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Notice complète:

Titre : La Loupe de l'horloger bon temps : almanach astronomique, historique, scientifique, comique, prophétique, critique, pratique et chantant : à l'usage des horlogers pour ... / par L. Borsendorff,...

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1861

Contributeur : Borsendorff, Louis-André. Éditeur scientifique

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32809441w

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32809441w/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 527

Description : 1861

Description : 1861 (A4).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k65541360

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, V-32738

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 11/11/2013

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i J 0 t - LOUlPll

DE L'HORLOGER

ALMANACH CHIlONOMÉTRIQt:E, CRITIQUE ET SCIENTIFIQUE 1, 4me Année,

POUR

1861

Par C tyoxBtvùoxif ,

HORLOGER.



LA Miirai UE L'HOHLOGEH

ALMANACH CHRONOMETRIQUE, CRITIQUE ET SCIENTIFIQUE 4me Année.

POUR

1861

jpar C. iHorsnrôorft,.

HORLOGER.


AVIS.

*

Quelques Almanachs de la 1re, 2e et 3* année, sont encore à la disposition des personnes qui désireraient compléter la collection de la Loupe.

Chaque exemplaire de l'une de ces années sera expédié franco par toute la France, contre une demande affranchie adressée à M. Borsendorff, rue de Vannes, n° 1, à Paris, et accompagnée d'un Bon d'p;ç FRANC sur la poste, ou en timbres-poste.

Les quatre années, 1850 — 1852 — 1856 et 1861, formant la collection complète : Pour Parii. 3 fr.

Pour la province, rendu franco. 4

Nota. Toutes les lettres non affranchies seront refusées. -


AU LECTEUR..

1

L'interruption prolongée de notre Loupe a fait supposer à quelques personnes qu'elle avait entièrement cessé de paraître.

Ces interruptions dans sa publication ne sont simplement qu'une conséquence de sa raison d'être.

La Loupe, contrairement à la vieille garde, se repose, mais ne meurt pas.

D'un autre côté, qu'on le sache bien, il suffisait que la Loupe eût contracté une petite dette, en laissant dans son dernier numéro quelque chose d'inachevé, pour qu'elle ne cessât point sa publicité avant de s'être acquittée entièrement envers ses lecteurs. Elle attendait une occasion.

Mais, nous dira-t-on, comment expliquer un Al-


manach qui ne parait pas régulièrement tous les ans; pas même aux années bissextiles?.

Nous remercions sincèrement ces horlogers de leurs reproches sympathiques. Pour réponse, nous dirons que notre publication, œuvre indépendante et en dehors de toute spéculation, est simplement un Almanach de circonstance : il parait quelquefois.

Depuis sa création il n'a encore eu d'autre périodicité que celle des grandes Expositions de l'Industrie.

A l'avenir il continuera ainsi — s'il se peut4 C'est pourquoi nous saisissons avec empressement l'occasion que nous présente l'Exposition univer- selle de Besançon, pour nous entretenir, cette année, avec nos lecteurs, et pour les remercier, ici, des encouragements et des marques de bienveillance qu'ils ont bien voulu nous donner.

L. BORSENDORFF.

Paris, septembre 1860.


LA LOUPE DE L'HORLOGER

ALMANACH POUR 1861.

t- CONTENANT :

Articles préliminaires. — Table des planètes principales. —

Planètes télescopiques découvertes entre Mars et Jupiter. —

Ères principales. — Cycles. — Divisions naturelles et artificielles du temps. - Temps vrai et temps moyen. — Table d'équation du temps. — Du jour. — De l'heure. — De la semaine. — Du mois. — De l'année. — Année athénienne.

— Année macédonienne. — Année juive. — Année égyptienne. — Année babylonienne. — Année de Djelaleddin.

v —Année des Arabes. — Année des Indous. — Année chinoise.—RENSEIGNEMENTS UTILES: Poids et mesures légaux de France. — Mesures de longueur, de surface, de capacité.

— Nouveaux poids. — Tableau comparatif des poids anciens et nouveaux, des mesures, et du poids des piècesdemonnaie.

—Titre des monnaies.—Proportions de la valeur desmétaux dans les monnaies, leur poids et leur diamètre. — Prix de l'or et de l'argent. — Dilatations linéaires des métaux et du verre. — Conductibilité de la chaleur dans les métaux, et leur pesanteur spécifique, etc. — Composition chimique de l'acier, diverses températures de son recuit, etc., etc.— EXPOSITION UNIVERSELLE DE BESANÇON.—Coup de loupe sur l'horlogerie française et étrangère. -V ARIÍnÉs : Le coucou.

et la montre. — Épitaphe de Pierre Pendulum. —L'horloge chinoise et une horloge des habitants de la Lune — Histoire d'une montre racontée par elle-même, suite et fin.— Philosophêmes chronométriques, pensées et maximes recueillies sur le temps. — Indicateur des horloges pour 1861. — Calendrier, etc.


Articles prelunistairro pour l'année 18611.

L'AN 1861 CORRESPOND AUX ANNÉES: LXX de la République française.

6574 de la période Julienne.

2614 de la fondation de Rome selon Varron.

2608, depuis l'ère de Nabouassar.

2637 des Olympiades, ou la quatrième année de la 359* olympiade qui a commencé en juillet 1855.

1217 des Turcs, qui commence le 20 juillet 1860 et finit le8 juillet 1861, suivant l'usage de Constantinople.

COMPUT ECCLÉSIASTIQUE.

Nombre (l'on 19 Epacte. XVIII Cycle solaire. 22 IndictioB romaine.. 4 Lettre dominicale.. F.

QUATRE TEMPS.

Les 20, 21 et 22 février.

Les 22; 24 et 25 mai.

Les 18, 20 et21 septembre.

Les 18, 20 et 21 décembre.

Fêtes mobiles.

Septuagésime27 janvier.

Les Cendres, 13 février.

PAQUES, 31 mars.

Rogations, 6, 7 et 8 mai.

L'Ascension, 9 mai.

LA PENTECOTE, 49nrai.

La Trinité, 26 mai.

LA FÊTE-DIEU, 31 mai.

1er dimanche de l'Avent, iôr décembre.

aisous.

Le printemps commencera Je 20 mars, à 2 h. 57 m. du soir.

L'été commencera le 21 juin, à 11 h. 44 m. du matin.

L'automne commencera le 23 septembre, à 1 h. 57 m. du matin.

L'hiver commencera le 21 décembre, à 7 h. 44 m. du soir.

Éclipses.

Le 11 janvier, éclipse partielle de soleil, invisible à Paris.

Le 7 et 8 juillet, éclipse annulaire de soleil, invisible à Paris.

Le 17 décembre, éclipse partielle de lune en partie visible à Paris.

Le 31 décembre, éclipse totale de soleil, en partie visible à Paris.


PLANÈTES.

TABLE DE LEURS SIGNES DISTINCTIFS. LEUR DISTANCE MOYENNE DU SOLEIL,

Et la durée de leur révolution.

A SIGNES ET NOMS IFUSTANCEENLIEUES Durée dr-s révo-® de lulions.

DES PLANÈTES. 23 au degré. -----.-- jours h. m.

1 '$ Mercure. 13,300,000 87 23 15 2$Vénus 24-,850,000 22V 16 14 1. , 3 ) 7 , 0 0 0 365 6 1,1 3 (ï La Terre 1 satell. 34,357,000 365 6 11 4 cf Mars. 52,360,000 686 23 59 5 ? Flore. 75,65lt,114 1,194 6 1 Vesta. ; 81,123,268 1,325 4 55 7 Iris 81,539,161 1,335 8 (9 Métis. 81,975,902 1,3/46 9 y Hébé. 83,384,439 1,381 10 .î Astrée 88,8^4.131 1,490 11 5 Junou 91,714,637 1,593 23 57 12 Ÿ Cérès 94,100,154 1,68't 12 56 13 t 1>al!as 94,159;248 1,686 il7 1 -1/j if Jupiter 4 satell. 178,785,000 4,332 14 18 15 j) Saturne 7 satell. 328,104,000 10,759 23 16 Ui:. Uranus 6 satell. 659,101,000 30,686 17 Î7|g Neptune 1,031,981,200 60,127 Ci la Lune, satellite de la Terre.


PLANÈTES TÉLESCOPIQUES ENTRE MARS ET JUPITER DANS L'ORDRE DES DÉCOUVERTES.

NOII DBS PLANBTHB. ACTEURS ET DATES DE LA DICOUVERTR.

1 Cères. Piazzi. 1 janvier 1801.

2 Pallas. Olbers 28 mars 1802.

3 Junon. Harding. 1 septembre 1804.

4 Vesla. Olbers 29 mars 1807.

5 Astree. Hencke 8 décembre 1845.

6 llCbé. Hencke. 1 juillet 1847.

7 Iris. Ilind 13 août 1847.

8 Flore. Hilld. 18 octobre 1847.

9 Métis. Graham. 26 avril 1848.

10 Hygie De Gasparis. 14 avril 1849.

11 Parthénope. De Gasparis. 11 mai 1850.

12 Victoria. Hind. 13 septembre 1850.

13 Egl'rie. De Gasparis. 2 novembre 1850.

14 Irène.,. Jlind. 19 mai 1851.

15 Eunomia. De Gasparis. 29 juillet 1851.

16 Psyché De Gasparis. 17 mars 1852.

17 Thétjs Lulher. 17 avril 1852.

18 Meipomeno. Hind. 24 juin 1852.

19 Fortuna. Hind. 22 août 1852.

20 Masa1ia. De Gasparis 19 septembre 1853.

21 Lutetia Goldschmidt 15 novembre 1852.

22 Calliope. lIind. 16 novembre 1852.

23 Thalie. Hind 15 décembre 1852.

24 Phocéa Chacornac 6 avril 1853.

25 Thérais De Gasparis. 6 avril 1853.

26 Proserpine. : Luther. 5 mai 1853.

27 Euterpç Bind. 8 novembre 1853.

28 Bellone Luther 1 rnar»?1853«


NOMS DES PLANÈTES. ACTEURS ET DATES DE LA DÉCOUVERTE, 29 Amphitrite MgrLh. 1 mars 1854.

30 Uranie. Hind. 22 juillet 1854.

31 Euphrosine. fergusson. 1 septembre 18S4.

32 Pomone : Goldsehmidt. 26 octobre 1854, 33 Polymnie Chacornac 28 octobre 1854.

34 C.ircè Chacornac 6 avril 1855.

35 Leucothée,. Lulber 15 avril 1855, 36 Athalante. Goldschmidt.. 5 octobre 1855.

37 Fides Luther 5 octobre 1855.

38 Léda Chacornac 12 janvier 1856, 39 Laetitia. Chacornac 8 février 1856.

40 Harmonia. Goldschmidt.. 31 mars 1856.

41 Daphné. Goldschmidt.. 22 mai 1856.

42 J¡¡is.,. Pogson. 23 mai 1856.

43 Ariane. Pogson. 15 avril 1857.

44 Nysa Goldschmidt 27 mai 1857.

45 Eugénia Goldschmidt 11 juillet 1857.

46 - Hestia. Pogson. 16 août 1857.

47 Pseudo-Daphné(l). Goldschmidt 9 septembre 1857.

48 Aglaé Luther 15 septembre 1857.' 49 Doris Goldschmidt 19 septembre 1857.

50 Palès Goldschmidt 19 septembre 1857.

51 Virginia Luther. 19 octobre 1857.

52 Nemausa. ,. Laurent. 22 janvier 1858.

53 Europa Goldschmidt 6 février 1858.

54 Calypso. Luther. 4 avril 1858.

55 Ateiandra. Goldschmidt 10 septembre 1858.

56 Pandore. Searle 10 septembre 1858.

57 Mnémosyne. , Luther. 22 septembre 1859.

(1) Cette planète n'a pas encore reçu de nom; La désignation de Pseudo-Daphné lui a été donnée provisoirement par quelques astro- nomes.


ÈRES PRINCIPALES.

On appelle ère un point fixe de temps, d'où l'on commence à compter les années ; ce point est ordinairement déterminé par quelque fait important de l'histoire civile ou religieuse des peuples qui en font usage.

L'ÈRE CHRÉTIENNE, appelée aussi ère vulgaire, est censée coïncider exactement avec la naissance de Jésus-Christ.

L'ÈRE DES OLYMPIADES, pour l'histoire grecque, commence l'an 776 avant J.-C. Une olympiade est une révolution de quatre ans au bout de laquelle revenait la célébration des jeux olympiques. Les années des olympiades s'appelaient aussi années d'Iphitus, roi d'Elide dans le Péloponèse, qui rétablit la solennité des jeux olympiques, l'an 884 avant J.-C.

L'ÈRE DE LA FONDATION DE ROME commence l'an 753 avant J.-C. Chez les Romains on comptait aussi par lustre; c'était une période de cinq ans, qui ramenait chez eux la cérémonie du lustre ou le dénombrement du peuple.

L'ÈRE DE L'HÉGIRE ou de la fuite de Mahomet, répond à l'an 622 de l'ère chrétienne : elle est encore usitée parmi les Mahométans.

L'ERE DE NABONASSAR commence l'an 746 avant J.-C.,


elle tire son nom de Nabonassar Ier, roi de Babylone.

L'ÈRE DES SÉLEUCIDES date de l'an 312 avant J.-C., lorsque Séleucus, l'un des généraux d'Alexandre, s'empara de Babylone.

L'ÈRE DE CONSTANTINOPLE qui, suivant la supputation des Grecs, a précédé de 5508 ans le commence-' ment de l'ère chrétienne, et part de la création du monde.

Enfin, les Juifs modernes, qui datent aussi de la création du monde, la font correspondre à l'an 3761 avant J.-C. ; mais le système le plus suivi parmi les Occidentaux, compte 4004 ans depuis la création jusqu'à la naissance du Christ.

Le Siècle est un espace de cent ans. Cette division, inconnue aux anciens, est d'un grand usage parmi les chronologistes modernes. C'est la plus longue des périodes employées dans la société pour mesurer le temps,

CYCLES, On désigne ainsi, en général,' une période ou suite d'années qui procèdent jusqu'à un certain terme, et qui reviennent ensuite dans le même ordre sans interruption.

LA PÉRIODE JULIENNE est un grand cycle de 7980 années, lequel résulte de la multiplication des troi'


nombres 28, 19 et 15, c'est-à-dire de la multiplication du cycle solaire par le cycle lunaire, et de la multiplication de ce produit par le cycle de l'indiction romaine, de sorte que les années de ces trois cycles ne peuvent se rencontrer qu'au bout de 7980 ans. La première année de l'ère chrétienne répond à l'an 4714 de la période Julienne. Elle est ainsi nommée, parce qu'elle est adaptée à l'année Julienne, qui ne compte que 365 jours et 6 heures, sans l'application de la réforme de Grégoire pour les 11 m inutes et 9 secondes en plus.

Le cycle lunaire ou nombre d'or est une période- de dix-neuf ans après laquelle les phases de la lune reviennent aux mêmes dates; cette période comprend deux cent trente-cinq lunaisons. A Athènes, on gravait en lettres d'or l'année du cycle lunaire; de là vient que le nombre par lequel on indique cette année s'appelle encore nombre d'or.

Le cycle solaire est une période de vingt-huit ans après laquelle les dimanches et les autres jours de la semaine reviennent toujours dans le même ordre et aux mêmes quantièmes des mois, tant que les années sont bissextiles; elle date de vingt-huit ans avant J.-C. Ce cycle est appelé solaire, non qu'il ait quelque rapport avec le cours du soleil, mais parce qu'il détermine la période après laquelle le dimanche, appelé autrefois jour du soleil, se retrouve dans chaque mois aux mêmes jours qu'il avait déjà parcourus.

L'épacte fait connaître l'âge de la lune, c'est-à-dire le nombre de jours écoulés le 31 décembre à midi pour


les années communes, et au 1er janvier à midi pour celles bissextiles depuis la dernière nouvelle lune.

L'indiction romaine est une période purement arbitraire d quinze années Juliennes. L'usage de cette période parait s'être introduit, vers le temps de Constantin , relativement à certains actes judiciaires qui setai-^ saient à des époques réglées.

La lettre dominicale est une des sept premières lettres de l'alphabet servant à marquer le premier dimanche de l'année. Chaque jour qui commence l'année est désigné par une de ces sept lettres. A marque le premier, B le deuxième, ainsi de suite : en suivant cet ordre, c'est la lettre qui indique le premier dimanche, qui est la lettre dominicale; on s'en sert pour connaître tous les autres. -

DIVISIONS NATURELLES ET ARTIFICIELLES DU TEMPS.

, Les divisions du temps sont de deux espèces. Les unes sont naturelles ou indiquées par la nature même; comme le jour, l'année, etc. Les autres sont artificielles, ou produites par l'art des hommes à l'aide de combinaieons arbitraires, comme l'heure, la semaine, etc.

La mesure fondamentale du temps est le jour; c'est à cette mesure que se rapportent toutes les autres divisions, soit naturelles, soit artificielles,


DIVISIONS NATURELLES.

PU JOUR.

Le jour est le temps que le soleil emploie à revenir au même méridien. Ce temps se compose de deux parties : le jour propre, qui est l'intervalle du lever du soleil à son coucher ; et la nuit, qui est l'intervalle du coucher du soleil à son lever.

L'intervalle qui s'écoule entre deux passages consécutifs du soleil au méridien, n'est pas toujoursle même.

De là vient la distinction du jour astronomique et du jour civil, qu'on appelle aussi temps vrai et temps moyen.

Le temps vrai participe aux inégalités du mouvement du soleil : c'est celui que marque un cadran solaire.

Le temps moyen se détermine en prenant le milieu entre les plus courts et les plus longs jours: c'est celui que marque une pendule bien réglée.

Il n'arrive que quatre fois dans l'année que le temps vrai s'accorde, du moins à peu de chose près, avec le temps moyen; savoir : le 15 avril, le la juin, le 31 août et le 23 décembre. Ainsi, au midi vrai, c'est-à-dire au moment où le centre du soleil se trouve dans le méridien, une pendule parfaitement réglée ne doit marquer midi ou à peu près, que ces quatre jours là; tous les autres jours il y aura une différence soit en plus, soit en moins.

Le jour astronomique est donc le jour avec ses iné-


galités, de sorte que sa durée est tantôt plus courte, tantôt plus longue : il commence à midi. Le jour civil est le jour ramené à une durée moyenne, qui est constamment uniforme ; il commence à minuit.

Toutes les nations n'ont pas placé au même instant le commencement du jour civil. Les Babyloniens, les Perses et les Syriens commençaient leur jour au lever du soleil, en quoi ils ont été imités par les Grecs modernes.

Les Juifs et les Athéniens le commençaient au coucher du soleil, et cet usage subsiste encore chez les Chinois.

Les Egyptiens comptaient les j'ours à partir de minuit ; c'est de cette manière que les comptent actuellement la plupart dès peuples de l'Europe. Enfin les astronomes, à l'exemple des Arabes, comptent les jours d'un midi à l'autre.

Nous avons dit que le temps moyen ou égal est celui que marquerait à chaque instant une horloge absolument parfaite, et marchant, sans aucune inégalité pendant le cours d'une année à une autre.

La correction qu'il faut faire au temps vrai pour le ramener au temps moyen, se nomme l'équation du temps ; tel est l'usage de la table d'équation qui suit ; elle est dressée pour une année moyenne entre deux bissextiles, et peut servir pour les autres années, son approximation étant suffisante pour l'usage civil.


TABLE PERPÉTUELLE D'EQUATION.

m -ô., t g 8 JANYIEB. FEYBIBB. MARS) AVRIL. MoU. JUIN.

** a - --.-;.. -.-.--.. - --.

m. s. m. s. m. s. m. s. m s. m. E.

1 R 3 51 R13 55 R1239 R 4 1 A3' 2 A 2 35 2 4 19 .14 3 , 12271. 3 3 3 10 2 26 3 447 .14 10 1214 5 25 317 2 17 4 514 .14 16 12 1 3 7 5 25. 2 7 5 542 .14 21 11 48 2 49 5 29. 1 57 6 6 8 14 25 11 34 2 52 5 34 1 47 7 6 35 .14 28 1119 2 14 3 39 1 56 8 7 0 .14 31 11 4 1 57 3 43 1 24 9 726. 14 55. 1049 1 40 3 46 1 1310 7 50 .14 34 10 3* 1 24 3 49 1 1 11 814 ih 35 1018 1 7 3 51 0 49 12 • 838. 14 54 10 2 0 51 3 53 0 57 13 9 1 14 33 9 45 0 35 5 54 7 0 25 14 9 23 14 3J 9 29 0 20 3 55 0 12 15 • 945.14 28. 912.0 5. 5 55 -0 0 16 10 6 .14 45 8 54 A 0 10 3 54 R 0 13 17 1026 14 21 8 37 0 24 3 53 0 26 18 1045 .14 16 819 0 38 352 0 39 19 11 4 14 10 8 1 0 52 3 50 0 52 20 11 22 .14 4 745. 1 6 347 1 4 21 11 39 15 57 725. 1 28 344 1 17 >22 1156 .13 49 7 7. 1 31 3 40 1 30 23 1211 13 41 6 48 1 43 336 1 43 24 1226 13 32 , 650. 1 55 3 31 J 56 25 .1240.13 23. 611. 2 6.326. 2 9 26 12 53 13 t 5. 5 53 2 16 3 20 2 21 27 13 6 15 2 5 3 i 2 27 3 14 2 54 28 1317 12 51 515 2 56 3 7 2 46 29 1328 457 2 45 3 0 2 58 30 1348 438 2 54 2 52 3 10 31 .13 47 .4 20 .12 44

La lettre A signifie que le soleil avance R qu'il retarde, M ŒW-.

que les minutes, S les secondes -


Suite de la Table d'Équation.

I. O n:n.l.. 1 ÁOUT, SRPTE)f. 1 OCTOBRE 1 NOVB:dD. DtCR:dB.

SE JUtLL. AOUT. SEPTED. OCTOBRE NOVEMB. DÉCEMB.

O s - ---.- ---- - - in. s. m. s. m. f. m. s. m. s. m. s.

1 R322 U6 0 A 0 ) A 1 (I 16 A 16 17 A 10 9 2 3 31 r> 571 0 2i 10 35 16 18 10 26 3 3 45 .5 53 0 431. 10 54 16 18 10 2; 4 3 56 5 48 1 2 11 12 16 17 938 5 .4 71.5 4-2. i 22 Il 30 16 16 9 13 6 .4171.536!. 142! 11 471.16 13. 848 7 4 271 5 30 2 2j 12 5.1510. 8 22 8 4 371 5 23 2 1229 16 6 7 56 9 4 4 6 5 15. 2 42 12 38. 16 1 7 29 10 4 551. 5 7 3 31 12 54, 15 56 7 2 11 5 41. 158 3 23i. 13 9 15 49 6 34 12 .5 12 4 48 3 4i(. 13 2t' 15 42 6 6 13 519 38 4 51 13 39 15 3t. 5 38 14 526 4 28.4 26.13 53.1325. 5 9 15 .533.4 16.4 47.14 6.1515. 4 40!

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DIVISIONS ARTIFICIELLES.

DES HEURES.

Selon quelques savants, l'étymologie du mot heure vient d'un surnom du soleil que les Egyptiens appellent horus; d'autres le font dériver d'un mot grec qui signifie terminer, distinguer.

Les heures sont aujourd'hui la vingt-quatrième partie de la révolution diurne de la terre, mais il y a eu autrefois des peuples qui partageaient en douze seulement l'intervalle total du jour et de la nuit; cette division venait probablement des douze mois ou des douze lunes de l'année.

On divise généralement le jour naturel en 24 heures.

Ces parties sont égales ou inégales.

Les heures sont égales, lorsque chacune est la vingtquatrième partie du jour naturel, ou la douzième partie de la moitié de ce jour, de minuit à midi et de midi à minuit. C'est ainsi que l'on compte les heures chez la, plupart des nations modernes.

Les astronomes comptent les 24 heures de suite, d'un midi au midi suivant; ainsi lorsque nous disons le 2 janvier, huit heures du matin, les astronomes disent le 1er janvier à vingt heures. Les Italiens comptent aussi les 24 heures sans interruption, et les commencent une demi-heure après le coucher du soleil.

, Dans l'usage ordinaire, où l'origine du jour est fixée à minuit, on s'arrête à midi, quand on a compté 12


heures, et l'on recommence à compter le même nombre d'heures jusqu'à minuit : ces deux périodes sont distinguées en heures du matin et en heures du soir.

Les heures sont inégales, lorsque l'on en compte douze pour le jour propre ou artificiel, et autant pour la nuit. Tel était l'usage des Juifs et des Romains, tel est encore celui des Turcs.Les Juifs et les Romains distinguaient dans le jour artificiel, pris du lever au coucher du soleil, quatre parties principales : prime, tierce, sexte et none; chacune de ces parties comprenait trois heure, qui étaient plus ou moins grandes selon que le soleil restait plus ou moins longtemps sur l'horizon. Ainsi prime commen- çait au lever du soleil; tierce à la fin de la troisième heure du jour ou après le quart du jour; sexte à la fin de la sixième heure, ou à midi ; none à la fin de la neuvième heure, ou après les trois quarts du jour.

Ils divisaient pareillement la nuit en quatre parties égales, qu'ils appelaient veilles de sorte que chaque veille contenait trois heures d'une longueur variable.

Les deux premières veilles partageaient par la moitié l'espace de temps qui s'écoulait depuis le coucher du soleil jusqu'à minuit; et les deux autres formaient aussi deux divisions égales depuis minuit jusqu'au lever du soleil.

Avant l'introduction d'heures artificielles, les Romains divisaient le jour naturel et la nuit naturelle d'après certains phénomènes qui, selon leur observation, se renouvelaient périodiquement, et d'après la croissance et la décroissance de la lumière du jour et de l'obscurité. Voici les seize dénominations qu'on trouve


pour ces diverses parties, dans les auteurs anciens; elles n'indiquent rien moins que des intervalles égaux.

Media nox, minuit.

Mediœ noctis inclinatio ou de media nocte, une heure après minuit.

Gallicinium, le chant du coq.

Conticinium, quand les coqs cessent de chanter.

Diluculum ou ante-lucem, le crépuscule du matin.

Mane, le lever du soleil.

Ad meridiem, vers midi.

Meridies, midi. Meridiei inclinatio ou de meridie, une heure après midi.

Solis occasus ou suprema, le coucher du soleil.

Vespera, le soir, le moment où se lève l'hesperua, l'étoile du soir. -

Crepusculum, le crépuscule, de creper ancien mot qui signifie incertain.

Prima fax ou lumina accensa, le moment où on allume les lumières.

Concubium, le moment de se coucher.

Intempestiva nox,la nuit avancée.

Ad mediam noctem, vers minuit.

Cette division vague et incommode fut la seule que les Romains connussent pendant plus de quatre siècles.

Lorsque, par la suite, l'usage des cadrans solaires et des clepsydres se répandit jusque dans les maisons des particuliers, les riches eurent des esclaves chargés d'annoncer à haute voix les heures écoulées.


L'heure se divise communément aujourd'hui en 60' minutes dont chaque minute comprend 60 secondes.

Les Juifs, ainsi que les Chaldéens ou Babyloniens, la partageaient en 1,024 scrupules (dont 18font une minute), et ce mode de division subsiste encore parmi les Arabes et d'autres peuples orientaux.

La division du jour en heures n'a pu être en usage parmi les hommes qu'après la découverte des premières mesures du temps. A l'égard des minutes, secondes et tierces que nous comptons aujourd'hui, les horloges des anciens avaient trdp peu d'exactitude pour donner d'aussi petites divisions. Elles ont été introduites, après la découverte du pendule, par les astronomes qui les unt empruntées de la division du cercle.

DE LA SEMAINE.

La semaine est une période composée de sept jours naturels, et qui correspond à peu près à une phase de lune, ou au quart du mois lunaire. L'année solaire commune contient 50 semaines. Cet usage de diviser le temps en semaines de sept jours est de la plus haute antiquité ; il était d'ailleurs très naturel que les premiers hommes, frappés des différentes phases de la lune, qui changent à peu près tous les sept jours, suivissent cette division que leur offrait la nature.

Cette division du temps était usitée chez les Juifs, les Egyptiens, les Assyriens, les Arabes et les Chinois. La semaine se trouve dans l'Inde parmi les Bramines, avec


nos mêmes dénominations et répondant aux mêmes instants physiques; elle s'est établie en Occident avec le christianisme.

Les Juifs désignaient les jours de la semaine par les noms de: premier, second, etc., jusqu'au septième, qu'ils appelaient Sabbah. Les chrétiens ont conservé les mêmes dénominations, excepté pour le premier jour qu'ils appellent le Dimanche.

Quant aux noms vulgaires que portent les jours de la semaine, ils nous viennent des Egyptiens et sont formés de ceux des sept planètes de l'ancien système astronomique, auxquels ces jours avaient été consacrés. Or, les anciehs, qui plaçaient la terre au centre de l'univers, rangeaient le soleil autour d'elle, et les planètes dans l'ordre de distance suivant : Saturne, Jupiter, Mars, le Soleil, puis Vénus, Mercure et la Lune.

Ainsi Lundi était poureux le jour de la Lune; Mardi, celui de Mars ; Mercredi, celui de Mercure; Jeudi, celui de Jupiter; Vendredi,' celui de Vénus; Samedi, celui de Saturne ; notre Dimanche était pour eux le jour consa- cré au Soleil.

Il est très remarquable que la semaine qui, depuis la plus haute antiquité dans laquelle se perd son origine, circule à travers les siècles, en se mêlant aux calendriers successifs des différents peuples, se trouve identiquement la même sur toute la terre, soit relativement à la dénomination de ses jours réglés sur le plus ancien système d'astronomie, soit par rapport à leur correspondance au même instant physique.

C'est peut-être le monument le plus ancien et le plus


incontestable des connaissances humaines, indiquant une source commune d'où elles se sont répandues.

Les Grecs furent longtemps les seuls qui ne divisèrent pas leurs mois en semaines de sept jours; ils les divisèrent en trois parties de dix jours chaque qu'ils nommaient décades, usage plus commode que la semaine, et qui a été renouvelé dans le calendrier français à partir de l'an Il de la république jusqu'à l'an XIV où il fut aboli de nouveau.

