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Titre : Le bon Fridolin et le méchant Thierry ou Le crime puni et la vertu récompensée / trad. du chanoine Von Chr. [Johann Christopher] Schmid...

Auteur : Schmid, Christoph von (1768-1854). Auteur du texte

Éditeur : E. Ardant (Limoges)

Date d'édition : 1884

Contributeur : Corgnac, E. de. Traducteur

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb37290775c

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 240 p.

Format : Nombre total de vues : 242

Description : Collection numérique : Fonds régional : Limousin

Description : Contient une table des matières

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k64294w

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Y2-15540

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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BON FRIDOLIN

*'SË)i)f:C))AfDtK-8


Prop)riM& des Editeurs.


M

BON FMDOLIN

f.' MM

1 ~:1 orta

'1~. MÉCHANT THIERRY

00

Ï.E CMME PUNÏ ET LA VERTU RËCOMPENSËB tfUMtt

DU CHANOINE VON CHK. SCHM!D

PAR E. DE COKCNAC.

UMOGES

EUGENE! AFtDANT ET C', ËDtTBURS.



M

BON FRIDOLIN

MM

MÉCHANT THIERRY.

ï. La BON C<EOR OE PRtDOMN.

Fridotin. '<*une enfant qui ea Msait aimer pnr ta noblesse précoce de ses sentiments, so rendit un matin à la forêt pour y ramasser du bois sec; dans to cours du printemps et do r<M précédents, il ava:t apporte sur sa Mta et sur ses petites épaules tout celui que ses pauvres parents avaient bruiô pendant t'Mver dans leur cabane. It voulait faire encore do même, et revenait pour la prem. 3 fois de t'anneo dans la forêt. ïi se mit donc à rassembler avec une ardeur infatigable tout ce qu'il put trouver de branches mortes et de brousMiiies, et ne se reposa qu'après en avoir fait une charge assez lourde, mais cependant proportionnée &aes forces.

B sortit alors des sombres profondeurs de la forêt et arriva daM âne petite vallée fort agréable et doucement éolairée par les rayons du soleil. Au milieu de cette vallée, que dominaient deux collines couvertes de noirs sapins, serpentait un ruisseau limpide dont tes bords étaient tapissés de joncs verdoyants et de plantes aquatiques. FridoUn a'&vancajusqu'&ta source qui


jaOMeaattd'HMtocho humide, et déroulait sa nappa MgenMa aous un h6tt'e& Mpaia Nutttaga. A quelques pas do cette jo)!e entame. l'eo<ant déoauvfit parmi tes gazons de belles traiaaa d~amûrea;c'étatentte8 premières de t'annëe.H )ea cueillit ausaKOt et les mit sur une targa fouille qu'il avait détaoMe adMitemont d'Ha chardon dptnanx. Sa fJootta <Mt8, H a'aastt au bord de la fontaine, sur un tapis do mousse verte, pour commencer son frugat déjeuner. Un gros moMaaw do pain noir oa faisait la principal. L'eau ctatM du ruisseau lui c~-ait nao boisson aussi fratohoquo posatMo; les ffatses, posées aur tafouiMo vortocommoeMp Mooa88totte,fuFeattJserv<'e9pOHp le dessert.

Avant son taottcata repas, t'eafaat jotsott tM tmatos et <!t sa prMM avec ptMs do recueillement <)MO no font souvent tos riches, au moment tto s'asseotr à uno tttbte somptueuse couverte do vai~etto d'argent et oharaco do cent ptata exquis. Fridolin étatt joyeux otcttuteat. La faim assaisonnait son d~oMnef. Comme to pain, diatdt-it, me acmMo bon après la travatt l jovoua roatoroic, mon Dieu, de cette nourriture et do roxcctlent appétit que vous mo donnez tous les joura. No suis-je pas bien tôt, sous le frais ombrage do eu hêtre et au bord do cette claire fOntame? je me tiens heureux comme un roi. A la verUc, ma table n'est pas aussi richement servie qu'on pourrait te désirer, mats du moins le nécessaire n'y manque pas. Ma nappe n'est point blanche comme celles des riches; mais il faut convenir qu'eue est d'un beau vert, Cne et douce comme du vcleurs, et parsemée de jolies fleurs jaunes et bleues, telles que la plus habile brodeuse n'en ferait jamais de pareilles. Mes confitures, dit-il en regardant ses fraises, ont été préparées par une main plus savante que celle de tous les confiseurs de la ville, car c'est Dieu lui-même qui tes a fuites. Je n'ai ni gardes ni sentinelles autour de moi; mais j'ai de beaux arbres pour me défendre contre tM rayons du soleil; et vous, chers petits oiseaux cachés parmi tes verta ombrages, vos doux chants


sont plus harmonieux et plus asf'abtM que !a9 htHtants ooa< eorta qu'on entend & !a <aMa des princea.

Pendant quo F<i(Min so payait ainsi à lui-même en savonrant sea dernières francs, it aperçut tou*ccup au sommet do la colline uMo chevrette qui aortatidoa fwrr<!a du bois, aat-' vie d'un petit chovt'uuH vif et bondissant, Elle Mata <t'abo~ intmobtto, ro~rJaot do tona c<Ma avao pr~cautton et drossant t'aroitto eK toua sens, puis ftanotut Mg&cemcnt tes %'taMX twnea (Tat'brM et ks haies (rapines qui h~d~satent le aauo du coteau; son petit venait en sautant doM'MM elle. Atrh'<!o Uana la prairie, otto )<t)a boira au clair ruisseau qui coulait aM pied do ta co))ix(!; après quoi elle aa mit tmKqHtttQmoat & bMMter tTterbe verte et it!~ uwauca bMMhea des ptuaeHters. Pendant co temps!& )a petit chovfeHH fetittrait joyeusement autour d'eUo sur to gazon.

FndoHa, to oou tendu, r<BH Sxe, osait & polne Msptror son cœm' battait de Jf!o a ta vue dca doux jolies bêtes. –QuonesbjNHeset chM'n'ante~ofeamresiqno d'~ôjanoa dans leur forme, quodo gracoa dans tous leurs mouvements 1 disait-il en tm-tneme. Oh! quoj'atme à me trouver dans les bois! à tout momeat ce sont des spectacles nouveaux et des jmes nouvelles t

Mais tout &-coup il voit briller une Samme à quelque distance, et un bruit terrible retentit comme uu coup do tonnerre au milieu des bois. Fridolin éprouva une commotion violente qui le mit tout hors de tui. Cette flamme et cette détonation c'étaient autre chose qu'un coup de fusil. La pauvre chevrette avait été frappée; elte était étendne sur le gazon, où eUe s'agitait en poussant des cris ptaintifs son petit se tenait auprès d'eue et semblait partager sa douleur.

Au moment où la détonation se fit entendre, un petit garçon au visage pâle, etcouvert d'une mauvaise jaquette bleue, sortit des buissons avec un fusil dans la main et courut vers tachevMtte Mesaee en criant


Ah ah j'at bleu th'd cette fois. Ta vou~ par terre, et tu ne ttoua échapperas p)ua.

Ce petit garçon otnit su!v! d'un homme dont h tête et ln v). aagoetntontherifaea d'une !onsuo chevcturo et d'une bft'bo epai- se tt nvnit nuMi a la main on fxsi) ronUM. Son chapo;))!, jotth noir, était devcmt~ri~nvco ln temp' et portnit ptua d'ano (!ohir))re an VMto hrona <t')it <ont ost'o et )a~9~)!t votr la eht'mtso <!(n)s toacondea. Cet hotntne «cho\'a<totm*r!n ohovretto à co')p9<!e crasse, h ohftr~~ s«r aea ~pauto-f, et ao mit oo)<) 'r &toutc9JnmhMen opo'oovantFchtotin. t.njcooo g!U'gnnq''t ovtttttodt)~ pn'tVM Mtor<*s)K onoo un montât à Kga~tep Fridolin d'un o'n<ho, et s'enfuit d'on pas rapide.

–Ces g.<ns.)& sont <te9 braconnier; eod.t alors reofant: hommes crup!a! ils ne craignent pas de tuer cette pauvre mère 60M8 les yeMt do son petit, qui reste ainsi cxpos6 a. mourir do faha. Comme toor <i)))fo ics rend timides! ils ont peur do mot, qui ne suis qu'on foihte enfant. Je sni~ bien sûr que cette méchante action no leur portf'ra pna bonheur.

En ce ftomentto petit elievreoil, sortt des brousMiuM ou il s'était cache & t'approche dos braconniers, se mit A errer c& et !u, eh(-)'e]tantfa mert'etj tnnt des cris p)ainti:s. Fridolin courut après lui le petit animal se réfugia sous Mnbni~on, an pied d'un vieux chêne, et s'y coucha tout tremblant Fndotin c'eut pas de peine & le prendre dans sa cachette.

Pauvre petit innocent! dit-il en se mettnnt à genoux pour le oareitser, comme j~ te ptains! tu n'us p)m de m&fj et tu vas mourir de &um. Car tu n'as pas encore une seule petite dent pour brouter l'herbe et les jeunes pousses des arbres. Te voilà bien malheureux sans le savoir.

Le vieux garde-chasse du prince, Moritz, qui se trouvait en ce moment dans !a forêt et qui avait entendu te coup de fusil, accourut aussitôt. H aperçut Fridolin auprès du petit chevreuil il et s J gtissa doucement derrière le chêne pour entendre ce qu'il


Ff!doua cantempta!t la petit animât aveo un vif p!ata!r. QueUe innocence. disait-H. quel catma dMo ses ~rauda yanx bleus com<na sa belle roba bruna est ~Mgammeut marquca comme d'un double rang do pertes Manchest comma son petit ne!! noir tui donneuae phyaiooomta piquante et aaïvc ) AUooa, cher petit, a)ont:t-t-i). taifi~e.mft to prendra dam tnea Lt-oa. Jo n& sn{a ~fxtmont q'M ftttro de toi. Jo Vf'ia t6 porter an g<u'dcchasse, qui paut-ôtro le saum mteux. PoHr\H qu'il ne le hi~o pa~ mottt'u') muia s'it to veut jù M pui~ l'en omp)?.'h''F, car tu iat nppactu'ns, et quu)quo désir que j'aio do t'Otnporief à lit maison, jo uo to dci~ paa. Tout ce que jo puis fuira, o'est da ta prier qu'il to tai~ vivre, et d'mto)CtHff pour toi. Pout-Mfe qa'U voudra bica t'accorder la vie et ttoxvo'a qoetqw taoyea do t'élever.

Le vieux Mnr!ti!, qui entendait chaque paroto do renfaMt. 60M)'iait '!o bon cmur ot so oaraa~ait ta tno)):itao!)C, selon sua habitude. Fndotia so leva punr s'en atter; mais au moment o& M sa retournait, il apo''sut ptô~ do lui le gat'dc-cha~iic, et parut offray~.

N0 crains r!<!n, lui dit en riant ta bravo MorHz, j'ai entendu ce que tu di~aia au petit ohe\ roui), tes parutes auuoacent un cxcctkttt ecenr. Je u'at rien à faire de cet unimul, et si je to taissuii! aUcr, il mourmit do faim j'atMù tuicux t'en faire pré*sent si tu veux t'en donner la peine, tu ret6veras fucilemeut. FrMoUn mit sur ses épautca sa charge de bois, et, prenant !o pettt chevreuil sons u brus, il suivit to vieux eatde-eha:.so, dont il reeueiUait precK .sèment toutes les paroles. Moritz lui appui qu'avec uu peu de luit do vache mêlé avec de Fcau il nourrirait le petit chevreuil. Il ajouta d'autres détails que sa vieille expérience de chasseur lui su!fgÉrait sur la manière d'étever ces sortes d'animaux, et le quitta en lui disant Je t'ai donné ce jeune chevrenit, parce que tu m'as paru un brave petit garçon continue d'être toujours aussi honnête, et Dieu te fécomoenserabien mieux que je ne pourrais le faire.


«. M MEME Mf:t:R fH Ft!!))OUN.

Fridolin rentra tout joyeux à tamn~nn: maia.dea que sa mère eut vu io petit ohovraoit, cUo so mit & gr~cr son B)' Si tu as pris oa petit animai dans ta foret, lut dit-elle, il faut que tu aioa perdu la crainte do Dieu; car c'est comme ai tu ravala volé. ï.o garde-chasse ta saura; il ne to hissera ph)a mottro te pied dans to bois, et tu passeras tout l'hiver & gr<)tttif auprès dttpo6)o,oa nous ne pourrons plus aU'nuprde têt). C'est le moindre mal qui puisso t'arriver, Qui sait si on N0 t'arrêtera pas pour t'enfermer dans la maison do correction! Et quand même ton larcin no serait pas découvert aur y~ux des hommes, it sera toujoura connu do Dieu, qui ne taisse aucun crime impuni. Comment n'as-tu pas craint do <aire !o mal devant lui ? Prends-moi tout de suite ce petit animal dans tes bras et rcportc-io à l'endroit oft tu l'as pris, afin qu'it puisse retrouver sa mère. Au même endroit, ontonds-tu. Mon? et retourne bien vite à la foret.

Lxisscz-moi donc vous parler, mit chërc mère, lui répondit !'enfant, et vous verrez que jo na mérite point vos reproches. Atora il lui raconta ce qui était arrivé dans la prairie, comment il avait trouvé le chevreuil, et comment le vieux gardechasse le lui avait donne.

–C'est toutdiNerent, reprit la mère; mais une autre difB< uité comment nourriras-tu ce petit animai! la petite tasse da )<ut qui te revient tous les jours, avec nn peu de pain noir e* des pommes de terre, voilà toute ta nourriture. Tu vas donc la partager avec ton chevreuil?

Maisoui, ma chère mère, si vous me le permettez, répondit gaiement Fridolin; Dieu nous ordonne de faire part aux autres des biens qu'it nous envoie, et de nous montrer charitables même envers les animaux. Je ne cuis pas laisser mourir de


faim cette ~oMeMte.Htvnns, obère mère. nem'avM-vouspns dit souvent que la plus belle aumône est cette qu'an pauvre fait à un autre pauvra, et qu'il n'y en a point de plus aifrêaMa au Seigneur? Sauver cotte Innooente bête, c'est en qnciqua sorte uaa œuvre de charité qui ne paut manquer da plaire a Dieu. Qui sait ai oette bonne action ne sera pas un jour !arge*ment rëcompenseet

Son MoaHento mère lui téponait par un doux sourire et !ut permit de taira ce qu'U voulait. 'Ffidoiin suivit MHonent les instructions du vieux gardo-ohasao, il fit à son ohovrou'i un lit de paille bien chaud dans un coin do la grange. En peu do temps le petit animai s'apprivoisa ot reconnut son mattra il venait à son appel, courait tout joyeux au-devant de lui quand il rentrait & la maison, le suivait partout, raccompagnait dans les bois et ne songeait point à s'enfuir. Pendant que Fridoiin s'occupait & rassembler des branches mortes ou & cueillir des fraises, it!a laissait courir et a'ejarter bien loin sans aucune crainte; car dèa quo fatigué du travail, il s'asseyait sous un arbre pour prendre un instant de repos, il le voyait aussitôt revenir et s'asseoir à ses pieds. Le soir, quand il reprenait io chemin de la maison avec sa charge de bois sur la tête, c'était un plaisir de voir son chevreuil le suivre comme un petit chien. Les petits enfants surtout étaient charmés de ce spectaoip, et, pour en jouir ptua longtemps, ils accompagnaient Fridolin <nsqu'à la porte de sa chaumière.

Un enfant du village, dont les parents étaient riches, vint un jour le prier de lui vendre son chevreuil.

-Non pas, répondit FridoUn, quand vous m'en donneriez cent écus d'of.

Tu ne parleras pas toujours ainsi, mon enfant, lui dit alors sa mère.

Le père sourit à cette parole et dit à sa femme

-Ne lui fais donc pas de peine. Le bonheur que lui cause la possession de ce petit animal te prouve qu'il n'y a point


d'homme a! pawvM au monde qui ne puiaae eMe~t .deajeuts.aaacea pa~ coûteuaea et qu~t n&douMtait pas pour des a)oaGeaus. d'oc. Toi, tu mets toute ta joio dans ton petit j~in, dwa tes haricots à belles leurs rouges, dans tes deux beaMX tournesols aoira et jaunes, et dans ton rostat; moi oa sont mea deux jeunes pommtera plantés devant la porto de MtM ohaM' tniëra et te vieux poirier en face qui Cmt mon bonheur. C'est aiaat que FridoUn trouva aa joie dans son pettt chevreuil, C<;hd qui a uno (lmo cafaNo do sentir la beauté des œuvrea de Dieu, qui se réjouit du apeotoote de la nature et oontemple aveo amour les merveilles de !a création, celui-là, queUe que soit aa pauvreté, so trouve toujours assez riche et ne manque jamais de phuatra iNnoeeata.

UI. t.'EXCELLNM P~M UB MUUutJM.

Les parents de Fridolin, Nicolas et Marguerite, demeuraient à l'extrémité d'un petit village situé au milieu dea bots et appelé Haselbaoh. Leur modeste chaumière était presque aussi vieille que le poirier séculaire qui la couvrait de son ombre. Son toit grisâtre l'abritait contre la pluie, parce qu'on l'av ait depuis peu réparé avec autant de soin que d'économie. Leja~din attenant à la maison était fortpetit, et uuohaie d'épines lui servait de mur. Les passants, qui jetaient tes yeux sur cette humble demeure, ne pouvaient s'empêcher de dire VoU& une habitation bien miséraMe 1

Malgré sa pauvreté, Nicolas était l'homme le plus heureux de tout le pays. Parmi les riches paysans qui l'occupaient à faire leurs récoltes ou à battre le blé dans leurs granges, il n'en était pas un seul quin'envi&t sa bonne humeur plusieurs lui disaient

Comment, toi qui es si misérable, peux-tu être si gai et si


Je ne suis pas si pas si pauvro que vous oroyea, répondait Nioota8;j'aiunpcrotrës-riohequinome laisse jamais manquer du nécessaire o'eat notre père qui est au oiat. Sous ma méchante veste. }e garde un trésor que je ne donnerais pour aucun prix, c'est une bonne consoienM; avec cota, je me porto, Dieu merci, le mieux du monde, et mes bras me servent à gagner le pain do chaque jonr. Quant à ma vesto de travail, ajuntait-H en souriant et en montrant ses coudes, elle est comme ta to!tdoma maison, c'est-a-dira un peu\ieiMe: mata eUen'efit point encore tron~o et me tient aussi chaud que pourrait ie faire l'hubit des dimanches do notre bailli. Pourquoi donc serais-jo triste?

Le bravo Nicolas devait sa bonne humenr à quelques belles sentences dont il avait orné sa mémoire, et qui étaient la règle de toute sa conduite. Son grand-père les lui avait données écrites en grosses lettres rouges et noires sur une espèce do tableau sous verre, et encadré, qui occupait dans la pauvre chaumière la place du miroir. C'étaient trois passages det'Eeriture sainte, accompagnes de quelques rc&exions en forme de commentaires.

Le premier était ainsi conçu C~KM .D< la crainte do Seigneur est le principe de toute sagesse: celui qui ia posséda ne doit craindre aucun malheur, ~arce que Dieu protège ceux qui sont à lui.

On lisait ensuite y& <~<oa <)'<:M~/ cefui qui vit de son tra< vail, et sait se contenter de peu, s'assure une vie heureuse et tranquille, et possède le plus précieux tr&ior.

Quantau troisième passage, voici ce qu'il disait ~o~ 1 fais ce qui est juste, et tes paroles seront agréables, tes pas assurés, ton sommeil tranquille, ta santé parfaite; car tu auras Dieu pour protecteur et pour ami.

Ces trois sentences, disait Nicolas, renferment en abrégé toute la science dn bonheur. Cftuiqui voudra les suivre en fera l'ex~érieuc)t comme je t'ai faite moi-même.


Marguerito, sa femme, na pouvait, dans les premiers temfs de leur mariage, partager sa satisfaction. La pauvreté lui sembla souvent bien pënibto.

Tu no t'inquiètes de rien, disait-elle un soir à son mari, pendant qu'assis à la porte il aiguisait en sifnaat sa faux pour aller fttuoher le lendemain au point du jour.

–Darien? reprit en souriant Nicolas. J'aurais bien tort. Bât-ce quo je n'aiguise pas ma faux a&n de la trouver bien affilée demain matin! Je ne vois pas vraiment ce dont je devrais m'inquMtfr encore.

Kous n'avons pas un seul noria à ta maison, continua Marguerite, un malheur peut nous arriver; que deviendronsnous a!ors!

Ehl mon Dieut femme, répondit Nicolas, s'il fallait tenir de l'argent en réserve pour tous les accidents qu'on peut pr~ voir, nous n'en aurions jamais assez. Je ne crois pas qu'il y ait beaucoup d'hommes capables de se mettre en mesure contre tous les coups qui peuvent tes atteindre; mais quand Dieu envoie quelque mal, il donne aussi te remède; il guérit qu-'nd il a frappé.

Dieu n'aide pourtant quo ceux qui s'aident eux-mêmes, ajouta Marguerite le village est plein de malades; si nous allions le devenir aussi t

-Cela peut arriver, reprit Nicolas. Mais ce ne sont pas les soucis qui nous conserveront en santé; au contraire, ils nous rendront plus tOt malades. Si nous te devons être et qu'il nous soit impossible de rien gagner, ce sera au bon Dieu d'y pourvoir, et il le fera beaucoup mieux que toi. Le soin qu'il se donne est toujours efficace, tandis que tes inquiétudes sont vaines et sans fruit.

Voilà comme tu es toujours, dit Marguerite; si nous venons à mourir, nous ne pourrons rien laisser à notre Fridolin. Rien? reprit Nicolas; tu es dans l'erreur, ma ch ère. H déposa son marteau, se leva et ajouta d'un ton solennel


J'espère M laisser mieux que des saos pleins d'OF !a coa* naissance de la doctrine chrétienne et une bonne éducation. H n'y a point do plus grande richesse au monde que la orainto duScignew.totravaH.tamodërationdes désira, )& haino du p~ohé, comme il est écrit dans mes trois bettes sentences. Regardes-tn ce riche trésor comme un faible honta~o, et crois-tu que Fridolin serait plus heureux avec beaucoup d'argent? sou~eotts seutement à en faire un homme pieux et honnête, je ser'ii tranquille sur sou sort. Comme je suis joyeux et de bonne humeur au milieu de ~indigence, H te sera aussi. La paix du cœur est le premier des biens qu'on puisse désirer sur cette terre; si nous ne l'avons pas, toutes les richesses du monde ne nous serviront de rien. Ayons confiance en Dieu, iaicons ie bien et nous ne pouvons manquer d'être heureux.

tV. CN ORA!tD MAtHECR.

NieolM avait raison mâture sa pauvreté, son existence et celle do sa femme étaient en eûbt très-douées et très-heureuses la piété, l'amour du travail, la probité, leur tenaient lieu de toutes les richesses. Leurs sentiments droits et honnêtes se déve!oppaient sans peine dans le cmur de FridoUn l'exemple de ses parents faisait plus encore que leurs paroles. Leur foi vive et profonde, leur amour du bien et leurs bonnes œuvres brillaient à ses yeux comme un soleil qui portait la lumière et la chaleur dans sa jeune âme. Il respirait en quelque sorte l'honnêteté et la vertu, comme nous respirons l'air qui nous environne. Il était la vivante image de ses parents; il avait le même coeur, le même amour du b~en, la même douceur de caractère. Tous les trois vivaient dans la plus parfaite union. Cependant un grand malheur vint bientôt afniger ces braves gens. Nicolas était un jour occupé à fendre du bois dans la


fardt, pendant que d'autres ouvriora abattaient un grand chêne à tr~s-pou de distança. Ces hommes y mirent si peu de précaution que l'arbre tomba prccisetnent du côté où so trouvait Nicolas. Ha cri&ront aussitôt pour l'avertir, mais M était trop tard, il n'eut pas )o tonpa do M retirer, une bran'ito t'atteignit et ta ïcnveraa viotcmtnfot à tfrro. Lo mathomoux fut biea~o en plusieurs endroits, son bt'aa droit surtout fut dans'cre'Memont attaqué. Tous Im b&f'ht'rons necourm'ent aussitôt pour la d~g'gcr. Ils priMnt leurs cravates et band&:ent ses btessurcs au~at bieK qu'it ieor fut possible. Kicotoa n'était pas on état do retournera la tnat~'n itsSront ua brancardavcodo~branobM do sapin, et to portèrent.

Marguerite et Fridolin furent saisis do frayeur en entendant la tumulte et les cris des personnes qui ncoompagnaient !a cortège. Maisquc! borriMespcotacto pour euxquand,regardant par la fenêtre, itavirentio pauvre Nieuias pottuaur le brancard et pale comme ta mort! iïs accoururent sur la porte en pleurant et te reçurent dans leurs bt'i's avec des SMng!otg.

Ne ptourez p:n, tenr dtt L' Mf~ e'eat te Seigneur qut a pcrtnis que ce mat m')nh !nt D.cn, s 'ns lit votonte duquel il no tonbo pas une se~tefeuitte dan~ les boi<, a vooh) que cet arbre m'atteign!t dana sa chute c'est un nnthent'qu'it faut savoir supporter avec patience; car si nousrccevona tes bijns do ht main du Seigneur, pourquoi n'en rocen-ions-nons pus aus'i les maux? CoaSom-nons en sa sainte Providence; tout ce qu'it fait est bien, et t'Eoritura ap)'eHo heureux ceux qui savent souffrir sans faiblesse et sans murmure.

Fridotin courut en toute Mte au plus prochain vittage pour chercher le chirurgien; cet homme trouva ta blessure au bras fort dangereuse, mais il ajouta qu'il ne désespérait pas de la guérir. Cependant t'etat du malade empirait de jour en jour. L'homme de l'art unit même par dire, en ôtant l'appareil, qu'il serait peut-être obligé de faire l'amputation du membre btes~e. Fridolinetsa mèrefurcnteUt'ayes de nette parole Marguerita


vontut aussitôt Mrs venir la chirurgien de la ville la plus voisine. Mattteurau~emont ao docteur était au moins aussiiuta!e~sd qu'il était habite, et ne aoderangeait que quand JI avait rasauranoe d'être bien paye. Quand il apprit que te malade <}tait un pauvre jonrnaticr, il no eo sentit pas d'humeur à fMire trois tienes pour venir te soig'nor. H so contenta do preaortre a Mar~ueritu certaines plantes qu'une pou'rait UtOMomont trouver dans les cha)np! et lui ordonna do los appliquer sur la bte~suro, en lui pronettant une prompto s'uerison. Marguerite, comptant peusurt'ftncacitmtu ronede, orutqMOÏo chirurgien ne vouluit que se d<'barrxsscr d'cite elle le supplia, tca main~ jointes et !os youxon picura. d'avoir pitié do son pauvre mari; mais ses prières et ses supplications furcat inutitM. Etto revint il la maison toute dt'so)ce et les yeux roo~) des plcurs qu'elle avait répandus sur sa route.

Ah! dit-elle Nicolas, c'est maintenant quojo sens comti.'n c'ost nn gcaudmathcurde n'être pas riche.

No parle pas ainsi, ma chère femme, lui repondit !o pieux Kicotas; ce n'est point rargrent qui sauve, c'est Dieu. Sa Providence viendra a mon secours. Toutes ses œuvres sont ptemea do sagesse et de bonté. C'est lui qui, après les brutantes journëeaA't5M, fait souMcr le vent frais du soir pour les moissonoeut'ii fatigues. A nous aussi, après nos peines cuisantes, il nous enverra du soulugement, si tel est te décret de sa haute t sagesse. Veut-it que je meure? ajouta Nicolas en élevant SM' i yeux vers le ciet; me voici. Seigneur, je suis prêt; je viens & \ous, et c'est ce que je puis souhaiter de plus heureux. Quant ¡ a ma iëmme et a mon entant, vous aurez soin d'eux, Père ccleste. Que votre volonté s'aecotnptisso sur eux et sur moi. La tristesse du pauvre Fridolin augmentait de jour en jour; il devenait pâte et perdait toute sa gaieté quelque amour qu'il eût pour son jeune chevreui), il ne s'en occupait presque ptus et le laissait courir en liberté sur les montagnes et dans les vallées. Il priait continuellement et demandait ù Dieu la santé de son père chéri.


Seignew, <MsaH-M. ayez pitié de nooa; seco~Mz-nowa pondant qu'H en est temps encoro, Père e6)esta, faites que nous <proMi;iooa!a\t')MdQ oettoparoto quo vous avez dite vousmetne « 81 tu M'tnvoquM au temps dn matheur, je saMventt ton âme, et tu confasaorna quo c'est mot qui suia te Setgnem'. a

V. UN COMMENCEMENT DE 8ECOOt)8.

A MM ticuo de IIasothnoh, do l'antre c0t6 de la foret, s'élevait le château de Finkeostoin le maître do co château partit un jour après d~euner pour la chasse avec son beau-frère, major de la garde. qui se trouvait alors en visite chez tut. Son ats Frédéric, jeune enfant do douze ans, qui dcj~ muniuit fort bien tejutt fusit que son oncle lui avait donné, sortit avec eux. Leur chasse no tut point heuro~e. battiront tous tes foun~s du bois sans rencontrer uno soulo piëco de gibier, ot s'avancèrent enfin jusqu'aux collinos boisées do Husotbach.

Le petit Frédéric était fort mécontent do n'avoir pas eu l'occasionde tirer un sent coup do fusil. Lo vieux chasseur Mocitz délirant lui donner au moins le plaisir de viser un Movre, lui dit en sortant de la foret

Prenez garde! parmi ces touffes do coudriers, dans co champ do trèSc, à une portée do fusil du bois, il est imposstbte qu'iin'y ait pas quoique tievreau g!te. Tenez-vous prêt; jo suM sûr d'en faire lever un que vous allez tirer.

Frédéric se mit & ta pluce que le vieux chasseur lui indiquait, son père et son oncle se mirent en embuscade aux deux autres cot&) du champ. Moritz s'avança parmi les bouquets d'arbres avec un excellent chien et se mit a faire une battue. Tout-àcoup le chien donne de la voix et le chevreuil de Fridolin sort d'une touffe de coudriers, à te pas de Frédéric. Cecharmant animal avait déj&pris de la f~.ce, et son front se parait de deux cornes naissantes. Frédéric met en joue et tire; le chevreuil


efR'ayo s'enfuît avoo !a rapidité de t'ëotair. FrMcrio heufe~s~ment ne t'avait point touché. Mécontent do sa maladresse, M te anivitdesyeux etle vitaveoétoanemont descendra danstavaHt~, gagner la patit village, passer avec précaution sur la plancho étroite qui servait da pont au ruisseau du montin, et entrer dans la premièra maison, cette du pauvre Nicolas, avao uno tranquiltité parfaite, oommo dans sa demaura noooHtMm~a. M. de Finkonatein et le major aooonrnreot au bruit du coup do fusil et demandèrent ça que Ft'ëdtMo avait tué. L'enfant, tout étonné do ea qn'it venait de voir, lourde que tejeuno ohavronit qn'it avait manqnd s'était réfugie dana une chaumière an bout du vHtage. tt ne savait pas qu'il était facllo d'apprivo'ser ces sortes d'animaux. Le vieus chaleur te lui apprit et lui conta l'histoire de rddfiin et do son chevreuil. Ff<Mërio n'avait jamais vu de prês un ohovreuit vivant ii pda son p&'o de lui donner ce plaisir et do lui permettre d'aiter jusqu'à la chaumière où le petit animal était cntrd.

Son père te lui permit volontiers. H conrnt aussitôt et presque aussi vite que io chevreuil effrayé du coup do fusil. Arrive à la chaumière, il entra dans une chambre où tout annoncoit la pauvreté, mais aussi très-proprement tenue. Nicolas était étendu sur son lit de douteur Fridolin assis à côté, sur <tn petit bano, donnait à son chovreuitto pain de son souper; car le pauvre enfant était si atlecté de ta position do son père, qu'il avait perdu l'appétit. Frédéric ne lit guère attention au malade il n'avait d'yeux que pour t'ctdgant animât, ït ne revenait pas de sa surprise de te voir si doux et si privé, qu'il se laissait earesserpar son jeune maitreetprenaities morceaux dans sa main. I.echtteiaindeFinkensteinetson beau-frère, conduits par le chasseur, arrivèrent devant la demeure de Fridolin. -Puisque ce charmant village reiève de ton ehttteau, dit Io major, il fuut que je profite de cette occasion pour le visiter, car je ne le connais pas encore. Entre dans cette cabane où est ton fils, et je vous rejoins tous les deux dans uu moment.


ttcoatinua da mareheravao le chasseur, et M. de Fm~enatein entra dans la chaumière. La~a du pauvre malade lui inspira d'abord une viva compassion. Il lui den anda avec intérêt quel était son maL Frédéric. qui c'avait qu'une chose en tête, prit son përa à Moart, et to prin da s'informer a'it ao serait pas poasiNo d'acheter le jeune ohovreuit.

–Ja!a Mohorata.dtt-i), dana les jardins du oMteau, ot fo lierais bien henrenx do poss<!dar Hn si gent)t animal. Fridolin comprit d'abord co quo FrJdôrio avait à demander tout bas& à son père, et dit

!i y a truis scoMincs je n'aurais pas donné mon chevreuil poxrtont t'argent du monde: mais aujourd'hui je no demanda pas Ntioax que do vous te vendre, et je porterait l'argent au chirurgien do la ville pour l'engager à venir soigner mon père.

Le digne seigneur, touche do cette marque de tendresse CUato autant que de la misère de Nioolas, remit à l'enfant deux gros ccus. Fridotin n'avait jamais eu tant d'argent dans ses mains, et, dans son ignorance noivo, il se crat immensément riche.

M.doFinkenstein, quoique généreux et bienfaisant, ne orut pas, pour le moment, devoir donner davantage. La situation du malade ne lui parut pas aussi mauvaise qu'elle l'était en enët il se disposait même & sortir, craignant que son beau-frère ne l'attendit à la porte. Jusque-là c'était peu de secours pour !e pauvre Nicolas, dans le besoin pressant où il se trouvait. Mais Dieu, qui fait tout avec sagesse, ne l'abandonna pas dans cette occasion. 11 moutra d'une manière merveilleuse et frappante que c'est lui qui tient le secours prêt pour le jour du malheur, et le fait arriver au moment favorable,


VI. UNE HRONEU3N mSCQWNaïa

Pendant que M. do Pinhenstein, Frédéric et FrMotia s'entre. tenaient ensemble, !o major entra. C'était un homme do tre.grande taille après avoir OM son chapeau surmonté d'un beau panache pour passer sous la porte, il fut même obligé do te tenir à la main dans la chambra, cap, découverte, sa tête touchait presque au ptatbnd. Ça brave militaire ne fit d'abord attention qu'au pauvre malade il prit la soute chaise en bois qm'M y eût dans toute la maison, et s'assit à côté do son lit. Mon ami, dit-il en jetant les yeux autour de lui, c'est toujours une triste chose que d'être malade; mais c'est un douNo mallrour, quand on ne peut pas se bien faire soigner. Vous me paraissez pauvre avez-vous au moins les secours nécessaires dans votre état! Vos parents, vos amis ne a'empreasont-its pas do vous soutenir et de vous soulager? Je n'ai aucun parent auprès do moi, répondit Nicolas; )e suis etrangerdansie pays, et je suis nea plus de vingt iieuos d'ici.

D'où êtes-vous donc! demanda te ma}o&

De Waidheim, reprit le malade.

De Watdheim! ajouta te militaire c'est un endroit que je connais. Je m'en souviendrai toute ma vie, car it m'est arrivé là une terrible aventure, dans laquelle j'aurais infailliblement péri sans un certain Nicolas Womcr, qui m'a rendu dans cette occasion le plus grand service qu'un homme puisse renare à un autre homme.

C'est donc moi, dit Nicolas avec surprise car je m'appelle Nicolas Werner.

Vous! s'écria le major; serait-il bien possible! 1

H prit une des mains du malade avec vivacl. puis il le regarda longtemps en silence et en s'eSercautde ra~peier ses sou-


venira. Les personnes qui étaient dans la chambra étaient étonnées de rexotMNtttioa du major et avaient les yeux attaches sur lui,

Oui, c'est bien vous, mon ami, a'éoria'-t-it enfin. Jf no vous ai vu qu'une fois dans ma vie, un seul instant; mais voa traits se sont trop blon gravés dana ma mémoire pour queja puisse les oublier jamata. Vous avIez alors la ~isnge frais et briMant; vous n'étiez point maigre et pa!e comme aujourd'hui; i cependant o'oat vous; je rcoonnais vos yeux bleus si doux et ai bienveillants. Que je suis heureux devons revoir t Je ne me souvions pourtant pas de vous avoir jamais vu, reprit Nicolas.

Vous allez me reconnaître, dit le major. Ecoute cette Ms* toire, mon A'ere, ajouta-t-il en se tournant vers le baron do Finkensteio.cttoi, Frëdério, ne veux-tu pas l'entendre aussi g U commença son rticit

J'avais dix-huit ans je traversais à cheval la vaste forêt au miHou do laquelle est situé Waidheim, pour aller à deux lieues plus loin visiter un compagnon d'études. J'étais dans un costume assez brillant et je partais avec une valise bien remplie. Comme je suivais la grande route à travers le grand bois do sapins, au coucher du soleil, une voix terrible, sortie du milieu des arbres qui bordaient la chaussée, me cria tout-àcoup

Arrête 1 arrête 1

La peur me prit et je ne pensai qu'à courir plus vite. AioK on tira sur moi et j'entendis le sifflement de la balle. Ce premier coup fut presque aussitôt suivi d'un second. La balle s'ar'rèta dans ma valise, et je l'ai depuis conservée en mémoire d( cette aventure. J'enfonçai les éperons dans le flanc de mon cheval. Les deux brigandsqui avaient fait&u surmoi se mire à ma poursuite en criant de toutes leurs forces

Arrête! orrêtel ou tu es mort!

Leurs cris ne me donnaient pas envie de me retourner; mon


cheval jouait bravement des jambes, et j'étais bien aûr qu'on ne m'atteindrait pas.

Malheureusement la route était mauvaise et inégale. Mon cheval rabattit; je fus lancé par-dessus sa teto ot roulai dana la poussière. Cependant jo n'avais aucun mal mais au moment où je me soulevais do terr9, un dos brigands se préoiplta aur moi le sabre & ta main etSt mine de me coMper la tête; 11 t'e&t fait, sans doute, &t un jeune homme, portant nn ûtgot do bob sur ses épaulos et uu bâton noueux à la main, no f&t sorti ) de la forêtjusto à temps pour me sauver. Voir io danger où jo me trouvais, jeter son fardeau, asséner un violent coup do bâton aurie bras da voleur, ce fut pour lui t'atRure d'un instant. L'assassin laissa tomber son sabre et courut avec des oris horribles se cacher dans tes taillis. Je n'eus rien de pins pressé que deroteverson armeet denté mettre endciënse, car t'autre voleur me pressait vigoureusement to sabre au poing. 0'ôtait un homme de haute taiiio, tout en lui respirait le courage et la force, d'auteurs il espadonnaitpurprinoipes et beaucoup mieux que mon maître de salle. Je ne pouvais manquer d'avoir io dessous avec un pareil adversaire. Mais mon sauveur le prit par derrière et FaocaNa de coups qu'ii ne put parer. A la fin, se sentant incapable de résister plus longtemps, il e'elanoa d'un saut par-dessus le fossé qui bordait la route, et s'enfonça dans la forêt. Le brave homme qui m'a sauvé d'une manière si miraculeuse est lepauvre Nicolas, que vous voyez; ne vous en souvenez-vous pas, mon ami? n'est-ce pas vous qui m'avez tiré des mains de ces deux misérables!

Oui, Monsieur, c'est bien moi, répondit Nicolas, et, si vous en doutiez, jepourraisvous en donner des preuves irrécusables. Vous portiez ce jour-là un habit de voyage vert à ganse dorée, et, selon l'usage d'alors, une plume blanche à votre chapeau rond. Votre cheval avait une tache à la t6te;ii s'était blessé la jambe droite à une souche d'arbre et boitait un peu; vous Ctea à pied le reste du chemin jusqu'à Waldheim, et je vous accom-


pasna!. Je Mo rappatio parMtemont toutes ces circonstances; mais, quant à vous. je ne voua aurais jamais reconnu. Voua aviez alors la tainaé)aacëo,toteintManoettoso; «opuia ea temps voua avez pris du corps et votre visage a bruni. Mon ami, continua le major avoo émotion, savez-vous qua jusqu'à ce moment j'ai été ingrat à votre égard? Je vous dois beaucoup, je vous dois la vie, o'eat une dette d'honneur que je rougis do n'avoir pa~ encore acquittée. Mo pardonnerez-vous cette négtigonoe? J'avais pris votro nom sur mon portefeuille aSn do pouvoir vous trouver. Mais alors j'étais jeune et étourdi, pou riche d'aiUeurs. Je remis do jour on jour, et bientôt j'entrai au service; la guerre s'alluma ii fullut partir et faire campagne en cent provinces. Bien des fois j'ai pensé à vous, mxia j'étais trop loin. Enfin, n'importe, je bénis Dieu do m'avoir mënogô cette occasion de m'acquitter envers vous, et, si vous no m'en voulez pas de ce long retard, je serai content, et j'espère que vous le serez aussi.

Le malade, qui ne savait pas que le major omit beau-frère du baron de Finkenstcin, lui demanda par quel heureux hasard il avait trouvé sa modeste demeure.

-De la manière ia plus extraordinaire, dit le major ce jeune chevreuil nous a montré le chemin, c'est un vrai miraole, et je ne crois pas que la main de la Providence ait jamais été plus visible dans aucun événement. Il m'a conduit chez vous juste )m moment de votre vie où vous avez, je le crois du moins, le t'ius grand besoin de rencontrer un de vos débiteurs. Le major s'informa très-exactement de la position du malade et voulut en connaître jusqu'aux moindres circonstances. Nico!ns lui fit voir sa blessure; le militaire, qui avait rapporté de la guerre quelques connaissances chirurgioaies, fut effrayé dé la gravité des symptômes, et s'écria:

Vous avez besoin d'un prompt secours, car vous êtes réellement en danger. Cependant il ne faut pas perdre courage vous m'avez sauvé la vie, j'eseOm vous la sauver à mon tour.


VH. aEoouaa coMpmr.

Le major se leva pour sortir et dit

-Je retourne en toute hâte & Finkenstoin, d'où j'envorrtA aussitôt mon domestique & la viHo, avec ordre de voua amener la chirurgien dont le cœur est si dépourvu de charité. L'appât d'ano riche récompense ne lui permettra pas d'hériter, et j'espère qu'il vous guérira bientôt. Quant au rogima dont vous aurez besoin pour votre convalescence, je me charge d'y pourveirconvenablement. Je suis trop heureux de m'acquitter ainsi envers vous d'une dette ancienne qui déjà pesait sur mon cœur comme un remords. Ne vous inquiétez point; avec le secours de Dieu, vous serez bientôt aussi gaillard que je le suis en ce moment.

Comme il disaitces mots, Marguerite entra dans la chambre, toute triste et tenant à la main un paquet de simples qu'elle avait ouoitiis dans la campagne, suivant la presoription du chirurgien. Quelle fut sa surprise de voir dans son humble demeure le brillant uniforme du major, ainsi que io baron de Fiukenstein et son mist Mais quand elle sut tout ce qui venait de se passer, elle ne fut pas maîtresse do sa vive émotion. Dieu puissant! s'ëoria-t-eiie, c'est un coup merveilleux de votre Providence. Le pauvre et le malade ont en vous un ami et un père qui ne tes abandonne jamais au besoin. Je le comprends aujourd'hui, ce n'est point dans l'or et dans les richesses périssables que nous devons mettre notre coaSance, mais en vous sent. Seigneur, qui tenez dans vos mains le cœur des hommes et disposez de toutes choses selon le dessein de votre miséricorde. Je vous remercie donc, comme votre humble servante, de la grâce que vous nous faites en ce moment. Tous les assistants furent touches de la piété naive de cette benne p~Mme. Le jeune baron, Fr&téric, avait les larmes


Moyens; mn!s sa grande inquiétude était de savoir eommout it forait pour emmener te jeune chevreuil au château. ~-Dequetto manière nous y prendrons-nous disait-M: !a petit animal est trop pesant pour que Moritz puisse le porter dans ses bras pendant toute la route; et ai on essaie de lui mettre une corde au cou, pour le traîner comme un boucher traîne ses veaux, il fera de la résistance et se blessera peut-être en ~o débattant c'est une question dimoito à résoudre. Pas autant que tu le crois, reprit le major; H y a ua moyen tout simpie c'est que Fridolin vienne avec nous jusqu'au château te chevreuil la suivra de lui-même. On prit ce dernier parti, et tout alla pour te mieux. Le soir thôme on vit arriver te chirurgien de la vitte il examina tr&s-attcntivemcnt la blessure, btama la maladresse de son confrère du viiioge, et ajouta

Si j'étais venu seulement quelques heures plus tard, j'aurais été forcé de vous couper la bras. Mais it y a encore possibilité d'user de remède. Avant six semaines vous serez guéri. Le docteur se rendit d'abord tous les jours a la pauvre chaumière, et plus tard tous les deux ou trois jours.Le major lui donnait son cheval et son domestique pour ces petits voyages. li prit te plus grand soin du malade, et a~tantque les six semaines fassent écoutées, Nicolas, Marguerite et Fridolin purent oo rendre au château pour remercier leur bienfaiteur. La blessure était radicalement guérie, cependant le docteur no cacha point à Nicolas qu'il ne pourrait jamais se servir de s 'n bras pour les rudes travaux de son état. Le major comprit c qu'il avait à faire; comme il avait une fortune égaie à sa S~nerosité, il assura à ces pauvres gens une rente aunueiie suffisante pour leurs besoins, avec promesse de l'augmenter lorsqu'ils seraient plus avancés en âge. Itpaya aussi le mémoire du chirurgien, mais en lui recommandant de ta manière la plus pressante de se montrer à l'avenir moins dur pour les pauvres gens, et de ne pas refuser les secours de son art & ceux métnes qui ne seraient pas en état de le payer.


te jeune chevreuil se trouva fort bien dans le para du oha.te'M, qui était très-vaste et onclos de murs assez élevés. L'année suivante, il avait atteint la taitte et le développement ordinaire aux animaux de son espèce. Pour les étrangers il étnit sauvage et ombrageux; il malmenait surtout les petits paysans qui esoah'daient parfois les murs et s'amusaient & le tourmenter. Qnand il en voyait venir quelqu'un, its'étanoait aussitôt sur lui et le frappait à coupa de cornes, s'acquittaut, comme on disait, des fonctions du garde-champetro: mais pourtesgens du oh&teau et môme pour les amis du maître qui venaient au jardin, conduits par une personne do la maison, il était doux et privé. En été, quand M. do Fmkensteiu et sa famille prenaient le thé soua les beaux arbres du pare, le joli chevreuil s'approchait et faisait le tour de la table, comme pour demander à chaque personneun morceau do pain. Los chiens de chiMseqxi entraient quelquefois dans t'onoios avec teur maître ne tui faisaient aucun mal souvent mémo le gracieux animât se laissait poursuivre par la meute entière a. travers les prairies, et semblait écouter avec org ucit et avec joie tes aboiements des chiens qui couraient en vain polir l'atteindre.

Ce n'était pas sans tristesse que Fridolin s'était séparé do son joli chevreuil, la première fois qu'ii était venu au château pou! l'y conduire; mais te jeune baron, voyant sa douleur, lui avait ~itp)')sietu'sibis

Ne sois p))s triste, il no tiendra qu'à toi de voir ce charmant animât au~si souvent qu-i tu ie voudras. Viens jouer avec lui tous les jours si cela te ptait; tu me férus plaisir à moi et a mes parents.

Frh.ot.n profita souvent de cette permission chaque dimanelle, quand il faisait beau, il parbut oprès vêpres, avec t'ag-remeut de ses parents, et se rendait à FinketMtein. Quand il urrtVMit, toute la fomttto se trouvait ordinairement au jardin; et alurs il partageait les amusements du jeune Frédéric. Sa vive et claire intelligence, ses manières aimables, sa joyeuse bu-


tneur !o rennaient agréable à toutes les personnes On eMteau. Monsieur et madame de Finkanstein étaient enchantés de sa bonne et fmnohe nature.

–Que! dommage, dit un jour la noble dame, que eo charmant enfant ne doive jamais être qu'un pauvre bucherux comme son père! c'est uue grande perte pour la société. Ma: qu'y fairti! ses parents ont trop do peine à vivre pour lui douner une éducation plus complète.

Crois-tu, ma cMre, lui répondit M. de Finkenstfin, qu · nous ferions bien de le prendre au cMteauPIt pourrait no' rendre quelques légers services, ii assisterait aux leçons de not) Frédéric, it étudierait avec lui la région, lu lecture, t'ecritun et la cateut; plus tard nous verrions ce qu'il conviendrait d'en ~ire.

C'est précisément ce que je voulais vous proposer, reprit madame de Finkenstein. Oui, prenons-le chez nous; je Méconnais pas de plus belle aumône que l'éducation donnée à des enfants pauvres, qui deviennent ainsi capables de rendre do plus grands services à leur patrie et à lit société, quand des dispositions heureuses répondent aux sacrifices qu'on fait pour eux.

Fridolin entra donc au château, à sa grande joie etàta grande satis action de ses parents. Le seigneur de F nkenstein lui St quitter ses habits de paysan et lui donna un vêtement tout neuf, de couleur verte et fort élégant, qui fit ressortir sa bonne mine et les belles couleurs de son visage. Mais ce qu'on aimait ptus encore dans Fridolin, c'étaient son zèle, sa bonne volonté, son dévouement à ses maîtres, sa Ndétité, sa probité, et ses manières aimables. Ces qualités le rendaient de jour en jour plus cher aux personnes du château.

L'honnête et pieux enfant que ce Fri Min 1 se disait souvent à lui-même le vieux garde-chasse Moritz Dieu et les hommes n'ont que des bénédictions et des grâces pour de si bonnes créatures.


<

VIÏL ENFANCE PB TÏHRRUY.

D)'na la petite ville de Watdingen. située à quelques milles d<* Finhenstetn, vivait on honnête et digne bourgeois qui s'appelait Jean May. C'était un maçon habite, ou plutôt un excellent architecte. Madeleine, sa femme, était aussi fort estimable. Ils possédaient une fortune sufnsante, et leur maison, batia sur la place du marché, près de l'église. passait pour une des plus belles de la ville.

ïts n'avaient qu'un enmnt, joli petit garçon remarquable par la vivacité de ses yeux noirs et Féctat de ses Joncs roses. La plus grand désir de son père, qui t'aimait extrêmement, était d'en faire un chrétien parfait et un citoyen utile à sa patrie aussi ne négligeait-il rien pour lui donner une bonne éducation. Sa mère, qui ne l'aimait pas moins, ne souhaitait rien tant que de voir un jour son cher Thierry l'homme le plus heureux et le plus considéré de sa petite ville.

Bon bon 1 disait le père, tâchons d'abord d'en faire un n honnête homme; nous serons sûrs ensuite que le bonheur et la considération ne lui manqueront pas.

Ce pèreinteitig-ent pensait avec beaucoup de sagesse qu'une bonne éducation doit commencer dès les premières années, et pour ainsi dire avec la vie d'un enfant; qu'on ne peut jamais :y prendre de trop bonne heure pour étouffer dans son âme ie e germe inné de l'égoïsme et dompter la fougue des passions naissantes. Mais la mère n'avait pas la même prudence. Elle ue pensait qu'à parer son6ts, elle lui recommandait de se tenir bien droit; elle lui apprenait à marcher avec grâce, à bien porter sa tête, à tirer élégamment sa petite casquette bleue brodée d'argent, et a saluer les gens d'une manière aimable et ui:itmgnée


Les bettes manières, diaait'&Ue sans cesse, i! t'y a que cela pnur <iuro la fortune d'un homme.

Le ma!tre maooa n'était pas entièrement de son avis sur oa point.

Je no condamne pas absolument ces petits agrémenta, dt* aait-ii; mais coque tu appettos da belles manièrea me fait l'effet d'une couette de pMtra sur un mauvais bâtiment, dont la fondement est peM solide, Je ne vois point là les conditions premt&rcsd'une bfnnaet sérieuse éducation.

MaistamfM ne voxt.Ut pasootxprcndre les raisons da son mari. Pour rien au ntondo eUe n'eût voulu se montrer sévère pour son enfant; et lit petne la plus t'~ro lui semblait une oruauM récitante. Dès quête malin Thierry se meMaita crier, scton son habitude, et il sangloter <)o toutes ses forces, on Beolement des qu'une larme coulait de ses yeux, elle s'élançait ausMtûtpour tni donner ce qu'il voulait; aveugMeparsa tendresse pour son favori, eUe négligea, dans le commencement, de le guérir de ses défauts et de le forcer & une p romptc obéissance. Cette molle indulgence eut dos conséquences terr.btes; le temps vint où il lui fut impossible de réprimer la fougue et la violence de ce mauvais fils.

Par malheur pour Thierry, son père était obligé de travailler hors de la maison il avait t'entreprise de plusieurs constructions importantes non-seulement dans la ville, mais encore dans des toeatitë9vo'sines;de sorte qu'il partait an point du jour pour aller à son travail et ne rentrait chez lui que pour t'heure des repas, ou seulement le soir au commencement de la nuit. Souvent même il quittait la maison le lundi matin et n'y revenait que le dimanche suivant. H arrivait de là que l'éducation de son fils reposait presque exclusivement sur la mère, qui ne cessait de le gâter par son imprudente faiblesse. Le pète lui disait souvent 1 Ma eMre femme, tu as un fils indocile et mutin, sois donc ptus sévère à son égard. Fais comme moi. Le père et la mère


doivent s'entendre surtout pour i'éduoation de ~ura f!:)~nti' si tu no to p!ais qu'~ détruire & mesure que j'ëdine, comment i'odiNee pourra-t-il s'aNbrtnir sur~a base 1

Madeleine ne manquait ni d'esprit ni de sens, mata sa tendrfSM hu cachait la vérité de ces paroles eHo ne remarquait pas les fautes énormes do son Sta, ou elle fermait volontairement tes yeux pour n'avoir pas à les punir.

Encore tout enfant, Thierry leva plus d'une fois la main sur sa mèru satM que ce))c-ct eût !a force do le châtier. –Veux-tu bien te mieux conduire? Fi) io petit méchant! 1 tuidisnit-eUp.

Et c'était ia tout. Une Ms Thierry frappa aussi son père. qui lui ôtait des mains un ooMtcau tranchant. Jean May prit aussitôt ia verge et lui donna quelques .ons coups sur les doigts.

Lever la main sur ses parents, a'ëoriait-i!, c'est Mn pëohô morte!

Mon Dieu! dit la mère, est-ce qu'un enfant de son ego eait seulement ce qu'il faitd

C'Cfit pour cela, reprit le père, qu'il est nécessaire de!e lui faire sentir. Je n'aime pas plus à battre qu'un autre, et quand une douce réprimande sutSt, je fais grâce d'une correction plus ïë\ère. Mab je vois dans cet enfant des germes funestes qu'il n'cst ja:tiais trop tôt d'arracher. Je m'en tiens à cette parole du s"ge roi Salomon

La folie est ~ro/oM~/M~~ ea~eM~e <~M e<BB!' <~ fe!a<f <! /M~ M~o~ M~e~o!«' a~'ac~er.

Si ta mère disait à i'enfant d'aller lui chercher qn<')<)n« chnse, te petit droie lui répondait hardimcnt:

Je n'ai pas le temps.

Alors, sans insister davantage, elle se levait e))e-même pour faire sa commission.

Thierry était-il à jouer dans la ue avec les enfants de son &ge, sa mère avait beau rappeler cent fois, il ne se dérangeait


pas, et il ne lut en arrivait rien, Ses cam'trauea se moquaient alors do ait mëra et se diraient l'an l'uutra en imitant td son ttesavoix:

Viens donc, mon petit Thierry, viens donc, je t'en pnf I.ui-memo 0) riait avoo eux, et son rcspt'ct pour elle attait 6'aiïaibtissant dojt'nr en jour.

Une fois il laissa son hi ro !'nppeterjnsqn'& trois fois do <!)))te sans lui obéir. Jetm Mtty descendit xussitot, et le prenant par la bras, lui apptiqnn de si bons coups de emvaehe que soi fetM~ oxmarftdM en furent tout tntcrdit~ et tromb)eront. –VoH~.dit- comme il faut corriger tous tc~ enfants qui n'obéissent pa:t à la première parole de leur père et do leur mère.

Depuis ce jour, Thierry ne se laissa, jnmtis appeler deux fois par son père. Au premier mot, il quittait tout, et accourait hors d'hateine en disant

Me voici, mon cher père, que me Tontez-vons? Vois, Madeleine, disait te ma!tfo mt'c~n, comme il Mt facile de plier tes enfants & rohéissa.nco quand on no manque pas de ta sévérité nécessaire il tenr c~ard. H n'e~t pas beboin d'employer toujours les coups ni les réprimander. Une seule correction bien appliquée snfnt pour plusieurs mois, quetquofois même pour toute la vie.

Jean May rentra un jour à la maison, au moment ou ou t'attendait le moins.

Oii est Thierry? dem'tnda-t-it.

La mère ne sut pus le dira.

Madeleine, lui dit-il alors d'un ton grave et sérieux, si tu veux remplir le devoir d'uue bonne mèrj, au nom du ciel, no laisse jamais ton fils courir ainsi au gré de son caprice et sans que personne le surveille La, sur ta grande place où on peut le voir de la fenêtre, ou même ici dans notre granle chambre, il peut s'amuser avec les honnêtes pcUts garçons de son ûge. Mais si tu lui permets de s'en aller Dieu sait où, comme un Y&-


pntto'ttt, na paut-H pas reaoontrw des enfants déprava, qui ta perdront p'u'tenr~c -nseits et t' u~cxempica, et lui prépareront to'tt une de honte et de mathfur?

Ces parot<'a ëtait'nt sages et satutaire~; mais Madeleine n'en tint pas co!M)'t' I. '!< prières et tes cajoteriea do son nta avaien) r ptus dt* p))~S)))"f que tesconacUade lit MiMn. D&s q~e )o p~yt avait lu dos tom')~, i'cniHOt pouvait courir pMFtuut où bon tu semMntt.

Le p~t'e onvrit un jour uno armoire, qui se trouvait dans t~ chambra de T'Mn'y.p'mryprfndt'o quelques dessina ot des p!ans d'arohiteoture; il y trouva de'tx belles poires dorcM, qu'il reco'inut d'at'orJ p mr avoir cH priiie~ ouf un gfamt pot rier, d:'ns tevt'tg~t'du voisin.

0& as-tu pris. ce:! p"ires! demanda-t-it à Thierry. C'est François, le nts de t'apothiomre, qui me les a données, r<Spoudit aussitôt t'cntaut.

C'c~t ce que nous athms voir, ajouta le père.

Il interro?)' Ffancois Fr;tn§ois ne sait pas ce que l'on veut h)! dire, ctThierrye.onvttinen de mensottge.est obh~ de dire la vcri.tS. Par une f. nctre grUtcc, qui donnât sur le verger du Tt)i!-m, il avaitvu ces bt?ttcs poires jaunes comme de ror briller sur le gazon, ait p:e.t de t'arbre: puis, au moyen d'une longue perche au bout de ~qmile it avait attacha un etuu pointu, H tes avait piqu~ s et s'~n était rendu mattre. Sa mère ne sut que rire de ce mauvais tour et se rcjouit ne de voir son petit Thierry si spiritneiet si adroit; mais le père ne prit pas la chose aussi paiement.

C'est le début d'un voteur, dit-il avec colère.

Et il corrigea son fils, pour son tnen:iongo et pour son vol plus rudement qn'it n'avait jamais fait.

–Quoi s'coria lu mère eu pieurunt; pour deux poires qut ne valent pas un sou est-ce la peine de n)a)tr"tt'r si fort ce pauvre eo'ant?

Que m'iMpoïte le prix des poires)! reprit le père, e'est le


vol que je punia. Cemaiheureux enfant n'u pas écoute lit voix do sa c"useienee; il n'a consuiM que te ~ir de ses yeux. Au lieu do se rappeler ce qui est juste et honnête, it a suivi son caprice, il a mopri:i6 les commandcmenta de Dieu, il s'est huMO prendre. comme la brute, à i'apf'at d'une votnpte spnsnette; voiXt pourquoi je !e eh)Uieaveo tant dorignpur ce qu'il fait est le commencement de la perdition. Le fruit defend't a coûté à nos premiers parents )a pef c du Paradis ce~ poirea étaient aussi pour notre n~ un fruit défend)). No pas !e punir pour te vol qn'H a commis, c'est s'exposer à en mire un homme pervers, ennemi de Dieu, extrêmement coupabto et muliteuroux.

