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Titre : Rabindranath Tagore : 1861-1941 : [exposition, novembre-décembre 1961] / [catalogue par Marie-Roberte Guignard, Bernard Pauly et Jean Bruno] ; [préface de Julien Cain] ; [introduction par Jean Filliozat]

Éditeur : Bibliothèque nationale (Paris)

Date d'édition : 1961

Contributeur : Guignard, Marie-Roberte (1911-1972). Rédacteur

Contributeur : Pauly, Bernard (1929-2015). Rédacteur

Contributeur : Bruno, Jean (1909-1982). Rédacteur

Contributeur : Cain, Julien (1887-1974). Préfacier

Contributeur : Filliozat, Jean (1906-1982). Collaborateur

Contributeur : Bibliothèque nationale (France). Éditeur scientifique

Sujet : Tagore, Rabindranath (1861-1941)

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb37502295r

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (VII-152 p.) : ill., couv. ill. ; 21 cm

Format : Nombre total de vues : 192

Format : application/epub+zip 3.0 accessible

Format : Format adaptable de type XML DTBook, 2005-3

Description : [Exposition. Paris, Bibliothèque nationale. 1961]

Description : [Exposition. Tagore, Rabindranath. 1961]

Description : Contient une table des matières

Description : Avec mode texte

Description : Catalogues d'exposition

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6454541f

Source : Bibliothèque nationale de France, département Recherche bibliographique, 2004-197096

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 21/02/2013

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BIBLIOTHÈQVE NATIONALE

RABINDRANATH

TAGORE

PARIS

1961









RABINDRANATH

TAGORE


Couverture (page 1). – Tagore vers 1920 (N° 324).

Couverture (page 4). – Tagore dans la roseraie

d'Albert Kahn à Boulogne (1921) (N° 359).


BIBLIOTHÈQVE NATIONALE

RABINDRANATH

TAGORE

1861-1941

PARIS

1961


L'Exposition Rabindranath Tagore a été réalisée

avec le concours de la Direction générale des Arts et des Lettres

et de la Commission nationale française de l'UNESCO.

Sauf indication contraire, les photographies exposées

sont obligeamment prêtées par les Services culturels

de l'Ambassade de l'Inde à Paris.


PRÉFACE

Le caractère universel de l'oeuvre de Rabindranath Tagore a été souligné au cours de cette année 1961 par la multiplicité, par la variété des manifestations qui ont marqué la commémoration du centenaire de sa naissance. On ne saurait ici les dénombrer toutes.

En Inde même, depuis le 6 mai, jour de la naissance du poète, les cérémonies attirent une foule fervente à Çântiniketan, siège de l'Université qu'il fonda, et dans toutes les grandes villes. Des « rencontres », des colloques, réunissent, à côté d'écrivains indiens, des écrivains étrangers. Les expositions se succèdent, et le Président Nehru a inauguré un musée consacré à Tagore dans sa maison natale de Jorasanko, au centre de Calcutta.

A Londres (au British Museum et à la Royal Commonwealth Society), à Edimbourg, où Tagore musicien fut surtout évoqué, à Berne, à Prague, à Moscou, aux Etats-Unis par les soins de l'Asia Society, des expositions furent organisées ; en même temps les traductions se multipliaient, dont la liste donnée par l'Index translationum compte notamment la publication des oeuvres complètes en russe et en japonais.

En France, c'est grâce surtout à trois hommes, qui à des titres divers ont illustré leur temps, Sylvain Lévi, André Gide, Romain Rolland, que le nom de Rabindranath Tagore a pénétré depuis de longues années déjà dans des milieux de plus en plus étendus. Un Comité national a été formé. Il a tenu à la Sorbonne, le 9 juillet 1961, sous la présidence de M. Louis Renou, membre de l'Institut, professeur à la Sorbonne, en présence de M. Humayun Kabir, Ministre des


Affaires culturelles et de la Recherche scientifique de l'Inde, une séance solennelle d'hommage où les discours ont alterné avec l'exécution des mélodies du poète. D'intéressantes conférences se succédèrent de mois en mois au Musée Guimet, à l'Ecole des Langues Orientales, à l'Institut de Civilisation indienne de l'Université de Paris, qui furent consacrées à divers aspects de la vie de Tagore. Des émissions à la Radio, des séances de films, les représentations théâtrales de Chitra et d' Amal et la Lettre du Roi ont atteint un plus vaste public encore.

La Bibliothèque nationale vient à son tour apporter sa contribution à la célébration du poète indien.

Mme Marie-Roberte Guignard, qui dirige la Section orientale du Département des Manuscrits, a su donner à cette exposition l'ampleur qui était souhaitée par la Direction générale des Arts et des Lettres. Elle a été aidée dans son difficile travail par un de ses collaborateurs, M. Bernard Pauly, et par M. Jean Bruno, conservateur au Département des Imprimés. Elle a trouvé de précieux concours auprès des Services culturels de l'Ambassade de l'Inde à qui l'on doit une partie de la documentation photographique et une suite de reproductions des peintures de Tagore.

Une gratitude particulière est due à Mme Krishna Riboud, arrière-petite-nièce du poète, qui a mis libéralement à notre disposition les nombreux documents qu'elle possède et qui, inlassablement, nous a aidés dans nos recherches ; à M.L.K. Elmhirst, ancien collaborateur de Tagore, qui fut le premier directeur de son Institut de Çrîniketan et qui conserve en Angleterre, dans son domaine de Dartington Hall, des souvenirs précieux ; à M.F. Richter, secrétaire de la Royal India Pakistan and Ceylan Society, Londres, à qui nous devons la première édition du Gitanjali publiée par sa Société en 1912. Mme Romain Rolland, qui a publié au cours de ces dernières années de si riches ensembles des inédits du grand écrivain, conservés aujourd'hui à la Bibliothèque


Sainte-Geneviève, a bien voulu également nous apporter son concours. Je ne saurai trop remercier M. Jean Filliozat, professeur au Collège de France, de s'être souvenu qu'il avait appartenu au Département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale ; il a rédigé pour ce catalogue une introduction qui définit, sous l'aspect le plus large, l'oeuvre du grand écrivain qui est célébré aujourd'hui. Ce catalogue du reste, si bien établi, demeurera comme un témoignage de l'intérêt que la science française attache à Rabindranath Tagore.

Mlle Suzanne Karpelès, la première nous a conseillé les démarches à faire et n'a cessé de nous encourager de Pondichéry. Mlle Christine Bossennec, qui sur la fin de la vie de Tagore a dirigé la section féminine de son Université, nous a procuré des photographies et des livres. Nous remercions encore Mme de Lalonde, conservateur de la collection photographique qu'Albert Kahn avait formée à Boulogne et qui appartient à la Ville de Paris, M. Jacques Naville qui nous a communiqué des renseignements bibliographiques, M.K. Bhattacharya, qui a établi pour nous des fiches de livres bengalis, M. Gaëtan Fouquet, qui nous a permis de puiser dans sa riche documentation photographique.

Julien CAIN,

Membre de l'Institut, Administrateur général de la Bibliothèque nationale.



LISTE DES PRÊTEURS

COLLECTIONS PUBLIQUES

RABINDRA-SADANA, VISVA-BHARATI UNIVERSITY, SANTINIKETAN. – SERVICES CULTURELS ET BIBLIOTHÈQUE DE L'AMBASSADE DE L'INDE, PARIS.HARVARD UNIVERSITY LIBRARY, BOSTON.INDIA OFFICE LIBRARY, LONDRES.THE ROYAL COMMONWEALTH SOCIETY, LONDRES.ROYAL INDIA PAKISTAN AND CEYLON SOCIETY, LONDRES.

BIBLIOTHÈQUE DE L'ARSENAL. – BIBLIOTHÈQUE DU CONSERVATOIRE. – BIBLIOTHÈQUE SAINTE GENEVIÈVE (FONDS JACQUES DOUCET, FONDS ROMAIN ROLLAND). – BIBLIOTHÈQUE DU MUSÉE GUIMET. – BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ, AIX-EN-PROVENCE.COLLECTION ALBERT KAHN, BOULOGNE-SUR-SEINE. – ECOLE FRANÇAISE D'EXTRÊME-ORIENT. – INSTITUT DE CIVILISATION INDIENNE, UNIVERSITÉ DE PARIS. – INSTITUT FRANÇAIS D'INDOLOGIE, PONDICHÉRY.MAISON DE L'UNESCO.

COLLECTIONS PRIVÉES

Mmes PRATIMA TAGORE, KRISHNA RIBOUD.

Mmes ODETTE ASLAN, NATALIE CLIFFORD BARNEY, Mlle CHRISTINE BOSSENNEC, M. RAYMOND BURNIER, Mme RAJESHWARI DATTA, MM. LEONARD K. ELMHIRST, GAÉTAN FOUQUET, CHARLES JAGERSCHMIDT, Mlle SUZANNE KARPELÈS, M. DANIEL LÉVI, Mme MAITRAYE DEVI, M. DARIUS MILHAUD, Mme MUNI, COMTE ANNE-JULES DE NOAILLES, Mlle RITA RÉGNIER, Mme ROMAIN ROLLAND, SIR JOHN ROTHENSTEIN, M. JEAN SCHLUMBERGER, Mme BERTHE D'YD.



NOTE SUR LA PRONONCIATION DU BENGALI

à se prononce en principe comme a

a se prononce à peu près o

u se prononce ou

v est presque confondu avec b

ç se prononce comme ch

sh se prononce comme ch

c se prononce comme tch

j se prononce comme dj



Rabindranath Tagore à l'âge de dix-sept ans. Photographie prise en Angleterre. (N° 30.)


Rabindranath Tagore et Sylvain Lévi à Çântiniketan. 1922. (N° 231.)


Classe en plein air à l'Université Visva-Bhâratî, Çântiniketan, 1938. (N° 247.)


Message de paix lancé de Paris, le 3 mai 1930. (N° 343.)


Poème bengali sur l'Océan, du recueil Pûvarî, 1925. (N° 412.)


Visage de femme, peinture de Tagore. (N°449.)


Anna de Noailles et Tagore. Paris, 1920. (N° 358.)


Personnage accroupi. Peinture de Tagore. (N° 462.)


Rabindranath Tagore est un poète du Bengale, mais il appartient à toute l'Inde et à l'humanité entière. Un prix Nobel, en 1913, a consacré l'adoption par l'Occident de ce fils de l'Asie. Cette consécration a eu lieu parce qu'à travers des traductions l'expression qu'il a lui-même donnée en anglais à une partie de ses oeuvres, la clarté de son génie a pu luire pour cet Occident. Peut-être, au juste et sincère hommage qui lui était rendu, se mêlait-il, pour certains juges, quelque fierté d'une conversion à leur culture que semblait attester sa maîtrise et son style en anglais. Mais c'est par-dessus tout la portée de ses sentiments et la puissance d'évocation de ses images, qui atteignaient un monde occidental pourtant d'ordinaire fermé à l'Inde. Même dans les traductions en langues diverses de l'Europe qui ont été établies non sur les originaux bengalis mais sur les versions anglaises, le souffle du poète a passé sans perdre sa puissance d'émouvoir. Pourtant, ces traductions de traductions sont souvent gauches ; elles n'ont certes rien prêté à l'oeuvre. Parfois même, elles ne l'ont pas pleinement comprise, parce que les traducteurs de seconde main n'étaient pas toujours préparés à saisir les allusions de Tagore aux choses de son milieu à lui. Mais, pour cela même, ces traducteurs n'ont pu transmettre que ce qui était de portée universelle, ce qui résonnait en eux et qu'ils pouvaient faire aimer.

D'ailleurs Tagore n'a pas été seulement un poète dont l'oeuvre, avec son rythme et sa mélodie, s'enferme dans le langage d'un seul peuple. Sa poésie n'est pas uniquement dans ses verss ; elle est dans sa prose aussi, où la traduction trouve moins d' harmonie à sacrifier. Et, surtout, elle est dans deux langages communs à tous les hommes : la chanson et la peinture. Car l'expression du poète s'est faite, à la fois ou tour à tour, par toutes les formes de L'art.


Ce poète sensible à tout le réel, celui de la vue et de la pensée, et maître de tout ce réel pour l'évoquer en toutes ses formes, incluait dans sa vision et y vivifiait de l'amour qui était en lui, l'immense nature comme les petites choses, les sociétés comme les humbles êtres. La justice et la charité qui est amour, n'étaient pas moins ses objets que la beauté.

On peut le comparer à Victor Hugo pour son génie de poète et d'écrivain, pour son talent de dessinateur, pour sa pensée sociale et il aurait eu le droit de dire lui aussi :

Mon âme de cristal que le Dieu que j'adore Mit au centre de tout comme un écho sonore.

On peut être tenté également de le comparer aux grands génies de la Renaissance, à un Léonard de Vinci par exemple, savant et artiste, car, sans se livrer aucunement à la recherche scientifique, les préoccupations de la science ne lui sont pas restées étrangères et il a contribué à Lui forger en Bengali l'aisance d'expression dont elle a besoin. Un des physiciens qui font la fierté de l'Inde d'aujourd'hui, le Professeur S.N. Bose, collaborateur d'Einstein, alors Vice-chancelier de l'Université fondée par Tagore et bengali comme Lui, était interrogé naguère devant nous sur le point de savoir s'il pensait en bengali au cours de ses réflexions scientifiques. Le questionneur, un européen persuadé que, seules, les langues européennes étaient aptes à exprimer des concepts scientifiques, ne s'attendait pas à recevoir une réponse affirmative. Elle vint aussitôt pourtant et le Professeur S.N. Bose ajouta que la langue de Tagore le permettait parfaitement. D'ailleurs la pensée du physicien concevant l'univers ne rejoint-elle pas, quoique conditionnée par les résultats mathématiques et expérimentaux, la vision du poète plongeant dans L'infini ?

Mais pour bien comprendre Tagore, il ne suffit pas de constater que son idéal rejoint celui qui est commun à tous les hommes. Il est nécessaire de fixer sa place propre dans le milieu de sa formation, de son activité et de son rayonnement.

Tagore est le 6 mai 1861 à Calcutta dans une famille déjà


illustre et des plus actives de la région et de L'époque, mais sous la domination britannique et au Lendemain de la Révolte fameuse des Cipayes, survenue en 1857, et qui avait manifesté un sursaut national quoiqu'incoordonné contre cette domination. Il y avait bien plus longtemps que la civilisation indienne était en butte, au Bengale et ailleurs, à des civilisations étrangères qui s'étaient imposées militairement et politiquement au pays et qui la méprisaient ou au moins l'ignoraient. Les invasions islamiques avaient, depuis le XIe siècle, établi, largement sinon partout, des gouvernants étrangers. Le Bengale avait été envahi dès le début du XIIIe siècle et, pendant deux siècles alors, les mouvements intellectuels hindous y avaient été éclipsés, quoique sans nullement disparaître et pour reprendre finalement par rapprochement ou accommodement avec des dominations islamiques plus libérales. Depuis le XVIe siècle, avec un grand mouvement de dévotion à Dieu, maître et essence du monde, manifesté tous une forme humaine de Krishna et appelant un ardent amour, une vivante littérature mystique s'était développée au Bengale. La culture classique en sanskrit avait continué d'être en honneur, quoique dans une tendance à se figer, par réaction contre la littérature et la science persanes et, plus encore, comme trésor des règles et des croyances à défendre contre la pression religieuse et sociale de l'Islam.

Au momentl'écroulement de l'Empire mogol, au XVIIIe siècle, avait permis à la Compagnie britannique de se substituer à lui et de devenir maîtresse du Bengale, quelques savants européens avaient bien reconnu l'ampleur étouffée et la valeur propre de la culture hindoue, mais la plupart des Européens n'avaient vu dans les peuples de l'Inde qu'une masse inorganique et plongée dans des superstitions absurdes. Toute la période de la fin du XVIIIe siècle à la naissance de Tagore avait été celle du combat des intellectuels du Bengale contre ce mépris. Non point, cependant, combat de tous les intellectuels, car beaucoup n'avaient aucun rapport avec les Anglais. Ils refusaient la confrontation et, pour garder leur culture et leurs usages, qu'ils croyaient bien plus menacés qu'ils ne l'étaient en réalité, s'enfermaient dans un rigorisme sans concession. Ils faisaient un asile inviolable à leur personnalité hindoue,


en s'attachant à des pratiques dont ils ne critiquaient ni la valeur n la légitimité, mais où ils voyaient leur bien propre.

C'est alors que parut Râm Mohun Roy, un brâhmane instruit, de ceux dont la société orthodoxe faisait les gardiens de la loi hindoue, mais qui réprouvait l'attitude aveuglément conservatrice de bien des autres et qui, avec une instruction supérieure dans les textes indiens mêmes, ne voyait pas dans la tradition la justification de certaines pratiques qui révoltaient les idées occidentales et n'avaient pas moins révolté bien des milieux hindous du passé. Au nom de la tradition primitive qu'il cherchait à mettre en lumière, Râm Mobun Roy combattit la prétendue tradition alors en v igueur. On l'a compare à Luther. En fait, il voulait épurer l'hindouisme de ce qui le discréditait aux yeux de l'opinion étrangère sans lui être essentiel et il préconisait l'instruction en anglais pour acquérir les forces du monde nouveau, sans renier le fonds de la pensée hindoue brahmanique. Il a fondé en 1828 le Brahmosamâj, le « Rassemblement brahmanique », auquel adhéra le grand-père de Tagore, Dvârkânâth Tagore (ou plus exactement Thakur).

Dvârkânâth (1794-1846), qu'on appelait le « Prince Tagore », était le chef d'une des plus puissantes et des plus riches familles du Calcutta d'alors. Les orthodoxes rigoureux n'accordaient cependant pas à cette famille toute leur considération, en raison d'une compromission passée avec des Musulmans, compromission qui, en loi stricte, avait, faute de rituel régulier d'expiation, fait déchoir toute la lignée.

Les malveillants avaient donc beau jeu pour dire que si les Tagore se rapprochaient du Brahmosamâj, société rénégate de l'hindouisme et qui combattait l'exclusivisme des castes, c'était pour échapper à sa juste rigueur. En fait, la position de L'orthodoxie jalouse fut bien de nature à fortifier la protestation des Tagore contre elle.

Le fils de Dvârkânâth, Devendranâth (1817-1905) qui fut le père du poète, suivit la voie du Brahmosamâj, mais, plus religieux, plus contemplatif, plus hindou à la manière des philosophes et des sages, les maharshi, sinon des ritualistes et des juristes, il fonda en 1839 la Tattvabodhinîsabhâ, la « Société de Réveil à la Réalité ». Les deux groupes purent fusionner mais les tenants du Brahmosamâj,


les « Brabmo » comme on disait, qui Luttaient contre les préjugés de castes divisant la société et enfermant chaque petit groupe dans l'exclusivisme et la stagnation, tendaient à former eux-mêmes une nouvelle caste. C'était par la force des choses, car, répudiant bien des usages et des idées des autres, ils se plaçaient à part malgré eux, et quelquefois volontairement par leur réprobation des autre.

Du côté britannique les jugements étaient divers sur la société bindoue. Des savants, comme Horace Hayman Wilson, en admiraient la pensée et les chefs-d'oeuvre et préconisaient de la bien connaître avant de la juger. Des missionnaires en proclamaient la sottise et L'infamie. Des politiques dénonçaient son incapacité à se gouverner, qui justifiait leur domination. Des Libéraux la plaignaient, voulaient L'émanciper de ce qu'ils appelaient ses préjugés et rêvaient de l'assimiler à leurs propres idées et à leurs propres usages, ne croyant pouvoir faire autrement plus d' honneur à son fonds humain et plus de bien à tous ses membres. C'est de ces derniers que se rapprochaient le plus les Brahmo et leurs émules et particulièrement les Tagore, mais en sachant qu'ils n'avaient pas à renier tout Leur hindouisme pour bénéficier des apports précieux de l'Occident. Ils voulaient un enrichissement non une transmutation de leur être. Ils savaient que le polythéisme fabulateur qu'on reprochait à Leur peuple n'était que l'expression d'une vision de L'Etre unique en toutes les manifestations de la vie foisonnante. Ils savaient que les idées de l'Europe n'étaient point toutes justes, puisquà Leur égard elles étaient fausses. S'ils suivaient parfois Stuart Mill ou Auguste Comte, comme l'a fait, par exemple, le grand romancier Bankim Candra Chatterji (1838-1894), pour écarter les fables, pour donner comme idéal suprême à L'homme le manushyatva, le fait d'être pleinement homme, c'était pour définir comme fin dernière de l'homme : Dieu, le Dieu de l'hindouisme, qui dépasse mais qui inclut le monde. Et Bankim Candra Cbatterji est l'auteur de l'hymne du nationalisme indien, Bande Mâtaram, « J'adore la Mère », la divine énergie génératrice du monde.

C'est dans un milieu de vie intellectuelle si ardente qu'est et a grandi Rabîndranâth Tagore. Quatorzième enfant de sa mère, il


n'a pu recevoir l'attention constante de celle-ci et, confié à des servantes, il a passé bien des heures d'enfance à rêver en suivant la course des nuages. A l'école, qui lui a été insupportable, il a continué à suivre les nuages, aussi a-t-il été bientôt décidé de l'instruire à la maison. Là, en dehors des leçons qu'il recevait de précepteurs, il a admiré et partagé les goûts et les dons de poésie, de musique, de théâtre et de sciences de deux de ses frères aînés, Dvijendranâth (1840-1926) et Jyotirindranâth (1848-1925). Il a goûté au sein de la nature himâlayenne, son père l'avait emmené avec lui, la sérénité contemplative de ce moderne « maharshi ». Eduqué en dehors des règles communes mais plus largement et plus affectivement, formé aussi dans deux grandes cultures à la fois, celle de son pays et celle de l'Angleterre, où il a fait un séjour en 1878 et 1879, il a bientôt pu manifester un génie poétique puisé à toutes les sources d'intelligence et de beauté. Ses premières oeuvres furent le Sandhyâ-sangît (publié en 1882), « Les Chants du crépuscule » et le Prabhât-sangît (11883), « Les Chants de l'aurore ». Puis viennent Chavi o gân, « Images et chansons »(publié en 1884) et d'années en années bien d'autres poèmes brefs, échos des spectacles de la nature et de la société, mais des spectacles rapportés au coeur de l'homme et à l'âme de l'univers.

Très tôt c'est sous toutes les formes littéraires que Tagore a exprimé ses sentiments et ses pensées, au hasard des occupations, des événements, des spectacles et des lectures. En 1881, il écrivit et joua lui-même son premier opéra, Vâlmîki-pratibhâ, « Le Génie de Vâlmîki », sur Vâlmîki, le poète épique du Râmâyana. De 1885 à 1897, il a composé plusieurs saynètes et comédies ; en 1889, une tragédie en cinq actes, « le Roi et la reine », Râjâ o rânî ; en 1890, Visarjan, « Le Sacrifice », tragédie très brève celle-là, qui évoque l'horreur du culte sanglant, de la cupidité attachée à ce culte, et le drame d'une âme pure entraînée dans une obligation de meurtre et qui immole son propre corps à la soif du sang pour éluder le crime. Bien d'autres oeuvres, brèves et multipliées, nouvelles, romans, pièces de théâtre ou d'opéra, chants, poésies, se succèdent et se pressent au fil des jours, paraissant dans des revues, jouées par des sociétés,


publiées à part ou dans des recueils. Beaucoup ont pour point de départ la constatation d'une misère, la lecture d'une histoire ou d'une fable, L'audition d'un chant populaire, de L'hymne d'un bâul, d'un dévôt mendiant et chanteur s'aaccompagnant d'une guitare à une corde, faite d'un bâton emmanchant une courge. Toutes, sereines ou poignantes, plaisantes ou sublimes, évoquent une grandeur ou font lever un espoir. Le sentiment de l'être, de L'être d'unité, de lumière et d'amour que sent partout le poète sous l'apparence de toutes choses, les pénètre entièrement. Il forme leur souffle.

Elles culminent peut-être avec quatre drames symboliques : Râjâ, « Le Roi »(1910), Dâkghar, « La Poste »(1912), Mukta-dhârâ, « Le Flot déchaîné »(1922) et Rakta-karavî « Les Lauriers pourpres »(écrit en 1923), ainsi qu'avec le plus, grand roman qu'ait écrit Tagore, Gorâ (1910).

« Le Roii » est inspiré d'une légende bouddhique du Mahâvastu, texte sanskrit qu'Emile Senart avait publié pour la Société Asiatique de Paris. Sous les aspects de la laideur se cachent la force et la beauté. Dans « La Poste », dont André Gide a donné une traduction sous le titre d'Amal et la lettre du roi (1922), est évoquée l'attente par l'âme souffrante d'un signe de Dieu et c'est Dieu qui vient à elle lui-même à la fin. « Le Flot déchaîné » symbolise la violence qui s'épuise contre la non-violence : ce qui s'oppose à la haine c'est la bonté. « Les Laurierss pourpres » font sentir que l'appétit du pouvoir et de la richesse se payent de l'abaissement des peuples mais que le salut est dans la force de la connaissance et L'harmonie de la vie avec la nature. Quant à Gorâ, c'est toute l'évocation des conflits d'opinions et d'attitudes sociales de l'Inde en face de l'Occident et à l'intérieur d'elle-même, dans la période ou s'affrontaient les Brahmo, les orthodoxes, les chrétiens, l'administration étrangère, comme aussi la foi et la superstition, la servilité et la fierté, l'intransigeance brutale et la sérénité. C'est celle-ci qui triomphe dans le dépassement des préjugés, dans la conscience lumineuse sûre de l'essence de soi et de tout, et qui pourtant comprend l'égaré. Car, lorsque Tagore se meut au-dessus des divisions, des partis pris et des passions, des haines de races, de castes, de conditions et de croyances


adverses, ce n'est pas pour les fuir et se réfugier dans un théisme vague ou dans un syncrétisme conciliateur. Il ne se détourne pas de ce qu'il dépasse, il l'a pénétré et compris. Il ne l'a pas réprouvé, il y a trouvé une parcelle au moins de vrai et de bien qu'il a validée comme telle dans sa plus large vue du vrai et du bien. On est frappé quà chacune des tendances qu'il met en scène par les paroles et les actes des personnages de son roman, il ait rendu justice et qu'il la fasse s'exprimer dans toutes ses raisons psychologiques, dans ce qui la justifie pour ceux qu'elle anime. Même sil les a jugés dans l'erreur, il s'est mis à leur place, il a adopté leur vue des choses et il en a reconnu la sincérité, paril a retrouvé en eux le visage de la Vérité. Son héros, Gorâ, est deux fois dans l'erreur. D'abord il de croit Indien, alors qu'il est l'enfant d'une dame anglaise, morte en lui donnant le jour au milieu du drame de la Révolte de 1857, et qu'un couple brahmanique a adopté. Ensuite, il professe un hindouisme farouche qui ne transige pas même avec son intelligence et son coeur. Pourtantou par il est deux fois sincère. Il ne peut soupçonner son origine et il lutte pour la dignité blessée et la misère opprimée du peuple qu'il croit le sien. Il sera détrompé, mais il emportera dans la nouvelle vue de sa vie, sa sincérité, son courage, sa conscience mieux éclairée et restée riche du génie de l'Inde dont sa race ne l'avait pas exclu. Même ceux qui restent égarés le sont dans la pureté de leur conscience.

Philosophe – mais il n'a pas voulu l'êtreTagore eût professé l'optimisme systématique. Il lui a suffi de se confier à sa nature même pour voir en tout transparaître le gage éternel d'optimisme que donnait sa propre intuition et dont les penseurs et les saints de son pays avaient tant affirmé l'existence. Un saint, précisément, a été son contemporain plus âgé, Râmakrishna a (1833-1886), un être tout voué à l'amour de Dieu sous la forme de la Mère, un maître dont les disciples ont recueilli pieusement les propos. L'un d'eux, Vivekânanda, intégrait la dévotion du saint dans la philosophie moniste du Vedânta selon l'école du célèbre philosophe Çankara et en propageait la connaissance en Occident par la « Mission Râmakrishna », après avoir obtenu un grand succès en 1893 au « Parlement des Religions » à Chicago.


En France, Romain Rolland a révélé Râmakrishna et Vivekânanda et il a contribué à faire connaître Tagore lui-même.

Tagore, cependant, n'a été lié à aucune école, pas plus qu'à aucune forme exclusive d'expression artistique ou d'activité intellectuelle et c'est ce qui a fait la portée universelle de beaucoup de ses oeuvres. Il s'est occupé de philologie bengalie aussi bien que de politique et, en somme, à la même fin : d'un côté pour épurer la langue et la rendre plus propre à exprimer la vérité des sentiments, de l'autre pour ennoblir l'action politique en la fondant sur la vraie justice et en justifiant la revendication, la plainte ou le voeu par rapport à la dignité et aux fins dernières de l'homme, non pour l'intérêt local, momentané ou particulier. A ce titre, il a fait partie du puissant mouvement de renaissance nationaliste qui a porté l'Inde à l'indépendance en tant qu'Etat après lui avoir fait retrouver sa dignité en tant que nation. En suivant d'autres voies, les Gandhi en Afrique du Sud et par toute l'Inde, les Tilak et les Gokhale au pays marathe, les grands réformateurs parsis au Gujrât oeuvraient dans le même but d'élévation générale que lui, forts comme lui de la puissance retrouvée, de traditions multiples mais convergentes en leur visée et que l'Inde avait soit enfantées, soit adoptées. De ces dernières était la tradition parsie, iréfugiée d'Iran en Inde lors de la conquête de l'Iran par l'Islam. C'est pourquoi, un esprit généreux et un réformateur social comme Bâhârâmjî K. Mâlâbâri (1852-1912), quoique toujours demeuré pur zoroastrien parsi, a pu être, ainsi que Tagore, un des constructeurs d'une Inde nouvelle s'accordant avec toutes les croyances qui s'accordent elles-mêmes, et être poète du Gujrât comme Tagore l'était du Bengale.

L'un et l'autre, mais Tagore universellement, ont été par surcroît appréciés comme écrivains de langue anglaise et c'est par les premières traductions anglaises de ses vers et de ses pièces de théâtre que Tagore a conquis la célébrité internationale et son prix Nobel de 1913. C'est la version anglaise de son Gîtânjali (1910), « Salut en chants », ou Offrande lyrique, comme a traduit Gide élégamment, qui l'a placé pour tous au premier rang des poètes de son temps et l'admiration que lui a donnée l'Angleterre fait honneur à elle-


même autant qu'à lui. Elle n'a pas été réticente encore qu'il aidât à précipiter l'accession de l'Inde à l'indépendance. L'Angleterre éclairée et désintéressée reconnaissait, comme l'avaient fait dès l'abord ses grands indianistes, mais eux seulement, avec ceux de France et d'Allemagne, que le génie d'un Tagore plaçait sa nation au rang des plus grandes constructrices de la civilisation. Elle le faisait parce qu'elle voyait qu'ill n'était pas une heureuse exception ou le produit d'une imitation servile de sa propre culture, mais la voix d'une tradition et d'une renaissance de pensée dont l'alliance était digne d'elle et la soumission inconcevable.

Laissant disserter les philosophes, disputer les juristes et lutter les réformateurs et les politiques, il est resté au milieu de tous, même dans les douleurs personnelles que le sort ne lui a pas ménagées, comme l'annonciateur d'une lumière commune à tous. Tous, il les a aidés par ses écrits et par ses poèmes multipliés dans d'innombrables revues et à toutes occasions, parce qu'il a dérivé sans cesse leurs préoccupations journalières de routine et de lutte vers la beauté et l'amour qui transcendent l'action.

A l'action même, cependant, il n'est pas resté étranger. Il ne s'est point retiré dans la tour d'ivoire mais placé au sein d'une école, au milieu d'élèves et de disciples, enfants dee villages aussi bien qu'artistes, savants et admirateurs étrangers.

A Çântiniketan, le « Séjour de Paix », en pleine campagne peuplée de paysans bengalis et de tribus santalies restées en dehors de la civilisation indienne, au lieu ou le « maharshi » son père avait connu dans la méditation l'Eveil à la grande vérité de l'Inde, il a fondé, en 1901, son école dite du Brahmacarya, du nom du stage de discipline et d'étude que jadis devait faire longuement, auprès d'un maître, d'un guru, l'étudiant brahmanique. C'est cette école qui devait devenir en 1921 l'Université Viçva-bhâratî au nom trop riche de sens pour qu'on puisse le traduire d'un mot. Viçva veut dire « universel », Bhâratî est le nom de la déesse de la Parole et de l'Art et en même tempss signifie « indienne », l'Inde étant le Bhârat, le pays des fils de Bharata, ancêtre éponyme. L'accent cependant n'est pas mis sur la résonance nationale du nom, il l'est


sur sa valeur évocatrice de l'art et de la science en toutes leurs formes.

Ayant connu, aux écoles de son enfance, la joie de vivre seulement comme un fruit dérobé, il a voulu l'établir en maîtresse et en éducatrice au sein de son université. Plus de réclusion dans de tristes salles de classee : l'ombre seulement de ce qu'il appelait la « grande fraternité des arbres s ». Plus de loisirs qui dont désoeuvrement stérile : des chants, des danses, des jeux de théâtreil aimait à participer souvent, des lectures aussi. Sans doute L'expérience pédagogique de la préparation d'examens à programme strict ne pouvait-elle approuver pareille méthode. Mais il s'agissait moins de préparer des diplômés que de former des êtres, ou, mieux, de leur laisser venir l'appel de la connaissance et de la beauté. L' horizon, d'ailleurs, ne s'arrêtait point aux matières enseignées dans les universités classiques. Tout-ce qui pouvait tendre à l'élargissement de l'horizon humain et particulièrement de l'Inde était accueilli et demandé. Le tibétain et le chinois, qui conservent tant d'oeuvres du passé de l'Inde que l'Inde elle-même a perdues dans toute sa richesse, ont été introduits et sont demeurés dans l'enseignement de Çântiniketan comme avaient, au XVIe siècle, été accueillis au Collège de France le grec et l'hébreu exclus de l'Université d'alors. C'est précisément au Collège de France, à Sylvain Lévi qui, avec le sanskrit, professait pour une connaissance plus complète de l'Inde le tibétain et le chinois, que Tagore a demandé d'en inaugurer l'enseignement à Çântiniketan.

Tagore lui-même, inlassablement, entre les voyages d'où il écrivait et desquels il publiait ses souvenirs et entre les obligations que lui attirait la gloire, composait ses chants, ses poèmes, ses romans. Et il dessinait et peignait. Il avait d'abord, en écrivant, relié de traits ses ratures et, tout ce qu'il voyait étant transfiguré par son âme de poète, il avait découvert dans l'agencement informe mais Libre des traits, un mode d'expression. Dès lors, il dessina et il peignit au gré ou au hasard de ses sentiments de poète. Ses dessins étaient, comme il disait, « ses vers dessinés ». C'était une expression spontanée, souvent mélancolique ou étrange, un dessin automatique, libre de toute discipline apprise comme l'écriture automatique des surréalistes, mais plus naturelle encore, comme celle de bien des


peintres modernes, puisqu'elle n'était pas asservie au tracé des lettres et à l'emploi des mots. De toute l'oeuvre de Tagore, le dessin et la peinture forment la part la plus facile à contempler et la plus difficile à comprendre. C'est la plus intime et donc la moins communicable. On doit l'aborder après l'avoir suivi lui-même dans ce qu'il a donné de son coeur par sa parole et son chant. On sait du moins, par eux, quil ne s'agit jamais d'un coeur personnel et fermé mais d'une résonance universellement humaine, à à l'unisson d'une nature tissée profondément, comme le voulaient les anciens maîtres du Vedânta, de « Vérité, de Pensée et de Joie ». Seulement, pour ceux-là, toute la nature sensible n'était qu'illusion passagère, voilant cette réalité éternelle qui transcendait l'homme et n'incluait que son essence. Pour Tagore, plus humain, comme pour les fous de Dieu de son pays, les misères même de l'homme ont encore leur part d'infini.

JEAN FILLIOZAT,

Professeur au Collège de France, Directeur de L'Institut Français d'Indologie, Pondichéry.


CHRONOLOGIE DE LA VIE ET DES OEUVRES DE RABINDRANATH TAGORE

1861

6 MAI. Naissance de Rabindranath Tagore dans la vaste demeure familiale de Jorasanko, au coeur de la cité de Calcutta. Il est le quatorzième enfant d'une famille illustre au Bengale tant pour sa fortune passée que pour l'esprit novateur et les aptitudes intellectuelles et artistiques de ses membres. Son père, Devendranath Tagore dit le « Maharshi »(Grand sage), est un des artisans du renouveau spirituel du Bengale. De ses huit frères aînés, la plupart sont écrivains, peintres, ou musiciens. L'une de ses soeurs est la première femme écrivain en langue bengalie.

1861-1872

L' enfant n'accepte pas les contraintes scolaires des divers établissements où on le fait entrer successivement. En revanche il manifeste des dons précoces pour la poésie.

1872-1873

Voyage de quatre mois dans l'Himalaya en compagnie de son père ; premier séjour à l'âçram (lieu de retraite) de Çântiniketan.

1875

Bref séjour chez les jésuites de Saint-Xavier's College. On renonce à lui faire suivre les cours d'une école.

Mort de sa mère Çarada Devi. Il est accueilli au foyer de son frère aîné Jyotirindranath et de sa jeune belle-soeur Kadambari qui l'entourent de leur affection et le font participer à leur vie de recherches et de créations littéraires et musicales. Il parcourt avec eux les propriétés du domaine familial de Shilaïda.

Vana-phul (Les Fleurs des bois), premier long poème (plus de seize cents vers), publié dans la revue littéraire Gyanankur (Le Savoir en bourgeon).


1876

Fondation du journal littéraire Bhâratî par deux de ses frères.

1878

Kavi-kâhinî (L'Histoire du poète), récit en vers qu'il publie dans Bhâratî.

1878-1880

Dix-sept mois de séjour en Angleterre, à Brighton puis à Londres, pour y étudier le droit. Il s'intéresse en fait à la littérature et à la musique européennes. Les impressions de ce voyage paraîtront en 1881 dans Bhâratî sous le titre Yurop-pravâsîr patra (Lettres d'un voyageur en Europe).

1880

FÉVRIER. Retour aux Indes. Il rapporte avec lui le manuscrit d'un drame lyrique long de quatre mille vers : Bhagna-hridaya (Le Coeur brisé), publié en 1881.

1881

Vâlmîki-pratibhâ (Le Génie de Vâlmîki), premier drame musical. Kâl-mrigayâ (La Chasse tragique), second drame musical (publié en 1882). Sandhyâ-sangît (Les Chants du crépuscule), poèmes (publiés en 1882), les premiers à porter vraiment la marque de son génie : « Enfin, ce que j'écris est mien. »

AVRIL. Première conférence publique à Calcutta sur le sujet musique et sentiment.

S'en va habiter à Chandernagor chez son frère Jyotirindranath. Il y passe quelques-uns des jours les plus heureux de sa vie, rimant et chantant, jouissant du charme de l'existence des riverains du Gange.

Bauthâkuranîr hât (La Foire de la reine nouvelle-épousée), roman historique (publié en 1883).

1882

Expérience mystique à Calcutta : « Je ne sais comment mon coeur ouvrit soudain ses portes, et laissa entrer la foule des mondes se pressant et se saluant l'un l'autre. » C'est encore, dit-il, « la joie d'atteindre l'infini au sein du fini ».


1883

Prabhât-sangît (Les Chants de l'aurore), recueil de poèmes, contient : « L'Eveil de la cascade »(Nirjbarer svapna-bhanga), composé en 1882 après son illumination, « La Vie éternelle », « La Mort éternelle », etc.

Son frère Jyotirindranath fonde avec son aide la première Académie littéraire du Bengale afin de faire de la langue bengalie l'instrument de la pensée moderne.

ETÉ. Son frère, sa belle-soeur et lui vont habiter Karwar sur la côte sud-ouest de l'Inde. Il y écrit son premier drame en vers, Prakritir pratiçodh (La Revanche de la nature), publié en 1884. Trad. angl. Sanyadi or the ascetic, 1917.

AUTOMNE. Revient à Calcutta. Observe la vie d'un quartier populeux et actif. Ecrit des poèmes publiés l'année suivante sous le titre Chavi o gân (Images et chansons). Les essais politiques, sociaux, philosophiques et littéraires se succèdent.

9 DÉCEMBRE. Son père le marie à Mrinalini, une fillette d'une dizaine d'années, d'humble famille mais de même caste, et lui confie la gestion du domaine familial.

1884

AVRIL. Suicide de sa jeune belle-soeur Kadambari à l'âge de vingt-cinq ans. Elle était la confidente et le refuge du poète : « Sa mort m'a donné le détachement nécessaire pour voir la vie et le monde dans leur vraie perspective. » Ecrit pour elle un recueil de poèmes : Pushpânjali (Offrande de fleurs).

Dans Balak, journal pour enfants fondé par la femme de son frère Satyendranath, il écrit des contes, des poèmes, une nouvelle historique Mukut (La Couronne).

Son père lui donne le secrétariat de l'Adi Brahmo Samâj ; il écrit des essais sur le fondateur de cette secte, Râm Mohun Roy, des hymnes religieux pour la communauté, des articles de propagande.

Dans Kadi o komal (Dièzes et bémols), publié en 1886, il chante les joies de la vie. Ce recueil de poèmes contient aussi des traductions de Shelley, de Victor Hugo, d'Elizabeth Browning, et d'autres poètes.

1888

Mâyâr khelâ (Le Jeu de l'illusion), opérette.


1889

Râjâ o rânî (Le Roi et la reine), drame en vers dans la tradition shakespearienne.

1890

Visarjan (Le Sacrifice), drame tiré d'un roman publié par Tagore en 1887, Râjarshi (Le Saint roi). Trad. angl. Sacrifice, 1917. Il y dénonce les sacrifices d'animaux.

Pour calmer son inquiétude, il change sans cesse de résidence et de maison : Darjeeling, Sholapur, Poona, Calcutta, Ghazipur, Calcutta, Shilaïda, Çântiniketan, Sholapur encore. Sur un petit cahier dont il ne se sépare jamais, il note poèmes après poèmes. Il les publiera après son second voyage en Angleterre sous le titre Mânasî (La Muse).

AOUT-NOVEMBRE. Second voyage en Angleterre. Il publiera en 1891 ses impressions de voyage sous le titre Yurop-yâlrîr dâyâri (Journal d'un voyageur en Europe).

Sa nouvelle charge d'administrateur des domaines familiaux éveille sa vocation d'éducateur et de réformateur social. Observant avec sympathie la vie quotidienne du menu peuple du Bengale, il y puise la matière de ses nouvelles. Il vit souvent sur un bateau qu'il a dénommé Padma (Lotus), nom du bras oriental du Gange au bord duquel il est amarré.

Il entretient une longue correspondance avec sa nièce favorite Indira Devi, dont il publiera des extraits en 1913 sous le titre Chinnapatra (Les Lettres déchirées), (octobre 1885 à décembre 1895). Trad. angl. Glimpses of Bengal, 1921.

Bhâratî, le journal familial, est remplacé par Sâdhanâ ; il y publie pendant quatre ans poèmes, drames, histoires, critiques littéraires, essais sur tous les aspects de la vie sociale et nationale.

1891

Citrângadâ (Celle qui est ornée de bracelets multicolores, nom de l'héroïne), drame en vers inspiré du Mahâbhârata. Il y décrit l'enchantement du printemps. Publié en 1892. Trad. angl. Chitra, 1913 et franç., 1945.

1892

Goray galad (Anicroches au départ), comédie sociale.

1894-1900

Période de grande fécondité littéraire.


1894

Sonâr tarî (La Barque d'or), poèmes.

Chota-Halpa (Histoires brèves), quinze contes.

Vidây-abhiçâp (La Malédiction de l'adieu), drame. Traduit en anglais en 1921 sous le titre Kacha and Devayani dans le recueil The Fugitive, puis isolément en 1924 sous le titre The Curse at farewell. Trad. franç. : Kacha et Devayani, 1950.

Vicitra-galpa (Histoires diverses), contes.

Kathâ-catushtaya (Un Quarteron de récits), quatre contes.

1895

Chele-bhulâna chada (Histoire pour charmer les enfants), conte en vers.

Galpa-daçak (Un Dizain d'histoires), dix contes.

1896

Nadî (La Rivière), poèmes.

Citrâ (Poèmes divers), considéré comme un de ses plus beaux recueils de poèmes.

Kâvya-granthâvalî (Série d'oeuvres poétiques), recueil de poèmes et de drames en vers. On y trouve pour la première fois le drame de Mâlinî et Caitâli (La Récolte hivernale), poèmes.

1897

Vaikunther khâtâ (Le Manuscrit de Vaikuntha), comédie satirique.

Panca-bhûter dâyâri (Journal des cinq éléments). Controverse sur la vie et les lettres entre les cinq éléments composant l'univers : air, terre, eau, feu, éther, l'auteur servant de médiateur.

1898-1901

Tagore installe sa femme et ses cinq enfants à Shilaïda et se charge de leur éducation. Période d'activité politique : il participe à des réunions Publiques, des collectes, mais son oeuvre littéraire se poursuit. Il exalte les actions héroïques ou les réalisations spirituelles de l'Inde dans de longs Poèmes narratifs et dans des drames historiques.

1899

Kanikâ (Etincelles), poèmes brefs et épigrammes.


1900

Kathâ (Récits), poèmes en forme de ballades.

Kâhinî (Contes), recueil de drames en vers et de longs poèmes.

Kalpana (Rêveries), poèmes.

Kshanikâ (Ephémères), poèmes, un de ses chefs-d'oeuvre ; il y hausse le langage familier au rang de langue littéraire en l'employant pour écrire ces poèmes.

Galpa-guccba (Le Buisson d'histoires), contes.

1901

Galpa (Histoires), seconde partie de Galpa-guccha. Début d'une période d'idéalisme moral et religieux intense.

Brahma-manlra, Brahma-upanishad, essais religieux.

Naivedya (Offrandes), poésies d'inspiration religieuse offertes à son père alors âgé de quatre-vingt-trois ans. Certaines seront traduites dans le Gitanjali anglais.

Tagore éprouve le besoin de se retirer en pleine nature et pense à Çântiniketan où son père avait fait construire une maison et un temple. Il y veut faire revivre la vieille tradition indienne des ermitages dans la forêt (tapovana) où les sages vivaient entourés de disciples menant une vie simple et recueillie.

22 DÉCEMBRE. L'école de Çântiniketan est inaugurée. Elle compte cinq élèves, dont son fils aîné Rathindranath et cinq professeurs ; trois de ceux-ci sont chrétiens, l'un d'eux est anglais. Sa mission commence : former les nouvelles générations qui mèneront son peuple à la libération.

