UNE PAGE SUPPLÉMENTAIRE
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L'H'ISTOIRE DE VAUGIRARD.
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A MESSIEURS LES MEMBRES
Du Conseil Communal et du Conseil de Fabrique, M. L. GAUDREAU, Ancien Curé de la paroisse, actuellement Curé de Saint-Eiistache, Chanoine honoraire de Paris.
OCTOBRE 1853.
l'Mis Typographie FÉMX 'IAI.T[STr. OT ri" rue drs 'YUX-Porles-St-Sauvenr, lï
Le respect pour la mémoire d'un homme de bien, la vénération pour un prêtre digne d'être compté parmi les plus distingués de ce siècle, l'honneur de Vaugirard qui ne peut que s'accroître par sa gratitude envers M. Groult, l'un de ses bienfaiteurs , tels sont les motifs de cette note biographique.
Pour en comprendre la portée, il convient de rappeler d'abord quelques faits qui se lient à l'histoire de la commune.
L'église nouvelle est sur le point de recevoir sa consécration solennelle : bientôt sera revêtu d'une sainte onction le vœu depuis si longtemps formé , si fréquemment réitéré d'un temple qui se trouve en harmonie avec l'importance et les besoins spirituels de la population.
Dès le 13 octobre 1840, M. le Maire, actuellement défunt, dans son discours d'installation, et M. le Curé de cette époque, dans son allocution, constataient le désir unanime d'une église à construire. En 1842, M. le Curé publiait une notice descriptive de Vaugirard dans le but unique d'éveiller l'attention générale sur ce projet, qui fut arrêté en principe par la commune vers la fin de la même année ; mais il restait encore à écarter de graves difficultés.
La - principale venait, on le sait, de la lutte des intérêts privés. Où placerait-on le nouveau monument? Cette question était la pomme de discorde: elle paralysait les tentatives les mieux combinées.
Tous voulaient une église plus digne , plus vaste, plus centrale, et chacun s'efforçait de faire prévaloir le choix d'un emplacement situé soit au milieu, soit dans le voisinage de ses propriétés. Ainsi, faute de sacrifier au bien général ses avantages personnels, on réduisait à l'impuissance les meilleures volontés, on mettait en suspens le projet dont la religion, le patriotisme éclairé, la moralité publique réclamaient la prompte exécution. Pendant plusieurs années, cette affaire, dont se préoccupait sans cesse l'Administration , demeura donc à l'état de simple étude.
Il était réservé à M. l'abbé Groult de réunir les opinions divergentes. Homme estimé de tous, membre , pour ainsi dire, perpétuel du Conseil municipal et du bureau de bienfaisance, jouissant d'une aisance qui le rendait indépendant, il aimait Vaugirard, il en était aimé. Prêtre, il avait à cœur de procurer la gloire de Dieu et de se concilier les suffrages de l'Église après sa mort. C'est ce qu'avaient compris les amis qui l'entouraient. Ils avaient, en conséquence , résolu de lui inspirer des dispositions testamentaires qui lui mériteraient la reconnaissance de la Commune autant que l'affection des familles chrétiennes et vertueuses.
On aime à se rappeler ces réunions intimes où se trouvaient groupés autour du vénérable vieillard,
MM. Gaudreau, curé de la paroisse ; Bdspot, vicaire ; Brûlé, maire; Glaire, Doyen de la faculté de théologie; Receveur, Icare, professeurs de la même faculté; Nacquart, médecin très distingué; Charles et Jules de la Roche-Poncier, neveux de M. l'abbé Groult; et quelques autres.
Que de fois par de douces insinuations, par des questions fines et délicates ne l'a-t-on pas pressé, afin de savoir si l'on avait atteint le but que l'on espérait de sa piété? M. Groult feignait de ne pas vouloir se laisser vaincre, et toutefois sa résolution était écrite depuis longtemps. « Je comprends votre » coalition, dit-il un jour à M. le Curé ; j'en ris à part » moi bien souvent, car ils prêchent un converti ; - mais gardez-moi le secret et fiez-vous à l'avenir! »
Là-dessus , il se mit à parcourir dans son jardin l'étendue qu'il destinait à une église, demandant à M. le Curé s'il l'estimait suffisante et aussi grande que l'église paroissiale de Versailles.