Les jours de la décade tiraient leur dénomination de leur numéro d'ordre, primidi premier jour (de primus premier, et dies, jour), et ainsi de suite jusqu'à décadi le dixième.

Cette période étant une aliquote exacte du mois de trente jours, le quantième de la décade avait un rapport sensible avec le quantième du mois. Ainsi le 5 d'une décade était nécessairement le 5, le 15 ou le 25 du mois, tandis que le 5 d'une semaine peut être sans distinction un des 30 jours du mois.

DU MOIS.

On distingue trois sortes de mois : le mois solaire ou astronomique, le mois lunaire et le mois civil ou usuel. Le premier, sur lequel se règle l'année, est le temps employé par le soleil à parcourir les signes du zodiaque, c'est-à-dire un peu plus de 30 jours.

Le mois lunaire est ou périodique ou synodique.

le périodique est le temps que la lune emploie à re-


venir au même point du ciel, il est de 27 jours 7 heures 43 4"; le synodique est celui qui s'éeoule depuis une nouvelle lune jusqu'à la suivante, ce dernier est de 29 jours 12 heures 44' 3 12

Le mois civil ou usuel est celui qui est accommodé à l'usage de chaque peuple.

Les 365 jours dont se compose l'année commune, ne pouvant être exactement divisés par 12, il se présenta deux moyens d'en faire la répartition. Le premier, c'était de donner 30 jours à chacun des douze mois, dont la somme s'élevait alors à 360 jours, et de placer à la suite les 5 jours restants, qui n'appartiendraient à aucun mois. Telle fut la méthode que suivirent les anciens Egyptiens, chez lesquels ces 5 jours, destinés à compléter l'année solaire, se nommaient épagomènes, c'est-à-dirc sur-ajoutés. 1 Le second moyen consistait à faire des mois inégaux.

C'est ce qui avait lieu chez les Romains,, dont l'année commune comprenait sept mois de 3.1 jours, quatre de 30 et un de 28 ; telle est aussi la division adoptée par les Européens modernes.

L'année primitive des Romains n'avait que dix mois, les six derniers prenaient leur nom du rang qu'ils occupaient, et s'appelaient quintile, sextile, septembre, octobre, novembre et décembre. Ces dénominations furent conservées après que Numa eut ajouté les mois de janvieret de février qui occupaient le commencement de l'année. Mais dans la suite qvintile reçut le nom de juillet en l'honneur de Jules César ; et celui


d'Auguste fut donné au mois suivant que, par corruption, nous appelons août.

Jules César avait réglé qu'il y aurait six mois de 31 jours, et que les autres en auraient 30 à l'exception de février, qui n'en devrait avoir que 29 dans les années communos.

Mais Auguste ne voulut pas que celui qui portait son nom fût inférieur à celui de juillet; il ôta donc un jour au mois de février, pour en augmenter le mois d'août, et dérangea ainsi l'ordre établi par Jules César.

Le mois des Romains était divisé en trois périodes inégales, les calendes, les nones et les ides.

Les calendes étaient fixées au premier jour du mois.

Ce jour-là on convoquait le peuple pour lui indiquer le nombre de jours que devait avoir la période des nones; dans des temps plus anciens, la convocation avait pour objet d'annoncer au peuple le jour où la nouvelle lune commencerait à paraître.

Les nones arrivaient le 5 ou le 7; les ides le 13 ou le 15. Le jour des nones était le neuvième jour avant le jour des ides, c'est de ce rapport invariable que dérive le nom des nones ou neuvièmes. Dans les mois de mars, mai, juillet et octobre, le jour des nones était le 7 et celui des ides le 15 ; dans tous les autres mois, le jour des nones était le 5 et celui des ides le 13.

Les anciens Grecs divisaient leurs mois lunaires en trois périodes de dix jours chacune pour les mois pleins, et pour les mois caves en deux périodes de 10 et une de 9.

La première période se nommait commencement du


mois; la seconde, milieu du mois; et la troisième, fin du mois.

Les jours de chaque période étaient simplement distingués par leur ordre numérique; ainsi pour exprimer le 13 ou le 14 du mois, on disait le troisième et le quatrième du milieu du mois. Seulement, dans la dernière période, on comptait les jours en remontant du 30 au 21.

Le premier jour du mois s'appelait néoménie ou la nouvelle lune; et le dernier jour lune ancienne et nouvelle.

Comme les mois grecs ne se réglaient pas d'après le cours du soleil, mais d'après les changements de la lune, et que, par conséquent, ils commençaient tantôt plus tôt, tantôt plus tard, les Grecs furent obligés de régler l'agriculture, la navigation , les préceptes sanitaires, et, en un mot, tout ce qui regardait les saisons, aux points cardinaux et au lever des étoiles fixes. C'était l'occupation des astronomes d'observer ces phénomènes, et de les rédiger en forme de tableaux qu'on appelait parapegmes (affiches).

DE L'ANNÉE.

4

La nature et l'étude de l'astronomie ont donné aux hommes les divisions du temps par jours, semaines, mois et années. En remontant aux siècles les plus éloignés, nous avons vu que l'on ne comptait alors que par des jours, des semaines, ensuite que par des mois lunaires de trente jours; on n'eut longtemps d'autre me-


sure chez tous les peuples du monde; la révolution de la lune a donc été pour les hommes la première période de temps. Mais la révolution du soleil, d'où résulte la vicissitude des saisons et dépendent les travaux de l'agriculture, leur suggéra bientôt l'idée d'une période plus longue. 1 Quelques peuples, pour trouver la Iiirée de l'année, ont fait plus d'attention aux révolutions de la lune qu'à celles du soleil. Ayant cru remarquer que l'année se renouvelait quand la lune avit passé douze fois par le zodiaque, ils nommèrent année une suite de douze révolutions de la lune, à compter d'une nouvelle lune jusqu'à l'autre. Voilà ce qu'on appelle l'année lunaire.

Le mois lunaire étant, comme nous l'avons vu, de 29 jours 12 heures 43 3 12 ', il s'ensuit que la véritable durée d'une année lunaire est de 354 jours 8 heures 48' 38" 12 La différence entre l'année solaire et l'année lunaire est donc de 10 jours 21 heures 0 7 18"', que l'année solaire a de plus.

Cette différence de près de 11 jours, répétée trois fois, produit plus d'un mois. Ainsi, pour assujettir au cours du soleil l'année lunaire, composée de 354 jours, il fallut ajouter à celle-ci, tous les trois ans et même plus souvent, un treizième mois, que les Grecs appelaient embolismique ou intercalaire, lequel était ordinairement de 30 jours, et quelquefois de 29.

On a donc distingué deux sortes d'années lunaires, les années communes et les années embolismiques. L'année commune est composée de douze mois lunaires, qui donnent 354 jours; et l'année embo-


lismique de 13 mois qui produisent 384 jours et quelquefois 383.

L'année proprement dite est le temps que le soleil emploie à revenir au même équinoxe ou au même solstice, et, en général, au même point de l'écliptique.

Cette division naturelle, que l'on nomme année solaire, comprend 365 jours et environ 6 heures.

Pour accommoder aux usages civils la durée de l'année solaire, on négligea d'abord les six heures qui excèdent le nombre de 365 jours. Mais on ne tarda pas à s'apercevoir qu'en faisant toutes les années de 365 jours, il en résultait, après de petits intervalles, une erreur très-sensible, puisque six heures produisent un jour au bout de quatre ans. Afin d'employer ces six heures excédentes, on prit le parti d'ajouter un jour tous les quatre ans, de sorte que chaque quatrième année était composée de 366 jours.

Les années de 365 jours se nomment aimées commu- nes et l'année de 366 jours s'appelle année bissextile.

Cette dernière dénomination a sou origine dans le calendrier romain.

Ce fut Jules César qui fit faire cette addition d'un jour tous les quatre ans. Etant tout à la fois dictateur et pontife, ce soin le regardait principalement. Pour s'en acquitter avec plus d'exactitude, il fit venir Sosigènes, mathématicien d'Egypte, qui s'occupa de ce travail. Et l'an de Rome 708, il fut ordonné qu'à chaque quatrième année, les six heures négligées dans chacune des précédentes, formeraient un trois cent soixante-sixième jour.


Le jour intercalaire fut placé immédiatement avant le 24 février, qui, pour les Romains, était le sixième jour avant les calendes de Mars; et afin de ne pas déranger l'ordre numérique des autres jours, on le nommait second sixième ou bissexte (bissextus).

De là est venu le nom de bissextile, donné à l'année qui a un jour de plus que les autres.

L'année bissextile se combine avec l'année commune de manière qu'il y a toujours trois années communes entre deux bissextiles.

Cette combinatson, qui rapproche l'année civile de l'année astronomique, se nomme correction Julienne, parce qu'elle est due à Jules César.

L'astronome Sosigènes, en faisant la réforme du calendrier, avait supposé que l'année tropique était juste de 365 jours et six heures. Mais cette supputation excède de 11 minutes 12 secondes la durée de la véritable année. Ces onze minutes de trop, quoique fort peu de chose, produisent à peu près un jour en 133 ans, en sorte que- , depuis la correction de César jusqu'à l'an 1582, où le pape Grégoire XIII fit une nouvelle réforme au calendrier, l'équinoxe du printemps arrivait déjà le 11 mars au lieu de se trouver le 21, où le concile de Nicée l'avait fixée l'an 325 de l'ère chrétienne, Pour réparer ce dérangement, qui s'augmentait chaque année, et pour remettre les équinoxes dans leur place déterminée par le Concile, Grégoire XIII, d'après l'avis des plus habiles astronomes, ordonna, par une bulle; que l'an 1582 l'on retrancherait les dix jours d'erreur produits depuis le Concile de Nicée, par l'excès


des 11 minutes de l'année Julienne, sur l'année astronomique, et que le lendemain du 4 octobre serait compté pour le 15, Afin de prévenir une semblable erreur, il fut arrêté que, dans l'espace de 400 ans, l'on retrancherait du calendrier trois bissextiles, par conséquent 1700 et 1800 n'ont pas été bissextiles, 1900 ne le sera pas, mais l'an 2,000 le sera. D'après ce qui a été dit, il est facile de voir en quoi consiste la différence des années Grégoriennes aux années Juliennes.

Les années Juliennes contiennent 365 jours et 6 heures. Telles sont celles que l'on compte depuis la correction du calendrier par Jules César, 46 ans avant J.-C.

Les années Grégoriennes sont plus courtes de 10 minutes 48 secondes, ce qui produit en 400 ans une diffé- rence de trois jours. Telles sont celles que comptent, depuis 1582, les nations qui ont adopté la réforme Grégorienne.

Les Arabes et les Turcs se servent encore aujourd'hui de l'année lunaire.

Les Athéniens commençaient leur année à la nouvelle lune qui suivait le solstice d'été. Quant à l'année 1 Romaine, Numa en avait fixé le commencement au solstice d'hiver.

Les Persans, ainsi que les Grecs modernes, placent le commencement de l'année au premier septembre.

Il eu a été de même des Russes jusque vers l'an 1700, où Pierre-le-Grand introduisit dans son empire de com- mencer l'année au mois de janvier.


Le commencement de l'année a aussi beaucoup varié en Occident suivant les temps et les lieux. Pour ce qui concerne la France, l'usage ordinaire, sous la première race de ses rois, était de commencer l'année au premier jour de mars, où se faisait la revue des troupes.

Sous la seconde race, surtout du temps de Charlemagne, on la commençait à Noël, et cet usage se maintint pendant tout le neuvième siècle. Mais ensuite il n'y eut plus d'époque fixe : l'origine de l'année était placée par les uns à Noël, par d'autres au 25 mars (jour de l'Annonciation), par d'autres enfin, à la veille ou au jour même de Pâques. Le terme de Pâques prévalut sons la 3e race, et fut généralement employé jusqu'à l'édit de Charles IX, donné en 1564, à Roussillon, en Dauphiné, par lequel il fut ordonné que le 1er janvier serait à l'avenir le jour initial de l'année française.

ANNÉE ATHÉNIENNE.

L'année athénienne a été introduite, par Solon ou du temps de ce législateur, environ 594 ans avant J.-C.

11 est probable que les Grecs ont emprunté leur année de quelque peuple asiatique. L'année attique était lunaire ; elle commençait avec le solstice d'hiver, et était divisée en douze mois, alternativement de 29 et de 30 jours. Elle était donc en tout de 354 jours.

Lorsque, par la suite, les Athéniens s'aperçurent qu'elle retardait de H jours sur le cours du soleil, ils s'avisèrent d'un moyen bizarre pour faire disparaître


cette différence. Tous les deux ans, ils intercalaient un treizième mois de vingt-deux jours. Le cycle, ou deux.

années réunies, s'appelait dieteris. Il formait 730 jours, somme égale à deux années solaires, en négligeant les fractions.

Mais bientôt les Athéniens «'aperçurent que la différence entre l'année solaire et leur année civile ne faisait pas seulement onze jours, mais près d'un quart en sus : cette observation les engagea à ajouter tous les quatre ans un vingt-troisièmc-jour à leur mois intercalaire.

Ce cycle dequatre ans est appelé tetraeleris) il était composé de 1461 jours, somme égale à celle de quatre années Juliennes, dont une bissextile.

Cette manière d'intercaler éprouva un nouveau changement. Pour ne pas avoir des mois de 22 et de 23 jours, on doubla les tétraétéris, et l'on adopta un cycle de huit ans, octaeteris, dans lequel, à chaque troisième, cinquième et huitième année, on intercala un mois de trente jours. Ce cycle forme 2922 jours, commehuit années Juliennes, dont deux bissextiles.

Dans ce calculon avait admis que l'année lunaire est de 354 jours ; mais nous avons vu qu'elle est de 354 jours 8 h. 48' 38" 12' Par conséquent, un cycle de huit ans fait presque 2923 jours 1/2. Cette considération fut cause que l 'onl dou LIa encore pe cycle, et qu'on forma l'hexkaidekaeteris ou le cycle de seize ans. Dans celui-ci, on laissa la première octaétéride de 2922jours mais on porta la seconde à 2925, en intercalant trois jours de plus que dans la première.. Cette manière d'intercaler produisit un inconvénient, c'est qu'après dix


hexkaidékaétérides ou 160 ans, l'année civile anticipait de trente jours sur l'année solaire. Pour rétablir l'égalité, on omettait, au bout de 160 ans, le mois interca- laire de trente jours.

Dans tous les cycles, 1 année Où l'on intercalait un mois s'appelait année embolimique de embole, qui vient d'mballô, jeter dedans. Méton, qui a vécu 432 ans avant J.-C., fit un changement notable dans le calendrier athénien, en faisant recommencer l'année vers le solstice d'été, ainsi que cela s'était observé à Athènes avant Solon.

ANNÉE MACÉDONIENNE.

Jusqu'à Alexandre-le-Grand, l'année des Macédoniens ne différait de celle des Grecs qu'en ce qu'elle commençait par l'équinoxe d'automne, comme faisait celle des Athéniens depuis le temps de Solon jusqu'à ceux de Méton; mais leurs mois portent d'autres noms.

Alexandre ordonna qu'à l'avenir l'année commencerait par le mois qui jusqu'alors avait été le dernier.

Lorsque, après la mort de ce prince, ses généraux fondèrent de nouveaux états en Asie, le calendrier macédonien y fut introduit, et l'on s'en servit dans les actes publics ; co qui n'empêcha point les peuples asiatiques, soumis à des princes d'origine grecque, de con- server les anciennes formes de leur année dans les transactions particulières, et pour fixer les jours de leurs solennités religieuses.


Tous les états sortis de la monarchie d'Alexandre tombèrent successivement sous la puissance des Romains. Le calendrier de Jules César y fut introduit, comme dans le reste des provinces de l'empire; on y conserva cependant les anciennes dénominations des mois., et l'usage de commencer l'année le 24 septembre.

Ce nouveau calendrier est aussi connu sous la dénomination de macédonien; pour le distinguer de l'ancien, on pourrait le nommer néo-macédonien. Les médailles anciennes nous font même voir que, sous la domination des Romains, quelques pays et villes asiatiques conservèrent leur calendrier particulier à côté de celui de Jules César.

ANNÉE JUIVE.

Depuis que les Juifs s'emparèrent de la Palestine, et y formèrent un état indépendant, jusqu'à leur soumission par les rois, de Babylone, leur année était lunaire, et composée de 354 jours, répartis inégalementen douze mois. Ils commençaient l'année par le mois dans lequel ils étaient sortis de l'Egypte. Il leur était prescrit d'offrir à Dieu, le 16 de ce mois, des épis d'orge mûr; mais dans un calendrier aussi imparfait que le leur, la moisson de l'orge devait, tous les ans, être retardée de onze à douze jours; et, au bout de quelques années, ils n'auraient pu se procurer des épis d'orge pendant tout leur premier mois (Abib), s'ils n'avaient imaginé un moyen pour remédier à cet inconvénient. Voici comment ils faisaient. -


Si vers la fin de leur dernier mois (AdaT), ils voyaient que la moisson était encore trop reculée pour qu'on pût espérer d'avoir de l'orge mûre vers le milieu du mois suivant, ils ajoutaient à ce mois un treizième de trente jours, appelé ve adar (second adar). Une telle année intercalaire avait donc 384 jours. On sait, par les voyageurs, que l'orge mûrit, en Palestine, peu après l'équinoxe du printemps: c'est donc dans cette saison que commençait l'année des Juifs.

Telle était l'année religieuse de ce peuple. Mais à côté d'elle ils en avaient une autre, civile, qui commençait à l'équinoxe d'automne. — Par un passage de la Genèse, il semblerait que les Juifs comptaient six saisons : les semailles, l'hiver, le froid, la moisson, l'été et la chaleur.

Après leur retour de la captivité de Babylone, les Juifs conservèrent les dénominations babyloniennes ou chaldéennes des mois, auxquelles ils s'étaient accoutumés pendant leur exil. Depuis, ils ont fait subir à leur calendrier plusieurs modifications, surtout par le Talmud, vers l'an 500 après J.-C. Nous croyons devoir les passer sous silence, parce que ces détails ne pourraient être utiles qu'à un petit nombre de personnes. Il nous suffira de faire observer que les Juifs ont six espèces d'années, dont trois communes de douze mois lunaires, l'une de 354 jours ; l'autre de 353 jours: la troisième de 355. Les trois années intercalaires ont 384, 387 ou 385 jours. -

, Les anciens Juifs avaient un cycle de sept années, pendant la dernière desquelles, appelée année du sabbat, la terre restait en jachère ; et une période de sept


de ces cycles, appelée jubilé. Les années dont se composaient ce cycle et cette période n'étaient pas religieuses, mais des années civiles commençant au septième mois de l'année religieuse. L'année du jubilé, tous les serfs d'extraction juive étaient mis en liberté, toutes les dettes étaient censées éteintes, et toutes les propriétés aliénées retournaient à leurs anciens possesseurs, car le fonds était regardé comme inaliénable, et on Savait vendu qu'nn certain nombre de récoltes.

Les Juifs avaient des semaines de sept jours ; le sap-

tième était nommé sabbat, jour de repos, parce que ce jour-là ils s'abstenaient de tout travail en commémoration de l'œuvre de la création. On ne trouve pas, dans leurs livres sacrés, que les autres jours aient eu des noms particuliers. Ils ne connaissaient aucune division artificielle des jours. Il est fait mention, dans le 2e livre des Rois, d'un cadran solaire; mais de la manière même dont il est question de ce cadran, il paraît que ce fut une chose extraordinaire et peut-être unique.

Dans le nouveau Testament, il est question d'heures artificielles ; sans doute les Juifs les avaient prises des Grecs ou des Romains.

ANNÉE ÉGYPTIENNE.

Plusieurs phénomènes frappants facilitèrent aux Egyptiens la découverte de la vraie durée de l'année solaire. Telles sont les inondations périodiques du Nil, et les vents qui soufflent constamment et régulièrement


en certaines saisons. Un ciel toujours serein, et où les astres brillent d'un éclat extraordinaire, devait rendre ce peuple attentif à l'apparition et à la disparition régulière des corps célestes, surtout de Sirius, qui se lève 'dans les derniers jours de notre mois de juillet (1). Enfin, la ville de Syène (aujourd'hui Assouan) sur la frontttre de l'Ethiopie, était située sous le tropique du Cancer, de manière que le jour du solstice d'été, le soleil était immédiatement au-dessus de la tête des habitants, et qu'à midi les corps ne projetaient pas d'ombre.

Tous les antiquaires conviennent que les prêtres Egyptiens connaissaientla vraie durée de l'année solaire de 365 jours et près d'un quart ; mais ils ne sont pas d'accord si les Egyptiens ont tiré parti de cette connaissance pour l'arrangement de leur année solaire, et s'il est vrai qu'ils ont eu des années de 365 jours avec des bissextiles de 366. — Ce qui est incontestable, c'est que, sous les Ptolomée, l'année civile des Egyptiens était une année commune de 365 jours : savoir, de douze mois de trente jours et de cinq jours complémentaires appelés épagomènes.

Les Egyptiens regardaient le lever de Sirius, vers la fin de notre juillet, comme une marque que l'année se renouvelait ; mais, puisque leur année civile était trop petite d'environ six heures, elle précédait tous les quatre ans, le lever de Sirius d'un jour, et tous les siècles de 25 jours; et, dans l'espace de 1460 ans, leur nouvel

(1) Voyez le Traité d'Astronomie qui fait parlic de la BIBLIOTHÈQUE POPULAIRE. - l 1


an avait fait le tour de toute l'année naturelle, à moin qu'on n'adopte l'hypothèse de quelques savants, d'après laquelle les Egyptiens, par des intercalations irrégulières, faisaient retomber le commencement de leur année sur le lever de Sirius.

L'Egypte ayant été réduite en province romaine, l'empereur Auguste y introduisit l'année julienne, en ordonnant que trois années communes seraient toujours suivies d'une année bissextile ; mais les anciens noms égyptiens des mois, leur composition de trente jours, et l'usage des cinq jours complémentaires furent conservés. Dans la 724e année de Rome, où le calendrier julien fut introduit en Egypte, le 1er du mois de thoth (premier mois de leur année) était tombé sur le 29 août ; cela fut cause que, depuis ce temps, les Egyptiens continuèrent de commencer l'année à cette époque.

Cette modification de l'année julienne est appelée, par les auteurs, année alexandrine, parce qu'elle fut principalement suivie à Alexandrie et par les Grecs et les Romains qui habitaient l'Egypte. Les indigènes conservèrent leur ancien calendrier jusqu'à leur conversion au christianisme.

ANNÉE BABYLONIENNE OU DE NABONASSAR.

Les Babyloniens et les Chaldéens, si célèbres dans la plus haute antiquité pour leurs connaissances astronomiques, n'avaient pourtant qu'une année civile très-imparfaite. — L'année babylonienne était de 365 jours,


sans aucune intercalation, et par conséquent ce qu'on appelle une année vague, parce que, dans l'espace de 1460 ans, son commencement parcourt toute l'année tropique. 1 Ptolomée et Geminus, astronomes d'Alexandrie, du second siècle de notre ère, font mention d'une période astronomique des'Babyloniens, composée de 223 révolutions de la lune, ou de 5850 jours et 8 heures, équivalent à 18 années juliennes, 10 jours, 20 heures, au bout desquels la lune se retrouve à la même place, et les éclipes se renouvellent presque dans le même ordre.

Ainsi que les Egyptiens, les Babyloniens divisaient leur année en douze mois de trente jours, suivis de cinq jours complémentaires.

On croit que ce sont les Chaldéens qui ont nommé les sept jours de la semaine d'après les planètes ; mais il ne paraît pas qu'ils aient inventé la division hebdomadaire qui se trouve chez d'autres peuples aussi anciens qu'eux, tels que les Arabes.

Les Babyloniens commençaient le jour civil au lever du soleil, et le partageaient en douze heures égales..

La période de 1460 ans, après lesquels le lever de Si- • rius tombe de nouveau sur le 1er du mois thoth, est appelée période sothiaque (Sothis étant l'équivalent de thoth, et signifiant, comme ce dernier mot, le Chien, c'est-à-dire Sirius), ou l'année de Dieu. Cette période s'est renouvelée 139 ans après J.-C.; ou, si l'on aime mieux adopter l'opinion de quelques savants, 2782 ans avant notre ère, ce qui ferait remonter cette année à 438 avant le déluge.


J. ANNÉE DE DJELALEDDIN.

On est surpris de trouver au milieu de l'Asie, et dans un siècle où l'Europe était plongée dans la barbarie, la forme d'année la plus parfaite qui ait été imaginée : c'est celle qu'on appelle l'année de Djelaleddin.

Malek-Schah, empereur ou roi d'Iran (de Perse), de la dynastie des Seldjoucides, surnommé Djelaleddin, c'està-dire splendeur de la religion, la fit rédiger l'an -1079 de J.-C. Les astronomes de ce prince avaient fixé l'année à 365 j., 5 h., 49', 15",0"', 48"", erreur bien légère, puisqu'elle ne forme un jour qu'au bout de 2928 ans.

Comme année civile, on peut regarder celle de Malek comme étant sans faute. Elle est composée de douze mois de trente jours, suivis de cinq jours complémentaires. L'année bissextile est de 366 jours.

Jusque là elle paraît identique avec l'année grégo- rienne, à l'égalité des mois près; mais elle en diffère dans un point essentiel. Ainsi que dans le calendrier julien, chaque 4e année est de 366 jours., mais la septième ou huitième fois que, dans cette série, l'année devrait êlre bissextile, elle n'est que commune; et le jour intercalaire est renvoyé à l'année suivante, de manière que quatre années de suite sont de 365 jours, et la cinquième seulement de 366. De cette manière, on évita l'inconvénient que le calendrier julien a produit en Europe jusqu'à la réforme du pape Grégoire XIII, et l'on obtint que le premier jour de l'an tombât toujours sur l'équinoxe du printemps. — Telle est la forme de cette


farofeuse année persane. "Djelaleddin l'a-t-il introduite dans ses états comme année civile, ou a-t-elle seulement servi aux astronomes pour leurs calculs? C'est une question sur laquelle on n'est pas d'accord.

Les mois chez les anciens Persans, n'étaient pas divisés en semaines, mais chaque jour, ainsi que les mois, avait dans leur calendrier un nom particulier pris de ceux de certains anges qui, selon leur croyance, exer- çaient leur influence sur toutes les actions des hommes.

ANNÉE LUNAIRE DES ARABES.

Toutes les nations musulmanes ont adopté l'année qui, avant Mahomet, était en usage en Arabie, et à laquelle rien n'a été changé. Elle est purement lunaire, sans, aucun égard' aux révolutions du soleil; c'est par .conséquent celle qu'ont adoptée les peuples qui n'ont pas franchi le prunier degré de civilisation. Cette année est de 354 jours; mais lorsque les Arabes commencèrent à s'occuper de l'astronomie, ils ne tardèrent pas à s'apercevoir que l'année lunaire astronomique excède de 8 h. 48' leur année civile. M fallut donc, de temps en temps, intercaler un jour, et faire une année de 355 jours. Mais comme on observa que la fraction de 8 h.

48', répétée trente fois, produisait exactement onze jours, on imagina, pour l'intercalation de ces onze jours, un cycle de trente ans. Les années dans lesquelles on intercale sont les 2e, 1)"', .7% 10% 13% 13% 18% 21e, 24% 1 ;


26e, 29e. Ainsi, ce cycle se compose de dix-neuf années communes et de onze intercalaires.

L'année solaire excède l'annéede 10 j. 21 h. 0'7" f'; cette différence fait, en trente-deux années solaires, 359 jours 5 h. 36', et ainsi une année lunaire ét" quatre jours. Par conséquent trente-deux années solaires équivalent à trente-trois années lunaires.

Les Arabes ont des semaines de sept jours; ces jours ne sont pas consacrés aux planètes, mais désignés simplement par des chiffres ; le premier, le second, etc., jour de la semaine.

ANNÉE DES HINDOUS.

Les Rrahmes ont calculé que l'année astronomique était de 365 j. C h. 12' 30"; ainsi, d'après les calculs de nos astronomes, ils se sont trompés de 23' 44" 30m; leur année excède même de 2' 19" notre année sidérique, ce qui, tous les soixante ans, fait près'd'un jour, ou exactement 23 h. 44' 30".

Leur année civile est de 365 jours avec des années intercalaires d'après un cycle de soixante tannées. L'année a douze mois; le jour commence au lever du soleil, et est divisé en soixante heures.

Leur année astronomique commence à l'instant où le soleil entre dans le Bélier, ou le 11 ou 12 avril.

Le commencement de l'année civile se règle d'après des tables qu'ils ont dressées pour leur année astronomique. Comme leur jour civil commence au lever du


soleil, on est convenu que, lorsque le nouvel an indiqué par les tables tombe après la 30e heure (c'est-à-dire douze de nos heures après le lever du soleil), et par conséquent sur une heure de la nuit, le nouvel an civil ne commencera que le lendemain; par conséquent l'an née écoulée aura eu 366 jours. Ces intercalations forment un cycle de soixante ans, qu'ils appellent l'année, ou la grande année : chaque année h ce cycle a un nom particulier.

» ANNEE CHINOISE.

Les Chinois commencent le jour à minuit, et le divisent en douze heures (babyloniennes), dont chacune porte un nom particulier en leur langue ; ils ont encore une autre division en cent parties subdivisées en dix mille. Ils ont des semaines de dix jours, mais ils comptent les jours d'après un cycle de 60 jours.

Leur année est lunaire, composée de mois lunaires de 29 et 30 jours : elle commence à la nouvelle lune qui approche le plus du 15e degré du Verseau, qu'ils regardent comme l'époque du printemps, et qui tombe dans les derniers jours de notre mois de janvier.

Pour mettre cette année en concordance avec le cours du soleil, les Chinois intercalent un mois entier; cette intercalation s'opère moyennant un cycle de dix-neuf ans; dont sept sont bissextiles. Ils suivent la règle d'intercaler le mois pendant lequel le soleil n'entre dans aucun signe du zodiaque. — Leurs mois sont désign,'.s par des chiffres, et divisés en trois décades.


