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Titre : Dictionnaire du patois de Lille et de ses environs, par M. Pierre Legrand

Auteur : Legrand, Pierre (1804-1859). Auteur du texte

Éditeur : Vve Vanackère (Lille)

Date d'édition : 1856

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb307786865

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : In-18, XVIII-155 p.

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Description : Collection numérique : Fonds régional : Nord-Pas-de-Calais

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63226005

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, X-14593

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 16/10/2012

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DICTIONNAIRE

DU

PATOIS DE LILLE

PAR

M. Pierre LEGRAND

Nescio quâ natale solnm dulcedine eunotos Ducit, et immemores non sinit esse sui.

ÇOvid. j

G~cB'3ss3~ss!B ïSs.)a~?a<ssa

EUVUE ET AUGMENTÉE

LILLE V' VANAGKERE, ÉDITEUR 1856



DICTIONNAIRE

nu

PATOIS DE LILLE


DU MÊME AUTEUR

Etudes sur la Législation militaire et sur la Jurisprudence des Conseils de guerre et de révision, 1 vol. iii-80, 1835. Paris, Anselin; Lille, Vanackere.

Conférences sur- le Droit rural (introduction), broch. in -8°, 1848. Lille, Vanackere.

Législation des portions ménagères ou parts de marais dans le » nord de la France, vol. in-8°, 1850. Paris, A. Durand; Lille, Vanackere.

Le Bourgeois de Lille, esquisses locales, vol. in-18, 1851.

Paris, Garnier; Lille, Béghin.

Question de compétence à propos de l'aptitude personnelle à la jouissance de certains biens communaux : affouages, marais, broch. in-8°, 1851. Paris, A. Durand; Lille, Vanackere.


DICTIONNAIRE

DU

PATOIS DE LILLE

PAR

M. Pierre LEGRAND

Nescio quâ natale soluru dulcedine cunctos Dacit, et immemores non sinit esse suî.

(OVID. )

ta S23Q3 Q3Œ3Q'ïS>OCË3iK3 REVUE-ET AUGMENTÉE

--

LILLE V VANACKERE, ÉDITEUR 1 SfiG



PREFACE

En rendant compte de mon ouvrage, dans la Revue du Nord, M. Le Glay disait, avec cette bienveillance qui est l'apanage du vrai talent : « Je prédis une seconde édition au Dictionnaire du Patois de Lille; je vois d'avance cette bonne et belle brochure se transformer en un bon et beau livre que l'auteur enrichira, non pas peut-être beaucoup, quant au nombre des mots patois définis, mais surtout quant aux citations heureuses et aux origines étymologiques. »

Sans me faire illusion sur le peu de mérite de mon travail, j'ai voulu, autant que je l'ai pu, justifier la prédiction démon honorable critique, et, tout en approfondissant la matière déjà traitée, j'ai élargi le champ de mes recherches. Grâce à de nouveaux efforts de mémoire, et servi par des amis complaisants qui, pour alléger ma tâche, sondaient leurs propres souvenirs et tendaient constamment leurs oreilles, j'ai pu ajouter prés de trois cents mots à la collection.

Je me suis appliqué surtout à rechercher les origines des mots que je rencontrais, ou qui m'étaient indiqués, et à les appuyer par


des exemples, afin de justifier de plus en plus cette opinion que le patois de Lille, loin d'être un grossier argot, est la langue primitive de nos ancêtres.

Que patois dérive de ab ataois ou de patriensis, c'est toujours lu langage paternel.

Je ne me suis pas cru obligé, cette fois, à me borner à l'étude des mots, j'ai pensé que le cadre choisi pouvait aussi, jusqu'à un certain point, contenir la définition des choses, et je n'ai pas laissé échapper l'occasion de m'expliquer sur les institutions de la localité.

J'ai trouvé des renseignements précieux dans les anciens trouvères, dans les vieilles chroniques, dans les histoires de l'illustre Valenciennois Froissart, qui connaissait si bien notre Flandre. J'ai pu aussi compulser avec fruit les chartes du pays , notamment le Recueil des Franchises, Lois et Coutumes de la ville de Lille, édité avec tant de soin par M. Brun-Lavainne, d'après le manuscrit de Roisin.

On sait que Roisin, qui n'était pas, comme le pense M. Le Bon, un secrétaire des États de Flandre, mais un modeste clerc de la ville, a eu la patience de recueillir et de mettre en ordre toutes les coutumes traditionnelles depuis 1066 jusqu'en 1377.

Son précieux manuscrit,continué par ses successeurs jusqu'en 1522, contient les matériaux les plus intéressants. Au point de vue philologique, qui rentre plus spécialement dans mes préoccupations du jour, je ne puis m'empêcher de signaler la piquante application de la prononciation patoise qui, au début, tombe sur le nom même de l'humble écrivain.

L'historien Tiroux, qui en fait un huissier à verge, l'appelle sérieusement Rogin; il rapporte que c'était dans son livre qu'on lisait la formule des serments lors du renouvellement du corps échevinal.

C'est dans Roisin que nous trouverons la véritable qualification du langage parlé à Lille au moyen âge.

Ce dérivé de la langue d'oil, que M. Hécart appelle rouchi, et dont M. Gachet fait avec beaucoup d'esprit la langue d'awi, n'est .autre chose que le picard.

Nous voyons eu effet, au chapitre intitulé : « Comment on doit


alter à Sains1, x chapitre biffé depuis sur l'original, le passage suivant des formules, dans lequel le langage parlé à Lille reçoit une dénomination fort explicite :

« Et s'il fust aucuns qui devant eschevins plaidast et ne senist riens dou langage pickart, si doit il yestre rechus à son serment faire par le langage que Ii mius set..

La même formule de prestation de serment renferme des prescriptions matérielles, jugées nécessaires au xive siècle, et dont l'absence a, de nos jours, autorisé plus d'un faux témoignage:

Et si convient que quiconques va as Sains que li pos de la main dont il jure soit mis en le paume desous les autres dois, tant qu'il ara fait son sierment. »

H faut aussi qu'il tienne sa main sur les saints sans croller et sans remuer.

C'est là une précaution que le juge, à l'heure qu'il est, en plein xixe siècle, est encore obligé d'imposer à certains témoins qui ne croiraient pas se parjurer par une parole mensongère passant entre leurs doigts écartés à dessein.

Quant aux femmes, qui n'ont pas encore reconquis, dans les mœurs des campagnes, leur droit d'égalité devant les hommes, à quoi faut-il attribuer cet état d'infériorité, si ce n'est aux vieux usages, nés de la barbarie, et dont nous retrouvons encore un exemple dans ce même chapitre de Roisin, où il est dit que : a Se femme va as Sains, autre si bien le demandans comme le deffendans. li amparlier (avocat) ou chius qui les maine as Sains tiegne se main souz leur puingn au jurer, pour ce que femme est de hastive et de voilage corage plus que li homne soit? »

La plupart des titres recueillis par Roisin sont en latin, mais le texte est accompagné de la traduction contemporaine en roman, et la confrontation des mots n'est pas inutile pour assurer l'exactitude des choses.

i Aller à Sains, c'était prêter serment sur les saintes reliques.


La traduction romane de la charte de fondation de la collégiale de Saint-Pierre, en 4 006, contient une naïveté curieuse.

L'écrivain qui avait ;i transcrire en roman les biens nombreux affectés à la fondation, arrivé au territoire où régnait Lothaire, se trouva arrêté par les expressions latines « juxta aquas grani, » près d'Aix-la-Chapelle, et il les traduisit par ces mots : « Da lez les eiauwes de grain, » près des eaux de grains.

Un peu trop plein de son sujet, peut-être, le pauvre clerc, moins fort que le singe de La Fontaine, avait pris la ville de Charlemagne pour une boisson fermentée.

Rabelais m'aaussi fourni plus d'un renseignement philologique.

Le vocabulaire du malin curé de Meudon s'adaptait parfaitement aux plaisanteries toujours un peu débraillées de nos ancêtres.

Chez eux, comme chez Rabelais, le fond est raisonnable et sain ; la forme seule est toujours triviale, parfois obscène. Elle se ressent des allures brutales d'un pays où depuis trop longtemps la matière est préconisée. Mais quand l'honnêteté publique n'a pas cessé de percer à travers le langage, quel qu'il fût, quand la rudesse des mœurs a contribué à entretenir la droiture de l'esprit, doit-on regretter trop vivement un défaut de goût ou de bienséance?

Nous le disons bien haut : Dans aucun des fantaisistes lillois, depuis Jacquemart Giclée, le sagace auteur du roman de Renard, jusqu'à Brûle-Maison, jusqu'aux chansonniers populaires de nos jours, on ne rencontrera ces plaisanteries villonniennes qui sentent la corde, ces apologies des petites indélicatesses, ces allusions déplacées aux châtiments judiciaires, qui constituèrent trop longtemps le fond des poésies poissardes, à l'usage du peuple de Paris qu'elles corrompaient.

Il est vrai qu'à une certaine époque le pilori était à la Halle.

Quant à nos chansonniers lillois, rimant pour le peuple ou pour la bourgeoisie, ils se sont toujours inspirés du milieu honnête dans lequel ils vivaient, et toujours on a pu leur appliquer le vers du poëte latin, si heureusement rappelé ailleurs par M. Arthur Dinaux, à propos des trouvères de la Flandre :

Lasciva est nobis pagina , vita probo est.


J'ai parlé de Brûle-Maison.

Pourquoi ce chansonnier, dont le mérite littéraire est si nul, a-t-il vécu jusqu'à nos jours dans la mémoire du peuple de Lille et des campagnes? C'est parce que, sous la rudesse de la forme et la crudité de l'expression, il personnifiait en lui l'esprit et le bon sens du pays; c'est qu'il est devenu un type comme autrefois Renard ou Isangrin, comme depuis Mayeux, Robert Macaire, Cocambo; c'est que son œuvre, qui n'avait pas eu de commencement connu, ne devait pas avoir de fin et devait se perpétuer, sous son nom, aussi longtemps que persisteraient les travers qui l'inspiraient, et l'humeur maligne qui porte à les châtier par le ridicule.

Le cercueil de François De Cottignies vient de descendre sur le pavé de la Petite-Place, par une fenêtre de sa maison; — le malicieux chansonnier avait donné d'avance, pour son dernier vêtement, une mesure qui ne permettait pas le passage par l'escalier'; — les Tourquennois respirent comme au jour où, pris par les Partisans, Brûle-Maison devait être pendu à Tournai2.

Triomphe d'un moment ! Le recueil des chansons et pasquilles se poursuit et se grossit à la grande joie du peuple de Lille qui ne peut s'en passer.

Brûle-Maison est mort; vive Brûle-Maison!

C'est à ce point que l'on s'obstine encore aujourd'hui à lui attribuer la paternité de toutes les chansons qui se trouvent dans la 5me édition du recueil in-32, imprimée chez M. Vanackere, y comprises celles sur la Conscription des Chiens3, que le sujet reporte évidemment à l'Empire, et la nouvelle procession de Jeanne Maillote, en i 825 4 !

Pourquoi pas?

1 Tout l'inonde rit D'vir arriver l'mort pn l'fernieltc Pasque l'sémontés sont trop'tits.

(DESROUSSEAUX.) 3 Etrennes tOltrqllenllOis/!s, 1er recueil.

3 Etrennes tauquennoises, 10e recueil.

t Ici. Ici.


Le même recueil ne fait-il pas sérieusement figurer le nom de Brûle-Maison dans Y Art poétique de Boileau ?

Je transcris la note de l'avant-propos :

Drùle-Maisoll chanteur, par mille traits plaisants, Distilla le venin de ses traits médisants; Aux accès insolents d'une bouffonne joie La sagesse, l'esprit, le bon sens fut en proie.

On vit par le Lillois un poète avoué S'enrichir aux dépens du Tourquennois joué r.

Brùle-Maison a eu les honneurs d'une notice deM. Arthur Dinaux, et, tout récemment, il a trouvé place dans la Galerie des Chansonniers populaires, publiée par M. Charles Monselet danslejournal Paris sous ce titre : la Comédie naïve.

« Ses parades rimées, dit M. Monselet, offrent ce caractère de réalisme dont notre siècle se montre si friand. — Les peuples neufs ont faim de poésie, les peuples vieux n'aspirent qu'a la réalité.Voici une des pièces de Decottignies d'une philosophie usuelle. »

Et M. Monselet donne le dialogue entre un mari et une femme, intitulé : Pasquille plaisante en patois de Lille*, dans laquelle il reconnaît une mélancolie et une douceur qu'on ne rencontre pas, dit-il, dans toutes les œuvres de Brûle-Maison.

On ne s'étonnera pas des citations nombreuses que j'ai empruntées à cet auteur, qui, par lui-même et par ses satellites, renferme dans son œuvre toute l'école patoise.

Elles suffiront sans doute pour justifier les définitions des mots de mon Dictionnaire, mais elles seraient impuissantes, je le reconnais, à pénétrer le lecteur, étranger à la ville, de tout ce qu'il y avait de comique de bon aloi, et en même temps de finesse d'observation dans le chansonnier lillois.

Il faudrait copier tout le recueil.

i Cette parodie du législateur du Parnasse est en réalité de notre compatriote André l'anckouke. Elle a été copiée dans un poëme sur la bataille de Fontenoy, en 1745.

2 Etrennes tourquennoises, 4e recueil.


M. Monselet vante la douce philosophie de la pasquille entre - le mari et la femme. Quelle franche gaieté ! quelle peinture etacle du àqm lillois dans le dialogue entre le Savetier et la Tourquennoisé qui finit par pousser à bout son interlocuteur, à propos d'une paire de souliers qu'elle cherche vainement dans tout l'étalage du savetier pour son garçon ! ! ! Et, à côté de cela, quelle leçon de tolérance donnée, dans sa Chanson plaisante, à tous les persécuteurs de l'esprit français.

Brûle-Maison est arrêté par des Partisans, la poche garnie de ehtmoM piquantes contre les uns et les autres; que deviendra-t-il?

Les Tourquennois le pendraient sans miséricorde ; Mazarin se serait contenté de le faire financer; les Partisans parlentde l'envoyer aux galères, Avec on' plume de vingt pieds T'écriras sur le grand papier.

Mais le chef de la bande, plus modéré, le renvoya avec cesparoles pleines de magnanimité :

Il faut vivre avec ceux qu'on est !

Les chansons ne font pas la guerre,.

Mais la guerr' fait fair' les chansons Va, retir'toi, Brùle-Maison 2.

De Cotlignies, ainsi que le montre suffisamment la forme de ses pasquilles rimées, la nature même des plaisanteries qu'il débite, avait dû s'inspirer des vieilles légendes du pays, il connaissait les farces et les soties qui, avant lui, étaient en possession d'amuser la province.Certes, il lui était bien permis de s'approvisionner aux sources auxquelles ne craignait pas de puiser Molière lui-même, qui regardait comme son bien tout ce qu'il trouvait de bon.

1 Etrcnncs tourquennoises, 3e recueil.

2 Chanson plaisante sur le faux-bruil que Brute-Maison était pris d'un parti de France.

(Etrennes lourqucnnoites, t" recueil.)


Je cite au hasard, à titre de preuve, la vieille farce de maître Mimin, rapporlie dans la Bibliothèque Elzevirienne.

Maître Mimin a désappris sa langue à force de se barbouiller de latin. Quel est le remède à cela? Sa mère l'a trouvé:

Pour lui rapprendre son langage, Nous le mettrons en une cage, On y apprend bien les oiseaux A parler.

N'est-ce pas l'expédient inventé par le Tourqucnnois pour le jeune Flamand qui lui est confié '?

Tout d'm"rne qu'un perroquet, J'te mettrai en guéole, T'apprendra à parler Peut-ètr' clionq'six paroles.

Brûle-Maison mourut à Lille, le 1er février 1740.

Nous voyons la date exacte de son décès dans le billet de mort soigneusement conservé dans le musée spécial dcM.Gentil-Descamps.

Mais la marotte du chansonnier n'était pas tombée en quenouille.

Il laissa un fils, Jacques De Cottignies marchand mercier, éventailliste, rue des Récollets, à la Lunette (FAngleterre, tenant aussi boutique à la Foire, sur la Petite-Place, vis à vis la Bourse.

Celui-ci, soit occasion, soit dédain du mirliton paternel, parait disposé à emboucher la trompette guerrière.

Nous avons de lui des vers naïfs, ainsi qu'il les appelle, sur les conquêtes du roi Louis XV en Flandres, et sur les événements heureux qui signalèrent la fin du règne de ce monarque :

En l'honneur du roi de France, Un fet des verses plein des banses, Des quanchons, des arguments De Paris, de Lille et de Rnuen.

En vela qui sont encore tout moises Que j'ai fait en langue lilloise.

1 Etrennts tourquennoises, 4" recueil.


Il chante ainsi, en mars 4743, l'armée française marchant sur Fontenoy, et le maréchal de Saxe qui la conduit à la victoire :

Qu'il a l'mine guerrière !

Un voit bien qui n'est point sot, Dans s'calècbe d'ozière Un dirot qui fait dodo.

Ne rions point : cette calèche d'osier c'est celle qui porta aux endroits les plus périlleux du combat le héros malade, souffrant, mais jaloux de justifier cette belle parole de Bossuet : « Qu'une grande âme est toujours maîtresse du corps qu'elle anime. »

Puis vient eu 1746 la prise de Bruxelles où se trouve :

Un marmouzet fait de métal Qu'un a jamais vu son égal.

Celle de Malines :

Hu qu'on fait de si biaux dentelets Pour rachemer les grosses madanr.es.

Celle de Louvain :

Dans chel ville qu'on fait des savants Qu'on y brasse del si sotte bierre.

Plus tard, le mariage du Dauphin et la grossesse de la Dauphine excitent de nouveau la verve du chansonnier naif :

l/gfucheclie d l'biell' fill' du roi Mérit' bien qu'un facile eunn' sequoy.

Souhaitons qui viennt' autant d'garçons Qu'unn' rnaronn' a d'p'tits boutons !!!

Quelle chute!


Qu'il y a loin de l'esprit goguenard et frondeur de Brûle-Maison à ces platitudes officielles!

Si déjà nous voulions établir que l'humeur lilloise se prête peu à la courtisannerie de Louis XIV à nos jours :

Les exemples fameux ne nous manqueraient pas!

La Révolution, à son début, parait avoir inspiré la musepatoise.

Un dialogue entre deux savetiers, au sujet des députés du tiers état, nous apprend l'opinion du peuple à ce sujet :

Je te dirai donc min compère Qu'un a mal infllé l'affaire : Fallait leur donner un. Begliin i, Les coses auraient été leur train.

Suivent les conseils au député :

Quand ion tour ven'ra de parler, 1 faut tousser, éternuer, Se tenir droit, et puis dir' : Sire, Je vous parle pour obéir.

V ingL-un millions du tierche étal, Qui sont réduits sur le grabat Ont toudis payé les impols, Sans murmurer, sans dire un mot; Que le clergé et la nobléche A son tour les impôts payclie.

Nous ne trouvons pas de trace de chansons populaires pendant la Révolution.

Dans sa puissante centralisation qui absorbait le pays tout entier, la France n'avait qu'un chant, c'était la Marseillaise, chant immortel qui, malgré le nom de son auteur, ne se rattache en rien à l'histoire de Lille.

En dépit de l'axiome du partisan que j'ai cité plus haut, l'Empire,

1 Nom d'un candidat populaire.


toujours en guerre, n'a pas fait naître beaucoup de chansons; je Crois qu'on garda prudemment en portefeuille celles qui se trouvent dans le recueil n° 40 sur la Conscription des chiens, et sur la Descente en Âtagleterre.

Le pouvoir , qui prenait ombrage de la pacifique légende du roi d'ivetot, de notre Béranger, n'aurait pas souffert la moindre allusion, même en patois, à ces sortes de choses.

La Restauration se dédommagea pleinement de ce long mutisme.

De nombreuses chansons signalèrent à Lille son avènement.

Nos oreilles cornent encore de celle qui fut composée en l'honneur de FonUinier i S'ir la p'tile place » y a un boulanger, Dieu, par sa grâce.

Le roi il a sauvé.

S'tr la p'iite place Il y a un boulanger.

Je ne dirai rien du règne de Louis-Philippe. Une seule chanson.

patoise de ce temps-là est restée célèbre. Avouons, à la, louange du peuple, qu'elle accusait les rancunes du pouvoir plus que les instincts d'opposition de la masse. Le peuple ne connaît pas la raison d'Etat. Dans sa bonne nature, il n'a que des sympathies pour le malheur, et ce n'est pas lui qui aurait flagellé une princesseexilée.

Enfin Desrousseaux vint, et le premier à Lille Dans le chant populaire introduisit le style, Assouplit notre accent sous de moins rudes lois, Et réussit à rendre aimable le patois.

Citer Manicourt, Marie-Claire et la Canchon Dormoire, c'est faire l'éloge d'un talent naif et souple à la fois qui mérite la popu- larité dont il jouit dans les ateliers et dans les salons.

Brûle-Maison a trouvé son mailre.

Desrousseaux a fait école; nous voyons autour de lui une pléiade de jeunes auteurs, Dubuc, Danis, Charles Decottignies, qui s'honore de sa parenté avec le premier du nom. Henri Six,


Louis Vermcsse, et d'autres qui s'attachent à réhabiliter le patois de Lille, et, tout en l'épurant, à conserver le moule poétique dans lequel, depuis plusieurs siècles, le peuple lillois jette, aussi librement qu'il le peut, ses plaintes, ses regrets, ses joies, ses espérances, pour en faire sortir, au moment donné, quelque piquante boutade ; en temps de carnaval, des milliers de chansons, lancées à la foule impatiente, remplacent spirituellement les fades confetti de plâtre dont le peuple de Rome blanchit les passants du Corso à cette même époque.

Je sais bien que certain critique préfère le bon français, comme il préférerait sans doute l'Apollon du Belvédère à la statue tronquée de Pasquin et de Marforio.

Ce serait plus beau, mais l'emploi ne serait plus le même.

L'esprit gaulois se sentirait gêné dans ses habits neufs, laissons-lui son vieux sayon.

Est-ce qu'il n'y a pas assez de poètes qui cultiventle bon français?

Conservons dans notre coin du Nord le patois de nos pères; gardons-nous seulement de l'altérer par l'argot, cette langue des prisons et des bagnes, ou, pour parler comme un grand poêle : « cette langue entée sur la langue générale comme une espèce d'excroissance hideuse, comme une verrueI. »

De l'argot au patois il y a un abîme qu'illlc faut pas franchir.

l Violor Hugo, Dernier jour ifun Condamné.

Mai 185G.


PRÉFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION

bans son examen critique des dictionnaires, M. Charles Nodier demande si le dictionnaire concordant des patois d'une langue ne serait pas un des plus beaux monuments qu'on pdt élever à la lexicologie.

Loin de moi la prétention de chercher à réaliser complétement te vœu de l'illustre philologue.

L'œuvre serait au-dessus de mes forces.

Mais pour que l'architecte, encore inconnu, puisse élever ce noble édifice, il faut que chaque patois local lui apporte sa pierre, et j'ai voulu tout simplement, obscur pionnier, fouiller dans mes souvenirs de Lillois pour rassembler quelques matériaux.

Un mot sur l'origine du patois de Lille : Quel que soit mon désir d'illustrer le dialecte natal, il ne me paraît pas possible d'adrnettre l'opinion de M. Derode, qui le fait découler d'une source particulière.

Les patois dérivent de la langue primitive, comme les rameaux d'un même tronc, et ce tronc commun, c'est la vieille langue française de laquelle, ainsi que nous aurons occasion de le faire remarquer par de nombreux exempTes, notre patois diffère très-peu.


Quand Jules-César pénétra dans les Gaules, il y trouva, comme dialectes, au midi l'Aquitain, au nord le Belge et le Celte, dérivés de la langue mystérieuse des Gaulois; l'occupation romaine modifia profondément l'idiome piimitif, à ce point que déjà, au J'e siècle, la langue des vainqueurs avait presque complètement absorbé celle des vaincus ; vint ensuite l'invasion des hordes germaines qui, dépourvues de l'ascendant que la civilisation romaine et le christianisme avaient donné à la langue lat'ue, ne purent faire triompher partout, comme aux bords du Rhin, le langage tudesque. Lorsque le fiot se retira de notre pays du Nord, il ne resta sur la plage que quelques (laques où germa le flamand.

Enfin, au VIIe siècle, commença de s'opérer, entre le gallo-romain et le germain, ce travail de fusion qui produisit le roman d'où devait sortir la langue française.

Pendant que ce mouvement s'accomplissait dans les grands centres Intellectuels, il était suivi dans les provinces, mais de loin, mais avec des modifications amenées par mille causes locales.

Une fois émancipée, lalangue française, pratiquéepar les seigneurs de la cour et de la ville, cédant aux caprices de la prononciation à la mode, mêlée aux alliances étrangères, se pliant aux tyrannies des grammairiens, domptée par des plumes d'élite, s'est insensiblement (;cartée de son point de départ ; le patois, au contraire, qui se glorifie de son étymologie — ab atavis — venant des dieux, le patois, parlé par le peuple ouvrier et campagnard, s'est moins détourné de son berceau; il s'est conservé plus fidèlement.

Il en a été du langage, pour le peuple, comme du vêtement, auquel il reste si attaché; ajoutons, comme du patriotisme, comme de la religion, comme de toutes les nobles traditions dont le foyer ne s'éteint jamais dans son cœur.

Aussi, bien que les divers dialectes du nord de la France soient également formés de mots fondamcntaux- reliquats celtiques, latins et tudesques — ne devons-nous pas nous étormer des variétés qu'ils offrent entre eux, et surtout avec la langue-mère.

Tel est notre patois de Lille. Ce n'est exclusivement ni le rouchi, ni le wallon, ni le picard, idiomes voisins, ses frères en langue d'oil, c'est encore moins la langue française.

Une circonstance particulière doit avoir contribué à individualiser


notre patois, j'ourai dire à le relever; il a rencontré un poète, et un poète chanteur. C'est une double chance d'immortalité.

Les vers sont enfants de la lyre.

Il faut les chanter, non les lire.

C est ce qu'a pensé François Decottignies, plus connu sous le nom de Brûle-Maison.

Il est peut-être utile de dire ici, pour les personnes qui ne sont pas de Lille, qwJFrançois Decottignies, trouvère et jongleur, exerçait ton industrie de chanteur et de feseur de tours sur les marchés de lM", et qu'U doit son sobriquet de Brùle-Maison à l'habitude qu'il avait de brûler un petit château de cartes dont la flamme, aperçue de loin, attirait autour de lui un grand concours de chalands.

Brûle-Maison, né en 4679, est mort en 4740.

Ce poète,— il mérite ce nom, - a compris tout ce qu'il y avait de verce gauloise, d'ironie malicieuse sous ce masque placide de l'ouvrier lillois, tout ce qu'il y avait de ressources, pour le vers mordant et satirique, dans son langage cru et décolleté.

Brûle-Maison a profité d'une de ces inimitiés de voisinage, autrefois plus fréquentes qu'aujourd'hui, entre les diverses localités d'un mime pays, pour aiguiser ses refrains contre l'excellente ville de Tourcoing.

Jamais Athénien, jetant à poignées le sel de son terroir sur les infortunés Béotiens, jamais le Dijonnais Piron, coupant les vivres aux Beaunois qui le poursuivaient, en abattant du tranchant de sa canne les chardons du chemin, ne se montra plus acharné, plus persévérant dans sa rancune que ne le fut Brûle-Maison à l'égard denos voisins.

Tourcoing, hâtons-nous de le dire, n'était point alors cette riche, honnête et industrieuse cité que l'on pourrait présenter comme modèle; c'étaitune façon de chef-lieu villageois, dans lequel Brûle.

Maison paraît avoir concentré l'antipathie qui, à cette époque, existait entre les citadins et les paysans ; ces derniers toujours représentés comme des types de crédulité et de bêtise, en même temps que de suffisance.


Le Tourquennois qui avale une araignée, celui qui croit que son baudet a bu la lune, celui qui, pour avoir des carpes, en a semé les croques, la Pasquille entre une Tourquennoise et un savetier de Lille, le Flamand mis en cage, l'Histoire en prose de M. Herreng et de Pierre-Joseph Delbassedeule, sont de petits chefs-d'œuvre.

Brûle-Maison n'a pas épargne ses compatriotes; ses chansons sur les Buveuses de Café, sur les Blasés, sur les Fourberies des Cabaretiers, témoignent de son esprit d'observation et de son courage à cingler les vices et les ridicules.

Comme Taconnet, l'acteur qui excellait dans les savetiers, et de qui l'on disait qu'il serait déplacé dans un cordonnier, Brûle-Maison devenait détestable toutes les fois que, sortant du genre grivois, il voulait élever un peu son vol à la suite des œuvres de Collé et de Pannard, qui arrivaient jusqu'à lui. Ses coq - à -l'âne ne supportent pas la lecture, et il suffit de citer les deux premiers vers de la chanson sur la maladie qu'il afaileàDouai, pour juger lapièce tout entière :

Que Douai est de conséquence, Un chacun le trouve joli.

J'adresserai le même reproche aux poètes de l'école de BrûleMaison, qui empruntent le patois de Lille pour composer des romances sentimentales ou des couplets à pointes de vaudeville ; non pas que je veuille dire qu'ils forcent leur talent en agissant ainsi, mais je soutiens qu'ils faussent l'instrument sur lequel ils chantent. Il ne faut pas séparer le fond goguenard et narquois du Lillois, de la forme rabelaisienne de son patois.

Quoiqu'il en soit, Brûle-Maison a exercé une grande influence sur notre patois, pour lequel, sans tracer de règles précises, il a établi, par ses chansons, une sorte de poétique conservatrice.

Son recueil, continué par son fils, Jacques Decottignies, auteur des Vers naïfs sur les Conquêtes de Louis XV en Flandres, s'est grossi chaque année des œuvres de collaborateurs anonymes.

Indépendamment de ces pièces imprimées, il en existe d'autres, d'une bouffonnerie admirable, qui sont confiée, comme les


rapsodies antiques, à la mémoire des conteurs. Je citerai notamment le- Carrousel dans un grenier, la Statue de saint Christophe, le Lillois sorcier.

Encore aujourd'hui le peuple, fidèle au culte du chansonnier sorti de son sein, consacre d'habitude, par des pasquilles rimées, les souvenirs drolatiques de la ville et du foyer.

C'est surtout en temps de carnaval que la verve du poète populaire s'aiguise et se déploie. Une chanson en patois est composée sur un des événements de l'année qui ont le plus impressionné la population; elle est imprimée aux frais d'une société, et, le mardi gras, chantée du haut d'un ehar par cinquante voix criant sur tous les tons et sous tous les costumes, avec accompagnement oblige de grosse caisse, elle est vendue par milliers aux ouvriers dont elle défraie la gaîté jusqu'au carnaval suivant.

Comment veut-on que le patois se perde avec ces éléments reproducteurs?

Malheureusement ces chansons, sans être obscènes, ne se distinguent point toujours par la finesse de leur atticisme.

De tous les événements passés, celui qui prête le plus à l'équivoque grivoise sera le premier choisi.

Que voulez-vous ?

Le peuple, dont nous rappelons le langage naïf, a les défauts de ses qualités; S'il est franc dans la pensée, il est cru dans l'expression.

Le Français, dans les mots, veut être respecté.

Mais le patois lillois brave l'honnêteté.

J'ai besoin d'insister sur ce point pour me faire pardonner, à l'avance, le ton libre, brusque et assez peu parlementaire des citations que j'aurai l'occasion de produire à l'appui de mes définitions.

