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Titre : L'église et la paroisse de Soultz (Haute-Alsace) / par A. Gasser

Auteur : Gasser, Auguste (1863-1925). Auteur du texte

Éditeur : H. Huffel (Colmar)

Date d'édition : 1905

Sujet : Alsace

Sujet : Soultz (France)

Notice du catalogue : Périodique lié : Bibliothèque de la Revue d'Alsace(ISSN 1141-3107), 1905 (Notice : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344227233)

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34098736n

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (82 p.) ; 24 cm

Format : Nombre total de vues : 89

Description : Collection numérique : Fonds régional : Alsace

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k57858481

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LK2-5276 (6)

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/01/2010

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L'EGLISE

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LA PAROISSE DE SÔULTZ

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PAR A. GASSER

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1906


DE LA ..REVUE D'ALSACE" .^^^

Pour répondre à un VOEU qui lui a été souvent exprimé, la Direction de la Revue d'Alsace a commencé la publication, sous le titre de Blblio* tbèqoe de I» Bévue d'Alsace, d'un supplément exclusivement réservé h des travaux, documents, mémoires historiques, etc., que leur longueur

ne permettait que difficilement d'insérer dans !e corps même de la Haut.

_ «

Ont paru jusqu'ici! ' ;.

I. Les aneiens règlements municipaux de la tille d'Ammersckwihr de i$6ix publié par M. Cb. HOFFMAW. In-8» de.«9 pages,' Prix; - 4 mares,- ■ - ::• * _

II. Le Journal du palais du Consul souverain d'Alsace, de Holdt, publié .

par M. Angel Iscoup. Tome I, avec le portrait de l'auteur. In-8« de 171 liages. Prix : 4 marcs,

IV. I* Protestantisme à Haguenau, par M. IUs u RR ln-8* de 359 pages. Prix ; 4 mares,

V. Turenne et le maréchal de Rosen, par .A. M. P. IXGOLO. ln-8» de 40 pages. Prix : 1 mare.

VI. L'/glise et la paroisse de Soulls (Ifaute-Akice>, par A. GASSF.K. In-S" de 82 pages. Prix : a marcs.

En cours de publication :

III. I.e Journal de Holdt. Tome II*.

VII. Us SuffraganU de l'ancien fvlchi'de Çile\ par Mgr; CHÈVRE;

« ' En préparation:' ' •.-,.'. ,.-.

L'otituairt des chevaliers de Saint-Jean de Slhstddt, par E. RODÉ.' .

Registre des blnljiçitrs de la partit alsacienne de Fànehn, dioetsïfdt._.., Bâte, de 1437 à 1500, par M; l'abbé N'EHR. .■_-.• ; ,.■;■/',."'.''. S^&Ky •■* La guerre de Trente Ans à Haguenau, pat-MsliASAVtH.'- -. VAlsace au xvm« sieele, par Ch. HOFFMAXX (en souscription).



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L}ÉGLISE

Et LA PAROISSE DE SOULTZ

^HAUTE-ALSACE)


REVUE D'ALSACE (SUPPLÉMENT)

BIBLIOTHÈQUE

DE LA „REVUE D'ALSACE"

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COLMAR

IL IIUFFKL, LIBRAIRE

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L'ÉGLISE

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LA PAROISSE DE SOULTZ

(IIAUTIwXLSAOEj

PAR

A. GASSER

COLMAR

H. HUFFKL, LIBRAIRE

1905


RIXIIEIM (ALSACE). — IMPRIMERIE F. SITTER & CIE


L'ÉGLISE

ET LA PAROISSE DE SOULTZ

(HALTE-ALSACE)

C'est au IIIe siècle, d'après Grahdidicr, que le christianisme se répandit en Alsace et probablement dans la marche de Soulu.

Au IV* et au v« siècle, on voit créer les paroisses rurales destinées à donner aux fidèles la possibilité de persévérer dans la doctrine des Apôtres, dans la communion de la fraction du pain et dans la prière.

Un prêtre fut attaché d'abord au service de plusieurs églises, puis chaque église eut son propre prêtre. Cependant celui-ci n'eut point le droit do s'attribuer les revenus de sa paroisse, consistant en dîmes ou oblations quelconques. Car dans la primitive Eglise tous les revenus ecclésiastiques étaient versés dans le trésor de l'église épiscopale, l'évêque seul en avait la haute administration, et c'est sous sa direction que la distribution en était faite aux clercs de son diocèse'}.

Les églises paroissiales étaient d'abord disséminées dans les campagnes et recevaient les chrétiens de toutes les localités environnantes. Peu à peu une église ou -chapelle fut érigée dans chaque agglomération, mais

t) Voy. IU8AET Dl LA Toct, Let fJtnùiet rurales du IV* «* XI* vhlt.


— 6 —

la première église paroissiale fut appelée église-mère, et, comme nous l'avons dit, un seul prêtre, résidant à côté de cette église, desservait toutes celles de sa paroisse.

Ce n'est qu'avec le temps, l'accroissement de la population chrétienne, et l'augmentation des revenus ecclésiastiques que l'église île chaque agglomération devint une paroisse distincte.

II y avait une église-mère dans la marche de Soultz dès le VIIe siècle, car elle est rappelée dans les titres d'Ebersmunster : donation rl'Athic vers 6671), diplômes de Louis le Débonnaire de 818 et 824. Cette églisemère était-elle à Alsviller, comme le veut Herler, ou à Soultz même? Xous penchons vers cette dernière hypothèse, car on a trouvé des tombes mérovingiennes à Soultz, alors qu'on n'en a pas encore découvert sur l'emplacement d'Alsvîller. L'église paroissiale de Soultz est sous le vocable de saint Maurice qui était également le patron d'Ebersmunster. Cela ferait supposer que l'érection de la paroisse de Soultz est due à cette abbaye. Le patron de l'église d'Alsviller était saint Georges.

Dans tous les cas, au XIIe siècle Soultz formait une paroisse distincte avec des annexes, puisque Diethelm, rector et presbyter m villa et in parochia Sulsa, préside à la fondation de Thiercnbach en 1135, puis à la prestation du voeu solennel des habitants de cette localité et des églises et chapelles dépendantes de la paroisse de Soultz, en 1138.

Grandidier cite un IJaldemarus, pUbanus de Sutse, qui signa, en 1202, une charte de l'évêque de Strasbourg en faveur du monastère de Schwartzenthann *).

Tout cela infirme les assertions de Herler qui veut que Soultz ne se soit formé qu'en 1254, autour du!

I) Cbroniqae d'Et>«rsmunit<r. i) Arch, de l'Bvëche à S»v«rn«.


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château de Buchncck mitt Stifftung ein besnndre pfarrkirch.

L'existence de la paroisse de Soultz au Xtil* siècle est certaine, car Ulric, comte de Ferrette, tenait en fief le patronage de l'église de Soultz et céda ce fief en 1230 aux frères Walter et Burkard, comtes de Horbourg «). Les mêmes seigneurs de Horbourg sont cités comme tenant ce fief en 1254 *). A ce moment le curé, plcbantis, est un prêtre nommé Hcrthold, cité en 1254 et 12553).

Plus tard l'évêque (le Strasbourg, à qui appartenait l«i collature de la cure de Soultz, reprit ce fief et le garda jusqu'à la Révolution. La paroisse de Soultz faisait partie du diocèse de Bile, et elle était incorporée au doyenné citra Colles Ottonis. Le curé, incuralus ecetesie Stelse, figure pour la taxe de 15 sols bâlois dans les comptes du sous-collecteur de l'évêché de Bâle en 1302-13044). En 1340 nous trouvons la cure de Soultz érigée en rectorats). Un pouillé de 1394, conserve aux archives départementales de Colmarfy taxe le recteur de Soultz à 70 marcs, de même que le liber martarum de l'évêché de Bâle de 144t.

La paroisse de Soultz comprenait, avec la ville, les villages de Jungholtz, Rimbach-Zell et Kimbach, et le hameau de Dicfenbach et des Verreries du Ballon. Wuenhcim formait une paroisse distincte, dont le magistrat de Soultz était le collateur, mais pendant les fréquentes vacances de cette cure, elle était administrée par le recteur de Soultz. Dans les temps de guerre, les paroisses de R.xder*heîm et de Hartmarisvillcr

l) Archive» d\n«brr,ck, n« 5J0. a) TtotitiAT, I, p. 605.

3) lf>., f, p. 605, 631.

4) KuscH, IVpitliche Krtleheirun in OtnfiMitJ, t«tr. de« arch. du Vatican.

5> TtotlLLAT, III, 51;. 6) C 47.


— 8 —

venaient aussi se réfugier dans celle de Soultz. Il en

résulte que ses registres paroissiaux contiennent des

actes qui concernent les habitants de ces différents villages.

Rimbach-Zell forma une paroisse distincte en 1784,

Rimbach eut son église et son curé vers 1870. Les

Verreries avaient au XVIIe siècle une chapelle dédiée

à saint Antoine, mais ce n'était qu'un ermitage qui

tomba bientôt en ruine. Quant à Jfungholtz, il y avait

dans ce village une chapelle dédiée à sainte Claire.

Mais il ne forme paroisse distincte de Soultz que

depuis 1880; son église est celle de Notre-Dame de

Thierenbach.

1

Nous ignorons comment était construit le bâtiment primitif de l'église paroissiale de Soultz. Mais la ville devenant importante, il est probable que l'église qui existait au moment de sa constitution municipale, devint trop petite, et, d'autre part, que les bourgeois voulurent élever à Dieu un temple digne de la ferveur de ces temps. La première pierre de cet édifice fut posée à la fin du Mil* siècle ou au commencement du XIVe. C'est alors que l'on vit s'élever le magnifique bâtiment en grès des Vosges, aux proportions d'une légèreté remarquable, que l'on admire encore aujourd'hui. Son orientation est très précise.

Son plan figure une croix latine dont les bras sont formés par le transept. Le chevet du choeur est coupe carrément comme dans les édifices du XIIIe siècle, au lieu de présenter une abside circulaire. La voûte en berceau croise en ogive surélevée est soutenue par des nervures arrondies qui émergent des colonnes engagées dans les quatre angles. Celles-ci sont munies de chapiteaux à crochets avec entablement fortement taillant Les arcades murâtes reposent également sur de minces colonnettes accolées aux piliers des angles et munies de chapiteaux semblables. La clef de voûte est ornée d'un Agnus Dei et d'une tête.


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Le choeur est éclairé sur chacune des trois faces par une fenêtre étroite et haute à trois lancettes surmontées de trois cercles.

L'arc triomphal repose sur deux puissantes colonnes avec chapiteaux à crochets et entablement largement saillant, sur lesquels reposent également les arcades qui ouvrent les bras du transept.

Celui-ci est aussi couvert en voûte croisée soutenue par des colonnes d'angles comme au choeur. Cependant ici les chapiteaux sont ornés de fc.ilf ge, et, tandis que les colonnes du choeur n'ont pas de l .-e, celles du transept ont des bases octogonales. La clef de voûte du bras sud est ornée d'un voile fie sainte Véronique. Ils sont éclairés par des fenêtres à i.us meneaux, comme au choeur. Au nord et au sud, deux grandes niches à arcades gothiques semblent avoir été destinées à des tombeaux. Le sol du transept, de même que celui de la nef est d'une marche plus bas que celui du choeur ; nous verrons plus loin que ce sol a été exhaussé et que le choeur dominait autrefois de trois marches.

La nef centrale s'élève élégamment au-dessus de deux petites nefs latérales. Elle a quatre travées. Dans les deux premières, la voûte en berceau croisé, ogivale, repose sur trois forts piliers constitués par des faisceaux de colonnettes avec chapiteaux à feuillage et entablement, les bases sont octogones et les clefs de vcûte ornées, mais les arcades qui les séparent des bas-côtés émergent déjà des piliers sans l'intermédiaire de chapiteaux, ni de consoles ; de même les demi-colonnes des bas-côtés manquent de chapiteaux. Les fenêtres qui éclairent la nef dans ces deux travées et dans les bascôtés correspondants, sont à deux lancettes géminées, surmontées d'un simple cercle. Les deux travées suivantes reposent sur deux piliers et deux demi-piliers octogones à moulures prismatiques qui se continuent sans chapiteaux le long des arcades jusqu'à la clef de voûte; celle du dernier compartiment porte les armes


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de Robert de Bavière, évéque «le Strasbourg (1471-78): écartelé a-.i premier et au quatrième de gueule à la bande d'or (armes «lu landgraviat de la Basse-Alsace), au second de sable au lion rampant d'or (palatinat du Rhin), au troisième losange d'argent et d'azur mis en bande (armes de Bavière). Les fenêtres de cette dernière partie sont décorées de meneaux flamboyants. Deux chapelles ont été accolées à chacune des aisselles «le la croisée et s'ouvrent sur les bas-côtés. La clef «le voûte du compartiment de la nef latérale nord qui correspond à la chapelle, est décorée d'armoiries mi-partie d'azur et «le gueule à «îuatre lleurs «le lys tigées «l'or et issanl «le la partition «leux à «leux.

Les chapelles latérales très simples sont à l'intérieur «le forme pentagonale irrêgulière, à cause «les contreforts «lu transept. Les voûtes reposent sur les murs sans consoles, et elles sont éclairées par une fenêtre ogivale sans meneau. Les clefs de voûte sont en forme d'écus.

Le portait principal n'a aucune importance architecturale et contraste péniblement avec ce que promettaient les premières parties de l'édifice.

La porte ogivale a le tympan sans ornement ; on y voit une inscription moderne qui a peut-être remplacé une partie détruite à h Révolution. Cette porte s'ouvre sur un porche étroit à cintre surbaissé, «lont l'intrados est orné d'un réseau «le nervures à section piriforme encaissant de profonds caissons et émergeant «le colonnettes «>ctogones sans chapiteaux.

Plus intéressant est le portail sud qui s'ouvre sur la deuxième travée de la nef. Les voussures sont ornées de beiles crosses végétale*, et le tympan à deux compartiments superposés présente en bas-relief, dans la partie supérieure, saint Maurice à cheval et armé en chevalier comme sur le grand sceau de la ville «le Soultz. Dans la partie inférieure est une adoration «les Mages. Contre le mur extérieur contigu de la chapelle est un


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mauvais bas-relief représentant Jésus au Jardin des Oliviers (XVIIe-XVIIIe sièclej. Cette partie était autrefois couverte par un auvent que l'on a heureusement fait disparaître. Dans la troisième travée nor«l est également ouverte une porte latérale ogivale sans aucun ornement, mais portant la date de 15O2.

Les contreforts sont surmontés «le pinacles pyrami«laux très simples, les arcs-boutants sont sans caractère. On voit, fixés au contrefort qui est contigu à la porte latérale sud, les anciens étalons «les mesures «le longueur à Soidtz; et contre celui «le l'angle sud-ouest est accroché le Klapperstcin, la pierre «les mauvaises langues, sous la date 1489 qui se trouve également reproduite sur le linteau intérieur du grand portail.

t'ne élégante sacristie est placée «lans l'angle «lu ch«eur et de l'aile nord -i« • ■•ar«scpt. Elle est quadrangulaire et l'intrados «le I? •- te «„st décoré «l'un splenilide réseau de nervures'éuiLig- nt t.e consoles d'angles et «l'une colonnetle centrale à fût en torsade. Les clefs de voûte sont ornées d'un S?int-Esprit et d'une tète. Sur la pointe du pignon Est «le l'église est le tratlitionnel nid «le cigognes, sur celle des trois autres pignons sont «les cioix en fer plantées sur de* boutons en pierre très simples.

Le clocher octogone s'élève'sur la croisée; on y monte par un escalier tournant placé* dans une tourelle à l'angle du ch«eur et «le l'aile sud du transept. H est à «leux étages ; le premier est décoré de fenêtres ogivales à deux lancettes surmontées «l'un quatrc-feuilles et au-dessus règne une galerie avec gargouilles. L'étage supérieur est également orné de Suit fenêtres à meneaux flamboyants, et la seconde galerie qui le surmonte est à jour avec antéfixes aux angles. Sur le côté su«l de la galerie, un ovale plein porte à l'extérieur un écusson chargé d'un triton autour duquel on lit cette inscription :

DANIEL Dl MARET TA1LLEVR DE PIHRE

et sur la bande «le l'appui 16 f 10. A l'intérieur «le la


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balustrade, sur le même ovale, un écusson porte encore: DDM. ANNO MDCX.

Le clocher est surmonté d'une pointe effilée et aiguë, terminée par un bouton doré, sur lequel est fixé une croix en fer forgé qui porte la date de 1738; le tout est terminé par une étoile ou soleil et un croissant de lune formant girouette. M. Knoll donne tes dimensions suivantes :

Hauteur de l'église au transept 17 " 30, épaisseur de la voûte du clocher 4" 74, hauteur du premier étage 8° 87, du deuxième 6ai5, de la flèche 26™, total: 63 B oO. La boule dorée a o ■ 64 de diamètre et o ■ 42 de hauteur. La croix a 2* de hauteur et le soleil o"so de diamètre. Les dates que Knoll a données pour la construction de l'église ne reposent sur aucun fondement certain. A notre avis, le plan général et le choeur appartiennent encore à l'art gothique primordial, ou du XIIIe siècle, le transept appartient à une époque de transition, et les deux premières travées sont évidemment du XIV* siècle. Après la destruction du village d'Alsviller la ville s'étant accrue de la population de ce village, on sentit la nécessite d'agrandir et d'achever l'église. Le style des deux dernières travées et du portail appartient au gothique tertiaire ou flamboyant, les armes de Robert de Bavière qui ornent la clef de voûte, placent la date de cette construction postérieurement à 1471, et la date de 1489 marque l'achèvement du portail 1). L'étage inférieur de la tour appartient encore au XIVe siècle. Quant à l'étage supérieur, la date de sa construction et de son achèvement nous est donnée d'une manière certaine par un document trouvé dans la boule terminale a). Ce document annonce •que l'exhaussement de la tour d'un étage est du com0

com0 de Uivière, éreqne de Strubourg, vitt 1 Soullt «a 1480, -d'aprei ttttu*, Cknnifue, fol. |8;».

1) Voy. ta traduction Kei-tn d'Altatt, I8S6, p. tio.


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mencement du xviie siècle et que la pose de l'étoile et de la lune a eu lieu le jeudi-saint 31 mars 1611. La galerie supérieure fut posée en 1610, d'après l'inscription qu'on y lit et qui nous donne le nom de l'artiste qui exécuta ce travail. Il porte un nom français et probablement bourguignon. Le document nomme les directeurs de l'oeuvre : le bailli Guillaume Pierre de Landsperg, le prévôt Théobatd Wendt, le greffier Pierre Schlitzvvcck et Florian Riedin, conseiller, aile vier Bail' meister dis Wcrks. Un acte donné par Trouillat '), daté du 22 avril 1343, nous donne peut-être les noms des constructeurs du transept et de la partie de la nef qui appartient au XIVe siècle. Ce sont deux personnages qui figurent dans cet acte comme témoins : maitre Nicolas, tailleur de pierres, et Cruxhus, maître de l'oeuvre à Soultz. M. Gérard n'a pas hésité à donner à ce dernier le titre d'architecte de l'église Saint-Maurice, et il en fait un élève de l'école d'Erwin de l'oeuvre Notre-Dame de Strasbourg. Cette hypothèse trouverait une base dans les nombreuses marques de tailleur de pierres que l'on voit sur les piliers de cette partie de l'édifice. On sait que ces marques ont été adoptées par les membres de la loge des maçons de Strasbourg. Les quatre piliers du choeur ne portent avec ceux du fond qu'une demi-croix de Malte et ceux de l'entrée une croix de Malte entière sur chacun. Les piliers de la nef au contraire, portent : la paire qui touche au transept, et le suivant du côté nord, jusqu'à treize marques différentes sur le même, parmi lesquelles cependant se retrouve la croix de Malte. Le pilier sud de la deuxième paire n'a que 4 marques, le pilier nord de la troisième paire n'en a aucune, tandis que celui du sud en porte 7. La quatrième paire qui est du xv* siècle,, en porte l'un 6 et l'autre il; enfin cinq marques se voient encore sur le grand portail. L'usage de ces1)

ces1) p. jo8.