POIDS ET MESURES DE FRANCE.

L'étalon légal, que l'on nomme mètre, sur lequel est basé notre système décimal, est le dix-millionième du quart du méridien terrestre; il sert d'unité de mesure pour toutes les longueurs; on l'a divisé et multiplié ensuite selon la progression décimale de la numération, avec les dénominations suivantes : - Mesures de longueur.

Noms. valeur.

Millimètre, le millième du mètre.

Centimètre, le centième du mètre.

Décimètre, le dixième du mètre.

Mètre, unité fondamentale.

Décamètre, dix mètreç.

Hectomètre, cent mètres.

Kilomètre, mille mètres.

Myriamètre, dix mille mètres.

Mesures de surface.

Centiare, 1 centième de l'are ou un mètre carré.

Are, cent mètres carrés, carré de dix mètres - de côté.

Hectare, cent ares ou dix mille mètres carrés, carré > de cent mètres de côté.

* Mesures de capacité.

Litre, un décimètre cube.

Décalitre, dix décimètres cubes.

Hectolitre, cent décimètres cubes. Kilolitre oustère, un mètre cube.


Nouveaux poids. 1 Pour l'unité de mesure des différents poids, on a pris le poids d'un centimètre cube d'eau, à 4 degrés centigrades au-dessus de zéro ; on l'a appelé gramme, et on l'a divisé et multiplié selon le système décimal, comme il suit :

Milligramme, le millième du gramme.

Centigramme, le centième du gramme.

Décigramme, le dixième du gramme.

Gramme, unité de pesanteur.

Décagramme, dix grammes.

Hectogramme, cent grammes.

Kilogramme, mille grammes.

Myriagramme, dix mille grammes ou dix kilogrammes.

Quintal, cent kilogrammes.

Millier, mille kilogrammes , poids du mètre cube d'eau et du tonneau de mer.


TABLEAU COMPARATIF Des Poids anciens et nouveaux,

RÉDUCTION AVEC FRACTIONS DÉCIMALES.

Des Grains Des Gros Des Onces joes Livres^en I en Grammes. en Grammes. en Grammes. Kilogrammes I en Grammes. en Gramnies. Kilogrammes - E 1 à !

S I ■ • i •S tO « g S g S 0 I 2 2 £ S » 0 o » © <3 3 £ 10 0, 53 1 3, 82 1 30, 59 1 0, 4,895 20 1, 06 2 7, 65 2 61. 19 2 0 9,790 30 1, 59 3 11, 47 a 91, 78 3 1 46S5 40 2, 12 4 15, 30 4 122, 38 4 1, 9,580 50 -2, 6 5 19, 12 5 152, 97 5 2, 4,475 60 3, 19 6 22. 94 1 6 183, 57 6 2, 9 370 70 3, 72 7 26, 77 7 214, 16 7 3, 4,265 72 8, 82 8 30, 59 8 244, 75 8 3, 9,160 ,-=-==---=',=- ---) Des Grammes Il Kilogrammes en Grammes Décigrammes en Onces, Gros Livres, Onces, Gros et Grains. et Grains. en Grains. en Grains. S -ïj 6 c.Co) ci - A VJ 2 « S m ■= 2 „• -ci S c c ..; t:.D c ..: 2 g è £ 1 a S ™ E 2 ™ -S a -j jo 3 a iï 3 5 Ô o « « £ a o £ 0 0 19 1 2 0 5 35 1 18 8 1 1 9 i 2 0 0 38 2 4 1 2 70 2 37 6 2 3 8 3.0 0 56 3 6 2 0 33 3 56 5 3 5 6 4 0 i :t 4 8 2 5 69 4 75 3 4 7 5 5 1, 1 22 510 3 3 321 5 94 1 5 9 4 6 1 0 I 4î 6 12 4 0 67/1 6 113 0 6 H 3 7 | 1 6O1 7 i i ! 4 630 7 151 8 7 13 a 8,0 2 7, 8 116 5 3 65 8 150 6 8 15 1 9 ; 0 :> 2-5j 918 fi 1 28; 9 170 4 9 17 n 10 ! 0 2 441; 10 1 ,20 6 6 64; 10 192 2 ! 10 ! 1 18 q J~ Il 1


TABLEAU COMPARATIF Des Mesures linéaires, anciennes et nouvelles.

RÉDUCTION AVEC FRACTIONS DECIMALES.

DBS I IGNEâ DES MILLllll. DBS CENTIMÈT DRB DÉCIMÈTRES en en en pieds, pouces en pieds, pouces millimètres. lignes. et lignes. et lignes. si 1 .i l i 1 f:: f f 8..; .,; '(3 g C « 8 a » 8. S g I "I O.. £ P S - 2 c l "Sac 103 8,330 t¡O'- .- tIO - 0 bO S> .'g B e .S? g "S. g. = 2 0 7 4,659 3 0 11 0,989 4 1 2 9,318 t 3.256 1 0,443 10 O 4.433 3, 1 6 5,648 2 4 512 2 0,887 20 0 8,866 6 1 10 1,977 8 6,767 3 1330 3 0 1 1,229 7 2 1 10,307 A 9 *023 * 1773 4 0 1 5,732 8 2 5 6,637 5 11,279 5 2,2161 50 1 10.165 9 2 9 2,966 6 13,535 6 2,200 j 6 0 2 2,598 10 3 0 11,296 7 15,791 7 3,103j 7 0 2 7.031 DU METREen pieds 8 18,047 8 3546' 80 211,464 DUMBTREepleds 9 20,302 9 3,990 9,0 3 3.897 pouces, lignes.

10 22,558 10 4,433 10 0 3 8,330 £ « g S 20 45,117 20 8,866| 15|0 5 6,49 £ « a g, 30 67,675 30 13.299, 200 7 4,659 g q. 8. =

40 90,233 40 17,732 30 0 11 0,989 1 3 0 11,296 50 112,791 50 22,1651 40jl 2 9,318 2 6 1 10,593 100 225 583 100 44,330 50 1 6 5,648 3 9 2 9,888 200 451,166 2001 8\659; 60 1 10 1,977 4 1 2 3 9,1N4 300 676,749 3001132,989; 70 2 1 10,307 515 4 8,480 4001 902.3321 400,1:7,318, 80 2 5 6,637 101 30 9 4,960 500 1 127 915 500 221,648 90 2 9 2,966 50 154 11 0,80 l,0®°jM®'*96j100j3 06 100,307 10 1, e


TABLEAU DU POIDS ET DIAMÈTRE DES PIÈCES DE MONNAIES FRANÇAISES.

ë <= 1—'— 6 POInS AVEC L4 TOLÉRANCE. [IiI.= F ^-5 POIDS AVEC LA TOLÉRANCE. eH s o w £ S Cfl DQ H P3 POIDSEXICT .::: S^'S c-o g = O ¡:I, = •S o- En plus. En moins. 35 Hg L Or. Gr. Mill. Gr. Gr. Mill.

fr c.

M » 32258 1 32,290258 32,225742 35 50 » 16129 2 10,101258 16,096742 28 40 » 12,90322 2 12,92903 12,87740 26 20 » 6,45161 2 0,46451 6.43871 21 10 » 3,22580 2,5 3,23225 3;21935 • 19 5 » 1,61290 3 1,61774 1,60806 17 Argent.

5 » 25 3 25,075 24,925 37 2 » 10 5 10,05 9,95 27 1 ti 5 5,0275 4,975 23 » S0 2,50 7 2,515 2,4825 18 » 20 1 10 1,01 0,99 15 C Loi du Cuivre. 6 mai 1852.

» 10 10 i 10 10,100 9,900 30 » 5 5 Í 5,050 4,950 25 » 2 2 j 2,030 1,970 20 » 1 1 ( 4,015 0,985 15 -== 1


MONNAIES DÉCIMALES DE FRANCE.

Aux termes de la loi du 7 germinal an XI (28 mars 1,803), cinq grammes d'argent au titre de neuf dixièmes constituent l'unité monétaire, qui conserve le nom de Franc.

Le franc se divise en dix décimes et en vingt pièces de cinq centimes qui ont conservé vulgairement les noms 'de deux sous et sou.

Titre des Monnaies.

Les monnaies d'or de France contiennent, ainsi que celles d'argent, un dixième d'alliage et neuf dixièmes de métal pur; en général (le titre s'exprimant en millièmes), le titre monétaire exact, ou sans la tolérance, est de 900 millièmes ou 0,900.

La tolérance de titre, soit .en dessus, soit en dessous, est de deux millièmes pour l'or, et trois millièmes pour l'argent.

Poids et diamètre des Pièces de monnaies.

Le poids des pièces de monnaie d'argent ayant été établi en nombres ronds, elles peuvent servir depoids usuels, ainsi :

i pièce d'argent de 1 franc pèse 5 gramm.

1 pièce d'argent de 2 francs pèse 10 gramm,


4 pièce? d'argent de 5 fr. ou ) pè.sent .t.O..O..gramm.

10 pièces d'argent de 2 fr. } f"*6"' 100 gramm.

155 pièces d'or de 20 fr. ) pè.sent .i .k.d.,og°.

10 pièces d'argent de 5 fr. j ) pèsent t kilog.

200 pièces d'argent de 5 fr. pèsent 5 kilogrammes.

Le diamètre ou module des pièces de différentes valeurs varie suivant leur poids et la nature du métal dont elles sont composées; mais on a eu soin, en général, qu'aucun de ces diamètres ne filt le même pour des monnaies différentes, afin qu'elles ne pussent être confondues dans les piles et les rouleaux, et qu'on pût les distinguer à la première vue ou au tact.

Les pièces de monnaie de même métal et de même valeur ont toutes, au contraire, rigoureusement le même diamètre. Il suffit d'en compter une pile pour être sûr que toutes les autres piles, de même hauteur, contiendront le même nombre de pièces.

Le diamètre des pièces étant fixé en nombres décimaux entiers, elles peuvent offrir des mesures usuelles de longueur; ainsi par exemple :

72 pièces d'or de 40 fr. et 8 pièces de 20 fr.

19 pièces d'argent de 5 fr. et 11 pièces de 2 fr.

20 pièces d'argent de 2 fr. et 20 pièces de 1 fr.

Proportion de la valeur des métaux dans les monnaies.

On désigne par la proportion d'un métal à un autre,


servant tous deux de monnaie, le rapport de la valeur d'un kilogramme de monnaie du premier métal à Cent d'un kilogramme de monnaie du second métal. > En France, dans notre système décimàl de monnaie, la proportion de l'or à l'argent est de 15 1/2 à 1 de l'or au cuivre est de 620 à 1 de l'argent au cuivre est de 40 à 1

frix du kilogramme d'or et d'argent.

Or pur le kil. 3444 f. 44 c. au pair sans retenue.

Or à 900m. — 3100 » Argent pur. — 222 22 Argent à 900m. — 200 » - -

La retenue au change des monnaies, pour frais de fa- brication, déchet compris, estde 6 francs par kilogramme d'or, et 2 francs par kilogramme d'argent.

- Dilatation linéaire des métaux et du verre, Depuis le terme de la congélation de l'eau jusqu'à celui de son ébullition, d'après Lavoisier et Laplace, applicables aux balanciers compensateurs.

Décimales. Frac. vulg.

Flint-glass anglais. 0,0008117 - SlIPlatine Q, 0ÔÔ85$o = TITI


Décimales. Frac. yulg.

Verre de Saint-Gobain.. 0,0008908 «= —112 =2■ t Tube de verre en ploipb. 0,0008969 = 1Ti'"6 Acier non trempé. 0,0010791 =. 92,7 Fer doux forgé. 0,0012205 = 7h Fer rond tiré à la filière. 0,0012350 = 812 Acier trempé et recuit à 65° centig 0,0012455 = -m 07 J 6U2 1 Cuivre rouge 0,0017173 = -O r±Ô -z Cuivre rouge 0,0017173 = 5Z Cuivre jaune ou laiton.. 0,0018781 = ja Argent au-titre de Paris. 0,0019050 = 55 Argent de Coupelle. 0,0019097 = Etain de Falmouth 0,0021730 = 4 2 Plomb 0,0028184 = 1 Zinc rond passé à la filière. 0,0029385 = 305 Mercure (en volume). 0,018018 = -hEau 0,0435 = 23 Alcool. 0,1111 = y Tous les gaz 0,366 = i 275

Conductibilité de la chaleur dans les Métaux.

Le meilleur conducteur de la chaleur est l'or; cette


propriété y étant représentée par 1000, on a suivant quelques auteurs :

Or 1000 Argent. 97.3 Platitie. 971 Cuivre. 898

Fer et Acier.. :Ii ¡ Zinc. 36;i Eta ¡Il. 304 Plomb. 180

Marbre. 12.

Pesanteur spécifique de différents métaux et autres corps solides.

La pesanteur de l'eau distillée étant prise pour l'unité à 18 degrés centigrades.

Platine laminé 22,0690 - passé à la filière 21,OH7 Platino forgé. 20,3360 — purifié 19,5000 Or forgé. 19,3017 — fondu. 19,2581 Mercure (0 degré). 13,498 Ploinb fondu 11,3523 Argent fondu 10,4743 Bismuth. 9;822 Cuivre rouge en fil 8,8785 — fondn 8,7880 Laiton. 8,395 Acier non forgé 7,8163 Fer en barre , 7,7880 • Etain fondu 7,2914


Fer fondu. 7,2070 Zinc fondu. 6,801 Rubis oriental. 4,2833 Topaze orientale. 4,0186 — de Saxe. 3,5640 Diamants lourds colorés en rose. 3,5310 — légers. 3,5010 Flint-glass anglais. 3,3293 Saphir du Brésil. , 3,1307 Marbre de Paros. 2,8376 Verre vert ordinail'e. 9 - de Saint-Gobain 2,4882 - blanc. 2,4 Bois de chêne sec 1,93 — de hêtre. o,852 — de frêne. o,845 — d'if 0,807 — d'orme. 0,800 — de pommier. 0,733 — d'oranger. 0,705 — de apin jaune. o,657 — de tilleul 0,604 — de cyprès. 0,598 - de cèdre 2,529 - de peuplier ordinaire 0,385 ï-téfie 0,240


Composition chimique de l'acier.

D'APRÈS PELICOT.

Anglais. Stère. Français. Français, 1" quai. frequal. 2* quai.

Carbone, 0, 62 0, 65 0, 65 0, 9* Silicium <> 03 0, 00 0, 04 0. 68 Phosphore 0, OH 0, 08 0, 09 0, 11 l'cr. 91. 32 99, 27 99, 22 98, 87

Fusion, d'après Pelicot.

Densité.

Potassium .* 58° 0,8650 Sodium 90 1,972 Etain J30 7,291 Bismuth 246 9,822 Plomb. 312 11,355 Cadmium. 360 8,604 Zinc, 370 6,851

Densité.

Antimoine 452" 6,7t2" Argent. 1,022 10,474 Cuivre. 1,090 8,788 Or pur. 1,102 19,258 Le platine se Cond j au [ 20,069 chalumeau à gaz. )

Diverses Températures du Recuit de l'acier.

Mesures du thermomètre à air, par M. POUILLET et M. PELICOT, en janvier 1851.

Jaune paille 220° Jaune d'or. 240 Brun 250 Pourpre. 265 nleu clair., 285 Bleu indigo. 295 Bleu très foncé 315 Ces différentes teintes sont un commencement n'oxidation.

Rouge naissant. 525a — sombre 700 — cerise naissant 800 — id. rouge. 900 — id. clair. 1,000 - jaune , i0ft Orange foncé. ( Orange clair l,20n Blanc. 1,300 Blanc soudant 1,400 Blanc éblouissant, 1,500 à 1,8t10


PHILOSOPHÈMES CHRONOMÉTRIQUES.

PENSÉES ET MAXIMES RECUEILLIES SUR LE TEMPS.

Le temps marche toujours, ni force ni prière, Sacrifice, ni vœux, n'allongent sa carrière.

(LAFONTAJKE.)

- PENSÉES.

Le temps est comme un fleuve qui entraine rapidement tout ce qui naît. Aussitôt qu'une chose a


paru, elle est emportée; une autre revient pour ne faire que passer. 1 (MARC-AURÈLE.) Le temps est comme un oiseau qui vole et qu'on perd de vue dans un moment. (Idem.) L'espace est le lieu de la matière, et le temps l'espace des faits. (ANN.) La vitesse du temps est étonnante : il n'y a que ceux qui réfléchissent qui puissent s'en apercevoir.

Son passage est si prompt et si imperceptible, qu'il trompe ceux qui ne songent qu'au présent.

Le temps que nous vivons est un point et moins qu'un point; mais la nature sage a divisé ce trèspetit espace, de façon que nous l'imaginons plus grand qu'il n'est; Nous" comptons l'enfance, la première jeunesse, l'adolescence; la quatrième partie comprend ce dépérissement imperceptible qui va de l'adolescence à la vieillesse. Et enfin la vieillesse elle-même que nous songeons encore à diviser.

(SÉNÈQUE.) Le temps coule sans cesse ; les minutes chassent les heures, les heures tirent le jour, une journée pousse l'autre, l'hiver chasse l'été , et continuellement nous vivons dans une révolution de siècles, d'années, de saisons, de mois, de jours, d'heures, de minutes. La fin d'une année est le commencement de l'autre ; les jours coulent insensiblement


comme des flots, qui, roulant peu à peu leurs bouillons, viennent enfin se décharger dans la mer.

(TABARIN.) Rien n'est plus long que le temps, puisqu'il est la mesure de l'éternité ; rien n'est plus court, puisqu'il manque à tous nos projets; rien n'est plus lent pour qui attend; rien de plus rapide pour qui jouit; il s'étend jusqu'à l'infini en grand, il se divise jusqu'à l'infini en petit; tous les hommes le négligent, tous en regrettent la perte, rien ne se fait sans lui; il fait oublier tout ce qui est indigne de la postérité, il immortalise les grandes choses. (VOLTAIRE.) - On n'arrête pas le temps, et il fait bien de s'en tenir à son petit bonhomme de train uniforme et réglé ; car une fois entré dans la voie des condescendances, il ne saurait bientôt plus auquel s'entendre.

Les heureux trouvent qu'il a des ailes, les souffrants lui reprochent de se trainer comme une tortue; les paresseux ne savent comment le tuer, les hommes occupés demandent souvent aux heures de se prolonger ; ceux-ci attendent une fête, une délivrance, un ami et disent : Je voudrais être à demain ; ceuxlà redoutent une corvée, une échéance, un adieu et disent : Je voudrais que demain n'arrive jamais.

Arrangez donc un peu cela à contenter tout le OMMtde. (APBŒN J'AI¡J.,.) -.


el, Le temps qui s'écoule invisible et flottant Trace à peine en son onde un sillon d'un instant.

(ANDRÉ CHÉNIER.) Le temps est un vrai brouillon, mettant, remettant, rangeant, dérangeant, imprimant, effaçant, éloignant et rendant toutes choses bonnes ou mauvaises. (MADAME DE SÉVIGNÉ.) Vous souhaitez que lè temps marche, il vous obéira trop exactement, et quand vous voudrez le retenir, vous n'en serez plus la maîtresse ; mille petits agréments qu'il ôte, font apercevoir qu'il ne laisse que trop de marque sur son passage.

(Idem.) Le temps passe vite, je le vois courir avec horreur, et m'apporter en passant l'affreuse vieillesse, les incommodités, et enfin la mort. - (Idem.) Hélas! ces prés sans fleurs, ces arbres sans feuillages, Ces ruisseaux glacés, tout nous dit : Le temps fera chez vous de semblables ravages.

(MADAME DESHOULIÈRES.) Le temps est comme un vaste torrent qui vient rapidement à nous; ce qui s'en est écoulé ne re- montera pas vers nous : ce qui coule à nous n'y est pas encore parvenu. L'instant présent est le seul dont nous puissions profiter.

Mais songeons-nous que ce torrent n'est pas un


fleuve intarissable ; et que tout enflé qu'il paraît il ne coulera pas toujours. Hâtons-nous d'en puiser tandis qu'il coule à notre portée : songeons que malgré son abondance, il ne parvient à nous que par filets ; il ne se laisse puiser que goutte à goutte : un siècle entier-n'est qu'un tissu d'une infinité de moments.

(P. LARUE.) C'est le propre du temps d'enlever tout par degrés; il enlève d'abord le charme et la beauté de l'objet, ensuite l'objet même, enfin la mémoire de l'objet. On cesse de plaire; on subsiste encore quelque temps dans le souvenir des hommes; mais comment? comme une vapeur, une ombre; enfin l'ombre et la vapeur se dissipent, il n'en reste pas même le souvenir. (P. LARUE.) Le temps semble être un ennemi commun contre lequel tous les hommes sont convenus de conjurer; toute leur vie n'est qu'une attention déplorable à s'en défaire ; les plus heureux sont ceux qui réussissent le mieux à ne pas sentir le poids de sa durée; nous craignons comme le dernier des malheurs d'en être privé pour toujours, et nous craignons presque comme un malheur égal d'en porter l'ennui et la durée ; c'est un trésor que nous voudrions pouvoir éternellement retenir, et que nous ne pouvons souf- frir entre nos mains. (MASSILLON.)


Ce vieillard qui d'un vol agile, Fuit sans jamais être arrêté ; Le temps, cette image mobile De l'immobile éternité, A peine du sein des ténèbres Fait éclore les faits célèbres Qu'il les replonge dans la nuit, Auteur de tout ce qui doit être, Il détruit tout ce qu'il fait naître A mesure qu'il le produit. (J.-B. ROUSSEAU.) Il n'y a rien de stable en ce monde : le temps passe et se renouvelle incessamment : le jour succède à la nuit, et les ténèbres à la lumière; c'est un changement continuel et une révolution perpétuelle.

Mais, seule, la vie de l'homme se ressent de cette circonstance, sans se renouveler jamais, si ce n'est dans l'autre monde. (CERVANTES.) Hélas ! le temps passé ne se rappelle pas, Le temps qui fuit sans cesse incessamment s'efface ; Il ne reste plus rien qu'une invisible trace; C'est en vain qu'on le cherche, en vain qu'on le poursuit.

(CERVANTES.) Le temps et l'espace sont les formes des deux modes principaux sous lesquels existe la nature dans sa prédominance et dans son changement ; ces deux formes sont toujours unies l'une à l'autre.

De même que la nature a une forme comme être


permanent, de même elle a une forme comme être changeant et actif : cette forme est le temps. Le temps est la forme de succession des états qui changent. Partout où il y a changement, nous connaissons irrésistiblement le temps. (GABRIEL GABET.) Le temps qui donne à tout le mouvement et l'être, Change tout dans les cieux, sur la terre et dans l'air ; Réduit, accroît, détruit, fait mourir, fait renaître ; L'âge d'or, à son tour, suivra l'âge de fer.

(HÉNAULT.) Il n'est rien qui du temps n'éprouve le ravage : Le bois se pulvérise et le fer se dissout; Le temps sur l'airain même imprime son outrage, Et profane et sacré son pouvoir détruit tout.

r (ANTIDE JANVIER.) Quand le flambeau du jour s'avance L'ombre se dissipe et s'enfuit; De même fuit notre existence Devant le temps qui la poursuit.

(HOFFMANN.) Les grâces, la beauté, la folâtre jeunesse, Sur les ailes du temps s'envolent tous les jours.

(DEVISME.) Il a plu à Dieu, pour consoler les mortels de la perte continuelle qu'ils font de leur être par le vol irréparable du temps, que ce même temps fût un passage à l'immortalité. (BOSSUET.)


Le temps cruel et sa faulx ennemie N'approchent point de l'olympe immortel, Et les dieux seuls ont un jour éternel.

(MALFILATRE.) Le temps, ce vieux coureur, ce vieillard sans pitié Qui va par toute terre écrasant sous le pié Les immenses cités regorgeantes de vices, Le temps qui balaya Rome et ses immondices, Retrouve encore après deux mille ans de-chemin Un abîme aussi noir que le cuvier romain.

(BARBIER.) Sur les mondes détruits le temps dort immobile.

(GILBERT.) L'urne de l'univers est dans la main du temps.

(DUPLANCHEL.) Et le temps qui s'enfuit, fuit vers l'éternité.

(Idem.)


MAXIMES.

Lè temps qui s'écoule est un bien que nous possédons comme mortels, nous voulons en jouir comme immortels. (SÉNÈQUE.) C'est le temps et non pas notre vie, qui fait l'es- pace que nous parcourons. (Idem.) Tout ce qui passe avec le temps est court et ne mérite point l'attention d'une âme qui pense à l'immortalité. (LAROCHEFOUCAULT.) Le temps est le grand architecte de Dieu.

(EUGÈNE PELLETAN.) Le temps ne reprend pas haleine Et il court lui.

(CASIMIR DELA VIGNE.) Le temps n'a point d'ailes pour le captif.

(DE JOUY.) Le temps éclaire ou trouble la raison sur les événements imprévus. (ANN.) Nous arrivons sans y penser, à ce point fatal, où le temps finit, et où l'éternité commence.

- (FLÉCHIER. )

On fait revivre par l'imagination tout ce que l'âge et le temps nous ont ôté. (MASSILLON.)


Si le temps modifie les gouvernements, quels droits n'a-t-il pas sur de simples usages.

(BRILLAT-SAVARIN) Les temps sont bons ou mauvais, selon que les hommes sont justes ou injustes. (L'Ecclésiaste.) 0 temps L ô perte irréparable 1 Quel est l'instant où nous vivons ?

Quoi ! la vie est si peu durable Et les jours paraissent si longs.

1 (VOLTAIRE.) Le temps fortifie les amitiés et affaiblit l'amour.

« 1 (LABRUYÈRE.) Quelques personnes ont de l'humeur pendant tout le temps qu'elles digèrent. (BRILLAT-SAVARIN.) La terre nous emporte dans l'espace avec une vitesse de 379 lieues par seconde ! C'est à peine si deux hommes ont le temps de se donner la main avant de mourir : et nous trouvons le temps,de nous disputer, de nous haïr, de nous proscrire et de nous entretuer pour des mots mal définis ! (AUGUSTE GUYARD.) Le temps fuit, il traîne après soi 1 Ces biens qui flattent ton attente ; Le lendemain n'est plus à toi, Jouis du jour qui se présente.

(HORACE.)


Qu'est-ce du temps et des soins ?

Un moment de bonheur vaut toutes les richesses.

(CERVANTES.) Sur les ailes du temps la tristesse s'envole, Le temps ramène les plaisirs.

(LAFONTAINE.) Il est des maux que sur ses ailes, Le temps lui seul peut emporter.

(LACHAMBAUDIE. )

L'amour fait passer le temps, et le temps fait passer l'amour. (Proverbes. )

Le temps mâte toutes choses ; il n'est le marbre ni le porphyre qui n'ait sa vieillesse et sa décadence.

(RABELAIS.) La plus grande perte de temps qu'on puisse faire, c'est de compter les heures. Les heures sont faites pour l'homme et non l'homme pour les heures.

(RABELAIS. )

Le temps mûrit toutes choses, par le temps toutes choses viennent en évidence : le tëmps est le père de * la vérité. (RABELAIS.) Patience et longueur de temps.

Font plus que force ni que rage.

(LAFONTAINE. )

Il faut du temps-pour que les réputations mû- rissent. (VOLTAIRE.)


Le temps de mille erreurs a fait des vérités. (CASIMIR DEJLA. VlGNÉ.) Le temps remédie à tout, c'est le meilleur médecin du monde. (CERVANTES.) Il faut prendre le temps comme il vient, et personne ne peut dire : Je ferai ceci ou ne le ferai pas.

(Idem.) A son impatience on mesure le temps.

(MOLIÈRE.) C'est perdre son temps que de se plaindre du temps. (Proverbes.) Il n'est plus temps d'être sage quand on ne peut plus être fou. (Idem.) Les faux amis et les mouches disparaissent aux mauvais temps. (LAMOTTE LEVAYER.) Nous employons la plus grande partie du temps à passer le temps. (MISS BELLAMY.) Qui a temps a vie. (Proverbes.) Le temps avec tout le reste emporte la douleur.

(BOSSUET.) Le choix du temps et des occasions est la grande science des courtisans. (MASSILLON.) Nous faisons un 'CÕmi'nétëè continuel du temps avec les autres biens : non-seulement avec les ri-


chesses et les hommes, mais avec la force, l'esprit, la science, les vertus : biens qu'on n'achète point à prix d'argent. Rien par conséquent ne doit être plus cher et plus estimable que le temps. (P.LARUE.) L'heure est pour tous une chose incomplète, L'heure est une ombre et notre vie en est faite.

(VICTOR HUGO.) L'on n'est pas né pour la gloire ni pour diriger les hommes quand on ne connait pas le prix du temps.

(VAUVENARGUES.) Savoir céder au temps, c'est en connaître l'emploi et le prix. (ANN.) Consommer sa vie en frivolités, c'est faire une perte irréparable. (TABARIN.) Celui qui ne perd pas de temps en a beaucoup.

(FONTENELLE. )

Le temps est l'étoffe dont la vie est faite.

(FRANKLIN. )

Le sage est ménager du temps et des paroles.

(DUPLANCHEL.) Time is money (le temps c'est de l'argent.) (Proverbe anglais.)


COUP DE LOUPE SUR L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE L'HORLOGERIE DE LA VILLE DE BESANÇON.

Il ne fallait pas moins que la solennité chronométrique à laquelle Besançon vient de convier PHorlogerie universelle pour réveiller notre vieille Loupe solitaire engourdie depuis un long lustre dans son étui. Les impressions de trois Expositions antérieu- 1 res (1) lui ont laissé trop de bons souvènirs , pour que le concours ouvert par la principale ville de fa- brication d'horlogerie française, ne lui ait pas fait un devoir d'assister à cette solennité.

Nous nous sommes donc dirigé de suite vers l'ancienne cité de Vesuntio qui, déjà importante il y a vingt siècles, avait été choisie comme place d'arme, l'an 696 de Rome, par César, dans son expédition contre Arioviste, roi des Germains ; vers cette vieille cité dévastée tour à tour par les Bourguignons au cinquième siècle, par les Hongrois au dixième; choisie plus tard comme Cour de justice des ducs

(1) Voir les Loupes de 1830-1882 et 1856.


de Bourgogne, et que nous retrouvons après tant de vicissitudes plus florissante aujourd'hui que jamais.

