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Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir

Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)

Date d'édition : 1932-01-25

Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 126844

Description : 25 janvier 1932

Description : 1932/01/25 (Numéro 20054).

Description : Note : Dernière éd. de Paris.

Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale

Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse

Description : Collection numérique : BIPFPIG15

Description : Collection numérique : BIPFPIG33

Description : Collection numérique : BIPFPIG35

Description : Collection numérique : BIPFPIG37

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6272533

Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/12/2010

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Avez-vous regardé la Bretagne sur une carte de France ? Quelle figure singulière et un peu effarante elle y dessine'.

Le mufle d'une lionne, en vérité, d'une lionne à la gueule ouverte et tournée vers le large. La gueule, c'est la rade de Brest et la baie de Douarnenez la langue, fourchue, en trident, c'est la presqu'île de Crozon. Quant à l'œil, on le placerait assez bien à la hauteur de Morlaix l'oreille, un peu courte, au sillon de Talberg. Et ce mufle de lionne, fantaisie de la nature sans doute, prend une signification émouvante quand on se rappelle le rôle héroïque de la Bretagne dans notre histoire et, hier encore, les 250.000 de ses enfants tombés sur la Marne, l'Yser, etc., sixième des pertes totales du pays, elle qui n'est que la quinzième ou seizième partie du territoire

Le point vulnérable de la France est en Bietagne, avait coutume de dire le grand historien Henri Martin.

L'Allemand le savait bien qui, en 1914, méditait d'opérer un débarquement à Bréhat, dans les Côtesdu-Nord, pour couper la France de la Bretagne, et n'y eût peut-être point échoué sans le barrage établi par la flotte anglaise à l'entrée du pas de Calais.

Physiquement, la Bretagne se présente comme un double plateau granitique et schisteux orienté d'est en

ouest, haché de vallées humides, de canaux naturels, d'abers semblables à des fjords. L'ossature de ce double plateau, son épine dorsale, keign Breiz, un curieux système orographique l'ébauche vers Fougères, qui s'abaisse ensuite, puis se relève vers Montfort, se désarticule et s'épanouit un peu plus bas dans les Arrées et les Montagnes-Noires. Faibles hauteurs (de 300 à 400 mètres), mais croupes puissantes. On songe à la race qui vit là, trapue elle aussi, noire, épaisse, comme nouée, mais qui se délie merveilleusement dans ses filles, surtout vers Fouesnant et Quimperlé. Et quelle abondance d'eaux vives Les plus indisciplinées qu'il y ait, par exemple. Sur cent rivières bretonnes, à peine si deux ou trois acceptent de payer tribut à la Loire, le grand fleuve français. Toutes les autres, jalouses de leur indépendance, courent droit à l'Atlantique ou à la Manche, prenant parfois, à quelques kilomètres de leur embouchure, comme le Trieux, l'Odet, la majesté de fleuves américains.

De tout cela, pourtant, ne se dégage rien de précis, aucun élément de classification ordonnée. L'ancienne répartition de la Bretagne en neuf évêchés nous sera-t-elle plus propice ? Elle est bien vieille, encore qu'appuyée sur des raisons historiques profondes, mais qui ont pour la plupart disparu.

La répartition actuelle en cinq départements vaut encore moins décrétée par les Constituants, Titans audacieux, dont toute l'œuvre, inspirée de Jean-Jacques, tendait à corriger la nature, c'est un assemblage antiphysique de pièces disparates, avec des noms assez bien choisis .pour deux des départements (le Morbihan et le Finistère), mais tout à fait impropres pour d'autres comme les Côtes-du-Nord (qui sont

en réalité les côtes du nord-ouest, mais qui ne le sont pas plus, en somme, que le Finistère ou l'Ille-etVilaine. Il eût fallu appeler ce département le Ménez-Bré, du nom de

I la rude emmenée granitique dressée il. son centre), _.tVj. 0 Breiz-Izel, o küera vro,

Koat en e kreiz, mort en e zro. (0 Basse-Bretagne, dit Brizeux, ô le plus beau des pays, bois au milieu, mer alentour !)

LES EPREUVES

A Vincennes « Hazleton », à M. Palazzoli, gagne le Prix d'Amérique.