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inarques s'est perpétué longtemps, puisque les deux colonnes qui supportent la tribune et qui sont du XVIIIe siècle, poitent chacune également une marque de tailleur de pierres, même plus compliquée que les plus anciennes. Je ferai remarquer que les croix que l'on voit sur les piliers du choeur et sur les premiers de la nef sont peut-être îles croix de consécration.

On a cru posséder le procès-verbal de cette consécration. M. Gérard a été trompé par la glose que Trouillat a mise en tête d'un acte du 16 octobre 1346 qu'il a publié '). M. Krauss a reproduit cette erreur et il est étonnant qu'il ne s'en soit pas aperçu, car il a donné le texte même : Cliorm/t et Uare summum in eapella de Sults, ordinis Cistercics ,ium, in honore béate- Marie virginis. Une église paroissiale n'est pas une chapelle et n'a jamais appartenu à un ordre régulier ; de plus, l'église de Soultz est consacrée à saint Maurice et non pas à la Vierge. Cependant saint Maurice figure à côté «le la Vierge comme patron du maîtreautel en question ; de plus quatre autres autels sont consacrés l'un à saint Jacques et aux apôtres, un autre à la sainte Croix et aux saints martyrs, un troisième à saint Martin et aux saints confesseurs, le quatrième -à sainte Catherine et aux saintes vierges. 11 a existé dans l'église de Soultz des autels consacrés à ces saints et saintes excepté à saint Martin. Néanmoins nous ne croyons pas à une erreur dans l'acte lui-même, d'autant plus qu'il a bien existé à Soultz une chapelle appartenant aux Cisterciens du Lieu Croissant et consacrée à la sainte Vierge.

La consécration de l'église de Soultz a toutefois dû avoir lieu vers cette époque, mais antérieurement *\ 1340, où il existait déjà un autel de la sainte Croix dans l'église.

1) tu, p. 5S6.


En effet, nous avons l'acte par lequel l'évéque de Bâle Jean Sehn autorise le chevalier Berthold Waldner à ériger et doter pour le remède de son âme et l'augmentation du culte dans l'église paroissiale de Soultz, un autel /// pariete et per parietem ante altare Sanctoe Crucis, pour y célébrer une messe quotidienne et perpétuelle. Le fondateur se réservait pour lui et ses héritiers masculins le droit de nomination à cette prébende ou, à leur défaut et sans préjudice du droit ultérieur de ceux-ci, la présentation d'un chapelain à cette prébende pouvait être faite par le recteur alors existant de l'église paroissiale «le Soultz. Le chapelain ne pouvait garder aucune oblation pour lui, parce qu'elles appartenaient toutes à la paroisse, et il ne devait rien faire qui portât préjudice aux droits de cette paroisse; de plus il devait prêter son concours autant que possible au recteur pour les cérémonies du culte. Et pour l'entretien de cette prébende, le chevalier Berthold faisait don des biens suivants : une maison sise à Soultz à côté du pont qui mène au château et contigue à la maison du seigneur Pierre de Bollviller; la partie antérieure de cette maison devait servir d'habitation au chapelain, et la partie postérieure devait être louée pour la somme d'environ 4 livres deniers annuellement, sur laquelle toutefois devait être payée la rente annuelle de 9 sous qui est due sur cette maison à l'hôpital de Soultz. Item une rente annuelle d'une demi-charrette de vin blanc récolté dans une vigne de 12 schatz appelée Nunnenburgergarte, sise au lieu dit in dem Rode, ban de Soultz ; item une rente annuelle de 11 quartauts moitié seigle et moitié orge, des champs situés au même ban que cultive un nommé Bruchseckcl pour cette dite censé. Item 2 schatz de vigne situés au ban de Soultz in Tcrubelberge et qui appartenaient à un nommé Zibolle. Item la rente annuelle d'une livre denier assise sur les biens du nommé Kunig de Hartmansviller. Cette fondation a été faite du consentement de Berthold, évêque de Strasbourg, et de


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Jean Erlun, recteur de l'église de Soultz. Elle est datée du 7 mars 1340. Il s'agit vraisemblablement ici non seulement de la fondation d'un autel, mais encore de la chapelle latérale sud qui a servi de sépulture à la famille Waldner dont les armes se voient à la clef de voûte. Elle était consacrée à saint Jean l'évangéliste d'après le Uber marcarum, à saint Jean-Baptiste d'après d'autres documents plus récents.

Les termes de l'acte (per parietem) font voir que la construction de cette chapelle a eu lieu postérieurement à cette partie de l'église. C'est du reste ce qui ressort de l'examen de la construction elle-même. Il en résulte ainsi que nous le disions précédemment, que le choeur, le transept et la première travée de la nef tout au moins étaient construits avant 1340. Mais l'église était encore en construction sans doute pour l'achèvement de la deuxième travée et du premier étage de la tour, puisque Cruxhus, l'architecte de cette partie est cité en 1343.

La chapelle latérale nord; consacrée jusqu'à ces dernières années à sainte Marie-Madeleine, aurait été fondée, d'après Berler, par Marckward de Schônenberg, bailli de Soultz, le dernier de sa race, et qui, étant mort en 1490, aurait été enseveli su Sults in die p/arkyrchen fur synen gestifftcn attar in sanet Marie Magdalena capétien. L'écusson qui orne la clef de voûte s'est trouve complètement effacé, on y a peint les armes de Mgr. Stumpf, évoque de Strasbourg, au moment de ta récente restauration.

Dès avant l'année 1394, une chapeltenie de sainte Marie Madeleine avait été érigée dans l'église de Soultz, car le pouillé de cette époque, cité plus haut, mentionne le chapelain de cette prébende. Elle est rappelée en 1414 par un acte où Peter Herweg et son épouseEylse et Heinrich Stolle avec Grede, son épouse, bourgeois de Soultz, vendent à Conrat von Nutlingen, chapelain de l'autel de sainte Marie Madeleine au nom*


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de ladite prébende, une rente d'un florin d'or assise sur différents biens et achetés pour la somme de 10 florins »).

De plus, dans une constitution «le rente du lundi veille de saint Ottmar 1467, nous trouvons rappel de rente en faveur de la prébende de maître Jean Henelin de l'autel de sainte Marie Madeleine dans l'église paroissiale.

Il y a donc une erreur «le Berler, à moins que celui-ci ait voulu parler d'un autre autel érigé dans la même chapelle.

Il y avait, en effet, dans l'église paroissiale de Soultz, en outre des deux prébendes de Waldner et «le sainte Madeleine, plusieurs autres autels prébendes.

Dans un acte du 29.janvier 1347, il est fait mention du chapelain de l'autel de sainte Catherine dans l'église de Soultz. H se nommait alors Pierre de Saint-Ursannc*).

Dans un autre acte du 30 avril 1355 nous trouvons cite le chapelain de l'autel de saint Michel.

Le pouillé de 1394 donne la liste suivante des prébendes existant alors. L'ortlre suivi est peut-être celui de leur ancienneté : le chapelain de la sainte Croix, de saint Michel, du prévôt, «le sainte MarieMadeleine, dé sainte Catherine, du Corps «lu Christ, de saint Jacques, du sire de Waldner..

Ije IJber tnarcaruni de 1441 ajoute à ces prébendes celle de sainte Marie, et une autre qualifiée Corporis Christi de tiotto. La prébende de la sainte Croix est indiquée comme la même «jue celle de la messe de l'aurore, celte du prévôt est désignée Sculteti Trium Regum, et celle de Waldner, sous le vocable de saint Jean l'évangéliste.

Un jugement d'acceptation du testament de feu Caspar Sachs, ancien greffier de Soultz, et de son fils

1) Arch. de SODIK. î) TaotltXAt, III, p. 843. L'tiliie i* S»*t t


i8

Jean, chapelain de la prébende «le la Vierge à l'église paroissiale, fait don à ladite prébende «l'une maison destinée à loger le prébcndicr à condition de chanter chaque année, le mardi après la fête de saint Martin, une messe avec vigile. Cet acte est daté du 3 octobre

»474 ')•

De nombreuses constitutions de rente ont été faites eir faveur «le la fondation de la messe de l'aurore de 1494 à 1601 *).

Un papier sans date, mais présumé de la première moitié du XVIIe siècle, porte une distribution à faire de la rente «le 15 florins dépendante de l'autel fondé par la demoiselle Agnès Ilindtn de Kentsingcft, récemment, est-il dit.i). Cette rente, provenant d'un capital de 300 florins, était estimée à 18 livres 5 sols. On devait donner 10 livres au chapelain qui célébrait chaque semaine une messe sur cet autel, à raison de 4 sols par messe, et si le chapelain manquait une célébration, l'argent en devait être distribué aux pauvres. Le reste, soit 8 livres 15 sols, était destiné aux frais d'anniversaires, ou distribué en aumône de la manière suivante :

Au curé pour célébrer l'anniversaire et l'annoncer en chaire 13 sols. A deux chapelains qui le servent chacun 5 sols, soit 10 sols;

Au maître d'école 3 sols 4 «lenicrs;

Aux écoliers 3 sols 4 deniers;

Au bedeau qui devra, le jour de cet anniversaire, placer un drap sur la tombe de ladite demoiselle et deux cierges allumés : 3 sols 4 deniers;

Pour le luminaire 1 livre 15 sols ;

Au marguillicr pour faire la distribution et sa peine 10 sols;

I) Arch. de Soolti.

1) Arch. de SonlU.

3) Il y avait, en 1665, dm< l'église paroissiale an autel dédié à saint Sébastien, et comme il ne figure pas parmi cenx dit ponilté, on peut supposer que c'est celai qui lut fondé, par cette demoiselle.


— 19 —

A distribuer en aumônes aux pauvres gens 4 livres 15 sols •).

La fondation de cet autel portait à douze le nombre ries autels érigés dans l'église de Soultz A part le maître-autel, ils étaient placés dans le transept, les chapelles latérales et la nef.

Il semble qu'il y avait primitivement un chapelain pour chacune de ces prébendes, mais comme les revenus qui y étaient attachés diminuaient de valeur avec celle de l'argent, ils ne suffirent plus à l'entretien de tous ces prêtres, et dès le commencement du xvit* siècle, la plupart d'entre elles, du moins, furent réunies entre les mains d'un seul chapelain, car à partir de 1620 nous voyons des constitutions de rente en faveur de la chapelnie, sans autre désignation. Cependant la prébende de la chapelle des Waldner resta toujours distincte et à la'collature de cette famille noble.

Le 4 juin 1777, l'évéque de Bâle autorisa le magistrat de Soultz à faire diverses réparations dans l'église et à réduire le nombre des autels de 12 à 7. En sorte que les petites fondations de sainte Madeleine, de sainte Catherine, de saint Michel, «le saint Jacques et de la sainte Croix furent réunies sur l'autel de sainte Madeleine qui porta désormais l'image de tous ces saints. Les 7 autels qui restaient étaient donc le maître-autel, ■celui du prévôt des 3 Rois, de sainte Marie Madeleine, du Corps du Christ de novo, de la demoiselle de Kentzingen, des Waldner et de sainte Marie. Quatre étaient placés, par deux, dans chacun des bras «lu transept, celui de sainte Madeleine et'celui des Waldner, chacun dans sa chapelle. La boule placée à (a pointe du clocher contient dans une boite en métal des documents de différentes époques que M. Knoll a copiés et qui ont -été publiés dans la Revue d'Alsace. Le plus ancien que .nous avons déjà cité est le procès-verbal de l'achève1)

l'achève1) de Soultr.


as

ment de la tour en i6n. En 1610, on avait placé une horloge dans la tour. C'est du moins la date que portait l'ancien cadran, longtemps suspendu dans l'intérieur de l'église.

\JO second document annonce qu'en i6»S une tempête arracha la barre de fer aussi grosse qu'un bras, qui soutenait le soleil et la lune et les fit tomber dans la cour du presbytère qui était alors la maison Bint, au chevet de l'église. Le 27 octobre 1639, date du procès-verbal, la ville répara le bouton en cuivre doré, et le. fit surmonter d'une croix en fer avec une étoile et la lune dorées, dans laquelle on plaça une petite croix en pierreries et quelques autres objets «le piété. Le troisième document rappelle qu'en 173S 0:1 répara la toiture de l'église et que l'on redressa la croix ébranlée par les intempéries; le bouton, l'étoile et la lune furent refaits en cuivre «loré au l';a; on les replaça le 27 octobre avec les objets qu'ils contenaient précédemment après que le bouton eut été béni solennellement par le curé Christophe Rieden. Cette dorure coûta 400 livres tournois, dont la moitié fut recueillie par le curé et le chapelain Schmitt parmi les fidèles paroissiens. Le quatrième document atteste que le 20 octobre 1738, le bouton, l'étoile et la lune ont été fabriqués en cuivre par Tobïe Beltz, qu'ils pèsent ensemble 50 livres quiont été payées à raison de 36 sols la livre, soit (/> livres monnaie. Le bouton a été doré au feu par M. Klein de Neuf-Brisach, pour 400 livres, avec l'aide d'Ignace Aulen, tonnelier et bourgeois de Soultz.

En 1720 on reconstruisit le maître-autel et les fenêtres du choeur. Les orgues ont été construites en trois ans par Jean Daniel et Jean André Silbermann de Strasbourg, suivant accord conclu le 23 octobre 1741. Elles sonc à trois claviers à mains et un clavier de pédales et se composent de 1S3S tuyaux. Le facteur s'est engagé à fournir tout le nécessaire, ainsi que le buffet en chêne et les deux anges; le matériel devait être chargé par les soins de la ville au Ladhof de Colmar,.


— *l —

■le tout moyennant 7*00 livres tournois et 6 mesures -de vin.

Les recettes produites par la vente des bois de la vieille tribune, ainsi que par celle des coupes faites • dans la forêt et affectées à la construction des orgues, s'élèvent à 10.530 livres, 10 sols, 3 deniers, et les dépenses totales à 7673 livres, 18 sol», S deniers. La charpente et la menuiserie de la tribune ont été exécutées par Maurice Muller; les deux colonnes en pierre qui les soutiennent ont été fournies par Joseph Hodel. La grille ou balustrade a été faite par Frant* Kayser pour 60 livres!}.

H est fait mention dans les registres paroissiaux à la date de 1657, d'un nouveau baptistère. Le premier enfant qui y fut baptisé en grande solennité le 31 janvier était Jodocus Reinold, fils de noble Jean Conrad de IJodeck et de noble dame Hélène de Molina, italienne. Les parrains furent le très noble et très puissant Jodocus Hopftener de Breutt, conseiller intime de l'archiduc Léopold d'Autriche et pour lors commissaire du général-lieutenant Reinold de Rosen de Bolhviller, l'autre parrain fut M. Henri Braun. Les marraines demoiselles Marguerite de Rose d'Isenbeim et Kenabel de ■Rosen de Bollwiller, cette dernière remplacée par Anne Judith de Landcnberg.

En 1777, l'église fut réparée extérieurement, le sol de la nef fut rehaussé pour en ôter l'humidité, et recouvert de dalles, ainsi que celui du choeur. Ne serait-ce pas dans cette restauration que disparut le monument de Berthold de Waldner. C'est probablement dans la -chapelle des Waldner que se voyait autrefois le tom.beau du fondateur. Il a été représenté dans ÏAlsat* illustrée de Schoepflin (grav. de P. J. Lutterbourg, 1753) •et reproduit encore dans la traduction Ravenez. Le

1) Arcb. de Soalu.


— *l —

chevalier y est désigné par Schoepflin avec le titre tWqins iCauraîus. Son tombeau le représentait armé de toute pièce, le corps enveloppé d'une cotte de maille, la tête couverte du bassinet et reposant sur un casque, orné d'une tête couronnée, comme cimier, et d'un voile ilottant, les genoux protégés par îles genouillères. La cotte de maille était recouverte d'une tunique fendue, sur laquelle une dague pend à une chaîne mise en sautoir. Les pieds reposent l'un sur un lion, l'autre sur un chien ; à gauche du chevalier était son épée avec le ceinturon et les gantelets; à droite deux écussons, l'un aux armes de Waldner, l'autre avec un chef et un pal. L'inscription en lettres gothiques du XIV* siècle portait: t AXO. DXI. MCCCMXLUI. II. NON. AVGSTI. H'hTO \V i IALD11MILITIS ■). Le lion était couché sur une montagne et le chien sur une sorte de piédestal hexagonal renversé. C'étaient sans doute les symboles des ennemis vaincus par le chevalier. Il était grand-bailli du ilaut-Mundat*}. Grandidier cite encore dans cette chapelle la tombe d'Ursule, comtesse ai Nellenburg,. épouse de Conrad de Waldner, morte en 1390, et le mausolée en marbre de Madame de Waldner, morte en 1764.

C'est évidemment après 1753 qu'a disparu le remarquable et beau monument représenté par Schoepflin. Grandidier parait l'avoir encore vu, Madame d'Obcrkîrch également, en 1783, où elle en parle dans ses Mémoires (mais on sait que ces mémoires sont en partie apocryphes). D'après Grandidier, « la tombe de JJerthold de Waldner fut ouverte en 1767 (ou plutôt en 1777,. ce qui confirmerait notre hypothèse sur la disparition de cet intéressant monument. En 1767, Grandidier n'ai,-ait eu que 15 ans), et on y trouva l'os de la jambedroite... Nous avons vu, dit-il, cet os dans la sacristie

l) Militfr eit p«ot-é:r« une mauraîse lecture, car on ne comprend pas bien ce génitif.

3) WALTII, Ait ni 1 tuf trier upalla. Gnebwilier, Boitte, l$<>|, p. $»..


— *3 —

«le l'église de Soult/, ain^i que l'occiput de son crâne et deux autres parties du même qu'on nomme os bregmatis » »}. A notre tour nous avons vu ces mêmes ossements, en 1879, dans les archives île la famille de Waldner.

Louise Françoise, lieuse de Vologer, épouse de Dagobert de Waldner, « est décédée en son château d'OIlviller le zi août 1764, et a été inhumée à Soulu dins la chapelle fondée par la maison de-Waldner, le 24 » *).

On a retrouvé dans cette chapelle et redressé contre le mur une dalle funéraire, qui mesure 2° 11 Xo°Si, sur laquelle se voient les armes de Waldner et de Vologer et au-dessous l'inscription suivante :

llir ruhet | in cott | die wchtand hochgcbohrne gravin | Frau LVDOVICA FRAXCISCA [ gebohrne DE VOLOGER gnegemahlin | des hoch gelioren grafen und herrn | Christian friderich Dagobert ! graven V. Waldner v. freindstein | GEXERALLIEVIEXAX rderkônîgliche Armée | Corn 4" und grosscreutz one | des ordens DV MERITE MILITAIRE | o!>rist uber ein schwutzerregiment | herrn in Olhveylcr biesheim | und andercr orten | welche den ai" 3 Augusti 1764 [ in seinem schloss Ollveyller | in dem 73"" Jahr ihres alters [ in dem herrn entsschlaflen | und eine frôhlichc auferstehung erwartet 3).