Nous la retrouvons, en effet, devenue aujourd'hui le foyer actif d'une industrie importante et libérale.

Aussi, en entrant dans l'ancienne capitale de la Séquanie et en voyant le palais de l'industrie qu'elle a si gracieusement improvisé , en empiétant jusque sur ses vieux remparts, nous nous sommes senti ému d'un profond sentiment de reconnaissance envers ces vaillants pionniers de 89 ; envers ces hommes qui plantèrent si courageusement les premiers jalons de cette civilisation nouvelle dont nous sommes témoins : la vielle ville de guerre devenue la ruche chronométrique de France.

Aujourd'hui, au milieu de ces ponts-levis, de ces bastions et de ces forteresses menaçantes et inutiles, s'agitent, entourés des eaux tranquilles du Doubs arrosant la Mouillère, ces 'essaims d'horlogers et d'horlogères, abeilles actives et laborieuses dont les produits délicats et artistiques n'ont au monde que deux pays rivaux : la Suisse et l'Angleterre.

En prenant l'initiative d'une exposition, la ville, natale de Moncey et de Fourrier a compris qu'elle ne devait pas se restreindre aux limites de son département, ni même aux frontières de la France; elle a compris que dans ces grands tournois du dix-neuvième siècle, où se dispute la palme pal


cifique de l'industrie, tous les pays du globe ne doivent faire qu'une seule nation : le genre humain.

!

En invitant solennellement l'Horlogerie de tous les pays à entrer en lice dans son arène industrielle, Besançon s'est montrée conséquente et, de plus, reconnaissante; elle s'est souvenue qu'elle doit, en partie, l'importance actuelle de son industrie aux horlogers proscrits des villes du Locle et de la Chaux-de-Fonds , qu'elle recueillit en 1793 ; lesquels, en effet, se fixèrent et s'établirent définitivement chez elle, grâce aux efforts et à la protection efficace que leur donna, à cette époque, la Convention qui, en procurant à cette colonie tous les moyens de réussir (1), voulait ainsi doter la France d'une industrie nouvelle, ou plutôt y ramener celle que la révocation de l'Edit de Nantes avait expatriée.

La fabrication de l'Horlogerie qui, jusqu'au mo'ment de cette colonisation-, était restée stationnaire et presque insignifiante dans la contrée , occupe maintenant dans le département (y compris Beau- court ) une population horlogère de près de vingt mille âmes. A elle seule, la ville de Besançon compte aujourd'hui plus de 4,000 individus des deux sexes

(1) Voir l'Histoire de l'Horlogerie en Franche-Comté, par le doc- eur Perron, — Besançon.


travaillant à cette industrie. Le dernier bulletin du bureau de garantie de cette ville constate pour l'année 1859 une fabrication de 236,550 montres , dont 76,829 en or, et 159,721 en argent. Ajoutons que dans ce chiffre les montres d'importation qui, avant 1848, dépassaient souvent la moitié dans chaque relevé, ne figurent plus dans celui-ci que pour un total de 44,674 montres ; dont 10,098 en or, et 34,576 en argent. Telle est donc aujourd'hui le fruit que recueille la France de l'initiative éclairée prise par la Convention (1). Espérons que bientôt notre pays ne sera plus, pour son horlogerie, tributaire de l'étranger.

Nous ne parlerons pas du Palais de l'Industrie improvisé par Besançon qui, pour cette fête solennelle, a métamorphosé la place de son marché en un véritable petit Éden dessiné par M. Brice, dans lequel on entre par une belle grille surmontée d'une couronne murale, échantillon de la fonderie de la Butte, destinée, dit-on, à l'église de Belfort. Là où se vendent, en temps ordinaire, la volaille et les choux , sont aujourd'hui des allées sablées , du gazon, des fleurs, des bosquets ; le tout accidenté par des rochers, une cascade, des fontaines, un petit lac

ct) Décrets du Comite de Salut public; des 13 et 4 G prairial de l'an II de la République. «


en miniature, et se mariant avec le goût le plus exquis, mais jurant, peut-être un peu, avec les barraques en bois dont est entouré ce lieu ravissant.

Ce square s'étend devant la halle au blé, dont le bâtiment a été transformé de la manière la plus heureuse par la Commission de l'Exposition , pour recevoir dignement les produits de l'industrie. Ce bâtiment est entouré d'annexes qu'on a construites derrière et sur les côtés, pour les machines de l'agriculture. C'est un monument quadrilatère ayant 50 mètres sur chaque face. Au centre, est une aire couverte , appropriée à l'Exposition au moyen de trois galeries qui règnent sur les quatre côtés. A l'entrée est un péristyle d'où partent à droite et à gauche deux grands escaliers conduisant : l'un à la salle des Concerts, l'autre au Musée archéologique et Beaux-Arts de Besançon.

r Après avoir monté un de ces beaux escaliers, nous trouvâmes enfin les produits chronométriques. Ils sont classés parmi des toiles splendides, la plupart animées par le pinceau hardi et poétique d'une pléiade de nos grands artistes contemporains.

En voyant l'Horlogerie en aussi belle compagnie, nous fûmes sur le point de nous risquer à quelques petites infidélités envers les machines horaires; Il mais.notre Loupe sévère nous rappela bientôt à notre devoir.


Dans cette circonstance délicate, Le lecteur vou- dra bien nous tenir compte de notre déférence envers notre vieille compagne. D'ailleurs, devant la multitude des produits chronométriques exposés dans ce sanctuaire, nous sentîmes bientôt se rétablir l'isochronisme de notre fibre horlogère.

Là, quatre salles spacieuses, à la suite l'une de l'autre, sont affectées à l'horlogerie de tous les pays ; une cinquième est consacrée aux machines et outils de toutes espèces servant à la fabrication de cette partie, et dont la vue seule donne l'envie d'être horloger. à ceux qui ne le sont pas.

Les horlogers exposants sont au nombre de 146(1); dans ce contingent, Besançon figure pour 73, le reste de la France eu compte 50, l'Angleterre 1, l'Allemagne 10, enfin la Suisse, qui est aux' portes de Besançon , et que nous pensions rencontrer ici en phalanr es serrées, semble au contraire avoir voulu briller par son absence: 12 seulement ont répondu à l'appel. Aussi nous expliquons-nous maintenant que quelques bisontins aient pu, dans leur regret, chercher à amoindrir

1 (1) Le catalogue des deux sections de la première classe, de la division comprenant l'horlogerie, porte le chiffre des exposants à 190. Mais dans ce nombre sont comprises les parties accessoires de l'horlogerie, telles que : gravures de boîtes montres, verres, cadrans, huile, etc.


cette abstention de mauvais goût, en donnant, dans leur vitrine hospitalière, une petite place clandestine à quelques jolies Suissesses qui, sans cette courtoisie, eussent privé l'exposition de leur présence.

L'école d'horlogerie de Genève n'a pas fait défaut ; • elle expose des blancs et ébauches de montres qui sont le travail d'élèves de trois mois, six mois, etc.

En exposant -les produits de ses jeunes nourrissons, des deux sexes, nous trouvons que cette école ne s'est pas mî&é trop en frais. Certes, à en juger par ce qu'ils exécutent aujourd'hui, on prévoit flgi'ijs ne pourront manquer de devenir plus tard des artistes distingués, ce qui assurément ne manque pas d'intérêt. Néanmoins la modestie de cette vitrine nous produit l'effet d'une petite mystification à l'endroit de Besançon ; il nous semble que l'école d'horlogerie de la ville de Genève n'aurait point failli, en honorant l'exposition bisontine de produits d'un degné un peu plus élevé.

La haute chronométrie compte aussi plusieurs abstentions, parmi lesquelles nous remarquons-celle de JH. Winnerl, président de la société chronométrique de la ville de Paris, fondée dans l'intérét des progrès de l'art. Il est regrettable que des sommiles,, ql lt hommes de talent, et de mérite, quand ils ont atteint Je comble des récompenses honorifi-


ques et les plus hautes faveurs d'un pays, se tiennent ensuite à l'écart. Ils privent ainsi, par leur abstention, le travailleur qui cherche, le nouveau venu, des bons enseignements que l'exhibition d'oeuvres sérieuses et d'un mérite élevé, pourrait lui donner.

Heureusement, pour l'honneur de la chrbnométrie française, quelques jeunes athlètes sont venus combler honorablement cette lacune. M. Scharf, de Saint-Nicolas d'Aliermont, MM. Huard, Bussard et Herliez, de Versailles, sont entrés résolument en lice.

M. Scharf expose deux montres marines et deux montres d'observation, portant les nos 32, 34, 16 et 49, accompagnées de spécimen et de pièces détachées dont l'exécution hors ligne a vivement impressionné le vieil objectif de notre loupe. Cet artiste a obtenu cette année, le 19 mars, au concours ouvert au dépôt de la marine, la prime annuelle de 1,200 fr., décernée comme récompense par le ministre de la marine.

M. Huard expose une montre marine à mouvement diurne à remontoir par dessus et sans clef.

On sait que les chronomètres marins, afin de conserver sur le navire une position toujours horizontale, sont portés, dans leur boîte, par une suspension dite de Cardan; cet artiste, par la nouvelle dis-


position de sa montre, a voulu obvier, sans doute, à l'inconvénient ordinaire des montres marines : celui de les renverser quotidiennement pendant tout le temps nécessaire pour les remonter. C'est au moyen d'une petite manivelle placée en dehors du cadran, et faisant tourner tout le mouvement sur lui-même que s'opère le remontage du nouveau chronomètre marin de M. Huard; de beaux spécimen , des pièces détachées et enfin des croix de Malte à 10 fr. la grosse complètent l'intéressante vitrine de cet exposant.

L'exposition de M. Bussard se compose de deux chronomètres de poche dont un en platine, un mouvement en aluminium, une démonstration de l'échappement à détente modifié, une de celui à ancre, accompagnées de belles ébauches, de blancs de chronomètres et de montres, et des spécimen de roues, de pignons, etc. Celle de M. Herliez se compose de beaux spécimen de balanciers, de pignons, de roues, etc., d'ébauches de montres, accompagnées de la démonstration des cinq divers échappements : à cylindres, à ancre, à détente, Duplex, et à tourbillon avec spirale sphéroïdale : ce dernier échappement est celui qui a été inventé par M. Benoist, ex-directeur de la fabrique de Versailles; il est exécuté par l'exposant.

Tous les produits de ces savantes vitrines, peu


fréquentées par la foule, ne sont, il est vrai, .que du laiton et de l'acier; mais dans les mains de tels artistes, ces modestes métaux deviennent tout un poème devant lequel l'or ne semble plus qu'un vil limon. Aussi notre loupe se souviendra-t-elle long- temps de la lecture de ces jolies pages chronométriques. Dans la riche vitrine de la maison Bréguet, où nous retrouvons la même montre de 30,000 fr.

que nous avons déjà vue, en 1855, au palais des Champs-Elysées et qui semble destinée désormais à figurer à toutes les expositions, sont aussi deux chronomètres nautiques qui prouvent que M. Bréguet, bien qu'il se soit mis hors de concours pour les récompenses, ne prive pas du moins les expositions du concours de ses lumières, ni des produits de sa maison. Aussi ne pouvons-nous quitter cette splendide vitrine sans contempler toutes les reliques horaires qu'elle renferme. Là, c'est une montre républicaine qui date de 1794, elle est à deux styles, à heures duodécimales, quantièmes de mois ordinaires et décimaux; ici, c'est une montre à heure moyenne et sidérale, échappement libre, quantième de mois, dates, etc., comme toujours ; à côté, un compteur sonnant la seconde, un chronographe, un thermomètre à maxima et minima ; au-dessus une pendule sympathique, à laquelle


nous le sommes de tout cœur, et que nous avons également déjà vue en 1855 ; enfin une montre à masse, construite en 1780, et portant une-petite pancarte où M. Bréguet a la gracieuseté d'indiquer lui-même que la première montre se remontant par une masse a été faite l'an 1600, par un Jésuite.

Nous aurions bien désiré, pendant qu'il était en si bonne voie, qu'il nous fit connaître en même temps ici le nom des artistes qui ont si dignement exécuté toutes ces merveilles.

Notre haute chronométrie compte, en plus, une montre nautique de M. Paul Garnier, pourvue de l'échappement à force constante de Bréguet, modifié, et un chronomètre marin exécuté de toute pièce par M. Chevassu de Brest. ,- M. Robert, de Paris, a sans doute aussi apporté, maintenant, son appoint à la chronométrie. Mais au moment de notre séjour à Besançon, les produits de cet éminent horloger n'étaient pas encore arrivés, bien que nous fussions au commencement d'août. Il est vrai qu'à cette date, l'organisation de l'exposition Bisontine, quoiqu'ouverte depuis plus de six semaines, n'était pas encore achevée; son catalogue même n'était pas fait : les menuisiers travaillaient encore aux annexes. Mais cette année, tout n'a-t-il pas été en retard ; l'été lui-même, contrairement à la prédiction des almanachs, ne sem-


ble-t-il pas attendre la Saint-Martin pour nous amener le soleil tant désiré.

M. Kullberg, de Londres, expose deux montres marines fort remarquables par l'exécution sévère qui est l'expression de la haute école de nos voisins d'Outre-Manche ; trois chronomètres de poche et trois spécimen de balanciers compensation in extremis de température, complètent l'exposition de cet artiste distingué qui représente seul la chronométrie anglaise. Aussi regrettons-nous bien sincèrement que Liverpool et Clerkenwell, ces grandes villes manufacturières de l'horlogerie anglaise, n'aient envoyé aucun de leurs produits intéressants.

Notre loupe affligée était encore sous le coup de l'impression fâcheuse de cette abstention, quand un certain chapeau, exposé par M. Auguste Perret, du Locle, attira son objectif. Nous crûmes d'abord que c'était celui de Gessler, et que ce descendant de Guillaume-Tell le faisait figurer ici dans quelques intentions hostiles. Un court examen suffit pour nous faire reconnaître notre erreur. Le produit de notre Suisse n'était autre chose qu'une tabatière en argent fort inoffensive, représentant le petit chapeau de Napoléon 1er. Or, cet exposant est un fabricant de boites. de montres.

Dans la même vitrine, à côté de la tabatière de


M. Perret, figure la montre universelle de M. Loncq.

M. Loncq est un greffier près le tribunal de Laon qui, dans ses moments de loisir, a trouvé le moyen de faire un cadran impossible, mobile, pouvant s'adapter à toutes les montres, et indiquant continuellement l'heure de soixante villes principales.

Pour cela il colle sur le cadran d'une montre quelconque une multitude de petits morceaux de papier, de couleurs variées, ayant chacun le nom d'une ville et disposés sur quatre rangées différentes ; puis il remplace les aiguilles par deux pièces mobiles en papier qui, par leurs combinaisons de couleurs et le méridien de Paris pris pour point de départ, vous donnent, à une minute près, l'heure de soixante villes à la fois. Ce cadran nous semble, de la part de l'exposant, une nouvelle forme de l'expérience si concluante et si connue de Newton, prouvant que l'assemblage de toutes les couleurs se succédant à la fois ne permet plus à la rétine de n'en voir qu'une seule : le blanc.

Dans la même vitrine, M. Aimé Marchand, du Locle, est plus fort ; sous le nom vulgaire de montre, et au prix de 3,000 fr., il expose un logogriphe chronométrique des plus compliqué, mais sans cadran. Le voici : d'un côté, un lion d'or (non pas celui de la Courtille) placé horizontalement, la tête journée vers le centre de la pièce, est fixé dans le


corps du mouvement pour servir d'indicateur. Une étoile en acier, placée au centre et divisée en deux pointes, tourne sur elle-même en douze heures.

Chaque pointe de cette étoile est pourvue d'un signe particulier destiné à indiquer, par son passage devant le lion, les différentes heures. D'après la volonté de l'auteur, un soleil indique midi ; un écusson, trois heures ; un croissant, six heures ; et une flèche, neuf heures, etc.

Du côte opposé est une boule pourvue à sa circonférence de divisions non moins célestes, et faisant une rotation par heure. Cette boule est destinée à indiquer les minutes,suivant le passage de ses différentes divisions devant un repère quelconque.

Une grande étoile marque les soixante minutes; trois petites, quarante-cinq ; deux goupilles à trois faces, cinq ; et enfin une goupille isolée indique l'unité de minute. Pour épeler l'heure sur cette charade horaire, il faudra que son propriétaire soit doté d'un nerf optique de la force du biceps de M. Léotard. Néanmoins, rendons hommage à la main d'œuvre de cette pièce, dont l'exécution est brillante et irréprochable. Et bien que son échap- pement soit à virgule, nous mettons ici un point.

d'exclamation !.

M. Chastel, de Pradelles, est un horloger qui a le sentiment de la valeur de ses œuvres, aussi n'a-t-


il consenti (nous dit-on) à envoyer ses produits à l'exposition de Besançon qu'à la condition que le maire de cette ville lui en répondrait. Son exposition se compose de deux montres en argent. L'une est à sonnerie constante, c'est-à-dire qu'elle sonne, toute seule, dit l'inventeur, et sans qu'il soit besoin de pousser le bouton qui se trouve ordinairement à la queue de la montre ; enfin c'est une petite pendule que l'on porte sur soi et dont la sonnerie régulière vous rappelle, au moment où vous l'avez oublié, un rendez-vous important, une affaire sérieuse. Voilà de la candeur chronométriquc.

La deuxième eit une montre qui se remonte sans clef, au moyen d'un levier noyé dans la cuvette. Le soir, dit encore l'inventeur, il est difficile de remonter sa montre sans y voir, et après avoir longtemps tâtonné, il faut y renoncer, ou avoir recours aux. allumettes! tandis que mon levier, dit toujours M. Chastel, peut facilement être saisi, sans y valrf et la montre vite remontée. Quant à la remise à l'heure, elle se fait tout simplement en introduisant l'ongle dans une petite fente pratiquée à cet effet dans un appareil, tenant la place du carré de rapport. Nous félicitons notre confrère de la HauteLoire du mâle courage qu'il a montré en exposant enfin ses deux montres, bien que craignant qu'elles soient' exposées. à se perdre, La femme Spartiate,


sacrifiant son dernier enfant pour la défense du pays, n'était pas plus sublime dans son dévouement à la patrie, qu'il ne l'a été, en cette circonstance, pour le bien de la chronométrie.

En effet, ces deux montres, ce sont les propres enfants de M. Chastel, et comme il le dit lui-même dans la Revue Bizontine du 28 juillet dernier, c'est

son ouvrage, il en est l'inventeur; et comme récompense de ses travaux, il a déjà obtenu, dit-il, deux médailles d'argent et des primes. Puisse donc le jury de Besançon-lui décerner une croix. de Malte. ,

Décidément les remontoirs semblent être cette année la maladie dominante des horlogers. M. Grisard, de Nevers, dans son invention, nous en présente encore deux cas bons à constater. Il expose deux montres d'argent pourvues d'un nouveau système de remontoir.

Dans la première, il remplace le carré de l'arbre du barillet par deux segments de cercle, et le carré de la clef par une tige ronde ayant à son extrémité, et en travers, deux appendices destinés à entrer dans le vide laissé par les segments. Dans la deuxième, il supprime le barillet, l'arbre, le couvercle et le ressort ; seulement, il remplace celui-ci par un autre qui s'arme à la façon d'une batterie de fusil et vient s'appuyer sur un rateau engrenant


dans un pignon qui mène la minuterie. — Nous

croyons avoir déjà ouï parler de plusieurs tentatives de ce genye, abandonnées depuis longtemps. Mais, pour l'édification du lecteur, nous laisserons notre horloger Nivernais faire lui-même le compte-rendu de son invention, en citant textuellement le'curieux prospectus qui accompagne ses montres.

« Viennent d'être accordés à Justin Grisard, deux brevets pour deux systèmes absolument nouveaux de montres. Le premier consiste en une montre sans barillet se remontant par la simple pression d'un verrou ; la conduite des aiguilles s'opère par un bouton placé sur le pendant. Cette montre vient d'être vue et appréciée, par plusieurs horlogers de mérite, à Paris, qui l'ont qualifiée d'ingénieuse invention ! Par sa construction elle pourra, à qualité égale, revenir moins cher à l'établissement, et est infiniment moins sujette aux réparations. Le ressort moteur qui présente, à peu près, la forme de celui d'une batterie d'arme n'est pas sujet à casser ni à causer des variations par le changement de température. Il n'y a point d'arrêtage, ni d'encliquetage à ressort de côté qui, fort sujets à manquer, sont des causes d'arrêts et de dépenses pour le consommateur.

» Plusieurs systèmes se remontant sans clefs ont déjà été faits, tous présentent une grande complica-


tion dans le travail et sont d'une durée peu assurée.

Aucun n'a eu la hardiesse de faire marcher une montre avec un simple râteau se remontait comme on arme un,pistolet. Cette montre est disposée de façon que toutes les parties fragiles sont mises à l'abri des accidents causés par la pression.

» Ainsi, plus de tampons de cylindre renfoncés, de pierres cassées. — J'ai placé le balancier sous le cadran pour le mettre à l'abri de tout accident.

Cette montre, qui présente un très-bon réglage et une étonnante facilité à s'en servir, vient. o Le reste est déchiré.

Fort à propos, ma foi, pour notre pauvre loupe qui commençait à n'en plus pouvoir. Heureusement que dans cette vitrine t:e. trouvent aussi les produits de M. Ulysse Bretin, du Locle, car dans ce moment critique il ne fallut rien moins que l'exposition brillante de cet artiste pour ranimer son vieux verre. M. Bretin expose, en effet, deux chronomètres portatifs fort remarquables et qui font plaisir à voir.

Une de ces pièces, d'une exécution tout à fait hors ligne, a un mouvement en nikel et est pourvue d'un échappement à tourbillon ; cette pièce a, de plus, un grand mérite que nous nous hâtons de constater ; c'est, qu'observée pendant un mois, le journal de sa marche diurne a donné un résultat


fort satisfaisant. Une montre à huit jours, une répétition et une montre à remontoir au pendant, complètent cette exposition qui fait honneur à la ville natale de Louis Richard, lequel, au grand regret de notre loupe, fait aussi défaut dans cette solennité.

MM. Dubois et Leroy, de la même ville, exposent une montre à grande sonnerie, sonnant les heures et les quarts et répétant à volonté ; elle est accompagnée de deux autres répétitions à remontoir par le pendant. Enfin, M. Jacot (Henry-Louis), termine le contingent fort restreint des produits de la ville du Locle, par quelques beaux spécimen d'aiguilles de montres.

En si bon chemin, on comprendra que nous no changions pas d'itinéraire et que nous suivions,

pour notre exploration horlogère, la route si pittoresque de l'Helvétie : ce paradis des touristes, où la nature semble avoir groupé de sa main divine un spécimen de toutes ses splendeurs, ce pays des montagnes, des glaciers et des beaux lacs. En con- tinuant donc notre route dans le canton de Neufchâtel, nous ne pouvons faire moins que de nous arrêter à la Chaux-de-Fonds, devant M. Jules Henry, émailleur en cadrans, qui a exécuté un tour de force microscopique qui nous rappelle celui que faisait lé fameux peintre en lettres, Davignon,


rendu célèbre, à Paris, autant peut-être par l'en-

seigne du magasin de nouveautés du grand Condé, qu'il laissa inachevée pendant huit jours, au grand scandale des Parisiens, que par ses belles lettres d'or de l'inscription du Panthéon, et qui, on le sait, gravait et signait son nom dans l'épaisseur d'un cheveu.

Notre peintre de la Chaux-de-Fonds est plus fort:

il expose un cadran d'émail de douze millimètres sur lequel, indépendamment du cercle des minutes et de celui des heures dans lequel : midi est remplacé par un bouquet ; six heures, par l'inscription : Louis-Napoléon, empereur, et les autres chiffres par dix lettres formant le mot: exposition, il a peint en dedans de ces mêmes heures toute une légende. A. l'œil nu on ne distingue qu'un petit trait circulaire, imperceptible et plus délicat qu'un cheveu, formant un troisième cercle. Tandis qu'à l'aide d'une forte lentille, dans ce cheveu, on peut lire très-distinctement et en lettres parfaitement formées : Exposition de Besançon sous le patronage de S. A. I. le prince Napoléon. Sans le microscope que l'émailleur Neufchâtelois a eu la précaution de mettre à côté de son œuvre, notre loupe eût été certainement en défaut.

A Travers, nous trouvons la vitrine de M. Jac" : cotet, composée de plus de cent cinquante blancs


et ébauches pour montres à cylindres, à ancre, à remontoir au pendant, etc. Au Sentier, M. Golay expose une vingtaine de blancs et de finissages à remontoirs et autres qui soutiennent la réputation de la vallée de Joux.— M. Colay-Meylan, du canton de Yaud, expose quelques spécimens de balanciers compensateurs, et, M. Majewski, à Couvet, deux petits outils fort intéressants pour le réglage et le pesage des spiraux.

Dans le canton de Berne, M. Cattin (Auguste), au Niormond, expose une montre qui en vaut bien deux. D'ailleurs, la construction de sa boîte est telle, qu'on peut la transformer à volonté, soit en lépine ou en savonnette. Ce caméléon chronométrique, fort compliqué, est à double tour d'heure ; il a deux trains de rouages montés sur la même platine, ayant chacun un échappement différent; l'un, à ancre ; l'autre, à cylindre ; de plus, il indique les dates, les jours, les mois, les semaines, la température ; il a quarante-un rubis, un compensateur, et, comme il est d'un embonpoint fort remarquable, il est pourvu d'un parachute, en cas d'accidents.

Aussi nous hâtons-nous de revenir sur nos pas dans la direction du joli lac de Genève. A Lausanne, nous trouvons la belle vitrine de M. Veillon qui expose six belles montres ; deux à échappement à ancre ; deux à détente ; une à Duplex ; et une avec


un échappement à tourbillon de la plus belle exécution. Dans la même ville, la vitrine de M. Chainprenaud se compose de deux chronomètres de poche, une montre à remontoir et un mouvement ayant une raquette perfebtionnée dans laquelle les goupilles sont remplacées par un ressort en or à l'aide duquel l'exposant prétend conserver l'iso- chronisme du spiral. — Nous apprenons que plusieurs autres Suisses figurent aujourd'hui dans palais de Besançon ; mais au moment de notre séjour dans cette ville, les produits de ces exposants n'étaient pas encore arrivés, nous avons ainsi été privé du plaisir de les voir.

Enfin, à Genève, nous retrouvons la vitrine de M. Lutz ; le lauréat de l'exposition universelle Londres expose quelques spécimen de ses précieux spiraux indéformables et inoxidables. Les fabricants de la ville natale de l'auteur du Contrat social se sont donc complètement abstenus, au grand désap^ pointemcnt de notre loupe qui croyait cependant que Besançon ne devait pas être une rivale si à dé, daigner de la part de la ville de Genève.

Ce petit brouillard dissipé, le verre de notre compagne eut bientôt recouvré toute sa netteté primitive devant le reflet des riches vitrines bisontines


de MM. Savoie, Bouttey, Louis Fernier, Bossy, etc.

Ges importantes maisons, qui soutiennent la réputation de Besançon, pour la bonne facture de leur horlogerie, rivalisent ici par la richesse, le luxe, le bon goût et la coquetterie de leurs produits. Aussi leurs vitrines ont-elles les honneurs de tout le joli sexe qui vient visiter l'exposition.

Pour nous la richesse et le bon goût,de cette horlogerie constate une chose. C'est que Besançon possède dès aujourd'hui un contingent très-respec- table d'ouvriers d'élite en tous genres, et surtout d'horlogers habiles, capables de bien finir et de donner avec intelligence, aux plus belles ébauches de La Vallée, tout l'éclat de la dernière main.

En se reportant seulement à l'exposition universelle de 1855, on ne peut faire autrement que d'être surpris des progrès réels que l'horlogerie de Besançon a faits dans tous les genres ; c'est là un fait plus éloquent que tout ce que nous pourrions dire.

Son horlogerie ordinaire , détestable en majeure partie il y a quelques années, s'est sensiblement améliorée. N Sans doute, il y a bien encore certaines maisons, même importantes, qui semblent destinées à vouloir perpétuer la montre de prime, ce gluau chronomé trique du badeau parisien, exploité fructueusement par tous industriels de bas étage, et vendu par


grosses à tousies descendants d'Isaac de la capitale, et cela, bien entendu, pour le malheur du consommateur et des horlogers, et un peu aussi au détriment de Besançon.

Mais, comme dit le bonhomme Richard, pour avoir de belles fleurs et des fruits savoureux, il faut toujours à la terre un peu de fumier. Quoi qu'il en soit, Besançon compte maintenant différentes maisons qui ont pris réellement à cœur de traiter l'horlogerie ordinaire comme elle doit l'être, c'est-à-dire sérieusement, avec conscience, et dans des conditions qui prouvent de la part des fabricants la possession des connaissances théoriques et pratiques indispensables pour ce genre d'établissement. Plusieurs de ces maisons se sont abstenues de concourir ; cependant nous remarquons MM. Doucelance, Favre, fleinrich et quelques autres qui présententdes montres dans ce genre, que les horlogers sérieux ne peuvent manquer d'apprécier.

Puisse donc le consommateur, le consommateur parisien surtout, lorsqu'il veut acheter une montre, s'adresser à un horloger honorable, sachant travailler par lui-même et connu comme tel, et non pas à des bijoutiers ignorants, à des marchands de meubles, des brocanteurs, des courtiers et des libraires qui, eussent-ils la meilleure foi du monde, ne savent ni ne connaissent ce qu'ils vendent. De


-cette façon, l'employé, le travailleur, qui a besoin d'un instrument sérieux pour régler son temps, possédera véritablement une montre, une montre qui lui donnera l'heure, et il aura, ainsi, fait preuve de bon sens, en ne s'exposant pas à perdre niaisement son argent.

