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Titre : L'Univers israélite

Éditeur : L'Univers israélite (Paris)

Date d'édition : 1918-12-06

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344300007

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344300007/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 34229

Description : 06 décembre 1918

Description : 1918/12/06 (A74,N13).

Description : Note : GG14181.

Description : Collection numérique : Documents consacrés à la Première Guerre mondiale

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6487080k

Source : Bibliothèque nationale de France, département Fonds du service reproduction, 8-Lc3-60

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 29/04/2013

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fl'iiletulrier Israélite de la Semaine

1 Décembre 1918 Tébtt (679 7 Samedi. Mikkets (Fin du sabbat à 4 h. 5o) 4 8 Dimanche 5 9 Lundi 6 10 Mardi 7 il l\fercredi., 8 12 Jeudi. g 13 Vendredi Jeûne de Tébet. (Office du soir à 4 h. I/J 10

Direction et Administration 47, Boulevard Saint - Michel, PARIS (5e arroad.)

ABONNEMENT : Un an Six mois Trois meis

- - - -

FraRce. 25 fr. 15 fr. 8 fr.

Etranger 30 fr. 17 fr. 9 fr.

Prix du Numéro : 60 centimes Vente an numéro à la Librairie Durlacher, 142, rue du Faubourg-Saint-Denin (10° arr à la Librairie Lipschutz, 28, rue Lamartine (9* arr.) la Librairie Samuel, 9, rue Cadet (9e arr.



Les articles signés n'engagent pas la responsabilité du journal.

COMMUNAUTÉ ISRAELITE DE PARIS Mariages Mercredi 11 décembre 1918 VICTOIRE, 2 h. 1/2.

M. André Abraham Schwab, 16, rue Bleue.

Mlle Germaine Hurstel, à Toulouse.

Décès Lucien Wolf, 57 ans, 5, rue Ribert-Etienne.

Vve Coblence Mayer, née Clémentine Stern, 76 ans, 6, rue Rambateau.

Vve Michel Beer, née Elise Beer, 60 ans, 19, rue de Téhéran.

Arthur Lajeunesse, 64 ans, 7, rue Danton.

Adolphe Nathan, 82 ans, 17, place des Etats-Unis.

Mlle Germaine Schiff, 30 ans, 1, rue de Châteaudun.

Robert Crémieux, 14 ans, 54, rue des Martyrs.

Henry Simon, 49 ans, 13, rue Bellefond.

Vve Maurice Cederbaum, née Lucie Lévy, 41 ans, 27, rue d'Avron.

Mlle Eve Lévy, 59 ans, n, rue des Batignolles.

Mme Joseph Erlanger, née Babette Erlanger, 80 ans, 9, rue Pergolèse.

Léon Meyer, 49 ans, 51 bis, rue Condorcet.

Salomon Klotz, 76 ans, 22, rue Ferdinand-Duval.

Vve Sichel Lévy, née Aline Brunschwig, 75 ans, 5, place Péreire.

Dons et Offrandes M. et Mme Henri Bruhl, 1.5oo fr.

Mme E. Séligmann, 500 fr.

M. et Mme Armand Lévy, 200 fr.

M. Alfred Bernheim, 3oo fr.

E. Haas, Lazard Bloch, M. Fabius, Martin Bloch, Lambert Vormus, 100 fr.


Abramovitz, Grumbach, R. de la Penha, Edouard Masse, 5o fr, J. Dreyfus, Ledermann, A. Weill, Fabius, 40 fr.

Kaciaf, 36 fr.

Mme S. Engelmann, 3o fr.

Orléans, L. Brunschwik, Mme Wolff, M. Ulmann, Khouvine, lieutenant Engelmann Baumann, Mathieu Wolff, 20 fr.

Cahen et son fils Robert, Lévy-Kraemer, Linneviel, Hauter, L. Sa- muel, M. Salomon, J. Franck, Ed. Dreyfus, major Sloog, 10 fr, Cahen, S. Lévy, Haimy, 5 fr.

DONS FAITS EN FAVEUR DU COMITÉ DE BIENFAISANCE ISRAÉLITE DE PARIS Enfants de feu Jules Heilbronn en souvenir de leur père, 500 fr.

ŒUVRE DES FEMMES EN COUCHES M. Dupont, 25 fr.

QUÊTE DE L'HIVER M. Willy Blumenthal, baronne Salomon de Rothschild, Alexandre Weill, 2.000 fr.; Mme A. Hirsch, MM. Ben Lévy, Eugène Rehns, 1.000 fr.; les fils d'Emmanuel Lang; Mathieu My, Cahen d'Anvers C., R. Lévy Hermanos, André Fould, Mmes Victor Lévy, baronne James de Rothschild, Alphonse Boris, E. Shaki, 500 fr.; M.

Isidore Istel, 400 fr.; Mme Max Kiefe, Horace Helbronner, MM.

Georges Léon Cahen, Boris frères, Georges Rehns, Alfred Bechmann, 3oo fr.; G. Sciama, 25o fr.; Mmes E. Séligmann, B. Levot, Louis Gompers, Max Lazard, de Ricci, Théodore Ulmann, M. et Mme Montifiore, MM. Bruhl frères, Henri Auscher, Léon Rosenthal et frères, B. Cohen, Joseph Danou, Jules Bollack, J. Adler, Paul Zivy, Alphonse Hauser, Eugène Sée, Daniel frères, L. et S.

Mortiner, Samuel Einhorn, S. Sulzbach, Jacques Sloog, J. et M.

Bloch, Lacloche frères, Edmond Flech, Henri Stetiirer, Fechmann fils et gendre (mobilisés), A. Léon, 200 fr.; Mmes O. Calisch ; Mme J. Gompel et ses fils Robert et André, MM. Worms de Romilly, 150 fr.; Mme Jules Simon, 125 fr.; MM. B. Braunschwig, Samuel Lehmann, G. Dreyfus, Nathan Baer, Ach frères, René Stem, G.