Co bon père ne négligea rien pour faire comprendrea Thierry tout te tort do sa conduite. Hntro autres choses, quand l'heure du repas fut arrivée, h lui dit

H n'oilt pas juste qu'un voleur et un menteur se mette à taMe avec d'honnêtes gens.

Thierry tilla s'asseoir par terre dans un coin do la chambre, et, en punition do la gourmandise qui t'avait pou~sd à commettre un vol, on ne hu donna que du pain et de l'eau pour son dîner. Muia lu mère mit secrètement do cote pour son bijou, comme elle te nommuit, du rûti et des gâteaux, puis elle lui dit avec de douces caresses

Mange, mon petit Thierry, et ne pleure ptus. Ton père est trop dur; mais il ne faut pas t'annoter autant de ce qu'H peut te dire ou te faire. Demain de bonne heure il doit quitter la maison, et tout ira mieux pour toi.

C'est ainsi que cette mère insensée rendait vaine la prudente sévérité de son mari. Elle chercha même depuis ce mo:ncnt à' I couvrir toutes les fautes que Thierry pouvait commettre eu ` l'absence du père. L'enfant ne manqua pas de s'apercevoir des menso!'gcs que sa mère faisait en sa faveur. Il a'ca devint que plus menteur et plus indocile.

Malgré la sévérité du père, l'enfant conservait toujours pour


hu un Mapaat mêlé d'amour: on peut m6me dira qu'il l'aimait plus que aa. mère, Cetta-oi s'en ett~nait souvent elta ae roaëchissait pas que Thierry estimait son )'Èra. tandis qu'il n'avait guère que du mépris pourotie, et que l'amour ne subsista pas saua reatinM. Sou mari lui disait souvent

Chôra MadoSetne, los enfants doivent, avant toute chose, ))p)'ro!)'!ro à oratndce )enM ptu'ents; t'ntnour viendra plus tord. 11 faut que i'undeoossant.mentspMoMorautre, afin de l'atnenct- aprèa lui. Sonviona-toi do ce que dit l'Ecriture la crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse: mais rama.)r en est la ptenitudc et la perfuetton. Depuis !a chute de rt~tame, il faut oommenoor par la crainte ot SnH' par l'amour.

C'e~t dans cette pensée qu'il parlait souvent de Dieu avec !optua~ri)nd respeet, eo qui ne lui étatt point dtfncite, car son coear en était peuetre. tt cherchait à inculquer & son fils les sentiments dont il était lui-même animé, et à lui inspirer une profbn'te horreur du mal. Il lui montrait les faits les plus frappant: tires de la sainte Eeriturc. les bénédictions que le Seigncur répand sur les justes, et les punitions qu'il réserve aux impies Il s'appliquait surtout à lui prouver, par des exempter tirés de la vie ordimura, que Dieu a et:tb)i dans le gotnerne'ment temporel de co monde un ordre tel que la vertu n'y reste pas sans récompense ni le crime sans châtiment. H priait souvent avec Thierry; sa prière était br&tnnte du feu de son cœur, et conçue dans des termes que l'enfant pouvait comprendre.

Madeleine, au contraire, se contentait de lui faire réciter du bout des lèvres quelques paroles dont il n'avait ni le sentiment ni l'intelligence, et croyait qu'il n'en fallait pas davantage. Ces prières sont belles, mon enfant, disait le père; mais comprends-tu bien ce que tu demandes & Dieu? Il lui exptiquait alors ses prières et lui adress dt diverses questions pour lui &tiM comprendre le sens et ta portée de chaque p:u\)te. Pour la


première fois, Thierry prit un véritable intérêt à ses prières de chaque jour, et sa mère eUa-oeme e'etonnaquedea mots quelle avait prononces jusque-là sana les entendre beaucoup mieux que son fils, pussent renfermer un sens aussi admirable. Malheureusement cet excellent père ne vécut pas longtemps. Habile dans toutes sortes d'ouvrages, il s'entendait surtout à creuser des puits. Un rjtroidissomont qu'il prit Hn jour dans wne opération de ce genre fut cause do sa mort. La fièvre le saisit à son Ktour à la maison, et il comprit d'abord qu'il ne s'en relèverait pas. ït proBta do ses derniers moments pour recommander à sa femme l'éducation de Thierry, et it employa ce qui lui restait de força à lui donner sur ce sujet les plus aages instructions.

Au nom du ciel, lai disait- ne néglige rien pour en foira un homme vertueux et sage, un parfait chrétien. Eteve-ie dans la eminte du ScigTtenr; car lu crainte du Seigneur, on, en d'autres termes, la religion, est !e principe de toute éducation morale. Sans ia reiision point de vertu, sans la vertu point de bonheur po~siUc; la religion est le fondement de la vertu. comme la vertu est le H'n'tcmeat du bonheur vouloir rendre un homme s'~e et heureux sans la religion, c'est la même fo!io que si j'avuis prétendu élever bien haut un ediSce avant de l'avoir assis sur une base soHde.

N'oublie pas d'envoyer exactement Thierry à rëg!ise et &rërcole, Les parents n'ont ni les connaissances ni le temps nécessaires pour instruire suffisamment leur famille dans la reti" gion, dans toutes les sciences utiles et salutaires. Voit& pourquoi il y a des prêtres et des instituteurs. Oh t qu.'it est essentiel de graver les bons principes dans l'esprit de la jeunesse souv iens-toi donc de ce que je t'ai dit cent fois, de ce que je te répète encore à mes derniers moments ne perds jamais de vue ton fils, de peur qu'il ne fréquente de mauvaises sociétés. Garde-toi même de l'emmener avec toi citez toute sorte de personnes âgées, dans la maison desquelles il pourrait voir ou en-


tendre des choses qui exposeraient son innocence. Lea manvaM disooura et tes mauvais exemptes oa conduisent que trop souvent à dea principes faux et erronca qui tra!u''nt aprea eux les const'quencea les plus déplorables. Si un architecte ~e sert d'une règle et d'une équerre fausses, comment ses pixns seraient-lis droits et sesoonstrnctiuns régulières? 9

No laisse jamais ton fils & rien foird. L'oishetfi est le commencement <~ tous tes vices. Tu peux lui accorder ehoquo jour deux heurea de récréation ;m)US,')Hnnd il revifntde t'ecote à la maison, ne manque pas de lui donner une tMt-])e. U u'eat pas difaeite do fMire en sorte que le travail suit aussi agréable pour les enfants q')o le jeu môme.

Quand te temps sera venu pour lui de quitter l'école, fais-lui apprendre un état honorable sons un maître habile et plein de frobité. Ne lui laisse pas croire qu'il c'a pas besoin do travailler pour vivre, et qu'il peut se reposer sur la fortune que nous lui léguerons. L'argent, dit t'Eeriture, prend des uiles et s'envole bien loin comme l'oiseau que vous croyez tenir, au lieu qu'un état bien appris est une richesse sure et inépuisable. Apprends'tui surtout à ne point f~iro trop cas des agrémenta extérieurs, de la parure et des belles manicres. C'est l'homme iatërieur qui doit faire la beauté de l'homme extérieur, c'est t'âme qui doit parer le corps. Les bjaux dehors, quand ils no sont point l'expression d) qualités rJeite~, ressemblent & ces fenêtres fausses et postiches qui servent dissimuler le manque de symétrie et la mauvaise distribution d'un bâtiment, mais qui ne font entrer ni air ai lumière dans l'intérieur. Que le premier de tes soins, que la plus sérieuse de tes occupations soit de faire de ton 6is un honnête homme ne te montre point faible ù son ~urd, et ne lui laisse point commettre la moindre action mam'uMe trop 'te faiblesse de ta part serait une véritable cruauté. Beaucoup d'enf<mt; à qui ieurs pnrcnta avaient trop ménagé la ver~-e, out porté leur tête sur i'échafaud.


Telles étaient les sa~ea racommandations que cedt~ne homtno adressait à sa femme. Quand il sentit sa dernière henre approcher, H Ut venir Thierry auprès de son fit de douleur. Son visage pâle était deja~ couvert des ombres et trempa des sueurs do la mort. Il rassembla oo qui lui restait de forces, et dit à son Ch avec une onetion touohHntQ et un accent solennel Mon cher enfant! votoi l'heure qui va nona séparer; oralns Dieu et ~arJe-tot du mat: aie toujours cette pens<'a présente à t'esprit, que rcait du Seigneur est continuellement ouvert sur toi, qu'il lit nu fond do ton cœur, que !a plus profonde nuit n'a point de tcnebrM qui te puissent cacher, et qu'il no iaisso auoun crime impuni. Suia en toute ohoso la doctrina et les exemptes do notre Sauveur. Aime Dieu plus que tout au monde, gMde ses commandementa, prie-te soir et matin, et met~ en lui ta contianoa. Aime ton prochain comme toi-mcmc, ne faia de mal à personne, maii faia à. tous autant de bien quo tu pourras. Je crois t'avoir donne l'exempta d'une conduite sage et bien rcgtoo mat'ohe sur mes traces et sois digne de ton père. Montre-toi obéissant et respectueux envers ta mère, et fais en sorte do la rendre heureuse. Da tous tes tféiiors do la terre nous n'emporterons rien avec nous; le bien sent que nous aurons fait Cans oa monde nous suivra dans l'autre, c'est ia Neute richesse véritable et nécessaire; mais le mat aussi que nous aurons fait nous suivra dans la vie future pour être notre éternel châtiment. Sois donc pieux, honnête et irréprochaMc; vis detelle sorte que nous soyons réunis un jour pour m'être ptua séparés.

Ainsi parla ce bon père; il bénit son fils et sa femme, puis il mourut pleuré de l'orphelin et de la veuve qu'il laissait sur la t<itfe.


~X. THtEBRY A ~)9fOtE.

La douleur do Thierry {ut'i'abord vive et sincère; mais, quand ses tarmea forçat essuy~'s, i) no sentit plus que t'agrement d'être délivré d'un surveiiiant sévère et tio se voir tuut-tait son ma!<)0 car it savait si bien oujoter sa mère, qu'elle ajoutait foi & tous ses mensonges et lui taisisait Rdro toutes ses TotonMs.

Dn vivnnt de son père, Thierry se rondait exactement & !'ëco)e, ott il avoit Même fu~tdcs prosrt'ftrcmnr'p'abtM; car chaque soirit foUxit qu'il vînt avec ~.on petit livre et rendît compto de oo qn'it avait apprii* dans la journée. Le père ne manquait pas de demander souvent à son maître comment il s'était conduit pendant ta fiasse; et quand il recevait quelque plainte à cet égard, il te cMtinit sévèrement, do sorte que Thierry craignait plus les corrections qui t'atiendaient à la maison que ceMes qui lui étxifnt innig~es à Mcoto.

Maitteureusonent la mère ne sut pas maintenir cette sage discipline. Elle faisait bien lire encore son N!s tous les soirs; ¡ mais sa faiblesse était si grande qu'elle excusait toutes ses fuutes et'se montrait toujours satisiaite; quelque ncgiigJe que fût son eoiture, elle n'y trouvait rien & redire, tant eUo était aTeug-Ie et prévenue pour son cher petit Thierry. L'enfant devenait de jour en jour moins docile et moins désireux d'upprendre. 11 troublait ses camarades et leur faisait mille mauvais tours. Il allait jusqu'à tenir tête & son mattre et à lui diro en face qu'H se moquait de lui. Plus d'une fois l'instituteur se vit forcé d'user envers lui de châtiments rigoureux. Alors sa mcre prenait fait et cause pour son fils et entrait en fureur. C'était, nous devons le dire, une excellente femme, qui savait te montrer juste envers tout le monde; mais quand on faisait quelque reproche & son fils, elle se fâchait tout ronge. com<ue


ai on avait Tonht lui arracher les yeux de la t6te. Elle adressa dans cette oofasion des paroles amÈMS à l'instituteur il lui arriva même une fois do courir à t'uoote dans un accès de <olère et d'insulter !e ma!~e do lu manière la ptus e'r~'a devant tous ses etèvos. Revenue chez eH< son courroux na s'))pni!-a pas; elle eonlinua ses i)t\'ective<, et, ne trouvant rien autre chose à dire contre ce brave homme, ci'o se moqua de lit singalièro grimace qu'il faisait on chxn'unt ou lutrin. Thit'rry n'eut rien de plus fressu que de k contt'cfau'f et aa mëre da rapp)audir, en riant jusqu'aux iartnea de ses mauvaises ohat'ges. Depuis ec moment, Thierry n'eut ptus pour son tuuître to moindre rci-poet.

Le curé de la paroisse faisait souvent appeler la mero et lui adr~cnitde sages remontrances.

-Un instituteur qui rcmciitse~ fonctions avec zèle et aptitude, lui disait-il entre autres choses, mérite toute nore estime et toute notre eonthmoe. C'est le devoir sacré des parents de montrer leur roHonnaissanee et ~ers l'homme utit qui ëteve et qui instruit leurs puf.)nts, et de le seconder do tout leur pouvoir dans les pen.Ues travaux qu'it s'impose. \\tt'e défunt mari n'y manquait pas suivez donc en cela son exemple. H faut que l'éducation domestique soit en accord avec ta icoou de l'ccoie, pour que FuM et t'autre portent d'tn'ut'eux fruits. L'ecclésiastique parlait alors ù Madcieiue des fautes dont elle avait laissé prendre i'itabitude à son & s, et lui raeuutait quelques-unsde ses mamais tours.

Jeux d'enfant que tout cela, M. le curé, lui disait-elle, purs badinages, et ce n'est vraiment pas lu peine de s'en inquiéter. –Grande erreur, Madame, répondait le di~njpastcnr;ics défauts des enfants na sont pas d'aussi p :u d'importajee q'u leurs parents semblent io croire. Petits d'abord, ils an'usseut avec les années comme les lettres qu'un a gravées sur récorce d'uu jeune arbre croissent & mesure qn'it se de-ctoppe. Quant à ceux devotre fils ils, ne sout déjà que trop visibles. Il m'a nul


rfspt~t pour ann exeeltent ma!tr< qui lui servirait si volontiers do père. il s'est montré insr; at et désoMJasxnt a son égard il est plein d'envie et de haino contre ceux de aea condisciples qu'on lui profère justement & o'u.so do tour douceur et de leur exactitude. I) les tourmente, il les frappe, il les calomnie. Un eceur co!))n)t' le sien doit être oo nmo ces champs négligés où l'ivraie etou~ lit bonne semence dans les siUoaa. C'est oetto h'r~to amera ~n'it f!mt amteher tm)t prix. 11 est temps que votre H)ssoit soumis a nna disoiptinesCtèro, si voos lie vontez pas qu'il devienne un honxne sans crainte de Dieu ni des hommes, oopabte de viott'r tentes les lois diviues et humaines, le & -au de ses semt'tab~es et de tni-tnëme. Je vous le rëpète encore une fois il faut que les parent~, les instituteurs, l'autorité spirituelle et civile se prêtent u't mutuel secours et corn inent tenrs efRjrts pour élever les enfants, les instruire, pour le~ réprinMnder, pour les avertir et les châtier au besoin, si l'on veut en faire des hommes vertueux et sociables. Le o'f'e fit tes mOmes représentation~ a. Thierry dans l'école et lui parla d" ton le pt"s [ot.ernct. Tons ses camarades en furent touchés jusqu'aux larmes Thierry Ini-meme n'y fut pas insensible mais sa mère eut biento. détruit cette impression MU~taire. Elle donna tort au eur6. et prétendit qu'il était pr6venu contre elle et contra son fils. Knnn, comme c'était un homme irrépréhensible dxns sa conduite et vénère de tous, elle ne trouva rien de mieux que de faire sur sa perruque de méchantes plaisanteries anxqnelies Thierry prit d'autant plus de plaisir qu'elles lui dunnaienten quelque sjrte le droit de se mal 'enduire. C'est ain~i qu'elle neutralisa l'effet des remontrances du bcu prêtre, et fit perdre à son fils le peu qui lui restait de crainte et de respect de l'homme de Dieu. De ce moment il semblait n'aller plus à l'école que pour affliger l'instituteur et jouer de mauvais tours & ses camarades; il entrait dans rc"'lise sans aucun esprit de recueillement, troublait les autres enfants dans leurs prières, écoutait le sermon avec tant de


aëgMgenoe qu'il n'en sortait ni plus instruit ni mieux êdMe. da sorte que si la mère eut fait son devoir en lui demandant pa qu'avait dit le prédicateur, il n'aurait pas été onpable de lui apprendre seulement quel avait été te sujet de son discours. Ce n'étaient pas là les seuls torta do Madeleine. Entre antres encore, elle avait celui de gâter l'estomac de son tiis en lui donnant toutes sortes de friandises, de sorte que la plupart du temps il se mettait à table sans appétit, et se montrait mécontent du simple ordinaire qu'on iui servait. Chaque jour il savait, par ses cajoleries, arroeher à sa mère quelques sou:: qu'H conrait porter aussitôt chez le oonn~eur ou chez le pfitissier. Mais comme ses petites dépenses devenaient trop ftcquentes, et que, depuis la mort de son nMtheureox mari, la mèrf tétait forcée de mettre plus d'économie dans son mennge, Thierry se mit & la voler. Il ne lui prenait pas scutement de l'argent, mais encore des objets de prix qu'il vendait ensuite à des misombies pour le tiers ou le quart do ce qu'its valaient. Madeleine, s'apercevant de ces vols, en soupçonnait tantôt sa domestique, tantôt quelqu'une des personnes qui allaient et venaient dans la maison. Elle renvoya même une servante, parce que cette BMo avait prétendu qu'il n'y avait pas d'autre voleur que Thierry.

Ne tenant aucun compte des sages rccommandat'ons de son mari, elle laissait son 6is courir partout owome un vagabond. Il était toujours dehors, et s'il aihut quelque part, c'était pour battre les enfants de son âge, tourmenter les ammaux et faire tout le mal dont il était capable. Il était saos cesse à courir tes champs et à rôder le long des haies, cherchant des nids d'oiseaux quand il en trouvait quoiqu'un, son bonheur était de le détruire et de martyriser les petits jusqu'à la mort. Toujours dans la compagnie des erfants les plus pervers qu'il pût rencontrer, il prit toutes leurs habitudes et finit par se con'ompre entièrement. Son visage autrefois briiiant et rose d<iVfutjan<ie et hideux à voir. U étatt d'ailleurs malpropre dan!; aa mise.


Quotquetiamere d~pens&t beaucoup pour !eteuirauastbtea vêtu que devait t'être le fils du ptua riche bourgeois de la ville, elle ne pouvait obtenir do lui q')'~ mît )o moio )re soin dans sa toilette. Qoand U rentMit le sotr il la maison, ses phtit beaux habita ètaient gâtes. TantOt c'était Mue couture dëohirce, tantôt un bonton qui manquait, tantôt une tache dégraisse ou de fumier. Tout le monde voyait avec peine le chemin qu'il prenait. On le reg.trdaitonmmeun enfant perdu sans ressourça, et dans la vitte on ne l'appelait ptus que le méchant Thierry. Par contre-coup, sa rn~re, qui~'ts~u'aiers avait été en grande estime auprès de tous tes honnêtes gens, ù cause de ses bonnes qualités, de son exactitude à remplir ses devoirs religieux, de l'ordre qu'ette niaintetiait dans son ménage, de sa probité, de aa bienfaisance envers tes pauvres, finit par perdre insensiblement la considération générate. On disait partout qu'elle 'était une mauvaise mère, et on lui appHqu:ut le vieux proverbe Tel vent, tel temps tel valet, tôt m~tre; tel entaut, telle mère.

X. TH!EMY EN APPRE~TtSSAQE.

Quoique Thierry n'eût pa~nppris grand'chose & l'école, il dut cependant la quitter torsqne vint l'âge d'apprendre un état. Mais aucun mattre ne voulait le prendre chez lui; chacun craignait d'avoir aS'aire à un pareil garnement. I.es plus honnêtes gens de la ville disaient franchement à sa mère qu'il n'y avait rien de bon à attendre d'un enfant si mal élevé. Ces tristes témoignages troublèrent un peu son imprudente apathie; elle pensa pour la première fois qu'elle pouvait avoir eu tort, qu'elle avait trop g&té son Os.etque c'était peut-être avec raison qu'on l'appelait partout le méchant Thierry. Rtie ne savait plus que faire de ce malheureux enfant, et sa douleur


a'opanehaiten larmes amères. Elle lui parla très-sërteusement, lui reprncha tous se:! défauts et passa des heures entterea à 16 moratiser; ma~s tout ce qu'etto put dire fut inutile Thierry n'en tint aucun compte et lui répondit m&mo en des termes st durs, que te cœur de lu pauvre mère en fut brisé. Ah ) disait-eUe en pleurant, te proverbe a bien raison Il faut veiller sur un arbre tant qu'il est jeune; car, plus tard, s'il n poussé dans une mauvaise direction, il est impussiMe do te plier p~ur lui en fitiro prendre une autre.

Cependant un bonnëte serrurier, ami d'cnfance du maître maçon, eut pitié de la pauvre feat~e et consentit à Teoewoir to mauvais drôle ait nombre de ses apprentis. Dès qu'il l'eut chez lui, ce brave homme se donna toutes les peines du monde pour corriger les vices de son éducation et l'instruire à fond dans son état. Mnis te suetes ne répondit point à ses efforts. Malgré la patience et les bienveillantes intentions de ce digne maître, Thierry persista dans ses premières habitudes et se raidit contre les plus soscs conseils. Accoutumé &ne rien faire et à ne jamais se livrer à aucune occupation sérieuse, il avait le travail en horreur. Cependant il ne manquait pas de d'spositions natureite:) pour les arts, et comprenait facilement tout ce qu'il voyait faire. Mais il était t~che et paresseux au-deià do toute expression. Avec tes mauvaises habitudes qu'il avait contractées chez sa mère, il lui semblait très-dur d'attendre l'heure des repas, et comme il n'avait ptus de quoi acheter des friandises, il ëtxit toujours à chetcher dans sa tête les moyens de se procurer soit de l'urgent, soit des objets qu'it pût vendre pour en avoir. C'est pourquoi ce qu'il apprit le mieux dans son apprentissage de serrurier, ce fut l'art d'ouvrir les portes avec des crochets et de fausses clefs. 11 en fab'iqua en secret un certain nombre qu'il avait toujours sur tui.

Un :our que ses ma:tres s'éttu~-nt rendus à une noce et qu'il restait seul la maison, Thierry fit l'essai de son adressa en crochetant la serrure d'une armoire où la femme du serrurier


renfermait ses vêtements et ses parures. H y prit une chaîne d'argent qu'ettj ne portait plus et quelques pièces Manches. Le jcndemain, quand cette femme ouvrit son armoire poury serrer ses habits de fête et tes bijoux qu'ette avait portes la veille, elle s'aperçut, en remettant tout en place, que sa chaîne avait disparu. Tfoobtëe de cette dccouvefte, elle en fit part à son mari, Le serrurier visita la serrnre et reconnut o)airetnent qu'on t'avaitouvertoaH moyen d'un crochet. Ses soHpgonsse portèrent aussitôt sur Thiert'y; il fit une visite dans sa chambro.et trouva dans)a paillasse de son lit, non-set<tement ia chatnoet les pièces h'anettM, maisau~siMne montre d'or et doux oouverta d'argent, a<co bfaucoup de sucreries et de û'ion'tiscs.

Ce brave ho:nme paiit de surprise et d'horreur. Quelques jnnrs auparavant, it avait travaillé dans la maison d'un riche n''8oci!)nt de la vi:le, et Thierry t'avait aidé il poser qnctqnes se'Tnres; pondant ce te<np<Mne montre d'or penJuo à la mnntitfo <i))tM nne chambre htnte qu'habitait nn des employés du maître, avait été voMe. Cette montre, c'était précisément cette qu'ii venait de trouver; il lui fut impossible de ne pas la reconnaître à la description qui lui en avait été faite. Quant axx deux oo'tvorts, it sut qu'its avaient été pris la semaine précédente dans une armoire fermée, chez un pharmacien de la vii!e dont ils portaient les initiâtes. Thierry avait été chargé de tai présenter un mémoire de travaux, et il était demeuré assez longtemps sent dans la salle Il mans-cr pour y attendre tec!"ntaut de sa facture.

Consterné de cette affrense découverte, te serrurier descendit aussitôt *~dans sa boutique et-fit subir un interrogatoire à Thierry. Le malheureux fit bonne contenance et ne désespént pas de se tirer d'aSaire au moyen des simagrées et des measonges qui lui avaient réussi tant de fois avec sa mère. 11 se mit a pleurer et jura, surtout Ct; qu'il y avait de plus saiut et de plus sacré, qu'il n'était point coupable.

–Qui sait, disait-il entre autres choses, si quoiqu'un c'a p)M


p!)eM dan' mt paillasse tous ces etfats votes pour m'enlever, à moi p!<uvra enfant, la faveur du meHta~r des maîtres et ma ptungpr dans la honte et dans le matheur! Il ne manqua pas de guna qui sont jaloux de ma bonne place et voudraient me tt))'p)antpr.

La femme du serrnrte' qui n'était pas do sa nature une femme très-douce, ne put voir tranquillement cet excès d'efffuntorio. La eoter~ la mit hors d'Otto-même.

tnMme menteur! sVeria-t-oXe do toutes opa forces; Tûtenr abf'minabto, pour qui it n'y a pas assez de cordes otdeputenoea dans tout le paya'

Elle continua sur le mOuM ton et MoaMa Thierry de toutes tes injm~-squetttcc~'roj'ut tut sng~rer.AoMcrjs.am'aeaftno qo'ettu fui<xit, v< isu)s et voisines accournreot; les nns entrèrott dans la boutique, tes autres se contentèrent da voir et d'ëcoMter par h fenêtre.

Qu'est-ce? demandaient-ils, est-ce que !c méchant Thierry vous aurait joué quctque tour de son métier!

La femme du serrurier leur conta ce qui venait de se passer, en y joignant le récit do toutes les fredaines que Thierry avait faites depuis son entrée en apprentissage.

Pendant co temps-là, son mari, plonge dans le plus profond chagrin, rcneehhsuit en sitence.

Que faire? dit-il enBn si ce misérable n'avait fait tort qu'à moi, je pourrais, par égard pour la mémoire de son excellent père, ne pas le dénoncer an magistrat. et me contenter de le mettre à ta porte, car t'ctat de serrurier exige plus que tout autre une probité sévère, et ce malheureux enfant n'y est point propre; mais it a volé dans d'autres maisons, et ses vols sont t déjà connus de plusieurs personnes, 11 faut donc, quoi qu'il m'en coûte, porter ces faits à ta connaissance de ta justice. Un pareil apprenti pourrait à la fin déshonorer son maître et l'exposer aux plus fâcheux soupçons.

U prit Thierry par le bras et te&t monter dans sa chambre,


où le lit et la paillasse que sa femme avait remués aveo nue espèce de violence en faisant ses reenorchas, se trouvaient je<<b sur la plancher dans le plus grand désordre, t) y poussa le voleur, ferma la porte au moyen d'un gros verrou da fet place en-dehors et se rendit chez le magistrat. H revint un instant après, accompagne d'un sergent un grann nombre d'en- fants las suivaient, et une foule de personnes s'étalent assem. blées devant la boutique, impatientes de voir emmener le mechant Thierry.

Le serrurier ouvrit la porte et le sergent entra dans ta ohambrt pour s'emparer du voleur, mais il n'y avait plus personne à prendre, pins de Thierry. Le sergent se baissa pour regarder sous io lit et n'y trouva rien il retourna les matelas et ne fut pas plus heureux; il vit alors que to voleur avait quitté la piaco. Effectivement, la fenêtre était ouverte, et un des draps solidement attaché au barreau.

La chose est olaire, dit le sergent, le drôle s'est laissé coûler le long du drap, et pendant qu'on l'attendait sur le devant de la maison, il s'est enfui par le jardiu; c'est egat. ii n'ira pas bien loin quand l'heure d'un coquin est venue, M ne faut qu'un huissier boiteux pour l'atteindre.

Les gens qui attendaient à la porte de la boutique, voyant leur curiosité déçue, se retirèrent en murmurant et en maudissant le voleur. Une heure après on ne parlait plus dans la petite ville que du méchant Thierry.

Sa pauvre mère pensa mourir de douleur, quand on vint lui rapporter cette fùcheuse histoire. Sentant que la honte de son Sts retombait sur elle, et voyant le fruit dépioraMe des mauvaises habitudes qu'elle lui avait laissé prendre, elle s'enferma dans son appartement et Ct dire qu'elle n'était pas à la maison. Elle chercha longtemps dans sa tête s'il n'y aurait pas quelque moyen d'arranger i.'aSMre.

-Mais, hétast 1 se disait-elle en gémissant, de quoi lui servirait d'éviter toutes les rigueurs de ta justice? il lui resterait


l'infamie de son criuie, t~ohe horribto que toutes les eaux du Danubaot du Rhin n'effaceraient pas.

Cependant elle envoya partout des messagers & la rechercha du fugitif et promit une forte somme à oelui qui serait assez heureux pour le découvrir. Elle no put dormir de toute la nuit: c'était une nuit d'orage. Madeleine entendait le bruit du vent qui situait avec vlolenoe, et une ptnio furieuse venaIt battre sa 'fenêtre. La mathoHrcuse ntère avait le cœur brisô. Ah! s'écriait-cllo, où est, à cette heure et par ce temps affreux, mon pauvre Thierry? quel malheur! je reconnais maintenant combien de maux je me serais ôj'arg'nds à moi-même et à ce cher Os, en lui donnant une meittonro <Mncation. Tontes les recherches des messagers fntent vaincs; aucun d'eux no ramena Thierry. Sa mère était désespérée. Elle craignait que son fils no se fut jeté dans la rivière. Cette pensée la Bt frémir et to chagrin ta rendit malade. Ello fut plusieurs semaines sans pouvoir sortir, et, quand elle eut recouvré la santé, elle continua a rester enfermée dans sa maison, pour no pas rencontrer à chaque pas des personnes dont le regard l'eût fait rougir. Toutes ses nuits se passaient dans tes larmes.

–Ah! disnit-eHe souvent, je suis une mère bien malheureuse et bien a plaindre. J'aimais tendrement Thierry; tout ce qu'il voulait de moi, je le faisais; je lui donnais tout ce qu'it me demandait, et je ne trouvais rien trop cher. Mon sang et ma vie même, il eut obtenu tout de moi est-ce là sa reconnaissance? J'espérais qu'il ferait l'orgueil et la joie de ma vieillesse, et voilà qu'il m'accable sous le poids de la honte etdu malheur N'est-ce pas une chose anrense que de voir des enfants faire répandre à leurs parents des larmes ausd amères? Elle se disait aussi parfois

C'est à moi seule que je dois attribuer mon malheur, c'est moi qui ai perdu mon enlant par mon imprudente faiblesse; fcu mua o'M.-i était un tioatme plein de sens et de sagesse; il


me répétait auvent Je ne trouve paa mauvais que !& tendresao et la bonté d'une mère adoucissent da temps en temps ïasëvëritopateraeMo; c'est le Créateur lui-même qui te veutainsi. Mais quand la douoeur propre à la femme n'est pas soutenue par la fermeté do l'homme, eUe no produit plus que des catastrophes; rien do plus daNgereux que la moUesse dans réduoation. Pour tailler une pierre et la faire entrer dans tf plan d'un ëdMee, il faut le tranchant de la soie et le poids d't marteau. Ainsi parlait cet exoeMent hotome; )eme rappoUe enoore ses expressions. Quand il punissait Thierry et que je voulais retenir son bras, il me répondait par ces paroles du roi Satomon verge e< la <~M~Mae rendent tin m/ ~~< <M~<~X<oa<M<~K!~M.ÎJM'M M~C~COKM'C €?/?? M M~w~ eoa/}M&!M. Paroles véritaMes dont je M comprenais pas alors toute la vérité, mais qu'aujourd'hui je voudrais voir gravées partout en lettres d'or pour l'instruotion des parents.

X!. TatBBRT CHEZ LES BM.CONMEBS.

Thierry, dans sa fuite, avait gagné la forêt voisine de Waldingen. C'était une forêt immense, hérissée d'arbres épais et presque partout impraticable. Le malheureux s'égara dans tes bois et courut tout le jour de oOté et d'autre sans pouvoir trouver une issue. La pluie tombait avec force, et un vent d'orage, qui de temps en temps secouait les arbres, ag~cavait encore ta position du fugitif. Bientôt la nuit rendit l'obscurité de la forêt plus effrayante. La faim tourmentait horriblement Thierry, et le froid iaisaitclaquer~es dents. H craignit de périr daus ce lieu sauvage et VNMa un torrent de pieurs. Il se repenttt alors de son intame conduite, et prit en lui-mème la ferme résolution de ne plus voler. Malheureusement ce n'était point


Famour da Dieu, qui dt'icmt et punit le vol, maia Maternent Fangoissc et la iMyeu! qni lui inspiraient cetta bonne pensée. An ptus furt do sa ~nn!eur, il rencontra dans ia foret un h~mmo en ]t)ti;!on qxi portait sous son bras no p'roa paquet do branches de bouleau, et un bMon nouoHS & la tanin à sa peinture étaient attaches, du c&to gauche une gtbeoiët'o bien remplie, du c&t~ droit uoo bouteillo en fer-bleino. Aht )th! to voi) ), ))):unai3 dt'ûte, cria cet homme enlevant son bâton sur Thierry d'un air menaçant. Jo td rencontra bien à propo;! pourra ner une bonne reeotnpcnso. Tu en as fa!t do t)fttes, et je t'c!) fais mon compliment, On ne parle que de toi dans lit ville, où je suis utto 1 onr vendra mes balais. Pas si vite, ranu )M s.ents to cherchent partout, et ta chambre est d'jA pr(''p:u'o da))~ la prison.

Thierry so crutperdn; il se jeta aux pieds do cet homme, tremblant et les mains jointes.

Prenez pitM de moi, lui cria-t-il, et ne me livrez pas à la {notice. Je mcnM de ûum je suis si las que je pnis à peine me tenir sur mes jambes. Donnez-moi un morceau de pain, si vous en avez dans votre gibecière, etemmencz-moi pour passer la nuit dans votre demeure, autrement je périrai de faim, de froid et d'humilité au milieu de ces bois. Je vous en prie à genoux, soyez sensible à mon malheur.

Allons, allons dit en riant l'étranger, ce n'était qu'une plaisanterie. Au lieu de te faire du mal, je veux te tirer d'attiré.

Il mit la main dans !a gibecière et ajouta

Tiens, voici pour t'empêcher de mourir de faim. Puis, prenant sa bunteitiede ier-btauo, il but un bon coup et !a présenla à Thierry.

-Voilà, lui dtt-il, de l'eau-de-vie; c'est pour te donner du cœur.

Thierry but et mannea sans se faire prier.

Viens avec moi maintenant, continua l'inconnu. Je to


promets à souper un bon rôti et une croche d'exoettent vin, et à detautde lit, un bct amaa de fougera etue moussa biou seohea ponr passer la nuit.

Ces parûtes étonnèrent un peu Thifrry; il jeta les yeux sur son interlocuteur et ae demanda comment un homme qui semb!ait si misérable faisait pour se procurer du vin et dn rôti. Qui 6<e -vous doue? txi dit-il pour se tirer d'inquiétude. Je suis Hnymond, le mnrehanJ do btttaia bien connu & dix lienes à la ronde, répondit t'antre. Je suis ait secvioo d'un homme honoraMe qui ne demeura pas loin d'ici et qui a pria à iërtno pour très-peu de chose, toutes les chasses dosi environs. Viens donc, tu te trouveras très-bien avec nous.

L'on<hnt, qui se sentait fortifié par le peu de nourriture qu'il venait do prendre, suivit sans défiance l'homme équivoque que te hasard lui avait fait rencontrer.

lis marchaient à travers les taillis, om nul sentier n'était tracé en écartant les buissons et les petits arbres ponc s'ouvrir un passage, la pluie les trempait jusqu'aux os. Les ténèbres étaient si épaisses qu'ils ne pouvaient distinguer ni branches ni feniHcs. Thierry. pour no pas perdre son guide, le suivait d'aussi près que possible. A tous moments les to"iR's humides des arbrisseaux lui frappaient te visit~ru tantôt c'était un buisson auquel il restait accroche par les cheveux, tantôt une branche peu 6'evëe contre laquelle it S3 cognait la tète. Ils en eurent pour plus d'une heure à marcher ainsi peu fait à ce rude exercice, Thierry pleurait et $ang'totait comme un enfant. Ils arrivèrent enSn au sommet d'une co))ine étroite et pierreuse d'où ils descendirent dans une espèce de gorge res~ert-co entre deux montag-nes. Au moment où ils allaient so) tir de ce long denté, Thierry fut frappe d'un merveilleux spectacle la totèt lui parut tout en &ammcs. U vit s'ouvrir devant lui une large vallée. Une colonne de iumëe époMse montait le tung d'un rocher couvert de buissons les chênes séculaire:), les hëtfea élevés, les bouleaux à tiges blanches, des aunes déjtt


t't iaunia par l'automne, los tiapfus à )'<-)'not)o verdure Mm'btaient en proi~ a un vaste incendie d'mt tes unouuM ft le? rf'H~ta oSt'aicnt & t'cei) mille nuances ondoyantes. La pluie découlait de tous ces arbMf, et chaque goutte eu tombant brillai aux yeux comme une vive ctioo~'tto.

Nous voici arrivé- dit !e faiseur do balnis.

Ils ottcignirent i'nng'te dit roottcr et se trouvèrent devant M!~ grand ieudonUtt &Hnme s'ete~ait en snnaot dans les air.< Un homme, au n'ont hu'ge et ombM~ô d'6p)<)3 ohevenx noh'a, était appuyé contre le rocher; il avait les brna croisa sur s'. poitrine; lu ttommo vacittantH ('o)airuit sa bcUo a~nro et sa tai!lo majestueuse. M.'tgrë sa barbe noire etepaisaf, tnat~r~ la délabrement de son justaucorps vert, it y avait dans toute personne un certain air de dij~nit\ Un fn~U a dexx o«))ph était auprès de lui, et, & cote sur la terM, un cerf nu bois superbe qu'on venait de tuer. Cet homme fixa sur Thierry ses yeox noirs et perçants sans dire un seul )<)ot. Le petit voleur ne manquait ni d'assurance ni d'eiR'onterie; cependant ce regard fit une forte impression sur lui, et il se sentit saisi d'un sentiment de respect involontaire à ta vue de cet inconnu. Un autre homme, à la barbe et & ta chevelure blonde! sans habit et en chemise, était assis devant le feu, et s'occupait à faire tourner une branche de coudrier posée horizontalement sur deux piquets et à laquelle était embroche un excellent rôti de chevreuil. A quelques pas on voyait sur l'herbe un petit tonneau avec un pot de terre uoir comnM du HiMfbon, et qui devait servir a la fuis de verre et de bouteille.

Te voiiàentit), Raymond, dit l'homme qui tonrnaitla broche quel est cejeunt: drôle que tu nous amené;)? est-ce quelqu'un & qui nou" pouvons nous ner?

Oui, certes, reprit le miu-chand Je bâtais, en jetante terre ces branches de boulenu. C'est un gai iar.t qui s'est bro.tiUe pour la vie avec les honnètes gens de Waidingen. Mais il faut d'abord que je boive un coup, et je vous conterai son affaire.


11 prit la vieux pot qu'H remplit jusqu'aux bords, et but à longs traita en disant

–t.obonvin! 1

Puis il prit sa gibecière et la vida aur !o gazon.

–Voità du pain.continua-t-it; voilà dusel, dufromago d'E< dam, ai t'éptoiorno m'a pas trompe; du tabac à fumer, véritable Kanaster de Hollande, si je ne me trompe pas moi-même. Voici de plus un jeu do cartes neuf, et, ce qui vaut mieux encore, une provision de poudre et de plomb.

Puis se tournant vers Thierry

Allons, camarade, approche-toi du feu et sèche-toi. Vivo la foiel ce tonneau. Dieu merci, n'est pas encore vide, et notre gigot de chevreuil sera bientôt cuit.

-Bon, dit l'homme qui tournait la broche, ce jeune camarade va me relever de faction.

Ii se leva, prit les cartes, et dit au marchand de balais -Faisons-nous une part'ode cartes, en attendant le sonport Tu n'y penses pas, répondit l'autre il pleut encore, Un'y a pas un endroit sec ou nous mettre..

C'est vrai, reprit le camarade. Eh bien! je vais fumer. n remplit sa pipo du tabac frais qui venait d'arriver pen'dant ce temps-là, Thierry s'accroupit devant le fau et fit tourner la broche.

Le faiseur de balais chargea aussi sa pipe, et prit un tison ardent poùr l'allumer, puis il raconta l'histoire de Thierry. Cependant, mes amis, aouta-t-il en finissant, ce garçon, malgré tout te mal qu'on peut en dire, n'est pas aussi méchant qu'il le parait. Voilà pourquoi j'ai pris la résolution généreuse de lui apprendre à faire aussi des balais. Et puis il pourra nettoyer la batterie de nos fusils de chasse, car il a été apprenti serrurier, et son habileté dans ce genre peut nous rendre, voua te savez, d'importants services.

Raymond se tourna ensuite du côté de l'homme qui se tenait immobile appuyé contre ie Mener en disant


Et qu'en dites-vous, notre maître?

Cet homme sérieux haussa les épaules sans prononcer une paro'o.

Sfa M, ajouta Raymond, je croyais vous faire plus de plaisir en vous amenant ce jeune drôle, si vif et si prêt à tout. Mais sois tranquiUe, Thierry, je ne te renverrai pas, tu resteras a notrf service, et c'est assurthnent une place fort agreaMe. Pt-uionpnt il faut que je te ff'srie faire plus ample connaissance nvt'o ton xonvci.u maître. Ce n~'nsieur il ia mine sévère que tu V(!:s centre )o rocher, qui ne boit ni ne fume, on l'appelle monsif")r \u))t'r. n no parie jamais, et sa conversation ne m'en piu'î: q~f pins ))sr''ab!e; ce n'est pas un homme de busse naissance, t~i; it a t''tt)die, ma foi.

Qui p'u!c? cria Wat'er en tancitnt un regard terrible au fai~ut'~oMius. Quel besoin a l'enfant de savoir tout cela! c'est ic vin qui te fait jaser, Raymond; tais-toi, ou bien. En diMnt CM derniers mots, il regardait son fusil

AUnn- allons, reprit le bavard tout tremblant, je ne sats pas ce que j'ai voulu dire; mais c'est mon défaut quand j'ai bu, il faut que je parle vérités ou mensonges, peu m'importe, c'est pourquoi il ne faut pas prendre ce que je dis pour paroles d'Evangile. Entends-tu bien, Thierry? Ne me crois pas; tu as d(''ja '!û voir que j'aime & rire et à plaisanter.

Cet autre monsieur, continua Raymond, qui boit comme une perron).e naturelle et qui fume une pipe aussi bien que moi, n'est pas aussi difiieite à manier que l'autre; on l'appelle M. Hodoiphe il nous est arrive mis comme un gentilhomme, en habits brodas sur toutes les coutures.

–Pourquoi n'apprends-tu pas aussi ton nom à ce bambin $ dit Waiier d'un ton rude.

Comment? dit le faiseur de balais, mais rien de plus juste; ces messieurs m'appellent Schnaps, parce qu'ils m'entendent rO'Oer sans cesse Encore un petit coup de schnaps. J'avouet'.ti même que ce sobriquet m'a fait d'abord quelque peine; car


j'~taia autrefois riche à remplir de pièces d'or ce tonneau, et maintenant je vends des balais. Maia cela m'est bien égal, ajouta cet éternel oauseur en prenant le tonneau dans se) mains pourvu que cet excellent ami ne me trahisse pas, je me console.

Rodolphe, ayant achevé sa pipe, se leva pour voir où en était le rôti.

–Bravo! dit-il, !o voilà cuit tire-le do la broche, Raymond, et po~e-)e sur cette pierre plate.

t Raymond obéit. Pendant ce temps-là Rodolphe courut chercher un verre d'eau fraîche à une fontaine voisine et le mit à la portée de Waller sur une pierre saillante qui sortait du rocher. Waller prit un morceau de rôti et ie mangea sent, debout, puis il but ie verre d'eau. Alors, pendant que les deux autres, assis devant le feu, se gorgeaient de viande et de vin, it descendit au bord du ruisseau qui coulait à travers la vallée là it se promena longtemps de long en large, les mains derrière le dos, malgré la l'luie qui tombait encore et !a neige qui attait bientôt commencer à tomber.

Singulier homme, dit Raymond, et pourtant le meilleur des maîtres. Avec cela, je ne suis pas taché qu'il soit parti. Maintenant, du moins, nous pouvons nous livrer à la joie. Tirant alors à lui le petit tonneau, it remplit le pot qui servait de verre et dit à Thierry

A ta santé, mon camarade, & ta santé ce vieux vin! c'est un honneur qu'on ne t'a probablement jamais fait; mais it y a commencement à tout. Dis-moi, mais sois sincère, comment te trouves-tu avec nous?

Thierry était mouiHé jusqu'aux os; it brûlait d'un coté pendant qn'it gelait de l'autre, et les meurtrissures qu'il avait à la tête le faisaient cruellement souffrir.

–Mttis ttès-bieu, le mieux du monde, répondit-it en passant tamatnsurties piait;s; it faudrait être bici ctegotité pour iie trouver mal ici.


XII. THIERRY PARMI LES VOLEURS.

Cependant le feu autour dnquet se tenaient les trois bnwnra finit par s'éteindre; la pluie cessa, les nuages se dissipèrent. Dientût la pleine lune parut derrière les sombres sapins, et sa blanche lumière adoucit t'enrayante obscurité de la fbrét. Watter, qui s'était jusque ce m"mcat promené dans ta vallée, revint sur le rocher et dit a ses compagnons

–Qunnd finirez-vous? voûtez-vous passer toute la nuit à boire? Levez-vous et aitcz-vous-en. Toi, Rodotptie, couvre da branches de sapin ce cerf que je viens de tner Raymond le portera demain & notre homme; quant au tonneau, c'est son aSuire; je suis bien sûr qu'il ne l'oubliera pas. AUons, vite, partez je vous rejoindrai peut-être, peut-être aussi ne vous rejoindrai-je pas.

Puis, mettant son fusil sur son ëpau~e, il prit le chemin de la forêtet disparut dans t'obscurite.

Raymond et Ro'Mphe s'empressèrent d'exécuter ses ordres et se mirent en marche avec Thierry, à travers la partie la plus âpre et la plus sauvage de L. ~'rét. C'étaient des ibnrrcs épais à traverser, des roches escarpées & g'ravir. Epuise de lassitude, le malheureux Thierry pouvait à peine les suivre. 11 se mit à pleurer et à gémir comme il avait déjà Eut.

Un peu de patience donc, lui dit le faiseur de balais; nous arrivons et tu vas voir notre magnifique château.

Thierry aperçut enfin, aux rayons de la lune, une tour d'un aspect sinistre et à moitié ruiuee qui se dressait sur les débris l'un vieux château gothique. De hauts sapins et des chênes séculaires avaient germé sur ces rutne~ énormes.

–Oh 1 malheur s'écria Thierry, voici le Château des Bois dontma mère m'a bien souvent parlé; je te reconuius; est plein de revenants.


ïmMeite que tn es, lui répondit Rtymond, M n'y a de revenants que dans ta tête, qui est celle d'un sot. Non, non, reprit Thierry; on y voit des fantômes qui vomissent des Sammes. Ma mère me l'a dit plusieurs fois; Je tremble.

C'est nous-mêmes qui sommes ces fantômes, continua Raymond; nous jouons ces tours de sorcellerie pour écarter do notre demeure des hôtes importuns et jouir paisiblement de ces ruines.

Ils arrivèrent devant l'ancien ib.~sé du château c'était un Marécage rempli d'une eau croupissante, et encombré de joncs et de roseaux, ait milieu desqnets nos bris'ands avaient établi un chemin secret. Ii fallait, certes, bien eonnaitrd ia position des pierres disposées & out cfR:t sons ta surface de i'eau pour ne pas tomber dans le marais. La traversée faitf, ils suivirent quoique temps un sentier encombré de mines, de baissons et de ronces, puis ils arrivèrent ait p~ed de ia viciite tour. Rodolphe dëpiaca quelques pierres de taille, et te mur s'ouvrit en quelque sorte pour texr livrer un étroit pas-inge qu'its refermèrent aussitôt après être entrer. lis se tromèreut aior~ dans la plus profonde obscurité. En s'uvant unegaierie étroite, qui semblait ne devoir pas Soir, ils arrivèrent & leur demeure souterraine. M, il faisait un peu plus clair, mais ?:<& assez cependant pour qu'on pût distinguer les objets. Ro.totj'he battit le briquet et aiiuma une chandelle. A cette lumière, Thierry vit sur sa tête une vieille et sombre voûte, dont les murailles et le plancher étaient formés d'énormes blocs de pierres grossièrement taillées. Ce caveau souterrain était le seul débris entier du vieux château, et il n'était connu que de ces hommes. Une foule d'objets nécfS=aires à la vie et d'ustensiles de cuisine étaient jetés les uns sur les autres dans le plus g'rand désordre. A 'a muraille étaient accrochés des habits, des pistolets, des fnsils, des cabres, tontessortesd'armes. Dans un coin se trouvaient des tas depaitie, de mousse et de roseaux sec;) qui, avec quelques coussins, ser-


valent de Ht!) aux habitants do eo miscrnMe ycpnira; Us s'y étendirent en se couvrant de leurs vieux manteaux et ne se TéveiDprent que le lendemain, & l'heure on le soleil son rni'U, pénétrant a travers m'a petite Incarna ronde percét) dans 1~ muraille, vint éetaiKr le caveau souterrain.

On voit déjà quels étaient les Non'panx co'np')~non!< db Thierry. H seotitd'nbord bca<)cnnpdRr~p'nn))oe& vivre pu'tni eux, pm:! il finit par s'accootumer & tenr société. Cependant )< i présence de Watter lui inspirait toujours une sorte de re<' eet et de terreur. C'était, en efet, un homme sin~ntier qui ne ressemblait nuitempnt à ceux qn'it avait som ses ordres. Sombre et sévère, il partait peu et ne se p!aisa:t qnc dan~ la sntitnde. Il p-)ss!)it de iong'ue3 heures assi<! parmi ics mines, sur nn p"n de moraine écronlée, sons le f~niragc <)e-! no:r3 s'tpins. et lisait un petit iivroqtu semblnit très-vieux et rctie en parchemin gris. Un jour il l'onMia sur la pierre où il nimait ù s'asseoir. Thierry voulut y jeter les yens;mais il ne l'eut pas p!ns tôt ouvert qu'il le laissa tomber aussitôt avec terreur. C'était un livre grec Thierry, qui n'avait jamais rien vu de pareil, crut quo c'était un grimoire de soreellerie.

Le soir, Waller s'asseyait à l'écart sur les mines et r<)rjait le coucher dn so'eii, qui s'abaissait majestueusement derrière les montagnes hérissées de sombres sapins. A ce moment il n'y avait que Rodolphe qui eût le droit de l'approcher. H allait souvent s'asseoir à cote de lit et ils passaient les tons'ues henres de la soirée & converser ensetnb!e. Thierry voulut un jour entendre leur entretien et se ~)i<sa doucement parmi les broussailles mais Waller s'aperçut aussitôt de sa présence. T'ai-je appelé, drô!e? cria-t-ii d'une voix terrible. Non, seig'neur, reprit l'enfant tout eNraye.

Alors, retonrne d'où tu viens, et ne m'expose pas à tirer sur toi comme sur un chevreuil.

Thierry ne se le fit pas dire deux fois et s'enfuit à toutes jambes.


Waller descendait rarement dans le eavean pendant quo su compagnons jouaieut aux cartes, fumaient, buvaient. chantaient, riaient aux éclats, lui demeurait toujours sombra et taciturne.

Vous justifiez bien, tcur disait-il un jour, cette sentence que j'ai lue dans un iivrd ans'tais eonma h) momdra vent sufnt pour rider la surface des petits ruisseaux, de mono l'insensé rit plus tacitement que l'homme sag'e. Vous avez l'ama lë~ère et faible; tout vous amuse.

Waller passait quelquefois ia moitié des nuits a se promener au clair doiune parmi les majestueuses )'tU))M de l'antique château dans ces moments, Thierry se ~Ussaut auprès do lui sans en être vu, l'entendait ~emir et pleurer.

Jamais il ne passait ia nuit avec les imt.dnnstf caveau. souterrain. Il avait ~a demeure p:u'tieu!it''re i-uus les décombres du oMteau; mais i'entrce en était invisibio et acht'-e. ï~)ns ta. muraille du caveau se trouvait une grande pi.'n'o e;UT<'c qui tournait sur des g'onds en fer, comme les po"[M N~erctes et mystérieuses qu'on voit encore dans les ch:u<)ux du moycn&3'e. Cette ouverture donnait entrée dans une n'ah't'ie étroite et sombre à l'extrémité de luquelle était un escalier en spirate et délabré, qui conduisait jusqu'au dernier cta~'c qui rc~tnit deia. tour couverte de ronces et d'épaisses br"u's:)iiies. Une second? porte, semblable & ta première, tournait dans t~ mur de )a g'a< lerie et on entrait dans un petit caveau trej-etair c: (rc.propro qui pouvaità la rigueur passer pour une chambre. E.!e étuit éclairée parune fenêtre à vitres étroites, garnie d'un lit paMaL'ic, d'une chaise et d'une table de bois sur laquelle se truuvaKm. quelques livres. C'est là que, par les mauvais temps, il passait lesjournëes tout seul; quelquefois aussi il sortait avec i:o~ulphe et restait absent plusieurs jours de suite.

CependantThierry s'attacha corps et a'nea Htymond. Ce maître lui donna un ju)i fusil et lui apprit & tirer les :u)iinaux. Thierry trouva du plaisir à cet exercice et s'y rendit ti'c.i-h:t'


bile en fort peu do temps. H parcourait avec Raymond les &r8ts environnantes, et MontOt la confiance la plus intime s'établit entra eux. De temps en temps son maître se hasardait à lui < touche. quelques mots de vol et de brigandage mais ensuite, selon son habitude, il tournait la chose en plaisanterie. Cependant H lui arrivait aussi parfois, surtout quand ii était ëohauSti par le vin, d'aborder franchement la question.

Crois-tu donc, lui dit-il un jour, que mon état soit réellement de hure et do vendre des balais! Ah 1 bien oui! oa n'est que pour lu forme que j'exerce cette misérable industrie. Mes butais me servent de prétexte pour avoir entrée, soit dans la forêt, soit duns les cuisines des gens riches, et m'informer s'ils n'ont pas besoin do gibier. Ils me donnent aussi des occasions favorables pour voir s'il n'y a pas dans les maisons quelque chose à prendre pour notre usage. Plusieurs de ces gens riches ne sont guère plus honnêtes que nous. Comme je vends mon gibier quelques sous de moins par livre que les autres marchands, ils me donnent volontiers la préférence, quoiqu'ils sachent très-bien qu'it est en quelque sorte volé. Cette immoralité de leur part, '{ni n'a d'autre motif que leur avarice, trouve sa punition dans les vols qu'elle nous donne le moyen de commettre à leurs dépens. J'en médite plusieurs en ce moment-ci, et, dès que les nuits seront plus longues, Rodolphe et moi nous ferons de belles aCuifes. Le dédaigneux M. Waller ne vient pas sans doute avec nous; mais quand il est absent plusieurs jours de suite avec Rodolphe, crois-tu qu'il perd son temps à se promener au soleil, à regarder la lune ou les étoiles, à contempler la belle nature! U s'occupe beaucoup mieux et plus utilement à attendre les voyageurs le long des routes, à leur mettre le pistolet sur la gorge et à les dépouiller. Mais pourquoi te dire cela tu ei< un gaillard intelligent et tu dois t'en être aperçu dë~a. Courage donc un de ces jours nous avons, Rodolphe et moi, un coup superbe à faire je te promets que tu Stiras de la partie.


!.o misérable Thierry, qui dès sa plus tendre jeuneaao avait l'habitude dit vol, ne trouva rien à objecter à cette infama proposition, et l'accepta sans difnoutté.

Co beau projet fut réalisé. Par une nuit sombre, tandis que l'orage grondait et que la pluie sHnatt avec violence, no~ brigands pillèrent les paysans les plus nisés des hameaux et des villages voisins et revinrent dans la ft'ret chargea de butin. Thierry on eut sa bonne part. Profondément ddpmv6 ooount' ft était, il prit goAt à cette vie oisive et vagabonde: il trouva merveiiieuxde s'approprier à si )'cu de f.ais ce que d'autres avaient amassé par un travail opiniâtre, à la sueur de leur front. Cependant it ne s'abusait pas non plus sur les dangers do cette vie infâme. Les voleurs n'étaient pas toujours heureux dans leurs expéditions. Souvent on donnait t'aiarme dans les tours, et tous les paysans se levaient en masse. Les brigands alors faisaient retraite, poursuivis de près par des hommes armés. Unofbis un énorme chien de cour qn'onavait iScM courut sur Thierry, le prit par le cou, le serra et le secoua si rudemontqu'ii aurait fini par tedcehirer, si Rodolphe n'était accouru pour lui faire Métier prise il coups de sabre. Cepon.tant Thierry fut mis dans un triste état il perdit beaucoup de sang; ses blessures lui causèrent de vives sooSraneea et furent longtemps & guérir. Car il n'y avait point de chirurgien dans t''s bois, et it n'était pas tenM d'en alter trouver un a la viite, où il courait risque de tomber dans les mains de la justice. N arrivait souvent que des soldats, des garde-chasses, des sergents faisaient des battues dans la forêt. Les voleurs, traqués par eux, -ne pouvaient pas toujours regagner leur retraite ordinaire, et il leur futtait alors passer des journées entières cachés dans un fourré du bois. Qui pourrait peindre leurs alarmes? Un oiseau qui voltig-eatt dans le feuillage les faisait fuir épouvantés ;quetqu fois ils passaient la nuit sur la terro humide, parmi des brou~saities mouitiées. Le jour, ils n'osaient tiu montrer datM aucun vtUag'e. ear le signalement d<' Kodulpho.


était depuis longtemps connu: quant à Raymond, il était déjà euspeetà bien des geoa, et ce n'était plus qu'avec crainte qu'it se présentait dans les hameaux pour y faire ses provisions de bouche. Souvent ils n'avaient pour vivre que du pain dur comme la pierre. Quelquefois même, au moment où ils s'asseyaient dans une clairière autour d'un bon fou, pour manger 'âne pièce de gibier qu'ils retiraient de la broche, une tronpo de soldats venait tout-a-poup les assniUir alors il leur fallait se lever précipitamment, laisser tout en place, fuir a jeun, et se trouver encore heureux do n'être pas pris.

Thierry se disait souvent à lui-même

–Quelle vie misérable que la mienne! que je regrette la maison de mon maître, la table eu j'aitais m'asseoir sans inquiétude, et le bon lit où je dormais d'un sommeil si doux et si paisible J'avais à travailler s'ins doute; mais la peine que je me donnais alors n'était rien du tout auprès des ennuis, des fatigues et des frayeurs mortelles qu'il me faut supporter ici. Mais ce qui t'enMyait le plus, c'était la perspective de la prison et de l'échafaud. Le remords dont les scëiërats même les ph)s endurcis ne parviennent pas à endormir pout'tottjottriiio ver rougeur se reveiiiait par moments dans son &me et lu déchirait.

Thierry! Thierry! sedisait-HatorsMui-meme, te voi)& devenu un scélérat abominable devant Dieu. Si tu mourais dans cet état, ce qui peut arriver à tous moments, que deviendrait ton àme, et quel serait ton sort dans l'autre vie? Alors it prenait la résolution de laisser là les voleurs et de sa mettre au service de quelque paysan.

Mieux vaut cent fois, disait-il, garder des pourceaux, comme l'Enfant prodigne de l'Evangile, que de mener plus longtemps une vie aussi misërabte.

Mais dès que tout allait bien pour lui et ses compagnons, dès qu'il pouvait mener joyeuse vie, il perdait entièrement de vue eesp~etsde réforme, ou plutôt iien renvoyaiti'exëoution&un


autre temps; H ouatait cette sxe-e parole que son exeellent père Ini avfitoent fois rfpetee Former M'ns cesse lu resntotx'n t.c s'xmender et nu t'aeoomp.ir jamais, c'est le gmnd chemin puur al er en enter.

X!H. CK COMPLOT.

Un matin qne la bnnde se trouvait r<'dnite à h flprn~re dd. tresse, Raymond se ren,lit aveo Thio'ry dans une axbetgc qui se trouvait isoMo au milieu de lit furet. H y ~tait connu depuis de tun~Hcs ennëes et avait déjà fatt gagnef beaoconp d'arsent à l'aubergiste, qui, peu scrupuleux sur les pt'incipcs do la mo)'a)e, ne faisait pas difSo))~ de t'u acheter son gibier do contrebande et tontes sortes d'objets \o!ës. et de lui donner en ëchang-e des provisions. Cette fois encore, il lui fournit des provisions pour une tabatière en or d~roMe depuis qnetques jours. Cette belle opération ftite, les deux pourvoyeurs revinrent le soir à lit caverne, charges de vivres.