Malgré les splendides vitrines que nous avons devant les yeux, nous ne nous arrêterons pas à contempler ici toutes les riches montres dont l'or des boîtes s'accouple si merveilleusement avec les plus riches émaux, la vive escarboucle et le carbone pur aux facettes éclatantes ; ces bijoux horaires feront assez de caprices, pour le malheur des maris. Nous ferons encore moins l'énumération des montres d'or et d'argent qui figurent par centaines dans certaines vitrines, et notamment dans celles de MM. Adler, Ulmann, Blum, Schwob et autres. Nous nous bornerons à rendre hommage, ici, à l'empressement assez général que la fabrication bisontine a mise à se présenter au concours. Cet empressement est de bon aloi et ne peut manquer de porter des fruits salutaires à l'horlogerie de Besançon.

Ceux que nous félicitons surtout, ce sont les travailleurs intelligents de cette ville, qui sont venus prendre noblement leur place dans cette arène. Car c'est surtout dans les modestes vitrines de ceux-ci


que notre loupe aime à aller chercher ses impressions.

Aussi nous arrêtons-nous avec plaisir devant une toute petite vitrine carrée, bien modeste celle-là, et si petite qu'elle se trouve comme perdue au milieu de -ses voisines: mais, semblable à l'humble fleur cachée par de grandes herbes, elle répand un par-fum qui révèle sa présence et attire bientôt les regards du connaisseur..

Cette vitrine contient un chronomètre de poche entièrement conçu et exécuté par M. Gabus (Félix); cette pièce est pourvue d'un échappement à détente entièrement modifié et ayant, pour la menée, les avantages de celui d'Arnold ; pour la sureté et la facilité du décrochement, ceux de celui d'Earnshaw; et enfin, pour la conservation de l'huile aux parties frottantes, un avantage sur les deux autres.

Dans la roue d'échappement de cet artiste, le devant de la dent est droit, visant le centre, dégagé en dessous, et ne laisse de saillie que la partie agissante de la dent,.afin de ne pas attirer l'huile au fond. — La levée, en rubis, est enchâssée dans le plateau qui est plein et qui a seulement un léger dégagement, pour la sûreté du passage des dents, à l'endroit de la levée ; laquelle, ne dépassant le plateau que de la quantité nécessaire à ses fonc-


tions, a, par cette construction, l'avantage d'être toujours pourvue d'huile à son extrémité.

1 La levée a de plus, ici, une courbe épicycloïdale qui rend la menée de l'échappement uniforme, tout en conservant aux dents de la roue la forme droite, qui est la plus avantageuse pour la sûreté de la détente. Une bascule bien équilibrée, tournant sur pivots, et armée sur son plot d'appui par un spiral, sert de détente. Cette détente est placée de façon que son point d'arrêt, pris comme sommet, forme, avec le rayon de la roue et le point d'oscillation de la bascule, un angle de 95°. Enfin la bascule, à partir de son centre d'oscillation et se dirigeant vers celui de l'axe du balancier, porte un troisième bras ; ce bras est coudé de telle sorte que le petit ressort de détente, qui y est fixé, -se trouve placé dans la tangente avec le petit doigt de dégagement porté ici par l'axe même du balancier. Avec cet échappement qui n'à que 36° de levée ; le balancier de cette pièce décrit des arcs d'une grande amplitude, bien qu'ayant une force motrice peu considérable.

Cette montre' porte en plus une raquette compensatrice toute nouvelle, dont la compensation peut se régler à' volonté au moyen d'un curseur.

Par une disposition particulière et parfaitement conçue, la compensation, de cette raquette agjt sur i -


la longueur du spiral, et non par l'écartement des goupilles, de façon à compenser constamment les influences de la température sur le spiral. — Ce chronomètre est aussi pourvu d'un compteur de secondes, dont le mécanisme permet, au moyen d'un bouton, d'arrêter l'aiguille des secondes à vo- lonté, laquelle rendue libre revient aussitôt d'ellemême au point du cadran où elle se fût trouvée si elle eût continué sa marche. Ce compteur a quelqu'analogie avec ceux de MM. Benoistet Jacob, que nous avons vus aux expositions de Paris; seulement dans celui-ci l'aiguille, qui est excentrique, opère son arrêt et son départ sans que l'axe sur lequel elle est fixée change de position en élévation.

Enfin, l'intéressant garde-temps de M. Gabus se complète par un stop servant pour la remise à l'heure. Il consiste en un simple verrou que l'on pousse à volonté, et au moyen duquel on peut mettre les minutes d'accord avec les secondes ; le verrou fait mouvoir une bascule qui vient rencontrer la goupille de renversement du balancier.

M. Gabus présente ce dernier moyen, fort simple d'ailleurs et peu coûteux, comme étant parfaitement applicable à toutes les montres à trotteuse qui généralement sont dépourvues de tout moyen de mettre leurs aiguilles d'accord (1). Toutes les pièces

(t) Un pendulier de Paris, M. Lainé, ouvrier fort capable et in-


de cette montre savante, et extrêmement simple malgré tous ces détails, sont exécutées de main de maître, et avec une perfection qui décèle le talent remarquable de cet artiste, dont la modestie seule égale le mérite.

Un peu plus loin, dans l'embrasure d'une porte de la salle, est un régulateur longue ligne exécuté aussi par le même artiste. Cette pièce est pourvue d'un échappement à cheville rendu libre, d'un balancier compensateur et d'un nouveau remontoir fort curieux et admirablement conçu. Pour remonter le régulateur on tire un petit poids suspendu à un cordonnet, et le poids moteur remonte de la quantité que l'on a tiré le petit ; celui-ci remonte aussitôt de lui-même, et l'on recommence ainsi jusqu'au complet remontage du poids moteur.

M. Gabus est le seul horloger de Besançon ayant exposé un régulateur, mais chaque organe de cette pièce porte une empreinte et la marque d'un perfectionnement apporté par cet artiste. C'est lui qui a tout exécuté, et pour tailler lui-même les roues telligent, ayant acheté le mois de juin dernier une MDNTBE 4 TROTTEUSE, nous signalait justement cet inconvénient. Or, pour s'en servir, il fut obligé d'adapter à la sienne un stop à peu près semblable. Nousappelonsdonc l'attention des fabricants sur cette petite modification, d'ailleurs tout-à-fait indispensable ; à moins qu'ils ne

fassent des typitewsea aux montres pour qu'on n'en puisse point faire usasp^Vr.Q/, taire usa ~, , ~, - - -

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de son régulateur, il a transformé un simple outil à égalir les roues de rencontre, en une machine à fendre et à arrondir, sur laquelle il peut aujourd'hui tailler les roues de tous les diamètres et de tous les nombres, avec une exactitude mathématique. Une vis sans fin se combinant avec différents nombres remplace la plateforme.

M. Jeannot Droz a une petite vitrine renfermant plusieurs montres parfaitement exécutées, entre autres un chronomètre portatif à fusée, échappement à détente, et une montre or à remontoir au pendant, mouvement en nikel ; cette pièce est pourvue d'un échappement à ancre dans lequel la roue, la fourchette et le corps de l'ancre sont en or. En voyant la délicatesse de ces organes faits avec un métal aussi ingrat à tra\ ailler que l'or, on ne peut faire autrement que de rendre justice à la rare habileté de main d'œuvre de cet artiste distingué.

M. Richardey expose quelques montres de fantaisie accompagnées de trois belles pièces à échappement détente, dont deux sont en nikel ; une montre à ancre, ligne droite, à seconde indépendante, et deux compteurs à cinquième de seconde, d'une exécution qui dédommage largement notre loupe de l'abstention suisse.

M. Gamard présente au concours une seconde indépendante, échappement à ancre, faite par lui-


même, bien que, dit-il, il n'ait jamais appris que le repassage. M. Chaillet ne dit rien et il expose un chronomètre de poche, mouvement en nikel, échappement à détente fort bien exécuté.M. Mennet est un horloger qui saisit les calibres de montres Lépine au collet, les retourne, les renverse, pour faire avec les ponts des roues, quoi ?.

un nom, le vôtre si vous voulez. Aussi a t-il commencé par en donner un à son horlogerie. Il l'appelle ONOMATIQUE. Sous ce titre, il expose des montres à huit jours ; les platines de ces pièces sont argentées, et les ponts dorés et découpés en forme de lettres, de façon à faire un nom ; dans les pièces qu'il présente, les ponts forment, dans les unes, celui de Napoléon, dans les autres : Eugénie. Ces montres ont, de plus, dans le fond de leurs boîtes le portrait de Leurs Majestés. On ne peut que rendre hommage au patriotisme de cet horloger bisontin, mais malheureusement pour ses montres onomatiques, l'horlogerie , comme la mécanique, est soumise à des lois immuables qui ne peuvent être assujetties à la fantaisie d'un nom quelque éminent d'ailleurs qu'il puisse être. ,

En voyant les ponts percés qui figurent dans la vitrine de M. Châlon, nous crûmes encore à un nouveau système plus ou moins onomatique, mais c'était tout bonnement celui d'un sertissage pour


les pierres et contre-pivots, inventé par M. PrligtÑeJ, et consistant à fixer les trous en pierre sur les ponts de montres, par le moyen de deux' pieds et d'une vis. M. Châlon avait simplement donné açeès dans sa vitrine à quelques spécimen de ce système en les accompagnant, toutefois, d'une douzaine de jo- lies montres.

M. Zéphirin Choppartppésente au concours une seconde indépendante, ayant un spiral isochrone que nous n'avons pu voir ; et M. Petit, deux montres cylindres bien traitées et pourvues d'un nouveau spiralarge, que nous avons vil, mais dont nous n'avons pu saisir la théorie de la courbe, qui nous a semblé tant soit peu avehturée.

Au milieu de ces vitrines bisontines, nous trouvons celle de M. Racapé, de Rennes; cet horloger, loin de vouloir changer la forme spirale du régulateur des montres, a, au contraire, une sollicitude toute paternelle pour cette courbe géométrique ; aussi cherche-t-il à pourvoir à sa conservation par tous les moyens possibles. Pour cela il adapte au coq des montres Lépine un appareil qui conduit la raquette ; cet appareil, qui a quelque analogie avec les rosillons de nos montres à verges, est pourvu d'un carré et permet d'avancer ou retarder la montre sans ouvrir la cuvette.

1 Décidément cet horloger doit être un conser-


vateur renforcé, car, afin que le cylindre des montres puisse se conserver et supporter, sans se rompre, les pressions, les secousses et les chutes, il a imaginé de le. renforcer.

Mais la sollicitude que M. Racapé a pour la conservation des organes de l'échappement, se traduit en tendresse quand il s'agit de ceux du moteur, aussi a-t-il été réellement inspiré en modifiant l'arrêtage croix-de-Malte comme il l'a fait..

Celui qui est adapté au barillet qu'il expose dans sa vitrine, est certainement une conception heureuse qui restera acquise à l'horlogerie. M. Racapé, en augmentant les leviers de l'arrêtage ordinaire au moyen d'une simple amplification faite au doigt et à la partie convexe de la croix-de-Malte, a fait un arrêtage rationnel, se.faisant parfaitement à la tangente et qui, de cette façon, obvie aux inconvé- nients destructeurs de celui qui est en usage actuellement. Ces deux petites additions semblent bien peu de chose, mais parmi toutes les produc- « tions nouvelles, que nous avons vues en horlogerie, c'est une de celles qui survivront à l'exposition de Besançon. Assurément ce n'est pas celle qui a fait le moins de plaisir à notre vieille loupe.

M. Montandon expose un nouveau cadran renversant, ou plutôt renversé subversif, sur lequel la lecture des heures est entièrement bouleversée. La


grande aiguille, qui indique ordinairement les minutes, marque ici les heures ; la petite, au contraire, les minutes. Or, comme'les petites causes produisent souvent les grands effets, pour cette révolution M. Montandon n'a fait simplement que changer, sur son cadran, la place des minutes. De la circonférence où cette division est placée ordinairement, il la transporte en dedans des heures et près du centre. Grâce à cette ingénieuse idée, on confond aisément la valeur des aiguilles, et c'est toute une nouvelle langue horaire dont il faut apprendre à faire la lecture. Il est vrai qu'en changeant ainsi l'orthographe de l'heure, l'exposant ne demande pas, comme M. Perier (1), à en faire une écriture universelle; aussi dans ce but, a-t-il dépose son système au greffe du tribunal de commerce de Besançon ? Dans la vitrine de cet exposant se trouvent d'autres montres parfaitement exécutées et qui font honneur à la bonne fabrication de cet artiste, d'ailleurs fort remarquable.

Dans un compartiment Bisontin est exposé une pendule de cheminée, forme portique u moyen âge, marquant les minutes sur le cintre, l'heure, dans un guichetplacéà la été de voûte, et les demi-secondes, sur un petit cadran placé au dessous du

(1) Voir la publication du Libre Penseur, journal hebdoma- daire, -


guichet, etc.. Cette pièce est l'œuvre de feu M. Pescheloche-, d'Epernay, horloger aussi distingué que rempli de mérite, et dont la perte regrettable a laissé un vide sensible dans les rangs de l'horlogerie. On lui doit entre autres, un excellent correcteur de la force motrice pour les pièces à longue marche. Cette exposition est un hommage tout filial, que M. Pescheloche fils, actuellement à'Besançon, rend à la mémoire de son père; aussi a-t-il accompagné cette - pendule de toutes les médailles que feu- son père a obtenues dans différents concours. Au moment de notre passage, M. Pescheloche n'avait pas encore achevé les produits qu'il destinait à l'exposition.

Mais nous savons qu'il devait présenter, entre autres, plusieurs montres à huit jours, pourvues du correcteur de E-on père, mâjg dont il a notablement modifié le mécanisme et les fonctions, et qui en font aujourd'hui une découverte précieuse pour l'horlogerie. Ce jeune artiste, doué d'une intelligence peu commune, est un travailleur actif, aimant son art et plein d'avenir.

Au moment de notre séjour à Besançon, M. Terrier n'avait point non plus terminé les pièces qu'il devait présenter au encours. Néanmoins, nous avo:Pl-S qu'il a exposé maintenant, une démonstration de l'échappement à ancre qu'il a modifié d'une façon notable.


Dans l'échappement de M. Terrier, la nouvelle forme des levées donnerait à l'échappement à ancre toute sécurité, bien que l'exemptant du tirage de sûreté qu'on lui donne ordinairement, lequel néces- site toujours une force motrice supérieure et souvent difficile à obtenir avec le calibre ordinaire des montres Lépine. Il aurait aussi modifié l'entaille de la fourchette et la forme du plot, pour rendre cette menée rigoureusement uniforme. M. Terrier, dont nous 'connaissons déjà l'ingénieuse raquette, ( aussi présenter des montres nouvelles revenant, à moitié prix des autres, et susceptibles de donner les résultats les plus satisfaisants. Nous avons vu différents outils, conçus et exécutés par ce travailleur, qui attestent le mérite hors ligne de cet artiste.

, C'est un chercheur infatigable et éclairé, aimant pasbionnément l'horlogerie, malgré qu'elle soit parfois une coquette capricieuse qui rudoie Fouvent ses amants les plus tendres et Les plus dévoués.

Dans la vitrine hospitalière de M. Quiney, nous remarquons trois montres faites et exposées par M. Recordon, dont une marchant quinze jours ; une autre, dite de chemin de ter, à remontoir et à double tour d'heure. Cette montre fort curieuse est pourvue d'un système tel, qu'au moyen d'un pendant, on peut à volonté faire marcher à la fois, soit les aiguilles des deux cadrans, en poussant un bouton,


soit les aiguilles d'un seul cadran, en poussant simultanément deux bbutons.

La troisième montré est pourvue d'un nouveau remontoir avec remisé à l'heure par le pendant tout à fait remarquable par sa simplicité et la sûrêté de ses fonctions, et bien préférable à tout ce que nous connaissons en ce genre, y compris même ceux de La Vallée. L'appareil de celui-ci permet, en plus, d'ôter et de mettre le mouvement dans sa boîte, avec la même facilité qu'un mouvement ordi-, naire. Ces produits qui partagent le modeste espace de la petite vitrine de M. Quiney, n'attirent pas les regards des passants, mais le vieil objectif de notre loupe s'y est reposé avec le même plaisir qu'un papillon sur le calice d'une fleur. Dans ces simples produits, d'une exécution brillante et hardie, se reflète en effet l'intelligence hors ligne d'un artiste de grand mérite, et d'un des plus féconds et des plus habiles horlogers que possède peut-être encore aujourd'hui Besançon, bien qu'il soit presque octogénaire, - N Dans un coin retiré du compartiment de l'horlogerie bisontine se trouve une humble vitrine placéeà l'écart, et qui semble oubliée de tout le monde. Nous y trouvons Tenfermée une œuvre remarquable que nous connaissons : le Traité d'Horlogerie de M.de Liman.

M. de Liman n'est pas seulement un horloger


habile et distingué, c'est encore un .écrivain de mérite, auquel l'horlogerie doit un excellent ouvrage fort répandu, et qui honore Besançon.

A l'entrée de la même salle, figure aussi un Traité de haute Horlogerie de M. Martens, de Furtwangen, grand-duché de Bade. Cet ouvrage est écrit en alle- mand, il est accompagné de planches du plus beau fini. Une vitrine contenant une douzaine de belles pièces, échappements à ancre et à détente, parfaitement exécutées, complète l'exhibition de M. Martens, directeur de l'école d'horlogerie du grand-duché de Bade qui a ainsi honoré gracieusement l'exposition de Besançon.

Avant de quitter le compartiment de l'horlogerie bisontine, nous ne pouvons faire autrement que de concéder à notre loupe, le plaisir de contempler l'admirable collection des beaux ressorts de montres qui décorent avec tant de goût la vitrine do Madame veuve Berthoud. Mesdemoiselles Lanternier font aussi des croisées qui donnent envie à notre loupe de regarder les belles baguettes des roues du finissage qu'elles ont exposé.

Ici se termine à peu près l'exploration que nous avons faite de l'horlogerie portative exposée au Palais de Besançon. Sous l'impression délicieuse que cette exploration laisse à notre fibre borlogère, nous allons donc nous diriger dans le compartiment


de l'horlogerie parisienne, où nous avons l'espoir de rencontrer encore quelques vieilles connaissances.

Au moment de pénétrer dans le compartiment parisien, nous sommes arrêté par une foule compacte qui en obstrue l'entrée. On fait queue, on se presse, on se pousse; l'empois se fripe, la crinoline change sa forme circulaire en ovale allongé qui reste ensuite aux jupes dont la trempe des aciers est douteuse ; les visages s'empourprent, d'autres pâlissent; les coudes pointus font la guerre au principe adipeux, Le propriétaire craint pour son abdomen, la nourrice pour son lait; un autre pour le verre de sa montre, et nous pour celui de notre loupe.

Enfin après un quart d'heure d'ondulations, de roulis et de tangagè, nous franchissons l'embrasure de la porte. Nous voilà entré, mais, hélas! serré encore tout autant.

Une fois dans la salle la foule n'avance plus; elle reste stationnaire devant une certaine vitrine placée presqu'à l'entrée. Là, tout le monde s'arrête et veut voir à la fois. Force nous est de rester. Bientôt au bruit des réveils, des sonnettes, des timbres, des cloches et des tic-tac, se mêlent les cris de : Chapeau bas !. Papa, hausse-moi ! etc. Les éclats de rire se confondent avec les ouf!. les ah ! et les oh ! avec les aie ! toutes les exclamations de l'âme et du corps


s'entrechoquent, AjJ milieu démette cacophonie, le mot Allemagne vient même frapper cotre oreille.

Ne pouvant rien voir, nous craignons un instant quelque manifestation hostile du peuple teuton contre la France. Mais pas moyen de bouger Enfin, las d'entendre et de ne rien voir, nous nous dressons sur les orteils, en prenant toutefois pour point d'appui une épaule assez potelée que le hasard nous met sous la main, et nous voyous.

l'exposition de M. Fuderer, de Strasbpurg, c'est-àdire des horloges de ménage appelées : Coucous.

Qu'est-ce qui attire ainsi cette foule si compacte?

quelques automates en mouvement : un singe qui se rase et tourne la tête ; un gargantua qui avale des knèfles appelées, en Suisse, d'un autre nom ; un oiseau qui chante ; un lion qui tourne les yeux ; un chasseur qui sonne du cor, etc., etc. Quoi qu'il en soit, il nous a fallu attendre la fin de la représentation. Et, bien que terminé.e, nous y serions peutêtre encore à l'heure qu'il est si, de l'extrémité opposée de la salle, où se trouve heureusement placé M. Rcdier, les boîtes à musiques de cette maison n'eussent, à co moment, fait entendre sur leurs claviers forté-piano, avec accompagnement de tambour de basque , l'hymne de Rougel-de-l'Isle.

Gyàce à cette diversion nous pûmes respirer.

Aussi félicitons-nous sincèrement les boîtes à mu-


sique de M. Rédier, malgré leurs peignes incomplets.

Pour éviter d'être entraîné par le flot humain, nous nous retranchâmes derrière le tourniquet de M. Détouche, dont la vitrine (si toutefois on peut appeler ainsi un emplacement occupant une moitié de salle) fait face à celle du marchand d'horloges de ménage.

Du tourniquet nous nous laissâmes aller mollement sur le canapé confortable que l'exposant de la rue Saint-Martin a mis au milieu de ses produits, afin que les visiteurs puissent les contempler à leur aise. Nous regrettâmes, en cette occasion, l'absence du pâté traditionnel de la maison qui, certes, n'eût pas fait mauvaise contenance ici, et auquel, pour notre part, nous eussions fait le plus grand honneur.

Nous ne décrirons pas ici les produits exhibés à Besançon par M. Détouche. Il faudrait pour cela un grand in-quarto, et notre petit livre est loin d'avoir ce format. Tous les régulateurs longue ligne, au nombre de huit, et variant de 5,000 à 30,000 francs, que nous avons vus figurer tour à tour rue SaintMartin et dans toutes les expositions qui se sont succédé depuis 189, sont rangés là en bataille, comme des vieux de la vieille. Ajoutez à cette splendide collection des régulateurs de cheminée variant de mille à dix mille francs ; des pendules à


sujet en bronze et autres en tous genres, etc., etc.; deux belles horloges de clocher, un tourniquet, et vous aurez une faible idée de la richesse et de l'im- portance de l'exposition de cette maison Malgré cela, son voisinage avec les coucous de M. Fuderer, fait qu'elle est délaissée presque complètement pour ceux-ci, au grand déplaisir, bien entendu, de M. Détouche. Aussi son représentapt, M. Calame, a-t-il fait signer par plusieurs exposants une réclamation, demandant à la commission qu'on déplace les coucous malencontreux, sinon qu'on les fasse taire et les empêche de marcher. Sur quoi la commission, se fondant sur le principe du suffrage universel, a dû répondre que le coucou de h- francs et la pendule de 30,000 francs étaient égaux devant l'exposition, et que M. Détouche était libre aussi de faire parler et marcher les siens.

Grâce à ses musiques, M. Rédier, qui occupe presque autant de place que son voisin, n'a pas à déplorer le même abandon. Or, comme son exhibition est un vaste magasin, il donne, à tous ceux qui le demandent, un catalogue complet des nombreux produits de sa maison, dans lequel sont décrits et parfaitement dessinés wus les modèles de pendules et toutes les pièces qui figurent dans 'sa vitrine. Nous renvoyons le lecteur à ce Jivre assez volumineux. Néanmoins nous remarquons dans le


compartiment de cet horloger, une horloge à pendule conique fort curieuse. Le pendule est suspendu en haut de la boite par une suspension à quatre lames dite de Cardan. Le mouvement est au bas et placé horizontalement. Dans un des rayons du cadran principal est un petit cadran où se trouve une aiguille de seconde continue ; sur un autre rayon est le cadran des heures, minutes et secondes fixes. Une aiguille légère fixée sur le pivot du dernier mobile, qui passe au centre, fait tourner le pendule par son extrémité inférieure.

Cette pendule serait combinée, djt-on, dans le but de pouvoir servir à l'application de l'heure uniforme du méridien de Paris pour tout le réseau de nos chemins de fer ; elle serait présentée comme horloge type pour la transmission électrique de l'heure sur tous les cadrans.

Au moyen d'une manivelle extérieure, le mouvement pouvant tourner à droite ou à gauche, permet ainsi d'accélérer ou retarder la marche des aiguilles à volonté, suivant qu'on fait mouvoir le mouvement dans le sens ou contre le sens, que tourne le balancier. bous remarquons aussi dans cette vitrine le même régulateur astronomique, compensation tubulaire à mercure et tige en aluminium que nous avons déjà vu en 1855.

Les régulateurs longues lignes sont représentés


aussi par M. Damiens-Duvillier, de Paris, qui expose deux régulateurs compensation à trois branches, parfaitement exécutés. Dans sa vitrine sont en outre plusieurs finissages de montres à double tour d'heure, de différents calibres qui sont nouveaux et bien conçus. Diverses montres et trois pendules de voyage complètent cette belle exposition dans laquelle nous remarquons, en plus, une montre exécutée par un de ses élèves, nommé Pescheniel, après cinq mois d'apprentissage. Nous félicitons sincèrement M. Daniiens d'avoir misla main surun prodige semblable. Il est vrai qu'il vient d'Amérique; mais, quoi qu'il en soit, nous eussions vu avec plaisir figurer ici la photographie de ce petit phénomène d'un autre monde, en compagnie de son nom.

MM. Dayt père et fils, de Châlons-sur-Saône, exposent aussi une horloge longue ligne pourvue d'un balancier compensateuràonzebranches, qu'il faut ar- rêter pour remonter. Le mouvement est découpé à jour, et sert de lentille ; l'ensemble de la pièce représentant une lyre est fort mélodieux, mais assurément peuchronométrique. Noshorlogers châlonnais exposent une petite pendule de cheminée, non à longue ligne, celle-là, mais à longue marche. En augmentant le diamètre du barillet et le nombre des roues, ils ont ainsi fait une pendule pouvant marcher un an sans être remontée.


M. Fumey (Jacquin), de Foncine-le-Haut, expose aussi, comme longue ligne, trois horloges de Franche-Comté. M. Michaud (Joseph) profite de la circonstance pour annoncer qu'il a fait les boîtes qui renferment ces horloges, et qu'il les présente comme modèles de cabinets. d'horloges, bien entendu. Parmi l'exposition de M. Fumey figure une horloge, bien exécutée d'ailleurs, et pourvue d'un échappement à force constante. Le jeu de l'échappement de cette pièce; que nous avons déjà vue en 1855, compte plus de six contacts par oscillation, et a la plus grande analogie avec des aiguilles à tricoter en fonction.

M,. Lamy Jos frère, de Morey, présente deux comtoises dont nous aimons, la simplicité et la bonne facture. Dans la même salle se trouve audessus, un tableau horloge portant le no 32. Le sujet représente un groupe de trois enfants : deux petites filles et un garçon ; ils sont autour d'une pendule posée sur une cheminée.Les deux bambines cherchent à en faire marcher le balancier, que l'on voit dépasser ; l'une en le tirant par devant ; l'autre en le poussant par derrière. Le gamin est monté sur une chaise et il indique de son doigt, d'un air fort espiègle, les aiguilles de la pendule qui va marcher.

Seulement elle ne va pas. Nous ne savons si le mouvement de ce tableau a besoin de cet auxiliaire pour


marcher. Ce n'est là, sans doute, qu'une espièglerie chronométrique de la part de l'exposant. La pendule de voyage, cet article essentiellement parisien, est dignement représenté ici par M. Drocourt, de Paris. Sa vitrine en contient une vingtaine, parfaitement exécutées et qui prouvent que cet horloger s'en occupe sérieusement et en véritable connaisseur. — M. Paquet, de Paris, expose aussi cinq pendules de voyage , un régulateur lon- gue ligne à compensation de mercure, un autre petit régulateur tige de sapin et une, pendule en marbre blanc, laquelle est pourvue d'un échappement libre ayant quelque analogie avec celui deGalilée. Un tachimètre complète la vitrine de cet exposant remarquable.

M. Anquetin, de Paris, un des premiers innova- teurs de la montre de chemin de fer, se présente avec une fort belle pendule de voyage à grande sonnerie; échappement à ancre et ayant un cadran pour l'heure des chemins de fer, et une autre pièce fort simple, boîte en chêne, et pourvue d'un cadran pouvant donner l'heure de toutes les principales contrées, au moyen d'une seule aiguille. Une dizaine de montres pourvues de son système de cadrans mobiles, si simple et si commode pour les voyageurs, complètent l'exposition de cot horloger de mérite.


-M. Chaudé, de Paris, expose une pendule-sphere pour donner l'heure de toutes les parties du monde.

MM. Caron Fils et Bailly, de Paris, se contentent d'indiquer les dates sur deux horloges à quantième.

Les oiseaux chantant et volant de M. Bontemps, de Paris, semblent avoir des gluaux qui attirent la foule. Aussi n'allons-nous pas nous amuser à entendre le rossignol chanter; d'ailleurs en ce moment un petit Cupidon, placé sur une de ses pendules et tenant un timbre à la main, s'apprête à sonner l'heure du berger.

Sur notre passage, nous retrouvons ici M. Thomas, de Paris, qui avait exposé en 1855 une horloge ayant pour balancier un fléau de balance, et marchant trente-trois ans sans être remontée ; mais alors si doucement que l'exposant avait cru devoir écrire sur sa vitrine, en grosses lettres: Cette horloge marche. Aujourd'hui les petites pendules que M.

Thomas expose vont plus vite, il est vrai aussi qu'il se contente de les faire marcher seulement un an et même six mois. Quoi qu'il en soit, nous craignons bien que ces pendules à fléau n'en soient un pour les horlogers chargés de les régler.

Nous laissons les mouvements découpés du gand assortiment de pendules" de M. Farcot, de Paris.

Son emporte - pièce effraie notre pauvre vieille loupe ; pour la remettre, il ne lui faut rien moins


qu'un petit pélerinage devant les vitrines de MM.

Japy, de Baucourt, et Japy, de Berne.

Le premier expose une de ces belles collections de roulants de montres et de pendules, toujours si intéressantes à voir et auxquelles il a habitué les expositions. Des cartons, sur lesquels sont attachées, séparément et par gradation, toutes les pièces de différents mouvements de montres, présentent ici aux visiteurs une lecture analytique de tous lei organes constituant différentes sortes de roulants.

