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Titre : La vie de saint Alexis : poème du XIe siècle / texte critique publ. par Gaston Paris (10 novembre 1884)

Éditeur : F. Vieweg (Paris)

Date d'édition : 1885

Contributeur : Paris, Gaston (1839-1903). Éditeur scientifique

Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb122936121

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb33643517g

Type : monographie imprimée

Langue : français ancien

Format : 1 vol. (VIII-26 p.) ; in-12

Format : Nombre total de vues : 42

Description : [Vie de saint Alexis (français ancien). 1885]

Description : Appartient à l’ensemble documentaire : GTextes1

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63263c

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-9741 (9)

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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LA

VtE.-BE ~AÏNT ALEXÏS ~OÈMJE DU XP SIÈCLE

j

'< TEXTE ClUTtQUE

PUBLt!PAR

GASTox PARIS ¡

PARIS

F. V!E\VËG, LIBRAIRE-ËDtTEUR

67, ME DE MCBELtEU, 67

1885


EN VENTE A LA MÊME LIBRAIRIE

BIBLIOTHÈQUE DE L'ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES 'ÉTUDES publiée sous tes auspices du Ministère de l'instruction publique. Format in-8" raisin. ~fascicule: La Stratification du langage, par Max Müller, traduit par L. Havet. –.La.Chrono.togie dans la formation des langues indo-germaniques, par G. Cnrtius, traduit par A. Bergaigne. 4 fr. 2" fajcicute Etudes sur les Pagi de la Gaule, par A. Langnon. ire partie t'As~tenois, le Boulonnais et le Ternois, avec 2 cartes. Épuisé. ~e fascicute Notes critiques sur Colluthus, par Ed. Tournier, fr. ;o. 4'' fascicule Nouvel Essai sur la formation du pluriel brisé en arabe, par Stanislas Guyard. 2 fr. j" fascicule Anciens glossaires romans, corrigés et expliqués par F. Diez. Traduit par A. Bauer. 4 fr. 75 fascicule: Des formes de.la conjugaison en égyptien antique, en démotique et en copte, par G. Maspero, membre de t'Institut. 10 ft. 7° fascicule La vie de Saint Alexis, textes des xie, xn', xme et xiv~ siècles, puMiés par G. Paris, membre de t'Institut et L.Pannier. Épuisé. 8e fascicule Etudes critiques sur les sources de l'histoire mérovingienne, par Gabrie) Monod, E: par les membres de la Conférence d'histoire. 6 fr. 9" fascicule Le Bhamini-Vuasa, texte sanscrit, publié avec une traduction et des notes par Abei Bergaigne. 8 fr. to° fascicule: Exercices critiques de la Conférence de oftitoiogie grecque, recueillis et rédigés par E. Tournier. ;o fr. ne fascicule Etudes sur les .Pagi de la Gaule, par A. Longnon. 2e partie les Pagi du diocèse de Reims, avec 4 cartes. 7 fr. ;o <2~ fascicule: Du genre épistolaire chez les anciens Egyptiens de l'époque pharaonique, par G. Maspero, membre de l'tnstitut. ;o fr. 13e fascicufe: La Procédure de la Lex Salica. Etude sur le droit Frank (la fide-jussio dans la tègistaticn Franke les Sacebarons la glosse malbergique), travaux de M. R. Sohm, professeur à l'Université de Strasbourg. Traduit par M. Thevenin. 7fr.

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le texte pour la première fois d'après six ms. de la bibliothèque nationale par j'abbé Emmanuel Auvray, iicencié ès lettre' professeur au petit séminaire du mont- aux- Malades. ?~-7i ,;B fascicule: Haurvatàt et Ameret~r. Essai sur la mythologie de l'Avesta, par James Darmesteter. 4~. fascicule Précis de la Déciinaison latine, par M. F. Bucheier, traduit de l'aliemand par L. Havet, enrichi d'additions communiquées par fauteur, avec une préface du traducteur. 8 fr. :;e fascicule Anis e)-'0chchaq, traité des te 'mes figurés relatifs à la description de la beauté, par Cheref-eddm-Râmi, traduit du persan et annoté par CI. Huart. )fr.;o 0

:6' fascicule Les Tables Engubines. Texte, traduction et commentaire, avec une grammaire et une introduction historicue, par M. Bréai, membre de l'institut, professeur au Collège de France, accoopagné d'un atburn de planches photogravées. ~o~. 2~' fascicule Questions homériques par F. Robiou. 6 fr. :S' hscicuie Matériaux pour servir à l'histoire de la philosophie de l'Inde, par P. Regnaud, f~ partie. 9 fr. 2a' fascicute Ormazd et Ahriman, leurs hrigines et leur histoire, parJ. Darmesteter. t2fr.

j0' fascicule Les métaux dans les inscriptions égyptiennes, par C. R. Lepsius, traduit par Berend, avec des additions de l'auteur et 2 p). 12 fr. )t" fascicule: Histoire de la ville de Saint-Omer et de ses institutions jusqu'au x[v*'siéc)e,parA.Giry. 20 fr. j2* fascicu)e Essai sur le règne de Tr.tjan, par C. de la Berge. 12 fr. fascicule Etudes sur l'industrie et la classe industrielle à Paris au xm' et au x[v°siéc)e,parG.Fagntez. f~fr. )~ fascicu'e Matériaux pour servir i l'histoire de la philosophie de l'Inde, par P. Regnaud, seconde partie. 10 fr. ))~ fascicute: Mélanges publiés par la section historique et phiiotogique. Avec to o planches gravées. tjfr. )6* fascicule La religion védique d'après les hymnes du Rig-Veda, par A. Bergaigne. Tome ler. t2fr. )7~ fascicule Histoire critique des régi.es de Childerich et de Chlodovech, par M. Junghans, traduit par G. Monod, et augmenté d'une introduction et de notes nouvelles. 6 fr. )~ fascicule les Monuments égyptiens de la Bibliothèque nationale (cabinet des medaijfes et antiques), par E. Led'ain, t" partie. t2 fr. !9' fascicule l'Inscription de Bavian, texte, traduction et commentaire philologique avec trois appendices et un glossaire par H. Pognon, ire partie. 6 fr. 40* fascicule Patois de la commune de Vionnaz (Bas-Va)ais~, par J. Giitiéron, accompagné d'une carte. yfr.~o o 4' fascicuie Le Querotus, comédie latine anonyme, par L. Havet. )2 fr. 4~* fascicule L'Inscription de Bavian, texte, traduction et commentaire philologique avec trois appendices et un glossaire par A. Pognon, 2" partie. 6 fr. 4;' fascicule De Saturnio latinorum versu scripsit L. Havet. ) fr. ~4* fasctcuie Etudes d'archéologie ohentaie, par Ch. Oermont-Ganneau, tome premier,livraison. iofr. ~4!* fascicule Histoire des institutions municipales de Senlis, par J. Ffammennont. fascicule Essai sur tes origines du fonds grec de l'Escurial, par Ch. Graux. 8 fr. 'ifr.