Réjouis-toi, Rudotphe mon ami, s'e'Tia Raymond; je t'apporte, entre autres choses, du vin, du tf.bitc. et ce que tu aimeras mieux encore que tout le reste, un jeu de cartes neuf. Nous allons de nouveau rire, boire, chanter, fumer, jouer dn matin jusqu'au soir.

Watterae promenait alors tout senl, selon son habitude, parmi les ruines du vieux château. Rodolphe lui Ct signe de venir dans le caveau s'asseoir auprès d'eux à la même table. Il ne répondit que par un signe de tête et continua sa promenade solitaire. Cependant Rodolphe lui porta sa part du repas; il mangea seul à l'endroit o<i il se trouvait, ce qui ne fit point de peine à ses trjis trois compagnon~, libres ain:,i de se livrer aux bruyants ëotuts de leur joie grossière.

Pendant qu'ils se gobergeaient à table, Rodolphe prit ia patote et dit


Voici encore une agréable journe.) pour nous, camarades, nul ne peut dire le oontmiro. Mais j& o'aina que nous n'en n'ayons pas il l'avenir beaucoup de pareilles. Nos faibles provisions d'aujourd'hui seront bientôt epuiscc~, et alors que tarons-nous? je vous !o demande. La tabatière vendue, il nt nous reste plus rien, et noua trouverons difticilement à bnttro encore monnaie dans ee pays-oi nous y sommes trop connus; le seul parti qui nous re~-te à prendre, c'est de frapper un grand coup, et do passer ailleurs avec tout le butin que n<'ua aurons pu faire. Qua dites-vous d'une attaque contre le citdteau de FinkfnstcinPX'cst-ce pas )~ une hou'cuso idée? Que vas-tu proposer? reprit Ritymond ee c))!tte:ut est defendu par des murs cpais, garni de portes de fer, h<hMso de bastions autant et plus qu'une eitadette impcriato. Tu as raison, réptiqoa Rodolphe. Fitikenstein resspmMe& à une forteresse impren~bte; mais cruis-en l'expérience d'na vieux soldat il n'y a point de fort si bien défendu où l'on ne puisse entrer sans peine, pour peu qu'on ait des intctti~ences dans la place et nn uun Mm qui vous en onvM les porter. C'est le service que le brave Thierry peut nous rendre dam h. circonstance aotueUe. I~outez-tnui donc et voyez comme la chose peut facilement s'exécuter. C'c~t lu temps on le scis'ncur de Finkenstein et sa famille vont tous les jours, quand la soirée est belle, ft la chasse des bceas-.ines. Il faut qu'a i henM où ils rentrent ait chatcan, notre di~ne Thierry se montre sur leur chemin, couché par terre, comme si une maladie soudaine t'empêchait d'atter plus loin. On le croira facilement sur parole, car le gaillard a si mauvaise mine qu'on penserait qu'il f-'eat préparé pour toute sa vie au rôle que je veux lui luire jouer dans cette affaire; et comme Fiukeustcin se trouve & ptusd'una demi-heure de chemin du v;I!age le plus rapprot h~, on le fêta a certainement porter au château pour y passer la nuit. Alors, quand tout sera p!onge duus le plus protbud sommeil, l'enf~ut nous ouvrira une porte dérobée, et nous entrerons oans la place.


BaTmnn~ r~twtpit aveo inquiétoda et batMnitm Mtecomme on ht'num'qui est prëoccnpë d'une arriëM-pensëo. Le p)an que tu nous proposes là, dit-il eonn. est assez Mem pnno)). Mitisjo oro s, Rodolpho mon ami, qu'il n'est pas ëotoa df ton cerveau, et que o'fst à notre doota seig~nonr, qui se promène ~-haut pttt'mt les ruines, que doit en revenir tout t'honnenr. Cependant, je suis loin de t'approuver; je m'étonne q'tettt MM )t'p<'o{)osp~. fo n'J~'no'cs pa-! que ie baron de Finkenstein )n'~ fxit atUretbis be!mcou!) lie bien. Je lui dois de !a. nconnai~nnep. D'ttitk'ut's, hu et ra ixnnUe sont d'exeeUentea g'e:.s, et je sernis dt~oM qo'i) tcur arrivât le moindre mat. -Allons ~onctn'prit Rothttphe. i!s sont riches comme des C'ësns et ne tiennent pas beaucoup à t'arg'ent quelques mitJifrsd'ccns de plus ou de moins no sont rien ponr eux; c'est un taibte pretÈvemt'nt snr tenr superRu, et, comme on dit; un seau d'eau p)'is dani! ta rivière.

Je nedis pas le contraire, ponrsniTit te marchand de bataia, mais le seigneur de Finlcenstcin ne se tnissera point piller sans eottp férir et te~ bras croies. !) se mettra sur la défensive avec sou brave ëar'te-ohosse, et il y aura peut-être du sangr verse. Que ce soit ia ton mo'ndre souci, r~piiqoa Rodolphe; le seigacur WttHer, en habile général, atout arrangé de manière que nous ne courons pas le risque de perdre un seul cheveu. Tu le connais aussi Mcu qne moi c'est na homme St'ge et qui criunt i'cN'tsion du stns'.Hconduiratui.nteme toute l'affaire et prendra exactement toutes ses mesures pour qu'on ne s'aperçoive de notre visitt: au château que le lendemain, en voyant l'or et t'arment disparus, comme de jeunes oiseaux qui sont sortis du nid. C.'pendaht nous prendrons des armes, par prudence, et pour être en état de nous tirer d'afRurëeneasde nécessite. Au reste, Walter prend tout sur lui; sans tirer na coup de pistolet, ne: sommes sûrs de ne pas retourner tes mains vides.

Si je croyais que 2a chose sMt comme tu J'aNNoncts, t&*


prit Raymond, je n'hésiterais pas. Mais puisque Waller est de la partie, t'ofRure est en bon chemin do succès; je m'abandonne à lui corps et âme.

Cette parole dite, le misérable Raymond reprit sa gaite~ossiëre et sa joio crapuleuse.

Bravo! dit-il en élevant son verro plein de vin; vive notre die'ne chef, la docte Wattor! IHaut convenir, ma foi! que l'éducation sert à quelque chose.

I) sabla son vin et poursuivit

Maintenant écoutez-moi. Quand j'ai bu, j'ai aussi quelque ima~inative, et le vin debrouHte mes idées. J'ai servi autrefois chez M. do Finkenstein et je connais aussi bien son eL&tenn que ma propre maison, qu'on a vendue ait plus offrant à la requête des cabaretiers do la ville. Ma)grë l'aspect sombre que lui donnent au-dehors ses ieittes tours g'ses et ses murs couverb de mousse, il est & l'intérieur aussi propre et aussi br:i)an< que s'il venait d'être b&'i. On l'a remis à neuf et les appartements sont de toute beauté. Seulement, il y a au rez-de-chaussée, le long d'un viens corridor, des chambres et des caveaux restés sans réparation. L'endroit où est i'ag~ntcrie, celui ou la dame de Finkensteia serre ses bijoux, celui enfin où le baron met son argent, me sont parfaitement connus. Sons la )onpue galerie il y a une porte solide en bois do chêne qui s'ouvre sur le jardin. Elle estgurnie de deux fortts barres de fer; mais elle n'a qu'une serrure fort ordinaire. Les deux barres, Thierry pourra très-bien les faire sauter pendant la nuit. Quant à la serrure, c'est une belle occasion pour lui de montrer ce qu'il sait en serrurerie. Dis-moi, mon ami, cette entre. prise ne te va-t-elle point! craindrais-tu de nous rendre ce té~er service? La première fois que je t'ai rencontré là-bas dans la foret, j'ai pensé d'abord que tu serais très-propre à travuittcr selon nos vues et que tu pourrais nou:) ouvrir les pot-té~ et les cassettes, dont nous n'aurions pas la clé sous la main. C'est a.c<mt!e de ton habileté dans cette partie que j'ai eu pitié de toi


dans ce moment critique et que je t'ai sauve de la mort. Le temps est venu de' nous prouver ta reconnaissance. Eh bien 1 que dis-tu! pouvons-nous compter sur toi} veux-tu justifier l'estimeque noua t'avons témoignée! te sens-tu de force à nous ouvrir l'entrée da Finkenstein? q

Olt bien volontiers, reprit le drôle; pourquoi pas? je veux du moins essayer, et j'espère que je réussirai. Raymond battit des mains en signe de joie. Rodolphe ajouta: –Demain, a minuit, nous ferons le coup.

Ils prolongèrent bien avant dans la nuit leur repas du soir et passèrent le temps a donner a Thierry des instructions p!na dëtMUiëea.J.e soin qu'Us prenaient à cet t~ard se réglait sur t'importance de rentroprise. C'était tantôt Raymond, tantôt Rodolphe qui trouvait quelque chose & ajouter, et Us n'ea SaisSHieut pas.

Le lendemain, dans le courant de la journée, les brigands se mirent en route, et, par des chemins déserts, par les sentiers les pins après de la forêt, se rapprochèrent de Finkenstein. Waller et Rodotphe étaient armes de grands sabres et avaient chacun une paire de pisto'ets chargés pendus à ta ceinture. Raymond portait des sacs pour y mettre l'argent et i'or qn'ifs comptaient voler. Thierry avait sur lui son paquet de pa~separtout et de fausses clés, qu'it appetait ses iniitrmncnts de travail. Vers le soir, ils s'embffsq't~t'at isur une co)JJMe bt~ëe, a quelques centaines de pas du chûteau, et de ia, caches parmi ~a arbres, ils épièrent l'arftvee deei habitauM de Fmkeniitetn. XIV. SCÉLÉRATESSE DE THIEBRT.

C'était une belle soirée d'automne un vent frais agitait doucement les arbres, et le soleil, s'inclinant à l'horizon parmi <ies nuases de pourpre et d'or, o&t'aH un spectaote magique. M. de Finkenstein, plutôt pour jouir de cette admirabte soirée


que pour tendre des pMges aux bécassines, sortit du cnMcan, suivi de son épouse et de ses deux enfanta, Louise et Frédéric. Moritz, ta vieux g'~rJe-chasse, venait par derrièreavaoua fusil sur i't'pnute, et un jeune gargon portait le Btet dont on avait besoin pour prendre los oiseaux. On se rendit dans une partie de la forêt tout à Mt propre à ce genre de chasse. C'était une prairie étroite qui s'avançait bien loin dans les bois, jusqu'au pied d'une colline couverte de Mtres et de bouleaux, dont les, cimes étaient magninquement éclairées des derniers rayons du soleil couptMnt. A l'entre de cette prairie sauvage, s'élevaient parmi d'antres arbres deux superbes sapins au moyen d'une corde qui aUnit du sommet de i'ux à celui de l'autre, les chasseurs dép'.oyerent dans son étendue lenr grand filet do couleur verte qui se batuncait comme un immense rideau de gazon à l'entrée de la forM. Le ~eig'neur de Finkenstein s'assit avec sa femme sur un banc formé par la mousse au pied de l'un des deux sapins. La petite dcmoiselle était entre son père et sa mère, tandis que Frédéric était sous l'autre sapin, tenant la corde qui devait servir à faire tomber le filet. Le vieux Moritz se plaça derrière lui pour lui donner le signal au moment propice. Tous gardaient le silence, et i'œ't des enfants était Nxé sur le Siet, mais aucun oiseau ne venait se faire prendre, ït y avait dejA que'que temps que le soleil était couette la tune, dont le croissant n'avait jusqu'alors paru que comme un de ces téKers nuages blancs qui flottent dans l'azur du ciel, commençait à devenir plus briitante, et l'éclat ennammé du couchant M perdait peu à peu dans l'ombre; le Siet ne se distinguait presque plus aux dernières lueurs du crépuscule mourant. Déjà les enfants désespéraient de prendre aucun oiseau. Mais voici que tout-&-coup deux bécassines emportées par leur vol rapide enfoncent leurs longs becs et leurs cous dans le filet, comme si elles voulaient l'entraîner après elles.

-Tirez! cria le vieux chas~ur.

Frédéric tira la Noelie avec tant de force qu'U iHUit T& oaa-


Mr. Le Htct s'abattit et deux bécassines s'y trouvèrent prises, à la grande joie des enfanta.

Ct;)a fuit, la petite compagnie reprit tranquillement !o chemin du ott&teau. Le seigneur de Finkenstein donnait le bras à sou ëfoose; les enfants allaient devant eux, chacun une bëcnssine à la main; Moritz et te jeune domestique venaient derrière.

Le misérable Thierry était déjà depuis longtemps à les attendre à quelques pas dp la route, sous un prunellier; il avait les pieds nus; une de ses jambes était enveloppée de mauvais linges, dfpu!s le genou jusqu'au talon, et presque aussi grosse qu'on seau à incendie dans cet amas de chiffons le fourbe avait caché ses faxsses olés et ses crochets. Quand la société p!)ssa dans l'ombre à eOté du buisson, le petit Frédéric s'aperçut h* premier q't'it y avait là quelqu'un.

Qui êtes-vous? cria-t-i!, répondez.

Thierry se dressa péniblement sur ses jambes, à t'aide d'une béquille, et s'approcha en boitant d'une manière misérable. U présentait avec affectation sa jambe prétendue malade, et faisait semblant d'avoir toutes les peines du monde à se tenir droit, même en s'appuyant sur sa béquitte

D'où viens-tu si tard, enfant, lui dit M. de Finkenstein, et où veux-tu at'er ?

Le &))u'be Thierry poussa un profond soupir et tonUt son visage comme s'il avait éprouvé d'horribles souiB'ances; puis il dit d'une voix plaintive

IMas mon bon seigneur, je suis un pauvre enfant malade, sans parents, sans asile, et réduit à mendier tous les jours de ma vie. Je ne demanderais pas mieux que de gagner mon pain, mais je nepuis trouver de service nulle part à cause de cette jambe. Je viens de trois lieues d'ici, de Suint-Gall, où j'étais atté pour faire panst'rma plaie par le bourreau il a mis sur ma jambe un emplâtre qui m'a brûlé comme le feu del'enfer. Mais cet habile médecin dit qu'il faut que ce soit ainsi pour


consumer la chair corrompue. En revenant, je me snia e?ar<! dans la forêt; depuis midi, je me traîne péniblement parmi les épines et je n'ai bu ni mang'é. Je voulais arriver aujourd'hui à Burglein, mais je ne le pourrai pas, et il me faudra passer la nuit sous le ciel, dévoré de soif et de faim.

Alors il tira de sa poche un mauvais mouchoir en tombeaux et feignit d'essuyer ses yeux, qui n'en avaient pas besoin. La noble dame fut sensible à cea démonstrations hypocrites. Le malheureux! s'éoria-t-ello d'nne voix émue; il n'est pas possible qu'il arrive ce soir à Burglein. Dis-moi, Louise, que devons-nous faire pour ce pauvre garçon!

Lui donner à souper, maman, puis le faire coucher au château, répondit la petite fille en essuyant une larme. Oui, c'est ce qu'il faut faire, dit à son tour le petit Frédéric n'est-ce pas, maman! tu es de notre avis. Papa est si bon qu'il fera guérir !a jambe de ce pauvre boiteux, comme mon oncle a fait guérir le bras de l'hounête Nicolas.

M. de Finkensteil1fixa sur Thierry un regard pénétrant, pour s'assurer qu'il avait dit la vérité.

-Je vais vous faire voir ma plaie, si vous le permettez, dit effrontément le miséraMe; quoique nous n'ayons qu'un quartier de lune, et quelques étoiles, vous pourrez cependant la voir._ Alors il se mit à dénouer le ruban qui attachait les bandages mais le fourbe savait bien qu'on n'attendrait pas qu'il mît sa jambe à nu. En effet, la dame lui fit signe de se tenir tranquille, en disant

C'est bon je ne veux pas voir ta blessure; je te crois sans cela; viens avec nous.

La compagnie se remit en marche et Thierry suivit par derrière en boitant de toutes ses forces, comme un homme qui a beaucoup de peine à se tenir sur ses jambes, mais aussi en riant sous cape de la facilité avec laquelle ou avait cru :,on mensonge.

truand M. de Finkenstein et sa suite arrivèrent à la porte du


château, deux serviteurs acoourcrent avec des bougiea allaméessur des chandeliers d'argent. La noble dame leur dit uussitôt de faire souper Thierry, désigna la chambre où il devait coucher, et ordonna que le lendemain au point du jour on allât chercher le chirurgien qui avait si heureusement guéri le père de Fridolin. Cela fait, eUe monta l'escalier de pierre avec son époux et ses enfants.

Thierry soupa dans la loge du concierge. La nourriture lui t~arut excellente et il y fit honneur, mais sans oublier son t'oie, et en ayant soin de porter de temps en temps la main à ~a jambe et de pousser des cris lugubres qui semblaient arraches par l'excès de la douleur. Quand il eut fini son repas, le concierge alluma une chandel:e et lui dit de le suivre. Il le mena dans le long corridor dont nous avons parlé plus haut, et ouvrit une porte. Thierry entra dans une très-grande chambre voûtée et pavée de briques rouges. Dans un coin se trouvait une vieille couchette garnie de matelus et de linge fort propre. A la muraille étaient suspendus quetques portraits d'anciens chevaliers en costume du vieux temps; leurs regards fiers et menaçants p:!raMsaient chercher Thierry. Voilà tu eh ttnbre à coucher, dit le concierge; tu n'as pas besoin de lumière la lune peut te servir de lampe. Adieu donc, et bouae nuit. Il prit sa chandelle et se retira. XV. REMORDS DE THIERRY.

Quand Thierry se trouva seul dans sa chambre, où la tune, prête à disparaître, ne répandait plus qu'une faible lumière, il commenga par ôter le faux bandage de sa jambe. Il réunit ensuite, au moyen d'une ficelle, ses fausses eiefs et ses crochets afin de les porter plus facilement, puis il se jeta sur le lit tout habillé et s'y tint en silence jusqu'au moment où it put croire tout le monde endormi dans le château. Alors il se leva, uuvrit


douoem<mt la porte de sa chambre et se mit à marcher & pas de loup dans l'obsour corridor. Lorsque le concierge le conduisait aveonneohandette.it avait remarqué avec soin, dans le long corridor, ta porte du verger, tes barres de fer et ta vieille serrure toute routttée dont elle était garnie. Il se mit en devoir de la retrouver en s'appuyant d'une main le long de la muraille, tandis que de l'autre il tenait son trousseau de fausses olés e) d'outils.

Dès qu'il eut rencontré cette porte, il en détacha, les barres avec précaution et sans faire de bruit. Il eut aussi bon marché de la serrure; il ouvrit la porte et s'avança sur le seuil. Un vent glacial sifflait à travers les arbres à demi dépouillés, et balayait les feuilles dont la terre éta.t déjà couverte. La lune avait cessé de paraitre; seulement quelques petites étoiles scintillaient encore à travers les nuages. Thie.ry voulait attendre en plein air l'arrivée des brigands; mais il eut si froid aux pieds sur le seuil de la porte et sur le pavé du corridor, qu'il n'y put pas tenir. H poussa doucement la porte du jardin sans la fermer et rentra dans sa chambre, qu'il eut la précaution de laisser entr'ouverte, a&n d'entendre plus tôt le coup de sifflet qui devait être le signal de l'arrivée de ses complices. Il se remit donc sut le lit comme la première fois, et y resta la tête appuyée sur une de ses mains, de peur de céder au sommeil.

Il régnait alors dans la chambre une obscurité profonde; tout était silence et ténèbres autour de Thierry il ne distinguait plus que la petite fenêtre, qui paraissait comme un point grisâtre au milieu d'une ombre épaisse. Onze heures sonnaient à l'horloge de la tour; c'était entre onze heures et minuit que les voleurs devaient arriver. Le son grave de l'horloge, qui semblait veiller seule alors que tout dormait, fit impression sur Thierry. Il se sentit frémir et ne put penser sans terreur au crime qui allait se commettre. Il n'avait rien éprouvé de pareil au moment ctt il s'était mis en route avec les autres brigands puur l'exploit qu'ils méditaient c'est qu'alors il n'était paa


seo!; d'ailleurs leurs propos infâmes laissaient peu da plaça aux réflexions sérieuses. Mais maintenant, dans cette chambre vaste et solitaire, dans l'horreur des ténèbres et dans la oa!mo profond do la nuit, rien ne oouvrait te ori de sa conscience troublée. Il était seul. L'horreur naturelle que tout oceur d'homme éprouve à ridée d'une action coupable, !e saisit avec une force extraordinaire et Ct trembiertout son corps. H se souvint de la bonté avec laquelle on l'avait reçu dans le château. Comme le jeune seigneur, se disait-il, était ému de mes fausses douleurs et de mes pleurs hypocrites! la )eune demoiselle en avait les larmes aux yeux et c'est pour reoonnattre leur bienveillance à mon égard que je vais mettre, dans une heure d'ici, leurs parents au pillage, peut-être même les livrer à la mort! car le seigneur de Finkenstein et son vieux Moritz se défendront avec courage et ce n'est pas pour rien que Waller et Rodolphe ont pris leurs sabres et chargé leurs pistolets. Ces sortes d'amaires ne se passent jamais sans qu'il y ait du sang répandu.

Plein de ses idées, n fut tenté de se lever & l'instant même et d'aller remettre les barres de la porte, afin d'empêcher un malheur qui n'était que trop certain. Mais en ce moment l'éclat et. la beauté des deux chandeliers d'argent, que les serviteurs portaient & la main pour éclairer leurs mattres, lui revinrent à l'esprit.

Comme ils étaient beaux sa disait-il; comme ce brillant métal étinceiaita la lumière des bougies! je suis sûr que leur poids est aussi très-considérable. Quel amas d'or et d'argent il doit y avoir dans cette somptueuse demeure, et quelle bonne prise nous pouvons faire D'un autre côté, que n'aurais-je pas à cimindre de mes trois compagnons, si volontairement je les privais d'une aussi riche proie? Non, non, je ne veux pas les trahir. D'ailleurs, j'ai de plein droit ma part dans le MUin, et je ne veux pas la perdre.


C'est a!nst qu'une basse convoitise et la soif de For étouS~. Knt dans son cœur tout sentiment d'humanité.

t 11 resta sur le lit; mais alors il se souvint de son père, dont l'image a'oSrit bientôt si vivement son imagination, qu'il lui sembla le voir devant ses yeux, pâle et couvert des ombres do la mort comme à son dernier jour.

Ah disait-il, combien de fois, dans le cours de sa vie et même à son lit de mort, cet excellent père m'a exhorté de la manier') ta plus pressante à garder les commandements do Dieu 1 avec queUe émotion profonde il me répétait souvent N'N ~e voleras point «' ~c <«e!'<:s?o~)< Et maintenant ce qui nous amène dans ce château c'est une tentative de vol et d'assassinat t car il est possible que nous n'y laissions que des ça* davres. J'aurai ma part de ce crime, et alors quel sera mon sort dans l'autre monde! Avec quelles expressions essayantes mon père me parlait du séjour des damnés, du ver qui ne meurt point, du feu qui ne s'éteint point A cette pensée, Thierry tomba dans des angoisses inexprimables il ne put rester un moment de plus sur son lit; il se leva pour aller mettre les barres à la porte du jardin et la fermer contre les voleurs. Mais une rémexion nouvelle l'arrêta au milieu de la chambre. Comment! se dit-il, est-ce que je vais m'enfermer ici moi.même comme dans une prison et me livrer volontairement à la justice' Demain, au point du jour, le chirurgien doit venir panser ma jambe, et ma fourberie sera découverte; tous le; tuauvaia tours que j'ai faits dans ma vie, depuis !e vol de la thontre d'or jusqu'au mensonge d'aujourd'hui, seront dévoilés, tt le moins qu'il puisse m'arriver c'est de passer dix années.en prisent J'aurais bien mieux fait de ne jamais suivre un pareil genre de vie; c'est une voie sans issue, et je la compare à ces paniers qui servent à prendre les ëorevisses; l'entrée en est~ facile et commode, la sortie impossible; mais le mal est fait, je n'y puis rien; il n'y a plus qu'à laisser les choses autvte iew


eMr~. Cependant il crut entendre encore son bon ange lui dira tout bas à l'oreille:

Ne laisse pas entrer les brigands; cours fermer la porte; demain tu te jetteras aux pieds du seigneur do FicJtenstoin; tu tu! avoueras ton infâme pondie en lui disant que sa bonté gén~'ouse t'a fait renoncer à ton projet. Tu lui demanderas graco et pardon ton repentir et ta sincérité parleront on ta faveur. Le noble seigneur te protégera contre la vengeance dos brigands; il aura soin de pourvoir à ton existence, et te donnera h moyens de gagner ta vie avec honneur, de te réconcilier avec Dieu et d'assurer ton salut éternel.

Mais Thierry n'obéit point & oetto inspiration salutaire comme il était lui-mème sans pitié, faux et hypocrite envers tous les homofes, il ne pouvait guère se Ëer aux bons sentiments do qui que ce fût, ni compter sur la compassion et sur l'indulgenoe du seigneur de Finkenstein. Il fit effort sur lui-même pour s'étourdir et chassa de son esprit les importunes idées do Dieu et de vie éterneHe; il chercha même à tromper sa conscience et & troubtër en lui les notions du bien et du mal, en se reprc~etttant le vol comme une chose très-peu réprëhensible. Bah 1 dit-il, cela ne tournera pas aussi mal que je t'ai craint d'abord. Rodolphe m'a assure qu'il n'y aurait pas une seule goutte de sang versée, et que la grande richesse des B'aîtres de ce cMteau leur rendrait fort insignifiante la perte dont il s'agit pour eux. Je serais bien fou, quand je puis me procurer la fortune et le bonheur, de préférera cette riante perspective celle de la prison et même de i'uchafaud. Je n'hésite plus, j'attende mes camarades.

C'est ainsi qua ce misërabte au cœur dépravé sacrifia les biens célestes pour les richesses de la terre, et oMig'uit plus tes chàtiments temporels de la justice humaine que ies pemea éterneiies de l'enfer.


XVI. CNE &TR&NOE AtTANTMN.

Thierry M recoucha sur le lit. la tête appuyée aur sa mata droite, et attendit l'arrivée des brigands. Mais bientôt il crut entendre dans l'air un cri singulier et sinistre. Les vitres en tremblèrent et la porte s'ouvrit brusquement. Thierry ttcmb~ de tous ses membres, puis il se remit un peu.

Ce n'est rien, dit-il; c'est le vent d'automne qui s'engouffre dans les cheminées, faitorier les fenêtres et tournersur leurs gonds les portes mal fermées.

Mais, au même instant, le bruit d'un pas léger frappa son oreille; ce bruit partait du corridor et se rapprochait de plus en plus.

-Voilà un pas bien singulier, pensa Thierry, ce n'est point celui d'un homme; mais qu'est-ce que cela peut-être? Le bruit se St entendre de plus près encore, et Thierry dis. tingna dans l'ombre, sous la fenêtre, une forme noire et cornue. Cette apparition étrange s'approcha du lit et se tint immobile un moment; Thierry fut alors saisi d'une horrible irayeur et c~eha sa tête sous la couverture.

Ah mon Dieu pensa-t-il dans le désordre de ses idées, c'est l'e' ;'rit du mal qui a puissance sur les méchants 1 C.: que nstre jeune bandit prenait pour le diable bi personne, c'était tout simplement le chevreuil que Fridoli'. avait donné au jeune seigneur de Finkenstein. Le vent avait ouvert la porte du jardin, et l'élégant animal était entré dans le corridor, guidé par son odorat, qui lui révélait la présence d'un étranger, averti surtout par un instinct sûr que cet étranger n'était point un honnête homme; car, ainsi que nous l'avons dit plus haut, le chevreuil faisait la police du jardin mieux que le jar<Mnier lui-même ou que le chien le plus &dèle. Dès qu'un indi-


Texte dôtôf'oré reliure défectueuse NfZ4M20~


selait;

diable, i

très-rudes

?reux;puia

jorneadans!h

!itiondeThiert.

franchit la porte et

corridor sombre, en j<.

du château ses gémisse.

nièroeSt'ayante soualea

chevreuil s'était mis à ses t~

sous ses pieds. Thierry se rele

fuir, mais son adversaire le renvt.

meurtrissures. Il le mena de cott&

forme du grand escalier. A. cet ena

comme si on t'eût écorché vif:

Il m'a pris! il me tientt Au secours!

Quelqu'un parut ennn au haut de t'esca

mière c'était Moritz, le vieux garde-chasse, q même temps les fonctions de valet de chambre Finkenstein. Thierry s'élança comme un dësf du vieux chasseur et s'écria en embrassant ses t Sauvez-moi, je vous en prie, j'avouerai tout. -Eh bien! drôle, avoue donc bien vite, répo. }uant a toi, dit-it au chevreuil d'une vois menaçant. d'ici. Le chevreuil se retourna aussitôt et descendit ie& de l'escaHer; car il craignait le garde-chasse, qui t'av. souvent renvoyé des corridors supérieurs du château, Ot. le souCfait guère. Mais Thierry n'osait pas encore jet. yeux autour de lui et croyait tou}ouM avoir <ttMre & que.


.or-

juvait

~nerre.

j, serviteurs,

.ères aooouru-

m nuit par venir

.s. Les vocifèrations

ciné tout le monde et

.nanda la noble dame, est-

-~). Thierry couché aux pieds du

ce cause ta blessure qui t'a arraché

jte Louise, il n'y a plus ni bandage ni

~<tiade eUe est aussi saine que l'autre. Elle

~u guérir en si peu de temps; cela est sin-

à son tour M. de Finkenstein, qu'esb-U arrivé à

? pourquoi a-t-il crié si fort?

d'apprendre lui-même, réponditle garde-chasse. mon drôle que venais-tu faire dans ce château? iS-ttt?avoUe-lë sans détour, sinon ta; vas voir ce qm y confessa ê'uae voix entrecoupée d& sanglots que des tiers l'avaient déterminé à fOrce de menaces à se faire pom* un meadtant boiteux et & demander asile dans le eau, aNn de leur en livrer rentrée pendant la nuit; et que antaluoraiNte, H'a~att effectiveraent ouvert la porte <ht


jardin, maia q~'a~ lieu de ses bons amis qu'il attendait, le diable en personne était venu le trouver, l'avait frappé à grands coups de cornes et avait voulu l'emporter.

Misérable coquin ) s'écria le vieux garde-chasse plein de fureur, tu es bien le serpent qui mord le sein du voyageur après s'y être réchauffé. Mais sois tranquille, le bourreau de Saint-Gall aura soin de toi.

Le bon Fridolin, qui se tenait à côté du mettre avec un nambeau, considéra de plus près le faux mendiant.

-Ah! ah! dit-il, nous nous connaissons je t'ai vu là-bas dans la forêt, le jour où tu as tué la chevrette sous les yeux de son petit. Oui, c'est bien toi, n'est-ce pas? tu ne te doutais guère alors que ce petit animal te punirait de cette action cruelle, et te mènerait tout droit à la prison et à la potence. Mais Dieu sait bien ce qu'il fait quoique souvent tardive, sa justice est toujours sûre.

Thierry fixa sur Fridolin un regard hébëté et ne sut pas ce qu'il voulait dire, mais le garde-chasse le lui fit comprendre. Imbécile que tu es, dit-il, ce que tu prends pour le diable n'est autre chose que le chevreuil dont tu as autrefois si cruellement tué la mère dans la forêt de Haselbaoh. Depuis lors on l'a pris au château, et, avec l'âge, il est devenu grand et fort. C'est lui qui t'a pourchassé à coups de pieds et de cornes jusque sur l'escalier cependant tu n'échapperas pas pour cela aux griffes de Satan.

Thierry parut sortird'un songe et dit en passant la main sur son front

-Prendre un chevreuil pour le grand diable d'enfer, c'est une stupidité dont je suis seul capable. Je me croyais jusqu'à ce moment !e plus fin et le plus rusé de tous les hommes, et maintenant je vois qu'une bête privée de raison m'a pris pour dupe en me forçant à me trahir moi-même par mes cris et à tout avouer. Quelle grossière méprise! Je m'arracherais les cheveux <ieMge!


L'errew de Thierry et le burlesque dépit qu'il en témoignait front éclater de rire les valets et les servantes.

H n'y a pas tant de quoi rire, dit gravement le maître du château. La terreur de ce coquin n'est venue sans doute que d'une méprise; mais il y a au fond de cette méprise t!ca gT;)a(!a v6rit6; c'est sa conscience <roub!ce qoi htia&it voirIcdMNQ en personne dans un chevreni). Jamais un enfant honnête et pieux n'eût donné dona une erreur aussi absurde. Le sceMrat le plus endurci dans le crime sent toujours au fond de son cœur qu'il y a pour lui quelque chose de plus terriNe à craindre quo le gibet et la roue, c'est-&-dh'e cet abîme de misère eterne:!o qui, suivant la parole de notre Jug'e, est prépare pour Satan et pour ceux qui l'aiment.

La dame du château joig'nit les mains et dit en levant ses regards vers le ciel

Seis'nenr plein de miséricorde, que d'actions de gr&ce ne vous devons-nous pas pour le satutque vous nous avez envoyé! 1 c'est vous qui, en frappant d'une terreur soudaine ce miséruble hypocrite, l'avez contraint de se traltir lui-même dans s'm trouble et dans son désespoir. Nous dormions traoquiHes, sans craindre aucun danger. Mais votre œit protecteur veillait sur nous. Faut-il qu'il y ait au monde des hommes si coupables! Si vous n'étiez pas vous-même, & mon Dieu! le gardien fidèle et vigilant de notre repos, nous n'oserions jamais fermer un moment les yeux ni portes ni verroux ne pourraient nous mettre & t'abri du péri!. 0 mes chers enfants, voyez ce que le Seigneur afait pour vous remerciez-le de ce bien&ttet furttRcz-vutts de plus en plus dans la eun&moe que vous inspire sou saint nom.


XVH. PRECHER YNTERROOATOMN BB THIERRY.

Mais que faisons-nous? s'écrit le jeune baron, frappé d'une lumière soudaine la porte du jardin est demeurée ouverte, et les voleurs peuvent arriver & tous moments.

Ont, dit madame de Finkenstein, Frédéric a raison, courez et fermez cette porte.

Avec votre permission, noble dame, dit a son tour le vieux Moritz, je crois qu'il vaut mieux laisser entrer les brigands nous allons nous armer pour les bien recevoir, et il est impossible que nous ne réussissions pas à les prendre ou & les tuer tous.

Oh! non, ne le permets pas, cher époux, reprit vivement la dame, ce parti est dangereux. Les voleurs ne viendront ici qu'armés de toutes pièces; ils pourraient blesser gravement ou même tuer quelqu'un de nos serviteurs, et j'en aurais un regret éternel.

-Tu as raison, Léonore, dit M. de Finkenstein; il y a un autre moyen tout aussi sûr et moins dangereux de nous en rendre maîtres. Du moment que nous tenons ce jeune bandit, les autres ne sauraient plus nous éehappar. Nous le iorcerous à nous mettre sur leurs traces et a nous découvrir leur repaire. On fit aussitôt fermer la porte du jardin, mais le vieuxgardefhasse en murmurait tout bas:

L'idée seule d'un braconnier me met en fureur. Si je pouvais seulement leur envoyer une bonne charge de plomb dans la jambe droite ou dans la jambe gauche, de manière qu'ils ne pussent nous échapper

Il prit aiurs une couple de fusils à deux coups et se mit en embuscade à une fenêtre qui donnait sur la porte du jardin. 11 i~pny.t i'uae de ses armes contre l'angle de la fenêtre, et attemiu. tes ~oteuM avec l'autre. Mais il na vit et n'entendit rien.


Les truanda a'~tatent avanc0< dans l'ombra jnaquo snxa muraub'; ils avaient entendu les crb tamontaMe:) tta Thierry et pens~ qu'on !o rouait do coups pour ta punir do ~a fourberie. Ils avaient vu en m6mo tcmpa dos tmnMroa a'~Uorner dnoa ptuntcura chnmbrea et dos pcraonnea dcsceadra pct'otpitftmment !o9caoaUcM. Voyant alors le ooup manqMA, ttaa'~tntoRtompMas~a da a'exhtir daoa ta forêt, RHytnund, to ptua !~o dea trois, entât (ffnnd'pow qu'Utatsan tombor teaaao~doatttx'aft emporter t'or et l'argent. On Kt trouva ta lendemain tm pied de tu )n«Mme.

Ttttcrfy fut conduit d~na ta ohnmbM dH cnnotors'o et tenu sous bonne garde. II so ropoutit MMOMmoat atora do n'avoir point écouté to cri do sa conscience.

Ah) so disait-il en g<Sn)bsnnt, quo n'nt-jorofcrmû la portel que n'ai-jo votontatrcmcMtavouo le criminot con*p!ott J'aurais trouvé cr&co et mts&rioordo; mn posttion n'eût pas été auf~i affreuse qu'eue l'est on co mome'tt; cependant cet accès de rcpuntir n'empCoha pas le mis~mbto de chercher ausait~t dans sa tcte quelque mensonge adroit pour sa tirer d'auairc. M. do Fiukcnstcta envoya un do ses serviteurs à Sa!nt.GaH nvco commission de conter ta chose ait bailli et do le prier do se rendre à l'instant môme au ch&tcau. En attendant le jour, tt s'entretint avec son opouso du danger imminent dont lis veBoicnt d'être si mlraouleusement préserves. Les deux enfants no voulurent point non plus er remettre au lit; ils restèrent ouprès de tours parents et firent leurs petites remarques sur ce qui venait d'avoir lieu. Les domestiques passèrent également !a resto de la nuit à parier entre eux; personne ne se recoucha, tant cette chaude alerte avait chassé le sommeil ioin de tuus bs yeux.

-C'est vraiment un grand bonheur que j'aie manqué le petit chevreuil quand j'ai tiré sur lui au-dessus de ttaiietbach, disait le jeune Frédéric; ai je l'avais atteint, nous serions à


HteuMqu'nestdMtauno fâcheuse poatHom:Jo mo sana fou' CcrdecattQ)))a!adMaM.

-Tu as parMtement raison, reprit en souriant son p&ra oatto potita eotXrarMM que tu aa Opfou\<!o à !a chasse est do vcauo pour noua la oauac d'un ~randboahcur.Quo ceci t'ap' prenne à supporter aveu calme les ~aagf~meota et les !a<" comptes do la vie. Chaque fois que tea choses no tournent pas salon nos vo)Mx, nous devrions Mona dira D!ou a voulu quo oo!n fat nlnsl plus tard nous saurons oo qui paut ea f<!a))«er;t Motrovioaorattato'aMc)) plus catmoct bien plus houroaso, car Diou est !o mattro at anit fx!ro t<mrnop à notro avantage les tao!n(tM8 oirconstanoea. ï.~ pet!to t.o«!se prit ausst ta paro!e. Le ohovraMit, dit-ollo, Mdrito un beau oolllor de maMqMte rouge & Mt)M)!e d'or, car il a fait deux bonnes actton:t dans ea vio la première, en oondoisunt Frédéric, papa et mon onoh) chez to peM taatado dH bon FrIdolin, et on pMQurant ainsi la gudriaoa do ce bravo homme; la seconde, on so jetant aveo courage aurlo méchant TMerry pour nous sauver du pillage et do la mort.

-Faisbien attoatton, mon enfant, dit la mère, que cet antmal no se doute pas le moins du monde du service qu'il nous a rendu; M n'a été que l'iustrument aveugle dont ii a plu a Dieu de se servir pour sauver deux familles.

N'est-il pas vrai, papa, reprit Frédéric, que maintenant, lorsque nous verrons un homme étendu sur ïe chemin, now ne remmènerons plus au cMteau?

Ce serait bien mat à mous, mon enfant, reprit le fera. Nous nous sommes trop pressés, U est vrai, d'accueiiiif ce pe*tit misérable; ses grimaces nous ont trompés, et peu s'en est &Uu que notre obligeance n'ait eu pour nous les auites les plus funestes. Mais conclure de là qu'à l'avenir nous devona être sans pitié pour tous les malheureux, ce serait donner justement dans l'excès contraire; it vaudrait cent fois mieux encore faire du bien à celui qui m'en mérite pas, que de n'en


pas Mpa& ooM qui est digne do notre n~~tstonnp. Cppendaot il fimt pûHFteir & notro sHreM, otjo vola Mra poser wn appareil so<tdopOHp~naer en-(!ehoM ta porto <)a la chambra, où il pm<t noua arriver do reeovfir pour nuit quelques <«fangera «Ms. paota.

En ce moment to bailli partit avcn Bon greMer un aor~nt vonnlt ~on~M QMX portant tca MMnottaa qui devaient servir & o'wnencr Thierry. On tut mit toa fa~ nMx ma~s ot on la Ora do tu logo dn concierge. Le bailli voulut lut fatraanMr un premier interrogatoire en pr~senoo du baron ~o Ptn~en~ctn; h noble damo K)ft)fa n'y naatstep à eauao do acs cnfunta, qui no duwxtcnt pua Qateadt'a les ciimtnets KvoMX dn joMno ooHpxbtc; elle so retira donc aveo eux t)ttt)t son npt'xrtooMnt.

Thierry 8'«Rit)dt tHi~M~totneat <htMtt tes <bH et criait ea p!curant& chaudes tamtca

No mo faites pas mourir, jo voua dtfa! tout oo quo jo sais ttur le compte dos trois suetërut~ qui ont causé mon matheur. Il dit alors teura noms, et pour se donner un air do ataodriM, raconta quelques-uns do teuM vols; mais il no dit pas un mot dos mauvais coups auxqMob il avait M-motuo pris Mno part active et intéresse.

Ah! oriaU-H avec ua redoublement de doHtonr hypoorKo, j.< n'<Stat! moi, que leur valet; je ne pouvais pas les emp6ohef do &!M to mal. Quant à dire comment et par quel enchaînement de o!rconetance9 je les at rencontrés, jo n'en eais rien. JMatmnt sf'caermavio d'une manière honnête et irrêprochaMe, la voulais approndre à faire des balais; Raymond s'oNfit à me prendre en apprentissage par pure honte d'Orne, a'M faut l'en croire. Il me nt de brillantes promesses, et je ne soupçonnais pas qa'il y eût en ceta le moindre met. Tello fut cependant la première cause de mon malheur. Raymond me fit faire la cott< naissance de Waller et de Rodolphe. Moi, simple et bon garçon que j'étais, jetés prisd'abordpout d'honnetcsohasseuM, comme ils se vantaient eux-mêmes de t'être. Raymond m'atisuMtt de


ptua qn'tta avato~t nchcM to droit do classe dans toutes les &)r<a onvironnontes. Ja m'apor~ bien par suite que oea hommes é<n!c))t <tca braaomueMat marna des votouM. Maia que faira? JVtaia en tour puiasRaoe. J'eaaayai vainemont da tettF échapper; lis m6 gardatent à vue ot de p~a, ma meuapant do la mort at Jo fata~a soM)cmont Mn pua. Jnato ctot ) jamata l'horrible pona~o d6 les i)it!or<)an8)Qvo)qn'itan)M)ta)c)ttdanaoooh<t(can no mo aoratt vaxua: tllnt do sc~t~rutesao (t'entra point dans mot) c<B))< Mata c'a bFfg-ont)!* «t'ont n)ia to ~t-:t"tt't attrta~'ra'oavce menaça do tnf tuer at jo Mfnsxia d'c~'h'. Ah! jo d~)')"ra tnain' tenant mn fotb~io et ma !achot)!. Jo dwai!t toont'ir tnitto fois ptttMtqModocon-icnUrnunQ (ot)o infMtxip.Jt) vonatndiqnerat volontiers !our MbaMo tnyaMrton~c, MHn qM'i)< r~uh'ent tcur jnatooh<tt!mt'nt itasont conveotta d'y ~'t~nrnut' nus~ttôt ))))~9 t'attaqnedM chatean. T'* t~ua conduirai tnCtno aux rntnpaqu'Ua habt'ent, car cites sont j-rotond~ment ctK'h~~ daxa tea bofa, et 11 est extrêmement d'Moita d'en découvrir l'entrée. Les trois maudits coquins y sont certainement Ktifos à ce:to heure. Qu'on les aataiitse; Us ont tous nh~<<! ht mort. quand eo no serait quo poxr avoir ainsi ab))!,).i dj tajeuno~ao etdo ta aimpMcité d'un moH'OMMMX orphcHn. Pour vous, M. to baiHi.et vous, M. le baron, voyez ma mis&M et prenez pitié d'uno iunocento victime.

Le bailli no dit aucune parole dure à Thierry. H se contesta do lui adresser plusieurs questions auxquelles celui-ci fit des réponses en partie vraies et en partie fausses, suivant que !a vérité ou le mensonge lui parurent mieux servir ses intereta. II assura qu'it avait à peine connu ses parents, pauvres hères à l'entendre, misérables vagabonds sans feu ni lieu. U no voulut point déclarer son pays, de peur que les mauvais touM de sa jeunesse ne vinssent à la connaissance des juges. Ce pM< mier interrogatoire achevé, on le reconduisit dans la loge du concierge. L'effronté coquin s'apptaudit en secret du succès de 6M ifupusturcs et crut avoir mia ses aJSaires eu buu cheaun il


pnttWMpfut beaucoup, c)tFiHMovait foadueaau eontratfaptua mnuv<u=.ca. Qoaud M oui p:<8~ 'te aauit do t& porto, ta batXt 6\'cr!a ausaitût

Quoi serrât coxsommô que ce gar~on-ta! Paup sa eau' vor hn-mCtno, n no demanderait pxa mieux que <te mener ses cott)['ttcea & :n potonoo. Tout co qu'il dit n'eat qu'un (!sM do hoxtoux mcn'ooRo~. 8cntcmo)t jo )))'<Stoano qu'un «a)t)at'tt et MtoM ait ptt 60 OKttoc do pfendro pour dupea des hotntnci) qui ne Maoqxent ni de sens Mt d'exf&cioMc.

C'est MO t'arfxtt coquin, njontx lu MoKM du chMonx. Jo vomt~h q<)6 vous eu~~ie.! VH ouotOM nous avec quelle udM~so et qncUu hyt'attt~ia 11 juuntt son r<Ho do mntndo sur ttt route. S'M u'avuitM~tencctxQoa rapcon<rn)nto etsoMa nmprMsion do lit tireur, it M'eût j)U)mi8<;M s! bon combien. Mais <)te fxMHtt ~vMon'nent un p!aiair do noua tromper. et il <:<Htt fncUo do voir quo to meosot)~ et t'itnposturo ont été tc~jeux tto eoa énonça et rotudo do ses p~mi~res années. 8'U avait une et grande hoDOurdMorimodoMt U était ootnptico, pourquoi BO l'avouait-H pas plus Mt? Et H'H avait rceUomcntiedë~if d'obaudonuer sea coMpagnona, il M tenait qu'à lui; il n'était plus cm lour puissauue, et MOtM château lui offrait coutM eux uu eur asile. Tout co qu'il a pu dire a'a servi qu'& faire mieux cun* Naître sa fausseté et son i(nm«ra)itô. Un sceterat qui CMit par un meosoogo so tirer de l'embarras où il s'est mis, ne faitquo s'y eatuaucr davantage et tic preud daus fies ptOptCtt iitets.

XVIII. UNE EMÉOtTMN CONTBB tE3 BBMANDS.

En apprenant la tentative des voleurs contre le ch&tenM tte Fmkotstetn, le bailli, sana perdre de temps, avait ordoaaé qu'on fit une battue gënérate dans la forêt. Tout ce qu'il y avait dans les environs de garde-chasses et de ~endaMMS s'était aussitôt réuni, sana parier d'une troupe nombreuse de tour-


(;po!a et de payses. Pendant qua la bnMM pMffMoit à t'interM~tt'h'adu jeutMvotaur, t'uUo~hwtfoKsUQr d~Saint-Ua" ot:'it arrh'<! att oMtcau avec aea {;ona.

Tout ao tramant prût pour t'~pMitton contre !e9 voteura. ta ta iUi donna t'ordra do marchor droit ve~a !e~ rntnea que Thtefty avait d~~g~ea comme tow Mpt~M, ttCn Je les attaquer & rhnprav)ato: M monta tM~tnamo & ohova!, ot p~t aoMa an coadt)tto tM ptuaddtermt~a de an tcaupo.

D~ quo Ttdcrfy fut sorti du oMtoaM aveu son csoofto. MU taMt'Kfuts do Stdat-GaH. Ha mMahaud do fer. s'~ot'ia uuaaMt eato voyant:

–Tions! \'o)(&co tata~raMo appMatt aot'mdOF do Watdtn~eo, q~t a'est cnhd après avoir \oto.

Thlorry a'Hpet~uta!oM quo aes mpnsongcs no !o !n~nera!cnt pas toio. Lo vtcux MorH! qniotnitaMS~ do !a partie, oitettdtt ccquovonutt dodtro to m'~ehand do fer.

–Mis~mMe fourbe, 8''Icfin-t-it aveofuMMton passât uno coMMo!o autour du cou do ThtQfry, si tu nous contes encore quelque bou~to, ai tu ae nous cHscisnoa pas Sd~tomoat le Mt'airo oaohd do tes compUeea, tu poux Otro saf quo nous te pendrons au premier arbM \C(iu. Tu vois quo la oorde est d~j!t misoeaptace.

On eut soin d'emmener Mna chMrctta pour y mettre les voloura qui viendraient & 6tr<t bte~adaas t'attaque, et les emporter morts ou ~i&. En attendant, on y fit asseoir Thierry, piuco que te chevreuil l'avait mis en si mauvais état qu'ii pouvait à peine se tenir sur ses jambes. U n'était pas encore jour tioraqu'on se mit en marche. Latroupe s'augmentait à chaque pas de chasseurs et de paysans qui n'avaient pu se trouverau tendez-vous dans la cour du château.

Lorsqu'on eut pénétré bien avant dans la forêt, jusqu'au <niticu d'une ciairiète, à une demi-lieue des ruines où se tenaient te:) brigands, le bailli commanda une haite et partagea ea troupe en petites bandes auxquelles il ordonna de s'avancer


par divera chemina et dons te ptna grrand eHenaf. de motttèM a fwmcr Mn cercto autour du vioux château. On laiaaa !a eharratto à que!quo di-ttonuo.

Thierry donna toutca !ca tndionOooa neoosaatraa il montra Fomorturo tayatcriousa praUqnoo dana h MnraiUo, et qnt condHisntt au ctn'eaH sontercatR, ainsi qua ta porte seorÈto par où l'on sortatt do la cavcrno. Cette iaaMo. qui aboutiasatt an aotnmetdesft)!))ea,h)t gat'tMepar oncoytMtn nombre d'hommes, t Ah'M qm'tqnea c)u)a:)o')M ctH<dnr)nt:}, tous m'mt'a Jn~f(M'n"x dent! ee ttMfu'd~'t'nt A dc.seuodM dons ta suu:cnah). Ha s'a\tH)e~rent en sitoMio et H pm )~<f to ttots' do rub~onra gM!t:rio. pMta ils arrh'MMnt r<*ntt'<!n dn c~\pnu. Le!) voleurs y <M)tiunt tous les trci<, cunfh&< et )'n'f"))tM)nent otttt'Dttts. A te~t'MtMMrdcFixkotstch), i);! ~:)):cnt n'onv~st fMtigm'a do ta tttx~tto oxtrcht! qu'its v~nHit ))t do fuira, quo !c somme!) tea ovtdtpriaen )n'(i\<mt. \)'t!ct'<t~tnc,qt)iM pMs.satt jamais in nuit uveo ses deux ccm~n~K't)! ))'uv:'it pns en ht tore)' do gagoersa rctraitu particMtiùt'c, an iioouuot do~ rnixe~. Haymotttsctd uvait chcrchttdat~ tevit) de quoi se consul'de su disgtteo mais s'it ~tait cudurnu te dcmtur, ~uu ii~mmcit u'cn <!tutt que plus profond.

ChnsseuMetgcnthu'mcssfirtUt~ront en cercle autour dca trois brt~ands, et t'un deux cria d'uno voix tunittio Rendez-vous, sinon vous êtes morts! 1

Waller s'élança le premier c se mit & bondir comme un chat sauvage; mais en voyant les fusils, les pistolets, les couteaux de chasse et les sabres tovës sur lui, <t vit que toute rcsistanc< était vaine. Il se contenta de jeter sur Thierry un regard ctincetant et se rendit. Rudotphc Imita sou exemple et dit eu !ie frappant ta tête

Nous avons cherche notre perte en nous réfugiant iot nous ne devions pus nous en rapporter à ce misérable truitre, & t!0 fourbe sans courage. Mais n'importe, te mal est fait. ttaymond, dont ta tête était, eaeot'e eehauCëo par ie:i fumées


<!n vin, entM dana uao vtotonta colère contra Thierry, et, décrochant un aabM p~nm à la mnraUto, se mit te f~uro tourner nutour do aa tMe en juvaot et ça blasphémant. WaMertep~t ~ar to braa et lui dit

T~na-tot tranqniHe. oat tu tao donnerais envia do rira aroo tca <'«nfaront)~')<'a.

C'est xin-'iqttoceatrohMcrantts furent pr!f)~aM taratraKe la ptua aftro ot ta m~'xx oachm q~t fût jamais.

Lo h!nHi. <'nt<Mn'~ ~o ptuait'm'A howmcs mn~a, attcndaU nM dch~M )« r~~ttttat. Un ~txhtrmt) sortit puur h) tut aHnoucor. et eria g.<!<ne))t

Dt'avo! nous )(*-< tonoxatox-i toa troia: on tcanm&no. A ec mot, t~uto la tNttpj. qut avait tnarcM souata condulto dH bami, t)~ r~nnit t'<*ntMo dn souten'ain, a\'Me do voir tes priaono~M. WaHcr sortit le ~cmtor.Sea yeux noiract brUta~ta ac pt'Ot)t<'nfMnt ))<) inatant sur ta fouto ann'!o puis apercevant !o bailli, il s'iurlina devant lui avec di~niM sonapMMncer une sonta p'<r(tto. H présenta tut-mCrne ses mains et so laissa lier sans r6si8!a)). R ) ~otpho montra !o mCtno cahnc; Mais quand co futto tour ')' RtynMad, Uso mit à crier et à sed~battM oom'ao un fari ns ea jurant qu'on no l'enchaînerait pas. Maia s&ta~efut iautite ontogarrottado forco. Tout co qu'on trouva danj la caverne des brigands fut pris et porté sur la charrette qu'on avait amende. Ou y fit asseoir Thierry; et, comme Raymoud n'avait pas encoro les jambes bien solides, on l'y jeta aussi chargé de oh~ue! H ne cessa pendant le trajet de maudire Thierry en le menaçant de lui tordre le coudes que l'occaeion se présenterait.

Le maiheurcnx ne se doutait pas quosa propre Mte étaitaussi fort compromise.

Cependant on approchait de Finkenstein. Le bailli marchait en avant. Derrière lui venaient Waller et Rodolphe, chargés de fers et entourés de gendarme; puis la charrette sur laquelle Thierry et Raymond étaient assis entre deux chasseurs armés


de flatta. Una muttituda do paysans aveo dfa cc~rn~ea, dca &wroho3 dm Maux, formait lu marche. M. do Fin~eaatpin. ait <b)nn)o et gea on~nta se mirent an batooa, los ttomcattquot aa raasfmbtet'ent sous la porto du château avec une C.mto do \M** lageoia aecouMa pour voir pnaaor !pa vo~Hra.

Fridolin, qut rcgardntt par une feo6tre n c&të du }oMao FfM< (M)'!o. pousan tout coup un ori do aurpdaa

–0~) mon Dieu, (Ut-!), voyc:: donc! cet homme, qui est asctaaHF !~ohnrrotto aupr~a do Thierry, su trouvait ~SMtcMont areohtt(!ttnataib(6tqofn<tUt ttraaMrhtohovrettaetixt Uf'nttt !o ooHp do tnort. Pttixqtt'tta ont toit en'.cmbto octto action bttf'baM, H est bton JMSto qu'Ms oa K~o~eMteMaemMo kchM~nent. Q'tctqn'un dit

N'est-oo pas H~ymond, ranoica cocher <!o M. do Fixionsteint

n'est que trop vrai, répondit Morh.. -'est bien lui. AtoM uu cet gcuemt d'iadijfaatioa 8'otcva du miliou do la ibato

L'ingrat) to m!serabto! apr~staat de bienfaits, trahir ttoa mattre et appâter sur l'.t to meurtre et le piHage! Leur colère étatt at grande qu'ita étaient prêts à le tnpMcr; plusieurs mCnM se baissaient déjà pour ramatiser dos picues' mais on parvint à les contenir.

Le bailli se rendit auprès du baron de Fiokenstcin pour lui rendre compte de l'heureuse expédition. Les brigands et Thierry furent menés à Saint-Gait, 0& se trouvait le tribunal criminel, et chacun d'eux fut enferme dans un cachot sépare. L'appei aux armes fait par le battu, et l'ordre de se lever en masse au milieu de la nuit pour donner la chxsso aux brigands, avaient jeté l'alarme dans toute la contrée. Le bruit d'une tentative contre le château de Fiukenstein. s'était répandu au loin, grossi en passant d'un lieu dans un autre, comme un Seuve qui 8'augmente& mesure qu'it s'éteigne de sa sotttec. Dans tes derniers villages, on racontait que l'attaqua projetéa


avait eu !i6u;qu'eMeavaMfeu9st; que tout la ehMeau aval été pitM do fond en comble. Plus loin encore w assurait positivement que lea maMrea avaient été masaaoréa et )o château dévoré par les ~ammoa. Coa récita mensongera vinrent jusqu'aux oreilles du majoF.frôre do madame de Finkenateia. t' n'on crut pas la dtxtemopaFttoaans doute, mais H orut cependant qu'H y avait en cetaMn fonds dovdrMo. H voulut mettra un terme à sa cmeHo inoerUtudo et oS'rif à sea parents les coasolations et les aecouM dont ils pouvaient avoir bosotn. tt s'etansaaHfMaohevatct vint&Finkensteia.Sa joief.tt grando quand M vit an scaHr, son heau-ffèro et les deux enfanta aeoourir &6~ fcnoontro. Ils 10 Mmero~ront cordiatonont do sa bouao visito et lui racon~Mni tous les ornementa do la nuit. Une ctMonstanoo remarqaable, dit to bailli, o'e~t qn'cn examinant les cCëta do oes misérables, Jo viens, à ma gfando surprise, d'y trouver ptuatoura livres greoa et tattna qui appartenaient Waller. Thierry m'a montre cetut d'entre eux quo ce coupe-jarret lisait ta plus souvent et avec le plus doptuMr co sont les poèmes d'tfont&M en langue grecquo.

–E~t-itptMstNot s'écria le major, qu'un homme qui a fait de telles études et qui se ptaît dans do pareilles teotMMs soit tombé si bas! Quoique voleur, ce Waller doit être un homme temarquabtc. Jo no suis pas curieux de connaître ses oom~ pagnons; mnis, lui, je voudrais le voir. Je crains seulement que ma curiosité no lui paraisse une moquerie et une insulte taite&soa maiheur. Croyez-vous, M. le bailli, que je puisse le voir sans qu'il s'en aperçoive?

Rien de plus faeito, reprit le magistrat; des demain j'interrogerai séparément Waller et Rodolphe à coté de la salle ou je serai avec eux, it s'en trouve une autre d'o& vous pourrez les voir et les entendre tout à votre aise sans qu'ils s'aperçoivent de votre présence.

Le jour suivant, le major, accompagné de M. de Finkcnstein, se tendit au tribunal criminel. Waller et Rodolphe, tous deux


enchaînes, durent amenés dans la saMa devait M Mrd'in* torrogntoira tor~qu'iia furent as~is. M. do Finkenstein dit & l'orcttio do son beau-Mra

Regarde celui qui da beaux cheveux noira, c'est Wallor; t'autra se nomme Ro~tphe.

Leur vna fit une forte impreation sur le major; M les oonstdéra quelque tompa t~eo b~auooMp d'attQMtton, et fit a)gne au boron de sortir.

Sais-tM co qMP je viens do (MooMvr!)~ lui d!t-H, dès qu'Ha eurent <brnt4 derri~fe eux t't porto dx trtbonot co sont prd' cisthncnt les doux bttnuKa qui ont vontM mo d<SpoM)Uer dans la forCt do Wt'tdht :)n. i.e nr~nnd qui <)tisa!t si bien des armes, c'est WuHer, et o*f?.t ~t))t nnnotatto qua Kieotas ? a désarmé oa lui nasën)U)t un visourcox coup do Mton sur to bras droit. No répète à personne co que jo viens do to dire. Les pauvres diaMca~ontdMS une assez triste position, jo no veux pas t'aggmvcr encore, ni les accabler d'uuo nouvelle ohar~o ea les accusant d'un crime do plus. Dieu m'a délivré détours mains: je veux «ubtifr le périt nllquul j'ai si ttcurcusement échappa. Cela est généreux do tu part, dit M. do Finl:enstcta, et jo loue ton noble cmur. Mois je crois que ton siienoo no leur aervira pas gtand'c!mse; ils ont commis trop de crimes pour échapper à la vcng'omco des lois; et ils expieront la violence dont itsse sont rendus coupables & ton égard en môme temps que tous tours autres actes de brigandage.