Quant au mausolée en marbre dont parle Grandidier et dont le dessin se trouve dans les archives de la famille de Waldner, a-t-il jamais existé autrement qu'en projet?

La délibération suivante de la municipalité révolutionnaire en date du 5 février 1792, ne nous apporte guère d'éclaircissement : < Sur la demande du S. Lâcher

1) GtiXDiMK», //«/. a'Ah., I, p. 33, n.te 4. Siratbourg, 17S7. 2).Ace de décèt, Reg. par. de Soulii. 3) Ah. «/, 477.


i\

il est décidé que l'autel de la chapelle de Waldner sera remis à son ancienne place et que pour cela l'épitaphe de fru madame de Waldner soit déplacée, maïs sur les réquisitions du procureur Schelbaum, elle s'oppose à ce que ledit épitaphe soit enlevé de l'église, et que les travaux soient mis au compte de la commune».

La simple dalle que nous connaissons n'avait pas besoin «l'être déplacée pour que l'on puisse poser un autel, à moins que l'on n'ait pas voulu la recouvrir. La tombe de la comtesse Ursula de Nellenburg a été déplacée; c'est une simple dalle aussi qui se trouve actuellement dans l'angle sud-est du transept. L'inscription alentour est très effacée. Nous avons pu lire encore en caractères (gothiques «lu XIV* siècle:

f HIE LIGT (FKOWj II GREVIN VOX

NE | ï.LENTIVRG li .... il ... . (CCQLXXXX «). Sur le champ de la pierre est un simple écusson chargé d'un sautoir et «l'une rose en chef. Deux plaques commémoratives ont été placées dans la chapelle des Waldner pour rappeler les sépultures de Ilerthold et d'Ursule de Nellenburg. Lorsqu'on a levé le dallage de cette chapelle lors de récentes réparations, on a trouvé une grande épée de fer toute rouillée qui a été remise à la famille de Waldner.

On remarque encore dans l'église de Soultz, les pierres tombales suivantes:

Dans le bras sud «lu transept la dalle funéraire de Gabriel llilleson, grand-bailli de Guebwiller, décédé le 18 août 1618»). Dans le bras nord, une épitaphe rappelle la sépulture de dame Catherine Sitter, veuve de Henri d'Anthès, décédée le 16 mars 1751, et de son fils Conrad Alexandre d'Anthès, décédé le 10 septembre 1726, à l'âge de 17 ans.').

l) Altol. stp, 71.

z) lb.. »J».

j) ">•» 435- l-a date da i: atn e»t ine erreur.


— ?5 —

A coté se voit I épitaphe de Jean-Philippe d'Anthès, «lécédé le 21 décembre 1760, à l'âge de 61 ans 5 mois»}. Elle est surmontée des armes des d'Anthès : un écusson chargé de trois épées liées. ,

Dans le bras sud se trouvent encore l'épitaphe de François Joseph Jmmelin, bailli «le Soultz et de BolJwiller, décédé le 2ï mai 177S à 0$ ans»), surmontée de ses armes consistant en un écusson traversé d'une bande chargée de 3 abeilles. A côté se voit l'épitaphe d'Elisabeth Meyer, veuve d'Antoine Bach, prévôt de Soulu, décédée le 10 avril 1779 à l'âge «le «/> ansJ).

Au-dessus de l'inscription sont les armes des Bach et des Meyer accolée»; Bach porte une croix cramponnée et Meyer trois monts avec deux branches «le muguets issant de celui du milieu.

D'autres personnages étaient encore ensevelis dans l'église, mais les monuments qui recouvraient leurs cendres ont disparu. On les retrouverait peut-être sous le dallage de l'église.

Les registres paroissiaux font mention des sépultures suivantes in templo parochiali:

D. Jean Lambelet de l'ordre de saint Benoît, prieur de Thierenbach, enseveli le 22 mars 1664.

Marie Françoise Kâmpflin d'Angroth, ensevelie le 25 mai 1670.

Anne Marguerite Kâmpffin d'Angroth, née de Ridiesheim dans le bas-palatinat de Landenburg, ensevelie le 29 mars 1673.

François Adam Wormbser de Fândtenheimb, ancien capitaine dans l'armée française, enseveli le 15 mai 1673.

La veuve Sara de Reinenburg, ensevelie le 24 décembre 1674.

0 AU. «/., 4(6. *) th., 5c I.

3) tt>., $13. Il faut ajouter apte* la date du dectt b ligne eUlh *** 90.


— ï6 —

Jean Caspar Kempf d'Angroth, grand-bailli de Soultzr enseveli le février 1675.

Jacques Henri de Breitenlandenberg, jeune homme de Soulu, enseveli le 23 février 1675.

Jean Christophe de Breitenlandenberp. jeune homme décédé à Thann, enseveli le f> avril 1O75.

Claire Anne Marie «le Kaggenc-ck, ensevelie le 15 avril 1675.

Marie Louise «le Valbois Dumays, épouse du marquis de Vau'>écouit et de Choiseul, maréchal-«le-camp, «lécédée au château d'Ollwiller le 12 juillet 1774 et ensevelie le jour suivant dans l'église, à côté de la chapelle de Waldner ').

M. de Mullcnheini-Rpchberg prétend avoir vu «lans l'église «le Soulu la tombe «l'un noble «le Mullenheim, avec armoiries et épitaphe illisible»;.

Berler cite avec la sépulture «le MarquarJ de Schônenberg dans la chapelle «le Sainte-Madeleine, décédé en 1490 le dernier de sa raceJj, celle de l'ierre de l'faiïenheini, qui fut enseveli le 2 des calendes de mai 130S, et «le Albert de ReguishMm, décédé en 1528, le «lernier de sa race aussi et enseveli dans la chapelle latérale 4).

Nous avons encore trouvé parmi les pièces «lu procès «le Waldner, aux archives de Souk/, mention de l'épitaphe de Michel l'faiïenlapp de Still, bailli de Soulu, décédé le to «lécembre 159Ï à l'âge de 56 ans S).

I.e curé «le Soulu, «l'après Berler, avait le droit de porter un camail (Chorcapp), orné d'un cordonnet de soie rouge ou verte, en vertu d'une bulle du pape Félix donnée au concile de Bàle. Il était assisté d'un vicaire dès le Xlll* siècle.

1) Reg. par.

ai /Suit, ut nui. khi., dcutièa* »éne, XI, p. 177.

3) Fo». 19$».

4) BtRlEl, fol. 37$; AU. te/., 74.

5) Kcvut d'Attact, 1900, p. îoS; 4it. trf., JOJ.


L'un de ces recteurs, toujours d'après Berler, Herman de Diersteim, avait doté le rectoral de Soultz «l'un beau domaine «le champs, prés, etc.

Les revenus paroissiaux étaient administrés, nous l'avons dit, par un «les conseillers d-j magistrat qui portait le titre de Kirchmeycr ou marguHlier; un bedeau, «lont nous avons aussi détvii les attributions, complétait le personnel attaché à l'église.

IA dotation de la paroisse et «le 1a cure «le Soultz était certainement fort belle. Il s'y ajoutait le revenu «le nombreuses fondations ii'ar.vversaires et d'autres institutions pieuses, comme la célébration «lu Miserere pendant le carême, la sonnerie «le la grosse cloche le» jeudi soir en mémoire «le U Passion, usage qui existe encore, la fondation de Schauenbourg, etc., «lont le total s'élevait en 1725 à 112 livres 14 sols.

La ville payait au vicaire en I7«x» la somme de 11 livres 10 sols.

En 1770, la paroisse était exemptée d'impôt sur 540 livres 10 sols tournois «le rente foncière, 5 mesures iG litres de vin, 14 pots d'huile, 4 setiers de farine, et le curé sur 18 livres 8 sols «le revenu et sur 4 schatz de vignes. La paroisse percevait en différentes dîmes 579 livres en 17S9.

Nous manquons d'autres documents pour établir les revenus de la fabrique paroissiale. A la réorganisation du culte la municipalité estimait, le 5 avril 1803, que les revenus que possédait la fabrique avant la Révolution, se montaient à 1100 livres, chitTrc un peu inférieur au total des rentes estimées ci-«lessus.

Les biens de la cure de Soulu ont été estimés, erv 1790, de la façon suivante: La dîme en vin, d'environ 600 mesures . 3000 liv. La dime en grains de différentes espèces,

50 sacs 500 liv.

La dime en foin, 200 quintaux . . . 300 liv.


_ a8

La dime en chanvre, 30 livres. ... 30 liv. La dîme en navette, 4 boisseaux. . . 24 liv. L'n corps de biens, situé dans le ban de Meyenheim, affermé à raison de 12 sacs de grains de trois espèces.

Un autre corps de biens situé dans le ban de

Merxheim, possédé par bail emphytéotique, par Jean

Ilolder dudit lieu, rapportait par an 2 sacs de seigle.

La colligente tant en argent qu'en poules pouvant

rapporter 26 livres.

La colligente rapportant en vin 22 mesures. I«a fabrique payait pour anniversaires 220 livres. Le curé retirait en outre de l'hôpital, en seigle 5 sacs, et en avoine 5 sacs.

La fondation du Miserere, Salve, et la présence rapportait 12 livres, 13 sols, 6 deniers.

Les biens fonds de la cure consistaient en une maison, petit jardin, grange, écuries, hangard et cour, le tout d'un demi-arpent, plus 3 schatz de vigne au Finkcnmatt ').

Par contre, la cure supportait les charges suivantes ») :

Au curé de Wuenheim.... 700 livres. La charge d'un vicaire . . . . 600 livres.

Impositions 260 liv. 6 s. 9 d.

Au chapelain 4 sacs de seigle.

Rente foncière au chapitre rural

sur 3 schatz de vignes. . . 4 livres. Les différentes prébendes réunies entre les mains <*';n seul chapelain en 1789, possédaient les revenus suivants :

I) Le jardin coooanal donne actuellement en joai-sance au csrt et qui e»l ato* entre l'hôpital et l'ancienne léproserie, était une dépendance de cette dernière, d'où il pana entre le* maint du «are Bint, poit fat tUi le 26 fevr. 1784, a la ville de SoalU. (A. S.).

a) Déclaration do care UMbela dd 10 avril 1790.-


Î9

Seigle 5 sacs SU.

Mcteil 4 sacs.

Orge 3 sacs.

Avoine 2 sacs*

Vin de particuliers. . 7 mesures. Poules ....... 2

En fondations «l'anniversaires perpétuels : 78 livres, 12 sols, 11 deniers.

En rente de 96 particuliers : 89 livres, 13 sols, 4 deniers.

En anniversaires «le la confrérie de saint Sébastien : 134 livres, 16 sols, 6 deniers.

La chapelnie possédait encore une maison avec un petit jardin contigu, plus deux autres petits jardins.

Le revenu total était estimé 740 livres. Par contre le chapelain était obligé avec les autres prêtres «l'assister aux vêpres, de dire, toutes les fêtes et «limanches, la première messe, plus annuellement S grand'mcsses et 153 basses-messes; enfin pour chaque membre «le la confrérie, le jour suivant sa mort, une messe.

Le prébendier devait aussi annuellement 12 livres, comme salaire, au collecteur des rentes.

Quant au chapelain de Waldner, ses revenus consistaient à la même époque en 1/4 de dime aux cantons Orschwillerberg, Hasfeld et prairie Saint-Georges. Il possédait en outre une prairie dite Ruetschmatt, laquelle censait à la commantlerie de Saint-Jean à Soultz 4 schillings et une poule. Enfin la ville de Soulu lui payait une rente foncière de 16 livres, 13 sols, 6 deniers. .Le tout était estime à 1909 livres, 6 sols, 8 deniers.

Le presbytère appartenait à l'évêque de Strasbourg, comme collateur, d'après l'urbaire de 1578. Il était situe sur le cimetière, mais depuis quelques années, le curé ayant une maison à lui, n'y habitait pas. Ce presbytère fut du reste incendié, pendant la guerre de Trente-Ans, et l'évêque de Bàle dut écrire, le 29 novembre 1638, à l'évêchè «le Strasbourg, pour lui exposer que depuis 23 ans cette maison était restée dans cet état et que


— .;•> —

les curés étaient forcés de se loger ailleurs à leurs frais ; il insista pour «iue l'évèché tle Strasbourg, à qui incombait les réparations comme collateur «le la cure, veuille bien les ordonner. L'évêque «le Bàle qui s'était adressé à la chancellerie «le l'évèché «le Strasbourg à Saverne, «lut revenir à la charge et écrivit, le 14 février 1661), «lirectement à l'évêque «le Stras!>ourg tjui lui répondit «le Vienne, le 14 avril suivant, «ju'il allait «lonner des or<!res pour «ju'il soit pourvu «l'urgence à la reconstruction «lu presbytère •;.

Xous ignorons si cette reconstruction fut faite sur l'emplacement «le l'ancien presbytère ; mais la maison «lui servit «lésormais de «lemeure curiale jusqu'à la Révolution, était située «lerrière le chevet de l'église. Elle existe toujours et appartenait récemment encore à la famille Bint, «lescendante collatérale du dernier curé. C'est bien une construction du xvir siècle. Le presbytère actuel est du XVI* siècle; c'est une ancienne habitation noble avec viorbe, probablement la cour «le Mullenheim. Elle se trouve «lans la rue Saint-Sébastien, non loin du grand portail de l'église.

En 1544, les bourgeois de Soultz eurent un différend avec le curé Wolf Pauler. L'évêque «le Strasbourg, Erasme «le Lîmbourg, ayant «lemandé des explications sur les plaintes du curé, au prévôt et au conseil de Soultz, ceux-ci répondirent qu'ils avaient cité le curé par devant le conseil et l'avaient interrogé article par article :

Sur ce qu'il avait dit que «les personnes ayant fait six foudres de vin n'avaient pas livré plus de trois .cuves (bittic/i) de dime au lieu de douze qu'elles devaient, le curé répondit qu'il avait entendu dire cela, mais qu'il ne se rappelait plus par qui, un soir à Hartmanswiller. Le magistrat s'engageait alors à faire condamner à l'amende de 20 florins quiconque serait convaincu de .n'avoir pas livré la dime qu'il devait. '

l) Arch. de SoolU.


— „,l —

2" I* curé s'étant plaint «iu*il avait eu de grands frais pour faire rentrer les «limes, le magistrat réplique que les «lécimateurs communs avaient coutume «le nommer les «limiers (sekeniUkneekt), chargés «le la recueillir et leur faisaient prêter serment. Naturellement il fallait payer ces «limiers, car ils ne voulaient pas faire ce travail pour rien; au reste le curé était libre «le chercher qui veuille le servir gratis.

y II s'était plaint cju'on ne lui payait pas les oftramles des Quatre-Temps, et qu'il n'avait reçu à la Pentecôte dernière «me 18 batz, quoitm'il ait eu 9 communiants. Le magistrat ayant interrogé différentes personnes, tout le monde était unanime à dire <iu'il n'y avait que 6 communiants. De plus la communauté tout entière se présentait fidèlement avec son offrande. Quant aux étrangers «mi venaient en grand nombre chaque année pour travailler à la journée, on ne pouvait les forcer à payer l'offrande.

4» Il s'était plaint d'être obligé chaque QuatreTemps «le donner un repas aux prêtres et à quelques conseillers. Or il était obligé «le donner le déjeuner (Morgenimbiss) aux chapelains, aux prêtres et au maître«l'école qui l'avaient assisté à la messe, et ceci non seulement aux Quatre-Temps, mais à toutes les grandes fêtes. Quant aux conseillers, aucun n'avait jamais demandé à assister à ce repas ; s'il en avait invité quelques-uns, c'était toujours de son plein gré, et du reste ils lui avaient rendu ce repas.

I«es l>ourgeois des deux tribus devaient à chaque Quatre-Temps une bouteille de vin et pas des plus petites, c'était une charge onéreuse pour les pauvres bourgeois, et aucun curé ne l'avait exigé avant lui. Tout au plus aux Quatre-Temps invitaient-ils, du haut de la chaire, à lui en apporter, sans en faire d'obligation.

5* Le curé se plaignait du peu de rendement des accidentalia et des ofrertoria, le magistrat ne pouvait


forcer personne «le la communauté à donner à l'offertoire quotidien.

Le curé devait aussi donner au chapelain «le la prébende «le saint Jean-Baptiste, à la Saint-Simon et Ju«le, 8 llorins, i foudre «le vin et 21 rézeaux «le seigle. C'était un juste salaire pour la charge remplie avec zèle par ce chapelain. Du reste cette cjuestion était à «lébattre avec lui sans immixtion du magistrat. Ce dernier n'avait pas non plus à s'occuper de ce «me le curé «levait «lonner à l'évêque «le Bile fro framis, beneficiis et sigillo.

Le curé se plaignait encore «l'être obligé «le donner annuellement 15 florins à Jean Eischbach ; le magistrat n'avait pas à s'en occuper, car le curé avait accepté la cure avec toutes ses charges, et aucun curé ne s'en était plaint avant lui.

Il s'était plaint aussi «me maitre Jean Eischbach aurait laissé le presbytère et différents biens «le la cure dans un état déplorable, c'était une chose dont le magistrat n'était pas responsable, n'ayant pas à s'occuper du ménage «lu curé.

Le magistrat termina en espérant que Mgr. l'évêque voudrait bien prendre ces explications en considération et It «Iécharger «les plaintes formulées contre lui. Du reste il s'engageait à payer régulièrement ce qui était «lu au curé comme les «limes et les offrandes des Quatre-Temps, mais qu'en retour celui-ci devait exercer son ministère avec zèle et chrétiennement, au lieu de chercher querelle à ses ouailles •/.

Comme on sent bien «lans tout cela l'esprit «lu siècle, l'esprit du Protestantisme! D'un côté un prêtre imbu de toute l'autorité que peut donner un caractère sacré, cependant attaché aux biens de la terre, tracassier et avare, d'autre part un corps de magistrats, issu d'une jeune bourgeoisie, sentant en lui une force aussi," un

I) Coll. KnoU.


— 33 —

esprit d'indépendance, donnant volontiers une leçon à son curé, légèrement gouailleur au besoin. Il s'en est peut-être tenu à un fil «me la bourgeoisie de Soultz, imitant celles des grandes villes de la province, n'ait mis le curé à la porte et n'ait embrassé la Réforme.

Tout se calma cependant, grâce évidemment à la bonne politique de l'évèché de Strasbourg. D'autres soucis réclamèrent la sollicitude et l'activité «lu magistrat.

Il fallait rétablir l'ordre dans l'administration publique, veiller au triste fléau de la sorcellerie, lutter contre les épidémies qui sévirent à la fin du siècle et au Cvmmencement du suivant et que suivirent les horreurs de la terrible guerre «le Trcwte-Ans.

Au "moment où la guerre atteignit Soultz, le curé était un enfant de Guebvviller, Nicolas Meyer, nous perdons sa trace à partir «lu 5 janvier 1636.

