PLUS DE QUARANTE MILLIONS D'ELECTEURS ONT VOTÉ HIER POUR LA DÉSIGNATION DU PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS
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M, FRANKLIN ROOSEVELT ET M. HERBERT HOOVliR
[DE .NOTRE ·ENVOYÉ SPÉCIAL]
NEW-YORK. 8 novembre. Par câble. via Western Union. L'Amérique a commencé à voter ce matin, dès 6 heures, par un temps grisâtre et pluvieux, dans l'ordre le plus parfait.
L'affiuence était partout considé- rable dans les sections de vote où les machines enregistreuses que j'ai déjà décrites fonctionnaient avec une impeccable précision. Dès que l'électeur a pénétré dans l'isoloir et qu'il a tiré derrière lui le rideau, il se trouve en présence d'un tableau métallique muni d'une infinité de petits leviers. Chaque levier correspond à un nom de candidat, depuis le candidat la présidence jusqu'à celui au posté de shérif. Il suffit que l'électeur abaisse une manette pour qu'il ait voté et que son vote soit automatiquement enregistré.
Bien entendu, la machine est agencée de telle sorte qu'il est impossible au même électeur d'abaisser plusieurs fois le même levier. Quand il a fait jouer dix-huit leviers, qui, à New York, correspondent aux dix-huit votes qu'il doit .émettre, il n'a plus qu'à tirer à nouveau le rideau et à sortir. Tirer le rideau bloque ou débloque la machine.
Ce soir, à 6 heures,. quand le scrutin sera clos, il n'y aura pas lieu de dépouiller, de compter, de recenser, d'émarger, en un- mot d'accomplir une quantité d'opérations bureau- cratiqués en honneur en France. Les machines permettront de voir, d'un slinple coup d'œil, le nombre de voix obtenu par chaque candidat, exactement comme, dans un magasin, une machine enregistre le montant. dés emplettes de chaque acheteur. Le seul calcul à faire consistera à additionner les'totaux des diverses machines.
Le gouverneur Roosevelt a voté ce matin à Hyde -Par k, petite ville de la vallée de l'Hudson ;puls il a gagné New-York en auto. Il se rendra ce soir à l'hôtel Biltmore, où est établi lé quartier général du parti démocrate, pour y connaître les résultats de la journée électorale.
i Quoi qu'il arrive, a-t-il déclaré, le serai dencain matin à Albany, à ̃ma table de travail de gouverneur, pour y expédier comme de coutume les affaires de l'Etat de New-York. Le président Hoover vote cet -après-midi à Palo-Alto, sa ville natale de Californie, où toutes les dispositions ont, été prises pour que, cette nuit, il soit tenu au courant des résultats par radio et téléphone. <>; Quant au citoyen Norman Thomas, candidat socialiste à la présiderice, qui, depuis trois semaines, exhorte les militants du parti à accomplir leur devoir de classe, il n'a pas pu accomplir le sien auiourd'hui parce .qu'il avait simplement oublié de se faire inscrire à temps sur les registres électoraux. Jour de fête légale
[DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL]
• NEW-YORK, 8 novembre. Par table via Western Union. Le jour de l'élection présidentielle étant, en Amérique, un jour de fête légale, le, public a partout envahi, cet après-midi, les cinémas, les théâtres, les lieux de plaisir et les promenades. Mais, vers 18 heures, qui est l'heure de la fermeture du scrutin, la foule, à New-York, s'est portée en flots denses vers Times Square, lequel est situé en plein centre de la ville et correspond un peu à notre place de l'Opéra.
A l'heure où je câble,. il y a là une énorme mer humaine se pressant devant de grands, écrans lumineux et battant de ses vagues les murailles des gigantesques buildings. Une cascade de signaux électriques ruisselle sur cette foule tandis que les haut-parleurs dominent son mugissement. On entend des clameurs et des chants, mais il n'y a pas la moindre bousculade ou rixe. L'atti- tude du public, essentiellement spor- tive, est la même que s'il assistait r à un match historique de boxe ou de football.
Ceux qui ne sont pas dans la rue sont dans les restaurants et les hôtels où, par radio, de minute en minute, arrivent les résultats. L'Amérique entière est suspendue aux transparents ou aux sans-fils attendant de connaître le verdict de la nation.