Le dictionnaire que je présente est loin d'être complet. Une foule de mots, surtout parmi ceux qui sont spéciaux à certaines professions, a dû échapper à mon attention et à ma science. J'ai écarté volontairement ceux qui, d'origine et d'application françaises, n'avaient du patois que la prononciation. A ce compte il faudrait faire entrer


Napoléon Landais tout entier dans le vocabulaire lillois. Je n'ai pas voulu donner droit de cité dans notre patois à cet affreux argot de Paris, que rapportent quelques ouvriers de leur tour de France. En revanche, j'ai peut-être été trop loin dans mes admissions, j'ai peutêtre laissé entrer, sans passe-port en règle, des expressions qui, pour être de la langue d'oil, ne sont pas précisément écloses dans l'îlot de la cour Gilson; cela est possible.

Il y a des critiques plus graves que j'attends, sans trop m'en effrayer; ce sont celles qui porteront sur les définitions. J'ai mon excuse dans la difficulté même du sujet : omnis definitio periculosa.

J'ai aussi ma consolation d'amour-propre dans la faillibilitéproverbiale des grammairiens. Quant aux étymologies, malgré l'ampleur du privilége qui, au moyen des apocopes, des contractions, des syncopes, des transpositions et substitutions de lettres, permet de faire incontestablement dériver alfane d'equus * ; j'ai cru devoir, à cet égard, réfréner mon imagination.

D'ailleurs, ainsi que je l'ai dit plus haut, je n'ai aucune prétention philologique, J'ai été frappé de la rapidité avec laquelle disparaissaient chaque jour tant de mots de notre idiome, et j'ai cherché à en préserver quelques-uns de l'oubli. Je ne suis pas le peintre qui, en reportant sur une toile savante un édifice ancien, lui donnera une nouvelle vie; tout au plus suis-je le manœuvre qui, en fixant sur une plaque, à l'aide du daguerréotype, des objets près de s'effacer à jamais, prolonge un instant lettr existence. Un autre, sur les moins mauvaises de mes épreuves, reconstruira le passé.

Enfn, quoi qu'il arrive, ce qui dominera toujours pour moi dans mon travail, c'est le bonheur que j'ai goûté à remuer mes souvenirs d'enfance, c'est la joie d'avoir pu rencontrer une occasion nouvelle de m'occuper de l'histoire d'une ville qui m'est chère à plus d'un titre.

Juillet 1853.

* Alfane vient tfEquus, sans ilouic, Mais il faut avouer aussi Qu'en venant de Iii jusiju'ici.

Il a Lien changé sur sa roule.


ESSAI SUR LA PRONONCIATION LILLOISE

A

Cette lettre, qui se prononce très-ouverte à la fin des syllabes et des mots, comme dans la, papa, embarras, prend le son de l'e quand elle est suivie de l'r. On dit : lerd, lierd, pater, craine, pour lard, liard, patar, crâne.

On dit aussi : plenures, esplenate.

On peut du reste faire remarquer ici, comme règle générale, que le patois de Lille est fort sobre de l'accent circonflexe; il prononce patte, cremme, conne, pour pâte, crêmc, cône.

Il ne connaît pas davantage les lettres mouillées : portail, éventail, médaille, font pour lui : portal, éventai, médale.

A s'élide dans les articles et pronoms féminins : l'femme, s'mère, rn'sœu,r. Au commencementde certains mots patois, la lettre a forme une espèce d'augmentatif,


acraventer pour craventer, agripper pour gripper, anicher pour nicher; apateler, atarger,atomber, pour pateler, targer, tomber.

B

B sonne devant toutes les voyelles.

c

C initial se prononce k devant a, o, u : capon, comédie, culotte. Même prononciation quand il est immédiatement suivi de h, dans charpentier, charbon. Ce son dur, substitué au son plus doux ch, est, suivant M. Fallot, un signe de l'influence flamande.

C conserve le son de k dans chemin, chemise, chien, dont le patois fait kemin, kemise, kien, et aussi dans mouche qu'on prononce mouke.

Il faut convenir que cette prononciation se rapproche beaucoup plus des origines caminus, camisa) canis, musca, et même du français primitif. Il est curieux de montrer ici, par un exemple, la ressemblance frappante qui existe entre notre patois et le vieux langage de nos pères. Je lis dans la Farce de Pathelin les vers suivants : Qu'est-ce qui s'attaque A men cul? est-ce une vaque Une mousque, ou un escarbot?

Ne les croirait-on pas extraits d'une pasquille de Brûle-Maison?

On dit cependant assez souvent — mais ce sont les beaux parleurs qui s'expriment ainsi — sercher pour chercher, sarg&r pour charger, ranger pour changer.


Il est curieux de retrouver ce mode de langage au xvi* siècle : N'oser aclendre ce dont il a été *i souvent cette annfe se vanter de le cercher.

(Lettre de la reine Marie de Hongrie au Bailli du Brabant-Wailon 1554.)

Peul-on s'étonner de ces bizarreries de langage, quand les gens qui disent fréquemment caqse pour casque, ne peuvent s'habituer à dire fixe au lieu de p,que?

C se prononce ch devant les voyelles e et i : plachette pour placpi te, ichi pour ici, chelle pour celle.

C'est encore, dit M. Fallot, un indice du flamand.

D

D, suivi d'un e muet, prend le son du t : limonate, salade* malate.

E

E est la voyelle la plus caractéristique de l'accent lillois. La façon dont il prononce les é fait reconnaître l'indigène pur-sang sous toutes les latitudes.

Il ne dit pas bonté, café, ainsi que l'enseigne M. Lhompnd, mais bontaye, cafaye; et cette prononciation s'applique à toutes les désinences en é.

Ici encore les patientes recherches des érudits sont venues justifier le patois de Lille. La modification de la prononciation de l'é par l'apposition de l'i remonte aux premiers temps de la langue française. On terminait par «îles adjectifs et les participes passés, comme rachetei, supplantei, et les substantifs féminins comme virginitei nativilei.


Au commencement et au milieu des mots e se prononce comme s'il était suivi de u peure, meure, pour père, mère.

E, suivi de m ou de n, se prononce presqu'invariablementm : imharras, infants, pour embarras, enfants.

E se change en i dans bateau, château, chapeau, dont on fait batiau, catiau, capiau.

Suivi de u, il fait on : jone homme pour jeune homme.

Il se prononce iè dans fête, tête, bête, belle, etc. : fiête, tiête, etc.

Enfin il s'élide fréquemment, surtout dans les articles et les pronoms : l's'infants, m's'amis.

Cette élision n'est qu'une réminiscence de l'ancien français, où on l'employait très-fréquemment pour éviter l'hiatus.

F

F remplace le V presque partout au milieu et à la fin des mots : veufe, brafe, cafe, pour veuve, brave, cave.

G

G a retenu l'aspiration gutturale du flamand dans gaufres, anguilles, aiguilles, qu'on prononce waufes, anwuilles, aiwuilles.

Il s'adoucit à la fin des mots déluge, ouvrage, éponge, pour faire déluche, ouvrache, épanche. Quand on ne dit pas : une éponche, on dit : une ponge.

C'est ici le lieu peut-être de signaler un idiotisme de langage fort remarquable. Quand le Lillois, pour le besoin de la conversation, forge des mots, il les termine en age, qu'il prononce toujours ache. A quelqu'un qui l'importunerait, en lui parlant de n'importe quel sujet :


noce, travail, musique, il répondra qu'il s'inquiète peu de tout ce noçage, travaillage ou musicage.

L'peur qu'on a de s'mette in ménache, * Va, laictaons cha pour les rifh's gens ; Avec leus argint 1 n'acatront mie du riage.

(Brùle-Maison. — Tableau du mariage.) No roi a là un mattre fieu.

Si un prie pour les bons bajeui No Dauphin ara du priage Comm' étant hard à fair' babage.

(Poilme burlesque de la bataille de Fontenoy, dédié au sot de Lille.)

De même que dans l'ancien français, gn sonne n : sur la montane, à ma campane.

Gle se prononce gue, ongue pour ongle, aveugue pour aveugle. C'est une conséquence de la suppression des liquides remarquée chez les anciens auteurs. Gue, terminant un mot, se prononce que : baque pour bague.

Ge, quand il ne s'adoucit pas en ch, sonne dur comme que : vel! j'planque. regarde, je plonge.

Plonquer s'qucnne au Réduit.

(Brùle-Maison.)

H

H ne s'aspire jamais : un sapeur aveu s'n'hache.

D'z harengs et dYharicots.

1

7 remplace e dans presque tous les mots en em et en.

Un infant innuyeux, imbétant. On dit mi, ti, li, pour moi, toi, lui.


J

J prend le son dur du dans jardî« ~b, jarrelière, jambon, qui font gardin, guertier, gambon.

K Voir C.

L

L isolée sonne en patois comme en français ; redoublée, elle ne se mouille jamais. On dit aujourd'hui, comme au XIVe siècle : mervelle, consel ; ce dernier mot se rapproche plus de consiliurn que conseil. On prononce famile, andoule, patroule, bouli, feule. Cette règle n'a pas d'exception.

La lettre l est fréquemment transposée. On dit une blouque pour une boucle. La déclinaison macaronique célèbre : Deblouque memae, Deblouque memarum

prouve que cette transposition est ancienne. Ici le patois et l'ancien français ne seraient pas d'accord avec l'étymologie qui fait dériver boucle de fibula.

On dit aussi Inguclterre pour Angleterre, labelier pour tablier.

Souvent l disparait : ble se prononce be : un homme capabe; c'est abominabe. A son tour le b s'efface dans diable qui fait diale; bl dans certains mots se métamor-


phose complètement ; ainsi, pour semble et ses similaires, on prononce senne.

Ir vk, Y a longtemps à chou qu'ça me senrte, Qu' nous n'avons point été ensenne.

L a la même influence de décomposition après d'autres consonnes. On voit fréquemment étranner, tranner, pour étrangler, trembler.

On comprend la difficulté, pour ne pas dire l'impossibilité, de tracer des règles grammaticales au milieu d'une pareille confusion. L'oreille seule et l'habitude peuvent sûrement guider l'observateur.

L s'emploie aussi euphoniquement : Regardez là bcu-l-CN bout, cell' là-l' qui vient.

M

M. Prononciation ordinaire.

N

N. Prononciation ordinaire. Euphonique comme chez les Parisiens, pour adoucir certaines liaisons ; mais cet emploie de l'n est assez rare.

On dit : M n'homme pour votre homme; pain ft' épice pour pain d'épice.

Les femmes de courette 1 n'en fêtent aussi. )

(Brûle-Maison.- Buveuses de café.)


0

0, surtout suivi de n, se prononce comme s'il était précédé d'un e. Alleons! un bateon, un'cancheon, m'capeote; j'sue d'keau; eh! souleot!

Les pronoms possessifs mon, ton, son, se prononcent min, tin, sin: Hom doit avoir sen plichon, sen blancket, sen labart fourré, sen auqueton.

(Roisin.) Souvent o disparaît dans ces mêmes pronoms par l'effet d'uneélision très-commune, m'n'ami, fn'onque. Signalons à ce propos cette autre locution lilloise : Vo min peur, sin mon onque.

Oi, ou conservent parfois le son de l'o. Ro bot, co pour coup.

p P conserve le son ordinaire.

Q Q précédant u a le son du c dur ou k.

Il ne se fait pas sentir à la fin de coq, on prononce co, ainsi qu'on le prononçait dans l'ancien français, comme le prouve le mot codinde.

Qu s'emploie euphoniquement: Que de fables qu'on conte à Lille!

(Brùle-Maison. )

plus souvent après la conjonction quand Quand qu'on est si bien ensemble Poudro-l-on jamais se quitter.

(Chœur (le la Maison isolée.)


On connaît le mot du filtier invitant, un jour du Broquelet, sa sœur à monter en fiacre avec la famille : Arrive, IIcmique, nous risommes qu'à qu'onze.

Pareil scrupule euphonique existe dans le patois du Pas-de-Calais.

Comme, à la réunion des Etats généraux, on appelait les députés du Bailliage de Pernes, un seul se présenta : « Et vos collègues, dit l'huissier? Monsieur, répondit le député, nous ne sommes qu'à qu'un. »

R

A la différence du français d'autrefois qui écrivait arbre et marbre, par respect pour l'étymologie, en prononçant mabre et abre — prononciation vicieuse qui nous a laissé candelabre au lieu de candelarbre,- le Lillois écrit tout à la fois, et parle de cette dernière façon : une fille mabrée, un abre à prones.

R disparaît aussi dans mécredi.

Toutes les transpositions de l'r n'ont pas été heureuses.

En disant broder, pour border (garnir le bord), fromage, pour formage (venant d'une forme), le beau langage a détourné ces deux mots de leur sens étymologique.

Malgré le bon français, le Lillois persiste avec raison à dire pauver monde, pauverté pour pauvre monde et pauvreté; pauper, paupertas. S'il dit pernez pour prenez, il y est:autorisé par ce vers de la chanson de Roland :

Pernez mil francs de France notre terre.

Et le Français qui dit une brebis et un berger peut-il décemment reprocher au Lillois de dire une berbis et un bregier, quand la racine commune vervez les constitue tous les deux en faute?


Il faut laisser au patois lillois cette transposition spéciale qui lui fait prononcer ereevoir pour recevoir, erclamer pour réclamer, et l'oblitération complète de l'r dans registe, maite, pupite, papier à letle.

S

S, même isolée, a toujours la prononciation douce : Une voleusse, une menteusse.

Entre deux voyelles, plutôt que de prendre le son dur du z, elle se prononce comme lej : prijeon pour prison;

rojin pour raisin, majon pour maison, nogelte pour noisette. C'est un ojeau pou Vcat, dit-on d'un homme croqué, qui a un pied dans la tombe.

S, doublée, a le son du ch doux : picher, glicher, pour pisser, glisser.

T

T n'offre rien de remarquable dans la prononciation.

U

Va fréquemment le son d'eu; eun' femme, des leunettes, un' leumerotte, alleumer s' pipe.

U pour où, ubi.

U, con jonction, pour ou, aut, se retrouve dans les lois de Guillaume le Conquérant, monument du XIe siècle : Et si alqueus u queus u prévost, Et si quelqu'un ou comte ou prévost.

A joutons, pour justifier surabondamment l'impossibilité de donner une règle précise de prononciation


lilloise, que feu se prononce fu, et peu, pau. gross' tief pau de sens.

y

Voir F.

w

Wa le son ordinaire; il se rapproche du v dans lesmots du vrai patois de Lille.

X

X, au commencement d'un mot, se prononce commes'il était précédé de e : Exavier pour Xavier.

Il a le son de l's dans exterminer, excuser. Il se décompose plus souvent en cz qu'en cs.

On dira notamment Aleczandre; on dit aussi : prix fisque.

Y Z

Ces deux lettres se prononcent comme en français.

Z est parfois employée comme lettre euphonique.

Courir à-z-œués, chercher des œufs, les yeux bandés ; aller à-z-œués, sauter rapidement à la corde ; ce qu'on appelle à Paris faire du papier mâché.

Je ne terminerai pas cet essai de grammaire lilloise sans présenter quelques observations générales.

Le patois de Lille allonge volontiers cerlains mots.


Ainsi il ajoute inutilement la syllabe de dans démépriser, se délamenter, dégriffer, debout, un desequoi, la demoiiié, etc.

Il a aussi l'habitude de faire précéder le substantif de l'adjectif qualificatif : du blanc-fer, le Bleu-TM, des courtes maronnes, etc.

Il a conservé, dans ses conj ugaisons, la vieille forme latine. Habemus, habelis, habent, se retrouvent dans l'imparfait : Nous avimes, vous avites, ils avottent.

Il m'en coùte de signaler un défaut de logique à propos de la manière dont il conjugue certains autres verbes.

Je comprends bien que, dans sa naïveté, le patois dise : nous faisons, vous faisez, ils faitent, au lieu de nous faisons, vous faites, ils font; mais je m'étonne qu'à l'occasion du verbe mettre, aussi de la quatrième conjugaison, au lieu de : nous mettons, vous mettez, ils mettent, le Lillois s'obstine à dire : nous mettons, vous mettez, ils mont.

« M. le président, MM. les avoués MONT leurs robes, » disait, en pleine audience, un brave huissier, interpellé parle tribunal à propos de l'absence de ces officiers ministériels.

Rappelerai-je le mot devenu fameux d'un honorable commandant des sapeurs-pompiers, disant à un inspecteur, pour s'excuser du mauvais état des tuyaux de cuir : Mon gènéral, les rats s'y MONT?

Le Lillois dit aussi : je l'ai sui, je l'ai poursui, pour je l'ai suivi, je l'ai poursuivi.

C'est encore un reste de l'ancien langage; nous trouvons, en effet, dans Froissard, le passage suivant : « Mais son page, sur son coursier, autour des baIailles l'avait poursuy, et le trouva si à point qu'il gissait là et ne se pouvait ravoir. »

(Chroniques - Patalle de Crecy.

Dans les verbes pronominaux il use plus souvent de


l'auxiliaire avoir que de l'auxiliaire dire. Ainsi il dira : Nous s'avons trouvé ensemble; il s'a rendu malade; je m'ai ennuyé.

L'examen des vieux dictons lillois m'a fait retrouver un exemple nouveau, el bien frappant, de l'analogie qui existe entre notre patois et l'ancien français.

On sait que dans le langage de nos pères le subjonctif prenait la terminaison ge.

Suffre que jo i alge Souffre que j'y aille.

(Les Rois.) Mielz est que sul moerge.

Mieux vaut que je meure seul.

( Chanson de Roland. )

C'est par application de cette règle constante, et non à cause de la rime, comme le pense à tort l'éditeur du glossaire de Rabelais dans le Panthéon littéraire, que nous trouvons le mot donge pour donne dans les vers suivants de la Farce de Pathelin Je ne sçay si je songe Je nay point appris que je donge Mçs draps, en dormant ne veillant.

Eh bien! si l'on veut se rappeler que le Lillois prononce ge comme che, on a ce même subjonctif dans ces locutions : il faut qu'il l'euche ; qu' nous l'ayonche; qu'il y vache; et surtout dans ce proverbe que je copie dans le recueil de Brùle-Maison :

Il est de l'rache des pouic,y faut l' literpour qUiMEIIRCIIE.

Ce meurche, n'est-il pas le moerge de la chanson de Roland ?



DICTIONNAIRE

A

ABANIER (s'), v. pron. S'amuser, se divertir.

ABLAIS, s. m., abladium. C'était, dans le principe, la dépouille seule du blé. Ce mot comprend aujourd'hui tout l'actif de la ferme, il est synonyme d'avoiement.

ABOUT, s. m. Limite; basse latinité butum.

ABUSER (s'), V. pron. Se tromper, se méprendre.

« Vous s'abusez, vous me pernez pour unn' aute. »

dit la jeune ouvrière qui repousse un galant propos ACATER, v. a. Acheter; acaptare, adcaptare.


ACCLAMASSES (faire des), s. f. pl. pousser de grandes exclamations.

ACHELINS, ASSELINS, s. m. pl. Planches de peuplier ou d'autres bois légers sur lesquelles se clouent les ardoises qui couvrent les toits des maisons.

Aisseline d'obel et de sauch, aisselle de quesne.

( Comptes de Béthune et de Véronne.)

ACHELLE, s. f. Buffet, étagère formée de simples planches superposées; du vieux mot français ais.

Quale plats qui n'y avait sur l'achelle.

(Brûle-Maison. — Pasquille nouvelle.)

L'ménache est ju d' l'achelle.

(Desrousseaux.)

Cette locution veut dire qu'il y a de la brouille dans le ménage.

ACOUPI (avoir ou faire). Sentir ou causer une démangeaison De scopare, fustiger,en vieux français escopir.

Comme un pou qui fet acnupy.

(Jacques de Cottignies. -Ve¡'s naïfs sur le départ dit roi pour son armée, -717.)

ACOUT (donner de 1'), s. m. Prêter l'oreille à quelqu'un; d'acouter, auscultare.

AGUAVINTEU (s'), du latin aggravare. Ce mot. employé pur Rabelais dans le sens pronominal, pour s'éreinter, figure, à l'actif, pour écraser, dans une naïve traduclion du si fractus illabatur orbis, d'Horace, par Philippe de Broïde, d'Aire en Artois.

Si quelque cas le monde aminc, Cette fracassante ruine, L'aura plutôt acravintp.

Qu'elle l'aura espouvaulé.


AvftÉGBfiR. Adresser, réussir.

Si ne faut qu'un co pour adercher, Unn' doit mi se désespérer.

(Brûle-Maison.—Ronde des Filtiers.)

Mais, par faute de l'ouvrer et le lieu et place qui n'estoit point compétent, le dit nssay dt-failly sans addreschier.

(Roisin.—Sentence de Messeigneurs des Compte., 2i février 1443.

Afaire des Brasseurs.)

AFFIQUET, & m. Petit instrument que les femmes portent à la ceinture, pour soutenir leurs aiguilles quand elles tricotent.

AFFLIGÉ, adj. Estropié, infirme.

AFFOLER,v.a. Leviter Loedere, (Duc.) Blesser légèrement, estropier.

Patte affolée se dit d'une personne qui a habituellement la main pendante. C'est un terme de boucherie.

* Si fut-il plus d'un an, et tant qu'il fut bien guéri ; mais il demeura affolé.

(Chron. de Froissart, cbap. XLIII.) AFFRONTÉE, adj. Effrontée, se dit d'une femme audacieuse, hardie.

Je t'enlensà le première fois, Affrontée rt losarde, Qui n'y a de le moutarde.

(Brûle-Maison.—Chanson de Marianne.)

AFFUBLER, V. a. Mettre, couvrir, d'affibulare, agrafer, d'où affubler; d'atfibularevient fibula, d'où boucle, par apocope.

AFFUTÉ, adj. Futé, toujours à l'affût, malin.

AFFUTIAU, s. m. Bagatelle.

AGACHE, s. f. Pie; Agace; il y a à Lille une rue des Sept-Agaches, qui doit son nom à une ancienne


enseigne. Les enfants appellent pied-d'agache le jeu de la marelle où l'on pousse un palet à cloche-pied.

Ce qu'en fait de babil y savait notre Agace.

(La Fontaine, liv. XII, f. II.)

AGÉS, s. m. pl. Connaître les agés d'une maison, c'est connaître sa distribution intérieure; du latin aggestus.

(Ducange)

AGOBILES, s. m. pl. Menus objets de ménage.

AGRIPPER, v. a. Accrocher, agrafer.

AGRIPPIN, s. m. Petit crochet qui agrafe à l'aide d'une ouverture appelée portelette.

AGROULIER, v. a. Saisir, prendre.

Jacques Decottignies, regrettant qu'on n'ait pas pris le duc de Cumberlaud à la bataille de Lawfeld, dit, en parlant du général Ligonier, fait prisonnier : Un a agroulié sin confrère.

(Vers naïfs.)

AINSIN, adv. Ainsi.

AJOLIÉ, adj. Enjolivé, on dit aussi ajouillé.

Aveuque un enfant baptême, Qui éloit tout ajouillé.

(Brûle-Maison.— Chanson du Grand-Baptême.)

ALFOS. adv. Quelquefois.

ALOTEUX, adj. Aleauteux (Roquefort), qui manque à sa parole.

ALOU, s. f. Alouette, du celtique alauda.

Quand Valoe prist à chanter, Si commencèrent à armer.

(Chron. des ducs de Normandie.)

AMAZÉ, adj. (Terrain) où il y a des maisons.


AMBIELLE, S. f. Petit poisson blanc.

Aussi pâmée qu'un' ambielle. *

(Brûle-Maison, — Chanson du Grand-Baptême.) AMENDIGES, S. f. pl. Amendements de la terre donnée en location.

Il est généralement tenu compte au fermier sortant des graisses et amendices.

AMENDISE, s. f. Se prend pour amende dans les vieilles chartes.

Il donra a oesle commungne Tamendize de X lb.

(Charte de Tournai.) AMEUR, s. f. Émotion, émoi.

Chés joyeux Lillos étaient en ameur.

(Ch. Decottignies. - Fêtes lilloises) AMICLOTER, v. a., pour amignoter. Caresser, dodiner, dorloter.

Ainsi l'aut' jour eun'pauv' dentellière, In am>clotant sin p'tit garchou.

(Desrousseaux. — VCanchon dormoire.)

ÂMITEUX, SE, adj. Affable, qui fait des amitiés. Plusieurs cabarets des environs de Lille, et notamment à Loos et à Wattignies, portent pour enseigne : L'Amiteuse.

AMONITION (pain d'). C'est par corruption, dit Ménage, que le beau langage a fait de ces mots : pain de munition. Ce que nous appelons aujourd'hui le patois était le bon français du XVIe siècle. Nous trouvons dans le Glossaire de Ducange : amonitio-cibaria, undè Galli: pain d'amonition.

AMUSETTE. Se dit d'un garçon ou d'une fille qui flâne volontiers.ANETTE, s. f. Femelle du canard, canne, anas, anatis.


ANGELOTS, S. m. plur. Ouvriers de ville.

L'comité nninichipale Entindant ché propos, De rage yn n'éto tout pâle, A fe v'nir 1 %z'angelots.(F. F. — Conscription des Chiens.j

ANGOUCHE, S. f. Angoisse; italien, angoscia.

ANICHER (s'), v. pron. Faire son nid.

ANICROCHE, S. m. Accroc, homme maladroit.

AOUTEUX, s. m. Moissonneur qui vient faire l'août.

APARLER (s'), v. pron. S'écouter parler.

APENER, V. a. Sevrer, priver, de pénitence; par contraction pénence.

ApOUCHINER, v. a. Soigner avec tendresse, donner, en un mot, les soins qu'une poule donne à ses poussins (pouchins)

APPATELER, v. a. Appâter; se dit des poulets qu'on engraisse dans la cage.

APPROCHANT. Se dit dans le sens de presque, de bientôt : Il y a apprachant deux ans.

ARABIE, ÉE, adj. Acharné, enragé; du latin rabies, rage.

Sin père dit: l'affaire est clouque.

Vous savez qu'unn' araigoie Est arabiée après des muuques.

(Brûle-Maison. — Chanson d'un Tourquennois qui avait avalé une araignée en mangeant sa soupe.)

ARCHELlER, s. m. Menuisier qui fait spécialement des coffres; du latin archa.

ARCHELLE, S. f. Baguette d'osier dont se servent les jardiniers pour lier les plantes et attacher les vignes aux murailles.


On trouve aussi harchelle, diminutif de hart, lien d'osier plus fort avec lequel on serre les fagots.

Tout en tour Bayard furent li chevalier vaillant, Des Harcèles du bois vont les estriers faisant Puis sont montés dessus, Renaud estan devant.

Amis, ne veistes gens de si pauvre semblant.

(Roman des Quatre fils Aymon.) ARLAND, s. m. quiarlande. Lambin, maladroit. Auerland est employé par Rabelais dans le sens de lourdaud.

ARLANDER, v. n. Lambiner.

ARNIOQUE, s. m. Accroc, mécompte.

AROUTAGE, s. m. Marché aux vieilles férailles.

ARSOUILLE. Souillon.

ARTICHAUD, s. m. Petit gâteau en pâte feuilletée qui affecte la forme du légume de ce nom.

ASSITE, v. à l'impér. Assieds-toi, pour aseie, du vieux français aseter.

ASSOMMOIR. C'était autrefois le nom d'un fameux cabaret à genièvre, rue St-Sauveur.

Au lieu d'aller à leur ouvroir Tout d'suite y courent à l'assommoir.

(Brûle-Maison. — François et Zabette.) On a conservé le nom d'assommoir au café qui est la dernière station du blasé,dans sa tournée alcoolique.

AsSOTÉ, ÉE, adj. Affolé, infatué.

Quel drap est cecy vrayement!

Tant plus le voy et m'assote.

(Farce de Pathelin.) Bonjour mon cœur, m' n'assoté.

(Brùle-Maison. — Pierrot et Margot.) ASTEUX, adj. joueur acharné, de as, monnaie ancienne; carte.

ATARGER (s'), v. pron. S'attarder, ralentir sa marche;


de targia, lourd bouclier qui arrêtait la marche de ceux qui le portaient. (Ducange.) Dans les campagnes des environs de Lille, quelques cabarets, où stationnent volontiers les traînards , portent pour enseigne : A Vtargette.

ATICAN, S. m. Jouer d' l'atican, terme du jeu de galoche ou bouchon, lancer sa pièce de champ, de manière à ce qu'elle se fixe près du bouchon; pour buquer ou abattre, on joue de la plate, en faisant glisser le palet.

Alegar en saxon se dit de traits qu'on lance.

ATIQUÉ, part. Attaché. Il y a dans Brûle-Maison une pasquille fort naïve sur l'amour détiqué et ratiqué, détaché et rattaché. C'est une réminiscence patoise de la fameuse scène du Dépit amoureux, entre Marinette et Gros-Réné.

ATO (fêtes d'). Fêtes carillonnées: ce mot ato vient-il d'ator, parure, d'où atour, ou de atal, natal, qui du jour natal de Noël s'étendrait aux trois autres fêtes solennelles reconnues? dérive-t-il au contraire du roman ato, acte; du latin actus, action? Grammatici certant.

Cependant Ducange ne paraît pas hésiter à qualifier de jours nataux les quatre principales fêtes de l'année, savoir : Noël, Pâques, Toussaint et Pentecôte.

Il s'appuie sur une charte de l'évêque d'Arras qui reposait aux archives de St- Bertin. (DUCANGE, I. 809.) AToMBER,v. n.Tomber juste, réussir. C'est bien à tombél ATOUT, s. m. Carte gagnante; coup, par ironie.

ATTRlAU, s. m. Cou, gorge; en rouchi: ateriau.

fiL un granrl saut Deven l'puriau des vaques, Bien queu soixante pieds d haut Jusqu'à l'attriau.

(Brûle-Maison.)


D'après M Escallier, attriau ou ateriau viendrait du vieux mot haterel qui se traduit en latin par cervix, et signifie nuque, derrière de la tète.

Le patois de Lille, surtout en ce qui concerne les femmes, donne à ce mot un sens tout opposé : l'atriau c'est la poitrine, la gorge proprement dite.

Un biau attriau Aussi ferme qu'un grés.

(Brûle-Maison. )

ATTUSÉ, ÉE, adj. Appliqué fortement à un ouvrage.

AUBADE , s. f. Ce n'est point toujours la symphonie qui s'exécute à l'aube ; ce mot se prend aussi dans le sens d'algarade, échauffourée.

Jean-Jacques, quelle triste aubade!

Depuis le matin, No pourcheau est venu malade.

(Brûle-Maison. — lC. recueil.)

AUBIAU, S. m. Saule, aulne.

AUMONDE, S. f. Aumône.

AVALEURS DE VIN. Ouvriers chargés de descendre le vin dans les caves.

AVARICIEUX, SE, adj. Avare.

AVISÉ, adj. Malin, qui a des avises.

AVISE, s. f. Expédient.

Pennel a des bonnes avises.

(Le Carrousel dans le grenier. )

AVOIEMENT, s. m. Actif d'une ferme. Dans la reprise d'une exploitation rurale, l'avoiement est ordinairement estimé à raison de mille francs du bonnier cultivé.

AVIJLE, S. m. Aveugle.

Awi, part. aff. Oui. Cette dernière affirmation est le participe passé du vieux verbe ouïr, entendre.


B

BABACHE, adj. Joufllu; une grosse babache.

BABENNE, s. f. Bobine.

BABENNEUX. Ouvrier qui bobine.

BACTÉE, S. f. Déchets de viande el d'os.

L'auler fos, je t'ai promis, Miché, -De l'payer un cras lot et d'minger unn' bactée.

(F. F. - Machine infernale.)

BADINE (aller à la). Marcher bras dessus, bras dessousBADOULETS (faire des). Jeu des enfants qui se laissent rouler.

BADOULETTE. Grosse fille toute ronde.

BAFFRER, v. Manger goulûment.

Après avoir ben bu, ben dansé, Y se sont tertous mis à baffré.

(Brùle-Maison. —Réjouissances de la Paix.)

BAGOU, s. m. Parler facile et abondant.

BAGUES (aller à). Voyage que font à la ville les fiancés, non pas seulement pour acheter les anneaux d'alliance, mais pour se fournir de l'ameublement de la maison.

