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Titre : Compte-rendu des travaux de l'Académie impériale de Savoie : 1860-1861 / par M. Pillet Louis,...

Auteur : Pillet, Louis (1819-1895). Auteur du texte

Éditeur : [s.n.][s.n.]

Date d'édition : 1861

Contributeur : Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie. Éditeur scientifique

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb43587898v

Type : monographie imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : 1 vol. (59 p.) ; in-8

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Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6539527d

Source : Académie florimontane, 2013-155302

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 23/09/2013

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COMPTE-RENDU

DES

TRAVAUX DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DE SAVOIE

1860-1861

Par M. PILLET Louis, avocat,

Secrétaire de l'Académie.

Le règlement de notre Académie exige qu'à la fin de chaque année le secrétaire perpétuel présente un compterendu sommaire des travaux de la Société (Art. 18).

C'est là une sage disposition. Elle a pour but, non de satisfaire une vanité puérile, mais de résumer en un seul tableau les devoirs multiples imposés à notre Académie.

Là, comme dans un bilan annuel, nous voyons si nous avons suffi à tous les détails de notre tâche ; là aussi, initié à nos travaux, le public apprend à connaître et, disonsle, à estimer les services des plus modestes soldats de la compagnie.

En l'absence du secrétaire perpétuel, j'ai été chargé du compte-rendu de la dernière année, qui s'étend du 15 novembre 1860 au 15 novembre 1861.


J'ai d'abord à signaler trois volumes publiés durant cette période : Le volume IVe des Mémoires, 2e série, qui a été distribué au mois de juillet ; Le volume IIe de Documents contenant les chartes du diocèse de Maurienne, par S. Em. Mgr Billiet, archevêque de Chambéry, notre président honoraire perpétuel ; Enfin le petit programme archéologique intitulé : Documents et Conservation des Monuments historiques.

Il ne m'appartient pas de présenter ici une analyse, et moins encore une appréciation de ces travaux. Je puis dire seulement que jamais l'Académie de Savoie n'avait eu d'année plus féconde et mieux remplie.

Cette activité a dû dès lors subir un temps d'arrêt.

L'Académie remarquait que le caractère d'impression employé, depuis près de quarante ans, pour ses Mémoires était usé, hors de service. A sa demande, l'imprimeur a renouvelé son matériel, ou pour employer le terme technique, son caractère. De là est résultée une suspension du travail des presses pendant une grande partie de l'année, ce qui retardera nécessairement la publication du prochain volume.

Néanmoins, l'Académie n'est pas restée inactive; je vais passer en revue les diverses communications qui ont occupé ses séances. Pour le faire avec ordre, je parlerai successivement : 10 d'histoire et d'archéologie; 2° d'agriculture et sciences ; 3° des divers concours dont elle est juge; 4° du mouvement de son personnel; 5° de ses relations avec les autres Sociétés savantes.


I.

HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE.

Pour une Société départementale, dans un pays qui depuis huit siècles a conservé son autonomie et une physionomie provinciale fortement accusée, l'étude la plus attrayante est, sans contredit, celle de l'histoire nationale. Aussi, quoiqu'il se soit fondé récemment à Chambéry une Société spéciale d'Histoire et d'Archéologie, qui chaque année publie des Mémoires, l'Académie n'at-elle pas cessé de moissonner dans ce champ fertile, auquel il ne manque que des travailleurs.

Dès la séance de rentrée du 15 novembre 1860, Son Eminence Monseigneur Billiet nous a lu la biographie sévère mais pleine d'intérêt de Philibert Simond, prêtre apostat, député de la Convention en Savoie, qui a joué un si triste rôle dans le drame sanglant de la Révolution. Cette époque est assez loin de nous pour que la voix impartiale de l'histoire commence à dominer le cri des passions, et cependant assez voisine encore pour que les souvenirs, les traditions locales fournissent de nombreux documents au chroniqueur. Ce travail intéressant ouvrira le prochain volume de Mémoires.

M. le marquis Costa de Beauregard a écrit une autre page de l'histoire nationale, c'est sur le Livre anonyme, travail inédit de Samuel Guichenon. Ce n'est pas une simple curiosité de bibliophile, mais l'exposé des prétentions rivales des ducs de Savoie et de la république de Venise au titre honorifique de roi de Chypre, le récit des luttes de préséance entre les ambassadeurs de Savoie, de


Venise et de Toscane. Il serait superflu de donner l'analyse de ce travail, qui paraîtra également dans les Mémoires de l'Académie.

M. F. Rabut, aujourd'hui professeur d'histoire au lycée d'Agen, continue ses études sur la numismatique savoisienne ; il nous a envoyé une Quatrième Notice sur quelques Monnaies de Savoie inédites. L'impression en a été pareillement votée.

M. l'avocat Chapperon, président du tribunal de commerce, nous a lu plusieurs chapitres de sa curieuse histoire de Chambéry intitulée : Tableau de Chambéry à la fin du xive siècle. C'est un tableau vivant où la ville ancienne apparaît ressuscitée avec ses rues, ses monuments et, ce qui est plus précieux, avec ses mœurs, ses institutions, sa physionomie du moyen âge; tout cela extrait des papiers inédits de la mairie de Chambéry et des archives de Turin.

Nous ne pouvons qu'attendre avec impatience l'impression de ce travail de longue haleine, qui, à lui seul, ne formera pas moins d'un volume de nos Mémoires.

M. Chapperon est chargé en même temps de faire imprimer, pour le troisième volume de Documents, les franchises de Chambéry, avec les diverses chartes qui sont le point de départ de notre histoire municipale.

Pendant que ces œuvres capitales étaient soumises au jugement de l'Académie, elle recevait communication d'autres travaux dont elle se plaît à reconnaître le mérite et à encourager les auteurs.

M. le comte Amédée de Foras, de Thonon, a copié avec soin, en conservant le style et l'orthographe originale, l'inventaire des armes trouvees dans le gabinet du chasteau de ceste ville (Thonon), quant este remue en


une des chambres de la Tour sus la Perrière, par Me Claude-Philibert Rivollet, cy-devant gardiateur dudit gabinet qu'estait auparavant en une chambre au logis neuf du coste de la cave. 17 juin 1616.

Cet inventaire, en 101 articles, d'un petit arsenal est fort intéressant en ce qu'il nous montre l'état des armes à cette période de transition, où les pistolets à rouets, les arquebuses de six pieds de longt, les coulourines, les petits musquets a l'espagniole et les gros musquets monte à la francoise commençaient à remplacer et reléguer aux antiques les vieilles armures d'hommes, de cheval, la rondache , l'albarde, l'épieus, l'arc à tirer flèches, la masse d'armes et tous les autres engins des siècles de chevalerie.

Il reste déposé aux archives de l'Académie, pour être mis à la disposition des amateurs.

Le même auteur nous a adressé un mémoire intitulé : Notes historiques sur les Chartreuses de Vallon et Ripaille en Chablais. Ce sujet avait été traité déjà par notre regretté collègue, le conseiller L. Ménabréa, dans une Notice sur l'ancienne Chartreuse de Vallon en Chablais, insérée au volume Ier de nos Mémoires, 2e série.

L'Académie n'a pu, en conséquence, admettre dans ses Mémoires ce second travail; mais elle y a remarqué plusieurs points, plusieurs faits nouveaux qu'il importe de consigner ici.

Sur la fondation de la Chartreuse, en l'an 1138, par les sires de Langin, de Ballaison et de Cervens, sur les donations ajoutées peu après par Aymon de Faucigny, nos deux auteurs sont d'accord. Il n'existe entre eux qu'une différence, ou plutôt un malentendu dans les mots. Ainsi, Ménabréa disait :


« La donation des sires de Langin, de Ballaison et de « Cervens aux ermites de Vallon n'aurait peut-être pas « permis à ces religieux de fonder en cet endroit quelque « chose d'évidemment stable, si le sire de Faucigny ne « leur eût fait des libéralités tellement amples, qu'on le « regarda dès lors, et à juste titre, comme le véritable « fondateur du monastère. »

M. de Foras maintient les droits des seigneurs de Langin, Ballaison et Cervens au titre de fondateurs : « On sait, dit-il, que les fondateurs, quelque peu considérable que fût leur donation ou fondation, étaient ceux qui les premiers , par leurs pieuses libéralités, donnaient naissance à une nouvelle maison religieuse. Le titre de bienfaiteurs était réservé à ceux qui, comme Aymon de Faucigny, ajoutaient aux anciennes fondations.

On peut voir , du reste, dans le cours de ma notice, que les donations des hauts et puissants seigneurs de Langin, de Cervens et de Ballaison, dans les confins desquelles ont été élevés une douzaine de hameaux ou villages , équivalaient presque en valeur à celles des sires de Faucigny.

Malgré tout cela, on comprend fort bien que, par l'importance de ses donations, à cause de sa haute position de prince souverain, et surtout de la constante protection qu'Aymon Ier et les siens accordèrent aux chartreux de Vallon, ceux-ci l'aient appelé verus domûs Vallonis fondator, en reconnaissance des bienfaits qui assurèrent leur existence. »

N'est-ce pas là ce que disait, en d'autres termes, M. Ménabréa ?

Passons outre : Ménabréa rapporte à l'année 1138 environ la donation d'Aymon de Faucigny, et la mort de ce prince à l'an 1161. Sur ces deux dates, M. de Foras combat l'opinion de son devancier :


« Ce n'est qu'avec le doute que doit éprouver tout homme nouveau dans les travaux historiques, en face d'un nom qui fait autorité comme celui de M. Ménabréa, que j'ose poser ici la question, si notre académicien a été dans le vrai en attribuant la première donation des sires de Faucigny à l'année 4138. Le manuscrit dont j'ai parlé, dit positivement que cette donation n'avait pas de date, mais qu'elle fut faite à la même époque, eodem tempore, ce qui comporte un certain laps d'années. Les précieuses annales de l'ordre des chartreux (Manuscrit de la bibliothèque de Grenoble) racontent ainsi la fondation de la maison de Vallon : « Ejus fundationem ad hune annum « (1138 indict. I') referunt omnes domorum ordinis indi- « ces manuscripti. Ejus fundatores dicuntur domini « de Langino, de Servanco et Ballansone sive Vallanzone.

« Hos praeter, alius etiam fundator putabatur Aymo de « Fossiniaco, cui tantum benefactoris titulum censemus « tribuendum, quod ex domus Repausatorii quam ipse « postea fundavit, apertissime constet, illum ante prae« fatum annum nullam coastruxisse cartusiam. Sic enim « ibi legitur : Ego Ayrno de Fulciniaco, mullum deside« rium et prumptam jam a multo tempore habens volun« tatem, quatenus pro animœ meœ salute, domum « cartusiensis ordinis in meo œdificarem et construerem « territorio, tandem a Domine exauditus ad optatum « hujus rei effectum perveni. »

« La date de la fondation de la Chartreuse du Repausoir est, d'après Ménabréa lui-même, de l'an 1151. Il est évident qu'avant cette époque, Aymon de Faucigny n'avait fondé sur son territoire aucune Chartreuse ; il est donc sûr qu'il n'avait pas, en 1138, enrichi ou créé celle de Vallon, et que cette donation, attribuée par Ménabréa à


l'an 1138 , est postérieure à la fondation du Repausoir, soit à l'an 1151. S'il m'est permis de faire une supposition, je donnerais à cette fondation une date postérieure à l'an 1170 ou 1172 environ, soit après le relâchement conditionnel fait par l'abbaye d'Aulps aux religieux de Vallon, et je porterais la mort d'Aymon de Faucigny, arrivée, selon M. Ménabréa, peu après 1161, à beaucoup plus tard. »

Dans ce petit débat historique, nous pencherions pour l'opinion de Ménabréa, et nous avouons n'être point ébranlé par les arguments de son contradicteur. Si le Manuscrit de la bibliothèque de Grenoble invoque les paroles d'Aymon de Faucigny dans la charte de fondation du Repausoir, c'est pour en conclure qu'Aymon ne se considérait lui-même pas comme le fondateur de la Chartreuse de Vallon, mais seulement comme bienfaiteur. Il ne met pas en doute que ces bienfaits ne soient antérieurs à l'an 1151, et ns se rapportent aux premières années après 1138, eodem tcmpore. Quant à la mort d'Aymon, elle est antérieure à 1168, puisque son successeur, Rodolphe II, paraît déjà dans des actes à cette époque ; il est impossible de la reculer jusqu'à 1172, s'il est vrai, comme l'atteste Ménabréa, que ce Rodolphe lui-même fût déjà mort et remplacé par son frère Henri en 1171.

