André GADIOUX & Maurice POURON
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HISTORIQUE
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TOURS
MAISON ALFRED MAME ET FILS
IMPRIMEURS
Prix : 2 fr. 50.
Ce que nous avons fait
HISTORIQUE
DU 32" RÉGIMENT D'INFANTERIE
pendant la Campagne 1914-1919
André GADIOUX & Maurice POURON
Ce que nous avons fait
HISTORIQUE
DU 32e RÉGIMENT D'INFANTERIE
pendant la Campagne 1914-1919
TOURS
MAISON ALFRED MAME ET FILS
IMPRIMEURS
Prix : 2 fr. 50.
AVERTISSEMENT
La paix est signée. Notre drapeau revient victorieux.
Tracer les grandes étapes du chemin parcouru et fixer le souvenir des jours glorieux et pénibles que nous avons vécus avec le 32e régiment d'infanterie, tel a été notre but en écrivant ces pages.
Elles ne sauraient être une histoire complète et détaillée de notre régiment, mais un guide de nos mémoires que chacun emportera chez lui, qu'il relira souvent et qu'il complétera, en notant en marge de ces lignes les hauts faits qui n'ont pas été mentionnés, les noms des héros que nous n'avons pas cités. Ils sont si nombreux qu'il eût fallu un gros ouvrage.
Nos morts dans ces souvenirs ont une grande place. De leurs tombes innombrables, ils nous parlent encore et nous ordonnent de continuer dans la paix l' « union sacrée des tranchées».
PRÉFACE
Ce que nous avons fait. pendant cette longue période de cinq années doit rester toujours présent dans la mémoire de ceux qui ont été les acteurs de la Grande Guerre et servir d'exemple à tous ceux qui leur succéderont dans la carrière.
Le régiment forme une grande famille qui, malgré son renouvellement continue], possède des traditions et des pages de gloire.
Celles que nous a léguées la « légendaire 32e demi-brigade » ont été égalées par les exploits accomplis pendant cette guerre. Leurs noms seront inscrits en lettres d'or sur notre drapeau et prouveront que les petits-fils ont été dignes de leurs aînés.
Et, si la Victoire a couronné nos efforts, n'oublions pas que nous la devons à notre bravoure, à notre union, à notre persévérance, à l'esprit de devoir et de discipline de tous et au suprême sacrifice de ceux qui sont morts pour la Patrie!
Lieutenant-colonel SAUGET.
CHAPITRE 1
EN LORRAINE
(5 aoLÎt - 4 septembre 1014).
L'arrivée en Lorraine au Mont-Toulon et au Mont-Saint-Jean.
Le 3' bataillon se sépare du régiment. — Combat d'Erbevillers.
Ayant quitté Châtellerault le 5 août 1914 pour une destination inconnue, les trois bataillons du 32e se retrouvaient le lendemain en Lorraine et débarquaient respectivement à Pont-Saint-Vincent (1er Btll), Maron (2e Bl" ) et Chalignv (3e BIll). Le 7, chacun encore étonné par l'accumulation et l'imprévu de tant d'événements, le.régiment se groupait et s'établissait en cantonnement d'alerte à Saint-Nicolas-duPort-Varangeville. Le 2° bataillon, chargé d'assurer le service de sécurité, occupait les croupes situées au nord de Yarangeville et organisait rudimentairement des positions défensives. Et, pour la première fois avant tant d'autres nuits semblables, les soldats du 32e couchèrent à la belle étoile, dans les petits éléments de tranchée qu'ils s'étaient creusés, sous la pluie que le ciel orageux d'août versait sans parcimonie. Les intempéries d'ailleurs n'éteignaient pas la belle humeur et l'enthousiasme ; dans l'ignorance où l'on était des grands événements, l'esprit se satisfaisait des menus incidents et les commentait gaiement.
Après avoir effectué des déplacements qui entraînèrent la troupe aux grandes marches de la guerre de mouvement, le
régiment était dirigé vers la région située au nord de Nancy.
Le souvenir pénible de l'étape du 11 août, qu'il ne fallut pas moins de treize heures pour accomplir sous un soleil écrasant, est resté dans la mémoire de tous les vieux soldats du 32e. Acclamé, couvert de fleurs et comblé de cadeaux pendant la traversée qu'il fit de la capitale lorraine, le régiment atteignait le 12 août le Mont-Toulon (3e Btn) et le MontSaint-Jean (1er Btn), et il occupait ces avancées de la défense naturelle de Nancy avec mission d'y organiser une ligne de centre de résistance et de défendre la position à tout prix.
De ces merveilleux observatoires, nos postes découvraient Nomeny et, au delà de la Seille, distinguaient par moments la silhouette des cavaliers allemands avec lesquels, dès le 13, nous entrions pour la première fois en contact. C'est à une patrouille de la 1re compagnie, se rendant à la Seille, que revint l'honneur d'échanger les premiers coups de fusil avec une forte reconnaissance ennemie sortant de Nomeny.
Quelques instants après, une fusillade s'engageait entre le même parti et un de nos petits postes placé au carrefour des routes Lestricourt-Nomeny et Jandelincourt-Nomeny. L'ennemi, auquel nos tireurs avaient tué un officier, se tint pour averti.
Le 15 août, un détachement, placé sous les ordres du général Kopp et dans lequel le régiment était représenté par le 2e bataillon, exécutait une démonstration destinée à attirer l'attention du commandement ennemi sur la région au sud de Metz et repoussait aisément, au nord de la Seille, les troupes allemandes qui occupaient Nomeny.
Le 19 août, le 32e quittait ses positions et gagnait Maxéville, où il devait embarquer. Dès son arrivée, le bataillon NAQUARD (3e) partait à la place d'un bataillon du 77e R. I.
non encore arrivé. Mais le 20, à 20 heures, au moment où les deux autres bataillons allaient être mis en route à leur tour, ordre était donné de surseoir à l'embarquement. A la suite d'un retour offensif des Allemands sur le Mont-SaintJean et le Mont-Toulon, nos troupes ne s'étaient maintenues sur ces positions qu'au prix de pertes sensibles.
Le 21 août, à la suite d'une marche rapide, au cours de laquelle ils rencontrèrent le cortège des blessés, celui des .pauvres gens fuyant en hâte la zone de bataille avec de grands gestes d'impuissance et de désolation,. le 1er et le 2° bataillon réoccupaient le Mont-Toulon et le Mont-SaintJean. Au Mont-Toulon, trois compagnies du 2e bataillon, en réserve derrière la crête, étaient soumises au feu de l'artillerie lourde ennemie, bombardement qui causait plus de curiosité que de crainte. Malheureusement un obus tombait près du groupe formé par le lieutenant LARROZE et les souslieutenants RIVAUD et GAILLARD, blessant les deux derniers et tuant le lieutenant LARROZE, qui fut au régiment la première victime de la guerre. Le lendemain, une patrouille de la 3e compagnie tombait dans une embuscade ennemie. Tous les hommes furent tués. Seul le caporal BOUVYER, qui la commandait, fut capturé. Mais, prétextant une blessure, il refusa de suivre les Allemands. Ceux-ci, poursuivis par la deuxième compagnie, le laissaient pour mort sur le terrain après avoir tiré sur lui à bout portant : providentiellement, il n'était que blessé.
Le 23 août, le régiment reçut l'ordre de partir le plus vite .- possible et de se diriger par Seichamps sur les débouchés de la forêt de Champenoux. Ce jour-là se terminait pour lui la première phase de la guerre, la période d'observation et d'attente, le temps des escarmouches où les soldats du 32e affirmèrent toujours leur supériorité et montrèrent ce que l'on pouvait attendre d'eux dans les temps plus difficiles qui allaient venir.
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Le 24 août au soir, le 32c occupait les lisières nord-est de la partie méridionale de la forêt de Champenoux, le 2° bataillon à gauche, le 1er bataillon à droite. L'air vibrait encore du combat acharné que les 114° et 125e R. I. venaient de livrer pour s'emparer du village de Réméréville; et, sur
le champ de bataille, dans le grand mystère de la nuit, planait une rumeur faite des cris des blessés, des sonneries des clairons jetant encore les notes enfiévrées de la charge,-des hourras de l'ennemi s'excitant à pénétrer plus avant sur la terre française. Des patrouilles étaient poussées en avant, et l'une d'elles entrait sans difficulté dans Erbevillers, bombardé d'ailleurs par l'artillerie allemande et que des incendies éclairaient d'un jour sinistre.
A l'aube du 25 août, dans le but d'élargir le sucoès remporté la veille, le 1er bataillon se portait à l'attaque du plateau dominant Erbevillers par le sud. Arrivé à la crête, il était accueilli par une fusillade violente et par le feu nourri de deux batteries d'artillerie installées sur la lisière ouest du bois de Faulx. Déployées sur un terrain plat, presque complètement dénudé, les sections étaient terriblement éprouvées, et leur situation devint critique lorsque se démasquèrent les mitrailleuses allemandes installées dans le clocher d'Erbevillers. Le commandant MAURY, qui avait l'ordre de tenir quand même, bien que blessé, toujours debout, parcourait le front de son bataillon au milieu d'un essaim de balles. Malgré un feu violent dirigé sur les masses allemandes débouchant en formations serrées du bois de Faulx, l'ennemi, très supérieur en nombre, progressait au cours de sa contre-attaque. Déjà l'infanterie allemande se montrait dans les fossés de la route Erbevillers-Réméréville.
A droite, le 114e R. I. s'était replié sur Réméréville; et sur la gauche, à 13 heures, les Allemands, sortant du bois Morel, entraient dans la forêt de Champenoux. L'ordre de repli était alors donné. Il eût été peut-être impossible de l'exécuter sans l'intervention inopinée d'une batterie du 33e régiment d'artillerie, dont les obus, débouchés à zéro, arrêtèrent l'élan de l'ennemi. Grâce à cette protection, le mouvement de repli s'effectua lentement sous les ordres du commandant MAURY, qui, un fusil à la main, assura luimême le départ des dernières fractions. A 18 heures, le 1er bataillon était rassemblé à Seichamps : 5 officiers tués, 3 blessés, 400 hommes tués ou blessés manquaient à l'appel.
Chiffres éloquents qui suffisent à témoigner de la violence du combat et de l'énergie de la résistance opposée par le bataillon MAURY, pendant sept heures, à l'attaque de quatre régiments d'infanterie (26e, 27e, 36e, 66°) soutenus par deux - batteries de campagne et une batterie lourde.
Le 2e bataillon, s'il avait eu moins à souffrir du feu de l'artillerie, n'avait pas eu une attitude moins héroïque.
A 8 heures., lancée vers le bois Morel par le commandant HUMBERT, qui, à cheval, suivait les premiers bonds de ses hommes, l'attaque était arrêtée sur la crête rasée par la fusillade ennemie. Après une attente terrible, pendant laquelle son flanc gauche se trouva découvert par suite d'un mouvement de retraite du régiment voisin, le bataillon reçut l'ordre de se replier sur Velaisne. Le mouvement s'effectua sous le feu de l'ennemi, d'autant plus difficilement que les ordres ne purent atteindre tous les chefs de section.
A Vetaisne, oÙ il se reforma, le 20 bataillon se trouvait diminué d'un officier tué, 3 blessés et de 100 hommes hors de combat.
Mais le 32e avait, infligé à l'ennemi une leçon si cruelle que, loin de pouvoir exploiter un avantage momentané, celui-ci., terriblement éprouvé, se retirait dans la nuit en arrière de ses emplacements de départ, nous abandonnant Le champ de bataille que nous réoccupions le lendemain.
Nous y trouvions le spectacle émouvant de nos morts restés à leur poste de combat, de tant de braves soldats blessés au cours de l'action et lâchement achevés par l'ennemi au moment de sa retraite.
CHAPITRE II
LA RETRAITE DE BELGIQUE ET LA BATAILLE DE LA MARNE
(19 août — 20 octobre 1914).
Les étapes du 3e bataillon en Belgique. - La retraite. - Affaire d'Auboncourt. — Le 3e bataillon à Morin-le - Petit et à Fère-Champenoise. - Lerégiment à Fère - Champenoise. — La poursuite. — Dans le secteur de; Prosnes.
Le 3' bataillon, qui avait été détaché du régiment à Belleau, le 19 août, s'embarquait le même soir à Nancy et allait porter sur d'autres champs de bataille la gloire du 32c. Arrivé à Sedan le 20, il était aussitôt dirigé par étapes sur la Belgique. Le 23 au soir, il était commis à la garde des ponts de Aile, et pendant toute la nuit il protégeait la retraite des 77e et 135e R. I. Serré de près par l'ennemi, il se repliait le lendemain sur Charleville.
La situation générale était sérieuse. Les troupes alliées se portant au secours de la Belgique envahie s'étaient trouvées aux prises avec le gros des forces allemandes, et les premiers combats n'avaient pas été favorables à nos armes. Pour rétablir la situation, le haut commandement avait prescrit un vaste mouvement de retraite dont la signification exacte échappait aux hommes de troupe et aux cadres subalternes.
Alors qu'on avait cru se mesurer avec l'ennemi et le mettre rapidement à raison, chaque jour on faisait une nouvelle marche vers le sud, à travers les villages désertés. Derrière
nous, les ponts sautaient. Du 24 au 28 août, étape à Sormonne, à Hardoncelle, à Fosse-à-l'Eau, à Launois, où le 3e bataillon, en liaison avec le 77c R. I., recueillait la division marocaine qui, par sa belle attitude, avait arrêté le 12e corps saxon dans la région de Dommery.
Le 30 août, le corps d'armée recevait l'ordre d'arrêter l'ennemi sur l'Aisne. Le 3e bataillon, en cantonnement d'alerte à Auboncourt, était alors incorporé au 135e R. I. De minuit à 5 heures, il se retranchait au nord du village. Au matin, il maintenait ses positions malgré le bombardement et la poussée de l'infanterie allemande. Cependant le mouvement de retraite du 135e l'obligeait à se replier; ce n'était toutefois qu'après une contre-attaque à la baïonnette qui permettait de dégager le front. Cette affaire, épisode de la bataille de Berthoncourt, coûtait au bataillon 2 officiers tués (capitaine PERARD, sous-lieutenant GRUGIER) 2 blessés et 480 hommes hors de combat.
Et la retraite recommença. On avait trop la foi pour désespérer; mais, au cours de ces marches sans fin, où chaque pas vers l'arrière livrait un peu plus de terre française à l'invasion, le moral était mis à dure épreuve. Après l'Aisne, c'était la Marne que, le 3 septembre, il fallait franchir. Dans la nuit du 5 au 6, le 3c bataillon arrivait à Morin-le-Petit et, avec l'appui d'une batterie d'artillerie, organisait défensivement le village (trois compagnies en première ligne, la 12e en soutien). Le général JOFFRE venait de donner l'ordre de faire tête à l'ennemi.
A 6 heures, premiers coups de canon. A G heures 30, le combat était des plus vifs. Un peloton de la 12° compagnie allait aussitôt renforcer les compagnies de première ligne.
Le bombardement ininterrompu et la fusillade intense infligeaient déjà à nos troupes des pertes sensibles, tandis que, derrière elles, le village s'émiettait sous l'action de l'artillerie. Bien que blessé, le commandant NAQUARD dirigeait toujours son bataillon. Le contact avec l'ennemi devenait de plus en plus étroit, et jusqu'à midi la lutte redoublait d'acharnement. C'est alors, que le général de division donna
l'ordre de se replier. Le rassemblement des éléments du bataillon et le repli de la batterie furent des plus lahorcem.
La 9e compagnie, n'ayant plus de cartouches, tombât aux mains de l'ennemi. En fin de journée, 2. officiers avaient été tués (sous-lieutenants RAGEAU et ROZAIRE), 2 blessés et près de 400 hommes hors de combat.
Tenu en réserve d'armée au Mont-Août, le 7 septembre, le.
3e bataillon se réorganisait : il n'avait plus, que trois compa.gnies placées sous les ordres du capitaine MASSOT. Le S> il effectuait, une marche d'approche entre Bannes et FèreChampenoise, et le 9, au point du- jour, encadré de deux bataillons du 135P R. L, à nouveau il se portait à. l'attaque.
A la lisière d'un bois, il était accueilli par un feu violent d'infanterie et de mitrailleuses. Vers 8 heures, les deux bataillons du 135e se repliaient, entraînant deux compagnies du bataillon MASSOT. Seule, la 12e restait en ligne. A ce moment, le capitaine MASSOT recevait l'ordre de se replier.
Se rendant compte de la situation critique de sa dernière compagnie, il allait lui-même lui porter l'ordre de retraite.
Mais il tombait aux mains; de l'ennemi, tandis que son adjudant-chef, plus heureux, réussissait à se frayer un passage à coups de revolver.
A Linthes, le 3° bataillon se reformait. La journée lui coûtait 2 officiers et 132 hommes hors de combat. Il ne comptait plus que 2 officiers et 430 hommes.
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Pendant ces événements, le régiment avait quitté la Lorraine le 4 septembre. Transporté à Troyes par chemin de fer, il allait, lui aussi, se trouver devant l'envahisseur qui menaçait le cœur de la France.
De la région de Troyes à Thaas, puis à Villers-Herbisse, le 32e faisait un convoi étrange dans des autos de tous styles
provenant des quatre coins de la France. C'étaient aussi, tout le long du parcours, d'interminables colonnes de vieillards, de femmes et d'enfants exténués, fuyant l'invasion, marchant sans arrêt depuis plusieurs jours, depuis la lointaine frontière de Belgique, chargés des objets les plus chers. Ils s'arrêtaient et formaient comme de vastes camps d'émigrants devant les routes réservées à la circulation militaire ; ou bien ils partaient à travers champs, sans force et sans autre pensée que de marcher vers le sud le plus longtemps possible. Il y avait dans le regard de ces errants un infini de souffrance et d'anxiété qui vous poignait. Sourdement, parfois, le grondement du canon emplissait les lointains d'inquiétude. Et cependant, — le croirait-on? — fiers des combats déjà livrés, sûrs de leur force, ignorant d'ailleurs la gravité de la situation, les soldats du 32e étaient pleins de gaieté et d'enthousiasme.
Le 7 septembre, par Euvy, le régiment se portait au nordest de Fère-Champenoise et, en formation de rassemblement, s'installait au bivouac dans les bois de Connantray, « à cheval » sur la route Fère-Champenoise-Chàlons-surMarne. Nous étions réserve d'armée, et devant nous des régiments du 11e corps montaient la garde.
Le 8 septembre, vers 3 heures, inattendue, une fusillade violente éclatait à notre gauche. Dix minutes après, elle s'étendait à tout le front, et au bout d'une demi-heure, sans qu'on ait eu le temps de prendre aucune disposition en vue du combat, nous nous trouvions en contact avec l'ennemi, d'une façon inexplicable pour nous. Les balles claquaient de toutes parts, éprouvant particulièrement les cadres. Des hommes des régiments de première ligne, pris de panique, refluaient affolés vers nous et mettaient dans nos rangs une confusion indescriptible. La situation était d'autant plus critique que certains éléments ennemis, par un mouvement tournant extrêmement rapide, étaient parvenus à prendre pied dans la région de la cote 162, située à droite et en arrière de nous, et de là nous prenaient de flanc, voire même de dos.
2 — Ce que nous avons fait.
Pour éviter un combat dont l'issue ne pouvait être que désastreuse, l'ordre fut donné de se replier sur la rive sud du ruisseau la Yaure. Cet ordre n'atteignit pas des groupes de soldats qui, sans liaison les uns avec les autres, combattaient chacun pour leur compte et, jugeant la situation désespérée, s'entêtaient à « tuer du boche » avant de mourir.
Sur le plateau couvert de boqueteaux séparés par des espaces découverts où l'on ne pouvait s'aventurer sans être aussitôt foudroyé, inextricablement mêlés aux tirailleurs allemands, ils continuèrent une résistance héroïque et confuse, recevant la mitraille à bout portant et rendant coup pour coup. Dans la soirée et dans la nuit, combien peu nombreux furent ceux de ces braves qui purent s'échapper des lignes ennemies!
Cependant, dès 7 heures du matin, le régiment opérait un combat en retraite dans les conditions les plus défavorables, ayant à dos un ruisseau encaissé et pris sous le feu de l'ennemi. Certains groupes se dirigaient vers Fère-Champenoise, d'autres vers les pentes de la cote 162. Sur cette croupe balayée par les balles, le colonel Mézière, ralliant les soldats qui refluaient de la rive nord de la Vaure, organisait un centre de résistance; et, bien que l'ennemi encerclât la position aux trois quarts, il se refusait énergiquement à autoriser un nouveau repli. Les fantassins allemands, qui avaient suivi les nôtres de très près, les fusillaient à bout portant. Les blessés et les morts s'amoncelaient par groupes lamentables et tragiques. L'âme de la résistance, le colonel MÉZIÈRE, dont le képi galonné constituait une cible merveilleuse, était tué à son tour, et le capitaineadjoint DUKACINSKI grièvement blessé.
Quelques mètres plus loin, le lieutenant porte-drapeau COUTY tombait glorieusement en cherchant à soustraire son précieux fardeau à la poursuite de l'ennemi. Le sergentmajor BIET (8e Cie) redressait alors l'héroïque emblème, mais pour tomber aussitôt. Le sapeur MALVAUD, resté seul, saisit alors le drapeau et continua courageusement sa route, sans guide, ignorant complètement le pays. Il s'orienta tant bien que mal d'après les souvenirs qu'il avait conservés de
la marche d'approche exécutée la veille. Décidé à mourir ou à sauver le drapeau, il franchit sous le feu de l'artillerie ennemie une succession de terrains découverts terriblement battus par les tirs de l'infanterie et des mitrailleuses. Malgré l'espace parcouru, le danger restait le même. Les balles crépitaient de plus en plus, les shrapnells éclataient en rafales précipitées. Le sol était couvert de morts et de blessés. Bientôt, en parvenant dans un boqueteau de sapins, le sapeur MALVAUD s'aperçut que continuer la retraite devenait impossible : tout homme debout était immédiatement foudroyé. Alors MALVAUD s'arrêta, se coucha sur son drapeau et attendit. Le combat se poursuivit terrible toute la matinée; puis, peu à peu, la fusillade se ralentit et cessa. Enfin le canon se tut. Vers 15 heures, MALVAUD, qui était demeuré immobile sur son drapeau, examina le terrain environnant. Le sol était jonché de toutes parts de Français et d'Allemands morts ou blessés. Le calme était rétabli. L'ennemi s'était retiré. Les Français avaient également continué leur retraite. MALVAUD se remit alors en marche vers le sud, toujours seul. Il rallia peu à peu autour de lui les égarés qu'il rencontra sur sa route et, ayant rejoint son régiment vers 17 heures, il remit fièrement son drapeau au capitaine DORAT, auquel était échu le commandement du régiment.
Les groupes de combattants qui, le matin, s'élaient repliés dans la direction de Fère-Champenoise avaient eu une odyssée aussi émouvante. Décimés dès le début de leur retraite, ils avaient rallié un petit carré de sapins terriblement battu par l'artillerie ennemie et soumis de trois côtés à des feux croisés de mousqueterie d'une violence inouïe. Cependant, comme il constituait un léger couvert au milieu des plaines, il servait déjà de refuge à quelques éléments égarés de différents régiments ; mais chaque fois qu'un homme se levait et s'engageait dans la plaine, il tombait, immédiatement fauché par le tir aj usté des tirailleurs allemands. Le sous-lieutenant DE MASSY (5e Cie), faisant une reconnaissance des lieux, découvrait l'officier porte-drapeau
du 93e R. I. mortellement blessé, entouré des derniers éléments de sa garde. « Il faut coûte que coûte sauver votre drapeau, dit le sous-lieutenant DE MASSY. Allons, enfants, du courage! Vous me remplacerez si je tombe. » S'emparant du drapeau, le sous-lieutenant DE MASSY s'élança alors à travers la plaine, défilant à toute allure, sous les feux croisés dés fantassins allemands. Les sapeurs du 93e et quelques hommes du 32e s'élancèrent à sa suite et suivirent, échelonnés, de toute la vitesse de leurs jambes. Un bon nombre d'entre eux tombèrent pendant cette course échevelée. Après avoir parcouru cinq à six cents mètres par bonds, de couvert en couvert, le danger devenant insensiblement moins pressant, l'officier remit de l'ordre dans la petite troupe d'hommes qui l'avait suivi. Enfin, lorsqu'il se sentit complètement sorti de la zone de mort, il s'arrêta et remit le drapeau à l'un des sapeurs qui le lui réclamait. Puis il se mit en devoir de rallier les éléments épars de sa compagnie. Le capitaine, le lieutenant en premier et plus de '120 hommes manquaient à l'appel.
Autour de Fère-Ghampenoise, ce jour-là, le sang des soldats du 32e a généreusement coulé sur la terre de France.
Lorsque, vers 5 heures du soir le régiment se reforma dans les bois à deux kilomètres au nord d'Euvy, 15 officiers et 620 hommes avaient été tués ou blessés.
Le lendemain, 9 septembre, le régiment était de nouveau attaqué dans les positions qu'il occupait au sud de Gourgançon. Attaque molle et hésitante, menée sans conviction par un ennemi épuise et qui fut anéantie sous un terrifiant barrage de 75. Impuissant à obtenir une décision, l'ennemi incendiait Gourgançon et se retirait.
Ainsi, malgré l'effet de la surprise, la violence de l'effort, la supériorité des effectifs, au cours de son attaque menée jusqu'à l'épuisement, l'ennemi n'avait réalisé qu'une progression insignifiante et momentanée. Et le régiment venait de remporter une brillante victoire défensive en l'un des points les plus importants du front immense où les armées françaises et allemandes s'étreignaient avec la volonté de
vaincre ou de mourir. Sur la carte de ce champ de bataille de la Marne où furent sauvées les libertés de la France et du monde, certains noms : — l'Ourcq, Mondement, les marais de Saint-Gond, — se détachent avec l'éclat d'une gloire prestigieuse. Fère-Champenoise est au nombre de ces noms-là, et, lors de l'épopée des 6-7-8-9 septembre 1914, ceux du 32e y étaient !
* * *
Alors commença la poursuite, d'abord dans la grande désolation du champ de bataille, parmi les implorations des blessés français restés sur le terrain. La pluie et la boue venaient de succéder au soleil et à la poussière. On était exténué, et cependant on se sentait fort d'avoir vaincu. Et dans cette « reconquête Ï> , le cœur était plein d'une joie triomphante. Par Vassimont, les bois de Soudron- Cheniers, — étapes interminables, — on atteignit Châlons-sur-Marne exultant et dans l'étonnement de la délivrance. Le 13 septembre, à Saint-Hilaire-le-Grand, on retrouvait l'ennemi.