Cohen, J. Goldschmidt et Cie, Eugène Crémieux, Arthur Caen, Louis Lévy, Albert Marx, Martin Calisch, Sem Léon, Jules Dreyfuss, Lévy Charles, Brach et Cie, Landau et fils, de Rigles et Cie, Jacques Hoenel, Emile Franck, Léon Bloch, Charles Leveu, Charles Lévy, Kahn-Lang et Cie, Eugène Zivy, Joseph Ullmann, Alfred Sussmann, Louis Rau, Weill Brothers, Georges Bechmann, Dupont, Frend, Deschamps, Mmes Nathan Hirsch, Jokelson, Arthur Kahn, Max Brisac, Mathias Lehmann, Elle Lazard, Victorine Kiefe, Pierre Kahn, H. Deutsch de la Meurthe, Meyer Justin, Ephrussi Michel, Anonymes L. S. K. G. K., 1oo fr.; Mme Ernest Lévy, 75 fr.

(A suivre.)


La Victoire et le Judaïsme français Belfort, le 17 novembre 1918.

C'est la Victoire — avec un grand V — pleine, totale, absolue, telle que la méritaient la justice de notre cause, l'immensité de nos sacrifices.

Jamais encore la majestueuse crinière du lion de Bartholdi, fièrement couché aux flancs de la citadelle, ne nous a paru plus vivante, plus frémissante daps sa sculpturale immobilité,

qu'en ce dimanche 17 novembre. C'est le jour où nos glorieux soldats sont entrés à Mulhouse, au milieu d'un enthousiasme débordant, accueillis aux cris de: « Les voilà, nos libérateurs! »

Le retour de nos troupes — cette fois-ci définitif — dans la cité industrielle du Haut-Rhin, dans la patrie des Dolfus, des Lalance, des Lantz, des Wollach., résumait, en un raccourci d'une expression saisissante, — en particulier pour les vieux Belfortains de l'ancien arrondissement de Colmar — toutes les tragiques, toutes les inoubliables leçons de la guerre ; la délivrance de l'Alsace.parlait à leur âme avec une singulière éloquence et équivalait pour eux à tout l'enseignement du cata-

clysme où allait sombrer l'avenir moral de l'humanité ; elle était à leurs regards souverainement représentative de la substitution certaine des régimes d'équité, de droit, d'autonomie, aux gouvernements d'arbitraire, de violence et d'oppression ; elle agissait sur la pensée et l'imagination de tous à la manière d'un symbole éclatant; elle resplendissait comme ces doux rayons de gloire dont parle un écrivain français du XVIIIe siècle, qui effacent les rides des fronts plissés par l'effort continu et la souffrance surhumaine, les auréolent d'une couronne de lumière et d'apothéose.

L'allégresse fut générale; tous les partis, tous les cultes, toutes les classes se sont associés à la joie universelle : catholiques, protestants, israélites ont communié, en ces moments de bonheur, comme ils avaient communié ensemble aux heures d'angoisse et d'épreuve. Les israélites français se sont distingués, croyons-nous, dans cette vibrante jubilation. La victoire de la justice — car c'est ainsi qu'on la nommera — n'est-ce


pas celle-là même à laquelle aspirait l'âme juive, depuis ses premiers balbutiements? Le redressement des erreurs, la réparation des iniquités, n'est-ce pas la vocation, la raison d'être d'Israël depuis qu'un cœur bat dans la poitrine des enfants de la Bible et des disciples des prophètes? Les adeptes d'une religion dont les principaux organes ont proclamé déjà, à l'aurore des siècles, le caractère sacré, inviolable de la justice, dont le trait capital est précisément l'affirmation permanente du droit, se sont réjouis, d'une délectation divine, à la nouvelle de l'effondrement germanique..Ceux qui possédaient au frontispice de leur histoire des personnages attestant, avec une énergie farouche, l'incompatibilité des injustices terrestres avec le concept d'une Justice suprême et d'un Juge souverain (Genèse, XVIII), ceux qui avaient été nourris de ce qu'il se trouve de plus substantiel en la doctrine juive, de ses aspirations vers l'idéal, de ses élans vers le Vrai, de ses transports vers la paix de l'équité, ceux qui percevaient encore l'écho du prophète annonçant la venue du libérateur dont « la justice sera la ceinture de ses reins et la vérité l'écharpe de ses flancs », la venue de cette époque bénie où « des glaives seront forgés les socs de charrue, où aucune nation ne tirera plus l'épée, où l'on désapprendra l'art de la guerre, où la terre sera remplie de la connaissance véritable de l'Eternel, comme la mer est remplie d'eau » (Isaïe, chap. Il et XI), ceux qui s'étaient imprégnés, souvent à leur insu, de cet enseignement séculaire, ceux-là — et c'est la totalité des juifs — ont salué de leurs acclamations frénétiques la victoire des alliés. Attachés par toutes les fibres de leur être à la France, qui rompit les chaînes d. leur servitude— et de toutes les servitudes — les cœurs israélites furent pris comme d'un frisson d'amour à la nouvelle de la rupture des liens odieux dont le défunt empire des Hohenzollern, écroulé dans le sang et la boue, avait ligotté l'Alsace et la Lorraine. Pour la plupart originaires —sinon eux-mêmes, du moins leurs pères ou leurs aïeux — du pays de Strasbourg, de Colmar et de Metz, la victoire de l'Entente touchait les juifs de France jusqu'au tréfonds de leur âme; ils en ressentaient une émotion, comme en font naître quelquefois les spectacles grandioses de la nature, les œuvres géniales d'ua maître, les traits sublimes d'un acte de bravoure et de


charité, ou l'accomplissement inattendu, miraculeuxdes désirs secrets de notre cœur. Dans toutes les maisons juives, c'étaient des effusions, souvent accompagnées de larmes douces et balsamiques, apaisant les chagrins et les deuils.