M. Groult décéda le 18 août 1843 ; par une clause de son testament datée du 15 novembre 1838, il avait légué un tiers d'arpent à prendre dans sa propriété, pour bâtir l'église future. L'acceptation ecclésiastique en fut faite régulièrement par la fabrique, le 5 novembre 1843.
De cette époque, il semble que la première pierre de l'église fût posée. Tous apportèrent le concours de leurs conseils et les promesses de leurs souscriptions.
M. le Maire dans ses réunions administratives, où l'église fut votée par acclamation, M. le Curé dans ses
assemblées paroissiales, préparèrent les voies ci moyens. La fabrique se ressouvenant du vœu émis par son Président, M. Groult, reçut de M. le Curé le relevé des dimensions et de la forme de l'église de Notre-Dame de Versailles et se promit de solliciter un plan qui se rapprochât des proportions et du style de ce noble édifice.
Des embarras nouveaux et inattendus devaient cependant entraver encore les dernières volontés du testateur. La faillite de M. Lebaudi, notaire, en même temps que dépositaire des titres et des fonds de M. Groult ; par suite de ce malheur , les discussions relatives aux droits de Monseigneur Bonnamy, Archevêque de Calcédoine , institué légataire universel ; le refus de lui intenter action exprimé par la fabrique en juin 18kh ; la lenteur qu'entraîna la vente des terrains ; la politique orageuse qui signala les dernières années du règne de Louis-Philippe ; la mort si regrettable de l'excellent maire de Vaugirard, M. Brûlé , qui n'eut pas la consolation de recueillir le fruit de ses démarches et de sa sollicitude en faveur de l'œuvre dont il était l'agent le plus dévoué ; toutes ces circonstances retardèrent plus ou moins la construction de l'église.
Disons-le toutefois , à la louange de qui de droit : les difficultés ne vinrent jamais des héritiers directs de M. Groult qui firent abnégation totale de leurs intérêts de famille ; ensuite l'administration municipale , comme le conseil de fabrique ne perdirent pas un instant de vue le pieux projet : par leurs soins, il fut toujours certain que la générosité privée, en temps-
opportun, ne ferait pas plus défaut que les votes de la Commune.
Ce sont là des faits notoires , incontestables , que nous croyons utile de consigner, avant de constater le droit de M. Groult à la reconnaissance de Vaugirard , et sans rien diminuer au mérite de ceux qui sont venus après lui.
Aujourd'hui, sans nul doute, il n'y a que des félicitations à adresser à l'Administration municipale présidée par M, Thiboumery, ce magistrat si intelligent, si actif; à l'Administration de la Fabrique inspirée par le zèle religieux de M. Hersen , Curé de Saint-Lambert. Il leur a été donné de terminer une entreprise qui date de loin. Les sacrifices imposés aux propriétaires, généreusement acceptés par eux et par tous les habitans, les économies longtemps mises en réserve par la sage gestion de la fabrique, les dons spontanés des personnes pieuses et distinguées l'ont conduite à sa fin.
C'est donc à juste titre que M. l'abbé Duquesnay, dans le discours qu'il prononça, à la première prise de possession de l'église , eut des éloges noblement exprimés pour les derniers ouvriers de cette œuvre catholique; il leur promit un honneur immortel, d'abondantes bénédictions. Mais plus instruit des faits antérieurs, l'illustre orateur n'eût pas manqué de rendre également hommage à ceux qui l'avaient préparée , à M. Groult surtout qui plus que personne en avait établi les bases.
Il n'est que trop ordiunirc que les bienfaits s'ou-
blient ; trop souvent la mémoire de l'homme utile, vertueux, s'efface. Après vingt ans écoulés , qui pensera à l'humble prêtre qui passa en faisant le bien , dont la louange fut dans toutes les bouches. Que Vaugirard préserve M. Groult d'un tel avenir : qu'il garde précieusement sa mémoire ; qu'il lui assure les prières qu'il a sollicitées de son vivant ; c'est le vœu de sa famille, de ses amis , de tous ceux qui pensent que la reconnaissance est la vertu des Communes comme des individus. Et certes, ses talens , ses services , sa bienfaisance sacerdotale lui ont bien mérité qu'on le garantisse de l'oublia lors même qu'un acte légal n'en ferait pas une obligation de justice.