La peste et la famine, jointes à un froitl vigoureux, plus encore que la guerre, semaient la mort et la désolation ; il est probable que le curé succomba à son tour, ou qu'à l'exemple de beaucoup, il émigra en Suisse. Ce n'est que le 9 juillet 1G40 qu'un nommé Nicolas Erbardt de Masse vaux, revenant d'exil à Xcufchàtel, fut investi de la cure vacante de Soultz. Des notes succinctes, insérées dans les registres paroissiaux, peignent en quelques mots l'horreur de la situation créée par cette guerre. Le curé Erhardt mentionne le petit nombre d'habitants resté dans la région à la suite des désordres de la guerre. Après lui.de 1G42 à 1647, le curé de Soulu baptisa les enfants de Hartmansvviller, de Wuenheim, et même de Rx'dersheim, ce qui indique que ces paroisses n'étaient pas encore pourvues «le prêtres.

Les mêmes registres nous apprennent que le 22 août 1679, deux mille personnes environ furent confirmées par Mgr. Jean Caspar Schnopf, sufl'ragant de l'évêque de Baie. Ce grand nombre de confirmés indique que depuis de longues années on n'avait pas administré le sacrement dans la région.

L'rf'ht •!• Sesîta *


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Nous avons dit que le patron de l'église et de la paroisse de Soulu était saint Maurice. Le jour de la fête de ce saint était strictement observé et sanctifié à l'égal d'un dimanche sous peine d'amende, ainsi que le témoigne le procès suivant:

Joseph Mcchler et Antoine Loetscher de Wuenheim avaient fait travailler à Soulu le jour de fa SaintMaurice 1787.

Accusés de ce fait devant le bailli de Soultz, ils dirent pour défense «que de tout temps les gens de Wuenheim ont travaillé le jour de la Saint-Maurice, ce jour n'étant pas fête chez eux ; que par contre ceux de Soulu travaillent de même le jour de la SaintEgide, patron de Wuenheim, et ils traversent même ce jour-là le village de Wuenheim avec leurs voitures et grand bruit, tout près de l'église pendant le service divin ; même ce qui est une espèce de scandale. Au lieu que les défendeurs n'ont scandalisé personne, ayant labouré et ensemencé leur champ dans un endroit écarté assez loin de la ville de Soulu (au lieu dit Kaltacker) ».

Mais le procureur fiscal répliqua « que si des particuliers de Wuenheim ou de Soulu ont travaillé les jours de fête dans l'un ou l'autre de ces endroits et n'ont pas été mis à l'amende, la raison en est parce qu'on n'a pas fait de rapport au demandeur; mais cet abus ou ce scandale n'a pas autorisé les défendeurs à suivre un mauvais exemple et ne doit pas les soustraire de l'amende encourue, ayant travaillé «lans le ban de la ville ».

Le t2 février 1788, ils furent condamnés chacun à G livres d'amende et aux dépens.

Et J. Mechler écrivit sur les pièces du procès l'annotation suivante : Il est défendu «le travailler à Soulu le jour de la Saint-Maurice. Pour le savoir, cela m'a coûté 13 livres »).

1) Commanique pir M. C. Oberreiner.


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A partir de l'année 1647, le rectorat de Soultz fut occupé d'oncle à neveu par des membres de la même famille jusqu'à la Révolution.

On a vu que l'inféodation des charges civiles dans «ne même famille, qui formait ainsi une sorte de patriciat dans la commune, fut une des causes qui -amenèrent les bourgeois de Soultz aux idées révolutionnaires.

Dans le domaine religieux, la même cause, pour ■être moins évidente, n'en fut pas moins certaine. Ainsi lorsque les assemblées municipales furent instituées en 1787, le curé qui devait y représenter le clergé, n'assista qu'à la première réunion, puis, imitant le bailli, qui ne s'était pas présenté du tout, on ne le revit plus dans cette assemblée. Néanmoins la municipalité sembla rester en bons termes avec le clergé. Il est vrai que le 22 novembre 1788, elle refusa le traitement payé jusqu'alors à ceux qui prêtaient leur concours aux processions du 2 mai et de la Fête-Dieu, ce qui occasionnait une dépense de 320 livres par an. Déjà au commencement du siècle les représentants du peuple s'étaient élevés contre cette dépense où il semble en effet qu'il y ait eu abus.

Cependant le il août 1790, fa municipalité accordait une nappe et des toiles cirées pour le grand autel de l'église et deux cordes de bois pour la sacristie. Le 20 décembre 1789, l'évêque de Baie autorisa par décret le recteur de Soultz à faire sonner aux messes les jours ouvriers comme les dimanches et fêtes. Le 3 janvier 1790 furent proclamés à Soultz les décrets des 19 septembre et 14 novembre 1789, dont le premier prohibait la disposition de tous les bénéfices, à l'exception des cures, et le second concernait la conservation des biens ecclésiastiques.

Le 5 février 1791 on reçut à Soulu la loi du 26 décembre 1790 sur le serment à prêter par les évêques et autres fonctionnaires ecclésiastiques publics. Le curé de Soulu quitta alors la ville, ne voulant pas


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prêter ce serinent, et la paroisse fut administrée par les chapelains : l'abbé 'Huilier et l'abbé Diirr. C'est à l'abbé Thellier, faisant fonction «le vicaire, que le 19 février la municipalité' remet les lois à publier au prône, et, le 2<> février, la loi «lu 23 janvier en réponse au bref du pape.

La municipalité hésita cep rtlant longuement à faire prêter un serment rtui devait amener le schisme dans la commune et y révolter bien «les consciences. Elle s'y «lécid.i cependant le 22 avril l'jiji, et commença par le couvent des Capucins. « A la consternation des délé-gués municipaux » sept pères et un frère refusèrent de prêter le serment constitutionnel et «le reconnaître l'évêque «le Colmar nouvellement élu. Quatre pères cependant et cin«| frères acceptèrent «le se soumettre aux lois. On temporisa encore jusqu'au 2 mai pour le clergé séc«ilicr. A cette «late, « le -S' Jac«|Les Diirr, ci-ilevant chapelain «le la ville, se présenta à l'assemblée municipale, disant «pie le S' Wilhclm, curé «le cette ville, l'avait prié hier au soir «le faire en général toutes les fonctions curialcs, sans «pi'il lui ait dit pour combien «le temps ; «pic pour «>l>liger le curé et principalement la communauté, il lui aurait promis «le faire lesdilcs fonctions, ce «lont il avait cru devoir informer la municipalité.

< Sur «pioi, vu la déclaration ci-dessus faite et étant informé que le Sr Wilhelm curé a quitté- la ville aujourd'hui à «piatre heures «lu matin, l'assemblée considérant l'embarras «lins lequel la commune se trouve relativement aux fonctions curialcs et prévoyant la cessation de ces fonctions, attendu «pio le S' Diirr, ci-devant chapelain, en sus «le sa déclaration ci-dessus, et sur l'interpellation à lui faite, s'il entendait, en sa qualité d'administrateur et comme devenant fonctionnaire public, prêter le serment prescrit par le décret «lu 27 novembre dernier, reconnaître M. l'évêque élu pour le département «lu If.uit-Kliin, recevoir les saintes huiles et s'en servir près des malades en cas de besoin; nous a déclaré


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<l'une air embarrassante (sic) ne vouloir et ne pouvoir répondre autre chose à ces cpicslious, sinon «|u'il ne voulait point être administrateur, que son âge et sa santé ne lui permettent pas d'en faire les fonctions (i| avait 5O ans], ce «|u'il en faisait actuellement était par zèle et pour obliger la communauté.

< Dans la circonstance notre dite assemblée a statué cjue mondit S' l'évéfjuc sera incessamment informé «le la [losition «lans laquelle se trouve la communauté- de Soultz, relativement aux fonctions curiales, à c|uel effet copie «les présentes lui sera envoyée, le suppliant de vouloir bien provisoirement et en attendant qu'il sera procédé aux élections des curés, nommer pour administrateur à la cure de Soultz, les ci-devant pères capucins nommés Simon et Joseph Antoine ou tel autre qu'il lui plaira pour «jue le service se fasse et ne chôme pas.

« Et attendu «jue le mariage de la fille «le Chrétien I(entier «le cette ville a été publié au prône dimanche «lernier en vertu «le dispense «Il ci-devant évêque de la Haute-Alsace, et «|ue le mariage «loit être célébré «lemain par ledit Sr Diirr, ci-devant chapelain, nous avons requîs ce dernier «le ne point célébrer le mariage, à moins «|ii'on lui fasse aparoir les dispenses de M. l'évêque Arbogast Martin, à peine «l'en répondre.

« Le 4 mai, en vertu d'un acte «le nomination «lécerné par M. Arbogast Martin, évêque du Haut-Rhin, et son conseil du 3 courant, le S' Simon, ci-devant •capucin, est nommé administrateur «le la paroisse «le Soultz, et le S'Joseph Antoine, vicaire agréé, ci-devant capucin, lesquels ont promis «le prêter le serment requis aussitôt que les paroissiens seront assemblés et ont signé : P. Simon, P. Joseph Antoine ». (Arch. de Soultz, «lélib. mun.).

Ces «leux prêtres «jui figurent parmi les capucins de Soultz, qui ont prêté le serment, se nommaient «le leur nom de famille, l'un Richard, l'autre Mogunlz. «Ce dernier fut définitivement élu curé constitutionnel


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de Soultz, et Richard curé de Wuenheim. Toutefois* il règne une certaine incertitude sur leur identification du fait que les premiers procès-verbaux ne leur donnent que leur nom de religion, et celui de leur nomination que leur nom de famille. Voici ce dernier:

e Cejourd'hui, 31 juillet 1791, vers les 9 heures du matin, en l'église paroissiale de cette ville de Soulu, le Sr abbé Moguntz, ayant été nommé par le corps électoral du 18 courant curé de la paroisse de cette ville et reçu en conséquence l'institution de M. Arbogast Martin, Evêque du département du Haut-Rhin, suivant acte d'institution du 28 courant, que ledit S' abbé Moguntz a produit et lequel lui a été rendu, après lecturefaite, le conseil général dp la commune assemblé en ladite église a installé ledit S' abbé Moguntz, en sadite qualité de curé en face des paroissiens qui se trouvaient assemblés en grand nombre en ladite église, le tout à la manière usitée et requise et encore en présence du Sf Burgunder, curé de Guebwiller, qui a fait les cérémonies spirituelles usitées, de quoi a été dressé le présent procès-verbal,, lequel ledit abbé MogunU a signé avec nous les officiers municipaux : MogunU, Beiger, maire subrogé, Bernard, procureur de la commune, Simon et Bouillon ».

L'installation du clergé constitutionnel n'eut pas lieu cependant sans protestations; aussi le 1" juin le sieur Beiger avait-il cru devoir produire à l'assemblée municipale un discours en réfutation d'une prétendue bulle d'excommunication du pape intitulée : Gegenred die fine guetke catkoliscke abcr patriolische geistliehkeit dm ein'À'ohnern der bciden reiniscken departcmentern suider die fierseh und Habsucht der Italienischen geistlick grosscantzUy su lesen rat/tel.

e L'assemblée municipale, après avoir mûrement lu et examiné ladite réfutation et le trouvant fondé sur principes et en état de faire de bons impressions sur l'esprit de la populace et les faire revenir de l'erreur dans lequel il a été plongé par des gens malintentionnés, statue que ledit discours sera publiquement lu au.


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Prône et ensuite envoyé au club de la ville pour que le Président en fasse lecture également».

Naturellement cette lecture ne fit pas grande impression sur les partisans de l'ancien régime. Ainsi le 16 août < la municipalité dénonce à l'accusateur public du district de Colmar qu'un nommé François Neef tenait des propos séditieux, scandaleux et blasphématoires, disant que (O^î les prêtres indistinctement qui ont prêté le serment, principalement ceux qui ont quitté leur couvent et accepté des cures et autres bénéfices, étaient grands hérétiques, que tous les actes qu'ils faisaient en fait de religion étaient de.; sacrilèges, que les sacrements qu'ils administraient étaient nuls, que celui du mariage était un concubinage défendu et qu'il fallait rebaptiser tous les enfants qui avaient été baptisés par ces prêtres hérétiques, que tous ceux qui entendaient leur messe étaient des hérétiques comme eux, que s'il était forcé d'entendre la messe d'un prêtre juré, il croirait qu'au moment qu'il lèverait l'hostie, que ce prêtre a le diable entre les mains et qu'il brûlerait la cervelle à ce prêtre sur l'autel même, et autres séditieux et indécents propos contre l'évêque de Colmar et les prêtres qu'il ordonnait. Ce particulier a été amené par la populace en la maison de ville où il est détenu jusqu'à ce que l'on ait eu des instructions de Colmar ».

C«? Neef était un parent d'un ancien officier des armées io/aics qui avait été commandant de la Garde nationale à Soulu au commencement de la Révolution. Il était d'une famille très religieuse et dévouée à l'ancien état de choses. Peut-être est-ce l'officier lui-même qui se nommait François Laurent et mourut à Soultz, âgé de 70 ans, le 14 novembre de cette même année.

D'un autre côté le curé Moguntz porte sur Ie3 registres paroissiaux le décès de Marie-Anne Gittviller, épouse de Maurice Busch, âgée de 51 ans, qui refusa les sacrements comme administrés par des prêtres constitutionnels hérétiques.


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Le 4 mai, après la nomination des administrateurs constitutionnels de la cure, l'ancien chapelain Diirr leur avait remis les registres paroissiaux en cours qui se trouvaient à la sacristie, disant ignorer où étaient les autres. Le Sr Winniger, marguillier, ayant été appelé, déclara «jue ces livres se trouvaient à la maison de l'ancien curé Wilhelm. L'assemblée s'y transporta, trouva la maison vide et démeublée, sauf trois chambres fermées à clef; sur leur rétiuisition, la dame Bind, bellesoeur de M. Wilhelm, ouvrit ces chambres et leur remit vingt et un volumes contenant les actes paroissiaux antérieurs, plus trois registres contenant les anniversaires, après quoi les administrateurs Simon et Antoine furent installés à la maison curialq.

Désormais c'est à l'église paroissiale que non seulement sont publiés les textes des bis nouvelles, mais encore que les citoyens s'assemblent pour les différentes élections et pour prêter les serments civiques.

Le il janvier 1792. le curé MogunU dit qu'il a célébré pendant l'Avent une messe à 7 heures, comme depuis quelques années ; que cela devait être une fondation, et il en demande le paiement. La municipalité n'ayant aucune connaissance de ceci, cite le sieur Larger qui a payé cette messe jusqu'ici. Celui-ci déclare que sa sneur I-ouise, religieuse aux Unterlinden «le Colmar, avait désiré faire célébrer une messe de Rorate, celle-ci étant déjà fondée au couvent, elle avait «lemindé à l'évêque de Bàle l'autorisation d'en dire une avec exposition du saint Ciboire à Soultz, ce qui avait été accordé, que le sieur Larger recevait 35 livres par an pour les remettre au curé à cet effet, mais «iue depuis trois ans «jue sa soeur était morte il ne iccevait plus rien, ce qu'il avait déclaré au bedeau.

Le iK décembre suivant, le curé MogunU annonce à la municipalité que des âmes pieuses voulaient la célébration d'une grand'messe chaque jour de l'Avent, offrant d'en payer tous les frais; la municipalité répond que loin de s'y opposer elle y adhère avec plaisir. On


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voit que le clergé constitutionnel avait fini par se faire accepter au moins par une partie de la population.

Le 2 février 1792, les chapellenies ayant été supprimées, la maison du chapelain avait été louée pour trois ans au profit de la commune.

Le 5 mars 1793, nous trouvons fonctionnant à Soultz, en outre du curé MogunU, l'abbé Welté, l'abbé Sutter, ancien bénédictin de Ihierbach, et l'abbé Paul, ancien père capucin. De plu;, le 14 mars la municipalité délivre des certificats de civisme aux anciens religieux suivants : Georges Muesch et Mathieu Hug, anciens frères capucins, rés'-'ant depuis le 1" mai au couvent de Thierbach ; Nicolas Werner, ci-devant frère capucin ; Madeleine M.-cges, ci-devant religieuse aux Unterlinden ; Anne-Marie Hunckler, ci-devant choriste à l'Engelport; Joseph Antoine Moguntz, curé à Soultz ; François Antoine Welté, vicaire ; Chrétien Sutter, ci-devant bénédictin de Cluny; Joseph Daigue, ci-devant père capucin; Jean Conrad Cromer, bernardin de l'abbaye de Sturtzelbronn; Jean Lutt et Nicolas Wottly, ci-devant frères capucins, résidant tous à Soultz depuis le 1" mai dernier.

Le 14 avril, elle en dé-livre encore à Tobie Beltz et Jacques Schnciderlin, les deux anciens frères capucins demeurant à Soulu depuis un an ; à Françoise Witschger et Barbe Strehlé, ci-devant choristes à Ensisheim, demeurant à Soulu depuis six mois ; enfin à Henriette Immelin. ci-devant choriste à Saverne, «lemeurant à SouîU depuis le 27 décembre dernier.

Bientôt cependant le culte constitutionnel devait être proscrit à son tour. Le 21 juin 1792, la municipalité avait reçu la loi relative à l'enlèvement des cloches «les églises, mais elle ne s'empressait pas de l'exécuter. H faut que le 7 octobre 1793, le citoyen Jamet, commissaire de la Convention, se présente pour faire enlever les cloches. On lui déclare qu'il en existe quatorze, tant à Soulu cju'à Wuenheim. Il en ordonne le transport au Ladhof de Colmar, le sieur Antoine Durrwell


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est chargé de l'exécution de cet ordre, On verra qu'il put en sauver deux qui restèrent à l'église paroissiale, et une à Wuenheim.

Le 7 novembre suivant, sur la réquisition du procureur de la commune Bouillon, la municipalité nomme les citoyens Antoine Durrvvell et Joseph Seib commissaires : ->ur procéder à l'enlèvement des croix, «chapelles, ex-votos et autres monuments semblables, en exécution de l'arrêté «lu département en date du 3 brumaire an II (24 octobre 1793) ')•

Le 30 brumaire (20 novembre 1793), la municipalité nomme les citoyens Antoine Kessler et Xavier Baur pour dresser l'inventaire des objets d'or et d'argent qui se trouvaient à l'église et l'envoyer au district, en exécution de l'arrêté du représentant du peuple près l'armée du Rhin, en date du 17 brumaire.

A partir du 9 décembre il semble que le culte soit entièrement aboli à Soultz. Dès le 6 mai on avait interdit les processions hors du ban. Le ;i nivôse (31 décembre 1, on institue le culte de la Raison, mais dans la chapelle de la Commanderie, et non dans l'église paroissiale. Et le 28 thermidor (5 août 1794), le citoyen Vergnet, garde-magasin des fourrages militaires, requiert la municipalité de lui accorder la ci-devant église pour emmagasiner Gooo quintaux de foin.

La municipalité « ayant pris en considération les besoins des armées et le bien de la République et ouï l'agent national, a accordé ladite église pour un magasin à foin. En conséquence elle arrête que dans le moment tous les charpentiers et menuisiers de la commune seront requis jusqu'à ce qu'elle soit débarrassée de tout ce qui pourrait gêner à y emmagasiner ledit foin ».

l) O* corami«Mi'e« a'aeq .itèrent au**i fiier» oolteoent de leur oeUvoii, ar Seauc-.up de nuit, de «hiptl'e» rura!<<, d'iuuge» pieu»?;, antérieure* a la R*tntutir>ri, étalent enc««e. tant dir,» la vilte que 4an» la caiap>gne de Soultz.