Cependant c'est ici le cas d'admirer comment Dieu se sert touvent des moindres eirconstunoes pour infliger aux scélérats le châtiment de leurs crimes et décerner aux honnêtes gens la récompense de leurs bonnes actions; c'est un enchaînement et une suite admirables; le même instrument a sufu pour amener ces deux grands résultats: c'<!St le chevreuil de Fridolin; par lui, tu t'es trouvé en position de récompenser le brave Nicolas, ton sauveur, autant qu'il est possible à un homme de récompenser nn pareil dévouement; par lui, tu vois ces deu~


scélérats Mvrca au glaive de la loi, sans que tu aiea eu besoin de les poursuivre toi-m6me devant les tribunaux et de te rendre ieur nooH~teMf. Ceot nous prouve qu'il existe au-dessus de nous une justice radoMtaMe qui rend & chacun selon ses eauvrea, et souvent même, dès oette vie, punit to crime et réooatpen'iQ !n vertu.

Les brigands auMrent do nombreux interrogatoirea. On s'adressa. pour avoir des ransaignem'~nta sur leur compte, aux tribunaux soua ln direction desquels Savaient veo). et surtout à celui qui avait lancé contre aux t!t'a tanndats d'arrestation. Ils passèrent on prison plus d'une ann'!e pendant ce temps-ia, t'obaourito qui envetoppnit encore certaines circonstances do tour vlo so dissipa insensiblement, et toutes les mouvaisea actions qu'ils avaient commises parurent au grand jour. Qoand l'instruction fut terminée, on envoya tes pièces à t& haute cour du pays et on attendit sa décision.

XIX. HtSMtRB DB WAM.SB.

Il s'en fallait de beaucoup que Waller fût d'une famille obscure ou méprisable. Ce nom n'était pas to sien; it l'avait pris pour tromper les recherches de la justice son père était un nwgMtrat honorable, nobio d'ailleurs par sa naissance, et plein de vertus sa mère était également digne d'estime. Waiier était t'ainé de leurs enfants.

Waller, dont le non do baptême était Chartes, était, dans son jeune âge, un enfant d'un esprit extraordinaire et d'une rare beauM. Ses parents ne reculèrent devant aucun sacriCce pour lui donner l'éduetUMn !a plus soignée. Lorsqu'il eut atteint t'a~e de dix-huit ans, son père l'envoya dans la première université d'AHemagne. Beau, charmant, piein d'esprit, i'étégance de sa tournure et la noblesse de ses manières excitaient partout l'admiration. ït f,o Mvrait & l'étude avec une ardeur in-


mttgaMe. et :a!saait loin d"iere lui tous ses condisciples; ojautea & cela qua sea < éttuent purea et sana reproenea; aea ma!trss l'oHraient aux jeunes étudiants comme un modela de bounoconInHo otd'appUoatioa. Tc'ua ses camarades l'aimaient et te chérissaient. Malheureusement H n'y a jamais bcMooup da lumière sans beaucoup d'ombre. A ces qualltés brillantas, ao jo'6rnaieRt qnatqnea défauts Waller était !rrttable et porté ht oot&re; natweUemoatBer, son orgHoH s'était encoM angmcntô par les louanges qu'il rcoevait do toutes parts; U était ombrageux et aveugle sur tapotât d'honneur; le désir qu'il avait do passer pour bravo no lui permettait pas de taissar la p!na t6g&re f~fonsa impunie. Cependant it s'était passé plusieurs annéessans qu'aucune doses querelles m'ait eu un résultat bien doMgreab'o ii avait termine ses hautes études et se trouvait au moment do quitter l'université avec te diplôme de docteur en droit.

Un jour d'ëtô, se sentant peu propre au travail à cause de la ohaieur excessive, ii monta à cheval avec plusieurs étudiants, et se rendit à un petit village voisin de la ville, ou se trouvaient un magniBquo jardin et un café cher aux promen''urs altérés. Les jeunes contisoipies entrèrent dans ce jardin et'rent servir du vin do Champagne ni la glace. Quelques-uns d'entre eux abusèrent de ce rafraîchissement perfide.

Au bout de la table où WaUer était assis, se trouvait un jeune comte qui avait beaucoup d'esprit, et do plus la manie déplorable de n aller les jeunes gens de son âge et de s'amuser à leurs dépens; jusqu'alors il avait régné entre lui et Waller une amitié tendre et fondée sur une estime réciproque. Mais ce jour-là, poussé par le vin, il eut l'imprudence de lui adresser quelques railleries piquantes c'était précisément ce que Waller 'pouvait le moins supporter au monde. La colère et aussi le vin de Champagne, car il ne s'était pas tenu en garde contre la perfide liqueur, le mirent tout hors do lui. Malheureusement ils avaient des armes, comme c'était l'usage dans les universités.


WaMef somma le comte de sortir. La plupart deaaaaistaota lui dit qu'il avait raison et que son honneur blessé demandait une rëparation. La comte a'hësita pas à la lui donner; ils se rendirent à un bota attena~* M jardin plusieurs étudiants les accompagnaient, penaar qae.a quereite allait se terminer par une iégèro blessure. Ha ~nt aux mains.

Mais Fiasuo du combat fut doptoraNe Watter, qui dtattùtvieux et d'ailleurs fort habile à manier l'épée, fondit sur son <dveraaire, et du promier coup lui traversa la poitrine. Le malheureux comte a'ëoria

–Mon Dieu jo suis mort!

Il tomba; la pâleur de la mort se répandit surtous ses traits, et ses yeux éteints se Sxëront sur l'umi qui venait de lui porter teooMpMtat.

Waller, g!aoë d'horreur, tenant à la main son epëesan~tante, était là, plus paie que le cadavre qu'il avait devant lui, et immobile comme une statue. Tous ses condtsoiptes rengagèrent à prendre aussitôt !a fuite; quelques-uns lui fournirent l'urgent nécessaire. H partit à l'instant même.

Ah) mon Dieu, s'éoria le propriétaire du café, quel épouvantable malheur! Ces deux jeunes gens s'aimaient; tous deux étaient beaux, nobles, riches, et pouvaient prétendre à tout ce qu'il y a de plus élevé l'un a péri victime de son esprit railteur.et quant à l'autre, je crains bien que son penchant à la colère ne lui coûte aussi la vie.

Le père du jeune comte appartenait à la plus haute noblesse; U était de plus immensément riche, et uni par des alliances aux premières familles de l'Allemagne. Ce coup affreux le jeta, lui, son épouse et ses parents, dans une afniction profonde. La eour prit part à son malheur. Le souverain donna l'ordre à tous les tribunaux de poursuivre partout le meurtrier; une forte somme d'argent fut promise à celui qui livrerait sa tête. Waller jugea bien qu'il n'y avait plus aucune sûreté pour lui dans sa patrie; it se hâta de gagner la frontière ie plus vite


possible. H prit sa route à travers de vastes forêts qui s'étendaient presque sans interruption le long d'un des plus granda 'Beuves de l'AHemagne. Mais, dès le second jour. il aperçut do loin des soldats et des garde-ohasso qui parcouraient lea Ma avec des chiens, Se doutant bien qu'il était l'objet de leurs reoherohes, il monta sur un grand ohêne et ao onoba parmi ses branches les plus élevées it vit ces hommes venir jusqu'au pied de Farbrc, ~t passer en promenant de tous cotes des regarda acrutatour: Heureusement pour lui qu'ils n'eurent pas tnono ridëo du moyen qu'il avait pris pour leur échapper. n'aller nu quitta sa retraite qu'il la nuit otoso, et se remit en marche Ma faveur des ténèbres. Sorti des bois, il eut & traverser un pays découvert et des plaines sans arbres. N'osant plus marcher que de nuit, il demeurait caché tout le jour dans les blés, qui, déjà presque mûrs et prêts a moissonner, lui servaient à ta fois do retraite et d'aliment. Mais une soif horrible !c tourmentait pendant ces longues et br&)antes journées d'automno. Aussitôt la nuit venue. il courait boire & quoique Nmtaino.

Un matin, après avoir plutôt couru que marche pendant la nuit entière, il anim dans un pays où les moissons étaient faites; les campagnes étaient uues et il ne restait plus que du chaume dans les sillons. Le malheureux chercha de tous cotes une retraite; il n'aperçut ni forets ni bouquets d'arbres. Mais il découvrit dans l'éloignement une troupe de cavaliers qu'à l'éciat de leurs armes il reconnut pour être des dragons. Voyant qu'il n'y avait aucun endroit où ii pût se cacher, it rassembla toutes ses forces, et se mit à courir; mais bientôt un large fleuve lui ferma le passage heureusement pour lui le rivage était assez éievé; il se glissa la long du fleuve en se baissant de son mieux, et atteignit un pont sous lequel it trouva un endroit que l'ardeur du soleil avait mis à sec, et s'y blottit. Les cavaliers arrivèrent bientôt sur sa trace; il les eutendit se parler entre eux.


–Noua n'avons pas perdu le pont de vue, et noua somm~ aura que le meMf Marna l'a point traversa, disait rua. Alors nous devons le trouver do ea cOta du Ceuvo, répondatt un autre; ça mouchoir qua jo viens do ramasafr sur la ch~eat~!MiaaaadoMte,j'yvo!a!na)aa!es)aiUt)!ea ao)t nom.

–ït~ratt vraiment dOsa~&tNa de to manquer, ameutait up troM&me;eap, voyez-vous, !ea oent ducats promis à ceux qui pourront tPpMndMNOus échapperaient avec lui.

En entendant oos paroles. notro fugitif respirait à potna; !e cœur lui battait d'une manière égayante. EoOn, après avoif !)<!a<M longtemps, teaoavaMetapassôMntie pont aa galop de !c)<M chevaux; mais WaUecdoMeuta toMtto jour dans sa cachette, ça H out à sonSMrde la faim autant que, les jours précédents, H avait souffert de la soif au milieu dos campagnes W.uvartesdejau~aaanteamotasons.Maisce qui le tourmentattptus.oFue~etaent encore, o'ët$ttta~ri.de~a conscience; n ponoa)tau.ttp~!e,& la fMyeMr,~ux;~q!.primaNea angoisses de ses chers parents et do toute aa famine, te comte expirant, son visage pâle et couvert dos ombres de la mort, ses derniers regards Nxes et menaçants, les Sots de sang noir qui s'échappaient de sa poitrine entr'ouverte ces terribles images, derniers souvenirs d'un ami tendrement aimé, le poursuivaient sans relâche et ne tui teissaient pas un instant de repos. Se remords étaient un affreux supplice; itCtUM~ en mourir. La nuit vint; le fugitif se remit en marche, et. atteignit hea' reusement la frontière. Dèsïorsii ne oraignit plus de se montrerenp!ein,JoMr;itarrivatesoir&un bourg considérable et entra dans~a première auberge qui s'oSHt& tui; ta il s'assit & l'une des dernières tables. Ce fut pour loi un grand bonheur, après de si longues privations, de trouver enCn un souper eu règle et un bon lit pour dormir. Mais, pendant qu'on préparait son repas, il se mit & parcourir un journal posé sur sa taNCt Quel fat son eCroi, quand il lut anr oejKe feuiMe une copM dQ


mandat d'ameuep tance contra lui, et son signalement exact tt appdt par ta qu'it était pgntement poursuivi dans les paya ~mMSeM, et qu'it n'y avait plus de aOroM pour tut nut!o port. Quptquea habitants du bourg avatont coutuma da se fëuoir HMaceMeaubcrffe pour y passer ta aoMo ens6)uMo;ua arrt'v~Mat rn~ après rMttM doxa ta chnntbro où était WaMcr, toxta tnoa faire antramont attonOoo à lui. Pour son bonheur, n f))!<ntt d~~ pnaanMement sombro avant qu'on apportât do !(t lumière, M dit à yhMea''o qn'H no ao aontntt pat bicn et qM'M dMmtt ao mettra au lit, domnndant nontontcnt qn~)n lui aer\<t un poM do sonpo dans an ohnfnbfo. !t ~ojettt aur son lit tout huMMo: mois n no fcrtno pas r<BH. et domeura touto ta nuit à tooHtoratpoMontM n'approchait do la plèoo o~ M sotMnvatt; M avxtt d'MH)eH)f!) barricada sa porte, et ao tonnlt prOt à saHtef par la fonctro, en cas do malheur.

Ah se di8o!t-M à !Ht-m6tno, quand ta crime n'aurait pas d'awtMa consdqMeoces quo ces frayeurs paFpôtue!tea, ee soralt déjà un ohaHmont terrible, et suffisant pour en dëtouraer les moMteufeux qui a'y acntcnt entratnës.

LaaMUsopasaatoptMstranqHmamontdumondo; au point du jour. Waller se !eva, paya sa ddponso, et se mit ça route. M crut devoir éviter les villes et même les bourga un peu conatdefaMes Il n'<Ma plu8 traverser que les villages situés au milieu des bots malheureusement pour lui, ses ressources ttmieat& leur an. Il vendit d'abord ses éporons d'argent à un jutfqu'UMnoontrat sur sa route le peu qu'il en retira fut bientôt dépense. Son haMt, qu'il avait porto nuit et jour depuis sa fuite, et avec lequel il s'était couché tantôt dans la poussière, tantôt sur la terre humide, ne pouvait plus servir, et it n'en avait pas d'autre pour le remplacer ses bottes étaient déchirées. Dans cette position, il offrit de vendre sa montre à un riche aubergiste de village qui avait !e goût de la parure et des bijoux. Mais cet homme était déRant;ii trouva singulier qu'un homme en si triste équipage, et dont les bottes a'em at-


talent en tamhpaux. fut poBMssour d'une n)n'!o!nqM« montra CM or, à rep~titian. Ctt m~tan~a de tnso et (ta mi~~M lui parut t'tuhoquc. !t répondit W«)ter qu'il aohotaMtt ~a montM. mais à condition tle ta Mira voir d'aburdA son vc~in ta b(}outter, qui saurait lui diro si ctto était r<!e!)on)cnt en of Wttttct no pot a'y rff))acr. L'auborgiata sortit avoo h montre, et oon.rnt«)~8)t0t lit porter a~ batm dit vi))aso. Co fnns~tmt aftvntt. par uno coplo dM mno~nt d'amonor qui lui <!<n)t parvonxe, quo WnMer. ait mfnMot do an dispnrfOon. avait aur lui uno montra en or<Mt)b)io do (t')to ot telle tnaniùM Il prtt dono avec tMt son {{MMor. p'«9 deuxstirgOMta vtgaut'oM! et ao ren'ttt à t'nMbo)'gop(mfystt!atrtomoMt<Fiof,qMtvcnn!ten(!n do ao <r«)))r tut-mOmc. Wtdter, Yoynnt Quo raMbor~i~ta no rovonntt pa~ vKe. avait BM)t'go<))t<; qt)o)qMO ottoxo, et a'<}tt)it mis & ~)t0trot'Mtrvoircoqut M))))it orfiver. DÈ~ que )o boHX partit dona MtoignentOtt. it to MconnHt ~nna peina & son air grave, et anx doux aer~enta, dont la chapeuM était eufmonM d'un Mto de phtmot: il sortit aus~Mût par los dorr~rea do la mnison, et 6'cnfuit tMvora ta forêt voisine. H N0 sauva, mais ea moatM fut perdue.

Lo mathottrcox eo vit alors dans une situation d~ptor.tbtc. Poursuivi comme «ne bûto ~Mco, trembtant & la vue d'on hotnmc, sans ar~oat, sans :ttni, ~gar~sMr nn« tert'actfong&re, it ne sn\ ait plus que devonir. ï) penfia d'abord & ao faire le grefCefdoq'tL, tet))Mgi~trutdovitia~a; mais sachant qu'on avait envoyé son sig~aienMnt partont, la vue scuie d'une maisoa do justice de paix ieûti~aitfnir. Ma)gr~ ses excellentes études et malgré sou âge, il se fut résigne sana beaucoup do peine a. appreadre quoique métier; mais pour cela il lui fallait un acto de naissance, et il n'en avait point. Cette circonstance eut sutS pour le peniro, en faisant naître des soupçons. L'état militaire eût eM parfaitement de son goût; niais ii n'osait oSrir ses services, craignant d'être reconnu et livré à ses juges. Chaque jour lut faisait mieux sentir quelle suite horrible de tcurmcnttt et de peines un seul crime entraîne aprèaiui.


Jo anta ptua pnnvra qua la p<ua mia~rnNo tnend)ant qui ait jamais tontln h m"tn aux pnssanta. se ttiettit-il; maia un mcn'hant peut a'arrMcf n ht premiero porto qn'M fonoonh'o et demander un morceau do pnin; mot,~ ao la puis pua; jo dota cr!)!!)t)re la donooro doa hommes tVga) dos portes do t'cn~ r. Ah! mntheMCOMxqnojpaHta.dana quot oMmod'infft'tH'M m'a jctd mon ppnohant~ !a coMM) etjo no vot!) pas commoat sortlr de h position terrible ott ja mo ttMtvo cngn~. AcaabM ao'ta le pot'ts do ces tr!~tM rt!(ta\tona. H orrait un jour dons tcaaeotioMd'onoTaatofu~t; tt npct'~tt devant tôt <tnrmt)icr<to)tt)~vo!tnro<!tattons:)~<'o do)~ tes boMospro~)))des qnt couvratent !n roHtc. Cet tmmtxo so eonsutantt en mina c<R«<a pour d~~a~crec-t MUfitCHtoMa~eAJu~u'~ t\s~i<*M.

Jlllvnit hon\\ ol'jcr, IOIl\IIt'llel', bnttro ses ollo\'nllx, rlcl1 n'uUolt.

ïtnvmt ))CKM ot'icr, <o)))p6ter. tMttrc ses ohovaox, r!cn n'attatt. WaMor, voyant aon entbarMS, N'approcha pwtr t'aitter. Ha sa mirent tous doux à t'(CMVfo: te ro'dicr fouetta les ohovaox, t'attm poussa aux roues do toutes ses forces, et bientôt lu tourdevoiture ao trouva d~gag<5o. Lo routiof a'eMpro~aa do MntCMior t'cMigcant voya~cm'. et, voyant son misôraMo dqutpttg'o, h)! donna qnctquo chose ponr boire. WaUer. oo jet~ h'Mnmo orgut;noMX. n6 dans t'opntenco ot dans to tnxo. aoc''t)tauveo cntprcasemcnt cette récompensa, et Mn <So(air de joie parut sur son vhagc a ta vue d'uno pitco de monnaie offerte par KO rou)t<;r.

Aveo cet argent, it arrha devant une auberge d'assez mnu~ako apparence qut ao trouvatt aumUteu des bois; il entra cependant, parce que ta faim et la soif te pressaient, et demonda un morceau de pain avec une crueho de bièro. Pendant qu'il faisait ce modeste repas, un homme en veste verte, portant une carabine et un couteau de chasse, vint se ptarer à l'autre bout de la table, et considéra longtemps Waller avec beaucoup d'attention. Le fugitif se sentait mat & son aise pendant son examen~. L'homme à la veste verte pria t'aubergisto dote laisser an moment seul aveo l'inconnu, puis il dit à WaMer: s


da v<M<a cea~ota ftrt M~ ofje sais To~re h~toiM ww rd.eompeaMostpremiseMo~uiqui pourta voua livrer à tajoatioa~ maia voua a'avea rien à cfatodfo do moi Mea loin do ?. jo eoMia chttfM~ da voua Mndr<' sctvice. Voua ~ov~a ~aat me cconattca anna doHte, ~e~a a'awa ~aa oublié Va)eat))t, !o wa~MmeaMiater, aojoMf~'h~t mort aa mntson towchntt & oetto <!o votro pôro. Vous <!tea veau blon souvent dana aott ateMcr, toraqno vous ~ttea jeune, et vous y avez pMa6 bien doa honres A Mfo do petits onvrtt~ca do bols ot doa joujoux d'enfaa~ pour vos amurs jo auia son Sta.

Quott a'dofh vivomoat ta fugitif. o'eat tôt. PietM, toi moa <mmar<Mto et !o oompngaot) dca joux do mon cnftmoo? Mot-)n6xM. r~andit Piorro.

Mata, au nom du oie), reprit WnMer, par quollo suite d'<tvcntuMa ta tMUto-jo RM <ntHou do ces bold et dans un tôt tqMt~nge? Y

Uno imprudence pareOto à collo quo vous avez comtniso, répondit Piorro, m'a forcd do &ttr commo vous notre cMro patrie.

WaOer lui demanda to rdott de ses Rvcntnrea.

–Je quittai la maison, dit-il, pouraHcr à tagnorro; je Ils douxottMtaoampagiM.et reçus même une m<Ma<Mo d'honn<:t)r. Mon capKatae, qut m*a!matt beaucoup, mo prit à son service J'avals une très-belle coriturc, de aorte qu'indépendamment de ma n«!M et de mes gages, il m'était tacite do gagner tous tesjoufsunpeu d'argent &<aiM des copies; ce gaiM me mettait fort à mon aise, et je bénissais, du fond de mon <hnM, lu vieux Ziegler, notre ancien maître d'ëcote, du soin qu'il pfena(t d'exercer tous ses éteves à bien écrire. Comme vous le voye~, ma situation n'était pas mauvaise, et je pouvais vivre aussi heureux qu'homme du monde, sans la terrible passion du jeu c'est eUe qui m'a perdu. Un jour, mon capitaine me remit une cinquantaine de francs pour les porter chez un marctM(nddj~v)Me j'avais été malheureux au jeu, il me vint


dana t'es'prtt qu'avec cet argent H me serait faotto do réparer mes pertes, nana compter le gain que jo pourrais nura: jeta pria dono et jo jowat je perdis toute la aomma jusqu'au dernier aou. AeoaMé de ce malheur, je tombai dans le ptua violent désespoir, et je désertât pour éviter la honte et le châtiment que j'avais mérités. n n'y avait point de aareté pour moi dans notre pays; je passai ta frontière. D'abord je gagnai ma vto en travaillant, tantôt ohea tes menuisiers, tantôt chez les taboureura de ops environs, & qui je teuata mes braa pour le tempa des r~eottos mais onsniteMne ordonnance eat vonue qui enjoignait do reconduira à la ffontiero tona les desertenra. Ms-ioM. je n'étais pinson aaroté dans eette contrée; je pris mon parti avec !o peu d'économies que j'avais pu fMro, j'achetai uno oambino, une ~b(~o)ere et un contcau do oitosso: {o me donnât pour un garde qui oht'rehnit un omptoi, et, do fait. je devins braconnier. Waller, prenant conseil do aa position deaMperee, m'M~ita pas un seul moment; il résolut do se faira aussi braconnier. Pierre, sou ami d'enfance, essaya de t'en dissuader, -Ce métier-là ne vous convient pas, lui dit-tt moi-même, <out accoutumé que je suis aux fatigues du corps et aux travaux manuels, j'aimerais mille fois mieux retourner à l'établi de mon père, si cela m'était encore possible.

Si je prenais ce que tu mo dis tapeur un refus, répondit Waiter, je n'insisterais pas davantage; mats ce refus me serait bien pénible. Tu le sais, Pierre, je t'ai toujours montré de i'amitté depuis mon enfance; maintenant je suis dans une misère afReuse et tout près du désespoir je t'en prie, ne m'abandonne pas, laisse-moi te suivre, tu me rendras un signalé service. Eh bien puisque vous le voulez, reprit Pierre, je ne demando pM mieux que de vous obliger. C'est mon devoir d'ailleurs vos parents ont eu mille bontés pour ma vieii:e mère, et lui ont prodigué tontes sortes de soins lorsque, dans son veuvage, elle tomba m&tade et fut obligée de garder le lit pendant plus d'une année. Pour mon propre comète, je vous dois beau-


coup auss!; n voua est arrivé souvent de ma donner quelques sous et dos haMts onporo asaca bons que voua na devlea plus portor ce sont t& de~ ohosea que ('on n'auMia paa: Si voua Mca (tansMna position teUoqncje nepMisae vona randra M~owtd'hui (t'aotM scrvipe. oh bien sott; venez avec moi.et quo Dieu noua protège.

Cas paroles réjouirent la oœnF de Wn!)er; tt serra vivement la main do son oompngaoa, et ils so disposant à purOr ensonbto.

I<e nom do fhmilla do Pierre <!<nit ncrntnnn.

!t f~nt, mon nn)i, que tu ohnns'ea do non), cotnmnj'en ni chnn~ nwi-tHCtno. lui dit W<tUor; o'oat une oifsm'aoco do ph~ contre la HMia do tu justice à pacUrde eo montent, tu t'appotka Rodotphe.

Piorro n'y trouva tton à rediro, et nos doux aventunera sa mirent en routa.

XX. –COMtNUATMN BB t.'mSTOtBR DE WAH-EB ET M RODOLPMB.

Rodotpho était connu dans la plupart des auberges et des formea isolées qui se trouvaient au milieu des bois ou dans les environs do ta forêt. Les paysans, dont tes cultures avaient beaucoup à souffrir dea bêtes sauvages, se montraient plutôt amis qu'ennemis des braconniers. Rudotphe trouva sans peine un fusil pour son camarade, et chaque nuit it lui procurait un glte pour reposer sa tête; mais Waii'T, nourri dans une grande aisance, habitué à des appartements magnifiques, à une bonne table servie en vaisselle d'argent, dut oublier ce premier genre de vie et se contenter de chambres infectes, de viandes mal préparées, de couverts de plomb, et d'une botte de paille pour son coucher. Ce n'était pourtant pas là son plus grand malheur.


Eh btea vois-tu, mon ami, disait-il a Rodotpho. ja con. N'BOraia à no mnn~rde toute ma vtaque (te la wupo & Fonu tVcouuecuiUord'dtotn, et il dormir sur la paille, acon'ttticndo t.c ptns sentir sur mon cœur !c poids aocaMant d'un honucide. WaUar et Rodolphe étaient d'oxoeUenta tit'cut'a; )ta tuaient du (fiMor en nbondnaoa. Qnetquoa payt:ana tenr achotatont & bas prix le pM~h)tt do leur eh))!f, et ottaient anaHito !e Mvcn!fe dans les villes et dans tes buttr~ d)t \OM!nn{ff!. Mais cette f)'at)th< fut Mt'ntOt tt<'co))\ertc; lei pxy~an! tM~oût~ <!o co oMomoroo ))!<)' un cMtitnent sûvèro, n'y vouhtMMt plus doxoe)* les mains <tc sorte que Wnttcret Rodo!pho M trouèrent pius )\ vcnt!M !em' gibiep. et (o)nb~rcnt (taas la plus oû'roM80 xtis&M; WottcraortoHt aauN'Mtt ornpHomont do n'ovoh' quo des h'tittonssm' son corps et point do linge. lis so mtt'cxt dono arrôtor les voyageurs sur h'a grandes roxtcs, et eo fut alors qn'its attaquèrent !n nxtjor, beau-ff&M du baron do Finkoastctn, condut~ surtout pM te d~air do s'emparer dn linge Mnao qu'ils espéraient trouver dans la vatiso du voyageur. Quelques jours apft'scot ét<!nement. Wanfr fnt rencontra dan~ht for~t p:tr tut garde-chasse dit d)M cet homme le coucha enjoué, et lui cri:t d'une voix terrible

Arrête, ou je tu tue 1

Watter ne tut en t~iM~ pas to temps, et lui tira le premier un cou;' de fusil, dont le malheureux mo'u ut trota jours &pre~. Ce second meurtre peaa sur sa conscience du même poids que son premier homicide; le remords qu'il en éprouva fut presque du désespoir; il voulut s'éloigner de ce lieu funeste, et quitter la forêt avec Rodolphe, pour n'y revenir jamais.

Ce fut alors qu'ils choisirent pour leur retraite iesmontagaes hérissées de hois, au milieu desquelles ëtai.'nt les ruines du vieux castel fëodat. Ce lieu sau\ as'e, d'un aspect sinistre et effrayant, piut à Wuiter; il se promenait des journées entières parmi ces débris d'un antre âge. A force de parcourir en tous sens ces vastes décombres et ces prodigieux amas de pierres


doMuteea qui coMvraifnt ww surfaeo du plus do cent arpenta, U.tMpMtvrit tes (taux chambrea voateca, seul débris intact du vioil et colossal cttiNcp: 11 eut aussitôt l'idée d'en (aira sa demeure. Hodotpho y consontttaana peine; ça? it ttouvait bien tout ça que fuisnit Watter, et lui témoignait en toute chose la plus entière comptntsanoo et un dévoilement à touto dproove. Autaut par reconnaisatUtoo quo pm)f rendre hofHmnge & la ~op~rioritû de Wt'Uer aoua te fa;'purt do ht nftieaance. do esprit et do t'tMuctttion, il sa wnfM~rnit plutôt comme son serviteur quo commo son ami. P<'))dant ta te))))'-) qu'il avait passé à t'armée, il aTaitnpprisA ft)i)'c)ao))iainoet à ta\crto)ingc; d'aiUc))F. il s'~ttHt formé chez son CMpitatoo à tout ça qui rcgfndo le service domest~iMO et tes soins du m<Soagfo. Ses talents en ce genre étaient bien précieux pour le pauvre Waller; it ta servait do tout son pouvoir, travaiUMit pour,lui et votait pour lui.

HoJotpttO avait fait eonnai~sfmeo avec Raymond dans ano auberge koKo do la forM. Waller et lui !o regntcnt dans leur souiut~, mais ils no l'estimaient gu~re, et lu considéraient seulement comme un agent subalterne qui pouvait teur rendre quoique service en attnnt vendre le produit do leur chasse. Non content do donner le gibier à vit prix, Raymond dépensait d'ordinaire ta moitié de l'argent dans les cabareta, et rapportait l'autre moitié en dieunt qu'il n'eu avait pas reçu davantage. Watter et Rodolphe no tardèrent pas à Ktomhor dans une aûfouse misère, et se virent une seconde fois réduits à dépouiller de te< <ps en temps quelques voyageurs. Un jour Raymond vit une belle voiture qui traversait la forêt charg-ee de coffres et de malles bien remplies il courut trouver Rodolphe, et lui persuada de venir avec lui attaquer cette voiture; mais les deux Megoct~nts qui s'y trouvaient firent une vive résistance; ils avaient de tenues armes et le combat tut rude. Les deux brigands en furent réduits & défendre leur propre vie; ib revinrent à la caverne la tête ensanglantée; mais l'un des


deux négootanta reçut une profonde Nessura dont il moumt Quelques jours aptes. I.a nouveDa de sa mort jeta Rodolphe dansuntrouMe et dans une douleur inexprimables: il versa des torrents de larmes en so maudissant lui-même. Dès ce moment 'Wallep lui deibadit d'attaquer à l'avenir aucun voyageur, surtout en compagnie da Raymond. Du reste, Ica occasions d'arrêter sur les grands chemins ne s'offriront ptus que biemaremont. Les ~oyagewa qn! avatontauroux quetqxe chose à prendra évitèrent les environs do la caverne, et des bandes do soldats flrent do fréquentes battues dans la forêt pour assurer les grandes routes voisines.

Ce tut alors que Raymond et Rodolphe prirent un parti désespère comme leur ~sition ils se mirent & attaquer, au milieu de la nuit et à la faveur des ténèbres, les maisons les plus riches desvUtagesenviroMnants. Waller ne leur interdisait pas ce genre de brigandage, mais il n'y prenait aucune pMrt. Une fois seulement il lui arriva de proposer à ses camarades une expédition contre le presbytère de Hasetbaoh. Cette proposition surprit extrêmement Rodolphe; car ils avaient alors assez d'argent et pouvaient se tenir tranquilles pendant plusicura mois. Raymoud no trouva pas non plus cette idée fort heureuse.

Pour de la science, dit-il en secouant la tête, il est certain que le curé de Hasetbach en a beaucoup; mais pour de l'argent, c'est autre chose; it est pauvre comme Job ou comme un rat d'église; il n'y a rien à prendre dans sa maison. C'est bon, leur répondit Watter en souriant; je suis sûr, moi, de trouver chez lui plus de richesses que vous ne croyez soyez sans inquiétude à cet égard; consentez seulement à m'accompagner cette nuit et à m'assister daus mon entreprise. Ils partirent tous les trois ensemble le presbytère n'était pas difficile à forcer; ils y pénétrèrent sans peine. Le cure. comme Waller le savait bien, était précisément en voyage; sa vieille servante ne eortit pas de sa chambre. où elle s'était


prudemment bMrricadcf, elle no parut pas, elle ne cria pas. Waller se contenta d'entrer avec ses deux complices d«na la chambra ou le oura tenait aa MbliotMquo il courut droit aux livres, en choisit un grand nombre dont 11 remplit toutes ses poohos ou qu'il remK aux deux autres voleurs, pour les ampoctûf.

WaMot donaa f?t!re & ses compagnons de sortir sans toucher à quoi que ce fat; il était ravi du bon coup qm'H venait de faire. mais Kodoipho et Raymond n'étaient pas également satisfaits; ila se plaignaient tout haut de n'emporter aveo eux que du papier noirci et point d'argent.

–TtMaez-voua, icur dit Waller, vous ne savez pas quel prix ces U~roa ont pour moi mille éous voua feraient moins de plaisir que ne m'en fait a moi ce papier noirci, comme vous l'appelez.

Voilà comment Waller s'était procuré tes livres qui furent trouver plus tard dans la caverne. Mais une circonstance remarquitMe de ce singulier vol, c'est qu'à Finsu de Raymond et de Rodolphe il avait mis à la place de chaque volume, enviion t'équivalent do son prix. Du reste, le nom du curé se trouvait écrit sur ces livres et prouvait suffisamment qu'ils provenaient du vol commis dans son presbytère. Thierry n'avait point pris part à cette xpédition; ce n'était que plus tard qu'il était entré dans la compagnie des brigands.

Waller trouva sans doute un grand charme dans la tectut< de ses livres; cependant sa tristesse augmentaitde jour en jour, et les tourments de sa misérable existence lui devenaient insupportables. La conscience de ses crimes, mais surtout le souvenir toujours présent des deux meurtres qu'il avait commis, déchiraient cruellement son âme; c'était d'ailleurs pour lui une amère douleur de n'avoir reçu, depuis plusieurs années, aucune nouvelle de sa famille.

Un jour Rodolphe, parcourant la forêt, arriva dans une claitiere où plusieurs grands chênes gisaient abattus; un jeune


ouvrier, remarquable par l'air décanté qui britMt au~sou' visage, s'occupait a dépouiller ces arbres de leuréaoree; Mutait en apprentissage dans l'établissement d'un tanneur de SaintGall. Rodolphe lui adressa ta premier ta parole. Après un instant de conversation, tes doux interlocuteurs s'aperçurent qu'ils étaient du même pays; Hs se regardèrent alors avec plus d'attention.

Ahi bonjour, mon ami, s'écria vivement RoaolpM; n'estu pas Frédéric Wagner? Moi, je suis Pierre, Bis de Valentin le menuisier, et je me souviens que nous avons été camarades d'école.

Wagner le reconnut sans peine et le satua d'une manière amioale. Rodolphe lui fit alors mille questions sur sa vieille mère, sur ses frères et sur ses sœurs.

-Ils sont tous vivants, répondit Wagner; mais je ne saurais t'exprimer toute la douleur que ta désertion leur a causée. Ta mère a manqué d'en mourir de chagrin; elle a vieilli en une senle année de plus de dix ans.

Rodolphe essuya ses yeux mouiMés de larmes et s'informa de Tous ses parents, do ses connaissances, et partiouUerement dtt vieux Ziegler, son ancien maître d'école.

Il se porte bien, malgré son grand âge, reprit Wagner; c'est un vieillard vif et plein de santé.

Mais des autres connaissances de Rodolphe, plusieurs avaient cessé de vivre. Alors il questionna le tanneur sur la famille de Waller, sans toutefois dire que Waller se trouvait dans la forêt.

Ah mon Dieu, répnqua l'ouvrier tanneur, ces braves gens sont bien à plaindre; leur Bis Charles, dont autrefois on ne parlait qu'avec les plus grands éloges, et qui faisait l'envie des familles les plus heureuses, les a plongés dans ua abîme de malheurs. Le crime dont il s'est rendu coupable a suscité contre eux beaucoup d'ennemis puissants, et les ai privés dé tout ce qu'ils avaient d'amis et d&~oteeteutSfTc connais sans'


doute l'histotfc de son duel son excellent père en est presque aussitôt mort do chagrin, et sa vertueuse mère a'a pas tarda beaucoup à suivre son mari dans la tombe.

Il ajouta plusieurs détails sur la profonde misera ou !e~ f) ères do Waller étaient tombés depuis la mort de' leurs parents; puis il St a. Rodolphe oerta!nes questions sur ses propres amures; il avait reconnu aussitôt que son compatriote était braconnier. Celui-ci en convint. Là-dessus, Wagner le plaignit ainoèremont et lui donna des conseils pleins de sagesse et d'amitié.

Laisse là cette coupable industrie, lui dit-il entre autres choses; fais-toi plutôt bûcheron et gogne honnêtement ta vie du braconnier au voleur la distance est petite, et du vol à l'assassinat, il n'y a souvent qu'un pas.

Rodolphe sentit profondément la vérité de cette parole un soupir souleva sa poitrine, une larme s'échappa de ses yeux; il serra vivement la main du jeune tanneur, et s'éloigna. Dès qu'il eut rejoint Waller, il lui redit tout ce qu'il venait d'apprendre. Waller en fut extrêmement troublé il versa des larmes amères sur la mort prématurée de ses chers parents qu'il avait conduits lui-même au tombeau; le triste sort de ses frères et de ses sceurs déchira cruellement son âme. Jusqu'à ce moment Waller avait nourri l'espérance que l'histoire de son malheur finirait par tomber insensiblement dans l'oubii, et qu'it pourrait quelque jour rentrer dans son pays; mais, désabusé de cet espoir, il résolut dépasser les mers avec Rodolphe et de chercher une retraite en Amérique; et comme ce projet ne pouvait s'exécuter sans une somme d'argent considérable, ce fut alors qu'il eut la malheureuse idée de faire une tentative sur le château de Finkenstein. Une des raisons qui, avec le besoin de changer de pays, le poussaient à faire ce voyage du Nouveau-Monde, c'était l'espérance très-hasardeuse et très-foUe d'y faire une grande fortune qui lui donnerait les moyensderendre, soitauxhabitantsdu château deFinkenstein.


soit aux voyageurs qu'ils avaient dépouillés, l'argent dont M se considérait comme leur débiteur. Il nt part de ce projet à Rodolphe et le chargea de s'entendre avec Raymond et avec Thierry pour ce coup de main. Il comptait beaucoup sur l'adresse do Thierry a ouvrir les portos; mais cette expédition, qu'il entreprenait avec tant de oonnance. devait mettre nn à toua ses vols, et lopordre lui-même ainsi que ses complices.

XXI. CONDAMNATION BE WAH.ER.

Lorsque la cour supérieure eut fait parvenir à St-Gall l'arrêt de la condamnation prononcée contre tes quatre brigands, le builli se rendit avec son grefOer et les sergents à la vieille et funèbre salle de justice. Les douze juges, vieillards vénérables, ainsi que les premiers bourgeois de la ville, s'y trouvaient déjà réunis.

Waller fut d'abord introduit. H entra dans la salle avec ces manières distinguées qu'on lui connaissait déjà, et un silence solennel se fit à son arrivée. Quoique les désordres de sa vie passée et les longues souurancesde la prison eussent flétri son visage, on y découvrait cependant les traces d'une beauté peu commune. Le bailli lui lut à haute voix la sentence qui le condamnait à périr par le glaive en punition des brigandages et du meurtre qu'il avait commis.

Waller entendit son arrêt de mort avec une tranquillité parfaite. Dès que la lecture en fut terminée, il prit la parole et dit M. le bailli, la sentence que vous venez de me lire est juste; je n'en attendais pas d'autre et je souscris à ma peine. Puisque j'ai négligé tous mes devoirs envers la société humaine, puisque j'ai foulé aux pieds toutes les lois divines, ,e dois au moins remplir le seul devoir qui me teste, et oBrir


ma tûto au glaive de !a justice, aun de m'aoquiter à la fo!a envers Dieu et envers les hommes que j'ai outragea par mea crimes.

Mon cher M. la bailli, t~outa-t-it, vous oonnaissea Mon histoire, vous avez trouvé la moyen do vous procurer mes eerti<ieats de l'Université ils vous ont paru très satisfaisants sous le rapport des études, très satisfaisants même sous te rapport des tutaura et du caractère, s'il n'en fallait excepter mon humeur violente et emportée. Oui, j'ose te soutenir, tes premiers tomp~ de ma vie ont été pura et sans reproche, et aujourd'hui je pourrais être comme vous un magistrat honorable. Mais mon malheureux peuchaut à la colère, que te frein puissant de la religion eut pu si faciloment réprimer, a cause ma ruine. Voilà co qui a jeté le malheur et l'opprobre sur toute ma vie. Je puis vous l'assurer, depuis te momeut fatal où je tuai l'ami de ma jeunesse et le compagnon de mes études, je n'ai pas eu un instant de repos. Ce souvenir funeste était sans cesse présent à ma pensée le matin à mon réveil, le soir à l'heure de m'endormir, je le retrouvais partout. Ii m'en a coûté, vous pouvez le croire, bien des nuits sans sommeil, bien des soupirs et bien des larmes. Comme le vin ue faisait qu'enflammer davantage la violence do mon caractère, je résolus de m'en abstenir tout-à-fait. Cette résolution n'était pas sans doute d'une grande importance; je l'ai cependant tenue je m'engageai pius formellement encore envers moi-même à ne plus jamais répandre le sang de mes semblables. Mais ce serment-là je l'ai violé d'une manière terrible. Pourtant ce m'est que par le besoin pressant de défendre ma propre vie que j'ai tué le chasseur. Ce meurtre n'était point prémédité. J'ai cédé aux exigences de ma situation; une nécessité pressante, invincible, a dirigé mon bras il fallait sortir de la position terrible où je me trouvais. Cependant les circonstances de cette action ne la justifient pas. Le chasseur avait reçu de l'autorité légitime la mission de saisir les braconniers et les hommes suspects je sa-


.vaia depuis longtemps que j'appartenais & cotte classo d'hom* mes, et que. d'un moment & l'autre, jo me trauverais dans te caa <M<fe arrête. Je ne dovaia dona pas ma révolter contre ta pu!96aace supérieure, mais plutôt me soumettre & celui qn'eiio avait investi d6 son droit et me livrer à la justice. J'ai bien ptauro sur cotte malheureuse victime, et oo seooud meurtre a doubM le poids totribte qui posait d~ja sur ma oonsoiouoe. Au reste, je puis vous attester devant Dieu que, si j'ai pu ttto re-'soudM & voler, c'est la RtiM et lu plus accuse tui~ot'o qui m'y ont en quelque sorte réduit. Je cherchai!} a inti.ui'tor les voyaSOUM par d'etu'ayantes menaces je tit'aia mon MbM, jo faisais taOno usage de ma carabine. Mois je sot~oais toujours & n6 point mettre leur vie en péril et no leur faire aueu'.e blessure.

Dans ma sotitudo, au milieu da ce vide immense formé on(M les hommes et moi, j'ai eu ln temps de rettoehir sur ma vio passée. Le désert sauvage qui m'onvetoppait de toutes parta était enharmonie avec mes sombres pensées. Les ruinea parmi lesquelles j'avais établi ma demeure se dressaient devant moi comme une image do mon bonheur détruit. Souvent morne (ou ne le croirait pas d'un voleur et d'un mcnrtier) je priais, je demandais à Dieu grâce et miséricorde. Le repentir déchirait mon urne. Mais c'est surtout dans t'isotcmcnt des cachots, en présence de ma mort prochaine et de l'éternité, que te souvenir de ma vie infâme s'est ouert & mon esprit dans toute son horreur.

Grand Dieu me suis-je écrie plus d'une fois, vous le savez, la vie de brigand me fut toujours amère et insupportable. C'esl MM chose horrible, eu euet, de se voir relégué parmi les animaux des bois, de ne pouvoir traverser le moindre village sans risquer sa d'être privé de toute communication aveo les honnêtes geM et de toutes les commodités de l'existence d'avoir à souffrir continuellement la faim, le froid, l'humidité, l'insomnie, d'cterneUesfrayeura. d'être sans cesse poutaulvi et


traquo oomma <mf b6te Mroc~ de ao trouver comme en dtat do jtuprre M'po tout ta ~orc hutnatn. Tout homme qui aura scutfMcnt une <!tincet)o de raixou et de sentiment frémira d'horreur a rMec. d'tut parci! genre de vie, et ne l'adoptera j(maiaamoi))S(pt'n M'y soit violemment précipita comme moi )':<r une premier.! faute et par un premier o'ifno. L'oxt-'teoce .t laquelle un bt~and se condttMno tut-n~tne serait déjà u)t t')tAt))))0))t a-'spH (pt'tfbt.) quand ta priait et )a nwrt no 8'yjot)tdcait'nt paa. Et oPpMdant oetto \h htt'MOso. avco tunto:t ses ptivatium p) tnntt"! ao~ )t)i!~K'i), XM paMit uxo ft'o!cho t'mt!o au p)ix de rext't'f (pti b)A)a dan~ tttft) sciu. Mai- Dieu soit tuttJ < rt'om'o do ma d~thranet) est ptocha; cette hon'ibto c~~tttttoo va finir. Si du txotnjt etto xo so tomittait paa d'une txani~'o honteoset N'intfOfte. Jo sorafa trop hcuroox cneofe, ai je pouvais espérer <pto mes peines pn~entea no me suivront pas dans t'autra monde, ou quo dM tourments plus affreux ao mo sont pas réserves après la mort.

Il so tut un moment pour rcouoiHir ses M<Scs ot contiuua -Qui m'eut dit, torsquo dans ma première jeunesse je mo voyais chéri et estimé do mes parents, de mes frères et do mes 809UM, da mes maîtres, do mes amis, do tous ceux cn<!u qui mo connaissaient, qui m'eût dit alors qu'un jour jo périrais ignominieusement sur un ëohafaud, par le etaive du bourreau t Certes, je n'aurais pa~ oru oo malheur possible. Ah quelles douces espérances mes parents, aujourd'hui morts, mon noble père et ma pieuse mère fondaient sur moi 1 quel brillant avenir ils rêvaient pour leur fils bien-aimé 1 quelle '.endresso je trouvais dans mes frères et dans mes sœura quelle joie quette fête pour eux tous quand, chaque année, au temps des vacances, je revenais à !a maison paternelle avec d'honorables témoignages qui prouvaient mon travail et ma bonne conduite Comme ils s'empressaient de voter audevant de tous mes désirs Oh s'écria-t-il d'une voix déchirante et en laissant échapper un toncut de larmes. c'est un


Mtathew ëpOMvaatabte H me faut remercier le ciel do ce que mea chera parents a'ont pas aa:ea vdeu pour partager la honto de ma mort.

L'excès de la douleur l'cmpOcha quelque temps do pourauivre it reprit onCn la parole et dit

Monsieur to bailli, jo n'ai quo des rompMtetnonta & vous faire pour vos nobles ptt)0)Sd<!a: vous vous êtes conduit à mou ~{M'd nvoo hMmanMû vou') avez adoMot antant qu'it « été an vous tes horfoxa do ma toogMo d~tootion: vous m'awto!: m&tao aau\'< atj'ava~ pt) t'Otfe. Votradovoiroa vous le pcrmcUaitpM.joto aa)ab!cn;tnata\'ou9avo!! CMpttid do mon Mrt: ou oo moment M~majo vols dmtat'mos briller dansvoa youx voxa cherchez vainetNent à toa cacher. DioH vous récompense do cette bottt~ quo voua mo t~o)ois"cx!j'aimerat9 à vous tondra la main ou signe do recouaaiMMMe, si cetto maia N'était pas cetto d'un brigand et d'un mcurtricf, si un honaëto homme ao devait pas so croire souillé en la touchant. Rocovex dono sin'ptontent do ma bouche l'expression do ma vivo et profonde gratitude. Votre bontc, dont jo mo sens si peu digne, m'encourage à voua adresser encore quotqueB prières. D'abord je vous demande pardon, vénérable magistrat, d'avoir violé les lois dans !o cercle do votre juridiction; de vous avoir dérobé tant d'heures précieuses qui, vu le grand nombre d'affaires dont vous êtes acoablé, auraient pu être employées plus utilement de vous avoir occasionné tant de travaux pénibles et de fdcheux déplacements.

Toutefois je me rends ce témoignage, et vous-même avez eu la bonté de me le rendre, que je n'ai point voulu par d'inutiles mensonges rendre votre tâche plus longue et pius difûcite.

Maintenant je vous prie d'offrir mes regrets à la noble famille de Finkenstein pour le trouble et l'eUt'oi que ma crimineite entreprise lui a causés. Dites-iui bien que mon intention n'était pas de venorane seule goutte de sang dans le château.


3 est !a pure vertte. Voyant que Raymond avait un peu bu, le OQHHaisaant d'aillaura pour Ma homme téméraire et sansjuge) méat, je J'avais ompecM do prendre avec lui aucune arme. Je pansaia que do simples menaces et la terrenr d'une attaque subite eufMMient pour accomplir !e vol, au pis aller, et dans la eas où io coup ao fie serait pas fatt aana bruit et sans oveUler personne. Le but de oa«e entreprise <!ta!t do ma proaut'ep assez d'argent pour Mo séparer do Raymond et de Thierry, et passer aveo Rodolphe dans uno autre partie du monde. Cet argent que je voulais dérober, je le regardais comme uno espèce d'emprunt forcé que j'espérais pouvoir rendre un jour. Mais co c'était là, comme !'ovoncmont !'a prouvé, qu'une foUo espérance. Le vol est toujours un grand crime, et je ne prétends point to justiNor ai adoucir a mon égard la sévérité des lois conservatrices do l'ordre sooiat. Mon sort ost accomp)! je suis un misérable indigne de vivre. Sou!ement je désire que vous, monsieur le bailli, et la noble famille qui a faitii être victime de mon dernier attentat, vousna mojugiezpasptus criminel que je no le suis eu effet.

Il mo reste encore une autre priera à vous adresser eito est pressante, ne ta repoussez pas, je vous en conjure. Vous savez que le nom que je porte m'est pas mon nom véritable. Réduit & errer loin do ma patrie et à courir le monde comme un vagabond sans asile, jo me suis fait appeler Waller. Je vous en prie par tout ce qu'tt y a de saint et sacré dans le monde, que le nom de ma famiite ne paraisse point sur ma sentence de mort imprimée permettez-moi de mourir avec le nom sous lequel j'ai commis les crimes qui me conduisent à t'ëehafaud. J'ai encore quatre frères et sœurs vivants les deux plus âges d'entre eux étaient déjà grands lorsque je pris la fuite ils étaient bien élèves, nobles et vertueux; les deux plus jeunes étaient encore des enfants la dernière fois que je les vis, mais des enfants aimables et de la plus belle espérance. Mon duel et la mort de mes chers parents, qui fut la conséquence déplo-


MModo co premier mtuhow, tes ontjateatoaadanalaplus profonde aMtatioa.Maia, quelque donloupque leur ait eausea Ma premièro faute, quelque sensible qu'ait été pour oux h houta de cette action funeste, cependant cartainea Idées d'honneur mat comprises font que te duel paraît motos infatué que le vol et l'aMassioat. Quel ooup affreux pour ta omur 8ensible da mes f)'ëM3 et sœurs! Quelle doutcur amère pour uno fillitille honn&to et irr<!proohaMe, a'il faut qu'ita lisent un jour dans les feuillas pnMiqMea quo j'ai termiu~ sur Fëobafaud n)~ oart'!<)rc dcvolour et d'asaas~iK! 1 Ah <~pargnoz-!ca,ja voua 6n conjure encore uno fois avec tarmos pour une famH!o inuoconto qui a toujours chéri rhoone))! une teMo hoMto serait Mo coup do Mtort. Laissez-moi donc périr sous le nom de Waller. 8'H arrivatt qu'un honnCto hommo, porteur do ce nom, se or(tt d~honoré parce que jo t'ai pris sans en avoir le droit, vous préviendrez ses justes plaintes en dechn'ant sur ma sentence de mort que Waller n'est qu'un pseudonyme.

Maintenant, j'ai encore une grâce à vous demander; je désire me trouver un moment seul avec l'infortuné Rodolphe. C'est un homme do peu d'éducation, d'un esprit vulgaire, un brigand d'aitieura et un meurtrier comme moi mais il m'a montré ua dévouement et une fidélité dont le souvenir m'attendrit ju&qu'aux larmes. Le malheureux avait cent ducats à gagner en livrant ma tête it pouvait de plus obtenir sa grâce comme déserteur et comme braconnier, en découvrant ma retraite à ta justice mais il ne t'a pas voulu; il a mieux aimé venir à mon secours et me soulager dans mon infortune. Sa ndéiitë, son dévouement sont en grande partie ta cause de son malheur. Ma conscience me reproche de n'avoir pas conduit dans une meilleure voie cet ami si fidèle. Permettez-moi donc de le voir une dernière fois avant de marcher avec lui au supplice. Il me sera doux de le remercier encore de ses fidèles services, de parler à son cœur, de le préparer à une mort chrétienne en faisant naître dans son âme ua sage repoatir.


Ï)M)9 la bouche d'an aompMoo qu'il aime et qu'il chërtt, de téta di~ooura auront peut-être une grande force et une irré~stiMo tnOaenoe.

Je vous pria onSn, et c'est ma dernière prt~o, do m'en. voyer un ecclésiastique respeotabte pour m'aider à régler !o compte sévère que je dois rendre &Dieu. Voua mathoareMae~ ment ptuaioursantëos que je a'asatate plus à rotHoo pHbMo par mes crtmea et par la vie sauvage qui en a été ta censé. qoeneo, ja m'étais retrancha tnot-n~eate de la Bootdto dot croyants. Mais M'tmporto la miséricordo divino oat inttnte, je Me jette entre ses bras; je veux Onir par tataert d'un cUretien ma vie toute patenne.

Oai! c'est là oo qu'il faut faire, s'écria le bailli. Ce digne magistrat promit au condamné de faire tout ce qu'il demandait, et lui tendit la main. Waller, profondément ému, Nsa sur lui ses grands yeux noirs pleins de larmes, et serra la main qu'!t lui tondait, puis 11 se détourna vivement et fut conduit dans une chambre séparée, pour s'y préparer & son passage de cette vie dans l'autre.

XXII. CAPTtVtTË ET CONDAMN&TMN DE ROMLrUE.

Rodolphe passait les longs jours do sa captivité dans une douleur muette et silencieuse par la fenêtre do son obscur cachot, lucarne étroite et traversée de gros barreaux de fer, il avait vue sur l'église le son grave et religieux des cloches faisait sur son Ame une impression profonde il entendait distinctement les sons de l'orgue, le chant des fidèles assemblés, la puissante et douce mélodie de plus d'un cantique cher à son enfance et qui lui rappelait de meilleurs jours. La douleur ne lui permettait pas d'y joindre sa voix; mais il priait avec ferveur, et versait beaucoup de larmes en réfléchissant


sur les paroles do ces ohanta qui arr!vatent jusqu'à son oreille dans t'obsourite de sa prison, Le cimetière qui s'étendait auto~pde t'~gUae, tes tombes nombreuses, te& croix et tea pierres funéraires qu'it avait sous les yeux, eveiiiaient dans eo~ Ame de sravoa et aerieasos penaoos. Chaque convoi i~o&bro dont M était témoin le faisait trembler, à ndëo da sa mort prochaiMO.

–Ah) sa disait-il un jour envoyant un oort~e d'enfanta éplorés suivre au lieu do l'eteraet repos le corps de leur met'e chérie, et la déposer danala terre avec dos cris et des sanglots, quelle sera la douleur do ma pauvre mère quand elle apprendra ma mort isnomtntcuao 1

M résolut do lui écrire encore une fois avant ea mort. H f widt déjà mis la main à la plume. lorsqu'il j[ecut de sa tnere la ettre autvanto

Mon cher Ota,

Je suis dans une terrlblo inquiétude sur ton compte te chagrin no me permet plus de prendre aucune nourriture, ni de goûter aucun sommeil. J'ai su qu'on a écrit au tribunal de notre ville que tu étais dans la prison do Saint-Gatt, et que le baitti fait prendre partout des informationa sur ta vie pa<sce et sur la manière dont tu t'es conduit dans ta famillo. Le tribunal d'ici a répondu que ton enfance et ta jeunesse ont été irréprochables, que tu t'es montré toujours d'un caractère doux, laborieux et actif, que tu as mémo combattu vaiUammentpour ton pays et métitÉ une médaille d'honneur on n'a pas caché non plus que tu avais perdu au jeu de l'argent qui ne t'appartenait pas, et que par suite de cette première imprudence tu avais dëserte. Mais on a fait observer aussi que t'argcut avait 'it6 rendit, et qt .'un pardon général devant bientôt être accordé aus dMMteurs, rien ne t'empêcherait de rentrer dans ta patrie, si l'instruction de Saint-Gall se terminait à ton honneur comme ton bon caractère permettait de t'espérer.


C'était !& <M)sa! mon espérance, mon cher Pierre; M'entendant plus rien dire de Saint-OaH, jo pensais que l'enquête commencëo t'avait M favorable et qu'il n'en était plus questien. Notre Pierre, me disais-je toujours, a reçu de son pèro et do moi une éducation honnête et chrétienne: h première fauto qu'il a commise en se laissant aller à jouer l'argent d'autrni sera aussi la derniôra; il est impossible qu'it fasse d'autras pas dans !a carrière du péché et du vice. Voilà ce quo jo pensais, et je passais tes nutta et les jouta à prier pour toi. Ï.oraqMej'ai entondu proolamor ici, dans notre vine, lopardon général accordé aux dësortcura, monanMon a frémi de joie. Sachant do plus quo oetto amnistie devait être poMioo dans tous les journaux et fouilles publiques, jo m'attendais chaque jour à te voir arriver.

Mais sur ces entrefaites, Frédérlo Stoll, le luthier, qui revenait de faire son tour d'Allemagne, est ~ntrë chez moi ponr me faire visite à son retour. Je n'ai pu retenir mes larmes en voyant sa bonne mine et sa mise ëtëganto j'avais déjà entendu dire qu'il revenait pour se marier avec uue jeune fille de la ville et prendre la boutique de son père.

e Ahl lui dis-jo, pourquoi mon Pierre, ton camarade d'gcole, ne revient-il pas aussi comme toi lui aussi rouvri.rait la boutique de son père, fermée déjà depuis plusieurs années.

) Mais, & cette parole, une larme est tombée de ses yeux; it m'a dit que tu étais dans la prison de Saint-Gall; qu'une accusation de vol et de meurtre pesait sur ta tête et qu'on te regardait généralement comme un homme perdu. Il ajouta qu'it avait fait des démarches pour te voir dans ton cachot, mais qu'on n'y laissait entrer personne. Si vous avez à lui écrire, me dit-il encore, hâtez-vous; car si vous tardiez le moins du monde il se pourrait que votre lettre ne le trouvât plus en vie.

e Ah mon cher enfant, que penser, que dire de ce récit Je


n'ai pu le croira. Non, mo suis-je ëeriee, M n'est paa poaaiNe que mon défunt mari et moi nous ayons élev6 un meurtrier 1 4'ai faUM en mourir do douleur. Ton frère Jean-Baptiste, qui a fait da boenea affaires dans son état de charpentier et ua excellont mariage ta sœur Marie, qui a épousa la charron Michel Berner et qui est fort heureuse dans son ménage, n'ont pas voulu croire non plus ce qu'on disait de toi. Ils sont aocourus auprès de moi on apprenant cotte affreuse nouvelle et ont essayé de me consoler: Ils y ont en partie rëuss!; leurs paroles ont fait entrer dans mon âme un rayon d'espemnee. Je ne désespère donc pas encore, mon cher enfant; j'aime & croire que tu as trouvé à vivre honnêtement par ton travail dans les pays étrangers, et qu'après avoir Uni ton tour d'AUemagne tu vas revenir, commo les autres compagnons, t'ëtaMir dans notre ville, te marier et faire la consolation de ta pauvre more, qui est âgée maintenant do plus de soixantedix ans.

Je ne veux pas te le cacher, mon cher enfant, depuis le jour où tu as abandonne ton drapeau et ton pays, j'ai enduré bien des peines; il y a eu des moments où mon âme était triste jusqu'à la mort. Ma plus sérieuse inquiétude était de rendre à ton capitaine l'argent que tu avais perdu au jeu. Je me mis à filer nuit et jour, et bien souvent mes pleurs coulaient sur le Cl que je tenais entre mes doigts. Je vivais surtout avec la plus rigoureuse économie, jusqu'à m'imposer toutes sortes de privations et à ne me nourrir que de pain et d'eau. Quand .j'eus réuni la moitié de la somme, je la portai au capitaine, qui se montra bienveillant à mon égard.