2'et}°ltv. qfr; 48° fascicule Etude sur le texte de la vie latine* de Ste Geneviève de Fans, pareS Kohler. <;fr~ ~c)' fascicule Deux versions hébraïques du Livre de Kalilâh et Dimnah, par J. r~. renbourg. M.~;o* fascicule: Recherches sur les relations potitiqugs de la France avec l'A~emagM de ;2c)2â;~78,parA[fred Leroux. 7~~ fascicule Principaux monuments du Musée égyptien de Florence, par W.&. Berend. partie. Stèles, bas-reliefs et fresques. Avec !o planches photogravées; iofr:'

i2'' fascicule: Les lapidaires français du moyen âge des xu' xfh'' et xn" siée): réunis, classés et publiés, accompagnés de p.éfaces, de tables et d'un glossaire par L. Pannier, avec une notice préliminaire par G. Paris. tofr. et fascicules: La religion védique d'après tes hymnes du ~ig-Veda, par A.Bergaigne.TomesfIetm. 27 fr.;;<' fascicule Les Établissements de Rouen, par A. Grry, 'tome ter. fr. j6'' fascicule Métrique naturelle du langage, par P. Pierson, avec une notice pr~liminaire par G. Paris. !0fr.j7'' fascicule Vocabulaire Vieux-Breton, avec commentaire contenant toutes les gloses en vieux-breton, gallois, comique, armoricain connues, par J. Loth. !ofr.

jS* fascicule Hincmar, de ordine palatii epistola. Texte latin, traduit et annoté par Prou. -1

COLLEC'l'ION PHILOLOGIQUE. Recueil de travaux originaux ou traduits, relatifs à la philologie et à l'histoire littéraire. Format in-8".

lerfascicute: La théorie de Darwin; de l'importance du langage pour FhisMire naturelle de l'homme, par A. Schleicher. 2fr. 2*' fascicute Dictionnaire des doublets ou doubles formes de la langue française par A. Brachet. 2fr.jo fascicuje De l'ordre des mots dans les langues anciennes comparées aux langues modernes, par H. Weil. Nouvelle édition. ~fr. 4e fascicule Dictionnaire des doubtets ou doubles formes de la langue française, par A. Brachet. Supplément. (oc. c. i° fascicule: Les noms de famille, par E. Ritter. fr. (c.. 6o fascicute Etudes philologiques d'onomatologie normande, par H. Moisy. 8 fr. 7e fascicule Essai sur la langue basque, par F. Ribary, professeur à )'Unh'ersite de Pesth.Traduitdu hongrois par J.Vinson; ;fr. se fascicute De conjugatione latini verbi a Dare D a James Darmesteter. fr. )'o 9* fascicute De Floovante vetustiore gallico poemate scripsit A. Darmesteter. fr. [0° fascicute Histoire des participes français, par Amédee Mercier. fr. «"fascicule: Etude sur Denys d'Halicarnasse et le traité de la disposition des 'motsparEmiteBaudat. 3 fr. t. fascicufe De neutrali genere quid factum sit in gallica tingua scripsit A p.tercier.. 2fr.

t~* fascicule Du génitif latin et de ta proposition DE. Etude de syntaxe historique sur1a.décomposition du latin et la formation du français, par P-. Clairin. 7 fr. ;a


Fin d'une série de documents en cot~isuf


LA

SAINT ALEXIS


OUVRAGES DE M. G. PARIS EN VENTE A LA MÊME LIBRAIRIE

Les contes orientaux dans la littérature française du moyen âge (extrait de la Revue politique et littéraire). In-8, br. 1 Dissertation critique sur le poème latin du Ligurinus, attribué à Günther. In-8, br. 2 » Étude sur le rôle de l'accent latin dans la langue française. ïn-8,br. 4 x Grammaire historique de la langue française, cours professé à la Sorbonne, leçon d'ouverture, In-8, br. t » Histoire poétique de Charlemagne. Gr. in-8, br. (Epuisé.) 30 »

Lettre à M. Léon Gautier sur la versification latine rhythmique Gr. in-8, br. 1 x De Pseudo-Turpino. In-8, br. 2 » Le petit Poucet et la grande Ourse. tn-16, br. 2 50


LA

VtE DE SAINT ALEXIS ,ME DU XI~ SIÈCLE

x~ DU XIe SIÈCLE

-ir~r i

"T~EXTE CRITIQUE

.`- PUBMEPAR

GASTON PARIS

PARIS

F. VIEWEG, LIBRAIRE-ÉDITEUR 67, RUE DE RICHELIEU, 67

1885



Depuis que j'ai donné, en 1872, la cinquième édition de la ~ze de saint Alexis, les ressources dont dispose la critique du texte ont été augmentées, en ce qui concerne les leçons, par de soigneuses collations des manuscrits, notamment par celle du manuscrit de Tours (aujourd'hui dans la possession de lord Ashburnham), communiquée par M. Fœrster. En outre, divers philologues, soit à l'occasion de mon édition, soit depuis; ont proposé des restitutions nouvelles pour plus d'un passage citons M. Tohier, M. Paul Meyer et surtout M. Stengel. Le texte entier a été imprimé trois fois (par MM. Lidforss, Stengel et Fœrster ~); des fragments ont été insérés dans diverses chrestoma-