Ces critiques de détail ne nous empêchent point de rendre justice aux recherches de M. de Foras. C'est surtout à partir de l'année 1536, où s'arrête le travail de Ménabréa, que celui de M. de Foras est intéressant à consulter. Il complète la notice insérée dans le Ier volume de cette série de nos Mémoires. On nous permettra d'en extraire les faits principaux : « L'an 1536, les Bernois et les Valaisans, ligués contre e duc de Savoie, envahirent, à l'exemple du roi de France, les bailliages de Chablais, Ternier et Gaillard.


« Les Valaisans gardèrent le pays de Gavot, jusqu'au pont de la Dranse, l'abbaye d'Aulps, Mégevette et près de la moitié de la paroisse d'Habères. Les Bernois eurent le reste.

« La possession de la Chartreuse de Vallon et de la paroisse de Bellevaux demeura, quoique le reste du Chablais fût entre les mains des Bernois, en controverse pendant sept ans. Charlotte d'Orléans, aïeule maternelle du duc de Nemours, ayant prétendu que lesdits lieux de Vallon et de Bellevaux dépendaient de la baronnie de Faucigny et non du Chablais, le différend fut porté et débattu devant le conseil du roi, qui siégeait en Savoie.

Les Bernois eurent finalement gain de cause ; car après sept ans de discussion, intervint un arrêt du seigneur Pelisson, président du conseil, qui adjugea Bellevaux et Vallon tout entier au Chablais, quoique plus de la moitié du territoire de cette Chartreuse, soit la partie en amont du Brevon tirant au midi, donnée par les seigneurs de Faucigny , fît réellement partie de cette seigneurie.

« Mal en advint aux pauvres chartreux; car dès que, par l'exécution de cet arrêt, la Chartreuse de Vallon et le prieuré de Bellevaux furent soumis aux rudes étreintes de l'ours de Berne, les prêtres et les religieux en furent immédiatement chassés. Fort heureusement, pendant la durée du litige, nos chartreux avaient eu le temps de sauver tout ce qu'ils avaient de précieux, leurs titres et chartes, et tous leurs meubles, qui furent portés ou donnés aux maisons de Mélan et du Repausoir. Il fut dressé un inventaire des meubles, titres et bétail de Vallon par le R. P. dom Vincent Defagis, vicaire de Mélan, assisté de dom François Rogini, prieur de Vallon, suivant commission à eux donnée le 20 septembre 1543, par le


R. Père général des chartreux, qui était alors dom Pierre de Leyde.

« Les Bernois et les Valaisans continuèrent à occuper les bailliages de Chablais, Ternier et Gaillard, jusqu'à l'an 1564, où, par le traité de Nyon, ils rendirent à la Maison de Savoie ces belles provinces, les laissant infectées de l'hérésie, que, trente ans plus tard, notre grand saint François de Sales, l'apôtre du Chablais, devait combattre avec tant de succès. La Chartreuse de Vallon, faisant partie du Chablais, suivit le sort de cette province ; mais ce qui semblait devoir la relever fut au contraire pour elle une perte plus grande encore. Emmanuel-Philibert, qui faisait bâtir alors le fort de l'Annonciade, ayant ses finances fort délabrées, donna charge (par procure spéciale, faite à Seyssel, le 26 juillet 1569), au seigneur Gauthier, seigneur d'hôtel et maître de chambre en Savoie, d'aliéner pour 10,000 écus de son patrimoine, qui seraient affectés au payement des dépenses d'établissement du fort susmentionné. »

Notre jeune chroniqueur énumère ici les diverses ventes faites des biens de la Chartreuse. Il n'en resta que quelques débris de si peu de valeur, que le chapitre général de l'ordre les distribua, le 14 août 1576, entre les Chartreuses de Mélan et de Pommiers. « Et ainsi, ajoute-t-il, parut être consommée l'entière extinction de notre antique Chartreuse. »

Mais à Emmanuel-Philibert avait succédé, en 1574, Charles-Emmanuel Ier. Dom Curtet, prieur de la Chartreuse de Pommiers, comptant sur les bonnes dispositions du prince, lui demanda la restitution des biens de la Chartreuse de Vallon. Par patentes du 18 octobre 1599, il obtint pleine main-levée de tous les biens, droits et


revenus, tels qu'ils étaient possédés lors de l'invasion des Bernois.

Comme il était facile de le prévoir, ce fut la source d'une multitude de procès contre chacun des détenteurs.

Ce serait sortir du domaine de l'Académie, que de raconter les incidents et les péripéties qui se succédèrent jusqu'à la sentence définitive des délégués nommés pour connaître de cette affaire. Suivant leurs arrêts du 14 janvier et 8 décembre 1608, qui mirent fin à la contestation, ceux qui possédaient en vertu des albergements faits par les Bernois, furent condamnés à rendre les biens qu'ils tenaient, sans qu'il leur fût rien restitué sur le prix, ils les avaient obtenus à des conditions si avantageuses, que, par le moyen des fruits excédant le juste intérêt de 5 o/°, ils se trouvaient payés en ces quelques années de leurs sommes principales.

« Ce qui avait été vendu par Emmanuel-Philibert à un prix convenable, fut racheté aux possesseurs en conformité de ce qu'ils l'avaient payé.

« Par deux ordonnances du chapitre général de l'ordre, du 2 mai 1619, et du Père général Bruno d'Affringues, de l'an 1626, les rentes qui avaient été transférées aux Chartreuses de Pommiers et de Mélan furent rendues à leurs anciens possesseurs, les chartreux de Vallon. Ainsi cette Chartreuse se trouva de nouveau en pleine et paisible possession de toutes ses anciennes propriétés. »

La piété du duc Charles-Emmanuel ne s'en tint pas là ; citons quelques mots de la Fidelle relation de la fondation de la Chartreuse de Vallon, etc., curieux manuscrit du XVIIe siècle, possédé par M. de Foras: « COMMENT LE PARC DE RIPAILLE A ESTÉ DONNÉ A L'ORDRE.

« En ce temps Charles-Emmanuel, onzième duc de


Savoye, voulant gratiffier ledit ordre, luy donna le parc de Ripaille tout clos et environné de murailles, qui peut contenir environ cinquante journaux de terre et une petite demy lieue de circuit avec tous les bâtiments et mazures estans en iceluy à forme de ses patentes escrites en parchemin scellées du seau pendant en cire rouge données à Turin le douzième octobre 1623.

« Faut noter que tout ainsy que Vallon fut donné à l'ordre à l'instance d'Arducius Evesque de Genève, prélat digne d'heureuse et sainte mémoyre porté d'une singulière affection et bienveillance envers ledit ordre, de mesmele parc de Ripaille fut donné à l'ordre à l'instance et poursuitte fort particullière du B. François de Sales aussy Evesque de Genève qui au temps que la donation d'iceluy parc se treuve presque entièrement interrompue par divers événements de plusieurs mauvais affaires se rendit lui-mesme solliciteur dudit affaire tout auprès de S. A. que de l'ordre jouxtes ses lettres escrites à ce subjet à notre R. P. dom d'Affringues général de l'ordre. »

C'est en 1628 que le chapitre des chartreux consentit à transporter l'ancienne Chartreuse de Vallon dans le parc de Ripaille ; elle y resta jusqu'à la Révolution française.

Ripaille fut alors vendu comme bien national, et adjugé le 24 messidor an iv à Charles Amand ; celui-ci fit élection d'ami, le 4 vendémiaire an v, en faveur des citoyens Will.

Trolliet et Panchaud, qui le vendirent au général de division comte Dupas, par acte du 10 avril 1809, Arminjon notaire. Les fils du général Dupas possèdent encore aujourd'hui cette magnifique propriété.

Nous terminons ici cette analyse qui suffira, du moins, à montrer chez M. de Foras des études saines, sérieuses et sagement dirigées. L'Académie a voulu lui en témoigner


sa satisfaction, en lui décernant le titre de membre correspondant.

A l'histoire se rattache un autre ordre de travaux : nous voulons parler de la conservation des monuments historiques.

Avant l'annexion de la Savoie à la France, notre Académie avait cru qu'il lui appartenait de prendre dans son ressort l'initiative et la direction de cette croisade pacifique. L'œuvre était organisée dès l'année 1859. Elle n'a pas cru la devoir abandonner dès lors et la fondre dans la grande association dirigée par le vénérable et savant M. de Caumont.

En 1861 , elle a fait publier par son secrétaire-adjoint un programme de cette œuvre, avec une instruction détaillée sur les restaurations à entreprendre principalement dans les églises. Ce sont là, en effet, presque les seuls monuments, qui, dans notre pays, aient un caractère architectural. Elle en a mis un exemplaire à la disposition de chacun des curés de la Savoie.

Les préceptes, les conseils ne suffisent pas, il faut surtout des actes.

Entre les églises de notre ville, et disons même de la Savoie, l'une des plus anciennes, des plus curieuses et aussi des plus maltraitées, c'est, sans contredit, la crypte de Lémenc. Si nos conjectures ne nous trompent, la petite rotonde du baptistère et les parties avoisinantes appartiendraient au roman primitif, à la fondation de Rodolphe III de Bourgogne et de la pieuse reine Ermengarde, si ce n'est même à la période carlovingienne.

L'Académie a d'abord chargé une commission de la


visiter et de présenter un rapport sur les réparations à entreprendre. Sur le rapport rédigé par M. de Jussieu, inspecteur des monuments historiques pour le département de la Savoie, elle a alloué un subside pour le débadigeonnage des charmantes colonnes du baptistère, ainsi que pour une grille en fer destinée à protéger et ce baptistère et le groupe colossal de la descente de croix. Quelques détails de devis ont seuls retardé l'exécution de ces travaux.

En visitant la crypte, sous le chœur de l'église de Lémenc, les membres de la commission se sont enquis d'une autre crypte, ou chapelle sépulchrale creusée sous le cimetière de la même paroisse. Par une regrettable et récente bévue, sous le prétexte d'en soutenir la voûte qui menaçait ruine, on a coupé la nef par un grand mur, dans lequel on n'a pas même eu soin de ménager une porte, de manière que le chœur est devenu aujourd'hui inaccessible. Ce qui reste apparent permet de voir encore quelques sculptures d'un bon style ogival.

Avant de voter des fonds pour la restauration de ce petit monument, l'Académie tâchera de le faire explorer et de vérifier si le mérite artistique vaut les dépenses que nécessiterait ce travail.

En refaisant le pavé de l'église métropolitaine de Chambéry, le Chapitre en a extrait un grand nombre de pierres tumulaires, et les a fait replacer en dallage dans les cloîtres de l'archevêché.

L'Académie a présenté avec déférence quelques observations à ce sujet, et demandé que les dalles portant des inscriptions ou armoiries fussent dressées le long des murs des cloîtres, au lieu de rester dans un pavé exposées à une prompte détérioration.

