Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-10-26
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 octobre 1852 26 octobre 1852
Description : 1852/10/26 (Numéro 300). 1852/10/26 (Numéro 300).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 300.
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B 1852. - MARDI 26 OCTOBRE.
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sement refusées.
PARIS, 25 OCTOBRE,
LA QUATRIEME DYNASTIE.
La fondation d'une dynastie est l'un des
phénomènes les plus curieux que puisse of
frir l'histoire aux méditations du penseur,
aux observations de l'homme d'Etat. Par
quelles causes une race est-elle élevée ou
abaissée? Comment est-elle portée sur le pa
vois? Quel enchaînement de circonstances
la précipite du pouvoir? D'où vient qu'à
-des époques données, après des commo
tions étranges, une famille'prédestinée re
çoit d'une nation le dépôt de l'autorité et le
transmet à ses descendant? Ce sont là autant
de problèmes dignes assurément de préoc
cuper la sagacité des esprits réfléchis et at
tentifs à ce gouvernement mystérieux de la
Providence qui se manifeste et se révèle par
les événemens humains.
Tout annonce que la France touche à l'un
de ces momens solennels où une dynastie
nouvelle s'installe et s'établit. Depuis long
temps, et dès l'élection du iO décembre, des
observateurs sagaces pouvaient pressentir
les faits successifs qui, dans leur évolution
pleine d'intérêt, ont amené cette situation.
A leurs yeux , des signes précurseurs lais
saient voir dès lors d'ans l'avenir, non parj
les détails, mais par l'ensemble, le mou
vement d'opinion dont le coup d'Etat est
sorti, la crise redoutable où le pays devait
se retremper ou périr, la victoire du parti de
•l'ordre prenant l'initiative d'une résolution •
"courageuse, et l'avènement du principe na- ;
poléonien, symbole de force dans la disci
pline et de stabilité dans la hiérarchie. Pour
eux, selon un mot connu/ Louis-Napoléon
était le chef nécessaire de la société et de •
la civilisation. Il était destiné à tomber
ou à triompher avec elles , soit que le
social>sme révolutionnaire pût entraîner
•un cataclysme nouveau, soit que le pé
ril lût conjuré par une péripétie soudaine,
par un coup du ciel. Un pouvoir immense,
dans leurs prévisions,'devait être le juste sa
laire de son courage dans la lutte. Mais
restait une question grave. Ce pouvoir
était-il de sa nature transitoire et tempo
raire! ou bien devait-il aboutir à une
autorité stable et définitive ? Louis-Napo
léon, généralissime des armées de l'ordre, ne
pouvait-il prétendre, en cas de victoire, qu'à
une dictature de salut public ou était-il ap
pelé à reprendre la tradition impériale, glo-
rieusémen t fondée par Napoléon et interrom
pue par'les'malheurs de la patrie? Louis-Napo
léon, en un mot, devait-il rester le président
décennal ou même viager de la République,
emportant avec lui son œuvre dans la tom
be,-après avoir accompli sa destinée? Etait-
il suscité de Dieu au contraire pour créer une
institution durable, pour ceindre la couron
ne, pour être le digne con tinuateur de là ra
ce de souverains dont il est sorti, pour de
venir l'un des anneaux d'une dynastie nou
velle?.
• Cette question est résolue.. L'Empire est
rétabli. Il a été .rétabli par les intrigues
impuissantes des factions, par l'odieuse ten
tative du complot de Marseille, par les accla
mations enthousiastes des départemens de
l'Est et duMidi, auxquélles la France entière
a fait écho. L'Empire était ^en- germe dans
l'élection du 10 décembre 1848, dans celle du
20 décembre 1851. A ces deux dates, la
France avait déclaré qu'elle donnait sa con
fiance à,l\éritier de* Napoléon; elle l'avait
invité à là débarrasser des rhéteurs, des uto
pistes et des brouillons, et à fonder un gou
vernement "fort etstable. Mandataire du pays,
Louis-Napoléon a fait un bon usage du blanc-
sèing qu'il avait reçu, puisque l'assentiment
populaire est acquis à son œuvre et à ses
actes. La France va être mise encore une
fois en demeure de faire-connaître sa volonté,
et l'on peut être convaincu qu'elle parlera
avec autant de force que de clarté dans le
vote solennel d'où sortira l'Empire.
Le rétablissement de l'Empire est un fait.
Ce fait, il .est nécessaire de l'étudier pour en
comprendre le sens, la portée, les consé
quences. Une dynastie ne se fonde point par
hasard. Il faut qu elle an sa raison d'être,
qu'elle puise dans les besoins du temps,
dans les intérêts des peuples, dans le mou
vement de la pensee. dans le courant des
idées. C'est ce que nous enseignent merveil
leusement les changemens de dynastie qui
se sont opérés en France.
L'histoire de France a un caractère admi
rable. La logique la domine à ce point qu'il
n'y a rien de plus facilepour un esprit droit
et attentif que de tirer des faits qu'elle dé
roule des conclusions philosophiques. Héri
tière directe de la civilisation latine, fille
aînée de l'Eglise catholique, la France a
conservé, si l'on peut ainsi parler, la ma
jestueuse clarté de la première et la sevère
unité de la seconde. C'est la plus ancienne
des nations modernes. Elle offre entre tou
tes cette particularité, qu'ellen'a jamais, de
puis quatorze siècles, subi le joug étranger
et qu'elle n'a été gouvernée que par desdy-
nasties nationales. La fière Angleterrre a été
conquise par les Normands. Une dynastie
toute française, celle des- Plantagenets, y
a long-temps régné- Les rùis d'Angleterre,
vainqueurs à Poitiers, àCrécy, à Azincourt,
n'étaient autre chose que des princes fran
çais. Chose singulière ! on n'a jamais vu sur
le trône d'Angleterre une dynastie propre-,
ment anglaise. Les Tudors étaient d'origine
galloise, les Stuarts, de souche écossaise.
L'auteur de la révolution de ■4688 était uA*
Hollandais. La'dynastie régnante sort d'une
petite principauté allemande. L'altière Russie
a été placée pendant plus de deux siècles
sôusla dure domination des hordes tartares.
C'est une famille allemande qui préside
maintenant à ses destinées. ■
La France seule parmi toutes les nations
a maintenu sa nationalité dans_son territoire
et dans sa dynastie. Elle a été souvent enva
hie, mais conquise^jamais. Ses souverains
ne lui ont jamais été imposés par la guerre.
Elle les a toujours choisis et élus par sa libre
volonté. Clovis seul a été un conquérant.
Aussi est-il le vrai fondateur de la monarchie
française et de l'empire français. Depuis lors,
toutes lès dynasties ont été nationales.
C'est à cette indépendance permanente de
notre pays qu'on doit attribuer ^immutabilité
du caractère national. 11 est remarquable, en
effet, qu'alors que tous les peuples ont été
profondément modifiés par le temps, soit en
bien soit en mal, le Français a conservé ses
qualités et ses défauts.- Rien ne ressemble
moins à l'Anglais de nos jours que le Saxon
du temps du roi Harold, que le compagnon
d'armes ..de Richard-Cœur-de-Lion, que le
contemporain de Shakspeare. Comparez par
la pensée le Prince-Noir etiord Wellington,
ces deux types de la nation anglaise à deux
époques diverses,, ces deux hommes égale
ment chers à leur nation, parce qu'ils avaient
été également funestes à la France, et vous
aurez une idée des chahgemens que le. temps,
le protestantisme et l'industrie ont amenés
chez nos voisins d'outre-Manche. Chez nous,;
au contraire, les traits essentiels du caractère
n'ont pas varié. Le Gaulois du temps de Cé- *
sar, l'homme de la commune au moyen-
âge, le bourgeois du XVII e siècle se retrouve
encore dans le Français d'aujourd'hui. Notre
soldat, hrave et intelligent, est encore le
combattant de Gergovie, le leude de Char-
lemagne, le croisé du XIII e siècle, le soldat
d'Ivry, de Nordlingen et de Fontenoy. .
Cette persistance du caractère national,
l'indépendance constante de notre pays, ex
pliquent la logique rigoureuse des événe-'
mens de notre histoire. _
Que l'on recherche les causes certaines,
évidentes, des changemens de dynastie en
France, et l'on verra qu'elles sont presque
exactement identiques. On verra de plus
que la crise amenée par des circonstances
analogues, s'est dénouée à peu près de la
même façon. '
La chute des Mérovingiens, i'élévation
d'une nouvelle dynastie, ont été dues à des
causes parfaitement définies. Il fallait que la
royauté barbare, plutôt élective qu'hérédi
taire, prît une forme plus stable et plus ci
vilisée. Il fallait, en outre, constituer l'unité
du territoire, morcelé plus d'une fois com
me'les parts d'une succession de famille, en
tre les fils du roi, par des testamens impoli
tiques, dont Clovis lui-même avait donné
l'exemple. Il fallait enfin, aù nord et au midi,
tarir la source des invasions saxonnes qui
menaçaient la société française, déjà gran
dissante, des invasions musulmanes, qui
étaient un péril pour-la religioû chrétienne.
Les rois à la longue chevelure étaient im-
puissans pour remplir cette tâche. Ce n'est
pas qu'il n'y ait eu des gens de cœur parmi
les monarques que l'histoire a flétris du nom
àe, Fainéant. Mais il leur manquait l'intelligen
ce de,cette œuvre, et leur autorité était trop
déchue pour leur permettre de l'accomplir.