Dans notre revue sur l'exposition de 1855, nous' avons donné, avec les prix, un sommaire de la division du travail et des moyens mécaniques employés par cette maison, pour arriver à donner à si bas prix les beaux produits qu'elle fabrique (1).

M. Japy, de Berne, expose également une série de roulants de montres, de pendules, télégraphe., mignonnettes, etc., etc., qui prouve la bonne fabrication et l'importance de cette maison.

L'horlogerie monumentale, bien que comptant plusieurs abstentions, se présente à l'exposition bisontine avec un contingent fort respectable.

M. Collin, à lui seul, expose dix horloges publiques, parmi lesquelles en est une qui est destinée pour la ville de la Chaux-de-Fonds, et une autre,,

(1) Voir LA LOUPE DE 1856 : Fu Coup de Loupe à l'Expoiition universelle de Paris, Paris, revue fur l'Horlogerie.


très remarquable, pour la tour nouvellement élevée, à Paris, en face le Louvre.

On ignore encore le nom de cette tour, mais, placée comme elle est, entre une église et une mairie, elle ne pourra certes manquer d'en avoir un ; ce qui n'empêche pas, d'ailleurs, l'horloge qui lui est destinée d'être d'une exécution fort remarquable. Cette pièce est à quart et pourvue d'un remontoir d'égalité concentrique, lequel, avec son rouage satellite et tous ses contacts, nous semble cependant bien compliqué pour être constant. Des contrôleurs de rondes à impressions et s'adaptant dans des boites, des métronomes, des tourne-broches avec et sans avertisseurs, des paratonnerres et des girouettes complètent l'exposition importante de M. Collin.

M. Hirt, de Nantis, présente trois horloges de clocher à sonnerie, deux de ces pièces sont pourvues d'échappement à force dite constante. Dans ces horloges, l'appareil qui tient lieu de fourchette se dirige horizontalement à la rencontre d'un bras courbe que porte la tige du balancier à son extrémité supérieure, et sur lequel vient reposer le bout de la fourchette, dans une ligne tangente au point de suspension du pendule.

MM. Prost, de Morey, Prêtre, de Rossureux, et Re-


nard, de Ferrière, exposent aussi différentes horloges de clocher bien exécutées.

L'horlogerie électrique , dont nous. devons les premiers essais à M. Wheatstone et M. Bain, a aussi son petit contingent à l'exposition bisontine; Indé-

pendamment de plusieurs cadrans, mus en partie par les horloges de MM. Colin et Paul Garnier, et qui donnent l'heure dans l'intérieur de son palais industriel, elle compte aussi quelques autres produits de ce genre d'horlogerie.

Dans la vitrine de M. Colin, nous remarquons un petit distributeur électrique de cheminée ; dans cette pendule, l'axe de la roue d'échappement porte un doigt agissant sur un étotau qui dégage le rouage d'horlogerie chargé d'ouvrir e* de fermer le circuit électrique.

M. Mouilleron, de Paris, expose une horloge électrique, deux télégraphes, système Morse, un autre télégraphe à lettres et un manipulateur à clavier.

Dans le même compartiment, M. Hardy, ingénieur à Paris, expose une pendule électrique et plusieurs compteurs cadrans électriques fonctionnant d'après ce.principe: par suite de la marche du balancier distributeur, le courant d'une petite pile Daniell traverse à chaque seconde l'électro-aimant de ce cadran, et imprime directement le mouvement aux aiguilles.


M. l'abbé Guichené, curé de Sàint-Médard-lès- Mont-de-Marsan,"a probablement des ouailles qui ne sont pas dépourvues d'oreilles. Aussi ce respectabla pasteur a-t-il été inspiré,, (J'une idée chrono- métrique tout àfait.charitable: La vue de l'hommr, s'est-il dit, est généralement courte. Mais en revanche la nature l'a favorisé d'une manière particulière à l'endroit de l'organe de l'ouïe. Adressons-nous donc à cet appendice précieux pour lui donner l'heure, et alors il entendra ainsi parfaitement ce qu'il ne peut voir. Dans ce but, il a donc imaginé d'employer l'électricité pour faire sonner l'heure d'une petite horloge type, par toutes les cloches d'un département, canton, ville, village et bourg, à la seule condition que chaque clocher soit pourvu d'un mouvement de sonnerie proportionné à la force des marteaux.

-v A ce moment, il est midi. Toutes les horloges sonnent leurs douze heures. En entendant ce vacarme;'nous ne pouvons nous empêcher de penser aux pauvres cloches reléguées danS" l'annexe, et qui sont forcées, par ordre de la commission, de rester toujours muettes. Ces infortunées pourraient bien, pour réclamer leurs droits, s'appuyer sur cette conclusion de la fable de M. Aubryct, dans la Sonnette et la Pendule: Au moins je garde le silcnca, Quand on ne m'interroge pas.


Ici se termine l'œuvre imparfaite, mais impartiale, franche et désintéressée de notre humble loupe.

Maintenant il nous reste un devoir à remplir: c'est de remercier la commission de Besançon de l'accueil bienveillant qu'elle nous a fait, en nous accordant gracieusement notre libre entrée pour nous faciliter à faire notre modeste revue. Nous la remercions donc ici bien sincèrement. Nous nous permettons aussi de féliciter tous les hommes qui la composent du dévouement qu'ils ont mis et des efforts qu'ils ont faits pour organiser aussi splendidement ce tournoi industriel.

C'est là une belle page dont ils ont enrichi l'histoire de la vieille cité franc-comtoise.

L. BORSENDORFF. r


WABXÉïftsS.

LE COUCOU ET LA MONTRE.

1 FABLE.

Un pauvre coucou, c'est ainsi qu'on nomme L'horloge de bois, œuvre du couteau De Jean Clavelé qui fut, de par Rome, Brûlé vif, je crois. Mais laissons bourreau, Et pape et bûcher. Venons à J'histoire De notre Coucou de la Forêt-Noire, Lequel modestement appendu sur le mur D'une petite auberge, en un certain village Etait céans, pour tous, le régulateur sûr Dont le tic-tac guidait jusqu'au soin du ménage.

Là , dès l'aube du jour, son marteau matinal, Quotidiennement sur son timbre sonore, Annonçait, par ses coups, le retour de l'aurore En donnant du lever à chacun le signa!.

Or, certain jour, une Montre coquette Au boitier d'or, ayant trous en rubis,


Laiton doré, beaux aciers polis, Vint par hasard, et, sur une tablette,

Fut, au logis, mise près du Coucou, Lequel, toujours, sur son modeste clou, Cheminait comme à l'ordinaire.

Mais son tic-tac sembla déplaire, A notre Montre ; elle se récria.

Comment! dit-elle, un vilain assemblage De fil de fer et de vieux sapin a La vanité, sur son badigeonnage, De me disputer l'heure, et de vouloir du temps Mesurer la marche immuable?.

— Mais que fais-je donc là, depuis près de vingt ans?

— Tais-toi, misérable !

Apprends qui je suis, et sache que le roi De tous les métaux se prodigue pour moi.

Et que pour me créer il faut fouiller la terre De la simple silice au filon aurifère ; Employer mille bras, et tour à tour passer, Du puissant laminoir au délicat toucher; De la fournaise-ardente où bouillonne la lave Au chalumeau qui tient la molécule esclave; Du volant gigantesque au plus fragile engin ; Qu'il faut pour m'achever, le pinceau le burin !

— Hélas ! je m'incline : un simple serpette Complète, A la fois,


Avec quelques bouts de bois, Tout mon outillage Et tout mon ouvrage, Répond avec humilité L'horloge de Franche-Comté.

Quand tout à coup notre orgueilleuse Montre S'arrêta court, impropre à mesurer Ni temps, ni heure. Au village, par contre, Nul horloger ne put la réparer.

Que d'incapables gens portant coûteux plumage Dont notre Montre hautaine est la fidèle image !

Le pauvre travailleur, lui, c'est notre Coucou : Souvent de son labeur, d'autres tirent la gloire, Et du moindre fruit lui disputent le brou.

Heureux ! si leur mépris n'achève son déboire.

L. BORSENDORFF.


ÉPITAPHE Inscriti au milieu du Cimetière d'Aberconnway, en Angleterre CI GÎT PIERRE PENDULUM, horloger, Qui honora sa profession par ses talents.

Si l'intégrité fut le grand ressort de ses actions, La prudence en a été le régulateur.

Humain, généreux, sa bienfaisance ne s'arrétait Qu'après avoir soulagé l'infortune.

Ses mouvements étaient si bien réglés Que jamais sa tête ne se dérangea, A moins qu'il ne fût contrarié, démonté par des gens Qui n'avaient ni la chaîne ni la clef de ses idées.

Il sut si bien disposer de son temps, Que les heures de sa vie Coulèrent dans un cercle continuel D'agréments et de plaisirs, Jusqu'à ce qu'une fatale minute, Que rien ne put retarder, Vint avancer le terme de son utile existence.

Il a quitté le séjour des humains Avec l'espoir de repasser dans un autre monde Après avoir été nettoyé et réparé par son auteur.

Traduit do l'Anglais. j


UNE HORLOGE CHINOISE

ET

L'HORLOGE DES HABITANTS DE LA LUNE.

Voici une singulière horloge : Sous cette rubrique un journal rapporte ce fait : Un paysan chinois, qui n'a de montre ni de pendule, demande l'heure à un cadran naturel qu'on ne devinerait jamais : ce cadran, c'est l'œil de son chat. Il prend l'animal, lui regarde la pupille et juge, par le degré de dilatation qu'elle présente, l'heure qu'il est, sinon durant la nuit, au moins depuis l'aurore jusqu'au crépuscule.

Tout le monde sait que la pupille des races félines se contracte au jour et se dilate pendant les ténèbres; mais il paraît que la contraction et la dilatation suivent avec tant de régularité les heures de la journée qu'un regard exercé les devine à ce seul signe.

Au matin, la pupille est ovale, après avoir été ronde toute la nuit ; du matin à midi, elle rétrécit son diamètre, jusqu'à devenir un simple trait, et de midi au soir, elle reprend insensiblement la forme ovale. -


Ceci nous rappelle la description d'une horloge sélénique, non moins originale, dont parle Cyrano de Bergerac dans son curieux ouvrage : Un Voyage dans la lune; elle peut faire pendant à celle-ci : a J'ai, dit-il, demandé plusieurs fois, par les rues, quelle heure il était, mais on ne m'a répondu qu'en ouvrant la bouche, serrant les dents et tournant le visage de travers. 1 1--- Quoi ! vous ne savez pas que par là ils vous montraient l'heure ?

- Par ma foi, repartis-je, ils avaient beau exposer leurs grands nez au soleil avant que je ne l'ap- prisse.

— C'est une commodité qui leur sert à se passer d'horlôge ; car, de leurs dents, ils font un cadran si juste, que lorsqu'ils veulent instruire quelqu'un de l'heure, ils ouvrent les lèvres ; et l'ombre de ce nez, qui vient tomber dessus leurs dents, marque comme un cadran celle dont le curieux est en peine. »

Voilà; pour ceux qui sont favorisés d'un nez chronométrique de belle longueur, une méridienne encore plus commode que celle du chat chinois; celle-ci, du moins, n'a point de griffes et ne fait que montrer les dents.


HISTOIRE D'UNE MONTRE RACONTÉE PAR ELLE - MÊME Sa Vie et ses Peripéties.

( SUITE (1). )

IV.

Tipard et sa méthode.—Le singulier martyre qui me fut infligé sous le nom de : Rhabillage, ses conséquences. — Ma délivrance. —

Le juif - Mon échange.— Madame Troquenvillo, marchande à la toilette. — Réflexions philosophiques d'une montre au milieu des chiffons. — Ma vente faite à tant la semaine.

S

Pendant deux longs mois que je restai chez cet horloger malencontreux , je fus chaque jour le témoin. muet des mutilations, à la fois cruelles et bizarres, que subissaient, tour à tour, les malheureuses montres que le sort avait amenées dans cet abattoir chronométrique.

Durant cet intervalle, je fus examinée, prise et reprise au mois dix fois par notre Tapard. D'abord à l'hésitation qu'il sembla mettre, à cause de la rare délicatesse de mon mécanisme, je crus un Instant

(1) Voir la Loupe précédente. Toute reproduction, même partielle, est interdite.


qu'il renoncerait à m'entreprendre : mais l'ignorance ne doute de rien, le tour de mon exécution arriva, et il en fut fait de moi comme de mes infortunées compagnes.

Je renonce, cher lecteur, à décrire les rudes épreuves que j'eus à subir de la part de ce singulier praticien, du blanc d'Espagne, pour qui la râpe remplaçait le tour; le grattoir et le marteau, la lime ; la tenaille et la brosse, tout !

Certes, la souris égarée qui rencontre la patte de l'angora, dont la griffe cruelle lui fait endurer mille morts; l'infortuné hanneton auquel le barbare bambin casse pattes et ailes, larde le flanc d'épingles, pour en faire le moulin éphémère qui le fait expirer, sont moins torturés que la montre qui tombe dans la main maladroite d'un horloger ignorant. Au moins, leur martyre achevé, c'en est fait; on ne demande plus à la souris de courir, ni au coléoptère de voler. Mais la pauvre montre, tant mutilée soit-elle par la main de sou bourreau, on veut qu'elle marche encore après son supplice, et il faut qu'elle marche, quand-même.

Moi qui, auparavant, étais un chef-d'œuvre d'exécution et la réalisation en miniature, du plus parfait ensemble des lois géométriques et mécaniques, je sortis de cette funeste épreuve défigurée, comme le


serait une toile de Raphaël, sur laquelle un badigeonneur aurait promené son pinceau sacrilège.

Cette fois, j'étais estropiée pour toujours, sinon invalide. Mais. j'étais rhabillée : comme disent messieurs les horlogers.

Enfin, je marchais. Comment? Je n'en sais trop rien, et maître Tapard encore bien moins. Assurément, le grand Dieu qu'on nomme hasard pouvait bien y être pour quelque chose.

Quant à l'heure ? La triste dégaine de mon balancier tout faussé, et tournant de travers sur le cylindre boiteux dont je venais d'être affublée, attestait assez, que désormais, la mesure du temps cesserait d'être dans mes attributions.

Je faisais tic tac. C'était tout ce qu'il m'était possible d'effectuer; c'était d'ailleurs, disons-le, la seule chose que maître Isaac exigeait de ses montres et de son praticien chronométrique (1).

Dans ce triste état, je fus remise dans la boite d'or que l'on connaît, et qui, on le sait, était le nouveau costume sous lequel le juif, m'avait trans-

(1) La plupart des brocanteurs juifs et chrétiens qui, sans être horlogers, s'occupent néanmoins du commerce de l'horlogerie, n'en exigent jamais davantage des ouvriers qu'ils font travailler. Cependant, malgré de semblables résultats, il est encore un nombreux public qui, tous les jours, donne la préférence à ces industriels pour ses achats et pour ses réparations d'horlogerie. Avis AU LECTEUR.


figurée, pour cacher son recel et tirer meilleur parti de moi. 1 L'habit, dit-on, ne fait pas le moine. La boite fait encore bien moins la montre. Aussi sous l'enveloppe en métal précieux qui masquait mes infirmités, je sentais qu'avec mes vices et mes défauts je ressemblais à une coquette flétrie qui n'a pour toute valeur, que celle que lui donne sa modiste et son parfumeur; en un mot, que je n'étais plus qu'une petite patraque. Alors, je me rappelait mon passé plein de si doux souvenirs, et en honnête montre, je redoutais pour l'avenir les déceptions fâcheuses que Je causerais par mon acquisition, aux personnes de bonne foi qui, désormais, se laisseraient prendre à mes apparences trompeuses.

Tapard venait de me mettre en boîte, j'étais encore dans sa main peu sûre, et toute tremblante sous l'objectif fêlé de sa loupe, mal assujétie à sa prunelle menaçante, par le bizarre appareil qu'il serrait dans ses dents, lorsque mon propriétaire vint me quérir.

En entrant dans l'échope chronométrique, maître Isaac me voyant achevée tira sa tabatière d'un air de satisfaction, et se bourra le nez en dedans et en dehors; mais de telle sorte, que m'ouvrant alors pour jeter à son tour son coup d'œil contrôleur, une partie du tabac qu'il avait de trop à son nez


tomba dans mon mouvement. Je frémis de crainte.

Heureusement pour moi, la quantité fut insuffisante

pour me faire éternuer. Quitte cette fois pour une petite prise, je fus enfin délivrée des mains dangereuses de mon premier assassin. 1 Eh bien, l'avouerai- je! le vieil Israélite qui m'avait sacrifiée si aveuglément à sa rapacité sordide, et qui était la cause de mou soit, me sembla à ce moment un libérateur.

Ce fut presque avec joie que je me sentis retourner en sa possession : il est vrai que, le malheur, semblable à une maladie sourde, altère les sentiments de ceux qui souffrent.

Il ne me garda pas longtemps. Le lendemain fêtais troquée, contre unepièce de toile de Hollande et trente écus espèces, à une marchande à la toilette du quartier du Temple, nommée Troquenvillev à laquelle je fus livrée, comme étant une montre exécutée de toutes pièces, par les mains mêmes de Bréguet.

A ce sujet le juif broda, moitié français et allemand., une petite histoire sur moa origine, laquelle, bien entendu, ne ressemble nullement à celle-ci, mais il la prouva si péremptoirement en s'appuyant sur l'authenticité incontestable du nom gravé sur ma cuvette, que devant un tel argument,


les lumières et les capacités chronométriques de la 1 marchande à la toilette s'évanouirent totalement.

HIe fut convaincue.

Bien que je fusse pour Mme Troquenville, une véritabe montre de Bréguet, elle ne m'en relégua pas moins, aussitôt mon acquisition faite, dans une grande boîte remplie de dentelles, rubans et autres colifichets qu'elle remisa au milieu d'un pêle-mêle de jupons, de robes et de châles, dont l'encombrement faisait de son domicile un véritable capharnaüm.

En me sentant sous cette avalanche de hardes féminines, je me crus ensevelie pour la fin des siècles. Loin de là, ce même carton que je prenais pour une tombe, et dont le couvercle se fixait au fond par une large courroie, était au contraire destinée à accompagner ma revendeuse dans les fréquentes pérégrinations qu'elle faisait au domicile de sa nombreuse clientèle, composée particulièrementdecegenredefemmesqualifiées communément de l'adjectif tant soit peu élastique, d'entretenues, mais qu'elle appelait simplement grisettes, et que depuis on nomma tour à tour lorettes, tilles de marbre, de plâtre et que sais-je ? et enfin galantines comme les appelle de nos jours si spirituellement M. Lcuis Lurine.

C'était donc à une de ces filles d'Ève, ayant pour culte la paresse, pour passe-temps le miroir, pour


mobile le caprice, pour passion les chiffons et les gâteaux, pour principe l'argent et pour adulateurs les sots, à qui j'allais être destinée.

Assurément les heures de semblables existences ne demandent pas à être réglées par la marche rigide et ponctuelle d'un chronomètre ; j'étais donc bien la montre qui pouvait convenir en cette occurrence. Malgré cela, Mme Trocquenville m'exhiba en vain, pendant plusieurs semaines, sans qu'au- cune de ses capricieuses cli<jtfijes se souciât de moi. Aussi, en femme qui connaît son monde, elle comprit tout de suite que je ne prévaudrais jamais sur le moindre colifichet de son carton tant que je ne serais que la représentation d'un objet d'utilité, et qu'en me laissant ainsi, je risquerais fort d'attendre le jugement dernier avant de trouver l'occasion d'en sortir.

Ma marchande avait raison : la frivolité seule jouit réellement des faveurs du monde ; à elle les hommages, l'encens ; pour elle, l'or. Aux productions utiles : le dédain et la parcimonie ; il semblerait même que l'abjection soit le thermomètre social sur lequel se mesure l'importance du service que l'on rend à ses semblables.

Heureusement pour moi, comme montre, j'étais assez peu utile pour espérer de n'être pas entière- ment rebutée ; seulement, il me manquait nu petit


complément : la chaîne ! ce signe de l'esclavag( antique et moderne, cette livrée, ce passeport social, enfin, cette marque du collier que porte au cou le chien gras et dodu de la fable, et qui, nonseulement lui évite le jeûne du loup, mais encore devient pour lui un certain titre à la considération du monde.

Le lendemain même j'eus mon complément ; la marchande m'attilfu de la chaîne d'ordonnance; elle était en or, il est vrai, et de très-jolie façon.

Dès ce moment, je quittai le noir carton qui me servait de cachot, pour la ceinture de Mme TrO-, quenville, y indiquant chaque jour de mon mieux, le commencement douteux de sa taille dont l'ampleur, il faut le dire, était on ne peut plus propre à servir d'étalage. Aussi, peu de jours après, me trouva-t-elle une acheteuse parmi celles-là même qui précédemment m'avaient dédaignée.

Je laisse les détails singuliers du marché, dans: lequel il entra maintes futilités pour un chiffre bien supérieur à mon prix, et qui fut conclu, je crois, à tant la semaine ; ou plutôt, à tant par amant.

Ce jour-là , pour la première fois depuis ma sortie des mains de Tapard, le carré d'une clef de montre se posa sur l'axe de mon grand ressort. Au contact du froid de son acier, je sentis comme une étincelle électrique parcourir chaque molécule de


mon mécanisme. J'eus le frisson comme l'aurait un blessé réveillé tout à coup du profond sommeil qui endort ses douleurs, et auquel on crierait: marche !

En ce moment la conscience de mes blessures me revint ; je fis un effort, je prenais domicile rue des Martyrs.

V.

La rue des Martyrs. — Ma nouvelle propriétaire. — Aglaé. — Les Lorettes. — Une montre au pilori. — De l'heure par Aglaé. -

Son boudoir. — Mes nouvelles attributions. — Avantages d'une montre qui ne marche pas. — Réflexions d'une montre qui n'a pas autre chose à faire.

C'était en effet dans cette rue montueuse et qui me sembla être mon calvaire, que demeurait celle qui avait fait mon acquisition.

Elle habitait le deuxième étage d'une de ces maisons élégantes, alors de construction nouvelle, c'est-à-dire un de ces petits appartements coquets, mignons, qui, par leurs dispositions particulières, leur luxe de glaces et surtout de portes, semblent, par destination, être réservés pour le séjour de cette oisiveté désœuvrée, caractérisant le genre de femme auquel appartenait ma nouvelle propriétaire.

Elle se nommait Aglaé. C'était une blonde d'une


vingtaine d'années, svelte, dont la taille de guêpe faisait ressortir des formes, peut-être un peu saillantes, mais adoucies par les contours les plusgracieux et sur lesquels les regards aimaient à se reposer, comme le papillon sur une fleur. De grands yeux dont les prunelles faisaient penser aux bluets des champs ;,une bouche pas trop grande, et dont le sourire moqueur laissait voir deux rangées de perles rivalisant de blancheur avec l'émail de mon cadran, en eussent certainement fait une jolie fille, sans le blanc et le carmin dont les fossettes agaçantes de ses joues trahissaient un usage beaucoup trop fréquent.

Elle avait fait mon acquisition, non pour l'heure, mais comme accessoire et objet de luxe, et seulement parce que j'avais le mérite de motiver la parure d'une chaîne dont les anneaux d'or, enlaçant les contours de son cou de cygne, avaient ainsi l'avantage d'attirer innocemment les regards sur des épaules que la coquette avait bien garde de cacher. A ce prix, je pouvais donc encore m'attendre à être de sa part l'objet de quelque sollicitude.

Hélas ! je me trompais.

Dès le premier jour que je fus en la possession de Mille Aglaé, j'eus un aperçu du triste rôle que j'aurais à jouer dans le monde des lorettes, et i'ar- rivée de trois de ses amies qui, ce jour-là, vinrent


simultanément lui rendre visite, m'en donnèrent un échantillon.

- Ma toute belle, dit l'une d'elles en entrant, nous venons te présenter nos références distinguées et amicales.

Trois jolies mains d'albâtre se tendirent à la fois et vinrent se placer dans les deux que pouvait seulement leur offrir ma propriétaire. Deux bouches mutines s'approchèrent ensemble et effleurèrent chacune une fossette des joues de mon Aglaé.

Naturellement vinrent les félicitations sur la nouvelle chaîne que ses amies lui voyaient pour la première fois, et que chacune mania tour à tour.

— Nous avons donc fait connaissance du directeur des mines de la Californie? quel luxe !.— Et alors commença le trio à mon endroit.

— Comment très-chère. une montre ! - s'écria une grande aux yeux langoureux , nommée Paméla.

— Non, répliqua une autre, tu vois bien qu'Aglaé devient romanesque, c'est un médaillon pour mettre les cheveux de son Arthur.

- )u tout, c'est une cassolette , riposta une autre.

— Allons donc, reprit Paméla, c'est un petit cheval À l'écurie qu'Aglaé s<' paie, en attendant le


landau que lui a promis le comte de Norza. — Ce nom me fit tressaillir.

— Alors elle lui servira pour donner ses ordres à son cocher futur.

- Erreur, mes toutes belles ! Aglaé tourne à la bourgeoise, sinon au pot-au-feu. Désormais elle veut être exacte à ses rendez-vous et régler les heures de son existence.

— Et celles du lait de poule du vieux marquis Catbareux qui s'oublie toujours trop tard ici, ajouta sournoisement l'autre.

— Mesdames, respect!. s'écria une petite, brune à l'œil noir, vif et futé, surnommée Folichette, qui pendant ce colloque avait ouvert ma boite et lu l'inscription de ma cuvette : « c'est du Bréguet! »

— En ce cas elle doit marquer les siècles, les cycles, les années bissextiles, les quantièmes, les lunes, voire même celles de miel.

— Oui tout ! exçepté l'heure, répartit la pre- mière.

- Dis-nous alors celle qu'il est, Aglaé? nous avons chacune un rendez-vous. et pas de montre.

— Parbleu ! il est midi, s'écria Folichette en tournant mon cadran du côté de l'auditoire.

C'était en effet l'heure qu'il indiquait. Or nous étions en juin et le soleil se couchait. MlDe Troquen-


ville, en me, remontant, avait sans doute oublié de me mettre à l'heure ;. d'ailleurs, savais-je ce que je marquais ?

— Ce n'est pas étonnant, répliqua gaîment ma propriétaire en me retirant doucement des mains de son interlocutrice, vous l'effarouchez, cette pauvre petite. f' — C'est-à-dire qu'elle bat la breloque. C'est un petit oignon.

— C'est une patraque, ajouta Paméla.

- Pardon, Mesdames, elle est à échappement, et la mère Troqueriville, qui me l'a vendue de confiance, m'a dit qu'elle était à cylindre.

- Tu as eu tort, chère amie, il fallait la prendre à cinq lindres, et, avec la différence du prix, nous payer de l'ai et des gâteaux. D'ailleurs, je m'y connais, moi; mon père était de la Forêt-Noire, et, vous le savez, mes chères, le plus fameux horloger du pays, en fait de coucous. Je propose donc, dans l'intérêt de ladite montre, une pension de six mois chez ma tante.

— Bravo ! Folichette a raison.

— C'est le champ de repos et le refuge des montres malades, a jouta celle-ci. — Et mille autres quolibets.

Pour l'instant Aglaé préféra me donner pour refuge celui de sa ceinture. 0


L'arrivée d'une vieille femme, grande, longue, sèche et maigre, accoutrée de grotesques oripeaux qui n'étaient ni de son âge ni à sa taille, et qui entra en ce moment, mit fin à ce feu de file. C'était la tireuse de cartes, une digne émule de Lenormand, qui venait religieusement trois fois la semaine interroger l'avenir sur des cartons crasseux appelés le grand jeu. Quant au petit, ces demoiselles se le faisaient mutuellement tous les jours avec des cartes ordinaires.

Mais je laisse la bohémienne et l'avenir. Déjà à cette époque comme aujourd'hui, il ne me restait plus en partage que le passé.

En voyant le peu de cas que toutes ces joyeuses péronnelles faisaient de moi, je songeais au premier début de ma vie. Je me rappelais l'accueil si empressé et si bienveillant que, quelques années auparavant, j'avais reçu lors de mon entrée dans la famille Dumonin. Je pensais aux soins délicats et assidus dont j'avais été l'objet de la part de ma première maîtresse. Il me semblait sentir encore la dernière vibration de mon balancier achevant, pour ma belle Laure, la dernière seconde de sa vie de jeune fille, et commençant la première minute de son existence de femme, de comtesse et de mère ; rapprochant ensuite ce souvenir du persif-


flage dont j'étais actuellement l'objet, je sentais l'avilissement dans lequel j'étais tombée.

Certes, je n'étais plus la montre d'autrefois. Cependant dans d'autres mains ,que celles d'une Aglaé, j'eusse pu encore être mise en état de rendre quelques bons services. Mais tombée dans les mains d'une coquette qui, craignant le stigmate du temps, ne voulait pas, disait-elle, que le cadran d'une pendule placée constamment sous ses yeux la mystifiât en lui indiquant sournoisement à chaque heure de co'mbien elle vieillissait, et qui, pour cette raison, ayant déjà deux pendules, ne les remontait jamais, bien qu'elles ne marquassent point les quantièmes : Dans les mains d'une semblable créature je devenais nécessairement moins qu'une serrure ou un cadenas qu'on ouvre et ferme avec une clef. Je devenais, comme ses pendules , un contresens chronométrique, un instrument de dupes ; mon cadran un faux témoin ; mes aiguilles le mensonge incarné.

Car malgré son aversion pour l'heure, la belle Aglaé avait cependant une façon d'en faire usage, et ses pendules, quoiqu'elles ne fussent jamais remontées, ne marquaient cependant pas toujours la même heure ; sa servanté était chargée de la direction de leurs aiguilles, et son doigt subtil, remplaçant alors tout mécanisme, les faisait tourner à


volonté, suivant la consigne, comme sa maîtresse faisait tourner ses amants, suivant les circonstances.