1. Je renvoie à la pnbtication de M. Fœrster, -fat!0?~<Nc~~ Ce. 6«K~&MC~ (Heilbronn, 1884), p. tOt et suiv., pour tes renseignements bibliographiques que comporte le Saint .~afi~. Les lecteurs studieux y trouveront également le meilleur dépouiUement des manuscrits sur tesquels s'appuie le texte critique du poème.- La publication de M. Stenget(~M~<6eM«M~~M<tK~!<K~eM,t-H, Matburg, )88t-82) est surtout importante par le glossaire qui y est joint, et qui comprend, outre tous tes mots de t'~&r~, ceux des plus anciens textes français.


thies, parfois avec certaines modifications. Ces raisons auraient suSî pour que, voulant expliquer ce précieux monument de notre ancienne langue à mon cours du Collège de France, j'eusse éprouve le besoin de réimprimer le poème en profitant de ces nouveaux secours et des quelques réflexions que j'ai faites de mon côté.

Toutefois ce n'est pas par la constitution critique du texte que ma seconde édition d'e~M diffère surtout de la première cette constitution ne pourrait subir de changements vraiment graves que si on découvrait un nouveau manuscrit, indépendant des deux familles auxquelles appartiennent les quatre que nous avons. Mais la connaissance de la phonétique et de îà morphologie du plus ancien français a fait depuis 1872 de tels progrès qu'il n'est presque plus un vers de mon texte qui, au point de vue des formes qui y ont été adoptées, me satisfasse aujourd'hui, comme il n'est pas une page de mon introduction grammaticale qui ait gardé, je ne dis pas sa nouveauté, mais sa valeur. La révision à laquelle j'ai soumis le texte du Saint Alexis a surtout eu pour but de le faire profiter de tout ce que la science a acquis dans cette période si courte, mais, surtout en Allemagne, si féconde pour. la philologie française. Je ne doute pas


que sur plus d'un point mes confrères en philologie ne trouvent encore bien à redire, et moi-même je suis loin d'être assuré de tout ce que la lecture de mon texte pourrait faire regarder comme établi pour moi. Il aurait fallu à cette nouvelle édition un commentaire semblable à celui de l'ancienne, où j'aurais expliqué sur chaque point pourquoi j'ai changé d'avis ou maintenu mon opinion.

Je ne donne pas ce commentaire il doit précisément faire l'objet du cours que je vais ouvrir. L'idée de prendre, cette année et sans doute plus d'une fois, l'Alexis pour texte dans ma leçon d'exégèse m'est venue fort tard, et j'ai préparé et imprimé cette édition en très peu de jours; j'espère qu'on ne s'en apercevra pas trop. Mais c'est oralement que je l'accompagnerai de toutes les explications qui me semblent utiles. Une grande partie de ces explications sera naturellement consacrée à faire connaître et parfois à discuter les opinions des savants qui ont écrit dans ces derniers temps sur l'ancien français, et qui reconnaîtront bien vite, en lisant mon texte, combien j'ai profité de leurs travaux. Je ne pouvais indiquer ici ces travaux, qui souvent ne touchent qu'indirectement la question des formes à adopter pour mon texte; je prie mes savants collaborateurs de ne pas voir dans cette


omission une négligence ou une ingratitude qui sont loin de ma pensée.

Peut-être quelque jour reprendrai-je ce beau poème pour en donner une édition accompagnée d'un ample commentaire où je traiterai de nouveau toutes les questions qu'il soulève. Je n'ai voulu présentement qu'imprimer pour mes auditeurs un texte à mes explications je demande qu'on ne voie pas ici autre chose. Je serai très reconnaissant des remarques auxquelles pourraient donner lieu les leçons et les formes adoptées dans ce texte; j'en profiterais pour une autre édition, comme j'ai si largement profité de celles auxquelles a donné lieu la premi'

X~

.'¿' 1/0.


LA

V~~x SAINT ALEXtS

I. Bons fut li siècles al tens ancienor,

Quer feit i ert e justise et amor,

Si ert credance, dont or n'i at nul prot;

Toz est mudez, perd'jde at sa color

Ja mais n'iert tels corn fut aïs ancessors. 5 II. AI tens Nôe et al tens Abraam

Et al David, cui Deus par amat tant,

Bons fut Ii siecles: ja mais n'iert si vaillanz; Vielz est e frailes, tot s'en vait déclinant,

Si'st empeiriez toz biens vait remanant. 10 111. Puis icel tens que Deus nos vint salver, Nostre ancessor ourent crestientet,

Si fut uns sire de Rome la citet;

Riches om fut, de grant nobilitet:

Por col vos di d'un suen 61 vueil parler. i5


IV. Eufemiiens, ensi out nom li pedre,

Cons fut de Rome del mielz qui donc i eret;

Sour toz ses pers l'amat 11 emperedre.

Donc prist moillier vaillant et onorede,

Des mielz gentilz de tote la contrede. 20 V. Puis converserent ensemble longement.

Qued enfant n'ourent peiset lor en fortment;

Deu en apelent andoi parfitement

« E reis celestes, par ton comandement

Enfant nos done qui seit a ton talent » 25 VI. Tant Ii preierent par grant umilitet

Que la moillier donat feconditet

Un fil lor donet, si l'en sourent bon gret.