Bagues, d'où vient bagage, est le vieux mot générique de biens mobiliers : on trouve dans toutes les capitulations la stipulation de vie et bagues sauves.

Ce temps pendant, le seigneur de Quievrain, quel command que le duc lui olt fail. se partist de la cour du duc, le plus yecrelement qu'il peut, lui deuxiesme, et fait emporter ses meilleures bagues.

f Mémoire de Jacques Du Clercq.)


BAIE. Jupe.

Aqualte pour faire un* baye De l' calmand' blanqu' a bleuies raies.

(Brûle-Maison.

BAILLI. Agent de la fabrique d'une paroisse.

Dans plusieurs familles de la campagne on conserve ce nom au plus jeune des garçons.

Un a fait sonner son trépas, Quand le bailli est venu à savoir, Il a venu aveuque s'n'habit noir.

Qu'menl volez-vous l'faire in Li erré ?

Aiche un bourgeois qu'vous allez faire?

(Brule-Maison. - Le Mari mort el oublié.)

BALEINE, s. f Gêne, désarroi.

Quand le commerce ue va pas, les ouvriers disent qu'il est à l' baleine.

Tous les métiers sont à l' baleine.

(Brûle-Maison.)

Comme l' commerce es, à l' baleine, Men matL" m'a donné men livret.

(Desrousseaux. — Chanson du Maichaud de pommes de terre.)

BALLER, v. n. Ne rien faire, s'amuser.

Le ballant, terme de marine, c'est la partie d'une corde qui n'est ni roide, ni tendue. (i\ap. Landais.) L'homme et la femme de la campagne prennent, l'un son bissac, l'autre son quertin, même vides, pour ne pas marcher les bras ballants, inoccupés.

Baller appartient au même ordre d'idées que joquer, qui veut dire tout à la fois vaquer et se divertir.

II y a un trait d'union naturel entre ne rien faire et s'amuser.


Nous voyons dans La Fontaine : Il sait danser, baller, Faire des tours de toute sorte.

(Livre IX, lab. 3.)

Bal n'a pas d'autre origine.

BALLON, S. m. Grosse pelotte de sucre.

BALLON, s. m. (Avoir l' ballon), être enceinte.

J'étot aveuc unne fille Et elle avot 1* ballon.

(Sorez. — Société de Suiut-Amand.)

BALOCHER. Balancer.

Tous les cloques des cloquës Dans ce moment ont baloché.

(Vers naïfs en vrai patois de Lille, sur les conquêtes du roi, en Flandres, MDCCXLV; attribués au fils de Brùle-Maison.)

BALOT, s. m. Saillie de la cheminée en maçonnerie au-dessus du toit de la maison.

Le Blanc-Balot est un quartier de Wazemmes, ainsi appelé de la couleur du balot d'une guinguette.

Il a été question d'y établir le débarcadère du chemin de fer du Nord.

Une ordonnance de 1745, pour l'Artois, ordonne d'élever les balots des cheminées de deux pieds et demi au-dessus des festissures.

(Archives d'Auchy.) Digeot en welliant un balot Tien, n'y a la va le soupe au pot, Welte un pau queulle funquere!

(Brûle-Maison.— Le sot Garchon.)

On raconte que Sanderus, surveillant l'exécution des planches de son Flandria illusirata, eut soin de faire fumer les balots des châteaux du pays où il avait reçu la plus grasse hospitalité.


BALOU, adj. Bêta, vient probablement de balourd, lourdaud, il fait au féminin balouse.

Ce mot est encore très - fréquemment employé.

Quand nos jeunes voyageurs de commerce, exilés dans une ville étrangère, veulent savoir si, au milieu de la foule qui les entoure, se trouvent quelques compatriotes, ils poussent le cri convenu : Eh! balou! il est rare que cet appel soit sans résultat.

L'Echo du Nord a publié, en 1833, un article de l'auteur du Bourgeois de Lille, intitulé: Eh! balou!

M. de Pradel a improvisé, sur ce même sujet, une de ses plus jolies chansons, dont le refrain est : Eh baloui (bis) Prends gard' de t' casser l'cou.

On remarque, dans le recueil de M. Desrousseaux, la pasquille de Jacquo l'balou ; elle confirme parfaiment la signification qu'on donne à Lille à ce mot.

BALOUFFE, s. f. Grosse joue.

Mes deux balouffes much'tent men nez.

(Desrousseaux. — La Lettre et le Portrait.)

BANSE, S. f. Manne, grand panier d'osier; femme qui se conduit mal.

Le peuple continue d'appeler rue des Banseliers la rue dite des Manneliers, dont les caves, du côté de la Grand'Garde, étaient presqu'exclusivement occupées par des vanniers qui étalaient leurs produits, au dehors, sur la rue même.

En l'honneur du roi de France Un fat des vers plein des hanses.

(Vers naïfs attribués au fils (le Drille-Maisnn.)


Un dil qu'ail' a fait Vbanse, Qu'ail' est imbarrassée.

(Chanson de carnaval célèbre dans les annales lilloises.)

BANSE BERCHOIRE. Berceau en osier.

Bansta, pour panier, se trouve dans un titre de la comtesse de Flandres de 1253.

Conslruere porticum ita latum quoi possint per illum homines depostare banstas, archas, caldarias, et tinas.

Voir aussi Ducange, VO Bansta.

BAQUET, s. m. Bateau plat.

Adonc mil le sire deSl-Py son pennon au bacquet, et euira tout le premier dedans.

(Froissard. — Passage de la Lys.)

BARAT. Fraude, tromperie, d'où baraterie.

Et en doivent user se ils voellent souslenir et mettre le droit drseure le tort et deseure gille el barat, et s'ils voellent droictierement jugier.

(Roisin. — Considérations générales sur la justice.)

Ce mot, d'après Nicot, est d'origine méridionale; il s'applique principalement à la fraude en matière de commerce.

BARON, s. m. Mari, du tudesque barn, garçon; suivant d'autres, du latin vir.

Ché femm' aveu leu baron Y dansointtrelous au rond.

(Brûlo-Maison. — Chanson du Grand Baptême.)

BAROU, s. m. Tombereau à trois roues qui sert à l'agriculture.

BARQUETTE, s. f. Petit bàteau à rames qu'on loue, à


six sous l'heure, pour les promenades au Grand-Tournant et à VÂrbonnoise.

L'achellière m' dit V'là l' barquetf min p'tit.

(Desrousseaux. - Une Promenade en bateau. )

BASAINNER, v. n. Balancer, osciller.

Tout basainnant Un grand pas li allonge.

(Brùle-Maison.- 5. recueil.)

BASSER, v. a. Contraction pour bassiner; basser une plaie, l'humecter avec un linge mouillé.

BATILLER, v. n. Se battre.

BAUDEQUIN. s. m. Petite nacelle, de l'allemand bootchen.

BEARD, adj. Qui regarde la bouche ouverte; de béer, bayer, d'où bailler.

On a fait observer avec raison que, par une bizarrerie qui n'est pas sans exemple dans notre langue, le mot bégueule, bien qu'exprimant littéralement gueule béante, a pris, dans l'usage, la signification de petite bouche, bouche pincée.

BEAU (parler). Prier, supplier pour obtenir quelque chose.

BEC-BOT, s. m. Bee-bois, pic, oiseau.

On appelle ainsi un jeu qui consiste à lancer contre un but, à l'aide d'une corde, un oiseau de bois qui laisse son bec dans l'endroit qu'il atteint, BEDOULE, S. f. Boue liquide.

Elle marcne comme un' reine D.'insl' bedout' sans s'plaquer.

(Brûle-Maison.— Portrait de la Vide à marier.)

BEGUIN, S. m. Pc Lit bonnet d'enfant.


BEGUIN. S. m. Coiffe de femme qui a donné son nom à un ordre de religieuses mendiantes, dites Béguines.

BÉGUINAGE, S. m. Etablissement où sont logées gratuitement des femmes, pourvues de prébendes, qui leur donnent droit à un appartement séparé.

Elles étaient obligées autrefois de se coiffer d'un voile dit : Béguin.

Le Béguinage est situé à Lille, rue de Jemmapes.

BÉNACHE, adj. Bien aise.

BENIAu (jeu de) Bâti surmonté d'un plancher en pente, percé d'une ouverture dans laquelle le joueur cherche à faire entrer, en les jetant de loin, des palets de fer.

BENIAU, s. m. Tombereau; d c benellus, diminutif de benna.

BÉOTE. Aubette, petite cabane.

Y a élé ail' béole, Pour avoir sen billé.

(Félix C. — Le Tourquennois en chemin de fer.)

BERDAINE (courir). Aller à l'amour; corruption de la locution courir la prétentaine, laquelle s'applique aux personnes qui font des courses, des voyages, dans un esprit de libertinage.

Y s'en souven' ra pus d'un jour D'avoir couru berdin l'amour.

(Brûle-Maison.— Un Tourquennois qui a battu son chien de verges.)

BERDELACHES, s. f. pl. Objets de peu de valeur.

BERDOUF, onomatopée. Exclamation pour rendre le bruit que fait un objet en tombant.

BERLEAU, S. m. Mauvais café.

BEULIÈRES, s. f. pl. Déchirures, lambeaux.

BERLOU, adj. Au féminin BERLOUQUE, louche, strabique.


Nous avons tous connu, dans la commune des Moulins, un cabaret qui portait pour enseigne : aux Trois-Berlous.

Le peuple croit généralement que les berlous voient double. Un des moyens les plus usités entre enfants, pour s'assurer du fait, c'est de demander au camarade strabique, en lui montrant une main plus ou moins ouverte : Combien y a-t-il de doigts ?

Suivant M. Hécart, berlou ne serait qu'une contradiction du wallon warlouque et signifierait : voir louche. Nous croyons que berlou vient plutôt de l'anglais look, voir, et de ber qui répond au bis des Latins.

Ducange nous fournit un analogue dans le vieux mot français berlçng,, qui fait en latin bis longus.

Une troisième\ opinion attribue à berlou cette autre étymologie : regard d'ours, de l'allemand, ber.

BERLUSER (se), v. pron. Se laisser tromper par un homme.

Men pèr'm'a toudi défendu De m'berluser à l' z' hommes.

(Brûle-Maison. — Le jeune Seigneur.)

BERNATIER, s. m. Vidangeur.

BERNEUX. Même signification ; ce mot s'applique aussi, dans certaines circonstances, aux petits garçons et aux petites filles.

BERSILE, s. f. Soupe maigre, panade.

BERTONNER, v. n. Grommeler, gronder.

BIC-BAC, s. m. Faire bic-bac, se balancer ; on appelle bic-bac l'engin dont on se sert, dans les brasseries, pour faire descendre les seaux dans le puits et les faire remonter.

Une bicque bacque pour tirer l'eau.

(La Fons Mélicocq. - Comptes de la ville de Bétlmne.)


BIELLE. La belle; le peuple de Lille el de la campagne appelle ainsi fort poétiquement la lune.

Comme y fil igeot biau clair de leune Il a yu l'bielle deven l'iau.

(Brûle-Maison.— Un Tourqucnnois qui a cm que son baudet avait bu la lune.)

BILLE, S. f. Branche de hallot

BILLET DE MORT, S. m. Large pancarte d'une rédaction uniforme, qui est distribuée par les baillis de paroisses à toutes les connaissances du défunt, pour les inviter à assister aux funérailles.

Longtemps le format du billet de mort a été proportionné à l'importance du convoi, il diminuait de développement suivant que ce dernier était solennel, de première classe, ou bourgeois.

Aujourd'hui, à l'exception de quelques familles qui tiennent aux anciens usages, on se sert généralement de lettres de faire part.

Voici la copie exacte du billet de mort de BrûleMaison ; nous devons cette communication à la complaisance de M. Gentil, qui est dépositaire du document :

MESSIEURS ET DAMES

ous êtes priés d'assister au convoy el funérailles de

FRANÇOIS DE COTTIGNIES

dit Brûle-Maison, marchand grossier

en cette ville, décédé le premier février mil sept cent


quarante, âgé de soixante-deux ans, qui se feront mercredy trois dudit mois, à neuf heures, dans l'église paroissiale de Saint-Etienne, où son corps sera inhumé.

L'assemblée à la maison mortuaire, sur la petite place.

Un DE PROFUNDIS. s'il vous plaît.

Les Dames sont priées de s'assembler dans la chapelle du Saint-Nom de Jésus, où les messes se diront pendant les funérailles.

BILLET DE ROI, S. m.

Dans les habitudes lilloises, la fève ne paraît pas > avoir servi à désigner le Roi, au repas de l'Epiphanie ; on a de tout temps distribué aux convives des billets, dits billets de roi.

A cet effet, et pour éviter aux amphytrions des frais d'imagination, on a inventé et l'on fait vendre par des enfants, dans les rues de la ville, à partir du 4 janvier, des feuilles sur papier gris, contenant une collection de billets qualificatifs, avec l'effigie du personnage, et des vers appropriés à son emploi, depuis le Roi jusqu'au Fou.

Les enfants les annonçent en criant : V'la des billets de roi!

Sous le premier Empire on avait substitué l'Empereur au Roi; depuis, l'ancienne formule a été reprise et conservée, même sous la république.

Les vers se chantent sur l'air du Mirliton, le refrain invariable est : J'ai du mirliton Va-t'en plus long, Vas-y toi-même, J'ai du mirliton Ton, Ion.


Disons que beaucoup de familles bourgeoises ont secoué le joug de l'imprimé de M. Danel. Le malin de la maison se charge du soin d'inscrire, sur chaque billet, le nom le plus burlesque possible; le Roi et le Fou seuls sont inviolables et sacrés.

C'est le plus jeune des enfants qui distribue les billets, exactement plies, en suivant l'âge des convives qui doivent les ouvrir tous ensemble àun signal donné.

Les domestiques reçoivent aussi leur billet de Roi.

Pendant toute la semaine on s'interroge, dans la famille, pour connaître les qualifications départies a chacun par le sort.

HIRLOUET, s. m. Virloar, du vieux français virer, tourner. C'est un jeu consistant à faire tourner sur son pivot une aiguille qui indique, en s'arrêtant, le numéro gagnant.

< On donne aussi le nom de birlouet au petit tonneau qui renferme les friandises mises en loterie.

BISE (vent de), de l'armoricain biz, vent de nord-est; on dit de ce vent qu'il bisit le teint, qu'il le hàle.

Jeter quelque chose au bise, c'est le jeter au vent.

BISER, v. n. Jaillir d'une manière aiguë, à la façon du vent de bise.

BISET, s. m. Pigeon commun, noirâtre.

BISQUER, v. n. Être vexé; faire bisquer quelqu'un, le tourmenter.

BISTOULE, s. f. Bagatelle.

BISTOQUER, v. n. Faire un présent; il a dans Rabelais une signification érotique.

BLAME, s. m. Le peuple appelait ainsi autrefois l'exposition au carcan.

BLANC-BONNET. On appelle ainsi les femmes, comme on appelle les hommes : les capiaux.


BLASÉ, adj. Du grec fiXaGeu, avoir l'esprit émoussé.

On applique à Lille ce nom à l'homme dont la figure, d'une bouffissure moite, accuse l'abus des liqueurs alcooliques. Il y a dans le recueil de BrûleMaison une complainte fort originale sur les blasés.

BLEUET, s. m. Grosse mouche bleue.

BLEUETS, S. m. plur. Orphelins, issus de parents bourgeois anciennement établis, ainsi nommés du vêtement bleu qu'ils portent. Un certain nombre de ces enfants assistent, un cierge en main, aux convois funéraires de première classe.

BLEUSSES, s. f. plur. Mensonges; t' m' in conte des bleuss' ; c'est le mot couleurs dans un sens restreint, défini.

BLEU TÔT. Bleu toit, la Grande Maison, l'hôpital généralj; ainsi nommé de la couleur des ardoises qui le couvrent. 1 1 L'bleu tôt n'est mi fé pou' les quiens, dit, avec une résignation philosophique, l'ouvrier lillois que le poids de l'âge empêche de travailler.

BLEU vu. Bleue vue, étourdissement, vue trouble.

Te m'aro donné Vbleu-vû.

(Rrùle-Maison.)

BLO (porter à), porter sur son dos. Bloc, dans le vieux français, se dit de toute élévation.

BOBINE UR au freque, s. m. Ouvrier employé à garnir les bobines de fil encore humide.

BONFlEux. Bons fils, religieux du tiers-ordre des Franciscains, voués à la garde des aliénés.

Il y avait, avant la Révolution, trois établissements de Bons-Fils dans notre pays: à St-Venant, à Armentières et à Lille.


Bien que l'ordre n'existe plus, le peuple a conservé le nom de Bons-Fils aux établissements d'aliénés.

BONI (avoir). Être créancier de quelqu'un.

BONNIER, s. m. Mesure de terre de 1 hectare 41 ares 76 centiares.

Bonnarius, d'après Ducange, modus agri certis limitibus, seu bonnis definitus.

On retrouve le bonnier, bunarium, dans un acte de 868, concernant l'abbaye de Cysoing. (De Godefroy Ménilglaise.) BONNIQUET, s. m. Coiffure de femme, formée d'une calotte de linge que borde par devant une large bande de tulle tuyautée. On dit d'un homme qui craint sa femme : t'auras du bonniquet.

BOQUILLON, s. m. Bûcheron, qui épinche les arbres.

Et Boquillons de perdre leur oulil, Et de crier pour se le faire rendre.

(La Fontaine, livre V.) BORNIBUS, S. m. Borgne.

BOUBOU (faire). Faire banqueroute.

On appelle Empereur celui qui en est à sa troisième.

BOUCAN, S. m. Grand bruit.

BouFFRE. Exclamation d'étonnement.

BOUGONNER. Gronder, murmurer.

BOUGON, s. Qui bougonne.

BOUJON, s. m. Bâton de chaise.

J'loie Etienn' l'Ecorché Au boujon des' caïcre.

(Dt!sro tisseaiix.Ilo bni.) BOURGAGE s. m. Bourg, bourgade.

Quoi! le n'as nen vu le livré De notre brave duc d'AH,", Seigneur de no bourgagc: (TlrÙ'c.Maisllll - Murl du duc lI'Havre.)


BOURGEOIS. Convoi bourgeois (voyez bailli), enterrement modeste que le bailli qualifie quelquefois de sansonnet, par opposition an convoi solennel à l'usage du gros mort.

Il va sans dire que le bailli préfère ce dernier mode de funérailles ; c'est à ce propos que, dans un mouvement de dépit jaloux, il lui échappa un jour de s'écrier : à Saint. Ils font tout ce qu'ils veulent.

BOULLANT, adj. Mouvant, sable boullant.

BOURLER, v. n. Jouer à la boule.

BOURLER, v. n. Tomber d'une façon grotesque.

BOURLER COURT. Mal prendre sa mesure, manquer le but.

BOURLETTE, s. f. Boulette de viande hachée.

BoupsEAu, s. m. Bosse à la tête, provenant d'un coup.

J' prinds min moucho, j'li fabrique un bindeau, Et j'ai calmé les douleurs du lioursieau, (Danis. — Un Hommt sensible.) BOUTER, v. a. Mettre.

BOUVACHE, s. f. Lieu où l'on abat les chevaux.

BRADER, v. a. Gâter; un enfant bradé; brader marchandise, c'est gâcher quelque chose.

BRADERIE, s. f. Fête populaire qui se célèbre le premier lundi de la foire annuelle. Les enfants obtiennent de leurs parents la permission de vendre, à leur profit, une foule de vieux objets; ils appellent les chalands aux cris de : A la Braderie! au reste! trois-quarts d'hasard, par ici, venez voir, c'est la foire.

La certitude de faire de bons marchés attire, dès le point du jour, les gens de la campagne dans les rues de Lille où s'étalent les objets bradés.

La Braderie a fourni le sujet d'une des plus jolies chansons du recueil de M. Desrousseaux.


BRAFE, du bas breton brav, beau. Brave, courageux, bien mis, paré.

Il a dans Malherbe ce dernier sens :

Tantôt nos navires braves De la dépouille d'Alger.

On trouve ce mot avec la même signification dans Pascal, La Fontaine et Mme de Sévigné.

M'a venu voir chemamulo, Tout mis à sin pu brave.

(Brûle-Maison. — Sot Garchon.)

BRAIRE, V. n. Pleurer; bréoire, femme qui a toujours la larme à l'œil.

Fames braient, vilains s'escondent, Car li français leur queurent seure.

(Guill. Guiart. — Branche des Royaux lignages.)

BREBIGETTE, S. f. Petite brebis; il existe à l'angle des rues Esquermoise et Basse une enseigne sous ce nom.

BRELLES, s. f. pl. Cheveux raides comme les herbes de ce nom.

BREN, s. m. Matière fécale, d'où breneux, et par transposition berneux.

BREN D'AGACHE, s. m. Gomme qui découle de certains arbres à fruit.

BREN DE JUDAS, S. m. Tâches de rousseur, lentilles.

BRKSETTES, S. f. pl. Menues braises.

Quoi! 1'611' de ch'marchand d'bresettes.

(Brûle-Maison .- L'Garchon difficile.)

BREYOU. Enfant pleurard.

BRIFFE, S. f. Brive, bribe, reste de pain.


BRINBEUX, adj. Brimbeur, vagabond.

En 1496, les sergents de la prévôté de Lille reçoivent XXIIII s, pour euh recreer ensemble, après qu'ils eurent mené en halle grand nombre de brimbeurs, lesquels furent congiés de la ville et taille.

(De Lafons Mélicocq. - Coutumes d'Estaires.)

Sin père n'est qu'un Ttritibeu Et li ché un Mouseu.

(Brûle-Maison. — Le Roi boit.) BRINGUE, S. f. Fille de mœurs dissolues.

BRISAQUE, s. m. Qui brise tout ce qui lui tombe dans les mains.

BRISCADER, v. a. Abîmer, gâter, gaspiller.

- BROCHON, s, m. Mesure de liquide.

BRONDELER, v. n. Variante du verbe tomber. L'homme qui brondielle ne tombe pas tout d'un coup, il s'étend dans la boue après quelques oscillations causées par l'ivresse.

Y da tant mié qui brondielle.

(Brûle-Maison. — 5e recueil.)

BRONSER, v. n. Trembler.

BROQUANTE, s. f. Ouvrage d'occasion.

BROQUELET, s. m. Fuseau à l'usage des dentelières; on célèbre tous les ans, à la Saint-Nicolas d'été, la fête du Broquelet, sous les charmilles de la NouvelleAventure

Cette fête populaire a inspiré le pinceau de Watteau.

BROQUER, V. n. Surgir, saillir.

BROQUET, s. m. Allumette.

BROUSÉ, ÉE, adj. Sali, barbouillé.

On appelle Rois brouse's, la fête des rois qui se célèbre à l'octave de l'Epiphanir, le jour du parjuré; c'est une sorte de parodie de la solennité première.


BROUTER, v. a. Brouetter.

BROUTEUR, s. m. Brouclleur, Vous flanchez et jurez que en Testai de brouteurs vous Conduirez bien et deuement.

(Roisin.- Chapitre des serments, XXIV. )

BRUANT, S. m. Hanneton. Le mot bruant est une onomatopée traduisant le bruissement que produit le hanneton en agitant ses ailes.

Les enfants qui vendent les hannetons crient dans les rues : A bruants! à bruants! ou bien encore : A Ronchin! à Ronchin! On suppose que ce village étant fort boisé fournit les hannetons en grand nombre.

Les hannetons gris sont appelés meuniers.

Weltiez ch'est un biau meunier, Ma mère, Aqualez-m'en s'y vous plet.

(Brùle-Maison.)

Pour stimuler les hannetons et les forcer à s'envoler, les enfants leur pincent les pattes avec l'ongle.

On dit d'un homme, lent de sa nature et difficile à mouvoir, que c'est un bruant à qui il faut marcher sur les pieds.

BRULIN, s. m. Linge consumé remplaçant l'amadou dans la boite à feu de nos ménagères, au temps où le briquet n'avait pas été détrôné par les allumettes chimiques.

BUCQUE, s. f. Une molécule quelconque; le grain de sable imperceptible que le vent chasse dans l'œil, c'est une bucque.

On signale le stoïcisme de ce campagnard qui, gêné durant une longue marche par ce qu'il appelait une bucque dans son soulier, y trouva, en se déchaussant au logis, la louche de bois de son cousin Philippe.


BuISSE, s. f. Buse, tuyau.

BUQUEU, v. a. Frapper.

BURESSE, s. f. Lavandière, blanchisseuse.

BURGUET, S. m. Plate-forme en pierres bleues qui, avant l'établissement des trottoirs, couvrait l'entrée des caves, au bas de la façade de presque toutes les maisons de Lille.

Du vieux mot burg, retranchement extérieur des puits.

D'après M. Derode, c'était un signe de bourgeoisie qui obligeait au payement d'une redevance à l'échevinage. (Histoire de la famille Prudhomme.J Ils l'ont lardaie sur mon burgaie.

(M. Lantoirig — Episode du combat des quatre régiments de la garnison de Lille en 1790.)

Les peUL's gins dedans les caves, Metloient des quandail's alleumles, Tout à l'inlour de leus burgués.

(Jacques Decotlignies. — Sur les conquêtes du roi en Flandres.)

BUSETTE, s. f. Petit tube en fort papier gris, qui se fiche sur une broche pour servir d'âme à la bobine.

BUSIER, v. n. Réfléchir ; de l'anglais busy, penser, plutôt que de buse, oiseau stupide. Non-seulement la buse ne pensa pas, mais elle n'a pas l'air de penser.

c

CABAS, s. m. En grec xacoç, bas latin cabus; panier en cuir ou en paille. Chapeau d'une forme arriérée.

On appelle aussi cabas les dévotes qui négligent les modes.


CABOCHE, S. f. Têle ; une bonne ou une mauvaise caboche.

CABOCHUS, Le peuple appelle encore ainsi la rue dite des Chats-Bossus , à cause d'une enseigne qui se trouvait sur la maison qui forme l'angle de la place des Patiniers et de celle du Lion-d'Or.

CABUJETTE , s. f. Espèce de salade, dite laitue pommée.

CABUS, adj. Pommé, chou cabus; en basse latinitécabutus pour caputus; la racine est tête. Les Allemands disent herbe à tête. On connaît le rébus qui ornait la porte de l'église des Grands-Augustins, à Paris, où fut inhumé Philippe de Comines : un globe pour figurer la naissance du monde, et un chou pommé. Le monde n'est qu'abus.

CACAQUE, S. m. Quelque chose de mauvais.

CACHÉ-PERDU. Un homme tout caché-perdu est celui qui ne sait où donner de la tète.

CACHER PERDU. Chercher une chose égarée.

CACHER, v. a. Chercher, chasser, venari.

LE SAVETIER

Parlez, quoi cachez-vous, femme?

LA PAYSANNE

Je cache, je n'en sais point mi-même.

(Brûle-Maison. — Le Savetier lillois et la Tourquennoise.)

CACHE-QUIEN. Employé de la fabrique, dont la mission spéciale est de chasser les chiens de l'Église.

Min pèr' ché, si j'in veux croire Tous les minchant's gins, Un certain nommé Magloire D'l'églige eul l'cach'quien.

(Desrousseaux. — Jacquol.)


CAGHEU D'MANNÉE. L'ouvrier meunier qui va chercher à domicile les grains à moudre an moulin.

CACHIVEUX, adj. Chassieux

CACONNES, s. f. pl. Cerises sucrées, bigarreaux.

CADOT, s. m. Chaise d'enfant ou de vieillard, du latin cathedra.

CAFETIAU, CA.F'TIAU. Café très-faible.

CAFOTIN, s. m. Étui pour aiguilles.

CAFOUILLAGE, s. m. Action de cafouiller; désordre rebutant.

Ofi appelle cafouillage de Douai un rôti de porc accompagné de pommes et d'oignons.

Vela un biaucafouillage.

(Brûle-Maison. — Gageure d'un Tourqucnnois.)

CAFOUILLER, V. n. Fouiller malproprement dans une partie quelconque du corps.

Dans son venir' il boule s' main Et cafouill' dans les IripeUes.

'(Brûle-Maison. — Le Tourquennois qui a ouvert le venlrù de son chat pour y chercher sa bJucle.)

CAIRESSE, s. f. Chaisière, qui loue les chaises dans les églises.

CALÉ (être). Être bien mis.

Nous parlons calés comme des princes.

(Desrousseaux. )

On appelait autrefois cala une sorte de coiffure; on en a fait calotte.

CAMANETTE, S. f. Commère qui habite la même maison; cum manere, demeurer ensemble.

CAMPES, S. f. pl. Boîtes à détonation. Dans les


environs de Lille on tire les campes en réjouissance des mariages ou des naissances.

CANADA, S. m. Pomme de terre.

CANARIEN, s. m. Serin, oiseau des Canaries.

CANDELÉ, S. m. Chandelle.

CANDÉLIETTE, s. f. Donner une candéliette, suivre d'assez près un camarade qui dégriole pour lui frapper les talons et le faire tomber. On appelle plus justement candéliettes les stalactites de givre qui s'attachent aux arbres.

CANETTE , s. f. Diminutif de canne, canna, ancienne mesure pour les liquides.

CAPABLE, (être capable de), Iocut. Se prend dans le sens impersonnel. On dit en parlant du temps : Il est capable de faire beau.

CAPAGEOIRE, S. f. Dépensière.

Quoiqu' ail' euche des moyens, Elle est trop capageoire, Tout l'argent Gniroit El elle me demeureroit.

(Brûle-Maison. — Entretiens amoureux d'un ouvrier sur l'olil et d'une dOllblcrcssc.)

CAPENOULE, S. m. Diminutif de capon.

CAPIAU, s. m. Homme.

Quoi 1 mi prendre encore un capiau l (Brûle-Maison. — Le Mari mort et oublié.)

CAPON, S. m. Mauvais sujet, polisson et non poltron, sens plus habituellement donné au mot capon dans toute la France.

CAPOT, S. m. Sorte de gilet à manches de laine tricotée.

CARACOLE, s. f. Volte, colimaçon.


'OâpArm, s. m. Chariot à ordures; noir comme un > earafim. *

CARXMARA. Visage noir, bohémien; vient de l'espagnol. J Le VIIe de jaillet soixante-cinq, Jehan Fernande et Marguerite Phlea, frère et soeur. habitués à la mode des Egyptiens et Carmarax, ont été constitués prisonniers en la paroisse de Honppelines sur la Lys.

(La Fons Mélicocq. -Introduction aux coutama de la ville d'Estaire.)

En 1703 furent fustigés un homme, une femme et ma teMtt, i -• »: l'une bernatière et deux Caramaras.

~!~! (Derode. — Histoire de Lille, t. II, p. 191.)

CARCAILLOU, S. m. Caille, par onomatopée.

On donne ce nom à l'homme qui a de gros yeux louches.

CAa." (se). v. pron. Se donner un air, une figure; de l'espagnol cara, visage.

CARLlIR. 8. m. Charron.

CARON. Une réminiscence mythologique fait donner ce nom à l'homme dont le métier consiste à faire passer, d'une rive à l'autre, sur son bateau, les personnes qui vont nager au Gmnd-Tournant.

CARRÉ, S. m. Carré de pain d'épice très-dur et fortement anisé.

Les carrés de Lille sont fort renommés dans les foires du département du Nord.

CARRi. S. m. Filet de pèche de forme carrée.

CARTON, s. m. Charton, ouvrier de ferme chargé spécialement de la conduite des chariots.

Le charton n'avait pas dessein De les mener voir Tabarin.

(La Foataine.)

CATILLER, v. a. Chatouiller, de titillare.


CATIMINI (en), en dntquin, en much' tcnpot, sont synonymes de : en cachette.

CATOU, s. f. Poupée, fille légère.

CAUCHES. Chausses ; courtes cauches, filles chaussées court.

Un il roi' qui queurre à droite à gauche, Et qui aim' bien les courtes cauches.

