplacement du Pré-Chamblain, éprouva quelques pertes et dut se replier derrière la caserne St-Ambroise. Pendant cette lutte, qui dura trois jours; la population afïbice apprit avec stupeur que le maire et les adjoints avaient déserté la ville honteusement. Tous auraient fatalement perdu la tête et abandonné leurs maisons, si M. le comte de Plancy, préfet de Seine-et-Marne, n'avait pas conservé son sang-froid.

Aussitôt qu'il eut apprit la disparition de la muicipalité, il prit l'arrêté suivant T~H~, 3o mars 7~7~.

Considérant que M. le maire de Melun est parti de cette commune depuis le 29 à heures du matin, qu'il n'a désigné aucun de ses adjoints pour le remplacer, considérant que ses deux adjoints sont également partis, arrêtons ce qui suit

Cinq notables administreront la ville il leur est conféré, à cet effet, par le présent arrêté tous les pouvoirs du maire.

(Signé ) Comte DE PLANCY.

(Extrait ~M r<~M<rc des arrêtés du préfet).


Noms des cinq notables désignés par le préfet:

Lajoye (Hubert), docteur en médecine Chamblain, notaire; Tournemine, avoué; Dulac et Lestang, notaire (prédécesseur de Me Godillon).

Ils dirigèrent la ville de Melun jusqu'au 2 mai suivant.

Le 5 avril, on placarda, en ville, un avis annonçant la suspension d'armes le Pont-aux-Moulins fut rétabli et les russes firent leur entrée dans St-Ambroise. Des réquisitions eurent lieu, dans Melun, d'après les ordres du général Kaissaroif la ration journalière à fournir à chaque homme par les habitants était de deux livres de pain, une demi-livre de viande et une demi-bouteille de vin.

4

Un cheval avait droit à 8 litres i/3 d'avoine,. plus 10 livres de fourrage et la paille nécessaire pour le coucher. Tous ces bons de réquisitions existent dans un volumineux dossier, concernant le séjour des troupes ennemies en 181~. D'après ces bons, il est permis de juger


que le général russe et son état-major faisaient bombance.

En voici un original. que nous reproduisons littéralement

Pon pour une petite cochon de lai pour la guisine du générât.

Melun, le a~/i5 avril 181~.

Le commissaire,

DINGILSCHTETT.

A Melun, quand la nouvelle arriva que le Sénat avait proclamé la déchéance de l'empereur Napoléon et de sa famille, et délié le peuple français ainsi que l'armée du serment de fidélité, plusieurs habitants arborèrent la cocarde blanche et le 2 mai, le maire Thierry et ses adjoints, qui étaient tranquillement revenus prendre leurs postes a la mairie, après avoir adressé des remerciements à la commission municipale, rédigèrent l'adresse suivante qui fut portée au palais des Tuileries, à Paris, par plusieurs membres du conseil de la commune.

Voici cette adresse qui a été votée au conseil dans la séance du 3 mai 181~.


SiRE, la Providence a daigné mettre un terme aux longues calamités de la Patrie, et le retour (le Votre Majesté dans sa capitale fait enfin briller pour la France l'aurore de la félicite publique.

En remontant au trône de ses ancêtres, à ce trône antique, entouré de tant de souvenirs, Votre Majesté apporte à son peuple la paix et et l'espérance, noble présent d'un monarque qui vient régner en père et qui, sur les ruines sanglantes du despotisme, veut jeter les to ndeinents inébranlables de Fédince sacré des lois. Louis XVIII accueillit la commission melunaise avec bonté et répondit « Je suis sensible à vos sentiments, je sais quelle a été, dans le temps, votre conduite et vous en recevrez la récompense

A l'occasion du service funèbre célébré en i8i5, le 21 janvier, jour de l'anniversaire de la mort de Louis XVI et de Marie-Antoinette, le conseil municipal exprima à nouveau au roi ses sentiments d'amour, de fidélité et de dévouement. Mais, quelques semaines plus tard, quand Napoléon débarqua du ~olfe Juan, le patriotisme se réveilla aussitôt, car le


souvenir des victoires n'était pas éteint et les melunais souhaitèrent hautement le rétablissement de l'Empire.

Un meurtre commis parunonicier d'un régiment de cavalerie qui traversait la ville pour barrer la route à l'empereur, qui approchait de Montcrcau, jeta la consternation dans la cité

Des habitants de St-Licsne regardaient défiler les cavaliers quand le cri de « V~pc r~K/' » partit d'un groupe, aussitôt l'onicicr s'approcha et frappa plusieurs personnes avec son sabre sa fureur était telle qu'il traversa de part en part un nommé Licsne 13crtignault qui mourut instantanément. Une fois le meurtre accompli, l'officier piqua des deux et rejoignit le régiment en haut de la côte. Ce meurtre exaspéra la population, aussi attendait-elle avec impat~nce l'arrivée de Napoléon, on savait qu'il avait couché, le 18 mars, a Sens le 20, quelques habitants allèrent à Fontainebleau, à chcva), et annoncèrent, à leur retour, que l'empereur était au Palais de cette ville.


On s'apprêtait a le recevoir, mais Napoléon qui était presse de rentrer a Paris, apprenant la fuite des Bourbons partit de Fontainebleau en chaise de poste, traversa Melun connue une trombe, sans que la population ait eu le temps de s'en apercevoir et arriva a Paris a () heures du soir. M. de Plancy, préfet, fut maintenu a son poste et, le 18 avril suivant, la députation melunaise qui avait été salue Louis XVIII porta une adresse a Napoléon i~, adresse qui était a peu p.rès rédigée dans les mêmes termes que celle du roi. On connaît la défaite (le notre héroïque armée a Waterloo vers la fin de juin, il en passa quelques débris a Melun; les cosaques les suivaient et, dans les premiers jours de juillet, l'ennemi revint une seconde fois dans notre vit le.

Le maire Thierry, démissionna a la fin d'avril et, le 2 mai i8i5, Passcleu (Nicolas), ancien mercier, qui avait été maire en i~<)8, fut renommé provisoirement. Quctques jours après, M Chamblain, fils du premier maire de la Révolution,


était également nommé à titre provisoire et définitivement le i~ août suivant. M. Passcleu, qui était retiré des afïaires, habitait une gentille maison sise sur le quai d'Alsace-Lorraine après la Révolution, il resta dans le conseil municipal et le gouvernement impérial le nomma juge au tribunal de Melun

En 18~1, il fut élu conseiller général du canton nord de Melun et il siégea à l'assemblée départementale jusqu'à sa mort (presque à la fhi de son mandat) en i8~5 Au retour des Bourbons, le drapeau blanc avait remplacé encore une fois le drapeau tricolore devant l'hôtel de ville et le conseil municipal adressa une nouvelle protestation de Hdélitéetde dévouement a Louis XVIII à l'occasion de « son nouveau retour sur le trône de ses ancêtres )).

Les troupes alliées étaient installées chez les habitants et commandées par le général Marcott'.

Une grande revue fut passée à Melun,


le 2<) août, par Alexandre 1~, empereur de Russie.

Le tzar reçut un accueil très chaleureux et les melunais tapissèrent le devant de leurs maisons avec des draps ainsi qu'ils avaient coutume de le faire le jour de la Fête-Dieu.

Les autrichiens succédèrent aux russes, le 4 septembre, et, le lendemain, l'empereur d'Autriche, Joseph II, arriva à Melun.

Il résida trois semaines dans notre ville. La municipalité, hargée de lui procurer une habitation, avait choisi la maison du docteur Lajoye, rue la Juiverie, où se trouve aujourd'hui l'école communale des filles, mais, le jardin étant trop petit, on préféra la propriété de M. Despatys, procureur impérial, rue St-Barthélemy. Cette maison, en bordure sur la rue, a été détruite en 1846, pour faire place à un vaste hôtel qui a été construit au milieu d'un parc magnifique.

C'est dans cet hôtel que l'école SaintAspais est actuellement installée.

Joseph II habita, avec une suite nom-


breuse, dans la propriété de M. Despatys. L'empereur d'Autriche était un grand amateur de musique eL jouait très agréablement de l'alto tous les soirs. les habitants de Saint-Barthélémy entendaient un concert d'amateurs dont faisait partie Sa Majesté l'artiste qui jouait la &~s~ dans le quintor impérial, n'était autre que le célèbre musicien Baccherini.

Tous les matins, a sept heures, l'empereur, vêtu d'une culotte courte et d'une capote grise, des bas de soie blancs mouchetés bleus, chapeau à cornes avec glands d'or, descendait la côte St-BarthéIcmy a pied et, accompagné seulement d'un aide de camp, il assistait a la niesse dans l'église St-Aspais.

Quand il partit, au mois d'otobrc, il remercia chaleureusement M. Despatys, dont l'air vénérable lui avait été extrêmement sympathique.

Quelques mois plus tard, il fit parvenir à l'ancien magistrat impérial une bague enrichie d'un diamant, à titre de souvenir et de remercîment.