De saint batesme l'ont fait regenerer

Bel nom li mistrent sotonc crestientet. 30 VII. Batisiez fut, si out nom Alexis

Qui l'out portet volentiers le nodrit

Puis li bons pedre ad escole le mist:

Tant aprist letres que bien en fut guarniz;

Puis vait Ii enfes l'emperedor servir. 35 VIII. Quant veit li pedre que mais n'avrat enfant, Mais que cel sol cui il par amat tant,

Donc se porpenset del siecle ad en avant

Or vuelt que prenget moillier a son vivant

Donc U achatet filie ad un noble franc. 40


IX. Fut la pulcele de molt halt parentet,

Filie ad un conte de Rome la citet

N'at plus enfant, lei vuelt molt onorer.

Ensemble en vont ii doi pedre parler

Lor dous enfanz vuelent faire assembler. 45

X. Noment le terme de lor assemblement;

Quant vint al faire, donc le font lentement

Danz Alexis l'esposat belement;

Mais de cel plait ne volsist il neient

De tot en tot a Deu at son talent. 50

XI. Quant !i jorz passet et il fut anoitiet,

Ço dist Ii pedre « Filz, quer te val colchier

Avuec ta spose, al cornant Deu del ciel. »

Ne volst !i enfes son pedre corrocier:

Vait en la chambre ou eret sa moillier. 55

XII. Com vit le lit, esguardat la pulcele,

Donc lui remembret de son seignor celeste.

Que plus at chier que tote rien terrestre

« E! Deus, » dist il, « si forz pechiez m'apresset!

S'or ne m'en fui, molt criem que ne t'en perde. » 60

XIII. Quant en la chambre furent tot sol remes,

Danz Alexis la prist ad apeler

La mortel vide U prist molt a blasmer,

De la celeste !i mostret veritet

Mais lui ert tart qued il s'en fust tornez. 65


XIV. « Oz tu, pulcele ? Celui tien ad espos

Qui nos redenst de son sanc precios.

En icest siecle nen at parfite amor

La vide est fraile, n'i at durable onor,

Ceste ledice revert a grant tristor. » 70 XV. Quant sa raison M at tote mostrede,

Donc Ii comandet les renges de sa spede

Et un anel dont il l'out esposede.

Donc en ist fors de la chambre son pedre

En mie nuit s'en fuit de la contrede. 75

XVI. Donc vint edrant dreitement a la mer

La nef est prest ou il deveit entrer;

Donet son pris et enz est aloez;

Drecent lor sigle, laissent corre par mer

La pristrent terre ou Deus lor volst douer. 80

XVII. Dreit a Lalice, ço fut citet molt bele,

Iluec arrivet sainement la nacele.

Donc en eissit danz Alexis a terre,

Mais ço ne sai com longes i converset

Ou qued il seit de Deu servir ne cesset. 85

XVIII. Puis s'en alat en Aisis la citet

Por une imagene dont il odit parler,

Qued angele firent par comandement Deu

El nom la virgene qui portat salvetet,

Sainte Marie, !a medre Damnedeu. 90


XIX. Tot son aveir qu'ot sei en at portet,

Tot le depart, que giens ne l'en remest

Larges almosnes par Aisis la citet

Donat aïs povres ou qu'il les pout trover;

Por nul aveir ne volst estre encombrez. 95 XX. Quant son aveir lor at tot departit,

Entre les povres s'assist danz Alexis,

Reçut l'almosne quant Deus la Ii tramist

Tant en retient dont son cors puet guarir

Se lui'n remaint, sil rent aïs poverins. 100 XXI. Or revendrai al pedre et a la medre

Et a la sposc qui sole fut remese.

Quant il co sourent qued il fuiz s'en eret,

Ço fut granz duels qued il en demenerent

E granz deplainz par tote la contrede. 105 XXII. Ço dist Ii pedre « Chiers filz, com t'ai perdut! » Respont t la medre « Lasse! qu'est devenuz? »

Ço dist la spose « Pechiez le m'at tolut.

Amis, bels sire, si pou vos ai out

Or soi si graime que ne puis estre plus. » 110 XXIII. Donc prent !i pedre de ses meittors serjanz Par mottes terres fait querre son enfant.

Jusque en Alsis en vindrent doi edrant

Iluec troverent dam Alexis sedant

Mais ne conurent son vis ne son semblant. 115


XXIV. Si out M entes sa tendre charn mudede

Nel reconurent li doi serjant son pedre

A lui medisme ont l'almosne donede

Il la reçut corne li altre fredre.

Nel reconurent, sempres s'en retornerent. 120

XXV. Nel reconurent ne ne l'ont enterciet.

Danz Alexis en lodet Deu del ciel

D'icez suens sers cul il est almosniers

Il fut lor sire, or est lor provendiers

Ne vos sai dire com il s'en firet liez. 125

XXVI. Cil s'en repaidrent a Rome la citet,

Noncent al pedre que nel pourent trover.

Sed il fut grains ne l'estuet demander.

La bone medre s'en prist a dementer,

E son chier fil sovent a regreter. 130

XXVII. « Filz Alexis, por queit portat ta medre ? Tu m'ies fuiz, dolente en soi remese.

Ne sai le lieu ne ne sai la contrede

Ou t'aige querre tote en soi esguarede. 134

Ja mais n'ier liede, chiers filz, ne n'iert tes pedre. »

XXVIII. Vint en la chambre, pleine de marrement, Si la desperet que n'i remest neient

N'i remest palie ne neul ornement.

A tel tristor atornat son talent

Onc puis cel di nés contint liedement. 140


XXIX. « Chambre, » dist ele, « ja mais n'estrasparede, Ne ja ledice n'iert en tei demenede »

Si l'at destruite com s'ost l'oust predede

Sas i fait pendre e cinces deramedes

Sa grant onor a grant duel at tornede. 145

XXX. Del duel s'assis., la medre jus a terre,

Si fist la spose dam Alexis a certes

« Dame, » dist ele, « jo ai fait si grant perte

Des or vivrai en guise de tortrele

Quant n'ai ton fil, ensembleot tei vueil estre. 150

XXXI. Respont la medre « S'ot met te vuels tenir, Sit guarderai por amor Alexis

Ja n'avras mal dont te puisse guarir.