Aussi Dieu suscita-t-il, à côté de cette race
condamnée, une race nouvelle, celle des Pé
pin d'Héristal et des Charles Martel. Ce der-
ntersurrout, fë vêrtraMê' pf&rdïsëu.i 'de'la
dynastie future, écrasa l'islamisme à Poitiers,
refoula à diverses reprises les Saxons vaincus,
traça avec son épée les limites du territoire
national, et releva le pouvoir, non au profit
des rois dégénérés, mais au profit de sa fa
mille , prédestinée au trône. La dynastie
des Carlovingiens fut bientôt appelée à
l'empire par la voix de l'Eglisè, par le vœu
du peuple. On sait comment Gharlemagne,
le Napoléon de cette dynastie, grand par la
guerre et par la paix, sut remplir la mission
qui était réservée à sa race.
Deux siècles après, des intérêts à peu
près semblables amenèrent une crise nou
velle et - un même dénoûment. Le systè
me féodal, depuis long-temps en germe
dans la nation, se développait et se consti
tuait. L'autorité était tombée en décadence.
Les invasions normandes avaient ruiné, hu
milié, dégradé les peuples. La jponarchie
carlovingienne, calquée sur celle de Rome ou
-de £yzance, n'était plus en rapport avec les
.besoins, avec les tendances, avec lesins-
, îptels du siècle. Cette race, si glorieuseàson
4 " aflg&ie, si faible à son déclin, avait fait son
» temps. Elle fut long-temps chère à la na-
' tion .malgré son impuissance. On vit mê
me, après le règne d'Eudes et de Raoul,
élus rois à cause de leur vaillance, s'accom
plir, aux acclamations de la France, une res
tauration dans la personne de Louis d'Outre
mer. Vains efforts! Cette race était rejetée,
et, près du trône, s'élëvait "celle qui devait la
remplacer, la race de Robert-le-Fort, de Hu-
gues-le-Grand, grands hommes qui avaient
. conquis leurs titres en luttant contre lés
Normands, et qui étaient d'ailleurs les vrais
représentans de l'idée féodale. Bientôt le
changement de dynastie se consomma, et
l'on vit monter sur le trône Hugues Ca-
pet, comte de Paris, abbé de Saint-Denis,
; roi féodal, ami des prêtres, sage et prudent
fondateur de la monarchie moderne. •
On voit, par cé rapide résumé, quelle a été
la loi des changemens de dynasties. La dé
cadence de l'autorité,, d'une part, un grand
péril ..national de l'autre, ont constaté tout à
la fois l'impuissance de la race ancienne, la
nécessité d'avoir recours à une race nouvelle;
Cette idée ne s'est point formulée tout de
suite'd'une façon nette; vague et flottante
.d'abord, elle a pris bientôt de la consistance
et eHe a,fini par maîtriser toute la politique
8u temps. La révolution ne ' s'est point
faite du premier coup, ni par des pro
cédés 'violens. Avant que la race nou
velle montât sur le trône, elle a été àiinon-
cée^ pour ainsi dire, par une série de grands
hommes qui, par leurs exploits et leurs ser
vices, ont tenu long-temps en éveil l'ima
gination et le respect des peuples : Pépin
d'Héristal et Charles Martel pour les Car
lovingiens, Robert-le-Fort, Eudes, Hugues-
le-Grand pour les Capétiens. Enfin, quand
il a été bien constaté qu'un nouvel or
dre social appelait une nouvelle dynastie,
la race ancienne est tombée, une autre est
parvenue au pouvoir, sans secousses, sans
événement tragique, par la force des circons
tances et avec l'assentiment de la nation.
Ne semble-t-il pas qu'on lise l'histoire con
temporaine ? La révolution de 1789 a créé
une société nouvelle, des intérêts nouveaux,
des besoins nouveaux; en même temps, el
le a déchaîné des passions terribles qui, de-
_ puis cinquante ans, menacent l'Europe d'une
ruine totale. Les barbares ne sont plus au
dehors, ils sont au-sein même de la société.
On connaît leurs ravages, leurs intentions,
leur espoir. Jacobins, babouvistes, çommu-
natiWres^galitaires, niveleurs, quel que
soit leur nom, ces Huns et ces Vandales
du XIX" siècle, sont prêts à envahir la so
ciété et à la bouleverser de fond en comble.
-Des massacres de septembre auxjournées de
juin 1848, leurs actes se gravent dans nos
annales en caractères de sang. Organiser la
société nouvelle, vaincre l'anarchie, faire pro
fiter la France des bienfaits de la révolution,
-en la terminant, tels sont les devoirs impo
sés de nos jours au pouvoir.
Or, un homme extraordinaire aparu, qui,
seul> a compris cette grande mission. La dé
magogie n'a pas eu d'ennemi plus déclaré :
la démocratie, dans la bonne et saine accep
tion du mot, d'ami plus "intelligent. La reli
gion était proscrite : il l'a replacée triom
phante dans le sanctuaire. L'autorité était
avilie : il l'a faite vigoureuse et respec
tée. L'administration n'existait plus : il l'a
créée et lui a communiqué une vie si
forte, qu'elle a survécu à la chute mo
mentanée du .sysfc' lApérial, et qu'elle
s'est perpétuée, tell^ ^ gavait fondée, jus
qu'à nos jours. MagiStvàfure, armée, com
merce, industrie, son souffle puissant a tout
animé, tout fécondé. Il a été, tout ensemble,
le Pépin d'Héristal et le Charle'magne, le Ro-
bert-le-J"ort et le Hugues-le-Grand de sa ra
ce. Renversé par l'effort de l'Europe coalisée,
il est resté toujours debout dans la pensée
et dans l'ame des peuples. Son fils, jeune et
touchante figure, n'a cessé de leur être cher
par l'àmertumè de son exil et par la mélan
colie de sa destinée. Enfin son neveu-, son
héritier, n'a eu qu'à prononcer son nom au
milieu de nos tourmentes politiques, pour
que le cœur dès populations allât à lui, et
pour que la voix populaire l'investît de la
magistrature suprême en face du péril.
A ces signes merveilleux on peut reconnaî
tre l'établissement d'une dynastie. Après les
races royales qui se sont succédé sur le trô
ne de Francè, et qui ont mérité, par l'éclat
de leurs services, l'éternelle reconnaissance
de Ja nation, "Dieu et le peuple appellent au
trône une dynastie nouvelle", qui s'appellera
du nom de son glorieux fondateur, la dy
nastie des NAPOLÉONIENS. %
HENRY CÀUVAIN.
L'emprunt turc ne sera pas ratifié. Nous
en recevons la nouvelle par une lettre de
notre correspondant "dë -Constantinople, en
date du 10 de ce mois.
Là non ratification a été définitivement
prononcée le 9, dans un nouveau conseil ex
traordinaire tenu à la Porte. Il paraît même
que cette décision aeté prise à l'unanimité. Le
rapport de la séance a dû être fait, dans la
soirée, au sultan, qui devait faire connaître
sa résolution au divan, dans la journée du
10 ou dans celle du 11, afin qu'elle fût com
muniquée à MM. les directeurs delaBanque.
On savait d'avance quelle serait cette résolu
tion : lanification sera refusée par le sultan,
comme elle l'a été par les membres du con
seil qui n'ont agi que sur les indications de
S. il.
Ce refus est toujours basé sur ce que les
délégués chargés de négocier l'emprunt sont
sortis des limites de leurs instructions et ont
outrepassé leurs pouvoirs. Mais la vérité est
que l'affaire est devenue une question natio
nale. Il y a chez le peuple turc, nous dit notre
correspondant, de ces préjugés, de ces
répugnances, que la volonté du souverain
ne, saurait vaincre, et les Turcs ont une
si fausse idée d'un emprunt à l'étranger,
qu'il n'est pas au pouvoir du gouverne
ment de leur faire comprendre les avan
tages de cette ressource financière; cela
viendra peut-être, mais il faudra bien des
raisonnemens et bien des années pour rec
tifier leurs opinions à cet égard.
Quant au môypn de satisfaire aux exigen
ces du moment, notre correspondant qu'on espère y parvenirà l'aide de dons et de
prêts volontaires. Le sultan a donné l'exem
ple, et, après avoir vidé sa cassette particu
lière, il a envoyé à l'hôtel dçs monnaies tou
te sa vaisselle et son argenterie pour être
fondues. Le ministre des finances a refusé
ce dernier sacrifice, en déclarant que la si
tuation n'était pas désespérée au point d'a
voir besoin de recourir à de pareilles extré
mités; qu'il ne s'agissait que d'un embarras
momentané, dont il serait aisé de se tirer avec
un peu de bonne volonté. Après le sultan, le
grand-visir et cinq ou six des plus riches
pachas de la capitale ont offert 40 millions de
piastres (lCWmillions de "francs). Enfin, une
société de quatre banquiers arméniens s'est
engagée à prêter aussi 40 piillions de pias
tres à 6 0/0. Ces sommes, que l'on s'efforçait
de réaliser immédiatement suffiront pour
rembourser le premier versement de l'em
prunt et acquitter les traites de la banque
: arrivées à échéance. Il en faudra autant dans'
Une vingtaine de jours ; on compte pour se
les procurer sur certaines rentrées, et sur
le pacha d'Egypte auprès duquel Mouktar-
•Bey a été envoyé, le 9 octobre, afin 4'en ob :
.tenir une anticipation sur son tribut qui.
cesse d'être engagé par le fait de la non rati
fication de l'emprunt. '
M. de Làvalëtte, qui a pris chaudement
la défense de l'emprunt au point de vue des
intérêts français engagés dans cette opéra
tion, avait eu, durant toute la semaine, dès
la Porte; mais tous ses raisonnemens n'ont
pu parvenir a les convaincre. C'était un par
ti pris ; lès Turcs ne veulent pas d'emprunt.