1902-1907

Sa vie familiale est réduite à néant : il perd successivement sa femme Mrinalini (23 novembre 1902), sa fille Renuka (ou Rani) âgée de treize ans (mai 1903), son assistant et disciple, le jeune poète Satis Chandra Roy (février 1904), son père le Maharshi (janvier 1905), son plus jeune fils, Samindra, âgé de treize ans (novembre 1907). Ses deux autres filles Madhurilata (ou Bela) et Mira sont mariées au loin ; son fils aîné Rathindra étudie l'agriculture aux Etats-Unis.

1903

Cokher vâli (Un Grain de sable dans l'oeil), roman réaliste.

Kâvya-grantha (OEuvres poétiques), recueil de chansons, de poèmes et de drames en vers. Contient : Smaran (In Memoriam), vingt-sept poèmes dédiés à sa femme, et Çiçu (L'Enfant), qu'il écrit en écoutant le babillage de ses enfants auxquels il cache son chagrin. Renferme aussi les poèmes patriotiques de Sankalpa (Résolution) et de Svadeç (Patrie).


1904

Svadeçî samâj (Le Mouvement national), en faveur de l'indépendance de l'Inde, essai politique.

Rabîndra-granthâvalî (Série d'oeuvres de Rabindra), recueil d'oeuvres diverses. On y trouve notamment deux nouvelles : Nashta-nîd (Le Nid détruit) et Cira-kumâr sabbâ (Le Club des célibataires). Cette dernière nouvelle sera rééditée séparément en 1908 sous le titre Prajâpatir nirbandha (Le Piège de Prajâpati). Une adaptation pour le théâtre en sera faite en 1926.

1905

La séparation du Bengale est proclamée par le Vice-Roi de l'Inde. Contre le démembrement du pays, Tagore proteste par ses discours, ses chants patriotiques ; il dresse dans ses conférences et dans ses essais un programme d'éducation et de régénération nationale, précédant le mouvement de non-coopération non-violente de Gandhi.

Atma-çakti (L'Energie qu'on tire de soi-même), essais et conférences Politiques.

Svadeç (Patrie), réimpression de Sankalpa et de Svadeç, publiés en 1903, augmentée du poème Çivâjî-utsav (La Fête de Çivâjî) ; Çivâjî, le grand restaurateur de la puissance Marathe au XVIIe siècle aux dépens des Mogols musulmans, y est considéré comme un symbole de la lutte pour l'indépendance.

Bâul (Le Chanteur bâul), chants patriotiques.

Vijaya-sammilan (L'Union pour la victoire), conférence.

1906

Bhârata-varsha (Le Pays des Bhâratas, c'est-à-dire l'Inde), conférences et essais politiques.

Râj-bhakli (La Dévotion au souverain), essai politique.

Deç-nâyak (Le Guide de la patrie), essai politique.

Tagore abandonne cependant la lutte active, par horreur de la violence et des compromissions. Les poèmes de Kheyâ (L'Attente au gué), sont une justification de sa conduite, violemment critiquée par ses compatriotes.

Naukâ-dubi (Le Naufrage), roman.

1907

Publication de conférences sur les principes de la littérature, écrites pour l'enseignement des étudiants chassés de leurs collèges par les troubles


politiques : Prâcîn-sâhitya (Littérature ancienne), Loka-sâhitya (Littérature populaire), Adhunik-sâhitya (Littérature contemporaine), Sâhitya (Littérature).

1908

Il crée une pièce à faire jouer en plein air par les garçons de Çântiniketan, dans laquelle prose et chants sont mêlés : Çâradotsav (La Fête d'automne).

1909

Prâyaçcitta (Expiation), drame tiré de son premier roman Bauthâkuranîr hât (1883). Il y ajoute un nouveau personnage dont l'action préfigure les campagnes de résistance civile par la non-violence et le non-paiement des taxes qui seront lancées par Gandhi quelques années plus tard.

1910

Râjâ (Le Roi), drame. Trad. angl. : The King of the dark chamber, 1914.

Gorâ, roman de l'Inde en sa période de transition. Trad. angl., 1923, trad. franç., 1961.

Gitânjali (L'Offrande de chants), recueil de poèmes. Un tiers de ceux-ci seront traduits par Tagore et incorporés dans le Gitanjali anglais, 1912.

1911

Jîvan-smriti (Reminiscences), volume de souvenirs publié l'année suivante. Trad. angl. : My Reminiscences, 1917, trad. franç. : Souvenirs, 1924.

Fatigué par les deuils et les luttes il se prépare à partir pour l'Europe pour chercher inspiration et réconfort, mais la veille du départ il tombe malade et doit se reposer à Shilaïda.

1912

Pour occuper son esprit pendant cette attente, il commence à remplir un petit cahier de traductions anglaises de ses poèmes.

27 MAI. Tagore embarque pour l'Angleterre avec son fils Rathindranath et sa belle-fille Pratima Devi. Dès son arrivée, il rend visite à Sir William Rothenstein, peintre et critique, lequel avait été l'hôte des Tagore à Calcutta et connaissait bien les neveux du poète, Abanin¬


dranath et Gaganendranath, eux-mêmes peintres. Il lui confie son cahier de traductions. Le poète irlandais Yeats, à qui Rothenstein a fait lire ces poèmes, s'enthousiasme. Rothenstein et lui font publier le recueil aux frais de l'India Society of London en octobre 1912, sous le titre : Gitanjali : Song offerings. Traduction d'André Gide en 1913 : L'Offrande lyrique.

OCTOBRE. Rabindranath part pour les Etats-Unis où il prépare une série de conférences, rédigées directement en anglais, qu'il lit à l'Université de Harvard. Elles seront publiées en 1913 sous le titre : Sâdhanâ, The Realisation of life. Traduction française : Sadhana, 1940.

1913

Après avoir fait des conférences à Chicago, à Rochester et à Boston, il retourne à Londres où l'on joue une de ses pièces : The Post-Office, traduction anglaise de Dâk-ghar, 1912. Traduction française de Gide en 1922 : Amal et la lettre du Roi.

Trois volumes de traductions sont édités : The Crescent moon, poèmes, trad. française : La Jeune lune, 1923 ; The Gardener, poèmes, trad. française : Le Jardinier d'amour, 1920 et Chitra, traduction de Citrângadâ écrit en 1891. Trad. franc. : Chitra, 1945.

SEPTEMBRE. Rentre aux Indes. Apprend le 13 novembre que le Prix Nobel de Littérature lui a été décerné. Ses compatriotes réalisent enfin le service et l'honneur qu'il a rendus à la langue et à la littérature bengalies.

DÉCEMBRE. L'Université de Calcutta le fait docteur honoris causa.

Au cours de ce séjour de dix-sept mois en Europe sa compréhension et son amour de l'humanité s'élargissent ; il devient véritablement citoyen du monde. Il se lie d'amitié pour la vie avec deux missionnaires anglais, C.F. Andrews et W.W. Pearson, qui l'aideront désormais dans ses entreprises.

Parution d'Acalâyatan (Le Sanctuaire immuable), drame satirique dans lequel il attaque les préjugés de la société hindoue. Son attitude le rend très impopulaire malgré l'objectivité avec laquelle il défend les valeurs traditionnelles.

1914

Gîti-mâlya (La Guirlande de chansons), Gân (Chansons), Gîtâli (L'Essaim de chants). Tagore a souvent déclaré que si le reste de son oeuvre venait à tomber dans l'oubli, ses chants resteraient vivants parmi son peuple. Tout le Bengale chante encore aujourd'hui ses chansons, regroupées dans le recueil Gîta-vitân, qu'on réédite sans cesse.


Gîtânjali. Il s'agit des originaux bengalis des poèmes groupés et traduits par Tagore dans le Gitanjali anglais de 1912. Le texte est imprimé en devanâgarî et non en caractères bengalis.

1915

MARS. Gandhi rencontre Tagore pour la première fois ; il reste six jours à Çântiniketan.

Le Gouverneur du Bengale en personne vient à Çântiniketan rendre hommage à Tagore qui a été nommé Chevalier par la Reine. Ceci lui vaut le blâme de ses compatriotes.

Ecrit Caluranga (En quatre parties), un de ses meilleurs romans, publié en 1916 dans la revue littéraire Sabuj patra. Trad. franç. : A quatre voix, 1924 et anglaise : The Broken ties, 1925.

Ghare-bâire (Dedans, dehors), roman, publié en 1916. Trad. angl. : The Home and the world, 1919 ; trad. franç. : La Maison et le monde, 1921. C'est la réponse de Tagore à ceux qui l'ont accusé de désertion au cours des années troublées où la lutte politique battait son plein.

Les attaques de ses compatriotes se font de plus en plus vives. Celles des Européens viendront s'y ajouter après ses discours contre le nationalisme.

Tagore traverse une dure crise. Il y trouve du moins l'inspiration de quelques-uns de ses plus beaux poèmes :

Balâkâ (Les Cygnes sauvages), poèmes des jours d'angoisse mais aussi d'espérance, publiés en 1916. Trad. franç. : Cygne, 1923 ; trad. angl. : A Flight of swans, 1955.

Ecrit Phâlgunî (Pièce pour le mois de Phalguna), publié en 1916, divertissement empli de chants et de danses qu'il fait interpréter par les enfants de Çântiniketan. Trad. angl. : The Cycle of Spring, 1917, et trad. franç. : Le Cycle du printemps, 1926.

1916

MAI. Entreprend un voyage de trois mois au Japon en compagnie d'Andrews et de Pearson.

Ecrit de courtes pièces imitées des poèmes japonais, soit directement en anglais, soit en les traduisant du bengali. Ces poèmes brefs seront groupés en 1917 dans le recueil Stray birds.

L'enthousiasme des Japonais très vif au début, baisse lorsque Tagore les met en garde contre le nationalisme dévorant des nations européennes qu'ils sont en passe d'imiter.

SEPTEMBRE. Second voyage aux Etats-Unis pour une tournée de conférences. (Elles seront publiées en 1917 sous les titres de Personality et


Nationalism.) Il doit l'interrompre devant le déchaînement de la presse et les menaces de ses compatriotes révolutionnaires qui résident aux Etats-Unis.

Rentre aux Indes par le Japon au début de l'année suivante.

1917-1919

Période de grande activité politique et pédagogique, mais presque stérile au point de vue littéraire. Il publie la traduction d'oeuvres antérieurement écrites en bengali ou le texte de conférences directement prononcées en anglais.

1917

Publication de : My Reminidcenced, Sacrifice and other plays, The Cycle of Spring, Perdonality, Nationalism. A la fin de l'année, il ouvre le Congrès national indien à Calcutta par la récitation d'un long poème en anglais : India's prayer.

1918

Ecrit Palâtakâ (La Fugitive), histoires en vers dites très simplement dans le style du langage parlé. Trad. angl. : The Fugitive, 1921, et trad. franç. : La Fugitive, 1922.

Ecrit encore trois nouvelles dans un but éducatif :

Tota-kahini (L'Education du perroquet), paru en 1918 dans la revue Sabuj patra et réédité en 1922 dans le recueil Lipika est une protestation contre l'éducation mécanisée qui ne cultive que la mémoire. Trad. angl. : The Parrot's training, 1918.

The Trial of the horde, fait le procès de l'homme qui brime la nature pour en tirer profit.

Old man's ghost, dénonce l'obsession du passé qui paralyse le présent.

De la petite école fondée en 1901 à Çântiniketan il veut faire une Université Internationale. Il annonce ce projet longuement médité le 22 décembre.

1919

Année marquée par la mort de sa fille aînée Bela.

13 AVRIL. Massacre de Jalianwalla Bagh à Amritsar et proclamation de la loi martiale.

29 MAI. Tagore qui n'a su la nouvelle des massacres qu'en mai renonce aussitôt à son titre de Chevalier dans une lettre ouverte au Vice-Roi.

24 JUIN. Signe la Déclaration d'indépendance de l'esprit rédigée par Romain Rolland au nom des intellectuels et des artistes.


Compose les poèmes en prose de Lipika (Croquis), publiés seulement en 1922.

Epuisé par le conflit perpétuel entre ses aspirations de poète ami de la solitude et sa vision prophétique de l'univers qui l'entraîne à l'action, il décide de partir pour un long périple en Europe, en quête d'encouragements et aussi d'aide financière pour réaliser son projet d'une université internationale destinée à favoriser le rapprochement Orient-Occident.

1920

En Angleterre : l'atmosphère est moins cordiale qu'autrefois du fait de la renonciation de Tagore à son titre de Chevalier. A Paris, il est reçu au Musée Guimet ; il rencontre Bergson et Sylvain Lévi. Il part ensuite en Hollande, en Belgique puis aux Etats-Unis où il est grandement déçu dans son espoir de recueillir des fonds pour son université et blessé par les insinuations de la presse qui l'accuse d'avoir joué un rôle dans le complot germano-indien de San Francisco (1918).

Il rencontre L.K. Elmhirst, qui étudie l'agriculture à l'Université Cornell ; il l'invite à venir créer aux Indes avec lui un centre de reconstruction rurale.

1921

MARS. Rentre à Londres, puis part pour Paris, voyageant en avion pour la première fois. Il y rencontre Romain. Rolland. A Strasbourg, où Sylvain Lévi est alors professeur, il parle du Message de la forêt. A Genève, à l'Institut Jean-Jacques Rousseau, il fait une conférence sur l'éducation. Il parle tour à tour à Hambourg, Copenhague, Stockholm, Berlin, Munich, Darmstadt, Vienne, Prague enfin. Dans cette ville il se lie d'amitié avec les deux grands indianistes M. Winternitz et V. Lesny ; celui-ci a été le premier savant occidental à traduire les originaux bengalis de Tagore.

JUILLET. De retour aux Indes après quatorze mois d'absence, il trouve son pays soulevé à l'appel de Gandhi par une vague de nationalisme qui le dresse contre tout ce qui est étranger.

Donne à Calcutta une conférence intitulée Çikshâr milan, « La Rencontre des cultures »(de l'Orient et de l'Occident). Ceci lui vaut une réplique violente du romancier Sarat Chandra sous le titre de Çikshâr virodh (Le Conflit des cultures).

SEPTEMBRE. Gandhi vient trouver Tagore à Jorasanko et essaie en vain d'obtenir son appui sans réserve et de l'entraîner activement dans sa lutte politique. Tagore au nom de la vraie liberté de l'âme ne peut


accepter l'obéissance passive et, refusant de prolonger le débat, se retire à Çântiniketan. Il y écrit :

Çiçu bholâ-nâtha (L'Enfant maître d'oubli), publié en 1922. Dans ces poèmes, il chante l'esprit d'enfance : « J'écris ces poèmes pour me délivrer de l'obsession des responsabilités de l'adulte. »

Pearson, absent depuis cinq ans, rentre à Çântiniketan, amenant avec lui L.K. Elmhirst qui vient organiser la communauté rurale voisine fondée par Tagore : Çrîniketan, « Séjour de la prospérité ».

OCTOBRE. Arrivée de Sylvain Lévi, premier professeur étranger invité à enseigner à Çântiniketan.

23 DÉCEMBRE. Inauguration officielle de l'université internationale Viçva-Bhâratî. Tagore fait don à l'université des terrains et des bâtiments ainsi que des droits d'auteur sur son oeuvre en bengali. L'université groupe une école, un collège, un centre de recherches, une école d'art et de musique ainsi qu'une grande bibliothèque.

1922

Tagore adjoint à l'université le centre de reconstruction rurale de Çrîniketan.

Mukta-dhârâ (Le Flot déchaîné), drame dans lequel Tagore rend implicitement hommage à la campagne de non-violence de Gandhi et exprime ses convictions politiques. Trad. angl. : The Waterfall, 1922 et Mukta-dhara (dans Three plays), 1950. Trad. franc. : La Machine, 1929.

Les voyages incessants tant en Inde qu'à l'étranger, les appels et les messages pour obtenir les ressources nécessaires à la vie de l'Université, nuisent à l'activité créatrice du poète qui n'écrit plus guère que des causeries, des chansons ou des pièces destinées aux étudiants.

Varshâ-mangal (Le Festival de la saison des pluies), destiné à être joué par ses étudiants.

1923

Ecrit Rakta-karavî (Les Lauriers pourpres), qui sera publié en 1924 dans la revue Prasari et réédité en 1926. Drame dans lequel Tagore met en scène le conflit entre l'état et l'individu. Trad. angl. : Red oleanders, 1925.

Lance la revue de l'université, le Visva-Bharati Quarterly, revue littéraire et philosophique.

1924

PRINTEMPS. Désireux de renouer les liens qui dans les siècles passés unissaient l'Inde aux autres pays asiatiques, il visite tour à tour la Malaisie, la Chine et le Japon.


AUTOMNE. Parti pour le Pérou avec L.K. Elmhirst, il tombe malade en route et trouve refuge à San Isidro (Argentine) chez la femme écrivain Vittoria Ocampo. Il y compose un certain nombre des poèmes de Pûravî (Chants du soir). Le recueil sera publié en 1926.

1925

Rentre aux Indes au début de l'année.

MAI. Visite de Gandhi qui essaie, une fois de plus mais toujours en vain, de rallier Tagore à sa « théorie du rouet » comme voie de salut national.

AUTOMNE. Les professeurs italiens C. Formichi et G. Tucci viennent enseigner à Çântiniketan. Ils apportent une collection de livres pour l'université ainsi qu'une invitation de Mussolini pour Tagore.

A la fin de l'année il préside la première session du Congrès philosophique de l'Inde à Calcutta, il préside ensuite la Conférence musicale de l'Inde à Lucknow, – il y apprend la mort de son frère aîné, le savant et le philosophe Dvijendranath –, il donne enfin une série de conférences à l'université de Dacca.

1926

De retour à Çântiniketan, il compose l'émouvante Natîr pûjâ (La Prière de la danseuse), pièce inspirée d'une légende bouddhique. Bravant les préjugés, il la fait jouer par ses étudiantes.

15 MAI. Répondant à l'invitation de Mussolini, Tagore se rend en Italie. Il prononce diverses conférences dont une The Meaninof art. La presse publie des versions mutilées de ses discours, les présentant comme des louanges du régime. A Villeneuve, Romain Rolland lui ouvre les yeux. Tagore dans une lettre au Manchester Guardian explique pourquoi il s'est rendu en Italie et condamne le fascisme. Après l'Italie et la France, Tagore visite l'Allemagne ; il y rencontre Einstein. Ensuite Prague, Vienne, Budapest, Belgrade, Sofia, Bucarest, Athènes lui font un accueil enthousiaste.

DÉCEMBRE. Rentre aux Indes.

1927

PRINTEMPS. Ritu-ranga (Le Jeu des saisons), drame musical chanté et dansé par les étudiants de Çântiniketan.

ETÉ. En Assam, il commence le roman Tin purush (Trois générations). Il s'arrête à la première génération et publie cette partie en 1929 sous le titre Yogâyoga (Rencontres).

JUILLET. Neuvième voyage, en Asie du Sud-Est : Malaisie, Java, Bali et Siam.


1928

Invité à Oxford. Sa santé très ébranlée l'oblige à interrompre son voyage à Ceylan. L'année 1928 est très riche en créations littéraires et artistiques, dues au repos forcé imposé au poète.

Çesher kavitâ (Le Dernier poème), roman publié en 1929. Trad. angl. : Farewell my friend, 1946.

Mahuâ (nom d'une fleur au parfum capiteux), poèmes.

Vriksha-ropana (La Plantation des arbres) et Hala-karshana (Le Labourage). Il s'agit de fêtes inventées par Tagore pour encourager le reboisement et l'agriculture. Elles ont été adoptées et généralisées par le gouvernement indien.

Ecrit Vana-vânî (Le Message de la forêt) poèmes sur les arbres, Publié en 1929.

Commence à dessiner et à peindre ; il y prend un tel plaisir qu'il composera pendant les treize dernières années de sa vie près de 3.000 dessins et peintures.

1929

Voyage au Canada, aux Etats-Unis, au Japon ; rentre aux Indes en faisant escale à Saïgon.

1930

Visite l'Inde de l'ouest. Conférence à Baroda : Man the artist.

Entreprend son onzième voyage.

MAI. A Paris, il expose ses peintures avec succès. A Oxford, il fait une série de conférences (Hibbert lectures) qui seront publiées en 1931 sous le titre The Religion of man. Trad. franç. : La Religion de l'homme, 1933. A Birmingham, à Londres, à Berlin, il expose ses peintures. A Oberammergau la représentation de la passion lui inspire un poème qu'il compose directement en anglais, The Child, édité à Londres, l'année suivante. Il rencontre Einstein à Kaputh.

Se repose un mois à Genève, puis, répondant à une invitation du gouvernement soviétique, il se rend à Moscou. On y expose ses peintures. Il notera ses impressions de voyage dans Râçiyâr cithi (Lettres de Russie), Publiées en 1931. Trad. angl. : Letters from Russia, 1960.

Part aux Etats-Unis. Expose ses peintures à New York et à Boston.

1931

Rentre aux Indes en passant par Londres.

Navîn (Le Nouveau), drame musical.


Ciçu-tîrtba, traduction en bengali du poème The Child composé en 1930. Il en tire une adaptation dramatique jouée à Calcutta.

1932

4 JANVIER. Il interrompt les fêtes données en l'honneur de son soixante-dixième anniversaire à l'annonce de l'arrestation de Gandhi.

Compose Vicitrita (Nuances), poèmes sur la peinture. Le recueil paraîtra en 1933 avec des illustrations de Nandalal Bose, d'Abanindranath Tagore, et d'autres peintres.

11 AVRIL. Se rend à une invitation du Shah et vizite Shiraz, Ispahan, Téhéran où il est comblé d'honneurs tant officiels que populaires.

Rentre aux Indes par Baghdad. Il apprend à son retour la maladie, puis la mort, en Allemagne, de son unique petit-fils Nitindra.

Pariçesh (La Fin), poèmes.

Punaç ca (Post-scriptum), poèmes dédiés à Nitindra.

20 SEPTEMBRE. Jeûne à mort décidé par Gandhi dans sa prison de Yeravada, pour protester contre le statut séparé des musulmans et des minorités visant à briser l'unité indienne. Tagore le soutient par sa présence et ses manifestes : Mahâtmâjir çesh-vrata (Le Dernier voeu du Mahâtmâ), et les essais groupés sous le titre Mahatmaji and the depressed bumanity.

L'Université de Calcutta offre à Tagore une chaire de bengali ; il y adjoint une commission pour la compilation des termes techniques et scientifiques en bengali.

Fait jouer à Calcutta deux pièces : Tâçer deç (Le Royaume des cartes), éditée en 1933 et traduite sous le titre Kingdom of cards en 1933 et en 1939, et Candâlikâ (La Femme hors-caste), drame à deux personnages tiré d'une légende bouddhique. Trad. angl. 1938 et 1950.

Festival Tagore à Bombay. Il y est invité avec ses élèves.

Donne des conférences à l'Université Andhra, à Waltair. Elles seront publiées en 1937 sous le titre : Man.

Visite Hyderabad dont le Nizam l'a aidé à créer une chaire d'études islamiques à Çântiniketan.

DÉCEMBRE. Prononce au « Senate Hall » de Calcutta une conférence sur Râm Mohun Roy, le fondateur du Brahmo-samâj : Bhârat-pathik Râm Mohun (Râm Mohun, pèlerin de l'Inde).

1933

Publie Dui bon (Les deux soeurs), roman.

Vâmsarî (La Flûte), comédie sur la vie de la haute société de Calcutta.


1934

JANVIER. Reçoit J. Nehru et sa femme à Çântiniketan.

Petite polémique avec Gandhi au sujet d'un tremblement de terre que celui-ci veut présenter comme un châtiment de Dieu.

, L'Université Viçva-Bhâratî a pris un développement considérable ; l'argent manque. Pour en trouver Tagore entreprend des tournées théâtrales qui le mèneront avec ses étudiants jusqu'à Ceylan.

Il y termine le roman Câr-âdhyâya (Quatre chapitres). Publié cette même année le roman, qui traite du conflit entre les valeurs humaines et les idéaux politiques, lui vaut d'âpres critiques. Trad. angl. : Four chapters, 1936-37 dans la revue américaine Asia et, isolément, 1950.

1935

Deux recueils de poèmes : Çesh-saptak (La Dernière note de la gamme), et Vîthikâ (L'Avenue).

Trop âgé pour voyager beaucoup, il change néanmoins souvent de maison. Les femmes santales lui construisent à Çântiniketan une maison de terre. Il en prend possession le 7 mai et la dénomme Çyâmalî, celle qui est vert-sombre. Il y écrira un recueil de poèmes précisément intitulé Cyâmalî, publié en 1936, et traduit en anglais en 1955.

Monte et joue deux anciennes pièces à Çantiniketan et à Calcutta : Çâradotsav (Le Festival d'automne), et Arûp-ratan (Le Joyau caché), adaptation pour la scène faite en 1920 du drame Râjâ (1910).

1936

Conférences à Calcutta.

Pour recueillir de l'argent pour son université, il entreprend de faire jouer en diverses villes un ballet dramatique tiré de Citrângadâ : Nrityanâty a Citrângadâ. Il en compose la musique tandis que Pratima Devi, sa belle-fille, en règle le ballet, resté populaire entre tous. Il assiste sur la scène à la représentation.

1937

PRINTEMPS. Pour la première fois dans l'histoire de l'Université de Calcutta, il ouvre la séance solennelle de rentrée par un discours en bengali.

Au Parlement des Religions, il commémore le centenaire de la naissance de Ramakrishna par une allocution.

Inauguration à Çântiniketan du China-bhavana, le département d'études sinologiques de son université, le premier qui ait été jamais créé aux Indes.


ETÉ. A Almora, station estivale de l' Himalaya, il écrit Viçvaparicaya (Introduction à l'univers), présentation de la science moderne pour les lecteurs bengalis.

Fait jouer à Calcutta Varsha-mangal (La Fête de la saison des pluies).

Publie divers recueils :

Khâpchâdâ (Sans rime ni raison), poèmes humoristiques qu'il illustre lui-même.

Se (Celui-là), fantaisie en prose illustrée par lui-même.

Châyâr chavi (Images d'ombre), poèmes illustrés par Nandalal Bose.

Kâlântar (En un autre temps) est un recueil d'essais politiques et sociaux, le premier essai, qui donne son titre au recueil, a paru dans la revue Parichaya en 1933. Trad. angl. sous le titre The Changing Age dans le recueil Towardss universal man, 1961.

AUTOMNE. Première crise grave. Entre dans un état quasi-comateux. Il en décrit l'expérience dans les poèmes de Prântik (Confins), publiés en 1938.

1938

Est très affecté de l'attaque de la Chine par le Japon, triomphe du nationalisme qu'il a toujours combattu.

Semjuti (La Lampe du soir), poèmes.

Pathe o pather prânte (En voyage et au terme des voyages), lettres de l'étranger.

Bangla-bhâshâ-paricaya (Introduction à la langue bengalie).

Candâlikâ nritya-nâtya, ballet dramatique tiré de Candâlikâ (1932).

1939

Prahasinî (Celle qui sourit), poèmes humoristiques.

Akâç-pradîp (La Lampe céleste), poèmes.

La Viçva-Bhâratî commence l'édition complète des oeuvres de Tagore sous le titre Rabîndra-racanâvalî. Sept volumes paraîtront du vivant de l'auteur. La collection, qui contient un certain nombre d'inédits, compte à ce jour vingt-six volumes.

1940

FÉVRIER. Dernière rencontre entre Tagore et Gandhi à Çântiniketan.

5 AVRIL. Mort de C.F. Andrews, l'ami fidèle.

7 AOUT. L'Université d'Oxford le nomme docteur honoris causa.

Publie Tin sangî (Le Trio), recueil de ses trois dernières nouvelles : Ravivâr (Un dimanche), Çesh kâthâ (Le Dernier mot), et Laboratori (Le Laboratoire).


SEPTEMBRE. Tombe gravement malade à Kalimpong. On le transporte à Calcutta, puis à Çântiniketan. Ses forces déclinent peu à peu, mais son activité littéraire est plus grande que jamais.

Publie trois recueils de poèmes : Nava-jâtak. (Naissance nouvelle), Sânâi (Le Pipeau) et Rog-çayyây (Du lit de malade).

Souvenirs d'enfance ; Chele-velâ (Le Temps de l'enfant). Trad. angl. : My boyhood days, 1940 et trad. franç. : En ce temps-là, 1950.

Arogya (Guérison), essai.

La guerre qui se déchaîne en Europe et en Asie augmente son angoisse et sa peine.

1941

Tagore ne peut plus écrire, mais dicte encore Arogya (Guérison), poèmes composés durant les deux premiers mois de l'année.

14 AVRIL. Son quatre-vingtième anniversaire est célébré par l'Inde entière le jour du nouvel an bengali. A Çântiniketan, on lit en sa présence sa profession de foi : Sabhyatâr sankat (La Crise de la civilisation). Trad. angl. : Crisis in civilization, 1941.

Publie encore : Janmadine (Anniversaire), poèmes.

Galpa-salpa (Des histoires), collection de contes, de souvenirs et de Poèmes écrits pour sa petite fille Nandita.

25 JUILLET. Ramené à Calcutta dans la maison familiale de Jorasanko, il doit y être opéré. Le matin même de l'opération, il dicte son dernier poème, publié dans le recueil Çesh-lekhâ (Derniers écrits) en 1942.

7 AOUT. Meurt à l'âge de quatre-vingts ans et trois mois.


LA FAMILLE TAGORE (Généalogie sommaire)


I. LE CADRE FAMILIAL ET SOCIAL

1. ORIGINES FAMILIALES

Famille de « fermiers généraux », illustre au Bengale, bien que déchue de sa caste par suite d'alliances lointaines avec les musulmans, c'est avec le grand-père du poète, Dvarkanath Tagore qu'elle atteins à l'apogée de sa puissance.

DVARKANATH TAGORE (1794-1846), DIT LE « PRINCE TAGORE », GRAND-PÈRE DU POÈTE.

D'esprit très ouvert, débordant d'activité créatrice, ami et disciple fervent de Râm Mohun Roy l'apôtre d'une religion universelle, le « prince Tagorre » comme comme on l'appelait à cause de sa richesse et de sa munificence, fut un des artisans passionnés de la modernisation du Bengale. Etude de mesures pour l'amélioration des courriers avec l'Angleterre, campagnes pour l'abolition de la censure de la presse, appui financier à cinq grands journaux de Calcutta, création de la première banque du Bengale, l'« Union Bank », en 1829 et de la société des propriétaires terriens, sont quelques-unes des manifestations de son esprit d'entreprise. Son sens de l'humain en fait un des organisateurs du collège de médecine de Calcuttadont il envoie quatre étudiants bengalis poursuivre à ses frais, leurs études en Angleterre –, et l'un des plus ardents champions de la lutte contre la coutume de la satî (la veuve brûlée sur le bûcher funéraire du mari). Lors d'un premier voyage en Angleterre en 1842, il est reçu par la reine Victoria et échange par la suite avec elle une correspondance suivie, conservée dans les archives du Victoria Mémorial à Calcutta. Au cours de son deuxième voyage en Europe, en 1844, il est reçu en France à la cour de Louis-Philippe. Il meurt subitement en Angleterre en 1846.

1. JOURNAL D'UN OCTOGÉNAIRE. Souvenirs d'un curieux octogénaire (Félix-Sébastien Feuillet de Conches). Fin du Premier Empire et Restauration. Nouvelle édition revue et augmentée. Tiré à cent exemplaires (au Puy-en- Velay) pour distribution privée, 1882. In-4°, VI-357 p. – A M. Charles Jagerschmidt.

Le chapitre XXV intitulé Arrivée de personnages indiens, évoque le séjour à Paris et la mort à Londres de Dvarkanath Tagore. Feuillet de Conches (1798-1887) était alors sous-directeur du Protocole aux Affaires Etrangères. Il se lia d'amitié avec Dvarkanath qui lui avait été recommandé par le consul général de France à Calcutta. Dans les salons parisiens le « Prince Tagore » obtint le plus vif succès. Pittoresque et généreux, il fut assailli de demandes mais ne donna jamais volontiers que pour les oeuvres. L'Institution des Jeunes Aveugles, fondée en 1784 par Valentin Haüy. le remplit d'admiration et il décida aussitôt de créer à Calcutta un établissement semblable.


2. DVARKANATH TAGORE, ami de Félix-Sébastien Feuillet de Conches. Aquarelle non signée, non datée. 41 X 28 cm. – A M. Charles Jagerschmidt.

3. DVARKANATH TAGORE ET FÉLIX-SÉBASTIEN FEUILLET DE CONCHES. Dessin à la plume signé et dédicacé : « 1er mars 1846, Paris, Feuillet de Conches, à mon ami Dvarkanauth Tagore, de Calcutta. » 20 X 30 cm., cadre laqué indien, 37X46 cm. – A M. Charles Jagerschmidt.

DEVENDRANATH TAGORE (1817-1905), DIT LE « MAHARSHI »(GRAND SAINT), PÈRE DU POÈTE.

Fils aîné de Dvarkanath et second de ses six enfants, il fut élevé au milieu du luxe et des plaisirs dans la vaste demeure familiale de Jorasanko, quartier très animé de Calcutta. A la mort de sa grand-mère, par qui il avait été élevé, il se sent attiré vers la vie spirituelle et fonde en 1839 la « Société de Réveil à la Réalité », la Tattvabodhinî sabhâ.

A la mort de son père en 1846, on s'aperçoit de la ruine familiale. La partie saisissable des biens de Dvarkanath ne suffisant pas à payer les dettes, Devendranath décide, d'accord avec ses frères, de sacrifier ses biens propres et les leurs. Les créanciers, impressionnés par la noblesse de son attitude, le prennent pour gérant des biens saisis, ce qui lui permet de rembourser toutes les dettes de son père.

Il reste très attaché aux traditions hindoues : son église s'écarte en plusieurs points du Brahmo-samâj, avec lequel elle fusionnera pourtant en 1859. A partir de 1886, il prend l'habitude de se rendre en pèlerinage chaque année dans l' Himalaya. Il fonde même un âçram, un ermitage, à Çântiniketan (Le séjour de la paix), distant de deux ou trois kilomètres de Bolpur, de cent cinquante de Calcutta. Il y fait bâtir un temple et une maison, accueille les pèlerins en route pour l'Himalaya, médite et lit. Une de ses lectures préférées est une traduction anglaise du livre de Victor Cousin : Du vrai, du beau et du bien. Dans sa vieillesse, il s'attache même à l'étude du français pour lire l'ouvrage dans le texte original. C'est dans la maison de Jorasanko qu'il meurt en 1905, entouré de ses enfants,il en avait eu quinze –, et de ses petits-enfants.

4. « LE MAHARSHI » DEVENDRANATH TAGORE, à l'âge de quarante-cinq ans. Photographie.

5. THE AUTO-BIOGRAPHY OF MAHARSHI DEVENDRANATH TAGORE. translated from the original bengali by Satyendranath Tagore and Indira Devi. Calcutta, S.K. Lahiri, 1909. In-8°, XXIV-195 p., pl.The Royal Commonwealth Society. Londres.


Quelques extraits de ce livre ont été traduits dans l'article de M. Dugard : Maharshi Devendranath Tagore. dans : L'Inde et son âme. (Feuilles de l'Inde, 1), p. 325-333. On trouve dans le même ouvrage, p. 483-486, l'histoire de la fondation de Çântiniketan par le Maharshi.

6. L'ARBRE CHATIM et la stèle de marbre érigée en souvenir du lieu de méditation du Saint. On y a gravé le texte : « Il est le repos de ma vie, La joie de mon coeur, La paix de mon esprit. » – Photographie.

Sous cet arbre, en ce lieu alors désertique, le « Maharshi », en route vers l'Himalaya, s'était arrêté pour méditer. Des brigands venus pour le dévaliser étaient repartis touchés et convertis.

Dès avant la naissance du poète, son père avait acheté des terrains en cet endroit avec l'intention d'y bâtir une maison, d'y planter des arbres et d'en faire un lieu de retraite ouvert à tous, sans distinction de castes ou de croyances.

7. L'ARBRE CHATIM, peinture par Andrée Karpelès. 94 X 78 cm. – A Mlle Suzanne Karpelès.

Andrée Karpelès était l'élève du peintre Abanindranath Tagore, neveu du poète et chef de « l'Ecole de Calcutta ».

Avec son mari, C.A. Högman, elle a édité la collection « Feuilles de l'Inde » qui compte nombre d'oeuvres d'Abanindranath et de Rabindranath qu'elle traduisit, le plus souvent sous le pseudonyme d'Amrita.

8. « I CANNOT REMEMBER MY MOTHER », poème de Rabindranath Tagore tiré du recueil bengali Çiçu bholânâth (1922) et traduit par lui dans le Visva-Bharati Quarterly, 1936, mai-juillet, p. 22. – A M. Gaétan Fouquet.

La mère de Tagore, Çarada Devi mourut lorsqu'il était âgé de quatorze ans. Ce poème, et un passage des Souvenirs évoquent la tendresse lointaine de cette mère qui vivait ret rée dans les appartements de la grande maison.

« Je ne peux me souvenir de ma mère, mais lorsque de ma fenêtre je regarde le bleu du ciel à l'horizon, je sens que le calme de son regard lorsqu'il me contemplait, a rempli tout le ciel. »« Quand aux premiers jours du printemps, je courais dehors comme un petit fou, une poignée de jasmin nouée dans un coin de mon écharpe de mousseline, si ces boutons de fleurs, doux et arrondis, venaient à toucher mon front, ils me rappelaient soudain la caresse des doigts de ma mère. Et je sentais aussi que la tendresse qui jadis animait ces doigts charmants était celle qui s'exprime dans la pureté de ces fleurs. »

2. LA VIE A JORASANKO

Tagore a décrit la vie à Jorasanko, où tous les membres de La famille vivaient réunis, dans ses souvenirs d'enfance. Le père ne revenait qu'unfois l'an de l'Himalaya. Frères aînés, belles-soeurs, cousins, neveux emplissaient la grande maison de ipoésie, de musique, de chants, de représentations théâtrales, de discussions animées sur les réformes religieuses ou sociales.


9. LA MAISON FAMILIALE DES TAGORE à Jorasanko (Calcutta), où est le poète. Au temps de la splendeur du « Prince Dvarkanath », près de trois cents personnes y vivaient. Un coin de la cour montre l'alignement des colonnes et des vérandas. Photographie.

10. JEUNES FEMMES DE LA FAMILLE TAGORE jouant aux dames sur une des terrasses de la maison de Jorasanko. Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

11. RABINDRANATH TAGORE (debout à gauche). La première photographie à l'âge de treize ans. Calcutta, 1873-1874.

12. RABINDRANATH TAGORE. La deuxième photographie à l'âge de quatorze ans. Calcutta, 1875-1876.

LES FRÈRES AINÉS.

Trois frères aînés du poète : Dvijendranath (1840-1926), Satyendranath (1842-1923) et Jyotirindranath (1849-1925) eurent une influence capitale sur da formation intellectuelle et artistique.

13. DVIJENDRANATH ET RABINDRANATH EN 1914. Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

14. DVIJENDRANATH TAGORE. Gîtâpâth (Discours sur la Bhagavad-gîtâ.) Calcutta, 1322 (= A.D. 1916). In-16°, 338 p. – A Mme Krishna Riboud.

De vingt ans plus âgé que Rabindranath, Dvijendranath était le guide spirituel de ses jeunes frères. Philosophe et mathématicien de grand renom, il était aussi musicien et poète et sa grande composition poétique, Svapnaprayân (Le Voyage de rêve) est considéré comme un chef-d'oeuvre.

Il fut directeur du journal littéraire Bharati, fondé en 1877 par son frère Jyotirindranath et dans lequel le jeune Rabindranath publia sa première nouvelle.

Tagore collabora assidûment par la suite à cette revue.

Dvijendranath eut sept enfants. Le fils aîné Dvipendranath (1862-1922) eut un fils, Dinendranath (1882-1935), dont la mémoire musicale était extraordinaire. Tagore, qui l'appelait plaisamment : « ma mémoire », le chargeait de noter ses mélodies au fur et à mesure qu'il les lui chantait. Le quatrième fils de Dvijendranath, Sudindranath (1869-1929), fut le fondateur du journal Sâdhanâ qui succéda à Bhâratî en 1890. Tagore y publia de nombreuses oeuvres. Mais la revue n'eut qu'une existence éphémère et cessa de paraître au bout de quatre années.

15. SATYENDRANATH ET SA FEMME JNANADANANDINI, Jyotirindranath et sa femme Kadambari. Photographie.


Satyendranath fut le premier indien à être reçu au difficile concours de l'Indian Civil Service. Sa femme très cultivée fonda un journal pour enfants Bâlak (Enfant). Leur fils Surendranath (1872-1940) et leur fille Indira (1873-1960) étaient très aimés du poète. Il les retrouva tous quatre lorsqu'il fit son premier séjour en Angleterre. « C'était la première fois que se présentait à moi l'occasion de donner mon coeur à des enfants, et ce don d'amour eût la fraîcheur et l'exhubérance d'une première offrande. »

Jyotirindranath, fut un homme de lettres et un musicien de grand talent. C'est lui qui a exercé la plus grande influence sur Rabindranath. « Enthousiaste, il aimait à cultiver l'enthousiasme chez autrui. En ce temps-là, mon frère passait des journées entières à son piano, absorbé dans la composition de nouveaux chants. Des torrents de mélodies surgissaient sous ses doigts pendant qu'Akshay et moi, assis à ses côtés, nous hâtions d'adapter des paroles à la musique, à mesure qu'elle prenait forme pour la fixer dans notre mémoire. Tel fut mon apprentissage de compositeur de chants. » C'est Jyotirindranath justement qui inventa plus tard une notation musicale originale. Esprit curieux, il cessa vite de composer des oeuvres personnelles pour s'attacher à des traductions d'oeuvres sanskrites, anglaises et françaises : le nombre en est impressionnant. Il fut un des premiers, sinon le premier à traduire la littérature française en bengali. Parmi ses traductions, on peut citer : de Molière, Le Bourgeois gentilhomme, en 1884, et Le Mariage forcé, en 1902 ; de Pierre Loti, L'Inde (sans les Anglais), en 1909 ; enfin Du Vrai, du beau et du bien de Victor Cousin en 1911, en souvenir de son père dont cet ouvrage était la lecture favorite. Pendant la première guerre mondiale, il traduisit la Marseillaise en bengali, dans la revue Pravasi, de 1915, en hommage à la France.

16. JYOTIRINDRANATH TAGORE. Satya, sundara, mangala. Calcutta, 1911. In-8°, 359 p. – A Mme Krishna Riboud.

Traduction en bengali de l'ouvrage de Victor Cousin. Du Vrai, du beau et du bien. Paris, 1853.

17. JYOTIRINDRANATH TAGORE. Imrâj-varjjita bhâratavarsha. Calcutta, 1909. In-8°, 375 p. – A Mme Krishna Riboud.

Traduction en bengali de l'ouvrage de Pierre Loti, L'Inde (sans les Anglais). Paris, 1903.

18. KADAMBARI, « la jeune belle-soeur », à l'âge de vingt-trois ans, 1883.

Tagore a passé à son foyer les années les plus heureuses de sa vie. D'abord compagne de jeux (tous deux étaient fort jeunes lorsqu'elle épousa son frère Jyotirindranath), elle devint sa confidente et son amie. Son suicide en 1884, a marqué toute la vie du poète. Dans le poème « Un portrait » du recueil Balâka (Cygne), il écrit pour elle :

« Si vous n'êtes pas devant mes yeux, c'est que vous êtes la lumière même qui luit en eux. Vous êtes le vert dans la verdure du monde, le bleu dans le bleu du ciel, le rythme interne dans l'harmonie de mon univers.

Personne ne sait, le sais-je toujours moi-même, que vous êtes la musique dans mes chansons, le poète dans le poète. »(Traduit d'après Krishna Kripalani. Tagore : A Life, New-Delhi, 1961.)


COUSINS ET NEVEUX.

Les cousins Ganendranath (1846-1869) et Gunendranath (1847-1881), fils de Girindranath (1820-1854), ), frère du Maharshi, étaient aussi de remarquables personnalités. Ainsi en parle Tagore :

« Mon cousin Ganendra avait chargé le Pandit Tarkaratna de composer un drame que l'on mettait en scène chez nous. Son enthousiasme pour les lettres et les arts était sans bornes. Il formait le centre d'un groupe qui travaillait consciemment alors à préparer la renaissance qui se manifeste aujourd'hui... C'est lui, on peut l'affirmer, qui donna le premier élan aux auteurs de nos poèmes et de nos chants patriotiques... »

« Je me rappelle encore mieux Gunendra, le frère cadet de Ganendra. Lui aussi remplissait la maison du prestige de sa personnalité... Son appréciation lumineuse des arts et des talents le maintenait dans un rayonnement continuel d'enthousiasme. Il était le mécène toujours prêt à patronner quelque nouveau projet de festivité, une partie de plaisir, une représentation théâtrale ou tel ou tel autre divertissement qui ne manquaient jamais de réussir sous ses auspices… » (Souvenirs, p. 101-103.)

Les trois fils de Gunendranath que Tagore appelle ses neveux furent presque ses contemporains. L'un Samarendranath (1870-1951) était de disposition calme et méditative mais les deux peintres Gaganendranath (1867-1938) et Abanindranath (1871-1951), membres actifs de la Society for Oriental Art, avaient fondé à Calcutta une sorte d'école d'art, le Club Vichitra (Variété), avec studios et bibliothèque, presse à lithographier. Ils y tenaient des soirées littéraires, musicales ou théâtrales, auxquelles Rabindranathh toujourss activement participé ; il y jouait ses pièces avec ses neveux. Abanindranath rassembla des collections d'art populaire : dessins d'« alpona », broderies, vanneries, poteries. Pour organiser son école d'art à Çântiniketan, Rabindranath fit appel à ses neveux et à leurs disciples ; ce fut la fin du Club Vichitra.

19. REALM OF THE ABSURD, by Gaganendranath Tagore. Calcutta, Vichitra Press, lithographed by Hari Ch. Mandal, 1917. In-fol., 15 pl. – A M.L.K. Elmhirst.

