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Titre : La seigneurie d'Offémont / par Paul Guynemer ; Société historique de Compiègne

Auteur : Guynemer, Paul. Auteur du texte

Éditeur : impr. du "Progrès de l'Oise" (Compiègne)

Date d'édition : 1912

Contributeur : Société historique (Compiègne, Oise). Éditeur scientifique

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb305645762

Type : monographie imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : 1 vol. (II-146 p.) : fig., plans et pl. en noir et en coul., tableau généalogique ; 28 cm

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Description : Collection numérique : Fonds régional : Picardie

Description : Contient une table des matières

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5832300d

Source : Bibliothèques de la Ville de Compiègne, 2010-37527

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 24/05/2010

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SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE COMPIÈGNE

La Seigneurie

d'OFFÉMONT

PAR

PAUL GUYNEMER

Offert à la Société historique de Compiègne par M, le Comte Frédéric PlLLET-WlLL

COMPIEGNE

IMPRIMERIE DU PROGRÈS DE L'OISE

17, RUE PIERRE-SAUVAGE, 17

1912



LA SEIGNEURIE D'OFFÉMONT



SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE COMPIÈGNE

La Seigneurie

d'OFFÉMONT

PAR

PAUL GUYNEMER

Offert à la Société historique de Compiègne par M. le Comte Frédéric PlLLET-WlLL

COMPIEGNE

IMPRIMERIE DU PROGRÈS DE L'OISE 37, RUE PIERRE-SAUVAGE. 17

I 9 I 2



AVANT-PROPOS

Une des grandes joies du chercheur est de sentir son sujet se ramifier et s'étendre dans des directions imprévues, de telle façon, qu'après Lavoir un instant conduit, il se trouve dirigé à son tour. C'est le plaisir du chasseur qui, attentif au frémissement des herbes ou des branches, éprouve l'anxieuse curiosité de la surprise prochaine. Le travailleur amusé cède aux hasards de la route et se prend à sourire du renard, qui voulait qu'en toutes choses on considérât la fin.

Telle fut la genèse du présent ouvrage. Dans l'espoir d'identifier pour le Cartulaire de Royallieu quelque ancien triège de la forêt, Lauteur met à profit un jour de chasse pour en questionner les habitués. M. le Comte Frédéric Pillet-Will signale alors l'existence d'une borne à demi enterrée, dont il nous invite à venir quelques jours plus tard déchiffrer l'inscription. Elle a trait à un partage. Des pièces judiciaires sont citées. Elles sont retrouvées aux Archives Nationales sous des dates différentes et, pour expliquer l'anomalie, d'autres recherches s'imposent.. Peu à peu les Montmorency conduisent aux La Gruthuse, ceux-ci, aux Nesle, et l'histoire d'Offérnont apparaît intimement liée à celle de la forêt.

Un plaisir est double quand il est partagé. L'intérêt très vif porté par MM. Maurice et Frédéric Pillet-Will à ce travail aurait sans doute suffi à en déterminer l'exécution ; mais elle aurait été moins facile et moins complète, s'ils n'avaient appujré les recher-


II AVANT-PROPOS

ches, ordonné les fouilles, et soutenu, avec une généreuse activité, les efforts de la société.

M. Peigné-Delacourt avait eu l'intention autrefois de traiter ce sujet et réuni quelques notes, dont il n'a pas eu le temps de faire usage. Nous devons des remerçîments à ces messieurs du Comité Archéologique de No37on,.qui ont bien voulu nous prêter les papiers de ce savant. D'autres documents ont été rassemblés par lui et donnés par M. Meyer à la Bibliothèque Nationale, notamment le ms. fr. N. A. 6675. Il s'agit ici d'une collection renfermant des pièces de très inégale valeur. La plus intéressante est la copie, d'après Dom Brice, du ms. écrit en 1581 par Simon Plarion, religieux de Sainte-Croix d'Offémont.

Phototj'pies E. HUTIN, Compiègne.


HISTOIRE

DE LA

FORÊT DE LAIGUE

ASPECT GÉNÉRAL DE LA FORET

On prête volontiers aux anciennes forêts l'aspect de massifs impénétrables, qui se dressaient comme des barrières entre les hommes. C'est là une conception issue de la mystérieuse forêt Herc3^nienne ou dictée par le souvenir des halliers ardennais 1 : mais dans la Gaule, dans ce pays presque partout fertile, s'élevaient des futaies immenses, où les grands arbres, arrêtant l'effet vivifiant du soleil, n'ombrageaient sur le sol que leurs propres débris. Les troncs montaient comme les piliers d'une cathédrale, laissant entre eux un libre passage," et les légendes que le temps a respectées en apportent la-preuve. Le Grand Veneur, ce Hell-Kônig des Germains ~, galôperait-il éperdument dans les halliers, et la course vertigineuse de son équipage d'outre-tombe aurait-elle germé dans les maquis ?

La haute forêt, loin d'être un obstacle, est en réalité un attrait pour les hommes. Ils la regardent comme le séjour des dieux 3, et ils s'en rapprochent parce qu'ils en ont besoin. Elle leur fournit, avec la venaison, le bois pour se chauffer, pour construire leurs demeures, leurs charrues, leurs récipients, leurs outils. Autour

i. CÉSAR, II, 17.

2. Hellequin. On en a fait le prototype d'Arlequin, dont le masque noir et la batte terrible seraient une survivance de cet Hercule de la mort.

3. TACITE, Germania.


ASPECT GENERAL

d'elle ils se pressent, ils y pénètrent même, car les forêts n'ont jamais exclu la vie et le travail des hommes, et la Gaule vivait dans les bois 1.

Un autre présent du Ciel était la rivière, ce chemin qui marche et qui nourrit. Aussi la vaste forêt, qui s'étendait entre l'Oise et l'Aisne, occupait-elle une situation des plus heureuses. Son nom était de Laigue, c'est-à-dire de l'eau, et pour ceux qui la connaissent rétjTiiologie est évidente. Laigle n'est qu'une corruption du nom véritable et, si l'on a tant disserté jadis à ce sujet, c'est parce qu'on a voulu puiser dans un latin, qui était déjà luimême une traduction, l'origine de l'appellation première.

Laigue s'est écrit Lègue, L'Esgue, Laigle, Lecle, en latin Lesga, Esga, Lisga, Lisica. Le nom de Sylva Aquilina a servi quelquefois aussi pour traduire celui de Laigle : il figure dans l'acte de fondation de l'abbaye d'Ourscamp' 2, dans une charte de Louis VII en faveur de l'abbaye de Saint-Den3's (1150) : le moine Halgan l'employé à propos de la fondation par le roi Robert du monastère de SaintLéger 3 et, d'après Dom Germain', Guillaume Le Breton 5, premier auteur de cette appellation erronée, aurait eu bien d'autres imitateurs. La véritable S)7lva Aquilina était la forêt d'Yveline, près Rambouillet, et la confusion vient sans doute de ce qu'elle renfermait aussi un Saint-Léger c.

Quant au nom de Laigue, il remonte aux temps les plus lointains. Le premier document qui le mentionne est une ordonnance de Charles le Chauve au Parlement de Quierz}^ en 8777. En 1083, la charte du roi Philippe, qui donne Saint-Léger au prieuré de

1. Camille JULLIAN, Histoire de la Gaule, t. I, p. 94.

2. Gai. Christ., t. X, p. 375.

3. Bibl. Nat.,. Coll. de Picardie, 171, f° 109 v°.

4. PEIGXÉ-DELACOURT, Mém. Archéol., t. 1. Supp. aux recherches sur remplacement de Xoviodunum, p. 60.

5. Chapelain du roi Philippe Auguste, chroniqueur et poète, mort à Senlis, 1227.

6. PEIGNÉ-DELACOURT, op. cit., p. 64.

7. In Lesgâ portus tanfwn accipiat.


DE LA FORET

la Sauve Majeure porte ecclesia de Sancto Leodegavio in saltu cognomine Lesgtie dedicata 1. Une autre charte de la même année, qui attribue aux moines de Saint-Léger les dîmes de la villa royale, s'exprime de façon identique-, enfin Philippe Auguste emploie aussi ce nom qui, malgré toutes les variantes, a survécu jusqu'à nos jours 3.

Les limites de la forêt de Laigue s'étendaient jusqu'à Pontl'Evêque, Pontoise et peut-être même jusqu'à Quierzy, car tous les bois aujourd'hui épars dans cette région n'en sont que des fragments. L'abba3re d'Ourscamp fut fondée dans la forêt de Laigue. et le Bois de Saint-Maxd est une portion de la même forêt, que le Comte de Vermandois donna à Vsibh&ye Saint-Médard de Soissons (1177). en échange d'une portion égale près du Bois de Rethondes 1.

L'unité d'une forêt n'exclut pas, d'ailleurs, les désignations locales. La partie méridionale était parfois appelée le Bois dé Choisy " et une foule d'autres noms s'attachaient à des portions diverses. Il y avait le Bois du Chapitre et du Monastère d'Ourscamp 6, le Bois de Moury, entre la forêt et Rethondes 7, celui du Carmo}^. tenant au vivier de Saint-Crépin 8, ceux des Dames, des Demoiselles et bien d'autres, dont les appellations sont tombées dans l'oubli.

Un des plus importants était le Gros Quesno}', situé près du Plessis-Brion,' et dont la surface atteignait 140 arpents'. Le roi semble

1. Bib. Nat.. Coll. Picardie, t. 171, f° 109 v°, et Gai. Christ., t. II, p. S67.

2. Arch. Nat., K 185, cote 8.

3. Bib. Nat., Coll. Picardie, t. 171, f° 109 v>. — Charte de l'an 1200 en faveur de SaintMédard de Soissons.

4. Bib. Nat., Coll. Picardie, t. 171, f° 110.

5. Arch. Nat., K 185, cote 8, charte de 1083 ; et dans diverses chartes concernant la maison des Bonshommes.

6. Il est spécifié que ce bois est dans la forêt de Laigue. PEIGXÉ-DELACOURT, ïïém. Archéol.,. t. I. Sitppl. aux recherches, p. 337.

337. bois est le même que le Bois Saint-Pierre. Bib. Nat., ms. lat. 13,891, f° 149.

8. Bib. Nat., ms. fr. N. A. 6675, ch. de 1275.

9. Chantillv, GE 2. Forêt de Laigue. Cote début du XVJfc.


4 ASPECT GENERAL

avoir tenu toujours à en rester le maître, soit parce que sa possession conférait quelque droit important, soit pour tout autre motif. Il en est souvent question, tant au xive siècle 1 qu'au xvnc 2, et les grands plans peints à l'huile sous le règne de Louis XV, qui sont aujourd'hui au château de Compiègne, en donnent très exactement la place. Cependant le nom en est oublié à ce point que l'administration forestière ne le connaît même plus.

Quant au Bois de Verrugue,. mentionné dans une charte de 828, Dom Germain l'ignore déjà et avance timidement qu'il pourrait avoir tenu à la forêt de Laigue 3. Nous savons heureusement que, placé sur le territoire de Pjmprez 5, ce bois occupait les champs actuels de La Verrue.

L'ensemble du territoire forestier, compris sous le nom de Laigue, formait donc une bande longue d'environ 20 kilomètres et large de 10, bordée au Sud par l'Aisne, à l'Ouest et sur une partie de sa frontière septentrionale par l'Oise. La frontière orientale semble avoir été plus mobile. Après avoir englobé à l'origine le Bois SaintPierre de Rethondes, elle l'abandonna, et nous savons, qu'en 1259 au plus tard % elle suivait la vallée de Saint-Crépin. Plus haut, ce ne sont que défrichements continuels : la forêt battue par la plaine s'effrite et se retire. Elle recule devant l'assaut de ceux qui la recherchent, mais qui en même temps la tuent pour ensemencer la terre. Il semble que la grande vague de refoulement soit venue du NordEst, tandis que des percées se produisaient au centre. D'un côté c'était l'effort des sédentaires, de l'autre le transit qui s'accentuait le long des anciennes voies barbares.

1. GUYNEMER, Cartid. de Royallieu. Table.

2. Voy. plus loin le partage de la forêt entre le roi et le seigneur d'Offémont, p. 15.

3. Bib. Nat., Coll. Picardie, t. 171, f° 110.

4. Arch. Nat., LL 1023. .Cartid. de Choisy-au-Bac, f° XXXIII v°.

5. Arch. Dép. Aisne. Cartid. de Saint-Médard, f° 32 \-° : « Le bois Saint-Pierre est «1.1 boh qui siel delez la forêt de Laigue. » Cependant, Bib. Nat., Coll. Picardie, t. 171, f° 114, Renonciation d'Ansoult d'Offémont à tome prétention sur le Bois Saint-Pierre de Rethondes dans la forêt de Lengue, 1280, paraît révéler une confusion ancienne, non encore oubliée.


DE LA FORET

C'est à l'Est que s'accumulent les traces de la vieille histoire. La hauteur si improprement appelée le Mont des Singes est en réalité Moris Cingie ou Mont de l'Enceinte': nous verrons plus loin la signification de Froideval et d'Offémont. Sur le plateau se trouve encore le camp d'Oët, qui servit, dit-on, aux soldats d'Auguste, et d'autres noms, qui se réfèrent à une époque plus tardive.

C'est en effet sous les Carolingiens que cette région paraît avoir été le plus florissant. Tout autour de la forêt de Laigue se groupent les villas du fisc nrval, les demeures et les maisons de chasse. Il y en a à Choisy, Montmacq, Saint-Léger', Bailty, Pimprez, Jérusalem -, Cuts, Le Chesne 3, Quierzj^ 4. Encore beaucoup ont-elles disparu pour ne laisser qu'une trace nominale déjà mystérieuse, comme Bellourde 5 ou Les Arches 0. Puis, autour de ces fondations anciennes, s'échelonnent à travers le temps de nouvelles forteresses seigneuriales. En tenant compte de celles qui, sur l'autre rive, commandent la forêt,, nous citerons Chivy, Saint-Antoine, le Sausoy, Cambronne, Machemont, Thourotte, le Plessis-Brion, Rethondes, Château-Piétin 7, Offémont, Saint-Crépin, Trac3r-le-Val, Bailfy.

A l'ombre de cet appareil • guerrier s'avance à la fois l'armée civilisatrice des moines. On en trouve à No3ron, Bretign3* 8, Ourscamp, Saint-Léger, Choisi 7, Francport, Rethondes 3, La Joie, SainteCroix d'Offémont ; ils essaiment au Plessis-Brion 3, Mélicocq, Béthani.

Béthani. Saint-Léger était dans l'origine un domaine du fisc. I'cr villam que mea erat propria, dit Philippe dans sa charte de 1083. Arch. Nat., K 185, cote 8. Toute affirmation concernant l'existence d'une maison royale demande à être éta\-ée sur des preuves.

2. Aujourd'hui Carlepont. PEIGNÉ-DELACOURT, Mém. Archcol., t. I, op. cit., suppl. p. 29-33.

3. Aujourd'hui Caisnes. CARLIER, Hist. du Valois, t. I, p. 61.

4. PEIGNÉ-DELACOURT, Mém. Archcol., t. I, op. cit., p. 59, no 1.

5. Qui signifie La Belle Hourde.

6. Près de Pimprez. PEIGNÉ-DELACOURT, Topog. Archcol., c. de Ribécourt, p. 74.

7. « Entre Brianson et la forêt. » Bib. Nat., ms. fr., N. A. 6675.

8. Gai. Christ, t. IX, p. 390".

9. Les moines de Royallieu avaient des possessions sur ce territoire. GUYXEMER, Cartid. de Royallieu, table, voy. Gros Quesnoy.


ASPECT GENERAL

court, La Verrue 1, et leurs léproseries viennent encore resserrer le cercle humain, qui s'installe pour vivre aux confins de la forêt. Sans doute, autour de chaque centre, les arbres tombent tout d'abord. Au xnc siècle, les moines d'Ourscamp défrichent les abords, de leur pont 2, avec leurs confrères de Saint-Médard ils mettent en culture toute la plaine de Trac3^ 3. Le laboureur veut la terre et le clergé la dîme; mais la forêt n'est pas un obstacle, comme le prouvent les voies qui la pénètrent".

La plus ancienne, appelée par les Romains Chemin de la Barbarie, vient des profondeurs de l'Est et conduit de Verdun à Boulogne-sur-Mer par la forêt de Laigue. Elle passe par Tracy-le-Mont, Saint-Léger, le pont romain de la Malmère, Cambronne, Machemont. Chevincourt et Amiens. Une autre trouée passe au Nord du bois Saint-Mard, en suivant sur Tracy-le-Val, Bailty et Pimprez. Carlepont, véritable noeud de routes, communique avec Quierz3r par Caisnes, Cut-s et Bretign}*-; avec Rethondes "par les deux Tracy, Offémont, Saint-Crépin ; avec BaiLfy ; avec Noj'on. Saint-Léger n'est pas moins heureusement relié aux localités voisines et correspond avec Tracy-le-Mont, Baili3T, Cambronne, Montmacq. Ourscamp communique avec Saint-Antoine et Chiry. Une route va de Chois3~ -à Cambronne par la rive gauche, puis de là à No^^on par la rive droite. Au Sud, une autre borde la forêt entre Choisy et Rethondes, tandis qu'une troisième la traverse en ligne droite d'Offémont jusqu'à Thourotte. Les monastères contribuent d'ailleurs à améliorer ce réseau et, en juillet 1270, ceux de Saint-Léger et d'Ourscamp s'accordent au sujet d'un chemin carrossable à faire entre Bailly et Pimprez.

Si la forêt n'est pas un obstacle, la rivière non plus n'arrête guère les hommes. Des ponts de bois coupent l'Oiseau Plessis-Brion

1. Maison des moines de Choisy. Arch. Nat., LL 1023. Car/ul. de Choisy. fo 34.

2. Bib. Nat., Coll. Picardie, t. 171, f° 110.

3. PEIGNÉ-DELACOURT, Mém. Archcol., t. I, op. cit., p. 166.

4. Les notions sur les chemins données ci-après ont été empruntées à PEIGNÉ-DELACOURT; Topo. Archcol., c. de Ribécourt, et Hist. de l'abbaye d'Ourscamp.


DE LA FORET

(Pont de la Barre), Thourotte ', La Malmère, Pimprez, Ourscamp, Sempigny, Pont-1'Evêque, Pontoise ; l'Aisne à Choisy et Rethondes, Assez mal entretenus du reste, il leur arrive de laisser choir au milieu de la rivière charrette, attelage et conducteur- 2 ; mais des bacs sont placés par intervalles et même quelquefois auprès des ponts. Il y a le Bac à l'Aumône, celui de Chois)'- 3, du Francport et, près de Cambronne, le Bac à Bellerive ou, par corruption, Bac à Berry '.

Ces divers passages produisent des revenus au seigneur. Quelquefois celui-ci en fait don, en conservant pour lui et sa maison un droit d'usage. Par exemple les seigneurs d'Offémont et de Thourotte donnent le Bac à Bellerive au prieuré de Choisy, à condition qu'il restera gratuit pour eux et leurs gens, et la même réserve est stipulée par le prieur de Choisy, en 1170, lorsqu'il revend le même bac contre 10 sols de cens au prieuré de Saint-Amand 3. De cette façon, chaque changement crée de nouveaux privilèges au détriment du revenu total, et le passage reste franc pour un nombre croissant d'intéressés.

Sur l'Aisne, entre Chois)'- et Rethondes, se trouve très probablement un bac, et les Bonshommes, qui avaient le droit d'usage dans la forêt, n'ont certainement pas vécu par simple paresse isolés de l'autre rive. Cependant, soit par bienfaisance, soit qu'en dehors du couvent personne n'ait intérêt à s'en servir et que l'exigùité du revenu le fasse abandonner, le passage reste gratuit, le bac est franc et s'appelle Francns portas, aujourd'hui le Francport. En effet Du Cange explique ainsi le mot p or tu s : navigium ad. transvehendos itinérantes. Comment admettre qu'il y ait eu en cet endroit un port libre, c'est-à-dire un organisme économique des plus influents, sans

1. Arch. Nat., P 146, cote 28, 39 sq.

2. Arch. Nat., LL 1023. Cartid. de Choisy-au-Bac, f° 45 v°.

3. Arch. Nat., fos 5 sq., 45 sq., 70 sq., etc.

4. Ces bacs sont ceux dont l'existence est certaine, mais il y en avait d'autres encore. Ils portaient quelquefois le nom du passeur : cependant, Berry semble ici une corruption.

5. GORDIÈRE, Le prieuré de Saint-Amand, p. 175.


ASPECT GENERAL

qu'une répercussion intense se soit produite alentour, ni qu'il en soit jamais question dans les archives de Compiègne? *

■ Le sous-sol de la forêt renferme aussi des richesses. On y rencontre des veines d'argile et de glaise multicolores : nombreux sont les permis pour prendre de la terre à tuile 2, et l'abbé d'Ourscamp entretiendra plus tard Dom Grenier des minerais de fer jadis exploités dans sa région 3.

Ainsi, de tous côtés, des villes, des résidences ou des villas royales, des maisons de chasse, des forteresses, des couvents, entre eux des routes qui percent la forêt pour s'en aller au loin, des ponts, des bacs, en un mot le mouvement et la vie : telle est l'impression que nous donne la forêt de Laigue. Il nous reste à voir maintenant sur quel territoire elle s'étend et quel maître en régit la surface.

Méconnaissant ses dimensions primitives, les auteurs ont été entraînés par les textes à des résultats divers. L'abbé Pécheur classe toute la forêt dans le Noyonnais 4, tandis que La Forte-Maison opte pour le Soissonnais 5. Sans doute tous deux ont-ils raison et l'ancienne forêt couvrait-elle en partie l'une et l'autre contrée. En revanche, les historiens s'accordent à la placer dans le Valois, bien qu'ainsi présenté le fait soit d'une exactitude contestable et l'explication, tout au moins incomplète.

Bergeron donne pour frontières au Valois la Marne, la Seine, l'Oise, l'Aisne et l'Ourcq °. La forêt de Laigue estnettement en dehors de ces limites et n'appartient pas par conséquent à l'ancien A^alois ;

i. Nous attribuons aussi à Portus Hugonis la signification de « Le bac d'Hugon » (GUYNEMER, Cartulaire de Royallieu, Ch. XLII) et, si nous ne l'avons pas fait dans la préface du cartulaire de Royallieu (p. XXXIII), c'est que nous n'avions pas alors étudié la question des passages d'Oise et d'Aisne.

2. GUYNEMER, Cartulaire de Royallieu, Ch. ATI. . .

3. Bib. Nat., Coll. Picardie, t. 171, f° 115 v°.

4. Abbé PÉCHEUR, Mém. sur la cité des Suessions, p. 166.

5. LA FORTE-MAISON, Antiquités de Noyon, plan.

6. Nicolas BERGERON, Le Valois royal, 1583, réédité dans la collection Pièces rares de la Société hist. de Compiègne, p. 245.


DE LA FORET

mais elle y fut adjointe par Philippe le Bel lorsque, pour empainager son frère Charles, ce roi créa le comté de Valois 1. Elle restera d'ailleurs le lot des cadets. Le 5 mars 1353, le roi Jean II reprend à son frère Philippe d'Orléans plusieurs places de Normandie et lui donne en échange, avec d'autres biens, Pierrefonds et la forêt de Laigle'. Plus tard la forêt appartiendra tour à tour aux ducs d'Orléans et aux rois de France, suivant qu'une branche cadette se trouvera naître ou s'éteindre : mais son régime n'en sera pas modifié, elle constituera toujours la seconde maîtrise du Valois, et les seigneurs ne feront que changer de suzerain.

LA COPROPRIÉTÉ — LE PARTAGE LA FORÊT EST INCORPORÉE AU DOMAINE ROYAL

A la voir entourée de domaines royaux, on croirait volontiers que la forêt appartient au roi. Il n'en est rien cependant, ou du moins, s'il en fut ainsi d'abord, les droits du souverain . semblent s'être effrités pendant la période carolingienne, sous les empiétements' des seigneurs.

Partout sans doute les gru)rers se sont taillé leur part : mais il n'est pas ici question de gruerie. Le mot n'apparaît jamais ; aussi bien s'agit-il de tout autre chose et, malgré qu'il prête au roi foi et hommage, malgré que quelques privilèges restent attachés à la couronne, le seigneur d'Offémont exerce sur la forêt de Laigue une véritable copropriété.

Le roi partage avec lui tous les fruits de la surface : le bois, l'usage, la paisson 3, des droits et produits de la juridiction seigneuriale, comme la garde 4, et même les amendes et forfaitures, en cas de

1. Chantilly, GE 2. Forêt de Laigue, cote: début du XVII".

2. Arch. Nat., J 358.-5. Orig. s. parchemin avec sceau en lacs de soie rouge et cire verte.

3. Chantilly, GE 2, forêt de Laigue, cote 1546. Original sur parchemin. Le sceau manque.

4. Chantilly, GE 1, cote 536, pièce C.


10 LA COPROPRIETE

concurrence des sergents 1. 11 3^ a plus : la possession exclusive du sol, qu'en principe on attribue à la couronne, est illusoire, au point qu'un jour elle devra être ouvertement réclamée 2. Le roi est obligé d'acheter la chasse 3 : il ne peut concéder le moindre arpent à un tiers sans attribuer comme dédommagement" au seigneur d'Offémont la pleine possession d'un autre lot 4 et, pour conserver l'équilibre, tout don sur la forêt émane simultanément du roi et du seigneur.

L'usage accordé par Philippe Auguste aux Grandmontains en 12195 s'appuie en même temps sur une charte que leur, délivre Ansoult d'Offémont 6 et, si Jean de Nesle, en 1334, donne 2 arpents de bois aux moines de Sainte-Croix, le roi aussitôt leur fait le même -présent 7. En mai et août 1335, Jean de Nesle et Philippe VI confirment successivement au monastère son droit d'usage 8. En janvier 1336/7, le seigneur d'Offémont concède la paisson pour 20 vaches et 60 pourceaux et, dès le 28 février, le roi s'exécute à son tour s.

Les chartes vont par paire, non pour se confirmer, car elles s'ignorent réciproquement et s'ajoutent par conséquent l'une à l'autre.

1219. Charte de Philippe-Auguste accordant le droit d'usage aux Grandmontains

(Bonshommes) dans.la forêt de Laigue 5. 1252. Ch. d'Ansoult d'Offémont rédigée dans les mêmes termes 6.

1331. Ch. d'Ansoult d'Offémont accordant sept-vingt arpents de bois aux Célestins

en forêt de Laigue 8.

1332. Dec. Ch. de Philippe le Bel accordant quatorze-vingt arpents. Le rapport des

parts seigneuriale et royale est à ce moment, en effet, de 1 à 2.

1. Arch. Nat., P 146, cote 28, f° 39.

2. Chantilly, GE 2, forêt de Laigue, cote: début du XVIIe.

3. Voy. plus loin au titre La Chasse, p. 20.

4. Arch. Nat., K 185, cote 16, p. 8.

5. Arch. Nat., K 185, cote 11, p. 1.

6. Bib. Nat., ms. lat. 13891.

7. Arch. Nat., Q. 1, 857.

8. Arch. Nat., K 185, cote 16.

9. Arch. Nat., K 185, cote 16, ch. de fondation de Sainte-Croix d'Offémont.


LA COPROPRIETE I I

1334- 23 Mai. Jean de Nesle donne auxCélestins de Sainte-Croix 2 arpents de bois '.

1334. Mai. Philippe VI id. l

1335 Mai. Jean de Nesle confirme aux Célestins leur droit d'usage'.

1335. 20 août. Philippe VI id. -

1336/7. Janvier. Jean de Nesle concède la paisson pour 20 vaches et 60 pourceaux i. 1336/7. 28 Février. Philippe VI id. -

Chacun veille jalousement sur ses droits, et le seigneur d'Offémont réclame sa part jusque sur des palées destinées au château de Chois3^ et sur des merrains qu'on expédie au Moncel 3.

Ainsi le roi n'est maître ni des bois ni du sol. En 1208, Philippe Auguste a bien pu donner à Simon le Bègue quelques avantages contre une rente pa3rable à lui seul; mais cette circonstance sera vainement invoquée 400 ans plus tard et ne prévaudra pas contre les droits d'Offémont 4.

Ces droits, dont la proportion a varié, remontent si loin que les rois n'en cherchent même pas la cause, et Philippe VI les déclare simplement de ancienneté'1'. Leur origine se perd dans la nuit des temps. Dom Grenier les énonce brièvement sans paraître en saisir toute la portée et les attribue à quelque vieil usage du Valois; car il en est ainsi., dit-il, pour d'autres seigneurs en quelques endroits de la forêt de Ret^, laquelle est du même duché''. Carlier les cite confusément pour une époque où ils ont disparu '. puis il se rétracte 8 et, en définitive, aucun historien n'en a raconté le détail.

1. Arch. Nat.,0_ 1, 857.

2. Arch. Nat., K 185, cote 16.

3. Arch. Nat., K 185, cote 16, p. 8.

4. Chantilly, GE 2. Forêt de Laigue, cote: début du XVIIe.

5. Arch. Nat., K 185, cote 16, p. 8. Ch. de Dec. 1345.

6. Bib. Nat., Coll. Picardie, t. 171, f° 115. Cette forêt est aujourd'hui celle de Viilers-Cotterets.

7. CARLIER, Hist. du Valois, t. II, p. 279.

8. Id. t. III, suppl. p. 410.


LA COPROPRIETE

Il semble qu'ils aient pris naissance en 1193. En effet, la prééminence sur la forêt de Laigue appartenait primitivement aux seigneurs de Thourotte i : or, au xnc siècle, c'est-à-dire à l'époque des grands déboisements, Jean de Thourotte, châtelain de Noyon, obtient, par l'entremise du connétable de Mello 2 et quelques autres, un don royal. D'après la charte du 13 juillet 1193, ce seigneur recevra la moitié de tout terrain défriché et le tiers du prix de vente des coupes 3. Toutefois, l'avantage ne demeurera pas à sa maison. En 1288, Gaucher de Thourotte vend à Philippe le Bel ses droits sur la forêt et ce roi besogneux les repasse aussitôt, pour 2,500 1. ts., au cousin de son premier vendeur, Ansoult d'Offémont, seigneur de Thourotte en partie ''.

Ces grands personnages ne sont pas seuls et autour d'eux subsistent des intérêts de moindre importance, qu'ils absorberont peu à peu. En 1324, Jean de Nesle-Offémont achète à Jean de Cherizy, seigneur de Muret, la propriété du quart, qu'il possède sur un tiers de la superficie forestière, et le prix de la transaction est une rente de 200 1. p. 5. La maison d'Offémont n'en paraît pas moins seule copartageante dans les chartes royales. Philippe VI reconnaît que, jusqu'en 1339, elle a toujours eu la tierce partie en la forêt ; mais, depuis le 31 décembre de cette même année, le roi lui accorde 'la moitié des émoluments en la dite forêt". Les termes sont prudents et évitent soigneusement de reconnaître pour l'avenir le moindre droit sur le sol. Cependant, ces finesses du protocole échoueront un jour devant la justice du roi.

Cette quotité des deux tiers attribuée à la couronne ne résulte sans doute pas du hasard : c'est précisément celle qui revient à l'aîné

1. Voy. plus loin au titre La Seigneurie.

2. Le connétable Dreux de Mello était apparenté aux Nesle.

3. Bib. Nat., Coll. Picardie, t. 171, f° 111 v°.

4. Papiers Peigné-Delacourt.

5. Papiers Peigné-Delacourt.

6. Arch. Nat., K 185, cote 16, p. 8, et P. ANSELME, Hist. GénéaL, t. VIII, p. 830.


LA COPROPRIETE I 3

dans le partage féodal nommé pariage 1 et la confusion des droits de justice accentuerait encore l'analogie. Il semblerait qu'il s'agisse d'une sorte de pariage par indivis, où le roi aurait acheté la part du chémier. Mais les origines sont oubliées, la proportion est portée à la moitié et, dès lors,-ne varie plus.

Elle est confirmée par le dénombrement que donne Jean de Nesle vers 1383 '' ; par un partage avec le duc d'Orléans en 14813, car le roi ne peut donner en apanage que ce qu'il a; par une sentence du grand-maître des eaux et forêts de France en août 1521 4 : l'hommage prêté par François de Montmorency le x 0 mai 1525 3 : un compte de 1540 e ; une reconnaissance royale du 11 mars 1545 7 ; une nouvelle sentence du grand-maître de mai 1546 *, et l'on traverse sans changement la période tumultueuse des guerres civiles.

Cependant, le système de la copropriété est dangereux et les Montmorency, devenus seigneurs d'Offémont, sont entraînés par la situation même à des contestations avec la Couronne. Depuis longtemps, la maîtrise de Laigue est partie intégrante de leur seigneurie'-' : toute vente de bois oblige les officiers des eaux et forêts à leur fournir un compte, avec le versement de la moitié l". Ils sont les véritables souverains de la forêt, et les conflits n'en deviennent que

1. Le pariage est en principe une forme de partage entre frères : mais peut exister entre le roi et un seigneur ou entre plusieurs seigneurs. Le chémier ou aîné prend les 2/3. Les droits dechacun sur sa propre part sont égaux. L'hommage n'est dû au chémier pour le tiers formant la part des parageaux qu'après la cessation du pariage. Le pariage cesse par la vente d'une part quelconque ou, à la longue, par défaut de preuve de parenté.

2. Arch. Nat., P 146, cote 28, f° 39.

3. Chantilly, GE I, 1482.

4. Chantilly, GE 2, Forêt de Laigue, 1521-1601. Original s. parchemin avec sceau en cire rouge.

5. Arch. Nat., P 5, 6011.

6. Chantilly, GE 1, Offémont, 1540, n° 2.

7. Chantilly, GE 2, Forêt de Laigle, 1521-1601. Orig. s. parchemin, sceau manque.

8. Chantilly, GE 2, Forêt de Laigle. Orig. s. parchemin, sceau manque.

9. Chantilly, GÉ 1, 1580.

10. Chantilly, GE 2, Forêt de Laigle, 1521-1545.


14 LE PARTAGE

plus fréquents et plus longs. Les jugements des 10 mars 1556 et 24 mai 1568 leur donnent gain de cause, sans que la situation en soit plus nette pour l'avenir. Enfin, en" 1604, Henri de Montmorency, en butte à des difficultés d'argent inextricables, s'adresse au roi. Le Béarnais, tant pour régler définitivement ses affaires, que pour complaire à son dévoué serviteur, reprend des pourparlers interrompus par la guerre civile et, par arrêt rendu en son conseil le 8 juillet de la même année, prescrit une transaction L Elle débute naturellement par une enquête et par un rapport, que le procureur général pour la forêt de Laigue et le garde-marteau adressent au roi i. Ils sont nettement hostiles au seigneur d'Offémont, lui dénient la vente et la marque des bois, la chasse, les amendes, tout droit sur le fonds et, à ce sujet, ils invoquent la charte de 12083. Les autres accords leur sont mal connus'' et, sans s'en embarrasser autrement, ils déclarent qu'aucune charte ou concession ne saurait atteindre la souveraineté royale.

D'après eux, un partage des revenus est illusoire, parce que le seigneur d'Offémont peut compter sur les habitants de tous les villages pour défendre sa part, tandis que les intérêts du roi seront seulement surveillés là où il entretient des officiers. Leur avis est que la forêt soit nettement partagée en deux, plutôt en long qu'en large, et que le roi choisisse sa moitié. Encore devra-t-on, au préalable, expertiser les coupes. Ils ajoutent que ce partage entraî. nera la diminution du personnel forestier et en donnent la liste :

Un maître particulier (de droit le seigneur d'Offémont), un lieutenant, un procureur du roi avec son substitut, un maîtreverdier, un garde-marteau, un greffier et quatre sergents ordinaires.

1. Arch. Nat., Eu B, 1° 31.

2. Chantilly, GE 2, Forêt de Laigle, cote: début du XVIIe.

3. Voy. plus haut, p. 11, 1. 10.

4. Ils prétendent qu'avant la charte de Philippe VI. qui donna la moitié des émoluments à Jean de Nesle, le seigneur d'Offémont n'en avait que 1/4. Or, d'après la dite charte, il en avait 1 3. Voy. plus haut, p. 12, 1. 7. .


LE PARTAGE 15

un sergent traversier 1, un sergent voyer, un sergent dangereux -, un sergent louvetier.

Les 5 et 6 novembre, des experts, envoyés par ordre du Conseil, examinent les lieux et leur rapport, remis le 9 mars 1605, est heureusement beaucoup moins draconien. En conséquence, un contrat de transaction et partage est passé au Châtelet de Paris par devant les notaires royaux, ratifié par le grand Conseil le mardi 29 mars 1605 3, et vérifié au Parlement le 27 avril.

Le bois de Rethondes reste en dehors du partage. Le roi conserve ses droits antérieurs et la chasse lui appartiendra exclusivement (nous verrons plus loin les correctifs) 4. Toutes les questions de détail, garderie, coupes de bois, etc., sont réglées en sa faveur. Enfin, la forêt est partagée en deux portions : le roi prend celle du Nord, qui borde l'Oise, et donne l'autre au seigneur d'Offémont. La ligne de séparation est malheureusement décrite d'une façon si énigmatique, que nous en connaissons très vaguement le cours \ Provisoirement, c'est-à-dire jusqu'à preuve du contraire, nous admettrons qu'elle va en ligne droite depuis l'angle le plus occidental du parc jusqu'au Gros Quesnoy. en passant au Nord de la Tête à la Vache. Le roi conserve ces deux trièges, dont le second constitue par conséquent une enclave, et abandonne à son tour au seigneur d'Offémont deux arpents de son bois des Demoiselles. La partro3Tale

1. Qui lève le droit de travers.

2. Qui lève le domigerium, droit du seigneur.

3. Arch. Nat., X i A 8645, f° 231 v», sq.

4. Au titre La Chasse. Voy. plus loin, p. 20. par. 4.

5. La ligne de séparation commencera à 7 verges 7 S au-dessus du coin du. mur da parc d'Offémont, du coté de la porte des Foings, et seront les dites 7 v. prises au carré de la ligne de séparation, lequel coin est le plus proche de la dite porte du côté vers midi... etc. Il y a là un ceicle vicieux ; car on ne peut connaître le carré, c'est-à-dire la perpendiculaire à la ligne de séparation, avant d'avoir tracé cette dernière. De plus, la verge n'est utilisée comme mesure de longueur qu'en Hollande (environ 3m75). Enfin, la porte des Foings est aujourd'hui inconnue et nous n'avons pu retrouver son emplacement avec certitude. D'après la solution que nous proposons, elle serait en I. Voy. carte, pi. I.


l6 LA FORET EST INCORPOREE AU DOMAINE ROYAL

ressort ainsi à 2979 arpents et l'autre à 3040. La ligne sera jalonnée par 19 bornes, sur lesquelles devra figurer cette inscription :

Ge sont les bornes des deux portions de la forest de Lesgue d'entre le roy et le seigneur d'Offémont suivant le contrat du jourdhui 1605. Vérifié en Parlement le...