Cette grave question financière a absorbé
toutes les autrés, et, depuis huit jours, tou
tes les affaires étaient suspendues. Mais, dès
qu'elle sera réglée, ce qui aura lieu inces
samment, on doit s'occuper de la réorgani
sation dû cabinet. Le grand-visir paraît dé
cidé à faire de nombreux changemens. On
cite déjà les personnages destinés, dit-on, 'à
faire partie du nouveau cabinet, et parmi
lesquels se trouvent des hommes de talentj
On pensait que la plupartde ces nominations
auraient lieu du 15 au 20 octobre.
Ismayl-Pacha, petit-fils du fameux Ali;
pacha de Janina, vient d'être nommé gou
verneur des îles de l'Archipel ottoman, eh
remplacement de Safètti-Pacha.
Le rappel du prince Callimachi, ambassa
deur à Paris, est officiel; mais on ne con
naissait pas encore son successeur. On avait
désigné, dans le prémier moment, Yély-Pa?
chà, fils de Moustafa-Pacha, président du
conseil. Il y a des probabilités pour qu'il
soit nommé; toutefois il ne l'était pas en
core à la date des dernières nouvelles.. ^
Le secrétaire de la rédaction : L. BONIFACE.
DEPECHE TELEGRAPHIQUE.
Londres, lundi 25 octobre.
New-York, 13 octobre.
La grande excitation produite par le refus
des autorités de la Havane de laisser, débar
quer la malle et les passagers du Crescent-
City, continue avec une certaine intensité. Des
meetings nombreux Organisent des démônstra
tions publiques pour forcer le gouvernement amé
ricain à demander réparation à, l'Espagne de l'in
sulte faite au pavillon des Etats-Unis. Deux bâti-
mens de guerre américains sont destinés pour
Cuba. Plusieurs bâtimens de guerre français sta
tionnent à la Havane. ' v
Le commerce des cotons est en voie d'une amé
lioration, celui des farines fléchit.
Les nouvelles de la Californie annoncent
que les démêlés de la population américaine
avec les Chinois ont cessé. Au lieu d'ex
pulser ces laborieux émigrans, les Amé
ricains ont compris qu'ils avaient avan
tage à les occuper aux mille travaux poui
lesquels les bras manquent. On calcule
que trois Chinois font la besogne de deuX
blancs. Des compagnies se sont donc for
mées, qui ont passé des marchés avec des
Chinois, à raison de 30 dollars par mois et là
nourriture, et qui vont entreprendre de creu
ser de larges canaux dans la région des mines;
afin que le lavage de l'or puisse se faire
sans interruption. Les Chinois n'ont plus
maintenant a se défendre que dés Indiens
qui lès regardent comme une race inférieu
re, et qui les chassent et les tuent comme
des bêtes fauves.
n
Le Constitutionnel commencera, le 3 no
vembre, la publication d'un roman nouveau
ayant pour titre :
RENÉE IME VARVI&OS,
en 2 volumes,
PAR M™ VIRGINIE ASVCÉLOT.
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 26 OCTOBRE.
THÉÂTRES.
français : Représentation solennelle. Cinna. M lle Ra-
chel. L 'Empire, c 'est la paix ! stances de M. Arseno
Houssaye.— odéoi\" -. Richelieu, drame en cinq actes
et en vers, de M. I'ellion.
Le Théâtre-Français a eu vendredi sa
grande soirée. Cinna, des stances écrites ex
près pour la solennité, et la comédie char
mante d'Alfred de Musset, Il ne faut jurer
de rien, composaient le spectacle.
Il ne me reste rien à raconter de l'illu
mination extérieure du théâtre, de la déco
ration de la salle, en un mot, du gala, puis
que les lecteurs en" ont eu dès hier une des
cription exacte. Le théâtre avait été enlevé,
pour ainsi dire, d'assaut, à la première an-,
nonce de la représentation, et le directeur a
été obligé de s'excuser publiquement vis-à-
vis de ceux auxquels on a refusé des places.
Par cela on peut juger de l'afïluence ; nous
avons rarement vu une pareille réunion
dans la vaste enceinte, et tel était l'air de
fête, tel l'éclat des toilettes et le feu des lus
tres, qu'on se serait cru au bal autant qu'au
spectacle.
-Cependant ile grand Corneille s'est bien
vite emparé de l'attention, et celui en l'hon
neur duquel la représentation avait lieu,
semblait prendre un si vif intérêt au chef-
d'œuvre , que , chacun l'imitant par en
traînement ou convenance, Cinna a été-
écouté tout au long dans un recueillemént
rempli d'émotion.
Jamais la voix de Corneille n'est plus hau
te et plus fière qu'en ces solennités; sa poé- •
sie souveraine s'adresse bien aux auditoires '
illustres; son génie fait volontiers la leçon
aux princes. On sent que la tragédie four
millait d'allusions ; le choix même de la pièce
en était une; quand est venue la scène de
la clémence d'Auguste, c'est de la loge pré
sidentielle que le signal des applaudissemens
est parti.
Les deux principaux rôles, celui d'Au
guste et celui d'Emilie, ont été dignement
tenus par M. Beauvallet et Mlle Rachel. Mal
heureusement, M. Geffroy, qui aurait joué
Cinna, n'est revenu 'de congé que dans là
soirée; un autre sociétaire, peu accoutumé
encore au public des grandes représenta
tions, l'a remplacé ; c'est sans douteàl 'ér
motion respectueuse de ce pauvre Romain
qu'il faut imputer son manque de mémoire.
Dans ce rôle d'Emilie dont l'attitude et la
mâle énergie conviennent si bien à sa beauté
un peu sombre et à sa diction pénétrante,
Mlle Rachel est toujours fort belle; elle n'a
pas besoin de grands éclats ni d'efforts; il
lui suffit de paraître : tout à la fois attendrie
et vengeresse comme elle l'est; Romaine au
tant et plus qu'amante; sublime rien que par
le feu de son noir regard, le pli charmant et
terrible'de sa lèvre, cette grâce vraiment an
tique et sculpturale "de toute sa personne, la
suprême'simplicité du "geste, et l'irrésistible
accent. Dans Emilie, la tragédienne se re
pose des imprécations de Camitye, des fu
reurs d'Hermione, des passions monstrueu
ses et inassouvies de Phedre; et son calme est
une autre merveille. On dit que Mlle Rachel
a une grande prédilection pour Emilie;
prédilection très naturelle, car le rôle, outre
qu'il ne la fatigue point, la montre plus
qu'aucun autre peut-être dans son élégance
et dans sa force. Qu'elle se laisse seulement
voir, qu'elle laisse tomber de sa bouche so
nore la poésie d'airain... nous sommes tous
subjugués comme Cinria.
M. Beauvallet n'est pas moins remarqua-'
ble que Mlle Rachel : il a tout à fait dépouil
lé le jeune homme dans Auguste ; le visage,
la voix, le ton sont d'un vieillard à qui la vi
gueur reste, mais à qui le long usage des
hommes et du pouvoir ne permet plus de
vulgaires emportemens. Chose difficile ! M.
Beauvallet a su se modérer; il n'est plus en
traîné par son organe; il est tout à la ré
flexion, tout à la pensée, et l'on peut vérita
blement reconnaître Auguste dans ce per
sonnage plus politique encore que sensible,
plus lasse que clément, et d'une majesté as
sez familière, qu'il a composé avec un art vé
ritable. 1 . ' '
Il n'y a pas grande bonté, que je croie, chez
Augtistë, mais un profond mépris des hom
mes. Auguste aies nerfsdélicats d'un lettré, et
lasensibilité del'épiderme,sinon uneprofonde
sensibilité de cœur ; il est las, je le répète,
plutôt encore qUe clément. Ensuite, si indif
férent que l'on soit par l'expériencedes hom
mes et des choses, par la satisfaction pres-
3ue insensée de tous les désirs, cela fatigue
'être toujours haï ; on veut bien ne rien
aimer, mais.il y a une distraction à se rendre
aimable, ne fût-ce "que pour expérimenter
par tous les côtés la faiblesse humaine.
Ainsi, Auguste pardonne, à Cinna ;—un si
misérable ennemi, d'ailleurs, qu'il ne sau
rait nourrir contre lui un grand ressen
timent ; — tout au plus pleurerait-il de dou
leur s'il, était crédule aux affections. En *
condamnant Cinna, Auguste aurait perdu de
ses avantages sur lui ; il les augmente en lui-
pardonHant. La politique s'accorde aveclalas-
situde,àvecle besoin de tranquillité et le peu de
nécessité qu'il y à de troubler la ville et lepalais
pour une conspiration avortée. Tel me paraît
être, d'après l'histoire, et dans le sentiment
même du grand-Corneille, cet homme. ruse
que lés circonstances servirent plus que ses
talens, qui l'emporta sur des rivaux b'ieri
supérieurs à lui, que la présomption même
de leur supériorité contribua à perdre, et qui
prit sous bénéfice d'inventaire la succession
de César. Tel M. Beauvalletl'ajecrois, com
pris; tel du moins je l'ai deviné sous son mas
que de hautaine bonhomie, dans son regard
plus dédaigneux que colère, dans le ton dont
il écrase Cinna, Emilie et leurs complices, de
son pardon. .