Mgr Billiet a accueilli cette réclamation, et demandé un


membre de l'Académie pour procéder avec lui au classement et à la disposition des dalles, ce qui se fera prochainement.

Nous n'avons parlé jusqu'ici que des monuments de Chambéry ; or l'Académie tient à justifier son titre d'Académie de Savoie, et à étendre son action à tout ce qui compose notre vieille patrie.

Le 8 mai 186,1 , M. le docteur Mottard, président de la Société d'histoire et d'archéologie de Maurienne, nous écrivait pour signaler à l'attention de l'Académie une crypte qui doit exister sous le chœur de l'église cathédrale de Saint-Jean. Elle a été aperçue, en 1826, dans des réparations qui furent faites alors à l'église, et M. le chanoine Angleys la mentionne dans son histoire du diocèse. La Société de Maurienne offrait de se mettre à l'œuvre pour déblayer cette chapelle, si elle avait des fonds disponibles et si elle rencontrait aide et sympathie.

Cette proposition rentrait évidemment dans le programme de l'Académie ; aussi a-t-elb transmis aussitôt la demande de M. Mottard, soit à l'architecte diocésain, soit à l'inspecteur des monuments historiques, avec pressantes recommandations. Elle attend que ces fonctionnaires, dans les travaux projetés par l'Etat, en réparation de la cathédrale, aient pu dresser un devis des sommes à dépenser à la crypte, pour décider la part qu'elle en prendrait à sa charge de concert avec le gouvernement.

Dans le diocèse de Tarentaise, il reste un monument non moins remarquable, et qui serait d'une conservation plus facile : c'est la chapelle du prieuré de Saint-Martin, à Aime, charmant édifice du xue siècle, orné de fresques effacées et portant incrustées dans ses murs les plus belles inscriptions romaines que possède la Savoie.


Déjà en 1859, au jour de l'organisation de notre comité pour la conservation des monuments historiques, M. l'abbé Ducis, professeur au collége et membre correspondant de l'Académie, avait formulé une demande et transmis d'excellents croquis. On espérait que Mme Chenu, propriétaire de ces masures converties aujourd'hui en grange et bûcher, consentirait à les rendre au culte, et qu'on assurerait ainsi la bonne conservation du peu qu'il serait possible de sauver.

Malheureusement, ces espérances ont été déçues.

Mme Chenu, animée des meilleures intentions, n'a pu consentir valablement à une cession de propriété. On n'a pas avisé encore un moyen de concilier la restauration projetée avec les droits et les intérêts des propriétaires. Toutefois, c'est une négociation que l'Académie suivra avec toute l'activité, mais aussi avec toute la prudence dont elle est capable.

En parlant de monuments historiques, je ne puis oublier le monument projeté en l'honneur du président Favre, monument dont l'Académie a pris l'initiative et auquel elle a offert de concourir pour une somme de 10,000 francs.

Dès le 4 juin 1857, l'Académie de Savoie avait chargé une commission de s'entendre avec la municipalité pour l'érection de ce monument à l'une de nos gloires savoisiennes. Les événements politiques survenus dès lors ont interrompu les démarches; mais en 1861, la commission académique s'est remise activement à l'œuvre. Elle espère que le monument pourra être inauguré dans l'automne de 1863, au moment où le congrès scientifique de France tiendra à Chambéry sa session, dont nous aurons occasion de parler ci-après.


II.

SCIENCES.

L'Académie n'a pas une section distincte pour les sciences, mais plusieurs de ses membres, qui en cultivent les diverses branches, ont entretenu l'Académie de l'objet de leurs études.

M. le docteur Carret, appelé, comme médecin des épidémies, à donner des soins à une affection qui s'est déclarée, en février 1861 , dans la commune de Vimines, près de Chambéry, nous a communiqué le résultat de ses observations. Ce praticien n'y voit qu'une asphyxie due à l'usage de ces poëles en fer, qui, pendant l'hiver, sont employés dans toutes les habitations de nos campagnes.

Au mois de juillet, le couvent et pensionnat des dames de la Visitation de Lémenc est ravagé par une épidémie de la plus haute gravité. Le même médecin attribue ce fléau à un empoisonnement causé par l'emploi de l'essence de térébenthine dans les vernis de la chapelle du pensionnat.

Ces observations, ces conjectures, appellent des études comparatives. L'Académie n'aurait pu s'y livrer sans sortir de sa sphère. La Société médicale ne manquera pas de chercher la solution de ces problèmes si intéressants pour l'hygiène de nos contrées. Ce serait, en effet, une des plus précieuses conquêtes de la science, que d'arriver à assigner la cause et à prévenir les ravages de ces cruelles épidémies ; et c'est à ce titre que nous classons au premier rang les communications de M. le docteur Carret.

M. Ch. Calloud, chimiste de notre ville, membre agrégé


de l'Académie, s'est livré à de longues études sur l'analyse des eaux de la source de Versoye, près de Thonon. C'est lui qui a eu le mérite de faire connaître les vertus curatives de ces eaux, analogues à celles d'Evian, mais plus riches en principes minéralisateurs. Voilà un nouveau service rendu à l'humanité par les sciences chimiques, service auquel l'Académie, qui a eu la primeur de cette découverte, est heureuse de rendre justice. Elle a tenu à constater que l'invention de cette source minérale appartient bien exclusivement à M. Calloud. La ville de Thonon l'avait chargé d'analyser les eaux de Versoye, qu'elle se disposait à employer comme eaux potables. M. Calloud a vu, le premier, qu'elles contenaient tous les sels des sources d'Evian, et en outre quelques atômes d'un principe balsamique à odeur de vanille, analogue à l'acide benzoïque, qui n'est signalé dans aucune autre eau médicinale.

Le travail de M. Calloud ayant été livré à la publicité par la ville de Thonon, l'Académie n'a pu le rééditer dans ses Mémoires.

En revanche, elle publiera, dans un prochain volume, un travail consciencieux du même auteur sur l'ozone, étudié dans le serein, la rosée et les brouillards.

Une des sciences qui présentent le plus d'intérêt en Savoie, c'est sans contredit la géologie. L'Académie l'a embrassée également dans le cercle de ses travaux.

Dès le mois de janvier 1861, M. l'abbé Vallet, professeur de physique au grand-séminaire de Chambéry, a lu un Mémoire sur les terrains de l'infra-lias de Matringe en Faucigny, de Châtillon et de Sullens en Genevois.

C'est un étage nouvellement signalé en Chablais et dans la Haute-Savoie par M. Escher, de Zurich, et surtout par M. Alphonse Favre, de Genève. Facile à reconnaître


par son seul aspect, plus sûrement caractérisé encore par ses fossiles, il a l'avantage de former un horizon géologique sans pareil.

M. Vallet y a reconnu une foule de petits mollusques gastéropodes, presque microscopiques, indéterminés jusqu'à ce jour, et qui forment la partie réellement neuve de son mémoire.

Dans le courant des mois de juillet et d'août, M. l'abbé Vallet a eu la bonne chance de retrouver la même couche infra-liasique au cœur de la Maurienne, sous le Perron des Encombres, entre Saint-Julien et Saint-Michel, comme encore sur le haut des crêtes qui séparent la Maurienne de la Tarentaise, Mont-Denis de Saint-Jean de Belleville.

C'est un trait de lumière pour débrouiller le chaos de ces montagnes.

Enfin, le 7 septembre, en gravissant la pente du MontGenèvre, au-dessus de Césane, avec les membres du congrès géologique de France, il y a retrouvé le même horizon, la couche à avicula contorta. C'est la première fois, ainsi que le proclamait le savant professeur Studer, président du congrès, c'est la première fois qu'on a suivi une même formation sur les deux revers des Alpes.

Le mémoire de notre collègue, M. l'abbé Vallet, me fournit l'occasion de parler du congrès de la Société géologique de France, ouvert à Saint-Jean de Maurienne, le 1er septembre dernier, et qui marque une ère importante pour la science en Savoie.

En 1844, un congrès géologique s'était réuni à Chambéry, y avait été accueilli par notre Académie et y avait laissé les plus aimables souvenirs. Il s'occupait alors de classer les roches du Jura et les montagnes calcaires comprises entre cette chaîne et celle des Alpes.


Mais au cœur des Alpes gisait un problème alors réputé insoluble. Depuis l'an 1828, M. Elie de Beaumonty avait trouvé des plantes houillières de l'époque primaire de notre globe, associées à des débris de coquillages de l'époque secondaire. Il en avait conclu qu'il y a dans cette région une dérogation aux lois de paléontologie, un mélange de deux époques séparées ailleurs par des millions de siècles.

Pour ce savant, les plantes houillières, les couches d'anthracite qui les accompagnent, ne seraient pas de la houille véritable, mais un produit récent et sans importance au point de vue de l'exploitation industrielle.

De nombreuses protestations s'étaient élevées depuis longtemps contre cette sentence désespérante. Dans le volume IVe des Mémoires de l'Académie, je fis connaître une couche tertiaire nummulitique, située à Montricher, couche qui donne un démenti aux théories de M. de Beaumont.

Emue par cette découverte et par les sollicitations de M. Lory, mon excellent compagnon de course, la Société géologique a voulu venir vérifier solennellement le fait, et trancher la grande discussion pendante depuis 1828. De là, sa réunion à Saint-Jean de Maurienne.

Les découvertes de M. Vallet sont venues, à point nommé, fournir le fil conducteur dans ce dédale.

Tous les membres sans exception ont reconnu, entre Saint-Michel et Modane, une large et puissante formation de terrain houiller, aussi nettement caractérisé que dans les bassins de la Loire ou de la Belgique. Seulement la houille, au contact d'une chaleur anormale, a perdu son bitume, son élément volatile ; elle s'est réduite en anthracite d'une combustion plus lente, plus difficile, mais non moins riche en carbone. Si le produit altéré ne se prête


pas à tous les usages de la houille, il n'en est pas moins un précieux combustible. Au point de vue de la science, il n'en est pas moins incontestablement le contemporain des houilles de Saint-Etienne, des anthracites de La Mure.

Aussi, en prononçant la clôture du congrès, M. Studer a-t-il pu dire : Dès à présent il n'y a plus dans les Alpes ce terrain équivoque désigné jusqu'ici provisoirement sous le nom d'anthracifère. Ce nom doit disparaître de la science, il n'y a plus que du terrain houiller.

Des deux côtés de la formation houillère, la précieuse découverte de M. Vallet a permis de reconnaître le trias recouvert par l'infra-lias. Ces deux terrains, renversés et repliés sur eux-mêmes au Perron des Encombres, y enveloppent le lias qui contient les beaux fossiles signalés par M. Sismonda. Ensemble ils sont rejetés par-dessus le nummulitique. C'est un des renversements les plus étranges, mais en même temps des mieux prouvés que présentent nos montagnes.

Je ne veux pas anticiper sur les comptes-rendus qui seront publiés par la Société géologique; mais je ne pouvais laisser passer un événement aussi capital pour la science en Savoie, sans le consigner dans ces éphémérides.

Je dois dire surtout, à l'honneur de notre Académie, que son secrétaire perpétuel et M. l'abbé Vallet ont été au nombre des vice-présidents, et le secrétaire-adjoint de l'Académie a été l'un des secrétaires du congrès géologique. Plusieurs de ses membres agrégés et honoraires ont suivi les séances.

Indépendamment de cette grande solennité, dont la préparation a dû absorber pendant l'année les études de nos géologues, l'Académie a reçu encore une communication intéressante a un autre point de vue.


