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Titre : Description de l'Afrique du Nord. Musées et collections archéologiques de l'Algérie et de la Tunisie. 2, Musée de Constantine / par Georges Doublet,... Paul Gauckler,...

Auteur : Doublet, Georges (1863-1936). Auteur du texte

Auteur : Gauckler, Paul (1866-1911). Auteur du texte

Éditeur : E. Leroux (Paris)

Date d'édition : 1893

Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb38901197r

Relation : Titre d'ensemble : Description de l'Afrique du Nord. Musées et collections archéologiques de l'Algérie et de la Tunisie

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb304865387

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (124 p.-XIV pl.) : ill. ; in-fol.

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Description : Collection numérique : Originaux conservés à l'INHA

Description : Contient une table des matières

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k64293721

Source : Bibliothèque de l'INHA / coll. J. Doucet, 2012-104875

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 07/01/2013

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, MUSÉES

ET COLLECTIONS ARCHÉOLOGIQUES

DE L'ALGÉRIE

PUBLIÉS PAR ORDRE DE M. tE MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DËS BEAUX-ARTS

1

6 SOUS LA DIRECTION DE 6 3 4

M.- R. DE LA 'BLANC HÈRE'

1

MUSÉE DE CONSTANTINE

PAR

GEORGES DOUBLET ANCIEN MEMBRE DE L'ÉCOLE D'ATHÈNES

PAUL GAUCKLER AGRÉGÉ D'HISTOIRE

*

PARIS ERNEST LEROUX, ÉDITEUR 28, RUE BONAPARTE, 28 1892



MUSÉES DE L'ALGÉRIE

ET

DE LA TUNISIE

CONSTANTINE


CHARTRES. — IMPRIMERIE DURAND, RUE FULBERT.

Droits de reproduction et de traduction réservés.


1 DESCRIPTION DE L'AFRIQUE DU NORD ENTREPRISE PAR ORDRE

DE M. LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES BEAUX-ARTS

MUSÉES ET COLLECTIONS ARCHÉOLOGIQUES

DE L'ALGERIE

ET

DE LA TUNISIE

PUBLIÉS SOUS LA DIRECTION

DE

M.- R. DE LA BLANCHÈRE

MUSÉE DE CONSTANTINE

PAR

GEORGES DOUBLET ANCIEN MEMBRE DE L'ÉCOLE D'ATHÈNES

PAUL GAUCKLER AGRÉGÉ D'HISTOIRE

PARIS ERNEST LEROUX, E DITEUR 28, RUE BONAPARTE, 28

1893



MUSÉE DE CONSTANTINE



BIBLIOGRAPHIE

TABLE DES PRINCIPALES ABREVIATIONS

Const. Annuaire — et depuis le volume VII (1863) Recueil des Notices et Mémoires — de la Société archéologique du département de Constantine.

Série 1. I, 1853 ; II (1854-5), 1855 ; III (1856-7), 1858; IV (1858-9), 1860; V (1860-1), 1861; VI (1862), 1862, etc.

Série 2. I, 1867 (vol. XI de la coll. entière), etc., V (1871-2), 1872; VI (1873-4), 1874; VII (1875), 1876; VIII (1876-77), 1878; IX (1878), 1879; X (1879-80), 1881; XI, Tables.

Série 3. I, 1882 (vol. XXII de la coll. entière), etc., 1883; II (1883-4), 1885; III (1886-7), i888; IV (1888-9), 1889; V (1890-91).

Album. Album du Musée, publié en 1862-3 (texte de Cherbonneau, dessins de Féraud), d'abord dans Const., série 1, VI (pl. 1 à XI) et VII (pl. XIII à XXX), puis à part, fasc. 1 en 1862 et II en 1863.

Catal. Arguel, Catalogue du Musée, publié en 1878, d'abord dans Const., série 2, VIII, pages 1-307, puis à part. (Deux sections: Numismatique, Antiquités romaine et africaine, chacune avec une notation spéciale.) Catal. Sup.. Arguel, Supplément du Catalogue du Musée publié en 1881, d'abord dans Const., série II, X,-p. 113-162, puis à part. (Mêmes divisions.) Catal. ms. Prudhomme, Catalogues manuscrits, chacun avec une notation spéciale, pour les séries suivantes : A Numismatique; B Lampes; C Poteries; D Tuiles, conduites, briques (n'est encore qu'en préparation).

E Sculpture; F Objets divers d'os, de fer, de plomb, d'or, d'ivoire, etc.

Delamare. Exploration scientifique de l'Algérie de 1840 à 1845. — Archéologie, par le commandant Ad.-H.-Al. Delamare. Paris, Impr. nation., 1850.

Tissot, Pr. rom. d'Afro Tissot, Géographie de la province romaine d'Afrique, I, 1884 et II (avec Salomon Reinach), 1888.


B. A. A. Bulletin trimestriel des antiquités africaines. Le n° i est le fascicule XIV du Bull. dJOran, fascicule i en 1878.

B. C. A. Bulletin de Correspondance africaine, I (1882-3), II, 3e année 1884, etc., jusqu'au fascicule 1-2 du IV.

Hipp. Bulletin de l'Académie d'Hippone, fascicule 1 en 1865. Annuel.

R. A. Revue africaine, I, octobre 1856-7, etc.; IV, octobre 1859, décembre 1860; V, 1861, etc.

R. A. F. Revue de l'Afrique française, nouveau titre du B. A. A., IV, 1886; V, 1887 et VI, 1888.

C. I. L. Corpus Inscriptionum latinarum, t. VIII, vol. 1 et 2 en 1881, suppl.

en 1891.


1

LE MUSÉE DE CONSTANTINE

Le musée de Constantine, actuellement installé à la Mairie, rue Sauzay, est l'œuvre de la Société archéologique. Fondée dans cette ville en 1852, par trois des hommes qui ont rendu les plus grands services à l'archéologie africaine, Léon Renier, l'illustre épigraphiste, le général, alors colonel du génie, Creuly, et Cherbonneau, cette Société s'était donné pour mission (I) de recueillir, de conserver et de décrire les monuments antiques dont on signalait chaque jour l'existence sur tous les points de la province.

Son premier soin fut de créer un musée, destiné à grouper les antiquités découvertes dans la ville même et dans le département dont elle est le chef-lieu, à en assurer la préservation, et à en faciliter l'étude. Ce musée, à la fois local et régional, aurait pu devenir rapidement le plus riche et le plus intéressant de toute l'Algérie. Il n'a malheureusement rempli le rôle qu'il devait jouer que d'une manière très imparfaite. Diverses causes se sont opposées à son développement. Il a été créé très tard. Quand Cherchel et Alger possédaient déjà, depuis de longues années, des musées officiellement constitués (2), l'on ne savait encore où déposer, à

(1) Constsérie 1, 1. Préface, p. i. Cf.

Catal., p. 1.

(2) Peu de temps après la prise de Constantine (13 octobre 1837), le musée d'Alger est constitué en 1838, dans une salle de l'an-

cienne caserne des janissaires, rue Bab-Azoun.

Cf. Doublet, Musée d'Alger, p. 1. — Le musée de Cherchel, commencé dès les premiers jours de la conquête, en 1840, est officiellement constitué en 1842.


Constantine, les antiquités trouvées presque chaque jour dans les importants travaux de voirie et de construction entrepris depuis la conquête. On avait bien tenté, dès les premières années de l'occupation française, de constituer un musée d'archéologie ; mais les objets réunis, mosaïques (1), inscriptions (2) et bas-reliefs (3), avaient bientôt été confisqués et envoyés à Paris (4), où ils devaient former la base de ce musée africain (5), dont on attend depuis tant d'années l'inauguration. Cette mesure eut de fâcheuses conséquences : les colons se désintéressèrent entièrement des choses du passé ; on ne s'occupa plus des antiquités que pour les détruire, et, quand la Société archéologique se constitua en 1852, bien des documents précieux pour l'histoire et pour l'archéologie avaient déjà disparu sans laisser de traces.

La Société se mit cependant à l'œuvre avec courage, non pour réparer le mal déjà fait, ce qui était impossible, mais pour empêcher, du moins, de pareils actes de vandalisme de se reproduire. Un local situé au bas de la place du Caravansérail (6) fut mis en 18$3 à sa disposition, par les soins de MM. de Lannoy, ingénieur en chef, et Séguy-Villevaleix, maire de la ville ; c'est là que furent déposés les premiers monuments recueillis, tandis que le colonel Creuly faisait encastrer dans les murs de la Casba les inscriptions trouvées sur l'emplacement de l'ancien Capitole de

(1) La fameuse mosaïque de Neptune et d'Amphitrite, trouvée au Coudiat Aty. Cf.

Delamare, pl. 139-146.

(2) Notamment les importants fragments de la Synopsis des trésors du Kapitolium et du Nymphaeum de Cirta; C. I. L. 6981 et 6982. Toutes les inscriptions, provenant de Constantine, et envoyées à Paris, ont été publiées par Clarac, Description du Louvre, avec le sous-titre : Musée de sculpture antique et moderne : inscriptions trouvées en divers lieux, 1847. Cf., pour le traitement qu'elles ont subi, Renier, Mém. de la Soc. des Antiq. de France, XXII, p. 29, = Mélanges d'épigr., p.

162, et Frôhner, Notice de la sculpt. ant. au Musée du Louvre, 1878, p. 61.

(3) Notamment un ex-voto à Saturne.

Delamare, pl. 129, 7, Clarac, Musée, II, 1235, n° 2, et Inscriptions, pl. 71, 2 Frôhner,

/., p. 469.

(4) Campant à Djemila les 17-24 octobre 1839, le duc d'Orléans exprima le vœu que l'arc triomphal fût transporté à Paris ; le président du Conseil, maréchal Soult, prit même un arrêté dans ce sens.

(5) Revue archéologique, 2, 1845, p. 313.

C. I. L., Préface, p. xxix.

(6) Catal., Préface, p. 1.


Cirta(l). « La collection, dit Arguel dans son cataloguer s'accrut « rapidement. Stimulés par l'exemple donné par les membres de « la Société archéologique, les propriétaires, les entrepreneurs, les « ouvriers intelligents, les Arabes même; vinrent y déposer avec « désintéressement les médailles, les bustes, les vases, les cippes, etc., « retirés des décombres. »

Le musée acquit une nouvelle importance lorsque le Conseil municipal eut décidé, le 28 novembre 1 8 5 5, sur la proposition de M. Villevaleix, de faire l'acquisition de la collection de Lazare Costa (3). Ce personnage, italien d'origine, s'intéressait aux antiquités et en connaissait la valeur : il habitait Constantine, et toujours à l'affût d'une trouvaille, il employa, pendant vingt-cinq ans, tous ses loisirs à parcourir les chantiers de construction, les fouilles pratiquées sur divers points de la ville pour établir des fondations ou creuser des égouts. La collection qu'il vendit en 18ç ç à la municipalité était déjà très riche : elle offre d'autant plus d'intérêt qu'elle est vraiment locale ; parmi les cinq cents médailles romaines en argent, les mille médailles romaines ou africaines en bronze, les treize cents objets divers en métal, en verre, en pierre ou en terre cuite (4), bien peu ont une autre provenance que la ville même de Constantine et la nécropole du Coudiat Aty.

Le musée, définitivement constitué par l'achat de cette collection, était à l'étroit dans le local de la place du Caravansérail : on le transporta rue Sassy (5), à la Mairie, et, quelques années plus „ tard, en 1860, rue Sauzay, à la nouvelle Mairie, où il est encore aujourd'hui. Les inscriptions et les sculptures, laissées dans le

(1) Le colonel Creuly les a publiées luimême en grande partie dans Const., sér. 1, I, p. 32 sqq.

(2) Catal., p. 2, d'après Const.. sér. 1, II, p. 1, Introduction.

(3) Catal., p. 2. Sur Costa, cf. le discours prononcé sur la tombe de Lazare Costa par le président de la Société archéologique : Indé-

pendant de Constantine, 4 mai 1877. — Renan, Rapport annuel, Journal asiatique, 1877, et Const., sér. 2, VIII, p. 446, Reboud. Quelques mots sur les stèles néo-puniques découvertes par Lazare Costa. — Cf. aussi Const., passim, notamment sér. 1, X, 1866, p. 38.

(4) Catal., p. 2.

(5) Catal., p. 2.


local primitif, ne furent déplacées que vers 1869, pour être transportées place de la Brèche, au square n° 2 (I).

Les collections ont eu beaucoup à souffrir de ces nombreux déménagements: plusieurs pièces importantes furent perdues ou volées, et disparurent d'autant plus facilement qu'elles n'étaient pas cataloguées et que personne n'était spécialement chargé du service et de la surveillance du musée. D'autre part, le zèle de la Société archéologique, qui avait perdu quelques-uns de ses membres les plus actifs, s'était peu à peu ralenti : elle se préoccupait plus de décrire les monuments antiques de la province que d'en assurer la conservation : et pendant longtemps le musée ne bénéficia que dans une faible proportion des trouvailles faites dans les fouilles entreprises ou subventionnées par elle.

Mais sous la direction dévouée de M. Poulle(2), son président actuel, la Société a compris de nouveau qu'elle ne saurait se désintéresser entièrement de l'œuvre si utile qu'elle avait créée et soutenue à ses débuts, et le musée de Constantine, confié à un conservateur actif et zélé, M. le capitaine Prudhomme (3), a pris un nouveau développement. Les collections y sont organisées, ce qui est rare en Algérie. Les objets de petites dimensions sont disposés ou classés dans des vitrines fermées à clef. Ils sont décrits dans des catalogues manuscrits, qui correspondent aux diverses séries et remplacent le catalogue imprimé de l'ancien conservateur, M. Arguel, qui n'est plus au courant. Les objets qui n'ont pu trouver place dans les vitrines sont malheureusement dispersés un

peu partout, dans la mairie, aux squares de la Brèche n° 1 et 2, à la Casba, au palais de la division militaire.

L'installation actuelle du musée est d'ailleurs tout à fait insuffisante. Les objets sont entassés dans une unique salle, étroite

(1) Catal., p. 3.

(2) Président de la Société archéologique depuis 1876.

(3) Conservateur de la bibliothèque et du

musée depuis 1882. L'excellente organisation actuelle du musée est entièrement due à M.

Prudhomme.


et laide, au premier étage d'un bâtiment qui menace ruine. Cette installation n'est, il est vrai, que provisoire, et les plans d'une nouvelle mairie qui doit être construite prévoient un vaste local destiné au musée.

Tel qu'il est, le musée de Constantine, quoique bien loin d'offrir un exact résumé des richesses archéologiques de la ville même et du département, mérite cependant à un haut degré l'attention des archéologues.

*

* *

Le musée n'est pas uniquement consacré à l'archéologie. Il possède aussi de riches collections d'histoire naturelle et de minéralogie (1).

Les minerais de la province de Constantine, les beaux marbres du Filfila, les cristaux du Souf, les différentes essences forestières de l'Algérie, sont représentés par de nombreux échantillons. La collection de fossiles possède quelques pièces particulièrement intéressantes pour l'étude géologique de la région : une tête de Bubalus antiquus Mauretanicus, trouvée à Raz-Seguin, près de l'OuedAthménia, en 1882, des fragments de défense d'éléphant, découverts à Ain Beida, des fragments d'un squelette d'hippopotame provenant de Mansoura, des dents de poissons recueillies en 1884 dans l'oasis de Négrine, au nord de la ligne des Chotts et tout près de la frontière de Tunisie.

Les crânes et les ossements humains provenant des fouilles du Madracen sont des documents précieux pour l'anthropologie africaine, la nécropole où s'élève le tom beau des trois héraclides de Numidie étant datée par la présence même de ce mausolée royal (2).

Les curiosités indigènes sont assez nombreuses et quelques-unes fort belles. Ce sont des ustensiles en bois de cèdre sculpté, des

(1) Il n'y a pas de catalogue pour ces collections.

(2) Catal., p. 305. — Voy. Col. Brunon, Const., 1873-74, p. 304-353.


aiguières, des instruments en bronze et en cuivre poli, quelques belles armes damasquinées ; surtout d'admirables plats en faïence italo-arabe. Il y a là les premiers éléments d'une collection purement algérienne qui pourrait être fort belle, et qui présenterait un très grand intérêt : mais il faudrait se hâter de constituer d'une manière sérieuse une section de l'art arabe au musée, si l'on ne veut pas voir se disperser et passer à l'étranger les derniers vestiges, très recherchés par les touristes, des richesses artistiques de la ville et de la province de Constantine au temps des beys.

* * *

La collection des armes et des outils en silex est des plus riches : elle est bien disposée et a été classée avec soin par M. Prudhomme. On y trouve de nombreuses séries de polissoirs, de grattoirs, de couteaux et de pointes de flèches, d'un fini et d'une délicatesse extraordinaires. Tous ces objets sont en pierre éclatée ; tous ont été trouvés dans la province : ils proviennent surtout des différentes stations qui jalonnent la ligne d'eau de Biskra à Touggourt, BirTouit, El Oued, Mraier, Ourlana, Tamerna; d'autres viennent du Sud, de Ouargla et de Ba-Mendil ; d'autres de Guentis sur la route de Khenchela à Négrine. Les seuls objets en pierre polie sont deux haches qui ont été découvertes à Bouira, dans une tout autre région. Cette collection présente donc une grande unité : les objets trouvés dans les différentes stations ont la même forme et les mêmes caractères et s'opposent nettement aux autres débris préhistoriques provenant, soit des fouilles du Madracen, soit des dolmens et des tombeaux mégalithiques, si nombreux dans la province(l). Ils sont d'une époque différente et remontent à un âge beaucoup plus reculé.

(i) Cf. S. Reinach dans Tissot, Pr. rom.

d'Afr.) II, p. 792 sq., à propos de I, p. 501,

et Rech. des Antiq. dans l'Afro du Nord, Paris, Leroux, 1890, p. 35 sq.


* * *

Le musée ne possède pas, à l'heure présente^, une seule inscription libyque, alors que presque tout le corps de cette épigraphie provient du département de Constantine : c'est par centaines que les épitaphes libyques ont été découvertes dans les environs même de la ville, et dans les cercles de Guelma, de Souk-Arhas et de La Calle (2) : le musée n'a bénéficié en aucune façon des trouvailles faites dans ces dernières années.

* * *

La série des inscriptions néo-puniques est assez abondante (3).

Elle ne comprend pas moins d'une trentaine de textes, gravés sur des stèles que nous décrirons plus loin. On a eu l'excellente idée de placer en regard de chaque stèle un moulage en plâtre, reproduisant en relief l'inscription gravée au trait sur la pierre, ce qui permet de la déchiffrer plus facilement. Tous ces textes ont été étudiés par le docteur Judas, le docteur Reboud et, en Allemagne, par MM. Leroy, de Breslau et SchrÕder (4). On trouvera dans la grammaire phénicienne de ce dernier l'indication des travaux relatifs à ces inscriptions.

Judas (5) s'obstina jusqu'à sa mort à y voir des épitaphes, et leur lieu

(i) Il possédait, paraît-il, autrefois, deux inscriptions libyques. Elles ont disparu depuis longtemps.

(2) Cf. Reboud, Const., sér. 2, t. VII, p. 59-60, tableau général des localités où l'on a découvert des inscriptions libyques. Voir en dernier lieu Duveyrier, p. 45 et suiv. de Rech. des Ant. dans le N. de rAfr., Paris, Leroux, 1890 (deux cartes de ces localités).

Ph. Berger. Histoire de l'Écriture, 1892, p.

324 sqq.

(3) Elle serait cependant beaucoup plus

riche, si l'abondante collection de stèles recueillies par Lazare Costa (cf. Const., sér. 2, VIII, 443 sqq.) était entrée au musée de Constantine, comme Arguel en exprimait l'espoir, CataL, p. 307. Elle a été envoyée tout entière à Paris.

(4) Ph. Berger, L, p. 166 et 187, et Rech. des Ant. dans le N. de lafr., p. 71.

(5) Judas, Const., sér. 1, V, p. 1 sqq.; VI, p. 57 sqq.; X, p. 262 sqq. Cherbonneau partageait la manière de voir du Dr Judas. Cf.

Const., sér. 2, II, p. 431.


de provenance, le Coudiat Aty, où se trouve une nécropole romaine, semblait un argument péremptoire en faveur de cette opinion. On a repris après lui l'étude de ces textes, et elle a démontré que les stèles de Constantine avaient, comme les autres stèles analogues, un caractère et une attribution votifs.

*

* *

La section d'épigraphie latine avait été, dès l'origine, l'objet de soins particuliers de la part de Léon Renier, Cherbonneau, Carbuccia et Creuly. Ils la considéraient comme la principale raison d'être du musée, et rassemblèrent en quelques mois un nombre considérable d'inscriptions intéressantes (1). Mais la suite ne répondit pas à ces brillants débuts. Personne après eux ne se préoccupa d'assurer le transport à Constantine des documents épigraphiques que l'on découvrait en si grande quantité dans toute l'étendue de la province.

L'on ne mit même pas à contribution les régions les plus proches : les anciens pagi dépendant de Cirta (2), Tiddis, M astar, Uzelis, Phua, Arsacal, Subzuar, Saddar, Sila « cap ut Amsagae » n'ont rien fourni, si ce n'est quelques épitaphes insignifiantes et le musée ne possède guère d'autres inscriptions que celles qui ont été découvertes à Constantine.

Encore cette collection locale est-elle bien incomplète. Beaucoup d'inscriptions trouvées dans les chantiers de construction de la ville française ont servi à bâtir des murs, avant même qu'on ait eu le temps d'en signaler l'existence (4). Beaucoup d'autres, dont on n'a con-

(i) Publiées, pour la plupart, dans les premiers volumes de l'Annuaire.

(2) Sur ces différents « pays », cf. Tissot, Pr. rom. d'Afr., II, p. 395 à 403, et les notices du C. I. L.

(3) Deux épitaphes insignifiantes, provenant de Mechta-Nehar (C. I. L. 6886, 6913) ont disparu aujourd'hui. — Il en est de même

des inscriptions de Tiddis (C. I. L. 6729 et 6793). Phua (Ain-Foua) a fourni deux épitaphes (C. I. L. 6309 et 6324) qui sont conservées au square de la Brèche. Il en sera fait mention à propos des bas-reliefs.

(4) Poulie, Const., sér. 2, p. 338 : « Le vandalisme des entrepreneurs des travaux publics, implacables destructeurs. »


servé qu'une copie souvent insuffisante, ont subi le même sort (l).

Les efforts de la Société archéologique pour les préserver sont trop souvent demeurés impuissants. Elle n'a même pas toujours pu sauver de la destruction les monuments qu'elle avait pris officiellement sous sa protection (2). Le musée épigraphique a été pillé à maintes reprises(3) : on réussit à soustraire en une seule fois plus de 300 inscriptions, au moment où on les transportait de la place du Caravansérail au square de la Brèche(4). A une époque plus récente, parmi les textes que Wilmanns avait encore pu étudier en 1873, beaucoup manquent aujourd'hui à l'appel(5). L'acte de vandalisme le plus caractéristique remonte à peine à une quinzaine d'années.

On avait découverte le 24 février 1876, en démolissant la maison

(1) Par exemple : un texte très important, relatif à une conduite d'eau créée par ordre de Caecina Decius Albinus, gouverneur de la Numidie en 406, et par les soins d'un certain Ecdicius, prêtre (sacerdotalis) du culte provincial de la Numidie, sous les empereurs Honorius, Arcadius, Théodose II (cf. C. I. L.

7034, Pallu de Lessert, B. A. A., 1884, p. 331 sq. Guiraud, Les Assemblées provinciales dans l'Empire romain, p. 246.). Cette inscription fut employée aux fondations de la maison Allegri (cf. Marchand, Const., sér. 1, IX, 1865, p. 170, et X, 1866, p. 29 à 37).

(2) Les deux seules inscriptions sur mosaïque que possédait le Musée ont été détruites. L'une (C. I. L. 7922), découverte sur la route du Bardo, portait, entourée d'oiseaux, de calices et de rameaux fleuris, l'inscription chrétienne « Justus sibi lex est » (cf.

Const., sér. 1, V, p. 153, et VI, p. 55-56; dessin de Féraud, pl. XI, reproduit dans Martigny, Dict. d'ant. chrét.) éd. de 1877 p. 486).

L'autre, également chrétienne, et rédigée en grec, avait été trouvée au n° 16 de la rue Lhuillier (cf. C. I. L., p. 620, e, et Creuly, Const., sér. 1, I, p. 98 et pl. 6): c'était une épitaphe.

(3) Inscriptions signalées par Renier et qui ont ensuite disparu : deux dédi-

caces à Castor et à Pollux, par un curator dendrophorum (C. I. L. 6940, 6941); une dédicace d'un temple, trouvée à la Casba (C.

I. L. 6979), etc.

(4) Revue des Sociétés savantes, 1880, p. 484.

« M. Léon Renier signale ce fait, qu'il y a « une vingtaine d'années, on a construit la « route de Constantine à Batna, avec de grosses « pierres chargées d'inscriptions, au nombre « d'environ 300, qui formaient un musée en « plein air dans le square Valée. » Le fait est exact, sauf la date : mais il est faux qu'il soit l'œuvre de la municipalité de Constantine, comme l'affirment Wilmanns, et après lui M. Thédenat. C. I. L., VIII, Préface, p. XXXII, « Constantinae autem in museo, adservatorum a praefecto quodam urbis bonam partem redemptori cuidam adjudicatam esse, ut inde opus fieret » ; Thédenat, trad. de Y Etude sur le camp et la ville de Lambèse de Wilmanns, B.

A. A., 1883, p. 187, note: « Le Musée créé « par Cherbonneau fut vendu par un maire de « cette ville, comme matériaux de construc« tion. »

(5) Cf. Joh. Schmidt : Bericht iibcreine epigraphische Reise nach Algier und Tunis, 1883, Halle, p. 7-8 sqq.

(6) Poulie, Const., sér. 2, VIII, 1878, p. 463.


Moreau, place du Palais, un texte épigraphique unique(I), en l'honneur de l'usurpateur Alexandre ; il donnait pour la première fois le nom complet du personnage, L. Domitius Alexander. On avait eu soin de le faire placer dans la cour intérieure de la mairie, à l'abri de tout risque(2). Sur ces entrefaites, l'édifice eut besoin de quelques réparations ; et « la première pierre qui fut mise en morceaux fut « précisément celle d'Alexandre, qu'avaient respectée les Vandales « et les Arabes».

Le musée épigraphique, malgré ses malheurs, est cependant encore assez riche ; il possède des textes précieux pour l'histoire de Constantine, aux diverses périodes de la domination romaine. Ces textes prouvent l'importance du rôle politique que joua la cité, d'abord comme capitale d'une ligue de villes à demi indépendantes (4), les Quatre Colonies Cirtéennes, puis comme chef-lieu de la province(5). Ils nous font connaître l'organisation de cette petite confédération avec ses magistratures et ses honneurs, son culte officiel distinct du culte spécial de chaque cité, ses patrons, son budget et ses fêtes; puis la cité, avec son administration particulière, ses fonctionnaires, ses prêtres, ses citoyens les plus illustres, ses martyrs.

Ils nous disent où s'élevaient ses monuments, son Capitole, son Forum, ses temples, ses arcs de triomphe, ses tétrastyles, ses statues. Ils proclament sa beauté et sa richesse aux époques prospères, et nous permettent de soupçonner ses heures de détresse (6).

Les épitaphes elles-mêmes donnent de nombreux renseignements

(i) D'autres inscriptions en l'honneur de l'usurpateur Alexandre ont été découvertes depuis. Cf. notamment Ephem. epigraph., V, p. 271, n° 257.

(2) L'on n'était pas cependant arrivé assez à temps pour assurer la conservation parfaite de l'inscription : les dernières lignes avaient déjà volé en éclats sous le marteau des ouvriers. Cf. Poulie, Const., 2, VIII, p. 463 sqq.

(3) Cagnat, Bull. épigr. de la Gaule, I, p. 238 : sur trois musées épigraphiques.

(4) Respublica IIII coloniarum Cirtensium.

Cf. Tissot, Pr. rom. dafr., p. 401-403; Pallu de Lessert, B. A. A., 1884, p. 54 sqq.

(5) Sur la province de Numidie et son assemblée provinciale cf. Pallu de Lessert, L, p. 331 sqq.; Guiraud, les Assemblées provinciales dans l'empire romain, p. 49, 53, 246, 282.

(6) Cf. surtout la dédicace d'un autel à Pallas (C. I. L. 6958) et les dédicaces à Constantin (C. I. L. 7005, 7006, 7007, 7010).


sur la population de Cirta, aussi mélangée et aussi bigarrée que celle de la Constantine actuelle, population de marchands et d'artisans venus de tous les points de la Numidie, ou de plus loin encore, de Carthage, de Rome, de la Grèce(l).

