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Title : Guide pratique aux eaux minérales, aux bains de mer et aux stations hivernales, augmenté d'un Traité d'hydrothérapie. [Voyage de Montaigne aux eaux minérales. L'Egypte. Du Passage de la Mer Rouge par les Hébreux] (13e édition, avec une carte itinéraire des eaux, des bains de mer et des stations hivernales) / Par le Dr Constantin James,... et le Dr Victor Audhoui,...
Author : James, Constantin (1813-1888). Auteur du texte
Author : Audhoui, Victor (1841-1923). Auteur du texte
Publisher : Bloud et Barral (Paris)
Subject : Eaux minérales
Relationship : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30643729m
Type : text
Type : printed monograph
Language : french
Format : IV-680 p., fig., carte ; in-18
Format : Nombre total de vues : 705
Description : Contient une table des matières
Description : Avec mode texte
Description : Ouvrages de référence
Rights : Consultable en ligne
Rights : Public domain
Identifier : ark:/12148/bpt6k61389352
Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 8-TE159-46 (L)
Provenance : Bibliothèque nationale de France
Online date : 21/09/2010
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DvutfQn
SifflfflrfliifiJil If'ft^ffwif M
ËlîJl MINÉRALES
BAINS DE MER
STATIONS HIVERNALES
HYDROTHERAPIE
OUVRAGES DU DR CONSTANTIN JAMES
A I USAGE DES PERSONNES DO MONDE
Moïse et Darwin ou 1 Homme de la Genèse compare à 1 HommeSinge — C est une justification complète des lecils de la Gencse L'est de phia une réfutation scientifique et humoristique des th( ories de Darwin sui les prétendues TRANSFORMATIONS de 1 homme en poisson d'aboid, puis en oiseau, puis en singe C est enfin le meilleui manuel d enseignement spnituahste a opposer a 1 enseignement athée 1 vol broche Pn\ 3 fi 50 BLOUD et BARRAL, éditeurs
Médecine pratique des familles, comprenant Premiers soins a donnei avant 1 amvee du médecin — Conseils a une jeune Mcre — Un nouveau tialternent des Liuptions de la face et du cmi chevelu — Cure radicale du cancei — Guide phaunaceutique des lamilles et Manuel de la garde malade 1 ^ol bLOché Pnx 4 fr BLOUD et BARR\L, éditeurs
Toilette d'une Romaine au temps d Auguste et Conseils a une Parisienne sur les cosmétiques — Ce livie, dont la lct-tun. a l'attiail d un îoman compiend la description de tout ce que faisait une élégante de Rome dans un but de coquettene, et de tout ce que doit faire une Parisienne dans un bu* d hygiène C est a viai dire, le Guide de la toilette d une femme jalouse de conservei tout a la fois sa «ante et sa beauté Pans 3 fr GARNIER fieies, editeuis
OUVRAGES DU DM. 4UDH0UI
Traite des maladies de 1 Estomac — Ce hvie, ou se tionvent condenses Us résultats dune longue expérience, renfeime les meilleuis préceptes poui le tiaitement des maladies de 1 Estomac On y îemaiquera, en outie, des vues nouvelles sui le nettoiement des oiganes, le lavage et 1 hydrothérapie gastriques, etc 1 volume in 8° bioche Prix, 5 fr A DELAHAYE et EM LECROSNIER, editeui» Pans, place de 1 Ecole-de Médecine
Vichy, station médicinale — On tiou\eia, dans ce petit ouviage de 58 pages, une exposition abrégée, mais complète, des applications thérapeutiques de cette celcbie station, avec la deseiiption de la localité et des souices Toute personne qui en feia la demande le îecevra a titre gracieux - Chez 1 auteui i Pans me du YieuxColombiei, 18, a Vichy, pendant la saison, Maisons Anglaises, n° 4, rue Alquie
1/U4 — Inipi mené A Lahuu me de rieuius u a P„iis
GUIDE PRATIQUE
AUX
MM, MINÉRALES
BAINS DE MER
ET AU
^SasmONS HIVERNALES
AUGMENTE DUN
TRAITÉ D'HYDROTHÉRAPIE
PAR
LE D" CONSTANTIN JAMES
Clievaliei de la Légion d'honneur, etc
LT
LE D" VICTOR AUDHOUI
Mcdecin de 1 hôpital de la Pjtie et de» eaux de \ichy Médecin du Ministete de& Affaires Etiangeres, etc
TREIZILME EDITION
V\ec une caite ttincrane des Eaux, des Bains de mer et des Stations hncrnales
PARIS
LIBRAIRIE BLOUD ET BARRAL
4, RUE MADAME, ET RUE DE RENNES, 59
AVANT-PROPOS
: LA TREIZIEME FDIMON
Lorsque je m'engageai à mettre en ordre les matériaux de médecine thermale amassés par M. le Dr Constantin James, pour la treizième édition de son Guide, je ne pensais pas qu'il nous serait sitôt enlevé j'espérais qu'il pourrait encore, malgré son grand âge, signer avec moi cette piéface. Mais il n'en a pas été ainsi' Et je demeure seul, aujourd'hui, chargé de maintenir un ouvrage classique qui a exercé la plus grande influence sur les progrès étonnants accomplis en hydrologie médicale pendant les trente dernières années.
Je ne méconnais certes pas les difficultés d'une entreprise que j'aborde d'ailleurs en hésitant. J'ai toutefois l'espoir de remplir la carrière et de toucher au but, en servant, dans la mesure de mes forces et de mon influence, les intérêts de nos belles stations. Je m'y emploierai avec iè\e : j'en ai déjà pus l'engagement dans mon enseignement de la médecine pratique à l'hôpital de la Pitié, où je n'ai cessé chaque année de traiter, dans un couis spécial, des eaux minéi aies de la France. Mais il me semble qu'il manqueia toujours quelque chose à nos succès, tant que nous n'aurons pas fondé une école d'h\diologie. L'enseignement de l'hydrologie médicale n'existe pas : j'entends demander son institution de côté et d'autre. On désirerait de ■\oir fonder une chane d'hydiologie dans quelque faculté de médecine. Pour moi, je voudrais que l'enseignement de l'hydrologie fût attubue a une école spéciale, distincte des écoles médicales professionnelles dont j'ai proposé la
II AVANT-PROPOS.
création On donnciait, sans doute, dans les deinieies, un sommaire, un abrège de la piatique des eaux mineîales, chose que tout médecin doit posséder, mais on rcsei\erait le haut enseignement, l'enseignement hydrologique complet, a l'école spéciale La matière, d'ailleuis, est suffisamment ample et complexe pour soutenu largement une telle institution
Piecisons cette idée que je desnesoumettre al'appieciation des pouvons publics et des possesseuis d'eaux minérales natmellts Je vouchais donc que l'Etat, ou l'initiative privée, cieat a Pans, sous le nom d'Ecole spéciale cl'h) ch ologie, un centre scientifique, un Institut ou l'on n'cntierait qu a de certaines conditions On y enseigneiail, dans cet Institut, toutes les parties afférentes a l'hydiologie, soit nationale, soit uihaine, soit médicale Enfin, cet enseignement serait couionné par un certificat d'études, ou pai un diplôme même.
En attendant la fondation de cette école supeneuie d'hydrologie, on pouriait, sans doute, institue] un enseignement des eaux minérales natuielles applicables a la médecine pai exemple, a l'Ecole des iiines, ou le professeur aurait a sa disposition des échantillons très précieux, des collections d'eaux minérales et des plans que nous ne pouvons nous piocurer qu'avec une extiême difficulté Aussi, je lemeicie vivement les dnecteuis des stations thei maies qui ont bien voulu s'inteicsseï a mes leçons, et qui n ont pas hésite a m'envo^ei des spécimens de leurs eaux
Et, d'ailleurs, une occasion îaie va s'offrn de fonder sans difficulté une école spéciale d'hydiologie L'année 1889 veira s'ouvru a Pans une Exposition univeiselle, ou, sans doute, les eaux mineiales seront dignement îepiesentees Des matériaux immenses, amasses dans de nombieuses stations, vont se tromer reunis Essayons de les conseivei, d'en formel une collection, une sorte de musée cai, sur eux, peut-êtie, s'elevera le futui enseignement de 1 hydrologie médicale Cependant, étudions la place qui sera donnée a l'h)diologie, dans ce denombiement des produits de l'activité humaine Je
AVANT-PROPOS. III
l'ai cherchée vainement, cette place : jusqu'ici j'e n'ai rien découvert qui pût satisfaue ma curiosité, ou plutôt, j'ai cru comprendie que les eaux minérales natuielles n'apparaîtraient sur ce giand théâtre qu'en seconde ligne, comme un accessone indiffèrent, sous le couvert de l'Hvgiene et de l'Assistance publique' Unepaieille situation est-elle acceptable? Et, à l'heure où chacun, du haut en bas de l'échelle, se pique d'introduire partout la science, c'est-à dire la raison, est-il vraiment rationnel deianger des eaux mméiales naturelles et des établissements theimaux parmi des ob|ets d'hygiène et d'assistance publique? Il semble assez mutile de démontrer l'arbitraire d'un pareil classement; et je ne pense pas qu'il puisse être maintenu. A mon sens, les eaux et toute la matière qui s'y 1 apporte, représentant un fait distinct, d'un caiactère individuel très marque, doivent y pai aître isolées, dans une classe particulière designée par leur propre nom. Leur exploitation, en effet, est chose absolument autonome, quoique liée à toutes les circonstances du sol et du milieu social. Elle tient une place à part, même dans l'art de guérir • car, enfin, la médecine thermale se présente avec des formes tellement tranchées, qu'elle a totijouis été séparée de la pharmacie et des autres moyens thérapeutiques. L'aménagement des sources, leur captage, l'établissement thermal, obéissent à des conditions propres qui accentuent encore l'autonomie des eaux minérales naturelles. Et qu'appiendiai-je au lecteur de leur importance industrielle et commerciale qu'il ne sache déjà, au moins pai la voix publique ? Convenons donc de la nécessité de (aire figurei, sous leur propre nom, les eaux minérales naturelles parmi les classes de notre prochaine Exposition .
La matière d'une exposition d'eaux minérales, qu'on se propose de ieserver pour la fondation d'une école spéciale d'hydrologie, peut former quatie divisions. Je range dans la première tout ce qui concerne le sol; dans la seconde ce qui a rapport aux eaux après leur jaillissement et avant leur application. J'attribue à la
AVANT PROPOS.
troisième division l'ensemble des objets qui concernent l'établissement thermal et la manipulation des eaux au point de vue médicinal, enfin je classe dans la dernière, et l'histoire et les documents divers.
Ce groupement systématique de la matière de l'iiydiologie, convenable aux collections d'une école, ne saurait donner, je le leconnais volontiers, une entière satisfaction aux besoins d'une exposition, dans laquelle les intéresses tiennent a païaîtie, chacun isolement à sa place, avec tout ce qui a du rapport a son travail personnel Et, poui condescendre a ce desn légitime, il n'y auiait, d'ailleuis, qu'a mettre en commun les paities seules qui, évidemment, n'ont rien de spécial a telle ou telle station d aboi cl l'histoire et la littérature des eaux minérales, ensuite, dans les ti ois premières divisions, les choses essentiellement générales, telles que les caites d'ensemble, le captage des souices, les mstiuments, les appareils et les diveis moyens pioposes pour facihtei l'application des eaux On ïamasseiait le leste d'après unoidredeteimme, dans chaque exposition paiticuhere, et j'imagine qu on amverail ainsi a posstdei un ensemble haimonieux et foit instructif, eleve a la satisfaction de tous.
Peut-être ne seiait-il pas difficile d'intéresser les stations a la conservation de tant de mateuaux et a leui mise en oeuvie. Dans cette pensée j'adiesse, tant en mon nom qu'au nom de notie emment etregiette maître le Dr Constantin James, un appel aux sources d'eaux mineiales, en engageant ceux qui les tiennent dans leurs mains a ne point laisser se peidre une pareille collection, si propre a servir de fondement a l'enseignement de l'hvdiologic médicale.
Victoi ALD'IIOUI.
GUIDE PRATIQUE
AUX
r
EAUX MINERALES
PRINCIPES CONSTITUANTS ET CALORIQUE OES EAUX MINÉRALESOn
MINÉRALESOn le nom d'eaux minérales à des sources d'une température le plus souvent élevée, d'une saveur et d'une odeur variables, qui sortent du sein de la terre, tenant en dissolution certains principes fixes ou volatils dont l'expérience a fait connaître les vertus médicinales. Il parait prouvé qu'elles se chargent de ces principes en traversant des terrains remplis de minéraux, de sels et de substances organiques; elles ramènent par conséquent avec elles des échantillons de la chimie du globe. Mais l'endroit précis où s'opèrent ces combinaisons, j'allais dire ces lessivages, est souvent impossible à indiquer, d'autant plus qu'une source peut dérivet d'une formation différente de celle à travers laquelle elle jaillit au dehors. Il ne faut donc pas prendre trop a la lettre ces paroles de Pline: « Telles sont les eaux, telle est la terre qui leur livre passage. » (Taies sunt aquse, quahs terra per quant flutint.)
Quant à leur calorique, on l'attribue généralement au feu central du globe. On se fonde sur cette loi, confirmée d'ailleurs par les forages artésiens, que la chaleur augmente en moyenne de 1 degié centigiade environ pour 30 ou 40 mètres, à mesure qu'on creuse le sol. Supposons, par exemple, que les eaux pluviales, en pénétrant à travers les fissures de la terre, arrivent jusqu'à une profondeur de 3 kilomètres, elles y acquerront une chaleur de 100 degrés, qui est celle de l'eau bouillante; devenues par là plus legèies, elles s'élèveront et seront remplacées par d'autres eaux, en sorte qu'il s'établira
1
2 DU CALORIQUE DES EAUX MINÉRALES.
deux courants, l'un remontant et l'autre descendant, dont le mouvement seia perpétuellement entretenu par la chaleur de la terre.
Il en résultera que les eaux minérales seront d'autant plus exposées a ressentir l'influence des grandes commotions souterraines, que leur température sera plus élevée. Et, en effet, tandis que les eaux minérales froides ne subissent, en paied cas, aucun changement appieciable, les chaudes, au contraire, accusent parfois de tres-notables perturbations. Voyez plutôt ce qui s'est passé lors du tremblement de terie de Lisbonne (1er novembre 1755). A Bagneres-de-Luchon, de même qu'a Bourbon-1'Archambault, les sources pi lient subitement un accroissement considérable de tempeiature. On observa un phénomène inverse a Bagneres-de-Bigorre dont les sources devinrent, tout d'un coup, presque complètement froides a Aix en Savoie, les sources se refroidirent également et déposèrent un sédiment bleuâtie. A Tephtz, les eaux de la source principale cessèrent entièrement de couler pendant plusieurs minutes, puis elles firent irruption de nouveau avec une telle violence, qu'elles débordèrent en dehors de leur bassin. Carlsbad, Gastein, Canstadt, Nens et beaucoup d'autres sources encore epiouverent dans la température et le jaillissement de leurs eaux des troubles non moins extraordinaires. La mer ellemême, émue jusque dans la profondeur de ses abîmes, souleva ses eaux a une prodigieuse hauteur et les poussa vers certains rivages en colonnes des plus dangeieuses. Ainsi fut emporté, le jour du tremblement de terre de Lisbonne, le fils de Louis Racine, au moment où il voyageait en chaise de poste sur la plage de Cadix Comment expliquer autrement que par des communications souterraines, une semblable solidarité se manifestant, tout a coup, à de pareilles distances et sous des latitudes si diverses ?
Il ne faut pas, du reste, confondre ces graves perturbations, signalées déjà parles anciens auteui s 1, avec les changements qui surviennent quelquefois dans le mode d'émergence des sources, à l'approche des orages, et qui consistent en un bouillonnement plus consideiable. Ces changements sont dus, on le présume du moins, à un dégagement de gaz plus gtand que
1 a Les tremblements de terre font jaillir ou engloutissent les eaux, phé« nomène qui est arme cinq fois aux environs de Phenee, dans I'Arcadic De « même on vit a Magnésie des eaux chaudes devenir froides sans perdre leur a goût de sel, et, en Cane une rivierr, de douce qu elle était, devenir entière « ment salge x (PLINE, Hist nat )
DU BAIN CHEZ LES ANCIENS. 3
d'habitude, par suite de la diminution de la pression atmosphérique.
Quelle que soit la diversité des phénomènes qui se rattachent à l'étude des eaux minérales, il en est un plus merveilleux que les autres et qui m'a singulièrement frappé : c'est que, de tant de substances qu'elles rencontrent dans leur trajet souterrain, les eaux ne dissolvent guère que celles qui sont les plus salutaires au corps de l'homme. Elles ressemblent en cela à certains végétaux qui puisent dans le sol tels ou tels éléments qui nous conviennent, sans toucher à d'autres qui nous seraient contraires. Tant il est vrai que, là où beaucoup ne veulent voir qu'un simple fait géologique, il nous faut reconnaître une main tutélaire dont les secrets nous échappent, mais dont nous ne saurions assez admirer la pi ovidence !
DU BAIN CHEZ LES ANCIENS.
A toutes les époques et chez tous les peuples, les bains ont été considérés comme un puissant moyen d'hygiène, et les eaux minérales comme le îemede d'un gi and nombre de maux. Aussi la plupart des sources étaient-elles consacrées à Hercule, le dieu de la force. Qui ne connaît les vertus mythologiques de la fontaine de Jouvence? Il existait, du reste, plusieurs fontaines de ce nom. Les deux plus célèbres se trouvaient à Patrae et à Argos; c'étaient des sources ferrugineuses dont tout le merveilleux consistait à donner plus d'animation et de vie aux femmes atteintes de pâles couleurs. Hebe, la déesse de laj'eunesse, fit un fréquent usage des eaux de Patrae, ce qui, joint à cette circonstance qu'on la représente avec des cheveux blonds, me ferait croire qu'elle était un peu chlorotique. Peut-être aussi ne faut-il voir, avec Palephate, dans l'histoire d'Eson rajeuni par les bains médicinaux de Medée, qu'une description allégorique de la propriété qu'ont certaines sources d'entretenir et de fortifier la santé.
Les édifices somptueux élevés par les Romains partout où ils rencontraient des eaux minérales, et jusqu'aux extrémités de leur immense empire, indiquent que, chez eux, le goût des bains allait jusqu'à la passion ; mais ils attestent aussi leur sollicitude pour l'hygiène des armées. C'est en se plongeant dans les piscines, dont nous admii ons eucore aujourd'hui les proportions grandioses, que le soldat réparait ses fatigues et se fortifiait pour de nouveaux combats.
4 DU BAIN CHEZ LES ANCIENS.
On se ferait difficilement une idée de ce qu'était un bain chez les Romains, et surtout à Rome Lebain ne consistait pas seulement en une immersion dans l'eau, de plus ou moins de durée, mais il se composait de plusieurs actes, lesquels s'accomplissaient chacun dans autant de divisions desTHERMEs 1. Vitruve nous en a laissé une descnption complète Si j'en juge par le plaisir que m'a cause son récit, j'espère qu'on ne lu a pas sans intéi et les détails suivants .
Le baigneur déposait ses vêtements dans une espèce de vestiaire appelé apodytère; de la, il se rendait dans une autre pièce, Yonctueure, où des esclaves l'enduisaient d'une huile parfumée II passait ensuite dans la salle du gymnase ou spheristère, et, après s'y être livre à divers exercices, il traveisait l'etuve sèche nommée lacomcum, pour aller, le corps en sueur, se plonger dans une des vastes baignoires du taldaire, dont l'eau était maintenue à une température élevée. La on le brossait assez rudement avec une lame de métal ou d'ivoire appelée strigile (nous en avons fait étrille). A cote du bain chaud se trouvait l'etuve humide ou tepidaire, qu'il ne faisait également que tiaverser pour se rendre au frigidaire, immense bassin d'eau froide où il pouvait se livrer a la natation Ce bain était précédé etsuivi de plusieurs frictions A sa sortie de l'eau, des esclaves enveloppaient le baigneur dans une couverture moelleuse appelée sindon, l'essuyaient bien soigneusement avec du linge et des éponges, le parfumaient d'essences précieuses, puis enfin le reportaient a Y apodytère, où il reprenait ses vêtements.
Dans les établissements bien organises , on trouvait aussi, outre la piscine commune, des baignoires d'airain ou de marbre où l'on pouvait prendre son bain sepaiement. les Romains les nommaient soha, et les Grecs Trustai. Il y avait également un endroit reserve pour la douche. C'est donc a tort que l'on a prétendu que les anciens n'en connaissaient pas l'usage II existe dans le musée de Berlin un vase antique où l'on voit des femmes qui se la font administrer, et les monnaies de la ville d'Huneia, en Sicile, 1 eprésentaient Hercule se laissant tomber d'une certaine hauteur une nappe d'eau sui la tête etles épaules. D'ailleurs vous trouvei eo la douche tres-clairement désignée
1. Les ruines si intéressantes que nous possédons a Pans sous le nom de THERMES DE JULIEN, n'ont point, sans doute, la somptuosité de celles que j'ai admirées a Rome et dans d'autres villes d Italie, toutefois elles permettent de distinguer la plupdrt des compartiments du bam, et surtout le fi içulawe et l'hypocauste
DU BAIN CHEZ LES ANCIENS. 5
dans la plupart des écrivains et surtout des poètes qui nous ont initiés à la vie intime des Romains.
Les diveises pièces composant tout ce vaste ensemble des thermes étaient portées au degré de chaleur convenable par Yhypocauste, immense four chauffé de toute espèce de bois, excepté de celui de l'olivier: on y attisait une flamme égale partout, en faisant rouler à son intérieur des globes de métal enduits d'une couche épaisse de térébenthine. Quant à la multitude de vases et d'ustensiles répaitis dans chaque salle pour la commodité des baigneurs, je n'en finirais pas si je voulais seulement énumérer ceux que j'ai vus, à Naples, dans le musée dit alors « Borbonico », qui a dû changer de nom depuis, et qui probablement est destine à en changer encore.
Les Romains usaient du bain comme nous usons de la promenade, dans un but de délassement et de bien-êtie : « C'était, dit Martial, l'occupation de toute heure et de tout instant : »
Nam thermis iterum cunotis iterumque lavatur.
On se baignait le matin et le soir, au sortir des palestres ; on se baignait avant le principal repas ; on se baignait également quand il s'agissait de piendre quelque détermination importante Nous voyons, dans Valerius Flaccus, le grand pi être Mopsus « se foitifier par le bain et se préparer ainsi à son affreux sacrifice : »
Lympha
Membra novat, seque horrificis accommodât actis.
Les Grecs faisaient, de même, précéder du bain toute grande entreprise exigeant du sang-froid et de l'énergie. C'est ainsi que, dans Eunpide, Alceste va se baigner avant de se livrer à la mort qui doit sauver son époux, et que, dans Platon, Socrate se fait mettre au bain avant de boire la ciguë.
Le bain était, à Rome surtout, une nécessité de propreté, car, le linge de corps n'étant pas encore connu, l'amplitude de la toge donnait un accès facile à la poussière. Les diverses classes de la société se trouvaient réunies dans les mêmes bassins; il y régnait une liberté pai faite, sans distinction de rangs, ainsi que le prouve l'anecdote suivante, rapportée par Spartien : i L'empereur Adrien, qui aimait à se baigner avec la foule du peuple, aperçut un jour à côté de lui un vieux soldat qui, n'ayant pas de strigile, y suppléait en se frottant le dos contre la muiaille. Adrien, qui l'avait connu au milieu des
6 DU BAIN CHEZ LES ANCIENS.
camps, lui demanda pourquoi il en agissait ainsi. ^- C'est, répondit le vieillard, parce que je n'ai pas le moyen d'achetei une slngile. — L empereur aussitôt lui donna la sienne et, de plus, le gratifia d'une pension. Mais, le lendemain, quelle ne fut pas sa surprise de voir le bain envahi par bon nombre d'individus qui, dans l'espoir d'une même aubaine, usaient du procède de frictions imagine par le neux soldat ! Adnen, cette fois, se contenta de leur faire distribuer quelques stngiles sans valeur, en les engageant a se les prêter mutuellement. a
Dans les premiers temps, hommes et femmes prenaient leur bain dans des compartiments sépares, et on n'y était admis qu'en costume. Ce costume consistait en une espèce de tablier de peau, appelé subligar, qui s étendait de la ceintuie aux genoux Mais bientôt, par6uite du mélange des sexes et de la nudité des baigneurs, les Thermes devinrent des lieux de débauche comparables aux plus înfamea lupanars, a C'est là, dit Ovide, que se cachaient en sûreté les maris de contiebande : »
Celant furtivos balnea tuta viros.
a C'est là également, dit Martial, qu'on allait dans les ténèbies se mêler a la tourbe honteuse des coui tisanes »
Cum te lucerna balneator extincta Admittat mter bustuarias moechas.
Comprend-on que les choses en vinrent au point que « ce furent les femmes qui remplacèrent les masseurs, promenant sur le tronc et les membres leur main habile ' »
Perourrit agili corpus arte tractatrix Manumque doctam spargit omnibus membns.
De pareils excès portèrent une égale atteinte à la morale et à la santé publiques « Ce sont les bains, dit Pline, qui amenèrent la décadence de l'empire » (in lus perieie imperu mores) C'est a eux, si l'on en croit Juvénal, qu'il faut rapporter * tant de morts subites frappant les vieillards intestats »
Hinc subitoe mortes atque intestata seneotus
Ces bains disparurent par l'influence du christianisme, et ce fut même une de ses premières reformes ; cela se comprend Si tel fut, en effet, le langage de certains écrivains profanes pour en signaler les abus, quel ne dut pas être celui des auteurs catholiques pour les flétrir?
DU BAIN CHEZ LES MODERNES.
DU BAIN CHEZ LES MODERNESSi
MODERNESSi veut retrouver aujourd'hui quelque chose qui rapjjelle le luxe et les sensualités balnéaii es de l'ancienne Rome, qu'elle n'avait fait, du reste, qu'empiunter à la Grèce, il faut aller dans les pays orientaux. Je comprends que Mahomet, qui était avant tout législateur, ait transforme en devoir religieux un conseil d'hygiène; mais je n'ai pas véiifie si le Coian piescrit tous les raffinements sur lesquels les femmes des harems se font un passe-temps de renchérir. Ainsi, au sortir du bain, elles se noircissent les paupiei es avec de l'antimoine, s'allongent les sourcils avec une pi éparation d'etain brûlé et de noix de galle, nomme cohel, et se teignent les ongles avec le henné, arbuste qui leur communique une couleur aurore.
Comparez ces usages avec les nôties. Quels contrastes! Je dois du e toutefois que, même en Orient, tout cela est bien déchu aujourd'hui, sauf peut-être dans la mystérieuse enceinte des sérails. Et encoie ne faut-il pas croire tout ce qu'on en raconte. Quant à ce qui est des établissements jmblics, on en jugei a jilus loin (p. 647) par la relation queje donne d'un Bairl turc queje pus au Caire.
Quoi qu'il en soit, des pratiques aussi efféminées ne seraient point compatibles avec nos habitudes sociales, et la sévérité du moins apparente, de nos moeurs ; mais, jDar un excès ojsposé, nous sommes tombés dans une parcimonie et une simplicité également exagéiées.
Ainsi, une étroite cellule;une baignoire mesquine et disgracieuse, digne du roi Procuste; un mélange d'eau froide et d'eau chaude, combiné le plus souvent au hasard ; en guise de parfums et d'essences, un peu de son; point de lit de repos ; absence totale de frictions et de massage; une transition brusque de la chaleur de l'eau au froid, quelquefois glacial, de l'atmosphère, sans autre préservatif qu'un peu de linge plus ou moins tiède: à cela seiéduit à peu près aujourd'hui tout notre arsenal balnéaire.
Hâtons-nous toutefois d'ajouter que les conditions "d'installation sont généralement ties confortables dans nos établissements thermaux les plus fiéquentés. A mesure que nous décriions ces établissements, nous ferons ressortir ce qui se rattache à l'aménagement des sources ainsi «u'aux particularités de leur emploi. Quant aux diverses variétés de forme
8 EMPLOI DU GAZ ACIDE CARBOM^UE.
sous lesquelles les eaux sont administrées, telles que bains, piscines, douches, lotions, injections, houes minérales, etc., je ne puis que renvoyer, pour les faire connailre, aux Traites élémentaires. Je crois toutefois devoir dire quelques mots de deux procédés dont on s'occupe plus particulièrement aujourd'hui en hydrologie, savoir : 1° l'emploi externe du gaz acide carbonique; 2° l'inhalation.
1° Emploi du gaz acide carbonique.
Voilà longtemps déjà que le gaz acide carbonique est utilisé dans certains établissements de l'Allemagne, et les nombreux avantages qu'en retire chaque jour la thérapeutique, tendent de plus en plus à en multiplier l'usage. Cette médication, que j'ai le premier fait connaître en France , vient d'être introduite dans plusieurs de nos établissements thermaux dont les sources sont riches en gaz Le mode d'emploi de ce gaz est le même que celui des eaux, c'est-a-dire qu'on le fait arriver par jet sous forme de douches, ou qu'on l'accumule dans des bassins, où les malades se plongent. Voici a quels phénomènes on peut rapportei son action sur l'économie :
1° Sensation de chaleui qu'on perçoit aussitôt après l'entrée au bain. Elle commence par les pieds, remonte par tout le corps, sui tout dans les points qui ont été ou qui sont encore le siège de quelque souffrance. Les parties génitales en ressentent tres-vivement aussi l'impression.
2° Augmentation de la ti anspiration, principalement chez les goutteux ou les îhumatisants qui font précedei les bains de gaz de bains d'eau minérale.
3° Presque toujours, chez les jeunes filles et chez les jeunes femmes, apparition prématuiee ou écoulement plus abondant des menstiues.
4° Mouvement congestif dans les vaisseaux hémorrhoidaux. Il peut même survenir d'emblée des hémorrhoides chez des malades qui n'en avaient jamais eu auparavant.
Tels sont les effets physiologiques que j'ai notes comme étant les plus constants, quelle que fût d'ailleurs la source qui eût fourni le gaz. On comprend, du leste, que cette médication doive peu varier dans ses effets, puisque le gaz acide carbonique qui en forme la base est, chimiquement parlant, partout de même nature. Ce gaz, il est vrai, peut être plus ou moins pur, ainsi il seia mélange d'air atmosphérique, d'hydrogène sulfure, de vapeurs d'eau minérale ou auties, mais ces
INHALATION. 9
mélanges sont, en général, trop faibles pour modifier sensiblement les résultats, lesquels se traduisent, amsi que nous venons de le voir, par une assez vive stimulation.
2° Inhalation.
Quand ils ont assez de tension pour se dégager spontanément, les gaz contenus dans les sources se mêlent plus ou moins à l'air environnant; ces gaz sont surtout l'acide carbonique, l'azote et l'hydiogène sulfuré. Chacun sait que les deux premiers sont impropres ou nuisibles à la respiration ; par conséquent, on ne voit pas trop quel devrait être le grand avantage de les faire pénétrer dans l'appareil pulmonaire. Qu'importe que associés à l'air dans certaines proportions, ils n'exercent aucune action fâcheuse ! L'essentiel est de savoir jusqu'à quel point ils sont utiles. Or, c'est ce qui n'a pas encore été établi. Reste le gaz hydrogène sulfuré. Comme il est beaucoup plus toxique que les deux autres, on serait tenté de conclure a priori qu'il ne saurait être respiré sans danger ; néanmoins l'expérience prouve que, répandu dans l'air à doses très-discrètes, il tempère l'irritation de la muqueuse bronchique. J'admets donc volontiers l'inhalation appliquée aux sources dont il émane.
Une autre méthode consiste à faii e respirer les vapeurs qui s'échappent spontanément des eaux thermales ou, quand l'eau n'est pas assez chaude, à en élever la température assez pour obtenir ce qu'on appelle les vapeurs forcées. C'est ce qui forme la base des bains d'etuve.
Enfin, M. Sales-Girons a eu la pensée de faire pulvériser l'eau de manière à la rendre respirable. Nul doute qu'on ne parvienne à diriger ainsi, jusque dans l'intérieur du larynx et des premières divisions de la trachée, de l'eau minéiale en substance, c'est-à-dire avec ses gaz, ses vapeurs et ses sels. Quant à l'utilité de cette méthode, elle a été et elle est encore aujourd'hui l'objet d'appréciations assez diverses. Voici ce qui me parait résulter des faits cliniques :
Il est des malades que la pulvérisation fatigue et incommode; chez d'autres elle ne produit aucun effet appréciable; chez d'autres, enfin, elle a réussi alors que d'autres médications avaient échoué. Ainsi je ne nie pas que la pulvérisation ne puisse offnr une utilité réelle; seulement le champ de ses applications est infiniment plus restreint que ne le ferait pressentit l'empressement qu'on a mis à la généraliser.
Que signifie, par exemple, ce poudroiement appliqué à l'eau
10 ACTION THERAPEUTIQUE
de mer? Comment ' Vous vous flattez de créer de la sorte une atmosphère marine artificielle I Un peu plus, et vous adapterez a votre appareil un ventilateur destiné a reproduire, avec le même succès, soyez en sûi, la buse du rivage Ce sont la, je ne crains pas de le du e, de puériles tentatives qui jetteraient du discrédit jusque sur la méthode elle-mcine On oublie donc que, nombre de fois déjà, des essais de toute nature ont ete infructueusement tentes poui modifier avec quelque avantage la composition de l'an destine a etie intioduit dans la poitrine des malades Tantôt on a voulu ajouter de nouveaux gaz à ceux qui constituent normalement l'atmosphère , d'autres fois on s'est contenté de vaner la proportion de ces derniers, soit en faisant predominei l'azote, soit en faisant prédominer l'oxygène. Or, ces diveis essais, qu'un commencement de faveur avait également accueillis au début, ont tous, en définitive, abouti a des résultats si peu satisfaisants qu'on y a aujourd'hui généralement 1 énonce. Quant aux inhalations thermales, dans des salles d'aspiration, elles sont de plus en plus en faveur.
ACTION THÉRAPEUTIQUE DES EAUX MINERALES.
L'action des eaux mmeiales est une action excessivement complexe. La plupart de ces eaux agissent en détei minant une excitation plus ou moins forte qui a pour effet immédiat de réveiller la vitalité des tissus et de produire, comme disait Boideu, un remontement gênerai Elles font passer les organes de l'inertie a l'activité, en communiquant a la constitution une force qu'elle n'auiait pas eue suffisamment en elle-même pour ces transfoi mations. Quelques-unes exercent une stimulation plus vive et plus profonde Au bout de peu de jours, les malades eprouv ent de l'insomnie, de la tristesse, de l'abattement, de l'inappétence ; les douleurs actuelles s'exaspèrent, les anciennes se réveillent c'est une véritable fièvre thermale. Conduite avec tact et habileté, cette fievi e se dissipera graduellement, emportant avec elle la maladie première.
Mais prenez garde de dépasser certaines limites. Les médications brusques ne conviennent pas aux maladies chroniques : celles-ci ont progresse lentement; elles doivent, pour guenr, rétrocéder de même.
On comprend que les eaux ne sauraient être administrées dans la période aiguë d'une maladie, puisque, l'excitation étant déjà trop vive, elles ne feraient que l'exaspérer. Elles scont,
DES EAUX MIMLKALES. il
au contraire, très-utiles à la suite de ces états morbides qui ont épuisé la constitution et répandu une sorte de langueur dans l'organisme. C'est ainsi qu'une affection ancienne guérira souvent mieux qu'une plus récente, son ancienneté étant un préservatif contre l'effet trop énergique des eaux.
On a comparé, avec quelque raison, l'action de certaines eaux minérales à celle de l'azotate d'argent. Vous touchez, par exemple, avec la pierre, la conjonctive engorgée : l'oeil rougit, ' pleure; sa sensibilité augmente, puis il guérit. De même pour l'eau minérale: elle agira en déterminant une réaction substitutive. Mais que, au heu d'un simple engorgement de la muqueuse, vous ayez une désoi ganisation de l'oeil, la cautérisation ne fera que hâter les progi es du mal. Poui les mêmes motifs, on devra soigneusement s'abstenir des eaux, si la maladie est trop grave et la lésion trop profonde. A un état chronique incurable, on substituerait un état aigu incurable aussi, avec cette différence qu'il maicherait beaucoup plus rapidement vers une terminaison fatale.
On compiend, de même, que les eaux ne sauraient être conseillées aux personnes atteintes de maladie du coeur ou des gros vaisseaux, à celles qui sont sujettes aux hémorrhagies ou menacées de congestions vers le cerveau. L'activité imprimée à la circulation pourrait avoir, dans ces cas, les conséquences les plus funestes.
Supposons maintenant que la nature de l'affection soit favorable à l'emploi des eaux, il faut encore que le malade ait en lui une somme de forces suffisantes pour traverser la crise artificielle qui va se produire. Est-il trop faible, la îéaction ne se fera pas, ou, si elle se fait, elle fatiguera inutilement les oiganes, au heu de ranimer et de légulaiiser leur ]eu.
Lorsque les eaux sont fort actives et la constitution impressionnable, la fièvi e thermale devient quelquefois trop intense. Il faut alors diminuer la dcuée du bain, abaisser sa températuie, affaiblir l'eau mméi aie par un mélange d'eau simple, ou même îecouiir à des émissions sanguines. Enfin, vous pourlez êtie obligés desuspendie pendant quelque temps, ou même tout à fait, le tiaitement, les eaux ne pouvant être supportées a quelque dose ni sous quelque forme que ce soit par certains malades. Ces cas, du reste, sont les plus rares.
Vous verrez, au contraire, des personnes sur lesquelles l'eau minérale n'a pour ainsi dire pas de prise. Elles en font usage, même avec excès, à l'mtciieur et à l'extérieur, sans en éprouj ver la moindie modification appaienle.
12 ACTION THERAPEUTIQUE
Un des effets les plus constants des eaux minérales, c'est d'imprimer aux fonctions de la peau une nouvelle activité, en dnigeant les fluides du centre a la circonférence. Elles augmentent la transpiration, rétablissent d'anciens flux, d'anciennes éruptions, ou même provoquent un exanthème artificiel qui, par une dérivation salutaire, dégage les organes plus profonds. Combien de maladies ne reconnaissent d'autre point de départ que la rétrocession d'un principe morbide, dont on ne soupçonnait pas l'existence, ou que masquaient d'autres symptômes! Rappeler ce principe au dehors est, sinon guérir le mal, du moins en ré^ eler la nature, ce qui suffira souvent pour en assurer la guénson.
Nous raisonnons toujours ici dans l'hypothèse où les eaux ont une action primitivement stimulante. Mais ce qui est vrai pour l'immense majorité des sources ne peut s'appliquer à toutes également Certaines eaux, loin d'être excitantes, calment d'emblée, a tel point que la guénson ne sera possible que si, pendant toute la durée de la cure, il y a absence absolue de reaction. Il en est même que vous verrez amoindrir la foi ce vitale, rendre le pouls plus lent, la peau moins chaude, les séci étions moins actives, déprimer, en un mot, le jeu des rouages de l'organisme ce seront des eaux hyposthénisantes.
Voila ce qu'apprend l'observation, et, je ne crains pas d'ajouter, ce que confii me une saine physiologie. Nous l'avons dit en commençant : Une eau minérale est un médicament. Par conséquent, autant d'eaux minérales différentes, autant de médicaments différents.
Les phénomènes généraux sur lesquels j'ai cru devoir insister ne constituent pas seuls l'effet curatif des eaux minérales. Parmi celles-ci, il en est plusieurs qui exercent sur certains organes une action propre, déterminée et même spécifique
Il est extrêmement difficile d'expliquer le mécanisme précis de l'action des eaux, car cette action, déjà très-comphquee par elle-même, est soumise aux influences les plus variées D'ailleurs, on s'adresse a des individualités pathologiques qui se comparent et se résument ; mais, essaye -t-on de les additionner, on n'arrive plus qu'a une unité mensongère.
Si les principes qui entrent dans la composition des eaux étaient mieux connus, nul doute que la thérapeutique n'en retirât d'utiles révélations En effet, ces principes, par quelque voie qu'ils soient absorbés, la peau, l'intestin ou la surface pulmonaire, se mêlent au sang, circulent avec ce fluide, activent ou tempèrent les organes séciéteurs, modifient les pro-
DES EAUX MINÉRALES. 13
duits sécrétés, et, par suite, impressionnent l'économie tout entière. Rencontrent-ils des sels, le plus souvent ils se les approprient ou les décomposent. Le corps de l'homme représente donc ici un vaste laboratoire où s'effectuent de nouvelles associations chimiques, qu'influencent sans doute les phénomènes vitaux, mais qui n'en exercent pas moins une action très-réelle sur la marche et l'issue des maladies.
La division classique des bains en chauds, tièdes et froids, est une division parfaitement fondée, les mêmes sources pouvant produire des effets différents, ou même opposés, suivant la température du bain.
Le calorique étant le type de tous les excitants, le bain chaud détermine un surcroît d'activité dans les diverses fonctions de l'économie ; c'est aussi un moyen perturbateur. Le bain tiède ou tempéré est celui auquel on a recours lorsqu'on veut que l'eau agisse surtout par ses qualités intrinsèques 1. Quant au bain froid, c'est un sédatif très-énergique dont le domaine est plutôt celui de l'hydrothérapie.
Il est d'observation que les eaux, au bout d'un certain temps que l'on en fait usage, ont produit tout ce qu'on devait attendre d'elles. Il faut alors s'arrêter, sans quoi on verrait se développer des phénomènes de saturation qui pourraient compromettre le succès du traitement. La période pendant laquelle on peut prendre les eaux avec le plus d'avantage a îeçu le nom de saison.
Une saison se compose, en général, de vingt à trente jours ; cependant il est impossible d'établir à cet égard rien de précis, une multitude de circonstances pouvant en modifier la durée. Aussi le chiffre de vingt et un jours qui, pour les personnes du monde, a quelque chose de saciamentel, est-il tout à fait arbitraire et sujet à varier. Certains malades, après un repos de quelques semaines, devront recommencer une seconde saison qui complétera le traitement : toutefois il est rare que cette seconde saison doive être aussi longue que la première.
i. La peau absorbe-t-elle dan» le bain? C'est la un fait aujouid'hui encore tres-controverse Les partisans de la non-absorption objectent que cette membrane est toujours enduite d'une couche huileuse, incessamment fourme par les follicules sébacés, et que, par suite, l'eau ne saurait pas plus la pénétrer qu'elle ne pénètre le plumage des oiseaux aquatiques que revêt de même un vernis graisseux. Cela peut être viai pour l'eau ordinaire. Mais remarquons que piesque toutes les eaux mineiales renlerment des sels alcalins lesquels se combinent avec les corps gras de la peau pour former un savon, d'où résultent le nettoiement de sa surface, l'ouverture de ses pores et la peiméabihte de ceuxci aux agents mmeralisateurs.
14 ANALYSE, DES EAUX MINÉRALES.
I Le plus souvent les malades, au moment où ils quittent les eaux, sont encore sous l'influence de l'action mineiale, et c est graduellement que l'equilibieet l'harmonie se rétablissent dans le jeu des organes. Ainsi, de ce qu'on n'aura pas rccouvié la santé par l'action immédiate des eaux, on ne devrapas toujours en conclure que celles-ci ont ete impuissantes. Avant de savon à quoi s'en tenir sui les effets du traitement, il faut attendre un certain temps, d'où il îesulte que le médecin des eaux est souvent moins bien renseigné que !e médecin ordinaire, celui-ci ne perdant pas de vue le malade après sa cui e, et, pai suite, étant beaucoup plus a même d'en juger les résultats Aussi que penser de la véracité de ces statistiques ou se trouve longuement enumeree, à la fin de chaque saison, la liste des maladies traitées aux eaux, avec l'inévitable formule améliore ou guéri?
J'en ai dit assez pour faire comprendie comment agissent les eaux minérales. Quand nous serons arrives a l'histoue paiticuliere de chaque source, j'aurai soin de revenir sur ces questions, cai, foimulees ainsi en termes généraux, elles ont toujours quelque chose d'un peu vague ou de trop absolu.
ANALYSE DES EAUX MINERALES.
On a, de tous temps, attaché une impoi tance extrême à la connaissance des principes constituants des eaux minérales. Mais, prives des moyens suffisants d'analyse, les anciens n'ont pu nous tiansmettre, a cet égard, que des documents incomplets ou eirones
Il faut arriver jusqu'à notre époque pour obtenir des notions plus précises sui les éléments minei alisateurs des eaux Seulement, a foi ce d'entendie vanter et de vanter nous-mêmes sans cesse les progrès de la chimie moderne, ne nous faisons-nous pas quelque illusion relativement a la nature et à la valeur des révélations qu'elle nous fournit? C'est la ce que je me jiropose maintenant d'examiner.
Quand on jette les yeux sur l'analyse d'une eau minérale, et il n'est pas un prospectus qui ne l'etale avec orgueil, on ne laisse pas que d'être impressionné tout d'abord a 1 aspect de substances si diverses disposées par groupes, échelonnées par étages, et terminées chacune par toute une alignée de chiffres que séparent artistement des virgules Mais si, le premiei éblouissement passe, on vient ^ îegarder les choses de plus
ANALYSE DES EAUX MINERALES. 15
près, on s'aperçoit que souvent ces substances, si pompeusement énumérées, appartiennent à la classe des sels les plus inertes, et que, de plus, elles représentent en volume et en poids des quantités tout à fait minimes. Enfin va-t-on jusqu'à vouloir se rendre exactement compte du degré de certitude des procédés mis en usage pour obtenir ces analyses, la désillusion devient telle qu'on en arrive presqu'à craindre d'avoir été le jouet de quelque fantasmagorie.
Ainsi on ne peut retirer d'une eau minérale que ses éléments constitutifs disjoints. Quant a déterminer les combinaisons qu'ils formaient primitivement entre eux, c'est un travail tout conjectural. Or c'est uniquement dans la détermination de ces combinaisons que repose pour nous, médecins, la solution du problème. De même, en effet, qu'il est impossible de se figurer un édifice d'après le seul énoncé des matières qui entrent isolément dans sa composition, de même aussi nous ne pom ons estimer ce que peut être une eau sur la simple enumeration des acides et des bases qu'elle fournit à l'analyse Ces acides et ces bases ne représentent quelque chose à notre esprit qu'autant qu'on les suppose associés entre eux de manière à former des sels dont l'action nous est déjà connue.
Si, d'ailleurs, les substances signalées par la chimie représentaient en réalité le piincipe physiologique des eaux, il devrait exister entre ces eaux et ces substances une relation telle que le mode d'action des premières ne ferait que traduire le degié d'activité des secondes. Ainsi une source faible possédeiait des sels insignifiants; au contraire une source forte serait nécessairement liée à une minéralisation éneigique. Or, toutes ces déductions de la théorie reçoivent de l'observation le démenti le plus formel. Non seulement il n'existe pas de liaison constante entie la composition soupçonnée des eaux et la manifestation de leuis effets thérapeutiques, mais on rencontre à chaque pas de telles oppositions, de tels contrastes, qu'il serait peut-être plus exact de dire que certaines analyses sont moins aptes à guider le médecin qu'à l'égarer. Pareille assertion de ma paît heurte trop directement de front les idées en faveur aujourd'hui pour ne pas paraître au moins paradoxale; aussi est-il essentiel que je la justifie par quelques pieuves.
Prenons telle ou telle source parmi les eaux les plus célèbres de l'Europe. Nous choisirons, si vous le voulez, Plombièies, Gastein et Wildbad. Quelle est la minéralisation de ces
16 ANALYSE DES EAUX MINERALES.
eaux? Comme qualité, elle est la même que celle de nos eaux simplement potables, ainsi vous y trouverez des carbonates et des sulfates de chaux, de soude et de magnésie. Comme quantité, elle leur est inférieure, il suffit pour en juger de jeter un coup d'oeil sur le tableau suivant, où j'ai note la somme des pnncipes fixes contenus dans un litre de chacune de ces eaux :
Gram.
Plombières 0,283
Gastem 0,369
Wildbïd 0,424
Eau de Seine 0,432
Eau d'Arcueil . .... 0,527
Eau du canal de l'Ourcq . . . 0,598
Ainsi l'eau que nous buvons a Pans et qui sert à tous nos usages, est minéralisée de la même manière, mais a plus fortes doses que ceitaines sources, qui possèdent en îeahte de tresremarquables vertus thérapeutiques ' Il y a donc la un agent inconnu qui nous échappe.
Cet agent inconnu, le trouverons-nous dans « l'électricité dynamique, s dont M. Scouttetten a fait récemment la base de toute une théorie sur leur action médicinale? En vente, j'ai ete confondu de voir un esprit aussi distingue que le sien se laisser leurrer par de pareils semblants d'explication. Aussi qu'est-il advenu? C'est que cette théorie, qui n'a même pas le mente de la nouveauté, n'a guère compte jusqu'à piesent d'autres partisans que son propre auteur. Ce seiait donc peine perdue de s'attacher à réfuter ce qui se réfute de soi-même.
Voila cependant ou conduit la manie de vouloir se rendre Compte de tout. On prefeie l'hypothèse qui satisfait et qui flatte a l'aveu d'impuissance qui humilie et qui blesse. Qu'on me permette encore une simple remarque
On ne s'est pieoccupé jusqu'à présent, dans la recherche du principe actif des eaux, que des sels qu'elles tiennent en dissolution. Quant a la matière animale (baregme, glairme, sulfurane), qui s'y trouve en proportion parfois considérable, on la laisse complètement de cote. Tout au plus signale-t-on, en termes geneiaux, quelques-uns de ses caractèies physiques et fait-on remarquer que, sapide, onctueuse et azotée comme l'osmazome, elle communique, comme elle, a certaines sources le goût et l'aspect du bouillon de viande. Eh bien ' cette matière animale si dédaignée, n'entre-t-elle pas pour beaucoup, au contraire, dans l'action thérapeutique des eaux ? Je ne vou-
CLASSIFICATION DES EAUX MINERALES. 1?
drais pas, par une assimilation exagérée, pousser ici trop loin l'analogie. Toutefois, s'il est vrai que dans le bouillon de viande la matière animale soit tout et les quelques sels absolument rien, pourquoi, transposant les rôles a propos des eaux, rapporter tout aux sels et rien à la matière animale?
Je me résume. Une eau minérale n'est pas une dissolution saline ordinaire. C'est un breuvage à part qui a ses éléments propres comme sa saveur spéciale, que la nature a fabriqué par une sorte de chimie occulte, et dont elle s'est jusqu'à présent réservé la recette : la connût-on, qu'il resterait la difficulté de l'appliquer. Or je crains bien que, de longtemps encoie, nous n'en soyons réduits à accepter pour devise ces paroles si vraies et tant citées de Chaptal : « Quand on analyse une eau minérale, on dissèque un cadavre. »
CLASSIFICATION DES EAUX MINERALES.
Je diviserai toutes les sources minéiales en six classes : savoir : Eaux sulfureuses, ferrugineuses, alcalines, gazeuses, wdo-bromées et salines.
PREMIÈRE CLASSE. — Eaux sulfureuses. — Les eaux minérales sulfureuses sont surtout reconnaissables à l'odeur de ga? hydrogène sulfuré qui s'en dégage. Prenant pour base les diverses combinaisons que forme le soufre en dissolution dans ces eaux, on admet généralement trois espèces d'eaux sulfureuses : les sulfurées sodiques, les sulfurées calciques et les sulfhydriquées.
C'est sans contredit la classe dont les caractères chimiques sont les plus nets et les plus tranchés.
DEUXIÈME CLASSE. — Eaux ferrugineuses. — Les eaux ferlugineuses, appelées aussi eaux martiales ou ckalybées, sont les plus répandues de toutes les eaux minérales. Limpides à leur point d'émergence, sans odeur appréciable, elles impriment au goût une sensation styptique qui rappelle assez celle de l'encre. Le fer est tenu en dissolution dans ces sources par trois agents principaux : l'acide carbonique, l'acide crénique et l'acide sulfurique.
TROISIÈME CLASSE. — Eaux alcalines. — La plupart des sources alcalines les plus célèbres doivent leur alcalinité aux carbonates de soude; d'autres sont principalement minéralisées par des carbonates de chaux et de magnésie; piesqae toutes contiennent, en plus, des sulfates, des chlorures ou des
18 CLASSIFICATION DES EAUX MINERALES.
silicates alcalins. Ces eaux sont, en général, saturées de gaz acide carbonique; aussi les range-t-on habituellement parmi les sources ondules gazeuses C'est un tort; elles mentent d'occuper une classe spéciale, car elles agissent moins par leur gaz que par leur principe alcalin
QUATRILME CLASSE. — Eaux iodo-bromees. — L'iode, bien qu'il n'existe, en général, qu'a ties-petite* doses dans le» eaux minérales, a une puissance thérapeutique telle, que j'ai dû fane une classe a part des souices qui en coniiennent Quant au brome qu'on y rencontre quelquefois seul, mais le plus souvent associe a l'iode, on est beaucouj) moins i enseigne sui la valeur et la portée de son rôle
CINQUIÈME CLAUSE. — Eaux salines — Les sources qu'on est convenu de ranger dans cette classe contiennent, comme caractère essentiel, certains sels, variables par leur nombre et leurs doses, auxquels elles doivent leurs propriétés Quant à la nature de ces sels, elle peut etie trèb-diffei ente. Les eaux salines ne forment donc pas une famille îeconnaissable a des éléments chimiques particuliers et distincts, elles constituent plutôt une sorte de Légion étrangère ou l'on eniole toutes les sources qui ne sauraient tiouver place dans les divisions précédentes Plusieurs d'entre elles forment cependant deux genres assez homogènes, suivant que les sels dominants sont des sulfales ou des chloruies.
SIXIÈME CLASSF. — Enux gazeuses — Les eaux minérales gazeuses ou acidulé^ sont caractei isees par la piedominance du gaz acide carbonique. On les désigne sous le nom d'eaux de table, comme remplaçant aux repas l'eau ordinaue Elles sont plutôt hygiéniques que médicinales
Parmi les sources que minéralisé le cnlorure de sodium, quelques-unes renferment ce sel en telle abondance qu'on l'extrait pour les usages de commerce. Le résidu a reçu le nom d'eau mère Cette eau mère (mutter lauge des Allemands), se présente sous l'apparence d'un liquide sirupeux, de couleur fauve ou brunâtre, d'une densité considérable, sans odeur ties-caracterisee. Sa saveur, salée d'abord, puis ardente, comme si l'on se mettait de l'éther sur la langue, laisse un ar nere-goût amer et desagréable qui disparaît lentement. L'eau mère renferme, a un degré extrême de concentration, les principes solubles des sources dont le chlorure de solium s'est séparé en se cristallisant. Le brome et l'iode s'y montrent en proportion variable, surtout le brome Cette eau-mere ne s'emploie qu'associée a l'eau des bama.
PRÉPARATION AUX EAUX. 19
— Voici le terrain déblayé. Quelques mots maintenant, avant d'aborder la description des sources, sur la Préparation aux eaux, les Soins pendant la cure et le Traitement consécutif.
PRÉPARATION AUX EAUX; SOINS PENDANT LA CURE; TRAITEMENT CONSÉCUTIFOn
CONSÉCUTIFOn autrefois dans l'usage de soumettre les malades qu'on envoyait aux eaux à un tiaitement préparatoire des plus énergiques. Je ne puis mieux faire, pour donner une idée de ce traitement, que de citer le passage suivant d'une lettre que Boileau écrivait de Bourbon-1'Archambault 4 à Racine (21 juillet 1687) : oc J'ai été purge, saigné; il ne manque plus au« cune des formalités prétendues nécessaires pour prendre « les eaux. La médecine que j'ai prise aujourd'hui m'a fait, à « ce qu'on dit, tous les biens du monde, car elle m'a fait tom« ber quatre ou cinq fois en faiblesse, et m'a mis en état qu'à « peine je me puis soutenir. C'est demain que je dois com« mencer le grand oeuvre, je veux dire que demain je dois « commencer à prendre les eaux. » Or, remarquons que ce ne fut point par suite de quelque circonstance particulière à sa santé que Boileau fut soumis à ces diverses épreuves. Non. C'étaient, comme il le dit lui-même, autant de formalités prétendues nécessaires, et par conséquent aucun malade ne pouvait en être affranchi. Quant au grand oeuvre, on ne saurait nier que ce ne fût effectivement quelque chose d'assez sérieux, puisque nous lisons dans d'autres passages de ses lettres <c qu'il « pi end tous les matins plus de douze verrées d'eau, plus « pénibles encore à rendre qu'à avaler, lesquelles lui ont, « pour ainsi dire, tout fait sortir du corps, sauf la maladie « pour laquelle il les prend. » Ce qui le tourmente le plus, c'est l'insomnie qui lui est imposée de par la Faculté. « Je n'ai « plus d'appétit, dit-il: je traîne les jambes plutôt que je ne * marche; mais je n'oserois dormir, bien queje sois toujouis « accablé de sommeil.... Pourvu queje ne m'endorme point, « on me laisse toute liberté de lire et même de composer.... <c Je suis tout étourdi par l'effet des eaux, sans qu'il me soit
I. Ce fut Fagon qui piesciivit à Boileau, atteint d?une extinction de voix, les eaux de Bourbon-l'Arch tmbault : d'où je serais tente de conclure que, sous Louis XIV aussi, on pouvait être fort habile médecin et se tromper cependant dans le choix d'une eau minérale.
20 PREPARATION AUX EAUX.
(c permis de sommeiller un moment *. » On lui avait promis, n'en doutez pas, « qu'a peine il auroit goûte de ces eaux, il « se trouveroit tout renouvelé, et avec plus de force et de vi « gueur qu'a l'Age de vingt ans » (Il en avait alois cinquante.) Ce qui n'empêcha pas qu'au bout de six semaines de traitement il quittait Bourbon, « aussi muet qu'auparavant », se jDlaignant des eaux tout en se louant des médecins « qui étaient « plus occupes de leurs malades que ceux de Pans% et qui « leur consacraient plus de temps * Semblable compliment est-il jamais soiti de la bouche de nos baigneurs?
Bornons la ces cautions, car elles suffisent et au delà pour faire ressortn les inconvénients et les abus de ces pratiques empiriques. Est-ce a dire que toute préparation aux eaux minérales soit chose qu'il faille toujouis négliger' Ce serait tomber dans un autre extrême piesque aussi regiettable. Voici, à cet égard, les règles que je crois pouvoir poser :
Quand un malade doit prendie les eaux plus spécialement en boisson, s'il existe de l'inappétence, des saburres, de la constipation, et que les eaux piescutes soient plutôt resserrante;, que laxatives, une purgation est en quelque sorte de rigueur. En effet, comme les eaux n'agiront dans ce cas qu'a la condition qu'elles seront abso^ees, vous aiderez puissamment a leurs bon= effets en déblayant les voies par lesquelles l'absorption s'opérera. Devra-t-on, au Contran e, useï plus par licuberement du bain et de la douche, que toute votre attention se dirige vers l'appaieil circulatone Pour peu que le pouls vous païaisse plein, résistant, que les traits accusent une trop forte coloiation, n'hésitez pas à recourir a quelque émission sanguine. Si vous négligiez ce moven, la fièvre thermale pourrait, a un certain moment, dépasser le but que vous vouhe? simplement atteindre, et, autant il vous eût ete facile, au début, de lui imprimer une sage direction, autant ensuite il vous sera difficile de la faire rétioceder. Une autre précaution qu'aucun malade ne devrait omettre, c'est, pendant les quelques jours qui précèdent le départ, de mener une vie douce calme, tranquille. * Quand vous arrivez aux eaux, disait Allie bert, faites comme si vous entriez dans le temple d'Escu« lape, laissez à la porte toutes les passions qui ont agité voti e « âme ou tourmenté votie esprit. »
^ Quoi de plus absurde que cette privation forcée de sommeil chez un ma lade qui en avait, au contraire infiniment plus besoin que tout autie, pour tempérer l'action beaucoup trop énergique des eaux l
SOINS PENDANT LA CURE. 21
Pourquoi est-il d'usage de ne fréquenter les eaux que pendant l'été ? Plutarque nous apprend que, de son temps, on préféi ait au contraire * le printemps et l'automne » (6 Ttepi ro ia.o xal TO tpôivo'irwpov) dans la crainte des trop fortes chaleurs. Tibulle veut même « qu'on s'abstienne complètement des eaux pendant la canicule : ■»
Unda sub oestivum non adeunda canem.
Je ne vois, je l'avoue, aucun motif plausible de réformer à cet égard nos pratiques actuelles que justifie la température modérée de nos climats. Seulement je voudrais que la plupart de nos thermes eussent, en plus de la saison d'été, une saison d'hiver. N'est-ce pas en hiver que vous voyez les maladies de poitrine, les rhumatismes, les affections de la peau et tant d'autres états morbides se développer ou s'accroîtie? Ce serait, par conséquent, l'époque la plus opportune pour recourir à la médication hydiommérale. Or c'est précisément celle où presque tous nos établissements .sont fermés.
Je suppose le baigneur rendu près de la source. A dater de ce moment, il ne s'appaitient plus : il n'appartient plus au médecin qui l'a envoyé : c'est uniquement du médecin des eaux qu'il relève, et c'est à sa seule direction qu'il lui faudra se confier désormais.
Sans doute cette substitution d'un médecin à un autre médecin est chose extiêmement regrettable, d'autant plus que tout malade aime à confondre le médecin avec l'ami, se flattant, non sans motifs, que la sollicitude du premier se fortifiera encore par l'attachement du second. Pour remédier, autant que possible, à ces inconvénients, il est essentiel que le médecin joigne à sa consultation des 1 enseignements circonstanciés sur le tempérament de son client, et sur les moyens qui, chez lui, réussissent d'habitude ou échouent; mais ne pas aller plus loin Vouloir indiquer d'avance combien de verres seront bus, combien de douches ou combien de bains seront pris, c'est s'exposer à commettre de graves mépiises, car on ne peut jamais savoir, a priori, comment telle eau sera supportée par tel malade. C'est, en même temps, placer le médecin des eaux dans la position la plus fausse, obligé qu'il sera souvent ou de contrôler l'ordonnance qui lui aura été apportée, ou, s'il l'a fait exécuter, de donner au traitement une direction en dehors de ses propies inspirations. Que les baigneurs, de leur coté, évitent de commettre la moindre imprudence. Les uns boivent avec excès, persuadés que leur soulagement futur doit
22 ORDRE ET DISTRIBUTION
se mesurer à la quantité d'eau minérale qu'ils absorbent ; d'autres font abus de la douche, ou prennent des bains trop prolonges, ou bien les répètent trop souvent II n'en faut quelquefois pas davantage pour compromettre plus ou moins le succès de la cure
Cette manie d'outre-passer les doses a été, de tout temps, le défaut des baigneurs. Pline s'en plaignait déjà. « Bon nombre OE de malades, dit-il, se font gloire de rester plusieurs heures * de suite dans des bains tres-chauds, ou de boire l'eau mi <t nérale outre mesure, ce qui est également dangereux. * Pline a îaison. Seulement il ajoute . a J'ai vu de ces buveurs « dont la peau était tendue au point de recouvrir leurs bagues, OE parce qu'il ne pouvaient rendre la quantité d'eau qu'ils « avaient avalée. » (Vidt jam turgidos bibendo, in tantum ut annuli tegerentur cute, quum reddi non possit hausta multitudo aquss.) Pline a-t-il réellement vu cela ? Ne tombe-t-il pas bien plutôt ici lui-même dans l'exagération qu'il reproche si justement aux autres'
— Voici la cure terminée Le baigneur quitte les eaux et rentre sous la direction de son médecin habituel, seulement cette transition reclame de même certains ménagements. Nous avons vu que l'action des eaux minérales se continue pendant quelque temps après qu'on en a mteirompu l'usage. Cette action consécutive, qu'on invoque quelquefois, j'en conviens, pour dissimuler des insuccès, n'est souvent, au contraire, qu'un complément nécessaire de la cure, par suite, elle exige une très-grande circonspection de la part des malades, ceuxci n'étant que trop portés à croire qu'avec le dernier verre d'eau doit cesser tout régime.
ORDRE ET DISTRIBUTION DES MATIERES
Dans quel ordre allons-nous décrire les sources minérales ? Leur distribution par familles, d'après les caracteies chimiques que nous leur avons assignes, pourrait être utile comme point de ralliement; mais, nous le savons dej i, elle ne saurait fournir les éléments d'une classification véritable. Ajoutons que la nécessite ou l'on se trouverait, si on la prenait pour règle, de décrire en bloc toutes les eaux feirugmeuses, toutes les eaux alcalines, toutes les eaux sulfureuses, etc., lesquelles, au contraire, sont disséminées dans les lieux les plus divers, forcerait le lecteur à passer à tout instant d'une contrée à une
DES MATIÈRES. 23
autre contrée, sans qu'il pût jamais se fixer nulle part. Or, une semblable méthode d'exposition serait d'autant moins à sa place dans un livre du genre de celui-ci que, ne tenant aucun compte des localités qui relient entre eux les divers établissements thermaux, elle nous priverait des distractions du voyage que nous regardons au contraire comme un précieux auxiliaire de la médication hydiommérale.
Ces motifs me justifieront, je pense, d'avoir préféré le classement géographique à toute autre méthode. Je vais donc étudier par groupes les diverses eaux minérales de la même localité, quelles que soient les analogies ou les différences de leur composition. Seulement je signalerai en même temps les caractères fournis par l'analyse, afin de rattacher, autant que possible, chacune de ces sources à la division à laquelle elle doit chimiquement appartenir. De cette manière, nous aurons concilié tout à la fois les exigences de la science et l'ordre des descriptions : j'y vois, de plus, l'avantage de donner une idée nette et précise des richesses de chaque pays en eaux minérales.
Je viens de parler d'analyses. Si je m'abstiens de les publier in extenso, c'est qu'en mentionnant, comme on le fait d'habitude, jusqu'aux moindres substances que l'on présume être contenues dans les eaux, il semble qu'on ait plutôt pour but de parler aux yeux qu'à l'esprit. N'avons-nous pas montré jusqu'à l'évidence toute l'inanité de ce luxe de chimie? Indiquer la caractéristique des sources, c'est-à-dire l'élément salin ou gazeux qui prédomine dans chacune, me parait une mesure plus rationnelle et plus simple; j'ajouterai, beaucoup plus pratique, notre attention ne devant plus être distraite par l'énumération de substances qui, jusqu'à présent du moins, sont pour nous sans signification rationnelle. D'ailleurs, en piocédant de la sorte, nous ne ferons qu'adapter à l'étude des eaux la marche heureusement suivie depuis longtemps à l'égard des plantes médicinales. Ne se contente-t-on pas, par exemple, de signaler la quinine, la strychnine et la morphine comme l'élément essentiel du quinquina, de la noix vomique et du pavot, sans se préoccuper des autres principes secondaires qui s'y rencontrent ?
' Voici maintenant dans quel ordre seront décrites les matières. Je passerai successivement en revue les établissements thermaux de la France, de la Suisse, de la Belgique, de l'Al,
l'Al, et de l'Italie, consacrant à la description de chacun une notice d'une étendue proportionnée à son importance.
24 ORDRE ET DISTRIBUTION DES MATIERES.
Chaque notice sera précédée de quelques lignes d'itinéraire, dans le but d'épargnei aux malades les desagréments et les ennuis de toute nature que j'ai éprouvés dans mes voyages, faute précisément de renseignements circonstanciés Du reste, la nouvelle Carte des eaux que j'ai dressée moi-même, et dont j'ai, avec un soin tout particuhei, dirigé l'exécution, permettra de reconnaître, d'un simple coup d'oeil, la position de chaque source, sa nationalité, ses relations avec les villes voisines et ses moyens d'accès.
J'entremêlerai ces descriptions de quelques détails sur les Cures de petit-lait, de képhir, sur celles de raisin, de cresson et sur le massage, ainsi que sur certaines Exhalaisons gazeuses du sol qui rendent quelquefois autant de services a la médecine que les eaux elles-mêmes, puis j'étudierai, dans autant de traites a part, les Bains de mer et l'Hydrothérapie
J'établirai ensuite un Parallèle entie les eaux minérales de la France et celles de l'étranger, puis j'aborderai l'histoire des diverses maladies que ces eaux sont appelées a guenr. Enfin je compléterai ce Tiaite thérapeutique par un expose des dangers qu'offrent les eaux employées sans discernement, et par quelques mots sui les Eaux gazeuses.
Un apeicu historique et critique du « Voyage de Montaigne aux eaux minérales d'Italie » terminera la partie de mon Guide qui se rattache a l'hydrologie.
Il est un autre sujet que j'ai traite déjà dans mes dernières éditions, mais qui prendra dans celle-ci un développement beaucoup plus consideiable, c'est celui qui est relatif aux STATIONS D'HIVER On y tiouvera aussi un mot sur l'hydrothérapie gastrique qui tend à prendre une place importante dans la médication thermale.
EAUX MINÉRALES
DE
LA FRANCE.
INFLUENCE DES EAUX SUR LA FORTUNE PUBLIQUILE BAIN DES PAUVRES
Les eaux minérales, par l'immense' extension qu'elles ont prise dans ces derniers temps, intéressent au même titre la santé et la fortune publiques En effet, les nombreux baigneurs qui, chaque année , y affluent de toute part, soit dans un but d'hygiène, soit dans l'espoir d'y trouver la guérison ou le soulagement de leurs maux, empoitent avec eux un abondant numéraire qui, versé dans le pays, contribue puissamment à sa prospérité et à sa richesse, & Les eaux fondent les villes, » (aquss condunt urbev), disaient avec raison les anciens. C'est ainsi que vous en verrez s'élever dans des contrées qui, par leur caractère sauvage ou leur isolement, semblaient ne de\oir comporter d'autres abris que de chétives masures. Que seraient, sans leurs eaux, Bagnères, Cauterets, Luchon, Bareges, Saint-Sauveur, Bonnes et le Mont-Dore?
La France, sous ce rapport, est un des pays les plus favo' risés de l'Europe II est a regretter seulement que la plupart de nos sources soient inaccessibles aux malades indigents. J'ajouterai que, dans les endroits mêmes où des bains gratuits leur sont administrés, il est rare que ces bains soient organisés d'une manière convenable ni même hygiénique, l'eau qui les alimente ayant presque toujours servi a d'autres malades. Boerhaave disait : « Les pauvres sont nos meilleurs clients, « puisque c'est Dieu qui se chaige du payement des hono« raires. » Comparez ces paroles si belles et si simples aux manifestes de nos modernes philanthropes,
2
26 FRANCE (MIDl).
Voici maintenant dans quel ordre nous allons passer en revue les différentes eaux qui sourdent sur notre territoire ;
En premier lieu, les établissements du Midi, puis successivement ceux du Centre, de l'Ouest, du Nord, de l'Est et de la Savoie, pour terminer par quelques mots sur les sources minérales d? la Corse. Si nous nous abstenons de décrire celles de l'Algérie, c'est que, maigre leur incontestable valeur thérapeutique, elles n'offrent point encore un aménagement suffisant poui que nous puissions y diriger nos malades.
I
SOURCES DU MIDI DE LA FRANGE.
A cette section appartiennent les eaux minérales des Pyrénées. Chez presque toutes le soufre est l'élément dominant, et s'y trouve a l'état de sulfure sodique. Elles renferment pour la plupart aussi du gaz azote plus ou moins mélangé d'oxygène, ou même de l'azote pur. Enfin ce sont de toutes les eaux connues les plus nches en baregme.
Les premières stations thermales que l'on rencontre sur la hsieiedes Pyrénées sont : Dax, Cambo, Samt-Christau et Saliesde-Bearn. Nous commencerons par leur étude, avant de pénétiei au coeur même de la chaîne.
DAX (LAISDES).
Sources et boues alcalines chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A DAX — Chemin de fer du Midi par Bordeaux jusqu'à Dix même H heuies 20 min — Débours 90 fr A0.
Il n'y a peut-être pas de station thermale JJÎUS heureusement située, comme voisinage et comme abords, que celle de Dax. Elle occupe le centre d'un tnangle dont Arcachon, Pau et Biarrits sont les points extiêmes, fa grande voie ferrée qui relie Pans a Madrid, longe ses murs, enfin c'est la tête de ligne de l'embranchement qui mené aux bains des Pyrénées
Dax a ete connu de tout temps par ses sources minérales. Celle qui jaillit au coeur même de la ville porte le nom de
DAX. 27
Fontaine Chaude ou Fontaine de Nesles. Sa température est de 60° C., son odeur nulle ainsi que sa saveur, sa limpidité parfaite. Quant à son rendement, il est de dix à douze millions de htres par vingt-quatre heuies. De là, le parti que la population et surtout la classe pauvre savent en tirer, chacun venant y puiser librement pour ses usages particuliers.
On l'utilise également en bams dans de petits bâtiments qui avoisinent la source, seulement leur installation est tellement élémentaire qu'ils ne méritent qu'une simple mention. Mais il n'en saurait être de même pour l'important établissement qui est venu mettie en relief les ressouices hydrologiques de la localité : je veux pai 1er des Theunei de Dax.
THERMES de DAX. —Cet élégant édifice, dont l'idée premièie est due au docteur Delmas, de Bordeaux, bien connu par ses travaux en hydrologie, s'élève sur le griffon des sources SainteMarguerite et du Bastion, et sur un véritable banc de boue, formé par les dépôts de l'Adour. Son aménagement est des plus complets et des plus confortables Les malades, tant pensionnaires qu'externes, y trouvent les éléments de traitement suivants, sous la direction médicale de nos distingués confrères les docteurs Bai the de Sandfort et Albert Larauza :
Bains de boue. C'est la médication topique de Dax. Cette boue renferme, sur 1000 grammes de résidu sec, 800 de silice et 200 de substances végélo-minérales qui sont surtout de l'alumine, de l'oxyde et du proto-sulfure de fer, de la magnésie, du chlorure de sodium et des matières organiques. On l'administre en bains de piscines que traversent sans cesse des courants d'eau minérale qui l'entretiennent au degré de chaleur la jilus convenable. Celle-ci varie, suivant les indications, de 30 à 45° C. On l'élève même quelquefois jusqu'à 49 et 50.
En plus des bains de piscine, cette boue s'emploie en bains de baignoire, généraux ou partiels.
Eau mtneiale. L'eau, par sa température et ses autres propriétés physiques, rappelle tout à fait celle de la Fontaine Chaude. Elle renferme, par litre, lsr,20 de piincipes salins à base de soude, de potasse, de chaux et de magnésie. Il s'en dégage un peu de gaz acide carbonique, et des quantités notables d'azote. Quelques malades en boivent, mais on en fait suitout usage en bains, douches, piscines et étuves. Souvent on ajoute au bam, pour accroître son activité, des eaux mères provenant de l'exploitation des mines de sel gemme. Enfin on adjoint quelquefois à la cure, la boisson des eaux salines de Potullon ou sulfuieuse de Gamaide.
28 FRANCE (MIDI).
Installation hydrotherapique. C'est sans contredit un bâtiment modèle, tant par son aménagement intérieur que par la qualité de l'eau qui l'alimente.
— Grâce à cette variété de moyens d'action et à la surveillance éclairée qu'exercent les divei s praticiens attachés comme médecins consultants à l'établissement, les Thermes ont singulièrement agrandi la sjDhère d'application des boues et des eaux de Dax. Voici quelles sont les maladies pour lesquelles elles conviennent le mieux :
Bliumatismes et goutte, névralgies et névroses , paralysies, raideuis et engorgements aiticulaires, suite de rhumatismes, affections de l'utérus, de la gorge, de la poitnne, lymphatisme, scrofules ; dermatoses et atrophies musculaires.
Mais ces Thermes ne sont pas seulement fréquentes pendant la saison des eaux; ils le sont également pendant l'hiver. Aussi en parlerons-nous de nouveau à propos des STATIONS HIVER?, ALES.
Cambo (Basses-Pyrenées). — Sou/ ces sulfureuses tiedes. — Cambo est à deux heures de Bayonne. Le chemin qui y conduit occupe une des vallées les plus gracieuses des Pyrénées, mais il ne s'y trouve qu'une source un peu tiède (22° C ) et a peine sulfureuse qui alimente un petit établissement. Aussi Cambo voit-il plus de touristes que de malades.
Saint-Christau (Basses Pyrénées). — Sources sulfureuses et sources cuitteuses froides — Ces sources, situées a 8 kilometies d'Oloron, par les gares de Lacq et de Pau, au bord de la vallée d'Aspe, ont été tiès-bien aménagées dans deux établissements. On les emploie en bams, douches, injections, fomentations, pulvensation et boisson. Elles jouissent d'une efficacité marquée contre certaines maladies de peau tres-tenaces, telles que l'eczéma, le psoriasis lingual, la coupei ose et le lupus.
Salies-de-18éarn(Basses Pyrénées).—Souicessalines froides. — La ville de Sahes-de Bearn est située a vingt minutes de la station de Puyoo, entre Pau et Bayonne Sa sourc e mméi aie est tellement chargée de sels qu'elle renferme 255 giammes de chloiure de sodium, par litre, tandis que l'eau de mer n'en contient que 30 II en résulte que, quand on se baigne dans une pareille eau, le corps surnage a sa surface et s'y maintient, au heu de gagner le fond Aussi est-on obligé de se faire attacher par des courroies dans la baignoire J'avais déjà entendu dire qu'il était impossible de se noyer dans la mer Morte. Le fait doit être exact, puisque cette mei à une densité a peu près égale, soit 240 gi animes de sels, par htie, et que, pai suite, le même phénomène doit s'y pioduire.
EAUX-DONNES. 29
On comprend qu'une source aussi richement minéralisée représente un pi écieux agent thérapeutique, et que les maladies caiactérisées par la débilité, tant nerveuse que musculaire, en obtiennent quelquefois d'excellents résultats. Sous ce rapport, c'est une eau unique en son genre. Mais il n'est pas donné à tout le monde d'aller suivre sa cure à Salies même. Je ne sauiais donc tiop encourager tout moyen tendant à faciliter cette cm e chez soi.
A ce point de vue, les Sels d'eau mère secs qu'on extrait de la source de Salies et qu'on livre au commerce représentent assez bien la minéralisation de cette source. Ajoutés à l'eau d'un bain ordinaire, ils constituent une médication essentiellement réconfortante.
EAUX-BONNES (B VSSES-PYHLHBES) . Sources sulfureuses chaudes et froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS AUX EAUX-BONDES. — Chemin de fer du Midi par Bordeaux jusqu'à Luiuns . 18 heures 30 min Voitures de Laruns aux EiuxBonnes . 40 minutes. — Debouis . 107 £s«
Les Eaux-Bonnes sont situées dans la vallée d'Ossau, au pied du pic du Ger, et à 4 kilomètres de Laruns. On y accède jiar une ti ès-belle î oute ; seulement il faut gravir une côte longue et rapide. Il résulte de cette disposition sur une hauteur, que l'an-, bien que ressené dans une gorge étioite, circule et se renouvelle facilement.
A l'extrémité de la vallée se trouve l'établissement thermal, qui a été l'objet d'une intelligente restauration.
La Source-Vieille est la seule qui alimente la buvette. C'est à elle que les Eaux-Bonnes doivent leur réputation : aussi tout ce que nous dirons de ces eaux se rapporte-t-il exclusivement à cette source.
A sa sortie du sol, l'eau en est claire, limpide et onctueuse au toucher. Elle lépand une odeur d'oeufs couvés bien prononcée Sa saveur est douceâtre et très-peu désagréable ; c'est a peine si elle laisse un anière goût hépatique: aussi les malades la boivent-ils sans aucune répugnance. Sa température est d'environ 32°C. Cette souice, dont la minéralisation estsipeu enrappoit avec son action médicinale, paraît renfeimer, d'après les dernières analyses de M, Filhol, 0tr,016 de sulfure de sodium,
30 FRANCE (MIDl).
par litie. Ces résultats sont contestes par M. le docteur Gar rigou, qui, en plus du sulfure, a trouve dans cette source d nombreux métaux que nie à son tour M. Filhol. De quel côl est la vente ?
L'action tres-eneigtque de ces eaux, piîses en boisson, exiç la plus grande cuconspection dans leur dosage. Les hmiti extrêmes sont de deux cuillerées abouche à trois verres, doi deux dans la matinée et un avant le dîner. Il survient hab tuellement, dans les premiers jouis de la cure, de l'agit, tion, de l'insomnie , une sorte d exaltation de tout le systen nerveux, comme par les effets au café, la force musculai semble accrue, le pouls est plein, le visage colore, l'appel impérieux, il y a en même temps de la constipation, que quefois, au contraire, du devoiement avec pin< ements d'ei trailles et coliques sourdes Puis enfin tout se régularise, et ne reste qu'un sentiment plus prononcé de bien être.
Voila, ties-sommauement, les principaux effets des Eauj Bonnes sur l'ensemble de 1 oigamsme Quant a l'influence sub par l'appareil respiratoire, influence qui CL nstitue la spécial sation de ces eaux, je me contenterai de reproduire l'ai tic que Darralde, l'ancien inspecteui, avait rédige tout exprès poi mon Guide. Cet article a d'autant plus de valeur aujourd'hu que c'est le seul document émané de notre confrère, et qi les travaux parus depuis n'ont fait que confirmer sa manie de voii. C'est donc lui maintenant qui va parler :
a Les Eaux-Bonnes, comme toutes les eaux sulfureuses ( a la chaîne, ont une action excitante et révulsive qui se tiadi « par une activité plus grande imprimée aux fonctions gen « raies, surtout à celles de la peau. Mais, indépendamment i « cette action, elles en possèdent une substitutive et locale qi <c bien que se faisant sentir sur tous les points engorges, a concentre plus particulièrement cependant sur les aflectio « des oiganes thoraciques de la un caractère de spécifie! « qu'on ne rencontre dans aucune autre source. Cette spécifie] « d'action modifie diversement la plupart des phénomènes st or thoscopiques essentiels qui se tiou\ent exaspères dans ce « tains cas, amoindris dans d'autres, de telle soi te que, s « fallait conclui e immédiatement d'après les changements su n venus, les Eaux-Bonnes seraient jugées contradictoireme « et souvent exclues du traitement des maladies de l'appar
* respiratone. Et cependant 1 expérience prouve que c'est pr « cisément pour le traitement de ces affections qu'elles joui
* sent d'une efficacité tout a fait exceptionnelle. C'est que
EALX.-BOKNKS. 31
« perturbation momentanée qu'elles apportent, loin d'être un oe mal, doit, au contraire, avoir une part réelle aux transférer mations qui conduiront à la guénson; mais cette perturbait tion mettra deux ou trois mois pour parcourir ses diverses o phases. C'est donc seulement api es ce laps de temps qu'on « peut être positivement fixe sur les résultats déGnitifs de la a cure.
« Mais, si l'excitation est ici la règle, il s'en faut de beauoc coup que ses degrés soient toujours les mêmes chez chaque » malade. Voici à cet égard ce qu'apjsrend l'observation :
« Les phénomènes développés par les eaux sur les affections « chroniques des organes respiratoires ne sont, d'habitude, a que la reproduction de ceux qui caracténsaient ces mêmes i affections quand elles se trouvaient encore a leur période « d'invasion; par conséquent, les eaux ramènent momentane» ment les choses à leur état primitif. L'inflammation a-t-elle « été intense, légère ou insensible, attendez-^ous à ce que les u eaux éveillei ont des manifestations correspondantes ; il y a « plus, que ce soit la marche suivie autrefois par la maladie « elle-même qui vous serve pour la gradation du tialternent i sulfureux. On saisit tout de suite la valeur et l'application <t de ces remarques. En effet, supposons que vous vous obsti« niez à vouloir faire produire aux Eaux-Bonnes des phéno« mènes inflammatones, alors que ces phénomènes n'avaient e point primitivement existé d'une manière accentuée, vous a pourrez compromettre la guérison qui, en l'absence de ces a phénomènes, eût été tout aussi sûiement obtenue.
« Les Eaux-Bonnes, comme toutes les eaux sulfureuses, « peuvent êtie utilisées pour le traitement d'une multitude n d'affections diverses. Toutefois nous allons indiquer seule« ment les maladies auxquelles il est d'usage d'en limiter l'ema ploi. Ce sont : la pharyngite, la laryngite, la phthisie à tous i ses degrés, la bronchite, l'asthme, la pneumonie chionique
* et la pleurésie.
Nous ne suivrons pas Darralde dans les développements qu'il consacre à l'étude des évolutions subies par chacun de ces états pathologiques. Voyons seulement ce qu'il dit de la cuiabihte de la phthisie pulmonaire pai le» Eaux-Bonnes :
« PHTHISIE PULMONAIRE. — Comme règle, les signes sté« thoscopiques sont toutd'abord exagérés par l'usage des eaux.
* Ainsi le craquement sec qui caractérise le pieimer degi é de la « phthisie devient plus accentué; mais, après avoii subi cette
* évolution, il devient au contiane plus vague, et incme il peut
32 FRANCE (MIDI).
« cesser complètement. Dans la phthisie au second degré, «c c'est-à-dire a craquement humide, ces modifications stethos« copiques sont rendues plus appiéciables encore. En général, « le timbre humide s'exaspci e momentanément aussi, mais bien« tôt il va en rétrogradant au point de prendre la foi me sèche « que nous savons appartenir au premier degré de la phthisie : « les choses peuvent même ne pas en rester la, et vous verrez «c quelquefois la forme sèche disparaître a son tout. Si la ma<t ladie est plus avancée encore, que pir exemple elle ait « atteint le troisième degré, gaidez-vous de declaier poui « cela le mal nécessanement mcuiable. Pour poiter un procc nostic avec quelque certitude, il faut consulter avant tout « l'état gênerai, car seul il donne la mesure exacte des res« sources de l'économie. Aussi, dans beaucoup de cas pi etenK dus désespères, verrez-vous, sous l'influence des Eaux« Bonnes, la respiration tubaire avec gargouillement êtie
* successivement ramenée au craquement humide, puis au « craquement sec.
« Cependant il n'est pas rare que la respiration consene i définitivement le caractère bronchique dans les endroits « qu'occupait l'agglomération tuberculeuse. Cette peisistance <o du souffle ne jirouve rien contre la guénson, jjuisqu'en a même temps la santé se rétablit plus ou moins. Elle con a firme seulement ce qu'apprend l'anatomie pathologique, a « savoir . que la portion de poumon qui a été désorganisée a par la maladie reste desoi mais mdui ee et moins pei mcable « De même vous pourrez entendre, pendant des années, le oc souffle caverneux chez les phthisiques, entieiement guéris « d'excavations tuberculeuses. C'est que ces excavations se « guérissent a leur mameie, c'est-a-dne que leurs parois « cessent de sécréter sans que leur cavité s'efface L'auscult tation vous indique simplement ici qu'il y a une poitiondu «c poumon qui manque, le reste pouvant être sain.
« Il n'y a donc aucun obstacle îadical à la guéiison de la
* phthisie, fût-elle parvenue au tioisieme degré, à moins touct tefois que la lésion 01 ganique ne soit trop profonde. »
Ainsi s'exprime Darralde dont l'opinion est partagée aujourd'hui par tous nos confrères les plus autorisés.
Comment maintenant exphquei cette spécificité d'action des Eaux-Bonnes? Est-ce seulement à la minime proportion de soufre qu'elles contiennent qu'il faut l'attubuei? Il y a certainement la quelque autie agent qui nous échappe. Sans cela, on ne sauiait compiendre que ceitaines souices des Pyrénées,
EAUX- CHAUDES. 3 3
quoique beaucoup plus sulfureuses, produisent cependant des effets bien moindres sur l'appareil pulmonaire. Les Eaux-Bonnes sont, à mon sens, un des exemples les plus frappants de l'impuissance de la chimie à expliquer l'action thérapeutique des eaux.
On fait peu usage des bains aux Eaux-Bonnes. Depuis la construction des établissements d'Orteig et d'hydrothérapie, d y a vingt cabmets de bains d'eau minérale et dix de bains d'eau douce. Ce chiffre, tout restreint qu'il est, suffit amplement aux besoins du service.
Le séjour des Eaux-Bonnes est agréable ; les environs surtout en sont délicieux. Ainsi la promenade dite « Horizontale » qui ressemble à une sorte de balcon attaché au flanc de la montagne, est une pi"écieuse ressource pour les pt rsonnes trop faibles pour gravir les rampes un peu rapides. Seulement elle n'est pas plantée d'arbres. Aussi préfère-t-on dans la journée la promenade dite de « l'Impératrice » qui longe un autre versant de la vallée, et offre, au contraire, de frais ombrages.
TRANSPORT [Source Vieille). —De toutes les eaux sulfureuses, les Eaux-Bonnes sont celles qui rendent le plus de services loin de la souice. Seulement comme, par le fait du transport, elles perdent toujours un jjeu de leur activité, la dose à laquelle on les boit est, en général* d'un verre le matin.
EAUX-CHAUDES (BASSES-PYRÉNÉES).
Sources sulfureuses chaudes.
lmÉRAIRE DE PARIS AUX IAUX-CHABDES. — Même itinéraire que pour les Eaux-Bonnes, dont elles sont distantes d'une demi-heure.
L'accès en était autrefois aussi périlleux que celui des EauxBonnes. Ainsi il fallait gravir une montagne escarpée, le Hourat, au sommet de laquelle on traversait un étroit défilé, taillé à vif dans le roc, pour redescendre ensuite par une pente trèsrapide. Mais aujourd'hui une belle et large route, d'un travail réellement meiveilleux, longe le gave et aboutit directement aux bains. Le village occupe le prolongement de la vallée d'Ossau qui, dans cet endroit, forme une gorge sombre et d'un aspect des plus sauvages. Les maisons sont adossées à la montagne ; sur les bords du gave s'élève l'établissement thermal, l'un des plus beaux des Pyrénées.
Les sources, toutes sulfureuses et au nombre de six, sont:
34 riiAiscF (MIDI).
Temper. Gram.
Baudot 27° C. 0,008 suif, de sodium.
L'Aressecq . 25° 0,008
Minvielle . .1]° 0,004
Le Clôt . 36° 0,009
L'Lsquirette 34° 0,008
LeRey.. . 33° 0,009
Ces sources, malgré l'épithète de chaudes par laquelle on les désigne, ont une température beaucoup moins élevée que la plupart des autres sources des Pyrénées. Aussi est-il besoin quelquefois, pour les administrer en bains et en douches, de les soumettre a un réchauffement préalable.
Deux sources, FAressecq et Minvielle, ne sont soumises à aucun aménagement spécial Les auties sont distribuées plus ou moins bien dans l'établissement. Singulière destinée' A l'époque où. les princes de Navarre, suivis d'une cour brillante, fréquentaient les Eaux-Chaudes et en faisaient chaque année un rendez-vous de distractions et de plaisirs, d n'y avait pour édifice theimal que de misérables masuies, et pour chemins que des sentiers dangeieux Aujourd'hui que l'accès en est si facile et qu'on y trouve un certain luxe de bâtiments, ces mêmes eaux sont singulièrement déchues, bien que rien ne prouve que leur action thérapeutique ait démente.
Sans doute elles ne peuvent rivaliser avec certaines souices des Pyrénées qui modifient bien plus profondément nos tissus, mais il n'est pas toujours nécessaire de provoquer des effets aussi puissants Dans beaucoup de circonstances, il faut éviter toute espèce de surexcitation et s'attacher d'emblée a calmer et a adoucir c'est alors que les Eaux-Chaudes, a cause peutêtre de leur ties-faible sulfuration et de leui tempéiatuie re» lativement basse, peuvent rendre de réels services.
On les emploie en bains avec succès contre cei tains rhumatismes, plutôt musculaires qu'articulaires, caractenses par une grande irritabilité, et chez lesquels l'élément nerveux joue un grand rôle . elles exposent moins a réveillei les phénomènes fébriles. On les a beaucoup vantées également contre la névralgie. J'ignoie pourquoi Bordeu les appelle « fortes et fougueuses , » elles ne le deviennent que quand on les prend avec excès, et alors elles ont cela de commun avec la plupart des sources minérales.
Mais ce qui constitue en quelque sorte le triomphe des EauxChaudes, c'est leur aptitude toute paiticuhère a congestionner J'uterus et par suite a rétablir la menstruation. Ainsi, il est
PENTICOUSE. 35
très commun de voir chez les jeunes filles chlorotiques les règles reparaître au bout de douze à quinze jouis d'usage de ces eaux: sous ce rapport, celles-ci agissent souvent mieux que les sources ferrugineuses.
Les Eaux-Chaudes offrent le grand avantage que les malades peuvent loger dans rétablissement même où ils suivent leur cure et où tout est disposé pour les recevoir. Le médecininspecteur est le docteur Anglada, un nom cher à l'hydrologie.
A peu de distance des Eaux-Chaudes se trouve la fameuse Grotte de ce nom, qui est une vraie merveille.
Nous profiterons du voisinage de la frontière espagnole pour faire une simple excursion aux eaux de Penticouse, et dire un mot de celles de Rubmat, situées l'une et l'autre sur le versant opposé des Pyrénées. Ce n'est là du reste qu'un avant-goût de notre travail ultérieur, notre intention étant de donner, dans une prochaine édition, une description complète des principaux établissements thermaux de la péninsule.
PENTICOUSE (ESPAGNE).
Sources alcalines tiedes.
ITINJ RAIRE DE PARIS A PEMICOUSE — Chemin de fer du Midi jusqu'à Pau 17 heures 20 minutes De Pau a Penticouse, gagner les Eaux-Chaudes d'où on suit la route que nous allons indiquer 1.
Pour aller des Eaux-Chaudes à Penticouse, vous ne mettrez pas moins de dix heures, car il faut ménager les chevaux, le chemin n étant pas encoie carrossable. On passe par Gabas, la Case de Broussette, et l'on franchit la fiontière par l'endroit appelé Port d'Anéou, au delà duquel vous ne tardez pas à rencontrer la douane espagnole qui vous soumet, vous et vos montures, aux formalités les j)lus minutieuses. Bientôt vous traversez Sahent, petit boui g dont l'aspect offre un cachet tout particulier , puis enfin vous arrivez au village de Penticouse»
Mais les eaux minérales ne se trouvent pas au village même : il faut aller les chercher à une lieue et demie plus loin. Jusque-là le chemin était un peu monotone A partir du village, il vous faut traverser une gorge affreuse, appelée ajuste titre l'escalier (el\.
(el\. on aura termine le nouveau chemin de fer qui doit relier la Trance a l'Espagne a l'aide d'un tunnel tra\ ers int la partie centrale des Pyrénées, et 3e raccordant a la ligne de Pau, le voyage de Penticouse sera singulièrement facilite et abrège
36 ESPAGNE.
escalar), sur les bords d'un gave effrayant, et au milieu d'une nature aussi tourmentée que le Chaos de Gavarnie Brisé de fatigue, vous cherchez vainement quelques traces d'êtres vivants, lorsque tout à coup, au détour d'un rocher, la scène change. Voici un lac, des cascades, une magnifique pelouse, de spacieux hôtels, toute une population sur pied. .. Vous êtes aux bains de Penticouse.
Il y a trois sources pnncipales qu'on appelle je ne sais pourquoi souices du Foie, des Darties et de Y Estomac, car elles n'exercent aucune spécificité d'action sur les organes qu'elles désignent Nous parlerons surtout de la premieie, comme étant autant dire la seule pour laquelle on vienne prendie les eaux de Penticouse.
La source du Foie est captée dans un petit bâtiment au frontispice duquel se trouve gravée celte encourageante înscnption : Templete de la salud C'est la qu'est la buvette. L'eau en est claire, liquide, sans saveui ni odeur : température, 26° C. Elle contient seulement quelques traces de sulfate et de carbonate de chaux. Recueillie dans un verie, elle est d'abord tiestransparente, puis elle se trouble légèrement, des bulles nombreuses la traversent avec effervescence et viennent eclatei a sa surface : elle rejirend ensuite sa limpidité première. Le gaz qui s'échappe ainsi est de l'azote pur.
La boisson constitue la partie essentielle de la cure Or c'est chose réellement merveilleuse que la facilite avec laquelle l'estomac supporte l'eau du Foie J'en bus ainsi presque coup sur coup plusieurs verres sans epiouvei la moindre pesanteur, ni le moindre sentiment de satiété. La dose a laquelle on la prescrit d'ordinaire aux malades est de trois a quatre verres par jour. Le seul effet sensible qu'elle pioduise est d'abattre l'eretheisme, de diminuer la toux et de tempérer la circulation.
C'est que l'eiu du Foie est une eau sédative par excellence. On attribue généralement cette action a la quantité considérable de gaz azote qui la sature. Aussi a-t-on disposé, en face de la source, un assez vaste bâtiment ou les malades vont respirer ce gaz dans des salles munies d'appareils aussi simples qu'ingénieux.
Dans ce même bâtiment se trouvent d'autres salles destmées à l'emploi des sources sulfureuses des Dartres et de l'Estomac, en pulvérisation, boisson, gargarismes et pediluves.
Quant au balneano, il est situe a l'extrémité d'une allée d'une dizaine de mètres et de l'autre côte de la cascade, que l'on franchit sur un pont. Il renferme de nombreux cabinets de
RUBINAT. 37
bains, toutes les variétés de douches, et une installation hydrotherapique très-complète. On peut utiliser à volonté soit l'eau de la cascade, soit celle que minéralisé le soufre.
Tel est l'aménagement des sources de Penticouse. Cependant, c'est celle de Foie qui foi me la hase de la médication.
Cette source est spéciale contre les maladies de poitrine et en particulier le catarrhe bronchique et jsulmonaiie, la pneumonie chronique, l'emphysème et l'asthme. Mais c'est surtout pour le traitement de la phthisie qu'on s'y rend des contrées les plus lointaines.
« L'eau de Foie, dit le docteur Ai nus, exerce une action di imétralement opposée à celle d'Eau-Bonne. Autant celle-ci est excitante, autant celle-là est calmante. Elles ne sauraient donc s'adiesser aux mêmes individualités pathologiques. »
Ce que le docteur Arnus dit ici de l'eau de Foie pat dît devon s'appliquer de même à la nouvelle source qu'on vient de decouvin, et qui a reçu le nom de source Saint-Augustin.
Un mot maintenant sur le geni e de vie que mènent les haigneuis à Penticouse.
On loge dans les hôtels dont la plupart sont des hôtels de piemier ordie. Le plus confortable de tous s'ajipelle la Casa de la Piadeia. On y trouve tout ce que peuvent désuer les personnes les plus exigeantes. Quant aux distractions de la journée et du soir, ce sont celles que l'on rencontre dans la ])lupart des résidences thermales.
Rubinat (Espagne).— Source pur gativr froide. — Le grand mente d'une eau purgative, c'est d'opéier sous un petit volume. Sous ce rapport, Rubinat ne le cède à aucune soin ce en ce qu'un seul vene suffit pour produite le résultat desue. Comment en serait-il autrement? Un htie d'eau de Rubinat contient 96sr,26S de sulfate de soude.
Suint-Soes (Basses-Pyrénées). — Sources sulfureuses froide. — La source de Saint-Boes jaillit à 4 kilomètres d'Orthez, et à 40 de Pau. C'est une eau sulfureuse froide qui commence à faire parler d'elle dans les meilleurs termes, et dont la réputation s est étendue jusqu'à Pans. Sa minéralisation, du teste, est des jjlus remarquables. Ainsi, il résulte des analyses de M. Gaingou qu'en plus du soufre elle renferme de l'iode, de laisemc, et une notable proportion d'huile de naphte, associée à un oxjde ferreux. Il n'y a donc pas heu de s'étonner qu elle convienne contre les diverses affections caîarrhafes des muqueuses et tout particulièrement contre la bronchite et la 'ai uijjttc chroniques. — On la transpoite.
38 TRANCE (MIDI).
CAUTERETS (IIAUTES-PYHEMXS) . Sources sulfureuses chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A CAUTERETS — Chemin de fer du Midi pal Bordeaux* Pau ou T irbes, Lourdes jtisqu a la station de Pieirefitte Nestil is IS heures 2D min Voitures de Pierrefltte a Cauterets 2 heures —Deboiu s. 110 il 90
La petite ville de Cautei ets est située a l'extrémité d'une vallée qu'entourent de hautes montagnes couvertes de bots, qui ajoutent encore à la salubnté de l'atmospheie. Ses sources minérales appartiennent a la classe des eaux sulfuieuse» chaudes Elles sont au nombre de 22, dune température qui varie de 16 a 55° C, et d'un rendement enoime, puisqu il dépasse le volume d un million et demi de hties d'eau en vingtquatre heures.
Les soutces de Cauterets alimentent neuf établissements dans lesquels se trouvent reunis tous les appareils et toutes les installations les plus modernes. Nous les diviserons, poui en faciliter l'étude, en deux gioupes principaux, suivant leur situation topographique . Groupe de l'Eu et Groupe du Sud.
GROUPE DE L'EST.
Ce groupe comprend six souices . Cesir, les Espagnol-., Pause-Vieux, Pause-Nouveau, le Rocher et Rieumiset
César, les Espagnols. — Ces sources ont leut gnffon sur un ]30int assez eieve de la montagne appelée Ptc-du-Bain} et de la sont conduites par un aqueduc de 100 mètres, construit à fleur de terre, jusqu'à l'établissement ou elles sont aménagées. Cet établissement s'appelle les Thermes
La source de César a une températui e de 48° C. au griffon et contient par litre 0«r,0228 de sulfure de sodium La soutee des Espagnols n'en diffeie que parce qu'elle est moins chaude . 46° C ) et moins sulfureuse • 0sr,021S de sulfuie.
Quant a l'établissement, d'une architecture gracieuse bien qu'un peu massive, il t enferme au centie une magnifique buvette en marbre du jwys avec deux robinets alimentes p ir l'eau de César et des Espagnols, 20 cabinets de bains, dont 10 contiennent une douche parabolique, placée au-dessus de la baignoire, 4 salles avec appareils de grandes douches qu'on peut administrer a piston ou a pluie, chaudes, tcmpcrees)
GADTERETS 39
ftoides, ou faire alterner de manièie à obtenir les douches dites Ecossaises, qui jouent un si grand îôle dans la médication de Cauterets. Il y a en outie de nombreux cabinets pour bains de jambes à eau courante, deux salles de pulvérisation et deux salles de humage.
Les eaux de César et des Espagnols, en raison de leur plus grande dxité, sont préférées dans le traitement des maladies de la gorge, des fosses nasales, du conduit auditif et du latynx : c'est là que le humage et la pulvérisation jouent un rôle prédominant Elles conviennent particuhèiement aussi pour les rhumatismes, les affections de la peau, pnneipalement à forme eczémateuse, les scrofules, la syphilis constitutionnelle et les maladies chirurgicales. L'eau que l'on boit de préférence est celle de César. M. le docteur Jules Bouvyer, l'un des médecins les plus distingués de Cauterets, a remaïqué que cette eau réussit tout spécialement dans le traitement du catanhe pulmonaire chronique, surtout chez les vieillards, et dans celai de l'asthme.
Pause-Vieux. — Cette source à laquelle vient se joindre la petite source dite « Sulfureuse nouvelle » est située à une centaine de mèti es environ au-dessus de l'établissement des Thermes, et ne diffèie de celles de César et des Espagnols que par une température et une sulfuration un peu moindies. Aussi la préfère-t-on en général pour les dermatoses à l'état subaigu.
Le petit établissement où elle a été aménagée est tres-élégant et possède une buvette en beau marbre noir, 10 cabinets de bain comprenant 14 baignoires, dont une avec petite douche et 2 cabinets de grandes douches.
Pause-Nouveau. — Cette souice n'a jjoint, ainsi qu'on l'avait cru, une existence à elle, mais est simplement un diveiticulum de la source de César. Le petit établissement, où son eau était administrée, est complètement abandonné, et cette eau a été descendue à l'établissement des Néo-Thermes, lors du nouvel aménagement qui a tiansformé l'ancien établissement du Rocher.
Le Rocher et Rieumtset. — Ces deux sources alimentent le bel établissement des Néo-Theimes.
L'eau du îocher contient 0sr,0169 de sulfure de sodium. Sa tcmpeiature est a 42° C. Elle dessert 2 salles de douches, 23 cabinets de bains, 2 cabinets pour bains de siège à eau courante avec douches vaginales, 1 buvette, 2 gaigansoirs.
L'eau de Rieumiset, bien moins minéralisée et presque houle, alimente une buvette qui est assez fréquentée.
40 FRA1NCE (tVIIDl).
En 1880, la Société des eaux a fait à cet établissement de très-impoi tantes modifications en y ajoutant un coips de bâtiment foit élégant, et bien aménagé, dans lequel a ete descendue la pai tie de la source Cesai qui servait l'établissement de Pause-Nouveau Ici encore tout a été parfaitement compris et intelligemment exécute pour l'emploi des eaux Ainsi la souice de César dessert 4 salles de grandes douches a forte jjression, 12 compaitiments de biins de jimbes a eau coulante, 2 salles de pulvérisation ayant 20 appaieils chacun, 2 salles de humage et 1 buvette
L'établissement des Neothermes est aujourd'hui le plus complet et le plus suivi de la station.
GROUPE DU SUD.
Ce groupe comprend sept sources La Raillere, Mauhnu/at, le Petit-Saint-Sauveur, \ePre, les Yeux, le Bots et les OEufs.
La Raillere. — Cette source, la plus renommée de Cauterets, est située a vingt minutes de li ville, dans un joli bâtiment qui i enferme une buvette et 32 cabinets de bains dont deux a deux bugnoires et quatre avec douches vaginales ascendantes. L'eau en est abondante, limpide, onctueuse au toucher, d une saveur douceâtie, sa tempeiature est de 39° C. Elle contient, par litre, 0sr,lS C de sulfuie de sodium.
Une autie source, pai faitement identique à celle-ci comme sulfuiation, mais dont la tempprature n'est que de 34° C , se distribue de même aux cabinets de bains Elle seit à ramener la Railleie à une tempeiature moins élevée.
On piescrit la Railleie comme la Source-Vieille des EauxBonnes, dans les affections catairhales et tuberculeuses des voies respuatoires, seulement 1 action de ces deux eaux diffère pai certains caiacteres qu'il est bon de noter.
Les eaux de la Raillere sont beaucoup moins excitantes que les Eaux-Bonnes elles exposent sui tout bien moins que celles ci a 1 hémoptysie 11 faut sans doute en chei cher la cause dans leur différence d'îctivite respective, mais peut-êti e aussi devra-t-on mettre en ligne de compte le mode d administration de 1 eau minei aie elle-même Nous avons vu qu'aux L.mx-Bonnes on se baigne foit peu; a la Railleie, au contrauc, h tempei atui e de la source et son abondance permettent qu'on fasse un usage |oumaher des bains et des demi-bams Pour ceux-ci, qui sont le plus fiequemment employés, le milade est assis dans la bugnone, la poitnne et les bras couveits de fia-
CAUTERETS. 41
nelle, l'eau arrivant jusqu'à l'ombilic. En appelant ainsi le sang à la peau et vers la région sous-diaphiagmatique, on tempeie le mouvement fluxionnaire que l'usage inteneur de l'eau minérale détermine du côté des organes pectoraux et on rend par suite l'hémoptysie plus rare.
La Raillere est une piécieuse source rjour cei tains malades qui ne peuvent boire les Eaux-Bonnes, même aux doses les plus minimes, mais, comme elle renfeime plus de barégine, elle est quelquefois plus lourde à l'estomac. Aussi ti ouve-t-elle son cori ectif dans l'eau de Mauhourat qui est alcaline et qu'on est généralement dans l'usage de faire boue api es.
Le Petit-Samt-Sauveur. — Cette source d'une température de 34° C. et d'une sulfuration de 0sr,0116 est aménagée dans un établissement beaucoup trop petit pour son importance car elle est spéciale pour le traitement des maladies neiveuses et utérines. J'apjDrends avec plaisir qu'il est question de le lefaire complètement.
Le Pre. — C est la réunion de jslusieurs sources d'une tempéiatuie de 49° C. et un peu plus sulfuteuses que le PetitSamt-Sauveur ; employées sut tout dans les affections îhumatismales légères. Ici encore l'installation balnéaire laisse beaucoiq> à désirer.
Mauhourat. — Cette source est située, en face de la belle cascade de ce nom, au fond d'une grotte creusée dans le îocher . c'est la cjue se trouve son giifïon. Température 49° C, sulfuration 08r,01Uo\ Comme elle est d'un accès difficile et fatigant pour beaucoup de malades, on a installé, à l'extrémité du pont de Benques, une coquette construction en bois qui abnte non-seulement la buvette de Mauhourat, mais encore celle des OEufs. L'eau de cette souice est très-nche en silicates alcalins , c'est a leur présence qu'on attribue ses bons effets dans le ti alternent des affections de l'estomac, sui tout quand celles-ci sont liées à la diathèse herpétique ou arthntique, ou à un défaut de ton de la muqueuse. Enfin il est d'observation que l'eau Je Mauhourat facilite l'élimination de l'acide inique en excès dans 1 économie et par suite est utile contre la gravelle et les calculs lénaux.
La disposition des lieux indique assez que l'eau de cette source ne saurait être utilisée qu'en boisson.
Les leux. — Petite souice qui s'échappe au dehors, à travers une fassuie du îocher de Mauhourat, mais qui est bien délaissée aujouid'hui, malgré sa îéputition contre certaines ophthalmies.
42 TRANCE (»IIDl).
Le Bois. — Excellente souice d'une tempeiature de 42°C. et d'une sulfuration de 0sr,OH3 Malgré son eloignement et son altitude, elle rend d'impoi tants sei vices dans le traitement des rhumitismes net veux et musculaites. Quant à son installation bnlneaire, je n'ai rien à en dire, car on va reconsti un e l'établissement sui de nouvelles bases.
Les OEttfs. —Cette mignifique source, qu'une mcui te inexplicable avait laissée si longtemps se pei dre sans emploi dans les eaux du Gave, a ete enfin 1 objet d intelligents captages qui pei mettent de 1 utiliser sur une tres-giande échelle Sa tempeiature est de 5o° C , sa sulfuiation de 0sr,0113 Quant a son débit, il n'est pns inférieur a 38" 000 hties par vingtquatre heuies, c'est-a-dire qu'il dépasse celui de toutes les soin ces de Luchon îéunies Aussi le splendide édifice cpie l'on vient de construite tout exprès pour elle, et qui pot le ie nom de Thermes des OEufs, offie-t-il tout 1 outillage et tous les pei fectionnements de 1 hydiologie moderne I a piscine nalatone na jsas moins de 160 meties catres de supeificie c'est la plus belle qui existe en Eut ope Elle est alimentée pai de l'eau sulfureuse pure a eau courante, d'une tempeiatuie constante de 29 a 30° C. et est entourée de 20 cabinets vestnnes.
L'eau des OEufs a une efficacité incontestable dans le traitement du ljmphatisme, de li scrofule, des engotgements glandulanes et viscéraux, de 1 anémie et de l'amenouhec
C'est au rez-de-chaussee de 1 établissement qu'est installé le service bilneuie Tout le premiei étage est occupe par le giand Casino Théâtre lequel, concuri emment avec le giand Casino-Club, devient le soir le rendez-vous des bugneuis. Quant aux hôtels que j'avais vus autiefois si pumittfs, ils sont aujourd hui beaucoup plus confortables On trouve de même ites-bien a se logei dans les maisons paiticuheics
Tel est Cmteiets II resuite de la diversité d action de ses =ources qu'elles îesument à peu pies toutes les piopnétés des autres eaux de la chaîne, de telle sorte qu'un médecin qui voudiait conseillei une eau sulfuieuse a son malade, sans trop sivon quelle station prefeier, pouuait l'adiesser a Cauteiets ivec la piesque certitude qu'il y tiouveratt quelque eau a sa convenance. N'en concluez pas toutefois qu'elles puissent remjilacei toujours les autres soutees des Pyrénées. Non . cellesci ont des caractères propres qui font que, dans ceitains cas, elles sont les seules qui conviennent, de même que Cauterets en possède qui n'ont pas d équivalentes dans la chaîne.
CAUTERETS 43
TRANSPORT (César, La Raillere et Mahourat). — Les eaux de Cautei ets sont remarquables par la stabilité de leur composition et de leurs vertus médicinales. Aussi s'en expédie-t-îl chaque année des quantités de plus en plus considérables.
Visos (Hautes-Pyrénées). — Source sulfureuse froide. — A deux kilomètres de Luz et près du village de Visos, se trouve une source sulfureuse froide très-riche en barégine. Cette barégine exhale une assez forte odeur d'asphalte. L'eau de Visos est t éputée pour le traitement des ulcères et des plaies. Il n'y .1 pas d'établissement thermal.
SAINT-SAUVEUR (HAUTES-PYRÉNÉES) .
Sources sulfureuses chaudes.
ÏIIMRAIRE DE PARIS A SAr\T-=AuvEUR. — Chemin de fer du Midi par Borde IUX, puis embranchement de Lourdes jusqu'à Pierrefitte : 18 heures 25 mm. Voituiesde Pieriefitte a Saint-Saureur : 1 heure 15 m,— Debout s: m fr
Deux défilés partent de Pierrefitte ; celui de droite conduit à Cauterets, celui de gauche à Saint-Sauveur. Je n'essayerai pas de décrire cette dernière route audacieusement taillée dans le roc, qu'elle brise quand elle ne peut s'y appuyer, soutenue par des voûtes escarpées qui surplombent le torrent, passant sept fois d'une rive à l'autt e, sur autant de ponts de marbre, pour trouver des pentes moins rebelles. Comme perspective, elle laisse seulement apercevoir, au milieu de cette affreuse gorge, un point étroit du firmament et le ht du gave qu'on entend mugir, alors que l'oeil ne saurait en sonder la piofondeur. Nulle habitation, nulle tiace de cultuie; de toutes parts des montagnes ai ides, décimées, schisteuses, dont la cime est blanche et ardue comme des glaciers.
A mesure qu'on approche de Luz, le double rempait formé par ces montagnes s'élargit, la végétation reparaît, les champs se peup ent et s'animent; bientôt enfin, comme au sortir d'un cauchemar, on se trouve transporté au milieu d'un ravissant paysage. C'est la vallée de Luz Pour aller à pied du bourg de Luz au village de Saint-Sauveur, il ne faut que quinze à vingt minutes; on traverse le gave sur un joli pont de maibie.
Saint-Sauveur est situé, et en quelque sorte suspendu à mi-côte de la montagne de Laze. Ce n'est qu'en entamant le rocher avec la mine qu'on a pu creuser un emplacement suffisant pour y bâtir le village actuel, lequel n'est formé que
44 TRVNCE (MIDl).
d'une seule rue La source pnncipale dite des « Bains » jaillit en face de l'établissement ou elle est poitee par des conduits soutenants elle est claire, limpide, onctueuse au goût et au loucher Sa tempeiatuie au gnffon est de 34° C elle contient 0sr,0217 de sulfure de sodium. Quant a l'établissement theimal, c'est un penstyle dispose en rectangle, oine de colonnes corinthiennes et offiant un chaimant COUJD d'oeil sut le gave de Gavarme qu'il sui plombe • autoui de la tenasse se tiouvent vingt cabinets de bain, deux douches ascendantes et descendantes ainsi que deux buvettes.
1 es eaux de Saint Sauveur donnent a la peau une sensation onctueuse Elles conviennent dans le tiaitement des névralgies et en pariicuhei des névralgies faciales et sciatiques. Vous les veirez suitout faire merveille dans ces affections nerveuses, mal définies, qui sont l'apanage des personnes du monde , et que ne connaît pas l'ouvner, dont la sensibilité se forlihe ou s'emousse a de pénibles labeurs.
Les eaux de Saint-Sauveur sont souveraines pour les maladies de matnce, c'est même la, a viai dire, ce qui constitue leui spécialité. Sous l'influence des bains, des douches ascendantes et de quelques injections vaginales, vous venez disparaître ces engoigements et ces granulations du col qui s'accompagnent si souvent de flueurs blanches et du îelachement des ligaments L'ancien mspecteut, Fabas, me disait, que * la plupart des malades y laissent leur pessane en guise d'ex-voto *
Les affections des voies unnaires setrou\entbien également des eaux de Saint - Sauveur, on associe alors la boisson aux bains Ces eaux réussissent surtout dans les affections catarrhales de la vessie poui lesquelles les eaux salines seraient inefficaces ou même irritantes, elles rendent les urines plus douces, plus abondantes, et modifient la vitalité de la muqueuse, Jont elles ramènent la seciction a ses conditions normales Enfin elles peu\ent encore etie utiles poui favonser la resolution de certains engoigements de la piostate
Les eaux de Saint Sameur, bien que très-chargées de baregme, sont en geneial assez bien suppoitees par l'estomac, ce qu il faut attnbuer sans doute a la quantité de gaz azote qu'elles contiennent, et qu'on voit se dégager dans le vene en petill mt.
L'établissement thermal ne jxissede que deux sources. On trouve a quelques minutes du village et sur la hauteui qui le domine, une autre souice sulfuieuse, dite de la Hontal ide, qui a 22" C. de chaleur, et 0f,019 de sulfuiation. Employée
BAREGES. 45
avec avantage dans les gastralgies, elle est pour Saint-Sauveur ce que Mahourat est pour Cauterets. On y a organisé des douches, des bains et une buvette.
Si Saint-Sauveur offre peu de distractions de salon, en revanche aucun bain n'est aussi favorisé comme promenades et excursions. Ainsi, par exemple, on ne met que deux heures poui se îendie à Gavarme et à son merveilleux cirque. Le nouveau pont que l'on franchit pour traverser le gave est lui-même une merveille.
BARÉGES (HAUTES-PYRÉNÉES).
Sources sulfureuses chaudes
I-rr\FRURE DE PMTS A BAREGES — Chemin de fer du Midi par Bordeaux, puis enibi inclieiiicnt «le Lourdes jusqu'à Pieiiefitte 18 lieuies 25 mm — Voituies de Piuiehtte a Baieges . 2 heures — Deloms . U3 fr.
Bareges est situé à sept kilomètres de Luz, sur la îive gauche d'un gave impétueux, le Bastan, dans une vallée étroite et sauvage. Son hospice civil, son hôpital militaire, ses thermes de construction toute îecente, représentent de beaux bâtiments. Le pic d'Ayré, recouvert de hêtres vigoureux, piotége le village contre la chute des neiges et des glaces : aussi une ancienne loi, aujourd'hui tombée en désuétude, punissait-elle de mort l'imprudent qui aurait osé poiter la cognée dans cette espèce de bois sacré. Il seiait d'aulant plus à desiter qu'on y veillât, que, du côté oppose de la vallée, où manquent ces îemparts natuiels, on aclwe les travaux d'endiguement destinés à ariêier les avalanches.
Baiéges ne possède aucun monument ancien Sa renommée, toute moderne, est due au voyage de Mme de Maintenon, qui, en 1675, y conduisit le duc du Maine 1 par les sentiers étroits
\. Ce fut Fagon qui, avant entendu parler avec grand éloge des eiux de Biréges, en conseilla l'usage au duc du Maine II fut charge pai le roi de l'iceompagner a ces eaux « M Fagon, ecm ut le jeune duc a Mme de Mon « tespan, m'echauda hier au petit bmn, j'espère qu'il sera plus modèle une « autie fois et que je ne crierai pis tant. Je me bngne dans les bains les jouis « qu'il fait frais, et dans ma chambre les jouis qu'il fait chaud. » Le j»rmce aurait pu due notie chimbie, car il n'y en avait qu'une seule pour lui et Mme de Maintenon, son ht étant vis-a-vis de celui de sa gouvernante, et la baignoire tout a côte dans la même pièce Le mobilier et ut a l'avenaut ; il se composait d'une table, d'une armoire et d'un fauteuil de bois, le tout fabriqué a Baréges par les artistes de l'endroit.