Plaignons ensemble le duel de nostre ami,

Tu por seignor, jol ferai por mon fil. » 155

XXXII. Ne puet altre estre, metent l'el considrer

Mais la dolor ne puedent oblider.

Danz Alexis en Alsis la citet

Sert son seignor par bone volentet

Ses enemis net puet onc enganer. 160

XXXIII. Dis e set anz, n'en fut neient a dire,

Penat son cors el Damnedeu servise

Por amistiet ne d'ami ne d'amie

Ne por onors qui lui fussent tramises

N'en vuelt torner tant com il at a vivre. 165


XXXIV. Quant tot son cuer en at si atornet

Que ja son vueil n'eistrat de la citet,

Deus fist l'imagene por soe amor parler

Al servitor qui serveit a l'alter;

Ço ti comandet « Apele l'ome Deu. » 170

XXXV. Ço dist l'imagene « Fai Forne Deu venir

Enz el mostier, quer il l'at deservit,

Et il est dignes d'entrer en paradis. »

Cil vait, si! quiert, mais il nel set choisir,

Icel saint ome de oui l'imagene dist. 175

XXXVI. Revint Ii costre a l'imagene el mostter

« Certes, » dist il, « ne sai cui entercier. »

Respont l'imagene « Ço'st cil qui tres l'uis siet.

Pres est de Deu e del regne del ciel

& w

Par nule guise ne s'en vuelt esloignier. » 180

XXXVIII. Cil vait, sil quiert, fait i'el mostier venir.

Es vos l'essemple par trestot le pais

Que cele imagene parlat por Alexis

Trestoit l'onorent, H grant e li petit,

E toit M prient que d'els aiet mercit. 185

XXXVIII. Quant il ço veit quel vuelent onorer

« Certes, » dist il, « n'i ai mais ad ester;

D'iceste onor nem revueil encombrer. ? »

En mie nuit s'en fuit de la citet

Dreit a Lalice rejoint li suens edrers. 190


XXXIX. Danz Alexis entrat en une nef

Drecent lor sigle, laissent corre par mer;

Dreit a Tarson éspeiret arriver,

Mais ne puet estre aillors l'estuet aler

Tot dreit a Rome les portet ii orez. 195 Il~

XL. Ad un des porz qui plus est pres de Rome,

Iluec arrivet la nef a ce! saint orne.

Quant veit son regne, molt fortment s'en redotet

De ses parenz, qued il nel reconoissent

E de l'onor del siecle ne l'encombrent. 200

XLI. « E! Deus, » dist il, « bels reis qui tot governes, Se tei ploust, ici ne volsisse estre.

S'or me conoissent mi parent d'este terre,

Il me prendront par pri o par podeste

Se jos en creit, il me trairont a perdre. 205

XLII. « Mais neporuec mes pedre me desidret,

Si fait ma medre plus que feme qui vivet,

Avuec ma spose que jo lor ai guerpide.

Or ne lairai nem mete en lor baiHe 209

Nem conoistront, tanz jorz at que nem vidrent. »

XLIII. Ist de la nef e vait edrant a Rome

Vait par les rues dont il ja bien fut cointes,

Altre puis altre, mais son pedre i encontret,

Ensemble ot lui grant masse de ses omes

Sil reconut, par son dreit nom le nomet 215


XLIV. « Eufemiiens, bels sire, riches om,

Quer me herberge por Deu en ta maison

Soz ton degret me fai un ~o'~a~?/yM

Empor ton fit dont tu as tel dolor.

Tot soi enfers, sim pais por soe amor. » 220

XLV. Quant ot !i pedre la clamor de son fil,

Plorent si ueil, ne s'en puet astenir

« Por amor Deu e por mon chier ami

Tot te donrai, bons om, quant que m'as quis,

Lit et ostel e pain e charn e vin. » 225

XLVI. « E Deus, » dist il, « quer ousse un serjant Quil me guardast Jo l'en fereie franc. »

Un en i out qui sempres vint avant

« Es me, » dist il, « quil guart par ton comant

Por toe amor en soferrai t'ahan. » 230

XLVII. Cil te menat endreit soz le degret

Fait li son lit ou il puet reposer;

Tot ti amanvet quant que bosoinz 11 ert

Vers son seignor ne se vuelt mesaler;

Par nule guise ne l'en puet om btas~er. 235

XLVIII. Sovent le vidrent e M pedre e la medre

E là pulcele qued il out esposede

Par.nule guise onques ne l'aviserent,

N'H ne lordist, ned il nel demanderent,

Quels omesteit ne de quel terre iteret. 240


XItIX. Soventes feiz tes veit graut duel mener,

E de lor uelz. molt tendrement plorer,

E tot por lui, onques neient por el

Il les esguardet, sil met el considrer

N'at soing que veiet, si est a Deu tornez. 245 L. Soz le degret ou gist sour une nate,

Iluec paist l'om del relief de la table.

A grant poverte deduit son. grant parage;

Ço ne vuett il que sa medre le sachet

Plus aimet Deu que trestot son lignage. 250 LI. De la viande qui del berbère iti vient

Tant en retient dont son cors en sostient

Se lui'n remaint, sil rent ais almosniers

N'en fait musjode por son cors engraissier,

Mais aïs plus povres le donet a mangier. 255 MI. En sainte eglise converset volentiers

Cbascune feste se fait acomungier

Sainte escriture ço ert ses conseilliers:

Del Deu servise le ruevet esforcier

Par nule guise ne s'en vuelt esloignier. 260 LIII. Soz le degret ou il gist e converset,

Iluec deduit liedement sa poverte.