La collection est donc intéressante. Elle se trouve malheureusement dans le désordre le plus complet. Les inscriptions sont dispersées sur divers points de la ville. Nous ne parlons naturellement pas ici de celles qui ne pouvaient être déplacées : la fameuse inscription des saints martyrs Jacques et Marien, gravée en plein rocher à l'entrée des gorges du Roumel (2), et les nombreuses épitaphes sculptées sur les escarpements calcaires qui couronnent les pentes de Sidi-Mecid dans la direction du Hamma (3). Mais des textes épigraphiques appartenant en propre au musée sont, les uns, alignés et empilés au hasard (4), le long des allées du square de la Brèche ; les autres, conservés dans les sallesou dans la cour de la Mairie(6).

Quant aux dédicaces et aux inscriptions honorifiques qui décoraient l'ancien Capitole de Cirta et qu'on a retrouvées sur place, on les a encastrées dans les murs de la Casba (7), à l'endroit même où elles avaient été découvertes ; ce sont encore les mieux classées et les mieux disposées. Elles sont, pour la plupart, bien en vue, le long de la rue Damrémont, à l'abri des atteintes des entrepreneurs et des maçons, La collection épigraphique présente un certain nombre de dédicaces adressées à des divinités. Elles se rapportent toutes à des dons extraordinaires faits à la ville de Cirta par des magistrats de la confédération Cirtéenne, ou de la cité, à l'occasion de leur élection aux

(i) Les noms qu'on relève sur les inscriptions funéraires de Constantine trahissent souvent une origine grecque, punique ou berbère.

(2) C. I. L. 7924, avec la bibliographie concernant cette inscription. Sur les martures Hortenses, voir aussi Pallu de Lessert. Const., sér. 3, VI, p. 153; Le Blant, Epigr. chrét.

en Gaule et dans l'Afro rom., Paris, Leroux, 1890, p. 109. « Leur Passio, dit-il, est venue

« jusqu'à nous pure d'interpolations, comme « le sont en général les Actes d'Afrique ».

(3) Const., sér. 1, X, p. 73-74 sqq.

(4) Voir la pl. I.

(5) Épitaphes insignifiantes.

(6) Dédicace à Bacchus, C. I. L. 10867.

(7) Elles ont presque toutes été publiées et reproduites en fac-similé dans Const., sér.

1, I, p. 39 sqq., et pl. 1 à XIV.


magistratures qu'ils avaient briguées. Un édile, C. Julius Barbarus, dédie une statue à la « Concorde des Colonies Cirtéennes(l). Un autre édile, C. Pontius Saturninus, fait ériger une statue personnifiant « le génie du Peuple Romain », et donne en outre des jeux scéniques avec distribution de cadeaux au peuple « ludos scaenicos cum missilibus(2) ». C'est également au génie du Peuple Romain qu'est dédiée la statue que M. Roccius Félix, chevalier, triumvir, prêtre du culte de la cité et flamine du divin Antonin, fit ériger en l'honneur de son triumvirat, et l'inscription rappelle que ce magistrat a également donné des jeux scéniques « cum missilibus », et, à titre de sportules, « denarios singulos secundum matricem publicam».

Une dédicace à Vénus Auguste nous apprend que L. Julius Martialis, triumvir, édile et questeur, a offert à la cité une statue de Vénus en bronze avec son édicule, et des Cupidons(4). Une autre inscription, gravée sur un piédestal trilobé qu'on trouva à côté de la première, portait ces mots: « L. Julius Martialis fecit » (5).

Une dédicace, dont la partie supérieure manque, mentionne le don de deux statues de Satyres, fait par un magistrat de la Confédération en l'honneur de sa quinquennalité(l). Une dédicace à Pallas, en assez mauvais état malheureusement, parle de la réfection d'un autel élevé par un certain Quadratus Baebianus, magistrat important des Quatre Colonies, et détruit à la suite d'un soulèvement des Gétules « tumultus Gaetulorum » que nous ne connaissons que par ce seul texte (7). Une inscription à Saturne a été martelée et remplacée par un chrisme (S). Il faut encore mentionner les dédicaces d'une statue à la Terre, Telluri Aug(ustae), élevée, avec son tétrastyle, aux frais d'un certain C. Julius Urbanus, en l'honneur de son édilité(9) ; d'une

(i) C. I. L. 6942.

(2) C. I. L. 6947.

(3) C. I. L. 6948.

(4) Trouvée place de la Brèche. Cf. Poulie, Const., sér. 2, III, p. 685 sqq. et C. I. L.

6965.

(5) C. I. L. 6966.

(6) C. I. L. 7123.

(7) C. J. L. 6958.

(8) C. I. L. 6960.

(9) Poulie, Const., sér. 3, I, p. 246, n° 55; Ephem. epigr., VII, fasc. 1-2, p. 135, n° 437.


statue à Bacchus qui a été retrouvée et qu'on peut voir aujourd'hui au M usée(I); d'un tétrastyle et d'un tholus, donnés par un simple particulier^. Citons enfin, parmi les inscriptions relatives au culte, deux textes très intéressants : l'un est la dédicace d'une chapelle mithriaque « speleum cum signis et ornameniis(3) », l'autre, venu de Sigus, pagus qui faisait partie de la confédération des Quatre Colonies Cirtéennes (4), est dédié au dieu local, Baliddir (s) (Pl. II).

Les dédicaces aux empereurs sont nombreuses. Les plus importantes appartiennent à l'époque de Septime Sévère et à celle de Constantin. Parmi les premières, il faut remarquer un fragment d'une dédicace (6) due aux quatre Colonies Cirtéennes. Elle ornait la base d'une statue du père de Septime Sévère (7) (Pl. II) qui faisait pendant à une statue de la première femme de cet empereur, Paccia Marciana; on a également la base et l'inscription (8) concernant cette

(1) C. I. L. 10867.

(2) Cherbonneau, Const., sér. 2, III, p. 84; R. A., 1869, XIII, p. 123 ; C. I. L. 7108.

(3) C. I. L. 6975 ; Creuly, Const., sér. 1, I, p. 47 et pl. VII, n° 12.

(4) Cf. Tissot, Pr. rom. d'Afr., II, p. 424, sqq.

(5) Ephem. epigr., VII, 792. Une autre inscription, dédiée au même dieu, et trouvée au même endroit, est simplement indiquée par M. Schmidt « alter titulus castelli Sigui« tani nuperrime repertus, quem Pouljio primum « edendum relinquo ». Cf. Poulie, Const., sér.

3, III, p. 172 sq. Une nouvelle dédicace à Baliddir a été trouvée récemment au même endroit. Cf. Poulie, Const., sér. 3, V, p. 310.

Une dédicace à Baldir Auçustus a été trouvée au Guelaât-bou-Sbâa, près de Guelma, sur le versant du Fedjoug ; C. I. L. 5279. Pour l'origine et la signification du nom, contraction de Baal-Addir, cf. Berger et Cagnat, le Sanctuaire de Saturne à Aïn-Tounga, dans le Bull.

arch., 1889, p. 246, n. i. - Comparez au dieu local Abaddir, connu par une dédicace trouvée à Manliana (Miliana). L'inscription est gravée sur un autel, érigé aux frais de cultores juniores.

Ephem. epigr., VII, n° 529 avec renvois à Priscianus, VII, p. 313, éd. Hertz, et au Corp.

inscript. Semit., I, p. 144 sq. D'après M.

Bernhard Stade, Baliddir aurait la signification de Dominus potens, et Abaddir, celle de Pater magnificus, potens. — Pour les divinités locales africaines, cf. Rev. arch., 1891, mars-avril, p. 156 sqq., Sur quelques divinités topiques africaines par M. le Dr Vercoutre. Cf. également Const., sér. 1, V, p. 52; sér. l, VII, pp. 400, 401 et 453; sér. 2, VIII, p. 615 sqq., etc. ; R. A., IV, p. 207 et 3 17 = C. I.

L. 9326; Hipp., fasc. 23, p. 5 et 15, etc.

Doublet, Musée d'Alger, p. 29.

(6) Ephem. epigr. 438.

(7) P. Septimius, L. f., Geta, cf. Poulie, Const., sér. 3, III, p. 177 sqq.; Ephem. epigr., V, n° 438, p. 136, commentaire de Joh.

Schmidt; Ed. Gellens-Wilford, B. A. A., 1883, p. 364 sqq.; A. de Ceuleneer, Essai sur la vie et le règne de Septime Sévère, Bruxelles, 1880, p. 13.

(8) Ephem. epigr., V, 439, p. 136. Le pseudo-Sparcien, V. Severi}III et xiv, l'appelle « Marcia ». Cf. Ed. Gellens-Wilford, l., P. 373.


autre statue. Une dédicace à Julia Domna est datée de 202(l). Deux autres inscriptions mentionnent l'érection de statues élevées en l'honneur de Caracalla, l'une par M. Seius Maximus, triumvir de Cirta(2), l'autre(3), remontant probablement au second semestre de l'année 210, par M. Caecilius Natalis, qui plus tard fit ériger à ses frais un arc de triomphe, dont on a également retrouvé les inscriptions(4) (Pl. II).

Les dédicaces à l'empereur Constantin^ sont toutes d'éclatants témoignages de reconnaissance au prince qui, après la victoire du pont Mulvius, avait délivré Cirta de la tyrannie de Maxence, l'avait relevée de ses ruines et lui avait donné son nom. L'une d'elles(6), la mieux conservée, rend d'emphatiques hommages « au triomphateur « de toutes les nations et au dompteur de toutes les factions, qui, « par son heureuse victoire, a illuminé d'une nouvelle lumière la « liberté étouffée dans les ténèbres de la servitude. » Une seconde a été dédiée à l'empereur par un certain Jallius Antiochus dont la famille était chrétienne(7).

Les autres dédicaces sont assez insignifiantes : citons pourtant celles à Livie(8), à commode(9) (l'inscription est postérieure à la

(1) C. I. L. 6998.

(2) C. I. L. 7000. Une autre dédicace à Caracalla, aujourd'hui détruite, a été publiée par M. Cagnat, Bull. épigr. de la Gaule, VI, p. 238, d'après les papiers manuscrits de Delamare, vol. IV, p. 186, n° 295. Elle porte la fausse généalogie de Septime Sévère, imaginée après l'adoption posthume de ce prince par Commode. Cf. Ephetn. epigr., VII, 440 et p. 136.

(3) C. I. L. 6996.

(4) Poulie, Const., sér. 2, III, p. 695 sqq.; C. I. L. 7094 à 7098. Le Musée ne possède que les inscriptions 7095 et 7098. Cf. H.

Dessau : Uber einige Jnschrften aùs Cirta. Hermès, 1880, p. 431 sqq. Boissier. La Fin du Paganisme, I, p. 307 sqq. — Comparez avec les inscriptions concernant le préfet de la

légion XIVe Gemina, qui donna, par testament, à la ville de Theveste l'arc triomphal à quatre faces qui subsiste encore aujourd'hui C. I. L., 1858 et 1859. Ces textes, qui datent à peu près de la même époque, ne sont pas antérieurs à 212.

(5) C. I. L. 7005 à 7010.

(6) C. I. L. 7006. Rapprochez de cette inscription la plaque de Caesarea, représentant le triomphe de Constantin après la victoire du pont Mulvius. Doublet, Musée d'Alger, p.

42-43.

(7) C. I. L. 7005. Pallu de Lessert. Const., sér. 3, IV, p. 186 sq. Le gentilice Jallius est rare.

(8) C. I. L. 6987 h. et addit. p. 965.

(9) C. I. L. 6994.


mort de l'empereur), à Carin(l), à Julien (2), à Valentinien(3\ et la dédicace d'une statue de Gratien(4), père de Valens et de Valentinien, offerte par Dracontius, vicaire d'Afrique, et érigée par les soins d'un personnage inconnu qui porte le titre intéressant de vir egregius sacerdotalis.(5) Un grand nombre de dédicaces, trouvées toutes dans les travaux de la Casba, se rapportent à des patrons de la confédération Cirtéenne, grands personnages, dont le cursus honorum est rappelé tout au long: P. Pactumeius Clemens(6), un jurisconsulte connu; T. Caesernius Statius Quintius Statianus Memmius Macrinus(7); M. Flavius Postumus, contemporain d'Antonin le Pieux(8); C. Arrius Antoninus (9), proconsul d'Asie, mort en 188, auquel l'inscription est dédiée par un certain C. Julius Libo, triérarque dans la « nouvelle flotte Libyque », escadre sur le nom et les attributions de laquelle on a tant disserté(l0). Une dédicace^1) à M. Coculnius Quintillianus, haut fonctionnaire de l'empire sous Septime Sévère, nous apprend qu'il avait parcouru toute la carrière des honneurs dans sa patrie Cirta, désignée dans l'inscription par le nom de Colonia Julia Juvenalis Honoris et Virtutis Cirta. L'inscription est dédiée par un certain Florus, princeps et undecim primus gentis SaboïdumeI2): cette tribu g

(1) Karino (sic). C. I. L. 7002.

(2) C. I. L. 6946.

(3) C. I. L. 7024.

(4) C. I. L. 7014. Cf. Pallu de Lessert.

Vicaires et comtes d'Afrique. Const., sér. 3, V, p. 91 sqq.

(5) Cf. Pallu de Lessert, B. A. A., 1884, p. 331.

(6) C. I. L. 7059. Cf. Pallu de Lessert, Const., série 3, IV, p. 235, et B. A. A1884, p. 55 sq. avec la bibliographie.

(7) C. I. L. 7036. Cf. Pallu de Lessert, Const., ibid, p. 64, 239.

(8) C. I. L. 7044.

(9) C. I. L. 7030.

(10) Trierchus classis novae Libyce. Wilmanns fait stationner cette classis nova Libyca

à Caesarea, sous les ordres du procurateur de Maurétanie. M. Boissière, Alg. rom., 2e éd., p. 276, la fait croiser le long des côtes de la Numidie et de l'Afrique proconsulaire. M. Ferrero (B. A. A., 1884, p. 159, 173, 175) ne lui assigne d'autre station que les côtes du pays, qui aux ne et Ille siècles de l'empire, s'appelait, géographiquement sinon officiellement, Libye. M. de La Blanchère (B. C. A., 1884, p. 249) croit que c'est l'ancienne flotte de Juba II, dont Rome hérita avec le grand établissement maritime de Caesarea.

(n) C. I. L. 7041. Autre dédicace au même personnage, ibid., 7042.

(12) Cf. Boissière, Alg. rom., 2e éd., p. 620 sqq.


africaine n'est pas autrement connue(I). Deux textes, documents précieux pour l'histoire des assemblées provinciales en Afrique(2), mentionnent deux statues de bronze, élevées sur le forum de Constantine à Ceïonius Italicus, personnage consulaire et patron de la province de Numidie, l'une par Constantine et la province de Numidie (3) (Pl. II), l'autre par la colonie de Milev(4). Trois inscriptions analogues(s), commentées par L. Renier, ont été élevées en l'honneur d'un illustre citoyen de Constantine, P. Julius Geminius Marcianus, qui avait été gouverneur de la province d'Arabie^: deux d'entre elles, rédigées en grec, ont été gravées aux frais et par les soins de la ville de Pétra reconnaissante. Un texte, venu de Sigus où il a été trouvé en 1887, est relatif à un praeses de la province de Numidie, L. Apronius Pius(7), connu par d'autres documents('); un autre se rapporte à un procurateur du diocèse de la région d' Hadrumète et de Theveste, également procurateur du Ludus Matutinus(9). Signalons encore deux dédicaces intéressantes : l'une (10), trop mal placée pour que nous ayons pu la photographier, est un chef-d'œuvre d'écriture lapidaire ; elle rappelle le don d'un portique et de zothecae offerts à la ville de Cirta par un ancien préfet de la IVe cohorte des Bracae(II) en Judée, et tribun de la XIIe légion

(1) Tissot, Pr. rom. d'Afr., I, p. 456.

(2) Cf. Pallu de Lessert, B. A. A., 1884,

p. 336 sqq. Const., sér. 3, IV, p. 201, 294.

(3) C. I. L. 7012.

(4) C. I. L. 7013. Cherbonneau, Const., sér. 1, V, p. 137 sqq.

(5) C. I. L. 7050 à 7052.

(6) Cf. Renier. Mélanges à'épigr., p. 97 sqq.

Pallu de Lessert, Const., sér. 3, IV, p. 23 5,244.

(7) Ephem. epigr., VII, 793. Poulie, Const., sér. 3, III, p. 171 sq. Le nom complet est L.

Julius Apronius Maenius Pius Salamallianus.

Cf. Pallu de Lessert, Ibid., p. 220 sqq.

(8) C. I. L. 8782. Ephem. epigr., V, 669, 1274; VII, 395, 396.

(9) C. I. L. 7039.

(10) C. I. L. 7079. Cf. Poulie, Const., sér. 2, IX, p. 328.

(n) Nous retrouvons les trois autres cohortes auxiliaires de ce nom mentionnées sur plusieurs inscriptions trouvées en Algérie. Un texte de Cherchel, aujourd'hui au musée d'Alger, fait connaître un préfet de la coh. I AugustaBracarumÇC. I. L. 9358). Un autre, de Cherchel également, et conservé au musée de cette ville, mentionne la coh. II Breucorum (C.

I. L. 9391). Diverses autres inscriptions ont fait connaître le lieu où stationnait cette cohorte, Henchir Souik, à Tagremaret entre Frenda et Saïda. Ephem. epigr., V, 1047, 1048 et VII, 543, 670, 671, 672 : de La Blanchère, Arch. des miss, scient., 1883, p. 69 sq., 103. Une inscription de la route de Diana Veteranorum au praetorium de Lambèse parle d'un centurion de la coh. III Breucorum (C. 1. L 3005).


Fulminata, à l'occasion d'un pontificat. L'autre(I) est dédiée à Veratia Frontonilla, flaminica 1111 Coloniarum, par son mari, un ancien centurion, qui n'est point flamine(2).

Quelques épitaphes seulement valent la peine d'être signalées, celle d'une prêtresse de Junon(3), celle d'un certain L. Petronius Festus, qui porte le surnom africain de Zabullus(4), la fameuse épitaphe en vers(5), provenant du tombeau de Praecilius qu'il est si regrettable d'avoir laissé détruire(6). Une autre épitaphe(7) a dû être redigée aussi en vers, quoiqu'il n'y paraisse guère. Le cippe funéraire d'une jeune fille(8), si curieux avec ses sauterelles(9), est reproduit sur notre planche II.

Enfin, un monument d'un genre tout particulier mérite une mention spéciale. C'est une des bornesCIO) qui furent placées, à l'époque d' Hadrien, sur les confins du domaine de Cirta, pour délimiter les terres publiques de la cité. Cinq d'entre elles(,,) ont été trouvées dans la vallée du Bou-Merzoug; deux, tout près du village du Kroubs; les trois autres, plus rapprochées de Constantine. Une sixième borne, qui délimitait le domaine public de Cirta des A(gri) a(ttribut i) ? M(ilevitani) a été découverte à l'entrée même de l'oppidum antique de M ila (12).

(i) C. I. L. 7080.

(2) Cf. Pallu de Lessert, B. A. A., 1884, p. 54 sq.

(3) C. L. 7109.

(4) C. I. L. 7636.

(5) C. I. L. 715 6. Cf. Cherbonneau, Const., sér. 1, I, p. 110 et sér. 1, VIII, p. 268; Renier, Rev. arch., 1855, p. 181 ; Bâche, Const., 1, III, p. 35.

(6) M. Héron de Villefosse signalait déjà en 1875 (Arch. des Miss. scientif., 1875, p. 410) le tombeau de Praecilius comme « le « réceptacle des immondices de tout le fau« bourg qui l'entoure ». Pour la décoration, les peintures et la mosaïque de ce mausolée, découvert en avril 1855 au pied de la

tour carrée dite Bordj Azouz, voir Const., 1854-5 pl. 8 et 9, 1856-7 pl. 1-4, 1863 pl.

13-17.

(7) C. I. L. 7427.

(8) C. 7. L. 7158. Cf. Cherbonneau, Const., sér. 1, II, p. 172 sqq. Sur les arenarii et leurs collèges, voir Saglio, art. arenarii dans le Dict. des ant., I, p. 395. Sur les sauterelles dans l'Afrique ancienne, voir Tissot, Pr.

rom. d'Afr., I, 322. — Voir la pl. II, n° 1.

(9) Le C. I. L. les appelle des cigales, cicadae, ce qui paraît extraordinaire.

(10) C. I. L. 7084. Cf. Cherbonneau, R.

A., I, p. 448.

(11) C. I. L. 7084 à 7088.

(12) C. I. L. 7089.


* * *

Trois inscriptions arabes sont conservées dans la salle du musée.

Elles n'ont aucune importance: ce sont des épitaphes d'une époque récente, sculptées en relief sur bois ou sur marbre blanc. Les textes épigraphiques arabes les plus intéressants sont aujourd'hui déposés au Palais d'Ahmed-Bey(l) ; ils ont tous été décrits dans le Recueil des Mémoires de la Société archéologique. Les principaux sont la dédicace du Palais oriental (2) construit par Hadj-Ahmed-Bey, et celle de la mosquée de Souk-el-Rezel (3), bâtie en l'an de l'hégire 1143 (1730) et aujourd'hui convertie en église catholique. Cette dernière se compose de huit vers assemblés deux par deux sur une même ligne : ils sont gravés, en caractères mcherki d'une rare élégance, sur une large table de marbre blanc (1 mètre sur o. 60).

*

* *

Le médaillier est bien cataloguée bien disposé dans des vitrines horizontales à hauteur d'appui. Il est riche, bien qu'il ait eu à subir de nombreux vols qui avaient fait disparaître les plus belles pièces de la collection. Le conservateur actuel a réussi à combler les vides qui s'étaient produits et à reconstituer les séries. Les plus abondantes sont celle de la République romaine, avec des as coulés ou frappés et quelques belles monnaies consulaires ; celle des monnaies impériales et byzantines d'or et d'argent, avec deux

(1) Ch. Féraud, Tour du Monde, 1877, Ier sem., p. 225-256. Traduction de l'inscription arabe de Dar el Bey, Ibid., p. 246.

(2) Const., sér. 1, III, p. 135.

(3) Const., sér. 1, II, p. 102.

(4) Voir Catal., sect. I, p. 9 à 257, nos 1 à 2149; Catal. sup., n° 2150 à 2344; Catal.

Ms., depuis le 15 déc. 1881. Il existe aussi un catalogue manuscrit sans date ni nom d'au-

teur, mais qui semble avoir été rédigé vers 1860. Il est soigneusement fait et instructif à consulter, car on y trouve mentionnées un grand nombre de pièces rares, notamment de précieuses monnaies africaines, qui avaient déjà disparu, quand Arguel rédigea son premier catalogue.

(5) Une pièce se rapporte à la domination des Ostrogoths en Italie, Catal., 1888.


pièces Vandales(l); puis quelques monnaies grecques, celtibériennes (2), gauloises, arabes; des jetons en verre à légendes koufiques (3) ; une monnaie de Noureddin, sultan de Syrie et d'Egypte, en bronze plaqué d'argent(4), enfin un grand nombre de médailles commémoratives modernes.

Les pièces, en général dans un très bel état de conservation, ne sont pas d'une grande rareté. Il faut cependant citer un grand médaillon de Marc-Aurèle (5), qui est rentré au musée après avoir été volé, un médaillon de Cyzique (6) d'autant plus intéressant qu'il a été découvert à Constantine même ; enfin un de ces curieux globules d'or à légende bilingue, frappés en Afrique par les Arabes à l'imitation des monnaies byzantines (7).

La section véritablement intéressante et précieuse du médaillier de Constantine, est celle qui contient les monnaies de l'ancienne Afrique. Elle a été beaucoup développée dans ces dernières années par M. Prudhomme, qui lui accorde avec raison une importance particulière. On remarque surtout les monnaies de Cyrénaïque et de Zeugitane, la superbe collection des monnaies d'or, d'argent et de bronze de Carthage ; celle des rois de N unlidie (8), avec l'abondante série des types de Micipsa et de ses frères ; celle des rois

(1) Catal., 1889, 1890 : la première est de Hilderic, qui est appelé Ildirix sur un texte recueilli dans l'une des basiliques d'Ammaedara, C. I. L. 10516 ; — la seconde, de Geilamir, de qui on retrouve le nom sur une inscription découverte sur la route de Cirta à Thamugas, C. I. L. 10862, et aussi sur le beau plat d'argent découvert à Canalet en Italie, mais provenant d'Hippone, qui porte ces mots gravés « Geilamir rex Vandalorum et Alanorum. C. I. L., suppl. 1, 17412 (reproduction).

(2) Catal. 2031 à 2034, Catal. sup. 2337.

(3) Catal. sup. 2341.

(4) Catal. sup. 2339. Cf. Const., sér. 2, X, 150 et 15 1.

(5) Catal. 735.

(6) Catal. 2149. Fonds Costa. État de conservation remarquable.

(7) Catal. 2051. Cf. Lavoix, Catalogue des monnaies musulmanes de la Bibl. nationale, 1887, pl. I, n° 110.

(8) Pour les monnaies de Numidie, particulièrement celles de Micipsa, consulter Louis Charrier. Descript. des monnaies de la Numidie.

Bône, 1886. Carle éditeur; et les articles de Berger, Rev. arch., 1889, et Babelon, Rev.

num., 1889, p. 393 sqq. Cf. aussi, pour cette série et la suivante, Muller, Numism. de l'anc.

Afr., 1862, III, p. 1 à 52; p. 83 à 125; Babelon, Rech. des ant. dans le N. de VAfr., Paris, Leroux, 1890, p. 180 sqq.


de Maurétanie(l) : puis les précieuses pièces frappées par différentes villes africaines, Sabrata, Hippo Diarrhytos(2), Gazauphala, Cirta, Tamusia, Caesarea, Camarata, Semes et Tingis. Parmi les huit médailles de Cirta, deux sont particulièrement rares: ce sont deux grands bronzes, avec la tête de femme tourelée à gauche et, au revers, la porte crénelée ou le cheval courant à gauche : l'une de ces deux pièces porte, en outre, un caducée en contremarque sur la tête de femme. Enfin le musée vient de s'enrichir d'une très précieuse acquisition, due à M. Prudhomme, à qui revient l'honneur de cette trouvaille. C'est une pièce numide portant, au droit, une tête laurée à barbe pointue, et, au revers, un éléphant avec ces mots à l'exergue, le premier très net, le second caché sous l'oxyde :

Massinissan hamamleket

C'est une monnaie du roi Massinissa. Elle présente un intérêt d'autant plus grand que c'est la première pièce sur laquelle on trouve écrit, en toutes lettres, le nom de Massinissa : elle est donc d'une importance capitale pour le classement d'une série de mon-

(i) La série maurétanienne est bien inférieure à la série analogue du Musée d'Alger, surtout pour les monnaies d'argent de Juba II.

Cf. Doublet, Musée d'Alger, p. 26.

(2) Cf. Const., sér. 2, X, pl. IV, grand bronze. Cf. Catal. sup., p. 11 5, dans Const., sér. 2, X.

(3) Cf. Catal. 1996 = Const., sér. 2, X, pl. IV, 1996 et Catal. 1998, Catal. sup.,'2315.

On ne connaissait de la Ire médaille que trois

exemplaires, au moment où Muller a publié son ouvrage sur la numismatique de l'ancienne Afrique. Muller, l. L, III, p. 60, n° 70 et note 1. Il les signale, sans les avoir vus etsans pouvoir en donner une reproduction.

L'un de ces exemplaires, appartenant à Costa, a été dessiné, Rev. num., 1856, pl. XIII, 1, p.

389-390.

(4) Cf. Babelon, Bull. arch., 1891, p. 253255. Prudhomme, Const., 1891, p. 451-455.


naies au type du cheval, avec les deux lettres lm à l'exergue, que l'on hésitait à attribuer au célèbre roi Numide.

Nous signalerons enfin une curiosité numismatique : c'est une monnaie de Jugurtha (?), frappée sur une monnaie d'Utique (?) : l'avers porte les traces de trois frappes successives, qui ont laissé l'empreinte d'une tête laurée à gauche, ressemblant un peu à celle de Jugurtha, et de deux têtes accolées à droite, les Dioscures(l).

*

* *

La collection des stèles est abondante : elles sont au nombre de plus de soixante, si l'on tient compte de tous les fragments ayant quelque valeur. Ces monuments semblent appartenir à l'époque romaine ; la plupart d'entre eux ont des inscriptions néo-puniques.