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Le 23 ventôse (13 mars), la municipalité, en exécution d'une circulaire du district, avait fait défense de chômer le ci-devant dimanche, à peine d'être dénoncé comme fanatique.

D'autre part, le 22 thermidor (9 août) elle avait décidé de célébrer la fête du 10 août 1792, dans le Temple de l'Etre suprême ; c'était la chapelle de la Commanderie, puisque l'église paroissiale était transformée en magasin à fourrage depuis le 5 août. Quelques jours après, elle avait promulgué les lettres du représentant Foussedoire ordonnant à nouveau la disparition des chapelles et emblèmes religieux dans les lieux publics et à l'extérieur, défendant les sonneries de cloches. Quant au curé constitutionnel MogunU, il avait été arrêté, et il figure parmi les déportés à Besançon du 10 thermidor (28 juillet/, au 23 vendémiaire (14 octobre) 1794. On ne le revit plus à Soulu. Voici ce qu'en écrit l'évêque Berdolletle 29 novembre 1799: «Je dois vous rectifier une erreur qui s'est glissée dans les renseignements que je vous ai ci-devant adressés sur les questions consignées dans les Annales de la Religion, tome II, p. 253, concernant le Haut-Rhin, où il est dit que le nommé Moguntz, devenu curé à Soultz par la Révolution et qui s'est marié, avait convolé à un second mariage après la mort de sa femme; maïs il est faux que sa femme soit morte et qu'il ait contracté un nouveau mariage; il vit avec sa femme du côté de Wissembourg, où il est à ce qu'on m'assure commissaire du Directoire ». (Grégoire et l'Eglise a>nstilutionnelle d'Alsace, documents inédits publiés par A. Ingold, 1894).

Le 19 brumaire an III (9 novembre 1794), le conseil général, sur la demande de plusieurs citoyens, autorise la sonnerie des cloches le matin, à midi et le soir pour prévenir les gens tjui sont aux champs. C'était une manière déguisée de sonner l'Angelus; le sergent «le ville fut chargé de cette sonnerie.


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Le 26 ventôse (16 mars 1795), Joseph Antoine Hurth, ancien détenu à Chaumont, revient à Soulu. Il prête le serment civique le 9 floréal (28 avril 1793). On pouvait prêter ce serment sans contrevenir aux ordres du pape. Ce prêtre était un enfant de Soultz où il était né le 17 octobre 1735: ancien Jésuite, il avait été chapelain à Watlwiller, après la destruction de son ordre, jusqu'à la Révolution ; puis il était resté caché dans le pays, distribuant aux fidèles catholiques les secours «le la religion. Dénoncé, il avait été arrêté et reclus pendant la Terreur. Il avait alors 62 ans. Il mourut retiré à Soultz en 1813. Ce prêtre zélé, aussitôt revenu à Soulu, s'occupa d'y restaurer le culte, non sans péril ; ainsi sur la réquisition de l'agent national, la municipalité fit disperser les enfants qui s'c-taient assemblés le 16 prairial (4 juin; pour célébrer la FêteDieu par une procession, contrairement à la loi du 3 ventôse sur l'exercice extérieur du culte et ordonna une enquête sur les auteurs de cet acte d'insubordination.

De son côté, le clergé constitutionnel se reconstitue. Le 1" messidor (19 juin 1795s la municipalité donne acte de soumission aux lois de la République aux prêtres Jean Conrad Stanislas Cromer, François Joseph Daigue, François Barthélémy Bernou, et Antoine Welté qui ont résolu de faire le service divin dans l'église paroissiale. Le lendemain, le même acte est délivré à Joseph Antoine Hurth.

Le 2G vendémiaire an IV {18 octobre 1795), les ministres du culte résidant à Soultz sont cités pour leur donner lecture de la loi du 11 courant relative au culte. Joseph Antoine Hurth déclare qu'il réfléchira pendant une décade, Antoine Welté fait la même déclaration avec soumission à la loi, Stanislas Cromer «le même, Barthélémy Bernou et François Joseph Daigue prêtent le serment.

Il paraît que l'abbé Hurth ne donna pas réponse favorable, car le 3 novembre 1795 (12 brumaire), U


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municipalité, en exécution de la loi du 4 courant qui ordonnait l'exécution des lois de 1792 et 1793, contre les prêtres sujets à la déportation ou à la réclusion, ordonne perquisition de la personne de Joseph Antoine Hurth, lequel n'a pas été trouvé à sou dernier domicile après la perquisition faite. Le 26 ventôse (16 mais 1796}, les perquisitions recommencent dans la maison du citoyen Hug pour y chercher des prêtres réfractaires, mais on n'en trouve point.

Le culte catholique romain est exercé alors dans la chapelle de la Commanderie, non sans entraves. Ainsi le 30 floréal an IV (19 mai 1796), l'agent municipal écrit au commissaire près de l'administration municipale, que malgré l'arrêté basé sur les lois, que l'administration a pris le 14 pluviôse dernier (3 février 179G), contre le citoyen Hug, propriétaire de la ci-devant Commanderie, de ne pas recevoir plus de dix personnes dans sa chapelle; il s'y tient des assemblées nombreuses et fréquentes et demande de prendre envers ledit Hug les mesures dictées par la loi. Le 3 prairial (22 mai), l'agent national revient à la charge. Mais le 10 (29 mai), les citoyens Antoine Silbermann, Joseph Hodel et George Breyman le jeune présentent à la municipalité une pétition signée par eux et encore par Breyman le vieux, David Maurice, Antoine Stocker, Antoine Widerkehr, Bint, Violand, Antoine Walterspiehl, contenant déclaration qu'ils font choix de la ci-devant chapelle de la Commanderie de Soultz, conformément aux articles XVI et XVII de la troisième section de la loi sur l'exercice de la police extérieure des cultes du 7 vendémiaire dernier. Cependant l'agent municipal, vu l'article XXV du titre 4 de la même loi et l'article I de la loi du 2 prairial an III relative à la célébration des cultes dans les édifices qui y étaient originairement destinés, ne croit pas être dans le cas de donner acte aux pétitionnaires de leur déclaration.

Le 21 frimaire an X (12 décembre 1801), Jean François Nicolas Danzas. prêtre déporté, placé en sur-


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veillance dans h commune de Soultz, promet fidélité à la constitution de l'an VIII.

Le 22 septembre 1795, une assemblée nombreuse de prêtres constitutionnels était réunie à l'occasion de la fête patronale de Soultz. Ils décidèrent de former un presbytère pour l'élection d'un évoque du HautRhin. Ce presbytère réuni à Aspach-!e-Bas le 27 avril 1796, élut Marc Antoine Berdolet, curé de Pfaffans. Le nouvel évéque fut solennellement consacré le 15 août suivant dans l'église des Dominicains de Colmar. Mais il résida à Belfort ou à Pfaffans jusqu'à la fin de l'année 1798. Le 16 mai de ladite année, un synode diocésain se réunit dans l'église de Soultz et dura jusqu'au 23 mal. On y régla différents points relatifs à l'administration des .sacrements et au règlement du ministère ecclésiastique. Le diocèse fut divisé en 8 diaconies ; Soultz fut le chef-lieu de l'une d'elles avec le C. Joseph Koenig, curé d'Aspach-le-Bas, comme diacre. Il fut décidé aussi que l'évéque, sur la demande des habitants de Soultz, et considérant qu'il ne pourrait de longtemps résider à Colmar, ferait sa résidence à Soultz.

Il vint en effet s'y installer au n° 29, maison Krafft, à la fin de 1798- Il était accompagné de l'archidiacre Jean Henri Weiss, administrateur de la cure et de Monpoint, vicaire et secrétaire de l'évéque. Le premier acte de baptême qu'il signa à Soultz est du 7 octobre

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Un second synode se réunit le 26 mai 1800 pour le renouvellement et la division des archiprétrés. Soultz devint le chef-lieu de l'un d'eux, Jean Henri Weiss, vicaire épiscopal et archidiacre et François Antoine Welté, coopérateur. On trouvera le détail de ces différents synodes dans les Documents pour l'histoire religieuse en Alsace pendant la Révolution, publiés par J. Libfin, Mulhouse, (859, et dans la publication de M. Ingold : Grégoire et C Eglise constitutionnelle d'Alsace.

Le 20 août 1800, le citoyen Mathias Hug, propriétaire de la Commanderie, fut cité devant la munteipa-


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lité pour répondre des rassemblements qui se faisaient dans la chapelle située dans son enclos pour l'exercice du culte. Hug déclara que cela se faisait en vertu d'un arrêté du département. Il fut requis de produire cet arrêté dans les 24 heures, et comme il ne le fit pas, le procès-verbal fut envoyé à l'accusateur public. C'est alors que le 3 octobre les catholiques non constitutionnels se réclamant de l'article IV de la loi du 11 prairial an III, demandèrent d'exercer leur culte dans l'église paroissiale. Le 11 octobre, la municipalité décida que le culte constitutionnel continuerait de jouir de l'église paroissiale le matin de 9 heures à midi, et le soir de 3 heures à 5 heures, tandis que l'autre culte en jouirait de 6 heures à 9 heures du matin et de r heure à 3 heures l'après-midi. Cependant lors des offices religieux les portes devaient rester ouvertes, afin que chaque particulier puisse y assister comme bon lui semblerait. Chaque parti devait jouir en communauté avec l'autre et entretenir à frais communs les autels» orgues, bancs et autres effets qui se trouvent à l'église, chaque parti aurait sa clef et la sacristie serait divisée ou possédée en commun. Tout contrevenant ou perturbateur serait puni d'une amende de 50 à 500 livres, ou d'un emprisonnement de 2 mois à 2 ans. Mais le 29 octobre, les partisans du clergé constitutionnel demandèrent à jouir de l'église de 6 à 7, et de 9 à It heures du matin, et les autres de 7 à 9 heures, et de 11 heures à midi, ce qui fut accordé, le reste de l'ordonnance du 11 restant maintenu.

L'ancien curé Wilhelm était alors revenu. Le 21 décembre le maire lu: écrit, ainsi qu'à Berdolet, pour lui signifier qu'il ne pourrait sous aucun prétexte être célébré de nuit aucune cérémonie religieuse. C'était une défense de célébrer la messe de minuit. Le 17 février 1801, le maire leur écrit encore relativement à la tenue de la prière dite Miserere. Décidant que le culte qui tient son office de 3 à 5 heures du soir, le continue jusqu'à 6 pour achever les prières, tandis que ceux


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du parti non constitutionnel jouiraient du temple de 6 à 7 heures du soir pour dire leurs prières.

Mais ces regrettables dissidences devaient enfin s'effacer devant le Concordat qui fut conclu entre Bonaparte et le pape le 15 juillet 1801.

L'évéque Berdolet fut un de ceux que le Concordat maintint dans leur dignité, mais il fut nommé au siège épiscopal d'Aix-la-Chapelle. C'est probablement à l'occasion de cette nomination qu'il fit une entrée solennelle dans Soultz, le 27 prairial an X (16 juin ISOÎ). Un rapport du maire de Soultz au préfet du dép-fement la raconte ainsi : le citoyen Berdolet est arrivé «. a cette commune le 27 prairial dernier entre 7 et 8 heures du soir; plusieurs habitants de cette ville ont été à sa rencontre avec des fusils; à son arrivée ils ont été tirés, de même que quatre petites pièces de fonte. Le lenderaein il a tenu une messe pontificale, cejourd'hui (Ier messidor) il a administré la confirmation à plusieurs enfants, même à des étrangers.

Ce ne fut cependant que le ia mai 1803, que le curé Wilhelm fut solennellement installé, après avoir prêté le serment prescrit par le Concordat, par devant la municipalité de Soultz qui en délivra procès-verbal.

Le 19 floréal (9 mai suivant}, le maire écrit au préfet en ces termes : < Le juge de paix de cette ville m'a communiqué votre lettre du 14 courant, par laquelle vous lut annoncez le plaisir que vous avez eu en recevant la sienne contenant les détails de la cérémonie qui a eu lieu lors de l'installation du curé Wilhelm. Citoyen Préfet, si j'ai tardé jusqu'ici de vous les faire parvenir, c'est parce que le juge de paix s'en était chargé, et que je voulais voir si la réunion qui s'est opérée lors de l'installation dudit curé serait réelle ou seulement apparente.

«J'ai aujourd'hui la douce satisfaction de vous annoncer, citoyen préfet, que la réunion qui s'est opérée à l'installation du curé Wilhelm prend de jour en jour de plus fortes racines et que, malgré l'opinion de


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quelques personnes, on est non seulement d'accord mais encore rempli d'une joie interne et satisfaisante de voir que le passé est oublié et que l'on ne s'occupe que du présent, avec ferveur et zèle de faire de jour en jour de nouveaux progrès pour le bien. Salut et respect. Signé : lîeiger *.

Kn effet, le jo mai l'assemblée municipale se réunit pour régler les différentes questions relatives à la réorganisation du culte. Le curé ayant déclaré qu'il se concenterait du traitement accordé par le gouvernement, tant qu'il le toucherait, le conseil fixa à 600 fr. le traitement des deux vicaires au cas où ils ne recevraient rien du trésor public. Il décida de surseoir à toute décision concernant le presbytère, l'ancien ayant été vendu par la nation. Huant aux objets nécessaires au service du culte, il fut reconnu que le rétablissement des bancs et des cloches étaient le plus urgent, pour lesquels elle vote une dépende de 10.000 fr. Il faut conclure que l'ancien mobilier de l'église subsistait encore. C'est probablement celui qui l'ornait jusque vers 1S80. Le maître-autel était en stuc et en marbre, de style renaissance, san* retable; la fenêtre qui est au chevet était fermée, sauf une ouverture ronde contenant un petit vitrail représentant une Gloire. Le pourtour du choeur était garni d'une boiserie en chêne brun sculpté, de style renaissance également. Dans chaque bras du transept il y avait deux autels, l'un de style rococo en stuc blanc et or, l'autre aussi en stuc de style Louis XIV. Des tableaux représentant des saints formater.; les retables de ces autels. Dans la chapelle Sainte-Madeleine existait encore le petit autel surmonté des statuettes des divers saints, sous le vocable desquels étaient instituées les prébendes et qui fut érigé en 1770. Dans la chapelle des Waldner, un autel très simple était surmonte d'une statue de la sainte Vierge de grandeur naturelle en bots doré, dont le style appartient au XVIe siècle. La tête n'est pas neuve comme le dit Kraus (Kttnst und Alterlum in Elsass-LothringcH),

L'ifVtt <£« So*l:l *


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mais seulement peinte à une époque moderne d'une façon qui en a altéré le caractère. Celte statue, aliénée par le conseil de fabrique avec les autels, a été rachetée par un tles vicaires, l'abbé Scheer, et a été placée par nos soins dans la chapelle du cimetière.

Enfin la chaire à prêcher en bois sculpté et marqueté était peinte en blanc et or, elle a été débarrassée de cette peinture et restaurée ; formant ainsi le remarquable travail d'ébénisterie qui existe encore aujourd'hui. C'est avec le buffet d'orgue tout ce qui reste de l'ancien mobilier de l'église.

La Révolution avait laissé deux cloches dans le clocher de notre église. L'une qui existe encore est très ancienne. Autour de son cerveau on voit une suite de saints et d'apôtres, au-dessus de laquelle est l'inscription : f Gloria in excelsis Dca et in terra pas liomitribus. Au-dessous on lit ce!le-ci : O rex glorie Christe veut nobis cuui pace. Osanna in excelsis. Anno M.CCC.LXV.

Cîtte cloche est donc de l'année 1465 (et non 1454 comme a lu Knoll qui a pris l'X pour un I). D'après une tradition, elle porterait le nom de Suzanne, mais peut-être cette dénomination ne repose-t-elle que sur une mauvaise traduction du mot Osanna.

L'autre cloche, d'après un procès-verbal consigné dans les registres de délibérations de la municipalité sous la date du 10 juillet 1804, portait autour de son cerveau l'inscription suivante : Jf. Isoreitts Pfister und M. Jacob Meyer in Basel deden viich ans grosser hits giessen iui /JSJ jar ans çroser kits det ici Jliessen. Sabada pango, Excita lentos, dissipo ventos, paco ententes, Junera plango, fulgura frango.

Elle pesait 1092 kg. 590 gr.

L'inscription qu'elle portait est intéressante à plus d'un titre, et l'on doit savoir gré au maire Beiger de nous l'avoir conservée. Non seulement elle nous donne les noms de deux artiste? fondeurs de cloches bàlois, mais encore l'inscription latine qui est imitative, rappelle


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le chant de la cloche elle-même; de plus les phrases: dissipa ventos, fulçura frango, se rapportent à l'ancien usage de sonner les cloches pendant les orages, afin de les dissiper. Cette cloche se fêla malheureusement en 1803.

Les premiers marguïllïers du conseil de fabrique furent Joseph d'Anthès, Dominique Durrtvell, et J.-lï. Richart; ils furent remplacés le 1" mars 1804 par Philippe Strchlé, Léon Beltz et Joseph Chaggué.

Le conseil municipal réuni le 16 mars 1804 vota une dépense de 574 Ir. pour réparations au clocher, 1846 fr. 50 pour celles de la toiture de l'église, 796 fr. pour celles à faire au corps interne et externe, et 1020 fr. pour la refonte de la cloche fendue. Le conseil constate que les revenus actuels de l'église sont à peine suffisants pour les dépenses journalières du culte et qu'une grande partie des capitaux de la fabrique ont été remboursés pendant le cours des assignats; il décide de faire une coupe de vieux chênes sur le retour, dans les forêts communale, jusqu'à concurrence de 6000 fr. qui seront employés aux réparations de l'église.

C'est le 10 juillet 1804 que la cloche fêlée de 15S5 fut descendue du clocher et mise en morceaux qui furent remis à Maurice David, fondeur à Soultz. Le 30 août de la même année eut lieu le baptême de la nouvelle cloche qui fut bénite par M. François Antoine Delort, chanoine de la cathédrale de l'évêché de Strasbourg, commissaire nommé par M. l'évéque, en présence de M. Félix Desportes, préfet du Haut-Rhin, de la famille d'Anthès, de la famille de Waldner et des habitants de la ville et des communes voisines. Cette cloche porte pour inscription : 'Je m'appelle Félix, mon parrain Joseph Conrad d'Anthès, nia marraih MarieAnne Ironise de ffatsfeld, David Mrurice m'a fondue au mois de juillet de l'an de J.-C. 1S04. Napoléon Bonaparte étant empereur des Français, Félix Desportes Pré/et du Haut-Rliin, François Antoine Beiger, maire de la ville de Souùs, Protais Wilhelm, curé, Philippe


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Strehlè, le docteur fJon Relis et Joseph Chaguè, administrateurs de la paroisse.

Cette cloche pèse 13.706 hectogrammes.

La petite cloche fut également fondue par Maurice David, en mai 1812; ses parrains furent M. de Bellile et Anne Marie Joséphine Suzanne d'Anthès.

Une quatrième cloche fut donnée vers 1860. Elle ne s'accorde pas malheureusement avec les trois autres.