Li serf son pedre qui la maisniede servent

Lor lavedures li gietent sout' la teste

Ne s'en corocet ned il nes en apelet. 265


LIV. Toit l'escharnissent, sil tienent por hricon

L'aive !I gietent, si moillent son liçon

Ne s'en corrocet giens cil saintismes om,

Ainz priet Deu qued il le lor pardoinst

Par sa mercit, quer ne sevent que font. 270

LV. Iluec converset ensi dis e set anz

Nei reconut nuls suens apartenanz

Ne neuls om ne sont les suens ahanz,

Fors sol le lit ou il at geut tant:

Ne puet muder ne seit aparissant. 275 5

LVI. Trente quatre anz at si son cors penet

Deus son servise M vuelt guedredoner

Moit !t engrieget la soe enfermetet

Or set il bien qued il s'en deit aler

Cel suen serjant at a sel apelet. 280

LVII. « Quier mei, bels fredre, et enquc e parchamin Et une pene, ço pri toe mercit. »

Cil H aportet, receit les Alexis

De sei medisme tote la chartre escrist,

Com s'en alat e com il s'en revint. 285 -a

LVIII. Tres sel la tint, ne la volst demostrer,

Nel reconoissent usque il s'en seit alez.

Parfitement s'at a Deu comandet.

Sa fin apruismet, ses cors est agravez,

De tot en tot recesset del parler. 290


LIX. En la semaine qued il s'en dut aler

Vint une voiz treis feiz en la citet

Hors del sacrarie par comandement Deu,

Qui ses fedelz ti at toz envidez

Prest est la glorie qued il h vuelt doner. 295

LX. A l'altre voiz lor fait altre somonse,

Que l'orne Deu quiergent qui est en Rome,

Si li deprient que la citet ne fondet

Ne ne perissent la gent qui enz fregondent

Qui l'ont odit remainent en grant dote. 300

LXI. Sainz Innocenz ert idonc apostolies.

A lui en vindrent e h riche e h povre,

Si Ii requierent conseil d'icele chose

Qu'il ont odide, qui molt les desconfortet

Ne guardent l'ore'que terre les enclodet. 305

LXII. Li apostolies e li emperedor,

Li uns Arcadie, li altre Onorie out nom,

E toz M pueples par comune oreison

Deprient Deu que conseil lor en doinst

D'icel saint orne par cul il guariront. 310

LXIII. Ço li deprient, la soe pietet,

Que lor enseint oui puissent recovrer.

Vint une voiz qui lor ad enditet

« En la maison Eufemiien querez,

Quer iluec est, iluec le troverez. » 315


LXIV. Toit s'en retornent sour dam Eufemiien Alquant le prenent fortment a biastengier

K Iceste chose nos dousses noncier,

A tot le pueple qui ert desconseilliez.

Tant l'as celet molt i as grant pechiet. )) 320 LXV. II s'escondit com li om qui nel set,

Mais ne l'en creident al herberc sont alet.

Il vait avant la maison aprester;

Fortment l'enquiert a toz ses ménestrels

Icil respondent que neuls d'els nel set. 325 IjXVI. Li apostolies e li emperedor

Siedent es bans pensif e corrocos.

Il les esguardent toit cil altre seignor

Deprient Deu que conseil lor en doinst

D'icel saint ome par cui il guariront. 330 LXVII. En tant dementres com il iluec ont sis Deseivret l'aneme del cors saint Alexis

Tot dreitement en vait en paradis

A son seignor qu'il aveit tant servit.

E reis célestes, tu nos i fai venir 335 LXVIII: Li bons serjanz quil serveit volentiers Il le nonçat son pedre Eufemiien

Soef l'apelet, si !i at conseilliet

« Sire, dist il, « morz est tes provendiers,

Ecosai dire qu'il fut bons crestiieos. 340


LXIX. <: Molt longement ai ot lui converset

De nule chose certes nel sai blasmer,

E ço m'est vis que co est li om Deu. »

Toz sols s'en est Eufemiiens tornex,

Vint a son fil ou gist soz son degret. 345

LXX. Les dras sozlievet dont il esteit coverz

Vit del saint orne le vis e cler e bel

En son poing tient sa chartre li Deu sers,

Ou at escrit trestot le suen convers

Eufemiiens vuelt saveir qued espelt. 350

LXXI. Il la vuelt prendre, cil ne li vuelt guerpir.

A i'apostolie revient toz esbadiz

« Ore ai trovet ço que tant avons quis

Soz mon degret gist uns morz pèlerins

Tient une chartre, mais ne Ii puis tolir. » 355

LXXII. Li apostolies e Ii emperedor

Vienent devant, gietent s'ad oreisons,

Metent lor cors en granz aiBicticns

« Mercit, mercit, mercit, saintismes om °

Net coneumes n'encor net conoissons. 360

LXXIII. « Ci devant tei estont doi pechedor,

Par la Deu grace vochiet emperedor

Ço'st sa mercit qu'il nos consent i'onor.

De tot cest mont somes nos jugedor

Del tuen conseil somes tot Losoigaos. 365


LXXIV. « Cist apostolies deit les anemes baillir

Ço'st ses mestiers dont il at a servir;

Done Ii la par la toe mercit

Ço nos dirat qu'enz troverat escrit,

EçodoinstDeusqu'ore en poissons guarir!w 370

LXXV. Li apostolies tent sa main a la chartre

Sainz Alexis la soe h alaschet

Lui la consent qui de Rome esteit pape.

Il ne !a list ned il dedenz n'esguardet

Avant la tent ad un bon clerc e savie. 375

LXXVI. Li chanceliers cui Ii mestiers en eret

Cil list la chartre, Ii altre l'escolterent.

D'icele geme qued iluec ont trovede

Le nom lor dist, del pedre e de la medre,

E ço lor dist de quels parenz il eret; 380

LXXVII. E ço lor dist com s'en fuit par mer,

Com en alat en Alsis la citet,

E com l'imagene Deus fist por lui parler,

E por l'onor dont nes volst encombrer

S'en refuit en Rome la citet. 385

LXXVIII. Quant ot Ii pedre ço que dit at la chartre, Ad ambes mains deront sa blanche barbe

« E filz, » dist il, « com doloros message

Vis atendeiequed a mei repaidrasses,

Par Beu mercit que tum reconfortasses. » 390


LXXIX. A halte voiz prist !i pedre a crider

« Filz Alexis, quels duels m'est présentez

Malvaise guarde t'ai fait soz mon degret.