Le 6 octobre, le corps d'armée autri-


chien commença l'évacuation et les melunais éprouvèrent un profond soulagement en voyant partir les dernières troupes étrangères après une occupation de trois mois.

Hélas! cinquante-cinq ans plus tard, Fennemi devait encore séjourner dans notre cité et nous tenir sous son joug pendant une année toute entière

Quinze jours après le départ des troupes alliées, les lanciers de la garde royale, venant prendre garnison à Melun, faisaient leur entrée dans notre ville les habitants fêtèrent les soldats français dont la présence allait être un élément de prospérité pour le commerce local.

l.e. calme revint, le licenciement de l'armée avait rendu les travailleurs à l'industrie et les paysans à l'agriculture le nouveau régime prescrivait le repos du

dimanche, mais ne pouvant méconnaître la justesse des plaintes qui lui étaient adressées, le préfet de Louis XVIII, le comte Germain, rendit, le ai avril y8i6, un arrêté autorisant les maréchaux-fer-


rants de ferrer les chevaux des cultivateurs les dimanches et fêtes sous la réserve expresse de ne point travailler pendant les heures du service divin. Le 16 juin suivant, le roi venant de Fontainebleau, entra dans Melun se dirigéant sur Paris le cortège royal traversa là ville au pas es~ orté par la garde nationale.

Pendant l'hiver 1816-17, la disette fut grande à Melun; le blé valait sur le marché aux grains 60 francs le setier, la municipalité se multiplia pour prodiguer des secours aux malheureux et la misère fut épouvantable jusqu'à la récolte de 1817. C'est à partir de cette époque que date la transformation de Melun.

Le boulevard Saint-Ambroise, dont on avait comblé les fossés de 1771 à 1780, fut nivelé, aligné et on lui donna le nom du maire en exercice, M. Chamblain. Ëh 1829, on l'a transformé en pré, mais les arbres ne furent plantés qu'en 1857. A propos de l'ordonnance royale du a avril 1817 qui convertissait la Maison centrale de Melun en maison de force, la


municipalité protesta en représentant à l'administration supérieure, les inconvénients d'établir une prison considérable au sein de la ville, et les dangers qui pouvaient en résulter en cas d'épidémie; l'administration fit la sourde oreille, heureusement, car on peut dire qu'aujourd'hui la Maison centrale est une source de revenus pour la ville de Melun.

Créée en t8ia, augmentée en 1820 et 1860, elle a été agrandie en i885. 1/hôtel-Dieu Saint-Nicolas, établissement hospitalier qui se trouvait place Notre-Dame, a été démoli, complètement en i835. Quant au collège, on l'avait installé, en i8o3, dans l'ancien couvent des Carmes; en 1816, on le transféra dans la rue Neuve pour faciliter l'installation, en 181~, de la maison d'arrêt, dé la gendarmerie et du tribunal qui étaient dans l'ancien couvent des Visitandines, dans Saint-Ambroise. C'est, en 1818 que commencent les travauxd~alignementdans la Grande-Rue les maisons en encorbellement furent rescindées et formèrent ainsi des voies plus spa-

cieuses.


Les halles, formées d'un tas de petites boutiques installées en &ceIeCo~J~M~~r~ (nom donné à la maison qui formait le coin de la rue aux Oignons et de la GrandeRue, parce que les portefaix venaient s'y mettre à l'abri sous l'encorbellement),. disparurent complètement et des maisons plus modernes furent construites à l'angle de la place du Martroy.

Puisque nous parlons des portefaix, disons qu'après la transformation de la maison où ils s'abritaient, ils se réunirent sur le Pont-aux-Fruits où on les voyait encore il y a quelques années.

-Plus tard, un magasin de nouveautés prit le titre du C~J~H~r~ et, aujourd'hui~ cet établissement est devenu un des plus importants de la région.

Après la moï*t de Louis XVIII et l'avènement de Charles X, le conseil municipal exprima son dévouement au nouveau monarque par une nouvelle adresse qui b débutait ainsi

SmE, les maires, conseillers municipaux, ûdèles interprètes des sentiments qui animent


les habitants de la ville de Melun, déposent au pied du trône leurs respectueux hommages, etc. (Délibération municipale du, ~jr ~ep~~rc 1824.) Six semaines après, M. Chamblain quittait la mairie et cédait la place à M. Bernard de la Fortelle, notaire (prédécesseur de Me Chagot).

Suivant la voie du progrès qu'il s'était tracée, le conseil municipal projeta, en i8a5, de construire des abattoirs pour affranchir la ville des tueries à domicile créées par les bouchers.

Cette idée ne reçut son exécution que quinze années plus tard, en 18~0.

En i8a8, le conseil municipal s'occupait de rétablissement d'un marché couvert, mais, hélas! ce projet fut moins heureux que celui des abattoirs, car il attend encore sa réalisation, au grand désespoir de nos ménagères melunaises.

Que nos. pères ne l'ont-ils exécuté?.. Aujourd'hui que l'édiËcation s'en impose de plus. en plus, aucun. conseiller municipal n'osera assumer la responsabilité d'un vote qui porterait la ruine dans l'un ou dans l'autre quartier de la ville.


En 1829, on commença la construction des quais avec une telle activité qu'ils étaient terminés dans les premières années du rè~ne de Louis-Philippe.

Tout était à la joie, les affaires allaient bien quand éclata la Révolution de. Juillet.

La. nouvelle du départ de Charles X fut apportée à Melun par. des oiÏiciers de hussards dont le duc de Chartres était colonel; il avait quitté Joigny, sa garnison, pour venir à Paris à la tête de son régiment.

A quatre kilomètres de Melun, il s'arrêta, n'étant pas certain de l'esprit de la population ses officiers annoncèrent à la municipalité qu'à la suite des trois ~or~HS~ journées de juillet le roi Charles X était détrôné et que Louis-Philippe venait d'être proclamé roi des ûançais. Cette nouvelle fut des mieuxaccueillies, d'autant plus que les chasseurs de la garde royale avaient quitté brusquement notre ville où ils ne vivaient pas en bonne intelligence avec la population.


Le duc de Chartres fut acclamé à son arrivée à Melun et, le soir, dans un banquet improvisé, on but à l'avenir. de la branche cadette.

A son départ le prince royal salua le drapeau tricolore que l'on avait arboré à l'hôtel de ville en remplacement du drapeau Manc.

Quelques jours après, la municipalité nielunaise, que l'on pourra peut-être trouver versatile, mais qui ne faisait en somme,que suivre les mouvements politiques, fit parvenir une adresse au roi dont voici là teneur

SttU!, les. habitants de la viUe de Meiun s'enipressent de vous oiTrir l'assurance de leur iidelité et de leur entier dévouement.

Ils bénissent l'heureux jour qui, en vous élevant au trône, a sauvé la France du despotisme et de l'anarchie.

L'enthousiasme qui a éclaté à l'apparition dans leurs murs de votre bien aimé fils, le duc de Chartres, était un présage certain de l'assentiment qu'ils donneraient au grand œuvre qui vient de s'opérer.

Désormais le roi des français sera leur père le maintien de leurs libertés sera sa -loi, et la


France, enfin, verra que la Charte est une vé rité.

(Registre des délibérations muync~~s.~ J~e 2 juillet i83i, le roi Louis-Philippe vint à Melun avec la reine, les ducs d'Orléans, de Nemours, d'Aumale et de Montpensier il passa la garnison et la garde nationale en revue'. L~ soir, il y eut un banquet à la prélecture et un bal au théâtre, auquel toute la bourgeoisie de Melun avait été invitée.

Le 19 novembre suivait, M. Chamblain reprit l'écharpe municipale pour la seconde fois, il ne la conserva qu'une année, car, le 9 octobre i83~, il était remplacé à l'hôtel de ville par M. Drouyn (Alexandre), ancien receveur général.

En compensation, les électeurs du canton nord de Melun le nommèrent conseiller général en i833 il siégea jusqu'en 1839 dans l'assemblée départementale. En dépit de la politique, la municipalité poursuivait sans relâche la régénération de la ville.

Elle fit l'acquisition, en i83~ de l'ancien hôtel des Cens, contiguë au bâtiment


de la mairie cet ancien couvent des religieuses de St-Denis fut payé ~0,000 francs. Propriétaire d'un bel emplacement, la municipalité résolut d'y construire un hôtel de ville.

Un premier projet fut présenté en i83g, mais, comme le devis dépassait 3oo,ooo francs, le conseil le repoussa; cependant l'idée fermentait toujours et, en 18~, il décida que les travaux ne devraient pas excéder i20,ooo francs.

En 1844,. l'éperon de la Rochette, au bas des Carmes, construit par Bachot sous Henri IV et qui depuis la Révolution servait de jeu de paume aux melunais, fut démoli et les terres servirent à remblayer les bords de la Seine, le long de la route de Vaux qui est/aujourd'hui~ avec sa double rangée de tilleuls, une de nos plus jolies promenades.