Comment ne pas évoquer ici la belle et noble figure de l'ancien grand-rabbin de Colmar, comment ne pas lui accorder un souvenir ému, en cette communauté qui faisait partie du Consistoire du Haut-Rhin? Comment ne pas rappeler que ce pasteur aimé, cet ardent et clairvoyant patriote avait quitté, après la guerre de 1870, malgré le déchirement de son âme, la direction spirituelle de sa circonscription pour ne pas rester sous la domination allemande? Si les morts communiquent encore par quelque voie mystérieuse avec les vivants, Isaac Lévy aura tressailli de joie dans son éternelle demeure. Je ne puis me défendre d'une sorte de jouissance supérieure en rapportant à cette place un passage prophétique du sermon qu'il prononça au temple de Belfort, lors de l'inauguration du monument érigé aux victimes du siège. «. Si mes paroles pouvaient franchir la frontière nouvelle que de douloureux événements ont établie, je m'adresserais aussi à l'Alsace et je lui dirais : Terre'chérie qui a été notre berceau et dans laquelle reposent nos ancêtres, conserve devant l'oppression cette attitude digne et fière qui t'a valu les sympathies du monde civilisé et qui impose le respect à tes maîtres eux-mêmes ; conserve à la France cet invincible attachement que tu lui as montré jusqu'ici. Ne renonce pas à l'espérance. Ta délivrance viendra, car « Dieu n'oublie pas le cri des affligés » (Ps. IX, 13) et la patrie, elle, ne deviendra pas indifférente à ton sort.

Comme autrefois Dieu à Israël, elle te dit: « La femme oubliera-t-elle son nourrisson, le fruit de ses entrailles? Ah !

si les mères pouvaient oublier, moi, je ne t'oublierai jamais » (Isaïe XLIX, 15,. Et si votre affranchissement se fait attendre un peu de temps, frères alsaciens., si votre cœur est sur le point de défaillir, accourez ici, placez-vous en face du monument qu'on élève aujourd'hui et votre foi se ranimera et vos espérances se réveilleront. Une nation qui produit des dévouements aussi admirables que celui dont cette pierre commémorative rappelle le souvenir ; une nation dont les fils combattent avec ce courage, cette ardeur, cet oubli de soi-même,


ce mépris du danger dont ont fait preuve les défenseurs de cette ville ; une nation qui honore ceux qui sont morts pour elle comme nous les honorons aujourd'hui, une pareille nation ne s'achemine pas vers sa chute. ; elle s'écrie comme le psalmiste : « Moi je ne mourrai point, je veux vivre et je vivrai (Ps. CXVII). » « Et ne voyez-vous pas que la France vit. Regardez-la, elle n'est plus « cette pauvre blessée, sanglante.» (Ezéchiel, XVI); .elle n'est plus « cette malheureuse, battue de la tempête. »

(Isaï, LIV); elle relève la tête et ses vainqueurs se mettent à trembler pour leurs conquêtes. C'est pourquoi, chère Alsace, un de tes fils exilés t'envoie aujourd'hui ce messager d'espérance emprunté au psaume que nous avons chanté tout à l'heure : « Confie-toi en l'Eternel, demeure ferme et que ton cœur soit fort ! (Ps. XXVII). Oui, espérez, vous qui avez été nos compatriotes et qui êtes appelés à redevenir ce que vous étiez. et puisse l'Eternel.. réaliser bientôt vos espérances qui sont aussi nos espérances les plus chères ! »

Les vœux du vénéré grand-rabbin se sont accomplis, après une attente presque semi-séculaire. Le Dieu de droiture et de justice, invoqué par le pasteur alsacien, n'a point déçu nos cœurs altérés d'équité et de loyauté. Et c'est ainsi que la Victoire française devient en même temps la victoire de la morale et de la religion ; non point de cette religion frelatée, adultérée, vide de sentiments véritables, de celle dont la Germanie camouflait ses instincts de convoitise et de rapacité ; mais la victoire des vertus spirituelles dont le prophétisme juif a fait les attributs même de la Divinité. La déroute allemande c'est la revanche de l'àme sur la matière, c'est la débacle de la mythologie teutonne, c'est l'écroulement de l'hégémonie appuyée uniquement sur la force matérielle, c'est l'épuration, l'affinement de l'antique conception de Dieu, c'est l'instauration définitive dans le monde du règne des bonnes volontés et de la justice sociale. La victoire des Alliés c'est l'apaisement de la conscience humaine et, que l'on nous permette d'ajouter, de la conscience juive.

Nous accordera-t-on enfin de terminer par un ordre de considérations plus particulières? Le retour de l'Alsace et de la


Lorraine à la France n'ouvrirait-il pas pour le judaïsme français des perspectives pleines de promesses ? Les provinces retrouvées, qui avaient joué déjà, il y a plus d'un siècle, uu rôle si glorieux dans l'histoire du judaïsme pendant la Révolution française, qui constituaient, avant la guerre de 1870, le plus beau fleuron de la couronne consistoriale de France et le berceau des plus illustres membres du rabbinat français, ces belles provinces apporteront, nous en avons la certitude, à la vie juive, comme elles l'apporteront à la vie économique et sociale de notre patrie, une sorte de sang nouveau, riche en globules généreux, de tonique reconstituant, de sève débordante. Les chirurgiens observent une vitalité plus grande après la réunion au corps d'un membre qui en était séparé.

La Victoire aura été l'instrument de cette prodigieuse opération, comme elle aura été l'outil incomparable grâce auquel un monde régénéré naîtra de l'inique agression de l'empereur déchu et de la gigantesque mêlée des peuples, dont l'histoire conservera le souvenir jusqu'à l'extinction des siècles.

MATHIEU WOLFF.