Je devins donc un auxiliaire au service de ces subterfuges horaires. Et certes, chaque fois que la soubrette avait mis les cadrans à une heure quelconque pour le besoin des rôles, soit pour hâter la sortie d'un amant dans la prévision de l'arrivée d'un autre, soit à l'arrivée de celui-ci, pour avoir le prétexte d'incriminer son retard, jouer l'inquiétude ou autre chose, et qu'alors, la fourbe Aglaé invoquait l'autorité de ses horloges : un chronomètre arrivant de l'Observatoire n'eût pas trouvé grâce. 1 Qu'était-ce? quandsamain mignonne, blanche et potelée, qui attirait les lèvres, me sortait coquettement de la taille que vous connaissez?. quelle que fût l'heure que je marquasse , les accusés regardaient tout autre chose que mon émail trompeur et mes aiguilles menteuses: ils étaient convaincus.

Aglaé n'était-elle pas le seul astre qui réglât les heures de son boudoir. Aussi les pauvres hères s'en retournaient-ils la tête et la bourse aussi déréglées que leur montre, mais contents.

Je ne narrerai point les intrigues qui se déroulèrent en ma présence dans le boudoir de la rue


des Martyrs, petit rendez-vous de toutes sortes de turpitudes, confessionnal où tant de faiblesses et d'infirmités humaines venaient s'avouer tour à tour.

Ce serait répéter des banalités pour montrer l'empire que peut exercer sur les pauvres fils d'Adam une petite rouée de vingt ans, sans cœur, sans esprit même, mais qui a de jolis yeux, une jambe bien faite, et qui la fait voir.

Depuis Ève, qui n'avait pas de montre pour tromper son amant, rien n'est changé. Les hommes n'ayant plus aujourd'hui de paradis à perdre, sacrifient leur fortune et leur honneur. Si Hercule eut Omphale, et Samson, Dalila, les hommes de nos jours ont des Aglaés. Seulement ceux qui, aujourd'hui passent pour forts sont les plus hypocrites.

Voilà tout.

Je tairai donc comment M. de Norza, que je trouvai dans le boudoir de la rue des Martyrs, parmi les plus assidus à fréquenter Aglaé, était celui-là-même qui, quelques années auparavant, la veille de ses noces, m'avait achetée au Palais-Royal pour me joindre à la riche corbeille de mariage qu'il offrit à sa fiancée avec le titre de comtesse.

Je ne suis pas un romancier, ni même un bas-bleu, mais une pauvre montre; je m'en tiens à ma simple histoire , et je laisse le comte se duper à son aise en interrogeant les heures déréglées que


marquent mes aiguilles quinteuses et mensongères, N et qui, autrefois sur ce même émail, avaient été pour lui en tout autre lieu, le messager vigilant et fidèle d'un tout autre temps.

, VI

La hausse et la baisse. — Paméla. — Le mont-de-piété. — Le bureau dp commissionnaire. — L'hôtel des Blancs-Manteaux. — Treize mois de captivité. — La salle de vente et mon adjudication à un brocanteur de la bande noire. - Mon rachat par un horloger de province. 1

Mon séjour rue des Martyrs ne fut pas de longue durée, Aglaé était alors, comme elle disait en terme d'agio, tout-à-fait à la hausse. Ce genre de femmes, en effet, comme les mauvaises valeurs de Bourse, éprouvent de grandes fluctuations, baisse extrême ou hausse subite, et comme celles-ci, ne sont recherchées que dans ce dernier cas. Notre lorette étant en vogue avait donc- beaucoup d'amies avec lesquelles, il faut le dire, elle partageait volontiers sa bonne fortune. v L'une d'elles, Paméla que le lecteur connaît, vint un certain matin lui annoncer précipitamment qu'elle était sur le point de faire la conquête d'un mylord anglais ou d'un prince russe, elle ne savait pas au juste; l'entrevue était fixée pour le jour


même, aussi, dit-elle à Aglaé : je n'ai pas le plus petit louis, veux-tu être mon banquier ?

— Combien te faut-il?

— Ce que tu voudras.

- Voilà cinq louis, dit Aglaé nonchalamment étendue sur son divan, humant la fumée d'une cigarette, et elle lui indiqua un vide-poche placé sur la cheminée, dans lequel était cette somme ainsi que sa chaîne et moi.

— Merci, chère amie ; mais, ajouta aussitôt la rusée Paméla qui avait un autre but, mon rendezvous est au Bois de Boulogne, il me faut prendre un remise; prête-moi donc ta montre jusqu'à ce soir, je ferai genre et je saurai l'heure. Songe donc, ma chère : un prince russe!. ça doit être un homme exact ; il faut que je le sois. Et sans attendre aucune répopse elle avait déjà retiré son chapeau et passé ma chaîne à son cou.

— Aglaé allait peut-être hasarder quelqu'objection,mais il était déjà trop tard : elle fit bonne contenance et se contenta d'aspirer lentement une nouvelle bouffée de maryland.

— Allons, dit-elle,je vois qu'aujourd'hui il faut que je sois aussi ton horloger et ton bijoutier.

- N'es-tu pas toujours ma bonne amie, minauda Paméla en se mirant avec complaisance et rajustant son chapeau : comment me trouves-tu ?


— Resplendissante, tu feras fondret toutes les glaces de la Newa.

— A ce soir, dit enfin Paméla, qui, satisfaite, serra la main à son amie, et la baisa au front en s'en allant.

Dix minutes après, c'en était fait de la montre d'Aglaé.

Le rendez-vous et le prince russe étaient tout simplement un conte forgé par notre Paméla, qui, dans le moment, était fort en baisse et réduite aux expédients pour vivre. Aussi avait-elle usé de celuilà pour s'approprier la montre et la chaîne de son amie, et l'engager à son profit.

Dans le quart de monde auquel appartiennent ces dames, on est fort peu en délicatesse, et cette façon d'acquérir la propriété y est communément pratiquée : elle s'appelle tout bonnement tirer une ca- rotte.

En quittant son amie, Paméla, au lieu de se rendre au bois de Boulogne, alla donc tout droit au faubourg Montmartre, dans une maison dont l'entrée était remarquablement sombre, monta au premier étage et entra dans le bureau d'un commis- sionnaire au Mont-de-piété.

C'était une grande pièce poudreuse, mal éclairée, divisée en deux parties, par une séparation en bois,


ayant, du côté réservé au public, une planche à hauteur d'appui, et deux grands guichets sur l'un desquels on lisait : engagements, et sur l'autre : dégagements. De l'autre côté de la balustrade étaient plusieurs rayons encombrés de cartons, de paquets et de livres, et une longue table à hauteur des guichets, devant laquelle se tenaient deux ou trois commis la plume à l'oreille, cherchant à se donner un certain air de suffisance peu en rapport avec la modestie de l'emploi.

Au fond, à droite de la partie réservée au public, se trouvait une porte sur laquelle on lisait : Entrée particulière. Cette porte donnait dans une autre pièce formée de la suite de la première.

Cet endroit était réservé aux clients privilégiés ou ordinairement, sans doute, à ceux qui voulaient dérober leur indigence ou leur gêne aux regards du public. Paméla, qui était une habituée, y entra et me remit dans les mains du commissionnaire auquel elle demanda le plus possible. Celui-ci m'ôta aussitôt ma chaîne, la toucha avec de l'eau forte, la mit dans la balance et annonça 85 grammes ; puis, ayant fait subir à l'or de ma boîte le même baptême d'acide nitrique, il l'ouvrit assez maladroitement, la tâta, fit semblant de voir mon mouvement auquel il ne connut rien, et enfin offrit sur le tout 300 fr. Paméla les accepta et partit ayant


dans sa poche la seule reconnaissance dont elle était susceptible.

La chaîne et moi nous fûmes mises dans une petite boîte ronde en carton, sur le couvercle de laquelle le commissionnaire colla un carré de papier indiquant son nom, le numéro d'engagement et le montant du prêt. Scellée et numérotée de la sorte, notre boîte alla en rejoindre d'autres dans une case où je passai le reste de la journée.

Ainsi s'accomplissait donc ma destinée ; cette fois j'étais au clou, accrochée, chez mon oncle, chez ma tante, en pension, engagée, que sais-je ?

toutes les appellations vulgaires données tour à tour à ces établissements de piété toute philanthropique, qui prêtent sur nantissement au modique taux de 12 à 15 0/0 ; à ces docks du pauvre dont le warrant est une reconnaissance.

N'est-ce pas le rendez vous de toutes les infortunes grandes ou petites ; le banquier de tous ceux qui n'en ont pas ; l'expédient de l'adversité comme celui de la friponnerie ; n'est-ce pas aussi la seule ressource du malheureux qui, forcé de se séparer de ses objets les plus chers, veut se conserver l'espérance de pouvoir rentrer un jour en leur possession ; espoir, il est vrai, qu'il entretient parfois longtemps à force de sacrifices, et qui, trop sou-


vent vient se briser tout à coup sous le maillet du crieur de la salle des ventes?

Aussi la journée entière pendant laquelle je restai au bureau du commissionnaire m'offrit-elle un singulier contraste, celui de voir tous ces nantissements disparates passer tour a tour au guichet des engagements, et trahir par leur nature le degré de gêne ou d'indigence de chaque emprunteur. Depuis la pièce de drap du tailleur jusqu'à la lévite râpée du prolétaire, la glace de sa cheminée et le matelas de son lit; depuis les bijoux du dandy, les dentelles de la coquette, les instruments de l'artiste et les outils de l'artisan, jusqu'aux livres du philosophe.

Je crois ressentir encore le serrement de cœur que dut éprouver, ce jour-là, une jeune et pauvre veuve présentant timidement au guichet, pour la deuxième fois, un mince ballot contenant ses dernières bardes; lorsque le commis, repoussant brutalement son petit paquet, lui cria d'un ton aigre : — Je vous ai déjà dit que nous ne prêtions pas pour si peu. -

— Mais, Monsieur, hasarda enfin à voix basse la pauvre femme, en avançant la tête dans le guichet comme pour ne pas être entendue des assistants, c'est tout ce qui me reste, et mon enfant a faim.

— Que nous importe.

Alors les larmes aux yeux elle retira de son doigt


amaigri son anneau de fiancée qu'elle baisa furtive- ment et tendit en poussant de nouveau son humble ballot en disant tout bas : Eh bien !. ajoutez cela.

Elle eut trois francs du tout; et on lui retint DIX CENTIMES pour la boite.

Tel est donc ce lieu appelé Mont-de-piété, où l'égoïsme d'une fille de mauvaise foi m'avait séquestrée. Que j'aurais voulu à cet instant appartenir à l'infortunée maîtresse de cette anneau si regretté ; j'eusse servi au moins à une bonne action ; j'eusse été heureuse de pouvoir soulager plus efficacement sa détresse, et alors ma captivité ne m'eût point été pénible, car j'aurais senti dans le monde un être qui m'eût aimée et qui eût pensé à moi.

A la tombée de la nuit un fourgon s'arrêta a la porte du commissionnaire. Presqu'aussitôt un homme entra dans le bureau chargé d'un grand vilain sac en grosse toile grise rempli de paquets, de boîtes et d'objets de toute nature qui furent déposés dans la pièce particulière : c'étaient les nantissements dégagés de la veille, et rapportés de l'administration sur la demande du commissionnaire.

Quelques instants après, la boite qui me renfermait fut à son tour mise ainsi pêle-mêle avec toutes sortes de paquets, d'instruments, de casseroles et autres objets dans cette grande poche du Mont- de-piété qui, nouée et ficelée comme une serpil-


lière, fut descendue ensuite dans ie fourgon, espèce de corbillard des défroques de l'infortune parisienne, qui, après avoir achevé sa tournée de bureau en bureau, se dirigea enfin avec sa cargaison rue des Blancs-Manteaux, à l'hôtel central du Montde-piété.

Là, le lendemain, chaque nantissement fut de nouveau vérifié, estimé, enregistré, numéroté, et classé suivant sa nature par division , comme les malades d'un hôpital ou les détenus d'une prison.

Une feuille de papier jaune, espèce de livrée indiquant mon numéro d'ordre, mon signalement, mon estimation et celle de ma chaîne fut cette fois cousue à notre boite, laquelle fut enfin déposée dans l'un des nombreux compartiments d'une salle de la première division réservée aux objets en matière d'or et d'argent.

Parlerai-je des treize mois de captivité que je fis dans ce Clichy cellulaire de l'industrie, où tant de produits, créés pour l'usage journalier de la vie, pour le grand jour et la liberté, sont enfouis, séquestrés, se fanent, se fripent, passent de mode, et sont ainsi incarcérés en vertu de l'infortune de leurs propriétaires ; depuis la légère étoffe aux tendres couleurs faite pour servir de parure à l'innocente jeune fille, jusqu'à l'instrument de l'artiste, destiné à répéter les sublimes notes des Mo-


zart et des Boiëldieu ; depuis le couvert de famille qui convie à la fraternité, jusqu'à la ponctuelle montre, ce petit mètre vivant et portatif du temps, fait pour marcher sans trêve ni repos et qui là est condamné au silence, à l'immobilité !

Nous étions constamment là, muettes, plus de deux mille montres !

Que d'heures de perdues !

Néanmoins il s'opérait chaque jour une certaine mutation parmi les détenus de ce Mazas chronométrique ; journellement l'osier libérateur suspendu à son chanvre descendait dans notre salle, par une trappe pratiquée à son plafond, et remontait ainsi les heureux prisonniers dont les propriétaires venaient lever l'étrou.

Que de bonnes et grosses montres d'argent je voyais partir ainsi tour à tour, et qui cependant étaient entrées bien après moi. Celles-là, bien sûr, étaient fidèles; elles appartenaient, sans doute, à de braves travailleurs qui les payaient de retour, et qui, toutes grossières qu'elles étaient, les aimaient. Certes, la fidélité n'était plus mon partage, mais l'eût-elle été, que personne alors n'eût songé à moi.

Heureusement au Mont-de-piété, comme ailleurs, les extrêmes se touchent. Mon abandon fut justement la cause qui empêcha mon séjour de se


prolonger au delà du terme fixé pour les renouvellements, tandis qu'il y avait aussi d'autres montres que l'attachement des propriétaires retenait là depuis plusieurs années : ce ne sont donc généralement que les montres défectueuses que l'on abandonne, et qu'on laisse vendre au Mont-de-piété. Je porte ce fait à la connaissance du lecteur qui pojjfcrait être tenté de faire empiète de cette sorte d'horlogerie.

Etant de cette honteuse catégorie, aussitôt l'expiration de mon treizième mois, j'allai prendre ma place dans une grande salle, au milieu des nantissements destinés à être vendus. Ma chaîne fut classée parmi les bijoux. Enfin, un samedi, je fus mise à l'encan comme un morceau de viande à la criée et adjugée pour 65 francs à un brocanteur de la bande noire qui, à lui seul, acheta ce jour-là la plupart des montres vendues à l'hôtel des BlancsManteaux.

Le soir même, il revendit en bloc une grande partie des montres qu'il avait achetées, à un horloger de province venu à Paris pour faire ses achats. f J'étais de ce nombre.


VII.

Espoir et déception.- L'horloger de Falaise.-Monsieur PIVOTOT, sa méthode pratique et économique. —Les inspecteurs de la garantie. — Le contrôle, réflexions d'une montre à ce sujet. - Ma boite coupée injustement. - Nouvelles angoisses. — nouvelle transformation en montre d'argent. - La Foire. - Le gendarme. — La cuisinière. — Tribulations que je cause à la pauvre ^^tfarie, et les conséquences pour moi. — Le fils CANNELLB. - La première communion. — Une montre à l'école. - Mon dernier martyre. - Ma fin. - Conclusion d'une montre philosophe qui pourrait être encore, mais qui n'est plus.

Cette fois, un rayon d'espoir sembla poindre pour moi : j'étais dans la main d'un horloger.

Ce fut pour moi comme est dans un gros temps, à l'entrée d'un port difficile et dangereux, l'arrivée du pilote à bord d'un navire en détresse ; d'une seule manœuvre dépend souvent son salut, de même une main habile pouvait me sauver.

Hélas ! vain espoir. J'appris bientôt que mon pilote chronométrique était de Falaise, pays renommé à juste titre pour ses chevaux, ses bonnets de coton et ses fallots; mais non, que je sache, pour ses horlogers.

En cette qualité, mon nouveau propriétaire, nommé Pivotot, jouissait cependant, d'une certaine réputation dans le pays. Il avait dans cette ville, un magasin bien monté où il menait de front, l'horlogerie et la bijouterie, la fleur artificielle, les modes


et la mercerie; il arrachait les dents, et faisait même, au besoin, les accouchements, sans diplôme bien entendu ; de plus, il appartenait à plusieurs cercles ou sociétés, plus ou moins savantes, desquelles il avait obtenu différentes médailles ; il est vrai qu'il était propriétaire de bons crûs de cidre, et payait largement ses cotisations. Aussi le petit journal de l'endroit, en cela assez semblable à ceux de Paris, lui consacrait-il parfois sa prose et son encens. Mais les journaux sont si trompés, et surtout. si trompeurs !

En définitive, mon Bréguet de Falaise qui, comme nous l'avons vu, venait se pourvoir d'horlogerie à une source aussi douteuse que celle du Mont-de- piété, n'était autre chose en chronométrie, que le disciple de quelque tambour retraité de la garde nationale; un confrère de la brosse grasse. Il avait tout bonnement réduit l'art de la pratique de l'horlogerie à sa plus simple expression : l'astiquage.

Il traitait une montre comme une buffleterie ou une poignée de sabre, au blanc et à la brosse; il nettoyait ses trous avec des allumettes.

Méthode économique et fort ingénieuse sans doute, mais pourtant rarement efficace. Aussi dans bien des cas, M. Pivotot était-il obligé d'avoir recours à des ouvriers de Paris, travaillant très-humble-


ment en chambre et usant de moyens tout différents.

- Un d'eux, auquel il me montra avant de partir, ayant reconnu mon pitoyable état lui demanda pour me réparer 4 0 francs!Malheureusement pour moi l'horloger de Falaise recula devant ce sacrifice. Il fallut me résigner au régime peu confortable de sa méthode qui cependant, il faut le dire, était moins dangereuse que celle de Tapard.

A peine chez lui, une circonstance imprévue faillit être la cause de ma fin et de ma .complète destruction : je n'étais pas contrôlée; le père Isaac par économie en avait exempté ma boite.

Il y avait donc à peine quelques jours que j'étais accrochée à mon mousqueton et pendue à un des vitrages du magasin de Falaise, lorsque les contrôleurs de la garantie s'y présentèrent pour faire leur visite coutumière.

Après une inspection assez minutieuse des marchandises nouvellement arrivées, ils faillirent mettre mon propriétaire en contravention parce que je n'étais pas poinçonnée. Il ne fallut pas moins que toute la considération dont jouissait M. Pivotot, dans le pays, et toutes les preuves bien évidentes de sa bonne foi, pour l'en exempter.

Néanmoins il dut, le lendemain même, porter


ma boîte au bureau de l'inspecteur pour me faire subir cette opération. Celui-ci étant nouvellement en fonctions et voulant sans doute faire du zèle, déclara le titre de son or au-dessous de la tolérance, et la coupa.

Ce n'était pas juste, il était à plus de 750 millièmes, mais M. Pivotot ne discuta point, il en fut pour sa montre et moi pour ma boîte.

Or, tous les horlogers, même en chambre, sont assujetis aux visites fiscales de ces messieurs, d'ail- leurs, disons le, toujours très-courtois, mais qui, sous le prétexte du contrôle des montres, n'en ont pas moins le droit de se présenter à leur domicile à toute heure et d'en inspecter tels endroits qu'il leur plaît.

Cette formalité, qui peut encore s'expliquer pour la bijouterie et l'orfèvrerie comme une garantie, pour le public, du bon aloi de l'or et de l'argent, qui fait la principale valeur de ces objets, me semble, à moi pauvre victime, n'avoir aucune raison d'être pour l'horlogerie.

Dans une montre, qu'est la boîte? rien, sinon que la caisse, l'enveloppe : ce que le contenant est à son contenu ; ce que le zeste ou la coquille est à un fruit. Qu'importe donc qu'elle soit d'or, d'argent ou de cuivre, pourvu que l'intérieur soit bon.

Il y a des chronomètres portatifs de 700 francs dont


les bottes n'ont pas une valeur de 15 francs d'ar- gent Assurément, si pour les montres, et dans l'intérêt du public, il y avait un contrôle à faire et un poinçon à mettre , ce serait sur nos mouvements et non sur nos boîtes.

En attendant, le ciseau du fisc venait de détruire la mienne.

Pendant plusieurs jours, je ne sus ce que mon propriétaire allait faire de moi. Je pressentais ma fin. Déjà je voyais en perspective l'inexorable boîte à ferraille, cette dernière demeure, qui sert de sépulture aux montres. Je m'y résignais volontiers, car une existence comme la mienne, qui ne peut plus être utile à personne, n'est-elle pas un lourd fardeau dont on est heureux de se voir débarrasser.

M. Pivotot décida différemment de mon sort ; il envoya mon mouvement à Paris, où il lui fit refaire une nouvelle boîte en argent, cette fois, et contrô- lée. Il eut aussi une délicatesse de laquelle je lui rends ici sincèrement justice , celle de ne faire graver aucun nom sur ma nouvelle cuvette ; elle portait seulement cette indication sacramentelle : Echappement à cylindre, huit trous en rubis.

Cette fois il me semblait que j'étais un peu plus honnête, plus autonome, plus moi ; au moins je


n'affichais plus effrontément sur mon laiton un nom mensonger; cependant malgré cela, je ne sais pourquoi , en revêtant cette robe blanche et virginale, je ressentis comme le frisson d'un honte secrète, semblable à celui que doit éprouver une prostituée en touchant une couronne de fleurs d'oranger. Intérieurement je me reconnaissais indigne de prendre place au rang de montre, et incapable de pouvoir jamais marquer l'heure , ces parcelles du temps dont est formée l'éternité.

Assurément le dernier coup de main, pour ne pas dire de grâce, et la potion de blanc d'Espagne, selon la formule, que me donna M. Pivotot, n'étaient pas de nature à ressusciter un Lazare tel que moi. Aussi, en remettant ma dernière pièce en place, le brave homme tremblait comme s'il eût fait un mauvais coup ; il avait plus peur que moi.

Après un effort je fis encore tic-tac de mon mieux.

Mais cette marche forcée réveilla de nouveau toutes mes douleurs organiques, et mon anxiété sur l'avenir recommença ; je redoutais d'avance le mécontentement de ceux qui se laisseraient reprendre à mon extérieur candide, car ma nouvelle boîte en argent, vrai gluau chronométrique, me donnait certes un petit air mignon et humble à la fois, qui ne manquait pas de séduction.

A ce moment nous touchions à l'époque d'une


des foires les plus importantes du pays, celle du 10 août. M. Pivotot y avait un des plus beaux étalages ; il me fit prendre place dans la vitrine réservée à l'horlogerie. Justement la première montre qu'il vendit, ce fut moi.

J'avais séduit, qui?. je n'ose le dire : Un gendarme !

Un gaillard barbu et moustachu de cinq pieds six pouces ; un mètre quatre-vingt-cinq, système métrique, nommé Ducollet, qui m'acheta 60 francs, sans marchander, et les paya, comme on dit : rubis sur l'ongle.

Lorsque je fus en contact avec l'épiderme de sa poigne nerveuse, je crus que c'en était fait de moi.

Toutes les molécules de mon laiton et de mes aciers se contractèrent comme pour échapper à son occlusion qui cependant, il faut le dire, n'avait rien de redoutable.

M. Ducollet, au contraire, me prit avec toute la délicatesse dont il était susceptible, et me mit dans sa poche avec la plus grande précaution du monde.

Comment! pensais- je dans mon effroi : une montre aussi petite que moi, aussi frêle, aussi quiuteuse, ayant des rats à tout moment, appartenir à un gendarme : la ponctualité même ! Assurément, disais-je : s'il se fie à mes aiguilles, il sera


sans cesse en défaut et je le ferai aller à la salle de police, lui qui mène les autres en prison, et alors que me fera-t-il ?

De ce côté ma frayeur était mal fondée. Les gendarmes ont le cœur très-sensible, sinon à l'endroit des montres, du moins à celui du pot au feu et surtout des cuisinières, et celles-ci. personne ne l'ignore, les paient largement de retour. La cuisinière semble vouée, par destination sociale, au municipal ou au gendarme ; comme la nourrice et la bonne d'enfant au tourlourou.

Aussi le sensible Ducollet n'avait-il pas fait mon empiète pour son usage personnel, mais bien pour faire un présent à l'objet de sa flamme, cordon bleu renommé des environs, belle femme d'ailleurs, et faisant honneur à sa cuisine. Or nous étions à la veille du 15 août, et presque toutes les cuisinières, dans le pays de Caux,s'appellent Marie; ce qui explique parfaitement la galanterie de notre gendarme.

Je ne parlerai pas des tristes exploits culinaires que je fis aux feux de la cuisine ! des œufs à la coque que je fis durcir ! des rôts brûlés ! des entremêts manqués! que sais-je ? Qui pourrait énumérer les mille tablatures que je fis endurer à la pauvre Marie.

Ce que je sais: c'est que plusieurs fois elle faillit me faire aller rejoindre dans son fourneau le carbone en ignition, et que je fus la cause que ses mal-


tres crurent que le dieu Cupidon, en uniforme de gendarme , lui faisait tourner la tête et ses sauces, et qu'enfin elle perdit sa place et sa réputation.

Cependant la pauvre fille avait essayé plusieurs fois de me donner à divers carreleurs de montres, dont je tais ici les méfaits, et qui, bien entendu, ne firent qu'empirer mon état; si bien que dès le jour de son renvoi, elle me relégua au fond de sa malle, afin de s'éviter, une autre fois, les mêmes désagréments.

Elle fit bien, et j'y serais peut-être encore aujourd'hui, ce qui aurait pu prolonger indéfiniment mon existence ; mais heureusement pour le lecteur, le gendarme n'est pas l'emblème de la fidélité : comme les flots et le destin, il est changeant.

Un jour vint donc enfin où Marie elle-même, de son côté, ne voulut plus rien conserver qui lui rappelât le souvenir de l'inconstant.

Justement elle était marraine d'un sien neveu, atteignant sa douzième année, lequel était sur le point de faire sa première communion. C'était le fils d'un estimable épicier de Pontoise, nommé Cannelle, auquel son père, depuis deux ans, faisait la promesse d'une montre pour ce jour-là.

La tante profita de l'occasion ; elle fit cadeau de la sienne à son neveu.

Me voilà donc tombée dans les mains d'un petit


drôle de douze ans, tortu, mal planté, mal poussé, malpropre, hargneux, paresseux et bavard ; ayant un menton de galoche, des yeux de taupe, un nez en pied de marmite avec une bouche menaçant d'avaler ses deux oreilles démesurément longues.

C'était l'idole de son père, dont il volait la cassonade et les pruneaux ; l'enfant gâté de sa mère qui le voyait plus beau qu'un chérubin, parce qu'il avait des cheveux crépus comme un caniche; petit prodige pour tous les deux, parce qu'il allait à l'école payante, à raison de 3 francs par mois, où il avait obtenu un premier prix : celui de gourmandise sans doute, et qu'il avait mis deux années à apprendre son catéchisme, pour avoir une montre; enfin une merveille, un phénix, comme le sont tous les enfants aux yeux aveugles de leur père et de leur mère. Pour moi il fut simplement le petit bourreau auquel je dus mon coup de grâce.

Le jour de la communion arriva.

Il va sans dire que ce jour là, le sermon, l'office, l'eucharistie même occupèrent bien moins mon drôle que sa montre, avec laquelle il nargua tous ses camarades qui n'en avaient pas ; Dteu sait ce que je souffris moi-même et combien de fois il me remit à l'heure.

Mais ce ne fut rien.

Le surlendemain il m'emporta à son école, à


l'insu de ses parents; alors arriva l'heure de la récréation; hélas ! ce fut celle de mon martyre. Une dizaine d'écoliers , dont le plus âgé n'avait pas treize ans, sur l'instigation du petit Cannelle, s'assemblèrent autour de son pupitre pour procéder à l'examen de mon mécanisme.

Ma botte fut ouverte, bientôt les grattoirs et les canifs firent leur jeu ; mon mouvement se détacha de sa botte, et en moins d'un quart d'heure, je n'avais plus ni spiral, ni pivots à mes axes d'acier, la plupart étaient brisés ou faussés; mes roues étaient ployées, cassées et leurs dents ébréchées, mes vis et mes ponts confondus. Enfin, semblables à ces féroces carnassiers qui déchirent les eutrailles de leur victime pour lui dévorer le cœur, ces petits vampires ne me quitlèrent pas qu'ils ne fussent parvenus à arracher de son barillet, avec mon âme et ma vie, mon grand ressort ! ils furent contents.

Mes débris passèrent de main en main aux écoliers de la classe du fils Cannelle avec lesquels celuici les troqua en grande partie, contre du pain d'épice ; mon grand ressort échut au fils d'un des perruquiers du pays ; celui-ci le donna à son père qui l'employa dans la confection de faux toupets et de tours postiches, à l'usage des crânes caducs de Pontoise, et des vieilles femmes qui ont horreur de la calvilie.


Telle fut ma fin.

Telle fut, cher lecteur, la fin prosaïque de cette montre de qualité que tu as connue d'abord si brillante, si admirée, si fière, et qui, parée d'or et de diamants, ne rêvant que palais, grandeurs et duchesses, se crut un instant destinée à devenir la dispensatrice de ces grandes heures qui marquent, règlent et décident de tout autre chose, que du sort d'une cuisinière, ou d'un œuf à la coque.

Hélas ! il a suffi de la main frêle et innocente d'un enfant pour briser d'un seul coup, toutes ces vaniteuses espérances, et causer la première chute, qui devait me faire descendre l'échelle vulgaire des déceptions de la vie, d'échelon en échelon, jusques enfin au degré d'abjection où je suis tombée.

Je n'eus pas même la consolation de voir mes vestes rassemblés dans une même sépulture. Là, au moins, toutes mes molécules réunies eussent pu un jour, dans la même fournaise, s'embrasser de nouveau et faire partie intégrante de la nouvelle feuille de métal qui sort du laminoir.

Et qui sait ? si alors elles n'eussent pas concouru, une fois encore, à la confection d'une autre montre.