Vers la fin de l'année, le conseil municipal adopta le projet de M. Gilson, architecte de la ville, pour la construction d'une nouvelle mairie. Le devis s'élevait a 1~8,168 fr. i3 pour les bâtiments et 20,000 francs pour le mobilier.


Ce projet, accepté, ne reçut son exécution qu'en t8~.

Tout l'ancien couvent fut rasé à l'exception de la tourelle qui conduit aux bureaux et les bâtiments oil se trouve le commissariat de police.

Pour la belle harmonie, M Gilson, contruisit une seconde tourelle de l'autre

côte.

En 18~8, l'inauguration en fut faite par M.Poyez,maire.

L'histoire de l'édification de l'hôtel de ville nous a forcément entraîné, nous sommes donc obligé de retourner un peu en arrière pour la nomenclature des maires de Melun.

En i835, M. Delacourtie (Adrien-Joseph-Mippolytc), propriétaire, était élu maire et, deux ans plus tard, M. Bernard de !a I?ortelle, qui venait de céder son étude de notaire, dirigea la vil!e pour la deuxième fois.

C'est durant sa gestion qu'il écrivit, sur A~r~-D~~e, de Melun, un ouvrage très apprécié des archéologues.


Au bout de six ans, c'est-à-dire en i8~3, c'était M. Clément, avoué (un prédécesseur de M~ Letavernier), qui prenait la direction de la mairie; il y resta jusqu'en

1848.

Au lendemain de la fuite de Louis-Philippe, le a5 février, la municipalité remit ses pouvoirs au préfet, M de Monicault, par une lettre très digne dans laquelle elle disait qu'en raison du changement de gouvernement elle « déposait ses pouvoirs « administratifs pour laisser, tant au gou« vernement qu'aux habitants, l'initiative « qui devait leur appartenir pour la no« minatioh des ofRciers municipaux ». Il fallait pourvoir au remplacement de M. Clément, alors M. Oscar de Lafayette, député et petit-fils du célèbre général, qui était ~mmissaire du gouvernement en Seine-et-Marne, choisit M~ Poyez, avoué, que l'opinion publique désignait pour ces fonctions; sa nomination eut lieu le 6 mars 18~8.

Avant de commencer la dernière période de l'Histoire des ~r~ Melun, il est de toute justice de rendre hommage


aux cinq administrateurs zélés qui avaient à cœur d'embellir la gentille ville de Melun et d'en faire la cité moderne et coquette que nous possédons aujourd'hui. C'est durant ce quart de siècle, de i8a5 à 18~8, que la transformation en a été faite par les Chamblain, Bernard de la Fortelle, Drouyn, Delacourtie et Clément. Pendant l'épidémie de i83a, l'administration fut à la hauteur de sa tâche et aucun des officiers de l'état civil n'abandonna son poste pendant toute la durée du fléau.

Les quartiers furent assainis, les maisons-mises à l'alignement; on construisit le Ponts-aux-Moulins eflePont-aux-Fruits. on établit une caisse d'épargne, le collège prit une extension plus grande, des écoles furent créées, des pompes remplacèrent les puits publics, les réverbères à l'huile disparurent pour faire place au gaz primitif, le marché aux grains fut transféré sur le boulevard qui porte aujourd'hui le le nom de Victor-Hugo et devint le rendez-vous des plus grands agriculteurs de


la Brie; enfin, pour couronner les gestions des cinq maires précités, on commença les travaux du chemin de fer ParisLyon, ce qui créa dans la ville ce beau quartier de la gare qui fait l'admiration de tous les visiteurs.

Pendant les journées des M~ 23 et 2~ février 18~8, les communications avaient été interrompues entre Melun et Paris, la population était sans nouvelles quand M. Monicaut, préfet de Seine-et-Marne, reçut une dépêche de Ledru-Rollin, ministre de l'intérieur du nouveau gouvernement. Cette dépêche, afRchée en ville, annonçait la proclamation de la République alors, une agitation extraordinaire eut lieu dans la cité, des ouvriers quittèrent leurs ateliers, leurs chantiers et se promenèrent dans les rues de Melun en chantant la ~)~r~ïHaï~ et le C~cpHr des Girondins que Lamartine avait popularisé dans une pièce jouée dans un théâtre de Paris.

Ils accrochèrent des drapeaux rouges


sur les édifices publics et aux domiciles des fonctionnaires.

Le le clergé de St-A~pais, escorté d'un détachement de gardes nationaux, bénissait un arbre de la Liberté que les démocrates avaient planté sur la place StJean.

Cependant, malgré ces bruyantes manifestations, l'ordre ne fut pas troublé dans la cité et bientôt les drapeaux tricolores reprirent leurs places sur les édifices municipaux.

Dans la séance du conseil municipal du 6 mars, M. Oscar de la Fayette investit M. Poyez dans ses fonctions de maire. Immédiatement, M. Poyez fit sa profession de foi politique et administrative dans laquelle il déclarait « qu'appelé par le gouvernement provisoire à présider les destinées de la ville de Melun, il comptait sur les sympathies et le loyal concours des citoyens pour l'aider à s'occuper des intérêts de la cité.

« Comptez sur mon dévouement inébranlable à la République, sécria-t-il, et il terminait en disant


« Citoyens, vous savez la devise de la République française, c'est la nôtre Liberté sans licence, Egalité partout et pour tous, Fraternité franche et. active; notre salut est là, ne l'oubliez jamais Vive la JB~M~yMe/

Pendant les émeutes de Paris, le 10~ dragons en garnison à Melun avait été appelé pour la défense du trône/il revint dans notre ville le 3 mars avec 4 compagnies d~ 6ie de ligne les fantassins retournèrent à Paris au mois de juin et ce n'est qu'à partir du mois de septembre i85o qu'un bataillon du 3o~de ligne fut installé dans Fancienne fabrique de toiles de St-Liesne où, depuis cette époque, la garnison d'infanterie a été constamment maintenue.

A la suite des révoltes qui eurent lieu dans la Maison centrale, les frères de la doctrine chrétienne/que le gouvernement de Louis-Philippe avait eu la singulière idée d'y installer pour garder les prisonniers., furent. remplacés par des gardes ci-


vils choisis parmi les anciens militaires. Le 2~ avril, le département fut appelé à élire neuf représentants. Lafayette (Georges), obtint ~8.2~5 suffrages Lafàyette (Oscar), y~tS; Drouyn fils,. ~4~~9 Lasteyrie (Jules), 68,33o; Portalis, 58,170; Chappon, ~8,i58; Bastide, 35,020; Aubergé, 33,65l Bavoux, 26,262.

Au mois de mai, le i5, l'invasion de l'Assemblée et la Révolution dans Paris motivèrent le départ de la garde nationale de Melun pour porter secours aux parisiens.

Quatre cents hommes partirent dans la nuit du 16 au ly, leur courageux dévouement ne fut pas mis à l'épreuve, l'ordre venant d'être rétabli à leur arrivée dans la capitale ils revinrent à Melun le 19 au matin.

A léur entrée en ville, on leur ût une chaleureuse ovation, tout chacun voulait serrer la main & M. Poyez, maire, qui n'avait pas-quitté le détachement. v Un mois plus tard, au moment où l'on s'apprêtait à fêter la St* Jean, des émeutes


vinrent encore une fois, troubler la capitale, on entendait le canon jusqu'à Melun. Paris réclamait des secours pour combattre la guerre civile, alors les gardes nationaux melunais repartirent une seconde fois et, au lieu d'être en liesse, la population était inquète sur le sort des soldatscitoyens.

Tous rentrèrent sains et saufs et dans ces terribles journées de juin un seul enfant de Melun tomba sous les balles des insurgés.

C'était un nommé Louis Beaujard qui servait dans la mobile.

Blessé mortellement en enlevant un drapeau rouge qui flottait sur une barricade, on le releva et, sur son désir, on le ramena dans sa famille à Melun il mourut au moment où il allait recevoir la croix d'honneur; la ville lui fit des obsèques solennelles.

Enfin, cette malheureuse année de- 18~8, ,si grosses d'agitations, se termina par la nomination du prince Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République.


C'est aux cris de «Vive Napoléon! d vive l'empereur poussés par les vieux soldats de l'empire, encore très nombreux, que les deux cantons de Melun votèrent le 10 décembre.

Louis-Napoléon Bonaparte obtint 5;643 suffrages Cavaignac, 6~ Ledru-Rollin, 81, et Lamartine, 20.

Enfin, le calme reparut et le conseil municipal de Melun, composé d'hommes nouveaux, s'empressa de favoriser le commerce et l'industrie compromis par les événements. J:

Il fit tous ses efforts pour faire de notre ville un centre manufacturier-.

Pour encourager les industriels à s'établir dans les terrains de la Varenne, à proximité du chemin de fer et de la Seiûe, il délibéra pour exempter de tous droits d'octroi les établissements industriels qui seraient crées sur l'étendue du territoire de Melun.