Chaque borne portera un numéro. Un fossé de 10 pieds de large et 8 de profondeur sera creusé à cheval sur la limite et doublé d'une haie vive du côté Offémont. Ce seigneur sera chargé de l'exécution et des frais. Il fera dresser en outre deux plans sur bois, avec la démarcation peinte en jaune, et fera déposer l'un à la Chambre des Comptes, l'autre au château d'Offémont.

Aussitôt on se met à l'oeuvre. Dans le parc est organisé un chantier, dont les restes à demi enterrés subsistent encore 1. Ontaille les bornes, on les plante, quand tout à coup arrive un contre-ordre. Hen^ de Montmorenc3^, à peine maître de sa portion, s'est mis en devoir de la raser et le roi oppose son veto. En effet, l'accord a prévu que la chasse ro3rale s'exercerait en haute futaie et non à travers un taillis. De plus, chacun des copartageants doit supporter les droits d'usage des riverains. Que deviendront les habitants des villages qui entourent la portion d'Offémont, s'ils sont totalement privés de grand bois? A toutes ces raisons excellentes le seigneur d'Offémont n'en oppose qu'une seule, c'est que sa situation pécuniaire l'oblige'-.

Ainsi l'accord, à peine signé, est déjà caduc et, malgré toutes les bonnes volontés, les anciennes contestations vont renaître. C'est ce que le roi ne permettra pas et, le 27. mars 1606, il rachète la portion méridionale de la forêt contre 1.258.131 1. 5 s. 5 ds. 3. Cet accord, passé devant les notaires royaux du Châtelet, clôt définitivement l'ère des contestations, en classant la forêt de Laigue dans le domaine de la Couronne.

Le seigneur d'Offémont ramène aussitôt contre les murs de son

1. Près d'un chemin qui porte actuellement le nom des Bornes.

2. Voir plus loin au titre La Seigneurie, les motifs de la constitution du terrier en 1609.

3. Arch. Nat., X 1 A S645, f° 333 v°.


LA FORÊT EST INCORPOREE AU DOMAINE ROYAL 17

parc les bornes déjà plantées, les fait doubler d'un fossé et prescrit d'en augmenter le nombre pour les continuer jusqu'à Tracy. L'inscription, qui n'a plus raison d'être, est martelée et la date 1606, substituée à celle de 1605, figure seule sur chaque pierre. L'inégalité des deux 6, la profondeur du dernier, la persistance de la pointe inférieure du 5 révèlent le changement, car 16 de ces bornes entourent encore aujourd'hui le parc d'Offémont '.

Celle qui est dans l'angle rentrant de la façade N.-O. porte commeles autres 1606, mais la correctiôn.fondamentale a été oubliée. L'inscription n'a pas été martelée et commémore ainsi deux actes authentiques dont les dates sont fausses. C'est elle que nous avons été invités à lire par M. le Comte Frédéric Pillet-Will et dont voici les termes :

XIXe 2 BORNE

CE SONT LES BORNES DES DEUX PORTIONS DE LA" FOREST DE LESGUE D'ETRE LE ROY ET LE Si1- D'OFFÉMONT SUIVÂT LE CÔTRACT DU XXIXe JOUR DE MARS 1606 VERISFIÉ Ê PARLEMËT LE XXVIIe JOr D'AVRIL SUIVANT.

1. Il y en a 3 autres entre celle qui va être décrite et Tracy, mais sans inscription. La 2e borne en partant de Sainte-Croix porte le 11° 18 en chiffres arabes, parce qu'elle était destinée à un bois dit des Dix-huit arpents, dont nous savons seulement qu'il touchait au Gros Quesnoy. (Arch. Nat., X 1 A 8645, f0- 231 v<>.) D'après l'arrêt, la borne plantée au coin du bois des Demoiselles devait être marquée d'un C.

2. Ce chiffre, peu lisible, est très incertain.


l8 LA FORÊT EST INCORPOREE AU DOMAINE ROYAL

Cette inscription confirme notre hypothèse du 5, ultérieurement changé en 6 ; car, outre les indices graphiques, nous voyons ici la date du XXIX mars. Or, l'acte de 1605 était bien de ce jour, mais celui de 1606 est du XXVII.

Si l'arrangement de .1606 clôt définitivement des procès séculaires, le roi cependant, encore une fois, paraît en être le mauvais marchand. Pour payer le prix formidable de son acquisition, il lui faut d'abord abattre quelque futaie, c'est-à-dire faire en partie luimême ce qu'il a voulu empêcher et, après lui, en 1650, son successeur permettra au duc d'Orléans et Valois d'abattre toute la forêt en sorte qii'elle soit réduite en taillisi.

Les avantages de la transaction sont plus tangibles pour le seigneur d'Offémont ; car ses droits archaïques n'étaient plus de mise vis-à-vis de la Couronne et, tôt ou tard, la doctrine du procureur général et du garde-marteau aurait prévalu.

Mais il ne faudrait .pas croire qu'à partir de 1606 la situation ait acquis la netteté moderne. Une foule de droits s'enchevêtrent encore dans ceux du roi. 11 est notamment impossible d'annihiler les clauses des anciennes donations et de nouveaux achats se produisent, qui morcellent encore une fois la forêt. C'est ainsi qu'en 1704, la moitié environ du Gros Quesno) 7 appartient pour le tréfonds au seigneur d'Offémont, et cela depuis très peu d'années- 2. Il faudra le monstrueux alambic de la Révolution, pour purifier la propriété de toutes les charges parasitaires qui l'encombrent, et pour lui imprimer sa netteté de contour, au détriment des petits.

LA CHASSE

Les lois qui régissaient la chasse aux derniers siècles de la " royauté sont honnies par la tradition, et leur impopularité remonte

1. Compiègne, Arch. des Eaux et Forêts, n. cl. et mises à pourrir en tas dans un chalet humide. Il est impossible de préciser la référence.

2. Terrier d'Offémont, appartient à M. le Comte Maurice Pillet-Will.


LA CHASSE 19

le cours de l'histoire, pour s'en prendre à des règnes qui ne la connaissaient pas.

Les premières ordonnances conçues dans l'esprit nouveau datent de Louis XI : François 1er fait de la chasse le privilège d'une classe et, après lui, la situation s'aggrave au point de laisser les souvenirs que l'on sait. Cependant, plus on remonte, plus la loi est libérale. Les historiens racontent bien quelques châtiments cruels ; mais, si peu nombreux, qu'il leur faut perpétuellement citer les mêmes et d'ailleurs personne, dans ces temps lointains, n'est puni pour avoir chassé, mais seulement pour l'avoir fait sur la terre réservée à son seigneur.

Sous Charles IV, tant de gens abandonnent leur travail pour vivre en chasseurs, qu'il faut une ordonnance royale pour arrêter le désordre 1.

Charles VI se lamente. Le droit de parcourir les forêts royales a été si libéralement accordé, qu'elles sont vuydées et dégarnies, et dorénavant son oncle, le duc de Bourgogne, révisera les permissions 2.

Si le seigneur haut-justicier chasse quand il lui plaît sur le territoire de sa juridiction 3, il ne garde pas toutes ses terres et, . encore moins, comme nous le verrons, toutes les espèces de gibier.

Le roi n'est pas autrement partagé que les autres seigneurs. Comme suzerain suprême, il peut chasser par tout le royaume, mais ne réserve que les forêts royales. Or, sur certains points de la forêt de Laigue, il rencontre d'autres droits qui l'arrêtent. Les titulaires en sont : Jean de Thourotte, châtelain deNoyon, héritier de Robert de Laon, son oncle', et l'évêque de Noyon 5.

1. Un grand nombre de ceux qui ont écrit sur la chasse reproduisent le texte de cette ordondance article par article, notamment Ernest JULLIEN, ancien président du tribunal civil de Reims, La Chasse, son histoire et sa législation, p. 107. Il est regrettable qu'aucun n'en indique la source, car elle ne figure pas au Recueil des ordonnances des rois de France.

2. Recueil des ordonnances des rois de France, t. VII, p. 579, an 1393.

3. LAPLACE, Dicl. des fiefs, p. 205.

4. PEIGNÉ-DELACOURT, Hist. de l'abbaye d'Ourscamp, p. 165 (1217).

5. Arch. Dép. Oise. Cartularium Capiluli Xor.iomensis, ch. 374 (déc. 1251).


20

LA CHASSE

En 1288, Gaucher de Thourotte, fils de Jean, qui cherche à réaliser quelque argent pour se rendre en Terre Sainte, vend ses droits à Philippe le Bel 1. Le roi les recède presque aussitôt à Ansoult Seigneur d'Offémont, mais convenablement révisés : car, si Tean chassait à la haie, c'est-à-dire à tous animaux 2, les cerfs et biches seront désormais réservés à la couronne 3.

La distinction est remarquable, en ce que déjà Charles le Chauve l'avait établie, dans cette même forêt de Laigue, au détriment du Dauphin 4, et que ses successeurs la maintiennent. Or, elle ne s'explique pas par la simple division en chasse à courre et à tir, car nos pères ne l'entendaient pas ainsi. La chasse à courre était celle à la grande bête, ou au gros; ou à grosses bêtes noires et rouges. Celle à tir était aux menues bestes sauvages ou au grêle".

Ainsi nous apparaît un double partage. Si les seigneurs laissent aux petites gens leur chasse à tir, le roi est obligé de leur abandonner à eux-mêmes une partie de sa chasse à courre. Ils auront le sanglier, le chevreuil et autres gros animaux nécessaires à la nourriture de leurs officiers et de leurs gens, tandis que le roi, par la réserve d'un gibier spécial, maintiendra les prérogatives de la couronne.

C'est bien en effet de protocole qu'il s'agit et, dans la pratique, les seigneurs d'Offémont n'en souffriront guère. Louise de Nesle a un veneur 6 : pour l'arrivée de Jean de la Gruthuse, on lui commande de prendre quelques bêtes 7. A Mello, le seigneur d'Offémont a garenne pour le gros et le menu 8; et pourtant, lorsqu'il séjourne

1. Papiers Peigné-Delacourt.

2. Ch. de 1217. PEIGNÉ-DELACOURT, Ilisl. de l'abbaye d'Ourscamp, p. 165.

3. Arch. Nat., P 146, cote 28, f° 39. Dénombrement donné par Jean de Nesle vers 13S5.

4. Bibl. Nat., Coll. Picardie, t. 88, f° 27.

5. E. GuiLLEiMOT, Les forêts de Sentis. Mém. delà Société de l'Hist. de Paris et de l'Ile-deFrance, t. XXXII, p. 266-267.

6. Chantilly GE 1, 1482.

7. Chantilly GE 1, 1489-90.

8. Arch. Nat., P 146, cote.i, f° 1.



LE PARC D'OITHMONT EN 1734

1. Position probable de l'ancienne porte des Foins,

voy. n. 5, p. 15.

2. La borne avec inscription décrite p. 17.

3. Cavité, voy. p. 29.

4. Porte de Tracy.

5. Cavité et fossés, voy. p. 29.

6. Cimetière gallo-romain, voy. p. 24.

7. Fondations romaines, voy. p. 26.

8. Chaussée des Etangs ou du Vivier Châtel, voy. p. 28.

9. 10, 11. Double mur formant d'une part l'enceinte

du parc, d'autre part celle du prieuré.


LA CHASSE

à Amiens, c'est de la forêt de Laigue que lui arrive une chevalée 1 de venaison. En 1545, l'intendant porte sur son compte le résultat des chasses faites en forêt de Laigue par le veneur de monseigneur-. Enfin, après le partage, si les Montmorency ne peuvent plus chasser en tant que seigneurs d'Offémont, ils ont, comme maîtres particuliers de la forêt, leur place dans l'équipage royal, et la maîtrise est un fief d'Offémont 3. Ainsi personne ne pourra les empêcher de courir le cerf, mais ils le feront à la suite du roi ou en son nom.

11 y a d'autres tempéraments encore à la mainmise opérée par la couronne. Les seigneurs d'Offémont conservent leurs droits de chasse dans la forêt de Saint-Pierre 1 et la zone interdite, c'est-à-dire la bande d'une lieue réservée autour de toute forêt royale, est expressément supprimée pour la forêt de Laigue 5.

1. Chantilly, GE i, 1482. La chevalée est la charge d'un cheval.

2. Chantilly GE 1, 1544-46.

3. Chantilly GE 1, 1580.

4. Arch. Nat., P 2304, p. 10S9.

5. COET. N. Sie, t. II, p. 215-216. Extrait du règlement pour la forêt de Compiègne. 2 déc. 1563. Confirmé par arrêt du Parlement 19 mars 7570. Capitainerie de Laigue.



HISTOIRE

DE LA

SEIGNEURIE D'OFFÉMONT

LE PARC & LE CHATEAU

Offéniontest une langue de terre fourchue reliée par un seul côté au plateau, et qui s'avance entre la vallée de Saint-Crépin et l'étroite fente de Froideval. Blottie sous Tes premiers arbres de la forêt, elle semble attachée à son flanc pour en surveiller les abords et merveilleusement placée pour en abriter le maître.

Au xvnie siècle, encore, on disait aussi bien. Offrémont ou Auffrémont, et c'est à tort que les latinistes du moyen âge ont traduit ce nom par Frigidus Mons, comme Froideval par Frigida Vallis. Rien dans l'exposition ou le climat ne justifierait une épithète -contredite par l'appellation voisine de la Rue Chaude, et l'étymologie doit être incontestablement cherchée dans Au Fraict Mont et Fraicte Val, plus tard Fraideval.

Ces noms consacrent le souvenir de fortifications antiques. Fracta, dit du Cange, est quod ex dejectis seu fractis arborum ramis fiât. Et la preuve qu'il ne s'agit pas ici de fascines légères, mais de palissades, c'est qu'il ajoute : fecerunt fractas ad capiendum sylvestria animalia. Un fait vient encore corroborer l'hypothèse, c'est que cet immense parc, de 410 hectares clos de murs, -renferme les plus anciens vestiges.

Peigné-Delacourt veut qu'un oppidum gaulois ait utilisé jadis la position^ et les fouilles semblent en effet justifier cet avis. Des huttes ne laissent pas de ruines : mais ceux qui les habitaient sont restés sous la terre et. au flanc sud-est de la presqu'île, au milieu environ


LE PARC ET LE CHATEAU

de sa longueur, tout un cimetière est rangé 1. Les cercueils, creusés dans le tuf pierreux, ont été ensevelis sous la forêt, puis partiellement entraînés par l'éboulement d'une carrière, qui les ignorait.

C'est parce que-cet accident a mis au jour quelques dalles, qu'on a cherché sous la terre et découvert les tombeaux.

Rangés côte à côte, à om25 environ d'intervalle, tous ont les pieds vers l'Orient, mais présentent les formes les plus variées. Les uns sont rectangulaires, d'autres plus étroits vers les pieds. L'un, renfléau centre comme une olive, renferme une ossature de géant ; un autre présente un support pour la tête. Les dalles, toutes de plusieurs morceaux, sont plates ou en dos d'âne. Les squelettes, en bon état, sont seulement un peu envahis par la boue, qui a filtré, et aucun crâne n'offre trace de violence. Un seul sujet porte au bras droit une fracture ancienne.

La forme des crânes, uniformément dolichocéphale, est celle des anciens habitants de l'Ile-de-France : mais aucun objet n'accompagne les corps. On a seulement découvert sur une dalle un fragment de poterie, à l'anse large et plate, qui, postérieure à l'ensevelissement, est évidemment faite avec là terre du pays..

Une tombe mérite d'être signalée à part. La dalle, convexe en dehors, concave en dedans, donne à première vue l'impression d'une boîte à momie. Le corps est assis au milieu, comme s'il avait été couché d'abord, puis replié, la tête sur les genoux. Les jambes ont été croisées à-la turque ; mais, comme si le buste s'était raidi, la gauche à été passée par dessus la nuque, où le tibia gît encore. La pression a été telle, que le tibia droit a été coincé entre les parois de pierre et n'a pu être dérangé sans rupture. Il est regrettable que l'ensemble ait été touché avant qu'on ait pu le photographier : mais les personnes présentes étaient nombreuses et suffisamment qualifiées, pour que la description qui précède soit valablement confirmée 2.

i. Près de l'allée dite-des Polonais. Voy. PI. I, n° 6.

2. MM. le B°n de Bonnault d'Houêt, président de la Société hist. de Compiègne ; Plessier, ancien président : docteur'Théry ; Hutin, photographe ; Leduc père et fils, gardes de la propriété.


D OFFEMONT

25

Dix tombes ont été ainsi découvertes. Bien d'autres restent encore cachées sous la terre ; mais il faut creuser de ooe8o environ, déraciner des arbres, et l'on est tenu naturellement, dans un parc, à quelque ménagement. D'ailleurs, sans plus rien bouleverser, nous pouvons déjà conclure. On n'est pas venu de loin jucher les morts en ce refuge et leur présence révèle que le mont était habité. Il le fut encore pendant la conquête. En cherchant si quelque muraille n'avait pas au loin barré la presqu'île et servi de première enceinte au donjon médiéval, nous avons mis à jour des fondations romaines 1.

Trois assises de grand appareil, dont les- pierres atteignent i'"05 x om8o x ora6o, s'enfoncent sous terre suivant les trois côtés d'un carré de 6" ; le quatrième est fermé par un blocage. Une couche de mortier indique l'aire ancienne et d'autres blocages se découvrent facilement tout autour.

. Il n'est donc pas surprenant qu'on ait découvert dans ces lieux des armes, des monnaies, des statuettes. Au commencement du xixe siècle, des trouvailles nombreuses exaltent le romantisme de nos pères et ils en tirent des conclusions fantastiques. Ils imaginent sur Offémont des combats terribles, auxquels se mêlent des souvenirs de massacre. On prend à témoin la tradition du moyen âge et, sans aller comme elle jusqu'à invoquer les Sarrasins, on s'accorde du moins à croire que leur nom abhorré cache un mystère de sang.

Au risque d'effriter une idole, nous n'ajouterons pas foi à ces légendes. Les grandes batailles ne restent pas obscures et, si des bandes de partisans ont un-jour sillonné le plateau, si leurs méfaits causèrent parfois d'atroces représailles, ce fut, comme nous le verrons, pendant la guerre de cent ans.

Le lieu dit le Champ de Bataille ne paraît pas plus ancien, et celui de La Tuerie résulte d'un coq-à-1'âne ridicule. De même que le ruisseau d'Erloy, qui traverse le Francport, est devenu le ruisseau des Loix. le chemin de La Tuerie a dévié en un souvenir de carnage

1. A 100 mètres environ au Nord de la faisanderie. Voy. PI. I. n°


20 LE PARC ET LE CHATEAU

et bientôt il en est devenu la preuve. Or, ce nom ne désigne pas un endroit, mais un chemin. Aucune charte ancienne n'en fait mention, et il est probable qu'il fut simplement donné à une voie du parc parles Montmorency, seigneurs d'Offémont, pour faire honneur aux Montmorency, barons de Fosseux, marquis de la Thury, devenus en 1570 les aînés de leur maison 1.

La Croix du Sarrasin ne semble non plus qu'une variante de la Croix des Huguenots. Qu'un hérétique soit d'Orient ou d'Occident, c'est tout un pour la foi simpliste de nos pères et l'épithète de sarrasin n'est-elle pas plus infamante, puisqu'elle couvre en même temps de toute la réprobation ancestrale ceux qui sont enterrés au saillant le plus septentrional du nouveau parc ?

C'est ainsi qu'on appellera dorénavant la récente enclave, par opposition à Vancien parc, dont l'origine se perd dans la nuit des temps. Est-il né par don royal, ou par échanges comportant renonciation réciproque sur une part de copropriété ? Les deux systèmes ont probablement fait leur oeuvre : car, si la situation exige que le seigneur d'Offémont commande le tour de son château et ne souffre pas jusqu'à sa porte l'ingérence royale, s'il possède une part exclusive, le roi est de son côté l'unique maître en certains points de la forêt, notamment au Bois des Demoiselles".

Un de ces échanges remonte fort loin. Le roi renonce à ses droits sur 24 arpents 3 de forêt, à condition que le seigneur d'Offémont fera de même sur le Bois des Dames ''. Nous ne saurions fixer la date de l'accord : mais, vers 1383, les 24 arpents figurent déjà au dénombrement donné par Jean de Nesle. Bien plus, une charte de 1308, pour définir une ligne qui va de l'Ouest à l'Est, la dirige sur

1. MORERI, t. V, P 117.

2. Arch. Nat., X i A 8645, fo 231 v°.

3. L'arpent varie beaucoup. D'après Graves, l'arpent forestier vaudrait un peu plus de 51 ares ; mais, comme il ne cite pas spécialement l'arpent de la forêt de Laigue, nous ne donnons cette équivalence que sous réserve.

4. Chantilly, GE 2. Forest de Lesgue. Cote : début du XVIIe.


D OFFEMONT

-/

le bois assigné aux héritiers d'Offémont '. Il semble qu'il s'agisse là d'une attribution récente, et. très probablement, des 24 arpents 5.

Ainsi, dès 1308 au plus tard, nous sommes en présence d'un parc agrandi, que l'on distinguera encore pendant des siècles en ancien et en nouveau ~. Sa première description résulte du dénombrement de 1383 ;. Le manoir est entouré d'un jardin : les 24 arpents accroissent l'ancien parc : un lieu dit le clos renferme vivier, aunois, friches, broussailles, prés, bois, et tout fait présumer une enceinte au moins partielle de haies ou de palées, sans qu'on voie trace de murs - 5.

Ceux-ci ont été bâtis au xvf siècle. Les comptes de l'intendant 6, muets sur les débuts de l'entreprise, la déclarent terminée en 1535. Ils nous annoncent que, par ordre du seigneur d'Offémont, la vérification est confiée à Adrien Constant, mesureur juré, demeurant à Pierrefonds, et que le développement total atteint 5418 toises, c'està-dire 10 kil. 559. Cependant une grande ouverture de 220 toises, ('429*° environ), existe vers le Alliage 7. Elle est fermée par le VivierChâtel, le ruisseau, des haies et des jardins. Aujourd'hui que l'enceinte, entièrement fermée, englobe par surcroît le prieuré % elle ne mesure que 8 k. 200. Evidemment les quelques toises de mur refaites autour du monastère ne suffisent pas à rétablir l'équilibre et. pour arriver aux 10 k. 200, il faut admettre une foule de divi1.

divi1. ad nemus assignatum heredibus de Offemont. GUYXEMER. Cartulaire de Royallieu,

ch. xiii. x

2. Ce n'est pas là une supposition gratuite. Les 2i arpents sont fréquemment mentionnés et leur cession semble avoir constitué un fait particulièrement intéressant.

3. En 1610, la dénomination de Vieux Parc est encore en usage. Terrier d'Offémont. t. I, f° 55.

4. Nous l'appellerons ainsi pour simplifier, bien que l'année 1383 ne soit que probable.

5. Arch. Nat., P 146, cote 28, f° 39.

6. Chantilly, GE 1, 1536 sq.

7. Pour ce qui suit, voy. car;e. P'. I.

8. Depuis la suppression de l'ordre des Célestins, en 1779. comme il est dit plus loin, dans l'histoire du prieuré.


28 LE PARC ET LE CHATEAU

sions intérieures aujourd'hui disparues. Le prix de l'ensemble atteint 5548 1. 15 s. ts.

D'autres travaux ont été exécutés en même temps. Jusqu'en 1535, le seigneur sortait de son domaine par une digue, passait près d'un moulin, ce qui dénote un courant assez fort, et aboutissait à la place du carcan. En cette année,, on a construit, sous le nom de Chaussée du Vivier-Châtel ou des Étangs', une route qui subsiste encore, mais ne donne plus aucune idée du passé. Les étangs sont aujourd'hui comblés :.partout le sol s'est élevé et l'on ne comprend plus la possibilité d'un moulin, ni les murs de soutènement et tout le travail, dont le prix atteignit 1100 livres.

Les 5548 1. 15 s. ts. payés pour la clôture répondent en gros à vingt-deux mille francs de notre monnaie 2, du moins d'après leur poids d'argent fin, car le pouvoir libératoire ne saurait en être fixé. Même pour l'époque, le prix est minime et tient à des conditions très spéciales. La pierre a été tirée sur place, soit dans la carrière située contre le village de Tracy, soit au-dessus de Saint-Crépin V soit sous le cimetière gallo-romain, dont on a préparé inconsciemment la chute, et, de ciment, il n'est pas question.

Aussi, dès 1570, d'importantes réparations sont-elles à faire. Outre les 80 toises de vieux mur, qui s'écroulent d'une seule pièce autour du prieuré, des brèches sont signalées dans la clôture même du parc et leur nombre s'accroît chaque année, sans que les réfections partielles suffisent à enrayer le délabrement général. Bref, le 8 mars 1622 \ les travaux concernant le mur du parc et la Chaussée des Etangs sont donnés par adjudication et, si rapidement menés, que leur réception a lieu le 24 mai suivant.

Est-ce pour puiser les matériaux nécessaires à toutes ces constructions, qu'on a creusé à travers le parc une série de cavités ? Nous

1. Aujourd'hui Montagne de la mère Moreau. Le carcan était au bout, non ailleurs.

2. Vicomte d'AvENEL, Ilist. économique de la propriété, t. I, p. 4S1, fixe la liv. ts. pour 1512-1540 à environ 3 fr. 92 actuels.

3. La Carrière aux Moines.

4. Chantilly, GE 2, 1622.


PL U.

LE CHATEAU D'OFFÉMONT

Vues prises du N.-E. et du N. Crayon de WTGANOWSKI, Dessinateur de Viollet-le-Duc. — Original à M. BEEXÀBD.



L> OFFEMONT

les aurions volontiers passées sous silence, si elles n'avaient, à leur tour et malgré l'insignifiance de leur aspect, autorisé des théories romantiques 1. 'Voy. n° 5, PL 1.) L'un de ces trous (N° 3) est aujourd'hui isolé. Les autres sont réunis par un fossé, qui tourne autour du Froideval. Il semble qu'on soit en présence d'anciens gisements réunis par l'affleurement d'un filon. D'après la nature du sol. la matière exploitée pouvait être du gré, et le fragment de poterie trouvé dans le cimetière serait un indice. On a pu aussi en tirer de la terre pour les murs du parc, ou du sable pour le mortier du château ; mais il ne faut pas chercher à ces cavités d'autre origine.

Du château nous savons peu de chose. Il a dû toujours occuper la pointe où il est actuellement, afin que, de ce piédestal naturel, le donjon dominât la vallée. Des souterrains traversaient son sous-sol suivant l'usage, et un puits de ^-^ mètres lui assurait l'eau 2. Ce, puits, créé ou remanié au xve siècle, se trouve aujourd'hui sous la pelouse, à l'extrémité d'une galerie souterraine, mais l'aspect du plafond prouve qu'il débouchait jadis à l'air libre.

Si l'on veut remonter à l'origine du château et de la seigneurie, l'un et l'autre vont se perdre du même pas dans la brume. On en découvre la trace à l'aurore du XIII°, puis l'obscurité devient impénétrable. Graves parle d'une maison de chasse donnée par Iiugues Capet. Sans doute, pour avoir le droit d'affirmer des faits si lointains, faudrait-il indiquer ses sources, et cependant, si la maison de chasse nous semble imaginaire, l'existence de l'ancienne forteresse pourrait remonter jusque-là.

Les donjons n'étaient pas bâtis à la légère et leurs murs bravaient les siècles; or, celui d'Offémont s'en alla de vieillesse entre

1475 e^ ÏA^>2Le

ÏA^>2Le de Sainte-Croix se fait en ces termes l'écho de la

1. La carte reproduite PL I porte au point 3 cette inscription : Ancienne fosse à gibier. Chasse à la haie. C'est là une addition de M. Peigné-Delacourt et, sans nous permettre de critiquer le savant auteur de La chasse à la haie, nous Pavons supprimée.

2. Il y a 30 mètres de l'orifice au fond : mais l'orifice est à environ 3 mètres au-dessous du sol naturel.


^0 LE PARC ET LE CHATEAU

tradition: « Jehan de La Grutuse ayant répéri 1 à la grand sale du « donjon d'Offémont, où est de présent le logis neuf, commanda « que chacun le suivit; ce qui sembla, après, luy estre venu d'inspi« ration divine; car soudain, sortie la compaignie, tout le logis « tomba de fons en comble, sans endommager personne >• -. Et le narrateur, enthousiasmé par cette intervention de la Providence, rappelle que Josèphe confa la même chose d'Hérode, et Nicéphore, de Théodose.

Ainsi, le vieux château a disparu après Jean IV de Nesle, c'est-àdire après 1475, et> cent ans plus tard, on en accuse sa vétusté. Ce sont là les deux faits à retenir; car, sous la plume du religieux, l'histoire est tournée en légende.

La vérité est que, sans attendre la chute, on procède à la démolition. La dame de Contay, tante et tutrice de Louise de Nesle, fait démolir le comble de la. salle, les enceinctes, chappelle, cuisine et hosté les immondices hors de l'ostel. Puis elle fait recouvrir en tuiles la grand'chambre et abattre des chênes, pour en lambrisser l'intérieur. Le charpentier reçoit des sommes considérables, tant en argent qu'en setiers de blé. Nous n'en apercevons malheureusement qu'une partie, à cause des trop nombreuses lacunes survenues dans les comptes; mais l'ensemble des travaux paraît terminé et payé en 14823.

Notons en passant qu'ils ont été ordonnés parla dame de Contay. Ce fait vient à son tour contredire la légende; car, dans ce cas, ils ont précédé le mariage de Louise de Nesle vers 1484, et Jean de La Gruthuse n'était pas encore seigneur d'Offémont.

Dans le remaniement, la chapelle du château disparaît, et son rôle sera désormais dévolu à celle du monastère 5. Puis nous ignorons ce que devient l'antique forteresse ; nous n'avons plus, pour suivre son histoire, que la lueur incertaine des présomptions.

1. Pris son repas.

2. Bib. Nat., ms. fr. N A, 6675, f° 16 du ms. du relig. de Sainte-Croix.

3. Chantilly, GE i, 1482.

4. Camille MAHLER, Metz littéraire, 1854.



LE CHATEAU D'OFFÉMONT. façade Nord.


[ E CHATEAU D'OFFÉMONT. Vue prise du Nord-Est



D OFFEMONT 3 I

La période des guerres civiles et les sévérités de Richelieu ont très probablement marqué sa fin. Le xvn" siècle a dû voir une résidence luxueuse épanouir ses pelouses au lieu des places d'armes; car le gouverneur est appelé indifféremment le capitaine du château ou Vagent des affaires du seigneur d'Offémont '. Puis, au xvme, la Révolution déchaîne ses fureurs contre le vénérable manoir. Au xixc, il est réparé, reconstruit. Malgré tout cela, sous son enveloppe moderne, le château actuel cache encore des dispositions anciennes, et laisse apercevoir par places les fondations des vieilles tours.

i. Papiers de M. le B°n de Bonnault d'Houët. Doss. : Offémonl. Diverses pièces de 1662 à 1685 et, notamment, une du 12 août 1686. Même au début du xvne siècle, le capitaine du château était le bailli du seigneur. Voy. plus loin. Hist. de la seigneurie. Maison de Montmorency, Henri II.



LES SEIGNEURS 1

MAISON DE BEAUMONT-PERSAN

.... JUSQUE VERS J200

Le plus ancien seigneur de Beaumont que l'on connaisse est Hugues de Beaumont, seigneur de Persan et d'Offémont 2, qui vivait vers la fin du xne siècle. Son père, également nommé Hugues, ne paraît pas avoir possédé la seigneurie, et nous ignorons à quelle famille appartenait sa mère. Aussi doit-on considérer comme purement fabuleuse toute affirmation visant des temps plus lointains, tant qu'elle ne sera pas étayée sur des preuves certaines.

Il semble qu'à l'époque où Offémont nous apparaît pour la première fois, ce soit déjà une seigneurie. Le silence où disparaît son origine n'a pas échappé à l'attention des historiens, et voici comment, l'interprète Dom Brice 3 : « Offémont est une des neuf plus anciennes maisons de Picardie, et, si on n'en parle pas dans les tous premiers temps, c'est qu'ils ne se souciaient pas d'avoir quelque état en France ; car ils étaient, comme les seigneurs de Coucy, riches et opulents, ne se souciant d'aucun état ou gouvernement de province ». Et, plus loin, il cite ce vieux dicton :

Offémont, Moye et Roye Sont ceincls de mesme courroie. Mailli., Encre et Créqui Diverses armes, mais tel cry. Coussy, Longueval, Chastillon, Mesmes armes et divers noms.

En face de la seigneurie d'Offémont vit une autre maison, qui semble ne lui rien céder en puissance et qui domine en grande

i. Pour l'aorément du lecteur, nous avons rejeté à la fin, au titre Charles, tout ce qui n'est que vente, donation, fondation, etc.

2. P. ANSELME, Hisl. -gênéaL, t. VIII, p. 35 sq.

3. Graves fait donner Offémont par Hugues Capet au bailli du. comté de Senlis. Or, d'une part, Monstrelet fait sortir les Nesle d'Otho, fils de Hugues Capet : mais ils n'avaient au début rien


34

LES SEIGNEURS

partie la forêt de Laigue. Ce sont les seigneurs de Thourotte, châtelains du dit lieu, de Noyon et, occasionnellement, de Coucy 1. Sortis d'une Montmorency, ils sont par Alix de Dreux apparentés à la maison royale et leurs droits, qui confinent à ceux d'Offémont, s'y mélano-ent et s'y heurtent, rendent inévitable l'alliance ou la guerre. Devons-nous voir, dans la mort d'Hugues de Beaumont, la cause déterminante de l'alliance ? Cela est probable, car elle en accroît immensément l'intérêt. Non seulement, Guillaume de Thourotte épouse Béatrice de Beaumont, dame d'Offémont, mais, par une précaution ultime, pour qu'en aucun cas l'oeuvre ne soit perdue, Gaucher de Thourotte épouse Marguerite de Beaumont, dame de Persan, et les deux seigneuries de Thourotte et d'Offémont sont définitivement jumelées par ce double mariage.

MAISON DE THOUROTTE

DEPUIS ENVIRON 1200 JUSQU'EN I294

Guillaume de Thourotte, seigneur d'Offémont et seigneur de Thourotte en partie, a trois fils : Guillaume, Jean et Ansoult, Les deux premiers meurent sans postérité et la seigneurie, après avoir appartenu un instant au second, passe à Ansoult Ier.

Sceau de Jean d'Offémont, 1249 2.

de commun avec Offémont ; d'autre part, DUDON, De moribus et actis Normannorum, 1. III, (DUCHESNE, Iïïstorioe normannorum scriptores anliqui, p. 119), attribue Thourotte au comte de Senlis et Thourotte fut plus tard aux Offémont. Il semble donc que Graves rapporte une tradition, où des vérités se trouvent confusément mêlées, tronquées et déviées.

1. Jean I" de Thourotte fut seigneur de Coucy au XIIe siècle, mais non son fils.

2. Tous ces sceaux, faits d'après Peigné-Delacourt, ont été extraits par lui de Gaignières, ms. 5473. Les dessins de Gaignières sont des croquis grossiers pris à l'abbaye d'Ourscamp. Voy. la suite des sceaux, PI. XL


MAISON DE THOUROTTE

35

Ansoult Ier, seigneur d'Offémont, et sa f e m me, Marie

d'An trêches, dame d'Abbécourt, vendent une partie de leurs terres pour payer les dépenses des croisades 1.

Leur fils Ansoult II rétablit ses affaires. Maître d'Offémont et de Thourotte en partie, il s'efforce de racheter ce que son cousin Gaucher vend au roi, et s'accroit de tout ce que perd le Sgr de Thourotte.

Sceaux d'Ansoultl" d'Offémont et de M. d'Abbécourt, sa femme, 125S.

Sceaux d'Ansoultl" d'Offémont et de M. d'Abbécourt, sa femme, 1262.

Sceau d'Ansoult II d'Offémont, 1276.

Sceau d'Ansoult II d'Offémont, 1276 :

. 1. Voy. plus loin au titre Les Chartes, année 1267, et GORDIÈRE, Le prieuré de SaintAmand, p. XIII, xiv, 237, 241.

2. Coll. de la Société hist. de Compiègne, cliché d'après Arch. Nord, 10.177.


36 LES SEIGNEURS

Sa fille, Marguerite, devient une puissante héritière et épouse Guy, dit de Nesle, fils de Simon II de Clermont Nesle et d'Alix de Montfort.

MAISON DE NESLE Guy Ier

I294 14 JUILLET I3O2

Guy Ier de Clermont Nesle, seigneur d'Offémont, maréchal de France, après avoir quelque .temps guerroyé en Flandres, est tué à Courtrai, 1302. Il laisse cinq enfants, dont l'aîné, Jean Ier, lui .succède.

Jean Ier

14 JUILLET I302 25 MAI I352

Le jour où le fils de Saint Louis prit le nom de Clermont, la famille de Clermont Nesle a cessé de le porter. A son tour,

Jean Ier de Nesle ne prend plus que le nom de sa seigneurie. Devenu vers 1348 maréchal de France, il s'appellera le maréchal d'Offémont, mais conservera les armes de Nesle chargées d'un lambel d'or de trois pièces.

Un peu avant 1320, Jean Ier épouse Marguerite dame de Mello et ce mariage accroît considérablement sa puissance, comme le montreront

les dénombrements de ses successeurs. Malgré sa haute dignité, il n'exerce pas une grande influence sur les événements de son temps et son existence semble surtout consacrée à la piété. En 1331, il fonde, au pied de sa forteresse, le prieuré des Célestins de Sai'nte-Croix et un jour, cédant la place à son fils, il s'en ira « vivre librement avec ses religieux y,*. C'est là qu'il meurt le 25 mai 1352 :| ;

Jean Ier de Nesle seigneur d'Offémont J.