Et même, bien que mes débris aient été dispersés cilivrés à tous les caprices du hasard, quel est celui qui pourrait affirmer que la montre neuve, achetée d'hier, sur le cadran de laquelle il lit


l'heure en ce moment et dont il entend le faible et léger murmure, n'est pas composée de mes propres molécules, et que je ne suis pas elle ?

Mais non ! quand indépendamment du temps, ce grand chimiste de l'univers, qui transforme tout, mes molécules organiques ont pu, dans le vaste creuset de l'industrie, se confondre encore avec les débris de mille aulres machines et y faire les accouplements les plus adultérins, semblable à l'orgueilleux qui songe à l'immortalité, ma vanité, ou la peur du néant, peut seule me faire rêver ici à un nouvel et ridicule assemblage de mes molécules pour perpétuer mon insignifiante individualité.

Aujourd'hui, l'acier des axes délicats dont j'étais si fière peut aussi bien faire partie de l'arbre puissant de la machine du colossal Great-Eastern qui sillonne et fend les flots de l'Océan, comme de la frêle aiguille dont se sert la petite fille qui habille sa poupée ; du paratonnerre qui domine le palais du Louvre, comme d'un des clous au soulier du dernier des mendiants.

De même, enfin, les molécules éparses de mon laiton peuvent, aujourd'hui, faire partie du télégraphe dont l'étincelle électrique échange la pensée des peuples et les rapproche, comme du canon qui les divise et les fait taire.

L. BORSENDORFF.


INDICATEUR DES HORLOGERS POUR 1861.

AZurL Almanach de la Bijouterie et de l'Horlogerie ou Adresses de toutes les professions concernant les matières d'or et d'argent, rue Bertin-Poirée, 3 (près le Pont-Neuf.) BIJOUTIERS (FABRICANTS EN OR).

DROT-DOUCE. Breveté (s. g. d. g.), rue du Temple, 101.

Chaînes de fantaisie en or. Sautoirs, châtelaines, léontines, chaînettes de gilets, clefs et cachets,, etc.

GENATIO, rue Simon-Lefranc, 14. Fait la pièce de commandeet toutes espèces de raccommodages de bijoux d'or et d'argent, de joaillerie et objets d'art. Se charge de la commission pour MM. les Horlogers, Bijoutiers de province.

HOUDIARNE, rue Coquillière, 33. Clefs Bréguet, genre Genève. Clefs Barette. Spécialité de raccommodages et pièces de commande en tous genres.

PRIEUR (fils), rue des Blancs-Manteaux, 25. Fabrique spécialement la chaîne, le sautoir, le bracelet, la clé, le groupe, la léontine. Exportation pour la France et l'étranger.

SAPPUY (Jules), rue du Temple, 142. Parures, épingles, boutons de manchettes, bagues. Généralement toute la fantaisie.

BOMBEURS DE VERRES.

ROUSSET, rue Pastourel, 5 (Marais). Spécialité pour les verres et les glaces pour lunettes de pendules. Repassage de brunissoirs à pivots à l'usage des Horlogers.

BRONZES (FABRICANTS DE).

CAMILLE (Mariette), sucesseur de M.GUY, rue de Limoges, 8. Spécialité de pendules en tous genres. Candélabres et Flambeaux. Statuettes et bronzes d'art.


CADRANS (ÉMAILLEUR).

DROZ, rue J.-J. Rousseau, 14. Cadrans d'émail en tous genres, pour montres et pièces de marine.

FOURNITURES D'HORLOGERIE (MARCHANDS DE).

ALLAIRE (Auguste), rue Saint-Martin, 227. Outils pour Horlogers, Bijoutiers et Orfèvres. Roues de cylindres et cylindres. Grand assortiment de cadrans. Dépôt de 1 verres de montres au prix. de fa brique. Pièces détachées pour montres. Horloges-Comté et assortiment d'horlogerie d'Allemagne. Commission. Exportation.

ALLÉS, rue Bourbon-Villeneuve, 59. Verres de montres de toutes qualités. Cordons, clefs et carrés. Limes en tous genres. Verges, pignons et pièces déta- chées. Horlogerie d'Allemagne et de Comté. Envois en Province.

BOURDON, rue de Grenelle-Saint-Honoré, 8, au rez-dechaussée. Fournitures d'horlogerie et de bijouterie.

Outils, verres et pièces détachées en tous genres. Limes pour dentistes. 4 DAUSSY, rue Tiquetonne, 7. Outils et fournitures d'horlogerie et de bijouterie. Verres de montres de toute qualité. Fait la commission.

DEVRINE, cour des Fontaines, 6. Outils et fournitures d'horlogerie en tous genres. Gros et détail.

LECREUX, rue Saint-Martin, 119. Verres de montres engros et en détail. Spécialité pour tous les articles de montres. Quincaillerie, limes et outils fins de toutes espèces pour les Horlogérs.

MONET-GOUVERNEUR, rue Montmartre, 60. Outils et fournitures d'horlogerie en tous genres.

POMEY, maison GRANDSIR, rue d'Anjou, 4 (Marais).

Fournitures pour pendules, clefs, timbres, suspensions, aiguilles, laiton, fil de fer, acier. Limes anglaises et autres. Cadrans en émail et étampés. Mouvements de pendules et de tableaux. Assortiment d'outils, etc.


RIFLET, rue Notre-Dame-de-Nazarelli , 7ti, près la Porte-Saint-Martin. Outils et fournitures d'horlogerie. Verres et pièces détachées pour montres.

ROUX, rue Pastourel, 32. Outils et fournitures d'horlogerie en tous genres.

SIMON, rue Saint-Martin, 26. Fourniture de montres.

Outils d'horlogerie, verres, cadrans, cylindres. Ex- pédie en province. Man spricht Deulch.

GRAVEURS EN HORLOGERIE.

BEAUCOURT, rue de Grenelle-Saint-Honoré, 1. Spécialement toute la partie de l'horlogerie, cuvettes, platines, armes et chiffres fleuronnés sur fonds de boîtes guillochés. Poli des cuvettes au lapidaire, par MIlie Beaucourt.

HORLOGERIE EN PETIT.

ANQUETIN, rue Neuve-Saint-Eustache, 45. Fabrique de montres, pendules de voyage et de cheminées, donnant l'heure moyenne, exacte des principales villes du monde. Tableau carnet donnant ces mêmes différences pour une montre à l'heure de Paris. Prix : 50 c., au détail. En gros, forte remise. (Ecrire fran- co).

AUBERT, rue Coquillière, 4. Pièces détachées. Ressorts à secret pour savonnette ; emboitage de répétitions en tous genres.

BORSENDORFF, rue de Vannes, 1, au premier. Montres, Pendules et pièces de précision.

DAMINES-DUVILLIER, rue du Bouloi, 10. Médaille de 2e classe 1855. Breveté (s. g. d. g.) eu France, en Angleterre et en Belgique. Montres, à ancre, duplex et à cylindre, de Paris, Genève et Besançon. Horlogerie de précision, régulateurs, chronomètres et pendules de voyage.


DEFRANCE, rue des Amandiers-Popincourt, 4. Spécialité pour le rhabillage de montres et la pièce détachée.

LAMOUR (Victor), rue Marie-Stuart, 8. Repassages et rhabillages de montres cylindres et autres.

PARENT, rue de la Monnaie, 7. Spécialité pour les échappements à cylindre.

PERLES (Emile), rue Rambuteau, 8. Fait tons les genres de réparations. Repassages et pièces détachées.

PIERRET, rue des Bons-Enfants, 21. Montres et pendules, calendrier, squelettes-réveils et petites huitaines.

VERDET, rue Saint-Martin, 114. Fait les repassages et les pièces détachées.

HORLOGERS EN PENDULES.

DROCOURT, rue de Limoges, 8. Spécialité pour les pendules de voyage.

FRÉMIOT, rue des Vinai!, FRÉMIOT, rue des Vinaigriers, 34. Horloger-Mécanicien. Fait les pièces détachées.

LAINÉ, rue Cambey, 4. Horloger à façon. Exécute: Pendules de précision, cadrans-cercle-tournant. Réparations de pièces anciennes et modernes. Quantièmes, et suspensions po ur régulateurs. Pièces sur commande.

MALGÉ, rue de Lyon, passage d'Orient, 17. Horlogermécanicien, breveté s. g. d. g. Fait la petite mécanique pour la physique, l'horlogerie, les jouets d'enfants, etc. Il se charge de mettre au net et exécute les idées et les plans de MM. les inventeurs.

PERCEVALLE, rue Vieille-du-Temple, 33. Maison spéciale pour pièces détachées et rhabillages de pendules de cheminée.

VALLÉE, rue de Bretagne, 8. Spécialité pourl'établissement de mouvements de pendules ordinaires, tableaux et autres.


HORLOGES PUBLIQUES.

COLLIN, ancienne Maison WAGNER oncle, rue Montmartre, 118, ancien 122. Fabrique spéciale d'horloges simplifiées. Instruments dn précision. Machines.

HORLOGES ÉLECTRIQUES.

MOUILLERON (J.), place Dauphine, 24. Fabricant d'horlogerie électrique et d'appareils télégraphiques.

Fournitures et accessoires divers..

MARBRIERS.

BENEX (François), petite rue Suint-Pierre-Amelot, ruelle Pelée, 11. Marbres pour bronzes, pendules en marbre et candélabres en tous genres. Fait tout ce qui concerne son état.

MONTEURS DE BOITES.

GEORGES OBERWEILER, rue Michel-le-Comte, 25.

Boîtes neuves et rhabillages.

PEROT, rue du Bouloi, 24. Boîtes neuves en tous genres et rhabillages.

SAVARIN, rue des Fossés-Montmartre. Boites neuves en en or et argent. Spécialité pour le rhabillage.

VERDET, rue Saint-Martin, 114. Boîtes neuves et rhabillages.

MONTRES (MARCHANDS EN GROS).

AMI-HUMBERT-DROZ, galerie de Valois, 137, PalaisRoyal, et rue de Valois, 27. Dépôt d'horlogerie de précision du Locle (Suisse).

DREYFUS, rue Montmartre, 30. Horlogerie de Besançon, Chaux-de-Fonds et Genève.

FALCONNIER, J., rue Rambuteau, 50. Montres et pendules en gros. Inventeur de la montre parisienne à


verre se mettant à volonté par tout le monde. Breveté s. g. d. g: C HÉLIE (Ferdinand), successeur de DESCHAMPS, rue Coquillière, 44. Magasin de montres en tous genres.*-1 PERRENOUD, rue de Grenelle-Saint-Honoré, 45. Montres de Genève et des fabriques de Suisse et de Besançon.

VALOBRA, rue Porte-Foin, 11. Moutres en tous genres de Suisse et de Besançon. Pendules, chaînes et clés.

> »-» : rf ORFÉVRERIE.

GIRARD, rue d'Alger. Couverts etargenterie. Orfèvrerie d'argent et coutellerie. Corail, ambre et camées pour la bijoutérie.

PIÈlUlISTES.

BARRAL (Mlle), rue Villedo, U, nres la Fontaine-Molière. Trous en rubis à un franc: BIGOT-DUMAINE, rue Michel-le-Comte, 25. Médaille de bronze 1 Ë55, bronze en 4849 ; médailles de l~c et 90 classe çnl855, et médaille d'or en 1857. Limes, pierres pour horlogerie et filières en pierres précieuses. Fabrique, rue des Envierges, 6, quartier de Belleville.

GINDRAUX, rue Villedo, 5. Fait tous les trous en rubis pour rhabillages et pièces neuves, garnitures d'échappement à détente, à ancre; duplex, cylindres4 en pierre et trous pour chronomètres ; garnitures en rubis ou saphir des ancres de régulateurs; envoie en province et à l'étranger, et remet les pivots des pi- gnons. - , RESSORTS.

GARAPON, rue du Buisson-Sain t -Louis, 24.JjJg £ cialité pour les ressorts- timbre pour tableaux-hopi^

jrtS* 4s> -Co\

..ell .<


CALENDRIER POUR 1861.

JANVIER.

D. Q. le 4. N. L. le 11.

P. Q. le 19. P. L. le 26.

Les jours croissent de 1 h. 5 m.

Ji ® •3 2 .2 NOMS h S « 2 des - d ca SAYKTS.

;.J S des 3 SAlIns.

o> 1 1 ruard. CIRCONCIS.

mere. Is. Basile, év.

3 jeudi, jsc Geneviè.

4 Vend. jO s.Rigob.

5 same. 1 se Amélie.

6 D. EPIPHANIE.

7 lundi. 1 Noces.

8 mardi, s. Lucien, év 9 merc. s. Pierre, év.

10 jeudi. 8. Paul, erm 11 vend. i@ s. Théod.

12 same. s Arcade,m 13 D. iBapt.J.-Cb.

14 lundi. !s.Hilaire.

15 mardi, s. Maur.

16 mere. 's. Guillaume 17 jeudi, 's. Antoine.

18 vendr. Ch. s. P. à R 19 samed. <2 s.Sulpice.

20 Dim. 's. Fabien.

21 lundi. s" Agnès.

22 mardi.'s.Vincent 23 mercr.1 s. Ildefonse.

24 jeudi, s. Babilas.

25 vendr. C. de St-P.

26 Iim. C Paule21 D. s* Septuagét 28 lundi, s. Charlem.

29 mardi, s. Fr. de S.

30 mercr. Bathilde.

31 1 jeudi. U'Marcèle.

FÉVRIER.

D. Q. le 2. N. L. le 8.

P. Q. le 18. P. L. le 25.

Lesjours croissent de 1 h. 36 m.

23 o T - « E NOMS SS a .g g des 2 S G SAINTS.

o> ta 1 vend. s. Ignace.

2 same. D PURIFIC.

5 D. Sexagésim.

4 lundi, s. Pbiiéas.

5 mardi. Agathe.

6 merer. s- Dorothée.

7 jeudi. s Romuald 8 vendr. S Scolastiq.

9 same. s0 Apolli.

10 D. Quinquagés 11 lundi. s.Severin.

12 mardi. se Eulalie.

13 mercr. Cendret.

14 jeudi. 1. Valentin.

15 vendr. s. Lezin.

16 same. se Julienne.

17 D. Quadra 18 lundi. <2s. Siméon 19 mardi, s. Boniface.

20 mercr. g. Encher 21 jeudi. s* Isabelle.

22 vend. se Julienne.

23 same. s. Mérau 24 D. , Reminis.

25 lundi. Os.Mathias.

26 mardi. j s. Nestor.

27 mercr. s* Honorine 28 jeudi, s. Romain.


MARS.

D. Q. le 3. N. L. le 11.

P. Q. le 19. P. L. le 26.

Les jours croissent de 1 h. 52 m.

p a~ » .:: NOMS £ !■§! des < -, g SAINTS.

p es 1 yendr. s. Simplic.

same. s. Lucitis.

3> D. S) Oculi.

1 lundi. s'Cunég5 mardi. s. Casimir 6 mercr. s" Colette 7 jeudi, s. Blanchard 8. vendr. s. Ponce.

9-same. sc Françoise 10 D. lœtare.

Il Itindi. * s. Léon.

12 mardi, s. Arcade.

13 mercr. s'Euphras 14 jeudi, s. Lubin.

15 ,'endr. s. Certrude.

16 faïue. s. Julien.

171 D. Passion.

18 lundi, s. Parfait.

19 mardi. @s.Joseph.

20 mercr. Joachim.

21 jeudi. s. Benoit.

2-i vendr. s<-' Herniénig 23 same. s- Victorien.

241 D. Rameaux.

25 lundi. ANNONCIAT 2ii mardi. GD s. Ludger.

27 mercr. s. Ruper.

28 jeudi, s. Contran.

29 vendr. V. Saint.

•■>0 same. s" Balbine.

31 i D. PAQUES.

AVRIL.

D. Q. le 2. N. L. le 10.

P. Q, le 18. P. L. le 24.

Les jours croissent de 1 h. 43 m.

S c "S S .:: NOMS « S des g -1 g SAINTS.

O' J3 1 lundi. s. Hugues 2 mardi. 0s.Tr.deP.

3 mercr. s. Richard.

4 jeudi. s. Ambroise 5 vendr. s. Albert, same. s. Prudent.

11 D. Quasimodo 81lundi, s. Clotaire.

9 mardi. seJiar.Cl.

10 mercr. @ Macaire.

11 jeudi. sc Godebert 12 vendr. s. Jules.

13!same. s. Marcelin, lij D. s. Paterne.

15 lundi, s. Fructueu 1G mardi, s. Zùnon.

niercr. s. Allicet.

18 jeudi. (G s. Parfait.

1lvendr. s. Timon.

20,same. s. Théoti.

21 D.. s. Anselme.

22 lundi. sc Opportun 23[mardi, s. Georg.

2i mercr.! @ Léger.

25ljeudi. S. Marc, év.

Wivendr. s. Clet.

27 saine. s. Polycar.

281 D. s. Maxime.

29 lundi, s. Robert, à.

30mardi. s. Eulcope.


MAI.

D. Q. le 1. N. L. le9. P.Q.

le 17. P. L. le 24. D. Q. le 31.

Les jours croissent de 1 h.19 m.

I en -1 NOMS p a des P S des < S; o SAINTS.

0 - 1 mercr. 1) 1\1 arcoul.

2 jeudi, s. Alhan.

j vendr. 1. Se Croix.

A sa me. Oet. Asc.

5 D. C. de s-Aug.

(i lundi. Rogations.

7 mardi. s, Stanislas.

8 mercr. s. Désire.

0 jeudi. @ASCENS.

10 vendr. s. Gordie.

II same. s. Marnert.

12 D. s. Flavie.

15 lundi, s. Servais.

14 mardi, s. Pacôme.

i t; merer. s. Isidore.

16 jeudi, s. Honoré.

17 vendr. S s. Pascal.

18 same. s. Yves.

19 D. PENTEC.

20 lundi, s. Hospice.

21 mardi. s. Quadrat.

22 mercr. s0 Julie.

2j jeudi. s. Didier.

24 velldr s. Doiiati.

25 same. s. Urbain I¡ D. LA TIUNIXÉ 27 lundi. SvlYain.

28 mardi, s. Germain 29 mercr. (Jet. l.-D.

">o jeudi. FÊTE-DIEU.

31 j vendr. SU s. Maxim

JUIN.

N. L. le 8. P. Q. le 15.

P. L. le 22. D. Q. le 30.

Les jours croissent de 18 m.

= si en .9 NOMS w a:; Q.) des 1;1 des < S S SAINTS.

a jg 1 same. s. Pamp.

2 D. s. Pothin.

5 lundi. e Cloiilde.

4 mardi, s. Optât.

5 mercr. s. lioniface 6 jeudi, s. Claude.

vendr. s. Paul (le C.

« same. ® Médard.

9 D. se. Pélagie.

10 lundi, s. Landr.

11 mardi. s. Barnabé.

12 mercr. s.s. Olymp.

13 jeudi. s. Aiit. dL- P.

14 vendr. s. Modeste.

15 same. Q s. Adolp.

161 D. s. Fargeau.

17 lundi. s Avit, abb.

18 mardi. se Marine.

'19 mercr. s. Gervais.

20 jeudi. s. Silvère.

21 vendr. s. Paulin.

22 Same. 8. L. de G.

23 D. s André.

Uluudi. NAT.S.J.-B.

-3 mardi, s. Prosper.

2G mercr. s. Babolein.

27 jeudi. s. Cresfent.

28 vendr. Irènee.

29 same. s. Pi. s. P.

30 D. DCora. s. P.


JUILLET.

N. L. le 8. P. Q. le 15.

P. L. le 22. D. Q. le 29.

Les jours diminuent de 39 m.

-* 2 -I NOMS ¡:: co des g |«1 des + n W SAINTS.

p Co 1 lundi, s" Eléonore.

2 mardi. Vs. N. D.

5 mercr. s. Thierry.

4 jeudi. TransI. s. M.

5 vendr. se Zoé.

i; same. s. Tranquili.

7 D. se Aubier.

lundi. (9 Procope.

9 mardi, s. Cyrille.

10 mercr. Félicité.

Il jeudi. Tr s. Benoit 1-2 vendr. s. Gualbert 13 same. s. Eugène t * s. Bonavent 1 5 lundi, CI s. Henri.

11; mardi. s. Euslate.

17 mercr. g. Alexif.

18 jeudi, s. Tho:n d'A 19 vendr. s.Vinc.de P 20 same. seMarguer.

olt D- s. Victor.

2-2 lundi. ©Madelein 23 mardi se s. A poil.

24 mercr. Loup.

25 jeudi. s.Jacq.leM vendr. s. Marcel.

27 same. s.Pantaléon 2X D. se Anne.

29 lundi. D Marthe.

30 mardi, g. Abdon.

31 mercr. s. Ger.-l'A.

AOUT.

N. L. le 6. P. Q. le 13.

P. L. le 20. D. Q. le 28.

Les jours diminuent de 1 h. 39 m.

g 2 s .5 NOMS - des » 8-b des ■< S S SAINTS.

c* «3

1 jeudi. s. Pierre ès-1 vendr. s. Etienne P.

saine. Inv. s. Et.

4 D. s. Domini 5 lundi, sYon, mart.

G mardi. ®T.deN.S.

7 mercr. 1. Gaëtan.

8 jeudi. s. Justin.

9 vendr. s. Amour.

10 same. s. Laurent.

11 D. s* Suzanne.

12 lundi. se Claire.

t:) mardi. (J s. Hippol.

1-1 mercr. 6" Thècle.

15 jeudi. ASSOMPT.

lti vendr. Roch.

17 same. s. Mamès lR D. se Hélène.

19 lundi, s. Louis, év.

20 mardi. Bernard 21 mercr. s.s. Privât, é 22 jeudi. Simphor.

23 vendr. s. Sidoine.

24 same. s. Barthél.

25 D. s. Louis, roi 2(j lundi. fce Rose.

27inardi. s. Césaire.

281 mercr. ID s. Augus.

29 jeudi. s. Médéric.

30j vendr. s. Fiacre.

51 same. s.Ovide.


SEPTEMBRE.

N. t. le U. P. Q. le 11.

P. L. le 19. D. Q. le 27.

Les jours diminuent de 1 h. 47 m.

| «g i NOMS - a ® des a des £ SAINTS.

° a - 1 D. s. Leu s. G.

lundi. s. Lazare.

3 mardi, s. Grégoire 4 mercr. @se Rosal.

1. d. n t, 5 jeudi, s. Berlin.

6 vendr. s. Onésipe.

7 same. s. Cloud.

8 D. NAT. N.-D.

9 lundi, s. Orner.

10 mardi. sePulché.

11 mercr. <2 Ilyacinth 12'jeudi. s. s. Raph.

15 vendr. s. Maurille 14 same. Ex. ScCr.

15 D. s. Nicomèd.

1U lundi. se Eugénie.

17 mardi, s. Lambert.

18 mercr. s. JeanCh 19 jeudi. C Janvier.

20 vendr. s. Euslach.

21 same. Mathieu.

: D. s. Maurice.

25 lundi. ge Thècle.

24 mardi, s. Andoche 23 mercr. g. Firmin 26 jeudi. se Justine.

27 vendr. V s. Côm.

28 same.1 s. Céran 29 D. s.Michel.

:;Ollundi. s. Jérome.

OCTOBRE.

N. L. le à. P. Q. le 10.

P. L. le 18. D. Q. le 26.

Les jours diminuent de 1 h. 49 m.

:s ■§ NOMS h S g-a « S a des < £ « SAINTS.

p c* ,2 1 mardi, s. Remi.

2 mercr. ss. Anges.

5 jeudi, s. Cyprien.

4 vendr. <§) s. Fr.-d'A 5 same. se Au re.

<> D. s. Bruno.

7 lundi, s. Serge.

R marùi. SC Brigitte.

9 mercr. s. Denis.

10 jeudi". <3 Paulin.

11 vendr. s. Gomer.

12 same. s. Yilfride.

13 D. Gérand.

14 lundi. s.Calixte.

15 mardi. se Thérèse.

16 mercr. s. Gai.

17 jeudi, s. Cerbon.

18 vendr. ôD Luc, év.

19 same. s. Caprais.

20 D. s. Savinien 21 lundi. se Ursule.

22 mardi, s. Mellon.

25 merer s. Ililarion.

24 jeudi, s. Magloi 25 vend. s.CrépinsC 2ti same. ID s. Rustiq 27 D. s. Frumenc 28 lundi, s. Sim. s. J.

29 mardi s. Faron.

50 merc. s. Lucain.

31 jeudi. s. Quentin.


NOVEMBRE.

N. L. le 2. P. Q. le 9.

P. L. le 17. D. Q. le 25.

Les jours diminuent de 21 m.

s a) .;:: g .H NOMS X H g ta -T® 3 S 2 des g - g SAINTS.

01 1 yendr. TOUSSAIN 2same. * Trépass.

5 D. s. Marcel.

4 lundi, s. Charles.

mardi. Zacharie 6 mercr. s. Léonard.

7 jeudi. s. Florent.

8 vendr. ses Reliqu 9 same. QMathurin 10 D. s. s. Juste.

11 lundi. s. Martin.

12 mardi, s. Réné.

15 mercr. s. Brice.

14 jeudi, s. Bertrand 15 vendr. s. Eugène.

10 same. s. Edme.

17 D. C Agnan.

18 lundi. s. s. Aude.

19 mardi. Elisabeth 20 ineccr. s. Edmond.

21 jeudi. Prés. N.-D.

22 vendr. se Cécile.

23 same. s. Clémen 24 D. se Flore.

25 lundi. G) seCalher.

26 mardi. seGenevièv 27 mercr. Maxime.

28 jeudi, s. Sosthène 29 vendr. s. Saturnin 30 same. s. André.

DECEMBRE.

N. L. le 2. P. Q. le 9. P. L.

le 17. D. Q. le 24. N. L. le 31 Les jours diminuent 'de 10 m. jusqu'au 21

a o] -S s i NOMS E des s -!■§il d®» < S S SAIKTS.

ce SAIlTS.

1 D. .;, l'Avent.

2 lundi. (§) s. Fulgen 3 mardi. s. Anème.

4 mercr. se Barbe.

5 jeudi. s. Sabbas.

G vendr. s iViçolas.

7 same. se Fare.

8 D. C o n e D.

9 lundi, Q ge Gorg.

10 mardi. se Valère.

11 mercr. s. Daniel.

12 jeudi. s.Damase.

13 vendr. se Luce.

14 samed. Nicaise.

15 D. s Menin.

16 lundi. se Adélaïde.

17 mardi. se Olympe.

18 mercr. ÓtJ s. Galien.

19 jeudi. Timothée 20 vendr. scPhilogone 21 same. s. Thomas.

22 Dim. s. Honora 25 lundi. se Victoire.

24 mardi. s. Delphin.

25 mercr. NOËL.

26 jeudi. s. Etienne.

27 vendr. s. Jean, év.

28 same. ss.Innocens 29 D. s.Trophim.

30 lundi, s. Sabin.

31 mardi, s. Sylvestre


TABLE DES MATIÈRES.

Pages.

Au lecteur. 3 Sommaire. 5 Articles préliminaires pour 1861 * • • • 6 Planètes, leurs signes distinctifs 7 Planètes1 LHescopiques entre Mars et Jupiter. 8 Eres -principales - C ru les et périodes 10 Divisions naturelles du temps - du jour.. - - - - - - 13 Table d'équation., 16 Divisions artificielles du temps — de l'heure 18 » » de la semaine. - - - - 21 - » » du mois. 23 » » de l'année. 26 Année Athénienne - - 31 » Macédonienne. 33 * Juive. 34 » Egyptienne. 36 » Babylonitmlle. 38 v De DjelaIeddh]. 40 » des Ara bés 41 » des Iodous - 42 » Chinoise. 43 Renseignements d'utilité pratique. 44 Tableau des monnaies : titre, poids, diamètre, etc., 48 Dilatation linéaire des métaux 51 Conduçtibilité, pesanteur spécifique, etc., des métaux. 52 Composition chimique de l'acier - Fusion, température du recuit.. 55 PHTiagoPriÈMES CHRONOMÉ TRIQUES. Pensées sur le temps 56 » Maximes » 64 EXPOSITION DE BESANÇON. Coup de loupe sur l'horlogerie.. 69 Le Coucon et la Montre 121 Pierre Pendulum - épilabe d'un horloger 124 Une horloge chinoise, et 1 horloge des habitants de la lune. 125 Histoire d'une montre racontée par elle-même. 127 Indicateur des horlogers. 167 CalËndricrpourl861. 173

NOTA. En envoyant franco, à M. Borsendorff, rue de Vannes, n° 1, à Paris, un bon d'UN FRANC sur la poste, les souscripteurs de la province recevront, de suite et FRANC SE PORT, la Loupe de l'Horloger.


Pour paraître en Janvier 1861 : TRAITÉ D'HORLOGERIE MODERNE, AVEC PLANCHES ET DESSINS INTERCALÉS DANS LE TEXTE.

CONTENANT: 1° La 2e édition du Traité des Échappements, revu avec soin et complété de tous les échappements usuels

pour montres, chronomètres, pendules, etc. — Précédé d'une introduction à l'étude des échappement - sur un plan nouveau et étendu.

2° La 2e édition du Traité des Engrenages, revu et augmenté.

3° Une série d'Articles spéciaux traitant de la grandeur et du poids des balanciers, du spiral, de l'isochro- nisme , des proportions de la fusée, du tracé d'un calibre, de la force motrice, des meilleures dimensions des ressorts, du repassage, du réglage des montres, etc., etc., et donnant de nombreuses tables d'un usage journalier pour l'horloger, etc., paraissant tous les quinze jours ( à partir de janvier 1861) en une livraison à 1 franc.

L'Ouvrage complet aura de 30 à 35 livraisons.

PAR CLAUDIUS SAUNIER, RUE NEUVE DES-PETITS-CHAMPS, 19 (PARIS).

( La table détaillée des matières est envoyée contre toute demande franche de port ).

POUR PARAITRE PROCHAINEMENT LE RHABILLEUR Nouveau Traité d'Horlogerie Pratique A l'usage et à la portée de tout le Monde PAR L. BORSENDORFF, HORLOGER.

Le plan méthodique de cet ouvrage, destiné exclusivement aux ouvriers, est tout-à-fait NOUVEAU. — Les conditions de la sous- cription seront annoncées ultérieurement.