Parmi ces derniers, beaucoup ont été trouvés à Constantine, au Coudiat Aty(2), dans la propriété de M. Bruyas(î), et au cimetière moderne(4). D'autres proviennent de Guelma (5), des ruines de l'ancienne Tiddis(l), et de Sigus, où elles ont été découvertes dans le voisinage d'un grand nombre de dolmens.

La forme générale est toujours sensiblement la même : ce sont de grandes dalles rectangulaires, en tuf ou en calcaire bleuâtre, d'une épaisseur de om i 5 à om 20, beaucoup plus hautes que larges : elles sont terminées, en haut, par un pyramidion simple, ou accosté de deux oreillons en forme d'acrotères. La base, destinée à être enfoncée dans le sol, est à peine dégrossie. Une seule stèle a une apparence un peu différente : le sommet, au lieu de se terminer en pointe, est surmonté d'une petite boule aplatie portant quelques traits, qui figurent d'une manière très grossière deux yeux, un nez,

(1) Const., sér. 2, II, pl. IV, 1991 et Catal. 1991.

(2) Cf. Catal., p. 306 et Const., passim.

(3) Onze stèles, trouvées en 1864, ont été données par M. Bruyas. Const., sér. 1, VIII, P. 37.

(4) Trouvées dans les tranchées ouvertes, en 1866, pour y planter des arbres, et déposées au musée par les soins de M. Vicrey.

Const., 1, IV, p. 214.

(5) Cf. pl. III, 1.

(6) Aujourd'hui El-Kheneg.


une bouche : c'est un monument anthropoïde, du type le plus primitif^.

Un grand nombre de stèles sont anépigraphes ; quand elles ont une inscription, celle-ci est, en général, disposée dans un cartouche, au centre de la pierre.

Toutes portent des symboles divins ou des attributs divers (2), le plus souvent en relief, quelquefois gravés au trait. Ils sont remarquables par leur nombre et par leur variété. C'est d'abord le disque et le croissant, droit ou renversé(3) ; l'image conique de Tanit(4); la main divine, dressée; ou bien l'adorant lui-même, assis(6) ou debout (7), la main levée et présentée la paume en dehors ; la rosace(8) ; le cad ucée (9), souvent orné de bandelettes; le gâteau rond (lo), ou en losange (II), ou en forme de croissant aux cornes croisées (12); le couperet (13); le palmier(I4) ou les palmes isolées (15); la grappe de raisin(l6) ; l'épi de blé(17). D'autres attributs, moins fréquents, sont plus difficiles à déterminer. L'un d'eux ressemble à une lance (18), un

(i) Stèle portant le n° 35, se rapportant à un ancien catalogue aujourd'hui perdu. Donnée par M. Bruyas. Une autre stèle, n° 4, trouvée aussi dans la propriété Bruyas, a également le fronton arrondi.

(2) Sur les symboles et les attributs des stèles néo-puniques. Cf. Judas, Const., 1, X, p. 26,2 sqq. ; Reboud, Const., 2, t. VIII, p. 448-449, 452-454; Berger, les Ex-Votos du temple de Tanit à Carthage, passim; Perrot et Chipiez, Hist. de l'Art, III, p. 457 sqq. et 52 sqq.; Doublet, Musée d'Alger, p. 27 sq.

(3) Catal., p. 305. Cf. Judas, 1. l., 269.

Pour le croissant renversé, signe d'antiquité carthaginoise, cf. Reboud, 1. 1., p. 449 et Berger, L

(4) Catal., p. 305. Cf. Judas, l., p. 270; Berger, la Trinité carthag., p. 32-33, tirage à part, extrait de la Gaarch., 1880.

(5) Catal., p. 306. Cf. Judas, L, p. 270; Berger, 1. l., p. 8; Perrot et Chipiez, 1. 1., P. 457.

(6) Voir la pl. IV.

(7) Voir la pl. III, 1.

(8) Catal., p. 306, n° 7; stèle 32, 56.

(9) Stèle 8; caducée avec bandelettes. —

Voir la pl. III. Cf. Berger, la Trin. carthag., p. 33 sq.

(ro) Voir la pl. III.

(11) Cf. Catal., p. 306. - Stèle 10 donnée par le préfet Lapaine et venant de Sigus. —

Stèle 5 1 donnée par M. Bruyas.

(12) Voir la pl. III. Cf. Reboud, Const., sér.

I, V, p. 76 et sér. 2, IX, p. 60. — Cet emblème se retrouve sur les stèles à Saturne. Cf. Berger et Cagnat, Bull. arch., 1889, p. 261 sq.; Catal., « objet rond, en relief, formant une « espèce de ganse par l'entrecroisement de « ses extrémités ».

(13) Stèle 49, donnée par M. Pastry; stèle 12; stèle 39. Cf. Berger, L, p. 27.

(14) Catal., p. 306, n° 6; stèles 35, 51, 56.

(15) Const., sér. 2, II, 1868, pl. VIII, n° 1, 2. Cf. aussi stèles 12 et 8.

(16) Voir la pl. III.

(17) Stèle donnée par le préfet, provenant de Tiddis ?, n° 8. Cf. Berger, /., p. 22.

(18) Catal., p. 306, no 3. - Voir la pl. III.


autre à un gouvernail (l) ; un troisième enfin offre une série de rectangles limités par deux barres parallèles^.

D'autres stèles, plus romaines de caractère et de style, sont cependant dans un rapport étroit avec les premières. Ce sont des ex-votos à Saturnela grande divinité africaine, qui n'a de romain que le nom et qui se confond avec le Baal-Hâman de la Trinité carthaginoise (4), si souvent invoqué sur les stèles néo-puniques. Nulle part Saturne n'était adoré avec plus de ferveur qu'en Numidie, et particulièrement à Cirta (s). Les monuments relatifs au culte de ce dieu abondent dans toute la région, à Zraia, à Kseiba, à Guelma (6), à Djemila(7), à Mons(8), à Beni-Fouda(9), à Sétif(lo) : M. Chabassière en avait trouvé plus de soixante dans les fouilles de Khamissa (II) subventionnées par la Société archéologique. Aucun n'a été apporté à Constantine. Les stèles trouvées autrefois dans la ville même ont été envoyées à Paris (12). Le musée n'en possède que trois (13), encore sont-elles en assez mauvais état: elles ont été données, en 1863, par M. Lapaine, préfet du département (14), et paraissent provenir

(1) Catal., p. 306, n° 4. — Voir la pl. III.

(2) Const., sér. 2, II, 1868, pl. VIII, n° 3. Cf.

aussi stèle 10, donnée par le préfet, et stèle 49.

(3) Sur le culte de Saturne, consulter : Frôhner, Sculpt. ant., I, p. 458, 461 ; Cagnat et Berger, Bull. arch., 1889, p. 246 sqq.; Berger, la Trinité cartb.; de la Blanchère, C. R. Acad. des Inscr., 1888, p. 487 sqq. et Bull. arch., I. l., 273 sqq.; Delattre, Cosmos, 1889, p. 186 sqq; J. Toutain, le Sanctuaire de Saturnus Balcaranensis au Djebel Bou Kournein, extr. des Mél.

d'arch. et d'hist., 1892.

(4) Identification de Saturne et de Baal Hâman. Cf. Berger, l. l., p. 5 et Gaz. arch., 1876, p. 121.

- - & (5) « Cirtenses Saturnum deum venerantur ».

Cf. Berger, l. L, p. 5.

(6) Frôhner, L, 515.

(7) Frôhner, L, 504, 509, 512, 516.

(8) Frôhner, L, 505, 507, 508, 510-14, 517, 523, 524, 527.

(9) Ephem. epigr., VII, 462, 464, 465, 468-473, etc.

(10) Frôhner, l. l., 506, 519, 525. C. I.

L. 8443-8452, 8458-63, etc.

(11) Thubursicum. Const., sér. 15 X, P. 122 et pl. XVI et XVII; 50 dessins de Chabassière.

(12) Frôhner, L, 518, avec la bibliographie.

(13) Deux seulement sont cataloguées, Catal., 264 et 260 (les chiffres sont répétés deux fois dans le catalogue. Il y a une erreur de notation).

(14) Extrait d'une lettre adressée par le préfet du département au maire de Constantine, le 6 nov. 1863 : « Le Conseil général a bien voulu « m'autoriser à faire don au Musée de la ville a d'un certain nombre d'objets, découverts dans les « dernières fouilles, opérées sous la direction de « M. Cherbonneau. Je vous en adresse ci-joint « le catalogue. » Nous n'avons pu retrouver ce catalogue, qui a dû disparaître depuis longtemps déjà. La lettre donne ensuite un aperçu sommaire du résultat des fouilles, qui ont


des fouilles faites en 1862 à Mechta-Nehar et subventionnées par le Conseil général (1). Elles se rattachent toutes les trois au même type, la stèle à compartiments, portant en haut l'image de la divinité, au milieu celle de l'adorant, et souvent en bas celle de la victime offerte en sacrifice.

Nous rapprocherons de ces stèles, comme ayant eu sans doute

une destination analogue, un monument d'une forme moins ordinaire qui se trouve déposé au square de la Brèche : il n'a été jusqu'ici l'objet d'aucune étude et n'a même jamais été signalé : on ne sait ni d'où il vient, ni comment il est arrivé. C'est une sorte de cippe ou d'autel (haut. 1,20), auquel on a donné la forme d'un

fourni entre autres « 30 STÈLES NUMIDIQUES « ornées de bas-reliefsp revenant de Mechta-Nehar,

« Fedj-Sila et Fedj-el-Fokani. »

(i) La subvention était de 2,000 francs.


monument tétrastyle, soutenu aux quatre angles par quatre colonnes corinthiennes. Le faîte de Pédicule, massif et quadrangulaire, ressemble au couronnement d'un arc de triomphe. Il est orné sur la façade d'un médaillon accosté de deux génies. Au-dessous, dans les niches ménagées entre les colonnes, sont sculptés des bas-reliefs ; la face postérieure seule ne porte aucun ornement. Le motif principal est fort endommagé : il représente le buste, vu de face, d'un personnage barbu et chevelu, drapé dans de larges vêtements qui l'enveloppent jusqu'au cou : c'est probablement le portrait du dédicant lui-même ; il tient dans sa main gauche une cassolette à parfums, une acerra, comme on le remarque souvent sur les stèles dédiées à Saturne. Sous le buste, se trouve un cartouche vide destiné à contenir une inscription qui est complètement effacée aujourd'hui, si toutefois elle a jamais existé. A droite et à gauche, les niches latérales sont occupées par deux personnages en pied, un homme et une femme. Ce sont des canéphores : ils portent sur la tête une large corbeille qu'ils soutiennent d'une main : l'homme tient dans son autre main un objet circulaire, sans doute un gâteau, et la femme presse contre sa poitrine deux vases géminés, en forme d'alabastres, pendus à son cou par un long collier. L'ensemble, avec ses détails gauches et ses naïvetés de sculpture, est un spécimen intéressant de l'art provincial africain.

* * A côté des stèles votives, le musée possède aussi un certain nombre de monuments funéraires ornés de bas-reliefs. Ils sont ♦ presque tous trop grands et trop lourds pour avoir pu trouver place dans la salle de la mairie : celle-ci ne renferme qu'une petite stèle de forme originale (1) trouvée à Constantine, dans les déblais de la

(1) Reboud, Const., sér. 2, X, p. 8182. — Voir la pl. IV, 5. Cf. une stèle de Dellys, Doublet, Musée d'Alger, p. 28, 67-68

et pl. IV, 5 ; et un sarcophage chrétien du Musée de Philippeville, présentant au centre la même porte entrouverte.


maison Azoulay. C'est un prisme quadrangulaire allongé, portant au revers la fin d'une épitaphe et, sur la face principale, une porte entr'ouverte au-dessus d'une arcade.

Les autres monuments funéraires sont tous conservés au square de la Brèche et disposés en rond autour du grand bassin. Ils portent, en général, une épitaphe accompagnée d'un bas-relief représentant le plus souvent un sujet assez banal, d'un style et d'un travail plus que médiocres. Deux d'entre eux proviennent d'AinFoua: le cippe de Julia Paula est de grandes dimensions (haut.

2,12) (l); il a la forme d'une niche, abritant une femme dans l'attitude de l'offrande; sculptée en haut-relief et en grandeur naturelle, elle porte de longs vêtements, et sa coiffure, assez curieuse, est formée par une longue tresse de cheveux qui fait trois fois le tour de la tête; la stèle de Ti. Claudius Cilius(2), Lusitanien d'origine, et cavalier de l'aile Prima Pannoniorum, le représente, suivant l'usage, armé d'une lance et d'un grand bouclier, sur un cheval au galop : un ennemi terrassé gît sur le sol. La stèle est si effacée qu'on avait cru d'abord y reconnaître « sous les pieds du cheval, un énorme crapaud destiné « à figurer un ennemi vaincu. »

Le monument funéraire provenant des ruines de l'Oued Dekri(3), et élevé à la mémoire d'un indigène nommé Fittav Feriusis, qui avait vécu 115 ans, est une stèle banale, avec le banquet funèbre, le mort à demi-couché, la table et l'esclave qui sert : elle a donné lieu aux plus étranges commentaires : « Voilà donc la recette pour vivre « cent quinze ans. Apud mensam, voilà le secret de la longévité des « colons africains^ ! » Le cippe d'Aurelius Mazambro, fils de Fittav(5), trouvé à Mechta-Nehar(6), le représente à cheval avec un

(i) C. I. L. 6324. Cherbonneau, Const., sér. 1, II, p. 75, et pl. XVII.

(2) C. I. L. 6309 et Ephem. epigr., V, n° 889; Cherbonneau, Const., 1, II, p. 73 et VII, p. 280 sq. Album, pl. XXVI; Boissière, Alg. rom., 2e éd., 1883, p. 459.

(3) C. I. L. 8272. Cherbonneau, Const.,

sér. r, IV, p. 135; ibid., VII, p. 279; Album, pl. XXVI. Cf. stèles analogues, Doublet, Musée d'Alger,]). 32,33 avec une bibliographie du type.

(4) Cherbonneau, Const., sér. 1, VII, 279.

(5) C. I. L., 6668.

(6) Sur l'identification des ruines de ce


chien à ses côtés. A Constantine même a été découvert un petit autel où l'on voit, entre deux colonnettes, M. Laetorius (1), espagnol d'origine, la tête voilée, une corne d'abondance dans la main

gauche, et dans la main droite une patère, avec laquelle il fait une libation.

*

* *

Notons encore quelques bas-reliefs sur des monuments de destinations très diverses. Une large base, conservée au square de la

bourg, situé à l'O. de Tiddis et au N. de Milev, cf. Cherbonneau, Const., sér. 1, VII, p. 182; Rev. arch., VII, 1863, p. 135; C.

I. L., p. 614, notice et 6857. Tissot, Pr.

rom. d'Afr., II, p. 397 sq. C'est peut-être Caldenses.

(1) C. I. L., 7541. Const., sér. 1, IV, p.

213 sq.; ibid., VII, p. 280; Album, pl. XXVI.


Brèche n° 2, est décorée sur trois de ses faces de trophées militaires. Un bassin, trouvé àThamugas (Timgad) et déposé au square n° i, où il sert de fontaine, est orné d'Amours montés sur des dauphins (1). Un fragment en marbre blanc, conservé au musée même, montre une Néréide, assise sur un monstre marin et tenant une lyre(2) : ce sont là des motifs très communs, et l'exécution lourde et vulgaire rachète mal la banalité du sujet. Deux débris fort curieux paraissent d'origine phénicienne. L'un d'eux, mor-

ceau de roche friable mal dégrossi, représente un sujet bizarre et obscène(3). L'autre est un fragment d'une statuette d'homme assis, dans l'attitude de certains rois de l'ancienne Egypte : il est vêtu d'une tunique à petits plis ; des tablettes sont posées sur ses genoux; le siège à dossier sur lequel il est assis est orné, sur ses faces latérales, de sphinx debout, d'un type étrange, la tête surmontée de l'uraeus et de la double plume, le corps constellé d'ocelles.

(i) Catal., p. 303.

(2) Catal., 253. — Sur la banalité de ce type,

cf. de La Blanchère, Coll. Alaoui, I, p. 27.

(3) Catal., 258. Voir la pl. IV, 6.


*

* * *

La collection de sculptures en ronde-bosse, moins abondante que celle des bas-reliefs, a une réelle importance. Elle contient plusieurs pièces vraiment remarquables : aucune n'est complètement dénuée d'intérêt. Elle ne possède que deux grandes statues, mais toutes les deux belles et bien conservées. L'une d'elles, qui représente probablement la première Faustine (Pl. V), ne se trouve pas au musée même : elle est déposée au siège de la Division Militaire, dans le palais d'Ahmed Bey, dont elle orne l'une des galeries. Elle a été découverte à Djemila (1) (cuiculum), par un officier du bureau arabe de Fedj-Mezala, le lieutenant Dufour; on l'a déterrée dans une vaste construction rectangulaire, peut-être une villa de plaisance, située au S.-O. de l'arc de triomphe de Caracalla et Julia Domna, à quelques mètres de la rivière qui traverse les ruines. La statue, taillée dans un seul bloc de marbre blanc du plus beau grain, reposait sur une mosaïque.

L'autre statue (2) a été découverte à Constantine même en 1871, lors du percement de la rue Nationale, et donnée au musée par M. Hamouda ben Cheikh, propriétaire du terrain où elle fut trouvée.

Elle est en marbre blanc, et de grandeur naturelle : elle était brisée en plusieurs fragments se rejoignant exactement, ce qui facilita la restauration de l'ensemble : les cassures paraissaient être l'effet d'un choc accidentel, plutôt que d'une mutilation systématique. La statue figure un Bacchus, comme on en trouve tant en Afrique (3) :

(1) Const., sér. 2, IX, p. 454, pl. XVII et X, pl. 212 sq: Héron de Villefosse, Gaz. arch., 1879, p. 256 sq. et pl. 32; Bull. de la Soc. des antiq. de Fr., 1878, p. 173; Lacour-Gayet, Antonin le Pieux, p. 303 sqq. Pour la coiffure de l'impératrice, cf. Clarac, Catal. des antiques, 118 et Musée, V, pl. 311 et n° 2482. Cohen, II, pl. XIV, 23, 129, 226 et Daremberg et Saglio, Dict. des Antiq., article Coma. — Pour

la pose et le costume, comparez à la statue de Djemila, celle du praetorium de Lambèse, celle du Musée de Philippeville, et celles du Musée Cherchel. — Pour l'identification, comparez aux statues, bustes, médailles 'et intailles de Faustine, cités par Lacour-Gayet, l. I.

(2) Catal., 241; Const., sér. 2, III, p. 674; V, p. 407 sqq. et pl. I.

(3) Cf. Doublet, Musée d'Alger, p. 36, 37,


l'expression est banale, les formes sont trop molles, à la fois lourdes et mièvres, mais le travail est soigné. La chevelure garde encore quelques traces de peinture rouge.

Ce qui donne de l'intérêt à cette statue, c'est que nous savons exactement où, quand, et par qui elle a été érigée. En effet, quel-

ques années après la découverte du Bacchus, on retrouvait, quarante mètres plus loin, au coin des rues Vieux et Rouaud, à côté de la mosquée Abd-er-Rahman el Menakki, les ruines de Pédicule qui avait été construit pour recevoir la statue, le piédestal en forme de colonne qui la portait, et l'inscription qui la dédiait au dieu(I). Ce

le Bacchus d'El-Hadjeb — et les Bacchus du Musée de Cherchel.

(1) Poulie, Const., sér. 2, IX, p. 316 sqq.; C. I. L. 10867. Cf. Joh. Schmidt, l., p. 9.


précieux texte épigraphique, déposé au musée, fut perdu comme tant d'autres: mais le conservateur actuel du musée, M. Prudhomme, eut l'heureuse chance de le retrouver, renversé face contre terre, dans un bûcher: il est actuellement conservé dans la cour de la Mairie.

« A Liber Pater Augustus. Q_ Quadratius Quintulus, fils de « Quintus, de la tribu Quirina, édile en fonctions, a donné et dédié « la statue avec Pédicule et les colonnes qu'il a promises de son plein « gré, pendant qu'il gérait la préfecture pour les Triumvirs, indépen« damment du versement qu'il a fait de la somme réglementaire de « vingt milliers de sesterces pour le décurionat. L'emplacement « a été donné par décret des décurions. » Ce document nous fournit donc la dédicace et, pour ainsi dire, le certificat de provenance de la statue trouvée en 1 871.

C'est également rue Nationale, en creusant les fondations de la maison Valette, qu'a été trouvé un gracieux torse de Bacchus adolescenteI). Un autre petit torse(2), trouvé en cinq fragments qu'il serait aisé et utile de rejoindre, est d'une excellente facture : c'est un génie, un enfant nu, aux membres frêles et délicats, les ailes à demi repliées, le bras droit porté en avant, etle bras gauche ramené sur l'épaule droite et masquant une partie de la poitrine, dans l'attitude que les sculpteurs de l'antiquité aimaient à donner aux génies funèbres, ou au dieu du Sommeil(j). Une statuette de femme drapée(4), assise dans une chaise curule et tenant probablement un sceptre dans sa main gauche, avec un paon à côté d'elle, représente sans doute une Junon. Elle a été trouvée à Constantine. Mais le travail tout romain, à la fois minutieux et grossier, et l'apparence générale de l'œuvre appellent un rapprochement avec trois ou quatre

(1) Catal. ms., E 22.

(2) Catal. ms., E 23.

(3) Cf. Clarac, pl. 650 B, n° 1504 A ; pl.

651, 1484; pl. 761, 1865, 1869; 761 B, 1861 et pl. 762, 1861 et Gaarch. 1885, pl. 34,

génie funèbre trouvé à Rome.

(4) Catal., 242; Catal. ms., 21. Deux épitaphes de prêtresses de Junon ont été trouvées à Constantine. Cf. C. I. L. 7093 et 7109.


statuettes de déesses assises, trouvées par le capitaine Farges dans le Sacrum de Tébessa(l).

D'autres sculptures méritent à peine une mention : un petit torse, trouvé au Hamma, est une gauche réplique de la Vénus de Médicis(2). Une statuette découverte à Constantine, en même temps que le Bacchus, représente un homme nu, peut-être un Mercure, avec un manteau jeté sur l'épaule gauche et retombant en plis serrés jusqu'à la hauteur du genou ; le personnage, debout sur un socle demi-circulaire, est adossé à un mur vertical. Citons encore deux fragments de dimensions colossales : une jambe d'homme brisée à la partie supérieure de la cuisse, et une jambe d'empereur en costume militaire, avec le globe et la corne d'abondance appuyés contre un tronc d'arbre à sa droite(3).

Les statues conservées au Square de la Brèche n'ont aucune valeur : elles sont pour la plupart en pierre ordinaire et d'un travail très médiocre ; de plus, elles se trouvent fort mal des restaurations qu'on leur a infligées. Nous ne mentionnerons qu'une grande statue à tête tourelée, peut-être une Magna Mater, où l'on a cru voir la personnification de la ville de Cirta(4), et deux affreux lions, provenant d'un temple retrouvé à Constantine (5), l'un à demi couché, le second dressé sur ses pattes de devant, remplacées aujourd'hui par deux cylindres de ciment. Les autres fragments, têtes et membres épars, sont insignifiants.

Par contre, dans la collection de têtes plus ou moins mutilées déposées dans la salle de la mairie, on trouve des morceaux remarquables. Nous placerons en première ligne les trois portraits d'empereurs, Antonin, Titus(6) et Claude, que reproduit notre

(1) Cf. Const., sér. 2, X, pl. XXIX, n° 29 et 31 et XXX, 33, 3 4, 3 6.

(2) Catal., 246.

(3) Catal. sup., 517, Catal. ms., E, II.

(4) Const., sér. 1, III, pl. VI. Sur l'arc de Tébessa, un buste tourelé, placé dans un médaillon, personnifie la divinité protectrice de

la ville antique, la Tutela de Theveste (Héron de Villefosse, Tour du monde, 1880, II, P - 3 0 9) -

(5) Delamare, pl. 129 et nos 3 et 4.

(6) Voir pl. VI, 3. Catal. ms., E, 63. Pour cette tête et pour les deux autres, cf. Bernoulli, Rômische Iconographie : Claude, Titus, Antonin.


Planche VI, et auxquels on a accordé jusqu'à présent trop peu d'attention. La tête colossale d'Antonin (1), trouvée autrefois à Tébessa, a fait un long stage dans un coin des bureaux du génie et n'est entrée au Musée, bien des années après sa découverte, que pour être dotée d'un nez en plâtre qui la défigure, et d'un socle sur lequel on a gravé le nom erroné de Septime Sévère. En même temps que la tête qui peut être attribuée à Claude (2), au cours des fouilles entreprises par la Société archéologique, en 1884, à Collo(3), près de Dar el Consul, dans le quartier d'El-Djerda, a été exhumée une tête d'enfant^ d'un bon travail, qui doit dater de la même époque, et qui représente sans doute un jeune prince de la famille d'Auguste.

Elle est malheureusement très endommagée : il manque toute la partie inférieure, qui était faite de plusieurs morceaux, comme il arrive si souvent en Afrique (5). On trouva en outre plusieurs fragments en marbre blanc, un bras droit, une main droite ouverte dont les doigts sont brisés, un genou gauche avec une partie de la cuisse et de la jambe légèrement infléchie ; ils sont de dimensions colossales, et ne peuvent donc pas, comme on l'avait affirmé à tort, avoir appartenu à la même statue que la tête d'empereur. C'est, par contre, de Constantine que proviennent un certain nombre d'autres fragments intéressants, deux têtes de femme, d'un bon style (6) (Pl. VII); deux têtes d'enfants(7). en calcaire tendre com-

(1) Voir pl. VI, 2. Cf. Lacour-Gayet, Antonin le Pieux et son temps, p. 432-433, et p. 302.— Cf. Ibid., Liste des portraits d'Antonin déjà connus. Comparez la tête du musée de Constantine surtout au buste colossal du Musée de Naples, Museo Borbonico, XIII, pl.

XXIV, au buste du Louvre, portant le n° 2349, et à la statue n° 2373, au buste de marbre de la glyptothèque de Munich, Brunn, Catal., 198, reproduit dans Baumeister, Denhn. des class. Altertums, I, p. 86, gr. 92.

(2) Voir pl.VI, 1. Cf. Luciani, Const., sér.

3, II, p. 76 sqq., n° 7. Cf. la tête de Claude,

voilé en pontife, trouvée à Zian, en 1884.

Reinach et Babelon, Bull. arch., 1886, p. 56 et pl. IX.

(3) Colonia Minervia Chullu. Cf. Tissot, Pr. rom. dafr., Il, p. 401, 403.

(4) Cf. Luciani, ibid., n° 5, p. 75; n° 4, p. 74 sq. ; n° 6, p. 75.

(5) Les Musées de Cherchel, d'Alger, de Philippeville, de Lambèse, etc., en offrent de nombreux exemples. Cf., d'autre part, Gaz.

arch., 1877, p. 101.

(6) Catal. sup., 523 et 515.

(7) Catal. ms., E, 25 et 27.


plètement recouvert de peinture (Ibid.). Une gracieuse petite tête de femme (1) (Ibid.) a été trouvée à Tébessa. De Tunisie est venu un fragment de tête de Jupiter Ammon(2) (Ibid.) ; de Philippeville le petit buste, peut-être de Caracalla (Ibid.); et de Cherchel, où a été découvert en 1850 (3), dans un tom beau de la propriété Riffard attenant au columbarium des affranchis du roi Juba II, un buste

de dame romaine, aussi remarquable par sa conservation que par sa laideur.

*

* *

Le musée ne possède aucun sarcophage proprement dit(4). Le plus important de ceux qui ont été trouvés à Constantine, celui de l'orfèvre Praecilius, était resté déposé dans le mausolée qui le renfermait (s): on ne l'en a même pas ôté, quand on a enfoui le monu-

(1) Const., sér. 1, VII, 273; Album, pl. XXI; Cat. d'A., 248.

(2) Catal. ms., E, 35.

(3) Grandeur naturelle. Const., sér. 1, II, pl. XII et VII, p. 273 ; Album, pl. XXI; Catal., 249. Cf. d'autre part: R. Arch., 1857, p. 403 sqq. et R. A., I, p. 441.

(4) Un sarcophage sculpté, que M. Piesse avait vu en 1847, « servant d'abreuvoir à la « face extérieure du rempart, non loin de la « porte Valée » et dont il donne le dessin, B. A.