Ah! le pauvre infortuné, me dit-il c'était un brave soldat et un serviteur fidèle; il possédait toute ma confiance. Pourquoi faut-il qu'il ait eu cette malheureuse passion du jeu t cependant je suis persuadé que si je lui avais remis cette somme cachetée, il n'en aurait point disposé en ne prenant pas la peine de mettre l'argent sous enveloppe, je lui ai presque


donnéHdée d'en abuser c'est une grande faute de ma part. ? ne faut jamais confier la moindre somme A un joueur, C'qst l'occasion qui fait te larron. S! seulement il était venu m'avouer sincèrement son vol, je lui aurais pardonné, et il m'aurait indemnise sans peine avec l'argent qu'il aurait gagné, aoit en me servant, soit en faisant des écritures c'est un grand malheur qu'il ait dësertë.

e Ma bonne mère, ajouta le capitaine, en recevant l'argent que je lui apportais, ne songez pas à parfaire la somme; je vous tiens quitte du reste: comme je suis de moitié dans la faute, je dois être de moitié dans la perte, n me remit donc le restant de la dette, et je sortis de chez lui un peu consolée. e Mais ce n'est pas là tout ce que j'ai fait pour toi, mon cher fils. Il s'est présenté plusieurs occasions de vendre avantageusement notre maison avec la boutique et les outils de ton père, mais j'ai mieux aimé te les conserver. J'ai aussi placé en rentes sur notre ville un petit capital de cent éous dont une moitié m'est venue par héritage, et l'antre est le fruit de mon travail et de mes économies j'ai fait cela pour qu'à ton retour dans ta famille cet argent te servit à acheter du bois de travail et à payer les autres dépenses d'établissement.

t Mais que dis-je? peut-être ces douces espérances n'aboutiront-eiies qu'à une amère déception. Ah t Pierre Pierre 1 s'il en est ainsi, si tu es véritablement sous le coup d'une condamnation capitale, songe au salut de ton Ame étemelle et fais une sincère pénitence. Il y a déjà longtemps que tu es mort et comme perdu pou? moi. Fais en sorte du moins que dans l'antre monde je puisse dire comme il est écrit dans l'Etangite a Mon fils que voici était mort et il est vivant, il était perdu et maintenant le voilà retrouvé, e

t Quoi qu'il arrive, mon enfant, que Dieu soit avec toi;)e le supplie avec larmes de ne pas t'abandonner un seul moment, soit que tu vives, soit que tu meures.

Tu comprendras sans peine qu'à l'âge de soixante-dix ans


M saohant à peiao tenir une plume, ce n'est pas moi qui peux t'écrire une aussi longue lettre l'écriture même te fera connaître qu'elle n'est pas de moi. Ta reconnaîtras sana doute la main qui a formé ces caractères {c'est celle de toa anoteB maître d'école qui a écrit en mon nom. Ce brave hom" me eat maintenant âgé de quatre-vingts ans. Nous avons passt la matinée ensemble jusqu'à midi, et il a écrit en pleurant <x que je lui dictais avec des pleurs et des sanglots. Il te salut aussi en son nom et te recommandebien de ne pas oublier ces sages paroles qu'il t'a souvent dites à toi et à tes camarades Gardez-voua du péché mais si quelqu'un de vous s'est laissé entraîner au mal, qu'il s'en retire aussitôt et qu'il retourne à Dieu car Dieu est tout bon et tout miséricordieux; s il ne demande pas la mort du pécheur; il veut seulement qu'il se convertisse et qu'il vive. m

Adieu donc, mon cher Pierre, adieu. J'espère que nous nous reverrons avant qu'il soit longtemps, sinon dans ce monde, au moins dans l'autre. Dieu fasse que ce soit avec joie et avec bonheur Ton frère et ta sœur, ton beau-frôre e~ ta beUe-smur te saluent de tout leur coeur et prient Dieu pour toi, comme je le fais aussi. Quoique je n'aie pas écrit cette lettre de o*~ propre main, je veux au moins la signer moimême.

t Ton aCëottonnée more, CHRiMME. à

Ëm Usant cette lettre, le pauvre condamné fondit en larmes et cacha son visage dans la paille de son lit. La tendresse de sa mère le toucha profondément.

–Bonne, excellente mère, s'écria-t-il d'une voix entretuupée de sanglot!! avec quel amour vous avez pensé à moi depuis que je suis dans une terre étrangère, avec quel admirable dévouement vous avez travaillé pour moi, ne vous plaignant d'aucune peine, d'aucune privation, dans le but de restituez l'argent que j'avais pris et de me conserver l'éta-


bMsaement do mon père. Ah dès que j'en aurai «Menu la permission, je vous écrirai, j'épancherai mon cœur dans le votre.

Rodolphe ne put penser non plus sans un dou!ourenx attcn'drissement & son ancien maître d'école.

Le digne vieillard disait-it c'était à ta fois un homme vertueux et un maître zélé pour le bien de ses éeoliers. Je «n'en souviens: M m'avait pris en auëotion particulière et me donnait les plus salutaires instructions. Sa principale étude était de graver dans Famé de ses élèves toutes sortes de sages maximes; et, pour nous apprendre à écrire, it noua faisait toujours copier quelques beaux vers, dont il cherchait ensuite à nous donner le sentiment et l'inteitigence. Je me rappelle encore la page qui me valut te prix d'écriture la dernière année que je suivis l'école. C'étaient de beaux vers allemands du vieux poète Hans Sachs qui exprimaient cette pensée morale < Le chemin de la vertu est rude au commencement et semé e d'épines mais it mène au salut et à la vie. Le chemin du a vice, au contraire, est d'abord couvert de Neurs mah il conduit à un abîme, il aboutit à la mort et à la damnation a éterueite.

Ah t continua-t-il, en faisant cette page d'écriture, je ne pensais pas que c'était l'arrêt fatal de ma destinée, et pour aiusi dire ma sentence de mort que j'écrivais d'avance. Si j'avais mieux compris alors le sens et la portée de ces paroles, je serais aujourd'hui plus heureux 1

L'assurance que son capitaine lui aurait pardonné sans peine, et lui aurait même fourni tes moyens de toi rendre l'argent qu'il avait détourné, fit aussi beaucoup d'impression sur son esprit.

Ah t dit-il, si j'avais connu ses bonnes dispositions & mon égard, je lui aurais fait un sincère aveu de ma faute, je lui aurais demandé pardon, je n'aurais point fui ma patrie et mon drapeau. Je reconnais aujourd'hui la vérité de cette sentence


que j'ai apprise à l'école e Celui qui cache son péché se fait t tort à lui-même; mais celui qui le confesse et qui s'en retira obtient miséricorde. t

Dans sa prison, Rodolphe jugeait sa vie entière bien autrement qu'il ne faisait autrefois assis à une table de jeu, ou butant avec Raymond dans la caverne des brigands. Insensé que j'étais t se disait-il avec douleur c'était toujours par une nouvelle faute que je voulais détourner les conséquences de mes fautes antérieurs, et je no commettais pas un seul crime qui ne me for<~t de commettre ensuite un autre cr:me plus grand encore la tin d'un péché devenait ainsi le commencement d'un autre péché. Tout est venu à la suite et comme par degrés. Le jeu m'a rendu un serviteur infidèle; puis, entratné par une force invincible, j'ai été successivement déserteur, braconnier, escroc, voleur de grands chemins, et, pour finir, meurtrier. Ah 1 si j'avais pu seulement me défaire de la paision du jeu, passion misérable, contre laquelle on avait cherché si souvent à me prémunir et que j'ai moi-même cent fois maudite, si j'avais pu chasser de mon cœur la fclle espérance d'une fortune rapide et immurate, j'aurais échappé à tous les malheurs qui m'accablent aujourd'hui. Si j'avais avoué sincèrement à mon capitaine l'abus do confiance dont je m'étais rendu coupable, il m'aurait pardonné; je serais depuis longtemps libéré du service et je vivrais heureux dans ma ville natale, chéri et estimé de mes concitoyens. En y rentrant comme déserteur, j'aurais été sans doute puni comme tel; mais n'importe, je serais revenu sous le drapeau, j'aurais lavé ma honte à force de courage et d'exactitude j'aurais ttfitcé le souvenir de mon infâme désertion. Braconnier, j'avais encore un moyen de salut; je pouvais laisser là cet état misérable, dans lequel j'avais souvent à souffrir bien des maux et des privations, pour prendre du service dans quelque ferme isolée au sein des bois de cette manière je ne serais pas devenu voleur. Et même dans ce dernier genre de vie qui ex-


posait ma tête & tous moments et révoltait ma conscience, at j'avais voulu rentrer dans la bonne voie, je le pouvais encore en m'abstenant de répandre le sang humain.

0 ciel pourquoi faut-il que je sois resté s! longtemps sans entrer dans une église 1 voilà ce qui a oomNé ma ruine. Une fois engagé dans le mat, rien ne me rappelait la parole divine e ne ae faisait plus entendre à mon oreiiie} la force des sacrements était perdue pour moi; le sang do l'agneau avait cessé en quelque sorte de couler pour mes péchés sur l'autel. Malheur à l'homme qui s'écarte de t'EgUse) car le démon rOde partout au-dehors oomao un lion affamé, che! chant qui Il pourra dévorer; malheur à l'homme qui, une fois par semaine au moins, ne médite pas la loi du Seigneur et ne lui demande pas la grâce nécessaire pour accomplir ses commandements t it est livré aux désirs de son cceur et aux illusions de son esprit Ii n'a plus de force ni pour vaincre le mal ni pour faire le bien. Hétas 1 je le sais par ma propre expérience car c'est ainsi que je me suis perdu.

Peu de jours après qu'il eut reçu la lettre de sa mère, Rodolphe fut conduit à la salle de justice criminelle et lebailli toi tut à haute voix sa sentence de mort.

0 ma mère 1 ma mère s'écria le malheureux condamné ¡ c'est pour vous seulement que ce coup me parait affreux. La mort ne me fait point de peur à moi; j'ai mérité mon sort je suis un misérabie, et mille morts ne seraient pas trop pour moi. Jeu maudit) passion funeste mais je ne regrette point la vie. Dieu veuille seulement avoir pitié de ma pauvre mère et de mon âme criminelle! 1

On le conduisit comme Waller dans une chambre séparée, pour qu'il employât à se préparer à la mort tes trois jours qui lui restaient jusqu'à son exécution.


XXHÏ. N}Rt))Ena MOMENTS PB WAtMiM ET BB <tb)Mt~. Nés quo Rodoîpho out mta !o pied dans aa chambre, it tomba Il genoux, et fappnyant aur une ohaiso placée devant lui, i? cacha son viaa~o entra ses maina et répandit un torrent (le larmes. Le soldat qui faisait sentinelle à la porto eut pitié do dette marque do faiblesse et lui dtt

–No vous dictez don j pas attta), camarade: ce sont los enfanta qui pteuroat un ancien soldat ne doit pas craindra h tuurt.

–Ah 1 lui dit Rodolphe, oo n'est pas ma mort prochaine qut me fait pleurer, c'est ma vie paasëo dans te crime par cas tartttC!), Je UOUMtttU <- it~n .t: ~ttit t) t.u (t.ua t.uctit;!), t)t ta tj;r&00 de bien mourir.

Bientôt après, te curé de Saint-Gall entra dans la chambre du condamne. Rodolphe ae leva et le salua très aneotuensemont l'homme de Dieu lut <!t signe de ae rasseoir, et, prenant luimême un siëge, hu adressa des paroles de consolation, en rengageant à ne plus penser qu'a Dieu, à tourner toutes ses penaëes vers le ciel, à faire pénitence de sa vie passée. -Mon père, lui répondit Rodolphe, depuis mon entrée dans cette chambre, d'où je ne sortirai plus que pour marcher à la mort, ma pensée a été de revenir à Dieu de tout mon cœur et de toute mon âme. Puisse-t-itme faire la grâce, après une vie entière passée dans le vice et dans le crime, d'employer au moins utilement pour mon salut éternel les trois jomB que j'ai encore à vivre t

Le curé fut extrêmement satisfait de ces marques de pénitence il dit au condamné qu'il voulait lut laisser le temps d'examiner sa conscience à fond et de concevotr un repentir sincère de ses péchés pour les confesser ensuite et recevoir la sainte communion. H promit do revenir et revint effectivement


dana la soirée. a t'ho«M <M(o it pr<a la s6ntihe!!a <!e s'~t~gncf un peu, a)!n de les laisser senta, et demeura doux srandca hou" fea avoo le priaonnter. t.ea tênèbras étaient déjà profondes tor~ qu'it se retira, quittant t'infortuae Rodolphe plein do oonso..taUon et tfanqniHo en face do sa mort prochaine. Loraquo to out~ fut parti, to geôlier entra dans !a chambra, apportant ()tt !a ttontôM, nao nappa, dos as~ottos, Mne bout<Uo do vin ot «no bM(toi))a do bière, des verres, et dressa la taMo car c'était la coMtumc de tatra fairo bonne chûra aux prtMnateM pendant tes h'oi:) dorn!oM jouM qot taur M9tatcnt !t vivro, et ces dprtdfn Mpa-) o'appctsiCRt ott Attoma~na ta f~o< <fM toM)Te«o. Quoiqno Rodutph'! n'eût rten pFi~ do tnutc la joura<So, it Mo toucha point ait souper qu'on h)i servit 11 so contenta d'un peu d't ooopo et prIa la geôlier do lut apporter do i'onere, Mno ptume et du papior puis il oortvtt à sa m6[o la lettre suivante

a Chepo, très cheM meM,

J'ai reçu votro lettre et je t'ai retuo cent fois les larmes aux yeux et la douleur dans t'ame. Eiio m'a t~< ~t6 toMto toforce et toute l'étendue de votre amour jo connaissais d<!j~ votre coeur, maia j'ai appris à le connaître mieux encore par cette lettre. Que je suis malheureux, moi, votro indigne fils, d'avoir rendu vaines toutes les espérances que vous fondiez, que vous fondez encore aujourd'hui sur moi Votre chère lettre m'a trouve en prison, et ma main, en vous écrivant ces lignes, est chargée do fera. Oui, la sentence de ma mort est prononcée, et quand vous lirez cette page arrosée de mes pleurs, il y aura déjà longtemps que mon sang aura coulé surFëchafaud, et la main qui trace aujourd'hui ces lignes sera ta proie des vers. C'est vendredi prochain, dans la matinée, entre neuf et dix heures, que je dois mourir priez pour moi.

Très chère mère, la mort sanglante qui m'attend n'est que la moindre des peines qui déchirent mon oceur. Ce que je souf-


ffo pour voaa ne tatase point do place en mon âme po')f h OMMtedu auppttae. Oh! qua jo voua a! mat rOeompenat'o do a tondra a<îeoticn dont voua m'avea donne tant do preuves députa M«)t eufauoo) voua avez toujours été pour mot la M) eitteura dea mores, voua avez tout tait pour mo porter ~u tien, voua !))'<n'<M envoya cKnatcmcxt & r~)tM et r<'o'<tc, ous M'avez (MiMtc))~ du mal, voos no m'avez point o~xagj )MCorfcot)ona qnojon~ritn)'t<)ant pncum tontonfant, paf 0)0)) humeur votootairo et ot'txiAitP. Je mo r.'('t't)Ht) cooun mon d<!paft pour t'a)'))i<!o qoe do h)mM vous <.v<'8 rcpa')dttost avao qneMo tood~s'io, n't <no')<fnt do ma quittcp, vum m'avex donn& tes ptussa~e~ttftxM!)~ :?)) tHfOto tch~'s qtte votro bOt~diotton matorneMe, et jusque votM derntef son! ph~ tard vous m'avez oavoyô chaque mota to fruit bbotit'ux do vos pttuibtea veittes, et mui, (Ils iogfitt, je h' perdais anjeu 1 ejc M'oubHttratjamats le moment oùj~ vis pour la dernière fois votre viaago chM jetais mahdo à rho:~t.d mititairo une bat)o m'avait b!ess<! entre )e$ deux cpau)o3. J'avais enduro d'hontbtca soutïtanoes..j'~tats ptein de tristesse et uno a&?Mbrataato mettntt encore M~ vie en <txn~<'r. A)OHj'catcnditt dt:u!: eumamdcs me ofi<-r t'ictfc, voici iu tnem' j'catendfs deux camarades me o'!<tr Pierre, voici ta tt~M i et vous vitttes près de mon lit, te~ yeux ea pleurs, pour me voir, pour me consoler, pour me soigner sur mon lit de douleur; vou.t aviez fait & pied uu tons'et pénible voyage. Pauvre mère que de fois, assise à mon chevet, vous avez élevé vers Dieu vos mains suppliantes, en le priant avec tartnc~ nxlaisser la vie! il a cxnuc& vos prières. Mais t'hotome suit Ji peu ce qu'il demande, que nous devrions seu~utent u :er Dieu de luire pour nous ce qui nous est te plus avunjtgettx sans vouloir le déterminer not~-memes. Ah: que le suM-je mort piutot alors de ma glurieuse bluasute! Je ferais descendu sous !a terre avec honneur, au lieu d'entrer dans la carrière de péchés et de crimes que j'ai parcourue ')ia. Cette mort vous eût aussi epar~n~ hipn des tarmes. U


an levait Otre autrenwttt j'ai vJao, et c'est pour fatra dospendta autonrd'hut \oa ehovoux btanca au s~pntcro avec i,;notntnto) 1

o Mals co qui est fait est fait, chcra mère, H n'y a phM il y tavcttir !a août c~'oir qui !ne r~te, c'est de monter par mun repentir la partton do <Mc~ (ttttte~, et de r<'c<uit' dans ;)ta)))tM own ohAHtMOtt. Je txo "t)ia ~efocJtM n~ao Oien <o v~cta" bte )))ùtto t}t)t a e))<<'t)t)n ce soie tt~no ta cunhii~ion du «te < pco)t< et t)f;< <t)Hi))~ th)'j))o) j~ dut-. Mcovuh' ttfntaitt )n.dh) );t cttt'ir t't le Stu~ do t)f<t'f. )t'ttt'J~st~-Uh)i-'t, VMt< 0)) dut.Me)'a rMssut'.on'c. U )tt'i< pM)t<i<t)t' vut)!i f.u(t) )ft))t' ctftto h'thc, avec W)U <Ut<)'<) tO'itt) p~y )')i-)~0)C. t)it))S t;M)t)C)(u it VU'.S <)ir.t, jf rt'?)'{')C, q'tMJ'.ti t.'H p) xitt'nca de )m':t t;mt< <~)~ j'ai pa~~v<)J j'ttqo'it ta <))) t)ft))!< lu Mf~'nth' et t;.mM la fui & muti dnitt Rctt'')))j['tt'uf. t))t dt'tttaitt ttttUto, pc'txhott h< s.titttecumtMunio)), cu)Mtt)o jt) pne~t J<'sna. rao"t s'an~ (aohp, t'huo.me-DieH, qui s'mt hvt6 tui-it~xtu ponr to salut du Muxdc, cunnoc jo to ptioai d'ui)' ao-s! pitié de moi, d': «M recQtttir ttaU)! M ntifMUcmdti ittttttio et d'ettaccr mm ttcu))~ {);))' tiun San,; J'M eu cunsut;t)d e~~oit' qn'it )u'ttd<!ja patdmtnJ, et <tuv, q)t.tt)Jjo paraitt'at devant son ttibuxat, jo huuvetai CM ha un jui;tt pteitt de douceur et df fni~~ticordc oui, je toc t'cposc aveu cunHattco sxf i'iutittM butt!~ de Dieu, sur ~touu)' du nohc Smg'K'ur JtS~ua-Chti~t. q'ti eat venu sur la teno pcuc sauver tea pccheurs, eulre lesquels je suis le pretoier. c Mais, pour être plus sur d'obtenir lu j,arduu de Dien, je vous demande te vûtre, chëfo Btere. Que lie puis-je voir estcoe uue fuis vo'.re cher visage oh! je \<ttts ptieraia à deux geuoux de ne point Maudho l'ellfant coupabie, mtpte, dtSuaturc qui a si Mat fteoMpense vos soins et votre amour, et dont FinHute conduite a vei'~e i'opprobfe sur vos cheveux b)ane~ Vous M'êtes pour rien dans tuon maUtcur; vous avez fait pour mot tout ce qu'une mère tendre doit taire pour un Cts. Dieu vous donne en ëchan~ le bonheur que voua méritez 6i biea


e< que ja ao voua ai pas donné Je vous en conjure encore WMfoiaavpQ larmes, pardoanoB-moUJc no vivrai paa assez pour apprendre que voua m'avea pardonna mais l'espôranoo quo ja eoaaerve a cet égard mo rassure autant que pourrait la fairo uno lettre do vous. Celle que j'ai reçue dans ma prisoa a excité les remords de ma oonsoionoe et tiré de mes yeux des torrents de larmes; mais elle m'a donné aussi bien des consolations, et e!!o me MmptiM do foroo jusqu'au derutef )aoment, car oMa oonUeut FaaswaMOo du pardon quej'itBptota do vous.

J'ai om"'M ict ta pettte medaU!o d'argent quej'a! feeue autrefois comme une marque d'honuaur qui 6tait le prix do mon oouMgo. Puur Me pas la d~ohonorer. jo ne la portais plus sur mon habit, mais je ta tenais cacMe sous mou gilet. Je l'ai toujours conscrvdo avec rcspeot comme Ma objet précieux. Quand je fus mis en prison et <ouiHo, je demandât qu'on mo la tatss&t je voulais d'abord être enterré avec elle, mais j'aime mieux vous l'envoyer comme un souvenir de votre malheureux lits. En regardant coUo marque d'honneur, vous vous direz Mon pauvre Pierre n'a pas toujours été un vit CUminct a quelque profondeur qu'il eoit descendu dans l'aLtmo des poches et des vices, il a été néanmoins un bon fils et un courageux défenseur de sa patrie. Cette médaille est ternie maintenant; eHo est devenue presque noire mais il est facile do lui rendre son éclat et sa beauté première. Ah quo m'eu est-il ainsi de mon âme souillée et ternie par le péché t que ne peut-elle être aussi facilement lavée de ses souillures, aun de paraître brillante et sans tache devant le Dieu qui doit la juger je l'espère encore par la grâce da notre Seigneur JMUs-Christ.

o Je n'ai pu apprendre sans une vive émotion la noble conduite de mon capitaine je le remercie de m'avoir rendu le bien pour le mal et de m'avoir pardonné généreusement au 'lieu 4e tM s)audw. ~e me euis montré bien coupable & son


égard 1 Jo lui Mnds gfAoa de voua avoir Mtota la moitié de ma dette, comme vous, ehër~ m~ d'avec acquitté pour moi FautromoMié.

e Je n'a! paa été mo)na attendri souvenir bienveillant do mon vloua ma!ire d'écote: j'at pleura cm Maaat la auacftjptton do la lettre où j'ai faoUement reconnu son ~oritute, qw9 n'avata point aobM<ia, et qui me NBatMe o~eoro très forme et 'c~s asaurëapaupaongfandage.Ma)heureMX que je sut~t 11 faut que jo lui oauaa uue amoM do~e~f daos ea vtemasso, ot que t'itérât qu'itmo conaorve tutaott~ne aottMe dp pha~c!)~. Ja ia salue do tout mon cœur et do toute mon âme :ja te ce!)JuM do mo pardonner mos fautes, pour la part qu'il pMud & mon matheur. Dites-lui qu'il prio poup sou malheureux ctavc, ou plutôt pour te salut de son Ome.

tChoro more, j'ai passé toute taautt ~vouseoirirp cette lettre. Avant la lecture de mon arrêt de mort, auquel je m'atteadat~, aon-seutemoat j'avais lu et relu cent foia votre lettre dans mon caohot. mais encore j'avais rëOêohi ooutiauetiement & ce que je devais vous écrire. VoMa pourquoi cet~e lettre est si longue. Le jour commence & poindre et iea lueurs grisas du matin briMent à travera les noira barreaux de ma fendre. Je voi~ prier, je vais me préparer à la sainte communion, !a dernière pour moi dans cette vie. H faut quitter ta p,iumc, Je salue du fond du ceeur et avec toute la tendresse possible mon frère, ma soBur, mon beau-frère, ma beite-sœur, et aussi mon vieux et tespeotaMe maître d'êoote. Quant ce );ueje pourrais avoir oublié, le digne prêtre qui doit m'accompagner au supplice aura la bonté de vous en instruire. Adieu, ta me~Ueuro et la plus chérie des mëMe, ~dieu) Si nou~ ne noua revoyons pas sur la terre, nous nous reverrons dana .ciel, je lespëre, du moins, avec la tpeacaeib m~oprde deMeu.Jo suis, jusqu'à la mort terrible qui m'attend, votre fils reconnaissant et maiheureax, ~ERtt~. Sa leilre finie, Rodolphe se mit à prier avec ferveur, et lut


aanalo !lvM que le digne ecclésiastique lui avait !atssé, les prières do h eommHnton. Pendant qu'il était plongé da~a cette lecture, le gaNtM entra dMa aa chambre et M dM que Waller demandait A te voir. Il au!vH le seM~r dans une chambre voisine où Watter était &geaoux et priait dévouement.

–Rodotphe) a'aer~ M deta!ereaa'ëtaMoantauasttOtvera Boa Mai.

Les deuxcoadamaea ooM~rontrua voFai'autre:Ma a'ombrassèrent au bruit des ohataoa qui ohareca!ent loura bras, et ptaxfepoat amèrement.

M<m cher Rodolphe, dit oaaa Waller, je savais déjà que tu étais revenu aiMcfement & Dtou; j'en ai fait autant; le oiel on solt bent < aptes avoir vëoM oomma des p~oheun, nous moutrona au moins dans la penHenoo c'est le seul parti raisonnabto qui nous restait. Je t'ai fait faire bien des mauvaises actions. Sans ton amitié pour moi, tu ne serais pas aujourd'hui si malheureux. PardoNne-moi, Rodolphe, toi le plus cher de mes amis et le seul qui ne m'ait pas abandonne. A ces paroles, Rodolphe se mit à pleurer et à sangloter avec plus de force. Les deux condamne! s'assirent à cote l'un de l'autre, et s'entretinrent longtemps ensemble. Ils ae dirent qu'ils sentaient profondément et savaient par expérience qu'il n'y avait que la foi en Jésus-Christ qui pût donner à l'homme la force nécessaire pour marcher sans crainte à la mort, parce que seule aussi elle nous réconcilie avec Dieu, et qm'eUe est pleine des espérances de la vie éternelle.

Pendant leur entretien, le geôlier entra dans la chambre et alluma deux cierges qu'il posa sur une table recouverte d'une nappe blanche en disant ·

Voilà M. le curé qui vient pour vous administrer la sainte communion.

Cher Rodolphe, dit Waller, voici le plus beau jour de notre vie; jamais je ue me suis senti le cœur si content, l'âme


< Kgere. Je va<9 dono recevoir la chair e~ le oang do mon Sauveur! 1 Dis-moi encore une fois que tu me pardonnea toua mes torts, atja serai sûr que Dieu aussi me patdoonefa. Rodotpho F<!p~(aqn'~ tut pardom)&!t !e curé, ~.ntra, teadenx condamnés ae mirent & genoux et reçurent la sa~to commMnton des larmes de repenUf et d'attendriaaement coulaient sur loura jouas ita ~pëtatent du fond du cœur les prières qua to pr<Hfe lisait tout haut, et teur Ame élait tout absorbée dans !o myat~ra do grAce et do t~g~uëration qui 8'aooompttssait en eux.

Après avoir prM longtemps, i!s se rotev&rent joyeux ot conaoMs. Rodolphe embrassa onooro nno fois son ami avant de rentrer dans sa chambre.

–Adtaudono, lui dit WaHor; maintenant nous pouvons mourir, car la grâce do notre Seigneur Jésus-Christ et lapuissanoo divine forUOent nos âmes. H n'est pas besoin de longs adieux pour uno si courte séparation. Demain matin & neuf heures nous nous reverrons pour un moment puis la mort nous sêpareta, mais pour un moment encore, et nous serons reunis à jamais. Adieu donc, pour lo peu d'heures que ~npus avons encore à passer en ce monde que io Seigneur soit aveo toit

XXtV. HtSMtRE DE RAYHCSD.

Jusqu'ici Raymond s'est montré à noua dans cette histoire comme un homme abject et sans jugement, méprisable par sa M~èreté criminelle et par ses habitudes crapuleuses, haïMaMe surtout par le genre de vie infâme qu'ii avait embrasse. A ne considérer que son état actuel, sa figure jaune, pâle et bourgeonnée, ses vêtements sales et déchires, on aurait peine à croire qu'il était autrefois le plus bel homme et le plus riche


bourgeois deSaInt-GaH, et qu'il a'y avait personne dana cette ville qui fat mieux logé, mieux nourri, mieux vêtu. Le fait eat vrai pourtant Raymond était le pmpriétaira le plus aisé da tout te paya, et il pouvait en être te plus heureux, s'il no a'é" tait pas écarté du soutier de la vertu. U possédait uue ferme qui était la plus oonsMeraMedeaenvirona, ses champs ôtateut toa plus ferUtea, ses prairies les plus belles qu'ou put trouver & dt&Ueuea à la ronde. Non-seulement H ne devait rien il por< sonne, mais encore 11 avait do forts capitaux ptaoêa & intereta Sa femme était belle et vortuomo, et il n'y avait point, dans tout Saint-ûaU, de plus aimables enfants que tes siens. Quant à savoir comment it tomba de ce haut degré d'aisauoo et do bonheur, c'est une histoire intéressante et utile & raconter. Sa misère actuelle et sa fortune passée offriront un puissant contraste. !t fut lui-même l'artisan do son sort déplorable, et ses malheurs ne furent que trop mérites mais ceux de sa vertueuse femme et de ses aimaMos enfants, dont il était sépare depuis des années, répandront un intérêt touchant sur son b~totre.

Raymond était fils d'un honnête fermier de Saint-GaU, qui possédait une ferme, à la vérité moins grande que celle de son Nis, mais très bien tenue et d'un excellent rapport. Il perdit ses parents de bonne heure et ne reçut d'eux en héritage que peu de chose, parce qu'il avait beaucoup de frèrea et de sœurs mais c'était tejeunecompagnoniepiusvif.iepiusfortetie plus adroit qu'il y eut dans Samt-Gait il avait de plus une gattê charmante, une taille avantageuse, une Bguretrès agréable et une mine à faire envie. Il s'entendait fort bien à tous les travaux de culture il avait une aptitude particulière pour le dressage des chevaux; il savait dompter et soumettre a& frein les jeunes poulains qu'un autre que lui n'aurait jamais su monter; il était surtout cocher habile et conduisait les voitures avec une grâce et une facilité merveilleuses. Un jour, le vieux cocher du château de Finkenstein étant tombé malade,


son maître pria Raymond do le remplacer pendant quelque temps. Raymond ne demanda pas mieux et remplit si bien cette fonction, qu'il obtint pour lui-même la place à la mort du vieux cocher. Il avait une mine charmante sous la livrèe rouge brodée d'or, et quand, majestueusement assis sur son siège, il lançait ses chevaux au galop, on trouvait qu'il se prélassait avec une dignité parfaite, et tes passants s'arrètaient pour admirer sa bonne mine. Effectivement, il y avait de quoi se retourner avec sa belle tai)te, sa veste éoartate, sa moustache noire et son chapeau à tardes galons, qu'il avait soin d'incliner un pou sur l'oreille gauche, Raymond était le cocher le plus admirable qui eut jamais fait claquer un fouet et conduit une voiture.

Une fois, on célébrait la dédicace de l'église do Saint-Gall; la ville était en fête et l'on dansait le soir dans toutes les auberges, aux sons d'une musique joyeuse; mais c'était au Liond'Or, la meilleure hôtellerie de l'endroit, que les bourgeois et les plus riches paysans s'étaient donné rendez-vous avec leurs fils et leurs Olles. La société était nombreuse et brillante on y remarquait le vieux meunier de Haselbach, André Vignes, homme rempli d'intelligence et de probité. It avait depuis peu cédé son moulin à son fils et s'était fait bâtir une petite maison fort jolie à quelques portées de fusil de l'ancienne. Mais depuis six mois son frère, un des plus riches fermiers de Saint-Gall, était mort quelque temps après sa femme, laisant une fille unique âgée d'environ dix-huit ans. En sa qualité de tuteur, André Vignes voututsurveiUertui-mêmeradministration d'une ferme considérable que possédait sa nièce, jusqu'à ce que la jeune orpheline eût pris un mari. Pour cette raison il était tenu s'établir à Saint-Gall, avec son épouse, dans la maison te son frère. Marianne, sa nièce, était une jeune fermière fort bieu élevée, d'une humeur douce et agréable, belle d'ailleurs et bien prise dans sa taille, mais remarquable surtout par la fraîcheur de son teint et par l'expression touchante de son


regard. Le vieux meunier, son tuteur, ne voulut pas ta! refuset le plaisir do danser ce jour-la, comme tous les bou?geoia de la petite ville. Mais pour rien au monde il n'eût consenti à la laisser seule et sans surveillanoe au milieu de l'assemblée i c'est pourquoi il était venu avec sa femme prendre un verre de vin à l'auberge, et Marianne était assise entre eux deux il l'une des premières tables la jeune fillo avait une toilette simple, mais charmante à )a voir avec sa robe de tauett~ bleu do ciel, et sa coiffe brochée d'or, comme les riches demoiselles de l'époque eu portaient, et qui brillait sur sa tète comme une couronne de reine, on l'eût prise plutôt pour une noble héritière que pour la fille d'un simple fermier mais sa modestie et sa grâce naïve lui prêtaient encore plus de charmer que l'or et la soie de sa parure.

Raymond, qui avait obtenu la permission de s'absenter une heure ou deux pour la danse, arriva daus la salle. H s'était mis en frais de toilette il éclatait dans sa livrée écarlate {ralonnëa d'or au lieu de ses énormes bottes de cocher, il avait pris de fins souliers de bal à belles boucles d'argent; il était de plus ganté de blanc et portait un gros bouquet !t sa boutonnière, comme un nouveau marié. Il traversa toute la salle sans s'arrêter; mais, arrivé devant le vieux meunier, il fit à lui et à sa femme le salut le plus aimable et le plus respectueux. André Vignes était venu souvent au château pour acheter du blé, et Raymond l'avait aidé plus d'une fois à charger les sacs sur sa voiture c'est de cette manière qu'ils avaient fait connaissance. Mais c'était moins aux vieux parents qu'à la jeune nièce que s'adressait son gracieux salut, il demanda trè.i puliment la permission de danser une contredanse avec Marianne. Le meunier ne v )ulut pas refuser cette faveur au cocher de sa seigneurie; la vieille meunière alla plus loin elle dit que l'honneur était tout pour elle, et qu'elle se sentait extrêmement fLattée que le cocher du très haut baron de Finkenstein voulût bien danser avec sa nièce. Raymond, depuis son entrée


au, cMto&u, n'était plus un aaït villageois il avait pris dea manières do ville, même de cour, et ne manquait pas de ce babi) tt'ger et frivole qui fait l'homme de bonne société 11 dit à Marianne de fort jolies choses pendant la contredanse. La modeste jeune fille baissait les yeux et rougissait aux compliments du beau danseur. La seule parole que Raymond pût lui faire dire, fut qu'elle trouvait fort bien le bouquet qu'il portait Il sa boutonnière il s'empressa aussitôt de le lui oB'rir en lui faisant un profond salut.

Le vieux meunier ne vit pas avec plaisir que sa nièce fût si prompte à faire connai~ance avec Raymond; il se leva, paya sa dépense et rentra chez lui avec sa femme et Marianne. Mais la jeune fille ne put oublier le beau danseur, qui, par sa taille, ses habits et l'élégance de ses manières, éclipsait tous les jeunes fermiers qu'elle avait jamais vus elle voulut absolument l'avoir pot'r mari. Elle consulta son tuteur à ce sujet et lui découvrit en rougissant le vœu de son cœur. André Vignes était un homme plein de sagesse et d'expérience il lui répondit en secouant la tète

Tu es assurément une bonne et aimable fille, ma chère Marianne, mais tu es jeune encore et sans prudence. As-tu bien yéQéchi à ce que tu me proposes? Quant à moi, je doute que tu sois heureuse avec cet homme. Prends-y garde; le mariage est l'acte le plus sérieux de la vie, et l'on ne saurait trop y penser avant de prendre un parti. Raymond, j'en conviens, est un brave et honnête garçon mais il ne manque ni de présomption ni de vanité avec cela il aime beaucoup les sociétés joyeuses, et partout où il y a contredanse ou jeu de boules, on est sûr de le rencontrer. Je crois aussi qu'il est su.et à boire un peu trop de vin. La crainte de déplaire à ses maîtres le tient en bride et le force de s'observer; mais s'il devenait riche et maître de ses actions, peut-être alors le verrais-tu bien différent decequetuiecroisaujourd'hui, c'està-dire brutal, déréglé, dissipateur. Tu seraisalorsbien maiheu-


reuse, ohëre et bonne Marianne, tu verserais bien des larmes amères. Réftéehis donc mûrement au parti que tu veux pFend"e.

Marianne, affligée de ces sages remontrances, 6t tous ses efforts pour oublier Raymond; mais celui-ci trouvait les moyens de se rencontrer de temps en temps avec eUe et de lui faire sa cour. Il s'étudiait à parattre le jeune homme le plus sage dos environs et à se donner l'apparence d'une conduite irréprochable il affecta des airs de réserve et do régularité parfaile; it cessa toutes relations avec quelques-uns de ses joyeux compagnons de plaisir qui ne jouissaient pas d'une excellente réputation dans le paya. Si on l'invitait à un repas de noces ou à quelque autre fête, il n'allait jamais jusqu'au second verre de vin, qu'il refusait absolument comme si on lui eût offert du poison. Marianne était enchantée de cette conduite et se Cattait de trouver en lui le plus vertueux des maris. Mais le sage André ne donnait pas dans le piège il voyait le fond des choses, et disait en secouant sa tête grise

Si cette piété, si cette vertu étaient sincères! mais je ne le crois pas. Il cherche trop à me flatter, et le uatteur est presque toujours un hypocrite. Je crains que ces belles démonstrations ne couvrent des vices cachés si je ne me trompe, it fait comme le pécheur qui amorce le poisson sa vertu n'est qu'un mMque sa bonne conduite apparente n'est qu'une ha.bile imposture; tu mérites un meilleur mari que oetui-ta, ma chère Marianne bannis-le de ta pensée, mieux vaut un instant de peine que toute une vie de repentir et d'infortune. Pour le malheur de Marianne, le prudent et vertueux André mourut. La vieille meunière, la tante Gertrude, se considéra dès-lors comme la seule personne à qui Marianne eût à demander conseil. Cette femme ne manquait ni de sens ni de religion mais elle avait aussi trop de vanité pour se conduire en toute chose avec une parfaite prudence et par les principes d'une religion éclairée. Dans sa jeunesse elle avait été belle et


ttcne; ces deux avantages lui avaient aMM bien des flatteries de la part des nombreux prétendants qui la recherchaient en mariage. Raymond, qui savait tout le plaisir qu'elle avait pria alors à ces cajoleries, pensa que l'âge ne l'avait point guérie de sa misérable vanité il oheroha donc à gagner ses bonnes grâces par de sages entretiens, dans lesquels il mêlait avec art les compliments qui pouvaient le mieux lui plaire. Un jour qu'elle était allée au château de Finkenstein payer quelque dette do la succession de son mari, Raymond la salua de la manière la plus agréable, l'annonça d'abord, et s'ompressa de la conduire auprès de ses maîtres, devant lesquels il lui donna des louanges exagérées qui chatouillèrent doucement son amour-propre; il employait tous les moyens imaginables pour lui plaire et lui témoigner son zèle. Il remarqua que la bonne femme ne lisait plus qu'aveo beaucoup de peine dans son livre de messe, dont le caractère était fort petit, et qu'elle avait honte de se servir de lunettes à l'église, ne voulant pas se faire passer pour vieille il profita d'un voyage qu'il Ot alors avec ses maîtres pour acheter le même livre, en caractères beaucoup plus forts, avec reliure en maroquin rouge, tranche dorée et fermoir en argent, puis il l'oCMt à la vieille tante; celle-ci, voyant qu'elle lisait plus couramment dans ce livre avec ses yeux qu'elle ne faisait dans l'autre avec ses lunettes, fut charmée de cette attention délicate elle alla même, dans la joie de son cœur, jusqu'à faire entendre assez clairement à notre hypocrite qu'elle serait heureuse de voir sa nièce épouser un homme aussi honnête, aussi pieux, aussi bien élevé que M. Raymônd.

AK répondit-il en soupirant, c'est trop d'honneur pour moi je né mérite pas de devenir le neveu par alliance de la très excellente et très honorée madame Gertrude. Mais si le ciel me réservait un aussi grand bonheur, je ne l'accepterais qu'à une condition c'est que cette chère tante ne cesserait jamais d'habt~r avec Marianne et avec moi eUe serait l'objet


constant de autre amour et de nos soins; noua la porterions entra nos bras, de pour que son pied no se heurtât contre quelque pierre.

La pauvre femmo ne tint pas contre un pareil discours elle se leva toute transportée et courut, son livre de messe à la main, appeler Marinnne.

Mon enfant, lut dit-elle, Raymond sera ton mari je n'en veux point d'autre c'est t'honune le plus honnête et le ptus vertueux qu'il y ait, je ne dis pas en AUemaguo, mats daus toute l'Europe.

Marianne ne demandait pas mieux elle épousa Raymond, Le r~ait <tc tx't-o Nf lit à t'au)'org't) du Lion-d'Or et fut sptendido à peine y avait-il assez de place pour le grand nombre des convives car Marianne était géudratement aimée et honorée dans la petite viito, et Raymond, à cause de ses maitrea, jouissait aussi d'une certaine considération. Depuis longues années on n'avait pas vu à Saint-Gall d'aussi joyeuses noces.

Marianne se trouva fort heureuse dans tes premiers temps de son mariage. EUe ne vit pas sans doute avec plaisir son mari faire l'achat de deux chevaux presque aussi britiants que ceux du baron de Finkenstein, et d'une jolie voiture à deux places, fort élégamment construite et rehaussée d'un magniCque vernis; mais elle pardonna cette dépense au ci-devant cocher sur ce qu'il lui dit que ces deux chevaux, jeunes et vigoureux, seraient sans comparaison plus propres au travail des champs que les deux vieilles rosses dont il avait débarrassé l'écurie. La jeune femme, d'aitteurs, se sentait extrêmement Nattée lorsqu'assise dans l'élégante voiture à coté de son mari, qui conduisait avec une grâce parfaite ses chevaux fringants, elle se rendait en grande toilette à la fête de la dédicace de quelque église voisine ou à la foire annuelle do Saint-Gall.

Mais bientôt après,, m~ade et forcée de garder le lit, Ma-


nnnnu ewt & sa plaindre do son mari. qui la laissait presto toua )e~ joura a''uto a la maiann pour allor sa promener an voiture à la ville. Elle n'était paa on ~tat d'avoir t'teM sur ce qu! se faisait dans ta ferme, et les domestiques Menatem tout & leur t6te. EHo la prla d'abord très ao)toatement do u6 paa a'absenter à cause du domtaago qui devait ~auUer de aot) absence mata Il ne Unt auoun ooMpte de sos prières. La pauvre jeune femme commença des''tora& oratndre que Raymond ne roat épousée que pour soi biens, et Huttement par (uaom pour elle.

Un matin, 11 sopr~paratt a monter en voiture pour se rendra à la ville, où da~ coMyera anglais devaient montrer tour adressa à manier tes chevaux. Marianne lui replanta que c'était précisément te temps de la moisson, qu'il devait absolument rester àla ferme pour surveiller les travaittours, qu'on ne pouvait se passer dos chevaux, que co n'était point le moment de s'amuser, et qu'une partie de plaisir & cette époque de t'annee serait très préjudiciable & ses intérêts. Raymond prit très mal ces observations il repondit durement à sa femme, et, sortant de la chambre tout en colère, it ferma violemment tx porto sur lui. Gertrude avait entendu le bruit; elle arriva dans la chambre et demanda do quoi it s'agissait.

Attends un moment, dit-elle à Marianne je vais lui ap.prendre a vivre et le tancer d'importance; tu peux t'eu fier a moi.

La bonne vieiiio croyait fermement que Raymond, qui jusque-là s'était toujours montré docile et attentif & lui plaire, lui obéirait à l'instant même. Elle arriva dans la cour au moment où il venait d'atteler ses beaux chevaux bai-brun à son élée~nte voiture et se disposait à partir; alors, s'avançant vers lui, les {.oings &ur les côtés:

Qu'est ceci? mon neveu, dit-elle d'un ton sévère quoi 1 dans unjour de travail comme celui-ci où l'on ne peut trouver assez de bras, vous allez vous nromener en voiture 1 non, non.


je n'entanda pas cola. Mteloa vite et Matea à la maison, jo vous l'ordonna.

Laissea-mot tranqniilo, bonne femme, lui répondit Raymond avec une imperturbable assuranoo, voua n'aves rioo <) mocotnMaoder.je autamaitre chez moi.

C~tto réponse mit Oortrudo hors d'oite'-momo;etto voulut en vouir aux tnveoUvoa.

Vous te prenoa trop haut, la v!onto, r~p!!qua Raymond d'HM ton (htr et moqueur, voua fedca mieux do voua <atfo. Si voua voua (rouvcK pas bien ici, partez voua awa votro txaisoM & !!aM!bMh} totoufMOK-y tout de auMo et fat(es-y la 'dnMetout à votro aisp; maiaMjenc suts pn<'d'hu<ueMF& tooMtor paUcmmcntvoa baHvcrncs, entondoz-voM, ma miet q A ces mota, il monta on voituro et partit au galop. La pauvre dame Gertrudo resta pendant qaotquo temps immobite et comme petriOeo; la ta~o retounott; elle voulait parler, mais oMe M pouvait trouver do paroles pour exprimer aa cotcre.

L'ingrat !o ïnisëraMo! a'eorta-t-eMo enan;opre8tout ce que j'ai fait pour lui me chasser de sa maison t mo déshonorer par des railleries amères, et me faire dea menaces, à moi Gertrude < jamais on n'a été plus indignement abuse par un infâme hypocrite. Je ne veux plus voir le beau livre de messe dont Il m'a fait cadeau; si ce n'était pas un livre de religion, je te jetterais dans le feu mais je no m'eu servirai ptus, je reprendrai l'autre io caractère en est trop On pour moi maia n'importe, je mettrai mes lunettes, rien ne doit plus me sembler dur après le traitement indigne que ce malheureux vien': de me faire.

Les domestiques riaient sous cape de la déconvenue de madame Gertrude; mais la pauvre Marianne, qui de sa fenêtre avait tout vu et tout entendu, fondait en larmes. La vieille tante, profondément Messée, ne voulut pas demeurer aous le même toit que l'hypocrite dont la perfidie venait de M ré-


T~ep d'une manière aussi infamo. Etto Mconnat alors. aveo autant do douteup que do confusion, la Mie qu'ette avait Mto ) en donnant & aa nteoo un tôt mari elle M voulut pas suppor< <ef plus longtemps ta vuo du malheur qu'ettc avait a«tr<! aw la jeune arpheUae malgrd tes prières ot malgré tea pleurs de Ma~anna, eMe Ot ausattOt eca paquets, et ao ott eM ronto pour Hasetbach, abandonnant la jeuno femme à son matheuMm aort.

Co (MpartMO lit aMowno pctno à Raymond at) con)ra!r< dur et insenaiMa oommo H était, il ae vit avoojoto tMbar<a~s~ do la vieille tanto. ot ao th M do plus on plus K ses mauvais penchants. M courait les Mtcs ot tos pachoa do d<!bauoho s'il y avait on qu"tqMe part un jeu d'arbatcto ou un tir au fusi), on le voyait arriver un doa premiers et disputer !o prix M to remportait souvent, car H était bon «ronr, mats il no taisait pas do gaspiller ainsi beaucoup d'argent, à cause do sa vanitd qui la portait à donner beaucoup aux domestiques, ot à régaler toute la compagnie à ses frais, de sorte qu'il dépensât toujouraledouble de ce qu'il avait gagne. En automne, lorsque la chasso s'ouvrait dans le pays et que les meHtouH chasseurs fatsaiont ensemble de belles parties, Raymond les acco.npagnait, laissant à ses domestiques le soin de préparer les semailles d'hiver. Il lui arrivait souvent de ne rentrer à la maison qu'au milieu de la nuit et dans un état complet d'ivresse. Le lendemain Marianne lui adressait de tendres reproches; Mais il lui répondait brutalement, et même uu jour il poussa la violence jusqu'à la frapper.

–Ah! se dit-elle alors en soupirant, mon vieux tuteur avait bien raison oui, l'apparence est trompeuse, et les choses qui brillent le plus sont souvent celles qui valent le moins. D'aiiteuM les agréments extérieurs de mon mari me plaisaient mieux encore que ses faux semblants de vertu; je mérite mon sort; je suis punie par où j'ai pécM. Tout mon malheur vient de n'avoir pas suivi les cf'n~pib' du sage André.


La douleur da !a jeune femme M saurait se potndto. M~< rianne avait un excellent c<aup et une Ame élevée c'était une a phasto et vortMonse épouse, nnc tondre mère, una aago et taborlonao maîtresse de maison. Elle cherchait toujours par art bonté et par ses prières à ramener au bien son pFOt!!sua Htart ¡ le 8o!a la plus cher à son oceur était do bien ~tever aoa enfants, de les former & la piété et a la vertu. Etto travaillait aaoa FeMche, souvernatt aon ménage avco uno aevore économie, et voi!lait tout coqut<Mpon<<aitd'e!ta: ocpondant.matgfé sa botte oonduito, ctto Ma rocovait do son mari que do mauvais traitements elle voyait chaque jour la ruine do au maison se consommer d'une manioro omayanto par to d~ordro et ta pro.<Mga)M do Raymond. mais oUo H'~vatt pas lu droit do s'oa plaindro.

Raymond Onit par cntrcprondM un commaroo de grains. H 6'aper~ut bientôt qu'il y perdait plus qu'it a'y gaguait mtis il ne laissa pas do to continuer, afin d'avoir un prétexte pour courir de oûte et d'autre et faire une grosao dépense. Son plus grand bonheur était de se trouver à l'auberge avec un certain aombre de fainéants et d'ivrognes dont it payait la débauche, et qui, pour le Natter, lui répétaient sans cesse qu'on ne l'appelait daus tout la pays que le richo fermier. Ces compliments lui montaient à la tête, et dans sa grande joie il demandait du vin de Champagne qu'il versait libéralement à ses compagnons, qui n'avaient qu'à vider leurs verres sans s'inquiéler de la dépense. Il lui arrivait aussi de jouer beaucoup d'argent, non qu'il eut du plaisir au jeu, mais seulement pour se donner la réputation d'un homme riche qui n'avait pas besoin de compter avec lui-même et do ménager ses écus. Mais, un jour qu'il était ivre, il fut victime d'une filouterie et perdit en jouant des sommes considérables. Souvent il partait le lundi dans sa belle voiture et ue rentrait que le samedi suivant à une heure avancée de la nuit. Marianne l'avait conjuré plu3 d'une fois les mains jointes de songer au moins à ses malheureux en-


fanta, at auenno awtra conaldéraUoa ne pouvait t'arroter. Un }our elle se présenta devant lui avec aaa doux ohMmantea potitoa NHea et un joli petit gardon qu'elle portai à son bras. EUe se mit à ses genoux, et le supplia do fevonir a do meilleure sentiments; les deux petites auea joignirent leur voix enfan-* Una A celle de leur mère, et, parlant en leur propre nom, ta supplièrent do ne pas faire leur malheur. Raymond pouvait 89 sauver oncoM, a't! eûf voulu écouter los sages tepresentattoua do MariaMM} mata tes reçut mat et s'ocra d'uoe voix tcp* rible

Je n'aurai dono plus un instant do ropos dans ma tnaisoa 1

Puis i! se t<!pandtton grossières impréoations. Le lendemain, après la messe, Il était encore instattë dans l'aubergo aveo so~ compagnons do débauche. Bientôt l'argent vint à lui manquer, et JI n'avait plus de quoi payer les vins uns qM'ii buvait & l'ordinaire; alors ii eut recours & l'eau-de-vie, que son palais Masd lui rendait d'ailleurs plus agréable; il en but avec excès et no tarda pas & tomber dans l'excès do la misère et de la crapule. Sa ferme n'était plus reconnaissable ses champs, autrefois magnitiqueset d'une fertilité rare, étaient dans un si triste état qu'on en faisait un proverbe dans le pays: ses bâtiments étaient délabrée. Plus d'un brave paysan ne pouvait s'empêcher de dire en passant devant la maison

ïi y a de quoi pleurer en voyant de telles choses. Ces champs ne rapportaient plus même les frais de la culture qu'il abandonnait toujours à des mains étrangères. U avait depuis longtemps repris et dissipé tous ses capitaux. Déjà l'argent lui manquait pour ses prodigalités excessives. H avait cru jusqu'alors que sa richesse était iuépuisabie, mais il dut enfin savoir par lui-même qu'il n'y a point de si belle fortune que le désordre et le vice ne finissent par consumer. Cependant cette expérience ne le rendit pas plus sage il vendit l'un après l'autre ses champs, ses prairies, ses vignes; il em-


prunta secrètement & gf09 Intérêts ohea tous les usuriera qu'il put trouver dans te pays. Mais !o terme arriva it Mtut payer cela lui fut impoa~Me. Se~ creaxeiera le powrautvirent ex justice et la saisie de aea biens fut ordonnée.

Marianne savait bien que los affaires de son mari étaient mauvaises; mais elle m'avait jamais pensé qu'il pût avoir tant de dottes ce fut pour eMe comme un coup do foudre quand eUe vit entrer dans sa chambre le bailli, son gteMor et deux sergent?, qui lui déclarèrent qu'Hs aUaient procéder à l'inventaire do tout le mobilier, des recettes, du bétail et de tous los Instruments do labourage, pour les vendre ensuite à l'enchère, et qu'on ne lui laisserait à otto et A ses enfants que teuf3 !Ks et les effets a leur usage. Elle poussa un cri d'eB~oi, et, serrant ses enfants dans ses bras, elle dit d'une vois entrecoupée de sanglots:

–Chers petits onfants, qu'allez-vous devenir?

Raymond, qui, malgré sa vie abjecte et crapuleuse, conservait encore des sentiments d'orgueil et d'amour-proprp, avait pris la Mte et abandonné sa femme ainsi que ses enfants dans la position terrible où ittes avait mis par son infâme conduite. Les honnêtes bourgeois de la ville et les sages paysans se disaient l'un à l'autre

Voici an exemple enrayant malheur a ceux qui ~e voient et qui n'en proBtentpas t jamais il n'a été mieux prouvé que l'amour du plaisir, la paresse, l'ivrognerie et la prodigalité font de l'homme le plus riche un mendiant, dégradent son Ame, et rendent son cmuranssi insensible que la pierre au malheur de sa femme et de ses enfants.

XXV. SUITE DE 1,'mSTMBE DE MARIANNE ET DE BAYMOND. La jeune femme se vit donc rédutte à quitter la maison pa-


temette ou elle avait pris naissance, où etto avait passé toute sa; vie. EUe ne savait où porter sas pas elle pleurait & ohaudea larmea, et priait Ditu d'avoir pitié do son matheuret de tut menager quelque asile. Mais sur la soir, a l'heure du crépuscule, etio vit arriver sa tante Gertrude. Ma chère Marianne, lui dit la meunière, ~'ai fait une grande faute oa <o oonseittant d'ôponser le misérable Ray- mond. notas) 1 les plus sages mêmes se trompent quelquefois:~ c'est ce qui m'est arrM dans cette aMaire: <ma oonnaneo en lui a été si aveugi~ que je n'ai pas morne pensé & t'assurer par ton contrat de mariage la propriété inaliénable de tes bions propres et des moyens snfOfants d'existenco pour parer à tout événement. C'est une seconde imprudence mais je veux, autant que possible, réparer mes torts à ton égard. Viens avec moi tu partageras ma maison et tout ce que je possèdo. H faut te rendre chez moi le plus tût possible.

Cette otîre fut pour Marianne une source de joie et de oonsolation. Gertrude ne voulut pas qu'on la v!t à Saint-Gait dans un moment si malheureux pour sa nièce eUe partit à l'heure mème tt se rendit à Hasetbach.

Marianne se leva de bonne heure le lendemain et empaqueta le peu d'ettets que la justice lui avait laissés. Ses enfants f'Aa~ent encore eudormis. Elle réveilla seulement Elisabeth, sa Mte aînée, et se rendit avec elle à l'église; ta elle remercia Dieu du fond de son âme pour tous les bienfaits qu'elle avait reçus de lui dans cette égiise qui avait été, pour ainsi dire, le berceau de son enfance, pour toutes les faveurs dont il l'avait comblée dans le lieu de sa naissance, pour tous les maux qu'elle avait surmoutés avec le secours de sa grdce puis elle recommanda ses enfants, son mari, et elle-mème à la divine miséricorde.

De l'égiise elle se rendit au cimetière et pleura longtemps sur la tombe de son père, de sa mère et du vertueux André Vignes, le meunier, son oncie et son tuteur. Ensuite elle éatr~


chez M. le ouro pour le remercier encore une fois de la tendre affection avec laquelle il l'avait instruite daus la religion catholique, et se recommander à ses prières ainsi qM tonte sa famille. Elle ut une visite d'adieu aux jeunes femmes de sun âge qui avaient été ses amies d'enfance, et prit congé d'elles. En quittant Catherine, !a femme du geôlier de Saint-Gali. elle Mntit dans son âme une émotion extraordinaire et pleura en t'embrassant, comme si elle eOt été saisie do pressentiments funestes. à ta chute du jour elle chargea sur une voiture te peu d'effets qu'un lui avait laissés, puis elle s'y assit eUememo avec ses trois enfants, et les larmes aux yeux, la douleur dans i'ame, elle prit !a route de llaselbach, eummo une exilée qui va chercher un asito dans un pays lointain. La tante Gertrude, malgré son grand âge, accourut au-devant d'cUo et l'accueillit, ainsi que ses enfants, avec une cordiatitesinoÈre. Elle lui prépara une chambre assez propre avec un petit cabinet, en lui disant qu'elle regrettait beaucoup de M'être plus aussi riche qu'autrefois, ce qui l'empêchait de suivre les mouvements de son cmur et do lui faire aut~.t de bien qu'elle l'aurail désiré. Mais la bonne dame n'avait pas besoin d'excuse à cet égard; Marianne savait bien qu'il lui restait fort peu de chose car sa vanité et son dchut de jugement rayaient réduite à uu ëtat voisin de l'indigence des personnes iud<Hicates et sans probité avaient su, par d'adroites Nat~ries, lui tirer de fortes sommes et ne les lui avaient jamais rendues. U lui restait seulement pour moyens d'existence quelques faibles capitaux, des effets d? corps et un mobilier passable la maison même qu'elle habitait alors, ne lui appartenait pas, elle n'en avait que l'usufruit. Marianne, qui avait te cœur noble, ne fut que plus touchée de la trouver si bienveillante et si généreuse à son égard.

Après le repas du soir, Marianne se retira dans sa chambre et <!t coucher ses enfants, à l'exception d'Elisabeth, son ainée, eUe b gtttdtt auptea d'elle pour réciter en commun leur


pdèro. Elle rendit grAoe à Dieu pour l'asilo heureux qa'H lui avait ménagé dans sa profonde misère. Sana doute 11 lui aem'blait Mon dur, après s'être vue longtemps à la tête d'une grande et beUe forme, de ne devoir qu'a la pitié do sa tante le chétifabri qui lui restait. Quand elle entendit la cloche dont les sons joyeux avalant berce son enfance, eUe se mit à rêver avec amertume à sa chère petite ville de Saint-Gall, où les premières et les plus belles années de sa vie B'ëthient si don'cément éooulées. Elle ne put s'empêcher de gëmir on pensant aux grands biens qu'ello venait de perdre, malgré son ëoonomie, sa vigilance et son activité à ce triste souvenir un torrent de larmes s'échappa de ses yeux. Elisabeth pleurait avec sa mère et cherchait à la consoler mais ce qui mieux que ses paroles faisait une agréable diversion aux chagrins do Marianne, c'était l'amabilité, la grâce et le jugement précoce de sa charmante fille.