A Nice « Alvarado », à M. Macomber, remporte le Grand Prix de la Ville de Nice.

Bien que disputé par six concurrents seulement, le Prix d'Amérique a donné lieu à une course passionnante. Malheureusement Amazone B, en déclin certain, n'a pu prendre part à l'arrivée et c'est Capucine X qui a défendu la cause de l'élevage français. La jument de M. Andrieu a paru, un instant, devoir gagner. Elle réglait dans la ligne droite Plucky qui avait mené depuis le départ mais, dans les dernières foulées, Hazleton survenait très vite en dehors et l'emportait nettement.

Le crack de M. Paîazzoli remporté ainsi son deuxième Prix d'Amérique, trottant le kilomètre en l' 27" 1/10. Ce bel exploit a été salué d'enthousiastes acclamations par la foule qui avait envahi les trois enceintes de l'hippodrome de Gravelle.

En haut l'arrivée très disputée du Prix d'Amérique. En bas à gauche, M. Falaxioli (t*e nne) ;:à droite, le driver Dieffenbaeher

C'est parfait, sauf que cela pourrait se dire aussi bien de la haute que de la basse Bretagne. Car la péninsule bretonne tout entière s'offre à nous sous le double aspect maritime et bocager. Et, à ce double aspect correspond son autre division bien connue en Armor, ou région côtière, et Argoat, ou région sylvestre. Le reste villes champs, vergers, prés, landes, vignobles, -marais salants, est ou semble accessoire. Moins à cause de l'étendue ou du nombre des forêts intérieures qu'en raison du caractère de la culture bretonne extrêmement morcelée et cernée par de hauts talus boisés où dominent l'orme et le chêne tors. Par une singulière corruption de sens, on appelle en Bre.tagne ces talus des fossés. Et c'est l'expression même dont se servira le compagnon de Mme Rose pour peindre son terroir originel, peignant du même coup. tout le pays taretcri,*liaut « Entrecoupé de fossés boisés, dit Chateaubriand, il a, de loin, l'air d'une forêt. »

(La suite la deuxième page.)

M. A.-K. Macomber (à gauche)

et l'entraîneur C. Halsey

Le magnifique raid de Code; et Robida La liaison Hanoi-Paris a été réaliséft <n 77 heures

C'est, exaçtâ ~int, en soixante-dixsept et Robida ont parconru, sur leur Bréguet, les 11.000 kilomètres quj séparent Hanoî de Paris. Lorsqu'ils atterrirent, hier matin, à 3 h. 55, sur l'aérodrome du Bourget, ils avaient accompli un des plus beaux exploits dont puisse s'enorgueillir l'aviation française.

Et, puisqu'il est raisonnable de tirer la leçon des choses, même des plus heureuses, il sied, de proclamer, après un si splendide résultat, que les qualités morales de nos vaillants pilotes donnent à espérer de nouveaux miracles, plus beaux encore.

Codos ne déclara-t-il pas, quelques minutes après avoir quitté son appareil

Nous aurions pu faire plus vite encore si un temps absolument détestable n'avait retardé très sensiblement notre marche de Bagdad à Athènes. De compliments, il ne voulut pas. Le récit de son raid ? Il le résume en ceci pas d'anicroche.

Tout, à l'en croire, se passa le plus simplement du monde. A peine parlat-il de cette perforation du tympan qui l'obligea à se reposer un peu plus longuement qu'il ne l'eût voulu à Marignane. Il ne dit rien non plus de sa joie lorsqu'il s'envola pour la suprême étape.

A présent qu'ils ont retrouvé leurs sens miracle de la chaleur des ovations jointe à la pétillante richesse du champagne, les deux aviateura ne s'intéressent qu'à c leur temps ». Costes a fait le calcul. Il sait que son record » vient d'être battu de

De gauche à droite Codoe Coûtes, M» Codos et Robida

trente et une heures. Il l'a annoncé en embrassant Codes.

Après quoi, délaissant tout cérémonia'1, celui-ci commence malignement A Hanoi, avant-hier. Avant-hier'? Mais oui, Codos, à quatre heures près BOSSOUTROT ET ROSSI

FORCES ^ATTERRIR

APRES 44 HEURES DE VOL Oran 24 janvier (dép. Petit Parisien.) Bossoutrot et Rossi, partis jeudi pour tenter le record du monde de distance en circuit fermé, ont été forcés d'atterrir ce matin à 5 heures. par suite d'une panne.