20. DEUX PORTRAITS, dont l'un d'Ananda Coomaraswamy, par Gaganendranath. Reproduits à la suite de l'article : « The Art of Gaganendra Nath Tagore » par Nirad C. Chaudhuri dans The Modern Review, Calcutta, mars 1938, p. 330-334. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Gaganendranath l'aîné des deux frères est venu vers 1910 seulement à la peinture. Influencé d'abord par l'art japonais, il sut garder son indépendance à l'égard de son cadet déjà maître incontesté de « l'Ecole de Calcutta ». Très attiré par le


Cubisme, il fut aussi un portraitiste et un caricaturiste de talent. Rabindranath et lui mirent leurs dons au service du journal d'avant-garde Sabuj Patra, l'un écrivant, l'autre illustrant, tous deux essayant d'ébranler les conventions sociales, écrasantes surtout pour les femmes.

21. ABANINDRANATH TAGORE à Çântiniketan à l'âge de cinquante-trois ans. 1924. Photographie.

Quand Abanindranath vint, avant son aîné, à la peinture, l'art européen mal assimilé avait fait des ravages ; celui surtout d'avoir fait oublier l'art indien. Abanindranath eut à redécouvrir la technique des anciens maîtres des écoles mogoles et rajpoutes. Il y parvint grâce à l'Anglais E.B. Havell, directeur de l'école gouvernementale d'art de Calcutta à la fin du XIXe siècle, qui ne cessa de l'aider. S'essayant d'abord à rejeter de son oeuvre toute influence occidentale, Abanindranath vit bientôt qu'il fallait redonner à l'art traditionnel la touche de vie et d'émotion que l'abus des « poncifss » lui avait fait perdre. Il s'entoura d'élèves et on entendit bientôt en Angleterre et en France chanter les louanges de la nouvelle école de peinture de Calcutta ; on en put même admirer les oeuvres en Europe. Cf. The New Indian School of painting, by E.B. Havell, dans The Studio, London, vol. 44, p. 107-117. Une renaissance de l'art hindou, par Andrée Karpelès dans Art et Décoration, mai 1913, supplément p. 3-5, Le Réveil artistique de l'Inde, par M. Hollebecque dans l'Art décoratif, janvier-juin 1914, p. 65-78 (Compte rendu de l'exposition de Paris, Grand Palais, février 1914). Ardent folkloriste, ses enquêtes, ses collections d'art populaire, les publications qu'il en a faites, ont sauvé un riche patrimoine au moment il allait se perdre. Le plus bel hommage lui a été rendu par Rabindranath qui le considérait comme le meilleur artisan de la renaissance indienne. Un volume du Visva-Bharati Quarterly lui est consacré : Abanindra number, edited by K.R. Kripalani. V.B.Q. vol. VIII. Parts 1, 2, mai-oct. 1942.

22. ARBRES. Peinture originale dabanindranathh Tagore. e. 34 34 X 20 cm. Cadre 5 2 X 38 cm. – A Mme Krishna Riboud.

23. THIRTY PLATES. Abanindranath Tagore. Calcutta, Visva-Bharati, 1951. In-fol., n° 22 du tirage limité à 60 exemplaires. – A M.L.K. Elmhirst.

Reproductions en couleurs de trente peintures d'Abanindranath exécutées de 1895 à 1941.

On expose ici la pl. 16 représentant la déesse Umâ (ou Durgâ), épouse du dieu Çiva, sous sa forme, populaire au Bengale, de Manasâ, la déesse aux serpents.

24. ABANINDRANATH TAGORE. L'ALPONA ou les décorations rituelles au Bengale. Traduction d'Andrée Karpelès et de Tapanmohan Chatterji. Paris, Bossard, 1921. In-16, 88 p., fig.B.N., Impr., 8°O2k. 1628.

On appelle alpona les décors tracés sur le sol les jours de fêtes par les femmes et les jeunes filles, à l'aide d'un doigt trempé dans de la poudre de riz diluée dans l'eau et parfois colorée.


Deux petits volumes d'Abanindranath sur l'art hindou traditionnel ont été également traduits par Andrée Karpelès : Art et anatomie hindous. Paris, Bossard, 1921. In-16, 56 p., fig. et Sadanga ou les six canons de la peinture bindoue, Paris, Bossard, 1922. In-16, 112 p., fig.

25. ABANINDRANATH TAGORE. LA POUPÉE DE FROMAGE. (Khirère Poutoul), préface de Selma Lagerlöf. Bois dessinés et gravés par Andrée Karpelès. Gap, publications Chitra, 1950. In-16, 141 p. (Cahiers des Deux perruches, n° 1). – B.N., Impr., 16° Z. 4060 (1).

L'adaptation française de ce conte est due à Amrita (Andrée Karpelès) ; elle a été faite sur la version anglaise inédite du Professeur Amya Chandra Chakravarty.

26. ABANINDRANATH TAGORE ET ANDRÉE KARPELÈS. RONDES ET BERCEUSES. Mouans-Sartoux, publications Chitra, 1939. In-16, XVI-214 p. (Feuilles de l'Inde, n° 7.) – B.N., Impr.,Ya. 763 (7).

L'adaptation française par Andrée Karpelès a été faite sur la version anglaise inédite du texte bengali par Tapanmohan Chatterji.

3. SOUVENIRS ET CORRESPONDANCE AVEC SA NIECE INDIRA DEVI

Deux volumes de souvenirs écrits lorsque le poète approchait de sa cinquantième puis de sa quatre-vingtième année content de façon délicieuse les années d'enfance et d'adolescence, les premières expériences littéraires, et nous mènent dans sa vie jusqu à la rédaction de Kadi o Komal (Dièses et bémols) « sérénade chantée dans la rue devant les maisons des hommes pour implorer l'accès à leurs demeures mystérieuses », et jusqu'au second voyage en Angleterre, 1890.

Entre 1887 et 1895, Tagore eut avec sa jeune nièce Indira Devi, une correspondance suivie dans laquelle il a exprimé très librement tout ce qu'il ressentait. Période importante s'il en fut dans son développement, quand explique-t-il lui-même, il croissait comme un jeune arbre, lançant ses rameaux en toutes directions, avide de pénétrer dans un monde nouveau.

Malgré son récent mariage avec Mrinalini Devi en décembre 1883 (la fillette de même caste mais d'humble famille choisie par le « Maharshi » avait alors dix ans), malgré les enfants (nés en 1886, 1888, 1890, 1892, 1894), le poète ne parvient pas à se laisser prendre dans le réseau de la vie familiale comme le voudrait son père qui lui a aussi confié la surveillance des domaines familiaux. Il vit sur son bateau, allant de village en village sur la rivière Padma (bras oriental du Gange), jouissant du fleuve, du spectacle de la vie qui se déploie sur les berged, d'arrêtant un instant et reprenant son lent voyage.


De grandes oeuvres poétiques : Mânasî (La Musée), Sonâr Tarî (Barque d'or), des chansons innombrables ont été écrites sur ce bateau et le contact direct avec les riverains lui inspira ses plud beaux contes.

27. SOUVENIRS. Traduit de l'anglais par Mme E. PieczynskaParis, éditions de la Nouvelle Revue Française, 1924. In-40, 227 p. (La douzième et dernière édition de ce texte date de 1957.) – Bibliothèque Jacques Doucet.

Exemplaire sur vergé Lafuma LXIV/C, imprimé pour Jacques Doucet.

Original bengali : Jîvan Smriti, 1912. Traduction anglaise : My Reminiacencea.

– London, Macmillan and Co., 1917. In-8°, XI-272 p., portr., pl. Autre édition : New York, The Macmillan company, 1917.

28. CHELE-VELA. Calcutta, Visva-Bharati, 1347 (= 1940). In-8°, 11-87 p. – A Mme Krishna Riboud.

« Le temps de l'enfant », original bengali du volume de souvenirs écrit en 1940. Signature de l'auteur : Rabindranath, sur la page de garde.

29. EN CE TEMPS-LA. Souvenirs d'enfance et de jeunesse. – Gap, publications Chitra, 1950. In-16°, 159 p., bois gravés par Andrée Karpelès. (Feuilles de l'Inde, n° 12.)

Original bengali : Chele-velâ, 1940. La traduction a été faite par Andrée Karpelès sur la version anglaise de Marjorie Sykes : My Boyhood days. – Calcutta, Visva-Bharati, 1940. In-16°, 92 p., pl. Avant d'être réunis en volumes, ces souvenirs ont paru dans la revue Visva-Bharati Quarterly, 1940.

30. TAGORE LORS DE SON PREMIER SÉJOUR EN ANGLETERRE chez son frère Satyendranath. Brighton, 1878. Photographie.

De cette époque date son affection profonde pour sa nièce Indira Devi.

31. TAGORE LE JOUR DE SON MARIAGE avec Mrinalini Devi, décembre 1883. Photographie.

32. TAGORE AVEC SA FILLE AINÉE Bela (1886-1918) et son fils aîné Rathindranath (1888-1961). 1889. Photographie.

33. TAGORE à Shilaïda, 1890. Photographie.

Alors qu'il surveillait les domaines familiaux, il apprit à connaître et à aimer les populations paysannes du Bengale.

34. LE BATEAU SUR LA RIVIÈRE PADMA vivait Tagore et d'où il observait la vie des riverains. Photographie.


35. INDIRA DEVI en 1886. Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

Indira Devi (1873-1960) avait quatorze ans lorsqu'elle commença à entretenir avec son oncle la correspondance dont des extraits seulement avaient été publiés jusqu'à ce jour.

36. CHINNA-PATRA. Calcutta, Visva-Bharati, 1958. In-8°, 294 p. – A Mme Krishna Riboud.

« Les Lettres déchirées », extraits des lettres adressées par Tagore à sa nièce entre 1887 et 1895. Indira Devi avait donné au poète copie des lettres qu'il lui avait adressées et avait brûlé à sa demande es lettres trop personnelles. Tagore a édité cent-quarante-cinq de ces lettres ou extraits de lettres dès 1912. L'édition présentée ici a été préparée par Pulinbihari Sen.

37. GLIMPSES OF BENGAL, selected from the letters of Sir Rabindranath Tagore. 1885 to 1895. Indian édition. Calcutta, Macmillan, 1960. In-16, VII-166 p. – Bibliothèque de l'Ambassade de l'Inde.

Une traduction anglaise de Chinna-patrâ due à Surendranath Tagore a d'abord paru dans The Modern Review, Calcutta, 1917, suivie d'une édition sous forme de volume, Londres, Macmillan, 1921.

38. CHINNA-PATRAVALI. Calcutta, Visva-Bharati, 1960. In-8°, 520 p. – A Mme Krishna Riboud.

« Ensemble des Lettres déchirées » tel est le titre de cette première édition par Pulinbihari Sen de l'ensemble des lettres à Indira Devi, dont Tagore a autorisé la publication avant sa mort. Le Chinna-patrâvalî compte cent-sept lettres de plus que le Chinna-patrâ.

4. BIOGRAPHIES

39. RABINDRANATH TAGORE. A biographical study by Ernest Rhys. London, Macmillan and Co., 1916. In-8°, XVII-164 p., portr., pl.B.N., Impr., 80 O² s. 276.

Cette première biographie de Tagore a été suivie de deux études importantes que nous ne pouvons exposer ici : Edward J. Thompson. R. Tagore : his life and work. Calcutta, Association Press, 1921 et V. Lesny. Rabindranath Tagore, his personality and work… translated by Guy Mc Keever Phillips, with a foreword by C.F. Andrews. – London, G. Allen and Unwin, 1939. In-8°.

40. THE STORY OF RABINDRANATH TAGORE, by Marjorie Sykes. Bombay, Calcutta, Madras, Orient Longmans, 1950. In-16, 118 p. – Bibliothèque de l'Ambassade de l'Inde.

Edition abrégée de l'ouvrage du même auteur paru en 1943 sous le titre Rabindranath Tagore.


41. ON THE EDGES OF TIME. Rathindranath Tagore. Bombay, Calcutta, Madras. Orient Longmans, 1958. In-8° (8-) 191 p., portr., pl. – A Mlle Suzanne Karpelès.

Souvenirs de Rathindranath sur son père et sur la famille Tagore. Près de la moitié du volume est consacrée aux voyages du poète en Europe et aux Etats-Unis, auxquels il a pris part. Le volume exposé est précédé d'une lettre dactylographiée avec corrections et signature autographe de Rathindranath à Suzanne Karpelès (5 novembre 1958).

42. TAGORE BY FIRESIDE, by Maitraye Devi. Translated from the Bengali by the authoress. Calcutta, Rupa, 1961. In-16, (10-) 262 p.B.N., Impr.

Notes prises au jour le jour par l'auteur lors des quatre séjours de Tagore chez elle à Mungpu (Himalaya)) en n 1938, 1939 et 1940.

43. KRISHNA KRIPALANI. Tagore : A Life. New Delhi, Malancha, 1961. In-8°, (8-) 200 p., pl. – A Mme Krishna Riboud.

Edition abrégée et limitée à 1.000 exemplaires d'une biographie annoncée comme devant paraître à Londres, Oxford University Press, et à New York, The Grove Press, en 1962.

Ouvrage capital pour la connaissance de la vie et de l'oeuvre de Tagore.

5. LA TRADITION INDIENNE DANS LA FORMATION DE TAGORE

Dans l'introduction de ce catalogue M. Filliozat a montré le climat spirituel et intellectuel assez particulier dans lequel fut élevé le jeune Rabindranath, au sein d'une famille ouverte à toutes les influences, mais aussi éloignée de toute orthodoxie sectaire que de l'anglomanie, adepte d'une secte « à mi-chemin entre il hindouisme upanishadique et l'unitarianisme rationaliste d'Emerson », pour reprendre l'excellente définition du Brabmo-samâj par P. Fallon. Quant aux écoled, le jeune Tagore ne les fréquenta guère, ou mal ; il n'en retira qu'un dégoût pour les méthodes, qu'on n'ose appeler pédagogiques, en vigueur à cette époque. Au fond, il se forma lui-même, non pas comme un autodidacte pressé d'accumuler des connaiddances, mais en poète et en artiste, prenant son bienil le trouvait et, par un mystérieux travail d'osmose, s'en pénétranl lentement, sensible à tous les spectacles et à tous les rythmed, aux beautés de la nature comme à la mélodie des sons et des mots, aux attitudes des êtres comme aux doctrines, à la culture traditionnelle de l'Inde comme aux valeurs de la civilisation européenne.


Si nombreuses qu'aient pu être les influences extérieures, le fond de la culture de Tagore reste essentiellement indien. On peut sommairement distinguer trois étapes dans l'acquisition de cette culture : premierd contacts de l'enfant avec le merveilleux des épopées, découverte du lyrisme sanskrit et bengali par l'adolescent, réflexions de l'adulte sur les Upanishads. Tout enfant Rabindranath commença à lire diverses traductions bengalies d'ouvrages sanskrits « au moyen des livres en vogue parmi nos gens de service. Ceux-ci goûtaient particulièrement alors une traduction en bengali des aphorismes de Chanakya, et le Râmâyana de Krittivasa »(Souvenirs, p. 14). Le soir un serviteur, Iswar, ancien maître d'école, « avait découvert le moyen de nous maintenir en tranquillité pendant la soirée.

Il nous réunissait autour d'une vieille lampe à huile au verre fêlé, pour l'écouter lire des histoires du Râmâyana et du Mahâbhârata »(op. cit., p. 29), les deux grandes épopées indiennes, écrites en sanskrit mais dont il existe des adaptations dans toutes les langues de l'Inde. Un peu plus tard ce fut l'apprentissage du sanskrit. Mais le jeune Tagore ne trouvait guère plus de plaisir à apprendre les sûtras ou règles de grammaire du célèbre grammairien Pânini qu'à retenir les noms des os du corps humain que lui faisait apprendre un étudiant en médecine : « Je ne sais ce qui nous paraissait le plus imprononçable, le nom des os ou les sûtras du grammairien. Je crois que les seconds remportaient la palmee » (op. cit., p. 39). Heureusement pour le jeune Tagore la majeure partie du vocabulaire bengali est directement empruntée au sanskrit.

A peine adolescent Rabindranath eut la révélation de la grande poésie lyrique, celle des grands poètes sanskrits, Kâlidâsa – dont son précepteur renonçant à lui faire apprendre la grammaire lui fit lire le drame de Çakuntalâ – et de Javadeva dont il découvrit le Gîtagovinda, drame mystique et lyrique relatant les aventures de Krishna et des bergères. Il se passionna également pour les anciens poètes vishnouites, sans pour autant les bien comprendre : « L'étrange langue Maithili de Vidyapati me captivait », écrit-il, « parce qu'inintelligiblee »(op.

cit., p. 100). Tous ces poètes, Candidâs, Vidyâpati, Govindadâs et Jnânadâs ont chanté passionnément les amours de Krishna, avatar du dieu Vishnu, et de Râdhâ, la bergère. La poésie de Tagore est toute imprégnée de leurs oeuvres, encore que sa ferveur, sa « bhakti » soit beaucoup moins exaltée que la leur et qu'on puisse parler avec Pierre Fallon du « ton mineur de sa bhakti ». Quand au style, il se l'appropria si bien qu'il écrivit une imitation de ces poèmes qu'il publia dans le revue Bhâratî sous le pseudonyme de Bhânusinha, prétendant qu'il s'agissait d'un poète ignoré dont il avait retrouvé le manuscrit. La supercherie fut telle que Nishikanta Chatterjee qui préparait une thèse sur la poésie lyrique de l'Inde comparée à celle de l'Europe utilisa largement le prétendu Bhânusinha. Et, dit Tagore, « ce fut cette thèse qui valut à Nishikanta Chatterjee le grade de Dr Phil. » dans ununiversité allemande. Pourtant ajoute-t-il, sévère pour sa ipoésie, « au lieu du timbre charmant de nos antiques pipeaux, il n'en sortait que le tintement éraillé d'un orgue de barbarie »(op. cit., p. 119).


Enfin, à L'âge d' homme, Tagore lut et relut les Upanishads. Il en avait eu d ailleurs une première idée à travers les règles du Brahmo-samâj. Mais ce fut surtout durant la période qui va de Naivedya (1901) au Gîtânjali (1910) que « Tagore commenta beaucoup les Upanishads ; son mysticisme s'y nourrit ; son esprit se remplit de leurs enseignements sublimes et Gitanjali serait inexplicable sans les Upanishads. Se réclamant de Ramanuja, Tagore interpréta ced textes védantiques en bhâkta (dévot) plutôt qu'en pur jnâni (celui qui procède Par voie de connaissance). Mais poète et musicien, il prit dand ced textes religieux tout ce qui lui parut idéalement beau – il refusa à accepter leur ascèse » (P. Fallon, dand Rythmes du monde, n° 3, 1946, p. 25). Il est vrai, conclut fort justement P. Fallon, que « la vraie grandeur de Tagore, c'est sa poésie » (op. cit., p. 26).

Il faudrait encore signaler le rôle joué dand la formation littéraire de Tagore par ses contemporaine, par ses frères d'abord, par le poète Viharilal, l'auteur du Sâradâ-Mangal, qui l'encouragea à écrire, par les chanteurd ded rued enfin, tels les mendiantd bâul dont les chantd passionnés firent dur Lui une forte impredsion. On peut être tenté de vouloir medurer touted ces influences. Le miracle du génie chez Tagore c'est que rien ne paraît surajouté dans don oeuvre : tout ce qu'il a reçu, il a eu le don de le recréer et de le revivifier en y mettant son style, inimitable.

44. MAHABHARATA. Version bengalie. 538 fol. en écriture bengalie sur papier indien, 36 X 13,5 cm., 8 à 9 lignes à la page, XVIIIe siècle. Feuillets ultérieurement montés sur onglets et reliés en quatre volumes. Reliure en veau raciné aux armes de Louis-Philippe. Mss. provenant d'Aussant, interprète juré pour les langues de l'Inde pour les années 1782 et suivantes.B.N., Mss., Indiens 713-716.

Seul le second volume en 70 fol. est exposé ici. Il contient le Virâtaparvan ou Section du roi Virâta.

Immense épopée de près de cent mille vers le Mahâbhârata relate en dix-huit sections la rivalité inexorable, puis la guerre entre deux lignées des descendants de Bharata, d'une part le roi Duryodhana et ses cent fils les Kaurava, d'autre part leurs cinq cousins les Pândava dont Arjuna est le plus célèbre. Ecrit en sanskrit – sa composition s'échelonne entre le IVe siècle avant J.-C. et le IVe siècle après le texte a été maintes fois traduit ou adapté dans les diverses langues de l'Inde. C'est une source inépuisable d'inspiration pour les écrivains indiens. Pour citer un exemple entre mille, la pièce de Tagore intitulée Chitra a pour thème l'épisode de la rencontre d'Arjuna et de la princesse Citrângadâ.

45. RAMAYANA. Aranyakânda. Texte sanskrit. 97 fol. en écriture bengalie écrits à l'encre sur olles, 68 X 5 cm., 5 lignes en trois colonnes à la page, XVIIe siècle. – B.N., Mss., Sanskrit 388.


Le Râmâyana ou Geste de Râma est un poème épique qui raconte en 24.000 vers l'histoire de Râma, fils du roi d'Ayodhyâ, son mariage avec Sîtâ, leur exil dans la forêt (c'est le sujet de l'Aranyakânda) au cours duquel Sîtâ est enlevée par Râvana, roi des démons, qui la séquestre à Lankâ (Ceylan ?), la délivrance de Sîtâ par Râma aidé par l'armée des singes, la répudiation de Sîtâ, etc. Plus encore que le Mahâbhârata, le Râmâyana a été traduit et adapté dans toutes les langues indigènes de l'Inde. A son auteur présumé, Vâlmîki, Tagore a consacré la première de ses pièces, Vâlmîki-pratibhâ, Le Triomphe de Valmiki. Une photographie nous montre même Tagore dans le rôle de l'auteur du Râmâyana.

46. TEXTES PHILOSOPHIQUES. Chândogya-upanishad, Yogavâsishtharâmâyana, Upanishads diverses. Textes sanskrits. 252 p. en écriture bengalie sur papier européen, reliées à l'européenne, 33 X 20 cm., XIXe siècle. Reliure aux armes de Louis-Philippe.B.N., Mss., Sanskrit 243.

Écrit au début du XIXe siècle, ce manuscrit contient, outre le Yogavâsish tharâmâyana, dialogue philosophique entre Râma et Vâsishtha, un certain nombre d'Upanishads, dont la Chândogya. Les Upanishads – ce terme signifie probablement « connexions » ou « corrélations »– sont des textes didactiques, généralement brefs, en vers ou en prose ou « mixtes », qui traitent de problèmes spéculatifs. Leur concision, le caractère parfois abrupt de leur style, ont suscité une énorme littérature de commentaires. On compte traditionnellement 108 Upanishads ; elles s'échelonnent du VIe siècle avant au XVIe siècle après J.-C. – La Chândogya-upanishad, la plus ancienne sans doute des Upanishads, est écrite en une prose archaïsante, avec des parties versifiées. Elle développe avec grandeur la thèse essentielle de l'identité du Brahman, le Soi universel, avec l'Atman, le soi individuel. On sait l'importance de ce thème dans la pensée indienne.

47. JAYADEVA. Gîtagovinda. Suivi du Satkrityamuktâvalî par Raghunâtha Sârvabhauma Bhattâcârya. 95 fol. en écriture bengalie écrits à l'encre sur olles, 36 X 5,2 cm., XVIIIe siècle. – B.N., Mss., Sanskrit 680.

Le Gîtagovinda est un célèbre poème lyrique en 12 sargaa ; relatant l'amour de Krishna, incarnation du dieu Vishnou, pour la gopî, la bergère, Râdhâ, qui par jalousie se tient éloignée de lui, leur nostalgie amoureuse, leur réconciliation et la joie qu'ils éprouvent à se retrouver. Les accents brûlants de ce poème, l'interprétation mystique qu'en ont donnée les commentateurs en y voyant le dialogue de l'âme et de la divinité, en ont fait le modèle de toute la poésie krishnaïte. L'auteur Jayadeva, natif du Bengale, vivait au XIIe siècle de notre ère.

48. KRISHNA ET LES BERGÈRES. Pl. 105 d'un album de 142 peintures populaires de divinités de l'Inde, XVIIIe siècle. – B.N., Mss., Indien 746.

Un des nombreux épisodes des aventures de Krishna et des bergères. La légende de cette peinture est la suivante : « Quichena Dieu Badin sceut que cinq deesses estoint saler baigner, il feut au bord de letan et leur vola leurs toilles Et puis monta sur une arbre, Quand elles vi[n]rent a sortir de l'eau elles ne trouvent pas leurs toilles Quichena leur cria de luy faire salam sinon qu'il emporteroit le tout avec lui, Elles etoint embarassées car elles etoint toutte nues Elles firent ce que vous voyé. » — Reprod. en coul. de cette peinture dans la revue Verve, vol. I, n° 3 (1938), p. 68.


6. RAM MOHUN ROY ET LE BRAHMO-SAMAJ,

« Un homme au grand coeur d'une intelligence gigantesque, Raja Ram Moham Roy. » RABINDRANATH TAGORE.

en 1772 dans un village du district de Burdvân (Bengale), Râm Mobun Roy (Râmmohan Rây)) fut L'initiateur incontesté de tous les mouvements religieux de l'Inde contemporaine. Brabmane instruit – il avait étudié non seulement les textes brahmaniques, mais aussi les textes des autres grandes religions dans leurs idiomes originels, arabe, persan, grec, hébreuil consacra ses loisirs, — il était haut fonctionnaire de l'administration et reçut même le titre de râjâ —, a la propagande religieuse, combattant l'idolâtrie, la pratique de la satî (la veuve brûlée vive), et répandit les idées libérales en matière politique et sociale. En 1814, il fonda une Atmîyasabhâ « assembléspirituelle », de tendance pro-chrétienne. Mais c'est seulement en 1828 que fut créée l'« Eglise hindoue théiste » ou « unitaire » la Brâhma-sabhâ qui prit un peu plus tard le nom de Brahmosamâj, « l'assemblée brahmanique ». Chrétiens, musulmans et hindous y étaient fraternellement mêlés. Râm Mobun Roy ne survécut que peu d'années à cette fondation ; il mourut en 1833 en Angleterre au cours d'un voyage en Europe, qu'il avait entrepris en tant qu'envoyé extraordinaire du grand Moghol, mais en fait, dans le but de prendre contact avec des personnalités religieuses.

Le Brahmo-samâj languit après la mort de son fondateur, malgré les efforts de ses amis en particulier de Dvarkanath Tagore, le grand-père de Rabindranath. Ce fut Devendranath Tagore, le père du poète, qui prit la succession de Râm Mobun Roy à la tête de la société, Mais il s'en écarta vers 1839 en fondant Une société pour la restauration du monothéisme sur des bases purement hindoues, la Tattvabodhinî sabhâ. Cette dernière et le Brahmo-samâj fusionnèrent en 1859. Dans l'intervalle, les statuts du Brahmo-samâj, le Brâhma-dharma ou loi brahmanique, avaient été promulguésés ; ils soulignèrent l'orientation vers un théisme védantiquee ; des prières furent composées. Râj Narâin Bose fut nommé président du mouvement. Il y eut des sections provinciales.

Un des membres éminents de la société à partir de 1857, fut Keshab Candra Sen (né en 1838). D'emblée il réclama l'abolition du régime des castes, la refonte du rituel, l'admission des femmes. Le Samâj n'accueillit ces projets qu'avec timidité. En 1865,, il yy eut scission : d'une part l'ancien Brahmo-samâj devenu Adi-samâj, « la société originelle », d'autre part le « Brahmo-samâj indien » ou « progressiff », d'où toute survivance de brahmanisme est éliminée et qui revendique la croyance en un Dieu unique. Keshab se répandit en tournées de propagande en Inde et à l'étranger. C'est grâce à lui que furent admis légalement


le mariage civil, le remariage des veuves, l'union entre personnes de castes différentes et la fixation d'un âge nuptial minimum. Mais l'autocratisme de Keshab, ses attaches avec le christianisme, indisposèrent une partie des membres du nouveau samâj qui firent sécession en 1879, fondant un troisième samâj, le Sâdhârana-samâj ou « Société commune » dont le président fut Ananda Bose. Keshab fonda de son côté une nouvelle religion « The New Dispensation Church », mélange de christianisme, d' hindouisme et d'islamisme.

Après sa mort en 1884, toutes ces sociétés se fragmentèrent et les tendances hindouistes l'emportèrent peu à peu. Seul a survécu le Sâdhârana-samâj qui doit compter à peine dix-mille membres mais auquel une partie de l'élite indienne s'est ralliée. (Cf. L. Renou et J. Filliozat, L'Inde classique, vol. II, p. 739-741.)

49. RAM MOHUN ROY, portrait en pied, d'après une peinture de Briggs. Reprod. en coul. dans : The Modern Review (Calcutta), oct. 1933, face à la p. 465. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

50. RAMMOHUN ROY. By Rabindranath Tagore. Paru dans : The Modern Review (Calcutta), mars 1933, p. 319-321. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Discours prononcé par Tagore le 18 février 1933 à la Senate House (Calcutta) lors de la commémoration du centenaire de la naissance de Râm Mohun Roy.

51. RAJA RAM MOHUN ROY, his life, writings and speeches. Madras, G.A. Natesan, 1925. In-16, 275 p., portrait.

Le portrait, en noir, est le même que celui reproduit en couleurs dans The Modern Review d'octobre 1933.

52. TRANSLATION OF AN ABRIDGMENT OF THE VEDANT, or Resolution of all the Veds ; the most celebrated and revered work of Brahminical theology ; establishing the unity of the Supreme Being ; and that He Alone is the object of propitiation and worship. By Rammohun Roy. Calcutta, 1816. In-4°, 18 p.B.N., Impr., O2 k. 443.

Traduction anglaise d'un essai en bengali de Râm Mohun Roy s'appuyant sur l'autorité des Vedânta-sûtras dont il cite de nombreux passages.

53. TRANSLATION OF THE ISHOPANISHAD, one of the chapters of the Yajur Veda, according to the commentary of the celebrated Shankaracharya ; establishing the unity and incomprehensibility of the Supreme Being ; and that his worship alone can lead to eternal beatitude. By Rammohun Roy. Calcutta, Hindoostanee-press, 1816. ln-4°, XXIII-8 p. – B.N., Impr., O2 k. 444.


II. LA PENSÉE ET LA RELIGION DU POÈTE

Tagore n'a jamaiss prétendu renouveler la philosophie en élaborant un système conceptuel original et minutieux. Des notions fondamentales pour lui gardent souvent une certaine fluidité ou polyvalence et, se méfiant de l'abstraction, il refuse de se laisser emprisonner dans des formules. Sa pensée, que l'on doit aussi bien dégager de ses poèmes que de ses essais ou conférences, est à la fois une adaptation des notions indiennes modernisées qu'il put recevoir de sa famille ou de son milieu, et une vision de la vie résultant de sa propre expérience.

Bien qu'il ait eu dès son enfance une très vive sensibilité à la nature, qu'il ait connu depuis longtemps l'ivresse de l'inspiration et déjà beaucoup écrit, Tagore date sa « naissance réelle comme poète » d'une illumination qu'il eut spontanément un matin de 1882, à Calcutta, en contemplant les arbres d'un parc soudain éclairés par le soleil levant. Son poème : L'Éveil de la cascade fut composé d'enthousiasme le jour même. Tagore demeura alors quelque temps dans une sorte d'extase, qu'il s'étonna de ne plus retrouver lors d'un voyage qu'il fit peu après au pied de l'Himalaya. Le recueil de poésies bengalies inspirées par cet état : Les Chants de l'aurore, garde la trace de cette expérience fondamentale qui lui rendit l'harmonie intérieure perdue, et dont la vision unitaire rejoignit celle des Upanishads, alors que les effusions religieuses de ses poèmes prennent plutôt habituellement la forme théiste de l'invocation ou du dialogue. (Les critiques ont interprété de façons différentes sa notion de Jîvandevatâ, le Seigneur de sa vie.) Maintes fois par la suite, il devait évoquer son illumination qui resta, avec l'amour, l'une des sources permanentes de sa poésie : il l'a décrite par exemple dans ses Souvenirs (chap. 34), racontée à Andrews un jour brumeux de septembre 1912 à Londres (introduction aux Lettres à un ami), et il y faisait encore allusion dans ses conférences d'Oxford en 1930.

Lorsque Tagore propose une Religion de l'homme, il ne s'agit pas d'un anthropocentridme fermé, mais de ce que Mitter a nommé un « humanisme transcendantal », dans lequel l' homme et l'infini sont en osmose. Il y a donc dans la vision de Tagore un élément essentiellement religieux, mais des religions il refuse ascétisme, contraintes et doctrines toutes faites. « Dans une religion dogmatique, toutes les questions sont résolues d'une manière définie, tous les doutes sont finalement apaisés, tandis que la Religion du poète est fluide, comme l'atmosphère qui entoure la terre. Elle n'entreprend jamais de nous conduire vers une conclusion définitive ; cependant elle découvre des sphères infinies de lumière, car elle n'est pas entourée de murs qui la limitent. » Dans l'attitude centrale de Tagore se retrouve toujours – quel que soit le domaine où il s'appliquee : éducation, politique, art, religionun sens très vif de la beauté, de l'universalisme et de la liberté, dont témoigne sa sympathie pour un Kabir dédaigneux des formalismes religeux ou sociaux et poète inspiré.


54. SADHANA, the realisation of life. London, Macmillan, 1914 In-8°, XII-164 p.

Première édition à Londres et New York en 1913. – Conférences faites à Harvard University en 1912 et réutilisant parfois des causeries faites par Tagore devant ses élèves à Çântiniketan. Contient : I. The Relation of the individual to the universe. II. Soul consciousness. III. The problem of evil. IV. The problem of self. V. Realisation in love. VI. Realisation in action. VII. The realisation of beauty. VIII. The realisation of the infinite.

55. SADHANA. Traduction et préface de Jean Herbert. Paris, Albin Michel, 1956. In-16, 159 p., portrait de Tagore par Andrée Karpelès. (Spiritualités vivantes. Série Hindouisme.)B.N., Impr., 160 R. 2103 (12).

La première édition avait été publiée en 1940 chez Adrien-Maisonneuve (Les Grands maîtres spirituels dans l'Inde contemporaine). Si la préface de Tagore figurant dans l'édition anglaise est ici supprimée, la traduction française contient en plus en annexe le texte sanskrit des citations (presque uniquement des Upanishads) revu par Mme N. Stchoupak, et le texte pali des citations bouddhiques fourni par Mme La Fuente.

56. PERSONALITY, lectures delivered in America. London, Macmillan, 1918. In-8°, IV-184 p., pl.B.N., Impr.,R. 29185.

Première édition ; Londres, New York, 1917. Pas de traduction française. – Contient : I. What is art. II. The world of personality. III. The second birth. IV. My school. V. Méditation. VI. Woman. Petites photographies de Tagore en Californie, à l'exposition de San Diego et aux sources du Colorado.

57. LA RELIGION DU POÈTE. Traduit par A. Tougard de Boismilon. Paris, Payot, 1924. In-16, 187 p. – B.N., Impr.,R. 32967.

Traduction de Creative unity, Londres et New York, Macmillan, 1922. – – Contient : I. La religion du poète. II. L'idéal créateur. III. La religion de la forêt. IV. L'Orient et l'Occident. V. L'époque moderne. VI. L'esprit de liberté.

58. LA RELIGION DE L'HOMME. Traduit de l'anglais par Jane Droz-Viguié. Paris, Rieder, 1933. In-16, 298 p. (Les Prosateurs étrangers modernes.)B.N., Impr.,R. 40045.

Traduction de The Religion of man, being the Hibbert Lectures for 1930, Londres, G. Allen and Unwin, et New York, Macmillan, 1931. – Aux conférences faites au Manchester College, à Oxford, en mai 1930, Tagore a intégré ici des réflexions de causeries et discours prononcés dans d'autres pays pendant une période assez prolongée de sa vie, si bien qu'il peut présenter cet ouvrage moins comme un thème philosophique que comme une expérience religieuse personnelle. Contient : L'univers de l'homme. L'esprit créateur. L'homme s'extériorise. L'union spirituelle. Le prophète. La vision, L'homme de mon coeur. Le faiseur de musique. L'artiste. La nature de l'homme. Solidarité entre les races. Le maître. La liberté spirituelle. Les quatre étapes de la vie. Signalons en appendice une conversation du 14 juillet 1930


entre Tagore et Einstein (sur la nature de la réalité), une allocution de Tagore dans la chapelle de Manchester College, à Oxford, le 25 mai 1930, et deux essais du Professeur Kshiti Mohun Sen, dont un sur les chanteurs bâul du Bengale.

59. SIR JAGADISH CHANDRA BOSE. Memorial address by Dr Rabindra Nath Tagore, 30th November 1938. – (Calcutta, ) Bose Institute (s.d.). In-40, 4 p., portrait.

Egalement publié dans The Modern Review, de Calcutta, en décembre 1938, p. 745-46, pour commémorer la mort du savant l'année précédente. Tagore rappelle de communs souvenirs, alors que, jeune biologiste, Bose commençait à expérimenter et qu'il devait tenter de révéler en physiologie végétale cette unité de la vie qui, aux yeux du poète émerveillé des découvertes de son ami, confirmait l'intuition moniste des Upanishads.

60. RABINDRA NATH TAGORE. L'Education religieuse. (Dans : Message actuel de l' Inde, numéro spécial des Cahiers du Sud, juin-juillet 1941, p. 68-77). – B.N., Impr.,Z. 24037.

61. S. RADHAKRISHNAN. The Philosophy of Rabindranath Tagore. Baroda, Good Companions Publishers, 1961. In-16, XVI-180 p., portr., fac-similé.B.N., Impr., 16° R. 9712.

Réédition d'une monographie publiée en 1918 (Londres, Macmillan, XII-294 p.), augmentée d'une préface où l'auteur évoque ses rencontres avec Tagore, à qui il a, par ailleurs, consacré quelques pages dans Great Indians (Bombay, Hind Kitabs, 1949), à côté de Ramakrishna, Gandhi et Ramana Maharshi.

62. EMIL ENGELHARDT. Rabindranath Tagore als Mensch, Dichter und Philosoph. Berlin, Furche- Verlag, 1921. Gr. in-8°, VIII-448 p. – B.N., Impr., 4° O2 s. 306.

L'étude de la religion et de la philosophie a plus de 200 pages. En 1930, une thèse fut soutenue à l'Université de Leipzig par Walter Graefe : Die Weltandchauung Rabindranath Tagores in ihren Beziehungen zum Abendland, Bosdorf-Leipzig, W. Hoppe, 11-89 p.

63. SUSHIL CHANDRA MITTER. La Pensée de Rabindranath Tagore. [Préface de Sylvain Lévi.] Paris, Adrien-Maisonneuve, 1930. Gr. in-8°, 181 p., portrait. – B.N., Impr., 4° R. 3579.

64. JÉRÔME D'SOUZA ET PAUL DONCOEUR. La vie et l'oeuvre de Rabindranath Tagore. II. L'oeuvre religieuse. (Dans : Etudes, Paris, 20 décembre 1933, p. 673-694.) – B.N., Impr., D. 33939.

La première partie de cette étude d'un jésuite hindou et du Père Doncoeur (L'oeuvre profane) avait été publiée le 5 décembre. L'exemple d'« extase naturelle » donné à la page 689 de cet article décrit un moment de transe poétique éprouvée à Allahabad au moment de la composition de Cygne et rapportée d'après


Thompson, mais ne fait pas allusion à l'illumination de Calcutta que les auteurs paraissent ignorer.

65. ALBERT SCHWEITZER. Les Grands penseurs de l'Inde, étude de philosophie comparée. Paris, Payot, 1936. In-8°, 238 p.B.N., Impr.,R. 43363.

Sur Tagore et son affirmation éthique du monde, p. 206-216.


III. L'OEUVRE LITTÉRAIRE

1. AMPLEUR ET DIVERSITÉ DE L'OEUVRE EN BENGALI

L'oeuvrlittéraire de Tagore est immende. Il a composé pratiquement sans interruption de 1875 à 1941, tout au Long de soixante-cinq années. Tous les genres ont été abordés par lui : poèmes lyriques (près de mille), épigrammes, histoires en vers, chansons (deux mille environ), pièces de théâtre (une trentaine), tragiques aussi bien que comiques, drames musicaux, ballets, essais philosophiques, politiques, pédagogiques, ouvrages didactiques depuis les manuels pour apprendre facilement l'anglais jusqu'aux traités de vulgarisation de la science moderne en passant par les ouvrages de littérature ou de philologie bengalies. Encore faut-il y ajouter toute une oeuvre de romancier (une douzaine de romans), de nouvelliste et de conteur, des volumes de souvenirs de jeunesse et d'impressions de voyage, et une abondante correspondance. Une bibliographie sommaire de ses oeuvres écrites en bengali, sa Langue maternelle, dépasse les deux cents titres ; encore ne compte-t-on dans ce nombre que les essais et les conférences groupés dand des recueils, et non ceux, innombrables, parus isolément dans diverses revues. On y doit ajouter quelques essais, généralement des conférences prononcées à l'étranger, rédigéd directement en anglais. Enfin Tagore a lui-même traduit un nombre important de ses oeuvres, et cela dans un anglais si parfait que sa traduction de poèmes publiée sous le titre Gitanjali : Song offerings lui a valu le prix Nobel de littérature pour 1913.

L'ÉDITION DES OEUVRES COMPLÈTES.

66. RABINDRANATH TAGORE AU TRAVAIL, vers 1915. Photographie. A Mme Krishna Riboud.

67. RABINDRANATH TAGORE A SA TABLE DE TRAVAIL, vers 1930. – A Mme Romain Rolland.

68. POÈME ÉCRIT PAR TAGORE A L'AGE DE DIX-SEPT ANS. 1878. C'est le plus ancien manuscrit autographe du poète, actuellement connu. Photographie. – Rabindra Sadana, Visva-Bharati.

69. ÇABDA-TATTVA (L'essence des mots), dictionnaire bengali ; page du manuscrit autographe. Photographie. – A Mme Krishna Ribsud.

On sait le rôle joué par Tagore dans la rénovation de la langue bengalie dont i1 fit une langue moderne capable de noter aussi bien la pensée scientifique la plus rigoureuse que d'exprimer toutes les nuances de la poésie. Lorsqu'en 1932 l'Université de Calcutta lui offre la chaire de bengali, il y adjoint une commission pour la compilation d'un glossaire des termes techniques et scientifiques.


70. MANUSCRIT AUTOGRAPHE DE GAGANE GARAJE, poème du recueil Sonâr tarî (La Barque d'or), publié en 1894. Photographie. – Institut Français d'Indologie, Pondichéry.

71. MANUSCRIT AUTOGRAPHE DE ROG-ÇAYYAY (Sur un lit de malade), 1940. – A Mme Krishna Riboud.

Peu après Tagore cessera de pouvoir écrire. Mais jusqu'à sa mort, il dictera encore poèmes et messages.

72. RABINDRA-RACANAVALI. Vol. I-XXVI. Calcutta, Visva-Bharati, 1939-1961. – A Mme Krishna Riboud.

Edition complète des oeuvres de Tagore en bengali. Commencée en 1939 – les sept premiers volumes ont paru du vivant de l'auteurcette édition monumentale en est aujourd'hui au vingt-sixième volume ; plusieurs autres sont en préparation.

BIBLIOGRAPHIE ET ÉTUDES GÉNÉRALES.

73. RABINDRA-JIVANI. Vol. I-VI. Calcutta, Visva-Bharati, 1934-1967. 4 vol. in-4°. – A Mme Krishna Riboud.

Chaque volume de cet ouvrage, à Prabhat Kumar Mukhopadhyaya, est consacré à une période de la vie de Tagore (I. 1861-19001 ; II. 1901-19188 ; III. 1919-19334 ; IV. 1935-1941) et constitue en fait une bibliographie très détaillée.

74. DUSAN ZBAVITEL. Rabindranath Tagore in 1887-1891[, in 1891-1905, in 1905-1913, in 1913-1930, in 1930-1937, in 1937-1941]. Suite d'articles parus dans Archiv Orientální, Prague, 1956, p. 581-590, 1957, p. 405-425, 1958, p. 101-113 et p. 366-384, 1959, p. 60-75 et p. 251-271. – B.N., Impr., 4° O 2. 1421.

Importante étude et bibliographie dans laquelle l'oeuvre bengalie est analysée en fonction des événements de la vie.

75. RABINDRANATH TAGORE. CONTRIBUTIONS AND TRANSLATIONS published in periodicals, compiled by Pulinbihari Sen assisted by Subhendu Mukhopadhyaya. Part one. Santiniketan, 1961. Reprinted from Visva-Bharati News. In-8°, 155 p.

Dépouillement de cinquante-quatre périodiques ou journaux.

76. BOOKS ABOUT RABINDRANATH TAGORE (compiled by) Pulinbihari Sen. Santiniketan. Reprinted from The Visva-Bharati Quarterly, spring 1957. In-8°, XXVII p.

Premiers éléments d'une grande bibliographie préparée par la Sahitya Akademi de New Delhi.

L'intérêt pris aux Etats-Unis à la personne et à l'oeuvre de Tagore s'est manifesté dès 1915 par la publication de deux petites bibliographies : List of references on Rabindranath Tagore (Ravindranatha Thakura). Washington, Library of


Congress, 1915. ff. 2 (-27). et Rabindranath Tagore. A bibliography by Ethel M. Kitch. Oberlin, 1922.

U.S.A.'s interest in Rabindranath, articles de Benoyendra Sengupta de la National Library de Calcutta parus dans The Modern Review, Calcutta, août, sept., oct. 1957 constituent le catalogue de tous les ouvrages de Tagore ou sur Tagore dans les différentes langues européennes qu'il a pu consulter lors d'un voyage d'étude aux Etats-Unis. Voir A. Aronson n° 313.

77. LÉANDRE VAILLAT. Le Poète hindou Rabindranath Tagore. Paris, Bossard, 1921. In-16, 135 p.B.N., Impr., 8° O2 s. 302.

78. EDWARD THOMPSON. Rabindranath Tagore, poet and dramatist. Londres, Oxford University Press, 1926. In-8°, XII-328 p., portrait, pl.B.N., Impr., 8° O2 k. 2539.

Une deuxième édition revue a paru en 1948.

79. MARIE-LOUISE GOMMÈS. Introduction à Tagore. Paris, Editions de la Revue des Jeunes, 1947. In-8°, 84 p., pl.B.N., Impr.,R. 51313.

La première édition parue en 1942 ne donnait que les initiales de l'auteur : M.L.G.

80. TAGORE ET L'INDE dans Rythmes du monde. 3, 1946, p. 1-64.

Suite d'articles présentant les différents aspects de la personnalité et de l'oeuvre de Rabindranath.