Si Auguste pouvait paraître plus magna-?
nime qu'il ne l'est dans la tragédie de Cor
neille, c'était par comparaison avec les au
tres Romains dont il a été entouré vendredi.
Ah ! certes, quand on contemple de pareils
citoyens, drapés de leurs toges comme dans
des rideaux de lit, laids, ëtiques ou lour
dauds,— c'est pourtant la fine fleur des
descendans des patriciens, — on se dit que
M. Beauvallet seul était fait pour régper.
Après la tragédie,qu ? on a écoutée religieu
sement, et par instans applaudie avec trans
ports, le rideau s'est relevé, et Mlle Rachel
est venue réciter les vers de M. Arsène Hous
saye que le Constitutionnel a publiés, et
qui tirent ainsi leur élogë d eux-mêmes
mieux que de: tout.ee que j'aurais pu en dire.
Ils ont ému celui en l'honneur de "qui ils
étaient composés, plus encore, si cela est
Passible, que l'auditoire enthousiaste. M.
Houssaye a eu la faveur d'être appelé, et de
recevoir des témoignages de satisfaction ex
primés dans les termes les plus flatteurs. Son
encens,-en effet, n'a rien de grossier ni de
Vulgaire ; la délicatesse de la louange en dou
blait le prix; nous nous félicitons sincère
ment pour le directeur du succès qu'a obte
nu le poète.
Le spectacle n'en est pas resté là. La pe
tite pièce a succédé à la grande, et la partie
tout-à-fait amusante à la partie semi-offi-
cielle. Jamais la comédie d'Alfred de Musset
n'avait paru plus vive, plus originale, plus
gaie, jouée qu'elle est admirablement par
l'élite des comédiens. Comme on n'était
plus préoccupé des allusions, on s'est laissé
aller efttièrement à la pièce, et l'on a re
gardé la scène bien plus que le visage
sur lequel on avait étudié jusque-là l'effet
de9 vers. Heureuse prose d'Alfred de Mus
set! elle résonne à l'oreille comme la plus
adorable poésie; l'esprit est charmé et le
cœur saisi. Est-ce un poème, est-ce une co
médie? Il ne faut jurer de rien. Je jure pour
tant-que Mlle Théric,pOUr être moins sévère
que la Romaine Emilie, a toutes les beautés
parisiennes qu'on recherche chez lés moder
nes, les yeux, la bouche, la taille,et le reste
à l'avenant; je jure enfin qu'on avait si bien
oublié, et la politique, et le décorum pen
dant la comédie, ijue chacun s'amusait pour
soi, riait de lui-meme, et qu'à la fin on s'est
fort étonné que ce fût déjà fini. Il était tard :
pourtant; mais le plaisir avait retenu tout le
mondé autant au moins que la présence de
l'illustre spectateur que le Théâtre-Françajs
fêtait. -,
Un dernier mot encore, afin de ne rien ou
blier. Quand le rideau s'est levé pour que
Mlle Rachel lût les stances, toute la Comedie
a paru, rangée sur le devant de la scène, les
hommes dans le costume de leur rôle fa
vori;; les dames ruisselantes de diamans et
dans leurs plus beaux atours. Eh bien ! Mlle
Madeleine Brohan, avec ses dix-sept ans, sa
robe blanche et son éclat incomparable, res
plendissait à un tel point, que toutes les
autres semblaient éclairé es par elle.
—Enfin l'Odéon à trouvé une pièce, et je lui
en fais mon -compliment sincère. Voilà une
œuvre jeune ét de jeune homme, un début
sérieux, un grand drame en cinq actes et
en vers qui sort le répertoire des niaiseries su
rannées et de toutes les petites pl'atitudés nou
velles qu'on a fait jouer depuis tantôt deux
ans sur la scène du faubourg Saint-Germain,
faute sans doute dë les avoir pu faire jouer
aux Délassemens-Cômiques. M. Pellion, l'au
teur du Richelieu représenté l'autre soir, mé
rite l'attention. C'est un garçon de talent
et d'obstination, auquel les portes ne se
sont pas ouvertes d'elles-mêmes. Sa pièce
est faite depuis trois ans ; il l'a présentée, il
l'a lue au Théâtre-Français; on l'a écoutée
avec intérêt, on a très justement demandé des
changemens,et finalement M. Pellion,ne pou
vant arriveràlareprésentatiônaûssi vite qu'il
l'eût désiré, a préféré arriver tout de suite à
la publicité; ç'est-à-dire qu'il a fait imprimer
sa pièce et qu'elle a paru chez les libraires.
Qui le-blâmerait de son impatience? On dira
que l'impression devait empêcher la repré
sentation. Et pourquoi, cela ? Nous sommes
singuliers avec nos prétentions à l'inédit. En
Allemagne, on ne représente guère que les
pièces imprimées et recommandées par le
succès de lecture. Est-ce que les proverbes
d'Alfred de Musset ont,perdu quelque chose
a être connus d'avance? L'Odéon a donc eu
parfaitement raison de s'emparer de la bro
chure de M. Pellion. Elle lui revenait de
droit; il aurait pu seulement s'en empa
rer un peu plus tôt.
Le Richelieu de M. Pellion perd à être
venu après la Diane de ' M. Emile Au-
gier; et si l'on, ne savait, que le drame
a été écrit avant la comédie, on serait
tenté d'accuser M. Pellion, sinon de pla
giat, du moins d'imitation. Dans les deux
pièces, en effet, Richelieu est envisagé du
même point de vue, et complètement ré
habilite. D'accord avec l'histoire, les deux
poètes donnentundémentiaux pamphlétaires
du temps et aux romanciers modernes qui
ont pris le parti des intrigans, des conspira
teurs et de tous ces gentilshommes révoltés
et tarés, contre l'homme de génie. La ques
tion est. jugée; d'ailleurs, et ne fait plus de
doute ; on sait à quoi s'en tenir sur le grand
cardinal, sur le fondateur de l'unité française,
sur celui que M. Ilugo appelle l'homme rouge
dans Marion Delorme, ct sur ces traîneurs de
rapière, sur ces conspirateurs de ruelles,,sur
le beau reste de la'belle jeunesse féodale,
Soudoyé parl'étranger pour renverser l'hom
me :qui. constituait la France et prétendait
soumettre tous les fronts à la loi. On s'est
assez attendri sur Chalais, Cinq -Mars et les
autres; il est temps de rewdre aux assassins
et au grand ministre ce qui leur est dû. 1
Le sujet nous mènerait loin, si nous né
nous souvenions de l'avoir à peu près
épuisé lors de la représentation - de la
pièce d'Emile Augier; et nous, ne pour
rions guère plus parler de Richelieu sans
tomber dans les redites.
1 Le plus ; grand tort de M. Pellion —
nous savons bien que ce tort est indé
pendant de lui — c'est d'être arrivé le se
cond.. On avait déjà -reproché à. Diane de
succéder à Marion Delorme, à laquelle elle
ne ressemblait guère; que ne reprochera-'
t-on pas au Richelieu de M. Pellion ?
On dira qu'il y a un homme rouge dans
Marion, un Louis XIII dans Marion-, qu'il <
y. a enfin, - dans . Marion, une. Marion^ ;
un Didier, et que sais-je encore,? partant
qu'il est défendu de s'occuper du roi, de la
reine et du ministre et de la cour, sous peine
d'être conda mn é comme contrefacteur. —
Passe pour le Louis XIII de M. Pellion, qui J
afi rapproche assez du véritable; passe pour
la cour, un peu trop semblable à toutes les
cours de Louis XIII, qui s'envoient la répli^
que à l ? instar d'Alexandre Dumas dans Hen
ri III ; mais il convient de faîre honneur au
jeune poète de son principal personnage, de
son Richelieu, qui n'a rien de commun avec
l'homme rouge; et qui, toutenressemblanttrait -
pour trait au Richelieu de Diane, n'en est pas
moins de l'invention propre de- M. Pellion. 1
Chose singulière!' (pourtantïès deux auteurs
travaillaient chacun de son côté, sans s'in
quiéter; l'un-de l'autre), non-seulement le
càrdinal est lé même homme dans les deux
pièces, ce qui s'explique par la vérité du ca
ractère, maisencore,et cela s'explique moins,
la situation est identique; Conspiration ici,
conspiration là; et Richeliçu fait grâce dans
lesdeux dénoûmens. Il y àdans chaque pièce
un jeunè b'rimme et une jeune fille qui
s'aiment à peu près de la même façon; il y a
une coquette qui mène lesdeux intrigues de
la même maniéré, et qui s'appelle, ici, cùpime !>
là, Marie de Rohan. Vous savez ce que fait
Diane par admiration pour le génie qu car
dinal; le jeune Raoul d'Arqués en fait autant
par admiration aussrgraùae. L'une trahit la
conjuration, l'autre se livre. On avait placé le
poignard dans la'main de Raoul; Raoul, caché
derrière unè tapisserie,"tfnt'end Richelieu ex
poser sa pensée sublime; aussitôt il met l'é-
pée à la main pour défendre celui qu'il venait
assassiner. On l'arrête, il se dM&re di-
BUREAUX: rue de Valois (Falals-Ktoyal)£n* ÎO.