4(3 FRANCE (MIDl).
et tortueux du Touimalet, les seuls alors qui fussent aboidables. Le jeune prince était un peu lymphatique et avait un commencement de pied bot. Les eaux fortifièrent sa constitution, sans guenr la difformité, mais elles furent surtout fort utiles a Mme de Maintenon, puisque la grâce et le charme des bulletins qu'elle adressait a Louis XIV préparèrent les voies de son étonnante fortune
Les sources de Baieges, au nombre de dix, jaillissent dans l'établissement Ce sont.
Temper Gram
Le Tamhour 45° C. 0,040 sulfure de sodium
L'Entrée 41° 0 037
Polar 38° 0,023
Bain neuf 37° 0,034
Le Fond 36° 0,024
Geney ........ 36° 0,022
Dassieu 35° 0,023
La Chapelle 31° 0,032
Bordeu 30° 0,019
Saint Roch 34° 0,037
Ces diverses sources alimentent vingt et un cabinets de bain, trois douches et deux buvettes L'eau en est d'une pat faite limpidité. Il s'en échappe une tres-legere odeur d'oeufs cuits, bien différente par conséquent de celle des eaux de Bareges factice. Quant a sa saveur, Bordeu la trouvait « douce et onctueuse, comme celle d'un morceau de sucre qui serait imprègne de quelque acide léger » J'avoue qu elle m'a bien plutôt paru fade et nauséabonde.
Le soufre que renfeiment les eaux de Baiéges a cela de tresremarquable qu'il jouit d'une grande fixité. Notons également que la tempeiature de ces eaux n'étant ni trop basse m trop élevée, permet leur emploi immédiat Disons enfin que, comme les griffons naissent dans les réservoirs mêmes , lesquels sont adosses aux cabinets de bain , l'eau coule directement de ces griffons dans la baignoire avant d avon subi la moindre altération dans sa chaleui ou dans ses principes constituants
Autrefois ce qui frappait tout d'abord en ai rivant a Baréges, c'était moins encore l'aspect sauvage de la contrée que l'aménagement par trop primitif des sources. Heureusement le nouvel édifice thermal îepond mieux a la juste celebnle des eaux et a l'affluence des malades qui s'y rendent des pays les jilus lointains. Les piscines ne sont plus ces affreuses eluves qui
B4REGES. 47
m'avaient tant choqué. Mais ce qu'on n'a pu réformer, c'est la provenance de l'eau qui les alimente. Ainsi, pour la piscine civile comme pour la piscine militaire, cette eau n'est autre que celle qui a déjà servi aux bains de baignoire et aux douches; il y a en plus, il est vrai, pour la piscine militaire, un filet d'eau vierge, mais la piscine civile en est actuellement privée 1. Quant à la piscine dite des pauvies, on ne soupçonnerait jamais, à son élégante disposition, qu'elle n'est que le déversoir des deux autres, et que, par conséquent, l'eau qui s'y rend en est à sa troisième édition.
Les douches sont au nombre de trois. La grosse douche, qu'alimente la souice du Tambour, est une nappe d'eau assez volumineuse, qui s'échappe d'un robinet ouvert à hauteur d'épaule pour tomber continuellement dans une petite jjièce qu'elle transforme en une sorte d'étuve. Le malade s'assied sous la douche et la reçoit sur les endtoits affectés. Comme elle n'a pas plus d'un mette d'élévation, son action, d'ailleurs si puissante, dépend beaucoup moins de la force de la chute que de la température de l'eau, de son volume et de ses principes minérahsateurs. Les petites douches sont alimentées par la même source que la grosse douche; mais elles se trouvent un peu plus éloignées du griffon; aussi leur chaleur est elle moindre d'un degré. Tout le monde se sert des mêmes douches , lesquelles ne sont à la disposition du service militaire que pendant le tiers du temps.
Les eaux de Baréges sont émmemment stimulantes et toniques ; elles activent tous les systèmes, augmentent toutes les sécrétions et presque toujours finissent par provoquer un mouvement fébrile dont il faut savoir prévenir l'intensité.
Elles conviennent surtout aux constitutions lymphatiques et scrofuleuses. S'il existe quelques signes de pléthore, abstenez-vous-en, ou du moins surveillez-les, d'autant plus que, souvent, elles ont paru porter leur action sur la circulation cérébrale. Il n'est cependant pas prouvé, quoiqu'on l'affirme, qu'elles aient causé la mort de Bordeu'.
Les eaux de Baréges sont souveraines dans le traitement des vieilles blessures. Ce sont aujourd'hui les véritables eaux d arauebusade (nom qu'on donnait autrefois aux Eaux-Bonnes), et peu de corps étrangers, soit projectiles, soit séquestres, résistent à leur force d'expulsion. Il ne faut pas désespérei de l'ac*.
l'ac*. le trouva, un mitm, mort dans son lit, ce qui fit dire a Mme du Deffand • « La mort avait tellement peur de Bordeu qu'elle l'a frappe dans son « sommeil, M
4S FRANCE (VIIDl).
tion cuiative de ces eaux parce que le corps étranger paiaitra trop volumineux ou enchatonne trop profondément dans les chairs îiennesembledevoirhmiterleurpuissance Orjeneparle pas seulement des blessures faites pai les projectiles de guene les accidents par cause externe, les chutes, les contusions ayant amené des suppurations mtaiissables, l'exfohation ou la cane des os, la denudation des tendons, en obtiennent aussi d'exeellents effets.
Ces eaux rendent encore de grands services dans les diverses espèces de paialysies essentielles, l'ataxie locomotrice piogiessive , les vieilles entorses, les îetractions musculanes et tendineuses, les cicatnsations incomplètes, les loideuis articulaires et les engorgements consécutifs aux fractures et aux luxations. Enfin, elfes jouissent d'une réputation meiitee dans le traitement des deimatoses, de la cachexie syphilitique et des intoxications par l'abus du mercure.
On les emploie sui tout sous forme de bains et paiticuliciement de bains de piscine Seulement faut-il admettie, ainsi qu'on laffumetres sérieusement a Baréges, que ces dernieies doivent une pai tie de leurs veitus a cette eu constance même que 1 eau qui les alimente n'est plus piecisement vieige ? C'est, t mon avis, piendre tiop bien les choses, et je ne vois pas quel grand bénéfice l'eau minérale peut letirei d une semblable peiegnnation dans les baignoires, m l'avantage des empiunts qu elle peut y faire
La source du Tambour et la source Saint Roch sont les deux qui foui lussent 1 eau des buvettes
Le séjour de Bueges est mediociement diveitissmt, d' mtint plus que le personnel des baigneuis piêle j)eu aux îecieirions de salon Vous ne îencontiez dans les lues et sm les prome nades que béquilles, echai pes, houppelandes, ch uses i poi teui s tristes piehmmaires pour des reunions dansmtes et animées
TRANSPORT. — Ces e IUX se conservent bien et s'emploient surtout en lotion tontie certaines maladies de la pea i.
Barzun-Bare<res (Hautes-Pyrenées). — Eaux sulfureuses chaudes — C'est un peu avant d'arriver a Baréges, pies du Bastan, que se trouve la source de Barzun Tempcrature 3I°C Mineialisation 0sr,038 de sulfure de sodium Cette «ource a été depuis peu dirigée par des tuyaux à Lu/ où on l'idministte en boisson, bains et douches C'est la un genic d'opet ition que je n'u jamais compris car enfin qui ne sut qu'une eau sulfureuse thermale qui vovage peid toujours plus ou moins de ses vertus mediciniles 7 Je crois donc devoir reseiver
BAGNERES.
49
mon opinion sur les propriétés actuelles de la source Barzun, jusqu à ce que l'expérience ait prononcé.
BAGNERES-DE-BIGORRE (HAUTES-PYRÉNÉES) .
Sources alcahues ferro-arsenicales chaudes et source sulfureuse de Labassere.
ITINÉRAIRE DE PARIS A BAGNERES DE-BIGORRE. — Chemin de fer du Midi par Bouleaux et Morcenx, puisembianchement de Tarbes jusqu'à Bagneres deBigorie même 17 heures 16 mm — Debouis : lus fr.
L'étranger qui arrive à Bagnères-de-Bigorre ne saurait se lasser d'admirer les sites qui entourent la ville, son climat si favorisé et la ville elle-même. Veut-il s'expliquer le bien-êtie et l'aisance qui semblent régner de toutes parts, il reconnaît bientôt que la principale richesse des habitants consiste dans les eaux minérales. Celles-ci, en effet, sont aussi remarquables par leur extrême abondance que par leur thermahté. Aussi Bagneres peut-il être consideié comme la métropole des bains des Pyienées
Les soutces de Bagneres ont une température qui varie depuis 20 jusqu'à 52 degrés. Quant à leur minéralisation, il lésulte des analyses de M. Filhol qu'elle e^t moindre que ne l'avait indique Ganderax. Ainsi, la Reine, qui est la plus tiche de toutes, ne contient que 2sr,S13 de principes fixes, dont dBr,730 de sulfates calcaires. Les autres sels sont des carbonates a base de chaux, de magnésie, de silice et de fer. Ajoutons que MM. Isambert et de Lagaide ont constaté la présence de l'arsenic, en quantité a peu près égale a celle des eaux du Mont-Dore et de la Bourboule, dans la source de Salies.
Le nombre des souices qui jaillissent à Bagneres est de près de cinquante, disséminées de diveis côtés. Les thermes de la ville anciens et nouveaux en possèdent seize, les autres sources sont autant de piopnélés particulières, enfin, à micôte et au milieu d'une îavissante promenade, se tiouve une eau feirugineuse fioide, dite « source d'Angoulême, » que minéi alise le crenate de fer. Je ci ois mutile de donner la liste détaillée de ces souices, car on en découvre tous les jours de nouvelles. D'ailleurs, comme elles offrent toutes des caiactères theiapeutiques a peu pies communs, c'est au point de vue médical qu'il impoite particuheiement de les étudier.
50 TRANCE (MIDl).
Les diveises souices de Bagnetes sont plus ou moins fortifiantes et toniques Elles conviennent surtout aux pei sonnes •mélancoliques, affaiblies par 'es chagnns ou les veilles, aux gens de lettres de cabinet, et .1 tous les hommes livres a des professions sedentanes. El es sont fort utiles aussi dans l'anémie, la chlorose et dans ces orages qui accompagnent si fréquemment la puberté. C'est la également que vous adresserez ces jeunes femmes pâles et délicates, que des couches réitérées ou les soins laboneux du ménage ont jetées dans une sorte de débilité générale, et qui ont tout a la fois besoin de l'action reconfortante des eaux et de l'air vivifiant des montagnes Enfin la présence de l'arsenic dans les sources de Bagneres explique leur efficacité conti e certaines maladies de la peau que la médication purement alcaline ne modifie nas assez, ou que le soufre exaspère.
Parmi ces sources, il en est qutiques-unes qui, en même temps qu'elles remontent les forces de l'organisme, agissent de plus comme médication sédative telles sont tout particu'hei ement Foulon, Salut, Platane et les Yeux.
La soui ce du Foulon se distingue entre toutes par l'absence piesque absolue de sels ferrugineux et calcaires Sa faible minéralisation en fait une eau calmante par excellence. Aussi estelle beaucoup recherchée et l'emploie-t-on avec le plus grand succès dans les névralgies rhumatismales, les chorees, les palpitations nerveuses, et dans certaines affections de la peau pour lesquelles les eaux sulfureuses, même celles de SuntSauveur, seraient trop actives. Ce que je dis des projDnetés adoucissantes du Foulon est également apjdicable a Salut, a Platane et aux Yeux. Le bain a de même pour effet de tempérer le système nerveux, de ralentir la circulation et de calmer les nntations cutanées, il convient aussi dans certaines affections utermes, caractérisas par l'exaltation de la sensibilité.
Mais, tandis que l'eau du Foulon n'est employée qu'en bains, celle de Salut est, de plus, utilisée pour la boisson. Elle modifie sous cette forme la vrtahté de la muqueuse dtyestive, en abat l'eréthisme, et retabht sa tolérance pour les aliments. Son action se porte en même temps sur l'ensemble de 1 appareil unnaire, aussi tous les auteurs ont-ils vante ses bons effets dans la gravelle et dans cei tains catarrhes de la vessie.
Disons en passant que l'a* enue qui mené de Bagneres à Salut constitue une ravissante promenade.
Une source dont on fait également grand usage en boisson, est la souice arsenicale de Salies qui produit d'ex-
BAGNERES. 51
cellents résultats dans les maladies des voies respiratoiles.
La buvette de la Rampe est employée avec succès dans les maladies des voies digestives et unnaires.
Source sulfureuse de Lahassère.
Aux nombreuses sources sulfatées calciques, ferrugineuses, aisenicales, que Bagneres possède en propie, la ville a ajouté cette précieuse source sulfureuse de Labassète dont la réputation est aujoutd'hui universelle et qur faisait jjartie, à l'Exposition de 1878, de cette collection d'Eaux de Bagnèresde-Bigorre qur mérrta la médaille d'or unique pour la section française. — Bagneres a affermé cette source jiour une pénode de quarante années.
Située à 14 kilomètres de la ville, en pleine montagne et au fond d'une gorge, la source sulfuieuse de Labassère ne saurait être exploitée sur place. Aussi en transporte-t-on l'eau, tous let. jours, dans des vases perfectionnés à Bagneres même, où elle alimente la buvette qui porte son nom. On l'emploie aussi en gargarismes, pulvérisations, humages, bains.
L'exportation de cette eau a pris des proportions considérables : les bouteilles, remplies à la source même, sont bouchées avec un soin tout particulier et la conservation de l'eau est parfaite. Cette eau, en effet, est aussi remarquable par sa minéralisation que par sa stabilité. Ainsi, d'après M. Ossian Henry, elle renferme, par litre, 0er,04G4 de sulfure de sodium, quantité bien supérieure à celle qui se trouve dans les eaux de Cauterets et de Bonnes, dont elle est la rivale. — Il a constaté de plus qu'après un embouteillage de trois années, elle n'avait perdu aucun de ses principes. — Pulvéïisée, elle ne perd pas davantage un atome de son sulfure. — Enfin sa lempératuie basse (13° C.) la îend éminemment jjropre a l'exportation.
Quant à son action thérapeutique, voici comment s'exprime M. Cazalas, ancien Président du Conseil de santé des armées : « Elle jouit d'une efficacité spéciale dans le catarrhe chronique des bronches, les toux convulsives, les congestions passives du poumon, la tubercuhsation pulmonaire, la laryngite chronique et les maladies de la peau. » Je ne puis que joindre mon témoignage au sien.
52 TRANCE (MIDl).
Un excellent aittcle du Dr Gaudy, publié récemment jiar 1. Revue gcnciale de clinique et de thérapeutique du D'Huchard a attire 1 attention du coips médical sur l'efficacité du traite ment a domicile des affections respuatoires par l'eau de La basscre
Beaucoup de malades font us ige, a Bagneres de Bigorre de 1 eau de Labasseie conçutî emment avec les sources saline et arsenicales de la localité, avec l'eau de Salies principale ment
Il est a lemarquer que les éléments salins et sulfureux, lot de se contiiuei, ne font qu'ajoutei chacun à leui efficacité respective et nous n avons pis ete surpris d'appiendre que les malades se tiouvent ti es bien de ce double ti alternent.
Neo Thermes.
Outre cette împoitinte opeiation de la feime de Labassere, la ville de Bagncies-de-Bigoire a encoie constnnt un second établissement thet mal désigne sous le nom de Neo-Theimes Cet établissement renferme une giande piscine de natation, deux piscines genre Loeche, une petite jjiscine de famille, quatre baignoires de Salies et deux baignoires de la Tour, enfin deux glandes salles de douches Ces installations constituent un ensemble complet Elles sont alimentées pai tiois souices, Salies, le Grand-Bain et la roui, d'un débit total de plus de quatoi7e cent mille hties pai vingt qu ttre heures Ces souices diffeient peu pu leur composition chimique Toutefois, Salies contient deux fois plus de fei et d'aisenic que les deux auties
Giande Piscine. — C'est, sans contredit, la plus belle et la jilus vaste des Pyrénées, elle a 20 mètres de long, 13 mètres de laige et lm,30 de profondeur moyenne Elle contient 331,240 litres Elle est alimentée pai la source du GrandBain dont le débit est de 800,000 hties par 24 heures, dans la jjropoi tion des trois quaits environ. Le î estant est foui ni jjai l'eau de la Sarre La Piscine reçoit 47,300 hties jiar hem e Elle est donc a coin ant continu L'eau peneti e par dixhuit bouches reparties au fond de la piscine et se déverse pai sept orifices supérieurs Elle est limpide, constamment renouvelée, et a 29° dans toutes les pairies de la piscine. La Grande Piscine îeçoit déjà un giand nontbie de nageuis, en majonté
BAGNERES. 53
bien poitants et rend aussi d'utiles services aux malades nerveux, aux enfants facilement impressionnés par les eaux minéiales fortes Deux douches à eau fioide complètent l'installation de la Giande Piscine. Un piofesseur de natation est attaché a l'Etablissement.
Piscines genre Loèc/tc. —La piscine n° 4, léservée aux hommes, a 8m,60 de longueur, 4m,30 de largeur, 0m,90 de piofondeur. Elle contient donc 32,282 litres. La jjtscine n° 2, réseivée aux femmes, a 7m,S0 de longueur, 4m,30 de largeui, 0m,90 de profondeur, et contient ainsi 29,025 litres. ïoutes les deux sont constiuites sur le même modèle, jiourvues de douches et de tous les aménagements que nécessite une immersion de plusieurs heures. Elles sont alimentées par la source de Salies, dont le débit, de 240,000 litres par 24 heures, permet le renouvellement continu de l'eau.
Piscine de Famille. — La Piscine n° 3, dite de Famille, a 3m,10 de longueur, 2m,60 de Logeur, 0m,90 de profondeur et contient ainsi 7,244 litres Elle est alimentée à volonté pai Salies ou par la Tout, cette dernière souice, moins minéralisée et par conséquent à effet sédatif. La temjîérature de ces piscines est fixée, comme celle des jDiscines de Loeche, a 34° ou 33°. , Bains de Salies et de la Tour. —Attenantes à la petite Piscine de Famille, dans le pavillon nord-est des Thermes, sont installées quatre baignoires de Salies et deux baignoires de la Tour, alimentées par des embianchements pris sur les tuyaux qui conduisent les eaux aux Piscines.
Grandes Douches. — Deux salles de douches, vastes, sous voûte, bien aérées, pouivues de déshabillons confoitables, sont installées a la suite des Piscines. — Pression, 18 mettes.
Anciens Thermes.
Rien n'a été négligé pour conserver aux anciens Thermes leur bonne renommée. — Enti e autres améliorations, nous signalerons les perfectionnements apportés dans les salles de humage et de pulvérisation.
Un appareil ingénieux fondé sur le principe hydrostatique donne une pression fixe de sept atmosphères et distribue, par l'intermédiaire de deux pistons, Y eau sulfureuse de Inbassere et Y eau arsenicale de Salies dans quatre salles bien installées
54 FRANCE (ftlIDl).
et pourvues des appareils les plus 1 ecents pour la jjulvérisation, le humage, les douches nasales, etc.
La ville de Bagneies, on le voit, apies s êtie mise au heu et place de la Compagnie concessionnaire, s est effor cee d'utihseï toutes les nchesses thermales que la nature lur a données, ajoutant ainsi de nouveaux agents médicinaux aux îessources theiapeutiques déjà mises en oeuvre depui> longtemps
Capverii (Hautes-Pyiénees) — Sources alcalines calcaires froides. — Cajwein est un petit village d'un milliei d'habitants Ce n'est point au village même que se tiouvent les souices Celles-ci, au nombie de deux, jaillissent jjlus loin dans deux vallons profonds . la prenneie poite le nom de sout ce de la Hount-Caoude la seconde le nom de source du Jiounde. Elles sont aménagées chacune dans un établissement diffci ent. Leur action diurétique et laxative les rend utiles dans Jes maladies des oiganes digestifs eturinanes.
SIRADAN (HAUTES-PYRLNLES) . Sources sulfatées et sources ferrugineuses froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A siRADVr, — Chemin de fer Grand Central pir Toulouse jusqu'à la station de Salech m 21 heures Omnibus de cette station a Siradan 10 minutes — Debout s 108 fi
Les sources minérales de Snadan se îappoitent à deux groupes : Sources feirugmeuses et Sources sulfatées.
Souices ferrugineuses — Ce sont des eaux caibonatees, contenant une ttes notable piopoition d'oxjde de fer et surtout de gaz aerde caibomque hbie, qui les fait toleiei jDar les estomacs les plus délicats. Elles s'adiessent a l'anémie, a la chlorose, aux cachexies, aux affections en un mot qui îeconnaissent poui cause l'appauvi issement du sang.
Sources sulfatées. — Ce sont des eaux calciques et magnesiennes, legeiement arsenicales, qui exeicent une action a la fois laxative et diuietique Aussi conviennent-elles surtout poui les engorgements des viscères abdominaux, la dyspepsie, le catanhe vesical et la diathese unque, sr fréquente chez les goutteux. On en obtient encore dans le traitement de cei•taines maladies de femmes (metrite, dysmenonhée, ame-
BAGNÈRES-DE-LUCHON. 55
norrhée, ménorrhagie, etc ), des lésultats d'autant meilleurs que ce sont des eaux sédatives par excellence.
Telles sont les ressources que les eaux minérales de Siradan offrent et par leur valeur intrinsèque et par le voisinage de Luchon. A|outez à cela que le pays est d'une salubrité parfaite, le sol très accidenté, les excursions aussi pittoresques que vanées. Que faut-il de plus pour assurer à ces eaux le succès et la vogue ?
BAGNÈRES-DE-LUCHON (Il VUTE-GARONNE) . Sources sulfureuses chaudes.
ITINÉRAIRE DE PVRIS A BVGNÈRES DE EUCHON — Chemin de fer du Midi par Boideaux, Toulouse, puis embranchement de Montrejeau jusqu'à Bagneies de-Luchon même 18 heuies 30 min. — Dtbouts 106 fr. 35.
La ville de Luchon, appelée jsar les Romains Aquse balneanx Luxontenses, est bâtie au milieu d'une des plus magnifiques vallées des Pyrénées. Le quartier neuf, ou cours d'Etigny, représente une longue avenue plantée de quatre rangées de tilleuls que bordent des habitations destinées à loger les baigneurs.
C'est à l'extrémité méi îchonale de l'allée d'Etigny et au pied de la montagne de Super-Bagnères que jaillissent les sources de Luchon. Elles sont au nombre de quarante-huit, mais, quelques-unes ne îepresentant que de simples filets d'eau, on les associe à d'autres sources analogues dont le îendement est plus considérable.
L'établissement thermal, d'une architecture singulièrement lourde, a été construit sur l'emplacement d'anciens bains romains Il se compose de huit pavillons dans lesquels ont été distribués les cabinets de bains, les douches, les piscines 1 et les bains de vapeur. Une inscription placée à l'intéiieur de chaque pavillon indique le groupe de sources qui l'alimentent. Voici le nom, la température et la sulfuration de ces groupes :
\. L'eau qui alimente les deux petites piscines vient en partie des «nlles de douches ou elte a déjà suvi une piemicte fois a d'autres malades Voila de ces licences balneaues que nous avons déjà signalées a Baréges.
56 FRANCE (MIDI).
Tempér Sulfurede sodium
1« groupe |Bos(Juet 38° C 0,031 gr.
1 ero,Pe | Bordeu 42° 0,039
~„ lEtienv 41° 0,033
2» groupe j ^ 38„ 0>01g
| Blanche 37° 0,016
3« groupe ] Reme 44° 0,031
( Grotte inférieure 5o° 0,063
. ) Richard supérieur ... 48° 0,047
1 groupe | Richar(j mfeneur . . , 08° 0,021
Chaque groupe, composé ainsi de sources de forces différentes, se distnbue dans les baignoires par des îobmets sepat es, de telle sorte que, suivant la manière dont on opère les mélanges, on rend le bain ou plus faible ou plus fort. Il y a 120 baignoires ; chacune a sa douche. Il y a, en plus, les giandes douches occupant des cabinets a part et alimentées par les réservoirs îeunis de Bayen, de la Grotte supérieure, d'Azemar et de Bordeu. C'est sur les griffons mêmes des sources que se trouvent les etuves Enfin il y a le humage ou aspiration directe des vapeurs sulfureuses, que je n'ai vu employei nulle part ailleurs qu'a Luchon.
Voili pour la medicatron externe Les buvettes sont de même distribuées en quatre groupes amsi qu'il suit
Dans rétablissement.
Tempér Sulfurede sodium. 1 Les Romains ... 47° C 0,051
lefgroupe.< Ferras mfeneure n° 1. . . 34° 0,052
I Ferras inférieure n» 2 . . 39° 0,039
Hors de l'établissement :
S Grotte supérieure 53° 0,0<i4
Reine. 49° 0,054
Blanche . 39° 0,022
( Ferras ancienne 28° 0,004
3° groupe j Enceinte 42° 0,058
(. Ferras nouvelle 31° 0,011
( Pre n» 3 . ... 40° 0,031
.. } Pre n° 2 44° 0,058
*• groupe. pre no x .. 51o 0;078
[ Pre n° 1, refroidi . ..22° 0,071
Les sources de Luchon, examrnées au point d'émergence,
BAGNÈRES-DE-IX'CHON. 57
exhalent une odeur prononcée d'oeuf» couvés; leur saveur est franchement hépatique. Quant à leur alcalinité, elle est due, presque en entier, d'après M Filhol, au sulfure de sodium.
Les sources, à la sortie de la roche, sont limpides et incolores. Quelques-unes conservent indéfiniment leur transparence; mais la plupart, sous l'influence de l'air, prennent une teinte laiteuse ou verdâtre. Il résulte de ces décompositions que l'eau des principales soutcps de Luchon devient riche en sulfite et en hyposulfite, c'est-à-dire en sels dont elle offrait primitivement à peine des traces.
Les eaux de Luchon, bien que plus sulfureuses au griffon que celles de Baréges, le sont en realite moins aux lieux d'emploi. Nous savons que cela tient à ce que ces dernières ont bien plus de fixité. Ainsi, par exemple, elles ne fournissent pas d'incrustatrons sulfureuses, tandis qu'à Luchon il suffit de soulever le couvercle des sources pour en apercevoir de considérables : c'est surtout à la source de la Reine que s'opère cette sublimation.
On est généralement dans l'usage de décrire les eaux de Luchon comme étant des eaux fortement exertantes et, par conséquent, comme ne pouvant convenir aux tempéraments impressionnables ; cela est vrai, mais dans une mesure moindre qu'on ne serait tenté de le croire et que je ne l'avais établi moi-même.
Au premier rang, comme force, se placent la Reine et la Grotte supérieure ; puis viennent Richard supérieur et Blanche; enfin, les sources qui, sans pouvoir être îepulées calmantes, impressionnent le moins vivement l'organisme, sont Bosquet, Etigny, Bordeu et Ferras. Il est bien entendu cependant que cette gradation dans l'effet des eaux est subordonnée aux idiosyncrasies individuelles.
Les eaux de Luchon conviennent dans la plupart des cas où celles de Baréges sont indiquées. Ainsi on Jes ordonne contre les affections rhumatismales chroniques, la diathese scrofuleuse et ses manifestations si variées, les engorgements glanduleux, les ulcères, les fistules, les retractions tendineuses et les diverses maladies du tissu osseux, spécialement les caries et les nécroses. Certaines paraplégies essentielles, surtout quand elles se lient à la débilité générale , sont de même améliorées ou guéries par ces eaux, à la condition toutefois qu'il n'existe aucune trace d'affection aiguë vers, la moelle épmièie, et qu'on n'usera de la douche sur les reins qu'avec réserve.
Il parait prouvé que certaine-* maladies de la peau gué-
58 TRANCE (MIDl).
rissent mieux a Luchon qu'ailleurs Ce sont les eczémas et les impétigos
Enfin, les eaux de Luchon pounont être utilement conseillées contre les cachexies résultant de l'intoxication saturnine ou mei eut telle, les engorgements passifs du col utet in, certaines incontinences d'urine, les pei tes séminales, 1 impuissance vu île et surtout les accidents consécutifs a la syphilis
En 1 esume, Luchon représente les indications communes a toutes les emx sulfutees et offie, en outre, comme caiacteristique spéciale ^DrFenas), les eaux blanchiss intes et le humage qui constitue un ti alternent direct et localisé des maladies des organes respiratoires.
Qui n'a entendu vanter le séjour de Luchon, la puieté de son atmospheie, ses jjromenades, ses excuisions, tout ce que rechetche en un mot avec tant d avidité l'habitant de nos villes? Malheuieusement il manquait aux baigneuts un heu de léunion pour les veillées du soir Aussi appiendront-ils avec plaisn que Luchon possède aujourd hui un magnifique Casino. Cet édifice, ou plutôt ce monument, est situe entre la nvieie de la Pique et 1 allée d'Lligny Sa principale façade, d'un bel ordie aiclutectuial et d'une longueur de cent meties, donne sur le fond de la vallée, vrs à-vrs du poit de Venasque II est entoui e d un parc immense, très bien dessiné à l'anglaise et admirablemeut entretenu.
HÔTEL RECOUMA-'ÎDE Hôtel de Luchon et du Casino, le seul avec ascenseur.
SJXIES-DU-SYLAT (HAUTE GARONNE). Sources salines chlorurées sodirrues
Irr\ERAiRt DE PARIS A SAEIES —Chemin de fer d'Oilcans pii Toulouse; ensuite, chemin de fer du Midi jusqu'à la station de Silies môme, p ir a ligue de Bousscns a Saint Girons 17 heures — Débours : 98 francs
Sahes-du-Salat est un chef-lreu de canton situé sui la rive g niche de la nviere du Sdat, dans une de ces belles vallces de la base des Pyienees, qui constituent la légion fertile et boisée de l'Anege Son altitude est d'envuon 292 meties, avec une température moyenne de 10° C en hivei, et de 30" C. en ete. Cette station pouirait donc au besoin nvaliseï, sons le iapport du climat, avec les stations les plus f ivonsees du Roussillon
Mais ce qui constitue la î ichesse de S ihes du-Salat, c'est sa souice, decouveite et exploitée jsar les Romains et qui, de-
AIJLUS. Z9
puis les lemps les jilus anciens, a servi aux usages de la médecine Son efficacité a été tant de fois établie par l'expérience, qu'elle n'est plus à démontrer. D'ailleurs, la composition de l'eau indique assez dans quels cas on doit en faire usage. Cette eau est frorde, très limpide, sans odeur, franchement salée, faiblement alcaline. ya densité égale \ ,0128 à 0°. Un litre contient, d'après M. le professeur Bouis,
Chlorure de sodium 35,246
— de magnésium 0,505
Sulfate de chaux 3,650
et, en outre, des traces de carbonate de chaux, de bromures alcalins et d'oxydes de fer, etc.
On comprend que les anémies, les manifest itions du lymphatisme et de la scrofulo-tuberculose, les engorgements ganglionnaires, les tumeurs blanches, les coxalgies, les affections du sjstème osseux, le rachitisme, enfin un grand nombre de maladies propres aux femmes et d'affections de l'adolescence, puissent trouver, à Sahes-du-Salat, un agent thérapeutique de premier ordre.
N'oublions pas de signaler, pour compléter ces renseignements bien succincts, les ombrages séculaires qui entourent la ville, et les belles excut stons qu'on peut faire dans les vallées de l'Ariège et jusque sur les fiontières d'Espagne.
Encausse (Haute-Garonne). — Sources alcalines tièdes. — Le village situé à quelques kilomètres de Saint-Gaudens, renferme deux sources mméi aies, d'une température de J 8° à 22° C, limpides, sans odeur, et presque sans saveur. Elles contiennent, par litre, 3sr,074 de sels calcaires et magnésiens r le sulfate de chaux y entre pour 2^,139. Leur action est légalement purgative. On les a vantées avec raison contre les fièvres intermittentes îebelles.
AULUS (ARIÈGE). Sources alcalines aisenicales tempe'rées. ITIM^RVIRE DE PARIS A AUTUS — Ch( min de fer du Midi pai Toulouse jusqu'à S iint-Gruons 17heuies 50 minutes. Voituies de Saint-Gnons a Aulus 2 hem es 30 minutes — Debows 114 flancs.
Aulus est un village situé dans la charmante vallée du Garbet, au coeur même des Pyrénées centrales. Là, jaillissent des sources alcalines tempérées, au nombre de cinq : la source d'Armagnac; la source Baquc ; la source des Trors-Cesar s ; la source Lapone et la source Calvet. Les trois premières ont une température de 18° à 19° C. ; les deux dernières une de 14°.
60 FRANCE (MIDl).
L'eau de ces diverses souices est claue, limpide, avec une odeur legeiement maitiale due a la présence du fer.
Les eaux d'Aulus renferment environ 2 gr. 4/2 d( sels alcalins jjai litre. M. le docteur Gamgou dit y avoii lencontic de plus ceitams métaux dont la piesence jusqu alors n'avait ete signalée dans aucune eau mmeiale. Tels sont tout specnlement le nickel, le cobalt, le îubidium, le telluie, le j>lomb et le mei cure L'existence de ce dernier corps a ete mee par M. Lefort et jiar M. Ed Tvilhm, chef des travaux chimiques a la Faculté de Médecine de Paris Par contre, il est un jsoint sui lequel tout le monde est d accord, c'est que les eaux d'lulus sont fortement arsenicales. C est M Schlagdenhauffen, piofesseur agrège a la Faculté de Médecine de Nancy, qui a le premier signale ce fart important.
Mais laissons de côte la question chimique pour ne nous occuper que de la question médicinale, la seule qui ait pout nous une valeur incontestable parce qu'elle a pour base ï'obsei vation.
Leseiux d'Aulus sont des eauxlaxativeset diuieliques. Cesuicioit d actmte imprime aux tondions de 1 intestin et des îems, jiai cela même qu il favorise 1 élimination de certains principes et 1 absorption de cei tains autres, doit nécessairement agn sui la composition du sang et des humeuis, d ou resuite dans une ceitame mesuie la dcpuialion de l'organisme Ce travail intime et profond a ete d ailleurs expenmentalement demontic par l'un des médecins les plus consultes d Aldus, le docteui Abnq II a tiouve dans 1 uune de tous ses malades une augmentation notable de l'acide unque et de luiee
Ainsi s explique, dans une certaine mesuie, la vertucurative de ces eaux dans toutes les affections caractérisées par un excès d acide unque. i elles sont la goutte, sui tout loi squ'elle s'accompagne de constipation, d'engoi gement du foie et d hemonoldes, la gravelle, les calculs uriques et le îhumatisme noueux
On compiend de même comment elles rendent d importants sei vices dans la sjphihs a la fin de la jneriode secondarre, et jusque dans la période tertiane, principalement pour la cicatnsatron des plaies ulcéreuses. C est même la ce qui a ete le point de départ de leur leputation
Leur action îeconstituante fart qu'on les conseille encore avec avantage contre les dyspepsies, siftéquentes dans la convalescence des maladies giaves, les engoigements passifs des oiganes abdominaux etlineitie de 1 appareil utenn.
AULTJS. 61
Enfin on ne saurait méconnaître qu'elles rendent d'impôt tants sei vices dans certaines maladies de peau, spécialement l'eczéma arthritique, l'acné et la couperose.
Bien que les eaux d'Aulus se prennent surtout en boisson, les bains et les douches constituent un puissant adjuvant de la cuie. On y a construit à cet usage un assez bel établissement contenant 5'2 cabinets de bains et 2 salles de douches, le tout confortablement aménagé.
Aulus, comme toutes les stations thermales situées dans les montagnes, doit ses principales et ses plus hygiéniques distiactions à l'exercice au grand air. Sous ce rapport, vous n'avez, autant due, que l'embarras du choix. S'agit-il de simples promenades ? Des sentiers ombragés et à pente douce ont été heureusement ménages dans le rayon qui a voisine les sources. Préférez-vous les grandes excursions? Aimez-vous surtout l'imprévu, tel que, par exemple, une rencontie avec des ouïs? Dirigez vos pas du côté d'Ustou, distant de quelques kilomètres. Là vous verrez circuler en pleine liberté bon nombre de ces animaux; seulement, loin d'avoir nen d'effrayant, ils vous charmeront par leur gentillesse, leurs jias cadences et leuis grognements caressants. C'est qu'Ustou est la grande Université ou, dès leur tendie enfance, on apprivoise les ours qui vont ensuite faire les délices de nos foii es et de nos païades. *
Mais si, pendant la journée, certains baigneurs goûtent ainsi quelque plaisir dans ce commerce avec les ours, peutêtre, quand ai rive le soir, ne seront-ils pas fâchés de hurler un peu avec les loups, je veux dire de retrouver en pleines montagnes quelques-unes de ces récréations mondaines auxquelles il est si difficile de renoncer complètement. C'est ce qu'a pai faitenient compns la nouvelle Société des eaux. Elle a fait construne, sous la direction de M. Dupressoir. un magnifique Casino qui occupe une surface de 4500 mètres dans le parc même des bains dont la superficie est de 20 hectares. La se succèdent avec une heureuse variété les bals, les concerts et les représentations théâtrales.
Comment s'étonner des lors de la vogue qui s'est emparée d'Aulus et qui ne peut que grandir encore à mesure qu'on connaîtra mieux ses eaux ?
TRANSPORT. — On expédie les eaux d'Aulus aux plus grandes distances et par tous les temps sans qu'elles subissent d'altération d'aucun génie. On les boit surtout aux repas, coupées avec du vin.
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62 FRANCE (MIDI).
Aiidinac. (Ariége\. — Sources alcalines tiedes. — A une demi-heure de Saint-Girons. Ces eaux offrent avec celles d'Encausse la plus complète analogie de composition et jirobablement de propriétés. Il y a deux sources, d'une température de 21° a 22° C l'une appelée source desBams, l'autre source Louise. Elles sont aménagées dans un petit établissement thermal où se trouvent quinze baignoires et trois douches, mais ne sont fréquentées que par les gens du pays.
USSAT (ARIÉGE)
Sources alcalines chaudes
ITINÉRAIRE DE PARIS A USSAT — Chemin de fer du Midi jusqu'à Ussat même 18 heures 30 minutes. — Débours ; 102 fi
Usssat est srtué sur la grande roule de Forx a Ax, et au centi e d'une étroite vallée que dominent des montagnes arides et nues jusqu'à leur sommet. Au milieu de cette vallée coule l'Anege. La source mrnerale occupe, a l'extremrte du village, la rrve droite du fleuve. Cette source, qui a piecisément le degie de chaleur le mieux approprie pour le bain, se distribue dans un bel établissement thermal qui a subi dans ces derniers temps une transformation complète. Il renferme soixante-douze cabinets de bain, quatorze cabinets de douches et deux grandes piscines, l'une pour hommes, l'autre pour femmes, munies chacune d'appareils de gymnastique. Aussi la moyenne des bains a-t-elle, depuis quelque temps, plus que doublé.
Les eaux d Ussat sont limpides, un peu onctueuses au toucher, sans odeur ni saveur. D'après M. Filhol, elles ne renferment, par litre, que l«r,276 de sels alcalins a base de chaux et de magnésie, mais surtout de chaux.
Quelle liaison, je vous le demande, pourrez-vous établir entre cette composition des eaux et les maladies du système net veux qu'elles sont appelées à guérir? Aucune, absolument C'est donc, comme toujours, à l'observation seule qu'il faut s'en rapporter Celle-cr a apprrs que les bains d'Ussat exet cent une action sédative et adoucissante On les conseille principalement aux femmes contre certaines perturbations neiveuses dont il est aussi difficile de preciseï le siège que d'analyer le caractère. Aujourd'hui on les appelle nevioses; autrefois c'étaient des vajjeurs. Quels que soient les noms par lesquels on les désigne, leur existence n'est pas toujours le pioduit de
AX. 03
l'rmagrnation : souvent elles constituent des maladies trèsréelles qui réclament et méritent toutes nos sympathies. Telles sont entre autres, l'hystérie, les névralgies faciales et sciatiques, l'hypochondrie, la chorée et auties désordres de la sensibilité et du mouvement.
Ces bains sont prescrits encore avec avantage contre la plupart des affections de la matrice et, tout particulièrement, d'après le docteur Bonnans, l'inspecteur actuel, contre ces vaginites chroniques qui, par leur extrême ténacité, font le désespoir des malades. Ils réussissent de même à provoquer et à régulariser le retour des menstrues. Enfin les personnes qui se livrent aux travaux de cabinet, celles que des études prolongées ou une contention d'esprit tiop habituelle ont jetées dans une sorte de surexcitation nerveuse, se trouvent bien également de ces bains.
Le pays est très-accidenté. On y a créé récemment de longues et magnifiques promenades et on accède facrlement aux fameuses Grottes, si remarquables par leurs stalactites. N'oublions pas non plus de mentionner les hôtels où les malades tro uvent aujourd'hui une installation très-confortable.
AX (ARIÉGE).
Sources sulfureuses chaudes.
lTr\tRAUiE DE PARIS A AX — Chemin de fei du Midi jusqu a Av nu me : 19 heures 30 minutes — Debout s 103 il
Âx, du mot aqua, est une petite ville d'autant mieux nommée que, d'une part, elle est traversée par trois torrents, l'Ariége, l'Ascou et l'Orlu, et que, d'autre part, cinquantehuit sources minéiales jarlhssent dans son étroite enceinte. Ces sources, les seules qui doivent nous occuper, apjjartiennent à la classe des eaux sulfureuses, et coulent pour la plupart sur la voie publique. Aussi est-on tout d'abord tres-désagréablement frappé d'une odeur d'oeufs couvis lépandue dans l'atmosphère, odeur qui vous suit partout, dont tous les objets sont imprégnés, et que vous retrouvez jusque dans les aliments qu'on sert sur vos tables. Cette dernière particularité pourta paraître une exagération. Rien de plus exact cependant; pour vous en rendre compte, il vous suffira d'aller sur la place de l'Hôpital. La vous verrez, comme a Dax, toutes les ménagères de la ville venir nettoyer leurs légumes à la source des Canons,
04. FRANCE (MIDl).
laquelle a 75 degrés de chaleur, puis emporter les provisions d'eau sulfureuse nécessaires pour les divers usages de la cui sine, même pour le potage 1 et le the Sur cette même place vous serez promptement inities aux principaux mystères de la chaicutene Ainsi voila, pies des deux sources du Rossignol (77° C), l'estiade où l'on saigne les porcs, le cuvier ou on le cchaude, la pierre ou on les plume , 1 étal ou on les depece puis enlm le bassin où on lave leuis « enti ailles palpitantes > (trementia viscera). Il me semble que les àmateui s de couleui locale auront de quoi se montrer satisfarts, a moins peut-ette que, par un raffinement de civrlrsation, ils n'eussent préfet e que pareil spectacle fût soustrart a leuis regards.
A cote de ces sources industrielles, il en est un beaucouf plu 0 giand nombre exclusrvement réservées aux usages de la médecine. Ces deinieies, dont la température varie enlre 24( et 75° C , ont ete disposées par groupe de 42 a 1S, îepartts ur peu arbitt airement entre trois établissements qui sont le Cou loubret, le Teich et le Breilh. Je n'ai rien a dire de ces eta bbssements, si ce n'est que le piemier laisse tout à désirer ei que l'organisation des deux auties est passable dans chacur on donne des bains et des douches
Les eaux d'Ax se rappt ochent beaucoup de celles de Luchor par leurs propriétés physiques et chimiques C'est aussi le sui fure de sodrum qui le» mmerahse, seulement la dose en est moindre. La source Bayen, par exemple, qui est la jilus sulfureuse de Luchon, contient, par litre d eau, OB',077 de sulfute tandis que la source du Rossignol inférieur, qui est la plu sulfuieuse d'Ax, n en contient que 0er,042. Dans les dnerse souices de ces deux localités, le soufre est également volati et decomposable Remarquons toutefois que les eaux de Luchor blanchissent beaucoup plus que celles d'Ax.
Les eaux d'Ax sont des eaux excitantes qui réussissent d'autant mieux que l'affection a pei du tout cai actere aigu On les a sui tout vantées dans le traitement du rhumatisme aiticulane, de la scrofule et des maladies de la peau A ce point de vue encoie, elles offrent une grande analogie avec celles de Luchon et elles ne leur sont nullement infeiieuies.
Escaldes (Pyrénées - Orientales). — Sources sulfureuses" chaudes — Ces thei mes, qui touchent presque a la fi ontiet e d'Espagne, sont alimentes par deux souices principales dont lune marque 41° C. et l'autie 32°. Ces souices contiennent ùsr,011 de sulfure de sodium par htie Quant a leur action theiajmilique, elle est a la fois tonique et sédative.
MOLITG. 65
Saint-Thomas et Olettc (Pyrénées-Orientales). — Sources sulfureuses chaudes. — Ce sont à tous égards des sources remarquables qui, dans une contrée moins riche en sources sulfureuses, set aient susceptibles d'utiles applications. Elles n'offrent actuellement qu'un intérêt de localité.
MOLITG (PYRÉNÉES-ORIENTALES). Sources sulfureuses chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A MOLITG. — Chemin de fer du Midi pnr Perpignan jusqu'à li station de Pr.ules 25 heures — "*roitures de cette station a Molitg 36 minutes. — Debout s . 134 fr. 20.
Molitg est relié à Piades \ ar une charmante route plantée de jeunes arbres, laquelle, aptes avoir franchi la Tet sur un beau pont, longe en serpentant le gave de Castellar, et conduit, en moins d'une heure, aux bains. Ceux-ci se trouvent pi es de la route, à un kilomètie avant le village. Ils rejîiesentent un petit gionpe de bâtiments consttuits a mi côle, dans un vallon abrite au N. 0. par les contiefoits des Corbièies et où l'olivier et le launer-rose poussent en plein champ. Depuis Anglada, on les desigDe sous le nom de Bains de delues.
Bains de délices! Voilà de ces dénominations ambitieuses qui nuisent souvent plus qu'elles ne servent à qui s'en décore, par la difficulté même de les justifier. Je n'eus donc rien de jjlus presse que de demander un bain. Or l'immersion dans l'eau me fit éprouver, par sa douceur et son onctuosité, une sensation pleine de charmes : la peau glisse sous la main comme si elle était enduite d'une substance oléagineuse. C'est au point qu'on se croirait volontiers le jouet de quelque illusion sur la nature du liquide au milieu duquel on est plongé : on dirait une huile émulsionnée. Et cependant l'eau sulfureuse de Molitg ne fournit à l'analyse aucun élément qui lui appai tienne en propre et dont la présence rendrait compte de ces caractères exceptionnels. Comme toutes les autres sources de la chaîne, elle est simplement minéralisée par le sulfure de sodium ; la dose n'en est même que de 0sr,014 par litre. Sans doute elle possède le principe gélatineux connu sous le nom de glairineoude baregine; mais, en cela encore, elle n'est pas plus favorisée que la plupart des autres souices, que Baréges, par exemple, dont le contact sur la peau ne produit aucune impression du même geni e. Comment expliquer cet éti ange phénomène ?
66 rRANCE (MIDI).
La source Llupia, que nous choisirons pour type, a son griffon dans l'établissement même Limpide à sa sortie de la roche, elle ne tarde pas, par son exposition à l'air, a prendie une teinte louche, légeiement aidoisée, provenant de ce qu'un peu de soufre s'est précijnté. Sa température native, qui est de 38° C , n'en marque plus que 34 ou 35 aux lieux d'emploi, elle se trom e ramenée de la soi te au point le plus convenable pour le bain. Ajoutons que son rendement suffit pour entretenu dans les baignoires un courant sans cesse renouvelé, lequel, pendant toute la durée de l'immersion, conserve ses éléments sulfureux.
Je souligne ces derniers mots, car c est chose extrêmement remarquable que l'extiême fixité des eaux de Molitg. A quelque distance que vous les transportiez, elles sont autant dire maltéiables Je ne connais, sous ce rapport, aucune source des Pyrénées qui leur soit supérieure.
Ce que j'ai dit de l'action de la source Llupia sur la peau suffit pour farre comprendre que ce soit aux miladies de cette membrane que s'adresse sa specralrté thérapeutrque II est d'observation qu'après une excrtation passagère, l'erethisme du derme se calme, ses sécrétions se modifient, et sa vitalité se trouve giaduellement ramenée a des conditions meilleures D ajires M le docteur Picon, médecin insjDecteur de ces eaux 1, tes dermatoses qui s'en trouvent le mieux sont celles qui sont sous la déjjendance d'un jjrincipe herpétique.
Il existe, a Molitg, deux établissements prrncipaux appelés Thermes Llupia et Thermes Mamet. Les souices qui les alimentent sont a peu près analogue-. On a fait arriver dernièrement aux Theimcs Llupia la source Barrere, que sa température moindre rend particulièrement utile poui les personnes irritables et nerveuses. On l'emploie en bains, soit seule, soit mélangée à l'eau du n° 4 de la source Llupia On a de même récemment installe dans les Thermes Mamet tout un système de douches qui, par leur heureuse diversité, conviennent j)ai - faitement jiour les maladies qu'on traite a ces eaux Enfin, au nord, et a quinze mètres de ces deux établissements, s'en trouve un ti oisieme, qui agit surtout a titre de succursale.
Les malades peuvent se loger, soit a linlerieur même des établissements thermaux où un vaste salon de reunion est mis a leur disposition, soit al'exteneur ousetiouventaussiplusieuts hôtels confoi tables Celte proximité des logements, en rendant les communications plus facrles, compense fort heureusement ^isolement de la statioa.
LA PRESTE. 67
Vinça (Pyrénées-Orientales). — Sources sulfureuses tièdes. — La beauté du paysage, beaucoup plus que l'importance des eaux, vous fera visiter Vinça, situé à une heure de Prades, car ce sont des eaux simplement hygiéniques. Il y a une buvette et quelques baignoires.
A crue t et AmcIie-les-Bains.— Ces thermes n'offrant d'intérêt que comme résidence d'hiver, nous en renvoyons l'étude au chapitie où il sera parlé des STATIONS HIVERNALES.
LA PRESTE (PYRENÉES-ORIEIVTAEES).
Sources sulfurées sodiques chaudes.
IrrNERAiRK DE PARIS A EA PRESTE — Chemin de fer du Midi jusqu'à Perpignan 18 h. 10 min. — Voituies de Peijugnan a La Pieste 8 h — Débouta : 440 fr.
Les eaux de La Preste sont situées a l'extrémité de la vallée du Tech, l'une des plus pittoresques et des plus riantes des Pyrénées-Orientales, presque sur les confins de la Catalogne. Il y a peu d'années encore, les voies qui y conduisaient étaient ce qu'on appelle des « chemins de montagne » dont pas un n'était carrossable. C'était là, paraît-il, une précaution stratégique pour garantir nos frontières d'une invasion espagnole II est vrat qu'en même temps on mettait ainsi nos sources à l'abri de l'arnvée des baigneurs. Quels changements se sont opérés depuis lors' Aujourd'hui La Preste se trouve reliée à Perpignan par une route thermale jusqu'à Prats-de-Mollo et nationale de Prats-de-Mollo jusqu'à la gare, dont l'ensemble constitue un tiavail admirable.
Les sources minérales ont été récemment l'objet d'importants captages qui en ont assuré la conservation en même temps qu'elles en augmentaient le rendement. Leur débit est maintenant de 4 700 000 litres par vingt-quatre heures. Ce sont des eaux sulfurées sodiques d'une température de 43° C. et d'une parfaite limpidité.
Il résulte des analyses d'Anglada qu'elles renferment, par litre, 0er,1337 de principes fixes dont 0sr,004 de sulfure de sodium. Elles dégagent de plus à leurs griffons et en sortant de leurs conduits souterrains du gaz azote, mêlé à une très-petite quantité d'oxygène. Enfin elles sont d'une remarquable alcalinité.
Mais c'est beaucoup moins à l'analyse chimique qu'à l'oh-
68 TRANCE (MIDl).
servation duecte qu'il faut demander le sectet de leui action thérapeutique Oi il a été reconnu, nous pourrions due de temps immémorial, car leur usage remonte exliêmement loin 1, qu elles sont souveraines contt e toutes les affections des voies ui înan es Ainsi le catai rhe de la vessie et des reins, même avec secietion pumlente de la muqueuse, les différentes formes de gtavelle, la îetention dunne par atonie, certains engorgements de la prostate, ce qu'on appelle la « goutte militaire », enfin les troubles fonctionnels consécutifs a l'opération de la hthotiitie y trouvent une guénson que très-souvent les malades avaient vainement cheichee arlleuis. Sous ce 1 apport, les eaux de La Pi este sont, on peut le dire, sans rivales
Comment maintenant expliquer cette spécificité d'action "> Je crois qu il faut sut tout en chei chei le motif dans la facilite extrême avec laquelle l'estomac les supporte et se les assimile C est au point qu'à peine ingérées dans cet organe, elles passent dans la cuculation et arrivent a l'apparerl urrnane sans avoir eu le temps de subir de décomposition appréciable.
Cette extrême digestibihte des eaux de La Pi este les rend foit utiles contre toutes les dyspepsies caiactensees pai un défaut de ton et de ressott C est qu'il est de temaïque qu'elles ont, poui premiei effet, de stimuler la vitalité de la muqueuse et de laïamenei a son jeu physiologique
Je ne m étendrai pas davantage sur leurs veitus médicinales Sans doute, comme toutes les eaux sulfuieuses de li chaîne, elles conviennent contie un giand nombre dauties affections. Mais les décrire seiait fure perdte de vue ce que nous avons dit être leur spécialisation Je ne peux du reste que i envoyei (Jour ce comj>lement de détails a 1 excellente thèse du docteur Beiny, le médecin actuel de La Pi este
— Nous avons dit que les sources ont ete captées a nouveau. L'Etablissement thermal a ete de même 1 objet d une complète îestauration Le propirPtaite actuel, M. Fauie, vient de faire construne une vaste galerie vitrée qu'entouient des cabinets avec baignones en maibie blanc, au nombie de 32, des salles de douches, des appareils d hydiotheiapie et 4 buvettes. Il y a également des salles dmhalation et de pulvei isation.
Les logements destines aux baigneuis n'ont pas non plus été oublies On a mis a leur disposition plus de 300 chambres très confoi tables, 8 magnifiques salons de îeunion et une salle
4 Les ruines d'anciens thermes, sur Pempl icement des sources ictuelles, piouvent qu'elles etdient déjà fréquentées des Romains
IE BOULJU. 09
à manger assez vaste pour contenir 230 couverts. l'entre dans ces détails, car ceux-là seuls qui ont visité La Preste sous l'ancienne administration, pourront apprécier l'impoi tance et 1 utilité des changements opères par la nouvelle
Par exemple, elle n'a i îen eu à créei pour tout ce qui se rapporte aux promenades et aux excursions, peu d'endroits en ofli ant d'aussi naturelles et aussi pleines d'intérêt.
Qu'il nous suffise de citer les cascades de Grafull, la tour de Mir, les goiges du Tech et le sommet de Costabone, d'oui'on dccouvt c une grande partie de la Catalogne Songez donc que La Preste elle-même a une altitude de 4 130 mètres!
Un dermei î enseignement La saison la plus favorable pour jjrendre les eaux est l'automne. Il îègnememeà La Preste une douceur de climat et une égalité de temperatui e telles qui! beaucoup de malades y restent pendant l'hiver. Aussi l'établis sèment est il ouvei t toute l'année.
TRANSPORT — Les eaux de La Preste supportent le transport sans éprouver aucune altération dans leurs piopriétés tant chimiques que médicinales. Il s'en exjjedie des quantités considéiables dont le chiffre ne pouna qu'aller en augmentant à mesure qu'elles seront mieux connues.
X.e Boulou (Pyrénées-Orientales). — Sources alcalines froides. — Ce sont des eaux qui par leur alcalinité se rapprochent de celles de Vichy et par leur fer de celle-, de Spa. Elle> conviennent dans lous les cas où les alcalins et les ferrugineux sont indiqués. Il y a un petit établissement theimal.
POMPÉE, CÉSAR, ANNIBAL AUX PYRÉNÉES
Au moment de prendre congé des Pyrénées, rappelons quelques-uns des grands souvenirs historiques qui se rattachent précisément à l'endroit par lequel nous avons clos nos desctiptions.
Sur ce sommet qui regarde le Boulou, et où, du côté de 1 Espagne, vous voyez se dresser si fièrement le fort de Bellegarde, s'élevait plus fièrement encore, il y a dit neuf siècles, le trophée d que Pompée y avait fut construire en honneur de ses victoires sur Sertorius. Hélas! quelques années plus tard,
2. Ce trophée consistait en une tour qui, dans le moyen âge, fut converhe en citadelle pour 11 défense du tummwn pyrenoeum. Les Marnes h detiuisucnl en partie, et Vanbin en ht disparaître les dernières assises pour de\cr sui son empl ictment le fort de Bclleg irde qui commande le défile par lequel l'Espagne communique a\cc la riauce.
70 ritAiNCE (MIDI).
Pompée, vaincu a Pharsale, allait tragiquement mourir sur les Jivages de l'Egypte, et ses deux fils, poursuivis par le vamqueui, repi enaient cette même route des Pyrénées dont chaque étape rappelait la gloire de leur père. César les atteignit feientot a Munda il battit et dispersa leur armée, tua 1 un des frères, mit l'autie en fuite, puis ne croyant plus avoir d'ennemis a îedouter, il se dirigea vers Rome ou l'attendait, au «ontrane, une fin si cruelle II s'était flatte, comme son rival, de laisser dans les Pyrénées des traces durables de son passage, et^ par ses oidres, un autel (ara) avait ete édifie non loin du trophée de Pompée Pourquoi un autel ? Gesar îevait-il déjà les honneurs de l'apothéose ? Toujoui s est-il qu'il ne reste rien de ces deux monuments, rien, pas même des ruines. . Etiam periere ruinoe.
Remontons plus loin encore dans l'histoire. Un siècle et demi avant ces mémorables luttes de César et de Pompée, un geneial dont l'audace égalait seule la prodigieuse habileté, franchissait res mêmes montagnes, traversait les Gaules, penetiait en Italie par les Alpes, battait les Romains dans quatte batailles rangées, menaçait Rome elle-même, puis, trahi par les siens plus encore que par la fortune, terminait par le poison, sur la tene étrangère, une vie que n'abritait plus suffisamment l'égide du malheui * , j'ai nomme Annibal Or, c'est bien ici, c'est dans cette partie de l'ancienne pi ovince romaine de Narbonne, que lie heios de Caithage mit pour la première fois, en quittant 3frspagne, le pied sui notre tenitone C'fst par le défile que vous apeicevez dans la direction de Bellegarde qu'il fitpenetiei ses victorieuses phalanges Voila ce qui m'a paru tres-evidemment îessoitir du récit des historiens compare a l'état actuel des localités. « Annibal, raconte Tite Live, quitta Caithagene au printemps qui suivit la jmse de Sagonte, et se dnigea veis les Pyrénées en longeant le littoral II passa ainsi entre Etoville et la mer, tiaveisa l'Ebre sui trois points a son embouchure, puis, api es avoir soumis les peuples de la Tai raconaise, arnva au jned d'une goige (fautes) qui unit la Gaule aux Lspagnes ,
I. La même année (184 ans ivant J C ) vit mounr cgilemçnt dins 1 exil deux luttes grands cipitunes, Scipion, le vainqueur d'Anmbila Zama, et Philopoemen, qu'on a surnomme le dernier des Grecs Le poison dont se senit Anuibil et ut îenferme d ins le chaton dune higtic qu'il poitnt consomment sur lui a Ce fut un simple luneau, dit Juven il, qui vengea les Romains de la défaite de C innés et de tant de sang repindu »
Cnnn irum vindex et tanti sungutnis ultar Annulus '
ANNIBAL AUX py/RÉNÉES. 71
mais, avant de s'y engager, il en confia la garde à l'un de ses plus habiles lieutenants. Ainsi protégé contre toute surprise, il (ranchit les Pyrénées avec ses troupes et vint camper près de la mer, àlllibns'.
Il suffit de jeter les yeux sur la carte pour comprendre que la gorge désignée par Tite-Live ne peut être autre que le défile de la Massane, appelé autrefois Clausura, que commande maintenant le fort de Bellegarde. En effet, ce défile est le point de la chaîne où les Pyrénées ont le moins d'élévation; il est rapproché de la mer, dont Annibal tenait, pour des raisons facile? a comprendre, à ne jamais s'écarter ; il s'ouvre directement dans laTarraconaise, aujourd'hui la Catalogne, et communique par une voie facile et iarge aveclllibris,quin'estautrequelavrlle actuelle d'Elne (magnx quondam urbistenuevestigium). Enfin, c'était par ce même défilé que, longtemps avant l'invasion d'AnnibaL, passait la route stratégique romaine dont le Boulou (stabulum d'Antomn) était la clef. L'armée carthaginoise avait donc tout intérêt à piendre cette direction, puisque, indépendamment de la facilité plus grande du chemin, elle évitait les embûches que les populations indigènes « d'une extrême férocité » (ferocissimx gentes) auraient pu lui tendre, sr elle se fût engagée dans des sentiers non frayés. Aussi i emarquons que Tite-Liva, jias plus que Polybe ou Cornélius Nepos, ne laisse nulle part entendi e que des obstacles provenant soit de l'ennemi, soit de la configuration du sol, aient retardé la marche d'Annrbal dans les Pyrénées, tandis qu'il entre dans les plus mtnutieux détails sur les difficultés de toute nature qu'il rencontra dans les Alpes et qu'il ne put vaincre qu'à force d'héroïsme et de génie 2. C'est.
i Ce fut a Ilhbiis, près de Port-Vendres, qu'Annibal entra en poui parlées a\cc les chefs gaulois retranchés a Ruscinum (d'où l'on a fait Roussillon), et que fut signe le traité par lequel il obtint de traverser librement leui territoire. Il dut fane valoir comme pnntipal argument son aimée qui se composait alors de 80 000 hommes d'infanterie, de 12 000 de cavalerie et de 120 éléphants L'histoire a conserve l'article du traite par lequel il fut conveuu que « l«e « femmes sei aient seules juges dans les délits commis à leur piejudice par lu a Caithaginois »
'1 Rien de plus diamatique que toute cette partie du récit de Tite-Live. Cei tains detuls ont même paiu se rapprocher du roman, tel est sui tout l'épisode relatif a la dissolution des rochers par le vmaigie. Mais d'abord l'histouen a-t-it îeeltement dit cela ? Je vais citer textuellement ses propres paioles: « Parvenue au sommet des Alpes, l'armée commençait a descendie la montagne du côte dePItalie, loisque sa marche se trouva tout d'un coup arrêtée « pir un a rocher place en travers de l'unique voie qui fût praticable » [rupes pet quaus. via utta esse poterat). Annibal fit entourer ce rocher d'un bûcher gigantesque, foi me de troncs d'arbres et de branches qu'on coupa dans le voisinage et auxquels ou mit le feu Grâce a un veut violent qui s'éleva, ce ne fut bient&
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là encore ce qui explique pourquoi trois mille Carpétans, qui devaient fane partie de l'expédition et avaient même déjà suivi l'armée dans les Gaules, rebroussèrent chemin pour 1 entrer en Espagne, des qu'ils surent qu'Annibal se dirigeait sur Rome « Ils étaient, dit Tite-Live, moins effrayes de la guerre que de la barrière infranchissable dei> Alpes » {Non tam bello mon quam insuperabtli Alpium transitu)
Arrêtons-nous a notre tour. Il est des barrières aussi que nous ne devons pas franchir, et si parfois quelque digi ession nous est permise, ce n'est que comme simple délassement et à la condition qu'elle ne nous détournera pas de l'objet spécial de nos études. Quittons donc, bien qu'a regret, Annibal et les Pyrénées pour continuer notre tour de France.
Castera-Verduzan (Gers) — Source sulfureuse et sainte ferrugineuse froides — L'établissement thermal de CasteraVerduzan est un vaste édifice situe au milieu d'un fertile et uant vallon, à égale distance de Condom et d'Auch. L'air y est vif et pur, le climat tempère. Les sources sont au nombie de deux : une sulfureuse et une ferrugineuse. Température 19° C D'après les analyses de M. Filhol, la source sulfureuse
qu'un immense brasier o La pierre devenue ardente, on la dpsagrege avec du vite n tigre verse a sa surface, puis on brise avec le fer et avec des coins ce « que l'incendie a calcine » [ardentia saxa infuso aeeto putrefaciunt, ita torridam incendw rupemjerio et clivit pandunt)
Qu y a-t il donc la de si înviaisembl ible? Ou donc surtout est-il question de cette fameuse a dissolution des roebers » dont on s'est tant diverti? D'ibord lite-Live ne des g ne qu'un seul rocher Ensuite le mot putre/aciunt, pris même dans le sens le plus litteial, ne peut signifier autre chose que rendre friable, sans quoi on ne s'expliquer ut pas la nécessite ou 1 on se trou\ i de t ure îutervenir le fet et les coins Ajoutons enfin que, tous les jours, dans nos ex|M uences de laboritoire, nous desigregeons ou, pour parler lelan^ige de h lumie moderne, nous étonnons les pierres les plus duies, telle que le silex et k granit, en les plongeant a 1 etit d'iucandescen ce dans l'eau froide, operet-on sur le marbre, et il abonde dans les Alpes, le vinaigre ou tout autre liquide acide agit de plus comme mordant chimique Cessons donc de pour sui.ee de nos plais inteiies et de nos sircasmes un fait que Juventl lui même, maigre ses profondes défiances de 1 histoire, ou il ne voit que mensonge (Jus toria mendax), na pas ose contester «Il brisa, dit-il, les rochers et fendit la montagne ave6 du vinaigre B
Diducit scopulos et montent rumpit aceto
D'ailleurs Arthimede était contemporain d*Annibal, c'est due qu'a cette époque les sciences physiques brillaient d'un incomparible eclit Or, tin dis que lt défenseur de Syr icuse brûlait 11 flotte romaine a l'aide de procèdes que la physique avoue, après toutefois les avoir mes, pouiquoi le gêner tt cirthiginois n'aurnt il pas fut ippel a h même science pour tnompher des obstacle* qui lui barraient le chemin de Home ~"
KENNES-LKS-BAINS. 73
est miriéialisée parlegâz sulfhy îrique et le sulfurede calcrum, la source feirugineuse par le carbonate de fer : mais l'une et l'autre dans des proportions très-faibles. Ces sources sont employées en bains et en douches ; on les boit habituellement aussi, le matin, à la dose de trois ou quatre verrées, coupées avec du lait.
La source sulfureuse est employée avec avantage dans les affections rhumatismales, les maladies de la peau, les gastralgies, la gravelle et les catarrhes bronchiques et pulmonaires. Quant à la source ferrugineuse, on lui attribue, indépendamment de la tonicité de son action, une sorte de spécificité dans le traitement des anciennes lièvres intermittentes.
Barbotan (Gers). — Boues sulfureuses. — Village à un kilomèire de Casaubon, 2 de Cause et 4 de Mésin. Les source] minérales sont nombreuses et éparses dans la vallée ; leur température varie de 32 à 38° C. Elles exhalent une légère odeur de gaz sulfhydrique. On emploie beaucoup moins l'eau minérale que les boues. Très en vogue autrefois, elles sont complètement oubliées aujourd'hui.
Alet (Aude). — Sources alcalines tièdes, — A deux heures de Carcassonne se trouvent les eaux un peu alcalines et légèrement tièdes d'Alet. Elles n'ont ni saveur ni odeur. L'estomac les supporte très-bien. Aussi les a-t-on vantées contre la dyspepsie. Il y a un petit établissement.
Reanes - les - Bains (Aude). — Sources ferrugineuses chaudes et froides. — Le petit village de Rennes possède des sources minérales fort remarquables, qu'on peut drvrser en deux groupes : les unes conviennent pour l'usage externe, les autres pour l'usage interne.
Sources pour l'usage externe. — Il y en a trois : la source de Bain-doux , 40° C. ; la source de la Reine, 41° C. et la source du Bain-fort, 31° C. Toutes ces sources sont minéralisées par le fer, et, chose très-rare dans cette classe d" sources, elles sont thermales. Ainsi la température de 51 de grés, que nous avons dit être celle du Bain-fort, n'a pas sou analogue en hydrologie. Ajoutons que cette source renferme, par litre, 0sr,031 d'oxyde de fer carbonate.
Administrées en bains et en douches, ces eaux produisent d'excellents effets dans les rhumatrsmes invétérés, la diathèse herpétique, les engorgements glanduleux, l'anémie, le chlorose, certaines paralysies, en un mot dans toutes les affections qui se rattachent soit à l'appauvrissement du sang, soit à la débilité organique. Cette action des bains est quelquefois puis-
74 FRANCE (MIDI).
samment aidée par l'eau de la Salz, petite rivièie qui baigne les muis mêmes de l'établissement, et renferme 2«r,30 de chlorure de sodium 11 suffit de l'associer a l'eau du Bain-foi t pour obtenrr des effets semblables à ceux de l'eau de mer.
Dans les trois bâtiments ou ces bains sont administres fonctionne tout un système de douches.
Sources pour l'usage interne. — Ce sont les souices du Pont, du Ceicle et de la Madeleine Elles ont de même le fer comme pnncipe mineiahsateur, seulement elles sont frordes, et par suite ne seivent qu'a la boisson. Ce n est pas sans raison qu'on les a comparées aux eaux de Spa, de Foiges, de Pyi mont et de Pougues, cai elles ne leur cèdent en rien comme action tonique et reconstituante. Elles conviennent comme elles dans tous les cas où le fer est indiqué.
Quant au pays, il estties-accidente et rappelle les plus beaux paysages des Pyrénées et des Alpes
Campagne (Aude) — Sources salines sulfatées ttedes. — Entre Limoux et Quillan, sur les bords de l'Aude, jaillissent ces sources, il y en a trois, d'une temperatuie de 26° a 27° C , et d'une minéralisation de 0sr,767 pai htie Utiles dans le catarrhe vesical, la gravelle, et cei tains engorgements consécutifs aux fièvres întei nnttentes.
LACAUNE (TARN).
Sources arsenicale tiède et ferrugineuse froide.
ÏTifcERAiRE DE PARIS A LACAUNE — Chemin de fet d'Orléans jusqu'à Castres 15 heures 30 min. Voituies de Castres a Licaune 3 heures 30 min — Debout s 50 fr
Lacaune occupe, à trois heures de Castres, une charmante vallée ou jaillit une source mineiale Cette souice, d'une température de 23° C , îenfeime, par litre, 0er,767 de sels calcanes, magnésiens et arsenicaux.
L'eau de Lacaune, prise a la dose de trois à quatre verres, exerce une action franchement diuietique, à dose plus élevée, elle serait plutôt laxative. Elle a ete captée dans un bel établissement qui compte 80 chambres, 25 cabinets de bains et plusieurs douches.
Ces eaux ont une réputation marquée pour le traitement de toutes les affections scrofuleuses ou lymphatiques, quel que soit leur siège, et les maladies de la peau. Le docteur Strehaiano
LAMALOU. 75
qui en a fait une étude si complète, les a vues tout particulièrement réussir contre les ulcérations du col de l'utérus fussentelles même d'origine syphilitique. Les observations qu'il a publiées à cet égard sont tout à fait concluantes.
Ce qui ne contribue pas peu au succès de ces diverses cures, c'est l'adjonction d'une source alcaline ferrugineuse acidulé qu'on a découverte à un kilomètre des thermes et qui, prise aux repas, agit comme un énergique reconstituant de l'économie On se propose d'y installer prochainement un établissement hydrothérapique. C'est là une très-heureuse rdée, nulle source ne me paraissant mieux convenir à une semolable destination.
Enfin la station de Lacaune sera bientôt reliée par un chemin de fer à la grande ligne du Midi. Ces divers,avantages joints à la valeur intrinsèque des sources, assurent à ce bain un brillant avenir.
TRANSPORT. ■—■ Les eaux de Lacaune supportent très-bien le transport et, sous cette foi me, leur usage prend chaque jour une plus grande extension.
LAMALOU (HMAULT).
Sources ferrugineuses alcalines chaudes.
ÏTINERVIRE DE PARIS A LAMALOI; — Chemm de fer du Midi, embranchement de Beziers, jusqu'à la station de Bed irieux 24 heures. Voitures de cette station a Laraalou • 40 minutes — Débours : 132 fi.
Les eaux de Lamalou jaillissent dans un vallon d'un aspect agieable, que limitent des montagnes couvertes ]usqu'à leur sommet de vignes et de châtaigniers. Elles appartiennent à la classe des eaux ferrugineuses alcalines ; de plus, par une exception assez îare dans les eaux de cette classe, elles sont theimales.
Les différentes sources en exploitation ont toutes, à peu de choses près, les mêmes caractèi es physiques et chimiques. L'eau en est claire, limpide, d'une saveur atramentaire franche, avec un arnèie-goût acidulé. Sa température oscille entre •18 et 44 degrés. Elle renferme, par litre, un peu plus de deux grammes de sels ferrugineux et alcalins.
Ces sources ont été captées dans trois Etablissements placés à lieu de distance les uns des autres, et désignés par les noms de Lamalou-le-Haut, Lamalou-VAncien et Lamalou-du-Ccntre.
7 G FRANCE (MIDl).
Nous venons de les énumerer par ordre d'importance; c'est dans cet ordre également que nous allons les décrire.
LAMALOU-LE-HAUT.
C'est une station theimale toute moderne Ce qui m'en plaît smtout, c'est son site frais et ombr ige, la fraîcheur et 1 ombre étant choses un peu rares dans ces contrées.
L'établissement renferme quatie belles piscines poui bains en commun, quatre plus petites pour bains dits « de famille » , des bains de baignoires et des douches Deux sources les alimentent l'une, ancienne, qui a 30° C, 1 autre, récemment foiee, qui en a 34. Elles présentent ensemble un rendement de plus de deux cents mètres cubes d eau en vmgt-quati e heures Enfin plusieuis autres sources sont destinées a la boisson, telles que le Petit Vichy, ainsi nomme a cause de sa composition fortement alcaline, et la source de la Mine, la plus feriugineuse avec Capus de toutes les sources de Lamalou.
Par deciet impérial, en date du 26 août 1865, ces sources ont été declaiées « d'utihte publique ».
Nous avons dit que les eaux minérales de Lamalou ont .i peu pies toutes la même composition chimique. Il y a cependant entre elles certaines nuances qu'il est important de signaler.
Ainsi, les souices de Lamalou-Ie-Haut sont plus ferrugineuses et plus gazeuses que les autres, c'est ce qui explique pomquoi elles sont mieux supportées par l'estomac.
Ces sources ont un autre avantage non moins essentiel, c'est d an îver aux lieux d'emploi sans avoir subi le contact de l'an landis que toutes les autres sources de Lamalou sont recueillies dans des bassins et des reseivons d'où on les distribue, aux heuies du seivice, dans les diverses sections balneaues, la source chaude de Lamalou-le-Haut est saisie, à l'inteneur même du sol, pai un tuy lu adapte aux paiois de son conduit aitesien II en îesulte que le malade se baigne dans l'émeigence de la source, au milieu d un coûtant sans cesse renouvelé d ou s'échappent des bulles de gaz qui exercent sur ses téguments une utile dérivation. Il en resuite sui tout que l'eau minérale, au moment ou il en subit le contact, conserve toute luitegiite de ses principes constituants, ceux-ci n'ayant encore forme aucun de ces dépôts qui accompagnent presque toujours l'exposition des eaux minérales aux influences du dehors.
LAMALOU. 77
Maintenant que nous voilà suffisamment renseignés sur les propriétés chimiques et physiques des sources de Lamalou-leîlaut, ainsi que sur les installations balnéaires de ces sources, arrivons à leuis vertus médicinales.
On peut dire, en thèse générale, qu'elles conviennent pour les divers rhumatismes et tout paiticulerement pour le rhumatisme noueux, la chlorose, l'anémre et les affections utérines se rattachant a un appauvrissement du sang. Mais c'est le traitement des maladies nerveuses qui constitue ce qu'on peut appeler leur spécialité. Vous verrez guérir à ces eaux des névi algies et des névroses, des paralysies de toute espèce, surtout celles qui tiennent à une affection de la moelle épmière et qui se traduisent par la perte du mouvement des membres inférieurs. 11 en sera de même de l'impuissance virile. Le savant inspecteur de Lamalou-le-Haut, M. le docteur Boissier, m'a cité à cet égard des cures tellement extraoi dinaires qu'elles pi ouvent que ces eaux ne le cèdent en rien à celles de TV îldbad ni de Gastein.
Mais où elles leur sont infiniment supérieures, c'est pour le traitement de « l'ataxie locomotrice progressive ». Ceci demande quelques explications
Il a été pendant très - longtemps de règle d'envoyer les malades atteints de cette redoutable affection à des eaux fortement thermales. Or la plupait, loin d'y trouver la guénson pi omise, en rapportaient une véntable aggiavation de leuis maux, ainsi que l'a si bien démontré Rosenthal, eu même temps qu'il établissait que les sources tempérées, d'une chaleur, par exemple de 24 a 28 degrés, sont celles qui îéussissent le mieux. On ne sera donc pas surpris ici de l'efficacité des eaux de Lamalou-le-Haut, puisqu'elles possèdent précisément la température indiquée pai Rosenthal.
Le bel établissement où ces eaux ont été aménagées est voisin d'un vaste hôtel de premier oidre. Une galerie couveite réunit les deux corps de logis, ce qui rend leurs communications faciles par tous les temps.
Voilà pour le bain et le logement. Mais il faut au malade, surtout à l'habitant des villes, quelque chose de plus ; il lui faut, pour que ses eaux « passent bien », certaines distractions. Sans doute la promenade et les excursions ont leur charme: sous ce rapport, Lamalou ne laisse rien a désner : seulement ce sont là des distractions de jour. Quand anive le soir, que faire, que devenir, si on ne retiouve pas, ne fut-ce que pour quelques instants, un souvenir de la vie de salon?
78 FRANCE (MIDl).
C'est ce qu'a compris, a merveille, le nouveau propi iétaire ' de Lamalou-le-Haut Aussi son premier soin a-t-il ete de commencer un Casino qui, lorsqu'il sera achevé, prendia honorablement place parmi les mieux réussis de ce genre
Un mot maintenant sur les deux auti es Lamalou
LAMALOU L'AIN CTEN — Trois sources l'alimentent • l'Ancienne Source, la soui ce de 1 Usclade et celle de la Buvette.
L'Ancienne Souice a une température de 35° C La source de 1 Usclade n'est pas une souice unique, mais la réunion de petits griffons; sa température atteint 44 degrés Enfin la source de la Buvette tient le milieu, comme température, entre les deux précédentes.
Quant à l'action thérapeutique de ces eaux, nous avons dit en quoi elle diffère de celle des eaux de Lamalou-le-Haut, avec lesquelles elles ont d'ailleurs tant d'analogie.
L'établissement thermal comprend six piscines, dont deux petites, deux moyennes et deux grandes dites de « natation », pouvant contenir chacune quarante personnes, des salles pour bains de baignoire, tout un arsenal de douches et une étuve pour l'inhalation des effluves minérales
Cet établissement forme corps avec un assez vaste hôtel où logent d'habitude les baigneurs
LAMALOU DU-CFNTRE — Situe entre Lamalou-le-Haut et Lamalou-1'Ancien, ce troisième Lamalou est un peu effacé par le voisinage et la vogue de ses deux puissants concuri ents, il a encore contre lui d'être venu le dernier. Cependant rien ne prouve qu'il leur soit inférieur ni par son aménagement ni pai sa valeur intrinsèque. Aussi ce que nous venons de dire des deux premiers nous semble-t-d devoir lui être également applicable
Saint Julien (Hérault) — Source alcaline, ferrugineuse, gazeuse fioide — C'est la premieie fois que le nom de cette source figuie dans mon Guide, mars il y a désormais sa pli ce marquée, car l'eau de Samt-Juhen est, comme eau alcaline ferrugineuse gazeuse, une des meilleures que je connaisse Elle jaillit dans h riante vallée de l'Orb, tout pies de la petite ville d'Olargues, sur la route de Bedaneux à Simt-Pons qui conduit a Lamalou. Sa limpidité est paifaite, sa saveui aigi elette et piquante par la quantité de gaz acide carbonique qui s'en dégage en fart une borsson fort agréable
L'eau de Samt-Julien contient par litre 0sr,099 de bicarbonate de fer Elle peut donc nvahser, par sa composition, avec les piemieres eaux ferrugineuses.
BALARUC. 79
BALARUC (HÉRAULT). Sources salines chlorurées chaudes
ITINÉRAIRE DE PARIS A BALARUC. —■ Chemin de fer de Lyon jusqu'à Balaruc : 16 heures —Débours 106 fr 40.
Balaruc est un petit village situé sur les bords du lac de Ihau, dépendance de la Méditerranée, en face de Cette et à peu de distance de Montpellier. La source minérale à laquelle d doit son renom actuel était déjà en grande faveur chez les Romains, ainsi que l'atteste la magnifique piscine en marbre blanc qu'on vient de découvrir près de son griffon. Cette source n'a rien perdu aujourd'hui de sa valeur intrinsèque Aussi je ne doute pas que, quand les nouveaux Thermes dont on a bien voulu me communiquer les plans, auront été construits — et il ne faut pour cela que quelques capitalistes rntelligents — Balaruc ne reprenne définitivement son rang parmi nos premiers établissements de France.
Une nouvelle voie ferrée, livrée à la circulation pendant l'été de 1887, facilite l'accès de cette station thermale qui tend tous les jours à s'élever au premier rang. Cette ligne part de Cette pour aller à Montbazin-Gigean et conduit à Balaruc, en côtoyant le magnifique lac de Thau. Le trajet dure vingt minutes au maximum. Le moyen le plus direct pour y arriver est donc de prendre un billet pour Balaruc via Cette.
La source Vieille — et c'est avec intention que, mieux informé, je ne parle que de celle-là — la source Vieille a une température de 48° C. Son rendement est de 800 000 litres par vingt-quatre heures. Ses eaux, limpides et transparentes, ont une saveur salée et piquante qui n'a rien de désagréable. Il résulte des analyses de MM. Béchamp et Gautier, qu'elles renferment, par litre, 10«r.195 de principes salins, dont 7«r,45 de chlorure de sodium. Les autres sels sont des sulfates et des carbonates alcalins. On y a de plus constaté des traces de cuivie.
C'est donc une minéralisation extrêmement remarquable. Elle rappelle et surpasse, tant en quantité qu'en qualité, celle
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du Kochbrunnen de Wiesbaden, du duché de Nassau, avec qui la source de Balaruc offre tant d'analogie
Cette souice alimente 1 buvette consideiablement agrandie et améliorée au point de vue du confortable, 18 cabinets de bains contenant 20 baignoires; 10 cabuiets de boues minérales , 2 cabinets pour douches ascendantes, \ salle de gargarisme cieee en 1887 On a également amélioré et restaure les salles de douches, qui sont, on peut 1 affirmer, au nombre des plus commodes des plus grands établissements balnéaires
L'eau de Balai uc prise a la dose d'un demi-vei re a un verre est îapidement absorbée et agit comme un puissant modificateur du tempeiament sciofuleux II faut tiois ou quatre verres poui produire une action laxative; cinq ou six pour amenei une purgation vraie
Mais c est surtout pai ses applications externes que cette source a conquis sa grande notonete Ainsi le nom de Balaruc réveille tout de suite l'idée de paralysie. C'est qu'en effet ces eaux ont depuis longtemps la réputation de gueur les affections caractérisées pai 1 abolition du mouvement et de la contractilite musculaue
A1 époque ou je publiai la premieie édition de cet ouvrage, les bains et lient pris dans les puits même de la souice, dont la chaleui est excessive Quant a la douche, son mode d'administration m'avait particulièrement frappe en ce qu'il consistait a laisseï tombei sui la tête des malades une ventable pluie d eau minérale bouill mte On se proposait de réveiller ainsi le cerveau de sa torpeur léthargique '
Heureusement cette pratique qui ne tendait a lien moins qu'a cieer des apoplexies de toutes pièces, a complètement disparu de Balaruc actuellement Ainsi, les bains se prennent maintenant dans des baignoires; leur températuie n'est plus trop élevée, on n emploie la douche que îarement : jamais on ne la dirige vers la tête, enfin on fait beaucoup usage des bains de pieds a titre de ti alternent îévulsif, et souvent, pendant ceux-ci, on maintient des compresses d'eau minérale fio.de appliquées sur le front.
Telle a été la grande reforme opérée a Balaruc On ne saurait méconnaître qu'appliquées avec cette mesure ces eaux ne possèdent une action réelle, je dirais même spéciale, sur le système nerveux, de manteie a lui redonner plus de ressort, et a activer la îesoiption du caillot hemoiihagique
Voici, du reste, dans quels termes l'inspecteur actuel, M. Planche, qui a ecut un excellent travail sur ces eaux,
MONTMIRAlL. 81
résume leur action médicinale : « Les maladies, pour lesquelles elles conviennent sont : les paialysies quelle que soit leur provenance , l'ataxie locomotrice et l'atrophie musculaire progressives; toutes les formes du rhumatisme, la syphilis; le scorbut; la chloi ose ; les manifestations si variées de la scrofule ; enfin les blessures par armes à feu et les drverses affections du trssu osseux. »
Enfin, nous devons ajouter, que les eaux de Balaruc appliquées sous forme de boues, vrai limon minéral, ont une action très puissante contre les maladies articulaires, caractérisées par des épanchements séreux (hydarthroses), des fongosrtés, etc.
Grâce à la douceur du climat, la saison commence le 1er mai, pour prendre fin le 30 octobre. L'établissement offre de plus le grand avantage que les malades peuvent y loger.
MONTMIRAlL (VAUCLUSE). Source sulfate'e sodique et magnésienne.
ITINÉRAIRE DL PVKIS A MO^TUIRAIL — Chemin de fei de Ljon jusqu'à la gaie d'Onnge 14 heuies Voituie d'Oiange a Montmuail 1 heure 45. — Debouts . 80 fi. 50
Cette station intéressante est située à 15 kilomètres d'Orange, sur les derniers épanouissements du montVentoux, au milieu d'un bois de sapins d'une centaine d'hectares qui appartient à l'établissement. On y trouve trois sources donnant des eaux froides difféiant grandement par leur composition :
4° Une eau sulfatée magnésienne purgative;
2° Une eau sulfurée calcique dépurative ;
3° Une eau feri ugineuse, qui forme une boisson de table à la fois hygiénique et tonique.
L'eau sulfatée sodique désignée communément sous le nom d'Eau verte mérite toute notre attention. Cette source, en effet, par une exception unique dans nos eaux de France est bien franchement purgative non seulement à la source, mais transportée. Nous avons pu nous en assurer dans notre piatique. D'après les analyses de M. Ossian Henry, elle contient par litre, 17er,30 de sels dont les sulfates de magnésie et de soude forment la base. On l'a coniDarée, non sans quelque
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raison, aux eaux de Sedhtz et d'Epsom, dont elle rappelle tout a la fors la composition chimique et les vertus médicinales : cependant, il est a notei que son goût est moins desagréable On l'emploie avec succès dans les états gastrrques, les constrpations opiniâtres et les engorgements abdominaux.
L'établissement theimil bien tenu possède des baignoires émaillées, une salle d'inhalation et de pulvérisation, des douches, des bains de vapeurs teiebenthinees, etc
Aix (Bouches-du-Rhône) — Souices alcalines chaudes. — La souice de Sextms, captée dans un petit établissement, est faiblement minéralisée • à peine 0er,225 pai litre. Sa température est de 34° a 36° C Elle représente plutôt une action hy giemque que médicinale
Gréoux (Basses-Alpes). — Sources sulfureures chaudes. — Ces eaux contiennent 0sr,50 de sulfure de sodium. Leur températuie est de 36° C Action légèrement stimulante, applications des eaux sulfurées.
Digne (Basses-Alpes) — Sources sulfureuses chaudes. — Eau a 4S° C , de saveur franchement hépatique Excellente étuve sèche
Monestier (Hautes-Alpes). — Sources salines sulfatées chaudes. — Bams et piscines contie les îhumatismes
Neyrac (Ardeche) —Souices alcalines chaudes — Usitées en bains contre les maladies de la peau L eau de la source du bain jaillit tout a fart trouble, a travei s une couche de sable fin et d'humus. Sa températuie est de 27° C. Sa minéralisation est tellement complexe qu'il est malaise de la caractériser.
VALS (ARDI eue)
Sources alcalines fioides.
ITINÉRAIRE DE PARIS \ VVLS — Chemin de fei de Lyon, puis embianchement de Livron justju'i Vils mené 16 heuies 30 minutes — Débours . 34fr 95
Le bourg de Vils est situ<> à trois kilomètres d'Aubenas, dans une jolie vallée qu'entouient les volcans éteints du Vivarais et que traveise la Volane, un des affluents de l'Aideche. Les souices minérales y sont ties nombieuses — plus de cinquante! — et chaque jour, on peut le dire, on voit eclore de
v vus. 83
nouvelles C'est que Vais repose sur une sorte de bassin hydrominéral, et qu'il suffit souvent d'un coup de sonde pour en faire jaillir une du sol.
Ces diverses sources sont froides. La plus anciennement connue est la source Marie. Les autres, sont : Saint-Jean, l'Impératrice, Julrette, Magdeleine, Précieuse, Chloé, Souveraine, Rigolette, les Vivaraises, etc. Je n'en finirais pas si je voulais les nommer toutes : du reste toutes se valent. Elles sont minéralisées par le bicarbonate de soude ; la dose de ce sel est de1 à 7 grammes, par litre. Aucune source, pas plus à Vichy qu'ailleurs, n'atteint un chiffre si élevé. Enfin, il y en a deux, la Dominique et la Saint-Louis, qui sont arsenicales.
L'eau de ces diverse) sources est d'une parfaite limpidité. Sa saveur alcaline et piquante en fait une boisson fort agréable. Prise pure ou coupée avec du vin, on peut longtemps en continuer l'usage sans que l'estomac s'en fatigue. Quant au caractère de spécificité qu'on a voulu assigner à chaque source contie telle ou telle maladie, il y a là, je le crains bien, un peu d'arbitraire.
Disons donc, d'une manière générale, que les eaux de Vais conviennent dans les cas où la médication alcaline est indiquée. Telles sont les hypertrophies du foie ; les coliques hépatiques avec ou sans calculs ; les engorgements abdominaux ; le catarrhe de la vessie; la gravelle, et tout particulièrement la gravelle rouge ; la goutte, avec prédominance d'acide urique ; le diabète; l'albuminurie et les leucorrhées par laxité du col utérin; telles sont surtout les affections des voies digestives. La différence dans le degré de minéralisation de ces sources forme, ainsi qu'on en a fait très-judicieusement la remarque, une soi te de gamme qui permet de les approprier aux tempéî aments les plus divers comme les plus impressionnables.
Bien que ces eaux soient surtout des eaux d'exportation, il existe à Vais plusieurs établissements, dont un assez considérable, où on les administre en bains et en douches. On y trouve également de bons hôtels : seulement c'est un séjour extrêmement monotone.
TRANSFORT. (Toutes les sources.) — Se conservent paifaitement et il s'en expédie, tant en Fi ance qu'a l'étranger, des quantités considéiables. Mais l'extrême alcalinité de plusieurs de ces soui ces en fait plutôt des eaux médicinales que des eaux de table. Il faut donc s'en abstenir dans les débilites organiques et l'anémie, car, par leur action diluente, elles contribueiaient encore à appauvnr le sang.
84 rrtANCE (MIOI").
Marcols (Ardèche). — Sources ferrugineuses froides — Les eaux de Marcols sont fioides, d'une transparence et d'une limpidité parfaites. Leur saveur est aigrelette et piquante, avec un amere-goût légèrement atramentaire.
Ces eaux appartiennent a la classe des sources que minéralisé le fer.
Ce métal y existe à l'état de carbonate, la dose en est de 8er,0S6 par litre, pioportion plus que suffisante pour farre face a toutes les indications thérapeutiques.
Que dire maintenant de leur action médicinale 5 Un mot me suffira pour la résumer • elles sont souveraines contre l'anémie. Or, que d états morbides compris dans ce mot '
Mais les eaux de Marcols ne sont pas seulement des eaax médicinales, ce sont aussi des eaux hygiéniques; a ce titie, elles peuvent rivaliser avec nos meilleures eaux de table
TRANSPORT. — Ces eaux se conservent parfaitement. La fixité de leur acide carbonique est telle que les derniers veries sont aussi pétillants que les premiers.
LE PESTRIN (ARDLCBX).
Eaux alcalines ferrugineuses froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS AU PESTRIN. — Chemin de fer de Lyon jusqu'à la sta tion de Pïiaigles Piadcs 16 h. — Voitures de cette station au Pestrin 40 min — Débours 88 fr.
Les eaux de Pestrin jaillissent à une altitude de 338 mètres, proche du hameau du Pont-de-Verneres, et au centre du bassin hydrologique compris entre Vais et Neyrac La vallée qu'elles occupent est, sans contredit, une des plus riantes et des plus salubres de l'Ardeche.
Ces eaux étaient connues depuis un temps immémoiial des gens du pays, qui en avaient constate sur eux-mêmes les vertus médicinales bien avant que la science n'eût parle. Aussi celle-ci n'a-t-elle fait en quelque sorte que sanctionner les faits acquis par l'expérience
Les souices appartiennent a la classe des eaux alcalines fen ugineuses fi ordes Elles sont au nombre de trois Leur composition est la même pour toutes. Ainsi il îesulte des dernières analyses de M Dieulafait, professeur de géologie a la Faculté des Sciences de Marseille, qu elles renferment de 2 gi ammes a 2 gr. 1/2 de sels alcalins, par litre. Ce sont surtout des bicaibonates de potasse, de soude, de chaux et de magnésie.
LE PESTRIN.
85
Le fer s'y trouve également à l'état de sesquioxyde. Enfin elles contiennent de la lithine et de l'arsenic.
Ces sources ne varient que par la proportion de leurs principes minéralisateurs. Voici leurs noms, en procédant de la plus forte à la plus faible • source Pauline, source Ventadour et source Julie.
L'eau de ces diverses sources est limpide, pétillante, et d'une saveur aigrelette fort agréable, par surte du gaz acide carbonique qui la sature; malgré son alcalinité, elle ne décompose pas le vin : privilège d'autant plus précieux qu'elle est utilisée surtout en boisson.
La composition de cette eau met déjà sur la voie de ses applications thérapeutiques. Ainsi elle convient dans toutes les affections d'estomac caractérisées par la dyspepsie. Elle agit de même comme médicament fondant, contre les engorgements du foie, les calculs biliaires et les « obstructions » de la rate. Seulement comme, en plus des sels alcalins, elle contient des sels de fer, son action, loin d'être débilitante comme celle de Vichy et de Vais a plutôt quelque chose de tonique. Aussi la verrez-vous parfaitement réussir contre la leucorrhée et autres suintements vagino-utérins de nature passive.
L'eau de Pestrin fait également merveille contre les affections goutteuses et les fièvres intermittentes, ce qu'on attribue, pour les premières, à la présence de la hlhme, et, pour les secondes, à la présence de l'arsenic.
Mais c'est le traitement de la diarrhée qui constitue ce que je serais tenté d'appeler son triomphe. Sous ce rapport, elle ne craint la comparaison avec aucune autre source. Elle a de plus sur toutes le gt and avantage de ne point laisser après elle ces constipations opiniâtres qui sont l'écueil des eaux dites astringentes, telles que, par exemple, celles de Plombières. Elle ramène simplement 1 intestin a son fonctionnement normal.
Telle est la station thermale de Pestrin. Bien que ne datant en quelque sorte que d'hier, tout indique que, grâce à la qualité de ses eaux et à son site privihgie, elle prendia bientôt rang parmi nos Bams les plus fréquentés de France.
TRANSPORT. — Ces eaux peuvent être transportées aux plus grandes distances * sans subir aucune altération dans leurs com1.
com1. le docteur de Ruelle, médecin en chef des docks et entrepôts de Marseille, m'a cite comme exemple de cette faculté des eaux de \oyager sms s'allerei, le fait de deux caisses dV.m de Pestnn qui, îapporteesen France après a\tni fait li ti ivcrbte de Cochiuchine, ont ete tiouvees aussi intactes qu'au moment du départ.
86 FRANCE (MIDI).
position chimique et leur action médicinale. Aussi s'en expédie-t-il dé|a des quantités considérables dans nos colonies où elles rendent d'importants services surtout contre les diarrhées particulières aux pays chauds, qui font tant de victimes parmi les nouveaux ai rivants
— Ce que nous disions de l'action de l'eau du Pestrin contre la diarihee, dans notre précédente édition, a été confirme depuis par l'expérience. Ces eaux, considérées au point de vue hygiénique, ont rendu les plus grands services, à titre d'agent prophylactique des maladies de nos pays et des pays chauds, de la Cochinchme par exemple, qui sont caractérisées par de la diarrhée ainsi la dysenterie, l'entente tropicale, le choléra, la fièvre typhoïde, enfin toutes les affections epidemiques causées par la boisson d'eaux insalubres Plusieurs de nos confrères de Marseille ont mis à profit ces propriétés de l'eau du Pestrin, lors de la deimere épidémie de choiera, et ils ont constaté que les personnes qui s'étaient soumises a l'usage absolu de cette eau n'avaient épiouve aucun trouble choléi iforme Avrs donc a ceux qur n'ont point à leur disposition de l'eau ordinaire paifaitement pure.
Saint-TIélany(Ardeche). —Sources sulfureuses froides. — Il existe à Saint-Melany deux sources sulfureuses froides. L'eau en est limpide, incolore, légèrement onctueuse, avec une odeur marquée d'oeufs curts II îesulte de nombreuses obseivations fartes sur les lieux mêmes qu'elle réussit a merveille contie les maladies de la peau, les affections des muqueuses, et tout spécialement la dian hée
CONDILLAC (DRÔME). Eau de table.
Les eaux minéiales de Condillac, découvertes en 1845 et captées définitivement en 1860, sont connues et appréciées du monde entier. On en exporte, en effet, des quantités considérables; et, elles sont généralement placées au premier îang des eaux de table. Elles doivent cette vogue a leur composition, à leur saveur fraîche et piquante, enfin a leur parfaite lirapi dite.
La source Anastasie, aujourd'hui la seule exploitée, débite
BONDONNEAU. 87
par jour, environ 3300 litres d'une eau fortement gazeuse, chargée de quantités modérées de bicarbonate de chaux et de soude. Nous distinguons encore, parmi ses autres principes minéralisateurs, du chlorure de sodium et une certaine proportion de fer crénaté et carbonate. Mais ne nous arrêtons pas davantage à ces détails de chimie et parlons des propriétés hygiéniques et thérapeutiques des eaux de Condillac.
Ces eaux peuvent se boire en dehors des repas, et aux repas soit en nature, soit coupées avec le vin qu'elles ne dénaturent point. Elles se digèrent aisément, facilitent la digestion, réveillent et accroissent l'appétit. Nous ne saurions trop les recommander dans toutes les affections phlegmasiques, et douloureuses des organes digestifs, l'ulcère simple, la d} spepsre vulgaire, les diarrhées chroniques et l'anorexie des convalescents.
Par suite de leur influence sur la digestion et les fonctions nutritives, elles guérissent ou modifient les états anémiques, la diathèse unque et la gravelle. Enfin, à titre d'eaux diurétiques, elles sont toujours employées avec succès contre le catarrhe des voies unnaires, où réusissent si bien les eaux faiblement alcalines et fortement carboniques.
Montbrumlcs-Baiiis (Drôme). — Sources sulfureuses fr oïdes. — Les sources minérales sont au nombre de deux : l'une, dite des Roches, coule du rocher; l'autre, dite des Plâtriètes, s'échappe d'une immense grotte volcanique. Toutes les deux ont une température fixe de 11° C, et débitent, par jour, le chiffre consrdprable de 240 000 litres d'eau. On les utilise dans tous les cas où le soufre est indiqué.
Bondonnean (Drôme). — Eau todo-biornée froide. — Situé à 3kilomèties de Montchmart. Ces eaux sont froides. L'analyse y a constaté des traces de gaz sulfhydrique, ainsi que quelques biomuies et roduies alcalins. Bien qu'elles n'aient encoi e été l'objet d'aucune expérimentation clinique un peu sévère, il m'a paru démontré qu'elles sont utiles dans le traitement des maladies de la peau, des scrofules et des engorgements. Il y a un établissement thermal peu fréquenté. Elles supportent très bien le transport.
La (Iialdcttc (Lozère). — Souices alcalines chaudes. — Les souices minéiales sont limpides et abondantes. Température : 34° C. Elles ont une saveur styptique. Elles sont utiles contre les rhumatismes et la goutte.
88 FRANCE (MIDI).
SAIL-LES-BAINS (LOIRF). Sources silicatees chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A SAIL-LES BAINS — Chemin de fei de Pins a Lyon par le Bourbonnais, jusqu a la station de Snint-Maitin-d Estienu 8 h 5 mm Voituie de cette station T Siil 20 minutes —Debout s, 48 fi 50
Sail-les-Bains, dit les Château-Moi and, est situé entre la Palisse et Roanne, sui le versant onental des monts de la Madeleine il y existe plusieurs sources La source DuHamel, d'abord, et de beaucoup la plus împoi tante, et pai mi les autres on distingue une somce sulfuiee et une autre feirugmeuse. Mais c'est la source Du Hamel qui constitue la station.
Cette-souice magnifique jette, pai jour, envnon 1 500 000 litres a 34° Elle a ete mise au joui en 1848, sur 1 emplacement d'un mince filet d'eau qui portait le nom de souice du Saule. Son gnffon est à 10 mètres de profondeur. L'eau qu'elle donne est limpide, incoloie, savonneuse au toucher, dune odeur légeiement hxivielle, ou faiblement aromatique, de nombreuses bulles de gaz se dégagent de sa masse ; elle est à peine plus dense que 1 eau oi dinaire Elle présente comme caracteie puticuher d'avon poui pnncipe dominant de l'acide silicique, probablement combine a la soude et a la potasse, pour foi mer un silicate double Ce sel s'y trouve au poids de 0sr,13, quantité la plus élevée qu on rencontre, je ci ois, dans les eaux minérales de France cai dans les eaux de Plombières, qui passent poui silicatees, il n'y en a pas plus 0sr,08 ; et dans l'eau de Mauhourat 0«r,10 envnon, il faudrait donc, paimi les eaux naturelles faiblement mineiahsees, car l'eau de Du Hamel ne contient que 0sr,45 de pnncipes fixes, créer une classe d'eaux silicatees, dont le type seiait Sail les-Bains.
L'eau de la source Du Hamel s'administre en boisson et en bains Elle alimente une ties vaste piscine contenant plus de 100 000 liti es d eau On l'emploie encoi e sous forme de douches, lotions, injections, pulverisitions, etc
Prise tiède, l'eau de Du Hamel facrlrte l'excrétion cutance et unnaire, elle force l'action digestne en éveillant et en avivant 1 appétit Amene-t-elle la constipation ? transportée et coupée avec le lait, pourrait-elle remédier d la diairhee? On l'assure, et je conseille de l'essayer
Cette eau prise en bain dans la piscine, n'est plus qu'a 28° En outre le corps, immobile, qui y est plonge, se couvre de bulles de gaz azote, cai le mélange gazeux qui se trouve a l'état libre dans ces eaux est piesque entieiement constitué
ANDABRE.
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par ce corps. L'eau courante, à cette température fixe, a une action calmante manifeste, en même temps que détersive par son silicate, et qui se traduit par la diminution et la cessation des désordres nerveux et la guénson des dermatoses rebelles.
Je ci ois utile de signaler les rapports qu'il doit y avoir entre les guérisons si remarquables des maladies de la peau, par des applications d'eau de la source Du Hamel, et la présence des silicates alcalins dans ces sources; car c'est en cela que consiste très vraisemblablement la spécialité de la station dans le traitement de ces maladies.
Enfin, on peut appliquer avec avantage les eaux de Sail-lesBains aux divers désordres des organes digestifs et urinaires; et l'on en a obtenu d'excellents effets dans les engorgements de l'utérus et les ulcérations du col.
L'établissement thermal est parfaitement aménagé et renferme tous les accessoires nécessaires pour compléter l'action déjà si active de l'eau médicinale.
L'hôtel qui y est annexé présente tout le confortable que l'on est en droit d'exiger aujouid'hui dans nos stations. Rien n'a donc été négligé pour rendre le séjour de Sail-les-Bains agréable aux malades et aux visiteurs.
Transport. — L'eau de la source Du Hamel se transporte sans subir d'altération. J'ai pu m'en assurer, en la présentant dans mes cours d'hydrologie à l'hôpital de la Prtré. Elle est très limpide, sans saveur particulière, ni odeur, non gazeuse ; enfin elle possède une très légère réaction acide et n'altère pas la couleur du vin. On pourra donc l'employer soit en boisson, soit en applications locales, dans tous les cas que j'ai indiqués plus haut.
Bagnols-les-Baîns (Lozère). —Souices sulfureuses chaudes. — Ces sources minérales appartiennent à la classe des eaux sulfurées sodiques. Elles sont utiles contre toutes les affections chroniques qui dépendent des vices rhumatismal, herpétique, lymphatique, scrofuleux et rachitique, etc.
Sjlvanès (Aveyron). —Souices salines chaudes et fioides. — Joli villageà 12kilomètres de Vabres et 16 de Saint-Affrique 11 y a trois sources ferrugineuses, d'une température de 34° à 38° C. On les prend en boisson et en bains dans tous les cas où il s'agit de fortifier l'organisme.
Andabrc (Aveyron). —Sources alcalines et ferrugineuses froides. — Ces eaux renferment 2«r,758 de bicarbonate de soude, 0«r,022 de bicarbonate de fer et 692cc,3 d'acide carbonique. Utiles contre l'anémie.
90 FRANCE (CErtTilE).
II
SOURCES DU CENTRE DE LA FRANCE.
Les sources minérales du centre de la France se îencontient surtout dans les anciennes piovinces de l'Auvergne et du Bourbonnais. Le nombre de ces sources est considérable. Leur températuie est en général assez élevée; chez quelquesunes même, elle est voisine de l'ebulhtion.
Tandis que les Pyrénées sont si abondamment pouivues d'eaux sulfureuses, le centre de la France en est a peu près complètement prive. En îevanche, nous y trouvons des eaux salines de premier oidre. Les sels qui les minei dhsent sont spécialement des sulfates et des bicarbon ites alcalins, la base dominante est la soude, puis, api es elle, la magnésie ; enfin plusieurs sont notablement ai semcales.
RENLAIGUE (PUY-DE-DÔME). Sources ferrugineuses froides
Renlaigue qui signifie dans l'ancienne langue romane de l'Auvergne « Rocher qui rend l'eau » [renn l'aiguo) est le nom d une source située dans la commune de Saint-Diery, de l'arrondissement d Issoire, au sein d'une des vallées qui descendent des massifs des Mont Doie vers l'Allier. Cette souice jaillit d une coulée de lave rejetee jadis par le volcan dont le cratère est devenu plus tai d le lac Pavin. Elle a une température fixe del4°C. et offre a son grrffon un bouillonnement tumultueux dû a la surabondance du ga? acide carbonique qui s'en échappe
L eau de Renlaigue peut êti e citée pai sa composition comme le type des eaux feirugineuses. Ce qui e neffetla caiac tense et constrtue sa supei routé sur les autres eaux similaires, c'est 1 association du fer a dose tres-elevee (0,r,087 pai htie) avec une notable proportion de chlorures et de bicarbonates alcalins,et une richesse énorme de gaz acide caibonique Ainsi s explique comment beaucoup d estomacs s'en trouvent mieux que des eaux de Spa et d Oiezza.
Giâce a cet ensemble de pi opnetes, l'eau de Renlaigue convient spécialement pour les maladies suivantes : anémie, chlo-
ROYAT. 91
rose, aménorrhée, leucorrhée, engorgement et atonie des viscères abdominaux, gastralgie, dyspepsie, en un mot toutes les affections qur se rattachent à la dépression des forces vitales. Elle convient de même pour les tempéraments affaiblis par des veilles, des fatigues, les suites de couches, un allaitement prolongé et des excès en tout genre. Enfin c'est par excellence l'eau des convalescents.
Telle est l'action physiologique et médicinale de l'eau de Renlaigue. Ajoutons qu'elle le dispute aux meilleures eaux de table ; ainsi sa transparence est parfaite et sa saveur très-agréable. Mêlée au vin elle ne le décompose pas ; elle lui communique au contraire un petit goût aigi elet et piquant qui Halte le palais. Ce dernier caractère est d'autant plus précieux que c'est surtout comme boisson aux repas qu'elle a été employée jusqu'à présent, les bâtiments qui avoisinent la source ne servant encore qu'à son embouteillage Grâce aux soins qui président à cette opération, elle supporte le transport sans perdre aucune de ses qualités.
Comment dès lors s'étonner que, bien qu'arrivée l'une des dernières, l'eau de Renlaigue se soit placée d'emblée au premiei rang des eaux ferrugineuses les plus en vogue ?
ROYAT (PUY-DE-DÔME). Sources alcalines chaudes.
ITIM.KAIRE DE PARIS A ROYAT — Chemin de fer de Lyon par le Bourhonnais jusqu'à Clermont 8 heures *Î0. Voitures de Clermont a Royat 15 minutes, — Debout ç 53 fr.
Je n'ai jamais visité la célèbre vallée de Tempe. Je ne la connais que par les lécits enthousiastes de poètes qui, trèspi obablement, ne l'avaient pas visitée plus que moi. Eh bien l même en pienant à la lettre la description qu'il nous en ont laissée, je doute fort que la vallée de Royat lui soit de beaucoup inférieure. Là aussr vous trouvez une splendide nature, des eaux vives et murmurantes, des cascades, des grottes, de frais ombrages, tout ce qui peut, en un mot, charmer les yeux et prêter aux plus douces rêveries. Je sais bien que le mont Olympe est voisin de Tempe, et qu'Apollon, escorté des neuf soeurs, se plaisait à fouler en cadence ses sommets odoriférants. Mais le Puy-de-Dôme touche à Royat, et c'est sur ses hauteurs que Pascal découvrit la grande loi de la pesanteur de l'atmo-
92 TRANCE (CENTRE).
sphère. Or, la solution d'un aussi admirable problème de physique ne peut-elle pas être opposée avec quelque avantage aux plus beaux triomphes de la chorégraphie ?
Mais laissons de côté ces rapprochements et ces souvenus pour n'envisager dans Royat que la station thei maie
Royat, qui est situé sui la rive droite du ruisseau de Tnet une, n'est éloigne de Clermont que de dix minutes envn on, grâce à la nouvelle avenue plantée d'arbres et bordée de villas qui en 1882 a été livrée a la circulation.
Au coeui même de la cité jaillit une magnifique source que son bouillonnement fait ressembler au Sprudel de Carlsbad c est la Grande Source, dite source Eugénie.
L'eau en est claire, limpide, légèrement ecumeuse, d'une s iveur atramentaire et piquante, avec un arriere-goût alcalin Il resuite des analyses de M. Lefoit qu'elle contient, par htie, bsr,023 de principes fixes dont 2sr,901 de carbonates alcalins, 0sr,040 de caibonate de fer et lsr,728 de chlorure de sodium 11 y a, de plus, des traces d'arsenic et 0er,377 de gaz acide carbonique libre. Enfin, on y a constate récemment la piésence de la hthine a la dose de 3b milligrammes par htie. Notons ce fait, nous aurons a y revenu
C est pour utiliser la source Eugénie qu'on a eleve, a peu de distance de son giiffon, le Grand Etablissement. Cet édifice comprend 86 baignoires et une piscine de natation qui, par ses vastes proportions, lepresente une vraie naumachie Ces baignoires et cette piscine sont traversées sans cesse par un couîant d'eau minéiale C'est que la source Eugénie a un rendement de J,5(10,000 litres par vingt-quatre heures, et une tcmpeiatuie fixe de 38° C , laquelle représente précisément le degie de chaleui le mieux approprie pour le bain.
On trouve, de plus, dans le Giand Etablissement, de nombieuses salles d'inhalation, de pulvérisation etd hydrothérapie; il y en a également pour le traitement par le gaz acide carbonique Enfin, les douches î éunissent toutes les variétés possibles de direction, de forme et de force, d'après les meilleurs modèles.
Tel est l'immense parti qu'on a su tuer de la source Eugénie Et cependant Royat possède encore d'autres nchesses thermales.
Ainsi il existe sur la rive gauche de la Tiretame trois autres sources, également de premier ordre, que l'on nomme souice César, source Saint Mait et souice Saint-Victor. Un mot sur chacune.
ROYAT. 93
Source César. Sa saveur fraîche et piquante en fait une
eau de table parfaite, dont la plupart des malades usent aux repas et qui certainement entre pour quelque chose dans les bons effets de la cure. Elle a été captée dans un petit pavillon appelé : Bain de César, où on a organisé tout un système de bains frais, de courte durée. Sa minéralisation, relativement faible, a pour caractéristique des sels alcalins mixtes, avec une petite pointe de fer.
Source Saint-Mort. — Cette source dite « Fontaine des Goutteux » pour les services qu'elle rend dans le traitement de la goutte, s'élance par jets intermittents de la vasque qui la reçoit. Son eau claire et limpide pétille dans le verre comme du vin de Champagne*; bien qu'elle n'en ait pas la saveur, les malades la boivent avec plaisir. Sa température (30° C), intermédiaire entre la source Eugénie et la source César, la rend précieuse pour les bains tempérés. Quant à sa minéralisation, elle a pour base des sels alcalins, des chlorures et de la lithine. Ce dernier sel y entre pour 3S centigr. Est-ce à sa présence qu'il faut attribuer la spécificité de l'eau de Saint-Mart contre la goutte ? Je ne suis pas éloigné de le croire.
Source Saint-Victor. — Elle a son griffon dans le sous-sol d'anciens thermes romains, d'une extrême magnificence. La somme de ses principes minéralisateurs est de 4sr,637, par litre, de sels ferrugineux et calcaires. Mais elle contient de plus 4 milligr. 1/2 d'arséniate de soude, quantité bien supérieure à celle que renferme la source Dominique de Vais, et qui doit entrer pour beaucoup dans les excellents effets de la source Saint-Victor contre toutes les formes de la chloro-anémie.
— Disons maintenant d'une manière générale pour quelles maladies on prescrit avec le plus de succès les eaux de Royat.
Ce sont : l'asthme humide, le catarrhe bronchique et laryngé, les leucorrhées chroniques et les engorgements mousde l'utérus. Les névroses et les paraplégies hystériques en obtiennent de non moins bons résultats. Il en est de même de certaines dermatoses, telles que l'eczéma prurigineux, le lichen et f'layperesthésie cutanée. Sous ce rapport, les eaux de Royat rappellent parfaitement l'action des eaux d'Ems.
Mais ce qui leur donne une supériorité marquée sur les sources du duché de Nassau, c'est la présence de la lithine.
Parlerai-je maintenant de la parfaite salubrité de l'air qu'on respire à Royat, de la vie paisible et calme qu'on y mène? JNulle part vous ne trouverez des promenades plus faciles, des excursions plus variées. L'ascension du Puy-de-Dôme, grâce
94 FRANCE (CENTRE).
surtout à la nouvelle route qui y conduit, est devenue obhgatou e pour tout ce qui est valide, un peu comme le pèlerinage de la Mecque, pour tout ce qui est croyant Quand ai rive le sou , les brillants salons du Casino offrent, dans la mesure voulue, ces jeux, ces représentations theâtiales et ces fêtes qui, pai la force de l'habitude, sont piesque devenus un besoin poui les personnes du monde.
Telle est aujoui d'hui la station de Royat. Je dis « aujoui - d'hui ». C'est que cette délicieuse îesidence doit en grande partie sa prospérité actuelle aux améliorations de tous genres apportées pai la nouvelle Compagnie qui la dinge.
Ce qur donne au séjour de Royat un attiait et une animation de plus, c'est le haut intérêt ai chéologique qui y attne chaque année bon nombre d antiquaires. Pas plus taid qu'il y a deux ans, on a decouveit, dans le parc même, au moment ou l'on s'occupait de 1 agrandir, tout un établissement îomain avec ses piscines, ses baignones et ses etuves. Et le mont Geigovia I Sui ses hauteui s s'élevait la puissante forteresse que defendart Vercrngetoux, et contre laquelle les légions de Cesai subirent leur piemier échec dans les Gaules 1. Tout près de l'établissement thermal, des debns de muraille et des gi.uns de ble norrcis par 1 incendie indiquent 1 emplacement du château de Waifie, duc d'Aquitaine, que Pépin assiégea et detiuisit en 768. Enfin, au centre même du village, se diesse, intacte et respectée, la petite église fortifiée de Royat qui, elle aussi, a eu ses mauvais jours, à en juger par les déchirures de ses cieneaux démantelés. Son attitude près de ces mines n'est elle pas tout a la fois un enseignement et un emblème ?
TRANSPORT [Sources César, Saint-Mart et Saint-Victor). — Ces eaux se conservent parfaitement. C'est au point qu'api es plusieui s années d'embouterllage elles n'offrent aucune alteiatron sensible. La caractéristique de leur minéralisation indique la spécialité de leur emploi Ainsi . César convient pour les dyspeptiques, Saint-Mart, pour les goutteux et les rhumatisants, Samt-Victoi, pour tous les appauvrissements du sang compris sous le nom d'anémie.
1. De l'neu même de Ccsir, le dernier assaut coûta aux Rom uns 700 hommes tues , la retraite de l'armée \ers le piys des kduens (le Moi van) ressembla presque a une déroute Mais bientôt César reprit l'offensive II assiège i Vercmgetorix dans Alesia, aujourd'hui Sainte-Reine, le fit son pusonnier et en orna son triomphe Peu de jours après, le noble défenseur de l'indtpendance gauloise était, par les ordres du Sénat, étrangle a Rome dans son cachot Ce cachot, ce n'est pas sans une Tive émotion queje l'ai Tisite
MONT-DORE. 95
MONT-DORE (PUY-DE-DÔME).
Sources alcalines, arsenicales et ferrugineuses chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS AU MONT-DORE. — Chemin de fer d'Orléans \ia Montluçon et Eygurande jusqu'à la station de Laqueille : 9 heures 40m. Voitures de cette station au Mont-Dore ; i heure i/2. -~ Débours: 58 fr. 15.
La vallée du Mont-Dore est une des parties les plus curieuses et les plus pittoresques de l'ancienne Auvergne. Les soulèvements du sol, les cratères et les coulées de laves attestent que dans des siècles reculés ces contrées, aujourd'hui si paisibles et si fertiles, furent bouleversées par d'affreux cataclysmes. Aussi, le double chemin qui mène au Mont-Dore n'est-il pas moins fréquenté par les touristes que par les malades. Le village des bains est situé dans la vallée que traverse la Dordogne ; celle-ci n'est encore qu'un simple ruisseau, presque à sec en été et comme perdu au milieu d'un ravin rocailleux. C'est surla rive droite, à la base de la montagne de l'Angle, que jaillissent les sources minérales.
Vbîci les principales sources : la source de César, le GrandBain, la source Ramond, la source Rigny et la fontaine de la Madeleine, aujourd'hui source Bertrand. Leur température oscille entre 42 et 46 degrés. Toutes sont captées dans l'établissement thermal. La source Sainte-Marguerite est froide.
Cet établissement représente un bel édifice, auquel on ne peut reprocher que son architecture un peu lourde, mais qui en revanche est parfaitement distribué. 11 se compose de cinq divisions reliées entre elles par un hémicycle et des galeries couvertes, servant au besoin de promenoir. Là sont disposés les bains, les douches, les piscines et la buvette.