Aux nombreux habitans de Vaugirard , qui ne connaissent ce digne prêtre, que parce qu'une rue de la commune porte son nom et témoigne de la considération dont il a joui, nous dirons ce qu'il était.
M. GROULT ( Nicolas-Joseph ) était né le 3 septembre 1763, à Montebourg (Manche) , de Jacques Groult, employé dans les finances, et de noble dame Marie-Françoise de la Roche, son épouse. Son père, pour le distinguer de son frère et de ses deux sœurs, lui donna le nom de la terre d'Arçy qu'il possédait près de Compiègne. Élevé dans sa ville natale chez les Bénédictins de Saint-Maur , il y contracta le goût le plus vif pour l'étude et pour la vie régulière. Ses
cours étant terminés avec un rare succès, il entra dans cette savante Congrégation qui l'envoya au collége d'Autun. Ce fut là que, son humilité cédant aux instances de ses supérieurs, il reçut en 1788, et le même jour, la tonsure, les mineurs et le sous-diaconat; en 1789, le diaconat et la prêtrise. En 1790, il quittait Autun pour aller professer la classe de Seconde à Auxerre.
Don Groult d'Arcy était donc un des débris les plus remarquables de l'ordre illustre des Bénédictins. Docteur de la société de Sorbonne, il fit partie de cette pléiade de savans qui survécurent aux ruines de la France révolutionnaire, et rétablirent l'honneur des lettres et des sciences à la voix réparatrice de Napoléon 1er.
Distingué par M. de Fontanes, à l'époque de la restauration des études classiques, en 1803, il fut nommé principal du collége d'Autun et s'y acquit une juste réputation d'homme lettré, d'instituteur expérimenté de la jeunesse, de prêtre sévère pour luimême et plein de charité pour les autres. La société libre d'agriculture de cette ville voulut le compter parmi ses membles : il en accepta le diplôme ; en même temps, Monseigneur l'évêque d'Autun lui donnait, en 1807, le titre de chanoine honoraire de son chapitre.
Désireux d'une vie plus calme, plus conforme aux habitudes recueillies de sa jeunesse, il donna , en 1809, sa démission du principalat d'Autun pour se charger de l'éducation particulière des enfans du Duc
de Montesquiou. Il vécut honoré dans cette famille, dont il sut utiliser le crédit, la haute position, la pieuse libéralité en faveur d'un grand nombre de personnes d'une naissance distinguée déchues de leur fortune. En 1813, la faculté de Sorbonne réclamait son concours : il était appelé à faire retentir dans les chaires universitaires, comme Professeur de morale, l'enseignementecclésiastique depuis si longtemps banni des cours publics. Si sa modestie lui fit refuser le rang de Doyen qui lui fut offert après le décès de M. Burnier-Fontanel, du moins jusqu'en 1838, il remplit sa charge professorale, et ses dissertations théologiques sont restées des modèles d'une exactitude parfaite de doctrine jointe à la diction la plus pure et au tact le plus exquis.
En 1817, succédant à Don Marquet, il dirigea l'institut royal des enfansdes chevaliers de Saint-Louis, fondé par Louis XVIII à Senlis. En 1821, il transporta cette école à Vaugirard où , sous la dénomination d'Association paternelle des Chevaliers de SaintLouis, elle fleurit jusqu'en 1827, époque de sa translation à Versailles. Parmi les officiers supérieurs de l'armée et de la marine qui ont été ses élèves, on peut citer de beaux noms : Les généraux Canrobert et l'Admirault; les colonels Desmarets, Granchamp, Cendrecourt, de Failly, Massanes. De Tryon, chef de bataillon. Urick, intendant militaire. Delissades, capitaine de frégate. De La Roche-Poncier, ingénieur hydrographe de 1" classe, etc., etc. Et encore, Amadicu, chef
d'une école spéciale, à Versailles. - Suzanne, inspecteur des forêts ; tant d'autres enfin, formés pour l'Ecole polytechnique, par le savant professeur de mathématiques, M. Guépard, ami du Directeur de l'Association.