-Ne pleurez donc pas, chère mère, lui disait-elle avec un gracieux sourire qui brillait parmi ses larmes, ne pleurez pas; ces biens que vous regrettez n'étaient que des biens périssables qu'il nous aurait fallu perdre un jour. Nous n'avons rien apporté en venant au monde, et il est certain qu'à l'exception des bonnes œuvres que nous aurons faites nous n'en pourrons aussi rien emporter. Quand nous serons dans le ciel, nous ne regretterons plus la ferme que nous avons perdue. Nous sommes pauvres aujourd'hui, sans doute; mais le Seigneur est assez riche pour subvenir à notre entretien; noua travaillerons et Dieu bénira l'œuvro de nos mains. Vous possédiez à Saint-Gall une fort grande maison, un vaste jardin, beaucoup de champs, de prairies, de bois, de chevaux, de brebis et de vaches, mais vous aviez aussi beaucoup de tracas et de souci; vous n'aviez de repos ni jour ni nuit; les valets et les servantes vous causaient mille contrariétés. Réjouissezvous d'être enfin délivrée de tant de soins pénibles. Là-bas il nous arrivait souvent de ne pas trouver, dans toute la journée,


uaaeal moment ttcw parler ensemble comme nous MsenaM~ Maintenant,'chëre mère, voua êtes bien plus tranquille. Noua pouvons prier Dieu sans dérangement et aana trouble, pro< longer autant que 'noua voulons nos entretiens et lire à loisir quelque bon livre avec l'aide de Dieu nous trouverons ici le contentement et le bonheur: nous nous oonnerons en sa providence, et notre joie sera parfaite.

~Fu as raison, ma SHe, lui dit Marianne en l'embrassant et en'essuyant ses larmes; tu es une bonne et charmante enfant, je vois que le Seigneur t'a donnée & moi pour me consoler dans mes tristes peines. Oui, je veux te croire; il faut jeter dans le sein'de~ieu toutes nos inquiétudes et nous coh&er en sa providence.

Ce qui auligeatt surtout Marianne, c'était le sort de l'Infor tune Raymond elle ignorait absolument où il pouvait être et ce qu'il était devenu. Elle ne manquait jamais de prier pour lui soir et matin avec ses enfants, et pleurait à chaudes lar. mes en pensant à lui. Il arrivait souvent aussi que les enfants parlaient de leur père, dans le courant de la journée. Ah di' it alors la pauvre Marianne, si seulement il re« venait, et qu u voulut revenir au bien, travailler et ne p!us courir les ctbarets, nous pourrions encore nous suffire à nousmêmes et vivre plus heureux que nous ne l'avons été avant nos désastres.

Mais la tante Gertrude n'était pas aussi prompte à désirer son~etour, et lui gardait rancune.

Qu'il neéemette jamais les pieds dans ma maison, s'é.criâit~eNe avec colère: homme hypocrite et ingrat j'avais fait eon~hheur, <et, non content deTéduiresa femme et ses enfantsà lamisëre etal'opprObre, il nem'a jamais Mmoign<He moindre tespectmilamoindre reconnaissance. Il peut être sur quejene lui pardonnerai de ma vie.

~ïariannesouB'raitde Tn!r ~'taMte'ai exaspérée contre son


mart ellé la supplia du moins de ne pas le déshonorer devant sosenfanta. ChÈM tante, disait ansai la petite Elisabeth, je vous ea prie, pardonnez à notre pore Dieu pardonne bien aux plus grands pécheurs quand ils s'amendent. Notre père aussi se corrigera. Les grands biens que ma mère lui avait apportés en dot lui ont, pour ainsi dire, tourné la tête et ont été cause en partie du mal qu'il a fait; car il n'était pas accoutumé à une si grande fortune. Mais la pauvreté, le besoin, la misère, le rendront plus sage et le ramèneront à de meilleures pensées. Oui, oui, disait Nathalie, la fille cadette, les grands biens ne sont pas une si bonne chose que l'on croit; ce sont eux qui nous ont rendus malheureux, nous et notre père. L'eau-de-vie est encore plus dangereuse que la richesse, disait Joseph, le petit garçon elle cause de bien plus grands maux Dieu n'aurait pas dû la créer.

La tante Gertrude se prit à rire de la naïveté de cet enfant; mais la pauvro Marianne avait les larmes aux yeux. La jeune femme s'accommoda sans peine aux exigences de ea position elle s'habilla fort simplement et ne porta plus de robes de soie. Il lui restait encore quelques bagues enrichies de pierres fines, des chaînes d'or et d'argent, et quelques autres bijoux. Elle prit le parti de les vendre afin d'assurer un petit capital à ses enfants. La tante Gertrude l'en dissuadait.

Il ne me convient plus, lui répondit Marianne, de porter de semblables parures je ne connais pas d'orgueil ptus misérable que celui des pauvres qui veulent jouer la richesse, et ;c*est une folie de ne pas régler sa toilette sur ses moyens. Ces parures inutiles, converties en argent et placées à intérêt, formeront un capital qui sera doublé dans vingt ans et servira du moins il fournir à mes enfants les vêtements nécessaires. Sans cette ressource il arriverait peut-être que mon petit Joseph manquerait d'nm habit chaud pour l'hiver, ou de l'argent


dont il aura besoin pour payer l'apprentissage d'un métier honnête et lucratif.

Marianno travaillait depuis le point du jour jusqu'à une heure avancée de la nuit pour habiller ses enfanta d'une macère convenable et leur laisser encore quelque chose après elle elle cousait et tricotait pour les personnes de la ville, et ne laissait pas de gagner beaucoup à ces travaux. Quand on faisait la rentrée des fuins ou la récolte des blés, et qu'oa manquait d'ouvrier; elle ne regardait pas comme au-dessous d'eile d'aller dans les champs, le rateau ou la faucille à la 'nain, et de gagner sa journée à la sueur de son visage. Elle uvait soin aussi d'apprendre à ses filles a coudre, à filer, à faira toutes sortes de travaux de femmes; mais sou principal désir était de les rendre pieuses et honnêtes par une éducation toute chrétienne.

–Qu'ils soient bien élevés, disait-elle, et ils ne seront jamais pauvres; leur bonne éducation leur tiendra lieu de richesse.

Elle leur faisait faire très exactement les prières du matin et du soir, ainsi que celles d'ava:)t et d'après le repas; elle les menait à l'église et ne manquait jamais de les envoyer à l'excellente école de IIaselbach. Ces enfants avaient beaucoup de facilité pour apprendre, ils étaient & la tête de leur classe, et, lors des examens de la fin de l'année, Elisabeth remporta le premier prix dans la sienne. Ce beau succès fit plaisir à Marianne cette bonne mère se réjouit, dans son malheur, d'avoir une fille si sage et si laborieuse; mais sa joie fut calme et modérée en comparaison de celle de madame Gertrude, dont la vanité se montra tout entière dans cette occasion. Lorsque la mère, la tante, les enfants et la servante étaient occupés à filer, dans leur chambre bien chaude, pendant les longues soirées d'hiver, Etisabeth leur faisait la lecture, et tous prêtaient une oreille attentive. M. le curé avait beaucoup de bons livres, soit de religion, soit de morale, qu'il donnait à


lire à ses paroissiens; Elisabeth lui en empruntait quelqn'ua de temps en temps et le lisait tout haut le soir à sa famille. Ces lectures plaisaient beaucoup à Marianne.

Co n'est point là perdre son temps, disait-elle, il faut donner à Mme comme au corps sa nou.riture, si l'on ne veut pas qu'elle s'aNttibhsso et tomba en languenr.

L'instruction, jointe à une excellente éducation morale, développa de la manière la plus heureuse l'esprit de ces enfants et ouvrit leurs cœurs à toutes les impressions doucea et honnètes. Ils devinrent tous obéissants, laborieux et sages, Marianne se disait souvent Dieu ne m'a pas abandonnée je dois lui rendre grâce de m'avoir oto l'embarras de ma fortune passée et de m'avoir conduite ici. Là-bas je n'avais pas le temps nécessaire de travailler moi-même à l'éducation de mes enfants comme je le fais aujourd'hui leur pure, d'ailleurs, ne pouvait que détruire le bon eret de mes leçons et les porter an mal par son exemple ils se seraient certainement perdus à SaintGall, au lieu qu'ici, pourvu que Dieu seconde mes efforts, ils deviendront sages et vertueux. C'est ainsi que ta divine Providence dispose tout pour le mieux je ne puis trop la remercier de ses bienfaits.

Les parents de Fridolin étaient proches voisins de Marianne; leurs maisons se touchaient. L'après-midi, lorsque les enfants étaient à l'école et la tante Gertrude en visite chez quelque fermière des environs, Marianne prenait son rouet ou sa couture et venait travailler avec ces braves gens. Elle se plaisait Mieux dans leur étroite et pauvre demeure que dans la plus brillante compagnie. Nicolas et Margu&vite plaignaient ses malheurs et savaient réjouir son âm<* par d9 douces consolations et'e était profondément touchée de leur bon cœur, do leur foi naïve, de leur piété sincère, de leur raison, de leur vie simple et pleine de vertus obscures.

Comme ils sont heureux, disait-elle, malgré leur indi-


genoe et mot, aveo toute ma richesse, comme la mauvaise conduite do mon mari me rendait misérable Elle est donc bien vraie cette parola du roi Salomon Mieux vaut un peu de bien aveo la crainte du Seigneur, qu'une grande richesse accompagnée de beaucoup de trouble et d'inquiétude mieux vaut un simple plat do légumes avec la paix, qu'un festin somptueux avec la haine et la discorde.

Fridolin venait da temps à autre voir ses parents, et chacune de ses visites était pour eux uue source do joie. Il no manquait jamais de leur apporter quelque chose du château, du pain blano, de beaux fruits, une bouteille de bon vin. Son père lui donnait a\eo amitié les plus sages conseils; il lui recommandait d'avoir sans cesse la crainte du Seigneur devant ses yeux, de prier avec recueillement, de servir ses maures avec fidélité, et de ne jamais s'écarter en rien do ia voie droite qui nous est tracée par les commandements de Dieu. Marianne pleurait en entendant ces exhortations paternelles. Mon Dieu, se disait-elle à eUe-môme, quel bonheur pour uu enfant d'avoir un père sage et vertueux t quelle dinerence entre ce vieux paysan et mon mari, qui n'était bon qu'à pervertir l'esprit et le cœur de ses enfants par de mauvais exemples, et à les abandonner Un père qui ne veille pas à bien éteve! sa petite famille s'amasse un trésor de colère pour le jugement à venir.

Nicolas allait toujours travailler dans It. forêt son bras demeure faible a: lui permettait pas d'abattre de grands arbres ni d'en faire des bûches mais, avec l'autorisation du seigneur de Finkenstein, il coupait des branches de noisetier, arbre fort commun dans le pays, et les vendait à la ville soit aux tonneliers, soit aux fabricants de cribles, pour en faire des cercles. Un jour il fit dans la forêt la rencontre de Raymond, qui, dans le moment, s'occupait à lier un amas de branches de bouleau. Notre homme raconta ses aventures il dit à


Nicolas qu'H avait déjà fait plusieurs métiers depuis sa dispa* rition.

–D'abord, continua-t-it, j'ai pris une place de cocher, tanl à cause de mon adresse à mener une voiture que pour le plaisir quo j'y trouve on était fort content pour tout ce qui regardait mon service mais j'eus le malheur de m'enivrer deux ou trois fois et je fus mis à la porte. Je suis entré dans une autre maison, puis dans une autre, puis dans une autre encore, et l'Wesso m'en a fait sortir. Alors je suis devenu postitton mais l'habitude de boire m'a suivi dans cette nouvelle place le maître de poste n'a pas tardé à s'apercevoir qu'il n'y avait point à compter sur moi et il m'a fallu quitter la livrée jaune, comme j'avais déjà mis bas la livrée rouge. Maintenant je fabrique des balais de bouleau.

Nicolas lui dit qu'il devait revenir auprès de son excellente femme et de ses chers petits enfants.

-Non pas, répondit-il en secouant la tête: après oe qui est arrivé, je suis sûr que ma f~mme ne consentirait jamais à me revoir, et quantayivre des bienfaits de la chère dame Gertrude, c'est à quoi je ne puis me résoudre.

Nicolas revint à la maison et fit part de cette rencontre à Marianne.

Mon cher Nicolas, dit la jeune femme, Mchez de la rer trouver bientôt, et assurez-le que mon plus ~rand désir seMit de l'avoir auprès de moi et que je le conjure instamment de revenir. Dites-lui que sa~ femme et ses enfants le teoevmnt à bras ouverts, et que son retour sera Dour om une joyeuse fôte.

Marianne parla de son mari à la tante Gertrude et la conjura de recevoir chez eUe l'infortuné Raymond. MaMia. vieille dame répondit avec dignité

-S'il me demande humblement pardon de l'insolence qu'il a montrée à mon égard, je ne le repousserai pas, et il pourra trouver <!râce devant mes yeux.


Nloolas retournait chaque jour à la foret dana l'espêranoo 'ry rencontrer ta fugitif; car il ne connaissait point sa retraite. 11 Boit par la trouver et lui dit que Marianne attendait son re'tour avec la plus vivo impatience, et que Gertrudo lui pardonnerait. Raymond ne montra nulle envie de proutor de ces bonnes dispositions. Nioolas lui reprocha son insen-* sibilite.

H ne convient pas a un simple honnête homme, lui dit-il, encore moins à un chrétien, d'abandonner ainsi une femmo vertueuse et d'aimables enfanta. Je crains bien qu'aveo le commerce des balais vous n'en fassiez un autre moins honoraMe. Quittez cette vie dangereuse, venez avec moi et travaiHez avec courage; vous pouvez trouver du service dans quelque ferme et gagner de quoi entretenir votre femme et vos enfants, comme c'est votre devoir.

Raymond sourit d'un air moqueur et répondit

Je vois ce que c'est, bravo homme; toi qui as autrefois travaillé chez moi en qualité de mercenaire, tu te figures maintenant qu'il n'y a pas de différence eutre nous deux et quo je puis me faire aussi journalier tu verrais cela avec plaisir, n'est-ce pas, ainsi que tes pareils? ce serait une bonne fortune pour vous autres; vous auriez de quoi rire et vous amuser à mes dépens. Mais sois tranquille, je ne vous donnerai pas t cette joie. Travaiiier la terre et fendre du bois ce n'est pas moa fait; et quoique d'internes usuriers m'aient chassé de ma belle métairie, je me respecte trop pour devenir jamais un pauvre hère de ta sorte. Les pommes de terre et la soupe à l'eau ne me vont point j'aime une chère plus délicate, et je sais me la procurer.

Ces paroles firent la plus grande peine à Nicolas.

Croyez-moi, Raymond, lui répondit-il, ce n'est pas à tort que le roi Salomon, cet homme si sage, a dit < Le pain mal gagné a un goût agréable, mais à la fin il remplit la bouche de gravier. 8


Raymond ne voûtât pas en entendra davantage; il lui tourpa le dos avec colère et ne revint plus dana cette partie de ta foret, pour éviter la rencontre do Nicolas, qui lui voulait tan! de bien et ne lui donnait que do sages conseils.

Marianne demeura longtemps sans nouvelles certaines de aonmari: cependant de mauvais bruits commençaient & sa répandre sur son compte, et la pauvre femme en était profondéjnent aMigeo. Tantôt elle apprenait qu'il s'était fait braconnier, tantût on lui disait qu'il était cntr~ dans nno bande do voteMH et do brigands. La nuit o~ uno attaque fut tentée contre le château do Finkenstein, plusieurs bourgeois de Haso!bach se réveillèrent au bruit du tocsin et coururent aux armes pour arrêter Jea malfaiteurs. Marianne frémit à cette nouvelle et dit en soupirant

-Pourvu que Raymond no se trouve pas avec eux 1 EUe no put fermer les yeux de toute la nuit e) passa la journée du lendemain dans une terrible angoisse. Le soir, comme elle était à tabio avec la dame Gertrude et ses enfants, plusieurs personnes entrèrent à la fois dans la chambre, et lui diront que son mari était un des trois brigands qu'on avait pris et amenés à Saint-GaIt. La pauvre femme ne voulait pas le croire, mais les hommes les plus graves de l'endroit lui dirent

Ce qu'on vous rapporte n'est que trop vrai, Marianne, c'était bien lui: nous avons aidé à le prendre, nous l'avons vu.

Quelques femmes ajoutèrent

-Oui! oui n'en doutez pas, c'était bien lui; nous venons de Saint-Gall et nous étions là quand on l'a descendu de la voiture il était chargé de chaînes et appesanti par le vin. Alors la dame Gertrude ne put contenir sa colère et se répandit en invectives contre le misérable Raymond. Mais Marianne frémit, trembla, se tordit les mains, et ne put prononcer aucune parole. Dés que les voisins se furent retirés, elle se mit à


genoux avec ses trois enfanta et pria pour leur père d'une voix émue, avec beaucoup de larmes et de sanglots.

Pendant que Raymond se trouvait dans la prison de Saint. Gatl. Fridolin faisait de fréquentes visites à ses parents. Chaque fois, Marianne lui demandait avec inquiétude s'il ne savait rien sur son mari. Tout oe que l'enfant pouvait dire de certain, c'est que l'instruction se poursuivait avec le plus grand mystère. Mais il ajouta que l'opinion générale accusait Raymond do plusieurs grands crimes. Après plusieurs mois d'une attente cruelle pour la pauvre Marianne, Fridolin arriva un jour de très grand matin chez ses parents, et leur annonça que Raymond devait être condamné à mort dans la journée. Je suis, dit-il, accouru avec la permission du seigneur de Fiukenstein, pour vous apprendre cette triste nouvelle &nn que vous puissiez y préparer la pauvre Marianne, avant qu'elle sache son malheur par la voix publique.

Ces braves gens louèrent la délicate prévoyance de Fridolio. Le père, navré de douleur, se rendit auprès de Mariauue et employa tous les ménagements imaginables pour la préparer à ce coup terrible. Mais la jeune femme n'y fut pas un seul moment trompée la pâleur et les larmes du vieillard lui avaient d'abord appris ce dont il s'agissait, Dès que Nicolas eut prononcé le mot fatal, dès qu'il eut dit que Raymond devait porter sa tète sur l'échafaud, la malheureuse tomba privée de sentiment; les enfants se mirent à fondre en larmes et & pousser des cris et des sanglots. Gertrude arriva sur l'entrefaite Marianne était renversée sur sa chaise, pâle comme si son âme eût déjà quitté sou corps, sans mouvement et saus parole. Au bout de quelque temps elle put entr'ouvrir les yeux et parler.

Père céleste 1 s'écria-t-elle, ah s'il est possible, éloignez de moi ce calice d'amertume l,

Elle voulut courir à l'instant même à Saint-Gall, pour y voir Une dernière fois son mari; mais sa tante s'y opposa.


<– Non, tu a*!raa pas, dit-elle chacun te montrerait au doigt. Ne songe plus à ce malheureux. Tout oa que tu as & faire pour toi maintenant, c'est do prier Dieu pour !e salut do son Amo, et tu peux le faire ici comme là-bas. D'ailleurs, es-tu bien sure qu'il aurait du plaisir & te voir Je crois que ta visite lui ferait plutôt de la peina car il aurait à rougir devant toi du malheur où il t'a plongée et de l'opprobre qu'il jette sur toute sa famille.

Marianne tut repondit

–Hélas* chère tante, n'cst-i! pas toujours mon mari, et pour une honnête femme n'est-ee pas le premier devoir de no point abandonner son époux dans la matheur, quand morne il y serait par sa propre tante? Hélas tenais je ne fus si troubiée; je me sens encore tout étourdie et oumme abattue sous le poids de cette affreuse nouvelle j'ai besoin de recueillir mes idées et de reprendre l'usage de ma raison.

Elle invita les assistants & garder le silence un moment, et, se mettant à genoux, elle pria longtemps, les mains et les yeux levés vers le ciel, dans l'attitude du plus profond recueillement. Sa prière unie elle se tourna vers le vieux Nicolas. Cher voisin, lui dit-elle, je vous en conjure, partez à l'instant même pour Saint-Gali, et faites en sorte de voir mon infortune mari. Catherine, la femme du concierge, vous en donnera la facilité; dites-lui que je la salue comme une ancienne amie et que je lui demande ce service si l'on vous admet à voir mon mari, sachez par vous-même dans quelles dispositions il se trouve, comment il supporte son affreux malheur, et s'il songe à faire au moins pénitence. Saluez-le tendrement pour moi; racontez-lui ce que vous avez vu de vos yeux; parlez-lui de ma douleur, de mes larmes, de la part que je prends à son infortune, et de l'impression terrible que la nouvelle de son arrêt de mort a produite sur moi; dites-M aussi q a je désire le voir et le consoler à ses derniers moments. Demandez-lui s'il trouve bon que je vienne assurez-te


qu'H peut atre parfaitement tranqoiDe, que je ne tut tend aucun reproahe. Tous ses torts sont euacés da ma mémoire et pardonné~. Mon cœur ne sent plus pour lui qu'une compassion tendre et douloureuse.

La pauvre femme M'en put dire davantage; les larmes étouffèrent sa voix.

Nicolas promit de faire ce qu'elle désirait et do lui rendre un compte fidèle de sa démarche. Il courut d'abord & la maison et dit a sa femme de se rendre chez Marianne, de la consotor, et de rester auprès d'elle jusqu'à son retour; puis il su mit en route pour Saint-Gall. Il en revint sur le soir, et rapporta que Waller, Raymond et Rodolphe avaient été elfcclivement condamnés à mo!t dans la matinée. Quant à Thierry, on ne savait pas encore quel serait son jugement, parce qu'il se trouvait alors malade. Watler et Rud'tphe avaient avoué leurs crimes, en témoignant le repentir le pius sincère ils reconnaissaient la justice de leur sentence, déclaraient eux-mêmes qu'ils avaient metité la mort et t'attendaient avec une pieuse résignation. Raymond seul, dans tous ses interrogatoires, avait opiniâtrement soutenu son innocence, et, maigre l'évidence des preuves, maigre d'accablants témoignages, il jurait par tout ce qu'il y a de plus saint et de plus sacré qu'il n'était pas coupable, et que sa mort serait un assassinat juridique. Il dit à Nicolas qu'il ne voulait absolument point voir Marianne, parce qu'une pareille entrevue serait tout-à-fait inutile et ne servirait qu'à leur faire à tous les deux beaucoup de mal. Telles étaient les dispositions de ce misérable. Ce n'était qu'avec crainte et avec déCanee qu'il recevait les visites du vénérable curé de Saint-Gall. Ce digne prêtre se donnait toutes les peiue~ du monde pour obtenir de lui la confession de ses crimes et k porter à la pénitence il ne voulait point entendre parler de repentir et montrait le plus funeste endurcissement. Mon Dieu s'écria Marianne en joignant les deux mains, voilà ce qui met le comble à mon infortune 1 je croyais qu'il


c'était pas possible d'ajouter à mes uoutours ~a me croyais assea malheurouse pour n'avoir plus rien à craindre; mais c'est ce dernier coup qui m'oto à la fois tonte crainte et toute esperaaoe. Maintenant rien au monde ne m'empêchera d'aUet moi-mcme à Saint-OaH j'emm6nerai mes enfants, lis entreront avec met daus le cachot de leur père, noua nous mettions tons ensemMe à ses pieds, et nous verrons si nos lar!aes et nos prières na io porteront pas au repentir. Chère tante, )<ites-nou9 préparer une voiture, pendant que je vais m'ha~iuer.

Oui, répondit la tante, je vais (o chercher une voiture; mais tu ne dois pas tant te presser de partir, Pourvu que tu arrives à Saittt-Qati au conuuencement do la nuit, c'est tout ce qu'il faut, carit te serait trop pénible de te montrer en plein jour dans une ville dont tu étais, il y a quelques années, la p)u9 riche propriétaire.

Elle sortit poor aller chercher une voiture en rentrant, elle trouva M-u'Muoo habitice de uoir, ainsi qu'Etisabeth sa Niio atuëe les aittfcs eniants n'avaient pas de vêtements de cetttt couleur.

A quoi penses-ta, Mariacce? lui dit sa tante, que signifient ces habits de deuil ? q

nëias f rëpoudit-eUe, ces tristes vêtements ne nous conviennent que trop, puisque tous nousaitous pour assister à un convoi funèbre, et au convoi te plus lamentable qu'on puisse voir.

Marianne ouvrit dix fois sa fenêtre pour voir si la voiture n'arrivait pas. Elle arriva enfin c'était une grossière charrette de paysan dans laquelle on avait jeté quelques sacs remplis de paille, pour servir de sièges.

C'est un moyen de transport bien misérable, dit la dame Gertrude mais il ne m'a pas été possible de trouver un carrosse j'en ai cherché un partout il n'y en a point dans le village.


Mais Marianne lui répondit

Hélas qui pourrait, dans de pareilles circoaataacM, vouloir faire encore de l'étalage et s'arrêter aux misérables oalouls de l'amour-propre 1 Notre âme ne doit plus avoir d'autres pensées que celle de la mort et de l'éternité. Elle s'assit dans la charrette aveo ses trois enfants. Tout le village, hommea et femmes, s'était rassemblé devant la porte de sa maison; plusieurs versaient des larmes; elle fut touchée de cette marque d'intérêt, et cria do la voiture à ces braves gens

Merci, mes bons amis, merci mille fois de l'intérêt qu<. vous me témoignez faites plus encore, je vous en conjure instamment, priez pour moi, priez pourmes enfants, priez pour mon infortuné mari.

La voiture s'éloigna tous, profondément ~mus et attendris, la suivirent des yeux jusqu'au moment où elle disparut entre les deux collines situées à quelque distance de Haselbach. Ces braves gens étaient sincèrement touchés du malheur de Marianne. Quelques-uns ne craignaient pas d'exprimer tout haut leur mépris pour Raymond; plusieurs qui lui avaient porté envie lorsqu'il était le plus riche fermier de toute la contrée, laissaient malgré eux percer leur joie maligne. Aux uns comme aux autres, le sage Nicolas fit entendre ces paroles pleines de sens

Mes chers voisins, vous avez regardé Raymond comme Mn homme bienheureux quand il était propriétaire de la plus belle métairie des environs de Saint-Gall; mais ce n'étaient là qu'une apparence et un fantôme de bonheur; sa richesse n'a été pour lui que le chemin de l'échafaud. Apprenez donc par ce grand exemple que les biens de ce monde, sans la crainte de Dieu, sans l'humilité, sans la fidèle observation des commandements, sont le piège le plus adroit qui puisse être rendu à l'homme par l'ennemi de son salut.


XX Y J. P~MABCBEa PB MAMANSE E\ FAVEUR BB ttAYMONP. A. l'entrée de la nuit, Marianne arriva devant le château de F-nkenstein, situé sur la route de Saint-Gall la satte & manger était brillamment éclairée elle fit arrêter la voiture et descendit avec ses enfants, puis elle pria le concierge de s'informer si M. de Finkenstein pouvait lui accorder un moment d'audience. Cet homme lui montra beaucoup d'empressement à l'annoncer, et la fit entrer dans sa chambre avec ses enfants, pour y attendre la réponse de sa seigneurie. Un instant après, Fridotin parut un flambeau à la main, salua tristement et tej yeux en pleurs la pauvre Marianne, et la conduisit jusqu'à la salle à manger.

M. de Finkenstein, son épouse et ses deux enfants étaient encore à table, quand Marianne entra suivie de sa petite famille. La pâleur mortelle répandue sur son visage et ses vêtements de deuil produisirent sur eux une profonde impression de tristesse et de pitié Le petit Frédéric et sa sœur Louise ne purent retenir leurs larmes en voyant cette pauvre mère et ses enfants si jeunes mais déjà condamnés au malheur. Marianne s'arrêta à quelque distance de la table et fut quelque temps sans pouvoir prononcer aucune parole; elle levait tristement au ciel ses grands yeux bleus, et tenait en ses mains un mouchoir blanc déj~ mouillé de larmes, de sorte qu'il était impossible de la voir sans pleurer soi-même. Sa fille EUsabeth, la vivante image de sa mère, et également vêtue de tioir, se tenait & coté d'elle'tremblante et les mains jointes; ses deux autres enfants n'étaient occupés qn'& essuyer avec leurs petites mains les larmes qui coulaient le long- de leurs joues roses c'était un spectacle & fendre le coeur. Madame de Finkenstein ne fut pas maîtresse de son ttnuHon; des pleurs


d'attendrissement s'échappèrent do ses yeux elle se leva pour approcher elle-même un siège, et, prenant Marianne par la main, eUe lui dit d'une voix pleine do bienveillance et de tensibilito

Votre malheur m'intéresse plus que je ne puis dire; venez, isseyez-vous auprès de moi.

Marianne baissa doucement la tête et lui répondit Permettez-moi, Madame, d'adresser d'abord une prière à M. de Fiukenstein, et, puisque vous êtes sensible à mon infortune, daignez intercéder pour moi.

Madame de Fiukenstein dit alors en se tournant du coté do Frédéric et de Louise

Rendez-vous dans la chambre voisine avec les trois enfants de Marianne, et cherchez à les consoler. Toi, Fridolin, descends à l'office et dis au cuisinier de leur servir quelque chose, car ils doivent avoir faim.

Les enfants obéirent, et Fridolin courut aux cuisines. -Je sais bien ce que vous voulez me demander, chère femme, dit alors M. de Finkenstein à Marianne, c'est la grâce de votre mari; mais il est impossible que je vous l'accorde jamais.

Hélas 1 je le sais bien, reprit Marianne autrement, si je conservais encore la moindre espérance de l'arracher à la mort, je me jetterais à vos pieds, j'embrasserais vos genoux, je les arroserais de mes larmes et je ne me relèverais pas avant d'avoir obtenu sa gràca mais, puisque je n'y dois point songer, puisque c'est une chose impossible et que ni larmes ni prières n'y feraient rien, je veux vous demander une faveur que vous puissiez m'accorder. J'apprends que mon époux ne veut pas entendre parler de pénitence cette disposition fu.neste me paraît un malheur incomparablement plus terrible fque la mort qui l'attend, j'aimerais mieux voir le glaive dq bourreau suspendu sur ma propre tête, que de voir mon mari marcher à la mort dans cet état d'impénitence finale si, dans


le court délai qui lui reste encore jusqu'au jour do son supplice, il demeurait assez endurci pour ne vouloir pas recourir & Dieu, daignez, Mouseigneur, je vous en conjure avec larmes, lui accorder quelques jours de plus. Les choses de ce monde n'ont point de prix en comparaison de notre âme immortelle car tout le reste n'est rien, elle seule est quelque chose. C'est un malheur épouvantable de tomber entre les mains do Dieu chargé du poids de ses fautes et de ses crimes non confessés, non expié3 par la pénitence ) 1 je ne survivrais pas trois jours à mon mari, s'il me fallait le voir mourir dans l'endurcissement Cnal et perdre son âme pour l'éternité.

Chère Marianne, reprit M. de Finkenstein, ses jours et ses heures sont comptés: le souverain a signé son arrêt d4 mort il n'est pas en mon pouvoir d'en retarder l'exécution. Eh bien donc, soit, ajouta Marianne je ne dois plus rieu attendre à cet égard que do Dieu j'espère qu'il aura pitié de moi, qu'il donnera à mes pleurs et à mes supplications la force nécessaire pour amollir le coeur de mon époux et le faire passer de l'endurcissement à la pénitence. Maintenant je sais que son corps ne sera point enterré dans le cimetière avec ceux des fideles; il doit mourir de la mort des homicides, Dieu veuille avoir pitié de son âme et à ce titre ses restes seront jetés dana une fosse particulière, près du lieu des exécutions. Permettezmoi de vous adresser encore une prière à cet égard si ce malheureux revient à de meilleurs seutments, permettez, Monseigneur, que sa dépouille mortelle ait une place dans le cimetière, parmi les tombes chréliennes C'est le devoir et la pitié des enfants d'aller pleurer quelquefois sur la fosse de ceux qui leur ont donné la vie. Les miens, que le glaive du bourreau va rendre orphelins dans quelques heures, ne pourraient jamais, sans horreur, visiter la tombe de leur père. Je vous en conjure, ne refusez pas cete grâce à une pauvre mère désolée, qui doit être sitôt veuve

Pour cela, je puis vous l'accorder, reprit M. de Finkens-


tein la sentence de mort ne préoise rien à cet égard; j'obtien. dtat que le corps de votre infortuné mari soit enseveli dan: le cimetière commun.

Merci, Monseigneur, et que Dieu suit béni, s'écria Ma< rianne; mais ne vous irritez pas contre moi si je vous adressa une troisième priera le père de mes enfants va leur etroen~levé par une mort terrible vous savez quelle réputation s'attache aux descendants d'un supplicié; le mépris et la haine les poursuivent partout je vous supplie de prendre sous votre protection ces malheureux orphelins, et de les défendre même au besoin contre l'insulte et l'outrage, car sans doute ils sont assez à plaindre sans qu'on ajoute encore à leur misère. Je les prends dès ce moment sous ma sauvegarde, reprit M. de Finkenstein; je défendrai sous des peines sévères de rappeler d'une manière injurieuse le sort de votre infortuné mari, et surtout de faire la moindre peine ou le moindre outrage à sa veuve et à ses enfants; car vous et vos enfants vous n'êtes point coupables de ses crimes. Je veux que par la mort sanglante qu'il duit recevoir pour satisfaire à la juste vengeance des lois, tout soit oublié. Si je puis vous être utile en quelque chose, soit à vous, soit à vos enfants, vous pouvez être sûre que je n'y manquerai pas; je vous en donne ma parole Dieu soit loué répondit Marianne, je me repose sur votre bienveillance.

Elle voulut partir aussitôt, mais madame de Finkenstein lui dit

Restez encore quelques instants, chère Marianne, vous êtes épuisée de fatigue je vais vous faire servir quelque chose, car vous avez besoin de force pour la grande et importante affaire qui vous amène.

< Marianne lui répondit

De la force, Madame l'amour que je porte à mon mari, le désir de sauver son âme, et surtout l'assistance du Seigneur m'en donneront assez, je l'espère il m'est impossible de rien


prendre maintenant, oar je suis rassasiée de douleur et d'angoisse.

Buvea au moins quelque chose pour vous fortifier un peu, quand ce ne serait qu'un verre de vin sucre, ajouta la noble dame; car l'Ecriture dit elle-même < Donnez du vin à celui qui est dans l'amertume du cœur.

Elle sonna; Pridoiin entra aussitôt dans la salle, reçut les ordres de sa maîtresse et apporta ce qu'elle avait demande, du pain, du vin et du sucre madame de Finkenstein eut l'extrême bonté de faire asseoir Marianne auprès d'elle, de remplir son verre, d'y mettre du sucre et de lui couper un morceau de pain. L'infortunée ne but et ne mangea que fort peu. Maintenant, dit-elle, je me sens pressée do partir. Je n'aurai point de repos tant que je conserverai des inquiétudes sur le salut éternel de mon mari. Les moments sont précieux, je ne dois pas en perdre un seul.

Elle se leva et appela sa petite famille puis, après avoir exprimé d'une voix émue sa profonde reconnaissance à M. de Finkenstein et à son épouse, elle dit à ses enfants de baiser la main de leurs généreux protecteurs. Elle sortit; le baron et la châtelaine la reconduisirent jusqu'à l'escalier. FridoUn l'accompagna, un flambeau à la main, jusqu'à sa voiture, aida les enfants à s'y placer et consola de son mieux leur pauvre mère. Quand ils furent tous montés, il leur dit en pleurant Dieu bénisse votre voyage et vous donne un plein succès! je veux sans cesse le prier pour qu'il vous accorde cette grâce.

Quand M. et madame de Finkenstein furent rentrés dans la salle, le baron dit à son épouse

Que de bonté, que de vertus dans cette femme t quelle pieuse tendresse pour son mari 1 quel noble cœur et quel esprit élevé 1

Et quels aimables enfants, ajouta la châtelaine; la petite Elisabeth avec sa charmante figure et sf": beaux yeux bleus


est tout le portrait do sa mère. Je me rappelle encore le mariage de leurs parents je vois Marianne devant l'autel, à côté de Raymond, le front ceint du bandeau nuptial, dans toute la Oeur de l'âge et de la beauté. Raymond lui-même avait une taille noble, une belle et honnête ligure, Tout le village était à l'église, et l'on se disait dans la foule Il est impossible de voir un plus beau couple et des époux mieux assortis; Ils sont vraiment faits l'un pour l'autre. Cependant quelques vieillards pleins d'expérience n'approuvaiont point le choix de Marianne. Mais que ce mariage dût tourner si mal et avoir une fin si terrible, c'est ce que personne alors n'aurait jamais pu soupçonner, autrement je crois que tout le pays se serait levépour arracher de l'autel la douce et belle fiancée, tant chacun se sentait en quelque sorte intéressé a son bonheur. Que ce Raymond aurait pu être heureux 1 continua M. de Finkenstein mari d'une femme si belle et si aimable, père d'aussi jolis enfants, possesseur d'une ferme aussi considérable, il n'avait rien de plus à désirer en ce monde pour le bonheur. Mais non il a voulu se perdre comme à plaisir, il a fait le malheur de sa douce femme et de ses enfants, il a fait le sien surtout car il est sans comparaison le plus & plaindre, puisqu'il est le seul coupable. Sa présomption, sa prodigalité, et plus que tout le reste encore, son penchant à l'ivrognerie, l'ont précipité lui et les siens dans un aMme sans fond. Tristes fruits des passions coupables, conséqueuces terribles du péché et du vice Ait! si tous les pères de famille avaient toujours devant leurs yeux les affreux malheurs que leur inconduite et leur vie déréglée doivent amener sur leur femme et sur leurs enfants, cette seule idée serait un frein salutaire qui les empêcherait de se livrer au mal. Pourquoi faut-il que les hommes ne sachent pas résister à l'entrainement des passions? Ils vivraient sur la terre dans un état partait d'innocence et de bonheur, comme des enfants vertueux dans la raaison paternelle, s'its voulaient se vaincre et surmonter leurs


mauvais penchants, au lieu de tes laisser croître, de tes irriter même et de leur donner une force irrésistible par une tache oomploiaance qui décent pour eux la source de tous tes ori. mes et de tous les maux.

–Héiast rien n'est plus vrai, dit madame de Finkenstein c'est aussi la passion qui a perdu la pauvre Marianne, toute bonne et toute vertueuse qu'elle était la bette mine et les agréments de Raymond l'ont entièrement séduite comme une jeune Btte légère et sans expérience, elle n'a écouté que le désir de ses yeux, elle n'a voulu voir que tes avantages extérieurs de son mari elle s'est laissé éblouir par sa belle tournure, par son élégante livrés rouge brodée d'or elle n'a point tenu compte dos avis de son sage et bienveillant tuteur, et s'est rendue malheureuse pour la vie. Que de larmes il lui a fallu répandre ou dévorer ) combien elle a du souurir de l'ingratitude et de la brutalité de sou époux, qui ne craignait pas de se porter envers elle à de mauvais traitements, alors qu'il gaspillait son bel héritage t Et maintenant quelle est sa position? elle, autrefois si riche, la voilà pauvre; c'est à peine si elle a du pain pour ses enfants Pauvre et tendre mère comme cette pauvreté doit lui parattre amère et insupportable et quand même elle aurait beaucoup de fortune à leur laisser, toujours est-il que le fils ou la fille d'un supplicié trouvent difficilement à s'établir, et que le mépris des hommes tes suit partout il ne reste aux enfant:* de Marianne qu'une ressource, c'est de passer toute leur vie dans la domesticité, et encore y pensera-t-on à deux fois, avant de tes prendre à son service. Tous ces matheucs ont lcur source dans la folle inclination de Marianne pour un homme auquel elle s'est donnée, sans connaltro suffisamment ses penchants secrets et ses qualités morales.

Assurément, dit M. de Finkenstein, il s'en faut beaucoup qu'elle soit innocente de ses propres malheurs mais c'est la vieille tante Gertrude qui a les dus grands torts dans cet


ttNatte. C'est a< maiheurouse passion de s'entendre faire des compliments, c'est son absurde vaaito qui Ont, plus que tout le reste, causé le malheur de MarïaaMe. Si oette vieille saus jugement a'eat pas oonservé des pretentions que soa grand tgo rendait enoote plus ridioules, eue eût repoussé aveo déJaîmtescajotories de Raymond :e!îe eût détourné sa Riôce yun pareil mariage, et sans doute que cette jeune ntle obéis)!cMe se tût rendue à ses sages MpresontaMons. Bien Mn de ta, o'eat elle-même qui fa poussée à cette union funeste. Gertrude est grandement coupable envers sa vertueuse nièce. Qui croirait pourtant que la vanité, cette passion si misérable qu'a peine la regarde-t-on comme un péché, puisse entraîner avec elle d'aussi grands maui? Cela nous prouve que toutes jo3 passions mènent A la mort Dieu nous préserve de leur fa.tal empire. e1! noua donne 1& force de tenir en bride nos penchants d~feetos!

XXVII. MAMANM VISITE RAYMOND DANS SON CACHOT.

I! était nnit close lorsque Marianne arriva à Saint-Gall avec ses trois enfants la pauvre femme n'avait fait que prier el pleurer en silence pendant toute la route; mais elle se mit à sangloter lorsqu'elle passa devant la belle maison qui autre< fois avait été la sienne, et que, regardant par la fenêtre dans ta principale chambre, elle y it, à la blanche lumière d'une lampe, des CguMsentièrement inconnues. Elle tressaillitquand i~ voiture s'arrêla devant l'antique palais de justice où se trouvaient les prisons. Ordinairement on n'y voyait de lumière la nuit que dans la chambre basse où habitait le geôlier mais Be soir-là toutes les fenêtres étaient éclairées la grande purtc était ouverte à deux battauts; il y avait des réverbères


annmea coua la voûte, et un soldat de chaque cOtë puur on garder l'entrée.

En entendant le bruit de la voiture qui s'arrêtait devant la porte, le geôlier sortit, sa lanterne à la main.

–Grand Dieu! a'éoria-t-il, c'est vous, Marianne! vous avea fait un bien triste voyage.

Hélas oui, mon cher Georges, répondit Marianne mais, dites-moi, dans quelles dispositions se trouve mon mari? songe-t-il à faire pénitence?

Non, reprit le geôlier, il ne vent point en entendre parler, rt voilà bien Mn plus grand malheur.

Marianne descendit de voiture ainsi que ses enfants, le geôlier ta fit entrer dans sa chambre Catherine, sa femme, fit à Marianne l'accueil le plus amical et lui dit les larmes aax yeux

Quel bonheur que voua soyez venue et que vous ayez amené vos enfants le ciel en soit béni f maintenant J'espère que Raymond reviendra à de meilleurs sentiments quand il vous verr;), vous à qui il a fait tant de mal et qui, cependant, loin de l'abandonner dans sa position crueiie, venez à lui comme une femme aimante et dévouée quand il verra ses enfants qu'il a rendus si malheureux, il n'y tiendra pas, et son cœur, fût-il de pierre, s'attendrira.

Marianne pressa le geùlier de la conduire à l'instant même auprès de son mari et pria Catherine de garder ses trois enfant?. Elle voulut d'abord s'entretenir seule avec Raymond, saufà dire ensuite au gésier d'amener sa petite famille, quand il en serait temps.

George prit le chandelier de fer qui était posé sur la table et maret'a devant Marianne. La pauvre femme le suivait dans un état d'émotion difficile à décrire &on cœur battait avec violence, et ses genoux tremblants se dérobaient sous elle en montant les degrés de l'escalier de pierre. En entrant dans le cachot du condamné, elle frémit à la vue de son mari il était


pale oomma un mort sa barba en désordre et sea cheveux hérissés donnaient à son visage uno physionomie sinistre et effrayante; il était assis devant une table massive en bois do chêne, à laquelle ses pieds latent enchaînés. L'eO'roi dont Marianne fut saisie no lui permit pas d'abord de parler. Mais Raymond ne l'eut pas plus tût reconnue, qu'il s'écria d'une voix terriMe

Que viens-tu faire ici t laisse-moi je ne veux, je ne puis pas te voir 1

Il croisa ses deux bras sur la table et laissa tomber sa tcta de manière à ne pouvoir plus ni voir ni être vu, et n'ajouta pas une seule parole.

Marianne se jetant alors à ses pieds, lui dit

Cher Raymond, ne détourne point les yeux, regardemoi ;je ne viens point ici pou te faire des reproches, je ne t'eu ferai pas un seul les petits intérêts do ce monde, l'argent, :a fortune, la considération, ne m'occupent plus en ce moment; ce sont des choses périssables qui ne méritent pas un seul regret; car nous devons mourir un jour, et il est hors de doute que nous ue pourrons pas les emporter avec nous c'est à l'éternité seule que je pense désormais, et voila pourquoi je suis venue. Sauve, sauve ton âme, je t'eu conjure par nos premières années de mariage, ces années si belles et si heureuses que tu n'as pas oubliées je t'aime encore, je t'aime toujours, malgré le malheur qui nous accable. Ne repousse pas ta Odèle femme, prends pitié de ma douteur et de Mes larmes, sauve au moins ce que tu peux sauver encore, sauve ton âme!

Raymond ne lui répondait pas il tenait obstinément sa tête cachée ses bras demeuraient appuyés sur la table et il ne lefait pas les yeux pour voir Marianne.

Mais elle s'aperçut bientôt que des soupirs étoufTés s'échappaient de sa DoUrine, et qu'il versait de secrètes larmea. Elle fit


an signe au geôlier, qui courut aussitôt chercher les enfants. Dès qu'Us furent entrés, elle dit à son mari

Raymond, voici tes enfants voiei Elisabeth, Rosalie et Je petit Joseph. Ils viennent pour voir leur père et pour l'embrasser une dernière fois hélas ) dans pou d'heures ils seront orphelins, ils n'auront plus do père As-tu donc un cœur de bronze ne veux-tu donc pas tes voir une dernière fois, tes enfants? N'as-tu pas une i-eu!e parole à leur adresser? Veuxtf qu'une fois sortis de ce cachot ils aient à se dire tout~. leur vie Notre père nous a maudits et repoussés Il est mort dans l'impénitenoe finale, il a étouffé dans son cœur tous les cris de la nature, et maintenant son âme, que la miséricorde de Dieu nous préserve d'an tel malheur son âme bruie dans l'enfer?

Raymond poussa un profond soupir et leva lentement la tête; puis il arrêta sur sa femme et sur ses enfants un regard timide et embarrassé.

Chère Marianne, dit-il enfin, tendre et vertueuse femme, dans quel abîme de malheur je t'ai plongée! Elisabeth, Rosalie, Joseph, mes pauvres enfants, biens et honneur, je vous ai tout ravi 1 Ah ne maudissez pas votre malheureux père. Je sens aujourd'hui combien je suis coupable; je veux confesser mes crimes, je veux revenir à Dieu par une sincère pénitence. Jusqu'ici j'espérais échapper au supplice en ne laissant paraître aucune marque de repentir; car, après une vie comme la mienne, l'idée seule de la mort est terrible. Mais de ce moment \e t'envisage avec moins d'effroi pour l'amour de vous, j'aurai le courage de mourir et de mourir repentant.

Les sanglots et les larmes étouffèrent sa voix; il demeura que:ques minutes sans pouvoir continuer. Marianne, repritil enSn, j'ai besoin d'être seul un moment. Retourne avec les enfants dans la chambre du geôlier vous, Georges, allez dire à M. le curé que j'ai besoin de son saint ministère. Consolezvous tous. ie veux me réconcilier avec Dieu, et n'entrer dans


t'eteraKe qu'apparoir expie ~ua mes crimes par une sincère pénitence.

Marianne desdeudit avec ses enfanta. Dèa qu'ils furent arrivés dans la chambre du geôlier, Catherine alluma une lanterne et courut au presbytère le digne curô s'empressa de la suivre; il salua Marianne avec bonté, lui adressa quelques paroles de consolation et se rendit au cachot du pauvre condamné.

–J'ai une grâce à vous demander, ma chère Catherlné, dit alors Marianne à la femme du geôlier c'est de m'accorder l'hospitalité pour cette nuit à moi et à mes enfants; votre plus mauvaise chambre me suffira. Il m'en coûterait beaucoup de descendre dans une auberge ou dans une maison de connaissauce; j'ai trop de chagrin pour voir personne d'aitleurs je voudrais m'éloigner le moins possible de mon mari; ne me refusez donc pas le service que je réclame de vous. Je n'ai pas besoin de lit pour moi; comment pourrais-je dormir? Mais, si vous en avez un pour mes enfants, je l'acoepte avec plaisir.

Catherine s'empressa de faire préparer des lits dans la pièce voisine les enfants, épuises qu'ils étaient par la fatigue du voyage et par les larmes, no tardèrent pas à s'endormir. Marianne se mit à genoux au milieu de la chambre et demanda au ciel pour son mari une véritable et sincère pénitence. Après un long entretien avec Raymond, le curé desoendit enfin dans !a chambre du geôlier, et fit appeler Marianne.

Consolez-vous, ma chère, M dit-il; j'espère maintenant que votre mari fera une mort chrétienne.

H essaya de la consoler par des paroles pleines de bienveillance et de charité, puis il ajouta

Sachez que demain de bonne heure votre mari doit recevoir la chair et le sang de notre Seigneur Jésus'Christ il dé-


sire beaucoup que voua soyez pMsont~ & cette pieuse oé*. rémonte.

La pauvre Marianne se sentit doucement consolée par cetta assurance, et passa toute la nuit en prières.

Le lendemain matin, Raymond dit au geôlier

–Mon ami, rendez-moi le service d'aller trouver M. le bailli et de lui dire que je le prie de venir pour un moment; je veux Jni avouer mes crimes et obtenir de lui mou pardon pour mes dénégations effrontées; car j'ai manqué à la justice en dispu-,tant ma vie par des mensonges.

Le bailli se rendit immédiatement auprès du condamné. Raymond lui dit en pleurant

M. le juge, pardonnez-moi les honteux mensonges que j'ai si longtemps et bi impudemment soutenus ils ont entravé le cours de la justice ils ont ajouté au désagrément de vos fonctions déjà si pénibles et si laborieuses; pardonnez-lesmoi, car je m'en repens aujourd'hui bien sincèrement. Je m'éta:s Bguré, dans mon ignorance, qu'on ne me condamnerait pas, tant que je n'aurais pas fait l'aveu dss crimes dont on m'accusait. Je reconnais maintenant mon erreur grossière je vois que mes impostures n'ont servi qu'a me rendre ptus malheureux en me rendant plus coupabl. J'avoue que j'ai véritaMensent commis tous les méfaits qui me sont imputes. Il n'y a pas dans l'acte d'accusation un seul mot qui ne soit de la plus exacte vérité je suis coupable de tout ce dont on m'accuse, je mérite la mort à laquelle je suis condamné. Le digne magistrat fut profondément touché de ce repentir et de ces aveux, dont il fit rédiger un court procès-verbal par son grefSer il tendit amicalement la main au pécheur converti, lui adressa des paroles de consolation et d'espérance, et b'étoigna.

Alors Marianne éveilla ses enfanta Elisabeth se trouva bientôt habillée et prête à suivre sa mère au cachot du pauvre condamné, afin d'assister à sa communion et de prier pour lui


'pondant cette touchante cérémonie. Mais tes deux plus jeunea enfants se mirent à pleurer quand elle leur dit qu'Us devaient Be rendre avec elle auprès de leur père.

t Ne voulez-vous donc pas voir encore une fois ce bon père !avant sa mort? leur dit-elle.

) Oh non, répondit le petit Joseph sa figure est terrible lot enrayante ilme tait peur; je t'en prie, maman, permets-moi de rester ici.

Marianne se rendit au cachot de Raymond avec sa fille Elisabeth elle le trouva bien change son regard était calme et doux, sa physionomie sereine et bienveillante: sa barbe épaisse avait été lasee il avait revêtu l'habit de toile blanche à bordure noire qu'un fait prendre aux criminels dans cette partie de l'Allemagne. Dès qu'il vit entrer Marianne, il courut au-devant d'elle et lui dit en lui serrant la main

-Chère Marianne, Dieu m'a pardonne, je l'espère dumoins; pardonne-moi donc aussi, je t'en conjure. Hclast je suis bien coupable à ton égard je t'ai souvent maltraitée, je t'ai dépouillée de tout. Je m'en repens d.: toute mon âme. Oh! pardonne, pardonne à ton infortuné mari 1

Marianne lui répondit

Puisse le Seigneur me pardonner à moi-même, comme il est vrai que je te pardonne, cher Raymond 1

Les sanglots et les pleurs ne lui permirent pas d'en dire davantage la petite Elisabeth se mit aussi à fondre en larmes. Au nom du ciel, dit Raymond, ne soyez pas si tristes, mais plutôt joignez-vous à moi pour remercier Dieu de ce qu'il a daigné me recevoir dans sa grâce, et demandez-lui qu'il me donne la force de persévérer jusqu'à la fin dans les bonnes dispositions ou vous me voyez.

Raymond communia de la manière la plus édifiante; des fleurs coulaient de ses yeux pendant qu'on récitait les prières, t quand il reçut l'hostie sainte, un éclair de bonheur et de <' oie céleste parut sur son visage. Marianne, Elisabeth et la


femme du geôlier étaient à genoux autour de lui et fondaient en larmes. La curé leur fit signe de sortir et de le laisser un instant seul avec Raymond.

XXVIII. DERMES ENTRETIEN DE MANAfNE ET DE RAYMOND. Dans le courant de la journée, Marianne passa do longues heures avec Raymond, s'entretenant avec lui des choses de la vie éterneite, et aussi des affaires essentielles de la vie présente. Le soir elle Ct une dernière visite avec sa u!te Etisa*beth. H les embrassa toutes deux avec une joie calme, et leur dit

La miséricorde de Dieu est inQnie à mesure que j'approche de la mort, ii me donne des consolations pins grandes et une force nouvelle. Puisse-t-ii vous inspirer la même résignation et le même courage 1

Le geôlier vouait précisément de mettre la table et apportait la soupe.

–Mon ami, lui dit Raymond, faites-moi le plaisir d'apporter deux assiettes; c'est mon dernier souper, je veux le partager avec mon excellente femme et ma chère Ntte.

Toutes deux répondirent qu'elles n'étaient pas en état de rien prendre.

Ah dit Raymond, ne soyez donc pas si tristes quand vous me voyez plein de courage. Maintenant que je me sens réconcilié avec mon Créateur, je ne crains plus la mort. Ayez bon courage aussi prenez quelque chose, car je sais que vous êtes demeurées tout le jour sans nourriture: vous êtes pâles co-nme si vous étiez malades, vous avez besoin de vous refaire un peu.

La mère et la fille consentirent ennn à se mettre à table et à prendre quelque chose les yeux de Raymond s'attachèrent


avec uno douce joie sur sa âne Elisabeth, dont l'âge avait déjA développé tes charmes.

–Hé)as! dit-il en étouffant un soupir, que d'heures agréaMes j'aurais pu passer ainsi au sein da ma famille que d'innocents plaisirs j'aurais goûtes auprès de mou excellent a femme et de mes aimables enfants, si le démon ne m'avait pas porté à chercher ailleurs des divertissements coupables ) 1 Malheur à l'homm9 qui ne sait pas trouver ses plus douces joies dans sa maison, au milieu des êtres chéris qui lui donnent les noms d'époux et de père 1 il court lui-même à sa perte. Mais où sont nos autres enfants? ajouta-t-il; où est Rosalie ? où est le petit Joseph? pourquoi ne viennent-ils pas?jd voudrais les voir assis à table avec nous.

Marianne lui répondit qu'elle les ferait venir nn peu plus tard.

Ea ce moment le vieux garde-chasse Moritz vint p')ur voir Raymond une dernière fois. Le condamné lui tendit la main en lui disant

Merci, brave et digne Moritz; votre visite me réjouit l'âme et me console à mes derniers moments. Je vous en remercie mille fois et vous prie, en outre, de me pardonner mes torts à votre égard hétas i dans l'état misérabie où je suis tombé, je me sens coupable envers tous les hommes, et il n'y en a pas un seul dont je n'aie à réclamer l'indulgence. Il est vrai que quand j'étais avec vous au château de Fiukenstein, nous vivions dans un perpétuel échange de services réciproques et en parfaite intelligence. Vous me donniez alors de sages conseils (!tje m'empressais de les suivre. Mais lorsque dans la suite je He Cs braconnier, je vous causai bien des peines pardonnez!ts-moi,je vous en conjure. Hélas! j'aurais fait bien plus de mal encore à notre digne maître, si ma dernière tentative de vol avait réussi je lui en demande sincèrement pardon, et i surtout je le remercie des bontés qu'il a eues pour mol pen''T't le temps que j'ai été à son service. Dites ce bon sei-


gneur et à sa noble épouse que ma femme ot mes enfanta nf sont point coupables de mes crimes, et qu'en mourant je met) sous leur protection ces êtres infortunés qui n'ont plus aucun soutien sur la terre.

Le vieux garde-chasse n'était pas venu seul; Fridoiin l'avait accompagné, mais il s'était arrêté à la porte et fondait en larmes,

Viens donc plus près de moi, cher Fridolin, lui dit Raymond tu as un cœur bien sensible, et je te remercie de l'intérêt que tu prends à un misérable tel que moi. Te rappelles-tu notre première rencontre dans la forêt de Haselbach ? C'est là qu'en tuant la chevrette, le malheureux Thierry débuta dans la carrière de braconnier; mais toi, au contraire, ton bon cœur et ta sensibilité parurent dans l'intérêt que t'inspira te petit chevreuil, comme aussi tu fis preuve de droiture en remettant ce petit animal au garde-chasse. Vous n'avez point commencé de même il est tout naturel que vous soyez arrivée à des uns différentes, car le terme du voyage est déterminé par le premier pas qu'on fait dans la vie. Thierry est maintenant captif et chargé de fers comme moi, sans parler de ce qui l'attend plus tard; tandis que toi tu es libre, tues heureux, et tu le seras toute ta vie. Ne t'écarte point de la bonne voie où tu as marché jusqu'à ce moment; demeure toujours sage et vertueux tu vois par l'exemple de Thierry et par le mien < quelle fin déplorable mène l'inconduite adieu, mon ami, sois heureux, et si jamais tu te trouves en position de faire quelque bien à mes pauvres enfants, souviens-toi que je te les'ai re< commandés peu d'heures avant ma mort.

Le curé de Saint-Gall revint alors dans le cachot du condamné, tenant à la main un petit crucifix Raymond reçut avec joie l'image du Rédempteur, et dit en la portant a ses lèvres

M. le curé, je voudrais prier encore avec ce crucifix dans ma main aurez-vous la bonté de me lire une prière? 9


ï~a cm~ y ccascxMt, ot Raymoad tedtt apfea M chaque ]~vole aveoMno vivo et profonde émotion.

Divin Sauvauf, s'éoria-t-it ensuite, voua l'unique saint doa pdohoura p~nitenta, jo ne vota ea co moment que votre image faite da main d'homme mais dawaia je voua verrai face & faoo, tout resptoadiaaant <ta la gloire du P&K' c~eata, do ootto gMfe que voua avez eMe avant la création du monde. Putasiaii-voxa ma regarder aana colère et n'atre point pour moi un juge inexorable Je remets mon âme entra vos mains; j'appette Yos bonetMottona et v~a gracea aur la tète de ma femme et do mea pauvres CMfaxta orphctiMa: consotcK-tc~ comme voM-) avez consotd en mourant votM ssimo toOe tiauvcK-t):o( comma voua avez sauvé le p~ohcMr pûnitcot orue!(!~ voit oMës! datgxea me recevoir dana votre gtAce, jusqu'à ma dernière heure, et daus vetM royauMte après ma mort.

Raymond pria le oure do lui donner )o cruoinx. La petite orolx était on bois d'ébène et rimaga du Sa«'")UF en laitoa doré.

Je vous le donne bien votontiors, dit le rospeotaMo ecotesiastiquo mais que voulez-vous donc en faire? C'est ce que vous allez voir, reprit le condamné, Alors se tournant vers sa fille Ethaboth

Mon enfant, lui dit-il d'une voix émue, je n'ai point d'héritage à te laisser à toi, ni & ta scaur, ni à ton petit frère; j'a) follement dissipe les biens que votre excellente mère m'avait apportés en mariage ce crucifix, qui vient de m'être donnd à l'instant même, est tout < que je possède au monde c'est aussi tout ce que je puis te donner. Je te tiendrai dans mes mains en recevant le coup de la mort, et it sera arrosé de mon sang. M. le curé te remettra ce legs paternel qu'il soit continueMement devant tes yeux, et que cette image te rappttie sans cesse le divin Rédempteur, qui avoulu mourir sur la croix pour expier les péchés des hommes et leur ouvrir t entrée du toyaume céleste. Sans lui je mourrais le désespoir dans t'âmo


et de la a)Mt des reprends je serais perdu sans retow ma~. soutenu par sa graeo et tceonoUié par son sang. je puia quitter ootte vie sans Mgret et voir l'étornito sans terreur. Apprends donc à to oonnaMra chaque jour davautRgo; anne-lo, mets ea lui ta conHaacc. reUena et observe Motettwnt ohaouno de ses parâtes. Oarde-tot de l'abandonner jamata ) 1 tu vois par l'oxomplo da ton malheureux père oo qu'it en coûte (to violer sesdivtns oonttMaodomottts. C)t<}r)a ot hoooM toujouM ta bonne mère, quo j'ai renduo si mathemeuap. Jo oa lui at caoa<} que dos peines; fats en sorte do ne lui donner qmt de la joie qu'ette trouve nu MMioa dans Ma enfants eo qH'eUo M'a point troMve d~tt!' son tnari.