Près de l'établissement se trouve le bâtiment affecté aux douches de vapeur, aux inhalations et à la pulvérisation, dont l'emploi prend chaque jour plus d'importance.
Les eaux du Mont-Dore sont limpides, incolores et fortement gazeuses. Elles n'ont pas d'odeur : leur saveur, légèrement acidulé, puis salée, laisse un arrière-goût styptique assez désagréable. Exposées à l'air libre, elles se couvrent d'une mince pellicule irisée. Il résulte des analyses de Bertrand père, répétées récemment par M. Lefort, que ces eaux renferment des sels de soude, de chaux et de fer, dont la quantité varie de
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2sr,80 à 3 giammes, par htie Thenard y avait de plus constaté la présence d'envnon 1 milligramme d'arsemate de soude.
Il y a tiois manières principales d'administrer les eaux du Mont-Dore en boisson, en inhalation et en bain Mais il s'en faut de beaucoup que cette triple association soit nécessaire ou même possible dans tous les cas.
Du temps de Michel Bertrand, c'etaientles Grands-Bains, ou bains a haute température dont il était, autant dire, le créateur, qui constituaient lamedecine spéciale du Mont-Dore Cette pratique reprend aujourd'hui beaucoup de sa vogue, elle est loin cependant d'avoir été complètement abandonnée. Ilest même des circonstances où elle est la seule qui convienne c'est quand il s agrt de réveiller par un puissant coup de fouet l'économie de sa toipeur. Ces bains se prennent au griffon même des sources, dans les cuves du Pavillon. Leur durée est necessancment ties-courte, beaucoup de malades ne peuvent y rester plus de cinq ou six minutes.
Les eaux que l'on boit sont également tres-chaudes, la tempeiature de la source Beitrand et celle de la source Ramond (tant d'environ 42 a 43° C La dose en est de tiois ou quatie venes par jour Ingérées dans l'estomac, elles sont rapidement absoibees, stimulent l'appelit et împument a la circulation une notable activité.
Sous 1 influence de cette excitation tant interne qu'externe, on voit quelquefois, du dixième au quinzième jour, la fièvre thermale se déclarer. Piesque toujours également il se manifeste quelque phénomène critique du côte de la peau. C'est pour favonseï ce déplacement des fluides du centi e a la périphérie qu'on fait un si fréquent usage des bains de pieds, de la douche et des bains d'etuve.
Quelles sont les maladies qui sont traitées au Mont-Doie avec le plus de succès ?
Sidoine Apollinaire dit, a piopos des CALENTES BAEE, que l'on piesume êtie les mêmes eaux que celles qui nous occupent « Elles guérissent les phthisiques » : Phthisiscenlibus medicabiles Ainsi, des le cinquième siècle, époque ou écrivait le savant evêque, les eaux du Mont-Dore avaient déjà, contre les maladies de poitune, la réputation dont elles jouissent aujoui d'hui Nul doute par conséquent que cette îeputation ne î epose sui quelque chose de ti es-fonde, seulement est-ce bien le tubeicule lui-même qu elles sont aptes a gueni ? J en doute foi t Je pense que leur rôle se boine, et c est déjà beaucoup, a en anêter les progrès en prévenant ou dissipant les congés-
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lions pulmonaires dont il devient le centre à la manière d'une épine implantée dans les tissus. Enfin, je ne suis pas éloigné d'admettre que les inhalations peuvent favoriser la cicatrisation de certaines cavernes des poumons.
Voici du reste comment je crois pouvoir résumer ce point si important de thérapeutique :
Sous l'influence d'une cure au Mont-Dore, l'innervation se relève, la fièvre s'amoindrit sans cesser tout à fait, les engorgements pulmonaires se résolvent, l'hématose devient plus active, enfin l'appétit et la nutrition après avoir diminué s'accentuent davantage. Mais ces effets ne s'observent pas également chez tous les phthisiques. Ceux-là surtout s'en trouvent bien chez lesquels les tubercules paraissent se rattacher à la répression de quelque principe arthritique ou eczémateux.
Il est un fait très-curieux sur lequel M. le docteur Cazalis, inspecteur-adjoint au Mont-Dore, a tout spécialement appelé l'attention, c'est que les malades qui obtiennent une amélioration immédiate de l'action des eaux ne la voient pas durer très-longtemps après la cure, tandis que ceux au contraire qui ne s'en trouvent pas bien tout d'abord en retirent, au bout de quelques semaines, des résultats à la fois meilleurs et plus durables.
Les eaux du Mont-Dore conviennent spécialement aussi pour le catarrhe du larynx, de la trachée et des bronches. Elles réussissent également contre l'asthme, la pleurodynie, la névralgie intercostale, les diverses espèces d'angines simples ou granuleuses, l'amygdalite et ces coryzas tenaces qui font que certaines personnes ont une sorte de rhume de cerveau perpétuel.
La durée d'une saison au Mont-Dore est de quinze jours à trois semaines, terme moyen : prises plus longtemps, ces eaux auraient le grave inconvénient de trop éprouver.
Quant à ce qui est des installations balnéaires, nous devons déclarer que depuis quelques années on a tout fait pour les améliorer. Les salles d'aspiration ont été doublées et ne laissent rien à désirer. Des bains de luxe ont été construits. La salle d'hydrothérapie renferme les appareils les plus perfectionnés. On a renouvelé en partie les anciens appareils pulvérisateurs qui étaient si défectueux. Enfin tout l'établissement est éclairé au gaz. Tout cela est bien; mais il reste encore d'importantes modifications ou des réformes essentielles à opérer au bain Saint-Jean, afin d'y faciliter le service et d'y éviter l'encombrement. .v\VfiQt>
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En même temps on a créé un Casino avec théâtre, salles de jeux, de conversation, de lectiue, etc., qu'on s'accorde a trouver très réussi.
TRANSPORT. — Ces eaux se conservent très bien, et, pnses amsi loin de la source, elles rappellent dans une cei taine mesuie les bons effets des eaux pnses sur les lieux mêmes.
PRit>ciPAUX HÔTELS — Hôtels Chabory L on, du Parc et de Palis. — •Grmd hôtel Mme lâche Seuzay
LA BOURBOULE.
Sources alcalines arsenicales chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A LA BOLPBOUIE — Chemin de fer d'Oileans via Montlucon et Ejguiande jusqu'à la station de Laqueille 9 heures 40 m Voitures de cette station a la Bouiboule 1 heuie — Débours . 68 fi U
Les eaux de la Bourboule sont, comme eaux arsenicales, ce que les eaux de Vichy sont, comme eaux alcalines ce sont des eaux uniques en leui genre. Est ce a dire qu'elles renfeinient des substances qu'on ne rencontie dans aucune autre souice' Non. Leur supenorite tient sui tout a ce que les principes qui les minerahsent sont combines de telle soi te que les effets qu'elles déterminent l'emportent sui ceux que pioduisent des sources en apparence srmrlanes. On ne seia donc pas surplis ■de nous voir consacier aux eaux de la Bouiboule des développements un peu cnconstancies
Ces eaux sont repiesentees actuellement par deux souices, la source Perneie et la source Choussy.
loutes les deux sont le îesultat de forages artésiens, qui ont fa>t successivement dispaiaitre les anciennes souices. Elles émergent du granit a une profondeur de 75 a 80 meties Deux pompes monstres seivent à monter 1 eau pour les besoins du seivice Celle-ci, a la soi lie des pompes, mai que envnon 56° C , au griffon, sa température est de 60.
11 y a bien encoie dauties souices minérales, également .il tesiennes, mais, ainsi que nous le verrons, leur împoi tance et leur rôle sont tout a fait secondaires. Ne nous occupons donc que des souices Perrièie et Choussy.
Les orifices exteneurs par ou ces deux sources s'échappent à la sui face du sol sont presque voisins l'un de l'auti e, il en est de même de leuis gnffons, seulement, paiticulanteimpoitante, ces gnffons commumquent ensemble, de telle soi te que
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c'est la même eau avec deux conduites et sous deux noms différents.
La preuve de cette communication souterraine est facile à donner ; elle se démontre même toute seule pendant la saison thermale. Ainsi, quand on fait jouer simultanément la pompe Choussy et la pompe Perrière, elles fournissent toutes les deux de l'eau en abondance ; mais, si l'on ne fait jouer que l'une des deux pompes, le niveau de l'eau baisse simultanément aussi dans les deux puits.
L'eau de la Bourboule est d'une limpidité parfaite et offre quelque chose d'onctueux au toucher. Il s'en exhale une légère odeur de soufre ou plutôt d'ail. Particularité curieuse f A sa chaleur native, elle a un goût salé ; si, au contraire, on la laisse refroidir, sa saveur paraît plutôt acidulé.
Voilà pour les propriétés physiques de l'eau. Voyons maintenant quelle est sa composition chimique.
Cette composition a été donnée dans le rapport officiel fait à l'Académie de Médecine par M. Poggiale, le 28 mai 1878, relatant les résultats de l'analyse exécutée par MM. Lefort et Bouis. Ce qui ressort de cette analyse, c'est la prédominance dans l'eau de la Bourboule du chlorure de sodium (2",84 par litre) du bicarbonate de soude (2e',89) et de l'arséniate de soude (28 milligr. correspondants à 7 milligr. d'arsenic métallique). C'est donc une eau chlorurée sodique, bicarbonatée et fortement arsenicale.
Notons ce dernier caractère ; il fait de l'eau de la Bourboule une eau complètement à part.
Maintenant que nous voici suffisamment renseignés sur les propriétés physiques et chimiques de cette eau, nous allons jeter un coup d'oeil sur les établissements où elle est utilisée.
Ces établissements sont au nombre de trois : l'Etablissement Mabru, l'Etablissement Choussy et l'Etablissement des Thermes.
ETABLISSEMENT MABRU. — Ce petit bâtiment, tout modeste qu'il paraisse aujourd'hui, était une vraie merveille comparativement aux 'bains primitifs de la Bourboule. Il est alimenté par la source Perrière dont il n'est distant que de quelquespas. Son aménagement comprend 29 cabinets de bains, une salle de pulvérisation et de humage, une salle de bains de pieds et un chauffoir pour le linge. Les baignoires y sont, comme dans les autres établissements, en fonte émaillée, et chaque cabinet est pourvu d'un appareil de douches locales, disposé et alimenté de façon à donner la douche sous telle
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forme et à telle tempéiatuie que l'on veut, avec une pression de cinq a six meti es
ETABLISSEMENT CHOUSSY. — Cet établissement, qu'alimente la souice dont il poite le nom, est l'oeuvie de notie regrette confi ère, Louis Choussy. C'est un bel édifice auquel on ne peut leprochei que son manque d'umte ai chitectui aie. C est que, pour le construite, il a fillu attaquei pai le fei et le feule rocher gigantesque auquel il est adosse. L'empl icement qu'il occupe n'est auti e que 1 echancrui e pratiquée au coeui même du granit
Ce qui frappe le plus dans l'étiblissement Choussy, c'est la magnifique salle où sont disposées les buvettes Elle seit tout a la fois de heu de îeunion et de piomenou couveit, elle sei t aussi de cabinet de consultation en plein air, car c'est la que le médecin rencontie ses milades aux heures du service et repond a toutes ces petites questions de détail qu'on aime tant a lui adresseï.
L'établissement Choussy comprend 44 cabinets de bains contenant S3 baignoires Une moitié se trouve au îez-dechaussee, qui est affecte aux hommes, et l'autre moitié au piemier étage reserve aux dames A cet étage se tiouvent aussr des salles de pulvérisation, avec ippueilsde humage, douches pharyngiennes, nasales, etc . et les bureaux de l'administi ation. Au îez-de-chaussee, il y aune belle piscine, avec salle de gi andes douches, puis des salles de vapeui, douches et sudation. On y a ajoute dans ces deinieies années des salles d'inhalation desservies par l'eau minérale poudioyee, auxquelles sont annexes des cabinets de bains et des vestiaires, le tout est double, de façon que le service des hommes et celui des femmes puissent se fan e simultanément, mais d'une manieie séparée.
ETABLISSFMENT DES THEUMES. — Cet édifice, dont l'aspect monumental et la décoration intérieure en font un établissement jusqu'à ce îoui sans rival, s'eleve sur un terrain compris entie la Doidogne et la îoute du Mont-Doie, a une centaine de mètres des deux auttes établissements qui sont adosses au rocher granitique de la Bouiboule. La partie actuellement constiuiteet complètement terminée, foi me un ensemble compose de deux vastes galeries de bains parallèles, aboutissant à leur extiemité occidentale a deux giands pavillons îehes par la portron du bâtiment qui contient les salles de pulvérisation et leurs vestiaires, et celles des bains de pieds. A leur autre extrémité, ces deux galeries donnent dans la grande galerie
LA BOURBOULE. lOi
centrale, perpendiculaire à la Dordogne. Elles sont affectées, l'une, au service des hommes, l'autre, au service des femmes, et comprennent chacune 30 cabinets dont plusieurs sont doublés d'un élégant petit salon.
Les pavillons de l'extrémité ouest contiennent, de chaque côté, des salles d'inhalation avec vestiaires chauffés, des salles de douches ascendantes et des chauffoirs pour le linge. Les salles de pulvérisation comprises entre ces deux pavillons sont très-vastes et chacune peut recevoir vingt et une personnes à la fois. >
Les cabinets de ces divers bains sont pourvus d'appareils de douches locales desservis à l'aide de réservoirs spéciaux ou l'eau minérale est emmagasinée à la température prescrite. Les murs de ces salles et cabinets sont revêtus de marbre jusqu'à la hauteur de ln,S0 et la partie supérieure est ornée dé fresques de l'aspect le plus riant. j
La grande galerie centrale, qui divisera en deux parties égales l'établissement des Thermes, lorsqu'on en aura bâti la dernière partie, constitue dès maintenant une magnifique salld des pas-perdus, au centre de laquelle s'élève une buvette mo« niimentale. De chaque côté de cette salle sont disposées de§ installations accessoires relatives à la distribution des billets est aux bureaux de l'administration. Puis dans la partie médiane se trouvent à droite et à gauche les entrées des salles de grandes douches chaudes et froides, d'hydrothérapie à Peau* douce, d'inhalation, de fumigation et de vapeur ; enfin lefe salles de massage. b
L'établissement des Thermes est alimenté par la source Per»' rière. Il reçoit, de plus, pour tempérer l'excès de chaleur de! cette source, soit de l'eau du Puits de la Plage 1, soit de l'eaiï des sources Fenestres 2, soit tout simplement de l'eau Per>* rière refroidie artificiellement. "il
Telle est la distribution intérieure, ainsi que la destination des principales pièces de ce splendide édifice. N'ai-je donc pafe eu raison de dire qu'il représente à tous les points de vue vài établissement sans rival? '";
Nous venons de voir que dans les trois établissements se; trouvent des salles de pulvérisation et des salles d'inhalationf C'est qu'il est parfaitement démontré aujourd'hui que les eaux}
1. C'est une eau tempérée, contenant en moindre proportion les mêraos| éléments que la source Perrière, et jaillissant à 70 mètres au sud de celle-oirv
2. C'est une eau minérale froide, renfermant des principes identiques, qui' jaillit de l'autre coté de la Dordogne, sur la rive gauche. W.I
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de la Bouiboule, administrées sous ces formes partrcuhèies, rendent d'rmportants servrces dans le traitement des maladies des voies respiratoires. Nous croyons donc devoir y îevenir de nouveau.
Les apparerls de pulvérisation, disposés sur des pieds aiticules et a double genourlleie, peuvent être employés dans toutes les directions et recevoir des ajustages variés qui coi - respondent à tous les usages prescrits par la science modei ne Dans les mêmes salles se trouvent les appareils de humage, de douches auriculaires et de douches nasales. Celles-ci sont alimentées par des réservoirs spéciaux, permettant de régler la pression et la température au degré prescrit
Quant aux salles d'inhalation, elles sont de plusieurs sortes.
Dans les salles situées a l'extrémité occidentale de l'établissement des Thermes, l'eau mineiale ainvant a une tempeiature voisine de celle de la source, cest-a-dne de 50 a 35° C , et sous une pression de \ 2 mètres, tombe verticalement d une large pomme d'aï rosoir sui un plateau de bois horizontal, place a lm,50 plus bas II en îesulte un poudroiement et une vaporisation de 1 eau mineiale chaude, qui remplit la salle d'une épaisse buée, imprégnée de fines molécules d'eau
Dans les salles de l'étiblissement Choussy, l'eau minérale est piojetee de la même façon; mars un jet de vapeur est introduit dans le tuyau qui l'amené a quelques pouces au-dessus de la pomme d'arrosoir, d'où résulte un surcroît de vapeur dins la salle, ainsi qu'une plus grande élévation de température ; en outre, a ces salles sont annexes des cabinets de bains réchauffes aussi par la vapeur, de sorte que les malades peuvent, en sortant de la salle d'inhalation, se plonger immédiatement dans le bain, sans être exposes a une almospheie plus fi oïde
Enfin, près des salles de grandes douches de l'établissement des Theimes, se trouve une salle d'inhalation dans laquelle l'eau minérale poudroyee est produite par un pulvérisateur actionné par la vapeur. Celle-ci, envoyée par un générateur placé hois de la salle, sort par des orifices étroits disposés a angle droit contre des orifices semblables qui donnent issue a des jets d'eau minérale, aspires et poudroyés par ces ventables gifïards. La salle est ti es-rapidement remplie d'un bi oudlard très-épais d'eau mméi aie pulvérisée, et il est facile d'en régler la température au moyen d'une projection plus ou moins active de vapeui.
LA BOURBOULE. 10»
— Mais en voilà assez sur ces divers aménagements des eaux de la Bourboule. Disons maintenant quelles sont les vertus médicinales de ces eaux.
On peut établir, comme règle générale, que l'action des eaux de la Bourboule est tonique, reconstituante et éminemment dépurative. Nous venons de voir qu'on les emploie dans 1 ce but sous toutes les formes. Ajoutons que l'estomac les supporte à merveille, particularité d'autant plus importante que c'est surtout par l'absorption stomacale que s'opère la dépuration de l'organisme. Or, nous n'avons pas oublié quelle quantité énorme d'arsenic contient l'eau de la Bourboule. Comment s'étonner dès lors qu'une pareille eau agisse si puissamment sur le « sang et les humeurs ? »
Ainsi s'explique pourquoi vous verrez à la Bourboule tant d'enfants dont le seul état maladif consiste dans une débilite congénitale qu'il importe de combattre dès ses débuts, nefût-ce que pour rendre plus facile l'évolution de la puberté.
Quant aux maladies proprement dites pour lesquelles on prescrit ces eaux, ce sont, au premier rang, toutes les affections de la peau se rattachant à l'herpétisme. Ainsi, les dartres rebelles, le lichen, le psoriasis, l'eczéma dartreux et l'eczéma arthritique s'améliorent rapidement; on voit même souvent les plus tenaces de ces maladies arriver à la guérison à la suite de plusieurs cures, aidées par l'usage de l'eau en boisson pendant les hivers qui séparent les saisons thermales. Quant aux affections dartreuses légères, elles disparaissent généralement en quelques jours par l'usage des lotions combinées avec la boisson.
Il en est de la diathèse scrofuleuse comme de la diathèse herpétique; elle est de même puissamment modifiée par les eaux de la Bourboule. Vous verrez ces eaux triompher, avec une rapidité qui tient quelquefois du prodige, de l'engorgement des muqueuses des yeux, des oreilles et du nez, des gonflements articulaires, des caries, des ulcérations glanduleuses, de tout le cortège, en un mot, de ce qu'on appelle les« humeurs froides ».
Il y a longtemps également que l'action de ces eaux a étéreconnue toute puissante contre les fièvres intermittentes :. d'où le nom de Source des Fièvres donné à une ancienne source de la Bourboule. On sait, du reste, quelle est l'efficacité de< l'arsenic contre ce genre d'affection, alors que le sulfate de quinine a échoué. Il n'est pas jusqu'à la. cachexie paludéenne qui ne cède à leur puissante influence, >
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Ce que nous disons de la cachexie paludéenne s'applique de même à tous les états cachectiques dans lesquels l'indication principale est de tonifier l'organisme et de stimuler la nutrition • telle est tout particulièrement la cachexie goutteuse.
La cure des diabétiques maigres et affaiblis est devenue classique à la Boui boule. Nous pouvons ajouter que dans tes dernières années des succès nouveaux et nombi eux sont venus confirmer les résultats signales précédemment par les médecins les plus compétents de la station. Aussi n'hesiterez-vous pas à envoyer a la Bourboule les diabétiques auxquels les eaux alcalines de Vichy ne saui aient convenir, notamment ceux chez lesquels sont survenus des accidents du côte de la peau et des voies respiratoires.
Je ferai remarquei, à propos de ces affections des voies resprratorres, que ce n'est pas seulement dans les cas de diabete que les eaux de la Bourboule sont mdrquées, elles le sont également chaque fors que la maladre se rattache a quelque prmcipe herpétique. Cette action curative des eaux que des constatations fartes, il y a quelque temps déjà, dans les hôprtaux de Pans, ont mise hors de doute, s'affirme chaque année davantage, comme le prouve la progression consideiable du nombre des malades de cette catégone qui se rendent a la Bourboule. On y vient sui tout pour l'asthme, les angines gianuleuses, les laryngrtes, les bronchrtes chroniques, le catai rhe et même la phthisie pulmonaires. C'est ce qui justifie le développement donné au seivice des inhalations et la variété des aménagements balnéaires combines pour les besoins de cette clientèle.
Ai-je besoin d'aiouter que, pour tout ce qui touche ainsi au traitement des maladies de poitrine et autres par les eaux de la Bourboule, on ne sauiait executei trop ponctuellement, vu la très-grande activité de ces eaux, les prescriptions du médecin charge de la cure ? Qu'on le sache bien, la moindre imprudence peut tout compromettre, tandis qu'un régime bien suivi peut tout sauver.
Un mot maintenant, avant de finir, sur ce,quest la Bourboule comme heu de sejoui des baigneurs
L'emplacement où jaillissent les sources qui, hier encore, n'était qu'un point ignore et perdu au milieu d une des plus riantes, mais aussi des plus deseites vallées de l'Auvergne, offre aujourd'hui un heureux ensemble de villas, de cottages et d hôtels ou chacun trouve facilement à se logei suivant ses
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ressources et ses convenances. Il y a de plus deux casinos et un théâtre. Mais c'est la promenade qui constitue la principale distraction de la Bourboule. Le beau parc de la Compagnie offre, en plus de ses riantes allées et de ses frais ombrages, des appareils de gymnastique et autres jeux à l'usage de l'enfance, que nous avons dit constituer l'un des principaux éléments de la clientèle de ces bains.
TRANSPORT. :— (Source Perrière et Source Choussy). — Ces eaux se conservent parfaitement. Ladose àlaquelle on lesboitest d'un à deux ou même trois verres dans la journée. Mêmes usages que les eaux prises sur les lieux. J'en retire d'excellents résultats, sous forme d'irrigation, dans le traitement de l'acné et de la couperose.
PRINCIPAUX HÔTELS : — Grand hôtel Bellon et des îles Britanniques. — Grand liôlel de l'établissement. — Grand hôtel (Ferreyrolles-Mabru).
SÀINT-NECTAIRE (PUY-DE-DÔME)
Sources alcalines chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A SAINT-NECTAIRE : — Chemin de fer de Lyon par le Bourbonnais jusqu'à la station de Coudes : 10 heures 20 min. Voiture de cette station à Saint-Nectaire : 2 heures. — Débours : 58 fr.
La station thermale de Saint-Nectaire se compose de deux villages, distants l'un de l'autre d'environ un kilomètre, et désignés par les noms de Saint-Nectaire-le-Haut et Saint-Nectairele-Bas. Dans chacun de ces villages se trouvent d'abondantes sources minérales autour desquelles ont été groupées les habitations ; quelques autres sources sont disséminées dans la campagne. Elles ont toutes à peu près la même position et, par suite, la même valeur médicinale. Or, comprend-on que la plupart restent sans emploi? Ce n'est même, à vrai dire, qu'à Sainl-iNectaire-le-IIaut que leur aménagement permet qu'on y envoie des malades. Ne parlons donc que de ces dernières sources.
L'établissement thermal porte le nom de Grand Établissement Thermal du Mont-Cornadore. Il comprend : Bains à eau courante et à température native ; injections vaginales, liquides et gazeuses; douches oculaires simples et pulvérisées; pulvérisation externe; douches locales, pharyngiennes; douches ascendantes ; bains de pieds ; bains et douches de gaz acide carbonique; douche écossaise.
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Deux sources ahmentent cet établissement : l'une marquant 41° C. et ayant un débit de 79,200 hties en 24 heures, c'est la Source du Mont-Cornadore ; l'autre mai quant 43° C. avec un débit de 131,000 litres pour le même temps • c'est la Source du Rocher. Une troisième source minérale fioide sert a tempérei l'excès de chaleur des deux auties. Enfin la Source Intermittente, marquant 33° C et très-gazeuse, est spécialement réservée aux injections vaginales, dont on fait un grand usage a Saint Nectaire.
L'eau de toutes ces sources est transparente et limpide, à son point d'émergence, mais elle prend, au contact de l'air, une teinte légèrement louche Son onctuosité est telle qu'elle donne a la peau la sensation d'une sorte de savon L'analyse y a constate un peu plus de 7 giammes de principes alcalins a base de soude, dp chaux, de lithine, de magnésie, de zmc, de fer et d'arsenic ? Y a-t-rl jusqu'à du mercure 'M Garrrgou l'affiime; M. Lefort le nie. Adhuc subjudice lis est.
Quoiqu'il en soit, c'est une eau des plus remarquables pai sa minei ahsation Elle ne l'est pas moins par ses vertus médicinales; c'est au point que M. Gubler a pu dire des sources de Saint-Nectane que « pai leur composition, leur température et lem abondance, elles sont le type le plus accompli qui puisse êtie signalé comme paiallele aux eaux d'Allemagne. »
Nous dnons de notre cote, d'une manière générale, qu'elles conviennent pour les engorgements de la matrice, les leucorrhées atoniques, l'état lymphatique exagère des adultes, et tout pai ticuhei ement des enfants Leur efficacité est de même depuis longtemps reconnue contre les diverses formes de la sciofule, l'atome des voies intestinales, la gravelle, le rhumatisme et les nevralgits
'N'oublions pas de mentionner les services rendus par la Source Rouge, ainsi nommée poui la couleui des dépôts qu'elle forme Le petit pavillon ou elle a ete captée devient chaque année, pendant la saison thermale, le îendez-vous de rout un essaim de jeunes filles, heureuses d'y reirouver les couleurs que leur avait enlevées la chlorose ou l'anémie.
Saint-Nectaire est un séjour peu anime par lui-même, mais qui offre en îevanche de chai mantes excursions. On visitera 'a vieille église romaine qui, bien que située au coeur même du village, forme presque une excursion, tant il faut monter pour l'atteindre ! Quant aux pérégrinations plus éloignées, je ne connais rien de plus admnable que le coup d'oeil dont on jouit des hauteurs qui dominent le château de Murols.
CHATEL-GUYON. 107
Nous ne saurions quitter Saint-Nectaire sans parler de ses incrustations. Celles-ci constituent pour les habitants toute une industrie qui déjà, du reste, était connue des anciens.
<• A Eurymènes, raconte Pline, les couronnes que l'on jette dans une certaine fontaine deviennent pierres; il en est de même des branches qu'on plonge dans les eaux des mines de Scyros. Le même fait s'observe à Perpérènes et dans une source chaude de l'Eubée. » Ovide, en sa qualité de disciple d'Apollon, veut de plus que les <* Ciconiens aient un fleuve qui pétrifie les entrailles de ceux qui en boivent, de même qu'il revêt d'une couche de marbre les objets qu'on y dépose : »
Flumen habent Cicones, quod potum saxea reddit Viscera, quod tactis inducit marmora rébus.
Heureusement, ces craintes ne devront pas arrêter les baigneurs, car, si Apollon était médecin, il manquait aux poètes, ses disciples, ce qui manque également à bon nombre de nos confrères : des notions exactes sur les eaux minérales.
TRANSPORT (Source Rouge). — Se conserve parfaitement. On la boit aux repas comme les autres sources ferrugineuses, auxquelles elle devra être préférée pour les tempéraments lymphatiques, parce qu'en plus du fer elle contient d'autres principes éminemment réparateurs.
Indépendamment de la source Rouge, il existe cinq buvettes dont la plus importante est la source du Parc. Son efficacité est assurée dans les maladies des reins et de la vessie, et en général chez les personnes affaiblies par excès de travad ou par les plaisirs.
— Outre les nombreux logements fournis parle Grand-Hôtel duMont-Cornadore on peut encore trouver à s'installeren famille dans deux villas dépendantes de la même administration. La villa des bains offre l'avantage d'être située au-dessus de l'établissement du Mont-Cornadore : un escalier extérieur permet aux malades de se rendre, à couvert, de leur chambre dans les cabinets. Enfin, il y a des logements séparés, dans les chalets situés au village de Saint-Nectaire-le-Haut,
CHATEL-GUYON (PUY-DE-DÔME).
Sources alcalines chlorurés chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A CHATEL-GUYON. — Chemin de fer de Lyon par le Bourbonnais jusqu'à Riom : 8 heures 10 min.— Voitures de Riom à ChatelGuyon : une demi-heure. — Débours : 50 fr.
Chatel-Guyon est un petit village placé au milieu d'un site
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des plus liants sur les confins de la Limagne Voici le jugement que je poitais sur ces eaux dans la sixième édition .
« Les eaux de Chatel-Guyon conviennent pour les mêmes maladies que celles que 1 on tiaite a Kissingen, dont notie station fiançaise me paraît êtie, a la température des sources pies, l'équivalent. Qui sait même si elle n'est pas destinée a nous affi anchn un joui de 1 onéreux tribut que no« baigneurs vont tous les ans payer à ces sources de la Bavière ? »
Il y a quelque chose comme quinze ans que ces lignes ont été écrites ; elles l'ont ete, pir conséquent, a une époque bien antérieure a nos derniers desasties Aussi passeient-elles autint due inaperçues Mais depuis lors l'attention s'est poitee tout paiticuherement sur les richesses theimales de notre propre sol, et chacun s'est fart un devorr patriotique de rechercher quelles sont parmi nos sources celles qui pounarent nous sufine. De la l'importance qu'a jjrise tout a coup Chatel Guyon et qu'a smgulieiement favorrsee la Compagnie formée de capitalistes intelligents qui est aujourd hui a la tête de ces thermes
Les souices minérales sont au nombre de quinze . Les deux principales sont les souices Deval et Gubler, toutes les deux sont pai ticuherement affectées a la boisson.
L'eau de ces diverses souices, transpaiente et limpide au point d'emeigence, frmt par piendre au contact de l'air une teinte légèrement opaline. Son odeur est nulle. Sa saveur au conti aire est aigrelette, avec un arnere-goût un peu sale. Analysee en dermei heu par M Magniei delà Source, elle a offeit pies de 8 grammes de sels par htie, dont :
Grammes
Chlorure de magnésium . .... 1,563
Chlorure de sodium ... .. 1,563
Bicirbonate de chaux .. . . 2,170
Bicarbonite de soude ..... . 0,955
Bicarbonate de fer . 0 oG8
Bicarbonate de lithine . 0,019
Ce sont, comme on le voit, des eaux mixtes dont la composition tient tout à la fois des eaux chlorurées, alcalines, feriugmeuses et magnésiennes.
Files renferment de plus des quantités considérables de gaz acide carbonique libre , environ 1 sr, 112.
Enfin leur température moyenne est de 31 a 35° C , c'est-àdire la mieux appropuee pour le bim.
CHATEL-GUYON. 109
L'établissement thermal renferme 22 cabinets de bains munis d'appareils à douches, de deux piscines et d'un service très-complet de douches et de bains de pieds. Telle est la quantité d'eau dont on dispose — 800 000 litres par jour ! — que baignoires et piscines, pendant toute la durée du bain, sont traversées par de véritables courants d'eau minérale venant des griffons à leur chaleur native.
Nous avons dit que cette eau est très-gazeuse. C'est surtout quand le malade sort du bain qu'on peut en juger, par la quantité de petites bulles qui couvrent tout son corps. La formation de ces petites bulles à la surface de la peau est une particularité fort curieuse que je n'ai observée nulle part ailleurs aussi accentuée qu'à Chatel-Guyon; elle explique assez bien du reste, par la réaction dont elle est suivie, comment le bain qui tout d'abord avait produit une impression de fraîcheur, ne tarde pas à provoquer ensuite une sensation tout autre, et comment par conséquent il est à lu fois calmant et tonique.
Les eaux de Chatel-Guyon sont laxatives, bues à faible dose, et purgatives, bues à doses plus élevées. C'est là ce qui les rend pour nous précieuses entre toutes, la plupart de nos sources étant au contraire neutres ou astringentes.
Les affections pour lesquelles on conseille Chatel-Guyon avec le plus de succès sont les dyspepsies et les flatuosités stomacales, surtout quand elles s'accompagnent de 'constipation. Les engorgements du foie et de la rate, les obstructions mésentériques, désignées vulgairement sous le nom de «carreau », s'en trouvent très-bien également.
Toutefois il peut se rencontrer certaines affections de l'appa- ' reil digestif qui, soit par leur gravité, soit par leur ténacité, réclament le concours d'une médication auxiliaire. Telles sont plus particulièrement les ulcérations et les dilatations de l'estomac. C'est alors qu'on fait intervenir les « Lavages » de cet organe.
Chatel-Guyon est la station thermale où l'on a pour la première fois introduit cette nouvelle méthode de traitement qui consiste à lessiver par des irrigations continues la muqueuse gastrique. Les appareils dont on se sert sont d'une extrême simplicité. Us sont installés de telle manière qu'ils établissent à l'intérieur de l'estomac un courant d'eau minérale, à sa température native, qu'on peut rétablir ou supprimer à volonté, et qui souvent fait merveille.
On prescrit encore avec avantage les eaux de Chatel-Guyon contre la goutte, la gravelle, la chlorose et les divers flux utérins qui ont pour point de départ l'atonie.
7
110 rUA>CE ((H\TKE).
Enfin, par la dérivation qu'elles provoquent vers l'intestin, elles sont éminemment aptes a prévenu toute tendince du sang a se porter au cerveau, tendance qui devient si souvent l'occasion d'accidents paralytiques.
Tels sont les principaux cas pour lesquels on se rend à ChatelGuyon Or, ainsi que nous le verrons en parlant des eaux d'Allemagne, celles de Kissingen s'adressent aux mêmes individualités pathologiques. Pourquoi, des lois, préférer ces dernreies a nos eaux de France ? Serait-ce a cause du pays? L'Auvergne, avec son sol accidenté, sa splendrde végétatron et ses admuables points de vue, parle bien plus a l'esprit et aux yeux que la vallée monotone de Kissmgen.
Chatel-Guyon, depuis que la Comp ignie y a fart élever un élégant Casino, un Kiosque a musique, et agrandi considérablement le parc des eaux, ne laisse pas que d offrir de très agieables distractions et même de foit jolies fêtes.
TRANSPORI. — Ces eaux se conservent très bien. Si elles ne purgent pas franchement comme les eaux ameres de h Bohême, elles déterminent un effet laxatif qui, d ms certains cas, est préférable a une puigation vraie Elles conviennent surtout dans toutes les affections de l'estomac, du fore et de l'intestin. Il s'en expédie aujourd'hui des quantités considérables.
3ÔTEE RECOMMANDE Splendide Hôtel, Camille Pirrit
Rouzat (Puy de-Dôme). — Sources ferrugineuses tièdes. — A 7 kilometies de Riom. Ces eaux contiennent quelques sels alcalins et un peu de fer.
CHATEAUNEUF (POY-DE-DOME) Eau de table
Parmr les nombreuses sources d'eaux mineiales qui sont disséminées sur les rives de la Sioule, a Châteauneuf-Ies-Bams, il nous paraît utiled en signaler deux les Soin ces des Gi aruls Rocher s Desaix et Chambon-Lagarenne, qui 1 epresenteut le tj pe de l'action thérapeutique effective que développent toutes ces eaux gazeuses et ferrugineuses frordes, a la fois bicarbon itees ca'- ciques et sodiques légères, qui tiennent le milieu entre Vais, Vichy et Royat
L'eau de il Source des Grands-Rochers-Desaix 1 enferme des traces sensibles d'aiseniale de soude et pies de deux centigrammes de lithine chloiuree. C'est une excellente eau de table, digestive et apérrtive, se conseivant paifartement et for-
,CIIATELDON. lit
mant avec les vins et les sirops des mélanges agréables. Estil nécessaire de dire que cette eau, ainsi minéralisée, peut être employée avantageusement dans toutes les maladies et débilités des organes digestifs et dans les diverses affections des femmes et des enfants qui proviennent d'anémie, de faiblesse, de lymphatisme ?
L'eau dé la Source Chambon-Lagarenne, un peu moins minéralisée que la précédente, mais contenant un peu. plus de lithine, et beaucoup plus de fer, possède les mêmes propriétés et la même action générale. Cependant, elle paraît être plus spécialement applicable, d'après l'expérience, et la teneur en principe ferrugineux, au traitement de la chlorose et de l'anémie. C'est la plus ancienne et la plus appréciée des eaux de table de Châteauneuf. On peut même la boire à jeun, le matin, par demi-verre.
,— Morny-Châteauneuf fait partie de ce groupe de sources alcalines ferrugineuses, qui jaillissent, à trois heures de Riom dans une des vallées les plus pittoresques de l'Auvergne.
Il est d'autant plus à regretter que ces eaux soient si mal aménagées ou même jie le soient pas du tout, qu'elles ont une très grande valeur intrinsèque.
HÔTET. REC05IMAKDÉ : Hôtel des Grands-Bains.
Vîc-sur-Cère (Cantal). — Sources alcalines froides. — Au pied de la chaîne du Cantal et à 20 kilomètres d'Aurillac, jaillit l'eau minérale de Vie. C'est une eau fortement gazeuse que minéralisent des sels alcalins et des sels ferrugineux : 3er,109 des premiers et 0sr}0S0 des seconds. Sa composition indique qu'elle convient dans les divers cas où la médication tonique et fondante est indiquée.
Chaudes-Aiguës (Cantal). Sources alcalines chaudes. — Chaudes-Aiguës est comme perdu dans une gorge sauvage, au pied des montagnes qui séparent l'Auvergne du Gévaudan. Ses eaux minérales offrent la plus parfaite analogie avec celles de Dax : comme ces dernières elles servent presque exclusi- . vement aux usages culinaires et économiques. Mais, tandis que \ les eaux de Dax n'ont que 63° C, celles de Chaudes-Aiguës marquent 81°. A cela près, l'histoire chimique et médicale de ces deux stations se confond tellement que la même description peut servir à toutes les deux.
Cliaicldon (Puy-de-Dôme). — Eau de table..— Sa source ^st située à 17 kilomètres de Vichy. L'eau en est froide, gazeuse et légèrement alcaline. Elle supporte très bien le transport.
112 TRANCE ((.ENTRE).
VICHY (AlXIEB.).
Sources alcalines chaudes et froides
ITINÉRAIRE DE PARIS A VICHY — Chemin de fer de Lyon par le Bourbonn us jusqu'à Vichy même 8 heures et demie — Débours 45 fr
Les personnes qui ont connu Vichy tel qu il était autrefois, et qui le visitent actuellement, peuvent tout d'abord se crone le jouet de quelque illusion Ainsi la vieille cite theimale est comme perdue au milieu des gi tcieuses villas et des splendides hôtels qui l'entourent de toutes parts, la ou l'Allier, pai ses débordements périodiques, venait raviner le sol, a sui gi un parc délicieux avec ses allées sablées et ses fiais ombiages, enfin, les anciens salons de reunion ont ete remplaces par un Casmo monumental qui est devenu comme le coeut même de la cite. C'est la que se donnent les rendez-vous du jour c'est la également qu ont heu les distractions du sou jeux de société, bals, concerts, spectacles et même grind opeia' Aussi Vichy est-il le plus anime de tous nos Bains.
Des Sources et de leur Installation balnéaire
Indiquons d'aboi d le nom de ces sources, leur tempeiature ainsi que lidose de bicaihonate de soude qu'elles renfeiment, puisque ce sel on est la cai actei istique
Bic Sd
Grande-Grille . 42° 4,833
Puits Chomel 43° 5,001
Puits caire 44° 4,893
Lucas . 29° 5,004
Hôpital 31° 5,029
Celestins. 14° 5,103
Bu. Sd
S dHauterive .. 1'° 4,687
S du Parc 22" 4,8a7
S de Mesdames 17° 4,016
S. Lardy . 23° 4,910
S Larbaud . 15° 4,850
Prunelle. 21° 5,146
Les trois dernières souices sont des propriétés p u ticuheres, les autres appartiennent a l'Etat. Toutes jaillissent a Vichy même, excepte celle dHauterive, distante d'une demi-heuie, et celles de Mesdames et de Larbaud, de vingt minutes
L'eau de ces diverses sources est limpide et a une saveur hxivielle, nullement désagréable, celle des Celestins et de la source dHauterive est plutôt aigrelette et piquante La giande quantité d'acide carbonique que ces souices îenferment simule, en s'echappant, une véritable ebulhtion. Il existe également dans ces sources une assez notable propoi tion de cette matieie gélatineuse et filante appelée baiegine qu'on î encontre dans la plupait des eaux nnneiales.
VICHY. 113
Maintenant que nous sommes suffisamment renseignés sur la nature et la composition des sources de Vichy, arrivons à leur installation balnéaire.
Cette installation comprend deux Grands Etablissements principaux et deux secondaires appelés Bains de l'Hôpital et Bain Lardy.
Le premier de ces Grands Établissements est affecté aux bains de lre classe. Il borde la partie nord du Parc et contient 100 baignoires, sans compter les salles d'inhalation, de gaz acide carboniqne et les cabinets pour douches. Cet édifice est traversé du sud au nord par une galerie-promenade qui donne accès dans les galeries latérales conduisant «LUX cabinets de bains. C'est à l'extrémité nord de rette galerie que se trouvent les buvettes de la Grande-Grille, du Puits-Carré, et de la source Chomel. Le premier étage est occupé par les bureaux de l'Administration.
Le second Grand Établissement est affecté aux bains de 2e et 3e classe. Disons tout de suite que la différence entre les bains de première et ceux de deuxième et troisième classe ne consiste que dans le luxe de l'ameublement des cabinets et la quantité de linge fourni aux baigneurs. Ce second établissement n'a qu'un rez-de-chaussée. 11 comprend 180 baignoires de deuxième classé et 24 de iroisième, sans compter les cabinets pour douches. Sa façade donne sur un très-joli square.
Les Bains de l'Hôpital, ainsi désignés parce qu'ils sont en face de la source de ce nom, ont été totalement reconstruits en 187S. La façade en est gracieuse. L'établissement comprend 34 baignoires, plusieurs cabinets de douches et une piscine pour dames. Il est alimenté par lu source de l'Hôpital, qui elle-même a été l'objet, ainsi que la petite place où elle jaillit, de telles transformations que l'aspect du quartier en a été complètement changé.
Enfin le Bain Lardy qu'entoure un joli parc, figure aujourd'hui un charmant petit pavillon où l'on a établi une buvette, 30 cabinets de bains et de douches.
Ce dernier établissement est, comme les Bains de l'Hôpital, de création toute nouvelle. Nouvelle aussi est la source actuelle des Celestins. dont j'ai admiré le magnifique rendement. Par contre, je n'»i pas été médiocrement surpris de voir son aîné^ et homonyme, pour laquelle on avait bâti tout exprès une grotte d'azur, réduite aujourd'hui à un maigre filet d'eau, et abandonnée des baigneurs. Tant il est vrai que les sources, elles aussi, ont leur destin : habent sua fata.
il* FRAINCE (CENTRE).
Essayons maintenant de faire ressortir quelle est l'action médicinale des sources de Vichy.
Action médicinale des sources
Il existe un grand nombre de maladies pour lesquelles les sources de Vichy peuvent être utilement conseillées. En voici les principales :
Maladies des voies digestives. — Toutes les fois qu'il y a dérangement de la digestion et que la susceptibilité de la muqueuse intestinale n'est pas trop vive, on peut recourir avec avantage aux eaux de Vichy. Sous ce rapport, les dyspepsies avec aigreur, ballonnement, flatuosites, s'en trouvent mieux que les gasti algies véritables On commence, d'habitude, par la source de l'Hôpital : comme c'est elle qui contient le plus de matières onctueuses, son action plus douce est, en gênerai, très-bien supportée Chez certains malades, une eau tout à fait froide, telle que celle des Celestins ou de Mesdames, convient mieux pour l'estomac. Ce n'est le plus souvent qu après de véntables tâtonnements qi'on arrive à être définitivement fixé sur son choix
Maladies du foie avec ou sans calculs —Les eaux de Vichy font merveille dans la plupait des maladies du foie En même temps qu'elles rendent la bile plus fluide, elles excitent la vitalité du parenchyme hépatique, activent la circulation dans les capillaires et communiquent plus de ressort a l'organe tout entier . aussi sont-elles éminemment toniques et desobstruantes. C'est suitout contre l'hypertrophie, sans productions accidentelles m dégénérescence, qu'on doit le plus compter sur leurs excellents effets
S'il y a complication de calculs biliaires, que penser des eaux de Vichy? Nul doute qu'elles n'aient plus d'une fois favorise la sortie de ces calculs, en stimulant la contiactihté de la vésicule ou des canaux qui leur servaient de reseivoirs. Il sembleiait même qu'elles seraient aptes a en amenei la dissolution, si tant est, comme on croit l'avoir expérimentalement démontre, que la formation de ces calculs tienne a un def mt d'alcalmite de la bile Les eaux, dans ce cas, agiraient en îendant à la bile l'alcalin qui lui manque.
Engorgements abdominaux, suites de fièvres de maïais. — Les engorgements de la rate, ceux du mésentère et de l'épiploon, qui reconnaissent une origine paludéenne, cèdent quelquefois d'une manière tout a fait inespeiee a l'emploi bien
VICHY. 115
dirigé de ces eaux. Sous ce rapport, elles rivalisent avec celles de Carlsbad.
Affections de matrice. — Les bains, aidés surtout des irrigations faites avec l'appareil dont chaque cabinet pour dames est pourvu, triomphent facilement des engorgements chroniques de l'utérus. Il s'agit, bien entendu, des engorgements simples sans irritation sensible, oui sont la suite d'accouchements
ou de fausses couches.
Catarrhe vésical. — Les eaux de Vichy sont fréquemment
conseillées contre le catarrhe chronique de la vessie. Mais, si ce catarrhe a déjà pris le caractère purulent, et surtout s'il existe quelque altération de la prostate, vous vous trouverez beaucoup mieux de la douche ascendante que de la boisson. Souvent, en pareil cas, des eaux moins minéralisées ou simplement gazeuses seraient préférables.
Gravelle.—Les eaux de Vichy possèdent une efficacité incontestable contre cette forme particulière de gravelle qu'on appelle gravelle rouge ou d'acide urique. Leur action est quelquefois tellement rapide que, dès les premiers verres, les malades n'apercevant plus dans leurs urines de traces de graviers, se sont effrayés, dans la crainte que ceux-ci ne restassent emprisonnés au sein des organes; c'est qu'au contraire, ils avaient été instantanément dissous. On peut expliquer cette dissolution en disant que l'acide urique en excès s'est combiné avec la soude des eaux pour former un urate de soude, lequel a été entraîné avec les urines. Le plus souvent cependant l'eau de Vichy agit bien moins comme élément chimique que comme stimulant de l'appareil rénal. Dans ce cas, les graviers, au lieu de se dissoudre, sont simplement expulsés du tissu du rein, et charriés ensuite par les urines : aussi les malades les rendent-ils plutôt à la fin qu'au commencement de la cure, car il faut un certain temps pour qu'ils se détachent.
Goutte, i humatisme. — Dans le travail qu'on lira plus loin (page 46b), sous le titre : Du traitement de la goutte par les eaux minérales, j''ai essayé de prouver que cette affection, étant une maladie essentiellement complexe, ne saurait être combattue par une seule eau, et que plusieurs espèces de sources, en tête desquelles se place Vichy, pouvaient être appelées à intervenir. Je me suis attaché surtout à bien spécifier celles qui paraissent le mieux s'adapter à chacune des formes prédominantes de la goutte. Je puis d'autant mieux renvoyer à ce travail que c'est précisément Vichy que j'ai en vue en l'écrivant.
11b FRiAClî (cbNTnc).
Quant au rhumatisme dont la parenté avec la goutte me paraît avon ete singulièrement exagérée, Vichy ne convient, a vrai dire, qu'a cette forme mixte qu'on appelle « rhumatisme goutteux ».
Diabète sucre. — Le diabète est une affection beaucoup moins raie qu'on ne l'avait cru jusqu'à piesent. Il se rend tous les ans a Vichy un cei tain nombre de diabétiques, surtout parmi les goutteux, chez lesquels la maladie a ete ti es-longtemps méconnue. Or la plupart se trouvent paifaitement bien de l'usage de ces eaux c'est au point que je n'en connais aucune autre qui, à cet égard, leur soit supeneure.
Maladies de la peau — Il est certaines maladies de la peau que les sources sulfui euses exaspèrent et qui se trouvent bien, au contraire, des sources alcalines de Vichy. Il est probable que les alcalins agissent ici de deux manières : d'une part, comme topique contre l'altération du derme, d'autre part, comme régulateur, quand il y a tiouble fonctionnel.
— On voit, par les détails dans lesquels je viens d'entrer, quel immense parti on peut tirer des eaux de Vichy dans le ti alternent d'une multitude d'affections, même les plus graves. Quant au choix à faire parmi les diverses sources, comme, en résume, il n'en est aucune douée plus que les autres de propriétés spécifiques sur tel ou tel organe, on se laissera pnncipalement guidei parles susceptibilités de chaque tempérament. Il paraît cependant prouvé que la Grande-Gnlle convient mieux pour les maladies de foie, l'Hôpital pour celles de l'estomac, la source Lardy pour les cas où le 1er est indique, les Celeslins pour la goutte, le diabète et la gra\elle le ne puis du leste que renvoyé!, poui plus de 1 enseignements, au Ditcourv <;ur la nation médicinale de Vichy (Voy. en tête, aux ou\rages du docteur '\ . Audhoui )
Eau transportée et Sels extraits des eaux Pastilles
EAU TRANSPORTÉE. — Toutes les sources de Vichy supportent bien le tr insport.
Le chiffre d'expédition de ces eaux a été, psur l'année deimère (1887), de cinq millions de bouteilles. On se demandera peut-être, en \oyant tant de sources rivaliser chaque jour avec celles de Vichy, comment il se fait que l'exportation de ces dernières continue sa marche ascendante C'est qu'au cune eau minérale n'est, a vrai dire, similaire, partant aucune
VIÇUY. 117
ne saurait être indifféremment remplacée par une autre. Vais est Vais, Pougues est Pougues, comme Vichy est Vichy. Qu'importent tels ou tels rapprochements créés par la chimie? Les meilleurs juges, pour les questions de ce genre, sont en définitive les malades.
Un autre motif encore pour lequel ceux-ci préfèrent les eaux fournies par la Compagnie fermière aux autres sources du même bissin, c'est qu'un arrêté ministériel a rendu obligatoire, sur chaque bouteille, la date du puisage de l'eau et le nom de la source. Cette double indication est unegarantie de la qualité de l'eau, comme le poinçon de la Monnaie est une garantie de la nature des métaux.
SELS EXTRAITS DES EAUX. — On les désigne communément sous le nom de •< Sels naturels de Vichy. » Ils se divisent en Sels pour bains et Sels pour boisson.
Sels pour bains. — Voici comment on procède actuellement pour l'extraction des Sels destinés aux bains.
On a installé, tout près des réservoirs des sources, de vastes bacs de tôle où l'eau minérale est soumise, comme cela se pratique dans les salines, à l'action graduelle et prolongée de la chaleur. On la laisse ensuite refroidir. Quand elle ne marque plus que 27 degrés, on commence à draguer les sels à mesure qu'ils se déposent, opération que l'on continue jusqu'à ce que le bac soit épuisé. Les sels ainsi obtenus représentent des masses d'une cristallisation un peu confuse ou même tout à fait amorphe. Mais, s'ils n'ont rien de bien flatteur à l'oeil, en revanche ils renferment ions les éléments essentiels de l'eau minérale Quand ils ont été suffisamment égoultés, puis séchés, on les divise par rouleaux d'une capacité égale à la quantité de sels contenus dans un bain de Vichy : c'est sous cette forme qu'ils sont livrés au commerce.
Sels pour boisson. — Les sels pour boisson, par suite des soins spéciaux dont leur cristallisation est l'objet, ont une beaucoup plus belle apparence que les sels pour bains. Ils représentent de petites roches, de petites montagnes de neige, d'un aspect tout à fait appétissant. Mais « ne vous en rapportez pas trop aux signes extérieurs » (Nimium ne crede colon). L'eau préparée de la sorte ne remplacera jamais complètement l'eau naturelle; celle-ci est la seule qui soit réellement médicinale.
PASTILLES DE VICHY. — Ces pastilles, où l'acre saveur du sel est dissimulée par la gomme adragante et le sucre ainsi que par un agréable arôme, représentent un excellent digestif.
118 FRANCE (CENTRE).
En voilà assez sur ces cures à domicile. Ajoutons seulement quelques mots a titre de Post-scriptum.
P. S. — Il existe dans les environs, a Cusset, à Saint-Yorre, d'auties sources minérales alcalines, offrant une grande analogie avec celles que nous venons de décrire, quelques unes sont utilisées dans des établissements spéciaux Si je n'en ai point paile, ce n est pas que je méconnaisse leur valeur ni leur împoitance, c'est uniquement pour evitei d'inutiles répétitions, ce que j auiais a en due rentrant a peu pies dans ce que j'ai dit des souices de l'Etat. Mon silence ne saurait donc être interprète d une manière défavorable pour elles.
Mais, d'un autre côte, il ne faut pas, non plus, que les proprietaues ou dnecteurs de ces souices 1 înteiprêtent, au contraire, d'une manieie tellement favorable poui leurs inteiêts qu'ils mepiêtent, comme quelques-uns l'ont fait, des opinions qui ne sont pas les miennes.
Ces souices sont a Cusset, les sources Samte-Mane et Elisabeth, qui alimentent un établissement thermal intéressant les sources liacy, La Fayette, etc., a Saint-Yone d'abord la souice Saint-Yorre ou Lubaud-Saint-Yorre, la plus ancienne ; ensuite les sources Reigmer, Mallat, Guerriei, SaintCharles, Léon, ete Le nombie s'en accroît chaque jour, cai on n a, poui faire une souice, qu a foiei le sol
Saint-Galimier, Con<aii, &ain(-A.Iban, Rrnaison (Loire). —Eaux de table — Ties bonnes eaux qui, toutes les quatre, se valent Saint-Galmier doit sui tout sa vogue a son bon m irché , Couzan mériterait d'êtie plus connu, Samt-Alban, dont on parle à peine, a eu ses jouis de glon e du temps des Romains , quant a Renaison, il se îecommmde suitoutpai ses limonades gazeuses, bien prefeiables aux limonades factices.
NERIS (ALLIER).
Sources salines chlorurées chaudes
ITINÉRAIRE Dr PARIS K "VERIS. — Chemin de fei d'Orkuns par Vier/on et Bouiges jusqu'à Nens 6 heures 20 min Omnibus a tous les tnins — Dçbows 4U fi \ o
A en juger par les debus de son cirque et les îuines de ses anciens theimes, que décoraient soixante colonnes dont on a retrouvé des tionçons, il n'est pas douteux que Neris, qui n'est plus aujouid'hui qu'un simple bourg, n'ait été une ville opulente, a l'époque ou les Romains dominaient dans les Gaules. Si même il fallait en croue quelques étymologistes, le mot
HÉRIS. itO
Nèris viendrait de Néron, triste patronage qu'aucun souvenir historique ne semble justifier. Ses sources sont enchambrées dans six puits, et produisent en vingt-quatre heures environ 4U00 mètres cubes d'eau. C'est la source dite e Puits de la Croix » qui alimente la buvette.
Les eaux de Néris ont une température comprise entre Si* et 53° C. ; elles sont limpides et d'un goût un peu fade. Leur composition chimique, comme celle de la plupart des sources qui impressionnent plus particulierementrinnerva!ion,esttoutà fait insignifiante. Ainsi, un litre du Puits de laCroixne contient que lBr,250 de sels. Ce sont des bi-carbonates de soude et de chaux, des sulfates et surtout du chlorure de sodium.
L'établissement thermal de Néris est, sans contredit, l'un des plus beaux et des plus complets que j'aie vus en France et même à l'étranger. Il renferme quatre piscines, dont deux tempérées (32 à 34°) et extrêmement vastes, servent à la natation; les deux autres chaudes (33° à 42°), mais d'une étendue moindre, servent aux bains partiels et de courte durée. Il y a cinquantehuit baignoires, disposées dans autant de cabinets, et manies de douches descendantes qui offrent toutes les variétés possibles de température. Indépendamment de ces douches, il en existe de toutes spéciales dans des compartiments à part ; il y a, de plus, des salles pour bains de vapeur, massage, inhalation, pulvérisation, gargarismes, etc. En outre, ie concessionnaire actuel, M. Lepaître, y a introduit de nouvelles et grandes améliorations : le salon a été converti en cabinets de bains ; et un vaste établissement d'hydrothérapie avec manège, salle de gymnastique, va compléter ce magnifique établissement.
Les eaux de Néris passent généralement pour être calmantesd'emblée. Mais elles sontplus ou moins perturbatrices : ce n'est qu'après une période d'orages, qui sans doute ne dépasse pas certaines limites, qu'arrive la période de sédation.
Ces eaux, qu'on emploie â peine en boisson, conviennent spécialement dans les maladies nerveuses caractérisées par l'exaltation de la sensibilité et les troubles de, mouvement. Telles sont : les névralgies faciales, sciatiques et intercostales, l'hystérie et certaines formes de chorée. C'est par l'emploi longtemps continué des bains de piscine qu'on parvient à calmer l'irritabilité générale et les spasmes. On comprend combien il importe de surveiller ici la température de l'eau minérale qui doit être plutôt un peu basse que trop élevée.
Vous Terrez â Séris un certain nombre d'affections rhumatismales ou gouttenses, arec prédominance d"éréthisine ner-
120 rilANCL (crNTKL).
voeux L'emploi de ces eaux et leui mode d'action seront les mêmes que dans les eu constances piecedentes, mais, si l'affection est ancienne et qu'il soit nécessaire de la fane momentanément passer par un état subaigu, les petites piscines deviont êtie piefeiees aux piscines de natation, que nous avons dit avoir une température moindre On se trouve ties bien aussi, en p.ueil cas, de recourir a la douche, aux bains de vapeur, ou de fane intervenir l'hydiotherapie Et l'on a guéri, par ces moyens, des névroses du coeui qui simulaient, a s'y méprendre, des affections oiganiques de ce viscère
Les eaux de N'eus tendent encore de grands services dans les affections utérines ou la sensibilité est exaltée Enfin elles réussissent ties bien dans ceitaines maladies de la peau, telles que l'eczéma îubium, l'urticaire, 1 impétigo et le lichen.
Nens a vu, depuis la dernière guérie, sa clientèle s'accroîtie dans une propoition consideiable, car ce sont ses eaux qui remplacent le mieux les sources allemandes de Bade et de Tephtz ou nous attirait sui tout la pei spective du plaisir.
Pour compléter les embellissements de cette célebie station, M. Lepaître a fait construire un Casino ou les etrangei s trouvent, avec tout le luxe et le confoi table modernes, le théâtre, des salles de lecture, de conversation, de jeux, etc.
PRINCIPAUX HÔTELS Grand hôtel de Pans — Crand hôtel de la Promenade
BOURBON-L'ARCHAMBALLr (ALLIER) Sources salines cliloruiees chaudes.
ITINFRAIRE DE PAnis A BouRBO^ l'ARCtiA-umur T — Chemin de fer de Lyon jusqu'à li station de Bourbon 1 Arclnmh mit 7 heures —Debotus 42 fr 40
Les eaux de Bourbon-l'Archambault furent très en vogue sous Louis IX, le roi lui-même y vint une ou deux fois. C'est de Bout bon que Boileau, Racine, Mme de Sevigne et tant dauties personnages îllusties datèrent si souvent leui conespondance On allait alors a Bourbon comme on va aujourd'hui a Vichy
L'établissement actuel, qui appartient al'Etat, est un des plus beaux de France. Il a ete affetme a une Société qui va rendre a Bourbon sa splendeur passée De magnifiques hôtels, des villas élégantes et confortables l'entourent, et l'arrivée facile par chemin de fer va faire de cette station un centre fiéquente par de nombreux malades
Il n'existe a Bourbon-1 Ai chambault qu'une seule souice
SAIJNT-PARDOUX. 121
minérale chaude; mais elle est extrêmement abondante, Température : 51° à 53° C. C'est une eau limpide, bien qu'elle tienne en suspension de petits corpuscules ressemblant à de l'ocre; sa saveur, franchement salée, rappelle, comme celle de beaucoup d'autres sources, un assez mauvais bouillon de veau. Elle contient, par litre, 3sr,980 de sels, à base surtout de chlorure de sodium.
L'établissement thermal, reconstruit sur les plans de M. Lecoeur, renferme des piscines, des baignoires, des douches, des étuves et plusieurs réservoirs réfrigérants. 11 est luxueux et confortable. L'air y circule largement, et l'oeil se repose agréablement sur les faïences d'art qui ornent les murs. Les bains et les douches sont administrés dans de vastes baignoires de faïence où l'on peut se mouvoir à l'aise. Enfin les vastes piscines bien aménagées permettent les bains de longue durée, par la conversation qui chasse l'ennui.
Ces eaux sont renommées contre les rhumatismes, la plupart des maladies des os ou des ligaments, les engorgements articulaires et les commencements d'ankylose. Elles conviennent surtout aux tempéraments scrofuleux. On les a vantées avec raison contre certaines paralysies d'origine traumatique ou rhumatismale. J'ai vu à l'hospice civil et à l'hôpital militaire des paraplégiques qui s'en trouvaient parfaitement; plusieurs même étaient en complète voie de guérison.
On boit l'eau thermale de Bourbon. En outre, les malades usent de celle de Jonas qui est froide, gazeuse, ferrugineuse et très digestible; et de l'eau de Saint-Pardoux, qui jaillit dans le vo'sinage.
Le séjour de Bourbon est rendu fort agréable par des excursions faciles dans des forêts superbes. La nouvelle Société, d'ailleurs, va construire un casino qui offrira toutes les distractions. Le parc, accidenté, est planté de marronniers, dont les allées ombreuses ont été tracées par Mme de Montespan et le marquis de la Meilleraye.
Saint-Pardoux (Allier). — Eaux de table. — Ces eaux ont eu un passé qui ne fut pas sans gloire. Ainsi, en 1567, Mcolaï fut chargé par Catherine de Médicis d'analyser l'eau de la Fontaine Vineuse, comme on l'appelait alors, laquelle passait pour « rajeunir de moitié » ceux.qui en faisaient usage.
Ces eaux se boivent comme eau de table tonique, dans la région. L'été il n'y a rien de plus agréable que cette boisson acidulée et ferrugineuse. On en exporte de grandes quantités. Elles font partie de la ferme de Bourbon-l'Archambault.
122 FRANCE (CCMUE).
BOURBON-LANCY (SAÔM-ET-LOIBX) .
Sources salines chlorurées chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A BOURDOIW \I\CY — Chemin de fer du Bouillonnais, pii Moulins jusqua la station de Bourbon-Lallcy 7 heuies. —Debout s 40 fi 70
Les eaux de Bourbon-Lancy occupent une grande place dans les souvenirs de notie histoire Ainsi, c'est a ces eaux que Cithenne de Medicis fut envoyée pai son médecin Feinel, et qu elle vit cesseï la stérilité dont elle était affligée depuis dix ans, d'où résulta la naissance de Charles IX. A quoi tiennent cependant les événements? Peut êtie sans cette consultation et sans cette cure n'y eut il pas eu de Saint-Barthelemy
Les souices de Bourbon-Lancy, au nombie de six, sont eaptoes chicunc séparément Leui s eaux se lendent dms deux bassins de marbie, d'où elles se distribuent pour les besoins du service Li plus abondante et la plus chaude s appelle le Lymbe, une autre porte le nom de Fontaine de la Reme Les autres souices sont htbituellement désignées pai des numéros d ordie
Le débit de toutes ces sources est de 400 000 hties pour vingt-quatre heuies Quant a leui temperatuie, elle vane de 57 a 62° C.
L eau de ces diveises souices est limpide, sans odeur et sans saveur bien marquées Si mineiahsition est pour le L\mbe, que l'on peut ptendie tomme t)pe, de ls',754 p.u htie, ce sont des chlorates et des carbonates alcalins avec traces d'arsenic
Les eaux bues le matin, a la dose de trois ou qintie veires, sont dnphoietiques, sans autre action bien marquée aussi les etnploie-t-on pi incipalement en bains, douches, bains de vapeui et b tins d'etuve
Quelles sont leui s pioprietes médicinales? Elles se rappiochent tout a fait de celles des eaux de Wiesbaden Ainsi, elles sont ti es-efficaces contie toutes les formes de rhumitismes caiactensees par la gêne et 1 empâtement des articulations, la goutte, les diverses paralysies, les névralgies faciales et sciatiques et, en gênerai, toutes les nevioses Elles agissent de même sui le coeur, dont elles modifient heureusement les tioubles fonctionnels Les dyspepsies, les gastralgies flatu-
SAINt-HONORÉ-LES-BAINS. i 23
lentes, les chloro-anémies et les diverses affections utérines s'en trouvent également bien. Enfin, elles constituent un puissant modificateur du lymphatisme, même dans ses formes les plus accentuées.
SAINT-HONORÉ (NIÈVRE).
Sources sulfureuses, sodiques et arsenicales tièdes.
ITINÉRAIRE DE BARIS A SAINT-HONORÉ. — Chemin de fer de Lyon-Bourbonnais par Nevers ou Clamecy, jusqu'à la station de Yandenesse-Saint-Honoré 1 : 8 heures. Omnibus de cette station à l'établissement : 3/4 d'heure. — Débours: 40 fr. 60.
Les eaux sulfureuses de Saint-Honoré (anciennement Aqux, Nisinoei) sourdent au pied des montagnes du Morvan. Elles étaient comme perdues au milieu d'une prairie, lorsque M. le toarquis d'Espeuilles fit exécuter des fouilles qui mirent à découvert le griffon des sources sous les débris d'une vaste piscine romaine. C'est alors qu'il chargea M. Jules François de diriger les travaux de l'établissement actuel, lequel devint l'objet de sa plus constante sollicitude. Aussi sa mort, survenue il y a plusieurs années, aurait-elle pu gravement compromettre l'avenir des nouveaux Thermes, si ses deux fils n'avaient eu à coeur de continuer, en la développant davantage, l'oeuvre paternelle. Grâce à eux, Saint-Honoré représente aujourd'hui l'un de nos premiers Bains de France.
On compte à Saint-Honoré cinq sources. Ce sont : les sources de la Crevasse, de Y Acacia, de la Marquise, des Romains et de la Grotte.
L'eau de ces diverses sources est claire, limpide, d'une saveur douceâtre et hépatique ; elle exhale une légère odeur d'hydrogène sulfuré. Température de 27 à 31° C. Les cinq sources réunies fournissent la masse énorme de 900 mètres cubes d'eau en vingt-quatre heures. Analysée sur les lieux mêmes par M. O. Henry, cette eau a donné, par litre : 0m,070 d'acide sulfhydrique libre ; 0er,003 de sulfure alcalin, et 0»r, 300 de chlorure de sodium. Enfin M. Personne y a découvert la présence de l'arséniate de fer et de manganèse à la dose d'environ quatre milligrammes.
t. Ce n'est point à cette station, maïs à celle de Eémilly que doivent descendre les voyageurs venant par Chagny des directions de Dijon, Lyon et Marseille.
124 TRA-VCE (CENTRE).
L'établissement thermal comprend : une salle centrale, servant de promenoir, où sont disposées quatre buvettes, des salles d'inhalation, de respiration et de pulvérisation ; deux galeries offrant une double rangée de cabinets de bains et de douches, une salle spéciale pour douches de pieds, il y a, de plus, une vaste piscine a eau courante dans laquelle les malades peuvent se hvier à la natation.
A côté de l'établissement est un second bâtiment dans lequel sont installées au rez-de-chaussee les douches et l'hydrotherapie.
Maintenant que nous connaissons la nature et le mode d'aménagement des eaux de Saint-Honore, arrivons a leui s veitus médicinales.
Ces eaux sont d'une efficacité tres-i emarquable contie les maladies cutanées, en particuhei contre l'eczéma, l'impétigo et même le lichen. Elles conviennent aussi dans les leucorrhées, les engoi gements passifs de l'utei us et l'anémie Enfin, par leur extrême digestibihte et leurs propriétés apentives, elles dissipent facilement les saburres des premières voies
Mais c'est le traitement des affections pulmonaires qui a constitue, de tout temps, leur spécialité D après M Collm, l'inspecteur actuel, d'accord en cela avec l'ancien inspecteur, Allard, il est tt es-peu de catarrhes du larynx, de la trachée ou des bronches qui ne cèdent a l'emploi bien dirige de ces eaux, surtout quand ils se 1 attachent a la diathese strumeuse., si commune chez l'enfance En sera t-il de même pour la phthisie ' Je ne serais pas éloigne de cioire qu'elles peuvent en pareil cas, rendre également de tres-reels services Ainsi j ai envoyé, il y a quelques années, à Samt-Honoré un malade atteint d un catanhe bronchique des plus graves, que compliquât peut être une tubercultsition commençante, lequel, arnve mourant aux eaux, les quitta dans l'état de santé le plus satisfaisant.
Que dnai-je maintenant de Saint-Honoré en tant que séjour et distractions? Je suis d'autant plus en mesure d'en parler que j'ai ete récemment visiter de nouveau ces eaux Or, la ou |'avais vu autrefois une sorte de masuie, comme perdue au milieu d'un verger agreste, s'élève un gracieux édifice, qu'entouie un véritable parc anglais. J'ai assiste, le soir même de mon an ivee, dans les salons du Casino, a un bal d'enfants, et, a en juger par l'animation et l'entrain qui y régnaient, il m'a paiu que les eaux de Saint-Honoré sont loin de poi ter a la mélancolie.
POUCUES. 125
TRANSPORT. — Ces eaux se conservent parfaitement, mieux peut-être que toutes les autres eaux de la même classe. Même emploi qu'à la source. Utiles à la fois pour servir de préparation à la cure et pour la compléter.
PRINCIPAUX HÔTELS : Hôtel du Parc (I" ordre). — Grand hôtel VauxMartin (l«r ordre).
POUGUES (NIÈVRE).
Sources alcalines calciques froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A POUGDES. — Chemin de fer de Lyon, ligne du Bourbonnais, jusqu'à Pougues même : 5 heures. — Débours : 29 fr.
Il en est de certaines eaux comme de certaines familles qui, après avoir brillé d'un vif éclat, cessent peu à peu de faire parler d'elles jusqu'au jour où un de leurs membres prouve, par quelque action méritante, que chez lui le sang n'a point dégénéré. Ces réflexions s'appliquent parfaitement aux eaux de Pougues qui, un instant oubliées, viennent de se placer de nouveau, par de très-belles cures, au premier rang de nos meilleures stations thermales. Jamais, du reste, eau minérale n'avait été visitée par plus illustres clients. Citons au hasard quelques noms.
Henri III, Catherine de Médicis, Henri IV, Louis XIII, Louis XIV, le prince de Conti, etc., fréquentèrent Pougues, quelques-uns même à plusieurs reprises, et tous, dans leurs correspondances, vantèrent à l'envi l'efficacité de ces eaux. Henri IV surtout, qui s'y rendit nombre de fois, avait pour elles une prédilection toute particulière. Ainsi, il a écrit au landgrave de Hesse (S juillet 1603) : « Afin que vous sachiez , où me trouver, je vous dirai que j'ai été assailli par une espèce de colique néphrétique et que j'achèverai demain de prendre les eaux de Pougues, desquelles, je vous assure, je me trouve à merveille ».
Guéri de cette maladie, mais atteint, l'année suivante, de la goutte qui n'en est que trop souvent la compagne, il écrit à M. de Rosny (7 juillet) ; « Je vais partir pour les eaux de Pougues » ; au duc d'Épernon (20 juillet) : « Je prends les eaux de Pougues et je vais de mieux en mieux » ; au Connétable (25 juillet) : « Mon compère, j'ai achevé de prendre les eaux de Pougues, de quoi je me trouve merveilleusement bien ». Enfin, revenu à Pougues, en 1605, il écrit à M. de
126 FRANCE (CENTRE).
Rosny : « Je n'ai pas laisse depiendie mes eaux que je reconnais foit utiles et salubres ».
Tels sont les principaux titres de noblesse de Pougues Et quelle eau minérale pourrait en produire de semblables?
Pougues doit surtout sa îeputation et sa vogue a une seule source, la source Samt-Leger. En elle se résume, on peut le dire, la cure thermale.
Il y a bien aussi la source Saint -Mai cel Mais, comme elle est faiblement gazeuse, on la reserve poui le senice des bains et des douches.
Il y a enfin les sources Beit. Mais, malgré le gaz acide carbonique qu'elles contiennent, leur minéralisation est trop faible pour qu'elles constituent une eau sérieusement médicinale.
C'est donc, je le répète, la source Samt-Leger qui personnifie véritablement Pougues, par conséquent, ne nous occupons que de cette souice.
La source Saint-Léger, qu'abrite un élégant campanile, a une température fixe de 12° C De grosses bulles d acide carbonique viennent ecl iter à la sui face du petit bassin qui la reçoit. L'eau qu'elle fournit en abondance a une saveui piquante, aigrelette, agréable au goût Elle contient, par htie, 4er,529 de sels alcalins dont ier,326 de bicarbonate de chaux, les autres sels sont a base de magnésie et de fer. Enfin, on y a constate la litlnne en quantité tres-notable.
Tels sont les principaux éléments mineialisateurs de l'eau de Pougues. Voyons maintenant en quoi consiste son action théiapeutique.
Un vieux médecin, Jean Banc, qui écrivait en 1G03, a dit de cette eau . « C'est la premieic potable médicamenteuse qui ait été essayée en nostre France. » Nous dirions aujourd'hui : « C'est le traitement des maladies de l'estomac qui constitue sa spécialisation » Ce ne sont pas les mêmes mots, mais c est la même pensée, et cette pensée reçoit chaque joui de l'expérience une nouvelle sanction.
Il est de remaïque, en effet, que l'eau de Pougues est souveïame contre ces dyspepsies, si fréquentes aujourd'hui, qui s'observent chez les pei sonnes anémiques, chez les convalescents, chez les individus épuises par de longues maladies, des excès ou un mauvais régime ahmentaue Sous ce rappoit, c'est bien réellement notre « première eau potable » de France.
On a souvent compaie les eaux de Pougues a celles de Vichy Sans doute elles présentent des analogies maïquees, mais elles offient aussi des oppositions. Je m'explique .
POUGUES. , 127
L'une et l'autre appartiennent à la classe des eaux alcalines et sont minéralisées par des bicarbonates. Seulement, tandis que le bicarbonate de Vichy est à base sodique et, par conséquent, exerce une action diluante, le bicarbonate de Pougues est à base calcaire et, par conséquent, exerce une action reconstituante; il s'ensuit que, pour faire votre choix entre les deux eaux, vous devrez surtout consulter l'état dynamique du malade. Citons un exemple.
Voici, je suppose, un diabétique arrivé à la période consompttve de l'affection. Il lui faut des eaux alcalines, mais des eaux alcalines toniques. Evidemment, vous n'irez pas lui faire prendre des eaux de Vichy, car, d'après ce que nous venons d'en dire, elles accroîtraient plutôt l'état cachectique. Vous n'hésiterez pas, au contraire, à lui prescrire les eaux de Pougues comme offrant, pour des raisons tout opposées, les conditions les plus aptes à enrayer les progrès du diabète.
Les eaux de Pougues jouissent également d'une réputation méritée pour le traitement des maladies des voies urinaires, et tout spécialement de la gravelle. Ici encore je ne saurais m'empêcher de faire un rapprochement emprunté à leur composition chimique.
Nous venons de voir que le bicarbonate de chaux est la caractéristique de ces sources. Or, remarquez que cet agent se retrouve dans tous les remèdes les plus célèbres contre la gravelle. Les Coquilles d'Escargot vantées par Pline, l'Eau de Chaux de Whyte, le fameux Spécifique de Mlle Stevens n'agissaient évidemment que par leurs principes calcaires. Il est donc bien permis de rapporter au bicarbonate de chaux les bons effets de l'eau de Pouges contre ces mêmes affections, sans oublier non plus la magnésie et la lithine que nous avons dit faire partie de la minéralisation de cette eau.
Prenons garde toutefois d'attribuer ici aux analyses une importance et un rôle par trop prépondérants. A côté et peut-être au-dessus de l'action chimique se place l'action vitale, laquelle communique aux fonctions du rein un surcroît d'activité, d'où résulte la sortie des concrétions calculeuses. C'est au point que les eaux de Pougues paraissent être également appropriées à toutes les espèces de gravelle.
L'effet de ces eaux se porte encore sur d'autres appareils sécréteurs. Ainsi il est arrivé plus d'une fois de voir des malades affectés en même temps de coliques néphrétiques et de coliques hépatiques rendre par l'urèthre et par l'anus des graviers d'acide urique et des calculs biliaires
128 TRANCE (CENTRE).
Enfin, on vient à Pougues pour des affections catarihaies de la vejsie Les eaux déterminent, du huitième au dixième jour, un état subaigu, mais à cette exaceibation momentanée, qui est le propre des eaux actives, succède presque toujours un mieux r tpide
La dose a laquelle on boit l'eau de Pougues est de trois a quatre verres, le matin, en commençant, puis on l'eleve graduellement jusqu'à sept ou huit. A plus haute dose, elle serut un peu laxative
Beaucoup de malades sont dans l'usage de l'associer au vin pendtnt le îepas. Il me paraîtrait préférable de <>e borner a la boire a la source pendant la cure, en se conformant exactement aux doses prescrites par la médecin C'est seulement plus tai d et comme médication complementan e qu on devra en uset chez soi aux repas
Bien que la boisson foi me la base du tt alternent de Pougues, il s'y trouve également, ainsi que nous l'avons dit plus haut, des bains et des douches On y a, de plus installe tout un ensemble d appareils hydrotheiapiques qui, a tous les points de vue, m'ont paru très-complets
L'établissement thermal qui n'était, 1! y a quelques années encore, qu'un bâtiment pai trop modeste, sans air et sans espace, représente aujourd'hui un splendide Cursaal qu'entoure un parc délicieux avec pièces d'eau, chalets, kiosques et ornementations de tous genres Les malades trouvent de même dans un hôtel magnifique tout le confortable de la vie matenelle Une seule chose manquait à Pougues, c'était un éclairage en rappoil avec l'impôt tance de la station. Ce desideratum n'existe plus, gi âce à une usine a gaz qu'on vient d'installer à Pougues même et qui verse des « torrents de lumière » tant sui la ville que sur les thermes et leurs dépendances
TRANSPORT (Source Samt-Leger). —L'eau de cette source se conserve très bien. On la prend aux îepas, associée au vin, en guise d'eau ordinaire On peut la boire également le matin a jeun, car alors elle est absorbée plus directement Elle îedonne du ton a l'estomac et active les fonctions des îeins et du foie Recommandée pour les mêmes cas qu a la source. Son usage se répand de plus en plus en France, et on en consomme beaucoup aussi à l'étranger.
Roche-Pnsay (Vienne). — Sources sulfureuses et ferrugineuses froides. — Ce sont des sources d une faible minéralisation On les prend en boisson, bains et douches contre les maladies de la peau II y a un petit établissement.
. BAGNOLS. 120
Suint-Denis (Loir-et-Cher). — Sources ferrugineuses froi' des. — Il existe à Saint-Denis, à une demi-heure de Blois, trois sources ferrugineuses froides qui sont : la source Médicis, la source Henri IV et la source Reneaulme. D'après l'analyse d'Ossian Henry, ces sources renferment, par litre, 0^,056 de crénate et carbonate de fer. Elles conviennent dans tons les cas où il s'agit de relever les forces de l'économie en reconstituant le sang lui-même. Pourquoi, par ces temps d'anémie qui courent, ne cherche-t-on pas à eu tirer mieux paiti ?
III
SOURCES DE L'OUEST DE LÀ FRANCE.
Cette partie de la France est presque entièrement déshéritée d'établissements thermaux. Elle n'en possède, à vrai dire, que deux, celui de Bagnoles et celui de Château- Gonthier, et encore les sources qui les alimentent n'onii-elles qu'une importance un peu secondaire.
Bagnoles (Orne). — Sources sulfureuses tièdes et sources ferrugineuses froides. — Bagnoles représente une sorte d'oasis oaehée au milieu des bois. La beauté et la variété des sites lui ont valu le nom de «Suisse normande». Là jaillissent deux espèces de sources : des sources sulfureuses et des sources ferrugineuses ; mais ce sont les sources sulfureuses qui constituent le cachet de la médication. L'eau en est claire et limpide, sa saveur presque nulle ainsi que son odeur. La quantité de sels contenus dans un litre n'e.st que de 0sr,130. Température, 26° C. Ce sont donc des eaux très-peu minéralisées et à peine {tièdes. Elles ont été aménagées dans un établissement comprenant quarante baignoires, deux piscines à eau courante, des douches, des bains russes et une buvette. Presque toujours on combine la boisson avec le bain.
1 Les maladies pour lesquelles on prescrit avec le plus de succès les eaux de Bagnoles sont l'hystérie, la chorée, les palpitations et les spasmes. Il en est de même des raideurs articulaires, desankyloses commençantes et de certaines altérations du tissu osseux. Les affections goutteuses et rhumatismales sont encore de leur ressort. Enfin elles jouissent d'une réputation méritée pour le traitement des maladies de la peau.
130 FRANCE (NORD).
Cliateau-Gonthîer (Mayenne). — Sources ferrugineuses froides. — A trois heures et demie de Laval, il y a un établissement ou l'on ti ouve tout ce qui constitue la médication balnéaire bains, douches, étuves, hydrothérapie, etc. L'action de ces eaux est apentive et tonique.
IV
SOURCES DU NORD DE LA FRANCE.
Parmi les souices, peu nombreuses du reste, que renferme cette région, quelques-unes se trouvent comprises dans l'enceinte actuelle de Pans. Ce sont PASSY et AUTEUIL. Toutes les deux appartiennent a la classe des eaux ferrugineuses sulfatées froides, mais vu leur peu d'impoitance et comme il n'y a pas d'établissement thermal, nous n en ferons pas l'objet d'une description a part.
ENGHIEN (SEWE-ET-OISE). Sources sulfureuses froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A ENGHIEN — Chemin de fer du Nord jusqu a Enghien même 14 mm —Dcbouis i fr 40 c.
Il est de ces lieux privilégiés dont le nom seul éveille dans l'esprit les idées les plus riantes et les peispectnes les plus g ties Tel est Enghien. Un site délicieux, un lac proportionné tu pavsage, des maisons élégantes et vai îees dans leur consttuction, des jardins admirablement dessines , tout y chaime, tout y îetient, tout y séduit
lies eaux d'Enghien appartiennent à la classe des eaux sulfui euses ft oïdes. Le soufre s'y trouve à 1 état de sulfure calcine, mais plus encore de gaz sulihydnque, ainsi du reste que le pi ouve leur odeur Ramené à l'état de soufie net, il représente par litre 0sr,770
Un point essentiel dans la constitution de ces eaux, c'est que la pioportion de soufre qu'elles renfeiment surpasse de beaucoup la quantité de ce met illoide contenu dans les sources, même les plus riches, des Pyrénées.
ENGHIEN. 131
Les eaux d'Enghien, en plus du soufre qui les saturé, renferment des traces d'iodure de sodium, d'arséniate de soude et de lithine. C'est donc, à tous égards, comme quantité et qualité, une minéralisation des plus remarquables.
L'eau de toutes les sources est froide et limpide. Sa saveur légèrement hépatique laisse un arrière-goût un peu amer auquel on s'accoutume très-facilement. Beaucoup de personnes, pour le masquer, ajoutent à leur verre une cuillerée de lait ou de sirop.
Les eaux d'Enghien sont employées en boisson, gargarismes,. bains, douches de tous genres, inhalation et pulvérisation.
Les malades sont soumis à ces divers modes de traitement dans deux Etablissements, le Grand et le Petit, réunis aujourd'hui sous la même direction.
Le Grand Établissement est aménagé de façon que les malades puissent y trouver de l'air et de l'espace pendant les diverses évolutions de leur cure. Ainsi la partie centrale durectangle qu'il représente est ornée de fleurs et de fontaines jaillissantes, à eau sulfureuse, et sert tout à la fois de salle d'attente, de promenade et de lieu de repos.
Cet établissement comprend cent baignoires, la plupart en fonte émaillée ; toutes sont à trois robinets, l'un d'eau froide sulfureuse, l'autre d'eau froide ordinaire, le troisième d'eau ordinaire chaude. Pour préparer un bain de force moyenne, on met un tiers d'eau ordinaire chaude (80°) pour deux tiers d'eau sulfureuse froide. Veut-on obtenir des effets plus énergiques, on emploie l'eau minérale pure. Celle-ci est dirigée alors dans des baignoires à double fond, où on la fait chauffer sur place à l'aide de serpentins que traverse un courant de vapeur ; huit à dix minutes suffisent pour l'amener ainsi à une température convenable. C'est cette méthode que j'ai introduite le premier en France pour l'avoir vu employer en Allemagne sous le nom de « Méthode de Schwarz ».
Chaque baignoire est pourvue de douches à haute et à basse pression, pouvant être associées aux bains ou données à l'exclusion de ceux-ci ; elles sont descendantes ou ascendantes, vagino-utérines ou rectales.
En plus de ces douches annexées aux bains, il en est de complètement indépendantes, représentant, par leur variété de force et de direction, une véritable batterie.
Enfin le Grand bâtiment des thermes comprend un établissement hydrothérapique très-complet.
Voilà pour les installations balnéaires proprement dites. On
132 FRANCE (NORD).
voit qu'elles réalisent tout ce que compot te la science moderne. J'arrive maintenant a l'action tant physiologique que médicinale des eaux d'Enghien
Ces eaux agissent a la manière des eaux toniques et stimulantes. Données a l'intérieur et à l'extérieur, elles produisent une sensation de bien-être et de vigueur, une augmentation sensible d'appétit, et une activité plus grande dans le jeu des principaux appareils, qui se tiaduit par une légère acceleialion du pouls
Cette action physiologique met parfaitement sur la voie de l'action médicinale Ainsi il est d'obseivation que les eaux conviennent sui tout aux tempéraments lymphatiques et scrofule ux , on en obtient d'excellents effets dans la chloiose et 1 anémie , les affections paialytiques et rhumatismales, les anciennes syphilis et les diveises altuations du tissu osseux [caries, nécroses, tumeurs blanches) en retnent également les meilleuis résultats.
Mais il est deux classes de m tladies dont le tt alternent constitue, on peut le dire, leur spect tltte ce sont les maladies de peau et les maladies de poitrine
Maladies de peau — On comprend très-bien que le soufre contenu dansées eaux doive exeicer une action énergique sur la vitalité du derme, de maniei e a i amener graduellement cette vitalité a ses conditions noi maies Aussi, sous leur influence ou quelque temps aptes que vous en avez cesse l'emploi, voyezvous disparaître des eczémas, des impétigos, des lichens, des psonans et autres éiuptions d'une ténacité non moins désespérante, que deji peut-être dauties souices plus renommées avaient ete impuissantes a guérir
C est poui 1 acné surtout qu elles me rendent les plus importants services Ainsi j'envoie la plupart des malades que j'ai traites pai ma méthode 1 completei leui cure a Enghien et d'habitude ils s'en trouvent a meimlle Quelquefois même ]e fais marchei de front les deuv traitements, pitncipalement quand l'éruption se rattache a un pnncipe heipetique
Maladies de poitrine. — Nous comprenons sous ce nom les diverses affections si vanees et si multiples qui ont poui siège l'appareil respiratoire, depuis lalaiyngite la plus simple, jusqu'à la lésion pulmonaire la plus compliquée. Non pas que les
-t Une nouvelle mctho le du traitement de VAcné, de la Coupe/ ose et du Pityriasis dins Mi DECI>E PRATIQUE DES TUIIILES, pir le Dr Constantin James. 4 vol Put, à. fr — Coud et Bur.it, rue de Mad-ime, 4.
ENGHIEN. 133
eaux d'Enghien aient une égale efficacité pour toutes; seulement il n'en est aucune qui ne soit plus ou moins de leur ressort.
Ces eaux ont cela de particulier que très-souvent elles calment d'emblée la toux et l'enrouement, tandis que la généralité des eaux sulfureuses les fait passer au contraire par une période plus aiguë, laquelle, il est vrai, emporte ensuite la maladie première. J'attribue cette action sédative des eaux d'Enghien, que je serais tenté d'appeler « action astringente », à ce qu'elles renferment des sels calcaires au lieu de sels sodiques.
C'est ici le moment de parler des salles d'inhalation et de pulvérisation, car je n'hésite pas à leur attribuer une part notable dans la cure des maladies de poitrine.
Ces salles, au nombre de deux, l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes, représentent chacune une vaste pièce, à la voûte élevée, dont le centre est occupé par une longue table ovale, autour de laquelle les malades se tiennent assis. La pulvérisation y est produite par des machines à vapeur qui projettent l'eau sur de petits disques où elle se brise et d'où elle se répand ensuite sous forme de nuage dans l'atmosphère de la pièce. Une innovation récente permet d'y maintenir la température à un degré constant de 18 à 20° C.
Telle est la fixité de l'eau d'Enghien que, malgré la déperdition résultant nécessairement de cette pulvérisation, elle reste encore sous cette forme plus riche en soufre que la source la plus sulfureuse des Pyrénées à son point d'émergence.
Si j'insiste sur cette salle d'inhalation, c'est qu'elle représente, on peut le dire, la médication topique d'Enghien et que, de plus, c'estcelle dont la population parisienne bénéficie davantage. Combien, en effet, au lieu d'aller chercher au loin et à grands frais une eau sulfureuse qui souvent ne vaut pas cellelà, se contentent de se rendre le matin à la salle d'inhalation d'Enghien, puis reviennent aux heures que réclament leurs occupations ou leurs affaires! Demandez-le plutôt aux avocats, aux hommes de bourse et aux artistes de nos théâtres.
Mais il est des malades qui ont besoin d'un traitement plus complet, ne fût-ce qu'au point de vue du bain et de la douche, et qui d'ailleurs ne sauraient nullement s'accommoder de ce va-et-vient continuel. Il faut donc qu'ils séjournent à Enghien même. Pour ceux-là la Direction des Thermes n'offrait que des logements peu dignes, c'est le mot, et des eaux et de la clientèle qui les fréquente. Aussi suis-je heureux d'apprendre
8
134 FRANCE (NORD).
qu'un magnifique Hôtel, admirablement approprié à ses usages, est aujourd hui en voie de construction et que bientôt les baigneurs, au heu d'êtie dissémines un peu partout, y trouveront un centre de reunion où rien ne leui manquera de ce qu'on appelle le confortable.
Cet Hôtel sera de plus disposé de telle sorte que les malades pouriont y suivre leur cure même pendant la saison rigoureuse , avantage immense en ce que c'est sui tout a ce moment que les affections de poitrine et les îhumatismes ont besoin de l'intervention des eaux.
Les lesidences qu'on nomme stations hivernales (Cannes, 3 Nice, Menton, San-Remo), n'offient que les ressources de leur climat C'est beaucoup sans doute, mais, je ne saurais trop le repeter, Enghien offrn a en plus le précieux concom s de sa cure thermale. Quant a son climat, s'il n'a pas la douceur de celui des stations que je viens de citer, en revanche, il est exempt des variations brusques dues au voisinage de la mer et au mistral. D'ailleurs des cilonferes habilement ménages a l'intérieur de l'Hôtel, y entretiendront une température untfoi me, et les effluves des eaux, également reparties dans 1 atmosphère, ne pourront qu'aider a la cure en ajoutant encoie a la salubrité de chaque pièce.
Tel est Enghien aujourd'hui, tel sera Enghien demain Aussi je ne crois pas trop m'avancei en disant qu il est a la veille de meritei le titre de notie premieie station thermale de France
TRANSPORT. — Ces eaux se conservent très-bien. Elles sont employées dans les mêmes cas que les Eiux-Bonnes, poui les maladies de poitune, et que les eaux de Bareges poui les mala dies de peau.
P1ERREFONDS (OISE).
Sources sulfureuses froides
TTINERURE DE PARIS A PIERREFONDS — Chemin de fer du Nord jusqu'à Compiegne \ heure 30 minutes Voituies de Compiegne a Pierrefonds i heure — Débours \ 2 fr.
Le village de Pierrefonds, célèbre par les magnifiques ruines de son Château fort, qui rappellent celles de Heidelberg, sauf qu'elles sont complétemert restaurées, est situé sur la lisière sud de la forêt de Compiegne. Ses sources minérales appar-
FORGES. 135
tiennent à la classe des eaux sulfureuses calcaires. L'eau en est froide, limpide. Analysée par M. Henry, elle a fourni par litre 0er,002â de gaz sulfhydrique libie.
Les propriétés thérapeutiques des sources de Pierrefonds sont en général celles de toutes les eaux sulfureuses , surtout d'Enghien. M. Sales-Girond, l'ancien médecin inspecteur, disait en obtenir les meilleurs effets dans la bronchite catarrhale, simple ou compliquée, la pharyngite granuleuse, et l'asthme essentiel. Seulement il bornait leur emploi à la méthode de « Pulvérisation ». Il est vrai qu'il eut pu dire :
Et ma grande raison, c'est qne j'ensuis l'auteur.
Est-ce cette pratique par trop exclusive? Sont-ce les tiraillements qui ont eu lieu récemment par suite des changements de propriétaires de ces eaux? Toujours est-il qu'elles traversent actuellement une crise dont, je l'espère, elles sortiront flans en être amoindries. Seulement, qu'on n'oublie pas qu'elles ont besoin de grandes réformes.
TRANSPORT. — Ces eaux paraissent bien se conserver ; mais, sous cette forme, leur emploi est encore très-restreint.
FORGES (SEINE-INFÉRIEURE).
Sources ferrugineuses froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A FORGES. — Chemin de fer de Paris à Dieppe jusqu'à Forges même : 3 heures et quart. — Débours : i 4 fr.
Forges, chef-lieu de canton du département de la SeineInférieure, est célèbre par ses sources minérales. Celles-ci sont au nombre de trois, savoir : la Cardinale, la Royale et la Reinette, dénominations qui se rattachent au séjour que firent à Forges le cardinal de Richelieu, Louis XIII et Anne d'Autriche.
Il est d'usage de rapporter à ces eaux la naissance de Louis XIV. Loin de moi l'idée de leur contester cet honneur. Seulement, je ferai remarquer qu'elles' auraient mis alors près de cinq ans à opérer, car le voyage à Forges eut lieu en 1633 et la naissance de Louis XIV en 1638 *.
t. Les amateurs de légendes scandaleuses ne manquent pas d'invoquer je ne sais quel'e iulrigue amoureuse entre la reine et Buckingham. Rappelons encore ici, pour en montrer le néant, certaines dates. Buckingham mourut en 1628. Or nous venons de dire que la naissance de Louis XIV n'eut lieu qu'en 1638, par conséquent dix ans plus tardl
136 FRANCE (NORD).
Les eaux de Forges sont des eaux feriugineuses froides. le fer s'y trouve a l'état de crénate et d'apocrenate, dans les proportions suivantes
Grammes
Cardinale 0,10
Royale 0,07
Reinette . . 0,03
Les buvettes sont au nombre de tiois, une pour chaque souice. Elles sont disposées les unes a côte des autres a l'angle d'une ^ortede cour d'honneur qui mené i l'établissement thermal Leur emplacement n'a pas ch inge depuis Louis XIII C'est tout ce qui reste de cette époque. On vous montre seulement a quelques pas de la un vieux chêne âge de plus de six cents ans. seul survivant d'un groupe de trois, sous l'ombrage desquels le roi et les personnes de sa =uite aimaient a s'asseoir Si ce doyen des végétaux pouvait, comme les arbies de la forêt deDodone, non pas rendre des oracles, mais simplement dite ce qu'il a vu et entendu, que d'anecdotes il auiait à raconte! '
L'établissement thermal est ti es-peu de chose comme bâtiment et surtout comme outillage Ainsi il compiend en tout douze cabinets de bains quatre pour hommes et huit pour femmes, et une seule salle de douches
Il est vrai que le ti alternent consiste suitout dans la médication interne C est le matin et dans l'apres-nndi que les malidcs vont boue les eaux On commence d halutude par la Reinette, puis on passe à la Royale poui arnvei a la Caidinale; mais très peu de personnes suppôt tent pure cette dernière source. En combinant l'eau de la Reinette et celle de la Cardinale, c'est a-dire la source la plus faible et la source la plus forte, on obtient, en geneial, de ce mélange de ties-bons lésultats
Un des piemieis effets des eaux de Forges, c'est d'activer la seciétion des reins. Cette action diurétique fait compiendre poui quoi elles ont de tout temps passe pour guenr la giavelle C'est même en souvenir des seivice» qu'elles lui a\ aient îendus a cet égard, — il était atteint de giavelle rouge, — que le cardinal de Richelieu djnna son nom a la souice qu'il buvait de prefeience
Mais c'est dans le traitement des affections caracteuséespar la faiblesse des tissus, la langueur des fonctions et le peu d'activité des mouvements oiganiques que réside, on peut le due.
SAINT-AMAND. 137
la spécifité de ces eaux. Ainsi elles sont souveraines contre la chlorose et l'anémie, l'aménorrhée, la dysménorrhée et les engorgements passifs de la matrice.
Comment donc s'expliquer que ces eaux ne comptent pas aujourd'hui plus de baigneurs ?
C'est qu'il leur manque ces deux grands éléments de succès qu'on nomme les distractions et le confortable. Les distractions! Il n'y a pas de Casino et le principal salon de l'Etablissement, qui pourrait à la rigueur en tenir lieu, n'est même éclairé que trois fois par semaine. Le confortable! Il n'y a pas d'Hôtel spécial pour les étrangers et, quant aux autres, je n'en connais aucun qui soit réellement de premier ordre.
TRANSPORT. — ues eaux ne se conservent que grâce au gaz acide carbonique dont on les sature. Seulement, comme ce gaz est fabriqué de toutes pièces, elles diffèrent peu, sous cette» forme, des eaux gazeuses artificielles.
Saint-Amand (Nord). — [Boue sulfureuse). — La station thermale de Saint-Amand est située à 3 kilomètres de la petite ville de ce nom. Là jaillissent quelques sources sulfureuses légèrement tièdes, aussi insignifiantes comme minéralisation que comme volume. Aussi toute la médication consiste-t-elle dans l'emploi des boues. Celles-ci ne sont autres qu'une sorte de marne argileuse que l'on retire des terrains environnants et que l'on délaye dans de l'eau des sources. Voici comment on les prend en bains :
Figurez-vous une spacieuse rotonde dont la toiture vitrée abrite 68 fosses, larges de 1 mètre chacune et profondes de 1 à 2 mètres. Ces fosses sont remplies d'une boue semi-liquide, dont on élève artificiellement la température à l'aide de cylindres en fonte, remplis de sable très-chaud ou d'eau bouillante, qu'on place dans les carrés une heure avant le bain. Tout ayant été ainsi disposé, le baigneur se plonge dans sa fosse, soit en totalité, soit en partie, suivant le siège de la région affectée, et y reste de 1 à 6 heures.
Une fois sorti, des porteurs l'enveloppent dans un peignoir de laine, puis le voiturent dans un fauteuil à roulettes jusqu'aux baignoires, remplies d'eau tiède, où il prend un bain de propreté.
Quelles sont les affections pour lesquelles les boues de SaintAmand paraissent le mieux convenir? Ce sont les maladies de la peau, surtout les dermatoses sèches; les rhumatismes, tant musculaires qu'articulaires; les maladies du système osseux;
138 FRANCE (EST).
lés paralysies et tout spécialement celles de la moelle epiniei e.
Provins (Seine-et-Marne). — Source ferrugineuse froide — Petite ville, a 84 kilomètres de Pans Sa source minérale dite de Sainte-Croix, est une eau crenatée et caibonatce qui convient, comme les eaux de catte classe, dan-, la chlorose, l'anémie et toute espèce de débilite II y a un établissement theimal et des appaieils d'hydiotherapie
V SOURCES DE L'EST DE LÀ FRANGE.
Les souices mineiales de cette partie de notic tel ntoiie jaillissent pour la plupart au milieu des montagnes , mais ces montagnes ne représentent point, comme celles de l'Auvergne, d'anciens volcans éteints au heu de la%es et de scories, elles sont couvertes d une riche v< getation et de frais ombrages. C'est dans les Vosges, l'Alsace et le Dauphine que se îencontrent les sources les plus împoi tantes
Sermaize (Marne). — Source alcaline froide. — Situe sur la limite de la Champagne et de la Loi rame, Seimaize possède une source minérale froide qui, par sa composition et ses propriétés médicinales, rappelle a certains egaidsleau de Cont exeulle On la conseille sintout contre les engorgements abdominaux et la plupart des affections des voies uimaires.
BOURBONNE (HAUTE-MARNE)
Sources salines chlorurées chaudes
ITINÉRAIRE DE PARIS A BOURBONNE — Chemin de fei de Belfoit jusqu'à la station de Bout bonne 7 heuies oO min ite — Debout s 42 tr
Bourbonne est une petite ville agréablement située a 1 exti émité du depaitement de la Haute-Marne, sur le plateau et le versant d'une colline a pente douce, que domine dans le lointain la chaîne des Vosges Les anciennes sources ont ete remplacées, au grand avantage de la station, par des puits ai tesiens d'où l'eau est élevée au moyen de pompes et distribuée a l'hopital militaire et a 1 hôpital civil La tempeiatuie de cette eau
BOURDONNE. 139
varie de 50° à 60° C. ; et sa quantité est d'environ 600 mètres cubes par jour. Elle est inodore et parfaitement limpide ; sa saveur, salée et amère, laisse un arrière-goût peu agréable. Quant à sa composition, M. Pressoir y a trouvé, par litre, 78r,630 de sels, dans lesquels le chlorure de sodium entre pour S?r,89. Les autres principes sont le bromure de sodium, l'iode, l'arsenic, le peroxyde de fer et surtout le lithium, qui s'y trouve à des doses bien supérieures à celles qu'on rencontre dans les eaux recherchées par les goutteux.
L'établissement thermal vient d'être reconstruit sur de nouveaux plans. Il comprend deux bâtiments complètement séparés, l'un pour les Bains de première Classe, l'autre pour les Bains de seconde Classe.
Les bains de première classe renferment 82 cabinets de bains, 57 douches dont 2 en baignoires, 2 en cercles et 2 douches ascendantes; il y a trois belles piscines. Les bains de seconde classe renferment 6 vastes piscines et 14 douches.
Les étuves sont placées à proximité des puits forés. Quant aux réservoirs, ils ont été construits dans les coteaux du parc, à une hauteur de 18 mètres, ce qui permet de varier la puissance de la douche.
On prend les eaux de Bourbonne à l'intérieur : deux ou trois verres le matin sont, dans la plupart des cas, une quantité très suffisante. Autrefois, on en buvait bien davantage.
Les bains et les douches constituent en grande partie la médication de Bourbonne; aussi est-ce sous cette double forme qu'il importe surtout d'étudier l'emploi de ces eaux.
Le bain, à la température de 34° à 33° C, où on le prend d'habitude, détermine, dans les premiers moments de l'immersion, une sensation agréable de chaleur et une sorte de bienêtre par tous les membres. Mais bientôt il semble que toute la surface cutanée se resserre sur elle-même, comme si elle venait de subir le contact d'une liqueur astringente. C'est que les eaux de Bourbonne, au lieu d'avoir le caractère onctueux de la plupart des sources minérales, communiquent, au contraire, à la peau une tonicité voisine de la rudesse.
On donne habituellement la douche après le bain. Pour la recevoir, le malade se couche sur un lit formé par une toile fortement tendue à l'aide d'un châssis; la tête de ce lit est brisée et à charnière, afin de pouvoir s'élever ou s'abaisser à volonté. Ces douches sont très puissantes, mais, nous venons de le dire, on peut très facilement en tempérer la force.
Les eaux de Bourbonne ainsi administrées possèdent une
1 \0 FRANCE (LST).
très grande activité. Il y a plusieuis otdies d'affections qu'elles sont spécialement réputées guenr en tête se placent les paralysies Il ne saurait bien entendu être question ici, pas plus qu'a aucune eau thermale, des pai alysies symptomatiques d'une lésion du cerveau, de la moelle epimere ou des cordons nerveux m us seulement de celles qui se 1 attachent a l'atome et a la f.u blesse
C'est à cette piopnete d accroîtie la \itahte qu'elles doivent d'être d une effic icite incontestable dans 11 plupai t des maladies chroniques, de natuie toipide, telles que ceituns rhumatismes musculaires et articulaires, h goutte froide et plus particulièrement la sciatique, le lumbago et le lymphatisme, dont les eaux allemandes, Nauheim, Kreutznach, Wiesbaden, ete , s'étaient fait une spécialité Les eaux de Boui bonne, toniques îeconstituantes, excitantes geueiales et alteiantes, pioduisent des iésultats remarquables dans les affections dont la débilite est le caractère, et dont l'ongine se tiouve dans les constitutions viciées pai un puncipe de sciofule, d'arthntisme, de syphilis et d'heipetisme.
Les maladies spéciales de 1 enfance sont améliorées à Bombonne, de même que celles des femmes, qui étaient envoyées jadis a Ems Sous 1 influence de ses eaux, les règles se fixent chez les jeunes filles, et les jeunes femmes voient cesser souvent une stenlite qui les desespeiait
Les plaies d'armes a feu se trouvent ti es bien également de l'emploi des eaux de Bouibonne Ces eaux, en rétablissant la circulation des fluides, facilitent le dégorgement des trajets hstuleux, et communiquent aux muscles plus de souplesse et de contractihte aussi favorisent-elles puissamment la soi tie des esquilles et des diveis coips etrangeis que les ptojectiles enti ainent si souvent avec eux dans les chairs.
Ces eaux conviennent encoie dans la contiactuie des membres, les fausses ankyloses, les coxalgies commençantes, les canes, les nécroses et toutes les formes de l'impaludisme
L'hôpital militaire, nouvellement reconstruit, est de beaucoup le plus important et le mieux installé des hôpitaux militait es thermaux de France II reçoit pi es de 200 officiers et de 800 sousofficieis et soldats, sanscomptei de nombieuv externes, officiers généraux ou malades de tout ordre dépendants de l'armée.
La Société feimiere, qui s'est substituée a l'Etat, a dépensé des sommes considérables pour rendie le séjour de Bourbonne agréable aux etrangeis, et le casino qu'elle a fait élever oflie, a des prix ties modèles, toutes les distractions que l'on trouve
PLOMBIERES. iil
à Vichy, à Aix, à Luchon, et dans les villes d'eaux les plus réputées sous le rapport des divertissements.
SOURCE MAYKARD.
Elle est située à un demi-kilomètre nord-est de Bourbonne, au milieu d'un bosquet, et est pour les baigneurs un but de promenade aussi agréable qu'hygiénique. Elle appartient, d'après Ossian Henry, à la classe des eaux sulfatées, calcaires, magnésiennes, bicarbonatées, et a beaucoup de rapports avec celles de Vittel et de Contrexéville, tant comme composition chimique que comme action médicinale.
Cette eau est limpide, d'une saveur agréable et se conserve indéfiniment. On la boit pure ou mélangée au vin dont elle n'altère pas la couleur. Elle est très digestive et constitue, par excellence, non seulement une eau de table, mais aussi une eau médicinale dont les excellents effets sont chaque jour de plus en plus appréciés.
Elle est recommandée dans la dyspepsie, la constipation et les embarras de l'estomac et de l'intestin se rattachant à la répercussion du rhumatisme et surtout du rhumatisme goutteux. Elle jouit, on peut le dire, d'une véritable spécificité dans les maladies des reins et de la vessie telles que la gravelle, l'ischurie, les coliques néphrétiques et le catarrhe vésical.
La source Maynard est une eau d'autant plus précieuse pour Bourbonne que, dans un assez grand nombre de cas, on l'associe à la cure de ce dernier Bain dont elle constitue l'un des plus utiles auxiliaires. Dès J833, le docteur Magnin en avait reconnu l'efficacité, et il l'a fréquemment prescrite depuis. D'autres médecins non moins compétents ayant eu l'occasion d'en constater de même les excellents effets, elle est devenue actuellement d'un usage général.
PLOMBIÈRES (VOSGES).
Sources salines chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A PLOMBIÈRES. — Chemin de fer de Mulhouse, embranchement de Port-d'Atclier, jusqu'à la station d'Aillevillers : 10 heures. Voitures de cette station à Plombières : I heure. — Débours, 4& h*.
Les sources de Plombières sont très nombreuses. Elles étaient autrefois employées isolément ; mais, depuis les travaux du thalweg, elles se confondent dans un commun réservoir.
Le thalweg est un immense tunnel creusé, tout récemment,
142 TRANCE (EST).
à travers les atteinssements des souices et d'anciens captages romains L i sont disposes par ordre, sui une longueui de plus de cinq cents mcties, les tuyaux qui recueillent les eaux et ceux qui les tianspoitent Je ne connais lien de plus curieux qu une visite de cette galerie, aux flambeaux On céderait même volontiers tu chai me de ses contemplations, n'était l'atmospheie embiasee qu'on y îespire Hem eusement un escalier vous conduit, en quelques marches, a 1 étage supérieur dans an heu relativement frais, qu on du ait, a son cachet antique, une salle tianspoitee d'Herculanum ou de Pompeia : c'est l'ancien vapoiarium des Romains. Ancien, ai-]e dit, mais tel est son pu fait état de conseivation que tout, jusque dans ses moindics detads, semble ne dater que d'hiei Ces giadms, ce dallage, ces muis ne poitent-ils pas l'empreinte, fiaîche encore, de la population romaine qui vient de s'y baigner ? Voilà le robinet de btonze qui a fourni l'eau, c'est la même clef, c'est la même souice 1 Celui qui penetia le piemiei dans cette salle, miraculeusement échappée aux ravages des barbares, dut se cione le jouet d'une de ces feenes, si chères a 1 enfance, où 1 on repiesente les objets endormis pendant cent ans a la même place Seulement ici le sommeil avait duie quinze siècles'
En même temps qu'on mettait la dermeie main aux travaux du thalweg, on construisait les nouveaux theimes, bâtiment dispose suivant l'axe de la vallée et borde de deux hôtels symetiiques qui en complètent l'ensemble Les piscines occupent une partie du ie^ de-chaussee ; les bains et les douches î'autie partie et tout le piemier étage; a l'étage supeneur se tiouvent les bassins qui les alimentent : enfin, on a organisé dans le sous sol, des ctuves, des salles d'inhalation et tout un arsenal hydrotherapique
Sui le versant oppose de la colline, et à mi-côte, se dresse une espèce de petit foit qui n'est autie que le giand îeservou ou 1 on fait ai river l'eau des sources du thalweg, poui la reprendre et 1 amener aux nouveaux theimes Une machine a vapeur dirige, par un ingénieux jeu de pompe, ce double mouvement des eaux et assuie de la soi te la régulante du service. Seulement pourquoi fane voyager ainsi l'eau minci aie, au lieu de lui laisseï suivie un tiajet dnect?
Indépendamment de la galet le du Thalweg, il en existe une
\ «Le robinet de li source portait encore li clef qui sei\ ut a le mouvoir, « nuis il et ut feime II nous fut possible de le Pure totunei d-ins si boite et o il s'en eehappi aussitôt un foit \olume d'eau présentant la tempu iture tout « a fait exceptionnelle de 7u degres. *> JUIILK.
PLOMBIERES. 143
autre dite « galerie des sources Savonneuses », dont la construction a donné lieu à la découverte de cinq nouvelles sources d'une température de 15° à 29° C.
Si le bain des nouveaux thermes est le plus important de la station, le Bain Romain en est le plus élégant. C'est un charmant pavillon situé au centre de la ville, sur l'emplacement d'une piscine romaine. Il est éclairé par un dôme vitré, et son dallage, tout de marbre, peut être chauffé à volonté par le calorique même des eaux. Il y a vingt-quatre cabinets de bains; chaque cabinet est spacieux, élégant et muni d'une douche, avec les ajutages nécessaires pour les injections. Le Bain Romain est un agréable rendez-vous de promenade quand le temps est pluvieux.
Enfin, il existe à Plombières cinq autres établissements quù sont : le Bain National, le Bain Tempéré, le Bain des Capucins et le Bain des Dames. Leur aménagement n'offre rien d'important à noter. A Stanislas il y a des étuves.
Nous avons dit que les diverses sources aboutissent à un réservoir commun. On a détruit de la sorte et bien à tort, selon moi, les caractères dislinctifs qui constituaient la spécificité de chacune. Trois seulement ont conservé leur càptage à part; ce sont : la source du Crucifix, celle du Bain des Dames et la source ferrugineuse froide, dite source Bourdeille. Ces sources servent à la boisson; mais c'est surtout dans l'emploi des bains et des douches que consiste la médication de Plombières.
Ces eaux, à minéralisation insignifiante et très chaudes, restent dans la limite de la tonicité sans arriver à l'excitation. Elles peuvent causer, il est vrai, dans les premiers jours, un peu d'agitation, d'insomnie, ainsi que des phénomènes saburraux, mais rarement elles provoquent la fièvre thermale. Quelles sont maintenant les affections contre lesquelles elles devront être plus particulièrement conseillées?
Si, parmi les eaux minérales, il en est une qui agisse directement sur l'intestin, cette eau est Plombières. Ainsi, les dyspepsies, suivant la remarque de M. le docteur Liétard, cèdent quelquefois, comme par enchantement, à son emploi bien dirigé. Mais c'est surtout contre les anciennes diarrhées que son action est, on peut le dire, héroïque. M. le docteur Lhéritier m'a cité le cas d'un malade qui était atteint depuis longtemps d'une espèce de flux dysentérique, et chez lequel un seul bain amena spontanément la cessation de toute garde-robe Le plus souvent, cependant, le mieux ne se dessine que vers le cinquième ou le sixième bain. Cette action des eaux explique
li-S FRANCE (CST)
pourquoi beaucoup de femmes dont la constipation constitue en quelque sorte l'état noim il, sont obligées de recouru, pendant leui cure, a la douche ascendante. N est ce p is la le motif poui lequel, c est a Plombières que de semblables douches ont ete instituées pour la premieie fois'
On vante beaucoup aussi ces eaux dans les irrégularités de la menstiuation, caractei isees par un défaut de vitalité de l'uteius, d ins les leucorrhées par atome, et dans la steiihie
I dépendante de la même ctuse. Elles sont de même utilement conseillées pour diverses affections nerveuses, telles que la
* migi aine, le's névralgies sciatiques ou faciales, la chorée et cei laines paraplégies par irritation de la moelle
Enfin le rhumatisme nerveux et même goutteux, certaines detmatoses conservant encoie un état subaigu, pourront également êtie tiaites avec avantage a ces eaux
LUXEUIL LES B-VINS (H\UTE-S\ÔNL)
Source» alcalines et ferrugineuses manganesiennes chaudes.
ITINERMRE DC PABIS A LUXLUIL — Chemin de fer de Mulhouse jusque li station de Lure ou de Port d Ateliei 9 heui s 60 mmu es Voitures de cette stition a Luxeuil \ heure et demie — Dtbouis, 49 fi
Luxeutl est situe au pied de la chaîne des Vosges, aux confins d'une pi une délicieuse qu'ariosent deux cours d'eau, le Breuchin et la Lantene Si on en juge par les ruines de ses anciens thermes, Luxeuil dut sui passer Plombières en mignificence Du reste, la destinée de ces deux bains offie une curieuse analogie Détruits 1 un et 1 autre par Attila une restauration simultanée est venue leui rendre leur antique splendeur, tout en impumant a chacun un cachet parttcuhei Ainsi, ttndis que le Plombieies moderne se fait remarquei pir des constructions grandioses, tout, au contraire, respire 1 élégance, je pourrais due la coquetterie, dans le nouveau Luxeuil. Il est vi ai que les femmes constituent la puncipale clientèle de ce dernier bain et cela justifie tout
Depuis les nouveaux captages pratiqués à Luxeuil, on y compte dix-huit sources minet aies, mais toutes ne sont pas encore utilisées Voici le nom et la tempei ttuie des plus importantes Grand Bun, 56° C , Souice des Cuvettes, 24°, Bain-Gradue, de 33° a 38°, Bain des Fleurs, 38°, Souice Savonneuse (si lia que), 30°, Bain des Dames, 47°, Bain des Bénédictins, 37°, Source d Ilygie, 29°, Iontaine des Yeux, 21°; Source Ferrugineuse manganesienne, unique en Europe, 28°.
LUXEUIL. 145
Ces diverses sources ont été aménagées dans l'ancien établissement remanié et agrandi. Il renferme sept divisions dont les noms ont été empruntés à celles des sources qui les alimentent. Quant au service balnéaire, il comprend 60 cabinets de bain, 48 grandes douches, un certain nombre de douches vaginales et de douches ascendantes, 6 piscines et des cabinets d'étuves.
L'eau de ces sources, à l'exception de la Source Ferrugineuse manganésienne chaude, est limpide, inodore, onctueuse au toucher. Sa saveur est à peine appréciable; elle agit, par son contact avec la muqueuse, comme le ferait une solution de tannin dans de l'eau de guimauve.
11 résulte des analyses les plus récentes que la source du Bain des Dames, qui est la plus minéralisée, contient, par litre, l«r,32 de principes salins, représentés par le chlorure de sodium, l'acide silicique, le sulfate de soude, les carbonates de magnésie et de chaux. Les eaux de Plombières, voisines de celles de Luxeuil, ne contiennent guère que 28 centigrammes d'éléments minéraux, par litre.
La Source Ferrugineuse manganésienne est, malgré sa faible thermalité, l'une des plus précieuses acquisitions qu'ait faites Luxeuil,, et celle qui, à mon sens, intéresse le plus l'avenir de la localité. Elle diffère en effet der autres eaux de cette classe en ce sens que, par un privilège unique, elle représente une eau alcaline à laquelle se trouve a«ocié le bicarbonate de fer et de manganèse, dans la proportion de 7 centigr. par litre.
L'eau ferrugineuse manganésienne est très bien aménagée dans un bâtiment spécial.
Il résulte de cette diversité d'eaux minérales comprises dans la même station, que la thérapeutique peut trouver dans l'emploi des sources de Luxeuil les agents les plus utiles et les plus variés.
Vous conseillerez, avec succès, l'eau alcaline seule ou combinée avec l'eau ferrugineuse manganésienne, pour l'anémie, les névralgies qui en dérivent, l'excitabilité nerveuse, l'hystérie spasmodique, la faiblesse de constitution, surtout chez les enfants, toutes les variétés de la dyspepsie et la constipation résultant de l'inertie de l'intestin. Vous en obtiendrez de même d'excellents effets contre la leucorrhée, les métrorrhagies passives, l'aménorrhée, la stérilité dépendant d'un manque de vitalité de l'appareil générateur ou d'une affection chronique de l'utérus, en un mot toutes les maladies de matrice dont le traitement ne relève pas de la chirurgie.