B 1852. - MARDI 26 OCTOBRE.
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sement refusées.
PARIS, 25 OCTOBRE,
LA QUATRIEME DYNASTIE.
La fondation d'une dynastie est l'un des
phénomènes les plus curieux que puisse of
frir l'histoire aux méditations du penseur,
aux observations de l'homme d'Etat. Par
quelles causes une race est-elle élevée ou
abaissée? Comment est-elle portée sur le pa
vois? Quel enchaînement de circonstances
la précipite du pouvoir? D'où vient qu'à
-des époques données, après des commo
tions étranges, une famille'prédestinée re
çoit d'une nation le dépôt de l'autorité et le
transmet à ses descendant? Ce sont là autant
de problèmes dignes assurément de préoc
cuper la sagacité des esprits réfléchis et at
tentifs à ce gouvernement mystérieux de la
Providence qui se manifeste et se révèle par
les événemens humains.
Tout annonce que la France touche à l'un
de ces momens solennels où une dynastie
nouvelle s'installe et s'établit. Depuis long
temps, et dès l'élection du iO décembre, des
observateurs sagaces pouvaient pressentir
les faits successifs qui, dans leur évolution
pleine d'intérêt, ont amené cette situation.
A leurs yeux , des signes précurseurs lais
saient voir dès lors d'ans l'avenir, non parj
les détails, mais par l'ensemble, le mou
vement d'opinion dont le coup d'Etat est
sorti, la crise redoutable où le pays devait
se retremper ou périr, la victoire du parti de
•l'ordre prenant l'initiative d'une résolution •
"courageuse, et l'avènement du principe na- ;
poléonien, symbole de force dans la disci
pline et de stabilité dans la hiérarchie. Pour
eux, selon un mot connu/ Louis-Napoléon
était le chef nécessaire de la société et de •
la civilisation. Il était destiné à tomber
ou à triompher avec elles , soit que le
social>sme révolutionnaire pût entraîner
•un cataclysme nouveau, soit que le pé
ril lût conjuré par une péripétie soudaine,
par un coup du ciel. Un pouvoir immense,
dans leurs prévisions,'devait être le juste sa
laire de son courage dans la lutte. Mais
restait une question grave. Ce pouvoir
était-il de sa nature transitoire et tempo
raire! ou bien devait-il aboutir à une
autorité stable et définitive ? Louis-Napo
léon, généralissime des armées de l'ordre, ne
pouvait-il prétendre, en cas de victoire, qu'à
une dictature de salut public ou était-il ap
pelé à reprendre la tradition impériale, glo-
rieusémen t fondée par Napoléon et interrom
pue par'les'malheurs de la patrie? Louis-Napo
léon, en un mot, devait-il rester le président
décennal ou même viager de la République,
emportant avec lui son œuvre dans la tom
be,-après avoir accompli sa destinée? Etait-
il suscité de Dieu au contraire pour créer une
institution durable, pour ceindre la couron
ne, pour être le digne con tinuateur de là ra
ce de souverains dont il est sorti, pour de
venir l'un des anneaux d'une dynastie nou
velle?.
• Cette question est résolue.. L'Empire est
rétabli. Il a été .rétabli par les intrigues
impuissantes des factions, par l'odieuse ten
tative du complot de Marseille, par les accla
mations enthousiastes des départemens de
l'Est et duMidi, auxquélles la France entière
a fait écho. L'Empire était ^en- germe dans
l'élection du 10 décembre 1848, dans celle du
20 décembre 1851. A ces deux dates, la
France avait déclaré qu'elle donnait sa con
fiance à,l\éritier de* Napoléon; elle l'avait
invité à là débarrasser des rhéteurs, des uto
pistes et des brouillons, et à fonder un gou
vernement "fort etstable. Mandataire du pays,
Louis-Napoléon a fait un bon usage du blanc-
sèing qu'il avait reçu, puisque l'assentiment
populaire est acquis à son œuvre et à ses
actes. La France va être mise encore une
fois en demeure de faire-connaître sa volonté,
et l'on peut être convaincu qu'elle parlera
avec autant de force que de clarté dans le
vote solennel d'où sortira l'Empire.
Le rétablissement de l'Empire est un fait.
Ce fait, il .est nécessaire de l'étudier pour en
comprendre le sens, la portée, les consé
quences. Une dynastie ne se fonde point par
hasard. Il faut qu elle an sa raison d'être,
qu'elle puise dans les besoins du temps,
dans les intérêts des peuples, dans le mou
vement de la pensee. dans le courant des
idées. C'est ce que nous enseignent merveil
leusement les changemens de dynastie qui
se sont opérés en France.
L'histoire de France a un caractère admi
rable. La logique la domine à ce point qu'il
n'y a rien de plus facilepour un esprit droit
et attentif que de tirer des faits qu'elle dé
roule des conclusions philosophiques. Héri
tière directe de la civilisation latine, fille
aînée de l'Eglise catholique, la France a
conservé, si l'on peut ainsi parler, la ma
jestueuse clarté de la première et la sevère
unité de la seconde. C'est la plus ancienne
des nations modernes. Elle offre entre tou
tes cette particularité, qu'ellen'a jamais, de
puis quatorze siècles, subi le joug étranger
et qu'elle n'a été gouvernée que par desdy-
nasties nationales. La fière Angleterrre a été
conquise par les Normands. Une dynastie
toute française, celle des- Plantagenets, y
a long-temps régné- Les rùis d'Angleterre,
vainqueurs à Poitiers, àCrécy, à Azincourt,
n'étaient autre chose que des princes fran
çais. Chose singulière ! on n'a jamais vu sur
le trône d'Angleterre une dynastie propre-,
ment anglaise. Les Tudors étaient d'origine
galloise, les Stuarts, de souche écossaise.
L'auteur de la révolution de ■4688 était uA*
Hollandais. La'dynastie régnante sort d'une
petite principauté allemande. L'altière Russie
a été placée pendant plus de deux siècles
sôusla dure domination des hordes tartares.
C'est une famille allemande qui préside
maintenant à ses destinées. ■
La France seule parmi toutes les nations
a maintenu sa nationalité dans_son territoire
et dans sa dynastie. Elle a été souvent enva
hie, mais conquise^jamais. Ses souverains
ne lui ont jamais été imposés par la guerre.
Elle les a toujours choisis et élus par sa libre
volonté. Clovis seul a été un conquérant.
Aussi est-il le vrai fondateur de la monarchie
française et de l'empire français. Depuis lors,
toutes lès dynasties ont été nationales.
C'est à cette indépendance permanente de
notre pays qu'on doit attribuer ^immutabilité
du caractère national. 11 est remarquable, en
effet, qu'alors que tous les peuples ont été
profondément modifiés par le temps, soit en
bien soit en mal, le Français a conservé ses
qualités et ses défauts.- Rien ne ressemble
moins à l'Anglais de nos jours que le Saxon
du temps du roi Harold, que le compagnon
d'armes ..de Richard-Cœur-de-Lion, que le
contemporain de Shakspeare. Comparez par
la pensée le Prince-Noir etiord Wellington,
ces deux types de la nation anglaise à deux
époques diverses,, ces deux hommes égale
ment chers à leur nation, parce qu'ils avaient
été également funestes à la France, et vous
aurez une idée des chahgemens que le. temps,
le protestantisme et l'industrie ont amenés
chez nos voisins d'outre-Manche. Chez nous,;
au contraire, les traits essentiels du caractère
n'ont pas varié. Le Gaulois du temps de Cé- *
sar, l'homme de la commune au moyen-
âge, le bourgeois du XVII e siècle se retrouve
encore dans le Français d'aujourd'hui. Notre
soldat, hrave et intelligent, est encore le
combattant de Gergovie, le leude de Char-
lemagne, le croisé du XIII e siècle, le soldat
d'Ivry, de Nordlingen et de Fontenoy. .
Cette persistance du caractère national,
l'indépendance constante de notre pays, ex
pliquent la logique rigoureuse des événe-'
mens de notre histoire. _
Que l'on recherche les causes certaines,
évidentes, des changemens de dynastie en
France, et l'on verra qu'elles sont presque
exactement identiques. On verra de plus
que la crise amenée par des circonstances
analogues, s'est dénouée à peu près de la
même façon. '
La chute des Mérovingiens, i'élévation
d'une nouvelle dynastie, ont été dues à des
causes parfaitement définies. Il fallait que la
royauté barbare, plutôt élective qu'hérédi
taire, prît une forme plus stable et plus ci
vilisée. Il fallait, en outre, constituer l'unité
du territoire, morcelé plus d'une fois com
me'les parts d'une succession de famille, en
tre les fils du roi, par des testamens impoli
tiques, dont Clovis lui-même avait donné
l'exemple. Il fallait enfin, aù nord et au midi,
tarir la source des invasions saxonnes qui
menaçaient la société française, déjà gran
dissante, des invasions musulmanes, qui
étaient un péril pour-la religioû chrétienne.
Les rois à la longue chevelure étaient im-
puissans pour remplir cette tâche. Ce n'est
pas qu'il n'y ait eu des gens de cœur parmi
les monarques que l'histoire a flétris du nom
àe, Fainéant. Mais il leur manquait l'intelligen
ce de,cette œuvre, et leur autorité était trop
déchue pour leur permettre de l'accomplir.