A! las pechables, com par fui avoglez! ·

Tant l'ai vedut, si nel poi aviser 395

LXXX. « Filz Alexis, de ta dolente medre

Tantes dolors at por tei enduredes,

E tantes fains e tantes seiz passedes,

E tantes lairmes por le tuen cors ploredes

Cist duels l'avrat encui par acorede. 400

LXXXI. « 0 filz, cui ierent mes granz ereditez,

Mes larges terres dont jo aveie assez,

Mi grant palais en Rome la citet ?

Empor tei, filz, m'en esteie penez

Puis mon deces en fusses onorez. 405

LXXXII. « Blanc ai le chief e la barbe ai chanude

Ma grant onor aveie retenude

Empor tei, filz, mais n'en aveies cure.

Si grant dolor ui m'est apareude!

Filz, la toe aneme seit el ciel assolude 410

LXXXIII. « Tei covenist helme e bronie a porter,

Espede ceindre come toi altre per

Ta grant maisniede dousses governer,

Le gonfanon l'emperedor porter,

Com fist tesB~mj~r~jtens parentez. 415


LXXXIV. « A tel dolor et a si grant poverte,

Filz, t'ies deduiz par alienes ter res

E d'icel bien qui toz doust tuens estre

= Pou en perneies en ta povre herberge

Se Deu ploust, sire en dousses estre. » 420

LXXXV. De la dolor que demenat M pedre

Grant fut la noise, si l'entendit la medre

La vint corant com feme forsenede,

Bâtant ses palmes, cridant, eschavelede

Veit mort son fil, a terre chiet pasmede. 425

LXXXVI. Qui donc ti vit son grant duel demener,

Son piz debatre e son cors degeter,

Ses crins detraire e son vis maiseler,

E son mort fil baisier et acoler,

N'i out si dur ne l'estoust plorer. 430

LXXXVII. Trait ses chavels e debat sa peitrine,

A grant duel met la soe charn medisme

« E filz, » dist ele, « com m'ous enhadide

E jo, dolente, com par fui avoglide

Nel conoisseie plus qu'onques nel vedisse. )) 435

LXXXVIII. Plorent si ueil e si gietet granz criz;

Sempres regretet « Mar te portai, bels filz

E de ta medre que n'aveies mercit?

Por teim vedeies desidrer a morir

Ço'stgt'antmervei!!equepitietnet'enprist! 440


S~XXXIX. a A lasse mesdre, corn oi fort aventure

Ci vei jo morte tote ma portedure.

Ma longe atente a grant duel est venude.

Que podrai faire, dolente, malfadude? 444

Ço'st grant merveille que 11 miens cuers tant duret!

XC. « Filz Alexis, molt ous dur corage

Quant adossas tot.1on gentil lignage

Sed a mei sole vels une feiz parlasses,

Ta lasse medre si la reconfortasses

Qui si'st dolente, chiers filz, buer i alasses. 450

XCI. « Filz Alexis, de la toe charn tendre

A quel dolor deduit as ta jovente

Por queim fuis ? jat portai en mon ventre

E Deus le set que tote soi dolente

Ja mais n'ier liede por orne ne por feme. 455

XCII. « Ainz que t'ousse en fui molt desidrose;

Ainz que nez fusses si'n fui molt angoissose;

Quant jot vi net si'n fui liede e joiose;

Or te vei mort, tote en soi corroçose

Ço peiset mei que ma fin tant demoret. 460

XCIII « Seignor de Rome, por amor Deu, mercit

Aidiez m'a plaindre le duel de mon ami.

Granz est 11 duels qui sour mei est vertiz

Ne puis tant faire que mes cuers s'en sazit

Nen est merveille n'ai mais filie ne fil. » 465


XCIV Entre le duel del pedt'e e de la medre

Vint la pulcele qued il ont esposede

« Sire, » dist ele, « com longe demorede

Atendut t'ai en la maison ton pedre

Ou tum laissas dolente et esguarede. 470

XCV. « Sire Alexis, tanz jorz t'ai desidret,

E tantes lairmes por le tuen cors ploret,

E tantes feiz por tei en loinz guardet

Se revenisses ta spose conforter,

Por felonie nient ne por lastet 475

XCVI. » 0 chiers amis, de ta jovente bêle

Ço peiset mei que podrirat en terre.

E gentilz om, com dolente puis estre i

Jo atendeie de tei bones noveles,

Mais or les vei si dures e si pesmes 480

XCVII. « 0 bêle boche, bels vis, beie faiture,

Com vei mudede vostre bêle figure

Plus vos amai que nule creature.

Si grant dolor ui m'est aparcude

Mielz me venist, amis, que morte fusse. 485

XCVIII. « Se jot sousse la jus soz le degret,

Ou as geut de longe enfermetet,

Ja tote gent nem soussent torner

Qu'ensemble ot tel n'eusse converset

Se mei leust, si t'ousse guardet. 490


XCIX. « Or par soi vedve, sire, » dist la puiceïe

« Ja mais ledice n'avrai, quer ne puet estre,

Ne charnel orne n'avrai ja mais en terre.

Deu servirai, le rei qui tot governet

H nem faldrat, s'il veit que jo lui serve. N 495

C. Tant i plorerent e li pedre e la medre

E la pulcele que toit s'en a tassèrent.

En tant dementres le saint cors conrederent

Toit cil seignor e bel i'acostumerent

Com felix cil qui par feit l'onorerent 500

CI. « Seignor, que faites? » ço dist ii apostolies.

« Que valt cist criz, cist duels ne ceste noise ?

Cul que seit duels, a nostre ues est il joie,

Quer par cestui avrons bone adjutorie:

Si li preiuns que de toz mals nos toiget. ? » 505

CII. Trestoit le prenent qui pourent avenir

Chantant en portent le cors saint Alexis,

E co ti prient que d'els aiet mercit.