81. RABINDRAYAN. Calcutta, Bachsahitya, 1961, 2 vol. in-4°, pl. – A Mme Krishna Riboud.

« Présentation de Tagore. » Collection d'études sur Tagore, rassemblées par Pulinbihari Sen.

2. CONNAISSANCE DE L'OEUVRE LITTÉRAIRE DE TAGORE EN OCCIDENT : LES TRADUCTIONS FRANÇAISES ET LEURS SOURCES ANGLAISES ET BENGALIES

1. POÉSIE.

a) LE GITANJALI (L'OFFRANDE LYRIQUE) ET LE PRIX NOBEL.

L'incomparable pureté poétique de ce petit Livre rayonnait à mes yeux d'un tel éclat que je tins à honneur d'en apporter un


reflet à la France. A travers la guerre, au-dessus de toutes nos dissensions politiques ou confessionnelles, cette étoile fixe a continué de Luire et de verser sur le monde une tranquille lumière d'amour, de confiance et de paix.

ANDRÉ GIDE,

Golden Book of Tagore (Calcutta, 1931), p. 88.

Première oeuvre de Tagore connue en Occident, le Gitanjali est une anthologie de 157 poèmes tirés de divers recueils que le poète traduisit lui-même en anglais en 1911, durant une assez longue maladie, et en 1912, alors qu'il se trouvait sur le bateau qui le conduisait vers l'Angleterre. Dès son arrivée à Londres, Tagore confia son manuscrit à son ami le peintre et le critique William Rothenstein, lequel le fit lire au poète irlandais W.B. Yeats. Celui-ci, enthousiasmé par la traduction de Tagore, mit son talent et son influence au service du poète, le patronnant auprès de l'India Society of London pour que l'ouvrage soit publié sous les auspices de cette société, écrivant une longue et fort élogieuse préface, jouant enfin de ses relations pour présenter la candidature de Tagore auu prix Nobel de littérature pour l'année 1913. Les mérites littéraires de l'ouvrage, la beauté et la nouveauté de cette ipoésie, joints à l'extraordinaire publicité que constituait pour un auteur inconnu la veille le fait de se voir décerner pour un seul livre la plus haute récompense internationale qu'auteur puisse souhaiter, assurèrent le succès du Gitanjalii : : éditions et rééditions se multiplièrent. Partout les traducteurs se mirent au travail. En France André Gide traduisant l'ouvrage sous le titre de L'Offrande lyrique fit un nouveau chef-d'oeuvre surpassant presque l'original anglais. Bref, on ne sait s'il faut admirer davantage le discernement de l'Académie Suédoise à qui un mince ouvrage suffit pour découvrir en Tagore le poète de génie, ou la grandeur de Tagore, pour qui un ouvrage jugé digne du prix Nobel ne constitua jamais qu'un aspect de son oeuvre parmi beaucoup d'autres, ou enfin le tour de force d'André Gide qui d'une traduction fit un modèle de prose poétique française.

A l'étranger les traductions du Gitanjali allaient se multiplier : traduction suédoise due à la sanskritiste norvégienne Andrea Butenschön : Gitanjali (Sangoffer) (Stockholm, Norstedt, 1913) ; traduction néerlandaise de Frederik Van Eeden : Wij-zangen (Gita-njali) (Amsterdam, , W. Versluys, 1913) ; traduction allemande de Marie Luise Gothein : Hohe Lieder (Leipzig, Kurt Wolff, 1914) ; traduction italienne par Arundel Del Re : Gitanjali, offerta di canti (Luciano, G. Carabba, 1914) ; traductions espagnoles, la première par Abel Alarcón : Gitanjali. Oraciones liricas (Madrid, M. Garcia y G. Sáez, 1916. Colección Cervantes, IV), la seconde par Zenobia Camprubi de Jiménez : Ofrenda lirica (Gitanjali) (Madrid, A. de Angel Alcoy, 1918). Et l'Inde elle-même voyait en 1914 une réédition des originaux des poèmes bengalis dans l'ordre même du Gitanjali anglaid.


82. TAGORE A LONDRES EN 1912, chez William Rothenstein. Photographie.

Tagore se lia d'amitié avec W. Rothenstein, grâce à qui il fit la connaissance de Yeats. Il lui dédia le Gitanjali.

Sur la photo on reconnaît de gauche à droite, au premier rang : Somendra Dev Varma, Rabindranath Tagore ; Rathindranath Tagore : au second rang : D.N. Maitra, John Rothenstein et William Rothenstein.

83. TAGORE EN 1912. Fac-similé d'un crayon de W. Rothenstein. Cinquième portrait de l'album : Six portraits of Sir Rabindranath Tagore by W. Rothenstein. With a prefatory note by Max Beerbohm. London, Macmillan and Co., 1916. In-fol., 10 p., 6 pl. – A Sir John Rothenstein.

Ce portrait a été reproduit également en tête de l'édition princeps du Gilanjali par l'India Society of London ainsi que dans les éditions ultérieures chez Macmillan.

Dans le second volume de Men and Memories, Recollections of William Rothenstein, 1900-1922. (London, Faber and Faber, 1934), W. Rothenstein raconte à la p. 249 sa première visite à Jorasanko, lors d'un voyage aux Indes en 1910-11, et comment il fit quelques croquis de Tagore. Il consacre le chapitre XXX (p. 262-271) à la venue de Tagore à Londres, à la publication du Gitanjali, aux traductions de quelques-unes des pièces du poète. Enfin le chapitre XXXII (p. 282-286) est consacré à Tagore et au prix Nobel.

84. TAGORE EN 1913. Photographie.

Cette photographie est contemporaine du portrait de W. Rothenstein et prise presque sous l'angle d'où le dessinateur observait son modèle. Elle fut faite à Chicago en janvier 1913.

85. GITANJALI. Calcutta, Viçva-Bhâratî, 1334 (= 1927 A.D.). In-8°, 178 p. – Institut de Civilisation Indienne.

Du Gitânjali bengali (première édition : Calcutta, 1910), qui contenait 157 poèmes, Tagore ne retint pour sa traduction anglaise que 51 pièces et le titre Gitanjali : Song offerings. Les 52 autres poèmes traduits proviennent de différentes sources : recueils antérieurs ou poèmes alors inédits. On trouve ainsi dans le Gitanjali anglais, la traduction de 19 poèmes dont le texte bengali ne sera publié qu'en 1914 : 17 seront incorporés dans le recueil intitulé Gîti-mâlya, les deux autres dans Smaran et Utsarga. Les 33 poèmes restant provenaient de différents ouvrages : 16 étaient traduits de Naivedya (1901), 11 de Kheyâ (1906), 3 de Çiçu (1909)) ; enfin les recueils Caitâli (1896 et 1912), Kalpana (1900), et Acalâyatan (1912) étaient représentés par une pièce chacun. En résumé plus de la moitié des poèmes du Gitanjali anglais ne proviennent pas du Gitânjali bengali, tandis qu'un tiers seulement du Gitânjali bengali a été traduit dans le Gitanjali anglais.

86. GITANJALI (SONG OFFERINGS). A collection of prose translations made by the author from the original Bengali, with an introduction


by W.B. Yeats [and a portrait by W. Rothenstein]. London, printed at the Chiswick press for the India Society, 1912. In-8°, XVI-64 p., portrait. – A Mme Muni.

Tirage limité à 750 exemplaires dont 500 réservés aux membres de l'India Society. Compte rendu dans The Times Literary Supplement, 7 nov. 1912. Aux Etats-Unis, le poète Ezra Pound fit une présentation du Gitanjali dans la revue Poetry, a magazinof verse (Chicago, déc. 1912). Il y citait six poèmes, nos 63, 89, 20, 32, 95 et 67.

C'est sur l'exemplaire appartenant à Alexis Léger (Saint John Perse) qu'André Gide travailla à sa traduction. Par la suite Tagore lui fit envoyer un second exemplaire, présenté ici. Gide en fit don à son tour à Muni, l'actrice qui fut l'interprète d'Amal, avec l'envoi : « A la très charmante Muni, en souvenir d'Amal et en souriant hommage. André Gide. 1er janvier 1950 »

87. GITANJALI (SONG OFFERINGS). London, Macmillan and Co., 1913. In-16, XXII-101 p., portrait. – B.N., Impr., 80 Ya. 372 (1).

L'édition exposée est de mai 1913. La première édition londonnienne de Macmillan est de mars 1913, suivie de rééditions en avril, en mai, en juin, etc. Autres éditions : New York, The Macmillan company, 1916 et 1920 ; Calcutta, 1919.

Présentation de S.G. Dunn dans A modern bengali mystic publié dans The Quarterly review, juillet 1913, p. 167-178.

On signalera une édition illustrée par les rénovateurs de la peinture indienne : Nandalal Bose, Abanindranath Tagore, etc. : Gitanjali and Fruit-gathering by Sir Rabindranath Tagore. With illustrations by Nandalal Bose Surendranath Kar, Abanindranath Kar, Abanindranath Tagore and Nobendranath Tagore. – ■ New York, The Macmillan Company, 1918. In-8°, XXVIII-221 p. Autre édition : London, Macmillan and Co, 1919. In-8°, XXII-221 p.

88. JEAN H. DE ROSEN, Rabindranath Tagore. Article paru dans : La Revue (ancienne Revue des revues), n° 8, 15 avril 1913 (p. 496-503). – B.N., Impr., 40 Z. 600.

Cet article est suivi de la traduction de 14 poèmes correspondant, dans l'édition anglaise, aux nos 1, 2, 57, 13, 19, 23, 26, 51, 73, 35, 86, 92, 94, 101. André Gide avait obtenu grâce à Alexis Léger l'exclusivité de la traduction en français du Gitanjali. Mais plusieurs traductions partielles parurent avant la sienne, ce dont il s'irrita fort. L'article de Jean H. de Rosen fut le premier en date.

89. HENRY D. DAVRAY, Un mystique hindou, Rabindranath Tagore. Article paru dans : Le Mercure de France, 388, 16 août 1913 (p. 673-698). – B.N., Impr.,Z. 12830.

De très nombreux poèmes, cinquante-quatre exactement soit plus de la moitié du Gitanjali, y sont cités in extenso. La traduction en est due à Miss Wertheimer. Poèmes correspondant, dans l'édition anglaise, aux nos 1, 9, 89, 97, 11, 12, 73, 14, 19, 22, 23, 26, 28, 32, 38, 39, 40, 42, 46, 79, 60, 27, 57,, 58, 59, 96, 95, 62, 61, 64, 49, 2, 3, 5, 7, 15, 101, 103, 74, 76, 80, 16, 24, 25, 47, 86, 90, 91, 92, 93, 94, 98, 99 et 43. Gide fut très affecté de la parution « de cette version hâtivee » des poèmes :


« Vous savez combien m'attrista cette défloraison impatiente et que ce n'est que sur les instances des amis de Tagore que je me remis au travaill »(Justification de la dédicace de L'Offrande lyrique à Alexis Léger).

90. ANDRÉ GIDE. L'Offrande lyrique (Gitanjali). Paru dans : La Nouvelle Revue Française, n° 60, 1er décembre 1913 (p. 833-851). – B.N., Impr.,Z. 17955.

Dans ce numéro de la N.R.F., Gide donne en avant-première la traduction de 25 poèmes de 1 Offrandelyrique. La parution prochaine du volume complet est annoncée du même coup. Traduction des poèmes nos 55, 56, 57, 58, 59, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 80, 84, 86, 91, 92, 93, 94, 95, 96, 97,, 98,, 99 et 100.

91. L'OFFRANDE LYRIQUE (GITANJALI). Traduction d'André Gide (seule autorisée). Paris, éditions de la Nouvelle Revue Française, 1913. In-16, 132-VI p., couverture bleue. – Bibliothèque Jacques Doucet.

Ouvrage tiré à 500 exemplaires numérotés sur vergé d'Arches. L'exemplaire exposé porte le n° 258. – Reliure de Pierre Legrain en plein maroquin bleu, au décor de filets courbes, argent, se continuant sur le dos et se répétant sur le second plat. Titre de plat argent souligné partiellement d'un double filet gras et maigre argent. Contre-plats et gardes en moire vert foncé. Encadrement des contre-plats en maroquin bleu orné d'un filet gras courbé aux angles. Contre-gardes en papier marbré, bleu, brun, or et argent. Dos sans nerf et sans titre. Etui papier marbré bordé de maroquin bleu. Travail exécuté vers 1917-1919 par René Kieffer dont la signature figure sur le premier contre-plat.

La traduction des poèmes est précédée d'une dédicace de Gide à Alexis Léger (Saint John Perse) ainsi libellée : « A SAINTLÉGER LÉGER », ainsi que d'une lettre justifiant la dédicace.

92. L'OFFRANDE LYRIQUE (GITANJALI). Traduction d'André Gide (seule autorisée). Paris, éditions de la Nouvelle Revue Française, 1914. In-16, XXXIII-145 p., couverture blanche. – B.N., Impr., Rés. p. Ya. 9.

L'exemplaire exposé porte un envoi autographe d'André Gidee : « A Eugène Morel, en cordial souvenir. »

Cette édition est augmentée d'une Introduction au Gitanjali par André Gide, p. I-XXXIII. Elle a été suivie de 136 éditions, la dernière étant de mars 1961.

93. L'OFFRANDE LYRIQUE. Traduction d'André Gide. [Avec des compositions de Jean Berque, gravées sur bois par F.L. Schmied.] Paris, F.L. Schmied, 1925. In-4°, 107 p., fig., planche et couverture en couleurs. – B.N., Impr., Rés. m. Ya. 5.

Edition de luxe. Tirage limité à 120 exemplaires. On expose ici l'exemplaire n° 24 sur japon.


94. L'OFFRANDE LYRIQUE. Traduction d'André Gide. Gravures de Tavy Notton. Paris, Marcel Lubineau, 1951. In-8°, 119 p., fig., pl.B.N., Impr.,Ya. 900.

Edition de luxe. Tirage limité à 500 exemplaires.

95. « TU M'AS FAIT INFINI, TEL EST TON PLAISIR. » Manuscrit authographe de la traduction du premier poème de L'Offrande lyrique par André Gide. – Archives Jean Schlumberger.

96. DARIUS MILHAUD. Musique pour chant et piano sur un poème de Rabindranath Tagore traduit par André Gide. S.l.n.d. In-fol., 7 p. – Bibliothèque du Conservatoire, Rés. 2682.

Composée à Aix-en-Provence le 6 janvier 1914 et éditée à 25 exemplaires sur papier de Hollande par la Revue française de musique. On expose le 23 avec signature autographe de Darius Milhaud. Il s'agit du dix-huitième poème de


L'Offrande lyrique : « Les nuages s'entassent sur les nuages ». Gide prétend n'avoir guère apprécié l'ouvrage : « Darius Milhaud est venu hier, vers la fin du jour, jouer le poème symphonique qu'il vient de composer sur un des poèmes de Tagore que j'ai traduits. je n'ai entendu que du bruit »(Journal, 28 sept. 1915. N.R.F. (Pléiade), 1939, p. 508). Boutade d'écrivain qui n'empêcha pas Darius Milhaud d'écrire une musique de scène pour Amal. Cette composition fut chantée en première audition aux Concerts du Feu à Marseille, par Jane Bathori accompagnée au piano par Milhaud.

LE PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE.

Dès janvier 1913, avant même la réédition du Gitanjali par Macmillan, la candidature de Tagore au prix Nobel, suggérée par Yeats, avait été officiellement communiquée à l'Académie Suédoise par Sturge Moore, membre influent de la Royal Society of Literature et de surcroît ami et protégé de Yeats. Ce fut le 13 novembre 1913 que le prix Nobel de littérature fut décerné à Tagore, hommage mérité pour les uns, scandale pour d'autres. Le poète n'assistait pas lui-même à la remise des prix le 10 décembre. Ce ne fut qu'au printemps 1921, après la guerre, que le poète put se rendre à Stockholm. Il devait y recevoir un accueil enthousiaste.

97. RABINDRANATH TAGORE AWARDED NOBEL PRIZE. Article du journal de Calcutta The Statesman du 15 novembre 1913. Photographie.

98. RABINDRANATH TAGORE LAURÉAT DU PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE. Article de la revue Les Annales, du 23 novembre 1913. – Bibliothèque de l' Arsenal.

En France, de nombreux journaux consacrèrent un article au lauréat. Signalons outre l'article de Henry D. Davray dans Les Annales, un article du même critique intitulé « Le Prix Nobel de Littérature » dans L'Illustration du 22 novembre 1913.

99. LA PETITE HISTOIRE DE L'ATTRIBUTION DU PRIX NOBEL à Rabindranath Tagore, par le Dr. Gunnar Ahlström.

Constitue une des préfaces de l'édition du roman de Tagore intitulé A Quatre voix dans la Collection des Prix Nobel de littérature (Paris, Rombaldi, 1961). Cf. le 177 de ce catalogue.

b) AUTRES POÈMES.

Outre le Gitanjali, ill existe une quinzaine de recueils de poèmes de Tagore accessibles dans leur traduction anglaise, plus un certain nombre d'anthologies. La plupart de ces recueils ont été traduits en français, sans compter les traductions faites en d'autres langues (Voir l'étude générale sur la poésie de Tagore par J. Davé, La Poésie de Rabindranath Tagore, Montpellier, 1927).


THE GARDENER – LE JARDINIER D'AMOUR

Il n'existe aucune oeuvre bengalie de ce nom. Il s'agit d'un recueil de poèmes tirés par l'auteur d'oeuvres diverses. Le titre est celui du premier poème. On y trouve des pièces tirées de Kshanikâ (1900), Kalpana (1900), Sonâr tarî (1894), Caitâli (1896), Utsarga (1901 et 1914), Citrâ (1896), Mânasî (1890), Mâyâr khelâ (1888), Kheyâ (1906), Kadi o komal (1886), Gîtâli (1914) et Çâradotsav (1908), dans L'ordre décroisant du nombre de poèmes traduits.

100. THE GARDENER, translated by the author from the original Bengali. London, Macmillan and Co, 1913. In-16, VIII-150 p., portrait. — B.N., Impr., 160 Ya. 11.

Préface de Tagore : « Most of the lvrics of love and life, translations of which from Bengali are published in this book, were written much earlier than the series of religious poems contained in the book named Gitanjali. The translations are not always literal, the originals being sometimes abridged and sometimes paraphrased. »

La traduction anglaise est signalée par Henry-D. Davray dans la Revue de la quinzaine du Mercure de France du 16 déc. 1913, p. 836-840. On y trouve une comparaison assez superficielle du Gardener avec le Gitanjali.

Voir aussi l'article de Louis Chadourne, « Les Poèmes d'amour de Rabindranath Tagore », publié dans la Revue, n° 3-4, 1918, p. 298-307. L'auteur y traduit un certain nombre de poèmes du Gardener, tout en ignorant la traduction d'Hélène Du Pasquier pourtant parue en 1916.

101. QUELQUES POÈMES (extraits de « The Gardener »). Traduction de Mme Hélène Du Pasquier. (Paris, ) Le Divan, 1916. In-16, 93 p.B.N., Impr., 80 Yk. 1266.

102. LE JARDINIER D'AMOUR. Traduction de Henriette Mirabaud- Thorens. Paris, Nouvelle Revue Française, 1920. In-40, 147 p. — Bibliothèque Jacques Doucet.

Exemplaire sur vergé Lafuma LXIV/C, imprimé pour Jacques Doucet. Le format de l'édition courante est in-12.

Voir aussi la traduction de 11 poèmes du Gardener dans Poèmes de Rabindranath Tagore, traduction de Philéas Lebesgue, publiée dans La Vie des lettres, juillet 1920, p. 1-7.

103. LE JARDINIER D'AMOUR traduit par H. Mirabaud- Thorens et suivi de la Jeune lune, traduit par Mme Sturge-Moore. Paris, N.R.F., Gallimard, 1935. In-16, 221 p.B.N., Impr.,Z. 27293.

La quarante-deuxième et dernière édition est de 1960.


THE CRESCENT MOON – LA JEUNE LUNE

Il n'existe pas de recueil bengali de ce nom. Les quarante poèmes traduits et groupés sous ce titre proviennent la plupart de Çiçu (1909). Les autres dont tirés de Kadi o komal (1886), de Sonâr tarî (1894) et de Gîtimâlya (1914).

104. THE CRESCENT MOON, translated from the original Bengali by the author, with eight illustrations in colour. London, Macmillan and Co, 1913. In-8°, 82 p., pl. – India Office library.

La première édition est de nov. 1913. L'édition exposée est de déc. 1913.

Nombreuses éditions : New York, The Macmillan company, 1913, 1914, 1916, etc.. ; Calcutta, 1919, etc.

105. LA JEUNE LUNE, traduit par Mme Sturge-Moore, avec un portrait de l'auteur gravé sur bois par Georges Aubert. Paris, éditions de la Nouvelle Revue Française, 1923. In-16, 97 p. – B.N., Impr.,Ya. 614.

A signaler 4 poèmes du recueil The Crescent moon traduits par Jean Fanchette, sous le titre : Choix de poèmes, dans Two Cities, la Revue bilingue de Paris, 5, automne 1960, p. 79-83.

A partir de 1935, La Jeune lune a été publiée à la suite du Jardinier d'amour. Cf. le 103 de ce catalogue.

KABIR'S POEMS – POÈMES DE KABIR.

Kabir (11440-15518), disciple de Ramanand, réformateur social, adepte d'une réconciliation entre l'Islam et l'hindouisme, est surtout connu par son oeuvre lyrique qu'il écrivit directement en hindi. Tagore traduisit cent poèmes de Kabir en anglais avec la collaboration d'Evelyn Underhill, en utilisant d'une part l'édition bilingue (Hindi-Bengali) des oeuvres de Kabir publiée par Kshiti Mohan Sen (Bolpur, 1910-11), d'autre part une traduction anglaise manuscrite de cent seize poèmes faite à partir de l'édition précitée par Ajit Kumar Chakravarty.

106. ONE HUNDRED POEMS OF KABIR, translated by Rabindranath Tagore, assisted by Evelyn Underhill. London, The India Society, 1914. In-8°, XXXII-68 p.B.N., Impr.,Ya. 1030.

Tirage limité à 750 exemplaires dont 350 réservés aux membres de l'India Society.


107. ONE HUNDRED POEMS OF KABIR. London, Macmillan and Co., 1921.

In-8°, 105 p. – B.N., Impr., 160 Ya. 202.

La première édition de Macmillan est de 1915.

108. POÈMES DE KABIR. Traduit de l'anglais par Mme H. Mirabaud-Thorens. Paris, éditions de la Nouvelle Revue Française, 1922. In-4°, 232 p. – Bibliothèque Jacques Doucet.

Exemplaire sur vergé Lafuma LXIV/C, imprimé pour Jacques Doucet.

L'édition originale se compose de 108 exemplaires in-4° et de 790 exemplaires in-18. La sixième et dernière édition est de 1923. Pour les éditions suivantes voir : La Fugitive, suivi des Poèmes de Kabir, 115 de ce catalogue.

FRUIT-GATHERING – LA CORBEILLE DE FRUITS.

Traductions de poèmes tirés de divers recueils bengalis : Gîtâli (1914), Gîtimâlya (1914), Balâkâ (1916), Utsarga (1914), Kathâ (1900), Kheyâ (1906), Smaran (1914), Citrâ (1896), Naivedya (1901), Dharmasangît (1914), Kalpana (1900), Gîtânjali (1910), Râjâ (1910), Mânasî (1890), Kadi o komal (1886) et Acalâyatan (1912).

109. FRUIT-GATHERING. London, Macmillan and Co., 1918. In-8°, 123 p.B.N., Impr.Ya. 372 (2).

La première édition londonienne de Macmillan est de 1916 ; autre éd. : New York, The Macmillan company, 1916.

110. LA CORBEILLE DE FRUITS. Traduction de Hélène Du Pasquier. Paris, Nouvelle Revue Française, 1920. In-4°, 139 p. – Bibliothèque Jacques Doucet.

Exemplaire sur vergé Lafuma LXIV/C, imprimé pour Jacques Doucet.

Le format de l'édition courante est in-12. Trente et unième et dernière édition en 1959.

STRAY BIRDS.

Epigrammes et courts poèmes. l'ouvrage fut composé par Tagore pendant l'été 1916 durant son voyage vers le Japon. Une partie des épigrammes sont traduits de Kanikâ (1899).

111. STRAY BIRDS, by Rabindranath Tagore. With frontispiece by Willy Pogany. London, Macmillan and Co., 1918. In-12, 84 p., front.B.N., Impr.,Ya. 449.


Première édition : New York, The Macmillan company, 1916. La première édition londonienne est de 1917.

A signaler la traduction française de quelques épigrammes de Stray birds parus dans Two Cities, La Revue bilingue de Paris, 5, automne 1960, p. 89.

THE FUGITIVE – LA FUGITIVE.

Poèmes tirés de divers recueils. Le titre correspond à celui de Palâtakâ. Recueils de Lipikâ (1922), Mânasî (1890), Sonâr tarî (1894), Caitâli (1896), Citrâ (1896), Kshanikâ (11900), Kâhinî (1900), Palâtakâ (1918), Utsarga (1914), Balâkâ (1916), Kadi o komal (1886), Smaran (1914), Kheyâ (1906), Gîtimâlya (1914) et Kathâ (1900). Sont également traduits les drames : Kacha and Devayani (trad. de Vidây-abhiçâp, 1894) ; Ama and Vinayaka (= Satî, 1897) ; The Mother's prayer (= Gandhârîr âvedana, 1897) ; Karna and Kunti (Karna-Kuntî-samvâda, 1900). On y trouve encore des chansons bâul et vishnouites.

112. PALATAKA. Çântiniketan, Viçva-Bhâratî, 1923. In-16, 91 p. – Bibliothèque de l'Ecole Française d'Extrême-Orient.

Palâtakâ a fourni son titre au recueil traduit par Tagore ainsi que quatre poèmes.

113. THE FUGITIVE. London, Macmillan and Co, 1921. In-8°, 200 p. – B.N., Impr., 160 Ya. 201.

Autre édition : New York, The Macmillan company, 1921.

114. LA FUGITIVE. Traduction de Renée de Brimont. Paris, Nouvelle Revue Française, 1922. In-4°, 222 p. – Bibliothèque Jacques Doucet.

Exemplaire sur vergé Lafuma LXIV/C, imprimé pour Jacques Doucet.

La traduction française a été faite d'après la version anglaise de Tagore. Certains poèmes du recueil The Fugitive ont été omis. En revanche Tagore envoya à Renée de Brimont un certain nombre d'inédits qui ont été traduits dans le recueil français. A partir de 1936, La Fugitive a été publiée conjointement avec les Poèmes de Kabir.

L'édition complète des poèmes a été annoncée par la publication de quelques poèmes isolés traduits par Renée de Brimont : 11 poèmes dans La Revue de Paria 15 sept. 1921, p. 262-269 ; 3 poèmes dans Les Ecrits nouveaux, mars 1922, p. 12-13.

115. LA FUGITIVE. Traduit par Renée de Brimont et suivi des Poèmes de Kabir, traduits par H. Mirabaud- Thorens. Paris, N.R.F., Gallimard, 1936. In-16, 269 p.B.N., Impr.,Ya. 834.

Seizième et dernière édition en 1955.

En 1946, dans le 3 de la revue Rythmes du monde, Pierre Fallon a donné une nouvelle traduction du poème d' Urvasi faite non plus sur l'anglais mais sur l'original bengali (p. 22-23).


CYGNE – A FLIGHT OF SWANS.

L'original est ici uniquee : Balâkâ (1916).

116. BALAKA. Allahabad, 1921. In-8°, 118 p. – A Mlle Christine Bossennec.

Texte bengali des poèmes.

117. CYGNE. Traduction du bengali par Kâlidâs Nâg et Pierre Jean Jouve. Portrait gravé par Frans Masereel. Paris, Librairie Stock, Delamain, Boutelleau et Cie, 1923. In-16, 156 p., portrait, couv. en coul. (Poésie du temps).B.N., Impr., 16° Z. 201.

Note de l'éditeur, p. 145 : « Pour la première fois. nous avons traduit une oeuvre intégrale de Tagore et conformément à l'édition publiée au Bengal. Ce poème est inconnu en Europe et quelques-unes de ses pièces seulement ont été paraphrasées en anglais. »

La seconde édition a paru chez Stock également en 1923 dans la collection de la Bibliothèque cosmopolite. La dernière édition, toujours chez Stock, est de 1961, « rééditée sur la recommandation de l'Unesco à l'occasion du Centenaire de la naissance de Rabindranath Tagore ».

La première édition a été annoncée dans la revue Europe, tome III, n° 10 (15 octobre 1923), p. 175-179, par Pierre-Jean Jouve : Trois poèmes de « Cygne ». La traduction de ces trois poèmes est suivie d'une courte notice de Jouve, intitulée : Tagore inconnu. En 1946, dans le numéro 3 de la revue Rythmes du monde, Pierre Fallon a donné une nouvelle traduction du poème XXXVI (p. 26-29).

118. A FLIGHT OF SWANS, poems from Balaka by Rabindranath Tagore. Translated from the Bengali by Aurobindo Bose. With a foreword by Prof. Radhakrishnan. London, J. Murray, 1955. In-16, XIV-82 p. (The Wisdom of the East series.)B.N., Impr., 16° R. 3666 (37).

FIREFLIESLUCIOLES.

Brefs poèmes : « En Chine et au Japon l'on me demandait très souvent d'écrire des pensées sur des éventails ou des morceaux de soiee ; ainsi naquirent ces lucioles. » Certains poèmes sont inspirés par Kanikâ (1899).

119. LUCIOLES. Orné de compositions décoratives par Andrée Karpelès. Boulogne-sur-Seine, Publications Chitra, 1930. In-8°, 139 p., fig., couv. en coul. (Feuilles de l'Inde, n° 2). — B.N., Impr.,Ya. 763 (2).

Note de l'éditeur : « Les Lucioles ont été traduites par Marguerite Ferté et


Andrée Karpelès, à la fois d'après la version originale anglaise et le manuscrit bengali. »

Edition anglaise : Fireflies. Poems with decorations by Artzybasheff. – New York, The Macmillan company, 1928. In-8°, 274 p. Autre édition : New York, 1930.

SYAMALI.

Recueil de vingt et un poèmes, dont le dernier a pour titre Syamali, traduits du bengali (Çyâmalî, 1936). Le titre signifie à peu prèd : « Celle qui est vert-sombre », en parlant de la terre. Le poème commence ainsi : « Oh green earth… ». Çyâmalî est encore le nom dont le poète avait baptidé la maisonnette de boue séchée qu'il habitait à Çântiniketan.

120. SYAMALI. Calcutta, Visva-Bharati, 1955. In-4°, XIV-83 p., planche. – A Mlle Christine Bossennec.

La traduction est de Sheila Chatterjee, à l'exception de celle du huitième poème, The Eternal march, due à Tagore lui-même.

THE HERALD OF SPRING.

Traduction d'à peu près la moitié des poèmed de Mahuâ (1929).

121. THE HERALD OF SPRING. Poems from Mohua translated from the Bengali by Aurobindo Bose. With a life of Tagore by the transl a-tor. London, John Murray, 1957. In-16, x-83 p. (The Wisdom of the East series.)B.N., Impr., 160 R. 3666 (38).

WINGS OF DEATH.

Traduction des derniers poèmes de Tagore sous les titres de Borderland (Prântik, 1938), On the sick-bed (Rog-çayyây, 1940), Recovery (Arogya, 1941) et Last Poems (Çesh lekhâ, 1942).

122. WINGS OF DEATH. The Last poems of Rabindranath Tagore, transl a-ted from Bengali by Aurobindo Bose. With a foreword by. Gilbert Murray. London, John Murray, 1960. In-16, 96 p., portrait, fac-sim. (The Wisdom of the East series).B.N., Impr., 16° R. 3666 (39).

PURAVI.

Original : Pûravî (1925).

123. POEMS FROM PURAVI. Santiniketan press, 1960. In-12, 19 p. – A Mme Krishna Riboud.

Edition privée de 7 poèmes de Pûravî, traduits du bengali en anglais par Kshitis Roy.


Quelques recueils de poèmes traduits en anglais ne figurent pas dans cette exposition. On signalera : Lover's gift and crossing (London, Macmillan and Co., 1918, 117 p. ; New York, The Macmillan company, 1918), qui contient des poèmes tirés d'une quinzaine de recueils bengalis : Gîtâli, Gîtimâlya, Balâkâ… – The Child (London, G. Allen and Unwin, 1931. In-16, 21 p.), poème en prose écrit directement en anglais par Tagore et traduit ensuite en bengali sous le titre de Çiçu-tîrtha. Il a été enfin retraduit du bengali en anglais par Bhabani Bhattacharya et incorporé dans le recueil The Golden boat.The Golden boat (London, G. Allen and Unwin, 1932, 121 p.), traduction par Bhabani Bhattacharya de trente-trois poèmes provenant d'oeuvres diverses, y compris la retraduction du poème The Child (cf. supra). Le titre est emprunté â Sonâr tarî (1894). – Sheaves, Poems and songs by Rabindranath Tagore, Selected and translated by Nagendranath Gupta (Allahabad, 1929. In-8°, LXI-160 p ; London, Macmillan and Co., 1932, 132 p.).

CHOIX DE POÈMES.

124. POEMS. Calcutta, Visva-Bharati, 1946. In-16, 233 p., portrait, fac-similé.A Mlle Christine Bossennec.

Cent trente poèmes tirés de recueils divers et traduits en anglais par Tagore l'exception d'une douzaine de pièces). Quelques poèmes ont été publiés isolément dans diverses revues ; la plupart sont inédits. Première édition en 1942 ; rééditions en 1943 et 1946.

Parmi les choix de poèmes en traduction anglaise non présentés ici, on signalera : Poems from Tagore, With an introduction by C.F. Andrews (Calcutta, Hare press, 1922. In-12, XXXI-117 p.).Rabindranath Tagore (London, 1925. In-8°, 30 p.The Augustan Books of Modern Poetry), choix de 22 poèmes traduits en vers anglais et accompagnés d'une préface et de notes par Edward Thompson.

125. CINQ POÈMES INÉDITS de Rabindranath Tagore (traduits du bengali par Sylvain Lévi). Dans : Yggdrasill, 25 mai 1938, p. 21-22. – Bibliothèque Jacques Doucet.

Contientt : Le Batelier, Terre et Ciel, Concert mystique, Le Voyageur, Saison des pluies.

126. ROGER LAFAGETTE. Art poétique (nouvelle édition corrigée) suivi de Dix poèmes traduits de Rabindranath Tagore. Foix, La Maison des Chimères, 1942. In-16, 63 p.B.N., Impr., 16° Y. 13.

Contient : Mes trésors, L'Offrande, L'Autel, Le Futur passé, Fable, Madrigal, L'Orgie déspérée, La Blessure, Le Poète et les hommes, Elévation.

127. OEUVRES POÉTIQUES de Rabindranath Tagore. Paris, Le Club du meilleur livre (Dijon, imprimerie Darantière), 1961. In-8°, XVI-


309 p., 18 pl. de documents, 8 pl. d'illustrations, relié en soie rouge foncé avec impressions indiennes au pochoir en rouge pâle à décor d'oiseaux dans le feuillage.

Contient : I. La Jeune lune, traduit par Mme Sturge-Moore. II. L'Offrande lyrique, traduit par André Gide. III. La Corbeille de fruits, traduit par Hélène Du Pasquier. IV. Le Jardinier d'amour, traduit par H. Mirabaud-Thorens. La préface, intitulée Tagore homme de la Renaissance, est de Raja Rao.

2. THÉÂTRE.

a) L'AUTEUR.

Tagore a écrit une trentaine de pièces en bengali ; une quinzaine d'entre elles existent en traduction anglaise ; cinq seulement ont été traduites en français. De ces cinq : Chitra, Amal et la lettre du Roi, Le Cycle du printemps, Kacha et Devayani et La Machine, seul Amal a dépassé le cercle restreint des initiés ; il est vrai que le traducteur en est André Gide. Cette méconnaissance de l'oeuvre dramatique de Tagore est d'autant plus regrettable que ces pièces, révèlent sa pensée plus que ne le font ses poèmes. L'argument, généralement très simple et emprunté à quelque épisode connu des épopées ou à quelque légende bouddhique, n'est qu'un prétexte pour l'auteur qui expose ses propres idées en réinventant les données spirituelles et psychologiques de ses personnagess ; ainsi certains de nos auteurs ont-ils renouvelé les vieux mythes de la Grèce.

CHITRA.

Original : Citrângadâ (1892). L'argument est inspiré d'un épisode du Mahâbhârata : Arjuna rencontre la princesse Chitra, fille unique du roi Chitravâhana qui l'élève comme un garçon faute de fils ; il s'éprend d'elle et l'épouse. Tagoree suppose que Chitra est laide et qu'elle demande au dieu Madana de la rendre merveilleusement belle pendant un an ; ainsi séduit-elle Arjuna. Elle ne sera pourtant vraiment comblée que lorsqu'elle saura qu'Arjuna l'aime sous sa forme ordinaire et non sous son aspect passager de déesse « cachée dans une statue dorée ».

128. CHITRA by Rabindranath Tagore. A play in one act. London, India Society, 1913. In-8°, x-35 p. – India Office library.

Tirage limité à 500 exemplaires dont 250 réservés aux membres de l'India Society. La pièce fut rééditée en 1914 à Londres chez Macmillan and Co., in-8°, IX-58 p. Autres éditions : New York, The Macmillan company, 19166 ; Calcutta, 1919.

Voir aussi : Joges C. Bose : Tagore's Chitrangada and Debjani, a study in


contrast, dans The Modern Review, Calcutta, mars 1957, p. 222-232. L'auteur y traduit en anglais à partir du bengali les passages omis par Tagore dans sa version anglaise de Chitra. – • Louis Gillet : Le Théâtre de Rabindranath Tagore, dans la Revue des deux mondes, 1er déc. 1922, p. 672-684. L'article de L. Gillet a été traduit en anglais par Mukund M. Desai et publié dans The Modern review (févr. 1923), sous le titre : Rabindranath Tagore's plays, p. 182-187. – On trouvera un résumé de la pièce et des photos d'une représentation donnée par les étudiants de Çântiniketan dans un article de K.-N. Chatterji : Tagore's play of Chitrangada in dance and music, paru dans The Modern Review d'avril 1936. Il s'agit de l'adaptation sous forme de ballet dramatique, faite par Tagore en 1936.

129. CHITRA, drame en un acte et neuf scènes. Mouans-Sartoux (A.-M.), Publications Chitra, 1945. In-8°, 80 p., fig., pl., couv. illustrée. (Feuilles de l'Inde, n° 8). – B.N., Impr., 80 Ya. 763 (8).

Note de l'éditeur : « Chitra a été traduit en français par Amrita, d'après le texte de l'édition indienne, parue en 1919 chez Macmillan, à Calcutta, et avec l'autorisation du poète. » La couverture porte pour titre : Chitra et Arjuna. Amrita est le pseudonyme d'Andrée Karpelès. On signalera également une traduction récente de Chitra par Georges Fradier : Chitra (traduction de Georges Fradier). Danss : Two Cities, La Revue bilingue de Paris, 5, automne 1960, p. 58-78.

THE KING OF THE DARK CHAMBER.

Original : Râjâ (1910). Inspiré d'une légende bouddhique du Mahâvastu.

130. THE KING OF THE DARK CHAMBER. translated into English by the author. London, Macmillan and Co., 1914. In-8°, 200 p.B.N., Impr., 160 Ya. 37.

Autre édition : New York, The Macmillan company, 1914.

En dépit du titre, la traduction n'est pas de Tagore mais de Kshitish Chandra Sen.

Analyse et traduction française de quelques chansons tirées de cette pièce dans Arthur Geddes : Les Chansons de Rabindranath Tagore dans ses pièces, publié dans L'Inde et son âme (Feuilles de l'Inde, 1, p. 109-122). Voir aussi Louis Gillet, article cité sous le 128.

THE POST OFFICEAMAL ET LA LETTRE DU ROI.

Traductions de Dâkghar (1912). Amal, un jeune garçon malade, guette de sa fenêtre le facteur qui, à ce qu'il croit, doit lui apporter une lettre du roi. A la fin le roi annoncera sa visite mais Amal sera mort. Tagore a expliqué le sentiment qui l'inspirait lorsqu'il a écrit cette pièce. « Amal représente l'homme dont l'âme a entendu l'appel de la route libre. Mais Madhab, l'expérimenté dans les affaires du monde, considère son agitation comme étant le signe d'une maladie fatale, et son conseiller le médecin, gardien des platitudes convention¬


nelles… secoue gravement la tête en disant que la liberté est dangereuse et que toutes les précautions devront être prises pour garder le malade entre les murs. Amal attend que la lettre royale lui vienne directement pour lui apporter le message d'émancipation... »(Lettres à un ami, p. 227.)

131. MANUSCRIT AUTOGRAPHE de la première page de Dâkghar. Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

132. THE POST OFFICE : a play by Rabindranath Tagore translated by Devabrata Mukerjea. Dundrum (Ireland). The Cuala press, 1914. In-8°, 38 p.B.N., Impr.,Ya. 1002.

Préface de W.B. Yeats. Tirage limité à 400 exemplaires. Préface et note finale imprimées en rouge.

Rééditions : London, Macmillan and Co., 1914. In-8°, VII-88 p. p. ; New York, The Macmillan company, 1914 et 1916 ; Calcutta, 1919.

Voir aussi Louis Gillet, article cité sous le 128.

133. AMAL ET LA LETTRE DU ROI. Traduit par André Gide. Bois de Foujita. Paris, Lucien Vogel, 1922. In-4°, 28 p., fig. – Bibliothèque Jacques Doucet (autre exemplaire : B.N., Impr., 40 Ya. 64).

Tirage limité à 142 exemplaires, on expose le 77 (l'exemplaire de la Bibliothèque nationale n'est pas numéroté).

134. AMAL ET LA LETTRE DU ROI. Comédie en deux actes. Traduit de l'anglais par André Gide. Troisième édition. Paris, éditions de la Nouvelle Revue Française, 1924. In-32, 45 p. (Répertoire du Vieux-Colombier, n° 22). – B.N., Impr.,Y. 457 (22).

135. AMAL ET LA LETTRE DU ROI, comédie en deux actes de Rabindranath Tagore. Traduit de l'anglais par André Gide. Paris, Librairie théâtrale, N.R.F., 1947. In-8°, 32 p. (Collection Education et Théâtre. 16. Répertoire du Vieux-Colombier).B.N., Impr., 80 Yf. 2814 (16).

136. ANDRÉ GIDE. THÉÂTRE COMPLET. AMAL, OEdipe, Perséphone, Proserpine. Lithographies de Maurice Brianchon. Neuchâtel et Paris, Ides et Calendes, 1948. In-8°, 165 p., fig. (Théâtre complet d'André Gide, vol. IV).B.N., Impr.,Yf. 2829 (4).

Amal occupe les p. 7-56.


SACRIFICE AND OTHER PLAYS.

Traductions abrégées des originaux bengalid Prakritir pratiçodh (1884), Mâlinî (1896), Visarjan (1890) et Raja o rani (1889) sous les titres respectifs de Sanyasi or the Ascetic, Malini, Sacrifice, The King and the Queen.

137. MANUSCRIT AUTOGRAPHE de la dédicace de la traduction anglaise de Visarjan (Sacrifice) : « I dedicate this play to those heroes who bravely stood for peace when human sacrifice was claimed for the goddess of war. » Photographie. – Institut Français d'Indologie, Pondichéry.

138. MANUSCRIT AUTOGRAPHE de la première page de Sacrifice. Photographie. – Institut Français d'Indologie, Pondichéry.

139. SACRIFICE and other plays. London, Macmillan and Co. 1918. In-8°, 256 p.B.N., Impr.,Ya. 447.

Première édition londonienne en 1917. Autre édition : New York, The Macmillan company, 1917.

Voir aussi Louis Gillet, article cité sous le 128.

THE CYCLE OF SPRING – LE CYCLE DU PRINTEMPS.

Original : Phâlgunî (1916).

140. THE CYCLE OF SPRING. London, Macmillan and Co., 1917. In-8°, VIII-134 p. – B.N., Impr.,Ya. 448.

Autre édition : New York, The Macmillan company, 1917.

L'introduction a été en grande partie traduite de l'original bengali par C.F. Andrews et le prof. Nishikanta Sen. L'auteur a ensuite revu la traduction. L'ouvrage est dédié : « To my boys of the Shantiniketan who have freed the fountain of youth hidden in the heart of this old poet and to Dinendranath who is the guide of these boys in their festivals and the treasure-house of all my songs. »

Voir aussi l'article de P. Guha-Thakurta intitulé : Tagore's Phalguni : an interprétation, publié dans le Visva-Bharati Quarterly d'octobre 1929, p. 272-278. On se reportera également à l'article de Louis Gillet cité sous le 128.

141. LE CYCLE DU PRINTEMPS, traduit de l'anglais par Henriette Mirabaud- Thorens. Paris, Librairie Stock, Delamain et Boutelleau, 1926. In-16, 143 p. (Cabinet cosmopolite, 6). – B.N., Impr.,Z. 23279 (6).


THE CURSE AT FAREWELLKACHA ET DEVAYANI.

Original : Vidây-abhiçâp (1894). Le sujet est tiré du Mahâbhârata.

142. KACH AND DEBJANI (translated from the original Bengali by K.R. Kripalani). Publié dans The Visva-Bharati Quarterly, vol. II, part IV, févr.-avr. 1937, p. 42-47. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Il y a eu en fait trois traductions anglaises de Vidây-abhiçâp : Dans le recueil The Fugitive (London, Macmillan and Co., 1921), cf. 113, Tagore a lui-même traduit la pièce sous le titre de Kacha and Devayani (p. 23-36). – Une seconde traduction due à Edward Thompson a paru sous le titre : The Curse at farewell (London, G.G. Harrap, 1924. In-8° 63 p.). – La troisième traduction Kach and Debjani est présentée ici. Reproduction de la fresque d'Abanindranath Tagore à la Govt. School of Art de Calcutta représentant les deux personnages de la pièce, face à la p. 42.

143. KACHA ET DEVAYANI. Suivi de : « Signification d'un poème. »(Traduit par Amrita). Gap, publications Chitra, 1950. In-16, 44 p., fig. (Feuilles de l'Inde, n° 11). – B.N., Impr.,Ya. 763 (11).