Il est probable que le tympan du grand portail de l'église portait une décoration qui fut détruite par la Révolution. On voulut la remplacer par une inscription rappelant cette funeste période et qui devait être ainsi conçue : Post violentos décennales revolutioais tumultus pace ecclesie et Regno reddita, tfapoleone primo, francorn m imperatore çloriose régnante, tetnpluut hoc pluribus in partibus dirulum aljue mutilatum, denuo restauraiuui fuit. Anna Domini M.DCCCIV, d'après un billet retrouvé dans les registres de délibérations de la municipalité. Mais on préféra la simple inscription évangélique en allemand qu'on y lit aujourd'hui.

En 1S51, on entreprit une restauration plus intelligente du monument '/ ; la bellt pierre des Vosges qui le constitue fut débarrassée de l'épaisse couche de badigeon rose qui la recouvrait, et l'on projetait un mobilier plus en harmonie avec le style de l'édifice, ainsi que des vitraux remplaçant les simples verres qui fermaient les baies. Mais ces projets ne purent être exécutés que vers 1SS0. L'église reçut alors une restauration complète, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Tous les autels disparurent et furent remplacés par des autels en bois sculpté de style gothique. On n'en mit qu'un seul dans chacun des bras du transept, lis furent acquis aux frais de la ville pour la somme de 4.275 fr. De beaux vitraux vinrent orner les fenêtres du vieux temple. Ce furent des dons du baron de Heckeren d'Anthès,

l) Rivas XAlttct, 1851, p. 475.


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de plusieurs familles riches et de la collectivité des paroissiens de la ville. Seules les station» du chemin de croix, trop grandes pour les proportions de l'édifice, mettent une ombre à cette restauration si bien comprise d'un des plus beaux monuments religieux de l'Alsace.

Curés recteurs de Soultz.

Dtethelm, rector et presbyter 1135-38 (fond, de Thierenbach. Arch. S.}.

lïaldemarus plebanus 1202. (Grand, rnss., arch. S.).

Berthold, 1254-55 (Tr. I, 605-632).

Henri, curé, 1293 (Tr. III, 675).

Jean Erlun, recteur, 1340 (Ib., 525).

Herman, comte de Dierstetn (Berler).

Henri de Hohenstein, f <44< (1°-)-

Rudolph d'Oberkirch, f 1460 (Ib.).

Ulrich Schutz, 1511 (Arch. S.).

J. Jacques d'Andlau, f 1520 (Berler).

Jean Pfeffel, nommé curé de Rouffach le 29 mai 1541 (Walter, VA. d. Pfarrei Rufach, p. 137).

Jean Eischbach (?/ (Knoll/.

Wolf Pauler, 1544 (lb.).

Christophe Legler, 1578 (Arch. S.).

Jean Chrisostome Oschwalt, 1582-1604 (A. S.); chajiotne.de Lautenbach 1604, f 1620.

Nicolas Martin Plass, 1604 (A. S.}.

Jacob Brombach, SS. Th. B., t 1633 (Ib.).

Nicolas Meyer de Guebvviller, dep. le 26 août 16333 janvier 1636.

Nicolas Erhardt de Masse vaux, revenu d'exil à .Neufchâtel, du 9 juillet 1640, f 1642.

Laurent Wylher de Soultz du 29 mai 1642, revenu après 6 ans d'exil à Baden en Suisse.

Florian Rieden de Soultz, docteur en théologie, «chanoine de Sainte-Marie de Grandval, de Saint-Théo-


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bald ileThann et de Saint-Pierre-Ie-Vieux de Strasbourg, curé depuis septembre 1^47, vicaire général en 1654, de l'évéché île Itàle, chanoine de Délémont, archidiacre de Strasbourg et prévôt de la collégiale de Saint-Martin de Colmar, f 0 août i^Sf».

François Ignace Rieden, vicaire en 16S5, curé du 25 août tGSfi, maître es-philosophîe, chanoine de la collégiale de Saint-Martin de Colmar et du chapitre citra colles Qttonis 1730 t'A. S.>.

Christophe Rieden, chanoine de Saint-Martin de Colmar 173G à 1762, f à 92 ans le 18 février 17S5.

Beat Christophe Bint 1762. Camérier du chapitre citra colles, prieur de Saint-Vincent de Bolliviller, f le 22 décembre 1783.

M. O. A. Protais Wilhelm du 17 novembre 1783, neveu du précédent, né à Masevaux le 30 juin 174S, fils de Théobald, greffier de Masevaux, et de MarieAnne Bint. Prieur de Saint-Vincent de lîolliviller, émïgra le 2 mai 179t.

Curés constitutionnels.

Joseph Antoine Mogunt/, ancien capucin, du 31 juillet 1791, interné à Itesançon du 28 juillet au 14 octobre

1794François

1794François Bernou, desservant, juin 1795mai 1798.

Jean Henri Weiss, administrateur, 1798-1803 (26 avril}» vicaire épiscopal, archidiacre du diocèse.

Curés concordataires.

M. O. A. Protais Wilhelm, revenu d'émigration en 1799, fonctionne à côté du clergé constitutionnel jusqu'à sa réinstallation le i" mai 1803. f le 18 janvier 1S26 à l'âge tle 7S ans.

Anselm François Joseph, mars 1826-57.

De Wangen, 1S57-74. ,

Sutter, Ier octobre 1S74, f janvier 1904 à l'âge de 72 ans.


Vicaires, Chapelains et Prêtres familiersIrin,

familiersIrin, 721 Chr. Ebers.», fondateur de la chapelle Saint-Pierre.

Walterus, sacerdo? 12*4 (Tr. Il, 4«>->

Il vicarius in Sultz 1284 'Ib., 402?.

Thomas, vicarius 1316 (Ib. III. je**;.

X vicarius in Suit/. 1343 «II»., 8oS>

Pierre de Saint-Ursanite, chapelain de Sainte-Catherine 1347')•

Conrad von Xeutltngen. chapelain de Saint'.--Madeleine, 1414.

Xicolas Wolfgram, prêtre, 1433.

Jean llenelin, chapelain «le Sainte-Madeleine, 1467.

Jean Sachs, chapelain de la prébende de ta Vierge, 1467.

Jean Wilhelm, chapelain île Saint-George, 1493.

Xicolas Zschertlin, chapelain de la messe de l'aurore,

•494Jean

•494Jean chapelain, 1511, 1513.

Xicolas Sthesslin, chapelain de la messe de l'aurore,

Maître Caspar, chapelain de la messe de l'aurore, 1533.

Jacob Sarguin, chapelain de la messe de l'aurore, 1544.

Maître Biaise, prêtre, 1550.

Caspar Wolff, chapelain, t le 16 novembre 1583.

Gregorius Iternhardt, sacellanus, 1598.

Philippe Iteck, sacellanus, «605.

IL Peter, capellanus, f 3' novembre 1633.

J. Fr. Kggcnstein, sacellanus, «00*1-65.

Fr. Jos. Ebelin, prêtre, 1737, t 1749.

J. Henri Cromer, chapelain des Waldner, 1737, rà 78 ans, le 17 juin 17S7.

J. Ant. Meyer, 1738, y ti janvier 1740, ancien curé de Cernay.

l) Siuf ■irfolifi) coi.tr»:r.\ Ce* r.co-1 «vt tiret <!•?■* trcliives de Scaltz et par iciil r.rcî'iit d,-« n-fji-tre* p.*r.ji.«ût.x. ï) San* «îoutecé.ne rj-t-» Xte-hs Z«t-*illta.


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Antoine Guillaume Ph. Gisdorffer, 1749.

J. B. Zipfel, prêtre 1749, f le 23 juillet 1766.

J. Théobald Jux, prêtre, 1743-5».

J.-B. Enderlin, vicaire, 1742-53.

Fr, Jos. Gassmann, vicaire, 1756-53.

Christophe Bint, vicaire 1758, devint curé de Soultz en 1762.

J.-B. Schdltz, vicaire, 1759.

J. Conrad Kirscher, de Xiederburnhaupt, vicaire, f le 23 août 1761.

Antoine Thiébault, prêtre, f le 27 octobre 1764.

Bernard Schmitt, chapelain pendant 54 ans, 1708, f le 7 janvier 1762, à l'âge de 83 ans.

Ch. Jos. Rudler, vicaire, 1761-62.

J. Jacob Dûrr, chapelain primissaire, 1762-91, né à Soultz le 20 novembre 1735, émïgra, après la Révolution retiré dans sa famille, f '809 (Frayhier).

Loos, prêtre, 1764.

Kittlcr,vicaire, 1762-68.

J. A. Hûrtb, vicaire 176S-74. né à Soultz le 17 octobre 1735, chapelain à Wattwiller, ex-jésuite, vicaire à Feldkirch, reclus pendant la Terreur à l'âge de 62 ans, après la Révolution retiré dans sa famille, f 'StJ (Frayhier).

J.-B. Strehlê, prêtre 1768.

Erhard, vicaire 1771.

Jacob Ebelin. prêtre, f '* 2J juin «772Wilhelm,

«772Wilhelm, 1772, devint curé de Soultz en 1783.

Fr. Antoine Welté, prêtre 1774-79, né à Soultz le 17 novembre 1749, devint curé de i'essenheim, prêta le serment constitutionnel, vicaire à Soultz en 1793 "}. f retiré à Soultz en 1812.

Christophe Antoine Dûrr, vicaire 1776-83, né à Soultz le 11 décembre 1750, vicaire d'Isenheim, refusa

l) rVistrriot i WucGheim en 1799.


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le serment, fut déporté, retiré à Soultz après la Révolution (Frayhier).

Stackler Fr. Antoine, vicaire 1779-82, né à Meyenheim, devint curé de Neuve-Eglise, mourut sur l'échafaud révolutionnaire le 3 février 1796.

Xansé, vicaire 17S2.

Foltzer, vicaire 1782-84.

Fladry, vicaire 1SS4-S7.

Welsch, prêtre 1786.

Nicolas Brunck, prêtre 1785, ex-jésuite, retiré à Soultz, f 1S21.

J.-B. Tellier, né à Soultz le 17 février 1761, chapelain de Waldner 1786, émigra, f 1824 curé à Uflholtz.

Harnist, vicaire 17SS, émigra.

J. François Cromer, prêtre 1788, vicaire 1789, -assermenté en 1792.

Berdolet, évoque du Haut-Rhin, réside à Soultz du 7 octobre 1798 à 1S03.

Cromer Jean Conrad Stanislas, dit l'ainé, ancien bernardin de l'abbaye de Stuzelbronn, vicaire épiscopal •à Soulu 1793-98.

Jean-Léonard Schilling, prêtre à Soultz, ancien curé constitutionnel de Hartmanswiller, détenu à Besançon • en 1794, figure au synode diocésain de mai 1798. . Jos. Monpoint, secret, de l'évéque Berdolet, 1798-1803.

François Joseph Daigue, ancien capucin 1792-98.

Sutter Chrétien, né à Guebwiller, ancien bénédictin de Thierbacb, 1792-93.

Dumvell, ancien capucin à Thann, émigré, retiré à Soultz (Frayhier).

Durrwell François Dominique, né à Soultz le 12 février 1739, ancien vicaire à Guebwiller, curé de Bergholtz 1768 et de Zimmersheim, émigra, f 1815, retiré à Soultz.

Jean François Nicolas Danzas, prêtre, ancien déporté ' <en surveillance à Soultz 1801.


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Larger Jean Michel, né à Soultz le 25 janvier 1765^ vicaire à Massevaux, émigra, retiré dans sa famille après; la Révolution, y t8oS.

Welterlé Louis, prêtre à Soultz, émigré (Frayhier).

Durr Jean, ancien capucin né à Soultz le S février 1738. f retiré à Soultz 1x12.

Jux, Fr. Ant., anc. cap., né à Soultz le ii novembre 1747, vicaire à .:-"»ultz. f 1*24.

Knoll Etienne, ancien dominicain à 1 laguenau, retiré à Soultz : Frayliiert.

Maurer Fr. Jos. Augustin, né à Wittenheîm, curé de Wuenheim, puis retiré à Soultz. y 1825.

Vicaires après le Concordat.

Anselin 1S20, vicaire. Herr dep. 1824, vicaire. Billig, 1S25, prêtre auxil. Dirringer, 1825-27, vicaire. Lux, vicaire tlepuis 1827. Wetnling 1S27. Muller 1S27-29. Demerlé 1829. Gar...nd 1S29. Hummel 1830. Gassmann 1830. Wenzl iger 1830. Geyer 1S31. Kah 183 t. Acker 1831. Lichtlé 1832. Platz 1834. Roslé 1834. Week 1835. Burgstahler 1840, plus tard

jésuite. Wagner 1841. Bruckert 1S43.

Simon 1844. Vetter 1S45. Kobès 1845, plus tard év.

du Galion. Burel 184O. Dicterich 1S48. Schmitt 1851. Litzler 1852. Thyss 1854. Kieffer 1854. Schmîdt 1S54. Kochren 1855. Schmitt 1S57. Ziegler 1S57. Fenger I8GI. Beck 1S6S. Scster 1S69. Wentsch 1S69. Hiltiger 1871-77. Sclvech 1S72-S1. Scheer 1877-83. Sclw'Ié 1881-00. Gruss 1883-90.


— 5') —

Hvgy I8«/>I9»[. Knener 1890-1 </>:>. Luck 189S-1903.

Stg 1900-1901. Lang t<y>i. H-entz 1903.

Confrérie du Rosaire.

Cette confrérie fut instituée à Soultz eu if'199 par le zèle pieux du curé de cette ville Fr. Ignace Kïeden. Elle était destinée à augmenter le culte il • la sainte Vierge dans la paroisse et portait le non» de Jfarianisc'rer Resengarteu ou Confrérie du saint Rosaire. Les bulles d'institution, les règles et statuts, le nom îles membres adhérents, les revenus et fondations de cette société sont consignés dans trois registres datant de l'époque de l'institution et conservés juM|tt'à nos jours dans les archives de la paroisse.

Sur les premières pages de l'un d'eux est la copie vidimée des lettres patentes octroyées par le général des Frères prêcheurs ou Dominicains. Par ces lettres datées du 27 septembre 169s. le général Fr. Antonin Cloche prenant en considération le pieux désir d'is habitants de Soultz d'instituer dans leur église paroissiale de Saint-Maurice une confrérie du Rosaire pour augmenter le culte de Dieu et île la sainte Vierge, et d'y élever un autel et une chapelle, altarem et capellaut fundandi, spécialement destinée à ce culte, leur en donne l'autorisation sous le consentement des autorités ecclésiastiques du lieu et du prieur du couvent voisin de l'ordre îles Dominicains.

Tous les fidèles «les deux sexes pourront être reçus dans cette confrérie ; ils y jouiront de toutes les indulgences attachées par les SS. Pontifes aux associations de ce genre, à condition de célébrer dans la chapelle édifiée à cet effet et chaque année la fête du saint Rosaire qui tombe au premier dimanche du mois d'octobre. Le recteur François Ignace Rieden est désigné pour chapelain de cette confrérie avec pouvoir d'y recevoir tout membre qui le désirera, de bénir les


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- rosaires, d'exposer les saints mystères du Rosaire et en général avec tous les pouvoirs dont jouissent à cet égard les PP. Dominicains dans leurs églises. Il ne pourra accepter aucune rémunération pour l'inscription des membres ou la bénédiction des rosaires, ainsi qu'il est

- établi dans les statuts de la pieuse société. Dans la susdite chapelle du saint Rosaire on devra peindre l'image de saint Dominique recevant le Rosaire des mains de la sainte Vierge, ainsi que les saints mystères

-de la Rédemption. C'est ainsi que les indulgences accordées par les papes Paul V et Innocent XI les 20 septembre 160S et 21 juillet 1679, seront désormais attachées à ladite confrérie. Si toutefois il arrivait que les Dominicains obtiennent la construction d'une église à Soultz, la confrérie et les privilèges y attachés doivent être transférés dans ladite église.

Cette fondation fut approuvée par l'évéque de Bàle au curé recteur Rieden, camérier du chapitre citra Ottensbûhl par lettres datées du château de Porrentruy le Ier mars 1699 dont la copie vidiraée suit les précédentes.

Voici les règles de la confrérie:

Tout chrétien de quelque condition qu'il soit pourra être reçu dans la confrérie par un dominicain ou un autre prêtre revêtu de ce pouvoir par l'autorité . ecclésiastique.

Le récipiendaire ne sera tenu à rien donner à cet effet et ne pourra y être forcé par personne.

L'inscription dans le registre de la confrérie est nécessaire pour gagner les indulgences. On pourra faire inscrire les enfants et les défunts.

2° Tout frère ou soeur de la confrérie devra prier chaque semaine trois chapelets de cinq dizaines en dirigeant leur intention vers le bien spirituel de la • confrérie et de l'Eglise.

3a Tout frère ou soeur qui ne sera pas valablement

empêché devra assister à la procession et à la grand'messe

.le premier dimanche du mois et aux fêtes de la Vierge


6i

dans l'église des Dominicains ou dans celle où la confrérie du Rosaire est instituée.

4' «Quiconque voudra faire participer un défunt aux mérites «le la confrérie devra outre ses prières dire les trois chapelets requis à l'intention «lu défunt.

5* Dans toutes les églises où cette confrérie est instituée, on devra célébrer à l'autel du Rosaire quatre offices par an après les quatre principales fêtes de la Vierge, la Pré-sentation, l'Annonciation, l'Assomption et la Nativité.

A ces offices les confrères devront appliquer leurs prières et leurs offrandes aux âmes «les défunts.

6* Afin que l'omission des règles susdites ne puisse donner lieu à des scrupules «le conscience, les fondateurs • de cette confrérie ont établi que cette omission ne peut être aucunement imputée à péché.

7» Tous les confrères pourront choisir trois jours après Pâques, la Purification, l'Annonciation, la Visitation et la Nativité de la Vierge, un confesseur de l'ordre des Dominicains, lequel aura pouvoir de les absoudre de toute sentence ecclésiastique et de tout péché, sauf ceux mentionnés dans la bulle Cocna Domini. Ce pouvoir pourra être accordé aux prêtres désignés comme Pr;eses «le la congrégation.

8* Nul ne pourra instituer cette confrérie dans une église ou une chapelle sans la permission particulière du pape et du général des Dominicains. Toute confrérie institué contrairement à ces règles sera reconnue comme nulle et ne pourra obtenir les privilèges et indulgences attachées.

Cette archiconfrêrie fut solennellement instituée 8 mars 1699 par le P. Dominicain Pius Bininger de Guebwiller. Les dignitaires furent:

Presses : Fr. Ignace Rieden, chanoine «le SaintMartin de Colmar, caraérier du chapitre rural citra ottensbûhl, chanoine, recteur et curé de Soultz.

Préfet-Protecteur : Henri Joseph Faber J. V. L., bailli. de Souîtz.


(,î

Assistants -. Louis il'Aubry. prévôt, Florian Rieilen, concilier de Murbach. Ernest Bach, greffier.

Préfets : François Marloys, Itailii d y Wittolsheiin ; Théodore lÎTiiard Heusser. secrétaire «le la maison «le Saint-Jean :i Soultz.

rj Conseillers. Aux mystères joyeux : Maurice Schmiilt, bourgmestre; J. (îeorg > Lorentz, I*. Domball, Henri SchmMt, J. Jacques Pfaffen/eller, tous du conseil «le ville.

Aux mystères douloureux : J. Conrad Marlois. Laurent Iteltz. Michel Witschger, J. t'iric Cromer, J. Georges Preyman. tous «lu con-eil «le ville.