(Brùle-Muison. — Amoureux détiqué et ratiqué.)

CENSEMENT, adv. S'emploie fréquemment pour atténuer ce qu'il y a de trop absolu dans une proposition, dans le sens de quasiment, pour ainsi dire.

CENSE , s. f. Ferme, bien de campagne donné à cens, à fermage.

CENSIER, s. m. Fermier; cerisier de place, on appelle ainsi par ironie les fainéants de la place publique.

CENT, S. m. Mesure de terre de 8 ares 86 cent.

cent verges ; centenarium, en latin vulgaire.

CHAFFLOTER, v. n. onomatopée. Marcher avec bruit dans la boue ou le mortier.

CHAUDE, s. f. Prendre une petite chaude, se chauffer par occasion.

CHAUDEAU, s. m Lait de poule.

CHIFFLOTIAU, S. m. Petit sifflet, fifre.

CHlMENTIÈRE, S. m. Cimetière.

CHlP-EN-CHOP (aller de), loc. Marcher de travers.

CHIPOTER, V. a. Chicaner, chercher dispute.

CHlQUER, v. a. Manger; le mot est dans Rabelais. Les écoliers donnent le nom de chique à toutes les friandises qui entrent au collège.

CHOQUE, s. f. Souche, stipès, en basse latinité ceoca.

On appelle aussi une choque de maisons un îlot compact de constructions.


CHOULER, v. a. Fouler aux pieds.

CHOULER, v. n. Jeu qui consiste à lancer une boule de bois appelée choulet, avec une crosse ; de l'allemand schollern.

Diex que jou ai la panche lassée, De la choule de l'autre fois.

(Robin et Marion.)

CHIULET, S. m. Boule de bois lancée par les joueurs à la crosse.

CHUCADES, SUCCADES, s. f. plur. Friandises de sucre.

J'ai vu deux ou trois ish's Trouvées en mon lems De chucades ferliles.

(J. Molinel.)

CHUCHE, S. f. Bière.

FLAMBKAU :

Au Mameuluqu', é non Drsprès, y n'ia de l' chuche, checomm' du vin.

(Dialogue entre deux choristes dans un entr'acte lieLodoïska. )

CLACHOIRE OU CACHOIRE., S. f. Long fouet des charretiers.

Du vieux mot chassouere, de chacea.

CLACHERON, s. m. Bout de ficelle qui sert de mèche aux fouets.

CLAQUE, s. f. Fille indolente, qui n'est bonne à rien -T il existe à Lille une rue dite : rue à Claques.

CLAQUOlR, s. m. Pétonnière, tube en sureau par

lequel, au moyen de l'air comprimé, les enfants 1 chassent au loin, avec bruit, des balles d'étoupe mâchée.


CLEINER, v. n. Incliner, pencher.

Y cïeine du côté qui veut querre.

(Proverbe lillous)

CLIQUE, S. f. Petite lape qui résonne.

On donne des claques à un homme et des cliques à un enfant.

CLIQUER, v. a. Frapper, battre légèrement.

L'expression habit tout cliquant nué,pour dépeindre un vêtement qui a tout son lustre, répond exactement à la locution française, habit tout battant neuf.

Cliquant n'est point dit pour clinquant, comme le pense M. Desrousseaux.

CLIQUES ET CLAQUES. Prendre ses cliques et ses claques, c'est vider les lieux, déguerpir.

CLIQUE-TALON (aller à), loc. Marcher avec des souliers éculés; à savattes.

CLOER, v. a. Clore, fermer.

Y bot en cloant s'x'ycm, Comme un saint religieux.

(Urùle-Maison. — Le noi boLl.}

CLOUCHES. Terme de mépris pour peindre de maigres aliments; manger des clouches.

Quand j' mets men potage à m' bouche, Y n'est mi pus bon qu' des clouches.

(Brùle-Maison. —3e recueil.) CODAC, s. m. OEuf; onomatopée.

CODRELATS, s. m. pl. Chaudrons, ustensiles de cuisine, tout ce qui est cuivre dans un ménage; du latin culdarium vase d'airain, chaudière.

J. de Cottignies parle de batiau de codrelats; c'étaient des pontons en cuivre destinés au transport des munitions par eau dans la campagne de Flandre.


COI, COITE, adj. Tranquille, du latin quietus.

Queule coite! disent les olieurs, affligés de la mollesse du vent pour leurs moulins.

Au xme siècle, les Gantois réclamèrent contre l'usage des instructions criminelles secrètes qu'on appelait les coies vérités.

COINNE, adj. Stupide; être coinne, être interdit, perdre contenance.

Aujourd'hui j' sus coinne Comme un pichc-au-lil.

(Desrousseaux. — A/inique l'arlequin.)

COLAS. Abréviation de Nicolas, bêta, balou; se dit d'une espèce d'oiseau stupide.

T es-t-un cola D'croire à tous ches bélis's là.

(Desrousseaux. — Choses tournantes.)

COMPTOIR, Voyez montre.

COMTESSE (rue et hôpital), du nom de la comtesse Jeanne de Constantinople, fille de Baudouin IX et femme du malheureux Ferrand, le vaincu de Bouvines.

Jeanne, que des historiens ont appelée la Sémiramis du Nord, a doté la ville de Lille de divers établissements charitables. On lui doit aussi la charte de récréance de l'échevinage de Lille.

On voit encore son portrait dans la salle du réfectoire de l'hôpital Comtesse.

CONTRAIRE (venir au). Locution pour contrarier, déranger des habitudes prises.

On dit : cela me vient au contraire de faire telle chose.

Mais, cher sire, il venrait à grand contraire et déplaisance à mes compagnons et à ceux de l'ayalit garde si ils ne m'avaient en leur compagnie.

(Froissarrl, — Bataille de Roscbccquc.)


COPON, s. m. Coupon, ex græco XOMTÉJV (Duc).

COQUARDIER, s. m. Poulailler qui vend des volailles et des œufs, pour coquetier.

Cocquassier se trouve dans Rabelais avec le même sens.

Le nom decoquetier appartient aussi au petit meuble dans lequel on mange les œufs à la coque.

Il est regrettable que l'on ait perdu le vieux mot ovier, qui représentait plus étymologiquement l'emploi de l'ustensile.

COQUELEU, s. m. Amateur de coqs, qui les fait battre.

COQUILLE, S. f. Gâteau de forme oblongue que petit Jésus met, le jour de Noël, sous l'oreiller des enfants qui ont été bien sages. J'ignore pourquoi l'on a donné ce nom à ce gâteau, mieux désigné à Cambrai, où on l'appelle quéniole ou cuniole, du latin cunæ, berceau, maillot, cunalis.

J' vas dir' unn' prière à p'tit Jésus, Pour qui t'apporte unn* coquille.

(Desrousseaux.)

CORÉE, s. f. Poumon des bestiaux.

CORINCHE, s. m. Dévoiemenl.

CORSÉ, ÉE, adj. Qui a du corps; on dit d'un drap fort, qu'il est corsé.

COSETTE (un petit). locution. On dit aussi un petit temps, pour désigner un court intervalle de temps.

Et un petit cosette après Y a entré.

(Brûle-Maison. — Chanson sur le Camp de Cysoing.) COSTIAUX, s. m. pl. Petites camisoles d'enfant ouvertes sur le devant.

COTIN, s. m. Feu de braise; on dit enrouchi godain.

COTRON, s. m. Jupe qui s'attache sur les côlés.


COliET, s. m Vase en terre qui sert à la cuisine.

Y n'ont peint d'cafetière, Y prpnn' t un couet.

(Brûle-Maison. — Chanson sur les Buveuses de café.}

COULE, S. f. Mensonge, vanterie. À chaque assertion hasardée d'un menteur émérite, les plaisants de l'assemblée lui jettent ce mot : coule! M. Desrousseaux le regarde comme une abréviation de couleur; d'autres le font dériver de l'italien cavilla, bourde, colle.

Nous pensons que ce mot a une signification toute différente, et que chacun comprendrait facilement si, au lieu de l'écrire, comme on le prononce en patois, sans mouiller les l, nous lui avions donné son orthographe naturelle.

COULIÈRE, s. f. Cloyère, panier au poisson formé d'une sorte de claie d'osier; on dit à Paris une cloyère d'huîtres; à Lille, les commissionnaires dumarchéau poisson s'appellent porte-couliè-res.

COUILLON, s. m. Poltron, lâche tRabelais). On appelle Les Berguenards, couillons de Bergues, je ne sais pour quelle raison.

COUIIJLONNADE, S. f. Blague, plaisanterie de mauvais goût.

COUILLONNER, v. a. et n. S'entend de dire des plaisanteries et de goguenarder quelqu'un.

COULON, nom propre. C'est le fossoyeur du cimetière de la ville; aller vir' Coulon, c'est mourir.

Un boni m' corrmi' li s'en aller vir Coulon!

(Desrousseaux. — Chanson de Botis.)

Ch' est q' sans ch' bouillon T'iros à rup sur faire uu lour chez Coulolt.

(Daaia.)


COULON, s. m. Pigeon.

II vit quand l'oritlanbc fut déployé et la bruine chue, un blanc coulon voler par-dessus la bataille du roi.

(Froissard. — Bataille de Rosebecque.)

CouQUE-BAQUE, S. f. Sorte de crêpe confectionnée avec de la farine de sarrazin, appelée boquette, et du beurre. Les couques-baques, dites à l'anglaise, sont, en outre, sucrées. Les hommes de ma génération se rappellent la cave de madame Dubois, maison Kickemans, maintenant café Lalubie.

La vogue est aujourd'hui, pour ce genre de pâtisserie toujours populaire, à la cave des QuatreMarteaux.

Il économise sans peine Sur le gain de chaque semaine, D'quoi manger trois quatr'fois par mois La Gn' couqu' baqu' chez mam' Dubois.

(Anonyme. — Les Ouvriers lillois.)

COURETTE, S. f. Petite cour publique.

COURIR tout son plus vite, locution.

COURTILLAGE, s. m. Jardin aux légumes; de courtil, hortus.

COURTILLEU, s. m. Jardinier-légumier.

COURT-MOIS. Mois de février, le plus court des mois du calendrier.

Y sont sortis de ch' l'pndroit Le vingt-quatre du court-mois.

(Vers naïfs.)

COUSSIN, s. m. Carreau de dentelière.

COYETTE, S. f. Repos, tranquillité, de quies; être à l'coyelte, être tranquille.

CRACHÉ, part. Ressemblant. Quand on dit : C'est son


portrait tout craché, c'est que original et copie se ressemblent comme deux crachats.

One enfant ne ressemble mieux A père.

qui vous aurait craché Tous deux encontre la parroy.

, D'une matière et d'un arroy, Si seriez vous sans différence.

(La farce de Vathelin.)

CRACHET. Petite lampe de fer à l'usage des campagnes , ainsi nommée parce qu'elle était alimentée primitivement par la graisse.

My j'allum' men crachez Deux fos avec un broquet.

(Brûle-Maison.)

Que nul ne fasse ma Iole de ses lins par nuyts, à la chandelle ni au crachet, sur 40 pa tards d'amende.

(L'ord. de La Bassée.)

CRAINE, adj. pour crâne, lequel mot, est synonyme de fameux, excellent. Voilà de l'craine bière, de l' craine soupe !

CRAMILLIE, s. f. Crémaillère.

CRANPI, adj. Plié, courbé.

CRAPE, s. f. Crasse, saleté.

CRAPEUX, adj. Salop.

CRAPIN, s. m. Criblure de blé qu'on donne à manger aux poules; petit bled, en latin vulgaire crapinum.

M. de Godefroi cite un titre de 1182 où il est question de crappin. (Abb. de Cysoing.) CRAQUELIN, S. m. Sorte de pâtisserie croquante.

CRAQUELOT, S. m. Hareng fumé sans avoir subi les


préparations qui permettent de conserveries harengs saurs.

CRASSEUX, adj. Avare, du financier romain Crassus, aussi ladre que riche, lequel, au dire de Catulle, reprenait, en revenant à la ville, au pythagoricien Polyhistor, le chapeau qu'il lui prêtait pour le garantir du soleil quand il l'emmenait à la campagne.

CnÉcHT, IE, adj. Ridé, ratatiné.

CREN-BOULI Crème bouillie ; lait caillé préparé avec des œufs et de la crème douce. Les fermiers apportent à leurs propriétaires et pratiques des pots de cren-bouli, le jour de la procession de Lille. On sert la cren-bouli au dessert; quelques-uns y joignent du sucre, du vin et des macarons.

CREVASSIN, s. m., ou QUERVASSIN. Homme qui a l'habitude de se crever, c'est-à-dire de se soûler.

CREVÉ, part. ou QUEURVÉ. Soûl.

Queurvé comm' un polonais.

(Danis. — Conseil à lajermcsse.)

CRINCHER. Se frotter dans ses habits ou contre un mur, par suite de démangeaisons.

Le mendiant espagnol de Murillo, dont nous avons au musée une magnifique copie, par Souehon, représente parfaitement l'action d'un homme qui crinche.

J'ai d'l'amour, et tous les jours Y faut que je me crainche.

(Brûle-Maison. — L'amant pressé.)

CRINCHON, s. m. Mauvais violon.

CRINCHON, subs. ms. Cri-cri, cigale, crillon du foyer.

CRINCU, USSE (être). C'est présenter la difformité d'un long buste sur de courtes jambes ; du tudesque krauk, impotent.


CROCHE, S. f. Crosse, jeu qui consiste à lancer au loin un choulet, à l'aide d'un bâton armé d'un talon appelé crosse

CROCHE-PIED, S. m. Croc en jambe, coup de Jarnac donné en traître, contrairement aux règles de la lutte loyale.

CROCHU, UF. ou USE, adj. Qui a les jambes torses.

Il y avait au moyen âge, dans les fêtes de Lille, un Roi des crochus; il paraît que l'infirmité, trop souvent remarquée à Lille, date de loin.

CROJETTE, s. f Croisette, croix de par Dieu, livre élémentaire pour apprendre à lire.

CROLEH, v. n. Remuer, tourner.

CRÔLES, s. 1". pl. Cheveux en papillote, ou plutôt en tirebouchons.

CRON, adj. Tortu; le sobriquet de c'ron'tiète est souvent donné à ceux qui ont le cou de travers.

CRON, s m. Débris secs du mortier employé dans les constructions; on appelle crons tous les menus décombres.

CBOUTAS, s, m. Planche brute, la première de l'arbre qu'on scie.

CROQUANT, s. M. Genièvre.

CROQUE, adj. Légèrement ivre.

L' tambour qui élol quasi croque, Est mort en ballant, la berloque.

(Desroussenux. — Le Revidiache.)

CROQUE-POUJf, s. fi; Groseilleblête ou à maquereau.

CROQUES. OEufs de poisson

1 dil faut que ji; srrllc Tuus les croques, d'uil ('œul' g,li.

'Brûle Maison.— LeTaurquennois (;ui, jour avoir des carpes, en Il srmï 1rs croques.)


CROQUET, s. m. Mot employé dans les vieux litres pour clocher ; il y a à Lille une rue du Croquet.

CROUCROU (se mettre à). S'accroupir de manière à s'asseoir sur les talons.

CROUSTOUS, S. m. pl. Espèces, argent.

CRUAU, s. m. Mauvaise herbe.

CRUAUDER ou ECRUAUDER. Enlever le cruaù.

CRUCHON, S. f. Croissance.

CURIEUX, adj. Soigneux, ingénieux; un ouvrier curieux est complet dans son art.

CURISSE (pain de). Pâte de réglisse. Les enfants font, l'été , pour tisane, de l'eau de pain de curisye, en agitant l'eau d'une bouteille dans laquelle ils ont déposé quelques morceaux de pâte de réglisse.

D

DACHE, S. f. Clou de soulier, de l'armoricain tach, clou, d'où vient le mot attacher.

DACHOT, s m. Furoncle.

DAMAGE, s. m. Dommage, du vieux français dam, qui a pour racine damnum.

Chè dammage qui fait si qnerrc à vivre.

(Urùle Maison. - l'asquille.)

DAMAS, S. m. Nom conservé par le peuple au fer de la guillotine.

DANOBIS, s. m. Homme à l'airsimple, paraissant toujours offrir de l'eau bciiilc.

DAQUOIRE, s. f. Averse, ondcc; du latin aqua, eau.


DAIUIN, NE. Dernier, ère.

T'a comm' les yeux pu éclairchis Que r daraine fos que j'I'ai vue.

(Brûle-Maison. —Noce lilloise.) Véez là la darraine fin de Ph. d'Artevelle.

(Froissard.) DARON, s. m. Se dit pour baron.

Pierrot, as-tu vu le daron?

(Tableau parlant.)

DABONNE, s. f. Femme.

C'l'homme di à s'femme qui maronne, Allons vieil' daronne !

(Dcsrousscaux. )

DARUS, s. m. Habitant de St-Sauveur.

DARUSE. Fille de la même paroisse.

Je trouve ces mots dans le poëme burlesque sur la bataille de Fontenoy, dédié au sot de Lille, sans pouvoir indiquer leur étymologie.

DASER. Faire daser quelqu'un, lui faire chercher un objet caché par malice.

DE, particule que le patois lillois ajoute volontiers à un grand nombre de mots, comme pour leur donner plus de force.Nous avons indiqué déjà les mots : Debout pour bout.

Degrioler pour grioler.

Demépriser pour mépriser.

Se délamenter pour se lamenter.

Degriffer pour griffer.

Demitant pour mitant.

Nous aurons l'occasion de citer de nouveaux exemples de ces idiotismes de langage.


DEBOI;T, S. m. Bout; il y a à Lilie la rue du CourtDebout et celle du Rouge-Debout.

DÉBHIS ST-ÉTIENNE et ST-SAUVEUR. On a conservé ce nom, à Lille, aux quartiers détruits par le bombardement autrichien.

DECAROCHER, v. n. Quitter la voie ; déménager, perdre la tête.

DÉCESSER, v. n. Pour cesser, il ne décesse pas de parler.

Souvent, pour exprimer la même pensée à l'égard d'un bavard, on se contente de dire : il ne décesse pas.

DÉCLAQUER. Declincher.

Corage donc. Marie la Fureur.

desclaque encore un' fos lin cœur.

(Rrûle-Maison. — Pasquille plaisante.)

Déclaquer veut dire aussi éclater de rire.

DÉCHOQUETER. Diviser les racines d'une souche.

DÉDICACE, s; f. Fête originairement religieuse, où l'on mettait une église ou un village sous l'invocation d'un saint patron ; à cette pieuse solennité, le goût de plus en plus prononcé des plaisirs mondains a ajouté une fête communale qui présente le programme habituel de trois jo• irs, au moins, de jeux, de danses et de festins.

Plusieurs villages ont la grande et la petite dédicace, sans compter les dédicaces des cabarets, et la fête des saints, patrons des divers métiers.

Au seigneur haul justicier appartient de faire maintenir la dédicace d'icelle église et paroisse, et y faire danser et menestraudcr.

(ART. XXIX de la coutume de la ville de Lille el île sa chàiellenie. Palau. 5. Ti.)

Le mot de ducasse se trouve dans une traduction


romane contemporaine d'une charte latine du xivesiècle. (ROISIN, 221.) DÉESSE, S. f. Le peuple appelle l'déesse la statue de Lille qui surmonte la colonne çommémorative du siège glorieux de 1792.

DÉFUNQUER, v. n. Décéder, mourir.

DÉGAGER (se). v. pron Se d pêcher, se hâter.

DEGAINE, s. f. Tournure, démarche.

DEGAZER, v. a. Abîmer, gâter: de l'ancien verbe degastcr, d'où dévaster et dégât.

DÉGUEULER. Vomir.

Et li, va mengersix livres de viau.

Pour dégueuler comme un puurchiau.

(BroIe-Maison. — Le Savetier lillois et la Tourquennoise.)

DEGOBILLER, y. n. Dégueuler et délouffer ont la même signification; c'est vomir. Dégobiller, littéralement, c'est écorcher le renard , de vulpes, goulpil dont on a fait aussi goupillon. Tout le monde sait que le goulpil 3 retenu le nom de renard, depuis le fameux roman du xnie siècle, attribué à Jacquemart Gielée, notre compatriote.

DÉGRIOLER (voir Grioler). Glisser sur la glace.

DÉGRIOLOIRE (voir Grioloire). Langue d'eau glacée, égalie par les souliers ou les sabots des glisseurs. Les ruisseaux des rues sont d'excellentes dégrioloires, jusqu'au moment où les prudentes ménagères viennent les couvrir de cendres.

DELAMINTKR (se), v. pron. Pour se lamenter.

DÉLOQUETÉ, adj. En haillons, en habits déchirés.

Des sans maronn's, des dcloclôs.

(Drùlc Maison. — flnnde ries Filtiers.)


DÉLOUFER, v. n. Vomir.

Puis déloufant comme des pourchiaux.

(Brûle-Maison.)

DEMÉLAGE, s. m. Préparation liquide que la marchande de couques-baques étend avec une cuiller sur sa plaque chauffée, pour fabriquer ses produits.

On sint sin cœur craquer, Quand on vot griller L'démélach' sur l'plaque.

(Desrousseaux. — Curiosités lilloises.) DÉMÉPRISER, v. a. Mépriser.

DEMITANT. Moitié, demoitié.

Quand j' n'aros qu'un' prone T'en auras l'demitant.

(Brùle-Maison,) DEPICHER, v. a. Dépécer, déchiqueter.

DÉPLAQUER, v. n. qui exprime l'état de la terre, légèrement gelée, dont un soleil ardent détrempe la surface qui s'attache par plaque aux pieds des marcheurs.

DERNE, s. m. Dernier. Deme à couper, sorte de jeu de barres où un tiers, en coupant (croisant) les coureurs, attire sur lui la poursuite. Donner le derne à quelqu'un, c'est lui frapper sur le bras ou sur l'épaule en disant : tu l'as. Il y a un point d'honneur enfantin qui consiste à rendre immédiatement le derne à un autre camarade.

DETOUILLER, v. a. Démêler.

DEUILLANT, subs. ms. Qui conduit le deuil aux cérémonies funéraires.

DEVENIR. Faire devenir quelqu'un : l'ennuyer, le faire enrager.

On dit : Cet enfant me fait devenir. — Syncope, - pour devenir fou.


DIFFULEH, v. a. Oter, tirer ; de difjibulare (Ducange).

Gros Jaque il a parlé biau En diffulant son capiau.

(Brûle-Maison. )

DISCOMPTE, s. m. Escompte, appoint du change d'une pièce de monnaie.

DODO, s. m. Camisole de nuit que la bourgeoise conservait fort avant dans la matinée.

DODlNER, DODELINER, v. a. Chercher à endormir un enfant en se balançant sur sa chaise.

Lui-même se berçait en dodelinant de la teste.

{Rab. - Gargantua, chap. VII.)

DONDAINE. Dodane, dos d'âne.

DoR, s. m. L'enfant demande du dor, en désignant la partie du rôti qui a l'apparence de l'or.

Il a du dor à son habit.

(Pierrot dansle Festin de Pierre, de Molière.)

DOREUX, adj. Syncope de doucereux, douillet.

DORÉ, S. m. Tarte au fromage qu'on appelle goyère dans le Hainaut.

Cette friandise, qu'on paraît ne plus connaître à Lille, se vendait rue de Tenremonde.

DORLORES, s. f. pl. Parures d'or.

DORMANT, s. m. Soporifique à l'usage des enfants.

Bonn's gins plaigne un brave homme Qui donne à ses pauv's enfants, Quand i veut dormir un somme Pour une' pair' de sous d'dormant.

(Desrousscaux. L'Uummc marie.)

DOUBE, s. m. Double, petite monnaies


DOUET, s. in. Ancien instrument de ménage, composé de coupons de chaîne de calmande, cloués au bout d'un bâton et formant éponge pour ramasser l'eau.

On dit d'un garçon qui a la chevelure épaisse et frisée qu'il a une tête comme un douet.

DOUQUE-DOUQUE. Tic-tac, battement de cœur.

Min cœur faijot dOUf:f[-diJucq' pus fort.

(Pesrnusseaux. — L'Paruinuche.)

DRAGON, s. m. Cerf-volant, appelé dragon, sans doute à cause de la forme que l'on a quelquefois donnée à ce genre d'aérostat.

DRI, AU drif contraction pour au-derriere. Cri poussé par les enfants pour prévenir que quelqu'un est monté derrière une voiture.

DRISSE, S. f. Excréments liquides; foirade. Avoir la drisse se dit de quelqu'un qui a peur.

DROULE. Chianlit, masque courant les rues, de l'allemand troll, d'où l'on a fait aussi drôle. Les enfants poursuivaient autrefois les masques au cri de : droule!

droule f Ce cri est aujourd'hui remplacé par celui de : ahu ! ahu !

DRUQUIN (en), adv. En cachette.

DUCASSE, s. f. Kermesse. (Voir Dédicace.) La ville de Lille, indépendamment de sa ducassc annuelle, a ses ducasses paroissiales qui viennent dans l'ordre indiqué par les rimes patoises qui suivent :

André, Madleine, Pierre, Callcillr, Saiveur, Etienne, Mrulic-e.


PUSQUE, prép. Forme primitive de jusque, dérivée de deusque.

Si avaient les ganbes nues Dus c'as génois.

(Lai du trot.)

El si nousvenomes vers Arouaise li commugne deTournai

nous doit secorre sille sans empêchement puent venir dusqne ià.

(Cliarlede Tuuruay, donnée par Philippe-Auguste.) Le patois de Lille retranche fréquemment la première partie du mot jusque ou dusque.

Nous trouvons un exemple de cette syncope dans la chanson de Manicourt, de M Desrousseaux

Cli'e 1 pldisïr de l'vir Filit' des pas d'zéphir, Des interchats pleins d'Mganre, Des ilil's de pigeun, Des sauts, qu'au plafond !

E

ÉCAFILLÉ, ÉE, adj. Eveillé, ée.

ÉCAFOTER, v. a. Dégager la noix de son enveloppe.

ECARDER, v. a. Ecailler, enlever l'émail d'une assiette, écorner la porcelaine.

On appelle, en français , écharde, uq petit éclat de bois, du danois skaar.

ÉCHUCHER (s'), v. p. Parler de manière à s'épuiser, à perdre son suc.

ECLITE, s. f. Eclair.

Eiilreinsntes. descendit une pluie du ciel si grosse et si épaisse que merveilles rl un lonnerre et un esclistre, moult grand et moull horrible.

(Fruissard. — Rlllarllcdc Crccy,)


ÉCONCE, s. f. Lanterne sourde; du latin abscondere; nous trouvons dans Ducange : consa, sconsa et absconsa, lanterna cæca, lanterne aveugle ; cette expression est préférable à celle de lanterne sourde.

Je n'ai pu rien dedan m'mazon ; Tout est aussi vide qu'un' écunce.

(Brûle-Maison.) ECOUAGE, s. m. Autopsie.

ECOUANTS. Pendants, ballants; se dit des bras qui ne portent rien.

Écoun, s. m. Partie du corps sur laquelle la mère, assise, tient habituellement son enfant.

La madone de Raphaël, dite la Vierge à la Chaise, a le Christ sur son écour.

Il n'y a pas, dans la langue française, de mot absolument analogue, pas même le mot giron que l'on a indiqué souvent comme synonyme.

ÉCOURCHEU, s. m. Tablier, ainsi nommé sans doute de ce qu'il couvre l'écour.

ÉCRÈPE, s. m. Avare, qui tire parti de tout.

ÉCRUAUDER, v. a. Arracher le cruau des champs.

ÉGARD, s. m. Inspecteur, eswardeur, EGALIR, v. a. Rendre égal, polir. On égalit une pièce de monnaie en l'usant contre une pierre; on égalit un terrain en le piétinant, une dégrioloire à force deglissel'.

ÉHOU ! ÉHOU ! Exclamation poussée pour faire honte à quelqu'un.

EMBLAVE. Ce mot pris adjectivement s'applique à l'homme qui fait des embarras.

Veant v'nir les voilures, Chés malins Tourquenois Digeonl', oui, ché pour sure Chés emblaves d'Lillois (Fclix Ç, - Le Tflurqucnnois au chemin tic fer.)


EMBLAVERIE, S. f. Désordre; on dit qu'une terre est emblavée quand elle n'est pas encore dépouillée.

EMBU (être). D'imbutus, pénétré, imbibé; être légèrement pris de boisson.

ÉMILION, s. m. Lumignon, fragment de mèche de chandelle encore allumé.

ÉMONTÉE, S. f. Marche d'un escalier.

EMARVOYÉ, adj. Vient, suivant M. Escallier, de male viatus; ce mot a le même sens que fourvoyé qui signifie hors de la voie.

(Arch. du Nord,- Létlres sur le patois.) EMPIFRER, Y. a. Empifrer quelqu'un, le remplir de nourriture; pifres vocamus gulosos qui largioribus epulis indulgent.

(Ducange.) ENDÈVER (faire). Vexer.

Je ne l'ai prins qu'à ce malin, mais déji j'endesve , je déguiline. je grezille d'être marié.

(Rabelais. — Pantagruel, chap. VIl.)

ENFARDELÉ, adj. Embarrassé; de fardel, fardeau, farde.

ENFENOUILLÉ (être). Être fort affairé, embarrassé, empélré.

Bien loin que cha m'infenaule Cha Ce toudi pliiisi.

(Promenade iillnise.) ENFOURFELLÉ (êtrc). Affairé (voir fourfelle).

ENFUNQUÉ, adj. Enfumé; dans les fêtes lilloises du vieux temps il y avait le marquis des Enfunqués.

ENGELÉ, adj. Congelé.

Il avait si forl gelé qu'on pouvait bien venir jusqu'aux murs sur Il's fos,és luul engelés.

(Froissard. )


Engélé se dit aussi d'un homme qui a grand froid

J'cngèle de froid sans fu ni lu.

(Urùle-Maison.- Pasquille plaisante.)

ENGUEUSEIl, v. a. Tromper, mettre dedans.

ENNOEILLER, v, a. Guigner de J'œil.

EISON? Est-ce non ? Formule interrogative fréquemment employée pour: n'est-ce pas?

ENROSTER, v. a. Soûler ; s'enroster, s'enivrer.

ENTOUILLÉ, ÉE, adj. Mêlé, éeCar il n'était pas encore henre, tant que la chose fut nIÍeut entouillée, (Froissard.)

Et furent les Français si entouillêsenlre leurs ennemi- qu'il y avait bien cent hommes d'armes sur un gentilbomme.

(Froissard.— Bataille de Poitiers.)

ENTHRLU (boire à l'). Boire en lurlure, en chaulant des refrains.

Tout cha s' en va à l'enturlu En buvant l'daimnnche.

(Jîrûle-Maison.)

ENVIEILLIR (s'), v. n. Vieillir. Cette expression se trouve dans les écrivains du XVIe siècle.

ÉPAFFE, adj. Saisi, épouvanté, d'expavcfactus.

EpAUTRER, v. a. Écraser, meurtrir: espauitrer est dans Rabelais.

EPILIER, V. a. Mettre en morceaux, en miettes ; vendre une ferme à l'épilier,, c'est démembrer une exploitation rurale, la morceler pour vendre ou louer les terres en détail.


EPURER, v. a. Ëbranchcr, émonder.

Et le jour du cras dimanche, sofa ledit roî tenu :1e faire danser au* daines el damoiselles, chevaliers, escuycrs, pour espinchier l'espineltc.

(Roisin. -Fête de l'Epinette.)

EpOUPETTE, S. f. Large éventail de bois pour raviver le feu des fourneaux.

ÉPlIELLE, s. f. Épeule, bobine légère garnie pour la trame des rloffcs.

E-QUETTES, s. f. pl. Echelles, menu bois.

Jean fîille a donné d'z'équettes !'our mettre à che fu de joie.

(Mort de Brulc-Maison.)

du grec £ #9» d'après l'abbé Bourlet.

ESCARBILLE, s. f. Scorie de charbon.