Le marasme des affaires empêcha ces bonnes dispositions de réussir.

Dès le lendemain de l'élection du prince Louis-Napoléon à la présidem e de la Ré-


publique, les républicains devinrent suspects les bonapartistes relevèrent la tête et tous les fonctionnaires fidèle~ aux idées de libertés furent remplacés par d'autres dévouée à la nouvelle cause.

Le 19 avril 1849, le prince-président, qui allait inaugurer la ligne de Troyes, s'arrêta dans notre ville les autorités le reçurent et il passa la garnison et la garde nationale en revue sur la route de Fontainebleau.

Son séjour fut plus long, le 9 septembre suivant, lors de l'inauguration de la ligne de Paris à Tonnerre.

La municipalité qui était républicaine voyait d'un mauvais œil le neveu de Napoléon 1~ à la tête du gouvernement aussi, prétextant des économies, elle vota la modique somme de 5oo francs pour les frais de réception.

Le futur empereur entendit la messe à Saint-Aspais et déjeuna dans le grand salon de l'hôtel de ville, mais l'accueil qu'il reçut de M. le maire Poyez, lui fit pressentir que le. premier magistrat de la ville était hostile à sa cause.


Le vote du conseil municipal, supprimant Fécole des frères de la doctrine

chrétienne de la rue St-Barthélemy, acheva d'enlever la confiance de la préfecture envers un maire qui faisait de l'opposition aux idées napoléoniennes.

Le préfet le suspendit de ses fonctions pour trois mois, le ~3 septembre i85i et définitivenment le i3 décembre suivant. Quelques jours après sa suspension, un concours de musiques et d'orphéons eut lieu à Melun c'est le premier concours que l'on ait organisé en France; Poyez en avait réglé tous les détails. En témoignage de sa. reconnaissance, une société parisienne, escortée d'un bon nombre d'habitants, vint lui donner une aubade sous ses fenêtres la veille du concours. Ce fut M~ Cocteau (Athanase-Paul-François), notaire (étude de Me Féron), qui accepta les fonctions de maire après M~ Poyez, le lendemain de l'arrêté préfectoral.

'C'est pendant sa gestion que Napoléon fit son coup d'Etat le deux décembre pour


laver sa forfaiture Bonaparte demanda un vote de confiance au peuple français. Melun lui donna i,58a oui contredit

NON.

Le i'~ janvier 1802, le maire Cocteau lança la proclamation suivante

Louis-Napoléon, par son courage et son énergie, a sauvé la France des horreurs de l'anarchie et de la guerre civile dont notre noble nation était menacée. Sa haute sagesse a triomphé des obstacles qu'une minorité factieuse opposait à ses bonnes intentions. Près de 8,oco,ooo de suffrages ont sanctionné le grand acte du 2 décembre.

Dieu, qui protège la France, a voulu qu'il en fut ainsi.

Que grâces lui soient rendues.

L'empire était fait. Bonaparte promulgua le 24 janvier une Constitution et le peuple, appelé à se prononcer sur le rétablissement de l'empire donna, le 22 novembre, y,839,55s suffrages au prince-président. Le a décembre suivant, il était proclamé empereur des français sous le nom de Napoléon III.

Dix jours après, M. Cocteau qui avait assisté au Te D~M~ chanté à Saint-Aspais


pour célébrer le coup d'Etat, donnait sa démission.

Malgré les pourparlers et les démarches du préfet de l'eiiipire, aucune. personnalité n'osait accepter la place de maire après la démission de M. Cocteau; la ville resta six mois administrée par M. Guillerand (François-Joseph), propriétaire et premier adjoint.

Des fêtes eurent lieu a Melun le 29 janvier 1853, j our du mariage de l'empereur avec Eugénie de Montijc, mais elles ne furent qu'officielles, les haines des partis n'étaient pas encore éteintes.

Le 11 juillet i853, M. Riant (NicolasDenis), recteur d'Académie, accepta d'être maire de Melun; il ne resta que peu de temps, car M. Desprez (Michel-Jean-Baptiste), notaire (étude de Me Duguet), devenait chef de la municipalité le 3o octobre i85~.

Cependant les esprits commençaient à s'apaiser, les victoires de nos troupes en Crimée réchaufïaient le chauvinisme fran-


çais et, après le traité de Paris signé par Alexandre II, empereur de Russie, la confiance venait au gouvernement impérial.

Au lendemain de la naissance du prince impérial, le i~ mars ï856, des fêtes splendides furent données dans toutes les villes de France et Melun ne fut pas en retard dans cette allégresse du gouvernement. Par suite de maladie, M. Desprez se démit de ses fonctions de maire en septembre i856; l'administration préfectorale se rètrouva embarrassée.

M' Poyez, avoué (étude de M' Lustin), était toujours populaire dans la ville de Melun; comme il avait laissé de bons souvenirs de son administration, le préfet le fit appeler et, après une entente, l'ancien républicain accepta Fécharpe municipale qui lui était offerte par le gouvernement du second empire. Il fut nommé maire pour la deuxième fois, le ag septembre 1856, et installé par le préfet le y octobre suivant; il resta à la tête de la municipalité jusqu'au i~ mai 18~1.


Pendant les quatorze années qu'il resta à la tête de la municipalité, M. Poyez fit des améliorations qui rendirent le séjour de Melun des plus agréables.

La ville était tenue très proprement le matin, les ménagères jetaient leurs ordures dans le tombereau du boueur qui les appelait avec une grosse cloche. Le maire avait eu la bonne idée d'associer, à la municipalité, M. Dajot, ingénieur en chef du département, qui résida dans notre ville de 1848 à 186~.

De concert avec M. Dajot, M. Poyez créa les jardins de l'hôtel de ville et de la gare ce dernier si délaissé aujourd'hui estimant, avec raison que des rangées d'arbres plantés sur les boulevards et les quais donnent un aspect superbe à une ville. Des plantations furent faites sur les promenades principales. C'est pendant sa gestion que la statue de Jacques Amyot fut élevée dans la cour de l'hôtel de vi lle, le 20 mai 1860. La fontaine St-Jean, don de M. Henri Lainville, fut inaugurée, le 16 mai 186~,


sous la présidence de M. de Lassus, préfet de Seine-et-Marne.

Des docks ou magasins généraux furent construits sur le port à l'extrémité de l'île Saint-Etienne, mais ils ne remplirent pas le but que la municipalité espérait, si bien qu'aujourd'hui la ville est obligée, pour en tirer parti, de les louer partiellement à des particuliers.

Des fêtes splendides avaient lieu tous les ans à la Saint-Jean et principalement à la fête d'Août que l'on prolongeait jusqu'au i5, jour de la fête de l'empereur. Napoléon III ne vint qu'une fois à Melun, en 1861, encore ne fit-il que de traverser la ville, car il se rendait au château de la Grange chez le comte de Glary. Lors de ses fréquents séjours à Fontainebleau, le monarque allait souvent au château de Sivry-Courtry, chez le comte Aguado qui organisait de grandes chasses en son honneur.

En 1866, l'impératrice Eugénie rendit une visite officielle à notre cité.

Après avoir été reçue à l'hôtel de ville par le maire qui lui souhaita la bienve-


nue, entouré du conseil municipal et des fonctionnaires, elle visita l'hospice et les écoles de la ville,

On remarquait beaucoup le « petit prince dans son costume de grenadier de la garde et qui saluait militairement les melunais qui l'acclamaient.

Pour le récompenser de ses nombreux services. Napoléon III décora M. Poyez qui était devenu un des plus zélés défenseurs de sa cause.

En somme, pendant le second empire, la ville de Melun prospéra.

Les régiments de cavalerie de la garde impériale qui y tinrent garnison à tour de rôle, de deux ans en. deux ans, étaient une véritable source de profits pour la cité. Les officiers, presque to~s très riches, menaient grande vie et la troupe, large.ment payée par un gouvernement prodigue, dépensait sans compter à la grande satisfaction du commerce local.

Pourtant, le calme commença a être troublé vei s 186~.

Les républicains de 48 avaient repris espoir et, malgré la police impériale qui


ne les marchandait guère, les opposants de Melun gagnèrent du terrain, puis, lors du renouvellement du conseil général en 1867, M. Poyez, qui représentait le canton nord depuis 18~8, ne fut pas réélu deux ans plus tard, le juin 1869, M. Horace de Choiseul battait également M. de Beauverger, candidat officiel aux élections du Corps Législatif.

M. de Choiseul obtint, dans Melun, 1,19*2 suffrages et M. de Beauverger 5~8. La Révolution grondait sourdement. Napoléon qui, dans son discours de Bordeaux, avait annoncé des points Mï~ ï'AorM~ essaya de sauver sa couronne en faisant des concessions à l'opposition. Il établit un ministère libéral et demanda ensuite au peuple français un plébiscite destiné à assurer la transmission de la couronne a son fils.