Le 21 juillet 1861, en visitant les grottes qui dominent le lac d'Annecy, dans la jolie propriété de M. l'architecte Ruphy, entre Menthon et Talloires, j'y ai remarqué des débris d'ossements engagés dans un tuf calcaire et mêlés à des cailloux roulés. Ce sont des cavernes à ossements, et, si je ne me trompe, les premières qui aient été décrites en Savoie.

N'ayant pu y consacrer que quelques minutes de promenade, j'ai prié M. Revon, conservateur du musée d'Annecy, de continuer les fouilles. J'ai communiqué ces observations, le 27 juillet, à l'Académie, qui a bien voulu ouvrir un crédit pour cet objet.

Voici ce que m'écrivait M. Revon, le 1er août, en m'adressant une caisse d'ossements : « Je viens de remettre à la diligence une boîte contenant le résultat de nos fouilles. Le crâne humain était poussé dans une anfractuosité au fond de la première grotte avec le débris de brique romaine et des cailloux roulés, dont l'un avait envahi l'intérieur de la boîte crânienne. Tout cela était mêlé à de la terre limoneuse, amenée jadis par le lac.

« Quelques os, surtout ceux de chat, étaient disséminés à la surface du sol, au fond de la troisième grotte. Celle-ci contenait la plupart des gros ossements, les uns presque à la superficie, les autres enfoncés de près d'un pied dans une couche de limon et toujours dans des couloirs étroits.

« La deuxième grotte était pauvre.

« Les tout petits ossements proviennent de la première grotte, où nous avons trouvé en outre beaucoup de graines rongées, dont je vous envoie des échantillons ; de petites helix analogues à la plebeia accompagnaient la terre.

« J'espère pouvoir compléter dans quelque temps ces recherches, si cela peut vous être agréable. »


Ce qui fait l'intérêt de cette découverte, c'est qu'on y trouve la trace des premiers habitants de nos pays. Ces ossements sont probablement ceux des troglodytes qui en ont disputé le sol aux bêtes féroces, ils peuvent jeter quelque jour sur cette période de transition entre les âges géologiques et l'apparition de l'homme civilisé ; sur l'âge de la pierre, l'âge des habitations lacustres, qui sont aujourd'hui l'objet de si curieuses recherches.

Ainsi dans les grottes de Talloires, des ossements humains sont mêlés à des os d'animaux divers. A quelle race appartenaient ces hommes? Ne trouvera-t-on aucun débris d'industrie, d'armes, d'ustensiles qui nous donne l'état de leur civilisation? Par quel événement leurs os ont-ils été entassés dans ces cavernes ; y ont-ils été traînés par l'animal carnassier qui a rongé leurs cadavres? Comment y ont-ils été agglutinés pêle-mêle avec les cailloux roulés du lac? Parmi les ossements d'animaux, nous avons reconnu des os de félide, un tibia de coq, une dent de porc. Mais ne trouvera-t-on aucun débris d'espèces aujourd'hui éteintes, et alors contemporaines des premiers hommes ? En creusant plus avant dans les grottes, n'arrivera-t-on pas à une époque antérieure à l'homme, où ces espèces régnaient seules dans nos forêts ?

On le voit, ces quelques os enfouis dans une fente de rochers touchent aux problèmes les plus ardus de la philosophie. M. le professeur Pictet, de Genève, a bien voulu se charger de les étudier à ce point de vue, pendant que nous continuerons, dès que nos loisirs nous le permettront, l'exploration des grottes.

Je crois avoir démontré, par cet exposé succinct, qu'à côté des sociétés spéciales d'histoire et d'archéologie, de


médecine, d'histoire naturelle de notre ville, l'Académie de Savoie n'a point failli à sa tâche.

Pour terminer par la plus utile et la plus noble des sciences j'ajoute que, de concert avec la Société centrale d'agriculture de Savoie, elle a dû s'occuper encore d'études agricoles.

Le bienfaiteur vénéré de notre pays, M. le comte PilletWill, lui a remis une somme de 6,000 francs qu'il voulait consacrer à l'amélioration des instruments de culture en Savoie. L'Académie a cru que ce serait mal répondre à ce vœu patriotique, que de se contenter de réunir en musée les instruments de culture; que cette froide exhibition exercerait une médiocre influence sur l'outillage de nos paysans.

Dès l'année 1860, elle a essayé d'un autre système : elle a employé le revenu de ce capital à acheter des instruments perfectionnés des meilleures fabriques, et à les répandre à moitié prix dans la Savoie.

Pour l'année 1860, elle a distribué dix-huit charrues Grignon n° 3, deux charrues Armellin, deux hachepaille et deux coupe-racines. Elle a profité de la solennité du concours agricole de Chambéry, du 16 août 1860, pour inaugurer cette œuvre. Le résultat a été des plus satisfaisants, il en a été rendu compte dans sa séance du 10 janvier 1861. On a vu même avec satisfaction que la Société centrale d'agriculture, ayant à distribuer une subvention du gouvernement au concours agricole d'Albertville, du 30 novembre dernier, n'a cru pouvoir mieux faire que d'imiter ces distributions à moitié prix.

Seulement les charrues Grignon n° 3 se trouvaient trop faibles; l'Académie a voulu, pour 1861, essayer des charrues n° 4, plus coûteuses, mais bien plus puissantes et


pouvant même servir de défonceuses. Elle en a fait venir neuf au prix de 600 francs, et pour la distribution s'est associée encore à la Société centrale d'agriculture. Elle a désiré contribuer à l'éclat du concours d'Albertville en y joignant cette prime.

Dans ces achats faits à Grignon, sa pensée n'est point de s'attacher à une manufacture spéciale, dirigée par un de nos compatriotes les plus distingués, M. Bella ; elle a voulu seulement faire des essais pratiques dans les divers sols de la Savoie avec un grand nombre de charrues perfectionnées. Elle a prié les personnes qui ont suivi ces essais de lui adresser leurs observations, afin qu'elle fixe son choix avec connaissance de cause sur quelques-uns des types les plus avantageux.

Alors elle s'adressera aux fabricants de notre pays ; tâchant ainsi d'encourager à la fois et l'industrie et l'agriculture.

CONCOURS.

L'Académie de Savoie est chargée, presque chaque année, de mettre au concours des sujets tantôt de science, tantôt de belles-lettres ou tantôt de peinture. Il me reste à exposer ce qu'elle a fait, durant la période qu'embrasse ce Compte-rendu, pour répondre à la confiance des fondateurs. Ce n'est pas la partie la moins délicate de ma tâche.

Dès 1859, l'Académie avait proposé, pour la fondation du général comte de Loche, une question scientifique des plus intéressantes : c'était la statistique d'une partie de la Savoie, fût-ce même d'une seule commune. Les mémoi-


res devaient être remis avant le 1er décembre 1860. Le prix était de 750 francs.

Un seul concurrent s'est présenté, son mémoire a pour titre : Monographie de la Basse-Maurienne, 1re partie.

C'est un résumé intéressant de l'histoire d'Aiguebelle.

Mais l'auteur, préoccupé exclusivement d'études archéologiques , ne s'est pas conformé au programme tracé par l'Académie. Il ne fournit aucun renseignement sur le climat, la géographie physique, l'histoire naturelle , l'agriculture , l'industrie, le commerce, la population, les institutions, en un mot sur la statistique de la région.

Tout en rendant justice au zèle de l'auteur de cette notice et à ses laborieuses recherches, l'Académie n'a pu lui décerner le prix. Ce travail a, d'ailleurs, trouvé sa place plus naturelle dans les publications de la Société d'histoire et d'archéologie de Maurienne.

Le concours de poésie de la fondation Guy, ouvert en 1860, a donné un bien plus grand nombre de concurrents.

Le sujet était un conte ou une nouvelle en vers, au choix du concurrent, mais dont la scène se passerait autant que possible en Savoie. Au prix de 400 francs, l'Académie avait ajouté, sur ses fonds, deux médailles de 200 francs.

Si, en poésie, la quantité pouvait suppléer la qualité, nous aurions lieu d'être satisfaits. Seize poètes ont répondu à l'appel de l'Académie, et nous ont envoyé presque tous quelque naïve légende de leurs vallées.

Ainsi, l'auteur du poème qui a obtenu le prix *, nous a conté une charmante tradition sur l'origine du lac d'Aiguebelette.

La plaine occupée par le lac était autrefois une riante

4 M. l'abbé Brachet, vicaire de Novalaise.


vallée avec un village au milieu. Un vieux mendiant, dans une nuit de tempête, a frappé inutilement à bien des portes, il a été brutalement repoussé.

Une veuve était là, seule dans sa chaumière, Aux pieds du crucifix récitant le rosaire Afin que Dieu guidât les pas du voyageur, Et soutînt sur les flots la barque du pêcheur; Que son doigt protégeât la cabane déserte, Aux vents de la tempête à moitié découverte.

Ce ne fut pas en vain qu'il frappa cette fois, La veuve ouvrit faisant le signe de la croix.

A venir s'abriter sans crainte, elle l'invite.

On devine le reste; le pauvre est un messager céleste. Le village inhospitalier est englouti sous les eaux, comme Sodome et Gomorrhe. Il ne reste que deux îles, c'est le petit champ de la veuve avec celui de sa fille. Naïf apologue, redit au coin du feu dans les veillées d'hiver, où l'enfant apprend à être charitable et à voir dans le mendiant qui passe un envoyé du Ciel.

Le temps a conservé ces gracieux ilôts, Où viennent se briser et murmurer les flots; Ils disent à celui qui connaît leur histoire, Que le verre d'eau froide au pauvre qui veut boire N'est jamais oublié dans le Ciel, quand la mort Donne un bonheur sans fin au juste qui s'endort.

Si la morale est irréprochable, on voit, par ces quelques vers pris au hasard, qu'il n'en est pas de même de la poésie; tant s'en faut 1 Aussi, est-ce à regret que l'Académie a dû couronner cette composition. Elle a constaté que jamais les concurrents n'avaient été plus faibles.

« Le positivisme, comme disait le rapporteur de la com« mission, le positivisme gagne jusqu'à la jeunesse, et « menace d'étouffer l'étincelle poétique, même au sein de


« nos montagnes, où un asile inviolable semblait devoir « être assuré aux muses. »

Je voudrais citer aussi quelques fragments d'une jolie légende qui a mérité la seconde médaille. C'est le Vieux Misère, un de ces récits enfantins, que l'auteur, en gardant ses moutons, entendait raconter aux petits bergers de son village1, et qu'il a su parer de traits spirituels et de jolis vers.

Près des rochers à pics et des rives profondes, Où Leysse en écumant roule ses blanches ondes, Sur les flancs ombragés d'un rapide coteau, On voyait autrefois s'élever un hameau.

Déjà, si l'on en croit la chronique indiscrète, Du Diable, largement la part s'y trouvait faite.

Déjà, sans trop ici calomnier les gens, Leur temps n'était pas mal semblable à notre temps.

Alors, comme aujourd'hui, bien que l'argent fût rare, Notre hameau comptait plus d'un richard avare.

Ouvert chaque dimanche, un méchant cabaret Y vendait chèrement son mauvais vin clairet.

Le luxe envahisseur, sorti des grandes villes, Inventant tour à tour mille modes futiles , Rongeait, sans les polir, nos rudes paysans.

Les enfants goûtaient peu le joug de leurs parents , Les filles commençaient à devenir coquettes, Et parfois, en dansant, sanctifiaient les fêtes.

Maintes langues d'aspic, en frais dès le matin, Sur Jacques et sur Paul distillant leur venin, Brouillaient tout le quartier, et parmi les plus sottes Figuraient, sauf erreur, trois ou quatre dévotes.