9
146 FRANCE (EST).
Vous réservei ez l'eau feri ugineuse manganésienne aux cas où il s'agit de refaire le sang, de rammei et de fortifier la constitution Dans l'association de l'eau alcaline avec l'eau manganésienne, il convient de faire prédominer celle-ci ou celle la, suivant la nature des indications curatives qu'il s'agit de remplir
Depuis un certain nombre d'années, l'administration de l'As sistance publique envoie un gtoupe déjeunes filles, tirées dis écoles municipales de Pans, passeï, aux vacances, un mois i Luxeuil, pour s'y reconstituer sous l'influence des foiêts qui entourent l'établissement et de ses eaux feno-manganesiennes. car l'on sait quelle est la puissance d oxydation des globules sanguins dont jouit le manganèse. A leur arrivée a Luxeuil, ces enf mis sont pesées, et le nombre des globules 1 ouges du s tng est soigneusement relevé Des constatations inalogues ont heu au dep u t, et la nouvelle numération des globules atteste la transformation heui euse de ces organismes débilites, ainsi que leur reconstitution Ces résultats remarquables ont engage la municipalité de Luxeuil a demander au Ministre de la guéri e l'envoi, dans cette station, de mihtanes anémies et cachectiques venant de nos colonies, que 1 on adresse a tort a Vichy, comme l'a constate M le Dr Champoutllon, dans un rapport inteiessant adiesse jadis a M. le maréchal Rindon
Les eaux minérales de Luxeuil se prennent en boisson, en bains, en douches chaudes ou froides Pour le traitement des affections vaginales ou utérines, on obtient des succès ties îemaïquables par le bain local pris au moyen du spéculum a claire-voie imagine par M le Dr Champo ullon, médecin consultant pies de ces eaux 11 îesulte des iélevés statistiques établis pu notte distingue confrete, que les affections chroniques de l'utérus, sauf le cancer, guenssent a peu pies constamment par l'emploi des eaux minérales de Luxeuil
Le séjour de Luxeuil est agieable et salubie surtout pai l'effet de son climat forestier II y a un parc magnifique, des promenades nombreuses et charmantes dans les forêts, des hôtels confortables Citons en première ligne, le Grand-Hôtel du Parc avec son annexe et l'ancien hôtel des Thermes, tous trois soumis a la même administiation qui n'a rien néglige pour fure du premier de ces hôtels, situe sur le parc même de 1 eta bassement, une maison de premier ordie, luxeuse et confoitable Le jardin de l'hôtel du Parc, prochainement agiandi, contiendra des bosquets, des pièces d'eau, un gymnase et des jeux de toutes sortes pour l'agi einent des etiangeis Par suite
BUSSANG. 147
de nouveaux agencements, l'administration de l'hôtel du Parc et des Thermes se trouve en mesure de donner satisfaction aux personnes les plus riches, comme aux fortunes moyennes. La vieille ville, de son côté, sera visitée avec intérêt. L'abbaye, dont il reste des ruines imposantes, fut une des plus célèbres du moyen âge, et elle est également une des plus riches en souvenirs. C'est là qu'après la mort de Clotaire III, fut enfermé Ebroin, le terrible maire du palais, lequel rendu plus tard à la liberté, exerça sur ses ennemis de si cruelles représailles.
Bains (Vosges). — Saur-ces alcalines chaudes. — Bains est une très petite ville du département des Vosges située dans un joli vallon. Il y a dix sources. Les deux principales sont la Grosse Source et la Source Tiède : la température est de 50° C. pour la première et de 33° pour la seconde. Elles sont très peu minéralisées. Ainsi elles renferment, par litre, 0°'r,30 seulement de sels alcalins.
Les eaux de Bains sont des eaux plutôt hygiéniques que médicinales, qui ont le double mérite de relever les forces et de calmer le système nerveux. Il y a deux établissements thermaux: l'un appelé Bain de la Promenade et l'autre Bain Romain. Ce dernier est d'une remarquable élégance. Mais la vogue qui s'est emparée de Plombières et de Luxeuil fait que ces eaux ne comptent plus aujourd'hui que de très rares visiteurs. Qu'il me suffise donc de leur avoir accordé une simple mention.
BUSSANG (VOSGES).
Sources manganéso-ferrugineuses froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A BUSSANG. — Chemin de fer de l'Est, par Nancy; et de là, par la ligne de Mulhouse avec bifurcation à Chaumont, jusqu'à SaintMaurice-Bussang : t2 heures. — Débours : 60 fr.
La petite ville de Bussang est située dans l'arrondissement de Remiremont, au fond de la vallée et à quelques centaines de mètres de la source de la Moselle. Les sources minérales sont à 2 kilomètres de la ville.
L'eau de Bussang, qui a été déclarée d'intérêt public par décret du 7 avril 1866, est froide, limpide, pétillante, et d'une saveur piquante fort agréable. Sa composition est des plus remarquables. Il résulte de l'analyse qui en a été faite par M. Willm, chef des travaux chimiques à la Faculté de médecine de Paris, qu'elle contient une notable proportion de car-
148 J-RA"\Ci. ^Esr)
bon ite de soude, de manganèse et de fer, et d'arsemate aie thn, avec une dose ties appiecnble de hthine La quantité de gazacide carbonique qu'elle renferme est eonsideiable Elle en a donne 2sr, 8 7 pai liti e, et, transpot tee a Pans, elle accusait encore, troismoisaptes,surplace,2s',78 d acide carbonique total Autant dire, pai conséquent, qu'elle n'avait lien peidu de son gaz Combien peu de sources de la même classe seraient en état de subn une pai eille épreuve ' Aussi M M1 urtz la place-l-il au premiei îang des eaux les plus efficaces de la France et de 1 Etrangei
Qu int a son action thérapeutique, nous ne saurions mieux la spécifier qu'en disant cpi elle tient le milieu entie les eaux alcalines et les eaux feritigmeuses, offiant les avantages des deux Ainsi elle convient dans la dyspepsie, l'embarras gastuque, les engoigements du foie et de la late, les coliques néphrétiques, la giavelle, et tout spécialement dans 1 antmie qui accompagne si souvent les convalescences
L'eau de Bussang n'est donc pas seulement une eau de table, c est de plus une eau médicinale Aussi avons-nous appus avec plaisir qu'on y a consti uit, a proximité des sources, un hôtel qui permet de la piendte sur les lieux mêmes A l'hôtel est joint un établissement d'hydrothera|ite
C'est donc une nouvelle stttton qui est ouverte, et qui, indejjendamment des jiropuetes des eaux, se lecommande pai son altitude (670 mètres), p ir l'air pur et vivifiant que l'on y resjure, et pai le tt alternent hvdrotherapique qui complète très heureusement les cures d'eau de Bussang
CONTREXE VILLE (VOSGES).
Sources alcalines froides
ITINÉRAIRE DE PARIS ACOXTREXEVILTE —Chemin de fer de 1 EstpirLingies jusqu'à Contie\cville même 8 lie ues 5 min — Delouis 46 fi 2a c
Contrexéville doit toute sa célébrité a la source du Pavillon, qui donne une eau alcaline, legeiement feriugmeuse, a la tempeiatuie de 12° C Sa saveui fiaiche laisse un arrieiegoût styptiqttt Elle contient 2sr,871 de principes fixes Ce sont surtout des sulfates et des carbonates a base de chaux, de soude et de magnésie
Qui dit « Contrexéville », dit « gravelle » C est en effet le traitement de cette mal idte qui constitue la spécialité de ces eaux. On les boit, daboid a la dose de deux ou trois vetres,
CONTREXEVILLE. 149
le matin à jeun, [mis on en augmente le nombre, qu'on porte insensiblement jusqu'à douze ou quinze. Pendant les derniers jours, on doit en diminuer la dose, de manière à finir par cinq ou six verres.
Elles sont éminemment diurétiques : quelques heures suffisent, après leur ingestion, pour qu'elles soient éliminées par les reins : et l'on retrouve presque intacts dans les urines les principes minéralisateurs des eaux.
Indépendamment de ces jihénomènes d'élimination, les eaux de Contrexéville semblent exercer une action directe sur la matière lithique elle-même. Ainsi on fait voir des graviers sortis par l'urèthre sur lesquels on remarque des sillons irréguliers et des dépressions inégales indiquant leur érosion. L'eau minérale, en effet, use la surface du calcul, en détache des parcelles, mais surtout s'attaque au mucus qui dissimulait ses aspérités : or, avant que le noyau même du calcul ne soit entamé, son écorce, si je puis m'exprimer ainsi, devient inégale et âpre, de manière à blesser la vessie et à jjrovoquer d'assez vives souffrances. Il faut alors en suspendre aussitôt l'usage ; comme l'espèce de roulement auquel le calcul serait soumis dans la vessie fatiguerait et irriterait l'organe, on ne saurait non plus recourir trop tôt au broiement chirurgical.
Les eaux de Contrexéville conviennent à toute espèce de gravelle, attendu qu'elles agissent plutôt jiar une irrigation répétée que par des combinaisons chimiques; et, loin de (aire disparaître la pierre ou d'en masquer la 'présence, elles exasjsèrent ses symptômes, souvent même en donnent le premier et utile éveil.
Contrexéville jouit d'une efficacité incontestable dans les affections catarrhales de vessie, les hypertrophies de la prostate sans dégénérescence et certains rétrécissements de l'urèthre provenant de l'engorgement de la muqueuse. Enfin la goutte, surtout la goutte atonique, en obtient encore de très bons effets, ce qu'exjilique d'ailleurs sa coexistence presque constante avec la gravelle.
L 'action de l'eau de Contrexéville sur l'intestin est laxative sans être débilitante. Presque tous les buveurs éprouvent de deux à six garde-robes. Du reste, ces évacuations ne diminuent en rien la quantité d'urine, qui paraît même quelquefois dépasser celle de la boisson. Il semblerait qu'une telle abondance d'eau minérale ingérée dans l'estomac dût fatiguer, et, comme on dit, noyer ce viscère : jiresque toujours, au contraire, l'ap-
150 TRANCE (EST).
petit augmente notablement, et les digestions deviennent plus rajudes et jjlus faciles.
Les bains et les douches n'avaient joue jusqu'à présent qu'un rôle secondaire a Contrexéville, faute probablement d'une installation convenable Maintenant qu'ils ont ete reorganises sur une tres-giande échelle avec tous les perfectionnements del'hydiologie moderne, ils entrent au contraire poui une part trèsgrande dans le ti alternent En même temps que les bains détermmentune détente genéiale, la douche dmgee sur les lombes imprime a la région des reins un léger ebianlement qui a pour effet de favoriser 1 arrivée des graviers dans la vessie et par suite leur expulsion au dehoi s
Les malades étaient obliges autrefois de demeurer dans l'établissement theimal, faute de trouver ailleurs des logements convenables. Aujouid'hui, au contraire, il existe dans le village même et a jiroximite des bains, des hôtels très-bien tenus p u mi lesquels ils peuvent choisir
IBANSPOKT [Le Pavillon) — L'eau du Pavillon 1 se conseive pai faitement, et il s'en expédie, même a l'etrangei, des quantités considérables
\1TTEL (VOSGES).
Sources alcalines magnésiennes feirugineuses fioides
ITINÉRAIRE DE PARIS A viTTEr — Chemin de fer de l'Est p-ir Lmgres jusqu'à Vittel directement 8 heuies 15 min — Debouis 47 fr
Il est peu d eaux mmei aies en vogue et en 1 enom qui n'aient été connues des anciens On du ait même qu'une sorte de défaveur pesé sur celles qui ne peuvent justifier de quelques debns de piscine ou de quelques jnerres votives en l'honneur d'Esculape Tel semblait être Vittel Oi, en faisant des travaux près de l'établissement, on a découvert les fondations d'un temple gallo romain ainsi que de nombreux fragments de statues, colonnes et bas-reliefs ayant fait partie d'anciens thermes Vittel a donc îetiouve ce qu'on pouriait appeler ses « pai chemins »
Les eaux minérales de Vittel jaJhsscnt à quelque distance du village de ce nom, au milieu d'un parc qui réunit les meilleur conditions d hygiène et d ou l'on jouit d'uncouj) d'oeilravisI
d'oeilravisI être sur d'avoir de 1 eau du Puillon, s'adresser au dépôt, 31 boulevard des Itiliens, a Pans, d'où on la livre a domicile au prix de 76 centimes la boutciile.
' VITTEL, 151
santé sur la chaîne la plus accidentée des Vosges. Ces eaux sont froides et comptent de nombreux griffons. Si quatre sources seulement sont utilisées, c'est que leur rendement suffit et au delà à toutes les exigences du service. Chacune de ces sources possède une minéralisation différente, ce qui permet de donner à la médication thermale une plus grande variété. Ces sources sont : la Grande-Source, la source Marie et la source des Demoiselles, toutes les trois dans le parc même de l'établissement; puis enfin la Suurce-Salée, à une certaine distance.
Esquissons les caractères différentiels de chacune de ces sources :
1° Grande Source. — Cette source est située à l'extrémité de la belle galerie couverte qui sert de promenoir quand le temps est pluvieux ou le soleil trop ardent. Elle est reçue, à son point d'émergence, dans une vasque circulaire, creusée dans un bloc unique de grès bigarré. Analysée par M. Henry, elle a offert par litre 1^,739 de principes fixes dont les bicarbonates de magnésie et de fer constituent l'agrégat essentiel. L'eau de la Grande-Source offre donc une composition sensi* blement analogue à la source du Pavillon de Contrexéville, sauf que la première contient plus de magnésie que la seconde, et la seconde plus de chaux que la première, ce qui explique la plus parfaite digestibilité de l'eau de Vittel. Ajoutons que l'eau de Vittel renferme en outre de la lilhine,
2° Source Marie. —Située à quelques pas de la précédente, elle a été fort bien aménagée dans un bassin hexagonal que renferme un pavillon de même forme. Moins énergique que la Grande-Source dans son action sur les reins et la vessie, elle convient surtout, au début de la cure, quand ces organes sont très-impressionnables. Par contre, c'est celle qui fournit d'emblée les résultat? les plus heureux contre les engorgements câlculeux ou non du foie ou des voies biliaires.
3° Source-Salée. —La Source-Salée est la plus magnésienne de toutes les sources de Vittel ; c'est aussi celle dont l'action laxative est la plus prononcée. Elle remjjlit les mêmes indications que l'eau de la source Marie, mais ses effets sont manifestement plus énergiques.
Je disais dans la dernière édition de cet ouvrage : « La Source-Salée de Vittel me paraît appelée à remplacer les eaux de Niederbronn, que la Prusse nous a enlevées en nous enlevant l'Alsace. » L'événement a justifié ces prévisions, car on y opère les mêmes cures; nos malades trouvent donc à Vittel l'équivalent de la source allemande.
152 rrANCi (LST).
4° Source des Demoiselles. — Cette source, probablement pour qu'elle justifiât son titre, a ete captée avec une soi te dt coquetterie dans un élégant kiosque qu'entoure un paiteire de fleurs C'est une excellente eau fen Ufiineuse qui renferme par litie 0sr,040 de bicaibonate et de crénate de fei. On y rencontie de plus les mêmes éléments fixes que dans les auties souices de Vittel, elle tient le milieu, pour la proportion de ces éléments, entre la Grande-Source et la source Marie
Telles sont les quatre sources de Vittel qu'on exjiloite aujourd'hui L'eau en est ties-fraîche et tres-limpide. Sa sa\eui un peu astringente varie nécessairement, suivant que tel ou tel principe y predoanne ce sont la, du reste, de simples nuances; dans aucune elle n'est désagréable.
On emploie l'eau de Vittel en boisson, en bain» et en douches Mai» c'est la boisson qui constitue la base du ti alternent Sous ce rapport, il n'est peut-être pas d'eau pour laque le l'estomac ait une tolérance aussi parfaite C'est ce qui explique son succès contre la dyspepsie saburr.ale.
La Grande-Source est de tontes les souices de Vittel sans contredit la plus importante La goutte et en parlicuhei la goutte atomque se trouve lemaïquablement bien de son emploi. Or jiar le mot de goutte, nous re désignons pas seulement la malidie articulane, mais bien les diverses manifestations de la diathese goutteuse, telles que gastralgies, dianhtes, migraines, contre lesquelles échouent tous les moyens pliai maceutiques et qui cèdent très-bien au contraire a la médication thermale
Ce que nous venons ete due de la goutte s'applique de même à la giavelle, ces deux maladies se confondant si so>\ent jiour n'en former qu'une seule La piesence de la hthine dans la Grande Source explique du reste comment cette source est tresapte a dissoudie les conciétions urtnaires. Cette .qititude est telle qu'il ne se passe pas de saison a Vittel, sans que des malades rendent par les voies natuielles de ventables calculs, dont la surfjce dénote l'action erodante des eaux
Enfin, la Grande Souice produit de même dVxcellents effets contre le catanlie vesical et les engorgements de la prostite
Les autres sources de Vittel, indépendamment de i'apjioint qu'elles appoitent a la Grande-Source, ont aussi, par le lait de leui spécificité propre, une clientèle a part Ainsi les hvpeitrophies du foie et de la rate, les calculs biliaires, les obsti notions viscérales, les hemorrhoirles, se troment généralement bien de la souice Mane. Vous venez de même la souice des
VITTEL. 153
Demoiselles produire les meilleurs résultats dans l'anémie, la chlorose, les flux utériens, en un mot, dans la plupart des débilités organiques. Ce qui différencie cette dernière source des autres eaux ferrugineuses et doit la faire préférer, c'est que son action sur l'intestin est laxative au lieu d'être astringente.
— Les lignes qui précèdent figurent déjà dans les dernières éditions de mon Guide. Si je me contente de les reproduire c'est qu'exprimant simplement la nature chimique des sources et leur action médicinale ce qui était vrai hier est encore vrai aujourd'hui et continuera, au même titre, d'être vrai demain. A quoi bon dès lors changer quelque chose à ma précédente rédaction ?
Mais il n'en est pas de même pour ce qui a trait aux installations balnéaires. Les malades qui ont fréquenté Vittel se rajjpellent que, si celles-ci étaient suffisantes pour les besoins du service , elles laissaient beaucoup à désirer, au point de vue surtout de leur comparaison avec ce qui existe dans les bains de premier ordre. Il était donc urgent de faire cesser cet état d'infériorité contre lequel protestait en quelque sorte la valeur intrinsèque des eaux.
Ce sont ces changements ou plutôt ce sont ces transformations que s'occupe activement d'opérer la Société anonyme qui, constituée au capital de 1,700,000 francs, vient d'acquérir la propriété des eaux de Vittel.
Les travaux en cours d'exécution comprennent un casino, une salle de théâtre, une salle à manger de 250 couverts, formant un pavillon indépendant qui se relié aux deux grands hôtels de l'établissement par une galerie couverte. Ils comprennent de plus un nouvel établissement de bains et de douches, dès galeries servant de promenoirs et une chapelle.
D'après les plans qu'où a bien voulu me communiquer, ce ne seraient pas seulement des bâtiments heureusement appropriés à leur destination, ce seraient de jilusde véritables oeuvres monumentales. Comment en serait-il autrement? L'architecte est le même que celui de l'Opéra, M. Charles Garnier.
11 va sans dire que rien non plus n'a été négligé de ce qui pourra rendre le séjour de Vittel agréable aux baigneurs par la variété et le choix des distractions. Toutefois les seules qui nous intéressent réellement, comme étant les plus hygiéniques et même apportant à la cure thermale un utile appoint, ce sont celles qui ont pour objet la promenade et les excursions. Sous ce rapport, Vittel ne le cède à aucun autre bain.
Qu'il nous suffise de citer, Chèvre-Moche, célèbre par son
154 ntVNCE (csf).
ermitage dans lequel, d'api es la légende, le cardinal de Retz aurait trouve un refuge • les toui s de Seychelles qui font partie de la Commandene des Temjiheis d'Esley, le chêne des Pal tisans, arbi e gigantesque de treize mètres de circonférence, les ruines de la Mothe, et enfin Domremy, la patrie de Jeanne d'Arc.
TRANSPORT. — (Toutes les souices) Ces eaux se conservent remaïquablement bien • il est vrai qu'on en surveille avec un soin tout pai ticuher 1 embouteillage, et qu'on fait subir aux bouchons une préparation qui les empêche de reagir chimiquement sur l'eau minérale. Quant a leur action theiapeutique, elle se maintient intacte
C est la le point capital Le jilus souvent en effet une cure à domicile est le complément indispensable d'une cure suivie à la source même La raison en est facile a concevoir .
Lorsque surviennent les premiers ftotds, les habitudes de chacun se modifient, surtout dans nos giands centres, jioui changei tout a fait quand arrive 1 hiver Ainsi les dîners en ville, les veilles piolongees, ceitaines surexcitations, l'absence d'exercice à pied, que sais-je enfin'' tout cet ensemble qu'on appelle la « vie du monde » poite plus ou moins atteinte au jeu des oiganes et a 1 équilibre de leurs fonctions Chez les jiersonnes jiredisposees a la goutte, a la giavelle et aux maladies de foie, il en resuite un excès d acide urique , cet excès, si vous ne vous empiesse/ de le neutiahser, eclateia bientôt sous foi me d'attaque ou de crise Quel agent plus puissant auiez vous alors a opposer a l'invasion du mal, que 1 eau de Vittel, puisqu'elle en a déjà triomphe une piemiere fois à la source ?
MARTIGNY-LES-BAINS (Voscrs)
Sources alcalines, calciques et hthinees ftoides
!TIMRAIRE DE TARIS A MARTiGï,r LFS BviNS — Chemin de fer de l'Est et tl emiii de fer de Dijon aNincy?po Cli ihndrey ou Mnecourt, jusqu'à Muligny même 8 heures — Débours 44 fi
Martigny, appelé aujourd'hui Maitigny les-Bains, est un village des Vosges, assez impoitant même jiout possedei un buleiu des |x>stes et télégraphes, parfaitement bien situe enlie Contrexéville et Bourbonne Le pivs, sans être ties accidente, offre une sene de collines cott\cites de bois, que sepaient des
MARTIGNY-LES-BAINS. 155
vallées fertiles et larges. Ces collines forment, par leur opposition, un rempart naturel contre les vents, d'où résultent une telle égalité de température et une telle douceur de l'atmosphère, qu'on cultive la vigne sur leurs coteaux exposés au midi. On y relève de nombreux cas de longévité.
Les sources minérales, au nombre de deux, sont désignées chacune par un numéro d'ordre. Elles sont froides (H° C.) et jaillissent naturellement du sol, sans qu'on ait eu besoin de recourir à aucun forage, ni à aucune adduction artificielle. L'eau en est claire, limjDÏde, sans odeur. Fraîche à la bouche, elle laisse un arrière-goût légèrement styptique. Aussi ces sources sont-elles, de temps immémorial, désignées dans le pays sous le nom de Fontaines de fer.
Il résulte des analyses faites en 1869 par M. Jacquemin, directeur de l'Ecole supérieure de pharmacie de Nancy, et revisées par lui en 1883, que, pendant cette période de temps leur composition n'a pas sensiblement changé. Ce sont toujours, comme principes minéralisateurs, les mêmes que pour Contrexéville et Vittel, à savoir des sulfates et des carbonates de chaux, de soude et de magnésie. La dose en est de 2er,650, par litre.
La source n° 1 fournit de plus un sel de lithine. Ce sel s'y trouve à l'état de bicarbonate et à la dose de 0«r,030.
Voilà une particularité chimique sur laquelle je ne saurais trop insister, à cause de l'action dissolvante de la lithine. Cette action a été pleinement confirmée par les observations cliniques, et par les expériences de laboratoire. Aussi, bien avant qu'elles n'eussent été régulièrement exploitées, ces eaux étaient-elles réputées souveraines contre la gravelle et contre; les affections goutteuses et rhumatismales. A ce point de vue, elles méritent d'occuper une jilace à part dans le cadre nosologique.
Ce qui ne contribue pas peu à favoriser et à accroître cette action dissolvante des eaux, c'est la facilité avec laquelle l'estomac les absorbe et le sang se les assimile. Elles forment ainsi de véritables courants au sein des tissus dont elles réveillent la vitalité, en même temps qu'elles les débarrassent, par une sorte de lessivage, des dépôts et des concrétions qui en gênaient le jeu.
Il n'y a donc pas lieu de s'étonner, d'après cette spécificité d'effets, qu'elles soient tout particulièrement utiles contre le diabète quelle que soit sa nature et contre les diverses manifestations de la diathèse urique.
150 TRANCE (EST).
La source n° 2 doit à la prédominance de ses sels de fer son extrême efficacité dans toutes les affections gastralgiqueet névralgiques qui se rattachent a cette diathese. C'est elle que vous prefereiez pour le traitement des maladies des 01ganes genito urmaires, telles que la cystite chronique, le cas t tt rhe de la vessie, même avec seci etion purulente, et les affections utei mes de toute natm e
Bien que ce soit la boisson qui constitue la bise de la cure a Martigny, on emploie de même les eaux en bains et en douches 11 y a, de jilus, toute une install ition d'appareils hydrothei a piques
L'établissement theinul ou les sources ont ete aménagées est situe dans la partie supeneure de la station, entiele villige et la gaie du chemin de fer dont il n'est sépare que pu la route II est entouré d'unjiarc de 12 hectaies, avec 7 kdom dallées, que traveise le ruisseau de l'Aulne aux liantes cascades
Une avenue de 200 mctres, longeant le jiromenotr couveit, mène de 11 gaie au Grand-Hôtel, qui, complote p n le Chote tu, l'Hôtel d Alsace et deux Chalets, renfeime 130 chimbres confortablement meublées et ayant toutes vue sui le parc.
La salle a manger monumentale du Giand Hôtel peut contenir 300 convnes Sa cheminée, au retable scul|)te en bas-iehef, et de belles tapissenes représentant des scènes de la vie de Feanne d'Aïc, offrent une atti action nouvelle aux tounstes
Les bains, relies avec le Grand-Hôtel par un passage vitie, sont installes au-dessus d un sous-sol, et reçoivent lai gement l'an et la lumière Ils donnent sur une galène sjiacieuse, munie d'un calorifère permettant de chauffei toutes les diffei entes jneces du ser\ice balnéaire pendant les fiaîches matinées des premiers et des derniers jours de la saison Enfin l'établissement avec toutes ses dépendances et la totalité du parc sont splendidement eclanes au giz
Tel est Maitigny II complète, avec Contiexeville, Vittel, Bussang, Botubonne, Plombieies et Luxeuil le magnifique groupe thermal du bassin des Vosges M us ce n'est pas tout
Il existe dans le parc de M titigny une ttoisieme source dont je n'ai point parle et qui a un rendement si constdei able qu elle suffit pour alimenter un vei itable lac. C'est la que les malades ament à charmei leurs ioisns pu la jiêche a la ligne et les promenades en nacelle, douces récréations qui ont le grand meute d occuper l'espnt sans passion et d'exeicer le corps sans fatigue Mais ne peut-on pas demande! davant ige a cette source?
' SALINS. 157
La Savonneuse — c'est le nom qu'elle jiorte dans le jiays, — offre réellement, quand on la froisse entre les doigts, quelque chose de velouté et d'onctueux, rapjielant assez la sensation que donne le savon. Sous ce rapport, elle n'est pas sans analogie avec l'eau de Schlangenbad. Elle offre, de plus, comme elle, une teinte légèrement azurée. Cette eau, dont le principe médicamenteux spécial est la glairine unie à l'argile à l'état de dilution parfaite, est employée depuis la dernière saison, avec succès, en pulvérisations, dans les cas d'eczéma nummulaire, d'acné rosacée , de kératite, en général dans les affections de la peau qui sont trop souvent les manifestations aussi disgracieuses que difficiles à guérir de la diathèse goutteuse.
TRANSPORT. — Les eaux de Martigny supportent parfaitement le transport et se conservent jiendant des années sans subir aucune altération.
SALINS (JURA).
Sources salines chlorurées froides. Eaux mères.
lTiNÉRArRE DE PARIS A SALINS. ■— Chemin de Lyon par Dij'on et D61e j'usqu'i Salins même: 9 heures [>-! min. — Débours : 49 fr. 35.
Il existe à Salins deux sortes de sources : les unes naturelles, les autres artésiennes. Celle qui alimente rétablissement est une source naturelle, contenant par litre 29«r,993 de principes fixes, dont 27sr,416 de chlorure de sodium. Les autres sels sont à base de chaux, potasse et magnésie.
Les eaux de Salins représentent une médication tonique et reconstituante qui doit surtout son efficacité à l'eau mère provenant des salines. La partie réellement médicinale de cette eau mère est le bromure de sodium, lequel y entre dans la proportion de 2sr,7000, pour 1000 grammes.
Bien que les eaux de Salins se prennent en boisson, on en fait surtout usage en douches et en bains. Ces derniers sont administrés, soit dans des baignoires, soit dans une piscine de natation.
A Salins, comme partout où l'on emploie les eaux mères, le lymphatisme et la scrofule sont les affections que l'on 'traite avec le plus de succès. Aussi y verrez-vous nombre d'enfants au teint pâle, aux glandes engorgées, à la démarche languissante, reprendre rapidement les allures de la santé.
158 FRANCE (EST).
Enfin le scorbut, le rachitisme, la coxalgie, la cachexie vénérienne, certaines dermatoses, les engoigements atoniques de 1 uteius, l'aménorrhée, ete , éprouvent encore d'heureux effets de ces eaux Ce sont donc, comme on le voit, à peu près les mêmes indications que pour les bains de mer.
LONS-LE-SAULNIER (JURA).
Sources saline» chlorurées ferrugineuses froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A I,ONS-LE-SAULHIER — Chemin de fer de Lyon par Dijon, "Dole et Mouchard jusqu'à Lons-le-Saulnier même : 10 heures */2 — Debouis 55 fr.
Il existe à Lons-le-Saulnier une source saline chlorurée ferrugineuse, émergeant naturellement du sol et exclusivement îeseivee aux besoins thérapeutiques. Cette source contient par litre chlorure de sodium, 10er,3^3, chlorure de magnésium, 1^,613, carbonate de fer, 0sr,124, et acide carbonique libre, 2sr,30. On y tiouve, de plus, en pioportion tres-sensible, du bi omure de sodium et de potassium
L'eau de cette source est claire et limpide, d'une saveur salée avec un arnere-goût légèrement jnquant qui n'a rien de désagréable L'estomac la supporte ties-bien
Bue a la dose de trois à quatre veries, son action est d'abord un peu laxative, mais, ce premiei effet passe, elle stimule simplement le jeu physiologique de 1 intestin. A ce point de vue, c'est une eau éminemment digestive et assimilable Aussi convient-elle contre les dyspepsies pai atonie, l'engorgement des viscères du bas-ventre, la constipation habituelle et cet état d'empltement connu sous le nom de venosite abdominale
Mais c'est surtout comme régénérateur de l'organisme que cette eau fait réellement merveille. Ainsi toutes les formes du lymphatisme, qu'elles s'attaquent aux muqueuses, aux glandes ou a la peau, en éprouvent un égal bienfait Sous ce i appoi t, elle le dispute sans desavantage aux soutees allemandes 1.
La scrofule s'en trouve bien également, mais a un degré moindre peut-être qu'aSthns ou Ion supplée à l'infenorite
1 Notre tres-dislingue confiere, le docteur Chall in de Btlval est d'avis que Lons-le S minier seriit d ins une situ ition txcppti uinellemLUt favorable a l'ctihl ssement dts columc3 se laires de vaLanc s» qui rendent, a l'ctiauger, de si leels services »
URIAGE. 159
relative des sources par l'usage des eaux mères sur une trèsgrande échelle.
11 existe à Lons-le-Saunier un établissement thermal contenant, cinquante baignoires, des douches variées, des bains de vapeur, tous les appareils en un mot d'une station balnéaire.
Ce qui ne contribue pas peu à y fixer les malades, c'est la situation pittoresque de la ville au pied des montagnes du Jura et ses communications faciles avec tout le pays environnant, au lieu d'être étranglée comme Salins entre deux remparts ; c'est la pureté de son atmosphère ; c'est enfin la douceur de son climat qui jDermet de prolonger la cure thermale jusque dans les derniers jours d'automne.
Charbonnière (Rhône). — Sources ferrugineuses froides. — Commune de l'arrondissement de Lyon, à 8 kilomètres de cette ville. Il y a deux sources ferrugineuses froides, lesquelles contiennent par litre 0sr,041 de carbonate de fer. Elles sont réputées pour le traitement des dyspepsies, de la chlorose et des affections strumeuses. L'eau dite source Laval alimente une buvette et plusieurs baignoires.
URIAGE (ISÈRE).' Source saline et sulfureuse tiède.
ITINÉRAIRE DE PARIS A UAIAGE. — Chemin de fer de Lyon jusqu'à lu gare de Grenoble : 13 heures. Omnibus de cette station à Uriage : 30 minutes. — Débours .* 79 fr.
S'il est un pays qui réunisse à l'intérêt des souvenirs la beauté des sites, ce jiays est le Dauphiné. Quelle splendeur et en même temps quelle opjiosition dans les paysages ! Si j'osais dire ma pensée toute entière, j'affirmerais que nos Alpes françaises l'emportent à certains égards sur les Alpes helvétiques et je ne voudrais d'autre preuve que la longue chaîne de montagnes que vous parcourez jusqu'à Grenoble et de Grenoble aux bains d'Uriage, déroulant successivement à vos yeux un rapide et brillant panorama.
Uriage n'est ni un bourg ni un hameau ; c'est une agglomération de bâtiments d'un bel aspect, qui ont tous pour objet le service des eaux et des baigneurs, et qui, chacun dans leur genre, sont parfaitement appropriés à leur destination.
Il y a deux sources minérales : l'une ferrugineuse, qu'on emploie en boisson dans le cas où le fer est indiqué; l'autre,
1<50 rnA\CE (LST).
tout à la fois sulfuieuse et saline. Cette seconde source, qui est la seule a laquelle Ui îage doive sa réputation, est la seule également dont nous ayons ici a nous occujier.
Cette souice a nécessite, pour êtie définitivement captée, le percement de plusieuis galeries souteiraines Elle jaillit d'un locher schisteux, au milieu de terrains d'alluvion; des tuyauv faisant siphon la prennent alors a son emeigence, puis vont la distribuer dans les diverses parties de 1 établissement thermal
C est cei tainement la une des apphcitions les plus ingénieuses et les mieux réussies que je connaisse de la théorie du siphon. Grâce a elle, la distance de 350 mctres et la hauteui de 17 qui sejiarent la source du heu d emploi se ti ouvent suppi îmees L'eau minérale arrive ainsi dans chaque baignoire avec tous ses éléments solides et gazeux, et c est au contact même du corps du baigneur que s'opèrent les combinaisons chimiques qui piécipitent le soufie a l'état naissant
Cette souice a 27o C , tempeiature insuffisante pour son emploi a 1 extérieur aussi Peleve-t on ai tificiellement Un fait curieux a noter, c'est qu on a dccouveit, paimi les innés de l'ancien établissement romain, si riches en ex-voto et en divers objets d'art, un chauflon destine évidemment aux mêmes usiges D après M Chevalier, c est le seul exemple de ce génie qui ait ete îencontie jusqu'ici dans les thermes anciens, ou 1 on n employait d'oidinaue que les eaux suffisamment chaudes par elles-mêmes , pi euve certaine de 1 împoi tance que les Rom uns attachaient a la valeur theiapeutique de 1 eau mineiale dUnage
11 se dégage de cette eau une forte odeur d hydrogène sulmie Sa saveur est hejiatique et salée, avec un an îei e-goût amer Quanta sa composition chimique, elle est ties îemai quableetmême tout a fait a part. Ainsi, il résulte delà recente anal}se de M. J. Lefort, quelle contient pai litre, 7er 344 de gaz sulfhydnque et 10sr,4!i:6 de sels. Ces sels sont surtout des chlorures, des caibonates et des sulfates a base de potasse, de soude et de chaux C est donc une des soui ces des plus mmei ahsees que nous ayons en France. Ajoutons que c'est une eau sulfuieuse purgative, sous ce rapjiort, elle peutremplacei certaines sources dont l'Allemagne avait jusqu a présent le monopole.
Cette eau, suivant les doses auxquelles on la boit, détermine deux effets diffeients qu'il faut savon distinguer.
A dose «altciantc » (un a deux venes), elle est en grande paitte absotbee, et dcrele si jiresence au sein de l'organisme pai 1 excitation des ju incipales fonctions, spceialement de
URIAGE. ICI
celles de la jieau. Elle agit, sous cette forme, à la manière des réconfortants et des dépuratifs.
A dose « jiurgative » (quatre à six verres), elle détermine, sans irritation comme sans ténesme, d'abondantes évacuations, et, par le mouvement fluxionnaire qu'elle provoque et entretient vers l'intestin, elle prévient les congestions vers le cerveau. C'est donc un puissant dérivatif. Bue avec excès, elle deviendrait irritante.
En bains, l'eau d'Uriage réunit la double action des eaux chlorurées et des eaux sulfureuses : aussi convient-elle plus spécialement aux tempéraments lymphatiques. La durée du bain est habituellement d'une heure; quelquefois cependant on |>eut la prolonger jusqu'à deux heures et même au delà, quand il s'agit d'affections rebelles et tenaces. C'est dans ces cas qu'elle provoque quelquefois la poussée, mais avec moins d'intensité et de fréquence qu'à Loèche.
Les douches générales et locales sont parfaitement organisées à Uriage. 11 en est de même des bains et des salies d'inhalation d'eau pulvérisée.
L'établissement thermal proprement dit comprend : 1° la buvette avec galerie et promenoir couvert; 2° les bains des femmes et ceux des enfants; 3° les bains des hommes; k" les douches des femmes; 5° les douches des hommes; C° le bain de vapeur; 7° une salle d'inhalation chaude; 8° une salle de pulvérisation pour hommes; 9° une salle de pulvérisation pour femmes; 10° un pavillon d'hydrothérapie; 11° une salle de gargarisme. Les douches des femmes sont précédées d'une galerie vitrée. Les parois des cabinets et celles des vestiaires sont revêtues de plaques de faïence décorée. Rien jusqu'alors n'avait pu résistera l'action de l'eau minérale et de l'hydrogène sulfuré, et chaque année il fallait renouveler intégralement les peintures. C'est ce qui a fait recourir à l'émail.
Telles sont les eaux d'Uriage. On le voit, rien n'a été omis jiour ajouter à la vertu intrinsèque de ces eaux les ressources fournies par l'artifice de leur emploi.
Avant d'indiquer les maladies contre lesquelles elles sont employées avec le plus d'avantage, nous dirons d'une manière générale que leur action tonique et réconfortante s'applique surtout aux cas où l'organisme est plus ou moins débilité. Ainsi les jeunes enfants d'une constitution délicate qui ont été soumis à une mauvaise alimentation; les jeunes filles auxquelles, aux approches de la jiubertc, la sève lait défaut; les femmes du monde, lesjeunes hommes, les vieillards eux-mêmes qu'ont épui-
162 FRANCE fESr).
ses des fatigues exagérées, tiouveiont à Uriage une énergie nouvelle et des pi ovisions de foi ce j)our l'avenu Gardons nous toutefois de rappoi tei aux eaux seules tous les mente* du succes, l'an pui et vivifiant de la vallée n'y saurait êtie non jîlus complètement etianger. Sous ce rappoit et sous dauties encoie, les bains d Uriage ne sont jias sans quelque analogie avec les bains de mer
Au premiei îang des maladies jiropiement dites auxquelles conviennent les eaux d'Uriage, se jilacent les affections cutanées, particulièrement celles qunevêtent la forme eczémateuse. Mais, tandis que les eaux simplement sulfureuses, telles que Bareges ou Ludion, produisent, au début du traitement, une vive stimulation de la peau, celles d'Uriage, au contiane, calment ptesque toujours d'emblée • ce qu'il faut sans doute attribuer à l'action sédative et un peu astringente des chloruies. Il faut également faire la part de la boisson, dont l'effet laxatif prévient la tiop vive congestion du deime Ce n'est qu aj>ies les premiers bains que cette surface s'inite , et encoie 1 n ntation est elle habituellement légère et d'une assez courte durée
Nous avons dit que les eaux d Uuage sont spécialement ajipropriées au tempérament lymphatique elles conviennent de même poui les sciofules, soit que le mal siège simplement a la peau (tubeicules, ulceiations), soit qu'il a>t envahi les membtanes muqueuses (ophtalmie, coiyza, otite), soit enfin qu'il s'attaque de piefeience au système osseux (caries, nécroses, tumeui s blanches) Quelquefois même elles triomjiheront de 1 engorgement tuberculeux des ganglions lymphatiques
Les affections de 1 utérus, que caractérise la déviation de cet organe ou le relâchement de ses ligaments, rei raines gastralgies saburrales, les embarras bilieux, les paraplégies essentielles et, en genei al, les nevi oses liées a la débilite de 1 appaîeil cerebro-spmal, trouvent a Uriage du soulagement, souvent même la guenson Si je n'ai point parle de la chlorose, du rhumatisme, de la syphilis et de diverses .autres maladies diathésiques, c'est que les eaux d'Uriage, tout en étant appiopnées a leur traitement, n'offient pas d avantages marques sur les autres sources thermales de la même classe
L'inspection des eaux est confiée a M le docteui Doyon, qui en a fait une étude très complète
C est dans les hôtels voisins de l'établissement que logent les baigneurs Ils ont de plus a leur disposition des chalets et des villas pour famille
La journée est consacrée aux piomenades et aux excursions.
LA MOTTE. 103
Quant aux distractions et amusements, un nombreux orchestre, jjlacédans un kiosque élégant, fait entendre en plein air de la musique excellente ; les dimanches et les jeudis, on donne dans les salons de l'établissement des liais et des concerts, et tous les autres jours il y a sjiectacle.
Uriage, qui n'est qu'à douze kilomètres de l'ancienne capitale du Dauphiné, et qui y est relié par de nombreux omnibus, réunit ainsi les ressources d'une grande ville à la salubrité de la vie champêtre.
TRANSPORT. — Cette eau se conserve indéfiniment, et l'estomac la supporte à merveille. On en tire de même un excellent parti en lotions, fomentations et injections. Enfin, jiar suite de sa stabilité, elle se prête jiarfaitement à la pulvérisation.
HÔTELS MEUBLÉS (SOUS LA DIRECTION DE L'ÉTABLISSEMENT) : Hôtel du
Cercle, Grand Hôtel, Ancien Hôtel, Hôtel des Bains, Grand Chalet, Villas meublées, Appartements pour familles.
PRINCIPAUX HÔTELS : Hôtel et restaurant Monnet, succursale de Grenoble. — Grenoble : Grand hôtel Monnet, succursale à Uriage.
LA MOTTE-LES-BAINS (ISÈRE). Sources salines bromo-chlorurées sodiques chaudes.
ITINÉRAIRE DE TARIS A LA MOTTE. — Chemin de fer de Lyon j'usqu'à la gare de La Motte-les-Bains : 14 heures. — Débours : 82 fr.
Cette station, dont l'importance thérapeutique s'est grandement accrue depuis la dernière édition de notre Guide, mérite, tant par la composition de ses eaux, que par son excellent aménagement, que nous nous y arrêtions JJIUS que nous ne l'avions fait jusqu'ici.
L'établissement thermal, occupant l'ancien château de La Motte reconstruit -pour sa nouvelle destination, est situé dans un vallon jiittoresque des Alpes dauphinoises, à une altitude de 600 mètres, abrité des vents du nord et couvert de prairies et de pâturages, de bois taillis et de grands bois de sapins qui, avec la brise du Drac, y tempèrent les chaleurs de l'été, sans communiquer la moindre humidité à l'atmosphère, par suite de la disposition du terrain et de la constitution même du sol. Il est alimenté par deux sources : la source du Puits, débitant 1357 hectolitres par vingt-quatre heures, qui suffit actuellement à tous les besoins de la station; et la source de la Dame, dont le débit est de 2448 hectolitres, disposée de façon à pouvoir réunir ses eaux à la première, si les besoins l'exigeaient.
Ib4 FRAIS CE (EST).
La tempeiature de 1 eau mineiale au guffon est de 60° C. Une |iuissante machine hydraulique, aspirante et foulante, mue jiai la chute des ruisseaux du vallon, elete l'eau a une hauteui de 283 mètres, du fond de la faille qui sert de ht au couis tumultueux du Drac, et la pousse jusqu'au î eservoir place au centie du bâtiment thermal c'est le réservoir d'eau chaude A côte, dans une cour mterietue, se trouve le îeseï voir d'eau mi neiale îefioidie
L'établissement balneane, ties complet, comprend de nombreux cabinets avec baignoires et douches locales ajjpiojniees, des cabinets de douches de toutes formes, une salle d aspiration, un vaporanum, une jiiscine, ete L'hydiothtrapte s'administre dans un chalet eleve a l'entiee du jiarc Poui compléter ces renseignements, nous duons que l'eau de La Motte se jirend en boisson et se donne en bains de durée plus ou moins longue et a toutes les températures, en demi-bains, manuluves, pediluves, en lotions, en douches chaudes générales avec massage, sudation, en douches de vapeui, en douches fioides, tempérées, chaudes et fi oïdes, écossaises, en douches locales, capillaires, anales, v igtnales, en hydiopulvensations, ete Un aménagement si exactement oi donne et des applications si variées et si méthodiques ne peuvent manquer de jiroduue des effets thérapeutiques lemarquables surtout avec une eau ch lude de composition saline mixte, biomo-chloturce sodique, comme est celle de La Molte-les-Bains
Il îcsulte, en effet, de 1 analyse de M. 0 Ilenij, modifiée, d'ailleurs, par les résultats des recheiches les plus récentes, que l'eau du Puits, par exemple (et celle de la souice de la Dame est presque semblable), contient, a côte de quantités sensibles d'iodures et debiomures alcalins, 3sr,80 de chloime de sodium et l°r 6o de suifite de chaux. Signalons encoie le caibonate de lithine a la dose de Os',10, le fer et le manganèse, ete , et enfin l'aisenic à l'état d'aisenite de fer îejiiesente par le poids de un milligramme
Tous ces puncipes, qui sont des plus actifs de la matière médicale, et le calorique tout ensemble, font de ces eaux un mediciment des jilus efficaces, et, en effet, api es avou excite 1 appétit, régularise l'excrétion intestinale, foi ce l'excrétion sudorale et iiunaue, fortifie ou produit un remontement général de l'oigantsme, l'eau du Puits agit sui les diatheses et les affections locales par ses vettus spécifiques alteiantes et sédatives en même temps, et peut être considérée comme très salulaue contie une suie de malidies, d'otdinaue très îebelles.
ALLEVARD. 1(5 5
Citons en premier lieu tous les engorgements abdominaux, la pléthore abdominale et l'obésité, ainsi que les maladies chroniques de l'utérus et de ses annexes qui forment une sorte de spécialité pour cette station. Arrivent ensuite le lymphatisme, la scrofule, la scrofulo-tuberculose sous toutes leurs formes, en particulier les lésions des articulations et des os ; les entorses et les raideurs articulaires, suite de fractures. A côté de ces maladies premières, viennent se ranger naturellement les maladies rhumatismales et goutteuses, certaines névralgies, principalement la sciatique ; les affections du centre nerveux cérébro-spinal, la syphilis invétérée, le diabète, l'albuminurie, la gravelle ; les états de faiblesse irritables et les désordres nerveux essentiels, etc. Nous ne citerons pas, bien entendu, toutes les affections cjui, pouvant trouver un élément de guérison dans la constitution de ces eaux, n'ont pas encore fait l'objet d'études expérimentales particulières. Nous jiréférons nous en tenir aux faits dûment constatés par une longue observation. C'est la seule manière de rendre intéressantes et profitables nos recherches sur les eaux minérales naturelles.
TRANSPORT : L'eau de La Motte, se conserve pendant longtemps, sans subir la moindre altération. Elle peut donc être transportée sans difficulté; et l'on doit, ce nous semble, la conseiller, loin de la source, lorsqu'on veut maintenir ou compléter l'amélioration obtenue par la cure thermale, ou comme moyen prophylactique pour consolider la guérison en supposant au retour des manifestations diathésiques morbides.
ALLEVARD (ISÈRE).
Source sulfureuse froide.
ITINÉRAIRE DE pAnis A ALLEVARD. — Chemin de fer de Lyon à Chainbéry ou à Grenoble jusqu'à la station de Goncelin : -14 heures 2b minutes. Voitures de cette station à Allevard : -40 minutes. — Débours : 85 fr.
Le bourg d'Allevard est connu depuis longtemps pour ses forges d'acier, et il y a longtemps aussi que les touristes viennent y admirer ses montagnes, ses glaciers et la vallée sauvage où sept lacs se déversent les uns dans les autres à une altitude de plus de 2400 mètres. Mais nous n'avons à nous occuper ici que de sa source minérale.
• Celle-ci appartient à la classe des eaux sulfureuses froides. Elle jaillit sur la rive gauche du torrent de Bréda, dans la
166 FRAiSCE (EST).
gorge du « Bout-du-Monde ». Tempeiature 16° C Analysée pai Dupasquier, elle a offert, pour un litie, 24 centimeties cubes de gaz sulfhydnque, 41 d'azote et 96 d'acide carbonique C'est donc, a tous égards, une eau très gazeuse Ainsi s'explique comment, agitée dans un verre, elle pétille comme du vin de Champagne
Il existe a Allevard un établissement thermal. Cet établissement possède une buvette , mais il y a une autre buvette que je piefeie, car située au griffon même de la source, elle conserve mieux ses principes mineraltsateurs
Bien que 1 eau d Allevaid soit administiee sous toutes les formes, c'est 1 inhalation qui constitue le cachet theiapeutique de son emploi On a disposé a cet usage sept gtandes salles dont deux, plus élégantes que les auti es, sont nécessairement tixees JDIUS cher, ce qui peimetaux personnes riches de « faire bande a paît ».
Au milieu de chacune de ces salles se tiouve un appât eil compose de jilusteurs vasques supei posées et de plus en plus petites, de manière que l'eau sulfureuse, aruvant directement de la source, se brise contie chaque disque et laisse ainsi dégager ses gaz Ceux-ci se lepandent dans l'atmos]3here de la pièce, ou les malades viennent les respirer dans la jouince, pendant un temps qui varie, suivant les cas dejjuis quelques minutes jusqu'à une heure et même plus II en îesulte des effets sédatifs et hyposthtntsants L'ancien inspecteur, le docteur Niepce, îésume ces effets de la manteie suivante .
« La respiration devient plus ample et plus lente, les mouvements du coeur sont moins actifs et les p tlpttations diminuent notablement, le pouls perd de sa fréquence, la peau de sa chaleur, enfin on voit la toux diminuer, et 1 expectoiation prendre un meilleui caiactere <Vussi obtient-on des cures îemaïquables dins les affections catart haies des bionches, les laryngites et les diverses mahdies des voies aenennes. 11 n'est jias |usqu'a la phtlnsie elle-même qui n'ait plus d'une fois cédé a cette puissante médication »
L et tbltssement, en plus de ces sept salles d'inhalation, en possède deux autres, ou la vapeur a 26 degrés se trouve associée aux gaz de la source Elles ont leur aprihcation dans les cas ou la muqueuse pulmonaire est untee, et tout jjarticuliei ement dans 1 asthme, dont les accès peuvent se trouver ainsi îapidement modifies
Les douches pharyngiennes, faciales et oculaires s'administrent dans 20 cabinets commodes et spacieux. Il y a, de plus,
AIX. 167
38 cabinets de grands bains, 10 cabinets pour bains de pieds et 2 salles pour bains de vapeur.
Enfin, dans un autre bâtiment se trouvent 10 cabinets pourvus de tous les appareils nécessaires pour les diverses douches avec massage et les applications hydrothérapiques.
Il existe à Allevard un Casino qui, par la disposition de ses salles, représente un cercle et un théâtre.
HÔTEL RECOMMANDÉ : Grand Hôtel du Louvre.
VI
SOURCES DE LA SAVOIE.
La réunion de la Savoie à la France a augmenté d'une manière très notable nos richesses hydrominérales. D'abord nous n'avions pas de sources réellement iodurées : maintenant, au contraire, nous possédons la jilus remarquable de toutes, celle de Challes. Puis Aix, Marlioz, La Caille et Saint-Gervais, ont apporté un très brillant appoint à notre magnifique groupe sulfureux des Pyrénées. Enfin Evian, par sa faible alcalinité, constitue, dans certains cas, un utile succédané de Vichy.
AIX (SAVOIE). Sources sulfureuses chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A AIX. — Chemin de fer de Lyon par Mâcon et Culoz jusqu'à Aix même : \ \ heures. — Débours : 72 fr.
Les eaux thermales d'Aix forment deux sources principales : l'une, dite de Soufre, l'autre, d'Alun, bien qu'elle n'en contienne pas un atome. Toutes les deux fournissent, jsar vingt-quatre heures, l'énorme volume de 4 millions 800 mille litres d'eau. Cette eau d'une température de 46° à 47° C, est d'une limpidité parfaite; elle exhale une odeur d'oeufs couvis.
Aix a énormément gagné à son annexion à la France, les laveurs et les subventions ayant plu sur ses thermes comme cadeau de joyeux avènement. On y compte aujourd'hui : six piscines de natation, dont une exclusivement consacrée aux maladies de la peau, et où l'on prend le bain prolongé comme à Loëche ; trentedeux cabinets de bains; six étuves, avec tout un arsenal de
168 FRANCE (SAVOIE).
douches, savoir, quatorze giandes douches à deux doucheurs, dix-huit a un seul, dix douches îevulsives, quatie douches ascendantes et d'auties douches encore en ceicle, pharyngiennes et de pulvéi isation La douche, on le voit, est la gtande spécialité d Aix Rien du reste ne saurait egtler l'extrême h ibilete de ceux qui l'administrent. Vous vous ci on îez presque en Oi tent, ou les premieis doucheuis, assure t on, ont ete se former
Les eaux d'Aix, sous quelque forme qu'on en fasse usage, exercent sui 1 homme s un comme sui 1 homme malade une action excitante elles acc<ieient le pouls, appellent la chaleur ali peau, et déterminent un mou\ement febnle qui se termine d'habitude jjai des évolutions critiques En gtneial on boit peu ces eaux, ce sont les pi tttques externes qui forment la partie essentielle du tt alternent.
Les maladies contie lesquelles vous conseillerez les eaux d'Aix avec le plus de sucocs sont, en tête de toutes, les rhumatismes Elles leussissent tout jiuticulietement contie la forme appelée îhumatisme gommeux, que caiactetise une sotte de tuméfaction spongieuse, ciepitml sous le doigt comme de la gelée épaisse. Cette affection, jslus commune en 4ngleterre et en Hollande que chez nous, est traitée a Aix pai la douche en arrosoir et les bains de vajieur, combines avec une comjiression méthodique et les pomm ides îodurccs
Les maladies atoniques de h jieau, les accidents traumatiques, tels que fausses anlyloses, îetractions tendineuses, atrojjhie musculaire, nécroses, canes, tiajets nstuleux, ete , epiouveront de bons effets de ces eaux II en seia de même des jDaialysies partielles, ainsi que des jiaralysies plus ou moins genci aies qui se rattachent a la débilite des centres nerveux, ma's s tns complication d aucune altération organique Vous veire/ également a Aix un asse/ grand nombre de syphihdes et, sous ce nom, nous désignons les accidents consécutifs, quel que soit leur aspect, dans lesquels le virus vénérien joue un rôle C est sui tout contie les foi mes squammeuses et tuberculeuses que ces eaux paraissent agir avec le jilus d efficacité
On obtient encore les meilleuis résultats des eaux d'Aix dinsles affections de la matnee caractérisées jiar 11 leucorrhée, 1 hypeitroph'e du col, les sécrétions pseudo-membraneuses, les mduiations commenemtes et les déviations
Enfin, M Bertier, l'inspecteur adjoint, m'a dit les avon vues tnompher de sciatiques tellement rebelles, qu'on avait fini par les îegarder comme incurables
Ces eaux sont appropriées principalement aux constitutions
CHALLES. 109
lymphatiques et scrofuleuses. Les bains de natation, dans un milieu aussi stimulant que l'eau des piscines, favorisent l'action musculaire; peut-être même, en aidant par cette espèce de gymnastique au développement de la cavité de la poitrine, pourront-ils quelquefois prévenir ou retarder la formation des tubercules.
On peut visiter aux environs d'Aix des localités renommées soit par les souvenirs qui s'y rattachent, soit par la beauté et la grandeur des paysages et l'aspect pittoresque des vallées et des montagnes. Ainsi, non loin d'Annecy, on trouve le couvent de la Visitation qui jjossède le tombeau de François de Salles, l'auteur célèbre de Y Introduction à la vie dévote; de Chambéry, on peut se rendre en pèlerinage aux Charmettes, demeure illustrée par le passage de J.-J. Rousseau auprès de Mme de Warens, etc.
Marlioz (Savoie). — Sources sulfureuses froides. — A vingt minutes d'Aix. Ces sources, au nombre de trois, renferment, par litre, un peu de gaz sulfhydrique et 0*r,67 de sulfure de potassium. On les emploie en boisson et en inhalation dans le traitement des maladies des voies respiratoires.
CHALLES (SAVOIE). Sources sulfureuses et bromo-iodurées froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A CHALLES. — Chemin de fer de Lyon par Mâcon et Culoz jusqu'à la station de Chambéry : II heures 20 min. Voitures de cette station à Challes : une demi-heure. — Débours : 75 fr.
Challes est situé à cinq kilomètres de Chambéry. La découverte de sa source ne remonte qu'à 1841 ; elle est due au docteur Domenget.
Cette source fournit une eau fraîche et transparente, que traversent par intervalle de petites bulles d'azote. Sa saveur offre une légère amertume à laquelle on s'accoutume facilement. Quant à son odeur, elle est presque nulle en griffon.
Il avait manqué jusqu'en 1876 aux eaux de Challes une installation balnéaire qui permît de les prendre sur les lieux mêmes. C'est alors qu'on a construit le bel établissement actuel. Cet établissement comprend, en plus des bains et des douches, deux salles d'inhalation, deux de pulvérisation et tout un arsenal hydrothérapique.
170 FRANCE (SA%0IC).
Les eaux de Challes sont des eaux à peu |irès uniques par l'étrangeté de leur minéralisation. Elles renferment une telle quantité de soufie qu'on pourrait pi esque les envisager comme une sorte d'essence d'eau sulfureuse Cette quantité toutefois était sujette a varier par suite des infiltrations du dehois. Heuieusement on a exécuté sur le griffon même de la source des tiavaux de captage qui, la saisissant dans le roc vif, a plusieurs mètres au-dessous de son ancien niveau, l'ont mise •comjîlétement à labn de ces mfiltiations, en même temps qu'ils en doublaient le rendement. Il en est resuite, non seulement une plus grande fixité dans ses principes constituants, mais une augmentation de son degré de minéralisation
Ce dernier fait ressoit des nouvelles analyses du docteur Willm Ainsi il a reconnu, dans un htie d'eau de Challes, 51 centigrammes desulfuie de sodium, pioportion bien supérieure a celle qu'offient les sources analogues des Pyrénées, Bonnes et Cauterets, par exemple.
Mais l'eau de Challes n'est pas seulement une eau sulfureuse C'est de plus une eau bicarbonatée sodique et îodo-biomée. Or il ressoit également des analyses du docteur Willm qu'elle contient un gramme de bicarbonate de soude par litre, et que l'iode et le brome s'y tiouvent en proportion bien plus gi ande que dans toutes les eaux sulfureuses connues
Bue le matin a la dose d'un demi-veire a quatre veires, cette eau est en général bien sujsportee par l'estomac et jiar 1 intestin Son action est tout a la fois diurétique, dépurattve et éminemment reconstituante.
Les affections qui en éprouvent les meilleurs et les plus puissants effets sont les affections humorales, surtout celles que caractérise le vice herpétique
Vous verrez encore les eaux de Challes faire merveille dans le traitement des affections syphilitiques, même ai nvees à la jienode tertiaire, des cachexies provenant de l'abus des mercunaux, de l'ozene, du goitre non dégénère et des diverses manifestations du lymphatisme et de la scrofule.
Enfin, M le docteur A. Royer, leur habile inspecteur, a signalé leurs bons effets dans le traitement des diverses maladies des voies respiratoires qui sont du îessort des eaux sulfureuses sodiques.
TRANSPORT. — Les eaux de Challes se conservent parfaitement. La meilleure preuve, c'est que toutes les guérisons obtenues jusqu'à présent l'avaient été par les eaux transportées, faute d'établissement près de la source. Il s'en expédie aujour-
- '''■ FARETTE. 171
d'hui des quantités considérables, et la proportion ne pourra qu'aller toujours en augmentant.
HÔTEL RECOMMANDÉ : Hôtel de France.
FARETTE (SAVOIE). Source arsenicale, ferrugineuse, magnésienne, froide.
Eau de table.
L'eau de Farette occupe, jsarmi les eaux de table, une place à part : elle n'est pas gazeuse et malgré cela, je jjuis affirmer, par expérience, qu'elle possède toutes les qualités digestives de ces eaux. Elle est .agréable à boire, active l'appétit et soutient l'action de l'estomac. Sa limpidité parfaite, l'absence de tout principe capable d'altérer le vin, complètent ses qualités ; et la rendent très recommandable, comme boisson ordinaire. Cette eau, anciennement connue, était tombée dans l'oubli. Elle vient d'en sortir; et, grâce à une initiative intelligente, elle commence à faire son chemin.
La source de Farette jaillit, non loin d'Albertville, sur les. j)lateaux qui, s'élevant en gradins gigantesques, permettent à la vue de s'étendre au loin sur les belles vallées du Grésivaudan, d'Ugines et de la Tarentaise. L'eau qu'elle fournit est abondante et laisse déposer un limon ferrugineux, très fortement arsenical. Pour 100 parties, en effet, l'analyse de l'Ecole des mines indique 2sr,33 d'acide arsénique. Donc, c'est une eau ferrugineuse et arsenicale ; et de plus c'est une eau magnésienne. Tels sont les trois jirincipes d'où découlent ses propriétés.
Mais ce qu'il faut considérer en même temps, jsar rajDj^ort à son action digestive, c'est la quantité modérée des sels qui entrent dans sa composition. C'est grâce à cela, qu'elle doit de jsasser aisément; et d'être applicable aux diverses affectionsgastriques, surtout à celles qui sont douloureuses et qui souvent ne s'accommodent en aucune manière des eaux fortes et des eaux gazeuses : par exemjale, les gastrites, les gastralgies, les. coliques hépatiques, etc.
Ainsi, par ses jjrincipes ferrugineux, magnésien et arsenical,, l'eau de Farette favorise l'action des organes digestifs, et dissipe leurs désordres; mais là ne se bornent pas évidemment ses applications. On peut l'employer aussi dans les cas où l'indication exige l'emploi des martiaux, des préparations arsenicales et magnésiennes. Ai-je besoin de signaler ses applica-
172 TRAISCE (SAVOIE).
lions ? Ai-je besoin de dire que son emploi sera des plus utiles dans la chlorose, les affections anémiques et la convalescence' Est-il nécessaire d'ajouter que par son arsenic elle convient aux dyspepsies symptomatiques de la tuberculose et à cet état complexes ou les digestions sont tioublees plus ou moins, en même temps que la peau présente des éruptions variées ? Enfin personne n'ignore les applications de la magnésie qui, favorisant l'excietion intestinale et unnaire, dissipe la constipation, combat l'uratisme, et nettoie les voies uunaues, complétant ainsi, par son action dnuetique, les effets stomachiques de l'aisenic et du fer.
Il me reste enfin a la signaler, au point de vue hygiénique, comme un des bons agents prophyl ictiques des maladies miciobiennes, par son pitncipe arsenical. On pouna donc en user comme d'eau commune, dans les temps d'epidemie
TRANSPORT. —L'eau de Farette se conseive bien II s'en exporte déjà de notables quantités
La Bauclie (Savoie) — Souice ferrugineuse froide. —Ces eaux contiennent près de 06r,14 de jirotoxyde de fer par litre. Utiles contre l'anémie
Salins (Savoie). — Sources salines chlorurccs chaudes. — Ces eaux dont la temperatuie est de 38° C, contiennent envnon 10 gr. de chlorure de sodium Utiles contie les scrofules.
Brides (Savoie) — Sourcr s salines sulfatées chaudes — Les eaux de Btides sont purgatives. Elles contiennent du sulfate de soude et du chlorure de sodium. Utiles contre les engoigements abdominaux et l'obt site
LA CAILLE (HAUTE-SAVOIE)
Sources sulfureuses calciques tiedps
ITINFRAIRE DE PARIS A LA CVILLL — Chemin de fer de Lyon par Culoz, Aix et Annecy jusqu'à li station de Pnngy-la-CuIle 14 heures Voitures de cette station a 1 établissement 45 min —Debout s 8? fi
Il n'est personne qui n'ait entendu pailcr du pont de la Caille, ce gigantesque monument qui relie deux montagnes et se balance avec une audacieuse sécurité a 150 mètres au-dessus d une vallée ombragée délicieusement et arrosée par le cours des Usses. Mais ce qu'on sait moins encore, c'est qu'il existe au centie de cette vallée une station thermale munie d'un outillage balnéaire très-complet et d'un hôtel des plus confortables. C'est la station de la Caille
LA CAILLE. 173
Ses sources appartiennent à la classe des eaux sulfureuses calciques tièdes : température 30° C. Le soufre qui les minéralisé est à l'état de sulfure et de gaz sulfhydrique. On reconnaît du reste sa présence aussi bien au goût qu'à l'odorat. L'eau de ces sources, Humide au point d'émergence, ne tarde pas à blanchir au contact de l'air et à déposer sur son parcours un enduit lactescent.
Il résulte des dernières analyses des professeurs Groebe et Denis Monnier, de l'Université de Genève (20 septembre 1882) que ces eaux sont minéralisées par l'acide sulfhydrique libre (8,90) et combiné : quantité considérable, si on la compare à celle des autres eaux de la même classe.
Quant à l'action thérapeutique de ces eaux, elles n'en sont plus à faire leurs preuves. Aussi, nul doute qu'elles ne conviennent tout spécialement contre les maladies de la peau, du système osseux et des voies respiratoires; la scrofule, le rachitisme, les névralgies et névroses, les rhumatismes et les gastralgies ; enfin, le Docteur Laskowski, professeur à la Faculté de Genève, qui en a fait une étude des plus comjilètes, assure les avoir vues réussir contre le diabète et l'albuminurie.
Le séjour de la Caille est avant tout un séjour éminemment hygiénique. Point de ces transitions brusques de température si fréquentes dans les vallées mal abritées; aucune humidité du sol; une fraîcheur continuelle de l'atmosphère entretenue par le cours des Usses, dont les rives sont bordées de gracieuses promenades. C'est au point que la saison thermale commence dès le 15 avril pour se prolonger jusqu'au milieu d'octobre. Quant au genre de vie que l'on mène à la Caille, nous le définirons d'un mot : « C'est la vie de famille ».
Les baigneurs un jieu érudits jiourront se livrer à d'intéressantes recherches d'archéologie. Non loin des sources passait une longue voie romaine ; sur les hauteurs qui les surplombent se dressait une des sept tours dont César parle dans ses Commentaires, et qu'il éleva jiotir dominer le cours des Usses (Septem turres juxta Ussas oedificari jussit). Enfinlebain lui-même, par les débris antiques qu'on y rencontre, prête à de curieuses investigations.
Amphion (Savoie). — Sources alcalines et ferrugineuses froides. — A vingt minutes d'Evian et sur les bords mêmes du lac, se trouve l'établissement thermal d'Amphion qui possède deux sources, une alcaline, l'autre ferrugineuse. Cette dernière source, d'une température de 10° C:, est si abondante, qu'en plus de la boisson on l'emploie en baignoires et en piscines.
174 TRANCE (SAVOIE).
SAINf-GERVAIS (HAUTE-SAVOIE).
Sources salines sulfureuses chaudes
ITINÉRAIRE DE PARIS A SAINT GERVAIS — Chemin de fer de Lyon jusqu'à Genève 14 heuies Diligences faisint un service direct entre Gentve et SaintServais 4 heures — Dcbouts 85 fr
L'établissement thermal de Saint-Gervais est situe au pied d'un des epaulements du Mont-Blanc, près d'un torrent impétueux, le Bonnat, et non loin de Salanches, sur la îoute de Chamomx II possède quatie souices principales, savoir source du Torrent, source Gontard, source de Mey et source Ferrugineuse, laquelle est exclusivement employée en boisson Les trois premières ont une température de 38° a 40° C , et contiennent par litre, entre 0sr,023 et 0sr,024 de sulf'ire de calcium. La source Feirugineuse est la seule ou il n'y ait pas de soufie Toutes renferment une notable quantité de chloiure de sodium et environ 2 gianimes de sulfate de soude. Enfin on y rencontie des îodures et des biomures alcalins.
La somme des sels contenus dans ces souices dépasse 5 grammes; elles doivent par conséquent êtie langées paimi les eaux salines sulfureuses î ichement minéralisées.
Les eaux de Samt-Gervais sont employées en boisson, en bains et en douches de toute espèce. Leur température, que nous avons dit être entre 38° et 40°, permet de les administier a leur chaleur native. Or on sait combien les eaux sont exposées a s'altérer, quand il faut les soumettre a un refroidissement ou a une cale faction préalables '
Ce que nous venons de due de la minéralisation des eaux de Saint-Gervais, indique déjà que ces eaux doivent convenir contre un grand nombie d etits morbides. Si maintenant nousf consultons 1 observation médicale, nous venons que celles, qu'elles paraissent mfluencei le plus sont les mal idies delà peau, surtout quand elles revêtent une forme inflammatoire | qui serait exaspéiée par les eaux fortement sulfureuses; les i affections catarihaies, spécialement celles de 1 estomac, des intestins et de la vessie, la dyspepsie et ses diverses variétés , la constipation habituelle; certaines affections névralgiques et rhumatismales ; enfin ces épuisements de 1 organisme que détermine la pi esence du ver sohtano, si fiequent en Suisse, dont elles favorisent l'expulsion.
, ÉV1AN. 175
La plupart des malades prennent les eaux à Saint-Gervais tout à la fois en boisson et en bains.
L'emploi de la boisson doit être dirigé avec d'autant jilus de soin qu'il ne saurait être indifférent de s'ingurgiter chaque jour, pendant trois ou quatre semaines, cinq à six verres, sinon jilus, d'une eau aussi richement minéralisée. Plus son action curative est puissante, plus nécessairement son dosage exige de surveillance.
Quant aux installations balnéaires, il y a quarante cabinets de bains, qu'alimentent les réservoirs ; des douches de toute espèce ; une salle de jjulvérisation ; enfin deux buvettes qui distribuent les eaux delà source du Torrent (sulfurée) et de la source Gontard (saline).
Saint-Gervais est un séjour qui est loin d'être divertissant. Quant aux excursions et aux promenades, dont abonde la contrée, et que favorise, entre toutes, son sol accidenté, il suffit de rappeler que les bains de Saint-Gervais sont voisins de la délicieuse vallée de Sallanches, des aiguilles de Warens, du Mont-Blanc, et à deux heures seulement de la Mer de Glace et autres merveilles de Chamonix,
ÉVIAN-LES-BAINS (HAUTE-SAVOIE) Sources alcalines froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A ÉVIAN. .— Chemin do fer de P. L. M. jusqu'à Évian même : 12 heures. Voiture spéciale pour Évian à l'express du soir. — Débours : 82 francs.
Cette charmante station n'a cessé de progresser depuis quelques années sous l'impulsion de la Socie'té anonyme des Eaux minérales etEviau-les-Bahrs, qui a su grouper autour de la source Cachât, les sources Bonnevie, Guillot, MontMasson et Viguier. A côté de ce groupe hydrominéral de premier ordre se rangent quelques autres fontaines moins im|>ortantes, et en particulier la source qui alimente l'établissement municipal. Mais enfin c'est à la source Cachât, décou- \ verte en 1789, qu'Evian doit toute sa vogue. Ce que nous allons dire devra donc s'ajipliquer d'une façon toute sjiéciale à l'eau qu'elle donne et qui est aujourd'hui répandue dans le monde entier.
1 Evian est une jietite ville de 3000 habitants, bâtie en amphithéâtre au jienchant d'une colline ombragée, sur les contreforts du Mont-Blanc, et baignée par les eaux du lac Léman.
170 rnA-scE (SAVOIE)
Elle est piotégee au midi par la dent d'Oche, les Memises et le mont de Granges, ce qui rend son climat très agieable en été, époque ou elle îecoit directement les brises qui, des montagnes de li Suisse, passent par-dessus le lac Si vous joignez a cela une situation ravissante, une vue admirable, un an salubie et des emx mmeiales excellentes, vous aurez un ensemble de moyens puissants dont sauront tirei parti et lhjgiene et la médecine
L'eau d'Evian, dont le type est lw i e pai la source Cachât, est hmjiide, fiaîche et savouieuse, sans aucune odeur Elle ne trouble pas le vin, excite l'appétit, passe aisément et provoque les urines. C'est une eau de table fort recommandable. Le chloruie de sodium et le carbonate de soude qu'elle renferme aident aux fonctions digestives et nutntives 11 ne s'agit plus ici des fortes minéralisations dites massives, mais d une minéi ahsation legeie et complexe, ou se tait remarquer l'absence des matières seleniteuses Cette eau se conseï ve indéfiniment, aussi jieut-on la transporter a de grandes distances et en fane usage avec fruit, loin de la station.
id souice Bonnevie, qui alimente un établissement jdace, avec celui de la source C ichat, comme nous 1 avons dit, sous la direction de la Société des eaux minérales, donne une eau qui se rappioche beaucoup de celle que nous venons de decure Elle a ete decouvei te en 1859, et a servi a fondei également la îeputation dEwan. Cependant on prefeie la j>remiei e, sans doute par suite du long usage et de la réputation séculaire de 1 eau de Cachât. C est en effet cette deimeie sui tout que les malades boivent a Evian, aux buvettes et aux tables d'hôte; c'est surtout 1 eau de Cachât que Ion tiansporte Quoi qu'il en soit, toutes les eauv des souices diveises d'Evian servent aux mêmes usages thetapeutiques
On a comparé la comjiosition de l'eau d'Evian a celle du sérum sanguin et l'on a découvert enti e les deux des analogies trajifiantes Ces analogies mêmes se remarqueraient pout les gaz. Il ne s agit pas seulement de l'acide carbonique joint aux sels alcalins mais de l'oxygène. L'aerahon de 1 eau d'iivian, dit-on, est des plus îemarquables Laissez un verre d eau au repos, du soit au matin, et vous trouveiez la piroi couverte de bulles gazeuses ou domine l'oxygène Mais abandonnons la chimie jxmr la médecine.
L'eau d'E\ian est jwrticulieiement recommandée d'aboi d dans les affections des voies urtnattes et contie la gravelle, surtout l.t giavelle unque, et c'est en rétablissant tout en-
EVIAN. 177
semble les fonctions digestives et nutritives qu'elle agit si favorablement dans ce dernier cas.
Ceci me conduit naturellement à l'application de cette eau contre la dyspepsie simple, la gastralgie, la dyspepsie goutteuse et l'atonie gastrique où elle agit en jwovoquant l'irritabilité de la fibre musculaire lisse. On a observé que sous son influence disparaissaient aisément tous les désordres nerveux ou dyscrasiques qui accompagnent ces diverses dyspepsies.
En humectant les tissus et en facilitant les échanges nutritifs et l'excrétion urinaire, l'eau d'Evian, enfin, est très utile dans les engorgements abdominaux, engorgement du foie, de la rate, des reins. Dans tous ces désordres que nous venons de citer brièvement, il importe de tenir compte, à côté de l'action des eaux prises en boisson, de l'action de ces eaux appliquées à l'extérieur sous toutes les formes, ainsi que des diverses circonstances du climat d'Evian qui, certainement, développe sur l'organisme une action tonique puissante. Et c'est surtout dans les cas de surexcitation avec tendance à l'irritation que l'eau d'Evian est indiquée, et doit être préférée à des eaux minérales fortes qui ne manqueraient pas d'aggraver, en excitant trop vivement, les désordres morbides.
La station d'Evian a tout ce qu'il faut pour attirer non seulement les malades, mais les touristes ; et ces derniers y courent en foule pendant la belle saison. La saison médicale s'étend du 15 mai au 30 septembre. Pendant les mois de juillet et d'août, des fêtes magnifiques sont données jiar l'établissement thermal et le casino; et enfin, les grandes fêtes nautiques du commencement du mois d'août, créées par le prince de Brancovan, y attirent la Société la mieux choisie.
Le Guide d'Evian, dont la quatrième édition vient de paraître, donne tous les détails de la vie de la station. Son auteur, M. Ch. A.Besson, très au courant des affaires de la ville, dirige avec la plus vive sollicitude et une entente parfaite l'établissement thermal, installé avec tout le confort désirable, et dans lequel on donne de 1,000 à 1,700 bains et douches par jour. Le système hydrothérapique de la maison Charles, de Paris, y a été installé par M. l'ingénieur François de Neufchâteau. Le grand hôtel des Bains, situé dans le parc même de l'établissement, domine le lac de Genève et a devant lui, au delà du lac, Lausanne, en face ; et plus loin les belles montagnes de la Suisse.
TRANSPORT. — L'eau d'Evian se trouve aujourd'hui dans toutes les bonnes pharmacies. Néanmoins la Société des eaux
178 PRANCE (CORSE).
mineiales d'Evian-les-Bains a fait établit des dépôts spéciaux de la source Cachât, a Paris, 32, boulevaid des Italiens, à L3011, 5, place des Celestins, a Marseille, 16, rue des Feuillants; enfin, a Nice. 2b, rue Massena Ce 1 enseignement seia ceitainement très utile aux nombieux malades qui font usage de ces eaux.
vu
SOURCES DE LA CORSE
Pour allei de Pans en Coi se, il faut de 40 a 42 lient es, soit 20 heuies de chemin de 1er jusqu'à Marseille et le leste en bateau a vapeur jusqu'à Ajaccio ou Bastia Voila du motus ce qu on vous promet, mais la traversée exige habituellement beaucoup plus de temps Ainsi j'u mis H2 heuies jioui allei de Maiseille a Ajaccio. Quant aux deboms, ils sont d environ 125 francs
PIE1RAPOLA Sources sulfureuses chaudes.
La vallée de Pietrapola, située dans le canton de Piunelh, est comme encaissée au milieu de montagnes de l'aspect le plus varie et le plus jnttoresque Au centre de cette vallée se ti ouve un plateau d'où jaillissent les sources minérales. Celles-ci, ajipelees encore « sources de Fiumorbo », sont au nombi e de dix, toutes sulfuieuses, d'une tempeiature qui vane de 32° a 58° C L'eau en est claire, hnmide, d'une saveui et d'une odeui fianchement sulfui euses
Elle contient, pat litre, envnon Os',025 de sulfui e de sodium et quelques sels alcalins, ainsi que des chloiuies. LUe est ncl e en b.iregine.
L'etibhssement actuel comjnend tiois belles piscines trouvant contenu chacune tiente cinq a qu liante pei sonnes, douze cabinets de bain, munis de sjia-neuses bugnoues, des douches et un vaste bassin de refiigeiatton Tout a cote se tiouve l'hô tel ou logent les baigneurs.
Les eaux de Pieti apola sont indiquées dans les divers cas ou il s agit de tempérer la trop grande excitabilité du systemenerveux. Dans certaines névralgies intei mittentes non périodiques, elles éloignent les accès, rendent les dises moins douloui euses,
GUITERA. 179
et finissent le plus souvent par les faire disparaître. L'hystérie, la chorée,les spasmes, certaines névroses du col utérin, cèdent d'habitude aussi à l'action des bains pris à une température un peu basse.
Indépendamment des affections nerveuses, on y traite encore avec succès d'autres états pathologiques, surtout les maladies de la peau, les rétractions tendineuses, les caries, les nécroses et les accidents consécutifs de la syphilis.
PUZZICHELLO.
Sources sulfureuses froides.
Les eaux de Puzzichello sont, situées près de Casaghianda, non loin du chemin de Ceinture qui longe la côte orientale de la Corse. Il y a deux sources principales, voisines l'une de l'autre, toutes deux froides (14° C); leur saveur est styptique et nauséeuse. Elles renferment 0m,030 de gaz acide carbonique libre et des carbonates alcalins. J'y ai trouvé de plus une matière bitumineuse particulière.
Puzzichello possède un établissement thermal comprenant dix-sept baignoires, une piscine, une douche ascendante, deux buvettes et une salle pour l'emploi du limon des sources.
Bue à la dose de plusieurs verres, cette eau purge légèrement dans les premiers jours ; souvent aussi elle congestionne les plexus veineux du rectum, ou même elle provoque un flux hémorrhoïdal. Les bains sont presque toujours administrés conjointement avec la boisson. Leur action est tonique et pénétrante : elle se fait surtout sentir à la peau qui s'irrite, rougit et quelquefois se couvre d'un exanthème véritable.
On traite avec succès à Puzzichello la plupart des maladies cutanées, surtout quand elles s'accompagnent d'ulcérations atoniques et serpigineuses. L'action des bains est puissamment secondée dans ce cas par l'application, sous forme de topique, du limon des sources, pur ou incorporé dans de l'axonge.
©iijterïi. — Sources sulfureuses chaudes. — Ces eaux jaillissent en plein air, et, après avoir traversé deux bassins que je n'ose appeler jjiscines, elles vont se perdre dans le torrent. On les boit et l'on s'y baigne sans méthode. Rien de réglé dans la durée du traitement : on s'en va quand les provisions qu'on a eu soin d'apporter sont épuisées, car on n'aurait aucun moyen sur les lieux de s'en procurer de nouvelles. Enfin, il n'y a pas d'autres logements que les étroites
180 rnANCE (CORSE).
cellules d'une chetive masure, ni d'autres lits que des planches. Une source seulement est utilisée L'eau qu'elle fournit en très giande abondance a une température de 48° C Elle exhale une odeur d'oeufs couvis très caractéristique Sa hmjjidite est parfaite et sa saveur franchement sulfureuse Jamais elle n'a ete analjsee Quant a son action theiapeutique, elle semble se rajjprocher de celle des eaux de Pietrapola.
GUAGNO.
Souices sulfuieuses chaudes.
Les eaux de Guagno sont situées a 63 kilomètresd'Ajaccio, dans un vallon que traverse le Grosso, un des jjiincqiaux affluents du Liamone. La route, dans quelques parties de son parcouis, longe la mer Elle est jiaitout grande, belle, bien entretenue, seulement il faut gravir, puis descendie plusieurs chaînes de montagnes a pentes très î aides. L'établissement thermal, qui compiend en même temps l'hôpital militane, est alimente pai deux sources minérales î eûmes à leur point d émergence température, 52° C Une paitie de cette eau se îend duectement aux douches, lautie paitie se deveise dans deux vastes bassins d'où, après un î eft oitlissement convenable, elle se distribue aux piscines et aux baignones. Au milieu du bâtiment cential se trouve la buvette Cette eau exhale une faible odeui dhvdiogene sulfui e, sa saveui est fade et nauséabonde. D'après M Poggiale, elle ne renferme, par litre, que 0«r,024 de sulfui e de sodium
Les eaux de Guagno sont utiles contre certaines affections cutanées, et en particulier 1 eczéma et ses différentes formes. Les îhumatismes simples ou compliques d'engorgements aiticulaires, les névralgies sciattques, s en trouvent généralement bien. Il en est de même des paialysies, des blessuies par armes a feu et des accidents consécutifs a la syphilis.
OREZZA.
Sources ferrugineuses froides.
Les sources d'Orezza jaillissent dans le canton de Piedicroce, au fond d une ravissante vallée et sur la rive droite du Fiumalto. L'eau pétille et mousse en soi tant, sa fiaîcheur est extrême (14° C ) Analysée pai M. Poggiale, elle a foui m du carbonate de fer et du gaz acide carbonique
On en obtient de bons effets dans la chloro anémie, la leucorrhée, les hemorrhagies passives et les dianliées chroniques par atonie de la muqueuse.
PARDINA. il 81
PARDINA.
Source acidulé ferrugineuse froide.
Voici une eau toute récente et qui a déjà conquis une juste célébrité. L'emploi que nous en avons fait, à maintes reprises, nous permet d'assurer que c'est avec justice qu'elle prétend se placer au niveau, sinon au-dessus des eaux minérales naturelles ferrugineuses les plus réputées.
La source de Pardina appartient au système du mont Caldane, sur le versant sud duquel elle jaillit, dans la vallée d'Alézani, à 5 kilomètres d'Orezza, dont les sources sont situées, en face, au nord, de l'autre côté de le montagne. Ce pays n'est pas connu seulement jjar ses eaux minérales, mais aussi par ses maquis et ses grands bois de châtaigniers.
L'eau sort en bouillonnant de la source. Elle est froide, gazeuse, limpide. Analysée à l'Ecole des mines et au laboratoire de l'Académie de médecine, elle a donné par litre : 0sr,122 de carbonate de fer et l1", 742 d'acide carbonique libre. La quantité de ce gaz est telle, que tout le fer est maintenu intégralement en dissolution; ce qui place cette eau incontestablement au-dessus des eaux similaires.
C'est donc une eau tout à fait remarquable comme composition, et elle ne l'est pas moins sous le rapport thérapeutique. On doit d'abord l'ordonner contre l'anémie simple, commune, des convalescents et contre la chlorose ; ensuite, dans tous les états anémiques symptomatiques qui surviennent aux engorgements abdominaux de nature palustre, aux maladies chroniques du foie, de la rate, de l'intestin, de l'utérus; et, en particulier, à titre d'eau de table, à la fois digestive, rafraîchissante et tonique, contre la dyspepsie. Cette dernière application étend l'action de l'eau de Pardina au traitement des diverses dyscrasies : goutte, diabète, uratisme, gravelle, affection hémorrhoîdale, etc.
TRANSPORT. — L'eau de Pardina se transporte sans difficulté et se conserve indéfiniment. On la boit à table avec le vin, qu'elle rend agréable, sans le troubler, à cause de sa saveur fraîche et piquante. Elle se digère bien, soutient l'appétit et ne fait jamais de mal, quelque quantité qu'on en prenne; aussi s'en consomme-t-il des quantités progressivement croissantes.
u
EAUX MINERALES
DE
LA SUISSE.
LA SUISSE VUE A VOL D'OISEAU.
Les touristes avides de surprises et d'émotions, ceux qui aiment les sentiers ravinés, les passages abrupts, les ascensions périlleuses , ceux enfin pour lesquels la conscience du danger n'est souvent qu'un aiguillon du plaisir, devront se hâter de visiter les quelques contrées de la Suisse où le geme de 1 homme ne s'est point fait sentir encore Partout, en effet, dans les Alpes comme dans les Pyrénées, les sites les plus sauvages revêtent l'aspect de la civilisation. C'est ainsi qu'il y a quelques années à peine, le sac de nuit et le bâton feri é étaient l'accompagnemont obligé de tout départ pour la Suisse. Maintenant, au contraire, vous faites jjiesque toute la route emporte par la vapeur : la locomotive a remplace le classique mulet et le buffet des stations la table hospitalière des chalets. Telle n'a pas été sans doute l'Helvetie de vos rêves. Cependant la Suisse, vue ainsi à vol d'oiseau, a certainement aussi son charme et sa poésie.
C'est que, par ses sites et ses paysages, elle seiatoujouis une contrée sans rivales. Or l'heureuse diversion qu'imprime aux idées cette succession d'images et d'impressions champêtres n'est-elle pas déjà une utile piepaiation a 1 action des eaux ? Cest la mise en pratique de ces préceptes qu'on lisait, giavés en caractères d'or, au frontispice des Thermes d Antomn :
Curae vaeuushunc adeas locum, Ut morborum vacuus abire queas, Non emm hic bene curatur cui curât.
« Soyez exempt de préoccupations en vous rendant à ces neux, si vous voulez en revenir exempt de maladies, car celuilà ne guérit pas qui a d'autres soucis que ceux de sa cure. »
'•'v ■■■■'.-■ ■ SCHINZNACH. 183
SCHINZNACH (ARGOVIE).
Source sulfureuse calcaire tiède.
ITINÉRAIRE DE PARIS A SCHINZNACH. — Chemin de fer de l'Est par Laie jusqu'à Schinznach même : 12 heures. — Débours : 72 fr.
Les bains de Schinznach sont situés à une altitude de 343 mètres, sur la ligne ferrée de Bâle à Zurich, et s'étalent gracieusement dans la riante vallée de l'Aar, dont le climat ■est doux et très salubre.
L'établissement est d'un aspect tout à fait grandiose. Les nombreux bâtiments dont il est composé, les cours et les jardins qui les séparent, les pavillons qui les réunissent au principal corps de logis lui donnent la physionomie d'une véritable cité. Quant à l'installation balnéaire, elle place Schinznach au premier rang des stations thermales les mieux dotées.
Sa source minérale est connue et utilisée depuis plus de deux siècles. L'eau en est limpide; sa saveur franchement hépatique laisse un arrière-goût amer et un JDBU salé. Exposée à l'air sa surface se recouvre d'une mince pellicule, formée de sulfate, d'arséniate et de carbonate de chaux. Le soufre, d'ajjrès de récentes analyses, s'y trouve à l'état de sulfure et de gaz sulfhydrique, formant un total de 0sr,073, par litre. On y rencontre de plus une quantité considérable de gaz acide carbonique dont la présence est extrêmement avantageuse lorsqu'on emploie l'eau de Schinznach pour les injections gazeuses rectales. Enfin, par ses autres éléments tels que carbonate de chaux, chlorure de sodium et arsenic, elle mérite d'être rangée parmi les eaux sulfureuses calcaires.
D,e toutes les eaux thermales sulfureuses, l'eau de Schinznach est celle qui jiossède la jilus grande quantité de gaz sulfhydrique connue. Cette circonstance lui donne une valeur exceptionnelle, surtout si l'on adopte les jilus récentes théories balnéologiques sur l'action des eaux sulfureuses.
La source jaillit d'un rocher dans un puits de captage rendu parfaitement étanche au moyen d'un revêtement en béton de ciment; elle est amenée de là dans les bâtiments des bains à l'aide d'une pompe. Son rendement est extrême : plus de 1000 litres par minute! Seulement, comme sa température n'est que de 33° C, on est obligé de l'élever artificiellement pour les bains et les douches.
Voici les affections principales pour le traitement desquelles l'emploi de l'eau de Schinznach est indiqué ;
184 SUISSE (ARGOVIE).
Les dermatoses chroniques et tout spécialement l'eczéma, l'acné, l'impétigo, le psoi îasis, le pityriasis et le prurigo, les engorgements sciofuleux des glandes et les ulcérations de même natuie du tissu osseux, les granulations oculanes, les affections catarrhales des muqueuses nasale, pharyngienne et bronchique ; les paralysies des nerfs du larynx, le commencement de la tubeiculose, etc.; l'emphysème et l'asthme, enfin la syphilis et le « mercunahsme ».
Nous ferons remarquer, a piopos de ce dernier genre de lésions, que 1 eau de Schinznach n'éclaire pas seulement le diagnostic en révélant l'existence dans l'économie du virus vénérien, elle exerce de plus une action cuiative sur l'oigamsme lui-même, en neutralisant et éliminant l'excès de mercure qui tiouble son jeu.
Il resuite de cet exposé que l'eau de Schinznach convient contre un grand nombre d'états morbides C'est du reste ce qu'explique sa puissante minéralisation, ainsi que la variété de formes sous lesquelles on en multqjhe l'emploi. On l'administre en boisson, bains, douches, pulvérisations et inhalations.
Les bains constituent l'élément principal de la cure. Leur durée varie, suivant les cas, d'un quart d'heure a une heure, pour les maladies de peau, on la prolonge jusqu'à une heure et demie, quelquefois même on fait prendi e jusqu'à deux bains pai jour. On insiste au contiaire sur l'inhalation pour tout ce qui est maladie des voies respiratoires.
A côté des bams sulfureux se trouvent des bains d'eau douce et des bains d'eau salée, auxquels on a recours assez souvent à titre d'auxiliaires.
C'est au même titre également qu'on fait intervenir la source iodo-bromée de Wddegg qui se trouve dans le voisinage.
Tel est Schinznach. 11 n'y a donc pas heu d'être surpris que, dans de semblables conditions, la clientèle de ces eaux prenne chaque année plus d'extension. On s'étonnera peut-être d'y rencontrer nombre de Français, car enfin nous avons notre magnifique groupe sulfureux des Pyrénées. C est que ce groupe ne î enferme aucune source complètement similaire a celle de Schinznach, d ou la nécessité pour nos nationaux d'aller payer à la Suisse un tribut que celle-ci, du reste, nous restitue en même monnaie dans une large part
Le dépôt gênerai de l'eau de Schinznach, en bouteilles, est poui la Fiance chez M. Adam, boulevaid des Italiens, 31, à Pans.
BADE. 185
WILDEGG (ARGOVIE). Source iodo-bromée froide.
Wildegg est situé dans la vallée de l'Aar, entre Aarau et Brugg, à une lieue de Schinznach-les-Bains. Sa source minérale fut découverte en 1836. L'eau en est froide, limpide et exhale une odeur de plante marine; sa saveur est légèrement salée. Elle contient pour 1000 grammes.
Iode 0*r,024
Brome 05',010
Cette minéralisation la place donc au premier rang des eaux iodo-bromées. *
L'eau de Wildegg s'emjiloie exclusivement en boisson. La dose habituelle est d'un demi-verre à un verre le matin, et autant le soir. Elle est assez agréable à prendre, facile,à digérer, et n'exerce sur l'intestin aucune action soit laxative, soit astringente.
Les maladies pour lesquelles on prescrit l'eau de Wildegg sont celles qui se rattachent au lymphatisme et à la scrofule, notamment les engorgements des ganglions cervicaux et des organes glanduleux (corps thyroïde, sein, foie, jjrostate, ovaires). Cette eau convient également pour les ulcérations des membranes muqueuses et des os; enfin elle est particulièrement indiquée dans la syphilis constitutionnelle, même arrivée à sa période ultime.
TRANSPORT.— L'eau de Wildegg supporte parfaitement l'embouteillage et s'expédie aux pilus grandes distances sans subir aucune altération. C'est là un fait capital, cette eau devant forcément n'être bue que transportée 4, car il n'y a près de la source ni établissement thermal, ni même d'hôtel où puissent loger les baigneurs.
BADE (ARGOVIE).
Sources sulfureuses chaudes.
ITINÉRAIRE DE PABIS A BADE. — Chemin de fer de l'Est par Bûle et Aarau jusqu'à Bade même : 17 heures 30 min. — Débours : 73 fr.
Bade est une assez grande ville située sur la rive gauche du torrent de la Limmat.
Les sources minérales sont nombreuses et abondantes : les
I. Il en existe partout de nombreux dépôts. Écrire pour s'en procurer directement à MM. Laué et Cio, propriétaires de la source de Wildegg.
186 SUISSE (ARGOVIE).
pnncipaux hôtels ont chacun la leur. L'unifoimité de leur température, qui est de 50° C. environ, 1 influence qu'elles exercent les unes sui les autres, quand on pratique des forages, et leur similitude de composition, permettent de les envisagei comme ayant une origine commune et sortant d'un même bassin.
L'eau de ces souices est limpide et incolore, sa saveur un peu douceâtre, son odeur fortement hépatique. Les couvercles qui servent a clore les réservoirs, les réservoirs eux-mêmes, s'incrustent en peu de temps de soufre sublimé et cristallise. Cependant M. Lcewig n'est point parvenu à doser la quantité de gaz sulfhydrique que contient l'eau puisée au griffon, ce gaz: est tellement volatil, qu'il se dégage immédiatement au contact de 1 atmosphère, et même quelquefois avant que l'eau n'ait jailli du sol Quoi qu'il en soit, les eaux de Bade agissent a la manière des eaux sulfureuses thermales de foi ce ties médiocre
Les bains foi ment la paitie essentielle de la cure, combinés avec la boisson et la douche, ils déterminent assez piomptement des jnhenomenes de satui ation, qui nécessitent un peu de diète ou quelques évacuants On fait un assez fréquent usage des ventouses scarifiées Celles-ci sont appliquées, comme a Bouibon-l'Aichambault, au moyen de cor nues de verre, dans lesquelles on opei e le vide en aspirant foi tement l'air avec la bouche Le procédé est très fatigant poui celui qui l'emploie • autant j avais ete frappé de l'adresse des ventouseurs de Loeche, autant je le fus de la maigrem extrême de ceux de Bade.
Ces eaux sont employées contre un assez grand nombre de maladies Elles conviennent, comme celles de Saint-Sauveui, dans la plupart des nevi oses qui affectent le mouvement ou la sensibilité, et qui, jsarfois, simulent des altérations oi ganjques Elles jouissent aussi d'une réputation méritée pour le traitement de la goutte, du catarrhe vesical et utérin, et des induiations delà glande mammaire qui sehent a la scrofule Les inhalations gazeuses rendent de même quelques services contre les niitations chiomques des voies respiratoires Enfin on peut y suivie des cm es de petit-lait de chèvre.
Les distractions qu'offie le sejoui de Bade ne sont ni brillantes m bruyantes. La ville non plus ne présente qu'un médiocre intérêt, sauf peut-être la salle de 1 hôtel de ville, ou le prince Eugène et le maréchal de Villais signèrent, en 1714, le traite de paix qui mit fin a la guerre de Succession.
RAGATZ-PF.EFERS. 187
, BIRMENSTORF (ARGOVIE).
Sources salines sulfatées froides.
lies eaux de Birmenstorf sont des eaux purgatives qui, par leur composition et leur action thérapeutique, ont la plus grande analogie avec celles de la Hongrie et de la Bohême. Elles jaillissent à une lieue de Bade, et renferment, par litre, près de 32 grammes de sels, dont :
Grammes
Sulfate de magnésie 22,013
— de soude 7,035
— de chaux 1,269
C'est donc à tous égards une minéralisation des plus remarquables, qui est parfaitement d'accord avec leurs vertus médicinales.
Il n'existe à Birmenstorf d'établissement thermal d'aucun genre, ces eaux ne s'employant que transportées. Or, telle est leur fixité qu'elles se conservent, on peut le dire, indéfiniment en bouteilles. Ce sont, avec celles de Hunyadi Janos, les eaux dont il se fait aujourd'hui la plus grande consommation; il s'en expédie dans toutes les parties du monde. Je n'en connais pas du reste qui purgent mieux ni plus franchement sous un petit volume.
Maintenant laquelle des deux eaux devra-t-on jn'éférer, Hunyadi ou Birmenstorf? On ne jieut établir à ce sujet aucune règle fixe. Tout ce que je peux dire, c'est qu'il m'a semblé que si Hunyadi possède une action plus énergique, en revanche Birmenstorf est sensiblement mieux supporté par l'estomac. Aussi est-ce cette dernière eau que je prescris le plus généralement.
RAGATZ-PFJEFERS (SAINT-GALL).
Sources salines chaudes.
ITINÉRAIRE DE PAUIS A RAGATZ-PFJEFERS. — Chemin de fer de l'Est par Bàle jusqu'à la station de Ragatz : 17 heures. — Débours : 83 francs.
Le village de Ragatz est devenu célèbre par les eaux minérales de Pfoefers qu'on y utilise transportées. On met trois quarts d'heure, en voiture, jiour aller de Ragatz à Pfoefers. Mais ce
188 SUISSE (ARGOVIE).
n'est pas non plus a Pfaîfers même que se tiouvent les sources, c'est 700 pas plus loin, a l'extrémité d'une goi ge dont l'établissement thermal occupe l'entrée. Ne faisons donc que traverser cet établissement et dirigeons-nous vers le griffon des sources.
La gorge où l'on pénètre figure un effrayant couloir entie deux montagnes calcaires que sépare une immense cievasse dont les parois, taillées a pic, se dressent parallèlement l'une à l'autre, jusqu'à une hauteur énorme, où elles s'inclinent et se touchent incomplètement. Dans le bas, est un lavin dont on ignore la profondeur, et où la Tamma roule en mugissant. C'est sur le côte droit du torrent qu'on a construit, en entamant le roc, la passerelle qui sert de chemin pour conduire aux souices.
Vers le milieu à peu près du parcours du défilé, les deux montagnes s'écartent l'une de l'autre en e\entail, puis leurs sommets se recouibent et se rejoignent en décrivant une gigantesque arcade, que je comjjareiais volontiers au vaisseau majestueux d'une ancienne basilique. C'est ce qu'on appelle le Pont naturel de Pfaefers; son ele\ation est de 260 pieds De chaque cote du pont existent de larges crevasses pai où l'on apeiçoit des plantes et des arbustes la lumière, s'intioduisant par ces crevasses, coloie inégalement les rochers qui la reflètent, et forme, avec les cascades, des aics-en ciel de l'effet le plus magique. Dans certains endioits, d'immenses blocs, enclaves comme des coins entre les dpux montagnes, semblent menacer la tête du voyageur Un peu au delà du Pont naturel, ■\ous apercevez, de l'autiecôte du torrent, la grotte de SainteMadeleine • c'est une excavation a laquelle se rattachent de pieuses légendes, et qui était autrefois un but ties fréquente de pèlerinage. Enfin, vous voici aux soui ces thermales
SOURCES THERMALES. — Ces sources furent decotnei tes en 1038 par un chasseur de l'abbaye, Charles de Hobenbalken, lequel, voulant dénicher de jeunes coibeaux (c'est la même légende pour beaucoup d'autres sources), aperçut la vapeur s'élever du fond de l'abîme, mais elles ne furent utilisées que vers 1242 de la manière suivante Pendant près de quatre siècles, on se servit de cordes et d'échelles pour descendre les malades du sommet de la montagne dans la gorge même; ceux qui étaient sujets au vertige étaient attaches sur une chaise, et on leur bandait les yeux. L'édifice theimal n'était qu'une simple maisonnette de bois, soutenue au moyen de pieux enfonces dans le roc, a ISO pieds au-dessus de la Tamina : on voit encoieles trous qui lui sei valent d'appui.
RAGATZ-PF.EFERS. 189
Un incendie détruisit, en 1629, la maison suspendue. C'est alors que, pour accéder aux sources, fut construite la passerelle que nous venons de suivre.
Ces sources, au nombre de deux principales et à une très petite distance l'une de l'autre, jaillissent sur la rive droite de la Tamina : ce sont la Kesselquelle et la Stollenquelle.
La Kesselquelle est l'ancienne source, celle à laquelle se rattache la légende des corbeaux et qui a fait la réputation de Pfsefers. La Stollenquelle est, au contraire, une source tout à fait moderne. Elle a été creusée en 1861.
Il y a bien encore quelques filets thermaux, plus ou moins importants, qu'on utilise simplement à titre de renfort des deux sources précédentes. Aussi ne méritent - ils aucune mention à part.
L'eau de ces diverses sources, dont le rendement est de 6 à 7000 litres par minute, se réunit près des griffons dans un réservoir commun, d'où elle est dirigée par un gros tuyau de bois, fixé à la passerelle, jusqu'au voisinage de l'établissement de Pfaefers. Là ce tuyau se divise en deux branches, l'une qui va alimenter les Bains de Pfsefers, l'autre les Bains de Ragatz. L'eau marque 37°,5 C. à son point de départ. Or, tout a été si bien calculé dans la disposition de l'aqueduc, qu'elle perd à peine un degré pour arriver à Pfaefers, et tout au plus deux gK>ur arriver à Ragatz.
Cette eau est limpide et transparente. Son odeur est nulle ainsi que sa saveur. Quant à sa minéralisation elle est, par litre, de 0«r,027 de sels alcalins calcaires.
On boit l'eau à la dose de cinq à six verres; l'estomac la supporte à merveille. Souvent aussi on en fait usage aux repas après l'avoir refroidie.
La coutume n'est plus de se baigner des heures entières. On reste rarement aujourd'hui plus d'une demi-heure au bain ; on ne prend de même qu'un bain, par jour, au lieu de deux. Ces bains sont agréables ; ils calment sans affaiblir et, comme me disait le docteur Kaiser, « ils vivifient. » . On traite chaque année à Ragatz-Pfaefers un grand nombre de maladies nerveuses : telles sont l'hystérie, le tic de la face, la chorée, les contractures spàsmodiques, ce qu'on appelle les inquiétudes dans les membres, les migraines et ces crampes utérines qui accompagnent si fréquemment le retour des menstrues; telles sont surtout la sciatique et les maladies commençantes de la moelle épinière. Les eaux de Ragatz-Pfsefers, par leur action dynamique, ont donc quelque analogie avec celles
190 SUISSE (SAINT-GILL).
<'e Wildbad, de Gastein et de Lamalou ; seulement elles sont moins excitantes. Comme elles, elles conviennent de même contre le rhumatisme et la goutte
Vous les conseillerez également contre les gastralgies. Leur faible mineialisation les îend encoie foit utiles dans le traitement des catarrhes chroniques de la vessie, lors même que les urines sont purulentes et leur émission douloureuse. La rapidité avec laquelle ces eaux sont absorbées, puis éliminées au dehois, produit une irrigation de la membrane muqueuse qui modifie heuieusement ses sécrétions et sa sensibilité.
Ce que nous venons de dire de la médication thermale de Ragatz-Pfiefers s'applique aussi bien à la cure suivie soit à Pfaefers, soit à Ragatz, ces deux Ba ns, nous le savons, étant alimentes par les mêmes eaux. Boinons-nous donc à jeter un simple coup d'oeil sur l'aménagement de chacun
BAINS DE PF^FERS. — Le bâtiment qui sert d'établissement theimal offre tout a fait l'aspect d'un monastère. Le bruit continuel du torrent, la forêt de hêtres qui s'étage jusqu'au sommet de l'édifice, les rocheis qui le surplombent, tout cet ensemble produit de prime abord une impression mélancolique et sombie. Mais bientôt on s'accoutume a la majesté de cette natuie sauvage, et j'avoue, pour mon compte, y avoir trouvé un singulier chai me.
L'établissement peut loger en\iron trois cents malades. C'est la qu'on suit la cure. Il y a, a cet effet, une grande « halle » où se trouvent quatre buvettes, vingt-quatre baignoires en faïence et huit piscines en bois ; baignoires et piscines sont traversées par un courant d'eau minérale qui se renouvelle sans cesse. N'oublions pas non plus de mentionner le Bain des Pauvies; seulement, les pièces et les logements qu'il comprend sont tout a fait a part.
BAINS DE RAGATZ. — Ces bains de création toute moderne comprennent quatre établissements thermaux a^ec quatrevingt et une baignones, une splendide piscine de natation et toutes les variétés possibles de douches locales et générales. Les magnifiques hôtels Quellenhof, Hof Ragatz et les nombreux chalets et villas pour familles particulières, sont en communication directe avec les bains et la piscine. Ils sont comme encadres dans un beau parc, où se trouve un Casino contenant Salles de lecture, de conversation et de musique. Rien en un mot n'a été négligé pour fane de Ragatz une station de piemier ordre.
Ajoutez a cela que le pays est d'une salubrité paifaite, que
SAINT-MORITZ. 191
son aspect est aussi riant que celui de Pfaefers est sévère, et que Ragatz est le point de départ des lieux d'excursion les plus célèbres, tels que Saint-Morite, Pontresina, Samaden, Davos, Tarasp, Splûgen, Bernhardino et Oberalp.
Weissembourg (Berne). —Sources alcalines tièdes. —Ces eaux sont situées à 20 kilomètres de Thun, au milieu d'une gorge étroite et profonde, dans un des endroits les plus sauvages de la Suisse. Il y a une source légèrement alcaline et d'une température de 24° C. Si elle a été mise beaucoup trop en relief, ily aquelques années, par le docteur Pointe pour le traitement des maladies de poitrine, il ne faut pas non plus tomber dans un excès contraire en leur refusant toute efficacité.
SAINT-MORITZ (GRISONS).
Source ferrugineuse froide.
iTDfÉRAIRE DE PARIS à SAINT-MORITZ. — Chemin de fer de l'Est par Belfort et Bâle jusqu'à Coire : 23 heures. Voitures de Coire â Saint Moritz : H heures. — Débours .-HO fr.
Il existe, à l'extrémité d'une des vallées les plus sauvages de l'Engadine, et au pied même des glaciers, une source minérale à laquelle, au commencement du seizième siècle, Paracelse imprima une notoriété extraordinaire. Cette source est celle de Saint-Moritz. Mais elle était depuis lors tombée dans un tel oubli que c'est à peine si, dans les premières éditions de cet ouvrage, j'avais cru devoir lui accorder une simple mention. Aujourd'hui au contraire, par suite d'un de ces revirements de l'opinion si communs en hydrologie, elle a conquis une telle vogue qu'il me faut lui consacrer tout un article à part.
Saint-Moritz offre, comme éléments de great attraction, ses eaux minérales et son climat.
Eaux minérales. — Ce sont des eaux ferrugineuses trèssaturées de gaz acide et d'une température glaciale : 4 à 5° C. Elles renferment par litre 0sr, 045 de carbonate d'oxydule de fer; c'est donc à peu près la minéralisation des autres eaux de la même classe,telles que Marcols et Spa. On les prend, comme elles, en boisson et en bains. Quant à leur action thérapeutique, elles n'offrent non plus rien de particulier. 11 en résulte que c'est beaucoup moins pour ses eaux minérales que pour son climat qu'on se rend à Saint-Moritz.
192 SUISSE (VALAIS).
Climat. — Saint-Moritz est situé a une altitude énoime : i770 mètres' et les glacieis qui entourent la vallée de toutes parts y entretiennent une fraîcheur singulière L'air y est ti esvif et tres-pur, aucune effluve malsaine ne s'echajjpant du sol. Aussi vous fait-il éprouver, comme au voisinage de la mei, i une sensation de tonicité et de bien-êtie qui ne tarde pas a ' réagn sur l'estomac. L'appétit devient impérieux et la digestior acquiert une activité proportionnelle II n'y a donc pas heu de s'étonner que Samt-Montz soit sui tout celebi e pour le traita * ment de la dyspepsie et de la chloro-anemie.
Oui, mais la première impression passée, que va-t-il advenir? D'après un dicton du pays : «Dans l'Engadine, il y a neuf mois d'hiver et trois mois de froid. » C'est qu'effectivement le climat est sujet a de brusques et fiequentes variations Malheur donc aux personnes faibles qui ont la poitrine délicate ' Elles auront beau ne sortir que tres-chaudement vêtues, elles seront exjiosees à contracter de dangereux refioidissements, surtout si elles n'ont pas trouve a se loger dans l'établissement même, le village étant situe a deux kilomètres des bains
A côté des ligueurs du climat, il y a encore la difficulté de l'accès. C'est a Cône que l'on quitte le chemin de fer Or, pour atteindre ensuite Saint-Moritz, les diligences-postes mettent onze mortelles heures ' Prenez-vous une voiture jiai ticuliere, il vous faudra au moins deux jours et le plus souvent trois. Je sais bien que la route, par la diveisite des paysages, ofïie sur tout son pai cours le plus mer\eilleux panorama , mais c'est la un genre de beautés que l'on apprécie peu quand on est brise par la maladie et la fatigue
Enfin, contrairement a ce qui devrait exister, puis qu'on va là surtout pour reparei ses forces, la vie est mauvaise a SamtMoritz. Elle est de plus ties-cher. C'est la conséquence obligée de la nécessité ou l'on se trouve de faire tout venir du dehors et même de foit loin, le pays étant abolument sans cultuie.
Ce n'est donc pas dans l'Engadme que nous enverrons nos malades, ce climat, pas plus que ce régime, ne convenant a leur tempérament, et les eaux n'offiant aucune supenoute sur d'autres de la même classe qui sont beaucoup j)lus a leur portée. Par contre, je compi ends a merveille que les Suédois, les Danois et les Russes, qui en constituent aujouid'hui la principale clientèle, continuent de les ftequenter, tout dépendant du milieu dans lequel on a piecedcmment vécu. Ne saiton pas qu'on envoie les lapons phthisiques passeï l'hivei a.... Saint-Peterbourg ?
LOËCHE. 193
Tarasp (Grisons).—Sources salines sulfatées froides. — Ces eaux contiennent par litre 12sr,25 de sulfates, carbonates et chlorures alcalins. Leur action tonique et laxative les rend utiles contre les engorgements des viscères abdominaux.
, LOËCHE (VALAIS).
Sources alcalines sulfatées chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A LOËCHE. — Chemin de fer de Lyon par Genève ou Pontarlier, jusqu'à la station de Loëche-la-Souste : 20 heures. Voitures de cette station à Loëche :: 3 heures. — Débours : IQO fr.
Les bains de Loëche sont situés au fond d'une vallée d'un -aspect sévère, en face de la fameuse chaîne de la Gemmi. Les sources minérales, très nombreuses, fournissent un tel volume d eau qu'on l'estime à plus de 10 millions de litres, jjar vingtquatre heures. La plus importante est la source Saint-Laurent. Sa température est de 51° C. C'est celle dont on boit; c'est celle aussi qui alimente la plupart des maisons de bains. , Cette eau est peu gazeuse, sans odeur, et d'une parfaite limpidité. Sa saveur est à peu près nulle. Il résulte des analyses faites en 1885 qu'elle ne renferme comme principe essentiel que du sulfate de chaux; lsr,S20, jiar litre. Les autres sels sont des carbonates alcalins. On y a déplus signalé la présence de l'arsenic. Quant au soufre, on n'en a pas trouvé de traces. Je sais qu'on perçoit dans l'atmosphère des pièces où se trouvent les piscines une odeur de gaz sulfhydrique : mais ce sont les malades eux-mêmes qui, jiar leur long séjour dans le bain, altèrent l'eau minérale et la sulfurent.
On boit jieu les eaux de Loëche, ou du moins la boisson ne constitue qu'une partie tout à fait secondaire du traitement. Les bains sont administrés dans cinq établissements principaux. : le Grand Bain, le Bain Werra, le Bain Neuf, le Bain de l'Hôtel des Alpes, et le Bain des Pauvres : ce dernier entièrement neuf. C'est la source Saint-Laurent qui alimente ces divers établissements, à l'exception toutefois du Bain de l'Hôtel des Alpes, qui reçoit la source dite des « Guérisons ».
L'habitude à Loëche est de se baigner dans des piscines. Celles-ci rejirésenteut de grands carrés, d'une profondeur d'environ un mètre, pouvant contenir de trente à quarante personnes. A côté de chaque carré se trouvent les cabinets de douches.
C'est à cinq heures du matin qu'on se rend aux piscines.
194 SUISSE (VALUS).
Les malades revêtent une longue tunique de laine, puis descendent dans le bassin et y avancent avec précaution jusqu'à ce qu'ils arrivent a la profondeur voulue, en se maintenant la tête hois de 1 eau Le bassin se peuple ainsi graduellement de nouveaux aruvants, et bientôt il est remjih Pénétrons un instant dans le bâtiment des bains au moment ou les piscines sont au complet Quel etiange coup d'oeil '
Figui ez-vous des jeunes filles, des enfants, des vieillards, des piètres, des militanes, des religieuses, que sais-je ' enfin, toutes les conditions et tous les âges assembles, mais dans des bassins différents, suivant le sexe Les uns chantent ou lisent, d'auties travaillent : c'est un feu roulant de jilaisantei tes et d'anecdotes Chaque baigneur a une table flottante, espèce de nacelle où il dépose son mouchoir, sa tabatière ou son goûtei. Alais que de naufrages sur ce petit océan' A voir cette multitude de têtes s'agiter a la sui face de l'eau, on dirait une reunion de tritons.
Cette méthode de se baigner en piscine existe à Loëche de teams immémorial, elle a jiour avantage d'entretenir l'esprit dans une sorte de liberté, de donner aux idées une direction agréable, et d'abréger, par la disti action, les longues heures du bain Seulement il faut qu'elle soit facultative Or, en obligeant, comme on le faisait, des personnes de sexe différent a se trouver ainsi reunies dans les mêmes piscines, n avait-on jDas un peu légèrement fiasse sur les plus simples convenances et les plus légitimes susceptibilités ?
J'ignoi e si les critiques que j'avais dirigées dans mon Guide contre ces exigences ont ete pour quelque chose dans les reformes opérées depuis lout ce que je puis dire, c'est qu'on vient d'établir des bains ou les carres des hommes sont complètement sejiares des cairés des femmes. Il y a aussi de petites piscines dites de « famillle ». Enfin on a La faculté de se baigner seul dans des cabinets a part. Les douches ont ete complètement îestaurees.
La dur ée de ces bains est aujourd'hui moins longue qu elle ne l'était autiefois. Voici comment on procède :
On commence d habitude par des bains d'une demi-heui e à une heure, puis on augmente d'une heure par jour, jusqu'à ce qu'on arrive a y rester tiois ou quatre heures le malin, et deux l'apres-midi, avant le dînei. C'est alors ce qu'on ajmelle la haute baignée. On continue de la sorte pendant dou?e a quin/e jours, puis on diminue successivement et dans la même proportion le nombie des heuies, de manieie a îevenn au point
LOËCHE. 195
de déjiart. Cette période décroissante a reçu le nom de débaignée. La. durée totale du traitement est en moyenne de vingtcinq jours; mais beaucoup de circonstances peuvent obliger le médecin à la modifier. La jilus importante est, sans contredit, la poussée; aussi vais-je entrer dans quelques détails sur ce singulier phénomène.
La poussée est l'éruption produite par les eaux ; elle survient habituellement du sixième au douzième jour. Les prodromes peuvent en être imperceptibles, bien que presque toujours ils se manifestent par des accès fébriles plus ou moins réguliers, et par l'état saburral des premières voies. Dans cette période, un vomitif jiroduit souvent d'excellents effets. Bientôt une rougeur assez vive, accomjwgnée de démangeaisons et de chaleur, se montre aux genoux et aux coudes ; de là elle se répand sur le trajet des masses musculaires, aux bras, aux avant-bras, au ventre, à la poitrine et surtout au dos : elle envahit ainsi graduellement le corps entier, épargnant seulement les mains et le visage.
A cette rougeur succède ordinairement une véritable érudition; à mesure qu'elle paraît, on voit le mouvement fébrile et les autres symptômes diminuer, quoique, sous l'influence répétée du bain, la poussée continue de s'étendre.
Celle-ci ne revêt pas toujours le même aspect. Elle se présente, dans quelques cas, sous l'apparence de petites plaques rouges, disparaissant par la pression du doigt et rappelant assez les caractères de l'érythème. A un degré plus fort, elle se rapjiroche davantage de l'érysipèle ; alors, au lieu d'une simple cuisson, les malades accusent une chaleur acre et mordicantè. La peau, dans ces endroits, est tantôt sèche, tantôt recouverte d'un enduit glutineux.
Une forme plus fréquente et moins douloureuse que la précédente, est celle dans laquelle 'l'éruption est constituée par l'agglomération de petites vésicules, dont la base est entourée d'une auréole luisante. Quelquefois, au lieu de vésicules, ce sont de petites élevures noueuses et dures, d'apparence pustuleuse mais sans relief bien sensible ; la peau alors devient rugueuse au toucher et comme chagrinée.
Il y a des cas, heureusement fort rares, où la poussée prend de telles proportions que la peau se distend, se fendille et laisse suinter une matière acre et brûlante, qui fait cruellement souffrir les malades, surtout pendant la nuit. Des fomentations avec des compresses imbibées d'eau thermale sont le meilleur calmant; j'ai vu aussi des malades n'éprouver de soulagement qu'en se faisant porter au bain.
196 SUISSE (VALAIS).
Lorsque la poussée est parvenue a son apogée, elle diminue successivement, et alors commence, comme dans les fievi es éruptives ordinaires, la période de desquamation . avec elle commence également la debaignee. Le traitement touche à sa fin.