On lui enlevait le village, bombardé et incendié ensuite par l'artillerie allemande.
C'est dans la région située au nord de Baconnes que l'ennemi, adossé aux formidables défenses naturelles des monts de Champagne, affirma sa volonté de s'accrocher au sol français. C'était le moment où, des deux côtés, on espérait encore obtenir une décision immédiate ; et les deux partis, prenant à la fois l'offensive, se ruaient l'un sur l'autre avec une égale fureur. Rejoint par le 3e bataillon, le régiment attaqua les tranchées ennemies de la cote 147 au nord de l'ancienne chaussée romaine, tranchées que seule une section de la lre compagnie put atteindre et dans lesquelles elle ne put se maintenir en raison des pertes et de la nature du terrain. Les attaques ennemies sur Prosnes étant à leur tour arrêtées, la situation se stabilisa. Et vers la ferme Moscou,
puis à la villa des Marquises, Français et Allemands s'installèrent sur leurs positions et s'habituèrent à vivre face à face en ennemis. On fit des tranchées, on établit des abatis:; le fil de fer- fit son apparition et, entre les lignes, les patrouilles se glissèrent furtivement toutes les nuits. Déjà on aurait pu entrevoir la possibilité d'une guerre sur place aux aspects inconnus jusqu'ici.
Le 20 octobre, le régiment quittait ses positions et, le 22, embarquait à destination des champs de bataille de l'Yser.
CHAPITRE III
L'YSER
(21 octobre 1914 — 5 mai 1915).
L'arrivée en Belgique. — Ypres. — L'attaque de Passchendaelc. — Vers Nonne. — Gheluvelt. — Yeldhoek. — Langemarck. — Zonnebeke. —
L'hiver dans la boue des Flandres. — L'affaire dïlérentage. — Le premier retour en France. — Le 30 avril.
Embarqué à Mourmelon-le-Petit le 22 octobre, le régiment arrivait le 24 à Ypres et à Ylamertinghe. Le 25, la 18e division attaquait dans la direction de Roulers. Zonnebeke avait été enlevé le matin. par le 114e et le 135e R. I.
Quittant Ypres le 25 au petit jour, le 32e avait pu occuper Zonnebeke le 25 au soir et y passer la nuit. Les événements s'étaient précipités : l'ennemi, battu sur la Marne, avait fait la course à la mer et, dans un effort fantastique, se jetait sur Ypres pour atteindre Calais.
La; jolie petite ville flamande, chef-d'œuvre d'élégance, tremblait déjà sous la menace de l'invasion. L'armée anglaise, décimée, cédait sous la pression des masses allemandes, et la division de territoriaux bretons, qui s'était couverte de gloire, était épuisée. Mais le 9° corps arrivait. Les bons Belges reprenaient confiance; on se souvient de l'accueil chaleureux qu'ils nous firent. Pauvre ville d'Ypres, qui était si coquette avec ses halles construites par ses drapiers, sa cathédrale, ses vieilles maisons de pierre surmontées de pignons à redans, elle était gaie et animée en octobre 1914.
Maintenant qu'en reste-t-il? Les petits villages de Belgique, qui ne sont aujourd'hui qu'un amas de ruines, étaient alors charmants avec leurs maisons de briques rouges et la flèche en dentelles de leurs églises gothiques : Zonnebeke et Pilkem sont deux noms gravés pour toujours dans la mémoire des anciens du 32e. C'est là que cantonnèrent les bataillons dans la nuit du 25, veillée des armes avant le combat, car le 25 nous nous élancions dans la direction des hauteurs sud de Passchendaele.
Nous y fûmes accueillis par une violente canonnade, mais on progressa de un kilomètre sous les obus de tous calibres.
Le commandant ROBILLOT, blessé, passa le commandement du régiment au commandant POTIER. Dès lors, pendant vingt jours, ce furent des combats incessants, des assauts répétés.
De jour, de nuit, toujours en alerte, le 32e défendit pied à pied cette terre boueuse. Du 1er au 5 novembre, les 2e et 3e bataillons connurent des heures tragiques autour de Yeldhoek. Aussi, pour leur bravoure et leur endurance, ils étaient cités à l'ordre de la D. I. ou félicités par la voie de l'ordre.
Ils avaient perdu dans ces combats 8 officiers et 461 hommes.
Le 11 novembre, pendant que le 1er bataillon était porté en première ligne, à l'est de Zonnebeke, les deux autres étaient mis à la disposition du général DE MITRY, qui leur donnait la mission de reprendre la route de Langemarck à Bixschoote. Ils exécutaient cette mission sans trop de pertes.
Pendant ce temps, le l"' bataillon, à Zonnebeke, était violemment attaqué le 12, le 13, le 14 : l'ennemi, qui était à 30 mètres de nos tranchées, faillit réussir au carrefour de Broodsceinde, mais il fut contre-attaqué par la lre compagnie sous les ordres du lieutenant CHOUPAUT, qui fut glorieusement tué. Dans ces opérations partielles, qui demandaient un effort continuel, nous perdions le lieutenant LAFONT et 76 hommes.
A Ylamertinghe, où le régiment, commandé par le commandant NAQUARD, descendit au repos le 17 novembre, le général DUBOIS, commandant le corps d'armée, pouvait féliciter le 32e pour sa belle conduite pendant les derniers
jours; il décorait le commandant POTIER, qui nous avait commandés jusqu'au 12 novembre. C'est là que nous vlmes-
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arriver la haute et mâle silhouette du lieutenant-colonel RONDEAU, qui prit le 24 le commandement du régiment.
De ce jour date une ère nouvelle. Le lieutenant-colonel RONDEAU dirigea avec une autorité indiscutable et un esprit de persévérance admirable la réorganisation du régiment en vue de la guerre qui se stabilisait. Ceux qui n'ont pas connu cette période de tâtonnements et d'adaptation ne se font pas
idée du travail qui a été accompli alors par l'armée. Ceux qui n'ont pas séjourné dans la boue de Belgique ne peuvent pas savoir les difficultés qu'il fallut surmonter pour « tenir » contre le froid, contre l'eau, contre l'ennemi.
Celui-ci était déjà armé pour cette guerre de tranchées. Il nous envoyait des grenades, des bombes,, ces « bouteilles )) que l'on voyait monter puis tomber en ligne droite sur la tranchée. Le soir, quand on se croyait protégé par les ténèbres, partait subitement la lueur vive d'une fusée éclairante. Tous ces engins nouveaux nous étonnaient, et, — faut-il le dire? — nous acceptions avec peine cette idée nouvelle d'une guerre de matériel. L'offensive générale des 14 et 15 décembre supposait encore que la baïonnette était toutepuissante. Le 1er bataillon, sur la route de Menin en direction de Yeldhoek, le 3e bataillon, vers Zandworde, se heurtèrent à des défenses accessoires et à des mitrailleuses auxquelles l'artillerie n'avait pas fait le moindre mal. On comprit alors qu'il était préférable d'attendre, de s'organiser dans les tranchées et de remettre les attaques aux beaux jours.
D'ailleurs, un nouvel ennemi nous envahissait: la boue persistante de ce sol gras des Flandres qui s'éboulait et comblait nos tranchées. Nous les consolidions avec peine par quelques fascines; mais sous l'action de la pluie continuelle, notre travail devenait éphémère. Nous étions dans la boue jusqu'aux genoux; les culottes, les capotes, usées, déchirées, en étaient imprégnées. Heureux ceux qui pouvaient découvrir de temps en temps quelques pantalons ou quelques gilets civils! C'était bien la grande misère!
C'est dans ces conditions que nous reçûmes de Châtellerault la classe '14. Pauvres gosses! disaient les vieux. Ils venaient au combat avec la flamme de l'enthousiasme et de beaux, habits. Mais ils n'avaient ni la force ni l'endurance de ceux qu'on appelait déjà. « les Foilus- ». Bien que les mamans, les fiancées et les marraines envoyassent aux tranchées cache-nez, passe-montagnes et galoches, l'es- nuits glacées, plus que le feu de l'ennemi, décimaient, cette- jeunesse, qui pourtant désirait tant se battre. Quelques-
uns cependant résistèrent. Quels magnifiques soldats ils furent !
Le régiment était composé de ces « bleus » et de quelques réservistes quand il fut attaqué en février au sud de la route de Menin. Les Allemands avaient d'abord entrepris des travaux de sape en avant des communs d'Hérentage. Ils devenaient menaçants-pour notre 4° compagnie. Celle-ci lança d'abord sur l'ouvrage des bombes Assen, puis, dans la nuit du 3 au 4, vingt-deux pétards de mélinite bouleversaient complètement les travaux ennemis, grâce à l'audace des-sergents LAPALUS et PENNETEAU, qui furent cités; à l'ordre du régiment. La 4e compagnie et son chef, le lieutenant STUREL, étaient félicités par le général LEFÈVRE, commandant la division. Mais le 18, l'ennemi réussit à s'installer dans les décombres du château d'Hérentage, d'où l'expulsa une contre-attaque immédiate du commandant PETITON. Le lendemain, le lieutenant-colonel RONDEAU prenait la direction d'une opération plus importante qui avait pour but de rejeter complètement l'ennemi, dans ses tranchées. Ce ne fut pas facile. Le lftr bataillon, aidé de quelques compagnies du 66° et du 77e, s'élança à 5 heures 45, brillamment entraîné par des chefs comme le sous-lieutenant HÉNAULT et le souslieutenant BOURCIIENIN; il était renforcé bientôt par une section du 3e bataillon, commandée par le sous-lieutenant TRANCHANT; mais il était arrêté à 40 mètres de la tranchée allemande par un feu violent. A 7 heures, il recommençait, puis à 10 heures, sans succès. Enfin à. 15 heures, après une concentration de feux d'artillerie, de mitrailleuses, de pétards et de bombes sur l'objectif, les sections par petits groupes, commandés par des caporaux comme MINIER, par des hommes d'un courage indomptable comme PARCELLIER, comme ABBE, s'emparèrent de la position qui était remplie de cadavres.
L'affaire d'Hérentage, dont les communiqués parlèrent, devait être la dernière avant notre retour en France. Le 26 mars, nous mettions le pied sur la terre française à Ilerzeele (Nord) après cinq mois de campagne en Belgique.
Jamais le ciel de notre patrie ne nous avait paru plus lumineux et plus gai après ces longs mois de brouillard et de pluie. Par un printemps encore timide, nous marchions tous les jours vers l'Artois et nous inscrivions sur nos carnets de route des noms de villages : Bollezeele, Moulle, Setques, Lisbourg, le Groseillier, Herlincourt, Hautecloque, Framécourt, Ivergny, Lucheux, Manin, Givenchy-le-Noble.
Nous avions commencé la vie de cantonnement, qui nous paraissait très douce et toute nouvelle, quand le 25 à 6 heures le régiment reçut l'ordre de se tenir prêt à embarquer. Il était dirigé par Hazebrouck sur la Belgique, où il gagnait à la nuit Staveele-Staveelhoek. L'heure était grave pour que la 18e D. I. fût rappelée si vite dans ces plaines de Belgique, où elle avait tant combattu et tant souffert. En effet, — nous devons nous rappeler l'heure émotionnante où les Allemands Unirent de se mettre à dos l'humanité, — l'ennemi venait d'attaquer les troupes anglo-françaises par des nappes de gaz asphyxiants. Protégés par cet engin nouveau, contre lequel personne n'avait songé à se garantir, les meilleurs bataillons de l'armée allemande s'étaient avancés en masses vers le canal de l'Yser, qu'elles allaient atteindre quand nous arrivâmes pour soutenir la brigade marocaine du colonel MORDACQ. Le 27, nous marchions sur Pilkem, après avoir laborieusement franchi le canal sur deux passerelles. Le 28, le bataillon POTTIER (2e) était en première ligne et par son attitude résolue arrêtait l'ennemi; mais il fallait passer à l'offensive. La brigade Mordacq, encore incommodée par des dégagements de vapeurs de chlore, ne pouvait continuer le combat; d'ailleurs, les violents barrages d'artillerie lourde, dont les Allemands faisaient un usage de plus en plus exclusif, rendaient très meurtrière la progression. Le 32e dut relever le 3e zouaves, et la 35e brigade, commandée par le général DE CUGNAC, reprenait à son compte la contre-offensive. Au matin du 30 avril, le lieutenant-colonel HONDEAU disposait des trois bataillons du 328 et de deux bataillons du 66c, soutenus par l'artillerie franco-anglaise.
Ce combat du 30 avril lient une telle place dans l'histoire
de notre régiment, qu'il mériterait une étude importante qui dépasse certainement les cadres de cette brochure. Nous y avons vu tellement d'héroïsmes, qu'il est impossible de faire ressortir complètement le rôle de chacun. Mais la victoire fut ce jour-là si évidente, que nous devons cependant en avoir toujours présentes à la mémoire les principales phases.
Le terrain d'attaque était à gauche, en face du 1er bataillon, constitué par un glacis bordé de haies. La distance à parcourir de 150 mètres environ. A droite, devant le 2e, la distance était moindre : 40 à 50 mètres ; mais les défenses accessoires de l'ennemi paraissaient intactes. L'artillerie était gênée par la proximité des lignes et par le brouillard intense qui fit reporter à 11 heures 15 l'attaque fixée primitivement à 7 heures 55. A cette heure, toute notre ligne se porta en avant avec le plus bel élan. Le commandant PETITON, debout sur la tranchée, cible superbe, applaudissait ses hommes : il tomba mortellement blessé. La 2e compagnie, qui fut citée à l'ordre du régiment, et la 3e compagnie mettaient pied dans un élément de tranchée allemande, où elles étaient soumises à des feux violents d'enfilade. A droite, le 2e bataillon, en liaison avec un bataillon du 66°, lançait deux de ses compagnies dans la direction ouest de Pilkem. Par deux fois, la 5e compagnie se brisa sur un fort réseau de fils de fer. Le caporal ÉMERIAU s'offrit alors spontanément pour se mettre à la tête d'un groupe d'hommes décidés qui iraient couper les fils de fer. « Je sais bien que nous allons à la mort, dit ÉMERIAU à son lieutenant; mais c'est de bon cœur pour la France! » ÉMERIAU et ses hommes furent tués, mais la tranchée fut enlevée. La 5e compagnie et le 2e bataillon étaient cités à l'ordre du régiment. La 7e compagnie, qui était à sa gauche, avait été également « très chic ». Elle était commandée par le capitaine D'ARGENSON. Cet officier, de grande intelligence et de haut caractère, ancien député de Châtellerault, venu sur sa demande du 69e territorial au 32e, trouva pendant l'assaut une mort héroïque. Tant de sacrifices si cruels ne furent pas inutiles : la position allemande fut emportée, l'offensive ennemie enrayée, des prison-
niers Jurent faits. Toute la :nuit les Allemands se présentèrent en rampant on en colonnes par quatre., inondant nos tranchées de grenades plates, de bombes, de pétards,, ,de boules asphyxiantes.. Mais, derrière la première, .l'adjudant DUPERRÉ avait entraîné sa .section de mitrailleuses, la 2% qui fut citée à l'ordre du régiment.ainsi que la lFe. Il l'avait installée dans la tranchée reconquise et avait retourné .contre l'ennemi deux de ses propres mitrailleuses abandonnées.
Pendant trente-six heures, toutes les attaques échouèrent devant cette solide résistance. L'adjudant DUPERRÉ et le sergent-fourrier GARNIER recevaient quelques jours plus tard la médaille militaire sur le champ de bataille des mains du général DE CUGNAC. Avec les deux officiers dont nous avons parlé, le régiment perdait deux sous-lieutenants : MM. PÉRONNE et ROUGER, et 87 .hommes. Six autres officiers étaient blessés et 323 soldats. Il y avait, en outre, 102 disparus, soit au total 521 hommes hors de combat.
La Belgique nous coûtait cher, mais à Ypres nous avions vaincu l'Allemagne et nous avions sauvé Calais. Le régiment recevait une lettre de félicitations du .général commandant le détachement d'armée en Belgique, en attendant qu'il fût cité à l'ordre de l'armée.
CHAPITRE IV
L'ARTOIS
(6 mai 1915 — 39 février 19i6).
Le 9 mai. — Le 16 juin. — Un grand repos dans le Pas-de-Calais. —
Agny. — L'offensive de septembre. — Loos. — Chez les mineurs de Bruay.
Pour la seconde fois, — et c'était la bonne, — nous rentrions en France. Les événements qui se préparaient ne nous laissaient pas espérer un repos bien long; au milieu des cerisiers en fleur, nous en goùtions d'autant plus intensément le charme que de Villers-Châtel, où le 9 mai nous assistions à la messe dans le parc du château, de Mingoval et Mont-Saint-Éloy, où nous cantonnions, nous entendions .parfaitement la canonnade de Souchez et de Carency.
.Le.9 mai, le régiment, rassemblé au bois des Alleux, reçut l'ordre de porter deux bataillons à la ferme de Berthonval pour y soutenir la division marocaine, dont l'offensive brillante avait déjà délogé les Allemands des Ouvrages blancs de la route de Béthune. La cote 140 était prise, disait-on; la trouée était réalisée. Malheureusement, les renforts arrivèrent un peu tard pour exploiter le succès. Le 1er et le 3e bataillon .occupèrent Berthonval à la nuit ; ils étaient poussés en avant dans les anciennes premières lignes françaises sous un feu d'artillerie assez vif. Des blessés revenaient nombreux; ils étaient confiants, heureux, enthou-
siastes ; d'autres, plus sérieusement atteints, râlaient en gémissant: « Brancardiers! Brancardiers! emportez-moi. »
Ce spectacle du champ de bataille, cette vision des tranchées bouleversées et par endroits encombrées de cadavres, jambes émergeant des décombres et cervelles sortant des crânes défoncés, étreignaient nos cœurs. Par ailleurs les soldats qui revenaient de Belgique voyaient pour la première fois un système de tranchées luxueusement organisé : celles que les zouaves et les tirailleurs venaient de prendre aux Allemands. Abris profonds, couchettes, planchers, portes vitrées.
Comme les Boches avaient su rendre tout de même la guerre confortable ! Nous devions réaliser bien plus tard une semblable organisation.
Ce séjour dans l'ancien secteur allemand nous apprit beaucoup de choses. Il nous lit comprendre surtout que désormais aucune attaque ne serait fructueuse si elle n'était précédée d'une forte préparation d'artillerie lourde. « On ne lutte pas avec des hommes contre du matériel, » disait déjà le général Pétain. Le 23 mai, l'attaque de la cote 123, à laquelle participèrent deux compagnies du bataillon PETETIN, échoua justement par suite d'une préparation d'artillerie insuffisante.
Meilleure, mais encore incomplète fut celle du 16 juin, où le régiment montra un courage et un entrain merveilleux en s'élançant sous les balles de mitrailleuses à l'assaut de la cote 140. Cette action était la suite de celle de mai. Nous y retrouvions la division marocaine, qui tenait le Cabaret Houge et le ravin de Souchez. Le 32'' se trouvait en liaison avec elle immédiatement au sud; il avait pour mission de prendre le saillant de la Légion.
Le bataillon PAILLE, (1ER) ,qui avait 300 mètres à parcourir, partit avec un ordre admirable, la baïonnette haute comme à la manœuvre; il parvint sans trop de difficultés jusqu'au Chemin Creux ; mais en remontant la pente nue et le glacis d'herbes rases qui conduisaient à l'ouvrage J' J", il fut fauché par les mitrailleuses de la cote 123 et du bois des Écouloirs; mais voici que cependant sous les rafales des
RÉGION S.-E. DE SOUCHEZ (ATTAQUE DU 16 JUIN 1915)
VI
Boyaux et Trfjnchte-s Prfnfijii..
Boyaux at TrijncJ) tes .fÆm1rld.s. - -
Échelle 1 : 32.000e
hommes restent debout. MOLES, de la 2E compagnie, « brave entre les braves, » dira sa citation, s'avance dans le réseau - qui est à peu près intact. Les balles sifflent à ses oreilles ; il ne peut plus avancer. Ses camarades, privés de chef, se
SOUCIIEZ
groupent sous son commandement. Avec eux, il s'accroche au terrain et se maintient sur la position conquise.
Le 3c bataillon (commandant PETETIN), en liaison à gauche avec les zouaves, atteignait d'un bond le talus aux Alvéoles, situé au delà du Chemin Creux. Il continua de là sa progression pour enlever l'Étoile, et bientôt, sur le boyau de Kiel, où s'avançait la 12e, on voyait flotter un petit dra-
3 — Ce que nous avons fait.
peau tricolore. Et,, le flot poussant le flot, le 2p batakl (commandant POTIER) s'avançait en troisième vaguie er forçait les Allemands à reculer. Le sergent No AILLES «, au courage légendaire, en tua plusieurs à boat portant et s'empara de leurs mitrailleuses. Malheureusement, il fallut s'arrêter. De la cote 123, qui n'avait pas été prise par le 77e,. i du bois de la Folie, de Souchez, venaient des balles qui faisaient des vides dans nos rangs. On n'eut jamais de nouvelles d'un des officiers les plus distingués et les plus aimés-
du régiment : le capitaine BERNARDEAU, qui disparut pendant l'assaut. Quatre sous-lieutenants avaient été tués : MM. SIRE, JOUBERT, MERLIN et BAILLOT. Onze autres étaient blessés, !
dont cinq grièvement. Au total, les pertes se chiffraient par 100 tués, 235 disparus, 519 blessés.
Les combats du 30 avril et du 16 juin sont inséparables dans notre souvenir. Quand on parlera plus tard de la
Grande Guerre, on les mentionnera comme les deux journées f héroïques de 1915. Elles sont d'ailleurs rassemblées dan& J notre première citation à l'ordre de l'armée.
ORDRE DE L'ARMÉE No 90
Le Général Commandant la X1' Armée cite à l'ordre de l'Armée : LE 32e RÉGIMENT D'INFANTERIE.
Sous les ordres du lieutenant-colonel RONDEAU, aux combats du !
130 avril et du 16 juin, a enlevé brillamment les tranchées allemandes I qu'il était chargé d'attaquer. I A montré, dans ces deux assauts victorieux, un élan digne de sa i
réputation séculaire.
Signé : D'URBAL.
Les jours qui suivirent le 16 juin se passèrent au repos
à Tineques, puis en ligne dans le sous-secteur sud de-la
route de Béthune. Il y eut des bombardements plus ou moins violents et des pertes variables jusqu'au début. de juillet, date à laquelle nous fûmes relevés pour aller a;u repos dans la région d'Heuchin et de Prédefin. Les mois de juillet et d'août furent très tranquilles. M. POLNCARÉ vint visiter les cantonnements et distribua des souvenirs à ceux qui s'étaient distingués par leur belle conduite. Le Président passa encore en revue la 18e division, le 12 juillet, à Villers-Bretonneux. Il était accompagné cette fois du roi ALBERT, du général JOFFRE et de M. MILLERAND, ministre de la Guerre.
Les soldats de Belgique étaient heureux de défiler devant le noble et sympathique roi des Belges. Il y avait de la fierté dans l'air et de la confiance. C'est à cette époque qu'on commença à donner des permissions aux Poilus, d'abord quatre jours jusqu'à concurrence de 4% de l'effectif, puis six jours, délais de route non compris. Le pourcentage bientôt s'éleva à 10. La croix de guerre, qui venait d'être créée, était donnée à ceux qui avaient été l'objet d'une citation ; elle donnait droit à deux jours supplémentaires de permission. La remise de cette décoration était faite solennellement dans des prises d'armes au cours desquelles nous aimions entendre la voix chaude et entraînante du lieutenant-colonel RONDEAU. Malheureusement, nous ne devions plus l'écouter longtemps. Sa valeur était connue ; son mérite devait être récompensé : le 17 juillet, il recevait le commandement de la 86e brigade et laissait le commandement du régiment au lieutenant-colonel DESGOUILLE.
C'est alors que se fit le déplacement en camions-autos qui nous amena à Berneville et à Agny, d'où chaque nuit le régiment envoya des travailleurs dans le secteur sud d'Arras.
Déjà on parlait de l'offensive, de la « grande offensive d'automne t, qui devait faire la trouée et forcer les armées allemandes à reprendre le mouvement. En Champagne devait se produire le principal choc, et en Artois l'attaque était simplement destinée à fixer l'ennemi, à attirer son attention et à occuper une grosse partie de ses forces. Du 11 au 21 septembre, on fit des travaux de nuit en avant des
premières lignes. Le secteur, qui était très calme, s'agita aussitôt, et les travaux sous les bombardements continuels devinrent très pénibles. Le 25 septembre arriva, et le 66e en première ligne attaqua le « Chat Maigre ». Hélas! nos courageux camarades restèrent dans les fils de fer; ceux qui arrivèrent dans la première ligne furent effroyablement « marmites » par des obus suffocants, et les barrages ne permirent pas aux réserves d'intervenir. L'offensive au sud d'Arras à peine commencée était finie. La bataille continuait ailleurs avec succès. A la fin de septembre, nous remontions au nord d'Arras, où nous étions appelés à rester quelques bons mois.
Cet hiver 15-16 ne fut pas trop pénible. A Loos, où nous relevions le 90e, qui venait de repousser brillamment une attaque allemande, nous n'eûmes pas beaucoup de perLes.
La nature du terrain rendait les travaux de terrassement difficiles; mais les secteurs du Maroc et de la Fosse-Calonne étaient confortables. Les tranchées étaient lambrissées avec les rondins des mines; il y avait des caillebotis et des « cagnas » dont l'ameublement était quelquefois luxueux.
En deuxième ligne, nous avons vu un piano! C'était par ailleurs très calme. Quelques obus tombaient régulièrement à la même place et souvent à la même heure. Les soldats connaissaient les habitudes de l'ennemi; les civils aussi, qui restaient dans les villages des Brebis et de Bully-Grenay, à quelques centaines de mètres de la première ligne. Au bout du Grand Boyau, il y avait un « estaminet » qui vendait encore du vin à 0 franc 80 ! C'est dans ces villages que les bataillons descendaient au demi-repos. Quels braves gens que ces mineurs! A Bully, puis au grand repos à Bruay, civils et soldats vivaient de la même vie familiale, partageant
le logement et la table, les, mêmes inquiétudes et les mêmes joies. Le 32e revenait régulièrement tous les quinze jours dans cette petite cité ouvrière, où chacun reprenait sa place à quelque amical foyer.