A., 1885, p. 14, a disparu depuis longtemps.

(5) Sur l'hypogée de « l'argentier » Praecilius, cf. plus haut la note 6 de la page 21.


ment sous les énormes déblais provenant des travaux du Coudiat Aty. Parmi les ossuaires(l), il en est un d'un type assez rare, qui mérite d'attirer l'attention : il est certainement d'origine punique.

C'est une lourde cuve en pierre, rectangulaire, ornée aux angles de ces grandes volutes caractéristiques de l'art phénicien (2) : la dalle

massive qui forme le couvercle est disposée comme le toit d'un temple, avec deux frontons triangulaires sur les petits côtés.

*

* *

Les petits autels votifs(3) sont assez nombreux; l'un d'eux, très

(1) Catal., 73.

(2) Catal., 36 : « On observe, sur chaque « face, deux bâtons d'augure en relief. » Cf.

volute analogue, sur une pierre d'angle; Const., sér. 1, IV, pl. XI, fi g. 3.

(3) Catal., 262, 263.


différent des autres(I\ figure le modèle réduit d'un édicule carré ; la tablette supérieure est soutenue par cinq colonnes, dont trois subsistent seules aujourd'hui. Une triple rangée de marches, ménagée sur le pourtour du piédestal qui supporte le monument, en facilite l'accès des quatre côtés. Cet autel est d'origine phénicienne.

y

* * *

La collection de bronzes est fort abondante et contient plusieurs pièces de choix.

La plus jolie est la Victoire (2) que reproduit notre planche VI11. Elle a été donnée au musée, en 18 par le colonel du génie Ribot. Elle venait d'être découverte dans les travaux entrepris par l'autorité militaire pour transformer en casernes la Casba de Constantine, emplacement où s'élevait autrefois le Capitole de Cirta.

M. Cherbonneau, et après lui M. Audollent, ont rappelé avec raison qu'un texte épigraphique fort important avait été découvert presque au même endroit quelques années auparavant, au mois de juin 1844. Ce texte est aujourd'hui au musée du Louvre. C'est un fragment de l'inventaire des trésors du Capitole et du Nymphée de Cirta(3). Il décrit notamment(4) « au Capitole une statue de Jupiter « vainqueur, en argent, ayant sur la tête une couronne de chêne à « trente feuilles et quinze glands en argent, tenant dans la main

(1) Catal., collection Costa, 471.

(2) Cf. R. A., III, 320; Const., sér. l, VII, p. 281, 282; Album, pl. XXVII (le même dessin, de Féraud, a été édité ensuite sur feuille volante); Catal., 261; Audollent, Rev.

arch., 1890, t. I, p. 66 sqq. et pl. XIV.

(3) C. I. L. 6981, 6982. Clarac, Musée de sculpture, II, 1269 et Inscript., pl. 72, 1516; Delamare, pl. 120, 4-5; Frôhner, Sculp-

ture antique, I, p. 59-61. Cf. également C. I.

L. 6983 = Ravoisié, I, 13, et 6984.

(4) « Synopsis. — Jovis Victor argenteus in « Kapitolio, habens in capite coronam argenteam « querqueam, folior( um) XXX, in qua glandes « n(umero) XV, ferens in manu dextra orbem « argenteum et Victoria(m) palmam ferentem « [spinar(um?J\ XX et coronam folior(um) « XXXX [in manu] sinistra hastam arg(enteam) « tenens. »


« droite un globe d'argent, avec une Victoire portant une palme « de vingt feuilles et une couronne de quarante feuilles, et dans la « main gauche une haste d'argent. » M. Audollent reconnaît, dans la Victoire dont il est ici question, celle du musée de Constantine.

« L'auteur du Tableau, dit-il, s'est donné la peine de dire avec clarté « de quel métal étaient le Jupiter, la couronne, le globe et la lance.

« S'il a écrit Victoriam sans épithète, nous sommes, sans doute, en « droit de conclure qu'on avait employé, pour cette dernière image, « une matière moins précieuse, peut-être le bronze.(l) » Cette opinion paraît peu vraisemblable: dans une statue de Jupiter tout en argent, la Victoire, reposant elle-même sur un globe en argent, aurait seule été en bronze. Bien au contraire, c'est à la figurine de la Victoire que l'on réservait, dans les œuvres analogues, l'emploi des métaux précieux. Il est en outre peu croyable que, si le Jupiter du Capitole de Cirta présentait réellement cette disposition singulière, l'auteur d'un inventaire minutieusement descriptif ait manqué de noter une particularité aussi inattendue. Il semble plus naturel de penser que la statuette, si elle n'était pas isolée, appartenait à l'une des statues de bronze qui ornaient le Nymphée, et qui sont mentionnées dans la seconde partie de la Synopsis à laquelle on n'a pas prêté assez d'attention. » .Item in N ym phaeo. cantharum « auro inluminatum ; statuae aereae n(umero) IV et Cupido, marmo« reae n(umero) VI ; Silani aerei n(umero) VI, manualia n(umero) « V 1 (2). »

Moins inspiré des traditions de l'art hellénique, mais plus précieux encore, est le buste(3) trouvé à Thibilis (Announa) en 1846

(1) Audollent, l. l., p. 73.

(2) C. I. L. 6982. Rappelons aussi qu'on a découvert, dans ces mêmes fouilles de la Casba, un autel portant une dédicace à la Victoire Auguste; C. I. L. 6967. Sur le culte de la Victoire en Numidie et les collèges de cultores qui le desservaient, voir C. I. L., 5695 (Sigus), 4483 (Tubunae, dans le Hodna).

Dédicace de victoires de bronze à Rusicade, ibid., 7983, Calama, ibid., 5290, Macomades, ibid4764.

(3) M. Waillè a publié un petit bronze (o 111 06 de haut) analogue, trouvé à Berrouaghia, qui est aujourd'hui dans la collection de M. Paul, préfet d'Alger. Algérie illustrée, Alger, Leroux, 1891 = ^0'. arch., 1891, t. I,


et acheté tout récemment (Pl. IX). C'est l'Afrique, telle qu'elle apparaît sur les lampes et sur les médailles, coiffée d'une dépouille d'éléphant('). C'est l'un des deux seuls exemplaires en ronde bosse que nous ayons de ce type connu. Il était traditionnel, et c'est sans doute une figure de même nature qui existait à Rome et qui avait valu le nom de Caput Africae à l'endroit du Palatin où

s'élevait l'Ecole des pages de la Maison Impériale (2).

C'est également un Africain, un nègre, que représente fidèlement une petite tête trouvée dans le Roumel et entrée depuis peu au musée(3). Ce fragment, fort endommagé par l'oxydation du

p. 380 à 384. — Pour les représentations de l'Afrique, cf. Roscher, Lexikon, article Dido (fresque de Pompéi) ; et, pour les médailles : Muller, Num. de l'anc. Afr., III, p. 44; Tissot, Pr. rom. d'Afr., I, p. 363 sq.; BabeIon, Rech. des Ant. dans le N. de l'Afr., Paris, Leroux, 1890, p. 181 sq., et, dans les planches jointes, nos 71 (Bogud II, roi de Maurétanie) et 121 (Macer, usurpateur); Cohen, Monn. imp., 2e édit., passim.

(1) Sur l'éléphant dans l'Afrique romaine,

cf. Tissot, Pr. rom. d'Afr., I, p. 365 sqq. et 681 ; Daremberget Saglio. Dictionn. des Antiq.

Article Éléphant. Muller, Num. de l'anc. Afr., III, p. 27, et note 5 avec la bibliographie de la question.

(2) Gius. Gatti, Del Caput Africae nella seconda regione di Roma. Rome, 1882, cf. de La Blanchère, B. C. A., I, p. 402-403.

(3) Entré au musée en juin 1891, don de M. Carbonnel.


métal, mérite cependant d'être signalé : il reproduit, avec une fidélité toute réaliste, les traits caractéristiques de la race noire, les cheveux crépus, le nez épaté, les lèvres saillantes et le menton prognathe.

Divers fragments, dont nous avons reproduit les principaux à la Planche X, devaient appartenir à une statue d'empereur en costume militaire(l). Ils ont été trouvés au N.-O. de Constantine, dans les montagnes du cercle d'El Milia, qui dominent la rive droite de l'Oued el Kebir. Ils ont été fort exactement décrits par le capitaine Didier, et donnés au musée par le général Carteret-Trécourt.

Nous signalerons encore une tête de timon terminée par un buste de femme (2), diverses statuettes trouvées à Constantine même ou dans les environs, un petit Eros s'enveloppant dans son manteau(3), un Harpocrate tenant dans sa main gauche une corne d'Abondance(4), une figurine grotesque d'acteur déclamant(5).

D'autres statuettes, achetées en Italie, souvent de provenance suspecte et d'une authenticité fort douteuse, (6) sont malheureusement en bon nombre. On en peut dire autant de la curieuse série de petites appliques qu'on prétend avoir été trouvées à Constantine, à Philippeville, à Lambèse. Ce sont de gracieuses têtes de Bacchus (7), couronnées de feuilles de vigne, de grappes de raisins et de rubans, un masque de Méduse(8) fort expressif, une élégante tête de Mercure(9). Bien que, manquant de renseignements, on ne puisse être affirmatif, on ne peut s'empêcher de leur trouver trop de parenté avec une petite tête de Christ(l0) couronnée d'épines, fort jolie, mais évidemment moderne.

(i) Const., sér. 2, X, p. 58-59 et pl. II; Catal. sup., 526. — Voir pl. X, 1 à 3.

(2) Const., sér. VII, p. 278; Album, pl. XX; Catal., 276. — Voir pl. X, 5.

(3) Voir pl. X, 6; Catal. ms., 190, coll.

Costa.

(4) Voir pl. X, 7; Catal., 262, coll. Costa.

Pour les représentations figurées d'Harpocrate, cf. Lafaye, Histoire du culte des divinités d A-

lexandrie, p. 259 sq. et p. 271 sqq.

(5) Voir pl. X, 8; Catal., 263.

(6) Cf. notamment Catal., 277; 280, 286, 288-291, etc.; Catal. sup., 525; Catal. ms., 54, 58.

(7) Catal. ms., 246 et 250.

(8) Catal. ms., 245.

(9) Catal., 293.

(10) Catal. ms., 249.


A côté de ces trop nombreux bibelots d'origine italienne, le musée renferme quantité d'autres menus objets certainement antiques. Les lampes en bronze, si rares en AfriqueCI), sont assez nombreuses, lampe en forme de pied ailé(2), ou de pavot(3), mignonne petite lampe avec une anse recouverte d'une feuille(4), large bilychnis d'un très beau modèle(5).

Puis viennent des trépieds, des tiges de candélabres(6) souvent ornées de feuilles de lierre délicatement ciselées^, des patères et des plats, avec ou sans manche(8). Un réchaud, trouvé en 1883 dans une ruine romaine près d'El-Achir, aux environs de Bordj-bouArréridj, et donné par M. Bigonet(9), est d'une forme originale:

(1) Cf. Delattre, Les lampes antiques du Musée Saint-Louis de Carthage, Lille, 1882, p. 20.

(2) Catal. sup., 525 bis = Const., sér. 2, X, pl. XV. Authenticité douteuse.

(3) Catal. sup., 527 = Const., sér. 2, X, pl. XIV. Trouvée au Coudiat Aty,

(4) Catal. sup., 528.

(5) Catal. ms., 437. — Voir la pl. X, 4.

Une autre bilychnis, Catal. 298 ; Album, XXVIII, 2, et une belle lampe à six becs, Catal., 469, proviennent de la collection Costa.

(6) Catal. ms., 37 à 42; Catal., 264-267.

(7) Voir surtout le candélabre, bien conservé, provenant de Djidjelli, Catal. ms., 439.

(8) Catal., 336, 337, 338.

(9) Catal. ms., 202.


c'est une cloche sphéroïdale reposant sur un trépied, terminée au sommet par une tubulure cylindrique, et munie à l'intérieur d'une cloison oblique qui la sépare en deux chambres : l'une, ouverte en bas et sur le côté, permet le passage de la flamme ; l'autre, communiquant seulement avec la tubulure, est destinée à recevoir le liquide.

Nous citerons encore des clefs(l), des sonnettes (2), des grelots (3),

des pesons avec leurs poids (4), de minuscules plateaux de balance(5), de nombreux hameçons (6) trouvés à Philippeville sur la

(I) Catal., 306 Album, pl. XXVIII, 5 à 11 ; cf. aussi Catal., 307; Catal. sup., 539.

(2) Catal., 343.

(3) Catal., ibid.

(4) Catal., 297; Catal. sup., 542, authent.

douteuse; Catal. ms., 180 et 187.

(5) Catal., 308.

(6) Catal., 316.


plage ; une estampille de potier, provenant de Lambèse, porte trois lettres: CS R (1).

Les ustensiles et accessoires de toilette ne sont pas moins nombreux. Ce sont des spatules(2), des pincesdes miroirs(4), de beaux strigiles(5) portant parfois quelques lettres gravées sur le manchet des cassolettes à parfums(7), des boîtes pour le fard et des pots à onguents(8) ; puis des fibules(9), — l'une d'elles, dépourvue de son ardillon, a la forme d'une outre(lo); — des boucles de ceintures(II) ; enfin des bijoux divers, bagues à gros chaton, pouvant servir de cachet (12), anneaux trouvés dans les dolmens qu'on a fouillés sur divers points de la province(l3), et bracelets romains provenant de Philippeville ou de la nécropole du Coudiat At Y (14).

* * *

Les objets de plomb sont assez nombreux : ils sont en général bien conservés, malgré le peu de consistance de la matière qui les compose. Quelques-uns sont rares et valent la peine d'être étudiés de près, ce qui n'a pas encore été tenté. Ils frappent à première vue, parce qu'ils ont un style à eux, qui les distingue nettement de tous les objets de fabrication romaine. Ils sont naïfs et laids, sortis de la main d'ouvriers maladroits et pourtant raffinés déjà ; tout ce qui est ornementation géométrique, représentation d'objets purement matériels, est irréprochable, tandis que l'artiste

(I) Catal., 294. Fragment d'estampille.

lbid., 295.

(2) Catal., 323.

(3) Catal., 324.

(4) Catal., 327 et 344-346; Catal. ms., 53 à 73, Miroir doré; Catal. ms., 76.

(5) Catal., 303-305 ; Catal. ms., 43 à 52.

(6) Cf. C. I L., 1043.

(7) Catal. ms., 210, 211, 212.

(8) Catal., 270, 271, 300, 340; Catal.

sup., 529-530, Vases à parfums; Catal., 268 et Catal. ms., 222, 324.

(9) Catal., 330.

(10) Catal., 282, = Album, pl. XX, vient d'Italie. Cf. Undstett, Zeitschrift fur Ethnologie XXI, 1889, p. 216 et 220.

(II) Catal., 320, 321, 309.

(12) Catal. ms., 411; cf. aussi Catal., 310, Catal. sup., 540 bis. Cachet portant les lettres suivantes: AlBA.

(13) Catal. ms., 431; Catal., 328. Bracelets provenant des fouilles du Madracen, Catal., p. 304.

(14) Catal., 329.


n'aboutit qu'à de baroques caricatures dès qu'il essaie d'imiter les formes humaines. Un examen plus approfondi permet de relever, dans l'ornementation des objets, dans l'attitude et la parure des personnages, certains détails caractéristiques qui attestent l'origine phénicienne.

Les plus curieux proviennent de tombeaux creusés dans le roc sur les pentes de Sidi-Mecid.

L'un d'eux(l), un disque aplati, évidé au centre et pourvu d'un manche, présente un peu l'aspect d'une monture de miroir. La circonférence est garnie d'une fragile série de grandes pointes terminées par des boules arrondies, et doublée d'une autre série de pointes aiguës plus petites ; au sommet, deux dents, inclinées obliquement, figurent les deux cornes d'un croissant montant. Le disque est orné

(1) Catal. ms., 75.


de huit médaillons, quelques-uns presque effacés : ils contiennent des têtes, figurées par quelques traits en relief, avec deux points pour les yeux, têtes qui rappellent les effigies les plus primitives et les plus rudimentaires des monnaies de l'ancienne Afrique. Le médaillon du sommet, placé juste sous le croissant, contient le buste d'une femme ornée d'un frontal et vue de face. Les autres bustes, vus de profil, se correspondent des deux côtés du disque. Ce sont, autant qu'on en peut juger, des hommes portant de bizarres coiffures surmontées de pointes, d'aigrettes, et peut-être d'uraeus, comme on en trouve représentés sur des peintures égyptiennes(l).

Les deux médaillons qui avoisinent celui du centre contiennent en outre deux attributs facilement reconnaissables : celui de gauche, le disque de Tanit, et celui de droite, une sorte de harpon, ressemblant beaucoup à la serpe du dieu Saturne. Le disque avec ses ornements semble avoir été estampé, plutôt que coulé dans un moule.

Il en est de même d'une curieuse figurine de plomb, où l'on avait cru reconnaître l'image d'un soldat, casqué et cuirassé, servant de jouet d'enfant. Sans doute, comme les soldats de plomb qu'on fabrique aujourd'hui, elle était faite pour se tenir debout dans une position verticale, sur ses pieds posés à plat et lui servant de base ; mais à cela se borne la ressemblance. La figurine, qui est en assez bon état malgré la cassure des pieds, représente une femme, peut-être une déesse. Elle est vue de face, les jambes bien campées, les mains ouvertes et posées à plat sur le ventre, les pouces en haut. Les seins sont représentés par deux boules, la place du nombril est marquée par un double cercle avec un point au milieu. Elle est vêtue, semble-t-il, d'un justaucorps très orné, faisant de nombreux plis

(1) Cf. Rosellini, Monum. storici, pl. CLX.

Comparez d'autre part à la coiffure du guerrier, représenté sur le bas-relief rupestre de Moghar-el-Tahtania : Tissot, Pr. ronz. d'Afr., I, p. 491 ; et à celle des hommes figurés sur

les bandeaux d'or estampés qu'on a trouvés près de Cacérès : G. Schlumberger, Bandeaux d'or estampis d'époque archaïque. Extr. de la Gaz. arch., 1885, p. 9 du tirage à part et pl. 2.


sur les épaules et sur les bras. Des perles au cou, un frontal dans les cheveux, des boucles d'oreilles, complètent la parure : la pose et le style sont ceux que l'on retrouve sur un certain nombre de sculptures phéniciennes d'Asie; elle offre notamment de grandes analogies avec la figure centrale d'un bas-relief provenant d'Ascalon, qui est au Louvre et qui semble représenter la divinité locale de cette cité, Athara(l).

La belle série des bulles en plomb (2) mérite aussi d'attirer l'attention. La plupart ont été recueillies sur la plage de Philippeville (,): on les y ramassait autrefois par centaines. Le musée de cette ville en possédait un certain nombre^ : elles ont toutes disparu, depuis longtemps. Le musée d'Alger en conserve trois (5), l'une avec un buste casqué et cuirassé, une autre avec une tête de

(1) Const., sér. l, VI, p. 55 ; Album, pl. X; Catal., 285. Cf. Héron de Villefosse, Not.

des monum. prov. de la Palestine. Paris, 1879, n° 64, p. 46 et 66. — Comparez la figurine conservée au Musée avec une autre analogue, trouvée dans le Roumel en deux fragments, et appartenant à M. Carbonnel. L'un des fragments, le corps, a été publié dans Const., sér. 2, X, p. 168, n° 3 et pl. XVIII, n° 3. La

tête a été retrouvée, depuis, dans le Roumel.

(2) Cf. Catal. ms., n° 322 à 375, cartons 12 et 13.

(3) Catal., 365. 1

(4) Roger, Cat. du Musée de Philippeville, p. 15, n° 80, p. 16, nos 93 et 96, 94.

(5) Doublet, Musée d'Alger, p. 54; cf. R.

A., VIII, p. 393, IX, p. 157 sqq.; C. I. L.

10484, 2 b etc et 3.


femme, la troisième avec le nom de Censorinus. Le musée de Constantine seul offre une série de ces bulles assez abondante pour qu'on puisse en faire une étude sérieuse. On a supposé que c'étaient de petits sceaux de la douane du Portorium de Rusicade, destinés à être fixés sur les ballots, sur les sacs de marchandises, après l'acquit des droits (1). Les unes ont l'aspect d'un bouton muni, à la partie postérieure, d'un culot percé d'un trou pour permettre d'enfiler la bulle ; d'autres sont formés d'une plaque de plomb qu'on a repliée sur la corde et fixée ensuite, en la pinçant

fortement au moyen de tenailles qui la marquent en même temps d'un signe. Ces empreintes sont assez variées : la plus fréquente, qui est aussi la plus importante, porte une effigie de femme vue de profil, avec la légende R VSICADE (2). D'autres ont une tête casquée à droite, du type de la médaille du Bas-Empire VRBS ROMA avec la louve au revers. On remarquera encore d'autres types qui ressemblent à des effigies d'empereurs du IVe siècle; une Victoire tenant une couronne, un Neptune à deux exemplaires,

(i) Fourtier, R. A., IX, 1865, p. 158; Const., sér. 1, I, p. 82, 83. Cf. aussi B. A.

A., fasc. 1, 1882, p. 74; Cagnat, les Impôts indirects chez les Romains, p. 71 à 73 ; Berbrug-

ger, R. A., IX, 1865, p. 159; C. I. L.

10484, 2 à 6 avec une gravure, empruntée à Const., sér. 1, I, pl. 16.

(2) C. I. L., ibid., 2.


enfin un certain nombre de bulles montrant simplement quelques lettres (1) ou des ornements divers, une étoile ou un croissant (2).

On doit rapprocher de ces bulles un grand nombre de petits disques en plomb(3), trouvés principalement dans le lit du Roumel et dont on ignore la destination exacte, tessères, bractées ou amulettes. Ils portent le plus souvent de simples ornements géométriques (4); parfois, mais rarement, ils représentent un être vivant, un coq, un poisson, un scorpion (s).

Citons encore une série de balles de frondes, nombreuse mais insignifiante : aucune ne porte d'inscription, quelques-unes seulement sont ornées d'un dessin en forme de croix (6). De la nécropole du Coudiat Aty, et de Lambèse sont venus plusieurs ossuaires en plomb(7), prismatiques ou cylindriques, avec ou sans couvercle, et conservant encore les ossements à demi-calcinés. Enfin différents tuyaux de plomb, provenant de conduites d'eau de l'ancienne Cirta, ont été déposés au musée : le seul intéressant porte quelques lettres imprimées: XAII (8).

Les objets de fer n'ont pas grande valeur. Ce sont des armes, des outils et des instruments divers (9), dards de flèche provenant de Lambèse, pic de mineur recueilli dans les mines du Nador et donné en 1886, double pic trouvé à Guelma, nombreux poids coniques

(1) C. I. L., ibid., 4 Catal. ms., 342.

Catal. ms., 348.

(2) Fourtier, 1. 1., Catal. ms., 373, 358, 354, 339.

(3) Catal. ms., classés avec les bulles de Rusicade. Cf., pour la Tunisie, Saladin, Arch.

des Miss. scientif., XIII, p. 214, sq., fig. 364 (Kef), et Carton, Rev. arch., XV, 1890, p. 28, pl. II, 6 (Bulla Regia); d'autres viennent d'être trouvés à Sousse, et donnés au Musée Alaoui.

(4) Catal. ms., 359, 367, 369, 370.

(5) Catal. ms., 340. Les deux autres objets ne sont pas encore catalogués.

(6) Catal., 380, cf. Car. Zangemeister,

Ephem. epigr., VI, 1885, glandes plumbeae, pl. 2, n° 4.

(7) Catal., 31 à 35. Le dernier entré au Musée, printemps 1890, a été trouvé au boulev. Mac-Mahon, sur le Coudiat, et a été donné par M. Poulie.

(8) Trouvé à Constantine, place des Galettes; Catal., n° 221 et C. I. L. 10476, 2.

(9) Cf. Catal., 347 à 359. — Têtes de lance en fer, trouvées l'une à Dra-el-Mizan, Catal. sup., 532, et l'autre, dans les fouilles faites par les soins de la Société archéol. à

Tigisis. Ibid., 533. Hache en fer, provenant des bains de Pompeianus. Ibid., 531.


parfaitement centrés et destinés à tendre le fil à plomb(l). Une hachette médiocre est l'objet le plus intéressant provenant des fouilles du Madracen(2) pratiquées en 1873 et sur lesquelles on avait fondé des espérances qui ne sont pas réalisées(3). Un modèle(4) en plâtre de ce tombeau, exécuté à l'échelle du ik, est l'œuvre de M. Bauchetet, garde du génie, qui avait été chargé des fouilles.

La collection des objets de métal précieux n'est plus riche. Elle possédait autrefois une pièce d'une valeur inappréciable : le frontal d'argent découvert dans un tombeau punique à Ain el Ksar près de Batna. Il avait été l'objet d'une importante étude de M. Ph.

Berger, auquel il a permis de fixer plusieurs points de mythologie carthaginoise (s). Envoyé à l'Exposition universelle de 1878, il se perdit(6) : il n'en reste que l'excellente description de M. Berger, accompagnée d'une eau-forte gravée d'après une aquarelle, les descriptions d'Arguel (7) et du docteur Reboud (8), et un dessin du recueil de la Société archéologique(9). On avait prêté moins d'attention à un autre bijou(lo) trouvé dans le même tombeau. Féraud, ayant cru reconnaître qu'il était orné d'un masque de théâtre,

(1) Cf. Catal., 359 « vases en forme de toupie ».

(2) Catal. 487. Cf. sur le Madracen luimême, Const., sér. i, II, p. 108 sqq., Essai sur le Madr'asen par F. Bucker ; sér. i, III, p.

58 sqq., Notice archéologique sur le Madrazen, par M. Foy, chef de bataillon du génie; Hipp.

1888, p. 86 sqq. Les Monuments mithriaques de l'Algérie : le Madrasen, par C. Mélix ; sur les fouilles : Const., sér. 2, VI, p. 1, sqq., le Mrdacen, rapport de M. Cahen, grand rabbin; ibid., p. 303, Mémoire sur les fouilles exécutées au Madras'en, mausolée des rois de Numidie, par M. Brunon, colonel du génie.

(3) Voir la liste des objets recueillis dans les fouilles, et envoyés au Musée par la Société archéol., dans le Catal., p. 304, 305.

(4) Catal., 484. Mausolées du même type que le Madracen: le Kbour er Roumia des rois de Maurétanie (cf. en dernier lieu Tissot, Pr.

rom. d'Afr., I, p. 507 sq .), les Djedars chrétiens de la Maurétanie césarienne (de La Blanchère, Arch. Miss., 1883, p. 80 sq.), les pyramides des plaines de l'Arad (Tissot, loc. cit., I, p. 503 et II, p. 793), le Kobeur el Koulib, dominant les vallées de la Massoudje et du Sers (Poinssot, B. A. A., 1884, p. 369 sq. et pl. XXVIII).

(5) Berger, la Trinité carthaginoise. Mémoire sur un bandeau trouvé dans les environs de Batna. Tirage à part, extr. de la Gaz.

arch., 1880, avec 2 planches.

(6) Const., sér. 2, X, p. 115.

(7) Catal., 376.

(8) Reboud, Const., sér. 2, VIII, p. 455 sq.

(9) Album, pl. XXX, n° 1. Cf. sur le même sujet Cagnat, Bull. arch., 1889, p. 252; comte Goblet d'Alviella, Rev. de l'hist. des religions, XX, 1889, p. 147, n. 2.

(10) Catal., 377 Album, pl. XXX, n° 2.


le dessina en conséquence, d'une façon très inexacte. On ne s'en occupa plus dans la suite ; on le crut même perdu. Comme il est recouvert d'une épaisse patine noire, on l'avait classé avec les objets de plomb. Nous le reproduisons ici en grandeur naturelle.

C'est un médaillon circulaire avec quatre pendeloques. Il est muni au sommet d'un anneau, permettant de l'enfiler dans un collier, pour le laisser pendre sur la poitrine, comme la bulle

romaine ; il est du même style, du même mode de fabrication que le frontal perdu et se rapporte au même sujet : il a certainement fait partie de la même parure. Formé d'une mince lame d'argent repoussé représentant une tête de Jupiter Ammon, il fournit une nouvelle preuve de la prédominance en Numidie du culte de BaalHaman^.

Les autres objets en argent ont peu d'intérêt (2). Les bagues

(i) Berger, 1. 1., p. 6.

(2) Rubans d'argent tressés ou niellés : fragments de bracelets d'argent, Catal. sup., 540; Catal., 373. Croix en argent. Ibid., 364.