Une Interview de M. Israël Levi grand-rabbin adjoint du Consistoire Central

En même temps qu'une déclaration d'un évêque et que l'opinion d'un pasteur protestant, Excelsior a donné cette interview de M.le grand-rabbin Israël Lévi : « La France s'estattachée l'Alsace et la Lorraine, non par la violence, mais par l'affection. Aujourd'hui, où elle salue avec tant de joie le retour des deux provinces qui lui avaient été arrachées, elle voudra leur témoigner plus d'amour encore. Elle devra faire preuve envers elles d'une véritable tendresse, et craindre par-dessus tout de heurter leurs sentiments. Elles ont des traditions respectables qu'il ne serait pas sage de dédaigner. Au point de vue religieux, on ne saurait oublier que le culte est encore régi par le régime en vigueur avant 1870, et que nos ennemis ont cherché à se concilier la sympathie de ces populations pieuses par le relèvement du traitement des ministres de la religion, et des libéralités de toute sorte en faveur des églises, temples et synagogues. Appliquer aujourd'hui


en Alsace le régime de la séparation des Eglises et de l'Etat, ce serait risquer de faire naître des regrets, et la France ne le voudra certainement pas.

e Il ne m'appartient pas de suggérer les mesures qu'il conviendrait d'adopter, mais j'estime qu'en ces matière une prudence affectueuse s'impose, et qu'il faut tenir compte à la fois et du sort des ministres du culte et du sentiment des fidèles sur qui retomberait la charge abdiquée par l'Etat.

« En un mot, quelles que soient les preuves de fidélité données à la France par nos deux belles provinces de l'Est, avec une fermeté d'âme qu'on n'admirera jamais assez, nous devrons avoir à cœur de les reconquérir moralement, comme on fait pour des enfants dont en a été longtemps séparé. Sans avoir reçu mandat de mes coreligionnaires, qui sont pour la plupart originaires de l'Alsace ou de la Lorraine, je crois pouvoir affirmer qu'ils applaudiront à toutes les dispositions destinées à rendre plus étroite l'union de nos frères retrouvés à la mère-patrie. Toutes les marques de déférence et de bienveillance que nous pourrons leur prodiguer n'épuiseront jamais la reconnaissance due à la fidélité de leur attachement. »

A Metz

Nos lecteurs liront avec le plus vif plaisir le texte de l'allocution prononcée à l'occasion de l'entrée triomphale des troupes françaises à Metz, par M. le Dr Netter, grand-rabbin de Lorraine, après les paroles de bienvenue du maire et du président du Comité des fêtes, suivant le programme établi pour la réception (l'evêque, Mgr Pelt, avait salué le maréchal à la porte de la cathédrale où un Te Deum fut célébré).

C'est assurément une des plus belles journées de notre vie, celle qui nous appelle à l'insigne honneur de présenter les hommages très émus du Consistoire israélite de la Lorraine et de l'antique communauté messine ainsi que les miens, très profondément sentis, aux plus distingués représentants de la vaillante armée française qui, au milieu des acclamations frénétiques de notre pays lorrain en fête vient de faire son entrée triomphale dans la vieille citadelle des Fabert et des Ney.

Monsieur le maréchal de France, la Communauté israélite de Metz est peut-être la plus ancienne de toutes celles de la France.

Son origine remonte aux temps des Romains, son histoire a été particulièrement mouvementée. Qu'il me soit permis de citer un seul fait, celui qui a été pour son évolution d'une portée inappréciable.

A l'époque de la grande révolution française, lorsque les droits de


l'homme, les principes immortels de la Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité avaient été solennellement proclamés, la communauté israélite à Metz a été le champion intrépide pour reconquérir à notre vieille tribu la place qui lui revenait au milieu des nations, non pas par le nombre, mais par sa valeur morale. Ce fut la France, ce noble et généreux pays qui, par l'œuvre de sa révolution, une fois rendue à sa vraie liberté, ne pouvait plus fermer l'oreille à la voix puissante de la vérité et de la justice, ce fut elle, la première de toutes les nations, qui avait compris notre âme pour faire droit, sans aucune arrière-pensée et sansréserve, à ses légitimes revendications, que désormais elle a respectées toujours. Ce fut le 27 septembre 1791 que l'Assemblée nationale, après aveir brisé tous les fers, renversé toutes les barrières, émue de toutes les sollicitations de la délégation messine, a admis le grand martyr des siècles au rang le plus élevé dont elle disposait, en lui conférant le titre de citoyen français.

Depuis ce jour le judaïsme de France n'a pas connu une ambition plus élevée, une aspiration plus noble que celle de se montrer digne de ce titre dont il était fier, et de prouver partout, non par des paroles mais par des actes, par le concours le plus actif qu'il apportait à toutes les branches de l'activité nationale, et surtout par un dévouement sans borne, par l'héroïsme le plus pur sur les champs de bataille où se règlent les destinées des peuples, en parfaite communion avec ses frères des autres cultes, que lui aussi aime sa patrie et qu'il l'aime jusqu'à la mort.

Monsieur le maréchal de France, vous avez vu à l'œuvre les soldats israélites de France, puisqu'ils ont combattu sous vos ordres.

Je suis sûr qu'ils n'ont pas démérité de la patrie, bien au contraire je crois pouvoir affirmer qu'ils ont contribué pour leur part à la gloire immortelle de la belle armée française, qui désormais sera l'objet de l'admiration universelle.

Quant à nous les israélites du nouveau Metz, eh bien, nous avons conservé quelque chose de ce culte sublime qui ne désarme jamais, et qu'on appelle le culte du souvenir. Ayant été arrachés au sol bien-aimé de la France par les événements déplorables de 1870, et tout en ayant accompli loyalement, j'ose le déclarer hautement, notre devoir au service d'un autre pays, nous n'avons pu oublier et nous n'oublierons jamais ce que le judaïsme universel doit à la France. Et aujourd'hui où la Providence qui dirige les destinées des peuples a voulu que l'Alsace-Lorraine soit rendue à la mèrepatrie, nous sommes heureux, au delà de toute expression, de lui appartenir de nouveau, aujourd'hui, demain, toujours.