Il y a là le germe d'un vrai poète, et une fine pointe de satyre. Ce poème a mérité la deuxième médaille.

La première médaille a été adjugée à l'auteur d'une légende de la vallée de Boëge, le Saut de la Pucelle, légende

1 M. l'abbé Fenestraze, professeur de philosophie au collège de Rumilly.


qu'on trouve en tous pays où les montagnes se coupent en rochers abrupts. La tradition , ou plutôt l'imagination y place une chaste pastourelle, poursuivie par un impudique chevalier. Pour sauver sa vertu, la bergère se précipite dans le gouffre, où elle arrive saine et sauve, grâce à une protection miraculeuse. Voici le portrait de la pastourelle :

Née au sein de ces bois, dans un humble chalet, De ses parents vieillis, objet de sa tendresse, Sylvie était l'espoir, le bâton de vieillesse.

Des vaches de son père, elle trayait le lait, Et guidait les troupeaux dans la verte campagne ; Egayant les échos de ses jeunes accents.

Et grandie au milieu des fleurs de la montagne, Elle était elle-même une humble fleur des champs Aussi fraîche, aussi pure, aussi candide encore.

On sent dans cette pièce percer une belle âme, d'heureux instincts. Hélas! c'était le dernier rêve d'un pauvre enfant aux prises avec un mal inexorable i. Combien de fois il a dû caresser sa fiction gracieuse dans ses cruelles insomnies, dans ses longs jours de fièvre? Quelques jours plus tard, l'Académie distribuait ses palmes, le pauvre enfant n'était déjà plus, et la couronne n'a pu être posée que sur sa tombe. Puisse-t-elle servir au moins à alléger la juste douleur de ses parents I En 1861, la même fondation Guy appelait au concours non plus les poètes, mais les peintres. L'Académie avait laissé le sujet au choix des concurrents, et au prix de 400 francs du fondateur, elle avait ajouté, sur ses fonds particuliers, une médaille de 200 francs à l'exposant qui

1 M. Carret Claudius-Virgile.


se serait le plus distingué dans quelque partie des arts graphiques, autres que la peinture à l'huile.

Ici l'Académie n'a pas été plus heureuse que pour la poésie. Fort peu de tableaux ont été présentés : parmi eux, deux paysages ont seuls] attiré l'attention. Un moulin entouré d'arbres, avec une délicieuse pièce d'eau sur le devant, a enlevé tous les suffrages. Il était de M. Claude Hugard, de Cluses, élève de Diday, fixé depuis plusieurs années à Paris , où il a peint entre autres les admirables scènes qui décorent le grand escalier de l'école des mines.

M. Claude Hugard, membre correspondant de notre Académie , a déjà deux fois remporté le prix de nos concours.

A côté de la peinture à l'huile, deux artistes de genres bien différents avaient répondu à notre appel et envoyé leurs œuvres à notre exposition. M. Vallet Jean, sculpteur et professeur de modelage, y avait j présenté un buste de notre regretté collègue, M. Michel Saint-Martin.

M. Chamussi y avait exposé quelques-unes de ses jolies photographies. On y distinguait deux vues de la place Château de Chambéry fort bien réussies. Par malheur, le vent, en jouant dans les feuilles des arbres, au moment où ils posaient devant le photographe, a nui à la netteté de ce beau groupe de hêtres qui se marie si heureusement aux tourelles du Château. En revanche, plusieurs de ses portraits sont irréprochables. Les artistes les plus renommés n'ont produit rien de plus parfait que certaines épreuves, dont chacun nommerait les modèles.

Entre ces deux concurrents, tout en accordant à M. Chamussi de justes éloges, l'Académie ne pouvait hésiter.

M. Chamussi n'est pas Savoisien, il se trouvait exclu par le vœu du fondateur et l'art. 6 du programme. La médaille a été, en conséquence, adjugée à M. Vallet.


pour se] mieux2 pénétrer de la pensée de M. l'avocat Guy, fondateur de ces prix de peinture et de poésie, l'Académie a voulu remonter aux titres mêmes de fondation, à la correspondance [échangée, à ce sujet, entre lui et la ville de Chambéry. Elle¡y: a vu que, sans contrevenir aux vœux du fondateur, elle pourrait introduire, à l'avenir, une légère modification dans son programme.

En effet, M. Guy avait d'abord proposé de fonder un prix annuel de poésie; c'était trop présumer de la fécondité de nos muses savoisiennes. Les syndics de la ville le lui représentèrent, en lui proposant de consacrer une partie de la somme à fonder des prix pour la peinture et le dessin, dont il existe des écoles dans notre ville. M. Guy se rendit à ces observations, et consentit à alterner entre la poésie et la peinture, jusqu'au jour, du moins, où Chambéry aurait une fondation spéciale pour les prix de peinture.

Il ressort de cette correspondance que la municipalité entendait favoriser ses écoles de dessin et de peinture, dont les élèves manquaient d'encouragement. Elle pensait que la [fondation de M. l'avocat Guy viendrait, tous les deux ans, les inviter à exposer leurs travaux, et mettre en relief leurs succès.

En effet, dans une ville de 18,000 âmes, il serait téméraire de viser à ces tournois entre peintres renommés, à ces fêtes artistiques que peuvent seules tenter les capitales. Exercer un salutaire patronage sur nos écoles, distinguer les jeunes gens en qui couve l'étincelle sacrée, les encourager, faire connaître leur nom et leurs œuvres, c'est là ce que demandait la municipalité de Chambéry, ce que nous prescrivait M. Guy. C'est là que se borne la tâche de notre Académie.

Aussi a-t-elle arrêté [en 'principe que, dorénavant, elle


n'admettrait au concours que les seuls élèves, en écartant les peintres qui ne seraient inscrits à aucune école de dessin ou de peinture.

MOUVEMENT DU PERSONNEL.

En tête du volume de Mémoires de l'année 1860, on voit une longue et funèbre nomenclature des membres décédés pendant ces dernières années. La mort nous avait, en effet, frappés à coups pressés, depuis la publication du dernier Compte-rendu.

L'année 1 861 ne nous a enlevé aucun membre effectif ; mais parmi nos correspondants, nous avons perdu un jeune minéralogiste d'un grand savoir et du plus bel avenir, M. Joseph Hugard, chevalier des Ss. Maurice et Lazare, aide de minéralogie au muséum d'histoire naturelle de Paris, et frère de notre lauréat du concours de peinture.

Né à Cluses, le 15 mars 1819, d'une famille des plus honorables, quoique peu fortunée, Joseph Hugard avait suivi la carrière de la médecine. Il était sur le point de se présenter au doctorat, lorsque sa passion pour les sciences naturelles l'entraîna à Paris.

Dès son arrivée, en 1841, il fut employé au laboratoire de minéralogie du muséum , et bientôt son mérite l'y fit attacher en qualité d'aide.

Il fut chargé, en 1847, de la détermination et du classement cristallographique de la collection du muséum. Un mémoire sur les formes cristallines de la strontiane sulfatée , présenté à l'Académie des sciences en 1850, atteste la profondeur de ses connaissances. (Comptes-rendus de l'Académie des sciences, 1850, séance du 5 août 1850.)


Dans ce mémoire, M. Hugard fait une remarque intéressante, qui avait attiré déjà l'attention de M. Niklès, et semblerait confirmer ses prévisions ; c'est que la présence de corps étrangers dans une substance minérale peut, non-seulement modifier la forme cristalline, ce qui était connu depuis longtemps, mais encore changer la valeur des angles.

M. Dufrénoy, dans le rapport qu'il a présenté sur ce mémoire (Compte-rendu, 1850, 2e semestre), conclut en ces termes : « Le mémoire de M. Hugard est une mono« graphie complète de la strontiane sulfatée; il y a fait « connaître plusieurs formes nouvelles, dont il a mesuré « les angles et établi les lois de dérivation. Ce genre de « travail, qui exige une connaissance complète de la cris« tallographie, ainsi que beaucoup de sagacité, forme la « véritable base de l'étude de la minéralogie et ne saurait « trop être encouragé. Vos commissaires vous proposent, « en conséquence, de remercier l'auteur de sa communi« cation et de l'engager à persévérer dans sa voie d'obser« vation, si féconde pour les sciences naturelles. » Ces conclusions ont été adoptées par l'Académie.

En 1855, il publia, à l'occasion de l'exposition universelle de Paris, un Catalogue, guide aux collections de minéralogie et de géologie du muséum.

Dès cette même année 1855, M. Dufrénoy, professeur de minéralogie, avait désigné Hugard pour son suppléant, et pendant plusieurs années, notre jeune compatriote s'est acquitté avec le plus grand succès de cette honorable fonction.

Vers la même époque, M. Dufrénoy songeait à publier une deuxième édition de son Traité de minéralogie, il choisit encore M. Hugard pour son collaborateur.


Infatigable au travail, il publiait à la fois avec M. A.

d'Orbigny les éléments de paléontologie stratigraphique, il traduisait le Manual of elementary geology, de Ch. Lyell, et l'enrichissait de notes nombreuses, qui ont obtenu l'approbation de l'auteur.

Honoré d'une mission du gouvernement dans le Tyrol, il présenta, à son retour, à l'Institut une description complète de la dolomie de Binn. (Comptes-rendus de 1858, 1er semestre.) Il avait composé, et se disposait à publier un ouvrage intitulé : Essais au chalumeau, où il traçait le moyen de reconnaître, par le seul emploi du chalumeau, toutes les substances minérales.

Mais un ramollissement du cerveau, causé par l'excès de travail, vint le surprendre et l'arrêter au début d'une carrière qui s'annonçait si brillante.

M. Hugard était membre correspondant de l'Académie de Savoie, depuis le 1 er juin 1855, et de celle de Turin, depuis le 14 juin 1857.

Après ces quelques lignes consacrées à la mémoire d'un collègue et d'un ami, je dois dire maintenant comment l'Académie a cherché à combler les vides que la mort a faits, depuis plusieurs années, dans ses rangs.

Elle a reçu au nombre de ses membres effectifs, le 11 avril 1861 , M. Zevort, chevalier de la Légion d'Honneur, vice-recteur de l'Académie de Savoie, et le 16 mars suivant, M. Alexis de Jussieu, officier d'Académie, archiviste départemental, correspondant du ministère de l'instruction publique en Savoie, et inspecteur des monuments historiques.

Nous ne résistons pas au plaisir de reproduire le discours de réception du nouvel académicien. C'est à la


fois un document précieux pour l'histoire de nos archives.

Il s'est exprimé en ces termes : « MESSIEURS , « Je suis doublement heureux, comme homme et comme fonctionnaire, de l'insigne honneur que vous avez bien voulu me faire en m'ouvrant, avec tant d'empressement , les portes de votre docte assemblée, et mes premières paroles, dans cette enceinte, seront pour vous exprimer, à ce double point de vue, ma profonde reconnaissance.

« Le titre de membre effectif de l'Académie impériale de Savoie est de ceux que doivent ambitionner tous les travailleurs sérieux et dévoués à la science, de ceux enfin qu'un Jussieu doit être particulièrement flatté de recevoir, et je sens , croyez-le, Messieurs , toutes les honorables obligations qu'il m'impose.

« Sans doute, Messieurs, mon principal titre à vos yeux, n'a pu être que mon dévouement qui est grand, et mon amour du travail, mon culte pour la science qui constitue le plus précieux héritage moral que m'aient laissé les hommes savants dont je suis fier de porter le nom. Pius atavis t telle est la devise de mes armes ; tel est notre cri de ralliement dans le champ des conquêtes pacifiques, où se sont illustrés les Antoine et les Bernard de Jussieu.