1. Coll. de. la Société hdst. de. Compiègne.

2. D. BERTHEAU. Bib. Nat., ms. lat. 13.891, f° 138.

3. FROISSART, é'dïtn Lettenhove, t. XXII, p. 304.




NOTES DE LA PLANCHE V

i. P. ANSELME, t. VIII, p. V)S sq. 2. P. ANSELME, t. Il, p. r^o sq.

1. GORDIÈRE, Hist. de J'Ahharc de Saint-Arnaud, p. 151. Adélaïde existait à l'époque de la fondation du monastère vers uo-;.

4. PEIGNÉ-DELACOURT. Ilisl. de î'Ahbave d'Ourscamp, p. 128.

5. GORDIÈRE. op. cil., p. 171 et 177.

b. P. ANSELME, t. H, p. 150 ;-.q., et PEIGNÉ-DELACOURT, op. cit., p. 22s.

7. Cité ;iu Cartulaire d'Ourscamp. PEIGNÉ-DELACOURT, op. cit., p. 170 sq., en 1224, 1229, 1230.

8. PEIGNÉ-DELACOURT, op. cit., ch. de 122c) et 12*10.

(). Cité au Cartulaire d'Ourscamp, p. 158 sq., en 1203, 120s, 1210, 1217, 1224, 1229, 1230, 1235, et dans GORDIÈRE, op. cit., p. 200 sq., en 1207, 1212, 1214, 1218, 1220, 1229 et, p. 217, son testament de Mis, où sont cités ses enfants.

10. Lieutenant-général de Thibaut, roi de Navarre, en ses comtés de Champagne et de Brie.

11. Dom GRENIER, Généalogie de la maison d'Offémont.

12. GORDIÈRE, op. cit., p. 237.

13. Gallia Christiana. Dom BRICE, t. IV, p. bob. GORDIÈRE, op. cit., p. 217. Testament de Jean de Thourotte.

14. Au lieu de ces trois derniers enfants que donne le P. ANSELME, t. II, p. i^o. Dom Brice donne Marie, comtesse de Brène, épouse de Raoul de Chatillon (PEIGNÉ-DELACOURT, op. cit., p. 68K Mais il fait de Robert, évèque de Langrcs, le frère de Jean II, tandis qu'il est son fils ("testament de Jean II, GORDIÈRE, op. cit., p. 217). La présente généalogie est d'après les chartes citées ms. lat. n.8ni, f- 146.

15. Cité eu 1249. PEIGNÉ-DELACOURT. op. cit.. p. 109. Le P. Anselme ne le mentionne pas ; mais il figure dans Dom Grenier, qui relève l'erreur du P. Anselme. Ce Guillaume est parfois appelé Hugues, par confusion avec son oncle maternel, dans ms, fr. X. A. 667V

16. Dom GRENIER, dans sa Généalogie de la maison d'Offémont. fait de Jean l'aîné et lui donne pour femme Béatrice. 11 ne nomme pas Guillaume qui figure dans le P. Anselme. Il relève le nom de Jean dans des chartes de Saint-Corneille 1226. de Saint-EIov de Xoyon 1242, dans une lettre aux officiaux de Soissons 1241, une charte de Saint-Jean-aux-Bois 1248, un acte du monastère de SaintElov de Xoyon juin 1248, un titre de Saint-Corneille 1250. Jean figure en 1249 dans une charte de l'abbaye d'Ourscamp. PEIGNÉ-DELACOURT, op. ,it., p. 100- Cependant, le P. Anselme n'eu parle pas. Ce même Jean figure on ne sait pourquoi sous le nom de Jean \\ dans Dom Grenier, et il est souvent numéroté chez les divers auteurs, avec une erreur qui se répercute sur les suivants. Il est le seul Jean de Thourotte d'Otïémunt et n'a pas besoin de numéro.

17. Xominé dans des chartes de 12 s S - PEIGNÉ-DELACOURT, op. cit., p. 204, de juiu 1250 et de 1258. GORDIÈRE. op. cit.

18. P. ANSELME, t. II, p. 150 sq., et PHÏGNK-DELACOURT, op. cit., p. 22s.

K). Cité en i2sS-i2(>2. PEIGNÉ-DELACOURT. op. cit., p. 213 ; en 1270. GORDIÈRE, p. 237 sq. D'après D. Brice, il devint seigneur d'Offémont en 12O0.

20. Arcli. de l'Aisne. Cartulaire Saint-Médard de Soisso/ts, f ;■;. Le prénom seul est cité pour 1267 par le P. ANSELME, t. II. p 150 sq.

21 . Figurait en i2^S au Tournoi de Compiègne. Ms. de Valenciennes. L'n sceau de lui est appendu à un acte de 124=;.

22. Rajouté ici d'après une charte de 1214. PEIGNÉ-DELACOURT, op. cit., p. 164.

23. Succède à son père en 1270. ms. fr. X.A. (1(175. Les deux époux sont cités dans FKIGNHDELACOLRI. op. cit., septembre 1:84. mai 1285, août 1280, décembre I2(JO-I2<M. Le P. Anselme les cite pour 1287, t. II, p. 150. Vov. aussi GORDIÈRE. op. cit., p. 237.

24. D'après Dom Brice. PEIGNÉ-DELACOURT. op. cit., p. S-, Le P. Anselme n'en parle pas. Nous lui avons donné ici le 2" rang, mais sans certitude. Croisades i2<><).

2Î. Le P. Anselme le fait par erreur mourir à Crécy, 1341». MORERI ditCourtrai i;o2. 20. LAI.ANNE dit 1202. MUREIÎI copiant le P. ANSELME, t. VI, p. 041, dit 120O.

27. Ms. du religieux de Sainte-Croix.

28. Xe pas confondre Jean I ' et Raoul de Xesle (Offémont) avec Jean et Raoul de Nesle, fils de Gertrude de Xesle et de Raoul ele Clermont.




NOTES DE LA PLANCHE VI

i. P. ANSELME, Hist. Génial., t. VI, p. 49 sq. Peigné-Delacourt l'appelle Jean II pour les motifs expliqués dans le texte.

2. P. ANSELME, t. VI, p. 53, et MOEEEI.

3. Le religieux de Sainte-Croix fait de Jean le fils de Guillaume ; mais ses généalogies sont fréquemment en défaut et mieux vaut s'en rapporter ici au P. Anselme.

4. Moreri met Isabeau avant Jean ; mais nous avons adopté la méthode du P. Anselme, qui consiste à rejeter les filles à la fin. Nommée en 1369 et 1384 par Dom Bertheau. Bibl. Nat., ms. lat. 13.891, f° 137.

5. Arch. Com. Comp., FF 1.10. et son épitaplie. Bib. Nat., ms. fr. N. A. 6675.

6. P. Anselme dit 1410, mais l'épitaphe porte 1400. Voy. PI. X.

7. C'est probablement de lui qu'il est question, 13 av. 1410, DOUET D'AECQ., Pièces relatives au r'cone de Charles VI, t. I, p. 327, sous le nom de Jean de Nielles, et dans MONSTEELET, 1. I, ch. V, sous le nom de seigneur de Saint-Crespin.

8. MONSTRELET, 1. I, ch. CLV, et P. ANSELME.

9. MONSTUELET, 1. I, ch. XCV, CXIII, CLV.

10. Son nom est inconnu du P. Anselme, qui l'appelle N. . . . Il est mentionné dans plusieurs chartes comme l'aîné. MONSTUELET le cite 1. I, ch. CLV. Il est appelé tantôt Raoul et tantôt Raoulquin.

n. MONSTRELET, 1. I, ch. CCLIV, CCLVI, CCLXVI, CCLXXI, et 1. II, ch. CLXIV, CCXVIII, CCLIX.

12. Elle apporte à son mari la seigneurie d'Ancre, que lui donne Blanche de Coucy, son aïeule. Pour la date du décès, voy. plus loin les tombeaux.

13. P. Anselme en fait l'aîné. Moreri a copié ici le P. Anselme. Peigné-Delacourt, en avance d'un numéro (voy. n° 1), supprime Jean III et revient ainsi à l'ordre normal : il ne le reconnaît donc pas non plus comme titulaire de la seigneurie, mais fait erreur en le supprimant. L'existence de Jean III est incontestable. MONSTEELET, 1. I, ch. LXXII, LXXV.

14. MONSTEELET, 1. I, ch. CCLVII.

15. MONSTEELET, 1. II, ch. CCXVIII.

16. Ms. du religieux de Sainte-Croix. Bib. Nat., ms. fr. N. A. 6675.

17. Le religieux de Sainte-Croix le fait mourir en 1473 ; niais le P. ANSELME, t. VI, p. 52, cite sous sou nom un acte de la coll. Clairambault, daté 1475. Cet acte a disparu de la collection.

18. Dom BERTHEAU, ms. lat. 13.S91, f° 137 V, donne l'épitaphe de Jacqueline de Croy, dame d'Offémont, fille de Jean de Croy, comte de Chimay, et de Marie Delalain.

19. Mém. de la Société Acad. d'Archéol. de l'Oise, t. VIII, 1" partie, p. 48, et LOUVET, Noblesse du Beau-caisis, p. 396.

20. Ms. lat. 13.891, f* 137 v".

21. Dom BERTHEAU, ms. lat. 13.891, f" 137 v% dit que Louyse est décédée en 1530. D'autre part, dès Pâques 1530, les Montmorency sont maîtres à Offémont. Chantilly, GE 1.1530. Elle est donc morte en 1530, avant le 17 avril.

22. Bib. Nat, ms. lat. 13.S91, f° 137 v.

23. Ms. du relig. de Sainte-Croix, f* 16.


MAISON DE NESLE 37

mais on ne l'enterre pas sur place, parce que les seigneurs d'Offémont ont été de temps immémorial inhumés à Ourscamp et que sa grandeur l'oblige. Sa femme repose à ses côtés, sous un mausolée orné de leurs deux statues 1. Les visages sont fins et recueillis, au point que Marguerite a l'air inspiré. Leurs mains sont jointes, suivant la coutume, et il est difficile de croire que ces portraits ne ressemblent pas.

Il 3^ en a un autre, toutefois, d'allure bien différente. C'est un tableau noirci et troué, qu'on voit encore au mur de l'église d'Attichy. Jean I" en culotte courte et bas noirs, avec des manchettes en dentelle, porte sur une collerette Louis XIII sa barbiche à la Richelieu.

Le religieux de Sainte-Croix nous dit qu'après une visite du roi -, le couvent resta confondu de n'avoir pu donner aucun détail sur ses bienfaiteurs. Aussitôt on étudie leur vie, on entreprend leur histoire, et l'on arrive un jour à faire le portrait fantaisiste de Jean de Nesle, en costume moderne. C'est qu'il ne s'agit pas d'avoir sa ressemblance, mais de rappeler son souvenir.

Ce seigneur a fait de nombreux achats, dons, échanges ; mais l'acte le plus important de son administration est l'accord qu'il conclut avec le roi en 1339 au sujet de la forêt de Laigue 3.

Guy II

25 MAI 1352 13 AOUT I352

A Jean Ier succède son fils, Guy II de Nesle, seigneur d'Offémont, Mello et Guinemicourt, qui compte parmi les plus zélés serviteurs du roi. Capitaine général en Artois, Boulonnais, Poitou, Limousin, Saintonge et Périgord, puis en Bretagne, Anjou et Maine 1, il a combattu à Crée)*-, fait lever le siège de Saint-Omer et remporté

1. Voy. PI. IX.

2. Nous ne savons lequel.

3. Voy. plus haut, p. 12.

4. Bib. Nat., Clairambault, r. 80, 6305, Charte du 17 avril 1352.


LES SEIGNEURS

l'avantage d'Arqués. En 1347, lorsque Philippe VI s'avançait au secours de Calais, c'est Guy de Nesle, maréchal depuis 1345, qu'il a chargé de présenter la bataille aux Anglais et, en 1350, ce sont les deux maréchaux Guy et Guillaume de Nesle qui commandaient l'armée i^ale. Tous deux furent pris à Taillebourg, mais le roi les racheta. Enfin, le 14 août 1352, quelques mois après son avènement à la seigneurie d'Offémont, Grry II tombe à la bataille de MoronJ et a pour successeur son fils Jean, né de sa femme Jeanne de BruyèresChâtel.

Jean II

14 AOUT I352 1er NOVEMBRE I 388

Jean II 2 débute sous la tutelle de Marguerite de Mello. son aïeule. Plus tard, il fait la guerre en Normandie, en Picardie. Successivement au service de Charles V et de Charles VI, il devient bailli de Senlis 3 et, à l'exemple de ses ancêtres, maréchal de France.

Comme seigneur d'Offémont, le religieux de Sainte-Croix l'éclairé d'un seul trait : « Il eut grandes affaires d'argent par ce temps de troubles. ->, Mieux que tout autre notre chroniqueur est instruit de la vérité ; car les arrérages de fondation ne sont plus payés au prieuré et on parle d'en faire partir les moines. Peu à peu, cependant, tout s'arrange et l'ordre renaît dans cette immense fortune, dont l'aspect nous a été conservé. Il résulte des dénombrements donnés par Jean II vers 1383 pour Offémont 4 et Mello 5, avec les noms de tous ses vassaux et les bannières des principaux d'entre eux". Le montant des revenus y figure également: mais les feuillets manquants le rendent incomplet et Jean II possède d'ailleurs encore d'autres terres.

1. FROISSART, éditu Lettenhove, t. IV, p. 64, 185, 331, 341, 343 ; t. V, p. 282, 286, 309 ; t. VII, p. 528; t. XVII, p. 247, 250, 275, 278, 296, 309.

2. FROISSART, t. VIII, p. 403.

3. GORDIÈRE, op. cit., Charte CXV du 20 décembre 1370.

■ 4. Arch. Nat., P 146, cote 28, f° 39 sq. Les derniers f°s manquent.

5. Id., P 146, cote 1, f° 1 sq.

6. Voy. PI. VII et VIII.



BANNIÈRES DE LA SEIGNEURIE D'OFFEMONT

figurées au dénombrement dit de 1383. Arch. Nat., P 146, 28, f° 39 sq.

1. Symon Marcoul (inachevé). |

2. Mesr Mahieu de Langes, — arg. coquilles or.

3. M" Guy de Beaumont, chevalier, — arg.

y

! 4. Mesire de Terote de Honecourt (Thourotte), — or. I 5. Le Sr de Fransures, — arg. besants or. 1 6. Le S£r de Vuigneniont, — or.

A7". B. — Les métaux sont indiqués dans le texte, mais non figurés dans les peintures inachevées du pis.


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BANNIÈRES DE LA SEIGNEURIE DE MELLO

figurées au dénombrement dit de 1383. Arch. Nat., P 146, 1, f° 2 sq.

/'/. VIII.

1. Clermont-Nesle.Sgr d'Offémont et Mello.— or. 1

2. Hue de Chastillon, SBr de Dampierre, — or.

3. Ernoul de Gaure, — or.

4. Hue de Clary, — arg.

$. Pierre de Hangest. — arg.

6. Regnault de Mongreusin. — or.

7. Les hoirs feu M" Hanot de Fresnoy, — arg.

8. Jean BarDier, — arg.

9. Charles d'Aumont, — arg. 10. Colart Pennier, — arg.

XV. B. — Les métaux sont indiqués dans le texte, mais nonjîgurés dans les peintures inachevées du tus.



-MAISON DE NESLE 39

Les vassaux sont pour la seigneurie d'Offémont :

Enguerrand de Cuise. Regnault de Mongroisin. Adam de Cuise. Harpin de Nesle S 61" de SaintCrépi n. Regnault du Sauchoy et Pierre ■ son frère. Giles du Plessier. Guyart de Saint-Crépin. Jehan de Machaut. Madame de Menau. G. d'Attichy. Jequet de Ville. Jehan Le Paintre. S3rmon Fouquet. Les hoirs Bouchier de Casteno3r. Yvonnet de Chaule. Jacques Le Cangeur. S3?mon Marcoul. Jacques de Cais. Raoul de Iiucourt. Ohyer de Levun. Mgr de Tournebu. M" Hector de Tri.

Raoul de Viri. S}rmon Marcoul. Antoine de Coudun, chevalier. M" Gu}^ de Beaumont, chevalier. Beauduin de Cuise. Mre de Thourotte et de Lionnecourt. M" Mahieu de Langes. Le Sgr de Vuignemont. Le Sr de Fransures. Jean de Herleville. Gauvain de De3Tve. Mro Harpin de Nesle. Jehan Erruete. Sauvage de Sorel. Jehan de Sur l'Eaue. Mre Gu3^ du Plessis-Brion. Maistre Jehan Bouchier. M" Thiébault Lobe. Henn^ Lescrivain. Jehan de Machaut 1.

Pour la seigneurie de Mello ce sont:

Hue de Chastillon Sgr de Dampierre. Hue de Cla^. Regnault de Mongreusin. Ernoul de Gaure.

Pierre de Hangest.

Les hoirs feu Mrc Iianot de

Fresno3". Charles d'Aumont. Jehan Barnier.

1. .Voy. note 4, page précédente.


4o

LES SEIGNEURS

Colart Pennier. Oudart de Bruelg. Jehan de Chaumontel. Baudet du Rort. Chiquart le Barbier. Le Povre de He37. Pierre L'Orfèvre 1. Pierre Savare.

Charles de Gautier. Jehan Picart. Jehan de Quaisnes. Jehan Chanevières. Jehan Favériau. Philippe de Maindeville. Jehan de Machaut. Jehan d'Audainville.

La seigneurie d'Offémont . s'étend sur les trois prévôtés de Compiègne, Chois37 et Thourotte. Elle comprend Cuise, Trac3~-leMont, Villers-sur-Coudun, Pimprez, Le Sausso}r, Ribécourt, Montigny, Plessis-Brion, Taillepied, La Motte, etc.

Celle de Mello couvre les paroisses de Mello, Saint-Vaast, Maj'sel, Cramois3r, Cires et Rousseloy.

A cette énumération s'ajoute encore la seigneurie d'Acheu, que Jean II tient du chef de sa femme, Ade de Mailry.

Parmi les fiefs relevant d'Offémont, se trouve, comme on l'a vu, celui de SaintCrépin. Il est d'importance majeure, attendu qu'il forme la paroisse, dont Offémont n'est qu'un hameau avec simple chapelle et, depuis longtemps, les seigneurs d'Offémont

cherchent à l'absorber. En 1269, Ansoult I" achète à demoiselle Méresse de Berneuil, soeur de feu Gu3ron de Saint-Crépin, des rentes, terres, vivier, bosquet. En 1275 et septembre 1276, Ansoult II traite tour à tour avec Jean et Baudoin de Saint-Crépin, fils de Gu3ron :\

Sceau d'Ade de Mailly;

1. La généalogie de cette famille a été publiée par M. le M> de Luppé. Noies sur les L'Orfèvre. Comité Archéol. de Senlis, 1902.

2. Collection de la Société historique de Compiègne.

3. Bibl. de TEcole des Chartes, t. LVII, 1896. Chartes données à la Bib. Nat. par M. H. A. Meyer. Ces chartes montrent que la seigneurie de Saint-Crépin existait avant l'arrivée des moines de Saint-Pierre-en-Chastres, qui venaient eux-mêmes de Saint-Crépin-le-Grand de Soissons. On ne saurait donc leur attribuer la dénomination du lieu.



JEAN I- DE NESLE ET MARGUERITE DE MELLO, SA FEMME.


JEAN II DE NESLE ET ADE DE MAILLY, SA FEMME.



MAISON DE NESLE

41

Enfin, en 1349, Daridel, seigneur de Saint-Crépin, est assassiné et tout son domaine vient au pouvoir des Nesle. D'après le religieux de Sainte-Croix, on aurait soupçonné de ce meurtre Jean de Ro37e, chanoine de Beauvais, et Amaurj'- de Nesle, oncle de Jean II, qui durent pour pénitence faire un don important au monastère 1.

Le fief de Saint-Crépin, donné par Jean Ier à son fils Herpin, sera porté, après quatre générations, par Claude de Crèvecoeur, à Pierre Blosset dit le Moyne, bâtard de Charles VII et d'Agnès Sorel 2 ; mais ce dernier n'en héritera pas et, malgré le testament de sa femme, le fief reviendra régulièrement à Louise de La Gruthuse, dame d'Offémont.

Ainsi le domaine croit continuellement et progresse. Cependant Jean II lutte contre des difficultés financières, qui s'aplanissent seulement sous l'oeil du maître et exigent de fréquents séjours. Malgré les guerres, il semble se renfermer souvent dans sa forteresse, pour surveiller autour de lui la campagne et s'occuper en même temps de ses intérêts.

L'approvisionnement de la garnison n'est pas toujours sans lui causer quelque souci et un chargement de trente queues 3 devin, qu'il fait venir par le Thérain et l'Oise, de Mello jusqu'au PlessisBrion, lui vaut, avec la ville de Compiègne et l'abba37e Saint-Corneille, un procès, dont il ne verra pas la fin.

Ce n'est pas que les relations ne soient excellentes, puisque, le 12 août 1384, l'abbé invite à souper les seigneurs de Duiy, d'Offémont, de Moreuil, le bailhy de Senlis, le vicomte d'Augan, M. de Menou et plusieurs autres'' mais les droits du monastère sont intangibles.

1. Bibl. Nat., ms. fr. N. A. 6675. Ms. du religieux de Sainte-Croix, fo 8. '

2. Le religieux de Sainte-Croix ajoute que Roger Blosset était écuver d'écurie de Charles VII et portait à l'entrée de ce roi à Rouen (10 novembre 1449) l'étendard royal, c'est-à-dire l'étendard à l'image de Saint-Michel, avec broderies d'or. Nous ne savons quel rapport existait entre Roger et Pierre Blosset ; en tous cas, ce dernier n'est généralement pas cité parmi les enfants d'Agnès et les bâtards royaux n'ont jamais pris le nom du mari de leur mère.

3. La queue actuellement usitée en Bourgogne vaut 456 litres. Sa contenance semble avoir été à peu près la même au moyen âge, quoique variable suivant les régions.

4. D. BERTHEAU, Bib. Nat., ms. lat. 13.891, fo 172.


42

LES SEIGNEURS

D'après une règle déjà ancienne, toute futaille passant sur l'Oise doit être débarquée à Compiègne et rembarquée seulement après trois jours. La ville y trouve son compte et, avec elle, l'abbé de Saint-Corneille, seigneur de la rivière d'Oise. Or les 30 queues de vin ont passé nuitamment le 17 juillet 1385, sans avoir été débarquées, et les parties intéressées demandent réparation 1.

Ajourné au 22 juillet 1385 2, le seigneur d'Offémont recourt au Parlement : mais sa démarche n'aboutit qu'à retarder l'affaire et un arrêt du 23 juin 1388 3 remet à juger sur le principal. Le 8 novembre, les personnages chargés de l'enquête se réunissent à l'hôtel des Rats 4, c'est-à-dire chez Andrieu Lescrivain 5, probablement descendant et successeur d'Andrieu Lécrivain, auditeur du bailli de Senlis pour la ville de Compiègne cent ans auparavant 0. Ils vont délibérer, quand le procureur de Jean II annonce que ce seigneur est mort 4 le 1" novembre.

L'affaire est reprise sous Gu3~ III. Il a beau exposer qu'il, s'agit de ses propres récoltes, qu'il lui faut bien prendre à Mello le vin qu'Offémont ne produit pas, qu'il est noble homme, non pas marchand, et que l'entretien d'une garnison ne saurait subir les taxes du commerce, l'arrêt du 3 juillet 1391 donne raison aux plaignants 7.

Suivant la tradition, Jean II est inhumé à Ourscamp dans la chapelle Saint-Nicolas, dite des Offémont, où plus tard vient le rejoindre sa femme Ade de Mailty, veuve d'Aubert de Hangest, fille de Colard, seigneur d'Acheux, près Péronne, et près de la tombe on place cette inscription 8 :

Cy gist monsieur Jehan De Neelle, segneur d'Offémont et de

1. Arch. Com. Compiègne, FF i, 7. .2. Id. id., FF 1, 8.

3. Id. id., FF 1,9.

4. Id. id., FF 1, 10.

5. GUYNEMER, liisl. d'un vieil hostel, p. 8-9.

6. GORDIÈRE, Hist. du prieuré de Saint-Amand, p. 232, Charte du 2 décembre 12S6.

7. Arch. Com. Compiègne, FF 1, n.

8. Voy. PI. XI.


-MAISON DE NESLE 43

Mello, filq de feu monsieur Guy de N elle jadis mareschal de France et seigneur des dits lieux, gui trespassa en l'an de grâce MCCCIVXXXVIII, le i" jour du moy de Novembre. Pries pour same. Cy gist madame Acide de Mailly, jadis feme du dit feu monseigneur Jehan de Neele et d'Offémont, dame des dits lieux, qui trespassa l'an de grâce MCCCC.

Guy III

1er NOVEMBRE 1388 25 OCTOBRE I415

Guy III, maréchal de France, comme'toute la lignée des Nesle, porte de gueules à la bande d'argent écartelé d'Offémont ou de Nesle 1, pour supports deux lions et, pour cimier, une fleur épanouie. On a de lui un hommage 2 concernant les seigneuries d'Offémont, Mello et Bra3'-sur-Somme ; mais il ne paraît pas y séjourner outre mesure et. à travers ces temps troublés, sa vie s'écoule tout entière au service du roi.

Sa femme est particulièrement dévouée à la famille d'Orléans, suzeraine du Valois, et nous la trouvons dans l'entourage de Valentine de Milan, lorsqu'en 1398 elle reçoit à Eperna\' le roi des Romains, Venceslas ".

Gu3r III, membre du conseil de régence et du conseil privé, sous Charles VI, signe la paix de Bicêtre entre Bourguignons et Armagnacs (1410). On le trouve en 1412 au siège de Domfront'' : en 1413 à Amiens 3, où il signe l'édit de paix ; puis à Pontoise 0. La même année, il reçoit la périlleuse mission d'aller réclamer au comte de Saint-Pol son épée de connétable. Enfin sa carrière se termine à la malheureuse bataille d'Azincourt 7, où il tombe avec son fils aîné

1. Ms. du relig. de Sainte-Croix.

2. Arch. Nat., P 5, 5753.

3. Emile COLLAS, Valentine de Milan, p. 248.

4. MONSTRELET, 1. I. Ch. XCV.

5. Id., 1. I. Ch. CXII.

6. Id., 1. I. Ch. CX1II.

7. FROISSART, t. XIV, p. 225.


44 LES SEIGNEURS

Raoulquin et son cousin Raoul de Nesle, seigneur de Saint-Crépin. Les corps, enterrés sur place, ne rejoignent pas la chapelle ancestrale.

Guy IV

25 OCTOBRE 1415 — 1473

De sa femme Marguerite de Couc3^, Gu3r III a eu six enfants. Le P. Anselme ne lui en attribue que cinq et n'en nomme que quatre : l'ordre dans lequel il les place n'est pas non plus d'accord avec les chartes.

L'aîné est Raoulquin, tué avec son père à Azincourt 1415. Le second est Gu3^ IV, attendu qu'il succède immédiatement à son père et prête hommage au roi le 6 mars 14161 pour les seigneuries d'Offémont, Mello" et Bra3r-sur-Somme. Jean et Louis prennent souvent le nom d'Offémont, ce qui a même fait appeler le premier Jean III. Nous respecterons ce chiffre, pour ne pas altérer la numérotation qui suit ; mais il n'a certainement aucune raison d'être, car les deux frères n'ont jamais été seigneurs d'Offémont.

. Telle paraît bien être l'opinion de Monstrelet. Il cite G^^III"- et GU37 IV 3 sans même les distinguer l'un de l'autre et les appelle d'une façon impersonnelle le seigneur d'Offémont. Pour les autres, au contraire, il dit Messire Raoulquin 4, Jean de Nesle (Jean III) " et, s'il dit Louis d'Offémont 5, encore n'emploie-t-il jamais le titre de seigneur.

Jean III est chancelier du dauphin duc d'Aquitaine. Il a moult belle faconde et, dès 1410, jouit d'un grand crédit à la cour. Cependant le duc d'Orléans le dénonce au roi comme un ennemi dangereux 0 et demande sa vie. C'est là un point à retenir. La maison

1. Arch. Nat., P 16, 5768.

2. MONSTRELET, 1. I. Ch. LXX1I.

3. Id., 1. I. Ch. CCLIV, CCLVI, CCLXI, CCLXVI, CCLXXI, etc.

4. Id., 1. I. Ch. XCV, CLV.

5. Id., 1. I. Ch. CCLVII, CCLVIII, CCLXI.

6. Id., 1. I. Ch. LXXV. Jean de Nesle s'étant pris de querelle en plein conseil avec le chancelier de France, le duc d'Aquitaine le met à la porte par les épaules. 1412. MONSTRELET, 1. I. Ch. CVII.


MAISON DE NESLE 45

d'Offémont va dorénavant jouer double jeu et, comme tant d'autres, louvo3^er entre les partis pour conserver ses biens.

Déjà la première occupation des Bourguignons, la reprise de Compiègne et des environs par le roi en 1414 la "laissent indemne. Il en sera de même parla suite et, tandis que tous les seigneurs sont rançonnés et pillés, celui d'Offémont, Mello, Ancre et Braj^-surSomme verra ses quatre seigneuries constamment respectées.

On a prétendu qu'il avait pour vassal à Mello le duc de Suffolk, d'autres ont dit Talbot. L'explication est insuffisante, en admettant, même qu'elle soit vraie, et celle du religieux de Sainte-Croix n'est pas meilleure. Lorsqu'il attribue l'immunité à la bravoure et aux faits d'armes des Nesle, il commet à l'égard de leurs descendants une flatterie ridicule. Quand il ajoute d'autre part que le château fut assiégé, mais que la garnison s'échappait toujours par d'immenses galeries souterraines, on se demande en quoi cette fuite arrêtait l'ennemi et comment le seigneur d'Offémont rentrait ensuite dans sa forteresse.

L'histoire est moins fantaisiste. A travers le sauve-qui-peut général, elle nous montre une famille de maréchaux en proie à ce double souci : lutter contre l'anarchie et la conquête, chercher par tous les expédients à s'évader elle-même du naufrage.

D'abord, blotti dans son château, Gm^ IV surveille la campagne et poursuit les bandes qui se hasardent trop près de lui. Le nom du Champ de Bataille date probablement de ce temps où les escarmouches se reproduisent chaque jour. Prend-on des Anglais?' C'est fête au pa37's et tout le monde accourt chez le seigneur pour les pendre à . un grand poirier. Un jour on imagine d'en lier un gros et un maigre aux deux bouts d'une gaule, qu'on place ensuite en équilibre sur une branche. Du premier coup le petit est pendu, mais l'autre pose à terre et, pour l'enlever, on tire aux pieds du mort.

Ces scènes de cannibales se passent probablement auprès du pilori 1, situé hors la Porte des Champs, et à l'extrémité du chemin,

1. Le pilori est alors un simple poteau avec chaînes de fer. Ce n'est qu'en 1621 que le pilori d'Offémont sera construit sur un soubassement en pierre de taille. Voy. plus loin, Henri II de Montmorency et la PI. I.


46 ' LES SEIGNEURS

qu'on appelle aujourd'hui l'Allée du Poirier. Le seigneur, que ces exécutions rendent populaires, en tire gloire.. Il timbre son armet d'un poirier et l'image en sera gravée sur sa tombe'.

- Ces opérations dignes d'un chef de bande ne suffisent pas toutefois au seigneur d'Offémont. En 1421, il remonte subitement vers le Nord, avec l'aide de Xaintrailles et d'Harcourt pénètre dans SaintRiquier, puis, de là, parcourant la campagne, gagne peu à peu au roi les petites places d'alentour. Le duc de Bourgogne vient en personne mettre le siège devant la ville, marche contre l'armée de secours, qui s'approche, et remporte la victoire de Mons en Vimeux (30 août). Le seigneur d'Offémont n'a plus grand espoir de conserver la place. Son frère Louis est aux mains de l'ennemi avec Xaintrailles et tant d'autres. 11 traite et, contre leur liberté, rend Saint-Riquier aux Bourguignons 2.

Une autre ville l'appelle à son secours. Il s'élance vers Meaux, qu'assiège le roi d'Angleterre, et tente avec quarante compagnons dy pénétrer nuitamment : mais une planche qui bascule le jette tout armé au fond du fossé. Ses gens lui tendent en vain des lances ; elles se brisent. Les Anglais surviennent et, après un court combat, le seigneur d'Offémont. cruellement blessé au visage, est emporté au camp ennemi (1421)%

Henri V le reçoit avec courtoisie, le fait panser et cherche visiblement à l'attirer. La capitulation de Meaux (10 mai 1422) achève-t-elle de décourager le prisonnier? Toujours est-il qu'il s'accorde avec son vainqueur, lui livre Offémont, Mello, s'emploie à lui faire remettre d'autres places du Valois, comme Pierrefonds, Crép3r, et jure le traité de Troyes, à condition de garder sa liberté et ses biens 4.

La débâcle est complète. Gamaches promet de livrer Compiègne et, de toutes parts, les redditions se multiplient. Cependant, pour être

1. Ms. du religieux de Sainte-Croix, fo u v° sq.

2. MONSTRELET, 1. I. Ch. CCLIV, CCLVI, CCLVII.

3. Id., 1. I. Ch. CCLXVI. 4- Id-, 1. I. Ch. CCLXXI.



SCEAUX DE SEIGNEURS D'OFFÉMONT

Les dates indiquées sont celles des actes auxquels les sceaux sont appendus

i. Ansoult II de Thourotte (1270). Coll. belge 1830. Moulage au musée Vivenel de Compiègne.

2. Guy II de Nesle, 27 Oct. 1348. Clairambault 6697.

3. Guy II de Nesle, 17 Avril 1352. Clair : 6699.

4. Guy II de Nesle, 13 Mars 135 3/3. Clair : 6698.

5. Jean II de Nesle, 28 Août 1383. Clair : 6703.

6. Jean de la Gruthuse, 31 Mai 1494. Clair : 4288.

7. François de Montmorency de la Rochepot,

30 Juin 1530. Clair : 6412.

8. Anne de Montmorency, connétable, 5 Sept. 1555.

Clair : 6403.

9. Madeleine de Savoie, femme du précédent,

3 Mars 1558. Clair : 6427.


.MAISON DE XESLE 47

devenu l'homme des Anglais, le seigneur d'Offémont ne prend pas les armes contre ses anciens compagnons. On ne le voit pas aux sièges, redditions, prises et reprises de Compiègne : il ne fait plus partie des conseils ni des batailles et nous le retrouvons en 1432 capitaine de Clermont en Beauvaisis, où le régent Bedford lui a donné la succession de Thomas Kiriel '.

Il ne croit pas néanmoins que ses anciens frères d'armes veuillent lui tenir rigueur et, en cela, il a raison, d'abord parce qu'il leur sert à l'occasion de négociateur 2, ensuite parce que la désorganisation générale ne laisse plus à chacun que l'intérêt pour guide.

Un jour de 1434, apprenant que La Hire et quelques seigneurs vont passer avec deux cents hommes sous les murs de la ville. Gu3r veut leur complaire et faire le bienvenant. Il envoie du vin hors la poterne et sV rend, faiblement accompagné, pour boire avec eux. La Hire, qui sait aussi prendre ses avantages, laisse amorcer l'entrevue, puis s'élance tout à coup, sur son hôte, le saisit malgré ses courtoisies, se fait livrer la place et jette le seigneur d'Offémont en un cul de basse fosse. Charles VI intervient : mais ses instances sont vaines. Le roi est . servi par la prise de Clermont, n'est-il pas juste que La Hire trouve aussi sa part? Enfin, après un grand mois, le prisonnier, malade et couvert de vermine, recouvre sa liberté contre 14.000 saluts d'or:! et un cheval de prix, dont la valeur est fixée à 20 queues de vin 4.

Ce coup de main rend Clermont à la France pour toujours et La Hire eût été criminel de perdre une occasion si facile. Mais la chose paraît moins simple à sa victime et le seigneur d'Offémont, irrité de l'outrage, peut-être plus humilié encore de la

1. MONSTRELET, 1. II. Ch. CXV.

2. Du FRESNE DE BEAUCOLRT, Hist. de Charles VII, t. II, p. 452. .— Il est aussi question du Seigneur d'Offémont, t. I, p. 121.

3. Monnaie d'or au type de la salutation angélique frappée en France sous Charles VI puis sous Henri VI d'Angleterre.

4. MONSTRELET. 1. IL Ch. CLXIV.


48 LES SEIGNEURS

surprise, en conserve une ineffaçable rancune. Retiré dans son château, il attend en silence et, après trois ans, trouve enfin sa revanche.

En 1437, La Hire est capitaine de Beauvais ; c'est là qu'il réside et, derrière l'imposant et fallacieux abri des remparts, se délasse quelque peu de la guerre. Son passe-temps favori est la paume, qu'il joue à l'hôtellerie Saint-Martin : mais un jour des cavaliers s'élancent dans la cour, découvrent La Hire hâtivement caché sous une mangeoire, le saisissent, le jettent sur' un cheval ; un homme est en croupe qui le menace du poignard et, avant que personne ait pu comprendre, les ravisseurs disparaissent au galop, emportant aussi l'autre joueur, Perret de La Salle Noire.

Leur première étape est-Moy, dont le seigneur, beau-frère de celui d'Offémont, a pris part au coup de main ; mais pour plus de sûreté, Gu3r reprend la route le lendemain, de bon matin, et gagne sa forteresse d'Ancre, où il tient enfin La Hire chez lui, solidement enfermé derrière ses propres murailles.

La riposte est tardive et les circonstances ont changé. Le roi proteste d'autant plus vivement qu'il s'agit cette fois de son serviteur et qu'on a violé son territoire. Philippe le Bon, devenu depuis la paix d'Arras allié des Français, déclare que ces prises ne sont ni belles, ni bonnes, ni honnêtes, et le seigneur d'Offémont est forcé d'accepter une transaction.

Lui, qui en 1435 accompagnait à Arras le duc de Bourgogne, redevient capitaine de Clermont au nom du roi et La Hire lui restitue sa rançon, avec quelque chose de plus, à titre d'indemnité pour les premières violences. La Hire recouvre sa liberté 1.