Aussi, en quittant cette région, le 32e laissa de gros regrets et fit couler beaucoup de larmes. D'abord, ce fut en janvier le départ au camp de Saint-Riquier, où la division évolua en vue d'offensives futures; puis en février le retour vers Bully-Grenay et le secteur de la Fosse-Calonne. C'est là que nous recevions le bombardement du 21 février qui nous laissa croire à une attaque imminente. Il n'en fut rien; mais le même jour, —. et cette activité subite en Artois n'était qu'une diversion, — l'armée du Kronprinz s'élançait sur Verdun.
CHAPITRE V
VERDUN
(1" mars — 13 mai 1916).
La relève par l'armée britannique. — Dans l'attente devant les flots bleus.
— Vers la Meuse. — 304. — 287. — Avocourt. — Jubécourt. — Efforts désespérés de l'ennemi du 4 au 11 mai.
Dès lors la grande bataille de 1916 était commencée il ne fallait plus compter sur des secteurs tranquilles; nous devions aller nous aussi dans la tourmente et prendre notre part de la grande épreuve. Les Anglais fin février nous relevaient, et, par des marches journalières dans la neige à travers l'Artois, par Diéval, Tanguy, Azincourt-la-Bataille, nous nous acheminions, — curieux secteur d'attaque, — vers la côte de la Manche, où le régiment passa à Merlimont, Cucq et Trépied quelques semaines d'une paix absolue.
Tous les jours promenades sur la plage devant l'infini des Ilots bleus, excursions à Berck et à Paris-Plage, sous un jeune soleil de mars, qui nous inondait de lumière douce et de joie'. « Mauvais présage que ce bonheur, qui nous prépare de tristes lendemains ! » disaient les sages moroses. « Pourquoi ces paroles chagrines? leur répondait-on. A chaque heure, à chaque jour dans cette longue guerre suffit sa peine! » Hélas! le 1er avril il fallut partir, et, après quelques jours de marche, nous arrivions dans le joli bourg de Bonneuilles-Eaux (Oise). Là les « tuyaux » disaient : « On doit
prendre les lignes devant Montdidier. « quand, le soir d'une séance récréative organisée à Bonneuil par les officiers du 2e bataillon;, le régiment reçut l'ordre d'embarquer en gare d'Ailly~sur-Nove.
Maintenant il n'y avait plus de doute : Verdun nous attendait. Embarquement; voyage pénible. Débarquement à Valmy le 14 avril; marche vers Sainte-Menehould à travers la triste Champagne pouilleuse et la Meuse détrempée, sale, aux petits villages bondés de troupes et aux habitants rébarbatifs. Et tous les jours le régiment marchait vers l'est.
Elise, Le Chemin. Brizeaux : là nous apprenions notre mission. Nous devions à tout prix arrêter l'ennemi sur la rive gauche de la Meuse. La 18e division monterait à la côte 304, et le 32e serait à gauche entre 304 et Avocourt. On sortit les cartes, on se renseigna. « Les Allemands, disait-on, veulent prendre 304 par l'ouest : nous sommes à l'endroit délicat. »
Il y eut sur les fronts un petit voile de tristesse. Le devoir était dur, mais il était clair, et chacun se dit à sa manière : « Je dois « tenir » ! Ils n'auront pas Verdun ! »
Et le jour de Pâques, le 32e quitta Jubécourt. Au bois de Béthelainville, premier obus, petit frisson. Dans la nuit qui était tombée complètement, MonzéviHe montrait ses pans de murs délabrés sous l'éclair des cations. La route d'Esnes, embouteillée par les voiture-ttes de mitrailleuses et les convois d'artillerie, était une rivière de boue où se glissaient les sections silencieuses. A travers les fondrières et les voitures, les hommes passaient comme des ombres. Les obus qui partaient en déchirant le ciel et ceux qui arrivaient en bouleversant la terre couvraient de leur fracas le roulement des ravitaillements et les jurons des conducteurs Le fantassin seul ne faisait pas de bruit : il pensait au carrefour dangereux qu'il devrait franchir rapidement : au Calvaire d'Esnes, — quel symbole! — qu'il gravirait entre deux rafales. Il songeait à la grande tâche qui l'attendait. Car déjà il apercevait les fusées multicolores qui jalonnaient les lignes; elles paraissaient proches; elles étaient encore lointaines. Sur cette piste repérée, — car le boyau n'existait plus ou était un
cloaque, — que de fois il fallut instinctivement « saluer » d'une inclinaison de tête rapide l'obus qui arrivait! Que de fois, devant le barrage, le chef se demanda: Dois-je passer?
Dois-je attendre? Et souvent on passait sans un blessé. Il y a un ange gardien des relèves. A Verdun, il ne suffisait pas à sa tâchc. Nous avions déjà des pertes, — le sous-lieutenant BONNET était tué, — quand, dans la nuit noire, de la terre visqueuse et sombre, nous entendîmes monter des voix qui semblaient des implorations : « C'est le 32e? — Oui! — Ici le 418. Quelle compagnie? » L'officier passe les consignes; le dossier de secteur n'est pas lourd. « L'ennemi est là : il faut l'arrêter, » et c'est tout. « Ce coin-là a été un peu épargné ces jours-ci, mais à droite il ne fait pas bon! » A droite, c'était le bois Camard, la cote 287, où se trouvaient les 1er et 2e bataillons.
Et le jour se leva sur notre misère : nous étions dans la boue jusqu'aux genoux; on se regardait et, ne pouvant faire mieux, on se mettait à rire en prenant la pelle; bientôt on eut une tranchée convenable que le soleil assécha. L'artillerie fut peu active ; c'était du moins supportable. Ces cinq jours ne nous parurent pas terribles.
Nous descendîmes à Jubécourt assez optimistes; mais, le 30 avril, — date fatidique pour le régiment, — un grand malheur nous arriva. En plein midi sortit des nuages une nuée d'avions. « Les Boches! Les Boches! » cria la foule dans le village. Des bombes tombèrent sur les granges, où s'entassaient encore des hommes. Spectacle d'horreur! Des pauvres camarades, une centaine, gisaient pêle-mêle, déchiquetés et broyés. Le commandant SCHERER était grièvement blessé. Nous démoraliser avant le combat qui se préparait, c'était le but de l'ennemi. Chacun le comprit, et quand, — après les prières pour les morts, — le lieutenant-colonel DESGOUILLE eut adressé en un discours ému un dernier adieu à nos camarades, nous fimes devant leurs tombes le vœu de les venger.
Car nous remontions en ligne dans la nuit du 3 au 4.
Tout indiquait alors que les jours prochains seraient durs.
L'artillerie tirait davantage, et on devait s'attendre à être violemment attaqué. Le 5 mai au matin commença le martè- lement sinistre des gros obus qui pulvérisaient et nivelaient
VERDUN
les tranchées. Les batteries semblaient d'abord braquées sur la côte 304, mais le bombardement s'élargit bientôt. La cote 287 et les pentes d'Avocourt furent écrasées à leur tour.
Pendant des heures nous dûmes rester dans cet atmosphère de feu et de poussière, attendre, au fond de la petite niche individuelle, l'obus qui ferait voler notre corps en morceaux ou nous enterrerait. Ainsi, combien de camarades sont morts sous la terre de la plus affreuse mort! DE ROCHAMBEAU, jeune aspirant d'un entrain toujours souriant, fut ainsi enseveli. D'autres purent se dégager, pour se tapir à nouai
veau. Ce fut pendant treize heures la lutte contre la terre. On regardait dans la direction de l'ennemi : ce n'était toujours que feu, fumée et poussière. Notre artillerie faisait aussi des ravages. A 17 heures, tout à coup, montèrent à notre droite des fusées rouges : c'était 304 et 287 qui demandaient le bar- rage. Le roulement sec des 75 commença aussitôt; les mitrailleuses et les fusils qui n'avaient pas été détruits par le bombardement crépitèrent. Le lieutenant CLAVEYROLAS, monté sur le parapet de la tranchée, lançait des grenades sur les assaillants ; il tomba mortellement frappé d'une balle au front ; mais l'attaque avait échoué devant le 32e.
Dans la nuit suivante, quatre compagnies du régiment, sous les ordres du capitaine JOUVAULT, reçurent l'ordre d'étayer le 66e à droite : c'étaient les 2e, 7e, 8c et 10e compagnies. Dans ce mouvement difficile, elles subirent de fortes pertes. Le lieutenant GOMERGNAT fut tué. Ces compagnies, relevées dans la nuit du 6 au 7 par des unités du 135e, permirent au 32c d'étendre son front à droite jusqu'au ravin du bois Camard. Là le 1er et le 2e bataillon subirent un bombardement terrible qui ne fut cependant suivi. que de quelques tentatives de sorties, surtout devant la 5e compagnie. Celle-ci repoussa brillamment les grenadiers allemands, qui semblaient d'ailleurs très fatigués : le 75 fauchait ceux qui ne réussissaient pas à fuir ou à se rendre.
Par contre, à notre droite, l'ennemi avait pu s'infiltrer entre certains éléments du 135e. Celui-ci, coupé en plusieurs
points, se trouvait dans une situation délicate. Les quatre compagnies de réserve furent mises par le colonel à la disposition du commandant HERAJENT pour couvrir la droite de son bataillon. Le 39-,e recevait ensuite l'ordre d'évacuer le saillant de la cote 287.
Cependant l'artillerie ne s'arrêtait guère, et il y avait chez nous des pertes considérables. On lit des relèves partielles pour remplacer les éléments les plus fatigués par des éléments plus frais. Au cours de ces relèves, le sous-lieutenant HIYAUn fut tué par un obus. Son frère, le capitaine, le rechercha et le trouva enfin.Quel triste spectacle ! Ces émo-
tions, la fatigue, le manque de sommeil, la mauvaise nourriture et la soif affreuse avaient brisé les hommes les plus forts. Il fallait cependant tenir encore le 9, et surtout le 10.
L'ennemi devinait-il notre état de faiblesse? A 15 heures 45, après un bombardement d'une violence inouïe, il déclancha une attaque sur la route d'Haucourt : le barrage fut instantané. C'était le dernier effort. Après ces jours d'enfer, le Boche croyait .sans doute qu'il n'en restait plus du 32e. Mais des hommes, des fantômes d'hommes, surgirent encore, armés d'un fusil à la Cl'osse cassée; une mitrailleuse avait encore un tireur : c'était l'adjudant JALLERAT mettant en batterie sous une pluie de 210,. et la colline meusienne resta française.
Les éléments déchaînés, la puissance du feu et de l'acier n'avaient pas fait fléchir les volontés. Nous .pouvions redire ay&c Pascal ; « Que l'homme maintenant s'estime son prix ! »
L'âme a vaincu la matière.
CHAPITRE VI
ENTRE LES DEUX BATAILLES
(12 mai — 30 septembre).
Le repos bien mérité. -- La Champagne. — Sonain. — La guerre aux rats et au « cafard ». - L'opération Winckler. — Quand verronS-DOus des civils ?
Après ces jours tragiques, nous avions besoin d'un repos complet. C'est à Lisle-en-Higaud et à Ville-sur-Saulx que fut envoyé le régiment pour se refaire dans le calme de la nature souriante. Les pauvres et glorieuses loques humaines qui descendaient de 30i sentiront peu à peu revenir la vie. La jeunesse a des ressources de perpétuel recommencement. Les ligures émaciées prirent petit a petit des couleurs. Déjà après quinze jours, nous avions acquis des habitudes de tranquillité dans ces jolis petits villages. Comme on se fait vite au bonheur, comme on aime la vie quand, en descendant de Verdun, on peut Ilàuer librement dans les allées du parc de Jean-d'Ueure 1 Le 28 mai, cependant, nous quittions ces lieux enchanteurs. Nous allions prendre les lignes le 3 juin dans le secteur de la route de Somme-Py à Souain, au nord deSuippes (•Champagne).
Quelle nouveauté ! Des tranchées bien failes, des abris profonds, des ouvrages solides, des défenses accessoires nombreuses et une moyenne de quatre ou cinq obus par jour. Il fallait veiller cependant ; car c'était le secteur dès coups de
main subits, des émissions de gaz meurtrières. De notre côté, nous en préparions une : pendant plusieurs semaines, le génie creusa des sapes profondes en première ligne. Tout d'abord, mystère! Mais on comprit vite. En effet, les bouteilles arrivèrent; elles furent mises dans les sapes. Le jour de l'émission, appelé « Opération Winckler », devait être annoncé au téléphone par ces mois - « Le vin est tiré. » Mais il fallait attendre que le vent fût « pour nous ». Or, pendant deux mois, il souffla presque chaque jour du nord ou de l'est.
Chaque matin, chaque soir, nous interrogions les multiples girouettes qui dominaient les abris et nous répétions : « Ce ne sera encore pas pour aujourd'hui. » Enfin, le 25 août, par un temps de pluie et de tempête, le vent venant du sud, l'opération commença à 23 heures. La nappe blanche s'étendit sur les réseaux, mais le vent qui soufflait en bourrasques la souleva. Les mitrailleuses ennemies s'éveillèrent, et le barrage fut très serré; les reconnaissances qui s'étaient préparées ne purent sortir. Mais peu à peu l'artillerie ennemie se tut.
Le gaz dut faire beaucoup de mal sur les arrières.
Ce fut le seul événement important de ces trois mois de vie tranquille, de « vie humble aux travaux ennuyeux et faciles ».
Travaux nocturnes le plus souvent, corvées de toutes sortes, longues promenades dans les boyaux, du centre Vamerot au Chapeau de Gendarme. C'était le privilège des unités de réserve ; les autres veillaient. Pendant le jour on dormait, on mangeait, on faisait la chasse aux rats et. aux poux. Les intellectuels lisaient ; les sculpteurs taillaient la pierre ; les bijoutiers ciselaient l'aluminium ; tous recevaient des lettres et en écrivaient. Ne sont-elles pas le grand soutien moral du .soldat? Le vaguemestre, quand il apporte vers minuit « babilles » et journaux, n'est-il pas, avec le « cuistot )>, l'homme le plus sympathique de la compagnie? Les lettres parlaient de la famille ; les journaux parlaient de la France.
Ils disaient le grand effort de la patrie dans ces jours difficiles; ils racontaient les succès de l'offensive de la Somme.
Les soldats du 32e suivaient avidement le détail de ces victoires, et entre eux ils se disaient : « Il serait bien étonnant
que cette bataille se torminât sans nous. » Et puis,, irons iinissions par trop bien les connaître ces tranchées crayeuses ; le cafard aux mille pattes grattait fort par mom,ents.; il ébait temps de voir des civils.
Nous on vîmes au début de septembre.
CHAPITRE VII
LA SOMME
( 1er octobre 1916 — 3 février 1917 ).
Le ravin de Morval. — Une offensive expirante. — Corbie et Fouilloy.
— Entre Sailly-Saillisel et le Transloy. — Repos dans la Seine-Inférieure. — Bouchavesnes. — La 10e brigade anglaise. — Une contrée que nous avons revue.
La bataille de la Somme, qui depuis le début de juillet, avec des succès variables, faisait pression sur l'armée allemande et dégageait Verdun, traversait une phase critique au moment où le 9e corps, y fut engagé. L'ennemi s'était ressaisi, avait envoyé là du matériel et des hommes, et avait décidé de résister à tout prix. Nous ne devions plus avancer l'arme à la bretelle comme les zouaves de Maurepas. Toute cette zone de l'ancien front, qui au début de l'offensive avait été bouleversée, écrasée, pulvérisée par les obus, était un champ de désolation lugubre : ferme Bronfay, Maricourt, Hardecourt, Maurepas et Combles, villages plus ou moins nivelés qui dressent encore vers le ciel, — pour indiquer qu'autrefois il y avait là de la vie, — quelques troncs d'arbres déchiquetés.
Le 9, nous continuions, à notre tour, cette œuvre nécessaire de destruction. Au nord-est de Morval, s'étendait devant nous le grand désert dela terre dévastée : le Transloy et SaillySaillisel, qui volaient en éclat sous le martèlement des ObHS;
la route de Bapaumc et sa ligne de grands arbres qui se drossaient comme une barrière sur le ciel gris.
Les deux jours de préparation d'attaque furent pénibles : l'artillerie ennemie, très nerveuse, répondait à nos tirs de destruction par de violents barrages. Le 12 octobre à 14 heures 15, toute la division attaqua. Le 2e bataillon partit d'un bond à l'heure H dans un élan superbe. Certains éléments avaient déjà fait plus de trois cents mètres sous les balles et les obus quand, le barrage devenant plus intense, il fallut se terrer. Parmi ceux qui s'étaient avancés trop loin, certains furent capturés, comme le soldat MAUC.LÈRK, qui réussit quelques semaines après à s'évader par la Hollande; d'autres gagnèrent leur compagnie à la tombée de la nuit. Il y avait un grand blessé qui râlait entre les deux lignes. Le caporal LAnçoN, en plein jour, méprisant tout danger, alla le chercher et le rapporta sur son dos dans nos lignes.
Ni le 66e à notre droite, ni les Anglais à notre gauche ne purent progresser. Ces derniers attaquèrent encore, le 14 et le 18, avec courage et sans succès. Nous avions tous l'impression que la bataille n'était plus possible dans ce coin de la Somme, où nous arrivions trop tard pour cueillir des lauriers. Le 18 octobre cependant, les 1er et 30 bataillons, qui pendant les jours précédents avaient subi dans le ravin de Morval des bombardements de 210 égaux à ceux de Verdun, devaient attaquer à leur tour. Ils n'eurent pas plus de chance et s'usèrent les dents sur un bloc d'acier. Quelles pertes cruelles dans ces jours angoissants d'une bataille sans issue!
Le capitaine TUOMAS, en partant à l'attaque avec sa lrc section de mitrailleuses, fut tué, ainsi que les lieutenants JAMET, IIUSTAILLON, CICET et DESCOMBES. Ce fut aussi une triste hécatombe d'aspirants. Nous perdions des jeunes camarades pleins d'entrain et d'avenir : MUFFANG, LESTANG, COURONNE ; SIEKLUCKI et BRUNO étaient grièvement blessés en entraînant leurs hommes, qui laissaient sur le terrain 517 de leurs camarades.
Le régiment fut relevé le 20 et se reforma à Fouilloy et au Camp 10. Ces derniers jours d'octobre furent tristes. Nous
BATAILLE DE LA SOMME
(OCTOBRE-NOVEMBRE 1916)
Legende| Tr. Françaises
| Tr. Allemandes
Échelle 1 : 60.000e
— 49 -
allions bien de temps en temps à Corbie, l'agréable ome- j ment de nos amis les Anglais ; nous passions quelqt uresè dans les tea rooms; mais le souvenir des derniers j , la*" -\
pluie persistante et la boue, puis la perspective probable - t\-,-
retour vers Morval n'étaient pas gais. En effet, le 3 novembre, le régiment monta en ligne face à la tranchée de Bukovine, que le 1er bataillon attaqua le 5, qu'il attaqua encore le 6 avec des éléments du 2e bataillon. Une balle de mitrailleuse atteint le lieutenant MOTTE en pleine poitrine, au moment où il examinait, complètement découvert, le terrain de l'opération.
On avança de cinquante à cent mètres. Sous la pluie continuelle, la terre visqueuse et gluante croulait sous les pieds ; partout de l'eau, de la boue, et le ciel roulait de gros nuages sombres.
Nous avons enduré bien des souffrances pendant ces derniers mois de 1916. Après un court séjour de repos à Conteville, dans la Seine-Inférieure, le régiment occupa le soussecteur du bois Labbé, près de Bouchavesnes. C'était encore la boue et toutes les incommodités des tranchées de fin de combat; les relèves y étaient pénibles. Un interminable -boyau, qui était devenu une petite rivière, menait en ligne.
Si vous ne le preniez pas, vous vous exposiez aux balles des mitrailleuses qui balayaient la plaine en tir indirect. Chacun se souvient des « tôles », où il n'était pas prudent de s'arrêter. Quel heureux jour celui où nous vîmes arriver les officiers de la 10e brigade anglaise ! D'une manière concrète et personnelle, nous goûtions alors tous les charmes de l'entente cordiale. Si, dans plusieurs circonstances, le 32e a été appelé à soutenir nos amis les Anglais, ceux-ci, en retour, lui ont rendu un service important en prenant sa place, le 17 janvier 1917, dans la boue de la Somme. Ces jeunes gens, forts, bien bâtis, courageux, qui montaient à Bouchavesnes avec un chargement de petits mulets et leur sourire flegmatique, donnaient confiance aux Français. Désormais nous quittions ce pays pour ne plus y revenir.
Erreur! nous nous sommes rappelé la joie d'alors quand, en 1918, nous avons dû reprendre contact avec l'ennemi à
4 — Ce que nous avons fait.
Rouvrel. Le cantonnement de repos de janvier 1917 était devenu le champ de bataille d'avril 1918. Nous avons revu Fransures encombré d'autos, de parcs, de dépôts de munitions; Breteuil abandonné sous les obus. C'était, un an plus tôt, une contrée bien calme, habitée par une population sympathique, qui, par ces grands froids, recevait volontiers le soldat à ses foyers.
Il en avait besoin dans ces tristes cantonnements en torchis et mal clos, où chaque matin il devait faire dégeler son pain au feu incertain d'un brasero. Ce froid sévit encore pendant plusieurs semaines à Mourmelon, où nous arrivions le 3 février après un dur voyage, à Prosnes, où nous prenions les lignes le 10. Ici le dégel et l'eau devinrent nos principaux ennemis. Le secteur était très calme, et on ne se doutait pas des grandes actions dont devait être lethéàtre, quelques mois plus tard, le Mont Gornillet dont nous apercevions les pentes garnies de sapins et couvertes de neige.
CHAPITRE VIII
L'AISNE
(3. février 1917 - 30 juillet 1918).
La grande offensive générale. — Mailly. — Le 16 avril. - Chevreux : 8 mai et 24 mai. — Le plateau de Craonne.
Cependant tout laissait pressentir cette offensive prochaine.
On la préparait, et, — disait-on, — elle serait décisive. Nous participions à des travaux; il y avait des dépôts de munitions et de matériel, des parcs de camions et d'autos. Il y avait surtout les manœuvres du camp de Mailly, dont le but était de .préparer le 9e corps d'armée à la reprise de la guerre de mouvement. Mailly est un morne séjour. Les Russes qui évoluaient près de nous n'égayaient pas le paysage. Ils s'en allaient d'un pas solennel dans la lande', en chantant sur un rythme religieux des hymnes de leur pays ; à côté d'eux passaient, vifs, alertes et légers, les clairons de nos bataillons : deux civilisations se rencontraient sur ce champ de manœuvre.
La 10e armée, dont nous faisions maintenant partie, attendait le jour J. Nous retournions à Septsaulx et Baconnes pour faire quelques travaux; puis la division rejoignait le corps d'armée aux environs d'Épernay. Cramant et Oiry firent un chaleureux accueil au 32e, et dans ce pays du bon et authentique « champagne » la joie régna; elle devait être impuissant levier dans les jours qui viendraient. Le 8 avril, jour de
Pâques, mouvement vers l'Aisne, Dizy-Magenta, Fleury-laRivière, Ville-en-Tardenois. Au loin vers Reims, le canon tonnait; des troupes, des camions, des autos sanitaires passaient jour et nuit. La concentration de l'armée de poursuite était faite le 15; du bois des Venteaux, où le 32e bivouaqua dans la nuit du 15 au 16, s'entendait le roulement ininterrompu des batteries. C'est demain : on se recueille, on attend, on espère.
Et au matin, le 16 avril, circula dans les rangs l'ordre du jour du général NIVELLE : « L'heure est venue. Courage!
Confiance! Vive la France! » De grandes nouvelles volaient déjà de bouche en bouche. « Ça marche 1 Ça va bien 1 » « On cantonnera ce soir à Amifontaine! » Ce village se trouvait à plusieurs kilomètres derrière les lignes allemandes. Le régiment franchit les crêtes du Faite; il dévala en petites colonnes les coteaux de l'Aisne. Le bombardement se ralentissait, mais il ne semblait guère s'éloigner. Certains croyaient voiries « saucisses » se déplacer. Dans un bois l'arrêt fut très long, il se prolongea jusqu'à la nuit. Des blessés revenaient couverts de boue et de sang, la figure blême. « On a pris Craonne, et puis après je ne sais plus! » Évidemment, que sait un blessé qui revient de la bataille? Certains disaient que leur régiment était anéanti. Le jour petit à petit déclinait; nous dressâmes nos tentes sous la pluie.
Quelle désillusion! Être cloué sur cette terre après avoir rêvé de marcher en avant, revenir en arrière vers Ventelay dans un chemin boueux, attendre anxieusement dans les bois de Châlons-le-Vergeur et traverser l'Aisne pour échouer, après quelques jours, au bois des Couleuvres, dans le village de Hourges, où nous reprenions la vie ordinaire de cantonnement ; telle fut pour nous la grande offensive d'avril. L'ennemi, renforcé de tout ce que le front oriental lui avait envoyé d'hommes et de matériel, s'était maintenu sur le sol français. Et maintenant comme autrefois, puisqu'il ne voulait pas en sortir, nous devions aller le chercher de nouveau dans ses tranchées. Les bataillons qui étaient entraînés depuis plusieurs mois à la guerre de mouvement recommencèrent des
exercices d'attaques de positions fortement organisées. Le génie ébaucha sur le terrain le tracé des tranchées que nous
CRAONNE — CHEVREUX
devions attaquer quelques jours après ; elles étaient copieusement garnies de défenses accessoires et de mitrailleuses.
Leur ensemble s'appelait le Bastion de Chevreux.
Clievreux était un petit hameau situé à l'est du plateau de Craonne. Pendant trois années d'occupation, les Allemands y avaient organisé une position solide avec tUllncls, abris profonds, blockhaus et lumière électrique. Il s'agissait de s'emparer de cette position qui nous assurerait la possession complète du plateau de Craonne, qui avait été enlevé de haule lutte dans les jours précédents par le 18° corps. Dès lo 4 mai, la préparation commença sur Chevreux : le tUI' et le 3" bataillon étaient en ligne. Le travail de l'artillerie fui formidable; les obus de. tous calibres tombaient exactement sur les tt Courtines u. Ce pilonnage intensiT, qui dura des heures et îles heures, donnait confiance au fantassin ; l'heure 11, il sortirait de la tranchée avec courage, et, prolégn par le II harrage roulant » précédant de quelques mètres la vague d'assaut, il irait tuer à la grenade ou cueillir dans son abri le Boche qui resterait terré.