Monsieur le Maréchal de France, au nom du judaïsme lorrain, je vous salue et m'incline très bas devant l'auréole de gloire qui orne votre front. Veuillez agréer, Monsieur le Maréchal de France, avec l'expression de notre grande admiration pour vous et votre glorieuse armée, nos plus chaleureuses félicitations.


Que sa gloire continue à briller toujours pour la prospérité de la France et pour le salut de la nouvelle société humaine qui, avec l'aide d'en haut, verra le jour, le lendemain de la guerre !

A ces paroles de M. le grand-rabbin, le maréchal Petain a répondu : « Je vous remercie, Monsieur le grand-rabbin, et puis vous affirmer que vos coreligionnaires en France ont largement fait leur devoir. »

Le « Thanksgiving day » à la synagogue

Sur le désir exprimé par le président Wilson, un service solennel d'actions de grâces a été célébré à la synagogue de la rue de la Victoire jeudi soir, 28 novembre, à 4 h. 1/2, à l'occasion du « Thanksgiving day » américain. L'édifice avait gardé la décoration de la cérémonie précédente dont nous avons rendu compte dans notre dernier numéro, mais le drapeau américain était suspendu au fond de l'abside.' Le temple était rempli et des soldats américains en grand nombre étaient massés devant le chœur.

L'office de Min'ha a été célébré par l'officiant et la maîtrise, après quoi M. le grand-rabbin Israël Lévi a prononcé une éloquente allocution, paraphrasant la célèbre vision de Daniel et établissant un rapprochement entre la solennité de Hanouka et les heureux événements qui nous mettent en fête. L'orateur, en terminant, a salué avec enthousiasme l'ère de la paix et de la fraternité humaine dont nous entrevoyons enfin l'aurore. Deux autres allocutions ont été prononcées en anglais par deux aumôniers américains, M. le rabbin de Saint-Louis et le Rév. Enelow, rabbin du temple ImanuEl à New-York. Les Américains, contrairement à nos usages dans les lieux du culte, ont salué de leurs applaudissements les paroles des orateurs.

L'hymne américain, joué par les orgues, a été écouté par l'assistance debout, dans un grand recueillement.

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Culte

Samedi 7 décembre (4 tébeth) : Section de MIQUÊTZ (Genèse, XLI à XLIV, 17).

• A. — La Paracha poursuit l'histeire de Joseph, le plus passionnant des drames, fertile en péripéties qui s'enchaînent de manière à ne jamais laisser faiblir l'intérêt, et la division liturgique semble calculée de manière à l'entretenir et à le ménager.


Nous avons laissé le héros dans la prison eù son maître l'a jeté; la pierre de l'oubli paraît être retombée sur lui. Le grand échanson, rentré en grâce comme Joseph le lui a prédit, ne s'est pas souvenu de lui ; les heureux sont si ingrats ! Et pourtant, le salut sortira de la et c'est un autre rêve qui en sera l'occasion. Au bout de (Mi- quétz) deux ans, Pharaon a un double rêve : sept vaches grasses sorties du Nil sont englouties par sept vaches maigres, sept épis pleins sont dévorés par sept épis minces. Tous les devins de l'Egypte sont a quia. Le grand échanson fait appeler Joseph. Celuici, aissi nodeste que pieux, assure que Dieu seul peut expliquer les rêves comme seul il les inspire; c'est lui qui annonce ainsi à Pharaon ce qui va arriver : sept années de fertilité suivies de sept années de disette (les vaches et les épis représentent le pâturage et le labourage « les deux mamelles du pays »; le Nil est le fertilisateur de l'Egypte). Joseph ne se borne pas à prédire, il sait prévoir ; il conseille à Pharaon de constituer des réserves de blé dans des « greniers d'abondance ». Visiblement « l'esprit de Dieu est en lui » ; ses conseils sont approuvés ; il devient le grand ministre de Pharaon; il reçoit un nom égyptien, est marié à une Egyptienne dont il a des enfants. Ainsi, par un merveilleux revirement, et grâce à son mérite, il est tiré de la geôle et placé près du trône; l'esclave hébreu est devenu le favori de Pharaon et le « ministre du ravitaillement » de l'Egypte (chap. XLI).

L'histoire de Joseph est-elle terminée ? L'ancien Joseph a-t-il tout oublié? Ne reverra-t-il pas, ne retrouverons-nous plus les siens?

Voici que la famine, cette famine qu'il a prévue et qui l'a fait si grand, amène vers lui ses frères. Le drame rebondit, pour ainsi dire, et nous nous demandons ce qui va se passer. Joseph reconnaît ses frères qui ne peuvent le reconnaître. Il les reconnaît, et ne s'élève pis du premier coup à la magnanimité de la clémence.Il les rudoie, leur reproche d'être des espions sous leurs dehors de marchands (déjà il ; et eux commencent à éprouver des remords : ils se sont maîtres inhumains envers leur frère Joseph, on est maintenant inhumain envers eux. Emu et « craignant Dieu » — un croyant ne peut pas être cruel — Joseph les laisse partir avec du blé et leur argent glissé dans les sacs, gardant seulement Siméon comme otage en attendant qu'ils reviennent avec Benjamin (ch. XLII).