Débris d'un vase. Ibid., 374. La garniture

en argent d'un casque antique, signalée encore par Arguel, ibid., 372, ne se trouve plus au musée ; la cuiller de même métal a disparu également, Catal., 375.


en or(l), les boucles d'oreiller les pierres gravéessont d'un travail médiocre. Par contre, une belle agrafe en métal(4) émaillé, trouvée dans les déblais du tombeau de l'orfèvre Praecilius, mérite

d'attirer l'attention. C'est le seul spécimen que possède le musée de ces lourds bijoux de l'époque Vandale, qu'on a retrouvés un peu partout dans les contrées qui ont subi la domination des Barbares (5).

* * *

A côté de ces bijoux, il faut placer le moule en serpentine (6),

qui semble remonter à l'époque byzantine. L'on peut comparer cet objet, fort rare en Afrique, aux deux moules à bijoux

(i) Catal., 311, 312.

(2) Catal., 314, 315.

(3) Catal., 370, 371. La gemme signée KALENDIONIS trouvée par Costa au CoudiatAty, n'est pas entrée au musée. C. J. L.

10487, 1.

(4) Catal., 302.

(5) Cf. Bon de Baye, Rev. arch., 1888,1, p.

341, 347, les bijoux gothiques de Kertch en Crimée. Cf., du même auteur, l'Art chez les Barbares, 1890.

(6) Catal., 366 : « Pierre noire portant « plusieurs empreintes en creux. Le relief de « l'une d'elles paraît représenter un prélat en

« costume sacerdotal, s'appuyant sur une « croix ». [C. Costa.]


de même matière trouvés en Asie Mineure et donnés au Louvre par M. Salomon Reinach(l). Nous le donnons en grandeur d'exécution.

* * La co l lection de lam p * e Elle ne contl*ent sans La collection de lampes est intéressante. Elle ne contient sans doute aucune pièce rare ou originale : mais elle est riche, et l'on est frappé à première vue de l'abondance, de la variété et parfois même de la beauté des objets qu'elle renferme. Elle se compose d'environ 300 lampes intactes, portant des sujets ou des marques, et d'une centaine d'autres sans valeur. La plupart proviennent de la nécropole romaine du Coudiat Aty; elles sont entrées au musée avec la collection Costa, dont elles formaient la partie la plus importante (2) - quelques-unes sont venues de Lambèse, de Tébessa, même de Tunisie.

Elles présentent à peu près tous les modèles que l'on est habitué à rencontrer en Afrique. Les lampes puniques sont peu nombreuses. Elles dérivent toutes du même type(3), l'écuelle circulaire, dont les bords ont été pincés ou même entièrement repliés vers l'intérieur pour déterminer les becs.

Les lampes romaines, très nombreuses au contraire, sont représentées par des échantillons de toutes les époques et de toutes les formes ; depuis la belle lampe du premier siècle, ronde, à bec détaché, en terre fine et légère, jusqu'aux types les plus grossiers de l'époque chrétienne. Les variantes de ces différents modèles, lampes à deux ou plusieurs becs(4), à ailettes(5), à longue queue en forme

(1) Salomon Reinach, Esquisses archéologiques, ch. v. Deux moules asiatiques en serpentine.

(2) Quelques-unes d'entre elles sont publiées dès 1859, dans la Rev. arch., pl.

CCCLXXI. Beaucoup d'autres sont reproduites en planches dans Y Album du Musée,

1862, et dans Const., passim, surtout sér. 2, X, pl. V à XVI.

(3) Delattre, Les Lampes antiques du Musée Saint-Louis de Carthage, 1882, p. 1. Const., sér. 2, X, pl. III, n° 64.

(4) Cf. notamment Catal., 67.

(5) Catal. sup., 492.


de croissant(l), les lampes archaïques, grises ou noirâtres(2), en forme de dauphin(3), les formes de fantaisie, telles qu'une lampe en fer à cheval (4), avec anse, de figure peu commune, et d'autres en forme de nacelle(5), de sablier (6), de coquille(7), varient les séries. Il y a aussi quelques spécimens de très basse époque, les uns ansés, à bec de canard (8), recouverts parfois d'un vernis vert pâle, comme les poteries tunisiennes qu'on fabrique aujourd'hui encore à Nebel (9), les autres en forme de bouteille (10), ou de bol demi-sphérique(n), surmonté d'un goulot tronconique. Plusieurs bilychnis étaient munies d'un disque vertical, brisé aujourd'hui, qui remplaçait l'anse et servait de garde-main ou de réflecteur (12). Citons encore quelques types, qu'on ne saurait faire rentrer dans aucune classification : une lampe portant sur le disque supérieur une tête de Méduse (I)) dont le nez, foré d'un trou circulaire, peut servir d'anneau de suspension ; une autre dont l'anse est une tête de cheval (14); enfin deux vases, l'un en forme de pied (15), l'autre à couvercle, ayant l'aspect d'une tour circulaire crénelef e (16), qui sont peut-être des lampes, mais n'ont jamais pu servir à l'éclairage.

Les sujets représentés, différents suivant les époques, sont ceux que l'on retrouve dans tout le monde romain. C'est d'abord, sur les lampes païennes, la série des sujets mythologiques : figures divines, Jupiter et Ganymède(17), Mercure (18), Bacchus et Ampelos (19),

(i) Catal., 144. — Voir la pl. XI, n° 3.

(2) Catal. sup., 505 bis.

(3) Catal., 65, 66; Const., sér. 2, X, pl.

IX. Cf. égal. Catal. ms., 148 et 409.

(4) Catal., 71.

(5) Catal. ms., 415 ; Catal., 72.

(6) Catal. sup., 494 et 495, et Const., sér. 2, X, pl. XI. Lampe en forme d'encrier, en terre noire, Catal. 70.

(7) Catal. sup., 500 ; Const., sér. 2, X, pl. IX.

(8) Catal. sup., 497; Catal., 59. Cf. Const., sér. 2, X, pl. VI.

(9) Catal. sup., 494, 495, 496. Const., sér. 2, X, pl. XI. Cf. Delattre, L, p. 22.

(10) Catal. sup., 496, 492.

(11) Ibidem, 498; Const., sér. 2, X, pl. VII.

(12) Catal. ms., 398 ; Delattre, l. L, p. 19.

(13) Catal., 75 = Album, pl. VI, n° 740.

R. Arch., 1859, p. 560 et pl. 372, 2, 2 bis.

(14) Catal. sup., 491 bis.

(15) Voir la pl. XII, n° 4.

(16) Catal. sup., 493 ; Const., sér. 2, X, pl.

V. — Voir la pl. XII, n° 5. Ce vase est classé par Arguel parmi les lampes.

(17) Catal., 119.

(18) Catal., 126. Il a le pétase ailé, la bourse, le caducée; à sa droite, un coq sur une colonne.

(19) Catal. ms., 21.


V énus au bain^, Hercule(2), Anubis(3), les Dioscures (4), la Victoire (5) ; les Amours vendangeurs(é), bûcherons^, aulètes(l), chevauchant des dauphins (9), versant des larmes (Io) ; les Satyres (II) et les Bacchantes (12); les animaux fabuleux, Pégase to), le Griffon (I4), le Sphinx('5), la tête de Méduse (16). Puis viennent les scènes de la vie publique ou privée: les jeux du cirque(I7), avec la remarquable et abondante série des gladiateurs, pugilistes, lutteurs ou bestiaires, les cavaliers, les biges et les chevaux vainqueurs (18); les bateaux des naumachies(l9) ; les personnages de théâtre, acteurs (20) et joueuses de lyre (21), les masques tragiques (22) ou comiques (23) ; les scènes de chasse, presque toutes assez banales (24); les baigneuses Quelques-unes de ces lampes sortent un peu de l'ordinaire : celle où l'on voit un homme présentant un cheval savant (26); celle, d'un très beau dessin, où sont figurés un chasseur et un chien lancés à toute

(0 Catal., 160 = Album, pl. III, 697.

(2) Catal. sup., 490. = Album, pl. II, 766.

(3) Catal., 127.

(4) Naissance des Dioscures, Album, pl. V, n° 66 = Catal., 148. L'un des Dioscures et son cheval, Album, pl. III, n° 709 = Catal., 89. Têtes de Castor et Pollux, Catal., 106.

(5) Catal., 79 et 79 bis, 87.

(6) Album, pl. IV, n° 705 = Catal., 155 ; peut-être aussi Album, IV, 670 == Catal., 96.

(7) Album, pl. IV, 712 = Catal., 131 (deux exemplaires).

(8) Album, pl. III, 696 = Catal., 168. R.

Arch., 1859, p. 560 et pl. 372, 3. Voir la planche XI, n° 4.

(9) Catal., 78.

(10) Album, III, 656 == Catal., 105.

(11) Sujet obscène, Catal., 146.

(12) Catal., 145.

(13) Album, IV, 67 == Catal., 161 ; Album, V, 639 = Catal., 104; Catal. sup., 486 = Const., sér. 2, X, Pl. VIII.

(14) Catal., 82.

(15) Catal., 90.

(16) Album, XXIII, 1 = Catal., 99.

(17) Ce sont les sujets les plus fréquents.

Voir entre autres : Album, y6^ — Catal., 85; Catal., 122 et 135 ; Album, I, 699 = Catal., 150; Album, I, y — Catal., 172; Album, I, 695 = Catal., 174; Catal., 171 ; Album, II, 703 = Catal., 169 ; Catal., 83, 154; Catal., 162; Album, VII, 663 = Catal., 110; Album, VII, 701 = Catal.,. 81; Catal. sup., 491; Catal. ms., 412, etc. Cf. R. Arch., 1859, p. 500 sq. et pl. 371.

(18) Album, II, sans numéro = Catal., 177; Album, pl. I, 702 = Catal., 170.

(19) Album,11, 691 = Catal., 123.

(20) Album, VII, 709 = Catal., 152.

(21) Album, pl. IV, n° 178 = Catal., 178; Catal. ms., 373 (deux exempl. ).

(22) Album, XXIX = Catal., 125 et 149.

(23) Album, XXI, 710 = Catal., 100; Catal., 118, 124; Album, XXII, n° 721 = Catal., 133.

(24) Catal., 159 = Const., sér. 2, X, pl.

XIII : double poursuite d'un lièvre par un lévrier.

(25) Album, IV, 671 Catal., 136.

(26) Album, II, 690 = Catal., 166.


course(l); une autre avec un bige attelé de cerfs (2). C'est enfin la série très complète des animaux, cheval(3), renard (4), lièvre(s), Sanglier (6) cerf (7), molosse (8) louvebœuf(I0), mouton(II), aigle(I2), coq (13), paon faisant la roue (14), hibou (15), grenouille (16), poissons (I7), coquillages (l8. Les représentations très communes de la colombe avec le rameau (l9), du dauphin avec le trident(20) ou le gouvernail (II), s'y trouvent à plusieurs exemplaires. D'autres lampes présentent des sujets plus spécialement africains, et offrent par conséquent un plus grand intérêt. On y retrouve les divinités que l'Afrique a surtout adorées, comme Caelestis, la tête surmontée d'une étoile (Z2), ou en buste sur le croissant*^, ou rappelée simplement par ses attributs (24); une jolie lampe porte en buste le Soleil radié sur le disque accosté des deux étoiles (zs); la plus intéressante de toutes, qui existe à trois exemplaires sortis de moules différents, représente l'Afrique coiffée des dépouilles de l'éléphant (26) (Planche X). On voit aussi, sur d'autres, des animaux de la faune

(i) Catal. sup., 484 = Const., sér. 2, X, pl. XIII. — Voir la pl. XI, n° 5.

(2) Album, I, 708 = Catal., 88.

(3) Catal., 123, 123 bis, 147.

(4) Catal. vis., 101.

(5) Catal., III, 94.

(6) Catal., 156. Catal. ms., 428: type intéressant, probablement de l'époque chrétienne.

(7) Album, V, 693 = Catal., 163.

(8) Catal., 80, 108, 117.

(9) Catal., 151.

(10) Catal., 93. Cf. le moule, décrit plus loin, qui porte en creux la même image.

(II) Catal., 139.

(12) Album, V, 732 == Catal., 142; Catal. ms., 405.

(13) Catal., 77; Album, VI, 666 = Catal., 109.

(14) Album, XXIII, 2 = Catal., 141.

(15) Catal., 143.

(16) Catal., 165.

(17) Catal., 128.

(18) Catal., 138; Crabe, Catal., 158.

(19) Catal., 92; souvent sujet chrétien.

(20) Catal. ms., 395 ; C. I. L. 10478, 20b, marque IVSTI.

(21) Catal., 91 ; C. I. L. 10478, 36a, marque A'suravg.

(22) Catal., 140.

(23) Catal., 101.

(24) Catal., 137; Catal. ms., 425 (deux exempl.).

(25) Album, VII, 694 = Catal., 164. R.

Arch., 1859, p. 560 et pl. 372, 3 ; Ibid., 1876, tome 31, p. 141, note 1. Cf. Catal., 95. —

Comparez à la figure sur le disque, placée à l'extrémité droite du frontal d'Aïn-el-Ksar.

Berger, 1. l., p. 35 et pl. I. — Voir la pl.

XI, 2.

(26) Album, pl. VII, 724 = Catal., 102 et 103. Cf. C. I. L., 10478, 9 a, marque C.COR.VR. Les descriptions faites de cette lampe sont aussi nombreuses qu'inexactes. —

Voir la pl. XI, n° 1.


africaine, gazelle(l), autruche (2), hyène G), ours(4), lion et crocodile combattant (1).

Les lampes chrétiennes sont au nombre d'une centaine. On y trouve les types ordinaires du calice (6), du poisson(7), de l'agneau (8), du lion (9\ du cheval marqué d'une croix gammée sur la cuisse(lo), des espions rapportant la grappe de Chanaan (II), du palmier (12), de la colom be (I)), des monogrammes variés du Christ (14). La série est assez belle, mais n'offre rien de particulier (15). Le seul objet vraiment pré- cieux a malheureusement beaucoup souffert. C'est un fragment de

garde-main, portant une croix accostée de deux anges. Ce motif chrétien est excessivement rare; nous n'en connaissons pas d'autre exemplaire en Afrique.

Les lampes chrétiennes ne portent pas de signatures, à peine

(1) Album, VI, 658 = Catal., 97 ; Catàl. Ins., 3 82.

(2) Album, VI = Catal., 116.

(3) Catal. ms., 95 et 90 (deux ex.).

(4) Album, V = Catal., 113 ; Catal. ms., 253 (deux exempl.).

(5) Catal. sup., 483; Const., sér. 2, X, pl.

XIII, 483. — Marque IVNI ALEXI.

(6) Catal. ms., 358, 359 et 360?

(7) Catal. ms., 386, 365.

(8) Catal. ms., 368.

(9) Catal. ms., 390, 404, 383.

(10) Catal. ms., 384.

(II) Catal. sup., 481, pl. XIV; trouvée dans un tombeau d'Enchir-Nini, cercle d'Aïn-

Beida. Catal. ms. Cf. pour le sujet: Le Blant, Mél. de l'Ec. franç. de Rome, VI, p. 238.

(12) Catal. ms., 370, 371.

(13) Catal. ms., 391. Cf. aussi 358, 359, 360°, 367, 366.

(14) Catal. ms., 432, 398, 353.

(15) La lampe chrétienne trouvée au Coudiat Aty et représentant les trois jeunes Hébreux dans la fournaise et l'ange ailé, donnée par M. Héron de Villefosse comme étant au musée, appartenait à Costa en 1873, mais n'est pas entrée au musée. Cf. Héron de Villefosse, lampes chrétiennes inédites, Musée archéol., 1885, p. 122, reproduction dans Martigny, Dict. d'ant. chrit., p. 340.


quelquefois une palme, une croix, ou une lettre : les marques de potier sont au contraire très fréquentes sur les lampes païennes du musée, mais elles ne présentent pas grand intérêt, toutes étant connues(l).

Le musée possède aussi deux moules en terre cuite, dont l'un est certainement un moule à lampes. Trouvés à Constantine même, ils prouvent l'existence à Cirta d'une industrie locale faisant concurrence aux grandes fabriques de Rome : l'un de ces moules est au

type du bœuf, l'autre porte l'empreinte d'un masque vu de face.

Ces objets se rencontrent rarement en Afrique : à Carthage (2) on n'en a trouvé qu'un seul ; le musée du Bardo ne possède qu'un fragment d'un beau moule à reliefs, destiné à orner de grandes pièces courbes, sans doute des panses de gros vases; on y voit les jambes de devant d'un cheval, et le bras et la jambe d'un homme qui le tenait.

La série des poteries est aussi abondante que celle des lampes,

(i) Cf. C. I. L., 10478, 2a; 4a; 7e; 9aetb; lOb; 13; Igb ; 20b; 25e; 29a; 30e (deux exemplaires à types différents) ; 36abc; 42 ; 50; 54 et 56. Parmi les lampes signées, récemment entrées au musée, nous signalerons la marque

IVLIANI avec un fer à cheval au-dessus, et audessous un cœur enflammé. Cf. Catal. ms., 425.

(2) Delattre, Lampes antiques du Musée Saint-Louis de Cartbage. Lille, 1882, p. 12.


mais elle n'a guère d'autre mérite que d'être une collection vraiment locale. Elle se compose presque exclusivement d'objets recueillis dans la nécropole romaine du Coudiat Aty. Ils sont en général fort bien conservés. Ce sont de grandes amphores cylindriques ou ovoïdes (2), portant quelquefois, soit sur l'anse (3), soit sur la pointe qui les termine à la base (4), une estampille grecque ou latine; puis des urnes cinéraires, de formes et de dimensions variées, avec ou sans couvercle, garnies quelquefois à l'intérieur d'une doublure en plomb (5), et encore pleines d'ossements calcinés (6). Ce sont aussi des spécimens nombreux de ce mobilier funéraire, que l'on rencontre dans tous les cimetières romains en Afrique, et qui est partout le même(7), fioles à Parfums (8) plats(9), Patères (10) assiettes (II) écuelles à fond convexe et sans pied (12), bols (13) , coupes (14) et soucou pes (15). Ils portent presque toujours l'estampille d'un de ces grands fabricants de poterie qui inondaient le monde romain de leurs produits : la plupart de ces marques sont très connues (16), aucune n'est inédite.

Les poteries les plus soignées sont en belle terre vernissée rouge ou recouverte d'un enduit noirâtre. Les plats portent souvent quelques ornements pastillés, rosaces et guirlandes, feuilles de lierre et de liseron, masques de théâtre, motifs très connus et sans intérêt. Par contre, un curieux fond de patère chrétienne (17), que nous reproduisons ici, mérite une mention spéciale: il est orné de deux croix latines

(i) Catal., 3.

(2) Catal., forme 1, bursaire; 2, 4, 7 semiovoïde ; 5 oviforme ; 9 fusiforme.

(3) Marques grecques. Catal., 54 et 55. C.

I. L. 10477, 9 et 10.

p- - INTI (4) Catal., II, marque Cf. C. I.

L., 10479, 64, et marque L'M'N. dans un cercle. Cf. Catal., p. 265.

(5) Catal., 14, 15.

(6) Catal., 12, 13, 14, etc., 17.

(7) Cf. Toutain, Note sur les poteries communes d'Afrique, Mél. de l'Ec. franç. de Rome, juin 1891. Tirage à part, p. 1 à II.

(8) Catal., 53.

(9) Catal., 45-49.

(10) Catal., 44, 50, 51.

(ii) Catal. sup., 506-508. Catal., 44.

(12) Catal., 38 et 52, 43 fond pointu.

(13) Catal., 41.

(14) Catal., 39, rapportée d'Italie.

(15) Catal., 30 et 47.

(16) Cf. Liste des marques de fabrique relevées par Arguel. Catal., p. 275, et liste plus complète du C. I. L. 10479, passim.

(17) Catal., 194. Cf. Const., sér. 1, pl. IX, et Martigny, Dict. d'ant. chrét., p. 408 « disque de lampe ».


gemmées, imprimées en creux avec une estampille, et surmontées toutes deux de l'Agneau symbolique. Un fragment du même genre, découvert à Cherchel en 1840, fut publié par Ravoisié(l).

On peut citer également un assez joli pot ayant la forme d'une tête de femme ; il a été trouvé sur la route du Hamma (2). Mais le plus souvent, la forme est lourde et banale, même quand l'artiste essaye de modifier au gré de son caprice les modèles courants.

Le contraste est frappant entre ces poteries de fabrication romaine et deux ou trois vases provenant de Tunisie(3), qui semblent avoir une origine carthaginoise. La forme est très simple, sans prétention,

mais d'une élégance exquise ; l'argile est fine et ténue et la teinte un peu pâle de la terre est avivée par quelques touches discrètes de brun et de rouge, disposées en zones circulaires sur la surface du vase.

La série des poteries s'est enrichie tout récemment d'un lot fort important de vases et débris divers, donnés par M. Ribaucour, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées à Philippeville. Ces objets

(1) Ravoisié III, pl. 44, figures VIII et IX.

(2) Catal., 182 = Album, XXII, 805.

Voir la pl.

(3) Pas de mention spéciale au catalogue.


ont été trouvés, au printemps de 1891, sur la route de Collo à Robertville. On découvrit, en outre, un alabastre en verre émaillé (voir Planche XIII), d'autres fioles à parfums en verre transparent, et de nombreuses monnaies à demi fondues et très usées, que M. Prudhomme a cependant réussi à déterminer : ce sont des monnaies de Carthage, au type du cheval et du palmier.

La plupart des poteries de Collo ne sont pas de fabrication romaine. Quelques-unes, coupes, fragments de patères, vase en forme de pied, sont en terre rouge, recouverte d'une admirable couverte noire qui trahit, à première vue, leur origine grecque ou plutôt italique. Elles ont sans doute été apportées par le commerce dans l'emporium phénicien de Chullu: nous avons même relevé sur l'une d'elles, une marque de marchand, un graffite néopunique qui a égratigné la couche de vernis. D'autres poteries sont certainement d'origine phénicienne : ce sont trois oenochoés(l) portant sur leur col et sur leur panse arrondie des bustes de femmes se pressant les seins. Ces trois pièces, que notre planche XII reproduit de face et de profil, forment un groupe à part parmi les poteries découvertes jusqu'ici dans l'Afrique du Nord. Elles doivent donc être rangées parmi les objets les plus intéressants du Musée de Constantine.

*

* *

Les figurines de terre cuite sont peu nombreuses et d'intérêt médiocre. Une statuette assez grande, mais très grossière d'exécution, représente un esclave assis, la tête coiffée du bonnet phrygien (2). Un petit masque grotesque étale un nez en virgule et une bouche énorme, qui rappellent les traits difformes du Manducus

(1) Voir la pl. XII, nos 1, 2, 3. Pour les vases analogues, cf. Rayet et Collignon, Hist. de la céramique grecque, p. 6-16. Perrot,

Hist. de l'Art., III, p. 695-697.

(2) Catal., 180. Hauteur 0,38.


romain(l). Une tête de chien (2), une tête de coq(î), un fragment de Victoire(4) sont des débris insignifiants. Citons encore deux petits Harpocrates(5), en terre émaillée de nuance bronzée, qui devaient sans doute jouer le rôle d'amulettes. Quant aux statuettes égyptiennes, en terre vernissée verdàtre(l), qui ont été rapportées d'Italie, elles n'ont rien de particulier, sinon leur authenticité douteuse.

Un certain nombre d'autres fragments de terre cuite, recueillis un peu partout et dont on ignore la destination précise, méritent cependant d'attirer l'attention : ce sont des appliques portant en relief des sujets moulés et quelquefois retouchés ensuite à l'ébauchoir, d'un travail assez délicat. Les plus importants, composés d'une série de morceaux maladroitement rejoints avec de la colle forte, semblent représenter un certain nombre d'épisodes de l'éducation d'Achille au milieu des Centaures(7). Une autre plaque de terre cuite contient un buste d'homme vu de profil, et un buste de femme vue de face(8) et couronnée par un génie. Tous deux sont placés dans des médaillons que sépare une Victoire debout sur un globe, les ailes éployées, une couronne à la main. Sur une autre applique (9) d'un beau style on distingue deux personnages : un jeune homme assis tenant une haste à la main, et une femme debout, ayant la tête penchée et appuyée dans sa main gauche.

Un fragment (10) trouvé à Timgad représente un lion au galop.

Le musée possède aussi deux carreaux de terre cuite chrétiens (II),

(1) Const., série l, VII, p. 224. Album, XXII, 811 = Catal., 185.

(2) Album, XXII, 808 = Catal., 184. Sur les vases en forme de chien ou de chacal, cf.

Carton, Rev. arch., 1890, p. 22, pl. II, 2 et 3.

(3) Catal. ms., 159. Sur ce type de vase, cf. Carton, 1. I., p. 28, pl. II, 5.

(4) Catal., 181.

(5) Catal., 198.

(6) Catal ., 189. Il en est de même pour une figurine de Bès, trouvée soi-disant en Egypte, Catal. ms., 176; et pour un vase à

figures rapporté d'Italie, Catal. ms., 177.

(7) Const., sér. l, VI, p. 54; Album, IX, 463, 464 = Catal., 190. — Voir la p. XII.

(8) Album, XXX, 3 = Catal., 191.

(9) Album, VIII, 467 = Catal., 193.

(10) Catal. ms., 163. — Voir lap 1.

(11) Cf. de la Blanchère, Revue arch., sér.

3, t. XI, p. 303 sqq., avec la bibliographie; Héron de Villefosse, Soc. des Antiq. de France, 1884, p. 170-173 ; Salomon Reinach, Bull.

arch. 1884-85, p. 327 et pl. VIII; De Rossi, Bull. d'arch. crist., 1884-85, p. 53, 54, pl. III.


à reliefs. Ils proviennent de Tunisie et font partie de la série découverte par M. le capitaine de Saint-Didier, à 4 kilomètres de Kasrin (Cillium), et qui comprenait quarante carreaux répartis en cinq suites, chaque type étant reproduit huit fois. Ceux-ci représentent, l'un le Sacrifice d'Abraham W, l'autre le Lion devant le palmier(z), types déjà connus, étudiés et décrits sur les pièces de la

même série conservées au Bardo et à Saint-Louis de Carthage. Par contre un troisième carreau, trouvé en 1882 à Ain Beida en assez mauvais état, n'a pas encore été publié. De dimensions beaucoup plus grandes, il est divisé en deux registres superposés, séparés par une mince bande en relief. En haut, l'on distingue encore la partie supérieure d'une colonnette à chapiteau, et un lion rugis-

(1) De la Blanchère, l.i., p. 313, pl. XIXII, et p. 315 sq.

(2) lbid., p. 308, fig. 16.


sant, le poil hérissé et la queue relevée. Dans le registre du bas, un lévrier poursuit une gazelle ou un lièvre, dont il ne reste plus que l'arrière-train, sujet fréquent et qui, notamment, se trouve sur une des lampes du musée(l).

A côté de ces carreaux de terre cuite, le musée possède une riche série de tuiles et de dalles. Les unes sont d'origine militaire; elles ont été fabriquées par des soldats du camp de Lambèse, et portent

presque toutes l'estampille de la IIIe Légion (2), mentionnée avec ses différents surnoms, Augusta, Augusta Pia Fidelis, Augusta Constans, peut-être aussi Valeriana. On rencontre aussi la marque de la YI le (3), peut-être celle de la Ire Itdlicamais on ne voit pas, comme on l'avait prétendu autrefois, celle de la 1 ye (5). L'estampille que signale le catalogue d'Arguel avait été mal lue.

D'autres tuiles sont municipales, ou d'ordre privé; les unes

(1) Catal., 159.

(2) Catal., 208, 209, 210, 216, 218; C.

I. L. 10474, ic ; 4b ; 6b ; 8b ; 11. Cf. Pallu de Lessert, R. A. F., 1888, p. 224, n° 12; p. 225, n° 21; p. 226, nos 28, 29; p. 227, n° 37; Cagnat, L'Armée romaine d'Afrique,

p. 433 et pl.

(3) Catal., 214; C. I. L., 10474, 12b; Pallu de Lessert, ibid., p. 228, n° 43.

(4) C. I. L., ibid., 13.

(5) Catal., 213.


portent des marques fort connues, VIA T (1). Deux autres, découvertes à Philippeville (2), présentent une empreinte en forme de fer à cheval ; au centre une palme ; autour, sur trois lignes, la légende VICCIANA DE FIGVLINIS Il CANVLEIAE Il CRISPINAE, qui s'est rencontrée plusieurs fois à Rome. On peut la rapprocher de la signature C-V 1 CC 1 (3) fréquente aussi à Rome et qu'on retrouve également sur une des dalles du musée de Constantine.