ESCOFIER, v. a. Tuer.

ESCONSANT (Soleil). Soleil couchant.

C'est par erreur, suivant nous, que dans l'intéressant ouvrage des Sept sièges de Lille on a, à propos de l'accord pour la reddition de la ville en 1302, traduit le mot esconsant par éclairant.

Le traducteur a été séduit par un rapprochement entre esconsant et econce, lanterne ; il a oublié que l'éconcc est une lanterne sourde ou plutôt aveugle; cœca, d'après Duc.mge.

Escous, adj. Secoué, du vieux verbe escorre.

Escous en a toute la flor (Berthu aux grands pieds.)

ESCOUSSE, S. f. Élan ; prendre son escousse, c'est prendre du champ.


ESPISTER, v. n. Faire jaillir, éclabousser; on fait espister l'eau en mettant le pied dans une flaqllc, ou en faisant tournoyer un douet trempé ; du latin expar gere.

ESQUELIN. Escalin, monnaie de Brabant.

Pour son luigeau six esquelins !

(Brùle-Maisuii.— LcMurlcnUirù.)

Esoutr<TE)<, v. a. Assommer, creinler.

Un liomm' vient qui vous esquinte, A forch' de d'viser.

(Dcsrousseau.x. — Les Ma/lants. j

ÉTAI., s. m. Stalle, de stare, lieu où l'on étale.

ÉTAQUE, S. f. De l'anglo-saxon staka, lieu qui sert de but dans certains jeux ; attache de moulin à vent ; poteau; c'est de ce dernier mot patois que vient le nom de la rue des Étaques.

ÉTENELLES, S. f. plur. Petites tenailles, pincettes, que le peuple appelle encore épincettes.

ETEULES, s. f. pl. Stipulæ, ce qui reste de chaume dans un champ après la moisson.

Il paraît qu'autrefois on appelait aussi éteules les avéties elles-mêmes. Nous trouvons dans un mémoire d'un abbé d'Anchin, en 1254, Qu'un sire de Monligni prit les faus a 1111 ou V homes de Peskencourt, faukans estclilcs sur les propres terres l'église.

(Estait. — Abb. d'Anchin.)

Le sire de Cvsoing abandonne les esteules de ses terres, en 1219.

(Du Godefroy. — Abbaye de Cysoing.)


ÉTOQUER. S'étoquer, contraction pour s'estomaquer.

Y à resté étoqué D'menager des pronnos.

(Brùlu Maison.)

ÉTRAIN, s. m. Paille, chaume; de stramen.

De l'étrain dans m' couche.

(Brale-Maison.)

ÉTRANNER Étrangler.

Miiis che cat. sans tichon, A êtranné sen coulon.

Tout comm' unn' rate.

(brûle-Maison. )

ÊTRES, S. m. pl. pour aitres, Atria; distribution d'une maison.

ÉTRIVE ou ÉTRIVETTE, adj. S'emploie pour tricheur, mais n'a pas cependant la complète signification de ce dernier mot.

Le tricheur fraude, l'étrive violente ; c'est plutôt un mauvais joueur qu'un trompeur.

Le verbe estriver se trouve dans nos plus vieux auteurs français, avec le sens de débattre, se disputer, se quereller.

F

FAÇONS, s. m. pL Cendres.

FADA (avoir le), locution. Souffrir d'une chaleur accablante; vient de l'espagnol.


FALLUICHE, S. f. Pain aplati, cuit à la flamme du four, el qu'on sert au déjeuner après l'avoir fourré de beurre.

FARFoUlLLEn, V. n. Fouiller en brouillant (Roquefort), en éparpillant; de l'espagnol farfullar.

FAu, s. m. Hêtre; de fagus.

FAIT D'AMITIÉ (être), locut. Etre trompé en douceur.

fait au même, suivant l'argot du billard.

FAIT (à). A mesure.

El se mettaient, à fait qu'ils étaient onlre, en un Aulnoy. et là se quatissaienl à la couvert.

Froissard. - Passage de la Lys.)

FAIT A FAIT, locut. Au fur et à mesure.

Trouvant les hauffes si bonnes, Fet à fet qui les taigeoient.

(Brùle-Mnison. — Le Touvquennois qui a mungd trop de gattffrcs.)

FAUCAnD, S. m. Courte faux pour couper les roseaux.

FAucARDEn, v. a. Faucher les herbes d'un étang.

FAUQUE, locut. Pour seulement, je n'en ai fauque deux, dérive du verbe impersonnel falloir; il n'en faut que deux.

FERGU, adj. Vif; frétillant Fergu comm' unn' huitaine.

(Brule-Maison. — Le liaudvl suidai.)

FERLOLPES, s. f. pl. Lambeaux.

J' sais raccommoder Les habits à fcrloupes.

(Brille Maison., FERMENT, s. m. Cognée, -sorte de petite hachette à l'usage des bûcherons.


FI, s. m. Foie.

FIGHAU, s. m. Fouine. On dit : malin comme un fichau.

Mon cœur saule tout comme un fichatt.

(Brûle Maison. — Plaintes amoureuses.)

FIENS, S. m. Fiente.

La rue à Fiens est ainsi nomméer sans doute, à cause du passage des matières fécales enlevées de la caserne des Buisses.

FILEP V. n. S'esqqiver; partir furtivement.

FILERtE, s. f. Veillée où l'on file le lin.

FIN, adv. Se dit pour l'adverbe ampliatif très. Cet ) homme est fin sot. C'est une syncope de infiniment. J Fin, fine, s'emploie aussi adjectivement, comme extensif, donnant plus de force à l'adjectif qui suit.

Elienne vit' toute fine seulclte, Près d'un ruisseau sa défunte Ticnnelte.

(La Fontaine. — Troqueurs.)

FINlOLER, v. n. Mettre de l'élégance, du fini dans ce que l'on fait.

FION, genre. Avoir le fion, c'est avoir la manière, le chic, comme l'on dit aujourd'hui.

FuliUTE. Flamand.

Rr, mi. ra. sol, la. si. 1:1.

Tous l 's Flamands sont des Flahutes.

(Gamme lilloise.)

FLAMIQUE, S. f. (voir Falluiche). On dit d'un ménage qui a peu d'ordre., qui godaille, que tout s en va en tripes el en (lamiqucs.


FLANDRIN. De Flandres; un grand Flandrin, c'est un homme élancé et de mauvaise tournure.

FLAU OU FLO. MOU.

Si le roi l'arot connu flau, Y n' l'arot point monté si haut.

(Jacq. De Cottignies.- Mariage du Dauphin.)

FLÉCHETTE (jeu de). Variété du tir à l'arbalète.

FLÊPES, S. f. pl. Haillons; aller à flêpes, aller avec des habits déchirés, du latin ferpes, ferpotœ vestes, d'où frepes par la transposition de l'r, et friperie.

FLOHAINE, s. f. Femme flasque, qui floie; du vieux verbe Floïr, faiblir, être flô, mou.

FOIRER, v. n. Avoir le dévoiement: de foirar, nom donné par Rabelais à un raisin laxatif.

Le sobriquet de Lillo-Foreux est incessamment adressé aux Lillois par les campagnards.

FONCER, v. a. Enfoncer.

Y fonce le devant Comme un trait d'arbalète.

(Brule-Maison. — 10e recueil.)

Les enfants disent : foncer barres.

Foncer s'emploie aussi dans le sens neutre : une glace peu solide fonce sous les pas de l'imprudent patineur.

FOlHlOU, s. m. Forboutier: faubourg, faubourien. Foras bnrg-ij ici encore le mot patois se rapproche plus que le français moderne de l'élymologie.

Ja ont arses les rues et les fors bore brislé.

(Roman des enfants Aymon.)

FORCHE, Q{;E, locution pour l'adverbe tant.

Forche que je suis diminuée.

(Bri¡lc-:\laisun. - ta. recueil)


FORSENER, v. n. Être en rût, se livrer à la débauche.

FOUAN, s. m. Taupe.

FOUPARDES, S. f. pl. Fanfares.

FOUPFE, s. f. Loque, chiffon; faire ses fuuffes, c'est mettre du foin dans ses bottes.

FOURFELLE (être en). Etre empêtré, affairé.

Che tourquennois en fourfelle.

(Brùle-Maison. — Le Daudet l ,u<>-garou.)

FOURNAQUER, v. a. Fasciner.

Ch'est comme un fichau Qui rournaque un ojeau.

(Desrousseaux.— Manicourt.)

FOURONNER, v. n. Fureter, marauder; du latin (ltr, voleur.

Y coure au gardin En fovronnant partout.

(Brûle-Maison. - 10e recueil.)

FOUYNER, v. n. Faire un trou, creuser la terre.

FRAICHE.C'est ainsi qu'on appelle la tisaoneque vendent les marchands de coco. A la fraiche qui veut boire?

FRASOIR, s. m, Plateau de bois percé de trous, ustensile de ménage.

FRAYEUX, adj. Qui occasionne des frais. On trouve dans La Fontaine, pour la même idée, le mot frayant.

L'un allouait que l'héritage Était frayant et rtllic.

(Liv. VI, f. 4.)


FRIANT-BATTANTt locut. D'une façon délibérée, se dit de la marche d'une personne qui va droit devant elle, sans douter de rien

FRICASSE (faire). Locution d'enfant, fricasser; faire un petit ménage, la dînelle.

FRISONS. Cheveux bouclés avec un fer.

Chés deux biaux frisons, Qui sont su vo front, Aussi noirs que du carbon.

(Brûle-Maison.)

FRUSQUIN (SAINT-) Trésor provenant d'économies.

FUILE, S. f. Paille de colza employée comme combustible, vient de fuerre, paille.

FUNQUÉE, S. f. Fumée. Il y a à Fives un cabaret bien connu sous le nom de la Funquée.

G

GADOU, s. m. Matière fécale.

GADOUX ( avoir les yeux ) , locut. Les avoir doux et tendres.

GADRU, s. m. Gars-dru, garçon robuste bien portant, gaillard.

Estes vous f.iin et dru Guillaulmc?

(Farce de fathelin.)

GAFE, s. f. Gave, cou. Séraphin grossgafe, personnage d'une des plus jolies chansons de Desrousseaux (Le Lundi de Pâques), a le cou gros, goitreux.

GAGA (parler) Parler à la façon des enfants gâtés.


GAIOLE, S. f. Geôle, cage.

Toul d'méme qu'un perroqué J' le mettrai en gueole, T'apprendra à parler Peut ette chonqu' six paroles.

(Brûle-Maison.) GALAFRE, s. m. Gourmand.

GALETEUX, s. m. Se dit du charbon en gulietLe.

GALIETTE, s. f. Morceau de charbon de moyenne dimension, entre le gros et le menu.

GALOCHE, s. f. Jeu de bouchon.

GALURIAU, s. m. Gamin.

GALVAUDER, v. a. Gaspiller.

GANTOIS. Hospice fondé par le Gantois Delecambre.

GARCHONALE, S. m. Petit garçon, terme de dédain.

GARÇONNIÈRE. Fille qui a les allures d'un garçon.

GARD. Terrain entre deux fossés servant à garder l'entrée d'une ville.

(Brun-Lavainne. — Lexique de Roisin.)

C'est l'origine du nom conservé par la rue du Gard, où était une porte de la ville.

GASPIAU, s. m. (Voir garchonale.) GATELET, S. m. Petit gâteau qu'on ne fait qu'en temps de carnaval. On annonce-le défournement, à son de trqmpe, à la porte des boulangers.

Tiroux rapporte que les Français crurent à une surprise lorsqu'à la première année de leur OCGlrpation ils entendirent ces cornets.

GAUFRE-COLIGHE, s. f. Gaufre molle, pâtisserie hollandaise

GAULE, S, f. Vêtement à manches; camisole de nuit qui a retenu ce nom de son origine gauloise.


GAUQUE OU GAUGUE, S. f. Noix.

GAUQUIER, S. m. Noyer; d'après la coutume de Lille, alors que les pronniers et les cherisiers (sic), et les gauquiers même des vergers étaient meubles, cateux verls, le gauquier isolé, planté dans la cour de la ferme, pour protéger ses habitants contre les feux du soleil, était réputé immeuble.

GA vu. Pigeon à grosse gorge.

GAZIAU, S. m. Gosier; pocher l'gaziau, étouffer quelqu'un.

GHtNSE, s. m. Lait battu, potage.

Je le ferai du ghinse Tout comme du lébouli.

(Brûle-Maison.— Zal.aut.)

GIFFLE, S. f. Soufflet.

GIGEANTR, S. f. Femme en couche.

Retournant vers' l'gigeante, Ils ont oublié l'enfant.

(Briilc-Maison.)

GIGEINE, S. f. Gésine.

GIN, s. m. Terme d'amitié pour désigner un enfant, min pût gin; singulier peu usité du mot collectif gens, c'est ainsi que dans le patois berrichon on dit un petit monde.

(George Sand. — La petite Fadette )

GINGEOT, s. m. Homme simple, facile à tromper.

GINGLER, v. n. Remuer, s'agiter.

Un enfant ginglard s'agite en dormant.

GLAINE, S. f. Poule, de gallina.

GLAND, s. m. Clôture à claire-voie, porte grillée, la rue du Gland était probablement ainsi fermée.


Le nom de Gland donné à cette forme de clôture provient de l'ornement habituel qui surmonte les montants de la grille.

GLAVES (il pleut à). Locution qui répond à celle-ci : il pleut des hallebardes ; glave, de gladium, glaive, épée, lance.

GLORIETTË, s. f. Tonnelle qui abrite les buveurs dans les guinguettes, notamment à la Nouvelle-Aventure.

GLOUT, adj. Glouton, gulosus. On dit d'un gourmand : c'est une gloute-gueule. Une espèce de poire porte le nom de glout-morceau.

GODAILLER, V. n. Se livrer à la bonne chère sans aucune mesure. Le mot vient de good ale, bonne bière, qui se trouvait sur l'enseigne de tous les cabarets.

GODICHE, adj. Comique, plaisant.

GODON, s. M. Poltron

Ne craignez point, allez battre Ces godons, panses à pois, Car un de nous en vaut quatre Au moins en vaut il bien trois.

(Olivier Basse'in.)

GOGU, adj. Gai, content.

GOGUELU. Mauvais plaisant; pierrot goguelu se trouve dans Rabelais.

GOURDAINES, S. f. pl. Courtines, rideaux.

GOURER, v. a. Tromper, attraper, circonvenir.

GOUVlON, s. m. Goujon.

GRAISSIER, s. m. Épicier.

GRAMENT, adv. Syncope pour grandement, beaucoup.

GRAND-MAGASIN. Bâtiment érigé en 1730 par les états de Lille, pour les provisions de grains

Il a été abandonné au gouvernement qui en a fait une annexe de la manutention.


Un préjugé populaire, dont je n'ai pas cherché à vérifier l'exactitude, attribue à ce bâtiment aillant de fenêtres qu'il y a de jours dans l'année.

GREIGNARD, S. m. Mauvais plaisant; grimacier. On appelle greignards d'apothicaire ces têtes grotesques qui figurent à la porte des pharmaciens.

GREIGNER, V. n. Rire en se moquant. Y n'font gu/rire et greigner.

GRIFFER, v. a. Égratigner ; on dit aussi dégriffer.

GRINGUES, S. f. pl. Cerises noires sucrées.

GRIOLER. (Voir Dégrioler). Grioler a, je crois, la même signification, et probablement la même origine que fringaler, qui se dit à propos des voitures qu'un pavé trop glissant fait déviera droite et à gauche du milieu de la route. Je vois dans les vers naïfs attribués au fils de Brûle-Maison, sur les conquêtes du roi en Flandre, le mot grioler appliqué à une fusée qui part en zig-zag : Un a mis l'fu à un' fusée Qu'elle a quemeuché à grioler.

GRIPPETTE, S. f. Petite fille hargneuse.

GROISEILLES, S. f. pl. Groseilles. Notre patois encore ici a conservé le mot primitif.

On lit dans Marot : Mais si vous cueillez des groyselles, Envoyez-m'en, car pour toutveoir, Je buis groz. mais c'est de vous veoir Quelque malin mes damoyselles.

tRollrteau aux damnysellus paresseuses d'escrire à leurs amys

GORLIER, s. m. Bourrelier.

GOUVERNANCE. Hôtel du gouverneur militaire, rue de l'Abbielte, aujourd'hui de Tournay.


GRAIN DE SEL (porter à), par corruption de grande selle.

Les porteurs unissent leurs mains droite et gauche, et sur cette selle improvisée s'asseoit l'enfant qui leur serre le cou de ses mains libres.

GRAND-TOURNANT. Partie du canal de la Deûle qui forme un arc assez prononcé. C'est l'endroit où l'on allait nager avant l'établissement de l'école de natation.

GRINGRIN (St). Un grognon, qui se plaint sans cesse.

GROS-JEAN, jeu des rues. Gros-Jean poursuit d'abord tout seul ses adversaires, à cloche-pied, toutefois, après leur avoir demandé la permission de sortir. Chaque prisonnier qu'il fait augmente sa famille; la poursuite collective qu'entreprend Gros-Jean avec sa femme et ses enfants a lieu en faisant la chaîne par les mains réunies. Les adversaires cherchent à briser cette chaîne à coups de poing; c'est aussi à coups de poing qu'on reconduit à son poste la famille Gros-Jean débandée.

Gros-Jean peut-il sortir tout seul, ou avec sa femme, ou avec ses enfants? — Sorte gueux! est-il répondu.

GROS MORT, s. m. Enterrement solennelavec distribution de pain aux pauvres.

Su' l's aut's paroiss's cha va incor, On a tas in temps un gros mort.

(Desnousseaux. — Choisse et Tltrinetlv.)

GROUAGES, s. m. pl. Escarbilles.

GROULER. Grouiller, de crôler, remuer; on dit que le ventre groule, quand il est travaillé de borhorygmes.

GRUAU, s. m. Gros nuage noir qui se fond en pluie; giboulée, averse, grain. Est-il éclairé d'un pâle rayon, on dit vulgairement : Voilà un gruau qui se chauffe au soleil.


GUERNATES, s. f. pl. V'ià des bellées guernaics ! cri des marchandes de crevettes; du flamand gernaerds, dort les flamands de France ont fait grenades.

(De Bertrand. -1Votice sur Zuydcoote.)

GUERNONS, S. m. pl. Crocs, moustaches de chat.

11 porlail une paire de moustaches d'une longueur démesurée.

Ces yuarnons étaient d'une raideur étrange ci peu fournis, de sui te qu'on ne saurait mieuv les dépeindre qu'eu rappelant ceux d'un chat en colère.

(Derode. — Famille Ili-tidhomme.)

GUERNOTER, v. n. Palpiler, frissonner; en terme de cuisine, bouillira petit bouillon.

GUERNU, E, adj. Grenu, plein de grains.

GUERTIER, s. m. Jarretière.

GUET, s. m. Agent de police municipale.

GIll, GÉE, S. f. Levure de bière.

GUILER, v. n. Se dit d'un liquide épais qui s'échappe insensiblement par une fissure. On voit guiler du vase l'huile, la mélasse, le miel.

GUISE (Jeu de). La guise est un petit bâton aminci à ses deux extrémités qu'on pose sur un pavé, et qu'on fait sauter bien loin en frappant l'un des bonis avec un bâton plus long. Le jeu consiste principalement à lancer la guise dans une direction, ou à une distance qui ne permettra pas à l'adversaire de la recevoir.

GUITERNE, s. f. Guitare.

Il existe à Lille une cour Guiterne, étroit passage qui conduit de la place Saint-Martin à la rue SaintJacques.

J'ignore l'origine du nom harmonieux donné à ce cloaque qui, dans aucun temps, n'a pu être propice aux sérénades espagnoles.


Il fut, en 1789, le 8 avril. le théàtre d'un meurtre commis sur deux soldats de Royal-Vaisseau et de la Couronne, par des chasseurs de Normandie.

* (VicLor Derode. — Hist. de Lille, III, 30.) GmVE: s. f. Figure difforme. En latin, icifa, guife; signe matériel de prise de possession d'un objet; cachet apposé, d'où est venu le mot griffe, signature stéréo- typée.

GTKIE, s. f. du grec, yup e<, tour. Faire des gyries, c'est ne pas aller directement au but, employer des manières. Gyrer, de gyrere , tourner, est dans.

Rabelais.

H

HABILE, adj. S'emploie dans le sens de prompt. Un .homme habile est moins un homme capable qu'un homme expéditif. Pour presser quelqu'un d'agir on crie : Habile! habile!

HALBRAN, S. m. Maladroit; homme qui n'a pas plus dccervelle qu'un jeune canard

HALLES, s. f. pl. Passage ainsi appelé, non parce qu'il conduit au marché aux poissons, mais parce qu'il est sur l'emplacement de l'ancien échevinage, le forum lillois.

IIALLOT, S. m. Saule, a donné son nom à la rue de la Halloterie.

HAPPE, S. f. Hache. Terrain en happe. Celle locution, se trouve dans tous les vieux titres.

HAQUE ! Exclamation de dégoût ; pour cacaque.


HARO, SE, adj. Pour hardi, ie.

Harse à vo' n'ouvrage, De jour comme au candelé.

(Brûle-Maison.)

HARDIL Exclamation pour encourager.

HARNA, s. m. Appareil pour le tissage.

HAYON, s, m. Echoppe, sorte de tente soutenue par des piquets, où l'on étale des marchandises de peu de valeur. C'est, suivant Le Duchat, une contraction de habillon, habit. En français, haillon est une barraque d'ardoisier, (Nap. Landais); c'est du mauvais état des toiles qui flottent au vent que vient le mot haillons, vêtements déchirés.

Quoi! n'y a point den tout m'n aïon Drochi, des sorlés à vol point?

(Le Savetier et la paysanne.)

HAYURE, S. f. Haie.

HIMEUR, s. f. Pour humeur.

HOBKTTE, s. f. Petit bâtiment, annexe d'un moulin à tordre huile.

On appelait ainsi le corps de garde établi en 1566 sur le cimetière St-Pierre, pour protéger le chapitre contre les attaques des Gueux.

(Manuscrit de la biblioLb.)

HOCHEPOT, s.m. Sorte de ragoût très-estimé des Lillois; c'est du bœuf bouilli accommodé aux carottes.

Ce mot vient de hotchpock que le Glossaire de Ducange définit ainsi : Condimentum quod in ollâ pluribus carnibus et escis invicem mislis et confusis conficitur.


HOCHENNOIRE, s. m. Berceau.

S'mér' l'a dins s'n'ochennoire.

(Dcsrousseaux. L'Canchon d^r moire.)

Ce mol vienl de hocher, balancer, remuer, comme hoche-queue, bergeronnette, petit oiseau qui agite toujours la queue.

HOLE, S. f. Huile, d'oleum.

HONAINE, s. f. Chenille. Il y a à Lille la rue des SeptHonaines.

HOUPETTE, S. f. Petite houpe; un' biell' houpetle! exclamation de dédain.

HOURDAGE, s. m. Appareil pour la construction des bâtiments; de l'allemand hourd, cchafaud.

HOUSEAUX, s. m. pl. Espèces de guêtres pour garantir lebasdes pantalons; de l'allemand houser, baller.

HOUSSE, S. f. Faire housse, lulter.

Pour faire housse, avec nos bourbons.

(Vers nails.)

Un ry a raconté Que s' femme faigeot housse A boire du c;\fé.

(Chanson sur les Buveuses (le café.)

IIuis. Porte, d'où huissier, du latin ostium.

J'ententis buquer à m' hui.

(Brûle-Maison. — Le Retour de Jean-Louis.

BUVETTE, s. f. Bonnet de nuit ; du vieux latin eufa, coiffe, par aspiration hufa.


1

ISIBORGNEUX, s. m. Maladroit.

INCRINQUER (S'), v. p. Être engrêné, empê-tré.

Quand e!l' s'a vu inscrinquée, Elle a crié à l'aide.

(Brûle-Maison )

INDULGENCES, s. f. pl. (Voyez painperboles. )

INDUQUE, S. f. Éducation. On dit indifféremment: avoir d' l'induque ou avoir d' l'école.

Min père alors, qui a d'l'écolet (Desrousseaux. — Casscbras.)

INFANT, S. m. Enfant, infans.

INFILER, v. a. Atlrapper, engueuser.

INFILURE, S. f. Manière de faire.

Quand ell' veut faire du fricot N'y a d' quoi rir' de s' u' infilure.

(Desrousseaux.- L'Homme marié.)

ÏNFoncHtÉ (être). Etre forcé, en péril; faire des efforts pour se tirer d'un mauvais pas.

Le roi, qui se vil en dur parti et trop efforcé de ses ennemis, demanda en regardant le chevalier : A qui me rendrai-je ?

(Froissard — Bataille de Poitiers-)

INGUER. Viser, chercher à atteindre. Ce mot ne me paraît pas tirer son origine soit de inquirere, comme le pense M Eseallier, soit de anhanare, suivant l'opinion de M. Le Glay ; je crois qu'il provient plutôt de


aguitare, d'où agucl, insidias strucre, d'après Ducange. On trouve dans Rabelais indaguer pour chercher. Inguer pourrait venir de ce dernier mot par syncope.

INNOCHENT. Innocent, conserve dans le patois le sens étymologique d'inoffensif.

INSIPIDE, adj. S'emploie pour insupportable , comme indigne.

INTENDANCE. Ancien hôtel de l'Intendance générale rue Royale ; il fut affecté par Napoléon au service de la division militaire, malgré les réclamations de la ville.

C'est là que mourut, dans l'exercice de ses fonctions, le lieutenant-général marquis de Jumilhac.

La Préfecture y fut transférée sous M. de Murât.

J

JACOTIN, s. m. Sorte de capot.

JAPPE, s. f. Avoir une bonne jappe, parler beaucoup et facilement.La Jappe est le nom d'un hameau de Fâches, dont le nom prête au calembourg, comme celui de la Commune métropole.

Les gens de La Jappe passentpour parler beaucoup, et ceux de Fâches pour prendre facilement la mouche.

JACQUART Cloche de la retraite, ainsi appelée du nom d'un commissaire de police vigilant, via Jacquart qui sonne:

Un n'entend pas sonner Jacquart.

(Henri Six. — Revue lilloise de 1855.)

JEUNER, v. n. Faire des jeunes, mettre bas.


Jo, de io. Cri de triomphe des anciens, d'où le mot joie.

Jo! men père est rô! crie l'enfant, dont le père, habile tireur, a eu le prix de l'arc.

JOBRE, s. m. Abréviation de Jobard. Joblin, pour nigaud, est dans Rabelais.

JONNE, adj. Jeune; un vieux jonne homme pour un célibataire.

Je retrouve le mol jonesse pour jeunesse dans une lettre écrite à la reine de Hongrie par le bailli de Boussu, à l'occasion du siége de Metz.

« Y eust plusieurs prisonniers prins, lesquels Illnilllrni,i('ni « qu'il y avait tledens huit mil hun-nics ci J;I\ nde jonesse « et noblesse de Fraflcr. »

(Gaeharil. — Documents sur (ftarlc.s-(,!uilil.)

Ju ou jus. Renversé, à terre.

I.'âtui: s'enpart el le corps ju* chiet (RoUI. de Garin.)

On dit queuve ju ou ruer ju, pour tomber à terre, et jeter à terre.

Le duc d'Avrée, de che co ià, Il a queu ju de sin que% a.

(Brùle-Maisôn. — Mort du duc d'llavré.) Ne m'avanche nen, min diale, f le rurai ju.

(Brùle-Maispn.) Cette locution a fourni à Rabelais l'occasion d'un jeu de mots assez plaisant : Je croy que l'est le propre monstre marin qui feut jadiz destiné pour dévorer Andruméda. Nous sommes tous pcnluz, o que pour l'occire présentement leusl icy quelque vai lant l'erseius.

Percé ius par moi sera respomlist Pantagruel.

(Liv. IV, chap. XXXIII.)


.lu, suivant M. Desrousseaux, serait employé comme participe passé du verbe choir, tomber ; par transformation du ch en j, Nous croyons que c'est là une erreur qu'établissent suffisamment les exemples rapportés plus haut, où le motju se trouve à côté des mots chiet et queu, temps du verbe choir, cadere.

Ju ou jus, dans le sens de renversé, est le participe passé d'un vieux verbe dont il ne reste plus guère qu'un lugubre indicatif à la troisième personne.

Le verbe gésir, d'où provient ci-gît.

En cel termine si avint un grant domage en Constantinople que li cuens Hues de sain Pol qui avait longuement geu d'une maladie de go le fina et morut.

fVilleh. -472«.)

Jus, pris avec l'acception adverbiale pour dessous, à terre, par opposition à sus qui a la signification dessus, debout, en haut,dériverait, suivant M. Ampère, du latin deorsum - de-vorsum, de verto, qui devint bientôt deosurn, josum, jusum, jus.

Jus signifie aussi à ras.

Et par la même sentence il fut ordonné que chacun aurait les cheveux copés tout jus.

(Relation d'un duel judiciaire à Valcnciennes en 1455.)

JUETTE, s. f. Un homme ou une femme qui joue mal.

JUEUX, adj. Joueur d'instruments.

JUPON, s. m. de l'allemand joppe. Jupe de femme.

On appelait ainsi autrefois les vêtements d'homme.

Quand Bertrand entendit que le dux le manda, Il a dit au héraut qu'avec ly ira, Tantost avecques lui à l'ostel le mena Fn bon gippon de soie en l'eure lui donna.

[Chronique de Dugeucsclin.}


On donne encore le nom de jupon à l'habit-veste que portent les hommes de la campagne.

Nous retrouvons ce mot appliqué à un vêtemeni masculin, dans Molière : Vous pourriez bien sur votre noir jupon, Monsieur l'huissier à erg/', attirer le bâton.

Rabelais appelle veau engeponné un veau en robe de docteur.

JOQUER, v. n. Chômer, suspendre son travail.

K

KARMESSE, S. f. pour kermesse (voyez Ducasse).

KRAENE. Grue qui sert, au port, à décharger les marchandises des bateaux : du grec repdoVOL

L

LACHOIRE, s. T. Tricoteuse.

J'accoste eun' vieill' lachoire (Desi-ousse,iux. - Violette.)

LAIDOUX, OUZE. Homme ou femme d'une figure peu avenante.

LAIGNE, s. m. Bois; de lignum.

Laigne d'escartelage, bois fendu en plusieurs quartiers.

Aim, pour cuire 1 jdii brassin et pour braissier le grain, ung cent et deniy quai trou de laigne descar telage à LII sols le cent.

(Expertise du 1(1 decembre IJ13. Eiiii-e lt s Echevitis et les hrafunim '1.' Ull,'.)


MiNERON, s. m. Lange d'enfant. C'est aussi le nom d'une cloche appelée laineron par corruption de vain'ron, vigneron, cabarelier.

Acout' sonner l'laineron.

(Desrousseaux.— L'Ivrogne et sa femme.)

Voir l'art. 5 de l'ordonnance du 7 juillet 1742 sur le feu. de Meschef.

Voir aussi les comptes de l'hôtel de ville de Béthune où il est question de la palette de la cloche du vigneron.

M. Derode cite la cloche, nommée le vigneron, qui sonnait tous les jours la retraite.

On n'a pas oublié, d'ailleurs, que, dans le moyen âge de notre histoire locale, il se consommait à Lille plus de vin que de bière.

En 4 356, l'impôt des vins rapportait 5,878 livres, 7 sols, 6 deniers.

Celui de la bière seulement <,298 livres, 13 sols, 9 deniers.

LALA (le château de madame). Jeu des rues. La châtelaine est sur le trottoir et cherche à saisir les petites filles qui courent sur son terrain, en chantant : Au château de madame Lala.

LANGRELX, adj. Contraction pour langoureux.

Che ruile homme pour la guerre, Qui était langreux l'aut' hiver.

'C'esl ainsi que s'exprime Jacques De Col tignies dans «es vers naïfs, en parlant du maréchal de Saxe qui accompagnait à Lille, eu mars 1745, le roi Louis XV, marchant sur Fonlenoy.