Jacob refuse d'abord de laisser partir Benjamin, « car son frère n'est plus et lui seul reste encore; qu'un malheur lui arrive en route et vous aurez fait descendre par la douleur mes cheveux blancs dans la tombe ». Mais la famine presse ; Juda insiste et se porte garant pour Benjamin. Le patriarche cède et les laisse partir avec Benjamin, les mettant sous la protection de Dieu tout-puissant, qui daignera inspirer la compassion à celui dont ils dépendent, et comme rien ne vaut l'honnêteté pour inspirer la confiance, ils commenceront par rendre l'argent trouvé dans les sacs. Ils retournent ainsi en Egypte. Joseph, revoyant Benjamin, est attendri; il 'fait


entrer ses frères dans sa maison. Eux, dont la conscience est moins tranquille, tremblent et supplient ; il les rassure en invoquant « leur Dieu, le Dieu de leur père » (comme ce trait est heureux !) et, comprimant son émotion, il les fait manger avec lui non sans favo-

riser Benjamin (ch. XLIII).

Joseph voudrait bien garder Benjamin. Il recourt à une ruse : il fait glisser sa coupe d'argent dans le sac de blé de Benjamin. Quand les frères sont repartis, il donne l'ordre de les poursuivre et de les ramener. Sûrs de leur innocence — des fils d'Israël ne sont pas des voleurs — ils protestent : « Pourquoi mon seigneur tient-il de tels discours? Dieu préserve tes serviteurs de commettre une telle action ! Quoi ! l'argent que nous avons retrouvé dans nos sacs, nous te l'avons rapporté du pays de Chanaan et comment volerions-nous dans la maison de ton maître de l'or ou de l'argent? Celui chez qui on trouvera la coupe, qu'il meure, et nous-mêmes nous serons les esclaves de mon seigneur ». Ils sont pris : la coupe est trouvée dans le sac de Benjamin. Consternés, ils rebroussent chemin ; les voilà de nouveau devant Joseph. Nous sommes à la fin du quatrième acte d'une tragédie classique. On se demande anxieusement comment l'action va se dénouer.

B. — La haftara est l'histoire bien connue du jugement de Salomon (I Rois, III, 15 à IV, 1). Elle commence par les mots « Salomon s'éveilla, — c'était un rêve », qui se retrouvent, au nom propre près, au début de la paracha. Mais l'analogie n'est que dans les mots : le rêve de Salomon (qui est d'ailleurs en dehors de la haftara) n'a rien de commun avec celui de Pharaon. Les liturgistes ont sans doute voulu rapprocher la sagesse de Salomon de celle de Joseph. De même que Pharaon et les Egyptiens avaient admiré la perspicacité et l'habileté de Joseph, animé par'< l'esprit de Dieu », de même « tout Israël, quand il connut le jugement rendu par le roi, fut plein de respect pour lui, car ils comprirent qu'une sagesse divine l'inspirait dans l'exercice de la justice ». La paracha et la haftara nous apprennent ainsi que c'est Dieu qui inspire les hommes d'Etat et les magistrats.

C. - - Le vendredi 13 est (ne pas confondre !) un jour de jeûne : le jeûne du 10 Tébeth (Açara be-Tébeth), qui rappelle l'investissement de Jérusalem par Nabuchodonosor (II Rois, xxv, 1). Le rituel est celui des autres jours de jeûne. On intercale dans la Amida Chemoné-Esré) la prière Anénou, qui existait déjà à l'époque de la Michna; à l'office de Chaharith on y insère de plus, dans le culte public, des « selihot » ou prières de pénitence. Dans le culte public aussi, on fait, à l'office du matin et à celui de l'après-midi, la lecture de la Tora (Exode XXXII, 11-14 et XXXIV, 1-1o) pour trois appelés ; à l'office de Minha, le troisième appelé lit la haftara (Isaïe, LV, 6 à LVI, 7).


Services d'actions de grâces

A LYON Un très beau service d'actions de grâces pour la victoire de la France et de ses alliés, a été célébré dimanche, 24 novembre, au temple israélite de Lyon qui était pavoisé de drapeaux. De nombreuses notabilités civiles et militaires y assistaient. Par suite de circonstances heureuses, une coreligionnaire, Mme Picard, une cantatrice de talent, a prêté son concours. Elle a chanté avec beaucoup de charme Aux morts pour la Patrie (Paroles de Péguy, musique de Février), et la « Lyre sacrée >, société de jeunes filles qui, autrefois, prenait part activement aux cérémonies du culte, a recruté de nouveaux éléments pour la circonstance, et, sous l'habile direction de Mme Bloch-Cahen, a exécuté avec beaucoup de maîtrise le chœur de Jérusalem, dont le solo a été chanté admirablement par Mme Picard. Pour compléter la partie musicale, M. A. Kahn, premier ministre officiant, s'est fait entendre, avec le succès auquel il est habitué, dans divers chants liturgiques. L'orgue était tenu par Mlle Boilabeille qui s'est montrée, une fois de plus, une véritable artiste.

M. Sèches, grand rabbin intérimaire de Lyon, a pris ensuite la parole pour interpréter les sentiments de la Communauté : sentiments de gratitude infinie envers Dieu et d'admiration pour les armées de la France et de ses alliés ; sentiments de reconnaissance aussi pour les glorieux morts qui ont tant contribué à assurer la victoire. Il a dit quel joyeux écho avaient trouvé dans les cœurs israélites la conquête de la Palestine, et la reprise de l'Alsace-Lorraine, qui nous a donné des pasteurs illustres et des hommes qui se sont distingués dans toutes les carrières. Enfin, il a prié pour la Patrie et ses alliés fidèles, pour la Communauté, ainsi que pour la cité lyonnaise qui a créé tant d'œuvres de guerre. La foule qui était nombreuse s'est montrée recueillie et émue, au cours de cette imposante cérémonie.

A MARSEILLE A l'occasion de la signature de l'armistice et de la libération du territoire, une cérémonie a eu lieu à la synagogue. En cette circonstance, M. le grand-rabbin Honel Meiss a prononcé un éloquent discours dans lequel on sentait vibrer son âme d'Alsacien : « L'horrible cauchemar, a-t-il dit, vient de se dissiper et le canon ne fait plus de victimes dans nos campagnes désolées. Elle est arrivée enfin, suivant le mot prononcé hier par le président de la Chambre des députés, « l'heure bénie que nous attendons depuis un demi-siècle à, et demain, l'Alsace et la Lorraine seront réunies à la France de façon indissoluble.