A quels principes doit-on attribuer le développement de cette éruption? Est-elle seulement le produit de 1 action irritante de l'eau, si insignifiante pourtant a l'analyse, et de la longue macération que la peau subit jiar ces bains chauds et piolongés? Nul doute que ces circonstances, surtout cette deimere, n'y conti ibuent puissamment Cependant remarquons que l'appantion de la poussée et son intensité ne sont pas toujours en rappoi t avec la dm ee et la température du bain.
Les détails dans lesquels je viens d'entier, en même temps qu'ils indiquent le mode d action de ces sources, font déjà piessentir dans quelles circonstances on en conseillera l'usage
On compiend combien elles seiont utiles, principalement chez les individus lymphatiques ou sciofuleux, en piovoquant vei s la peau une puissante dérivation, et en appelant a 1 extérieur certaines humeurs qui viciaient l'organisme, aussi les vante-t-on spécialement pour les affections cutanées. J'en ai obtenu, dans ces cas, de tels succès, que je ne saurais réellement assigner de limites a leur action Elles îeussissent aussi contre les vieilles jjlaies, les vieux ulcetes, sui tout quand ils sont de nature vauqueuse.
Les eaux de Loëche fournissent un précieux et excellent moyen de fan e reconnaître les anciennes affections syjilnhtiques, dont rien ne trahit lapiesence au sein de l'économie, elles remédient de même aux accidents piodutts pai l'abus des meicuriaux On lira plus loin, dans le chajutie sui le Tr alternent de la syphilis par les eaux minérales, quelle marche il convient de suivie jDOur tirer tout le parti possible de cette médication
Lorsque les phénomènes congestifs dont la peau est le siège deviennent tiop accuses, on a recours aux ventouses scarifiées. C'est par vingt-cinq et trente qu'on pi ocede par séance ' Les personnes chargées de ce soin sont en geneial d'une dexteuté merveilleuse
La vie qu'on mené à Loëche m'a paiu assez monotone, une grande partie de la joutnee étant consaciee au traitement. Quand le temps est beau, les pet sonnes qui ont la jroussee peuvent sortir comme les auties, sans craindie de la fane repercuter , mais il faut se vêtir chaudement et être de î etour de bonne heure, car les sonees y sont ties-froides L'excursion la plus mteiessante, du moins quant a son but, est celle qui con-
"'-■■■ '..-"'• 'LOËCHE. : ■■•' 197
duit à l'endroit appelé les Échelles. Je ne saurais non plus passer sous silence le merveilleux coup d'oeil qu'offre, par un beau clair de lune, la Gemmi, prodigeux amas.de rochers qui la fait ressembler à une tour gigantesque. Peu de malades quittent Loëche sans en faire l'ascension. Beaucoup même, au lieu de reprendre le chemin de la vallée, préfèrent suivre le sentier à pic qui contourne en serpentant le flanc de la montagne, et gagner ainsi Zurich par Kantersteg. Mais si vous êtes sujet aux vertiges gardez-vous, croyez-moi, de cet itinéraire infiniment trop.pittoresque. J'en sais quelque chose.
Il n'y a pas de Kursaal à Loëche. C'est dans les salons des principaux hôtels qu'ont lieu les réunions du soir, réunions souvent fort animées. On fait de la musique, on danse. Le dirai-je ! La poussée n'exclut pas du tout la robe de bal, et une peau tigrée jiar une belle éruption devient presque un objet de coquetterie et un motif de compliments.
Parmi ces hôtels, il en est deux qui se placent au premier rang par leur bonne et ancienne réputation : l'Hôtel de France et l'Hôtel des Alpes. —L'Hôtel de France se distingue entre tous jiar sa tenue parfaite, sa table excellente (cuisine française) et son heureuse situation près de la source Saint-Laurent, au centre même des établissements thermaux. Ajoutez qu'il, communique avec le plus important de ces établissements par une galerie couverte, et que, de plus, on vient d'y installer une jiiscine exclusivement pour les dames. — L'Hôtel des Alpes, dont j'ai déjà parlé à propos de la source des guérisons qui alimente ses bains, contigus à l'hôtel et situés au premier étage, ne le cède à aucun autre sous le rapport du, confort, de la table et de la situation. Il est entouré d'un parc agréable et la chapelle anglaise est placée non loin de lui. Toutes ces conditions lui donnent une très grande importance et lui assurent un bel avenir.
Je ne puis du reste que renvoyer pour jilus de détails sur Loëche à la description si complète que le docteur Brunner, médecin consultant, a donnée de ces eaux dans une excellente Notice'*, Enfin, depuis peu, cette station thermale a été pourvue de tous les appareils hydrothérapiques et est devenue une station climatérique.
I. Bien que l'Hôtel de France ait un service de voitures conduisant les voyageurs de la station de la Souste où ils descendent à Loëche-les-Bains, il est prudent de prévenir d'avance la Direction par lettre ou télégramme, de même pour retenir des appartements.
2 LOECHE-LES-BAINS, ses eaux thermales et ses environs, par Adolphe Brunner, médecin aux bains de Loëche, Bienne, 1887.
l D8 SUISSE (VAUD).
BEX (VAUD).
Sources salines chlorurées froides Eaux mères.
IriNFRAiRE DE PAms A BEX — Chemin de fer de Ljon p ir Pontarlier et Lausanne jusqu'à la station de Bex 16 heuies 20 min. Voitures de cette station aux Bains 20 min. — Débours 70 fr
Longtemps avant de devenir station balnéaire, le joli village de Bex, coquettement niche dans la partie la jilus veite et la plus liante de la vallée inférieure du Rhône, était connu et îecherche des valétudinaires et des touristes. Les premiers y étaient attires par la douceur de son climat compaiable a celui de Montreux, les seconds y venaient chercher un centre de jiromenades et d'excursions, en plaine et en montagnes, îemarquables par leur variété. Tous allaient visiter les mtéiessantes salines qui sont en exploitation dans le voisinage et qui, depuis JDIUS de deux siècles, fournissent de sel toute cette partie de la Suisse
Mais, chose singulière' les eaux mer es provenant de l'extraction de ce sel n'étaient pas utilisées a Bex.
Heureusement cette anomalie n'existe plus. Un magnifique établissement, appelé Bains et Grand Hôtel des Salines, s'eleve aujourd hui a Bex, reunissant toutes les ressouices désirables
Les sources de Bex, d'où on extiait le sel, sont des eaux salines chloruiees froides (Eau delixiviation) Elles contiennent, par litre, d'ajjres les dei nieres analyses de Kirchoff de Lausanne, un total de 170 grammes de principes fixes, ou le chlorure de sodium entre poui 186sr 668 Les autres sels sont a base de magnésium et de potassium. Il y a enfin : îodure et bromuie de magnésium, Oe',014.
Les eaux mères, qui offrent tous les caractères physiques que nous avons dit appaitenn aux produits de ce genre, 1 enferment, par htie, 29isr,46 de pimcipes fixes.
Enfin une source saline sulfuieuse fioide, jjrovenant également des mines de sel, a ele îecemment captée et conduite aux bains des salines, ou elle est employée en boisson, en ajsphcations locales et en bains
La cuie balneaue se fait a Bex d ajues les pimcipes genéialement adoptes dans les stations analogues, telles que Salins et Kieuznach. Poui les jiremieis bains, on n'emploie que l'eau saline seule, plus ou moins coupée, jiuis on 1 additionne de quantités piogiessives d eau meie, de manière a arriver a une mineiahsaliori qui peut atteindre de 4 a S pour 100. On y asso-
'■'."'/' ."■'.. SAXON;- 199
cie également des douches, des affusions froides, des applications locales d'eau mère.
La grande majorité de la clientèle de Bex se compose d'enfants et d'adultes atteints d'engorgements glanduleux, d'ophtalmies et de coryzas chroniques, de catarrhes du larynx, de gonflements articulaires et même d'altérations du tissu osseux.
tarey (Valais). — Source sulfureuse et eaux mères. —Les bains de Lavey sont situés sur le territoire vaudois, tout près de Saint-Maurice et à une heure de Martigny. Il y a une source thermale légèrement sulfureuse, limjiide, sans saveur bien marquée. Rarement on l'emploie seule; presque toujours on y ajoute de l'eau mère des salines de Bex. Moins riche en brome et en iode que celles de Kreuznach et d'Ischl, cette eau mère a les mêmes propriétés physiques, le même mode d'emjiloi, les mêmes effets thérapeutiques. Elle convient, comme celle-ci, aux tempéraments scrofuleux et, jjour être associée à une eau sulfureuse au lieu d'une eau muriatique, elle n'en est pasmoins efficace : il est même des cas où elle est préférable. Cependant vous verrez peu de baigneurs à Lavey.
SAXON-LES-BAINS (VALAIS).
Source bromo-iodurée tempérée.
ITINÉRAIRE DE FARIS A SAXON. — Chemin de fer de Lyon par Pontarlier ou Genève, jusqu'à Saxon même : 18 heures. —Débours: 70 fr.
Saxon est situé dans la vallée du Rhône, un peu au delà de Martigny, à une heure et demie environ du lac de Genève. Ses eaux limpides, sans odeur, ont un goût qui plaît à tous les malades, surtout aux enfants. Leur température est de 25° C. Parmi les principes qui les minéralisent se distinguent l'iode, le brome et la lithine qui s'y trouvent en de telles projDortions, qu'un bain ordinaire renferme 30 grammes du premier de ces corps, 10 grammes du second et 4 grammes du troisième. Ne pouvons-nous pas affirmer, en jirésence de pareilles doses d'agents très, actifs, doses qui sont des plus fortes qu'on puisse rencontrer dans l'hydrologie médicale, que Saxon doit être jslacé au premier rang des stations sérieuses du même groupe ?
L'estomac le jilus difficile tolère l'eau de Saxon. EMe stimule l'appétit, facilite la digestion, cause un peu de lassitude d'abord et de la constipation; mais bientôt son action gêné-
200 SUISSE (APPENZELL).
laie tonique excitante se pioduit • elle provoque chez les femmes un retour jsrecoce du flux catamemal, chez tous un ■sentiment de foi ce et un accroissement de l'enei gie musculaire. En même temps, la transpn ation est JDIUS facile, les urmes coulent plus abondamment et souvent il sui vient de legei es et fugaces éruptions La fievie qui se montie parfois, est éjihemere Elle indique la satuiation, et cesse avec la suspension du tialternent
J'avais dit, dans l'édition piecedente, que l'eau de Saxon était, par sa composition même, un agent curatif souverain, quand il s'agit de tempéraments lymphatiques et d engoi gements strumeux L'expérience m'a donne laison, et cette station n'a fait que grandir dans l'estime des médecins qiu sont <aj)peles a tiaiter plus spécialement ce génie d'affections
Mais la ne doit pas s'arrêter la spécialisation de ces eaux. En effet, elles conviennent évidemment a toutes les maladies dans lesquelles nous appliquons l'iode ainsi le goître, la syphilis tertiaire, les pharyngites gianuleuses, les laryngites chroniques, les imtations lentes de la muqueuse oculane et nasale, enfin les dermatoses rebelles Et si |e constdeie maintenant l'alliance dubt ome et de la lithine a l'iode, je comprend-, également sans difficultés les bons effets qu'elles pioduisent dans la goutte et le îhumatisme, de même que dans l'obesite.
Saxon possède toutes les beautés naturelles des autres stations de la Suisse, et, ce qui ne gâte rien, l'administration de 1 établissement thermal et du Gi and Hôtel des Bains fait, chaque année, de nouveaux efforts, que je me plais a signaler, jjour rendre le séjour de la station agréable aux malades et aux visiteurs
P. S Avant de quitter ce qui se î attache aux eaux minérales de la Suisse, je crois devoir due un mot des Cures de PetitLa.it de Chèvre, car c est la qu elles ont pris naissance
Je pirlerai également des Cures de Kephu ou Champagne lacté du Caucase, à cause de l'analogie qu'elles offrent avec ces Cures de Petit-Lait
Enfin je consacrerai un assez long aiticle au massage qui, après avon ete très en faveur auti efois dans les jiaj s méridionaux, nous levient aujourd hui du noid, et tend a se mêler de plus en plus a toutes nos pratiques hydiotheiapiques.
CURES DE PETIT-LAIT DE CHÈVRE. 201
CURES DE PETIT-LAIT DE CHEVRE
Les anciens n'ignoraient pas les propriétés du petit-lait. Écoutons Pline : « Le lait de chèvre, dit-il, bien jDrivé de son caséum, agit comme tempérant et nutritif et est jDarticulièrement utile contre les maladies de poitrine. »
Que faisons nous autre chose aujourd'hui dans ce qu'on» appelle les « Cures de Petit-Lait de Chèvre ? »
C'est en Suisse, dans les Alpes d'Appenzell, que cette méthode prit naissance, au commencement de ce siècle. Gais est l'endroit le plus célèbre pour ce genre de cures.
C'est principalement près de Seealpersee, charmant petit lac placé au milieu des pâturages et des bois, qu'on fabrique le fromage, et par cela même le petit-lait, son résidu. Les chèvres, pendant la journée, vont, jusqu'au sommet des montagnes, brouter les herbes qui croissent au pied des glaciers et les petites feuilles résineuses qui tombent des sapins. A six heures, on les ramène au village pour les traire ; puis, à minuit, commence la confection du fromage, que j'ai vu préparer de la manière suivante :
On verse le lait dans une grande chaudière suspendue sur l'âtre à une potence mobile. Quand sa température marque 30° C. environ, on retire du feu; puis on y ajoute de la présure, en l'agitant en tous sens. Une fois la coagulation obtenue, le greverand (celui qui fabrique le fromage) divise le caséum et le brasse à la main ou avec une branche de sapin, afin de le réduire en pulpe ; puis il le remet sur le feu pour le brasser de nouveau. Cette manoeuvre est répétée plusieurs fois, jusqu'à ce que tout le fromage se soit précipité au fond du vase, ce qui exige environ deux heures : alors le petit-lait surnage.
Ce petit-lait offre une teinte verdâtre et est comme crémeux:. Il a une saveur douce, balsamique et un peu sucrée. Quant à sa composition, l'élément dominant est le sucre.
C'est le matin que les malades vont le boire. On doit mettre entre chaque verre un quart d'heure d'intervalle, j)endant lequel on se promène. Dès le troisième ou le quatrième verre, on est pris d'une diarrhée séreuse, et, une heure après le dernier verre, tout est, en général, terminé.
Quelques malades prennent aussi des bains de petit-lait, mais de petit-lait de vache, provenant également de la fabrication du fromage.
202 CURES DE KÉPHIR.
Il y a deux génies d'affections pour lesquelles la cuie de petit lait paraît le mieux convenir : ce sont les maladies de poitime et celles du bas-ventre. Le petit-lait agit évidemment ici comme médication derivative.
Il n'est pas impossible toutefois qu'il exerce une action jilus spéciale sur les organes malades. Ainsi nul doute qu'il n'emprunte aux végétaux quelque chose de leurs propnetés théiapeutiques.
KÉPHIR
Champagne lacté du Caucase.
Les cm es de Lut fei mente ont été introduites en France dejiurs quelques années, et comme elles ne me paraissent pas y être encore suffisamment appieciees, je crois nécessaire d'en due un mot a propos de celui que laComjjagme jiansienne du képhir s'est proposée de répandre paimi nons.
Mais qu'est-ce que ce képhir ou Champagne lacté du Caucase, si utile aux malades qu'il s'agit d'alimenter et de îeconfoi tel ? Une excellente thèse du Dp Dinitch, soutenue devant la Faculté de médecine de Pans, \a nous l'apprendre.
C est du lait de vache feimente. On le prépaie au moyen d'un champignon appelé gi aine de képhn, et qui contient a la fois des cellules de levure qui provoquent la fermentation alcoolique et des bacténes spéciales qui déterminent la pioduction d'acide lactique.
Le képhir donc, ouviage de ces deux ferments, représente à la fois toutes les qualités alimentaires et diuietiques du lait •et les effets de l'alcool, de l'acide carbonique, de l'acide lactique, enfin des peptones jiroduites pendant la feimentation et qui sont des matiei es albumineuses digérées : ce qui en fait un des meilleurs moyens nutritifs connus.
Tel est le képhir, ignore en France, il y a peu de temps encoi e, et qui vient de conquérn une place importante en thérapeutique, giâce a ses bienfaisantes piojirietes, aujourd'hui îeconnues et constatées par des médecins distingues, soit dans les hôpitaux de la ville de Pans, soit dans la clientèle ordinane, sur des malades atteints d'affections de l'estomac et des poumons, ainsi que dans la convalescence et les suites d'opérations. Je dois même signaler d'une façon toute paiticuheie ses bons effets dans les vomissementa îebelles de la giossesseet delà phtisie pulmonaire.
/:'.''' NOTES SUR LE MASSAGE. 203
'. Il y a trois sortes de képhir, suivant le degré de la fermentation : le képhir faible ou n° 1 est laxatif; le fort, qui porte le n° 3, constipe au contraire et doit être réservé aux cas de diarrhée persistante. Le n° 2 est simplement alimentaire.
Voyons maintenant comment il faut. prendre cet aliment m/dicamentaire. Au début du traitement ce sont les faibles doses qui conviennent. Ensuite, on les élève progressivement, afin d'arriver à trois et quatre bouteilles par jour, et jslus si le malade ne jDrend pas. d'autre nourriture. Cette cure doit durer au moins de six à huit semaines.
On conseille de le boire jiar verre, à petites gorgées, à des intervalles égaux, soit avant, soit après le repas, etc. Mais tout cela doit varier d'après la situation du malade.
Quoique le goût du képhir ne soit point désagréable, il peut surprendre certaines personnes, auxquelles je conseillerais alors d'y ajouter du sucre en poudre ou quelque autre correctif.
NOTES SUR LE MASSAGE
On parle beaucoup de ttnassage ; et les livres qui traitent de cette matière, lancés depuis peu, abondent. Il y en a trop ! Est-il même nécessaire d'écrire un volume sur le massage? Non, certes! pas plus que sur la pneumonie franche et sur l'emploi de la rhubarbe. Un petit traité de vingt pages devrait suffire ; mais l'esprit humain est ainsi fait qu'il ne sait jamais garder la mesure. Nos masseurs, venus du nord, crient à l'envi qu'ils veulent mettre leur pratique à la portée de toutes les têtes médicales, et mieux de toutes les mains; et ils commencent par compiler et empiler des volumes : c'est donc un siège à faire pour arriver à les joindre ; et qui en a le temps aujourd'hui ?
Un masseur illustre, du nom de Samuély, car, dans ce «îonde, ils sont tous illustres, a dressé le portrait du vrai masseur.
« Le masseur, dit-il, doit être vigoureux, résistant et adroit; il doit avoir les mains douces, souples et garnies de muscles puissants.
« Il doit connaître exactement la physiologie de chaque manipulation, pour pouvoir choisir en connaissance de cause celle qui lui permettra d'atteindre le plus sûrement le but qu'il se propose.
2 04 NOTES SUR LE MASSAGE.
« Il doit connaître I'anatomie, savoir exactement le trajet des nerfs, la jilace des muscles, des tendons, ainsi que les fonctions qu'ils ont a rempli!, l'angiologie et sui tout l'arthrologie lui sont indispensables, il doit connaître également la phjsiologie des articulations.
« Il doit pouvoir établir un diagnostic exact, en déduire les indications ou les contre-indications du massage et en particulier de telle ou telle manipulation II doit suivre exactement la marche du traitement, en apprécier les résultats poui pouvoir le modifier, le suspendre ou l'associer a dauties moyens si le besoin s en fait sentu. »
L illustre masseur Samuely ne dit pas ce que doit être le galbe de son modèle c'est pure modestie de sa part; car, avec la foi ce, la souplesse, 1 intelligence, le coup dceil, la science, il est trop évident que le parfait masseur doit possedei encore une figure satisfaisante Un caractère etrangei même ne messied pa3, et donne un léger piquant a cette physionomie qui doit être mêlée, sans doute, de grâce, de bonhomie, de malice et de dignité J ai la, sous les yeux, dans un petit livre nouveau, d'autant plus intéressant qu'il est plus court, orne de giavures, des types de masseurs que je recommande a l'attention des amateurs. Le masseur barbu, genre slave, a quelque chose de puissant, d'antique, de large dans la manipulation, le masseur moustachu, genre madgyare, qui palpe le ventre d'une jeune femme, a quelque chose de plus moderne, de plus doux, de moins étendu, de plus pénétrant' Le premier est un bonhomme, les yeux attaches a son ouvrage; le second, plus malin, jette ses regaids au loin Mais, je leur recommande surtout les deux masseurs combinés qui pratiquent d'après la légende «c la deuxième manipulation renforcée » Types du masseur jovial, ils sont en train de frottei, avec leur main droite et gauche réunies, le ventre d'un personnage assis, qu'ils tiennent avec 1 autre main, chacun p ti l'épaule. C'est une scène de massage intime' Le ventre est rond comme une pomme, le jsersonnage païaît satisfait et aussi les ojjerateurs deux vigoureux gaillards, en veston, suffisamment velus, bien assis sur une jambe, arc-boutes sur 1 autre et qui se regaident, non pas sans rire, mais en esquissant un fin sourne, car ils savent, a n en pas douter, ce qu'en vaut l'aune
J'aime assez a contemplei les apothéoses que chaque gioupe d'artistes se décerne libéralement. Leui giandeur est, pour l'ordinaire, en raison inveise du tunail utile accompli. Qui
NOTES SUR LE MASSAGE. 205mesurera,
205mesurera, exemple, l'orgueil énorme de celui-ci et de.
celui-là? Le médecin philosophe, semblable aux dieux, a
toujours le maintien simple et modeste : ce n'est pas lui qui se fourrera jamais dans une chapelle ou se juchera sur un piédestal. Il abhorre les coups d'encensoir et reçoit avec une égale indifférence les injures et les louanges à fracas. Une seule chose le trouve sensible; et c'est l'approbation réfléchie des esprits bien faits. A ces signes vous reconnaîtrez l'homme supérieur qui honore la science et qui glorifie l'art. Et puisque nous en sommes aux portraits et que j'ai donné celui du parfait masseur, on me saura gré, peut-être, de mettre en parallèle celui du bon pharmacien. Il date du dix-septième siècle, de la grande époque où s'étalaient perruques, jabots et dentelles : c'est un amas d'excellentes qualités !
« Il faut que le jmarmacien, dit de Meuve, soit homme de bien, expert dans son art, fidèle et diligent à exécuter ponctuellement et aux heures prescrites les ordonnances des médecins, sans les altérer ni en rien changer, principalement quand il s'agit de remèdes laxatifs ; c'est, pourquoi il est nécessaire qu'il sache la langue latine, qu'il soit riche et prévoyant pour pouvoir être fourni de tout ce qui lui est nécessaire. Il faut aussi qu'il soit prudent et discret, doux et de bonne humeur envers ses malades, propre, afin qu'ils n'aient pas tant d'horreur à prendre ses remèdes, qui sont déjà jDOur la plupart assez désagréables d'eux-mêmes, et enfin qu'il soit robuste et patient dans la préparation et l'administration des remèdes, sans néanmoins être avare. »
Eh bien ! qu'en pensez-vous et que dites-vous de ces remèdes laxatifs et de cette nécessité de bonne humeur associée à la force et à la patience dans l'administration de tels remèdes ? Peut-on discourir plus galamment de la seringue, qui doit être nette comme un miroir, et de son contenu assez désagréable, mais que la bonne humeur de l'artiste aide à passer? Le pharmacien du dix-septième siècle doit être patient.... que de choses dans ce dernier mot! Le malade, au lit, attend : il ne sait trop ce qui va lui arriver, car la prescription a été écrite en latin tudesque. Le pharmacien, armé, s'avance : il est robuste... et patient, de bonne humeur même; et si par un coupde prudence il est riche sans être avare, la perfection est atteinte, car rien ne manquera au remède laxatif, quantité et qualitéLie lavement, cette espèce de massage du gros intestin, si fort en honneur chez nos pères, moins apprécié aujourd'hui
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206 NOTES SUR LE MASSAGE.
où l'on abuse des purgatifs, est menacé par le massage abdominal. Cependant, malgie ce qu'en disent les masseuis, je tiens pour le lacement, moyen jilus familier, plus a la poitee de tous, rendu usuel, enfin, depuis que les pharmaciens n'en diligent plus l'appaieil. On l'acceptait difficilement autrefois, tout le monde aujourd'hui, sauf quelques espnts timorés, le considère comme pouvant fane partie, au besoin, de la toilette quotidienne ; et je le tiens comme le meilleur moyen de nettoiement de cette partie des voies digestives. Vous pouvez y jomdre, sans doute, les fnctions abdominales ou le massage du gros intestin, dans le cas de notable engoi gement. Rien de plus aise que de dissiper ainsi les tumeuis steicorales. Mais ■cette manoeuvre, a moins d exageiation, ne doit êtie que passageie, cai l'intestin vidé, c'est a vous a suivie le îegime capable de prévenu de telles accumulations. Ce que je dis la, des lavements et du massage du gros intestin, est a 1 approcher des opinions sur le massage abdominal et sur le massage de l'estomac, que j ai publiées dans le Guide du Médecin praticien et dans le journal la Thérapeutique contemporaine CejDendant, je ne veux point m'anêter a ce point paiticuhei de 1 ait •du masseui . et puisqu'on parle beaucoup de massage, pailons-en a notie tour, et jetons sui cette matière un peu de raison
Le massage onental est le jirenner en date et en unpoi tance. Il fait partie du bain des lui es, des Egyptiens, des Indiens et sert a le compléter Les femmes \oluptueuses des paities chaudes de l'Asie s'y livrent avec passion, et, dit-on, un long îejios peut seul apaiser le fiemissement univeisel qui îesulte •d'attouchements délicats et multijJies.
Cette opération, exécutée d'une main légèie par une personne vigoureuse, mais adioite et leste, a pour but de nettoyer la peau, d'en exciter les facultés sensorielles et toniques, et de dissijjer tout ensemble le raidissement musculaue cause par un exercice foi ce ou quelque surexcitation intellectuelle et morale tiop soutenue. Ce îaidissement musculaue, espèce de tetamsme qur fait perdie au muscle sa souplesse et îestieint la motihte volontaire, engendre^e sentiment de lassitude et provoque enfin une impuissance motrice que le îepos seul n'est pas toujours suffisant a faire cesseï. Le massage active, en outre, force et soutient le jeu du système circulatone, et 1 établit, a la façon de l'exercice, l'équilibre entie la fonction d'absorption et la fonction d'excrétion Ainsi, le massage oriental délasse, excite, fixe le poids du corps, et concilie le sommeil.
NOTES SUR LÉ MASSAGE. 207"
Barthez s'est préoccupé d'expliquer le délassement que produit le massage oriental, et je crois utile de citer ce qu'il en a dit :
« La lassitude qu'on éprouve, dit ce grand physiologiste, à la suite d'un exercice long et pénible, a pour principe l'accroissement de la cohésion dans les fibres des muscles, dont les contractions ont été fortes et longtemps répétées. Cette augmentation vicieuse produit une sensation fâcheuse dans chaque nouveau mouvement des muscles et rend ce mouvement de plus en plus difficile : ce qui cause l'engourdissement dans les membres, et y occasionne, souvent par irritation lorsqu'on veut en forcer le jeu, des crampes et autres affections spasmodiques.
« On délasse parfaitement les membres qui sont fatigués, par un exercice violent, en employant un art singulier jDour les comprimer et les frotter, art qui est pratiqué en diverses parties de l'Asie et qui était connu des anciens Romains.
« Les pressions et les frictions douces qu'on exerce sur les membres fatigués, que l'on pétrit ainsi, ou que l'on masse, ne jjeuvent qu'agiter dans tous les points les fibres des muscles affectés, ou faire mouvoir en divers sens toutes les parties de ces fibres : ce qui doit nécessairement diminuer et effacer l'accroissement de cohésion permanente qu'avait introduit dans le tissu de ces muscles un exercice pénible et longtemps continué.
« Après que cette cohésion extraordinaire a été ainsi dissipée par ce moyen excitant (et par là préférable au bain tiède, dont l'effet serait en même temps relâchant), on redonne aux muselés affectés plus de facilité et JJIUS de force jiour exécuter les mouvements auxquels ils sont destinés ; ce qui établit le retour de la vigueur. On fait cesser en même temps la concentration assidue des efforts de mouvements toniques, que l'exercice avait déterminés dans les membres affectés ; et d'autant que cette concentration y produisait un excès de chaleur qui était ressentie par tout le corps ; cet excès étant détruit fait place à un refroidissement très marqué.
« Quant à la sensation agréable qui accompagne l'opération du massage, on sait qu'une pareille sensation est généralement attachée à la détente de tout état violent des organes ; et iL est vraisemblable que, chez les Orientaux, cette sensation est exaltée jusqu'à produire une espèce de volupté, par l'effet d'un chatouillement jiresque insensible que l'art fait naître des frottements les plus doux. »
208 NOTES SUR LE MASSAGE.
M. le Dr de Saint-Germain a bien decnt les îmjiressions que piocure a un homme de notre race le massage onental tel qu'on le jjratique a Pans.
« Des le début, dit-il, vous êtes sui pris, le masseui vous effleure a peine, il vous fiole les doigts, les fléchit, les étend sans secousse, sans effort, tout au jilus si de temps en temps un petit craquement vient annoncer qu'un mouvement un peu accentue s'est produit. Passant ensuite aux bias, au tronc et aux jambes, il comprime les masses musculaires en piessant •sur elles de tout son poids, sans secousse, sans saccades; les mains qui vous empoignent ne vous pincent jamais , vous ne sentez jamais sui vous que la jsaume des mains et il vous semble que vous êtes piétine par un enoime chat dont les pattes souples et puissantes vous compriment lentement et sans secousse. Le massage fait de la sorte est délassant et réparateur. »
Il est raie de îencontrei enEuiope des gens suffisamment exerces au massage oriental, mieux vaut donc le îemplacei par des manoeuvies moins comjilexes et que je vais mdiquei.
Barthez, en compai int le bain tiède au massage, observe que l'effet du bain est relâchant, mais dans jdusieurs endroits de ses ouvrages il dit que le bain, combine avec l'exercice, donne au corps une sorte de tiempe, c est-a dire que le corps acquieit tout ensemble de la souplesse et de l'eneigie. L'exercice reguhei, qu on ne doit jamais pousser jusqu'à la fatigue, pris suivant les en constances, soit avant, soit ajDres le bain, peut donc tenir lieu de massage. On peut arnvei encore a des effets analogues jjar une méthode j)lus simple.
Cette méthode consiste a fane suivie le bain d'une fnction foi te, étendue à tout le coips, avec le linge îude, le gant de lame ou de crin, la main nue ou aimée d'un appaieil pour frotter Ce massage doit être effectue rapidement, sans peser On peut } jomdte le tapotement qui consiste a frapper sur les masses charnues avec le plat de la main et cette dernière manoeuvie pour êtie bonne doit développer une impiession agréable. Mars, de grâce, pas de coups de poing et de battoirs, repoussez sui tout les coups de hache donnes avec le bord cubital de la main piocedes barbares qu'il faut 1 envoyer dans les deseits de l'Ukraine.
EAUX MINERALES
DE
LA BELGIQUE.
CHAUFONTAINE ET TONGRES.
La Belgique ne possède qu'une eau minérale méritant une description particulière : c'est celle de Spa.
Nous nommerons seulement la source de Chaufontaine, située à deux lieues de Liège, dont l'eau, faiblement minéralisée et un jaeu thermale, est employée en bains comme médication calmante. Nous n'accorderons de même qu'une simjjle mention à la source ferrugineuse froide de Tongres, dont le plus grand mérite, aujourd'hui, est d'avoir été citée avec éloges par Pline, qui lui reconnaissait des vertus dépuratives, antifébriles et diurétiques. Elle sert encore à la boisson.
SPA.
Sources ferrugineuses froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A SPA. — Chemin de fer du Nord jusqu'à Spa même : 9 heures et un quart. Débours: 44 fr. 75 c.
Spa est situé au pied d'une montagne escarpée qui le protège contre les vents du nord. Du côté sud, s'élève une autre montagne dont le versant, cultivé en partie, est partout ailleurs recouvert de rochers et de forêts : c'est là que jaillit tout un groupe de sources minérales. Ce sont des sources ferrugineuses froides, très-gazeuses. L'eau en est d'une limpidité parfaite; sa saveur fraîche et piquante a un arrière-goût atramentaire. Un mot sur les principales :
Le Pouhon. — Cette source qui se trouve au centre de la
210 BELGIQUE.
ville, est aménagée sous le péristyle d'un monument d'assez médiocre valeur architecturale, dédié à la mémoire de Pierre le Grand qui visita Spa en 1717, et y recouvra la santé*. L'eau de Pouhon s'échappe en bouillonnant des fentes de roches micacées. C'est la souice la plus fréquentée de Spa. Depuis les nouveaux captages opérés en 1864, son rendement a notablement augmente, il est actuellement de 21 000 litres, par joui Sa minéralisation a de même été portée de 0sr,927 de carbornate de fer à 4er,008 Enfin il s'en dégage une telle abondance de gaz que la fontame ressemble a une cuve en fer - mentation
Geronstere. — Eloignée de Spa d'environ une lieue, cette source jaillit au milieu d'un bosquet et est encaissée dans un petit bassin que recouvre un élégant campanile. C'est une eau faiblement minéralisée et légèrement sulfatée; le fer s'y trouve à l'état de crénate.
Sauvemere et Groesbeeck. — Ces deux sources, presque voisines l'une de l'autre, sont situées à une demi-heue de la ville. Comme le Groesbeeck contient moins de fer et plus de gaz que la Sauvemere, sa saveur plaît davantage C'est a cette derniei e source que se trouve l'empreinte creusée dans une dalle, connue sous le nom de Pied de Samt-Remacle.
Nivesee. — Près des anciens griffons, aujourd'hui disparus, du Tonnelet, existe le remarquable forage pratiqué en 1864, et qui a réuni en une seule les nombreuses sources minérales qui transformaient en un marécage couvert de dépôts ocreux tout le terrain d'alentour. Ces sources, habilement captées et très abondantes, sont conduites par des tuyaux clos jusqu'à la ville, distante de trois kilomètres, ou elles alimentent le nouvel établissement de bains. Elles sont très-ferrugineuses, riches en gaz acide carbonique, et dégagent en outre une assez forte odeur d'hydrogène sulfure.
Barisart. — Cette source, bien que connue depuis longtemps, était, en quelque sorte, ensevelie sous les buissons et les ronces, lorsqu'on l'a récemment abritée dans une grotte Sa composition et ses propriétés rappellent celles de la Geronstèie. Elle attire aujourd'hui la foule des buveurs et est lf rendezvous préféré du monde élégant
\ Cependant, en même temps qu'il pienait les eaux, il se livrait, suivant sa coutume, aux plus grands excès de tible C'est de Spa que, p^r une lettre en date du 21 juillet 1717, le czir exlioita son hls Alexis, retire alois a Naples, a revenir dans si patrie, ou il devait, un an plus tard, trouver, au lieu du pardon promis, une mort si trigique
■'■"■■-" •-■':■' '■'•■;') ' SPA.' '2ii
Nous remarquerons que la plupart de ces sources jaillissent à une certaine distance de la ville, au milieu des bois et des montagnes. C'est un inconvénient que compense l'avantage de forcer les malades à faire de l'exercice.
Quels sont ceux qui se rendent de préférence à Spa? Ce sont les mêmes que vous rencontrerez à toutes les sources ferrugineuses; car les eaux de cette classe, si elles diffèrent quelquefois par leur composition chimique, possèdent toutes, à des degrés variables, les mêmes propriétés et les mêmes vertus. Ainsi leur action est essentiellement fortifiante. Elles facilitent la digestion, relèvent les forces, rendent le sang plus riche et plus vermeil ; en un mot, elles déterminent dans l'économie une sorte de transmutation qui imprime à l'ensemble de nos fonctions une nouvelle activité.
Toutes les sources de Spa sont donc fortifiantes et toniques. Cependant on a voulu attribuer à quelques-unes des propriétés plus spéciales. Ainsi, par exemple, la Sauvenière serait une source fécondante par excellence. Seulement la réussite est subordonnée à cette condition que la jeune femme, pendant qu'elle boit l'eau, tiendra le pied posé dans l'empreinte de celui de saint Remacle, et répétera, neuf jours de suite, la même cérémonie. Plaisanterie ! dira-t-on. — D'accord. — Cependant, comme le merveilleux plaît toujours, peu de femmes omettent cette formalité.
Les bains, à Spa, ne jouaient autrefois qu'un rôle tout à fait secondaire. Ce n'est même, à vrai dire, qu'à dater de 1868, époque où l'on construisit le splendide établissement actuel, que leur emploi s'est généralisé.
Que dire maintenant du séjour de Spa? Le temps n'est plus où une foule élégante se pressait dans les magnifiques salons de la Redoute et sur la promenade de « Sept-heures ». C'est que la suppression des jeux et certaines mesures économiques qui en ont été la conséquence, ont ramené Spa aux conditions d'un bain ordinaire où l'on s'amuse moins mais où peut-être' on guérit davantage.
TRANSPORT. (Toutes les sources.) — Il s'en expédie très-peu en France, comparativement du moins à ce qu'il s'en expédiait autrefois. C'est que nous possédons une foule d'eaux de la même classe qui les valent, si même elles ne leur sont supérieures.
EAUX MINERALES
DE
L'ALLEMAGNE.
DES ETABLISSEMENTS THERMAUX ALLEMANDS.
Les établissements thermaux de l'Allemagne viennent de traverseï une double ciise, qur a ete fatale a quelques-uns et préjudiciable a tous. Cette double cnse a ete la supjiression des jeux et 1 absence de l'élément français.
La supjiression des jeux, mesuie moi aie et excellente entre toutes, a eu pour effet immédiat d'éloigner tout cet essaim de chevaheis d industrie et de femmes rnterlopes qur viennent toujouis s'abattre la ou il y a quelque chose a « gruger » Aussi les sources qui devaient a cet aliment malsain la plus grande jiaitie ou même la totalité de leui s succès, ont-elles vu le vide se former autour d'elles Les seules qui aient résiste sont celles qui avaient une valeur réellement médicinale.
Quant à l'absence de l'élément fiançais, elle a ete la conséquence obligée de nos derniers desasties. Ne devions-nous pas, avant de songer a nous mêmes, commencer pai 1 élever nos morts et panser nos blesses' Cette abstention de notie jiait a jiorte un coup non moins funeste a la piospente des établissements de l'Allemagne, en ce qu'elle a atteint également ceux ou la roulette n'avait jamais régné C'est que, quels que soient nos entraînements, nos fautes, nos folies, on ne saurait contester a notre nation cet heureux entrain et cette gaieté de bon aloi qui sont 1 âme des salons.
Mais, enfin, il n'est pas de rancunes éternelles. D'ailleurs, ainsi qu'il résultera du Parallèle que nous allons bientôt ctablrr entre les sources etiangeies et les nôties, ce serait une er-
jNIÉDEHBI<ONN. 213
reur très-grave de croire que nous pouvons toujours nous suffire à nous-mêmes. Non. L'Allemagne possède des eaux, surtout des eaux purgatives, qui n'ont pas leur analogue sur notre propre sol. Il nous faudra donc forcément aller leur demander la santé, et, par suite, je ne saurais me dispenser de les faire connaître. D'ailleurs je n'écris pas seulement pour des Français : ma pensée va jilus loin; j'ai en vue tout être qui souffre, et ma seule préoccupation doit être de trouver un remède à ses maux.
— J'arrive maintenant à la description des stations thermales. Nous commencerons par celles qui sont les plus voisines de notre frontière, abordant successivement les autres dans l'ordre qu'elles occupent à mesure qu'on s'en éloigne. Les jiremières dont nous allons avoir à parler étaient, avant nos derniers désastres, des eaux françaises. Hélas! quand le redeviendront-elles?
NIEDERBRONN (ALSACE).
Sources salines chlorurées froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A NIEDERBBONN. — Cliemin de fer de Strasbourg jusqu'à Niederbronn même : I 2 heures 40 minutes. — Débours : 65 fr.
Niederbronn est un bourg considérable situé au centre d'une ravissante vallée qui m'a rappelé celle de Baden-Baden. Sa source jaillit au milieu d'un petit parc, et fournit 221 litres par minute ; elle se déverse dans un joli bassin, dont les fondations sont d'origine romaine.
A sa sortie de terre, l'eau minérale est d'une parfaite limpidité; mais elle ne tarde pas à prendre, par son exposition à l'air, une teinte louche et jaunâtre Elle a une saveur saline, suivie d'un arrière-goût un peu fade : l'oJeur en est presque nulle ; on l'a assez bien comparée à celle de l'argile humide.
La température de cette source est de 18° C. : c'est donc une eau presque froide. Elle appartient à la classe des eaux salines chlorurées. Un litre renferme 4sr,784 de sels dont 3er,070 de chlorure de sodium. Les autres sels sont à base de soude, de chaux, de magnésie et de fer. Enfin la lithine s'y trouve en quantité très-sensible.
Il n'existe point à Niederbronn d'établissement thermal proprement dit. Les bains et les douches se prennent dans les hôtels et les maisons particulières.
214 ALLEMAGNE (ALSACE').
Ce qu'on se propose surtout à Niederbronn c'est de provoquer ei d'entretenir des effets laxatifs. Aussi l'eau puse en boisson forme-t-elle la base de la cure. Il faut en moyenne de cinq a six verres de la source, pris à jeun, pour procurer une ou deux selles liquides
Ces eaux sont surtout recommandées pour les maladies chroniques de l'abdomen qui reconnaissent comme caractère essentiel l'inappétence, la lenteur et la difficulté de digestions, le ballonnement du ventre avec sentiment de tension et de plénitude, la constipation et certains engoigements hemorrhoidaux
L'absence a peu près complète de fer fart qu'on peut les prescrrre, comme médication derivalive, aux hémiplégiques, par suite d'apojilexie ; encore faut-il attendre qu'un cei tain temps ce soit écoule depuis l'accident.
Les eaux de Niederbronn païaissent convenrr encore pour d'autres affections, telles que l'hypettrophie du foie, les calculs biliaires, les engorgements scrofuleux. certaines maladies cutanées et la plupart des affections rhumatismales.
Je ne puis du reste que renvoyer pour plus de détails, a l'excellent travail qu'a publie sur ces eaux M. le docteur Klein, médecin consultant a Niederbronn.
Wattwiller (Haut-Rhin). — Sources ferro-orsenicales froides — La petite ville de Wattwiller est située au pipd de la pente orientale des Vosges, a quatre kilomètres de Cernay, <. u se trouve la station du chemin de fer de Mulhouse a Thann La, jaillissent trois sources minérales froides. L'eau en est clane, limpide et d'une saveur agréable La somme des pimcipes fixes qu'elle renferme n'est que de I6r,020, par litre, ce sont des sels alcalins, parmi lesquels figurent, comme ele ments essentiels, l'arsenic et le fer. Elles conviennent contre les maladies de la peau, surtout celles qui se rattachent à l'herpetrsme.
Soultzmatt, Sonltzbach (Haut-Rhin) — Eaux de ta ble Ces eaux, voisines de Colmar, constituent une boisson agréable, particulièrement utile pour ies estomacs paresseux.
Cfaatenois (Bas-Rhin). — Sources salines chlorurées froides. — Chatenois, simple bourg de l'arrondissement de Schelestadt, renferme deux sources minérales d'une composition identique L'eau de ces sources a une couleur légèrement laiteuse ; son odeur est hépatique, sa saveur salée, sa temperature de 18° C. Elle contient, par litre, 46r,214 de principes fixes dont 36r,200 de chlorure de sodium. L'eau de Chatenois
AIX-LA-CHAPELLE.. 215
prise en boisson et en bains, fortifié tout l'organisme, et provoque parfois une éruption miliaire. On l'emploie surtout contre l'asthénie.
AIX-LA-CHAPELLE (PRUSSE RHÉNANE). Sources sulfureuses chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A AIX-LA-GHAPELLE. — Chemin de fer du Nord jusqu'à Aix-la-Chapelle directement : -10 heures et demie. — Débours : '48 fr.
Aix-la-Chapelle réveille tout d'abord de grands souvenirs historiques : c'est la ville de Charlemagne. Ses monuments, le Trésor de son antique cathédrale, conservent les reliques du puissant empereur. Mais Aix-la-Chapelle jiossède aussi des eaux minérales célèbres et l'établissement connu sous le nom de Bain de l'Empereur qui occupe l'emjilacement d'anciens bains romains. C'est dans sa vaste piscine que Charlemagne aimait à se baigner en jmblic avec les officiers de sa cour ; c'est là également que Napoléon Ier vint prendre des bains : l'élégant bassin qui lui servait à cet usage est connu sous le nom de bain de Marbre.
Les eaux d'Aix-la-Chapelle ont suivi la fortune variée de la ville même : tantôt délaissées et tantôt prospères. Toutefois la vogue paraît leur être définitivement acquise : car, dans ces dernières années, elles ont été jilus que jamais fréquentées par les baigneurs. Puissé-je servir encore à étendre leur réputation !
Les sources jaillissent à l'intérieur de la ville et alimentent divers établissements balnéaires qui sont en même temps des hôtels confortablement tenus. Les principaux sont : les Bains de l'Empereur, de la Rose, Saint-Corneille, Saint-Charles, le Bain neuf, le Bain Saint-Quirin, celui de la Reine de Hongrie, etc.
La température des sources varie de 44° à 47° C. Elles donnent une eau abondante de composition assez remarquable. L'eau de la source de l'Empereur, par exemple, contient d'après Liebig : 0er,30 de sulfure de sodium, pour 2«r,43 de chlorure de sodium, avec 0sr,83 de carbonate de soude et des traces très sensibles d'iodures et de bromures alcalins. Le total des matières fixes par litre est de 3«r,349.
Les eaux d'Aix-la-Chapelle ont sur l'organisme de l'homme une action diaphorétique et diurétique. On les prend le matin à la fontaine Elise alimentée par la source de l'Empereur. C'est un monument gracieux à côté duquel se trouvent des galeries
216 ALLEMAGNE (pRtISSE RHÉNANE).
couvertes où les buveurs jseuvent s'abrrter. En outre, les eaux sont employées en bains, en douches et bains de vapeui. La douche est oïdinairement combinée avec les bains : alors c'est elle qu'on prend la piemieie. A La douche on associe d habitude la fnction et le massage. Notons encore qu'on a établi depuis quelques années une salle d'inhalation.
L'activité des eaux d'Aix-la-Chapelle est évidente On la conseille pour un grand nombie de maladres, ce qu'explique leur comjiosition qui tient a la fois des eaux sulfui euses et des eaux alcalines. Je suis heureux de pouvoir joindie a cet égird, aux observations que j ai pu faire, celles de MM Larsch et Strater, médecins cjui exercent auprès de ces eaux avec la plus grande distinction
On vient surtout à Aix-la-Chapelle pour les maladies chroniques de la peau, depuis le simjile eczéma, jusqu'au lupus le plus mveteré Les vreux ulcères, les plares d'armes à feu, les anciens trajets fistuleux, les tumeuis blanches, les caries, les nectoses, se trouvent également bien de leur emploi. A cet égard, elles jieuvent rivaliser avec nos sources sulfureuses des Pyrénées.
On emjîloie encoie les eaux d'Aix-la-Chapelle avec succès contt e les rhumatismes clu oniques et la goutte. Elles ne sont pas moins utiles dans les intoxications métalliques, le catairhe utérin, la névralgie sciatique, et dans quelques cas de païalystes Enfin beaucoup de malades vont demander à ces eaux la guérison d'affections syphilitiques îebelles ou de désordres occasionnes par l'abus des mercunaux. C'est surtout dans ces derniers cas qu'elles rendent les plus grands services et justifient la spécificité d action qu'on leur attribue en Allemagne.
Comme nous l'avons dit déjà, les malades jjeuvent se loger dans les établrssements balnearres, mars beaucoup préfèrent habiter dans les hôtels proprement dits, situes a jiroxrmite des sources et qur offrent tout le confort desaable.
La saison commence le 1er mai pour finii dans le courant d'octobie, mais même en hiver, les hôtels des bains sont en grande paitie occupes par des ettangers et des malades.
Aix-la-Chapelle a bien change depuis quelques années. Cette \ille que j'avais connue triste et un peu délaissée sous le rajjport hygiénique s'est entiei ement transformée Les distractions y sont devenues nombieuses et \ariées, et l'habrtatron, même pendant les chaleurs fortes, y est aussr saine que possible. La campagne avoismante et les hauteurs boisées qui entouient la ville, forment des promenades des plus agréables.
KRETJZNACH. - ^^
Borcette. — C'est un gros bourg situé à une petite distance d'Aix-la-Chapelle. On y trouve de même des eaux sulfureuses, en nombre considérable, possédant les mêmes vertus médicinales et distribuées dans des établissements qui sont en même temps des hôtels : par exemple, l'hôtel des bains de la Rose, des bains Saint-Charles. Tous ces établissements sont parfaitement tenus ; et l'on s'y jiréoccupe beaucoup du bien-être et de l'agrément des baigneurs.
On a divisé les sources de Borcette, d'après leur situation, en Supérieures et en Inférieures.
Borcette est un endroit assez triste encore, malgré la proximité d'Aix-la-Chapelle, et, pendant les grandes chaleurs, le séjour de cette station est médiocrement hygiénique.
KREUZNACH (PRUSSE RHÉNANE).
Sources iodées froides. Eaux-mères.
ITINÉRAIRE DE PARIS A KREUZNACH. — Chemin de fer de l'Est par Forbach et Bingerbruck jusqu'à Kreuznach même : 13 heures. — Débours: 72 fr.
Kreuznach est situé dans la vallée de la Nahe, sur la rive gauche du Rhin. La Nahe, arrivée jaroche de la ville, s'élargit beaucoup et forme, au centre même de la cité, une grande île. D'un côté se dressent des collines peu élevées, de l'autre s'étend une plaine ondulée assez agréable. Les environs sont fertiles et bien cultivés : les coteaux couverts de vignes qui jsroduisent un vin renommé. Les salines se trouvent à deux lieues de la ville, dans la vallée. A la station de Kreuznach, comme à Salins et à Nauheim, on utilise surtout le résidu des eaux minérales, ajipelé « Eau-mère » (mutter-laùge), provenant de l'extraction du sel marin destiné à l'industrie.
L'eau-mère de Kreuznach contient, par litre, 8sr,70 de bromure de sodium et 2sr,60 de bromure de magnésium. Ajoutée au bain, elle lui communique des propriétés beaucoup plus énergiques que celles que possèdent les sources mêmes.
La plus connue de ces sources, la seule même qui mérite de nous occuper, est la source Elisabeth. Température : 90° C. Sa saveur acre, salée et saumàtre a quelque chose de nauséabond. Quant à sa composition, elle se rapproche tout à fait de celle des eaux de Soden, Hombourg et Nauheim. Ce sont les mêmes
218 ALLEMAGNE (PRUSSE RHÉNANE).
sels . 12^,242, par lrtre, dont H,6'i2 de chlorure de sodium; seulement elle renferme un peu d'iode.
Le tiaitement consiste puncipalement dans l'emploi des bains. On se sert pour les chauffer de la méthode dite de Schwarz, en voici la description :
Chaque baignoire est munie d'un double fond, dont la paior supeneuie est de cuivre et l'inférieure de bois A ce double fond est adapte un robinet d'où part un tube qur communique avec un réservoir de vapeur d'eau bouillante. Veut-on prepaîer le bain, en même temps qu'on fait ai river l'eau minéiale dans la baignoire, on ouvie le robinet qui livre passage a la vapeur Celle-ci se précipite dans l'espace vide du double fond, échauffe la paroi supeneuie de cuivre, et, jjar suite, communique avec une telle rapidité son calorique au bain, qu'en une dizaine dé minutes il atteint 32" a 35° C Alors vous fermez le robinet La vapeur n'arrivant plus, le fond de cuivie se refroi» dit jusqu'à ce qu'il se soit mis en équilibre avec la temperatuie de l'eau, qui se trouve ainsi au degré convenable 1.
Prises en boisson, les eaux de Kreuznach agissent comme médication fondante et depurative, ce qu'explique la natuie des sels, et surtout l'iode, qui entie dans leui composition Trois ou quatre verres de la source Elisabeth, bus, le matin, a jeun, sont le plus souvent suffisants.
Ces eaux sont souveraines dans le traitement des affections lymphatiques et sciofuleuses, depuis le degré le plus simple jusqu'à la période la plus avancée Elles favorrsent smguheiement aussi l'apparition des menstrues quand il } a défaut de ton et de ressoit dans l'appareil utenn Enfin elles ont plus dune fois amené la îesolutron de certams engorgements de la matrice et des ovaires*
Kreuznach jouit encore d'une réputation mei itee contre les cachexies daiti euses et syphilitiques arrivées audegie le plus avance.
Salzbrana (Silésie). — Eaux alcalines froides — Ce sont des eaux assez analogues par leur composition et leui s effets a cellesdEms, seulement elles sont fioides. Il y a deux souices
4 Je n'a pas ete médiocrement surpris de tiouver deente dans Seneque cette méthode de chauffer les b uns sans feu [balnea sine igné cale/acere) Voici la curieuse description qu'il en donne « On introduit dit-il, de la vapeur biulante, laquelle, circulant dans des canaux, échauffe les parois de II baignoire (panetes balnei calejacit), comme le ferait le contact de la fl imrae Ainsi, de froide qu'elle ctait, l'eau devient chaude, et l'evaporation ne peut lui faire rien perdre de sa saveur, cai on igit dans des vaisseaux clos [tiec trahit sapoteni evaporatio, quia cluusapet labilut) » (QU.£ST NAT.)
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priricipales, YOberbriinn et le Mûhlbrunn. La première contient 18r,040 de bicarbonate de soude; la seconde, 0sr,790. L'eau en est limpide, pétillante, d'un goût styptique légèrement salé. On la boit pure, ou mieux coupée avec du petit-lait : six à huit verres, le matin. Le Mûhlbrunn, dont l'action est plus douce que celle de l'Oberbrunn, convient plus particulièrement pour les organisations irritables.
On m'a cité de fort belles cures que les eaux de Salzbrunn auraient opérées dans les affections catarrhales des bronches, même avec sécrétion purulente de la muqueuse, et dans la phthisie, sinon confirmée, du moins offrant déjà les prodromes des tubercules. Mais le grand inconvénient de ces eaux pour nos malades, c'est leur extrême éloignement.
Rémé (Westphalie). — Sources salines chlorurées tièdes.
— 11 existe à Rémé, en Westphalie, indépendamment d'une importante saline, une magnifique source minérale, d'une température de 31° C, dont la composition rappelle parfaitement' celle des sources de Nauheim ; seulement elle contient plus de chlorure de sodium et plus de fer. La plupart des affectionsque l'on traite à ces eaux sont les scrofules, les rhumatismes,' les névralgies et les paralysies : les paralysies surtout constituent leur spécialité thérapeutique, sans cependant peut-être qu'il s'y opère plus de cures qu'ailleurs.
On emploie également à Rémé les eaux minérales en inhalation, comme cela se pratique à Lamotte et à Allevard. Ainsi de petits filets d'eau tombent du haut d'un réservoir sur l'aire même de la pièce où se rendent les malades pour venir y respirer la poussière humide qui se répand dans l'atmosphère. Cette méthode qu'on désigne sous le nom de Dunstbad, convient pour les affections des voies respiratoires.
Rémé est une station thermale bien organisée. On vient d'y construire un très-beau Kurhaus. Cependant un Français s'y trouvera toujours quelque peu dépaysé, car, population, moeurs, langage, tout y est essentiellement allemand.
Lippspringe (Westphalie). — Source saline suifatée froide.
— Cette source, plus connue sous le nom de source « d'Arminius, » est très-gazeuse. Sa saveur est saline et piquante. Elle contient, par litre, 2eT,405 de sulfates calcaires associés àquelques carbonates sodiques. On l'emploie en boisson et en bain, comme médication rafraîchissante et laxative. Elle est vantée surtout contre la phthisie commençante, compliquée d'hémoptysie, quand les sujets sont pléthoriques, irritables et sujets aux congestions pulmonaires.
220 ALLEMAGNE (WALDECK^.
PYRMONT (WALDECK). Sources ferrugineuses froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A PYRMOMT — Chemin de 1er du Nord par Erquelines Cologne, Elberfeld, Soest et Alteobeken, jusqu a Pyimont même : 18 heui es — Débours. 80 fr.
Pyrmont, capitale de la principauté de Waldeck, est célèbre depuis longtemps pour ses eaux mineiales La tradition î apporte que Charlemagne en fit usage Je lisais même dernieiement, dans je ne sais quel prospectus, que Varus pi enait les eaux de Pyrmont au moment où, cédant aux perfides conseils d'Armrnrus, ri s'engagea follement dans les « défiles du Teutberg » (Teutoburgiensis saltus), ou ri trouva la mort, ainsi que les trois légions romaines qu'il commandait 1. Or, notez que tout cela était raconte du ton le plus sérieux !
Les sources minérales de Pyrmont, dont nous avons à nous occuper, appartiennent a la classe des eaux ferrugineuses : température 10 a 12° C. La plus importante est la Tnnkquelle. Elle renferme par litre 0er,05S de bicarbonate de fer et l'",683 de gaz acide carbonique libre. L'eau en est clane, limpide, sa sa\eur, atramentaire. Elle ne sert qu'a la boisson
A quelques pas de cette source jaillit le Brodelbiunn, qui ne sert qu'aux bains L'eau n'en est cependant pas désagréable a boire peut-être la répugnance qu'elle inspire aux malades n'at-elle d'autres causes que la quantrte de mouches que le gaz de la fontarne asphyxre, et dont on voit les petits cadavres flotter à la surface du bassin La composition du Brodelbiunn se rapproche sensiblement de celle _de la Tnnkquelle Enfin on a decouvert recemmentune troisième source appelée Helenenquelle qui ne diffère pas sensiblement des précédentes.
Les sources ferrugineuses de Pyrmont sont employées dans les mêmes cas que celles de Schwalbach et de Spa, avec lesquelles elles offrent la plus grande analogie. Elles n'en différent que par le personnel des bargneurs. Amsr, vous n'y verrez point de Français, mais seulement des Russes, des Anglais et des Allemands les femmes y sont en rmmense majonte.
■1. C'est non loin de Pyrmont, aux environs de Padeiborn, entre l'Ems et la Lippe, que se trouvent ces deliles si célèbres par la défaite de l'année romaine, commandée pir Varus, défaite qui ciusa tint de stupeur dans Rome et tant de desespoir dans 1 âme d'Auguste Un monument, encore inachevé, en rappelle le souvenir.
EMS.
221
Wildongen (Waldegg). — Eaux de table. — Ces eaux, qui sont à peine connues en France, diffèrent des eaux gazeuses ordinaires en ce qu'elles sont en même temps un peu ferrugineuses. Aussi leur action est-elle plus reconstituante.
EMS (NASSAU). Sources alcalines chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A EMS. — Chemin de fer du Nord par Erquelines, Cologne, Coblence et Oberlahstein jusqu'à Ems même: 16 heures 15 min.—Débours: 71 fr.
Ems est aujourd'hui l'un des établissements les plus en vogue de ceux qui bordent le Rhin. La ville, presque entièrement bâtie sur la rive droite de la Lahn, se compose de magnifiques hôtels adossés à la montagne qui la protège contre les vents du nord. Sur la rive opposée s'étendent, par un agréable contraste, des prairies, des potagers et des terres livrées à la culture. L'air qu'on respire à Ems est pur et balsamique; la température en est douce, et, sauf un peu d'humidité inséparable du voisinage des forêts et de la profondeur de la vallée, elle offre peu de variations.
Les sources d'Ems sont nombreuses et appartiennent toutes à la classe des eaux alcalines. Voici les noms de celles qu'on emploie en boisson, avec l'indication de leur température. Nous mentionnerons de même la quantité de bi-carbonate qu'elles renferment, ce sel étant la caractéristique de leur minéralisation. tempér. gram.
Kraenchen 37° C. 1,919 bicarb. de soude.
Fiirstenbruimen 40° 2,036 —
ICessellbrunnen 46° 1989 —
Konigin augustaquelle.. 39° 1,990 — Victoriaquelle 27° 2,020
L'eau en est parfaitement limpide; elle n'a pas d'odeur; sa saveur, légèrement lixivielle, se rapproche assez de celle d'up. faible bouillon de veau.
Les eaux d'Ems se prennent surtout en boisson. On commence, en général, par deux ou trois verres, et l'on arrive facilement jusqu'à cinq ou six par jour. Le matin est l'instant où l'on boit; c'est aussi celui où l'orchestre, placé dans le jardin de Kursaal, lance dans l'air ses notes les plus harmonieuses. Entre quatre et cinq heures, vous rencontrez de nouveau quel-
222 ALIEMAGNE (NASSAU).
ques buveurs pies des sources; mais c'est le petit nombre. Cette eau est facilement digérée, l'estomac la supporte d'autant mieux qu'elle contient une notable quantité de gaz acide carbonique et d'azote.
Les bains se prennent dans trois établissements principaux : le Kurhaus, les Quatre-Tours et le Neuquelle. Il y en a aussi dans quelques hôtels particuliers Ils sont, en geneial, bien organises Quant aux douches, elles représentent, comme dans jiresque tous les thermes d'Allemagne, des chutes d'eau a peu près insignifiantes. Il est viai qu'a Ems elles entient pour peu de chose dans le traitement.
Enfin on vient d'y installer des salles> d'inhalation de vapeur et d'eau pulvensee.
L'action des eaux piesente îarement autre chose, dans les premiers jours de leur emploi, qu'un surcroît d'appétit et une augmentation de la sécrétion cutanée et urinaue Mais bientôt les malades deviennent tristes, abattus, moroses ils ont la bouche pâteuse, des flatuosites, de verrtables accès febrrles c'est ce que qu'on appelle les symptômes de saturation, lesquels cèdent facrlement a quelques jours de drète et d'mteiruption des eaux ou a un léger laxatif.
On prescrit les eaux d'Ems contre un assez grand nombre de maladies Au piemier îang se placent les affections des voies 1 espiratoires , et plus particuhei ement la phthisie pulmonaue, le catarrhe bionchique et laryngé, et la pharyngite gi anuleuse C'est surtout depuis que l'impératrice de Russie avait recouvre la santé a Ems que la réputation de ces eaux était devenue, en Allemagne, l'égale de celles de nos Eaux-Bonnes Or, l'observation ne donne que trop de démentis a cette manière empirique de généraliser les faits. Je m'explique
On voit des malades devenir, en peu de temps et sans cause connue, pâles, tristes, languissants, leurs digestions s'entra\ent. Il se declaie une toux sèche, a petits accès, qu'on îegaide au début comme simplement nerveuse, et qu'on néglige, puis des douleurs vagues, sans caractères bien tranches, traversent pai moments la poitrine, surtout au niveau des régions scapuîaires. L'individu maigrit cependant l'auscultation ne dénote point encoie la présence des tubei cules Ne seraient-ce point la les prodi ornes insidieux d'une phthisie commençante? Vous envoyez ces malades aux eaux d'Ems, et bientôt l'appétit î enaît, les tiaits se coloient, les forces repararssent, et tout rentre dans l'ordre II est évident que dans ce cas les eaux ont agi en dissipant l'irutation pulmonaire qui, négligée, eût pu hatei le de-
EMS. 223
velcppement des tubercules; mais ceux-ci n'existaient pas encore, ou du moins rien n'indiquait leur présence.
Gardez-vous de l'oublier, les eaux d'Ems ressemblent si peu aux Eaux-Bonnes" qu'elles ne doivent jamais, comme celles-ci, provoquer d'exacerbation, même momentanée. Il faut, au contraire, dans leur emploi, s'attacher à obtenir une combinaison lente, insensible, de l'eau minérale avec nos fluides et nos tissus, d'où résultera une douce impulsion de l'organisme. Sous ce rapport, ainsi que j'en ai déjà fait la remarque, les eaux d'Ems se rapprocheraient beaucoup plus de celles de Royat.
Quant aux phtbisies confirmées, offrant les signes stéthoscopiques 'et autres d'une lésion pulmonaire, j'ai entendu dire aux médecins d'Ems eux-mêmes que les eaux ne pouvaient que hâter la catastrophe.
Les maladies nerveuses sont, avec les maladies de poitrine, celles qui forment la principale clientèle des eaux d'Ems; aussi les femmes s'y trouvent-elles en majorité. Ce que nous avons dit de l'action sédative du bain explique comment ces eaux peuvent être utiles contre les palpitations, les spasmes, l'hystérie, la chorée, certains tics douloureux; en un mot, contre la nombreuse classe des névroses.
Les eaux d'Ems, quand on en prolonge quelque temps l'usage, finissent par déterminer, chez la plupart des malades, un état de faiblesse et un sentiment de langueur auxquels il importe de remédier. Celles de Schwalbach, qui en sont jiresque voisines, constituent, dans ce cas, le plus efficace de tous les remèdes. Une saison ou seulement une demi-saison passée à ces eaux, au sortir d'Ems, suffit, en général, pour raviver les forces et consolider la cure.
Les eaux d'Ems ont été beaucoup vantées contre la stérilité '. La source privilégiée a reçu le nom de Bubenquelle (source aux Garçons), Voici comment elle est disposée : Dans une chambre élégamment ornée, s'élève, du fond d'un bassin de marbre, un mince jet d'eau, à la hauteur d'un mètre environ; au-dessus du jet est un trépied de bois, percé d'une large ouverture. La jeune femme s'y assied, et reçoit ainsi, pendant quelques minutes, une douche ascendante sur l'appareil sexuel.
Je ne puis que répéter, à propos d'Ems, ce que j'ai déjà eu l'occasion de dire au sujet de ces prétendues sources fécon1.
fécon1. poétique chantre des sources du Taunus, Gerning, affirme même qu'Agrippine épouse de Germanicus, dut fréquenter les eaux d'Ems; d'où il conclut que c'est à ces eaux qu'appartient le triste honneur de la naissance de Caligula ! Où a-t-il puisé ces renseignements ?.
22 i ALLEMAGNE (NASSAÎI).
dantes. La douche ne feia dispaïaîtie la stérilité qu'en ramenant l'utei us a sa vrtalrte normale.
Enfin, Ems sera copserlle avec avantage contre la gravelle îouge et cette forme,4e goutte que caractense l'erethisme,
— J aime assez, quand il s'agit d'une eau minérale étrangère, a examiner s'il n'existe pas sur notie propre sol quelque source équivalente, car ce n'est pas seulement a Connthe qu'il n'est pas donné a tout le monde de pouvoir se rendre ; cei taine-) eaux sont interdites de même à certains maWes a cause des fatigues, de la durée et quelquefois aussi des dépenses du voyage Avons-nous donc en Fiance une station thermale qui puisse remplacer Ems ? Oui nous avons Royai.
J ai déjà établi, dans l'aiticle consacie à ce dernier Bain (Voir p. 94), que non-seulement il vaut Ems, poui tout ce qui est affection arthntique, mais qu'il lui est supérieur par suite de la lithine que renferment ses eaux et qui fait completement défaut a la source allemande Je ferai la même remarque à propos de l'état anémique Tandis qu Ems l'augmente ou même le crée de toutes pièces, a cause de 1 absence de fer dans ses eaux, Royat au contraire le pievient ou même suffit a le guem, précisément parce qu'il renferme des quantités ti es-not ibles de ce métal Par conséquent, dans ce parallèle, tout l'avantage reste à la source fiançuse
Ems offnra-t-il du moins la compensation des distractions? Sans doute on y donnait autrefois de fort lobes fêtes dans les beaux salons du Kursaal, mais aujouidhui ces mêmes salons, construits surtout en vue d»s jeux, sont a peu pies déserts, et l'on se borne a des reunions puvees dans les hôtels. Comment s'étonner des lors que beaucoup de malades préfèrent Royat à Ems?
TBANSPOUT (le Krahnchen). — Ces eaux se conservent bien , cependant le transport affaiblit sensiblement leurs veitus thérapeutiques. La dose en est de deux verres, le malin
Seltz (Nassau). — Eaux de table — La fameuse source de Seltz dont le nom est devenu synonyme d'eau gazeuse, est située à onze lieues de Fiancfort et a dix de Mayence. Seulement, par un de ces î evirements du destin auxquels les soin ces mmeiales elles-mêmes ne sauraient echappei, celle de seltz, api es avoir joui longtemps d'une soi te de monopole, comme eau de table, s'est vue successivement supplantei pai des souices jilus gazeuses. Et aujourd'hui elle en est leduite a ajouter du gaz aux ci uchons qu elle expédie I Aussi ne s'en consom-
SCHWALBACH. 225
me_t-il autant dire plus en France, nos eaux lui étant infiniment supérieures. D'ailleurs l'eau de seltz est une de celles qu'on imite le mieux, grâce surtout aux appareils si parfaits qui sortent de la maison Hermann-Lachapelle de Paris.
Geilnau et Fachingen. — Eaux de table. — A peu de distance de Seltz se trouvent ces sources qui constituent de même une boisson fort agréable. Elles seraient beaucoup plus connues, n'était le voisinage de leur puissante rivale qui, en quelque sorte, les efface et les absorbe.
SCHWALBACH (NASSAU).
Sources ferrugineuses froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A SCHWALBACB. — Chemin de fer de l'Est par Metz Forbacb et Bingerbriick, jusqu'à la station d'Eltville : 18 heures. Voiture de cette station à Schwaibacb : 2 heures. — Débours: 81 fr. 70.
Située dans le fond d'une vallée étroite et comme perdue dans la forêt, au milieu d'une nature tout à la fois sauvage et cultivée, la ville de Schwalbach semble une sorte d'étape placée sur la grande route d'Ems à Wiesbaden. Au milieu de l'hémicycle formé par les hôtels qu'habitent les baigneurs, s'élève le Kurhaus, dont l'aménagement intérieur est presque exclusivement consacré au service des bains et des douches. Aussi ne trouverez-vous à Schwalbach que des distractions paisibles et des récréations champêtres, en rapport avec le genre de vie que réclament les maladies qu'on y traite.
En effet, les personnes qui se rendent à ces eaux y viennent surtout pour réparer leurs forces et en chercher de nouvelles. Ce sont des jeunes filles chez lesquelles la menstruation a de la peine à s'établir ou est irrégulière, et dont la pâleur décèle un état chlorotique. Ce sont des jeunes femmes qu'ont épuisées des couches laborieuses, des hémorrhagies utérines passives, ou d'abondantes leucorrhées d'où résulte, un état de langueur générale. Ce sont des jeunes hommes que la vie fatigante des grandes villes, des excès de travail, le plus souvent l'abus des veilles et des plaisirs, ont affaiblis avant l'âge ou menacent d'une caducité prématurée. Enfin vous y verrez aussi des vieillards chez lesquels des digestions lentes et pénibles, une somnolence habituelle, des lassitudes insolites, réclament une douce stimulation de l'estomac et des principaux viscères. De quoi serviraient, avec un semblable personnel, des réunions bruyantes?
226 ALLEMAGNE (NASSAU).
Sr Spa les offre, c'est que Spa est beaucoup plus que Schwalbach visite par les touristes
Les eaux de Schwalbach sont ferrugineuses et essentiellement gazeuses On y compte quatre sources principales, d'une température de 10° C Ce sont . le Weinbrunn, la plus anciennement connue et la plus ferrugineuse; elle contient 0er,044 de carbonate de fer, et lllt,098 de gaz acide carbonique. Le Paulinenbr unn, laquelle renferme moins de fer, mais jalus de gaz. Le Rosenbrunn, tres-peu gazeuse et louide a l'estomac, n'est qu'employée en bains Enfin la quatrième source, dite Stahlbrunn, est la plus riche en fer, la dose en est de f>r,064. J'ai vu en Allemagne des sources où le fer existe en quantité égale, supérieure même a celle des eaux de Schwalbach, mais aucune où il offre plus de fixité.
On boit ces eaux surtout le matin. Le Weinbrunn est la source que l'on préfère habituellement : comme elle contient un peu plus de sels neutres que les autres, c'est celle dont l'action sur l'intestin est la moins astringente. Le Stahlbrunn, au contraire, pai ses piopuetes styptiques, convient surtout dans les flux passifs et muqueux. Quant au Pauhnenbrunn, il constitue une excellente pi eparation aux deux sources précédentes ; et encore cette eau, trop active pour ceitams tempéraments, at-elle besom quelquefois d'être coupée avec du lait.
Ce n'est pas seulement en boisson qu'on fait usage des eaux de Schwalbach L'eau des diveises souices est conduite dans l'établissement thermal, pour l'usage des bains et des douches. On se seit, pour chauffer le bain, de la méthode de Schwartz, que j'ai décrite (page 218), en parlant de Kreuznach Ces bains par leui tonicité forment une partie très importante du tiaitement Quant a la douche, c'est un simple jet lance par une petite pompe d'arrosage, son action est autant dire nulle
Schwalbach était autrefois une sorte de heu de jjelerinage pour les jeunes femmes privées du bonheur d'être mères Ses sources étaient même réputées si efficaces contre la stérilité que les bourgeois de Francfoi t avaient la précaution de stipuler, dans leurs contiats de mariage, que leurs femmes n'iraient pas plus de deux fois en leui vie aux eaux de Schwalbach. de peur d'un accroissement exagère de famille. Ces craintes sont dissipées aujourd'hui ; on leur reprocherait plutôt de ne plus être a la hauteur de leur ancienne renommée.
TBANSPOM (Stahlbrunnet Weinbrunn). — Se conservent bien. Excellentes eaux qui conviennent dans tous les cas où le fer est indiqué et qu'on peut boue au repas.
SCHLANGENBAD. 227
SCHLANGENBAD (PRUSSE-NASSAU).
Sources alcalines tièdes.
ITINÉRAIRE DE TARIS A SCHLAKGENBAD. — Chemin de fer de l'Est, par Metz, Forbach et Bingerbriick, jusqu'à la station d'Eltville : 15 heuies. Voitures de cette station à Schlangenbad : H heure.—Débours : 80 fr.'60.
Schlangenbad n'est qu'à une demi-lieue de Schwalbach. Les quelques hôtels dont se compose cette station sont singulièrement égayés par deux bâtiments de construction récente, un petit Casino où l'on danse beaucoup et une superbe Galerie de 1er où l'on va boire les eaux.
Il y a dix sources d'eau minérale. Elles sont réparties entre trois établissements thermaux désignés, à cause de leur situation sur un plan différent, sous le nom de BâLiment Supérieur, Bâtiment Inférieur et Bâtiment Central.
L'eau de ces différentes sources est d'une parfaite limpidité : examinée en masse, elle offre une teinte légèrement azurée. Sa température varie de 27° à 32° C; sa saveur est nulle, ainsi que son odeur. Quant à sa composition chimique, elle est complètement insignifiante, puisque, pour un litre, elle renferme à peine 0er,025 de sels alcalins.
Quand on froisse cette eau entre les doigts, on éprouve une sensation douce, veloutée, en quelque sorte savonneuse. Comme il faut en tout du merveilleux, on affirme, dans lepays, que l'onctuosité des sources dépend d'une matière animale que viennent y déposer les petits reptiles (Coluber flavescens), fort innocents d'ailleurs, qu'on rencontre en quantité dans les vallées et les montagnes environnantes : de là le nom de Schlangenbad (bain des serpents). Je présume que c'est tout simplement une substance argileuse, dont l'eau se charge dans son trajet souterrain, et qui doit avoir quelque analogie avec celle qu'on rencontre dans certaines sources de Plombières ou de Luxeuil.
On comprend combien un semblable bain doit apporter de bien-être et de calme. Rien n'a été négligé pour le rendre plus agréable encore. Les baignoires sont larges et spacieuses : celle dite de tElecteur est une véritable piscine, toute de marbre, dans laquelle on peut nager facilement. Ce qui ajoute encore aux séductions du bain, c'est que, par une sorte d'effet d'optique, le reflet bleuâtre des murailles fait ressortir davantage la blancheur de la peau à tel point que, chez les personnes déjà favorisées, vous diriez de l'albâtre. N'est-ce pas un peu la
228 ALLEMAGNE (NASSAU).
fontaine de Jouvence? Malheureusement, quand on sort du bain, une partie du charme s'évanouit
Les femmes, bien entendu, sont en grande majorité à Schlangenbad Mais doivent-elles n'y trouver que des satisfactions d'amour-propre, disons le mot, de coquetterie, ou bren au contraire ont-elles la perspective d'y recouvrer la santé? L'observation prouve que ces eaux sont loin d'être sans action médicinale. Hufeland les regaidait même comme le type des eaux sédatives et adoucissantes. Je crois, comme lui, qu'elles tempèrent la trop grande activité du système en culatoire, calment les nei fs, régularisent les sécrétions, et impriment à la vie végétative un caractère de santé plus pi ononce
Aussi les prescrit-on avec le plus grand succès dans les maladies cutanées produites ou entretenues par l'irritabilité du derme . tels sont spécialement le psoriasis, le pityriasis et l'acné La jjlupart des affections liées aux troubles de l'innervation, les migraines opiniâtres, certaines insomnies, les douleurs utérines, surtout aux époques menstruelles, la chorée, rhysténe, les palpitations, en un mot les diverses nevioses éprouvent encore d'excellents effets de ces eaux. D'après le docteur Bertrand 1, elles ont plus d'une fois triomphe d'affections goutteuses ou rhumatismales, que des eaux plus franchement salines auraient exaspei ées.
On les emploie presque exclusivement en bains, pnses en boisson, elles ne produisent aucun effet appréciable
Quelques malades tiennent suivre a Schlangenbad une cuie de petit-lait : des chèvres, à cet effet, ont été amenées de Sursse, et elles vont, dans la journée, broutei les herbes odoîantes jusqu'aux sommets du Taunus On prend le petit-lait, le matin, sur la jolie terrasse qui domine la vallée Son action, combinée avec celle des bains minei aux et avec la douceur de l'atmospheie, est utile dans les natations du larynx et des bronches Enfin le voisinage des excellents vignobles du Rheingau permet d'associer, dans certains cas, les cuies de raisin à la médication thermale.
TRANSPORT. — On expédie l'eau de Schlangenbad à l'étianger et surtout en Angletene comme « eau de toilette. » Mais a ces distances c'est moins un cosmétique que de l'eau simple, agissant beaucoup plus sui l'imagination que sui les téguments de ceux qui en usent.
1 Voir sa Notice sur Schlangenbad ainsi que celle du docteur E.ium inn, tous les deux médecins près de ces eaux Elles sont riches en futs piatiques e* en utdes renseignements
W1ESBADEN. 229
WIESBADEN (NASSAU).
Sources salines chlorurées chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A WIESBADEN. — Chemin de fer de Forbach et Mayence jusqu'à Wiesbaden même: 17 heures. — Débours: 76 fr.
Wiesbaden est situé sur le versant méridional duTaunus. Ses sources, qui paraissent être les Fontes Mattiaci dont parle Pline,[sont thermales. Une seule, le Kochbrunn, mérite une description particulière, comme étant la plus abondante, la plus minéralisée et la seule qui soit publique.
Cette source a une température de 69° C. L'eau s'échappe limpide et claire d'une double coquille, et il s'en dégage un nuage de vapeur qu'on aperçoit au loin. Elle répand une légère odeur, comme de la chaux qu'on éteint: quant à sa saveur, elle ne peut être mieux comparée qu'à celle d'un mauvais bouillon fortement salé.
Le Kochbrunn contient, par litre, 86r,176 de principes nxes. Le chlorure de sodium y entre pour plus de 7 grammes. Les autres sels sont des sulfates, des silicates et des carbonates alcalins.
On vient surtout à Wiesbaden pour les bains. Cependant vous apercevez le matin, entre six et huit heures, un certain nombre de buveurs près du Kochbrunn. Prise à la dose de trois ou quatre verres, cette eau est en général bien supportée par l'estomac.
Les bains, avons-nous dit, constituent la partie essentielle du traitement. Ils sont extrêmement excitants, bien que leur température dépasse rarement 35° à 36" C, et qu'ils aient perdu beaucoup de leur force, par l'obligation où l'on a été de laisser refroidir l'eau minérale avant de s'en servir. Il faut souvent en mitiger l'activité, en mêlant au bain une certaine quantité d'eau douce.
Ces bains, combinés avec la boisson, déterminent d'habitude, au commencement de la cure, certains phénomènes de saturation que nous avons déjà mentionnés à propos d'autres sources, et qui, en général, se dissipent d'eux-mêmes par l'interruption momentanée du traitement. Quelquefois cependant il est bon de recourir à uu léger évacuant, car, ce qui prédomine le plus ordinairement, c'est l'état saburral de l'estomac et un sentiment de plénitude et de tension de tout l'abdomen.
230 ALLEMAGNE (NASSAU).
Les eaux de Wiesbaden conviennent dans ces nombreuses affections chroniques qui semblent être du domaine de presque toutes les eaux minérales, pourvu que celles-ci aient une température élevée Mais il en est deux pour lesquelles on les îecommande plus spécialement : ce sont la goutte et le rhumatisme.
La goutte passive ou alonique est celle pour laquelle ces ■eaux devront étie exclusivement îeservées. Su) tout que les goutteux qui se rendent à Wiesbaden n'oublient pas qu'il leur iaudra presque toujours passer pai la période d'aggravatron, avant que leur état ne s'amelrore. Le rhumatisme toipide et le îhumatisme noueux sont également les foi mes que les eaux modifieront avec le plus d'avantage. La douche aidera puissamment a l'action des bains. On compiend combien son emploi exige de reseive, car, si l'on imprimait à la constitution une secousse trop violente, peut être ne serait on plus maître des accidents qu'on aurait imprudemment provoques. Il est viai qu'ici, comme aux aulies bains d'Allemagne, elle représente une chute à peu près insignifiante
Les sources de Wiesbaden conviennent encore dans beaucoup d'autres affections où il s'agit de produire une stimulation énergique sous ce rapport, leur composition et leurs vertus thérapeutiques ne sont pas sans analogie avec celles des eaux de Bourbonne Ainsi, on les emploie contie certaines paralysies des membres, les retractions musculaires et tendineuses, les entorses, les ankyloses incomplètes, les roideurs •consécutives aux anciennes fractures, et les plaies d aimes à feu trop lentes a se crcatriseï
On les conseille également contre la pléthore abdominale qui paraît se rattacher a des embarras de circulation dans la veine porte et qu'on appelle Unterleibsvollblutigheit (Je ne serai plus îepris à faire des citations en allemand.) Par la congestron artrficielle qu'elles prodursent dans les plexus vemeux du rectum, elles ont pour effet a peu près constant de dégager les vrscères sous-draphramatrques et de prévenir la stase du sang dans leur parenchyme Je suis heuieux du reste de pouvoir étayer mon opinion de celle du docteur Mahr, médecin très-distingué de Wiesbaden
Wiesbaden est un séjour agréable et animé, sans toutefois offrir rien de trop bt uyant. Il y a beaucoup moins d'étiquette obligée qu'a Baden-Baden ou à Ems, et l'on est toujouis sûr d'y rencontrer une société choisie, une existence facile, d'agréables distractions.
WEÎLBAÇH. .231
WEILBACH (NASSAU).
Source sulfureuse froide.
ITINÉRAIRE DE PARIS A WEILBACR. — Chemin de fer de Forbach, .Mayence et Francfort jusqu'à la station de Flôrsheim : 17 heures 1/2. Weilbach n'est qu'à quelques minutes de cette station. — Débours : 11 fr.
L'établissement thermal de Weilbach est un bel édifice entouré de quelques arbres et isolé de toute habitation, à l'exception de deux hôtels qu'on a récemment construits pour l'usage des baigneurs. Il y a une. source sulfureuse froide. Sa limpidité est parfaite, sa saveur à peine sulfureuse, son odeur presque nulle. Le soufre s'y trouve à l'état de gaz acide sulfhydrique libre: environ 0n',099. Il y a aussi une proportion notable d'acide carbonique et d'azote.
On prend l'eau de Weilhach en boisson et en bains, mais surtout en boisson. Cette eau est très-facilement supportée par l'estomac. On ne peut pas dire qu'elle soit laxative ; seulement, au bout de quelques jours, les garde-robes deviennent plus libres, et elles offrent une coloration d'un brun verdâtre.
C'est surtout pour le traitement des affections chroniques de la poitrine que les eaux de Weilbach sont le plus indiquées. On commence par en boire, le matin, un ou deux verres, mais seulement par demi-verre à la fois ; puis on arrive à trois verres, puis à quatre, en prenant toujours l'expectoration pour guide. Celle-ci augmente-t-elle, on diminue la dose : on l'augmente^ contraire, quand l'expectoration diminue. C'est qu'il est d'observation que, lorsque la sécrétion de la muqueuse devient plus abondante, c'est plutôt par le fait d'une congestion passive que par l'irritation de la membrane.
Les eaux de Weilbach calment d'emblée et sans déterminer aucun phénomène critique. Il n'est même pas rare que, sous j leur influence, le pouls diminue, dès les deux premières seI maines, de quinze à vingt pulsations, et, de fébrile qu'il était, tombe au-dessous de son rhythme normal. Cette action sédative peut finir par devenir tout à fait débilitante. Chez les personnes à tempérament lymphatique, vous ne tarderez pas à voir, sous l'influence de ces eaux, la pâleur augmenter ainsi que la faiblesse. Bientôt des bruits de souffle se feront entendre au coeur et aux carotides : ce sera une sorte de chlorose factice.
Il résulte de ces remarques que l'eau de Weilbach doit être
232- ALLEMAGNE (NASSAU).
surtout utile aux individus pléthoriques, dont le pouls est habituellement eleve, et dont la constitution offre les attiibuts du lemperament sanguin Les hemonhagies nasales, les congestions actives du poumon, l'hémoptysie même, loin d'être des motifs de s'abstenir, sont autant d'indications de l'emploi de ces eaux. Les hommes s'en trouvent généralement mieux que les femmes, surtout les jeunes gens de dix-huit a vingt-cinq ans, alors que chez eux la sève est dans la plénitude de sa vitalité.
Notons encore cette propriété des eaux de Weilbach de faire disparaître tres-iapidement les tumeurs hemorrhoidales , ainsi que les desordres graves qui parfois les accompagnent : aussi sont-elles îeputees agir d'une manière toute spéciale sur la circulation de la veine-porte.
Ne pourrait-on pas utiliser l'action atrophiante de ces eaux pour combattre certaines affections du cceui, que caractérise une simple augmentation de volume de l'oigane? M. Slifft, medecm de Werlbach, m'a drt les avoir employées en pareil cas avec un succès marque
Le séjour de Weilbach n'offre rien de tres-drvertissant 11 y a peu de promenades et encore moins de visiteurs Quant a l'établissement thermal, on dirait une sorte de monastère qu'entourent les cites les plus biuyantes, mais d'assez loin cependant poui respecter son silence et son recueillement.
TRANSPORT. — Ces eaux supportent très-bien le transport ; mais elles sont à neirre connues en France.
SODEN (NASSAU).
Sources salines chlorurées froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A SODEN — Chemin de fer de Forbach et Francfort, jusqu'à Soden même 48 heures —Débours . 85 fr.
Soden est un joli village situé au pied du Taunus , à une heure de Francfort Au milieu des élégantes constructions élevées pour les baigneurs, le Kursaal se dresse gracieusement en amphithéâtre et domine le parc : par son architecture il rappelle les chalets de la Suisse.
Les sources, au nombre de vingt-trois, sont disséminées dans le village et les promenades ; on les désigne chacune par un numéro d'oidre. Comme plusieurs ont le même numéro, une lettre de l'alphabet sert a les distinguer. Ces sources ont une
SODEN. 233
température qui varie de 12° à 18° C. Une seule, récemment découverte, atteint 30° C. Elles sont limpides et incolores. Quelques-unes ont un goût nauséabond rappelant celui des eaux de Kreuznach; d'autres, au contraire, sont assez agréablement s.ipides, par suite de la quantité de gaz acide carbonique qui les sature. C'est ainsi que le n° 19 est communément appelé source de Champagne (Champagnerbruun). Il est certain que cette eau mousse et pétille comme le liquide dont elle porte le nom; seulement j'ai trouvé, en y goûtant, l'assimilation quelque peu ambitieuse.
Les eaux de Soden sont fortement chargées de sel marin. D'après MM. Figuier et Mialhe, la source la plus minéralisée contient, par litre, lSsr,691 de principes fixes; le chlorure de sodium y entre pour plus de 14 grammes.
Bues le matin à la dose de trois ou quatre verres, elles sont toniques et franchement laxatives. Aussi conviennent-elles dans le traitement des diverses affections où il importe d'activer les sécrétions de l'intestin, soit pour obtenir une dépuration humorale, soit pour agir à titre de médication révulsive. Tels sont les engorgements du foie, les constipations opiniâtres et ces embarras de la circulation abdominale causés par des hémorrhoïdes non fluentes.
Mais c'est surtout pour les maladies de'poitrine qu'on se rend à ces eaux.
Il résulte en effet des observations publiées jiar MM. Thilenius père et fils, qu'elles ont plus d'une fois triomphé d'affections pulmonaires graves, soit que celles-ci offrissent le caractère simjilement catarrhal, soit qu'on pût redouter la présence des tubercules. Je range donc volontiers Soden parmi les sources les mieux appropriées au traitement de la phthisie. Faut-il maintenant admettre, commeon l'affirme, que c'est à l'action du chlorure de sodium que ces eaux doivent, en jiareil cas, leur principale efficacité ? J'estime que la dérivation produite et entretenue vers l'intestin y a une beaucoup plus grande part, en ce qu'elle déplace et modifie tout à la fois l'élément diathésique. N'oublions pas non plus ici l'influence toujours si puissante des conditions d'hygiène. Quelle disposition plus heureuse que celle du village, adossé à la monlagne et protégé contre les vents du nord par le Feldberg et l'Altkonig, les deux cimes les plus élevées de la chaîne du Taunus ! Aussi l'air y est-il d'une pureté parfaite et d'une température presque toujours égale. Joignez à ces avantages un genre de vie calme et paisible, des distractions champêtres, des promenades sansfati-
■234 ALLEMAGNE (HESSE).
gue dans des sentiers ombragés, et vous aurez en grande partie le secret des bons effets de ces eaux chez les phfhisicjues
Kronthal (Nassau). —Sources ferrugineuses froides —Ces sources sont situées sur la lisière du Taunus et à une petite distance de Soden. Le Stahlquelle et le Wilhemsquelle sont les deux principales ; elles jaillissent à vingt pas l'une de l'autre, au pied de la montagne sur laquelle s'eleve la ville de Kronberg, dont le vieux château offre des ruines si juttoresques Ce sont des eaux très-gazeuses. Le fer s'y trouve a l'état de carbonate • environ 0sr,034 par litre. Elles 1 enferment aussi une notable proportion de chlorure de sodium et de sels de magnésie Les eaux de Soden sont éminemment toniques et stimulantes On les emploie surtout en boisson. On utilise également le gaz acide carbonique en douches et en bains contre diveises paralysies.
HOMBOURG (Ilrssn).
Sources salines clilormees froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A HOMBOURG — Chemin de fer de Torbach et Metz, jusqu'à Hombouig mcme 13 heuies —• Dtbouts 83 fi, 75
Ilombourg est une petite ville batte sui le penchant d'une colline, a. 1 extrémité orientale de la chaîne du launus Son Kutsaal est, sans contredit, un des plus beaux établissements de ce génie. De sp tcieux salons oines de colonnes de marbie, un nche ameublement, des peintures a ftesque dans le goût de la Renaissance, tout concourt a 1 embellissement de ce sjilendide édifice
Los sources minérales, au nombi e de cinq, sont fi oïdes Températme, 10" a 12° C Elles apjiaitiennent a la classe des eaux salines chloiuices et offrent entie elles la plus glande analogie de composition.
La plus celebie est la source Elisabeth, c'est aussi celle qui a commence la réputation de Hombourg Elle est clane, limpide, et renferme, par litre, 13s\300 de sels dont 10sr,649 de chlorure de sodium. Elle contient de plus, 0er,043 de caibonate de fei. C'est par elle en gcncial qu on commence le ti alternent Sa saveur fianchement salée et piquante n'a nen de desagieable Bue a La dose de tiois ou quatie veues, elle est rjuigative, a la dose d'un vene, elle seiait plutôt îesserrante.
HOMBOURG. 235
Immédiatement après la source Elisabeth, vient, comme importance, la source Louise. C'est certainement une des plus jirécieuses sources ferrugineuses que je connaisse, la jnrésence des chlorures corrigeant ce que le fer a toujours d'un peu trop astringent.
Les autres sources de Hombourg sont la source Louis, la source Ferrugineuse nommée Stahlbrunnen et celle de l'Empereur.
Bien que ces sources appartiennent toutes à la même classe, leur différence de minéralisation a établi dans leur action médicinale certaines nuances. Ainsi, on les a distinguées en sources Résolutives et en sources Toniques.
Les sources Résolutives sont : la source Elisabeth, celle de l'Empereur et la source Louise. Les sources Toniques sont : la source Louise et la source Ferrugineuse (Stahlbrunnen).
Les maladies qu'on traite à Hombourg avec le plus de succès sont les affections des voies digestives, surtout la dyspepsie saburrale, la goutte, les engorgements du foie, les calculs biliaires et la constipation.
Vous y observerez tout particulièrement ces états complexes si difficiles à définir, qu'on désigne sous le terme générique d'hypochondrie. Or, quelle que soit la nature même de l'hypochondrie, il est d'observation que les eaux salines chlorurées exercent sur elle la plus heureuse influence: sous ce rapport, celles de Hombourg se placent en première ligne. Prises le matin, à la dose d'un ou deux verres, ces eaux activent les sécrétions, donnent plus de ton aux vaisseaux, plus d'énergie aux glandes, et, sous l'influence d'évacuations modérément répétées, dégagent la tête en même temps qu'elles rendent l'esjirit moins tendu. Rarement on les prescrit à doses jrurgatives. Si vous déterminiez, dès le début, une crise violente par les selles, l'action en serait trop rapide pour avoir un effet durable ; elle serait de même trop intense pour pouvoir être longtemps continuée.
Enfin ces eaux triomphent quelquefois parfaitement de l'anémie et de la chlorose, alors que les sources plus nettement ferrugineuses de Schwalbach ou de Spa exerceraient une action trop astringente sur l'intestin ou trop excitante sur la circulation générale. C'est dans ces cas que la source Louise fait réellement merveille.
Bien que la boisson joue ici le rôle essentiel, on administre encore les eaux de Hombourg sous forme externe. Précisément on vient d'y construire un nouveau bain, le Bain du
23G ALLEMAGNE (HESSE).
Parc. Là se trouvent disposes des bains d'eau minéiale, avec ou sans addition d'eau-meie, des bains médicamentaires faits d'extiait de bouigeons de sajun, des bains de boue minérale et tout un attirail de douches les plus variées. On y a joint des salles d inhalation d'eau minérale vaporisée poui les maladies du laiynx et du pharynx.
Il y a enfin un établissement hydrothei apique, munr d'un gymnase, et un dépôt complet de toutes les princijiales eaux, miner aies d'Em ope
Que dire maintenant du séjour de Hombourg ? La supjiression des jeux en Allemagne a tiansforme comjiletement la clientèle de ces eaux Aux chevaliers d'industne dont elles étaient le rendez-vous a succède une société d'ehte qui s'y presse en foule poui 1 eclamer tout a La fois le bénéfice de ses puissantes souices, et les distractions de bonne compagnie qu'elle y rencontre plus qu'a aucun auti e bain
TRAt,si>OB/i (source Elisabeth) — Ces eaux se conseivent bien. Tiois a quatie veries pi îs le matin jiroduisent un effet doucement laxatrf, et font dispaïaîtie l'état sabunal des piemieres voies.
PRiftCiPAUX HOTFLS Victoria — Quatre Siisons, — Russie, — Paie, — Belle\ue, — Richelmann, — Aigle-d'Oi,— Windsor
Nauheim (Hesse-Electoiale). — Souices salines chlorurées chaudes. — Les souices de Nauheim sont poui la jilupait le pioduit de foiages aitesiens. Leui tempeiature vane de 21° a 39° C L'eau en est clane, hmjude, sans odeur, d'une saveur amere et salée. Deux sont utilisées en boisson • ce sont le Kuibrunn et le Salzbiunn, deux autres seivent aux douches et aux bains d eau minéiale ce sont le Grosseï Spiudel et le rredenc-Guillaume, enfin le Kleiner-Sprudel fournit le gaz acide caibonique qu'on utilise jiour l'usage externe
Le Kuibiunn, qui est la puncipale souice, contient, par htte, ns%442 de principes fixes, dont 14sr,200 de chloruie de sodium
Le giand avantage des eaux de Nauheim c'est que leui température est tellement apjirojirree au bain qu'on les emploie au sortir même du griffon, a leui chaleut native.
A Nauheim comme a Kteuznach, c est l'eau-mèie qui constitue le cachet même de la médication D'ajnes Biomeis, un htte d eau-mere de Nauheim contient, pai litre, 26s',758 de biomure de magnésium. Cette quantité de biome explique jîourquoi Nauheim convient comme Kieuznach au traitement des affections lymphatiques et sciofuleuses.
BADE. 237
Schwalheim (Hesse-Electorale ). — Eaux de table. — A une demi-heure de Nauheim et dans une vallée délicieuse, jaillit la source de Schwalheim. Cette source appartient à la classe des eaux gazeuses et convient surtout pour les estomacs débilités. Elle rappelle assez notre eau de Châteauneuf.
BADE (DUCHÉ DE BADE).
Sources salines chlorurées chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A BADE. — Chemin de fer de l'Est, ligne de Strasbourg jusqu'à Bade même: 14 heures. — Débours: 70 fr.
A en juger par l'immense concours de personnes qui se rendaient tous les ans aux eaux de Bade (Baden-Baden), on aurait JJU croire que c'étaient les eaux les plus puissantes et les plus efficaces de toute l'Allemagne. Cependant, comme valeur thérapeutique, elles occupent un rang tout à fait secondaire. Aussi la plupart des étrangers qui affluaient à ces sources venaient-ils bien moins leur demander la guérison de leurs maux que des distractions, des fêtes et surtout les émotions du jeu. Mais voyant, par la suppression de la roulette, le vide se faire autour d'elle, la ville a voulu tenter fortune d'une autre manière ; elle est redevenue cité thermale.
C'est dans ce but qu'elle a fait élever un splendide palais, appelé Friedrichsbad. Il forme un vaste carré, surmonté d'une coupole; l'extérieur est bâti en grès rouge et blanc; un escalier tout de marbre conduit au portail de la façade principale qu'ornent de nombreuses statues. Quant à son appropriation intérieure aux usages balnéaires, on y a prodigué avec uns parfaite entente toutes les ressources et tous les perfectionnements de l'hydrologie moderne.
Fort bien. Mais tout ce luxe n'ajoute pas plus à la valeur intrinsèque des eaux que ces paillettes d'or qu'on mêle à certaines liqueurs n'accroissent la qualité de leur arôme.
Il y a environ vingt sources à Bade. Toutes sont thermales. Leur température varie entre 44 et 70° C. La plus abondante appelée Vrsprung s'échappe à travers des dalles de marbre blanc, d'origine romaine, d'où elle est conduite de l'autre côté de la vallée, jusqu'à la Trinkhalle, élégant édifice situé tout près de la salle de Conversation.
A quelques pas del'Ursprung existe un Vaporarium construit de même parles Romains. Vous y voyez les briques creuses, disposées en colonnes, où circulait la vapeur, et les ouvertures
238 ALLEMAGNE (DUCHÉ DE BADE).
habilement ménagées par où celle-ci se répandait dans l'atmosphère de la pièce. C'est avec celui d'Aix, en Savoie, le monument de ce genre le mieux conseï vé et le plus intél essant que j'aie rencontre.
L'eau de l'Ursprung est claire et limpide. Sa saveur, légèrement salée, n'a rien de désagréable. Elle contient, par litre, 2sr,876 de pimcipes fixes, presque entièrement formes de sel mai in.
L'observation clinique, d'accord ici avec l'analyse, prouve que ces eaux agissent plus pai leur température que par leur minéralisation proprement dite. Bues le matin, a la dose de cinq ou sixveires, elles stimulent l'appétit, comme la jslupart des eaux thermales, mais sans paraître exercer sur l'economre d'action directe : aussi sont-elles principalement employées en bains, que l'on prend dans les hôtels
Les maladies pour lesquelles on les a vantées sont celles où il s'agit de îedonner du ton aux organes et de strmuler doucementl'économie. Or, que d'affections comprrses sous ces désignations un peu vagues? Pourquoi ne pas dire aussi bien que ce sont des eaux simplement hygiéniques?
Les médecins de Bade eux-mêmes se font si peu illusion sur la valeui îeelle de leui s eaux qu'ils ont fait etabln a la trinkhalle undépôt des principales soui ces mmei aies tant allemandes qu'etiangeres, ou les malades viennent les boire. Toutes y sont représentées Je me trompe , une seule fait défaut, c'est précisément celle de Bade.
En résumé, les eaux minérales de Bade m'ont paru, dans la plupart des cas, être des eaux fort complaisantes qui sont un ' peu ce que la mode les a faites et ce que chacun désire qu'elles sorent. Aussr ne puis-je mieux tei miner leur histoire qu'en rappelant un mot du célèbre Pope. Il demandait à une jeune dame pouiquoi elle prenait ces eaux' —Par pure fantaisie, dit-elle, — Eh bien ' reprit malicieusement le poète, vous ont-elles guérie >>
Rippoldsau (Duché de Bade) — Sources ferrugineuses froides. — C'est un bain îeellement princier, bien qu'a peu près inconnu en France II est situe au pied du Kniebis et au fond de la vallée de la Wolf. On y utilise plusieurs sources minérales feirugmeuses, ties-chaigees de gaz, qui, comme composition et comme tonicité, ne sont pas sans analogie avec nos eaux d'Orezza. Presque tous les ans, le giand duc de Bade et sa famille vont passeï une pai tie de la belle saison à Rippoldsau.
KISSINGEN. 239
KISSINGEN (BAVIÈRE),
Sources salines chlorurées froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A KISSINGEN. — Chemin de fer de Forbach et Wurzbourg jusqu'à l'embranchement de Sclrweinfurt et de cet embranchement à Kissiugen même : ^6 heures. — Débours : 106 fr.
Kissingen est situé dans la basse Franconie, à une distanceà peu près égale de Wûrzbourg et de Bamberg, et au centre d'une vallée trè-fertile que traverse le cours rapide de la Saale. Ses sources sont au nombre de trois principales : le Rakoczy,. le Pandur et le Maxbrunn. Température, 10° à 11° C. Le Rakoczy, qui est la plus importante, a été capté, comme les autres , dans un petit puits particulier d'où l'eau s'échappe en bouillonnant. Cette eau a une limpidité parfaite et n'exhaleaucune odeur ; sa saveur, franchement acidulé et salée, laisse un arrière-goût un peu amer qui n'a rien de désagréable. Exposée à l'air, elle dépose un sédiment jaune rougeâtre.
Le Rakoczy est une eau très-richement minéralisée, qui, d'après M. Liebig, contient, par litre, 9 «*, 450. Ce sont surtout: des chlorures de soude, de potasse et de magnésie, ainsi quedes sulfates et des carbonates de chaux et de fer.
La composition du Pandur se rapproche beaucoup de celle du Rakoczy : seulement les sels s'y trouvent en proportion unpeu moindre. Du reste , ces deux sources contiennent l'une et l'autre une très-notable quantité de gaz acide carbonique : le Rakoczy, 0lil,779 ; le Pandur, l^Ol.
Quant au Maxbrunn, c'est la source la plus gazeuse de Kissingen. Il rend des services très-marqués dans le catarrhe vésical et les irritations bronchiques. Mais parlons surtout du Rakoczy et du Pandur.
C'est de grand matin qu'il est d'usage de se rendre à ces sources. Quelle animation et quel mouvement aux abords de la première ! La. balustrade qui l'entoure est littéralement assiégée. ^ La plupart des malades boivent l'eau telle qu'elle est puisée au griffon ; d'autres en font évaporer une partie du gaz, en plongeant leur verre dans de l'eau chaude. Chacun va ensuite arpenter à grands pas les allées du parc ou les longues et belles galeries du Kursaal, pour revenir, au bout de quinze à vingt minutes, boire un nouveau verre. Ceci dure environ deux heures, pendant lesquelles vous diriez presque, à la diversité
239 blS. ALLEMAGNE (BAVIÈUE).
des allures et des idiomes, que toutes les nationalités se sont donné rendez-vous a Kissingen
Le soir, de six a huit heures, même affluence près des souices, seulement c'est plutôt le Pandur qui défraye les buveurs. Si l'on donne la préférence a cette dermeie source, c'est qu'étant un peu moins active, elle n'agite pas le sommeil, comme pourrait le faire le Rakoczy
La dose a laquelle on boit ces eaux n'a rien de bien fixe elle est le plus ordinairement de trois à six veires le matin, et de deux à quatre le soir; mais on n'y arrive que graduellement Règle générale, on ne doit boue que la quantité d'eau minérale que l'estomac digère sans aucune difficulté.
Les eaux de Kissingen sont des eaux laxatives et essentiellement pénétrantes. Leur action, dans les premiers jours, se tiaduit par une augmentation d'appétit et de force, mais, a mesure que l'eau minérale est absorbée, ses effets tendent a se généraliser. Alors apparaissent tous les phénomènes d'un travail critique et éliminatoire. Les selles deviennent brunâtres, filantes, bilieuses l'urine se trouble et piecipite des dépôts rapidement putrescibles ; la sécrétion des muqueuses bronchique, génitale et oculaire augmente et s'altèie, il en est de même de la transpiration cutanée Les malades éprouvent également une sorte de prostration physique et morale, et s'alarment de voir reparaître des maux depuis longtemps oubliés, ou même qu'ils pouvaient croire complètement disparus Mais cette crise qui se développe du piemier au second septénaire, ne taide pas à se dissiper d'elle-même, et la cure 1 éprend ensuite sa maiche noimale.
Quant à l'action theiapeutique de ces eaux, elle est tout a fait remarquable Elles sont souveraines contre les affections abdominales, toutes les fois qu'il existe un état saburral des pi emières voies, ou qu'il s'agit de combattre l'atome et la débilité de l'inteatin. Elles reusbissent de même dans les longues convalescences qu'on observe a la suite des affections cholériques ou typhoïdes. Souvent, dans ce cars, les eaux fenugineuses sont trop fortes et les eaux simplement gazeuses trop faible^ , l'eau de Kissingen, au contraire, est d'autant mieux supportée qu'elle réunit, par sa minéralisation complexe, tous les caracteies essentiels de ces deux eaux, sans en avoir les inconvénients.
Les maladies du foie, surtout les hypertiophies simples, ti ouvent dans 1 emploi des eaux de Kissingen une médication très-puissante qui, par ses bons effets, i appelle a certains égards les sources justement celebies de Vichy. Ce que je dis ici du foie
KISSINGEN. 239 ter.
s'applique également aux engorgements de la rate et des glandes mésentériques, au diabète et à l'albuminurie.
La goutte est encore une de ces affections contre lesquelles les eaux de Kissingen pourront rendre d'importants services, ' surtout quand le principe arthritique parait être répercuté sur les viscères abdominaux, car alors elles l'appellent vers les articulations que nous savons être son siège naturel. Seulement ces eaux demandent à être maniées avec une extrême prudence. Pour peu que vous en outrepassiez les doses, vous créerez une vraie attaque de gouite. >
On associe presque touj'ours les bains à la boisson. Ces bains sont préparés avec l'eau du Pandur et avec celle du Soolensprudel.
Cette dernière source, dont Je n'ai point encore parlé, jaillit à quelques minutes de Kissingen. C'est une source artésienne intermittente, laquelle offre des alternatives de flux et de reflux tout à fait extraordinaires. Ainsi chaque ascension est précédée d'une sorte de mugissement souterrain ; puis on entend le flot monter en bouillonnant. Il s'en dégage à mesure une quantité énorme de gaz acide carbonique. Cependant le flot monte toujours ; le voilà : on dirait qu'il va déborder. Après deux heures environ d'une ondulation tumultueuse, il se calme peu à peu, par suite de la cessation du dégagement du gaz; puis il devient immobile; puis enfin son niveau s'abaisse lentement et en silence jusqu'à ce qu'il ait complètement disparu aux regards.
Le Soolensprudel a une température de 18° C. Sur son emplacement s'élève un bel édifice où se trouve un arsenal balnéaire des plus complets, douches de toute nature, bains de vapeur, étuves, salles d'inhalation et appareils. hydro-thérapiques. Enfin, le même établissement renferme des bains de boue, ainsi que toutes les variétés possibles de bains et de douches de gaz acide carbonique.
N'oublions pas de mentionner les Gradierhauser, grands bâtiments où s'opère la concentration du sel marin, et où les malades dont la poitrine est délicate vont respirer les émanations répandues dans l'atmosphère.
Un établissement de création récente appelé Y Établissement thermal en actions, est situé dans le nouveau parc, de l'autre côté de la rivière, en face du Rakoczy et du Pandur. Il est alimenté par la source artésienne de Scbcenborn, distante d'une heure de Kissingen, laquelle n'avait servi jusqu'à présent qu'à l'extraction du sel marin. Sa température est de 19 degrés; sa
14
24-0 ALLEMAGNE (BAVIEUE).
composition rappelle celle du Soolenspi udel. L'eau y est amenée du guffon par des tuyaux en fonte pour les usages balneanes Le piofesseur Gorup-Bezanez s'est assuré que, dans tout ce parcours, elle ne subit aucune altération
Cet établissement, dont notre distingué confrère, le docteur Gaetschenberger, a la dnection médicale, comprend 112 cabinets pour bains d'eaa salée, 4 pour douches, 2 pour étuves et 12 pour bains de boue Cette boue est une espèce de tourbe pi ovenant des montagnes de la Rlioen , elle renferme beaucoup de substances bitumineuses et s'emploie Je la même manière que celle de Muienbad et de Fi anzensbad On utilise également le voisinage du Rakoczy et du Pandur, pour administrer des bain» prépaies avec l'eau de ces souices qui, moins minéralisée que celle de Schoenboin, paitant moins active, convient mieux aux milades impressionnables Cette activité moindre explique pourquoi, quand on veut obtenir des effets pmgatifs plus tianches, on fait boire aux malades un ou deux veires du Schoenborn
L'usage a Kissingen, comme à Kieuzmch et à Nauheim, est d'a]outer a l'eau du bain une certaine piopoition d'eau meie (Mutterlauge), suitout pour les constitutions lymphatiques ou scrofuleuses.
Kissingen est un endroit agréable par ses promenades et par son sejoui Le Km saal présente une magnifique colonnade de huit cents pieds de long qui, par son aile dioite, s'étend jusqu'au Rakoczy. II y a au centie de l'edilice une vaste salle que j'avais vue autrefois foit animée, mais qui, aujourd'hui, est presque toujours deseite.
C'est que, depuis 1880, il s'est fonde' à Kissingen un Casino que la mode a pris sous son puissant patronage Ce nouveau heu de réunion fait partie de l'Etablissement theimal en actions. C'est dans ses somptueux salons de conversation, de lectuie et de billard que se donne rendez-vous l'élite de la société des baigneuis. Rien de plus splendide que l'eclanage de toutes les pièces par la lumieie électrique; rien de plus chaimant que les fêtes qui s'y succèdent Heureusement elles ont le gi and mente de ne pas trop empietei sur la nuit, par suite de l'obligation où sont les malades d êti e levés le lendemain de tresbonne heure poui aller vaquei aux exigences de leurs cures.
A ce Casino est joint un excellent restaurant qui est d'autant
plus suivi que seul il a rompu jusqu'à présent avec des vieilles
et tyranniques tiaditions qui tendaient la table d hôte obhgaoue
obhgaoue les baigneurs. Aujourd'hui chacun est paifailement
LIEBENSTEIN. 241
libre de prendre les repas comme il le veut et'aux heures qui sont le plus à sa convenance.
TRANSPORT (le Rakoczy et le Bitterwasser). — Ces eaux se conservent très-bien. La dose en est d'un à deux verres dans la matinée. Ajouté au Rakoczy, le Bitterwasser rend son action franchement purgative.
Bocklet (Bavière). — Source ferrugineuse froide. — Le petit village de Bocklet, qui n'est qu'à une heure à peine de Kissingen, renferme plusieurs sources ferrugineuses froides, extrêmement gazeuses, la quantité d'acide carbonique étant de llit,484. Le fer s'y trouve à l'état de carbonate : environ 0er,079 par litre. On les emploie en boisson et en bains.
Ces eaux comptent aujourd'hui une nombreuse clientèle. C'est que !a nouvelle Direction y a fait construire un grand établissement de bains, et que, de plus, elle a transformé en hôtel à l'usage des baigneurs l'anciea manoir des princesévêques de Wurtzbourg.
N'oublions pas non plus de mentionner les maisons Arnold et Porg que recherchent surtout les personnes désireuses de mener la « vie de famille ».
Bi-uckenau (Bavière). — Source ferrugineuse froide. — Ce n'est pas au village même de Bruckenau, distant de Kissingen d'environ cinq heures, que se trouvent les sources minérales, mais à une petite lieue, vers le sud. Ce sont des eaux ferrugineuses froides. Elles contiennent moins de fer que celles de Bocklet, mais elles sont plus riches en acide carbonique. Le roi Louis y a fait élever un splendide Kursaal.
Heilbrnnn (Bavière). — Eau iodo-bromée froide. •— Le village de Heilbiunn est situé à huit milles de Munich. Sa source minérale, désignée généralement sous le nom de source Adélaïde, contient par litre 4^,710 de sels neutres, dont •0sr,031 d'iode et de brome. C'est une eau résolutive, mais qui est loin de valoir celle de Challes ou de Saxon.
Krankenheil (Bavière). — Sources alcalines sulfureuses et iodées froides. — A sept milles de Munich. On y traite : Maladies de l'utérus et de ses annexes, scrofules, dartres, engorgements glanduleux, dyspepsies, embarras des voies urinaires, puis enfin accidents consécutifs de la syphilis.
ïiiebensteiii (Saxe-Meiningen). — Sources ferrugineuses froides. — Ces sources, au nombre de deux, sont situées dans une charmante vallée. L'eau en est limpide et pétillante. Elle renferme par litre 0sr,077S de bicarbonate de fer. Il s'y opère chaque année de très-belles cures dans l'anémie.
242 ALLEMAGNE (BAVIÈRE).
Friedrichschall (Saxe-Meiningen). — A quatre lieues de Cobourg Cette eau, dont on ne fait usage que transportée, contient environ 30 grammes par htie de différents sels a base de soude et de magnésie, les sulfates y dominent dans une giande proportion. On ne peut, du reste, en indiquer la formule d'une manière bien exacte, car c'est une eau fabriquée, qui résulte du mélange de l'eau de la source avec une certaine quantité d'eau mère
L'eau de Fuedrichschall a l'avantage de purger soua un petit volume et de ne pas donner lieu a ces constipations opiniâtres qui succèdent presque toujours à l'emploi de toute espèce de purgatifs.
WILDBAD (WURTEMBERG-).
Sources alcalines chaudes.
ITIMERAIRK DE PARIS A wrtDBAD — Chemin de fer de l'Est par Strasbourg, Kehl, Oailsruhe et Pforaheim jusqu'à Wildbad même: -14 heures — Débours. 81 fr.
"Wildbad est situe à quelques lieues de Stuttgart, au fond d'une des vallées les plus pittoiesques de la foiêt Noire, que dominent de hautes collines couvertes de sapins Au milieu coule la nvieie d'Enz, dont les boids plantes d'aibres constituent une charmante piomenade
Les sources mineiales sont très-nombreuses. Les unes jaillissent naturellement du sol, les autres sont le produit de forages artésiens II suffît, du reste, de creuser à une piofondeur de 20 à 2b mètres pour en obtenir de nouvelles
Cette extrême facilite de se procurer de l'eau minérale dans une même enceinte a été utilisée pour l'aménagement des bains. Ainsi le Kuihaus est édifie sur le griffon des souices, il possède 10 glandes piscines et S0 petites Chaque giande piscine est I alimentée par plusieurs sources dont le nombre varie suivant la quantité de malades qui peuvent y être admis, de même chaque petite piscine a sa source propre Dans toutes ces piscines, un fond de sable fin et legei foi me une sorte de tapis moelleux sur lequel les malades peuvent s'asseoir ou s'étendre. L'eau des sources s'échappe a travers ce sable en bouillonnant; en même temps des bulles de gaz, dans une agitation continuelle, glissent le long du corps du baigneur et y produisent une legcre titillation qui n'est pas sana chai me. Rien donc ne manque aux séductions du bain.
WILDBAD. 243
Les douches sont attenantes aux piscines. Il y aaussi une buvette, mais on boit peu les eaux de Wildbad.
L'eau des diverses sources est claire, limpide, sans odeur ni saveur. Sa minéralisation est nulle, ou à peu près, car elle n'est représentée que par quelques centigrammes de sels alcalins. Cependant, par un désaccord qu'il nous faut à tout instant signaler, cette eau exerce une action très-réelle qui pourra tout d'abord se traduire par une série de phénomènes dont j'ai apprécié sur moi-même la gradation. Ainsi, à la première impression du bain, que nous avons dit être délicieuse, succèdent des sensations plus franches, plus nettes, plus vives : on se sent quelque peu excité ; des étincelles lumineuses scintillent parfois devant le regard ; il semble qu'un sang plus subtil afflue vers le cerveau : on voudrait rester au bain, et pourtant quelque chose d'insolite et d'étrange vous avertit qu'il est temps d'en sortir.
Ce qui constitue la spécialité thérapeutique des eaux de Wildbad, c'est le traitement des maladies de la moelle épinière. Jetez un coup d'oeil sur le personnel des malades qui les fréquentent, plus de la moitié sont des paraplégiques. Interrogez-les : la plupart ont obtenu un mieux sensible, ou même sont en voie de guérison. Voici comment on procède pour la direction du traitement :
On n'emploie d'abord que des bains de dix à quinze minutes; puis on en augmente la durée de manière à arriver à des bains d'une heure, les abrégeant ou même les suspendant tout à fait dès l'instant où il se manifeste des indices de réaction. C'est en général de la première à la seconde semaine que le mieux commence à se faire sentir. A cette période, on fait quelquefois intervenir la douche. Celle-ci, dont le volume et la chute ne possèdent qu'un très-faible degré de percussion, vient en aide au traitement, et par son intervention discrète ajoute aux bons effets des eaux.
Ces eaux, bien entendu, ne peuvent être employées que contre la paraplégie dite essentielle, contre celle par conséquent qui, complètement indépendante d'une affection organique de la moelle épinière ou de ses annexes, se rattache à un simple affaiblissement de l'innervation.
Ce que je viens de dire du traitement de la paraplégie est également applicable aux paralysies partielles des membres, aux roideurs consécutives à la goutte et à ces exaltations de la sensibilité, connues sous le nom générique de névralgies.
En résumé, c'est contre la paraplégie que les eaux de Wild-
244 ALLFMAGNE (AUTRICHE)
bad me paraissent devoii être conseillées avec le plus de succès Sous ce rapport, elles offrent une notable analogie avec celles de Lamalou ; toutefois, si j'en crois ma propre expérience, ces dernières, que nous avons dit être fei rugmeuses, possèdent une efficacité plus grande chez les individus anémiques.
Wildbad offre peu de distractions de société ; mais la beauté des sites qui l'entouient, l'air vif et pur qu'on y respire au milieu des bois, sont de puissantes compensations. Au heu de vanter sans cesse les douceurs de la vie des champs, ne devraiton pas plutôt apprendre a les goûter ?