Ici rinfortunô pon~aa uu profond soupir et éleva tes regards vorale ciel.

Seigneur, s'ooria-t-H, ma pardonnerez-vous ma conduite Marne envers une femme si bonne et si vertueuse? mepardonnerez-vous d'avoir si mal répondu à son amour, dont je n'étais pa9d)g<M? mepardonnerex-voM deNeMgncr âmes enfants que l'opprobro et ri};nom!u)e ? Us sont Innocents do mes crimes, et cependant il faudra qu'ils en supportent la honte. En te~ voyant passer, chacun se dira: Leur pore a porté sa tête sur l'ochataud ils n'entendront jamais parler de moi sans rougtr.

-Ma fille, ajouta-t-it d'une voix entrecoupée de sanglots et en veraant un torrent de larmes, pardonne & tun malheureux père Vois mes pleura et promets-moi de ne pas maudire un jour ma mémoire 1

Elisabeth et sa mère poussaient des cris lamentables; le curé, le vieux Moritz, Fridolin, le soldat qui montait la garde à la porte du cachot, tous fondaient en tarmes. L'ecc!ëstastique fit ce qu'il put pour catmer la douleur du pauvre condamné et de sa famille.

Dans ce moment le geôlier entra et dit tout Bas au curé que l'exécuteur de Schwartzbourg était venu. suivant ianoiem


usage, pour avertirle condamné que o'étaK !e !eMdema!a ma<i« qu'il devait avoir ta (Cte tranchée cet homme était & !a porto depuis une dem~-hottre. et il no pouvait pas attendra pma longtemps. Alors ta eurd dit a I\aymoad et a Marianno

C'est assez plouror, mas amta. allons, djtes-vooa attfott. Vo))9, bonao Marianne, consolez-vous par !a ponado (tne voua taverfea un jour votra mari dans to ciel toi a'tM), Eti~abeth. lu y retrouveras toa pAro: tnatotonant va-t'cnavoo ta méM. Tou p&toaboiioift 4'<Hevttronoore son amoa Dieu: n faut quo moi et d'n'(trc3 personnes puissioM xot)!) cntMtuMtr aveo tut sans tdtnotna. A)tt~ donc et p) tCK pour )))<.

Los iarmes do Marianuo et d'MUsaboth Fccommono~Mnt & couler av(4.-o p!u~ do force. Hayfuotd regarda t'ecoM~asUque et lui dit

J'ai cneoro un désir à satisfaire, mais j'osa & potne t'exprimer ja voudrais doonor & EHsabeUt ma b~xudiotioa patemeUe. Mais ost-il posittbto quo cette main souittde de sang humatu se pOM sur la tOto de moa oufaut pour la Mnirt Oui, cela est possible, Raymond, r<}poudit reccMsiasttque: vous {itesuap&oheurs&ns doute, mais un pechouf ropcutant, et vous savez qu'it y a plus de joie daus le ciot, parmi les anges de t)teu, pour un seut pécheur qui se convertit, que pour quatro-viugt-dix-noMf justes qui n'ont pas besoin de pénitence. Dieu vous a reçu dans sa grâce !o divin Rédempteur vous a conquis par la vertu de son sang; tes mérites et !es prières des saints, tant de l'ancienne que de la nouvelle aUiance, ont couvert la multitude et t'énormite de vos prévarications. Plein de confiance en Dieu le Pèro et en Jésus-Christ, notre Seigneur et notre Sauveur, bénissez votre Btte et soyez sur que votre bénédiction ne sera point vaine. Mets-toi à ~onoux devant ton père, Elisabeth,

En ce moment la femme du geoUer entrait avec les deux autres eufauts do Raymond; elle les conduisit aussitôt dovant


!enr père et tes 6< mottra Ronon~. a<ta qntt !ca b&a<t en tnëtao tt'mps que sa fille a!n~e. Quand ta mathonraus condamne vit devant iui tonto sa petite famine réunie, M sa mit & pieut'ef Moa plus de force.

-–OHO ta Sfignouftout-pMtssantot plein <!o m!sMaoF<)e. t'~axa-t-i! <t'u<to voix ptttrfcot~'t'p, que PicM }o Porc, Fi)-. et Sfunt-ËaprM, voua h~Mi~se tous, Et~abe))). Uu~atie. Jf6eph.me8cheMet M) thoHt'cux enfants) qu'it bt!t)~s9~at«. p)6Mt votre boona et tom)ro mère Potsao-~H <'<ttteof la taoho to))t9))!ioq'~)ttModt'(03tt))tjfK;o am* vum) ptu~sa-t-'itvttoa sonir do puto, & vuu~ que vttttf t)t:<:va t.'ts~~r int-~m p)o))t:<!a dans un ab!uM du )U!ttt\ pui~t:t"it ot(t(t '.('«onutdor uno heureuse et sainte ))<mt, a)ht que nous Noyoxa tous ttiMois un jour dans la oie!, où il n'y axt'a ph)~ tti 8t'tM)';tti(w ni <a)'Mos Adieu, MM chers extaMta! adieu, Mat'ia")to ) adion pour la v!o 1

Le cut'<! emmena la femme ut les enfaots de Kaymond dans to togemcnt du CtOUer, et no les quitta qu'ami leur avoit prodigué les plus tendres consolations. Matianno était dans uno situatiun peu t'a~su' ante le oure ct'ai):uait pour sa vie; il donna des ordrea pour qu'on no lui pernttt pas do retourner auprès do son époux.

Priez pour lui, bonne Marianne, lui dit-il en la quittant, c'est ta seule et ta meUteure cho~o que vous puissiez faire pour cet infortune priei!, ainsi que vos trois enfants. Dieu ue peut manquer d'exaucer vos prières.

Le lendemain, longtemps avant le jour, Marianne se rendit & l'église avec ses trois enfants, aun de prier pendant toute la matinée, mais surtout au moment de l'exécution, pour t'ame de son mari elle se mit & genoux dans le coin le plus obscur de l'église. D~s que le jour parut, on sonna la grosse cloohe, comme c'était fumage à Saiut-Gaii, tes jours d'exécution. It n'y eut personne dans la ville qui ne tressaillit à ce triste signal de mort et qui ne priât le Seigneur d'accorder uue fin chré-


)!enne aux troh condamnea. Mata pour la pauvre Martauno, !o pta~ do la cloche htt bien autMtuont terrible etto ao mit & <rt'mbter de tous <-ps membres, pu!a et)o répandit nn torrent do tarmoa. 8oa cofanta pteuraient commo elle. mathonrpM'.a ftimmo a'~tatt t~fogXo dans F~gUM puor no Wcn voir do l'affroox apcotaoto qui so prëparatt cependant il t)t) fattut entendre hton <tf< chosca qui htt fondaient to cmur et ht) fatsaiott dresser les chovcux sur ta t6te. Comme t'~R~so était dtu<a ta Bfanttcruo.te bruit snurd et to))jm)MCtni-iM))t dota fauta (nnontbt'abto q"t aoconraH A Saixt-CaU polit- voir t'ex'~oMtion. arrivait jusqu'aux orcitte') do la p~Htrt' M.u'hcno. Lu rt)t))omont dc.-t char~Ucs pe~nntes qnt cotraioxt t):ma la viHo ohaf~es do curtcux la faisn~ (n'ssaiUir. Mais te m~otont to ph)9 att~MX ponr cttc co fut quand c):o ontondit tout-A-conp to soit dit tambour, qxi anttutx~it )'a) (iv~c dfa «otdatit appels & Saint-Gatt pourmamto)! t'untu* j'ouhnt rcxt'c!tttion.Lag)'o~o ctocho ao fit eutcttdt'c uoo sct'undc~i~; c'était to signal do conduire tes condfunt.c~ au Hc't du sopptiec. Co fut pour ta pauvre MarhnM comme un coup d'~o dans ta cœur. Elle craignait & tous tnotnou~ de se trouver mal et pouvait à peine ~e soutenir sur sa chaire situation terrible, ear il n'y avait tu'etio et ses enfants dans t't'ëtise, do sorte qu eitc ne pouvait \:cevoir aucun seccura, en cas d'accident. par boitheur, la ''mme du gcotier arriva au moment ott Marianne se sentait )rcte & defaitiir; elle la soutint dans ses bras, et 'arrosa de ;es larmes; puis, s'asseyant & cûtd d'etie, la consota par do iouces paroles. Les tendres soins de cette amie d'enfance rendirent un peu de calme & l'infortunée et t'empêchèrent de succomber à la vioteuee de sa douteur.


XXtX. t'BXËOOTtO~.

rondfmt qno Marianne, prssqno abattnu aoua to potda da fa ~'utunr, priait )< t'<'i;ti~t) m'eu tes ent'M'u~, ttitymond, ain~i ~no WaHtjr et Uudut~hf, avak'ttt et~ tim~ du luur caottOt et ou)tdut~ t.* tHMiiiU)) tto vt)t~, ttuticu d\UtO duuMo batti da eutda~. Tt)MtC!) tu~ tf)«j(n;~ \u{'ttt: <;t(ti'')tt c!t)<r,;<!c~ do s~cM-* ttttUUt' t't MM fu'tto ))tt)tj)):btat)tu au fH;<atttt !)()f tt< t!hntdo ~t.'cu to t!)fMMt' tut il cht~un df~ cu)tdmt)n('~ susentotuc tto MUtt, eu jctaut A sca pn;d~ U)w bit.wHu du coudticf CM~o fH deux, ttUhMttt t~ cuutmno MHum~hda.

La itOtt~nut) est juittc, s'~ M Wattot', jo m'y soometa. Hudu~tho ttt lit m~mo dcctaraUun quand ça tut tout do H.')ttt0hd, il dit d'une \uix tmtu

Jo MM~CM M~~ jugo~ do ta condamnation qu'ils ont prcnono~o coulru mot je M~nte mou sott. Qw Uiuu ait pitié do MCO Ame 1

De la matson de ville on so routit au lieu do rox~outton. Un oMctC!' à <:h<:va!, suhi d'uuc troupu du sotdata a p~d, <;uvMit la marche Wottdr s'avauqaH d'un pas furme et assuré. Il ''vait obtenu qu'on no lui liat pas les mains, attendu qu'tt uo pouvatt souger à s'échapper. 11 eut les maiM jointes peudaut tout te trajet et sou chapeau sous son bras. Lo euro do Uasetbaeh, dout il avait piHé la bibliothèque, maM qut l'avait pria en amitié depuis sa condamnation, raccompagnait au snpphco. Rodolphe venait ensuite et avait auprès do lui Io cura d-! Schwartzbour. Raymond marchait Io dermer to curé de Saint-Gall, dont il avait éto autrefois le paroissien, l'assistait a ses derniers moments. Le bailli, le ereHIcret quelques au-;


ttaa «Matota de justice leKsntvatoat~aheval: ~md~taohement de soldats formait la marcha.

Quand la corMgo arriva sur !o lieu des oxocutiona, la vaste plaine, au milieu de laquelle s'élevait l'~ehafaud, était couverte da monde ainsi que leahauteura voisines, les arbres même et do nombreuses charrettes étaient chargés d'uno foule avide et palpitante dea enfanta se hissaient au sommet des jeunes pouptiera et dos trembles Ooxlblos qui toenagntent de t'umprf sous lour potda autant quo la vxe pouvait a'eteadra, on ne voyait partout que des totcs. Les aotdata, dont les plumes rouges et les b.tïooxettoa etincetaotoa s'etovaient aude~ua du niveau do ta foule, ae rangereut autour da Mohafautt, de manière a former un e''rc!e dana tequet se trouvaient le baini, les oXiciera de justice et te commauttant de la force ormee~ tous à chevat. Sur la plate-forme de i'eohafaud, et) voyait les vatota du bourreau, et derrière eux, le bourreau lui.. mime enveloppé dans un manteau bleu, suus lequel il tenait caché le terrible instrument de la justice humaine. Waller monta le premier; Il avait sa redingote verte ordinaire et portait son chapeau a la main. Il s'avança jusque sut le devant de la ptate-forme, et ses yeux brillants s'arrêtèrent un moment sur la foule innombrable; puis s'inclinant avec M~peet devant le bailli, devant l'officier, devaut tea soldats et devant le peuple, it prit la parole en ces termes Je suis persuadé que, dans cette multitude immense de spectateurs, it y en a peu qui '<e soient touchés de compassion pour de malheureux pécheurs; nous sommes de grands coupables, mais aussi des hommes que chacun de ceux qui sont venus ici pour être témoins de notre mort se dise donc à lui-même Je suis homme, et tout ce qu'un homme a fait je 1 puis le faire aussi.

Il donna son chapeau à l'un des valets de l'exécuteur. et, les mains jointes, les yeux tristement levés au ciel, il 6'écfMt


Mra <M<6, ~ci l'eafaat que vous ~ft! porda qut îevient & ~aaa aoumia et Mpantaot ne lo repoussez pas mah taeevez-lo dans votM misérico~o 1

Alora il se tourna vers la sotletto placée aMpr&c de la plate- forme, et vit le bourreau qui, couvert d'Hoo ~oate foage et ~a maachea fatevëea jusqu'à l'épaule, tenait dans sa mata JroMo le large glaive à la lame Mâchante. WaUef, à cette vue, ohaa< gea doeQuteuf;mais il aetomit praaqMo au~Mt.et dit à yoxëootewp

M n'est sans doute paa ndoessaire de me bander les yeux? On lui r~poMdtt quo o'étatt uue chose exigée pw 1& to!. Eh Mea 1 suit, ajouta-t-it, faites voire ttevoir.

U s'an'antsea sur la seUcHe, et, h'appa~t sa poitrine avct foroo, il a'~ona d'une voix qui Ot tMS~aitMr tous les assis. taats

Soigneur, ayez pitié do mon amot 1

On lui bauda les yeux le glaive brilla comme un éclair et la tête routa le corps, d'où s'ëohappatoat des nota de sang, fut retiré de la sellette et déposé sur la plate-forme. Rodoipho avait cet atheux apectaote sous les yeux.

Seigneur, s'eoria-t-it d'une voix faible et tremblante, ayez pitié de lui, recevez-le dans votre miséricorde qu'tt trouve enCn la paix après tant d'agitations et de misères! 1 Prenez aussi pitié do moi, Jésus, mon Sauveur, et console!: ma pauvre mère 1

Rodolphe eut la tête tranchée, et ses restes sanglants furent mis à coté de ceux de Waller.

En&n ce tut le tour de Raymond il mouta te? degrés de l'échafaud en tenant à la main le crnoinx que le curé de SaiulGall lui avait donné. U était extrêmement pâte, mais il ne laissait voir aucune marque de faiblesse. Comme il avait passé les premières années de sa vie à Saint-GaM, il se trouvait connaître presque tontes les personnes qui se pressaient autour de t'échafaud. Plus d'un bienhiteut, plus d'un ami d'enfance


OM de jenMase a'oMfent & 8M yeux panât la foule. H adressa, comme il t'avait promis, quelques paroles au peuple assembM. Il remeroia publiquement et aveo beaucoup d~ Jarmea ceux dont il avait reçu des bienfaits )t réitéra l'aveu de aea crimes et déolara tout haut, avec l'accent du repentir, qu'il avait mérité le otxUhnettt t)xe Dieu et les hommes lui iM<!it;eaie))t il ttemanda pardon a tous oaxs qu'il pouvatt avoit ottensos H exprima le d~~if quo tous ooox il qui il avait doon< de tNamai~ exemptes t( oMVMaout daus aa mort un avoftiase* meut terrible et salutaire.

Dieu veuillo avoir pitio de mot. s'ecria-t-it 8nn)), de ma pauvre femme, do mea pauvrea enfants, de uoua tous; priez pour moi; si j'ai to bonheur d'être reçu daaa le t«yaume oo!e~)o, jo prierai au~i pour voua.

Soaparoies Orent une impro~siott profonde sur tamuttitade: ceux mGmo qui ju~qu'atoM n'avaient ou ~uo du mépris et do l'horreur pour son inMme conduite et pour crimes so soutirettt enuM, et t'tudigoatiou Ot ptace daus teurame à uae pitié douce et biouveitiauto. Tous etaicut attoodris et pleuraient. Les aides de t'executeur le ptaecrcut surtasettetteensaogtaatée et lui banderont les eux. Le bourreau frappa un dernier coup, et Haymond passa de cette vie dans l'autre. Le corps fou N'échappaient des flots do sang fut laissé à ia même place et la tête posée sur tes genoux.

C'était un spectacle ethayaut pour la multitude tous te contemplaient eu silence et avec une horreur profonde. Le turë de Saint-Gall monta sur le devant de la plate-forme pour arler au peuple. Il était pâte et avait les yeux pleiM de lar.es. Le trouble et l'horreur dont il était saisi l'empêchèrent .ongtemps de parler; un silence effrayant régnait dans rassemblée il se remit enfin et prit la parole en ces termes –< Craignez Dieu et gardez ses commandements <t Craignez Dieu! Vom êtes encore tout tremblants de l'aCreux spectacle que vous venez de voir; sachez donc qu'il


M'y a que !a crainte du Setgnew qut puisse ~aaapr&iOfver d'una On aussi deptoraMe. Ct'otgnes Ct~u Nous avons audca .us (ta noua un Dieu plein de justio*! et de sainte, qui voit tout et qui counait tout. Mtea a'eehappe à ses tegarda h nuit la ptua sombra u'a point do Moebrea pour sea yeux !a catur de rhoMme a'a point do MpHa assez profonde pour qM'noe pensée coupable puillso s'y cacher dovaat lui, Il est la sainteté mOmo et le mal est on oseocaMoa devant sa face; il est la souyemtne justice et ne !a)sM auoun erimo Impuni. Cfa~nca D<tK Qttt do vo))s a'a tremblé? qui de vous n'a frémiela voyant le glaive ~t!tto<')or trois fois et trois foia toaang ooulor à Oots? Y jo vois encore )a pa)eur do ta mort ~pandue sur des mitllora de fronts. Co shMiment, quo t'autoriK Mgmme a tnOtgë à Ma Ma~heuronx frères, l'a été en vertu d'ua ordro <itab!t par Dieu même dans le gouvemotneat do ce mondo. C<'a<gnea Dieu! C'est tut qui a mis le glaive auxmatnst de la JH~Uoe humaine, et co n'est pas ea vain qu'olla !o porte, oo glaive. Mais les peines, même les plus terribles. que t'hommeputssotNOiRO'&rhomme sur la terre. uo sont rien en comparatsoa des chdtimenta que ce Dieu, trois fois juste et trois fois saint, réserve aux soetêrats dans i'autro Moudo. Craignez surtout celui qui peut perdra le corps et t'.Uno d.tns t'et))<*r < Cd'M <'«'MM"<H~M<cMMJaDfet<! Le mépris des commandeutoms de Dieu, c*cst-a-di)o !e p~che, est te plus grand, le plus terrible. ou ptutot le scut malheur qui sott a craindre sur la terre le glaive metne du bourreau M'est rien en comparaison. Le~ee.'tt!, dit i'E~prit saint.Mt «)) glaive à <<t'u!B tranchants; les blessures t"'« /«« sont <)')CtHc<M«KM; ce qui signitie que le péché fait des btessures qui causent une double mort, la mort temporeUe et la mort cternclie. Carde.: les commandements 1 La moindre infraction aux lois divines conduit par degrés aux plus grands forfaits, et il n'est personne d'entre vous qui ne puisse, par cette voie. arriver jusqu'à cet échafaud. Pensez aux trois coupables dont le sang vient de couler eous vos


yeus Ïe premier, c'est son penohant Ma cotera qui t'a perdu le aeaond, c'est la passion du jaa le troisième, «'est t'ivM* gnerio.

Gravez dono profondement dansvoaetBura eaa paroles de t'Ecrituro Craignez Dieu et gardas ses commandements a Et pour que Dieu tut-mame vous fasse la grâoo d'avoir toujours sa orainta duvant vos yeux et uo no jamais perdre do ~00 ses commandements, retenez ennore cette parole do notre Seigneur J~ans-Christ Vemoz et priez, de pour que vous ao tombiez dans la tentation.

Veilloz et priez 1 Tous les pêches, mémo les peeMa mortels, n'ont que do faibles commencements, ce qui fait qu'on y attache pou d'importance mais la moindre étixooUe suffit pour allumer un vaste incendie; la moindre fente, si on n'y prend pas garde, Unira par causer le naufrage du plus grand vaisseau. Veillez donc attentivement sur vous-mêmes et ne laissez point d'entrée aa mal ëtounëz-ie dans son germe, détruisez-te dans son principe. Si votre conscience vous avertit que vous voua écartez du sentier de la vertu, hâtez-vous d'y rentrer aussitôt; !e chemin qui mène à !a vie est étroit et rude, peu d'hommes veulent y marcher; mais la voie de la perdition est large et beaucoup s'y précipitent.

Pries ann que Dieu vous donne la force de résister au mal et de vaincre tes tentations. La prière est une sainte communication de l'homme avec son autour celui qui ne sait pas prier. Dieu n'est plus avec lui, Dieu n'existe plus pour lui. La prière et la sainte vigilance de Mme que nous prescrit le divin Rédempteur sont comme deuxailes qui nous soutient audessus des tentations terrestres pour nous porter jusque dans le ciel, à l'abri des orages de la vie présente. Toutes les joies de la terre ne sont qu'un pur néant, de vains fautûmea, et de grossières illusions. Si nos trois malheureux frères qui viennent de mourir sous nos yeux avaient pris. pour garder les commandements de Dieu, seulement la dixième partie de la


peine qa'Ha ae sont donnée pour vivra do ve!a et do Mgaada-' eaa. Ha suaient a~oard'nni dM hommoa honnêtes, heureux et considéfég, et leur aang n'aurait pas coulé sur eat horrible échafaud,

A leur an déplorable opposes te boN~ewr da l'homme qui ne a'M< jamais écarté du sentier de la justice, qui se gafde du mal, qui ve'.Hc, prie et travaille, QueUe d!<Mranoe) it vit heuMux et honoré da tous: Il trouve dans toutes ses peines des consolations assurées, et Dieu, qni veille sur toi, comme un père aur son enfant, ne le laisse jamais manquer des choses nécessaires à l'existence. Sa On cst douée et oaime c'est un sommeil heureux qui doit être suivi d'un réveil; il inollne sa tête sur roreiUer tranquille et s'endort dans io Seigneur. Méditez en veua-meme ee~ paissant contraste, et retenez ces paroles.

Cfaignea Dieu Gardez ses commandements 1 Veilles et priez, afin que vous ne succombiez pas à la tentation i a Aiastparta te vénéraNa prêtre; la foule, qui l'avait écouté avec une religieuse émotion, s'écouta en silence, profondément émue~ et saintement édifiée, tant du spectacte qn'eMe venait daiveir, que du discours qu'elle venait d'entendre.

XXX. SOtTB DB t.'HtSTO!t)E M! THtEHM.

Thierry «ait tombé malade en prison, quelques semaines avant la condamnation des trois brigands. Par ordonnance du médecin, on lui avait Me ses fers, on avait remplacé par un bon lit sa couchette de paille, et on lui avait prodigué tous les soins nécessaires à son état. Le médecin et le curé lui faisaient de fréquentes visites. Cependant il était seul presque toute la journée. Ni le soleil ai la lune ne versaient aucune


lumière dans son obscur cachot M ne voyait à travers les nohfa barreaux do ierque le mur g' ~'a d'un vieil odiBoe en ruines qui lui dérobait l'aspect du ciel, Les journées lui paraissaient terriblement longues, et il avait à passer des heures bien an)eres. U se trouvait de plus dans une aN'reusa ineortttudo sut son avenir il no savait pas s'il aurait la tête tranchée comme les autres, ou si, en faveur de son Age, on lui ferait grâce de la vie de sorte qu'il était incessamment batiotté entre l'esperance et la crainte, entre !a vie et la mort.

Le matin du jour où tes trois brigands connurent leur sentence, Thierry s'aperçut bien qu'il se passait quelque chose d'extraordinaire dans la prison. Au silence do mort qui r<Sgnait ordinairement dans ce vieil et sombre ëdiNoo, succédait le bruit des pas de plusieurs hommes tes portes s'ouvtatent et se fermaient avec violence, un cliquetis d'armes et un bruit de chaînes ébranlaient les ventes retentissants. Lorsque Robert, le serviteur du geôlier, vint a midi dans son cachot, Thierry lui demanda la cause do ce mouvement extraordinaire.

Puisque cela t'inquiète, lui répondit cet homme, que ses tristes fouctions avaient rendu insensible et dur, c'(.st aujourd'hui que tes trois camarades vont entendre la lecture de leur arrêt de mort samedi prochain, ils auront la teto coupée, et c'est un fàcheux contre-temps pour nous que tu sois tombé malade, car tu aurais été de la fcte et nous en aurions uni d'un seul coup. Mais maintenant, grâce à ta belle maladie, il faudra nous y prendre à deux fois.

Il sortit, et ferma la porte avec un air de mauvaise humeur.

Thierry fut tellement enrayé de ces paroles qu'il se mit à trembler de tout son corps. Chaque bruit de pas qui arrivait {usqu'à son oreille le faisait frissonner, chaque porte qu'il entendait ouvrir le glaçait de terreur. Quand, le matin du jour où ses complices devaient être menés à l'échafaud, la grosse


oloohe ai entendre soa glas funèbre, Il tomba dana une angoisse mortelle mata bientôt la frayeur marna lui donna des t~roos: quoique malade, 11 se jeta en bas du lit et s'habilla. Tremblant et hors de lui, il "< rait de la porte à la fenêtre, et de la fenêtre à la porte, po r ~co.tter. Le bruit de la foule qui sa praoipMa!t vers le MeM ~!oe, le roulement sourd des chariots, te aon du tambour qui aaaonoait l'arrivée des soldata. venaient jusqu'à lui, dans son cachot. Le malheureux se jeta sur son Mt tout éperdu. Tout-a-ooup. la porte s'ouvre avao ~totenoe: le terrible Robert paraît avec un autre valet do la prison, et tut dit:

Suis-nous, à l'instant.

Thierry se crût perdu cette fois. No connaissant point les formalités de la justice criminelle, il ne douta pas qu'on ne voûtât le conduire a i'ëcha<aud pour lui trancher la tête. C'était une fausse crainte, car il e'agisMit seulement d'exécuter une disposition de sa sentence qu'il ne connaissait pas encore, et qui le condamnait à assister au supplice de ses trois compagnons.

-Au nom du ciel, s'coria-t-il, que me voulez-vous? C'est ce que tu sauras bientôt, répondit Robet t. Ces deux hommes le saisirent violemment et le traînèrent dans une maison de la ville. On le fit entrer dans une grande salle à fenêtres élevées. Plusieurs belles dames étaient assises sur le balcon avec leurs enfants.

Place cria Robert, nous amenons Thierry, le quatrième de ces coupe-jarrets.

Chacun se retourne aussitôt pour voir le misérable, on le regarde un instant, puis on se remet à la fenêtre.

Les deux valets conduisirent Thierry à une place réservée pour lui sur le balcon. L'éclat du jour et l'azur du ciel, la verdure des champs et des bois qu'il n'avait pas vus depuis si longtemps, l'éblouirent cet aspect le fit soupirer. Mais dès que ce premier trouble fut dissipé, son regard tomba sur la


toute jtnMombFaMa rassemblée sous les teaetres: il Maoonut sea ami Raymond et ses deux compMoea qu'on menait & mort. H 6e mit à trembler de tons ses membres. Bientôt il vit Waller monter sur l'échafaud, le glaive étinoeler dans l'air, la teto tomber, et te sangjaiûir à flots,

JeMo Marie a'éoria-t-il.

Puis It trembla plus fort et ferma les yeux pour ne pas voir l'exécution des deux MOtrea brigands. On le Ct rester encore pour entendre le discours du prêtre, et on le ramena plus mort que vif dans aon cachot.

Depuis lors, Thierry tomba dans te plus tristo abattement. Dans la veille et dans ses rêves il avaMtoujoura devant toa yeux le glaive de la justioe et les têtes coupées. Mais au fond il n'était pas devenu moilteur; l'amour do Dieu et de aotra SeieaeurJësus-Chriat n'avait point encore puriOe son âme. n n'avait qu'un désir, celui d'échapper a la mort des eoélérats, t quand it eut appris par la femme du geOUer, qui de temps en temps le visitait, qu'on ne ie ferait pas mourir, mais qu'on le garderait aeutement quelques années daaa une maison de correction, il sentit son coeur soulagé d'un grand poids; it reprit son insouciance et sa légèreté habituelles, it ne pensaplus qu'à la tnaniôre dont il pourrait se tirer de prison, et à ce qu'il ferait au sortir de là.

Depuis quelque temps PridoUn avait été placé chez l'intendant des forets de Shint-GaU, afin d'occuper plus tard un emploi dans son administration. L'épouse de l'intendant, qui était une bonne et vertueuse femme, envoyait de temps en temps à Thierry quelques mets de sa table. Un jour, Fridolin fut chargé de lui porte!* un poulet cuit. Ii entra dans le cachot avec cette figure franche et ouverte qu'il avait toujours, et salua cordialement le jeune prisonnier. Mais Thierry prit en mauvaise part cet abord amical, et son mil jaloux ne put voir sans dépit le bel habit vert de Fridolin.

Cota te va bien vraiment de rire de mon malbeur, hii


<<))-<) avëo un sourire amer; tu M en Fadresso, avec ton maudit ohevreuit. de t'insinuer dans les bonnes grâcea do sa aeit;nenrie, ot ta fais l'homme d'importance, parce que tM es en partie )a cause do ma f'erte. C'est bon, je n'ai pas été honrona jusqu'ici, mais plus tard tout ira mieux pour moi. Ma môrt est assez riche pour me racheter de la pfts'm et me tataser, da plua, un bon héritage. Alors je M'aurai pas besoin da me mettra au service chez les autres et d'être comme toi teur très humble et très oMoteu& vatet.

Du reste, il mangea son poutet du meilleur appétit, sans penser la moias dn monde à remercier F(M~!in qui le lui avait apporté. Cotut-eiso retira très atfoctô da voir que Thierry n'avait rien gaguo du cOté des sentiments et des quaUtas du cciur.

Cependant la maladie du jeune prisonnier devint de jour en jour plus grave et prit enCn un caractère atannant le curô de Saint-Gall venait souvent passer quelques heures auprès de son lit. H l'exhortait d'une manière pressante à penser à Dieu, à ne pas se priver des mérites du sang Je notre Seigneur Jésus-Christ, et & éviter, par une conversion sincère, te malheur de la damnation eterncHe. Mais Thierry ne prenait pas assez a cœnr les paroles du digne prêtre. H donnait bien de temps en temps quelques signes de repentir it assura même une toisqu'it regrettait amèrement d'avoir mcpris6 les sages conseils de son père, et de n'avoir pas assez respecte sa mère. <'

Eh bieu 1 mon enfant, lui disait alors le bon curé, ce repentir est une bonne inspiration qu'il faut suivre et qui peut devenir pour toi le commencement du salut. Dis-moi, Thifn'y, pourquoi regrettes-tu d'avoir méprisé les conseils de tes parents?

Ah 1 pourquoi, reprit Thierry; parce que si je les avais suivis je serais aujourd'hui un habite serrurier et un riche bourgeois; au lieu que maintenant j'ai déjà langui tout une


année dans cette prison maudite. et ei j'at ta bonheur d'<~ sortir on bonne aauto 00 no sera que puur entra)* dans ~no maison de oorreotiou.

C'est ainsi qnoaon rppontir était tontcharnetet ne prenait sa aouroo que dans les inMrcts df la vie priante. Mais pour ça qui est des chuaaa spirhuctto~, de !« bcntt~ do Dieu, <!o l'amour do notre Sonneur qui a vouh) mou) h' pou)' le Mhtt d<'s hommes, U en avait pt'ojque cutiÈrenMut pefdM lo soMtimeut.

Un soir qMO !'eoot<!stnstiqnc sortait fort aftti~ do la chambre do Thierry, tu duMtMtiqoodo )a pt~on, Rubct't, tôt t)p))M))dtt oo qu'il pM)):)att do la petiot) du nt~tit'te. Th~rty, qui était fort curieux, s'oppracha do la po) te pour <!euuteF. Eh bien M. te c'nc, dit Hutto t. cuotment va co petit tMts6r)tbt8?n*ouscron!}-nonspas bk'ntût d~ban'asj~s? joauia las, jc vous l'avoue, d'ouvrit' et do fct'ttter sa pot'te. Mon ami, répondit te cure. Me soyez pas si dur à son <gard le Mtathcorous M'a plus que peu de jours à \'h')o t)uo C&vfe texte te e~mne ayez u)) pen de patience, et ue sonbaitex pas sa mort; elle vichdra bien aii~ex tût.

De la patience? reprit ttohett, t<wt te Otundo ne pont pas en avoir autant que vous, M. lu oue, surtout avec un pecheuf aussi opiniâtre que cetui- tt ne mer.te pas ce quo vous faites pour lui, et je crains que ce ne soit peines perdues. Pensez-vous donc qu'it suit diiipo~ à la pénitence uour .na. part, je ne le cruis guère.

–Hetas! mou ami, répondit l'ecclésiastique, je crains quo vous u'ayez raison la parole divine tombe dans te coeur de Thierry connue le grain de blé sur un terr.dn pierreux, où tes oiseaux du ciel viennent t'entêter a t'instant. Mënie. Jusqu'ici mes exhortations ont porté peu de f) nit, et j'avoue que ce matheureux me donne de sérieuses inquiétudes. Je craius qu'il ne meure pas en état de gnice.

-Eh bient alors, dit Robert, & voire place je ne me donne"


Mtapaa hmt <tepe!ae: poiaquotedroteveataMerea eaîw, qu'il y atile ai voua ni moi a'avoas rien à gagner ai & perdH) dans aatta auaira qu'il ao damne tout & aon atao et qw'U nou) débarrasse do aa peraonno.

Ne parloa paa aimi. répliqua !e bon cura ce jouno hommo a aussi une Am6 tmmortoMo, une Amo <teati))<!o & juttic do h vHe<)<)D!cudat)aiectetet & cootcmpteraaRtoit'e, uu milieu dos anges et dea sa)a<a Dieu 00 veut pas qu'eUa aott poyduo i! ja<!Mia. C'oat MH a<ï)'oux mathoor que do tomber coupable entro to!< oaixa du souvoMJM jugo. Priez plutôt pour qu'it ao coavoftt-iM.

Ma fol, dit Robert, si co dr0!o no devait brMer quo mille ans dans to Pm~atotrc, jo tronvera~ quo co n'est pas trop pour lui; maia quand jo ppnso qu'il s'agit do l'enfer et d'MttO oternite do so)t(t'ranoo~. alors jo frJ)nia d'horreur et N0 puis at'empochor d'avoir quoique pitié do lui, tout moohattt qu'il est.

Pendant cet entretlon le cœur do Thierry battait avec vtoteuae. Les rudes paroiM de Robert tirent plus d'impression sur lui quo les douces et bienveillantes exhortations du curé.

C'eu est donc fait 1 dit-il, je vais mourir, et t'enfer s'ouvrira pour me recevoir Uno seule aundo m'a paru bien longue en prison 1 Que serait-ce de mille ans & passer dans le Purgatoire! C'est p~M.tautco que m'a souhaite Robert; car cet homme dur et impitoyable a reouté devant l'idée du feu de l'enfer, du feu éternel i it n'a pas osé me souhaiter ce terrible chatimeEt. !t a eu raison; l'enfer est la perspective la plus effrayante que l'homme puisse se Ogurer.

Mais, continua-t-it, M. le curé est un excellent homme e! plein d'amitié pour moi. Jusqu'ici je n'ai pas tenu grand compte de ses paroles; je croyais qu'il ne me parlait ainsi que pour se conformer à l'usage et remplir les devoirs de son ministère mais aujourd'hui je vois que c'est vraiment dans mon


intérêt et poumon bien qa'tta'eat donné tant de peine. Je suis désolé de a'avoif paa été plus attentit & eea discours. H est le meiMeur des hommes et moi le plus eoupaMe. Là-dessus il se mit à répandre des larmes amerea, et ~aet~t de a'abaadMHMr onMeMment à hcond~tHe du bon curé. Le lendemain matin, loraquo l'eocMataaHqae revint sur la demande expresse du jeune prisonnier, il a'ape~nt d'abord qu'an grand changement s'était opéré dans Thierry. Le matado joignit aussitôt les mains et lui dit

M. to cure, apprenez-moi, je vous ea prie, ee que je dois taire pour mourir eu état de crAoo repatcz-moi eo que vous M'avei! déjà dit: cette fois je veux y faire attention. La curé s'assit plein de joio !t oOto do son itt. Thierry, les yeux attacMasurte vcneraMo prêtre, recevait avidement chacune do ses paroles. Pour la premiers fois ii put lui parler du fond du caour, parce qu'il vit que rame do son auditeur lui Mait enfin ouverte. Thierry fondit en larmes, confessa tous ses pêohés avec un repentir sincère et apprit avec nno joio ineBaNe que notre Suigneur Jësus-Christ était venu sur la terre pour sauver les pécheurs. Lorsque le curé so leva pou; partir, le prisonnier lui prit la main, ce qu'il n'avait jamais fait, la baisa, le remeroid en pleuraut, et le pria de revenir le plus tôt possible.

Quel bouheur, se dit-il ensuite, que Dieu ait institué dea prêtres qui ramènent un calme céteste dans l'Ame des péchettfsï Sans eux, les misérables comme mol Bepourfaitut ')'M tt'o'trirdans la ra::e et dans h' ')"m'


XXXÏ. tA MÈt)R PE TMEBn~

Députa !a disparition de Thierry, sa pauvre m&ro n'avait paf eu ua seul instant de repos. Mais, quand ella sut qu'il gëmis~ sait dans les prisons da Saint-Gatt avec trois brigands, cette aif'enso nouvelle pensa lui coûter ia vie. Et'o parUt aussitôt pour Saint-Gali. et, se jetant aus pieds du bailli, lui dit d'une voix déchirante

Au nom du ciel, jo donnerai tont co quo jo po~stdo, jo vendra! ma maison, jo mo reduirat, s'il lo faut, !a mendicité, mais sauvez mon fils, sauvez mou pauvre Thierry; vous seut pouvez m'accorder celle pface.

Le digne magistrat lui repondit

Co que ~ous me demandez est impossible, je no dois faire que mon devoir; jo vous plains. Madame, vous et votre Cts: mais quand des parents no prennent pas le soin de corriger eux-mêmes leurs enfants, il faut que ''autorité supplée à leur négligence et enferme dans une maison de force tes jeunes mauvais sujets qui, plus t.ud, deviendraient des hommes violeuts et insociables, ou même qu'elle emploie des remèdes ptus terribles encore, pour prévenir les maux qu'ils pourraient faire à la société. Epargner la verge à ses enfants, c'est les livrer au giaive du bourreau.

Telles furent les paroles du bailli. La malheureuse mère !ut demanda la faveur de voir au moins son Cis en prison mais le magistrat lui répondit qu'it fattait attendre que l'instruction f&t terminée elle reprit en pleurant le chemin de Waldingen, et peu s'en fallut qu'elle ne succombât à l'excès de sa douleur.

Thierry avait un vifdësirde revoir une demièMfMs sa mère


avant (le BKtwir. Il savait qu'ette était d~ja venue & Sfunt-GaM et qu'eMo avait demandé, mais en vain, à la visiter dans sa prison. Depuis ce temps ello n'avait point reparu dans Saint-OaU: cette c~'constanoa faisait beaucoup do peine à Thierry,

~c ne oonçois pas, disait- au cure, qoe ma mcro no soit ~as vc.'to me vo;r une souto fui~, dcpnis si lon~emp~ que jo jis tnatade snos duutejo no tn~rita p!t'i qu'otto so donne tant io peine; mi'id elle a tonjotu'a ct<! si buouo et si tomh'o )M&M, que je ne crois pas qu'uUe pMi.i:iO m'abaudunucr ait~i au dernier moment.

Tamoro a tonjooMtomOmocœurpt JamCntOtondte~so pour toi, mon entant, reprit recct~siastiqne mais ta po<iHou lui a causé tant de peino qu'cUc est est tombée malade, et maintenant e!!o no peut ptn:! quincr son lit. Eu apprenait que tu étais malade aussi de ton cùtJ, la pauvto femmo s'ext ëoriee

Hetas mon Cts et moi, nous no nous reverrons plus dans ce monde Dieu nuus accorde au tnoius la joie do nous retrouver dans Fautro vie 1

Uu jour que le pauvre matado gisait tristement sur son lit en pensant à sa mère, la porte couvrit tout-a-coup et il la vit entrer dans sa chambre. Mais il put peine la reconnuttro ette avait considérablement vieilli depuis qu'il l'avait qutUce elle était pâle et maigre; ses yeux étaient rouges et creusés par les larmes. En voyant t'air mHerabte et la maigreur do son fils, etto joignit les mains et demeura comme pétrifiée. Mon pauvre enfant, s'ecria-t-otte, mon pauvre Thierry Le saisissement et t'emoHon no lui permirent pas d'en dire davantage; elle ne put que gémir etptenrer. Thierry se souleva sur son lit de douleur et lui tendit tes bras. Bonne et tendre mère, lui dit-il, vous venez donc mo voirt vous n'avez pas oublié votre Thierry. Jo ne mérite pas une bonté si grande. Je vous ai causé bien des peines, je vous


ai conte Meu des larmes, vos yeux me le disent, et fat fait blanohir vos cheveux avant !a temps. Oh pardonnez-mo!, je vous en conjure, Si voua saviez comme jo Ma repens do met fautes, et comme jo wo reprooho les doulours que je voM ai causées, voua a'hesiteries paa, j'en auia sur, à me pardonner.

La pauvre mère qui, malgré son état de maladie, était venue fort vite. ar~it a potno ta fo:'co de se soutentr; eUe se jeta sur la chaise qui so trouvait près du lit do sou fils. Thierry lui prtt ta maitt, et un torrent <te tanMM conta lo tottg de ses joues ptUcs.

Ah s'Cfria-t-H en <!xant sur clle un rcgat'j plein de tnstesso, pourrez-vous me piu'donuer?

Cher enfant, hd répondit sa more, je suis plus coupable que tôt c'est ma MMc~o et ma mutte indutsenco qui t'out pod') oui, c'est ptotot moi qui suia la seu!e coupable. Non, non, cria Thierry, toute la faute est à moi. Vous ne sa'oz pas combien j'étais mauvais et corrompu. Jo vous ai tuujottt's abuaco par mes mi~nson~e~ j'étais ptciu do ruse et de tbxrbet'M. mai~ ce x'a uto qxe pour mo perdre. Cependant, croyex-moi, je détecte aujourd'hui ma t'MvcMite, je pleure jour et ut~t sur mes f.mtes et j'imptore la mi~erict'rJe de mon divin Sauveur. Hctas je me &ui<) rendu bien malheureux par ma faute. C~r ce u'cst pas seulement eu prison que j'ai souffert, mais tout le temps que j'ai passé dans les bois n'a été qu'un long supplice. Mes matheur$ ne seraient rien pourtaut s'its n'avaient pas empoisouud votre vie. J'espère du moins que Dieu ne sera pas impitoyable, et qu'un Strt plus heureux uous est r<~erv<5 pour t'autre vie. M. le curé m'a représenta aoua des couteuM bien vh es le bonheur des élus; mais il faut que vous l'entendiez lui-môme, car je ne saurais vous rendre ses paroles comme il me les a dites.

A ces mots, le malheureux retomba sans force sur son lit; il soupira profondément et ferma les yeux.


t.e médecin de la prison entra en ce moment H <a<alo poala de Thierry, haussa loa épanloa, et sortit sana tien ordouN&r de nouveau. La mère courut apre~ lui jusque la porte et ht! dit

Peoscx-voas, M. le docteur, que mon Ch se relève do cette maladie ? p

La mëdeoia fit ua mouvement de tête qui voulait dira Xoa.

Je 8!)<8 Men, oonUnwa la pauvre mère, qu'étant on npp)'ett)isss~a chez un serrurier, il se ifvitit trop tôt et que rapdeur da la forge lui faisait beaucoup de mut: ocst ta sans doute qH' jeune eucoM< il a pris to gMMO de sa taa!adio aetue!)e.

Le médecin secoua de nouveau la tCtc et répondit La travail tMa moins do monde qna Foisiveta.

–Ensuite, continua la mero.ia viequ'itamenëo dans les bois. le froid, t'huxtiditc. dont il d& cmeUemeut aoumtr, ont achevé de ruiner son temperamment.

Ce genre do vie, quand il n'est pas porte trop loin, foftiue h) aanté, reprit le docteur; cou'c~tpoiuH&uouplust&wed-. table cause de sa uialadie.

Mais le r<?guue affreux de la pr!sou, a'êcria-t-eHe. San!; doute, c'est quelque chose, ajouta le médecin mais je m'étonne que vous soyez encore a demander co qui a pu ruiner à ce point la santé de votre fils. Les fautes qui l'ont fait mettre en prison ne sont pas ses plus grandes fautes il a fait le mal en secret, n'ayant que Dieu pour témoin d'un crime par lequel il s'est rendu en quelque sorte homicide de tui-môme.

Des que le médecin fut parti, Ffidolin entra, portant une petite soupière d'etain fort brillante, avec uu couvercle du même métat. Il avait un élégant habit vert orné d'une broderie d'argent qui lui allait à M';rveitle.


Bonjoap, TMoNy, dit-il d'un ton arnica!, ~e t'apporte excellent bouillon.

Thierry, dont l'âme était dosonaaia exempte de haine et d'envie, le remercia très aMeotueuaoment. 8a mère vit aveo Me accota admiration ce gracieux jeune homme à la belle theveture blonde et aux joues roses mais quand ses regards oe reportèrent sur son propre enfant el pAle et at décharné, elle soupira profondément et no put retenir ses larmes. Ma que Fr!doMn se fut ret!rë, Thierry dit à aa mère –Joaata Mon ce qui voua afOige vouadttca on vous-même St mon Thierry avait été pieux et aaso, s'it ont mend une vie pure et sans reproche, il aur~K maintenant la g<td, la bonne humeur, la fraîcheur et la beauté de Fridolin.

–Hetas t oui, mon enfant, reprit la mère, et on a raison ce dire que le premier des biens eu ce monde, o'eat une âme pure.

Cette tendre mère pr!a!o bailli do lui faire préparer un togement anaisant pour eMo et aon B!s, aNa de pouvoir lui donner jour et nuit les soins que reotamait aa position; aa demande lui fut accordée. Le curé venait toua les jours à la prison. La mère lui raconta la douleur que lui avaient causée la fuite de son fils et sa liaison avec les vcteura elle lui dit combien elle avait répandu de larmes sur la perte de aon entant, et combien eMe avait prié pour obtenir de Dieu le salut de son âme. On peut bien voua dire aujourd'hui, Madame, lui répon. dit recctéaiasHque, ce qu'un pieux évêque disait autrefois à la mère de saint AuBuaUn n n'est pas possible qu'un entant pour qui on a offert aDieu tant de larmes et de prières ne soit pas sauvé. C'est ce que nous voyons de nos yeux. Vos larmes, vos prières, n'exempteront pas sans doute votre nts des peines temporelles; mais j'espère qu'eltes le sauveront de la mort éternelle, qui est beaucoup plus à craindre. Thierry dépérissait de jour en jour. Sa mère ne le quittait plus; nuit et jour assise au pied de son Ut, elle lui faisait quel-


que teoture, le oonsotatt et M prodiguait les plus tea~rea soins. La pauvre femme avait toajouN tes yeux mouHMs do larmes.

Chère et bonne mère, lui disait Thierry, je voua donna bien du !!)at;qae teSateaeurvoua~cMnpeNsa eommavoua tomëritez! 1

H6taa! f6pom!a!t-e!!o. mes soins ~tettaenUMpta~! ils t'auraient mtaux servi dana tes jeunes années! mats le mal est irréparable, Puisse le Seigneur me pardonnor mes fautes et mo donner une houreuso mort. Puisse notre malheur apprendre aux parents & bien ~tever leur jeune fautitte, et tamener dans la bonne vole les enfants qui s'égarent eomme des brebis sans pasteur t

Ainsi soit-il, dit Thierry d'une voix faible.

Ce fut sa dernière parole quelques moments aprôs it était passé de cette vie dans l'autre.

Sa pauvre mère lui survécut & peine une année la douleur abrégea ses jours. Comme elle ne laissait après elle que d''a parents éloignés et riches par cux-m<mos, e110 légua presque toute sa fortune à l'hospice des orphelins de WaMingen. Car, disait-elle & son lit de mort, puisque j'ai eu le malheur de nég!iger l'éducation de mon fils, je dois au moins faire ce que je puis pour que d'autres enfants soient mieux é!evës.

XXXIL BONaMB m MMDOt.M.

Fridolin, habitué au travail dès sa plus tendre enfance, «ait retif et infatigable chaque jour, il aHait dans les bois avec l'intendant forestier et apprenait à connattre, non-seniement .es grands arbres, mais encore les arbrisseaus et les principa-< plantes. H en prenait les feuilles et tes Ceura, les faisait


< sécher, pa!9 tes collait sur du papier, en écrivant leurs noma, de sorte qu'il eut bientôt une oolleotion très riche et très owflouse. U s'appliquait aussi à distinguer les diverses sortes d'insootes', surtout ceux qui nuisent aux arbres, Il se lit une ëoriture très bo)!e et très lisible. et se perfectionna dans l'arpentage et dans le caloul: il apprit n)6me la dea~n, et un peu de peinture il desstxatt les branches, les feuilles et les Oeura des arbres puis, à ses moments perdus, 11 les coloriait d'une manière fort agreaMe. M. de Finkenstein avait un grand nombre de beaux ouvraeps sur tontes les parties de t'administrattoa forestière; n les prêtait ait laborieux F)ido)it), qui souvent passait uno partie des nuits à les lire, à en extraire les passages les plus remarquables, à en copier les pt'M boUes gravures. Co jeune homme possédait ainsi des connaissances rares pour son âge, mais il n'en faisait point vanité; c'était le jeune homme le plus modeste que l'on pût voir. Sa pict< foa ardeur infatigable au travaU le carnntirent do tous les dangera do Ja jeunesse. Ces brillants avantages l'exposaient sans doute à bien des séductions, mais il savait les mépriser il était en toute chose uu modôte do sagesse et de vertu. Tandis que ceux de son Age étaient dans les cafés à boire, à jouer, à chanter do mauvaises chansons, lui re-itait dans sa chambre, assis à son bureau, et trouvait infiniment plus de plaisir dans ses utiles occupations. Le forestier, à qui son grand âge ne laissait plua l'activité nécessaire pour ses fonctions, s'en reposait entièrement sur Fridolin; il l'aimait beaucoup et l'appelait son bras droit la femme du forestier, qui n'avait point d'enfants, la chérissait commf' s'il eut été son propre fils.

Quand le jeune Frédéric fut en âge de faire ses hautes études, M. de Finkenstein lui donna Fridolin pour valet de chambre, persuade que sa prudence et sa gravité servirai<!nt à tem) pérer la fougue et la vivacité de son jeune maître. Il avait d'ailleurs un autre but il voulait donner au jeune forrestier l'occasion de suivre un cours de botanique et d'acquérir diverses


connaissances propres & aon état. Fridolin se livra avec apdeur a ces études, et suivit les cours avec le plus grand sueoes; H disait souvent

Pour rien au monde je ne voudrais négliger une si belle oooasion d'apprendre c'est maintenant pour moi le temps do semer; si je ne sème pas dans la jeunesse, il est sûr quaje ao moissonnerai pas dans un âge plus avança.

Quand le jeune Frédéric eut achevé ses études avec honneur, il fit quelques voyages dans lesquels FridoUn raccompagna en qualité de chaleur. Mais il était moins le serviteur que le compagnon et l'ami de son maître; il lui donnait souvent de salutaires conseils, qu*) le jeune comte ne manquait jamais de suivre; il veillait sur lui, et le préservait des dangers auxquels son âge pouvait l'exposer. Un soir, dans une société nombreuse de jeunes gentili-hommes, son maare eut une querelle avec l'un d'eux, pour une bagatelle il eut soin de ménager extrêmement son adversaire et de ne lui adresser aucune parole blessante: mais l'autre n'en devint que plus insolent, et, après beaucoup d'injures, il finit par lui proposer le sabre ou le pistolet. Tous les assistants jugèrent que Frédérie no podvait pas refuser le cartel sans se déshonorer. Le jeune baron allait céder à la colère mais tout-a-coup Fi'idoiin, qui se tenait debout derrière sa chaise, lui cria

Pensez à WaUer 1 t

Frappé de cette parole, Frédéric garda le silence. Tu as raison, dit-il entin je veux dormir sur cette injure, et prendre le temps de réOëchir si l'honneur bien entendM me fait un devoir de me battre pour rien au monde je ne voudrais commettre l'imprudence et m'attirer le malheur de l'infortuné Waller.

Quel est donc ce WaUer dont tu parles? demandèrent ces jeunes gens; quelle imprudence a-t-il commuse, et quel est son malheur? r


Raconte son histoire & OM Messieurs. Fridolin, fepdt Frédéric je ne suis pas assez oahae pourle faire.

Fridotin mit dans ce récit beaucoup de chaleur et da pathétique toute la compagnie t'écouta avec un vif intérêt; plusieurs avaient les larmes aux yeux, et tous plaignaient sincèrement le malheureux Wailer, jeune homme d'une si grand'; espérance.

Qu'il me soit permis, dit-il en unissant, de rappeler i< les réuexions que M. de Finkenstein, père de M. te baron, a faites devant moi sur cette histoire déplorable Les duels, disait cet homme plein de sagesse, sont expressément défendus par les lois; nul bon citoyen, mais surtout nul gentil* homme, ne doit croire que son honneur l'oblige à violer tM lois. Ce serait, en effet, uu étrange malheur pour uu homme de condition que le premier spadassin venu, son égal par t~ naissance, pût t'obliger a joue~ sa tô!e contre la sienne au moyen des injures qu'il lui aurait Utcs. Ni te provocateur ni le provoque n'ont le droit de disposer ainsi de leur vie;eiie appartient a leurs pareut~. à la patrie, au souverain il y aurait crime a mëootmaMro ainsi leurs droits, et a détruire leurs espérances ce serait une foiie d'accepter un combat où vainqueur et vaincu n'ont rien à gagner et tout & perdre; car il n'y a que des blessures ou la mort pour le vaincu, et le vainqueur n'a d'autre ressource que de fuir son pays, s'il veut se soustraire aux peines portées par les lois. Le mieux qu'un jeune homme puisse faire, avant de s'engager dans un combat de ce genre, c'est de consulter un homme sage, et de savoir si réellement l'honneur veut que deux amis aillent se mettre eu 'ace l'un de l'autre pour quelques paroles prononcées dans la colère ou dans le vin, et si, avec un peu de raison et de bonne volonté, il ne serait pas facile d'arranger l'aSaire à la satisfaction des deux parties.

A. ces derniers mots, le jeune baron qui s'était permis contre Frédéric des paroles outràgeantes, et l'avait provoqué


en duel, s'empressa do lui faira des exousea devant toute la compagnie tes deux amis s'embrassèrent avec émotion, a !a grando joio des assistants. Un jeune comte, qui donnait le ton à la société et avait soutenu le premier que Ft'a~erio devalt aller sur le terrain, fut aussi le premier à dire Bravo 1 cela vaut mieux.

Il demanda quelques bouteilles de Bourgogne, remplit les verres, et s'ëcria

Buvons a la concorde, à l'union fraternelle! que !e vin oo'<!e & la suite do nos petits douons, mais jamais le sang i En rentrant dans sa chambre, Frédéric embrasa Fridolio, et lui dit

Tu as été aujourd'hui mon bon anga tu m'as épargné un grand matheur, ainsi qu'& mes parents. Je n'oublierai jamais le service que tu m'as rendu.

Frédéric acheva heureusement ses voyages, et bientôt, riche de connaissances, parf:tUftnent instruit, mais exempt des vices dont le grand munJe c~t malheureusement r~cote, il revint auprès de ses parents, que sou retour combla de la ptus douce joie. Le père ettamere deFridui'n no turent pas moins heureux en revoyant leur fils ptein do grâce et do sauté: ces braves gens versèrent de douées larmes, et le vieux Nicolas dit en le pressant sur son cœur

Je ne suis qu'un pauvre diabto sans fortune mais le bonheur do M. de Finkenstein ne saurait être plus grand que le mien; je ne donnerais pas pour sa belle seigneurie, ni pour tous les trésors du monde, la douce joie que j'éprouve en et n'ornent. La satisfaction que donnent des enfants bien étevés est la plus pure et la plus vive qu'un homme puisse goùler su! la terre; celle-là du moins est commune à tous les rangs; i pauvres et riches peuvent en jouir également et au mémo degré.

Frédéric ne pouvait assez vanter le zèle et la prudence <1e Fridolin il raconta comment il l'avait tiré d'un grand péril,


lors de la q~McXo dont nous avons parMptws a&at. M. de Finbenstt-h) apprit ces détails avec phl~ir, et no fut pas moins charma daa ocrtifloata honorahlea que FrMo!ia avait rapportes avec lui de l'université, Ce jeûna homme continua da rester aa château, non plu< comme domestique, mais en qualité da seorctaire intime. Quand )o t~mp;! était beau, M. de Flukensteia montait à chevat et visitait a<-ec lui se&boi<); les jours do phtto étaient oot)<<aat'<}~ au traçait d)' cabinet. Le jpuue baron travaiXait ot'di))ai)C)net)t avec eux car. quoique la juri~pru-' dcnce put ~t'~ sa Rfincipato ctode. U entendait aussi fort bien J'admini~tration (u~tifM n)ats sM eounais~auees dana oetto partie notaient t~'n eu co)Up:u'ai::ou de ccUM de FrUolio, qui parfois etonuaieut M. do Fiokou-.teiit iui-wôtne. Deux an~ après le retour lie t-') idotin, le vieux forcatier do Saint-Gall mourut. M. de t'itikcttsit'iu (!t anssitut appetor son jeune secrétaire, et lui donna le diplôme do forestier, Fridolin ne pouvait en croire ses yeux.

Monseigneur, s'ëerfa-t-i) avec émotion, je sais sans douto apprécier comme je le dois la conHance dont vous m'honorez mais le ptus ancien de vos furestiers espère cette place pour lui-même, et je ne voudrais pas nuire à i'avaaeemout do ce brave homme.

Je connais ta modestie, répondit M. de Finkonstein; mais tous mes forestiers conviennent que tu en sais plus qu'eux, et te cèdent volontiers la place. Quant au brave homme dont tu ~e parles, je ferai en sorte qu'il n'aura pas lieu de se plaindre i M autres aussi seront contents de moi, Je pense, ea ce mo-' tent, à augmenter le produit de mes forets, qui sont ma pr :npale branche de revenus; tu es l'homme dont j'ai besoin pour cela. D'aitleurs je te dois beaucoup pour les services quo iu as rendus à mon Ois je désire seulement qu'il trouve en toi le même zèle quand je lui aurai cédé mes biens, ce que je dois faire avant qu'il soit longtemps.

FridoUn courut aussitôt à Haaelbach montrer à ses parenta


aoa diplôme de tbraaUer. Ces bravos gens auront tout étonrdta do ce bonheur et veraerent des tarmea do joie. !<a eussent ragardé comme une fortune que lour Ota, qui jusqu'atora n'avait M quo simple domestique, obllnt la dernière place do forestier; mals !e voir intendant des forêts, c'était un boxbeur qui dépassait tous leurs vœux et toutes teMra eapëraocoa. Ha Fomerotôrent le Soigneur de leur avoir donR~ un to! fils, et direat à FtidoUa qu'it était la oonaotaUoa et la couronne de leur vieHtesso. 11 tea pt'ia do quitter tour pauvre cabane et do venir habiter la be)!f< et spauicuso maison qui lui appartenait cotnnto forestier, pour tontr son tn~naga il voulut, do ptus, lour abandonner ses appotatemon'a, et no !our demander que son entretien. Les braver eo'~ y oonsentirent et ils vcenrent on8o)))b!u dans la plus heureuse union, Nicolas et Marguerite se disaient souvent l'un à l'autre

Il u'y a peMuano de ptus heureux que nous sur la terre.

Un soir, après souper, les deux bons vieillards et FddoUa causaient entre eux do leurs petites an'aires.

Mon cher FridoHa, dit Nicolas, ta mère est sur rage elle ne serait pas Mchoe de remettro le fardeau du ménage en de plus jeunes mains dis-moi, m'as-tu pas encore pense à lui donner une aide et & toi-même une compagne ? 'l -Je suis en règle à cet égard, dit Fridotin, j'ai même Mt son choix; mais la crainte que vous ue l'approuviez pas m'a empêche do vous en parler jusqu'à présent.