0 l'inoubliable baiser d'amour que se donneront, à leur première rencontre, la mère et ses deux filles, après une si longue et cruelle séparation !.

Donc, plus de tristesse et plus de deuil !

Sans attendre le recul de l'Histoire, nos enfants sont entrés de plein-pied dans l'immortalité ; et, par une loi mystérieuse de la Providence, leur sang si généreusement versé donnera comme une floraison de Droit et de Justice et amènera la Libération de l'Humanité tout entière ! ».

Aptès une « Invocation » très impressionnante, les orgues ont joué La Marseillaise.

A LILLE A l'occasion de la signature de l'armistice, un service solennel d'actions de grâces a été célébré au Temple israélite de Lille, le samedi 16 novembre. La synagogue était décorée de drapeaux du plus heureux effet. M. le grand-rabbin Sèches, qui était venu retrouver ses fidèles pour quelques jours, a présidé la cérémonie et prononcé une allocution. Parmi les 45 familles, restées dans la ville pendant l'occupation allemande, et qui sont accourues avec empréssement à cette cérémonie, l'émotion était générale.

A FELLERING -.

On nous écrit de Fellering (Alsace).

Samedi dernier notre communauté a célébré dans la synagogue la fin des hostilités. M. le rabbin Meyer de Thann, qui s'est voué, depuis le début de la guerre, avec une abnégation et une sollicitude au-dessus de tout éloge, à cette partie de l'Alsace reconquise et qui, par son activité, a bien mérité de la France, a dans une cha leureuse allocution exprimé sa joie de ce qu'après une longue séparation nous soyons de nouveau réunis à jamais à nos frères de France. Il a exhorté ses fidèles à persévérer dans l'attachement à la France et dans le patriotisme qu'ils ont déployé pendant ces quatre ans de guerre et à ne jamais oublier ce 11 novembre qui signifie la délivrance de l'humanité.

A MILAN Une grande cérémonie d'actions de grâces pour la victoire a eu lieu à la synagogue de via Guastalla en présence du préfet, du général Angelotti, du général gouverneur, du commandant de la base française et de nombreux officiers français et italiens.

Après le chant du Hallel, le grand-rabbin Da Fano a prononcé le discours et M. le rabbin Julien Weill, aumônier attaché à la base française, a ajouté une éloquente allocution. Suivit la bénédiction donnée par le grand-rabbin, et l'exécution de la marche royale a clôturé cette cérémonie, qui a produit une profonde impression.

(D'après le Secolo di Milano, 19 novembre),


A LUNÉVILLE Sur l'invitation du Souvenir français la Communauté de Lunéville a organisé le 9 novembre, avant-veille de la signature de l'armistice, à dixheures du matin, un service commémoratif à la mémoire des enfants de la communauté morts pour la Patrie. MM. les généraux Philipot et Duport, commandants de corps d'armée se sont fait représenter à la cérémonie. M. le Sous-Préfet, M. le Maire, une délégation de la municipalité, du Souvenir français et de chacune des sociétés patriotiques de la ville ont tenu à venir prendre place aux premiers rangs de la nombreuse assistance qui se pressait dans la synagogue.

Celle-ci était parée de crêpe et de faisceaux de drapeaux alliés par les soins du dévoué président de la communauté, M. Nathan Kahn ; les porte-drapeaux des sociétés patriotiques furent placés dans le chœur avec leurs drapeaux et décorations.

C'est dans ce cadre impressionnant que le Ministre-officiant M. Bloch, chanta les psaumes 91 et 130 et que M. Léon Berman, aumônier militaire prononça un discours émouvant sur ce sujet : Les vertus des héros leurs survivent.

Ce discours fut suivi de la s'ortie des sefarim, après quoi M. Berman récita la prière pour les morts au champ d'honneur et la prière pour la République. Les lecteurs de l'Univers savent certainement que la liste des héros de la grande guerre ne se borne pas dans la communauté de Lunéville aux treize soldats morts aux armées (sans compter cinq ou six disparus, dont le rabbin Boris), mais qu'il y faut ajouter une dizaine de victimes civiles de l'occupation allemande en 19x4.

M. le rabbin Joseph Sachs, aumônier militaire, de passage dans la communauté, voulut bien clôturer la cérémonie en prononçant une vibrante allocution de circonstance.

N'oublions pas de mentionner la partie musicale exécutée avec le plus grand goût par un violoniste catholique, qui avait bénévolement offert son concours et qui joua deux beaux morceaux, accompagné par l'orgue.

A la fin de la cérémonie, M. le Sous-Préfet tint à remercier les deux prédicateurs d'avoir » si bien exprimé les sentiments de tous ».

Cette cérémonie, qui fut une manifestation de plus de cette union sacrée à laquelle notre vénéré Président du Conseil nous conviait il y a - quelques temps, fut des plus touchantes, des plus réconfortantes et, osons le dire, des mieux réussies.

Nouvelles de l'Étranger Les pogromes juifs en Galicie Le Bureau de correspondance juif à Berne, communique : Le Nowy Dziennik de Cracovie donne les détails suivants


concernant les pogromes juifs exécutés par les Polonais : Krestowice Le 4 novembre, une horde de paysans et de paysannes organisèrent pendant la foire une attaque imprévue contre les stands des Juifs qu'ils pillèrent de fond en comble ; après quoi ils se jetèrent sur les magasins des Juifs qu'ils ouvrirent avec effraction et continuèrent leur besogne de rapine.