Cannstatt (Wurtemberg). — Sources salines chlorurée? froides — La p^cue ville de Cannstatt se trouve au milieu d'une plaine agréable et fertile, à une heure de Stuttgart II y a 32 sources minérales, la plupart d'un rendement énorme température, 18° a 20° C. La principale source, appelée Wilhembrunn, contient, par litre, 3Br,8S2 de principes fixes, dans lesquels le chlorure de sodium entre pour ier,632 Elle rappelle assez par ses propriétés le Pandur de Kissingen. Il y a trois établissements thermaux
GASTEIN (ALPES NoitiQurs). Sources alcalines chaudes.
ÏTINERURE DE PARIS A GASTEM — Chemin de fer de l'Est, Strasbourg, Munich et S lUbourg jusqu'à la =tation de Lend 33 heures Voitures de cette stition a Gastem 3 heures — Debout s <60 fr.
Ga=tein est situé sur les confins du duché de Salzboui g et de la Carinthie, et comme peidu à l'extrémité d'une des vallées, les plus sauvages des Alpes Nonques Quelque habitude que vous puissiez avoir des voyages, il me parait impossible que les merveilles semées sur la route de Sal/bourg a Gastem et que la route elle-même vous laissent mdiffeient. Ainsi c'est le délicieux château de Hellbi unn, où se plaisait Napoléon , ce sont les salines de Hall em, avec leuis prodigieux travaux souterrains; c'est le défile de Pass-Lueg, que précèdent les Uefen ou abîmes; c'est le périlleux passage du Klamm, avec sa chaussée taillée dans le roc et sa petite chapelle votive ; enfin c'est Gastein, dont les blanches maisons, qu'on aperçoit au loin, sont groupées en amphithéâtre autour de la chute de l'Ache, immense cascade, la plus belle peut-êtie de toutes celles qui existent en Europe.
if;\ GASTEIN. 245
" Si Gastein mérite à tant d'égards d'être visité par les touï, ristes, l'importance de ses sources minérales n'est pas moins I digne de fixer l'attention des médecins.
';> Ces sources ont une température qui varie de 32° à 49° C, ; et offrent dans leur composition propre et leurs vertus médiv cinales une parfaite identité. La source principale, appelée ■ « source du Prince, » alimente quatre grands établissements, ;'■■ savoir : l'hôtel Straubinger, la Prélature, la Provenchère et la ;;, Solitude. L'hôtel Straubinger est de beaucoup le plus considé£ rable : c'est un vrai Kurhaus.
p Les autres sources se distribuent à de nombreux bains part ticuliers, ainsi qu'aux piscines de l'hôpital. La plus abondante -■ est la Grande-Source. C'est elle qui, jointe à la source dite <c du ,' Docteur, » envoie au village de Hof-Gastein ', distant de 6 kilo':■■ mètres, l'eau minérale dontil est besoin pour lés bains de cette v: dernière résidence.
*: L'eau de Gastein est brillante et pure comme la plus belle è; eau de roche. Son odeur est nulle, ainsi que sa saveur. Exposée »? à l'air, elle ne dépose aucun sédiment. L'analyse n'y a con-iV staté que des traces à peine sensibles des sels alcalins les plus ^insignifiants. Autant dire, par conséquent, avec Berzelius, que ^ c'est chimiquement parlant de « l'eau distillée. * Et cependant "ft, combien elle en diffère sous le rapport physiologique et médi£ cinal! C'est au point que, chez certains individus impressionnables, vous pourrez voir un simple bain déterminer les sinftguliers phénomènes que voici :
£i Sensation générale désagréable. Au lieu de s'épanouir, la "peau se resserre sur elle-même, comme par l'effet d'une légère '■:■ astriction. Ily aunpeu de dyspnée ; les parois abdominales se 'i rapprochent, les testicules remontent vers l'anneau. Bientôt 'une chaleur insolite, accompagnée de secousses et de tressailss lements, se répand dans tous les membres. Le pouls devient -.: dur et vibrant ; le visage se colore ; les oreilles bourdonnent. ': C'est le moment de sortir du bain; il y aurait danger réel à |ile prolonger davantage
y Sans doute la plupart de ces effets ne s'observent qu'excepM> tionnellement à Gastein, mais il en est un pourtant que les tî|-,înalades accusent d'une manière à peu près constante, c'est 'M celui qui a trait au resserrement de la peau. Comment l'expli^j|r-
l'expli^j|r- Hof-Gastein est une succursale de Gastein. Il y a des bains dans presque |^:>toutes les maisons, et leurs effets m'ont paru offrir, à peu de chose près, ceui î.^,qu'on observe aux sources mêmes. Cependant, pour les grandes cures, il ^„ ;,n*est encore que Gastein.
246 ALLEMAGNE (AUTRICHE).
quer? Paracel«e, qui pi ofessait avec un éclat de parole extraoïdinaire la médecine à Salzbourg d, et qui, a ti avers ses diva- f gâtions d'alchimiste, de magicien et d'astiologue, a écnt ( d'excellentes choses sur les eaux minérales, Paracelse l'attribue à l'alun (alumen), dont il suppose que celles ci sont satuiees Si l'analyse n'a point justifie ses prévision», elle ne nous a pa3 non plus donne le mot de l'énigme.
Quels qu'aient ete du reste les effets immédiats du bain, voici ce qu'on observe d'habitude pendant la durée de la cure .
Du septième au quinzième bain, l'action thermale tend à se concentier tout entière sur le système nerveux. Ainsi il semble au malade qu'un sui croit de vitalité s'empare de tout son être, il se sent plus agile et plus fort, a peine les marches les plus longues lui causent-elles un peu de fatigue, que le sommeil a promptement repaiee Mais cette influence est paiticulierement prédominante sur l'appareil génital, elle se tiaduit, chez les p'ilegmatiques, par plus de 1 essort et plus de ton, d'où résultera quelquefois la disparition de perles séminales involontaires A-t-on affaire a des tempéraments énergiques ou nntables, le bam ira jusqu'à provoquei des rêve» erotiques, d'étranges et insolites surexcitations, comme par l'effet des cantharides, ce seront alors des eaux aphi odisiaques
Indiquer l'action physiologique d'une eau minérale, c'est à peu près dire d'avance pour quel ordre de maladies cette eau devra être pai ticulierement conseillée
Vous prescnrez Gastein contre les paralysies, suitout celles qui dépendent d'une maladie non oiganique de la moelle epiniere Sous ce rapport, elles ne le cèdent en rien à celles de Wildbad et de Lamalou Toutefois, ainsi que j'en ai déjà fait la remarque à propos de Wildbad, les eaux de Lamalou, a cause du fer qu'elles renferment, conviennent mieux pour les tempéraments affaiblis ou épuises.
Gastein est encore le refuge d'un autre genre de paralysies que rien ne trahit au dehors, mais qui n'en constitue pas moins une infirmité déplorable Ainsi vous y verrez bon nombre de jeunes hommes, attires par l'espoir que ces eaux restitueront J leur virilité une partie de cette sève qu'ils ont follement dépensée dans des excès de toute nature, et qui, par un chaînent mente, se trouve maintenant tarie dans sa source. Plus
4. On montre a Sakbourg sa maison et son tombeau On y montre également son ci âne, dont un des pariétaux, entièrement brise, rappelle le genre de mort de Paracelse, qui, dans un accès de folie, se précipita dans la rue du haut de l'hôpital Saint Etienne, ou on le tenait renfeime
ISCHL. 247
d'une fois, leur confiance a été couronnée par le succès ; moins souvent cependant qu'on ne me l'avait affirmé, et que je n'en ai eu la preuve sur mes malades. Du reste, pour que cet effet des eaux ait un caractère durable, il est essentiel de ne point user trop tôt, avant deux ou trois mois^ par exemple, du bé<- néfîce du traitement, une imprudence ou seulement un simple essai de forces pouvant tout compromettre.
Puisque telle est l'action de Gastein sur les dépendances les plus affectives du système nerveux, on comprend qu'on ne saurait y apporter trop de surveillance, par la nécessité de s'arrêter à temps. Près du quart des malades ne peuvent atteindre le onzième bain; la moitié à peine dépassent le quinzième. Chose singulière ! Les baigneurs ont presque toujours la conscience eux-mêmes du moment où il convient d'interrompre le traitement, la saturation thermale se manifestant chez la plupart par une telle répulsion pour le bain, que sa vue seule leur devient odieuse.
J'en ai fini avec ce qui a trait à l'action des eaux de Gastein sur l'innervation. Un mot encore, et ce sera le dernier, sur leurs autres effets thérapeutiques.
Parmi les divers états morbides qui m'ont paru le mieux se trouver du traitement thermal, je citerai la goutte atonique, les rhumatismes torpides, les anciennes luxations ou fractures, les fistules, les nécroses et les ulcères variqueux.
Tel est Gastein. Si je me suis un peu étendu sur ces eaux, c est que, malgré la vogue dont elles jouissent en Allemagne, elles ne se trouvaient décrites avant l'apparition de mon Guide 1 dans aucun de nos traités d'hydrologie.
ISCHL (ALPES NOIUQUES) .
Sources alcalines chlorurées froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A Iseut! — Chemin de fer de l'Est par Strasbourg, CarlsrMÎio, Munich, Salzbourg et Lamback jusqu'à Ischl même : 32 heures. «™De' buurs : tao fr.
Ischl est situé, non loin du Tyrol et de la frontière de Bavière dans une vallée qu'entoure un amphithéâtre de montagnes recouvertes de la plus riche végétation. Ces montagnes sont assez éie„
1. Je dois des remerciements au docteur Schider, médecin consultant à Gastem, et propriétaire de la Villa qui porte son nom, et que se disputent les "■ngnem-s, pour les renseignements qu'il a bien voulu me donner sur l'action de ses eaux,
248 ALLFMAGNE (AUTRICHE).
vees pour foi mer, surtout du côté du nord, un rempart naturel contre les vents qui, dans cette contrée, soufflent quelquefoisavec une exti eme violence. Ajoutons que les eaux v îves qui parcourent la vallée dans tous les sens, servent tout a la fois a i enouveler l'air et a y entretenir une continuelle fraîcheur. Grâce à cette situation exceptionnelle, Ischl, bien qu'élevé de près de 500 mètres au-dessus du niveau de la mei, jouit d'une douceur et d'une égalité de tempeiature qui rappellent les climats les plus favorises J'insiste sur ces avantages topographiques, cai Ischl Ieui doit plus qu'au mente intrinsèque de ses eaux.
Mais d'abord Ischl possède t-il en realjte des eaux mineraies? Question smguheie a propos d'une résidence de bains, et qui pourtant peut être sérieusement posée et même résolue négativement En effet, il y a bien une source saline froide, appelée source Marie, mais elle ne jaillit pas a Ischl même et est a peine utilisée. La même remarque s'applique a la pet'te source sulfureuse appelée Salzbei gbrunn A Ischl, c'est le petitlait que l'on boit, c'est dans le petil-lait que l'on se baigne, en cela consiste, pour beaucoup de malades, a peu près tout le traitement Quelques-uns, il est viai, prennent de plus des bains d'eau salée, mais c'est une eau salée artificiellement. Ainsi on fait arriver de l'eau ordinaire dans les mines de sel gemme, situées non loin d'ischl, et on l'y laisse scjourner assez longtemps pour qu'elle se sature. Elle reçoit alors le nom de soole Puis, a l'aide de pompes, on la retire pour la diriger dans d'immenses réservoirs ou une partie est destiuee aux sauneries et une autre partie aux bains. L'art agit donc ici à peu près par les mêmes procèdes que la nature pom la minéralisation des eaux
La soole, a son degré ordinaire de concentration, contient environ 25 parties sur 100 de principes fixes, piesque entièrement formés de chlorure de sodium, il y a également des traces de fer et de silice, ainsi que de l'iode et du brome.
Une eau aussi chargée de sels ne saurait êti e employée pure, aussi l'attenue-t-on avec de l'eau ordinaire. En geneial, pour un bain de 300 litres, ou commence par 10 hties de soole dont on élève progressivement les doses jusqu'à ce qu'on arrive à 50 litres, quantité qu'on dépasse rarement.
On pi escrit ces bains dans les mêmes circonstances que ceux de Kieuznach Leur action est puissamment secondée par la boisson de petit-lait. Des trois espèces de petit-lait dont on fait usage a Ischl, le petit-lait de vache, de chèvre et de brebis, c'est au premiei qu'on donne le plus souvent la pieference.
ISCHL. 249
Bu le matin à la dose de trois ou quatre gobelets, il agit à la manière d'un léger laxatif. Les deux autres espèces de petitlait provoqueraient plutôt de la constipation.
Ischl est chaque année le rendez-vous d'un certain nombre de poitrinaires qui viennent demander à son climat, plus encore qu'à ses agents thérapeutiques, la guérison de leurs maux. L'air si balsamique et si pur de la vallée, la vie champêtre qu'on y mène, et qui contraste si heureusement avec la vie agitée de nos grandes villes, les émanations des salines où l'on va se promener pendant que se fait la coction des sels, tout concourt à apporter plus de bien-être et plus de calme dans l'appareil respiratoire. Ajoutons que le petit-lait, en même temps qu'il tempère la trop grande activité de la circulation, agit encore par ses principes nutritifs, ainsi que nous l'avons établi en parlant de la MÉDICATION LACTÉE.
Le Kurhaus où l'on va boire ce petit-lait représente une vaste galerie couverte, qui sert de promenoir quand le temps est mauvais. On y trouve un approvisionnement très-complet des principales eaux minérales de l'Allemagne. N'oublions pas de mentionner l'aphorisme profond qu'un saunier bel esprit fit graver, en lettres d'or, sur le frontispice de l'édifice :
HT SALE ET III SOLE OMHIA CONSISTANT.
Je comprends parfaitement qu'à Ischl on ait eu d'excellentes raisons pour dire que « Tout consiste dans le sel et dans le soleil. j> Mais- n'aurait-on pas pu, sans humilier les salines, intervertir un peu l'ordre des mots en concédant au soleil la préséance ?
Parlerai-je des environs d'Ischl ? J'en ai vu peu d'aussi heureusement dotés pour le charme et la variété des promenades. Seulement comme il faut que tout à Ischl ait son cachet aristocratique, vous ne trouverez, même pour les excursions plus éloignées, ni ânes, ni mulets : leur place et leurs rôles sont remplis par de vigoureux montagnards, au pied ferme, à l'oeil sûr, munis d'excellentes chaises à porteurs. Surtout ne vous hâtez pas trop de gémir sur cette nouvelle « exploitation de l'homme par l'homme, -o C'est l'homme lui-même qui a voulu être ainsi exploité. En effet si, pendant la saison des eaux, les mulets et les ânes sont, par ordre supérieur, exilés de la vallée, c'est sur la demande expresse des habitants, qui s'étaient plaints au gouvernement que ces animaux leur faisaient une concurrence ruineuse, et, pour me servir des termes mêmes de la pétition, « qu'ils mangeaient leur pain. »
250 ALLEMAGNE (AUTRICHE).
CARLSBAD (BOHÊME). Souice* salines sulfitees chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A CARISBAD. — Chemin de fer de l'Est pir Strasbourg, Heidelberg et Wurzbourg jusqu'à Carlsbad même 38 heures 16 minutes.— Débours 137 fr.
Carlsbad est situe dans une vallée profonde et entie des rochers gianitiques que dominent des montagnes couvertes de foiets. Au milieu de la vallée coule la Teple, petite rivière dont le lit, pendant l'ete, est quelquefois à sec Les sources de Caris bad sont nombreuses . du reste, leur nombie a souvent vane, quelques-unes ayant paru, puis disparu, pour reparaître de nouveau. Aujourd'hui on en compte dix pnncipales.
La pteimere de toutes, par sa réputation, son abondance et sa haute température, est le Sprudel Cette source, la reine sans contredit de toutes les eaux minérales de l'Europe, s'élance au-dessus du sol par un large orifice, bondit, bouillonne, puis retombe en écume. Sa température est de 74° C. Un nuage de vapeur l'enveloppe de toutes parts, et, joint au bruit que l'eau fait en jaillissant, annonce au loin sa pi esence A côte du Sprudel est la source d Hygie, moins chaude et moins abondante
Les auties sources de Carlsbad se trouvent sur la rive gauche de la Teple, et dans l'oi di e suivant, en.descendant la rivière : le Schlossbrunn, le Marktbiunn, le Muhlbrunn, le Neubiunn, le Bernardbrunn, le Theresienbrunn, le Felsenbrunn et le Spitalbrunn. La température de ces sources varie de 40° à 74° C. Elles sont toutes aménagées dans de petits pavillons qui, pour la plupart, ne manquent pas d une certaine élégance.
L'eau de ces diverses sources est limpide, transparente et sans odeur aucune Sa saveur, un peu alcaline, n'est point iesagieable ■ on l'a comparée à un léger bouillon de poulet.
Toutes les sources de Carlsbad ont une composition identique. Ce sont les mêmes principes salins et les mêmes gaz, dans les mêmes proportions ; elles ne différent que par leur température.
Ces eaux ont été analysées par Berzehus, puis par d'autres chimistes qui y ont tiouve, comme lui, près de 6 grammes de sels. Ce sont des sulfates, des chloiures et des carbonates alcalins ; mais les sulfates sont l'élément dominant.
CÀnLSBAD. 251
Les sources de Carlsbad ne diffèrent, avons-nous dit, que parleur température: cependant elles impressionnent diversement l'économie. Ainsi, tel malade supportera parfaitement le Schlossbrunn, qui serait trop fortement éprouvé par le Sprudel. Or, on ne peut attribuer ces différences d'action à la seule influence d'un peu plus ou d'un peu moins de chaleur, puisqu'en faisant refroidir le Sprudel au même degré que le Schlossbrunn, il continuera d'être plus excitant. Il y a donc là quelque chose qui nous échappe.
Les eaux deC-irlsbad sont surtout employées en boisson. En général, les malades arrivent très-facilement à en prendre le matin sept ou huit gobelets ; quelques-uns en boivent même davantage, sans inconvénient. Cette eau, et plus particulièrement celle du Sprudel, détermine souvent, au moment de son ingestion, un sentiment de constriction vers la tète, des vertiges et une sorte d'ivresse * : aussi doit-on mettre au moins un quart d'heure entre chaque gobelet, et faire de l'exercice dans l'intervalle.
L'action de ces eaux est, dans la grande majorité des cas, une action purgative, que l'on croit, peut-être à tort,.être surtout développée au Mùhlbrunn. Les évacuations qui en résultent sont, le plus souvent, d'un noir verdâtre, et semblables à de la poix fondue : aussi Joseph Frank, étonné de leur caractère tout à fait spécial, les nomme-t-il selles <t carlsbndoises D
Quant aux bains, ils viennent d'être l'objet d'une réorganisation complète. Le nouvel établissement renferme 72 baignoires, 2 étuves et 8 bains de boue.
Toutes les sources de Carlsbad sont des eaux éminemment pénétrantes. Sans doute, ainsi que nous l'avons dit, il existe des nuances dans la manière dont elles affectent nos organes ; mais il est impossible d'admettre des sources faibles et des sources fortes. Il ri y a pas à Carlsbad de sources faibles^,
De toutes les affections pour lesquelles on se rend à ces eaux, les maladies du foie, qu'elles soient ou non compliquées de calculs, sont celles qui s'en trouvent le mieux. Sous ce rapport Vichy ne leur est point inférieur. Mais où Carlsbad posI.
posI. anciens connaissaient aussi bien que nous cette action enivrante de certaines eaux minérales, témoin ce passage d'Ovide : a Quiconque les a ingérées avec trop peu de mesure, chancelle comme s'il eût bu les vins les plus capiteux : »
Quem quicumque parum moderato gutturc traxit, Haud aliter titubât quam si niera vina bibisset.
15
2"i2 ALLEMAGNL ÇAUTIUCIIL)
st,de une efficacité tout exceptionnelle, c'est contre ces monstrueuses hypei trophies qui sont en quelque sorte particulières au climat des Indes II arrive tous les ans a Carlsbad des nababs chez lesquels le foie a atteint un tel développement qu'il peut descendre jusqu'au pubis, remplissant toute la cavité abdominale, et compi imant les viscères dont il paralyse le jeu et exalte la sensibilité L'existence même est menacée Ainsi, maigreur extrême, teint jaune, regard sans expression, tristesse voisine de l'hebetude , dans quelques cas, infiltrations séreuses avec albuminurie Administrez l'eau minérale, et vous veirez, sous son influence, la constitution se transformer et la vie renaître, en même temps que le foie diminuera de volume Cette d.minution pourra même être si rapide que cinq ou six semaines suffiront pour que des malades, qui paraissaient voues a une mort, certaine reviennent a la santé.
Ce que je dis ici du foie peut s'appliquer également, mais à un momdie degré, aux autres viscères de 1 abdomen.
Les eaux de Carlsbad sont indiquées également contre toute espèce de gravelle, leui action étant beaucoup moins chimique que vitale. Il n'est pas douteux non plus qu'elles puissent sinon dissoudre, du moins rendre friables certains calculs de la vessie ou des reins et, par suite, en favoriser l'expulsion.
Peu de saisons se passent a Carlsbad sans qu'on y traite de ces malheureux goutteux ai rives à la période la plus extrême de la maladie. Ces eaux, si elles ne guérissent pas la goutte radicalement, ont du moins le privilège d'en modifier les attaques, de les rendre plus rares, plus courtes, moins douloureuses, et de rappeler au dehors le principe goutteux îepercute Elles favorisent la dissolution des tophus, de la même manière qu'elles s'attaquent a la gravelle . c est ainsi que des articulations presque ankylosees ont îecouvre, en paitie du moins, la liberté de leurs mouvements.
Le diabète peut encore être îange paimi les maladies qu'on traite avec succès a Cailsbad, maisje préfère infiniment Vichy.
Enfin vous aperceviez paimi la foule qui se pi esse devant le Sprudel et les autres sources, un grand nombie dhypochondilaques reconnaissables a leur regard triste, d leur attitude morose, et offiant ces ti ansitions caracteiistiques de l'espérance a l'abattement, et de la mélancolie a l'exaltation Nulle part 1 hypochondue ne se présente sous des aspects plus varies ni plus bizaires Le spleen, cette forme particulière de 1 hypochondue anglaise, laquelle provient si souvent de l'abus des purgatifs mercunels (blue -puis), est une de celles que l'on îen-
WARIENBAU, 253
contre le plus à Carlsbad. Les eaux, dans ce cas, sont surtout utiles, en faisant cesser ces constipations opiniâtres qui préoccupaient si péniblement les malades.
Si les eaux de Carlsbad opèrent parfois de véritables résurrections, ce n'est qu'autant qu'on observe avec un soin extrême le régime diététique. Les boissons excitantes sont rigoureusement proscrites comme favorisant les congestions vers le cerveau, que l'eau minérale n'a déjà que trop de tendance à provoquer. On évitera également les glaces, la salade, les fruits acides et le fromage. Jamais, du reste, aucun mets défendu par la Faculté n'est servi sur la table des restaurants.
Ces espèces de lois somptuaires, jointes à l'absence des jeux de hasard 1, éloignent tous ces chevaliers d'industrie qui viennent, chaque année, s'abattre sur les établissements de l'Allemagne, surtout au voisinage du Rhin : aussi Carlsbad est-il essentiellement un séjour de malades.
TRANSPORT [Le Sprudel). — Ces eaux subissent le transport sans altération bien sensible, et produisent de remarquables effets thérapeutiques : la dose en est d'un demi-cruchon à un cruchon, le matin. Il faut les boire chauffées au bain-marie, avec les mêmes précautions qu'à la source.
MARIENBAD (BOHÊME).
Sources salines sulfatées froides.
ITINÉRAIRE DE PAnis A MARIENBAD. —Chemin de fer de l'Est par Strasbourg, Heidelborg et Wurzbourg jusqu'à Marienbad même : 36 heures i 5 minutes. — Débours: 130 fr.
Marienbad n'est qu'à six lieues de Carlsbad. Je ne connais nen de plus gracieux que son aspect au moment où, à un détour du chemin, le village se découvre subitement aux regards, comme par la baguette d'un enchanteur : c'est un véritable parc anglais, avec ses allées sablées, ses bosquets et ses courants d'eau vive, le tout entouré de vastes hôtels destinés pour la plupart à loger les baigneurs.
Les sources de Marienbad, au nombre de sept, sont des
4. Bien qu'Horace permette aux peintres et aux poètes de tout oser, on a ieu d'être surpris que, dans la Dame de pique de Scribe, une des principales scènes se passe à Carlsbad, dans une maison de jeu, et surtout que Carlsbad soit qualifié, dans le même opéra, de MAISON DE JEU DE L'ECROPE, alors que jamais des maisons de ce genre n'y ont été tolérées.-
254 ALLEMAGNE (AUTRICHE).
sources froides, dont la composition chimique rappelle telle des eaux de Carlsbad. Aussi donne-t on quelquefois a Marienbad le nom de «■ Carlsbad refroidi, » que Hufeland lui avait impose. Parmi ces sources, deux surtout méritent une description apart ce sont le Kreutzbrunn et le Fcrdinandsbrunn.
Le Kreutzbrunn jaillit au centre d'une élégante rotonde qu'entoure un tuple rang de colonnes, reliées entre elles par une longue galei le qui sert de promenoir aux buveurs L'eau en est tres-limpide, sa saveur aigrelette et piquante hisse un amere-goût légèrement sale qui n'est point désagréable Elle contient les mêmes sels a peu pies que le Sprudel de Carlsbad un peu plus de 7 grammes par litre.
Le Feidinandsbrunn est situe sur les confins de la vallée, a nn kilomètre environ de Marienbad le sentier qui y conduit traverse la foret dans sa partie la plus agieable, puis aboutit à un élégant pavillon où la source est aménagée La composition de cette source rappelle parfaitement celle du Kieutzbrunn. Ce sont les mêmes sels et le même gaz, mais à dose un peu plus considérable : son action est également plus puissante.
Les sources de moindie importance sont: lessourcesde Caroline et d'Amboise, remaïquables suitout par la quintite de gaz et de fei qu'elles renferment, le Rudolfsquelle et le Waldbrunn, les plus riches de Manenbad en carbonates de magnésie et de chaux: enfin il y a la Blarienquelle, moins minéralisée que les autres, mais tellement gazeuse que son bassin ressemble à une immense cuve en fermentation.
Les sources de Marienbad, et nous désignons particulièrement le Kreutzbrunn et le Feidmandsbrunn, ont a peu près toutes les mêmes propriétés médicinales . ce sont des eaux résolutives pai excellence. On y a recours dans les mêmes circonstances et pour les mêmes affections qu'a celles de Carlsbad . ce que j'ai dit de celles-ci peut donc s'appliquer a celles-là. La seule différence un peu notable, c'est que les eaux de Carlsbad, à cause de leur température ties élevée, sont beaucoup plus excitantes que celles de Marienbad par contre, celles ci, qui contiennent sensiblement plus de pnnepes salins, purgent davantage. Aussi est-ce a Mai lenbad qu'on doit donner la préférence quand le sang a de la tendance à se poiter au cerveau et que, par suite, il convient d'opérer et d'entretenir une révulsion un peu active vers l'intestin.
Les eaux de Marienbad possèdent, de plus, la propriété de congestionnei les plexus veineux du rectum. Je connais une dame chez laquelle cet effet était si prononce que, pendant tout
MAMENBAD. 254- BIS
j le temps qu'elle prenait ces eaux, les menstrues étaient remplacées, aux époques ordinaires, par un flux hémorrhoïdal.
Enfin, il existe peu d'eaux minérales qui agissent d'une manière aussi puissante contre l'obésité. Seulement, d'où leur vient celte vertu? Réside-t-eHe, comme pour l'eau de Saxon, dans une sorte d'action spécifique sur la nutrition elle-même, ou au contraire dans l'artifice de leur emploi, tel que sudations forcées, massage, exercice violent, purgations? Nul doute que ce ne soit à ce dernier moyen qu'on doive rapporter leurs propriétés amaigrissantes. La preuve, c'est qu'un médecin français, le docteur Philbert. qui avait trouvé, à Marienbad, lagttérison d'un excès d'embonpoint, a transporté cette méthode aux eaux de Brides-les-Bains (Savoie), et y obtient littéralement les mêmes résultats.
Les bains sont associés d'habitude a la boisson. Tantôt on les prépare avec l'eau minérale elle-même; le plus souvent c'est avec une sorte de terreau, friable et pulvérulent, qu'on retire d'une tourbière voisine. Ils prennent alors le nom de a bains,.de boue».
Ces bains constituent ce qu'on peut appeler la médication topique de Marienbad. Pour les obtenir, on délaie dans de l'eau préalablement chauffée de la source Marie une certaine quantité du terreau dont je viens de parler, lequel paraît être formé en grande partie par des détritus de substances végétales, unies à une matière bitumineuse. Chose remarquable ! le soufre s'y trouve quelquefois par morceaux de plusieurs livres. II s'en échappe une odeur empyreumalique, rappelant celle du moût de raisin. ^ Les bains de boue agissent sur la peau à la manière des révulsifs les plus puissants. Il en résulte une telle démangeaison qu'on a imaginé, àl'u-age de ceux qui en usent, de véritables grattoirs. Ce sont de petites pelotes en velours épingle, surmontées d'une longue tign, dont ils se servent pour se « racler » le dos. On comprend qu'en appelant ainsi le sang à • extérieur, ces bains doivent dégager les organes situés plus profondément. Aussi les a-t-on vantés avec raison contre certains engorgements abdominaux et certaines douleurs viscérales dont la nature et le siège sont parfois également obscurs, et contre lesquelles les eaux minérales simples échouent habituellement.
Ce que nous venons de dire des bains de boue s'applique de même aux bains de gaz acide carbonique que nous savons être un énergique stimulant de la peau.
255 ALLEMAGISE (AUTRICIIF)
La réputation de Marienbad avait jusqu'à présent tiès peu pénetie ju qu'a nous. Mais les propriétés tout a fait exceptionnelles de ses eaux contie l'obe^ité, ont fini pai appeler plus fortement I attention, et il s'y iend aujourd'hui beaucoup plus de Français qu'autrefois.
TRAXSPOUT. (Le Kreutzbrunn ) — Ces eaux se conservent bien Elles agissent surtout en congestionnant les vdisseaux hemorihoidaux et en dégageant l'utérus. Aussi conviennent-elles tout particulièrement aux femmes arrivées à l'âge critique.
FRANZENSBAD (BOHÊME).
Sources sulfatées et ferrugineuses froides.
tinEHAiRE DE PARIS A FRANZENSBAD — Cbemindefer de l'Est par Strasbourg, Heidelberg et Wurzbourg jusqu'à Franzensbad même 35 heures. — l)elouis 1 ''ë fr.
I e village de Franzensbad possède six sources minérales qui, pai leur composition chimique et leur action médicinale, tiennent des eaux sulfatées ( t des eaux ferrugineuses. Elles sont froides bien que les coulées de lave, ainsi que le voist nage du volcan éteint de Kammerbulh indiquent que le sol d'où elles jaillissent a ete ravagepai les (eux souteirams. L'eau de ces diveises sources, d'une paifaite limpidité, mousse et pétille par le dégagement du gaz acide caibouique. Sa saveur piquante et salée laisse un arnere-goût styptique qui varie suivant le principe minerai prédominant.
La souice la plus importante est le Fr*nzeusquelle. D'api es Berzelius, elle contient, par htie, 5^,497 de sels formes de sulfates, de chlorures et de cai bonates de soude et de fer. Sui le frontispice du petit pavillon qui labute, «m lit, gravée en lettres d'or, la date de 1793 Cette date qui, chez nous, ne réveille que de nelastes souvenir', rappelle au contiane ici l'époque où l'empereur François dota la ville de privilèges qui ont fait la foi tune de ses eaux
A cinq minutes de distance du Fi anzensquelle et à l'extrémité d'une jolie allée, se tiouvent le Silzquelle et le Wie^enquelle. Ces deux sources ont ete aménagées ihacunedans deux vastes bâtiments que leumt une longue galerie seivant de promenoir aux bmeuis les autics sources n'offunt uen de bien particulier a noter
Les eaux de Fianzensbad sont des eauv toniques et recon-
FRANZENSBAn. 255 BIS
fortantes. Aussi leurs bons effets se manifestent-ils particulièrement dans les dérangements chroniques de la digestion, les constipations opiniâtres, l'inertie des viscères du bas-ventre, l'anémie suite d'hémorragies passives, la chlorose et les diverses perturbations nerveuses que produit la débilité.
Bien que ces eaux soient spécialement emp'oyées en boisson, on les prend aussi en bains : ces bains sont extrêmement toniques. Il y a également, comme à Marienbad, des bains de gaz et des bains de boue.
Les bains de boue forment demême la médication topique de Franzensbad. Le limon minéral (jnineralmoor) qui sert à les préparer se distingue par son énorme abondance et sa richesse en substances actives. Ses principales parties constituantes sont les sels de fer, de soude, de chaux et d'argile; il coniient de plus l'acide ulmique en grande proportion et diverses autres matières végétales tant gommeuses que résineuses. Ce limon est luisant etgras au toucher, sa saveur extrêmement styptique. Chauffé à la vapeur et délayé dans de l'eau du Louisensquelle, il forme une sorte de bouillie semi-liquide que je ne peux mieux comparer, par sa consistance et son aspect, qu'à un cataplasme de mie de pain coloré avec l'encre la plus noire. On s'en sert pour bains et pour fomentations.
Les boues minérales de Franzensbad agissent moins vivement sur la peau que celles de Marienbad. Leur action est plutôt tonique que dérivative.
Franzensbad est un séjour monotone. J'y ai rencontré, parmi les baigneurs, bien peu de Français et je doute qu'il s'y en rende jamais beaucoup, car nous avons en France, dans nos stations thermales de Pougues et de Luxeuil, des eaux parfaitement équivalentes.
TRANSPORT. — Il en existe des dépôts dans toute l'Allemagne. On expédie surtout sous le nom de Champagne mousseux de petits vins blancs du pays, qu'on a saturés de gaz acide carbonique extrait des sources et affublés des noms de nos meilleurs crus de France.
Bilin (Bohême). — Ancienne ville située à deux lieues de Téplitz. Sa source minérale, dite source Saint-Joseph, ettune eau alcaline froide qui renferme, par litre 4sr,959 de principes fixes, dont 36r,008 de carbonate de soude. L'eau en est piquante et aigrelette, par suite de l'acide carbonique dont elle est saturée. Ses propriétés, éminemment fondantes et résolutives, la rendent très-précieuse toutes les fois qu'il y a quelque engorgement glanduleux à combattre, ou quelque principe
256 ALLEMAG1NE (AUTRICHE).
acide à neutiahsei. Il s'en consomme tant à Téplitz que dans le reste de l'Allemagne, des quantités considérables Elle représente, impai fcutement sans doute, notie eau de Vichy.
TÉPLITZ, SCHONAU (BOHÊME).
Sources alcalines chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A TEPLITZ — Chemin de fer de l'Est par Strasbourg, Heidelheig et YVurzbourg jusqua Icphtz même 42 heures —Debouis 152 fr
Tephtz n'est pas moins connu comme ville diplomatique que comme ville thermale C'est dans ses murs que se tinient plusieurs congres, et cjue fut signée, en i 8d 3, la fameuse coalition contre la France, entre la Puisse, l'Autnctie et la Russie. Ce que nous allons dire des eaux de Tephtz ne s'applique pas seulement a Tephtz même, mais bien aussi a Schonau, grand et beau village qui n'en est pour ainsi dire qu'un faubourg, les eaux de ces deux localités étant parfaitement identiques, tant au poirn. de vue chimique qu'au point de vue médicinal.
Il y a orne sources minei aies, dont cinq a Tephtz et six a Schonau, offrant une tempeiature qui varie de 2b° a 49° C La plus chaude est le Hauptquelle, la moins chaude le Gartcnquelle toutes les deux se trouvent à Tephtz L'eau de ces diverses sources est limpide et incoloie a sa sortie du sol, mais elle prend, dans ses bassins, une couleur légèrement veidatie Sa saveui m'a paru un peu fade, son odeur nulle. Quant a sa minéralisation, elle n'est que de 0er,S94 de sels alcalins ; autant par conséquent dit e qu'elle est nulle.
Les eaux de Tephtz sont piesque exclusivement employées en bains et en douches. A Schonau se trouvent les établissements les plus élégants et les plus modernes On se baigne soit dans des baignones, soit dans des piscines Celles-ci sont construites, comme à Wildbad, sur l'emplacement même des sources qui les alimentent
Les eaux de Tephtz, a une temperatuie un peu élevée, sont des eaux excitantes, a une tenipeiatuie un peu bisse, elles sei aient plutôt sédatives : le calorique joue donc ici un rôle plus grand que la minéralisation
La goutte est, de toutes les maladies qu'on traite à Tephtz, celle qui en obtient les meilleuis résultats : près du tiers des malades sont des goutteux La forme la plus appiopnee au traitement pai les eaux est la foi me atomque.
Le docteui Richtei les van^e beaucoup également contre les
. ' PIJLLNA. 257
diverses affections du système nerveux, et tout particulièrement, la névralgie Sciatique. Cette dernière, dit-il, exige presque toujours pour disparaître une cure de deux ou trois mois, ce qui ne laisse pas que d'être peu encourageant.
Enfin la Prusse, la Saxe et l'Autriche ont à Schonau de vastes hôpitaux militaires où l'on traite toutes les maladies qui rentrent dans le domaine médical et chirurgical. Toutes! C'est beaucoup pour une seule et même eau. Aussi je présume que, par une sage restriction, il manque aux guérisons promises * la garantie des gouvernements. »
Quelle que soit, du reste, la valeur proprede ces sources, celle que sanctionne l'observation clinique, il est un fait certain, c'est que la ville de Téplitz leur doit son existence et sa fortune. Aussi se montre-t-elle pleine de gratitude pour elles. Le jour qu'on croit être l'anniversaire de la découverte de la principale source par une.... truie, est un véritable jour de fête. Afin d'en perpétuer le souvenir, on a placé, au-dessus du Hauptquelle, dans le bel établissement du Stadtbad, un basrelief représentant une scène que l'artiste s'est étudié à rendre attendrissante. On y voit une truie, volant au secours de sa jeune famille qui pousse des cris de détresse, échaudée qu'elle est, avant le temps, par une source minérale bouillante dans laquelle elle est inopinément tombée en pleine forêt. Une inscription latine (Sues in silvis pascentes, etc.) rappelle que cet événement eut lieu le 28 août 762.
PULLNA EN BOHÈME (AUTEICHE).
Sources salines sulfatées froides.
H existe un certain nombre de sources purgatives désignées, à cause de leur amertume, sous le lerme générique de bitterwasser (eau amère). La plus célèbre de toutes est l'eau de Pullna. Elle se trouve, en Bohême, tout près de la route qui relie Tépliz à Carlsbad, et à environ une lieue de la ville de Briix.
L'eau de Pullna ne s'échappe pas du sol sous forme de jet, comme la plupart des eaux minérales. Elle s'accumule, au contraire, au fond de puits creusés, à deux ou trois mètres de profondeur, au milieu de terrains contenant de nombreuses stratifications salines, et n'est autre que l'eau pluviale qui a fillré à travers ces terrains. Cette circonstance a pour effet de produire une certaine variaiion dans la quantité d'eau, selon
258 ALLEMAGNE (AUIMICHE).
les influences météorologiques existantes Pendant les années humides, l'eau minérale augmente ; elle diminue, pendant les années de sécheresse, jamais cependant au point de ne pouvoir suffire aux besoins de l'exploitation.
La réputation des eaux de Pullna, qui s'étend aujourd'hui dans le monde entier, ne date guère que du commencement de ce siècle Llle est due a un négociant de Biux, Adalbeit Ulbiich, qui le premier fit analyser ces eaux et, par des envois gratuits a toutes les maisons hospitalières, mit les médecins a même de constater leurs vertus médicinales Grâce a son dévouement et a son intelligente activité, le nom de Pullna devint promptement synonyme d'eau purgative, et acquit une renommée a laquelle son fils Antoine et son petitfils Constantin ont impunie un nouvel essor
Le nombie des puits d'où soutdent ces eaux est actuellement de cinq. Leur forme est circulaire Ils servent, avonsnous dit, de réservoirs aux infiltrations pluviales qui traversent, en les lessivant, les teriains mmeralisateuis, lesquelb sont constitués par une mai ne aigileuse ou se ttouvent amal games de nombreux cnslaux. Ces cristaux, d'après l'analyse de Barruel, de toutes la plus exacte, renfeiment, par hue d'eau, le chiffre énorme de 62 grammes de sels, dont 21 de sulfate de soude et 34 de sulfate de magnésie.
Cette quantité est plus que suffisante pour expliquer les vertus purgatives de l'eau de Pullna. Les autres sels, et, 'en particulier, la hthine et le biomure de potassium, ajoutent puissamment a son action medicatiice, en même temps qu'ils lui communiquent ce cachet paiticulier qui fait qu'une eau minérale naturelle diffeie d'une solution saline factice.
L'eau de Pullna ne s emploie qu'en boisson, sa tempeiature basse et la nature des sels dont elle est chargée se pi étant peu aux applications balneanes En revanche, aucune eau n'est mieux appropriée à l'exi oi tation II est vrai qu'on ne néglige rien pour en rendre la conservation plus pat faite.
Ainsi 1 eau n'est extraite des puits que q and l'inspecleui des souices juge qu elle est suffisamment saturée D'abord on la veise dans de laiges cuves en bois, ou on la laisse déposer les matièies siliceuses qu'elle peut contenir • il fau't quelques heuies pour que cette dépuration soit complète Alors on la met dans des cruchons de grès Chaque cruchon a été soumis a un examen préliminaire, et ce n'est que quand il a ete trouvé sans défauts, qu'il est rempli et couvert d'une capsule portant la marque . PULLNAEB GEMEINDE BITTERWASSEB, trois mots qui
PtJLLNA. 259
indiquent le nom de la source, celui du propriétaire et l'amertume caractéristique de l'eau.
La manière d'agir de l'eau de Pullna doit être envisagée à deux points de vue différents, suivant qu'on l'emploie à dose altérante ou à dose purgative.
A dose altérante, elle augmente l'appétit, accroît les mouvements vitaux et rend l'absorption plus facile. C'est donc là un mode d'action plutôt physiologique que médicinal.
A do<e purgative, elle localise ses effets sur l'intestin, dont elle stimule tout à la fois les sécrétions et la contractilité, de manière à le débarrasser des matières qui y étaient contenues. Aussi, contrairement à ce que nous venons de dire, ce mode d'action est-il plutôt médicinal que physiologique.
Dans le premier cas, on prescrit cette eau depuis un quart: de verre jusqu'à un verre ; dans le second, la quantité moyenne en est d'un demi-cruchon. Bien entendu ces doses n'ont rien d'absolument fixe; elles varient suivant l'âge, le sexe et l'impressionabilité de l'individu. Toujours est-il que, sous quelque forme qu'on l'emploie, l'eau de Pullna constitue une des médications les plus douces et les plus sûres que possède la thérapeutique.
Mais c'est surtout dans les pays chauds, et tout spécialement en Egypte, où les inflammations intestinales et les engorgements du foie sont des affections si fréquentes, que l'eau de Pullna constitue une bienfaisante.médication. J'en ai jugé par moi-même pendant mon séjour dans ces contrées. Sous ce rapport, je ne puis que me rallier à l'opinion de mes savants confrères, les docteurs Nitard-Ricord et Gourgouraki '.
1. Cette opinion, voici, d'après les documents publiés par la Direction des eaux de Pullna, comment ils la formulent :
Alexandrie d'Egypte, 15 octobre 1874.
« On me prie de donner mon avis sur la valeur de l'eau de Pullna, spécialement dans l'usage qu'on peut en faire dans les pays chauds en général, et l'Egypte en particulier.
« Pour quiconque connaît les propriétés purgatives de cette eau minérale — et tout médecin les connaît, — s'il est un pays où sou emploi doit être plus fréquent, c'est bien l'Egypte, ce pays à affections gastriques par excellence.
« En effet, depuis que j'habite l'Egypte, j'ai peut-être donné plus d'eau de Pullna que je ne l'ai fait dans toute ma carrière médicale en Europe.
« Aussi, convaincu, comme le dit mon confrère et ami, le docteur Constantin James, de Paris, que l'eau de Pullna est un des purgatifs les plus doux et les plus suis de la thérapeutique, est-ce à ces eaux sans rivales que je m'adresse des réfévence dans les cas si nombreux d'embarras gastriques que j'ai rencontré daus ce pays, et c'est aussi à ces mêmes eaux bienfaisantes que s'adressent
200 ALLEMAGNE (AUTRICIIE).
— Je suis heureux de i appeler, en tei minant cet article, que, lors de nos derniers desastres, quand toute l'Allemagne se ruait contie nous comme un seul homme, la direction des eaux de Pullna, en Bohême, expédiait gratuitement, pour nos soldats blesses, toutes les eaux dont ils pouvaient avoir besoin, et cela non-seulement en Fiance, mais en Algérie.
Saidschutz, Sedlitz (Bohême) — (Sources salines sulfatées froides ) — Ces sources sont situées non loin de Pullna et s'obtiennent par les mêmes piocédes Leur action purgative est également à peu près la même, seulement, Saidschutz est moins fort que Pullna, Sedlitz moins fort que Saidschutz
Bade (Autriche) — Sources sulfmeuses chaudes. — Chaimante petite ville, située a quatre lieues de Vienne, et comme perdue au milieu des bois. Elle est pour la capitale de l'Autriche ce qu'En^hien est pour Paris, ses eaux eiant également sulfureuses, avec cette différence que celles d'Enghien sont
nos confrères qui ont reconnu, comme moi, la nécessite de recourir au-* purg itifs, pour empêcher ou combattre les effets du climat d'Egypte sur l'appareil digestif
« Voila, en quelques lignes, mon avis sur l'emploi de l'eau de Pullna
« J Ni TARD RlCORD,
« D cteur médecin de la F iculte de Paris, « Chevalier de la Légion d honneur et de plusieurs ordres étrangers, ete »
Alexandrie d'Egypte, 20 octobre 1874,
« Parmi les eaux minérales qui rendent de si gnnds sei vices m génie humain par leurs effets s ilutaires dans la guenson d'une foule de maladies, il est certain que l'eau de Pullna est une des plus bienfaisantes
a Je pense qu'on trouverait difficilement un remède dont l'opération purgative puisse, comme l'eau de Pullna, exempter des coliques et des troubles intestinaux qui résultent généralement de l'emploi des purgatifs salins
« C'est surtout dans les pays chauds, comme l'Egypte ou abondent les inflammations intestinales et 1 engorgement du foie, qu'il doit être fait un usage ttes fréquent de cette eau si bienfaisante par les nombreuses qualités de ses sels purgitifs, et je dois ajouter qu'il n'est pas un médecin qui ait hésite a la recommander a ses malades, comme purgatif, préférable a tout autre.
« La science m'impose le devoir de declaier que, durant le long exercice de ma profession, j ai ordonne une quantité considérable d'eiu de Pullna que je fais prendre souvent, a petites doses journalières, et j'ai eu le bonheur de constater quelle igit tres-efficieemeat contre les cas nombreux de convulsion, de paresse intestin de, d in ippetence, de constipation, fluxion et diarrhée, et qu'a toutes les époques ou je les ai ordonnées, elles m'ont ete d'un puiss mt concours et d une immense utilité
« Il est d'ailleuis incontestable que presque tous les médecins ont considère cette eau comme étant sans rivale pour l'amdiontion des organes atiabdaues, et du foie particuheiement
Docteur S GOURGOURA3J;
HUKYADI-JANOS. 261
froides, tandis que celles de Bade ont une température de 35 à40°C.
Bade possède une double école de natation, l'une pour hommes, l'autre pour femmes, qui représente deux magnifiques lacs de dix à douze pieds de profondeur, exclusivement alimentés par de l'eau minérale. Je ne crois pas que les Romains aient jamais construit rien de plus utile ni de plus grandiose. C'est une véritable naumachie.
Voslau. — A une demi-beure de Bade. C'est un petit bourg qui mérite d'être visité, pour sa magnifique école de natation qu'alimente une source ferrugineuse liède, et que fréquente la jeunesse de Vienne.
Gleiehenberg (Styrie). — Sources alcalines froides. — 11 y a plusieurs sources. La plus importante, nommée source Constantin, contient, par litre, 2«r,512 de bicarbonate de soude, et rappelle assez par sa composition et ses propriétés, celles de Salzbrunn et d'Ems. Elle convient aux affections pulmonaires.
HUNYADI-.TA_\OS (HONGRIE). Sources salines sulfatées froides.
La source de Hunyadi-Janos jaillit dans une plaine, aux environs de Bude, capitale de la Hongrie. Elle fut découverte par hasard, en 1863, par un paysan, lorsqu'il creusait un puits pour ses besoins économiques et reçut le nom de HunyadiJanos, en souvenir de l'illustre guerrier qui, dans le quinzième siècle, sauva son pays de l'invasion musulmane.
L'eau en est limpide et claire, son odeur nulle. Quant à sa saveur, elle offre une amertume très marquée. C'est qu'elle est de toutes les sources dites « amères » la plus chargée en sulfates de magnésie et de soude ; elle contient, par litre, sur 43 grammes, environ 35 grammes de ces deux sels. Ceci explique pourquoi l'eau de Hunyadi - Janos purge sous un très petit volume ; un demi-verre ordinaire ou de table, par exemple.
Nous n'avons en France aucune source analogue, mais il n'en est pas de même pour la Suisse. Ainsi nous avons vu que les eaux de Birmenstorf possèdent les mêmes qualités purgatives, et qu'elles offrent de plus sur celles de Hunyadi l'avantage d'être plus douces à l'estomac.
262 ALLEMAGIVE.
CURES DE RAISIN
Je ne puis quitter ce qui a tiait aux eaux minénles de l'Allemagne sans due un mot d'une médication a laquelle on a fiequemment îecours comme devant complète! l'action de ces eaux : ]e veux pailer de la Cure de raisin. Cette cure que souvent aussi on emploie seule et d'emblée, constitue un ti alternent essentiellement tempérant qui a surtout pour îesultat d'abattre l'excitabilité générale, de rafiaîchir le sang, de resoudie les engorgements pulmonaires ou auties, et de modifier les sécrétions. Elle est particulièrement utile aux phthisiques, chez lesquels l'affection conseive un caractère subaigu Ainsi la fiequence du pouls, la chaleur et la sécheresse de la peau, la coloration trop vive des pommettes, certaines hemoptysies ac tives, tous signes que nous savons récuser l'emploi des eaux minérales, deviennent au contiaire autant d'indications de la cuie du raisin. Voici le régime diététique que le malade dévia suivre
Commencer par une livie de raisin, le matin a jeun, sans avalei l'enveloppe ni les pépins, deux heuies api es, nouvelle quantité un peu plus foi te Dîner a midi Le menu consiste en viande de boeuf et de mouton, bouillie ou grillée, en pain ras sis, bien cuit, et en un vei re de vieux vin du Rhin, pas de légumes, sauf toutefois des pommes de terre ou des calottes Vers quatie heures, nouveau îepas de raisin, environ deux livres , enfin, le soir, souper avec un potage ou avec du the et -du pain blanc. Avoir grand soin, enti e chacune de ces évolutions, de faire le plus d'exeicice possible et, lois même qu'on se sentit ait altère, s'abstenn de boire On mmge ainsi, en moyenne, de trois a cinq h vies de rusin par )our, et même plus Les personnes qui ne pourraient pas le supporter, a jeun, doivent commencer par une tasse de café ou de chocolat, et n'essayei du 1 aisin, comme premier repas, que quand l'estomac y est tout a fait accoutume
La durée d'une cui e de raisin est, en général, de quatre a six semaines, cependant on \ eut la prolonger beaucoup plus longtemps Le moment le plus opportun pour l'enticpiendie est le milieu de septembre, car c'est celui ou la maturité du raisin est le plus à point
CURE TE CRESSON. 203
CURES DE CRESSON
On fait grand usage également en Allemagne du cresson sous forme de Cure. Il en est de même en France. Ainsi, quand arrive le printemps, nombre de personnes boivent des jus d'herbe qui ne sont autres que le suc de certains végétaux où le cresson entre pour une large part. D'autres préfèrent le cresson en substance ; c'est un peu mon avis. ,
Quelle est maintenant la valeur réelle de ces Cures ? A en croire les crieurs de consultations en plein vent, le cresson serait par-dessus tout, la «c Santé du Corps. » Il est certain que, vers la fin du siècle dernier, il a joui d'une grande réputation contre les maladies de poitrine; témoin le fait suivant, qui, assure-t-on, se serait passé en Angleterre :
Un des médecins les plus célèbres de Londres fut consulté un jour par un jeune homme, parvenu au dernier degré d'étisie, chez lequel il constata l'existence de tubercules pulmonaires. Il lui conseilla pour tout traitement d'aller passer trois mois à la campagne, et d'y vivre exclusivement de cresson. Le malade suivit ponctuellement cette ordonnance et s'en trouva si bien qu'au bout de trois mois, il avait recouvré tout à la fois ses forces et son embonpoint. Il revint alors voir son docteur de Londres. Celui-ci, émerveillé du résultat, palpa son jeune client dans tous les sens; puis, le quittant pour une seconde, rentra presque aussitôt, cachant dans sa main un pistolet avec lequel il lui brûla la cervelle. Lui ouvrant ensuite la poitrine sur place, il s'assura, séance tenante, que les poumons étaient bien réellement reclevenus sains.
Les médecins d'aujourd'hui, tout en étant pénétrés également du feu sacré de la science, ne pousseront jamais aussi loin l'enthousiasme de leur art.
HYDROTHÉRAPIE GASTRIQUE
Irrigations, bains et douches gastriques.
Cette méthode, que j'ai appliquée 'au traitement des maladies de l'estomac, a été introduite, sous mes auspices, dans un certain nombre de stations thermales. C'est l'administration
264 HYUROTHÉRAPIE GASTRIQUE.
artificielle et momentanée de l'eau commune ou minérale, chaude ou froide a la muqueuse gastrique, au moyen de la sonde a double courant et d'une certaine pression qui permet de projeter l'eau avec plus ou moins de force contre la paroi interne de 1 estomac
On peut obtenir, sans doute, la pression de bien des maSonde
maSonde a double counnt du Dr V Audhom
nieres, soit par un in igateur 01 dinaire, soit par un bassin tenu ou place a une ceitaine hauteur, ete La figuie ci-dessus indique! a, mieux qu une descnption, le jeu de l'appareil
L hydiotheiapie gastnque a ete conseillée pai moi pour le traitement de l'inertie gastrique et de la dihtation d'estomac. Il ne faut pas la confondie avec le simple lavage stomacal.
EAUX MINÉRALES
DE
L'ITALIE.
J'ai visité à plusieurs reprises les eaux minérales d'Italie. Dans mon premier voyage, je bornai mes recherches aux stations qui avoisinent la Méditerranée, comme étant les seules, qui par la facilité de leur abord offrissent quelque intérêt pratique. Mais, depuis lors, les sources du Centre et du Nord se sont trouvées reliées aux grandes lignes de nos chemins de fer : ce qui a été dû surtout au percement du mont Cenis. Il m'a fallu donc entreprendre de nouveaux voyages pour aller étudier ces dernières stations thermales. C'est le résultat de ce travail que je publie aujourd'hui.
Je vais décrire toutes ces sources dans l'ordre où elles se présenteront à nous, à mesure que nous nous éloignerons de notre frontière pour pénétrer au coeur même de l'Italie.
ACQTJ1 (PIÉMONT).
Eaux et boues sulfureuses chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A ACQUI. — Chemin de fer de Lyon par Mâcon, Modane et Alexandrie jusqu'à Acqui : 27 beures 15 min. — Débours .• -H 7 fr.
Acqui est une petite ville située sur la lisière des Apennins, à six lieues d'Alexandrie et à dix de Gênes. Son nom lui vient de ses sources minérales, dont la plus chaude,
266 ITALIE (PIEMCMT).
appelée la BÂlente, jaillit au centre même de la ville Sa température, qui est de 75° C , constitue pour les habitants une immense économie de combustible, car, de même qu'à Chaudesaignes et a Dax, on emploie cette eau pour toute espèce d'usages domestiques. Elle n'est point utilisée en médecine.
C'est a un quart de lieue plus loin que «e tiouvent les sources médicinales. Celles-ci jaillissent au centie de profonda bassins. Elles rivalisent par lem abondance avec la Bollente, et appai tiennent comme elle a la classe des eaux sulfureuses calcanes Seulement, lem tempeialure est beaucoup moindie, la source la plus chaude ne dépassant pas 46 degies, il y en a même une, la source Ravanasco, qui est froide.
Bien qu'on admimstie ces diveises sources en douches et sn bains, l'emploi des boues constitue la spécificité therapeulique d'Acqui.
Ces boues (fanghî), d'un cris cendre, friables entie les doigts, ■d'une odeur de marécage, ne sont autie» que le dépôt forme par le limon et les éléments salins des souices Leui minelalisation se rapproche beaucoup de celle des sources ellesmêmes Elles îenfeiment des sels alcalins, de l'oxyde de fer, une matieie végétale bitumineuse et du gaz suifhydnque Voici comment on pi end ces bams de boue
Le patient (et ce nom ne lui convient que trop) s>'etend tout <le son long et entièrement n i sur une paillasse piealahlement îecouveite de boue, laquelle conserve encore sa chaleur naine, puis des fangarolli lui badigeonnent le coips entiei, moins k lace, a\ec MII enduit de mcme nature qu ils pétrissent entre leuis mains comme du mortiei. et qu'ils appliquent pai couches de 4 a S centimètres d'épaisseur L'opération teiminee, ce n'est plus un homme, c'est un m< ule Api es une demi-heure, on enlevé cette boue, elle se dctaibe avec d'autant plus de facilite quelle s'pst durcie et cievassee. Enhn, un bam deau minérale, dit bain de propiete, clôt la séance
11 n'est pas toujours nécessaire d'entourer le corps enliei d'une atmosphère de boue. Si l'affection est hmitce, que, par exemple, elle occupe un membre ou une aiticulation, on peut s'en tenir à de simples fomentations locales
Le premier effet de ces bouts est de deteiminei dans les paities qui en subissent le contact, un prunt singulier, une vive chaleur, quelquefois mcme une cuisson insupportable, il s'y développe aussi dei> baitennents insolites et piofontls Lorsque l'enveloppement est gênerai, vous observez, de plus, du malaise, de l'anxiete, de la dyspnée.
RECOARO. 267
Ces boues conviennent plus particulièrement pour les cas où il est besoin d'éveiller dans les tissus un travail interstitiel, et d'appeler vers la peau les divers fluides de l'économie. Aussi les maladies que l'on traite avec le plus de succès à Acqui sont-elles les atrophies et les rétractions musculaires, certaines paralysies, les engorgements torpides des articulations d'origine rhumatismale ou goutteuse, les ulcères calleux et généralement les affections liées à la répercussion de quelque principe diathésique
RECOARO (VÉNÉTIE). Sources ferrugineuses froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A RÉCOARO. — Chemin de fer de Lyon par Mâcon, Culoz, Modane, Turin et Milan jusqu'à la station de Tavernelle : 33 heures 45 min. Voitures de cette station à Récoaro: 3 heures. — Débours : 150 fr.
Le bourg de Récoaro est situé au pied de la chaîne des Alpes, qui sépare la haute Italie du Tyrol méridional. La route qui le relie au chemin de fer suit le torrent de l'Agno, et est principalement remarquable par les souvenirs attachés au pays qu'elle traverse. N'oubliez pas de vous faire montrer,' à Montechio, les deux vieux châteaux de ce nom, qui conservent encore l'empreinte de leur origine féodale. C'est là que vécurent Roméo et Juliette, dont la romanesque histoire a inspiré de si beaux vers à Shakspeare, et de si touchantes mélodies à Bellini. Ne soyez pas surpris non plus si la population de Récoaro vous offre dans sa physionomie et son accent quelque chose d'un peu tudesque. Ne se vante-t-elle pas de descendre directement de ces fameux Cimbres auxquels Marius fit subir, sous les murs de Vérone (101 ans avant J. C), une de ces foudroyantes défaites qu'il ne leur ménageait guère, non plus qu'aux Teutons, leurs inséparables et malheureux frères d'armes? Quant à l'aspect du sol, il dénote de toutes parts une puissance de végétation admirable. Ainsi des plants de rcmriers et de vignes couvrent les premières assises de la montagne, tandis que des forêts de hêtres et de châtaigniers en couronnent la cime.
Les eaux de Récoaro appartiennent à la classe des eaux ferrugineuses froides. La principale source, appelée source Lélia, jaillit sur une hauteur, à cinq ou six minutes du village. L'eau en est limpide, pétillante, mousseuse, d'une saveur d'encre très-prononcée; Elle contient par litre 0sr,030 de carbcnate de
268 ITALIE (VENÉTIE).
fer, quelques sels alcalins, des traces d'arsenic, et Oht, 786 de gaz aeide caibomque libre.
Ces eaux conviennent dans les diverses affections où il s'agit deiedonner du ton et des forces à l'organisme; telles sont surtout l'anémie, la chlorose, l'aménorrhée, l'hystérie, certaines gastralgies flatulentes On les boit a la dose de cinq ou six veires par jour La source Leha est celle qu'on préfère habituellement; cependant quelque malades commencent par la source Giuhana, dont l'action est plus douce, et qui renferme du bicarbonate de lithine.
Les eaux de Récoaro sont beaucoup plus fréquentées aujourd'hui qu'elles ne l'étaient il y a quelques années. On loge dans le village même où se trouvent d'assez bons hôtels Quant aux baigneurs auxquels il faut du faste, de la dépense, ils prefei ent la villa Giorgetti, où règne un luxe princier, et qui, par sa situation près de la source Lélia, domine la vallée.
— A deux lieues environ de Récoaro, se trouve la source Catutienne, contenant une quantité notable de fer, que Melandn évalue à S ou 6 grammes par litre, il s'y mêle de plus une proportion sensible de sulfate de chaux. Cette eiu a une odeur vitriolique, un goût astnngent et âpre, une teinte tirant légèrement sur le jaune Son action, fortement styptique, fait qu'on ne peut la boire qu'a doses très-fractionnees; quelques cuillerées d'abord, puis un demi-verre ou un veri e tout au plus La source Citutienne agit comme un puissant hémostatique dans les hémorrhagies passives du poumon et de l'intestin, ainsi que dans certaines hématuries.
ABANO (VENÉTIE).
Boues salines chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A ABANO — Chemin de fer de Lyon par Mâcon, Culoz, Modine, Turin, Mil in et Padoue jusqu'à Abano même . 35 heures. — Deboi rs 155 fr
Abano I Voici une station thermale qui ne figurait dans aucun de nos traites d'hydrologie avant que ne parût le mien, et qui aujourd'hui encore est tres-peu connue en France. Cependant c'est bien certainement une de celles qui méritent le plus de fixer notre attention Vous y verrez sourdre, du sommet d'un petit tertre appelé Mont-Iron, et au mdieu d'une
. AUANO. 2 09
prairie que bordent les Apennins, une véritable rivière minérale, laquelle, par son extrême abondance, alimente huit établissements thermaux, en même temps qu'elle fait tourner à elle seule la roue d'un moulin. Ses eaux ont la limpidité du cristal. Elles exhalent une légère odeur de naphte et ont une saveur à la fois saline et bitumineuse. N'en approchez vos lèvres qu'avec précaution, car leur température est de 85° C; en d'autres termes, elle est voisine de l'ébullition 1. Et cependant, chose remarquable 1 des plantes, des animaux trouvent moyen d'y vivre, particularité que Pline n'a garde d'oublier. « Dans les eaux chaudes de Padoue, dit-il, naissent des herbes vertes et des grenouilles. » {Pataviorum aquis calidis herbse virentes innascuntur nec non rame). Du reste, Pline aimait d'autant mieux à parler de ces eaux, qu'il négligeait rarement l'occasion de s'y rendre lorsque ses fonctions de grand amiral de la flotte romaine l'appelaient dans l'Adriatique.
Les eaux d'Abano possèdent des vertus thérapeutiques trèsréelles, que leur composition fait en partie pressentir. En effet elles contiennent, par litre, 6sr,K98 de principes fixes; ce sont surtout des chlorures, des sulfates et des carbonates de soude et de chaux. Il y a de plus des traces d'iode et de brome.
C'est donc à peu près la minéralisation de Bourbonne, de Wiesbaden et d'Ischia. Aussi ces eaux sont-elles fortement stimulantes. Elles conviennent, comme celles que nous venons de citer, dans les diverses maladies où il importe de réveiller la vitalité des tissus et d'activer la circulation tant profonde que périphérique. On ne les boit pas. On les administre seulement en bains, surtout en bains de boue. Ces boues, et c'est encore Pline qui nous l'apprend, étaient déjà utilisées de son temps : (utuntur et coeno fontium utiliter.) On les obtient en délayant dans de l'eau des sources le terreau grisâtre qui les entoure, et qui, imprégné déjà de substances salines, achève de \ se saturer dans les réservoirs où. on les soumet à une nouvelle macération. Le principe actif de ces boues n'est donc autre que I celui des sources elles-mêmes, mais avec un degré de concentration plus énergique.
Les boues d'Abano sont appliquées en topique pour les mêmes cas à peu près que celles d'Acqui ; seulement, le caractère sulfureux de ces dernières les fera préférer toutes les fois que l'affection se trouvera liée à quelque vice herpétique.
I. Aussi la roue du moulin que ces eaux fout mouvoir finit-elle par être corrodée au point qu'il faut en renouveler le bois tous les ans.
270 IIALIE (VE'NEUE).
Les établissements thermaux d'Abano sont, avons-nous dit, au nombie de huit. Les deux plus importants portent le nom de bain Orologio et de bain Todeschini.
Dans un rayon de quelques milles autour d'Abano, suitout a Monte-Grotto et a Battagha, |ailhssent un giand nombie d'autres sources, également exploitées, qui offient avec celles du Mont-lion la plus complète analogie Tout ce groupe de souices s'appelait anciennement thermes Euganets, en souvenir des compagnons d'Anienor qui vinrent, dit-on, se fixer dans ces contiees, où ils fondèrent la ville de Padoue
Abano fut en très-grande faveur chez les Romains. Bien que singuheiement déchu aujourd'hui, on y respire encore je ne sais quel parfum d'antiquité qui vous charme et vous captive. Ainsi, voila les débris de la somptueuse piscine où Tite Live, Aronzio Stella, Valenus Flaccus, et tant d'autres personnages îllusties que Padoue a produits, aimaient a se baigner, voila l'antre mystérieux ou se pressait la foule accourue de toutes paits poui consulter l'oiacle d Aponum-, enfin, c'est ici que Martial, séduit pai la beauté des sites, s'ecuait a C'est vous qui seiez le îefuge et le repos de mes vieux jours, si toutefois il m'est permis de régler mes loisirs »
Vos eritis nostroe portus requiesve senectse, Si juns fuennt oti i nostra sui.
Plus heureux que le poète latin, Pétrarque vint terminer, près de Battagha, dans le calme et le silence de la retiaite, les dernieies années d'une vie si pleine d'agitations et de glone On montre au petit village d'Arqua le tombeau qui renferme ses cendies. On y montre aussi sa maison où, si l'on en cioit Ta^som, « sa chatte, dans sa founurf dessechce, protège encore contre les souris ces doctes seuils »
Ove la sua gitta m secca spogha Guarda dai topi ancor la dotta sogha
(Secclua rapita.)
Mais est-ce bien la même chatte? Puisque Tassoni l'affiime, je ne vois aucun inconvénient à l'en cione sui paiole.
1 « L'oracle, dit Luc-un, (si ce qu'on raconte est vrai), qui siégeait sur le mont Eugmee, la ou s'echippe du sol la source furamte d'Aponum', >
« Eugmeo (si vera fides memorantibus) augur a Colle sedtns, Aponus terris ubi fumiger exit, »
s'écria, au plus foit de la bitiille de Pharsile, dont le sep iraient plus de trou cents liée*" « Tu es vainqueur, César » {Vmcis, Coesar)
SAN GIULIANO. 271
SAN GIULIANO (TOSCANE). Sources salines sulfatées chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A SAN GICLIAHO. — Chemin de fer de Lyon par Màcon, Culo?., Modaue, Gènes, Livourne et Pise jusqu'à San-Giuliano même : 30 heures. Débours : 140 fr.
Les bains sont situés à environ 7 kilomètres de la ville de Pise, à l'extrémité d'une plaine remarquablement fertile et au pied d'un monticule couvert d'oliviers, où s'élève une chapelle dédiée à saint Julien : d'où le nom de bains de San-Giuliano' par lequel on les désigne plus communément. Les sources minérales sont nombreuses et renferment à peine quelques sulfates alcalins. Leur température oscille entre 27° et 33° C. ; circonstance qui, jointe au rendement considérable des griffons, permet l'emploi immédiat de l'eau en bains, et son renouvellement continuel dans les baignoires.
Ces diverses sources, qui portent chacune le nom d'une divinité païenne (Mars,Neptune, Apollon, Junon, Cérès, etc.), ont été aménagées dans deux établissements situés à côté l'un de l'autre sur une petite place en regard de la splendide façade du Casino. Tous les deux comprennent plusieurs piscines et de nombreux bains particuliers. « C'est, a dit Dupaty, la plus belle eau qui coule dans le plus beau marbre. » Cette fois, du moins, le prétentieux auteur des Lettres sur tItalie a jugé sainement. L'un de ces établissements reçoit le groupe des sources de l'Est, l'autre le groupe des sources de l'Ouest.
Rien donc ne manque à ces eaux, rien.... si ce n'est plus de baigneurs. Il en est, hélas ! des bains de Pise, comme de la ville elle-même, qui ne renferme, aujourd'hui, que 22 000 habitants, tandis qu'elle pourrait facilement, comme autrefois, en contenir 180 000. Et cependant, ces bains ont eu aussi leurs jours de splendeur. Malheureusement, dans les circonstances critiques où se trouve la péninsule, la fortune ne semble pas devoir leur sourire de sitôt. Je crains bien même que les anciennes inscriptions votives dont le sol est couvert ne soient pour eux, longtemps encore, d'inutiles épitaphes.
Bien que les eaux de San-Giuliano soient avant tout des eaux hygiéniques, leur action, d'après le docteur Tonï, est souvent utile pour tempérer l'excitation nerveuse, calmer les spasmes, combattre la tendance aux migraines et relever les
272 IIALIE (TOSCANE).
forces légèrement déprimées. On les emploie pnncipalement en bains. Une seule souice, celle du Pozetto, est quelquefois prise à l'intérieur : elle n'a d'autre effet que d'êtie un peu diurétique.
Les baigneurs qui fréquentent ces eaux demeurent, pour la plupart, a Pise, d'où le chemin de fer ne met que dix minutes pour les conduire aux thermes de San-Giuhano.
CASCIANA (TOSCANE).
Sources ferrugineuses chaudes.
ITINÉRAIRE DE PARIS A CASCIAHA — Chemin de fer de Lyon par Maçon, Cnloz, Modane, Gènes et Livourne jusqua h station de Pontedera 31 heures Voitures de cette stition a Casciana . 3 heures — Débours 145 fr
Les sources minérales de Casciana, appelées anciennement bains d'Jqui, ne possèdent aucun monument, aucune ruine qui indique qu'elles aient été connues des Romains. Elles s'en dédommagent en rattachant leur decouvei te a une légende qui remonte à la fin du onzième siècle, et dont le héros ne serait autre que le merle favori de la fameuse comtesse Mathilde Ce merle, au dire des chroniqueurs, avait vu successivement tomber toutes ses plumes, et, dans sa confusion, il s'était letire au fond d'un marécage. Là, un secret instinct, ou peut-être l'excès même du desespoir, le filent se rouler chaque joui dans le limon des eaux. Bientôt, o prodige ' tout son corps se recouvrit d'un épais duvet Ce duvet grandit, devint plume, et plume du plus beau noir, de telle sorte qu'au bout de trois semaines d'absence, l'oiseau revint chez sa maltiesse plu» éclatant que jamais Il produisit, on le comprend, une vive sensation. Comme on avait épie ses démarches, les mentes de la cure furent généralement rapportes a la source, qui avait passe jusqu'alors pour eau croupissante et malsaine aussi s'empressa-t-on d'y organiser des bains Inutile d'ajouter que les dames delà cour dont la chevelure, par ses avanes, îappelait plus ou moins les infortunes du merle, furent les premières qui en firent usage Le résultat, je le crains bien, trompa quelque peu leur attente, mais, en revanche, elles ne taiderent pas a se sentir plus agiles et plus fortes Ainsi fut fortuitement îevelee l'action tonique des eaux de Casciana
Et qu'on ne croie pas que ce petit conte soit extrait des oeuvies de quelque Perrault italien II est, au contraue, relaté tout au long et avec accompagnement de déductions philoso-
CASTROCAHO.
273
phiqaes dans les graves traités de Bellincioni, Rustighelli et autres hydrologues distingués. L'ancien inspecteur, le docteur Chiari, a renchéri encore sur l'histoire du merle, en rapportant, dans son Traité des bains de Casciana, le fait d'une tourterelle que possédait sa fille et qu'il a vue recouvrer ainsi toutes ses plumes par l'action régénératrice des bains.
Toujours est-il que l'expérience de plusieurs siècles a prouvé que ce sont des eaux essentiellement réconfortantes. Leur température fixe est de 36° C. Quant au fer qu'elles renferment, il s'y trouve à l'état de carbonate, dans des proportions que l'analyse n'a pas encore précisées.
Les eaux de Casciana sont employées en bains et en douches, mais surtout en bains ; habituellement deux par jour. Une saison se compose de trente bains en moyenne.
On traite à ces eaux les diverses affections qui reconnaissent comme caractère prédominant un appauvrissement du sang ou un défaut de ressort de la fibre nerveuse elle-même. Et, je ne désigne pas seulement ainsi certaines débilités fonctionnelles, telles que la chlorose et l'anémie, dont les eaux ferrugineuses froides triomphent avec assez de facilité. Non. Je parle surtout des paralysies par énervement, et des atrophies musculaires qui en sont si souvent la conséquence. Leur action m'a rappelé tout à fait celle de nos eaux de Lamalou.
Les sources ont été captées dans un assez bel établissement qui sert en même temps de Casino. Mais les distractions de salon sont peu de chose à côté de la promenade dans les riantes collines de Pise, et sous un ciel qui réalise pleinement tout ce que l'on raconte du ciel de l'Italie.
Casirocaro (Toscane). — Sources iodo-bromées froides.— Elles sont situées à 19 lieues de Florence et à 2 de Forli, près de la route qui relie l'Adriatique à la Méditerranée. Il y a trois sources. L'eau en est limpide, d'une odeur sui generis et d'une saveur amère tout à fait désagréable. Elle renferme, par litre, d'après Bechi, 06r,312 de bromure et iodure de potassium, ainsi que &66r,859 de sel marin.
Les eaux de Castrocaro conviennent pour les engorgements strumeux et les accidents tertiaires de la syphilis. Malheureusement elles occasionnent parfois de la pesanteur et des pincements à l'estomac. Aussi devra-t-on commencer par des quantités médiocres, un quart de verre ou un demi-verre, par exemple, pour arriver graduellement à un ou deux verres, proportion que peu de personnes dépassent ou même peuvent atteindre. Il s'en expédie des quantités considérables.
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274 ITALIE (TOSCANE).
Rapolano (Toscane). — Sources sulfureuses chaudes. —Les eaux de Rapolano sont situées sur la route de Sienne, dans un pays sauvage, qui n'offinait actuellement aux baignent» qu'une hospitalité par trop primitive. Si donc je les mentionne, c'est que leur valeur intrinsèque m'a paru tres-réelle, et que je lej crois appelées à un sérieux avenir. Il y a six sourceb, d'une température de 39" C. Une bonne analyse en est encoie a faire tout ce qu'on peut en dire, c'est que le soufi e s'y tiouve a l'état de gaz sulfhydnque. On les prend surtout en bains. Sous cette forme, elles rendent de signalés services dans le tialternent des maladies de la peau.
LUCQUES (TOSCANE).
Sources salines sulfatées chaudes.
ITINÉRAIRE DE TARIS A EUCQCES — Chemin de fer de Lyon par Mîcon, Culoz, Modane, Gtnes et Ltvourne jusqu'à Lucques (ville) 31 heures Voitures de Lucques lux bains 2 heures et demie —Débours 146 fr
Les bains de Lucques ne se tiouvent point a Lucques même, mais dans un village qui en est distant de 20 kilomètres. On suit, pour s'y rendre, une ties-]ohe route qui, après avon tiaveisé une plaine riche en vignobles et en pâturages, s'engage dans une vallée qu'ombiagent des marronniers tout a fait dignes de leur réputation eui opeenne Vous ne verrez en chemin d'autre objet d'art qu'un pont de pierre, d'une seule arche, dont la clef de voûte est tellement a pic, que les deux rampes qui en partent le font ressembler a un V ien\erse On l'appelle le Pont du Diable, dénomination, du reste, fort en usage dans tous les pays de montagnes.
C'est au pied des Apennins, sur le versant occidental de la colline de Coisena, que se trouvent les cinq établissements thermaux, échelonnés par étages dans l'ordie suivant Cardinali, Douches basses, Barnabe, Bains chaud': et Saint-Jean. Ces deux derniers occupent le sommet même de la colline, et sont voisins de la délicieuse maison de campagne qui appai tenait au giand-duc. Un autie établissement, dit Bain alla ulla, est distant du village d'envnon une demi-lieue. Son exposition au levant et son peu d'altitude y attirent de préférence les malades auxquels il ne faut pas un air trop vif Ces divers bains, y compris le petit hôpital fonde par M. Demidoff, ont une organisation a la fois élégante et severe, il y règne même un véritable luxe, baignoires et piscines, tout y est de marbre.
MONTE-CATINI. 275
Les sources qui les alimentent sont nombreuses et d'une extrême abondance; leur température varie de 31° à 56° C. L'eau en est limpide, inodore, onctueuse et presque sans saveur, ce qu'explique leur faible minéralisation, qui est à. peu près la même pour toutes. Un litre de la source Barnabe, la plus employée de Lucques, ne contient que 2sr,637 de sels alcalins, à base de chaux et de magnésie.
L'eau, en se refroidissant, dépose de légers flocons rougeàtres qui ne sont autres que de l'oxyde de fer et de manganèse ; le phénomène est surtout très-prononcé à la Douche basse, ce qui lui a vain le nom de Douche rouge, par kquel elle est quelquefois désignée.
Dans un livre remarquable, publié récemment par le docteur Carina, l'auteur tend à établir que les eaux de Lucques sont souveraines contre les affections herpétiques, rhumatismales et goutteuses. Cette appréciation s'accorde peu avec celle du docteur Del Punta, médecin de l'ancien grand-duc, qui me disait plaisamment : «t Lucques possède trois grands agents « thérapeutiques : la promenade, le Casino et les bains. »
Je n'ai trouvé, au point de vue clinique, aucune différence marquée entre les eaux minérales de Lucques et celles de Pise. Mais, tandis que celles-ci restent à peu près désertes en été, celles-là, au contraire, sont fréquentées par un grand nombre de familles italiennes ou étrangères; en revanche, l'approche des premiers froids est le moment où la ville de Pise commence à se peupler et où l'on abandonne celle de Lucques. C'est que la première de ces résidences offre en hiver les conditions les plus salubres, tandis que la seconde est presque constamment infestée de brouillards qui en rendent l'habitation désagréable et le séjour malsain.
MONTE-CATINI (TOSCANE).
Sources salines chlorurées tièdes.
TINÉRAIRE DE PARIS A MONTE-CATINI.— Chemin de fer de Lyon par Mâcon, Culoz, Modane, Gênes et Livourne jusqu'à Monte-Catini : 33 heures — Débours : 145 fr.
L'Italie est bien réellement la terre classique des souvenirs. Ainsi Lucques, que nous venons de quitter, a été témoin d'une des plus grandes scènes de l'histoire : c'est dans ses murs que César, Crassus et Pompée, lors de leur trop célèbre triumvirat, se partagèrent les différentes provinces de l'empire, en pré-
276 ITALIE (TOSCANE)
sence de nombreuses légions prêtes à appuyer par les armes les rivalités de leuis chefs Monte-Catmi que nous abordons avait, deux années auparavant, ete le théâtre d'événements non moins mémorables Ce fut a peu de distance des bains, « au pied même, dit Salluste, de la montagne qui les domine » [ad montis radiées), que Catihna vint camper avec son armée avant de livrer, « près de Pistoia, dans le champ du Picenum » (m agro Piceno, jux/a Pistoiam), la bataille ou il fut défait par le consul Petieius On m'a montre la place ou il aurait etétiouve perce de coups, « le visage encore anime de toute sa férocité naturelle » (ferociam animi quam habuerat i u us in vultu retinens 1) Oi, je ne fais allusion ici qu'a des événements accomplis sous 1 ancienne Rome Que sei ait-ce si, aboi dant le moyen âge, je rappelais le rôle que la vieille forteresse de Monte-Catini, dont on admire sur les hauteurs les ruines gigantesques, a joue pendant les sanglantes luttes des Guelfes et des Gibelins' C'est sous ses murs qu'Uguccione délia Taggioli rempoita la victoire qui décida du sort de 1 Italie. Mais nous sommes ici poui faire de l'hydrologie et non de 1 histoire Occupons-nous donc, avant tout, des sources minérales
Les sources de Monte-Citim lenferment toutes les mêmes éléments salins, les proportions seules varient La source de li Toretta qui est la plus împoi tante de toutes et que, par conséquent, on peut citer comme type, contient 8sr,407 de sels, dont 4sr,674 de chlorure de sodium Température 37° C
On trute a Monte-Catim la plupart des affections rhumatismales et arthritiques que vous êtes suis de îencontiei dans toute stition thermale, et qui en constituent en quelque sorte la monnaie courante.
GROTTE DE MONSUMMANO (TOSCANE).
Eaux, alcalines tiedes
ITIVERAIRE DÉPARTS v MONSinniANO — Vojez Monte-C itini. LT flotte eu est dist mte de 3 kilomètres
Les nouveaux renseignements que je dois a 1 obligeance de 1 excellent docteur Paolo Casciani, et qui viennent corroborei ce que j ivais vu, lors de mon vo} âge en Italie, m'engagent a traiter d'une façon plus spéciale cette station qui reçoit aujour1
aujour1 belle image de S dluste, l'éloquent historien de ces guerres, a ete assez heuieusement îm tee pir S lins Itihcus a La menace, dit-ll, vit encore sur son fr nt et la haine sur son vis ige »
Fronte mmoe durant et stant in vult bus îrx
MONSUMMANO. 277
d'hui des malades de tous les pays de l'Europe et un certain nombre de nos compatriotes, attirés, non seulement par l'efficacité des eaux, la douceur et la salubrité du climat, mais encore par le caractère pittoresque de la contrée et l'affabilité proverbiale des habitants.
La grotte de Monsummano, située auprès de Monte-Catini, à côté du château de Monsummano, sur la route de Florence à Pistoie et à Pise, a été découverte en 1849. Elle représente une immense galerie naturelle, creusée dans l'épaisseur de la montagne dont elle porte le nom, et ne communiquant avec l'extérieur que par une étroite ouverture. Celui qui le premier y pénétra, dut se croire au milieu d'un de ces palais enchantés dont l'imagination des poètes a peuplé les îles de Paphos et de Cythère. Ce ne sont, en effet, que voûtes étincelantes, délicates arabesques, colonnes en stalactites et stalagmites, sièges de marbre, bassins du plus beau cristal, et, au milieu de toutes ces merveilles, une nappe d'eau, limpide et tiède, très légèrement alcaline, dont les douces effluves se répandent dans l'atmosphère. Aussi vous attendez-vous, à chaque pas, à quelque apparition fantastique. L'avouerai-je ? Au lieu de nymphes et de naïades, je n'y ai vu que des rhumatisants qui y prenaient de prosaïques bains de vapeur dont ils paraissaient, du reste, très bien se trouver.
C'est, en effet, dans les affections rhumatismales, auxquelles il faut joindre les goutteuses, que le bain de la grotte montre toute son efficacité, qu'il s'agisse de manifestations articulaires ou musculaires, de nodosités ou de sciatiques et autres névralgies. Mais il faut de plus joindre à ces maladies les dermatoses, la syphilis, le saturnisme et l'hydrargirie. Les brillants succès qui y ont été obtenus dans ces cas divers, ont été unanimement constatés par les plus célèbres professeurs de médecine, Italiens et Français.
La grotte de Monsummano représente, en plus du bain, une sorte d'étuve naturelle ; et, à ce point de vue, on peut dire qu'elle est en quelque sorte unique au monde par sa disposition : sa température oscille, suivant les endroits, de 27°,S à 35" C. L'air y est pur et la pression barométrique égale à celle du dehors. La sueur y est provoquée sans fatigue, la respiration y demeure normale : de telle sorte que les personnes les plus faibles et les plus délicates y restent avec plaisir.
Il y a aujourd'hui, à côté de la grotte, un hôtel confortable, qui peut recevoir facilement une centaine de malades ; je me fais un plaisir de le signaler.
2>/8 ITALIE (ROMAGNE;.
LA PORRETTA (ROMAGM:).
Sources sulfureuses cliaudes
ITINÉRAIRE DE TARIS A I.A PORSETTA —- Chemin de fer de Lyon par Mâcon, C11I07 Mr d me, luim, Parme et Bologne jusqu a la Poietta même 33 heu res —Débours 145 fr
Le petit village de la Porretta, situé au coeur même des Apennins, entre Pistoia et Bologne, occupe une gorge sauvage que traveise un toirent appelé le Reno La jaillissent, dans un étroit périmètre,plusieurs sources sulfureuses chaudes (36°C ) qui, par leur composition et leurs veitus thérapeutiques, m'ont paru offrir la plus grande analogie avec celles d'Unage. Elles sont, comme elles, très-riches en principes salins . près de 8 gramme» par litre, dont 7 de chloiure de sodium Le soufre s'y trouve de même à l'état de gaz sulfhyduque Oht.017 Enfin, elles ont encore cela de commun qu'elles purgent franchement et sont tres-appi opriees au traitement des maladies de la peau. Mais les eaux de li Poiretta possèdent de plus une pai ticulante fort curieuse que je n'ai rencontrée, du moins au même degré, dans aucune source minérale je veux parlei de la présence au sein de ces eaux d un gaz inflammable.
Pour s'en assurer, il suffit d'approcher de la sui face des sources principalement de la source du Bue, un corps en ignmon II s'y produit a l'instant une petite flamme rouge supeneuiement, et d'un beau bleu a sa partie inférieure, que travei sent par intervalles des étincelles accompagnées d'explosion:, légères Le gaz qui brûle ainsi n'est autre que du carbuie d'hydrogène.
Ce même gaz s'échappe spontanément du sol par de nnmbieuses fissures, sui tout au voisinage du rochei de Sasso-Caido Ce fut un simple cordonnier nomme Spiga qui eut le premiei 1 heureuse idée de l'utiliser pour l'éclairage, ainsi que le constate le dystique gravé en son honneur dans l'établissement Leoni et Bovi * De même, y est-il dit, que la nature a donne aux sources le pouvoir de chasser les mal îdies, de même, a Spiga, ton art est paivenu a chasser les tenebies »
Natura ut dedent morbos dispellere lymphis, Pellere jam tenebras ars tua, SPIGA, parât.
Il est de fait que le réverbère qu'il alluma en 1834 n'a
LA PORRETTA. 279
depuis lors, jamais cessé de brûler : c'est une flamme bleuâtre qui répand dans l'air quelque chose d'un peu lugubre.
Sans vouloir disputer à Spiga les mérites de son invention, je ferai remarquer que celle-ci n'est peut-être pas aussi neuve qu'on serait tenté de le croire. Voici ce que je lisais récemment dans Pline : <c Polycrite dit que, près de Soles, en Cilicie, a l'eau d'une source tient lieu d'huile ; Théophraste, que le <t même phénomène est présenté, en Ethiopie, par une source « de même vertu ; Lycus, que dans l'Inde est une source dont <t l'eau brûle dans les lanternes ; on mentionne une eau sem« blable à Ecbatane. » Peut-être, il est vrai, Pline désigne t-il ici des sources d'huile de pétrole. Mais, qui n'a entendu parler des fontaines ardentes si communes en Chine ? Ce sont évidemment des sources plus ou moins analogues à celles de la Porretta et alimentées, comme elles, par un gaz inflammable. Quoi qu'il en soit, peu de personnes se doutent qu'il existe, au fond des Apennins, une petite ville jouissant du privilège d'avoir un de ses édifices éclairé au moyen d'un gazomètre naturel inépuisable.
On boit les eaux, le matin, à la dose de cinq à six verres; elles activent les sécrétions de l'intestin, sans provoquer en général ni coliques, ni ténesme. La source du Lion est celle que l'estomac supporte le mieux. Quant aux bains, ils sont administrés à la température native des griffons dont te rendement est assez considérable pour permettre le renouvellement continuel de l'eau dans les baignoires.
Nous avons dit que les eaux de la Porretta sont spéciales pour le traitement des maladies cutanées; ce sont surtout : l'acné rosacea, le psoriasis scrolal, le porrigo, l'impétigo, l'eczéma et l'érythème chronique de la face. Une condition essentielle, c'est que toute trace d'inflammation ait disparu dans les surfaces affectées, sans quoi ces eaux, malgré la quantité énorme de barégine qu'elles contiennent et qui en tempère l'activité, provoqueraient une stimulation beaucoup trop vive.
Les cinq petits établissements où les diverses sources ont été captées sont assez bien tenus. Leur architecture, élégante et gracieuse, contraste agréablement avec l'aspect austère de la gorge qu'ils occupent. Vous ne vous attendrez pas, bien entendu, à y rencontrer les délicatesses ni les raffinements de la vie parisienne, mais, en revanche, ils vous offriront ce doux laisser aller de la vie champêtre, si plein de charme pour quiconque sait comprendre la nature, alors même que l'art 1 en a pas mis en relief les beautés.
2H0 ITALIE (PROVINCE DE ROME).
VITERBE (PROVINCE DE ROME). Sources sulfureuses et sources ferrugineuses froides.
ITINÉRAIRE DE PARIS A VITERBE — Chemin de fer de Lyon par Mâcon, Culoz, Modane, Gênes et Livouine jusqu'à il stitlon île Cornelo 3B heures Voitures de cette station a Viterbe ^ heures —Débours 172 fr.
Viterbe est situe au centre d'une contrée volcanique, sur le versant nord de la chaîne du Cimino, et au pied du cône désigne sous le nom de Palanzana Sur son emplacement s'élevait l'antique Vetulome 1, cette métropole de la Confédération etrus que qui lutta si longtemps avec succès contre Rome, dont elle sembla plus d'une fois devoir balancer la foi tune. La ville actuelle n'a pas J'OUP un moindre rôle dans les guerres du moyen âge , son histoire se trouve, en quelque soi te, écrite sur chaque pierre des tours démantelées et des bastions en ruine qui, de tous cotes, hérissent son enceinte ou en défendent les abords. La campagne qui l'environne est cultivée et fertile, sans cependant mériter l'epithete « d'opulente » par laquelle Qumtus Fabius la saluait autrefois : opulentes Etrurix arva Du cote de la mer, la plame offre une nudité roussàtre. Quant aux sommets du Cimino, ils sort couronnes par des bois de chênes-lieges et de châtaigniers, faibles débris de ces forets piesque impene trables ou les légions romaines redoutaient de s'aventurer.
Les sources minérales jaillissent à peu de distance de la ville Elles sont aussi remarquables par leur abondance que par la nchesse et la variété de leurs éléments fixes. Il v en a de sulfureuses, de ferrugineuses, de magnésiennes et d'acidulés froides Les Romains les appelaient Aqux Cajx. Ce sont elles que Tibulle désigne quand il écrit a un de ses amis « Pourquoi vous retiennent-elles près de leurs ondes, ces sources qui coulent dans l'Etrune ? »
Cur tenet Etruscis manat quse fontibus unda ?
Qu'est-il besoin, du reste, du témoignage des auteurs ? Les somptueuses ruines qui avoisinent leurs gnffons sont des preuves plus authentiques encore du cas immense que les anciens faisaient de ces thermes. C'est tout a côte de la source de
) Ce fut Desidenus, dernier roi des Lombards qui, en 774, changei par un dciret le nom de Vetulome en ce ui de Viterbe, menicant de mort quiconqu* »u ut assez téméraire pour enlicindie ses ordres
VITERBE. ' 281
Bullieame, si féconde en légendes', que se trouvent les plus curieuses et les mieux conservées. Cette source qui appartient à la section des eaux sulfurées calcaires, et dont la température est de 64° C, jaillit, comme un puits artésien, du sommet d'un cône volcanique où elle forme un véritable lac, puis elle va se distribuer à l'aide de canaux rayonnants dans des fossés où l'on fait rouir du chanvre. Elle alimente aussi deux bassins qui servent de bain public à la classe nécessiteuse.
Parmi les autres sources, et elles sont très nombreuses, deux seulement sont utilisées aujourd'hui, savoir : la source sulfureuse de la Croix et la source ferrugineuse de la Grotte. L'une est minéralisée par le gaz sulfhydrique ; température, SI 0 C. : l'autre par le carbonate de fer ; température, 49° C. Toutes les deux sont d'une limpidité parfaite.
L'établissement thermal où ces deux sources sont captées contient 30 baignoires de marbre, 5 douches et une piscine pour quinze à vingt personnes ; il y a, de plus, quelques appartements à l'usage des malades.
Les eaux de Viterbe sont employées en boisson, en bains et en douches, contre les maladies de la peau, les rhumatismes, les àyphilides, certaines paraplégies traumatiques, l'adénite scrofuleuse, l'anémie et les débilités consécutives à l'intoxication paludéenne. On combine souvent avec avantage l'eau sulfureuse et l'eau ferrugineuse (bains mixtes). On se trouve trèsbien aussi de faire prendre aux repas de l'eau de la source ferrugineuse dite acqua Rossa, laquelle jaillit à 6 kilomètres de la ville, près des ruines de Ferentum.
Quelle est la part de ces diverses sources et de leurs principes constituants dans les guérisons obtenues ? J. Durante, médecin du collège romain, qui écrivait en 1575, s'exprime à ce sujet en termes plaisamment catégoriques : « La vertu de 1 ces eaux, dit-il, est de réchauffer par le soufre, de rafraîchir « par le fer, d'assouplir par le bitume, de restreindre par * l'alun, d'humecter par le nitre, de dessécher par le cuivre « et de réjouir par l'or en chassant la mélancolie. » Voilà des explications qui seraient plus à leur place dans le Malade imaginaire que dans un traité d'hydrologie.
1. Lucrèce prétend que ce fut Hercule qui la fit jaillir d'un coup de sa massue. D'après le même auteur, les émanations « qui s'en exhalaient» (qum surgit in auras) suffisaient pour tuer les oiseaux volant à sa surface. Ce n'est peut-être là qu'une fiction poétique, encore bicD que l'asphyxie pût s'expliquer par un dégagement plus considérable alors que maintenant du gaz acide carbonique et .des vapeurs sulfureuses.
282 ITALIE (PROVINCE DE ROYIE).
EAU APOLLINARIS ou DE VICARELLO.
Sources alcalines gazeuses chaudes
I-iiNf RAIRF DE P\RIS A TIC\RFT.LO — Chemin de fer de L\on jusqu'à Rome 36 heures Voitures de Rome a Vicarello 5 heures -— Debout s 1 70 fr
Il existe, non loin de Rome, au petit bourg de Vicarello, une source dite a EAU APOLU-UHIS J> qui doit avoir ete, de toutes les eaux mmerales, la plus anciennement uti isee, ainsi que le démontre le fait que voici
Des ouvriers étaient occupes, en 1852, à creuser sur l'emplacement d'anciens thermes, près de Vicarello, les fondations d'un nouvel établissement, lorsqu'ils arrivèrent a un bassin lempli d'eau minérale que masquait une voûte de maconneue étrusque La voûte enlevée et l'eau épuisée a l'aide de pompes, quel ne fut pas leur etonnement de voir le fond du bassin occupe par une masse énorme d'objets d'or, d'argent ou de bionze ' Heureusement toutes les mesures furent aussitôt prises pour les extraire avec les précautions convenables, on en'retira ainsi plus de deux milles livres pesant. La couche supérieure était formée de médailles a l'effigie des empereurs jusqu'à Trajan, au dessous se trouvaient des types plus anciens, plus bas encoie ces monnaies massives connues sous le nom d'xsgrave signatum , enfin, tout a 1 étage mfeneui Vses rude, espèces de des de cuivre, tailles grossièrement, qui servaient aux échanges lors de l'origine des sociétés Ainsi on venait de découvrir un établissement thermal anteneui de plusieurs siècles a la fondation de Rome, car le bassin qui renfermait ces vénérables îehques n'ayant subi aucune atteinte dans la disposition de ses couches, la place occupée par Ysss rude témoignait d'une époque plus îeculee que la piemieie civilisation de l'Etrune
Comment expliquer ces dépôts successifs dans un même bassin? Il suffit, poui cela, de se rappelei l'habitude ou étaient les anciens de jeter dans l'eau de la source dont ils avaient use une pièce de monnaie en l'honneur de la naïade. Cette offrande était connue sous le nom de stips. On la faisait au'-si bien pour demander aux dieux la gueuson que pour en îendie grâce « Tous les oidres, dît Suétone, jetaient chaque année la stips « dans le lac de Curtius, afin d'obtenir le salut d'Auguste » (pmnes or dînes in lacum Curlu quotanms pro salute ejus stipem
EAU APOLLINARIS. 283
jaciebant). Les prêtres égyptiens, dans certaines solennités, payaient le même tribut aux eaux du Nil ; il fallait que la stips fût d'or (aurea stips). Enfin, d'après Pline le jeune, on jetait aussi des slips dans le fleuve Clitumne,et, comme c'étaient des dépôts sacrés, nul n'aurait osé en soustraire, « encore bien que « la limpidité de l'eau permit de les compter au fond » (flumen adeo vitreum ut numerare jactas stipes possis.)
Ces ex-voto ne consistaient pas uniquement en médailles et en monnaies. On a retiré du bassin de Vicarello un grand nombre d'autres objets d'une nature toute différente et d'un intérêt non moindre. C'étaient surtout des vases, des coupes et des gobelets, la plupart ornés de dessins, comme ces cristaux aujourd'hui en usage aux eaux de l'Allemagne. Quelques-uns portaient des inscriptions. Ainsi on lit sur une coupe de forme ovoïde et d'un très-beau travail : « A Apollon, Q. Cassius, portier 1 » (Jpollini Q. Cassius januarius). C'était donc Apollon qui présidait à la source. Ce premier témoignage, que vinrent appuyer plusieurs autres aussi significatifs, se trouve encore confirmé par un cippe de marbre sur lequel est écrit en lettres grecques 'ATîoXXivw. Or, on savait bien, d'après l'Itinéraire d'Antonin et la Carte de Peutinger, qu'il existait dans FÉtruiie méridionale, à 31 milles de Roine,une station du nom d'EAU APOLUNARIS ; seulement, avant les fouilles faites à Vicarello, en 1852, il avait été impossible d'en déterminer exactement la place.
Les pièces les plus remarquables de cette merveilleuse collection ont été déposées et classées, par les soins de l'illustre P. Marchi, dans le musée Kircher de Rome. C'est là que vous pourrez aller les admirer. Je vous recommande surtout trois gobelets d'argent, de forme cylindrique, sur lesquels sont gravés en caractères droits de la belle époque des listes de noms suivis de chiffres romains, le tout aligné symétriquement
1. Au lieu de « portier » j''aurais peut-être dû traduire « concierge ». Remarquons en effet que ce Q. Cassius qui, à en juger par la valeur artistique de son offrande, devait être un certain personnage, s'intitule a januarius » et non « portitor ». Or n'y avait-il pas, même à Rome, quelque nuance entre ces deux dénominations ? J'en verrais presque une preuve dans la manière dont Virgile qualifie le geôlier des enfers: « Cet affreux portier, dit-il, Caron, «ont la maigreur est si horrible, surveille ces eaux et le seuil de ces portes : »
PORTITOR lias horrendus aquas et limina servat
Terribili squalore Charon....
Pourquoi « portitor » plutotque « janitor »? Le vers eût été le même, mais non peut-être la valeur du mot.
284 ITALIE (PROVINCE DE ROME).
en quatre colonnes Ces gobelets constituaient, on peut le dire, de véritables livres de poste En effet, on lit sur la frise de chacun Itinéraire de Cadix a Rome, puis, dans les quatie colonnes disposées au-dessous, se déroule l'indication de^ relais 1 avec la distance qui les séparait Ils avaient dû appartenir a des baigneurs étrangers qu'avait attires du fond de l'Espi^ne la îepntation de l'Eau Apollinans.
La i|iian ite considérable de gobelets tiouves ainsi dans son bassin prouve qu'on en faisait surtout usage en boisson. Il est de fait qu'elle réunit les conditions les meilleures pour réussir sous cette forme Ainsi elle est limpide, g izeuse, d'une saveui ai„i eh tte et piquante, et sa minéralisation consiste dans une heureuse proportion de sels sodiques et calcaires, environ 2 grammes, par litre
On y a construit, il y a quelques années, un bel établissement thermal ou, en plus de la boisson, l'on administre l'eau pour les us iges externes (bains, douche->, sudation, ete j La température de la source qui est de 45° C s y prête parfaitement
Quant al histon e médicale de l'Eau Apollinans elle est encore en giande partie a fane On ne saurait toutefois méconnaître que cette eau ne convienne contre les dyspepsies, l'amenorrhee, les embanas de la circulation veineuse, les nevialgies, sui tout les névralgies sciatiquea, certaines paralysies, et enfin les al fections goutteuses et rhumatismales
TRANSPORT —L'Eau Apollinans se conserve parfaitement Quelle est maintenant sa valeur réelle comme « Eau de table » ? C'est la une question d'autant plus importante et délicate a resoudie qu'il existe déjà un très grand nombre d'eaux de table qui possèdent la vogue Laissons lexpeuence prononcer.
Acqua Santa (Campagne de Rome). — Source saline froide — A une demi-heure de Rome. C'est une eau lini pide, sarisodeur, mais d'une saveur desigieable Sa minéralisation est très faible 0sr,553 de sels à base de soude, de chaux et de magmsie Elle e^t sui tout utile dans les affections calculeuses et les engorgements abdominaux consécutifs.
Acqua Acetosa (Campagne de Rome). — Eau de table —
1 Ces relais, a partir de Cidix, sont Cordoue, Valence, S igonte, Tnrragon-e, Nirbonne, Nîmes, Embrun, Brimcon, Suze, Turin, Pivie, Plnsance, Parme, Reggio Modene, Bologne Tienza, Forli, Cesena, Rimini, Pesaro, Fano, Nucerie, Otncoli, puis enfin Rome, en tout 1840 milles romains, soit 732 lieues metuques.
EAUX ALBULES. 285
Cette source jaillit comme la précédente, aux portes de Rome. Tout à côté se trouve Ponte-Molle, célèbre par la victoire de Constantin sur Maxence, dont Jules Romain a fait le sujet d'une des plus belles fresques des chambres dites de Raphaël, au Vatican. C'est une eau fraîche, limpide, pétillante, d'une saveur aigrelette fort agréable, dont on fait grand usage à Rome pendant l'été, et qui rappelle nos eaux gazeuses les plus estimées.
EAUX ALBULES (CAMPAGNE DE ROME). Sources sulfureuses tièdes.
Tout près de Tivoli se trouve un lac appelé Eaux Albules, d'où s'échappe aujourd'hui, comme du temps de Virgile, « un nuage de vapeurs nauséabondes : »
Soevamque exhalât opaca mephitim.
Martial signale de même le caractère sulfureux de ces eaux, « Elles exhalent, dit-il, des émanations de soufre : »
Canaque sulphureis Albula fumât aquis.
C'est en effet le gaz sulfhydrique qui les minéralisé et elles offrent encore la teinte lactescente {caria) dont parle le poète. Quant à leur température, elle est de 24° C. Ce sont par conséquent des eaux presque tièdes. C'est le motif pour lequel Auguste, qui était très-impressionnable au froid l, allait y prendre les lotions hydrothérapiques qu'Antonius Musa lui avait fait continuer, après sa grande maladie, pour combattre l'extrême susceptibilité de son système nerveux. Suétone, à qui nous devons ces détails, nous apprend de plus qu'Auguste, au lieu de se mettre le corps tout entier dans l'eau, se contentait d'y plonger alternativement les pieds et les mains, en se tenant assis sur une pièce de bois qu'il désignait du mot espagnol dureta, parce que c'était d'Espagne qu'il en avait rapporté l'usage. Du reste, les eaux Albules devaient d'autant mieux lui convenir, qu'il avait, au dire du même historien, la peau couverte de dartres. Suétone en parle absolument comme s'il les avait vues. « C'étaient, dit-il, de larges plaques qui,
I. Il le craignait à tel point, qu'au dire de Suétone, « il portait en hiver quatre tuniques, une sorte de justaucorps et un gilet de flanelle u (Per laemem quatuor tunicis, subucula et thoraceo laneo muniebatur).
17
286 ITALir (NAPLES).
par leur disposition, leur ordre et leur nombre, 1 appelaient la glande Oui se » [m modum, ordinem et numerum ccelcstis Ursx) J'avoue que, malgie le pittoresque delà compaiarson, je ne vois pas tiop a quelle famille des deimatoses Auguste devait apputenii. Toujours est-il qu'Aguppa avait fait construire pour l'empeieui, tout près du lac, une villa délicieuse, on y montie encoie quelques débris de la belle piscine ou Ion admet, un peu sans pieuves, qu'il se baignait.
Les eaux Albules, complètement délaissées, n'ont plus iujouid'hui d'autie inteiêt que celui des souvemrs.
NAPLES (VILLE).
ITINÉRAIRE DE PARIS A NAPLES — Chemin de fer de Lyon par Mâcon Modane, Gènes et Rome jusqu'à Naples 43 heuies —Débours 190 fi
La ville de Naples possède dans son enceinte deux souices minérales fioides, l'une sulfuieusc et l'autre feirugineuse, ou l'on puise, comme aux fontaines publiques On fait aussi usage de la souice sulfuieuse, laquelle jaillit dans le quaitiei de Sainte-Lucie, pies du château de l'OEuf 1. C'est cette eau que les venditoi i d acqua colpoi tent pai la ville, elle agit a la minière des eaux sulfuieuses, sans cependant avoir de piopnétes bien ti anchees
Les principales sources du rojaume de Naples se trouvent réparties dans tiois localité^ piincipales, savoir : Castellaume, Bagnoh et Iscfua
CASTELLAMARE.
Castellamare est une jolie ville, située dans une position admiiable, et bâtie sur l'emplacement de Stable qu'une eiuption du Vésuve détruisit en même temps que Pompei et Hei cul inum Le chemin de fer y conduit de Naples en une heuie Elle possède six sources minérales d'une tempeiature qui oscille entie 13 et 18° C. Ce sont par conséquent des eaux fioides Voici quelles sont ces souices :
Eau Media Cette souice a laquelle Plme accorde tant d'e loges sous le nom d'eau Dimidia, pour la guenson des calculs
I Appelé anciennement Caslello Lucullano, du nom de Lucullus, i qm " avait appartenu C'est contie ce chateiu que, sous Chailes VIII, en 14 95, on fit poui la première fois usage des bombes
'"'•^"■•-V - BAGN0LI.'-'"'■' '287
(calculosis médetur), jaillit au pied du mont Gauro, près de la mer. Elle est parfaitement limpide, d'une saveur un peu salée, avec un arrière-goût sulfureux. On la boit le matin à la dose de trois à quatre verres pour produire un effet laxatif; quand cette dose ne suffit fias, on ajoute au premier verre 15 à 20 grammes de crème de tartre.
Eau du Muraglione. Plus active que la précédente, un demi-litre suffit pour purger très-franchement. Aussi sert-elle plutôt de préparation à l'emploi de l'eau Media, qu'elle ne forme elle-même la base d'une cure proprement dite.
Les quatre autres sources sont : JJeau ferrugineuse de Pozzilo, Veau ferrugineuse nouvelle, Veau sulfo-ferrugineuse et teau acidulé.
Toutes ces sources contiennent des bicarbonates et des sui-: fates de soude, de magnésie et de chaux, ainsi que des chlorures alcalins. Les trois dernières renferment de plus du fer. ■ Enfin toutes sont gazeuzes.
Bien qu'on en fasse principalement usage en boisson, on les utilise également en bains. Ces bains ont été disposés dans un grand bâtiment d'un assez bel effet. L'eau qui les alimente est amenée par des conduites dans de vastes réservoirs oiron la> soumet à un réchauffement préalable.
Les eaux de Castellamare sont particulièrement employées dans les engorgements des viscères abdominaux, surtout du foie et de l'intestin, les anciens catarrhes de la vessie, certai-> nés gravelles et ces embarras de la circulation de la veinejiorte, que caractérisent des tumeurs hémorrhoïdales ou des cpanchements séreux du péritoine.
BAGNOLI.
Sur la route qui conduit à Pouzzoles se trouve une localité appelée Balneolo ou Bagnoli, très-riche en sources minérales. Ces sources, au rapport unanime des historiens, ont joui autrefois d'une vogue et d'une célébrité bien grandes. Ecoutons Pline : j'aime d'autant mieux à le citer que son livre, image fidèle de l'état de la science à son époque, s'adresse aux personnes du monde aussi bien qu'aux savants. <c Nulle part, «'dit-il, les eaux minérales ne coulent avec plus d'abondance « et avec des propriétés plus diverses que dans le golfe de « Baïa : sulfureuses, alumineuses, salées, nitreuses, bitumineu« ses, quelques-unes même mêlées d'acide et autres substan- ; « ces. On utilise jusqu'à la vapeur qui s'en échappe. Suivant '
288 ITALIE (NAPLES).
« leurs espèces, ces eaux sont bonnes pour les nerfs, les pieds, a le bassin, les os luxes ou fractures. Elles puigent les hu« meurs, elles cicatusent les plaies, guérissent les maux de « tête et d'oreille '. La souice de Cicéron est surtout souve« raine pour les yeux »
Au témoignage des historiens s'ajoute celui des monuments Ainsi, a en juger par les ruines qui couvient le sol, l'espace compris entre Pouzzoles et Baia devait être litteialement encombre d'établissements theimaux II y a même tiois édifices designés communément encoi e sous les noms de Temples de Diane, de Venus et de Mercuie que je me suis assure n'etie autres que les débris d'anciens bains romains j'y ai retrouve les canaux de terre cuite qui servaient à amener l'eau minérale jusque dans leur enceinte.
Malheureusement si, comme le dit Horace, * Baia était l'endroit le plus délicieux de l'univers »
Nullus m orbe locus Bans proelucet amrcms,
Martial le proclame « un rivage d'or pour l'heureuse Venus » (littus beats Veneris aureum), et Properce, «. l'ecueil le plus dangereux des chastes jeunes filles »
Littora quoe fuerunt castis înimica puelhs
Tibulle va encore plus loin. « Toute femme, dit-il, qui y vient sans son mari, arrivée Pénélope, s'en retourne Hélène »
.... Rehcto
Conjuge, Pénélope vemt, abit Helena.
Enfin Seneque, ce beau parleur de veitus que cependant il pratiquait si peu, va jusqu'à îeprocher a Scipion l'Afiicam de s'etie retire a Baia pendant son exil a La chute d'un tel « homme, dit-il, ne devait pas avoir heu sur un sol aussi « mou » {ruina ejus non erat tam molliter collocanda). C'est près de la qu'on montre son tombeau.
Que reste-t-il aujourd'hui de tout ce passé? Trois établissements plus que modestes. Ils sont alimentés par une source appelée Acqua balneolana. Elle a une température de 460 C. et jaillit vis-à-vis l'île de Nisida, qui vit les adieux de Porcie
I II est souvent paile, chez les luteurs anciens, « des pi nés d'oreille » lesquelles étaient la conséquence des luttes du pugilat Ces plues, trts rires chez nous, sont au contraire très fréquentes chez les Anglais, ou la boxe est encoie aujourd'hui en assez grand honneur
ISCHIA. 289
et de Brutus et sert aujourd'hui de Lazaret. On la vante contre les affections paralytiques, cutanées et rhumatismales.
N'oublions pas non plus l'eau de Pisciarelli qui se trouve, comme celle de Subveni homini à Pouzzolles.
Il y a enfin l'eau dite du « Temple de Sérapis, » au milieu de magnifiques ruines dont les colonnes sont percées, à une hauteur de 5 mètres, par des mollusques lithophages, preuve évidente qu'elles ont séjourné assez longtemps dans la mer. L'immersion de la partie inférieure de l'édifice, par suite de l'affaissement du sol 1, qu'un nouveau mouvement de terrain a reporté à la place qu'il occupe aujourd'hui sur une hauteur, a dû avoir lieu depuis le règne de Septime-Sévère ou de MarcAurèle, car, sous ces empereurs, il était encore dans tout son éclat.
Ces diverses eaux sont thermales. J'ai cherché vainement, près des ruines de la somptueuse villa que Cicéron possédait sur le bord de la mer, entre le lac Averne et Pouzzoles, la source si célèbre pour les yeux qui jaillit peu de temps après sa mort, et à laquelle on donna son nom. Cette source, que l'affranchi Laurea Tullius a célébrée dans des vers qui, au jugement de Pline, <t méritent d'être gravés dans la mémoire de tout ami de l'humanité 2 » a disparu aujourd'hui.
ISCHÎA.
Ischia, ancienne Pythécuse des Grecs, est une île de formation volcanique. C'est pour faire allusion aux cataclysmes qui accompagnèrent sa sortie spontanée des ondes, que les légendes païennes l'attribuent à la lutte des géants contre les dieux, et portent que Typhon, foudroyé par Jupiter, fut enseveli sous l'Epomée. Les sources minérales d'Ischia sont, à juste titre, les plus célèbres de toute l'Italie. Deux surtout méritent une description à part ; ce sont : Gurgitello et Citara.
1. Ces affaissements du sol, dans les terrains volcaniques, sont loin d'être lares. Ainsi, par exemple, sur la côte de l'Inde, les massives pagodes de Mélien Warom, qui dominaient toute la contrée, sont descendues presque entièrement au-dessous du niveau de la mer, dont les vagues se brisent aujourd'hui contre ces singuliers écueils.
2. Voici comment se termine ce fameux morceau qui, j'e l'avoue, m'inspire un peu moins d'enthousiasme qu'à Pline : a Et comme ses écrits devaient être lus par l'univers entier, il fallait pour les yeux le secours de nouvelles eaux : »
Ut quoniam totum legitur sine fine per orbem, Sint plures oculos quoe medeantur aquoe.
290 ITALIE (NAPLES).
GUUGITELLO. — C'est une soui ce saline chlorui ee , d'une temperatuie de 60° C qui jaillit dms le vallon d'Ombiasco. L'eau en est claue, limpide, un peu onctueuse au touchei, sans odeur bien déterminée, d'une saveur faiblement saline et nau seeube. Une grande quantité de bulles, formées de gaz acide carbonique, viennent eclatei a sa suiface en pioduisant une soite de gaigouil'ement . d'où le nom de Gwgitello. D'après Lancelloti, elle îenfeime, par litre, 6s\952 de chloiuies ou bicai bonates alcalins
On en fait sut tout usage en bains et en douches Son action jiaraît plus particulièrement se porter vers la peau, qui devient le siège d'un travail congestif, sans toutefois qu il s'y manifeste habituellement d'éruption. On 1 emploie également a 1 înfneui, quelques verres suffisent pour purger.
L'eau de Gurgitello est spécialement appropriée aux tempéraments lymphatiques ou stiumeux. Vous voyez s'amender ou disparaître, sous son influence, l'engorgement des tissus glanduleux, les gonflements aiticuiaires, les ankyloses incomplètes, les caries, les necioses, certaines collections aqueuses on purulentes, et les divers flux muqueux qu'ei tietenait l'ato< nie des membranes. Combien de malades perclus d un ou de plusieurs membres, par le fait de vieilles affections goutteuses ou rhumatismale-, ont du leur guenson a ces puissantes eautl Mais c est surtout dans le ti utement des paralysies des membres infeueurs, indcpendantes de toute afiection oigamque de la moelle, que le, eaux, de Guigitello peuvent etie regatdees comme jouissant ^e propnetesieellement admirables.
CITARA. — Cette source est renommée depuis les temps les jilus anciens, comme possédant des vertus heioiques confie 'asteuhte on croit même que le nom de Citara 1 lui a ete r'onne en l'honneur de la déesse de Cytheie qui avait tout à cote un temple magnifique. Elle n'a, du îeste, piesqtie rien peidu aujourdhuide sa celcbme De jeunes femmes privées du bonheur d être mères, viennent chaque année a Citara, d'où la plupart emportent de douces espérances qui se justifient plus taid Seiait-ce que ces eaux, pu quelque veitu moi veilleuse, réaliseraient les huions des poètes? Cherchons une interprétation plus positive
1 Venus n'etut pis la déesse qui, dans les idées païennes, présidait a la c meption Je cronais plutôt que le mot citaia vient de xi>6r,ptov, qui signifie fi< omble a la grossesse Hippocr te donne a un médicament l'epithete d'tztvQ/ipto;, pour designer quil rend stérile
ISGHIA. 291
L'eau de Citara, dont la composition rappelle celle de Gurgitello, sauf qu'elle contient plus de chlorure de sodium et moins de sels alcalins, est éminemment tonique et stimulante. Aussi convient-elle surtout à ces jeunes femmes pâles et maladives qui font tout pour déterminer ou entretenir cette décoloration des traits qu'elles se figurent donner plus de relief à leur beauté. Elles sont stériles. C'est que l'atonie et la langueur qui pèsent sur leur constitution entretiennent chez la plupart d'abondantes leucorrhées et rendent la menstruation irrégulière. Dès lors, quoi d'étonnant que la stimulation minérale, en même temps qu'elle remonte l'organisme dans son ensemble, se fasse plus particulièrement sentir sur l'appareil utérin et réveille ses aptitudes à la conception !
J'eu ai dit assez pour faire voir dans quelles circonstances principales les eaux de Citara peuvent triompher de la stérilité. En conclurons-nous que toute stérilité doive céder ainsi à leur influence ? Evidemment non : à côté de quelques cas heureux, il y a nécessairement des insuccès. Je sais qu'à Ischia les jeunes filles sont pubères de très-bonne heure. Je veux bien encore que le séjour au milieu de sites enivrants prédispose l'âme aux sensations affectueuses; que nos corps, enveloppés d'une atmosphère volcanique, reçoivent de l'air et du sol quelque chose de ce feu secret qui se traduit, chez le végétal, par une sève exubérante. Biais prenons garde de trop généraliser : l'enthousiasme mène à la déception.
Après les sources de Citara et de Gurgitello, celles dont on fait le plus usage sont les eaux de Bagno-Fresco, de SantaRestituta et de Castiglione. Leur action est en général plus douce et plus calmante.
j C est à Casamicciola que les baigneurs vont se fixer, car c est là que se trouvent les établissements thermaux.
( — Ischia, en plus de ses eaux minérales, possède des etuves naturelles assez nombreuses. Celle de Castiglione est la plus forte : en plaçant un thermomètre dans les crevasses par où s'échappe la vapeur, le mercure monte entre S0° et 60° C. On préfère généralement celle de San-Lorenzo, dont l'action, beaucoup jilus douce, est aussi mieux supportée. La vapeur de cette étuve est humide : elle est, au contraire, sèche à Testaccio. Quant aux bains de sable, j'ai surtout remarqué ceux de Santa-Restituta, près de la source de ce nom.
INFLUENCE DES VOLCANS
sua LES EAUX MINÉRALES.
EAUX MINÉRALES ET VOLCANS.