Postface : « Notre texte français qui reproduit, aussi fidèlement que possible, une version du Poète (offerte par lui à la traductrice) est plus condensé que la version bengalaise ; Rabindranath Tagore, jugeant sans doute qu'un poème concis serait plus universel, en atténua le côté symbolique et supprima les allusions purement hindoues. »

La traduction de Kacha et Devayani par Amrita a été reproduite dans Rabindranath Tagore par Odette Aslan. Paris, Pierre Seghers, 1961. In-16, 207 p. (Poètes d'aujourd'hui), p. 162-177.

THE WATERFALL – LA MACHINE

Original : Mukta-dhârâ (1922).

144. THE WATERFALL. New play by Rabindranath Tagore. Dans : The Modern Review, vol. XXXI, n° 5, mai 1922, p. 535 à 558 a-g. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

145. LA MACHINE. Drame en un acte en prose. Traduit du bengali par Fernand Benoît et Amiya Chandra Chakravarty. Présentation par Marc Elmer. Paris, Rieder, 1929. In-8°, 191 p. (Les Prosateurs étrangers modernes).B.N., Impr.,Ya. 755.

146. THREE PLAYS. Mukta-dhara, Natir puja, Chandalika. Translated by Marjories Sykes. London, Geoffrey Cumberlege, Oxford


University press, 1950. In-16, VIII-180 p. (Champak library).B.N., Impr., 16° Ya. 75.

La traduction de Mukta-dhârâ occupe les p. 1-81.

RED OLEANDERS.

Original : Rakta-karavî (1924).

147. RED OLEANDERS by Rabindranath. Illustrations by Gaganendranath Tagore. Dans : Visva-Bharati Quarterly. Special Sharadiya (Autumn) number. Sept. 1924. 88 p., planche en coul., fig. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Voir aussi le très important article de Tagore : Red oleanders : an interpretation, by Rabindranath Tagore. Danss : Visva-Bharati Quarterly, vol. XVII, part 3, oct. 1925, p. 208-217. Il s'agit de « notes on a talk given by Rabindranath Tagore and transcribed by Leonard K. Elmhirst during the Poet's visit and stay in Argentina, November-December, 1924 ».

148. RED OLEANDERS, a drama in one act. London, Macmillan and Co, 1925. In-8°, 181 p. – B.N., Impr., 160 Ya. 204.

THE DANCING GIRL'S WORSHIP.

Original : Natîr-pûjâ (1926), , inspiré par une légende bouddhique.

149. THE DANCING GIRL'S WORSHIP, by Rabindranath. Dans : The Visva-Bharati Quarterly, vol. v, part 1, avril 1927, p. 1-39. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Cf. n° 146. La traduction de Natîr pûjâ occupe les p. 85-147.

THE KINGDOM OF CARDS.

Original : Tâçer deç (1933).

150. TASHER DESH or Kingdom of cards. A lyrical farce by Rabindranath Tagore. Dans : The Modern Review, juin 1939, p. 658-668. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Il s'agit d'une réimpression de la traduction de K.R. Kripalani parue précédemment dans le Visva-Bharati Quarterly. Entre les p. 660 et 661, quatre photographies d'une représentation de la pièce à Calcutta.


b) L'ACTEUR.

Homme de théâtre au sens complet du terme Rabindranath Tagore ne se ctenta pas d'écrire pour le théâtre : il fut également le régisseur de ses propres pièces et il les interpréta lui-même. Excellent acteur il se gardait toujours un rôle important : « Acteur et danseur génial », écrit Andrée Karpelès, « il symbolisait le Fou, le Trouble-Fête, le Vagabond, celui, enfin, qui vient fustiger les préjugés et insuffler la vie aux êtres conventionnels : Rois et Reines de jeux de cartes ; ministres plongés dans leurs rapports ; professeurs endormis sur leurs vieux grimoires… »(Rythmes du Monde, n° 3, 1946, p. 51). Lui-même avoue son goût pour le théâtre : « Lors de la représentation de ces drames, je tenais d'ordinaire le rôle principal. Dès mes jeunes années, j'avais eu le goût de l'action scénique ett je me croyais doué d'une aptitude pour cela »(Souvenirs, p. 168). Plus tard, trop âgé pour tenir un rôle actif, il montait néanmoins sur la scène, s'y tenant assis dans un coin sur une sorte de trône et observant les acteurs.

151. TAGORE TENANT LE ROLE DE VALMIKI dans sa première pièce Vâlmîki-pratibhâ (Le Triomphe de Vâlmîki) jouée à Jorasanko en 1881. Photographie.

« Avant mon départ pour l'Angleterre, nous donnions quelquefois des soirées littéraires l'on offrait, avec des récitations, de la musique et de légers rafraîchissements. Il y eut encore après mon retour une de ces soirées, qui fut la dernière. Ctest pour figurer en une occasion de ce genre que Valmiki Pratibha fut composé. Lors de sa représentation, je tins le rôle de Valmiki, et ma nièce, Pratibha, celui de Saraswati. Ce petit souvenir de famille est resté consigné dans le titre. » (Souvenirs, p. 165).

152. TAGORE TENANT LE ROLE DE RAGHUPATI dans son drame Visarjan (Sacrifice) joué à Calcutta en 1893. Photographie.

153. TAGORE TENANT LE ROLE DU MÉNESTREL AVEUGLE dans Phâlgunî (Le Cycle du printemps) lors d'une représentation de la pièce à Jorasanko en 1916. Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

154. TAGORE TENANT LE ROLE DU MÉNESTREL AVEUGLE dans Phâlgunî. Peinture par Abanindranath Tagore. Reproduction en couleurs dans The Illustrated Weekly of India, LXXXIII, 19 (7 mai 1961), p. 55.

Reprod. en noir dans Abanindra number. Ed. par K.R. Kripalani, The Visva-Bharati Quarterly, VIII, 1-2 (mai-oct. 1942), pl. 30.

Pour jouer Phâlgunî, Tagore a revêtu la tenue traditionnelle des mendiants bâul du Bengale : longue robe en haillons, violon à une corde fait d'une courge emmanchée d'un bâton. Les bâul formaient une secte de religieux mendiants dansant et chantant par les rues et professant une dévotion, une bhakti, enflammée pour la divinité. Leurs chants, simples mais passionnés, ont fortement influencé Tagore.


Cf. The Baül singers of Bengal, appendice de Kshiti Mohun Sen au recueil de Tagore, The Religion of man (1931). (Trad. française : La Religion de l'homme, 1931) et le texte français d'une conférence de Tagore faite en anglais au Musée Guimet le 21 avril 1921 : Une Religion populaire de l'Inde : les Baouls, dans le Bulletin de l'Association française des Amis de l'Orient, 1, juin 1921, p. 33-54.

155. TAGORE TENANT LE ROLE DE GAFFER LE FAKIR dans Dâkghar (Amal et la lettre du roi), joué à Jorasanko en 1917. Photographie.

156. TAGORE TENANT LE ROLE D'UPALI lors d'une représentation de Natîr pûjâ (L'Adoration de la danseuse) à Calcutta. Photographie.

c) LES REPRÉSENTATIONS DES PIÈCES DE TAGORE EN FRANCE.

Le théâtre de Tagore n'a guère été joué en Francce ; il fallut attendre 1922 pour voir monter deux de ses pièces, Chitra et Le Roi de la chambre obscure, alors que les premières représentations de ses oeuvres à Londres et à Dublin datent de 1913 (The Maharani of Arakan, pièce tirée d'une nouvelle de Tagore et adaptée par George Calderon et The Post-Office, traduction de Dâkghar par Tagore lui-même). Encore la représentation de 1922 était-elle privée, montée par Irénée Mauget, directeur du Nouveau Théâtre, à la demande de l'association « Idéal et Réalité » ; les membres de l'Association française des Amis de l'Orient y étaient également conviés (Cf. BAFAO, 1921, n° 2, p. 41). En 1923, une nouvelle présentation du Roi de la chambre obscure restait sans lendemain. Deux pièces pourtant devaient connaître un certain succès : Amal et la lettre du Roi, version française de The Post-Office, et Chitra.

LES REPRÉSENTATIONS D'AMAL.

Amal fut créé le 16 mai 1928 en représentation privée au théâtre de la Petite Scène. (Compte rendu par Charles Chassé dans le Figaro, 19 mai 1928, sous le titre : Rabindranath Tagore ou l'apôtre économe de son coeur.) Dès 1924, Jacques Copeau avait inscrit la pièce au répertoire du Vieux Colombier, mais les événements ne lui permirent pas de la monter. A partir du 16 février 1937, la pièce fut donnée en lever de rideau au théâtre des Mathurins par Georged Pitoëff (la seconde partie du spectacle était la pièce de Jean Anouilh, Le Voyageur sans bagage). Ludmilla Pitoëff tenait le rôle d'Amal, l'enfant malade, et Louis Salou celui de Gaffer, le fakir. Darius Milhaud avait composé la musique de scènee ; les décors étaient de Georges Pitoëff. (Ce n'était d'ailleurs pas la première oeuvre de Tagore montée par Georges Pitoëff : le 15 octobre 1919 dans la salle communale de Plainpalais à Genève, Georges Pitoëff avait donné une représentation de Sacrifice : il y tenait le rôle de Raghupati. La traduction


française de la pièce était d'Henri Odier.) On peut faire mention de deux représentations d'Amal, les 23 et 30 janvier 1941, chez Raymond Duncan par les « Mascarrilles », groupe théâtral du lycée Condorcet. A partir du 15 juin 1949, Jean Marchat, dans un spectacle en hommage à André Gide pour don quatre-vingtième anniversaire, donnait une nouvelle interprétation d'Amal au théâtre des Mathurins. (La pièce d'André Gide, le Retour de l'enfant prodigue venait en seconde partie du spectacle.) Muni tenait le rôle d'Amal, André Marchat celui du fakir ; la musique était de Louis Martin, les décors de Michel Juncar. Enfin, le 13 juin 1961, lors d'une soirée de gala donnée au théâtre de l'OEuvre en commémoration du centenaire de la naissance de Tagore, Muni, interprétait une nouvelle fois le rôle d'Amal, dans une mise en scène de Pierre Valdéé ; la musique était celle de Louis Martin.

157. COMPAGNIE PITOEFF. Saison 1936-1937 au Théâtre des Mathurins. Programme des représentations. – Bibliothèque de l'Arsenal.

Sur la couverture portrait de Rabindranath Tagore. Page 5, distribution d'Amal et la lettre du Roi. Page 7, notes sur Rabindranath Tagore par Marc Semenoff.

158. LUDMILLA PITOEFF et la troupe de Georges Pitoëff dans Amal. Photographies. – A Mme Krishna Riboud.

a) AMAL ET LA MARCHANDE DE FLEURS.

b) SCÈNE FINALE.

159. DARIUS MILHAUD. Amal ou la lettre du Roi. Musique de scène pour violon, clarinette et piano, composée à Paris en octobre 1936 et jouée au Théâtre des Mathurins en février 1937. 5 fol. Manuscrit autographe. – A M. Darius Milhaud.

Colette écrivit dans la chronique Spectacles de Paris du Journal (22 février 1937) :

« Darius Milhaud emplit la masure hindoue d'une musique d'anges agrestes, légère, miséricordieuse à l'enfant mourant et parfaitement délicieuse. »

La partition est restée inédite.

160. LETTRE AUTOGRAPHE d'André Gide à Muni, datée du 19 déc. 1948. – • A Mme Muni.

« Chère exquise Muni récidiviste. Cette gerbe foisonnante de lilas blancs vient raviver mes souvenirs d'un envoi de fleurs, l'an passé, qui parfume encore mon coeur. Ma confiance en vous n'a pas faibli ; que ce billet vous aide à en persuader Monsieur Marchat, si tant est qu'il y ait encore lieu de le convaincre. Ne doutez pas de la sympathie profonde de votre tout attentif André Gide. »

161. ANDRÉ GIDE ET MUNI à Saint-Paul-de-Vence, juin 1949, Photographie. – A Mme Muni.


162. MUNI dans le rôle d'Amal, lors d'une répétition, juin 1949. Photographie. – A Mme Muni.

163. CARTE D'INVITATION pour la première d'Amal au théâtre des Mathurins, le 15 juin 1949. – A Mme Muni.

164. CARTE D'INVITATION pour la soirée de gala au théâtre de l'OEuvre, le 13 juin 1961. – A Mme Muni.

LES REPRÉSENTATIONS DE CHITRA.

Chitra fut joué en 1945 au Théâtre ésotérique de la Société Théosophique de France (Salle Adyar) : la pièce était mise en scène par Berthe d'Yd, avec Claude d'Yd dans le rôle d'Arjuna et Ginette d'Yd dans le rôle de la princesse Chitra. Une deuxième représentation eut lieu le 19 décembre 1958, donnée par les amateurs du groupe poétique et dramatique « Orphée » de la Société Théosophique de France : Nicole Souvré jouait Chitra et Roger Benhamou tenait le rôle d'Arjuna. A l'occasion du centenaire de la naissance de Tagore une troisième présentation de Chitra a eu lieu, les 21 et 22 octobre 1961, à la Société Théosophique. Le 8 novembre 1960 à l'Alliance Française, lors d'une Evocation de Rabindranath Tagore présentée par Odette Aslan et Pierre Seghers sous les auspices du Club international de ipoésie, Chitra fut représenté : Odette Aslan tenait le rôle de Chitra et Bernard Mongourdin celui d'Arjuna. Enfin l' Unesco, à l'occasion de la onzième session de sa Conférence générale a donné le 16 novembre 1960 une soirée en l'honneur de Tagore au cours de laquelle fut représenté Chitra dans une nouvelle version de Krishna Riboud et Georges Fradier (éditée dans Two Cities, La Revue bilingue de Paris, 5, automne 1960, p. 58-78) : Reine Courtois interprétait Chitra et Sylvain Dhomme incarnait Arjuna ; la musique était de Jean Bhownagary et les décors de Claude Parent.

165. PROGRAMME de la soirée consacrée au poète Hindou Rabindranath Tagore par le groupe « Orphée », 19 décembre 1958. – A Mme Berthe d'Yd.

166. CARTE D'INVITATION pour la soirée consacrée à Tagore et la représentation de Chitra par le groupe « Orphée », 19 décembre 1958. – A Mme Berthe d'Yd.

167. CARTE D'INVITATION pour les représentations de Chitra données Salle Adyar par la Société Théosophique, 21-22 octobre 1961. – A Mme Berthe d'Yd.


168. PROGRAMME de l'évocation de Rabindranath Tagore et de la représentation de Chitra à l'Alliance française sous les auspices du Club international de poésie, 8 novembre 1960. – A Mme Odette Aslan.

169. ODETTE ASLAN ET BERNARD MONGOURDIN dans Chitra à l'Alliance française, 8 novembre 1960. Photographie. – A Mme Odette Aslan.

170. CARTE D'INVITATION pour la représentation de Chitra à l'UNESCO, 16 novembre 1960. – A Mme Krishna Riboud.

171. REPRÉSENTATION DE CHITRA à l'UNESCO. Trois photographies.

a) REINE COURTOIS dans le rôle de Chitra. – A Mme Krishna Riboud.

Sans masque, l'actrice incarne Chitra simple fille de roi sans beauté. Avec le masque, elle représente Chitra transfigurée pour un an par le dieu Madana et qui apparaît au jeune Arjuna telle « une déesse cachée dans une statue dorée ».

b) REINE COURTOIS ET SYLVAIN DHOMME dans les rôles de Chitra

et d'Arjuna. – A Mme Krishna Riboud.

c) REINE COURTOIS ET SYLVAIN DHOMME dans les rôles de Chitra

et d'Arjuna. – Maison de l'UNESCO.

3. ROMANS.

Tagore a écrit une douzaine de romans en bengali ; dans ces ouvrages, fondés dur une observation minutieuse de la société indienne de son temps, Tagore a vu le moyen d'éclairer ses contemporains sur les préjugés qui les mènent et de les guider vers une vie meilleure. Les deux premiers romans, Bauthâkurânir hat (La Foire de la reine nouvelle-épousée), 1883, et Râjarshi (Le Saint roi), 1885, dont inspirés de l'histoire du Bengale au XVIIesiècle. Avec Cokher vâli (Un grain de sable dans l'oeil), 1902, Tagore aborde le roman réaliste : grande nouveauté dans la littérature indienne, le déroulement de l'action n'est plus commandé par les faits extérieurs mais expliqué par la psychologie des héross ; Tagore y traite des conflits entre les impératifs de la vie personnelle et ceux de la vie familiale. Dans le roman suivant, Naukâ-dubi (Le Naufrage), 1905, ce sont les conflits de l'individu et de la société qui sont analysés. Avec Gorâ, 1910, le plus long des romans de Tagore, tous ces problèmes sont posés et traités à la foid. Gora est un enfant anglais recueilli par une famille de brahmanes pendant les massacres de la Mutinerie. Ignorant ses origines, il devient plus orthodoxe que ses parents mais tombe amoureux d'une jeune fille élevée dans un milieu Brahmo. Orthodoxes stricts, partisans du Brahmo-samâj,


nationalistes et anglophiles s'affrontent dans ce roman. Tout rentrera dans l'ordre quand Gora, instruit de son origine, comprendra qu'il peut aimer et servir l'Inde en dehors de tout préjugé de race, de caste ou d'éducation. Roman admirable Tagore, comme le fait justement remarquer M. Filliozat, se met à la place de chacun de ses personnages, trouvant chaque fois en eux une parcelle de vérité et de bien, très petite parfois, mais toujours parcelle authentique de la Vérité et du Bien. Caturanga (A Quatre voix), 1916, considéré comme le chef-d'oeuvre de Tagore, présente dans les quatre épisodes d'une même histoire les quatre héros du romann : Jagamohan l'athée, Satish son neveu, acharné dans sa quête de Dieu, Damini la passionnée et le narrateur Srivilas, homme de bon sens, affectueux et simple. Ghare-bâire (La Maison et le monde), 1916, expode les malheurs de l'honnête Nikhil, bon patriote mais ennemi des violences et trop bon mari, voulant que sa femme soit libre et qu'elle l'aime pour lui-même alors qu'elle n' y est pas préparée par son éducation. L'intrigue est prétexte à décrire les moeurs corrompues des politiciens et leur habileté à exploiter les sentiments patriotiques. C'est la réponse de Tagore à ceux qui L'ont accusé de désertion pendant les années troublées où, après avoir pris une part active à la vie politique, il s'en retira assez brusquement. Çesher kavitâ (Le Dernier poème), 1929, est une histoire d'amour, très populaire au Bengale : Tagore y conte la rencontre puis la séparation de deux jeunes bengalis, tous deux élevés d'une façon fort moderne ; mais tandis que le jeune homme n'a acquis à Oxford qu'une éducation toute artificielle, son amie a su préserver l'héritage de la culture traditionnelle du Bengale. Tagore a mêlé dans cette oeuvre la prose et les vers, lui donnant ainsi une rare valeur poétique. Yogâyog (Rencontres), 1930, première partie d'une trilogie qui ne fut jamais achevée, expose le conflit de deux familles, l'une parvenue et pleine d'arrogance, l'autre aristocratique, gardant noblesse et dignité dans la ruine. Dui bon (Les Deux soeurs), 1933, et Mâlanca (Le Jardin fleuri), 1934, dont deux longues nouvelles dans lesquelles Tagore étudie les dramed de l'amour et les ravages de la jalousie. Enfin dans Câr-adhyâya (Quatre chapitres), 1934, éclate le conflit des valeurs humaines et des idéaux politiques. L'intrigue a pour fond le mouvement national et la non-coopération au Bengale.

Sept de ces romans ont été traduits en anglais ; quatre seulement l'ont été en français.

THE HOME AND THE WORLD – LA MAISON ET LE MONDE.

Original : Ghare-bâire (1916).

172. THE HOME AND THE WORLD. London, Macmillan and Co., 1919. In-8°, VIII-333 p. – B.N., Impr., 160 Y 2. 24169.

Autre édition : New York, The Macmillan company, 1919.

Note de l'éditeur : « This story was translated by Mr. Surendranath Tagore and the translation was revised by the Author. »


173. LA MAISON ET LE MONDE. Traduction française par F. Roger-Cornaz. Paris, Payot, 1921. In-8°, 308 p., portrait. – B.N., Impr., 8° Y 2. 65446.

Etude critique par André Bellessort : Les Littératures étrangères, Dans l'Inde. Article paru dans la Revue politique et littéraire, Revue bleue, 2 avril 1921, p. 232-235.

Voir aussi le compte rendu de J. Guéhenno paru dans La Grande Revue, nov. 1921, p. 164-171.

THE WRECK – LE NAUFRAGE.

Original : Naukâ-dubi (1916).

174. LE NAUFRAGE. Traduit de l'anglais par Mme Henriette Mirabaud-Thorens. Paris, Nouvelle Revue Française, 1929. In-4°, 285 p. – Bibliothèque Jacques Doucet.

Exemplaire sur vergé Lafuma LXIV/C, imprimé pour Jacques Doucet. L'édition courante a le format in-16. Dix-septième et dernière édition en 1958.

La traduction anglaise a paru en 1921 à Londres (Macmillan and Co.) et à New York (The Macmillan company) sous le titre : The Wreck.

A QUATRE VOIXBROKEN TIES AND OTHER STORIES.

Original : Caturanga (1916).

175. A QUATRE VOIX par Rabindranath Tagore. Traduction de Madeleine Rolland, précédée d'une étude sur l'auteur par Romain Rolland. Paris, éditions du Sagittaire, Simon Kra, 1924. In-16, 219 p., portrait de l'auteur par Andrée Karpelès (Collection de la Revue européenne, 12). – A Mme Romain Rolland.

La traduction anglaise est postérieure : Broken ties and other stories. – London, Macmillan, 1925. In-8°, 229 p. Broken ties est suivi des nouvelles intitulées : In the night (original : Nisithe, 1895) ; The Fugitive gold (Svarna mriga, 1892) ; The Editorr ; Giribala (Megh o raudra) ; The Lost jewels (Manihara, 1898), et Emancipation (d'après le poème Pariçodh). La nouvelle Giribala se retrouve dans le recueil The Runaway and other stories, sous le titre Cloud and sun. Cf. 189.

176. A QUATRE VOIX. Traduit de l'anglais par Madeleine Rolland, précédée d'une étude sur l'auteur par Romain Rolland. – Gap, publications Chitra, 1952. In-8°, 192 p., fig., pl. (Feuilles de l'Inde n° 14). – A Mme Romain Rolland.

Ouvrage orné de bois dessinés et gravés par Andrée Karpelès.

177. A QUATRE VOIX de Rabindranath Tagore. Illustrations originales de Ambrogiani. [Précédé de] La « Petite histoire » de l'attribution


du prix Nobel de littérature à Rabindranath Tagore, par le Dr. Gunnar Ahlström. Le Discours de réception, par le Dr. Harard Hjârne. La Vie et l'oeuvre de Rabindranath Tagore, par le Dr. G.K. Mookerjee et G.A. Roulhac. [Suivi d'une] Bibliographie, par Pierre Barkan. [Orné en outre d'un portrait de Tagore par Michel Cauvet. Reliure blanche avec une composition de Picasso.] Paris, éditions Rombaldi, 1961. In-4°, 245 p., portrait, pl. en coul. (Collection des Prix Nobel de littérature).

GORA.

Original : Gorâ (1910).

178. GORA. Calcutta, 1920. In-16, 598 p. – Bibliothèque de l'Ecole Française d'Extrême-Orient.

Texte bengali. La première édition est de 1910.

179. GORA, ch. VIII-XIV, publié dans The Modern Review, février 1923. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

La première traduction anglaise de Gora, due à W.W. Pearson, a paru en livraisons au cours de l'année 1923 dans la Modern Review, revue mensuelle éditée à Calcutta par Ramananda Chatterjee : chapitres I-VII de Gora en janvier 1923 ; VIII-XIV en février ; xv-xx en mars ; XXI-XXV en avril etc.

Edité en un volume en 1924 : London, Macmillan and Co., 1924. In-8°, 408 p. La traduction a été révisée par l'auteur.

180. GORA (Gora). Traduction de l'anglais de Marguerite Glotz, entièrement revue sur le texte bengali par Pierre Fallon. Paris, R. Laffont, 1961. In-16, 527 p. (Pavillons).B.N., Impr., 160 Y 2. 3288 (116).

181. GORA. Traduction de l'anglais de Marguerite Glotz, entièrement revue sur le texte bengali par Pierre Fallon. Paris, Club des éditeurs, 1961. In-16, XII-527 p. (Club des éditeurs. Inédit. 155). – B.N., Impr., 160 Z. 7913 (155).

Edition à tirage limité. L'introduction de douze pages qui précède la traduction n'est pas signée.

D'autres romand de Tagore ont été traduits en anglais sans l'être encore en français : Câr-adhyâya sous le titre : Four chapters, translated by Surendranath Tagore (Calcutta, Visva-Bharati, 1950. In-16, XI-88 p.). Cette traduction a d'abord paru en livraisons au cours des années 1936-37 dand la revue américaine Asia. – Le roman Çesher kavitâ a été traduit sous le titre : Farewell my friend, a novel, translated by K.R. Kripalani (Lon¬


don, the New Indian publ. C°, 1946, réédition en 1958). – Cokher vâli est devenu : Binodini, a novel, translated by K.R. Kripalani (New-Delhi, Sahitya Akademi, 1959).

4. CONTES ET NOUVELLES

Tagore a écrit des nouvelles tout au long de sa vie. La première : Bhikharini (La mendiante) fut publiée en 1877 lorsqu'il avait seize and, dans le journal Bhâratî fondé la même année par son frère Jyotirindranath, les dernières furent esquissées quelques mois avant da mort en 1941.

Les recueils de nouvelles publiés à partir de 1900 sous les titres de Galpa-guccha, Galpa, Chota-galpa, Vicitra-galpa, Galpa-daçak en contiennent plus de quatre-vingts, dont près de la moitié écrites entre 1891 et 1895, première période de sa vie créatrice, appelée aussi période Sâdhanâ du nom de la revue mensuelle qu'il édita pendant quatre ans à partir de 1890. Pluss tard, entre 1914 et 1917, durant la période Sabuj Patra (Feuilles vertes) du nom de la Revue éditée par Pramatha Chaudhuri à laquelle il collaborait chaque mois, vint une autre floraison d'histoires.

Rabindranath Tagore a toujours préféré ses premières nouvelles, écrites lorsqu'il administrait le domaine familial et vivait dans les villages de Shilaïda, Patisar, Shajordpur, décrits dans Chinna-Patra (Lettres déchirées). La fraîcheur des sentiments et la vivacité des observations dues à sa propre jeunesse et au contact direct avec les populations rurales s'y expriment librement. Une lettre datée de 1932 rappelle la joie qu'il trouva à cette première rencontre avec son peuple « When I came face to face with nature in the villages of Bengal, my days overflowed with happiness. That joy runs through these simple unadorned stories ».

N.B. —. De nombreuses nouvelles ont été traduites plusieurs fois et sous des titres différents ; des renvois dont faits d'un recueil à l'autre.

182. Galpa-guccha. Calcutta, Viçva-Bhâratî, 1367 (1960). In-8°, 220 p.A Mlle Christine Bossennec.

Trente-six histoires. Réimpression de l'édition de 1333 (= 1926). Le premier recueil portant le titre de Galpa-guccha a paru en 1900.

GLIMPSES OF BENGAL LIFE.

183. GLIMPSES OF BENGAL LIFE, being short stories from the Bengali of Rabindranath Tagore by Rajani Ranjan Sen. Madras, G.A. Natesan and Co., (Chittagong, Minto press), 1913. In-16, VIII-240 p., portrait. – B.N., Impr., 80 Y 2. 60834.

Douze nouvelles :


a. The Fruit -seller (= 184m et 187 a). – b. The School closes (= 184 d et 187 b). – c. A Resolve accomplished. – d. The Dumb girl (= 185i et 187 e).e. The Wandering guest (= 189 a). – f. The Look auspicious (= 185 c).g. A Study in anatomy (= 185 b). – b. The Landing stairway (= 185 k). – i. The Sentence. – j. The Expiation. – k. The Golden mirage. – l. The Trespass (= 189 g) En appendice : m. The Hungry stones (= 184 a).

THE HUNGRY STONES AND OTHER STORIES.

The hungry stones est la traduction d'une nouvelle écrite en 1895 : Kshudhita-pâshân. Les autres nouvelles ici traduites ont été composées entre 1891 et 1914.

184. THE HUNGRY STONES and other stories, by Sir Rabindranath Tagore. translated by various writers. London, Macmillan and Co., 1916. In-16, VII-271 p. – B.N., Impr., 160 Y 2. 24006

Autres éditions : New York, The Macmillan company, 1916 ; Calcutta, 1921. La seconde nouvelle a été traduite par Tagore, les sept suivantes par C.F. Andrews avec l'aide de l'auteur.

Treize nouvelles :

a. The Hungry stones (= 183 m). – b. The Victory.c. Once there was a king (= 187 c). – d. The Home-coming (= 183 b et 187 b).e. My Lord, the baby. – f. The Kindgom of cards.g. The Devotee. – h. Vision. – i. The Babus of Nayanjore (= 187 i). – j. Living or dead ? — k. « We crown Thee King. » – 1. The Renunciation. – m. The Cabuliwallah (= 183 a et 187 a).

MASHI AND OTHER STORIES.

La nouvelle Çesher râtrî (La Dernière nuit), écrite en 1914, a été traduite sous le titre de Mashi, du nom de l'héroïne. Les autres nouvelles sont traduites de recueils parus entre 1891 et 1900.

185. MASHI and other stories, translated from the original Bengali by various writers. London Macmillan and Co., 1918. In-16, 223 p. – B.N., Impr., 160 Y 2. 23996.

Autre édition : New York, The Macmillan company, 1918.

Quatorze nouvelles :

a. Mashi. – b. The Skeleton (= 183 g). – c. The Auspicious vision (= 183 f).

– d. The Supreme night.e. Raja and Rani.f. The Trust property. – g. The Riddle solved. – b. The Elder sister. – i. Subha (= 183 d et 187 e).j. The Postmaster (= 187 f). – k. The River stairs (= 183 h). – 1. The Castaway (= 187 g).m. Saved.n. My fair neighbour.


186. MASHI. Paris, Nouvelle Revue Française, 1925. In-4°, 221 p. – Bibliothèque Jacques Doucet.

Exemplaire sur vergé Lafuma LXIV/C, imprimé pour Jacques Doucet. Les quatorze nouvelles ont été traduites par Hélène du Pasquier sous les titres : Mashi, Le Squelette, La Vision nuptiale, La Nuit suprême, Le Rajah et la Rani, Le Gardien de l'héritage, La Clé de l'énigme, La Soeur aînée, Subha, Le Receveur des postes, Aux bords du Gange, Le Naufragé, Sauvée et Ma belle voisine.

L'exemplaire courant a le format in-16 et porte sur la couverture et sur la page de titre : Mashi. Traduit de l'anglais par Mme Hélène Du Pasquier.

STORIES FROM TAGORE.

187. STORIES FROM TAGORE. Calcutta (Bombay, Madras, London), Macmillan and Co., 1944. In-16, 159 p.

Première édition : London, Macmillan and Co., 1918. In-8°, IV-173 p. ; New York, The Macmillan company, 1918 ; Calcutta, 1918. Nombreuses rééditions.

Neuf nouvelles :

a. The Cabuliwallah (= 183 a et 184 m). – b. The Home-coming (= 183 b et 184 ∂). – c. Once there was a king (= 184 c). – ∂. Master Mashai.e. Subha (= 183 ∂ et 185 i). – f. The Postmaster (= 185 5 j). – g. The Castaway (= 185 l).

b. The Son of Rashmani. – i. The Babus of Nayanjore (= 184 i).

LE PRINCE CHARMANT ET. AUTRES CONTES.

Original : Contes dictés en anglais à Andrée Karpelès (pseud. Amrita) par Tagore lorsqu'il était en France L'hôte d'Albert Kahn au Cercle « Autour du Monde » en 1920.

188. LE PRINCE CHARMANT et quatorze (sic pour : treize) autres contes, traduits par Amrita. Mouans-Sartoux (A.-M.), publications Chitra, 1946. In-16, 105 p., fig., pl., couv. illustrée. (Feuilles de l'Inde, 10). – B.N., Impr., 80 Ya. 763 (10).

Les illustrations sont d'Andrée Karpelès.

THE RUNAWAY AND OTHER STORIES.

189. THE RUNAWAY and other stories (Edited by Somnath Maitra). Calcutta, Visva-Bharati, 1959. In-16, XII-196 p. – A Mlle Christine Bossennec.

Premier volume des oeuvres complètes de Tagore en anglais, publiées à l'occasion du centenaire de sa naissance.

Neuf nouvelles :

a. The Runaway (= 183 e).b. The Hidden treasure. – c. Cloud and sun (cf.


175 note). – 1 d. False hopes.e. The Judge.f. Mahamaya. – g. Trespass (= 183 l). – h. The Conclusion. – i. The Stolen treasure.

LES CHAINES.

190. LES CHAINES. Traduction de Mustapha Lachraf et M.-P.F. Publié dans Fontaine n° 15 (Setpembre 1941), p. 46-48. – Bibliothèque Jacques Doucet.

THE PARROT'S TRAINING.

Original : Tota-kahini, publié pour la première fois en 1918 dans la revue Sabuj Patra et réédité en 1922 dans le recueil Lipika.

191. THE PARROT'S TRAINING by Rabindranath Tagore (Translated by the author from the original Bengali). With eight drawings by Abanindra Nath Tagore, and a cover design by Nanda Lal Bose. Calcutta and Simla, Thacker, Spink and Co, 1918. In-4°, 11 f. non chiffrés, 7 pl. – A M.L.K. Elmhirst.

Autres éditions : The Parrot 's training (Calcutta, Visva-Bharati, 1949). – • Le texte du Parrot's training est également réédité aux p. 96-100 de Rabindranath Tagore, pioneer in education. Essays and exchanges between Rabindranath Tagore and L.K. Elmhirst (London, John Murray, 1961).

192. DE TE FABULA NARRATUR. Dans : Jeune Asie, Organe de la Confédération des étudiants orientaux. Rome 1934, 2, p. 27-31. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Traduction française (déparée par de nombreuses fautes) du Parrot's training, « L'éducation du perroquet ».

5. ANTHOLOGIES ET OEUVRES CHOISIES

193. COLLECTED POEMS AND PLAYS of Rabindranath Tagore. Fifth printing. New York, The Macmillan company, 1958. In-8°, 466 p.B.N., Impr., 8°Ya. 1026.

Premières éditions : London, Macmillan and Co., 1936 ; New York, The Macmillan company, 1937.

Contient : Gitanjali, The Crescent Moon, The Gardener, Chitra, Fruit-gathering, The Post-office, Lover's gift, Crossing, Stray birds, The Cycle of spring, The Fugitive and other poems, Sacrifice and other plays (Sanyasi or the ascetic, Malini, Sacrifice, The King and the queen, Karna and Kunti).


194. A TAGORE READER, edited by Amiya Chakravarti. New York, The Macmillan company, 1961. In-8°, XIV-401 p., portrait. – B.N., Impr.,Z. 35833.

Choix de textes classés par genre : Travel, Letters, Short stories, etc.

195. RABINDRANATH TAGORE, par Odette Aslan. Paris, Pierre Seghers, 1961. In-16, 207 p., 18 pl., couv. illustr. (Poètes d'aujourd'hui).B.N., Impr.

Longue présentation de Tagore, p. 9-83, suivie d'un choix de textes.



IV. L'OEUVRE MUSICALE

Elevé dans une maidon bruissante de musique, près d'un frère qui passait des journées entièred à composer au piano de nouveaux chants, Tagore raconte dans Souvenirs (p. 111) quel fut son apprentissage musical. C'est avant son départ pour l'Angleterre à l'âge de dix-dept and qu'il se mit à composer des mélodied pour ses poèmes, tout en se promenant au clair de lune sur une terrasse qui dominait le fleuve à Ahmedabad. Plus tard, quand il voguait au fil du Gange à Chandernagor, le mode de ded chants s'accordait aux variations du jour ; les paroles durgiddant, attirées par la mélodie. Un chapitre des Souvenirs (p. 173-1777) est intitulé « A propos de la musique vocale » et le poète y exprime bien la primauté de la musique sur les mots : « J'ai toujours de la répugnance à publier dans des livres led paroles de mes chants dans leur mélodie, il me semble que l'âme doit en être absente. » Et cependant la notation musicale bengalie, à l'aide de lettres n'est guère plus qu'un aide-mémoire, destiné à qui connait déjà la mélodie. Tagore ne savait du redte pad noter ses chants, il a toujours eu recours pour le faire à don neveu Dinendranath à qui il les apprenait, et après la mort prématurée de celui-ci, à Santi Ghohs, professeur de son école de musique (cf. Birth of Guradeva's dong par G.M. dand Tagore centenary citizens'committee (Calcutta, 1961).

La plupart ded poèmes de Tagore furent conçus sous forme de chants dont il créait la mélodie en même temps que led paroles. Le plus souvent pleine de tendresse et de gravité, sa musique trèd dimple peut être chantée par tous. Edward Thompson rapporte sans Rabindranath Tagore, poet and dramatist (Londres, 1926), p. 69 les paroles du poète : « J'ai souvent le sentimentt que même si toutes mes poésies dont oubliées, mes chansons vivront par la voix de mon peuple. Ce sont des chants pour touted les saisons et pour touted les occasions. » Nourri aux sources de la musique traditionnelle indienne, de la musique populaire des villages ou des chanteurs mystiques bâul, aux sources aussi de la musique européenne (celle ded bardes irlandais en particulier) il a su par l'originalité de don art

donner une impuldion nouvelle à la musique moderne de l' Inde.

196. GITA-VITAN. Calcutta, Viçva-Bhâratî, 1364 (= 1958). In-8°, 1020 p. – A Mme Krishna Riboud.

Recueil de 1888 chansons composées par Tagore, auquel on a joint les six drames musicaux : Kâl-mrigayâ (La Chasse tragique), Vâlmîki-pratibhâ (Le Génie de Valmiki), Mâyâr khelâ (Le Jeu de l'illusion), Citrângadâ (Chitra), Candâlikâ (La Femme hors-caste), Çyâmâ (ballet dramatique). On a compris dans cette édition les poèmes pour lesquels la musique a été composée après coup (ceux du Gitanjali


par exemple) et les chants dont paroles et musique ont été composées en même temps.

La première édition du Gîta-vitân fut publiée en trois volumes (1931-1932). Tagore regroupa par la suite ses chansons selon un ordre méthodique : offrandes et prières, chants patriotiques, chansons d'amour, chants évoquant les saisons, etc. La première édition en un volume, conforme à cette classification a paru en 1945 (Calcutta, Viçva-Bhâratî).

197. GITA-LIPI (1er volume). Calcutta, Adi Brâhmo Samâj, 1316 (= 1909). – A Mme Rajeshwari Datta.

L'ouvrage complet comporte six volumes. On y trouve le texte bengali des chants religieux de Tagore suivi de leur notation musicale par le musicien Surendranath Bandopadhyaya. Parmi tous les hymnes figurent déjà les poèmes du Gîtânjali bengali. On expose ici le poème : « Megher pare megh. » dont on retrouvera sous le 200 de ce catalogue, la mélodie transcrite en notation européenne. Ce poème, qui porte le 18 dans le Gîtânjali anglais, a été traduit par Gide : « Les nuages s'entassent sur les nuages. » et mis en musique par Darius Milhaud (cf. 96).

198. SVARAVITAN. Calcutta, Viçva-Bhâratî, 1961. In-4°, 96 p. – A Mme Rajeshwari Datta.

« Livre de mélodies ». Trente chants d'amour de Tagore avec leur notation musicale bengalie par Indira Devi (12), Jyotirindranath (16), Pratibha Devi et Sharala Devi (2).

Fait partie d'une collection éditée par la section musicale de Viçva-Bhâratî. Les soixantes volumes actuellement publiés ne couvrent qu'une très faible partie de l'oeuvre musicale du poète.

199. QUATRE CHANSONS BENGALIES de Rabindranath Tagore. – La Musique Hindoue et les chansons de Rabindranath Tagore, par Arthur Geddes. – Les Chansons de Rabindranath Tagore dans ses pièces, par Arthur Geddes. Dans : L'Inde et son âme. – Boulogne-sur-Seine, publications Chitra, 1928. In-8°, 504 P. (Feuilles de l'Inde, n° 1). – B.N., Impr., 80 Ya. 763 (1).

Les trois articles cités occupent les p. 85-94, 95-108 et 109-122.

200. CHANSONS DE RABINDRANATH TAGORE. Vingt-six chants transcrits par Arnold A. Bake, précédés d'une préface de Arnold A. Bake et Philippe Stern, avec traduction littérale de la poésie bengalie et traduction libre de Rabindranath Tagore. Twenty-six songs of Rabindranath Tagore noted down by Arnold A. Bake, Paris, Paul Geuthner, 1935. In-40, 130 p., musique. (Bibliothèque musicale du musée Guimet. Première série. Tome II.)B.N., Mus.,Vm. 730 (2).

Outre un avant-propos, un avis au lecteur et une préface en français suivis de


leur traduction en anglais, l'ouvrage comprend la notation musicale, accompagnée des paroles en transcription phonétique, de vingt-six mélodies. Vient ensuite une traduction française due à H.-P. Morris en collaboration avec Madeleine Schwab, Lucienne Astruc et Jeanne Herscher-Clément ; puis une traduction anglaise littérale de Arnold A. Bake ; enfin une traduction très libre due à Tagore lui-même. Les six premières mélodies sont écrites pour les originaux bengalis de six poèmes du Gitanjali anglais (Poèmes 3, 18, 57, 59, 76 et 103).

201. A CATALOGUE OF RECORDED classical and traditional Indian music, with an introduction on Indian musical theory and instruments by Alain Daniélou (Shiva Sharan). Catalogue de la musique indienne classique et traditionnelle enregistrée. Paris, Unesco, 1952. In-8°, 236 pl., pl. (Archives of recorded music. Archives de de la musique enregistrée). – B.N., Impr.,V. 60692 (1).

Edition bilingue anglais-français. Le chapitre V, est consacré aux Chants de Rabindranath Tagore, p. 138-144. Une courte notice précède le catalogue des enregistrements.

202. OUTLINES OF TAGORE'S MUSIC, [by] Trina Roy, Calcutta. Dans Festschrift Joseph Schmidt-Görg zum 60. Geburtstag (Bonn, Beethovenhaus, 1957), p. 235-266. – B.N., Mus., Vmc. 2419.

Etude technique sur la musique de Tagore. Une douzaine de chansons y est notée avec la transcription des paroles bengalies et leur traduction en anglais.

203. PRESENTING TAGORE in sound and sight. Edinburgh, Adam House, 1961. In-4°, 12 f.

Livret publié à l'occasion de l'exposition du Centenaire de la naissance de Tagore (Edimbourg, 28 août-9 septembre 1961). Contient douze chants traduits et notés à la demande du poète par Arthur Geddes lors de son séjour à Çântiniketan en 1923.



V. L'OEUVRE PÉDAGOGIQUE

1. ÇANTINIKETAN (SÉJOUR DE LA PAIX)

Tagore, toute sa vie, a été tourmenté par le besoin de changer le monde, non seulement en l'éclairant par ses messages et par sa poésie, mais aussi en consacrant le meilleur de ses forces et de son temps aux enfants, aux adolescents, aux paysans de sa terre natale, espoirs de l'Inde nouvelle. Hanté par le souvenir des heures perdues à l'école quand, a-t-il écrit, il fallait « rester inertes… tandis que les leçons étaient jetées sur nous comme des grêlons sur les fleurs », il prit la résolution vers l'âge de quarante ans de réformer l'éducation des enfants. Reprenant la vieille tradition indienne des ermitages dans la forêt, il vint s'installer, avec la bénédiction de son père, dans la solitude même choisie par celui-ci pour méditer et prier : Çântiniketan, le Séjour de la paix. En ce lieu désertique, une oasis de verdure s'étendit bientôt et la personnalité du « Maître » attira disciples et enfants. Ces disciples, tous savants, artistes, musiciens remarquables, l'aidèrent dans les tâches les plus humbles. Des étrangers se joignirent à eux ; deux Anglais, les pasteurs C.F. Andrews et William Pearson, mirent toute leur vie au service de l'Inde et reconnurent Tagore pour maître. L'école fondée le 22 décembre 1901, sans moyens matériels mais dans le cadre majestueux de la nature, s'agrandit bientôtt ; il fallut lui adjoindre un collège. La cérémonie de célébration de son vingtième anniversaire fut aussi celle de la création de l'Université internationale Viçva-Bhâratî, le monde entier était appelé à se retrouver en une communion de culture et à réaliser l'unification de L'humanité dont le poète avait la vision prophétique.

Tagore a souvent exposé ses méthodes éducatives : faire vivre l'enfant en contact avec la nature, lui éviter la torture du travail forcé, la discipline imposée de l'extérieur, ne pas dissocier l'étude, de la vie, dont l'enfant apprend les loid par sa participation quotidienne aux travaux de la maison et du jardin, de la ferme et des champs. La musique, la danse, le dessin qui éveillent et entretiennent la sensibilité, tiennent une grande part dans la vie journalière des étudiants, depuis les hymnes védiques chantés matin et soir en commun, jusqu'aux célébrations des fêtes saisonnières qui les mettent en harmonie avec le rythme de la nature. Dand une atmosphère de grande liberté et de confiance vivent côte à côte, professeurs et élèves, filles et garçons (Tagore a innové encore en instituant à Çântiniketan, l'éducation mixte). Albert Sauzède dans un article du Temps (14 mai 1930) intitulé : La Nouvelle pédagogie hindoue, parle de l'expérience de Çântiniketan et de celles qu'elle a inspirées : Dartington Hall en Angleterre, Collège des Ecossais et Collège des Indiens sur la colline du Plan des Quatre-Seigneurs près de Montpellier. Le sociologue et urbaniste Patrick Geddes, ami de Tagore, avait


tenté de réaliser là une communauté de vie et de pensée entre maîtres et disciples. (Cf. le poème compodé par Tagore le 16 septembre 1929 pour l'inauguration du Collège des Indiens, en tête du volume The Religion of Man, 1931.)

Les conférences et les essais de Tagore sur l'éducation dont dispersés dans des revues, plus particulièrement dans celles qu'il a fondées pour son Université : The Visva-Bharati Quarterly en 1923, Visva-Bharati News en 1932. Les contributions de Tagore aux autres périodiques dont méthodiquement relevées dans Visva-Bharati News. (Cf. n° 75) E. Pieczynska, Tagore éducateur, (Paris, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1921. In-8°, IV-175 p.), donne des extraits d'écrits de Tagore sur l'éducation, ainsi qu'une étude sur son oeuvre pédagogique.