Il se dit aussi d'un enfant maladif.


LAPITE, pour lapidé ou lapithe ; fait comme un lapite, c'est être dans le misérable état ou l'on se trouve, soit après une lapidation, soit après un combat avec les centaures.

LAHL avec un r se prend dans le sens de gaîté, hilaritas.

Che unn'gross' mami Qui entend ben l'tari, Et quand cbest sérieux Ell' l'entend encor mieux.

(Brûle-Maison. - Le Rot boit.)

LARNESSE, adj. Contraction pour larronnesse, voleuse.

Pensc-tu que j'irais être larnesse?

(Brûle Maison.)

LARRI, S. m. Désordre, pêle-mêle d'ameublement. Du celtique larris, terre inculte, Larricium en basse latinité.

François costoiant mainie selve, Se vont logier sous Mons en Pelve, Tout au lonc d'un larris sauvage Plein de fossez, près de boscage.

(Guill. Guim.tI.-lJrallcltl' des royaux lignages )

LÉBOULI, s. m. Lait bouilli ; bouillie LEBURÉ, s. m. Lait de beurre, lait battu.

LESQUIN (moulin de). Moulin célèbre par le préjugé qui lui attribue la propriété de frapper de folie ceux qu'il atteint de son aile.

On dit d'un homme timbré: il a passé sous le moulin de Lesquin.

LEURRE, s. f. Trompeuse.

Te y'la revenu donc bielle leurre?

(Brûle-Maison.— Vus-quille plaisante. )


LEZ, s. m. Côté.

Tel que contenu est à l'autre lez de ce feuillet.

(Roisin.)

C'est un vieux substantif qui vient du latin latus, flanc, côté.

Employé comme préposition, il signifie à côté : la Madeleine lez-Lille, pour à côté de Lille.

Lez-à-lez, pour côte à côte, se trouve dans les vieux auteurs.

Et troverent lemperor Alexis et lemperor son père seans en deux chaieres lex-à-les.

(Ville Hardouin.)

LIACHE, s. m. Lac, lâche, lacet.

Vite men fieu, tends no barna Nous l'prendrons au liache.

LILLE (l'île). Nom que le peuple a spécialement conservé à la cour Gilson, quartier situé dans un îlot qui fut le berceau de la cité et qui lui fournit son nom.

Locum a progenitoribus illa nuncupatum.

(Acte de 1066 pour la fondation de Saint-Pierre.)

LINCHEUX, s. m. Pour draps de lit et linceul.

LISTE, s. f. Lisière, de lista, basse latinité.

LTsToN, s. m. Bande, ruban qui serre la ceinture de la culotte.

LOMMELtT. Etablissement d'aliénés situé à Lommelel, hameau de Marquette.

Un cabaret du village porte pour enseigne un Homme laid.

LOMBARD, S m. Nom conservé au mont de piété. Celte institution est originaire de la Lombardie.


La rue des Lombards est ainsi appelée d'un établissement de prêts sur gages qui s'y trouvait autrefois.

LOQUE, S. f. Chiffon, d'où déloqueté, déguenillé.

LOSTE, s. m. Espiègle, hurluberlu.

LOT, s. m. Double litre.

LOUCHE, s. f. Cuiller à pot, appelée aussi œil ; cuiller de bois pour manger le potage.

LOUCHE. La Housse (place de), dans le quartier St-Sauveur, où se tient un marché.

Ce nom provient du vieux français ousche, alca, olcha, défini par Ducange « une portion de terre arable entourée de fossés ou de haies. »

Tel était. probablement l'état ancien de la place de la Housse.

Ali marqué æ Louche un jour Thrinelle, Marc hando' un pain nier d'ongnons.

(Desrousseaux. — Clioisse et Thrinelte.)

LOUCHET, S. m. Bêche. On nomme ainsi le cabaret, avantdernière station des blasés ; la dernière est l'assommOlT.

LOZARD, s. m. Lézard.

LUZAHD, DE, adj. Paresseux, se.

LUlJEAu, s. m. Luiseau, cercueil; du vieux français luseau (feretrum); luseau vient du latin lo cul lus ou locellus. (Oucange).

LUMER, v. a. Allumer.

LUMEROTE, s. f. Petite lumière, feu follet.

LUSOT, TE, adj. Espèce de flâneur qui perd beaucoup de temps sur les moindres choses (Brun-Lavainne); de ludere, jouer


M

MABRÉ, adj. au féminin mabresse. Qui a eu la petite vérole, les poquettes; marbré, nuancé, grêlé. Le peuple dit volontiers des individus, devenus de plus en plus rares, qui ont conservé les traces de la petite vérole, qu'ils ont été vaccinés avec une écumette, ou qu'ils sont tombés le visage sur des petits pois.

Il y a un proverbe lillois, très-consolant pour ceux qu'afflige la petite vérole, qui dit : Un biau mabré n'est jamais laid.

MACAUX, roux. Blé macaux, blé roux.

Che Tourquennois Avait pour ses souris prendre Un biau cat macot.

(Brûle-Maison.— Le Coulon gavu.)

Le pain de ménage sera composé de deux tiers de blé blanzé et un tiers de blé roux ou macaux sans extraction de fleur ni de son.

(Arrêté de la mairie de Lille du 25 octobre 1855.)

MACAVEULE, adj. A moitié aveugle.

MACHUQUÉ, adj. Frappé, battu comme avec une massue.

MACHURÉ, adj. Noirci de suie ou de charbon , contusionné, meurtri. Il est dans Rabelais.

MADOUILLER, v. a. Tripoter avec les mains; il diffère de cafouiller en ce sens que ce dernier mot s'applique plutôt au dedans qu'au dehors des choses.

MAFLANT, adj. Ennuyeux. M. Desrousseaux a fait une chanson sur les maflants.

Je n'ai trouvé ce mot dans aucun recueil ancien


MAFLU, adj. Grasse, maflue et rebondie; ces synonymes que je trouve dans La Fontaine sont en rapport avec la signification lilloise du mot maflu.

Des bielles forles anches, Maflus's à volonté.

(Brûle-Maison. )

MAGEMENT, adv. Méchamment.

MAGUETTE, s. f. Chèvre, bique, et non biche.

MAIE, adj. Mage, méchant, de magus.

Jamé Pierrot ne fut si maie.

(Brûle-Maison. 3e recueil.)

MALADIE JAQUETTE. Mal saris importance, indisposition d'un homme qui s'écoute trop.

MALVA. Un enfant tout malva est un enfant mal portant, qui se développe mal.

Ichi ch'esl grand queva.

Vieux soldat malva.

(Desrousseaux. - Curiosités lilloises.)

MAMLLOT. Endormi.

- MANDE, s. f. Manne, panier, bance.

MANOQUEUX, adj. Homme exerçant plusieurs états.

Crispin, des Folies amoureuses, Qui fait tous les métiers d'après le naturel,

est un manoqueux.

MANNÉE, s. f. Partie de blé portée au meunier.

MANQUER, v. n. Bilboquet définit parfaitement ce qu'on doit entendre par ce mot qui, dans le patois plus


relevé de la bourgeoisie de Lille, signifie : faire faillite.

Cabochard est en déconfiture, il a manqué.

ATALA, De combien manque-t-il?

BILBOQUET.

Il manque de tout. et le reste est pour ses créanciers.

MANUEL, pour Emmanuel. Nom d'une cloche de la paroisse Saint-Etienne ; avant la révolution c'était la cloche du beffroi.

Quand nous étions petits enfants, les sons joyeux de Manuel, revenant de Rome, nous conviait, le Samedi-Saint, à la recherche des œufs de Pâques, soigneusement cachés sous les livres de la bibliothèque paternelle, et sur les arbustes du jardin.

Un avoit mis un' longue cordielle.

Sitot qu'on a ouyt Manuel; Un a mis l'fu à unne fusée.

(Vers naïfs.)

MAQUA, s. m. On dit d'une femme bornée : un gros maqua.

MAQUILLER, v. n. Crachera petits coups.

MARAILLE, s. f. Pour marmaille. Le mot s'applique cependant à un enfant pris isolément.

MARDOCHÉ, adj. Affligé, meurtri.

MARÉE, s. f. Ce qu'un fermier apporte au marché aux grains.

MARIOLLE, adj. Malin, rusé.

MARGOULETTE, S. f. Figure grotesque.

MARGOULIN, s. m. Voyageur de commerce de bas étage.


MARIAGE, (jeu de); on a un mariage quand on réunit dans ses cartes le roi et la dame de la même couleur; on marque deux jeux quand on a le beau mariage, c'est-à-dire le roi et la dame de la couleur de la retourne. Quand on voit deux époux bien unis on dit : marquez deux jeux, voilà le beau mariage.

MARICHAU, S. m. Maréchal.

Si t'avos vu l'marichau Courir derrière après che viau.

(Urùle-Maison.- Cache an viau.) -

On vend aux ducasses un jouet dit des marichaux, lequel consiste en deux bons hommes de bois, grossièrement peinturés, et frappant alternativement du marteau sur une enclume.

MARJOLER, v. a. Engeoler, engueuser.

MAROTTE, s. f. Poupée.

Ebou, grande sotte Qui joue encore à l'marotte!

(Locution lilloise.)

MARONNE, S. f. Culotte; vêtement mâle, de mas.

Si tes maronn's quett', mets des bertielles.

(Vieille chanson.) MARRON, adj. (ctre). Être trompé.

MASTELLE, S. f. Sorte de gâteau plat, à l'anis.

Cbes murs s'écartiellent, Tout comme un' mastelle, Quand un tape dessus.

(Brùle-Maison. - Démolition de Menin.)

MAUVAISETÉ, S. f. Vieux mot pour méchanceté.

Or, voy-je bien que la maulvaistée des femmes surmontera celle des hommes.

(Dialogue 1" du Cymbalum muudi.)


MASSE, S. f. (jouer à la). Il y a la masse à l'être qui consiste à se tenir en faction près d'un bouchon que l'on doit relever, chaque fois qu'il est abattu par les palets des joueurs, jusqu'à ce qu'on ait saisi un maladroit, le palet levé, et la masse à porter à blo; dans ce dernier jeu, celui qui a renversé le bouchon s'éloigne à reculons, et le patient doit relever le même bouchon, et poursuivre le fuyard qu'il rapporte sur son dos jusqu'au point de départ.

MAT, MATE, adj. Fatigué, sans force; de l'allemand matte; peut-être du grec patTeiv, dompter; se dit en français d'une couleur sans éclat.

Mange de l'vaque arragiée, Tant que te sois matte assez.

(Brûle-Maison. — Le Baudet soldai.) MATON, s. m. Qn appelait ainsi autrefois le lait caillé.

On donne le nom de maton à une substance qui se forme quand la bière se décompose.

Au fond les matons y sont.

(Proverbe lillois.) MÉCOULE, s. m. Poltron.

MENETTE, S. f. Cuvelle.

MENOULES, S. f. pl. Bagatelles.

MEQUAINE, S. f. Servante.

On disait autrefois tnescin d'un jeune garçon et mescine d'une jeune fille.

Suivant les conditions sociales, jeune homme, garçon, fille, se prennent encore dans le sens de commis, domestique, servante.

Aveuauft l'premier l'as été méauaine.

Ip, s'ras eine.

- - /ylp^Hle-Maison.— Rencontra de deux femmes j HrtpHH des rrthe, thur huit pauvres femmes avec une mesci ijte s^ ante.,Cv: -1-

,—, siîéJas fondations chaiiiobles de Lille. - I3U7. )


METTRE (se). S'asseoir ; ne s'emploie guère qu'à l'impéralif : mettez-vous, pour asseyez-vous.

METS, s. f. Huche à pétrir le pain.

MEULE, s. f. de moles, masse ; amas de gerbes de blé ou d'autres avêties symétriquement échafaudées sur le champ même où elles ont été récoltées.

MÉTIER-MAITE (jouer à). C'est le jeu des métiers en action.

La société se divise en deux bandes dont l'une exerce, et l'autre devine.

Le dialogue suivant précède invariablement l'action : — Bonjour maite !

— Queu métier qu' vous faites?

— Le métier de bernatier, vous l'verrez quand y s'ra fait.

Mi, pr. Moi; au datif, c'est une contraction de mihi.

Quand on est familier avec une personne, on est avec elle à ti et à mi.

MIE, employée comme particule dubitative et négative dans ce sens : je n'en veux mie, est le substantif mie, mie de pain, exprimant l'idée de peu de choses, comme un pas, passus, un point, punctum, qui, de substantifs, sont aussi réduits, par la dérivation de notre langue, à l'emploi de particules négatives.

MIER, v. a. Contraction, pour manger.

Il faut mettre des habits noirs, Mier noir et q. noir, No due d'Avrée est mort.

(Deuil des Tourqitennois.)

MINABLE, adj. De mauvaise apparence.

MINCK, du flamand myncken: diminuer. Lieu où l'on adjuge, au rabais, les poissons frais. Le lot est obtenu par la marchande qui interrompt, la première, la série descendante des prix, en criant: mynck.


MLNE, S. f. Mite, insecte.

MINOU, s. m. Chat ; toute espèce de fourrure.

Du minou d'vant et derrière.

(Brûle-Maison. — Braguette.)

MITAN, S. m.Centre, milieu. Ce mot est, suivantDucange, une contraction de medietaneus; M. Escallier le fait dériver de medio stans.

MODE (à ma), locut. A mon avis. Selon moi.

J'li dis, farceus' ch'esL point de l'vianle, A m' mod' que chesl du cabillau.

(Ch. Decottignies. - Viande salée d'Amérique.)

MOlSE, adj. Pour moite, humide.

MON. Syncope pour maison ; je vais à mon Dubois, pour à la maison Dubois.

MONTEUSE DE MODES, s. f. Marchande de modes.

MONTRE, S. f. Comptoir de chêne ou de noyer qui garnit toutes les boutiques, et derrière lequel se tiennent les marchands pour étaler les articles de leur commerce.

MORDREUR, s. m. Assassin, meurtrier; de mordrum, meurtre, basse latinité.

MOREAU, cheval de couleur de mure, morellus. Il y a à Lille une rue du Noir-Moreau, ainsi nommée d'une enseigne.

MORGUES, S. f. pl. Grimaces ; mauvaises façons.

Veant qu'elle voulait faire des morgues, No roi a fe juerles grosses orgues.

(Vers naïfs.)

MOUCHON, S. m. Moineau; du vieux français moisson, moissonnelet par syncope, rnoisnel, d'où moineau.


MOUDRE, v. a. Traire, moudre les vaches; du latin, mulgere.

MOUFFLE, s. f. Gros gant fourré ; recevoir ses mouffles, être congédié.

On dit notamment d'un amoureux éconduit : il a reçu ses mouffles.

Mi je n' sé point encore pourquoi, Que che garchon a eu ses mouffles.

(F. F. — Mariage manqué de Chambalu.)

MOULET, S. m. Coquillage, escargot, petite moule.

MOURMOULETTE, S. f. Grosse moule, crachat.

Elle a les yeux fendus, Larges comm' un' mourmoulette.

(Brûle-Maison. — Portrait de la Fille à marier.)

MOUSSE, s. f. Mouc) de musel, mousel, museau; faire la mousse, bouder.

Sans nous fair' la mousse y répond, Pour chin qu'ell' vaut pernez m'canchon.

(Desrousseaux.— Le vrai Garchon Girote.)

MOUSSET, S. m. Mousse végétale.

En 1501 on allouait quatre sous à Billet Pomard pour les deux jours qu'il avait passés à aller quérir du mousset au bois de Barlin.

(De Lafons Mélicocq. - Artistes du nord de la France.)

MOUSTAFIA, s. m. Emmoustaché; Mustapha, personnage turc.

Hélas! cheli là, Aveuque ses moustaches de cat, L'moustafia, Dans l'puriau m'entraîna.

(Chanson sur la joie des paysans des eiivij niis de Lille après le départ des hussards du camp de Cysoing.]


MOOTRE, s. f. Montre, échantillon.

MOUVETER, v. n. Faire un mouvement, movere, s'emploie plus fréquemment dans le sens négatif : il n'ose pas mouveter.

MOUVIAR, s. m. Sournois. C'est, je crois, le nom populaire d'un oiseau.

MOTS, MOYETTE, s. f. Grande et petite meule.

On alla aux bois lointains et prochains et commença-t-on. à

fagoter à grand' plenté, et apporter et acarger sur les fossés, el Ii faire moiet pour plus ebabir cils de la garnison.

(Froissard. — Siège d'Audenarde.)

MOUZON, s. m. Qui fait la mousse (moue); grondeur d'habitude.

MUCHER, v. a. Cacher; de musser, mucer; bas latin, mUllare, lequel pourrait bien dériver du grec (xv%tivt cacher.

Mt~oy, le lieu le plus secret.

(Jardin des racirat. grecques.)

Les soldats appellent musette un petit sac en dehors de leur équipement.

Une rue de Paris, où l'on reléguait autrefois les filles perdues, portait le nom de Pute-y-Musse. Elle est devenue, par corruption, la rue du Petit-Musc.

Les enfants qui, en jouant à mucher, cherchent leur camarade, chantent en chœur : MucA'te bfn, j'cache après ti, Si j' t'attrap', te seras pris.

M. Escallier donne pour origine à ce mot le latin mus, rat, souris, taupe.

MUCHETTE, s. f. Cachette.

MUCU'TIN POT (en), adv. En cacooHe.


MUGOT, S. m. Pour magot; argent caché.

Le patois mugot est plus étymologique que l'expression française.

Il n'y a qu'mi et l'hotrsse Qui sait qu' j'ai min mugot Sur ch' l'hallot.

(Brûle-Maison — Le Tourquennois qui a caché son trésor au haut d'un arbre.)

MUOT, s. m. Muet.

N

NACQUE, S. f. Emanation qui frappe désagréablement l'odorat.

Queul nacque! dit un Lillois, en passant devant une boutique de fromage.

Nacque se prend aussi dans le sens de flair, nez.

J'cros qu' te cros que j' n'ai pus d'nacque, (Brûle-Maison.— L'Garcholi difficile.)

NACTIEUX, adj. Dégoûté, qui a de la répugnance à manger certaines choses, ou avec certaines gens.

Faut nen ette si nactieux.

(Brûle-Naison. - Le Garchon difficile.)

Ce mot a la même origine que les précédents, nasum, nez; peut-être vient-il de nactus, participe de nanciscor. Le nactieux trouve trop facilement les objets qui le dégoûtent.

NAGEOIRES, s. f. pl. Larges favoris.

NEN, particule négative ne, suivie de la consonne n employée euphoniquemrnt.


NlGDOIHLLE, s. m. Jocrisse, bêla.

NIEULLE, S. f. Pain d'hostie.

NIQUR-NAQUE (faire), loc. Se dit des fripiers qui, après s'être entendus dans les ventes publiques d'objets mobiliers, pour ne pas se démonter, partagent ensuite entre eux les bénéfices.

Le jeu de nicque et nocque figure parmi les amusements de Gargantua.

NOBILIAU, s. m. Petit noble; hobereau.

NOBLE-TOUR. Vieille construction, située sur le rempart à gauche de la porte de Paris ; on la considère comme un reste des premières fortifications de Lille.

Aucun document, jusqu'ici, n'a pu renseigner l'archéologue sur l'origine du nom pompeux qu'a conservé cette tour qui sert de magasin à poudre.

NOBLE-ÉPINE, s. f. Aubépine.

NOM-JETÉ. Sobriquet.

NOQUE, S. f. Auge pour les porcs.

NOQUÈRE, S. f. Nochère, canal qui descend à terre les eaux pluviales retenues au bord du toit par la gouttière.

D'après l'ancienne coutume de Lille, l'eau pouvait découler des toits directement sur terre et non par nochère.

Couslumeest, et usages enchesle ville que eauwe puet Kair à wuide tiére de goutiere de couvreture sans plus et non mie de noc, ne de pipe de plomb, ne de bos se convenenche ne le porte.

(Roisin. — Li capitles des yrelagcs, No XI.)

Chaqu' noquère aura s'candeliète.

[Desrousseaux. — Prédiction de l'Armena.)

NOQUET, s, m. Cadenas.


Nou FÉ, non fait; je n'ai pas fait.

Puis dist après : Nou fait, par vérité !

(Ogier de Danemarck, v. 8, 929.)

Nou fait est pour la négation, ce que si fait est pour l'affirmation.

NULWART. Nulle part.

N UNU, s. m. Homme à petites idées.

Ce mot est pris aussi dans le sens de bagatelles.

Pierrot quoiche que le m'raconl'rois, Des nunus, des conconles.

(Pierrot et Margot.J

0

OEUILLARDE, s. f. Trace d'un coup à l'oeil - œil au beurre noir.

OLIETTE, S. f. Sorte de pavot, qui produit une graine servant à faire de l'huile. Nous préférons cette orthographe plus étymologique (oleum), bien qu'on écrive dans le pays œillette, sans doute à cause de la ressemblance de la fleur avec l'œillet.

OLIEUR, s m. Ouvrier travaillant aux moulins à tordre huile.

OPÉRA, s m. C'est un opéra, se dit à propos d'une chose qui présente quelqu'embarras.

Être à l'opéra, c'est se trouver dans l'obscurité par la maladresse d'un moucheur de chandelle.

OSOIR, v. a. Pour oser, de l'espagnol osar.

OSTIAU, s. m. Du vieux mot oste, hôtel. Se prend aussi dans le sens de prison, petit hôtel.


OTIEU, S. m. Oulil.

OTIEU, s. m. Un homme qui n'est propre à rien ; on dit par ironie : Un fameux otieu! ce mot doit venir du latin otiosus. (Malherbe.) OTIL, S. m. Outil, c'est le nom donné par antonomase au métier à tisser.

OUTRE (tout), loc. du latin ultra; un homme tout outre: on appelle ainsi un homme d'une capacité supérieure.

On trouve cette locution dans Robert Estienne, avec le sens de complétement, et dans les mémoires de Montluc : « Capitaines, mes compagnons, quand vous serez à telles noces, pressez vos gens, parlez à l'un et à l'autre, remuez-vous, croyez que vous les rendrez vaillants tout outre, quand ils ne le seraient qu'à demi. »

OUVRER, v. a. Travailler; opcrari.

p

PACOUL, S. M. Paysan.

PACUS, s. m. Lieu de dépôt pour les grains destinés à être vendus au marché.

PAF têtre), loc. Être surpris, interdit.

PAILLOTIS, S. m. Construction en terre et en paille, appelée aussi torchis.

PAIN-CROTTÉ, s. m. Appelé aussi pain-perdu ; tranches de pain sautées dans la poêle avec du beurre, après avoir été trempées dans le lait. C'est un mels des jours gras; or le saupoudre de sucre gris ou blanc.


PALNS-PERBOLES, S. m. pl. Petits gâteaux de pain-d'épice fabriqués à l'occasion de la première communion, et distribués par les jeunes communiants aux enfants qui les suivent dans les rues en réclamant des indulgences.

J'avais pensé, d'abord, que ce mot pain-perbole pouvait êlre une contraction du mot pain parabolique; ainsi donnés, sous forme d'indulgences, ces gâteaux me paraissaient une touchante réminiscence du mystère qui vient de s'accomplir à la sainte table; mais un examen plus attentif m'a fait retomber de toute la hauteur de ma fiction dans la sévère réalité: ce mot signifie tout simplement : -boule de paind'épice; du flamand piper, poivre, épice.

PAMELLE, S. f. Sorte de graine.

PANA, s. m. Benêt, grand garçon qui fait l'enfant.

PANCHETTE, s. f. Morceau de la panse du cochon.

PANCHU, adj. Pansu, qui a une grosse panse.

PANDOCR, s. m. Jeu de cartes.

PANTALISER (se), v. pr. Se donner des aises; se prélasser.

Ch'est li qui fait l'soupe et l'café, Et s'biell' madamm' qui s'pantalisse, L'appell' dégourdi sans malice.

(Desr. — Jaco Vbaluu.)

PAOUR, s. m. De pavor, peureux; nom donné aux paysans par les Lillois.

PAOURE. Pauvre, est dans Rabelais.

PAPART, s. m. Poupart; figure de jeu de cartes.

PAUCHON, s. f Portion héréditaire.

PARJURÉ, s. in. Octave de la fcle des Rois, cette fête se célèbre le lundi qui suit l'Epiphanie. On l'nppcllc aussi fête des Rois brouzés.


Ce nom de parjuré vient, dit-on, du manque de foi attribué aux rois mages, qui ne rapportèrent pas, ainsi qu'ils s'y étaient engagés, des nouvelles de l'enfant Jésus au roiHérode.

Le roi du festin de l'Epiphanie relève son royaume au lundi du Parjuré.

Ce jour-là, les ouvriers de la ville vont chez toutes les pratiques de leurs patrons réclamer un pour-boire qu'ils dépensent en conscience.

PASSET, s. m. De pas, sorte de tabouret, de petit escalier.

On appelle ainsi toute estrade mobile qu'on élève au-dessus du plancher ; les ouvreuses de loges le nomment petit-banc.

Le petit escalier portatif dont le prêtre se sert pour placer l'ostensoir au haut du tabernacle est encore ainsi désigné.

(De Lafons Mélicocq.-Artistes et ouvriers du nord de la France. )

PATAGONS, s. m. pl. Monnaie, espèces. Le patagon valait 52 sols.

PATAR, S. m. Monnaie de cinq liards; les ouvriers filtiers comptent encore avec leurs patrons par patars. On dit aussi patac (Rabelais), d'où patagon.

PATIAU, s. m. Pâtée pour les oiseaux.

« Et si l'bon Dieu envoi' \,z'ogeaux « Y nous envoira les patiaux.

(B.-M. — François et Zabeltc.) PATURE, s. f. Prairie naturelle où l'on fait paître les bestiaux, pastura.

PAUCHEUR. Rebouteur. Il y a eu à Lille, jusqu'en 1742, un paucheur juré, salarié par le magistrat.

PAUVRISEUR, pauvrieur. Membre du bureau de charité qui distribue des secours aux pauvres.

PAYELLE, s. f. Poêle à frire, c'est l'enseigne d'un hôtel de Lille.

PELOTEUX, SE, adj. Lusot, qui pelotte en attendant partie; qui s'amuse de peu.


PENEUX, adj. Pour Penaud. Le dictionnaire de Trévoux, d'après Borel, donne pour origine de ce mot : pes nudus. Peneux vient plutôt de peine.

Kicns de boucher et menetreux En koiréme sont bien peneux.

(Prov. pic.)

PENINQUE, S. f. Bâton en spirale de pâte blanche composée de sucre et de gomme.

PERCOT, s. m. Petite perche, poisson.

PERSIELLE, s. f. Persicaire, fleur bleue; du vieux français pers, bleu.

Voulez-vous de ce pers cler cy ?

(Farce de Pathelin.)

PERTELER, v. n. Péter.

PERTELIER, ÈRE. Qui a l'habitude des incongruités.

Queu malheur! min baudet y est fin pertelier.

W.-c. — Le Tourquennois et le Lillois sorcier.)

PETEUX, adj. Penaud, misérable.

Pour eux cha est bien honteux D'être vettiez comme des péteux.

(B.-M. — Ballon.)

PETIT-CLERC, s. m. Enfant de chœur.

PETIT HÔTEL. Nom que portait l'ancienne maison d'arrêt, dépendance du palais de Rihourt, aujourd'hui démolie.


PETITS-PLAIDS. Tribunal de simple police où se jugent les contraventions aux arrêtés municipaux et les rixes de peu d'importance; de placitum, lieu où se tenait l'assemblée.

PEUN, s. m. Pomme.

PEUNIQUE, s. f. Épaisse marmelade de pommes.

PEUN'TIERRE, S. f. Pomme de terre.

PHILIPPINE, S. f. Double amande; ce mot n'est pas précisément patois, c'est la corruption d'une délicieuse phrase allemande.

Dans nos campagnes, quand un convive, au dessert, trouve deux amandes dans la même écaille, il en offre une à sa voisine; le premier des deux qui, après minuit sonné, crie à l'autre : Philippine! en reçoit un cadeau.

Cet usage, qui n'est qu'une réminiscence du système de Platon sur la dualité des âmes, a pris naissance dans la sentimentale Allemagne, il a été introduit en France par les alliés durant l'occupation

La phrase de rigueur que prononce le fiancé, d'ordinaire le plus vigilant, est celle-ci; Guten tag Vielliebchen, bonjour bien aimée; c'est de Vielliebchen que nos campagnards ont fait sans scrupule et sans remords : Philippine; ô béolismel PICHATE, s. f. Pissat, urine.

PICHE (faire du), loc. Défier quelqu'un, se montrer plus hardi.J' pari que j'vas vous faire du piche.

(Desr. — Le Revidiache.)

PICHE-POT, s. m. Pot de chambre. Il y avait à Lille une rue des Quinzc-Pisse-Pols, dont on a fait pudiquement la rue des Quinzc-Pots.


PICHON, s. m. Poisson.

Il y en a ben des monsieurs à Lille qui ont des noms de pichon.

( Réponse de la pichonneresse à Pierre-Joseph Delbasse-Deulc qui veillait après un pichon qui s'appelle comme un monseu.)

PICHOTIÈllE, s. f. Réservoir d'urine.

PICHOU, s. m. Lange d'enfant. On emploie aussi le mot pichon, adjectivement, pour exprimer l'état d'une étoffe qui a changé de nuance, par suite d'un contact avec l'urine, et qui ressemble au lange spécial, dit pichou.

PICOT, s, m. Tout objet pointu, qui pique.

Et portait chacun un plançon à picot de fer et à vérole.

(Froissard. — Bataille de Rosebecque.)

PIECHA. Pichà. Déjà, pour pièça, vieux français, syncope de pièce (de temps) y a.

(Ilenri Estienne. — Prectll. du Lang. fr )

PIED-D'AGACHE. Jeu de marelle où l'on se tient sur un pied.

PIEDESCAUX (aller à), loc. Marcher pieds nus comme les Carmes déchaussés ou déchaus.

Pour qu'ell' cesse m'disgrâce J'y cour' à pieds-décaux.

(Desr. — Lundi de Pâques.)

Donné m' des sorlés à sin point, Y faut bien qui d'heuch' des nouviaux, Car y va tout à pieds décau.T.

(B.-M. — Le Savetier et la Paysanne.)

PIEDSANTE, s. f. Sentier, pedis semita.


PIERRETTE, s. f. Noyau de fruit.

Mangeant jusqu'à les pierrettes Et même les queues.

(B.-M. — Un Tourquennois qui a fait la gageure, de manger plus de prunes qu'un cochon.)

PILE, s. f. Raclée; donner une pile à quelqu'un, c'est le battre à outrance.

PILET, s. m. Pilier, poteau. Le peuple appelle pilets d'place les Lazzaroni qui ne quittent pas la place publique.

Aller à confesse à père Pilet, c'est s'abstenir de cet acte religieux.

PINCHERIAU, s. m. Sorte de pince d'une grande portée.

PINDERLOTS, s. m. pl. Boucles d'oreille.

PINTE, s. f. Mesure locale d'un demi-litre.

PINTER, Y. a. De pinte; aimer à boire; on dit d'un ivrogne qu'il pinte volontiers.

PINTEUX, s. m. Qui aime à pinter, à boire.

PINTEUX. Peintre.

Cb'pinteux in pintant diu, y est mort tout in un cop.

( Légende tourquennoise.)

PINTURLURÉ, adj. Peinturé, grossièrement peint.

PIQUE, s. f. Rancune ; on a une pique contre quelqu'un.

On appelle aussi piques les mots couverts, en manière d'allusion, lancés contre une personne dans la conversation.

PIQUE-PIQUE, s. m. Genièvre ; liqueur forte.

PIQUES (passer les). Terme du jeu de marbres ou billes; c'est recevoir sur les phalanges, à courte distance, la bille lancée d'un pouce vigoureux.