Un fait démontre aujourd'hui, c'est qu'il existe ceitaine liaison entie la composition des eaux mineiales et celle fies volcans qui les avoisinent. Ainsi, les ga/ que chaînent ces eaux, les sels qu'elles tiennent en dissolution sont poui la plupait de formation volcanique On rencontie, de même, pies de ceitams volcans en activité, des souices dont les eiuptions coïncident avec celles de ces volcans tels sont les fameux Geysers d Islande. Ces sources font entendre d'abord un biuit souterrain formidable, puis tout à coup de volumineuses geibes d eau jaillissent jusqu'à une hauteui de pies de 100 meties, lançant avec elles du sable, des cailloux et même des masses giamtiques. On a paieillement obseive, dans quelques eaux mineiales de Naples, des alternatives de baisse et de hausse, coïncidant avec diveises évolutions des volcans. Enfin peisonne n'ignoie qu'un giand nombie d'eaux minérales empiuntent loin tempeiature élevée au tenain volcanique qu'elles tiaveisent avant de venu s'echappei a la sui face du sol ainsi le Vésuve, la Solfatare et l'Epomee peuvent être envisages comme d immenses foyers de i echauffement
Puisque les volcans agissent tout a la fois sui la composition, le mode de jaillissement et la chaleur des eaux mineiales, il n'est peul-etie pas sans utilité de fane suivie 1 histoire de ces eaux de quelques détails sur les volcans eux-mêmes. Ces détails nous servnont aussi d'intioduction a ce qui nous îeste a due des ctuves, lesquelles sont également, poui la plupait, de piovenance volcanique.
LETTRE DE PLINE, 293
Le Vésuve, par sa proximité de Naples, s'offre naturellement à nous comme objet d'exploration. Mais, avant de jeter un coup d'oeil sur ce qu'il est aujourd'hui, il n'est peut-être pas sans intérêt de rappeler la manière dont il s'est révélé comme volcan, l'an 79 de notre ère. Jusque-là rien n'indiquait qu'il recelât des feux souterrains. J'extrais d'une lettre' de Pline le jeune à Tacite, le récit des phénomènes qui caractérisèrent sa première éruption.
LETTRE DE PLINE LE JEUNE A TACITE.
i Je me trouvais avec mon oncle à Mycène. Ma mère vint nous dire que, dans la direction du Vésuve, apparaissait un nuage d'une grandeur extraordinaire. De tous les arbres, lé pin est celui qui représente le mieux sa ressemblance et sa forme. En effet ce nuage avait comme un tronc très allongé qui s'élevait fort haut, puis se partageait en un certain nombre de branches. Il paraissait tantôt bleu, tantôt noirâtre et tantôt de diverses couleurs, selon qu'il était plus ou moins chargé de cendre ou de terre.
<c Mon oncle jugea un pareil phénomène considérable et digne d'être connu de plus près. Il fait appareiller un bâtiment léger et nous laisse la liberté de le suivre. Je lui répondis que j'aimais mieux étudier. Il m'avait par hasard donné lui-même quelque chose à écrire *. Il se dirige à la hâte vers le lieu d'où tout le monde se sauve, et va droit au danger, l'esprit tellement libre de craintes qu'il dictait la description des divers accidents et des scènes saisissantes que le prodige offrait à ses gens. Déjà la cendre tombait sur les vaisseaux, d'autant plus chaude et plus épaisse qu'on approchait davantage : déjà même arrivaient des pierres ponces et des pierres noires, calcinées et brûlées par le feu ; déjà le fond de la mer s'était subitement élevé comme une montagne et barrait le passage...
» Arrivé à Stabie, mon oncle se met à table et dîne gaiement, ou, ce qui ne supposait pas moins de force d'âme, avec toutes les apparences de la gaieté. Cependant on voyait luir de plusieurs endroits du mont Vésuve de larges flammes et un vaste embrasement, dont les ténèbres augmentaient l'éclat. La cour se remplissait tellement de cendres que, si l'on fût resté plus longtemps dans la chambre, on n'aurait pu en sortir.
<. Cet amour suint du neveu pour l'étude, en pareil moment, ressemble singulièrement à de la poltronnerie.
294 ITALIE (NAPLES).
En même temps les mui ailles chancelaient par de fréquents tiemblements et, comme arrachées de leur piofondeur, elles semblaient osciller dans tous les sens. On se décida a gagnei le rivage. Chacun se met des oreilleis sur la tête dans le bn( de se girantu contre la chute des pierres ..
« La mon oncle s'étendit sur un drap, demanda de l'eau froide et en but deux fois. Tout 1 coup dei flammes et uns odeur sulfureuse qui en annonçait l'appioche, mettent tout k monde en fuite, et forcent mon oncle a se levei. Il se rediesse appuyé sur deux esclaves, et, au même instant, il tombe mort. Je pense que la vapeur épaisse lui coupa l'haleine et lui feima le passade delà lespiration qui chez lui était courte et haletante. Tiois jouis api es, quand la lumieie succéda enfin aux ténèbres, on îetrouva son corps intact son appaience etail plutôt celle d un homme qui repose que d'un homme mort. *
— Tel est le récit de Pline Mais maintenant que la montagne est calme et, par suite, que nous n'avons pas a craindre la fin tragique de son oncle, faisons-en l'ascension.
ASCENSION AU VÉSUVE.
Pai ti de Portici le son, je fis mon ascension au Vésuve peu riant la nuit du 28 juillet. Un guide me piecedut, eclan mt le chemin avec une giossetoiche de îesine et de chanvie. Quand il y a plusieurs ascensions dans la même nuit, c'eot uncuneux spectacle que celui de ces lumieies qui serpentent, comme autant de météores, sur le versant occidental du volcan. Depuis le bas de la montagne jusqu'à la petite cabane appelée VErmitage, les substances qui pioviennent de la décomposition des cendres vomies parle ciateie recouvrent la lave d'un terreau extiemement feitile. C'est la qu'on îecolte le fameux vin de Laciyma Chusti. Triste fécondité cependant que celle qui est ainsi achetée au prix d incessantes alaimes '
Il était une heure quand] arrivai a l'Eimitage. Je m'attendais a lencontrer la quelqu'un de ces vénérables religieux qui inspnent a la fois l'admiration et le respect Je fus bien desappointe Le prétendu ermite du Vésuve est tout bonnement un rabaietier qui a pus a ferme cette auberge, et vend fort cher du vm fielate, il n'a d'un eimite que la robe de bure, le capuchon et un gios trousseau de clefs, auxquelles il manque des senures a ouvrir.
ASCENSION AU VESUVE. 295
A partir de l'Ermitage, le chemin cesse bientôt d'être praticable pour les montures. Nous nous trouvons au milieu d'une nature aride, désolée, morte, sans trace aucune de végétation.- Le sol, bouleversé affreusement, est partout hérissé de masses volcaniques, d'un gris plombé, miroitantes, jetées pêle-mêle les unes à côté des autres, et unies entre elles par un ciment de lave. Il nous faut marcher sur les aspérités des roches, et souvent sauter par-dessus de larges crevasses. A notre gauche est le cratère, à demi écroulé, de l'ancien volcan aujourd'hui éteint, et appelé Monte di Summa, le même qui a enseveli Pompéi et Herculanum et asphyxié Pline
On aperçoit de distance en distance des fumerolles ; ce sont de petites bouches de vapeurs, correspondantes aux fissures du volcan, dont je commence à entendre les détonations..
Notre marche devient de plus en plus pénible. La cendre, superposée par couches molles et fines, constitue un plancher mouvant qui s'affaisse sous les pas, et dans lequel on peut craindre à chaque instant de rester embourbé, Nous enfoncions quelquefois jusque près du genou. En même temps nos pieds accusaient une chaleur assez vive.
Enfin, nous voici au sommet du volcan, dont la hauteur totale est de 1 207 mètres. Il est trois heures du matin. Mon oeil plonge dans le cratère. Quel imposant spectacle !
Représentez-vous un large gouffre, profond de plus de 200 pieds, irrégulièrement circulaire, d'où s'échappe un nuage de fumée suffocante et roussâtre. Enveloppé de ténèbres, il s'illumine par intervalles de jets de lumière, accompagnés d'explosions qui sont immédiatement suivies d'une chute de pierres sur des surfaces retentissantes. On dirait souvent un bouquet d'artifices. Ainsi, du fond de l'abîme, l'éclair a brillé ; une fusée s'élance, s'irradie à une certaine hauteur, retombe verticalement, et ruisselle en filons étincelanto sur les facettes sonores d'une pyramide. La base de cette pyramide repose au milieu d'une nappe de feu, semée de fissures en zigzag, qui reflètent inégalement la lueur de l'incendie. Cependant le sol que nous foulons est brûlant : dans certains endroits, la chaleur est si forte, qu'elle pénètre la chaussure et oblige à changer de place fréquemment.
Ce gouffre, ces vapeurs, l'horreur des ténèbres, toutes ces conflagrations constituent un panorama dont aucune expression ne pourrait traduire la terrible harmonie. Aussi le premier sentiment que j'éprouvai fut-il un sentiment de stupeur mêlée
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de ciainte J'osais à peine circuler autour du cratère, la poussière crépitait sous mes pas et il me fallait prendie garde aux dangereuses inégalités du terrain.
Le joui paiait. Il éclaire peu à peu l'intéiieur du volcan ; les objets se dessinent et les scènes de la nuit s'expliquent.
Le ciateie a la foi me d'un immense entonnon, dont l'orifice évase couionne la crête d<e la montagne, et se continue insensiblement avec les parois de l'infundibulum Ces parois aboutissent a une étroite enceinte, qu'elles circonscrivent au centre est la bouche du ciatere Celle-ci n'occupe pas lapaitie la plus déclive de l'excavation, mais, au contraire, le sommet tronque d'une pyiamide foimee pai les déjections du volcan, et qui se diesse, comme une île, au milieu de la lave Le sommet de cette pyramide vomit des matieies incandescentes. Ces matieies retombent, les unes peipendiculairement dans la bouche du ciateie, les autres sur son pourtour, d'auties enfin roulent jusqu'à la base ou bondissent, en se brisant, sui les aspentes de la pyiamide. A mesure qu'elles se 1 efroidissent elles passent pai diverses nuances de coloration, dont on n'appi ecie bien la teinte que pendant la nuit.
Ces éruptions se succèdent toutes les huit ou dix secondes Elles sont piecedees d'un murmme profond, et la bouche du volcan paraît embrasée puis on entend une explosion paieille à un coup de pistolet, à un coup de canon ou même au roulement de la foudre c'est la lave qui îaillit. La hauteui du jet dépasse raiement 30 ou 40 pieds Court moment de silence, bientôt un pétillement sec, à grains nombreux etgios, indique que la lave î etombe en pluie sur la pyramide. La quantité et le volume des matières lancées ainsi par chaque éruption sont ties-vanables. Tantôt il n'y a que quelques scories, d'auties fois, de ventables fragments de roches 1.
Pai quel mécanisme s'opère le jaillissement de la lave' Voici comment j'ai cru pouvoir l'expliquer Quand on fait bouillir de la poix ou toute autre substance lesineuse sui un foyer ardent, de grosses cloches se forment a la surface de la liqueur, éclatent et projettent des eclaboussures Même bouillonnement dans le cratère et mêmes effets physiques La vapeui foi mee au centie du bi asier s'engouffre dans la pyramide, soulevé par sa foi ce expansive la lave dont la viscosité résiste, puis, par une brusque explosion, s'élance, balayant tout ce qui se trouve devant elle. L'éruption est immédiatement suivie d un abaissement du niveau de la laveiestee dans le crateie, mais déjà un nouveau flot de vapeur detennine une nou\elle
ASCENSION AU VÉSUVE. 297
ascension. C'est cette succession de flux et de reflux, dans l'intérieur du cratère, par le passage alternatif de la vapeur, qui constitue l'intermittence du jet : sa direction verticale lui est communiquée par celle du couloir qu'il parcourt en sortant
La bouche du cratère n'a pas plus de deux mètres de diamètre. Il arrive très-rarement que la lave monte jusque près de ses bords : vous êtes averti, par un rayonnement plus éclatant du foyer, que le niveau s'élève, mais presque toujours l'éruption s'est faite avant que la lave soit à portée de la vue. Cependant je l'ai aperçue à trois ou quatre reprises ; c'est une lame d'un rouge ardent, à surface inégale et âpre, qui répand une lumière éblouissante, et sur laquelle scintille comme la flamme d'un punch.
Tels sont les objets que, du haut du volcan comme d'un observatoire, je ne pouvais me lasser de contempler. Cependant je n'étais encore qu'à la moitié de mon exploration; il me restait à descendre dans le cratère.
Il n'y a pas de chemin tracé. Les parois du cratère me rappelaient assez ces grandes falaises qui bordent le rivage de certaines côtes : seulement, au lieu d'être taillées à pic, elles représentent un plan incliné, dont la surface est inégalement onduleuse. La pente est trop rapide pour qu'on puisse suivre une ligne directe : je marchais donc en biaisant, tantôt à droite, tantôt à gauche, revenant souvent sur mes pas, en un mot obéissant à tous les caprices du terrain. Le guide allait devant moi, sondant avec son bâton les endroits suspects. On ne peut pas se traîner sur les genoux, ni se cramponner avec les mains, car le sol n'est formé que de cendres et de roches brûlantes. Ces roches sont de nature sulfureuse ; elles offrent, suivant leur degré plus ou moins avancé de combustion, toutes les nuances possibles de couleur, depuis le jaune safrané jusqu'au jaune paille. On rencontre à chaque pas des fumerolles dont les émanations, semblables à celles du soufre qui brûle, provoquent la toux et oppressent.
La différence de sonorité des parois du cratère indique que leur épaisseur n'est pas la même partout. Ayant enfoncé mon bâton dans un endroit où le sol était le plus retentissant, il s'en échappa brusquement un jet de vapeur, avec un sifflement aigu, comme si j'eusse ouvert une soupape. Le guide me prévint de ne pas répéter ces expériences, qui auraient pu déterminer un affaissement ou même un éboulement partiel.
J'arrive ainsi, non sans peine, jusqu'au fond du cratère. Il est six heures ; nous avions mis près de quarante minutes à
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-descendi e Pour bien comprendre l'endroit où je pose actuellement le pied, qu'on se figure un cnque, et, au milieu del aiene une pyiamide 11 règne un espace libie entie la base de la pyramide et les piemiers gradins du cirque or, c'est dans cet espace que me voici parvenu La chennnce du ciateie représente la pyramide de l'arène, et le pourtour des paiois les gradins du cnque. La largeur de cet espace est d'une douzaine de mètres envnon Son planchei, qu'on me pardonne l'expression, est uni et légèrement granuleux, comme l'asphalte d'un tiotton , et en effet ce n'est autie chose qu'une souche de lave refioidie Cette lave a la solidité de la dalle : frappez-la avec le talon de la chaussuie ou l'exticmite ferrée du bâton, vous ne pourrez m la fendie ni l'entamer
L'épaisseur de la couche refroidie est ti ès-peu considérable je l'évalue a quelques centimeties tout au plus. Il est facile de la mesurer par les crevasses dont l'ecorce, d'un gris plombe, tranche sut 1 éclat de la lave incandescente. Cette epaisseui n'est pas partout la même , on juge qu'on arrive sur un planchei plus mince par un petit craquement paieil a celui qu'on pioduit en marchant sur de la neige qui commence a fondre La consistance et la malléabilité de la lave en fusion se rappiochent assez de celles de la terre glaise
La chaleur de l'atmospheie que je îespirais n'était pas aussi forte qu'on pourrait peut-être le supposer mon theimometie, tenu a la hauteur de la ceinture, ne maïquait que 37", C'est ijue la lave, dans les endroits même les plus ardents, est recouverte d'une pellicule solide qui s'oppose au rayonnement direct du calonque. On évite de se tenu au-dessus des cievasses, il -s'en échappe une vapeur brûlante dont l'odeur toutefois est moins sulfuieuse que celle des fumerolles du volcan.
Le bruit pioduit par la combustion de la lave est parfaitement celui du brasier d'une foige, qu'on active avec le soufflet c'est un frétillement assourdissant II n'y a point d'émission d'étincelles. Je n'ai point remarque non plus, même au foiid des cievasses, ce dégagement de flammes que je crois avon vues a la bouche du ciatere. C'est que la combustion de cette lave n'est plus assez ardente, ou que le phénomène ne devient appaient que la nuit.
Maintenant que nous nous sommes occupes de ce qui est a nos pieda, levons les yeux veis la pyramide du cratère
Cette pyramide ressemble a un énorme tas de coke, seulement sa couleur est d'un gris plus fonce • ce n'est pouitant pas tout a fait celle du chai bon de teue, ni surtout son reflet lui-
ASCENSION AU VÉSUVE. 299
sant. Les détritus volcaniques qui la composent sont entassés grossièrement les uns au-dessus des autres, de manière à laisser des creux où l'air pénètre : c'est à cette disposition que la pyramide doit sa sonorité, alors que les matières lancées jiar le cratère pleuvent à sa surface. Ces matières arrivaient quelquefois, en roulant, jusqu'à nous. On les évite aisément, car, arrêtées en chemin à tout instant par leur viscosité, elles laissent derrière elles une traînée de feu qui en diminue et ralentit la masse. Jamais elles ne sont venues d'emblée de notre côté : jDOur franchir d'un seul bond la pyramide, il eût fallu qu'elles décrivissent dans l'air une parabole, que leur projection verticale rendait impossible.
La lave lancée par le volcan est plus liquide, et a une température sensiblement plus élevée que celle qui baigne la base de la pyramide. En voici la preuve.
Je m'étais amusé à détacher du fond des crevasses des fragments de lave ardente, dans lesquels j'enfonçais avec mon bâton de petites pièces d'argent : la lave, en se refroidissant, acquérait bientôt la dureté de la pierre, et la pièce restait ainsi emprisonnée. Je veux répéter la même expérience sur un morceau de lave que venait de lancer le cratère : la pièce y pénètre par son propre poids; mais à l'instant même elle fond, brûle et disparaît. Il me fallut, pour prévenir la fusion du métal, laisser s'écouler près d'une demi-minute avant d'in* troduire d'autres pièces dans la lave.
Chaque éruption du volcan faisait vibrer le sol sous nos pas : au moment des plus fortes détonations, c'étaient des oscillations véritables. Il me sembla aussi plusieurs fois entendre une sorte de mugissement souterrain. Ayant recouvert de mon mouchoir un endroit refroidi de la lave, j'y appliquai l'oreille: d'abord il me fut impossible de rien distinguer ; j'étais comme assourdi par le frétillement des couches voisines en ébullition. Mais bientôt j'entendis par intervalles, dans la profondeur du volcan, une sorte de clapotement humide, de gargouillement tumultueux, qui indiquaient des déplacements de gaz et de matières liquides.
Quel est le principe igné qui produit et entretient ces immenses fournaises ? L'opinion, généralement admise aujourd'hui, que le noyau de la terre est incandescent, et que ses matériaux sont à l'état pâteux ou liquide, permet d'envisager les volcans comme étant en communication avec les feux souterrains. L'orifice de leur cratère ne serait donc qu'une fente, 1 ai presque dit qu'une fêlure du globe. Il est probable aussi
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que la vaporisation des eaux qui affluent au sem de ces montagnes embiasees joue un grand lôle dans le phénomène de l'eiuption. <t L'eau sert d'aliment au feu » (aqua ignés alu) disaient à ce propos les anciens. Et, en effet, les principaux volcans, tels que l'Ltna, le Vésuve, l'Hecla et toute la batterie volcanique des Cordillères, sont situes sur les bord» de la mer ou dans son voisinage d.
Nous en avons fini avec nos explorations au fond du crateie, que je ne quittai qu'après y avoir sejoui né près de deux heures L ascension en est beaucoup plus facile que la descente.
Les éruptions dont, a diverses époques, le Vésuve a ete le siège, ont fourni quelquefois des matières en quantité si considérable, qu'elles confondent réellement l'imagination. Ainsi, en 1794, la lave représenta une mas=e de 4200 mètres de longueur, sur 300 mètres de largeur et 10 mètres d'epaisseei, l'éruption de 1805 couvrit une surface de 8000 mètres, enfin celle de 1850 forme actuellement un immense plateau dont les bords constituent un véritable rempart cyclopeen.
On comprend que ces montagnes, minées par de semblables déperditions, puissent s'abîmer tout a coup, comme une masure que le temps a rongée En i 638, le pic de l'île de Timoi, qui se voyait a plus de trente heues en mer, et servait de phare aux matelots, disparut en entier au milieu d'une violente eiuption ■ un lac occupe sa place. En 1698, le volcan de Carguaiazo s'écroula, et couvrit dp fange dix-huit lieues cariées de pays Le H août 1772, le plus élevé des volcans de Java s'abîma subitement, engloutissant quaiante villages il fut également remplace par un lac. Vous visiterez dans la campagne de Rome, près d Albano, un magnifique lac, d'une profondeur énorme, dont le bassin n'est autre non plus que le crattre d'un volcan écroule Et, sans chercher si loin nos exempts, n'avons-nous pas en France, sui tout dans l'Auvergne, plusieuis lacs sur l'emplacement d'anciennes montagnes volcaniques'
De semblables souvenirs, en paieil endioit, ne laissaient pas que d'offrir un haut intérêt de géologie, toutefois, je l'avouerai bien franchement, les vibrations du sol que je sentais ondulei sous mes pas, nuisaient un peu au charme du tableau. Aussi ne saurais-)e dire si ce fut avec plaisir ou regret que je quittai le Vésuve pour reprendre le chemin de Naples.
4 A l'exception des Tolcans de l'Asie centrale et de deux volcans du nou ▼eau monde, tous les autres volcans, au nombre de 167, actuellement actifs, se trouvent a des distances de la mer inférieures à 60 lieues, ce qui semfote donner îaison a la théorie des anciens
ETUVES NATURELLES.
ÉTUVES NATURELLES.
Les anciens employaient fréquemment les bains de vapeur comme moyen de délassement et de volupté. Ulysse, racontant ses aventures chez Circé, s'exprime ainsi dans Homère: « J'en«■ trai dans une salle que recouvraient des marbres précieux « et dont l'atmosphère était imprégnée d'une douce et bienoc faisante chaleur. Une nymphe, ravissante de beauté, épancha or de l'eau chaude sur ma tête et m'arrosa d'essences. Lorsque, « enivré de parfums, je sentis mon corps et mon esprit libres « de toute lassitude, elle me revêtit d'une fine tunique de laine * et m'invita à me coucher sur un lit de repos. »
La médecine ancienne savait également utiliser ces bains pour atténuer les douleurs, ou pour obtenir la guérison de certaines affections rebelles aux médicalicns ordinaires ; telle était en particulier l'hydropisie. « Les étuves naturelles, dit Héro« dol£, ne font pas seulement du bien par les vapeurs chaudes « ou sèches qui s'en élèvent, sans cela, les étuves artificielles * « qu'on a imaginées d'après le modèle des étuves naturelles, « produiraient le même effet ; mais les premières agissent en « vertu de propriétés spéciales, car les exhalaisons subtiles et « agréables qui s'échappent dans l'air fondent partout les élé« ments morbides du corps et raffermissent les tissus sains. » Puis il ajoute : <t Après l'emploi des étuves naturelles, les mala« des devront recourir à la natation dans la mer, ou seulement « à des affusions d'eau froide. »
Les anciens, on le voit, ne s'écartaient jamais de ce principe : » Au bain chaud faire immédiatement succéder le bain « froid. » Sous ce rapport, notre pratique a quelque tendance, aujourd'hui, à se rapprocher de la leur.
Je n'ai point à faire ici l'historique des bains de vapeurs. Disons seulement qu'après avoir subi des fortunes bien diverses, ils constituent maintenant, de l'avis de tout le monde, un des ressorts les plus puissants de la médecine thermale. Si j'en ai ajourné l'étude jusqu'à présent, c'est que je devais y
t 1_. Ces étuves artificielles s'appelaient chez les Grecs, v? èv TvCSta irvpiK, c'esta-dire, le réchauffement dans le tonneau. Ce tonneau, par sa disposition et ses usages, ressemblait parfaitement à la caisse au moyen de laquelle nous administrons aujourd'hui nos bains de vaneurs.
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êtie insensiblement conduit par la nature même du sol napolitain. Ainsi nous avons vu qu'a Ischia se trouvent d';mportantes étuves, il s'en trouve un plus grand nombie encore a Baia et a POUZZOÏPS * Dans l'impossibilité de les décrire toutes, et afin d'éviter d'inutiles redites, je parlerai seulement de celles de Neion que je visitai, en 1843, avec Magendie. Ce sont les plus cclebi es et les mieux conseï vees • ce sont aussi celles qui se preteient 'e mieux a nos expériences.
ETUVES DE NERON.
A peu de distance de Pouzzoles, non loin du cap Misene et de l'antie de la sibylle de dîmes, se trouvent les étuves de Néron, appelées anciennement Pondianx, du nom d'un affran chi de Claude Elles sont renfei mees dans une excavation pratiquée sur le versant méridional de la montagne de Baia, a Î5 mettes environ au-dessus du niveau de la mei Les flots baignent la base de la montagne, dont le sommet était autrefois couronne par un palais communiquant avec les études au moyen de splendides galeries, il en reste encore plusieuis voûte» et quelques colonnes C est un des sites les plua beaux des environs de Naples. Devant vous apparaissent, au milieu de la mer, les dtbus du pont de Cahgula et, si vous promenez vos legards sui le golfe, vous rencontrez a l'honzon Ischia, Capiee, Son ente et le Vésuve Malheureusement le souvenir d'un parricid» 2 dont 1 hoireurvivra éternellement dansle îecit de Tacite, îepand sur les lieux je ne sais quelle teinte sombre et lugubi e
L'mteiieur des étuves est divise en plusieuis salles, dispfr sees les unes a la suite des autiea et îegardant la mei. Dans
1. On lit dans Vitruve, ((Sur les hîuteurs de Cumes et de B ua sont des etu Tes dans lesquelles li v ipem f( imee sous tene, peice le sol et se îepinddans la picce pour y provoquei d'utiles et bien 1 usantes tr inspir Uions » [In motiti bus Cumanoium et Bajanit sunt loca sudat ombus excavata, inqiubusjeividus ab imo nascens ignu vehementia j etjoial cam lenam per quam manaiulo in hts lacis oritur et lia sudatunum egiegias jacit utilitate^ )
2 C'est i Buib, a quelque pis de la, que Neion îccueilbt sa mère, et mtrae H combli de caresses avant son einb irquement, pour mieux issurer son for fut, c'est vis-a-vis des etuves qu'elle fut piecipitee dans les flots, pu lim mersion criminelle du v usse m qui la portait, enfin c'est cette même rive qu'A guppine aborda a la n ige, et c est sur ce même sol que la poignardèrent les meuitriers envoyés par son fils
ETUVES UE NÉRON. 301}
le fond se trouve une ouverture semblable à la gueule d'un four; il s'en échappe sans cesse un nuage de vapeur humide et brûlante : c'est l'orifice du couloir qui mène à la source où cette vapeur se forme.
Le gardien (il doit être mort aujourd'hui) est un petit vieillard dont l'aspect fait mal. Son excessive maigreur, sa peau sèche et racornie, sa respiration sifflante, n'indiquent que trople pénible métier qu'il exerce journellement. En effet, sa seule industrie est de traverser une atmosphère embrasée pour aller puiser à la source un seau d'eau, dans lequel les visiteurs s'amusent ensuite à plonger des oeufs, qui deviennent durs en moins de cinq minutes. A peine Magendie et moi étions-nous entrés, qu'il alluma de lui-même une grosse torche de résine, pour éclairer sa descente dans l'étuve. Je fus curieux de l'acccmpagner. Après donc nous être débarrassés de nos vêtements et avoir pris, lui sa torche, et moi mon thermomètre, nous pénétrâmes dans le conduit.
La hauteur de son orifice est de 2 mètres et sa largeur de i mètre environ. Température, 40° C, en haut et 33° seulement en bas : aussi la chaleur paraît-elle étouffante ou supportable, suivant qu'on élève la tête ou qu'on la tient baissée. La différence est due à celte cause toute physique que, la couche la moins échauffée étant la plus lourde, doit nécessairement occuper le plan inférieur. Cet air plus chaud et cet air plus froid constituent un double courant, dans le sens de la sortie du premier et de l'entrée du second, de sorte que si vous placez la torche près de la voûte, la flamme s'incline en dehors, ou si vous l'approchez du sol, elle s'incline en dedans.
Nous faisons quelques pas. Le couloir change brusquement de direction, puis il décrit des sinuosités. Je marchais accroupi, la tète courbée le plus possible, tandis que le gardien, vu sa petite taille et surtout ses habitudes d'incombustibilité, dédaignaitcesprécautions. Après avoir parcouru environ 40 mètres, nous arrivons à un point où le chemin se coude à angle presque droit. Le thermomètre marque 43° C. en haut et 37° en bas. Déjà je me sens fort incommodé de la chaleur; mon pouls s'est élevé de 70 pulsations à 00.
Après une halle de quelques instants, nous avançons. La température augmente ; lecouloir se rétrécit, et, au lieudu plan légèrement incliné que nous avions suivi, i! n'offre plus qu'une pente très-rapide. Le gardien lui-même marche avec une extrême difficulté. Je continue de le suivre; mais bientôt, afin de me maintenir fa tête plus élevée, et d'empêcher le sang de s'y
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porter par son poids, je m'agenouille ; puis, je me laisse péniblement glisser à reculons. Mes artères temporales battent avec force. Ma respiration est plaintive, courte, saccadée, haletante. Mon corps ruisselle : 120 pulsations A chaque instant je m'airete, épuise, pour appliquer ma bouche contre le sol, ou j'aspire avidement la couche d'air la moins biûlante. Le courant supeneur indique 48°, l'inférieur 40°. Nous sommes enveloppés d'une vapeui telle, que la flamme de la torche, d'où s'exhale une fumée fétide, n'appaïaît que comme un point huilant au milieu d'un anneau lumineux
Nous descendons toujours. L'atmosphère est de plus en plus étouffante il me semble que ma tête va se briser, et qu'autour de moi tout projette un éclat phosphorescent J'ai a peine la conscience de mes sensations Au moins, s'il me fallait du secours, ma voix pourrait-elle se fane entendre' J'appelle,pub j'écoute . Rien que le bruit de nos deux respii ations.
Cependant le terrain se redresse Un léger bouillonnement indique que nous sommes près de la source. La voici Mais la vapeur est si épaisse, qu'il faut que le gardien promené sa toiche au-dessus des objets pour les éclairer Autant qu'il me fut possible de le reconnaître, l'eau jaillit dans un petit bassin, dont le fond est peice d'un trou, par où elle s'échappe en tournoyant.
Je me traîne vers la source, tenant mon thermomètre a la main, mais j'avoue qu'à ce moment les foi ces me manquèrent Le mercure indiquait 55° C, sans différence entre les couches supeneuies et les couches inteiieures. Mon pouls battait tellement vite, que je ne pouvais plus en compter les pulsations, il me sembla que, si je venais a me baisser, j'allais tomber asphyxie Ce fut donc le gardien qui plongea mon thermometie dans la source dont la température est de 85° C, puis il remplit le seau dans le bassin.
Mon but était atteint. Je rassemblai toute mon énergie pour soi tir de cette épouvantable fournaise, où j'avais regietteplus d'une fois de m'être engagé Ayant à monter, au lieu de descendre, je n'étais plus force de ramper a reculons : aussi fûmes nous bientôt hors de l'etuve.
Le contact de l'air frais me fit éprouver un saisissement voi sin de la syncope J'y voyais a peine et chancelais comme un homme ivre Mon front v lolace, mes cheveux colles par la vapeur, mes bras, mes jambes, mon -usage, toute la paitie antel ieure du tronc, salis par une poussière numide et noue, nie donnaient un aspect effi ayant, j'avais 150 pulsations. Heuieu-
ÉTUVES DE NERON. 305
sèment le sang me jaillit par le nez. A mesure qu'il coule, je me trouve soulagé : ma respiration est plus libre, mes idées sont plus nettes.
Nous étions restés près d'un quart d'heure dans l'étuve, dont le parcours total a une longueur de 100 mètres environ. Magendie, inquiet de ne pas me voir revenir, m'avait appelé plusieurs fois; mais, bien que forte et sonore, sa voix, pas plus que la mienne, n'avait pu traverser le couloir.
Le gardien, qui n'avait pas l'habitude d'y séjourner aussi longtemps, n'était pas beaucoup plus vaillant que moi. Ses mouvements respiratoires s'accompagnaient d'un sifflement si bruyant, qu'on l'aurait cru atteint d'un violent accès d'asthme.
L'eau que nous venions de puiser à la source était parfaitement claire, limpide et inodore. Elle n'est point gazeuse : si elle exhalait de l'acide carbonique, on serait asphyxié dès les premiers pas dans l'étuve. Je l'ai fait analyser à Paris; elle nous a offert des quantités considérables de sels de chaux, soude et magnésie.
Pendant que j'étais occupé à faire disparaître les traces de ma visite souterraine, le guide que nous avions amené de Naples, fatigué sans doute de son rôle de muet observateur, nous raconta qu'un Français était mort, l'année précédente, en huit jours, des suites d'une semblable pérégrination. L'anecdote me parut plus intéressante qu'opportune.
En quittant les étuves, nous nous dirigeâmes vers les bains de Néron. Abandonnés aujourd'hui, ils sont alimentés par la source minérale des étuves que nous avons dit se perdre dans le bassin, et qui vient ensuite sortir au pied de la montagne. Sa température n'a perdu que 2 degrés.
De retour à Naples, je conservai 100 pulsations pendant toute la soirée. Le lendemain, je ne sentais plus que de la fatigue. Magendie remarqua que mes yeux restaient injectés par j extravasation d'un peu de sang dans la conjonctive : cette injection, qui n'était nullement douloureuse, se dissipa d'ellemême au bout de deux ou trois jours.
Jeu ai fini avec ce que je pourrais appeler là partie descriptive de mon récit. Si quelques détails ont paru minutieux, qu'on n'oublie pas que souvent, dans la relation d'une expérience, telle particularité, qui n'a d'abord qu'un intérêt médiocre, peut acquérir de la valeur au point de vue scientifique. J'espère justifier cette observation par les considérations suivantes, dans lesquelles je vais envisager l'action physique et physiologique des étuves.
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ACTION PHYSIQUE ET PHYSIOLOGIQUE DES ETUVES.
Les étuves, de même que les eaux minérales, agissent tout à la fois par leur tempeiature et leur composition, nos corps absorbant avec une égale rapidité le calorique et les fluides aenformes Cette action des étuves s'exerce particuhei ement sur l'appaieil circulatoire. Le sang, en effet, quelque grande que soit sa faculté de résistance à une chaleur élevée, c>t puissamment influence par celle de l'atmosphère qui l'enveloppe. Etablissons d'abord quel est le plus haut degré que puisse atteindre sa tempera tuie
Deux lapins, ayant une tempeiature de 39° C ', sont places dans deux étuves diffei entes, dont l'une marque 100° C , l'autre 60°. Le sang du piemier animal s'échauffe plus vite que celui du second, et la mort est également plus rapide. Mais si vous prenez la température de chacun au moment ou îlstvont périr, vous trouvez 44° C. ; par conséquent, une même augmen tation de 5 degrés
Cette expérience, repétée sur des chiens, fournit des résultats identiques, d'où je conclus qu'il existe chez les animaux de même espèce une mf-ine limite a l'accroissement de teniperatuie. Si cette limite est plus promptement atteinte, selon que l'atmosphère est plus chaude, elle ne peut cependant etie dépassée, quelle que soit l'intensité de la chaleur
En expérimentant sur une autre classe de vertebiés, nous avons pu établir de curieux îapprochements. Par exemple, la temperatuie normale du sang des oiseaux est précisément h tempeiature extrême que peut atteindie le sang d'un mam mifeie, c'est-a-dne 44" C. Mettez un oiseau dans l'étuve, il meuit lorsque la tempeiature de son sang s'est élevée à 49° C , en d'autres teimes, lorsqu'elle a dépasse de 5° C son chiffie normal. Il y a donc pour l'oiseau comme poui le mammifeie, une même limite de îechauffement au delà de laquelle la vie n'est plus possible.
Mai'- ' ne suffit pas de savon que la chaleur des étuves influe sur la somme du calonque du sang, on peut encoie se de mander pai quelle voie s'opcie cette élévation de température,
1 Ces expcnences ont ete futes principalement sur des chiens et des lapins, dont la température noimalc est denvnon 39° C l'adopterai ce chiffre comme constant, afin d'avoir des rtsult its plus pi ecis
■'-.'' ACTION DES ETUVES. ,' ' 307
Est-ce par la peau? est-ce par le poumon? L'expérience suivante de Magendie me semble décider la question.
Il place un lapin, la tête dans l'étuve et le corps dehors : la température, prise dans le rectum, au bout de quelques instants, n'indique qu'une faible élévation. — Un second lapin lui succède dans une attitude inverse, par conséquent la tête hors de l'étuve et le corps dedans : au bout du même temps, on prend également sa température, et l'on trouve qu'elle s'est beaucoup plus élevée que dans l'expérience précédente. D'où je conclus que le calorique pénètre dans le sang plutôt par la surface cutanée que par la surface pulmonaire.
Cette dernière expérience est de nature à jeter du doute sur les idées qu'on s'est faites jusqu'ici relativement à la source de la chaleur animale. Si réellement le poumon était l'appareil de réchauffement par excellence, la température du sang devrait s'élever à mesure que le calorique lui parviendrait par cette voie : or c'est ce cjui n'a pas lieu. De même, le sang artériel qui vient de la poitrine devrait avoir une température supérieure à celle du sang veineux ; rien ne prouve non plus qu'il en soit ainsi. J'ai vu plus d'une fois Magendie placer simultanément, chez le même animal, un thermomètre dans la veine jugulaire et un thermomètre dans l'artère carotide : les deux instruments indiquaient à peu près le même degré. Dans quelques cas même, c'est le sang veineux qui nous a paru avoir la température la plus élevée.
Autre fait non moins extraordinaire. Un chien, dont le corps seul est plongé dans une étuve à 100° C, la tête restant dehors, y vit vingt-deux minutes environ; au contraire, celui dont la tête seule est plongée dans la même étuve, le corps restant dehors, y vit près de quarante minutes. Nous arrivons donc toujours à ce curieux résultat, savoir : que le poumon est moins impressionné ' que la peau par l'action directe du calorique.
Un mot maintenant sur les phénomènes d'évaporation que subissent les animaux en expérience dans ces étuves. Pour apprécier quelle quantité de liquide a été ainsi évaporée, il suffit de peser l'animal avant et après son séjour dans l'étuve : la différence indique le chiffre de l'évaporation.
Mais ici nous devons distinguer les étuves sèches des étuves numides. Parlons d'abord des premières.
Un animal placé dans une étuve sèche perd de son poids ; en d'autres termes, l'action de cette étuve détermine chez lui une évaporation appréciable. Il semble, au premier aspect, que
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cette évapoiation doive être d'autant plus considérable que la températuie de l'étuve sera plus élevée mais, ce qui est vrai pour les corps inorganiques, cesse de l'être pour les coips vivants 11 résulte de nos expériences, que la quantité de poids peidue n'est point du tout en rappoit avec le degré de chaleur de l'étuve, mais seulement avec la durée du séjour. Ainsi, un animal placé dans une étuve a 100' C. ne perd pas plus, par l'evaporation, qu'un animal placé dans une etuv e a 50° . si, après dix minutes de séjour, le premier a peidu 5 giammes de son poids, la perte du second n'est pas autre, au bout du même temps. La même expeuence apprend que l'évapoiation continue a se fane, dans une proportion a peu près constante, pendant tout le temps que l'animal reste vivant dans l'étuve Ainsi deux animaux fui ent placés dans deux étuves différentes, a température inégale L'un y demeura cinq minutes et l'autre quinze ; le second peidit trois fois plus de poids que le premier, comme y ayant séjourné trois fois plus de temps.
Tout ceci, nous le savons, ne s'applique qu'aux étuves sèches. S'agit il, au contraire, d'étuves humides, les résultats sont différents. Dans ce dernier cas, nous n'avons jamais îemarque que l'animal eût perdu de son poids; souvent même il offiait une légère augmentation, ce qu'il faut sans doute attnbuei a l'humidité que la vapeur avait déposée à la sui face du corps On ne peut cependant dire d'une manieie absolue que, dans ces circonstances, il n'y ait pas eu d'evaporation. cai il pouirait se faire que le liquide évapore eût ete remplacé par la vapeui absorbée ce seiait une sorte d'endosmose. Toujours est il qu'il reste ce fait concluant, de quelque manieie qu'on l'explique, c'est que « l'étuve humide ne deteimme aucune depeidition appréciable. »
Si la distinction entre les étuves sèches et les étuves humides est importante par î apport aux phénomènes d'evaporation, elle ne 1 est pas moins quand on veut appi ecier l'intensité de leur action respective Cette intensité d action, à tempeiature égale, est beaucoup plus forte dans les étuves humides que dans les étuves sèches Ainsi aux étuves de Néron, dont la vapeur est humide, j'étais suffoque par une température de 50° C, tandis qu'aux étuves de Testaccio, dont la vapeui est sèche, je n'epiouvais, au milieu d'une atmosphère à 80° C , qu'un simple malaise. Enfin, un animal meurt plus vite dans une étuve humide que dans une etuve sèche.
Gomment la chaleui d'une etuve determine-t-elle la moit? Ce n'est pas, ainsi que le prétendait Boerhaave, par la coagula-
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tion de l'albumine du sang, puisque le sang d'un mammifère ne s'échauffe pas au delà de 44° C, tandis qu'il en faut 70°pour que F albumine se coagule. Ce n'est pas non plus par la vaporisation de la partie aqueuse du sang. En effet, je lis dans mes notes que, deux animaux ayant été placés dans deux étuves différentes, l'une à 130° C, l'autre à 60°, le premier mourut en six minutes, après avoir perdu 8 grammes, l'autre, en vingt-cinq minutes, après en avoir perdu 22. Il est évident que si les 8 grammes de perte du premier avaient produit la mort, le second aurait péri- de même dès le huitième gramme : or, il ne manifestait encore aucun malaise.
Quelle a donc été, dans ces expériences, la cause principale de la mort des animaux? Je crois qu'il faut surtout la rapporter aux désordres produits dans les fonctions du système nerveux. Mais, comme nous touchons ici à des phénomènes vitaux, toujours difficiles à interpréter, et que d'ailleurs, je n'ai point envisagé sous ce point de vue l'action des étuves, je n'entrerai pas à leur sujet dans de plus longs développements.
EXHALAISONS GAZEUSES.
Parmi les fluides aériformes qni s'échappent à travers les porosités du sol volcanique de Naples, nous choisirons de préférence, comme sujet d'étude, l'acide carbonique et l'ammoniaque. On désigne généralement sous le nom de Grottes, deux emplacements spéciaux, bien connus des curieux, où ces gaz se trouvent accumulés en quantités considérables : c'est aussi sous ces dénominations que nous allons les décrire, mais en nous plaçant sur le terraiii physiologique et médical.
GROTTE DU CHIEN.
La grotte du Chien est située à Pouzzoles, sur le penchant ■d'une petite montagne extrêmement fertile, en face et à peu de distance du lac d'Agnano. Elle a l'apparence et la forme d'un petit cabanon, dont les parois et la voûte seraient grossièrement taillées dans le tuf; sa largeur est d'environ 1 mètre, sa profondeur de 3 mètres, sa hauteur de 1 mètre et demi. Il serait difficile de juger, par son aspect, si elle est l'oeuvre de l'homme
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ou de la nature, on ne sauiait due non plus qu'elle ait été connue des anciensf. L'aire de la grotte est terreuse, noiutie, humide, brûlante, de petites bulles sourdent dans quelques points de sa sui face, éclatent et laissent échapper un fluide aeriforme, qui se réunit en un nuage blanchatie au-dessus du sol • ce nuage est forme de gaz acide caibonique, mêle d'un peu de vapeur d'eau II me fut aise deconstatei la présence de ce gaz pai les reactifs ordinanes.
Ainsi une torche allumée s'éteint immédiatement On comprend de même pourquoi la poudre ne prend pas feu. En faisant des expériences avec un pistolet, le hasaid me fournit la particulante suivante. Plusieurs fois déjà j'avais lâche la detente, et le choc de la pierre contre l'acier ne faisait pas jaillu d'étincelle Je tire au-dessus de la couche d'acide carbonique le coup part. A l'instant, la grotte se trouve remplie de fumée mais peu a peu cette fumée îetombe, et, s'arretant a la surface du gaz, elle s'étale en une nappe onduleuse qui donne la mesuie de la hauteur de la couche \oici cette mesure exacte a l'entiee de la grotte, 20 centimètres; au milieu, 35, au fond, 60 Ainsi, la couche d'acide caibonique îepiesente un plan incline, dont la plus grande épaisseur conespond a la paitie la plus profonde de la gi otte
Comme préliminaire de mes recherches, je rapporterai l'expenence que le gardien montre aux visiteurs.
Il a un chien 2 dont il lie les pattes pour l'empêcher de fini, et qu'il dépose ensuite au milieu de la giotte. L'animal manifeste une vive anxiété, se débat, et paraît bientôt expirant Son ma"tre alors l'emporte hors de la grotte, et l'expose au grand air, en le débarrassant de ses liens peu a peu l'animal revient a la vie, puis tout a coup il se levé et se sauve rapidement, comme s'il redoutait une seconde séance. Il y avait plus de trois ans que le même chien faisait le sei vice, et qu'il était ainsi chaque jour asphyxie et desasphyxie plusieuis fois. Sa santé geneiale me païut excellente, et il semblait se tiouvei a merveille de ce régime.
Une épreuve au=si incomplète ne pouvait me suffire. J'avais
1. C'est peut être a la grotte du Chien que s'appliquent ces piroles de Pline ce II existe a Pouzzoles un endroit d'où s'exh dent des emanitions moi telles {est locus in Puteohs lethalem spiritum exhalons)
2 Ce chien, du plus loin qu'il aperçoit un etnngcr, devient triste, hargneux, aboie sourdement, et est tout dispose a mordre Quand, au contraire, i'expei lence lime, 1 étranger s'en retourne, il l'iccomp agne avec tous les témoignages de la joie la plus vive et la plus exp insive
GROTTE DU CHIEN. 311
eu soin d'emporter de Naples quelques animaux; mais je voulus tout d'abord tenter quelques expériences sur moi-même.
M'étant mis à genoux dans la grotte, je me plongeai la tête au milieu de la couche d'acide carbonique, et gardai celte attitude une quinzaine de secondes, en ayant soin de ne point respirer. Je n'éprouvai aucune sensation particulière, à part un peu de picotement dans les yeux.
Après avoir été renouveler la provision d'air de mes poumons, je me remis dans la même posture, et essayai quelques mouvements de déglutition, évitant toujours de respirer. L'acide carbonique me parut agréablement sapide : il me rappelait assez l'eau-de Seltz. Je trouvai même quelque plaisir, par la chaleur qu'il faisait, à répéter plusieurs fois cette expérience. Il me restait encore à respirer le gaz. Je fis une forte inspiration: à l'instant je fus saisi d'une sorte d'éblouissement, de vertige, ainsi que d'un resserrement douloureux dans toute la poitrine. Un mouvement instinctif et raisonné m'obligea aussitôt à relever la tête pour respirer un air pur. Au bout de quelques minutes il n'y paraissait plus. Je repris mon attitude horizontale ; puis, procédant avec plus de prudence, je fis une toute petite inspiration. Même saisissement que la première fois ; seulement la suffocation fut moindre. Je ressentais toujours une oppression très-forte, ainsi qu'une espèce de bouillonnement vers le front.
Je commençais à en avoir assez de ces expériences. C'était maintenant le tour de mes animaux
Je déposai un lapin dans la grotte, près de la porte d'entrée. L'animal fut immédiatement saisi d'une agitation extrême ; i! levait le nez et le dirigeait dans tous les sens, comme pour chercher un air meilleur. Enfin, obéissant à une sorte d'instinct, il se dressa sur ses pattes de derrière 1; là il put trouver un air respirable, car-nous avons vu que, dans cet endroit de la grotte, la couche d'acide carbonique n'a pas plus de 20 centimères de hauteur. Quand le lapin était fatigué il retombait sur ses pattes de devant ; puis il se relevait de nouveau, respi- ' rait pour retomber encore. Ce petit manège aurait pu se prolonger assez longtemps, avant que l'animal fût asphyxié ; aussi, comme je voulais arriver à des résultats sérieux et précis, le plaçai-jè dans le fond de la grotte.
Entouré de toiates parts d'un atmosphère d'acide carbonique,
1. Tous les chasseurs savent que cette attitude verticale est assez familière aux lapins, lorsqu'ils entendent-du bruit ou qu'ils pressentent un danger.
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le lapin passa par tous les degies d'une rapide asphyxie tremblement général et convulsil, respiration courte, saccadée, plaintive Au bout de dix secondes, il tombe sur le côte, et reste immobile un instant. Tout d'un coup, il se relevé, s'allonge, pousse des cris de détresse et retombe expirant : j'aperçois encoie de petits frémissements dans ses pattes, mais bientôt ces derniers vestiges du mouvement disparaissent. Je piends l'animal, je le retourne en tous sens. Aucun signe de vie; les battements du coeui sont insensibles, la respiration nulle: on du ait un corps inanimé.
L'animal est dans la grotte depuis 75 secondes Je l'en retire et l'expose au grand air . il conseive d'abord l'immobilité du cadavre, et ce n'est qu'au bout de cinq minutes que les mouvements respnatoires reparaissent. Il s'écoula près d'un quart d'heure avant que tous les symptômes de l'asphyxie se fussent dissipes.
Remarquons que, dans les diverses expériences que je répétai, c'était souvent api es plusieurs minutes que l'anima 1 donnait les premieis signes de vie. Aussi, dans les cas malheureusement trop fréquents d'asphyxie parla vapeur du charbon, est-il de la plus haute importance de poiter des secours et de les continuer longtemps, alors même que la mort paiaitrait ceitaine; elle peut n'etie qu'apparente. Ne sait-on pas qu'on a vu des personnes n'être îappelees a la vie qu'au bout d'un assez grand nombre d'heures'
La grotte m'offiait un excellent laboratoire pour étudier la valeur des moyens qu'on met habituellement en usage dans le tialternent de l'asphyxie. Je vais indiquer sommanement comment je procédai et les îesultats que j'obtins
Deux lapins asphyxies avant ete retnes en même temps de la giotle, je fis respirer a l'un de l'acide acétique, et a l'autre de l'ammoniaque le premier rev int a lui beaucoup plus vite que le second Ce fait me surprit. L'ammoniaque étant doue de plus d'énergie que l'acide acétique, j'aurais ciu son action plus efficace, tandis que l'inverse venait d'avon lieu. Voici peut-être comment on pourrait l'expliquer. L'acide acétique est un simple stimulant du système nerveux, et il n'n rite point la poitrine d'une manière dangereuse. Au contraire, l'ammoniaque, qui est un stimulant bien plus puissant, ne saurait être îespire sans danger . pai conséquent, si vous vous serve/ de ce dernier agent, ses effets bienfaisants, comme vapeur excitante, seiont neutralises par ses effets nuisibles, comme vapeur deieteie C'est le motif pour lequel, lorsque j'ai a traiter un
GROTTE DU CHIEN. 313
cas d'asphyxie, je n'hésite pas aujourd'hui à donner la préférence à l'acide acétique sur l'ammoniaque.
Dans le but de vérifier l'influence de l'insufflation pulmonaire, je pris un autre lapin asphyxié, puis, appliquant ma bouche sur la sienne, j'y fis pénétrer de l'air lentement, à faibles doses et à plusieurs reprises. Au bout de 20 secondes il était revenu à lui, tandis qu'il n'eût pas fallu moins de quatre à cinq minutes, si on l'eût abandonné sans soins. La même expérience, répétée sur un autre lapin, me fournit des résultats non moins remarquables.
L'insufflation pulmonaire est donc un très-bon moyen, à la condition toutefois qu'elle sera pratiquée avec ménagement. L'air déploie lentement le poumon, dilate ses cellules, épanouit son parenchyme. Ajoutez à cela que cet air, en traversant la poitrine de celui qui insuffle, a pris une température plus élevée ; or, on sait que la chaleur accélère et favorise singulièrement la circulation du sang dans les capillaires. Sans doute l'air qui vient du poumon est moins pur, puisqu'il y a perdu environ trois centièmes d'oxygène, que remplacent des quantités équivalentes d'acide carbonique : mais les faits ont prouvé qu'on avait conçu à cet égard des craintes exagérées. Peut-être même cette très-légère altération de l'air offre-t-elle son côté avantageux. Raisonnons par analogie. Si, à la suite d'une abstinence prolongée d'aliments, vous donnez trop tôt une nourriture substantielle, la digestion sera plus laborieuse que si vous eussiez moins chargé l'estomac. De même si, par une brusque transition, vous introduisez dans le poumon, en cas d'asphyxie, un air trop riche, cet air sera moins bien supporté que s'il eût contenu moins d'oxygène.
J'ajouterai, comme complément de ces expériences, les renseignements suivants, qui me furent fournis par le gardien de la grotte, et dont je ne pus vérifier l'exactitude que sur des lapins et des grenouilles. C'est \a. liste des animaux qu'il a vu déposer dans la couche d'acide carbonique, ainsi que le temps que ces animaux ont mis à y mourir :
Lapin 2 minutes.
Poule 2 —
Chien 3 —
Chat 4 —
Grenouille 5 —
Couleuvre 7 —
Au bout de combien de temps un homme succomberait-il?
314 ITALIE (NAPLES).
S'il faut en croire la tradition, l'expérience en a été faite, il y a trois siècles, pai le pi ince de Tolède. Il fit étendre dans la grotte un criminel, dont on avait lie les pieds et les mains, de manière qu'il ne pût se soulever au-dessus de la couche d'acide carbonique, au bout de dix minutes il était mort. On sait, du reste, que les phénomènes détermine» sur l'homme par la respiration du gaz acide carbonique sont rapidement mortels témoins les nombreux accidents qui résultent du dégagement de ce gaz pendant la fermentation vineuse, ou de son accumulation spontanée au fond de vieilles carrières.
Je remarquai qu'aucun végétal ne croît dans la giotte • ceux qu'on y dépose meurent promptement C'est que les plantes, comme les animaux, ont besoin d'oxvgene pour îespirer.
Un mot maintenant sur le mode de production et d'exhalation de ce gaz, question qui a ete jusqu'ici plus féconde en conjectures qu'en recherches expérimentales.
L'aire de la grotte est humide, et lepresente une terre friable et poreuse, sa température est notablement élevée. N'oublions pas non plus que le gaz acide carbonique, au moment où il se forme dans la grotte, est charge de vapeur d'eau II est donc déjà ires-probable qu'une source thermale plus ou moins gazeuzepisse au-dessous de la giotte, et fournit le gaz exhale, j'a]outerai à l'appui que, le sol de Pouzzoles étant essentiellement volcanique, les eaux de cette classe y abondent. Mais poursuivons.
A quelques pas de la grotte, et à S ou 6 mètres au-dessous de son niveau, est le lac d'Agnano, dont nous avons paile. Ses eaux bouillonnent en deux ou trois endioits, dans la partie voisine du bord qui îegarde la grotte. J'y plongeai la main l'eau était froide, comme dans le reste du lac, le thermomelie n'indiqua pas non plus d'élévation de température. D'où provenait donc ce bouillonnement? J'appris des mariniers que, quand l'eau du lac est transparente (elle contenait alors du chanvre a rouir), on aperçoit, au fond, des courants qui viennent de la direction de la montagne Je ne doutai point que ce ne fût la source dont j'avais soupçonne le passage dans la grotte, et qui peidait sa chaleur en se versant dans le lac le bouillonnement devait être produit par le gaz qui s'en dégageait. De quelle nature était ce gaz' Pour m'en assuier, je remplis d'eau une epiouvette, et la pose, îenversee, audessus d'un endioit bouillonnant. L'eau est peu a peu chassée par le gaz, qui prend sa place. Je plonge dans l'eprouvette une bougie allumée, elle s'éteint; j'y verse de l'eau de chaux,
GROTTE D'AMMONIAQUE. 315
cette eau blanchit. C'était donc du gaz acide carbonique qui montait ainsi à la surface du lac.
De ce qui précède, je conclus qu'une source d'eau thermale gazeuse passe au-dessous de la grotte du Chien, et qu'elle laisse échapper, à travers les porosités du sol, le gaz acide carbonique, qui y détermine les phénomènes d'asphyxie.
GROTTE D'AMMONIAQUE.
A peu de distance de la grotte du Chien, et au pied d'un petit tertre remarquable par sa riche végétation, se trouve la grotte d'Ammoniaque.
Son aspect est celui d'une fosse à peu près carrée, d'un mètre de profondeur, que recouvre une voûte de maçonnerie, haute de trois mètres environ. On y pénètre par une petite porte, que le gardien n'ouvre qu'en exigeant un assez fort péage ; il a cela de commun avec son collègue de la grotte du Chien et avec tous les ciceroni d'Italie.
Il est facile, à l'aide des réactifs ordinaires, de constater les caractères d'une exhalation ammoniacale. Le papier de tournesol, rougi par un acide, reprend rapidement sa teinte bleue, quand on le plonge dans la couche gazeuse. En débouchant, au milieu de cette couche, un flacon d'acide chlorhydrique, il s'en dégage des vapeurs blanches formées de chlorhydrate d'ammoniaque. Ayant puisé du gaz avec la main, je le portai vivement à mon nez et à ma bouche. Il me fit éprouver une sensation très-désagréable : c'était bien l'odeur sui generis de l'ammoniaque, ainsi que sa saveur pénétrante. Enfin, si l'on approche une torche allumée de la surface du gaz, elle fume et s éteint : cette expérience me servit à mesurer la hauteur de la couche d'ammoniaque, qui est d'un mètre environ.
Pendant que je recueillais mes notes et mes observations, un étranger entra dans la grotte, arrivant de Naples. Nos qualités respectives de médecin et de malade nous eurent promptement mis en rapport. Il me raconta qu'atteint depuis plus d'un an d'un engorgement chronique des paupières, avec injection de l'oeil, larmoiement et affaiblissement de la vue, sans qu'aucun traitement eût encore pu le soulager, il avait quitté le climat humide et froid de l'Angleterre pour voyager en Italie. Jl vint à Naples. Étant allé visiter, dans une de ses excursions, 'a grotte d'Ammoniaque, on lui dit que des personnes, ayant
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comme lui mal aux yeux, s'étaient guéiies par des fumigations i avec le gaz de cette giotte. Il en essaya, et, au bout de peu ( de jours, s'en tiouva tiès-bien.
Le malade en était a sa quatoizième séance. Voici comment je le vis fane ses fumigations. Il s'inclina le visage dans la couche d'ammoniaque, le nez et la bouche heimetiquement feimes, puis, au bout de sept a huit secondes, il se îediessa poui respner , api es quoi il reput la même attitude. Cependant ses yeux se i emplirent de larmes , celles-ci commenceient a tomber pai gouttes, qui se succedeient bientôt avec une abondance exti eme . le clignement des paupieies était devenu involontaire et ties-rapide Api es plusieuis immeisions dans le gaz, il se lava les yeux avec de l'eau bien fiaiche, mit des lunettes de veire bleu, garnies de taffetas noir sur les cotes, et soitit de la grotte Pendant une demi-heuie encore, ses yeux îesteient rouges et les pupilles fortement contractées, il y avait de la cuisson et quelques élancements. Puis, peu a peu, tous ces phénomènes se dissipcient, excepte le laimoiement qui se piolongeait d habitude le îeste de lajournee.
Le gaidien de la grotte me dit avou vu gueur bon nombie damauioses pai des fumigations faites sur les yeux avec ce gaz. Il y a longtemps, du îeste, qu'a l'exemple de Scaipa, la médecine emploie avec avantage la vapeui d'ammoniaque poui combattie ceitames paialysies de la îetme et de Puis.
Ce gardien ne montre aucune expénence. 11 n'a pas même de chien, cai, vu la îaiete des visiteuis, l'animal lui coûteiait plus a nouirir qu'il ne lunappoiterait a asphyxiei. Heureusement j'avais apporté des lapins.
J'en plaçai un au fond de la fosse. Il se mit aussitôt a couiu dans tous les sens, cherchant une issue pour fun , puis il tomli sur le cote, se grattant vivement le nez avec ses pattes de devant Respiration haletante, extrême anxiété . il se relevé * moitié, chancelle comme dans un état d'ivresse, îetombe H pousse ces eus de detiesse, que nous savons etie l'indice d'une mort prochaine, et reste étendu, l'oeil ardent, la bouche entr'ouverte, le corps agité d'un tiemblement îapide et couvulsif En moins d'une minute il était mort.
Je plaçai un second lapin dans la giotte ; il mourut aussi rapidement que le premiei et avec les mêmes symptômes J en restai la de ces expériences qui, ne m'apprenant plus nen, auraient inutilement fait souffrn de pauvres animaux.
Cependant je fus curieux encoie de voir comment se comporteiaitune gienouille, au milieu de la couche d'ammoniaque.
GROTTE D'AMMONIAQUE. 317
Elle y était à peine, qu'elle se mit à faire des bonds avec une force et une agilité d'élan dont je ne l'aurais jamais crue capable. C'est que sa peau, mal protégée par un épiderme muqueux, était le siège de douloureux picotements. En une minute la grenouille mourut. La rapidité de la mort ne peut être attribuée seulement à l'action asphyxiante de l'ammoniaque sur l'appareil pulmonaire ; il est évident que le gaz, absorbé en même temps par la peau, circulait avec le sang, portant ses ravages dans tous les organes.
Voici la liste des animaux que le gardien a vu placer dans la grotte d'Ammoniaque, et l'indication de la durée de l'asphyxie :
Lapin 1 minute.
Grenouille 1 —
Chien 2 —
Poule 2 —
Chat 3 —
Couleuvre, 4 —
Ainsi, tous ces animaux ont été beaucoup plus rapidement asphyxiés par l'ammoniaque que par l'acide carbonique.
J'étais tout entier à mes expériences, lorsque je m'aperçus que j'en avais fait, en même temps, une sur moi sans m'en douter. En effet, je ressentais depuis un instant dans les membres inférieurs une chaleur pénétrante, accompagnée de démangeaisons et de cuisson vers la peau : j'éprouvais, par conséquent, quelque chose de ce que je venais de faire si cruellement sentir à la grenouille. Mais, s'il est aisé de comprendre pourquoi la peau d'un batracien se laisse facilement traverser, on ne voit pas aussi bien comment l'épiderme solide qui revêt la nôtre n'oppose point un obstacle infranchissable. C'est que l'épiderme, ainsi que toute membrane animale, est perméable aux gaz : propriété essentielle, dont l'importance a ete rendue plus manifeste encore par les expériences de Magendie que voici.
Le célèbre professeur fit revêtir le corps de lapins et autres animaux d'un enduit visqueux, tel qu'une dissolution concentrée de gomme, de gélatine ou de térébenthine. Ces substances, fort innocentes de leur nature, agglutinaient les poils, et, en se desséchant, emprisonnaient l'animal tout entier, moins sa face, dans une coque imperméable. De cette manière, les mouvements de la poitrine et le jeu des grands appareils n'éprouvaient point d'entraves : la peau seule ne communiquait plus
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avec l'atmosphère. Ces animaux moururent en peu d'heures, comme s'ils étaient asphyxies.
Ainsi, du moment que, par un procédé quelconque, on met obstacle aux phénomènes depeimeabihte de l'epiderme, l'équilibre des fonctions se trouve spontanément compromis Dell l'utilité des bains, des lotions et de tous ces soins de propiete que îeclame l'entietien de nos coips. Combien a cet egaid l'hvgiene des anciens l'emportait sur la notie '
Une circonstance non moins cuneuse de ces expériences, c'est que, chez les animaux recouverts de l'enduit imperméable, la tempeiature baissa de 10, 15, 20 degrés. Nous constatâmes même que cet abaissement pouvait aller jusqu'à 2b° au-dessous de la température normale du coips.
Magendie procéda encore d'une autre manieie. Il fit faire de petits costumes, et, qu'on me paidonne l'expiession, de ventables dominos d'étoffes impeimeables dites de caoutchouc, qui nous seivnent a habillei d'auties animaux Ceux-ci parurent assez mal s'en trouver ; ils offruent de même un abaissement rapide et consideiable de temperatuie. Ces faits piouvent combien nos connaissances sont peu avancées encoie relativement a la soui ce de la chaleur animale. Les conséquences physiologiques a en dedune, c'est que tout obstacle appoite a la perspnation cutanée modifie d'une manieie très-sensible et ties-grave les phénomènes de calonfication
On attubue, dans toute la contiee, une giande veitu aux bains de gaz de la giotte d'Ammoniaque poui combattre les douleurs, l'engouidissement et la paialysie des membies Le gardien et les maimiers me raconteient des guerisons viaiment suipienantes. A les entendre (ce qui ne m'était pas toujours ti es-facile), il païaitrait que ce gaz a ete sui tout utile dans les paraplégies anciennes, dans la îoidem et l'engoigement des articulations, suites de vieilles affections goutteuses et îhumatismales. L'un d'eux me dit aussi avoir ete guéri d'une sciatique îebelle jusqu'alors a tous les traitements il m'indiquait parfaitement avec son doigt le trajet du neif, et, avec l'expiession animée de ses tiaits, les élancements de la douleui piopre a la nevi algie. Te legrette de ne pouvoir îe produire ici quelques-uns des faits qui me fuient îacontes, toutefois, je dois le due, plusieurs me semblèrent empieints d'exagciation, car, veis la fin, les histoires devinrent de plus en ] lu-> extraordinaires, chaque întei locuteur i échinant ensuite la buonr mano, comme si je devais mesurer le salaire du i ecit aux prodiges de la cure.
GROTTE D'AMMONIAQUE. 319
La grotte d'Ammoniaque est située entre la grotte du Chien et les étuves de Saint-Germain. Malheureusement, s'il est peu d'endroits aussi intéressants à visiter, par une fatale compensation, il en est peu, pas même les marais Pontins, qui réunissent autant de conditions insalubres. Vous admirez la variété, la richesse et la puissance de la végétation ; combien ces vignes sont belles et ces orangers chargés de fruits ! Mais les roseaux gigantesques qui couvrent les haies et s'élèvent, par groupes, dans les champs livrés à la culture, ne vous indiquent-ils pas que vous marchez sur un sol marécageux d'où s'échappent des effluves meurtriers ?
Voyez plutôt ces populations que décime la fièvre intermittente. La race en est belle, mais elles ont la plupart un visage terreux, des traits flétris, des yeux éteints. De pauvres enfants tout nus, attristent le chemin, étalant, pour exciter votre pitié, leur gros ventre et leurs membres amaigris : douloureux contraste. C'est qu'une atmosphère impure, Varia cattiva, comme on l'appelle, pèse sur tout être vivant ; son influence est surtout pernicieuse le soir. Prenez garde de vous endormir ici la nuit ni même le jour, car peut-être, à votre réveil, sentiriez-vous déjà le prodrome de la fièvre. Aussi le coucher du soleil devientil le signal, dans beaucoup d'endroits, d'une émigration générale. Des familles entières abandonnent leurs maisons pour aller se réfugier sur les hauteurs et s'entasser, par centaines d'individus, dans d'étroites masures où l'air ne saurait être suffisamment renouvelé. Nouveau foyer d'infection souvent plus redoutable que celui qu'elles avaient voulu fuir.
Quelle ne dut pas être, au contraire, la parfaite salubrité de ces contrées, alors que les poètes y plaçaient les Champs Elysées, les oracles, et que Rome entière en faisait un séjour de voluptueuse débauche ! Mais le même arrêt providentiel qui nappa le paganisme a bouleversé jusqu'au sol qu'avaient souillé ses autels, afin que l'enseignement suivit l'expiation. Aujourd'hui,
Tout est mort : c'est la mort qu'ici vous respirez. Quand Rome s'endormit, de débauche abattue, Elle laissa dans l'air ce poison qui vous tue ; Il infecte les lieux qu'elle a déshonorés.
[Casimir Delavigne, Li SIBYLLE, Messèniennes.)
ÉTUDES
sua
LES BAINS DE MEfl.
LA MER.
Voir la mer ! Tel est le rêve de quiconque est né loin df ses bords, et ici, contiauementaux rêves ordmanes, la îeahte dépasse de beaucoup tout ce que l'esprit avait pu concevoir de plus fantastique comme de plus grandiose. Les montagnes exeicent sans doute un tres-puissant attrait sui l'habitant delà plaine; mais on peut, avec quelques efforts, se les représenter en s'aidant des pemtuies qu'on en a vues, des récits qui en ont ete faits, au besoin même de la comparaison des accidents de teuain dont elles ne sont qu'un monstrueux grossissement. D'ailleurs la montagne, c'est encore la terre. Combien les conditions sont autres pour l'Océan ' Ni les grands fleuves, ni les grands lacs, ni les longs espaces fuyant à l'horizon, ne saui aient en donner une image même affaiblie. C'est un monde à paît, dont l'imagination elle-même ne saurait pressentir la majestueuse immensité.
Avant que vous ne soyez pi es de ses bords, déjà l'impression commence. Ce murmure lointain des vagues, cet air piquant et vif dont l'arôme a quelque chose qui flatte et qui étonne, cet azur des eaux qui semble se confondre avec l'azur du firmament, tout concourt à la mise en scène de ce splen■dide panorama. Nos corps eux-mêmes epiouvent une sensation insolite de force et de vigueur. La respiration devient puissante, l'appétit surtout tellement formidable que Senèque s'ecriait, à peine arrive aux bains d'Ostie . « Je vais devenir comme les rats qui mangent jusqu'au fer » 'haud aliter quam mures qui ferrum edunt.)
DE L ATMOSPHÈRE MARITIME. 321
C'est que la mer n'agit pas seulement par ses éléments liquides; elle agit de plus par les modifications que subit l'atmosphère qui l'enveloppe. Aussi, avant d'aborder l'étude de la mer elle-même, me parait-il indispensable de dire quelques mots de son atmosphère.
DE L'ATMOSPHERE MARITIME.
Beaucoup de personnes se rendent à la mer, moins pour s'y baigner que pour y respirer l'air qui règne sur la plage. On admet généralement que cet air est riche en brome, en iode., en oxygène à l'état naissant et en chlorure de sodium, tous principes qu'il puiserait au contact des eaux. Mais c'est plutôt là une supposition théorique qu'un fait constaté par l'analyse. On ne saurait nier, cependant, qu'il ne renferme des molécules salines, témoin cette poussière qui parfois effleurit à la surface de la peau, et cette saveur piquante que perçoit la langue, en passant sur les lèvres, lorsqu'on s'est promené quelque temps sur le pont d'un navire ou sur le rivage : seulement il me paraît difficile d'attribuer leur présence à des phénomènes de sublimation. Je croirais plus volontiers que ces légers dépôts proviennent des particules d'eau de mer qui, soulevées par le sillage, puis entraînées par les vents, se vaporisent insensiblement à la surface du corps, en y déposant des cristaux de chlorure de sodium. Ces particules sont même quelquefois transportées par la brume à plusieurs kilomètres des côtes : aussi les habitants du littoral les désignent-ils communément sous le nom de brumes salées.
Quelle que soit, du reste, l'explication que l'on adopte, toujours est-il que l'air de la mer l'emporte sur celui de nos cités en ce que, rafraîchi et renouvelé par une brise continuelle, fl ne renferme aucune des émanations insalubres qui s'élèvent des grandes agglomérations d'individus. Il semble même que l'odeur de varech dont il est imprégné ait quelque chose de restaurant pour l'ensemble de nos organes. Combien ses effets doivent être plus prononcés en pleine mer, c'est-à dire là où aucun effluve venant de la terre ne saurait pénétrer ! Aussi a-t-on vanté de tout temps, pour les personnes faibles et délicates, les bons résultats de la navigation maritime. Pline "Ancien y voyait une très-précieuse ressource pour les phthisiques. « Nous les embarquons, dit-il, pour l'Egypte, moins
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322 BAINS DE MER.
« encore en raison du pays qu'à cause de la ti aversée. » Celse et Arétée recommandent dans le même but, les longs voyages sur mer. Enfin Galien mentionne des malades qui s'étaient i endus de Rome en Libye pour se guérir d'un ulcère du poumon, et qui, par le fait de la navigation, revinrent entièrement rétablis.
Cette confiance dans les voyages sur mer est assez généralement pertagee par les modernes, encore bien que M. le docteur Rochard en ait conteste récemment la valeur et la légitimité. Mais n'est-ce pas un peu la manie de notre siècle de prétendre tout remettre en question? J'ai obtenu dans ma piatique d'excellents effets de ces voyages toutefois je n'admets pas qu'on puisse les conseiller indistinctement à tous les phthisiques.
Ils conviennent particulièrement pour ceux qui ont un tempéiament mou, des digestions lentes et difficiles, une toux muqueuse, une expectoration catarrhale, et dont le larynx et les bronches ne sont pas trop irritables. Defiez-vous en, au contraire, chez les phthisiques dont la toux est sèche, la peau aride et biûlante, les pommettes vivement colorées comme pai un pinceau. Défiez-vous-en sui tout chez ceux qui sont sujets à l'hémoptysie, dans la crainte que le sang ne jaillisse de nouveau de leur poitrine pendant les efforts de vomissements provoqués par le mal de mer. Enfin ce mal lui-même peut devenir la contre-indigestion positive de toute navigation ; il est des personnes qui sont jetées ainsi dans de telles angoisses, dans un tel anéantissement, qu'il n'est pas de supplice comparable au leur.
Qu'il me suffise, pour en donner une idée, de rappelei ce qui advint à Seneque pendant la traversée de Naples a Baia (la même distance a peu près que du Ha vie a Honflem). le philosophe se sentit si décourage et si malade, qu'oubliant en un instant toutes ses magnifiques maximes sur l'impassibilité de l'âme dans les epi euves, il se précipita dans la mei, où, « malgré son habileté de nageui » (vêtus frrgori* cultor), il se lût infailliblement noyé, sans le secours que lui portèrent quelques bateliers de la cote. Lui-même a raconte, en termes fort gais, sa malencontieuse équipée. «Mon plus « grand tourment, dit-il, était d'éprouver des nausées sans « résultat (nausea me sine exiiu lorquebat). Ne vous apitoyez « donc pas tant sur le soit d'Ulysse, ballotté sans cesse pai la « tempête, car lui, du moins, avait le privilège de pouvoir «-vomir (vomebat.) »
DE L'EAU DE MER. 323
DE L'EAU DE MER.
Il n'est peut-être pas d'eau dont la nature soit aussi complexe que celle de l'eau de mer, par suite du caractère variable et du défaut de stabilité de ses éléments. Songez à la quantité prodigieuse d'êtres organisés, animaux ou végétaux, qui naissent, vivent, meurent et se putréfient dans ce même milieu : c'est tout un monde. Il est vrai que, ne devant étudier la question qu'au point de vue médical, nous n'avons besoin que de faire sommairement connaître les particularités les plus essentielles et les moins controversées de son histoire.
Ce qui frappe tout d'abord dans l'aspect de la mer, c'est la couleur bleuâtre de ses eaux, ainsi qu'on l'observe pour la Méditerranée et l'Océan. Mais elle offre beaucoup d'autres nuances, suivant les différents points du globe où on l'examine. Ces variations de couleur dépendent en général bien moins de la mer elle-même, que de certaines circonstances particulières à son bassin ou à l'atmosphère. C'est ainsi, par exemple, que, dans la « Grotte d'azur » de l'île de Caprée, l'eau, par l'effet de certains jeux de lumière, offre une teinte indigo. Examinée, non plus en masse, mais dans un vase, l'eau de mer est généralement incolore.
Ce qui explique la facilité extrême avec laquelle elle reflète les objets, soit du dedans, soit du dehors, c'est son extrême transparence. Elle n'a d'égale, sous ce rapport, que l'eau de roche la plus pure. Ainsi, dans les mers des Antilles, où les rayons solaires ont une si grande intensité, on distingue les coquillages à une profondeur de près de 300 mètres. Par contre, la lumière de la lune n'éclaire pas une couche d'eau de plus de 13 mètres d'épaisseur. Les poètes sont donc dans le vrai quand ils parlent de ses <r pâles rayons. »
La température de l'eau de la mer est moins sujette à varier que celle des rivières et des fleuves. En général, elle leur est supérieure, ce qui est la suite nécessaire de la densité plus forte de l'eau salée, d'où résulte une plus grande capacité pour le calorique. Cette température est d'autant plus basse que la profondeur est plus considérable : c'est donc l'inverse de ce qui existe pour la terre, la chaleur de celle-ci augmentant d une manière sensible et régulière à mesure qu'on pénètre - plus profondément dans le sol.
324 BAINS DE MER.
L'eau de la mer n'a point d'odeur qui lui soit propre ; celle qui s'en exhale doit être attribuée aux algues et aux fucus que le flot roule ou jette sur la plage Ai-je besoin d'ajouter que sa saveur est saumâtre et nauséabonde ? Cette saveur, elle la doit surtout aux sels de magnésie qu'elle tient en dissolution
Le degré de saturation saline de la mer est bien moins grand dans les régions froides et rapprochées des pôles que dans les régions chaudes et voisines de î'équateur. Comme si la nature, dans sa prévoyance admirable, avait doublé la dose de préservatifs dans les parties du globe où la grande chaleur double, en quelque sorte, les accidents de la putréfaction!
Mais en voilà assez sur les caractères généraux de l'eau de mer. Entrons maintenant dans quelques détails sur certains points qu'il nous importe plus spécialement d'élucider, a savoir • son degré de salure, le mucus qu'elle renferme, sa phosphorescence.
DEGRÉ DE SALURE DE L'EAU DE MER.
L'eau de mer est une véritable eau minérale; c'est même la plus minéralisée de toutes les eaux Les puncipes salins qu'elle tient ainsi en dissolution offrent un tel volume, qu'il a été calculé, approximativement sans doute, qu'ils suffiraient pour couvrir tout le continent américain d'une montagne de sel qui n'aurait pas moins de i 500 mètres d'élévation. On cessera d'en être surpris si on songe que la mer est piofonde, dans certains points, d'environ 700 mètres, qu'elle occupe les trois quarts de notre globe, et qu'en la supposant également répartie sur sa surface, elle la ferait disparaître sous une couche dont la hauteur dépasserait 200 mètres. Je recommande ces chiffres .i ceux qui invoquent l'insuffisance d'eau comme principal argument contre le déluge biblique.
La quantité moyenne de sels que contient l'eau de mer est de 28 a 30 millièmes. Les sels de magnésie y entrent pour un sixième à peu près; ce sont eux, avons-nous dit, qui lui donnent sa saveur caractéristique. Les autres sels sont presque exclusivement à base de chlorure de sodium.
C est un fait de physiologie élémentaire que, plus une eau est chargée de sels, plus, en général, son action sur l'économie est rapide et énergique. Toutes les mers n'ayant pas le même degré de salure, il n'est donc pas sans intérêt de dire un mot de ces diffeiences.
SALURE DE L EAU DE MER. 325
Une des mers les moins salées que nous connaissions, c'est la mer Noire, la somme de sels qu'elle renferme n'étant que de 14 millièmes, par conséquent à peine moitié des salures ordinaires. C'est que les immenses affluents qu'elle reçoit, le Danube, le Dniester, le Kouban, le Don, le Phase et tant d'autres, y versent sans cesse des torrents d'eau douce, lesquels, se mêlant à l'eau salée, forment un trop plein qui s'échappe par le Bosphore dans la mer de Marmora, puis, de cette mer, dans la Méditerranée par les Dardanelles. C'est ce que Lucien exprime avec une grande précision quand il dit : «La Propontide entraînant l'Euxin, se précipite avec lui par une étroite embouchure : i
Euxinumque ferens parvo ruit ore Propontis.
La mer Noire ne répare donc les pertes qu'elle fait en eau salée que par les acquisitions qu'elle fait en eau douce. D'où il résulte qu'elle doit de plus en plus aller en se dessallant 1. Si les Argonautes, lors de leur expédition de Colchide (aujourd'hui Crimée), avaient eu la précaution, comme plus tard Ronaparte pour sa campagne d'Egypte, de se faire accompagner de savants, peut-être saurions-nous aujourd'hui quel était, à cette époque, le degré de salure de l'Euxin. Nous pourrions alors, par comparaison, prédire le moment où ses eaux cesseront complètement d'être salées, ce qui sera peut-être une nouvelle complication de la « question d'Orient. » En tout cas, c'est là un résultat à peu près inévitable. Voyez plutôt ce qui est advenu pour la mer de Baïkal, en Tartarie.
Cette mer qu'on désigne plus communément aujourd'hui sous le nom de lac, à cause de la douceur extrême de ses eaux, n'est bien évidemment qu'une mer dessallée. Sans cela comment s'expliquer qu'elle soit peuplée de raies, d'épongés, d'esturgeons, de phoques, tous animaux qu'on ne rencontre originairement que dans la mer? Si la mer de Raïkal s'est dessallée plus complètement et plus vite que l'Euxin, c'est qu'elle reçoit des masses d'eau douce infiniment plus considérables. Ses affluents, en effet, au nombre de 170, représentent autant de rivières ou de fleuves qui balaient incessamment son lit pour y
1 • Ce dessallement explique comment, lors du siège de Sébastopol, notre lotte éprouva certains troubles de navigation provenant de ce que la densité moindre des eaux rendait le tirant d'eau plus considérable. On comprend de même comment il se trouve dans la mer Noire certains vers qui ne pourraient vivre dans les eaux trop salées de la Méditerranée ; ce sont ces vers qui perforent les navires dépourvus d'un revêtement de cuivre.
326 BAINS DE MER.
former un immense et impétueux couiant, lequel va se déverser dans les mers polaires.
En opposition à la mer Noire, que nous avons dit ne contenir que 14 millièmes de sel, citons la mer Moite qui en renferme, aucontiaire, 240. D'où lui vient cet excès desalme?Il est possible qu'elle l'ait eu déjà lors de la catastiophe qui engloutit les deux villes coupables dont elle occupe l'emplacement, mais je l'attubuerais plutôt aux pluies torrentielles si fiequentes dans ces contrées, ces pluies lessivant sans cesse les montagnes de sel gemme qui entourent le lac Asphaltique et qu'une pente natuielle dirige vers son bassin. Qui sait même si la trop curieuse épouse de Loth n'entie pas pour quelque chose dans cette salui e, les pluies ayant dû également finir pai i ésoudre en eau la statue de sel qui fut tout a la fois son châtiment et sa métamorphose? Toujours est-il que cette saluie ne pourra qu'aller encore en augmentant, car, chaque nouveau dépôt de sel devient forcement un dépôt a perpétuité, la mei Morte étant isolée de toute autre mer mare clausum.
Mais, n'insistons pas davantage, tres-peu de nos baigneurs devant être tentés d'aller suivre une cuie sur les bords de la mer Noire, un plus petit nombie encore sur les bords du lac Asphaltique. Mieux vaut donc parler des mers qui sont plus îappiochees de nos rivages.
La Méditerranée, sauf son étendue plus giande, peut etie compaiee a la mer Noue. Comme elle, elle reçoit de nombieux et volumineux cours d'eau par ses affluents d'Euiope, d'Afrique et d'Asie, comme elle aussi, elle communique avec une autie mer par un détroit, le détroit de Gibraltar, que tiaveise de même un courant. Seulement, chose extiaordinaire ' ce courant qui semblerait, par suite des masses d'eau douce qui se déversent dans la Méditerranée, devoir se dniger vers l'Océan, se dirige au contraire de l'Océan vers la Méditerranée. C'est que cette deiniere mer, au lieu d'un excédant d'eau, présente un déficit. Comment se l'expliquer? Il suffiia d'un mot l'evapoiation. Laissons le fils de Louis Racine nous en developpei le sens .
La mer dont le soleil attire les vapeurs,
Par ses eaux qu'elle perd voit une mer nouvelle
Se former, s'élever et s'étendre sur elle.
De nuages légers cet amas précieux,
Que dispersent au loin des vents officieux,
Tantôt, féconde pluie, an ose nos campagnes,
Tantôt îetombe en neige et blanchit nos montigne».
MUCUS DE L EAU DE MER. fl-SS 1?
Tel est le merveilleux mécanisme de cette sublimation des eaux et de leur dispersion sur les continents. Les pertes qui en résultent pour la Méditerranée, à cause surtout de son immense surface, sont telles que son niveau baisserait, si l'Océan ne venait en maintenir l'équilibre.
Si nous songeons que la Méditerranée reçoit, en plus «de ses affluents d'eau douce, des eaux à demi salées par les Dardanelles, et 4es eaux salées tout à fait par Gibraltar, et que l'évaporation ne lui enlève que des eaux douces, nous serons amenés à conclure qu'un excès de sels doit rester dans son bassin. Effectivement, l'eau de cette mer contient 3 millièmes de sels de plus que l'eau de l'Océan.
Quant à l'Océan, sa libre communication avec les autres mers le met à peu près complètement à l'abri de ces variations de salure. Celles-ci ne s'observeut qu'au voisinage de certaines côtes, par le fait des affluents d'eaux douces.
On s'exagère du reste assez généralement la facilité d'assimilation des eaux douces et des eaux salées. Ces eaux au contraire peuvent rester très-longtemps en contact sans se confondre, à cause de leur différence de densité. Ainsi, vous reconnaissez l'eau de Seine à sa teinte et à sa saveur, à plusieurs kilomètres en amont de Quillebceuf, son point d'immergence dans la Seine. Rappellerai-je que, pendant le blocus continental, les croisières anglaises de l'Adriatique purent s'approvisionner d'eau douce en pleine mer, bien au delà de la portée des canons de la côte, et cela grâce aux affluents du Pô? Il est vrai que ce fleuve, comme le dit Ausone, « a, vers son embouchure, l'impétuosité d'un torrent : »
Padi ruentis impetu torrentior.
Quel que soit du reste le degré de dessallement de la mer au voisinage des cours d'eau, ce dessallement est un fait qu'on ne saurait méconnaître. Prenons-en acte. Il nous faudra en tenir compte quand nous aurons à faire un choix parmi les diverses plages où l'on se baigne.
MUCUS DE L'EAU DE MER.
f L'eau de mer, quand on la froisse entre les doigts, offre une légère viscosité due à l'existence d'un principe onctueux et transparent auquel on a donné le nom de mucus. C'est au mucus que les plantes et les animaux marins doivent leur poli
328 BAINS DE MER.
glissant et velouté; c'est au mucus que certains poissons et ceitams mollusques empruntent ces reflets argentés et bizarres, qui les font paiaitre comme enveloppes dans une atmosphère de nacre. Mais quelle est sa nature et en quoi consiste son rôle ? Pour la plupart des hydrologues, cette nature importe peu et ce rôle est nul. Aussi se contente-t-on d'habitude de rappeler que c'est une substance glutmeuse, un peu sapide, azotée comme l'osmazome et putrescible a la manière des matières animales. M Keraudren a même voulu n'y voir qu'une sorte de déjection oiganique, assez analogue à l'adipocue ou « gras de cadavre » qui se foi me dans les cimetières. Qu'y a-t-il d'étonnant, d'après cela, qu'on se refuse a lui attribuei aucune valeur physiologique?
Eh bien, je ci ois que c'est là une très-grave omission. Le mucus représente, au contraire, l'élément essentiel, et en quelque sorte vital de la mei, sa présence rendant compte de certains phénomènes et de cei tains actes que, sans lui, on ne saurait expliquer.
Jetez un coup d'oeil sur ces plantes, dont le nombre est si prodigieux qu'au dire de Darwin, « nos pi airies et nos forets sont pi esque des déserts à cote des forêts et des pi aines qui peuplent les Océans. » Autant il est facile de concevoir comment les végétaux terrestres empruntent au sol les sucs qu'ils s'assimilent, autant il est impossible d'admettre qu'il puisse en étie de même pour les végétaux marins. Ceux-ci, soit qu'ils adhèrent simplement aux îochers, soit qu'ils plongent directement dans le sable, ne sauraient rien recevon du sol. L'eau seule leur fourmi a leurs principes nourriciers, non pas par ses sels, mais bien par son mucus. La pieuve que le mucus est en réalité l'élément que ces végétaux s'approprient, c'est que vous le retiouvez a peu près intact dans leurs feuilles, dans leurs tiges et jusque dans leurs îacines, leurs momdies libres en sont imprégnées, leurs moindies cellules remplies, de la le nom de « plantes giasses, » par lequel on les désigne communément.
Et les poissons, quel autre agent que le mucus pourrait faire face a leur subsistance ? Sans doute ils ont la îessouice de s'entre-dévorer, ressource dont ils usent si largement que l'amiral Smith doute qu'aucun d'eux meure de sa mort naturelle ; mais enfin ces provisions, si elles n'étaient renouvelées, finn aient par s'épuiser Jugez donc ce qu'un consommateui tel qu'une baleine, par exemple, doit engloutir dans un seul repas, si tant est que l'appétit puisse se calculei dapies le volume du
PHOSPHORESCENCE DE L EAU DE MER. 329
corps qu'il faut nourrir ! « Un seul de ces animaux, dit Lacépède, dressé le long du portail de Notre-Dame, en dépasserait les tours de toute la moitié de sa hauteur. » Il ne faudra rien moins que des bancs entiers de poissons pour remplir son immense abdomen. Je sais bien que la fécondité de certaines espèces suffit pour réparer à mesure les pertes éprouvées, mais elle ne les répare qu'autant qu'il y a de quoi sustenter le frai, les oeufs, les petits, les adultes, enfin le poisson lui-même, jusqu'au moment où il sera assez venu pour servir de pâture à son camarade ; or, ce sera encore là, comme pour les végétaux, l'oeuvre du mucus. Ceci est si vrai que, dans ces diverses transformations d'un même individu, l'élément primitif et toujours dominant, est une sorte de gelée dans laquelle on voit se dessiner graduellement les caractères de l'animalité. Et encore, comme dans le poulpe et la méduse, ces caractères restent-ils parfois tellement obscurcis que les naturalistes ont voulu longtemps n'y voir qu'une masse informe qu'ils appelaient poétiquement un « flot solidifié. »
Puisque telle est l'importance du mucus par rapport aux êtres qui vivent au sein des mers, pourquoi vouloir qu'il soit sans action sur nos corps, alors que, pendant le bain, nous en subissons le contact? Il me parait impossible que son rôle si puissant d'un côté soit si effacé de l'autre. Je croirais bien plutôt qu'il doit en être de ce mucus comme de la barégine des eaux minérales dont on commence aujourd'hui également à pressentir l'influence.
PHOSPHORESCENCE DE L'EAU DE MER.
H est un phénomène particulier à certaines mers et que j'ai eu surtout l'occasion d'admirer sur la Méditerranée, pendant mon voyage à Naples avec Magendie (juillet 1843); c'est la phosphorescence. La roue du bâtiment, au moment où elle frappe et divise l'eau, fait jaillir une écume lumineuse comme un punch ardent, et le sillage qu'elle laisse après elle se dessine longtemps sous la forme d'un ruban de nacre. A quelle cause attribuer la production de ces feux, qu'on prendrait de loin pour des feux grégeois? Les uns n'y voient qu'une sorte de combustion chimique, de la nature de celle qui s'opère sur le bois mort ou sur le poisson putréfié; d'autres prétendent qu'elle est due à des myriades de vers marins (ophiures et nootiluques) ,dont
330 BAINS DE MER.
l'agitation des flots met en relief les vertus phosphorescentes 1; d'autres, enfin, soutiennent qu'elle est le résultat de phénomènes electro- magnétiques assez semblables à ceux qui se développent dans l'atmosphère par la rencontre ou le choc des nuages. J'avoue que j'incline volontiers vers cette dermeie opinion. En effet, ce sont plutôt des geibes et des lueurs, par moments même, vous voyez la vague s'illuminer comme par la décharge d'une bouteille de Leyde. Et qu'on ne ci oie pas que cette étude de la phosphorescence soit un simple objet de curiosité poui le savant, elle est essentiellement, au contraire, du ressort du médecin. Il est de remarque que la mei, quand cet état est très-prononcé, impiessionne bien plus vivement la peau, et même développe chez bon nombie de baigneui s de véritables éruptions mihaires. N'est-ce pas la une nouvelle preuv e à l'appui de l'opinion qui envisage l'électricité comme l'agent principal de cette phosphorescence ?
DES VAGUES; DES MAREES; INFLUENCES SIDERALES.
La mer est agitée de deux sortes de mouvements, connus sous le nom de vagues et de marées, qui, bien qu'ils se confondent dans leur manifestation, résultent cependant de deux causes bien différentes.
Les vagues sont entièrement subordonnées à l'état de l'atmospheie Quand, par exemple, le temps est àl'oiage, la colonne d'air qui pesé sur les eaux étant devenue plus légère, leur surface offre plus de mobilité, je pourrais due plus d'impressionnabihte, par suite les vents y ont plus de prise. Oi, comme ce sont les vents qui, suivant qu'ils glissent sur la mer ou au contraire la penetient, detei minent et règlent ses ondulations, il en résultera une agitation nécessairement proportionnée a leur faiblesse ou à leur violence. Ainsi s'explique comment elle est tantôt unie et calme comme un lac ; tantôt tumultueuse et ecumante comme un torrent ; comment enfin il peut ainver qu'elle soit inabordable.
Si nous analysons le phénomène de plus près, nous verrons que les vagues, au moment ou elles s'elevent et se renflent pour
I Cette phosphorescence n'ipp-irtient p îs seulement a certaines espèces microscopiques Ainsi, d'après Slnw et Spilhnzini, lipennatule, qui a un volume beaucoup plus respectable, jette une lumière si vive, qu'elle permet oc distinguer les poissons qui sont pris avec elle dans les mêmes filets.
VAGUES ET MAREES. 331
se briser, emprisonnent une colonne d'air que dissout ensuite le va et vient des flots. Cet air fournit à la respiration des plantes et des animaux marins, comme l'air extérieur fournit à la respiration des plantes et des animaux terrestres. Il y a donc quelque chose de plus dans une mer en courroux qu'un spectacle curieux ou grandiose ; il y a un but d'utilité.
On comprend que les vagues, par la mobilité même des causes qui les produisent, ne sauraient offrir rien de fixe dans leur retour. Et cependant les anciens, qui voulaient voir partout des présages, leur attribuaient au contraire un ordre fatidique. La « dixième » (fluctus decumanus) avait, suivant eux, quelque chose de particulièrement redoutable. C'est au point qu'Ovide, dans sa triste et périlleuse navigation de Rome à Tomi, où l'exile le ressentiment d'Auguste, n'ose même pas la nommer. « C'est, dit-il, celle qui dépassant toutes les autres en hauteur, suit la neuvième et précède la onzième : »
Qui venit hic fluctus fluctus supereminet omnes, Posterior nono est undeeimoque prior.
Si les vagues, tant par leur formation que par leur volume, sont ainsi sous la dépendance des caprices de l'atmosphère, il n'en est pas de même de ces déplacements en masse de l'Océan qu'on appelle «marées.» Celles-ci obéissent à des influences sidérales, régulières et périodiques, au premier rang desquelles figure l'action de la lune. Voici comment se succèdent, sur nos côtes, les intéressants phénomènes de la marée :
La mer coule pendant environ six heures, du sud au nord, en s'enflant par degrés ; elle reste à peu près un quart d'heure stationnaire, et se retire du nord au sud, pendant six autres heures. Après un second repos d'un quart d'heure, elle recommence à couler, et ainsi de suite. Le temps du flux et du reflux est, terme moyen, d'environ douze heures vingt-cinq minutes; c'est la moitié du jour lunaire, qui est de vingt-quatre heures cinquante minutes, temps qui sépare deux retours successifs de la lune au même point du méridien. Ainsi, la mer éprouve le flux et le reflux en un lieu aussi souvent que la lune passe au méridien de ce lieu, c'est-à-dire deux fois en vingtquatre heures cinquante minutes.
Mais la lune n'est pas seule à agir sur la mer. Il faut également faire la part du soleil dont l'influence, bien que deux fois et demie plus faible que celle de la lune, modifie cependant la force attractive de celle-ci. Une marée est donc, en realité, régie par deux éléments, l'un lunaire et l'autre solaire,
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dont les effets s'ajoutent ou se retranchent, suivant la direction des forces qui les produisent. Ainsi, quand la lune est pleine, les deux astres se trouvant dans le même méridien, leurs effets concouient, et l'effet est le plus grand possible : de là les grandes marées 1. Quand, au contraire, la lune est en quadrature, elle tend à élever les eaux que le soleil tend a abaisser, et réciproquement, de façon que, les deux astres se combattant, l'effet est le plus faible possible : de la les petites marées On s'explique alors parfaitement comment les flux les plus hauts et les reflux les plus bas surviennent au temps des équinoxes (mars et septembre), puisque, a cette époque, toutes les circonstances qui agissent sur le mouvement ascendant ou descendant des eaux concourent pour produire leur plus grand effet.
Il semblerait, comme conséquence de ces faits, que la mer devrait être pleine à l'instant où la force résultante des attractions du soleil et de la lune, y est pai venue a sa plus grande intensité, or, l'expérience a piouvé qu'il n'en est pas ainsi. C'est seulement tiente-six heures apiès les jours de nouvelle lune que surviennent les grandes nlaiees On a conclu de ces retards que c'est pat la transmission successive des ondes et dea courants que l'action sidérale se fait sentir dans les ports et sur les cotes.
Cette transmission du mouvement, qui met trente-six heures à parvenir jusqu'à nos rivages, en expliquant le flux et le reflux sur les vastes mers qui le reçoivent, explique, par contre, l'absence de ces phénomènes sur les mers que leur trop peu de largeur place en dehors de ce mouvement. En effet, si l'on ne remarque pas de marées bien sensibles dans la Méditeiranee ni dans la Baltique, c'est qu'en raison du peu d'étendue de ces mei s, les foi ces soulevantes ne peuvent pas agir sur une extrémité, sans faire sentir à peu près le même effet sur le bord opposé, ce qui ne permet pas de déplacement en hauteur A plus forte raison, les lacs, sur lesquels l'influence
I. C'est sui tout aux époques des gmndes mirées qu'a lieu l'irruption de la mer d ins les fleuves qui s'y déversent, phénomène désigne sur les côtes de la Manche sous le nom de barre et sur celles de l'Océan sous le nom de mascaret Homeie, cet admn ible peintre de la nituie, en donne la fidèle description que voici « Telle, nix emhouchmes d'un fleuve qui coule guide a par Jupiter, la vngue immense mug t contre le courint, tindis que les ce rives escarpées retentissent au loin du fr ic is de la mer que le fleuve re« pousse h )rs de son lit » N'est ce pis la le m igmfique spectacle que la Seuw offre plusieurs fois tous les ans a Quilltboeuf ?
INFLUENCES SIDERALES. 333;
lunaire ne saurait avoir prise, conservent-ils à peu près uniforme l'équilibre de leur niveau. Par contre, ils offrent, dans les mouvements de leurs vagues que nous avons dit être régies par les agitations de l'atmosphère, la même furie que sur l'Océan.
Les anciens connaissaient aussi bien que nous la liaison intime qui existe entre la production des marées et les diverses phases de la lune. Ainsi Pline dit en toutes lettres : « C'est dans la lune que la mer puise la cause de ses marées » (xstus maris causam habent in luna) ; puis il prouve par des exemples heureusement choisis que toute modification du flux et du reflux correspond à quelque évolution de cet astre. Quant à l'explication du phénomène, c'est Laplace qui a eu la gloire de la trouver 1 en établissant que les marées reposent tout enlières sur la grande loi de l'attraction universelle, découverte par Newton. Encore le mot attraction esl-il presque prononcé par Pline, car il dit, en parlant de la lune : « Cet astre avide entraîne les mers vers soi par une sorte d'ASPIRATION » (avidum sidus secum TRAHIT HAUSTU maria).
Mais en voilà assez, trop peut-être, sur ces questions plutôt physiques que médicales. Qu'il me soit seulement permis d'ajouter, car ceci est plus directement de notre ressort, que si les coïncidences des phases de la lune avec certaines conditions atmosphériques sont, pour les hommes de mer, une indication certaine de beau ou de mauvais temps ; si même cette influence se fait sentir jusque sur certains oiseaux qui, par leurs mouvements agités, prédisent la tempête avec un instinct infaillible, nous ne saurions admettre que l'action lunaire s'exerce d'une manière également saisissable sur le moral de certains individus. Pour que l'épithète de lunatique signifiât autre chose qu'un simple artifice de langage, assimilant des bizarreries de caractère aux.péripéties fantasques de notre satellite, il faudrait que la science eût groupé un nombre assez imposant d'observations pour en tirer au moins des inductions spécieuses. Il n'en est rien. Si, par exemple, on a re,
re, Les poètes, il est vrai, éludaient la difficulté en faisant intervenir Neptune, Eole, les Tritons, ou Vesprit qui, d'après Virgile, meut la matière [mens agitât moleni). Quant aux philosophes et aux naturalistes, il semble qu'ils aient pris beaucoup plus vivement les choses, si vivement même qu'Aristote, d'après une tradition, il est vrai fort contestable, se serait précipité dansl'Euï'ipe de l'île d'Eubée, de dépit de ne pouvoir pénétrer la c;iuse des marées de ce détroit. Malheureusement je n'ai lu nulle part qu'il se soit ensuite écrié, comme Archimède au bain: J'ai trouvé/ (eû^ïjxcc!)
334 BAINS DE MER.
marque que les aliènes sont plus biuyants les nuits où il y a clair de lune que celles où il n'y en a point, cette différence tient tout simplement à ee que la lumière qui pénètre dans leur chambre agile ou empêche leur sommeil. La preuve que telle est l'explication, c'est qu'il suffit de clore les fenêtres de manière a obtenir une complète obscurité, pour que de suite les choses redeviennent ce qu'elles étaient auparavant.
DU BAIN; DE LA REACTION.
Les bams de mer, pris dans certaines conditions, exercent sur les organes une action physiologique, qu'il importe d'étudier pour bien saisir les applications qu'on peut en faire a l'hygiène et à la thérapeutique. Je n'ai rien a due de particuliei sur la manière dont on se baigne à la mer, non plus que sur les précautions qu'il faut observer pour entrer dans l'eau ou pour en sortir Ce sont de ces détails que l'on apprend mieux sur le rivage que dans les livres, d'autant plus que souvent les ordonnances dont les malades sont porteuis, en arrivant aux bains de mer, sont d'une exécution difficile ou même impossible Ainsi on recommande presque toujours de recevoir la lame, mais l'espèce de petite ondulation médicinale qu'on désigne par ce nom n'est pas chose très-facile a rencontrer. De même, on conseille de se baigner plutôt à la marée montante qu'a la marée descendante. Je n'ai jamais trop compris quel peut en être le grand avantage, sauf, il est vrai, un peu plus de limpidité del'eau : admettons le précepte, reste la difficulté de son application Sur les côtes de la Manche et de l'Océan, où le flux et le reflux sont si prononcés, le malade, s'il veut être fidèle a sa prescription, sera oblige, tous les jours, de changer l'heure du bain, celle des repas, enfin toutes ses habitudes, le moment de la marée n'étant jamais le même Pour moi, je ne connais d'autre précepte, à la mei, que de se baigner comme cela se rencontre, qu'elle monte ou qu'elle descende, qu'ily ait des lames ou qu'il n'y en ait point La seule chose importante, c'est de trouver assez d'eau, une mer assez calme et une plage assez douce, pour que le bain soit facile et agréable.
La même latitude ne sera pas laissée aux malades, quant à ce qui îegaide la durée du bain, car celle-ci forme le point ( apital du traitement. Si la première immersion dans la mer
DE LA RÉACTION. 335
est habituellement un peu pénible, le bien-être qui lui succède est si rapide, la natation si facile, la dépense de force musculaire si imperceptible, que le baigneur se laisserait facilement entraîner aux charmes d'un pareil exercice. 11 faut donc en régler la durée, et cela en se laissant guider par la manière dont s'opérera la réaction. Expliquons-nous dès maintenant sur la nature et la valeur de ce dernier phénomène.
La réaction, c'est le réchauffement du corps par ses seules ressources de calorique, après qu'il a été mis en contact avec un liquide froid. La circulation capillaire, qui avait été ralentie ou même partiellement suspendue par le fait du refroidissement, reprend son cours dès l'instant où la réaction commence; ce qui a lieu quelquefois dans le bain, mais plus souvent quand on en est sorti. La peau se colore : on dirait que le sang y afflue avec d'autant plus d'activité que son passage y a été plus subitement interrompu. Les battements du coeur redeviennent libres, à mesure que le retour de la chaleur diminue les obstacles apportés par le froid à l'élasticité des vaisseaux et à leur perméabilité.
Aux phénomènes physiques de la réaction se lient, inséparablement, les phénomènes vitaux correspondants, dont le rôle est plus important encore. En effet, la vitalité qui préside à l'admirable équilibre des fonctions a pour but et pour résultat de nous protéger contre les causes de destruction qui nous entourent, et de remédier aux atteintes que celles-ci nous auraient déjà fait subir. C'est ainsi qu'au moment où le froid semble devoir paralyser tout notre être, elle accroît chez le baigneur la force du coeur, répare les pertes de calorique, et même, en l'absence de tout excitant extérieur, suffit pour déterminer la réaction.
Une condition pour que la réaction se fasse bien, c'est que le corps ait été préalablement échauffé, par la marche ou par tout autre moyen ; c'est surtout que l'immersion dans l'eau froide ne dure pas longtemps. Je citerai, à l'appui de ce dernier précepte, une observation vulgaire. Lorsque, pendant j hiver, les pieds ont séjourné dans une chaussure humide, on les réchauffe très-difficilement, par ce que les tissus se sont refroidis peu à peu et couche par couche, jusqu'à une certaine profondeur. Vous frottez-vous au contraire les mains dans la neige, le froid vous saisira plus vivement, mais il n'aura pas le temps de pénétrer. Aussi la réaction, lente dans le premier cas, est-elle rapide dans le second.
Rien de plus aisé, maintenant, que de faire l'application de
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ces données physiologiques. C'est Galien lui-même qui va nous indiquer la marche à suivre. « Si, dit-il, une fois sorti de î'eau, la peau repiend rapidement, par l'effet des frictions, une bonne couleur, c'est qu'on y est resté pendant un temps convenable ; mais, si elle se rechauffe difficilement et demeure longtemps pâle, c'est que le bain froid aura ete ti op prolonge Il faut alors en modifier la durée soit en plus, sort en moins. »
Ces préceptes, comme tout ce qui repose sur l'observation, sont aussi vrais aujourd'hui qu'ils l'étaient il y a dix-huit siècles. Ajoutons, a titre de complément, qu'il est rare que la durée du bain doi\e dépasser dix minutes a un quart d'heure, on est du reste presque toujours averti par une sensation de fioid, ou un commencement d'hornpilation, de l'instant où il convient de quitter l'eau. Quelques personnes prennent, sans en être incommodées, jusqu'à trois ou quatre bains par jour . c'est beaucoup trop, et l'impunité ne justifie point ici l'imprudence. Un seul bain suffit d'habitude ; deux me semblent être le maximum que l'on puisse se permettre.
Il est assez d'usage, au sortir de la mer, de prendre un bain de pieds légèrement chaud. C'est une précaution que ne doivent pas négliger les individus affaiblis, chez lesquels, sans cela, la réaction aurait peine a se faire.
On reconnaît une bonne reaction à deux caractères essentiels d'une part, a la promptitude avec laquelle elle s'opère, d'autre part, a la coloration vive de la peau. Quand l'empieinte dn doigt s'efface rapidement, c'est une preuve que la circulation capillaire est active, et que le retour du sang n'est pas uniquement dû aux lois d'équilibre et d'égalité de pression La promenade facilite et achevé la reaction, d'autant mieux que le cours du sang se trouve stimulé également dans tout l'appareil vasculaire. Qu'on ne soit pas surpris de cette influence des mouvements sur la circulation Chacun a vu le jet de la saignée s'échapper avec force ou couler avec lenteur, suivant que le malade fait mouvoir les doigts ou les tient immobiles C'est que les muscles, en se contractant, pressent sur les vaisseaux, tant profonds que superficiels, et communiquent une impulsion notable aux fluides qu'ils contiennent
Les bains de mer déterminent, à température égale, une réaction plus vive et plus prompte que les bains d'eau douce, les particules salines et le choc des vagues agissant sur la peau, a la manière des rubéfiants, au point même de développer quelquefois a sa surface de véritables exanthèmes Aussi les personnes faibles et délicates supportent-elles, en gênerai, beau-
ACTION HYGIENIQUE. 337
coup mieux les bains de mer que les bains de rivière. Quant à la quantité des sels absorbés pendant le bain, elle est difficile à déterminer. Je doute en tout cas qu'elle puisse être considérable, car l'impression du froid sur la peau et l'action astringente des chlorures ont bien plutôt pour effet de fermer les pores que de les ouvrir.
D'après ce qui précède, l'immersion dans la mer aura d'abord pour résultat une augmentation de vitalité des organes intérieurs, vers lesquels les liquides se trouveront refoulés momentanément, en raison des corrélations de continuité ou de sympathie qui les unissent à l'enveloppe cutanée ; puis, par le fait de la réaction, le sang reviendra brusquement vers la périphérie, en s'accompagnant de phénomènes d'excitation et de caloricité. Sous l'influence de ce double mouvement, les fonctions organiques et nerveuses s'accompliront avec plus de force, de régularité, de plénitude. De là une nutrition plus active, et l'accroissement de l'énergie musculaire.
ACTION HYGIÉNIQUE DES BAINS DE MER.
Puisque telle est la manière dont les bains de mer impressionnent nos organes et nos tissus, on comprend de suite quelle devra être leur utilité au point de vue de l'hygiène.
Ces bains conviennent toutes les fois que l'économie est frappée d'atonie, soit par le défaut d'action de quelque organe important, soit par une sorte de débilité générale qui affecte l'ensemble des fonctions, sans s'attaquer directement à aucune. Ils conviennent surtout aux tempéraments lymphatiques et scrofuleux. Les enfants étiolés, dont le ventre est proéminent et les membres amaigris, ou chez lesquels la croissance paraît éprouver une sorte de temps d'arrêt, se trouvent particulièrement bien de_ l'usage longtemps continué de ces bains. Souvent ceux-ci impriment à la constitution tout entière une impulsion forte et progressive, et y produisent une de ces grandes révor 'utions dont les heureux effets pourront se faire sentir pour le reste de la vie. Les Anglais ont, beaucoup mieux que nous, compris cette vérité, eux qui ne négligent jamais d'envoyer leurs enfants aux bains de mer, leur préparant ainsi ce magnifique développement physique dont nous admirons plus tard les proportions et la force. Aussi ai-je la parfaite conviction que «es bains, employés de bonne heure et à propos, contribue-
338 BAINS DE MER.
raient à prévenir la dégradation piogressive de notre espèce. Combien voyez-vous d'enfants rester faibles et maladifs, alors que leurs auteurs jouissent d'une santé relativement plus robuste! C'est que se leproduire et se maintenir sont deux actes, dont l'un suppose une puissance de vitalité bien supérieure a l'autre, par suite, un père et une mère peuvent avoir en eux assez de force pour faire face à leur propre individualité, mais pas assez pour communiquer à l'etie auquel ils donneront l'existence une énergie suffisamment vivace. Or, l'intervention des bains de mer pouira suppléer ici à la débilite onginane dont le germe a été virtuellement entache, et qui survit a la naissance Ce sera aussi le moment de faire prendre quelques toniques. Sous ce rappoit les vins ferrugineux offrent le gi and avantage de faciliter l'admir istiaiion du fer en dissimulant sa saveur sous la forme la plus agréable.
Il y aurait, sans doute, un inconvénient réel à faire baigner les enfants trop jeunes, alors surtout qu'une extrême pusillanimité leur fait redouter le contact pu seulement l'aspect de la vague, et que, par suite, la lutte qu'ils opposeraient ameneiait une tension de tous les ressoits, essentifllement nuisible aux nons effets du bain. Mieux vaut attendre qu'ils aient plus de raison et plus d'âge. Toutefois il est facile, par une sorte d'anticipation, de les familiariser avec l'impression de l'eau. Laissez-les courir sur la plage, aux moments où la mer est calme, où la température est douce, de manière que leurs pieds 1eposent mollement sur le sable humide, faites quelques pas dans l'eau avec eux, puis sortez aussitôt pour y rentrer de nouveau, et bientôt ce qui leur paraissait un epouvantail deviendra au contraire une distraction et un jeu.
La puberté est encore une époque de l'âge où les bains de mer offrent d'incontestables ressources. Par leur action méthodique et répétée, ils îegulaiisent chez les jeunes filles le travail de l'évolution des menstrues, jusqu'à ce que ce travail se trouve définitivement constitue a l'état de fixité organique.
Mais c'est surtout la jeune femme de nos cites qui y puisera de nouvelles forces, j'ai presque dit une nouvelle existence. Songez combien sont nombreuses les causes de débilite qui pèsent sur elle comme une sorte de malaria! Soumise à l'empire despotique de la mode, rarement elle sort avant que le soleil ne soit sur son déclin, l'exercice à pitd lui e^t a peu près inconnu, sauf la danse au milieu d'un air confine, que vicient la combustion des lumières et les poitrines haletantes. Il en lé-
ACTION THERAPEUTIQUE. 3391
suite un appauvrissement du sang et une atrophie de tout le système musculaire. Ne vous y trompez pas, et n'allez point prendre pour de l'embonpoint ce qui n'est qu'une prédominance maladive du tissu graisseux. Or, il n'est qu'un moyen de remédier au mal, ce moyen, la mer vous le fournira. Que la mollesse, les veilles prolongées, les émotions de la scène et du roman fassent place à l'insolation, au grand air, à l'activité du jour et au repos de la nuit, et vous verrez l'organisation reprendre son fonctionnement normal.
Les hommes, pour être moins généralement soumis aux causes débilitantes que nous venons de signaler, sont loin cependant d'en être exempts. C'est de Paris surtout que, malgré les assainissements modernes, on peut dire que, partout où l'on travaille, partout où l'on se repose, partout où l'on s'amuse, le milieu ambiant est plus ou moins adultéré. Il n'est pas jusqu'à nos promenades où nous soyons poursuivis par une fâcheuse poussière ou par les émanations de quelque asphalte en fermentation. Aussi avec quelle volupté nous allons respirer les douces et fraîches senteurs dé la plage !
Enfin les vieillards se trouveront également bien de la fréquentation de la mer. Seulement le bain leur sera pour la plupart du temps interdit, les mouvemeuts vitaux s'opérant chez eux avec trop de lenteur pour qu'il soit toujours prudent de compter sur une bonne réaction.
ACTION THÉRAPEUTIQUE DES BAINS DE MER.
Ce que nous venons de dire de l'action physiologique des bains de mer indique, dans une certaine mesure, ce que doit être leur emploi thérapeutique. C'est encore la femme qui en éprouvera les meilleurs effets.
Ces bains seront surtout ajfantageux dans la chloro-anémie, l'aménorrhée, la dysménorrhée et dans certains flux leucorrhéiques, se rattachant à l'inertie de l'utérus. Il n'est même pas rare que, chez certaines femmes, les règles devancent la période normale de leur retour, ou que, chez d'autres, elles reparaissent alors que, par l'effet de l'âge, elles avaient déjà cessé de se montrer. Chaque jour aussi on constate l'utilité desbains dans les relâchements et les abaissements légers de l'utérus, ainsi que dans les engorgements récents du col. Enfin^ plus d'une fois ces bains ont fait cesser la stérilité : il y a long-
340 BAINS DE MER.
temps du reste qu'on a signalé la fécondité remarquable des femmes qui habitent le bord de la mei
Rappelons a ce propos combien de nos jeunes femmes, après une première grossesse, se trouvent dans de fâcheuses conditions de santé. Il leur faut rester des semaines, des mois étendues sui une chaise longue, tandis que nos campagnardes i éprennent des le lendemain sinon le jour même de l'accouchement, leur labeur accoutumé. Ces différences s'expliquent par la diversité d'aptitudes qu'a créées pour chacune leur régime antéueur.
Chez la villageoise dont le sang a toute sa îichesse, dont les fibres ont toute leur énergie, la partuntion, presque toujours facile, n'amené pas la cessation brusque du travail dont la matrice était le siège, ce travail se déplace simplement pour se reporter a la glande mammaire. A mesure, en effet, que la sécrétion du lait s'établit, l'appareil utérin se dégorge et, comme tout se passe dans l'ordre fixé par la nature, il en résulte, non plus une diminution des forces générales, mais bien plutôt un surcroît de vitalité.
Telles ne sont malheureusement pas les conditions de la femme du monde. D'abord, l'accouchement chez elle est presque toujours pénible et laboi îeux par défaut de tonicité des fibres uténnes. Puis, il ne s'opère qu'une dérivation incomplète du côte de la glande mammaire, celle-ci étant le plus souvent réduite à un petit nombre de granulations tout a fait impiopies à fournir un lait réparateur. La mère se voit donc foicee de confier a d'autres l'un des plus utiles et des plus précieux privilèges de la maternité, l'allaitement. Il en resuite qu'en même temps que chez elle la sécrétion lactée se suppi îme, le dégorgement de la niatnce qui en était la conséquence se trouve interrompu Foigane reste plus ou moins volumineux Cedantalors à son propre poids, il s'abaisse, son bas-fond plus 'oui d bascule et, suivant que l'inclinaison a heu en avant ou en arrière, son col appuie sur la vessie ou sur le rectum. De la ces pesanteurs dans le bassin, ces tiraillements vers les reins et les aines, et ces pertes en blanc qui sont trop souvent le pi élude de quelque dégénérescence.
C'est dans ce cas que les bains de mer agissent, moins encoie peut-être comme moyen cuiatif que comme médication piéventive. Seulement il est rare qu'ils dispensent d'un tiaiteinent local.
Ces bains conviennent de même contre la plupai t des affections neiveuses, tant celles qui païaissent avoir pour siège
- ACTION THERAPEUTIQUE. 341
l'appareil ganglionnaire (hystérie, dyspepsie, hypochondrie), que celles qui résident dans le système nerveux central ou périphérique (névralgie faciale ou sciatique, palpitations, chorée, migraine, paraplégie). Si l'on a affaire à ces céphalées rebelles, que rien ne peut déraciner, les affusions surtout seront fort utiles : pour cela le patient s'assied sur le sable, et on lui verse coup sur coup sur la tête plusieurs seaux d'eau qui, ruisselant sur son corps, produisent un vif saisissement. Le froid est en pareil cas le plus puissant de tous les sédatifs.
Les bains de mer seront également prescrits avec succès contre certaines maladies de la peau, surtout celles qui revêtent la forme sèche : tels sont en particulier le prurigo, le lichen, le psoriasis, le pityriasis et même l'impétigo chronique. En général, ils sont contre-indiqués dans les affections vésiculaires, huileuses et pustuleuses, en en exceptant toutefois plusieurs variétés de porrigo. Si cependant ces dermatoses se lient à l'existence de quelque élément syphilitique, encore présent dans l'économie, comptez peu sur les bons effets des bains de mer. Ceux-ci pourront restaurer les forces et modifier la vitalité de la peau, au point de faire croire à la guérison ; mais bientôt vous verrez les accidents reparaître, souvent plus intenses qu'avant l'emploi des bains. Toutefois ceci s'applique seulement à la syphilis acquise, et non à la syphilis congénitale, c'est-à-dire à celle qui s'est transmise par voie d'hérédité. Je citerai, à cette occasion, une remarque que j'ai eu l'occasion de faire, nombre de fois, et qui, malgré son importance, ne me paraît avoir encore été indiquée par personne.