Deux recueils enfin, publiés à l'occasion du Centenaire rendent un certain nombre de ces textes plus accessibles.

204. MY SCHOOL, 1916 et VISVA-BHARATI, 1923, reproduits dans Çântiniketan 1901-1951 (publié à l'occasion du Golden Jubilee). Visva-Bharati, 1951. In-4°, 37 p., pl. – A Mme Muni.

205. IDEALS OF EDUCATION. Allocution prononcée à Tokyo en 1929, dans : The Visva-Bharati Quarterly, 1929, avril-juillet, . 72-76. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

206. RABINDRANATH TAGORE, PIONEER IN EDUCATION. Essays and exchanges between Rabindranath Tagore and L.K. Elmhirst. London, J. Murray, 1961. In-8°, 112 p. – B.N., Impr.

Contient : I. The Foundation of Sriniketan, by L.K. Elmhirst. II. A Poet's School, by Rabindranath Tagore. (Cf. 207, XIV). III. Siksha-satra, by L.K. Elmhirst. IV. The Philosophical approach to Sriniketan, by Rabindranath Tagore. V. The Parrot's training, by Rabindranath Tagore (Cf. n° 191). VI. The Art of movement in éducation, by Rabindranath Tagore (1924).

207. TOWARDS UNIVERSAL MAN. (Foreword by Douglas Ensmenger. Preface and Introduction by Humayun Kabir). London, (New York, Bombay), Asia publishing house, 1961. In-8°, XI-387 p., portrait. – B.N., Impr.

Recueil de dix-huit essais publiés entre 1892 et 1941 ; les essais I, III, IV, VII, X, XI, XIV, XV, concernent plus particulièrement les problèmes éducatifs. I. The Vicissitudes of éducation. II. Society and state. III. The Problem of éducation. IV. What then ? V. Presidential address. VI. East and West. VII. Hindu University. VIII. On the eve of departure. IX. The Master's will be done. X. The Centre of Indian culture. XI. The Unity of éducation. XII. The Call of truth. XIII. The Striving for Swaraj. XIV. A Poet's school. XV. City and village. XVI. Co-operation. XVII. The Changing Age. XVIII. Crisis in Civilization.


208. THE CENTRE OF INDIAN CULTURE. Calcutta, Visva-Bharati, 1951. In-8°, 44 p.

La présente édition est réimprimée pour le « Golden Jubilee of Santiniketan » 23 décembre 1951. Première édition, Madras, Society for Promotion of National Education (éd. Adyar), 1919. Réimpression en 1921. Enfin, The Centre of Indian culture a été republié dans le recueil Towards universal man décrit ci-dessus.

Cf. aussi : My ideals with regards to the Sree Bhaban. – Calcutta, Visva-Bharati 1934. Original : Çrîbhavan sambandhe amar âdarça, 1934. Çrîbhavan est le nom de la maison des étudiantes à Çântiniketan.

Religious éducation, dans The Visva-Bharati Quarterly, nov. 1935 – jan. 1936, p. 1-10, traduit dans Cahiers du Sud, juin-juillet 1941, p. 68-77, sous le titre L'Education religieuse.

Education naturalised. – Santiniketan press, 1936. Traduction par Surendranath Tagore d'une conférence prononcée sous les auspices de la New Education Fellowship dans le Senate Hall de Calcutta durant l'Education week en février 1936.

Ashram education. – Santiniketan, Bidyut Ranjan Basu, 1959.

209. SHANTINIKETAN, the Bolpur school of Rabindranath Tagore, by W.W. Pearson. Illustrated by Mukul Chandra Dey. London, Macmillan and Co., 1917. In-16, XV-111 p., planche, fig. – B.N., Impr.,R. 28616.

210. THE GROWTH OF THE VISVA-BHARATI, 1901-1921, by Prasanta Chandra Mahalanobis. Visva-Bharatii Bulletin, 8, avril 1928, 16 p. – A M. Gaétan Fouquet.

Texte d'une causerie donnée par P.C. Mahalanobis lors du voyage qu'il fit en Europe avec le poète en 1926. La causerie fut répétée en plusieurs villes.

211. VISVA-BHARATI (The Santiniketan University). Memorandum of Association. Statutes and regulations. Founded 7 th Pous, 1328 B.S. 22 nd December 1921. Calcutta, Kuntaline Press (1922). In-fol., 36 p. – Institut de Civilisation Indienne.

212. VISVA-BHARATI. ANNUAL REPORT, 1923. Visva-Bharati, Proceedings n° 2, part I. In-8°, 21 p. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

213. THE EDUCATIONAL INSTITUTIONS at Santiniketan. Visva-Bharati Bulletin, n° 4, juin 1924. 14 p., fig. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

214. SANTINIKETAN and the educational institutions. Visva-Bharati Bulletin n° 12, févr. 1929. 24 p. n. ch., fig. – A M. Gaétan Fouquet.


215. SANTINIKETAN. The Centre of International culture (A visitor's impression of Santiniketan by Haimanti Chakravarty). Santiniketan, Visva-Bharati, 1929. In-8°, 10 p., fig. – – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

216. VISVA-BHARATI. Abridged syllabus and recommended books. Pathabhavana (School Department) Bulletin, n° 19, janv. 1935. VII-24 p. – A M. Gaétan Fouquet.

Précédé des recommandations de Tagore aux étudiants, p. I-IV et aux étudiantes, p. V-VII.

217. VISVA-BHARATI. L'Université de Rabindranath Tagore. Paris, les Presses Modernes, s.d. In-8°, 18 p., fig., couv. ill. – A M. Gaétan Fouquet.

Brochure publiée par l'Association européenne des Amis de Tagore, 9, rue de Montsouris, Paris-XIV, qui n'a eu qu'une existence éphémère, vers 1935. On y a joint une carte de membre d'honneur de l'Association.

218. VISVA-BHARATI NEWS. Santiniketan Press. Vol. I, 3, sept. 1932 et 12, juin 1933, II, 7, janv. 1934 et II, mai 1934, III, 2, août 1934 et, 9, mars 1935, IV, 2, août. 1935, 4, oct. 1935, et 5, nov. 1935, et Index des articles du vol. I (juillet 1932 – juin 1933). – A M. Gaétan Fouquet.

Créé par Tagore en 1932 à l'intention des élèves et amis de son Université, il n'a cessé d'y collaborer activement jusqu'à sa mort. Le numéro de novembre 1935 annonce la mort de Sylvain Lévi et rappelle qu'il a été le premier professeur étranger invité à Çântiniketan il a commencé à enseigner le tibétain et le chinois, travail préparatoire à la création d'un centre d'études sinologiques dont on laisse prévoir la création prochaine. En fait, la « Maison de la Chine » ne fut inaugurée que le 14 avril 1937.

219. REVIVAL OF SINO-INDIAN CULTURAL INTERCOURSE, dans The Modern Review, mai 1937, p. 544-548, planche. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Le discours de Tagore à l'occasion de l'inauguration de la « Maison de la Chine » à Çântiniketan : China and India, a paru dans The Visva-Bharati Quaterly, III, mai-juillet 1937, p. 29-34.

220. BHUPENDRA NATH SARKAR. TAGORE, THE EDUCATOR. Calcutta, U.N. Dhur (1957). In-16, X-78 p. – A M.L.K. Elmhirst.

Cf. aussi John Jesudason Cornelius. Rabindranath Tagore : India's schoolmaster. A study of Tagore's experiment in the indianization of éducation in the light of India's history. New York, Columbia University, 1928, X-224 p.


221. CLASSE A ÇANTINIKETAN vers 1915. Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

222. TAGORE FAISANT LA CLASSE à Çântiniketan. 1919. Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

223. TAGORE EN 1940 avec le jeune Abijit Kumar, fils de son secrétaire A.K. Chanda. Photographie. – A Mlle Christine Bossennec.

224. SAHAJPATH (Chemins faciles). Çântiniketan. Première partie, 3e éd., 1935. In-8°, 53 p., fig. Deuxième partie, 1960. (1re éd., 1929). In-8°, 56 p., dessins de Nandalal Bose. – A Mlle Christine Bossennec.

Livrets attrayants pour apprendre la lecture du bengali aux enfants.

225. SE. Calcutta, Viçva-Bhâratî, 1354 (= 1947). In-8°, 125 p., 4 pl., 26 fig., couv. en coul. – A Mme Krishna Riboud.

Se (Celui-là ou : Lui) est une fantaisie en prose, écrite et illustrée par Tagore pour les enfants. Première édition en 1937.

226. LE CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE de Tagore fêté à Çântiniketan, mai 1911. Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

Sur le sol un alpona orné de fleurs et de fruits. On a enduit le front du poète de pâte de santal, son cou ploie sous les colliers de fleurs. Cette cérémonie fut la première grande cérémonie officielle de l'âçram et l'occasion de le faire connaître.

227. GANDHI ENTRE C. F. ANDREWS ET W. W. PEARSON. 1914. Photographie. – A Mme Romain Rolland.

Au dos de la photographie Romain Rolland a noté : « Mahâtmâ Gandhi, à sa droite C.F. Andrews, à sa gauche W.W. Pearson. 1913, en Sud-Afrique. Cette photographie est la première reproduction faite à Montreux, d'après l'original que me prêta W.W. Pearson à son passage à la villa Olga, septembre 1923. R.R. Quelques jours après son passage à Villeneuve, William Winstanley Pearson était victime d'un accident de chemin de fer près de Pistoia. 18 sept. 1923 t 25 sept. 1923. » C.F. Andrews, ministre de l'église anglicane et professeur aux Indes rencontra Tagore à Londres pour la première fois chez W. Rothenstein le soir d'été de 1912, mémorable par la lecture du Gitanjali qu'y fit W.B. Yeats. Dans The Golden book of Tagore (Calcutta, 1931, p. 23-26) Andrews a raconté cette première rencontre, les débuts de leur amitié et comment lui et son ami Pearson furent envoyés par le poète en Afrique du Sud afin d'aider Gandhi dans sa campagne de résistance passive. La photographie a été prise à cette époque. Andrews ramena les dix-huit garçons de l'âçram de « Phoenix » à l'âçram de Çântiniketan où ils furent pris en charge par le poète pendant plusieurs mois en attendant le retour de Gandhi aux Indes. Malgré ses nombreux déplacements hors de l'Inde qui lui permirent de servir de lien entre Gandhi et Tagore, Andrews enseigna lui aussi à Çântiniketan dont il fut le vice-chancelier jusqu'à sa mort.


228. TAGORE, C. F. ANDREWS ET RAMANANDA CHATTERJI (fondateur et éditeur de The Modern Review et de la revue littéraire Prabasi). Çântiniketan, 1939. Photographie.

229. INAUGURATION DE L'UNIVERSITÉ VIÇVA-BHARATI le 22 décembre 1921 à Çântiniketan. Photographie.

La date de célébration coïncidait avec le vingtième anniversaire de la fondation de l'école du poète et avec le trentième anniversaire de dédicace du Temple de l'âçram par le père de Tagore. La cérémonie était présidée par le plus grand savant et philosophe d'alors : Brajendranath Seal. Sylvain Lévi, le grand indianiste français, premier professeur invité, était présent.

230. TAGORE SUIVANT LE COURS DE SYLVAIN LÉVI A ÇANTINIKETAN. 1921. Photographie.

Dès 1918, Tagore avait exposé son projet de créer à l'âçram un centre de culture orientale et, avec le sanskritiste Kshiti Mohan Sen, il cherchait à faciliter l'étude des textes anciens. Un certain nombre de ces textes, bouddhiques principalement, ont disparu dans leur version indienne, mais se trouvent conservés dans des versions tibétaines ou chinoises. C'est pour faire connaître ces textes aux étudiants que Sylvain Lévi avait été invité à Çântiniketan en 1921. D'autres indianistes européens lui succédèrent : les Tchèques Winternitz et Lesny, le Norvégien Sten Konov, les Italiens Formichi et Tucci et le Hongrois Germanus.

231. SYLVAIN LÉVI, PRENANT DE TAGORE UNE LEÇON DE BENGALI. Çântiniketan. 1922. Photographie. – A M. Daniel Lévi.

Mme Sylvain Lévi a noté au dos de la photographie : La leçon de bengali.

232. LE PROFESSEUR ET MADAME SYLVAIN LÉVI EN COSTUMES INDIENS. Çântiniketan, 1922. Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

233. TAGORE ENTOURÉ PAR M. ET MME SYLVAIN LÉVI et les professeurs de son âçram. 1922. Par terre, de gauche à droite Amiya Chakravarty, Kshiti Mohan Sen et Rathindranath Tagore, son fils. Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

234. DÉSIRÉE SYLVAIN-LÉVI. DANS L'INDE (De Ceylan au Népal). Paris, F. Rieder, 1925. In-16, 245 p. – B.N., Impr., 80 O2 k. 1720.

Dans ce charmant livre, Mme Sylvain Lévi a donné au jour le jour les impressions très vives de son séjour à Çântiniketan.

On a ouvert le livre aux pages 38 et 39 où elle raconte l'arrivée de L.K. Elmhirst, venu pour organiser le département d'agriculture, puis décrit la cellule du poète et l'arrivée d'Andrews.


235. RABINDRANATH TAGORE ET V. LESNY à Çântiniketan, 1928. Photographie.

Le savant tchèque que Tagore avait rencontré lors de son voyage à Prague en 1921, fut le premier occidental à traduire l'oeuvre du poète à partir des originaux bengalis.

236. LE PROFESSEUR TAN ET SA FAMILLE auprès de Tagore. Photographie. – A Mlle Christine Bossennec.

Fixé depuis 1934 à Çântiniketan, il aida Tagore à organiser la « Maison de la Chine », China-Bhavana, et à y développer une importante bibliothèque de livres chinois.

237. LA LEÇON DE FRANÇAIS sous les manguiers de Çântiniketan, 1935. – Cliché Gaétan Fouquet.

Le professeur est Mlle Christine Bossennec.

238. KSHITI MOHAN SEN, le grand sanskritiste et philosophe, professeur à Çântiniketan, dans son bureau de la bibliothèque, 1938. – Cliché R. Burnier.

Depuis vingt ans déjà le grand savant était associé au projet de Tagore de créer à Çântiniketan un centre de culture orientale.

239. ANIL KUMAR CHANDA, secrétaire particulier du poète et Directeur du Collège de Çântiniketan, 1938. – Cliché R. Burnier.

240. L'ARRIVÉE DE LA MOUSSON sur Çântiniketan. – Cliché R. Burnier.

241. ÇANTINIKETAN APRÈS LA MOUSSON. – Cliché R. Burnier.

La terre desséchée et craquelée se couvre soudain d'une végétation luxuriante.

242. RÉSERVOIR D'IRRIGATION « tankk » à Çântiniketan. – Cliché R. Burnier.

243. LE BAIN DES ÉTUDIANTS dans le « tankk » à Çântiniketan. – Cliché R. Burnier.

244. ECOLIERS APPRENANT LEUR LEÇON à Çântiniketan. – Cliché Gaétan Fouquet.

245. L'ÉTUDE A ÇANTINIKETAN. – Cliché Gaétan Fouquet.


246. UN COURS SOUS LES PAPAYERS à Çântiniketan. – Cliché R. Burnier.

Il n'y a pas de salles de cours, l'enseignement est donné sous les arbres.

247. UNE CLASSE A ÇANTINIKETAN. 1938. – Cliché R. Burnier.

248. MAISONS D'ÉTUDIANTS A ÇANTINIKETAN. – Trois clichés R. Burnier.

Les maisons sont en terre, couvertes de paille de riz.

249. ETUDIANTS DEVANT UN DE LEURS PAVILLONS. – Cliché R. Burnier.

250. UNE CHAMBRE D'ÉTUDIANTS à Çântiniketan, 1938. – Cliché R. Burnier.

251. ETUDIANTES. – Cliché R. Burnier.

L'enseignement est mixte à Çântiniketan, les filles sont assises d'un côté du maître, les garçons de l'autre.

252. LES ENFANTS DE LA CLASSE DE TRAVAUX PRATIQUES DE MENUISERIE, devant une maison d'étudiants. – Cliché R. Burnier.

253. TRAVAUX PRATIQUES DE JARDINAGE à l'école de Çântiniketan. – Cliché R. Burnier.

254. TRAVAUX MANUELS. POTERIE. – Cliché R. Burnier.

255. LE MANDIR ou temple fondé par le Maharshi à Çântiniketan. Cliché Gaétan Fouquet.

Chaque mercredi matin à sept heures, les étudiants en grande tenue entouraient Rabindranath Tagore qui, installé sur une petite estrade, leur commentait un texte religieux ou spirituel. Ces « sermons » de Çântiniketan ont été édités en bengali.

256. BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ. – Cliché R. Burnier.

C'est le seul bâtiment en pierre de l' Université. Toutes les littératures du monde y sont représentées.

257. UN PUITS AVEC UN PORTIQUE JAPONAIS. – Cliché R. Burnier.

Autour de cette arche, construite en souvenir du voyage du poète au Japon, s'assemblent maîtres et étudiants pour leurs entretiens familiers. A gauche le théâtre, au fond la tour du gong qui ponctue les étapes du jour.


258. ABANINDRANATH AND KALA-BHAVANA by Nandalal Bose. Dans : Abanindra Number. The Visva-Bharati Quarterly, vol. VIII, parts 1-2, mai-oct. 1942, p. 22-27. – A Mme Krishna Riboud.

Nandalal Bose, Directeur de l'Ecole d'art de Çântiniketan : Kâla-Bhavana, disciple fervent d'Abanindranath, expose ici les principes de l'enseignement donné aux élèves et l'importance attachée par Tagore à l'atmosphère de création artistique dans laquelle il désirait que vivent les futurs artistes. L'art et la musique ont toujours tenu une place importante dans l'éducation des enfants telle que la concevait Tagore. En 1918, il créa à Çântiniketan le Kâla-Bhavana, Ecole d'art que vint bientôt diriger Nandalal Bose et dont il fit un des meilleurs centres d'enseignement de l'art indien. L'Ecole de musique, Sangît-bhavana, consacrée à l'étude de la musique et de la danse, fit de ce dernier art, jusqu'alors réservé à des professionnels, une part importante de l'éducation.

259. SANTINIKETAN, reproduction d'une peinture par Nandalal Bose dans The Modern Review, Juin 1936, face à la p. 622. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

260. AN ALBUM OF NANDALAL BOSE, with a biographical note. Calcutta, Santiniketan Asramik Sangha, 1956. In-fol., 31 p., 29 pl., XIII p. – A M.L.K. Elmhirst.

Envoi manuscrit : To my friend L.K. Elmhirst. Nandalal Bose, 13-9-57. On expose ici la planche 22. Road to Bolpur, May 1934.

261. DANS LA BIBLIOTHÈQUE DE L'ECOLE D'ART. – Cliché R. Burnier.

262. BIBLIOTHÈQUE DE L'ECOLE D'ART. Dans la vitrine, manuscrits et souvenirs de Tagore. – Cliché R. Burnier.

263. FRESQUES DU KALA-BHAVANA (Ecole d'art) par Nandalal Boes. Copies de fresques de Bagh. – Deux clichés R. Burnier.

264. EXÉCUTION DES FRESQUES à l'Ecole d'art, Kâla-Bhavana, 1938. – Cliché R. Burnier.

265. PETITE SALLE DE TRAVAIL au Kâla-Bhavana, 1938. – Cliché R. Burnier.

266. UNE EXPOSITION DES TRAVAUX D'ÉLÈVES de l'Ecole d'art, 1938. Cliché R. Burnier.

267. ÇANTINIKETAN. DEVANT UN DES BATIMENTS DE L'ECOLE D'ART, Bouddha sculpté au professeur Kinkar de l'Ecole d'art. – Cliché R. Burnier.


268. LA MAISON DES ÉLÈVES de l'Ecole d'art. – Cliché R. Burnier.

269. SCULPTURE EN TERRE réalisée par les élèves de l'Ecole d'art pour orner leur maison. – Cliché Gaétan Fouquet.

270. UN ÉLÈVE DE L'ECOLE D'ART. – Cliché Gaétan Fouquet.

271. GRAVURES SUR LINOLÉUM par les élèves de l'Ecole d'art : BANYAN. – VILLAGE SANTAL. – UTTARAYAN, la grande maison de Tagore. – A M. Gaétan Fouquet.

JEUNE FILLE REGARDANT LE FLEUVE. – UN COURS A ÇANTINIKETAN. – DANSE A ÇANTINIKETAN. Trois gravures de Rani Chanda. – A Mlle Christine Bossennec.

272. SANGIT-BHAVANA. Ecole de musique de Çântiniketan. – Cliché R. Burnier.

A droite, tampura, instrument d'accompagnement pour le chant ; le deuxième musicien à droite joue l'esraj avec un archet. Au premier plan, par terre, le même instrument.

273. UNE CLASSE DE MUSIQUE à Çântiniketan. – Cliché R. Burnier.

Au fond, à droite, Indira Devi, la nièce du poète qui a noté nombre de ses chants.

274. PRATIMA TAGORE. NRITYA (La Danse). Viçva-Bhâratî, 1356 (= 1949). In-4°, 31 p., pl. – B.N., Impr. Or.

Dans cet ouvrage consacré à la danse, Pratima Tagore, belle-fille du poète, décrit les ballets montés par elle à Çântiniketan sous la direction de Tagore pour exprimer par le mime et la danse rythmée les épisodes des épopées anciennes ou le retour des saisons. L'ouvrage est illustré de reproductions de peintures ou de dessins de Tagore. Face à la page de titre : représentation du ballet dramatique Çyâmâ, 1939. On voit Tagore sur la scène à droite.

275. LA DANSEUSE MRINALINI SARABHAI, dans le ballet Candâlikâ, 1938. Photographie. – A Mlle Christine Bossennec.

La célèbre danseuse était alors élève à l'Ecole de musique de Çântiniketan. Derrière elle, on aperçoit Santi Ghosh, Directeur de l'Ecole de musique qui a noté les chants de Tagore après la mort de son neveu Dinendranath.

276. MRINALINI SARABHAI ET NANDITA dans le ballet Candâlikâ, 1938. Photographie. – A Mlle Christine Bossennec.

Nandita est la petite-fille du poète, femme de l'écrivain Krishna Kripalani.


277. DANSE DES JEUNES FILLES AVANT LA MOUSSON. – Cliché Gaétan Fouquet.

Au premier plan, à gauche, Nandita.

278. IMAGES DE ÇANTINIKETAN et de ses environs. – Trente photographies en couleurs de Mlle Suzanne Karpelès, octobre 1959.

279. UTTARAYAN dite encore Udayana, la grande maison de Tagore. Photographie.

Habitée un temps par Tagore, il lui préféra sa maison de terre Çyâmalî, mais les hôtes de marque y étaient reçus et, chaque jour, elle servait aux répétitions de danse. Elle a été transformée en Musée Tagore : Rabindra-Sadana.

280. ÇYAMALI, « Celle qui est vert sombre ». – Cliché R. Burnier.

La petite maison habitée par Tagore vers la fin de sa vie à Çântiniketan. Construite entièrement en terre par les santals sur le modèle de leurs maisons, les sculptures qui ornent ses murs ont été réalisées en terre séchée par les élèves de l'Ecole d'art. Tagore a décrit le travail d'une femme santale affairée à la construction de sa maison : The Santal woman, dans The Visva-Bharati Quarterly, 1, 1, mai-juillet 1935, p. 71-72.

281. ÇYAMALI APRÈS LA MOUSSON. – Cliché Gaétan Fouquet.

Il faut souvent refaire les bâtiments de terre de Çântiniketan, ruinés par les pluies violentes de la mousson.

282. LE FAUTEUIL DE TAGORE à Çyâmalî. – Cliché Gaétan Fouquet.

Le poète aimait s'installer dans son fauteuil perché sur son lit pour observer de sa fenêtre le passage des tribus santales.

283. LA SALLE DE TRAVAIL de Tagore à Çyâmalî. – Cliché R. Burnier.

Au fond, le lit sur lequel Tagore faisait installer son fauteuil.

284. SANTALS sur la route de Çântiniketan. – Photographie en couleurs de Suzanne Karpelès.

285. TAGORE, le 14 avril 1939. Photographie.

286. TAGORE en 1940. Photographie.


2. ÇRINIKETAN (SÉJOUR DE LA PROSPÉRITÉ)

« Ce fut un grand événement dans ma vie, quand pour la première fois, j'habitai ici (Shilaïda) parmi mon peuple, car ainsi j'entrai en contact avec la réalité de l'existence... Ces hommes composent la grande masse de vie qui soutient toutes les civilisations et supporte leurs fardeaux. Ils sont contents de vivre à peine, afin que d'autres puissent prouver que la vie de l' homme est beaucoup plus qu'une simple existence. Ils maintiennent le niveau du minimum (qui est énorme comme quantité) afin que le maximum ne soit pas embarrassé par son propre développement. »(Lettres à un ami, p. 75-76.) Ainsii parle Tagore en 1915. Cette grande compassion pour la condition misérable des paysans qu'il avait éprouvée lord de ses voyages le long de la Padma fit naître en lui le désir de les aider et de contribuer parmême, à la renaissance nationale. Dès son retour d'Europe en 1913, il achète un domaine à Surul, village voisin de Çântiniketan et y tente quelques expériences agricoles avec l'aide des professeurs et des étudiants de son université. L'inquiétude des paysans qu'on essaie d'arracher à leur routine, la malaria, les singes dévastateurs, font échouer les premières tentatives. C'est avec Leonard K. Elmbirst, jeune agronome anglais ami de l'Indeil y avait séjourné de 1915 à 1918 – qu'il avait rencontré aux Etats-Unis, que Tagore put réaliser l'oeuvre à laquelle il rêvait. Léonard K. Elmhirst commença ses expériences à la ferme de Surul le 5 février 1922 avec une petite équipe d'étudiants volontaires, et en quelques années, mit sur pied l'école Çikshâ-Satra et l'Institut de reconstruction rurale, qui devaient infuser une vie nouvelle aux villages moribonds. Formation d'équipes d'instructeurs pour aller de village en village, création de routes, de réservoirs d'eau, d'une banque coopérative agricole, d'un centre d'expérimentation, d'ateliers artisanaux, tel est le bilan de quelques années de travail (Cf. Early days at Sriniketan'by L.K. Elmhirsdans The Modern Review, févr. 1939, p. 156-158.) Rentré en Angleterre en 1925, L.K. Elmhirst a réalisé sur son domaine de Dartington Hall une expérience inspirée par la pensée du poète.

287. SIKSHA-SATRA (A Home school for village boys). An experiment in rural education at Sriniketan. Visva-Bharati Bulletin, n° 21, févr. 1936, 10 p. – A M. Gaétan Fouquet.

288. SRINIKETAN. The Institute of rural reconstruction. Visva-Bharati Bulletin, n° 11, déc. 1928, 8 p. – A M. Gaétan Fouquet.

289. RABINDRANATH TAGORE AND SRINIKETAN. Leonard Elmhirst. Santiniketan, 1958. In-8°, 21 p., pl. – A M.L.K. Elmhirst. Tirage à part du Visva-Bharati Quarterly, automne 1958.


290. RURAL RESEARCH in Tagore's Sriniketan, by Hashim Amir Ali. Visva-Bharati Pamphlet n° 3, juillet 1934, 6 p. – A M. Gaétan Fouquet.

Publié également dans The Modern Review, juillet 1934, p. 39-44.

291. RURAL SURVEY. BALLABHPUR, edited by Kalimohan Ghosh, Village Welfare Department, Sriniketan. Santiniketan press, 1926. In-8°, 1-40 p., fig. – A M. Gaétan Fouquet.

292. CATALOGUE OF SRINIKETAN HANDICRAFTS. Visva-Bharati, 1933-34. In-8°, 8 p., fig. – A M. Gaétan Fouquet.

293. LACQUER WORK OF BENGAL : its past and future, by Manindra Bhusan Gupta, dans The Modern Review, juin 1935, p. 690-692. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

294. ÇRINIKETAN. INSTITUT DE RECONSTRUCTION RURALE, fondé par Tagore en février 1922. Bâtiment principal. Photographie. – Cliché R. Burnier.

Le rez-de-chaussée de ce bâtiment fut bâti en 1790 par l'East India Company qui en avait fait un centre de ramassage des tissus fabriqués dans les villages et qui alimentait l'Angleterre non encore pourvue d'industrie cotonnière. Le premier étage avait été ajouté par l'East India Railway en 1870 et Tagore avait surajouté un bâtiment sur le toit en 1910. En 1922, lorsque Leonard K. Elmhirst vint prendre la direction de l'Institut, deux professeurs, dix étudiants et deux familles y logèrent.

295. TAGORE ET LEONARD K. ELMHIRST, Directeur de l'Institut de reconstruction rurale, au cours d'une cérémonie à Çrîniketan. 1924. Photographie.

296. TAGORE AU MILIEU DES VILLAGEOIS, au cours d'une cérémonie à Çrîniketan, vers 1923. Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

297. ÇRINIKETAN. Bâtiment groupant la banque coopérative rurale, le centre de lutte contre l'incendie, les laboratoires d'expérimentation. Photographie. – A M.L.K. Elmhirst.

Les paysans ont été mis en confiance et ont appris à s'entr'aider, grâce à la lutte organisée pour eux et avec leur aide, contre les singes et le feu qui dévastaient récoltes et habitations et contre la malaria.

298. ÇRINIKETAN. LES PREMIERS INSTRUCTEURS du Centre de reconstruction rurale, tous étudiants venus volontairement de Çântiniketan. Photographie – A M.L.K. Elmhirst.


299. LES INSTRUCTEURS DE ÇRINIKETAN entourant Tagore, vers 1935. Photographie. – A M.L.K. Elmhirst.

300. L' HOPITAL à Çrîniketan : médecins, infirmiers, malades entourent Tagore. Vers 1935. Photographie. – A M.L.K. Elmhirst.

301. LE SECRÉTAIRE DE LA BANQUE COOPÉRATIVE, M. G.G. Ghose, explique le travail de reconstruction rurale à de futurs instructeurs qui apporteront l'aide du Centre à de nombreux villages du Bengale. Photographie. – A M.L.K. Elmhirst.

302. RÉPARATION DU MATÉRIEL AGRICOLE A ÇRINIKETAN. Photographie. – A M.L.K. Elmhirst.

303. BROYAGE DE LA CANNE A SUCRE à la ferme expérimentale de Çrîniketan. Photographie. – A M.L.K. Elmhirst.

304. RESTAURATION DE L'ARTISANAT RURAL à Çrîniketan. On apprend à filer aux paysans. Deux clichés R. Burnier. – A M. Gaétan Fouquet.

305. TISSAGES à Çrîniketan. Photographie. – A M.L.K. Elmhirst.

Les apprentis tisserands reçoivent leur formation au Département de tissage de l'Institut. La vente des travaux réalisés permet de couvrir les frais de gestion de ce Département.

306. UNE ÉLÈVE DE NANDALAL BOSE dirige les travaux d'arts appliqués de Çrîniketan : cuir, laque, tissage, impression. Photographie. – A M.L.K. Elmhirst.

307. TANNERIE organisée à Çrîniketan pour améliorer la technique des tanneurs locaux. Photographie. – A M.L.K. Elmhirst.

308. TRAVAIL DES LAQUEURS à Çrîniketan. Photographie. – A M.L.K. Elmhirst.

Le travail de la laque, artisanat très ancien au Bengale, fut rénové grâce à l'Institut de Çrîniketan et à l'Ecole d'art de Çântiniketan. On réussit à persuader les derniers laqueurs dispersés dans les villages de venir s'installer à Çrîniketan où on leur apprit à perfectionner leurs méthodes de travail, leurs modèles et le décor de ceux-ci.

309. TRAVAIL DE RELIURE à Çrîniketan. Photographie. – A M.L.K. Elmhirst.


310. RÈGLEMENT DU ÇIKSHA-SATRA, école mixte pour les petits villageois. Créée pour les orphelins de sept à douze ans, elle fut, en fait, ouverte à tous les enfants. Texte dactylographié, préparé par Léonard K. Elmhirst, avec des corrections de sa main (écriture droite) et les observations de Tagore (écriture penchée). Quatre photographies. – A M.L.K. Elmhirst.

Fruit de vingt ans d'expériences à Çântiniketan et de deux ans d'expériences à Çrîniketan, l'école fit une telle impression sur Gandhi qu'il s'en inspira pour sa réforme de l'enseignement primaire indien (Basic éducation), et qu'il voulut obtenir la collaboration immédiate de son directeur lors de la visite qu'il fit à Çrîniketan. C'est grâce aux enfants de cette école, conquis par la confiance qu'on mettait en eux, que l'espoir gagna des villages livrés à la misère et au marasme depuis des générations. Responsabilités à la cuisine, au jardin, à la ferme, à l'atelier, excursions éducatrices, jeux dramatiques tirés de certaines expériences frappantes, musique, dessin, tel était le programme voulu par Tagore pour donner aux enfants le sens du service dans la communauté et le goût de l'initiative.

311. LES ENFANTS DE ÇRINIKETAN sont entraînés au travail élémentaire des métaux. Photographie. – A M.L.K. Elmhirst.

312. MENUISERIE. Apprentissage des enfants. Photographie. – A M.L.K. Elmhirst.



VI. TAGORE APOTRE DU RAPPROCHEMENT ORIENT-OCCIDENT

1. LES VOYAGES

Tagore fut un grand voyageur : les dates les plus importantes de sa vie dont dans doute, après celles de la composition et de la publication de ses ouvrages, celles de des voyages. Elargissant sans cesse le cercle de ses pérégrinations : le Bengale, puis l'Inde, enfin l'Europe, L'Amérique et l'Extrême-Orient, et, à peine revenu à son point de départ, recommençant, il a parcouru le vaste monde comme peu de ses compatriotes et même de ses contemporains ont pu le faire. Cependant, moins encore que la liste de ses voyages — donnée de façon détaillée dans la Chronologie du début de ce cataloguece sont les causes de ceux-ci, psychologiques plus encore que matérielles, ainsi que le climat affectif dans lequel ils se sont déroulés, qu'il importe de saisir pour mieux cerner la véritable perdonnalité du poète. De fait, les mobiles de cette avidité de déplacement sont multiples : désir de tout voir et de tout comprendre, mais aussi, recours à la fuite quand les chagrins personnels ou l'incompréhension et la mesquinerie de ses semblables lui paraîtront trop lourds, conscience aiguë du devoir d'éclairer et d'instruire les hommes, mais aussi prosaïque nécessité de réunir des fonds pour l'Université Viçva-Bhâratî. Complexe image d'un homme trop tôt citoyen du monde, qui fut plus critiqué de son vivant que la légende ne veut aujourd' hui l'admettre, et qui dissimula sous une sérénité apparente les blessures que ne cessa de lui infliger la folie des hommes divises contre eux-mêmes.

Pourtant ce « vagabond endurci » comme il se définit lui-même (Lettres à un ami, p- 209) n'a cessé d'espérer en l'homme et de travailler au rapprochement de l'Orient et de l'Occident. Que ce soit négativement, en mettant en garde ses compatriotes ou les peuples dont il était l'hôte contre les dangers d'un nationalisme faisant fi de la solidarité humaine, que ce soit positivement en prêchant le rapprochement des cultures et en fondant une Université internationale ouverte à tous led hommes de bonne volonté, il a toujours oeuvré pour l'homme universel, pour reprendre le titre sous lequel ont été groupés après sa mort ses plus importants essais : Towards universal man. Les déceptions ne lui ont pas été ménagées, Il a éprouvé comme une blessure personnelle chaque acte de violence commid contre l'homme, les représailles exercées contre ses compatriotes lorsqu'ils luttaient pour leur indépendance, l'invasion de la Chine par le Japon rompant la grande soli¬


darité orientale, enfin les effroyables tueries des deux guerres mondiales. Et malgré tout, quand au deuil de la mort il donne au monde son dernier message, Crisis in Civilization, dans lequel il avoue qu'il ne croit plus qu'une vraie civilisation puisse encore surgir du coeur de l'Europe, il espère encore qu'« une nouvelle aurore viendra de l'horizon, de l'Orient le soleil se lève ». Adieu mélancolique à la civilisation de l'Occident que quelques justes, tel son fidèle ami Andrews, n'auront pas tout à fait réussi à réhabiliter.

313. A. ARONSON. Rabindranath through western eyes. Allahabad, Kitabistan, 1943. In-8°, XV-158 p. – Harvard University library.

En fin de volume, deux utiles appendices : A. Notes on a Rabindranath bibliography in the West, et B. List of translations of Rabindranath's works into European languages in chronological order.

314. MAITRAYE DEVI. The Great wanderer. Calcutta, Grantham, 1961. In-8°, VIII-239 p., 4 pl. – B.N., Impr.

On trouvera aussi de nombreux renseignements sur les voyages de Tagore dans Rathindranath Tagore, On the edges of time. Cf. 41.

PREMIER VOYAGE : ANGLETERRE, 1878-1880.

Outre la CHRONOLOGIE, voir le 30 et la note du n° 15.

SECOND VOYAGE : ANGLETERRE, 1890.

Outre la CHRONOLOGIE, voir la CORRESPONDANCE AVEC INDIRA DEVI, n° 30 et suiv.

TROISIÈME VOYAGE : ANGLETERRE ET ÉTATS-UNIS, 1912-1913.

Outre la CHRONOLOGIE, voir le GITANJALI, n° 82 et suivants, et SADHANA, n° 54.

QUATRIÈME VOYAGE : JAPON ET ÉTATS-UNIS, 1916.

315. TAGORE AU JAPON en compagnie de Pearson, Mme Richard et Paul Richard, mai 1916. Photographie.

316. INDIA'S MESSAGE TO JAPAN. An address at the University of Tokyo by Sir Rabindranath Tagore. Special correspondence. Dans la


revue The Outlook (New York), 9 août 1916, p. 856-858. – B.N., Impr., 80 Z. 4783 (113).

Extraits d'une conférence qui fut ensuite publiée intégralement sous le titre : The Message of India to Japan. A lecture by Sir Rabindranath Tagore. – New York The Macmillan company, 1916. In-8°, 24 p.

Cette conférence, amputée de son introduction, a été utilisée par Tagore comme première partie de l'essai II, Nationalism in Japan du recueil Nationalism publié en 1917.

Enfin les extraits cités par la revue The Outlook ont été traduits par Mme Andrée Jouve sous le titre : Messagde l'Inde au Japon et imprimés en appendice à un article de Romain Rolland, Aux peuples assassinés, dans la revue Demain (Genève, nov.– déc. 1916). Aux peuples assassinés et Message de l'Inde au Japon ont ensuite paru ensemble dans une petite plaquette constituant le numéro 2 de la Bibliothèque des Jeunesses Socialistes (La Chaux-de-Fonds, éditions des Jeunesses socialistes romandes, s.d. In-8°, 16 p.) Cf. n° 376. En 1917, Romain Rolland publiait une autre plaquette intitulée A la Civilisation, laquelle contenait deux articles : 1. La Roule qui monte en lacets 2. Aux peuples assassinés, avec en appendice le Message de l'Inde au Japon (s. I., 1917. In-16, 30 p.) Cf. 317. Enfin la conférence de Tagore était publiée isolément dans Les Cahiers idéalistes français, n° 3, avril 1917, p. 69-73, toujours sous le titre Message de l'Inde au Japon. Cf. 318.

317. LE MESSAGE DE L'INDE AU JAPON. Appendice à Romain Rolland, A la Civilisation (1917), p. 25-30. – B.N., Impr., 160 R. Pièce. 484.

318. LE MESSAGE DE L'INDE AU JAPON. Dans Les Cahiers idéalistes français, n° 3 (avril 1917), p. 69-73. – Bibliothèque Jacques Doucet.

319. THE SPIRIT OF JAPAN. A lecture by Sir Rabindranath Tagore, delivered for the students of the Private Collèges of Tokyo and the members of the Indo- Japanese Association at the Keio Gijuku University. Tokyo, Indo-Japanese Association, 1916. In-16, 36 p. – • A M.L.K. Elmhirst.

Cette conférence, privée de son exorde, a été utilisée par Tagore comme seconde partie de l'essai II, Nationalism in Japan, du recueil Nationalism publié en 1917.

320. NATIONALISM. London, Macmillan and Co., 1917. In-8°, 135 p.B.N., Impr., 80 G. 1041.

Autre édition : New York, The Macmillan company, 1917. Contient :

I. Nationalism in the West. Conférence faite aux Etats-Unis durant l'hiver 1916-17.

II. Nationalism in Japan. Essai en deux parties issu du rapprochement du texte de deux conférences prononcées, l'une à l'Université Impériale de Tokyo, l'autre, à l'Université Keio Gijuku et intitulées respectivement : The Message of India to Japan, cf. 316, et The Spirit of Japan, cf. 319.


III. Nationalism in India. Essai écrit aux Etats-Unis.

IV. The Sunset of the Century. Traduction anglaise d'un poème écrit en bengali les derniers jours de l'année 1305 (= avril 1899).

321. NATIONALISME. Traduit par Cecil George Bazile. Paris, A. Delpeuch, 1924. In-16, 161 p. – Bibliothèque de l'Université, Aix-en-Provence.

322. TAGORE A SON ARRIVÉE A SAN FRANCISCO en 1916. Photographie illustrant un article de Bayley Millard intitulé : Rabindranath Tagore discovers America. Dans : The Bookman, New York, novembre 1916, p. 244-251. – B.N., Impr.,Z. 17736.

323. LETTRE DE TAGORE AU PRÉSIDENT WILSON datée de Calcutta le 9 mai 1918. Photographies de la lettre autographe. – Institut Français d'Indologie, Pondichéry.

Lors de son second voyage aux Etats-Unis, Tagore devait faire une tournée de conférences. Mais les premières qu'il prononça sur le Nationalisme déchaînèrent contre lui une partie de la presse à tel point qu'il dut renoncer à poursuivre sa tournée. Qui plus est, quand fut découvert en 1918 à San-Francisco, plusieurs nationalistes indiens étaient réfugiés, un complot germano-indien contre le gouvernement britannique, la presse accusa Tagore d'en avoir été l'un des instigateurs. Le poète écrivit alors cette lettre au Président Wilson, déclarant avec indignation qu'il ne croyait pas en « un patriotisme qui passerait outre aux idéaux les plus élevés de l'humanitéé » en adoptant ces « méthodes tortueuses ».

CINQUIÈME VOYAGE : EUROPE, ETATS-UNIS, EUROPE, 1920-1921.

Outre la CHRONOLOGIE, voir les chapitres consacrés d'une part à TAGORE EN FRANCE, d'autre part à TAGORE ET ROMAIN ROLLAND.

324. TAGORE VERS 1920. Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

Cette photographie, qui figure sur la couverture du présent catalogue, peut être rapprochée de la photographie en couleurs de la collection A. Kahn, cf. 357.

325. TAGORE ET LE COMTE H. DE KEYSERLING, Darmstadt, 1921. Photographie.

Philosophe et littérateur, Keyserling (1880-1946) subit fortement l'influence des philosophies orientales. Grand voyageur, – il a donné pour exergue à son Journal de Voyage d'un philosophe (trad. française, Paris, Stock, 1928) cette maxime : « Le plus court chemin qui conduise à soi-même vous mène autour du monde », – il visita l'Inde à la veille de la première guerre mondiale. C'est ainsi qu'il assista à une soirée de musique à Calcutta chez les Tagore (op. cit., I, p. 397-402) et qu'il fit la connaissance du poète : « Rabindranath, le poète, donnait l'impression d'un hôte venu d'un monde plus haut et plus spirituel. Jamais peut-être je ne vis autant de substance spiritualisée condensée dans l'âme d'un seul homme. »


326. LETTERS TO A FRIEND. Edited with two introductory essays by C.F. Andrews. London, George Allen & Unwin, 1928. In-16, 195 p., 2 portr., 1 fac-sim. – B.N., Impr., 16° Z. 3272.

Ces lettres, écrites par Tagore entre 1913 et 1922, ont été déjà publiées presque toutes, soit dans la Modern Review, soit dans le recueil Letters from abroad (Madras, Ganesan, 1924) qui contenait les lettres écrites entre 1920 et 1922.

327. LETTRES A UN AMI. Introduction et commentaires de C.F. Andrews. Traduction de Jane Droz-Viguié. – Paris, Rieder, 1931. In-16, 264 p. – B.N., Impr., 80 O2 s. 368.

Huit de ces lettres, adressées à C.F. Andrews en 1915, traduites par Jane Droz-Viguié, ont paru dans la revue Europe (15 mars 1931), p. 346-356.

SIXIÈME VOYAGE : MALAISIE, CHINE, JAPON, 1924.

328. TAGORE A PÉKING, mai 1924. Photographie.

De gauche à droite : au fond, Siu Tche-mo et L.K. Elmhirst ; au second rang, Kalidas Nag, Kshiti Mohan Sen et Nandalal Bose ; au premier plan, Rabindranath Tagore.

329. TAGORE A PÉKING, 10 mai 1924. Photographie. – A M.L.K. Elmhirst.

De gauche à droite : L.K. Elmhirst, Hou Che, Rabindranath Tagore, Baron Holstein, Ganneau.

330. TALKS IN CHINA. Calcutta, Arunoday Art Press, 1925. In-16, 180 p. (Visvabharati Series). – A Mme Krishna Riboud.

Dix-neuf causeries de Tagore prononcées en Chine en 1924, précédées du discours d'accueil du Professeur Leang K'i-tch'ao.

Le texte de la causerie VIII. At the Scholar's dinner, Peking a fourni à Tagore l'essentiel de la première partie d'un essai intitulé The Religion of an artist paru dans Contemporary Indian philosophy (1936) et réimprimé isolément en 1953 toujours sous le titre The Religion of an artist.

331. THE RELIGION OF AN ARTIST. Calcutta, Visva-Bharati, 1953. In-8°, 27 p. – A Mme Krishna Riboud.

Cet essai comporte deux parties : la première partie n'est autre que le texte de la causerie VIII, At the Scholar's dinner, Peking, du recueil Talks in China paru en 1925. La seconde partie est formée du texte d'une conférence prononcée à l'université de Dacca, publié à la fois dans le Visva-Bharati Quarterly d'avril 1926 et dans le Dacca University Bulletin (XII, 1926) sous le titre The Meaning of Art. Le rapprochement de ces deux parties constitue l'essai The Religion of an artist publié d'abord dans la Contemporary IndiaPhilosophyy 1936), et republié isolément en 1953.


332. TAGORE AU JAPON en 1924. Photographie. – A M.L.K. Elmhirst.

La photographie porte la signature autographe de Tagore.

SEPTIÈME VOYAGE : ARGENTINE, 1924.