Stéphane Lauzanne
Les premiers résultats connus
sont favorables à M. Franklin Roosevelt NEW-YORK (via Londres), 8 novembre. Téléph. Matin. D'après les derniers résultats connus, M: Roosevelt mène. dans sept Etats qui envoient 93 délégués aux collèges électoraux, tandis 'qué M. Hoover a l'avantage dans trois Etats possédant, au total, 20 représentants. Dans le Massachussets et la Pennsylvanie, les deux adversaires sont à égalité.
A
Le Kentucky passe des républicains aux démocrates
NEW-YORK,8 8 novembre. (Dép. N.Y. Herald). Les premières nouvelles du Colorado annoncent que les démocrates arrivent en tête. Dans le Kentucky, les leaders républicains avouent que l'Etat a passé aux démocrates.
Les résultats ne seront connus que dans la journée de demain: car, d'après une nouvelle loi, le dépouillement ne peut avoir lieu le jour. même.
Un pari de 48000 dollars a été pris, disant que ,M. Roosevelt aurait la majorité dans les quarante-huit Etats.
LONDRES, 8 novembre. Téléph. Matin. On télégraphie de New-York que, d'après une évalution basée sur les résultats fragmentaires reçus des différents Etats, M. Roosevelt a recueilli 45.305 votes et M. Hoover 25.000. (Voir la suite en Dernière Heure)
La suicidée de Fontainebleau a été identifiée'
C'est la femme
d'un chirurgien-dentiste
de Villeneuve-Saint-Georges
La jeune femme inconnue, dont nous avons relaté le suicide dans un hôtel de Fontainebleau, • a pu être identifiée. Ayant pris connaissance du signalement, que le Matin donnait hier, M. Lucien Joly, chirurgien-dentiste, à Villeneuve-Saint-Georges, ,dont la femme, née Masie-Louise Besson,! 35 ans, avait disparu mercredi matin, acquit la certitude qu'il s'gissait d'elle. Il se rendit aussitôt à PontaineDleau et reconnut la malheureuse.
Ma Jemme, nous a dit M. Joly, aenait, à Plessis-Trévise, un débit de boissons. A la suite- d'un procès, ce commerce était menacé de vente. Je lui avais souvent proposé de l'abandonner mais, séparée de biens, elle tenait; par fierté, à vivre de son propre travail. Au cours des dernières vacances, elle s'était liée avec la femme de mon patron, Mme Gouley, qui a été tuée, le 30 octobre, près de Montereau, dans un accident d'automobile. Cette mort la
ï Mme MARIE-LOUISE JOLY
frappa vivemeut. Mercredi matin, je quittai ma Jemme à Plessis-Trévise et devions, assister à l'enterrement de Mme Gouley. Elle n'y parut point et je ne la revis plus.
"L'Allemagne entend poursuivre la politique inaugurée à Locarno" C'est ee qu'affirme dans un discours le chancelier von Papen, mais il ajoate
Tant que nona n'aurons pas obtenu l'égalité des droits et notre libre arbitre il n'y aura pas de paix en Europe.
[DE NOTRE envoyé spécial]
BERLIN, 8 novembre. Par téléphone. De sa voix d'homme du monde qui, parfois, se durcit des accents- du soldat, le chancelier du Reich, M. von Papen, vient de faire, ce matin, au déjeuner de la presse étrangère, un discours important par ses sous-entendus sinon par ses propres paroles.
C'est à l'hôtel' Adlbn, dont le hall est orné d'un buste casqué de l'exkaiser, dans la salle à manger blanche et rouge où brillèrent tant de fêtes de l'époque impériale, que l'ancien officier du 5' uhlans qui- gouverne l'Allemagne s'est adressé à nous, au lendemain des élections. D'abord, d'un mouvement classique, il déblaie le terrain de la poli- tique intérieure
Les questions de personnes, aujourd'hui, importent peu. Il s'agit que l'Allemagne soit dirigée par un homme en qui puissent se reconcilier les partis.
Une autre phrase classique sur la coopération des peuples et, maintenant, au vif du sujet.:
L'Allemagne, dit M. von Papen, a été depuis toujoûrs le champ de bataille des idées.