Ils avaient parcouru 6.747 kilomètres en quarante-quatre heures de vol. Malgré la brume immense qui régnait sur l'aérodrome de la Sénia, l'appareil. hélice calée, s'est posé sans incident. Les réservoirs de l'avion contenaient encore plus de 2.000 titres d'essence Le conseil de la S. D. N. se réunit aujourd'hui

Cette session, que présidera M. PaulBoncour, sera marquée par l'offre de démission du secrétaire général sir Eric Drummond C'est aujourd'hui que s'ouvre, à Genève, la soixantesixième session du conseil de la S. D. N. L'ordre alphabétique appelant à la présidence le représentant de la France c'est M. PaulBoncour qui va prendre place au •failtoilil (Vnir la.

su4te p2ge 3.) bir Eric Drummond Mort de M. Paul Bignon, sénateur M. Paul Bisnon,

sénateur et président du conseil général de la SeineInférieure, est décédé hier, à 13h.30, à s o n domicile d'Eu. Il était âgé d e soixante-quatorze ans.

M. Paul Bignon avait siégé longtemps à la Chambre avant de pas| ser au Sénat. Il avait été sous-secrétaire d'Etat de la Marine m a r chande dans les cabinets Millerand et Georges Leygues et commissaire de

la République en m. Bisnon Grande Bretagne

pendant la guerre. Il était, au Luxembourg, inscrit au groupe de l'union républicaine.

Deux fois veuf

et neurasthénique

il se fait carboniser

en incendiant une meule. Châlons-sur-Marne, 24 janv. (d. P. P.) M. J. C., âgé de cinquante-trois ans. gérant de succursale à Ay, était devenu veuf par deux fois, en peu de temps. Il en conçut un profond chagrin. Se rendant au cimetière de Livry-surVesle, iI écrivit sur le monument funéraire de sa famille « Je suis dans la meule incendiée,

En effet, M. J. C. avait mis Ie feu à une meule appartenant à son père. Quand elle fut détruite, on fouilla les cendres et l'on découvrit le corps car- bonisé du malheureux qui s'était auparavant tiré une balle de revolver dans la bouche.

Au domicile paternel, le désespéré avait laissé un billet par lequel il fai- sait connaître sa funeste détermination.

TROIS DETENDS DANGEREUX SlT-PIERRyïERSILES Ils scient un barreau de leur cellule, escaladent les toits, en descendent à l'aide de draps de lit roulés en cordes et prennent un taxi sur la place

Le record des évasions est certainement « détenu » par la prison versaillaise

La prison de Versailles détenait déjà le record des évasions on en trouvera plus loin le bilan. Mais depuis hier elle a acquis un nouveau titre en battant son propre record avec une triple disparition de prisonniers. Les trois fuyards, Henri Cordet, Mathieu Taurenti et Louis Gitrioli, qui sont de dangereux malfaiteurs, ont dû, pour arriver à leurs fins, scier un barreau de leur cellule. Puis, escaladant murs et toits, ils parvinrent à gagner le jardin du palais de justice et delà la place Georges-Clemenceau.

Ce ne fut que plus d'une heure plus tard que leur absence fut découverte et que l'on commença les recherches. Un chauffeurs avisé

Un peu après minuit, M. Léon Tanguy, chauffeur de taxi, demeurant 21, rue de Noailles, et qui stationnait avec sa voiture près de la gare Rive-Gauche, voyait venir à lui trois individus qui lui demandèrent de les conduire à Paris, près de la porte de Clichy.

La mise des arrivants, n'inspira tout d'abord' pas grande confiance à M. Tanguy. Les voyageurs étaient vêtus de pardessus marron et noirs, mais un seul avait aux pieds des souliers, tandis que ses compagnons portaient des chaussons de drap. L'un des hommes était coiffé d'une casquette grise. Après réflexion, toutefois, les clients furent chargés. Mais leur apparence, décidément étrange, incita le conducteur à simuler une panne, à les laisser sur la route de Viroflay, puis à rebrousser chemin.