Pour ce voyage qui devait mener Tagore au Pérou mais qu'une maladie du poète interrompit brusquement, voir la CHRONOLOGIE. Tagore trouva refuge chez Victoria Ocampo, écrivain et critique, qui vivait à San Isidro, un des faubourgs de Buenos-Aires. Pour la mise en garde de Romain Rolland à Tagore à propos du régime politique du Pérou, voir le 384.

HUITIÈME VOYAGE : ITALIE, SUISSE, AUTRICHE, FRANCE, ANGLETERRE, NORVÈGE, SUÈDE, DANEMARK, ALLEMAGNE, EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE, EGYPTE, 1926.

Voir la CHRONOLOGIE, TAGORE EN FRANCE, TAGORE ET ROMAIN ROLLAND.

333. TAGORE A MILAN en 1926. Photographie.

A son retour d'Argentine, Tagore avait déjà passé quelques jours en Italie du nord et donné une conférence à Milan en janvier 1925. Cette conférence a paru sous le titre The Voice of humanity, dans la revue The New Orient (New York), vol. II, 3, juin 1925, p. 1-6.

Voir dans The Modern Review de septembre 1926, p. 338-344 : Rabindranath Tagore visits Italy, et : The Idea of Tagore's visit to Italy.

334. TAGORE ET RANEE MAHALANOBIS chez L.K. Elmhirst devant le « Old Parsonage » de Dartington, août 1926. – A M.L.K. Elmhirst.

335. LETTRE DE TAGORE A L. K. ELMHIRST écrite à Vienne en 1926. Photographie. – A M.L.K. Elmhirst.

Le poète y fait part à son ami de l'accueil émouvant qu'il reçoit en Europe, et de son intention d'y passer six mois chaque année.

336. TAGORE EN ROUMANIE. Bibliographie sélective avec un avant-propos de Tudor Vianu. Présentation bibliographique par Virgil Cândea. Bucarest, UNESCO, 1961. In-8°, 38 p., 6 pl., couv. illustrée. – B.N., Impr.

NEUVIÈME VOYAGE : MALAISIE, JAVA, BALI, SIAM, 1927.

337. TAGORE A JAVA (Borobudur), 1927. Photographie.


338. POÈME SUR BALI, 1927. Photographie du manuscrit autographe. – A Mme Krishna Riboud.

339. RABINDRANATH TAGORE. Letters on the way to Java, et : Letters from Java. Dans : The Visva-Bharati Quarterly, octobre 1927 à octobre 1928. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

DIXIÈME VOYAGE : CANADA, ETATS-UNIS, JAPON, 1929.

340. P. C. MAHALANOBIS. Rabindranath Tagore's visit to Canada and Japan. Dans : Visva-Bharati Bulletin n° 14. (novembre 1929), p. 1-51. – A M. Gaétan Fouquet.

ONZIÈME VOYAGE : EUROPE (PARIS, LONDRES, GENÈVE, MOSCOU) ET ETATS-UNIS, 1930-1931.

Outre les rubriques CHRONOLOGIE et TAGORE EN FRANCE, voir LES EXPOSITIONS des peintures de Tagore.

341. TAGORE A OXFORD, en compagnie de L.P. Jacks, Principal du Manchester College et éditeur de The Hibbert Journal, 1930. Photographie.

342. TAGORE ET BERNARD SHAW A LONDRES, 1930. Photographie.

La rencontre est racontée par W. Rothenstein : Men and Memories, vol. 2, p. 265.

343. THE HUMAN WORLD IS MADE ONE. Message de paix lancé par Tagore de Paris le 3 mai 1930. Photographie du manuscrit autographe. – Rabindra-Sadana, Visva-Bharati.

Fac-similé de ce message dans : Visvabharati News, vol. XXIX, 11 (mai 1961).

344. TAGORE A BERLIN, 1930. Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

345. TAGORE ET EINSTEIN, 1930. Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

L'Entretien de Tagore et d'Einstein à Kaputh, le 14 juillet 1930 a été publié en appendice à La Religion de l'homme (Cf. 58). Einstein a contribué au Golden Book offert à Tagore en 1931 (Cf. 489) par une page sur la liberté : Ueber den freien Willen (p. 11-12).


346. TAGORE A Moscou, 1930. Photographie.

Sur le séjour de Tagore en U.R.S.S. on lira la traduction anglaise des Râçiyâr cilhi (Lettres de Russie, partiellement traduites dès 1930 dans le Visva-Bharati Quarterly), publiée en 1960 : Letters from Russia (Sept.-Oct. 1930). Translated by Dr. Sasadhar Sinha (Calcutta, Visva-Bharati, 1960, VIII-22 p.).

Voir encore : Rabindranath Tagore in Russia, article de P.C. Mahalanobis dans The Visva-Bharati Quarterly, vol. 8 (1930-31), part I-II, (nov. 1930), p. 8-49. Même article dans le Visva-Bharati Bulletin n° 15 (nov. 1930), p. 1-42. – On Russia, by Rabindranath Tagore, dans The Modern Review, Juin 1934, p. 611-620. – The Soviet System, by Rabindranath Tagore, dans The Modern Review, sept. 1931, p. 249-254.

347. TAGORE A NEW YORK, en compagnie d' Helen Keller, sourde-muette-aveugle, 1930. Photographie.

DOUZIÈME VOYAGE : PERSE, 1932.

348. TAGORE A TÉHÉRAN en 1932. Photographie.

349. UNITY OF ASIA : A SYMPOSIUM, by Rabindranath Tagore. Dans : India and the World, I, 7. (Calcutta. Ed. Kalidas Nag), juillet 1932, p. 146-152.

Compte rendu de divers entretiens de Tagore à Téhéran et à Bagdad. Contient : I. Educators of Teheran ; II. The Poet and a member of the Mejliss ; III. Poet in Baghdad.

TREIZIÈME VOYAGE : CEYLAN, 1934.

350. D. B. DHANAPALA. Tagore visit to Ceylon. Dans : The Modern Review (août 1934), p. 165-168. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

DOCUMENTS ANNEXES.

Presque toute l'oeuvre de Tagore évoque la nécessité du rapprochement entre les hommes quelles que soient leur race, leur patrie, leur culture. La plupart des conférences prononcées au cours de ses nombreux voyages traitaient directement de ce sujet. On trouvera ici quelques lettres et quelques essais qui précisent la pensée du poète ainsi que don testament spirituel : Crisis in Civilization.

351. A VISION OF INDIA'S HISTORY. Calcutta, Visva-Bharati, 1951. In-8°, II-41 p. – Ambassade de l'Inde.

Original : Bhâratavarsher itihâser dhârâ, essai lu en public en 1912.


L'essai bengali de 1912 avait été traduit en anglais par Jadunath Sarkar et publié en 1913 dans la Modern Review. sous le titre : My interpretation of Indian history. De son côté, Dvijendranath Tagore publiait un essai intitulé Pravasi dans la revue Sravana (1913), interprétant les vues de son frère. Utilisant ces données, Tagore retraduisit en l'élargissant son essai primitif sous le titre de : A Vision of India's history, publié en 1923 dans le Visva-Bharati Quarterly.

352. CIVILISATIONS. Lettres de Henri Focillon, Gilbert Murray, J. Strzygowski, Rabindranath Tagore. Paris, Institut international de coopération intellectuelle, Société des Nations, (librairie Stock), 1935. In-8°, 169 p. (Correspondance, N° 4). – B.N., Impr.,R. 48292.

L'ouvrage se divise en deux parties : La première, intitulée Orient-Occident, consiste en une longue lettre de Murray à Tagore, suivie d'une longue réponse de Tagore à Murray. La seconde, intitulée Génie du Nord-Latinité, est formée d'une lettre de Strzygowski à Focillon et de la réponse de Focillon. Le texte des quatre lettres est écrit ou traduit en français.

353. GILBERT MURRAY and Rabindranath Tagore. East and West. Paris, International institute of intellectual co-operation, League of Nations, 1935. In-8°, 69 p. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Edition en anglais de la première partie de l'ouvrage précédent.

354. POET TO POET. Full text of correspondence between Yone Noguchi and Rabindranath Tagore on the Sino- Japanese Conflict. Juillet-octobre 1938. Dans : The Visva-Bharati Quarterly, Vol. IV, Part III, (novembre 1938-janvier 1939), p. 199-212. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Contient une première lettre de Noguchi, la réponse de Tagore, une seconde lettre de Noguchi, une seconde lettre de Tagore. La traduction française de la première lettre de Tagore a paru sous le titre : Réponse à un poète japonais, dans Europe, 191 (15 nov. 1938), p. 289-294.

355. CRISIS IN CIVILIZATION. Calcutta, Visva-Bharati, 1967. In-8°, VI-18 p., portrait. – B.N., Impr.

L'original bengali Sabbyatârr sankat, composé par Tagore trois mois avant sa mort fut lu en sa présence le 14 avril, jour où l'on fêta son anniversaire, à Çântiniketan. Traduit en anglais par Kshitis Roy et revu par Krishna Kripalani et l'auteur, le texte anglais a paru isolément en 1941, 1950 et 1957. Il a été inclus enfin dans le recueil Towards universal man en 1961 (Cf. 207).

356. SAUMYENDRANATH TAGORE. Rabindranath Tagore and universal humanism (Rabindranath Tagore Centenary Year). Bombay, 1961. In-16, 36 p., 4 pl. – B.N., Impr.

Préface par Humayun Kabir.


2. TAGORE ET LA FRANCE

Lorsque Tagore n'était encore connu en France que par ses poèmes ou sa pensée, qui y eurent un grand retentissement, il y apparaissait comme un lien entre l'Orient et l'Occident et comme le porteur du message de l'Inde. A sa venue à Paris, sa personne souleva la sympathie et causa souvent une forte impression. Voici le souvenir, idéalisé peut-être par les années, qu'en a gardé Edmond Jaloux qui écrivait aussitôt après la mort du poète : « Je ne L'ai vu qu'une fois, pendant cette époque tumultueuse Paris tendait à devenir Babel. Je le rencontrai au Cercle Interallié au cours d'une réception donnée en son honneur. Il était impossible d'imaginer plus majestueuse figure ; dans sa longue robe quasi sacerdotale, il faisait penser à un prophète qui n'eût pas été tourmenté. Ses opulents cheveux blancs, sa barbe argentée, encadraient un visage que l'on ne pouvait regarder sans respect. Mais ses yeux surtout étaient bouleversants. De cet iris noir, éclatant, velouté, nageant dans une large sclérotique, émanait quelque chose de divin ; la douceur, la bonté, un sentiment de paix sublime et de sérénité radieuse, de tolérance et d'affranchissement presque surnaturel, se répandaient avec ce regard. Si jamais âme a transparu dans un visage, ce fut bien celle-là. Rabindranath Tagore avait l'air d'un saint, mais d'un saint qui eût fait de l'amour de la vie l'une de ses vertus essentielles. »

Cependant, malgré l'admiration que beaucoup éprouvaient pour le poète, les thèses qu'exposait celui-ci suscitèrent parfois des réservess ou des polémiques lorsqu'il lui arrivait de simplifier à l'extrême ses jugements sur les valeurs de l'Occident ou lorsqu'il heurtait sans le vouloir certains sentiments très vifs, soit qu'il n'eût pas connu avec assez de précision la situation politique européenne, ou qu'il eût secrètement préféré se tenir au-dessus de nos conflits. Mais il sut prendre plusieurs fois nettement parti quand les adhésions s ou les jugements qu'on lui demandait lui semblaient correspondre à son propre idéal.

Il n'est pas douteux que dès son arrivée à Parises conversations et ses rencontres lui valurent de solides amitiés, qui se manifestèrent ensuite par des invitations et des voyages, des projets en commun, des hommages individuels ou collectifd lord de ses anniversaires dont on parlera plus loin.

Les séjours les plus importants qu'il fit chez nous furent les deux premiers (été 1920 et printemps 1921) et le dernier (au printemps 1930), lors de l'exposition de ses peintures. Il était également venu en France en 1926, au cours d'une vaste tournée européenne, et en 1924, au moment de s'embarquer pour l'Amérique du Sud.

357. TAGORE CHEZ ALBERT KAHN en 1920. Photographie en couleurs. – Cliché de la collection Albert Kahn.

C'est chez Albert Kahn, dans l'accueillant cercle « Autour du monde », Quai du Quatre-Septembre à Boulogne-sur-Seine (dont on peut aujourd'hui visiter les


jardins), que furent reçus Tagore et les membres de sa famille qui l'accompagnaient (et qu'on voit sur les photographies suivantes), lors de ses séjours dans la capitale. C'est également chez Albert Kahn, dans sa belle propriété du cap Martin, qu'il reçut la visite de quelques journalistes, par exemple de V. Rougier (Comoedia, 29 mars 1930), alors qu'il s'y reposait au printemps 1930.

A Boulogne et à Paris il rencontra Anna de Noailles, Bergson, Sylvain Lévi, Romain Rolland, Andrée et Suzanne Karpelès. On trouvera des détails sur ces séjours et ces entrevues dans les souvenirs de son fils, Rathindranath Tagore : On the edges of time (voir 41) et dans Maitraye Devi : The Great wanderer (voir 314), ainsi que sur certaines de ses conférences. Tagore parla en public en anglais au mois d'avril 1921, à Paris, sur la rencontre de l'Orient et de l'Occident (voir 367) et sur les bâul (voir 154)) ; à Strasbourg, sur le message de la forêt. Le compte rendu de l'un de ses entretiens avec Bergson fut publié alors dans The Modern Review, de Calcutta, par Sudhir Rudra qui y assistait.

358. TAGORE ET ANNA DE NOAILLES. Photographie en couleurs. 1920. – Cliché de la collection Kahn.

« Il y a dix ans j'ai eu l'émouvant bonheur de me promener, par un soir tiède des bords de la Seine, avec Rabindranath Tagore, dans un jardin fastueux, imité de l'Orient. La haute stature du poète vêtu de lin, ses pas de velours sur le sable doré, son visage de prophète qui ne s'irrite pas, mais accepte et modèle le destin, ses mains paisibles qui semblent avoir le pouvoir d'enrichir et de consoler les hommes, paraissaient une explication suffisante des rosiers du Bengale s'élevant superbement des deux côtés de sa promenade royale. »(Anna de Noailles, Préface du catalogue de l'exposition de dessins et aquarelles de Rabindranath Tagore, Paris, Galerie Pigalle, 1930.)

359. TAGORE SE PROMENANT DANS LA ROSERAIE des jardins d'Albert Kahn à Boulogne. Photographie en couleurs. 1921. – Cliché de la collection Kahn.

360. RATHINDRANATH TAGORE ET SA FEMME, PRATIMA DEVI. Photographie en couleurs. 1920. – Cliché de la collection Kahn.

Rathindranath Tagore (1888-1961) était le fils du poète.

361. PRATIMA DEVI ET NANDINI. Photographie en couleurs. 1926. – Cliché de la collection Kahn.

Nandini, née en 1921, était la fille adoptive de Rathindranath Tagore et de Pratima Devi.

362. NANDINI. Photographie en couleurs. 1926. – Cliché de la collection Kahn.

363. NANDINI. Photographie en couleurs. 1926. – Cliché de la collection Kahn.


364. JEAN-LOUIS VAUDOYER. Deux poètes. (Dans : Le Gaulois, Paris, 3 juillet 1922.) Photocopie.

Tagore fut reçu au printemps 1921 dans un jardin d'Auteuil, chez Mme Renée de Brimont, traductrice de La Fugitive et elle-même poète. Il y chanta ses vers en bengali. Cet article se plaît à insister sur ce qu'il pouvait y avoir de frappant ou de pittoresque dans la majestueuse beauté de Tagore, avec ses boucles grises et sa tunique de soie violette, le turban vermillon de son fils, les voiles roses et les bijoux de sa bru, le costume des amis et disciples qui les accompagnaient.

365. NATALIE CLIFFORD BARNEY. Tagore récitant un de ses poèmes. Autographe et copie dactylographiée. – A Miss Natalie Clifford Barney.

366. L'ECLAIR, Paris, 20 juin 1921. Photocopie.

Après les manchettes conventionnelles du débutt : Au pays des belles chimères. Rabindranath Tagore, le « rossignol de Valmiki ». Le Tolstoï hindou en voyage, une note de la rédaction dénonce le trop grand succès de Tagore en Allemagne et les déclarations germanophiles qu'il y aurait faites. Suivent l'article sympathique du traducteur de La Maison et le monde, F. Roger-Cornaz, et celui de Miss Grace Ellison qui raconte un déjeuner avec Tagore et son fils puis fait allusion à la question allemande. Un entrefilet du Mercure de France (1er août 1921, p. 857) s'interrogeait de même à propos de l'opinion de Tagore sur Guillaume II.

367. DANIEL HALEVY. Courrier de Paris. (Paris, ) Editions du Cavalier, 1932. In-16, 316 p. – B.N., Impr., 80 R. 39056 (1).

Dans une chronique reprise dans le présent volume : Polémiques sur l'européanisme, et d'abord parue en janvier 1922 dans la Revue de Genève (qui venait de publier, en septembre 1921, de Tagore, La Religion de la forêt), D. Halévy relate une causerie faite en anglais par Tagore au Comité national d'études sociales et politiques le 25 avril 1921, devant une cinquantaine d'universitaires, d'intellectuels et de hauts fonctionnaires français. Maurice Croiset dut y prendre la parole pour rappeler l'apport positif de l'Occident à la civilisation et Pierre Hamp, qui assistait à la même réunion, adressa par la suite au poète une lettre (que publia la Revue hebdomadaire du 7 octobre 1921, p. 165-176) pour exalter le rôle libérateur de la machine.

Avec des points de vue et arguments divers cette discussion sur les rapports entre Orient et Occident rebondit à plusieurs reprises avec René Guénon : Orient et Occident (Payot, 1924) ; l'enquête des Cahiers du mois (nos 9-10, 1925) sur Les Appels de l'Orient ; Henri Massis : Défense de l'Occident (Plon, 1927) ; Romain Rolland dont les vies de Ramakrishna et de Vivekananda comportent de nombreux rapprochements avec la pensée et la mystique occidentales.

368. JEAN GUEHENNO. Le Message de l'Orient : Rabindranath Tagore. (Dans : La Revue de Paris, 1er septembre 1919, p. 79-109.) – B.N., Impr., 80 Z. 13887.

Guéhenno devait également publier le compte rendu d'un roman de Tagore avec le sous-titre : Idéalisme oriental et idéalisme occidental, dans La Grande revue de novembre 1921 (cf. n° 173).


369. CHARLES-MARIE GARNIER. Tagore et George Russell (A.E.). II. L'occidentalisme de Tagore. (Dans : Revue anglo-américaine, Paris, février 1930, p. 231-246.) – B.N., Impr.,Z. 24096.

Le premier article, sur l'orientalisme de Russell, avait paru en décembre 1929. Tagore et Russell ont encore été étudiés parallèlement par Abinash Chandra Bose : Three mystics poets, a study of W.B. Yeats, A.E. and Rabindranath Tagore (Kolhapur, School and College Bookstall, 1945, XVI-156 p.).

370. LETTRES DE TAGORE à André Gide, (Paris, ) 27 avril 1930. – Bibliothèque Jacques Doucet.

Tagore remercie Gide de lui avoir offert une traduction anglaise de La Porte étroite et lui écrit la forte impression que fit sur lui ce livre.

371. CORRESPONDANCE BARBUSSE- TAGORE. (Deux lettres en anglais publiées dans : The Visva-Bharati Quarterly, juillet 1927, p. 192-195.) – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

S'autorisant du plein accord de Romain Rolland, Barbusse demande ici à Tagore d'adhérer au manifeste qui accompagnait sa lettre et dénonçait les violences fascistes en plusieurs pays d'Europe. Il lui annonce comme prochain le lancement d'un périodique international d'esprit progressiste : Monde, qui devait effectivement commencer à paraître en juin 1928 et qui publia dès le 2 un article d'Henri Sérouya sur la pensée de Tagore. Celui-ci répondit très favorablement à cet appel.

372. PARIS-SOIR, Marseille, 9 août 1941, annonce la mort du poète. Photocopie.

Tagore mourut le 7 août 1941, alors que les nouvelles de l'offensive allemande en U.R.S.S. emplissaient les quotidiens. Bien des journaux en France, surtout en zone occupée, n'annoncèrent cette disparition que très sommairement. Parmi les articles plus substantiels qui parurent peu après, notons ceux de Edmond Jaloux (Le Temps, Lyon, 20 août), Louis Emié (Le Républicain du Centre, Orléans, 18 août), Marcel Brion (Le Jour-Echo de Paris, 18 août), Maurice Chapelan (qui fait étrangement mourir Tagore à Nice, Comoedia, Paris, 3o août), etc. Les Cahiers du Sud publièrent en février 1942 une étude de Jean Herbert qui avait traduit Sâdhanâ en 1940 (voir 55).

3. TAGORE ET ROMAIN ROLLAND

De tous les écrivains français qui furent en relations suivies avec Tagore, Romain Rolland est sans aucun doute le plus fidèle et le plus important. Naturellement proches l'un de l'autre par de profondes affinités, leur lyrisme, leur sensibilité à la musique, leurs vues très larges et à longue portée sur les problèmes humains et internationaux, ils se passionnaient tous les deux pour l'émancipation de l'Inde et la coopération de l'Orient et de l'Occident. Bien que les premières pages que Rolland consacre à Tagore dans son journal ne manifestent son intérêt que


pour les opinions de celui-ci sur la civilisation européenne, la guerre, le rapporchement des races, il serait erroné d'attribuer sa sympathie à une simple communauté d'idées. Dès l'apparition des fragments de l'Offrande lyrique dans la Nouvelle Revue Française, il en avait chaleureusement recommandé la lecture, dans une lettre du 10 décembre 1913, à une amie italienne, Mme Sofia Bertolini,

Bertolini, lorsque par la suite dominèrent à certains moments dans son esprit les

préoccupations politiques, jamais il n'oublia en Tagore l'artiste et le poète.

Romain Rolland et Tagore se rencontrèrent à trois reprises : à Paris, en avril 1921 ; en juin-juillet 1926, à Villeneuve, dans le canton de Vand, Tagore vint passer auprès de Rolland une douzaine de jours ; et enfin le 28 août 1930, à Genève. Divers projets de rencontres échouèrent : en janvier 1925, quand Tagore revenant malade d'Amérique du Sud dut rentrer directement d'Italie dans l'Inde et, ce qui fut plus décevant encore, en août de la même année, alors que tout avait été organisé en Suisse pour sa venue : hôtel, médecins, cours internationaux suivis par des jeunes de plusieurs pays, projet de publications européo-asiatiques. Invité à diverses reprises à Çântiniketan, Rolland ne put à son regret effectuer ce voyage. La soeur de l'écrivain français, Madeleine Rolland, fut à chaque rencontre leur interprète. Une thèse pour le doctorat d'université a été soutenue en Sorbonne, sur Romain Rolland et Tagore, par un professeur hindou : Mohan Laxman Balsé, en juillet 1952.

373. ROLLAND AND TAGORE. Calcutta, Visva-Bharati, 1945. In-16, 4-6-104-XVI p., pl., fac-sim. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Publie (traduites en anglais par Indira Devi Chaudhurani et Alex Aronson) les lettres de Rolland à Tagore (mais non celles de ce dernier, sauf deux lettres données en appendice), ainsi que plusieurs de leurs entretiens en 1926 et 1930.

374. RABINDRANATH TAGORE ET ROMAIN ROLLAND. Lettres et autres écrits. [Avant-propos de S. Radhakrishnan.] Paris, A. Michel, 1961. In-16, 207 p., planche, fac-sim. (Cahiers Romain Rolland, n° 12.) – B.N., Impr., 160 Z. 2663 (12).

Plus complet que l'édition indienne, ce volume donne à la fois les lettres de Rolland et celles de Tagore (traduites en français, par Françoise Pérus), leurs entretiens de 1926 et 1930, la préface de Rolland pour A quatre voix, et des lettres écrites par celui-ci à propos de Tagore à divers correspondants, en particulier à Kalidas Nag.

375. ROMAIN ROLLAND. Inde, journal (1915-1943). Nouvelle édition augmentée de textes inédits. Paris, Albin Michel, 1960. In-16, 625 p.B.N., Impr., 16° O2 k. 2682.

La première édition avait été publiée en 1951 aux éditions suisses Vineta et


portait en sous-titre Tagore, Gandhi, Nehru et les problèmes indiens. Les noms qui reviennent ici le plus souvent sont en effet ceux de Tagore et de Gandhi. Ce journal permet, avec la correspondance des deux écrivains, de suivre le développement de leurs relations et de leur sympathie, mais il nous fait mieux saisir que les lettres ce qui risqua parfois de les écarter l'un de l'autre ou de les décevoir. Un long compte rendu par Jean Bastaire a paru dans Esprit en septembre 1961.

376. ROMAIN ROLLAND. Aux peuples assassinés. Rabindranath Tagore. Message de l'Inde au Japon. [Traduction de Mme Andrée Jouve.] La Chaux-de-Fonds, Editions des Jeunesses socialistes romandes (s.d.). In-8°, 16 p. (Bibliothèque des Jeunesses socialistes, n° 2.) – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Le discours prononcé par Tagore à l'Université impériale de Tokyo le 18 juin 1916 frappa Romain Rolland, qui en cite un passage confirmant ses propres critiques de la civilisation occidentale, à la fois dans son journal d'octobre 1916 (Inde, 1960, p. 12) et dans son article Aux peuples assassinés, qui parut, avec le Message de Tagore, à diverses reprises (Voir n° 316). Les Jeunessse socialistes, note Rolland le 7 mai 1917 dans son Journal des années de guerre, vendirent le 1er mai 3.000 exemplaires de la présente brochure). Le message de Tagore avait été traduit par la femme d'un fidèle ami de Rolland, Pierre-Jean Jouve, lequel publia en 1920 Romain Rolland vivant, 19114-1919, et devait traduire Cygne de Tagore avec Kalidas Nag.

377. DÉCLARATION D'INDÉPENDANCE DE L'ESPRIT (dans : Rabindranath Tagore et Romain Rolland : Lettres et autres écrits, p. 22-25).

Rédigé par Romain Rolland à Villeneuve au printemps 1919, ce manifeste, publié dans L'Humanité du 26 juin 1919, fut repris dans le recueil d'articles Les Précurseurs, suivi des noms des personnalités de tous pays qui l'avaient approuvé. Rolland écrivit pour la première fois à Tagore le 10 avril 1919 pour le lui envoyer.

378. PREMIÈRE LETTRE DE TAGORE à Romain Rolland, Santiniketan, 24 juin 1919. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Dans cette lettre (en traduction française dans le volume de Lettres et autres écrits, p. 25-26) Tagore envoie son adhésion à la Déclaration d'indépendance de l'esprit, qu'il se propose de publier avec la lettre de Rolland dans une revue indienne, et il lui annonce l'envoi de deux de ses livres. Romain Rolland l'en remercia le 26 août et lui fit part d'un projet de « revue d'Asie et d'Europe (en comprenant naturellement l'Amérique dans la civilisation européenne), qui mettrait en lumière les richesses morales de ces mondes fraternels et ennemis ».

379. DILIP KUMAR ROY. Among the great. [Conversations with Sri Aurobindo, Mahatma Gandhi, Rabindranath Tagore, Romain Rolland, Bertrand Russell. With an introduction by Sir S. Radhakrishnan.] Bombay, New York, Calcutta, Jaico Publishing House,


1950. In-16, XVI-368 p. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

C'est D.K. Roy, alors étudiant à Cambridge, qui fit entendre à Romain Rolland pour la première fois, en août 1920, d'anciennes mélodies indiennes et des chants de Tagore. Ayant déjà rapporté dans un livre bengali ses conversations de 1925 avec Tagore sur la musique, il fait ici état d'entretiens de 1927 et 1938. Son chapitre le plus long est consacré à Aurobindo, son guru, à qui Tagore rendit visite en 1928.

380. HERMANN HESSE /ROMAIN ROLLAND. Briefe. – Zürich, Fretz und Wasmuth Verlag (1954). In-8°, 118 p., fig.B.N., Impr.,Z. 33318.

En remerciant Hesse qui venait de lui dédier son roman indien Siddhartha, Rolland lui écrit le 22 novembre 1921 à propos de Tagore : « Je dois dire que j'avais quelques préventions, surtout en voyant le snobisme déchaîné autour de lui. Mais j'ai eu la grande joie de le voir dans l'intimité à Paris, le printemps dernier, et j'ai pris pour lui une affection et un respect profond. Il est d'une intelligence fine et forte, nullement dupe des hommes, et maintenant son indépendance parmi des difficultés multiples provenant de ses admirateurs autant que de ses ennemis, il souffre intensément de la brutalité européenne, qui lui est odieuse ; et il rayonne une admirable harmonie, tissue de riches expériences et de douleurs sérénisées. »

381. ANANDA COOMARASWAMY. La Danse de Çiva, quatorze essais sur l'Inde. Traduit de l'original anglais par Madeleine Rolland. Avant-propos de Romain Rolland. Paris, F. Rieder, 1922. In-16, 259 p., pl.B.N., Impr., 8° O2k. 1635.

« Coomaraswamy, écrit Romain Rolland dans sa préface, est un de ces grands Hindous qui, nourris comme Tagore, de la culture d'Europe et de celle d'Asie, ont conçu, avec la fierté légitime de leur splendide civilisation, le devoir de travailler à l'union des pensées d'Orient et d'Occident pour le bien de l'humanité. » Tagore est encore cité plus loin par Rolland propos de la recherche de l'unité et de l'harmonie : « Dans chaque splendeur de son, vision, parfum – Je trouverai logée Ta joie infinie. ») et par Coomaraswamy lui-même, dans son essai sur la musique indienne.

Coomaraswamy avait envoyé à Romain Rolland son article de décembre 1914, sur le rôle bienfaisant que pourrait jouer l'Inde dans le monde, et son livre sur les arts et métiers de l'Inde et Ceylan, dont parle Rolland avec enthousiasme dans son journal (Inde, février 1915).

382. L'HOMMAGE A ÇIVA. [Signé : Romain Rolland, Paris, janvier 1922.] 11 p. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Manuscrit authographe, avec nombreuses corrections, de la préface à La Danse de Çiva (où ce texte, imprimé, s'intitule simplement : Avant-propos). On lit au début : « Nous sommes un certain nombre en Europe, à qui ne suffit plus la civilisation d'Europe... » et à la fin : « Cette main tendue par l'Inde, nous la prenons dans la nôtre. Notre cause est la même : sauver l'unité humaine et sa pleine harmonie. Europe, Asie, nos forces sont diverses. Unissons-les, pour accomplir l'oeuvre commune : la plus grande Civilisation, le total génie humain. Apprends-nous à tout


comprendre, Asie, et la sagesse de vivre ! Apprends de nous à agir ! » – Cette préface (qui parut en outre en anglais dans une revue américaine de Rome, Broom, en 1922, sous le titre : Homage to Siva) est reproduite à la fin du journal Inde, édition 1960.

383. LETTRE DE TAGORE à Romain Rolland, Santiniketan, 28 décembre 1922. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Dans cette lettre (traduite dans Lettres et autres écrits, p. 42) Tagore accepte que soient publiées les traductions française et allemande de certaines de ses oeuvres (Gora, Letters from abroad) dans la Collection universelle (Weltbibliothek) que voulait lancer l'éditeur suisse Emil Roniger. conseillé par Rolland qui y voyait l'occasion de rapprocher les écrivains d'Europe et d'Asie. Par la suite le projet initial d'édition s'élargit et Roniger devait en outre fonder une Maison de l'amitié (avec une bibliothèque et des archives internationales), qui aurait été une sorte de filiale européenne de Çântiniketan, mais qui ne put jamais se réaliser. Roniger publia en 1926 le Liber amicorum offert à Romain Rolland pour son soixantième anniversaire.

Gora devait être traduit par Kalidas Nag et Madeleine Rolland, qui apprit le bengali, mais ce projet de traduction n'eut pas de suite et c'est seulement en 1961 que vient de paraître la version française de ce roman dans la série indienne de la Collection Unesco d'oeuvres représentatives, qui a pour but de promouvoir une meilleure compréhension entre Orient et Occident.

384. LETTRE INÉDITE DE ROMAIN ROLLAND à Tagore, 15 octobre 1924. Photocopie. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Le journal de Rolland (de juillet et octobre 1924) a noté dans quelles circonstances il fit parvenir à un Hindou à Paris cette longue missive (accompagnant trois autres lettres de José Vasconcelos, de Haya della Torre et des étudiants de la Plata, adressées au poète), pour qu'elles soient remises à Tagore avant son départ pour l'Amérique latine, afin de l'éclairer sur certains éléments réactionnaires sud-américains qui risquaient d'exploiter abusivement sa renommée à des fins politiques. – Cette lettre, dont la photocopie parvint trop tard en France pour être éditée dans la correspondance des deux écrivains, sera publiée dans le Bulletin de l'Association des Amis de Romain Rolland.

385. ETUDE SUR RABINDRANATH TAGORE, par Romain Rolland. (Introduction au roman de Tagore : A quatre voix, traduit par Madeleine Rolland, Paris, 1925. Voir n° 175).

Rolland s'est excusé auprès de Tagore, le 27 mars 1925, des « pages insignifiantes. écrites en tête de A quatre voix », car il n'avait pu utiliser les renseignements que lui avait envoyés Kalidas Nag pour cette préface. A Andrée Karpelès (dont un dessin représentant Tagore allait accompagner l'édition de ce roman) Rolland écrivait le 29 novembre 1924 : « Vous me demandez pourquoi je n'écris pas un « Tagoree » ? – C'est un de mes voeux. Pour le réaliser, je voudrais aller dans l'Inde, vivre quelques moisou quelques semainesauprès du poète. Il faut pouvoir se pénétrer de l'atmosphère intime de l'âme .– et du milieu. »


386. LETTRE DE KALIDAS NAG à Romain Rolland, Calcutta, 12 novembre 1924. — Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Malgré la rapidité de Nag, qui avait répondu presque immédiatement, cette longue lettre de 8 pages, apportant à Rolland des précisions sur l'oeuvre romanesque de Tagore, lui parvint trop tard pour être utilisée dans la préface de A quatre voix. Nag rappelle à la fin ses souvenirs d'étudiant au Quartier latin, alors qu'il envoyait à Rolland des renseignements pour son Mahatma Gandhi, en tête duquel on lit : « Au début de cette étude, j'adresse mes remerciements affectueux à ma fidèle collaboratrice, ma soeur, et à mon ami Kalidas Nag, dont le grand savoir et l'infatigable obligeance ont guidé mes pas dans la forêt de la pensée hindoue. »

387. ROMAIN ROLLAND ET KALIDAS NAG, Villeneuve, septembre 1923. Photographie. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Le journal de Rolland, Inde, qui avait déjà noté la première visite de Nag en avril 1922, raconte son séjour du 2 au 10 septembre 1923, par « un admirable été déclinant », à Villeneuve, où il rencontra W.W. Pearson (qui devait mourir accidentellement en Italie peu après) et où ils parlèrent surtout de Tagore et de Gandhi. Rolland entretint une abondante correspondance avec Nag, auprès de qui il s'informait de la santé du poète, se préoccupait de ses intérêts chez des éditeurs français, ou de certaines manoeuvres politiques. « Combien je suis obligé à Kalidas Nag, écrivait-il à Tagore le 27 mars 1925, de me donner de vos nouvelles : il est le plus précieux messager que nous ayons, l'Hermès indien, qui va de l'un à l'autre, portant les nouvelles d'Asie en Europe et d'Europe en Asie, et réunissant leurs mains. »

388. VILLA OLGA, à Villeneuve (Vaud) et vue qu'on avait de cette maison sur le lac Léman. – A M.L.K. Elmhirst.

On lit, de la main de Rolland, au dos de ces photographies offertes à L.K. Elmhirst et datées du 18 février 1925 : Souvenir de la villa Olga et En amical souvenir, avec la signature de Romain Rolland et de sa soeur Madeleine. Le journal de Rolland des 18-19 février 1925 relate longuement les impressions et les renseignements que lui apporta L.K. Elmhirst sur Tagore.

389. LETTRE DE TAGORE à Romain Rolland, Calcutta, 23 septembre 1925. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Cette lettre (traduite dans Lettres et autres écrits, p. 64-65) manifeste la tension et la lassitude qu'éprouve Tagore dans l'Inde, où il lui est impossible de suivre les principes d'action de Gandhi, dont il se rapprochera néanmoins quelques années plus tard. Rolland, qui avait longuement exposé dans son Mahatma Gandhi les motifs d'opposition des deux hommes – la non-coopération nationaliste allant à l'encontre de l'harmonie entre les civilisations d'Orient et d'Occident dont rêvait Tagore – écrit à celui-ci la même année (27 mars et 22 décembre) qu'il se sent lui-même très isolé en France et que l'incompréhension qui les entoure l'un et l'autre vient de ce qu'ils sont des précurseurs.


390. TAGORE ET ROMAIN ROLLAND A VILLENEUVE, le 26 juin 1926. Cliché R. Schlemmer, de Montreux. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

391. DANS LE JARDIN DE LA VILLA LIONNETTE, à Villeneuve, le 26 juin 1926. Cliché Schlemmer. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Près de la villa Olga, où habitait alors Romain Rolland avec sa soeur Madeleine et leur père (qu'on voit à côté de Tagore), se trouvait la villa Lionnette, où Rolland gardait une partie de sa bibliothèque. Le journal de Rolland, Inde, raconte cette journée et la venue du photographe.

392. GEORGES DUHAMEL. Fragments de notes dictées à ma femme pour notre carnet intime (dans Hommage à Romain Rolland, Genève, Editions du Mont-Blanc, 1945, p. 49-51). – B.N., Impr.,Z. 8687.

Ces notes, prises après les entretiens de Duhamel et Rolland avec Tagore à Villeneuve à la fin de juin 1926, évoquent les deux grands interlocuteurs, mais sans préciser comme le fait en détail le journal de Rolland, le sujet débattu : l'Italie mussolinienne, dont Tagore venait d'être l'hôte et qui avait cherché à l'abuser.

393. TAGORE EN ITALIE (dans : Europe, 15 août 1926, p. 490-491). – B.N., Impr., 80 Z. 22011.

Extraits de lettres de Tagore protestant contre les déclarations mensongères que lui avait prêtées la presse italienne en faveur du fascisme. Ces fragments avaient été choisis et envoyés à Europe par Rolland lui-même, qui mit en garde avec insistance le poète contre l'exploitation de son nom par la propagande mussolinienne, et qui s'inquiéta plus tard, avec un jeune parent de Tagore, des flatteries d'émissaires hitlériens à Çântiniketan.

394. ROMAIN ROLLAND. La Vie de Ramakrishna. Paris, Stock, Delamain et Boutelleau, 1929. In-16, 319 p., portr.

Ce premier des trois volumes de l'Essai sur la mystique et l'action de l'Inde vivante rappelle en quelques pages la figure de Devendranath Tagore et sa rencontre avec Ramakrishna, alors que le petit Rabindranath avait quatre ans. Dans le numéro spécial de la revue Prahuddha Bharata, de février 1936, à l'occasion du centenaire de la naissance de Ramakrishna, Rabindranath Tagore publia un court texte d'hommage à celui-ci (donné en fac-similé sur la page de titre) et Romain Rolland un article intitulé : Jiva is Shiva, dont le texte français, d'abord publié en 1937 dans la revue Action et pensée, figure à la fin du journal Inde, 1960.

395. NOTES DE ROMAIN ROLLAND pour ses livres sur Ramakrishna et Vivekananda, 4 p. – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.


Alors que le manuscrit des vies de Ramakrishna et de Vivekananda est conservé à la Bibliothèque universitaire de Bâle, les dossiers préparatoires de travail pour ces livres sont gardés à Paris. Les notes qu'on peut lire ici sur l'action politique de Tagore au Bengale à partir de 1905 ont été complètement intégrées à la page 185 du chapitre sur « le Réveil de l'Inde après Vivekananda : Rabindranath Tagore et Aurobindo Ghose », au volume II de La Vie de Vivekananda et l'Evangile universel. Aux pages 1 et 4 de cette feuille se trouvent des renseignements sur le père du poète et sur Aurobindo.

396. SALUTATION TO SRI AUROBINDO. Rabindranath Tagore. Pondicherry, Sri Aurobindo Ashram, 1949. In-8°, 9 p.B.N., Impr., 8° Ya. Pièce. 697.

Ce fougueux poème patriotique fut écrit par Tagore en 1907, alors qu'Aurobindo Ghose venait d'être arrêté, puis libéré sous caution. Aurobindo, qui avait fait comme Tagore des études en Angleterre, mais beaucoup plus longues, joua un rôle important dans le mouvement nationaliste du Bengale, qu'il abandonna en 1910, après l'expérience mystique qu'il eut pendant un emprisonnement d'un an (1908-9). Il se consacra désormais exclusivement à la vie spirituelle, retiré en territoire français à Pondichéry, où un âçram devait peu à peu se former autour de lui. Plus encore que Tagore, les nationalistes le considérèrent alors comme « perduu » pour l'émancipation de l'Inde.

397. TAGORE DÉBARQUANT à Pondichéry en mai 1928. Photographie.

Voyageant à bord d'un bateau français s'arrêtant à Pondichéry, Tagore tint à rendre visite à Aurobindo. On le voit ici débarquant dans un tonneau.

398. SRI AUROBINDO. TRIBUTES. [By Rabindranath Tagore, Acharya, J.B. Kripalani, Romain Rolland, S. Radhakrishnan, The Times Literary. Supplement.] Pondicherry, Sri Aurobindo Ashram Press (1960). In-16, 24 p.B.N., Impr., 16° O2 k. 2325.

Ce recueil d'hommages s'achève par une lette proposant Aurobindo pour le prix Nobel de littérature en 1950, avec la signature d'un grand nombre d'Hindous. Aurobindo devait mourir le 5 décembre 1950. Le bref texte de Tagore sur Aurobindo est extrait de l'article qu'il rédigea sur le Chantilly, aussitôt après la visite qu'il lui avait faite en mars 1928 et qui parut dans The Modern Review, de Calcutta, de juillet 1928. Il y évoque l'impression de lumière intérieure et de sérénité que lui laissa Aurobindo.


VII. TAGORE ARTISAN DE LA LIBÉRATION

DE L'INDE – TAGORE ET GANDHI

Ennemi convaincu de tout nationalisme étroit, lequel tend à subordonner les valeurs morales et intellectuelles, qui sont de l' homme universel, aux intérêts immédiats d'une seule nation, Rabindranath Tagore fut en même temps, et pour cela même, un des grands artisans de l'indépendance de la nation indienne, militant au sein du mouvement national Svadeçi jusqu''au jour où, les partisans de la violence l'emportant, il refusa de participer activement à la vie politique. Encore ne cessa-t-il jamais de rappeler hautement à ses adversaires comme à ses amis qu'il y a des valeurs universelles intangibles dont aucun patriotisme n'autorise l'oubli.

Jusque vers 1900 le symbole de l'Inde renaissante était le National Indian Congress (fondé en 1885) qui réunissait l'élite intellectuelle indienne et dont l' ambition était d'obtenir pour l'Inde un statut de Dominion. A partir de 1900, la fraction radicale du iCongrès lendit à l'emporter sur les modérés ; les événements se chargèrent de fortifier la position des révolutionnaires. En 1905 Lord Curzon, alors Vice-Roi, décida de couper en deux le Bengale, dont une partie fut rattachée administrativement à l'Assam. Ce fut la révolte, pacifique au début, de tout le Bengale. « Ce fut alors, écrit Romain Rolland dans sa Vie de Vivekananda (II, p. 185), la grande heure historique – trop oubliée – de Rabindranath Tagore. Elle marqua le faîte de son action politique et de sa popularité. Condamnant la timidité du iCongrès qui « mendiait » une Constitution aux maîtres anglais, il proclamait hardiment le Swarâj (Home Rule), feignait d'ignorer le gouvernement britannique, et s'efforçait de susciter celui de la nation Indienne. » Tagore multiplia les discours, composa des chants et des poèmes patriotiques, s'efforça de développer les industries indigènes et l'éducation nationale. Mais las des violences qui se multipliaient, il se relira à Çântinikelan, au grand dépit des nationalistes. Au iCongrès national indien, la tendance radicale devait l'emporterr : Tilak (1855-1920) élu président du Congrès en 1907, et Gandhi, rentré d'Afrique du Sud au début du premier conflit mondial, allaient mener la lutte.

Entre Tagore et Gandhi, entre le « fils du Bengale idyllique, ce berceau de poètes et de mystiques » et celui du « Guzerate, la province des marchands, des armateurs, des grandes entreprises » pour reprendre les termes de Sylvain Lévi (préface à S.C. Mitter, La Pensée de Rabindranath Tagore, Paris 1930), il n'y eut guère de points communs, sinon un amour passionné de l'Inde, pour la liberté de laquelle, tant politiquee que spirituelle, ils oeuvrèrent, chacun à sa manière. En fait, leurs successives rencontres, la première en mars 1915, la dernière en février 1940, se terminèrent parfois par de sévères discussions s ; Tagore, rebelle à


tout enrôlement, se refusa toujours à adhérer à la politique de non-coopération systématiquee prônée par Gandhi. « Quelle ironie du destin », écrit le 5 mars 1921 Tagore, dur le point de quitter l'Angleterre, « que je v ienne de prêcher, de ce côté des mers, la coopération des cultures entre l'Orient et l'Occident juste à l'heure la Non-coopération de prêche de l'autre côté ». L'année 1921 consacra le désaccord entre Tagore et Gandhi : Tagore rentré d'Europe en juillet n'apprécia guère la vague de nationalisme aveugle qui déferlait sur l' Inde. Une conférence faite à Calcutta sur la rencontre des cultures lui valut une v iolente réplique du romancier Sarat Chandra sur le conflit ded cultures. L'entretien qu'il eut en septembre 1921 avec Gandhi à Jorasanko est resté confidentiel. Le manifeste publié le 1er octobre dans la Modern Review sous le titre : The Call of truth, rendit public leur désaccord (cf. n° 407)) : Tagore, au nom d'un universalisme qui dépasse les contingences du moment, y condamne, tout en rendant hommage à la personne du Mahâtmâ, la non-coopération et plus encore la non-réflexion qu'impose à chaque individu les mouvements de masse ; quant à la non-violence qui devait accompagner la non-coopération, le poète, plus réaliste en cela que le politique, eut beau jeu d'en montrer à Gandhi L'impossibilité pratique. La réponse de Gandhi ne tarda point : dans un article paru le 13 octobre dans Young India sous le titre The Great sentinel, il remerciait Tagore de veiller à la pureté de l'idéal dont chaque indien devait imprégner son action, mais déclarait aussi plus brutalement que dans une maison en feu tout un chacun, le poète comme les autres, devait prendre un seau pour éteindre L'incendie et que, pour boycotter l'industrie britannique et donner du travail aux malheureux, chacun devait prendre son rouet et filer, y compris le poète à titre d'exemple : « Il faut t filer. Que chacun file ! Que Tagore file, comme les autres Et qu'il brûle ses vêtements étrangers ! » Tagore, refusa de poursuivre la polémique.