Dans les ports de mer, surtout dans ceux où les matelots ne se livrent pas simplement au cabotage, mais font de lointaines excursions, il n'est pas rare qu'au retour ils rapportent avec eux la syphilis, qu'ils communiquent à leur femme, laquelle donne ensuite le jour à des enfants infectés. Ces enfants grandissent misérablement, offrant tous les stigmates du mal dont ils ont reçu le germe, et, en particulier, de hideuses ophthalmies. Mais arrive le moment où leur père les emmène, pour leur faire partager ses travaux qui nécessitent, comme chacun sait, le contact fréquent et prolongé de l'eau de mer sur le corps. A dater de ce moment, la santé de ces enfants subit une métamorphose véritable. Leurs yeux se guérissent, leurs forces se développent, leur constitution se raffermit : bientôt ce seront des hommes robustes. Et c'est bien réellement à l'eau de mer qu'ils doivent ces heureux changements, puisque leurs soeurs, restées au logis, continueront d'être chétives et étiolées.
342 BAINS DE MER.
Les bains de mer, en tant que bains, conviennent-ils aux phthisiques' Nous avons vu, en parlant des Eaux-Bonnes, qu'un grand nombre de malades vont compléter à Biarritz la cure qu'ils ont commencée à ces eaux, et qu'en général ils s'en trouvent bien. Les bains doivent agir surtout ici par la tonicité plus giande qu'ils communiquent a la peau, et cela, en vertu de la synergie fonctionnelle qui amt cette surface et l'appaieil respnatoire. Qui ne sait que, chez les personnes prédisposées, un simple refroidissement du corps en sueur peut amener une bronchite, laquelle seia le point de départ de tubercules' Qui ne sait également que l'apparition de transpirations nocturnes et exageiees est l'indice d'une teiminaison fatale de la phthisre? Foitifier la peau, c'est donc fortifier le poumon.
La chirurgie trouve aussi, dans l'emploi bien dirigé de l'eau de mer, d'utiles ressources contre les ulcères atoniques et indolents, les abcès froids, les trajets fistuleux, et certaines suppurations intarissables. Vous verrez encore ces bains uvahseï sans desavantage avec les eaux minérales pour le traitement des tumeurs blanches, des paralysies traumatiques, des i exactions musculaires et tendineuses, des ankyloses, des faiblesses ou des roideurs consécutives aux luxations, entorses et fractures. Enfin, ils conviennent dans toutes les formes de la cachexie scrofuleuse, spécialement quand elle s'attaque au tissu osseux; aussi constituent-ils un des plus puissants auxihaues de la médication orthopédique.
— Indépendamment des bains, on utilise l'eau de mei en douches, lotions, lavements et injections vagino-uterines, c'est, du reste, la même disposition d'appaieils que pour les établissements thermaux
La mer communique également au sable qu'elle arros* pai ses flux et reflux successifs, des propriétés analogues a celles qui appartiennent à certaines boues minérales. On est paiti de ce fait pour prescrire des bains de sable, qu'on administie de la manière suivante on creuse dans le sable une esptce de baignoire, et, quand le soleil en a suffisamment échauffe les parois, on y place le patient, en achevant ensuite de le recouvrir de sable. Ces bains conviennent, tout particulièrement, dans le rachitisme et dans les maladies goutteuses ou rhumatismales de nature torpide. |
On prescrit, dans quelques cas, l'eau de mer à Cinteneur, comme médication fondante et résolutive. C'est une piatique qui remonte aux premiers temps de la médecine, seulement on avait soin de comger et d'adoucir l'amertume de l'eau salée,
DANGERS. 343
par l'addition d'une certaine quantité de miel :. de là le nom de thalassomel, par lequel on désignait ce breuvage médicamenteux. Prise à la dose de quelques verres, l'eau de mer purge assez franchement. Toutefois, comme elle pèse à l'estomac (non sine injuria stomachi, dit Pline), et que d'ailleurs elle ne paraît pas avoir une spécificité d'action suffisante pour racheter la répugnance qu'inspire sa saveur, on y a presque entièrement renoncé aujourd'hui.
Une autre méthode, que je crois avoir un des premiers conseillée, et dont j'ai obtenu les meilleurs résultats, consiste à faire boire aux baigneurs certaines eaux minérales, dont l'action, se combinant avec celle des bains de mer, l'accroît, la tempère ou la complète. C'est du reste ce qui se fait journellement aux bains d'Allemagne, tout établissement étant muni d'une trinkhalle où se trouve un approvisionnement des principales eaux minérales de l'Europe.
DANGERS DES BAINS DE MER.
Vous voilà, je le suppose, fixé sur la nature du traitement qui vous convient : il vous faut des bains de mer. Mais je n'aurais rempli ma tâche qu'à moitié, si je ne vous avertissais, tout d'abord, des dangers inhérents à ces bains.
Ce n'est pas seulement pour le navigateur que « l'onde est perfide, » c'est aussi pour le baigneur. Quiconque, en effet, s'éloigne assez du rivage pour perdre pied, quelque bcn nageur qu'il soit d'ailleurs, court, on peut le dire, des dangers de mort. Un malaise soudain, une syncope, une crampe, peuvent le saisir et paralyser ses mouvements. Il pourra de même rencontrer quelques courants qui, l'entraînant à la dérive, rendront son retour et par suite son salut impossibles. Et je ne parle pas seulement des courants, toujours les mêmes, qui régnent sur certaines côtes et dont, à la rigueur, on peut être ayeiti. Non. Je parle de ces courants accidentels, de ces tourbillons contre lesquels la lutte est d'autant plus difficile que le mouvement gyratoire qu'ils impriment aux vagues, vous entraîne et vous absorbe dans leur sphère d'activité.
La nature des plages peut créer pour le baigneur des dangers d'un autre ordre. Sous ce rapport, comme au point de Tue de l'agrément du bain, elles doivent être distinguées en plages à fond de galet et en plages à fond de sable.
344 BAINS DE MER.
PLAGES A FOND DE GALET. — Ces galets qui ne sont autres que des fragments de silex arraches a la falaise, puis roules et arrondis par le double effort des siècles et des flots, sont le plus habituellement disposes en assises II en resuite une pente qui assure au baigneur, quel que soit le moment de la marée, une quantité d'eau suffisante pour le bain Cette eau a de plus lavantage, surtout par le gros temps, dêtie beaucoup plus limpide que celle qui repose sur le sable Mais, si la mer s'enfle tout d un coup, comme cela arrive si souvent quand il y a de l'oi âge, vous êtes expose à devenu le jouet de la vague, dont la force d'impulsion vous pousse vers la côte, tandis que sa force de retiait vous ramené incessamment en arrière. Comment pouvou aborder' Comment même parvenir a se tenu debout' Brise et aveugle par la lame, meurtri pai les galets, vous épuisez vos foice^ en vains efforts, et, si vous n'êtes promptement secouru, une catastrophe est inévitable.
PLAGES A FO>TJ DE SABLE — Ce sable qui, par son élasticité et sa finesse, foi me une sorte de tapis moelleux, donne au bain un chai me particulier. Nous allons von cependant qu'il pi esente de même ses dangeis et surtout ses perfidies En effet, ces vastes étendues de sable qui, lorsque la mer est retirée, représentent de véritables plaines, offient des ondulations et des i enflements que séparent d assez nombreuses rigoles. Vous vous avancez, séduit par la beauté du spectacle et comme attiré par le flot qui semble fuir devant vous. Les heures se passent ainsi sans que vous songiez de sitôt a la retraite Qu'auriez-vous a îedouter' La mer n'est-elle pas là, en face, et encoie assez loin, pour que vous soyez à l'abri de ses atteintes' Oui, mais regardez derrière vous et vous verrez les lames, glissant sur le sable, envoyei vers la plage de perfides prolongements Deji 1 îlot qui vous porte n'est plus aussi solide, il oscille, il ti emble, et ces rigoles, tout a Thème si peu profondes, sont devenues de véritables ravins que laboure la vague Hâtez-vous de fuir Helas I il est trop tard Ce n'est pas la mer qui vous gagne, c'est le sol qui seffondie, tiansformé qu'il est par les infiltrations en un bouibier dehquescent Si vous ne savez pas nager, c'en est fait de vous. Etes-vous au contraire habile nageur, vous avez quelques chances de vous sauver, et encore sera ce au prix des plus grands efforts, car le sable va gêner et paralyser vos mouvements, comme le feraient les hautes herbes d'un marécage
Ainsi, il est des précautions à prendre pour chaque plage D'où la nécessité d'une active surveillance qui malheureuse-
DROIT DES BAIGNEURS. 345
ment laisse beaucoup à désirer, à en juger du moins par les accidents qui se produisent tous les ans.
Disons un mot maintenant, pour clore ces généralités, sur la réglementation des plages.
REGLEMENTATION DES PLAGES.
La loi française déclare que « la mer et ses rivages sont un domaine inaliénable et imprescriptible qui n'est la propriété de personne et qui appartient à tout le monde. » II n'est pas sans intérêt d'examiner comment cette loi est appliquée au point de vue des bains et des baigneurs.
La plupart des plages, dans la partie du moins dont l'accès est le plus commode et l'emplacement le mieux choisi, sont concédées à des Compagnies qui ont seules l'autorisation d'y élever des tentes et des cabines. Elles ont de plus le monopole de la fourniture du linge et autres accessoires du bain. Enfin on leur permet de construire près de la mer des Casinos, et cela à l'exclusion de tout établissement pouvant leur porter ombrage ou leur faire concurrence.
Jusque-là rien à redire. La municipalité est parfaitement dans son droit en accordant ou refusant de tels privilèges, mais à une condition, c'est que les concessionnaires ne pourront s'en prévaloir pour interdire l'entrée des bains à personne.
Ainsi donc, dès l'instant où l'on ne fait usage de quoi que ce soit appartenant à l'Administration, on doit être parfaitement libre de pénétrer dans l'enceinte même des bains et de s'y baigner gratuitement. C'est absolument comme pour nos jardins et nos squares où il n'est dû quelque chose qu'autant qu'on se sert des chaises ou des fauteuils réservés.
Voilà le droit. Malheureusement ce droit-là n'a pas cours dans les établissements de bains de mer. Le seul qui jouisse de quelque crédit,
Est celui qu'à la porte on achète en entrant.
Comment donc parvient-on à l'éluder? On en fait une question de police. C'est par égard pour les moeurs que l'entrée des bains est interdite aux profanes, et est réputé profane quiconque se refuse à payer la taxe : il est vrai qu'en l'acquittant, il cesse de l'être.
Tels sont les abus qui se sont glissés dans la réglementation de nos plages et que je crois devoir relever.
346 BAINS DE VIER.
PLAGES OU L'ON SE BAIGNE.
Les bains de mer sont tellement passés aujourd hui dans nos habitudes et dans nos goûts qu'il n'est peut-être pas de plage, sur tout notre littoral de la Manche et de l'Océan, qui ne compte plus ou moins de baigneurs. Nous n'avons point a nous occuper ici de celles qui, soit par leur exiguïté, soit par leur manque d'aménagement, ne sont fiéquentees que par les peisonnes de l'endroit. Les seules qui nous intéressent sont les plages disposées de manière a recevoir des étrangers. Et encore ne leur consacrerons-nous point, comme pour les sources mineiales, une notice particulière, car, étant toutes baignées parles mêmes eaux, elles ont toutes aussi les mêmes veitus médicinales, elles ne varient que par quelques particularités d'un ordre un peu secondane. On peut donc, dans la grande majorité des cas, se laisser guider dans son choix par ses goûts et ses couvenances.
Si la foule se porte de préférence sur les côtes de Noimandie, il y a a cela plusieurs raisons. D'abord la pioximite de la mer, qui permet de franchir en quelques heures la distance qui la sépare de la capitale Puis la facilité des communications sous ce rappoit, la Dnection du chemin de fei de l'Ouest, par la multiplicité des départs, le bas prix des billets d'allei et retour, l'intelligente concordance des heures et l'organisation des Trains de plaisir \tres complète, a bien mente tout a la fois des baigneurs et des touristes1.11 y a enfin le climat. Ce que nous allons demander a la mer 'pendant les mois de juillet et d'août, n'est-ce pas avant tout la fraîcheur? Or les cotes noimandes sont, de toutes, les plus favorisées, sui tout si on les compare a celles de Biairitz et d'Arcachon qui représentent, a cette époque de l'année, de véritables rôtisson es.
Ceci posé, essayons de donner, non pas une description détaillée, mais un simple aperçu des piincipales plages de h AI mche et de l'Océan Nous passerons sous silence celles de li Méditerranée car aucune ne mente le titie de plage balneane,
I La plupart de ces améliorations ont ete dues a l'initiative de 1 -incien •seeietaire gênerai, M Coindard, de si regrettible memone Li Compagnie, en désignant pour le remplacer M Frère, ne pouvait lui donner un plus aig^ successeui, ainsi que l'a prouve 1 e^ene^lent,
BOULOGNE. 347
PLAGES BALNEAIRES DE LA MANCHE.
Elles commencent à Dunkerque et même à Calais; mais ce n'est à vrai dire qu'à partir de Boulogne que se trouvent celles que fréquentent nos baigneurs. Ce sont donc les seules qui méritent d'appeler notre attention. C'est dans cet prdre également que nous allons les énumérer, c'est-à-dire que, prenant Boulogne pour point de départ, nous longerons la côte de Normandie pour finir parles plages bretonnes, dontSaint-Malo peut être regardé comme le centre.
BOULOGNE (PAS-DE-CALAIS).
Plage à fond de sable.
ITINÉRAIRE DE PARIS A BOULOGNE. — Chemin de fer du Nord jusqu'à Boulogne même: 4 heures 35 minutes. —Débours: 31 fr. 25.
La plage de Boulogne, par son sable fin et sa légère inclinaison, est une de nos plus belles plages balnéaires. Il y a un magnifique casino. A peu de distance sont rangées les voitures roulantes qui servent tout à la fois de cabinet de toilette et de véhicule, pour suivre la mer à mesure qu'elle se retire. La ville actuelle n'offre, il est vrai, rien de bien remarquable ; en revanche elle a ses souvenirs. C'est dans son port que César prépara sa première expédition contre la Grande-Bretagne. C'est là que s'embarqua le comte de Boulogne, petit-fils de Guillaume le Conquérant, pour aller se faire sacrer à Londres. Enfin c'est sur ses rivages que Napoléon rassembla la flottille avec laquelle il méditait sa fameuse descente en Angleterre.
Combien aujourd'hui les choses ont changé de caractère et d'aspect 1 Ces mêmes insulaires, tant de fois menacés ou .conquis, sont devenus conquérants à leur tour. A force d'introduire dans Boulogne leurs cottages, leurs costumes et jusqu'à leurs coutumes, ils en ont fait une colonie britannique. Je plains le Français qui, ne sachant pas la langue anglaise, choisira cette plage pour y suivre sa cure. Il ne tardera pas à s'écrier, comme Ovide retiré chez les Scythes : « Je suis un barbare ici, car personne ne me comprend : J>
Barbarus hic ego sum, quia non intelligor illis.
348 BAINS DE MER.
LE TRÉPORT (SEINE-INFÉRIKURL). Plage a fond de galet.
ITINÉRAIRE DE PARI» AU TREPORT 1 — Chemin de fer du Nord par Creil et Amiens puis embranchements de Longpre et Gamaches jusqu'au Treport mcme 6 heures 20 min — Débours 39 fr 35
Autant Boulogne est une ville aristocratique, autant Le Treport est une ville bourgeoise. C'est un de ces derniers refuges où les baigneurs qui fuient le bruit et le monde, sont le plus sûrs de rencontrer quelque chose qui rappelle la vie de province. Toutes les maisons, a part quelques hôtels de bonne apparence, sont des maisons de pêcheurs. Il y a bien un petit casino, mais il est presque aussi silencieux le soir que le jour, et on y joue surtout aux jeux dits « innocents. » Les véritables distractions sont 11 promenade. La plus intéressante est celle qui conduit au vieux château d'Eu ou Louis-Philippe reçut en 1843 la reine d'Angleterre et qui, depuis la chute de l'empire, a fait retour à la famille d'Orléans.
Mers. Petit village à un kilomètre du Tréport que je crois destiné à devenir un bain important.
DIEPPE (SEINE-INFÉRIEUBE).
Plage à fond de galet.
ITINÉRAIRE DE PARIS A DIEPPE — Chemin de fer de l'Onest jusqu'à Dieppe même. 4 heures — Débours. 20 fr. 65.
Dieppe est une de nos plus célèbres plages balnéaires ; c'est aussi celle dont la vogue remonte le plus haut, il est vrai que ceux qui aiment médiocrement le galet peuvent trouver cette vogue quelque peu usurpée. Il y a un beau casino où se donnent de ravissantes fêtes, il y a surtout une belle teirasse, moins peut-êti e par son exposition près de la mer que par le curieux spectacle qu'elle offre, quand arrive le soir. C'est la en effet que se donne rendez-vous de quatre à six heures ce qu'on est convenu d'appeler « le monde élégant. » J'y ai vu défiler ainsi tout ce qu'il est possible d'imaginer de plus excentrique et de plus burlesque en fait de costumes et de tournures
I AUTRE ITINÉRAIRE — Ligne de l'Ouest jusqu'à Dieppe, et voitures de D eppe au fieport 7 heures 1/2 —Dtboms 27 fi. Go.
SAINT-VALERY-EN-CADX. 349
C'était à se demander si ces « petites dames » ne s'étaient pas inspirées des charges de Cham ou de Gavarni.
Il n'est pas jusqu'aux hôteliers qui n'aient une excentrioité à leur manière: celle-là porte sur les prix. Je ne connais pas de bains de mer où il fasse aussi cher vivre qu'à Dieppe ; je n'en coijinais pas surtout où l'on prélève avec plus d'entente l'impôt masqué par les noms ingénieux de « service » et de « bougie ».
A une très-petite distance du Casino se trouve un Etablissement hydrothérapique très-complet ; mais il est peu suivi.
SAINT-VALERY-EN-CATJX. (SEINE-INFÉRIEURE) . Plage à fond de galet.
ITINÉRAIRE DE PARIS A SAINT-VALERT-EN-CAUX. — Chemin de fer de l'Ouest par Rouen et Motteville jusqu'à Saint-Valéry même : 6 heures 42 min. — Débours : 24 fr. 85 c.
A l'époque—il y a longtemps de cela, il est vrai—où je visitai Saint-Valéry pour la première fois, cette ville n'offrait d'autre intérêt que l'animation de son port par le va-et-vient des bâtiments consacrés à la petite et à la grande pêche. Aussi n'avais-je accordé à sa plage qu'une mention de quelques lignes. Mais, depuis lors, combien l'état et l'aspect des lieux ont changé!
Saint-Valéry représente aujourd'hui une cité véritable, certains quartiers étant déjà complètementtransformés, les autres en voie de transformation. On trouve l'eau et le gaz dans la plupart des maisons. Celles-ci ont en général un bon aspect; quelques-unes sont d'un style tout à fait moderne. Enfin, deux grandes et belles jetées s'avancent parallèlement dans la mer, et deviennent pendant la saison la promenade favorite en ce que l'oeil embrasse de là les hautes falaises qui bordent le rivage, et que même, quand le temps est beau, on peut distinguer les côtes de Picardie.
Mais ce qui distingue surtout cette station balnéaire, c'est la puissante végétation qui s'avance jusque sur le littoral. Un vaste bassin à flot est entouré d'arbres séculaires formant une avenue ombragée sur une longueur de plus d'un kilomètre. Çest à l'extrémité de cette avenue que se trouve la gare que 'on dirait encadrée d'un berceau de verdure. N'oublions pas surtout de mentionner le délicieux bois d'Etennemard. Comment s étonner dès lors que le nombre des baigneurs qui fréquentent Saint-Valéry ait plus que doublé depuis que le chemin de fer est ouvert!
350 BAI1NS DE MER.
Le Casino primitif étant par suite devenu insuffisant, la ville s'est impose une dépense de cent vingt mille francs pour l'agraadir Parmi les nouvelles constructions, signalons le nouveau Salon des fêtes, dont les vastes pioportions, le décor et 1 ameublement ne laissent rien a desirei Mentionnons également le nouvel Etablissement de bams chauds ainsi que les salles d'hydrothei apie qu'on a approvisionnées des appât eils les meilleurs et les plus complets
Ce n'est pas tout encoie Le médecin de cette station balneane, le docteur Leloufre, qui voulut bien m'en faire les honneuis avec tant d obligeance, m'informe que le Conseil municipal se propose de cieei un laige boulevard s'etendantdu Casino jusqu'à la falaise de 1 Est poui gagner ainsi le hame m d'Ectot Cette création pei mettra de consti mre d'élégants chalets d ou on jouira d'une vue splendide sui la mei et les campagnes environnantes.
FECAMP (SElNE-I>Ft,RlEDHE).
Plage a fond de galet
Iro.rRAiRE DE PARIS A TFCVMP — Chemin de fer de l'Ouest pir Rouen, embnndiement de Beuieville, jusqu'à Itcimp même 5 heuies 25 minutes — DLIOUIS -7 h 30 c
Le casino de Fécamp est certainement l'édifice le plus gian diose, comme bain de mer, qu'on puisse imaginer , ou plutôt, il faut l'avon vu pour s'en fane une idee. 11 se compose de deux vastes coips de bâtiments îehes entie eux p ir une longue g ileue que suimonte une terrasse, et dont 1 ensemble îepiesente un véritable pilais. Sur la fahise qui le domine sont coquettement di esses une seue de cottages qui en foi ment comme le coui onnement Pourquoi donc n'y îencontie/ \ oui que de raies baigneuis? C'est que jamais heu ne fut plus nul choisi pom une aussi splendide installation D'aboi d l'établissement est ti op loin de la ville avec laquelle il ne communique que pai une chaussée ou la marche est fatigante Puis les gilets qui foi ment le fond de la plage îepresentent de gros culloux roules qui blessent les pieds du baigneur s'il n'a eu soin de se munir d'espadulles, nécessite qui, pour beaucoup, ol* au bain son principal agiement Enfin aucune distraction ne s un ait venu du dehois, Tecamp ctant avant tout un port
ETRETAT. 351
de cabotage et les habitants pour la plupart de simplespêcheurs.
Cet insuccès est d'autant plus à regretter qu'il n'est peutêtre pas d'endroit où les bains de mer chauds aient été organisés avec plus d'entente. L'usage où l'on est de disposer au fond des baignoires une épaisse couche de varech communique à l'eau des propriétés adoucissantes et résolutives. C'est là une excellente pratique que je voudrais voir se généraliser dans nos autres bains.
\port (Seine-Inférieure). A quatre kilomètres de Fécamp. C'était autrefois un réduit tellement misérable qu'oii disait par opposition : « Qui a vu Paris et n'a pas vu Yport n'a rien vu. » Aujourd'hui, grâce à ses bains de mer, Yport est un petit village où respire l'aisance. Des voitures y conduisent de la gare de Fécamp en une heure.
JÎTRETAT (SEIKE-IOTÉEIEUBE).
Plage à fond de galet.
ITINÉRAIRE DE. PARIS A ÉTRETAT — Chemin* de fer de l'Ouest jusqu'à la station des Ifs : 4 heures 44 minutes. De cette station à Étretat, 1 heure. — Débours : 28 fr.
Etretat est le bain de mer des hommes de lettres et des artistes. Du reste je connais peu de plages plus accidentées et dont l'aspect prête davantage à tous les caprices de l'imagination. Il semble même que la nature ait voulu marquer ces rivages au coin de ses sublimes fantaisies. C'est ainsi qu'à l'une des extrémités des immenses falaises qui bordent la côte, elle a ouvert, au milieu de la roche, une ogive assez grande pour livrer passage à un navire sans voiles.
Ne cherchez à Étretat ni casino somptueux, ni toilettes élégantes ; il y a plutôt des réunions intimes que des réceptions d'apparat. D'ailleurs les hommes y sont en majorité et le costume de marin y est à peu près de rigueur. Les hôtels euxmêmes ont un aspect quelque peu primitif : c'est que tout baigneur a sa maison, au milieu des champs et de la verdure.
Dieppe et Étretat ont aujourd'hui une renommée à peu près égale. Seulement sachez faire un choix. Si vous avez plus d'argent que d'esprit, allez à Dieppe ; si vous avez plus d'esprit que d'argent, allez à Étretat.
352 BAINS DE MER.
LE HAVRE (SEINE-INFLRIEURE).
Plage a fond de galet.
ITINÉRAIRE DE PARIS AU HAVRE. — Chemin de fer de l'Ouest jusqu'au Havre même 4 heures 45 minutes — Débours 27 fr.
Il est des personnes qui ont un tel besoin d'animation et de bruit qu'il leui faut retrouver la ville, même a la mei Celles-là ne saui aient mieux choisir comme plage que le Havre Malheureusement l'ancien Frascati, cette espèce d'oasis dont la mer semblait se plaire à caresser la gracieuse enceinte, a fait place a un immense hôtel ou tout est giandiose, même les prix Aussi est-ce surtout pai mi les Anglais et les Américains que se recrute sa clientèle.
Le Havre estjustement célèbre par ses promenades et ses excursions. Qui n'a entendu vanter la côte d'Ingouville et le merveilleux panorama que l'oeil embrasse des sommets du cap de la Heve? C'est au pied de ce cap que se trouve le village de SAINT-ADRESSE dont ori a, ce me semble, quelque peu suifait les mérites comme station de bain. La plage n'y offre rien que de très-ordinaire : la campagne seule est ravissante.
Y illerville. — C'est une petite plage, moitié galet et moitié sable, sans casino, n'offrant que quelques cabines pour abriter les baigneurs. Le village se trouve à quelque distance, perché sur les falaises. Pour comprendre et aimer Villerville il faut êtie artiste, car il n'y a d'autres îecreatious que la contemplation d'une nature champêtre.
TROUVILLE (CALVAnosj.
Plage a fond de sable.
ITBJÊRAIRF DE PARIS A TROUVILLF — Chemin de fer de 1 Ouest jusqu'à Troaville môme 6 heuies 5 minutes — Débours 28 fr 65 c
Voici enfin un bain a fond de sable. C'est même une particularité assez cuneuse que tout le littoial de la Seine-Infei îeure soit a fond de galet.
Il n'est personne qui n'ait entendu vanter Trouville, or Trouville, a cei tains égards, n'est nullement au-dessous de sa réputation. Sans doute il est facile de reconnaîtie a l'etroitesse et au peu d'aération de ses rues qu'il y a quelques années en-
.DEAUVILLE. 353
core, c'était moins une ville qu'une agglomération de cabanes de pêcheurs; mais la plage en est admirable, et ses deux Casinos réunissent chaque soir une société brillante bien qu'un peu mélangée,
DEAUVILLE (CALVADOS). Plage à fond de sable.
ITINÉRAIRE DE TARIS A DEAUVILT.E. — Le même que pour Trouvîlls dont Deauville n'est distant que d'un kilomètre.
Il y a quelques années à peine, Deauville n'était qu'un steppe aride et sauvage, produit par les atterrissements des dunes. Puis, sous la puissante impulsion du duc de Morny, il est devenu une cité véritable, tous les principaux personnages de l'empire s'étant donné le mot pour venir y planter leur tente sous forme de gracieuses villas ou de palais magnifiques. Mais hélas! Deauville devait avoir son Sedan. En même temps que l'empire sombrait, un immense banc de sable s'étalait au devant de ia ville, et l'isolait de la mer à une distance de plus de cinq cents mètres. Et, pour que rien ne manquât au changement de décor, la municipalité jetait à bas la statué du duc de Morny, et la reléguait dans les caveaux de la mairie...
Deauville possède un Etablissement thermal et un Casino. L'Etablissement thermal est très-complet; il n'y manque que des baigneurs. Quant au Casino, un excellent orchestre essaie par moments de le galvaniser par ses mélodies.
A l'extrémité opposée de Deauville et au pied du coteau boisé qui domine la plage, se trouve le Champ de Courses.
Y'iHers (Calvados). — Aune demi-heure de Deauville, par une très-jolie route qui longe le littoral. La plage de Villers est belle; seulement le sol y est inégal et le déplacement des bancs de sable par les fortes marées ou les courants y rend quelquefois le bain dangereux. C'est d'autant plus à regretter que la campagne environnante offre les ombrages les plus frais et les promenades les plus variées.
Honigatc-Bcuzeval (Calvados). — A cinq quarts d'heure de Villers. Ravissant pays, charmantes plages, mais installation balnéaire à peu près nulle ; et, par suite de l'échelonnement des habitations, difficulté des approvisionnements. On décore du nom de « casino » le petit pavillon construit à Houlgate, vis-a-vis de la mer. Il occupe un bel emplacement ; mais il est par lui-même fort peu de chose.
354 BAINS DE MER.
Cabonrg (Calvados). — Cabourg n'est séparé de Benzeval que par la Dives que l'on traverse aujourd'hui sui un pont de pierre C'est une très-belle plage, mais un séjour par tiop accidente, par suite des coups de mer qui, de temps a autre, emportent une portion de la Serrasse, et des coups de vent qui ensablent a tout instant les jardins Aussi y a-t il peu de végétation autour des magnifiques villas qui bordent la côte.
A Dnes se trouve l'église Samt-Etienne, ou Guillaume reumt les chefs de son armée, la veille même de son embarquement pour l'Angleterie. On ne peut nen voir de plus giacieusement découpé que les feuillages et les moulures de la porte occidentale de sa nef Cette église est classée aujouid'hui parmi les monuments historiques.
Lion, Luc, Langn-une, Courseulles (Calvados). — Vous ■\oici a Caen. Il vous seia impossible de ne pas vous y arrêter un instant, ne fût-ce que pour visiter ses pimcipales églises et son lycée 1. N'oubliez pas non plus de vous faire exphauer ce qu'était, il y a peu d'années encore, son nouveau boulevard, appelé « boulevard Bertrand », du nom de 1 eminent administrateur qui l'a crée Mais enfin il vous faut partir pour les bains, qui sont îehes à Caen par un petit chemin de fer.
Ces bains, dont les principaux sont Lion, Luc, Langiune et Courseulles, se recommandent tout a la fois par leurs plages de sable, la modicité de leurs pnx et leurs excellentes tondi tions de salubi ite On y est assez voisin de la ville pour en avoir les avantages, assez éloigne pour n'en pas connaître les assujettissements. Ce n'est réellement que sur ces petites côtes, encore oubliées, qu'on peut goûtei les douceurs de la villegiatui e maritime.
ARROMANCHES (CALVADOS). Plage a fond de sable.
ITINÉRAIRE DE PARIS A ARROMANCHES — Chemin de fer de 1 Ouest jusqu'à Bayeux 6 heure, 50 minutes. Voitures de Bayeux a Arromanches i lituu — Débours 31 francs
Vous ne pourrez de même traverser Bayeux sans aller visiter sa splendide cathédrale. Je vous recommande également la célèbre tapissene où la reine Mathilde a retiace la série d'exI
d'exI soit permis à un ancien eleve de ce lycée de rendre hommage m zèle et au talent de 1 ancien proviseui, l'ibbe Desjirez, qui avut su y elevei le niveau des études a une telle h tuteur que le collège de Caen uvahsait saus désavantage avec les premiers de la capitale
CHERBOURG. SE 5
ploits qui signalèrent la conquête de l'Angleterre par son glorieux époux. Vous voyez ainsi se dérouler devant vous les différentes scènes de ce grand événement, depuis les premiers démêlés de Guillaume avec Harold, jusqu'à son couronnement, après la bataille d'Hastings, dans la ville de Londres. Je ne saurais nier toutefois que le dessin ne laisse un peu à désirer, surtout comme perspective.
Arromanches doit, comme Trouville, à la beauté de sa plage la renommée et la fortune. Il y a toutefois cette différence qu'on peut encore y mener cette vie calme et sans étiquette qui deviendra bientôt un mythe, à en juger parles progrès du luxe qui monte partout comme une marée sans reflux.
Port-cn-Bessin (Calvados). — A une heure de Bayeux. Seulement, au lieu de vousy rendre directement, faites-vous descendre, aux deux tiers du chemin, à l'endroit appelé la Fosse du Soucy'. Là, vous verrez une rivière, l'Aure, et d'autres petits cours d'eau aboutir dans une prairie, tournoyer sur eux-mêmes, puis disparaître à travers les porosités du sol, pour aller ressortir, à deux kilomètres plus loin, près de la mer, où ils se jettent. C'est une représentation en miniature de la célèbre « Perte du Rhône », On montre près de là également un ancien camp de César,
Port-en-Bessin, contrairement aux autres plages du Calvados, est une plage de galet.
Cherbourg (Manche). — Si, par ses chantiers et ses bassins, Cherbourg est notre premier port maritime, il est, par sa digue, la huitième merveille du monde. Par exemple, je ne saurais y voir la neuvième dans la statue équestre de l'empereur Napoléon Ier, qui regarde la mer. Contentons-nous de dire que cest une oeuvre comme heureusement il y en a peu...
Les bains sont situés à droite de la plage, dans un endroit solitaire, ce qui leur donne de loin l'aspect d'un lazaret. Leur installation est bien entendue; cependant leur isolement fait qu'ils sont presque entièrement abandonnés aujourd'hui.
C'est par Cherbourg que nous terminerons ce qui a trait aux Plages normandes.
^— Il est d'autres plages qui depuis quelque temps ont singulièrement fait parler d'elles, et cela dans les meilleurs termes ; ce sont les Plages bretonnes. Deux surtout, Paramé et Dinard, nous semblent avoir tous les titres voulus pour prendre place dans notre Guide. C'est par Saint-Malo qu'on y accède; c'est par Saint-Malo également que nous mettrons le pied sur le littoral de la Bretagne, mais en y faisant un temps d'arrêt, car la "ville et sa plage méritent plus qu'une.simple mention.
S5Ô BAINS DE MER.
SAINT-MALO (ILLE-ET-VILAINE).
Plage a fond de sable.
ITINÉRAIRE DE PARIS A SAINT-MALO — Chemin de fer de l'Ouest jusqu'à Saint-Malo même 10 heures —Debout s 48 fr. 65 c
Saint-Malo est une ville d'un aspect des plus étranges. Construite sur un rocher dans la presqu'île d'Aaron, elle est entourée d'une ceinture de rempaits en granit, assez large pour former promenade tout autour de la ville à la hauteur du premier étage des maisons.
Saint-Malo ne communique avec le continent que par une langue de terre appelée le Sillon Cet isolement explique com ment, au moyen âge, la défense du poit avait pu être confiée, la nuit, à une troupe de dogues de forte race et d'humeur peu endurante, qui, parcourant son enceinte dans tous les sens, remplissaient l'office d'une vigilante patrouille. D'où la chanson populaire de Al Du Mollet qui, effectivement, pouvait craindre pour ses « mollets » s'il se trouvait attarde dans le port.
Heureusement les nombreux visiteurs qu'attire aujourd'hui à Samt-Malo la beauté de sa plage et aussi l'attrait de ses souvenirs, n'ont rien de semblable a redouter.
Saint Malo a autant dire pour soeur Saint-Servan, ces deux villes étant juxtaposées, mais ayant chacune leur bassin propre. On se rend de l'une à l'autre en deux minutes par un système de locomotion fort ongmal appelé le Pont-Roulant*.
Samt-Malo a été la patrie d'une multitude d'hommes célèbres dans tous les genres et a divei s titres. Qu'il nous suffise de citer Maupertuis, Duguay-Trouin, Surcouf, Broussais, Lamennais et Chateaubriand Chateaubriand est peut-être celui qui est îesté le plus populaire, son nom figure sur tous les murs. On sait du îeste que, par un touchant témoignage de son attachement pour sa ville natale, l'illustre auteur du Génie du Christianisme a voulu que sa dépouille mortelle reposât a Samt-Malo, a une place designée par lui-même et qui est devenue comme un heu de pèlerinage.
I Figurez-vous une plate-forme, a la hauteur des quais, sur laquelle les voyageurs prennent plice et que supportent quitre colonnes de fonte qui reposent sur des rails établis au fond de la mer A un signal donne, la vapeur met en mouvement ce pont qui roule ainsi d'uue rive a 1 autre a travers le* flots par le jeu d'un va-et-vient.
• PARAJII:. 357
C'est à un sentiment du même genre, mais exprimé sous une forme moins triste, qu'a obéi son petit-neveu, le comte Geoffroy de Chateaubriand, en faisant restaurer avec tant de goût le vieux château de Combourg, berceau de sa famille.
PARAME (ILLEET-VILAINE).
Plage à fond de sable.
ITINÉRAIRE DE PARIS A PARAMÉ. — Le même que jiour St-Malo d'où un omnibus vous conduit en sejit minutes de la gare à Paramé.
Paramé est situé à deux kilomètres et demi de Saint-Malo et occupe le point central de la courbe gracieuse qui, du côté de l'est, relie cette ville à la grève de Rochebonne. Le littoral sur tout ce parcours est tapissé d'un sable moelleux et fin, aussi agréable pour le bain que pour la promenade.
Paramé est divisé en deux parties bien distinctes : Y Ancien bourg et la Ville d'eaux.
L'ancien bourg n'est point bâti sur les bords de la mer. Il en est même distant d'un quart de lieue ; seulement un magnifique boulevard, planté d'arbres et bordé d'élégantes constructions, l'y rattache à la manière d'une avenue.
La ville d'eaux est construite au contraire en bordure de la plage. Si ce nouveau Paramé ne mérite pas encore le nom de ville, je n'hésite pas cependant à le lui donner par anticipation, tant il me paraît en offrir déjà les caractères. Ainsi ces cottages, ces villas, ces palais, aux formes bizarres et à l'architecture fantaisiste, que le cajnùce de leurs constructeurs a semés çà et là le long de la côte, sont comme les jalons et les {lierres d attente de la future cité. Vous verrez s'y opérer le même phénomène que pour les banquises des mers du nord, qui, tout d'abord simples îles flottantes, finissent par se souder au point de former de vrais continents.
Cette transformation de Paramé me paraît devoir très-rapidement s'accomplir pour des raisons faciles à comprendre.
Le personnel qui fréquente la plage bretonne est tout autre que celui qui fréquente les plages normandes. Pour celles-ci, i élément dominant c'est l'élément parisien; pour celle-là, c'est 1 élément cosmopolite. Ceci s'explique par la différence de distance des localités. On ne peut aller de Paris à Paramé pomme on va de Paris à Trouville, pour y passer quelques Jours, voire même quelques heures, ainsi, par exemple, que
21
358 BAU\S DE MER.
cela se pratique pour le train dit des «mans » Non C'est de tous côtes que Paramé recrute sa clientèle, mais, une fois arrive, on y îeste pour la saison
On y reste même quelquefois plus longtemps encore C'est que, dms ce petit coin a peine connu de la Bretagne, la vie est si facile, 1 hygiène si paifaite, les logements a des conditions si douces que, non seulement on se plaît a y revenu, mais on se plaît à s'y fixer. Aussi l'histoire des locataires devenus pioprietaires est elle celle de tous les jours. Comment s'étonner des lors que la population augmente si rapidement'
Paramé, comme tout bain de piemier oïdie, a tenu à avoir son Giand Hôtel et son Casino. Ces deux édifices, ]e pouirais dire ces deux monuments, étaient le complément indispensable des aménagements de la plage, pai suite du grand mouvement de touristes dont Saint-Malo est le centre et dont Paramé devient l'aboutissant Quant a leur distribution mteneuie, ]e relèverai cette seule pirticulanté, mais particularité d'une împoitance capitale, qu'on y a tout disposé pour en faire une résidence d'hiver
C'est que, grâce a l'influence du gulf-stream, il règne dans toute cette zone de la Bietagne une température moyenne tellement douce que le figuier de Piovence et le cimeln de serre, ces deux plantes si impressionnables au froid, y cioissent en plein champ. Paramé n'est donc pas seulement une plage balneaue, c'est de plus une station hivernale. Aussi 1 a l on surnommé déjà la Nice du nord
DINARD (ILLL-ET-VILAINE). Plage a fond de sable.
ITINÉRAIRE DE PARIS A DI>ARD — Le même que pour Samt-Malo d'où on se rend en baleau en un quart d heure a Dinard
Nous voici à Saint-Malo. Pour gagner Dinard qui en occupe la côte occidentale, commençons par nous onentei
On ne peut, comme pour Paramé, s'y faire condunednectement par tene, car une sorte de canal forme par l'embouchure de la Rance vous en sépare. Il vous faut donc vous rendre au petit Bac à vapeur — le nom de « bac » lui est resté — qui chauffe à votie intention à la cale de Dinan, et qui ne mettra qu'une dizaine de minutes à faire la traveisee Et quelle traversée ! Le panoi ama qui se déroule sous vos yeu*i
SAlNT-BIlIAC. 359
surtout dans la direction de Saint-Servan, a réellement quelque chose de féerique.
On prend terre à l'endroit dit Bec de la vallée, que domine un massif de rochers dont il faut gravir la pente pour gagner Dinard.
Dinard offre comme situation quelque analogie avec les villes d'Orient sur le Bosphore. Des hauteurs qui regardent la mer, on aperçoit tout un gracieux pêle-mêle d'habitations plus i charmantes les unes que les autres, échelonnées sur tous les | accidents du terrain en pente douce qui mène à la plage, et entourées chacune d'un berceau de verdure. Si vous demandez quels en sont les heureux possesseurs, on vous citera les noms les plus connus dans les arts, les lettres, l'aristocratie et la finance, non seulement de France mais d'Angleterre. C'est que Dinard est comme Boulogne la station préférée des Anglais
La plage où l'on se baigne et qui porte le nom de Grève de l'Écluse, offre ce sable doux et fin qui est en quelque sorte l'apanage des côtes de la Bretagne. Si elle est un peu petite, en revanche elle est parfaitement abritée. Il y a un casino, construit sur la dune même qui l'avoisine, et qui, depuis quelques années, est devenu extrêmement vivant. Représentations théâtrales, concerts, bals d'enfants, salles de jeux, manège bien monté, etc., rien n'y manque.
Tel est Dinard. Quant à la ville proprement dite, elle a très-bon aspect; les rues en sont larges et spacieuses. Comme promenade, elle possède un magnifique boulevard planté d'arbres, d'un kilomètre de longueur de l'église à la mer, sur lequel sont construites d'élégantes villas destinées à lu location.
Saiut-Enogat. — A dix minutes à peine de Dinard se trouve Saint-Enogat. Pour se rendre à ce dernier bain, on suit un magnifique boulevard, sorte de route de la Corniche, qui borde et domine la côte. Vue de cette hauteur, la plage de Saint-Enogat présente à l'oeil émerveillé une telle réunion de délicieuses et pittoresques habitations qu'on s'explique parfaitement pourquoi on la désigne sous le nom de Villas de la Mer. Et dire qu'il y a quelques années à peine, tout cela n était qu'une pauvre grève déserte et inconnue !
Saint-^unairc et Saint-Briac.— De Saint-Enogat à SaintLunaire et de Saint-Lunaire à Saint-Briac, nouveaux décors d opéra et nouvelles surprises. Toutefois nous ne pousserons pas plus loin nos pérégrinations vers l'ouest, car ce que nous venons de dire suffit pour faire comprendre cette transformation
3t>0 BAIISS DE MER.
de toute la côte depuis Païame II nous faut donc prendre congé des plages bretonnes, non sans jeter un regard d'adieu et de regrets du côte du cap Frehel, qui semble en êtie la deimere étape se perdant a l'horizon.
PLAGES DE L'OCÉAN
Nous allons donner un bref aperçu des plages de l'Océan. Deux surtout ont la vogue, ce sont Biarritz et Aicachon Cette demieie est en même temps station d'hivei
Le Croisic (Loire-Infeneuie) — Belle plage sans îocheis, sans galets et offiant une pente ties douce.
Pornic (Loiie-Infeiieuie) — la plage, foimee d'un sable fin et moelleux, est pai futement disposée pour les bains
$altlcs-d Olonne (Vendée) — La plage est magnifique. Maintenant que le chemin de fei y aboutit directement, le nombre des baigneuis y devient plus consideiable.
lia Treml»Iadc (Chaienle-lnftneure). — Petite plage sablonneuse qui commence a f lire son chemin.
Koj.-in (Charente-Infeneui e) — Plage magnifique à sable fin et doux, comprenant tiois brins la Grande Couche, le Foncillon et Pontaillac
Arcachon (Gnonde) — Sui le bassin du même nom. Le flot aime en quelque soite jusqu au seuil des maisons Au milieu des dunes, dans une ventible forêt de sapins, se tiouve 11 ville d lnvei.
Biarritz (Basse» P\ i cneesï — Belle plige au sible ehs tique et fin fies en vue auiiefois et iende/-vous du monde politique Bien déchue aujoui d hui
PLAGES BALNEAIRES DE LA MÉDITERRANÉE
Du cap Ceibeie a la fionticie d Italie, le littoral de la Mediteiranec n'est piesque partout qu'une vaste plage balneaue, ou viennent, en etc, se baignei les populations des contiees avoism mtes Cepend int, ces côtes ne sont point semblables dans toute leui étendue, ni également propies a former des buns de mer Aulotu du golfe du Lion, elles sont basses, umfoinies, sablonneuses et paisemeos de lagunes et de lacs, paimi les' quels le plus giand et le plus cclebie est 1 étang de ilnu A l'est, au del i du Rhône, elles sont îocheuses, ties vauees et
PALAVAS-LES-FLOTS. 361
d'un agréable aspect. Or, si nous faisons abstraction de la côte de Provence, principalement renommée pour ses stations d'hiver, et si nous recherchons une localité exclusivement maritime, vraiment organisée pour constituer une station de baini où l'on puisse se rendre de partout et séjourner confortablement, nous ne rencontrons que Palavas-les-Flots.
PALAVAS-LES-FLOTS (HÉRAULT).
Plage à fond de sable.
ITINÉRAIRE DE PARIS A PALAVAS. — Chemin de fer de Lyon à Montpellier : 15 heures 16 min.; puis chemin de fer de Montpellier jusqu'à la station même : 28 minutes. — Débours: 84 fr. 80 cent.
Palavas-les-Flots est situé sur l'embouchure du Lez, à proximité de Montpellier. Les communications entre cette ville et la station balnéaire sont extrêmement multipliées. Descendez de wagon à Palavas rive droite, placez-vous sur le pont qui relie les deux rives, et tournez vos regards vers la Méditerranée : vous avez devant vous, sous un ciel idéalement pur, profond et d'un bleu richement ensoleillé, un magnifique spectacle. Voici la mer non moins azurée que le ciel et rayée par ces petites lames parallèles, mêlées de blanc et de bleu, qui représentent ici les vagues, mais en miniature. Voici le canal, que sillonnent de nombreuses embarcations; enfin, les maisons, les hôtels, les villas aux façades élégantes ; et la foule à la voix retentissante, qui se presse : car c'est une plage fort animée que Palavas, quand vient la saison des bains.
En tout temps, Montpellier, Cette, Lunel et les villes avoisinantes se rendent à Palavas; mais à l'époque des bains de mer, vous y rencontrerez, en outre, un très grand nombre d'étrangers, des familles entières qui vont s'y installer en villégiature ou pour y suivre une cure maritime. Et rien de plus aisé à accomplir, si vous désirez vous plonger dans le sein des flots : vous n'avez qu'à vous présenter au grand établissement de bains de M. A. Deschamps; et vous vous baignerez aussitôt d une façon agréable, confortable et sûre ; je le recommande a toute personne soucieuse de bien-être. L'installation est de premier ordre, les cabines bien aménagées ; et, ce qui ne gâte rien, vous aurez affaire à un personnel rempli de bonne volonté et de prévenance.
Mais il n'y a pas à Palavas que l'habitation et la mer. On y trouve aussi la distraction, la bonne chère et les plaisirs. C'est
362 BAItsS DE Mm.
le grand Casino, que vous îencontiez tout d'abord sur vos pas, en descendant du pont, qui se chai géra de vous satisfaire, même si vous êtes des plus difficiles, sous la conduite de son habile dnecteur, M Manus Gianiei. Il est admirablement situé, ce Casino, sur le bord même de la mer; et justement renomme poui son aménagement gracieux, pour sa salle de bal, son théâtre, ses diveis salons et le résumant à la cuisine succulente qui y est annexé Rendez-^ous de la société élégante, on y joue l'opeiette, OD y donne des conceits de joui et de nuit, des soirées, des bals, et suitout des bals d'enfants, qui sont très suivis et où nous avons vu gi andement s'amuser tout le petit monde et même le giand.
L i plage de Palavas est saine c'est un des points les plus salubres de cette côte un peu b isse, et l'on ne se souvient pas d'y avoii vu depuis foi t longtemps la plus légère épidémie Les chaleurs y sont tempeiees alternativement par la buse de tene et de mei L'eau de la mer y est fraîche sans êlie froide, la pi ige splendide, le sol finement ensable et moelleux, le flot 1 ai ement agite, et comme nous n avons ici ni flux m reflux, on compiend, sans qu'il soit besoin d'insister, combien cette station est agréable aux grandes personnes, et d '»n accès facile aux enfants et aux valetudimnes.
Les environs sont dignes d'être parcourus : Maguelonne avec les mines de la vieille cathédrale, et l'étonnante montagne de Cette, et Montpellier, où je vous conseille de visiter les oeuvres de noti e sculpteui Injalbert • ses lions que conduisent des amouis, sui la place du Peyrou, a la préfecture, sa statue de l'Heiault et ses deux hauts-ieliefs îepiesentànt IOib et le Lez le Lez gracieux dont je vous engage a suivre les bords
FLORE ET FAUNE MARITIMES
Nous en avons fini avec cette nomenclatuie un peu sèche des plages où l'on se baigne Une compensation nous est donc, bien pei mise C est a ce litre que nous allons jeter un coupl d'oeil sui la Flore et la Faune mantimes, sujet intéressant dont Pline a dit avec raison • « Tout ce qui existe ailleurs se îetiouve dans la mer, mais la mei a beaucoup de choses quon ne rencontre pas ailleurs » (Quidquid nascitur m patte naturie^ ulla et in maie esse, pioeteique multa quse mifquam alibi)
Voye? ces fleurs qui émaillent les rochers que la mer vient d'abandonner, comme les plqueiettes emaillent le tapis de nos
FLOUE ET FAUNE. 363
prairies que le soleil inonde. Quelle vivacité de couleurs ! Quelle délicatesse et quelle variété de formes ! Les unes, por îéespar une tige charnue, s'épanouissent en une couronne d'étincelanls pétales ; d'autres se balancent au sommet d'un pédicule menu et flexible, que surmonte une aigrette aux reflets argentés ; plusieurs figurent des boules aériennes qu'on prendrait pour des têtes de pissenlit, et qu'on croirait de môme pouvoir souffler en se jouant; quelques-unes enfin rappellent ces étoiles et ces disques dont les poètes aiment à parer le front des Néréides. Et dire que tout cela marche, que tout cela mange, que tout cela obéit à de véritables instincts ! On les voit, l'été, se rapprocher des côtes pour prendre leur part des rayons solaires, et, l'hiver, s'en éloigner pour gagner les profondeurs où elles trouveront des températures plus stables. Aperçoivent-elles quelque proie à leur portée, elles la saisissent avec leurs tentacules et l'engloutissent dans leur cavité centrale qui est tout à la fois un estomac, un coeur et un cerveau. Il en est même quelques-unes pour lesquelles cette existence par trop prosaïque ne saurait suffire ; il leur faut des impressions de voyage.
En voici précisément une qui se dirige vers nous, voiturée par une espèce de crabe dont la carapace lui sert de palanquin; c'est VJnémone parasite. Ce crabe lui-même, qui a nom « Bernard l'hermite, » est un bien singulier personnage. Comme la nature a garni la partie antérieure de son corps d'un teste solide, mais a laissé la partie postérieure sans défense, il y supplée en faisant choix d'une coquille vide dans laquelle il s'introduit à reculons, comme on le fait pour les gondoles vénitiennes. Jusque-là rien que de très-licite. Ce qui l'est moins, c'est que, s'il rencontre quelque autre crabe dont la coquille lui plaise mieux, il ne négligera rien pour en chasser le propriétaire légitime; caresses, ruses, perfidies, violence, tout lui sera bon. Gardons-nous toutefois de nous montrer trop sévère à son endroit, car c'est là un mode d'annexion qui n'est pas exclusivement à l'usage des crustacés. j Inutile d'ajouter que notre anémone ne saurait prendre aucune part à ces luttes dont le résultat le plus net, si sa monture /est victorieuse, sera de la mettre à pied par l'abandon de la coquille qui la portait. Laissons donc le couple voyageur continuer Je cours de ses pérégrinations.
Ce qui, pour le médecin, distingue surtout la flore maritime et constitue sa supériorité sur la flore terrestre, c'est que pas un de ses produits ne contient de principes vénéneux;
364 B4INS DE MER.
plusieurs même, tels que les lichens et les fucus, fournissent a la thérapeutique d'utiles pieparations
Par une paiticulante bien digne de remarque, les végétaux qui peuplent les océans remplissent les mêmes fonctions que ceux qui M\ent dans notre atmospheie. Comme eux, ils constituent un puissant moyen d'assainissement, en ce qu'ils renouvellent, par la décomposition du gaz acide caibomque, la provision d'oxygène dont les animaux marins n'ont pas moins besoin que les animaux tenesties pour respner
Les animaux manns ' Mais peut on dire exactement ou la plante finit et ou l'animal commence ? Sans doute ces diffei ences sont tiancliees au sommet des deux îegnes, seulement arrive t-on aux degies infeiieurs, elles deviennent de plus en plus obscures. Linné 1 a dit en termes aussi tonus que Mais a La naluie ne procède point pai bonds » (pâtura non faut saltum). C'est au point qu il semble qu'au moment d'animei la matieieineite, elle ait hésite, incertaine si elle ferait du nouvel être un animal ou un végétal II est Mai que le doute n'existe plus poui les types plus pai faits. Choisissons donc paimi ceux ci quelques exemples qui pounont nous servn a donner un aperçu de la faune m intime.
Une pienneie chose a noiei, c'est que, tandis que le \e0etal ne sauiait nous nuire, l'animal au contiaire doit plutôt nous înspnei de la crainte que de la confiance. Et je ne parle pas seulement de ces monsties tels que le requin qui semblent avoir voue une guene a moit a notre espèce. Je ne désigne pas davantage la pieuvre d, ce Ci oquenntaine d un autie génie dont les exploits n'existent heuieuieusement que dans l'imagination par trop féconde d'un poète fantaisiste. Non J'empiunterai mon exemple a un simple petit poisson, ties-frequent sur nos cotes, qu'on appelle la five.
La vive (draco minor) a la nageoire dorsale poui vue d'un dard long et acere qu'elle redresse subitement quand on veut la saisn, et qui piovoque une douleur aiguë et prolongée Aussi croit-on geneialement que son arme est empoisonnée comme celle de l'abeille, et est-on dans l'usage de cautériser la plaie Or, je me suis assure par une dissection tres-attentive qu'il n'existe chez elle aucun organe pour sécieter le venin Comment donc expliquer l'acuité de la douleur ? Je l'atti îbue a ce
\ C'est le poulpe Sins doute ses ventouses ont quelque chose d'effraym 1» imis elles lui servent be mcoup plus pour ses us ige° peisonnels et IU besoin sa défense qu'il le les emploie comme irme offensive.
FLORE ET FAUNE. 365
que le dard pénètre les chairs très-profondément, que celles-ci sont très-sensibles et que leur texture serrée les expose à s'étrangler. Ce qui le prouve, c'est que le traitement le meilleur consiste dans l'emploi des topiques émollients ; si, malgré cela, la douleur persiste, il peut être utile de recourir au débridement, mais non à la cautérisation.
Je ne saurais donc trop engager ceux de nos baigneurs qui se complaisent aux pêches côtières, surtout à celle de la crevette, à se tenir en garde contre la vive, quand il s'en rencontrera quelqu'une dans leurs filets. Rien de redoutable comme l'habileté avec laquelle elle manie son arme.
Cette habileté, du reste, se retrouve chez tous les animaux, grands et petits, amphibies et autres, qui habitent la mer. Heureusement, c'est beaucoup moins encore contre l'homme que contre eux-mêmes qu'ils l'exercent. S'agit-il de s'entredétruire, ils déploient toutes les ressources, toutes les ruses, j'allais dire tout le génie de la guerre de surprise et d'embuscade.
Voyez ce petit être qu'on appelle Fourmi-lion. Trop faible pour attaquer de front son ennemi, il étudie sur le sable les traces de son passage, y creuse un trou microscopique, puis se tient à l'affût. A peine l'a-t-il vu rouler dans l'abîme, qu'il se précipite vers lui, et, profitant de ce qu'il est tout étourdi de sa chute, en a facilement raison.
Non moins curieuse est l'industrie de certains crustacés (Nassa reticulata). Ils se blottissent sous le sable, ne laissant poindre au dehors que l'extrémité de leur petite trompe qui doit les avertir, à la manière d'un conducteur, de la présence de leur proie. Aussitôt qu'ils en sentent le contact, ils sortent de leurs cachettes, comme les nonnes de leur tombeau dans l'opéra de Robert, et l'accablent de leur nombre.
Vous citerai-je la Sèche, qui commence par aveugler son adversaire, en lui lançant du noir dans ses eaux, absolument comme certains voleurs commencent par aveugler leur victime, en leur lançant du poivre dans les yeux ?
Et la Torpille! La batterie électrique avec laquelle elle foudroie son ennemi à distance, est-elle donc sans analogie avec nos décharges d'artillerie?
Si nous voulons par la pensée nous reporter à d'autres mers que les nôtres, nous assisterons à des spectacles plus curieux encore. Un poisson, par exemple, qui en pêche un autre à la ligne ! Tel est le passe-temps auquel se livre la raie appelée Lophius piscatorius. Elle ne fait du reste qu'employer l'amorce
366 DAIÎlS DE MER.
dont la nature l'a dotée dans ce but. De sa tête partent plusieuis tentacules terminés, à leur extrémité libre, par un i enllement spongieux et charnu, d'un aspect appétissant. Ce renflement elle le laisse flotter, comme un appât, à la suiface de l'eau, tandis qu'elle-même se tient cachée sous une roche ou un fucus. Quelque poisson sans défiance Ment-il à y mordre, aussitôt elle fait jouer un ressort qui 1 amené vivement le tentacule dans sa bouche entr'ouverte de manière a y engloutir le prisonnier, et cela sans qu'il puisse en sortir, car ses dents, disposées en herse, n'ont d'écartement que juste ce qu'il faut pour livrer passage au retrait de l'amoice.
Un combat plus loyal est celui que se livrent ces poissons poite-epee nommés Espadons. Lorsque deux champions se rencontient, ils s'observent d'aboi d a distance, comme pour juger de leurs endroits faibles, puis commence un véritable duel, lequel se termine assez souvent par la moit des deux adversanes. Plus soucieux en effet de l'attaque que de k parade, ils se précipitent l'un ^ers l'autre avec une telle furie qu'il n'est pas rare qu'ils se tianspercent mutuellement avec le long glaive dont leur nez est ai me
Mais détournons nos regards de ces scènes de meurtre. D'ailleuis nous l'avons déjà dit, les poissons seraient destines a mourir de faim s'ils ne se dévoraient entre eux, et de deux maux il est assez juste qu'ils choisissent le moindre. Puis qui sait si, en subissant cette dure nécessité de la faim (malesuada james), ils ne font pas violence à leurs véritables instincts ? Ce qui me le feiait croire, c'est qu'on cite d'eux des tiaits qui prouvent en faveur de leur excellent naturel. En voici un, pai exemple, que j'empiunte a Pline
« Un enfant, dit il, eut l'idée, pour se îendie sans fatigue a l'école, de monter sur le dos d'un dauphin auquel il avait fait signe d'approcher. L'animal s'y prêta de bonne grâce et vint ainsi, tous les matins, le voituier de Pouzzole a Baia pour le ramenei, le soir, a la même place. Ce petit manège dura toute une année, « sans que cela fît un doute pour personne » (qurd nemo dubitarei). Cependant l'enfant tomba malade et mourut. Le dauphin continua, comme par le passe, de venir au rendezvous , mais, comprenant a l'absence de son jeune ami qu'il lui était anive quelque malheur, « il en éprouva un tel chagim qu'il ne tarda pas a succomber » (desiderio expirai it.)
Autre fait dû également au même naturaliste, et tout a fait digne de lui servir de pendant.
« Un dauphin ayant ete pus par un roi de Carie » [rege
FLORE ET FAUNE. 367
Carise) fut attat hé dans le port. Les autres dauphins arrivèrent de tous côtés, et implorèrent sa grâce par des signes dont il était impossible de ne pas comprendre l'éloquente tristesse (eloquens moestitia). Us restèrent ainsi dans l'attitude de suppliants, « jusqu'à ce que le roi eût rendu la liberté au captif » (donec dimitti rex eumjitssit).
Voilà certes deux très-beaux traits, tellement beaux même que quelques personnes pourront être tentées d'en suspecter l'authenticité. On ne saurait nier toutefois que les dauphins ne soient réellement susceptibles de sentiments d'attachement. « On en voit, dit Martial, dans les piscines sacrées, qui connaissent leurs maîtres, et viennent en Mgeant leur lécher la main. Comme ils ont chacun un nom, dès qu'il les appelle, ils s'empressent d'accourir à sa voix : »
Sacris piscibus hoe natantur undoe Qui noscunt dominum, manumque lambunt. Quid quod nomen habent et ad magistri Vocem quisque sui venit citatus.
Nous-mêmes n'avons-nous pas vu, il y a quelque.» années, à Paris, un dauphin (lisez phoque) qui faisait mieux que cela encore ? Il disait papa et maman, au commandement de sa maîtresse, puis il allait lui lécher les mains en lui lançant des regards où respirait la tendresse la plus vive.
Je suis donc très-disposé à croire tout ce qu'on me racontera de l'intelligence de ces amphibies. Cependant Pline met la crédulité de ses lecteurs un peu trop à l'épreuve lorsqu'il affirme que les dauphins de son temps connaissaient assez leur .figure pour savoir qu'ils avaient le nez camard, assez leur latin pour savoir que camard se disait simus, et assez les etymologies pour savoir que de simus on avait fait Simon. « Voilà, s'écrie-t-il, la raison pour laquelle le nom de Simon leur est particulièrement familier, et pourquoi ils sont charmés qu'on ne leur donne» [qua de causa nomen Simunis omnesmiro modo cognoscunt, maluntque ita appellari). Si réellement les dauphins de Rome en savaient si long, j'avoue à ma honte qu'ils étaient beaucoup plus forts que moi en linguistique. _ Ces animaux, du reste, ont été de tou" .emps des héros de légendes. Chacun connaît l'histoire d'Arion sauvé du naufrage par un dauphin qu'avaient ému les accents de sa lyre. Oppien dit en avoir vu sortir de la mer pour venir écouter des bergers qui jouaient de la flûte. Enfin Pausanias affirme en avoir
368 BA^S DE MCR.
entendu un exécuter des sali sur une conque qu'il maniait avec l'aisance d'un véritable vu tuose
Mais, et c'est par la que nous terminerons ce qui a tiait a la faune maritime, c'est surtout chez lesSnenes, ces « monstres de la mer à la voix mélodieuse »
Monstra maris Sirènes erant quoe \oce canora,
comme les appelle Ovide, que l'instinct musical était le plus développe. Il l'était tellement qu'Homeie en a fait le sujet d'un des plus chai niants épisodes de son immoi telle Od-jisee. Disons le de suite, leur voix n'a rien perdu aujourd'hui de son pouvoir fascinateur, leurs goûts seuls se sont un peu modifies. Ainsi, tandis que la Su ene d'autrefois recheichait de piefeience les écueils escarpés et les rochers deseits, la Sirène moderne a, au contraire, un très-grand faible pour nos plages les plus fréquentées et tout spécialement nos casinos 11 s'est opère de même quelques ihangements dans leur structure anatomique. La première était moitié femme et moitié poisson, la seconde est moitié femme et moitié deinon Enfin, et c'est là une circonstance des plus fâcheuses, la race qui avait le privilège d'en affionter les séductions païaît bien près Us s'éteindre; c'est celle des Ulysses.
ÉTUDES
SUE
I/HYDROTHÉRÀPIE.
A l'époque où je lis paraître ces Etudes, l'hydrothérapie était à peine connue en France. Aujourd'hui, au contraire, elle y est pratiquée sur une très-grande échelle. Mais, avant d'entrer en matière, il ne sera peut-être pas sans intérêt de donner un aperçu historique de l'emploi de l'eau froide et du parti que les anciens savaient en tirer. Nous serons conduits ainsi à comparer leurs pratiques avec les nôtres ; or, je n'hésite pas à le dire tout d'abord, il ressortira de ce rapprochement que ce quil y a de réellement nouveau dans l'hydrothérapie moderne, c'est moins la chose que le nom.
DE L'EMPLOI DE L'EAU FROIDE.
L'eau froide est certainement le premier agent naturel dont 1 nomme ait fait usage, soit comme moyen d'hygiène, soit à titre de médicament, et cela dès l'origine des sociétés. Virgile dit en parlant des premiers habitants de l'Italie : « Ce peuple doit sa robuste constitution à l'habitude où l'on est de plonger l'enfant, aussitôt sa naissance, dans l'eau glacée des fleuves : »
Durum ab stirpe genus, natos ad flumina primum Deferimus, soevoque gelu duramus et undis.
Il est de même parlé à tout instant dans les livres saints de 1 emploi de l'eau froide. Sans doute, les ablutions, dans leur symbolisme transparent, devaient enlever à l'âme ses souillures, mais elles eurent souvent aussi pour objet, à un autre
370 HYDROTHERAPIE.
point de vue, la santé de nos corps Ainsi, la fille de Pharaon était au bain quand elle sauva Moïse, exposé sur le Nil, le prophète Elisée prescrivit a Naaman l'eau du Jourdain, comme 'e meilleur lemede de ses maux , enfin Judith, sur le point d'affranchir Israël en tuant Holopherne, allait chaque nuit îetrenper ses forces dans les fontaines de la vallée de Bethuhe
La théogonie païenne n'eut garde, non plus, d'oublier dans ses fictions cette utile intervention de l'eau froide Ovide repipsente Diane « se délassant de ses fatigues de la chasse dans le cristal des sources voisines *
Hic Dea silvarum venatu fessa solebat Virgineos artus liquido perfundere rore.
De même les muses, au dire d'Hesjode, n'avaient pas de plus délicieux passe temps que la natation dans les lacs qu'ombrageaient les bois sacrés de l'Olmius, du Permesse et de l'Hippocrene.
Si, le prenant sur un ton moins eleve, noi's descendons d ins les détails de la vie intime des anciens, nous v verrons 1 eau froide employée absolument de la mime manieie et dans les mêmes circonstinces que de nos jours <> Des lotions 1 sui le visage doiv ent former, dit Ovide, la toilette du malin »
Oraque suscepta marie Ieventur aqua.
Perse veut de même « qu'on se plonge deux ou tiois fois la tête dans l'eau du libre, afin de faire disparaître les traces de la nuit »
Tibenno in gurgite merge
Mane caput bis terque et noctem flumine purga.
Atalante, si l'on en croit Stace, a se rendait, dès avant le jour, pies des ondes glacées du fleuve Ladon, pour dissiper la pénible impiession de ses rêves »
Ante diem gelidas ibat Ladonis ad undas, Purgatura malum fluvio vivente soporem *
Enfin loisque, dans 1' égamrmnnnàe Seneque, Iphigénievient de s e\anouir . « Esela\es, s'ecne son peie, accouiez pour U
I Consulter pour plus de det nls sur ces lotions ma Toilette d'une RomaiM au lem\s à1 A truste, et Conseils a une Pansienne sut les Cosfi etiques, 3eCu>" tu n, p iges 8 et suivantes Gainiei fieies, Pans
DE L EMPLOI DE L EAU FROIDE. 371
ranimer avec de l'eau froide ; déjà ses yeux languissants se rouvrent à la lumière : •>
' Famuli, attollite;
Refovete gelito latice; jam recipit diem Marcente visu....
Si l'eau froide entrait ainsi pour beaucoup dans les habitudes et l'hygiène des anciens, elle jouait un rôle peut-être plus important encore, comme topique chirurgical. Ouvrez Homère ; elle constitue le premier et souvent l'unique pansement. C'est Patrocle qui lave simplement avec de l'eau la blessure de son ami Euripide; c'est Hector, atteint d'une pierre lancée de la main d'Ajax, qu'on emporte sur les bords du Xanthe pour lodonner ses contusions avec l'eau du fleuve ; c'est jusqu'à ce pauvre Polyphème qui, privé de la vue par Ulysse, n'emploie pour bassiner son unique oeil d'autre collyre que l'eau froide. Virgile n'a fait que copier Homère, quand il a dit : « Une onde fraîche lave le sang de son oeil évidé : »
Luminis effossi fluidum lavit unda cruorem.
Dans Stace également, vous entendez Hécube s'écrier à l'aspect de Polyxène tout sanglant : « Pourquoi tarder ainsi à arroser avec de l'eau ses plaies si cruelles ? »
Quid moror interea crudelia vulnera lymphis Abluere ?
Et l'infortuné Créon, que demande-t-il si ce n'est « de laver avec de l'eau les blessures palpitantes de son fils, et d'en sécher le sang qui coule encore ? «
Liceat tnisero tremebunda lavare
Vulnera, et undantem lymphis siecare cruorem.
Notez ces expressions : a Sécher le sang avec de l'eau » (siecare cruorem lymphis). Elles se retrouvent à tout instant dans les poètes. C'est que les anciens connaissaient parfaitement les vertus hémostatiques de l'eau froide. Témoin ce passage où Virgile décrit le pansement fait à Énée : oc Le vieil Japis, dit-il, lotionne ses blessures avec de l'eau; aussitôt tout le sang s'arrête à la surface de la plaie : »
Fovit ea vulnus lympha longarvus lapis, Ignorans ; omnis stetit imo vulnere sanguîs.
372 HYDROTHERAPIE.
Stace va plus loin. Il explique par quel mécanisme Hippomédon eut une hemorrhagie consécutive « Le sang, dit-il, se remit à couler Longtemps il s'était arrête par l'action de l'eau, mais, au contact de l'air, il s'échappa de nouveau pai l'orifice trop peu 1 esistant de ses vaisseaux »
. . Tune vulnera minant
Quippe sub amne diu stupuit cruor, aère nudo Sofvitur et tenues venarum laxat hiatus
Les anciens, nous le voyons, employaient l'eau froide avec beaucoup de discernement; il n'est, du reste, question nulle part qu'ils y joignissent aucun pnncipe etianger Sous ce rapport leui pratique l'emportait sui la notre, ou du moins sui celle de nos commères, qui croient faire merveille en ajoutant du sel a l'eau dont elles se seivent poui laver les plaies Ce sein a d'autre effet, le plus souvent, que d'irriter les surfaces entamées et d'accroître la douleur, sans aucune compensation avantageuse pour les malades.
Nous bornerons la ces citations. Céder trop facilement à nos souvenirs classiques serait nous écarter de notre sujet, car il nous impoite moins de connaître les applications geneiales de l'eau froide que les procèdes propres a la médication hydrotherapique Voyons donc en quoi consistait cette médication chez les anciens, et tout paiticuherement a Rome.
HYDROTHERAPIE ANCIENNE.
ANTOMUS MUSA, CHAB.MIS.
C'est à Rome, sous le règne d'Auguste, que l'hydrothéiapie a pris naissance. Antomus Musa, affranchi de ce pnnee, et frère dEuphoibe, médecin du roi Juba, doit en être regaide comme l'inventeur et le parrain. Il fut le premier, en effet, qui sut faire întei venir l'eau froide en boisson, en bains et en douches, dans le traitement des maladies les plus graves, trouvant ainsi, dans l'emploi d'un agent aussi simple que puissant, le secret d'une nouvelle thérapeutique. L'essai qu'il en fit sur Auguste, dans un cas desespeie, fut couronne par le plus éclatant succès. Écoutons Dion Cassius • « Auguste, dit-il, venait d'être créé consul pour la onzième fois lorsqu'il tomba tresdangereusement malade. Sentant sa fin appiocher, il assera-
ANTONIUS MUSA. 373
bla les magistrats, les sénateurs et les principaux chevaliers; puis, après avoir conféré avec eux des affaires relatives aux choses de la république, il remit le sceau de l'empire entre les mains d'Agrippa. C'est alors qu'Antonius Mura entreprit de le traiter par un moyen nouveau, et qu'il le guérit en lui administrant l'eau froide à l'intérieur et à l'extérieur (xcà tj/uypoJiOucrÉotic; xtxl J/uxpoTCoo-iatç). Auguste, plein de reconnaissance, le gratifia d'une forte somme d'argent, de l'anneau d'or, et lui fit élever une statue près de celle d'Esculape; de plus, il lui concéda, pour lui et pour tous ceux qui exerçaient alors et qui exerceraient désormais la même profession, la noblesse ainsi que l'exemption des tailles J. »
De quelle maladie Auguste était-il atteint ? On admet assez généralement que c'était d'une maladie du foie. Suétone parle d'une affection hépatique qu'il aurait rapportée, l'année précédente, de son expédition de Biscaye : « Son foie, dit-il, était vicié par des distillations » (Jecur erat vitiatum distillationibus). Au lieu de « distillations, » nous dirions aujourd'hui « obstructions, J> ce qui n'en apprendrait pas beaucoup davantage sur la nature du mal. Je croirais plutôt, d'après la rapidité même de la guérison, qu'Auguste se trouvait en proie à l'une de ces coliques néphrétiques dont les effrayants symptômes sont si éminemment propres à impressionner les esprits. Notez qu'il y était sujet, a Elles lui causaient, dit Suétone, de vives douleurs dans la vessie et n'étaient soulagées que par l'expulsion de quelques calculs •• (questus est et de vesica cujus dolore, calculis demum per urinam ejectis, levabatur.) Or, ne serait-ce pas, par une terminaison semblable, mais passée inaperçue, que, sous l'influence de l'eau froide, sa maladie se serait encore une fois jugée? Toujours çst-il qu'Auguste resta fidèle à la médication hydrothérapique qui lui avait si bien réussi. Seulement, comme il était d'une constitution délicate s,
^ ■ En France, jusqu'à la fin du dix-septième siècle, les médecins furent qualifiés ne « nobles » dans les divers actes publiques. Il y avait même des facultés où Ion remettait au candidat, en même temps que son diplôme, un anneau d'or, en lui adressant ces paroles sacramentelles : « Recevez cet anneau, comme preuve de la noblesse accordée aux médecins par Auguste et par le Sénat romain » (rtccipe aureum annulum in signum nobilitatis ab Augusto et senatu romano med.ic.is concessse). Ce titre, qui ne comportait du reste aucun privilège, finit par tomber en désuétude.
2. Aussi prenait-il un soin extrême de sa santé. Redoutant, dit Suétone, •jout exercice violent, « son passe-temps le plus habituel était la pêche à la ligne » [animi laxandi causa modo piscabatur hamo). C'était un peu du reste la passion des grands personnages de cette époque, passion malheureuse queL.
37 4 HYDROUILRAPIE
il aidait à sa reaction <t en faisant précéder d'une sudation à la flamme ies lotions avec de 1 eau dégourdie » (sudabat ad flammam, de.nde perfundebatur egelida aqua) Cette «. sudation à la flamme, J° dont parle Suétone, n'était probablement pas sans analogie avec notre « sudation à la lampe. »
Voila donc Musa a l'apogée de la foi tune et de la gloire La faveur du maître lui eut bientôt crée les amitiés les plus illustres et les adulations les plus démonstratives II devint, pour me servir d'une expression toute moderne, le lion du jour. » 0 Musa, s'écrie Virgile, que je meure si personne m'est plus cher que toi ! Qui donc se flatterait de pouv oir te dépasser en science' *
Dispeream si te fuerit mihi canor alter' Doctior ô quis te, Musa, fuisse potest ?
« Est-il quelqu'un qui puisse t'egaler dans l'ait de bien dire ? »
O quis te in terris Ioquitur jucundior îmo'
C'est Virgile encore qui, dans l'ivresse de son enthousiasme, « lui demande pour toute faveur la permission de l'aimer, osant a peine reclamei la réciprocité de ses sentiments »
Quare îlfud satis est si tu permittis aman, Non contra ut su amor mutuus inde mihi.
Horace n'est ni moins ccpansif ni moins dévoué Peut-être même subit-il plus dnectement encore, comme malade, l'ascendant de Musa Qui l'aurait cru? Le joyeux convive, l'épicurien, le chantre du vieux Falerne n'a plus qu'une seule préoccupation, savoir ou se trouve la meilleure eau froide ' Ainsi, au moment de partir pour Vehe, ou Musa l'envoie suivre un tiaitement hydrotherapique, il ecut a un de ses amis pour avoir des renseignements sur les eaux de ce pays. * Boitquefois
Boitquefois elle l'est trop souvent aussi de nos jours Te moin (et épisode si connu des amours d'Octave et de Cleop itre, l'un se desol tnt de ce que le poisson ne mord pas, et l'autre envoy mt par une attention délicate, de* plongeurs en attacher furtivement a son hameçon
1 II n'est pas jusqu a ce m dlieureux Ovide, exile chez les Scythes, qui, lul aussi, ne s'ecnât comme une sorte d'echo de li glande ville qu il regrettait tant « Il y a dms l'eau froide certaine volupté qui a bien son chirme »
Est in aqua dulci non invidiosa volupt is
ANTONIUS MUSA. 375
on, lui demande-! 1, il, de l'eau de citerne ou de l'eau de source? Quant aux vins, il n'a plus à s'en occuper : »
Collectosne bibant imbres, puteosne perennes Jugis aquae ? Nam vina nihil moror illius orae.
Ce n'est pas sans regret, toutefois, qu'il abandonne les bains sulfureux de Baïa qui lui avaientsi bien réussi.Mais, ajoute-t-il, « Musa n'en veut plus; il me les fait bien vivement regretter quand il m'oblige, en plein hiver, à me plonger le corps dans
l'eau glacée : s
Nam milii Baïas
Musa supervacuas Antonius ; et tamen illis Me faeit invisum, gelida cum perluor unda Per médium frigus....
Musa, heureusement, ne lui défend ni le gibier ni le poisson. Aussi que de questions sur les ressources culinaires de la contrée ! Les lièvres et les sangliers y abondent-ils ? Le turbot y est-il délicat ? « C'est que, dit-il, je compte revenir chez moi gros et gras comme un Phéacien : »
Pinguis ut inde domum possim Phoeaxque reverti.
Cependant, au milieu de ces prospérités et de cette vogue, Musa est appelé près du jeune Marcellus, dont les jours sont en danger. Il croit devoir employer l'eau froide : Marcellus succombe. A l'instant la réaction la plus vive éclate contre lui et sa méthode. C'est la nature qui avait sauvé Auguste ; c'est Musa qui a tué Marcellus 1. Telle fut alors, telle serait hélas ! encore aujourd'hui la logique de l'opinion, toujours railleuse et si souvent injuste à l'égard de la médecine. Voyez plutôt dans quels termes Dion Cassius raconte l'événement : « Peu de temps, dit-il, après le rétablissement d'Auguste, il fut « reconnu que le médecin s'était attribué les mérites de la na« ture, car Marcellus ayant été traité par le même moyen, suc* comba. » C'est bien cela. Comme si l'on ne devait tenir au'
au' ^°.us sommes sans renseignements aucuns sur la maladie de Marcellus. Elle offrit des phénomènes si étranges, que tout le monde à Rome crut à un empoisonnement. Or, si réellement ce fut la main de Livie, épouse d'Auguste, qui versa le poison pour assurer le trône à Tibère* n'est-il pas probable que cette grande indignation contre Musa ne fut qn'une manoeuvre pour distraire les soupçons et égaver l'opinion?
376 HYDROTHERAPIE.
cun compte, pour l'appréciation des résultats des différences dans la gravite de la maladie ou dans la maladie elle-même 1 L'histoire a conserve le touchant souvenir des vers de Virgile sur Marcellus et dp l'évanouissement d Octavie à l'audition du célèbre hémistiche, mais elle ne dit pas que le poète ait ete aussi heureusement inspire dans les consolations qu'il adressa san» doute à l'ami et au médecin malheureux
Si l'hydiotheiapie ne fut pas etiangereàla moi t de Maicellus, la mort de Maicellus, a son tour, porta a l'hydiotherapie un coup dont celle-ci ne put se relevei , c'est au point qu'elle ne tarda pas a être complètement oubliée Aussi, lorsqu'un siècle plus taid, sous Néron, Chai mis quit a Maiseille, pour venir opérer a Rome une îevolution analogue a celle que Musa avait pioduite, s'emerveilla-t-on, comme d'une grande nouveauté, de le voir plonger ses malades dans l'eau fi oïde, et cela sans tenir aucun compte des rigueurs de la saison. Le bain froid redevint promptement de mode, son usage put même de telles propoi tions que ce fut a qui pousserait le plus loin la témérité et la folie «Je voyais, dit Pline, des vieillards consu« lanes étalant, par ostentation, leurs membres roidis parle « froid » (vtdebam senes consulat es usque in oslentationem ngenies). Seneque ne se montiait pas moins fanatique de l'eau froide Dans sa 83e Lettre qu'il écrivait dans un âge asse^ avancé, puisqu'il y dit de lui même <t Déjà notie âge ne descend plus mais tombe » (jam xtas nostta non descendit, sed cadit), il raconte que, le 1er janvier de chaque année, il était dans l'usage de se plonger dms les eaux de l'Cunpe ou delà source Vierge. (C'est cette dernière souice qu'on appelle aujourd'hui* fontaine de Trevi * )
Il n'est pas jusqu'à 1 empeieur que cette contigion du fioid n'eût gagne. Ainsi Néron faisait ajouter de la neige a ses bains, ce qui, au i apport de Tacite, ne l'empêcha pas de tomber gravement malade, et de conseiver par la suite une « santé chancelante » (anceps valetudo), pour avon voulu, apies une orgie, icmonter a la nage 1 eau de la fontaine Marcia Qui ne sait, du reste, que la réaction a beaucoup plus de peine a se faire lorsque le coi ps a ete affaibli et énerve par des excès' Oi, ces bains étaient bien réellement des bains hydiotherapiques, car, nous l'avons note en parlant d'Auguste, on les faisait quelquefois précéder de sudation « Nous nous rendîmes aux theimes, raconte Pétrone, et la nous nous précipitâmes, le corps tout en sueur, dans l'eau froide » Maitial dit également. «Pour peu que vous aimiez les pratiques des Laconiens,
' CHARMIS. 377
donnez-vous la jouissance d'un bain de l'eau Vierge ou de la fontaine Marcia, au sortir de l'étuve : »
Ritus si placeant tibi Laconum, Contentus potes arido vapore Cruda Virgine Marciave mergi.
11 n'est pas jusqu'à la douche froide dont les Romains ne connussent l'usage. Horace parle de malades « qui osent se laisser tomber sur la tête et sur l'estomac l'eau glacée des fontaines de Clusium et de Gabies : *
Qui caput et stomachum supponere fontibus audent Clusinis, Gabiosque petunt et frigida rura.
Et, dans Ovide, Midas ayant supplié Bacchus de reprendre le don fatal qu'il lui avait fait, sur sa folle demande, de changer en or tout ce qu'il toucherait, reçut du dieu l'ordonnance que voici : a Place-toi la tête sous une source écumante, là où sa chute a le plus de volume; tu laveras tout à la fois et ton corps et ta faute : »
Spumiferoque tuum fonti, quo plurimus exit, Subde caput ; corpusque simul, simul élue crimen.
Un bain froid et une douche sur la tête ! C'est le traitement des aliénés. Esquirol, en pareil cas, n'eût certainement pas mieux dit.
Ce n'est pas seulement sous forme externe que l'eau froide était employée. Charmis, aussi bien que Musa, la prescrivait à l'intérieur et même à très-haute dose. Il fallait, si l'on en croit Mine, en boire avant de se mettre à table, puis pendant le repas, puis avant de s'endormir ; * il fallait même, au besoin, se faire réveiller pour en boire encore » (et, si libeat, somnos interrumpere). La température de l'eau ne pouvait non plus jamais être trop basse. Sénèque en donne des motifs assez plausibles : i En été, dit-il, on boit de l'eau glacée par la neige parce que l'estomac affaibli et languissant demande un breuvage qui le restaure. N'arrosons-nous pas d'eau froide l'homme évanoui pour le rappeler au sentiment de lui-même? De même les entrailles des disciples du luxe restent engourdies si un froid violent ne vient les ranimer. » Pline se met beaucoup moins en frais d'imagination pour expliquer le fait. « Remarquez, dit-il, qu'aucun animal ne prend de boissons chaudes; donc elles ne sont pas naturelles » (notandum nullum animal
378 HYDROTHERAPIE.
caltdof potus sequi, ideoque non esse naturales ) Fort bien. Pourquoi alors, quand on conduit des chevaux malades ou bien portants près d'une source thermale, s'y dtsalterent-ils avec tant d'avidité, ainsi que cela s'observe tous les jours au Mont-Dore et à Cauterets '
L'impulsion donnée par Charmis se ptolongea longtemps après sa mort Celse et les successeurs de Celse prescrivaient fréquemment l'eau fioide, et l'on peut voir dans leuis pcntsles heureuses applications qu'ils savaient en faire au ti alternent des maladies. Sidoine Apollinaire, l'illustie evêque de Clermont, qui vivait quatre siècles plus tard, avait même fait gravei au-dessus de ses bains l'inscription suivante * Entiez dans ces flots glaces au sortir du bain brûlant, afin que votre peau reçoive l'impression fortifiante du froid : »
Intrate algentes post balnea tornda fluctus, Ut sohdet cahdam fngore lympha cutem.
L'hydrothérapie eut-elle de nouveau son Marcellus? L'histoire ne le dit pas Ce qu'on sait seulement, c'est que les bains chauds finirent par remplacei tout a fait les bams froids De nos jours, ceux-ci étaient même presque entieiement delaisses, lorsque Pnessnitz vint leur imprimer une vogue extraoïdinaire De ce reformateur date, ainsi que nous allons le von, l'hydrothérapie moderne.
HYDROTHERAPIE MODERNE.
PRIESSNITZ.
En 1816, un paysan de la Silesie, du nom de Priessnitz, est renvei se par un cheval fougueux qui lui imprime ses fei s sur la face, lui fait des contusions graves au bras gauche et 1 ui fiacture deux côtes Comme les ressources de l'art ne lui offiaient, dans son petit village de Freiwaldau, que la perspective d'une gueuson incomplète, il entrepiend de se traitei lui-même. C'est alois que, guide par son seul instinct, il imagine d'appuyer sa poitnne contre l'angle d'une chaise, en retenant sa respiration, de manitie a faire reprendie aux deux côtes brisées leui direction première Ce îesultat obtenu, il se sert pour tout bandage d'un essuie-mam mouille, boit de l'eau froide en abondance, conserve un repos absolu, et bientôt il est en état de îetourner
, PRIESSNITZ. 379
à ses rudes travaux de la campagne. Ce succès eut beaucoup de retentissement, et le nom de Priessnitz devint promptement populaire dans le voisinage. Lui-même, soit qu'il voulût exploiter sa célébrité de fraîche' date, soit qu'il pressentît déjà l'utilité du nouveau moyen, promena dans les villages et les bourgs son existence nomade, appliquant l'eau froide aux animaux d'abord, puis bientôt à l'homme. Il suppléait à la science qui lui manquait par les observations de son esprit investigateur.
L'extrême simplicité du remède, l'humble condition de son auteur, d'incontestables cures, tout cela dut parler à l'imagination. Aussi la mode accueillit et enfla ses succès. Sa renommée s'étendit au loin, et l'on vit la foule enthousiaste accourir vers Priessnitz, comme, à la fin du siècle dernier, elle se pressait autour du baquet de Mesmer. L'ancien cabaretier fonda un vaste établissement où de nombreux malades vinrent, de toutes les parties du globe, demander à sa médication empirique la guérison que la médecine n'avait pu leur procurer.
Cependant l'hydrothérapie fut accueillie à Paris avec une extrême défiance. Pour moi, j'avais déjà vu Récamier, dans le service qu'il dirigeait alors à l'Hôtel-Dieu, employer les bains et les affusions d'eau froide avec une justesse de coup d'oeil et une hardiesse de manoeuvres que parfois le succès couronnait. J avais souvent aussi entendu Magendie, dans ses leçons au Collège de France, parler avec éloge de l'hydrothérapie, alors qu'il s'élevait énergiquement contré l'homoeopathie, le magnétisme et autres rêveries germaniques. C'étaient des motifs suffisants pour me faire envisager sérieusement cette méthode. Je crus devoir, par conséquent, aller l'étudier dans les contrées mêmes où elle avait pris naissance, persuadé que là seulement je la connaîtrais à fond.
Mais où me fixer pour ces études? L'espèce de dédain et d'hostilité que Priessnitz affectait pour les médecins inspirait a ceux-ci fort peu de goût pour le séjour de Groefenberg. Mes incertitudes furent promptement dissipées quand j'eus visité le bel établissement de Mariemberg, près de Coblentz, où la méthode de Priessnitz était employée alors avec une rare habileté. Me voilà donc mêlé aux malades, vivant avec eux, assistant à tous leurs exercices, les interrogeant sur les effets du traitement, et cherchant à me rendre compte de leurs sensations. Mais bientôt je m'aperçus que, si je me contentais du rôle d'observateur, je ne pourrais acquérir que des notions tout a fait incomplètes. Il est si difficile, dans de pareilles études,
380 HYDROTHERAPIE.
de se fan e une idée exacte de ce qu'on n'a pas éprouve soimême ' Qui ne sait que souvent des malades soumis a un même traitement sentent chacun d'une manitre diffeiente? Leuis paroles leflètent, à leur in3u, leurs dispositions morales, enthousiastes ou dénigrants, selon qu'ils sont animes par la reconnaissance ou froissés par la déception. Ainsi, mon but ne pouvait êtie atteint tant que je m'en tiendrais aux vagues genéîalites d'impressions etiangeres II me sembla d'ailleurs que je serais plus fort de moi-même, et que j'aurais plus d'autorité près du ht des malades, lorsque je pourrais invoquer mon expérience personnelle.
Je me décidai donc à me soumettre aux principales épreuves qui constituent le traitement Au lieu de m'y prepai er par gradation, ainsi qu'on procède à l'égard des pei sonnes affaiblies par l'âge ou ébranlées pai la souffrance, je pus aborder tout d'un coup les moyens les plus énergiques, ne consultant pour leur classement que ma plus grande commodité
Il me faut maintenant rappoi ter en quoi consistèrent ces épreuves. Simple historien, je vais transcrire mes notes.
Expériences personnelles.
Enveloppement humide — Le 8 septembre 4 845, à six heures du matin, un domestique entie dans ma chambre Je me levé. Il défait mon ht, n'y laissant que le sommier, sur le juelil étend une épaisse couvei ture de laine, puis sur celle-ci un drap de grosse toile, mouille et fortement tordu Je me i ecouche, tout nu, sur le diap humide, la peiu moite encore de la chaleur du ht, puis, étendant les jambes, je m'applique les bras le long du tienc. Je sens du frisson Je tiemble tout à fait au moment ou, ramenant les deux bouts du diap vers les cotes opposes de mon corps, on les entre-cioise au devant de la poitune, du ventre et des membres, de manière a m'envelopper tout entier, moins la face, comme dans un linceul. Même disposition pour la couveituie de laine . on a soin d'en replier le bout inférieur au-dessous des pieds et des jambes, cai ce sont les parties qui s'echiuffent le plus difficilement, quant au bout supeneur, on me 1 enioule autoui du cou, afin de piévenir l'introduction de l'air. On pose ensuite sur toute la longueur de la couverture un edredon, que fixe et recouvre une seconde couverture, bien bordée de chaque cote, comme la première. Le tout est fortement séné dans un diap sec, au-dessus duquel est
EXPERIENCES PERSONNELLES. 381
étendu mon manteau. Ma tête seule reste libre, supportée par un traversin.
Me voici donc emmaillotté. ïl me faut maintenant attendre patiemment, sur le dos, que la sueur arrive.
Au bout de quelques minutes je ne sens plus le froid; je finis même par ne plus m'apercevoir de la fraîcheur du drap. Mais cette attitude immobile et fixe me cause un extrême agacement: par cela seul que j'ai les mains prisonnières, je crois sentir partout des démangeaisons. Une mouche qui voltige près de mon visage me fatigue et m'obsède, car je n'ai pour la chasser que le mouvement de ma tête et le souffle de mes lèvres.
Il est six heures et demie. J'éprouve un sentiment de chaleur très-prononcé vers l'abdomen et la poitrine, puis vers les membres. A sept heures, je suis brûlant : mon visage est coloré; je me sens un peu d'excitation dans le système nerveux. Vers sept heures et demie, je commence à transpirer; en même temps je m'assoupis légèrement. La sueur se développe successivement au tronc, aux cuisses, aux jambes et aux mains; les épaules sont envahies ensuite, puis le visage, puis enfin les pieds. Il est bientôt huit heures. Il me semble que mon corps entre en ébullition : la chaleur est devenue insupportable. A huit heures, on me débarrasse de mes enveloppes, en ne me laissant que le drap et la première couverture. On m'assied dans un fauteuil à roulettes, les pieds libres, le cou, la tète et une partie du visage recouverts d'un capuchon de laine, puis on me dirige vers une trappe disposée dans le plancher du corridor. Le poids de mon corps fait jouer une poulie : la trappe s'abaisse, et je descends lentement dans la salle des bains. M'y voici.
Grand bain froid. — On m'ôte la couverture et le drap. Devant moi est un bassin, profond de quatre pieds et large de quinze, rempli jusqu'aux bords, et alimenté par une source à 12" C, d'une limpidité parfaite. Quand, je réfléchis qu'il fallait me plonger tout en sueur dans cette eau si froide, je ne '«s pas maître d'une certaine émotion. Cependant je m'y précipitai, en songeant à Curtius.
( La première impression fut moins pénible que je ne m'y étais attendu. J'éprouvais par toute la surface du corps une sorte de pincement, comme si ma peau, devenue trop étroite, comprimait en se resserrant les tissus plus profonds: Tantôt je nage ou je plonge ; tantôt je me tiens debout, m'arrosant vivement le visage pour empêcher le sang de s'y porter. Peu à
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382 HYDROTHÉRAPIE.
peu je sens le calme renaître .je me mets en rapport avec les personnes et les objets qui m'entourent; je parle, j'entends. Ma peau devient souple, chaude, colorée ; mon visage s'anime. C'est que déjà la réaction commence.
Je quitte le bain où j'étais depuis une minute environ. Le contact de l'atmosphère me parut délicieux. Mon corps fumait comme un fer qu'on a plonge brûlant dans l'eau, et qu'on retire incomplètement refroidi. Aussitôt on me jette par-dessus la tête un drap sec, de grosse toile, qui me tombe jusqu'aux pieds, et l'on s'en sert pour me frictionner rudement Je me frictionne moi-même. Ma peau rougit de plus en plus, ses papilles se hérissent; bientôt elle offre une teinte écarlate. La pression du doigt y déteimine une empreinte blanchâtre, qui disparaît immédiatement des qu'on cesse d'appuyer Ce sont les signes d'une reaction complète.
Une fois habille, je gagne le parc dont je me mets à parcou111 îapidement les longues allées. Je suis leste, dispos, plein d'ardeur ma peau est brûlante, ma tête parfaitement dégagée, Je bois plusieurs verres d'eau aux sources vives qu'on a disposées de distance en distance, pour l'usage des malades, puis je rentre a neuf heures pour déjeuner Ce premier repas se compose de pam bis, de beurre et de lait fioid.
Frictions avec le drap mouille froid. —Je me rends, a orne heures, dans une des salles de bain où je me déshabille mon corps était plutôt en moiteur qu'en transpiration Le baigneur me jette par derrière, sur la tête, un grand drap imbibe d'eau froide, non tordu, qu'il ramène sur ma poitrine, de mimère à m'envelopper instantanément le coips; ensuite il me frictionne très-i udement la peau par-dessus le drap J'avais d'abord éprouve un «aisissement assez vif; mais la réaction s'établit piomptement, et, au bout de cinq minutes, ma peau était rouge et chaude : le drap même s'était échauffe au contact de mon corps. On m'essuie avec un autie drap bien sec Je reprends mes vêtements et retourne dans le parc
Douches froides. — A midi, j'étais dans la salle des douches J'expérimentai les deux principales, savoir la douche •en arrosoir et la douche a colonne
Douche en arrosoir. — Je me place sous la douche, les mains étendues au-dessus de la tête, afin d'en amortir le premier choc. De cette manière, l'eau se buse et îetombe sur moi en poussière ecumeuse La sensation fut désagréable ; elle devint pénible lorsque, sars înleiposeï les mains comme je lavais fait d'aboi d, je piésentai a la douche le dos et les reins, pu"
EXPERIENCES PERSONNELLES.. 383
successivement les autres parties du corps. J'essaye aussi de 1» recevoir sur la tête, mais cela m'étourdit. Au bout de cinq minutes, je passe à la douche à colonne qui se trouve dans une pièce tout à côté.
Douche à colonne. — Celle-ci, je la supporte beaucoup mieux. Si son choc est plus fort, au moins il est plus franc : onn'a qu'une sensation, au lieu de ces milliers de petites impressions tellement divisées et uniformes qu'on ne sait à laquelle répondre. Cette douche excite très-rapidement la peau ; j'y reste le même temps que sous la première. Quand je me retirai j'avais le corps rouge ; mes mains et mon visage offraient, au< contraire, une teinte un peu violacée. Le baigneur m'essuya et me frictionna rudement. Ma réaction se fit à merveille, ainsi que cela arrive ordinairement après la douche.
A une heure, le dîner, que je vis arriver avec plaisir. Il se composa des mêmes aliments dont on fait usage dans les habitudes de la vie : seulement on ne boit que de l'eau.
Bain de siège froid. — Je prends un bain de siège à cinq, heures. C'est un bassin dont la lame intérieure est percée, dans toule son étendue, d'une multitude de petits trous. Il n'y a point encore d'eau. J'ouvre un robinet: à l'instant un jet s'échappe avec bruissement de chaque pertuis et vient frapper la peau comme un petit dard. La réunion et l'entre-croisement de tous ces jets constituent une atmosphère liquide, formant plutôt une irrigation continuelle qu'un bain. Quelques bassins sont, de plus, munis d'une douche ascendante qui, pendant l'arrosage latéral, dirige verticalement un jet plus fort sur le pennée. L'eau me parut extrêmement froide. Elle n'était cependant, comme pour les autres exercices, qu'à 12° C. Pendant toute la durée du bain, je me frictionne les surfaces enexpérience, afin de provoquer la réaction.
Au bout d'un quart d'heure, à peu près, je quitte le bain. La peau avait rougi au contact de l'eau, et une zone bien nette indiquait le niveau de l'immersion. J'éprouvais un sentiment de fraîcheur locale qui mit quelque temps à disparaître.
Bain de pieds froid. — Je prends à six heures le bain de pieds qui doit être la dernière épreuve de ma journée. L'eau•il atteignait à peine les chevilles : comme j'avais très-chaud, elle me glaçait. Je me frotte vivement les pieds l'un contre 'autre : de son côté, le baigneur les frictionne. Bientôt, m'as: sure-t-il, je vais sentir une douce chaleur remplacer peu à peu «t affreux saisissement. Tout ce que je puis dire, c'est qu'après dut minutes j'en suis sorti ayant les pieds presque aussi froids-
384 HYDROTHERAPIE.
qu'en y entrant. A peine etais-je hors de l'eau, que ma reaction commença , la promenade l'acheva comjjletement. Toute la soirée, j'eus les pieds brûlants
Un goûter, frugal comme le repas du matin, nous réunit a sept heures A dix je me couchai, ne me sentant pas plus fatigue que d'ordinaire, et je dormis profondement.
Enveloppement sec. — Le lendemain matin, des cinq heures, l'homme de service vient m'emmaillottei comme la veille; seulement il n'emploie pas le drap mouille mon corps se trouve ainsi mis en contact immédiat avec la couverture de lame Lequel des deux procèdes donne la sensation la moins désagréable ' Je ne saurais le dire. Ce frottement de la lame sèche sur la peau entretient un picotement g( neral qui, pour beaucoup de malades, est aussi incommode que la fraîcheur du drap j'ai vu même des personnes nerveuses en être tellement agacées, qu'il fallait les desemmaillotter à l'instant pour leur mettre le drap mouillé Quant a moi, je n'y trouvai pas une grande différence. Vers six heures et quart, je transpirais aussi abondamment que la veille
A sept heures, on me conduit au grand bain froid cette fois, je m'y précipite tres-hardiment La sensation fut loin de me païaître pénible, je compris même comment les malades s'y habituaient, et, pour la plupart, finissaient par y trouver quelque charme Ma réaction se ht très-bien, et j'en 1 estai la de mes manoeuvres.
—Un fait ressort de ces diverse» expérimentations, c'est que, dans des cas détermines, il n'y a aucun péril a se plonger le corps en sueur dans l'eau fioide. Comment l'expliquer ? On peut dire que les procèdes hydropathiques laissant l'individu dans un repos complet, l'organisme continue de fonctionner avec le même calme, tandis que la peau est l'objet d'une vive stimulation , par conséquent, c'est sur elle que doit se concentrer surtout l'impression du froid Cette explication paialtn plus plausible encore si l'on se rappelle que c'est a la suite d'un exercice violent que l'immersion du coips dans l'eau froide peut être l'occasion de graves accidents A cet instant, tous les organes se trouvent dans une soi te d'activité fébrile la transpiration ne constitue plus le fait prédominant ; elle n'est que l'indice de l'excitation générale Quand alois vous provoquez un refroidissement subit, qu'y a-t il d'étonnant a ce que quelquefois les louages de l'économie se confondent, s'ai retent ou se brisent ?
Quelle que soit la valeur de cette explication, il reste par-
ALEXANDRE AD CYDNUS. 385
faitement établi que si le refroidissement par l'air est toujours à redouter, le refroidissement par l'eau n'offre, au contraire, de dangers qu'autant que la transpiration a été produite par l'exercice. Je pourrais me dispenser de citer des faits à l'appui de cette dernière proposition, une triste expérience ne nous en fournissant que trop chaque jour. Toutefois nos déductions physiologiques seront mieux comprises encore, si nous y joignons un exemple.
Le plus remarquable que nous offre l'histoire est, sans contredit, celui qui a trait à Alexandre. L'importance du personnage, les circonstances et les phases de l'événement justifient suffisamment mon choix ; d'ailleurs je suis heureux d'avoir à rappeler une des pages les plus honorables des annales de la médecine. J'emprunte donc à Quinte-Curce le récit qui va suivre.
ALEXANDRE AU CYDNUS.
« Ce fut au milieu d'une des journées les plus chaudes d'un « été brûlant, qu'Alexandre arriva sur les bords du Cydnus. « La fraîcheur ainsi que la limpidité de l'eau invitèrent le roi, t couvert de sueur et de poussière, à prendre un bain. Il se « dépouille de ses vêtements, et, le corps tout ruisselant, « descend dans le fleuve. A peine y est-il entré que tous ses « membres se roidissent par un saisissement subit : la pâleur i se répand sur tout son corps, et peu à peu la chaleur vitale « semble l'abandonner. Ses officiers le reçoivent presque expi« rant dans leurs bras, et le transportent sans connaissance « dans sa tente. »
Nous trouvons ici la réunion de toutes les conditions les plus défavorables. Alexandre avait le corps en sueur par suite d'une marche forcée ; il n'attend pas que l'excitation générale se calme; il se déshabille en plein air, « descend dans le fleuve » (descendit in flumen) au lieu de s'y jeter, et n'a pas même la ressource de prévenir le saisissement par la natation '. A l'insstant, la circulation s'arrête dans les capillaires, et le sang abandonne la peau (pallor diffusus est), pour se concentrer au coeur, ce qui amena la syncope.
1. Alexandre ne savait pas nager. Un jour qu'il était séparé de l'ennemi par un fleuve qui arrêtait sa marche victorieuse, on rapporte qu'il s'écria : « Malheureux que je suis! Pourquoi n'ai-je pas appris à nager. » (0 nie pcstimunt, qui nature non didicerim 1)
386 HYDROTHÉRAPIE.
* Au bout de quelque temps, continue l'historien, le malade « commence a respirer, il levé les yeux et, repienant ses es« pnts, reconnaît ses amis qui l'entourent. Cette legcre détente « ne servit qu'a lui fane compiendie l'immensité du danger. « En proie a une viv e anxiété, il déclare qu'il ne veut m a traitement long, m médecin timide, et qu'il pi efei e une mort « prompte a une lente convalescence. C'est alors que Philippe <c promet au roi un bieuvage eneigique seulement il ne le <• donnera que le troisième jour. »
Pouiquoi ces îelards alors que le danger presse? Philippe obéissait ici aux préoccupations supeistitieuses de la médecine d'Hippociate. Une crise seule pouvait sauver le roi, or, le troisième jour étant regardé comme un jour critique beaucoup plus favorable que le premier et le deuxième, il prefeie attendre.
Je néglige ce qui a rapport à la fameuse lettre de Parmenion, ainsi qu'a l'epiaode si connu qui s'y rattache, et j'ai rive au denoûment.
« Au commencement du troisième jour, Philippe entre dans « la tente du roi avec la potion qu'il avait prepai ee Alexandre, « se soulevant sur son coude, pi end la coupe et la vide ...Telle « fut la violence du remède que les phénomènes qui suivnent « parurent justifier l'accusation de Paimenion, la respiration «; du roi devint plus embarrassée. Philippe ne négligea nen de « ce que son expérience lui suggérait II entoure le coips du <t malade de fomentations, pour le réveiller de sa stupeui, il « lui fait respirer l'odeur du vin et des aliments des qu'il « le voit reprendre ses sens, il ne cesse de lui parler de sa « soeur, de sa mère, et de la victone éclatante qui l'attend
« Aussitôt que le médicament fut passe dans les vaisseaux, « la sanle parut se repandie peu à peu dans tout son être
* L'esprit îecouvra son énergie et le coips sa vigueur, beau« coup plus tôt qu'on ne devait l'espérer, puisque le même «: joui, le troisième depuis l'accident, Alexandre put se nion•
nion• a son armée. »
La potion prescrite par Philippe ne pouvait etie qu'une potion tonique, puisque avant tout il s'agissait de rappelei la chaleur. S'il fut heureux dans le choix du remède, il ne fut pas moins habile dans son application II comprit que, le Iroid ayant fait refluer le sang dans la piofondeur des tissus, il fallait que l'excitation vint d'abord de 1 inteiieur, et qu'elle fût seulement favorisée par les moyens externes, aussi, avant d'employer les fomentations et autres stimulants, attend-il que la
L HYDROTHERAPIE EN FRANCE. 387
liqueur avait été ingérée dans l'estomac. Il n'est pas étonnant que le travail de l'absorption se soit manifesté tout d'abord par l'aggravation apparente des symptômes ; mais à peine le médicament « se fut-il répandu dans les vaisseaux » (se diffudit in venas), que la réaction commença.
Remarquons avec quelle sagacité Philippe fait intervenir les influences morales. Afin de détourner l'attention du malade des idées d'empoisonnement que les premiers effets du remède pouvaient lui rappeler, il met en jeu ses affections les plus chères et son impatience de conquérant. D'ailleurs ne fallait-il pas, pour que la réaction devînt complète, que la surexcitation de l'esprit fût en rapport avec celle dés organes?
C'est à cette heureuse combinaison de moyens, et aussi à laforce de sa constitution, qu'après deux jours d'une mutile et dangereuse attente, Alexandre dut de revenir à la vie; il avait alors toute l'énergie de la jeunesse. Au contraire, l'empereur Barberousse qui, seize siècles après, succomba pour s'être baigné dans le même fleuve 1, était âgé de soixante-dix ans. Tant il est vrai que les jeunes gens ont une force de réaction bien supérieure à celle des vieillards !
L'HYDROTHERAPIE EN FRANCE
Je crois, ainsi que je l'ai déjà dit, avoir l'un des premiers fait connaître ''hydrothérapie en France, ayant été l'étudier en Allemagne tout à fait à ses débuts. Toutefois c'est le docteur Louis Fleury qui a le plus contribué à la vulgariser chez nous. Aussi vais-je donner une idée de sa méthode, qui s'écarte sensiblement de celle que Priessnitz appliquait : d'autant qu'elle a servi pour ainsi dire de base à la plupart des pratiques hydrologiques qui, depuis, se sont produites chez nous et dans les pays étrangers.
J'étudierai donc l'hydrothérapie sous un triple point de vue, suivant les effets divers qu'on se propose d'en obtenir. D'abord je traiterai de son action physiologique, abstraction faite de ses applications à l'état de santé et de maladie; et puis je développerai ses effets hygiéniques et j'énumérerai sommairement .les affections morbides auxquelles elle est susceptible d'être appliquée.
388 HYDROTHERAPIE.
1° EFFETS PHYSIOLOGIQUES
Les applications extérieures d'eau froide — nous ne parlerons pas de la sudation, qui est suffisamment connue et qui n'est qu'un adjuvant de l'hydrothérapie — ne peuvent exercer sur l'oiganisme que deux actions; toutes deux puissantes mais ires-differentes, ou, pour mieux diie, entieiement opposées l'une a l'autre une action réfrigérante et une action excitante. C'est sur cette distinction que reposent, tout entières, la doctrine et la pratique de l'hydrothérapie.
Ces deux actions sont pioduites par le contact de l'eau froide avec la peau, c'est-a-dire avec le système nerveux penphenque, et pai 1 influence réflexe qui s'exei ce sui la conti actilile et la circulation des vaisseaux capillan es sanguins L induction clinique seule pouvait conduite a cette théorie, laquelle est devenue un fait expei îmentalement demontie pai les belles lecherches de M. Claude Bernard et de M. Marey sur les nerfs vaso-moteurs et sur la circulation capillaire
Le pi emier effet du froid est constamment de détei miner la contraction des vaisseaux capillaires de 11 paitie îefngeiee et d'en chasseï le sang, lequel se porte vers un point plus ou moins éloigné. Lorsque 1 action refngeiante s'exerce sui toute la surface du corps, elle pioduit donc l'anémie des oiganes peripheiîques et la congestion des oiganes profonds. C'est la ce qu'on a appelé l'action te/t tgetante de l'hydiotherapie La cause détei minante de cette action est 1 agent physique extérieur.
Si l'action lefngeiante n'a pas été trop énergique et trop longue, il se produit, au moment ou elle cesse, un phénomène inverse de celui que nous v enons d'indiquer : le sang revient avec force et abondance dans les vaisseaux d'où il avait ete chassé, et produit la congestion des organes penphenques et l'anémie des organes profonds. C'est la ce qui a ete appelé la reaction. La cause déterminante de cette reaction réside dans les propiieles de la matière oiganisee vivante; c'est un mouvement vital.
~Vaction, est surtout un phénomène physico-chimique, en rapport avec les caractères de l'agent physique exteneui et les conditions de son application, la reaction, est sui tout un phénomène vital, en rapport avec les condition» organiques et fonctionnelles du sujet.
EFFETS PHYSIOLOGIQUES. 389
Sur tout individu, le froid intense et prolongé produit la paralysie de la sensibilité et de la motricité, la gangrène, la congélation, la mort. Les conditions de Yaction sont à peu près les mêmes pour tous. Les conditions de la réaction varient nonseulement suivant le degré du froid et le mode d'application, mais encore suivant l'âge, la constitution, le tempérament, les circonstances morbides, etc.
Il résulte de ceci, qu'il doit exister une foule de degrés, de variétés dans les actions et les réactions hydrothérapiques ; qu'on doit pouvoir, et qu'on peut, en effet, les produire à volonté, en modifiant convenablement les conditions physiques du modificateur (température de Veau), les conditions mécaniques des appareils (forme, puissance, direction des douches), les conditions àuprocédéopéra.toire(duréedcsdouches,lieu d'application,etc.), et en tenant compte des conditions individuelles du sujet; que le choix entre ces divers modes d'action ne saurait être indifférent, et que l'adoption exclusive, empirique, aveugle de l'un d'eux est évidemment irrationnelle et dangereuse.
L'hydrothérapie ne peut être une médication scientifique, méthodique, efficace et toujours exempte de danger, que si l'action et la réaction sont toujours en rapport avec les indications physiologiques et pathologiques que présente chaque malade à tout moment donné ; et voilà précisément pourquoi l'hydrothérapie rationnelle n'est pas une formule qui puisse être exécutée par une mécanique ou parle premier venu, mais une opération délicate, difficile, qui exige impérieusement l'intervention d'un homme instruit, expérimenté et habile.
Sans entrer ici dans des détails qui nous entraîneraient beaucoup trop loin, nous dirons que pour obtenir Yaction réfrigérante, il faut que l'application frigorifique soit très-prolongée et continue. Or, lorsque le froid est très-intense, lorsque surtout l'on se sert de glace, il ne saurait en être ainsi sous peine de provoquer d'abord de vives douleurs et ensuite la gangrène. Pour éviter ces deux inconvénients, l'on est obligé de rendre l'application intermittente à courts intervalles, et dans ce cas il n'est pas toujours facile de prévenir la réaction qui tend à succéder à chaque réfrigération interrompue; il vaut donc mieux employer de l'eau modérément froide : 12 à 14° C La température du modificateur doit toutefois varier suivant le degré de la température animale générale et locale. .
La durée et la continuité de l'application doivent également être en rapport avec les circonstances pathologiques que
HYDR0TI1CRAPIE.
présente le malade à chaque moment donné. Il ne faut dans aucun cas pousser les choses tiop loin, sous peine de maceier les tissus et d'y eteindie la vitalité
L'eau ne doit pas frapper les tissus avec force, la percussion étant, comme nous le dirons plus loin, l'un des éléments du mouvement de reaction. A ce point de vue, les îrugations ont souvent des inconvénients, et il est piesque toujouis bon de leui substituer les poches en caoutchouc vulcanise remplies d'eau froide ou de glace concassée, les compresses fiequemment renouvelées, les lotion», les immersion», les affusions, etc.
Poui obtenir Yaction excitante, c'est-à-dire la réaction, il faut évidemment se placer dans des conditions opposées à celles que nous venons d'indiquer ; il faut que le fioul soit vif et que l'application soit courte Le meilleui moyen de provoquer la îeaction dans une partie qui vient d'etie congelée, c'est de la fio'ter rapidement avec de la neige. La percussion, le frottemet favonsent singulièrement le mouvement de réaction Les moyens hydi otberapiques les plus propres à produne l'action excitante de l'eau fioide sont l'immeision instantanée, les lotions avec des éponges îudes, le» frictions avec le drap mouille, les compresses tordues a demeure, et principalement des douches d'une temperatuie, d'une puissance et d'une durée ngouieusement déterminées.
La température la plus convenable pour la douche est celle de 8 à 10° C. Sa force doit conespondre à une piession d'une atmosphère etdemie(lb mètres) Au delà, elle devient doulouîeuse, contusive, inflammatoire. Quant à sa duiée, elle doit vanei suivant la puissance de réaction du sujet, c'est-à dire suivant 1 état de l'inneivation, de la circulation, de l'énergie musculaue, ete Elle peut ne point dépasser quelques secondes, et il est i are qu'elle doive se prolonger au delà d'une minute, sous peine de rendre la réaction difficile, tardive ou impossible Voici 1 énonce d un axiome qu il ne faut jamais perdie de vue Une douche tt op coût te n a jamai s d inconvénient?, une douche tiop longue est loujouis dangereuse.
Il est cependant des hydropathes qui, pour attner le public, se flattent d'avoir plate leur réservoir à 50 mètres audessus du sol, et d'administrer des douches d,e cinq a dix minutes '
La foi me des douches exerce également une influence considérable. Les douches les plus excitantes sont celles dans lesquelles l'eau est très-divisee : la douche verticale en pluie, le
EFFETS PHYSIOLOGIQUES. 391
bain de cercles, les bains de siège à eau courante; viennent ensuite la douche mobile en jet, la douche verticale en lames.
Les douches filiformes sous une pression considérable onl une puissance toute spéciale, qui exige beaucoup de prudence dans l'application.
L'on connaît les recherches de Poiseuille, Magendie sur les effets physiologiques produits par le froid ; au point de vue de l'hydrothérapie, nous avons fait sur nous-même de nombreuses expériences, qui peuvent conduire aux conclusions suivantes :
ACTION RÉFRIGÉRANTE. — 1" Une immersion suffisamment prolongée (une demi-heure) dans de l'eau modérément froide (1S à 9°) peut abaisser la température de la partie immergée, de la main par exemple, de 19 et même de 20° C, de telle façon qu'il n'existe plus entre la température de la partie vivante et celle du milieu réfrigérant qu'une différence de 1° 5 au profit de la première.
2° Cet énorme abaissement de la température partielle n'exerce aucune influence appréciable.sur la température générale du corps prise sous la langue.
3° Une immersion ou une douche générale, suffisamment prolongée (2b minutes à 1 heure) dans de l'eau modérément froide (14 à 18°) peuvent abaisser la température animale prise sous la langue de 4 degrés. Ce résultat est accompagné d'une sensation si pénible pour le sujet de l'expérience, qu'il ne m'a pas été possible de pousser celle-ci plus loin.
4° L'abaissement de la température générale est accompagnée d'une diminution dans la fréquence du pouls (6 à 9 pulsations par minute) sans modification appréciable de la respiration .
S° Pendant les quelques minutes (10 à 15) qui suivent l'immersion générale, la température du corps, quelle que soit celle de l'atmosphère ambiante, baisse encore de quelques dixièmes de degré (4 à 9 dixièmes), et ce nouvel abaissement est également accompagné d'une nouvelle diminution dans la fréquence du pouls (1 à 2 pulsations).
Ces résultats ont été confirmés par Bence Jones et Dickinson, Brown Séquard et Tholozan.
ACTION EXCITANTE. — 1° Les phénomènes que nous venons de décrire sont suivis d'un mouvement vital, d'une réaction.
2° Toutes choses égales d'ailleurs, la réaction est d'autant plus prompte et plus énergique que l'atmosphère ambiante est plus chaude, que le sujet se livre à un exercice musculaire plus violent, et que l'eau frappe les tissus avec plus de force. La
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HYDROTHERAPIE.
douche provoque la reaction bien plus piomptement que l'immersion
3" Toutes choses égales d'ailleurs, la réaction est plus prompte après une application relativement courte avec de l'eau plus froide, qu'après une application relativement longue avec de l'eau moins froide
4° La puissance de reaction varie d'individu à individu, siuvant un grand nombre de circonstances physiologiques et pathologiques, qui se rattachent principalement a l'état de la circulation et de l'innervation générales.
5° La îeaction spontanée ramené plus ou moins rapidement la température animale et le pouls à leurs chiffres pliy siologiques, puis, pendant un temps plus ou moins long, la température s'élève de quelques dixièmes de degie, au maximum d'un degré, et le pouls s'acceleie de 3 a 4 pulsations par minute. La respnation n'est pas modifiée dans sa fréquence, mais elle est plus profonde Le sujet éprouve une sensation tres-marquee de bien-être, d'agihte, de force musculaare
Voila tout ce qu'on obseï ve d ailleui s, et cependant sous 1 influence, souvent renouvelée et longtemps continuée de ces phénomène», si insignifiants en apparence, l'on voit se produire les changements, les transfoi mations les plus extraordinaires dans le tempérament, la composition du sang, les fonctions de circulation, de respiration, de digestion, de nutrition, d'absorption et d'innervation.
Terminons pai ( e nouvel axiome . Toutes les fois que la reac twn nés opère point d'une mamei e satisfaisante, il faut en accuser exclusivement l'operateui qui, dans ce cas, a fait usage d'un modificateur défectueux ou n'a pai su appliquer méthodique' ment un modificateur convenable.
2° EFFETS HYGIÉNIQUES.
Pour