Après quoi, M. Tanguy alla conter son aventure à un de ses collègues, M. Chesneau. Ce dernier conseilla de rattraper les bizarres noctambules, qui furent aperçus à quelques kilomètres de là. Mais, se voyant repérés, ils se perdirent dans la nuit.

Ce fut alors que les deux chauffeurs rentrèrent à Versailles et se rendirent au commissariat de police, où MM. Magnoux et Chargois. commissaires, reçurent leurs dépositions. Au même moment, on apprit l'évasion des trois détenus et on eut tôt fait d'identifler ceux-ci avec les clients du chauffeur Tanguy.

La gendarmerie fut alors.alertée. Des

La fendre par laquelle les prisonniers se sont échappés après avoir scié un barreau battues furent organisées dans les environs, mais elles n'aboutirent pas. Dès le début de la matinée, MM. Debuc, procureur de la République Demay, juge d'instruction Gabrielli, commissaire divisionnairé à la première brigade mobile, et Larrue, directeur de la prison de Poissy, se rendirent à la prison Saint-Pierre, où le gardien chef Melac fut questionné. I1 ne put donner d'autres renseignements que ceux qu'il avait recueillis sur place au cours de la nuit. Les magistrats se rendirent dans la cellule n° 13, située au rez-de-chaussée de l'établissement, où une enquête sérieuse commença.

Des détenus acrobates

Depuis quelque temps des travaux sont entrepris à l'intérieur de la prison et ce fut ainsi que l'un des prévenus parvint, on ne sait encore comment, à se procurer une scie à métaux. C'était là un outil redoutable dans la main d'un tel personnage. Les trois hommes couchaient dans la même cellule, qui est de plain-pied avec le chemin de ronde, ce qui favorisa leur tentative d'évasion.

Après la ronde de 10 h. 30, où rien d'anormal ne fut signalé, ils se mirent à l'oeuvre. Une fois le barreau de fer scié, les malfaiteurs, qui avaient eu le soin d'emporter plusieurs draps de lit, se hissèrent sur un petit mur de moins de deux mètres dominant le chemin de ronde et du haut duquel ils sautèrent dans la cour qui sert de promenade aux prisonniers. Ce ne fut plus qu'un jeu pour eux, en faisant la courte échelle et en utilisant les fenêtres de la cour d'assises, de gagner les toits du palais de justice, qu'ils suivirent jusqu'au jardin. A l'aide de leur corde improvisée, ils descendirent alors dans le jardin et ouvrirent la grille. Ils étaient libres.

(La suite à la deuxième page.)

UNE RÉVOLTE DE DÉTENUS A LA PRISON DE DARTMOOR

La prison de Dartmoor à droite, le pavillon taeendié par les prisonniers (Voir p. 3.) 1 (Par téléphotographie du service Daily Mirror-Petit Parisien.)

Deux agressions

contre des chauffeurs de taxi-auto

A Neuilly, lea agresseurs sont au nombre de trois. L'un d'eux, rejoint par la police, se rend et livre ses complices

En haut Mesnil et Chemin.

Au-dessous Saïd Medani et Louise Vélings Une fois de plus, deux chauffeurs de taxi viennent d'être victimes, en banlieue, d'agression de la part de clients indésirables. Tous deux ont pu échapper à leurs assailiants le premier, à Neuilly, en prenant la fuite l'autre; à Herblay, en se défendant avec énergie. Un peu après minuit, hier, trois jeunes gens, dont l'un, algérien, accompagné d'une toute jeune femme, hélèrent, place Pigalle, le taxi du chauffeur Louis Dubois, trente-cinq ans, demeurant 39, rue des Amandiers, à Paris. Ces quatre voyageurs demandèrent au chauffeur de les conduire à l'île de la Jatte en passant par l'Etoile et s'installèrent, trois à l'intérieur de la voiture et le quatrième à côté du chauffeur.