PIQUET, s. m. Courte faulx que le piqueteur agite de la main droite, tandis que la gauche embrasse la javelle avec le crochet.

PIQUETAGE, s. m. Moisson au piquel.

PIQUETER, V. a. Piqueter les bleds, c'est les coupera l'aide du piquet.

Dans les temps primitifs le sciage des bleds s'opérait à l'aide d'une faucille, qui figure dans les attributs de la Cérès antique.

L'agriculture a employé, depuis, la longue faulx; elle use aujourd'hui du piquet, emprunté à notre Flandre.

Ce mode a pour principaux avantages de former facilement les javelles, et de fournir une paille plus longue.

PITEUX, s. m pl. On appelle ainsi les parasites étrangers qui viennent à la ducasse, du latin pietosus; ils étaient pieux quand ils venaient, soutenus par leur foi, à la dédicace d'une église, ils sont des piteux quand ils ne viennent à la ducasse que pour y manger de la tarte.

Ce mot signifie aussi porté à la pilié.

Femme trop piteuse, Fait souvent fille ligneuse.

(Rob. Est.)

PLACHETTE, s. f. Placette; petite place.

La plus connue à Lille est la plachette àz'Ognons.

PLAIGNARD, DE, adj. Homme ou femme qui se plaint volontiers.


PLANCHONS, S. m. pl. Plançons, plants de colza, piqués à distance, en octobre: ils proviennent de la graine semée après la récolte du sucrion vert.

Dans le vieux langage lillois on appelait plançon ou planchon un bâton ferré.

PLAT-FIEU, s. m. Pied plat; homme sans dignité.

PLATELÉE. s. f. Un plat bien rempli.

PLATELETS, S. f. pl. Petits plats.

PLATINE, S. f. Babil ; bonne langue ; chandelier fiché sur un plateau.

PLEIN, loc. Plein une armoire, pour une armoire pleine.

Tout plein de monde, pour beaucoup de monde.

Multum des chartes latines se traduit indifféremment par plenté (de plenitas) et moult.

Nous trouvons dans le latin de la charte de fondation de St-Pierre les mots : cui multum committitur, multum ab eo exigitur, traduits en roman par ces mots : a cui on commet plenté de chozes, on requiert mout de chozes (1066).

Le mot plenté pour beaucoup se retrouve en tête de presque tous les actes de l'autorité, au moyen âge, et notamment des ordonnances des Echevins.

il est ordonné par. et par plenté dou commun de la ville.

PLÉNURES, s. f. pl. Planures, copeaux; le peuple dit : d'zéplenures.

PLEUVE, S. f. Pluie, de pluvia.

Comme sortant de l'iau Tant l'pleuve étot grande.

(B.-M.)

PLICHON, S. m. Pélissun, manteau fourré.

PLUQUEU, v. a. Manger comme un oiseau, à petites bouchées.


POCHER, v. a. Presser avec le pouce, du vieux français pochier, pollex, pouce.

POCHEUSE, s. f. Femme qui remet les os démis, rebouteuse. (Voir paucheur.) POCHON, s. m. Poinçon, poisson, mesure de liquide; d'où vient le nouveau terme d'argot : pochard. Pochon, noiret résultant d'un coup.

POMPÊTE, loc. Etre un peu pompête; être en belle humeur, en gaîté par l'effet de la boisson.

Ce mot, que l'on trouve dans Rabelais, tire son origine des élévations et rougeurs qui naissent sur le nez des ivrognes comme des pompons de femme.

PONTIFICAT (venir en grand), loc. Venir avec pompe, en grande cérémonie.

Men vieux père Est intré hier à l'hopila, Conduit en grand pontificat Par ses infants, s'femme et ses frères.

(Desr. — Casse-Bras.)

POQUE, s. f. Coup, fêlure.

POQUETTES, s. f. pl. Marques laissées par la petite vérole; on dit d'une personne grêlée : qu'elle a eu les poquetles.

N'y a pus d'vingt mill' poquettes Su' sin visag' bouffi; Un y peut juer à qu'necques : J' laim' mieux qu' si s'ro uni.

(Desr. — Le garde national tambour.)

Poquettes volantes, rougeole.

PORETTE, S. f. Poirette, espèce de toupie. Un ventre à porette, c'est un ventre en pointe.

L' bon air m'a tell'ment engraissé.

Que m' panche est dev'nue à porette.

(Desr.


PoRION, s. m. Poireau.

PORTELETTE. s. f. Porte d'agrippin.

POSTILLON, s. m. Petit morceau de papier qu'enfile la corde tendue du dragon, et qui, poussé par le vent, monte jusqu'à l'aérostat.

« C'est tout au plus si on lui permettra de suivre dans les airs, le long du conducteur de chanvre, le postillon de papier qui galope vers le ciel. »

(P. Legrand. - Gamin de Lille.) POSTURES, s. f. pl. Statues de plâtre qui ornent les jardins; figures de cire.

POTAGE, s. m. Se dit spécialement du lait-battu qu'on mange dans les fermes avec des louches de bois.

POUCBIN, s. m. Poussin, petit poulet et non poulain, comme l'a écrit M. Charles Monselet, en rendant compte dans le journal Paris, du <9 juillet 1853, de la pasquille plaisante entre un mari et sa femme.

POUFRIN, s. m. Petite braise, poussière incandescente à laquelle on allume le tabac; poudre, pulvérin, de pulvis.

Ses murs ont queu en poufrin.

(Fers naïfs.) POUMONIC, adj. Poitrinaire, qui crache ses poumons.

POURCHAS, s. m. Quête; d'où le mot pourchasser.

POURETTE, s. f. Poussière.

POURLÉQUER (se), v. pron. Se lécher, se délecter.

PRESTEMENT, adv. Syncope pour présentement; on voit encore sur des tableaux : Maison à louer prestement.

PREUME, adj. Premier, par abréviation.

PRINSEL, s. m. Bœuf salé, de primurn sal, premier sel.

PRISÉE, S. f. Imprimé qui contient le règlement de la taxe du pain, fixée par le maire, après le marché du mercredi.


PRlVÉ. Lieux d'aisance, commodités. On trouve dans Rabelais ce mauvais calembourg : Moine au privé.

PROUSSE, locut. Contraction de prouesse; faire prousse, se vanter; être en prousse, être monté, se mettre en colère.

PUISSANT, TE, adj. Pour signifier un homme ou une femme d'une forte corpulence.

PURAIN, NE. Pur.

Quant ils seront enclos et mis sur les chantiers de puraine cervoise.

(Roisin. — Sermens des brouetteurs de bière.

Aujourd'hui le mot purain se prend généralement en mauvaise part; on l'emploie pour indiquer des gens de même acabit : chetot tout purin, dell'sorte après les bons.

PURER, v. a. Passer les cendres à un crible d'osier, pour en retenir les escarbilles.

PURGER, v. n. Faire un temps de stage avant d'être admis dans une société d'ouvriers. C'est un vieux mot de la langue du droit qui s'applique encore, dans un sens actif, à la contumace et aux hypothèques.

On raconte que cerlains dignitaires des sociétés lilloises, interprétant l'expression dans un sens trop exclusivement pharmaceutique , faisaient prendre une médecine préalable à leurs malheureux candidats.

PURIAU, s. m. Réceptacle de l'urine des vaches; de puteeau, eau puante.


Q

QUACHER, v. n. Faire souffrir, causer une douleur cuisante; du latin quassare, d'où probablement le verbe casser.

Et ne vous êtes vous nen cochié De querre à une telle hauteur 1 (13.-M. — L'amoureux bemé.)

QuAR, s. m. Char, on appelle quars couverts ces grands chariots qui, à la campagne, transportent, en temps de ducasse, les invités d'une ferme à l'autre; ils sont couverts d'une grande toile blanche tendue sur des arceaux.

QUARRÉE, s. f. Charretée.

Elle a des amoureux par carrée.

(B.-M. — Ronde des piliers.)

L'impôt ne sera plus désormais que de deux sols Parisis de chaque quartier de morues, de chaque vente d'alozes fratches ou salées, de saumons, d'ellebuth et autres poissons frais, de chaque quevallée de harengs, et trois sols de chaque quarrée de moules.

(Règlement du 12 mars 1516 sur le poisson de mer.)

QUAUTERIER, adj. Chartrier, de carcer, se dit d'un vieillard impotent, emprisonné par ses infirmités dans son fauteuil.

Malheureus'minl j' su's cloée su m' cayëre, A tout moment j'crains de devenir quarterière.

(Pesr. — Le Broqurlet d'autrefois.)


QU'AS-TU-LA? Nom donné aux employés des contributions indirectes, tiré de leur formule interrogative.

QU'AU (pour jusqu'au) locution.

Des sauts qu'au plafond.

(Desr. — Manicourt.) QUEMENIAU, s. m. Manteau de cheminée.

QUENECQUE, S. f. Petite bille en terre cuite. Quand on veut se débarrasser d'un enfant importun, on l'envoie juer à quenecques.

QUENNETOUSSE, S. f. Quinte-toux.

J'ai su de l' fill' à ma rousse, Qu'il avot attrappé 1' quenri'tousse.

(B.-M. — Le Mari mort et oublié.) QIER (avoir). Avoir cher, aimer; c'est un hellénisme.

QUERQUE, s. f. Charge.

QUERRE, v. a. Chercher, de quærere, quérir.

QUERTIN, S. m. Panier; muselière d'osier.

L' savetier a pris sen tirepied d'un' main, La femm' elle a pris sen querlin.

(13.-M. — Le Savetier et la Puysanne.) QUEUCHE, s. f. Tranche de pain d'épice, ainsi nommée de sa forme qui la fait ressembler à une pierre à aiguiser, appelée en vieux français queux.

Je suis comme la queux qui les couteaux aiguise, Encore qu'à couper nullement elle duise.

(Rob. Estienne. — Precellence.) QUEUE DU DÉPÔT (être mis à la). Locution employée par nos conscrits pour désigner l'état de ceux d'entre eux qui seront les derniers appelés au service actif.

Les fils de veuves, par exemple, aujourd'hui exemptés du service militaire, étaient, à la fin du I" Empire, mis à la queue du dépôt.

(Brun-Lavainne. — Souvenirs.) tp. Legrand. — Conseil de révision.)


QUEUE LEU LEU (à la). En queue de loup; à la suite les uns des autres, en se tenant parles pans de l'habit.

QUEUETTE (faire). Faire l'école buissonnière; on dit aussi : faire bis.

QUEURE, v. n. Choir, tomber, de cadere; queu.re en deux, accoucher.

Vett' mi, tous l's' ans Ch'est un infant, El m' femm' est encor' prêle à querre.

(Danis. — Le Retour d'Andrii.)

QUEUTE, s. f. Bière.

QUIA (être à), loc. Être à bout de ressources.

Te parle comme un avocat Unn' te trouve jamais à quia.

(F. F. - Jubilé de Madelon.)

QUIN QUIN, s. M. Nom d'amitié qu'on donne à un enfant gâté. > Quiou, s. m. Pain de moine, pet de nonne, chausson de pâte commune renfermant une grosse poire cuite.

R

RABROUER, v. a. Blâmer, tancer vertement dans un sens de riposte.

RABROUTEH, v. n. Rebrousser chemin.

I' m' prét' des doup's pour rabrouter.

(Henri Six. - Le voyage à l'exposition.)


RAC (être en). Locution qui s'applique plus particulièrement aux voituriers arrêtés par un accident. Le mot racine vient de rac.

RACAILLE, S. f. Canaille. Ces deux expressions ont pour racine le mot chien.

RACCROC, s. m. Raccroc de ducasse, de noce; reprise de la fête, du dîner; sorte d'octave culinaire.

RACCUSÈTE , adj. Rapporteur ou rapporteuse, terme d'écolier. Les enfants disent du camarade qui les dénonce : Raccusète de pâté, Trente-six pour un pet.

RACHEMER, v. a. Coiffer. Ce mot, dans l'ancien langage, parait avoir signifié aussi habiller.

Rabelais appelle achemeresse une femme de chambre.

Cependant nous trouvons dans Jean Lemaire : Quand la déesse eut mis bas ses babils et achesmel.

Cette distinction entre habits et achesmes ferait croire que le mot achesmer, d'où rachemer, doit être pris dans le sens de coiffure. Les femmes de chambre d'ailleurs sont les coiffeuses.

La soubrette des Jeux de l'amour et du hasard, de Marivaux, avait, si l'on en croit Rourguignon, la main qui sentait fort la pommade.

Nous pourrions citer plusieurs passages de BrûleMaison où le mot rachemer est pris dans ce sens : Bien rachemé d'un fin dentelet.

(L'Amant presse.) 11 y a d'ailleurs une locution qui coupe court à la controverse. On dit : Rachemer sainte Catherine; or, les malheureuses filles vouées au célibat, coiffent évidemment la sainte, elles ne l'habillent pas.


RACONTAGES, S. m. pl. Récits familiers, comptes rendus de la chronique du jour. M. Brun-Lavainne a publié, sous ce titre, dans le recueil l' Artiste, des souvenirs fort intéressants de l'histoire du pays. Un estaminet où se débitaient, le soir, les cancans de la journée a longtemps existé sous cette enseigne: Au Racontage.

Il était, je crois, situé aux débris St-Etienne. RADE, adv. Du latin rigidus; radement, vite, vitement; tout rade, tout son plus vite.

Marions-nons radement.

(B.-M.) J'oie un rinchinchin Nous y rentrons bien rade.

(Promenade lilloise.)

RAGENTILLER, v. a. Embellir, restaurer, mettre en bon état.

Grâce à nos pauvriseurs, Nous sonim's ragentillés.

(1853. — La société du Grenadier-Lillois.)

RAINE, ROINE, S. f. Grenouille, du latin Rana. Il y a encore à Lille une rue du Pont-à-Raisnes. On sait que la rue Chantereine, à Paris, devenue rue de la Victoire, depuis le jour où Napoléon, premier consul, l'habita, tenait son ancien nom d'un marais où chantaient les grenouilles.

RAMENTUVOIR, v. a. Rappeler, remettre en mémoire.

Ne ramenluvons rien et réparons l'offense.

(Moliere. - Défit amourcux.)

RANDOUILLER, v. n. Aller à la recherche avec curiosité et indiscrétion dans un ou plusieurs lieux (BrunLavainlle). Aller et venir sans motif sérieux, apparent.


RANG, S. m. Rangée de maisons; il y avait autrefois, sur la petite place, le rang des poteries où est le bazar Fromont, et en face, le rang du Beau regard. On a conservé le nom de rang au flegard appelé aujourd'hui trottoir.

RANG D'OIGNONS, loc. En ordre de bataille, comme des oignons dans un potager.

Partout, dans les cilés, j'en excepte Avignon Où ne domine point la royale férule Des verres lumineux perchés en rang d'oignon Te remplacent le jour quand la clarté recule.

( Bouls-rimês deLamonnoye sur l'établissement des Lanterltes.)

Nous s'avons mis au rang d'ongnon.

(Uesr. — Le r'vidiache.)

RAPPE, S. f. Rave, radis, navet; rue des Bonnes-Rappes.

RAQUER, v. n. Cracher.

RASIÈRE. s. f. Mesure agraire de 40 à 48 ares. On appelle aussi de ce nom la mesure de capacité contenant la quantité de grains nécessaires pour ensemencer une rasière de terre. Cette mesure est à Lille de 90 litres environ.

RASSARCIR, v. a. Faire des reprises au linge, du latin ressarcire, raccommoder.

On trouve dans Cicéron, Damna ressarcire, réparer le dommage.

RATTENDRE, v. a. Attendre quelqu'un pour lui faire un mauvais parti, par guet-apens.

RAVAGE, S. f. Grande cage en osier où l'on isole la poule qui a des poussins.

RAVISER, v. a. Regarder.

Ces trois chevaliers qui passent et repassent nous ravisent et ont ravisé.

(Frutss. - FM. d'Arlcvcldc■)


RECHENER, v. n. Littéralement redîner, recænare, se dit à la campagne, à propos du repas après lediner, appelé le goûter.

RECOMPARER, v. a. Comparer.

Je recompare ten visage A eune telle de lé bouli.

(B.-M. — Chanson villageoise.)

RÉCRIRE. S'emploie fréquemment pour écrire.

RÉCURER, v. a. Écurer, nettoyer en frottant avec du grès.

REDOUBLEUSE, adj. Fileuse en gros.

RÉDUIT ST-SAUVEUR. Fort construit en 1671

Bien que le nom de Réduit appartienne, en terme de fortifications, aux petits ouvrages ménagés dans les grands, c'est une opinion généralement répandue que le fort du Réduit a été élevé pourréduire, en cas d'émeute, le quartier St-Sauveur.

REFUGE, s. m. Maison de ville où se réfugiaient les moines chassés de leurs couvents par les guerres religieuses.

REGEROT, TE, adj. Pour legerot, qui n'a point sin poise.

REMETTRE, V. a. Reconnaître quelqu'un.

REMISE, s. f. Epoque où l'on sème, où l'on remet à la terre les semences qui fructifieront.

REMOLA, s. m. Gros radis noir.

RENDAGE, s. m. Loyer de terres.

On raconte que le savant Merlin de Douai excita quelqu'hilarité dans un des bureaux de l'Assemblée constituante, quand il employa cette expression locale.

RENFOURMR, v. a. Rembourser.

RENIPPER, v. a. Donner de nouvelles nippes, rhabiller.


REPAMER, v. a. Rincer.

REPOURER, v. a. Nettoyer, enlever la poussière.

REPOUVETER, v. a. Mal recevoir, repousser quelqu'un.

REQUINQUER (se), v. p. Se rapproprier ; s'endimancher (Rabelais) ; être requinqué, se dit de quelqu'un qui paraît plus soigné que de coutume dans sa mise.

Quan qu'elle a du nett' linge Y faudrot la vir fquinquée.

(Le portrait de la fille à marier.)

RETOUPER, v. a. Pour estouper, boucher.

On dit d'un homme parlant du nez qu'il a le nez retoupé.

RÉTRAMER, v. a. Rétramer les vaches, leur fournir une nouvelle litière; àestramen, étrain, paille.

REU, adj. A bout de raisons. Ce mot vient, suivant les uns de reus, accusé: habemus confit entem reum.

Suivant les autres, il n'est qu'une contraction de redditus, rendu.

Te m' rends reü par tes raisons.

(B. M. — Le Savetier et la Paysanne.)

REULLE, S. f. Roue.

REUPER, v. n. Eructare. Faire des rots.

REVELEUX, adj. Vif, récalcitrant; reveleux, rebelle, qui se mutine. (Rabelais).

Il est si reveleu Qu' pour pouvoir l'altrappé, Il faudrot sur se queu Pouvoir mettre du sé.

(B. M. — Eloge des oiseaux de Tourcoing.)

REVIELER. Pour résister, est dans le roman de Renard.


REWIDIAGE, S. m. Relevailles de couches. Cette expression énergique n'a pas besoin d'explication.

REWIDIER, v. a. Vider.

REWIGIER, V. a. Reguiser, aiguiser.

Y a pris un' hache rewigiée, Y a copé l' tiette à sen baudé.

(B.-M. — Le baudet qui a bu la lune.)

Rie A Rie. Tout de suite.

Ventre sainl Pierre Rie à rie.

(Farce de Pathelin.) RICDOULLE, s. f. Ribote.

Un s'entend pour unn' ric-doulle, Qu'un rra I' diminch' qui suivra, Un fait provision d'andoulle D' pains français pou ch' grand gala.

(Danis. — Le Grand gala.)

RIDER, V. a. Préparer les terres à l'aide de la herse.

RIGOLER, Y. n. Plaisanter.

Hélas! ce n'est pas maintenant, Ferez vous, qu'il faull rigoller.

(Patlielin.)

RINCHINCHIN. Onomatopée, crincrin du violon. Ce mot prononcé dur comme rinquinquin est employé par les enfants pour exprimer l'élal d'un cheval qui hennit et piaffe ; il fait son rinquinquin.

RISCANIS, s. m. Sorte de genièvre mêlé d'anis qu'on débite à la frontière belge.

RIVAGEOIS, s. m. pl. Hommes du rivage, ouvriers du port.

ROCHETTE, S. f. Petit poisson ; homme fort maigre.


ROGIN, S. m. Raisin.

No roi a F visage plein, Y s' port' comme un rogin.

(Vers naïfs.)

Tiroux appelle Rogin notre*célèbre clerc Roisin.

ROGNEUX, adj. Galeux, teigneux, de rogne, rubigo, ancien nom de la gale.

Il s'emploie aussi pour chétif.

Ch'pelit rogneux d'life.

(Desr. — L'Almanach de poche.)

ROGNONS (jouer aux). C'est une variante des jeux du saut de mouton et du cheval fondu. Aux rognons, le cheval, loin de se fondre et de se dérober sous le camarade qui le franchit, reçoit sur les reins tous les joueurs qui, successivement, s'accumulent les uns sur les autres, jusqu'à extinction de force.

RONDELLE, S. f. Tonneau de bière.

ROSA, S. m. Pomme de reinette rouge.

ROSTE, adj. Saoul.

RouDouDon. Onomatopée ; tambour.

Les enfants vont, à la retraite, entendre les roudoudoux.

Je vais vire ches roudoudoux Aveuque tous ches milices.

(B.-M. — Le Tourquennois engagé milice.)

ROUGE-CROIX, s. m. Pain d'épice à l'anis qui a retenu son nom de l'enseigne de la boutique où on le vendait, au coin des rues Française et Ste-Catherine, à la Rouge-Croix.

ROULlÈRE, s. f. Sarrau que portent les rouJiers.


nOUSTI, adj. Rôti, grillé.

Il esl cuit et ronsti.

(Desr. — Le moulin Dulwmel.)

Vient du vieux français roustir, rôtir.

Il suffit, pour se convaincre de l'authenticité d'origine de ce mot, de relire dans Pantagruel l'aventure plaisante du faquin qui mangeait son pain à la fumée de la roustisserye du Petit-Châtelet, et le mémorablejugement du fol de Paris.

(PANT. ch. XXXVII. liv. 3.)

ROUVELANT, adj. Rubescens. Frais. Rouvelant comme une rose.

RUAU, s. m. Rigole. Ruauter, creuser des ruaux.

RUCHON, s. m. Qui ruchonne.

RUCLIONNER, v. n. Murmurer, gronder.

RUER, v. a. Renverser; ruer, ju, jeter par terre, pour rouer, assommer, abattre (Rabelais

RUFFLETTE, s. f. Pelle en bois pour enlever les ordures.

On dit qu'un homme est riche à renfler, pour exprimer qu'il peut remuer les écus à la pelle.

Ces mots dérivent de rafle, rafler, qui impliquent l'idée d'un enlèvement énergique et complet.

RUFLER, v. a. Enlever à la pelle.

Ch'étot l' bon temps des riinlelliéres On gangnol d'l'argint à ruffler.

(Desr. - La vieille dentellière.)

RUQUE, S. f. Motte de terre.

RUSE, s. f. Embarras. Avoir des ruses avec quelqu'un


S

SABOULE, S. f. Semonce, réprimande.

SACLET, S. m Petit sac.

SAHUTEAU, s. m. Ouvrier qui tisse une étoffe appelée saie. Il y a à Lille une rue des Sahuteaux.

SAIE, S. f. Du latin sagum ; étoffe de laine.

SAINT-PIERRE. Faire Saint-Pierre par nuit, loc., déménager furtivement.

SALIGOT, s. m. Diminutif de salop.

SANSONNET, S. m. Petit convoi mortuaire où les cloches de l'église ne sonnent pas.

SAQUER, v. a. Tirer; vient de l'espagnol sacar.

SATIBLEU. Juron local.

SAURET, s. m. Hareng saur.

SAUTERIAUX, s. m. pl. Sauterelles.

Y sont bien pu alertes Que lous chcs sauteriaux.

(B.-M. — La chasse aux puces.) SAUTS (rue des Sept). Ce nom ne provient pas des sots de Lille, mais des saults, saltalores, jongleurs qui figuraient au nombre de sept sur les anciennes façades des maisons du rang des Halles.

SAVAIE? pour savez-vous? se trouve dans le français du moyen âge.

Savés cumment que il adoint?

(Robert. — Fables inédiles.) On l'employait fréquemment dans le langage usuel sous Louis XIII et Louis XIV.


SCHLOFFEN (aller à). Aller dormir, de l'allemand

SÉCOT, s. m. Homme maigre. )

SEGOUS. Pour secoué, participe.

Sans estre esbranlé ne sccous.

(Marot. )

SEGLOUT, s. m. Hoquet.

De détresse y n'avot 1' seyloux (F. F. — Mariage manqué de Cliambalu.)

SEQUELAJN, ESCÂLIN. Monnaie de Brabant.

SÉQUOI, s. m. On ne sait quoi, quelque chose.

J'avais, dans la première édition de mon dictionnaire, écrit séquoi ou de séquoi, d' séquoi.

M. Desrousseaux pense que mon oreille m'aura trompé, la prononciation eun' séquoi ressemblant très-fort à un d'séquoi.

En l'absence de textes qui puissent élayer mon opinion, je n'oserai pas invoquer l'infaillibilité de mon oreille, mais, avant de me rendre tout à fait, j'émettrai les doutes qui me restent encore.

Séquoi substantivé est au masculin, M. Desrousseaux le qualifie ainsi dans son petit glossaire. On doit donc dire un séquoi, des séquois. Pourquoi, cependant, mettre l'article au féminin, eunn' séquoi ?

Ne pourrais-je pas dire, plus logiquement que M. Desrousseaux, en retournant son argument : Vous avez entendu eun' séquoi pour un d'séquoi ?

Le de supplémentaire n'est-il pas un idiotisme de langage très-commun dans le patois de Lille qui admet cet auyment pour un grand nombre de mots?


Dans l'hypothèse contraire à mon opinion, on se rend difficilement compte du genre féminin.de l'article qui précède le substantif masculin séquoi.

Peut-être faudrait-il reconnaître que eunn' séquoi est tout bonnement le syncope de on ne sait quoi, et conserver alors à cette locution le sens incertain, dubitatif, que lui donne le langage familier.

On trouve dans Brûle-Maison un nouvel exemple de cette façon de parler, cette fois appliquée, non à une chose, mais à une personne, et le sens n'a rien d'affirmalif.

J'ai réveillé m' sœur En digeant : un buque; >

N'y a unne sequi à no hui.

(Lu retour Ile Jean-Louis.) <r En résumé, séquoi n'est affirmatif que quand il est employé comme substantif, et alors on doit dire un séquoi, Nous retrouvons les mots ein n saqui dans la première phrase de la parabole de l'Enfant prodigue traduite en quatre-vingt et un' dialectes, pour un homme. Patois Wallon. - SERRER, v. a. Fermer; on dit: serrez' la porte; de ce mot vient serrure, serrurier.

SÈT? sais-tu? apocope, locution qui, sous fortae interrogativei' est très-fréquemment employée pour confirmer un dire quelconque; la locution plurielle, savaieP qui a le même sens, -est moins familière.

SEYU, s', m. Sureau. Contraction de sambucus'.

C'est avec la tige çle cet arbuste, vidée de sa moelle, que les enfants fabriquent leurs claquoirs.

Au bout dé cest courtit, droit dessous un seur C'est un arbre qui est en settembre meur.

(Merlin-Mellot.)


Si Et, s ID. Suif.

Si FAIT. Particule plus affirmative que si.

Par opposition on dit : non fait, ou nou fé, pour indiquer plus énergiquement la négation.

SIMPLOT, TE, adj. Simple, naïf.

Je n' suis mie si simplol.

(li.-.M.l.e gurchon difficile.)

SNU, S. m. Tabac à priser ; de l'allemand tabac schnuf.

J'ai poivré l' soup' de m' mère, Aveuc un' demi onrh* de snu.

(Desr. — Fatrice.) SOIER, v. a. Scier.

SOILE, s. m. Seigle; gris comme pain de soile.

SOLENT, adj. Pour insolent.

SOMMIER, s. m. Solive, poutre.

SON, S. m. Contraction de sommet. Au son dit clocher, pour au sommet du clochcr.

En sum la tur est montée Bramidone.

Roland.) J'ai inOlé l'cachette à l' pichotte, Je d'avois jusqu'au son des bottes.

(B.-M. - fOIl/on de Ferdinand.) SOHLET, S. m. Soulier.

SOUCAIID, SOUCARDE. adj. Sournois; homme ou femme qui regarde en-dessous; de l'espagnol cara, visage.

SOUGRUGEON, s. m. Scourgeon, escourgeon, sucrion.orge d'hiver. Scoliee hordcum, grain d'Ecosse.

SOULAS, s. m. Soulagement, Desolatium.

Te peux faire men soula.

li.-M. - Plainte amouitusc.)

On appelle encore soulas le cordon qui aide une personne infirme a se lever sur son lit.


SOULOT, SOULOTTE, adj. Qui se livre habituellement à l'ivrognerie. Il est rare qu'un homme ivre, se hasardant à parcourir les rues de Lille, ne soit pas immédiatement et incessamment a(cueilli par le cri populaire: Eh soitlot ! ! qui l'agace et l'irrite au dernier point, malgré la débonnairelé de l'ivresse causée par la bière.

SOUPETTE, s. f. Petite tranche de pain qu'on trempe dans un liquide.

Diminutif de soupe. Espagnol sopa.

SOUVERONNE, s. f. Avant-toit qui surplombe, severonde selon Roquefort.

Seneronde est encore usité dans les environs de Béthune.

Ce mot paraît venir de sub ire.

STAPPAERTS. Etablissement charitable de pauvres filles, fondé par Stappaert, bourgeois de Lille.

Cette maison fut gérée en 1653 par la célèbre Anthoinette Bourignon qui la dota de 22 prébendes.

(Tiroux. — AI. Dupuis.) STOFFÉ. Fromage à la crème ; du mostoffé, c'est du fromage mou. Stoffé, pour lot fait, fabriqué promptement.

SUAIRES (rue des). Pour des sueurs; ainsi appelée en souvenir de la surtle, maladie qui, en 4530, exerça à Lille de grands ravages.

SUDITER (faire) quelqu'un, le faire enrager.

SUCCADES. (Voir chucades.) SUER DE CHAUD. Locution pour se plaindre d'un excès de chaleur.

Y m' prend un si grand ma de pandie Ali! Madeleine, Ilue j'en sue de eau.

[11.-M. - Plaintes iinwuvrusrs.)


SUPPORTÉ OU SURPORTÉ. Déjà porté, se dit d'un vêtement acheté de seconde main, de hasard.

SURDEMANDER, v. n. Surfaire. « Jc ne surdemande pas,» dit la marchande à qui l'on propose un rabais trop considérable.

SURGÉ, s. m. Supplément ; addition de quelques gouttes de genièvre au petit verre bu le soir, en famille, après le souper.

SURGEON, S. m. Eau sauvage, source qui surgit, de surgere.

T

TABAC DE BAUDET, loc. Prendre du tabac de baudet ; regarder le soleil pour élernuer.

TABLETTE, S. f. Petit carré de sucre gris.

Un' a ehuché buvant l'café, Deux douzaines de tablettes.

(Dcsr.

TALBUQUER, v. n. Frapper avec un marteau, ou un autre outil.

TALO, S. m. Courtaude, femme disgracieuse.

TANriANT, part. prés. Vexant, tourmentant.

TARIN, s. m. Verre de bière ou de vin.

TARTINE, S. f. Tranche de pain beurrée.

TASSER, v. a. Pour tâter.

Il a tassé dans sin saclct.

(B. M. — Hussards du camp de Cjtyiing ;


TASSIAU, s. m. Pièce appliquée à un vèLrmenl.

S'n habit est féil' tassiaux.

(B.-M. - Braguette.) TAT'MÉ GLAIRE, s. m. Tàte mes poules, sobriquet donné à l'homme qui s'occupe trop minutieusement des soins du ménage.

T ATOULE, S. f. Volée de coups.

Vilain' claque, méchant' toutùule, Si j' m'y mets j' te donne un' tatoule.