Au soir du 8 mai, sortant à 17 heures de ses parallèles de départ, le bataillon PUTKTIN t:h appliqua cette méthode : la !JO et la 11" compagnie franchirent la ligne des Courtines et s'installèrent dans la a tranchée Turque. » ; elles tirent do nombreux prisonniers. Mais à leur gauche, le lL'r bataillon fut moins heureux : devant lui certains points de la ligne ennemie n'avaient pas été battus suffisamment par l'artillerie, dont le tir avait été souvent, trop court. La .i" compagnie fut hloquée dès la première minute par les mitrailleuses et ne put sortir; la 1IV compagnie, avança un peu, mais, violemment contre-attaquée, revint à ses emplacements. Ainsi, sa gauche découverte, le M" bataillon était dans une mauvaise situation.
Sous la superbe impulsion de son chef, le. capitaine FOURN[Eu, la!lJ résista aux contre-attaques. Un peloton du 2?J bataillon fut envoyé pour la couvrir à gauche. Il était trop tard.
La !)■' compagnie avait dû revenir dans sa tranchée de départ.
CHEVREUX
(ATTAQUES DU 8 AU 24 MAI 1917)
Q'~-~t'~D} Bors de Beau MARAIS
LÉGENDE | Tr. Français
Echelle 1.20.000
La 10c occupa dans la nuit les positions conquises par la 11" en liaison avec 1-e 66e.
Une opération de ce genre devait réussir. Elle avait en partie échoué ; nous devions la renouveler, mais une nouvelle préparation nécessitait des bases nouvelles. C'est ce qu'établit le 32e dans les jours suivants. Travaux et opérations partielles occupèrent les trois bataillons, et le 24 mai le commandant HERMENT, avec son bataillon en liaison avec le 77e, reçut le même objectif d'attaque que le 8. On y mit le prix : l'artillerie fut parfaite, et les appareils « Schilt»( liquides enflammés) nettoyèrent merveilleusement les abris. Chevreux pouvait être cité comme le premier fait d'armes qui valait au 32e sa deuxième citation à l'ordre de l'armée. Sur les 475 pertes que le régiment avait subies du 2 au 24 mai, cette dernière attaque, - la seule vraiment heureuse, — ne coûtait que 4 tués et 17 blessés. Les nombreux permissionnaires qui partaient le 28 mai de Hourges et d'Uncliair emportaient chez eux l'impression que « les affaires marchaient bien ».
Après des jours sombres et pénibles, s'annonçait l'aurore d'un renouveau ensoleillé.
* *
Un mois de détente à llourges, puis à Romain et Meurival.
Après quoi, les 6 et 7 juillet, sous les ordres du lieutenantcolonel SAUGET, le régiment se glissait dans les brouillards de l'Aisne. Par le bois des Couleuvres et le bois de BeauMarais, nous entrions dans un monde étrange et formidable : au régiment était confiée la garde de Craonne et du plateau de Californie. Craonne! c'est-à-dire un chaos de décombres, un enchevêtrement de pierrailles et de poutrelles dans une indéfinissable odeur de poudre et de pourriture, un de ces lieux où la guerre et la mort se symbolisent en un paysage de muette et tragique désolation. Cependant une vie souterraine
intense animait ces ruines, dans l'immense labyrinthe que les Allemands nous avaient abandonné sous les débris du village. A gauche, les sables du Chemin des Dames s'enlevaient d'un puissant effort vers le plateau de Californie, troué d'entonnoirs comme un paysage lunaire et sur lequel veillaient le 1er et le 3e bataillon. A droite, le 2e bataillon, établi vers le cimelière de Craonne, dominait les marais de l'Ailette, la plaine de Corbeny, le lacis blanchâtre des tranchées de Champagne.
Nous eûmes quelques jours de calme relatif et qui furent comme une veillée des armes prolongée. Nous en profitions pour travailler et aménager ce secteur, où n'existaient ni boyaux, ni défenses accessoires. Travail sans gloire, mais cependant ingrat et dangereux. Entre deux bombardements, près de l'ennemi, il faut à la fois diriger l'outil et surveiller l'arrivée des grenades à ailettes. On a fini; mais dans ce sol sans consistance, la tranchée péniblement creusée s'éboule.
Il faut recommencer, et on recommence. Sur les positions, les camarades qui veillaient repoussèrent plusieurs coups de main. Le 14 juillet, l'ennemi faisait vainement une nouvelle tentative après avoir déclenché sur tout le front du secteur un tir de barrage extrêmement violent par obus de tous calibres, accompagné de nombreux tirs de granatenwerfer et de torpilles.
Le 15 juillet, le régiment était relevé de ses positions.
Le 19, à 7 heures, tout le secteur de la division était soumis à un tir de préparation d'une violence inouïe. En peu d'instants, la crête de Californie disparut dans une tempête de mitraille, de feu et de sable. Les ruines de Craonne et les arrières parurent en proie à une éruption formidable qu'étoilait l'éclatement des projectiles. Derrière ce mur d'acier, l'ennemi entamait nos lignes sur le plateau des Casemates et le plateau de Californie. Le 32e, dont les trois bataillons étaient alors en réserve, fut appelé à rétablir la situation.
Le bataillon HERMENT (1er), aussitôt alerté au Champ d'Asile, se portait vers le plateau des Casemates, au secours du 66e R. 1. Merveilleusement commandé, il se glissait entre les
zones de mort ; il se déployait avec un ordre et une précision dont l'effet était d'une émouvante grandeur dans la confusion de la bataille. A 16 heures 30, la charge se déclenchait brusquement sur le terrain chaotique et à chaque instant bouleversé. Beaucoup des nôtres, hélas! tombèrent au cours de cette marche héroïque. Le sous-lieutenant BizoN, qui, en avant de ses hommes, s'était détaché pour les entraîner et pour aborder plus vite la position ennemie, était frappé d'une balle au cœur. Mais l'ennemi, saisi corps à corps, était surpris, bousculé. Le geste inlassable de nos grenadiers le balayait de la position intégralement reconquise, dépassée en certains points. Le bataillon HERMENT continua à s'y maintenir jusqu'au 23 juillet, sous des bombardements obstinés, résistant victorieusement aux contre-attaques de l'ennemi.
Sur la droite, le bataillon PETETIN (3°) venait au secours du 77e R. I. A la suite d'une laborieuse marche d'approche effectuée sous de formidables barrages d'artillerie, mitraillé à cent cinquante mètres par des escadrilles d'avions ennemis, il prenait son dispositif d'attaque sur le versant du plateau de Californie. A 19 heures, au pas de course, il dépassait la crête du plateau et atteignait notre ancienne ligne de doublement. L'ennemi s'y défendait désespérément, et, à bout portant, il y fallait tuer les mitrailleurs allemands sur leurs pièces. On repartait, et un combat à la grenade nous rendait les. trois quarts de la tranchée de première ligne. Relevé le 21 juillet, le 3e bataillon revenait s'installer le lendemain sur la crête du plateau menacée par la contre-attaque ennemie ; il s'y portait dans les mêmes conditions et avec la même intrépidité que le 19, et s'y maintenait sans faiblir sous des tirs d'artillerie incessants et très nourris.
Le bataillon PEYRE (2°), à la disposition du colonel MAILLARD, commandant le 77° R. I., fut, par suite des circonstances, morcelé et engagé par unités successives. Le '19 juillet, en plein jour et malgré le bombardement, la 5e compagnie allait établir une liaison rompue entre les éléments disjoints des 66e et 77e; et le 22, elle effectuait à nouveau une mission identique. La 6e compagnie se déployait au-dessus de la car-
rière de Craonne, sous une avalanche d'obus qui cherchaient à interdire le débouché du Tunnel que les Allemands connaissaient bien. La 7e compagnie, qui s'était disposée dans les vestiges d'une tranchée où elle devait tenir à tout prix, se portait résolument en avant, le 19, en voyant se déclencher la contre-attaque du bataillon PETETIN et engageait avec acharnement un combat corps à corps.
Lorsque, le 24 juillet, arriva l'ordre de la-relève définitive, il semblait qu'on fût allé au delà même des forces humaines ; on avait souffert de toutes les façons. On s'était battu sous un bombardement incessant, par la chaleur de juillet, dans la sueur et la poussière, sans ravitaillement, sans sommeil pendant cinq jours. Plus de 500 des nôtres avaient donné leur sang ou leur vie. Le capitaine DELOUSTAL, les lieutenants HÉNAULT et DUPONT, les sous-lieutenants ARAGNOUET, BIZON et LAPALus avaient trouvé une mort glorieuse. Mais Craonne et le plateau de Californie étaient sauvés.
Une deuxième citation à l'ordre de l'armée consacre les exploits accomplis par le régiment sur le front de l'Aisne.
ORDRE DE L'ARMÉE No 294
Le Général Commandant la Xe Armée cite à l'ordre de l'Armée : LE 32c RÉGIMENT D'INFANTERIE A pris part, le 8 mai 1917, à l'attaque des Courtines et du Bastion de Chevreux. Le 24 mai a, par sa vigoureuse offensive, achevé la conquête de ce Bastion boisé que défendaient des blockhaus cimentés.
Le 19 juillet, venant à peine de quitter les lignes où il avait passé dix jours sous un bombardement continuel, a engagé, entre 16 heures et 20 heures, successivement ses trois bataillons en contre-attaques dans des quartiers du secteur qu'ils ne connaissaient pas; est arrivé, par des combats qui ont duré toute la soirée et toute la nuit, à reconquérir presque tout le terrain perdu et à consolider la position.
Le 22 juillet 1917, attaqué sur les emplacements qu'il avait pu reconquérir le 19, n'a cédé momentanément qu'en quelques points et, par un combat acharné de jour et de nuit à la grenade, a tenu sur place jusqu'à ce que des renforts soient venus le relever.
An Q. G., le 17 août 1917.
Le Général Cdl la Xe Armée, Signe : DUCHÊNE.
CHAPITRE IX
DANS L'ATTENTE DES COMBATS DÉCISIFS (27 juillet 1917 — 3 avril 1918).
Au camp de Bois-l'Kvêrfue. — En Woëvre. — L'Information américaine.
— Dans le secteur il'Einville. — Sur le plateau de Langres. — Retour en Lorraine.
Au sortir de l'enfer de Graonne, combien nous furent d'un effet bienfaisant la tranquillité du camp de Bois-l'Évêque, le calme et la fraîcheur des bords de la Moselle, les frondaisons sereines de la grande forêt de Haye ! Partis de Fismes le 27 juillet, nous débarquions le lendemain soir à la gare de Maron et nous nous retrouvions dans la région même où le régiment avait opéré sa concentration trois ans auparavant.
Une telle coïncidence favorisait le retour de l'esprit vers un passé déjà lointain. Avec mélancolie et fierté, sur ce coin de Lorraine familier, beaucoup de vieux soldats revivaient intensément leur odyssée; et du passé au présent se faisait spontanément l'évocation des jours de guerre qui furent longs comme des années, des années de campagne qui parurent des siècles. Nous étions heureux de nous trouver dans cette Lorraine, où la vie est large et généreuse et où l'habitant réserve au soldat fatigué un accueil cordial et familier.
Pendant cette période, les permissions de détente furent accordées avec une libéralité depuis longtemps inconnue; plus de 230 hommes furent mis à la disposition des communes
environnantes pour être employés aux travaux agricoles, et de nombreux officiers et hommes de troupe furent envoyés aux différents cours d'instruction et de perfectionnement. Il ne restait au corps que des effectifs extrêmement réduits lorsque, vers le 20 août, le régiment fut reconstitué et ses diverses unités réparties sur le territoire de la 8c armée, dans la région de Toul-Domgermain et en Woëvre, dans la région d'Ansauville. Elles y furent employées à la construction de routes, d'abris, d'emplacements de batteries, à la création
d'une deuxième position. Les soldats du régiment, qui ont toujours été de grands remueurs de terre, exécutèrent ces travaux à l'entière satisfaction des autorités qui en avaient la direction.
Le G septembre, le régiment se rassemblait au sud-ouest de Toul, puis était transporté en automobiles dans une nouvelle zone de cantonnement, sur les plateaux meusiens, dans la région Gondrecourt-Mauvages-Badonvillers.
Le 12 septembre, sur le plateau de Delouze, le général Pétain passait en revue la 18e division rassemblée et remettait solennellement la fourragère aux couleurs de la croix de guerre aux trois régiments d'infanterie (32e, 66e, 77u).
Le régiment eut alors pour mission de continuer l'infùrmation des 16e et 18e régiments américains. Si, en considération du passé glorieux du régiment, de l'esprit de discipline qui a toujours été dans la tradition du corps, le haut commandement français nous avait désignés pour cette mission délicate, de notre côté, nous étions heureux et fiers d'initier à la grande guerre les premiers éléments de la jeune et ardente armée américaine. Officiers et soldats qui avaient participé aux expéditions aventureuses des Philippines ou du Mexique s'étonnaient des méthodes et des procédés de combat dont nous leur faisions la démonstration. Mais, sensibles au prestige que nous conféraient plus de trois années de guerre, d'épreuves et de souffrances, confiants en notre expérience, conquis d'ailleurs par la modestie et la simplicité de nos soldats, ils provoquaient nos explications avec une curiosité inlassable et mettaient à nous imiter la meilleure volonté.
Vigoureux, adroits, sportifs, leurs grenadiers devenaient pour les nôtres des concurrents sérieux dont le désir était vif de réaliser à nouveau, en face des tranchées ennemies, les records établis sur le terrain d'exercice.
Nous devions poursuivre en lignes cette collaboration cordiale, pleine d'intérêt pour les uns et pour les autres. Le 13 octobre, nous précédions de quelques jours nos amis.
américains dans le secteur de Bauzemont (nord de Lunéville).
Secteur calme, depuis longtemps organisé, avec des abris.
aussi confortables que possible, pas trop solides, il est vrai.
Tout autour la verdure, la ligne sombre et paisible de la forêt de Parroy, et dans les buissons de fils de fer un gazouillis d'oiseaux assez inattendu. En vérité, la guerre tournait presque à l'idylle ; du moins nous en jugions ainsi, nous qui avions le souvenir de l'enfer de Craonne toujours si présent à l'esprit. Nos troupiers étaient cependant moins sensibles à ces plaisirs champêtres qu'à la présence des cuisines roulantes aux P. G. de compagnies d'où partaient aux heures régulières la soupe ou le «jus » chauds et réconfortants. Parfois il arrivait que la nuit des patrouilleurs émérites se glissaient entre les lignes et se livraient, sur les bords de l'étang de Parroy, à des pêches miraculeuses. Si les coups de main de ce genre.
n'étaient pas des opérations très régulières, du moins l'ordinaire s'en trouvait assez bien.
Toujours est-il que cette vie quasi-sédentaire, qui, au début, séduisit 4es Américains, leur parut vite par trop dépourvue d'émotions. Le No maris land avait pour ces descendants des conquérants du Far-West l'attrait d'une terre de mystère et d'aventures. Et désormais les reconnaissances alliées s'y multiplièrent au grand dommage des patrouilles ennemies.
Au début de novembre, nous étions au repos dans la région
Crevic-Haraucourt-Drouville. Pauvres villages systématiquement mutilés par les Allemands-en 1914, où parfois jious campions au milieu des décombres, des .pans de murs calcinés étrangement dressés dans le brouillard. Pénétrante., y llottait toujours une âcre odeur d'incendie. De l'un à l'autre, la campagne s'étendait comme une vaste nécropole, sous le ciel blafard de Toussaint. De Réméréville à Gellenoncourt et Drouville, les petites croix sur les tombes témoignaient de la violence des combats d'autrefois. Elles montaient à l'assaut des coteaux, et cet élan des soldats de 1914., subitement arrêté, mais repris depuis par d'autres, nous nous sentions le devoir., nous avions l'espoir de le porter un jour plus loin.
Fait curieux, quand nous retournâmes aux tranchées, dans Je quartier de Valhey, plus d'un d'entre nous eut l'impression de rentrer dans un monde d'activité et de vie. Tout près des lignes, les compagnies en réserve cantonnaient à Serres, Athienville, parmi la population civile qui s'était habituée à la guerre et poursuivait la culture des champs sous l'orbe des obus. D'autre part, la nécessité d'exercer les troupes américaines multipliait les mouvements et les relèves et donnait à ce petit secteur du front lorrain une activité et un pittoresque inaccoutumés.
Après un court repos, nous revîmes le quartier de Bauzemont, qui prit sous la neige des aspects nouveaux. Alors, au cours des nuits interminables, perdue dans la campagne glacée, la sentinelle, enfouie dans la peau de mouton et chaussée de bottes grossières, se figeait comme une statue de neige dans une immobilité attentive. La garde imposait un dur service, et l'artillerie ennemie devenait hargneuse et capricieuse. Mais les misères parurent oubliées le.28 décembre quand, des éléments de la 41e division ayant pris notre place, nous partîmes d'un bon pas vers l'arrière avec la perspective d'une longue période de repos.
Nous eûmes de la chance au cours de ce quatrième hiver de la guerre. Pendant quatre mois, nous fûmes tenus loin des tranchées ; période de détente sans précédent dans les annales du régiment. La saison des opérations actives était d'ailleurs terminée, et, sauf quelques affaires locales, c'était le calme d'un bout à l'autre du front. Nous savions que cette immobilité dissimulait les immenses et minutieux préparatifs de l'ennemi; libre de tourner toutes ses forces contre nous depuis la défection russe, il montait une offensive dont les moyens et la puissance devaient, — paraît-il, — être terrifiants et irrésistibles. Au long de ces jours d'hiver, où l'on se tenait toujours prêt à boucler le sac et à charger les bagages, que de fois n'avons-nous pas dit lorsque le canon enflait sa voix sur les lignes : « C'est pour aujourd'hui. »
En attendant ce jour où il aurait certainement à intervenir, le régiment faisait d'immenses randonnées dans nos provinces de l'est. Le 30, nous occupions les cantonnements de Tonnoy et de Velle où, en dépit de l'ingéniosité qui est l'apanage du soldat en campagne, nous n'arrivions pas à nous défendre du froid qui sévissait par —15° et —20°. Quinze jours après, nous nous portions à Chatenois (Vosges) par trois longues étapes sur les chemins couverts de neige et de verglas. On avançait lentement, deux pas en avant et un en arrière et, pour retrouver l'équilibre, des mouvements désordonnés qui portaient le corps d'un côté et le chargement de l'autre. On arrivait à la nuit et on s'installait à tâtons, le ventre creux en attendant la cuisine restée au bas d'une pente un peu trop rapide.
Le 24 janvier, embarquement en chemin de fer à destination de la région de Langres. Voyage agréable et réconfortant : dans les Vosges, la Meuse et la Haute-Marne, près de chaque village français, les Américains avaient juxtaposé un village de bois, d'où ils saluaient nos convois avec de grands
gestes de sympathie. Au long des routes, par les champs, à la lisière des bois, partout nous voyions nos alliés s'entraîner avec l'ardeur fébrile de gens qui avaient la volonté de se trouver à nos côtés au moment du grand choc imminent. Le régiment fut alors mis à la dispositon des 165°, 166e, 167° et i08u régiments d'infanterie américains. Ces unités étaient formées de volontaires pour la plupart issus des professions libérales et animés de cette foi en la justice qu'ils exprimaient volontiers suivant les formules lapidaires du Président.
Wilson. En ces temps où la situation des Alliés paraissait difficile, au cours de nos séances d'information, nous nous persuadions chaque jour de l'importance décisive du concours américain et nous envisagions l'avenir avec optimisme.
L'information américaine terminée le 21 février, le régi-
ment fut regroupé dans la région de Saint-Loup (llautcMarne), Gicy, Courccllcs, Ternat, Yauxbons, Chameroy, Rochetaillée : petits villages pauvres et dépeuplés, perdus dans des vallons sauvages; rivières claires où nous péchions la truite; plateaux et forêts immenses, battus par les vents et où il faisait si froid 1 Souvent nous fumes heureux plus tard, en des temps plus durs, de nous rappeler, comme un souvenir bienfaisant, ces lieux de vie tranquille et monotone.
Mais, le 4 mars, nous repartions à pied pour relever le 6(je H. 1. dans la région de Neufchâteau-Grand-Bréchainville, déplacement d'environ cent kilomètres, au cours duquel les unités de lôte s'exténuaient à frayer un chemin dans la neige. A peine reposé, on repartait en chemin de fer et on se retrouvait au nord de Haccarat, où, du 17 au 24 mars, le régiment était employé, sur la deuxième position, à l'organisation des centres de résistance.
C'est là que, le 24 mars, nous apprîmes le début de la grande offensive allemande entamée trois jours auparavant. Puis, à mesure que les mauvaises nouvelles arrivaient, nous sûmes le recul des Rritanniqucs sur quatre-vingts kilomètres, l'héroïsme des éléments français chargés de ralentir et d'arrêter
l'avance ennemie, les combats furieux soutenus par les nôtres vers Noyon et Montdidier. « Courage! les camarades arrivent, » leur disait le général PÉTAIN dans un ordre du jour. Nous étions naturellement au nombre de ceux qui se pressaient vers la région menacée et, le 3 avril, nous débarquions à Gannes (Oise).
5 — Ce que nous avons fait.
CHAPITRE X
L'ÉCHEC DE L'OFFENSIVE ALLEMANDE DE 1918 (3 avril -14 juillet 1918),.
1° En Picardie. - 20 Devant Compiègne.
En arrivant, nous cherchions à percevoir les bruits de la bataille. Mais rien : le silence. Très vite nos batteries s'installèrent le long de la grande voie ferrée Paris-Amiens, et ce fut alors la fête accoutumée. Chaque division française engagée débutait en secteur par une opération offensive destinée à améliorer nos positions. Et c'est ainsi que, vers la mi-avril, le régiment, rattaché avec la division au 31e corps d'armée, reçut à son tour l'ordre d'attaquer.
L'obscurité était absolue dans cette nuit du 17 au 18 avril, où les unités gagnèrent si péniblement leurs emplacements de départ, tandis que nos obus s'acharnaient sur le bois de Sénécat et le bois du Gros-Hêtre. En première ligne, face à. l'est, le bataillon TRISTANI (3c) appuyait sa gauche au chemin j Rouvrel-Castel, à quinze cents mètres nord-est de Castel; le ] bataillon PEYRE (2e). le prolongeait à droite.
A 4 heures 50, nous partions pleins d'entrain, un peu déçus toutefois de ne pas voir paraître les chars d'assaut avec ; lesquels nous devions combattre pour la première fois et sur lesquels nous comptions pour faciliter la progression. Nous
parcourûmes facilement plusieurs centaines de mètres en réglant notre marche d'après l'allure un peu trop rapide du
BOIS SÉNÉCAT (ATTAQUE DU 18 AVRIL 1918) p, 66-67
Lègende | Tr Françaises -
Échelle 1 : 31.250e
barrage roulant. Dans le brouillard et le demi-jour, les lisières du bois du Gros-Hêtre et les grandes haies du ravin CastelnRouvrel se dessinèrent sous un feu d'artifice de fusées vertes et .rouges. Et soudain les mitrailleuses ennemies entrèrent en action, ouvrant des vides dans la chaîne des tirailleurs. La progression se ralentit peu à.peu. On avançait néanmoins par bonds., en rampaiit, en ripostant à coups de fusil et d'obus V. B. Mais le moment vint où on ne put aller plus loin : à quarante mètres de l'ennemi, on était cloué au sol, sous le fil d'acier des balles et dans l'impossibilité de trouver le moindre abri. Qui se relevait s'écroulait aussitôt.
Seule, l'obscurité nous protégeait encore; et, impuissants, désespérés, nous assistions avec angoisse au lever du jour.
Soudain un grand cri : « Les tanks! les tanks! » Les chars d'assaut, gênés dans leur marche par la nuit, venaient de nous rejoindre. Masses d'acier pesantes et cependant souples à la manœuvre, monstres informes et intelligents, invulnérables etinexorables comme la mort! Redressés par la surprise et l'émotion, applaudissant et criant, nous vécûmes alors des ,secondes d'enthousiasme intense. En un moment les chars étaient sur l'ennemi : canonné et mitraillé à bout portant, parfois il essayait courageusement une résistance inutile; plus souvent nous voyions surgir de grands Bavarois fous de terreur, levant les bras ou se jetant à genoux devant les machines victorieuses et nos baïonnettes menaçantes.
Malheureusement, sur la droite, tous les îlots de résistance n'avaient pu être réduits. Le sous-lieutenant LEAUD (5e Cie), frappé d'une balle au front, tombait en essayant d'aborder un silo défendu par plusieurs mitrailleuses. La 5e compagnie, dont les pertes étaient considérables, s'arrêtait sur les lisières du bois du Gros-Hêtre en liaison avec un bataillon du 66e qui n'avait pu déboucher de sa base de départ. La 6e compagnie essayait alors de tourner le bois par le nord, mais sans pouvoir y réussir. Vers la gauche, le bataillon TRISTANI, qui mérita ce jour-là une citation à l'ordre de l'armée, réalisait, par le ravin de Castel, une progression plus rapide et plus importante. La 9e compagnie franchissait plusieurs lignes do
tranchées et atteignait les environs de la cote 104, objectif final, où elle s'installait avec une section de mitrailleuses.
La 10c compagnie parvenait aux abords de Castel, puis prenait position sur le flanc nord du ravin pour conserver la liaison avec le 77e R. 1.
Peu d'obus ennemis; mais pendant longtemps des mitrailleuses invisibles, restées derrière nous, continuèrent à répandre sur le terrain conquis des flots bruissants de balles.
Après avoir enrayé par nos feux plusieurs contre-attaques, nous nous installâmes parmi les débris de la bataille, sous la pluie et la neige. Nous avions perdu 44 tués (dont les souslieutenants LEAUD et NICOT), '102 blessés et 13 disparus présumés tués.