Le malheur de ceux qui alternent entre les partis est, qu'après la paix, ils ne sont réellement accueillis d'aucun. Le seigneur d'Offémont a beau céder aux ordres du roi et redevenir son homme, la confiance ne peut s'établir et, lorsqu'en 1441, Charles VII vient à Compiègne 2, deux personnages sortent prudemment de la ville :

1. MONSTRELET, l: IL Ch. CCXVIII.

2. Le roi venait attendre à Compiègne son armée, qui se préparait à aller devant Creil.


MAISON DE NESLE 4g

Guillaume de Fla^y, le meurtrier du maréchal de Rieux, et Gu3^ d'Offémont 1, le premier de sa lignée qui meure sans avoir été maréchal de France, en 1473.

Jean IV

1473 APRÈS 4 MAI I475

Jean IV, fils de Gu3r et de Jeanne de Saluées, est nécessairement fidèle à Charles VII, car il n y a plus de Bourguignons que dans les états de Bourgogne. En 1472 il défend vaillamment Ro3^e 2 ; mais, obligé faute de monde à rendre la place, il est emprisonné et meurt peu après, en 1475 ''■

Louise de Nesle

1475 VERS I484

Louise de Nesle est sous.la tutelle de sa tante de Conta3r jusqu'à son mariage avec Jean de La Gruthuse.

MAISON DE LA GRUTHUSE

VERS I484 DÉBUT DE I53O

Louise de Nesle, dame d'Offémont, Mello, Ancre et Bi^-surSomme, fille du précédent, vit sous la tutelle de sa tante Jacqueline de Conta3^, jusqu'à ce que, vers 1484, elle épouse Jean de Bruges, dit La Gruthuse, sénéchal d'Anjou. Cette famille est illustre à plus d'un titre et les manuscrits les plus magnifiques immortalisent sa gloire. Tean, grand-père du seigneur d'Offémont, était le champion des tournois et Louis, père du même seigneur, était l'émule des biblio1.

biblio1. 1. IL Ch. CCLIX.

2. Ms. du religieux de Sainte-Croix. — Philippe de Commines raconte cette prise de Roye sans nommer le Seigneur d'Offémont, 1. III. Ch. X.

3. Le religieux de Sainte-Croix le fait mourir en 1473, avant son père ; mais le P. Anselme relève dans la Coll. Clairambault une quittance de 800 1. donnée par lui pour sa pension du roi et scellée de son sceau je 4 mai 1475. Cette pièce ne figure plus aujourd'hui dans la dite collection.


LES SEIGNEURS

philes les plus célèbres 1. On le voit dans le frontispice'du Tournoi de Jean de La Gruthuse' 1, présentant à genoux à Charles VIII le manuscrit qu'il a fait peindre à la gloire de son père et dans lequel est écrit le Traité des tournois du roi René 3.

Le nouveau seigneur d'Offémont arrive donc imbu des sentiments artistiques et des goûts raffinés en honneur à la cour bourguignonne, au moment où l'on vient de reconstruire somptueusement le vieux château''. Sous ce rapport, il est bien l'époux qui convient à Louise de Nesle. Ensemble ils entreprennent au prieuré des travaux importants, dont nous verrons plus loin la trace s et qui font vivre encore leur souvenir parmi les ruines.

Jean peut d'ailleurs librement s'intéresser à son domaine ; car il n'a plus rien à craindre sur le territoire rojTal. C'est là une situation nouvelle. Louis XI avait résolu de s'attacher cette famille par la douceur ou par la force. La réserve de Jean et de son frère Louis, ambassadeur de Marie de Bourgogne 6, avait particulièrement suscité sa rancune et un jour, dit le religieux de Sainte-Croix, un jour qu'ils avaient été pris tous deux dans quelque ville, le roi les fit emprisonner, enchaîner, river aux gros boulets qu'il appelait ses fillettes.' Malgré les mauvais traitements et les menaces, Louis resta fidèle et eut l'honneur de conduire plus tard Marie de Bourgogne, à son mariage avec Maximilien 7. Jean, dont les biens étaient plus proches, dut s'assouplir, mais sans se dévouer à Louis XI, et il n'est véritablement le serviteur que de Charles VIII, quand le duché de Bourgogne n'existe plus.

- i. L. Delisle attribue à la bibliothèque de Louis de La Gruthuse 114 mss, actuellement conservés à la Bibl. Nat. L. DELISLE, Le cabinet des manuscrits, t. I, p. 141.

2. Bibl. Nat., ms. fr. 2694, t. I.

3. Voy. PI. XII.

4. Voy. plus haut, p. 29.

5. "Voy. plus loin: Histoire du prieuré.

6. Louis de La Gruthuse fut envoyé en ambassade par Marie de Bourgogne auprès de Louis XI, en 1477. — Philippe DE COMMINES, 1. V, Ch. XV.

7. Mém. d'Olivier de La Marche, Ch. IX.


PI. su.

LOUIS DE LA GRUTHUSE OFFRE SON MISSEL A CHARLES vin.



.MAISON UT. LA GRL'TIiUSE : I

Il ne peut pour cela vivre éternellement dans ses terres. Nous ne sommes plus au temps où les seigneurs d'Offémont ne se souciaient pas d'avoir quelque état en France' et Jean de La Gruthuse. chambellan, sénéchal d'Anjou, n'apparaît que par intervalles dans ses nombreux domaines.

Il prête hommage le 20 septembre 149S 2 pour :

Maisel : chastel et tours.

Offémont : chastel et tours.

Mello : chastel, tours et baronie/

Creilg : chastel et tour.

Encre : chastel. ville et tour. A cause du chastel de Péronne.

Brav-sur-Somme : chastel et la terre.

Cramois3' : chastel. A cause du chastel de Creilg au roi Louis XII.

Lorsque le seigneur va venir, on sent que tout le personnel est en branle-bas. Le maître d'hôtel fait quérir du vin. le veneur prend des animaux, des dépenses sont faites pour les chevaux et harnais. C'est un maître, presque un roi qu'ils attendent et la dame d'Offémont. elle-même, n'apparaît qu'à l'arrière plan. A-t-elle donné à un fermier permission de paître ses pourceaux dans la forêt? Celui-ci apprendra aussitôt que 'c monseigneur n'en est pas content et que cela ne sera pas „ :;.

La date exacte à laquelle meurt Jean de La Gruthuse ne nous est pas connue, mais elle est antérieure à l'hommage prêté par sa femme, le 15 mars 1509 \ Son fils Louis prête hommage le 27 juillet 1523 5. Il ne fait que passer et les deux veuves sont nommées ensemble dans un acte de 1529, dressé pour l'évaluation des revenus féodaux, sur la châtellenie de Compiègne. Les terre et seigneurie d'Offémont 3T sont comptées pour 1000 1. ts. : Madame Marie de

1. Vov. plus haut. p. 33.

2. Papiers Peigné-Delacourt.

3. Chantilly, GE 1, 1489-90.

4. Arch. Nat., P 5, 15395.

15395. Nat., P 5. 1591-


LES SEIGNEURS

M03*i en tient la moitié en douaire, Madame Louise de Nesle, l'autre. Les terre et seigneurie de Saint-Crépin, mouvant en plein fief d'Offémont, sont estimées net 250 1. ts. de rente.

Jean de La Gruthuse et Louise de Nesle ont eu trois enfants. L'aîné, François, est mort au berceau. Le second, Antoine, mort à huit ou neuf ans (janvier 1494), repose à Sainte-Croix, au-dessous du clocher, et sur sa tombe sont gravées les armes de La Gruthuse et d'Offémont. Le troisième, Louis, mort le 24 août 1524 sous l'habit religieux, a légué au monastère ses vêtements nuptiaux en drap d'or. Il est également enterré à Sainte-Croix et Dom Bertheau a copié son épitaphe : Ci gist noble et puissant messire Loys de La Gruthuse, en son vivant chevalier seigneur d'Offémont d'Avelinghien et sénéchal d'Anjou, qui trespassa le 4° jour d'Aoust 1524-. Sa femme, Marie de Mo3r, repose à'ses côtés.

L'antique race des Nesle n'est pas éteinte cependant. Il reste à Louise de La Gruthuse sa cousine Charlotte d'Humières, petite-fille de cette tante de Conta3>- qui l'a élevée sous sa tutelle. En la désignant" pour son successeur, elle lui cherche une alliance digne de la grandeur d'Offémont, et son choix tombe sur François de Montmorency de La Rochepot, gouverneur de l'Ile-de-France, lieutenant général en Picardie, deuxième fils de Guillaume de Montmorencyet d'Anne Pot 3.

Malheureusement, il vient d'être pris avec le roi à Pavie (février 1525) : mais Louise de La Gruthuse ne veut pas attendre. Elle envoie au prisonnier l'effigie de sa cousine, avec le projet du contrat, et l'acte est passé par devant les notaires de Senlis, le 13 avril 1524/5. Le mariage sera célébré le 15 octobre 1525.

Par ce contrat, et en vue du dit mariage, Louise donne à Charlotte d'Humières les quatre seigneuries d'Offémont, Mello, Ancre et Bra3^-sur-Somme. Elle s'en réserve l'usufruit sa vie durant. Si sa cou1.

cou1. belle-fille. Voy. généalogie PI. VI.

2. Bib. Nat.', ms. lat. 13.891, f° 141 v° sq.

3. Il se trouve le 2e par suite de la mort de l'aîné, Jean, en 1516.


MAISON DE LA GRUTHUSE 53

sine n'a pas d'enfants, les deux premières seigneuries iront au second de la maison de Montmorenc}'-, à charge de relever le nom et les armes d'Offémont ; les deux autres appartiendront aux héritiers de Charlotte. Tous les cas sont prévus et réglés à l'avance \

L'effet de ces dispositions est naturellement d'anéantir des espérances et de provoquer des colères. Claude de Villars, seigneur d'Avesnes, forme opposition le 24 avril.; mais François de Montmorency requiert la chambre des comptes de recevoir son hommage et elle l'accueille, le 10 mai 1525 -, sous réserve des droits d'autrui.

Les terres transmises en nue propriété par Louise de Nesle sont :

La moitié de la forêt de Laigue.

La chasse et la garde de la forêt de Saint-Pierre tenant à la forêt de.Laigue.

La seigneurie de Saint-Crépin-aux-Bois, mouvant du château d'Offémont.

Le fief et la seigneurie de Trac3^.

Les châtellenie, baronnie et seigneurie de Mello.

Les terre et seigneurie de Ma3^sel.

Deux autres fiefs, dont un consistait en 100 1. p. de rente percevables sur le comté de Clermont en Beauvaisis, et l'autre s'étend en certain finage assis à la Nattecours, près le dit Clermont.

Les terres, seigneuries et châtellenies d'Ancre et Bra3^-surSomme, en ce compris les bois deSapiniers, Bachequin et Bouchelle, leurs appartenances et dépendances.

A peine ces donations sont-elles faites, que Louise de La Gruthuse meurt (1530) et on l'enterre à Mello près de son mari, sous un magnifique sépulcre en marbre d'Italie 3.

1. Bib. Nat., ms. lat. 13.891, f° 140 sq. Voy. cet acte ci-après au chapitre des Charles.

2. Arch. Nat., P 2304, 1089. Avant le mariage par conséquent.

3. Bib. Nat., ms. lat. 13.891, f° 140 sq.


54 LES SEIGNEURS

MAISON DE MONTMORENCY François de Montmorency et Charlotte d'Humières

1530 15 AOUT 1558.

Malgré les clauses de la donation, François de Montmorencj'- ne semble s'occuper ni du nom ni des armes d'Offémont. Il a tant de seigneuries, que celle-ci disparaît dans rénumération à la suite des autres, et son nom est si haut, qu'il ne cherche aucunement à le changer. Son écu reste d'or, à la croix de gueules cantonnée de seize alérions d'azur : son sceau ne varie pas et les bars adossés des Nesle ne survivent plus que dans l'église, au milieu des tombeaux.

Mais, si les conditions en sont fastidieuses, le cadeau vaut qu'on s'3^ intéresse et, dès 1530, François de Montmorenc}^ et sa femme visitent leurs nouvelles seigneuries. Il semble qu'ils aient commencé par Mello, attendu que serviteurs et bagages font route d'une terre à l'autre. La petite caravane traverse Compiègne et s'arrête à l'Ecu de France 1, où elle dépense pour sa nuit 19 sols p.

Conformément à l'habitude, on a tout préparé à Offémont pour l'arrivée du seigneur. On a commandé du vin, du gibier, des bourriches à mettre le poisson dans la rivière ; on a même acheté deux bassins d'argent pesant ensemble 4 onces 1/4 2, sans se douter que, dans l'avenir 3, un tour de la roue de Fortune les enverrait en gage chez l'orfèvre. Pour le moment, tout esta la dépense; car il s'agit

1. Cette hôtellerie était située 22 rue Jeanne-d'Arc actuel. Léré nous apprend que les pages y descendaient ordinairement. Ils la rendirent célèbre sous Louis XV en montant par l'escalier un âne qu'ils expulsèrent par la fenêtre. Achetée par Roux, boulanger, vers 1715, la maison fut vendue le 10 août 1793 à trois demoiselles Drulin, épicières, moyennant 10.000 1. papier, puis à un aubergiste nommé Jésus. Lorsqu'après la Restauration la pioche attaqua la vieille masure, Léré, qui suivait attentivement la démolition, trouva une pierre sphérique avec la date 1494. Cette boule était au haut de l'escalier, cachée dans le pignon en pierre. Bibl. Compiègne. Mss Léré, brouillons n. cl. Les gens du seigneur d'Offémont descendent donc ici dans une hôtellerie toute neuve.

2. Chantilly, GE 1. Offémont, 1530.

3. En 1596. MAÇON, Chantilly et le connétable Henry de Montmorency, p. 9.


MAISON DE MONTMORENCY

?)

d'accueillir dignement", à leur première visite, les personnages d'alentour.

Arrivés le Mercredi Saint 13 avril avec tout leur train, François de Montmorenc)'- et sa femme repartent le 8 mai et, pendant ce temps, tous les seigneurs et demoiselles les sont venus voir. Les comptes du maître d'hôtel s'en ressentent et, bien que les premiers jours soient certainement consacrés aux pénitences du carême, les autres suffisent à engloutir 2 boeufs 1/2 \ 10 veaux 1/4, du pain, du vin, du vinaigre, des quantités énormes de poisson, ' 10 caques de cervoise à 10 1. p., 66 1. 1/2 de lard à 20 ds. On brûle 128 1. de chandelle à 22 ds. Tout cela, sans compter l'apothicaire de No3^on, le charbon, le maréchal-ferrant, la blanchisserie et tout ce qui constitue, en tous temps, la dépense d'une grande maison 2.

Néanmoins, le luxe n'est pas toujours aussi grand et l'étain, à 4 sols ts. la livre, remplace quelquefois économiquement l'argenterie. En octobre 1539, pour la venue du roi à Compiègne 3, François de Montmorenc3?" achète du linge, 12 plats, 12 écuelles, des pots" et autres pièces de ménage en tierçain 1, pesant ensemble 42 1. et 1 quarteron \

Les registres du maître d'hôtel ne nous parlent naturellement pas du gibier qu'on prend dans les bois, ni du poisson que les nombreux viviers fournissent. Du moins n'en détaillent-ils pas la consommation journalière ; mais seulement ce qui concerne l'administration générale.

Au pied d'Offémont se trouvent l'Etang Rebours 0, l'Etang de

1. Le boeuf sur pied vaut en moyenne 7 1. 8 s. p. Chantilly, GE 1. Offémont, 1530.

2. Chantilly, GE 1. Offémont, 1530.

3. Il est fort possible que François Ier ait été à Offémont; mais on ne peut l'affirmer. L'arrivée delà cour à Compiègne et la nécessité d'en recevoir certains personnages suffiraient à expliquer les achats mentionnés.

4. Sorte d'alliage d'étain qui servait aux usages domestiques.

5. Chantilly GE 1, 1540, n° 1.

6. Terrier d'Offémont, t, I, f" 22.


56 LES SEIGNEURS

Labrimois ', l'Etang de Madame 2, le Vivier Neuf 3, le Vivier Savo3reri, l'Etang d'en Haut 5, l'Etang du Parc 0, le Vivier Sannois, l'Etang du Moulin 7, le Vivier Chastel 8.

Le nombre de ces pièces d'eau n'est pas excessif et permet une exploitation plus savante ; car on passe des poissons de l'un dans l'autre, on manie et prépare la pêche. '

Le 27 septembre 1540, le Vivier.... 0 produit 1003 quarterons 1/2 de carpes. Sur ce nombre, on prélève 400 carpes pour le dit vivier : le reste, soit 303 quarterons 1/2 et 300 carpes, sont portés au Vivier Neuf, pour être repris à la pêche prochaine. L'Etang du Moulin donne 51 brochets, tant grands que mo3^ens, qu'on répartit dans les autres, et 10 draps de blanc-poisson, dont 4 sont portés à l'Etang du Parc, pour la nourriture des brochets.

Le jeudi 2 octobre suivant, on pêche le Vivier Neuf, qui donne 2 grandes carpes mères, 500 carpes, 30 brochets, 300 tanches. Le tout est mis dans des boutisses à Rethondes et envo3ré au marché de Compiègne. 403 quarterons de carpes, 14 brochets, sont remis dans le Vivier Madame, avec 6 draps de blanchaille, que la chaleur ne permettrait pas de porter jusqu'à Rethondes.

Le seigneur s'amuse parfois de la pêche, comme d'un passetemps. Le 6 octobre, François de Montmorencj-'- fait jeter la senne au Vivier du Parc et prend 4 grands brochets avec 4 grandes carpes, qu'on met dans les fossés de Sainte-Croix 10, pour sa provision. Le

1. Terrier d'Offémont, t. I, f° 26 v.

2. Id., f" 35.

3. Id., f° 35. Voy. PL I.

4. Id., f° 45.

5. Id., fo 63.

6. Id., fo 74. Voy. PL I.

7. Chantilly, GE 1. Offémont, 1540, n° 2.

8. Nous ne citons pas l'étang de Francières (voy. PL I) parce que, ne le trouvant dans aucun document des environs de 1600, nous craignons qu'il résulte seulement d'un changement de nom et fasse double emploi avec un de ceux déjà cités.

9. Le nom a été omis dans le ms.

10. Peut-être la fosse à poisson désignée au Terrier d'Offémont, t. I, fo 31 v. En tous cas, ce serait un réservoir du même genre, destiné à conservera portée de la main le poisson déjà péché.


MAISON DE MONTMORENCY

57

lendemain 7, l'étang est péché complètement. Le 9, c'est le tour du Vivier Madame '.

Les moines de Sainte-Croix s'y prennent autrement et préfèrent vendre la pêche à l'avance. En 1559, le prieur, devenu fermier des étangs du Parc et Madame 2, vend le poisson à prendre avant le carême sur le pied de :

26 1. ts. le cent de carpes ou brochets de 12 à 14 pouces.

52 — —■ 14 à 18 —

104 — — 18 à 24 —

Au-dessus de 24 pouces, ce sera 4 1. la pièce. Le seau de blanchaille vaudra 30 sols ts. 3

Non seulement François de Montmorenc3r s'intéressait à sa pêche, mais il semble que ce soit un des derniers seigneurs qui aient aimé Offémont. Il a bâti la chaussée du Vivier Châtel, construit le mur de clôture autour du parc 1 et accompli, dans le monastère, des travaux considérables. Elevé d'abord pour, être d'église, il a porté jusqu'à l'exaltation la vie religieuse de Sainte-Croix, au point qu'on lui attribue l'exorcisme de son beau-frère Charles d'Humières, plus tard évêque de Ba3^euxet grand aumônier de France. Les moines, en l'inscrivant sur leur nécrologe, l'appellent leur fondateur et leur mécène supérieurement magnifique," fundator atque mecenas perquam magnificus 5. Il a construit le grand portail, le cloître, divers bâtiments, la grande chapelle, enfin le choeur de l'église, où il a voulu être enterré (26 août 1551) et où Charlotte d'Humières est venue le rejoindre sept ans plus tard (15 août 1558).

Nous avons retrouvé leur caveau violé et détérioré par la populace de 93. Leurs ossements gisaient pêle-mêle avec les débris de leurs propres statues et les fragments des verrières qui portaient

1. Chantillv, GE i. Offémont, 1540, n° 2.

2. Peut-être d'autres étangs aussi: mais nous n'en avons pas la preuve.

3. Chantilly, GE 1, 1559.

4. Voy. plus haut, p. 28.

5. Bib. Nat., ms. lat. 13.891, f° 142 v».


58

LES SEIGNEURS

leurs armes. Les crânes, sciés horizontalement au-dessus des sourcils, témoignent que les corps ont été embaumés et les ossements sont encore rouges d'aloès et de safran L

Anne de Montmorency

IJ AOUT I558 — Ij NOVEMBRE I 567

Si François de Montmorenc)'- n'a pas pris le titre d'Offémont, comme le voulait Louise de Nesle, du moins n'est-il pas en son pouvoir de modifier l'ordre successoral qu'elle a prévu. La donatrice a stipulé que, si les premiers donataires mouraient sans enfants, Offémont irait au connétable Anne de Montmorenc)'- et ensuite à son second fils. Elle a ajouté que si, par imprévu, le seigneur d'Offémont devenait chef des armes de Montniorencj7-, il ne serait pas tenu à la clause du nom 2.

Ainsi, lorsque le connétable hérite de la seigneurie, ce n'est pas, comme on l'a dit, pour son fils ni à temps. Elle est à lui 3 et il en disposera dans son testament 1, conformément du reste à ses obligations.

L'histoire des Montmorency est trop mêlée à celle de la France, pour que nous considérions ici autre chose que leurs rapports avec Offémont. A ce point de vue, le connétable tient une place modérée, car il est avant tout ce qu'il restera pour la postérité, le châtelain de Ckantilty.

Dans ces temps de guerre civile, la vieille forteresse d'Offémont présente pourtant quelque intérêt. Elle renferme une garnison. Henri "II 3^ séjourne en août 1557 ~°, peut-être justement parce que la

1. GANNAL, Hist. des embaumements, p. 181 sq. Procédé de Thom. Burnetus. Voy. plus loin la description du monument funéraire au chapitre du Prieuré.

2. Bib. Nat., ms. lat. 13.891, fo 140 v° sq.

3. Notamment Chantilly, GE2. Forêt de Laigue, 2 Août, 1567.

4. Do CHESNE, Hist. Généal. de la maison de Montmorency et de Laval. Preuves du livre V, p. 290.

5. Bib. Nat., Coll. Picardie, t. 98, f° 78. — Ordre royal du 11 août 1557 daté d'Offémont •concernant l'entrée de Nicolas de Pellevé dans sa ville épiscopale d'Amiens.



CONNÉTABLE ANNE DE MONTMORENCY.


MADELEINE DE SAVOIE, DUCHESSE DE MONTMORENCY.



-MAISON DE MONTMORENCY

59

seigneurie est aux mains d'une femme, et plus tard. Anne de Montmorency 3- conduira Charles IX. A cette dernière visite, les pages de bon religieux de Sainte-Croix dit : la cour!) s'amusent bruyamment. Ils cassent, détruisent et font au monastère des dégâts que le roi est obligé de paj^er 500 1. Ne les blâmons pas trop. Leur turbulence a produit le seul témoignage qui nous reste du vovage roval et. si la gaieté est de tous les temps, n'appartient-elle pas de droit à ces époques troublées, où la vie est en un risque continuel? C'est ainsi que'le connétable, âgé de 75 ans, reçoit un coup de pistolet dans les reins à la bataille de Saint-Denis, le 10 novembre 1567. et meurt cinq jours après.

Henry Ier et Hercules Comte d'Offémont

15 NOVEMBRE I567 2 AVRIL 1614

Dès le 21 janvier 1563, le connétable Anne et sa femme Madeleine de Savo3~e ont fait un partage testamentaire entre leurs enfants 1. L'acte semble accuser une extraordinaire opulence; mais nous verrons par la suite que ces fortunes seigneuriales laissaient souvent leurs possesseurs en proie aux embarras les plus graves.

Le seul article qui nous intéresse est celui qui concerne Henn- Ier de Montmorency, second fils du connétable, où le testateur rappelle la volonté de Louise de Nesle. L'article est ainsi conçu :

",. A Henrv de Montmorencv nostre second fils, chevalier de t. Tordre, gouverneur du pa3~s de Languedoc, donnons et assignons " nos terres et seigneuries de Dampville et Corneuil. leurs apparte'(. nances et dépendances, assises au pa3^s de Normandie, selon et <c ainsi que nous en jom'ssons et que nos receveurs nous en rendent « compte. Item : nos terres et seigneurie de Fère en Tardenois. A1X3'<. et Vaulx, leurs appartenances et dépendances, et généralement K tout ce qui est soubz la recepte du dit Fère et tout ainsi que nous

1. Du CHESNE, Hist. çjénéal. de la maison de Montmorency et de Laval. Preuves du livre V, p. 290..


6o LES SEIGNEURS

« en jou3?ssons de présent. Item : les terres et seigneuries de Marign3r, « La Motte, Guty et Le Mas, avec la chastellenie de Thourotte et « généralement.... Et ne sont comprises en ce présent legs nos « terres et seigneuries d'Offémont, Mello, Cramois3^ et Cuise, avec « appartenances et dépendances, parceque, par la donation à nous « faite, elles doivent après notre décès appartenir au dit Hemy, « comme étant notre second fils. »

Ainsi, Offémont est donné hors part au second fils. Par une sorte de fatalité, les espérances de Louise de Nesle n'en sont pas moins trahies; caria mort de François (15 mai 1579), fait inopinément d'Henr3r I" l'aîné des Montmorenc3^. Devenu châtelain de Chantilty, il néglige à son tour Offémont et le passe sur la tête de son fils Hercules, né en 1572. Malheureusement, le jeune comte d'Offémont tombe malade à Pézenas, où il meurt, et la seigneurie revient encore une fois à Henry Ier (15 février 1593).

Cette même année, il est nommé connétable et, en 1594, il revient enfin de son gouvernement du Languedoc. Des garnisons royales sont depuis longtemps établies dans ses châteaux. L'une a sauvé Chantilty des Ligueurs (mai 1589) 1, l'autre, prolongeant la ligne de Vez et Vic-sur-Aisne, a garanti Compiègne vers l'Est; mais elle est supprimée par mesure d'économie le 17 janvier 1595 et Humières est chargé d'assurer la sécurité du château. Désormais quelques gens de pied envo37és de Compiègne occuperont seuls la forteresse d'Offémont 2.

Le maître n'aime évidemment pas ce domaine. Il séjourne à Chantilty, Mello, La Fère; mais Offémont n'attire son attention qu'au point de vue fiscal. C'est une ferme, dont il espère tirer quelque revenu pour l'amélioration de ses affaires.

Ce n'est pas impunément en effet qu'on guernrye de tous côtés, qu'on abandonne pendant des temps indéfinis ses domaines, et que le pa3^s lui-même est livré à l'anarchie des guerres civiles. En 1596

1. MAÇON, Chantilly et le connétable Henry de Montmorency, p. 3 sq.

2. Bon DE BONNAULT D'HOTJET, Compiègne pendant les guerres de religion, p. 376.



CONNÉTABLE HENRY I« DE MONTMORENCY.


/'/. XVI.

LOUISE DE BUDOS, DLCHESSE DE MONTMOREKCY.



MAISON DE .MONTMORENCY 6l

la pénurie des récoltes s'ajoute aux autres misères, l'argent est rare et le connétable, après avoir emprunté au financier Zamet, estréduit à vendre sa vaisselle d'argent, à mettre en gage ses bassins et ses coupes d'or 1. En iôor son conseil Girard du Thillay lui écrit : « Nous trouvons messieurs vos créanciers tellement affamés « et résolus à nous tourmenter, qu'il semble qu'ils vous veulent « mettre en chemise et jouir généralement de tout votre revenu. ?/ 2

Le grand remède est d'abattre des arbres. On coupe à Chantilty ; on essa37e d'échanger la copropriété de toute la forêt de Laigue contre la propriété entière de la moitié, afin d'abattre encore et l'affaire se termine, comme nous l'avons vu 3, par une vente au roi. Elle rapporte 1.258.131 1. 5 s. 5 ds. Mais c'est là un expédient désastreux, qui réduira d'autant plus les revenus futurs.

Le mal est dans le désordre ''. L'argent ne rentre pas parce que, à la faveur des troubles, les vassaux et tenanciers se sont affranchis des seigneurs, comme ceux-ci jadis s'affranchissaient du roi.

Le 15 mars 1570 est procédé à la saisie féodale du fief de La Salle, assis à Bitry, mouvant de la seigneurie de Cuise, pour lequel l'hommage n'a pas été prêté au seigneur d'Offémont 5. Presque tous ses revenus lui échappent et, pour rétablir ses affaires, la première mesure qui s'impose est la constitution d'un terrier.

Le terrier n'est pas la simple énumération des biens que possède un seigneur. On appelle de ce nom le livre officiel, où le bailli enregistre les déclarations faites, sur ordre ro3ral, parles tenanciers d'un domaine. Chaque inscription est la copie d'une grosse notariée et

1. MAÇON, op. cit., p. 9.

2. MAÇON, op. cit., p. 30.

3. Voy. plus haut, p. 16.

4. On voit que les 100.000 écus exigés en dot par le prince de Condé ne sont nullement la cause des embarras d'Henri de Montmorency. Outre que sa fortune, bien administrée, eût largement permis cette dépense, Charlotte-Marguerite était née en 1593 : il ne fut question de la marier qu'en 1608, à 15 ans, et c'était avec Bassompierre. — Duc D'AU.MALE, Hist. des Princes de Condé, t. II, p. 255.

5. Papiers de Madame Le Féron d'Eterpigny. Expédition sur parchemin. — La seigneurie de Cuise appartenait, comme nous l'avons vu, au seigneur d'Offémont.


02 LES SEIGNEURS

porte, en regard des droits du déclarant, la somme annuelle qu'il doit au maître du treffonds. Les frais sont à la charge des bailleurs 1, c'est-à-dire des tenanciers, car on ne baille ici rien autre que les déclarations 2, et le terrier de 1704 exprime la même chose en ces termes : La déclaration comporte le versement d'un seul droit de déclaration. .

L'importance de ces terriers est considérable parce que, bien qu'à un degré moindre, ils nous découvrent, comme les cartulaires, la vie économique d'autrefois. Par exemple, celui d'Offémont nous apprend la valeur inconnue dupongneux. Grâce aux interlignes et aux calculs faits en marge 3 par un comptable, nous savons que ce mot est s3rnon3mie de quartier et vaut un quart d'arpent.

En tête du terrier d'Offémont, figure l'ordre ro3ral du 14 avril 1609''. Considérant qu'à la suite des guerres, les titres sont perdus, les receveurs, changés et que l'argent ne rentre plus, le roi veut que chaque occupant déclare sous serment les charges, redevances, rentes, devoirs seigneuriaux, arrérages dus par lui, afin que de nouveaux titres soient établis pour le duc de Montmorenc3T. Les terres seront arpentées et tout ce qui excédera les droits des tenanciers reviendra au seigneur, sauf réclamation à présenter dans les trois ans.

Nous vo3rons intervenir ici divers personnages. Le 30 avril 1609, Loïse, éci^er, seigneur des Granges, conseiller du roi, lieutenant civil et criminel à Compiègne de M. le bailli de Senlis 4. Après sa mort, c'est-à-dire dès le 25 juin 1610, les lettres sont scellées par Jacques Desprez, conseiller du roi au bailliage et siège de Compiègne. Deux autres noms sont bien connus dans notre histoire locale : Frédéric Charmolue, prévôt de l'exemption de Pierrefonds et Jacques Poulletier, tabellion.

En exécution de l'ordre du 30 avril, le sergent ro3~al de Trac3^

1. Terrier d'Offémont, t. I, f°s 2, 3.

2. Le seigneur ne baille pas sa terre; car il ne s'agit pas ici de location et les tenures se transmettent par héritage ou achat.

3. Terrier d'Offémont, t. I, f° 30.

4. Id., t. I, fo 2 sq.


MAISON DE MONTMORENCY 63

vient chercher un trompette à Compiègne et se rend avec lui à l'église de Saint-Crépin, à la sortie de la grand'messe. Là il proclame que les déclarations devront être faites dans les 40 jours, sous peine de 1000 écus au roi, et il ajoute qu'il répétera sa proclamation pendant quatre quatorzaines et une d'abondant 1.

Cette manière de faire bonne mesure est certainement un excès d'indulgence ; car la pièce est, après lecture, affichée à la porte de l'église.

De Saint-Crépin, le sergent se rend le même jour à Trac3r, recommence les 24 mai, 7 et 21 juin, 5 juillet I6OQ, passe ensuite à Berneuil, Cuise, Plessis-Brion, Villers-sur-Coudun et finit par l'église Saint-Ren^ de Ribécourt, le 17 octobre 16102.

Les formalités sont toujours les mêmes, avec quelques modifications de détail seulement. En février 1687, nous verrons le seigneur d'Offémont, muni de l'autorisation royale, donner lui-même à son bailli Jérôme Le Caron, avocat au Parlement, mandat d'établir son terrier 3. Malheureusement le premier folio, contenant la lettre du roi, a été arraché, pour supprimer sans doute quelque allusion au nom de Brinvilliers. De nouvelles lettres seront délivrées en 17044. Cette fois, le sergent fera sa criée sans trompette et le registre contiendra enfin la table, dont il paraît si difficile qu'on se soit passé jusque-là.

C'est à ces questions d'affaires que se réduit le rôle d'Henri Ior. Jamais il ne vient à Offémont et il apparaît d'autant moins sur le domaine, qu'il en a fait le lieu d'exil de sa troisième femme.

Le connétable, aussi volage et infidèle que son roi, n'a pas été heureux dans ses unions. Antoinette de La Marck est morte de bonne heure. Louise de Budos, la fleur des beautés delà cour, s'éteint mystérieusement à Chantilty dans sa 240 année. Les uns disent que le diable est venu l'étrangler et des écrivains comme f Estoile et Saint1.

Saint1. d'Offémont, t. ï, f° 7 v».

2. Il n'est pas fait de proclamation à Ollencourt, qui n'est pas une paroisse.

3. Terrier d'Offémont, t. II.

4. Id., t. III.


64 LES SEIGNEURS

Simon se font les échos de cette ridicule histoire 1 ; d'autres la prétendent empoisonnée; tous s'accordent à la reconnaître dans l'apparition légendaire delà Dame Blanche.

Après l'explosion d'une douleur aussi courte que vive, le connétable se laisse prendre aux filets de Laurence de Clermont, veuve de Jean de Dizimier et tante de Louise de Budos. Cette fois encore on crie au surnaturel ; car non seulement la nouvelle duchesse est laide, mais son mari a toujours éprouvé pour elle la plus grande aversion. Une bague magique expliquerait toute l'affaire : peut-être cependant n'en est-il pas besoin.

Le pape, tardivement consulté sur la question de parenté, a bien voulu accorder la dispense, à condition qu'on recommencerait la cérémonie du mariage. Le connétable aussitôt songe à reprendre sa liberté, met en oeuvre ses conseillers, fait parler à sa femme, et c'est parce qu'il n'obtient pas son désistement qu'il refuse de jamais la revoir. Elle vivra seule à Offémont, abandonnée, sans entourage, sans opulence, en exil au milieu de la forêt. Encore n'est-elle pas maîtresse dty rester; car, en 1609, son mari lui fait changer malgré elle cette résidence contre celle d'Ecouen 2 et, quand Henri Ier mourra à Agde, le 2 avril 1614, le château d'Offémont sera libre et à la disposition du nouveau seigneur.

Henri II

2 AVRIL 1614 30 OCTOBRE 1632

Henri II "de Montmorencj'- Damville ne vient pas pour cela à Offémont. Devenu, en 1613, gouverneur du Languedoc, dont son père s'est démis en sa faveur, il prête foi et hommage le 6 mai 1614

1. Mém. Journaux de l'Esloile, t. VII, p. 139. La première rédaction, biffée par l'Estoile, a été avec raison maintenue en note ; car, s'il l'a modifiée, il n'en est pas moins surprenant qu'il ait pu l'écrire. Voy. pour toute cette histoire De Budos : MAÇON, Chantilly et le connétable Henry de Montmorency. —Publié dans Comité Archcol. de Sentis, 1902.

2. Elle mourut le 24 septembre 1654, à Ecouen.



l'I. XI 11.

HENRY II DE MONTMORENCY


pi. xnit.

MARIE-FÉLICE DES URSINS. DUCHESSE DE MONTMORENCY.



MAISON DE MONTMORENCY 65

pourOffémont, Thourotte, Trosty, Cuise, Breuil, Ollencourt etc. 1,

mais ne s'éloigne pas de son gouvernement.

Nicolas Charmolue, bailli du seigneur et capitaine de son château, a la gestion de ses intérêts et fait exécuter les travaux nécessaires. La justice, toute vermoulue, s'est écroulée. Un marché passé en 1620 avec Jean et Claude Ramond de Trac3^ les oblige, ni03'ennant 15 L, à en élever une en pierre de taille, haute de 15 pieds 24 pouces, et, le 1" octobre 1621, Jean Roidart, maître maçon, est chargé d'en vérifier l'exécution. En 1622, on repave la Chaussée des Etangs' 2. Ce sont là simples mesures conservatoires, qui ne révèlent pas la présence du maître, et Henri II de Montmorenc3paraît s'être confiné en Languedoc, jusqu'à ce qu'éclate la terrible nouvelle de sa capture à la bataille de Toulouse et de sa condamnation.

Sa mort a une influence directe sur le sort du domaine : car, le jour où sa tête tombe sur f échafaud, ses biens sont confisqués et, provisoirement du moins, le roi est seigneur d'Offémont.

MAISON DE BOURBON-CONDÉ

VERS 1633 — 1635

La confiscation a cela d'injuste qu'elle fait participer toute une -famille au châtiment d'un coupable. En temps de guerre civile, elle est de plus impolitique, puisqu'elle peut rejeter vers l'adversaire ceux qui en sont les victimes.