Rue de Tilsitt, non loin de l'Arc de Triomphe, l'un des occupants fit arrêter devant un bureau de tabac où il entra quelques instants. Il remonta bientôt dans le taxi qui reprit sa route. Boulevard Bourdon, à Neuilly, à l'angle du boulevard d'Argenson, l'homme qui était à côté du chauffeur dit tout à coup, sur un ton qui n'admettait pas de réplique « Arrêtenous ici M. Dubois eut le pressentiment, a-t-il pu raconter par la suite, qu'il allait être attaqué. Déjà il se tenait sur ses gardes mais il reçut brusquement de l'Algérien assis à l'intérieur de la voiture un formidable coup de poing, sur la nuque. Aussitôt descendu de l'auto, après avoir coupé autour' du, le, ^chauffeur se protéger: mais il essuya un coup Qe revolver qui heureusement ne l'atteignit pas. A ce' moment, deux automobiles survinrent tous phares allumés; elles mirent en fuite les agresseurs.

Le chauffeur, sans perdre de temps, remit son moteur en marche et, se rendit au commissariat de Neuilly Le brigadier Sanson et les agents Rivière et Cottet se rendirent aussitôt sur les lieux de l'attaque avec une vol- turette de la police, mais ils ne découvrirent personne. Toutefois, en continuant leur ronde sur la berge de la Seine, ils aperçurent un homme et une femme qui se dissimulaient derrière un arbre. Interpellé l'homme mit en joue les policiers, mais le brigadier Sanson tirait en l'air, et l'homme se rendit.

Interrogé au matin par M. Debiel, secrétaire du commissariat, l'Algérien déclina son identité Saïd Medani, vingt-quatre ans, sellier, demeurant en hôtel avec sa maîtresse, Louise Vélings, seize ans, 7, rue Brézin, à Paris. Il ajouta que, sans travail depuis un mois,

Le chauffeur de taxi Dubois

il avait imaginé d'attaquer un chauffeur pour le dévaliser et avait pour cela demandé l'aide de deux autres locataires de l'hbtel, Auguste Chemin, marchand forain, dix-huit ans, et Marcel Mesnil, dix-neuf ans. mécanicien, qui furent arrêtés quelques heures plus tard. M. Cassius, commissaire de police, a envoyé le quatuor au dépôt.

A la deaxüme page A Herblay, le chauffeur attaqué se défend et met en fuite son agresseur.

LE CRIME MYSTERIEUX DU CHATEAUDE BONNEVÂL DEVÂNTLËJURYDUTARN Dans cette demeure en ruinez, la veuve Sandral a été abattue d'un coup de revolver à 2 heures du matin dans la nuit du 30 au 31 mars

QUI A TUÉ?

L'accusation incrimine la belle-fille Clémentine Malaterre qui aurait été poussée au crime par des motifs d'intéril La défense s'appuie sur le récit de l'accusée véritable conte fantastique qui met le meurtre au compte de « trois bandits masqués »

LE CRIME EUT UN TEMOIN-. MAIS C'EST UNE PAUVRE FOLLE Albi, 24 janvier (dép. Petit Parisien.) Ds NOUS SNVOY* SPÉCIAL

Demain comparaît, devant le jury du Tarn, Clémentine Malaterre, veuve Sandral, âgée de trente ans. accusée du meurtre de sa belle-mère, Mme Sandral.

C'est l'affaire dite du château de Bonneval, pour laquelle continue de se passionner la région albigeoise. Mais c'est bien plus qu'une importante affaire locale. De nos jours on peut dire que tes amateurs de criminologie sont gâtés. Des gazettes spéciales satisfont, au moins hebdomadairement, leur curiosité. Il n'est pas douteux qu'avant ce qu'on se permettra de définir « l'âge d'or du fait divers sanglant », l'aRaire si remarquablement mystérieuse du château de Bonneval aurait été recueillie en ces causes célèbres » qui. soutenues d'une laborieuse et naive gravure sur bois, faisaient la fortune du colportage du temps qu'il y avait encore des colporteurs.

Donc, en cette antique bâtisse, dite château de Bonneval, à une vingtaine de kilomètres d'Albi, vivaient, d'une vie paysanne tellement limitée, à ce point réduite qu'on la pouvait dire .sordide, trois femmes qui, certes, n'avaient 'lamais eu des allures de châtelaines. Il y avait d'abord l'aïeule, la mère de l'accusée, qui serait tenue pour le témoin essentiel du drame si la pauvre vieille n'était complètement démente, recueillie par l'Assistance publique depuis le crime Mme Sandral, la victime, et sa bru, Clémence Malaterre, veuve du fils de Mme Sandral.