Le vote eut lieu le 8 mai 18~0. y ,335,~3~ oui lui donnèrent le pouvoir absolu contre i,56o,~o6 NON.

Voici le dénombrement des suiïrages pour Melun': 1,202 oui, 646 non.


Pour l'arrondissement i~o/~ oui, 3,g~5 non.

Six semaines après, la candidature du ` prince de Hohenzollern au trône d'Espagne nécessita des négociations avec la Prusse qui eut l'habileté de se faire déclarer la guerre le j5 juillet t8~o.

L'enthousiasme fut grand dans la ville quand on appris la nouvelle.

Les cris de « à Berlin » retententissaient de tous les côtés et les parents, les amis accompagnaient les réservistes qui quittaient notre ville pour aller rejoindre leurs corps.

Une véritable ovation fut faite au régiment des guides de la garde impériale lorsqu'ils quittèrent Melun, où ils étaient en garnison, pour partir en campagne. Quelques jours après, pour fêter le succès de nos troupes qui avaient pris Sarebruck les habitants~ pavoisèrent et illuminèrent leurs maisons.; mais, hélas! les dépêches annonçant les désastres de Wissembourg, de ReichoNen, de. Bazeilles, de Sedan, arrivèrent bientôt attrister les patriotes melunais.


Ces revers successifs amenèrent la chute de 1'empire et, le 4 septembre, le gouvernement de la Défense Nationale était constitué.

La proclamation de la République fut annoncée à son de caisse dans les rues de Melun, le 5 septembre 18~0.

Cependant l'ennemi avançait sur Paris. Le gouvernement prenait ses précautions pour résister à l'envahisseur. Les archives de la préfecture avaient été emballées dans un fourgon et dirigées surNemours.

Le ~2 septembre, le maire reçut l'ordre decoup~r.le pont de bois que l'on avait établi sur le grand bras de la Seine pendant la construction du pont de fer que nous possédons aujourd'hui et qui a été terminé en 18~1.

Des quatre heures du matin, le 13, des ouvriers de M. Manganne, entrepreneur de charpente, commencèrent la destruction d'une partie du pont provisoire et, à dix heures un trou béant interdissait désormais tout passage; il ne restait plus,


sur l'ancien pont en construction, qu'une passerelle en bois pour les piétons. Le même jour une insurrection eut lieu à la Maison centrale les prisonniers, voulant profiter de l'absence de toute gaynison dans la ville, tentèrent une révolta. A la première alerte, les gardes nationaux de Melun, ainsi que ceux du Mée accoururent à la prison et mirent en joue les rebelles qui ne consentirent à rester calmes qu'a la troisième sommation. Des francs-tireurs parisiens, commandés par la Cécile arrivèrent le lendemain à Melun et voulurent, malgré les protestations de la municipalité, organiser la défense de la ville.

Quelques-uns s'étaient embusqués dans rétablissement du collège et il fallut l'énergie de M. Poyez et de son premier adjoint, M. Gaudard, auxquels des menaces de mort furent proférées, pour faire partir ces hommes animés de bonnes intentions, sans doute, mais, étant donné leur faible effectif, qui pouvaient compromettre la sécurité de la ville hors d'état de se défendre.


Le i5 septembre, à trois heures de l'après-midi, l'ennemi foulait encore une fois le sol de la vieille cité inelunaise. C'était un détachement de i~ uhlans commandés par un officier; ils descendirent la côte des Carmes au. pas, le pistolet armé au poing.

Arrivés a l'hôtel de ville, l'officier demanda à parlementer avec le maire. Très énergiquement, M. Poyez lui répondit qu~il ne .lui reconnaissait pas qualité pour cela.

Peu satisfait de cette réponse, l'officier rejoignit son peloton annonçant que la ville -de Melun aurait à recevoir dans la soirée 1,000 chevaux, 2,000 hommes et 16 batteries d'artillerie, puis le détachement s'en retourna au petit trot.

En prévision de l'arrivée des prussiens, le conseil municipal au grand complet s'assembla dans la salle des délibérations attendant' les troupes annoncées; à six heures du soir, ils se séparèrent, aucun soldat allemand n'ayant paru.

Le lendemain 16, 1,~00 francs-tireurs parisiens entrèrent en ville par la route


de Fontainebleau et, sans s'occuper de la municipalité, commencèrent à faire les préparatifs de défense dans la caserne de cavalerie; ils établirent une barricade, en renversant des charrettes en tête du pont en construction, dans la rue Saint-Ambroise et détruisirent une partie de la passerelle, seule issue que les melunais possédaient pour traverser le grand bras de 1~ Seine.

Trois compagnies se rendirent sur la route de Rubelies et échangèrent quelques coups de feu- avec les cavaliers ennemis plusieurs uhians furent blessés et l'un d'entre eux fut ramené prisonnier. Bientôt les francs-tireurs se replièrent sur Melun traversèrent la Seine et se réfugièrent dans le canton sud.

Presque derrière eux, deux dragons vert bavarois descendirent les Carmes au grand galop et pistolet en main. Devant le Pont-aux-Fruits, ils durent rétro.grader à cause des verres cassés qui avaient été jetés sur le pont par les francstireurs.

Ils rejoignirent leur détachement qui


descendait lentement en ville, pendant que les francs-tireurs se dirigeaient sur Fontainebleau en abandonnant leurs préparatifs de défense.

Le soir, à cinq heures, 800 hommes de l'infanterie bavaroise entrèrent en ville au son des fifres et des tambours; rofîlcier commandant se rendit à la mairie et réquisitionna 1,200 kilogs de pain, des saucisses en conséquence, 5oo bouteilles de vin dont 100 d'extra, 12 kilogs de café brûlé en grain, environ 6 pains de sucre, du tabac pour les soldats et de ~oo cigares pour les ofRciers.

Il exigea le rétablissement du pont de bois et de la passerelle et, quelques jours après, il faisait afficher le placard suivant

Le commandant du corps des troupes allemandes, en ce moment à Melun, porte à la connaissance des habitants que tout individu qui exercera une violence sur un soldat prussien, sera immédiatement fusillé et toute maison d'où partira un coup de feu sera incendiée. Signé colonel baron von HARLiNG.

Il confisqua tous les fusils à l'exception


de 80 qui furent laissés aux gardes nationaux pour le service de la Maison centrale.

Le 29 septembre, M..Poyez reçut l'ordre de se rendre au quartier général. Il s'y rendit avec M. Lajoye et quand ils en revinrent, ils eurent la douleur d'annoncer à leurs collègues que le département était imposé, par les prussiens, pour un million de francs.

Une heure après, le conseil municipal entrait en séance devant un officier représentant le colonel bavarois, car sur l'ordre de ce dernier, la municipalité melunaise était chargée de la répartition de cette effrayante contribution de guerre. Notre arrondissement eut pour sa part 212,000 francs dont 1~800 pour la ville de Melun.

Avant de se retirer, l'ofRcier exigea le paiement de cette somme qui lui fut versée sur-le-champ, grâce aux précautions prises par .le maire qui avait fait transporter la caisse municipale à l'hôtel de

ville.

A partir du 18 octobre les allemands


<

s'installaient dans notre ville; un préfet prussien, M. le comte de Fursteinstein, prenait possession de la préfecture et les soldats de la landwher, qui y tenaient garnison, logeaient chez les habitants à tour de rôle.

Le 22 novembre, M. Poyez, dont le seul crime avait été de ne pas avoir empêché

les jeunes gens de Melun d'aller rejoindre les bataillons de mobilisés organisés par les autorités militaires françaises, fut dé-

claré prisonnier de guerre par le préfet prussien avec défense expresse de s'occuper des affaires municipales.

C'est M. Gaudard qui devait remplir les fonctions de maire.

Le lendemain de cette décision, M. Poyez résolut de s'adresser plus haut qu'au préfet Fursteinstein et à cet effet it partit pour Versailles où résidait le grand état-major allemand.

Il expliqua qu'étant donnée l'occupation ennemie, il ne pouvait rester sans s'occuper des intérêts de ses concitoyens; on écouta ses bonnes raisons et. le a5 novembre, il revenait à Melun libre de tout


engagement envers les prussiens et reprenait sa pl~ce a la tête de la municipalité. Quelques jours plus tard, le maire et le conseil municipal en entier se rendirent à la préfecture aiin de démontrer l'injustice (l'une réclamation qui avait été f~rite par le préfet au sujet d'une prétendue attaque sur un factionnaire prussien.

C'ehut un odieux mensonge dont les

autorités ajlcn~àndes profitèrent pour reclamer 1.0,000 fr a la vinc.

Maigre toute !'o)oqn~ncc et la sincérité d M. I\nex. pr~fc~ tint bon et Mehm dut ))~ycr, le t3 dcoomh~a somme de LO.ooc < ex:g~c pïir~m onncmi peu scru-

puleux. ?