Quelquefois l'estampille est remplacée par une simple empreinte : l'ouvrier a signé son œuvre d'une façon expéditive et originale, en enfonçant sa main ou son pied(4) dans la terre encore molle ; parfois un chien y a marqué ses pattes.

Une tuile porte le chrisme(s). D'autres encore(6) méritent d'être mentionnées, bien qu'elles ne présentent ni inscriptions, ni dessins: elles ont été trouvées encore en place à Constantine même, et permettent de se rendre compte d'un des procédés qu'employaient les Romains pour assembler les tuiles dans leurs constructions. Elles étaient cousues l'une à l'autre par des ligatures de plomb, subsistant encore aujourd'hui, qui s'engageaient alternativement dans deux séries de trous, ménagés dans le sens de la longueur sur les bords des deux tuiles. L'assemblage était ensuite noyé dans une couche de ciment, et protégé par une tuile faîtière demi-cylindrique, qui recouvrait la jonction des deux tuiles plates.

C'est à Constantine également qu'ont été trouvés les remarquables (7) tuyaux de conduite d'eau, en terre cuite, fabriqués, comme l'indiquent leurs estampilles, dans cinq localités différentes des en-

(1) Cata l., 207 = C. I. L. 10475, 12; ibid., 16.

(2) Catal. sup., 511.

(3) Catal., 211 = C. I. L., ibid., I4b.

(4) Catal. sup., p. 41 du tirage à part.

Const., 2, X, p. 15. Les dalles ne sont pas cataloguées.

(5) Catal. sup., 512.

(6) Catal., 203, 204 et 205.

(7) Cf. Creuly, Const., l, I, 132 sqq.; Poulie, ibid., 2, III, 698 et la note du C. I.

L., p. 913, n° 10476 : « Fistulae cirtenses cre« taceae, quarum similes alibi nullae adhuc in« notuerunt, significant rem publicam aliquam « populorum Cirtensium, ad exemplum, si « magna licet cum parvis componere, rei pu« blicae Romanae ex populis municipiorum « coloniarumque conjunctae ».


virons de la cité, à Tiddis(l) (EI-Kheneg), renommée aujourd'hui encore pour l'excellente qualité de son argile, à M ilev (2), à U zèlis (,), chez les Gemellenses(4) et chez les Auzurenses(5). Ces objets constituent une véritable rareté archéologique.

*

* *

Les verreries sont l'une des principales richesses du musée de Constantine. Comme les lampes, comme les poteries, elles proviennent presque toutes de l'inépuisable nécropole du Coudiat At Y (6), et ont été pour la plupart recueillies par Lazare Costa. La série comprend aujourd'hui plus de 200 pièces différentes : il ne faut pas y chercher d'objets bien précieux. Ceux qui ont été découverts dans la région ne sont pas entrés au musée. Ainsi le curieux vase en verre émaillé, portant l'inscription grecque AABE THN NEIKHN, a passé dans la collection Charvet, et de là en Amérique(7). Mais la série des verreries frappe à première vue par l'abondance des objets d'une fragilité et d'une délicatesse extrêmes; ils sont, pour la plupart,

(1) TIDITANI. Cf. Creuly, l. L, p. 135 sqq.; C. I. L., ibid., Id. Tiddis (aujourd'hui ElKheneg) est, comme Uzelis, un de ces pays dépendant de Cirta, dont le nom présente une physionomie toute libyenne (Tissot et Reinach, Pr. r. d'Afr., p. 396).

(2) MILEVITANI. Cf. Poulie, l. L, p. 698; C. I.

L., ibid., IC, Milev-Sarnensis (auj. Mila), l'une des villes fondées par les partisans de Sittius.

(3) VZELITANI. Cf. Creuly, 1. l., p. 136; C. I. L., ibid., IE.

(4) GEMELLENSES écrit à l'envers. Cf. Creuly, 1., p. 136, et C. I. L., 1. 1., Ib. Ce pays cirtéen est inconnu : il ne s'agit, semble-t-il, ici ni de Gemellae, sur la route de Lambèse à Theveste par le sud de l'Aurès, ni de Gemellae, sur la voie de Lambèse à Sétif.

(5) AVZVRENSES. Cf. Creuly, 1. 1., p. 136; C. I. L., ibid., ia. Ce pays cirtéen est également inconnu.

(6) Nulle part, dans aucune nécropole africaine, on n'a encore trouvé un aussi grand nombre d'objets en verre. Cf. pour l'extraordinaire richesse de certaines tombes du Coudiat Aty, Marchand, Const., sér. l, X, p. 56-58. Le musée ne possède que la moindre partie des verreries découvertes à Constantine.

Beaucoup d'entre elles sont dispersées dans des collections particulières, ou même appartiennent aujourd'hui à des musées de France.

— Ainsi le musée d'Epinal possède une petite fiole à parfums en verre bleu indigo, de forme hexagonale, avec des masques de théâtre en relief sur les six facettes, qui provient du Coudiat Aty. Cf. Voulot, Catal. ms., 177.

(7) Marchand. Const., sér. l, X, p. 41 et 49; Héron de Villefosse, Arch. des Miss.

scient., 1875, p. 411, 412; Frôhner, Coll.

Charvet, 1879, pl. XXX, p. 66; C. I. L.

10480 et note p. 928.


admirablement conservés, et recouverts de ces irisations merveilleuses qui les font resplendir au moindre rayon de soleil. On y trouve réunis les produits les plus divers de l'industrie verrière dans l'antiquité; l'on saisit d'un seul coup d'œil la différence des pâtes, transparentes, translucides, opaques, émaillées, -et la gamme des nuances tendres ou crues, blanches, jaunes, roses, pourpres, brunes, vertes et bleues; les formes les plus variées, des plus simples aux plus étranges, y sont représentées.

Nous ne pouvons énumérer ici tous les types et toutes les espèces(l). Ce sont des plats aux bords évasés ou relevés; des carafes quadrangulaires (2) ou sphériques avec une anse (,); des bouteilles en verre simple ou rubanné (4), piriformes (5), oviformes(l), campani- formes (7); des gobelets cylindriques, tronconiques, ovoïdes avec bords en ressaut, ou semi-ovoïdes avec bords évasé's (1) ; des rhytons (9) ; des tasses (10) ; des coupes; des ampoules (12) ; des fioles à parfums; de grandes urnes cinéraires à couvercle, renfermant encore les os calcinés qu'on y avait déposés (14). Nous avons rassemblé dans notre planche XIV quelques-unes des pièces les plus curieuses. D'autres, qui n'ont pu y trouver place, méritent cependant d'attirer l'attention : ainsi, la belle épingle, longue de 0,40, en verre vert foncé, recouvert d'un enduit argenté (15); une plaque rectangulaire en verre jaunâtre, qui a pris aujourd'hui des reflets d'opale (16); un plat, garni sur ses bords d'une élégante torsade qu'on dirait appliquée par un verrier de Venise (17); deux creusets de forme conique, fortement

(1) Nous ne renvoyons qu'aux objets les plus importants de la collection.

(2) Catal., 394.

- -

(3) Ibid., 395, 420.

(4). Catal. ms., 37 à 42.

(5) Catal., 433, 444, 447.

(6) lbid., 422, 418, 457.

(7) Ibid., 413, 424, 434.

(8) Catal. ms., 58 à 65.

(9) Catal., 435,439.

(10) Ibid., 397, 419.

(ii) Ibid., 399, 403, 451, 464; Catal.

ms., 48.

(12) Catal., 453 et 452.

(13) Ibid., 412, 424-426, 432.

-, -. - - --

(14) Ibid., 392, 393.

(15) Catal., 449.

(16) Ibid., 441.

(17) Catal., 401.


dégradés par le feu, qui ont été trouvés dans le voisinage de la porte de la Brèche(l).

La série la plus précieuse est celle des verres dits phéniciens (2).

Ils proviennent de la nécropole du Coudiat Aty, ou des tombeaux creusés dans le roc à Sidi-Mecid: ceux-ci paraissent bien appartenir à une nécropole punique. Le dernier verre acquis par le musée est un alabastre, trouvé en 1891 à Collo, dans un éboulis. L'émail qui recouvre ces objets a résisté victorieusement à toutes les causes d'altération et garde la fraîcheur de tons qu'il devait avoir au sortir de l'atelier. Nous reproduisons (Planche XIII) les vases les mieux conservés; mais plusieurs débris, très détériorés, ne sont pas moins intéressants. Quelques parcelles d'une belle matière rouge ou vert clair, lourde et dure, ayant l'aspect velouté de certaines laques anciennes, sont de précieux échantillons de ce verre complètement opaque, dont le secret s'est perdu depuis les Phéniciens(3). D'autres fragments polychromes rappellent les verres à baguette et les millefiori de Venise(4). Un fragment de bracelet émaillé, portant de gros chatons en relief sur un anneau circulaire, semble orné de gemmes artificielles, jaunes, rouges et vertes(5). Aucun de ces débris n'est à dédaigner.

Enfin une boîte cylindrique, émaillée, mérite également un coup d'œil, bien qu'il en manque un fragment et que l'émail blanc, appliqué sur le verre transparent, ait presque entièrement disparu : en haut un filet circulaire fait saillie ; il était peut-être destiné à maintenir un couvercle ; tout autour du vase, court un gracieux motif en relief, formé de rinceaux et de palmettes (6).

* * *

Les objets d'os et d'ivoire sont intéressants. A côté des jetons,

(1) Catal. ms., 138.

(2) Catal. ms., 113, 114, 115, 116, 207.

Comparez aux deux vases en verre émaillé que nous avons découverts en 1891-92 dans la nécropole punique de Gunugus, près de Gouraya. — Cf. d'autre part, Perrot, Hist. de

l'Art, p. 737 sqq. et pl. VII, VIII, IX.

(3) Catal., 56, 57, sous la rubrique « poterie fine ». — Cf. Perrot, ibid., p. 739 sq.

(4) Catal. ms., 123, 166, 137, etc.

(5) Catal. ms., 127.

(6) Catal. sup., 563.


des poinçons et des aiguilles, que l'on rencontre partout, l'on remarque de petites tablettes curieusement travaillées, avec reliefs en forme de feuilles ou d'ornements géométriques; elles ont toutes été trouvées dans les nécropoles de Constantine(l). Une riche série d'épingles, récemment entrée au musée(2), place sous nos yeux les spécimens les plus variés des différentes phases de la fabrication de ces objets, depuis l'éclat d'os et d'ivoire dégrossi à coups de tranchant, jusqu'aux épingles les plus délicatement ciselées, destinées

à la parure des élégantes de l'Afrique romaine Ce sont là des échantillons d'une industrie locale; ils ont été trouvés, avec des milliers d'autres, à Djemila (Cuiculum), dans un atelier qui devait répandre ses produits sur toute la contrée. Une minuscule statuette, fort curieuse, représente un petit génie ailé, nu, joufflu et potelé, avec des cheveux bouclés : il est assis et porte dans ses petits bras le sujet si commun du lièvre happé par un chien.

(1) Catal. sup., 555 = Const., sér. 2, X, pl. XVII. Ces tablettes sont probablement d'origine phénicienne. Cf. Perrot, Hist. de l'Art, III, p. 849 sqq.

(2) Don de M. Carbonnel, 1891. Cf.

Const., sér. 2, X, p. 168, n° 12 et pl. XVIII.

(3) Cf. également Catal., 387, 388, 389; Catal. sup., 544, 545, 553, 554, 557, et Const., série 2, X, pl. XVII.

(4) Héron de Villefosse, Gaz. arch., 1879, p. 268.


Les objets de bois sont naturellement peu nombreux. De gros fragments de cèdre proviennent, dit-on, d'une chambre d'eau byzantine, découverte à Lambèse en 1858 (1). De Philippeville est venu un autre objet en cèdre (2), un seau assez bien conservé, avec son anse et sa garniture en bronze. Nous signalerons enfin tout particulièrement un beau peigne de buis, sculpté et découpé à jour, garni de dents des deux côtés (3). Ce curieux objet provient d'un tombeau païen du Coudiat Aty ; il a été trouvé dans une urne cinéraire, enfermée elle-même dans un auget de pierre, et qui contenait en outre un petit vase en terre cuite, des fils d'or mêlés à des ossements, et la petite boîte en verre blanc de forme cylindrique, que nous avons signalée plus haut.

(i) Moll, Const., sér. i, III, p. 160 sqq.

(2) Catal., 472.

(3) Catal. sup., 558. Cf. dans Const., sér. l, X, p. 39, 40, la description d'un superbe peigne en ivoire délicatement ouvragé, découvert au

Coudiat Aty, et qui semble bien ne faire qu'un avec l'objet en bois conservé aujourd'hui au musée. — Cf. peignes liturgiques chrétiens découverts à Carthage.


II

DESCRIPTION DES PLANCHES

PLANCHE 1

VUE DU JARDIN DE LA BRÈCHE, SQUARE N° 2

Ce jardin, destiné aux inscriptions et autres monuments trop lourds ou trop grands pour trouver place dans les salles de la mairie, a reçu ceux qui, d'abord réunis sur la place du Caravansérail, n'ont pas ensuite servi à empierrer la route de Batna. Aujourd'hui, ils sont tous classés parmi les monuments historiques, et l'on peut espérer qu'ils sont désormais à l'abri d'un nouvel acte de vandalisme.

Rangés, pour la plupart, le long de l'avenue centrale et autour de la pièce d'eau, ils sont disposés avec plus de pittoresque que de méthode : dédicaces, cippes, bas-reliefs et statues, restaurés à la truelle, et groupés d'après leurs dimensions, sont empilés les uns sur les autres, de manière à former une sorte de colonnade d'un aspect bizarre et inattendu. Dans les allées latérales, quelques


stèles superposées servent de bancs pour les promeneurs; l'on s'assied sur les épitaphes. D'autres inscriptions, et des plus importantes, renversées face contre terre, gisent à demi enterrées dans le sable. Toutes sont exposées aux dégradations que leur font subir la pluie et la neige, sans parler des gamins. Leur conservation n'est assurée que d'une manière encore sommaire.


PLANCHE II

INSCRIPTIONS LATINES

Les textes ici reprod uits présentent un intérêt historique et se rattachent tous, sauf le premier, à une série d'autres monuments intéressants, trouvés à Constantine même ou dans la région environnante.

I. CIPPE FUNÉRAIRE

Hauteur 0,^0; largeur 1,15 ; épaisseur 0,5°. Hauteur des lettres 0,0c et 0,03. Trouvé à Constantine.

Valerius Dat[iv]us pater fec(it). D(is) M (anibus) s( acrunl) U ruri( a)e fili(a)e rarissim(a)e. H(ic) s(ita) e(st). Vixit annis XXV, mens(ibus) sex. Sartor, arenarius magister, fili(a)e dulcissim(a)e posuit. GYM.

Monument funéraire élevé à la mémoire d'une jeune fille nommée Ururia, par les soins de son père, Valerius Dativus, que L. Renier considérait comme un ravaudeur, mais en qui le C.L. voit, avec raison, un sarcleur (sarritor). Cet homme est, comme tel, membre du collège des Arenarii et magister de cette association.

La rédaction est bizarre ; les titres du dédicant ont l'air d'être rajoutés après coup. A droite figurent trois lettres GVM, qui n'ont aucun rapport avec le reste, et peuvent dater d'une époque plus récente. La véritable curiosité de cette pièce, ce sont les trois sauterelles, disposées symétriquement. Cette représentation, assez soignée et exacte, du fléau propre à l'Afrique, est aussi intéressante pour l'histoire de l'entomologie africaine que difficile à expliquer sur ce monument funéraire. Toutefois il ne faut pas oublier que les anciens gardaient en captivité, comme des oiseaux chanteurs, sauterelles et


cigales. Les enfants, les jeunes filles, les tenaient enfermés dans de petites cages de jonc et en faisaient leurs délices. Myron, dit Pline, (H. N. xxxiv, 19), n'avait pas dédaigné de sculpter le monument funèbre de deux favorites de ce genre. Il se peut qu' U ruria ait partagé le goût que Longus (Past. 1. 14) prête à Chloé pour sa )\rl),oç obcpiç, et que son tombeau nous en conserve simplement le souvenir.

2. INSCRIPTION DE L'ARC DE CAECILIVS NATALIS

Largeur 0,56 ; hauteur 0,4$. Hauteur des lettres 0,01 5. Trouvée rue Cahoreau.

[M. Caec]ilius QCuinti) f(ilius) QCuirina) Natalis, aed(ilis), III vir, quaestor, quinquennalis, praefectus coloniarum M ilevitanae et Rusicadensis et Chullitanae, praeter sestertium LX (milia) nummum quae ob honorem aedilitatis et 111 viratus et quinquennalitatis rei publicae intulit, et statuam aeream Securitatis saeculi et aediculam tetrastylam cum statua aerea Indulgentiae domini nostri quas in honore aedilitatis et III viratus posuit, et ludos scaenicos diebus septem, quos cum missilibus per I III colonias edidit, arcum triumphalem cum statua aerea virtutis domini n(ostri) Antonini Augusti, quem ob honorem quinquennalitatis pollicitus est, eodem anno sua pecunia extruxit.

On voit par ce texte que M. Caecilius Natalis, personnage des plus considérables de Cirta, avait parcouru tout le cycle des fonctions et des honneurs municipaux, en se signalant par de nombreux actes de munificence. Non content de payer les sommes réglementaires que devait verser tout nouvel élu, il avait offert à sa patrie une statue d'airain représentant la Sécurité du Siècle, et un édicule tétrastyle, avec une autre statue d'airain en l'honneur de Caracalla.

La dédicace de cette dernière statue a été retrouvée. Il avait donné dans les Quatre Colonies Cirtéennes sept jours de jeux, avec représentations théâtrales et distributions au peuple. C'est ce que confirme une autre inscription, antérieure à celle qui nous occupe, découverte


à Constantine en 1869. Enfin, il avait promis, s'il était nommé quinquennal, d'ériger à ses frais un arc de triomphe avec une statue d'airain représentant le courage de Caracalla. L'inscription présente constate qu'il avait tenu sa promesse.

Nous devons supposer que ce texte épigraphique avait été placé sur le monument même. En effet, quatre autres inscriptions ont été découvertes à Constantine, presque au même endroit. Trois d'entre elles sont absolument identiques à celle-ci, et ont permis d'y restituer le nom. La quatrième, plus concise, présente une disposition différente. Elle a une forme très allongée, et occupait sans doute l'épistyle de l'arc de triomphe, dont les quatre autres ornaient les faces.

C'est probablement ce M. Caecilius Natalis qui figure dans l'Octavius, dialogue écrit par son contemporain Minutius Eelix.

L'un des trois interlocuteurs, en effet, celui qui prend le premier la parole pour attaquer violemment le christianisme, porte ce nom et est dit citoyen de Cirta. Cet Africain faisait donc quelque figure, non seulement dans son pays, mais à Rome.

3. INSCRIPTION DONNANT LE NOM DE CONSTANTINE

Hauteur 1,03, largeur 0,84, lettres 0,04. Trouvée à Constantine.

Largitate dominorum nostrorum piorum Aug(ustorum) Constanti(i) et Constantis, Ceionio Italico, clarissimo atque consulari viro, eXlnzio ac singulari virtutum omnium, ob merita erga se et provinciam continentiae, patientiae, fortitudinis, liberalitatis et amoris in omnes praecipui, ordo Felicis Coloniae Constantinae et provinciae Numidiae patrono posuit.

Gravée sous le règne de Constance et Constant, entre 340 et 3^0 après J.-C., cette inscription, où le nom de Constant a été martelé par ordre de Magnence, doit être rapprochée d'une autre qui mentionne une statue élevée, aussi à Constantine, au même personnage


par la ville de Mila, dont il était également patron. Ce sont les premiers monuments épigraphiques où figure le nom de Constantine, « Constantina civitas » que l'antique Cirta, détruite par l'usurpateur Alexandre, adopta en l'honneur de Constantin qui l'avait relevée de ses ruines pour en faire la capitale de la Numidie.

Sur cette inscri ption, comme sur celle de Mila, l'ordo de la province de Numidie est mentionné à côté de celui de la cité. Ces deux textes épigraphiques ont donc une certaine importance pour l'histoire des assemblées provinciales au IVe siècle.

4. DÉDICACE AU DIEU BALIDDIR

Base quadrangulaire. Hauteur 1 mètre, largeur et épaisseuro,6o.

Hauteur des lettres, de 0,06 à 0,03, et 0,09 à la dernière ligne.

Trouvée à Sigus dans les travaux du chemin de fer de Kroubs à Ain Beïda.

Baliddir[i\s Aug(usti) sancti patrii dei, statuam quam M(arcus) Julius QCuinti) f(ilius) Qiuirina) Proculus ob honorem fl(amonii)) perpetui divi Magni Antonini ex sestertiis II (milibus) CC n(ummis) summae honorariae ejus honoris pollicitus est, adjectis, at ea quantitate ex sua liberalitate sestertiis mille nummis et at basem sestertiis CCCC nummis, ex sestertiis I I I (nlilibus) DC nummis posuit itemque dedicavit.

Dédicace d'une statue d'airain, représentant le dieu Baliddir Augustus Sanctus Patrius, par M. Julius Proculus, élevé à la dignité de flamine perpétuel du divin Caracalla.

L'inscription est certainement postérieure à l'année 217, date à laquelle Caracalla reçut le titre de divin.

Le nom de Baliddir se retrouve, sous la même forme, dans une autre inscription, trouvée également à Sigus; et, sous la forme très rapprochée de Baldir A Ug(LlStLlS) , dans un texte du Guelaat-bou-


Sbaà, près Guelma, sur le versant du Fedjoug; on y reconnaît facilement le nom phénicien de Baal-Addir.

« Baliddir Augustus Patrius » est donc, avec Malagbel, Bacax, Gurzil et quelques autres, l'un des rares « Baalim » locaux qui aient subsisté distincts dans l'Afrique romaine, tandis que les autres se fondaient dans le Saturnus Augustus, sauf à conserver pour signe de leur personnalité une épithète, telle que Sobarensis ou Balcaranensis, jointe au nom de la divinité générale.

J. BASE D'UNE STATUE DU PÈRE DE SEPTIME SÉVÈRE Base calcaire. Hauteur 1,03, largeur 0,80, épaisseur 0,6j. Hauteur des lettres 0,07 et 0,06. Trouvée à Constantine.

P(ublio) Septimio L(ucii) filio Getae, patri imp(eratoris) Severi Aug(usti), piissimi fili(i), maxÙni principis, avi imperatoris sanctissimi Antonini Aug(usti) fortissimi et indulgentissimi principis, respublica quattuor Coloniarum Cirtensiuln. Decurionum decreto: pecunia publica.

Inscription dédiée au père de l'empereur Septime Sévère, Publius Septimius Geta, par la confédération des Quatre Colonies Cirtéennes. Ce texte ne peut être antérieur à l'année 193, époque à laquelle Caracalla reçut de son père le titre d'Auguste. Il a permis d'éclaircir certains points obscurs de la filiation de Septime Sévère.

Il a fait connaître le prénom du grand-père de l'empereur, Septimius Macer. Le père de l'empereur, Septimius Géta, s'appelait Publius et non Lucius ni Marcus, comme on l'avait cru. Le prénom de Marcus, qui figure sur l'arc triomphal de Rome, se rapporte, non pas à Septimius Geta, mais à Marc Aurèle, devenu par suite d'une adoption posthume le père adoptif de Septime Sévère.

Cette inscription devient surtout intéressante quand on la rapproche d'une autre, de même forme, de même style et de mêmes dimensions, qui a été trouvée à Constantine dans le voisinage de la première, à laquelle elle devait faire pendant. C'est une dédicace


en l'honneur de Paccia Marciana, que Septime Sévère avait épousée en premières noces. Elle n'était connue que par quelques mots du pseudo-Sparcien qui lui donne le nom de Marcia ; l'historien insiste à deux reprises sur ce fait que l'empereur, parvenu à l'empire, fit élever des statues à son père, à sa mère, à son aïeul et à sa première femme. Il le fit notamment après avoir imposé la paix aux Parthes.

La découverte des deux dédicaces trouvées à Constantine confirme le dire de Y Histoire Auguste; les deux bases calcaires, sur lesquelles elles étaient gravées, servaient sans doute de piédestaux aux statues de P. Septimius Macer et de Paccia Marciana.


PLANCHE III

STÈLES NEO-PUNIQYES Les stèles groupées sur cette planche ont toutes, sauf la première, été trouvées à Constantine. Elles forment une série homogène: ce sont des monuments votifs, s'adressant tantôt à Baal-Haman et à Tanit, tantôt à Baal-Haman seul, et portant des emblèmes relatifs au culte de ces divinités phéniciennes. Ils sont postérieurs à l'époque de la puissance carthaginoise, comme le prouvent les inscriptions néo-puniques que portent quelques-uns d'entre eux ; mais ils appellent la comparaison avec les nombreuses stèles puniques trouvées à Carthage. Comme ces dernières, ils portent presque tous (3 1 sur 35) le croissant retombant sur le disque, qui est un signe proprement carthaginois ; ils en diffèrent par leur forme beaucoup plus allongée, qui atteint souvent 0,80 de longueur, par le relief fortement accentué des représentations figurées, par la présence de certains symboles inconnus à Carthage, et par leur style tout africain, où l'on ne retrouve pas trace de l'influence hellénique si manifeste sur les stèles de Carthage.

I. STÈLE

Guelma. Marbre rose, 0,36x0,24. En haut, dans un cadre rectangulaire, femme très grossièrement sculptée ; debout, nue, parée de boucles d'oreille, les bras étendus, elle tient dans la main droite une grappe de raisin, dans la main gauche, probablement une grenade. En bas, à droite, un épi de blé ; en haut, un attribut composé de deux disques concentriques et un oiseau fortement dégradé.


Au bas de la stèle, l'inscription suivante :

Au seigneur Baal (Ha)man [a promis ceci le Bomelek] [de]. Doberat [fils de J.

car il a entendu sa voix.

2. STÈLE

Provient, comme les suivantes, du Coudiat Aty. Tuf jaunâtre.

Dimensions 0,60x0,20. La partie inférieure, ne présentant aucun intérêt, n'est pas reproduite. La même observation s'applique aux stèles 3, 4, 5.

Le sommet de la stèle a la forme d'un fronton triangulaire.

Dans le tympan, le croissant retombant sur le disque. Au-dessous, dans un cartouche rectangulaire, l'inscription :

1 Au seigneur Baal Haman, vœu 2 qu'a voué.

3 fils de Sofet, car il l'a béni.

En bas, l'image conique de Tanit et le caducée ; ce sont les deux figures symboliques qui se retrouvent le plus souvent sur les stèles de Constantine.


3. STÈLE

Même genre. Calcaire bleu de Sidi Mecid. Dimensions 0,60x0,17.

Dans le tympan, croissant retombant sur le disque. Dans le tableau, l'image de Tanit entourée d'attributs : à droite, le caducée; à gauche, la main ouverte et dressée. En-dessous, un emblème ayant un peu la forme d'un serpent replié sur lui-même. Il faut se garder de le confondre avec un attribut présentant une forme analogue et qui n'est autre que le croissant engagé dans le disque : au contraire, on croit reconnaître dans le premier un gâteau de sacrifice qui aurait la même apparence que la ciambella des Romains modernes, la gimblette de nos provinces de France.

Pas d'inscription.

4. STÈLE

Calcaire bleu de Sidi Mecid. Dimensions 0,55 XO, 16.

Le sommet de la pierre se termine par un pyramidion. Dans le tableau, croissant montant. Au-dessous, l'image de Tanit, et, à gauche, une sorte de lance, terminée en bas par une boule et en haut par un dard triangulaire.

5. STÈLE

Calcaire bleu, de grandes dimensions 0,72x0,20.

Le sommet est triangulaire. Les attributs sont gravés au trait.


Dans un cartouche rectangulaire placé au milieu de la pierre, croissant retombant; au-dessous, une inscription:

Sofet, fils de Barak.

A gauche, un caducée dont la forme rappelle celle des enseignes romaines. A droite, une sorte de gouvernail.


PLANCHE IV

STÈLES A SATURNE

* Les stèles reproduites sur cette planche forment la contre-partie de celles qui précèdent. Ce sont aussi des monuments votifs et qui appartiennent au même culte. Mais le dieu auquel elles s'adressent est dénommé Saturnus Augustus. Leur style, leur architecture, les personnages figurés ont une apparence toute romaine, avec laquelle contraste singulièrement la rudesse de certains détails qui trahissent la main africaine.

I. STÈLE VOTIVE

Longueur 0,60, largeur 0,30, épaisseur 0.1 5. La pierre est brisée en bas et à droite.