Aussi Dieu suscita-t-il, à côté de cette race
condamnée, une race nouvelle, celle des Pé
pin d'Héristal et des Charles Martel. Ce der-
ntersurrout, fë vêrtraMê' pf&rdïsëu.i 'de'la
dynastie future, écrasa l'islamisme à Poitiers,
refoula à diverses reprises les Saxons vaincus,
traça avec son épée les limites du territoire
national, et releva le pouvoir, non au profit
des rois dégénérés, mais au profit de sa fa
mille , prédestinée au trône. La dynastie
des Carlovingiens fut bientôt appelée à
l'empire par la voix de l'Eglisè, par le vœu
du peuple. On sait comment Gharlemagne,
le Napoléon de cette dynastie, grand par la
guerre et par la paix, sut remplir la mission
qui était réservée à sa race.
Deux siècles après, des intérêts à peu
près semblables amenèrent une crise nou
velle et - un même dénoûment. Le systè
me féodal, depuis long-temps en germe
dans la nation, se développait et se consti
tuait. L'autorité était tombée en décadence.
Les invasions normandes avaient ruiné, hu
milié, dégradé les peuples. La jponarchie
carlovingienne, calquée sur celle de Rome ou
-de £yzance, n'était plus en rapport avec les
.besoins, avec les tendances, avec lesins-
, îptels du siècle. Cette race, si glorieuseàson
4 " aflg&ie, si faible à son déclin, avait fait son
» temps. Elle fut long-temps chère à la na-
' tion .malgré son impuissance. On vit mê
me, après le règne d'Eudes et de Raoul,
élus rois à cause de leur vaillance, s'accom
plir, aux acclamations de la France, une res
tauration dans la personne de Louis d'Outre
mer. Vains efforts! Cette race était rejetée,
et, près du trône, s'élëvait "celle qui devait la
remplacer, la race de Robert-le-Fort, de Hu-
gues-le-Grand, grands hommes qui avaient
. conquis leurs titres en luttant contre lés
Normands, et qui étaient d'ailleurs les vrais
représentans de l'idée féodale. Bientôt le
changement de dynastie se consomma, et
l'on vit monter sur le trône Hugues Ca-
pet, comte de Paris, abbé de Saint-Denis,
; roi féodal, ami des prêtres, sage et prudent
fondateur de la monarchie moderne. •
On voit, par cé rapide résumé, quelle a été
la loi des changemens de dynasties. La dé
cadence de l'autorité,, d'une part, un grand
péril ..national de l'autre, ont constaté tout à
la fois l'impuissance de la race ancienne, la
nécessité d'avoir recours à une race nouvelle;
Cette idée ne s'est point formulée tout de
suite'd'une façon nette; vague et flottante
.d'abord, elle a pris bientôt de la consistance
et eHe a,fini par maîtriser toute la politique
8u temps. La révolution ne ' s'est point
faite du premier coup, ni par des pro
cédés 'violens. Avant que la race nou
velle montât sur le trône, elle a été àiinon-
cée^ pour ainsi dire, par une série de grands
hommes qui, par leurs exploits et leurs ser
vices, ont tenu long-temps en éveil l'ima
gination et le respect des peuples : Pépin
d'Héristal et Charles Martel pour les Car
lovingiens, Robert-le-Fort, Eudes, Hugues-
le-Grand pour les Capétiens. Enfin, quand
il a été bien constaté qu'un nouvel or
dre social appelait une nouvelle dynastie,
la race ancienne est tombée, une autre est
parvenue au pouvoir, sans secousses, sans
événement tragique, par la force des circons
tances et avec l'assentiment de la nation.
Ne semble-t-il pas qu'on lise l'histoire con
temporaine ? La révolution de 1789 a créé
une société nouvelle, des intérêts nouveaux,
des besoins nouveaux; en même temps, el
le a déchaîné des passions terribles qui, de-
_ puis cinquante ans, menacent l'Europe d'une
ruine totale. Les barbares ne sont plus au
dehors, ils sont au-sein même de la société.
On connaît leurs ravages, leurs intentions,
leur espoir. Jacobins, babouvistes, çommu-
natiWres^galitaires, niveleurs, quel que
soit leur nom, ces Huns et ces Vandales
du XIX" siècle, sont prêts à envahir la so
ciété et à la bouleverser de fond en comble.
-Des massacres de septembre auxjournées de
juin 1848, leurs actes se gravent dans nos
annales en caractères de sang. Organiser la
société nouvelle, vaincre l'anarchie, faire pro
fiter la France des bienfaits de la révolution,
-en la terminant, tels sont les devoirs impo
sés de nos jours au pouvoir.
Or, un homme extraordinaire aparu, qui,
seul> a compris cette grande mission. La dé
magogie n'a pas eu d'ennemi plus déclaré :
la démocratie, dans la bonne et saine accep
tion du mot, d'ami plus "intelligent. La reli
gion était proscrite : il l'a replacée triom
phante dans le sanctuaire. L'autorité était
avilie : il l'a faite vigoureuse et respec
tée. L'administration n'existait plus : il l'a
créée et lui a communiqué une vie si
forte, qu'elle a survécu à la chute mo
mentanée du .sysfc' lApérial, et qu'elle
s'est perpétuée, tell^ ^ gavait fondée, jus
qu'à nos jours. MagiStvàfure, armée, com
merce, industrie, son souffle puissant a tout
animé, tout fécondé. Il a été, tout ensemble,
le Pépin d'Héristal et le Charle'magne, le Ro-
bert-le-J"ort et le Hugues-le-Grand de sa ra
ce. Renversé par l'effort de l'Europe coalisée,
il est resté toujours debout dans la pensée
et dans l'ame des peuples. Son fils, jeune et
touchante figure, n'a cessé de leur être cher
par l'àmertumè de son exil et par la mélan
colie de sa destinée. Enfin son neveu-, son
héritier, n'a eu qu'à prononcer son nom au
milieu de nos tourmentes politiques, pour
que le cœur dès populations allât à lui, et
pour que la voix populaire l'investît de la
magistrature suprême en face du péril.
A ces signes merveilleux on peut reconnaî
tre l'établissement d'une dynastie. Après les
races royales qui se sont succédé sur le trô
ne de Francè, et qui ont mérité, par l'éclat
de leurs services, l'éternelle reconnaissance
de Ja nation, "Dieu et le peuple appellent au
trône une dynastie nouvelle", qui s'appellera
du nom de son glorieux fondateur, la dy
nastie des NAPOLÉONIENS. %
HENRY CÀUVAIN.
L'emprunt turc ne sera pas ratifié. Nous
en recevons la nouvelle par une lettre de
notre correspondant "dë -Constantinople, en
date du 10 de ce mois.
Là non ratification a été définitivement
prononcée le 9, dans un nouveau conseil ex
traordinaire tenu à la Porte. Il paraît même
que cette décision aeté prise à l'unanimité. Le
rapport de la séance a dû être fait, dans la
soirée, au sultan, qui devait faire connaître
sa résolution au divan, dans la journée du
10 ou dans celle du 11, afin qu'elle fût com
muniquée à MM. les directeurs delaBanque.
On savait d'avance quelle serait cette résolu
tion : lanification sera refusée par le sultan,
comme elle l'a été par les membres du con
seil qui n'ont agi que sur les indications de
S. il.
Ce refus est toujours basé sur ce que les
délégués chargés de négocier l'emprunt sont
sortis des limites de leurs instructions et ont
outrepassé leurs pouvoirs. Mais la vérité est
que l'affaire est devenue une question natio
nale. Il y a chez le peuple turc, nous dit notre
correspondant, de ces préjugés, de ces
répugnances, que la volonté du souverain
ne, saurait vaincre, et les Turcs ont une
si fausse idée d'un emprunt à l'étranger,
qu'il n'est pas au pouvoir du gouverne
ment de leur faire comprendre les avan
tages de cette ressource financière; cela
viendra peut-être, mais il faudra bien des
raisonnemens et bien des années pour rec
tifier leurs opinions à cet égard.
Quant au môypn de satisfaire aux exigen
ces du moment, notre correspondant
prêts volontaires. Le sultan a donné l'exem
ple, et, après avoir vidé sa cassette particu
lière, il a envoyé à l'hôtel dçs monnaies tou
te sa vaisselle et son argenterie pour être
fondues. Le ministre des finances a refusé
ce dernier sacrifice, en déclarant que la si
tuation n'était pas désespérée au point d'a
voir besoin de recourir à de pareilles extré
mités; qu'il ne s'agissait que d'un embarras
momentané, dont il serait aisé de se tirer avec
un peu de bonne volonté. Après le sultan, le
grand-visir et cinq ou six des plus riches
pachas de la capitale ont offert 40 millions de
piastres (lCWmillions de "francs). Enfin, une
société de quatre banquiers arméniens s'est
engagée à prêter aussi 40 piillions de pias
tres à 6 0/0. Ces sommes, que l'on s'efforçait
de réaliser immédiatement suffiront pour
rembourser le premier versement de l'em
prunt et acquitter les traites de la banque
: arrivées à échéance. Il en faudra autant dans'
Une vingtaine de jours ; on compte pour se
les procurer sur certaines rentrées, et sur
le pacha d'Egypte auprès duquel Mouktar-
•Bey a été envoyé, le 9 octobre, afin 4'en ob :
.tenir une anticipation sur son tribut qui.
cesse d'être engagé par le fait de la non rati
fication de l'emprunt. '
M. de Làvalëtte, qui a pris chaudement
la défense de l'emprunt au point de vue des
intérêts français engagés dans cette opéra
tion, avait eu, durant toute la semaine, dès
la Porte; mais tous ses raisonnemens n'ont
pu parvenir a les convaincre. C'était un par
ti pris ; lès Turcs ne veulent pas d'emprunt.