Relevé le 21 avril, le régiment, qui croyait jouir d'un repos bien gagné, était appelé à remonter en ligne le 22, au sud de la route d'Ailly-sur-Noye à Moreuil. Le secteur nous apparut comme un champ de bataille en fin de combat : pas de boyaux, quelques éléments de tranchées à peine ébauchés et les ravins pleins de cadavres français et allemands immobilisés dans un tragique corps à corps. Devant nous l'ennemi restait dans un état de passivité mystérieux, harcelé à chaque heure par des tirs de 75 fusants et percutants, qui mettaient sur la vallée de l'Avre des lueurs et des nuages orageux. Nous passions les nuits à travailler à l'organisation du secteur, le jour cachés dans nos trous bien camouflés, avec la seule distraction du bombardement de la ferme Mon Idée, de Merville ou du bois de l'Arrièrc-Cour. Pendant plus d'un mois nous attendîmes la reprise de l'offensive ennemie. Malgré de courtes périodes de détente relative au parc de Guyancourt, nous nous épuisions en ces alternatives de travail fébrile et d'immobilité forcée. Mais la situation générale était telle que c'était pour le commandement une nécessité de ménager les réserves et d'imposer aux troupes engagées un effort aussi considérable et aussi prolongé.
i
- Le régiment avait été relevé le 24 et le 25 mai. Juste à ce moment, la seconde offensive allemande allait se déclencher : l'incendie, éteint dans la Somme, se rallumait sur l'Aisne, puis sur la Marne. Au lieu du repos espéré, nous nous trouvions une fois de plus sur le qui-vive, transportés aux points menacés, d'abord à Brunvillers (Oise), à la soudure des lrc et 3e armées. Puis, une attaque ennemie semblant probable au nord de Compiègne, nous occupions les abords de la région menacée : Monchy-Humière, Marquéglise, la ferme des Loges et la ferme Porte, auxquelles les communiqués otficiels n'allaient pas tarder à faire une célébrité.
Chaque nuit on multipliait les reconnaissances, les exercices d'alerte et d'occupation de la deuxième position ; on préparait les contre-attaques éventuelles. Le secteur du régiment s'étendait de la route Paris-Lille à la route Ressons-surMatz-La-Neuville. A gauche, le 2° bataillon occupait les lisières nord du bois de Ressons ; à droite, le 1er bataillon avait pour mission de défendre le village. Un peloton du 7° hussards devait assurer la liaison avec la division de droite par la vallée du Matz. Dans la nuit du 6 au 7 juin, notre artillerie commençait des tirs de contre-préparation offensive. De son côté, le régiment se tenait prêt à intervenir.
Le 8 juin, après une journée des plus calmes, à 23 heures 30, la position et les arrières étaient brusquement soumis à un bombardement d'une violence inouïe. C'était un crépitement ininterrompu d'obus de petits calibres, scandé par des explosions formidables. Sournoisement, les obus toxiques empoisonnaient l'air, qui devint vite irrespirable.
A 3 heures, le bombardement durait toujours. Toutes les unités étaient en place, et, le masque collé au visage, les yeux tendus, la poitrine haletante, on veillait. On savait que le choc serait dur, qu'on allait participer à une grande bataille, et l'on se fortifiait dans cette certitude terrible. Pendant
quelques heures, les événements allaient se dérouler avec une rapidité extraordinaire.
A 4 heures 30, la première position française, attaquée par l'ennemi, était complètement débordée. Certains éléments des régiments qui l'occupaient (113e, 295e, 131e R. I.)se repliaient à travers nos lignes et étaient répartis dans les diverses unités du régiment.
Le 3e bataillon (commandant TRISTAXI), q.ui se trouvait alors en seconde ligne, entre Ressons et le bois du même nom, reçoit l'ordre de pousser une compagnie, la 10e, jusque dans le village de Ressons, de placer ses autres compagnies au sud du village, prêtes à contre-attaquer, et de prendre le commandement de toutes les unités qui défendent Ressens.
Vers 8 heures, l'ennemi débouchait de-la Neuville. La division de droite et la cavalerie à pied n'ayant pu résister à l'attaque adverse, l'ennemi, soutenu par des chars d'assaut et une puissante artillerie, réussissait à prendre pied sur la voie ferrée, vers la station de Ressons, et débordait le village vers l'est. Les 2e, 3° et 10e compagnies, obligées à leur tour à se replier, engagèrent un combat de rues et défendirent le village pied à pied. Entre 9 heures et midi, des corps à corps acharnés se livrèrent de maison en maison, et les derniers éléments furent obligés de se frayer un passage à la baïonnette pour rejoindre notre ligne qui se rétablit au sud du village.
Dans le quartier de gauche, au bois- de Res-sons, le bataillon PEYRE (2°) subissait avec une passivité héroïque un bombardement qui lui infligeait de lourdes pertes. Les mitrailleuses brisèrent l'élan de l'ennemi qui, après avoir débouché en formation compacte du parc de Séchelles, cherchait vainement à s'infiltrer vers nos positions.
Mais à 16 heures, l'ennemi ayant complètement débordé notre droite, traversait le Matz et prononçait une violente attaque contre la corne nord-est du bois de Ressens, qu'il parvenait à occuper. A l'attaque de flanc succéda l'attaque de front. Le 2° bataillon, qui combattait depuis le matin, lui opposa une résistance acharnée. A 20 heures 30, complète-
ment débordé sur ses deux flancs, mais toujours ferme en
BATAILLE DU MA.TZ (9 JUIN 1918)
face d'un ennemi supérieur en nombre, le 2" bataillon tenait toujours sur sa position. Menacé d'être complètement enveloppé, il parvenait à se dégager après de violents corps à corps et à occuper la ligne des réduits en liaison avec les éléments du 1er bataillon.
Les unités qui défendaient le débouché du village avaient eu à supporter pendant toute la journée une lutte inégale devant un ennemi très supérieur en nombre. Sans abri, sous un bombardement de 150 et sous une fusillade ininterrompue, elles tenaient quand même, lorsque, vers 16 heures, l'ennemi réussit à s'infiltrer entre elles et le 2e bataillon. Les capitaines VELTE etRENEViER, le sous-lieutenant PÉRIVIER, entourés de quelques survivants, le fusil au poing, tentèrent encore de l'arrêter en chargeant à la baïonnette. Entourée dans la ferme de Baillencourt, la 11e dut se dégager en traversant les rangs ennemis. La ligne se reforma quand même quelques centaines de mètres plus loin. A 20 heures, les survivants du 3e bataillon tenaient encore solidement le petit bois carré au sud de Ressons. La droite du bataillon était appuyée à la voie ferrée. L'ennemi s'était infiltré à notre droite et sur nos derrières, dans la vallée du Matz.
Dans la nuit du 10 juin, les 1er et 3e bataillons étaient relevés par des éléments des 151e et 162e R. I. et venaient s'installer en arrière du 2e bataillon.
Le 10 juin, vers 6 heures, le bombardement recommençait, et l'ennemi, appuyé par des chars d'assaut, reprenait son attaque. Les éléments du 151e R. I. étant obligés à se replier, le 1er bataillon repassait en première ligne à côté du 2e. Violemment attaqués tous les deux vers 8 heures 30 et débordés à droite et à gauche, ils se replièrent par échelons tout en combattant. Moment plein d'angoisse ! Par suite de nos pertes, de l'insuffisance de nos effectifs, les tirailleurs allemands parvenaient toujours à trouver dans notre ligne le point mal gardé par où ils pouvaient s'infiltrer. En avant de Gournay-sur-Aronde, avec la rivière à dos, il nous fallait résister ou mourir. Tous les éléments rétrogradant furent alors arrêtés sur place ; le peloton des pionniers, les téléphonistes contribuèrent à garnir et à défendre la ligne. Et cette ligne de combat une fois reformée, les soldats du 32° firent courageusement face à l'ennemi et par leurs feux brisèrent ses nouvelles tentatives.
Le lendemain 11 juin, à la suite de la contre-attaque
MANGIN, qui se déclenchait immédiatement à notre gauche, la pression de l'ennemi commença à se relâcher. Et le 12, à leur tour, le 2e et le 3e bataillon partaient de l'avant, occupant le bois de Périmont et le bois Carré, transformés par notre artillerie en véritables charniers. En avançant dans les champs de blé, dont les épis se balançaient sur les cadavres en uniforme gris ou bleus, nos troupiers réalisèrent sur plus d'un kilomètre une avance qui fut encore développée le lendemain.
La période critique était terminée. Le champ de bataille tumultueux où les deux armées s'étaient affrontées en terrain libre, sous le grand soleil, sembla soudain désert. Dans nos trous invisibles, cachés sous des gerbes de blé, par groupes de deux ou trois, pendant dix jours encore nous attendîmes l'ennemi que notre résistance avait lassé et épuisé.
Nous avions perdu 650 hommes. En reconnaissance de ces sacrifices, des résultats obtenus, une troisième palme était accrochée à la croix de guerre de notre drapeau.
ORDRE DE L'ARMÉE No 482
Le Général Commandant la IIIE Armée cite à l'ordre de l'Armée : LE 32e RÉGIMENT D'INFANTERIE.
Sous le commandement du Lieutenant-Colonel SAUGET, a opposé, le 9 juin 1918, la résistance la plus héroïque. aux assauts de forces très supérieures. Menacé de débordement, s'est, par ses habiles dispositions et son énergie, maintenu sur les positions, permettant ainsi l'intervention des réserves.
Le 12 juin, a profité de la contre-attaque des troupes voisines pour se porter en avant spontanément malgré ses pertes et sa fatigue, et a réoccupé et organisé des positions importantes dont l'ennemi s'était rendu maître.
Au Q. G., le 5 août 1918.
Le Général CdL la Ille Armée, Signé : ITUMIIERT.
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A partir du 25 juin, le régiment fut tenu en réserve à. l'arrière des positions qu'il venait. de défendre. Mais nous n'eûmes pas le repos complet que nous avions espéré pendant ce séjour à Cressonsacq, à Grandvillers-auxrBûis, à Bailleulle-Soc, petits villages endormis sous un soleil ardent, aux lisières desquels venait mourir la houle infinie des blés. Nous pressentions l'alerte inéluctable; et, en attendant, nous nous entraînions activement à l'attaque au cours de manoeuvres auxquelles participaient de nombreux chars d'assaut. Par les nuits trop claires, nos oreilles exercées percevaient le ronronnement lointain d'abord et presque imperceptible des escadrilles ennemies ; du fond du ciel nous sentions la menace se préciser, et c'était bientôt le déchirement dès explosions et le roulement des échos sinistres par les campagnes terrifiées.
Cependant nous nous apprêtions à fêter gaiement le 14 juillet. Mais, ce même jour, le régiment alerté embarquait en auto avec ses mitrailleuses et un caisson de munitions et artifices par bataillon. Les équipages devaient nous rejoindre ensuite par voie de terre.
LA MARNE 1918
CHAPITRE XI
SUCCÈS DET LA CONTRE-OFFENSIVE ALLIÉE (15 juillet — 11 novembre 1918).
La seconde bataille de la Marne. — Les derniers combats sous Verdun.
— La fin des. hostilités.
L'ennemi allait déclencher sa troisième offensive. Les soldats-de Ludendorff, qui, en Picardie, au Chemin des Dames, avaient deux fois figuré victorieusement, se sentaient sûrs de marcher à la dernière et triomphante bataille. Les lignes de Champagne enfoncées, c'était la possibilité de porter l'invasion au cœur de la France, Paris atteint enfin et' pris sans- doute.
Pendant trente-quatre heures consécutives, nos convois roulèrent'. Ils traversèrent Creil, ils frôlèrent Paris. Pas d'arrêts-! plus vite! Il fallait arriver à temps. Le 15 juillet, vers Montmirail bombardé, les habitants en désarroi fuyaient là bataille : spectacle trop souvent vu au cours de la guerre, auquer on ne s'habituait jamais et qui toujours serrait le cœur. En-débarquant1 non loin de là, à Margny, nous apprenions que l'ennemi avait attaqué aux premières heures du jour, qu'il avait crevé notre première ligne entre ChâteauThierry et Dormans et franchi la Marne. Cependant son avance était déjà contenue à quatre kilomètres au sud de la rivière. Notre tâche était de le repousser.
Le-16 juillet au matin, partant de la ligne Étang des Lan-
dais-Étang du Vivier, la 18e division se portait à l'attaque.
Moment solennel! C'était le début de la contre-offensive alliée, dont les proportions, les moyens, la continuité devaient nous étonner nous-mêmes et qui allait connaître le succès ininterrompu jusqu'au triomphe définitif.
Le 32e fut tout d'abord tenu en deuxième ligne, derrière le 66e et le 77e, qui se heurtèrent à une résistance sérieuse.
Mais le jour n'était pas écoulé que déjà lç 1er bataillon avait participé à l'attaque de la ferme des Pozarts. Le lendemain, le 17 juillet, le 3c bataillon recevait l'ordre d'attaquer à son tour, face au nord-est, et d'enlever la corne sud-est du bois du Clos-Milon et Sainte-Croix. A 11 heures, les vagues débouchaient sous un feu violent de mitrailleuses et un barrage d'artillerie très dense. Le sergent PROUST, violemment pris à partie par une mitrailleuse ennemie, enlevait sa
demi-section avec une telle vigueur qu'il semait la panique parmi les Allemands et réussissait à en capturer une trentaine. Le fusilier-mitrailleur RAIMBAULT, chargeant en tête des vagues d'assaut, tirait en marchant et logeait ses balles dans les groupes de mitrailleurs ennemis, malgré le feu violent dirigé sur lui; de haute lutte, il s'emparait de deux mitrailleuses légères et d'un canon d'accompagnement d'infanterie. Très rapidement, tous les hommes étaient au corps à corps avec les chasseurs du 3c régiment (alpins du corps des Carpathes). Après une lutte acharnée, ils capturaient 120 prisonniers, 2 canons d'accompagnement avec leurs caissons, 25 mitrailleuses dont 4 lourdes. Cependant, par -suite de l'avance insuffisante réalisée sur les flancs, des feux d'enfilade et de revers, la progression s'arrêta avant d'avoir atteint Sainte-Croix. Mais elle était reprise le '18 juillet et maintenue le 10 malgré un retour offensif de l'ennemi, qui était rejeté avant d'avoir atteint nos lignes et laissait sur le terrain des morts et des blessés.
Nous n'étions pas d'ailleurs seuls à combattre. Le fracas de notre artillerie alternait avec le bombardement formidable qui, loin sur notre gauche, appuyait nos camarades lancés à la contre-attaque. Et nous exultions en apprenant l'avance
victorieuse des armées MANGIN et DEGOUTTE, qui mettaient l'ennemi en fâcheuse posture dans cette poche de la Marne où il s'était imprudemment aventuré.
Le 20 juillet, appuyés par des chars d'assaut, le 2° bataillon à gauche, le 1er bataillon à droite, s'avançaient à travers les bois épais, hachés par notre artillerie. Seuls des détachements allemands légers étaient aperçus et se repliaient avant d'être en contact. Le bois de Sainte-Croix et la ferme de Champaillet étaient occupés par nous. Et soudain, à la lisière des bois dont la traversée nous avait paru interminable, nous nous trouvions au bord des plateaux dominant la Marne, et nous nous émerveillions devant le dessin de la rivière et de la vallée, devant les lignes des forêts et des coteaux aux contours si simples et d'une grâce si française. A 14 heures, progressant par infiltration, le bataillon TRISTANI (3°) pénétrait le premier dans Dormans sous un violent barrage d'artillerie, tandis que les derniers Allemands se repliaient par le pont suspendu, qui sautait immédiatement après leur passage.
Ainsi nous restions maîtres de la rive sud de la Marne après avoir contraint l'ennemi à une retraite désastreuse.
Sur le champ de bataille où nous restions vainqueurs, un matériel qu'il était encore impossible de dénombrer restait entre nos mains. En parcourant les lieux de notre victoire r nous nous arrêtions terrifiés devant certains boqueteaux transformés en charniers où, par dizaines, des hommes, des chevaux surtout, pourrissaient horriblement sous le soleil de juillet.
La Marne était atteinte; il fallait maintenant la franchir.
Dans la nuit du 21 au 22 juillet, trois demi-sections du 3e bataillon passaient la Marne sur des radeaux et permettaient au génie d'établir deux passerelles légères. Le 22, en plein jour, deux compagnies et trois sections de mitrailleuses du bataillon BLANCHARD (1ER) s'installaient sur la rive nord de la rivière, en dépit d'un tir violent de l'artillerie ennemie et des rafales de mitrailleuses. Sous un feu intense, elles progressaient péniblement et prenaient position face à Chassins,
à trois cents mètres de la rivière. Établissement précaire : à plusieurs reprises les passerelles furent coupées., :parfois entièrement détruites. Souvent sans communication avec l'arrière, dans l'atmosphère des .gaz asphyxiants, les deux compagnies formant tête de pont repoussèrent une attaque ennemie; puis, prenant l'offensive à leur tour, elles abordèrent les lisières de Ghassins. Elles en étaient d'abord rejetées; mais enfin elles enlevaient le village après avoir été renforcées par la dernière compagnie du bataillon (25 juillet). Ce même jour, le régiment en entier s'établissait au nord de la Marne.
Alors commença une existence mouvementée. La retraite de l'ennemi s'accentuail ; mais des arrière-gardes résolues et largement pourvues de mitrailleuses s'attachaient à retarder notre avance. On les suivait; on les attaquait, et nos positions se modifiaient constamment. On s'épuisait à creuser des trous individuels, de jour et de nuit, tantôt par une chaleur écrasante, tantôt sous la pluie torrentielle des orages soudain déchaînés. Le 26 juillet, le 2° bataillon attaquait à 5 heures 30 ; il arrivait à la lisière ouest du bois Tronquet et, le lendemain, occupait le bois et le village de Vincelles. Après quelques jours passés en seconde ligne, nous retrouvions l'ennemi vers le bois Meunière. Nouvelle attaque le 1er août, par le t,.[' et le 2U bataillon, qui coopèrent à la prise de Goussancourt et de la Garenne de Villers-Agron. L'ennemi se retirait alors, rapidement suivi par notre cavalerie. A la bailleur de l'abbaye d'Igny, le régiment confiait au 120e R.I., qui était venu le relever, la lâche de continuer la poursuite.
Nous revînmes cantonner sur les bords de la Marne, en repassant par les lieux où nous avions combattu. Combien nous étaient cliers ces villages émieltés par l'artillerie, les maisons pitoyablement blessées! Sur ce coin de la patrie meurtri mais libéré, devant la retraite de l'ennemi que nous avions provoquée, nous concevions l'espérance de triomphes plus complets et plus décisifs.
Durant cette période de combats sur la Marne, 9 officiers avaient été blessés, 51 hommes tués, 300 blessés. Ces souf-
■ifrances :et ces .deuils, ces combats et ces succès valurent.au régiment une quatrième citation.
LETTRE DU G. Q. G. No 28704 du 19 septembre 1918.
Le Général Commandant en Chef a décidé que le 32c RÉGIMENT D'INFANTERIE serait cité à l'ordre du G. A. C. (en remplacement IXc Armée) avec le motif suivant : Pendant dix-huit jours de combats ininterrompus et au prix des plus dures fatigues, a chassé l'ennemi de positions fortement tenues, franchi la Marne de vive force et poursuivi l'adversaire en retraite sans en perdre le contact. Sous l'énergique impulsion du LieutenantColonel SAUGET, et grâce à .sa ténacité et à la persistance de ses efforts, a repoussé l'ennemi sur une profondeur de vingt kilomètres en lui capturant 150 prisonniers, 5 canons d'accompagnement et 37 mitrailleuses.
Signé : PÉTAIN.
Cette citation conférait au régiment le droit au port de la fourragère aux couleurs du ruban de la médaille militaire.
* ¥
Le voyage :en camions automobiles que nous fîmes le long de la Marne jusqu'à la Ferté-sous-Jouarre par ChâteauThierry eut l'intérêt d'une promenade sur les lieux d'une bataille encore toute récente. Mais, à vrai dire, nous en avions à satiété du :spectacle des dévastations et de l'évocation des combats. Et après avoir été transportés par voie ferrée à Mussey (Meuse), nous fûmes heureux de jouir du repos qu'on nous accorda du 7 au 20 août, à Condé-en-Barrois, Marats-la-
Grande, Vavincourt. Période trop courte à notre gré, mais dont nous avions la sagesse de reconnaître le prix en un moment où, sur le front britannique et sur celui deslre, 2e et 10e armées françaises, se livraient des batailles d'une violence inouïe. D'ailleurs, si nous allions à nouveau occuper les lignes, c'était à Verdun, sur la rive droite de la Meuse, dans un secteur tranquille depuis de longs mois.
1
Si les combats furieux de 1916 n'étaient plus qu'un souvenir, combien ce souvenir restait vivant sur les lieux témoins de l'épopée, et avec quelle netteté le retrouvaient ceux d'entre nous, — trop peu nombreux, hélas! — qui sur la cote 304 avaient supporté sans faiblir l'effroyable martèlement! En août 1918, autour de Fleury disparu et de Douaumont blessé, mais toujours solidement assis sur sa colline, c'était une immense étendue de terrain dévastée, crevée d'entonnoirs, couverte de tombes, où les bois avaient été rasés au niveau du sol et où, parmi les graminées sèches et stériles, on faisait de macabres découvertes. Le silence contribuait à l'impression si fortement ressentie de désolation et de mort.
Sur près de quatre kilomètres, le front du régiment s'étendait du ravin Hadime, cote 320 à gauche, à la cote 267 près de Bezonvaux à droite. Deux bataillons en grand'garde en assuraient la défense immédiate. Les petits postes, à l'effectif d'une section ou d'une demi-section, étaient très éloignés les uns des autres : on y ressentait une extraordinaire impression d'isolement. Inutile de compter sur le secours des voisins en cas d'attaque. Raison de plus pour être vigilant et résolu ; et on le fut si bien au cours de ces nuits où les tentatives de coups de main se multipliaient, que l'ennemi n'arriva jamais à nous enlever un seul homme. Par contre, nos patrouilles ramenaient souvent des prisonniers, et nos
sentinelles recueillaient des déserteurs qui, sans trop se faire prier, nous renseignaient sur l'organisation des défenses adverses et s'étendaient encore plus longuement sur les difficultés et les désillusions éprouvées par le peuple allemand depuis quelques mois. En somme, dans ces lieux aux noms formidables, nous menions une vie presque tranquille et qui n'était même pas dépourvue d'un certain confort : on allait aux douches dans les carrières d'Houdremont, où s'étaient livrés tant d'assauts à la baïonnette; et à l'extrémité du ravin du Helly, on s'approvisionnait à la coopérative régimentaire, où l'on vendait gaîment le « pinard » emmagasiné dans les flancs de la cote du Poivre.
Cependant la partie orientale du front français se réveillait à son tour. Le 12 septembre, l'armée américaine commençait la réduction de la poche de Saint-Mihiel; et le même jour, à 18 heures, immédiatement à notre droite, le 33e régiment d'infanterie coloniale (division MARCHAND) attaquait avec objectif Dieppe-Les Chenas. Sur le front du régiment, le bataillon PEYRE (2e) fut chargé de tâter l'ennemi dans la région du bois Le Chaume, en direction d'Ornes. La préparation d'artillerie durait depuis près de deux jours quand, le 13 septembre, à 5 heures, les 50 et 7e compagnies débouchèrent de nos tranchées. Parmi les réseaux de fil de fer broyés, elles s'avancèrent avec une lenteur méthodique dans les organisations défensives de l'ennemi, où elles avaient à combattre une résistance de plus en plus forte. Elles atteignaient leur objectif, la tranchée des Renards, entraient en contact avec les troupes de contre-attaque, se dégagaient par un combat à la grenade et, leur mission remplie, retournaient à leurs emplacements de départ avec 18 prisonniers. Au cours de cette opération brillamment réussie et qui valut au 2e bataillon une citation à l'ordre de l'armée, 1 sergent et 5 hommes avaient été blessés.
Le 24 septembre, à la suite de l'offensive victorieuse de la lre armée américaine, les lignes alliées sur la rive gauche de la Meuse avaient été portées bien en avant du front que nous tenions sur la rive droite. Une opération fut donc préparée
6 — Ce que nous avons fait.
afin de réaliser l'alignement des positions sur les deux côtés de la rivière. Dans le secteur qu'il occupait depuis plusieurs semaines, le régiment rattaché à la 10e division d'infanterie coloniale eut pour rôle de maintenir le contact avec l'ennemi au cas où celui-ci eût abandonné ses organisations. Le 7 octobre, à 6 heures, l'attaque franco-américaine ayant été déclenchée à notre gauche une heure auparavant, le 1er et le 3U bataillon envoyaient des reconnaissances sur la croupe des Caurières. Elles atteignaient la crête en différents points, non sans rencontrer une vive résistance. Il s'ensuivit, pendant les journées des 7, 8 et 9 octobre, un ensemble d'actions confuses, — attaques, contre-attaques et retours offensifs, — au cours desquels on se battait presque sur place comme au temps des grands combats de 1916. L'artillerie ennemie réagissait violemment sur les premières lignes et causait des pertes sensibles.
Le 11 octobre, le 2e bataillon, tenu jusque-là en réserve de la 18e division, puis rattaché au 77e R.I., prenait position dans le bois d'Haumont. Le 12, à 7 heures, il attaquait les positions ennemies. Les compagnies en première ligne (6e et 7e) progressaient d'environ cinq cents mètres jusqu'à hauteur de la cote 329, où elles étaient soumises, de front et sur les flancs, à llll très violent tir d'artillerie et de mitrailleuses ennemies.
Elles s'organisaient alors sur le terrain boueux, dans les trous d'obus rasés par les balles. Vers 15 heures, un bataillon ennemi contre-attaquant était arrêté par nos feux, laissant des morts sur le terrain et six prisonniers entre nos mains.
A nos côtés, les fantassins américains faisaient preuve d'autant d'inexpérience que de courage; nous nous étonnions, dans le bois d'Haumont, de les voir monter flegmatiquement leurs tentes, sous lesquelles ils eurent ensuite un pénible réveil, de les voir partir aussi à l'attaque d'un groupe de mitrailleuses sans que la moindre préparation d'artillerie leur eût rendu l'entreprise praticable.
Dans l'ensemble, l'ennemi tenait bon sur cette partie du front autour de laquelle pivotaient ses armées en retraite.
Mais en nous accrochant à lui, nous fixions devant nous des
effectifs importants dont il avait par ailleurs un besoin extrême pour ralentir l'avance victorieuse des troupes alliées.
* * *
Dans la nuit du 17 au 18 octobre, les derniers éléments du régiment quittaient les lignes; et ce devait être la grande relève, la relève définitive. Mais qui aurait pu le prévoir alors?