Encore~ M. l~OYëzcnt-il toutes les peines du monde a faire accepter des hillets de banque français at( préfet celui-ci demandait que {asonimc fut convertM~ en objets d~utilite tels que draps, laines, cuirs, été, qu'il estimait a3o"/o au-dessous du cours, de sorte que Fon aurait donne de i3 a i5;ooo fr de marchandises au lieu de 10,000 tr. en espèces). A Melun, ce fut, avec l'arrestation de


M. Vois~n~ procureur de la République, les derniers incidents de l'invasion pendant l'année 18~0.

Quanta l'existence des melunais, lors de l'envahissement, elle fut des plus douloureuse non content de leur imposer des véritables armées a loger, renncmi victorieux leur donnait de temps en temps le triste spectacle des convois de prisonniers français qui, presque nu-pieds, marchaient péniblement vers l'Allemagne escortés par des cavaliers prussiens.

L

Du re~tc, tput semblait s acharner contre notre malheureux.pavs l'hiver était

ti. t/

des plus. rigoureux et. pour comble de malheur, la.ville n'était pas approvisionnée de charbon de terre: les ouvriers, pour chauiier leurs familles, allaient couper les arbres dans les bois environnants, mais le gaz faisait absolument déiaut. Les boutiques, d'après l'ordre des autorités allemandes/devaient être fermées à 8 heures; la ville était morne et silencieuse et quand le couvre-feu, lugubre et monotone, retentissait dans la nuit bien des larmes perlaient dans les yeux des patrio-


tes melunais qui songeaient aux malheurs de la patrie. .4,

Le 2 janvier 18~1, pendant que l'on entendait le canon du côté de Paris, une avant-garde de 4o cuirassiers blancs, venant de Villeneuve-Saint-Georges, descendait la côte Saint Barthélémy et annonçait, à la mairie l'arrivée de toute une armée allemande.

Cette armée composée de 20 à a5,ooo hommes se dirigeait à marche forcées, vers Orléans pour porter secours au prince Frederick-Charles qui venait de se faire battre par le général Chanzy commandant notre armée de la Lo~re. Le a5 janvier/M. Poyez, découragé par les exigences du préfet prussien qui venait de lui demander des équipes de b&cherons pour couper de beaux arbres dans la forêt de Fontainebleau et les expédier en Alleinagne, donnait sa démission. j La situation était trop grave pour l'accepter d'autant plus que, ni MM. Gaudard et Courtois les deux adjoints ne voulaient

remplir les difficiles fonctions de maire.

Les conseillers firent appel au patrio-


tisme de M. Poyez qui consentit à retirer sa démission le ~8, juste le jour de la capitulation de Paris.

Cette triste nouvelle fut annoncée à Melun par le placard suivant

Je porte à la connaissance du public que, par suite des dépêches ouicielles du 29 janvier, Paris a capitulé le 28. Le même soir un armistice a été conclu et suspend les hostilités sur tous les. points du théâtre de la guerre pendant la durée de trois semaines

Melun, le 3o janvier 18~1.

Le Préfet,

Signé Ch. de FuRTSTEïNSTEïN.

Cette affiche fut lacérée par quelques citoyens qui se refusaient à croire à un aussi grave malheur. Hélas! la nouvelle n'était que trop vraie!

Sitôt que l'on sut que les portes de la capitale étaient ouvertes, beaucoup de melunais partirent à pied pour savoir ce qu'étaient devenus leurs parents, enfer-

t. t. i.

mes dans Paris, et leur porter des provi-

sions.

Le 8 février~ des élections législatives eurent lieu pour nommer les députés à


l'Assemblée nationale MM. de Ghoiseul, Oscar de Lafayette, Jules de Lasteyrie~ Voisin, d'Haussonvillc et, quinze jours api es, M. Louis de Ségur étaient élus pour représenter le département de Seine-etMarne.

Enfin, le 2~janvier, un petit placard, rédigé dans un style laconique et signe du préfet, fut collé sur le pilastre de, la grille de l'hôtel de ville et annonçait que les préliminaires de la paix avaient été signés le

26.

A peine l'évacuation des troupes était

elle commencée, qu'une insurrection éclatait à Paris, le 18 mars.

Le conseil municipal se rassembla et délibéra que « la ville de Melun adhérait au gouvernement de la République sié-~ géant Versailles dont M. Thiers venait d'être homme pré~ideilt avec Je titre de chef du pouvoir exécutif.

Le a5 mars, les soldats prussiens quittèrent le canton ~ud et s'installèrent sur la rive gauche de la Seine, suivant les ,conditions du traité de paix. Le préfet Fursteinstein quitta la ville


le 29 mars et, le lendemain. M. le marquis deChàmbon, préfet français, recevait les autorités à la préfecture.

Pourtant le parti républicain grossissait dans notre ville.

Dès le 2~ mars, un comité s'était forme en Vue des élections municipales qui curent lieu le 3o avril suivant.

Des hommes énergiques, qui n'avaient pas hésite a combattre l'empire pour rétabli, la. République, lurent élus au pre-

mier tour., J

Voici, à titre de document, la liste des conseillers qui remplacèrent la municipalité impériale et dont quelques noms sont bien connus de la génération actuelle ~p~, meunier /~r/ commerçant JSoMH~r~/ancien banquier; D~/ny~, tanheur <S~ professeur .D<?~~v~, avoué .B~c~, docteur jM~ charpentier Z~P~ ingénieur .AH& juge; PoH~e~H, vétérinaire; </oH7~e~, industriel D~~ propriétaire prote d'imprimerie; D~roH~~ô~, huis-

sier ;G~M~~ propriétaire.


Un deuxième tour de scrutin eut lieu le

Í l.

mai suivant, car il restait encore sept conseillers à élire pour compléter les a3 nécessaires

M. Poyez, qui n'avait obtenu qucjSgg voix, déclara se retirer de la lutte et MM. DroMï~, grenier G~r~ Zerq~ jRoM-

s~M, propriétaire J~erc~M, pliarmacien

.eau', propriétaire; ~lerec~u,

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Thomas, secrétaire d'Académie: C~r~

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professeur; Copeau, mercier/étaient élus à leur tour.

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Au lendemain des élections du 3o avril,

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M. Poyez ayant cessé ses fonctions de maire, ce fut M. Nivet, le premier élu qui, exerça le pouvoir municipal jusqu'au 2 juin 18~1. jour de la nomination de M. Bancel.

Bien que la paix déSnitiye ait été signée

q

le i3, 6,060 hommes d'infanterie prussienne arrivèrent à Melun les 16 et i'7 mai

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et, malgré tous les efforts de M. Nivet qui. voulait que ces régiments logeassent a la caserne d'mtdnterie, alléguant la sicnaturé ~e la paix, ils ne voulurent rien

c' .r'

entendre et s'installèrent chez les habi-

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tants.


Ces prussiens, venant de Machault, se dirigeaient sur Paris pour renforcer les troupes allemandes pour le cas où l'armée de Versailles aurait été battue parles fédérés, car la guerre civile continuait dans la capitale et les nouvelles les plus douloureuses étaient apportées -tous les jours à Melun par de nombreux parisiens qui venaient se réfugier- dans nos murs, iuvant la Révolution.

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C'est ainsi que l'on apprit, le a3 mai, que les fédérés commettaient des actes de vandalisme.. et incendiaient les principaux momiments.

Un appel de secours fut adressé aux municipalités de la banlieue et, le mai, la compagnie des sapeurs-pompiers de Melun, imitant leurs pères de 18~8, partirent pour Paris.

Ce n'est que le lendemain, a5, qu'ils obtinrent l'autorisation du maréchal MacMahon de. pénétrer dans la capitale où ils accomplirent leur devoir pendant la fameuse ~~o~ï~a~ c'est-à-dire pendant que la Commune agonisante livrait, des hauteurs de Belleville, un ter-


W ..= ·

rible combat d'artillerie aux troupes régulières.

Nos braves pompiers rentrèrent à Melun, quelques jours avant la nomination de M. Bancel comme maire.

Après l'insurrection, 800 hommes du 44e de ligne de' notre infanterie tinrent garnison dans le quartier St-Ambroise, tandis que 2,000 bavarois occupaient la rive droite.

L'entrée du Pont-aux-Fruits était gardée par deux factionnaires allemands, en face la rue St-Aspais, et par deux'soldats français à l'autre extrémité.

C'est aussi à partir du 3t mai que la garde nationale sédentaire fut relevée du service de la Maison centrale par le de li~ne.

Enfin, le 9 septembre, après 36o jours d'occupation, les derniers bavarois quittaient définitivement notre cité. La j oie .fut si grande, qu'à peine l'arrièregarde ennemie était-elle passée, que dea ieux de genêts, furent allumés dans les rues et que -les fenêtres étaient pavoisées


de drapeaux, au grand mécontentement des soldats teutons qu~ en se retournant, montraient le poing aux melunais lesquels poussaient des soupirs de soulagement. L'Assemblée, élue le 8 février i8yi, était composée, en majorité, de royalistes qui espéraient avoir dans M. Thiers un auxiliaire précieux pour le rétablissement de la monarchie.