Niepolomice Depuis samedi les désordres dirigés contre les Juifs prennent une tournure menaçante à Niepolomice et ses environs. Les hordes qui y prennent part sont composées de 40 à 50 personnes armées de pied en cap. Elles répandent la panique ; elles pillent et détruisent la propriété juive. Les Juifs offrant de la résistance sont frappés de coups de crosse.

Czernichow près de Cracovie Ici ont également lieu des pillages. Les dommages sont évalués à plusieurs dix milliers de couronnes. La gendarmerie conserve une attitude passive.

Brzenica près de Sktwin Dans la nuit du 4 au 5 novembre se déclarérent plusieurs pogromes. Les paysans pillent et saccagent les maisons juives.

Zator De Zator parviennent des nouvelles alarmantes d'un pogrome. Comme un communiqué digne de foi le fait savoir, toutes les familles juives, au nombre de 80 environ, ont été dévalisées. Les hordes de paysans armés de fusils et de revolvers ne pénétrèrent pas seulement dans les magasins des Juifs, mais encore dans leurs appartements. Ce qu'ils n'ont pu voler et emporter ils,l'ont détruit à la façon des vandales. Ils emmenèrent les lits d'une Viennoise et la déposèrent sur le plancher nu. Les objets pillés furent transportés dans des voitures tenues prêtes à cet effet.

Gdow Ici également se déclarèrent des excès antisémites. Les hordes étaient composées de paysans et de soldats qui y pillèrent tous les magasins.


Le Nowy Dsiennik du 8 novembre rapporte en outre d'autres pogromes qui ont eu lieu dans les villes suivantes : A Trzebinica, à Dobra près de Limanow (40 familles juives pillées). A Kabuschow (le pogrome a éclaté mardi le 4 novembre). A Roswadow (mardi, le 5 novembre). A Majdankolben (dimanche le 3 novembre). A Podgersyce, à Krsesaowice et dans les villages environnants, à Alrernia (dans la contrée de Podgorze), à Zabna, Zembica.

Le Conseil national juif pour la Galicie occidentale a reçu des télégrammes demandant des secours immédiats des localités suivantes : de Kalwarien, de Wieltcka, de Brseska, de Brsozowa, de Gorek et de Przezympola. A Drsovo le pogrome a duré du samedi jusqu'au dimanche 3 novembre. Plus de cent familles juives furent pillées et ruinées. La milice juive fut désarmée. Beaucoup de blessés. Les dommages se montent à 15 millions de couronnes. Dans les environs de Brzosow un grand nombre de familles furent également dévalisées. Il y a une grande panique à Oswiecin en suite des événements de Zator, où (le 4 novembre) toutes les habitations juives ont été saccagées. Quelques citoyens juifs ont été assassinés. Le 5 novembre, les hordes pillardes après avoir tout saccagé dans les environs ont pénétré en ville. Grâce à la tenue énergique de la garde civique juive et des soldats juifs, la bande bestiale put être dispersée. A Blasowa se sont également produits des excès contre les Juifs (le 31 octobre). Beaucoup de magasins juifs ont été pillés. Les attaques se répètent journellement.

Chrzanow Le Nowy Dsiennik (Cracovie) écrit : Hier eut lieu un terrible pogrome juif à Chrzanow. Depuis un certain temps déjà et à la suite d'excès antisémites constatés dans les villes et villages voisins s'était constituée à Chrzanow nne garde civique juive, qui jusqu'à maintenant était toujours parvenue à disperser les bandes composées de paysans et d'orvriers des localités voisines se dirigeant vers la ville. Hier, la milice juive fut désarmee de force par les légionnaires polonais qui s'étaient chargés du service de sûreté. De suite après, les bandes accourues sur le Ringplatz furent renforcées et il s'en suivit un terrible pogrome. La foule se jeta sur les magasins juifs et tout fut


pillé et saccagé. Les pillages se poursuivirent toute la nuit durant, depuis hier après-midi jusqu* à ce matin. Après avoir dévalisé les magasins les manifestants se ruèrent sur les habitations des Juifs dont la plupart furent également dévalisés.

Les pillards étaient généralement armés. A la suite des tirs organisés par eux, quatre personnes furent tuées et beaucoup de Juifs plus ou moins grièvement blessés. Le butin volé fût enlevé sur des voitures par des femmes et des jeunes filles appartenant aux manifestants.

Selon des rapports provenant de source digne de foi, les pillages ont continué ce matin. La population juive de Chrzanow presque tont entière a fui dans l'intervalle. Les fugitifs se sont dirigés vers Prague, Cracovie, Ostrau de Moravie et Vienne.

Parmi les tués se trouve également un citoyen chrétien. Des témoins affirment qu'il a été tué accidentellement par les émeutiers, ce qui serait confirmé par le fait que la population juive était complètement sans arme s.

Il est intéressant de constater que les magasins juifs installés dans des maisons chrétiennes ont été épargnés. Les intellectuels chrétiens ont conservé une attitude neutre vis-à-vis des excès, les légionnaires égalèment ne se sont pas intérposés.

Les dom nages occasionnés à la propriété juive atteignent plusieurs millions.

NOUVELLES DIVERSES

- La Eagle Publishing Company de Montréal a entrepris de continuer la publication du Talmud de Babylone en dix-huit volumes, qui avait été commencée à Vilna et interrompue par la guerre. La publication est dirigée par l'Union des rabbins orthodoxes des Etats-Unis et du Canada, assistés de Rabbi Isaac Elchanan, du séminaire théologique de New-York.

— On annonce de Suisse que des israélites appartenant à l'Agoudath-Israël ont décidé d'établir une colonie en Palestine et d'y transférer l'Orphelinat juif de guerre qui se trouve actuellément en Suisse.

— Le journal Pro Israël de Salonique mène campagne pour l'établissement en Palestine d'une dizaine de familles de Salonique qui formeraient le premier noyau d'une colonie salonicienne en TerreSainte.


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