« Mais, si le témoignage de haute estime que vous venez de me donner, comme homme, m'a profondément touché, le fonctionnaire n'en a point été surpris. La mission que l'administration supérieure m'a confiée dans votre département, est de celles qui appelaient et qui étaient sûres d'obtenir les plus éclatantes sympathies de votre savante compagnie.


« L'histoire nationale, Messieurs, est pour tous les hommes d'un même pays , une sorte de propriété commune ; c'est une portion du patrimoine moral que chaque génération qui disparaît lègue à celle qui la remplace.

Aucune ne doit la transmettre telle qu'elle l'a reçue; toutes ont pour devoir d'y ajouter quelque chose en certitude et en clarté. Ces progrès ne sont pas seulement une œuvre littéraire noble et glorieuse : ils donnent, sous de certains rapports, la mesure de la vie sociale d'un peuple civilisé, car les sociétés ne vivent pas seulement dans le présent ; il leur importe de savoir d'où elles viennent. pour qu'elles puissent voir aussi où elles vont.

« D'où venons-nous? Où allons-nous? Ces deux grandes questions, le passé et l'avenir des nations, nous préoccupent maintenant, à ce qu'il semble, au même degré.

Moins tourmentés de la seconde , nos ancêtres, au moyen âge, l'étaient parfois de la première. Il y a bien des siècles que l'on tente incessamment de la résoudre, et les solutions bizarres, absurdes, n'ont pas manqué. Celui qui étudie l'histoire de son pays dans les livres innombrables dont elle a été le prétexte, s'arrête tout d'abord effrayé de ce chaos de traditions et d'opinions discordantes, et cherche, souvent en vain, à reconnaître par quelles transformations successives, par quelles fluctuations du faux au vrai, de l'hypothèse à la réalité, la notion des origines a passé pour arriver jusqu'à nous.

« Le grand défaut de la plupart des ouvrages historiques consiste en ce que leurs auteurs ne se sont pas toujours suffisamment préoccupés du degré d'authenticité des sources auxquelles ils puisaient. Tous ne sont pas pénétrés de ce principe, que c'est au moyen des histoires locales et des monographies qu'on doit écrire l'histoire


générale, et que c'est dans les titres manuscrits, dans les archives publiques et privées, qu'on doit prendre les éléments des histoires locales.

« Un examen rapide de la composition de ces archives suffit, en effet, pour faire sentir les ressources précieuses et trop longtemps méconnues qu'elles renferment.

« Permettez-moi, Messieurs, de faire avec vous cet examen qui me conduira directement à vous parler des archives départementales en général, et après vous avoir fait connaître les principaux faits qui ont amené leur formation, je vous montrerai les mesures intelligentes qui ont pourvu à leur organisation administrative et qui me paraissent devoir présenter pour vous, Messieurs, un certain intérêt.

« C'est dans les cathédrales, les collégiales et les abbayes que les titres les plus anciens ont été conservés. En effet, jusque vers le XIIe siècle, les maisons religieuses seules eurent des archives à demeure. Mais, bien que tous les , actes relatifs au spirituel soient renfermés dans les chartriers et les cartulaires religieux, ils ne forment pas la partie la plus importante de ces collections; et si l'on veut bien envisager quel a été le rôle du clergé dans les temps anciens du moyen âge, si l'on se rappelle que les monastères ont été les foyers de la science au milieu de la barbarie ; qu'ils ont reçu en propriété d'innombrables domaines avec toutes les prérogatives seigneuriales et politiques ; qu'ils ont pu traiter avec les princes et avec les rois, on appréciera quelle importance doivent offrir des archives qui renferment les dépôts des monuments écrits laissés par ces corps puissants. Les titres publics s'y trouvent à côté des titres privés, et l'histoire civile de la société, dans les époques primitives de nos annales,


n'a guère laissé de traces authentiques que les diplômes et les titres peu nombreux que contiennent les anciens chartriers ecclésiastiques.

« Mais vers le xue siècle, après que la féodalité eut fondé ses châteaux, que les villes eurent commencé à conquérir leurs franchises, que les dynasties souveraines des provinces se furent assises, les documents de diverses natures relatifs au développement social s'entassèrent également dans les chartriers seigneuriaux, dans les archives des chambres des comptes, dans celles de tous les corps administratifs et se multiplièrent rapidement par les mains des tabellions et sous l'influence des juridictions nouvellement organisées. Et pour ne prendre qu'un exemple qui présente, pour la Savoie, un à-propos tout particulier ; la juridiction des chambres des comptes s'étendait sur tout ce qui était relatif au domaine et aux droits du souverain et atteignait les évêchés, les bénéfices ecclésiastiques, les couvents, le clergé, la noblesse, les fiefs, les droits seigneuriaux, le trésorier général, les baillis, les châtelains, les notaires, les receveurs des communes, etc.

Toutes lettres patentes de concession de noblesse, d'apanage , de fief, de privilèges, de collation de bénéfices ecclésiastiques, de droits divers de haute ou basse juridiction, d'affranchissement, d'établissement de foires, de marchés, de fabriques ; de nominations à divers emplois, etc., devaient, pour leur validité, être entérinées par la chambre des comptes et transcrites, in extenso, dans ses registres. Tous les comptes des trésoriers, baillis, châtelains, receveurs, etc., étaient par eux très exactement rendus, chaque année, par devant la chambre des comptes, et également consignés dans ses archives. Vous le voyez, Messieurs, et j'avais raison de le dire en commençant, tout


le passé d'un pays est dans ses archives, et il est particulièrement à regretter que la Savoie ait été injustement dépouillée de celles de son ancienne chambre des comptes et de bien d'autres encore.

« Quel que soit le genre de documents, l'histoire et l'économie publique peuvent y puiser des détails et des aperçus féconds. Les titres ecclésiastiques, les papiers féodaux, les pièces comptables elles-mêmes, révèleront à des investigations érudites et intelligentes une foule de faits précieux et importants : transformations successives de la langue, législation et coutumes, état des personnes et des propriétés, développement de l'agriculture et de l'industrie, valeur des terres et des productions, impôts, mesures et monnaies anciennes. Tout est richesse, en un mot, dans ces précieux débris d'un autre âge, depuis le diplôme royal jusqu'au legs fait par un serf à son seigneur; depuis la grande bulle jusqu'à l'assignation donnée par un curé de campagne au sujet de sa dîme; depuis l'ordonnance de réforme du royaume, jusqu'à l'ordonnance de police des anciennes juridictions.

« Le bon ordre des archives est donc, pour ainsi dire, l'instrument et la préparation de tous les travaux d'intérêt national.

« En France, les hommes d'Etat du grand siècle l'avaient bien compris. Colbert et d'Aguesseau avaient conçu le projet d'une collection générale de tous les documents relatifs à l'histoire et au droit public du royaume. Ces travaux, dont ils ne purent qu'entamer l'exécution, reçurent, particulièrement sous le règne de Louis XV, une forte impulsion qui se soutint jusqu'en 1790. Les Etats des provinces et le Corps du clergé s'y associèrent par des votes de fonds ; les chartriers des villes et de tous les


établissements publics ou privés furent mis à contribution. On rédigea des instructions pour les Bénédictins et autres savants chargés de la collection des anciennes chartes; des circulaires aux intendants des provinces. Le roi accorda des lettres de noblesse, des cordons, des exemptions de droits pécuniaires, des préférences à des emplois vacants , fondées sur le seul concours à ces travaux. Enfin, un bureau littéraire fut créé. Il représentait alors le Comité historique, qui a été formé depuis par le ministre Guizot, et qui subsiste encore aujourd'hui sous le nom de Comité des travaux historiques et des sociétés savantes. Les séances de ce bureau étaient régulières, il avait des correspondants, et il comptait parmi ses membres des hommes qui ont laissé un nom illustre dans les sciences historiques. C'est ainsi qu'on sut pourvoir à tous les besoins, créer, comme par enchantement, et faire grandir à vue d'reil, une des plus vastes et des plus difficiles entreprises littéraires, inspirée pour l'honneur de la France, protégée par la munificence royale, dirigée par des ministres éclairés, et secondée par le concours de tous les hommes instruits d'une époque littéraire à jamais mémorable pour notre pays.

Neuf cents cartons ou portefeuilles, déposés maintenant à la bibliothèque impériale et renfermant, avec quelques inventaires d'archives qui dépendaient de l'autorité royale, des copies de titres extraites des archives des villes et des églises, des monastères, des compagnies judiciaires et des grandes maisons, ont été les fruits de cette vaste entreprise.

« Dans le but d'assurer la bonne direction des recherches , il avait été prescrit aux intendants des provinces de fournir des nomenclatures des dépôts d'archives qui


existaient dans leurs ressorts respectifs. Ces nomenclatures , quoique incomplètes à divers égards et même formant lacunes pour quelques régions, constataient néanmoins, vers l'année 1770, l'existence de 5,700 dépôts.

Dans ce nombre se trouvent signalés, indépendamment des archives des grandes souverainetés, des corps administratifs, des archevêchés et des évêchés, 1,700 abbayes, prieurés ou couvents, 394 chapitres ou collégiales, 1,780 maisons seigneuriales et 855 hôtels-de-ville.

« Il fut constaté enfin que la plupart de ces dépôts divers étaient dans un état remarquable d'ordre et de bonne tenue. Les anciennes corporations, afin de sauver de l'oubli ou de la destruction leurs actes précieux, les faisaient transcrire dans des cartulaires. Des précautions rigoureuses étaient prises contre l'infidélité ou l'incurie qui auraient pu atteindre l'intégrité des chartriers. C'était dans leurs châteaux les plus forts que les possesseurs des grands domaines faisaient placer les trésors de leurs chartes. Presque de tous temps, les chambres des comptes eurent des officiers spéciaux préposés à la conservation de leurs greffes. Les Etats provinciaux avaient fait inventorier et classer les archives provinciales. Enfin, les corps municipaux, non moins jaloux de conserver précieusement les titres de leurs franchises et les actes de 1 leur administration, avaient fait rédiger, avec une exactitude minutieuse, des inventaires qui se retrouvent encore aujourd'hui dans beaucoup de mairies.

« Telle était approximativement, Messieurs, la richesse historique manuscrite répandue sur le territoire de la France.

« Telles avaient été les principales mesures ordonnées par le gouvernement pour mettre en ordre et faire con-


naître les archives nationales, dans l'intérêt des études historiques, lorsque la Révolution de 1789 éclata.

« Vous parlerai-je des désastres de cette triste époque?

Hélas, Messieurs, je n'ai rien à vous en apprendre. Vous veniez de redevenir Français, lorsque parurent ces lois monstrueuses qui envoyaient au bûcher et aux arsenaux tous les titres dits féodaux, et qui malheureusement furent exécutées à Chambéry avec une rigueur, une frénésie et un aveuglement extraordinaires. Les archives de la Savoie contiennent encore de volumineux inventaires des titres précieux qu'une populace en démence a anéantis en quelques heures, et qui constituaient le testament moral de vingt générations.

« Ce serait une erreur cependant que d'admettre l'opinion, assez généralement répandue, que la Révolution, dans ses destructions systématiques, a fait disparaître en France la plus grande partie des archives. Sans aucun doute, les lois du 24 juin 1792, 17 juillet 1793 et 7 messidor an II, qui prescrivaient do brûler les titres nobiliaires ; celle du 12 juillet 1793, qui autorisa les administrations à remettre aux acquéreurs des domaines nationaux les titres de propriété et de jouissances de ces domaines; les ordres qui furent donnés d'employer les parchemins des établissements religieux au service des arsenaux , ont concouru, avec la négligence des autorités, à dépouiller les archives de précieux documents , mais il s'en faut de beaucoup que ces influences se soient exercées d'une manière générale. Hâtons-nous de le dire, les funestes effets de l'exaspération ignorante et brutale du peuple contre tout ce qui lui rappelait l'ancien ordre de choses, furent heureusement atténués par des mesures prises avant et après les saturnales de 1792, dans l'intérêt de la


conservation des documents historiques, artistiques et littéraires que la suppression des anciennes administrations, la confiscation des biens d'émigrés et des biens ecclésiastiques avaient mis au pouvoir de la République.