Cette grave question financière a absorbé
toutes les autrés, et, depuis huit jours, tou
tes les affaires étaient suspendues. Mais, dès
qu'elle sera réglée, ce qui aura lieu inces
samment, on doit s'occuper de la réorgani
sation dû cabinet. Le grand-visir paraît dé
cidé à faire de nombreux changemens. On
cite déjà les personnages destinés, dit-on, 'à
faire partie du nouveau cabinet, et parmi
lesquels se trouvent des hommes de talentj
On pensait que la plupartde ces nominations
auraient lieu du 15 au 20 octobre.
Ismayl-Pacha, petit-fils du fameux Ali;
pacha de Janina, vient d'être nommé gou
verneur des îles de l'Archipel ottoman, eh
remplacement de Safètti-Pacha.
Le rappel du prince Callimachi, ambassa
deur à Paris, est officiel; mais on ne con
naissait pas encore son successeur. On avait
désigné, dans le prémier moment, Yély-Pa?
chà, fils de Moustafa-Pacha, président du
conseil. Il y a des probabilités pour qu'il
soit nommé; toutefois il ne l'était pas en
core à la date des dernières nouvelles.. ^
Le secrétaire de la rédaction : L. BONIFACE.
DEPECHE TELEGRAPHIQUE.
Londres, lundi 25 octobre.
New-York, 13 octobre.
La grande excitation produite par le refus
des autorités de la Havane de laisser, débar
quer la malle et les passagers du Crescent-
City, continue avec une certaine intensité. Des
meetings nombreux Organisent des démônstra
tions publiques pour forcer le gouvernement amé
ricain à demander réparation à, l'Espagne de l'in
sulte faite au pavillon des Etats-Unis. Deux bâti-
mens de guerre américains sont destinés pour
Cuba. Plusieurs bâtimens de guerre français sta
tionnent à la Havane. ' v
Le commerce des cotons est en voie d'une amé
lioration, celui des farines fléchit.
Les nouvelles de la Californie annoncent
que les démêlés de la population américaine
avec les Chinois ont cessé. Au lieu d'ex
pulser ces laborieux émigrans, les Amé
ricains ont compris qu'ils avaient avan
tage à les occuper aux mille travaux poui
lesquels les bras manquent. On calcule
que trois Chinois font la besogne de deuX
blancs. Des compagnies se sont donc for
mées, qui ont passé des marchés avec des
Chinois, à raison de 30 dollars par mois et là
nourriture, et qui vont entreprendre de creu
ser de larges canaux dans la région des mines;
afin que le lavage de l'or puisse se faire
sans interruption. Les Chinois n'ont plus
maintenant a se défendre que dés Indiens
qui lès regardent comme une race inférieu
re, et qui les chassent et les tuent comme
des bêtes fauves.
n
Le Constitutionnel commencera, le 3 no
vembre, la publication d'un roman nouveau
ayant pour titre :
RENÉE IME VARVI&OS,
en 2 volumes,
PAR M™ VIRGINIE ASVCÉLOT.
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 26 OCTOBRE.
THÉÂTRES.
français : Représentation solennelle. Cinna. M lle Ra-
chel. L 'Empire, c 'est la paix ! stances de M. Arseno
Houssaye.— odéoi\" -. Richelieu, drame en cinq actes
et en vers, de M. I'ellion.
Le Théâtre-Français a eu vendredi sa
grande soirée. Cinna, des stances écrites ex
près pour la solennité, et la comédie char
mante d'Alfred de Musset, Il ne faut jurer
de rien, composaient le spectacle.
Il ne me reste rien à raconter de l'illu
mination extérieure du théâtre, de la déco
ration de la salle, en un mot, du gala, puis
que les lecteurs en" ont eu dès hier une des
cription exacte. Le théâtre avait été enlevé,
pour ainsi dire, d'assaut, à la première an-,
nonce de la représentation, et le directeur a
été obligé de s'excuser publiquement vis-à-
vis de ceux auxquels on a refusé des places.
Par cela on peut juger de l'afïluence ; nous
avons rarement vu une pareille réunion
dans la vaste enceinte, et tel était l'air de
fête, tel l'éclat des toilettes et le feu des lus
tres, qu'on se serait cru au bal autant qu'au
spectacle.
-Cependant ile grand Corneille s'est bien
vite emparé de l'attention, et celui en l'hon
neur duquel la représentation avait lieu,
semblait prendre un si vif intérêt au chef-
d'œuvre , que , chacun l'imitant par en
traînement ou convenance, Cinna a été-
écouté tout au long dans un recueillemént
rempli d'émotion.
Jamais la voix de Corneille n'est plus hau
te et plus fière qu'en ces solennités; sa poé- •
sie souveraine s'adresse bien aux auditoires '
illustres; son génie fait volontiers la leçon
aux princes. On sent que la tragédie four
millait d'allusions ; le choix même de la pièce
en était une; quand est venue la scène de
la clémence d'Auguste, c'est de la loge pré
sidentielle que le signal des applaudissemens
est parti.
Les deux principaux rôles, celui d'Au
guste et celui d'Emilie, ont été dignement
tenus par M. Beauvallet et Mlle Rachel. Mal
heureusement, M. Geffroy, qui aurait joué
Cinna, n'est revenu 'de congé que dans là
soirée; un autre sociétaire, peu accoutumé
encore au public des grandes représenta
tions, l'a remplacé ; c'est sans douteàl 'ér
motion respectueuse de ce pauvre Romain
qu'il faut imputer son manque de mémoire.
Dans ce rôle d'Emilie dont l'attitude et la
mâle énergie conviennent si bien à sa beauté
un peu sombre et à sa diction pénétrante,
Mlle Rachel est toujours fort belle; elle n'a
pas besoin de grands éclats ni d'efforts; il
lui suffit de paraître : tout à la fois attendrie
et vengeresse comme elle l'est; Romaine au
tant et plus qu'amante; sublime rien que par
le feu de son noir regard, le pli charmant et
terrible'de sa lèvre, cette grâce vraiment an
tique et sculpturale "de toute sa personne, la
suprême'simplicité du "geste, et l'irrésistible
accent. Dans Emilie, la tragédienne se re
pose des imprécations de Camitye, des fu
reurs d'Hermione, des passions monstrueu
ses et inassouvies de Phedre; et son calme est
une autre merveille. On dit que Mlle Rachel
a une grande prédilection pour Emilie;
prédilection très naturelle, car le rôle, outre
qu'il ne la fatigue point, la montre plus
qu'aucun autre peut-être dans son élégance
et dans sa force. Qu'elle se laisse seulement
voir, qu'elle laisse tomber de sa bouche so
nore la poésie d'airain... nous sommes tous
subjugués comme Cinria.
M. Beauvallet n'est pas moins remarqua-'
ble que Mlle Rachel : il a tout à fait dépouil
lé le jeune homme dans Auguste ; le visage,
la voix, le ton sont d'un vieillard à qui la vi
gueur reste, mais à qui le long usage des
hommes et du pouvoir ne permet plus de
vulgaires emportemens. Chose difficile ! M.
Beauvallet a su se modérer; il n'est plus en
traîné par son organe; il est tout à la ré
flexion, tout à la pensée, et l'on peut vérita
blement reconnaître Auguste dans ce per
sonnage plus politique encore que sensible,
plus lasse que clément, et d'une majesté as
sez familière, qu'il a composé avec un art vé
ritable. 1 . ' '
Il n'y a pas grande bonté, que je croie, chez
Augtistë, mais un profond mépris des hom
mes. Auguste aies nerfsdélicats d'un lettré, et
lasensibilité del'épiderme,sinon uneprofonde
sensibilité de cœur ; il est las, je le répète,
plutôt encore qUe clément. Ensuite, si indif
férent que l'on soit par l'expériencedes hom
mes et des choses, par la satisfaction pres-
3ue insensée de tous les désirs, cela fatigue
'être toujours haï ; on veut bien ne rien
aimer, mais.il y a une distraction à se rendre
aimable, ne fût-ce "que pour expérimenter
par tous les côtés la faiblesse humaine.
Ainsi, Auguste pardonne, à Cinna ;—un si
misérable ennemi, d'ailleurs, qu'il ne sau
rait nourrir contre lui un grand ressen
timent ; — tout au plus pleurerait-il de dou
leur s'il, était crédule aux affections. En *
condamnant Cinna, Auguste aurait perdu de
ses avantages sur lui ; il les augmente en lui-
pardonHant. La politique s'accorde aveclalas-
situde,àvecle besoin de tranquillité et le peu de
nécessité qu'il y à de troubler la ville et lepalais
pour une conspiration avortée. Tel me paraît
être, d'après l'histoire, et dans le sentiment
même du grand-Corneille, cet homme. ruse
que lés circonstances servirent plus que ses
talens, qui l'emporta sur des rivaux b'ieri
supérieurs à lui, que la présomption même
de leur supériorité contribua à perdre, et qui
prit sous bénéfice d'inventaire la succession
de César. Tel M. Beauvalletl'ajecrois, com
pris; tel du moins je l'ai deviné sous son mas
que de hautaine bonhomie, dans son regard
plus dédaigneux que colère, dans le ton dont
il écrase Cinna, Emilie et leurs complices, de
son pardon. .