Mais s'il ne voulut jamais aliéner sa liberté, chaque fois qu'il s'agit de proclamer son amour de l'Inde ou de réprouver un acte inique Tagore n'hésita pas à s'engager personnellement et publiquement : en 1917, il ouvrit le iCongrès national en y récitant, en anglais, son admirable India's prayer ; en 1919 après le massacre de Jallianwalla Bagh à Amritsar (Penjab), il renonça à son titre de Chevalier dans une lettre ouverte au Vice-Roi ; enfin en 1932 lorsque Gandhi jeûnait à mort dans la prison de Yeravda à Poona, Tagore se rendit auprès de lui pour le réconforter et multiplia les messages et les adresses. Ceux-ci ont été groupés dans le recueil Mahatmaji and the depressed humanity (Calcutta, Visva-Bharati, 1932). Plus tard quand Tagore âgé et malade de débattait dans des difficultés financières et était contraint d'organiser des tournéed théâtrales pour subvenir aux besoins de l' Université Viçva-Bhâratî, Gandhi recueillit à deux reprises des fonds (Delhi, 1936 et Calcutta, 1938), et les lui envoya. Sa dernière rencontre avec le poète eut lieu en février 1940 à Çântiniketan.


TAGORE PATRIOTE.

399. TAGORE à l'époque du mouvement Svadeçi, 1906. Photographie.

De tous les discours composés, ou plutôt improvisés, par Tagore à cette époque, il ne reste pratiquement rien, sinon le discours Svadeçi samâj prononcé le 22 juillet 1904 à Calcutta. On trouvera le texte anglais de ce discours et sa bibliographie dans Towards universal man (Essai II : Society and state). Cf. 207. Voir aussi Greater India (Madras, S. Ganesan, 1921. In-12, 101 p., planche) où ce discours constitue l'essai I. Our Swadeshi samaj. Les trois essais suivants de ce recueil sont : II. The Way to gel it done ; III. The One nationalistt party ; IV. East and West in Greater India.

400. JANA GANA MANA. Hymne national indien. Musique notée par H. Murrill, texte bengali et traduction française. Dans, Inde 1956, publié par les Services d'information de l'Ambassade de l'Inde à Paris, p. 23-24. — B.N., Impr., 8° O2 w. 57.

Cet hymne fut composé par Tagore et chanté pour la première fois le deuxième jour du Congrès national indien, le 27 décembre 1911. Il fut publié sous le titre Bhârata Vidhâta dans la revue Tattvabodhini Patrika de janvier 1912.

401. THE MORNING SONG OF INDIA. Manuscrit autographe de Tagore. Photographie. – Institut Français d'Indologie, Pondichéry.

Tagore traduisit lui-même l'hymne Jana gana mana. le 28 février 1919 sous le titre The Morning song of India. En 1936, un fac-similé de cette traduction a paru à Madras dans la revue Madanapalle College Magazine.

402. TAGORE lisant l' Indiaa's prayer devant le Congrès national indien. Aquarelle de Gaganendranath Tagore, 1917. Reproduction en couleurs dans Twelve portraits of Rabindranath Tagore (Calcutta, Academy of Fine Arts, 1954), pl. 7. – A M.L.K. Elmhirst.

On expose en face de l'aquarelle de Gaganendranath le texte dactylographié de l'India's prayer. Tagore écrivit directement en anglais ce poème et en donna lecture en décembre 1917 devant le Congrès national.

403. LETTRE DE RENONCIATION au titre de Chevalier. Photographie du manuscrit autographe. 29 mai 1919. –— Institut Français d'Indologie, Pondichéry.

La nouvelle de l'arrestation de Gandhi au début du mois d'avril 1919 souleva au Penjab des émeutes populaires ; à Amritsar, il y eut des pillages et quelques meurtres. L'arrivée du général Dyer et de ses troupes dans la nuit du 11 avril ramena le calme. Dans la nuit du 12 avril, le général décidait d'interdire tout rassemblement. Nul en ville ne connaissant cet ordre, le 13 avril une foule importante, comptant de nombreuses femmes et des enfants, se rassembla au lieu dit Jallianwalla Bagh, lequel était enclos de hauts murs. Le général Dyer fit tirer à la mitrailleuse durant dix minutes sur la foule sans défense, tuant plus de cinq cents


personnes. Dès qu'il eut connaissance de ce massacre, que la censure tenta d'étouffer, Tagore renonça à son titre de Chevalier dans une lettre ouverte au Vice-Roi.

TAGORE ET GANDHI.

404. TAGORE ET GANDHI à Çântiniketan en mai 1925. Photographie.

A gauche, vu de dos, C.F. Andrews.

405. TAGORE ET GANDHI à Çântiniketan en mai 1925. Photographie. A M.L.K. Elmhirst.

406. TAGORE ET GANDHI à Çântiniketan en février 1940. Photographie.

A la gauche de Gandhi, sa femme. Au fond, étudiantes de l'Université.

407. C. F. ANDREWS, GANDHI ET TAGORE. Croquis en coul. par Abanindranath Tagore. Reprod. en coul. dans : Abanindranath Tagore, Thirty plates (Calcutta, Visva-Bharati, déc. 1951.), pl. 17. – A M.L.K. Elmhirst.

L'entretien entre Tagore et Gandhi fut confidentiel, avec pour seul témoin Andrews, mais Abanindranath les observa par le trou de la serrure et prit ce croquis sur le vif. Cf. 23.

Le texte anglais du message que publia Tagore après cette entrevue sous le titre : The Call of truth (The Modernn Review, 1er octobre 1921) a été republié dans Towards universal man, essai XII (cf n° 207). L'original bengali de ce texte était une conférence prononcée à Calcutta le 29 août sous le titre Satyer âhvân, avant la rencontre avec Gandhi. La publication du texte bengali dans la revue Pravasi (oct. 1921) et surtout sa traduction anglaise consacrèrent le désaccord entre Tagore et Gandhi.

408. TÉLÉGRAMMES échangés entre Tagore et Gandhi pendant le jeûne de 1932. Traduction française. Dans : Europe, n° 118, 15 octobre 1932, p. 448-451. — B.N., Impr.,Z. 22011.

409. ROMAIN ROLLAND. Mahatma Gandhi. Edition nouvelle augmentée d'une postface. – Paris, Librairie Stock, 1924. In-8°, 204-VI p. — B.N., Impr., 8° O2 s. 333.

L'ouvrage paru pour la première fois en livraisons dans la revue Europe, n° 2, 15 mars 19203 ; 3, 15 avril 1923 ; 4, 15 mai 1923. Le ch. III relate plus particulièrement la controverse entre Tagore et Gandhi en 1921.

410. MESSAGE on the occasion of the birthday of Mahatma Gandhi. Texte dactylographié avec additions autographes de Tagore, daté de Çântiniketan, le 2 oct. 1931. Photographie. – Institut Français d'Indologie, Pondichéry.


VIII. L'OEUVRE PICTURALE

1. LE PEINTRE

Les peintures de Tagore, qui débutent comme l'entrée de l'esprit dans le sommeil par de rêveuses et vagues volutes, se précisent au cours de leur remarquable exécution, et l'on est stupéfait devant cette savante embryogénie qui se révèle par la minutie autant que par l'ampleur. ANNA DE NOAILLES.

Préface du catalogue de l'exposition de dessins et aquarelles de Tagore, Paris, Galerie Pigalle, 1930.

Tout au long de sa longue vie, Tagore s'intéressa aux arts plastiques et fréquenta les artistes. Enfant, il avait vu les peintres, les Japonais en particulier, hanter la maison paternelle. Plus tard, il se lia d'amitié avec William Rothenstein, et au Japon, avec Yokoyama Taikwan. Au cours de ses nombreux voyages, il ne manqua jamais de visiter les museés : ceux d'Angleterre lui révélèrent Turner et la peinture européenne, ceux du Japon, toute la peinture chinoise et japonaise. L'anecdote de sa visite à la collection T. Hara à Yokohama en 1916 donne la mesure de son zèle : parti pour un week-end, il y resta trois mois. On pense qu'il étudia la peinture européenne moderne, surréaliste et non figurative, tant à Calcutta se tint en 1922 une exposition Paul Klee- W. Kandinsky, qu'en Europe en 1926. Enfin il ne cessa d'encourager la renaissance artistique de l'Inde, soutenant son neveu, le peintre Abanindranath, chef de file de celte « Ecole de Calcutta » qui, avec l'appui de l'India Society of Oriental Art fondée en 1905, allait attacher son nom au renouveau de la peinture indienne. Il créa en 1918 le Kâlabhavana, école d'arts plastiques adjointe l'université de Çântiniketan, et institua enfin en 1920 un concours auquel il prenait part à la fois comme candidat et comme membre du jury. Il avait lui-même jusque-là empli de croquis quelques cahiers, fait un certain nombre d'étuded d'après nature et copié des miniatures mogoles et rajpoutes. Mais tout ceci n'était encore qu'exercices d' homme bien doué, et non moyen d'expression véritable.

C'est vers 1928 que Tagore éprouva « comme une maniee » la nécessité de peindre, réalisant que le rythme et les vibrations constitutifs de l'univers, qu'il avait jusque-là exprimés par la poésie et par la musique, pouvaient être également rendus par la peinture, seule capable, avec la danse, de traduire ce langage de gestes dans lequel l'univers semble s'exprimer. C'était au fond refaire, maid avec plus d'ampleur, la démarche des premiers miniaturistes indiens qui, cherchant à rendre sous une forme picturale les râgas, qui sont les modes musicaux de


l'Inde, inventèrent les râginîs, ces miniatures savamment agencées qu'on a pu définir comme de la musique visualisée. Une étude chronologique de l'art de Tagore devrait s'attacher à montrer comment des premières ratures de manuscrits enjolivées et des sinueux entrelacs naissant au fil de sa plume comme l'écriture automatique des surréalistes, Tagore a su passer à l'art pleinement conscient de l'adulte ; il faudrait pas à pas analyser cette « savante embryogénie » pour reprendre l'excellente définition de la Comtesse de Noailles. Une présentation d'ensemble comme celle de celte exposition permettra au moins d'apprécier la diversité et l'originalité d'une oeuvre qui ne se rattache à nulle autre et dans laquelle Tagore a mis, inconsciemment, moins de soin à peindre qu'à se peindre. Car il nous livre dans ses peintures tout ce qu'il a refusé d'écrire, la beauté mais surtout la laideur, l'infinie tristesse des femmes dans ces portraits dignes de Rouault et de Modigliani, l'enflure des passions ou la maigreur d'âme dans ces caricatures d' hommes aux visages tantôt boursouflés et tantôt décharnés. « Pourquoi », s'interroge Anna de Noailles, « Tagore, ce grand mystique, ivre d'amour, libère-t-il tout à coup, à son insu, ce qui en lui de moque, persifle et peut-être méprise ? » Et elle poursuit un peu plus loin : « Comment ne pas redouter ces puissants profils gourmands et sensuels que Cervantès nous enseigna ? Comment n'avoir pas le coeur inquiet devant ces masques sataniques, maigres, cramoisis et pâles, vus de biais, aiguisés comme le couteau, et qui semblent incarner la ruse et la joyeuse traîtrise ? » Tout ceci est noté dans une gamme de couleurs assez restreinte et généralement terne, oscillant entre les bruns, les ocres et les gris, couleurs de la terre du Bengale, et le bleu ou le violet, avec une sorte de daltonisme pictural qui refuse le vermillon, comme le suggère R. Rolland (Inde, journal, 3 juillet 1926) : « Tagore parle des couleurs. Il est très peu sensible au rouge. (Enn Italie, qui flamboyait de nappes de pavots dans la campagne, il a été très peu frappé.) Il se délecte surtout de la gamme du violet au bleu. Quant au vert ses nuances sont pour lui des couleurs distinctes ; il ne conçoit pas qu'on puisse les désigner sous le même nom. » Bienheureuse peinture qui nous livre l'homme avec ses faiblesses physiques et pschychiques et le rend plus humain, plus complexe aussi. Peut-être est-ce précisément pour cela que sa peinture est ce qu'il y a de plus facile à contempler et de plus difficile à comprendre, pour reprendre les termes de M. Jean Filliozat.

RATURES ENJOLIVÉES.

411. LE MATÉRIEL du peintre : stylographes, encres, pinceaux. Photographie. – Cliché Gaétan Fouquet.

412. PURAVI (Les Chants du soir), poèmes. Feuillet manuscrit du poème Samudra (L'Océan) avec ratures reliées entre elles et recouvertes à l'encre noire, 1924. Photographie. – Institut Français d'Indologie, Pondichéry.


413. PURAVI, poèmes. Autre feuillet du manuscrit précédent. Texte recouvert de zones hachurées ou entièrement noircies à l'encre évoquant le buste d'un personnage fantastique. Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

414. MANUSCRIT non identifié. Traits et zones entièrement noircies évoquant un être monstrueux mi-homme, mi-oiseau. Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

415. MANUSCRIT TARDIF non identifié. Texte entièrement recouvert d'un réseau de ratures à la plume dessinant un profil monstrueux, 1937 ? Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

416. MANUSCRIT TARDIF non identifié. Texte orné de ratures en forme de volutes évoquant un oiseau fabuleux, 1937 ? Photographie. – A Mme Krishna Riboud.

417. THE RULE OF THE GIANT. The Big. Texte anglais dactylographié avec corrections et ratures enjolivées de la main de Tagore, 1935. – A Mlle Christine Bossennec.

SIX PEINTURES ORIGINALES DE TAGORE.

418. VISAGE DE FEMME (42 X27 cm.).A M.L.K. Elmhirst.

419. THÉORIE DE PERSONNAGES FANTOMATIQUES (26 x 50 cm.). – A M.L.K. Elmhirst.

420. PORTRAIT D'HOMME (34 X 24 cm.). – A M.L.K. Elmhirst.

421. PORTRAIT D'HOMME (40,5 X 27,5 cm.). – A M.L.K. Elmhirst.

422. PAYSAGE (24 XX 34 cm.). – A Mlle Christine Bossennec.

423. PROFILS D'HOMME ET DE FEMME (32 X 20 cm. ; avec cadre : 54 X 41 cm.). – A Mme Krishna Riboud.


REPRODUCTIONS EN COULEURS DES PEINTURES DE TAGORE.

Les quarante-huit reproductionss exposées dont prêtées par les Services culturels de l'Ambassade de l'Inde. La plupart dont reproduites dans les albums Chitralipi, Chitralipi 2, Drawings and Paintings of Rabindranath Tagore et Mârg XIV, 2 (March 1961). Cf. la description de ces albums, nos 472-475, abrégés ici en Ch., Ch. 2, D.P. et Mârg.

424. PROFIL DE FEMME.

Reprod. noir, D.P., p. [8].

425. VISAGE DE FEMME.

Tagore accompagna cette peinture du poème suivant : The pain has ceased though its pathos lingers like a still evening at the close of a rain-loud day. (La douleur s'est apaisée Mais sa note émouvante se prolonge Comme un soir calme Au terme d'un jour bruissant de pluie.)

Reprod., noir, dans Rythmes du monde, 3, 1946, face p. 322 ; D.P., p. [4] ; Mârg, fig. 32.

426. VISAGE DE FEMME.

Reprod. en noir, D.P., p. [8].

427. PROFILS GÉOMÉTRIQUES d'une femme et d'un homme face à face.

Reprod. en noir, D.P., p. [10].

428. ANIMAL FANTASTIQUE.

Tagore accompagna cette peinture du poème suivant : Life chained to an imperfect mind 1 sends its agonised cry. (La vie enchaînée à un esprit imparfait Pousse son cri d'angoisse.)

Reprod. noir, dans Two Cities, n° 5, automne 1960, p. 56 (avec la légende : Paysage), dans D.P., p. [8], et dans Mârg, fig. 199 ; coul., dans Ch., pl. 9.

429. VISAGE DE FEMME.

Reprod. noir, dans D.P., p. [8], et, en coul. sur la couv. de Mârg.

430. PAYSAGE.

Reprod., noir, dans D.P., p. [6], et, en coul. dans Ch. 2, pl. 15.

431. AUTO-PORTRAIT.

Reprod., noir, D.P., p. [8].

432. FLEURS.

Reprod., noir, D.P., p. [9].


433. VISAGE DE FEMME.

Tagore accompagna cette peinture du poème suivant : « The phantoms of faces, come unbidden into my vacant hours. »(Des fantômes de visages Font intrusion dans mes heures de loisir.)

Reprod., noir, D.P., p. [8], coul., Ch., pl. 2.

434. ARABESQUES.

Reprod., noir, D.P., p. [5], Ch. 2, pl. 2.

435. ARABESQUES.

Reprod., noir, D.P., p. [6], coul., Ch. 2, pl. 3.

436. OISEAU GÉOMÉTRIQUE.

437. FEMME.

438. FLEURS.

Tagore accompagna cette peinture du poème suivant The blocks of stupid stones gagged Earth's voice till the first flower came and her meaning was freed.. »(Les blocs des pierres stupides Etouffèrent la voix de la Terre Mais quand parut la première fleur Alors se manifesta son sens.)

Reprod., noir, D.P., p. [10]] ; coul., Ch., pl. 18 et The Modern Review (Calcutta), janvier 1932, face p. 44.

439. POISSONS.

Reprod., coul., Mârg, fig. 36 et dos de la couv.

440. PROFIL D'HOMME.

Reprod., noir, D.P., p. [4].

441. SILHOUETTE D'HOMME EN MARCHE le poing sur la hanche.

Reprod., noir, D.P., p. [4].

442. PAYSAGE.

Reprod., coul., Mârg, dos de la couv.

443. FEMME A L'ENFANT.

444. SILHOUETTE D'HOMME EN MARCHE.

Reprod., noir, D.P., p. [10].

445. DESSIN FANTASTIQUE.

Reprod., coul., Mârg, dos de la couv.


446. FEMME AUX BRAS LEVÉS.

447. PAYSAGE.

Reprod., coul., Mârg., fig. 35.

448. TROIS CROQUIS DE TÊTES.

Reprod., noir, D.P., p. [9].

449. VISAGE DE FEMME. Cf. planche VI.

450. VISAGE DE FEMME.

Reprod., coul., Mârg, dos de la couv.

451. VISAGE SARDONIQUE.

Reprod., noir, D.P., p. [4]] ; coul., Ch. 2, pl. 9.

452. TROIS SILHOUETTES DE FEMMES.

Tagore accompagne cette figure du poème suivant : « The black and white threads weave the destiny of man into a mystery of entanglements. »(Les fils blancs et noirs Tissent la destinée de l'homme 1 En un mystère d'enchevêtrements.)

Reprod., noir, D.P., p. [7] ; Ch., pl. 8.

453. FEMME PORTANT UN FARDEAU sur la tête.

454. PAYSAGE vu d'une fenêtre.

Reprod., noir, D.P., p. [6].

455. PEINTURE ABSTRAITE.

Reprod., noir, D.P., p. [5].

456. CARICATURE.

Reprod., coul., Mârg, fig. 31 et dos de la couv.

457. OISEAU.

Tagore accompagne cette peinture du poème suivant : « The bird of the fairy land nestting in my childhood's dream is captured in my lines.. »(L'oiseau du pays des fées Qui habitait les rêves de mon d'enfance Est captif dans mes lignes.) Reprod., noir, D.P., p. [6] ; Ch., pl. 6.

458. SILHOUETTE FANTASTIQUE.

Reprod., noir, D.P., p. [7].


459. FEMME.

Reprod., noir, D.P., p. [10.]

460. PORTRAIT D'HOMME.

Reprod., coul., Mârrg, fig. 34.

461. ANIMAL FANTASTIQUE.

Reprod., noir, D.P., p. [4].

462. PERSONNAGE ACCROUPI. Cf. planche VIII.

Reprod., noir, D.P., p. [4].

463. PERSONNAGE DE PROFIL.

Reprod., noir, D.P., p. [6].

464. PERSONNAGE ASSIS.

Reprod.. noir, D.P., p. [9].

465. ARABESQUES FORMANT UN PERSONNAGE.

Reprod., noir, D.P., p. [10].

466. SILHOUETTE DE FEMME.

Reprod., noir, D.P., p. [10].

467. ELÉPHANT FANTASTIQUE.

Reprod., noir, D.P., p. [7].

468. PROFILS D'HOMMES FACE A FACE.

Reprod., noir, D.P., p. [10].

469. VISAGE D'HOMME.

Reprod., noir, D.P., p. [5].

470. VISAGE DE FEMME.

Reprod., noir, D.P., p. [4].

471. VISAGE DE FEMME.

Reprod., noir, D.P., p. [3].


ALBUMS.

472. CHITRALIPI, by Rabindranath Tagore. Calcutta, Visva-Bharati, 1940. In-4°, 6 p., 18 pl. en noir et en coul., 18 fac-sim. de poèmes en bengali et en anglais. – A Mme Krishna Riboud.

L'ouvrage se compose d'une préface de Tagore (cf. nos 476 et 486), de 18 reproductions de dessins et de peintures et de 18 fac-similés de poèmes bengalis suivis de leur traduction anglaise, chacun de ces poèmes correspondant à un dessin ou à une peinture.

On expose ici la pl. 12, oiseau. Tagore accompagna cette peinture du poème suivant : « The dark takes form in the heart of the white and reveals it. »(Le noir prend forme Au coeur du blanc Et du même coup le révèle.)

473. RABINDRANATH TAGORE. CHITRALIPI 2. Calcutta, Visva-Bharati, 1951. ln-4°, 6 p., 15 pl. en noir et en couleurs. – A Mlle Rita Régnier.

Les reproductions sont précédées d'une préface de Tagore, intitulée : My Pictures, datée du 2 juillet 1930. Cf. 476.

474. DRAWINGS AND PAINTINGS of Rabindranath Tagore (Centenary 1861-1961). Introduction by Prithwish Neogy. New-Delhi, Lalit Kala Akademi, 1961. In-fol., 10 p. (avec 40 petites reprod. en noir), 40 grandes reprod. en coul. – Ambassade de l'Inde.

L'ouvrage est ouvert à la pl. 19 : Visage de femme.

475. MARG (PATHWAY). A Magazine of the Arts. Volume XIV, Number 2. March 1961. Paintings of Rabindranath Tagore.

Ce numéro est consacré à la peinture de Tagore. Trente-neuf reproductions en noir et en couleurs.

Ouvert à la p. 25. La figure 11 a été ainsi décrite par Anna de Noailles : « Qu'elle est plaisante, hallucinante, dans sa posture de coquette qui désespère le désir, l'antilope en suspens et que l'on croit volante »(Préface du catalogue de l'exposition de la Galerie Pigalle). La fig. 12 est exposée en grande reproduction sous le 452.

OUVRAGES DE CRITIQUE.

Tagore a consacré plusieurs articles à sa peinture, expliquant comment le goût de peindre lui était venu et quelles étaient ses conceptions de l'art pictural. De nombreuses études, ouvrages ou articles isolés, ont également été consacrées à Tagore peintre.

476. MY PICTURES, by Rabindranath Tagore. Publié dans The Modern Review (Calcutta), décembre 1930, p. 603-605. — Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.


Cet article, écrit à Londres le 2 juillet 1930, a été réimprimé comme préface de Chitralipi 2 (Visva-Bharati, 1951). Cf. 473.

Voir aussi de Tagore un article : The Language of Pictures, publié en 1930 dans le catalogue de l'Exhibition of paintings by Rabindranath Tagore, New York, nov. 1930 et réimprimé comme préface de Chitralipi (Visva-Bharati, 1940). Cf. n° 472 et 486.

477. THE PAINTINGS OF RABINDRANATH, by Nandalal Bose. Publié dans The Visva-Bharati Quarterly, vol. I. Part IV. févr.-avril 1936, p. 29-33. – A M. Gaétan Fouquet.

478. GURUDEVA'S PAINTINGS, by Pratima Tagore. Visva-Bharati, s. d. In-8°, 11 p., planche en coul. — A Mlle Suzanne Karpelès.

Traduction d'un article paru dans le Visvbharati Patrika, vol. I, 2. La planche en couleurs est la même que celle figurant sur la couverture de Chitralipi 2.

Parmi les études en français voir : Jeannine Auboyer : Rabindranath Tagore, le Peintre, dans Rythmes du monde, n° 3, 1946, p. 29-35, et : Le Peintre, dans Two Cities, La Revue bilingue de Paris, n° 5, automne 1960, p. 39-48. Sandy Koffler : Rabindranath Tagore : « Je suis tombé sous L'enchantement des lignes », dans Le Courrier de l' Unesco, août 1957, p. 16-20. (La page 20 est consacrée à la traduction de passages de Tagore sur la peinture.)

2. LES EXPOSITIONS

Les gens m'interrogent souvent sur la signification de mes peintured. Je garde le silence comme le font mes peintures. Leur rôle est d'exprimer et non pas d'expliquer. RABINDRANATH TAGORE, Chitralipi, Introduction.

Tagore, lorsqu'il se mit à peindre, le fit pour obéir à une subite impulsion intérieure qui le poussait à s'exprimer ainsi et sans pender le moins du monde qu'un jour les galeries de peinture tiendraient à honneur d'exposer ses oeuvres. Ce fut sur les instances de quelques peintres français qu'il avait rencontrés dans le Midi de la France et à qui il avait montré ses dessins, qu'il de décida à exposer quelqued-unes de ses oeuvres à Paris (Galerie Pigalle) en mai 1930. En dépit des sombres prophéties de certains critiqued, tel Gustave Kahn, ce fut une révélation, tant pour les européens que pour ses compatriotes. Durant l'année 1930, les expositions de succédèrent sans interruption : en juin, Birmingham (City Museum and Art Gallery) et Londres (India Society) ; en juillet, Berlin (Galerie Ferdinand Moöller)) ; ensuite, Munich ; en août, Charlottenborg et Genève


(Athénée) ; en septembre, Moscou (Gosudarstvennyi Muzei novogo zapadnogo iskusstvaa)) ; en novembre, New York (Fifty-sixth Street Gallerieses) ; ensuite Philadelphie. Aux Indes enfin, la première exposition des peintures de Tagore eut lieu en février 1932 à Calcutta (Government School of Art). Avec étonnement et admiration, le monde entier constata que Tagore était sinon un grand peintre, du moins un peintre inimitable et qu'il s'en fallait de bien peu que la synthèse entre le génie de l'Occident et celui de son payss fût aussi magistralement réalisée par lui dans le domaine dess artplastiques qu'elle l'avait été dand le domaine de la littérature.

L'EXPOSITION DE PARIS (GALERIE PIGALLE) EN MAI 1930.

479. PRÉFACE D'ANNA DE NOAILLES pour le catalogue de l'exposition de la Galerie Pigalle. Manuscrit autographe, 25 avril 1930. — Au Comte Anne-Jules de Noailles.

Le manuscrit n'a pas de titre. Six feuillets.

480. PRÉFACE D'ANNA DE NOAILLES : épreuves avec corrections autographes et bonnes feuilles. – Au Comte Anne-Jules de Noailles.

Le mot Préface a été biffé par l'auteur et remplacé par le titre : Les Rêves visibles de Rabindranath Tagore.

481. EXPOSITION de dessins et aquarelles de Rabindranath Tagore (1928-1929-1930). Organisée par les services d'art du théâtre Pigalle sous le patronage de l'Association Française des Amis de l'Orient. Préface de la Comtesse de Noailles. Paris, Galerie Pigalle, mai 1930. Paris, 1930. In-4°, 12 p., 2 pl.B.N., Est., 4° Yd 2 1 (mai 1930).

Cent vingt-six pièces étaient exposées. L'essentiel du catalogue est occupé par la Préface d'Anna de Noailles intitulée : Les Rêves visibles de Rabindranath-Tagore. Le lendemain du vernissage de l'exposition, le même texte était publié dans Les Nouvelles littéraires (5 mai 1930). Enfin dans The Modern Review (Calcutta), nov. 1930, p. 545-547, R.M. Milward sous le titre général de Rabindranath Tagore's paintings donnait un bref compte rendu de l'exposition de la Galerie Pigalle (I. Rabindranath Tagore in Paris) et une traduction anglaise de la préface de la Comtesse de Noailles (II. Rabindranath Tagore's dreams made visible).

482. CARTE D'INVITATION pour le vernissage de l'exposition des dessins et aquarelles de Rabindranath Tagore à la Galerie Pigalle, 2 mai 1930. — Bibliothèque de l'Arsenal.

483. VERNISSAGE de l'exposition de la Galerie Pigalle. Photographie.

De gauche à droite : la Comtesse Anna de Noailles, Paul Léon, Directeur des Beaux-Arts, Rabindranath Tagore, Victoria Ocampo et Francis de Croisset.


484. LA MAIN DU POÈTE. Chronique d'Henry Bidou parue dans Le Tempd, 7 mai 1930. Photocopie.

Excellente étude sur la genèse de la peinture de Tagore à l'occasion de l'exposition de la Galerie Pigalle. Cet article, traduit en anglais, a été imprimé au début du catalogue de l'exposition des peintures de Tagore de Birmingham (juin 1930).

A cet article élogieux, on opposera l'article ironique de Charles Géniaux paru sous le titre : l'Inde à Paris, dans le Petit Marseilalldu 23 mai 1930.

AUTRES EXPOSITIONS.

485. GALERIE FERDINAND MOLLER. Ausstellung der Aquarelle und Zeichnungen von Rabindranath Tagore. Mit einem Vorwort des Dichters. Berlin. Juli 1930. – A M. Gaétan Fouquet.

Catalogue de l'exposition.

486. EXHIBITION OF PAINTINGS by Rabindranath Tagore. The Fifty-Sixth Street Galleries, New York, November 1930. In-4°, [XI] p. – B.N., Impr.,V. Pièce. 8403.

Catalogue de l'exposition. Contient un portrait de Rabindranath Tagore, une préface par Ananda K. Coomaraswamy, quatre reproductions en noir et l'article de Tagore intitulé The Language of Pictures (lequel sert aussi de préface à Chitra-Lipi. Cf. nos 472 et 476).

487. ILLUSTRATED CATALOGUE. Exhibition of drawings, paintings, engravings, pottery and leatherwork by Sir Rabindranath Tagore. Government School of Art, Calcutta. Calcutta, 1932. In-4°, 34 p., 20 pl., 1 pl. en coul. sur la couverture. – Bibliothèque du Musée Guimet.

265 pièces de Tagore étaient exposées, plus 7 de Rathindranath et 10 de Pratima Devi.



IX. HOMMAGES A TAGORE

Les honneurs n'ont pas manqué à Tagore de son vivant, depuis le prix Nobel en 1913, jusqu'au titre de Docteur honoris causa, qui lui fut décerné en 1913 par Calcutta et en 1940 par Oxford. Alors que son doixantième anniversaire, en 1921, était encore trop proche de la fin de la guerre pour que les intellectuels d'Europe aient pu lui rendre un hommage commun, le « livre d'orr » de ses soixante-dix ans lui apporta au contraire en 1931 un témoignage vraiment international d'admiration et d'amitié. Dix ans plus tard le retentissement de da mort de trouvait atténué par la seconde guerre mondiale. C'est aujourd'hui seulement, en 1961, pour célébrer le centenaire de sa naissance qu'un hommage d'une surprenante ampleur lui est rendu à la fois dans sa patrie et dans le monde, des Comités se sont formés pour organiser et coordonner des manifestations de touted sortes : conférences ou courd, émissions à la radio, projections de films, séances musicales et dramatiques, enfin expositions.

Mais il ne s'agit pas seulement de commémorations temporaires. De nombreuses publications nouvelles ou rééditions ont été faites ou préparées, qui rendront son oeuvre plus accessible : articles ou numéros entiers de revues, études, anthologies, éditions isolées ou d'ensemble — celles-ci au Japon ou en U.R.S.S. (où l'on prévoit 14 volumes), etc. L'Unesco, qui avait commencé à commémorer ce centenaire dès novembre 1960 et qui a patronné plusieurs de ces manifestations et publications, se propose de dresser ultérieurement le bilan mondial de la présente année.

DE SON VIVANT.

488. TAGORE A LA SORBONNE, le 3o avril 1930. Photographie dans un cadre de bois sculpté. – Institut de Civilisation Indienne, Université de Paris.

Une réception fut donnée à l'Institut de Civilisation Indienne, le 3o avril 1930 en l'honneur de Tagore, que l'on voit ici entre le recteur S. Charléty et Sylvain Lévi.

489. THE GOLDEN BOOK OF TAGORE, a homage to Rabindranath Tagore, from India and the world, in celebration of his seventieth birthday, edited by Ramananda Chatterjee. Calcutta, The Golden book Committee, 1931. In-4°, XXII-376 p., fig., pl., portr., fac-sim. – A M. Gaétan Fouquet.


Après les contributions de Romain Rolland, Einstein, Kostis Palamas, viennent celles d'un grand nombre de personnalités de l'Inde et de tous pays, où l'on relève pour la France les noms de Marc Elmer, A. Foucher, Gide, Andrée Karpelès, S. Lévi, Madeleine Rolland, Valéry. Certains de ces hommages sont très courts. A la fin est une chronologie de la vie de Tagore de 1861 à 1931.

490. RABINDRANATH'S BIRTHDAY in Paris. (Dans : The Modern Review, Calcutta, août 1931, p. 230-233.) – Bibliothèque Sainte-Geneviève. Fonds Romain Rolland.

Le soixante-dixième anniversaire de Tagore fut fêté à Paris, en son absence, à l'Institut de Civilisation Indienne, par des orientalistes, des notabilités françaises et des Hindous, dont The Modern Review publie ici une photographie de groupe et une centaine de signatures.

491. VISVA-BHARATI NEWS. Birthday number. mai 1935. In-8°, 12 p. – A M. Gaétan Fouquet

Le soixante-quinzième anniversaire de la naissance de Tagore fut célébré le 8 mai 1935 à Çântiniketan. Voir aussi 226.

LA MORT : 7 AOUT 1941.

492. THE CALCUTTA MUNICIPAL GAZETTE, September, 13, 1941. Tagore memorial spécial supplement, with which is incorporated a reprint of Tagore birthday spécial supplement, issued on Saturday, May 17, 1941. Edited by Amal Home. In-fol., IV-60-XCII-46 p. – Institut de Civilisation Indienne, Université de Paris.

Très riche documentation et iconographie. La revue est ici ouverte pour montrer la procession des funérailles. Tagore fut incinéré au bord du Gange et ses cendres, recueillies dans une urne d'argent, furent emportées le lendemain à Çântiniketan par son fils Rathindranath.

493. LES FUNÉRAILLES DE TAGORE. Peinture par Abanindranath Tagore. Planche 30 de Thirty plates (voir n° 23). – A M.L.K. Elmhirst.

494. RABINDRANATH TAGORE memorial meeting. (Dans : Indian art and lelters, Londres, The India Society, 1941, vol. XV, n° 2, p. 57-72.) – A M.L.K. Elmhirst.

Cette réunion à la mémoire de Tagore fut organisée à Londres le 30 septembre 1941 par l'India Society, qui avait publié la première édition du Gitanjali en 1913 (voir 86). W.H. Drummond publia dans The Hibbert Journal d'octobre 1941, un hommage. On trouvera dans Current biography (New York, 1941) une liste de notices nécrologiques et de nombreux articles antérieurs, publiés en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Pour les principaux articles nécrologiques français, voir 372.


L'ANNÉE DU CENTENAIRE : 1961.

495. RABINDRANATH TAGORE CENTENARY. 1861-1961. In-16, 6 p.

Appel du Pandit Jawaharlal Nehru, du 25 décembre 1957, et lettre de Satyendranath Bose (de Çântiniketan) pour constituer un fonds pour la commémoration du centenaire.

496. TAGORE CENTENARY BULLETIN, published quarterly by The Rabindranath Tagore centenary Committee. New-Delhi. November 1960. In-8°, 27 p.

Ce bulletin, publié pour la première fois en août 1960, signale les manifestations diverses prévues dans l'Inde et dans le monde, en l'honneur de Tagore, pour 1961.

497. RABINDRANATH TAGORE birth centenary commemorative stamp, 7th May 1961. Indian Posts and Telegraphs. In-16, 12 p., fig., couv. ill.

Le timbre (qu'on peut voir par ailleurs ici oblitéré sur une enveloppe) est reproduit et décrit au verso de la couverture. Texte de Humayun Kabir, Minister for scientific research and cultural affairs, New-Delhi.

498. VISVABHARATI NEWS. June 1961. Santiniketan. In-8°, paginé 225-264,

Ce numéro annonce à la fois la mort du fils de Tagore, Rathindranath, le 3 juin, à soixante-treize ans, et les fêtes commémoratives à Çântiniketan, Calcutta, New-Delhi, Bombay et Madras, à partir du 7 mai 1961.

499. SERVICE D'INFORMATION DE L'INDE. Bulletin d'information. Ambassade de l'Inde, Phnom-Penh. 10, 7 mai 1961. Le Poète Rabindranath Tagore. In-fol., paginations diverses, ronéot., fig. – Ambassade de l'Inde en France.

Ce numéro précise ce que sera au Cambodge la commémoration de Tagore et publie sur lui en français des textes du Premier Ministre Nehru, de Muni Lal, S. Goure, S.K. Gupta, M. Niel, qui éclairent les aspects divers du poète. Le Service d'information de l'Ambassade de l'Inde en France publie régulièrement dans son bulletin ronéotypé des nouvelles sur ce centenaire.

500. LILA MAJUMDAR. Our poet. New-Delhi, Sahitya Akademi, 1961. In-8°, 16 p., couv. ill.

Publication d'une des académies et sociétés savantes indiennes qui ont pris part à la commémoration de 1961.

501. NUMÉROS SPÉCIAUX de périodiques indiens.

Citons entre autres les numéros de Quest, Calcutta, mai 1961 (Tagore and his land), The March of India, Delhi, mai 1961 (Tagore centenary number), ou du jour¬


nal Amrita Bazar Patrika, qui rappelle dans une brochure éditée en 1961 ses articles et numéros antérieurs sur Tagore. Voir aussi Mârg (cf. n° 475).

502. COMITÉ NATIONAL pour la célébration du centenaire de la naissance de Rabindranath Tagore, 1861-1961. Affiche.

On voit annoncées ici trois des manifestations organisées par le Comité qui, constitué en janvier 1961, siège à l'Institut de Civilisation Indienne.

1. 11 avril : à l'Association française des Amis de l'Orient : causerie de Mlle Christine Bossennec, sur les dernières années de Tagore, avec chants et poèmes, et un court métrage sur Çântiniketan.

2. 5 maii : à l'Ecole nationale des Langues Orientales vivantes (avec diverses causeries et musique).

3. 9 juinn : à la Sorbonne.

503. HOMMAGE NATIONAL à Rabindranath Tagore, à la Sorbonne, le 9 juin 1961, à 21 heures.

Invitation-programme de la soirée commémorative, présidée par M. Louis Renou et où parlèrent MM. Olivier Lacombe (La Pensée de Tagore), Francis Didelot (L'OEuvre littéraire de Tagore), Humayun Kabir (Rayonnement de Tagore), Alain Daniélou (La Musique de Tagore).

504. HOMMAGE NATIONAL, Sorbonne, 9 juin 1961. Deux photographies.

1. De gauche à droite, MM. O. Lacombe, Humayun Kabir, Louis Renou et, parlant, F. Didelot.

2. Groupe de musiciens et chanteurs indiens.

505. JEAN COCTEAU. Gerbe à Tagore. Andalousie 1961. Autographe.

Manuscrit du texte imprimé sur l'invitation de l'Hommage national du 9 juin 1961 à la Sorbonne.

506. HOMMAGE A TAGORE, à l'Alliance française, Pondichéry, octobre 1961. Deux photographies.

1. Panneau montrant des reproductions de pages, dessins et portraits de Tagore.

2. Quelques éditions de ses ouvrages. – M. Jean Filliozat prononça une conférence sur Tagore à l'Alliance française.

507. QUELQUES ARTICLES parus en France.

Citons ceux de Saint- John Perse (La Nouvelle Revue Française, novembre 1961), Jacques Madaule (La Table ronde, juin 1961), Robert Kanters (Le Figaro littéraire, 10 juin 1961), ou, pour un plus grand public, celui de Monique Galy (Lectures pour tous, juillet 1961), etc. La revue France-Inde (Pierrefitte, Seine), dirigée par un Indien, le Dr. Gopaljee Samboo, a publié un numéro spécial en avril-juin 1961. Bien que déjà paru à l'automne 1960, rappelons aussi le numéro spécial de Two cities, la revue bilingue de Paris.


508. TAGORE CENTENARY CELEBRATIONS, London, 1961. In-4°, 48 p., fig., musique, couv. ill.

Le Comité anglais pour la célébration du centenaire de Tagore, sous le patronnage de Harold Macmillan, organisa un ensemble très important de manifestations qui se déroulèrent à Londres en mai 1961 et dont le programme est publié ici avec de courts articles sur Tagore et quelques textes de lui, dont l'Hymne national de l'Inde.

509. BULLETIN DER INDISCHEN BOTSCHAFT BONN. Sonderausgabe zum hundertsten Geburstag des Dichters Rabindranath Tagore. Juni-Juli 1961. In-8°, 64 p., fig. – Ambassade de l'Inde en France.

510. SANTHA RAMA RAU. India's gentle genius : artist, poet, sage, Rabindranath Tagore inspired the world. (Dans : Life international, 8 mai 1961, p. 73-83, fig.)



TABLE DES MATIÈRES

PRÉFACE, par Julien Cain. v

LISTE DES PRÊTEURS IX

NOTE SUR LA PRONONCIATION DU BENGALI. XI

INTRODUCTION, par Jean Filliozat 1

CHRONOLOGIE DE LA VIE ET DES OEUVRES DE RABINDRANATH TAGORE. 13

LA FAMILLE TAGORE (GÉNÉALOGIE SOMMAIRE) 32

I. LE CADRE FAMILIAL ET SOCIAL

1. ORIGINES FAMILIALES :

Dvarkanath, le grand-père 33

Devendranath, le père. 34

2. LA VIE A JORASANKO :

Les Frères aînés 36

Cousins et neveux. 38

3. SOUVENIRS ET CORRESPONDANCE AVEC SA NIÈCE INDIRA

DEVI. 40

4. BIOGRAPHIES 42

5. LA TRADITION INDIENNE DANS LA FORMATION DE TAGORE. 43

6. RAM MOHUN ROY ET LE BRAHMO-SAMAJ 47

II. LA PENSÉE ET LA RELIGION DU POÈTE. 49

III. L'OEUVRE LITTÉRAIRE

1. AMPLEUR ET DIVERSITÉ DE L'OEUVRE EN BENGALI

L'Edition des oeuvres complètes 53

Bibliographies et études générales 54

2. CONNAISSANCE DE 'L'OEUVRE EN OCCIDENT : LES TRADUCTIONS

TRADUCTIONS ET LEURS SOURCES ANGLAISES

ET BENGALIES 55


1. Poésie.

a) Le Gitanjali et le prix Nobel........ 55

b) Autres Poèmes. 61

2. Théâtre.

a) L'Auteur 69

b) L'Acteur. 75

c) Représentationsde Tagore en France 76

3. Romans. 79

4. Contes et nouvelles 83

5. Anthologies et oeuvres choisies 86

IV. L'OEUVRE MUSICALE 89

V. L'OEUVRE PÉDAGOGIQUE

1. ÇANTINIKETAN. 93

2. ÇRINIKETAN 104

VI. TAGORE, APOTRE DU RAPPROCHEMENT ORIENT-OCCIDENT

1. LES VOYAGES. 109

2. TAGORE ET LA FRANCE. 118

3. TAGORE ET ROMAIN ROLLAND. 121

VII. TAGORE ARTISAN DE LA LIBÉRATION DE L'INDE – TAGORE ET GANDHI 129

VIII. L'OEUVRE PICTURALE.

1. LE PEINTRE 133

2. LES EXPOSITIONS 141

IX. HOMMAGES A TAGORE. 145

Imprimerie Tournon et Cie, 204 rue Delambre, Paris (14e).

Dépôt légal : I. N° 1064. – 4e trimestre 1961.


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Catalogues des Expositions de la Bibliothèque Nationale

Le Siècle de Louis XIV (1927) 5 NF

Quatre siècles du Collège de France (1931). 4 »

Quatre siècles de colonisation française (1931). 4 »

Goethe (1932) 5 »

La Musique française du Moyen Age à la Révolution (1934).. 4 »

Trois cents autographes de la collection Henri de Rothschild (1935) . 4 »

Goya (1935) 4 »

Descartes (1937) 4 »

Les Travaux et les jours dans l'ancienne France (1938). 4 »

Anatole France (1946). 3 »

Hardouin-Mansart et son école (1946). 3 »

Cervantès (1947) 3 »

J.K. Huysmans (1948). 3 »

La Révolution de 1848 (1948). 5 »

Frédéric Chopin (1949) 4 »

Péguy et les Cahiers de la Quinzaine (1950) 4 »

Trésors des Bibliothèques d'Italie (1950). 6 »

Honoré de Balzac (1950). 6 »

Toulouse Lautrec (1951). 5 »

Victor Hugo (1952). 5 »

Emile Zola (1952). 5 »

Steinlen (1953). 4

Rimbaud (1954) 5 »

George Sand (1954). 4 »

Lamennais (1954). 4 »

Sainte-Beuve (1955) 4 »

Franklin (1955) 4

Paul Valéry (1956). 5 »

Mozart (1956). 5 »

Henri Heine (1956). 5 »

Alfred de Musset (1957). 5

Fontenelle (1957) 4 »

Flaubert et Madame Bovary (1957). 4 »

Daumier (1958) 5 »

Byzance et la France médiévale (1958). 6 »

Francis Jammes (1959). 3 »

Henri Bergson (1959). 4 »

La Reliure Originale (1959). 8 »

Marceline Desbordes-Valmore (1959). 3,50 »

Enrichissements de la Bibliothèque nationale (1960). 6 »

Braque (11960) 4,50 »

Tolstoï (1960). 8 »

Léopold Delisle (1960). 2,50 »

Mazarin (1961). 10 »