« Par lettres patentes du 27 novembre 1789, il avait été prescrit à tous les monastères et chapitres où il existait des archives ou bibliothèques, de déposer, aux greffes des juges royaux ou des municipalités les plus voisines, des états ou catalogues des titres qui s'y trouvaient.

« En vertu d'une ordonnance royale du 20 avril 1790, qui fut exécutée assez exactement, les états provinciaux, assemblées provinciales, intendants et subdélégués eurent à remettre les pièces et papiers concernant chaque département, aux corps qui devaient leur succéder.

« Bientôt la suppression immédiate des juridictions financières, élections, greniers à sel, juridictions des traites, grueries, maîtrises des eaux et forêts, juridictions et cours des monnaies et cours des aides, et la suppression des cours des comptes, décrétée en principe après qu'il aurait été pourvu à l'organisation du régime nouveau de comptabilité, mirent à la disposition des administrations nouvelles d'autres masses ] d'archives. (Loi du 41 septembre 1790.) « Il en fut de même des décrets relatifs aux biens déclarés nationaux. On remit au chef-lieu de chaque district * les titres et documents de toute nature que renfermaient les archives des maisons religieuses, abbayes, monastères, etc., concernant la propriété et l'administration de leurs biens.

« Plus tard, en vertu des lois qui .livrèrent à la nation

1 Loi du 3 novembre 1790.


les biens des émigrés, qui prescrivirent les séquestres, qui prononcèrent les confiscations sur les déportés, on entassa dans les districts1 les papiers d'un grand nombre de maisons seigneuriales, titres de noblesse , de propriété et de famille, plans et terriers de seigneuries, aveux et dénombrements de fiefs, généalogies, etc.

« La Convention nationale avait jugé nécessaire, dans l'intérêt de l'Etat2, de faire procéder à la reconnaissance de ces différentes archives. Une agence temporaire des titres fut créée, à l'effet de trier et de réunir, dans un seul dépôt, toutes les archives spéciales qui se trouvaient dans la capitale, et de rechercher, dans les départements, tous les titres et documents appartenant à l'histoire, aux sciences et aux arts, ou bien encore se rattachant aux domaines nationaux.

« Le décret du 7 mes&idor an il, concernant l'organisation des archives établies auprès de la Représentation nationale, portait, article 42, les prescriptions suivantes: « Le comité fera trier, dans tous les dépôts des titres, « soit domaniaux, soit judiciaires, soit d'administration , « comme aussi dans les collections et cabinets de tous « ceux dont les biens ont été ou seront confisqués, les « chartes et les manuscrits qui appartiennent à l'histoire, « aux sciences et aux arts, ou qui peuvent servir à l'in« struction, pour être réunis ou déposés, à Paris, à la « Bibliothèque nationale, et, dans les départements, à « celle de chaque district. »

« La loi du 5 brumaire an v décréta ensuite la réunion, au chef-lieu de chaque département, de toutes les archives

4 Loi du 25 novembre 1792.

8 Décret du 7 messidor an n.


qui avaient pu être rassemblées, en vertu des ordonnances précitées, dans les divers dépôts nationaux. Enfin, lorsque la France fut divisée administrativement en préfectures, en l'an VIII, on apporta dans toutes les résidences des préfets, les documents dispersés dans les dépôts des districts et des communes. Telle est, Messieurs, l'origine des Archives départementales, dont vous devez apprécier maintenant toute la valeur. Depuis cette époque, ces dépôts se sont accrus de tous les papiers que les différents services administratifs y remettent, lorsque la présence journalière de ces titres n'est plus nécessaire dans les bureaux. L'importance de cette seconde partie des archives départementales , la seule, du reste, à laquelle convienne réellement leur nom, peut être mesurée d'après la vaste étendue de l'administration civile et la grande multiplicité des intérêts qui s'y rattachent. Malgré les nombreuses variétés que peuvent offrir les développements plus ou moins considérables des diverses branches de l'administration, en raison de la valeur du sol, du génie des habitants, de la direction imprimée à l'industrie ou aux entreprises d'améliorations publiques, les archives départementales, sur quelque point de la France qu'on les considère , représentent l'état et le progrès administratifs dans le cours d'un demi-siècle de révolutions successives. Il suffit de parcourir un inventaire pour reconnaître que tous les progrès de l'administration et de la fortune du pays ont laissé leurs traces dans ces documents , dont le dépouillement attentif et raisonné ne peut manquer d'offrir la plupart des éléments d'une statistique complète, à partir de 1790. Or ce genre d'intérêt ne fera que s'accroître par le temps, à mesure que les actes de l'autorité, les documents de topographie et de statistique


locales, réunis en plus grand nombre, auront fourni à l'économie publique des faits plus multipliés et plus précis, et la matière de comparaisons plus étendues.

« Vous le voyez, Messieurs, c'est avec raison que M. le comte Duchatel, ministre de l'intérieur de France , et l'un de ceux qui ont le plus fait pour les archives départementales , appelait ces dépôts la partie la plus précieuse de la richesse mobilière des départements.

« Il serait trop long de vous détailler ici les décisions importantes, les instructions intelligentes , les sages mesures au moyen desquelles les archives départementales ont été amenées à l'état prospère, à l'état d'utilité immédiate qu'elles présentent aujourd'hui.

« Je me bornerai à rappeler la loi qui a rendu les dépenses du service des archives obligatoires pour les départements ; l'institution de l'école impériale des chartes, destinée à former des archivistes paléographes ; la création , au ministère de l'intérieur, d'un bureau spécial des archives départementales, chargé de surveiller, de diriger et de centraliser tout ce qui concerne ce service ; l'établissement d'une commission consultative permanente des archives départementales , établie près le ministre de l'intérieur , appelée à donner son avis sur toutes les questions et à proposer toutes les améliorations relatives au service ; enfin la nomination de quatre inspecteurs généraux des archives départementales, ayant mission de contrôler et de diriger les travaux des archivistes.

« Grâces aux méthodes d'ensemble et à l'unité de direction, ces travaux ont été considérables. Les historiographes ont puisé largement aux sources fécondes des collections départementales; et, tout en accomplissant la tâche laborieuse qui leur incombe, tout en introduisant


dans les dépôts confiés à leurs soins, l'ordre indispensable pour la promptitude et la facilité des investigations, les conservateurs n'ont rien négligé pour enrichir le domaine de l'histoire. Sans compter la rédaction d'un inventaire général des archives départementales dont la publication se prépare en ce moment, par ordre et sous la surveillance de M. le ministre de l'intérieur, et dont j'aurai à vous entretenir d'une manière détaillée, en vous parlant des archives de la Savoie, l'administration des archives a déjà publié l'inventaire général, par fonds, des archives départementales avant 1790, et l'inventaire détaillé des cartulaires de ces mêmes archives.

« Enfin, pour terminer ce long résumé historique sur les archives départementales, j'ajouterai que l'on peut estimer, d'après les divers renseignements statistiques réunis jusqu'à ce jour, que les 86 dépôts d'archives départementales que comprenait l'Empire français, avant le grand fait politique à la suite duquel j'ai pu avoir l'honneur de me trouver parmi vous, Messieurs, renfermaient environ 141,279 registres ou volumes, 943,361 chartes isolées antérieures au xvie siècle, 21,216 plans, 123,830 liasses ou cartons et 115 atlas.

« Il est bien temps, sans doute, Messieurs, que j'arrive à vous entretenir de vos propres affaires, et que je vous parle des archives de la Savoie, auxquelles je consacre, veuillez le croire, tout mon dévouement. Je ne puis mieux vous faire connaître leur état passé et présent, et l'avenir qui leur est préparé, qu'en vous donnant lecture du rapport réglementaire que j'ai adressé, au mois de décembre dernier, sur mon service, à M. le Préfet de la Savoie, qui l'a placé sous les yeux du conseil général. (Ce rapport est imprimé dans les procès-verbaux de la session du conseil général de Savoie, 1860.)


« J'ai fini, Messieurs. Vous connaissez un peu maintenant les archives qui méritent si bien de l'être et qui sont votre domaine, votre héritage naturel. Vous y viendrez souvent et vous y apprécierez bientôt, j'espère, les sentiments profondément dévoués et reconnaissants de celui qui vient d'essayer de vous démontrer combien il est fier de ses deux titres, dont il sent tout le prix, ceux d'archiviste et de membre effectif de l'Académie impériale de Savoie. »

M. le docteur Guilland, vice-président, lui a répondu en quelques mots improvisés, dont nous essayerons de reproduire le sens : « MESSIEURS, « La plus douce prérogative de la présidence d'une Académie, c'est, sans contredit, d'avoir à fêter la bienvenue des nouveaux élus. Mais c'est une vraie bonne fortune, quand ce nouvel élu est un de Jussieu, héritier de cinq membres de l'Académie française et de savants du premier ordre.

« Antoine de Jussieu, Bernard de Jussieu, AntoineLaurent, tous les trois botanistes du premier mérite.

« Adrien de Jussieu, auteur de la méthode.

« Joseph, docteur-médecin et naturaliste.

« Laurent-Pierre , député, moraliste, l'auteur du roman si populaire de Simon de Nantua.

« Alexis, conseiller d'Etat, philosophe et politique profond , auteur des Méditations sur la raison et sur la foi.

« Vous partagerez les regrets que cause aujourd'hui à l'Académie l'absence de son président, M. le marquis Costa de Beauregard. Petit-fils de l'un des historiens les plus distingués de la Savoie , historien et archéologue lui-


même, il vous eût suivi sur votre terrain, tandis que je ne puis que demander grâce pour mon incompétence:"« Dans une province annexée depuis huit siècles à l'Italie, et qui cependant a conservé toujours une vie locale si distincte, l'histoire provinciale a dû tenter bien des esprits. Je ne citerai pas les anciens auteurs que vous connaissez mieux que moi : Paradin, Guichenon, Buttet, Capré, Pingon, le P. Monet, le P. Monod, Besson, Grillet, etc., etc.

« De nos jours, l'histoire de Savoie ne compte pas moins de fervents adeptes : Ménabréa, de Costa, Monseigneur Billiet, Replat, Rabut, l'abbé Ducis, Bonnefoy, Jules Philippe, Dessaix, Dufour, Chapperon, etc.

« Le gouvernement sarde encourageait déjà les études historiques. Sous sa direction, se publient les Monumenta historiœ patriœ,. il accordait une subvention fixe à notre Académie, des subsides à la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie.

« L'annexion à la France aura pour effet d'imprimer encore plus d'unité, de méthode aux recherches historiques.

« L'institution des archivistes départementaux, votre nomination en cette qualité à Chambéry, sont des bienfaits justement appréciés.

« Par vous, Monsieur, le gouvernement de l'Empereur saura que l'Académie ne demande qu'à continuer son œuvre, avec une activité rajeunie dans la grande famille française. La Savoie est provinciale; si elle aime à voir où elle va entraînée dans le tourbillon des instincts modernes , elle aime aussi, fidèle à la devise de votre famille (pius atavis), à se rappeler d'où elle vient.

« De vous, l'Académie espère recevoir bientôt de nom-


breuses et savantes communications sur les richesses trouvées dans le dépôt confié à votre garde.