Si Auguste pouvait paraître plus magna-?
nime qu'il ne l'est dans la tragédie de Cor
neille, c'était par comparaison avec les au
tres Romains dont il a été entouré vendredi.
Ah ! certes, quand on contemple de pareils
citoyens, drapés de leurs toges comme dans
des rideaux de lit, laids, ëtiques ou lour
dauds,— c'est pourtant la fine fleur des
descendans des patriciens, — on se dit que
M. Beauvallet seul était fait pour régper.
Après la tragédie,qu ? on a écoutée religieu
sement, et par instans applaudie avec trans
ports, le rideau s'est relevé, et Mlle Rachel
est venue réciter les vers de M. Arsène Hous
saye que le Constitutionnel a publiés, et
qui tirent ainsi leur élogë d eux-mêmes
mieux que de: tout.ee que j'aurais pu en dire.
Ils ont ému celui en l'honneur de "qui ils
étaient composés, plus encore, si cela est
Passible, que l'auditoire enthousiaste. M.
Houssaye a eu la faveur d'être appelé, et de
recevoir des témoignages de satisfaction ex
primés dans les termes les plus flatteurs. Son
encens,-en effet, n'a rien de grossier ni de
Vulgaire ; la délicatesse de la louange en dou
blait le prix; nous nous félicitons sincère
ment pour le directeur du succès qu'a obte
nu le poète.
Le spectacle n'en est pas resté là. La pe
tite pièce a succédé à la grande, et la partie
tout-à-fait amusante à la partie semi-offi-
cielle. Jamais la comédie d'Alfred de Musset
n'avait paru plus vive, plus originale, plus
gaie, jouée qu'elle est admirablement par
l'élite des comédiens. Comme on n'était
plus préoccupé des allusions, on s'est laissé
aller efttièrement à la pièce, et l'on a re
gardé la scène bien plus que le visage
sur lequel on avait étudié jusque-là l'effet
de9 vers. Heureuse prose d'Alfred de Mus
set! elle résonne à l'oreille comme la plus
adorable poésie; l'esprit est charmé et le
cœur saisi. Est-ce un poème, est-ce une co
médie? Il ne faut jurer de rien. Je jure pour
tant-que Mlle Théric,pOUr être moins sévère
que la Romaine Emilie, a toutes les beautés
parisiennes qu'on recherche chez lés moder
nes, les yeux, la bouche, la taille,et le reste
à l'avenant; je jure enfin qu'on avait si bien
oublié, et la politique, et le décorum pen
dant la comédie, ijue chacun s'amusait pour
soi, riait de lui-meme, et qu'à la fin on s'est
fort étonné que ce fût déjà fini. Il était tard :
pourtant; mais le plaisir avait retenu tout le
mondé autant au moins que la présence de
l'illustre spectateur que le Théâtre-Françajs
fêtait. -,
Un dernier mot encore, afin de ne rien ou
blier. Quand le rideau s'est levé pour que
Mlle Rachel lût les stances, toute la Comedie
a paru, rangée sur le devant de la scène, les
hommes dans le costume de leur rôle fa
vori;; les dames ruisselantes de diamans et
dans leurs plus beaux atours. Eh bien ! Mlle
Madeleine Brohan, avec ses dix-sept ans, sa
robe blanche et son éclat incomparable, res
plendissait à un tel point, que toutes les
autres semblaient éclairé es par elle.
—Enfin l'Odéon à trouvé une pièce, et je lui
en fais mon -compliment sincère. Voilà une
œuvre jeune ét de jeune homme, un début
sérieux, un grand drame en cinq actes et
en vers qui sort le répertoire des niaiseries su
rannées et de toutes les petites pl'atitudés nou
velles qu'on a fait jouer depuis tantôt deux
ans sur la scène du faubourg Saint-Germain,
faute sans doute dë les avoir pu faire jouer
aux Délassemens-Cômiques. M. Pellion, l'au
teur du Richelieu représenté l'autre soir, mé
rite l'attention. C'est un garçon de talent
et d'obstination, auquel les portes ne se
sont pas ouvertes d'elles-mêmes. Sa pièce
est faite depuis trois ans ; il l'a présentée, il
l'a lue au Théâtre-Français; on l'a écoutée
avec intérêt, on a très justement demandé des
changemens,et finalement M. Pellion,ne pou
vant arriveràlareprésentatiônaûssi vite qu'il
l'eût désiré, a préféré arriver tout de suite à
la publicité; ç'est-à-dire qu'il a fait imprimer
sa pièce et qu'elle a paru chez les libraires.
Qui le-blâmerait de son impatience? On dira
que l'impression devait empêcher la repré
sentation. Et pourquoi, cela ? Nous sommes
singuliers avec nos prétentions à l'inédit. En
Allemagne, on ne représente guère que les
pièces imprimées et recommandées par le
succès de lecture. Est-ce que les proverbes
d'Alfred de Musset ont,perdu quelque chose
a être connus d'avance? L'Odéon a donc eu
parfaitement raison de s'emparer de la bro
chure de M. Pellion. Elle lui revenait de
droit; il aurait pu seulement s'en empa
rer un peu plus tôt.
Le Richelieu de M. Pellion perd à être
venu après la Diane de ' M. Emile Au-
gier; et si l'on, ne savait, que le drame
a été écrit avant la comédie, on serait
tenté d'accuser M. Pellion, sinon de pla
giat, du moins d'imitation. Dans les deux
pièces, en effet, Richelieu est envisagé du
même point de vue, et complètement ré
habilite. D'accord avec l'histoire, les deux
poètes donnentundémentiaux pamphlétaires
du temps et aux romanciers modernes qui
ont pris le parti des intrigans, des conspira
teurs et de tous ces gentilshommes révoltés
et tarés, contre l'homme de génie. La ques
tion est. jugée; d'ailleurs, et ne fait plus de
doute ; on sait à quoi s'en tenir sur le grand
cardinal, sur le fondateur de l'unité française,
sur celui que M. Ilugo appelle l'homme rouge
dans Marion Delorme, ct sur ces traîneurs de
rapière, sur ces conspirateurs de ruelles,,sur
le beau reste de la'belle jeunesse féodale,
Soudoyé parl'étranger pour renverser l'hom
me :qui. constituait la France et prétendait
soumettre tous les fronts à la loi. On s'est
assez attendri sur Chalais, Cinq -Mars et les
autres; il est temps de rewdre aux assassins
et au grand ministre ce qui leur est dû. 1
Le sujet nous mènerait loin, si nous né
nous souvenions de l'avoir à peu près
épuisé lors de la représentation - de la
pièce d'Emile Augier; et nous, ne pour
rions guère plus parler de Richelieu sans
tomber dans les redites.
1 Le plus ; grand tort de M. Pellion —
nous savons bien que ce tort est indé
pendant de lui — c'est d'être arrivé le se
cond.. On avait déjà -reproché à. Diane de
succéder à Marion Delorme, à laquelle elle
ne ressemblait guère; que ne reprochera-'
t-on pas au Richelieu de M. Pellion ?
On dira qu'il y a un homme rouge dans
Marion, un Louis XIII dans Marion-, qu'il <
y. a enfin, - dans . Marion, une. Marion^ ;
un Didier, et que sais-je encore,? partant
qu'il est défendu de s'occuper du roi, de la
reine et du ministre et de la cour, sous peine
d'être conda mn é comme contrefacteur. —
Passe pour le Louis XIII de M. Pellion, qui J
afi rapproche assez du véritable; passe pour
la cour, un peu trop semblable à toutes les
cours de Louis XIII, qui s'envoient la répli^
que à l ? instar d'Alexandre Dumas dans Hen
ri III ; mais il convient de faîre honneur au
jeune poète de son principal personnage, de
son Richelieu, qui n'a rien de commun avec
l'homme rouge; et qui, toutenressemblanttrait -
pour trait au Richelieu de Diane, n'en est pas
moins de l'invention propre de- M. Pellion. 1
Chose singulière!' (pourtantïès deux auteurs
travaillaient chacun de son côté, sans s'in
quiéter; l'un-de l'autre), non-seulement le
càrdinal est lé même homme dans les deux
pièces, ce qui s'explique par la vérité du ca
ractère, maisencore,et cela s'explique moins,
la situation est identique; Conspiration ici,
conspiration là; et Richeliçu fait grâce dans
lesdeux dénoûmens. Il y àdans chaque pièce
un jeunè b'rimme et une jeune fille qui
s'aiment à peu près de la même façon; il y a
une coquette qui mène lesdeux intrigues de
la même maniéré, et qui s'appelle, ici, cùpime !>
là, Marie de Rohan. Vous savez ce que fait
Diane par admiration pour le génie qu car
dinal; le jeune Raoul d'Arqués en fait autant
par admiration aussrgraùae. L'une trahit la
conjuration, l'autre se livre. On avait placé le
poignard dans la'main de Raoul; Raoul, caché
derrière unè tapisserie,"tfnt'end Richelieu ex
poser sa pensée sublime; aussitôt il met l'é-
pée à la main pour défendre celui qu'il venait
assassiner. On l'arrête, il se dM&re di-
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