Edifice composé d'un fronton que terminent deux acrotères peu saillants, d'un entablement orné de rais de cœur, et de deux colonnes torses aux chapiteaux trifoliés. A l'intérieur, personnage debout, drapé à la romaine, la bulle au cou : la main gauche, presque entièrement recouverte par les plis du manteau, porte une acerra. Le bras droit, abaissé le long du corps, tient une grappe de raisin.

Dans le tympan, une tête monstrueuse, aux yeux écarquillés, à la barbe et aux cheveux hérissés. En l'absence de toute inscription, il serait assez malaisé d'identifier ce personnage, si l'on n'était guidé par la com paraison avec les nombreuses stèles découvertes à Sétif, à Beni-Fouda, à Guelma, etc. Elles présentent souvent à la même place une image analogue, destinée à représenter Saturnus Augustus lui-même.


2. STÈLE VOTIVE

4 Largeur 0,20, longueur 0,66, épaisseur o, 1 ç.

La stèle est intacte : elle a le sommet arrondi et se termine en bas par une queue destinée à être fichée en terre. Elle est divisée en trois compartiments.

En haut, la tête voilée et barbue de Saturne, accompagnée d'un objet caractéristique, la serpe, faix arboraria, attribut inséparable de Saturnus frugifer.

Au milieu, un personnage debout, drapé dans un manteau court, qui laisse à découvert les jambes et les pieds chaussés de hauts souliers ; la main gauche, ramenée sur la poitrine, tient un objet peu distinct; la main droite s'abaisse vers les flammes qui jaillissent d'un autel quadrangulaire.

En bas, dans un petit cartouche évidé, le bélier, victime habituelle des sacrifices offerts à Baal-Haman, le dieu aux cornes de bélier, et par suite au Saturne identifié avec lui.

3. FRAGMENT D'UNE STÈLE VOTIVE Pierre calcaire 0,20x0,20, épaisseur 0,12.

Ce fragment devait appartenir à une stèle fort analogue à la précédente. On distingue encore la tête de l'adorant, et au-dessus, dans le compartiment supérieur, brisé à droite, deux bustes; au milieu, Saturne barbu, les yeux grand ouverts, les cheveux couverts d'un long voile qui retombe sur les épaules ; à gauche, une figure imberbe, à la longue chevelure, sans doute l'image de Séléné ; dans la partie du fronton qui a disparu, pouvait se trouver une troisième tête, correspondant au troisième membre de l'ancienne trinité carthaginoise, Hélios.


4. STÈLE CALCAIRE Stèle à fronton triangulaire 0,20x0,28.

Dans le champ, un couple d'adorants, drapés dans des vêtements tombant jusqu'à terre, la main droite levée et présentée la paume en dehors, geste traditionnel d'hommage à la divinité.

J. STÈLE FUNÉRAIRE Pierre calcaire 0, 50x0,18.

Cette stèle n'a aucun rapport avec les précédentes. Elle est funéraire, et non plus votive ; les particularités qu'elle présente permettent de supposer qu'elle a servi deux fois. Elle a une forme quadrangulaire allongée, légèrement évidée vers la base, destinée à être enfoncée dans la terre. Elle est sculptée sur trois de ses faces. L'une d'elles porte la dernière partie d'une épitaphe, gravée en beaux caractères sur un cube de pierre, qui semble reposer sur les branches touffues d'un arbre noueux, figuré au-dessous de l'inscription :

CORPORV SVCCESSEANI ET CREME NTIAI

Sur la face opposée, est représenté un arceau en plein cintre, gravé au trait, et, au-dessus, une porte entr'ouverte, sujet qu'on rencontre assez fréquemment sur les sarcophages païens ou chrétiens.

D'autres fois, la porte, au lieu d'être ouverte, est fermée, comme sur la stèle provenant de Dellys, qui se trouve au musée d'Alger.


Dans l'intérieur de l'arc, on distingue les restes d'une inscription mal gravée, en caractères négligés et peu lisibles :

6. FRAGMENT DE STÈLE

Ce curieux fragment, trouvé en face de Cirta, sur les pentes du Chettaba, est taillé dans une roche calcaire, poreuse et friable. Il semble n'être que la partie supérieure d'une stèle à fronton triangulaire. Au-dessus d'une grosse tête aplatie, au front encadré d'épais bandeaux et surmonté d'une coiffure pyramidale, est étalée une femme nue. Elle a les jambes écartées, et ses mains faisaient peutêtre, dans un modèle primitif que l'artisan a pu avoir sous les yeux, un geste indicateur, familier à certaines divinités anciennes, qui se rapprocherait de l'attitude classique de Baubo. Mais on dirait que le sculpteur d'époque postérieure y a vu surtout le sujet ou le prétexte d'une obscénité; et c'est là ce que son ciseau, bien que peu habile, a rendu en somme avec mouvement et énergie.


PLANCHE V

LA PREMIÈRE FAUSTINE

Statue trouvée à Cuiculum (Djemila).

Hauteur 1,77,du socle au sommet delà tête. Etat de conservation remarquable. La statue était absolument intacte, au moment de la découverte : l'extrémité du nez a été cassée, quelques jours plus tard, par des enfants qui l'avaient prise pour cible : elle a été recollée assez maladroitement.

La statue tout entière, avec le piédestal, est sortie d'un seul bloc de marbre de Carrare : la coiffure seule a été sculptée à part et formait une de ces perruques mobiles qu'on a signalées sur un certain nombre de bustes de l'époque romaine, et qu'on pouvait remplacer par une autre, si la mode changeait.

C'est un beau spécimen de l'art encore à demi-hellénique, où le corps et les draperies sont copiés sur des modèles grecs, tandis que la tête est romaine. La statue est d'un fort bon style, bien supérieure, au point de vue artistique, à la plupart des antiques trouvés en Numidie, et même aux deux statues de forme analogue conservées au musée de Cherchel.

Elle est revêtue d'une tunique tombant jusqu'à terre, et enveloppée tout entière dans un long voile qui se drape avec élégance, ne laissant à découvert que la tête, les mains et les pieds nus, chaussés de sandales.

L'attitude est austère ; le visage est celui d'une femme de 30 à 35 ans; il présente un ensemble de lignes harmonieuses. Les yeux sont grands, mais l'expression est dure et sévère. C'est un portrait de l'époque des Antonins. La coiffure est caractéristique : elle est formée par de larges bandeaux ondulés sur le front, surmontés d'une sorte de diadème ou de couronne à trois étages que forment deux


tresses puissantes, ramenées en torsade circulaire sur le sommet de la tête. D'après M. Héron de Villefosse, ce marbre représente la première femme d'Antonin, Faustine, dans les dernières années de sa vie. Peut-être même aurait-il été sculpté après la mort de l'impératrice, ce qui expliquerait cette expression de gravité presque religieuse.

En tous cas, la statue représente, sinon Faustine elle-même, du moins l'une de ses contemporaines, et pourrait être alors le portrait d'une grande dame romaine, comme les belles statues du musée de Naples, comme celle de Benghazi, comme la plupart des œuvres qu'on expose souvent sous les noms de « Polymnie » ou de « Pudicité ».


PLANCHE VI

TÊTES IMPÉRIALES

I. TÊTE D'EMPEREUR

Trouvée à Collo, 1883

Hauteur 0,3 ç. Marbre blanc avec quelques veines bleuâtres. La tête a peu souffert ; seuls, la pointe du nez et le bord de l'oreille gauche sont meurtris.

L'œuvre est d'un bon style. Les cheveux courts, ramenés sur le front et peignés avec régularité, comme dans les portraits d'Auguste, sont indiqués avec souplesse et sobriété. Le front, un peu bas, mais large et puissant, est admirablement modelé: l'arcade sourcilière fortement accusée, le nez aquilin, la bouche petite et saillante, le menton avançant, mince et rond, les traits amaigris donnent à cette tête un beau caractère. On serait tenté d'y voir un portrait de l'empereur Auguste, si certains détails de la physionomie, un peu niaise, et surtout le développement démesuré de la boîte crânienne ne s'opposaient à cette identification, et ne faisaient penser plutôt à Claude encore jeune.

2. TÊTE DE L'EMPEREUR ANTONIN

Trouvée à Tebessa

Hauteur o, 43 jusqu'à la naissance du cou. Marbre statuaire, d'excellente qualité, de grain fin et résistant, présentant un peu


l'aspect de l'ivoire. Les lobes des deux oreilles sont brisés. Le nez cassé a été remplacé par un énorme appendice en plâtre qui défigure le visage. Trois coups de pioche ont légèrement entamé le côté droit de la face.

La tête, de dimensions colossales, faisait partie intégrante d'une statue d'empereur en costume militaire : il subsiste encore une partie du col brisé de la cuirasse.

C'est un portrait plein de vie, et qu'on sent ressemblant. Sa précision dans les détails permet de l'identifier d'une manière certaine.

Ce n'est pas un Septime Sévère, comme le porte l'inscription qui a été gravée sur le socle : l'em pereur africain a une barbe taillée en deux pointes, d'une forme trop caractéristique pour rendre possible une pareille confusion.

Les cheveux, bouclés naturellement) soigneusement peignés, et ombrageant le front de leurs mèches éparses, et la barbe, taillée un peu court, feraient plutôt penser à Hadrien.

Mais ce sont là des détails qui s'observent également sur certains bustes d'Antonin, et sur la plupart de ses médailles. Par contre, nous ne retrouvons pas ici les traits caractéristiques du premier de ces empereurs, les pommettes saillantes, la figure pleine et ronde, le menton massif, l'expression sévère et un peu dure. Cette forme allongée de la tête, ces joues un peu maigres, quoique assez fortes pour masquer l'ossature de la face, cette physionomie grave et sérieuse, mais pleine de bonté et de douceur, conviennent beaucoup mieux à Antonin. La comparaison avec les portraits que nous possédons de cet empereur, surtout avec le buste en marbre du musée de Naples, celui de la glyptothèque de Munich, et l'une des deux têtes du Louvre, confirme pleinement l'identification que nous proposons.


3. TÊTE D'EMPEREUR

Trouvée à Constantine, 1888. — Hauteur 0,32 jusqu'à la naissance du cou et 0,46 avec la queue

Cette tête, découverte rue Crémieux, est assez mal conservée.

Le nez est broyé, les oreilles écrasées à coups de maillet, surtout celle de droite. Le marbre, de qualité médiocre, a beaucoup souffert: rongé à sa surface, il a pris l'aspect rugueux et la couleur jaunâtre du tuf.

La tête est disposée de façon à pouvoir s'adapter, par une queue tronconique, que ne reproduit pas notre planche, à l'un de ces corps d'empereur, en appareil héroïque ou en costume militaire, qu'on achetait tout faits.

L'exécution est d'une bonne époque, ferme et sobre. La figure est expressive. Rien n'est sacrifié à la grâce. Tous les détails de la physionomie, la face large et impassible, le menton carré, les lèvres serrées, le regard dur, s'accordent pour donner la même impression de volonté et d'énergie.

Cette tête représente certainement un empereur du 1er siècle. Les cheveux, taillés courts et légèrement bouclés, sont disposés en bandes parallèles au plan du front. L'aspect général de la tête, et les traits de la physionomie permettent de supposer que c'est un portrait de Titus.


PLANCHE VII

TÈTES ET BUSTE

1. — TÊTE

Trouvée à Constantine. — Hauteur 0,21. — Marbre blanc à gros cristaux

Le nez est brisé, et le menton meurtri ; la tête, légèrement renversée en arrière, est tournée vers la gauche; le visage est beau et plein de vie. Les cheveux, séparés sur le front par une raie médiane, forment une série de boucles ondulées, souples et élégantes, couronnées par un diadème. Ce doit être la tête d'une Vénus.

2. — TÊTE

Trouvée à Constantine. — Hauteur: 0.25. — Même marbre que la tête I

Ce morceau a beaucoup souffert, mais les modelés restent encore beaux. Les traits du visage, et particulièrement les yeux et la bouche, sont traités avec une délicatesse qu'on n'est pas habitué à rencontrer à l'époque romaine. La coiffure est caractéristique : les cheveux, ramenés vers le sommet de la tête en un nœud épais, dont les deux parties s'étalent et forment diadème. C'est une bonne copie d'un original grec, peut-être d'une Coré avec le


3. - FRAGMENT D'UNE TÊTE DE JUPITER AMMON

Hauteur : 0.12 ; largeur : 0.13. — Calcaire jaune à grain très fin et très tendre

Ce fragment a été rapporté de Tunisie, en 1885, par le docteur Reboud. Il appartenait à une tête de Jupiter Ammon, composée, comme il arrive souvent en Afrique, de plusieurs morceaux sculptés séparément et terminés par des sections planes parfaitement polies, qu'on rapprochait ensuite et qu'on collait ensemble. Il n'est resté que la partie supérieure de la tête, la plus intéressante, il est vrai, car elle porte l'attribut caractéristique, les larges cornes de bélier sortant du front et se recourbant de chaque côté de la tête au-dessus des oreilles. On remarquera entre les deux cornes, à leur point d'attache, le croissant de Tanit. Les statues d'Ammon sont aussi rares en Afrique que sa représentation est fréquente sur les médailles, les bijoux, les objets en plomb, en bronze, en argent, les intailles et les statuettes en terre cuite.

4. — TÊTE

Provenant de Tebessa. — Hauteur: o. 15. — Marbre blanc

Le nez est brisé, et la joue droite endommagée : le reste de la tête est trop bien conservé : on lui a enlevé sa patine en la nettoyant, et on l'a polie outre mesure.

La coiffure s'élève au-dessus du visage, formant un édifice compliqué, ceint d'une large couronne de laurier que ferme une grosse agrafe ovale, ornée d'une gemme. La tête est légèrement tournée à gauche ; la figure, souriante avec une expression un peu rêveuse, a beaucoup de charme, quoique l'exécution, assez molle, manque


de souplesse et de légèreté dans certaines parties, notamment dans la chevelure, et laisse sentir que cette jolie tête n'est point une œuvre originale.

Ç. — TÊTE D'ENFANT

Trouvée à Constantine. - Hauteur: 0.18. — Calcaire tendre, à grain très fin

La tête était entièrement peinte : elle porte encore quelques traces d'ocre jaune sur les cheveux, de carmin sur les lèvres, de noir au fond des prunelles. La figure, très grasse, un peu bouffie, est expressive. Les yeux, bien ouverts, sont vivants : le sourire est franc et anime toute la physionomie. De larges boucles encadrent gracieusement le visage et viennent ensuite retomber sur le cou, tandis qu'au sommet de la tête les cheveux, réunis en touffe compacte et serrés par un large ruban, forment une sorte de calotte cylindrique d'un aspect fort original.

Une autre tête d'enfant, trouvée en même temps que la première, présente les mêmes caractères, mais la coiffure est disposée d'une manière un peu différente. Les cheveux sont réunis « à la chinoise » au sommet de la tête et maintenus ensemble par un simple cordonnet. C'est la coiffure habituelle des garçonnets grecs, tels que les représentent les statuettes.

6. — BUSTE D'EMPEREUR

de Philippeville. — Hauteur: 0.35. — Marbre blanc

Ce buste, trouvé sur la plage de Philippeville où il avait été pendant des siècles roulé par les flots, est fort mutilé. Le marbre, délité par l'eau de mer, s'effrite sous la pression du doigt. Tous


les détails ont disparu. Mais, même intacte, l'œuvre n'a jamais dû avoir une grande valeur artistique. La chevelure, criblée de trous ronds pratiqués à la mèche, marque un travail de basse époque.

L'on reconnaît, à l'aspect général du buste, au paludamentum jeté sur ses épaules, qu'il devait représenter un personnage impérial, et la forme et les traits de la figure, jeune et imberbe, rappellent, autant qu'on en peut juger, Caracalla.


PLANCHE VIII

LA VICTOIRE

Statuette en bronze, de Constantine. — Hauteur: 0.24; largeur des ailes éployées: 0.18.

Cette statuette, trouvée à la Casba, faisait probablement partie, comme nous l'avons dit, du trésor renfermé dans le Nymphée de Cirta. Il n'est pas impossible qu'elle ait, comme on l'a supposé, reposé sur un globe placé dans la main d'une grande statue, peutêtre de Jupiter. Elle est assez bien conservée ; le visage seul a un peu souffert de l'oxydation du métal. La main gauche, brisée au poignet, a été retrouvée à côté de la statuette; le pied gauche manque, ainsi que les attributs que portait vraisemblablement la déesse. Les ailes ne font pas partie intégrante de la statuette : ciselées à part, elles s'adaptent exactement à deux petites fentes longitudinales ménagées en arrière dans les épaules. Elles étaient fixées au moyen d'une soudure: il n'y a pas de trace de chevilles.

La déesse est représentée au moment où elle descend des cieux, tenant sans doute, dans ses mains tendues en avant, une palme et une couronne. Du pied gauche elle effleure déjà le sol, mais elle vole encore et ses ailes, largement ouvertes, la soutiennent dans l'espace. Ses draperies, rejetées en arrière par la résistance de l'air et flottant au vent, se collent au corps par devant, et dessinent nettement la courbe sinueuse des jambes et le buste élancé, légèrement cambré en arrière.

Le port de la tête est fier ; la chevelure, ceinte d'une couronne de lauriers dont il ne reste que de faibles vestiges, est rassemblée en une seule natte qui retombe sur la nuque, en laissant le cou bien dégagé. Le modelé du visage est remarquable; les traits sont nobles et réguliers; les yeux bien ouverts, aux prunelles dilatées, regardent droit devant eux, avec une expression de majesté calme.


Le vêtement de la déesse est le vêtement athénien.

Le travail est excellent, au moins en ce qui concerne la tête et le buste. La statuette a l'élégante sobriété d'une œuvre grecque de la bonne époque. L'exécution est simple; pas de détails inutiles, rien de la grâce affectée des Alexandrins. Pourtant, ce n'est pas une œuvre originale. On peut affirmer au contraire, à première vue, que le sculpteur s'est borné à reproduire un modèle consacré, en le modifiant peut-être un peu dans le détail.

Quel était ce modèle? Dans l'état actuel de la science, il paraît difficile d'arriver à le savoir. On a voulu voir ici une réplique de la Niké de Paeonios, à Olympie; mais il est plus aisé d'établir en quoi ces deux œuvres diffèrent, que d'indiquer leurs points de ressemblance. Peut-être vaut-il mieux se borner à dire que la Victoire de Constantine est une pièce d'une réelle valeur, ciselée sans doute dans les premières années de l'empire, par un artiste s'inspirant d'un des meilleurs modèles, ou en tout cas des traditions de l'art hellénique.


PLANCHE IX

L'AFRIQUE Buste de bronze, découvert à Announa, l'ancienne Thibilis: assez bien conservé. Seules, la trompe et les défenses de l'éléphant sont épointées.

Le buste, reproduit ici grandeur d'exécution, était destiné à être vu de face : la partie antérieure seule est ciselée ; il devait être appliqué contre un mur ; le piédestal, creux et ouvert par derrière, est disposé de façon à pouvoir s'emmancher dans une cheville fine qui supportait la statuette ; deux clous sur les côtés du piédestal, et une pointe triangulaire en-dessous suffisaient à la maintenir.

L'Afrique est représentée sous les traits d'une femme, coiffée de la peau d'une tête d'éléphant. Ce type est très connu : il apparaît au premier siècle sur les monnaies de rois de Numidie et de Maurétanie, de Juba I, de Bogud II, de Juba 11, sur celles que frappèrent les Pompéiens pour solder leurs auxiliaires Numides, sur des aurei frappés, les uns en Afrique par le propréteur Q. Cornuficius, d'autres à Rome par les préteurs L. Cesti us et C. Norbanus. Il figure également sur des pièces de l'usurpateur Macer, de nombreuses médailles de l'époque des Antonins, sur des lampes, sur des pierres gravées.

Il a inspiré les peintres, et on le retrouve sur une fresque de Pompéi.

Par contre, il semble avoir rarement tenté les sculpteurs en ronde bosse. Le buste du musée de Constantine constitue, jusqu'à présent, un monument unique en son genre, si nous en exceptons toutefois une petite tête en bronze de 0,06 de hauteur, trouvée à Berrouaghia (collection de M. Paul, préfet d'Alger).

Bien que l'Afrique ait ici la figure ronde, un peu plate, les joues pleines et les lèvres assez épaisses, il n'y a cependant pas, dans l'ensemble de la physionomie, une recherche très évidente des traits


caractéristiques de ce que l'on est convenu d'appeler le type africain.

Toutefois l'abondante chevelure, divisée sur le front en deux larges bandeaux et retombant de chaque côté en trois rangs de trois boucles qui encadrent la figure, donne un peu à la statuette l'apparence d'un sphinx. La peau d'éléphant est placée en arrière, comme un casque ; la trompe et les défenses se dressent verticalement, comme pour former le cimier. Les oreilles en évent, largement étalées à droite et à gauche, sont rendues avec une précision et une vérité d'observation étonnantes. Il est évident que l'artiste travaillait d'après nature, et que l'éléphant existait encore en Numidie au moment où le buste a été ciselé.

Le costume, tout romain) n'offre aucune particularité digne d'être notée ; par contre le piédestal porte quelques traits, peu visibles sur la planche, graffite confus qui représente peut-être un éléphant.


PLANCHE X

BRONZES

1 à 3. — FRAGMENTS D'UNE STATUE de Tsillit-Knibet, dans le cercle d'El-Milia

Il existe six fragments, plus grands que nature. Ils appartenaient sans doute à une statue colossale d'empereur, en costume guerrier, revêtu de la cuirasse et du paludamentum comme l'Hadrien du musée de Philippeville, et représenté dans l'attitude de la harangue, la main droite tendue en avant. Nous ne reproduisons que les plus intéressants.

1. — Partie inférieure de la tunique, courte, recouverte par le bas de la cuirasse, d'où pendent de courtes franges, formées de tresses épaisses. Hauteur 0.21. — Deux autres fragments de draperie peuvent avoir appartenu aux plis du paludamentum jeté sur l'épaule gauche.

2. — Jambe recouverte d'une jambière. La photographie n'en représente qu'une partie. On distingue nettement les courroies qui passent au-dessous du genou et sur le pied, ainsi que les lanières qui s'entrecroisent sur le mollet et passent dans une série d'anneaux servant à les tendre ; longueur 0.69.

3. — Main droite, admirablement conservée et d'une exécution remarquable. Les détails sont rendus avec un soin qui va jusqu'à la minutie; la saillie des veines est indiquée avec une grande précision. La main a le pouce étendu, l'index légèrement infléchi, et les trois autres doigts repliés, comme dans un geste oratoire.

Elle se rajuste fort bien à un autre fragment, le bras droit, à demi plié au coude, qui nous est parvenu dans un assez mauvais état de conservation. Longueur totale 0.46.


4. — LAMPE

de Djidjelli

Deux becs, grandes dimensions. La cuvette circulaire qui devait contenir l'huile est plate et très ouverte. La lampe est munie d'un large garde-main, en forme de feuille.

Les lampes en bronze, si rares en Afrique, sont assez nombreuses au Musée de Constantine. Par malheur, on ignore souvent leur provenance: plusieurs viennent d'Italie, et leur authenticité n'est pas toujours indiscutable. Celle-ci a été trouvée en 1888.

J. — TÊTE DE TIMON

Provenance inconnue

Ce motif décoratif, destiné à l'ornement d'un char, est disposé d'une façon assez ingénieuse. Il a la forme d'un buste de femme.

La figure, ciselée avec soin et présentant un type original, est surmontée d'un diadème qui empêche de voir l'anneau placé derrière, et destiné à la chaînette. Le buste lui-même se prolonge en une douille cylindrique dans laquelle le timon s'engageait, retenu par une goupille de bronze.

6. — STATUETTE

trouvée à Constantine

Amour ou génie, s'enveloppant frileusement dans son manteau.


Le mouvement est très juste : mais la statuette est en si mauvais état que tous les détails ont disparu.

7. — HARPOCRATE

Provenance inconnue

Le dieu, coiffé comme la tête d'enfant précédemment décrite (pl. VII, ç), a un doigt de la main droite sur la bouche, et tient dans la main gauche une corne d'abondance. Hauteur 0.06.

8. — FIGURINE GROTESQUE

de Constantine

Acteur déclamant. Trouvée dans les fondations d'une maison de la rue Sérigny. Hauteur 0,08.


PLANCHE XI

LAMPES EN TERRE CUITE

Cette planche groupe, non les seules belles, mais cinq des plus belles lampes de la collection, toutes d'un caractère plus ou moins africain.

I. — LAMPE A QUEUE FORÉE

L'Afrique, coiffée de la tête d'éléphant, sujet assez fréquemment reproduit sur les lampes africaines. Au musée même, on le retrouve sur deux autres exemplaires, mais qui sont sortis d'un moule différent. Il figure également sur un fragment de la collection Schmitter au musée de Cherchel, et sur plusieurs lampes trouvées en Tunisie, dont l'une, provenant de Sousse, vient d'entrer au musée Alaoui.

Mais aucun de ces exemplaires ne présente l'intérêt de celui que reproduit notre planche. Il semble que l'artiste ait cherché à donner à la tête un type qui n'a rien de romain et que les femmes présentent encore fréquemment dans certaines parties de l'ancienne Numidie. La lampe porte cependant, au revers, une signature toute latine: C'COR'VR' Caius Cornelius Ursus.

2. — LAMPE

Forme parfaitement circulaire ; bec bien détaché, pas de queue.

Buste du Soleil radié, accosté de deux étoiles.


3. — PETITE LAMPE

Remarquable par sa silhouette élégante et sa finesse. La queue n'est ni un anneau ni une anse; elle figure le croissant de Caelestis.

4. — LAMPE SANS QUEUE

Très joli style. L'Amour, assis sur un tabouret et jouant de la double flûte.

5. - LAMPE

Chasseur armé d'un pieu, lancé à toute vitesse, et accompagné d'un molosse. C'est peut-être Orion et son chien. Le dessin est beau, le mouvement juste et vigoureusement rendu.


PLANCHE XII

TERRES CUITES

1 à 3. - ŒNOCHOÉS DE COLLO

Les œnochoés, reproduites au tiers de la grandeur, de face et de profil sur la planche XII (nos 1, 2, 3), ont été trouvées au mois de mars 1891 à Collo, dans les éboulis d'une falaise de granit décomposé ; elles avaient peut-être glissé hors de quelque caveau creusé dans le roc, analogue à ceux que l'on a déjà signalés dans le voisinage de l'antique Chullu.

Cette découverte, due au hasard, a une très grande importance.

L'origine orientale des vases de Collo est évidente : ils reproduisent le type traditionnel des déesses-mères des Asiatiques, représentées

sous les traits d'une femme qui se presse les seins. Ils se rattachent à une longue série de poteries analogues, dont on peut suivre les traces à travers la Méditerranée. Les plus anciennes et les plus grossières ont été découvertes à Hissarlik: on en trouve d'autres à Cypre, puis à Santorin et en Crète ; elles reparaissent, profondément modifiées, il est vrai, dans quelques vases peints, de fabrication grecque, trouvés en Etrurie ; mais leur présence n'avait pas encore été signalée sur le littoral africain. Dans cette série, les œnochoés de Collo occupent une place à part. Très éloignées des vases grecs d'Etrurie, elles se rapprocheraient plutôt des poteries informes découvertes par Schliemann, et qui remontent sans doute au delà du XIe siècle. Elles offrent le même type, la tête de la femme sur le col du vase au-dessous du bec, les seins et les bras sur la panse: mais elles sont infiniment plus soignées, moins barbares. Leur style présente de grandes analogies avec celui des poteries cypriotes.

Entre les vases d'Hissarlik et ceux de Cypre, les œnochoés de


Collo, au point de vue du travail, formeraient la transition : elles viennent combler une lacune dans la série de ces poteries. On serait donc porté à les dater du VIe ou du VIIe siècle, s'il n'avait été découvert en même temps d'autres objets dans les éboulis de Collo.

Ceux-ci sont des coupes ou des patères en terre rouge à couverte noire, portant quelquefois des graffites néo-puniques; des alabastres en verre; des monnaies de Carthage. Aucun de ces objets ne peut remonter au delà du IIe ou du Ille siècle. Des fouilles, entreprises à Collo d'une manière méthodique, permettraient peut-être de donner à cette question de date une solution satisfaisante.

Les œnochoés que nous reproduisons se ressemblent beaucoup entre elles ; elles offrent pourtant certaines différences qu'il importe de faire ressortir: elles sont certainement de la même époque toutes les trois, mais elles représentent, en quelque sorte, trois stades différents dans l'art du potier; elles ne sont pas au même degré d'achèvement.