Pendant ces dix ans, Don Groult se trouva en relation avec ce que la cour avait de plus brillant et ne perdit rien de cette piété modeste qu'il portait souvent jusqu'au scrupule. Nul ne l'égala peut-être à parler avec élégance et facilité la langue de Cicéron ; c'était l'éloge qu'on faisait de lui à la Sorbonne et dans l'Université, où il comptait trente-cinq ans de services effectifs. Seul, il ignorait l'éclat de son mérite. Théologien très érudit, non moins x[ue savant littérateur, il couronnait ces qualités par un amour sans borne pour les pauvres.
Toujours il avait fui le grand jour ; mais surtout depuis 1830, suivant son attrait pour une vie cachée, il s'était voué aux œuvres de la charité dans la commune de Vaugirard. Par suite des dangers qu'il avait courus dans sa longue carrière, comme prêtre et religieux , si son caractère était devenu timide , indécis, facilement impressionnable aux commotions politiques ; si ses nuits agitées ou sans sommeil prouvaient une complexion de plus en plus maladive, ce n'étaitplus le même homme, lorsqu'il s'agissait de venir en aide aux malheureux.
Que ne peut-on interroger les pauvres qu'il visita, qu'il secourut pendant vingt-cinq ans? les malades du choléra de 1832 qu'il fit soigner à domicile par son
propre médecin, ceux qu'il réunit par centaine dans sa maison? Elle était l'asile de toutes les pieuses entreprises. Là, favorisé par la modicité du loyer, M. de Bervanger commençait son établissement, sous les auspices de M. le comte de Noailles dont M. Groult partageait la générosité. Là, les Dames de Nevers, plus tard les religieuses de Picpus, puis les sœurs de la Croix reçurent un abri gratuit, pour fonder l'école que M. Groult avait à cœur de faire adopter par la commune.
Il y distribuait chaque année, des lits, des draps, des matelas, jusqu'à ce qu'il eût épuisé le mobilier du riche pensionnat qu'il avait dirigé et dont il n'avait pas voulu vendre une parcelle, réservant tout pour les pauvres. La liste annuelle et complète des malheureux inscrits au bureau de bienfaisance trouvait chez lui chaque hiver, comme plus tard chez M. l'abbé Poiloup, la soupe, le chauffage. Les curés et les vicaires de son temps étaient aussi les dispensateurs continuels de ses charités secrètes. On peut dire que M. Groult fit l'aumône avec largesse. Il la fit pendant sa vie ; il la fit après sa mort, et, ne laissant à sa famille que de légers témoignages de bienveillance, il destina toute sa fortune à des œuvres pieuses.
Il mourut aux eaux de Vichy, âgé de quatre-vingts ans, dans les bras d'un bon religieux de l'adoration perpétuelle des saints cœurs de Jésus et de Marie, qu'il avait fait depuis un an le confident des affaires de sa conscience et dont il s'était fait accompagner dans la prévision de son décès. Son corps embaumé
fut rapporté à Vaugirard,où il resta plusieurs jours exposé à la vénération d'une foule reconnaissante de ses bienfaits. Après de somptueuses funérailles commandées par sa famille et que son humilité eût refusées , mais que rehaussa une distribution d'aumônes à tous les pauvres, il fut placé provisoirement, dirent les Autorités d'alors, dans le cimetière commun, sans honneur, sans inscriptions, parce qu'on lui réservait une place dans l'église dont on le reconnaissait le fondateur.
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En effet, ce titre lui appartenait bien. Don Groult, par son testament composé de neuf pièces datées, la première du 25 avril 1832, la dernière du 15 juin 1842, laissait une fortune de 250,000 francs environ.
Après avoir choisi pour légataire universel son frère, Vicaire général de Nevers, sur le refus de ce vénérable ecclésiastique, qui d'ailleurs devait mourir un an avant lui, il avait changé ses dispositions et constitué à sa place Monseigneur Bonnamy, archevêque de Calcédoine, supérieur de Picpus.