Après avoir été regroupé autour de Rambluzin, le régiment commença une série de longues étapes à travers les campagnes de Lorraine bien connues. Le 23 octobre, il était à Commercy; le 26, après la traversée de Toul, il se trouvait, comme un an auparavant, au camp de Bois-l'Évêque. Et après deux semaines de repos dans les médiocres cantonnements de Barbonville, Saffais et Domptail, il s'installait, le 10 novembre, à Saint-Nicolas-du-Port-Varangeville, prêt à participer à la nouvelle offensive que le général MANGIN venait de préparer dans ce secteur de Lorraine, où le calme régnait depuis quatre années.
Cependant les événements se précipitaient avec une rapidité qui dépassait notre attente. Qui dira jamais notre anxiété et notre bonheur dans ces derniers jours de la guerre? Nous avions tant et si souvent espéré, que maintenant nous n'osions plus croire. Toutefois, c'était bien vrai : sur les lieux mêmes où le régiment avait commencé la campagne plus de quatre ans auparavant, la nouvelle de la signature de l'armistice nous arrivait. Mais, ce matin du 11 novembre, dans la Grande-Rue de Saint-Nicolas, pour être bien sûr, il fallait que chacun de nous la vît et la lût, cette dépêche laconique qui annonçait la fin des batailles sans cesse recommencées jusqu'à ce jour. Enfin, la main vengeresse des destinées s'appesantissait lourdement sur nos ennemis. Par groupes, entre intimes, un peu étonnés d'être au nombre des vivants, nous avons doucement fêté l'aboutissement de nos efforts,
la victoire de la France, l'avènement d'un monde où nous nous prenions à espérer plus de justice et de bonté. Nous songions au bonheur profond de ceux que nous aimions. Nous évoquions aussi les pauvres tombes éparses de l'Océan aux Vosges, endormies dans la douceur du premier soir de paix..
Nous étions pleins de pitié pour ceux qui, tombés aux jours des semailles sanglantes, N'auront pas vu courir sur la face du mondes Le sourire paisible et rassurant des blés j
P. 84 - 85
CARTE DU
ERONT.
CHAPITRE XII
L'ARMISTICE
(11 novembre 1918 — 23 juin 1919).
La traversée de la Lorraine délivrée. — L'occupation du bassin de la Sarre. — Dans la tète de pont de Coblence.
Le 16 novembre, le régiment quittait ses cantonnements et allait relever la 6ge D. I. aux avant-postes, à la frontière. Par Laneuveville, Saulxures, nous grimpions sur le plateau d'Amance battu par le vent crispé de novembre, et d'où le regard se portait avec aisance sur les lointains bleutés de , l'horizon lorrain. Nous occupions la forêt de Champenoux, l près des tombes de nos camarades morts au combat d'Erbevillers, aux premiers jours de la guerre. Les avant-postes du i 2e bataillon se portaient sur la Seille, qui, en cet endroit, ï pendant quarante ans, avait servi de frontière et pendant quatre ans venait de séparer les lignes. Quelques-uns d'entre nous se hasardaient sur les frêles passerelles déjà hâtivement jetées sur la rivière et mettaient un pied conquérant sur le sol des provinces maintenant désannexées. Impunément, nous nous promenions dans les ruines de Brin et de Bioncourt, près de la rivière désolée qui s'attristait encore sous un ciel d'hiver prématuré. Il fallait être sur le champ de ■ bataille divisé par le fil de fer et encore récemment troué par « les obus, pour avoir réellement l'impression que la guerre - était un cauchemar du passé, que c'en était fini des nuits
sans sommeil, de l'anxiété des matins d'attaque, de tant de misères, de tant de deuils!. En face de nous, se dressait l'escarpement des plateaux, la Lorraine silencieuse et recueillie qui semblait nous attendre.
Le 17 novembre, à 7 heures, le régiment, avant-garde de la 18° D. I., passait la Seille au pont de Brin. Une à une, franchissant l'ancienne frontière, les sections présentaient les armes au drapeau et à la terre libérée, tandis qu'aux échos triomphants la" musique jetait : Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine.
Paroles qui ce jour-là retentissaient au plus profond de nous-mêmes et nous emplissaient d'une émotion attendrie.
Maintenant nous traversions les lignes allemandes, et, bons connaisseurs, nos soldats en appréciaient les organisations.
La colonne s'engageait alors dans l'interminable et solitaire forêt de Grémecey. Les premiers civils aperçus étaient trois vieillards installés dans une vieille guimbarde lorraine et qui saluaient nos premiers éléments aux cris de : « Vive la France! » Puis c'était la population du village de Coutures venue à nous avec des drapeaux tricolores, les gens avec la grande toilette des dimanches égayée de cocardes françaises, le maire ceint de la vieille écharpe d'avant 1870, des vieux pleurant de joie, tous acclamant nos troupes et la Patrie retrouvée. Qu'il faisait bon, ce jour-là, d'être Français!
Nous passions près de Château-Salins en fête, d'où surgissait un feu d'artifice sans cesse renouvelé; fleurs de lumière qui brillèrent pendant longtemps derrière nous. Nous traversions Amelecourt et Gerbecourt, pavoisés de drapeaux de papier ou d'étoffe hâtivement cousus. A Gerbecourt, un vieillard, vieux sous-officier du 32e, — sept ans de service et médaille de 1870, — se présentait au lieutenant-colonel SAU(;ET, et la 10° compagnie rendait les honneurs au vétéran bouleversé par la rencontre inattendue de son ancien régiment.
Et il en fut ainsi jusqu'au 22 novembre, pendant toute la
traversée de la Lorraine, par le champ de bataille de 1914, où les tombes de nos morts étaient soudain parées de floraisons automnales, par Morhange et Puttelange, où nous défilions à une allure endiablée. Partout des manifestations enthousiastes et touchantes, — des jeunes filles dans le gracieux costume local venant à notre rencontre en chantant la Marseillaise, — des enfants criant inlassablement : « Vive la France! » tout ce qu'ils pouvaient dire en notre langue, — des jeunes gens échappés de l'armée allemande et riant de leur uniforme gris.
En fin d'étape, on liait plus intimement connaissance en dégustant certaine eau-de-vie de mirabelle qui ne faisait pas regretter la « gnole » de l'intendance. Le 17, nous couchions à Dalheim, Haboudanges, Bellange et Archain.
Nous avions ensuite trois jours de repos à Berig, Vermingen, Bistroff et Gros-Tenquin. Et enfin le 22, nous nous établissions pour huit jours dans la région de Sarreguemines, à Diebling, Hundling, Nusweiler, Cadenbronn et Tenteling. Nous y étions choyés par nos hôtes. Ils nous interrogeaient sans cesse sur la France, sur la guerre, sur nos souffrances. Et à leur tour, ils nous disaient d'une voix attristée les vexations subies sous le régime allemand, l'attente des jours meilleurs, l'angoisse aux temps de la retraite de Morhange ou des premiers chocs sous Verdun.
Réciproquement, nous nous entretenions dans l'enthousiasme. Certains soirs même, une exaltation mystérieuse semblait soulever la campagne lorraine : de clochers en clochers se répondaient les carillons triomphants ; des chants vainqueurs montaient des villages, et dans les bouffées de vent, il y avait les notes lointaines de la Marseillaise ou de Sambre-et-Meuse. Le Rêve ou l'épopée Vers la Gloire de Detaille s'imposaient à l'imagination. Et pensant à l'immense effort collectif qui avait porté l'armée victorieuse là où elle se trouvait, on sentait à côté d'elle, invisibles mais présentes, les ombres consolées et toujours ardentes des soldats français d'hier et d'autrefois.
Le 30 novembre, le régiment franchissait la frontière de 1815. C'en était désormais lini des réceptions chaleureuses et des acclamations enthousiastes. A Sarrebruck, où nous entrions musique en tête et drapeau déployé, de nombreux habitants, corrects et réservés, nous regardaient défiler par la Bah nhorstrasse et les autres grandes artères de la ville. Les agents de la police locale, roides et guindés, assuraient l'ordre avec une certaine rudesse. La froideur de la population n'était d'ailleurs qu'apparente. Dans la grande cité industrielle, on s'habitua vile aux soldats en bleu horizon et on continua à mener joyeuse vie. L'Allemagne semblait allègrement accepter sa défaite.
Le 5 décembre, le régiment occupait Sarrelouis et ses environs : le 1er bataillon à Dillingen, puis à Volklingen, une partie du 2U à Wallerfangen et le 3U à Fraulautern. Dans cette région, l'occupation française avant 1815 avait laissé des survivances profondes. Le souvenir du régime français n'était pas assez lointain pour que nous ne recevions pas l'accueil qui convient à des gens déjà connus et estimés. Et de fait la population sortait peu à peu de sa réserve. Elle était conquise par la simplicité et la cordialité de nos soldats, par leur tenue parfaite, et elln s'étonnait des relations familières existant cnlre les oflieicrs et leurs hommes.
Surtout, elle était reconnaissante aux troupes françaises de l'ordre qu'elles faisaient régner dans les pays rhénans au moment où l'Allemagne non occupée se trouvait si troublée par les menées spartakistes.
Retour à Sarrebruck les 22 et 23 décembre. Le 30 décembre, devant quatre compagnies de manœuvre fournies par les 32 et 770 R: 1., le maréchal PÉTAIN remettait solennellement la fourragère jaune et verte aux drapeaux des deux régiments. De son haut piédeslal, la statue de Bismarck assistait impassible iL la cérémonie.
Le 1er février 1919, un bataillon formé par les éléments disponibles du régiment faisait une marche militaire sur le champ de bataille de Spicheren-Forbach. Une conférence y était faite par le lieutenant-colonel SAUGET. Il nous montra la fabrique de Vieux-Stiering, où le 32e avait vaillamment résisté en 1870; le bois de sapins où il avait effectué une contre-attaque victorieuse, mais dont le commandement d'alors n'avait pas su exploiter les avantages. Au retour, à l'Ehrenthal, nous rendions visite aux tombes françaises; une couronne était déposée sur le monument commémoratif de 1870. A la fin de cette cérémonie, nous défilions en rendant les honneurs au monument et au drapeau ; et dans notre pensée, nous associions à notre triomphe ceux qui luttèrent autrefois pour la France et tombèrent aux jours sombres de « l'année terrible ».
Le 18 février, le régiment recevait l'ordre d'embarquement pour relever des éléments du 2e corps d'armée colonial dans la tête de pont de Coblence. Voyage pittoresque par Kreuznach et la vallée de la Nahe, puis le long du Rhin de Bingen à Coblence. Nous entrions dans les pays légendaires popularisés par Victor Hugo. Par Oberlahnstein, sur la rive droite, nos convois remontaient l'étroite vallée du fleuve jusqu'à Kestert et Saint-Goars-Hausen.
Nous l'avons eu votre Rhin allemand; Il a tenu dans notre verre.
Pendant quatre mois, nous avons monté ce la Garde au Rhin D, mais la garde française, face à l'est, d'abord autour de la grosse bourgade de Miehlen, puis, à partir du 29 avril, dans la région de Nastatten, à l'extrême droite de la tête de pont.
Dans cette région du Rhin héroïque, où nous avions la chance d'être à demeure, il nous semblait par moments que nous étions moins des soldats que des touristes privilégiés. Nous avons passé bien des dimanches à Mayence, à Wiesbaden ou à Coblence. Certains furent jusqu'à Cologne admirer la cathédrale, l'hôtel de ville ou, au musée AVallraft, les tableaux des primitifs allemands. Et tous, en bateau, de Braubach jusqu'à Bonn, nous avons été portés par le courant du grand fleuve, tandis que sur les rives nous retrouvions la trace des armées de la Révolution et de l'Empire. Mais, surtout en ce printemps de 1919, qui dans les ravins sauvages faisait éclater des symphonies de verdure, nous nous sommes familiarisés avec la splendeur du romantique décor de Saint-Goar. Surplombant la vallée encaissée, la silhouette féodale du Burgkatz, les ruines du Rheinfels rappelaient un passé d'inquiétude et de brigandage. Au loin, c'était la Lorelei célébrée par une mélodie populaire dont l'air naïf et légèrement teinté de mélancolie chantera longtemps dans nos mémoires.
Le 23 juin, le régiment était massé dans les bois de Martenroth et de Grebenroth, à l'entrée de la zone neutre, prêt à marcher de l'avant au cas où l'ennemi refuserait d'accepter les conditions du traité de paix élaboré par les Alliés. A 19 heures, le délai étant expiré, nous commencions notre mouvement. Mais aussitôt nous étions arrêtés. A la dernière minute, nous apprenions que l'ennemi venait d'accepter : la guerre était finie; la victoire était consacrée.
L'œuvre est terminée. Déjà beaucoup d'entre nous sont rentrés dans leurs foyers. Bien d'autres vont les suivre. Nous reviendrons heureux du succès de nos efforts, fiers de nousmêmes, fiers aussi de notre beau régiment. De l'Océan aux Vosges, il a combattu sur tous les grands champs de bataille,
souvent à la peine, toujours à. l'honneur. Que de noms glorieux à inscrire sur notre drapeau !
Pour nous- qui aurons eu la chance de survivre après avoir été au bord de l'au delà, cette grande guerre aura pris sur sa fin l'allure d'une épopée merveilleuse. Au cours de la vie mouvementée, agréable, intéressante que nous avons menée depuis le 11 novembre 1918, la paix est peu à peu entrée dans nos âmes tourmentées, et le souvenir des visions effarantes, des heures d'atroce souffrance s'est peu à peu adouci. Dès maintenant, nous pouvons en parler sans amertume. Et s'il est vrai, comme le dit un héros de VOdyssée, que l'homme aime se réjouir par le récit des maux qu'il a soufferts, plus tard, nous nous plairons à rappeler les épisodes de notre extraordinaire aventure et à perpétuer le souvenir de ce que nous avons fait pour la Patrie, pour le triomphe de notre droit.
A. GADIOUX et M. POURON.
PIÈCES ANNEXES
I. - CITATIONS DU RÉGIMENT, BATAILLONS ET COMPAGNIES
II. — LISTE DES TUÉS
I. - CITATIONS. DU RÉGIMENT, BATAILLONS ET COMPAGNIES
CITATIONS DU RÉGIMENT
Détachement de l'Armée Au Q. G., le 10 mai 1915.
de Belgique.
État-Major. - N° 3431.
ORDRE GÉNÉRAL N° 8 (Extrait.) Le Général Commandant le Détachement d'Armée de Belgique adresse ses félicitations aux troupes de toutes armes qui, du 22 avril au 4 mai 1915, ont rivalisé d'énergie et d'entrain pour briseï l'offensive de l'ennemi au nord d'Ypres et qui ont réussi, malgré s?
résistance acharnée, à lui enlever plusieurs points d'appui fortemenl organisés et à faire de nombreux prisonniers. Il félicite plus spécialement le 32e RÉGIMENT D'INFANTERIE, dont les attaques vigoureusement et remarquablement dirigées ont assuré les succès les plus importants.
Le Général Cdllc Détachement d'Armée de Belgique, Signé : PUTZ.
XE ARMÉE
État-Major.
- ORDRE DE L'ARMÉE No 90 lnr Bureau.
Le Général Commandant la Xe Armée cite à l'Ordre de l'Armée : LE 32c RÉGIMENT D'INFANTERIE.
Sous les ordres du Lieutenant-Colonel RONDEAU, aux combats du 30 avril et du 16 juin 1915, a enlevé brillamment les tranchées allemandes qu'il était chargé d'attaquer.
A montré dans ces deux assauts victorieux un élan digne de sa réputation séculaire.
Au Q. G., le 14 juillet 1915.
Le Général Cdl la Xc Armée, Signé : V. D'URBAL.
X" ARMÉE
Etat-Major.
- ORDRE DE L'ARMÉE No 294 ln' Bureau.
Le Général Commandant la Xe Armée cite à l'Ordre de l'Armée : LE 32e RÉGIMENT D'INFANTERIE.
A pris part, le 8 mai 1917, à l'attaque des Courtines et du Bastion de Chevreux ; le 24 mai, a, par sa vigoureuse offensive, achevé la conquête de ce bastion boisé que défendaient des blockhaus cimentés.
Le 19 juillet, venant à peine de quitter les lignes où il avait passé dix jours sous un bombardement continuel, a engagé, entre 16 heures et 20 heures, successivement ses trois bataillons en contreattaques dans des quartiers du secteur qu'ils ne connaissaient pas ; est arrivé, par des combats qui ont duré toute la soirée et toute la nuit, à reconquérir presque tout le terrain perdu et à consolider la position.
Le 22 juillet 1917, attaqué sur les emplacements qu'il avait pu conquérir le 19, n'a cédé le terrain qu'en quelques points et, par un
combat acharné de jour et de nuit à la grenade, a tenu sur place jusqu'à ce que des renforts soient venus le relever.
Au Q. G., le -17 août 1917.
Le Général Cdt la Xe Armée, Signé : DUCHÈNE.
GRAND QUARTIER GÉNÉRAL Au G. Q. G., le 15 août 1917.
DES ARMÉES JHJ NORD ET DU NORD-EST
Bureau du Personnel.
111 Bureau. ORDRE GÉNÉRAL No 47 "F" NN 17188.
Le Général Commandant en Chef décide que LE 32E RÉGIMENT D'INFANTEIUE, qui a obtenu deux citations à l'Ordre de l'Armée pour sa brillante conduite devant l'ennemi, aura droit au port de la Fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de Guerre.
Le Général Commandant en Chef, Signé : PÉTAIN.
IIE ARMÉE
Etat-Major.
- ORDRE DE L'ARMÉE No 482 1er Bureau.
Le Général Commandant la Ille Armée cite à l'Ordre de l'Armée : LE 32E RÉGIMENT D'INFANTERIE.
Sous le commandement du Lieutenant-Colonel SAUGET, a opposé, r le 9 juin 1918, la résistance la plus héroïque aux assauts de forces très supérieures; menacé de débordement, s'est, par ses habiles
i 7 — Ce que nous avons fait.
F
dispositions et son énergie, maintenu sur les positions, permettant ainsi l'intervention des réserves.
Le 12 juin, a profité de la contre-attaque des troupes voisines, pour se porter en avant spontanément, malgré ses pertes et sa fatigue, et a réoccupé et organisé des positions importantes dont l'ennemi s'était rendu maître.
Au Q. G., le 5 août 1918.
Le Général Cdt la IlIO Armée, Signe : HUMBERT.
GRAND QUARTIER GÉNÉRAI. AU G. Q. G., le 19 septembre 1918.
DES ARMÉES DU NORD ET DU NORD-EST
V QsTfiï.
Le Général Commandant en Chef à Monsieur le Général Commandant la 18° Division.
Par décision de ce jour, j'ai décidé que le 32° Régiment d'Infanterie serait cité à l'Ordre du G. A. C. (en remplacement IXe Armée) pour les affaires de juin et juillet 1918, avec le motif suivant : LE 32O RÉGIMENT D'INFANTERIE, pendant dix - huit jours de combats ininterrompus et au prix des plus dures fatigues, a chassé l'ennemi des positions fortement tenues, franchi la Marne de vive force et poursuivi l'adversaire en retraite sans en perdre le contact.
Sous l'énergique impulsion du Lieutenant-Colonel SAUGET et grâce à sa ténacité et à la persistance de ses efforts, a repoussé l'ennemi sur une profondeur de vingt kilomètres. en lui capturant 150 prisonniers, 5 canons d'accompagnement et 37 mitrailleuses.
Le Général Commandant en Chef, Signé : PÉTAIN.
GRAND QUARTIER GÉNÉRAL DES ARMÉES DU NORD ET DU NORD-EST
État-Major.
N° 24491.
Au G. Q. G., le 19 septembre 1918.
ORDRE GÉNÉRAL No 125 "F"
Le Général Commandant en Chef les Armées du Nord et du Nord-
Est décide que les Unités ci-dessous auront droit au port de la Fourragère: Aux couleurs de la Médaille Militaire :
LE 32e RÉGIMENT D'INFANTERIE.
Ce Régiment a obtenu quatre citations à l'Ordre de l'Armée pour sa brillante conduite au cours de la Campagne.
Le Général Commandant en Chef, Signé : PÉTAIN.
18E DIVISION
État-Major.
Zonnebeke, 3 novembre 1914.
ORDRE
Le Général Commandant la 18e Division a reçu du Colonel Commandant le 96e Régiment d'Infanterie la lettre suivante : Le Lieutenant-Colonel Commandant le 960 Régiment d'Infanterie tient à remercier le Commandant, les officiers, sous-officiers, caporaux et soldats du 32e pour la part qu'ils ont prise aux opérations autour de Langemarck.
Sous la vigoureuse impulsion du Commandant DETANGER, qui a été blessé, grâce à la sage et énergique action du Capitaine RIVIÈRE, ce bataillon a réalisé l'offensive des 26 et 27 octobre.
[ Pendant sept jours et sept nuits, ce bataillon a lutté en première i ligne sans aucune défaillance. Tout le détachement de Langemarck a J admiré ses qualités guerrières, dont les chefs et les hommes du ler-b-ataillon du 32e peuvent être fiers.
Le Lieutenant-Colonel Commandant le 96e R. I. leur exprime ses regrets et ses vœux de réussite dans les opérations futures.
Le Général Commandant la 18® Division est heureux de joindre ses félicitations personnelles à celles du Lieutenant-Colonel Commandant le 96e Régiment d'Infanterie ; il était d'ailleurs sûr que le » 1er bataillon du 32e saurait soutenir la réputation des troupes de la 18e Division.
Signé : Général LEFÈVRE.
PREMIER BATAILLON
ORDRE GÉNÉRAL No 1209 DE LA 18c DIVISION
Le Général Commandant la 18e Division cite à l'Ordre de la Division : LE 1ER BATAILLON DU 32e RÉGIMENT D'INFANTERIE, qui, en octobre 1914, sous la vigoureuse impulsion du Commandant DETANGER, qui a été blessé à son poste de chef, et grâce à la sage et énergique action du Capitaine RIVIÈRE, a lutte devant Langemarck - sans défaillance pendant sept jours et sept nuits en première ligne ; par sa conduite héroïque, a mérité les éloges de son chef sous les ordres duquel il était momentanément placé, et a vaillamment soutenu la réputation des troupes de la 18e Division.
Au Q. G., le 21 septembre 1915.
Signé : Général LEFÈVRE.
ORDRE DU 9c CORPS D'ARMÉE No 211
Le Général Commandant le 9c Corps d'Armée cite à l'Ordre du Corps d'Armée : LE 1ER BATAILLON DU 32e RÉGIMENT D'INFANTERIE.
Grâce à l'abnégation, à la bravoure et à la splendide énergie de tous, cadres et hommes, grâce aux superbes dispositions qu'a su prendre son chef, le Commandant HERMENT, a infligé à l'ennemi, du 4 au 11 mai 1916, des échecs sanglants dans la région du saillant 287 (bataille de Verdun), en brisant à lui seul cinq attaques furieuses et en se maintenant sous des bombardements les plus intenses.
Le Général PENTEL, Cdt le 9c. Corps d'Armée, Signé : PENTEL.
ORDRE GÉNÉRAL No 240 DU 9c CORPS D'ARMÉE
Le Général Commandant le 9c Corps d'Armée cite à l'Ordre du Corps d'Armée : LE 1er BATAILLON DU 32O RÉGIMENT D'INFANTERIE.
Sous l'énergique impulsion de son chef, le Commandant HERMENT, a enlevé brillamment, le 24 mai 1917, un saillant boisé contenant des organisations défensives bétonnées, a capturé quatre mitrailleuses et a maintenu tout le terrain conquis contre toutes les tentatives ennemies.
Au Q. G., le 3 juillet 1917.
Le Général NIESS.IL, Cdt le 9c Corps d'Armée" Signé : NIESSEL.
PREMIÈRE COMPAGNIE
ORDRE DE LA DIVISION No 880
Le Général ANDLAUER, Commandant la 18e Division, cite à l'Ordre de la Division : LA IRE COMPAGNIE DU 32e RÉGIMENT D'INFANTERIE.
Le 24 juillet 1918, s'est portée avec un élan remarquable à l'attaque du village de Chassins, malgré un bombardement et un feu de mitrailleuses des plus nourris. A capturé une quinzaine de prisonniers.
Contre-attaquée violemment et obligée de céder le terrain conquis, est repartie vaillamment à l'attaque le lendemain. A réussi, appuyée par un bataillon voisin, à reconquérir ses objectifs.
P. C., le 17 septembre 1918.
Le Général Cdt la 18e Division, Signé : ANDLAUER.
2e COMPAGNIE.
COMPAGNIE DE MITRAILLEUSES (ire et 2e Sections).
ORDRE DU RÉGIMENT No 59
Le Lieutenant-Colonel RONDEAU, Commandant le 32c Régiment d'Infanterie, cite à l'Ordre du Régiment : LA 2<' COMI'l\!;!'-aE, LA 11'0 ET LA 2e SECTION DE LA. COMPAGNIE nu MITRAILLEUSES.
Le 30 avril, se sont, emparées d'une tranchée ennemie, y faisant do nombreux prisonniers, prenant deux mitrailleuses qui ont été immédiatement retournées.
Le 2 mai 1915.
Le Li-Colonel ltONDEAU, Ollie 32o H. I., Signe : RONDEAU.
QUATRIÈME COMPAGNIE
Au Q. G., le 9 février 1915.
OHU11K I ) K LA DIVISION
Le Général Commandant la l.S'' Division félicite par la voie de l'Ordre : LA .1" COMPAGNIE DU 32° RÉGIMENT D'INFANTERIE et son commandant, le Lieutenant SIVUEL Jean, pour le zélé avec lequel a été conduite l'opération ayant pour but de détruire les travaux de sape entrepris par les Allemands en avant des communs d'Hérentage, opération qui a parfaitement réussi.
Le Général C^Ua 'IX" Division, Signé : LEFÈVUE.
DEUXIÈME BATAILLON
ORDRE DE LA DIVISION
Zonnebeke, le 5 novembre 1914.
ORDRE
Le Général Commandant la 1S« Division félicite par la. voie de l'Ord.re : LE 20 BATAILLON DU 32o RÉGIMENT D'INFANTERIE.
Détaché de la 18e Division, a combattu sans arrêt pendant quatre jours et quatre nuits, repoussant les violentes attaques des Allemands.