Louis XIII, roi pondéré et conciliant s'il en fût, veut rendre généreusement aux héritiers les biens du condamné. Sa veuve Marie F-élicie des Ursins a pris le voile ; mais il laisse trois soeurs, Charlotte de Valois, Marguerite duchesse de Ventadour, Charlotte Marguerite princesse de Condé. Dans le partage, c'est à celle-ci qu'échoit le domaine, de sorte que la mère du grand Condé est dame d'Offémont et son père, Iienri II de Bourbon, en est seigneur.

1. Arch. Nat., P 17, 6.206.

2. Chantilly GE 2, 1620-1623.


66 LES SEIGNEURS

Sans doute leur règne est transitoire. Les habitants de Chantilly n'ont jamais eu de tendresse pour Offémont et, cette fois, ils n'éprouvent qu'indifférence pour une terre, à laquelle jadis il leur a fallu renoncer 1. Aussi, dès 1635, ^a seigneurie est-elle vendue à Jacques Danès 2.

1. Duc D'AUMALE, Hist. des Princes de Condé, t. II, p. 444. Contrat de mariage de Henri de Bourbon et Charlotte Marguerite de Montmorency. — Moyennant une somme de 100.000 écus, Charlotte Marguerite renonce à la succession paternelle, sauf à être appelée au partage, si son frère meurt sans postérité.

2. Bib. Nat., ms. fr. N. A. 6.675.



PI. XIX.


PI. XX.



LES FINANCIERS

LES DANÉS

1635 ]8 OCTOBRE 1642

Le terme de financiers, généralement réservé aux fermiers généraux, est ici d'une exactitude insuffisante et nous ne l'employons que faute d'un autre plus adéquat.

Jamais en effet la seigneurie d'Offémont n'a été entre les mains des traitants ; mais il est intéressant de marquer les deux périodes de son histoire. Dans la première, le domaine appartient à des familles illustres et l'origine du seigneur constitue son titre à des biens dont Offémont n'est qu'une part. Dans la seconde période, la seigneurie échoit à des gentilshommes ou à d'autres, parce qu'une fortune exceptionnelle leur en permet l'achat et, dans cette grande division historique, la Révolution ne joue aucun rôle.

Le premier propriétaire, qui ait acquis sur ses deniers la seigneurie, est Jacques Danès, seigneur de Marty-la-Ville, président delà Chambre des Comptes et. désormais, sire d'Offémont L II descend de ce Pierre Danès, lecteur grec du roi François I" à Paris -, et a épousé Madeleine de Thou, également issue d'une famille d'érudits. Elle est petite-fille du président Auguste de Thou, que Henri IV nommait maître de sa librairie.après la mort de Jacques An-yot 3, et fille de Christophe de Thou, l'historien 4. Ces savants, que des rois éclairés réunissaient autour d'eux, étaient donc incontestablement l'objet de leurs faveurs et pouvaient, grâce à elles, édifier des fortunes.

Toutefois l'avenir si brillamment entrevu par Danès est brisé dès le principe par un double malheur. Accompagné de son fils, il va

1. Papiers Peigné-Delacourt. — Copié dans Dom Grenier.

2. L. DELISLE, Le Cabinet des Manuscrits, t. I, p. 178 : comparez avec LALAXNE. art. Danès.

3. Id., id., t. I, p. 197 et 207.

4. La nouvelle dame d'Offémont était donc soeur de de Thou qui fut décapité en 1642 avec Saint-Mars.


68 LES FINANCIERS

ensevelir dans l'église de Sainte-Croix le coeur de sa femme, morte à trente ans (1636). Les vicissitudes révolutionnaires ont transporté l'épitaphe à Saint-Crépin 1 ; mais ont, en revanche, arraché de cette église une plaque commémorative en cuivre et une statue en marbre delà défunte. Puis, en 1642, il porte au même endroit le coeur de son fils Henri Danès, baron de Mesi>v, qui s'est no3'é à 16 ans, en baignant son cheval favori -. Il verse au prieuré 3000 1. ts. pour fondation de messes 3 ; mais son désespoir n'a pas attendu cette nouvelle épreuve.

Entré dans les ordres dès les premiers temps de son veuvage, l'ancien seigneur d'Offémont est devenu maître de l'oratoire de M037, puis évêque de Toulon (1640). A présent M est seul, l'avenir lui apparaît sans valeur. 11 cède Offémont pour distribuer ses biens aux pauvres (18 octobre 1642)'', abdique son évêché (1658), quitte toutes les marques de grandeur et s'enferme, pour mener une vie d'austérité et de prière. Il meurt à 62 ans, le 5 juin 1662, en odeur de sainteté 3. Des miracles se produisent dit-on sur sa tombe. Cependant, de lui, comme de Madeleine de Thou, nous ne possédons d'autre souvenir qu'une épitaphe 6.

LES DREUX D'AUBRAY Denys

l8 OCTOBRE 1642 10 SEPTEMBRE l666

C'est le r8 août 1642, juste après la mort de son fils, que Jacques Danès vend la seigneurie d'Offémont à Den3^s 7 Dreux d'Aubra3T,

1. Voy. PI. XXII.

2. Bib. Nat., ms. 6675.

3. Arch. Nat., Q_ i, 857.

4. Date communiquée par Huillier, notaire à Paris, à qui nous sommes redevables de tout ce qu'indiquent les actes notariés.

5. Gallia Christiana, t. I, p. 756-757.

6. Voy. PL XXI et XXII.

7-' Ce prénom paraît ignoré des historiens, et les pièces officielles le taisent avec persistance. Il n'est pas mentionné au procès Brinvilliers. Arch. de la Bastille, t. IV. — Par exception Dreux



M I

JAQUES DANES


MADELEINE DE THOU, épouse de JACQUES DANÈS

EpjTAPHE ACTUELLEMENT D*\< r'Et.LISt PL ST-CRIIT.



LES DREUX D'AUBRAY Gg

conseiller d'Etat, maître des requêtes, lieutenant civil en la prévôté et vicomte de Paris. Il descend de Claude, chevalier du Saint-Sépulcre, fils de Nicolas d'Aubra}^, baron de Laigle en 1577 *. Mais un mauvais sort semble planer sur le vieux domaine et le nouveau maître, comme son prédécesseur, devient veuf aussitôt. Il perd sa femme, Marie Olier, et reste avec quatre enfants :

1. Antoine, comte d'Offémont, seigneur de Villarceaux et de Bois-Saint-Martin, conseiller au Parlement (1653), maître des requêtes (1660), intendant d'Orléans, après son père lieutenant civil de Paris. Sa femme est Marie-Thérèse Mangot.

2. François, conseiller à la cour.

3. Marie-Madeleine 2, qui épouse Antoine Gobelin, marquis de Brinvilliers, baron de Nourard.

4. Thérèse d'Aubra}^

Nous ne tenterons pas de retracer ici la série de crimes qui épouvanta toute une époque. Leur histoire est connue et nous les suivrons seulement dans leurs rapports avec la seigneurie.

Vers le 13 juin 1666, déjà fortement atteint par le poison que lui versait tantôt sa fille et tantôt un laquais nommé Gascon, Den)"s Dreux d'Aubraj^ quitte Paris pour s'établir à Offémont. Il appelle auprès de lui sa fille Marie-Madeleine et, dès le lendemain, son mal s'aggrave. De ses propres mains, la marquise empoisonne son père et renouvelle la dose, car.il résiste et 11 en finit pas. dit-elle, de mourir. Cependant, il sent approcher l'heure fatale et rentre bientôt à Paris, où il succombe le 10 septembre de la même année".

d'Aubray figure sans prénom sur la liste des lieutenants criminels de M. le prévôt de Paris : DESMAZE. Le Châtelel de Paris, p. 104. — M. Funck-Brentano appelle le père de la Brinvilliers Antoine, Le Brame des Poisons, p. 3, ce qui est le prénom de son fils, mais pas le sien. L'acte de vente porte Denys d'après les notes de Peigné-Delacourt.

1. LOUVET, Noblesse Beauvaisine, p. 506.

2. Et non Marguerite. M. Funck-Brentano a déjà signalé avec raison cette erreur.

3. F* RAVAISSON, Archives de la Bastille, t. IV, p. 9, n. 2.


70 LES FINANCIERS

Antoine Comte d'Offémont

10 SEPTEMBRE 1666 \~j JUIN 167O

Antoine devient seigneur d'Offémont et prête foi et hommage le 20 mars 1668 ; mais Sainte-Croix veille. La Chaussée, autre laquais assassin à sa dévotion, empoisonne le nouveau seigneur, qui meurt à 37 ans. le 17 juin 1670 ', laissant pour légataires François et Marie Thérèse ses frère et soeur 2.

François — Thérèse

17 JUIN 167O 24 AOUT 1675

François est empoisonné presque en même temps. Ses légataires sont Marie Thérèse, sa soeur, et Claude Antoine Gobelin, son neveu 2, fils mineur de la Brinvilliers. La première, devenue dame d'Offémont, dont elle possède la majeure partie, prête foi et hommage le 11 février 1671 et fournit son dénombrement le 20 mai 16743.

La seigneurie comporte :

Le château, composé d'un corps de logis en pierre de taille et quatre grosses tours, la basse-cour avec colombier, etc. : le parc, dans lequel se trouvent 321 arpents de bois taillis, 160 mines 'de de terre labourable : la censé d'Offémont, etc..

Les terres relevant d'Offémont sont :

Les terres et seigneuries du Plessis-Brion. de La Motte, Mont-, macq, Taillepied, Cuise.

Le fief de La Motte d'Appillv.

Le fief du Saussoy.

Les fiefs de Ribécourt et Pimprez.

Le fief Saine-Christine, sis à Villers-sous-Coudun.

Le fief de La Prévôté, sis à Tracv-le-Mont.

1. F* RAVAISSOX, Archives de la Bastille, t. FV, p. 9, n. 1.

2. Acte communiqué par Me Lhuillier.

3. Arch. Nat., P 97. cote 322.



Cab* Jes Estampes. Col. Alpk.

DENYS DREUX DAUBRAY


PI. xxir.

ANTOINE DREUX DAUBRAY



LES DREUX D'AUBRAY 71

Le fief séant au Vari]le-Guyot, au dit Tracy. Le fief de Beauval. Le fief Gonet.

Le fief de l'Eperon et autres tenus par les religieux Célestins d'Offémont.

De son côté Marie Thérèse Mangot, comtesse d'Offémont, a reçu un droit d'usufruit : mais ni elle ni la dame du lieu ne peuvent disposer du château. La marquise, qui possède évidemment quelque intérêt sur la seigneurie, s'en croit déjà maîtresse et son extraordinaire mari, dont la vie est pourtant si peu liée à la sienne, s'y est installé avec enfants et domestiques. Il ne faut pas moins de deux lettres de cachet successivement expédiées de Versailles les 24 février 1 et 31 mars 2 1674, pour l'en faire sortir et lui défendre d'en approcher à moins de trois lieues.

La présence des intéressés y est du reste nécessaire, car la succession des Dreux d'Aubray n'est pas en merveilleux équilibre. Les dépenses exagérées y ont momentanément apporté quelque désordre et des dettes commencent à se révéler, comme le prouvent ces vers :

Un créancier vient voir son débiteur.

11 le trouve cuisant un beau dindon.

Je n'ai pas 1' sol, je suis à sec, dit-il

A l'homme, qui réclamait son argent.

Comment, reprend l'autre, et voici

Que vous vous régalez ainsi ! —

N' m'en parlez pas, répond le débiteur,

Je n'avais pas 1'moyen de le nourrir 3.

On ne saurait donc blâmer Thérèse d'avoir accepté sous bénéfice d'inventaire l'héritage fraternel : mais elle et sa belle-soeur deviennent

1. Arch. Nat., O i, iS, f° 26 v., daté 24 février.

-> Arch Nat". O 1, 18, f° 36 v. Cette lettre cite la précédente à la date du 22 par une erreur que plusieurs auteurs ont reproduite.

-. Bibl. Arsenal, nis. Conrard. t. XI, n" 20.


72 LES FINANCIERS

pour l'empoisonneuse le dernier obstacle et il serait franchi, sans la révolte tardive du faible et craintif Briancourt. Quand Thérèse meurt, le 24 août 1675, dans son hôtel de la rue Garancières, la marquise est déjà en fuite depuis 3 ans 1.

L'arrestation à La Haye, le procès, les affres,de la torture et le supplice (juillet 1676) se succèdent avec une rapidité foudroyante et. alors, la terre d'Offémont appartient déjà depuis un an à Claude Antoine Gobelin de Brinvilliers, devenu seigneur à l'âge de sept ans*.

L'épilogue le plus inattendu est certainement l'espèce de vertige, qui s'empare périodiquement en France de la morale publique. Tout à coup une pitié paradoxale éclate, en faveur, non des victimes, mais de l'assassin. « Le lendemain, dit Madame de Sévigné, on cherchait ses os, parce que le peuple croyait qu'elle était sainte 7/'. Et si grande est l'exaltation, si impérieux le revirement, aux plus hauts degrés de cette société déjà vouée à la révolution, que la reine accepte d'être tutrice des enfants1.-

La marquise n'a pas eu le temps d'habiter Offémont. Aussi ne pouvons-nous interpréter comme le baron Cornuau d'Offémont l'histoire qu'il racontait vers 1850 et qu'un de ses hôtes a publiée". En cherchant dans le mur du château une cachette, où il a dissimulé des bijoux lors delà seconde invasion, le baron s'est trompé de place et a mis à jour une vingtaine de fioles vides. Il n'en faut pas davantage pour éveiller le spectre de l'empoisonneuse. Personne ne songe qu'elle se servait de poudre, qu'on n'établit pas des cachettes chez autrui, qu'il faudrait au moins examiner les résidus séchés au fond des verres. Les imaginations s'allument et l'on déclare que la Brinvilliers avait ses armoires secrètes au second étage, au haut

1. Elle était déjà en fuite le 19 novembre 1672 : comme le prouve la lettre de Colbert à l'ambassadeur d'Angleterre. F." RAVAISSON, Arch. de la Bastille, t. IV. p. 60.

2. Cet âge résulte de son épitaphe donnée ci-après.

3. Lettre du 22 juillet 1676.

4. Papiers Peigné-Delacourt. Acte du 19 juin 1676, avant le supplice par conséquent. Madame de Brinvilliers avait des partisans bien avant sa mon qualifiée sainte et édifiante.

5. Camille MAHLER, Metz littéraire, année 1854.


LES GOBELIN

75

d un escalier en vis, sous les toits. On ajoute que dans cette salle est mort Sainte-Croix.

LES GOBEL1N

Claude Antoine Gobelin Comte d'Offémont

Ant. Gobelin Mk de Brinvilliers — Ant. Gobelin 1 CI£ d'Offémont

24 AOUT 16/5 3° JUILLET I739

En réalité, il ne reste aucune trace de la Brinvilliers, même pas son nom, car son fils s'abstient de le porter. Il s'appelle Claude Antoine Gobelin. comte d'Offémont et Saint-Crépin, seigneur de Yillers-sur-Orge, et le nom de l'assassin s'éteint avec celui des victimes : mais le résultat du crime reste acquis. Le but était de faire une bonne maison. Or Claude Antoine, presque seul héritier des quatre enfants Dreux d'Aubray 2, ramène dans la seigneurie une opulence oubliée.

Aussitôt parvenu à sa majorité, il annule d'un trait de plume l'effet des anciennes lettres de cachet et cède à son père Brinvilliers, moyennant une rente viagère de 3000 livres", la seigneurie d'Offémont (16 octobre 1684). Le terrier de 1687 a dû être nécessité précisément par cette cession. A la mort du marquis, survenue peu après 1700, la seigneurie passe directement à son petit-fils Antoine et des lettres de terrier'' sont accordées le 12 janvier 1704 à Antoine Gobelin, seigneur d'Offémont, afin de le protéger contre les débiteurs, qui abusent de sa minorité.

Pendant ce temps Claude Antoine a conservé le titre de seigneur.

1. On a pris l'habitude de l'appeler Antoine pour le distinguer de son père : mais il s'appelait aussi Claude Antoine, comme le prouvent les lettres de terrier.

2. Sa soeur ne reçut rien de ses oncles et tante.

3. Bien qu'il s'agisse d'une rente viagère, il est curieux de rapprocher ce chiffre de celui donné p. 51 et qui évalue les revenus de la seigneurie à 1000 1.

4. Dans ses notes, Peigné-Delacourt ne signale pas la difficulté soulevée par cette lettre de terrier de 1704. Il déclare simplement que le terrier commencé en 1687 fut terminé en 1704. On ne mettait pas 17 ans à faire un terrier : de plus les deux lettres royales.sont distinctes et le terrier autorisé par la seconde est commencé en 1705, fini en 1713. L'explication est donc manifestement


74

LES FINANCIERS

Il reste en partie le maître et, du fond de sa demi-retraite, ramène dans le monastère les beaux jours d'autrefois 1. II refait le choeur au goût de son époque, donne un autel de marbre", assiste ou contribue à la reconstruction du couvent (1730) 3, et meurt à 79 ans : mais, peut-être par un sentiment de réserve et pour ne pas paraître aligner sa tombe sur celles des Nesle et des Montmorency, il a voulu être inhumé dans l'église de Saint-Crépin-aux-Bois. A l'entrée du choeur se lit encore cette inscription :

• CY GIT

MESSIRE CLAUDE ANTOINE GOBELIN CHEVALIER SEIGNEUR COMTE D'OFFÉMONT ET DE S'-CRÉPLN &CC DECEDÉ EN SON CHATE' 11' LE.30 IUILLET 1739 REQUIESCAT

IN PACE.

IL ÉTAIT ÂGÉ DE 79 ANS ET DIX MOIS.

Au dehors de l'édifice subsiste encore une trace de ses funérailles ; ce sont les restes de la litre ou peinture noire, dont on décorait l'extérieur des églises, au décès des grands personnages. On distingue très nettement sur les contreforts la marque des écussons. Elle éveille

à rejeter. GRAVES, Canton d'Attichy, p. 106, sans donner de référence, dit que, le 16 octobre 1684, Claude Antoine cède Offémont au marquis de Brinvilliers, son père. A cette date, Claude Antoine a 25 ans. Si l'on rejette l'assertion de Graves, il devient impossible d'expliquer les lettres de terrier délivrées le 12 janvier 1704 à Antoine seigneur d'OfFémont, mineur, dont le père Claude Antoine vit et vivra encore 3 5 ans.

1. On n'a de son intervention aucune preuve directe ; elle résulte seulement des probabilités.

2. GRAVES, Canton d'Attichy, p. 103.

3. De grands travaux eurent lieu la même année aux Célestins de Paris. PIGANIOL DE LA FORCE, Description de Paris, t. IV, p. 129.


La Marquise allant au Supplice avec la Chemise des Condamnés jetée sur ses vêtements



LES GOBELIN' 75

encore la curiosité : non parce que le défunt était seigneur d'Offémont, mais précisément à cause de ce souvenir qu'il aurait tant voulu effacer, et parce qu'il est le fils de la Brinvilliers.

Nicolas Louis Gobelin Marquis d'Offémont

30 JUILLET 1739 22 .MARS 1 747

Sa Veuve et ses Enfants

22 MARS I747 9 FÉVRIER I 761

Thomas Gobelin, chevalier, seigneur du Quesnoy, meurt vers 1713 en léguant ses biens aux descendants de Claude Antoine son parent: mais celui-ci, étant créancier du défunt, un acte du 17 juillet 1713 nomme Paul Dubois tuteur d'Antoine et des autres enfants à naître de Claude Antoine.

Ce premier enfant ne paraît pas avoir vécu et c'est son frère Nicolas Louis qui devient en 1739 titulaire de la seigneurie sous le nom de marquis d'Offémont.

. Il meurt à son tour le 22 mars 1747, laissant trois enfants :

1. Anne Suzanne Françoise Gobelin d'Offémont, 3 ans;

2. Antoine Louis Gobelin d'Offémont, 2 ans ;

3. Alexandre Charles Nicolas Gobelin d'Offémont, 2 mois ; sous la tutelle de leur mère Marie Françoise de Bombelles.

C'est le souvenir de la marquise que rappelle l'inscription suivante placée dans l'église de Sainte-Croix, à gauche de l'entrée du choeur, à 4" 1 environ de hauteur.

BOMBELLES VEUVE DE Mre LE MARQUIS D'OFFÉMONT DME DE CETTE PAROISSE A FAIT RÉTABLIRE TOUTE LA NEF EN

I75I

P. I. C. SCRIPSIT.


70 LES FINANCIERS

LES LASSALLE

9 FÉVRIER I761 12 JUIN I 793

Des trois enfants de Nicolas d'Offémont, un seul survit : c'est l'aîné, Anne Suzanne Françoise Gobelin, dame d'Offémont, SaintCrépin et autres lieux. Le 9 février 1761 elle épouse Adrien Nicolas marquis de Lassalle, fils d'un conseiller au Châtelet et officier de cavalerie'.

Après s'être distingué dans la guerre de Sept ans et y avoir gagné la Croix de Saint-Louis, il quitte le service à deux reprises -. devient commandant de la milice parisienne le 14 juillet 1789. en récompense de son patriotisme, puis maréchal de camp le 1" mars 1791. En 1792 il fait voile pour Saint-Domingue, où il remplit les fonctions de gouverneur par intérim, puis,, au retour, fait connaissance comme tant d'autres avec les prisons de la République. Nous le retrouvons en 1810 à la tête d'une compagnie de vétérans et sa pension est portée alors à 4.000 fr.

Esprit distingué, le général de Lassalle a écrit plusieurs pièces et romans, presque tous antérieurs à la Révolution ; mais, sur la fin, sa raison l'abandonne et le dernier seigneur d'Offémont meurt à Charenton, le 23 octobre 1818, à l'âge de 83 ans.

LES MOUETTE 3

12 JUIN 1793 I<^°6

Le général de Lassalle n'a pas conservé toute sa vie Offémont. De seigneurie il n'est plus question. Sa femme, simple propriétaire

1. Né 11 février 1735. — HOEFER, Biog. universelle.

Un acte du 10 janvier 1776 donne son adresse à Paris eu son hôtel rue du Chapon-au-Marais. paroisse Saint-Xacolas-des-Champs. — Un acte du 10 août 1791 le fait demeurer rue des PetitsAugustins, faubourg Saint-Germain, 11° 11, paroisse Saint-Sulpice. — Étude de Tracy-le-Mont.

2. Cette particularité est cause que dans certains actes le général est qualifié « ancien capitaine de dragons ».

3. Beaucoup des renseignements qui suivent sont dus à l'aimable obligeance de Huillier, notaire, 83, boulevard Haussmann, à Paris.


LES NOUETTE 77

du domaine, le vend à Etienne Nouette. ancien régisseur général pour le roi. trésorier des invalides de la marine, et à sa femme Marie Louise Elisabeth Carnac 1. demeurant tous deux à Andrezel Seine-et-Marne.

Les- nouveaux acquéreurs ont un fils, Antoine Etienne, qui lui-même a trois enfants, et une fille Marie Geneviève Nouette, épouse de Gaspard Charles Pellard. gentilhomme normand.

MME DE CHAMILLY BON"XE D'OFFÉMONT 1806 — 18..

Les Pellard ont une fille Anne Marie, qui, en 1806, recueille les successions confondues de ses grands-parents et devient propriétaire d'Offémont. Elle épouse le chevalier de Chamilly. alias Claude René Lorimier Destoges-, probablement fils de ce Claude Charles Lorimier Destoges de Chamilly 3, premier valet de chambre de Louis XVI. qui accompagna le roi au Temple et mourut sur l'échafaud en 1794.

Les Chamilly, qui ont pris le titre de Baron et Baronne d'Offémont. laissent une fille unique, Alphonsine Marie.

LES CORNU AU BONS D'OFFÉMONT Mme Cornuau née de Chamilly

18.. —-"24 OCTOERE 1855

Mademoiselle Lorimier Destoges de Chamilly, propriétaire d'Offémont, épouse Auguste Jean Baptiste Philippe Cornuau.

Petit-fils de Jean-Baptiste Cornuau 1, trésorier général^ de la maison et des finances du duc de Penthièvre, fils de Jean Simon

i. Décédée 28 floréal an XI.

2. RÉVÉREND, Titres et anoblissements de la Restauration.

3. Né en 1732. Larousse l'indique au mot Chamilly, mais la famille n'a reçu ce nom que sous la Restauration. RÉVÉREKD, op. cit.

4. Décédé à Paris, 2 mars 1792.


7« LES FINANCIERS

Cornuau, receveur trésorier de l'hôpital des Quinze-Vingts, et d'Adélaïde Nicole Delabiehe 1, Auguste Cornuau est chef d'escadrons aux lanciers de la garde ro3rale.

Par ordonnance du 23 juillet 1817, il est autorisé à s'appeler Cornuau d'Offémont. Par lettres patentes du 16 novembre 1819, il reçoit le titre de baron héréditaire, sur institution de majorât du 14 avril 1820..

Le Baron, né à Paris le 6 février 1774. meurt à Auxerre le 24 octobre 1835.

Auguste René Cornuau, BDn d'Offémont

24 OCTOBRE 1855 Ier FÉVRIER iSÔQ.

Le nouveau propriétaire du domaine, Auguste René Cornuau Baron d'Offémont, fils du précédent, épouse Cléophée Antoinette Eugénie Pauline Denniée, fille du Baron Denniée de l'empire. Il a d'elle six-enfants, dont il lui reste trois filles : .

1. Marie Thérèse, épouse de Gaston Lefébure de San'cy de Parabère, lieutenant au -5°'° hussards de Rouen, avec qui elle demeure à Boran (Oise).

2. Henriette Jacqueline Antoinette, épouse de Paul Edouard Didier Riant, comte romain.

3. Juliette Thérèse, encore mineure en 1869.

Auguste d'Offémont meurt à Paris, en son domicile, 28, rue Joubert, le 6 février 1868, et ses héritiers mettent la propriété en vente. '

COMTE AGUADO

1er FÉVRIER 1869 22 DÉCEMBRE 1S74

Le 1" février'18(39, la terre d'Offémont est achetée par Ofympïo Clémente Alexandro Augusto Comte Aguado.

1. Son père était contrôleur ordinaire des guerres. Sa mère était Jeanne Juppin. Adélaïde Nicole est décédée le 21 octobre 1820.


COMTE AGUADO 79

Descendant d'une famille de banquiers portugais, son père Alexandro Maria est né à Séville, le 29 juin 17S4. Entré de bonne heure dans les rangs de nos armées, Alexandro devient colonel du 1" lanciers en 1810. aide de camp du maréchal duc de Dalmatie en Espagne. Il est désarmé après Leipzig avec tous les régiments étrangers. Ses tentatives pour reprendre du service, d'abord heureuses, n'aboutissent qu'à lui faire donner un régiment en partance pour les colonies. 11 entre alors dans le grand commerce, où l'aident puissamment les relations mondiales de sa famille, deAient banquier du gouvernement espagnol à Paris (1823-1830) et est comblé de faveurs par Ferdinand VII, qui le nomme Marquis de Las Marismas del Guadalquivir. Naturalisé français en 1828, il meurt le 14 avril 1842, laissant soixante millions.

Son fils Olympio. marié à Madame Louise Juliette Caroline Berthe de Fre3"stedt demeurait à l'Eglantine, à Lausanne, quand, le Ier février 1869, il acquit le domaine d'Offémont.

LES PILLET-WILL Frédéric Alexis Douis Comte Pillet-Will

22 DÉCEMBRE 1874 —: 28 JANVIER I9II

Frédéric Alexis Louis Comte Pillet-Will devient acquéreur d'Offémont le 22 décembre 1874. Marié à Jeanne Marie Clotilde Briatte, il meurt le 28 janvier 1911 laissant deux fils, Maurice et Frédéric, et une fille mariée au duc de La Trémoille.

Maurice Comte Pillet-Will

28 JANVIER îgi I ....

Le Comte Maurice Pillet-Will est propriétaire d'Offémont depuis le 28 janvier 1911.



LE PRIEURÉ DE SAINTE-CROIX

LA GRANGE ET LE PORTAIL Vue prise du Word Crayon de WTCAKOWSKT, Dessinateur de Viollet-le-Duc. — Original a M. BERNARD.

HISTOIRE DU PRIEURE

L'élan de foi ardente, qui porta nos chevaliers jusqu'en Orient, n'éteignait pas en leur âme l'angoisse du départ. La longueur du voyage lui donnait une apparence définitive et les plus épris d'aventures guerrières offraient des voeux au ciel, pour assurer leur retour.

C'est ainsi qu'en 12481 Girard de Mello. sur le point de s'embarquer avec le roi Saint Louis, va prendre la bénédiction de ses

1. Dom Bertheau dit « en 1248 ou 49 » : mais il ajoute qu"il s'agit de la ire croisade de Saint Louis. Ce qui suit est en majeure partie extrait du ms. lat. 13.891, f° 136 sq., auquel nous ne ferons plus de renvoi.


82 HISTOIRE DU PRIEURÉ

oncles, les abbés.de Cbaalis et de Vezelay. Il jure entre leurs mains que, s'il revient en santé, il finira ses jours sous l'habit religieux. Les dangers qu'il traverse ne font que rendre son retour plus miraculeux. Captif avec toute l'armée dans Mansourah, il obtient de Saint-Louis un fragment de la Vraie Croix, revient en France et fonde à Mello le prieuré de la Madeleine, dont il est le premier moine.

Un siècle plus tard, Jean de Nesle, devenu seigneur de Mello par son mariage avec Marguerite, s'engage à fonder un couvent en l'honneur de la Sainte Croix, si le prieur veut bien partager avec lui cette relique insigne, et ainsi s'explique la fondation d'un prieuré sous la forteresse d'Offémont.

Du moins telle est l'explication que propagent les moines : mais la première partie, de cette histoire est. dressée tout exprès pour authentifier la relique et lui fournir ses lettres d'origine. Ce Girard de Mello, qui cause familièrement avec le roi, n'a jamais été à Mansourah, Joinville n'en parle pas et, ce-qui" est plus grave, son nom ne figure pas dans les Historiens des Croisades. La suite de l'explication est au contraire véridique et c'est réellement pour 3^ déposer un morceau de la Vraie Croix pris à la Madeleine, que Jean I" de Nesle, en avril 1331/2 J, fonde son prieuré dans le Froideval, baptisé désormais le Val Sainte-Croix.

Encore le nom de prieuré est-il quelque peu solennel pour désigner le petit sanctuaire primitif, avec la maisonnette où logent ses desservants. Un fossé doublé d'une haie les entoure.- Ils sont près.de la source de Vimont, appelée, dit Dom Berthéau, en vieux français, Sainte-Mésaise, parce que les broussailles en encombrent l'approche, et ce nom dégénère en Sainte Malaise, Sancta Maria, S an et a Miseria. comme pour.démontrer l'incertitude de l'éthymologie.

Au temps des Gaulois, toutes les sources étaient divines et ■ guérissaient quelque chose. Les lépreux, grâce à elles, conservaient

1. Le 111s. porte « Î331 avant Pâques ». Voy. plus loin au chapitre des Charles la charte de fondation du prieure de Sainte-Croix.


DE SAINTE-CROIX 83

l'espérance et peut-être celle de Sainte-Mésaise a-t-elle pour parrains les- mésels 1? La tradition, à coup sûr. s'est perdue et les quatre moines installés par Jean de Nesle ne se voient disputer par aucun pèlerin l'abord de leur fontaine.

Tous quatre viennent du Mont de Chastres 2, que Philippe le Bel a récemment acquis des Bénédictins de Saint-Crépin-le-Grand:!. en échange du Mont des Cinges 1, afin dY installer quelques religieux du nouvel ordre des Célestins 5.

11 nY a point de prieur à Sainte-Croix. La fondation est si peu importante qu'elle constitue une simple maison vicariale et le prieur du Mont de Chastres viendra chaque semaine y tenir chapitre.

Les Célestins sont des Bénédictins réformés. Leur ordre a été fondé A-ers 1254 par Pierre de Moron. plus tard pape Célestin V. canonisé après sa mort. Leur première maison fut à Sulmone, en Italie, et Philippe le Bel les attira successivement à Ambert près d'Orléans, puis au Mont de Chastres '1308), qui prend le nom de Saint Pierre, -leur patron, et essaime la petite colonie d'Offémont 6.

Pour celle-ci, la médiocrité des premiers jours n'est que passagère. Bientôt les donations se multiplient. Jean de Nesle ajoute d'autres terres arables au fond du Val. qu'il avait donné tout entier. Philippe VI amortit 7 la fondation, donne" des terres, des bois, des droits de pacage. Jean de Ro3~e. chanoine de Laon, fonde des messes (1339)- Bref, les dons affluent si heureusement qu'il est question de bâtir une église.

1. Lépreux.

2. Aujourd'hui Mont Saint-Pierre en forêt de Compiègne.

3. Près Soissons.

4. Telle est l'orthographe du ms. Voy. plus haut, p. 5.

5. Cet échange est bien connu de nos historiens locaux : malheureusement, à la suite d'une erreur de lecture initiale sans cesse reproduite, tous prétendent qu'il s'agit d'un échange de bois et de serves. Nous pouvons affirmer que !e ms. de D. Bertheau porte terres et non serres.

6. Un autre couvent de Célestins fut fondé à La Xeuville-Saint-Pierre, ar. Clermont, c. Froissv, et un autre à Paris comme on verra plus loin.

7. Les lettres d'amortissement du suzerain étaient la reconnaissance indispensable de la constitution d'un bien de main-morte pardon vassal.


84' HISTOIRE DU PRIEURÉ

Jean de Nesle forme un instant le projet d'abandonner le Froideval, pour établir le monastère au Sépulcre du Sarrasin ; mais l'eau manquerait, les religieux ne pourraient construire sur le plateau les viviers nécessaires à leurs abstinences et, pour éviter la nature trop humide du fonds, il suffira de reculer légèrement à l'Ouest, sur la pente.

Aussi, vers 1339, élève-t-on une église, dont une partie subsiste encore. Presque en même temps un dortoir est bâti ; puis, le 15 août 1340, Marguerite de Mello fonde à droite du choeur la chapelle de Sainte Marie Madeleine et augmente de un le nombre des frères'. Le monastère croît sans cesse. En 1345, sa clôture agrandie est refaite avec despaiées -. En 1348, Amauty de Nesle, oncle du fondateur, lègue 2500 1. En 1349, échoientles dons importants auxquels sont obligés les assassins présumés de Daridel, seigneur de Saint-Crépin, et cependant, malgré ces motifs de prospérité accumulés, tout est compromis par la guerre, avec les désordres et troubles qui l'accompagnent. Le seigneur est parti aux armées. Les arrérages de fondation ne rentrent "plus et l'heure arrive, où les religieux vont être réduits au départ.

Heureusement Jean II relève sa fortune et, en même temps, celle des moines. En 1369, un prieur est nommé 3. Vers 1400, Gérard d'Athies, archevêque de Besançon, fonde encore deux places et Sainte-Croix devient maison conventuelle en 1404. Enfin une protection puissante, vient sortir définitivement les religieux du péril, c'est celle de Louis duc. d'Orléans, frère du roi.

Ce prince s'est fait le protecteur des Célestins. Partout où ils vivent, on relève sa trace. Au-Mont de Chastres il a élevé une. chapelle et figure à l'intérieur, sur un vitrail, avec Valentine de Milan 1. A Sainte-Croix il donne 100 L.de rente, plus 500 1. une fois pa3^ées, pour estre converties en édifices, livres et aiiltres nécessités

1. Arch. Nat., Q_ i, 857. Charte de fondation de la chapelle. Voy. plus loin chapitre des Chartes.

2. Arch. Nat., K 185, cote 16, no 8.

3. Vôy. plus loin la liste des prieurs au chapitre des Charles. 4.À E. COLLAS, Valentine de Milan, p. 291, 292, 304.


DE SAINTE-CROIX

du dits [couvent], parce qu'il est pauvrement édifié {1405)'. C'est aux Célestins de Paris, fondés par lui, qu'il laisse la Bible de Charles V% qu'il fait pèlerinages et retraites 3 ; chez eux qu'il sera enterré, ainsi que Valentine 4. Son souvenir planera toujours sur l'ordre et, deux siècles et demi plus tard, nous en verrons encore le témoignage à Sainte-Croix. Le duc d'Orléans y sera toujours vénéré comme le principal bienfaiteur. Ses armes 5 seront sculptées sous le cloître, à la place d'honneur, dans la grande arcade du lavabo, et, bien que nous n'en a37ons pas la preuve, nous pouvons supposer, sans invraisemblance, que ses rapports avec- le seigneur d'Offémont l'ont quelquefois attiré dans ces lieux 6.

Ce doit être peu après 1404-qu'on agrandit l'église, en reportant le choeur vers l'Est'. Dès cette époque, nous sommes assurés que le nombre des moines est-monté jusqu'à sept : mais c'est là un minimum et d'autres fondations évidemment nous échappent.

Les religieux, comme partout ailleurs, s'adonnent à la culture. Ils ont une vaste grange, un pigeonnier et, sous les Montmorenc3T, c'est un moine qui fait valoir pour le seigneur ses vignes d'Atticlry 8. Cependant, les travaux intellectuels ne sont pas exclus. Sans parler des notes historiques de Simon Plarion (1581). des travaux d'un ordre plus abstrait sont nés dans la solitude de Sainte-Croix et l'on possède, à la Bibliothèque Nationale, un manuscrit philosophique du xve siècle, dont les douze premiers folios sont dus aux

1. Il existe un vidimus de cette charte de donation. Dec. 1405. Arch. Nat.. JJ 60, Ch. 38.

2. Aujourd'hui à la Bibliot. de l'Arsenal.

3. E. COLLAS, op. cit., p. 303.

4. Id. p. 307, 359, 425, 426.

5. L'écusson, complètement martelé, laisse apercevoir néanmoins la trace des fleurs de Ivs. Le lambel a disparu : mais la couronne est celle des enfants de France. Sur l'écu de France entouré du collier de Saint-Michel, voy. Bib. Com. Saint-Germain-en-Lave, ms. du xvi* siècle, contenant les statuts de l'ordre de Saint-Michel.