L'ancien ministre de Louis-Philippe refusa de servir leurs projets et, de vaut l'attitude hostile des représentants du pays, il donna sa démission, le 2~ mai i8~3; l'Assemblée le remplaça par le maréchal de Mac-Mahon d~c de Magenta et les tentives de réaction devinrent plus sérieuses. Les préfets républicains furent mis en disponibilité et remplacés par des fonctionnaires dévouas ~ux ministres monarchistes.

A Melun, Le Travail, un organe démocratique qui avait une grande autorité, fut supprimé par ordre de la préfecture et le ~3 noveuibre ~8~~ la municipalité ré-


publicaine de notre ville était révoquée par le décret suivant

LE PRÉSIDENT D*! LA REPUBLIQUE FRANÇAISE, Sur la proposition du Ministre, Secrétaire d'Etat au département de l'Intérieur,

Vu l'article a de la loi du 5 mai i855 DÉCRÈTE

Article premier

Sont révoqués:

M. Bancel, maire de la Ville de Melun (Seine-

et-Marne), et MM. Robillard et Nivet, adjoints au maire.

<Ar<fc~

Le Ministre de l'Intérieur est chargé de l'exécution du présent décret.

Fait à Paris, le ~3 novembre 18~. (Signé :) Maréchal DR MAC-MAHON Duc de Magenta.

Par le Président de la République, Le 3~M<rc de l'Intérieur,

(Signé:) Général CnABAUD-LATOUR. M. Nivet, adjoint révoqué, ayant été élu le premier aux élections municipales du M novembre, fut, d'après la loi, désigné pour remplir les fonctions de maire. Il géra la ville jusqu'à l'installation du


nouveau conseil municipal, le 5 janvier i8?5.

Dans cette séance, M. Nivet, annonça qu'il avait reniis sa démission d'intérimaire à M. le préfet et qu'il était chargé de présenter son successeur qui était M. Bancel, deuxième élu.

Le maire révoqué reprit, provisoirement, la direction des aftaircs municipales.

Bien que le comte de Chambord n'ait pas voulu régner sous le nom d'Henri V, en répudiant le drapeau blanc de ses ancêtres, les royalistes n'avaient pas perdu l'espoir de rétablir la monarchie et ils se préparèrent pour les élections qui devaient avoir lieu dans les premiers mois de t8y6, suivant la Constitution du a5 iévrier i8~5

Les victoires des candidats républicains ébranlèrent les intrigues de ces partisans, et une espèce de trôve eut lieu.

Ce fut pendant cette trêve que M. Bancel fut définitivement nommé, maire par


décret du 12 mai t8~ avec MM. Nivet et Porchon comme adjoints.

Neuf mois plus tard, le gouvernement récompensa M. Bancel des nombreux services qu'il avait rendus, soit' comme docteur soit comme administrateur, en le nommant chevalier de la Légion d'honneur, le 6 février 18~.

Cette nomination causa une joie très vive parmi la population.

Tous les membres des sociétés musicales de la ville la Z~re A~Hy~ la société CAo~~ et l'orphéon G~K/~s~ vinrent lui donner une aubade dans la cour de l'hôtel de ville pendant la magnifique réception qui lui lut faite dans la salle du conseil, par ses collègues du conseil municipal.

Trois mois après, les monarchistes qui n'avaient pas désarmé, tentèrent encore une fois un coup de force.

Le 16 mai 18~, le maréchal de MacMahon écrivait une lettre agressive à M. Jules Simon, président du conseil des ministres, et forçait ce dernier à donner sa


démission. Un ministère réactionnaire le remplaça.

Alors, à partir de cette date, les partisans d'un changement de gouvernement coalisés sous Tépithète de « conservateurs » mirent le pays presque en état de siège.

Les préfets furent changés. M. de Mahou, qui avait été nommé à Versailles, fut maintenu à Melun; mais on lui adjoignit, comme secrétaire général, M. de Bernis, politicien très militant.

Le nouveau plan des coalisés étaitde dissoudre la Chambre des députés, dont 363 représentant~ composaient la majorité républicaine et de préparer de nouvelles élections pour amener une majorité royaliste au Parlement.

Des représailles très sérieuses furent faites aux fonctionnaires, on révoqua les maires connus pour leurs idées républicaines.

Le conseil municipal de Melun fut dissous, à son tour, le 9 août 1877.

Le même jour, un arrêté préfectoral


nommait une commission municipale ainsi composée

Poyez Gaudard Fuser Carette Costeau Lebrasseur Cravoisier Débonnaire docteur Gillet; CouIon-Gacb~t; Journeil, tous anciens conseillers avant 1871 et Bruant, épicier; Coëmme, rentier; Granjon, propriétaire Houdart; Labnrre; Leroy, ancien épicier; Pichotte, marchand de bestiaux; Violet, ancien cultivateur Prévost, huissitr'; Vuaflard, avoué.

Encore une fois, M. Poyez dirigea la ville de Melun assisté de MM. Gaudard et Fuser

Après une lutte électorale acharnée, les candidats républicains turent réélus le i~ octobre; dans l'arrondissement de Melun, M. de Choiseul obtint 9,583 voix contre 5,66~ données à M. Hcnnecart, son concurrent.

Après cette défaite du gouvernement, la commission municipale donna sa démission le 6 novembre suivant, mais les affaires étaient tellement graves que l'on ne s'occupait pas de pourvoir au remplace-


ment de la municipalité dont la situation était absolument fausse.

Enfin, le calme se rétablit et, le 22 décembre, M. Poyez écrivit la lettre suivante à M. Patinot, le nouveau préfet de Seineet-Marne

Melun, le décembre f~;7.

MONSIEUR LE PRÉFET,

La commission municipale de la ville de Melun, dont je suis le président, a déposé sa démission le 6 novembre dernier, entre les mains de votre honorable prédécesseur en le priant de bien vouloir nous relever de nos fonctions dans le plus bref délai possible.

Depuis, les événements nous ont forcés à rester à notre poste.

M. de Mahou m'a dit, ces jours derniers, avoir envoyé notre démission au ministre.

Au' nom de mes collègues, et en mon nom, je vous prie instamment, M. le préfet, de pourvoir à notre remplacement aussitôt que vous le pourrez, nous vous en serons très reconnaissants.

Veuillez agréer l'expression de mes sentiments les plus distingués.

Le Président de la Commission municipale de Melun,

FBMx POYEZ.


Aussitôt qu'il reçut cette lettre M. Patinot fit venir M. Poyez et après une entrevue des plus courtoises le président de la commission municipale revint annoncer à ses collègues que le préfet lui avait promis qu'ils seraient relevés de leurs fonctions dans les vingt-quatre heures. M. Poyez resta à la mairie jusqu'au lendemain et quitta définitivement l'hôtel de ville sans s'occuper de son successeur.

Nous ne laisserons pas partir M. Poyez sans constater qu'il fut un administrateur habile et distingué de la ville de Melun et que beaucoup de ses ennemis politiques rendirent hommage à ses capacités en assistant à ses obsèques qui eurent lieu le 8 décembre i885.

Les ouvertures faites par l'administration préfectorale auprès de plusieurs citoyens, n'ayant pas abouti, il en résulta que la ville de Melun se trouva sans maire pendant quelques jours.

L'honorable secrétaire, M. Fauveau,

r

qui était entré comme employé de la mai-


rie sous l'administration de M. Bernard de la Fortelle, s'acquittait de son mieux de l'expédition des affaires courantes, mais cette situation ne pouvait durer c'est alors que le préfet de Seine-et-Marne délégua M. Eymard, conseiller de préfecture, le 29 décembre i8yy, pour diriger la mairie en attendant les élections municipales qui eurent lieu le 6 janvier 38~8. Le lendemain de cette élection, M. Eymard, remit le service municipal au premier élu, M. Auberge, ancien juge, qui avait été révoqué pendant la campagne de l'Ordre Moral pour ses idées républicaines.

Le i3 février suivant paraissait, dans le Journal officiel, le décret qui nommait M. Aubergé maire, MM. Porchon et Pernet adjoints.

M. Auberge resta peu de temps à ta mairie et, pendant sa gestion, il eut l'honneur d'assister au dîner offert au ministère de l'Intérieur, par M. de Marcère, à tous les maires des chefs-lieux de départements.

Le 3o juin 18~), M. Auberge convoquait


ses collègues du conseil- municipal et, après leur avoir remis sa démission de maire, il les priait de désigner un candidat pour le remplacer à la tête de la municipalité.

Sur i~ conseillers présents, M. Bancel obtint i y suffrages et fut nommé maire par décret du 24 juillet i8yg.

En septembre 1888, le président de la République, Carnot, qui était en villégiature à Fontainebleau, vint rendre visite à la ville de Melun.