Aux mystères glorieux : J. Conrad Herrmann, chef de tribune. Antoine Sthmidt. Conrad Dumvell, Michel Laucher, Maurice Kuen.

Secrétaire : Fr. Henri Mayer. receveur i\<is Trois Rois et m<! liibre du conseil «le ville.

Bedeau <lYdel: : Dietriclt Ride.

Préfètes des jeunes files : Marie Françoise d'Aubry, Aune Marie Marloys.

Porteuses de la l'ierge : Marie Catherine Lipold, Marie Elisabeth Widmer.

Porteuses des mystères joyeux : M. Elisabeth d'Aubry, M. Elisabeth Mayer. Sophie Cromer, Sophie Léopold, Françoise Beltz : des mystères douloureux : Anne Marguerite Mayer, Françoise Lorentz, M. Anne Rieden, Marguerite Dumvell, Catherine Widmer; des mystères glorieux : Sophie Lv:cher, Barbe Preyman, Catherine Witschger. Catherine Dumvell, Catherine l.arger.

Assistantes des porteuses de lit l'ierge • Claire Anna SctWpfer, Eve Kauffmann.

Préfètes des femmes : Anne Marguerite Renckhin, femme du bailli; M. Elisabeth Régine Hugin, femme du prévôt.

Porteuses des mystères joyeux : Marie Françoise Rieden, femme «lu greffier; M. Elisabeth Schmidin, Marie -Elisabeth Kiclirin, Marie Ursule Meyerîn, A. Marie Cromerin.


- 6j -

Aux 5 douloureux : M. Françoise Hess, Marthe Ltpold, Sara LtpoMin, A. Marie Durrvvellin, A. Barbe Ziptlerin.

,-I«.r 5 glorieux : Régine J eger, Catherin** Strenglerin, Véronica Renckhin, A- Marie Ziptlerin, A. Marguerite Rolbletzin.

Parmi les membres «le la confrérie on note :

R. P. Antonius Maria Mayer Sulzensis capucinorum

«699Bernard

«699Bernard chapelain 1708.

Itéatrix Félicité «le Stalïelfelden née «le Schauenburg, 1728.

R. P. Cosmas Surlacensis, capucin 1699.

Christian de Betz, enseigne au service du roi «le F'rance 1706.

David Xicolas «le Beîz, lieutenant «lu roi. 1706.

F*. Madeleine de Kageneck, 1699.

J. Rudolf Kempf d'Angreth, f 10 février 1703.

Leodegar Mcyer, professus ord. S. Benetl. Murensis, 1707.

Mclchior Hermann Mittnacht, chapelain, curé «le Sultzmatt 1699.

Philippe Retny, greffier 1728.

Wolf Jacob v. Kageneck 1690.

Soit 395 membres en 1699; en 1741, le nombre était de 343.

Il y avait peu de fondations attachées à cette confrérie. F'n 1700, le prévôt d'Aubry fit «Ion «l'un capital de 30 H ; le S. Antoine Schmidt en 1705, «tonne un capital de 20 û t6 J S S. Anne Frey lègue en 1705 I schatz de vignes hiuter der burg; cette vigne était amodiée pour 4 if. Henri Schmidt, conseiller au magistrat, fait don d'un capital «le 20 livres en 170S. Elisabeth M.ihler donne une rente emphytéotique «le 15 en 1712.

Jacques Pfaffenzeller, conseiller, «lonne une rente emphytéotique de 10 ii en 1707. Ignace Lorenz lègue une somme de 10 H to,/ en 1720. Soit près de 100 «ï


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ensemble. En 1755, Louis Antoine Mayer, prêtre de Soultz, lègue à la confrérie une chapelle avec les ornements qu'elle contient sise à côté de sa maison. Antoine Bach, prévôt, son beau-frère, se rentl acquéreur de ladite chapelle pour la somme de 405 a, dont il s'engage à payer à la confrérie le montant ou les intérêts.

D'après un état du 18 frimaire an II (S décembre 17«>3), voici quelles étaient les confréries et corporations qui furent dissoutes à Soultz : Confrérie de Saint-Sébastien, Congrégation du Rosaire, Congrégation de la Vierge, Compagnie des arquebusiers, Corporations des charrons, des tonneliers, des conlonniers, des maçons et charpentiers. *

Nous avons parlé des corporations dans le chapitre que nous avons consacré à l'industrie à Soultz. Nous n'avons pas retrouvé les statuts de la Congrégation de la Vierge, ni de la Compagnie des arquebusiers. C^uant à la Confrérie de Saint-Sébastien qui était une associa-- tion charitable, nous en parlerons dans le chapitreconsacré à l'assistance publique à Soultz.


APPENDICES

I.

LES CIMETIÈRES DE SOULTZ

La loi inexorable qui veut que toute existence terrestre ait une fin. fait qu'à côté de toute agglomération des vivants, il y a un champ des morts où vont se rejoindre les générations successives. cruels furent les premiers cimetières des populations de la marche de Soultz? Ils ne nous ont pas été révélés d'une manière certaine. La tradition prétend qu'on a découvert autrefois des cercueils de pieire au lieu dit Sergen, à l'est de Soultz. Ce serait là le lieu de sépulture fies colongers mérovingiens. Plus certaine est la découverte d'ossements humains près la porte de BolhvtUer, à la croisée de la grande route et du chemin qui mène vers Saint-Georges. Ces ossements furent mis à jour lorsqu'on jeta les fondations de la maison qui se trouve à cette place. Une petite chapelle rurale a peut-être été élevée pour sanctifier ce lieu de sépulture. Toutefois aucun archéologue, ni aucune personne compétente n'ayant assisté à ces fouilles, on ignore si ces inhumations ne datent pas des guerres et des grandes épidémies, et ne 'ont par conséquent qu'accidentelles.

L'existence d'un cimetière autour de l'église paroissiale nous est révélée dès qu'il est parlé de cette église dans l'histoire. Nous avons déjà rappelé que l'^n ensevelissait dans l'église elle-même les personnes notables décédées dans la localité.

Selon l'usage ancien, il y avait sur le cimetière un ossuaire où l'on recueillait les restes des morts que

L'élise Ai S^atU S


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l'on retrouvait en creusant de nouvelles fosses. Cet ossuaire fut reconstruit en 1511 et un autel, consacré à l'archange saint Michel et à saint Christophe, y fut érigé par Jean StorTel, pour lors prêtre châtelain à Soultz. Cet autel fut doté par lui d'une prébende, du consentement du curé de Soultz. La collature de cette nouvelle chapellcnie fut donnée au prévôt et au conseil île Soultz, sous la ratification île l'évéque de Bâle. Le chapelain de cette nouvelle prébende ne devait être pourvu d'aucune autre et devait résider à Soultz. Ce devait être un prêtre séculier de bonnes vie et moeurs. Il ne pouvait aucunement disposer des biens meubles et immeubles de la prébende. Il devait prêter son concours au curé de Soultz toutes les fois qu'il en serait requis. H devait dire chaque semaine trois messes sur l'autel prébende : le lundi pour les défunts, le mercredi en l'honneur du Saint-Esprit, et le samedi en l'honneur de la sainte Vierge avec les collectes appropriées.

I.a dotation constituée par le fondateur de cette prébenile consistait dans les rentes suivantes:

10 florins sur la maison de Saint-Jean à Soultz rachetables par 200 ilorins ;

5 florins et 2o quartauts de seigle, sur messire Jean Guillaume Waldncr, rachetables par 200 ilorîns ;

27 schillings sur deux particuliers, rachetables par 27 livres ;

.20 mesures de vin blanc, sur trois particuliers, rachetables par 70 florins et 25 livres.

L'acte de fondation sur parchemin, scellé par le bailli Albert de Reguïsheîm et par le curé Ulrich Schutz, est daté du 10 août 1511.

11 fut ratifié par l'évéque de Bâle le 27 juillet 1512 1,1.

Il existe encore aux archives de Soultz des constitutions de rente en faveur de cette prébende datant

l) Archiver de SoutpJ.


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de 1365 à 1570, après laquelle année on n'en trouve plus traces. Il est évident que, malgré la volonté du fondateur et vu sa faible dotation, cette prébende fut réunie aux autres.

A la date de 1668, il est fait mention dans les registres de décès d'un nouveau cimetière. Il s'agit, vraisemblablement, seulement d'un agrandissement de l'ancien. En 1777, les mêmes registres mentionnent un nouvel agrandissement par l'adjonction du terrain contigu au mur d'enceinte de la ville et sur lequel est bâtie aujourd'hui l'école des filles. L'enfant Jean-Baptiste fut le dernier enseveli, le ^o juin, in coemeterio Ecclesia parochiali circumjacente, et l'enfant Elisabeth Caroline Probst fut la première ensevelie, le 20 juillet, in cocmeleria mxnibus cuntigua, uli et sequentes '}.

L'esprit révolutionnaire devait se porter jusque sur le champ des morts. Le 17 frimaire, an II (7 décembre '79i)» k municipalité, sur les réquisitions du procureur, arrêta que le lieu d'inhumations serait maintenu où il était, comme étant suffisamment propre à la pureté de l'air (sic), mais que l'on y planterait un poteau avec le mot Egalité, à partir duquel on ferait les inhumations par rangées et indistinctement *).

L'aspect des crânes anonymes entassés dans l'ossuaire ne faisait-il pas depuis longtemps monter aux lèvres la réflexion d'Hamlet : Etais-tu roi: étais-tu paysan c L'étiquette révolutionnaire était-elle si nécessaire pour proclamer l'égalité de la mort? Et cela malgré les monuments luxueux que la vanité des descendants élevait sur certains tombeaux. C'est à ces monuments que la Révolution s'attaqua le 3 germinal {ij mars '794). en ordonnant que les pierres du cimetière serviraient à réparer les halles et le pont derrière l'église. O.i oubliait que si la vanité a souvent part à l'érection

1) Rfjt'strw ptrohvaui.

2) Diti&irjtfottt.


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des monuments funéraires, c'est plus souvent encore le pieux souvenir des survivants qui cherche à rappeler à tous le souvenir des êtres chers qu'ils ont perdu. Aussi le 16 mars 1804, la municipalité s*empressa-t-el!e de voterune somme de 1662 fr. pour réparations au cimetière. Mais le > décembre de la même année, par mesure d'hygiène, elle décida de transférer le lieu des inhumations hors de la ville. Une somme de 3000 fr. fut votée pour l'acquisition d'un nouveau terrain. Toutefois les négociations furent très longues; le 15 mai 1807, la municipalité échangea un champ avec M. d'Anthès pour établir sur celui de ce dernier le nouveau, cimetière. Mais ce n'est qu'en 1819 que l'on y fit les premières inhumations.» Il est situé dans l'angle formé par la route de Boltwiller et celle d'FInstsheîm. L'augmentation continuelle de la population nécessita son agrandissement en 1852, puis, en 1853, sur l'initiative d'un bourgeois de Soultz, M. François Xavier Blum* stein, qui offrît de suite une somme de 5000 fr. Une souscription fut ouverte entre les habitants de la ville pour élever dans ce cimetière une chapelle qui devait, être consacrée à saint Georges en souvenir de celle qui. se trouvait sur l'emplacement d'AIsvviller. La première pierre en fut posée le 31 juillet 1853.

Cette chapelle, fort simple, mais assez grande,, renferme plusieurs souvenirs intéressants. C'est d'abord le bas-relief en bois polychrome du XV* siècle, représentant saint Georges terrassant le dragon, qui se trouvait dans l'ancienne chapelle d'Alswiller, puis la statue de la sainte Vierge du XVIe siècle, qui ornait autrefoisun des autels de l'église paroissiale; une intéressante sculpture du XVIIe siècle, représentant un petit squelette dans une niche; le portrait du fondateur Blumstein, et enfin les trots pierres tombales de grands dignitairesde l'ordre de Saint-Jean qui se trouvaient autrefois dans la chapelle de la con.mandcrîe de Soultz et qui ont été transportées là sur notre demande par les soins de feu M. le baron de Heckeren d'Anthès, comme le


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constate une inscription que nous avons fait mettre sur le socle qui sert de soubassement à ces pierres.

Ce cimetière renferme plusieurs monuments intéressants : ceux des familles d'Anthès, de lleckeren, de Cerzé-Lusignan, de Madame d'Anthès, née de Waldner, du général Bouat, du général Blum, de la famille du général Wchrlen, des peintres Ottmar et Henri Beltz, du lieutenant Witschger, du capitaine Will, des curés Wilhelm et Anseîm, du docteur West, du docteur Delevieleuse, du préfet West, etc. A la grande porte d'entrée se trouve un ancien bénitier, fort simple, qui porte la date de 1554. Il provient sans doute de l'ancien cimetière.

A côté de ce lieu d'inhumation destiné à la population catholique, se trouve un petit cimetière pour les protestants; il a été créé également en 1819 et clos en 1S51.

Le cimetière des Israélites se trouve à Jungholtz, dans les fossés de l'ancien château de Schauenbourg. La plus ancienne pierre tombale qui s'y trouve est de l'année 1715. Elle rappelle la mémoire d'Abraham Jehuda I.eman Reinan, rabbin, qui d'après une tradition, obtint des nobles de Schauenbourg la première concession de ce cimetière. Les principales familles juives de la région y ont des sépultures et l'on y amène des morts de fort loin.

Selon l'usage du moyen-âge, il y avait aussi des cimetières dans l'enclos des maisons religieuses, à la ■ commanderïe des chevaliers de Saînt-Jcan et au prieuré des Cisterciens. On y ensevelissait non seulement les personnes habitant s de ces maisons, mais encore celles • de la ville qui le désiraient; toutefois il était dû pour ces dernières une taxe au curé de la paroisse. Lorsque l'existence de ces maisons devint purement nominale, pour ainsi dire, à la fin du XVIe siècle, les sépultures •devinrent excessivement rares dans leurs cimetières.


IL

L'ASSISTANCE PUBLIQUE A SOULTZ

Hôpital, Maladrerie, Confréries de Charité

On exalte chaque jour les progrès de notre époque, et il est de règle, naturellement, de faire un retour méprisant sur les siècles écoulés.

On vante les oeuvres sociales, la solidarité, la mutualité, comme fruits du progrès des idées morales. Mais tout cela existait au moyen-âge, tout aussi bien que de nos jours.

Evidemment à une époque où les rois mangeaient sans fourchettes dans de simples écuelles de terre, il ne fallait pas demander que les pauvres et les déshérités de la vie fussent mieux traités qu'eux. Les uns et les autres ne s'en portaient pas plus mal.

Les titres d'Ebcrsmunster nous apprennent que sous les Carlovingiens déjà, il existait à la porte du monastère une hôtellerie ou hôpital, où, grâce à des revenus particulièrement affectés à cet usage, les passants, les voyageurs, les mendiants étaient hébergés et secourus. A peine Soultz est-elle devenue ville que nous y trouvons, non seulement un hôpital, mais encore une maladrerie spécialement destinée aux malheureux affectés de cette triste maladie de la lèpre importée d'Orient par les croisades. C'est que Soultz était sur une des grandes routes d'alors, et que de nombreux passants y faisaient halte.

Par testament daté du 9 janvier 1288, le noble Conrad de Muntzenheim donne, entre autres legs, sa vache à l'hôpital, et un quartaut de blé aux lépreux : kospitali pauperum vacant mcain, item leprosis quarlale


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bladi«). C'est ensuite le 22 avril" 1343 qu'Elisabeth de lîollvillcr fait de nombreuses dispositions en faveur des fondations religieuses et des pauvres. Elfe lègue entre autres à une nommée Ncsa, deux schaU de vignes sous la condition de donner à chaque anniversaire de la testatrice deux mesures de vin blanc aux pauvres de Soultz ; elle lègue ensuite à l'hôpital des pauvres et à la léproserie de Soultz, à chacun un lit moyen *}.

L'hôpital et la mafadrerie étaient administrés chacun par un bourgeois, ordinairement du conseil, qui avait le nom de Spitatpjîegfr et de Gutlcutpfeçer. Ils en percevaient les revenus, et en faisaient la dépense. Dans la seconde moitié du xiv* siècle, le receveur de l'hospice se nommait Reinhard, et son successeur, Ulric Utzemberg. Ce dernier fut condamné en 1388 à payer aux Cisterciens une censé annuelle que son prédécesseur avait toujours payée au nom de l'hôpital i).

Un chapelain était attaché à l'hôpital, dès r 394, où il figure dans le pouillé du diocèse de Baie, des archives dép. de Colmar. Il figure encore dans celui de 144t.

M. KnolM) cite un titre de l'année 1516 que nous n'avons plus retrouvé, ni aux archives de la ville ni dans sa collection, qui donnait quelques détails sur l'organisation de l'hôpital. D'après ce titre une sorte d'entrepreneur ou Spitalmeister prenait à bail pour neuf ans tous les biens de l'hôpital. Il devait faire saigner les malades, tenir en bon état les bâtiments et le mobilier, faire une distribution de bois de chauffage aux nécessiteux et d'avoir toujours une salle garnie de lits pour tes ouvriers et artisans malades. Il devait fournir annuellement à l'hôpital douze sacs de froment et neuf

l> Troeillar, II, p. 453.

1) Celte dénomination vient tfe ce qu'il était d'usage de faire coucher «?*ns le* hôpitaux, plusieurs personnes ensemVe «tant de grand* lt«. Il y, avait toutefois de petits lit* pour une sente personne et des lits Kftyens pour 3 eu 3 personnes seulement.

3} Tr. IV, p. 799. . 4). Krput ttAlsace, 1666, p. a 5 s-


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d'avoine. En cas de guerre, il devait mettre à la disposition de la ville une voiture à quatre roues attelée d'un bon cheval ; il devait chercher aussi à un mille de distance les gens du grand bailli de KoufTach au cas au celui-ci voudrait venir chasser dans les environs de Soultz. Moyennant un salaire d'une livre bâloise, il avait aussi charge d'ouvrir la porte de la ville adjacente à l'hôpital.

Cette porte, appelée Spitatthor, faisait communiquer la ville avec son faubourg du côté de Guebwiller. I/liôpttal était situé à gauche de la porte en sortant. Ces bâtiments, qui ont servi jusqu'en i32i, ont été en partie démolis pour l'élargissement et l'alignement de la rue. lTne Assomption rjeinte dans un élégant médaillon Louis XIV, au-dessus d'une porte, rappelle seule l'ancienne destination de cette maison.

Il est singulier que ni le livre des serments de 15G9, ni celui de 1578, ne parlent de l'hôpital et des fonctionnaires qui y étaient attachés. Par contre celui de 1O87, marque les obligations du Iktfrlvogt ou chasse-coquin" et du fermier de l'hôpital ou Spihtlbauer.

Le liettelvogt, «le même que tout autre bourgeois, ne devait héberger aucun étranger plus d'une nuit sans permission des autorités. Il devait fermer l'hôpital à l'heure prescrite, afin que les pauvres, après avoir reçu leur aumône, ne pussent errer à travers la ville. S'il survenait querelle dans l'hôpital, ou toute chose criminelle, ou si l'un ou l'autre pauvre usait du tabac, ou buvait, le Bcttelvogt devait en avertir aussitôt le prévôt ou le conseil, afin que le délinquant fut expulsé. Enfin, il «levait veiller à l'extinction du feu et de la lumi *m pendant la nuit, avant même que les pauvres fussent allés au lit.