Un étonnant récit

Dans la nuit du 30 au 31 mars 19a1, vers 2 heures au matin, Clémentine Malaterre se présentait au moulin de Bonneval; courte distance du château, réveillait M. Gravier, le meunier, et lui faisait le conte le plus étonnant. Trois bandits masqués s'étaient introduits au hâte au, lequel est, à dire vrai, un château branlant, et, après l'avoir ligotée et meurtrie, elle, Clémence Malaterre, avaient tué sa bellemère d'un coup de revolver.

C'est quand on a vu les lieux, dont on donnera plus loin la physionomie, qu'on se rend pleinement compte de ce que peut être l'effet de terreur dans cette nuit de mars.

Les voisins ne soupçonnèrent pas tout de suite Clémence Malaterre d'avoir menti pour cacher son propre crime. Ces voisins connaissaient-ils seulement la situation matérielle de la belle-mère et de la bru ?

A la mort du fermier Sandral. sa veuve, l'accusée, avait acquitté francs de droits de succession régies en trois annuités. On suppose j qu'elle avait eu recours à des emprunta consentis par sa bslle-mère, usufruitière du bien ce château branlant, ses dépendanses et les terres y attenant. La justice ne tarda pas à s'aviser que Clémence Malaterre avait pu commettre an crime dicté par l'intérêt. C'est qu'encore on s'étonna, dès que l'enquête commença d'être menée, de particularités fort étranges.

D'étranges constatations

Comment la victime, une vieille femme de soixante-dix ans, dont on trouva le cadavre entièrement vêtu. n'était-elle pas au lit à une heure aussi avancée de la nuit, en un tel coin de campagne perdu parmi les sites les plus sauvages qui soient en France ? Comment expliquer ce que révéla l'autopsie, à savoir que la digestion était suspendue depuis 21 heures ? Pourquoi le chien de garde, réputé pour sa méchanceté, n'avait-il pas aboyé Comment expliquer que le linge ait été éparpillé par paquets, sans que les bandits masqués aient regardé s'il ne recélait pas de ces cachettes d'argent si communes à la campagne ? Surtout, pourquoi les malfaiteurs n'avaient-Ils pas examiné d'un peu près une paillasse où l'on retrouva une quinzaine de mille francs ? Pourquoi, enfin, Clémence ne portait-elle la marque d'aucune violence ?

Ce sont toutes ces singularités et l'absence de précisions sur l'irruption des hommes masqués qui décidèrent de l'arrestation, puis de la mise en accusation de Clémence Malaterre,, bien qu'elle n'ait jamais cessé de protester de son innocence.

Les deux thèses en présence

Quoi qu'il en soit, à examiner les choses sur place, il est intéressant de se demander, à la veille des débats, dirigés par le conseiller Laporte, de I la cour de Toulouse, qui le jury albigeois voudra suivre, de M. Pujol, procureur de la République, lequel soutiendra sans faiblesse l'accusation, ou de M" Pourquie, du barreau d'Albi, dont l'éloquence affirmera passionnément t'innocence de sa cliente. En effet, l'opinion est singulièrement partagée. De la ville, dont la bonne bourgeoisie goûte, ce dimanche, un essai de printemps, du jardin public aux lices, jusqu'au plus mince village de la montagne, on trouve les gens tourmentés de scrupules. Rien n'a catégoriquement convaincu d'assassinat l'accusée, une toute petite bonne femme têtue et qui ne fera pas aisée la tâche de ses juges.

Un décor de conte fantastique

Qu'est-ce donc pour ceux qui, ainsi que nous l'avons fait ce matin non sans peine, se sont transportés jusqu'à Bonneval, entre Alban et Ambialet, sur les bords du Tarn? En cette brousse dramatique, au premier regard, on tend à échafauder toutes sortes de romans, de ceux qu'auraient pu écrire un Léon Cladel ou un Emile Pouvillon.

Le château dut avoir fière allure en son temps, quand les châtelaines étaient de vraies châtelaines et mon point des paysannes avaricieuses roI gnant sur le feu, sur la soupe, laissant vent et pluie crever les toits et effon-