(Desr. - Retour de Nicaise.) TAUDION, s. m. Taudis, réduit.

Enfin ch* nouveau Grégoire A r'gagné sin taudion.

(Desr. — L'ivrogne et sa Femme.) TA un, s. m. Taureau.

TAYON, s. m. Aïrul, atavus, dont Je diminutif est alayoLus, d'où layon.

On trouve dans le testament de Villon, laye et layon pour grand'mère et grand-père.

C'est aussi dans ce sens que ces mots étaient entendus dans notre vieille législation lilloise.

Lois est en cheste ville orden^e et esiaule. que enfant après le dechies de leur pere ou de leur mere sont partaule el font un mont en l'escanche de leui taion ou de leur taien, (Roisin.)

Le peuple cependant s'est obstiné à voir dans J'aïeul un degré de parenté au-dessus de grand-père.

L'aïeul ou tayon correspond dans sa pensée au bisaïeul.

TEIQUER, v. n. Tousser souvent, par une sorte de tic.

TELLE, s. f.Vase en terre cuite, plus largp que profond, ou l'on dépose le lait.


TEMPÊTE, S. f. Jeu, en. rouchi topête" mot qui peint mieux l'action. Le jeu çonsiste à lancer de plat une pièce de monnaie contre un mur, de manière à la faire Vètomber le plus près possible d'une autre pièce posée à terre. On mesure les distances avec un fétu 'de paille. Ce jeuia eu longtemps à Lille une vôgue égale à celle de la Morra, à Naples'. v Sur l' mur quand qu' chesl à l' tempête, J' buqu' avpc tant d'ménageminl,

Qu' j'infonce toudis Mazequelle.

(Danis. — Bastien ) TEMPRE £ .T ITAUDJ. ,Tôt, eti tard-, tempre,, mafJurè.Mot gallo-belge (Ducauge) , du latin tetnpus\ 1 '■ TER, adj. Tendre, fragile, par syncope du latin tenter; ou bien encore de teres, en tendre, doux. :

: Douch'mint à ch' bure, le pain y est ter! .,' : , i, - [Proverbe lillois.) TERLUIRE ou TRELUIRE,' v. n. Faire plus qtie luire, donner de l'éclat; la syllabe ter. est' angmentn'tive.

TERTOUS, TERTOUSSES. Par transposition de très-tous, composé de tous et de la particule très, qui communique aux adjectifs une valeur superlative ; il est dans Rabelais et dans Montaigne.

Dame, disl-il, Dieu qui tout voit, Vous dointsainte et bonne vie, Et trestoute la compagnie.

(Raoul de Coucy.) Ter vient du latin ter, comme très vient du. grre 7fefç. trois fois.

Nicol et M. AnYpcre font dériver 1res de transe THÉRO. Nom propre pour Thérèse.

Sont venu's de l' cuigeaine Les deux jones mt-quaines ;■ Et Théro et Zabette Les servantes des Kiellcs.

(B. M. - foi boit.)


TIGNASSE, S. f. Chevelure mal peignée.

TILLIACE, adj. Dur, coriace, filandreux.

TIMBLET, s. m. Exercice gymnastique des enfants.

TITIS, S. m. pl. Poux.

TOMBAC, s. m. Ou tombacle, composition de cuivre jaune et de zinc.

De tombacle ou d'argent la boucle Aussi brillante qu'escarboucle, (Porehcrons. — Chap. IER.)

TOnCHÉ, ÉE, adj. Mal conditionné, un- liomme ou une femme mal torché, torché comme quatre sols.

TORCHIS, S. m. Voyez paillotis.

TORSE. Torche, cierge pour les cérémonies publiques.

TORT (depens du tort). Locution judiciaire pour dire qu'on mettra tous les frais à la charge de celui qui succombera dans la contestation.

TORTENÉ, adj. Tourné, roulé.

Des cheveux su vo lielte Qui sont tous tortenés.

(II.-M. - Pironne.) TORTEINER, v. n. Ne pas aller droit; tourner autour du pot.

TORTIN, s. m. Un objet contourné, torlu.

TOUBAQUE, s. m. Tabac à fumer.

TOUDIS, adv. Toujours; lotâdie.

TOUILLAGE, S. m. Gâchis, désordre. Etat de choses emmelées. Froissard emploie dans le même sens le mot tùuillcmenl: Or lairons un petit à parler de ce touillement qui étoil sur le roi de France, et parlerons du prince de Galles et de la Bataille.

(Ilataille de Poitiers .)


TOUILLER, V. a. Embrouiller; de tout lier.

TOUPlELLE, s. f. Porle, clôture; du vieux français estovper, boucher.

Il a clos l' toupielle du four.

(G.-M, — Le veau au four.)

TOUPYRIE, s. f. Eblouissemcnt pendant lequel tout semble tourner devant les yeux.

TOURLOURETTE, S. f. Jeune fille étourdie.

TOUR NOIR, S. m. Le peuple appelait ainsi le tour destiné à recevoir les enfants abandonnés par leurs parents à la charité publique.

11 y en avait deux à Lille, l'un à l'hôpital général, l'autre à l'hospice Saint-Sauveur.

TOUTOULE, s. f. Une femme sans ordre, qui mêle, qui touille tout.

TRAMDER (se). Se remuer, s'agiter.

TRANAIKE, s. f. Trèfle.

TRANNER, v. n Trembler; y tranne les fièvres.

TRIBOULER, V. n. Aller, venir; se tribouler, agir à sa façon. Laissons-le se tribouler, s'emploie à l'occasion d'un homme qu'on abandonne à ses propres ressources.

Il est dans Rabelais avec le sens de bouscuier.

TRIBOULETTE, S. f. Verre qui contient une pinte de bière.

TRIFOUILLER. Fouiller avec désordre et profondément.

TRIMBALLER, v. n. Aller ça et là sans motifs.

THlMEU, v. n. Armor. tremen, aller d'un endroit à l'autre. Ce verbe s'emploie plus fréquemment dans le sens d'un travail force.

TBlNQUEBALLER, V. a. Transporter avec embarras des personnes ou des choses dans des endroits différents.


THIPE, S f. Eloffc de laini-., fabriquée par les bourgetellrs.

Vous Oanchez et jurez par les foy et sermens de voz corps, sur la damnation de vus âmes, et voz pars de paradis que vous ferpz l'esgard de toutes les tripes. bien justement et léalemenl.

(Huisiu. - Sermcnt des rsgul's de la Bourgcterie.)

D'après M. Brun-Lavainne, le nom de Bourgelerie provient à celte branche d'industrie de ce que les premiers ouvriers qui l'importèrent à Lille étaient de tourges.

A Roubaix la fêle des fabricants s'appelle encote aujourd'hui la fête des tripiers.

TRIPETTE, s. f. Terme de mépris. Cette femme ne vaut pas tripette.

TRIPETTE, s. f. Panse de veau découpée en lanières et servie à la sauce blanche.

On dit d'une personne ou d'une chose déplaisante, qu'elle ne vaut pas tripette.

TRONDELER, v. n. Courir d'une manière un peu vagabonde, flâner; envoyer quelqu'un à l'trondièle, c'est lui faire faire une course inutile, quelquefois désagréahle. Les domestiques crédules , vont à l'trondièle, quand, le I" avril, ils sont envoyés par de mauvais plaisants chez les marchands de drap, où ils demandent des lunettes de pinchina, ou chez les pharmaciens, où ils demandent du sirop de baudet.

TnousPETTE, s. f. Vilaine petite fille qui fait des embarras.

TROYELLE, S. f. Truelle; il existe un cabaret célèbre sous ce nom à Wazcmmes, vis-à-vis de la VieiHeAventure. r TuTRR, v. n. Tic d'enfant qui tète à vide en suçant sa langue.


V.

VACLETTE, S. f. Vase qui renferme la braise où'l'on allume le tabac; chaufferette.

VALETER, v. n. Pour volter, tourner, volutare, aller à droite, à gauche. On attache à ces mots : faire valeier quelqu'un, une idée d'assujettissement, de vassalité. VAROULEUR. Ouvrier de filature.

VEAÎST. Participe de veoir, voir.

-Che viau véant sin maite.

(B.-M. - Le Paysan de Fleurbaix.) 1 S<* il ne pol derainer per II enleodable hornpie del plaid, oant 1 ettfeanf.

S'il ne peut prouver par deux hommes du plaid dignes d'être entendus, entendant et voyant.

(tois de Guillaume le Conquérant, XXVIIL) VENDAS ou VENDAQUE, S. m. Poulie sur laquelle s'enroule la corde qui sert à hisser les fourTafges au grenier.

VENIR, v. n. Employé pour devenir.

No pourrheau est venu malade. •

(G.-M. - 10? recueil.) VÊPRE; s. f. Soir, du latin vesper.

VERDI. Contraction pour vendredi.

VERDURIÈRE, s. f. Paysanne qui apporte les légumes au marché de Lille; les verdurières sont remarquables par la forme du chapeau qui les garantit de la pluie et du soleil.


VÉREUX, s. m. Enfanta figure pâle, qui paraît avoir des vers.

VERVEREUX, S. m. Yerveux, engin de pêche.

VERVESSOU, s. m Pisse froid, pince sans rire.

VESSE, s. f. Avoir la vesse, avoir peur, locution d'écolier.

VETTIER, V. a. Regarder, de videre. Vet ch'l'homme!

Regarde cet homme!

VIEUX-HOMMES (hospice des). Etablissement qui reçoit les anciens bourgeois de Lille tombés dans l'infortune.

VIGIN, s. m. Voisin, dc vicinus.

VIGNERON. Nom d'une cloche qui donnait le signal de la retraite.

11 est trop tard le vigneron est sonné.

[Prov. lillois.) Voir Laineron.

VINAIGRETTE, S. f. Caisse de voiture reposant sur deux roues, et trainée entre deux brancards par un homme que le peuple appelle cheval chrétien.

Craignant d'user ses pieds, den unn' vinaigrette EU' se faijot mener par un queva chretien.

(Desr.) C'est l'ancienne chaise à porteur devenue roulante.

Le nom de ce véhicule lui vient, selon moi, de l'analogie qu'il présentait, dans le principe, avec la brouette du vinaigrier.

J'extrais le passage suivant d'un article du Moniteur du 4 octobre 1853, signé, E. Tauxier, qui confiime mon opinion sur ce point quelquefois contesté à Lille.

« Voici venir une nouvelle variété.

« On fabriqua des chaises auxquelles on adapta deux roues avec un- brancard, un homme s'attelail dans ce br;-,ncai-d a% ce une lanière de cuir passée en sauloir sur ses épaules, 11 ace rot liée à l'autre bout de la caisse par un trampon de fer, et faisait F office de cheval.

-


« Les chaises de ce modèle, à cause sans doute de la ressemblance qu'elles offraient avec les brouettes que traînaient les vinaigriers et marchands de moutarde avaient pris le nom dérisoire de vinaigrette. »

On se rappelle encore à Lille la pudique indignation d'un critique célèbre, à propos des vinaigrettes.

VINGT-HOMMES. Corporation de portefaix chargés de vérifier le poids des colis au déchargement des bateaux sur le rivage.

Le peuple, toujours narquois, a longtemps qualifié du nom des Vingt-Hommes la garde nationale à cheval, à raison de la faiblesse numérique de son effectif.

VOIE (être en). Être en roule. Cette locution dérive DE l'ancienne prononciation, je m'en voys, pour je m'en vais.

Tenibrassant en mon sein pour la dernière fois, Car là-bas aux enfers, Adonis, tu t'en vois.

(Ronsard.)

VOLÉE, S. f. Brasse, mouvement des bras qui fait avancer le nageur.

W

WAIMIEL, S. m. Regain, de veimellus, seconde herbe.

WAINIER. Miauler.

WARHAS, s. m. pl. Faisceaux de paille de fèves qui servent de litière aux vaches.


WASSINGUE, S. f. Serpillière, toile grossière servant à l'emballage, que l'on fabrique dans le canlon de Bailleul.

WIDIER. Vider, sorlir.

Z ,¡

ZÈGRE, adj. Étroit, mesquin, pauvre, gueux'. 1

Des r i ch's, des zégr's, <l«'s drots, d>enii^ss > /- - '-(

HF» />\

ZÉzÉ, s. m. Un homme à petites idée^q<ûj^zafà\


TABLE

A

Abanier (s').

A biais.

About.

Abuser (8'), Acaier.

Acclamasses.

Acheliu.

Achelle.

A cou pi ( avoir, ou faire).

Acoul.

Acravinter (s').

Adrécher.

Affiquet.

Amigr.

AtToler.

Affrontée.

Affubler.

AfTulé.

Affuliau.

Agache.

Agés.

Agobiles.

Agripper.

\Rrippin.

Asronlier.

Ai rtsin.

Ajoli^. ,.

Alfos.

Aloienï.

Alou.

Amazé.

Ambielle.

Amendice.

Amendise.

Ameur.

Amicloler.

A miteux.

Amonition (pain d'} Amuselle.

Anette.

Angelols.

Augouche.

A nic her (s').

Anirroche.

Aouleux.

A parler (s').

Apencr.

Apouchiner.

Appâlrler.

Approchant. Arabié.

Arrhelier.

Archelle.

Arland. v Arlander.

Arnioque.," Aroutnge.

Arsonille.

Artichauri.

Asselin (voir Achclin).

Assite.

Assnmmoir.

Assolé.. i Asteux. Atarger (s').

Alican.

Atiqué.

Ato (fêles d').

A tomber.

Atout.

Aliriau.

Altusé.

Aubade.

Aubiau.

Anmonde.

A Vil leurs.

Avaricieux.

Avisé.

Avise.

Avoiement.

Avule.

Awi.


Babache.

Babenne.

Babenneux.

nactée.

Badine (aller à la).

Badoulcts.

Badoulelle.

Baffrer.

Bagou.

Bagues (aller à).

Baie.

Bailli.

Baleine.

Baller.

Ballon.

Balocher.

Balot.

Balou.

Balouffe.

Banse.

Banse berchoire.

Baquet.

Barat.

Baron.

Barou.

Barquette.

Basainncr.

Basser.

Batiller.

Baudequin.

Béard.

* Beau (parler).

Bec bot.

Bedoule.

Beguin.

Béguinage.

Brnachn.

Beriiau (jeu).

Beniau (tombereau) Uéole.

Berdaine (courir).

Berdelachcs.

Berdouf.

Perleau.

Berliéres.

Berlou.

Berluser (se).

Bernatier.

Bcrneux.

Bersile.

Bertonner.

Bic bac.

Bielle.

Bille.

Billet de mort.

Billet de roi.

Birlouet.

Bise.

Biser.

Biset.

Bisquer.

Bisloqucr.

Bi-toule.

DIAmr.

BIane-bonnet.

Blasé.

Bleuet.

Bleuets.

Bleusses.

Bleu tôt.

Bleu vû.

Rio.

Bobineur.

Bonfleux.

Boni (avoir).

Bonnier.

Bonniquct.

Boquillon.

Bornibus.

Boubou (faire,'.

Boucan.

Bouffre.

Bougon.

Bougonner.

Boujon.

Boullallt.

Bourgage.

Bourgeois (convoi).

Bourler court.

Bourler, jouer.

Bourler, tomber.

Bourlelle.

Bourseau.

Bouter.

Bouvache.

Brader.

Braderie Brafe.

Braire.

Rrebigelle.

Brelle.

Bren.

Bren d'agaehe.

Bren de Judas.

Bresetlcs.

Breyou.

DrilTe.

Brinlieux.

Bringue.

Brisanue.

Briscader.


Brochon.

Brondelcr.

Bronser.

Braquante Broquelet, Broquer.

Broquet.

Brouter.

Brouteur.

Brousé.

Bruant.

Brdlin.

Bucque.

: Buisse.

Buquer.

Buresse.

Bnrguel.

Busette.

Busier.

c

Cabas.

Caboche.

Cabochus.

Cabujelle.

Cabus.

Cacaque.

Caché perdu.

Cache-quien.

Cacher.

Cachea de mannée.

Cachiveux.

Caconnes.

Cadot.

Cafetiau.

Cafouillage.

Cafotin.

Cafouiller.

Cairesse.

Calé.

Camanelle.

Campes.

Canada.

Canarien.

Candelé.

CandelieUe, Canette.

Capable de lêtre).

Capageoire.

Capenoule.

Capiau.

Capon.

Capot.

Caracole.

Carafien.

Caramara.

Carcaillou.

Carer (se).

Carlier.

Caron.

Carré.

Carton.

Caliller.

Catimini (en).

Catou.

Cauches, Cense.

Censement.

Censier.

Cent.

Chaude.

Chaudeau.

Chamot ter.

Chifllotiau.

Chimentière.

Chip en chop (aller (h-) Chipoter.

Chiquer.

Choaine.

Choque.

Chouler, fouler.

Chouler (jeu).

Choulet.

Chucade.

Chucbe.

Clacheron.

Clachoire.

Claque.

Claquoir.

Cleiner.

Clique.

Cliquer.

Cliques cl claques.

Clique-talon.

Cloer.

Clouches.

Codac.

Codrelals.

Coi, coite.

Coinne.

Coite.

Colas.

Comptoir.

Comtesse.

Contraire (venir au).

Copon.

Coquanlier.

� Coqueleu.

Coquille.

Corée.

Corinchc.


Corsé.

Cosette.

Costiaux.

Cotin.

Cotron.

Couel.

Couillon.

Couillonnade.

Coule.

Coulière.

Coulon, pigeon.

Coulon (nom prop.).

Couque-baque.

Couretle.

Courir son plus vite.

Courtillage.

Courtilleu.

Court-mois.

Coussin Coyelle (aller à 1').

Craché.

Crachel.

Craillc, Cramillie.

Cranpi.

Crape.

Craprux.

Crapin.

Craquelin.

Craquelot.

Crasseux.

Crechi.

Cren bouli.

Crevassin.

Crevé.

Cr;ncher (se).

Crinrhon.

Crincu.

Croche.

Croche-pied.

Crochu.

Crojelte.

Crolcr.

CroIes, Cron.

Crons.

Croquant.

Croque.

Croque-poux.

Croques.

Croquet.

Crou-crou.

Crollslous.

Croulas.

Cruau.

Cruaudcr.

Cruchon.

Curieux.

Curisse (pain de).

n

Dache.

Dachol.

Damage.

Damas.

Danobis.

Daquoire.

Darain, ne.

Duron.

Daronne.

Dirus.

DarlisP.

D;iser.

De.

Deb'ouquer.

Uebollt.

Débi is.

Décartocher.

Décesser.

Dechoquetor.

Declaqucr.

Dédicace.

Déesse.

Défunquer.

Dégager (se).

Dégaine.

Degazer.

Dégobiller.

Dégrioler.

Dégrioloire.

Dégueuler.

Déljiminler (-e).

Déloqueié.

Déloufer.

Uémélage.

Déniépriser.

Deniilani..

Dépicher.

Déplaquer.

Derne.

Détouiller.

Déuillant.

Drvenir.

Dévérainer.

DiffuJer.

Discomple.

Dodincr, Dodo.

Dondaine.

Dur.

Doré.

Doreux.


Dorlon's.

torman).

Doube.

DOIPL.

Douque douque.

Dragon.

Dri.

Drisse.

Uronle.

Druquin.

Ducasse.

Dusque.

E

Ecafillé.

Erafolcr.

Ecnrdcr.

Erhuchcr ((1.

Eclile.

Econce.

Ecouage.

Ecouanl.

Ecour.

Ecourcheu.

Ecrépe.

Ecruauder.

Egalir.

Egard.

Ehou!

Emarvoyé.

Embarrassée.

Emblave.

Emblaverie.

Embu.

Emilion.

Emontre.

Empaller.

Empirrcr, Endêver (faire).

Enfardelé.

Enfenouillé.

Enfunqué.

Engelé.

EDguellser.

Ennœiller.

Enon ?

Enrosler.

Eniouillcr.

Enlurlu (à I').

Envieillir (s').

Epaffe.

Epautrrr.

Epilier.

Epincher.

Epoupette.

Epuelles.

EqueLles.

Escarbille.

Escolfier.

Escourgeon.

Escous.

Escousant.

Escousse.

Espisler.

Esquelin.

Esquinler.

Elal.

EtaqlJP.

Etenelles.

Eteule.

Eloquer (>*1.

Elrain.

Etranner.

Etres.

Etrive.

Elrivette.

F-

Facolls, Fada.

Fait (à).

Fait (d'amilir).

Fait à Tait.

1 Falluiche.

Farfouiller.

Fau.

Faucard.

Faucarder.

Flluque.

Fergu.


Ferloupes.

Ferment.

Fi.

Fichau.

Fien.

Filer.

Filerie.

Fin.

Finioler.

Fion.

Flahute.

Fornique.

Flandrill.

Flau.

Flêchette.

Flépes.

Flohaine.

Foirer.

Foncer.

Forbou.

Forboutier.

Force que.

Forsener.

Fouan.

Foufardes.

FoufTe.

Fourfelle (élre en).

Fournaquer.

Fùllronncr.

Fourrée.

Fouyner.

Fraiche.

Frasoir.

Frayeux.

Friant-batlant.

Fricassc.

Frisons.

Frusquin (St).

Fuile.

Funquée.

G

Gadou.

Gadoux.

Gadru.

Gafe.

Gaga tparler).

Gaiole.

Galafre.

Galcteux.

Galiette.

Galoche.

Galuriau.

Galvauder.

Gantois.

Garchonale.

Garçonnière.

Gard.

Gaspiau.

Gatelet.

Gaufre-col iche.

Gaugue.

Gaule.

Gauquier.

Gavu.

Gaziau.

Ghinse.

Giffle.

Gigeanle.

Gigeine.

Gin.

Gingeol.

Gingler.

Glaine.

Gland.

Glaves.

Gloriette.

Glout.

Godailler.

Godiche.

Godon.

Gogu.

Goguélu.

Gorlier.

Gourdaiucs.

Gourer.

Gouvion.

Grain de sel.

Graissier.

Grament.

Grand-Magasin.

Grand-Tournant.

Greignard.

Greigner.

Griffer.

Gringrin (st) Gringues.

Grioler.

Grippelte.

Groiselles.

Gros-Jean.

Gros mort.

Grouages.

Grouler.

Gruau.

Guernates.

Guernons.

Guernoter.

Guertier.

Guet.

Gui, géc.

Guiler.

Guise.

Guiternc (cour).

Guive.

Gyrie.


n

Habile.

Hatbran.

Railes.

Huilot.

Happe.

Haque!

Hard.

Hardi.

Harna.

Havot.

Hayon.

HIIJure.

Ilimeur.

Hobelle.

Hochennoirc.

Hoche-pot.

Hole.

Hommiau.

Honaine.

Houpette.

Hourdage.

Houseaux.

Housse.

Huis HuveUe.

1

Imborgneux.

Incriicjuer (s".

Indigne.

Indulgences.

Induque.

Infant.

Infiler.

InOlure.

Inforchié.

fnguer.

Innochent.

Insipite.

Intendance.

J

Jacolin.

Jacquart, Jappe.

Jeûner.

!o.

Jobro.

Jonne.

Joquer.

Juedi.

Juelle.

Jueux.

Jupon.

Jus.


K

Karmesse. | Kraëne.

I.

Lachoire.

Laidoux.

Laigne.

Liiineron, Lala lcb. de Mme).

Langrcux.

Lapite.

Lari.

Larnesse.

Larri.

Lébouli.

Li'buré.

Lesquiu ; moulin de) Leurre.

Lez.

Liaehe.

Lille.

Linchcui Liste.

Liston.

Lombard.

Lommelel.

Loque.

Los le.

LoI.

Louche.

Louchet.

Lozard.

Lozard, de.

Luiseau.

LumerotP.

Lusot.

M

Mabt^.

Macaux.

Macaveule.

Machuqué.

Machuré.

Madouiller.

Maflanl.

imaflu.

MlIgement.

Maguette.

Maie.

Maladie Jaquette.

Malva.

Mamulol.

Mande.

Mannée.

Manoqueut.

Manuel.

Maqua.

Maquiller.

Maraille.


Mardoché Marée.

Margoulette.

Margoulin.

Mariage (jeu de).

MaricbauI.

Mariolle.

Marjoler.

Maronne.

Marotte.

Marron.

Masse.

Mastelle.

Mat.

Maton.

Matou.

Mauvaiseté.

M écoule.

Menette.

Menoules.

Méquaine.

Mélier-Maîle.

Mets.

Mettre (se).

Meule.

Mi.

Mie.

Mier.

Minable.

Minck.

Mine.

Minou.

Mitan.

Mode (à m').

Moie, Moyette.

Moise.

Mon.

Monteuse de modes.

Montre.

Mordreur.

Moreau.

Morgues.

Mouchon. ,- Moudre.

Moafllcs.

Moulet, Mourmoutette.

Mousse.

Mousset.

Mous tafia.

Moutre.

Mouveler.

Mouviar.

Mouzon.

Moye.

Moyette. Mucher.

Muchette.

Much' tin pot (en).

Mugot.

Muot.

A-

nr

Nacque.

NacLieuI.

Nageoires.

Nen.

Nicdouille.

Nieulle.

Nique-naque.

Nobiliau.

Noble-épine.

Noble-Tour.

Nom jeté.

Noque.

Noquère.

Noquet.

Noufé.

Nulwart.

Nunu.

1

0

OEuillarde.

Olielle.

Olieur.

Opéra..

Osoir.

Osliau.

OLieu.

Olieu.

Otil.

Outre (tout).

Ouvrer.


p

Pacoul.

Parus.

Paf.

Paillotis.

Pain crotté.

Pain-perboles.

Pamelle.

Pana.

Panthelle.

Panchu.

Pandour.

Pantaliser (se).

Paour.

Paourc.

Papart.

Parchon.

Parjuré.

PasseL Patagons.

Patar.

Patiau.

Pâture.

Paucheur.

Pauvriseur.

Payelle.

Peloteux.

Peneux.

Peninque.

Percot.

Persielle.

Ptrleler.

Pertelier.

Peteux.

Petit-clerc.

Petit taôlel.

Petits-plaids. ■

Pcun.

Peiiiii'iue.

Peun'tierre.

Philippine. :

Ph' bat", Pirbe.

Piche-pol.

Piehon.

Pieholicre.

Pichou.

Picot.

Piècha.

Pied-d'agache.

Piedescaux.

Piedsante.

Pierrette.

Pile.

Pilet.

Pincheriau.

Pinderlots.

Pinte.

Pinter.

Pintcux.

Pinteux.

Pinturluré.

Pique.

Pique pique.

Piques (passer les).

Piquet.

Piquelage.

Piqueler.

Pileux.

Placbetlc.

Plaignard.

Planchons.

Platelée.

Platelets.

Plal-fieu.

PlaLiau.

Platine.

Plein aout).

Plenures.

Pleuve.

Plichon.

Pluquer.

Pocher.

Pocbetisc.

Pochon.

Pompéte.

PontificAt, Poque.

Poquelles.

Poreltc.

Porion.

Porleletlc.

Postillon, Postures.

Potage.

Pouehin.

Poufrin.

Poumonif.

Pnurchas.

Pouretle.

Pourlequer (se).

PresLemenl.

Preume.

Prinsel.

Prisée.

Privé.

Prousse.

Puissant.

Purain.

Purer.

Purger.

Puriau.

Purin.


9

Quacher.

Quar.

Quarrée.

Quarlerier.

Qu'as-tn-là ?

Qu'au (jus).

Quemeniau.

Quenecque.

Quennetousse.

Quer (avoir;.

Querque.

Qucrre.

Quertin.

Queuche.

Queue du dépôl, Queue leu-leu..

Queuelle.

Queure.

Queute.

Quia (être à).

Quinquin.

Quiou.

R

Rabrouer.

Rabrouter.

Rac.

Racaille.

Raccroc.

Raccusèle, Racbemer.

Racontages.

Rade, radement.

Ragentiller.

Raine.

Ramentuvoir Randouiller.

Rang.

Rang d'ognons.

Rappe.

Raquer.

Rnsière.

Rassarcir.

Raltendre.

Ravage.

Raviser.

Rechpncr.

Récomparer.

Récrire.

Récurer.

Redoubleuse.

Réduit St-Sauveur.

Refuge.

Regerot.

Remettre.

Remise.

Rémola.

Rendage.

Renfournir.

Kenipper.

Repainer.

Repourer.

Repouveter.

Requinquer (se).

Retouper.

Retramer.

Réü.

Reulle.

Reuppr.

Reveleul, Revieler.

Rewidiage.

Rewidier.

Rewigier.

Rie à Rie.

Ricdoulle.

Rider.

Rigoler.

Rinchincbin.

Riscanis.

Rivageois.

Rochette.

Rogin.

Rogneux.

Rognons,


Rondelle.

Rosa.

Rosle.

Roudoudou.

Rouge croix.

Rouliére.

Rousli.

Rouvelanl.

Ruau, ruauter.

Ruchon.

Ruchonner.

Ruer.

Ruffier.

Rumetle.

Ruquc.

Ruse.

S

Saboufe.

Saclet.

Sahuteau.

Saie.

Saint-Pierre (faire).

Saligot.

Sansonnet.

Saquer.

Saults (rue des sept).

Sauret.

Sauteriaux.

Satibleu.

Savaie.

Scbloffen (aller à).

Secot.

Secous.

Seglout.

Sequelain.

Séquoi.

Serrerf Set.

Seyu.

Sieu.

Si fait.

Simplot.

Snu.

Soier.

Soile.

Soient.

Son.

Sorlet.

Soucard.

Sougrugeon.

Soulas.

Soulot.

Soupette.

Souveronne.

Stappaerts.

SlolTé.

Suaires (rue des).

Subiter (faire).

Succades.

Suer de rhaud.

Supporté.

Surdemander.

Surgé.

Surgeon.

T

Tabac de baudet.

Tablette.

Talbuquer.

Talo.

Tannant.

Tarin.

Tartine.

Tasser.

Tassiau Tal'. mé glainc.

Tatoule.Taudion.

Taur.

Tayon.

Teiquer.

Telle.

Tempête.


Tempre et tard Ter.

Terluire.

Terloos.

Théro.

Tignasse.

Tilliace, Timblet.

Titis.

Tombac.

Torché.

Torchis.

Torse.

Tort.

Tortené.

Torlencr.

Tortin.

Toubaque.

Toudis.

Touillage.

Touillier.

Toupielle.

Toupyrie.

Tourlourelte.

Tour noir.

Toutoule.

Tramuer (se).

Tranaine.

Tranner.

Tribouler.

Triboulette.

Trifouiller.

Trimballer.

Trimer.

Trinqueballer.

Tripe.

Tripette.

Tripette.

Trondeler.

Trouspette, Troyelle.

Tuter.

v

Vacletle. Verdi. Vieux-hommes.

Valeter. Verdurière. Vigin.

Varouleur. Vereux. Vigneron.

Veant. Ververeux. Vinaigrette.

Vendas. Vervessou. Vingt-Hommes.

Venir Vesse. Vole (être en), Vépre. Vettier. Volée.

w

Wairniel.

Wainier.

s.

.Wassï&gue.

Widier.

1 Zézé.




DU MÊME AUTEUR

Etudes sur la Législation militaire et sur la Jurisprudence des -Conseils de guerre et de révision, 1 vol. in-8°, 1833. Paris, Anselin ; Lille, Vanackere.

Conférences sur le Droit rural (introduction), bruch. 111-8', 1848. Lille, Vanackere.

Législation des portions ménagères ou parts de marais dans tt nord de la France, vol. in-8°, 1850. Paris, A. Durand; Lille, Vanackere.

Le Bourgeois de Lille, esquisses locales, vol. irt-18, J851, Paris, Garnier; Lille, Béghin.

Question de compétence à propos de l'aptitude personnelle à la jouissance de certains biens communaux : affouages, mamis, broch. in-8°, 1851. Paris, A. Durand; Lille, Vanackere.

Lille. - Tyjj. N anai-keie.