N'estuet somondre icels qui l'ont odit

Toit i acorent li grant e Ii petit. 510

CIII. Si s'en commurent tote la gent de Rome

Plus tost i vint qui plus tost i pout corre.

Par mi les rues en vienent si granz torbes

Ne reis ne cons n'i puet faire entrerote,

Ne le saint cors ne puedent passer oltre. 515


CIV. Entre e!s enprenent cil seignor a parler:

« Grant est la presse, nos n'i podrons passer,

Por cest saint cors que Deus nos at donet.

Liez est h pueples qui tant l'a desidret!

Toit i acorent, nuls ne s'en vuelt torner. M 520

CV. Cil en respondent qui l'empirie baillissent

« Mercit, seignor nos en querrons mecine

De noz aveirs ferons granz departides

La main menude qui l'almosne desidret

S'il nos tbnt presse, donc en iermes délivre. » 525

CVI. De lor trésor prenent l'or et l'argent,

Sil font geter devant la povre gent

Par iço coident aveir descombrement

Mais ne puet estre cil n'en ruevent neient

A cel saint cors ont tornet lor talent. 530

CVII. Ad'uae vôiz crident la gent menude:

De~est aveir certes nos n'avons cure.

Si grant ledice nos est apareude

D'iéëst'saint cors n'avons soing d'a!tre mune;

Quer par cestui avrons nos bon~ aiadë. -)) 535

CVIII. Onques en Rotheheh but sigrant ledice

eom'dutlejorn aIs povres et ais riches

Poricel saint cors qu'il ont en lor baillie

Ço tor est vis q~e tièngent- Deu medisme

Trës~z! it p'ueptës lodet Deu e graciet. 540


CIX. Sainz Alexis out bone volentet

Poruec en est ui cest jorn onorez.

Li cors en gist en Rome la citet,

E l'aneme en est enz el paradis Deu

Bien puet liez estre qui si est aloez. 545

CX. Qui at pechiet bien s'en puet recorder

Par pénitence s'en puet tres bien salver.

Bries est cist siecles: plus durable atendez.

Ço depreions la sainte trinitet

Qu'ot lui ensemble poissons el ciel regner. 550

CXI. Sorz ne avuegles ne contraiz ne lepros

Ne muz ne orbs ne nuls pa!a:.inos,

Ensourquetot ne neuls langoros,

Nul n'en 1 at qui'n alget malendos,

Cel n'en i at qui'n report sa d,olor. 555

CXIf. N'i vient enfers d~ nule enfermetet

Quant ii l'apelet sempres n'aiet santet.

Alquant i vont, alquant se font porter.

Si veirs miracles lor at Deus demostrez

Qui vint plorant chantant l'en fait raier. 560

CXHI. Cil doi seignor qui l'empirie governent,

Quant il i veident les vertuz si apertes,

Il le receivent, sil portent e sil servent:

Alques par pri e le plus par podeste

Vont en avant, si derompent la presse. 565


CXIV. Sainz Boneface, qued cm martir apelet,

Aveit en Rome une eglise molt bele

Iluec en portent saint Alexis a certes

Et atement le posent a la terre.

~<~M7 ii lieus ou ses sainz cors herberget 570

CXV. La gent de Rome, qui tant l'ont desidret,

Set jorz le tienent sour terre a podestet.

Grant est la presse, ne l'estuet demander

De totes parz l'ont si avironet

Que avisonques i puet om abiter. 575

CXVI. Al setme jorn fut faite la herberge

A cel saint cors, a la geme celeste

En sus se traient, si alaschet la presse

Vueillent o non, sil laissent metre en terre;

Ço peiset eis, mais altre ne puet estre. 580

CXVII. Ad encensiers, ad ories chandelabres

Clerc revestut en albes et en chapes

Metent le cors enz el sarcueu de marbre.

Alquant i chantent, ii pluisor gietent lairmes

Ja le lor vueil de lui ne desevrassent. 585

CXVIII. D'or e de gemes fut li sarcueus parez

Por cel saint cors qu'il i deivent poser;

En terre! metent par vive podestet.

Ploret H pueples de Rome la citet

Sozclet n'ai ome quis puisset conforter. 590


CXIX. Or n'estuet iire del pédre e de la medre

E de la spose com il le regreterent

Quer toit en ont lor voiz si atempredes

Que toit le plainstrent e toit le doloserent

Cel jorn i out cent mil lairmes ploredes. 595

CXX. Desoure terre nel pourent mais tenir

Vueillent o non, sil laissent enfodir

Prenent congiet al cors saint Alexis,

E si !i prient que d'els aiet mercit,

Al suen seignor il lor seit bons plaidis. 600

CXXI. Vait s'en Ii pueples. E ii pedre e la medre

E la pulcele onques ne desevrerent

Ensemble furent jusque a Deu s'en ralerent.

Lor compaignie fut bone et onorede

Par cel saint ome sont lor anemes salvedes. 605

CXXII. Sainz Alexis est el ciel senz dotance

Ensemble ot Deu, en la compaigne ais angeles,

Ot la pulcele dont se fist si estranges

Or Fat ot sei, ensemble sont lor anemes

Ne vos sai dire com lor ledice est grande. 610

CXXIII. Com bone peine, Deus, e com bon servise

Fist cil sainz om en ceste mortel vide

Quer or est s'aneme de glorie replenide

Ço at ques vuelt, n'en est neient a dire,

Ensourquetot e si veit Deu medisme. 615


CXXIV. Las malfadut com esmes encombret

Quer co vedons que tot somes desvet.

De noz pechiez somes si avogiet

La dreite veie nos font tresoblider

Par cest saint ome doussons ralumer. 620

CXXV. Aions, seignor, cest saint ome en memorie,

Si li preions que de toz mats nos toiget

En icest siecle nos achat pais e joie,

Et en cel altre la plus durable glp~~t~'t~\

En ipse verbe si'n dimes .P~Mi~. '~625


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