6. Voy. plus haut, p. 43.

7. D, Bertheau, au xvme, relèvera dans le choeur un tombeau de 1418. Voy. plus loin Dans l'église de Sainte-Croix.

8. Chantilly, GE 1, 1530.


86 HISTOIRE DU PRIEURÉ

Célestins d'Offémont 1, Dora Bextheau nous signale d'autre part un livre édifiant, et son titre en rappelle .d'autres : La vie du Bienheureux P. Callips., religieux profès du monastère de Sainte-Croix d'Offémont. Extrait d'un livre intitulé : La vérité pour les R.R.. PL 3. Célestins. Imprimé à Paris, l'an 1615., suivant les Mémoires des Dames de Montmartre en date de l'an 1484. Ce père Calipet 2, gentilhomme de Blois, entré en religion à 25 ans, mourra dans sa 94e année, à Sainte-Croix (1538), et 3' sera enterré, après en avoir été deux fois prieur.

La bonne réputation du monastère s'étend du .reste alentour et les dons affluent. En 1455., Catherine de Menou est inscrite parmi les bienfaiteurs : en 1464/5., Marguerite de Sailty lègue lés seigneuries de Saint-Aubin-sous-Erquery et de Remécourt 3 ; mais l'époque la plus glorieuse, celle où les richesses du prieuré s'accumulent, où ses constructions deviennent luxueuses et attirent un plus grand nombre de pèlerins, commence avec les La Gruthuse., pour finir avec leurs, successeurs, François de Montmorenc37 de la Rochepot et sa femme Charlotte d'Humières. On doit très probablement à Jean de La Gruthuse et Louise de JSiesle'' le muT de clôture, qui a remplacé les palées autour du monastère 5. Ils ajoutent un bas côté à droite de la nef, pour y fonder des chapelles, font sculpter sur les culots d'ogives leurs armes et celles de leurs proches, donnent des vitraux à l'envi les uns des autres et stimulent la générosité des donateurs étrangers. Ce sont eux qui reconstruisent la chapelle

1. Bib. Nat., ms. lat. N. A. 475. _

2. Bib. Nat., ms. fr. N. A. 6675, dit Jacques Calipet et non Callips. Il fut prieur en 1491 et une seconde fois en 1540. Voy. plus loin la liste des prieurs.

3. Ms. lat. 13.891, f° 137.

4. D. Bertheau relève sur l'obituaire ces mots: insignia benefacta ecclesie, Carlotta

de Humières ejus uxorem obiisse Parisiis 1358, die XXVI Augusti.

5. Nous n'avons de ce fait aucune preuve directe ; mais les murs du monastère sont antérieurs à ceux du parc (voy. plus haut, p. 27) ; d'autre part ces derniers ont besoin d'une réfection après 35 ans : en calculant de même pour les murs du-prieuré réparés en 1535, on est amené à considérer les La Gruthuse comme leurs constructeurs. Ajoutons qu'il paraît difficile en pratique d'attribuer ces travaux à d'autres.


DE SAINTE-CROIX 87

Sainte Marie Madeleine et le choeur de l'église, que le duc d'Orléans trouvait si pauvres; car leurs successeurs, les Montmorenc3r, déplaceront, pour poser un vitrail à leurs armes, celui fait aux armes de Blasset. Ils ont donc trouvé celui-ci en place, dans une fenêtre que d'autre part nous savons du xvi" siècle *'. La signature de Louise de Nesle. ne serait pas plus probante.

^François de Monlmorenc}^ est certainement un protecteur généreux : mais qui semble avoir plutôt continué qu'innové ; car c'est le prieur Jacques Bouhot (1574-1577) qui dotera son couvent de ce joli cloître 2, aujourd'hui en ruines, ou qui, du moins, en élèvera trois côtés sur remplacement de l'ancien.

L'époux de Charlotte d'Humières exerce par dessus tout un rôle spirituel et l'exaltation, où il se complaît, ajoute à la notoriété miraculeuse du prieuré. Depuis longtemps la spécialité de SainteCroix est l'exorcisme et l'église est le rendez-vous des possédés. En J584, deux femmes de Tracy sont venues baiser la Vraie Croix et, aussitôt, le Malin s'échappe de leurs corps criant et hurlant': '(. Nous sommes contraints de sortir et abandonner ces créatures, à cause de ce baisement de bois „.

François de MontmoréncA- encourage ces pratiques 3, s Y adonne lui-même et réussit, par sa vertu et sa foi, à délivrer son beau-frère Charles de la possession du diable. Charles, second fils de Jean d'Humières, deviendra dans . la suite évêque de Ba3"eux, Grand Aumônier de France, abbé de Saint-Riquier, Saint-Quentin, Beauvais, Saint-Barthélenrv, Ro\Te. etc....

Le fragment de la Vraie Croix, par lequel s'opèrent tous ces miracles, est de la grandeur d'un doigt. Il est enchâssé en unecroix d'or longue de huit à neuf pouces, enrichie aux quatre coins

1. II ne reste qu'une fenêtre, à l'Ouest, mais les bases des pilastres placés dans l'intervalle des autres sont aussi du xvie.

2. Ms. du religieux de Sainte-Croix. Vov. la liste des prieurs.

3. Nous les exposons d'après les éciits de religieux contemporains, sans tendance aucune. Ainsi était la mentalité d'alors et l'accusation de mauvaise foi constituerait une explication trop simpliste.


HISTOIRE DU PRIEURE

de perles et de diamants. Cette croix est elle-même enfermée en une autre de dix-huit pouces, faite d'argent doré et ciselé.

Affirmer l'authenticité de cette relique épon3rme a été de tout temps la préoccupation du monastère. Nous avons vu la fable de ses origines 1, le cri confirmatif des démons de Trac3^ : mais voici un certificat d'un autre genre.

En l'an 1635, un religieux de Sens vient remplir au prieuré les fonctions de sacristain. Il coupe traîtreusement un morceau de la Vraie Croix et l'expédie en cachette aux Carmélites de cette, ville. Les religieuses, aussitôt réunies, joignent au fragment nouveau une foule d'autres qu'elles possédaient déjà et, avec la permission de leur supérieure, jettent le tout au feu. Qu'on juge du miracle ! Sur les cendres des autres reliques, la croix d'Offémont reste intacte. Seule elle est vraie. Seule elle est sainte. Seule elle possède une vertu surnaturelle et une lettre de remerciements revient au sacristain infidèle 2. Sa discrétion en est probablement atténuée; car le P. Barbe3^, provincial des Célestins, envoie les PP. Adrien, Thuillart et Roger faire une enquête auprès des Carmélites et le verdict de ces juges, enregistré à la suite de la lettre, transforme les remerciements en un certificat d'authenticité officiel.

1. Voy. plus haut, p. 82. .

2.'« Au R. P. R. P. N. G., Sacristain du Couvent des PP. Célestins de Sainte-Croix d'Offémont proche Compiègne, au dit lieu.

« Mon Révérend Père. Salut et dilection en N. S. J. C. « Je vous remercie,

comme aussy nostre Révérende Mère et touttes nos aultres soeurs, du très vray bois de la Sainte Croix qu'il vous a plu nous envoier il y a quelque temps, lequel est bien approuvé, d'autant que nous l'avons mis au feu et n'a jamais bruslé, ce que n'ont faict plusieurs aultres morceaux que l'on nous avoit "envoie de plusieurs endroits, ains au contraire se sont veus consommez et bruslez à l'instant qu'ils y ont esté jaictez. C'est pourquoi nostre Révérende Mère et touttes nos aultres soeurs sommes portées d'une grande volonté de faire un beau et riche reliquaire et nous vous en avons et aurons à tousjours une très-particulière obligation et sommes obligées de prier le Bon Dieu pour vous, qui suis de coeur et affection, mon Révérend Père, [votre] très-humble et obligée servanteen N. S.

« Soeur N. N. « Sens, ce 18 Avril 1635. »

La vérité de ce miracle fut depuis confirmée par le tesmpignage des RR. PP. Adrien, Thuillart et Roger, déléguez par le R. P. Barbe)', provincial des RR. PP. Célestins, vers lés dictes religieuses, pour informer de ce miracle, qui fut trouvé véritable par la déposition d'icelles.

Bib. Nat., ms, lat. 13.891, f° 138.


DE SAINTE-CROIX

Pour en être l'objet le plus vénérable, la Sainte Croix n'est pas l'unique richesse du prieuré. On 3^ conserve, dans une garniture d'argent, le gobelet de Saint Pierre de Moron et ceux qui ont la fièvre n'ont qu'à boire, pour être guéris. On 3^ possède encore : une dent du même saint ; un ossement du cardinal de Luxembourg enrichi et enchâssé d'argent, qui guérit diverses maladies ; plusieurs saints ossements et reliquaires.

Au point de.développement où il est parvenu, le monastère peut franchir seul la période, d'abandon où le laissent les châtelains de Chantilly et, après eux, les victimes de la Brinvilliers : mais Claude Antoine Gobelin reprend la tradition et construit à son tour 1.

Au-dessus de la salle capitulaire, le dortoir est refait. Dans l'église, le choeur est transformé à la mode du temps. Après avoir aplani d'abord les reliefs, on met en placage à l'intérieur une construction de st3Te jésuite. Les parois sont re\rêtues de marbres et de peintures. Un autel à colonnes remplace l'ancien et il n'est pas jusqu'au bénitier 2 qu'on ne renouvelle: mais, détail S3anptomatique, dans le tableau en marbre blanc qui supporte la vasque, sont figurées cette fois les armes des Célestins, au lieu de l'antique blason du monastère.

En France, l'ordre porte d'azur à une croix de sable, enlacée d'une S d'argent et accompagnée de deux fleurs de tys d'or 3. S signifie Sulmone 4, où réside la maison mère, et ce serait une erreur de voir dans cette lettre entourant la croix une allusion au mot. Sainte-Croix. Quant aux armes particulières du prieuré, ce sont celles des Célestins, appliquées sur l'écu d'Offémont (Nesle) au lieu de l'écu de France, comme on peut voir au plafond du cloître 5.

1. Nous n'entendons mentionner ici que les grands travaux, qui constituent évidemment un don fait par le seigneur au prieuré. Une infinité d'autres moins importants, comme le cloître Henri IV ont été passés sous silence parce qu'ils n'excèdent pas les ressources du couvent. Ils tombent dès lors dans le courant des petites améliorations journalières, dont nous ne saurions suivre le détail.

2. Autel et bénitier sont aujourd'hui dans l'église de Saint-Crépin-aux-Bois.

3. BARBIER DE MONTAULT, Iconographie chrétienne, t. I, p. 338.

4. Dans la Pouille (Italie). . . -

5. Voy. PI. XXXIX, n° 2.


Ç0 HISTOIRE DU PRIEURÉ DE SAINTE-CROIX

Les soins et les travaux d'Antoine Gobelin ne produisent d'ailleurs qu'un résultat éphémère, comme une sorte d'auréole du dernier jour. En 1779 l'ordre est supprimé, Sainte-Croix est déserté. L'évêque de Soissons comptait peut-être 3^ env03^er d'autres moines ; mais le seigneur d'Offémont ne l'entend pas ainsi. La suppression des donataires entraîne, d'après lui, celle des donations et la justice de son temps lui donne gain de cause.

Si nous ne connaissons pas les détails du litige, nous savons du moins quelles sont, au moment de sa fermeture, les possessions du . prieuré i :

La Carrière des Moines.

La Seigneurie de Longueil-sous-Thourotte. La Seigneurie de Remécourt 2. La Seigneurie de Saint-Aubin-sous-Erquery 3. Des fiefs à Aiguisy 4 et Pimprez.

Des biens à Coudun, Guiscard, Golancourt, Flayy-le-Meldeux, Tracy, Rethondes, Cambronne, Plessis-Brion.

Au moment où le personnel des monastères se raréfie et où la vieille société-va finir, un pressentiment extraordinaire inspire les chefs des Bénédictins. Ils s'efforcent de relever les inscriptions, de faire copier les parchemins et les portraits, de reproduire les sceaux, de retracer les édifices et les tombeaux, comme s'ils voulaient hâtivement préserver de la catastrophe et collectionner pour les générations à venir les trésors du passé. Dans leur oeuvre, ils n'ont pas oublié l'église de Sainte-Croix et, grâce à Dom Bertheau, nous pouvons décrire les monuments funéraires et les vitraux aujourd'hui disparus.

1. Ms. fr. N. A. 6*375. Toutes les recherches concernant les pièces de ce procès ont restées vaines.

2. Ar. et c. ClermOnt.

3. Ar. et c. Clermont.

4. Ecart de La Chelle, ar. Compiègne, c. Estrées-Saint-Denis.


LES TOMBEAUX CI

DANS L'ÉGLISE DE SAINTE-CROIX Les Tombeaux

Les personnages, dont la-sépulture nous est connue et qui ont été certainement enterrés dans l'église de Sainte-Croix, sont, par ordre de dates :

Marguerite de Couc3r dame d'Offémont, avec Blanche de Nesle, dame de M037, sa fille. La tombe en liais était auprès de la sacristie et toutes deux 3^ étaient représentées assises, avec les.armes d*'Offémont et deMo3r respectivement figurées sur leurs vêtements. Autour courait cette inscription :

« Ci gist Mad° Marg. de Couc3r, fille Mre Raoul de C0UC37, « SgI" de Mommirel 1, et de Made Jeanne de Fiarcourt, en son vivant '{. femme de Messire Guy de Nesle, Sgr d'Offémont et de Mello. « Trespassa Tan 1418, le 8 Sept. •>,

Et plus loin, sur l'autre bord :

« Ci gist dame Blanche de Nesle, fille de Messr° Gujr de Nesle, « Seignr d'Offémont et Mello et Br^-sur-S'omnie, et Mary de ", CoucA^, mariée à Mess" Lou3^s. de Soiecourt, de Romeaux et de ".. Mou3r,. qui trespassa 1449. »

Le religieux de Sainte-Croix affirme que malgré cette inscription le corps de Blanche de Nesle ne reposait pas dans le monastère 2.

Catherine de Menou, qui vivait en 1445, et se disait issue de la maison d'Offémont. Elle était bienfaitrice de l'église.

Marguerite de Sailty. Sa tombe en liais était sous les cloches, îliste au milieu du choeur. Autour de son image en grandeur naturelle, on lisait :

1. Montmirail.

2. Ms. du religieux de Sainte-Croix, f° u.


Ç2 DANS L EGLISE DE SAINTE-CROIX

. « C3r gist noble dame Marguerite de Sailly, cousine et héritière « de noble et puissante dame Marie de Rocourt, jadis dame de

<<■ Vaux, de , de S'-Aubin et Remescourt : laquelle trespassa

« à Noion au mois d'Avril, le Ieud3^ absolu, 1464. »

Jacqueline de Cro3^, fille de Jean comte de Chimay et de Marie, de Lalain, épouse de Jean IV de Nesle, inhumée sous une tombe en liais, au rang des aultres devant le grand autel. Elle était figurée sur la pierre, entre les deux écus d'Offémont et de Cro3^, et autour se lisait :

« Cy gist Made Jacqueline de Crou3^, en son vivant femme de « noble et puissant Monsgr Jean de Nesle, chevalier, Seignr d'Ofifé« mont, Mello, Encre et Bra3^-sur-Somme, fils de Mgr Guy de Nesle, « laquelle trespassa l'an de gr. 1469. Priez.... »

Guy IV de Nesle et sa" femme Jeanne de Saluées, sous une tombe en liais, devant le grand autel. On 3^ voyait un seigneur accoutré de sa cotte d'armes : à ses pieds, son écu timbré d'un poirier ; à côté, les armes d'Offémont et de Saluées. Autour était écrit :

«Qy gist noble et puissant Sgr Gu3^ de Nesle, en son vivant « chevalier et Chambellan du 1-03^ nostre sire, conseiller d'icelu3^ et « Sgr d'Offémont, d'Encre et de ~$>x&y s. Somme, et Mad° Jeane sa « femme, qui trespassèrent asçavoir : le dict chevalier l'an 1473 e^ « la dicte dame 1458. Priez Dieu »

Jean IV de Nesle, époux de Jacqueline de Cro3r, décédé en 14751, inhumé derrière le grand autel.

Blanche de Nesle, dame de Romig^r-sur-Marne et Saint-Crépin, soeur de Jean IV. Sa tombe, également en liais, était encore devant le grand autel ; mais posée contre la grande chapelle de Sainte

1. Le religieux de Sainte-Croix dit 1473, évidemment parce que l'usure de la pierre l'a mis en présence d'un chiffre plus ou moins illisible. Voy." plus haut, p. 49, n. 3.


LES TOMBEAUX 93

Marie Madeleine. Dessus était imprimée V'effigie d'une dame voilée, avec cette inscription :

« C3r gist noble dame Blanche de Nesle, jadis dame deRomin)'-- <r sur-Marne et de Saint-Crépin, fille de feu noble Sgr et puissant « Sgr Gu3^ de Nesle, Sgr d'Offémont, Mello, Encre et Bra3^ s. Somme, « laquelle trespassa à Offémont le lund3^ 17 Juin 1505.

Antoine de La Gruthuse, enterré au-dessous du clocher.

Louis de La Gruthuse décédé le 24 Août 1524 git au milieu des autres. Ses armes sont écartelées de La Gruthuse-Offémont et de M037.

François de Montmorenc3^ de la Rochepot et sa femme Charlotte d'Humières. Leur monument, le plus important de tous, était en marbre et jaspe, haut de 15 pieds, long de 10, large de 5 à 6. Il comportait 5 colonnes à base et chapiteau de bronze : par conséquent l'une d'elles, placée au milieu, devait séparer l'ensemble en deux parties s3-métriques. Sur la table étaient les statues agenouillées des deux époux, en marbre blanc et de grandeur naturelle. A côté et au-dessus, les quatre Vertus Cardinales, de même grandeur. Au sommet, les armes de Montmorenc3r. En bas étaient deux rochers placés de part et d'autre et portant, avec les armes des défunts, leurs épitaphes :

« Cy devant repose le corps de feu messire François de Mont« morenc3^, de son vivant Sgr de La Rochepot, chevalier de l'ordre 'c. du ro3^, conseiller en son conseil privé, gouverneur général de «" Tlsle de France et lieutenant au païs de Picardie en l'absence de « Mr le duc de Vendosme, qui trespassa en la ville de Péronne le « Ieud3r XX Aoust 1551. »'

« C3r devant repose le corps de feu Madame Charlotte d'Hu1.

d'Hu1. Bertheau a certainement mal copié. Il cite deux fois l'épitaphe. La première fois il écrit lundi 26, la seconde, lundi 21. Or, en 1551, ni l'une ni l'autre de ces dates ne tombe un lundi. Nous avons rectifié d'après le P. ANSELME. Jeudy 20.


94

DANS L EGLISE DE SAINTE" CROIX

« mières sa femme, qui trespassa à Paris le XVe jour d'Aoust 1558. « Priez Dieu pour leurs âmes. »

Le caveau voûté avait été creusé en partie sous le mur de la grande chapelle et les deux corps y furent introduits par un escalier partant de l'église. Quand le gigantesque mausolée arriva d'Abbeville, où on l'avait sculpté, il fallut, avant de le poser, renforcer la voûte. Telle doit être l'explication de ce mur épais, évidemment rapporté après coup, qui resserre la chambre funéraire et bouche en partie le bas de l'escalier.

En débla3^ant le caveau rempli de terres et de débris, nous avons retrouvé les statues martelées de François de Montmorenc3? et Charlotte d'Humières. La première est reconnaissable à son collier de Saint Michel. On distingue à gauche le coude de la cuirasse, avec la manche de la cotte d'armes ; plus bas, les bélières et le commencement du fourreau. Les bras devaient être ramenés en avant, probablement dans l'attitude de la prière.: mais le devant est complètement détruit. Quant à la statue de Charlotte d'Humières, elle est réduite à l'état de bloc informe.

Parmi les débris du monument recueillis, soit à l'intérieur, soit alentour du caveau, et conservés à Sainte-Croix, se trouvent :

Un fragment des armes de Montmorency placées au sommet. Elles sont sculptées sur une pierre rouge originaire de Boulogne. On voit très nettement les alérions.

Un fragment des supports de ces mêmes armes, sur lequel on voit une patte de lion.

Un fragment des armes de François de Montmorenc3;r de La Rochepot placées au-dessus de son épitaphe. Sculptées dans la même pierre rouge, elles portent encore des traces de peinture ; mais le fretté d'argent 1 et de sable est devenu, sous la terre, blanc et azur 2. Il est même curieux de constater à quelles erreurs ces

1. Il n'y a pas trace d'argent. On voit à la place une sorte d'émail blanc, qui paraît n'avoir jamais été revêtu de métal.

2. Ce bleu très franc a certainement été noir jadis, comme le dit le religieux de Sainte-Croix ; car ce sont les armes d'Humières, d'argent fretté de sable. Voy. le chapitre des Vitraux.


LES TOMBEAUX 95

altérations exposeraient l'archéologue, s'il s'agissait d'armoiries moins connues.

Tous les Montmorenc3' portaient d'or à la croix de gueules, cantonnée de seize alérions d'azur, et chaque branche ajoutait un écu particulier sur le tout. Pour La Rochepot cet écu était au i et 4 d'or à la fasce d'azur, et au 2 et 3 fretté d'argent et de sable. Le fretté venait des Humières 1.

Madeleine de Thou, femme de Jacques Danès, décédée en 1636. Son coeur fut déposé à Sainte-Croix, dans le bas côté. Au mur était une plaque de marbre blanc portant son épitaphe 2, qu'on a depuis transportée dans l'église de Saint-Crépin. C'est là où reposait très probablement le corps de la défunte : car D. Bertheau 3^ a vu sa statue en marbre blanc, ainsi qu'une inscription sur cuivre 3.

Hen^ Danès Baron de Mesla3^, décédé en 1642. Son coeur fut placé à Sainte-Croix avec celui de sa mère.

Il s'en faut que cette énumération soit complète ; le sous-sôl de l'église est jonché d'ossements, que les sans-culottes ont arrachés de leurs cercueils. Depuis quatre mètres environ en avant du massif F'' jusqu'au fond de l'abside, il suffit de creuser à trois mètres pour en mettre au jour : deux caveaux à coeur 3 ont été découverts, sans que nous puissions présumer les noms des occupants, et bien d'autres ont disparu tout à fait, dont l'existence même restera ignorée.

Les Vitraux

Le religieux de Sainte-Croix a laissé la description de quelques vitraux et nous les citerons dans l'ordre où il les a lui-même classés.

1. PI. XI, n° 7.

2. PI. XXII.

3. Cette inscription n'a pas été relevée.

4. Voy. PL XXVII.

5. G. H. PI. XXVII.


g6 DANS L'ÉGLISE DE SAINTE-CROIX

§ I. — Dans l'Eglise.

Un vitrail, avec banderolles et devises à l'Assomption de la Vierge, a été donné par le pieux François de Montmorenc3'-.

Au milieu, derrière le grand autel, est un vitrail en deux parties. L'une représente les fondateurs du monastère, Jean I" de Nesle et sa femme Marguerite de Mello, avec leurs armoiries. Sur l'autre est figuré Amaury de Nesle, prévôt de l'église de Lille et chanoine de Nojron : il est l'oncle de Jean I" de Nesle et a concouru, avec lui, à la fondation du prieuré.

Du côté de la sacristie, Gu3^ III de Nesle, maréchal de France, et sa femme Marguerite de Couc)' 1, sont représentés avec leurs armes.

Auprès de la chaire, c'est-à-dire évidemment du côté de l'évangile 2, est un vitrail aux armes de Sandricourt : d'or à la face d'azur. Un Sandricourt a épousé une Offémont.

La plupart de ces vitres sont simplement armoriées, comme suit :

De Mailty : d'or à 3 maillets de gueules.

De Thourotte : d'or à 1 lion de sable.

De Couc3^ : bandé de gros vair et de gueules.

D'Harcourt : de gueules à 2 fasces d'or.

De Saluces : d'argent au chef d'azur.

Jacqueline de Cro3r, femme de Jean de Nesle : écartelé Croy, qui est d'argent à 3 fasces de gueules, et Rent)7", qui est d'argent aux 3 doloirs de gueules ; sur le tout écartelé Flandre, qui est d'or à 1 lion' de sable, et Brabant, qui est losange d'argent et de gueules.

Louise de Nesle : mi-partie Gruthuse et Offémont 3. Les armes des La Gruthuse sont écartelées Gruthuse, qui est d'or à la croix de

1. Le ms. dit de Ligny ; mais les généalogies données par le religieux de Sainte-Croix ne peuvent être acceptées qu'autant qu'elles sont en accord avec les autres.

2. La disposition du bas côté permet difficilement de supposer la chaire du côté de l'épître. En tous cas le mur, qui existe encore, en porterait des traces.

3. A cette époque les deux noms de Nesle et d'Offémont sont considérés comme identiques.


LES VITRAUX 97

sable, et Bruges, qui est de gueules au sautoir d'argent ; sur le tout, de La Vaire 1, qui est d'argent à i fasce de sable.

Louis de La Gruthuse : écartelé Gruthuse et Offémont.

Marie de Mo3r ou de Mou3r, femme du précédent : mi-partie Offémont et Mo3% qui est de gueules à la fasce d'or.

. Le religieux nous apprend que Louise de Nesle fit mettre son vitrail dans la chapelle Sainte-Geneviève, qui était à ses armes. Nous verrons que c'est la plus avancée du bas côté 2. Il ajoute que Louis de La Gruthuse adopta la chapelle voisine et promit à l'ouvrier un muid de vin en sus du prix, s'il faisait un vitrail plus riche que le précédent. Dessus devaient être représentées les armes de ses ascendants, depuis sa bisaïeule, savoir : Saluées ; Ro3re qui 'est de gueules à la bande d'argent, au lambel ; La Vaire ; Morel qui est d'azur semé de fleurs de lys ; Harcourt ; Cut qui est d'or plein entouré d'un fil de gueules ; Mo3r.

Marguerite de Mello avait voulu fonder la chapelle Sainte Marie Madeleine à droite du grand autel. Son voeu se trouva réalisé par la suite, grâce à l'agrandissement de l'église et à son extension vers l'Orient ; mais, en 1340, il parut impossible d'accoler les deux constructions. Pour exécuter quand même son désir, la fondatrice plaça, dans l'église et tout contre l'autel, un vitrail représentant la sainte. L'a-t-on transporté plus tard dans le nouveau choeur, ou l'a-t-on remplacé par des vitraux armoriés ? Nous l'ignorons et le religieux, qui nous a d'autre part raconté l'épisode, ne nous renseigne pas.

§ 2. — Dans la Chapelle Sainte Marie Madeleine.

Dans la grande chapelle, la première vitre est aux armes de François de Montmorenc3^ de La Rochepot. Il porte Montmorenc3^ avec sur le tout, comme puîné, les armes de sa mère, de la maison

1. Famille de Flandre.

2. E. PI. XXVII.


«s

DANS L EGLISE DE SAINTE-CROIX

de La Rochepot. A côté sont celles de sa femme, mi-partie de lui et d'Humières, qui est d'argent fretté de sable 1. Nous avons retrouvé un

Fragment de vitrail aux armes des Montmorency.

fragment de ce vitrail, dans le caveau des Montmorenc3^. Il est encore entouré de son plomb et laisse voir un alérion d'azur, sur un fond roux opaque.

Sur la seconde, vitre, on vo3^ait Philippe, seigneur de La Suze, vêtu de sa cotte d'armes, avec ses panonceaux. Auprès de lui, étaient figurées sa femme Claude de Villiers et ses filles 2. La maison de La Suze était alliée à celle d'Offémont. Claude de Villiers portait mi-partie Suze et L'IsleAdam

L'IsleAdam les armes des LTsle-Adam sont écartelées d'Offémont et de LTsle-Adam.

A la vitre du bout, se trouvaient Pierre Blasset, bâtard de Charles VII, et sa femme. Non pas qu'ils 3' fussent à l'origine : mais François de Montmorenc3^ les avait fait déplacer, parce qu'il ne lui' convenait pas de passer après un bâtard. Blasset, qui avait auprès de lui ses panonceaux, était vêtu de sa cotte d'armes. Sa femme. Claude de Crèvecoeur, portait écartelé de Crèvecoeur et d'Offémont, à cause de son père, seigneur de Prorat et Vandi, et de sa mère Marguerite de Nesle.

Le religieux, sans avoir tout énuméré, termine par cette remarque : « Il ne reste point d'armes lesquelles sont notables ».

§ 3. — Dans le Réfectoire.

Au-dessus du lieu où l'on met les pots se trouvaient les armes'de Marguerite de Couc)^ qui sont mi-partie Couc3r et Harcourt.

1. Voy. plus haut, chapitre des Tombeaux, ce qui est dit à propos de l'émail.

2. Cette addition se trouve à un autre endroit, f° 17 du ms. du religieux de Sainte-Croix.


LES VITRAUX

§ 4. — Ce qu'il en reste.

11 semble qu'au-jour de la dévastation tous les vitraux aient été arrachés et portés ensemble dans la grande chapelle, érigée en atelier révolutionnaire. Là on les émiettait, non seulement pour prendre le plomb, mais pour les détruire. Tous les fragments déterrés ont été recueillis dans la chapelle ou dans le caveau des Montmorenc3^ et il a été impossible, avec les trois seaux que nous en avons remplis, d'obtenir une reconstitution tant soit peu importante. Nous avons refait des mains, des ailes d'ange, des portions d'architecture et de ciel et rétabli un seul écusson, celui des Nesle.

Sa facture est du reste intéressante. Le "verre n'est pas coloré dans la masse, ruais seulement revêtu d'émail rouge. Les deux bars adossés et le semis de trèfle sont creusés, puis leur surface blanche est jaunie aux sels d'argent. De cette façon, point d'assemblage comme pour les Montmorenc3r, point de plomb en travers de l'écu. Le procédé a pour nous l'avantage de dater le vitrail, qui est du xvie siècle et remonte certainement à Louise de La Gruthuse, la dernière des Nesle.

Le Carrelage 1

Nous avons trouvé épars sous les terres, qui peu à peu avaient envahi l'église, des carreaux intéressants. Les n°s 3 et 4 de la planche XXXV et le n° 2 de la planche XXXVI ont été déterrés dans le bas côté : tout le reste provient du choeur de la chapelle Sainte Marie Madeleine ou du caveau des Montmorenc37. Il est probable que les alérions pavaient l'entourage immédiat de ce caveau : quant aux autres figures 2, nous ne saurions même présumer leur emplacement. .

1. Ce paragraphe, résultant des fouilles, aurait dû figurer peut-être au chapitre des Ruines : mais il nous a semblé préférable de grouper les accessoires, tels que tombeaux, vitraux, carrelage, de manière à donner une impression d'ensemble.

2. Les planches XXXIV et XXXV ne représentent pas absolument tous les carreaux retrouvés. Il y a encore une vigne stylisée, avec feuille et grappe, et un blason non identifié assez mal figuré.


100 DANS L EGLISE DE SAINTE-CROIX

A gauche du choeur, tout contre le mur, quelques carreaux sont demeurés en place et témoignent que, si le dessin avait une allure continue, les couleurs étaient pittoresquement mêlées. Cellesci étaient même plus variées que les quelques échantillons donnés par les fouilles et il semble que tous les dessins aient dû être répétés trois fois, en noir et blanc, rouge et blanc, jaune et rouge:

Dans une sorte de vestibule situé au-delà du cloître, deux ou trois mètres sont encore pavés de carrelages multicolores posés sans ordre ni S3'rmétrie. Il y en a de rouges, de verts, de jaunes et d'autres blancs et bleus, aux armes de France. Sans doute, un tel mélange peut résulter de remaniements ; mais son harmonie est loin de rendre l'hypothèse obligatoire.

La salle capitulaire était dallée de liais et quelques pièces sont encore en place le long du mur.

Les figures des planches XXXV et XXXVI sont des calques pris sur les originaux et réduits de moitié. Le lavis fait à l'encre de Chine par M. Bernard reproduit très heureusement la réalité, avec les taches, craquelures et inégalités diverses, et les valeurs sont beaucoup mieux conservées qu'elles ne l'eussent été sur une planche en couleur.

LES PRIEURS

D'après le manuscrit du religieux de Sainte-Croix, les huit premiers religieux firent profession en présence du prieur de SaintPierre-en-Chastres. Ce sont : Michel, Jean de Villers, Pierre de Senlis, Gautier, Guillaume de Beaulieu, Robert du Pu3^ 4, Jean de Bourges, Reginald d'Orléans.

Le même manuscrit donne comme suit la liste de's prieurs 2.

1. Les noms sont défigurés par une traduction latine fantaisiste. Il y a dans le texte Guillelmus de Bolio et Robertus Daupuy : cependant il est visible qu'on a cherché à désigner ici les moines par leur pays d'origine.

2. Les noms marqués d'une astérisque sont ceux qui figurent également sur des baux conservés aux Arch. dép. Oise. Sie H.


LES PRIEURS 10 I

1363. Thierry est nommé officiellement prieur de Chastres et Sainte-Croix.

1369. Robert de Fo3rs ou de Fo3"e premier prieur de SainteCroix.

1372. Robert des Bordes.

1374. Jean de Lorraine.

1387. Jean Robert*.

1390. Jean Le Chien.

1402. Jean Robert — 2° fois.

1411. Guillaume de Haucourt.

1420. Jean le Breton.

1423. Michel Robrin.

1426. Guillaume de Busséol 1.

1435. Jean Lombard.

1444. Gilles Souplis.

1458. Jean Mouret.

1459. Jean de Mala37.

1468. Bartholomé de l'Arche.

1468. Jean de Pernes.

1474. Jean de La Folie? 2.

1477. Jean Durin. 1480.. Jean d'Ulrich.

1482. Jacques Crequet.

1488. Claude de May*.

1491. Jacques Calipet.

1494. Jean de Breton.

1501. Gilles Venant.

1504. Philippe de Miliy.

1507. Guillaume Famé.

1. Le-texte dit Busseul. Nous préférons Busséol, parce qu'il y a une localité de ce nom et la raison est peut-être insuffisante : mais il ne faut pas oublier que le ms. du religieux donné dans le ms. 6675 est la copie d'une copie de Dom Brice.

2. De Folia ?

U


LES PRIEURS

15 io. Jean Roussel. .

1524. Malin.

1525-1527. Guillaume de La Rivière*.

1528. Pierre Sevin.

1530. Jacques Calipet — fois. Prenant le tour d'un autre 1.

j534.'Hubert Noël.

1540. Jean Boucher.

1543. Louis La ~B>rxyybre.

1545. Nicolas Cellier. Au bout de trois semaines, entreprit un

yo3?age, dont il ne revint pas. 1545. Claude Creton. 1546-1551-1554. Jean Bardoulet*. 1555-1563. Adrien Choflard*. 2 1567. Pierre Cadot.

1569. Arthus Bleuet.

1570. Jean Le Lièvre.

1574. Jacques Bouhot ou Buhot*. 1577. Jérôme Pesier.

Pierre Cadot — 2° fois.

Le manuscrit du religieux de Sainte-Croix, écrit en 1581, n'en dit pas davantage et les noms qui suivent sont extraits, avec leurs dates, des baux conservés aux Archives de l'Oise 3.

1584-1585. Arthus Bleuet — 20 fois.

1591. Adrien Desjardins.

1595-1596-1597. Nicolas Angibous.

1598-1599-1601.. Jean Vetzel ou Vuetzel ou Vinctezel.

1605-1606. Adrien Desjardin — 2° fois.

1607-1608. Louis Ancel.

1. Alterius annum habens.

2. Il y a peut-être ici une lacune, comme pour le précédent, et rien ne prouve qu'entre 1555 et 1563 il n'y ait pas eu d'autre ou même d'autres prieurs.

3. S'e H. et H 8 : 5e liasse.


LES PRIEURS 10^

1609. Adrien Desjardins — 3e fois. 1610-1612. Vincent de Lessan. 1613-16T4-1615. Pierre Héron. 1622-1624. Eustache Montier. 1626. Michel Mo3^ctier. 1626. Nicolas de Naux. 1627-1628. Nicolas Desnes. 1631-1633. Jean Baptiste Mugnier. 1636. Nicolas de Naux. 1641. Pierre Etienne Ga3^ant. 1651-1655. Michel 01er3>- ou Ollier. 1659. Jean Ole^. 1663. Joseph Carré 1.

1668. Charles Olery.

1669. François Vincent de Saint-Vallier'. 1676. Vincent Dubuisson.

1678. Charles Olen^ — 2' fois.

1682. -Philippe Duhamel.

1683-1685. Antoine Machebeuf.

1686. François de Saint-Vallier — 2° fois.

A partir du xvn° siècle le prieur n'intervient plus que rarement dans les actes. Les noms suivants ont été extraits de diverses pièces des Archives de l'Oise, S'° H (non inventorié). Ils présentent malheureusement des lacunes et nous ignorons si Philippe Carié fut bien le dernier prieur.

1690. Jacques Gondet. 1692-1694. Nicolas Delorme. 1697-1 7002-i701. Pierre Sainfra3^. 1704. Pierre Le Marchant.

1. Ne figure pas dans les baux. Provient des pièces qui ont donné la série suivante. Arch. dép. Oise, Sie H, non inv.

2. Reconnaissance du 20 mai 1700. Etude De Saint-Andrieu, à Tracy-le-Mont.


104 LES PRIEURS

1709. Pierre Sainfra3? — 2e fois.

1714-1715 '. Claude de La Porte.

1723. Jacques de Brie.

1729. Michel de Saint-Aurin.

i7452-i7563. Pierre François Banchereau.

1760. Philippe Carie.

1761. Michel Magnol. 1770-1771. Philippe Carie — 20 fois.

NOTA : Des reconnaissances, communiquées par M' De SainfAndrieu, notaire à Trac3^1e-Mont, nomment :

le 20 mai 1700 ... 6 religieux de Sainte-Croix,

le 2J octobre 1.714 ... 7 —

le 17 février f.715 ... 7 —

le 5 mars 1745 '. . . 11 —

Il est vrai qu'il n'est pas dit une seule fois formant tout le couvent, mais seulement représentant.

1. Mentionné aussi sur deux reconnaissances des 21 octobre 1714 et 17 février 171 5. Etude De Saint-Andrieu, à Tracy-le-Mont.

2. Reconnaissance, 5 mars 1743. Bail à surcens, 24 avril 1745. Même étude.

3. Foi et hommnge, 12 avril 1756. Même étude.



PLAN GÉNÉRAL DU MONASTÈRE





LES RUINES

Ce Chapitre est fait avec la collaboration de M. H. BERNARD, Architecte des Monuments historiques.