La seule œnochoé qui soit en parfait état de conservation, n° 2, est la plus simple : la tête, modelée au doigt, ne porte aucune trace de retouche. Les bras sont figurés par deux languettes de terre, découpées dans la pâte encore fraîche, et simplement appliquées sur le vase : deux boulettes représentent les seins. Un enduit rougeâtre est répandu uniformément, comme un lait, sur toute la surface de l'œnochoé.

Le second exemplaire, n° 3, est déjà plus soigné. La tête a été retouchée à l'ébauchoir; quelques traits figurent les cheveux, tandis qu'un collier, à deux rangs de perles, orne le cou. Les perles et les boucles de cheveux sont empreints en creux, au moyen d'une estampille grossière, peut-être simplement avec un fragment de roseau. Le vase est recouvert d'un premier enduit blanchâtre, sur lequel sont figurés des dessins brun foncé, larges zones horizontales sur la panse, minces stries obliques sur le col de l'œnochoé.

Le troisième vase, n° 1, est le plus curieux. Tous les détails sont indiqués avec le plus grand soin. La figure de la femme, parfai-


tement modelée, présente l'aspect original d'un sphinx qui aurait le nez retroussé. Les cinq doigts de chaque main se détachent nettement au-dessous des seins, le pouce en haut, comme sur la figurine en plomb de Sidi-Mecid : le sexe est représenté par une proéminence triangulaire. Les boucles de cheveux, qui encadrent la figure et descendent très bas des deux côtés de la tête, ne sont plus indiquées en creux, mais en relief: elles se composent d'une série de macarons circulaires modelés à part et collés sur le vase l'un à la suite de l'autre. La tête devait être peinte de plusieurs couleurs, et les cheveux portent encore de nombreuses traces de cette pourpre d'un rouge vineux que le murex brandaris fournissait en abondance sur la côte d'Afrique.

4. - VASE EN FORME DE PIED

Même provenance que les œnochoés. Ce vase paraît de fabrication grecque : la matière est une belle argile rouge, à couverte noire ; il est bien conservé. Le vase a la forme d'un pied revêtu d'une chaussure en cuir ajouré, de forme grecque. Il est muni à droite d'un anneau de suspension de la grosseur d'un doigt. Par derrière, se trouve un petit bec faisant saillie sur le cou-de-pied.

La partie supérieure est recouverte d'une plaque d'argile, concave, percée de petits trous, comme un couvercle de sablier.

La forme du vase permet de le dater du 11e ou du Ille siècle avant l'ère chrétienne. C'est un de ces objets de fantaisie, comme on en rencontre dans toutes les collections de terre cuite un peu riches.

Le Louvre en possède plusieurs, aussi bien conservés que celui de Collo, et plus élégants. (Cf. collection Campana, surtout 75 et 85.)


5. — URNE CINÉRAIRE A COUVERCLE

Ce curieux objet a été trouvé dans un tombeau du Coudiat Aty.

Il était placé, avec une lampe delphiniforme et diverses autres poteries, dans un sarcophage en plomb qui est conservé au musée.

La forme de l'urne est singulière. Le récipient a l'aspect d'un sucrier circulaire, à deux anses, muni sur son rebord d'une série de créneaux en escaliers. Le couvercle, bombé, présente, autour d'un tube bulbeux, creux à l'intérieur, qui ressemble un peu à une tête de pavot, une double rangée de créneaux qui figurent peut-être les feuilles dentelées de la plante.

Le vase a un style caractéristique. La terre, mal épurée et rugueuse au toucher, a une couleur bistre clair d'une teinte particulière. Les ornements, très simples, sont tracés au couteau dans la pâte encore molle.

On chercherait vainement dans les collections africaines un objet semblable. Mais des poteries qui peuvent lui être comparées ont été découvertes récemment à Bulla Regia et sont actuellement conservées au Musée Alaoui.

Le Louvre vient d'acquérir un vase à couvercle qui se rapproche singulièrement pour le style, la façon et la forme, de l'urne du Coudiat Aty. Il est formé par la réunion de deux pièces disparates, ayant appartenu à des objets différents. On ne sait pas d'où il vient, mais il est probable qu'il sort de la même fabrique.

6. — VASE EN FORME DE TÊTE DE FEMME

Hauteur : 0.18

Cette cruche, en argile rougeâtre, a été trouvée aux environs de


Constantine, sur la route du Hamma. La panse a la forme d'une tête de femme, fantaisie qui n'est pas rare.

7. — APPLIQUE

trouvée à Timgad

Terre rouge vernissée, moulée sans aucune retouche. C'est un lion courant vers la droite. Le mouvement est juste et bien rendu, le dessin précis et très exact.

8. — FRAGMENTS D'APPLIQUE

provenance inconnue

L'objet est incomplet et brisé en un grand nombre de morceaux.

Ceux qui se rejoignaient exactement ont été réunis à grand renfort de colle forte.

L'ensemble était une petite frise, composée de deux lames parallèles, mais en retrait l'une sur l'autre, réunies par une facette oblique en biseau. La partie inférieure porte seule une série de sujets en relief, moulés et retouchés ensuite à l'ébauchoir et à l'estampille. Ils sont assez difficiles à interpréter. Il semble que deux d'entre eux représentent des épisodes de l'éducation d'Achille par le centaure Chiron: la présentation de l'élève à son futur maître, puis une chasse à la panthère. Quant aux autres groupes figurés sur l'applique, nous renonçons à les interpréter d'une manière certaine.


PLANCHE XIII

VERRERIE PHÉNICIENNE

Les vases que nous avons rassemblés (grandeur d'exécution) sur cette planche offrent entre eux de grandes analogies. Ils ont tous à peu près la même forme, celle de l'alabastre, si familière à la Phénicie. Ils sont en verre émaillé de plusieurs couleurs, et le décor est obtenu par des dessins dans l'intérieur de la pâte. — Pour tous, le procédé est le même, et l'on peut en suivre facilement la marche.

L'alabastre a d'abord reçu une première façon qui lui a donné sa forme : il a été imprégné de la couleur qui doit être celle du fond, et qui est généralement som bre (bleu noir, nos 1-4, bleu indigo, n° 5-6), claire par exception (blanc d'argent, n° 2). Puis, sur sa surface encore chaude et à l'état visqueux, ont été gravés de légers sillons, dans lesquels on a inséré des fils de couleur claire (ocre jaune, nos 5-6; jaune citron, n° 2; blanc, nos 6 et 1 ; bleu turquoise, n° 4).

Le fil déborde du sillon et ressort en relief. Tantôt on le conserve dans ce premier état (cf. n° 4), tantôt au contraire, et c'est le cas le plus fréquent, le vase est recuit; quand les éléments nouveaux, s'étalant sous l'action de la chaleur, sont soudés intimement à ceux auxquels ils se sont ajoutés, la roue achève ce qu'avait commencé le feu, et la surface, soigneusement égalisée, donne l'illusion d'une masse homogène.

1. Vase provenant, comme les suivants, de Constantine; ornements blancs, fond bleu noir, panse rebondie, côtelée, étranglée à ses deux extrémités.

2. Vase à ornements jaune citron et gris sur fond blanc d'argent, muni de deux anses rapportées en verre jaune noir émaillé et translucide.

3. Vase véritable type de l'alabastre; il est en albâtre et présente


la forme caractéristique dont les autres ne sont que des dérivés. Des vases identiques ont été trouvés récemment dans des tombeaux phéniciens de Malte et de Carthage.

4. Vase à ornements réticulés bleu turquoise, formant une sorte de résille filigranée en relief sur le fond bleu noir. Deux oreillettes, percées de simples trous, font saillie sur les côtés. Il n'y a pas d'anse.

ç. Vase à ornements réticulés ocre jaune sur fond indigo : les oreillettes ne sont même pas percées : le fil de métal qui servait à suspendre le vase a été inséré dans la pâte encore molle et se trouve soudé à l'oreillette.

6. Vase provenant de Collo, donné par M. Ribaucour. Même genre que le n° ç, mais les ornements blanc et jaune sont disposés en dents de scie sur le fond indigo.


PLANCHE XIV

VERRERIE ROMAINE

Les objets groupés sur cette planche (au tiers de la grandeur réelle) ont tous été trouvés dans la nécropole romaine du Coudiat Aty. La plupart proviennent de l'ancienne collection Costa.

i. Bouteille de verre rubanné blanc, à panse cylindro-conique.

2-3. Cornes à boire. Elles ont la forme d'une cornue, terminée par une pointe effilée, percée à son extrémité d'un trou pour l'écoulement du liquide. L'un de ces rhytons(2), en verre verdâtre, a la panse octogonale. L'autre (3), dont la surface est tout unie, est en verre blanc irisé.

4. Burette de forme conique, munie d'une petite anse, en verre blanc, légère et élégante.

ç. Tasse en verre jaunâtre, avec anse. Elle est à moitié brisée.

6. Outre couchée, la bouche relevée, portant à sa partie supérieure une anse en forme de ruban. Le verre a la couleur de l'ambre.

7. Bouteille de forme tronconique : verre transparent, légèrement verdâtre.

8. Fiole à parfums. Verre indigo mince et délicat.

9. Godet en verre blanc opaque, imitant l'albâtre.

10-13 Vases en verre ouvragé, translucide, avec de grosses côtes et des ornements en relief. Ce devaient être des objets de luxe, destinés uniquement à la décoration, et dont on ne se servait pas.

10. Belle coupe, en verre bleu foncé, de forme circulaire; le fond est légèrement bombé vers l'intérieur. Il en manque malheureusement un fragment important.

11. Gobelet à six arêtes, en verre blanc translucide.

12. Coupe : verre jaunâtre.


13. Amphorisque, en verre vert : anses rapportées de même couleur.

14- 1 5. Bouteilles de formes assez banales, très répandues en Aîrique. La première (14), en verre vert, avec une anse de teinte plus foncée, a la forme d'un cube surmonté d'un cylindre : l'autre, en verre blanc, est parfaitement sphérique. On en a trouvé de semblables en 1891, dans la nécropole d'El Kantara à Cherchel.



TABLES



INDEX

A

Achille et Chiron ? fragment d'applique, 111, pl. XII.

Afrique (buste de l') trouvé à Thibilis, 41, 42, 100, pl. IX.

— sujet de lampe, 105, pl. XI.

Agrafe métal émaillé (ép. vandale), 54.

Ahmed-Bey (palais d'), dépôt d'inscriptions arabes, 22.

Aïn Beida (carreau de terre cuite trouvé à), 65.

Alabastre punique, 70.

Alexandre (l'usurpateur, L. Domitius Alexander). Inscription en son honneur détruite en 1876, 13.

Alger, 5.

Amour, sujet de lampe, 106, pl. XI.

Amours sur des dauphins, fontaine, 32.

Antiquités réunies à Constantine envoyées à Paris, 6.

Antonin (tête colossale d'), et non de Septime Sévère, 36, 37, 91, pl. VI.

Anthropologie africaine, 9.

Appliques (statuettes en), 43.

Apronius Pius (L.), praeses de Numidie, 20.

Arabes (inscriptions), trois textes, 22.

Argent (objets d'): médaillon à 4 pendeloques probablement de la même parure que le frontal (V. ce mot), 5 3.

Arguel, 7.

Arrius Antoninus (C.), 19.

Art arabe, section à organiser, 10.

Athara, divinité d'Ascalon, 49.

Aurelius Mazambro (cippe de), 30.

Autels votifs, 39.

Auzurenses (tuyaux fabriqués chez les), 68.

B

Baal-Hâman (V. Saturne), 82, 86, pl. III.

Bacchus (statue de) trouvée à Constantine en 1871, sa dédicace, 17, 33, 34,35.

- adolescent (torse de), 3 5.

Baliddir, divinité locale de Sigus, 17, 78, pl. II.

Bas-reliefs, 29, 31.

Bassin trouvé à Timgad, 32.

Baubo, 88.

Berger (Ph.) 26, 52.

Blanchère (de la), 32, 52.

Bilychnis, 56.

Bois (objets en) : seau en cèdre, - peigne en buis découpé à jour, 72.

Bornes limites, découvertes près de Constantine; — dans la vallée du Bou Merzoug; — à l'entrée de Mila, 21.

Brèche (Squares de la), dépôt des inscriptions et sculptures, 8.

Bronzes. Victoire ; buste de l'Afrique ; tête


de nègre ; fragments de statue d'empereur en costume militaire ; tête de timon en buste de femme (103, pl. IX); Eros ; Harpocrate ; acteur ; statuettes d'authenticité douteuse, 40-43. Lampes, rares en Afrique; trépied, patère, réchaud, etc. — Objets de toilette, 44-46.

Bubalus antiquus Mauretanicus (tête de), 9.

Bulles en plomb, peut-être sceaux de douane, avec empreintes à la pince, 49.

Bustes. Caracalla? venu de Philippeville.- d'une dame romaine (Cherchel), 38.

C

Caecilius Natalis (M.), 18, 76, pl. II.

Caelestis, divinité d'Afrique, 58.

Caesarea (monnaies de), 24.

Caesernius Statius (T.), 19.

Camarata (monnaies de), 24.

Capitole de Cirta (inscriptions provenant du) encastrées dans les murs de la Casba, 15.

Caput Africae, 42.

Caracalla, 18, 97.

Caravansérail (place du), premier dépôt du Musée, 6.

Carbuccia, 12.

Carin (dédicace à), 19.

Carthage (monnaies de), 23.

Carteret- T récourt (général), 43.

Casba (inscr. encastrée dans les murs de la), 6.

Catalogues manuscrits du Musée, 8.

Ceïonius Italicus (statues de), 20.

Charvet (collection), 68.

Cherbonneau, 5, 12.

Cherchel, 5, 38.

Cheval (type du) sur les monnaies, 25.

Cippe ou autel du square de la Brèche, spécimen de l'art provincial africain, 28, 29.

Cirta (médailles de), 24.

Claude (tête de), 37.

Claudius Cilius (stèle de Ti.), 30.

Coculnius (M.) Quintillianus, 19.

Collo (fouilles de), 37, 63.

Colonies cirtéennes (les quatre), organisation,

histoire intérieure, leurs monuments, leur importance d'après les inscriptions, 14, 15.

Colonia Julia Juvenalis Honoris et Virtutis Cirta, 19.

Constantin (dédicaces à), 18.

Constantine (inscr. donnant le nom de), 77, pl. II.

Coudiat Aty (nécropole du), 7, 61, 69.

Couperet symbolique, 26.

Creuly (général), 5, 12.

Croissant symbolique, 26.

Cupidons (statues de), 16.

Curiosités indigènes, cèdre sculpté, bronze, armes, faïences, 9, 10.

Cyzique (médaillon de), 23.

D

Dédicaces aux divinités : à la « concorde des colonies cirtéennes », au « génie du peuple romain », à Vénus Auguste, à Pallas, à Saturne, à la Terre, — d'une chapelle mithriaque, à Baliddir, divinité locale de Sigus, 15-17.

- aux empereurs ou à leur famille, au père de Septime Sévère et à Paccia Marciana, 17, à Julia Domna, à Caracalla, à Constantin, à Livie, à Commode, 18; à Carin, à Julien, à Valentinien, à Gratien, 19.

— d'un portique et de Zothecae offerts à Cirta, 20.

— à des patrons de la confédération Cirtéenne (provenant des travaux de la Casba), à Pactumeius Clemens, à T. Caesernius Statius Quintus Statianus Memmius Macrinus, à N. Flavius Postumus, à C. Arrius Antoninus, à Coculnius Quintillianus, à Ceïoneius Italicus, à P. Julius Geminius Marcianus, à L. Apronius Pius, à Veratia Frontonilla, 20, 21.

Dents de poissons trouvées dans l'oasis de Négrine, 9.

Didier (Capitaine), 43.

Dolmens, 25.

Domitius (L. Alexander), V. Alexandre.

Dracontius, vicaire d'Afrique, 19.

Dufour (lieutenant), 33.


E

Email: boîte émaillée en verre transparent, 70.

Épi de blé symbolique, 26.

Epitaphes, 14; — d'une prêtresse de Junon, de Petronius Festus Zabullus, de Praecilius, 21.

Eros, statuette, 43.

F

Farges (capitaine), 36.

Faustine (statue de), 33, 89, pl. V.

Fer (objets en fer), armes, dards, outils, pics de mineur, poids coniques, hachette, 51.

Filfila (marbres du), 9.

Fittav Feriusis (monument de), 30.

Flaminica IIII colonarium, 21.

Flavius Postumus (M.), 19.

Florus, princeps et undecim primus gentis Saboïdum, 19.

Fossiles, 9.

Frontal d'argent, trouvé à Aïn el Ksar, perdu en 1878, 52, 53.

G

Gazauphala (monnaies de), 24.

Geilamir (monnaie de), 23.

Gemellenses (tuyaux fabriqués chez les), 68.

Graffite néo-punique, 63.

Grappe de raisin symbolique, 26.

Gratien (dédicace à), 19.

Guelma (stèles provenant de), 25.

H

Hamouda ben Cheikh, 33.

Harpocrate (statuettes d'), 43, 64, 104, pl. X.

Héraclides de Numidie (nécropole des trois), 9.

Héron de Villefosse, 33.Hildaric (monnaie de), 23.

Hippo Diarrhytos (monnaies de), 24.

Hippopotame (fragments de squelette d'), 9.

Histoire naturelle (collections d'), 9.

1

Indigènes (arts et curiosi tés), 9.

Inscriptions latines.

- perdues pour la science, 12.

- (sur mosaïques), détruites, soustrai tes, 31.

— encastrées dans les murs de la Casba, rue Damrémont, 12, 15.

- arabes, 22.

Inventaire des trésors du Capitole et du Nymphée de Cirta, 40.

Ivoires, échantillons d'industries locales, 70, 71.

J

Jetons en verre à légendes koufiq ues, 23.

Jugurtha sur une monnaie d'Utique, 25.

Judas (Dr), 11.

Jallius Antiochus, 18.

Julia Domna, 18.

Julia Paula (cippe de), 30.

Julius (C.) Barbarus, édile, 9.

Julius (P.) Geminius Marcianus, 20.

Julius (C.) Libo, triérarque, 19.

Julius (L.) Martialis, triumvir, 16.

Julius (C.) Urbanus, 16.

Julien (dédicace à), 9.

Junon (statuette de), trouvée à Constantine, 35.

Jupiter Ammon (fragment de tête de), 38, 95, pl. VII.

K

Khamissa (stèles provenant de), 27.

L

Laetorius (M.), 31.

Lampes. 300 lampes intactes avec sujets ou marques.

— puniques, peu nombreuses.

— romaines de toute époque et de toute


forme; quelques types nouveaux, 55-57.

Sujets connus ; - sujets spécialement africains, 56-59.

— de l'époque chrétienne, 59-60.

— (moule à), trouvé à Cirta,preuve d'industrie locale, 60.

— en bronze, 103, pl. X.

Lannoy (de), 6.

Lapaine, préfet de Constantine, 27.

Lazare Costa, 7 ; sa collection acquise pour le musée en 185 5, 7.

Leroy, de Breslau, 11.

Libyques (inscriptions), manquent au musée de Constantine, II.

Livie (dédicace à), 18.

Ludus matutinus, 20.

M

Madracen (ossements humains provenant du), 9; — (fouilles du), 52.

Magna Mater, statue, 38.

Marc Aurèle (médaillon de), 23.

Massinissa (monnaie de), 24.

Maxence, 18.

Mechta-Nehar (stèles venant de), 28.

Médaillier du Musée (V. Monnaies), 22.

Médaillon de Marc-Aurèle, 23.

— de Cyzique, 23.

— arabe à légende bilingue, 23.

Méduse (tête de), 43, 56, 57.

Micipsa (monnaies de), 23.

Milev (tuyaux fabriqués à), 68.

Mercure (statuette de), 36.

Minéralogie (collections de), 9.

Minucius Félix, 77.

Mithriaque (dédicace d'une chapelle), 17.

Monnaies de la République romaine ; — impériales et byzantines; — vandales, 23.

- grecques; celtibériennes; gauloises; arabes; de Noureddin, 23.

- africaines : Cyrénaïque et Tingitane, Carthage; — de rois de Numidie, de Maurétanie, de diverses villes africaines ; du roi Massinissa; de Jugurtha? 23-25.

Monuments funéraires conservés au square de la Brèche: cippe de Julia Paula; stèle de

Ti. Claudius Cilius ; de Fittav Feriusis; d'AureliusMazambro ; de M. Laetorius, 3031.

Moule à bijoux en serpentine, 54.

Moules à lampes, 60.

Musée de Constantine, son histoire, 5-9.

N

Néo-puniques (inscriptions), trente textes; travaux relatifs à ces documents, 11.

Noureddin (monnaie de), 23.

0

Oenochoés phéniciennes de type particulier, 63, 107, pl. XII.

Or (bijoux en or) de peu d'intérêt, 54.

Orion? sujet de lampe, 106, pl. XI.

Os (objets en), 70-71.

Ossements humains du Madracen, 9.

Ossuaire punique de type rare, 39.

p

Paccia Marciana, 17, 80.

P. Pactumeius Clemens, 19.

Pagi (anciens) dépendants de Cirta, 12.

Palmier symbolique, 26.

L. Petronius Festus Zabullus (épitaphe de), 21.

Pierre polie, deux haches, 10.

Plomb (objets en), probablement phéniciens : monture de miroir ? statuette de divinité ?

Bulles (V. ce mot); — disques de destination inconnue; ossuaires, tuyaux, 46.

Polychromes (verres), 70.

Portraits d'Antonin, de Titus et de Claude (ronde bosse), 36, pl. VI.

Pontius (C.) Saturninus, édile, 16.

Poteries de la nécropole romaine de Coudiat Aty : amphores, urnes funéraires, plats, patères, etc., avec marques de fabrique, 61.

— de Tunisie, 62.

— à couverte noire, provenant de Collo, d'origine grecque ou italique, 63.

— d'origine phénicienne, 63.


Poulie, président de la société archéologique de Constantine, 8.

Praecilius (sarcophage de), 38.

Prudhomme (capitaine), 8, 23.

Q

Quadratus Baebianus, magistrat des quatre colonies, 16.

R

Reboud (Dr), 11.

Réchaud romain, 44.

Renier (Léon), 5, 12.

Ribaucour, dons au Musée, 63.

Ribot (colonel), 40.

Roccius (M.) Félix, 16.

Roumel (inscription sur rocher aux gorges du), 15.

Rusicade, 50.

S

Sabrata (monnaies de), 24.

Saint-Didier (de, capitaine), 65.

Sassy (rue), 7.

Saturne, identique au Baal Hâman. Son culte en Afrique, 27.

Saturnus Augustus, 85-87.

Satyres (statues de), 16.

Sauterelles, représentées sur un cippe funéraire, 21.

Sauzay (rue), 7.

Schrôder, 11.

Sculptures en ronde bosse: deux grandes statues: Faustine ?, Bacchus, 33.

Séguy-Villevalleix, maire de Constantine, 6, 7Seius (M.) Maximvs, triumvir de Cirta, 18.

Septime Sévère, 17, 79.

Septimius (P.) Geta, père de Septime Sévère, 17, 79, PL IISerpentine (moule en), 54.

Sidi-Mecid (inscriptions de), 15.

— (tombeaux de), 47.

Sigus (stèles venant de), 25.

Silex, armes et outils, pierre éclatée ; unité de la collection recueillie dans divers points de la province, 10.

Société archéologique de Constantine, fondatrice du Musée, 6.

Soleil (buste du) sur lampe, 105, pl. XI.

Souf (cristaux du), 9.

Souk-el-Rezel (dédicace de la mosquée de), en caractères m'cher ki, 22.

Statues du square de la Brèche, 36.

Stèles : nombre, provenance, formes, symbo- les, inscriptions, 25.

— ex-votos à Saturne (Baal Hâman), 27.

T

Tamusia (monnaies de), 24.

Tebessa (sacrum de), 36.

Tanit, 26, 81-83.

Terre (Tellus Aug.), 16.

Terres cuites : appliques avec moulures en relief; plaque avec médaillons; carreaux (époque chrétienne), tuyaux de conduite de fabrique africaine, 64-68.

Têtes: Antonin, Titus, Claude, etc.; deux têtes de femmes, deux d'enfants, 36, 37.

Tetrastyle et tholus, offrandes faites aux dieux par un particulier, 17.

- (cippe en forme de monument à quatre colonnes corinthiennes), 28.

Titus, 93, pl. VI.

Ti. Claudius Cilius, 30.

Tiddis (stèles provenant de), 25 ; fabrique de tuyaux, 68.

Trépieds, 44.

Tuiles fabriquées au camp de Lambèse, 66.

— municipales ou privées, 66.

— procédé d'assemblage dans les constructions, 67.

u

Uzelis (tuyaux fabriqués à), 68.

Uraeus, 32.

Urne cinéraire à couvercle, 110, pl. XII.


v

Valentinien (dédicace à), 19.

Vandale (bijoux de l'époque), 54; — monnaies vandales, 23.

Vénus Auguste (statue de), 16.

Vénus, 94, pl. VIII.

— de Médicis (réplique de la), 36.

Veratia Frontonilla, flaminica (dédicace à), 2 1.

Verreries, provenant surtout de Coudiat Aty; collection des produits les plus divers de l'industrie ancienne, 70.

Verrerie romaine, 114, pl. XIV.

Verres phéniciens, 112, pl. XIII.

Verre opaque (échantillons de), 70.

VIAT, marque de fabrique sur les tuiles, 67.

Vicciana de figulinis Canuleiae Crispinae, 67.

Victoire (bronze), 40-41, 98, pl. VIII.

W

Wilmanns (textes épigraphiques étudiés par), aujourd'hui perdus, 13.

Z

Zabullus, 21.

Zothecae, offrande à Cirta, 20.


INDEX DES FIGURES

P. 24. Monnaie portant le nom de Massinissa.

P. 28. Cippe conservé au square n° 2.

P. 31. Stèle d'un cavalier de l'Aile Ire des Pannoniens.

P. 32. Fragment d'une statuette d'homme assis.

P. 34. Statue de Bacchus.

P. 38. Ossuaire d'origine punique.

P. 39. Autel votif.

P. 42. Tête de nègre en bronze, trouvée dans le Roumel.

P. 44. Lampes en bronze.

P. 45. Réchaud en bronze.

P. 47. Disque en plomb historié, de la nécropole de Sidi-Mecid.

P. 49. Figurine féminine en plomb, même provenance.

P. 50. Bulles en plomb.

P. 53. Médaillon à pendeloques, en argent, d'Ain el Ksar.

P. 54. Agrafe émaillée, d'époque barbare.

P. 54. Moule en serpentine.

P. 59. Fragment d'un garde-main de lampe, portant la croix accostée de deux anges.

P. 60. Deux moules en terre cuite.

P. 62. Fond d'une patère chrétienne.

P. 65. Fragments d'un carreau de terre cuite à figures.

P. 66. Estampilles figulines, à la marque Vicciana de figulillis Canuleiae Crispinae.

P. 71. Figurine d'ivoire.



TABLE DES PLANCHES

I. Vue du Jardin de la Brèche, square n) 2.

IL Inscriptions latines.

III. Stèles néo-puniques.

IV. Stèles à Saturne.

V. La première Faustine, statue.

VI. Têtes impériales.

VII. Têtes et Buste.

VIII. La Victoire, bronze.

IX. L'Afrique, bronze.

X. Bronzes.

XI. Lampes en terre cuite.

XII. Terres cuites.

XIII. Verrerie phénicienne.

XIV. Verrerie romaine.



TABLE DES MATIÈRES

Pages.

Bibliographie. 3 I. Le Musée de Constantine. 5 II. Description des Planches. 73 Index analytique. 119 Index des Figures. 125 Table des Planches. 127 Table des Matières. 129





PL. I

IMF. BKRTHAUDj F

9, RUli CADET, PAF<rS.

VUE DU SQUARE DE LA BRÈCHE



PL. II

INSCRIPTIONS LATINES



PL. III

STÈLES NÉO-PUNIQUES



PL. IV

STÈLES DIVERSES



F"!. V.

FAUSTINE, DE D.JtMILA.



Pl. VI

Helioo ThJJ ardHl

TETES IMPÉRIALES

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Pl. VII

Hélicé,. Duj ara i n.

HéhosDujardin TETES ET BUSTE

Eudes Imp

Ernest Leroux.Editeur



PI. VIII

LA VICTOIRE DE CIRTA.



PKX.

L'AFRIQUE D'ANNOUNA.



PL. XI

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LAMPES ROMAINES



PI. XII

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PL. XIII

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PL. XIV

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