« Mais ce n'est pas seulement le fonctionnaire , ce n'est pas seulement le savant que je suis heureux d'introduire.

Presque profane dans la science des archives , je suis du moins compétent pour apprécier l'homme de cœur et serrer la main de l'ami. »

L'Académie a reçu au nombre de ses membres agrégés, le 44 juillet 1861 , M. Adolphe Fabre, président du tribunal de Chambéry ; Et comme membres correspondants : Le 6 décembre 1860, M. le comte Amédée de Foras, de Thonon, et M. Hardouin Michelin, de Paris, ancien conseiller référendaire à la Cour des comptes; Le 10 janvier 1861 , M. Alexis de Jussieu, le même qui a été reçu membre effectif le 16 mai suivant ; Le 7 février, M. l'abbé Grobel, supérieur du PetitSéminaire de La Roche ; M. Boltshauser, alors professeur de physique au lycée de Chambéry; Le 4 juillet, le duc Lancia di Brolo, de Palerme.

RELATIONS AVEC 'LES SOCIÉTÉS SAVANTES.

Depuis l'annexion de la Savoie à la France , l'Académie se fait un devoir de chercher à entrer en relation avec les Sociétés savantes de France.

Son premier soin a été de se mettre en rapport avec le centre naturel de toutes les Académies, le Comité des travaux historiques et des sociétés savantes. Elle a


adressé à S. Exe. le ministre de l'instruction publique, pour ce Comité, une collection de ses Mémoires. Afin de mieux connaître les diverses Sociétés françaises, elle lui a demandé l'envoi de la Revue des Sociétés savantes, publiée par ce Comité. Son Excellence s'est empressée de déférer à cette demande, elle nous a adressé dès lors et gratuitement cette Revue, qui résume presque tous les travaux historiques de la France.

En même temps, d'un autre point de l'horizon scientifique, nous est venu un bienveillant appel.

Le vénérable et savant M. de Caumont, président de l'Institut des provinces, a jeté les yeux sur Chambéry, pour y réunir une des prochaines sessions du congrès scientifique de France. Il a nommé M. le marquis de Costa membre de l'Institut des provinces et secrétaire général de la future session, qui a été fixée à l'année 1863.

Ce sera là, pour notre ville, une grande fête littéraire et scientifique, si cette session n'est pas trop indigne de ses devancières ; mais ce sera aussi un rude labeur, une lourde responsabilité. Dans ce tournoi de la science, il s'agira de montrer que la Savoie n'est pas inférieure à ses sœurs, que le nom de Savoyard peut être porté avec fierté, n'en déplaise aux graves rédacteurs du dictionnaire de l'Académie française. (Complément, VO Savoyard.) Notre Académie n'a pas de rôle officiel dans la session du congrès scientifique. Chacun de ses membres ne fera pas moins tous ses efforts pour apporter son obole au trésor national, et pour seconder notre digne président.

Entre les Sociétés savantes, celles avec qui il nous est plus essentiel d'entretenir de bons rapports, ce sont les autres Sociétés de notre ville, de notre pays.

La Société d'histoire naturelle a choisi pour son pré-


sident, cette année, M. le marquis de Costa, président de notre Académie. Les rapports les plus intimes n'ont cessé de relier les deux institutions. Dernièrement encore l'Académie, ayant reçu en présent des antiques trouvés à Détrier, les a fait placer dans le musée de la Société d'histoire naturelle.

La Société centrale d'agriculture fait également échange de publications avec l'Académie. Cette dernière, ayant à distribuer des instruments perfectionnés d'agriculture, sur la fondation Pillet-Will, a même voulu, en signe de parfaite harmonie, le faire par l'intermédiaire de la Société centrale.

Cette année, l'Académie est entrée en relation d'échange de Mémoires avec la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie , ainsi qu'avec la Société médicale de Chambéry.

Elle est dans les mêmes termes avec l'Association florimontane d'Annecy, qui nous envoie son intéressant journal mensuel, la Revue savoisienne, en échange de nos Mémoires et de nos Documents.

A Saint-Jean de Maurienne, s'est formée aussi une Société d'histoire et d'archéologie. Sitôt que nous avons connu son existence, nous lui avons adressé nos publications.

Je ne crois pas qu'il y ait en Savoie d'autre Société ou scientifique ou littéraire. L'Académie est donc en règle de ce côté.

Avec les départements voisins, elle a depuis longtemps d'excellentes relations ; ainsi, avec l'Académie delphinale et la Société de statistique de l'Isère, avec l'Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, avec l'Académie impériale de Dijon.

Plus loin, elle est en échange avec l'Académie impé-


riale de Toulouse, avec la Société impériale des sciences naturelles de Cherbourg. Ici, rapporteur impartial, je dois signaler une lacune. Je citerais, en effet, vingt autres Académies des départements français, avec lesquelles nous aurions honneur et profit à établir des relations de bons compatriotes. Espérons que, dès cette année, des demandes seront adressées, et nous comptons assez sur la courtoisie française pour croire qu'elles seront gracieusement accueillies.

Avec les Sociétés étrangères, l'Académie est mieux partagée.

Ainsi, de Turin elle reçoit, par voie d'échange , la magnifique collection des Monumenta historiœ patriœ, où se trouvent encore tant de chartes intéressant la Savoie.

Elle espère que le gouvernement italien voudra bien lui compléter ce précieux recueil. De son côté, elle continuera de lui adresser ses publications, où plus d'une page sera utile encore à l'histoire de la Maison royale de Savoie.

L'Académie royale des sciences de Turin lui continue pareillement l'échange de ses Mémoires. Elle a reçu, cette année, ceux de l'Académie de Palerme, de la Société de Cagliari, de la Société des sciences naturelles de Milan.

De Suisse, elle n'a que les Mémoires, fort remarquables du reste, de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève. Peut-être aurait-elle à gagner à demander l'échange à d'autres Sociétés qui étudient un pays si semblable au nôtre, et trouvent dans leurs archives tant de titres de l'histoire de Savoie.

De Madrid, elle reçoit les Mémoires de l'Académie royale des sciences.

D'Amsterdam, les Mémoires de la Société royale des sciences.


De Konigsberg, en Prusse, les Mémoires de la Société royale physico-économique.

Des Etats-Unis d'Amérique, les publications du Smithsonian Institution.

Bien que l'Angleterre et bien d'autres pays manquent dans ce catalogue, on voit que l'Académie a noué des relations avec l'étranger plus étendues que ne le comporteraient son importance et la population de notre ville de Chambéry. C'est pour elle un honneur, qu'elle tâchera de mériter de plus en plus.

DONS REÇUS PAR L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DE SAVOIE.

15 novembre 4860.

Abbé CROZET-MOUCHET, chanoine et professeur de théologie à Pignerol. Histoire de saint Guillaume d'Ivrée, de la Famille d'Hardoin, roi d'Italie, abbé de St-Bénigne de Dijon, etc. Turin, Marzorati, 1860.

OSSIAN HENRY fils. Recherches chimiques et médicales sur les matières organiques des eaux sulfureuses (barégines et sulfuraires). Paris, 1860; brochure in-8° de 54 pages.

Id. - Notice sur Chabetout et ses sources minérales, par OSSIAN HENRY père et Ernest BARRUEL, suivi, etc. Paris, 1858; brochure in-8° de 16 pages.


Id. Etudes sur l'eau minérale des Roches, près Clermont-Ferrand, OSSIAN HENRY fils et Eugène-Benoît GONOT.

Paris, 1857; brochure in-8° de 8 pages.

Id. Notice sur les eaux, les eaux mères et les sels de Salies (Béarn), RÉVEIL et HENRY fils. Paris, 1860; brochure in-8° de 49 pages.

Id. Etudes chimiques et médicales sur les eaux minérales de Chateldon (sources de la montagne Puits-Andral et du Mont-Carmel), 0. HENRY père et 0. HENRY fils.

Clermont-Ferrand, 1858; brochure in-8° de 24 pages.

Id. Des radicaux composés, thèse présentée au concours pour l'agrégation, E.-O. HENRY. Paris', 1860; brochure in-8° de 85 pages.

Id. Nouvelle méthode analytique pour reconnaître l'iode et le brome, etc., 0. HENRY fils et HUMBERT. Paris, 1857; brochure in-8° de 19 pages.

Id. De l'état actuel de nos connaissances sur l'emploi des eaux minérales dans le traitement de la scrofule, 0. HENRY fils. (Extrait des archives générales de médecine, numéro de juin 4859.) Id. Note sur la composition de certains dépôts qu'abandonnent les eaux minérales de Luxeuil, 0. HENRY fils.

Paris, 1856; brochure in-8° de 12 pages.

PAYOT. Catalogue des fougères, prèles et lycopodiacées des environs du Mont-Blanc, etc. Paris, Genève, 1860; brochure in-8° de 70 pages et carte.

Anonyme. Rapport de la Commission médicale des bains d'Aix en Savoie à M. l'inspecteur général des services sanitaires; brochure in-8° de 14 pages.

VINGTRINIER. Rapport du médecin des épidémies sur les maladies qui ont régné dans l'arrondissement de Rouen


pendant l'année 4859 et sur le traitement du goitre. Rouen, 1860 ; brochure in-8° de 24 pages.

HERVIER. Esquisses sur la topographie médicale de Rive-de-Gier. Lyon, 1859; brochure in-8° de43 pages.

HERPIN (de Metz). Du raisin considéré comme médicament, etc. Paris, 1860; brochure in-16 de 36 pages.

Id. Sur l'alucite ou teigne des blés et sur les moyens de la détruire. Paris, 1860; brochure in-8° de 27 pages.

DE CALIGNY. Notice historique et critique sur les machines à compression d'air du Mont-Cenis. Turin, 1860; brochure in-4° de 36 pages.

LEJOLIS. Plantes vasculaires des environs de Cherbourg. Paris, Cherbourg, 1860; brochure in-8° de 120 pages.

ABUL-KASIM-MAHMUD BIN OMAR ZAMAHSARIO. - Al mufassal opus de re grammaticà arabicum. Christiania, 1859; brochure in-80 (en arabe).

Sept autres brochures (en suédois). Christiania, 1859.

CALLOUD. Rapports de la géologie avec l'hydrologie médicale de la Savoie. Genève, 1860; brochure in-8° de 23 pages.

A. DE JUSSIEU. Histoire de la chapelle de Notre-Dame des Bezines sous les murs d'Angoulême, suivie d'une notice sur la fontaine de Notre-Dame des Bezines, par Mme A. DE JUSSIEU. Angoulême, 1857; brochure in-8° de 70 pages.

Anonyme. 12e à 36e Lettres d'un Rénédictin, pour faire suite aux Gloires du romantisme. Paris, 1860; brochures in-16.

27 décembre 1860.

JULES VUY. Convention arbitrale entre l'abbaye de Pommiers et la ville de Cruseille. j


NIOBEY. Histoire du choléra-morbus épidémique.

Anonyme. Rapport présenté à la Société impériale d'agriculture, etc., de Lyon, par la Commission des soies, sur ses travaux en 1859.

JOSEPH BONJEAN. Histoire chimique et action physiologique du beurrate et silicate de soude.

24 janvier 4861.

DAUBRÉE. Etudes et expériences synthétiques sur le métamorphisme et sur la formation des roches cristallines.

Paris, imprimerie impériale, 1860.

Abbé MARTIGNY. Etudes archéologiques sur l'agneau et le bon pasteur, etc.

BOLTSHAUSER. Le lac d'Annecy. Annecy, 1859.

Le même. Notes climatologiques sur la ville d'Annecy. Annecy, 1858.

Abbé GROBEL. Idée d'une fête spéciale en faveur de la propagation de la foi. Annecy, 1853.

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