AVERTISSEMENT

Grâce aux fouilles, dont M. le Comte M. Pillet-Will a bien voulu nous confier la direction, nous avons pu reconstituer le plan du prieuré. Partout où se. vo3^aient des murs, il a suffi de creuser à om4o environ pour rétablir le niveau normal -, mais toute la partie teintée sur la PL XXVII était ensevelie sous la terre. Sur-le grand autel de-l'église, trois superbes acacias balançaient leurs cîmes et nombreux sont les endroits, où l'on dut aplanir le sol jusqu'à i'"50 de profondeur.

LES ABORDS ASPECT GÉNÉRAL DU MONASTÈRE

Comme on peut voir sur le plan de 1734 (PL I) la voûte qui menait jadis au monastère était située en contre-bas du cailloutis actuel 1. Elle cheminait entre les deux murs du parc et du prieuré, passait à gauche d'une petite mare, dont elle tient aujourd'hui la droite, et tournait brusquement au fond du val.

L'enclos, plus vaste qu'il n'est aujourd'hui, était séparé par des murs en trois parties distinctes.

La impartie renfermait les terrains bas ; c'est-à-dire les viviers, un espace avec des constructions, dont l'usage nous est inconnu et où se dresse encore une porte du xvne siècle, enfin, le potager.

La 2e partie, située au haut d'une terrasse, comprenait tous les bâtiments du monastère. Un parapet, avec appui arrondi de style

1. Ce cailloutis emprunte en partie l'ancien chemin placé sûr la PI. I, à gauche de l'ancienne route 9-10 du monastère.


IOÔ LES RUINES

Henri IV, bordait cette terrasse et un escalier à double évolution, orné de lions (PL XXVIII), la reliait au potager. L'entrée principale était le grand portail du xvirf siècle, qui est encore debout 1. (PL XXX).

La 30 partie était un parc. Elle bordait la 2e au sud-ouest et, faisant emprise sur la colline, allait s'appuyer au mur de la irc.

Toutefois, sur le côté Sud, le contact n'était pas immédiat. Une large rue partait d'entre la grange et le pigeonnier (PL XXIX), pour finir en cul-de-sac contre la colline, et séparait la 2e partie de la 3e. Le mur du parc était traversé en face du portail par une avenue longue de 200 mètres. Des arbres la bordait de part et d'autre et masquaient quelques bâtiments de jardinage, dont nous avons retrouvé la trace 2.

Le parc et le monastère étaient reliés, du côté de la colline, par une grille montée sur des piliers, avec pots à feu du xvnc siècle. Pour empêcher la communication directe entre l'église et les viviers, un mur rattachait la grille au contrefort droit de la façade et, comme un portique s'adossait au contrefort de gauche, on arrivait au portail par un étroit et disgracieux couloir.

De chaque côté s'ouvrait une porte à arc surbaissé. Celle de droite, donnant sur le pré, n'a laissé que des traces. Celle de gauche existe encore au dos du portique et, au-dessus d'elle, plus près de l'église, on aperçoit la fenêtre étroite et haute d'un appartement supérieur.

L' É G L I S E Extérieur

La façade, du xvi° siècle, est assez simple pour que la PI. XXXII n'ait guère besoin d'être expliquée. On remarquera seulement que l'oculus du pignon n'est pas dans l'axe.

1. La carte de la PL I indique, entre l'église et le couvent, un passage imaginaire. Voy. PL XXVII le plan exact.

2. Elle est conforme aux indications de la PL I. A la place du bâtiment situé près de n, PI. I, nous avons déterré des balustres du xvne siècle.


L EGLISE 107

Le côté Ouest et la face Sud du bas côté paraissent avoir été dégradés par le scellement de râteliers et de mangeoires. Enfin on arrive dans une courette L 1, qui porte la trace d'un appentis. Un ressaut I marque l'ancien contrefort du xiv° siècle, contre lequel fut édifié le bas côté et, depuis ce point jusqu'à la tourelle, se poursuit l'ancien mur. Son identité est révélée par le st3Te.de la fenêtre, ainsi que par le cordon en forme de larmier; car celui-ci ne s'amortit plus en-dessous par une gorge, mais par un angle aigu.

La tourelle a été rapportée au xvi° siècle, ainsi que la chapelle et le choeur de l'église.

Intérieur

Si la porte, comme toute la-façade, date du xvic siècle, les murs de la nef sont plus anciens. En effet, on voit, à la jonction des murs Ouest et Nord 2, les assises se dérégler peu à peu, à partir de la troisième, et témoigner ainsi que les deux portions ne sont pas contemporaines. Au Sud, le vieux mur a été simplement percé dé trois arcades et leurs jambages, transformés en piliers, au mo3ren de collages. Des tambours les encadrent à l'Est et à l'Ouest, tandis qu'au Sud ils sont renforcés d'un pilastre.

Le bas côté ainsi ouvert comporte trois travées. Dans chacune, la fenêtre en arc brisé est encadrée d'un formeret, qui retombe avec les ogives de la voûte sur des culots armoriés. Ces culots sont placés dans l'encoignure des pilastres doubleaux. A l'extérieur des fenêtres extrêmes, de petits socles semblent déceler l'existence d'un ancien remplage, mais les remaniements ont été tels qu'on ne peut rien préjuger avec certitude. Dans chaque travée, formant chapelle, on voit une petite niche basse, avec des marques de scellement autour.

■ La chapelle E, dite de Sainte-Geneviève, et qui fut fondée par

1. Les lettres se rapportent à la PI. XXVII.

2. Bien que l'église soit orientée vers le N.-E., nous employons ici pour plus de clarté la désignation ordinaire, où l'Est indique l'autel.


I08 LES RUINES

Louise de Nesle1-, porte quatre écussons aux armes des Nesle sur les culots des ogives 2 (PL XXXIII, n° i).

La chapelle D, fondée par Louis de La Gruthuse, est encore munie de son autel. La table, soutenue par des matériaux récemment entassés, est bien cependant sur ses fondations et la pierre d'autel, dont le logement est resté vide, a été partiellement retrouvée dans les fouilles. Deux écussons seulement subsistent sur les. culots : celui du Sud-Est. qui est partie La Gruthuse et Offémont (PL XXXIII, n° 2), et celui du Sud-Ouest, qui est La Gruthuse 3 (PL XXXIII,

n°3)- / .

La chapelle C reste pour nous plus nrystérieuse, parce que la

croix cantonnée de quatre lions, que l'on distingue encore, suggère

le nom de Jeucourt'• ou Jaucourt 3. Le religieux de Sainte-Croix

n'en parle nulle part. Cependant, un Jaucourt fut gouverneur de

Compiègne au xvc siècle et il se pourrait que sa famille, demeurée

dans le pa3?s, eût créé quelque fondation au monastère.

Au mur Sud de la nef, l'entre-deux des arcades est occupé par des statues, dont le haut a disparu. Celle de l'Ouest représentait un Ecce homo ; l'autre, un personnage, dont la robe flotte avec grâce. (PI. XXXIII). Sur le culot qui le supporte sont inscrits ces mots : MARCEL ROUS... et, plus bas, figure un écu aux deux lions rampants. L'ensemble porte des traces de peinture rouge. Sans nous prononcer sur la date de l'inscription ni sur la valeur du rapprochement, nous signalerons à ce sujet le legs d'une maison, fait au monastère par Jeanne Le Roux, le 7 février 1542 e.

Après le bas côté, le vieux mur du xiv° siècle continue. On 3^ voit les traces d'une piscine aveuglée et l'on arrive sous une grande

1. Voy. plus haut, p. 97.

2. Un des écussons est aujourd'hui détruit : mais il existait encore au début des fouilles.

3. Voy. plus haut, pp. ç/6 et 97.

4. DEMAY, Inventaire des sceaux de la Coll. Clairambault.

5. P. MÉNÉTRIER, Ed. 1770, p. 124. D'argent à la croix de gueules cantonnée de 4 lions d'azur.

6. Arch. Nat., Q.I 857.


LA CHAPELLE SAINTE-MADELEINE 109

baie sans feuillure, qui n'a pu contenir ni vitraux ni remplage. Son intérêt est considérable et nous 3^ reviendrons plus loin.

A partir de là, rien n'est plus antérieur au xvi° siècle. On passe près d'un bloc de maçonnerie F, dont la destination reste obscure, près du caveau des Montmorenc3', de deux caveaux à coeur, G et H, et l'on arrive à un amas formidable de pierres, J.

Derrière les fondations de l'autel 1 est en effet un double mur, parce que, à l'abside du xvie siècle, on a accolé une décoration de style jésuite. Elle était interrompue au centre pour former une niche. Le revêtement de marbre, limité à cette construction du xvin" siècle, faisait place dans le choeur à des panneaux de peinture rouge encadrés de noir, dont un échantillon subsiste encore à gauche.

LA GRANDE CHAPELLE OU CHAPELLE SAINTE-MADELEINE

Le choeur de l'église, pavé en carreaux multicolores (PL XXXIV et XXXV), communiquait avec celui de la Grande Chapelle,, toute dallée en liais. Les bases de colonnes, que l'on voit encore, sont du xvie siècle. La voûte portait sur des ogives, dont une retombée subsiste au Nord, sur un culot.

Cette chapelle, dont la baie a été mentionnée plus haut, est éminemment remarquable; car elle semble, autant que l'unique collatéral sud, constituer la caractéristique des Célestins.

A Saint-Pierre-en-Chastres, il nV avait qu'un collatéral à droite et, à droite du choeur, communiquant avec lui par une baie, était la chapelle d'Orléans 2.

Aux Célestins de Paris, la disposition était la même. Le collatéral régnait à droite seulement et, du même côté, était la chapelle

1. Cet autel en marbre rouge veiné est aujourd'hui dans l'église de Saint-Crépin. Voy. plus haut, p. 74.

2.. Voy. plus haut, p. 84.


LE CLOITRE

de Rostaing, qui communiquait par une baie avec le choeur de l'église 1.

D'autres similitudes seront relevées plus loin. Ainsi, la comparaison des ruines de Sainte-Croix avec les autres couvents de Célestins révèle un mode de construction spécial à l'ordre et qui, au besoin, serait un indice de son passage.

LE CLOITRE

Le cloître, de pur style Renaissance, a été commencé par le prieur Jacques Bouhot, l'année même de l'avènement de Iienri III.

Une partie de la voûte du côté occidental a dû, comme on verra plus loin, être réparée au xvnf siècle. Ce cloître est situé tout contre l'église et ses communications avec la sacristie et la salle capitulaire sont exactement disposées comme aux Célestins de Paris 2.

Le promenoir, autrefois pavé de petites dalles noires et blanches 3, servait de cimetière aux religieux; car les noms de plusieurs sont grossièrement inscrits sur le mur, avec la date de leur décès. Aucune n'est antérieure à 1604; cependant on a pu déposer là des corps avant la reconstruction de l'ancien cloître.

Dans le côté Nord, une arcade aux armes d'Orléans abrite un lavabo en forme d'auge. L'eau 3^ venait à travers le pilastre de droite et arrivait peut-être chaude de la cuisine, en temps de gelée L Elle sortait par un trou que l'on voit encore et un caniveau en larges pierres brutes la conduisait à un puisard. Ce puisard, en maçonnerie, occupe le centre même du cloître et il se pourrait fort bien qu'il ait servi de piédestal à une statue ; car les Célestins de Paris en possédaient une à cet endroit.

1. Albert LENOIR, Statistique monumentale.

2. Albert LENOIR, Architecture monastique, t. Il, p. 312, et Statistique monumentale.

3. Ces petites dalles rectangulaires ont disparu depuis 1867, comme le prouve un dessin de "Wyganowslri appartenant à M. Bernard. Nous n'avons pas cru devoir le reproduire, à cause d'une déformation excessive provenant de la chambre claire.

4. Albert LENOIR, Statistique monumentale, t. Il, p. 344.


LE CLOITRE

Dans les murs et les pilastres se trouvent quelques niches, dont aucune, malheureusement, n'a conservé sa statue.

Le toit en appentis portait sur des corbeaux, dont l'un est visible du côté Est. Il recouvrait une voûte en berceau, aujourd'hui presque complètement écroulée, mais qui constitue encore la partie la plus intéressante du monastère, car elle est décorée d'un entrelac caractéristique de l'époque (PL XXXVII). Dans chaque compartiment se trouvent soit un cadre d'oves, soit des personnages (PL XXXVIII), des armoiries ou des rosaces variées (PL XXXIX).

Le premier personnage qui se présente à nous (PI. XXXVIII, n°i) est vêtu à la romaine. Il tient de la main droite une église et, de la gauche, une é-pée à deux tranchants. A ses pieds il foule un dragon. Le langage naïf de nos pères indique par ce costume l'ancienneté, par l'église, un fondateur. L'épée. de connétable figure vaguement une grande charge de cour et masque la difficulté que l'on éprouve au xvie siècle à représenter un grand queux de France 1. Le dragon vaincu de la concupiscence rappelle le renoncement monastique et nous sommes fatalement en présence de Jean Ier de Nesle, le fondateur du monastère 2.

Plus loin est saint Benoit (PL XXXVIII, n°2): caries Célestins ont été incorporés dans son ordre par Urbain VIII vers 1264. Ils en suivent la règle et sont réellement des Bénédictins 3.

Saint Médard avec son mouton (d°, n° 3) rappelle l'abbaj^e SaintMédard de Soissons, et sa présence permet de supposer que saint Crépin et saint Crépinien d'une part, saint Corneille de l'autre, ornaient aussi jadis deux médaillons.

Puis vient le pape Célestin V en habit monastique et avec les attributs pontificaux (d°, n° 4).

Saint Christophe traverse son torrent avec l'Enfant sur ses épaules (d°, n° 5).

1. M. Omont, conservateur des manuscrits à la Bibl. Nat., ayant admis cette manière de voir, nous n'hésitons pas à nous prévaloir de sa haute autorité.

2. Voy. p. 36, 37.

3. MORERI.


LE CLOITRE

Ces cinq personnages sont seuls en place aujourd'hui ; mais d'autres ont été trouvés sous la terre et d'autres ont été emportés. On en voit un, encastré au mur d'une maison de Trac3^, qui représente un homme en marche muni d'une lance (d°, n° 6). Peu de saints jouissent de cet attribut ' et nous verrions volontiers ici l'image de saint Pierre de Castelnau. Sanctus Petrus de Castro Novo rappellerait Sanctus Petrus in Castris, où se trouvait la maison mère. La position de marche conviendrait à un légat du pape et, de plus, saint Pierre de Castelnau, jadis retiré dans l'abbaye de Font-Froide, près Narbonne, n'est-il pas merveilleusement placé dans l'ancien Froideval ? Ces rapprochements, loin d'être exceptionnels, sont au contraire de pratique courante.

Sous la terre, qui couvrait la partie Ouest, on a trouvé encore trois médaillons. L'un représente un homme imberbe, qui relève sa robe de la main droite et, de la gauche, tient une lance. Il s'agit probablement ici de saint Thomas, patron des architectes, des maçons et des tailleurs de pierre; car sa lance, dépourvue de fer, a la forme d'un épieu 2. L'li3Tpothèse toutefois n'est que vraisemblable, puisqu'on n'aperçoit ni règle ni équerre.

Le deuxième médaillon retrouvé porte un personnage à grande barbe. 11 tient un livre fermé dans sa main, sans qu'aucun attribut spécial l'accompagne.

Le troisième est trop détérioré pour permettre à son tour autre chose qu'une l^pothèse ; mais peut-être le religieux, dont on distingue l'aube, figurait-il saint Corneille ?

Les armoiries, qui subsistent dans la voûte, sont celles du prieuré de Sainte-Croix, du duc d'Orléans et du Dauphin. Le duc d'Orléans, auquel il est fait allusion, est certainement Louis, le frère de Charles VI 3. Le Dauphin reste plus énigmatique : mais peut-être le futur Henri III a-t-il accompagné son frère Charles IX

i. CORBLET, Vocabulaire des symboles.

2. CAHIER et MARTIN, Caractéristique des Saints, p. 159, col. 2.

3. Vov. plus haut, p. 84.


LA SACRISTIE ET LA SALLE DU TRÉSOR 11^

chez le connétable Anne de Montmorency et mérité, à cette occasion, le titre de bienfaiteur.

Bien d'autres armes étaient certainement figurées et, sans parler de celles qui ont disparu, nous avons déterré encore deux médaillons, à l'écu de Montmorency et à celui d'Humières.

LA SACRISTIE & LA SALLE DU TRÉSOR

Nous savons par les documents et par l'exemple de Paris que la sacristie était contre l'église \ Rien ne porte à croire qu'elle ait jamais changé et, malgré l'escalier de pierre qui l'encombrait, sa place probable demeure en S 2. Le sol était dallé en liais. Sur le départ du limon de cet escalier est gravée la date 1730. Dans le vide du tournant, une pierre formant tablette portait vraisemblablement une statue de taille restreinte. L'escalier devait conduire à la salle du trésor placée au-dessus de la sacristie.

Cette date 1730. où l'on reconstruisit les bâtiments de SainteCroix, est à retenir ; car, aux Célestins de-Paris, le grand corps de logis et l'infirmerie furent bâtis également cette même année.

LA SALLE CAPITULAIRE & LE DORTOIR

La salle capitulaire, évidemment reconstruite en 1730 avec l'escalier de la sacristie, se composait de six travées. Le sol était dallé en liais. La voûte reposait sur des arcs doubleaux et ogives peints en jaune clair, très surbaissés ; leur naissance se perd dans le mur. Comme à Paris, deux portes donnent accès au cloître 3, dont le niveau est de plusieurs marches en contrebas.

Nous avons pu reconstituer ci-contre une coupe de cette salle et du cloître, grâce aux vestiges demeurés en place. Ce sont-: des dalles marquant le niveau du sol ; le départ des arcs, au long du mur ; des clefs de voûte, où se voit l'angle de croisement des ogives ;

I. Vo_y. plus haut, p. 91.

2. PI. xxvn.

3. PIGANIOL DE LA FORCE, Description de Paris, t. IV, p. 129.


ii4

LE VESTIBULE

le solin du premier étage, avec une fenêtre et encore un des corbeaux, qui portaient l'appentis du cloître.

LE VESTIBULE

Le vestibule, en partie encore revêtu de son carrelage multicolore, était recouvert d'une voûte d'arête, dont le départ s'aperçoit contre le mur nord. Cette pièce est surtout curieuse parles traces d'escalier qu'elle contient. Un mur demi-circulaire en marque

Coupe du cloître et de la salle capitulaire


LA CUISINE II5

l'évolution, et les moulures restées en place permettent d'en suivre le trajet.

LA CUISINE

La cuisine, dallée en pierre, était également couverte d'une voûte d'arête et son écroulement a été si subit, que nous avons pu voir à terre tous les claveaux posés l'un contre l'autre, dans l'ordre même delà construction.

Entre les deux fenêtres du Nord est un puits et, à côté, un trou T destiné à l'écoulement des eaux.

Le fourneau, que recouvrait 2 mètres de terre, est suffisamment conservé et les pièces mises au jour, assez nombreuses, pour per-


I l6 LE REFECTOIRE

mettre la reconstitution ci-jointe. Plusieurs personnes pourraient tenir dans l'âtre. Des foyers latéraux surmontés chacun d'un four reviennent en équerre. Le fo3^er de gauche est voûté, tandis que les deux de droite sont recouverts de dalles, dont la tranche apparaît au revers du mur. Derrière le côté droit du fourneau se trouve un recoin, destiné probablement à ranger le bois.

Deux fenêtres aveuglées dans le bas donnaient sur le cloître et leurs tablettes carrelées servaient à poser divers objets.'

LE RÉFECTOIRE

Cette salle, que nous présumons avoir -été le réfectoire, était pavée en petits carreaux. Leur trace subsiste encore sur le mortier.

Aucune porte ne la relie à la cuisine, ni directement ni indirectement par les pièces attenantes, et l'on est forcé de conclure à l'existence d'un passe-plats situé au côté gauche du fourneau.

Le coin Sud-Ouest des fondations renferme une pierre sculptée provenant de la voûte du cloître et utilisée lors de sa réfection. Elle fait partie d un remplage destiné à fermer quelque niche ; mais la continuité de la moulure extérieure prouve qu'il n'3' a jamais eu de porte en cet endroit.

Tout auprès se trouvait une fenêtre avec appui carrelé, comme dans la cuisine. Ce pourrait bien être l'endroit où on met les pots 1, que surmontait le vitrail aux armes de Marguerite de Couc3r.

De nombreux fragments de poterie, dont

quelques-uns assez beaux, ont été trouvés dans la cuisine et le réfectoire, et une demi-douzaine de cuillers

1. Voy. plus haut, p. 98.


LES CAVES 117

gisaient en Z 1. Ce sont des ustensiles grossiers en étai.n. Leur forme, largement arrondie, n'apparaît pas bien dans l'image réduite : mais il était certainement impossible de s'en servir autrement qu'en buvant par le côté.

LES CAVES

Les souterrains sont assez nombreux. L'un d'eux, situé à l'angle Nord-Est de la terrasse, donnait sur le potager. Un autre, placé sous la salle capitulaire, sert encore de.cave aujourd'hui. A l'extrémité du corps de logis Nord-Ouest se trouve une entrée obstruée. Une galerie pénètre sous le côté septentrional du cloître. Enfin, nous avons retrouvé sous la terre deux escaliers conduisant à la cave au vin, et cette cave elle-même, avec ses chantiers en pierre et le crochet pour la descente des tonnes. Peut-être 3^ avait-il entre ces deux derniers souterrains une communication aujourd'hui bouchée ; mais les travaux nécessaires pour éclaircir ce détail n'eussent pas été en rapport avec son importance.

LA GRANGE & LE PIGEONNIER

Dans une petite cour triangulaire est la grange aux dîmes, que fermait encore en 1838 une porte en bois sculpté de stA^le Renaissance 2.

La croix qui surmonte son pignon, les contreforts, les rampants du toit indiquent le xvic siècle; mais la partie située près du portail est certainement plus récente.

Quant au pigeonnier, sa forme singulière ne saurait être passée sous silence. Il n'a pas été construit pour faire pendant à l'échauguette de la grange, mais celle-ci au contraire a été créée pour lui. Une erreur communément répandue consiste à regarder l'élevage du

1. Voy. PI. XXVII.

2. Le Lithographe du 30 octobre 1838.

16


IIS LES AUTRES BATIMENTS

pigeon comme un privilège seigneurial, au lieu que le privilège reposait simplement sur la forme du pigeonnier 1.

Seul le seigneur haut justicier avait droit au pigeonnier à pied, c'est-à-dire avec des boulins descendant au rez-de-chaussée ; mais la volière, bâtiment perché .sur quatre supports ou sur un seul, était permise à tous, pourvu que les oiseaux fussent enfermés. La législation, dépourvue de toute tendance aristocratique, semble avoir simplement visé à ce que personne ne pût nourrir ses pigeons sur le terrain d'autrui.

LES AUTRES BATIMENTS

N'a3^ant aucun, indice sur l'usage des autres bâtiments, nous nous bornerons à donner le plan du monastère (PL XXVI et XXVII). La partie N.-O. n'a guère été étudiée qu'au mo3^en de. la sonde, car elle est couverte de chênes ; mais les deux ailes qui encadrent la cour sont certainement S3>métriques.

Les fouilles ont.donc été suffisantes pour qu'on pût comprendre clairement le vieux prieuré et jeter sur lui un dernier regard, avant que la terre et les arbres le dérobent encore ; car le travail de la nature est éternel.

i. A. DE FRANCQUEVILLE, Notes sur quelques colombiers de Picardie. Bull, des Antiq. de Picardie, 1909, 4, p. 133 sq.



ESCALIER DU POTAGER

i. Vue prise du potager 2. Vue prise du Monastère


PI. XXIX.

LA GRANGE AUX DIMES ET LE PIGEONNIER Vue prise du Nord.




LE PORTAIL Vue prise du Sud-Ouest.


LA COUR INTÉRIEURE ET L'EGLISE

Vue prise de l'Ouest.




L'ÉGLISE Vue prise du Sud


STATUE AU MUR DE LA NEF. CULOTS D'OGIVES DANS LE BAS COTÉ

i. Nesle — 2. La Gruthuse — 3. Nesle-La Gruthuse — 4. Jeucourt ?




CARREAUX RETROUVÉS DANS L'ÉGLISE Réduction 1/2

1. Blanc sur fd vert.

2. Rouge et blanc sur fd noir ou blanc

sur fd rouge.

3. Jaune sur fond rouge.

4. Blanc sur fd rouge.

5. Carrés jaunes sur fd rouge, ou blancs sur

fd rouge ou noir.

6. Noir et blanc, ou rouge et blanc, ou

jaune et rouge.

7. 8. Blanc sur fd 1


PI. XXXV.

v

CARREAUX RETROUVÉS DANS L'ÉGLISE Réduction i 2

i. Noir et rouge sur fd jaune. 2. 5. 6. 7. Rouge sur fd Jaune.

3. 4. Blanc sur fd rouge.

8. Jaune sur fd rouge, ou blanc sur fd noir.




L'INTÉRIEUR DU CLOITRE. Vue prise du Coin Nord.


LE PLAFOND DU CLOITRE




MÉDAILLONS AU PLAFOND DU CLOITRE.

I. Jean Lr de Nesle — 2. St-Benoit — 3. St-Médard — 4. Pape Célestin V

5. St-Christophe — 6. St-Pierre de Castelnau


MÉDAILLONS AU PLAFOND DU CLOITRE.

I. Rosaces — 2. Armes du prieure' de S^-Croix — ■,. Armes du Dauphin

4. Armes du Duc d'Orléans



/•/. XL.

cD»nMRMT nt' VITRAIL TROUVE DANS LFS FOUILLES DE SAINTE-CROIX



LES CHARTES

AVERTISSEMENT

Nous avons supprimé des chartes ci-après les hommages, comptes et jugements cités au cours de l'ouvrage et toutes les pièces postérieures à la donation de Louise de Nesle.

Sont données en entier les deux chartes de fondation du prieuré et de la chapelle Sainte-Madeleine, ainsi que la charte de donation de Louise de Nesle à Charlotte d'Humières.

ABRÉVIATIONS

O. Peigné-Delacourt, Histoire de Vabbaye d'Ourscamp. D. B. Dom Bertheau. Bib. Nat., ms. lat. 13.891.

S. M. Arch. dép. Aisne, S' 0 II, H 477. Cartulaire de Vabbaye SaintMédard de Soissons. Of. Bib. Nat., ms. fr. N. Acq. 6675 sur Offémont. S. A. Gordière, Le prieuré de Saint-Amand.

Ch. Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, t. LVII. Don Me37er. Les autres sources sont indiquées intégralement.

1139. — Louis VII confirme à l'abba3re Saint-Médard une terre sise au Mont d'Atticlry provenant d'une donation faite par Hévide de Thourotte. S. M. f° 79.

1200. — Jean de Thourotte cède à l'abba3~e Saint-Médard la libre possession d'une partie de la forêt de Laigue. S. M. f° 32.

1200. — Le roi Philippe Auguste approuve la donation précédente, dont il indique l'importance. S. M. f° 32.


120 LES CHARTES

1215. —- Jean, châtelain de No3ron et de Thourotte, approuve la donation d'une vigne sise à Machemont, par Jean de Darnetal, chevalier. O.

1217. — Jean, châtelain de NT03ron et de Thourotte, déclare avoir vendu aux frères d'Ourscamp un bois dans la. forêt de Laigue, que lui avait donné Robert, évêque de Laon, son oncle. Il se réserve la chasse à la haie, à l'exclusion delà coupe du bois. O.

1221. — Gu3^ de Thourotte, fils aîné de Jean, châtelain de NT03ron et Thourotte, lègue à l'église d'Ourscamp son verger de Béhéricourt, près du Bois Milon, et 4 muids de blé, dont 2 seront pris sur le moulin de Courcelles près ' No3;,on, les 2 autres sur sa grange d'Offémont et sur ■ la moitié de ses prés de Trac3^, et 10 muids de son bois dit le Bois Milon, entre NT03^on et Béhéricourt. O.

1226, Avril. — Autres lettres de Jean, confirmant la dite vente. Il nomme sa fille Aélide, soeur de Guillaume de Thourotte. D. B. f° 146.

1226, Avril. -— Autres lettres de Jean, chevalier, fils de noble homme Jean, châtelain de NT03ron et Thourotte, confirmant la même vente. Il nomme Guillaume son frère et dame Aélide sa soeur. D. B. f° 146.

t226, Avril. — Robert, fils de noble homme Jean, châtelain de NT03ron et Thourotte, chanoine de Beauvais, constate que Guillaume de Thourotte, son frère, a vendu à SaintMédard de Soissons 36 setiers de terres à Béthancourt, provenant d'échange avec sa soeur Aélide: D. B. f° 146.

1226, Avril. — Jean de Cont3^ chevalier, et sa femme Ermengarde, fille de noble homme Jean, châtelain deNo3^on et Thourotte, constatent que Guillaume, chevalier, fils de Jean, châtelain de No3^on et Thourotte, a vendu en Avril 1226. . . . etc. . . . D. B. f° 146.


LES CHARTES 121

1226, Avril. — Gaucher, chevalier, fils de noble homme Jean, châtelain de Novon et Thourotte. constate la même vente faite par son frère Guillaume, après échange avec sa soeur Aélide. D. B. P 146.

1220. Avril. — Raoul, évêque de Verdun, fils de noble homme Jean, châtelain de No3~on et Thourotte, constate la même vente faite par Guillaume, après échange avec leur soeur commune Aélide. D. B. f 146 v°.

1226. Avril. — Eustache de Conflans et sa femme Helvide, fille de Jean, confirment la même vente. D. B. f° 146 v°.

1226, Mai. — Aélide. tonlo3"ère de Beauvais, fille.de Jean, châtelain de Novon et de Thourotte, constate la même vente par son frère Guillaume. D. B. f 146.

1226, Mai. — Raoul de Coudun, archidiacre de Soissons, déclare que la vente a été confirmée en sa présence par Guillaume et sa femme Béatrice. D. B. f° 146.

1229. — Jean, châtelain de No3'on et Thourotte, approuve le don

fait à l'église d'Ourscamp par GU3- son fils aîné .... Voy. ch. de 1221. O.

1230. — Jean, châtelain de NoA'on et Thourotte. confirme le don

fait en 1221. Les deux autres fils du châtelain, Jean et Gaucher, ainsi que Hugues de Coudun, son neveu .... etc.... arbitrent les contestations survenues. O.

1234. Décembre. — Gaucher de Thourotte, fils de Jean, châtelain

de Novon, approuve des ventes de vignes faites aux frères d'Ourscamp. O.

1235, Mars. — Accord entre Jean de la Tournelle, chevalier, et

l'église d'Ourscamp. sur sept bouverées de terre, que le premier disait tenir de Jean de Nesle. O.

1235. Décembre. — Jean, châtelain de No3"on et de Thourotte, nomme pour ses exécuteurs testamentaires R;aouL. évêque de Verdun, et Rk)bert], évêque de Langres. ses deux fils, ainsi que .... etc. . . . O.


122 LES CHARTES

1235, 27 Décembre. — Testament de Jean II. Il donne à son exécuteur

exécuteur 416 liv. 13 sous parisis sur le prix de vente de la forêt de Laigue. S. A.

1236, Mars. — Jean Sgr de Nesle déclare que les Frères d'Ourscamp

lui ont prêté obligeamment leurs chariots, pour suivre le roi dans son expédition. Il le fait consigner, pour que ses successeurs en gardent bonne mémoire. O.

1237, Juillet. — Le roi Louis IX, par un diplôme daté d'Amiens,

vidime une convention entre Philippe de Nanteuil et Elisabeth, son épouse, et Jean de Nesle, Sêr de Falvy, sur les terres de Ro3'e, La Hérelle et Mo3ny (?). O.

1249, Mars. — Jean d'Offémont, chevalier, donne en aumône perpétuelle à l'église d'Ourscamp, pour une pitance à faire au jour de son anniversaire, cent sols de rente à prendre sur son travers de Thourotte, et ses héritiers 3^ ajouteront dix livres de rente. Ces dispositions sont datées de Mansoure sur le Nil. O.

1252, 3 Décembre. — Ansoult Sgr d'Offémont donne aux Frères de l'ordre de Grandmont, qui demeurent dans la forêt .de Chois3?, sur le ruisseau d'Eric*-, les terres et bois contenus dans l'enceinte de leurs fossés. D. B.

• ■ P 91 vl

1255, Avril. — Gaucher de Thourotte donne à l'abba3^e d'Ourscamp 8 1." p. de rente sur son travers de Pont-1'Evêque. Approbation par Jean, châtelain de No3^on et Thourotte. O. - . '

1257, Mai. — Acte où figurent Gaucher de Thourotte, sire du PlessisCacheleu,

PlessisCacheleu, sa femme Agnès, dame de Montmort et de Glengi. O.

1258, Février. — Ansoult Sgr d'Offémont vend à l'église d'Ourscamp

20 faux de pré sises àTrac3^. Son épouse. Marie d'Abbécourt, approuve. O.


LES CHARTES 122

1259, Juin. — Ansoult d'Offémont et Marie d'Autrèches, sa femme, font un accord avec l'ablxye Saint-Médard, au sujet d'un droit sur le bois de Moury, sis entre la forêt de Laigue et le bois Saint-Pierre de Rethondes. D. B. f" 149, et S. M. P 34.

1262. — Ansoult, chevalier, Sgr d'Offémont, et sa femme, Marie d'Abbécourt, vendent à Fabbaj^e d'Ourscamp plusieurs vignes. 0:.

1262. — Hawide, dame de Varennes, et Florent, son fils, chevalier, Sgr de Forcevilfe, déclarent a-vo-i'r vendu à Mgr Ansoult, chevalier, S°f d'Offémont, toutes leurs vignes à Gu^r pour 300-1. O 1.

1264. — Testament d'Ysabelle, dame d'Abbécourt. Elle donne à l'église d'Ourscamp, où elle élit sa sépulture, 16 mo37ées de bois. Ansoult S°r d'Offémont donne à Marie, son épouse, fille d'Ysabelle, pleins pouvoirs pour ratifier cette donation. O.

1266. —- Lettres du bailli du roi approuvant les dons faits par

Mer Ansoult d'Offémont. O.

1267, Novembre. — Ansoult, chevalier, sire d'Offémont, et Marie,

sa femme, vendent à Saint-Médard de Soissons leurs terres' de Ciry, Sermaize, Salsogne. Ils avaient acquis ces terres de Geoffro3r d'Ars3^, trésorier de l'église de Soissons, en échange d'autres qu'ils possédaient en Bourgogne. D. B. P 147 v° et S. M.

1267. —Lettres de Jean de Thourotte, officiai de Soissons, témoignant de la vente précédente. Il aj:oute à la fin : Huic quoque venditioni domina Ysabell'a de Abecourt, mater dicte domine Marie. . . . etc. . . . D. B. P 147 v°'.

1267. — Geoffixy d'Ai"S3^ confirme l'échange et appelle Ansoult et sa femme ses cbers parents. D 1. B.. P 14/7 vp.


124

LES CHARTES

1269, Avril. — Ansoult, chevalier, sire d'Offémont, achète différents

différents que tenait de lui en fief et hommage demoiselle Méresse' de B.erneuil, soeur de feu MgrGuion de Saint-Crépin, chevalier. Ch.

1270, Septembre. — Marie, dame de Chauress3r, donne aux Frères

d'Ourscamp sa maison de Campign3>-, avec les terres qui en dépendent, de l'assentiment d'Ansoult d'Offémont et Isabelle d'Abbécourt, sa femme, dont ce fief dépendait. O.

1270, — Etienne, évêque de No3^on, confirme le testament de Gu3r,

fils aîné de Jean, châtelain de NT03"on et Thourotte, par lequel, il donne aux Frères d'Ourscamp sa vigne de Béhéricourt. O.

1270/1, Mars. — Gaucher de Thourotte vend ses biens sur Machemont à Fabba3^e Saint-Martin pour prendre la croix. L'original porte- les sceaux de Gaucher de Thourotte et d'Ansoult d'Offémont. S. A. Ch. XCIII. Vo)^. le sceau d'Ansoult dans le-présent ouvrage, PL XI, n° 1.

1271, Juin. ■— Le roi Philippe le Hardi vidime la vente de la garenne

de Machemont, que Gaucher de Thourotte a faite à Fabba3'e Saint-Martin. S. A. p. 241.

1272, Octobre. — Gaucher, châtelain de No3'on, donne à l'église

d'Ourscamp 10 1. p. de rente à prendre sur son travers 2 de Thourotte, pour le repos de son âme et celle de son frère, chanoine de Reims. O.

1272, Octobre. — Ansoult d'Offémont donne à l'église d'Ourscamp 100 s. p. de rente à prendre sur son travers de Thourotte, parce que ses parents 3^ ont reçu la sépulture. O.

1. Il y a lieu de se demander s'il s'agit bien ici d'un nom propre ou de la mairesse de Berneuil ?

2. Droit sur les marchandises qui traversent le territoire.


LES CHARTES I25

1275, Octobre. —Jean de Saint-Crépin, fils de Guyon, vend à

Ansoult d'Offémont le tiers du vivier de Saint-Crépin et du bois du Carmo3r tenant au dit vivier. Ch.

1276, Septembre. — Baudouin de Saint-Crépin, écuyer, fils de feu

Guv'on de Saint-Crépin, vend à Mr Ansoult, chevalier, Sgr d'Offémont, et à Madame Jeanne, sa femme, des biens situés entre Saint-Crépin et Offémont, dans la vallée, et il leur vend tout ce qu'il a reçu en héritage et qu'il tient d'eux en fief. Le prix de vente est une rente de 10 1. p. par chaque vingt soldées de terre. Ch.

1281, Juillet. — Gaucher, châtelain de N 03^011 et Thourotte, poulie salut des âmes de ses deux femmes, Béatrice de Iionnecourt et Marie de Vervins, donne à l'église d'Ourscamp 100 s. de rente sur son travers de Thourotte. O.

1281, — Testament de Gaucher de Thourotte et Marie sa femme. O.

1282, Mars. — Jean, évêque de NT03'on, déclare que Béatrix, héritière

héritière Gérard du Ronso3^, chevalier, fille de Jeanne l'épouse d'Ansoult II d'Offémont, a donné à Ourscamp, où repose Robert du Ronso3r, son frère, 10 1. de rente à prendre sur le péage de Nesle, qu'elle tient en fief du roi. O.