Il lui donnait ses propriétés de Senlis et de Vaugirard, ses valeurs en portefeuille et son mobilier, à la charge de remplir plusieurs legs en faveur de sa famille, de ses domestiques, de ses amis, et surtout de prier, lui et sa communauté, pour le salut de son âme. Je n'ai rien reçu en patrimoine, disait-il, je ne dois
donc rien unies parem, et je suis le maître de disposer de tout ce que je possédé. C'est pour cela que je veux tout employer à faire prier pour moi et pour ceux qui me sont chers, mon pire, ma mère, mon frère et mes parens.
Sans citer ici les legs étrangers au but de cette notice, remarquons seulement ceux qui intéressaient Vaugirard.
Il laissait un tiers d'arpent à prendre dans sa propriété , pour y bâtir une église, ou bien une somme de 9,000 francs; de plus, 10,000 francs pour bâtir une maison d'école tenue par des religieuses et 700 francs de rentes perpétuelles pour l'entretien de ladite école, à moins que l'on ne préférât une somme de f ,000 francs une fois payée; enfin, 1,000 francs pour les pauvres, à M. Gaudreau, Curé de la paroisse.
Comme les sœurs enseignantes auxquelles M. Groult avait pensé étaient pourvues à sa mort d'une maison et d'un traitement convenables, les fonds qui leur étaient destinés ont dû , par un revirement très heureux, s'appliquer à la construction de l'église ; comme M. Gaudreau n'a jamais touché les 1,000 francs dont il devait être le distributeur, cette somme a fait sans doute aussi retour à la commune : d'où il suit, que le don de feu M. Groult s'élève à la somme de 25,000 francs, plus le terrain sur lequel repose le nouvel édifice.
Qu'attendait-il en retour de ses pieuses largesses?
Ce qu'il demandait, en laissant à Don Guéranger9,000 francs, à M. Icare 2,000 francs, à M. Fezandier, frère dcPicpus, une plus forte somme encore, à
Monseigneur ue Calcédoine toutes ses possessions : des prières, des services religieux, des messes !
Je veux, disait-il en parlant deVaugirard, être compté parmi les fondateurs et bienfaiteurs de la susdite église, puisque j'impose à mes futurs légataires la charge de fournir 1e tenoain, ou la somme équivalente. Ce sont les ternies de son testament.
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Et cependant on garde aujourd'hui un silence complet sur M. Groult. Ses dépouilles mortelles sont abandonnées dans une fosse accessible aux inondations; ses restes vénérables sont foulés aux pieds des passants, parce qu'il n'y a pas une pierre même qui indique le lieu où ils reposent.
Ne transportera-t-on pas, comme on s'y était engagé d'honneur, le corps du seul Bienfaiteur avoué de la commune, dans la nouvelle église que l'on doit à ses religieusealibéralités, et qui n'existerait pasassurément sans lui? Une tombe commémorative ne sera-t-elle pas érigée par le Conseil municipal à l'un de ses mem bres les plus dignes, par le Conseil de fabrique à son Président, par la Commune à celui qui fut sa providence dans les jours mauvais?
A qui laisserait-on le soin de perpétuer sa mémoire?
A sa famille? Elle le voudrait assurément. Mais comment consulter ses membres dispersés au loin?
D'ailleurs, on n'ignore pas que leur position de for-
tune ne leur permet pas de lui ériger d'autre monument que celui d'une affection toute cordiale et d'une vénération toute intime. A la communauté de Picpus dont il a fait sa famille adoptive ? Peut-être craindraitelle de blesser la modestie du saint prêtre en donnant une publicité qu'elle regarderait comme profane à ses mérites. Il appartient à la Commune et à la Fabrique de Vaugirard de prendre une honorable initiative, l'une en rendant un hommage public à Don Groult d'Arcy, l'autre en lui fondant des prières : c'est une dette de reconnaissance, c'est l'acquit d'une promesse sinon écrite, au moins devenue sacrée par la publi-
cité qui l'a toujours accompagn