Quant au fermier qui prenait à bail les biens de l'hospice, il devait veiller à les maintenir en bon état, soigner convenablement les taureaux et le verrat communaux, surveiller le Ikttrfvogl, afin que ce dernier fasse ponctuellement son service, et dénoncer tout manque-


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ment au piévôt et au conseil. Il n'y est plus trace des autres obligations mentionnées selon M. Knoll cn.i5iG.

.Par son testament enregistré le 15 mars 1537, le défunt prévôt Théobald Kcsman, légua à l'hôpital.un capital de 5 livres bâloises devant rapporter 5 schillings bàlois d'intérêt. Ce revenu devait être perpétuellement consacré à donner chaque année aux pauvres de l'hôpital, le jour de la Commémoration «les morts, un setier de bouillie préparée au beurre, afin qu'ils aient quelque chose de chaud à se partager entre eux.

Le reste de revenu devait être porté au compte des recettes de l'hôpital •).

Le 26 mars 158S, le bailli de SoulU vendit au nom de l'évêché, à Théobald Wendt, la grange aux «limes de -Soultz, pour la somme «le 437 livres, 10 sols, et il fit don de la créance à I hôpital *).

Cet établissement devait jouir d'un assez lxvau revenu. Les rentes perçues p ■• . hospice sont consignées dans plusieuis registres dont le plus ancien est «le 1G07. Il y avait «les biens jusque dans les bans de lîollvviller et de Feldkirch. Les recettes annuelles de l'hôpital se montaient à 2150 livres dans les dernières années «[ut ont précédé la Révolution. Quant aux dépenses, elles s'élevaient à 325O livres.

La maladreric ou léproserie (Gultcuthoft, que nous trouvons aussi anciennement que l'hôpital, était située hors de la ville, sur la route de Guebwiller, près d'un petit étang rétluït aujourd'hui à un simple ruisseau. (Jardin Schreyer), au-delà de l'hôpital actuel.

Il y avait dans cet établissement non seulement une maison destinée à loger les lépreux, mais encore une chapelle consacrée à sainte Marguerite. L'n chapelain avait la desserte de cette chapelle dès I3«>4, et pouvait donner les secours de la religion aux malheureux séparés «lu monde par la plus horrible «les maladies. Les

1) Coll. Knoll.

ï) Arc h. de Souitt (SthnlJ$x:k).


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registres paroissiaux de Soultz nous apprennent que la maladrcric était encore habitée jusqu'en 1679. Les malheureux malades y vivaient d'aumônes, se mariant entre eux, et ayant des enfants qui étaient condamnés désormais à la même existence de paria. Voici à titre de curiosité la liste de ceux que nous avons pu relever:

J. Berckmuller, f in oedibus Uproruni 7 déc. 1585. Ànastase Eckhart, lépreux d'Oberberckheim, épouse, le 16 novembre 1587, Anne Marie Bertsch de Saint-Amarin, veuve.

Laurent Metzger, de Stetten, bailliage de Landser, veuf, épouse le 13 octobre 1642 Catherine Reybrin de Hugstettcn, veuve.

J. Rusch, de Soudbe. épouse le 7 juin 1649 Marie Zwcck, «le Suisse; ils ont pour témoins J. Schmïdt, de Soultz et J. Rudolph Molz, de Rouflâch, tous lépreux.

J. Schmidt est mort le 25 novembre 165Ô. Il avait une fille Anne Barbe qui épouse J. Mohr, de Lucerne, le 1" février 1655, dont elle eut plusieurs enfants : Anne Barbe, née le 16 juin 1OG0, qui eut pour parrains Georges Rauch, du conseil de Soultz, et Barbe Sutter, fille de lépreux, «le RoufFach; 2° Jean Georges, né le it août 1664} 30 Marié Madeleine, née le 24 nov. 1O70. Barbe Schmidt est décéilée le 4 avril 1672.

Son époux Jean Mohr parait avoir eu du goût pour le mariage, car il épousa en secondes noces, le 13 février 1673, Christine Gauflerin, de Wilthal en Brïsgau, lépreuse. Il eut pour témoins J. Caspar Doftel, lépreux, d'Ensisheîm, et Fridlin Schneider, «le Soultz. Christine Gaufterin mourut le 2 mars 1675; son mari épousa en troisièmes noces Anne Marie Rueprecht le 30 janvier 1679. Ils eurent pour témoin J. J. Blass, lépreux. A côté de cette famille, nous trouvons un autre couple, a lui de Peter Toftel et de Mathildc Berschet, qui eut un fils J. Georges, né le 16 avril 1C65. Il eut pour parrain. Georges Sutcr, de Rouffach, et Anne Barbe Schmïdt,. lépreux.


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Un autre lépreux de Soultz, J. Jacques Bâhr, épouse, le 24 août 1665, Clara Angèle Hiltenbrantin, de Rheinhausen en Brunswig. Ils eurent pour témoins Conratl Hiltenbrant père, lépreux, d'Ammerschwihr; J. Mohr, lépreux, de Soultz ; Christian Schallner et Georges Raucb, les deux membres du conseil «le Soultz.

Vers la même époque, nous trouvons encore les noms de

Anne Grasserin, f le 23 juin 16O» et

Maria Zâcklin, f le 0 janvier 1670.

Il semble ressortir de ces documents que les lépreux n'étaient pas absolument renfermés, mais qu'ils erraient souvent «le maladrerie en maladrerie, témoin ce lépreux d'Ammerschwihr qui a une fille née dans le Urunswïg, laquelle vient épouser un lépreux de Soultz.

La maladie de la lèpre qui semble avoir eu une recrudescence à la suite de la guerre de Trente-Ans, disparaît à la fin du xvu" siècle, et les maladreries devinrent inutiles.

Un arrêt du conseil d'Etat du 11 février 1701 réunit les léproseries de Soultz et «le Guebwiller à l'hôpital de Rouffach. Mais cet établissement n'ayant pas satisfait aux charges de fondation, tout en percevant les revenus des maladreries, un édit du roi du 27 juillet 1739 en détacha ces revenus et les réunit à ceux des hôpitaux respectifs desdUes villes. Les revenus de la maladrerie de Soultz, suivant une colligente de 1O58, ne s'élevaient pas à plus de 50 livres. La maison et la chapelle de cet établissement se trouvant depuis longtemps en délabrement, furent démolis en 1755, et les matériaux en provenant furent adjugés le 12 mai de ladite année à un nommé Diring pour la somme de 125 livres.

A la Révolution les revenus de l'hôpital de Soultz s'augmentèrent encore de ceux de la confrérie de SaintSébastien. Cette dernière était une véritable association


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«le secours mutuels qui s'«'tendaient non seulement aux besoins matériel*, mais encore aux besoins spirituels même après la mort.

Ces confréries existaient dans plusieurs localités «l'Alsace, où elles étaient connues sous le nom de RfiU: L'exï.-tenco d'une confrérie portant ce nom à Soultz, nous est révélée par un rotule indiquant les rentes perçues par cette confrérie en 1429. Des surcharges «t «les ratures faites sur ce document à la fin du XV siècle et au commencement du xvr martpient la continuité de celte existence. Mais elle semble avoir décliné dans le cours «les années prospères «lu XVIe siècle.

D'après un des documents conservés dans la boule terminale «lu clocher de l'église paroissiale, une nouvelle cotifrérie fut érigée, probablement en renouvellement «le l'ancienne Rrifr, et placée sous le patronage de saint Séba.-tien au moment «les grandes pestes «pli sévirent à li lin «lu xvr siècle, et au commencement «lu xvil*. I.a première mention datée de II confrérie «te Saint-Sébastien nous est fournie par un acte* «lu 13 juin 1631, par lequel le tiésorier 011 Riitiuehlir «le la confrérie vend pour 275 livres bâloiscs, à un nommé Jean Thiébaut SpennhatK-r, bourgeois, boucher à Soultz, une maison sis.' sur le cimetière et touchant à la cour «lu presbytère et à l'acheteur lui-même. La confrérie fut «lotée en biens et rentes, et «»ti éleva une chapelle près de l'hôpital sois l'invocation de saint Sébastien, afin de pouvoir y «lire une me-s«î chaque semaine. En if/»*, les confrères constatant l'augmentation continuelle «le leur nombre, «léci«îèrent d'avoir un propre chapelain, et ils «lésignèrent pour ce titre le chapelain «le la ville, Maître Jean l'rarieoïs Eggensteîn. Il devait dire une messe le jeudi de chaque semaine dans la chapelle «le Saint-Sébastien, à l'exeptïon des jours fériés. L'offrande «lonnée à cette messe «levait lui être remise. A la mort «l'un confrère, ou «l'une sn'ur, il devait «lire une messe avec rtquiem pour le repos «le son âme, toujours ilans la chapelle;


n

l'offrande lui appartenait encore. A la fête des saints patrons saint Sébastien, saint Roch et saint Charles Ilorroméf.-, il devait dire une gran«l'mcsse, soit «lans la chapelle, soit sur leur autel «lans l'église paroissiale «le Saint-Maurice ; maïs les offertes «le ces trois fêtes restaient à la confrérie. Le chapelain «levait recevoir en outre de la confrérie pour salaire, à chaque Qualre-'iemps, la somme de 25 livres bâloiscs.

En cas de maladie le chapelain «levait se faire remplacer par un autre prétr«.*, de .* çon «me la messe fut dite chaque semaïn*.', à 0 heure; en été et à 7 heures en hiver. En 173S l'Etat contesta au chapelain llernard Schmidt le titre de cette prébende ; un procès fut engagé au Conseil souverain à Colmar >).

La chapelle «le Saint-Sébastien était située à l'angle «le la rue qui porte le même nom et de la rue du faubourg. Elle avait un clocher qui contenait une petite cloche. D'après M. Knoll, on y éleva, en 16O3, un autel dont l'exécution fut confiée aux sculpteurs Georges Muller de Thann et Pierre Amplatz «le Soultz *).

La colligcnte de 1GS4 mentionne avec différentes rentes foncières une part «le la dîme en fruits et en vin se montant à '/M, ainsi riuc les offran«les des fêtes patronales «le la confrérie. Par contre la confrérie devait payer annuellement 2 livres pour l'anniversaire fondé pour l'âme «lu conseiller Léonard Wendt, plus 1 livre

5 sols au chapitre Ci-»>t collet Oltonîs. Le sacristain percevait aux Quatre-', ,-nps 10 schillings, soit 2 livres par an. Lesbetleauxf/VdMfWrjautant, le trésorier(ReitmàtUr}

6 livres par an.

En 1782, les revenus de la confrérie s'élevaient à 512 livres, il sols, 2 «leniers.

Indépendamment des secours spirituels que les membres «le la confrérie se donnaient entre eux par

t) Rarat .fAltatt, t886, p. 11*. >) tbd., \%',f>.


la prière, ils venaient en aide par «les secours matériels -en cas de maladie, «le vieillesse, «l'incapacité de travail, à ceux qui se trouvaient dans le besoin. De plus ils intervenaient pour combler les déficit «pii se produisaient dans le-) comptes «le l'hôpital, par suite «le l'insuffisance «les revenus de ce dernier établissement.

Aussi la ville «le Soultz revendùjua pour son hospice les biens «le la confrérie «le Saint-Sébastien, dissoute par la Révolution. Elle basait ses revendications sur le caractère charitable (|u'avait cette confrérie, et elle obtint gain «le cause.

D'après une «lélibération «le la municipalité en «late du 28 juin 17X9, le Conseil souverain «l'Alsace avait remis la chapelle Saint-Sébastien à l'hospice de la ville. D'après un rapport «lu 6 «lécembre «le la même année, cette chapelle était en ruine. Cepcmlant elle fut saisie et vendue comme bien nationat : la ville engagea un procès et obtînt le it mars 17(^7 l'annulation de la vente faite à un nommé Anselm «le Guebwiller.

En I7«_>3, lorsque les biens «le la confrérie furent «léfinîlivemcnt annexées à ceux «le l'hospice, elle avait 9137 livres «le recettes contre 2301 de dépenses. Cet excédent de receltes vînt à propos pour combler le déficit de l'hospice «lont la recette s'élevait à 4761 livres, tindis que les «lépenses montaient à 9OS4.

Xous avons «léjà eu l'occasion «le parler «le deux fondations charitables «jui existaient à Soultz. L'une était appelée liisigf Almuosr, ou aumône perpétuelle. Elle avait été fondée par Jean Léonard Ilaller, prévôt à Soultz «le 1570 à 1589, et par sa femme Appoline llarmistcriti. En i0r>7, les rentes «lont cette fondation était dotée se montaient à 57 livres, 22 sols, 0 deniers. Nous manquons d'autres détails, et il est probable qu'elle fut annexée de bonne heure aux biens «le l'hospice".

Une autre fondation qui porte bien le sceau «le l'époque fut faite, en 1593. par le sire «le Schauenbourg qui donna à la ville une somme «le *H«j Élorins. Le revenu «le ce


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-capital «levait être distribué annuellement à six pauvres femmes, a condition que celli's-ci porteraient sur leurs habits les armoiries de Schaucnbourg. En 1700, il était alloué de ce chef à chacune «les six femmes 2 sols 8 deniers par semaine. Nous avons lieu «le supposer

-que cette rente fut également jointe aux revenus de l'hospice.

La jeune municipalité de 17S8 voulut réglementer à nouveau la distribution «les secours aux pauvres. «Elle décida, le 21 septembre 1788. sur la proposition du syndic, iju'il y avait lieu de mettre ordre à la mendicité pouf pouvoir distribuer judicieusement la charité, en conséquence «iu'il serait publié à l'issue de la grand'messe que tout ceux qui désiraient l'aumône s'adresseraient à Vincent Richard, pour se faire inscrire avec leur âge, raison de pauvreté, facultés et enfants; en outre rpj'il serait placé à chaque porte de l'église paroissiale un tronc pour les pauvres honteux, lesquels seraient fermés à «Icux clefs, «lont l'une serait aux mains du sieur Witschger, l'autre au syndic, et l'état «lu produit d'iceux serait commuukiué à l'assemblée pour en faire la distribution. Witschger fut commis en outre pour être présent à la distribution «les aumônes quétées par les valets «lés pauvres, afin de mettre ordre aux abus. Les «mêles faites par ïesdïts valets seraient enregistrées par le sieur Bernôn et le registre produit à l'assemblée ».

« Plus, pour prévenir les dépenses arbitraires, le receveur «le l'hôpital serait prévenu «le ne faire désormais aucun paiement qu'en conséquence d'un mandat signé par le syntlic et deux membres «le la municipalité. De même l'apothicaire et le boucher ne délivreraient de fournitures que sur un semblable mandat».

Mais tout ce beau zèle fut entravé par la résistance cle l'ancien corps de magistrat encore subsistant. Le bailli fit «léfcndre aux deux chasse-coquins «le remettre à personne autre qu'au sieur Bouat, comme précédemment, le produit «les deux-quétC3 hebtlomadaires; même


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«léfense fut faite à l'apothicaire et au boucher. La municipalité du' en référer à la Commission intermédiaire du District.

La loi qui avait ordonné la confiscation «tes biens «le tous les établissements publics, avait différé son application aux biens «les hospices. Celle du 16 vendémiaire, an V (7 oct. 179% conserva définitivement les hôpitaux dans la jouissance de tous leurs biens.

Les anciens bâtiments «le l'hospice de Soultz étaient devenus trop petits et mal organisés pour l'application des règles d'hygiène; on «lécitla d'acquérir, en 1821, l'ancien couvent «les Capucins, pour la somme de 2«>«x>o livres. C'est dans ce bâtiment, situé hors ville du côté «le Guebwïlbr, que se trouve encore aujour«l'hui l'hôpital. Les anciens bâtiments furent adjugés en trois lots : le premier au sieur I.archer pour 4G00 liv.r le sccoml à Meylïng pour 3«/x> liv., et le troisième aux sic't.s Prciss et Stoess pour O010 liv.

En 1824, le soin des malades fut confié à deux s<eurs «le la congrégation «le Saint-Vincent-tle-Paul de Strasbourg, à chacune desquelles on donna un traite. ment de i«x> francs avec la nourriture et le logement. Ce nombre fut porté à trois en 18O3, puis augmenté encore «lans la suite. C'est en 1856 que soeur Célcstïne, ancienne supérieure de l'hôpital «le Soultz, fut remplacée par sieur Delphine, encore à la tête de cet établissement et «lont nous avons pu apprécier l'énergie, le zèle et la sage économie dans la conduite difficile d'une maison aussi importante.

L'hospice «le Soultz ne reçoit pas seulement en effet les malades et les pauvres de la ville, mais encore de nombreux pensionnaires souvent bien exigeants ').

l) Un jour, un de ceux-ci s'avisa de traîner par une Scelle a travers les salles, la gamelle qui contenait la soupe, disant qu'il fallait la conduire, car elle n'avait pas d'yeux. Nous tardons a côté de ce souvenir liumoristiqc*, celai d'an drame où un de ces pensionnaires égorgea une vieille religieuse qui le servait et ae coupa la gorge ensuite.


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Les soeurs aidées par les hospitalisés tant soit peu valitles ont encore la conduite «l'un important corps «le ferme. Les étables qui en dépendent furent construites en 1844 pour 6000 francs.

En 1842, l'hospice contenait trois lits pour les militaires et quatorze pour les civils. C«.» nombre fut encore augmenté en 1SO2, et la salle «jui servit d'oratoire fui destinée à recevoir «le nouveaux lits. On construisit alors l'élégante chapelle actuelle qui, bien que fort simple, est disposée confortablement pour «pie les malades puissent profiter «les offices religieux. Le prix «le cette construction s'éleva à 5<**> francs, dont une partie fut couverte par un«» souscription publique.

La cloche «le l'hôpital fut refondue en 1.S51* par François Doniat, fondeur à Soultz.

Cet établissement e-t administré par un ou-eil présidé par le» maire «-t composé «l<» six membres. || possédait, vers 1855, Stx*i franc* de revenus. Aux anciens biens antérieurs à la Révolution sont venus s'ajouter de nombreuses donations «lans le cours du \i\' siècle. Parmi les plus importante* nous citerons le legs f "lieti.iy et «l'Anthès, et surtout la belle donation faite en u/n par M. Krafft, ancien notaire à Soultz, à l'occasion de la mort «le M"* Krafft, «l'une forêt e.-timé 125.'**) francs, «pii couvre tout le liane gauche «le* Il vallée de Rimbach sur plus «le trois kilomètres.

Depuis la secoiulc moitié «lu Kix" siècle if existe à Soultz un bureau «le bienfaisance administrée par un conseil composé du curé, du main- et «le deux notables dont l'un fait fonction «le» trésorier. Les ressources «le cet établissement consistent en >«>uscrïpti«nis publiques-, auxquelles s'ajoutent les revenus de quelques capitaux provenant de legs et donations, «huit la principale «>t celle «le M. Kralïï, «pii se monte à M..«XK» francs. L'établissement possè«le une mai-on près d«.» la nte du Temple, où trois s-eurs rie la congrégation «le la Providence


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de Nictlcrbronn distribuent «lans un réfectoire, chaque jour, à midi, un repas à tous les pauvres qui se présentent.

Ces religieuses vont aussi à domicile, soigner gratuitement les malades, distribuent «les secours en argent, en pain et en viande. Le bien accompli aux pauvres est immense et réalisé par «le» miracles «l'économie, eu éganl aux faibles ressources dont le bureau dispose.


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