En félicitant lé Commandant POTIER, ainsi que les officiers et soldats de ce bataillon, le Général Commandant la Division les donne en exemple aux autres corps de la Division, et il est persuadé que ces corps sauront eux aussi, le cas échéant, soutenir aussi glorieusement la réputation de la 18e Division.
Signé : Général LEFÈVRE.
ORDRE DU RÉGIMENT No 59
Le Lieutenant-Colonel RONDEAU, Commandant le 32e Régiment d'Infanterie, cite à l'Ordre du Régiment : LE 2e BATAILLON DU 32e RÉGIMENT D'INFANTERIE.
Le 30 avril 1915,. s'est emparé d'une tranchée ennemie, y faisant de nombreux prisonniers,, prenant deux mitrailleuses qui ont été immédiatement retournées.
La 5e Compagnie a continué le mouvement sur plus de deux cents métrés et, suivie par la Ge Compagnie, a résisté à toutes les attaques de l'ennemi. Le mouvement, renforcé successivement par les 7e et 8e Compagnies, a permis au ler Bataillon et au 66e Régiment d'Infanterie de prendre d'autres tranchées tt d'assurer au Régiment un gros succès sur l'ennemi.
Le 5 mai 1915.
Le L'-Colonel RONDEAU, Cdt le 32e R. I., Signé : RONDEAU.
IP ARMËK Au Q. IL., le G octobre 10-18.
N" 00.1.
ORDRE OJÎNÉRAL No 1300
Le Général Commandant lu Jjd Armée cite à l'Ordre de l'Armée : LE 2" BATAILLON DU 320 HÉGIMKNT D'INFANTERIE.
Sous les ordres du Commandant PEYRE, chargé d'exécuter, le 4M septembre 1918, une reconnaissance o Menai ve, a pénétré profondément A l'intérieur des positions ennemies, est rentré dans nos lignes après avoir brillamment accompli sa mission délicate et en ramenant de nombreux prisonniers.
Le Général Commandant la II" Armée, Signé : HIRSCH~.
18'- DIVISION AU H. (i., le fc23 décembre 1918.
l';ial-iMujor.
("Imnctflli'iiii.
—
OIllillE Nu 1422
Le Général ANDLACER, Commandant la 18e Division d'Infanterie, eile à l'Ordre de la Division : I,K 211 BATAILLON DU :J2" RÉGIMENT U'INt-'A!\TUlIE.
Chargé, le 12 octobre 1\118, de couvrir le flanc droit d'une attaque, a réussi, à force d'énergie et de ténacité, sous l'impulsion du Commandant I'KYHH, à réaliser, sur un glacis découvert et dominé par des positions garnies de mitrailleuses ennemies, une progression lui permettant d'accomplir sa mission.
Est resté ainsi bravement accroché au sol pendant six jours, repoussant de violentes contre-attaques, faisant une vingtaine de prisonniers et fournissant sans cosse de précieux renseignements sur la marche des attaques voisines. Le Général ANDLAUKH, O" la 18° D. I., Siyné : ANOLAUKR.
CINQUIÈME COMPAGNIE
ORDRE DU RÉGIMENT No 59
Le Lieutenant-Colonel RONDEAU, Commandant le 32e Régiment d'Infanterie, cite à l'Ordre du Régiment : LA 5e COMPAGNIE DU 32e RÉGIMENT D'INFANTERIE.
Le 30 avril 1915, s'est emparé d'une tranchée ennemie, y faisant de nombreux prisonniers, prenant deux mitrailleuses, qui ont été immédiatement retournées.
La 5e Compagnie a continué le mouvement sur plus de deux cents mètres et, suiviè par la 6e Compagnie, a résisté à toutes les attaques de l'ennemi.
Le 5 mai 1915.
Le L'-Colonel RONDEAU, Cd t le 32e R. I., Signé : RONDEAU.
SIXIÈME COMPAGNIE
ORDRE GÉNÉRAL No 889
Le Général ANDLAUER, Commandant la 18e Division, cite à l'Ordr e de la 18e Division : LA 6e COMPAGNIE DU 32c RÉGIMENT D'INFANTERIE
Le 26 juillet 1918, s'est portée avec un entrain admirable à l'assaut des positions ennemies, traversant un terrain violemment battu par les mitrailleuses et l'artillerie.
A atteint l'objectif qui lui était assigné, après avoir fait 12 prisonniers et capturé 6 mitrailleuses et 2 canons d'accompagnement.
Le 17 septembre 1918.
Le Général ANDLAUER, Cdt la 180 D. I., Signé : ANDLAUER.
HUITIÈME COMPAGNIE
18" Division Au P. C., le M septembre 1915.
État-Major.
ORDRE GÉNÉRAL N" 1219
Lu Général de Division LiiKÈviiii, Commandant la 18° Division, cite à l'Ordre de la Division : I.A. S" COMPAGNIE DU M2<J IIÛGIMENT D'INFANTERIRIE.
Signé : LEFrtYRE.
TROISIÈME BATAILLON
ih" DIVISION Zonncbeke, le 6 novembre 1014.
État-Major.
0 Ll I) H E
Lo Général Commandant la ISu Division félicite par lu voie de l'Urdrc U-: 3" Hata.ili.on DU t2' Régiment D'INFANTERlE.
Dé lad ié de la 18u Division, a combattu sans arrêt pendant quatre jours et quatre nuits, repoussant les violentes attaques dos Allemands.
Eu félicitant le Commandant llJ::H.A.l\DJ::AU, ainsi que les officiers et soldats do ce bataillon, le Général Commaaidant La 180 Division les donne en exemple aux autres corps de la Division, et il est parsuadô que ces corps sauront eux aussi, le cas échéant, soutenir aussi glorieusement lu réputation de lu IH" Division.
$iyHt' : Général Lefèvue.
irc ARMÉE Au Q. G. A., le H mai 1918.
État - Major.
N° 1841 ORDRE GÉNÉRAL No 24 Le Général Commandant la Illi Armée cite à l'Ordre de l'Armée : LE 3e BATAILLON DU 32e RÉGIMENT D'INFANTERIE.
Enlevé brillamment par son chef, le Capitaine TRISTANI, a, le 18 avril 1918, fait une belle avance de douze cents mètres, complétant ainsi et assurant la prise d'un bois important, capturant une centaine de prisonniers et quelques mitrailleuses.
S'est maintenu, avec une ténacité admirable, sur le terrain conquis., malgré un violent bombardement et des feux de mitrailleuses d'enfilade et de revers.
Le Général Cdt la Ire Armée, Signé : DEBENEY.
NEUVIÈME COMPAGNIE
181 DivisioN Au P. C., le 17 septembre '1918.
N° 889.
ORDRE GÉNÉRAL No 889
Le Général ANDLAUER, Commandant la 18c Division, cite à l'Ordre de la Division : LA ge COMPAGNIE DU 32e RÉGIMENT D'INFANTERIE.
Le 17 juillet 1918, en tète du bataillon, s'est portée à l'attaque - d'un bois très fortement occupé par l'ennemi et a pénétré profondément dans ses organisations, où elle s'est maintenue malgré un feu nourri de mitrailleuses et un violent barrage d'artillerie.
Au cours de cette opération, a capturé 74 prisonniers appartenant à un corps d'élite, 20 mitrailleuses et un canon d'accompagnement d'infanterie.
Le Général ANDLAUER, Cdt la 18e D. I., Signé : ANDLAUER.
DIXIÈME COMPAGNIE
18E DIVISION Au Q. G., le 23 octobre 1916.
État-Major.
ORDRE DE LA DIVISION No 2560
Le Général de Division cite à l'Ordre de la Division : LA 100 COMPAGNIE DU 32e RÉGIMENT D'INFANTERIE.
Le 18 octobre 1916, au moment de l'attaque de la 10c Compagnie, sous le commandement du Capitaine VELTE, s'est élancée à l'assaut de son objectif avec un élan qui a fait l'admiration de tous. Malgré des feux étagés de mitrailleuses balayant le terrain en tous sens, ses vagues ont progressé jusqu'aux abords de la tranchée ennemie, où elles se sont accrochées après avoir gagné plus de trois cents mètres de terrain, qu'elles ont su conserver malgré les efforts de l'adversaire.
Le Général Cdl la 18e D. I., Signé : LEFÈVRE.
SAPEURS-PIONNIERS ET BOMBARDIERS
18, DIVISION
Commandement ORDRE GÉNÉRAL No 74 de l'Infanterie.
Le Colonel QUINTARD, commandant l'infanterie de la 18e Division, cite à l'Ordre de la Brigade : LE GROUPEMENT DES PIONNIERS ET BOMBARDIERS DU 32e R. I.
Le 19 juillet 1917, lancé à la contre-attaque dans un moment critique, a refoulé l'ennemi, lui a fait des prisonniers et a rétabli la liaison avec un régiment voisin.
Le 12 août 1917.
Le Colonel QUINTARD, Cdt rI. D. 18, Signé : QUINTARD.
II. — LISTE DES TUÉS'
COMBATS DE LORRAINE (Août 1914.)
Officiers.
LARROZE A., lieutenant.
ABET J., sous-lieutenant.
BADENHUYER R. ill.
BERNARD P. id.
CAZALAS A., sous-lieutenant.
Pc G ET H., lieutenanl.
SERRIER H., capitaine.
Sous-officiers.
BECHY G., sergent-fourrier.
BESNARD F., sergent.
DOUCET J., adjudant.
FORESTIER H., sergent.
MARTIN G., adjudant.
PLANTIVEAU R., sergent.
PROUTEAU E. id.
Caporaux et soldats.
AGUILLON D.
AMAGAT E.
AURY H.
AUBINEAU A.
BOUVET A.
BOBIER F.
BRAULT 0.
BOUTIN A.
BLANCHARD J.
BERNARDEAU C.
BAUDAT J.
BAUDIFFIER L.
BOISSINOT A.
BEAUBEAU A.
BILLY A.
BERTHONNEAU G.
BEAUCIIAMP A., cap.
BARITAUD E.
BONNET E.
BERNARD J.
BRAIN P.
BERGER A.
BAUDIN A.
BINTOT G.
BONTE A.
BOUSSION J.
BOUSSION R.
BARBOT J., cap.
BOBE J.
BRAY E.
BOURGUIGNEAU G., cap.
BAUDIN M.
BELICOT G., cap.
BERNY F.
BENOIST E.
BOULIN EAU L., cap.
BRANCHEREAU M.
BERTAUT J.-B.
BERNARD H.
BERNARD A.
BILLEROT F.
BAUDOIN L.
CIIIRON B.
GHAILLOT N.
COUGNY C.
CORNU F., cap.
CHARRIER L.
CHARPENTIER G.
CHOINARD R.
COURILLEAU II.
COLLINET L.
CHATRY H.
CLERAT A.
DEMENE E., cap.
DUBOIS P.
DELAVAUD !..
DANTANT S.
DUBOIS A.
DRUET E.
DROUARD E.
t Cette liste ne comporte que les noms des tués pour lesquels un acte de décès a été dressé au Corps en campagne.
DROUET R.
DION G.
DALONNEAU II.
DIBON P.
Doux J.-M.
DUGAS J.
DUPEUX A.
DEVAUTOUR J.-M.
FOULONNEAU V.
FRIBAULT J., cap.
FAVREAU A.
FAVREAU B.
FIEVRE G.
FARDEAU L.
FARINEAU G.
FORT L.
FIEVRE R.
GEOFFROY G., cap.
GUAY L.
GALLAND A., cap.
GABILLAS A.
GUIBERT F.
GRIMAULT C.
GAGNERAULT J.
GAUTHIER A.
GELINEAU E.
GUERIN A.
GUERRE S.
GUILLET E.
GAUDUCHON G.
GAI, L ET E.
GACHET A.
GRETEAU G., cap.
GRÉGOIRE G.
GAILLET H.
GADRAS M.
GODARD J.
GRELLARD E.
GRETEAU L.
GRIMAULT A.
GOUIN J.
GIRARD G.
GAUCHE C.
GARNIER E.
GERMAIN E.
GREZON E.
Guy L.
GARTION C.
GAUDUBERT J.
GIRAULT J.-M.
GUIGNARD J.
GAUTREATT F.
GOTER E.
GILLET L.
HAY J.
HERVÉ P.
HUET 0.
HOISNARD L.
HUMEAU II.
HAY L.
HESLAULT J.
IIOUDAYER C.
JOLLET R.
JEANNETEAU L.
JAMET A.
JOUNAULT A.
JOYANNEAU G.
JAULIN E.
JOLLY D.
KERAVEC P.
LE REGUERE F.
LACOSTE E.
LAUMONNIER II.
LUNET P.
LEGROS L.
LAMBERT G.
LAURENT J.
LAUMANT A., cap.
LOUDUN G.
LE SERGEANT Y.
LA FORET G.
LERPINIBRE V.
LUCET G.
LAMBERT C.
LAVILLONNIÈRE II.
LEROUX J.-B.
LAMYOT E.
LARMIGNAT E.
MOREAU H.
MÉTAYER E.
MOINE P.
MARTIN E.
MENU A.
MARSEAU 0.
MARTIN L., cap.
MEIGNAN G.
MORTIER L.
MARSILLAC M.
MELON J.
MARTIN P.
MANSEAU J.
MOREAU J.
MENNETEAU F.
MICHELET C.
MAMES E.
NAUDET L.
PICHARD E.
PINSEMBERT A.
PORTAL H.
POUPELIN P.
PALUAULT P.
PÉANNE R.
PIERRE L.
PRIEUR R.
PALLU J.
POINOT G.
PELLETIER R.
POIBLANC L.
QUINTARD H.
RABAULT 0.
ROBIN D.
Roux M.
ROUILLARD P.
RAMNAULT A.
SABOURIN A.
SERREAU T.
SOU LARD L.
SAVARIT G.
TORTISSIER G.
TARTARIN L.
TACIIET A.
VAUGELADE M.
VIOLEAU E.
VIAULT A.
VOQUET H., cap.
VALLET J.-B.
YIAULT II.
RETRAITE DE BELGIQUE ET BATAILLE DE LA MARNE (Août et septembre 1914.)
Officiers.
MÉZIÈRE H., colonel.
GRUGIER R., sous-lieutenant.
RAGEAU R. id.
MENARD L., sous-lieutenant.
GAILLARD M. id.
Sous - officiers.
DHERISSON J., sergent. COURAT A., sergent.
COLLIER E. id. MONTEIL H. id.
Caporaux et soldats.
PUBERT A.
JAUNET L.
RAYMOND P.
GAUDIN P.
MALVEILLE E.
BOILEAU If.
BOISSEAU F.
LEJEAU 0.
GAGET A.
PRIEUR n,
LESCATREYRE:" J.
GAUTHIER A.
IIERISSEAU R.
COUILLEBAULT G.
MALBE M.
SECTEUR DE CHAMPAGNE (Septembre-octobre 1914.)
Officier.
PINON L., sous-lieutenant.
Sous - officiers.
BLANCHARD H., adjudant. FOUCHIER E., sergent.
Caporaux et soldats.
COMPAIN G.
GANDOIN A.
MARQUETON A.
LALEUF E.
LEGROS 0.
GUITTON M.
BOYER E.
JOUBERT J.
MARTINEAU M.
HÉRAULT E GUÉRIN A.
MAIRE M.
ENON P.
MONTAUBIN L MERAND G.
PREDEAU A.
BARRAT H.
GIIATAIGNON G.
FROUIN P.
GUIFFAULT G.
GUIMPIER A.
HEMERY R.
JOFFRET H., cap.
JANAIN M.
MERLET G.
MESNARD E.
SAUQUET G.
VIVION G.
BERTRAND J.
CHEVALIER J.
RICHARD T.
THIOLLET A.
GAULIER H.
BATAILLE DE L'YSER ( Octobre- novembre 1914.) Officiers.
BESSON M., sous-lieutenant.
COLLERY A. id.
COQUET E. ici.
MALAPERT P., sous-lieutenant.
CHOUPAUT E. id.
Sous-officiers.
EDMOND G., sergent.
GUILLET E. id.
Roy E. id.
HUBERDEAU A. id.
JOLLY A. id.
CADEILLAN P., sergent-major.
GOURAULT C., sergent.
MAILLET J. id.
LESPAGNOL A., adjudant.
PROUTEAU A., sergent.
Caporaux et soldats.
HUTEAU J.-M.
MAUNY L.
MARTIN N.
TESSIER A.
BOISSONNOT A.
BARREAU L.
BOUCHET F.
BEAUDOIN E.
BARC E.
CHAYNES E.
CASTELLIN P.
CROCHU E.
DUPIN R.
Dupuy A.
FAZILLEAU M.
GAULLIER E.
GUILLOT C.
GRIFFON E.
HELLER D.
MURIE M.
MENARD L.
MAURIN E.
POITEVIN G.
ROUAULT R.
ROUSSEAU 0.
BASTARD G.
BERTIION E.
CRON L.
CONSTANTIN A.
COMPAGNON A.
HARPOCRATE A.
LECOMTE M.
MILLION J.
PLISSON E.
TASSE A.
TIIOURET C.
SIGONNEAU L.
FLORENDEAU F.
JANOUIN R.
SIMON J.
AMIET G.
BOMPAS J.
BARRUJLT V.
IMBERT P.
BESNIER J.
BRIZART F.
BEAUNEVEU A.
CHEVALIER J.
DUBREUIL L.
DERSOIR C.
FAVARD M.
FESNARD A., cap.
GERMAIN D.
GIRAUDEAU A.
GALLARD R.
LARCHER A.
LAMBERT H.
MONDON A.
MOINE T.
GALLET C.
BRUNET J.
BAUDINIÈRE G.
CAUNY J.
DERNIER A.
DUPONT R.
DUBOIS J.
DURET A.
DANTAY J.
GIBOUIN A., cap.
GRIFFON C.
JIUGUET S.
LAMY R.
THOMAS A.
BODINIÈRE G.
BLANVILLAIN G.
BARBOTIN L.
DESBOURDES J.-B.
FOUBERT G.
GIRAULT S.
GIRAULT H.
GABILIER L.
JUTAUT J.
LAURENDEAU C.
MOREAU E.
MIMj.ULT A.
POUPIN A.
ROSEAU E.
AUDOIN A.
BALLANGER E.
BOYER D.
BONNIN A.
CAILLER L.
DELAGARDE B.
FOUQUET G.
GIRAULT L.
GAZEAU R.
GUYON P.
HAMON E.
JOUZEAU P.
JACQUEMIN A.
JOLLET A.
LIDON L.
LAMARCHE A.
MEUNIER C.
MAURIN P.
MOINARD Z.
PoiNET E.
PAVÉE J.
RIBREAU A.
ROUILLARD E.
ROCHEREAU A.
MASSART C.
MANTEAU A.
BONNEAU E.
GUILLOTEAU R.
LENOIR G.
BOULIN J.
PATTE F.
DUBOIS L.
BONNIN R.
LEDUC G.
DUPUY C.
FLEURY M.
BILLAULT C.
BOUCHET R.
CONGOURDEAU L.
JOUSSELIN E.
MERLE A.
MOINARD A.
BROSSEAU L.
CUILLERIER L.
CHAMBAUDRY F.
DEFORGES G.
EGRON J.
FICHET J.
GAULTIER M.
GAGNAIRE E.
JEGOU G.
KEHRER M.
LIVACHE E.
LAIR P.
LEGENDRE M.
MARTIN H.
MARÉCHAL A.
PAROT J.-B.
CHAMBAUDRY F.
ANDRÉ G.
BOUTIFFARD A.
DION B.
PERRONNET L.
D AU MAY L.
EESES L.
PELTIER A.
RECOUPPE A.
GEAY M.
MICHONNEAU M.
LASNE E.
DELACOTE L.
SECTEUR D'YPRES (Novembre 1914-mars 1915.)
Officiers.
DE FRANssu, sous-lieutenant. RENOU A., sous-lieutenant.
Sous-officiers.
PERREAU H., sergent. Goux J., adjudant.
RAHARD H., aspirant.
Caporaux et soldats.
PERICIIET A.
SEGUIN P.
MALBRAN E.
JOLY G.
LAROGIIE M.
PIVAUD A.
ALUSSE A.
BEAUVAIS L., cap.
BOUTIN F.
CONSTANTIN B.
DADILLON L.
DABBEY L.
GAILLARD E.
GAILLARD F.
GOULET M.
(LARGE E.
MORILLON J.
MARSAULT M.
MAROT A.
PERRONT P.
PASQUIER A.
PERNO R.
THEBAULT J.
DOUSSIER G.
TROUILLON J.
POUPARD A.
OLIVIER E.
MARTIN A.
LAIRIS G.
BOURCHENIN P.
BAILLON H.
CLERC F.
DECHARTE L.
FROGER E.
GAUTHIER A.
LELANDAIS P.
ENGEL C.
ANCELIN A.
BOUYER J.-M.
DOLLET J.-B.
JOUBERT E.
LAMOUREUX R.
MARTEL L.
NAULEAU A.
PLNON C.
RENARD A.
GUITTON L.
LEvY L.
TOURON A.
BARBOT E.
TRICOCHE J.
MASSE G.
MANGEANT E.
MAZIN E.
MORISSET E.
PÉAN M.
AUZANNEAU B.
POURNIER G.
GHILLAIN J.
PAISSEREAU C.
BOBINEAU A.
CLARTE L.
DUBLE J.
VENAULT A.
BRISSON A.
DELECOLLE D.
TROUVÉ A.
TURQUAIS J.
VALLAT L.
VIGUEUR A.
POIRIER C.
MARTEAU A.
PEIGNON J.
SIMONNEAU E.
ROLLIN J.-M.
BRAULT F.
BOITEAU L.
DEROITEAU R.
JAMIN L.
TRANCHANT G.
DUCHÊNE J.
GRANDENSCHWILLER R.
LE PAPE M.
POUPIN H.
PARPAILLON E.
PFEIFFER E.
SABOURIN I.
DARRICARRÈRE B.
HERMARY V.
HAMELINE H.
JAIIAN G.
PAIRAULT M.
CHÉRY M.
MEIGNÉ J.
MARQUOI A.
JEAULT L.
8 — Ce que nous avons fait.
SLEG A.
GUGGIA R.
COTTINEAU R., cap.
DESSAINTJEAN J.-M.
VERRIER L.
BERNARD N.
LIMOUSIN M.
PINEAU J.
BOURGEOIS II.
BERQUET J.
BONNET II.
BENOIST E.
BOUClIARD J.
CIIALBET P.
CIIAULET F.
CARTIER 0.
CHAMBARD E.
DECIIAUME. J.
DAIMAY L.
FAVREAU F.
FUTIN F., cap.
GIORGI J.-B.
GROSJEAN J.
GLÉ J.
GRAZZIOLI A.
JA.NIN L.
LEFORT H.
LABONNE P.
LEJEAU A.
MOTTEAU L.
MILLET F.
MONLOUP G., cap.
PECHOUX L.
PAULET M.
PLACE A.
PRÉVOST C.
PIN F.
SECRETANT E.
TAUPELET F.
TIBERGE L.
MORTIER L.
MILLET G.
MARY J.
AUGIER M.
BERGER P.
BRICARD J.
BUFFENOIR A.
DURANDEAU A.
MULLER X.
LOUIS E.
CANTET G.
LEROUX 0.
D'AVIAU DE^TERINAY H.,'C.
MARTEAU H.
SENY C.
SURET A.
CLERT A.
DOUCET H.
LEMENT G.
VETEAU H.
BALOGE L..
BESSON 0.
REGNAULT B.
JEUNON J.
PORTIER J.
RUAUD F.
MARAUX G.
MINIER F.
LECULIER L.
LUSSEAU A.
OLAGNIER A.
POULOU F.
BARBY P.
AYRAULT E.
MOREAU J.-M.
BATAILLE D'YPRES (Avril-mai 1915.)
Officiers.
JAMME E., sous-lieutenant.
D'ARGENSON (DE VOYER), capitaine.
PETITON DE SAINT-MARD, commandant.
PERONNE H., sous-lieutenant.
ROUGER C. id.
Sous - officiers.
BARADAT J., servent.
DUFFAULT T., adjudant.
DUMONT M. id.
LERPINIÈRE R., sergent-major.
LEMANCEAU G., sergent.
MONTAUDON H. id.
PINEAU R., adjudant.
Caporaux et soldats.
LENOBLE J.
D SLAY H., cap.
G UIN C.
GRETEAU R.
GUERITAT M.
LASSERRE C.
IIEBRARD J.-B.
LECLERC T.
ABONNEAU E.
AIRAULT H.
AUGER E., cap.
AUDINET G.
BARNIER II., cap.
BREVET M.
BAUDRAT J.
BRIOT L.
BERTHOLEAU H.
BADILLET J.
BERNIER M.
COGNY A.
COGNÉE J.
COINDREAU M.
CHENAZ L.
DENECHEAU V.
DEVAUT L.
DESBOIS D.
DELANOE J.
EMERIAU J., cap.
EYRAUD H.
FERAY R., cap.
FERRE A.
FENARD L.
GAULTIER G., cap.
GABARD L., cap.
GAILLARD J.
GIRARDOT J.
GIRARDEAU P.
GRELET V.
GOURDON M.
HENNEBOIS A.
HABERT P.
HAUDOIN A.
HUBERT N., cap.
HERVÉ E.
HENAULT P.
IZAMBARD E.
JOLY G.
JACQUEROUX C.
LANSADE R.
LAPRUGNE E.
LUQUET J.
LAMY A.
LORIOUX H.
LETOUX M.
LONG A.
LHUILLIER A.
MARCEL P.
MOREAU A.
MAIXENDEAU A.
MARTEAU H.
MEYLHEUC A.
MAZEAU E.
MARCHAND J.
MERLET A.
MOREAU L.
MORLIERAS L.
MOREL J.-M.
MARMEY J.
NOSSEREAU C.
NIEGER M.
NOBLET A.
PIGNON A., cap.
PITON C.
PERCHET F.
PERINET A.
PREVEYRAND J.
PORCHER F.
RECOUPPE F.
Roy R.
ROSATO M.
RICHAUD R.
ROPERS G.
SCHRNOFFENGER R.
SAUMONNEAU G.
SERANO M.
SORET A.
TOMASI C.
TERRIER J.
TASCHER G., cap.
VINCENT L.
PERRAIS A.
MASSABUAU E., cap MATHON C.
LAVIER E.
VOISIN R.
FOUR E.
WINCKLER J.
DUCHÊNE A.
DAYI C.
LEVÊQUE P.
LAPEYRE R.