-Il nous serait pénible, mon enfant, d'avoir à te contrarier à cet égard mais, voyons, sur qui as-tu jeté les yeux? 'l Sur Elisabeth, la fille ainée du malheureux Raymond, reprit Fridolin a voix basse.

Elisabeth t s'écrièrent avec joie les dcuxvieillards. -Tu ne pouva! -~ieux choisir, mon enfant, dit Nicolas; c'est ce que nous a. désiré, mais sans en rien dire, de peur de forcer ton choix car des parents ne doivent jamais, &


mo!aa do oo! graves. acatrarter en parait eaa t'tnc~oation do leurs cahots. Pour ce qui est d'EHaaboth, la Ma~aap de aon père lui fait tort aux yeux do haauooup de geoa mais ceux qui en jugent ataai penseraient autrement a'its la eoatx~taaatent. 8oa p6M n'était point au fond un mâchant homme. et son repentir l'a bleu prouva d'aUtoMM, H M'& conttibM~i on tien à rëducatioB 'J8 aa Otto, qui doit tout & aon oMottoMto n&M. EHaaboth est une Ctta ytaimont plouso pottr !a modoalie, la douoour, t'hoon6ta~, t'aooMr du !rava<t. elle M'a point aa paMtUa avec t'aido do D;eu, tu ftfa~ aveo elle ua haMMux mari.

Fridolin so sentit sM'tfgd d'un grand poids en voy~t ta ptat~!? quo 0o choix oat~att a sas paronts. tMs to tendonatn matin il lit part do 8'<s tntcutt~ns à M. do Fitthenstei)), et t«t demanda la pQFMiss!on d'opomep EUsaboth. Assm'o du consentement de ses paronO, il cMt~natt moins que to cotnto no lui refusât le sien, ou du nMtn3 Mo vK avoo quetqao sor)e do répugnnnoe to mariage do t'un do ses principaux employds avec la Btto d'un honttao <)5cute pour soa crimes. Je sais bien, Monseigneur, dit-it, que je serai Mam6 par bt'nucoupdepeMouaes; mais je sais auMt que votre soigneut iH no regardera que le ibud des choses, aaas a'arfater aus w['('!tMuees.

M. de Pinkenatetn approuva hautement le choix de Fri:in; it Bt des vœux pour soa bonheur, et lui dit avec t!)ntié

Sots tranquHte, je veux être de ion martage aveo toute mt ami)te nous serons à l'église, nous serons au repas de noce, :t nous montrerons à tous, par notre pf~jenee, que te mérite t ta vertu d'Ettsabeth passent à nos yeux devant toute autre < onstdéMtion. Elle n'est point coupable des crimes de son t'ere quant à elle, on ne peut nier qu'elle ne soit une jeune personne accomplie.

Cela est vrai. ajouta madame de Finkenstein, qui était


présente à cet entretien. Elisabeth est la perle dea Jounes Bilea, et Ffidotin sa fait honneur à tni-mema au aaohaut re" eonnattro fon mérite pour lapMte, la tnoda~tie, dwcew, Elisabeth n'a paa sa pareillo daus l'et-~duo de noa dcm)a!ne9. 11 est rare do la voir hors da cheK elle aiUeun qu'~ t'~sû~e, où elle édifie tout ta tnundo par son teotwinomeut. Souvent aa voe a pmduit su) moi n)))(UMston !a ptua sahttidt'o pondant ta saint saoi~eo du )a mef~e. Etto est phhta d'amour ot de raspeut puorson pxccUento n)~)c, et tr.tvaitto jour et nuit pour Muut) h' s«n i))t(!teM:<tt!o <.):ni)tc. Je n'ai J!t)n)tia vit do jexna Btte ptm h'uxbto et )'))~ tnudt~te. SMO~ duuto, t'ir~usto mopria et ht pam n'M (titi p~jit-xt sur ~ttc dc['uis sot) exhmoe ont sorvt beaucut'p & lui iuat'hfr cette h(U))im<S, cetto sagesso et cet amour du havait: ucda ttous ~vum qu« Dieu so sert dos afOtctiuh!i et des Maux po'u' i<HHMr tc~ homoea à la vertu. Fndutih ttc peut txantp'er d'~tro houreax avec ~M toHo femme; ju tem' touhuite & tuus lea deux ta bt'tthcur dont ils sont dignes à touii ~ttidii, et je tMo ferai t)M plaisir d'asiiistor & leur noce.

Jusqu'alors Ffidotin n'avait découvert ses intentions nt & la mère ut a ta MUe, parce <)u'it voulait obtenir, avutti tout, l'approbation do ses pateuts et t'ogt cmcnt du baron car il eût regardé comme uu crime de faira naKre de fautes espérances dans le emur d'une vierge. Tranquiiie & cet e~ard, et sûr des iutentions d'Eii-abeth, il se rendit aussitôt chez Marianne, pour lui lemander ta main do sa fille. Cette proposittOH fut accueillie )veo des larmes de joie ta mère M réjouit du bonheur iues~erë qui s'apprêtait pour sa fille après tant d'années de souffrance et de malheur Elisabeth se sentit doublement heureuse en pensant que sa mère, qui avait passé les plus belles années de sa vie dans le deuil et dans les larmes, trouverait au moins dans ce mariage une consolation pour sa vieillesse. Chère enfant, dit Marianne, c'est ton amour filial que Dieu


fcOMnpMaé; veut, en ma Mnd'mt t'hunncnret la joie, m'ludeMMisor do mes longnei' douleurs.

ï~ vioille tante GertfMdo M tranapMtea do pMair &ta nonveMo do co mariage.

Eufin, a'ecria-t-eUo, yhMaew nous est Mnda aprea tant d'opprobras 1

E)!o courut aussitôt conter !a c~oso & toutes sos bonncs omtcs et taur nnnon~ pompeusement qua son aimable nt&eo n))ait ~poxaop FfMo!)n Werner. riotendant forestter du tr&s puta~aut seigneur do Fiokonstoin. Cotte ttouvetta M9 ftt pas inCuimcMt de ptaf~ir & quot-tues-unes do ses amies, surtout & oot!o3 qui avaient des filles en «go d'etro MarMea tea jeunes poMOttucs ao e<Mnprcn<))cnt pas MOH ptus ootument un homtao qui avatt un at beau tfaHemeot ot qui pouvait porter si haut ses esp(haHC<8, cuoscMtait à pt'endfo pour femme une Otto pauvre et méprisée. Ce mariage leur semblait une enigmo inexpticabte aussi ponsait-ox gCNeratentcnt que la noce uo tcraM pas btHtauto mais quand on sut que DI. do FinkeMStein et sa fanuttc devaient l'honorer do leur pt'usence, tous les invttes se renditext de bonne HfAcc, et cessèrent do trouver to taarh~o rMicnte. li y cttt tant do momto & la bénédiction uupthde. que t'cj;t'se 'te put contenir une si grando foute. Etisabeth se rcn<)it d ia vieitte et !));).?))i<iqno egtoc de SaintCat), enrobe de tatteU's vert, et lc hont ceint d'une couronne do roses Hanche- Qtt.md on ta vit si b~'i)t\ si pnrc, si pleine de douceur et de mode~ie, s'approcher de t'a'jtet te front couvert ')'une aimable to"ëenr, et se ![<eHtc a {;<onx à cûte do Fridotin, qui M'était pas moins ronarqttaMo par la béante do cou viage, ta nobte~o de ses nMi'io es et t'eeiat de son costume brode d'or, cet intc-re~sant spectacle fit faire & plusieurs assistants un retour sur le passe.

H y a vin.;t ans, se disaient-ils, nous avons vu Raymond et Marianne au pied de cet autel. Ou disait alors qu'il était impossible de trouver un ptns beau coontf, fttM's vantaient


tewbonnoup cependant ee mariage no M point hemeaXt papoo que les deux époux avatar bien la mémo beauté. mata non pas la momo sagesse. Aujourd'hui tes deux marias sont !gaux en vertu comme Ha ta sont en beauté leur union ao ~aut donc manquer d'être heureuse car la pieté véritable et a vertu pouveut soutes assurer notre bonheur, et nous pré~ner des petnoa et des chagrins qui se renoontrent tnOmo tana les plus heureux maFlagca elles seules peuvent nous lunner eo eatmc h'aMëfabte, oa contentement intërteur, cette ~tiottd parfaite quJ. Ho s'ëvanoutt point avec Mgo at survit aux ;f~eca de la jeunaaso.

Le curé da Sa!nt-0a! v~n~raNe vieillard à cheveux blancs, avait connu F<idf!ia tout jeune, et l'avait vu souvent rêvent? de la forêt avec une charge de bois sur sa toto il se rappel aussi la soirée ou Elisabeth, pauvre et misérable orlibeline, wait fait ses adieux à son pore, qui devait mourir !o lendemain. Ces souvenirs t'émurent profondement, et it sentit coûter ses larmes en voyant devant lui, au pied do l'autel, ces jeux mêmes enfants (Iont la bénédiction divine allait Rdre un couple heureux et honore. Avant do les unir, it prononça une rourte allocution dans taquotte it évita soigneusement de rap:'eier en rien la mort déplorable du père de la mariée it prit i-on texte dans la vie même des jeunes époux, et fit voir par leur exempte quels *!ont tes avantages d'une bonne éducation, tu premier <hM biens qne des parents vertueux et sages puisMut (aidera à leurs enfants. Entre autres belles pensées dont il sema son aUucuUu)). )s'< suivantes surtout tirent impression sur l'esprit des auditema.

Une bonne éducation, disait-il, est comme un arbre e\ceMent qui porte les nuits de la vie présente et de la vie future. Des parents éclairés doivent savoir que c'est là le plus bel héritage qu'ils paissent laisser à leurs enfants. Un enfant pauvre, mais élevé dans la crainte du Seigneur, dans ta piété. dans la ve.~u, se portera nécessairement au bien, et deviendra


wa homme utile et cher à ses semblables !a jeune tlile la ptua pauvre, pow peu qu'elle soit riche do vertus. na manquera jamais da s'eiabtir avec honneur et do trouver la félicite dana 80n ménage. La piété, la vertu, la pureta des mœurs. MM réputation sans taohe, une jeunesse passée dans nnaooeooe, voilà les ptamteM bteMs qu'noo femme puisse apposer ea dot A son marl; c'est oo capital sûr qui produit chaque année des intérêts inoatOMtaMea. La couronne du mariage est pour les lounos SMea modestes et vertueuses la tëoompooso que reooiveut ici-bas rtonooenoo et !a modestie mais un prix pios noble, une couronne plus glorieuse et plus durable leur août ~serves dans io oiel,

Tous les assistants furent touches de ce discours, et couvlnrent au fond de leur cmur que le bon prêtre avait raison. Lea vieux et respectables parents do FfMoMn versaient dos larmes d'atteadrissement la more d'Elisabeth pleurait aussi; mais une secrète amertume so moiaita sa joie la pauvre femme pensait à rhomme qu'elle avait épousé vingt ans auparavant, dans la mémo église, au pied du mémo autel de sorte que, parmi ses larmes de joie, ity ~vait des larmes de douleur, et, parmi tes prières qu'eite adro-sait & Dieu pour te bonheur temporel de sa BMe, des priées pour te salut éternel de l'infortune Raymond. Elle remercia le Seigneur de la félicité inattcnduo qu'il tut envoyait sur ses derniers jours, et se cunsota par l'espérance que son mari ne serait pas ëtorueliement malheureux dans l'autre vie.

La noce se fit & l'auberge du Lion d'Or. M. de Finkenstein, son épouse et ses enfants l'honorèrent de tour présence les dummUques du château servirent a table en grande livrée mais le vieux Moutz, dont les cheveux étaient aussi blancs que la neige, fut placé parmi tes convives, ainsi que tous les forestiers et garde-chasses da la seigneurie, tous en habits de tête, avec leurs femmes et leurs Niles tous étaient joyeux, et ae sentaient extrêmement houorés de faire partie d'un repas


où M. de Ftnbouateia avait voulu assister lot-même. EMaaboth vit avec plaisir et <tt remarquer aux couvtvea que la baron, la baronne, Proderio et Louise étaient haMHet do vert. –Oni.MWoMraEUaabetI), dit en souriant M. do Fiulteuateio, nous avons choisi lo vert, parce que c'est la couleur de l'espérance. ot qua nous avons yesp~mnoo b!cn fondra do voir cette noce joyeuse suhto d'uno ullion fortunée. J'at d'atMeuM un autre motif da voit' av<'a plaisir la oou!eMp vorto dominer à cette Moco c'e~t une douco joio pour moi d'avoir & mes c(tMa r<!ttt)i~ a la Mûmo ti)b)o tou:i les fot'o~UcM et gat'dc-chaaaoa do mt's dtxoatnes et ~e suis sûr que la baMxne ëptouvo mémo s~i~tneHoK au M'iUou dos femmoa ot des OMoa do ces braves gcua.

Ces parûtes ot 1'atTahHHd du diono seigneur mirent à l'a!s& tous les convives il N'eat pas & so repentir de sa condescendance les entretiens joyeux qu'it lit Maître et qu'il sut animer ou s'y melaut, réjouirent ptua sou atno que tes mots nombreux et tes vit)S exquis dont la tabto était couverte.

Sur la du repAt, queiquos forestiers se Oteat stgno les uns aux autres que le motneut était venu de boire à la saute do sa seigne'uio M. de Fhtkentteiu s'aperçut de teur intention, et tes prcvlu!. il se leva au~Hot, t'emptit sou verre et dit

A la sautt! des deux tnaries 1

Alors tous tes cumies se ievereut & son exemple, et s'écrie*rent après lui

Vivent le mariô et la mariée 1

Cette santé bue, les bmvcs gens voulurent porter celle de M. de Finkenstein.

Un instant dit-il; buvons d'abord aux vieux parents de FridoUn.

Cetto nouvelle santé fut reçue avec acclamation par tous les convives les deux vieillards vidèrent aussi leurs verres en veMaut de douces larmes. Alors le bon seigneur fit le mémo


t~ t6 CXtMB PaNt.

boaaewatamera do la marMe: la paawo Martaaua, tout émue, essaya de boire, et l'oa vit des pleura de joie et de Mstasse eoulep daua son verre. Ce fut ensuite !a tour de la vleH!e tante Qortrnde, et chacun but à aa santé !a bonao viotHa ~t at tfoubMe de oothoaaowr que le verre lui ~c~appa dca mains; elle sa confondit en Mmeroïmenta et ea protestations do reconBatsaanoe eMo n'eût jamais Cat, ai on as lui eût fait entendre qu'on allait bo!fa à la santé daM. de Fiokenatot)). A!ora FfMoMae! EHsabetb, Ntooha et Marguerite, Madanuo et tous les ooavMs, ptehts d'amour et do rospoot pow ta d)g4~ aetgneur, 6'<!orMMat tous d'une voix, avec raocent d'unt <moHon profonde

Longue vie et bonheur à M. le bâton, notro digne seigneur, à notre d!gno tnattMsse, à M. le baron FfMërio et & mademoiselle Loaise de Finkenstotat Que Dieu tour ronde tous les bienfaits que nous avons reçus d'eux que ses béné<Uo<ions ienaies reposent aur !eurs Mtes qu'il leur donne la santé, la joie, toutes tes prospëritêa dans ce monde et tobuuheur ëtemot dans rautre vie 1

M. de Finkenstetn les remercia tous avec émotion; ctfortant sur toute rassemblée ses regards attendris, il s'ëcria A la santé de mes braves forestiersl

Aces mots, un cri d'aMêgrease remplit toute la salle. Sur la On du repas, on présenta les cadeaux de Noces il y en avait de très beaux et d'un grand pr!s mais celui de M. de l''inkenste!n fut plus goûte que tous les autres c'était un cou* teau de chasse à garniture d'argent plaqué d'or. Sur un des côtés du manche on voyait un jeune garçon assis sous un chêne, et qui semblait s'entretenir avec un petit chevreuil; derrière l'arbre se tenait un vieux chasseur qui avait l'air d'écouter avec plaisir les paroles de l'aimable enfant, dont il n'était pas vu. Cette gravure était parlante et d'un travail admirable. Fridolin n'y eut pas plus tôt jeté les yeux qu'il s'écna, transporté do joie 1 ,fi


Ah c'est le petit ohevrauil qui a ~ne si grande part dans ma destinée <

Oui, c'est lui, ajouta M. da Finbenstein en a'adraaaant à la compagne, qui se pressai pourvoir ça charmant ouvrage oo petit chevreuil M'a d'abord fait faira la connaissance do Ffidolin et da ses vieux parents plus tard il m'a préservé, moi et les miens, d'un grand périt sans lui nous n6 serions pas maintenant t~nia & catto tablo pour une joyeuse noce, Toutofois, co potit animât n'est que l'instrument dont Dieu s'est servi pour accomplir sur nous sa sainte volonté. C'est pourquoi, au baa do oo petit ohef-d'œuvro ou !o chevreuil, Ffido!in et mon vieux Moritz sont si Mon reprisantes, j'ai tait graver ces paroles

Dieu /<!)« tout OMC SO~MSe.

Chacun applaudit à la pieuse doviso, et ia journée so termina par divers jeux et par des danses qui ne se prolongèrent point trop avant dans la nuit.

Quelques jours après la noce, M. de Finkenstein Ot appeler Fridolin dans son cabinet,

-Mon ami, lui dit-il, tu sais t'intëret que je te porte et combien je te suis redevable, tant pour la bonne administration de mes forêts que pour les services rendus & mon fils; jo veux m'acquitter envers toi. En te donnant la place de premier forestier, je n'ai fait qu'un acte de justice, et même de simple prudence humaine, puisque tes lumières et ton zèle te tendaient plus capable que personne de remplir cette charge d'une manière avantageuse pour moi-même en cela, j'ai consulte mes intérêts autant que les tiens; ce n'est point une grâce que je t'ai faite, et tu n'as point & me remercier. D'ailleurs j'ai contracté envers toi d'autres obligations que tu ignores et dont je n'ai pu parler au repas de noce, parce que c'eut été réveiller les douleurs de Marianne et de son aimable fille. Trois jours avant la mort de l'infortuné Raymond, j'ai promis à sa veuve de ne point abandonner ses enfants, de les


prot~ep, dotoaetabUf en épousant Elisabeth, tu aom'aa presque rien laissé & faire à cet égard tu aa en'aoo la tacha imprimée sur cette intéressante famille grâce à toi, les autres enfanta do Marianne trouveront des partis avantageux, et personne no craindra do suivre l'exemple que tu as donne. Voie! donc ce que j'ai cru devoir faire pour toi le nouveau système que tu m'as aidé à introduire dans l'adminlstration de mes forêts on a presque doublé le produit je te donne te dixième do cette augmentation pour tonte ta vie et pour cello do ta femme, si Dieu veut qn'ctio te survive. Jf te donne de plus, en toute propriété, pour toi et pour tes descendants, la maison que tu occupes dcja comme intendant forestier, avec tes parties do terro labourable, do bois, do vignes et de prairies qui en dépendent, à la charge do pourvoir à t'entreti'"t do Marianne et a rétablissement futur do ses enfants. Je n'ai point de règles à te prescrire à cet égard; j'aime mieux te prouver ma confiance en disant que je m'en rapporte à ta sagesse et la ta probité.

Fridolin no put refuser cette donation généreuse à laquelle M. do Finkenstcin attachait des obligations si saintes et si honorables. Marianne vint s'établir dans la maison du forestier, qui fut dès-lors comme le p'h'e do ses deux plus jeunes enfants. Eiio vécut dans l'union ia plus heureuse avec les vieux parents du bon Fridolin. La tante Gertrudo ne voulut point quitter sa chère petite maison de !tase!bach, mais elle se rendait à Saint-Gall tous les dimanches, après la messe, au grand plaisir des deux familles.

Trois années après le mariage de Fridoiin, le bailli de SaintGall vint le trouver et lui demanda pour son fils la main de Rosalie, sœnr d'Elisabeth, jeune personne aussi sage que helle, et dont l'âfre avait développe en même temps les vertus et les charmes. Fridolin, Marianne et M. de Finkenstein accueillirent avec joie cette proposition de mariage, qui achetait la réhabilitation de t'intéressante famille.


Quant à Joseph, le dernier des enfants de Raymond, c'était un gardon plein d'intelligence et d'activité Fridotia ao chargea do t'instruire, et ses leçons ne furent point perdues. Jo- Beph se trouva bientôt capable de remplir la place de secrétaire auprès de M. de Finkenstein et de son fils, le baron Frédéric. A vingt-deux ans, il épousa Brigitte, demoiselle de compagnie de madame de Finkenstein, et nièce de Moritz, le vieux garde-chasse.

C'est ainsi que les vertus de rexooUent Fridolin, tout en disant son bonheur, servirent a relever une famille abattue sous le poids de la honte et de l'infamie, tandis que les vices j de Thierry le conduisirent à une mort misérable et prématurée qui entraîna celle de sa pauvre mère. Ces deux résuUata si contraires avaient leur principe dans la différence des ëdn- cations.


LE PETIT SAVOYARD

ET SON CHIEN

t. ANTOINE ET SON CHIEN BOÏTBOX.

Si ceux de nos jeunes lecteurs, qui no connussent que les belles maisons de nos grandes villes et la douce température do nos riches campagnes, so trouvaient tout à coup transporter dans la partie la plus rude et la plus sauvage des montagnes de la Savoie, et qu'on leur montrât sous la neige de misérables masures iorméos de pierres sèches ou grossièrement liées d'un peu de terre et do mousse, ils se ngureraitint difncitement que ces espèces de tanières puissent être habitées par des hommes. C'était pourtant là que vivait l'honnête Jean RossU avec sa femme et ses cinq enfants. Sa pauvre hutte était adossée, du côté du nord, à un énorme rocher couvert de glaces une pettte fenêtre y laissait entrer le jour nécessaire quelques meubte? grossiers garnissaient t'intérieur. Cette demeure, toute misé< rable qu'elle peut parattre à nos jeunes lecteurs, abritait cependant une famitte heureuse. La santé et la joie régnaient dans ce modeste asile, comme ces fleurs qui s'épanouissent entre les tentes des rochers sous un oiel d'hiver. Quand le père, qui était bûcheron, revenait le soir avec son fils aîné, petit garçon de douze ans, et qu'it voyait de loin la lumière allumée dans sa cabane britter parmi les arbres couverts de givre, te pauvre homme ne songeait point à se plaindre de son sort; il trouvait, en arrivant, un bon feu pour réchauffer ses membres glacés, un souper frugal pour réparer ses forces, une femme et des enfants pour lui faire coûter les joies de la famille; c'était tout ce qu'il


pouvait demandée au Ciel; et si te hasard voulait q~n vcya~ gonr égard dans ces montagnes eut besoin d'au asile contre 1& peiga, la pluie on los avalanche!), la brave bûcheron se croyait bien assez riche, puisqu'il wait mêmo sous son humble toit la place d'un ëtmn~ef.

Antoine, t'aîné de la famine, aidait à son père dans tous ses travaux; c'était un enfant sain, robuato, endurci à ia fatigue et aux privations, plein de courage et de gaîte. Ses frères et ses eceura travaillaient aussi selon leur a~e. C'était la plus jolie petite ~mi)!e que l'on put voir, surtout quand, le dimanche matin, ils descendaient la montagne pour aller entendre la messe à Mglise d'un petit village enfonoé dans la vallée, les petits garçons en vestes brunes, les petites filles avec leurs jupons courts da serge bleue et ieurs corsets étroits ornés d'une ganse de soie et de beaux boutons de cuivre. Il n'y avait rien dans le costume des petits montagnards qui Do pat faire envie &ux plus heureux enfants de nos villes, à réception peut-être de leurs sabots de frêne, chaussure plus commode parmi les apt-cs rochers de la Savoie qu'eue ne serait élégante sur le p&v& de Paris.

Le père avait besoin de travailler sans relâche pour nourrir es petite famille; il cultivait quelques arpents de mauvaise terre sur le penchant de la montagne et coupait des bois de charpente et do chauNUge. Une fois, à la chute des premières neiges, ce brave homme tomba malade. Antoine fit dans cette occasion tout ce qu'on pouvait attendre de ses forces et de son age; il partait le matin au point du jour, avec son petit frèra Gaspard, et coupait des arbres dont il faisait des fagots. C'était un rude travail pour un enfant si jeune; mais le désir de soulager sa famille, sa santé, sa bonne humeur, ne lui laissaient pas sentir la fatigue; il s'occupait avec ardeur, et de temps en tCTaps fredonnait quelque refrain que redisaient au loin les échos <~e ia montagne.

Un matin, en~tendant&l&<btet, il crut entendreun cri plain*


tif a'êtever du fond d'un abtma auprès duquel M passai Il s'at*. téta. prem l'oreille, et bientôt H distingua parmitemont ta voix d'un chien qui semblait appeler du aeoours, Le prëoipico était profond; notre petit Savoyard Msita quelque temps à y descendre. Cependant la pitié l'emporta; soutenu par son bâton terré, Il parvint jusque la moitié de t'abîme, d'où il put voir jusqu'en bas. Il aperçut le pauvre animal dont les cris plaintifs avaient attiré son attention; it était assis sur son derrière et paraissait blessé a la vue de t'enfxnt penoM sur te gounro, i! so nut A hurler comme pour appeler du seoours, et à remuer la queue en signe do joie. Antoine mesura la distance qui lui restait à franchir; elle était grande encore, et la danger réel. Mais rien ne put l'arrêter; it s'élança courageusement do rocher en rocher comme un jeune chamois, et arriva jusqu'à la pauvre bête, qu'il chargea sur ses épautea 11 remonta par le même chemin et avec le mémo bonheur. Arrivé sur le bord du précipice, il déposa le petit chien sur un tas do mousse et t'examina; il vit qu'il avait une patte cassée il t'enveloppa dans sa cravate, et le porta jusqu'à l'endroit où il travaillait. Là it partagea avec lui son fruga: déjeuner de pain noir et de fromage, et lui lit un lit de feuilles sèches pour y passer la journée. Quand vint le soir, M le prit dans ses bras pour t'apporter à la maison. Jean RossU ne vit point avec plaisir l'arrivée d'un pareil Mte. Antoine, dit-il à son fils, je no te Marne pas d'avoir sauv* cette petite bête, en cela tu as montré ton bon cœur; mais et n'est pas tout, it faudra maintenant la nourrir, et nous n'en avons pas trop pour nous-mêmes. Tu n'as donc pas rénéehi que ton chien mangerait plus à lui seul que tes deux petites sœurs! Qu'a cela ne tienne, mon père, reprit Antoine; si vous permettez que je le garde, je vous promets qu'il ne coûtera rien à la famille; je partagerai avec lui ma nourriture.

Le père y consentit, et depuis ce jour Antoine et son chien devinrent inséparables; ils partaient le matin ensemble pour aller au travail et revenaient ensemble le soir. La même portion


<!e ))OMfF!tMK) et la mémo lit sortaient ponp tons les doux, La pauvre animal n'était pas tn~at, il somMatt comprendra tout M que aon jeune ma~ra faisait pour tut, )o snrvait partent, tH~ique boiteux, et ta divevti~aK par 8M gambades et par sca t'a~!)S6it.

ït. ASTOtNE QrtTTB 8E3 NO~TAONEa.

A h fin de t'htver, torsqMO ka ttctgcs cotNwenc&rcnt CM<(h'c aux My«ns d'Hn soleil Ja pt'iutetMpa, Jom R~s~U dH & sou iU~ Autoino:

Mon onfont, tu ns aujfumn)))! (totMc ans pn~s~a c'est to moment de quitter no;) )uont))s"fs pour chcrfhct' tbt'tn))t* dans les villes. Ton frère (h'spant est assez fort mnintcmtnt pour m'aittor à ta ptaco, et Dieu m'a Mn'ht !a sanM; jo ne dois pas ta retenir plus longtemps à la maison, ctt ttoos n'aroos pas assez d'ouvrage. Prouds cette vicHo q)~ je t'ai 8'ardeo ft avec laquelle j'ai parcouru autrefois les tiantM p'ainca dx midi. C'est dooa les villes qxej'ai gagne son par son de quoi m't'tabtir dans nos cMres montagnes tu feras cotxno moi. LM marmottca no sont pas rares dans les ruchers; it faut en avoir unoct partir en tonta coDÛance avec ~ne vtctto à peu pr~-s d'accord et uno marmotte \'tvante, on no ris')uo pas do mourir de faim: jo le sais par expérience. Ainsi ~~)'<;pa~-<o~ poMt'ce voyage; tn paritras dans dix jours; nous serons q~tq"cs années sans non~ revoir; mais tu penseMS & nous comme nous penserons & toi; tu nous donneras de tes nouvelles aussi souvent que tu le pourras; quant au moment du retour, il dépend de ta bonne conduite et de la protection divine.. Jean, dit la femme du bûcheron, notre enfant ne doit pas partir sitôt tes neiges ne fout que de commencer à fondre, je crains qu'il ne pensée avant de quitter les montagnes. Je t'en prie, laisse-le encore quelque temps avec nous.

Femme, reprit le père, je sais ce que "'est tu es fâchée do


ta To!ppft)0r moi aussi, enpja suts son p&ra. Ma)a il la jhnt, et riett no servirait d'att~ndM plus tongtonpa. Oans huit jouMH M'y aura ph<s do nei~o~, par t'ons~qucnt ptua de d~'n~or daa!! tes sentiers dn ta tnontagno; onsuita tt est es-!CMtiet qH'M ac~vo <)Q bonae heure ttana la j~~no, par ce ~out tc~ pt'emtoM «rfi~s Qut gt'6'nont ta plus.

Ch~M m~Fo, dit !o pauvre Antotno d'~Mo voiK ~ntuo, )t))asez-mot pm'Hr, et HO voua upposcz point tu \'otoM~ du MMn pèro, Co qu'U t'n fuit, o'cst pmu' )f) «ttanx ~oyez aHna ixquMtmte & )non (i~art), ta hott t)tct< )no protcgcM.

La pf)t)VM Htùr<) savait que ~nnnd Mtt )nm'i t~att t'J~oht qMt~qnc chMe dttxs «t Mte, il n'était pna ai~O de lui fnt~ chn'~er (t'hMo. E))o onbm~s~ tcndfetMent son ohct' Antolno, e~~uy~acs p!t!))M et no t't!<)on {ma.

Le tMt't'rt d'Autuino uno fois d<SehM, toute !n f)UHi!te s'cmpr<M9)t d'en taitû les p~pumti~ ohnou~ de!) cnfunts Mt ua oade!))) nu j''uno voyngfUt'; Mn Mro Onspard lui donn't une manBOttequ'thtvaUprtst! toute pptttopont'rup))M\'OMer;Kiuu!M, sun Necoud ft~)e, lui f'rt'it xn b&t")t do juuttutticf, ~u'it avait <))i)M iui-)nG)MC et !:C))tpt<~ avec sott f"uteaM it M~nt du ses petites t'muM qndqoca pMiro do bons b:~ do tftosso tamo tr!ooto~ de leurs pMpM:! «utios pendant tes v~Ut~'a d'hiver. La mo c otfo'ntn dan:) Mn pettt iiac un peu de Uoge, qHctqut.'s fruits SCC!) et quelques biscuits pont te voyage.

Le jour du départ fut un jour do tristesse pour toute !& famitto. Cependant, après bien des soupirs et bien des hrmes, le pauvre Antoine embrassa une deraiero fuis sa mère et quitta la mudcst~ cabane.

III. OS AMt LE BEMtNT EN BOUTE.

Jean BossU accompagna son fils jusqu'au bas de la montagne, et, chemin faisant, lui donna divers conseils sur la niMicrc dont il devait se conduire.


M<M) en<ht)t, toi dit-il an moment do te quitter, !)iou ta prcMgora si <H meta en ta! <o conûono:). Ne manqua pas do to prier soir et !t)a«M; n<a!s surtout p~nMra-tot da cetto v~riM qu'H cat partout, qu'it voit tout, qu'H entend tout; que nous ao aauriona ctro un acut moment hors do sa pr~eaoo. Si tu M tcnto janxt)!) de commettra une mnHvatso notion, cotte Mdo to retiendra; tu to dtt'aa Quand mCmojo ponrrnt~ tromper les yanx doa hommca, jo M'tiohappomit) pna aux t'esarda do Diou. Garda les commxndomenta et tu sorna hon'eox. Ne tncnd!o point sur lit routa, notit t~cho do pnyot' par quelque service te pain qu'un todunnfM. SI tn roneontM~ un viciUont, <Mfmn'Mtoi devttxt lui, en pfXiMnt ton p~t'o: si tu houvcs uno f~mmo sur ton ohotxtM, atdoo-ta CH peusont & ta n)~M. Sui~ toujours prOt à partn~fr co qno tu t«)MS avec un plus pom M q«e tôt. Soi!) sohr' ne tXt'n~c et no bols jt~t))))!~ phM qu'U ))o faut polir t'entr'-tion du !a vie et do t& Bantc: l'excès on~odro toua tc3 vices et toutes les tnotadiea.

Adieu, tooM cher onfaot; souvienft-tot do mes pnMtcs, si <u veux qoo Rien to ptot~c et te nunt'ac un jour dm)!) nus tnoutus'tte~ ndic«, je to <M')tio à sa tiMinte g'tudo et je le pficnd do voilier sur toi.

CM bon père <Hatt si ënut qu'il so sentait prêt ti fondre en larmes; il cmbmaaa précipitamment son Mts et s'e~igna. Le paMVM Antoine s'était fait a l'idée de quitter sa famille; il B'etait promis d'être ferme et do ne point se laisser abattre. Mats, toaqn'cn ao retournant it vit son père lui dire un dernier adieu par aignes et B'eufonocr dans les détoura de la montagne, un torrent de larmes s'échappa de ses yeux. L'idée de sa solitude et de son abandon serrait dontourcusement son cœur; il lui fallait marcher devant lui, vers des paya inconnus, et en s'éteignant de plus en plus de tout ce qu'il aimait, de sa famitte et de ses obère:) montagnes te pauvM Antoine était bien tnatheureux.

Pendant qu'il était à faire ces trIstes réflexions, il sentit sa


marmotto a'agitep et sa dabath-a auc aoa M!u; eaMgardaut cette vilaine Mto qu'H devait porta? avec lut sur toute a:) route, il peasa, naturouotaeut & son petit chien, qui était Mon ptus aNbotnoux et ptua aimaMo, et qu'H eût bien plus vctonMcra emmend avec tui dans sea vcyasea.

–Qnot malheur, sa d~att-U, que co pauvre aotmat aoit taKous! qn'U m'aoratt at)ivi partout, c'<!<ntt un ami a~to et <MvoMd i H partageait mes joies et mes chagrina; oveo lui jo n'aurais paa <!<é seul, Ah) te pauvre C!apta< 1

Mn~f); 8n <rtatosao, t'cnfnttt mardtntt toojot~a et le ao!o!t a'abn~antt dcfriëK) tes hautca tnontag'aea <)n'it avait encore devant tt)t. H doubla le pas pour arriver avant ta. nuit qMotqMo viUagù; mats cota lui fut Impossible. Il avait beau courir, tes omb~a gran<<isaaient d'nnotnani&ro carnyanto, otMcnMt t! vit qu'il uo pouvait pas aller pho loin, L'itMo do passer !« nuit en plein air, aur la terre humMo, et au miHoM d'nnooontr<!o sauvage, lui parut p!tM amOM que la mort. U~a sca youx se MmpMsMiont do lormos, et 11 allait se MvrcF au plus aNfcux d<!scspo!p; mats cette paralo do son poro Dieu est présent partout, lui Mv!ut & re~prM.

Puisque Dieu est présent partout, so dit-il à tui-mOmo, il me voit en oo moment et it no m'abandonnera pas. Cetto penstSo lui rendit un peu do courage; n essuya ses p!euts et regardâtes montagnes, dont les sommets nuageux se doraient aux derniers rayons du so!eH couchant; n fut ravi de leur imposante majesté. Il apet~ut t'isar qui courait en bondissant au-dessus des précipices; tt entendit le chaut des petits oiseaux qui semblaient faire leurs adieux au soleil, et son cour fut soulagé d'un grand poids.

Aucune de ces petites créatures, pensa-t-il, n'est en oubli devant Dieu; toutes vivent parce que sa providence veiMe sur elles. J'aurais donc tort de m'aNiger; si Dieu prend soin des petits oiseaux, combien plus n'aura-t-ii pas soin do moi? Consolé par ces re&exiona, il chercha gaïment un endruit


pMseptaaaK; HttOHv&soua dea buiasona toufRta wnpaa da fouilles sèches que les veota d'hiver n'avaient point baiay~a. Ca~t !& son lit. ti aoupa donc avec aa marmotte qu'M Mttaoha eo~neusament & sft vielle polir qu'elle ao put paa a'<'chnpppr, Mit son petit aao aoua sa t6to en gMiee d'erejMer, Bt oa pfMre du a oir et forma !ea yeux,

Mats ta avait à peine goûM deux heures de ce aommeH pro.(~ ad otpatatMe qu'on no eonoatt gM&ta qM'& son <~o, ioraqu'U a' éveilla tout ooMp en aurBOMt ot ea poussant ua cri d'etifat. Ut) poMa a'Jtnit po~tt aur aa poit~ae. quelque choso de velu et do ffoid avait cMaur~ soa vtangù. M omt d'abord quo loua les toupfi do la montxgtto étaient acoourua ponp la d<urct'. Co n'~tatent pohtt des to~) qui venatont ta surprendre pmdaut tiuM tiu)t)moi!. Mat~ qu'~tatt-oa, je Tous prie, mes chors pMtits tcctou'-i? St voua t)o le deviocz p))9, il fm)t q')ojo voua ta dite o'ct~it t'ami, to contpngnuu d*Ant<ti)M, c'était a~n chien boiteux, son pamM Ctofin. Cet cxcuttunt ))Mim:'t n'avatt point voulu réveiller son M)M!tM Il avatt rc)tfcrm6 en !n!-n)6t))a aa joie, et, au lieu d'aboyer avec force pour lut dire Je suia là, il avait pria ait phtca <m)i))nit'c & e0(e du l'enfunt. Mais h) bout do soit tK'XHtuce pM ta froid do lu nuit donun pnrhMm'd cuutro la jOtM du petit donneur, et le tira do son sommeil.

Umudo fut pour les deux amis la joie de ae revoir. Antoine pteuM en voyant te bon cœur et l'attachement do ce Sdëte animal qui, boitoux, avait tant couru pour le rajoludre. C'était d'aiHeuM une compagnie ptua agréable que colle de sa marmotte. La difSoutto fut de mettre d'accord ces deux bêtes qui d'abord parurent éprouver peu do sympathie l'une pour l'autre. Ciopin ne deumndatt pas mieux que de vivre en paix, mais la marmotte lui donnait des coups de patte auxquels il était obtige do répondre. Pour couper court à ces querelles de ménage, Antoine prit le parti de porter sa MMt'mutte sur bon doa attachée & sa vielle.

Aprea quelqueajoura de marche, le petit Suvoyard atriva aur


lea bettes t!vea do !a Oaranca et du Rhona. M K pMt aamtraf toMt & son <dM te eontraate do eea riantes coatr~oa avec tea paavros et aMfHea montagnes de aon paya. Quand 11 ro~rdait tas beaux fruits qui pendaient aux atbMS et les misioa qui sa doralont sur la penchant dos eotcaux

Quel bonheur, disait-il, d'habiter uaa at bonne terra qui pMdtgua à t'honttne, presque sans travui), tuuto sorte do pf<bductions nëoeasatrea ou o~r<!ab)est

t! no pouvatt porter à ses M~'ea una grappa do tahia, sans ponsor à ses potita MM9 et à ses petites s<a))M.

Quo no pMis-jo !enr on onvoyer. s'<'()rh'it-it avco une tarma dans les yeux, ou que no sont-ils Rveo moi poMf aavoMtOf co doux&uitqM'ita na connaissent pas) 1

Cependant, matgrti t'a!maMe tomp6t'att)M et ta fertiMM do nos ptotnca, il aentHtt an fond de son cœur t'atnoHr de son pays, et le bonheur de revoir un jour sa pauvre Stu'oie fuitiait toujours sa plus oMrc esp~Kmee.

Après avoir parcouru !e9 ptaines du Contât, do la Pfovcnco et dMLat'gueJoo. !o petit Savoyard 8'aper<t(tU'ti n'était guèro plus riche qu'& son arrhec. Cependant il d'~irait beaucou)' envoyer quelque chose à sa fmniitp. une couverture de taioo pour son père et, sa mère, une jupe à chacune do ses ticears, deux belles casquettes pour le dimanche & ses deux frères. Mais it avait beau compter et recompter tion argent, il m'avait pas j<t dixi&tae partie de oc qu'tt faihtit.

ÏV. ANtOMB ABJUVB A PANa.

tt prit le parti de se mettre en route pour la capitale. Sa marmotte avait assez bien profité de l'espèce d'éducation qu'il lui avait donnée elle dansait au son de la vielle, tournait de fort bonne grâce autour du bâton, et présentait la patte convenablement. Le ndèle Clopin n'était pas non plus sans mérite; U travaillait d'une manière agréable et se faisait admirer par l'ex-


Mmo oompMaaaca avec taqueMo il sa prêtait aux jaw: et aux exercices de h marmotte.

En entrant dana Paria. le pawvra enfant se ernt d'abord perdM aw milieu du bruit et de la et'huo do cetto grande vlUo, ad M na connaissait peraonne it courut tout le jour sans eavoir a qui pnrter; cependant sur ta soir il fut assez heureux pour trouver il coucher aous ~ao espêoa da hangar, avco ono doufaine de eca cotKpatrtotoa qui ëtataat los una ramonaMH, d'autres portaHra do singes OH de Marmottea, d'autres commisatonnatroa, tous asseK mtsorabtea. Qnotquo pta~tr q~t'U e~t d'abord à ontendro pnrtor to pa<o)i) de aa~ montagnes, son sort lui parut bien dur l'humidité, la vormtne, t'Meo do son abandon aM milieu de cette immonsù capitale, Ne lui penniront pas do former rmH un soM~ instant 11 pasan toute la nuit dans la tristesse et dans tes larmes.

Des ta point du jour, Antoine sa Mta de quitter ta lieu hutntdo et infect où il se trouvait, et ao dirigea vora los boulevards. Comme il était oncoro do trop bonne hcnro pour qu'il pût trouver des oisif:! à amuser avec sa viciio et les talents do ses deux bStos. il s'assit au pied d'un arbre et &nit par a'endormip d'un profond sommeil provoqué par l'insomnie do la nuit. M dormit longtemps: car le soteit étult d~& haut sur l'horizon, lorsqu'il se sentit éveiller brusquement par une main qui se pOM sur son épaule et par une voix rude qui tui dit Où as-tu pris ce chien, petit drôte!

Surpris de cette question, it le fut bien plus encore de voir Ctopin sauter en aboyant après l'inconnu et le caresser, puis revenir vers lui comme pour lui faire partager sa joie. Où as-tu trouvé ce chien? lui demanda-t-on une seconde fois.

Il est à moi, répondit le pauvre Antoine, qui craignait de perdre son animât chéri.

Je vois bien qu'il est à toi, reprit l'aMNum; tttaisje désire Mvoir où tu l'as trouve.


*Dm<s~o9n)f'ntaKM9. rApoudit le petit Savoyard, aït&ad d'an propice, d'où jo Fat feticA avae beaucoup d« peine ot do dangwr. !t avait une p~tto cas~~c jo rot pnrtd & uotra mntaon, jo j'at soigna, ju t'ot nourri de mon pain, it a couché sur mon Mt. Je no !'td point fcrpt' (tn ma suh'rc jHfqu'to}, j'at orn qu'il a'<'tntt attnohë & mot parce qu'H m'atnMtt. L'ingt'nH coct)nna-t-U & ta ~ue dos e~M~t'a qno to ppUt nnimnt fuisaK & rinonnnM, je vo~ ~H'it na m'atm~tt pas, et pourtant Dieu sait oo que j'oi fait pont htt! Jo t't'i porM dnnt moi bntaqnnntt J'uvat-' pohM A nM trnhx'r mot-tM&ma; depuis qn'H est aveo t))oi, <t n'n ja)))')ia t'oonn tu Mt)), et jù t'o! connue ph)a!t*«M fui~ A ennaQ t(a lui, MotntoniUtt il mo quitte, U )M'at'at)ttonne, il voua CKte:t!'c, Mon-iicor, quoiquo corta!utimout voua no l'ayez jmaaia utm~ cotnmc jo l'MinM cncoM.

!.o panvro Antotno p'exraH et sans-totait. ï.o petit nnhunt, voyant qu'il MV«!t du ohM~ht, vint & lui pour lui tpmoig'nM' g& aytnpathte, et so mit & ~uher les ~rMsc~ taMoct qui uttntt'iont le long do ses jouos. Mais A)Uomo to Mpousatut do Itt mttiu et lui reprochait sou iogt'tttHudc.

-Non, lui disait-il d'une voix cntrcooopt!o do siu~tots. vnt'on, tMis~e-moi, tu no m'aitues pas. Jo ne fui point xbMudoutxS, moi, quand tu allais mourir, et maintenant que jo suis Matucureus, tu m'abandonnes; va-t'en.

Cotto scène siuguU&M toucha vivement l'tnconnu. -Mon enfant, dit-il avec douceur, quel est donc ton matheur? Allons, réponds-moi.

J'otais venu à Parts plein d'espérance, reprit Antoine, et je vois qu'au lieu d'y pouvoir mettre quelques sous de côté chaque jour, c'est & peine si je pourrai vivre. Mes compatriotes ne m'ont pas reçu comme ils le devaient; il est vrai qu'ils ne sont pas heureux non plus; mais ils pouvaient au moins me témoigner plus d'amitié. Pour comble de malheur, voici mon chien qui m'abandonne.


MnaonMM prit ntofs sa boumo et en «M un !auia d'wqH'it a)!t dans ht maia du p')<tt Savoyard.

Oh! non. Monsieur, Mprtt Antoine, pardea pet or; ja ferais tnat en t'acceptant. J'at sauvé ce chien et ja t'nt aimo pour tatm6)ne: emmoncK-~ pMtaqu'M veut Mon voua aMtvM} je Me vaux non en cohango de lui.

–Mve-tot, mon enfant, dit rinconnn; jo vot~ quo tu na un eoMe cœnr viens avec mot: tu vivras dans ma maison, a mon Mptioo; do cette man~t'o. ton pauvre Oopia t'appmUcndratJH. "'nra et voua no aer<'i! point s~Mr~a. L'cnfnnt OM«ya ses tarmea et sotvit t'txconnM, qui ctott un }mmme riche et bioxfM~nt. Vite fbfa ottrd ttana tfft mnifion, il N'en sortit ptna. Les enhmts do ce bravo hotamo f'u'ent trausportés de j«!a a !a vue dn pauvre chien boiteux qu'ils avaient tant ptoura, et te'u' Mconnaiii~anco fut acquise & son petit Hberateur. AutoiM entra au ~L'rvieo do cetto honncto famittc, dont 80~ hourouses quatit~a, sa droiture, son inteUi~enco et s'tn bon cœur lui gaga~r<nt de plus en ptus tes bonnes {;'raees. On tut donna dans la tnai~ott un onptoi p)t);)<u-tionn6 a su~ forces et p)))8 lucratif que ne le co)t)p'"t!<it soit as' d<' sorte qu'au bout d'un «n it avait envoytS a se< parents ciaq )oui~ d'or, au lieu d'un qtt'il n'aurait pas tfa~a~ dan!) ic tueme eapacc du tcmpa Mvco sa viottc et sa tuartootte.


L'AUVERGNAT.

Avant f)Wrc venu a ?;))')- a') )y"<'a C))ar!('mas'np, on j'nt Mt mf'sd<'r)ti~M'<cta-<M,j't'tniar<'stt!do))XMUs&eetutdeVer~autea. La, uu beau jftur. ttospotthmt dans la cour où mca camarades St< th'mieut tenM joycox ~bt'ts. j'Ottcu'ti~ un (tes )'lns p<!tt)htn<a d'< ntt'<* eux s'ad~!i~et' & un tmt(C qui no vatatt guère ntiotx et lui 0) ier

Dh-moi, C~uroM, us-tu VM to nouveau qui arrive d'Aavor~M?

Non, Trftm''nt, r~t't'ndit Georges, jo a'at pas pu trouver wn pr<!tt;xte M~t'nnttbto pour entrer chez to proviseur au moment oa il eansait avec ce ramoacur-!at

Oh muta iods-tn, dit te pronier io(cr!oou!oMr, qui so nomniait Mug~nc, q't'it doit avoir une droto do tnioe. un Auvergnat! D''j& un groupe s'etait fortné, et chacun demandait des rened~aetaeu~ sur i'<'ec!it r nouvcUement débarqué.

Je suis sur qu'il a des cheveux qui lui tombent au n)Hteu du dos, dit Georges.

Et qu'it a de gros sabot* reprit un écolier de quatrième. Eh bien c'est au mieux, dit un élève de rhétorique, nous lui ferons danser lit bourrée d'Auvergne.

Je sais quetquo chose de mieux que la bourrée, s'écria Eugène; c'est, au moment où l'homme des montagnes d'Auvergne arrivera, de lui faire courir !a poste une demi-douzaine de io's dans la grande cour; cela le dégourdira et commencera à lui faire connuitre le lycée.

CheM amis, oit un de nos camarades, du département des Bassea-Pyrénëea (qui, montagnard lui-même, vou lait qu'on res-


peoiM les montagnards), ne vous y &ez pas 0 est du paya haut, M doit avoir io poignet fort.

Ce propos (Ut accueilli avec desëolata de rire, mais cependant il Nt son effet, et l'on so promit do Mter le nouveau avant d'en venir aux grosses farces.

A peine avait-on pris cette prudente résolution, que le nouvel ot&vo entra dans la cour. Il sortait d'une petite pension deRiom, et s'appelait Etienne Combadour. Il se promena quelques instants. Il avait l'air timide, portait mal son habit d'unitbrmo et mettait son chapeau comme le met un invalide; ses cheveux ne lui tombaient pas au milieu du dos, mais ils étaient un peu tongs il est vrai qu'on entrait dans l'hiver.

Tout bien examine, Etionne semblait un peu lourd, mais non pas complètement ridicule.

On tenta une première éprouve on envoya auprès d'Etienne un petit bonhomme, qui, sur le conseil do Georges, lui demanda s'il était vrai que, dans son pays, les hommes marchassent à quatre pattes.

Etienne répondit tranquillement:

Va dire à ceux qui t'envoient que les gens de mon pays marchent précisément comme on marche à Versailles; mais que quand des étrangers viennent chez eux, ils ne leur donnent pas la bienvenue par une sotte impertinence.

Un rhétoricien qui se trouvait ia prit fait et cause pour le bambin. Il lâcha quelques gros mots et finit par saisir les deux mains du nouveau venu mais celui-ci, levant les épaules, sa dégagea avec si peu d'efforts, qu'on se rappela l'avis prudent de l'écotier basque, et qu'on eut quelque respect pour les poings d'un homme qui se débarrassait si facilement de l'étreinte d'un des ~M /t rhétonciens du collège. Vers la fin de la 'éerëation, le censeur parut dans la cour. Quelques élèves s'approchèrent de lui et demandèrent dans quelle classe il placerait le ramoneur d'Auvergne qui venait de leur arriver. Le censeur réprima cette saillie et répondit à un do


ses élevas &~a, que aaaa doute il le ferait descendre de deux classes, car il devait y avoir au moins cette distance entra les études d'une petite pension de R)om et celles des lycées de 1& capitale et do Versailles.

–Monsieur, lui répondit un élève, celui précisément qui avait fait l'épreuve de la force d'Etienne, Monsieur, vous pourrez Mon la faire descendre do trois classes, car il a l'air pataud comme un ours des montagnes.

La foule des mirmidons répéta

Ah! oui, pataud! pataud t

-Assez, assez, ait le censeur; et M appela Etienne, qui, sur sa demande, lui déelara qu'il avait quinze ans passés, qu'il venait de Snir sa seconde à Nom et se préparait à la rhétorique. -Beau rhétorioien murmurèrent demi-voix les élevés qui entendirent sa réponse; il faut le mettre en cinquième, et il sera l'avant-dernier t

Le censeur jugea un peu moins défavorablement de l'Auvergnat, et lui dit que les classes & Versailles étant très-fortes, il fallait qu'il essayât d'abord en quatrième.

La cloche sonna et l'on se rendit à l'étude. Etienne, la Mto basse, s'achemina vers le quartier de quatrième il s'agissait pour les élèves de cette classe d'apprendre quelques vers d'Ovide et de faire un thème que les forts avaient jugé trèsdifNcile. Le maître d'études donna à Etienne le cahier d'un écolier qui venait d'être obligé de monter à l'in&rmerie, lui dit de copier le texte français et lui indiqua aussi la leçon à apprendre.

En quelques minutes, le nouveau venu eut copié, puis il prit dans sa poche un Pindare grec et se mit à le lire attentivement. Voyez donc ce pataud disaient entre eux ses voisins, il fait comme s'il lisait du grec.

Eh! laissez donc, c'est qu'il apprend ses lettres, dit un autre; il ne sait encore que la moitié de l'alphabet. Etienne ne les entendait pas ou feignait de ne pas les enten-


dro cependant, M<t q~att d'howa avant la Sa de Mtade, qnaad n reçut ta feuille destinée à lui servir de copie, JI s'occupa sérieusement à traduire on latte le texte qu'il avait copié, et remit au maître d'études, longtemps avant que la otaoho sonnât, son devoir fort bien écrit. Nouvelle preuve qu'il était un sot, remarqua un petit bel-esprit, car il n'y a que les Imbéciles qui sachent bien ëorire.

-Don, bon! disaient les espiègles qui rentouraiant, M a broché son devoir et il n'a pas regarde sa leçon. Le professeur, qui voudra voir ce qu'il sait, va lui donner une jolie note! On arrive à la oicsse. M. L. qui professait la quatrième, reçoit un mot décrit que lui remet Etionne. Le censeur annono''it qu'& ravenir cet élève ferait partie do sa classe. Le professeur lui fait signe de se placer à la table d'honneur. C'était une poHtesse qu'il ne manquait jamais d'accorder à celui qui arrivait pendant le cours de t'annee; mais cet encouragement avait rarement de FeSët. Aussi les camarades de oiaaso d'Etienne se disaient-ils eatro eux

AttoM' qu'il jouisse de la table d'honneur pour cette fois. le ramonenr, le pataud! il n'y reviendra pas.

Le professeur fit réciter les leçons.

Il interrompit Eugèue, qui ânonnait, et dit à Etienne de continuer.

Etienne ne se fit pas répéter l'ordre, il commença à debitet les vers avec un accent qui Sti~ait pouffer de rire ses condisciples, mais do manière à montrer qu'H connaissait parfaitement tes lois de la prosodie latine et la quantité des mots; puis, comme la leçon était extraite de la métamorphose de Philémon et Baucis, qu'tt savait par cœur, il outrepassa le nombre de vers indiqué; le professeur le laissa continuer pendant quelques minutes, au grand étonnement de toute la classe, qui ne faisait plus attention à son accent, et se disait

Comment donc, ce pataud a de la mémoire, et il scande bien les vers 1


Après que la leçon eut été récitée, M. L. lit quelques re< marques sur la noxibilito du génie d'Ovide, esprit heureux, aaohant prendrt. tous les tons; il voulut aussi comparer au latin t'ëtogante paraphrase do La Fontaine: malheureusement it n'avait pas le livre.

-Nul de vous, demanda-t-il, ne sait oo morceau de La Fontaine, sans doute?

Pardon, Monsieur, reprit Etienne, je puis suppléer au livra qui vous manque.

Ah! ah vraiment, oh Mon! récitez depuis !o premier vers. Etienne, aveo une diction parfaite, sans emphase et sans monotonie, deoiama les trente premiers vcra dont avait besoin la professeur.

Tous les élèves chuchotaient, et quelques-uns seulement pariaient de l'acoent ramoneur. Quant à M. L. il commençait à regarder Etienne entre les deux yeux c'est ce qu'il faisait toujours lorsqu'il reconnaissait dans un sujet plus de capacité qu'il n'en avait supposé à la première vue.

Enfin, il en vint au thème; selon son usage invariable, il nt lire les deux premiers vers de la composition précédente, puis les deux derniers, car il suivait la méthode du professeur de Cote de l'antiquité, qui voulait que dans son école on entendît tour a tour un habite exécutant et un fldteur malhabile, disant de l'un « Voità comme il faut jouer, n et de l'autre « Voilà comme il ne faut pas jouer.

II vint ensuite à Etienne Lisez, lui dit-il, et depuis le commencement.

Etienne prit le cahier et fit à haute voix sur le texte français une traduction fort élégante. Une ou deux fois le professeur l'interrompit pour lui donner une louange, et lorsque Etienne reprit sa phrase, M. L. crut s'apercevoir qu'il y avait quelque diSërence; il chercha la copie pour s'en assurer, et remarqua avec un vif étonnement que cette copie contenait un autre devoir bien préférable à celui qui venait d'exciter ses éloges; il


demanda !e Gabier dTRUeana, et reoonmut quo la prattMova traduction «ait tmprovts~a. t<acop!oetrimprovisaMon annonSaiont un élève supérieur de beaucoup à ta quatrième. Monsieur, dit-il à l'Auvergnat, vous ne pouvea rester nveo moi; je vais vous envoyer au professeur de troisième, jo suis certain que votre place est beaucoup plus haut, mais ce n'est pas à moi d'en juger. Lea élèves ouvraient de grands yaux et ae disaient entre eux, pour se consoler do leur méprise -An fait, il a quinze ans, et H no sera pas trop jouno pour un troisième.

Etienno resta quatra jours en troisième; ensuite, on <?~M do nouveau da cette oiasse, et pour ne pas faire encore d'infructueux essais, on t'envoya ta rhétorique là, il se trouva la plus jeune, mais les connaissances qu'il avait déjà acquises, sa Mitante facilite, son travail opiniâtre, le nrent atteiadre aux premières places.

Alors on no chercha plus à te tourner en ridicule; on le respectait, et plus d'un de ces beaux rhétoriciens qui l'avaient accueilli avec la sourire du mépris, portait envie à sa supériorité et à ses succès non interrompus. Etienno sut bientôt se faire des amis de tous ses envieux, car il joignait, ad'heure~os qualités de l'esprit, un bon caraotero et un cœur aimant. H a fait depuis sa philosophie au lycée Impérial, aujourd'hui le collège Henri IV. It a obtenu au concours général la plus glorieuse de toutes les couronnes classiques ses études Snies, il s'est voué a ia carrière universitaire, sa place y était marquée d'avance. Il occupe aujourd'hui un poste brillant: c'est ce que ne prévoyaient guère Georges, Eugène et moi-même, quand nous v!<nes arriver pour la première fuis au lycée de Versailtes te )'<:N!MMK!' <~lMM~e/

D'où je conclus qu'il ne faut juger ni des hommes ni des en&nts sur l'apparence.


t. t.e han cœur do Fri()o)in. 8 M. La pieuse mèra do Frido!in. <0 111. t.'exce))cnt père do Fridolin. <a tV. Un grand malheur. <S V. Un commencement do secours. 18 Vf. Une heureuse d~eumerte. St V)t. Secours complot. as Y)t!. Enfanco do Thierry. S~ iX.–Thieffy&Mcoto. 39 X. Thierry on appM)Ui9Mgo. 0 Xt. Thierry chez tes braeoMXtcM. M X)). Thierry parmi tes voleurs. SX X))). Un comptot. 63 X)V. SceMMtesM de Titierry. 67 XV. Remords do Thierry. 7t XYt. Une ctMoge apparition. 70 !VM. Premier interrogatoire de Thierry. 81 IVttt. Une expédition contre les brigands. 86 X)X. Histoire do Watter. 93 XX. Continuation de {'histoire de Waller et de Rodolphe. 103 XXt. Condamnation de Vaiter. HO

TABLE


XXM. Cep<MM et condamnation do Rodolpbe. <n XXtM. BefntcM moments do WaMef et do Metpho. isa XXtV. Ni9to)M~oRftymona. <?) XXV. SMite (ta l'histoire do MariaMe et da MaymoM). «(t XXVt. MmaMhos de Marianna en faveur de HaymMd. ~03 X~VM. Harfanne viaite Mayatond dana aon eaehot. iM XXVO!. Beratef entMUoR de Marianne et de Raymond. <T7 XXtX. ~exécution. <? XXX. Sutto do t'h)sto)M de 'rhierfy M! X!<Xt. ta mtiro do Thicrfy. tM XXXII, Bonheur do Ftidetin. SM LE PETIT SAVOYARD.

t. Antoine et son chien heiteux. S2< !t. Antoine quitte ses montagnes. Et ttt. Un ami le fcjoint en route. 823 IV. Antoino Mfno à Paris. 2M L'Amorgoat. 233 ftN DE t.A TABLE.

Umcsei. f)))~. t!~<tt)B jtNtMtt tt Ci&


Othjfna) en couleur NFZ43-1:0-a