Carnot, qui devait être assassiné à Lyon quelques années plus tard par l'italien Caserio, était radieux et ce fut très sincèrement qu'il remercia le maire de Melun pour l'accueil enthousiaste qu'il avait reçu de la population melunaise. La gestion municipal de cet homme de bien fut très laborieuse d'un caractère pacifique, il avait ~u s'attirer les sympathies de la ville tout entière.

C'est sous son administration que l'é- cole normale des filles, le collège JacquesAmyot, le jardin botanique et la caisse


(Tépargne furent construits et contribuèrent à l'embellissement de notre cité.

1/éclairage électrique de la ville et l'installation d'une ligne téléphonique destinée à relier Melun à la capitale, couronnèrent la carrière de M. Bancel qui mourut le 18 mai 1891, en léguant une partie de sa fortune à Melun, sa ville natale, qu'il avait tant aimée.

Quelques jours après sa mort, le conseil municipal, répondant au vœu unanime de la population, votait une proposition tendant à donner le nom de « Bancel » à la rue de Bourgogne où résidait le maire regretté.

voici ce que l'auteur de ce livre écrivait dans. son journal le jM~M~r de Seine-et-Marne, le 8 mars i8g6

Lea villes comme ~7e~H~ sont fières d~r~r dc~ statues à ceMJc de leurs eTt/h/t~ qui sont devenus célèbres.

~Vona avons eu Jacques An~o~ dont l'image dans la cour de l'hôtel de ville; c'est très bien, mais n'avons-nous pas un autre e~ de J~~yt qui a bien droit au bronze ou à la pierre des statues ?


Cet homme n'est pas une c~e6r~ nationale, mais il a et~ encore une célébrité ~oca~. Il a, pendant soixante ay~ pecM dans la ville OH est né, à Melun; à sa mor~ a laissé 700,000 francs à l'hospice et le restant de sa fortune pour différentes œnpres de bienfaisance. Cet homme, on l'a ~pt7ï~ c'est M. j~a~ce~ qui a c~ maire vénéré de la ville de Melun. 2Ve serait-ce ~a~/curt joreupe de gratitude que de placer son buste en ~on~e sur un piédestal au milieu de la pelouse du ~rd~ de ~ôM de ville ?

Ne serait-ce pas une grande joie pour les ynelunais de repo~r son aimable sourire que Far~e reproduirait ,avec talent ?

Il nous se~Mer~M~ c~or~, ~He ce brave homme ne nous ~J~~aM ~Mt~C~.

Nous connaissons trop le cœur généreux des melunais pour ne pas prophétiser qu'un jour ou l'autre ce suprême hommage sera rendu à celui qui, pendant quatorze années, a su administrer la ville de Melun avec le tact et l'impartialité qu'il convient à un magistrat municipal, que la politique ne passionnels sachant concilier les esprits et apprécier ceux de ses concitoyens qui se dévouaient pour la prospérité et la gloire de la cité.


Un mois après la mort de M. Bancel, le 21 juin i8gi,M. Balandreau était nommé maire de la ville de Melun. Il est encore en exercice de nos jours (189~). Ici s'arrête la nomenclature des magistrats municipaux qui se sont succédés à Melun pendant trois siècles et dont l'histoire se rattache forcément à notre histoire locale. Nous sommes heureux d'avoir pu mener à bien ce travail qui, espérons-le, intéressera les citoyens d'une

ville qui nuus est chère.

l

FIN 2!

FIN 5'

\n~

Albert jHtMo~fiN.


TABLEAU

par ordre ~r~/ZO~M~, des noms des Maires cités

dans cet <OM<pr~~

XVt~ StÈCLE

Années xvie SiECLE Pages

Années Pages

i5o6 TAPPEREAU (Nicolas). 9 i56o BoRDiËR (Gabriel). i~ iS~o FusELiER (Claude). i58~ RiOTTE (Charles). 17 1589 M~GissiER (Simon). 19 1690 LECOMTE (Claude) ~4 XVH SIECLE

L'once reste vacant pe~~yt~ a~ années; la ville était gérée, pendant ce ~~p~p~rH~ gouverneur général.

1612 PiLousT~Etienne). 4i


TABLEAU DES MAIRES

Années Pages 161~ CocHON (Jacques). 41 1626 L.EFÉBURE (Pierre). 4o 162~ RoussEAu (Ambroise) 46 l63a CHARTIER. oo :635 RioTTE (Jacques). oo l63() DE LA PLANCHE. 55 i6~8 GARNOT (Jacques) 07 l65o DEFFITAT 6l i653 RioTTE (Charles). 66 i65~ GuYARD (Pierre). 68 t658 GHARLOT (Antoine). 69 166~ LEFEVRE ((Claude). 71 16~0 GuYARD (Pierre), 2me fois.. 70 i6y3 BiBERON (Georges). 82 16~6 DuMONDÉ (Pierre). 84 ï68a LEFÉBURE DE LAViLLAROCHE 9~ r685 BELLANGER( Jacques). 93

l688 RIOTTE DE PAUMOULIN 94


TABLEAU DES MAIRES

Années Pages 1693 LOUIS DE MONTAULT 97

XVm SIECLE

1~0~ LEFÉBUREDuTiLLOT. 110 i~iy MOREAU (Philippe-François) 11~ i~a3 LECLERC (Pierre). 1~ 1~2~ CHARLOT (Nicolas). 118 i~3i COLLEAU (Jean-Pierre .119 i~3~ PoiRET(Simon-Etienne) ~o 1~5l GUÉRIN D'ESPÏNET 126 1~5~ LEFÉpURE DES BoULLEAUX 128 1~60 RAVAULT (Robert-Jérôme) t~65 EICHER DE ,LA RIVIÈRE. l3o 1~65 MOREAU DE MAISON-ROUGE. l3l 1~68 ElCHER D~ LA RtVIERE (2' fois) i32 i~~i GoDiN (Alexandre-Léon).. i3~ i~ LEvAQUE (Pierre-François) i34 1' SiMON DE VOLBEL 14~

i~8i RoMAYN (François). 14~


DE MELUN

Années Pages 1~85 GtTTONDELARiBELLERIE.. l4~ 1~90 CHAMBLAIN (Nicolas). l~ 1~91 CHAPELLE (Jean-André. i~ t~9'2 TARBÉ (Sébastien-André).. 1~1 i~3 ESTANCELIN (Louis-Nicolas). iC~ 1~96 TARBÉ (2e fois).. l~ 1~96 Du VERGER (Jacques). i~ 1~96 Rou ssEL (Alexandre-Augustin (administrateur provisoire) i~

Y ~96 CHARBONNEAU (Nicolas). 177 1~9~ GiLBERT (Guillaume-Fiacre) 1797 CHARBONNEAU (~ fois). 177 j~98 PASSELEU (Nicolas) 177 1~98 LiGER (Germain-Simon) 177 1~99 ROYEII (Nicolas-Alexis). 177

XtX StÈCLE

î8oo TARBÉ (3e fois, n'accepte pas les fonctions). 17~


TABLEAU DES MAIRES

Années Pages 1800 TuiERRY J.-B.-Charles). 180 1814 PASSELEU (alibis). 197 i8i5 CHAMBLAiN(Georg~-Nicolas) 198 l8a4 BERNARD DE LA FORTELLE.. ~0~ t83l GHAMBLAIN <2~&)is). ao8 i83a DpouYN (Alexandre).208 i835 DELACOURTIE (Adrien-Joseph 210 l83~ BERNARD DE LA FORTELLE (2~ fois). ato

i8~3 CLÉMENT (Charles). au 1848 PoYEz(J.-B.-Félix). 214 i85i COCTEAU (Pierre-Athanase). 220 i85a GuiLLERAND (François), adjoint, remplit les fonctions

provisoirement). aaa

i853 RIANT (Nicolas-Denis) Ma l85/; DESPREZ (Michel-J.-B.). aaa 1856 PoYEZ(a~fois) aa3


DE. MELUN

Années Pages 1871 NivET (J.-B.-Michel), remplit les fonctions provisoi-

rement). 242

1871 BANCEL (Ernest). 244 187~ NiVET (2~ fois, remplit les fonctions provisoirement).

i8y5 BANCEL (2me fois, provisoirement définitivement en

1876). a47

1877 PoYËz (3"~ fois, comme président de la commission

municipale) ~o

1877 EïMARD, délégué de la Préfecture. ~3

1878 AUBERGÉ (Ernest) ~3 1879 BANCEL (3-" fois). ~4

i8~i BALANDREAU (Marc-François ~7


EKRATA

Page 2~ i8' ligne lire donnàt au lieu de donna.

Page 34, i~ ligne lire caractère au lieu de cractère.

13 ligne lire niarchandise au lieu de marciiadise.

Page 71, i' ligne lire ~c<~e sédition populaire au lieu de victime du sédition populaire.

Page 1~8, la" ligne, lire 6~0~ au lieu de Gaston de la Ribellcric.

Pa~e 162~ ()' ligne lu'c ~~yïac~~a~TÏ~ de mcnancec. /<s"

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~'3. A-J

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