MARTIN E.
POTTEAU E.
PERDRIAU J., cap.
PESSON J., cap.
TRUC G.
PERRET P.
CATTELAIN J.
LEBERT E.
MONNIER R., cap.
BATAILLE D'ARTOIS
(Mai-juin 1915.)
Officiers.
BAILLOT A., sous-lieutenant.
JOUBERT M. id.
MERLIN M., sous-lieutenant.
SIRE A. id.
Sous - officiers.
COUSSEAU E., caporal-fourrier.
LELONG F., sergent.
LAMBERT A., sergent - fourrier.
ROUVIÈRE A., caporal-fourrier.
PELLERIN R., sergent THOMAS E., sergent-major.
BESSE J.-B., adjudant.
DELORME J., sergent.
GAZEAU P. id.
GUÉRIN A. id.
LEFÈVRE J., sergent.
LECLERC A. id.
MOREAU M. id.
MINIER E., adjudant.
MARÉCHAL P. id.
OUVRARD C., sergent.
REVEAU A. id.
VINCENT J.-M. id.
ROBERT DE MASSY P., aspirant.
Caporaux et soldats.
MANDON R.
PICOU A.
BIRAULT J.
BODIN H.
COIFFARD j.
FAUCHEUX G.
GASTINEAU T., cap.
GALLAIS C.
LIZE G.
OLIVET C.
PULLIEN P.
DESCHAMPS A.
DEGENNES P.
LEGEAY LT.
Fou IN M.
CARTIER D.
DESHAYES E.
MAIXENT E.
PICHON A.
BEGUSSEAU E., cap.
GIRARD A.
Buis R.
CASTELEIN L.
DROUIN V.
LALAND A.
MORISSET J.
MARCHE J.
OBLIGES A.
FRÈRE A.
GRASLJN M.
LAFAGE E.
LARGE F.
RAIMBAULT J.
RICHARD L.
MOREAU A.
MOUGES S.
PETIT D.
CHASLE M., cap.
PALISSÛN A.
GERNIGON E.
FERCIIET E., cap.
LACAND J.
HEULIN J.
VERGNON J.
CFIONIER G.
TULASNE T.
COULON J.
DELALANDE L.
JUGE A.
TRAVAILLARD J.
COUTURIER A.
DECHATRE J.
MERLET F.
ROBIN A.
CHAMPION R.
VAUCELLE M.
COUILLAULT A.
MAILLET J.
AMAUGER P.
ARNAUDET A.
BEHAL H.
BALOTTE P.
BESSON J.-M., cap.
BEAUFILS R.
BRILLET C.
BOUTRON R.
BONNEAU A.
BARBOTTIN J.
BROSSET L.
COLSAET A.
CORNU A.
CHASSAIGNE C.
COUÉ.H., cap.
CHAMPENOIS L.
CIIALIER P.
DAUDET V., cap.
DANSIN C.
DESPLEBAINS D.
DEZE A.
DUPUY L.
FOUCHÉ J.
FERRON J.
FAVARS R.
FAUCIION J.
GRANDE" A.
GAUTHIER J., cap.
GUITTET J.-B., cap.
GELIN F.
GOUBIN L.
GAILLARD L.
GADREAU W.
GUILLOT E., cap.
GUINDEUIL T.
GUITTER L.
GAZEAU H.
GOURDON A.
GABORIAUD A.
GENTIL M.
GIRARDIN A.
GIRARD G.
GUÉRET C.
HUGUET M.
HAYES L.
HEURTAULT DE SAÎNTCIIRISTOPHE C.
HAMARD E.
HENAULT D.
HOLZINGER G.
HEURTEBISE CONRAUX J.
LESOURD A.
MATHE M.
PRÉVOST J.-M.
DOIZON E.
MALECOT V.
GABARD E.
FAUCHER A.
LOISEAU M.
HUET J.
JENNY X.
JoUMIER L.
JOLAIN L.
JACQUET B.
LESIEUR G.
LEJEUNE L.
LAMIGEON A.
MARTINEAU A.
MOURGUE R.
MARGAILLAN J.
MONNOT L.
MARCHAIS B.
MARION V.
MAUDRAY M.
MOUTAULT J.
MORNON R.
MARTIN E.
MALBRAN L.
MAILLET F.
MOUNIER J.
PELLETIER G., cap.
PINEAU F.
PINSON G., cap.
PELLETIER L.
PERNET-DEMORET A.
PUAUD J.-B.
PASQUINET P.
PAGEOT F.
PAINEAU C.
ROUSSEAU M.
REYNIER M.
REBEYROL L., cap.
RIBOTON A., cap.
ROBERT E.
ROUSSEAU G.
RIBANNEAU C.
SEHEUX M.
SIMON G.
SOULARD E.
TRICOT B.
TROUVET G.
VILLEGER A., cap.
VINCENT G.
VIVOT L.
VUAILLAT E.
CAQUINEAU M.
LACOUA A.
MAURICE II.
BouÉ P.
LOISEAU II.
TIQUET-REMONT F.
BIZARD L.
SALLE M.
NOEL M.
GAILLARD M.
SINET G.
BATAILLE DE L'ARTOIS (Septembre 1915. ) Officiers.
JOLY R., sous-lieutenant. AVOUE F., sous-lieutenant.
Caporaux et soldats.
PERROUX F.
LABATUT P.
HERBRETEAU M.
MALVEZIN J.
GOLRAULT A.
BARANCOURT A.
BOURRÉE I.
COUTURIER L.
LIZE G.
PILOT G.
RABIER W GILBERT K.
SECTEUR DE LOOS (Octobre 1915 - janvier 1916.) Caporaux et soldats.
DUPRAT M.
PATRON J.-M.
PELE L.
THIMONNIER J.
BONNIN P.
PROTEAU A.
COPPIN II.
LECOQ M.
MEUNIER E.
BATAILLE DE VERDUN (Avril-mai 1916.) Officiers.
BONNET G., sous-lieutenant.
CLAVEYROLAS A. id.
COMERGNAT E., lieutenant.
MAÎTRE P., sous-lieutenant.
RIVAUD R. id.
Sous - officiers.
ALEXIS U., sergent.
GUYONNET A., adjudant.
CHEVEREAU R., sergent.
YVERNEAU S. id.
BEAUMONT n. [d.
ARNAULT M. id.
MACOIN E. id.
REMAUDIlmE. id.
VIOLETTE M., caporal-fourrier.
DIEN 0., sergent.
HUBERT F. ici.
MERLET A., sergent.
PAYAN L. id.
DE nOCHAMBEAU, aspirant.
MAHB II., sergent.
BARJOU M. id.
CHABIRAND I. id.
MARQUET G. id.
MOREAU G., adjudant-chef.
PELTIER L., sergent.
GIRE R. id.
Caporaux et soldats.
BOSSE J.
BOTTREAU E.
CUSSONNEAU L.
GUILLON V., cap.
JAGAULT G.
MALTERRE A.
ROUSSEAU G.
SAURET A.
BRIAND J.-M.
BOUDET F.
BONNEAU P.
BARLET T.
CLOCHARD A., cap.
DURET J.-B.
DUVERGER A.
DUTEURTRE E., cap.
FRICHOT E.
LEMAITRE L.
MERLE J.
MILLET G.
ROUSSEAU R.
ROBILLARD J.
RAYNAL A.
RICHARD V.
ROUSSIASSA E.
RIAUTET A.
VINEL I.
GUIBERT L.
PEIGNON L.
ROUABLE D.
BLANCIIET E.
BOUDEVERRE G.
CHATEAU L.
DUPUY M.
DuPUY V.
DUFOUR V.
GUEI.LEC J.
MINÉE G.
MARQUIS A.
MARYIER L.
PEYRARD J.
liOCITARD J.
ROUSSEL A.
RABEAU J.
THIBAULT E.
BERTIIAULT D.
BOST P.
BASCHARD II., cap.
CHEVAL A.
CRAMOIS E., cap.
COURTIN G.
DUCHÊNE D.
DILE A.
FITAMENT A.
GOUBARD C.
HUGUET A.
MAINTIGNEUX J.
MARY V.
MASSE V.
PECHERET G.
SU DAN F., cap.
SIRIES F.
TESSIER L.
WAROUX M., cap.
BOBBA P.
MERCIER F.
ALLARD F.
ALZON J.
BOIREAU J.
BELLAN A.
BENOIST A., cap.
BADINO A.
DULONG M.
DENIZEAU B.
DELOUCHE 0, ESNAULT II.
FERRE C.
GOURAULT G., cap.
GOULET A.
GRIMAULT J.
GIRARD F.
IIOUSSET A.
JUILLET A.
JUILLET A.
LÉVÊIJUE II.
LARRIYÉE C.
LAMBERT G.
MARCHAND II.
GIRARD F.
MOREAU A.
MONNIER P.
MATON A.
MOREAU A.
MERCIER F.
NuÉ A.
ROUVREAU E.
RABOUIN F.
DE SURREL DE SAINT JULIEN M.
VITOUR J.
ARNAULT L.
BARGEAULT 0.
CATTOEN E.
FAUVEL P.
FARGEON A.
GUEMAS F.
GAIGNARD A.
MARCHAND J.-M.
VERNET P.
ARCHAMBAULT G.
Auzoux C.
AGIER D.
BODIN D.
CIIARRE D.
CORBINEAU L.
FORTIN G.
GELINEAU P.
GATARD J., cap.
GUILLOTON M.
JOULAIN D.
LOITIÈRE R.
LUTIAU E.
LAPORTE J.
LAFAYE P.
LAMBERT M., cap.
LANOÉ L.
LESERGENT L.
MARION IL MOREAU M.
PERRISSON A.
PRINCEY F.
PLANTIER A.
POTIER L., cap.
PLET P.
QUILLON J., cap.
ROUQUET A.
TREILLAUD E., cap.
TOUCIIARD A.
BROSSARD L.
DELAUNAY G.
FOUCAULT E..
GRANIE F.
LIIARDY M.
LABOUREAU E.
MASSÉ V.
MORIN J.
VERUER F.
ALIX A.
CRÉTIN F., cap.
JOUZEAU V.
MICHEL B.
MAROT A.
MERLET U., cap.
SAOLON G."
SECTEUR DE CHAMPAGNE (Juin-août 19,16.) Sous-officier.
PERDRIAU J., sergent.
Caporaux et soleils.
BAILLERGEAU.
CANDAUDAP J.-B.
RAVERAND L.
- DUVERGER F.
DUFOUR V.
PREVEAU E.
CIIAUVEAU L.
RABREAU P.
DUMONT L.
CCRUTCHET J.-B.
BATAILLE DE LA SOMME ( Octobre-novembre 1916.) Officiers.
CICET G., sous-lieutenant.
HUSTAILLON J. id.
JAMET G. id.
DECOMBE A., sous-lieutenant.
MOTTE L., lieutenant.
Sous - officiers.
SAGE C., adjudant.
BLOTTIN A., sergent.
PERESSE L. id.
COURONNE P., aspirant.
GOUVERNEUR P., sergent-fourrier.
MUFFANG Y., aspirant.
SABATE C., sergent.
FLOQTJET L., sergent.
GOUDEAU L. id.
ARNAULT J.-B. id.
SAUVAGET G. id.
PAILLARD A., adjudant.
MARTIN A., sergent.
Caporaux et soldats.
RINCHE F.
CESBRON E.
DIET P.
MANGIN M.
MANEIX L.
PICARD G., cap.
RUSSEIL E.
DAGUIN A.
TERMEAU F.
VLDEAU P.
VERDIER P.
BOYE J.
BARREAU G.
CURUTCHET B.
CERISIER R.
ESNAULT E.
FESSARD C.
FRIBAULT J.
FRETIGNE E.
GRUAU H.
GHORIS H.
GRENON E.
HEMAL G.
JEAUNEAU A.
LEBRAT J.
MONT R., cap.
MEREAU A.
MORAT F.
PINEAU J.-B.
ROBERT A., cap.
RLGINE E.
ROUSSILLE F.
SALEN G.
VÉRA A., cap.
LETHEUL M.
LÉTANG A.
CAMBLONG P.
PERDRIAU H.
DELAUNAY H.
DESSAIVRE G.
GALLET C.
ROUGEON A.
TIRONNEAU J.
TOUGERON P.
BASTID M.
BARON P.
MOUTARDIER F.
BOURGUIGNON E.
MANDIN C.
PASQUIER J.
PIRONNEAU G.
QUETEL L.
SLGONNEAU A.
ANDRAULT C.
CHATREFOU L.
CORARD G.
GABEREAU E.
LEMKI C.
RAIMBOURG A., cap.
SAVATTIER A., cap.
DELABRE J.
AUXIRE A.
BOUILLERCE J.
CLÉMENT J.
FALIÈRE J.
FONTENAUX P.
GUIET J.-M.
GAGNANT E.
GIBERT F.
JAUFFRINEAU J.
JAILLON E.
MILLET L, POTIER M., cap.
PICHAUD J.-B.
AUDINET L.
EMERIAU P.
REGLAT J., cap.
SAULET E.
BONNASSIES L.
LAFORGE J.
MASSIP G.
MAVET J.
PHILIBERT P.
SAINTE-CLUQUE P.
HEGRON L.
BOUREAU P., cap.
BOUHIER E.
BLOND R.
CHANAL E.
DURAND C.
IQUILLE F.
LUXEY J.
RABILLER II.
VALETTE P.
BENGALI L.
BOBIN A.
BARBAUD L.
HERVÉ H.
MU RAIL A.
POINAUD E.
SAINTON 0.
TABARDEL L.
DOBIGEON G.
LESIOURD M.
LINSART H.
LABAYE L, MIGNOT E., cap.
PIFFARD L.
SOULAS E.
FERRANT R.
GUILLON D.
JAYET J.
MOREAU C.
FAURE F.
JOUBERT R., cap.
LEVILLAIN A.
JEANTON H.
MICIIAUD F., cap.
SOLVAR S.
SECTEUR DE BOUCHAVESNES (Décembre 1916-janvier 1917.) Sous - officiers.
IIEURTEFEU E., sergent. FONTENEAU E., sergent.
Caporaux et soldats.
OSSANT A.
BEAUSSIER H.
TRAINEAU J.
BOUVET P.
ANJUERE F.
DELAIIAY J.
GAZEAU E.
MARTIN J.
ALLIES J., cap.
DASSE V.
DAGUERRE J.
LEVRON J., cap.
RIVAUD II.
GIRARD II.
GUTCIIAUX n.
PAULEVAICIIE A.
LAURENT P.
MALARY F.
GUILLON P.
BEAUDOIN E.
PRADELLE J.
COTE C.
BASTION DE CHEVREUX (Mai 1917.) Officiers.
BOURCIIENIN R., sous - lieulenant. JOUIN M., sous-lieutenant.
Sous - officiers.
DELARUE A., sergent.
JARD L., caporal-fourrier.
MATHIEU P., aspirant.
BAILLERGEAU F., sergent.
JALLERAT A., adjuùanl.
BIDAULT E., sergent.
CoUtLLEAU J. id.
- 121 -
Caporaux et soldats.
LAMY 0.
CLAVEL J.-B., cap.
HERBRETEAU F.
DESCOTES H.
SAZERAC R.
RUDELLE F.
BILLEBEAU P.
BRUANDET C.
CYR H.
MARCHAND J.
NOUVEAU F.
SAURIN L.
LAJON M., cap.
POPINEAU E.
GRANDIN A.
CANDALOT P.
RUAULT E.
MAITRE J.
BORDENAVE-CAZENAVE M.
CLERC F.
ESNAULT J.
MAGNANT D.
SYLVESTRE J.
DAGUERRE M, PESSIN C., cap.
ANDRIEU J.
HERVY L.
GUIDICELLI J.
PRUD'HOMME R.
PROUST A.
DAUBIER G.
ROUILLARD E.
MORVAN V.
BRUNET P.
BRETON J.
MERCIER H.
RADAZ L.
HUET A.
DENIAU M.
MATUSSIF.RE B.
CAZARD J., cap.
VINCENDEAU R.
MAIN FROID L.
RADUREAU D., cap.
MOÏSE M.
JULIEN A.
GUILLOTEAU A., cap; SICAUD R., cap. VANEL G. 'FERRAND J.-B.
VALLAS A.
PLRON M.
SARDET 0.
BARRAUD F.
LIVACHE L., cap, GAS J., cap.
MARAIS A.
BERNAERT G.
GUÉRIN R.
LAFONT J.-M.
BRIENNE J.
MOREAU V.
JOURDE A.
JUET P.
MAILLOT L.
GIIANOT A.
SARDAT A.
COCIIARD N.
JENNER M.
CHEMIN DES DAMES (Juillet 1917.) Officiers.
ARAGNOUET, sous-lieutenant.
ARNAUD L. id.
BIZON A. id.
DELOUSLAL P., capilaine.
DUPONT, lieutenant.
lIENAULT, id.
LAPALUS, sous-lieutenant.
Sous - officiers.
PAGEAULT C., sergent.
CARON H. ID.
CHENU V. id.
GAUTHIER L. id.
LE BOULET J. ID.
BARCQ R., adjudant.
GENDRAULT L., sergerit.
COLSON J. ID.
LANOIX H., adjudant.
DEFORGE A., sergent.
BRETON I. id.
Caporaux et soldats.
FRÈRE E., cap.
SEPRET L.
CHOLET G.
VERET A.
TROUVÉ H.
NAUDIN M., cap.
MORIN C.
MELIN G.
RAYMOND A.
HÉRAULT A.
BOURDIER G.
LARRAGNY J.
BLANCHARD H.
BOISSIER G.
ALNET A., cap.
HÉRON C.
THON ELLE J.-M.
BELLANGER A.
CHÉRI L.
STENAC M., cap.
DUDOGNON II.
LELAY J.
GUÉRIN E.
CIIEVRIER A.
VASSEUR A.
CORMIER M.
LARDIER A.
LANDAUER F.
BUIREAU L.
BELOT L., cap.
CIIIARINI T.
REYGROBELLET A.
MARTIN M.
MACLE V.
ALBINET A.
ALBOUY P.
JOUBAIRE J.-M.
SAUMUREAU P.
LAVIOLLETTE H.
DERAUGLAUDRE J., cap.
BARDY A., cap.
DECOSTER II.
JIIEAN J.-B.
AMIOT L.
PAJOTIN E.
GILLET D.
GAUDINET M.
HERCOURT R.
ARRIVE L.
G RAC 0.
PIERRE J.-M.
DROUX L.
BRUNARD J.
BRUYÈRE J.
BURBIOT L.
BRUNAUD A.
GUIGNARD G.
RÉMY A., cap.
BILLARD C.
RAYBAUD IL LONGATTI J.
GIROIRE C.
RENAUD A.
DOFFIN A.
MASSART F.
DAVID L.
ROBIN A.
BERNE H.
MESTRE L.
TERRIEN B.
ROSSIGNOL A.
ROYER F.
MAROLLEAU E.
MÉTIVIER L., cap.
AGOUTBORDE P.
JOUANNETEAU G.
MAISY C.
RIDARD E.
SAUZEAU J.
ROUZIER H.
MOINDRON M.
ABREVOIR J.
FORET F.
JACOB A.
PINET J.
JACQUIER E.
LEGRAND L.
GARNIER C.
SECTEUR DE LORRAINE ( Octobre-dc-cembre 1917.) Caporaux et soldats.
MOMSTROL J. (JANDIARD J.
BOIS SENECAT (Avril 1918.) Officiers.
LEAUD II., sous - lieutenant.
NICOT L., sous-lieutenant.
Sous - officiers.
BODIN J., sergent.
LAPEYRE A., sergent.
AMIAUD L., sergent.
Caporaux et soldats.
ZIMMER J.
CHANTOME J.
HERVAUT E.
PETOT L.
GOURAUD C.
LIGUE J.-M.
GUISART A.
GAGNANT J.
PONTILLON A.
GUILLEMIN P.
MIGAULT M.
CUARASSON L.
LEMOINE L., cap.
BOTTIER A.
MAI.NTROT'E.
GASTECEL IL LAUDE L.
SABIANI J.-P.
GILBERT V.
HÉRITIER C.
JJAVIDA A.
GUIGNE J., cap.
FRANÇOIS P.
GIRAUD P.
SÉEBACH C.
BREHERET G., cap.
MABILLEAU L.
GOBE R.
BLANCHARD L.
CIIARPY P.
BELLAMY J.
DOMINE C., cap.
RIFFAUD F., cap.
SOURIT M.
PELLETIER M.
CHANDELAT E.
MERLE L.
MINETTE J., cap GACHIGNARD F.
SECTEUR DE ROUVREL (Avril-mai 1918.) Sous-officier.
BRETEAUDEAU V., sergent.
Caporaux et soldats.
DAVY R.
BERTHIER L.
BERTRAND J.
POTIER A.
CAPART E.
MOTTE A.
BIEULAC J.
BODARD E.
MIGOT M.
CRENIAUT J.-M.
RAVIER L.
BATAILLE DU MATZ (Juin 1918.) Officiers.
COUDRIN L., lieutenant.
CASTERA J., sous-lieutenant.
EMERiAu C., sous-lieutenant.
LAVIGNE A., capitaine.
Sous - officiers.
VAN DEN BERG P., aspirant.
GENDREAU G., sergent.
ROBLIN G. id.
JEAMMET A., caporal-fourrier.
GUINAULT A., sergent.
GILLET G., adjudant.
LUSTEGY J., adjudant.
Loi T., sergent.
VERNHES J. id.
LECRIVAIN L. id.
VENDE P. id.
EUZENAT E., adjudant-chef.
Caporaux et soldats.
METZLER G.
GUÉRIN A.
BECQUET G.
PAILLAULT E.
MERON M.
MARCHESSEAU H.
GICQUEL F.
BECCAVIN A.
BACHER G.
VION D.
TEYSSIER R., cap.
PERROCHES L.
GRANDJEAN A.
COUILLAULT E.
BARIOT S.
MARTIN I.
DINVILLE A., cap.
NIVEAU FI.
BONNET L., cap.
BOISSONNOT J., cap.
CAUDRON C.
GIRARD G.
BROTHIER E., cap.
ROBIN L.
GILLOT G.
GERMAIN E.
TOUPENAY E.
RIBAUD L.
MILOT M.
BRUZEAU II.
CIIAMBARD J.
DELMAS G.
VINTIMILA P.
JUBEAU P.
MONDOR L., cap.
SEON J.-M.
CllAMUllON L.
MARÉCHAL K.
GUILLEMOT L.
IIERUILLON E.
FONTAINE G.
MAIUIS F.
VlîRPILLON J.
MORTIER K.
CLÉMENT F.
PouPONNEAU (1.
DAUOK A.
ILUCIIETTK V.
AUI'KRAND J.
DUNYACH J.
GOFK 10.
BOUVIER J.
MARIE A.
ItlELET M.
CAMUS 1J.
DUVUÎNUAU P.
CADOT G.
FOUCAUD (i.
HOMME~. G.
MOREAU n.
MATllEY F.
llOULLET H.
COURT A.
LJi:LÜWRE A.
LLMOUZLN A.
PlGAULT DE L'ESPINOY U.
SrCARD R.
GIRAULT A.
BATAILLE DE LA MARNE (Juillet-août 11)18. ) Sous-officiers.
LANOVAZ J., sergent.
HETEAU P. id ANTIUNY. id.
HENRIC E., adjudant.
FAUUEZ A., sergent.
PATROUILLAULT C., servent CAITY, adjudant.
Caporaux et soldats.
MATHIEU J.
AUMARIÎCIIAL J.
PAUTRAT M.
PANIER E., cap.
CHARCELAIS J.
AUDIGE L.
LAURY L.
BECASSEAU L.
SUDRET J.
METRONGER M.
BOBIET E.
IJASSBRIIE J., cup.
GAGNKUX A.
FOLLET M.
MARTINEZ G., cap.
VIVIEN Y.
MrcN),;,nHE.\U J.
HULIN M., cap.
DAGALIER J.
MARTIN P., cap.
MARQUIS A.
GÂTE G.
MOULIN T., cap.
MANIUAUD J.
ROYER J.-B.
DULNIAI: A.
MACE F.
DANANCHER C.
NOI.DT L.
( .IIEDOZEAU H.
BATTEUX
AUMONT A.
LANCEHRAU M.
DAURIAC. N.
JAMMKS II.
MONINOT K.
DONliUY 10.
BOUCHER J.
JOYAUX M.
BREUGNON 10.
GRÉOUIRE E.
SAVOUREY G., capCHEVALIER E.
MERCIER A.
TILLIKR M., cap.
BERTHELOT F.
MUZARD J.-M.
BORIK M.
CJARIMANTRAN J.- U.
MUUET U.
GIRARD H.
TAHARD G.
GEUGNON J.-M.
MARUCHAL II., cap.
SECTEUR DE VERDUN ( Aortt-octobre l'JlS.) Sous - officiers.
MARQUOIS P., sergent.
PROUST G. irl.
ALNET G. id.
LISSAGE P., adjudant-chef.
VINCENT J., sergent.
Caporaux et soldats.
ANGEBAUD J.
ESCOFFIER E.
JOLIBOIS G.
CLERMONTE P.
BOUCHEZ A.
CHARLON J.
LASLIER A.
PAIN A.
AN GLAS II.
DUTIN A.
AZEMA H., cap.
BERNARD L.
UGEN V.
BERLEAU G.
PRODHOMMF. E.
TOUDIC A.
PAGET G.
DAN VIN II.
VIOT M.
CHALLET I., cap.
DELABOS P.
LAUTREY P.
BROTTIER A.
BALLET A.
JoSSERAND M.
BOURDEAU A.
DUYEAU J-
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
CHAPITRE 1. - En Lorraine. , ., 9 - II. - La retraite de Belgique et la bataille de la Marne 14 — III. — L'Yser. 23 - IV. — L'Artois. , 31 - V. - Verdun 38 — VI. — Entre les deux batailles. 44 — VIL - La Somme., 47 — VIII. — L'Aisne" , ., 51 — IX. — Dans l'attente des combats décisifs. 59 — X. — L'échec de l'offensive allemande en 1918 : en Picardie; devant Compiègne. , 66 — XI. - Succès de la contre-offensive alliée : la deuxième bataille de la Marne; les combats de Verdun. , 74 — XII. - L'armistice. 85
PIÈCES ANNEXES I. — Citations du Régiment, bataillons et compagnies. 95 II. - Liste destués. 109
38 497. — TOURS, IMPRIMERIE MAME