1283, Mai. — Ansoult Sgr d'Offémont, chevalier, et dame Jeanne,

' son épouse, achètent des biens à Béthancourt-en-Vaux, Oigne, Àbbécourt. O.

1284, Février. — Les mêmes vendent à Ourscamp des biens situés

à Ribécourt, Béthancourt-en-Vaux, Oigne, Abbécourt. O.

I2g4. .— Florent, chevalier, Sgr d'Abbécourt, approuve la vente qu'Ansoult et Jeanne, sa femme, firent à Fabba^re d'Ourscamp d'un fief situé à Abbécourt. LABBE, Hist. de Chauny, t. II, p. 8.

17


I2Ô LES CHARTES

1284, Février. — Ansoult Sgr d'Offémont fait un accord avec Fabba3re de Saint-Médard, au sujet du bois Saint-Pierre de Rethondes. D. B. P 149.

1284, Mars. — Jean de Thourotte, sire de Honnecourt, fils aîné de Mgr Gaucher de Thourotte, châtelain de Noyon et -de Thourotte, chevalier, déclare qu'il prie son oncle, évêque de Laon, d'apposer son sceau sur le testament de son père. O.

1284, Septembre. — Philippe le Hardi approuve la vente faite à

l'église d'Ourscamp par Ansoult d'Offémont et Jeanne, son épouse, de leurs terres de Béthancourt et d'Oîgne, près d'Abbécourt. O.

1285, Mai. — Guillaume, abbé d'Ourscamp, s'accorde avec Raoul

d'Estrées, Sgr du Bois, pour ce qui concerne la vente faite par Ansoult d'Offémont à Fabba3re d'Ourscamp de. "biens à Béthancourt, Oigne, Abbécourt. O.

1288. — Le chapitre de Saint-Quentin fait reprendre par Ansoult d'Offémont les biens qu'il a vendus aux Frères d'Ourscamp sur Béthancourt, en Février 1284 ; car le chapitre en est suzerain. LABBE, Hist. de Chauny, t. II, p. 15. -

1288, Septembre. — Ansoult Sgr d'Offémont échange avec M^Oudart.

de Saint-Crépin, chevalier, son homme, des terres qu'il avait entre Offémont et la chaussée du Vivier du Moulin d'Offémont. O.

1289, Août. ■— Ansoult II d'Offémont et Jeanne du Ronso3;r, son

épouse, reconnaissent que les Frères d'Ourscamp leur ont remis les vignes tenues du chapitre de Saint-Quentin et du châtelain de Chaun3r, qu'ils leur avaient acheté. Les dits seigneurs ont alloué en échange aux Frères 4 1. p. de rente. O.


LES CHARTES 127

1290. — Gaucher, châtelain de Noyon et Thourotte, et Ansoult, Sgr d'Offémont, accordent à l'église d'Ourscamp l'exemption des droits de vinage et ferrage à Thourotte. O.

1293, Avril. — Ansoult d'Offémont fait savoir que sa chère femme,

jadis dame du Ronso3?, donne 20 1. de rente. 11 dit que Gaucher, son cousin, héritera de Thourotte. O.

1294. — Testament d'Ansoult d'Offémont. Il élit sépulture à Ourscamp,

Ourscamp, 20 1. à l'abbaye pour son anniversaire et celui de sa femme, plus 10 1. pour pitance ; 20 s. aux Nonnains de Compiègne et 20 s. aux Grandmontains de la Bonne Maison de Chois3^. O.

1322/3, Janvier. ■— Charte du roi Charles IV pour le couvent des Célestins du Mont de Chastres. Ch.

1323, 1" Novembre. — Jean de Dampierre, écu3rer, sire de SaintDizier et Waignonrieu, et Aelis d'Offémont, sa femme, demoiselle de ces mêmes lieux, donnent quittance à leur frère Jean de Nesle, sire d'Offémont et du Sausso3^. Ils mentionnent leur frère et leur soeur Jean de Cheriz3^, Sgr de Muret, et damoiselle Péronne d'Offémont, demoiselle de Muret et femme du dit Jean. Ch.

1331/2, 13 Janvier. — Le Sgr d'Offémont a vendu aux moines mo3'pennant 250 1. par. le surfait 1 de 7 x 20 arpents en forêt de Laigue. Arch. Nat., K 185, n° 16.

1331/2, Avril. — Charte de fondation du prieuré de Sainte-Croixsous-Offémont par Jean de Nesle, sire d'Offémont, et Marguerite de Mello, sa femme.

A tous ceulx qui ces présentes lettres verront ou orront, Jehans de Neelle, sire d'Auffemont et du Saucho}r, chevalier, et Margueritle de Mellot, dame d'iceux même lieux et femme de Monsieur d'Auffemont, salut: [comme toutes personnes chrestiennes, vray et léal amy de Dieu le Tout-Puissant, de la Benoiste Vierge Marie sa

1. Ce qui croît à la surface.


I28 - LES CHARTES

mère et de toute sainçte Eglise, soyent tenues à amer les personnes religieuses et donner à icelles de leur possession, selon leur faculté, pour être participans et accompaignés aux bienfaits et oraisons des dits religieux, et nous ayons vu, congnu et sceu les religieulx prieur et frères du Mont de Chastres estans en la forest de Cuise, de l'ordre de S'Pierre Célestin, jadis pape de Romme, estre] personnes de bonne vie, de honneste conversation, dévotement et affectionnément faire le service de Dieu de jour et nuit et continuellement persévérans de mieulx en mieulx, laquelle choze nous a moult pieu et agréé et faict encores ; pourquoy et de piéça avons heu par longtemps et avons encores dévotion et intention de eulx donner de nos possessions, que Dieu nous a prestées en ce monde, à l'augmentement et accroissement de leur religion, pour fonder un monastère de leur dicte religion, en ung lieu qui estoit apelé Froideval, dessoubz nostre chastel d'Auffemont, tenant à la forest de Laigues : lesquelz lieux et monastère sont appelés désormais le Val Sle Croix et auquel lieu et monastère y doibvent demourer et faire résidence désormais quatre frères de la Religion. Sachent tuit que nous, à causes dessus déclarées, en rémission de nos ■ péchiez, pour le perpétuel salut de nos âmes, de l'âme de Mr Amaury de Nesle, jadis prevost de Lisle, de messeigneurs et amés père et mère et de toutes autres personnes que nous y vorrions accompeigner. . . . . avons donné, octroyé et délaissé. .... au prieur et frères demourans au. Val de St 0 Croix, les héritages et autres rentes, bos et

revenus etc c'est asçavoir premièrement: une maison avec l'entreclos des

fossez et des hayes ainss3r comme elle se comporte au lieu que on disoit Froideval, dessous nostre chastel d'Ouffémont, lequel maison est appelé le Val Sle Croix dès ores en avant à tousjours. Item : quatre arpents et ung quartier de terre arrable et trois arpens et trente six verges, que prez que bos, et tout à l'arpent dou roi nostre sire, et ung vivier, et sont toutes ces choses dessus escriptes au dict Val de S 10 Croix, tenant d'une part au bois dou ro5r nostre sire et à nostre bos, et d'autre part au bois Binart de Saint Crépin et au bos des hoirs Raoul de S' Crespin, escu}rer, [et est assavoir que nous retenons pour nous, pour nos hoirs et les ajrans cause de nous et de nos hoirs, tant seullement l'usage de aller et de venir par desseure la cauchié dou dict vivier, et sauf que li diz frères religieux le romperont touteffois que il leur plaira, pour peschier leur dit vivier, et aussi porront relever l'essiau dessous le vivier, toutes fois que il leur plaira et le cas s'y offera.] Item : sept vingt arpens de bois en la forest de Laigue, au lieu dit Le Feutoye, dessus S1 Crespin. Item : trois muyds de blé à le mesure de Compiengne, prin's chaque année au terme de S' Remy sur nostre moulin d'Auffemont, séant entre Auffémont et Saint Crespin. [Item : muid et demi dé blé, mesure de Pierrefonds, sur le moulin d'Autrefontaine. Si les dits frères ne sont pas payés, ils exploiteront les dits moulins comme leur chose. Si les moulins sont hors d'usage, les frères seront payé sur les muyages ou rentes d'Autrefontaine.] Arch. Nat., Qi, 857, copie incomplète. Les parties entre crochets sont tirées d'une autre copie incomplète. Arch. Nat., K 185, n° 16.


LES CHARTES ]2Q

1332, Décembre. — Philippe VI reconnaît que Philippe-le Bel a donné aux religieux de Saint-Crépin-le-Grand et du Mont de Chastres 14x20 arpents de bois en forêt de Laigue, sur lesquels'le Sgr d'Offémont avait des droits. Le dit Sgr d'Offémont prétendait au tiers et, en récompense du dit don, Philippe le Bel lui a donné 7x20 arpents en la dite forêt. Le Sgr d'Offémont donne ces 7x20 arpents aux moines de Sainte-Croix. Philippe VI amortit le dit don : mais il s'en réserve la souveraineté, comme Philippe IV se l'était réservée sur les 14x20 arpents. Arch. Nat., K 185, n° 16.

1334, 23 Mai. — Donation d'T arpent de terre et 2 de bois, par Jean de Nesle Sgr d'Offémont, au monastère de Sainte-Croix. Arch. Nat., Q 1, 857.

1334. Mai. — Donation- et amortissement par Philippe VI de

2 arpents de bois à.prendre dans la forêt de Laigue par le monastère de Sainte-Croix. Arch. Nat., Q 1, 857.

1334/5, 15 Mars. —Jean de Nesle est nommé dans un acte. Arch. Nat.. X 1 c, 1.

1335, Mai. —Jean de Nesle donne aux religieux du Val SainteCroix

SainteCroix droit d'usage dans la forêt de Laigue. Arch. Nat., K 185, 16.

1335, 20 Août. — Le roi Philippe donne aux prieur et couvent du

Val Sainte-Croix dessous Offémont, de l'ordre de SaintPierre de Moron, jadis, pape Célestin, la confirmation de leurs droits d'usage en forêt de Laigue. Arch. Nat., K 185, n" 16.

1336, 3 Avril. — Charte de Jean de Nesle, sire d'Offémont et du

Saussois, pour une fondation faite au prieuré du Val Sainte-Croix sous Offémont, en mémoire de son oncle Amaurv de Nesle, prévôt de Lille. Ch.


j-jrj LES CHARTES

I33(5/7, Janvier. — Jean de Nesle donne aux prieur et couvent du Val Sainte-Croix le pâturage pour 20 vaches avec leurs suivants et 60 pourceaux. Arch. Nat., K 185, n" 16.

1336/7, 28 Février. — Philippe donne encore aux prieur et couvent du Val Sainte-Croix des arbres, houpes 1 et entresecs 2, dans la forêt de Laigue, et le pâturage de 20 vaches avec leurs suivants et de 60 pourceaux. Arch. Nat., K 185, n° 16.

1337, 6 Février. -— Le roi donne aux religieux du Val Sainte-Croix

3 arpents de bois, tenant d'une part à eux, d'autre au chemin de Thourotte, d'autres es Mont de Lign)r. Arch. Nat., K 185, n° 16.

1338, Septembre. — Le roi Philippe donne aux religieux du Val

Sainte-Croix un droit d'usage dans la forêt de Laigue. Arch. Nat., K 185, n° 16.

1339, 16 Décembre. — Le roi Philippe donne aux religieux de

Sainte-Croix la paisson pour 30 pourceaux, en forêt de Cuise, en temps de . paisson seulement. Arch. Nat., K 185, n° 16.

7340, 8 Mai. — Donation par Philippe VI, au monastère de SainteCroix, de 6 arpents de bois. Arch. Nat., Qi, 857.

1340," 15 Août.— Charte de fondation de la chapelle Sainte-Madeleine, au prieuré des Célestins de Sainte-Croix sous Offémont.

A tous chiauls qui ches présentes lettres verront ou orront, Margueritte de Mello, dame d'Offémont, femme et épouse de haut homme noble et puissant monseigneur Jehan de Neelle, seigneur d'Offémont, chevalier, salut. Comme toutes personnes chrestiennes, vray et loyal ami de Dieu le Tout Puissant, de la Benoite Vierge Marie se che et de toute Sainte Eglise soient tenus à amer les personnes religieuses et donner à ychelles de leurs possessions, selon leurs facultés, pour être participans et accompagniés eulx et leurs prédécesseurs as bienfais et oroisons desdiz religieulx ; et nous, ayans veu, cogneu et sceu les religieulx, prieur et frères

1. Emondages.

2. Arbres sur le retour.


LES CHARTES I r> \

du Val Sainte Croix de les Offémont, de l'ordre S1 Pierre Célestin, jadis pape de Rome, estre personnes de bonne vie, de honneste conversation, dévotement et affectueusement faire le service de Dieu, de jour et de nuit, continuellement, perseverans en ichelz de mielx en mielx, laquele chose nous est moult plaisante et agréante, pourcoy et de piecha avons eu par lonc temps et avons encore dévotion et entention de auls donner de nos possessions, que Dieu nous a prestées en chest monde, en l'augmentement et accroissement de leur religion, pour fonder en leur dit monastère ou église une capellerie perpétuelle fondée etordenée au nom de la Benoiste Magdalène, ouquel monastère ou église il doit avoir un propre frère perpétuel, frère d'ordre et de abit des dits religieulx, avecques chacun frères qui y estaient quant chés lettres furent faites, et quels frères doit deservir à ledite capellerie et célébrer messe perpétuelle chasque semaine trois fois, s'il n'a essoigné 1, et, s'il a essoigné et services dessus dis doit estre fais par un de leurs autres frères l'essoigné d'autant et doit estre ledite capelle et autel d'ychelle assis en leur nouvel moustier au destre les dou grant autel. Sachent tout que nous, à ces causes dessus dites, en'rémission de nos pequiés, pour le perpétuel salut de notre âme, de l'âme de nostre très chier seigneur et mari dessus dit, des âmes de nos seigneurs et dames, pères et mères, et de tous nos prédécesseurs et de toutes autres personnes qui nous y vaurriemes accompagnier et. que nous y avons dévotions ou azièmes dévotion de acompagnier en temps avenir, et pour estre dès maintenant et à tousjours accompaigniés et participans à tons les bienfais, heures, vigiles, messes et oraisons desdits religieux, prieur, couvent et de leurs successeurs, meùe par une vraye dévotion et entention en honneur de Dieu et de se Benoite Marie, de le Benoite Magdalène et en le révérence de bonté Ste Eglise à le fondation de ledite capellerie, augmentation du dict monastère et religieux, de l'auctorité et licence nostre chier seigneur et mary dessus dit, qui de che. faire pooir nous le donna et nous le persismes en nous, non contrainte, avons donné, octroyé,.quittié et délaissié, donnons, octroyons, quittons et délaissons dès maintenant perpétuellement à le fondation de le dite capellerie et à. le sustentation du dit frère, qui pour ledite capellerie de servir est ou sera oudit monastère, douze livres de rente perpétuelle à prendre chascun an, perpétuellement, sus no petit molin de Mellot et sus no paiage, travers ou vinage, que nous avons en ledite ville, au terme de Pentecoste,- chascun an, perpétuellement, et volons que nulle chose en puist estre contrariée, ne tournée ou profit de nous, de nos hoirs ou d'autres ayans cause de nous, chascun an, des dits molins et paiage, travers ou vinage, duquel a tant que les dictes douzedivres soient paiées, chacun an, audit frère ou frères, au terme dessus escript, et à che nous obligons et avons obligé les dis molin et paiage, travers ou vinage, tous ensante et chascun pour le tout.t envers lesdis religieux et frères, envers leurs successeurs et chiaulx qui cause aront de yauls, duques à plaine paie

i. S'il n'a donné une juste excuse.


H:

LES CHARTES

de la rente dessus dite et se aucuns ou aucun y metloit ou mettoient empeschement en le rente dessus dite, nous-le promettons loyalment et en bonne foy à garantir aus dis frère ou frères, de livrer, deffendre contre tous et envers tous, qui empeschement y mettroient ou voiraient mettre, à nos propres cous, frais et despens, à toujours et sans jamais aucune chose de droiture demander ne réclamer en le dite rente de nous, de nos hoirs ou des ayans cause de nous, et volons que li porteur de chés lettres soit creus par son simple serment sans autre preuve faire des cous, frais et despens ou intérests, qui seroienl fait pour le deffaut du payement ou payemens de ledite rente, lesquels.nous volons qui soient rendu et restoré avec le principal aus dis religieux, de nous, de nos hoirs ou des ayans cause de nous, et avons renonchié et renonchons en tous chés cas, à toutes fraudes, malices, déceptions, lésions, corruptions, ignorances, cauplètes 1, barres, cavillations, aides et exceptions de fait et de droit escript et non escript, de canon, de loy, coustumes et usages de païs ou de lieu, constitutions, ordonnances ou estats et establissement fais et. à faire, à toutes grâces, privilèges empeslrés ou à empestrer, à toutes autres choses générauls et espéciaulx de droit et de fait que on porroit dire, proposer ou alliguier contre ces lettres, au droit disant général renonciation non valoir, à l'aide dou droit Velleyen, à tous les drois de douaire, à tous dons de mariage et de noches et à tous autres droits entroduis à la faveur des famés. En tesmoing de ché, nous, Marguerite de Mellot dessus dite, avons mis no propre séel à chés présentes lettres, qui fust faites l'an de grâce mil trois cent et quarante, le jour de l'Assumption Nostre-Dame. Et nous, Jehans de Neelle, chevalier, sire d'Offémont dessus dis, cognissons à avoir donné pooir et auctorité et donnons à nostre chière et amée compaigne, Margueritte de Mellot dessus dite, de faire les choses dessus dites et chasque d'ichelles en le manière que dessus sont escriptes et devisées. En tesmoing de che, nous avons mis nostre propre séel en chés présentes lettres, avecques le séel de nostre chière et amée compaigne dessus dite. Che fu fait l'an et le jour dessus dis. Expédié en parchemin et scellé. Copie de 1783, Arch. Nat., Qi, 857.

1340/1, 19 Février. —Jean d'Offémont a laissé faire par ses gens exploit de justice sur une pièce de terre relevant des religieux de Saint-Denis. Elle appartient à la chapellenie Saint-Ladre de Mello. L'exploit est mis au néant par accord entre les parties. Arch. Nat., X 1 c, 2.

1348. — Mention est faite des 200 hommes d'armes, que le pa3^s de Vermandois donne au roi sous le commandement de Gu3r deNesle. Du CANGE. Bib. Nat., ms. fr. 19.501, foi 173-177.

1. Cautèles.


LES CHARTES I33

1352, 17 Mai. — Guy de Nesle, Sgr d'Offémont et Thourotte, confirme la donation de 30 1. de rente sur son péage de Thourotte, faite aux religieux de Sainte-Croix par Jean de Nesle, le fondateur, son père, qui avait renoncé à toutes ses seigneuries en faveur de son fils, pour vivre désormais libre avec ses religieux d'Offémont. Arch. Nat., Qi, 857.

1355, 5 Avril. — Jean de Nesle, clerc, fils de feu Mgr Jean de Nesle,

jadis Sgr d'Offémont, et daine Marguerite, dame de Mello et Offémont, achètent des bois à Jean de Saint-Crépin, fils de Raoul de Saint-Crépin et sa femme, Simone de Vie. O.

1356, 5 Avril. — Vente par Jean de Saint-Crépin, écuyer. fils de feu

Raoul de Saint-Crépin, écrn'er, et S37mone de Vie, sa femme, à Jean de Nesle, clerc, fils de feu Jean de Nesle, chevalier, jadis Sgr d'Offémont, et de Marguerite, dame de Mello et d'Offémont. Ch.

1358, 21 Mai. — Jean de Saint-Crépin vend à Gu3Tard de SaintCrépin, son cousin germain, ir essins de terre sur la montagne de Saint-Crépin, tenant à la terre de noble homme Pierre de Nesle, archidiacre d'Arras. O.

1362, Septembre. — Vidimus de l'acte de fondation d'Avril 1331.

1369, 16 Décembre. — Accord entre Charles, comte de Dommartin, et Jeanne d'Amboise, sa femme, dame de Nesle en Yermandois, et noble dame Isabeau de Nesle, veuve de feu messire Jean de Montmorency. Sgr de Beausault, Breteuil et autres lieux, dame des dits lieux, d'une part, et messire Jean de Nesle, S^ d'Offémont, fils de Mgr Guy de Nesle, frère de la dite dame Isabeau, d'autre, pour raison de 1200 1. 5 s. ts. donnés à la dite dame Isabeau par feu messire Jean de Nesle, aïeul du dit Jean de Nesle, Sgr d'Offémont, père de l'a dite dame Isabeau, en son contrat de mariage avec le dit feu Jean de Montmorenc3^. D. B. P 137.

18


■34

LES CHARTES

1370, 20 Décembre. — Jacques de Marchiennes, lieutenant du bailli de Senlis Jean de Nesle, annule un jugement de Jacques de Saint-Omer, prévôt forain de Chois3'\ S. A.

1380, 9 Juin. — Transaction entre Frère Pierre Poquet, provincial général de l'ordre des Frères Célestins es parties de France, et Frère Jean de Fcyes, prieur des Frères Célestins de l'église Sainte-Croix sous Offémont, d'une part, et Jean de Nesle, chevalier, sire d'Offémont, d'autre part. Ch.

1383/4, 22 Février. — Arrêt. Catherine, comtesse de Saint-Paul, veuve de Jean, comte de Grandpré, a réclamé à Jean de Nesle, chevalier, Sgr d'Offémont, 58 livrées de terre ou autant de rente 1, qu'elle, disait percevoir sur les terres du dit seigneur d'Offémont, à Mello et Thourotte. Elle veut en faire don pour le bien de l'âme de Gilles de Saussure et Jeanne, sa femme, qui est fille de la dite comtesse. La chapelle dite de Saussure sera fondée dans l'église Sainte-Marie de Mello, "aux conditions expliquées. Chapelain le prêtre Nare. Du CHESNE, Hist. de la maison de Chastillon. Preuves du l. VI, p. 189.

1398. —• G1137 de Laval, Sgr d'Atticby, en son nom et comme bail 2 de son épouse, la douairière d'Offémont, déclare n'avoir aucun droit à chasser à-chiens et filets dans les bois d'Ourscamp. L'abbé d'Ourscamp avait à ce sujet intenté des poursuites. O.

1400 environ. — C'est la valeur des terres d'Offémont, Trac3^, Thourotte, Villers-sur-Coudun et Jonquières. Ch.

1403. — Accord entre Gu>r de Nesle, Sgr d'Offémont et de Thourotte en partie, et Gaucher, S 81" de Thourotte en partie, d'une part, et les religieux de Saint-Amand d'autre part, au sujet de la voirie aboutissant au Bac à Bellerive. S. A. p. 72 et 308.

1. La livrée de terre était ce qui rapportait i livre environ.

2. Tuteur.


LES CHARTES I35

1403, 17 Novembre. — Dénombrement de la terre de Saint-Crépin,

baillé à Guy de Nesle, Sgr d'Offémont, par Raoul de Nesle, chevalier, Sgr de Saint-Crépin et de Llautefontaine. Ch.

1403/4, 5 février. — Pierre d'Ailty rend une sentence qui maintient le chemin du Bac à Bellerive à la forêt dans les seigneuries de Thourotte et d'Offémont. Il légitime le passage gratuit des dits seigneurs et de leur suite. S. A.

1404, 17 Juin. — Gu3^ de Nesle, Sgr d'Offémont et Mello. s'accorde

avec les religieux de Saint-Denis, à propos d'un droit de garenne. Arch. Nat., X i c, 87.

1404., Août. — Vidimus par Charles VI de lettres de Louis d'Orléans. Louis a obtenu du roi une promesse d'amortissement de 2.000 1. pour ses fondations. Il donne là-dessus 100 1. aux Célestins d'Offémont. Arch. Nat., JJ 160, Ch. 38.

1409, 13 Janvier. — Charles, duc d'Orléans, a baillé le château de Couc3^ au Sgr d'Offémont (GU3'- III de Nesle, époux de Marguerite de Couc3^), conseiller et chambellan du roi, pour le garder en attendant les partages, inventaires, etc. . . . Bibl. Nat. Pièces originales, 2135, cahier 48.563, pièce 2.

1447. — Le siège de Compiègne, en 1430, a ruiné dans la rue Àmisart 1 les maisons d'Offémont. Arch. com., DD 20, art. 566.

1472, 20 Avril. — La cour condamne Jean, Sgr d'Offémont, aux dépens 2 du prêtre Nare. Arch. Nat., Xic, 1472, P .171 v°.

1499/1500, 3 Avril. — Dénombrement de la terre de Saint-Crépinaux-Bois, baillé par Pierre Blasset, chevalier, au nom de sa femme, Claude de Crèvecoeur. Ch.

1. Aujourd'hui rue de la Sous-Préfecture.

2. C'est-à-dire à lui rembourser ses frais de procès.


l^Q LES CHARTES

1524/5, 13 Avril. — Donation par Louise de Nesle des terres d'Offémont et autres [à Charlotte d'Humières].

Louise de Neelle, dame d'Offémont, Merlou, Ancre, Thourotte et Bray-surSomme et autre, en faveur du mariage futur d'entre Messire. François de Montmorency, chevalier, Sgr de Rochepot, et damoiselle Charlotte de Humières, fille émancipée de messire Jean Sgr de Humière et dame Françoise de Contay, sa femme, et, au cas que le dit mariage sortisse son effect, donne irrévocablement et entre vif, pour faire sortir le dit futur mariage son effect aus dicts futurs mariés, leurs hoirs et ayant cause, soubs les conditions toutefois, chargées et modifications cy après déchargées, les dittes terres d'Offémont et Merlou, Encre, Tourotte et Brey sur Sommes, leurs appartenances et dépandances, pour en jouir, user et posséder par les futurs mariés, leurs hoirs et ayant cause, à tousiours, en tout fruict, revenus et émolumens quelcunques, comme de leurs chose, à la charge des fondations anciennes et autres redevances que devoinf les terres et usufruict retenu en icelles par la donatrice sa vie durant, à condition aussi que [si] les futurs mariés ou l'un d'eux venoit à décéder sans hoires de leurs corps* les terres en ce cas se diviseroint eutre les vivants et les héritier du icr décédant, en telle manière qu'au dit François de Montmorency, Sgr de la Rochepot, et les descendans de luy ou autres ses héritiers tenans sa coste et ligne, appartiendront les terres d'Offémont, Melou et Tourotte, et, à la ditte dame Charlotte d'Humière, ses descendans et successeurs ou autre ses héritiers, appartiendront les terres d'Encre et Bray sur Somme et, au cas que du dit mariage procèdent des enfants malles, le fils aisné, après le trépas desespères et mère respectivement : c'est à sçavoir des terres qu'elle donne au Ier mourant, en portera entièrement et hors par toutes les dittes terres données aux dicts futurs mariez, sans rien diviser, retenir ou réserver aucunement et sans charge du quinte viager ou autre partage pour les autres enfans, si aucun y en avoit, à la charge que le dit fils aisné sera tenu porter les armes d'Auffemont, s'il n'estoit seul fils et chef des armes de Montmorenci, auquel cas ne sera pas tenu et néantmoins jouira des terres comme en luy appartenant ; mais, s'il y avoit plusieurs enfans malles, le 2" fils emportera toutes les terres pour en jouir après le trépas de ses dits père et mère respectivement : c'est à sçavoir des terres qu'elle donne au Ier mourant, en prenant les. armes d'Auffemont, et n'y auront rien le fils aisné ny les autres enfans, supposé que le dit fils voulut renoncer aux armes de Montmorency et prendre celle d'Offémont et, s'il y advenoit qu'il n'3r eut qune fille ou plusieurs procréé du dict mariage, elles auront ou succèdront à la ditte terre, en telle droit d'ainesse et prérogative, selon la coustume. Sinon que la dicte dame Charlotte deceda la ire que le dict François de Montmorency, Sgr de la Rochepot, délaissant la dicte fille seulement et, qu'après elle, il convolle en 2e nopse et qu'il eut des enfans masle, auquel cas les filles du 1" mariage n'auront que les terres d'Encres et Bray et les enfans


LES CHARTES I37

masle du 2e lit auront les terres d'Auffemonts, Mellou et Tourotte, selon les modifications et division susdittes : que la dictes terres demeureront à l'aisné, sinon le chef des armes de Montmorency, auquel cas le 2e fils aura les dictes terres en prenant les armes d'Offémont et, s'il n'y [a] qun fils chef des dicts armes de Montmorency, ne seroit tenu de prendre celle d'Auffemont et, au cas qu'il n'y eut que filles, tant du Ier que du 2e mariage, elles succéderont toutes es dictes terres selon la coustume des lieux et, au cas que le dit Sgr de la Rochepot decedroit sans hoire de son corps, les dictes terres d'Offémont, Mellou et Tourotte tourneront et appartiendront à Mr<= Anne de Montmorenc} 7, maréchal de France, son frère aisné, et à ses enfans après luy, au charge cy dessus spécifiés, et, au [cas que] le dict Anne de Montmorency décédroit sans enfans, icelle terre appartiendront à Jean de Maillis, escuier, Ssr et Baron de Conti, fils de deffunct messire Jean de Mally et de dame Louise de Montmorency, soeur des dicts Anne eL François de Montmorency, au dicte charge que dessus, quand aux armes et forme de succéder. Semblablement, s'il advenoit que la dicte Charlotte de Humière deceda sans hoires de son corps, en ce cas les terres d'Encre et "Bray sur Somme appartiendront après son trépas à Louis de Humière, son frère, totalement, privativement à ses autres frères et soeurs. Et ne pouront les dicts donateurs ou aucun d'eux aliéner les dittes terres au préjudice des charges et conditions cy dessus apposés etc. Moienanl lesquelles choses, ainsy faict et accordé par la ditte dame Louise de Neelle à la faveur et partie du dict Sgr de Humière et de la dicte dame Françoise, sa femme,.et à ce que la dicte damoiselle Charlotte, leurs fille, soit advancée du costé de la dicte dame d'Offémont, sa parente, et que les autres enfans du dict sieur de Humière puissent avoir meilleur partage en leurs succession, la dicte damoiselle Charlotte de Humière etc. renonce au succession de ses dicts père et mère, le cas du dict mariage advenant et le présent don sortissant son effect, sauf si le dict sieur de Humière ne délaissoint aucun enfans masle, auquel cas elle viendrait à la succession paternelle, tant et si avant que la coustume des lieux luy donnera ; et n'a entendu icelle dame d'Offémont comprendre en cette donation les terres de Cramoisy et Meaulx et autres non comprise et mentionné en ses présens don. les réservant pour en disposer en sa volonté etc.

Faicte le 13e jour d'Avril 1524 avant Pâques.

Le testament de Madame Louyse de Nesle, cy devant dame d'Offémont, du Ier Mars 152Q, confirmatif du susdit don par elle fait. D. B. f 05 140-141.



ERRATA & ADDENDA

Page 25, ligne 28, liseq Cent ans, au lieu de cent.

Planche V, à Jean II de Thourotte, ajoute^ 1236/7. Cartulaire de la

Commanderie d'Eterpignv. Bull, de la Société des Antiq. de Picardie, 1911, 3.

Planche XII, liseq manuscrit, au lieu de Missel. Page 57, ligne 24, lise^ 20 Août, au lieu de 26. Page 76, ligne 1, lise^ Piedefert de Lassalle, au lieu de Lassalle.

Ce nom patronvmique figure dans certains actes notariés seulement. Cf. Etude De SaintAndrieu, à Tracv-le-Mont. Reconnaissance du 7 Décembre 1764, etc.

Page 83, note 6, ajoute^ : Il y en avait un aussi à Amiens. Page 84, ligne 23, lise\ puissante vient, au lieu de puissante, vient. Page 84, note 3, lise^ chap. au Prieuré, au lieu de chap. des Chartes. Page 102. ligne 27, lise\ Desjardins, au lieu de Desjardin. Page 104, ligne 2, ajoute^: 1711, François Leslève.

Page 104, ajoute^ : Note 4. D'après les inscriptions encore déchiffrables sur les murs récemment déterrés du cloître, le prieur Adrien Desjardins mourut en .1624 : Jean Ollerie (ou Olery), en 1668. François Leslève, supérieur, mourut le 11 Mai 1711.



TABLE DES MATIÈRES

Pages

AVANT-PROPOS j

HISTOIRE DE LA FORÊT DE LAIGUE

ASPECT GÉNÉRAL DE LA FORÊT i

LA COPROPRIÉTÉ, LE PARTAGE, LA FORÊT EST INCORPORÉE AU DOMAINE ROYAL. 9

LA CHASSE 18

HISTOIRE DE LA SEIGNEURIE D'OFFÉMONT

LE PARC ET LE CHÂTEAU 23

LES SEIGNEURS :

Maison de Beaumont-Persan 33

Maison de Thourotte 34

Maison de Nesle — Guy Ier 36

Jean I" 36

Guy II 37

Jean II 38

Guy III 43

Guy IV 44

Jean IV 49

Louise de Nesle 49

Maison de La Gruthuse 49

Maison de Montmorency — François de Montmorency et Charlotte

d'Humières 54

Anne 5§

Henri Ier et Hercules Comte d'Offémont 59

Henri II 64

Maison de Bourbon-Condé . 65

19


I42 TABLE DES MATIERES

Pages

LES FINANCIERS :

Les Danès 67

Les Dreux d'Aubray — Denys 68

Antoine Comte d'Offémont 70

François, Thérèse 70

Les Gobelin — Claude-Antoine Comte d'Offémont, Antoine Marquis

de Brinvilliers, Antoine Comte d'Offémont 73

Nicolas Louis Marquis d'Offémont ." -75

Les Lassalle 76

Les Nouette 76

M 1" 6 de Chamilly Baronne d'Offémont 77

Les Cornuau Barons d'Offémont :

M"' Cornuau 77

Auguste René Cornuau ' 78

Comte Aguado 78

Les Pillet-Will :

Frédéric-Alexis Comte Pillet-Will ... : 79

Maurice Comte Pillet-Will 79

LE PRIEURÉ DE SAINTE-CROIX

HISTOIRE DU PRIEURÉ 81

DANS L'ÉGLISE DE SAINTE-CROIX :

Les Tombeaux 91

Les Astraux dans l'Église 95

dans la Chapelle Sainte Marie-Madeleine 97

dans le Réfectoire 98

Ce qu'if en reste . . »,.. 09

Le Carrelage qg

LES PRIEURS ! 00


TABLE DES .MATIERES I43

Pages

LES RUINES :

Avertissement 105

Les Abords. Aspect général du Monastère 105

L'Église — extérieur 106

intérieur 107

La grande Chapelle ou Chapelle Sainte-Madeleine 109

Le Cloître no

La Sacristie et la Salle du Trésor 113

La Salle Capitulaire et le Dortoir 113

Le Vestibule 114

La Cuisine 115

Le Réfectoire : 116

Les Caves 117

La Grange et le Pigeonnier 117

Les autres Bâtiments 118

LES CHARTES - 119

Charte de fondation du Prieuré de Sainte-Croix 127

Charte de fondation de la Chapelle Sainte-Madeleine 130

Donation par Louise de Nesle des terres d'Offémont et autres à Charlotte d'Humières 136



TABLE DES PLANCHES & FIGURES

Pages

PL L Le Parc d'Offémont en 1734 .- 21

PL IL Le Château d'Offémont. Crayon de Wygano"wski 28

PL III. Id. Façade Nord.

PL IV. Id. Vue prise du X.-E 30

Sceau de Jean d'Offémont 34

Sceaux d'Ansoult Ier d'Offémont et Marie d'Abbécourt... 35

Sceaux d'Ansoult II d'Offémont 35

Sceau de Jean Ier de Nesle 36

PL V. Tableau généalogique . 36

PL VI. Tableau généalogique {suite') - 37

PL VIL Bannières de la Seigneurie d'Offémont 38

PL VIII. Bannières de la Seigneurie de Mello 38

PL IX. ' Jean Ier de Nesle et Marguerite de -Mello 40

PL X. Jean II de Nesle et Ade de Mailly 40

PL XL Sceaux de Seigneurs d'Offémont 46

PL XII. Louis de La Gruthuse offre son missel à Charles VIII... 50

PL XIII. Connétable Anne de Montmorencj- 58

PL XIV. Madeleine de Savoie 58

PL XV. Connétable Henry Ier de Montmorency 60

PL XVI. Louise de Budos 60

PL XVII. Henry II de Montmorency 64

PL XVIII. Marie Félicie des Ursins 64

PL XIX. Charlotte Marguerite de Montmorency, Princesse de Condé 66

PL XX. Henry de Bourbon, Prince de Condé 66


I46 TABLE DES PLANCHES ET FIGURES

Pages

PI. XXL Epitaphe de Jacques Danès 68

PL XXII. Epitaphe de Madeleine de Thou . : 68

PL XXIII. Denys Dreux d'Aubray 70

PI. XXIV. Antoine Dreux d'Aubray 70

PL XXV. Marquise de Brinvilliers . 72

La Grange et le Portail du Prieuré. Crayon de Wyganowski. 81

Fragment de Vitrail aux armes de Montmorency 98

PL XXVI. Plan général du Monastère 104

PI. XXVII. Plan détaillé de la partie principale 105

Coupe du Cloître et de la Salle Capitulaire . 114

Le Fourneau de la Cuisine 115

Cuiller trouvée dans les ruines 116

PL XXVIII. Escalier du Potager 118

PL XXIX. La Grange aux dîmes et le Potager.

PL XXX. Le Portail.

PI. XXXL La Cour intérieure et l'Église.

PL XXXII. L'Église.

PI. XXXIII. Statue au mur de la nef. Culots d'ogives dans le bas côté.

PI. XXXIV. Carreaux retrouvés dans l'Église.

PL XXXV. Id., id.

PL XXXVI. L'Intérieur du Cloître.

PL XXXVII. Le Plafond du Cloître.

PL XXXVIII. Médaillons au Plafond du Cloître.

PI. XXXIX. Id., -id.

PL XL. Fragment de Vitrail trouvé dans les fouilles.

Clichés HUTIN, Compiègne.

Typ.-Xith. du.Pito.GREs DE L'OISE, nie Pierre-SauTage, 17, Compiègne.