L'Allemagne est le champ de ba-'taille entre le rationalisme de l'Occident et l'irrationalisme de l'Orient. C'est bien là, en effet, le fond de la question. Mais comment y répond le porte-parole de l'Allemagne ? Entre la raison claire, sur laquelle s'appuie la politique pacifique de la France, et les rêves obcurs de domination auxquels s'abandonnent les extrémistes allemands, quel est le choix du Reich ? M. von:-Papen ne nous le dit pas. Je l'ai vu avec regret, sinon avec surprise, glisser de cet exorde large et franc aux habiletés les plus usées et qui ne mènent à rien. L'Allemagne, dit-il, pour régler en elle ce conflit de pensée, dont dépend le repos de l'Europe, a besoin d'un gouvernemént fort. Et, bien 'entendu, la première tâche d'un tel gouvèrnement sera d'achever l'abolition du traité de Versailles.
Notre chemin, poursuit-il est celui de l'entente pacifique. Nous avons abordé ce chemin à Locarno; nous l'avons poursuivi Lausanne et nous continuerons de le suivre. Sans aucun doute, le nombre des problèmes qui restent en suspens est plus grand que celui des problèmes dont nous avons obtenu le règlement. Ce sera 1'oeuvre des hommes d'Etat futurs.
Ppilippe. Barrès
(Voir la suite en Dernière Heure.) Le jubilé médical
du professeur Branly
On sait que l'illustre physicien Branly est aussi docteur en médecine. Il faillit même devenir agrégé de la Faculté de Paris.
Une cérémonie a eu lieu, hier, dans le laboratoire récemment édifié pour lui à l'Institut catholique, pour fêter le cinquantenaire de sa thèse de médecine. Au cours de cette°fête organisée par l'Union médicale latine (dite UMFIA), le docteur Dartigues a remis au grand savant une plaquette éditée en son honneur.
Le faux billet à ordre
du baron de Rothschild
Les quatre complices sont condamnés La 13" chambre du tribunal correctionnel de la Seine, présidée par M. Raisin-Dadre, a rendu hier son jugement dans le procès des courtiers marséillais qui tentèrent d'escroquer le baron Henri de Rothschild en utilisant un faux billet à ordre de quatre millions.
Henri Ferenoux et Jean Lacant sont condamnés à cinq mois de prison Alexandre Guintoli à quatre mois et Antonin Pascal à trois mois sans compter des peines d'amende qui s'échelonnent entre 200 francs et 1.U00 francs. Le baron Henri de Rothschild obtient le franc de dommages-intérêts qu'il réclamait la fille et le gendre de M. Camoin, M. et Mme Fouilloux obtiennent la même indemnité de principe. En quatrième page
LES MILLE ET UN MATINS Tentation, par J.-Ad. Arennes.
Une aventurière
condamnée à Alger aurait enieve un enfant à l'hôpital Lariboisière [DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER] ALGER, 8 novembre. Par télégramme. A la suite d'une plainte de chauffeurs de taxis qui n'avaient pas été réglés pour de longues randonnées, une femme était arrêtée et condamnée, par le tribunal correctionnel d'Alger, à trois mois de prison.
Son état civil et s">s déclarations extrêmement confuses rlrent qu'on put croire tout d'abord se trouver en présence d'une femme de lettres bien connue à Paris, Mme Claude Dazil, auteur de plusieurs œuvres dramatiques. Cette femme disait s'appeler Renée Saffroy et porter, comme femme de lettres, le pseudonyme de d'Azy, ce qui, étant donné certains détails qu'elle fournissait sur sa vie, créait une confusion avec Mme Claude Dazil. Elle déclarait. en effet, être venue en Algérie pour le compte de journaux 'parisiens,
Phot. H. Manuel,
Mme CLAUDE DAZIL
ce qui avait été jadis, le cas de Mme Claude Dazil.
Elle avait eu, ajoutait-elle, une be:le fortune, se montant, en fin 1914. à près de deux millions et demi déposés dans une grande banque parisienne. En fin septembre dernier, cet avoir était tombé, à la suite de pertes successives en Bourse et de dépenses exagérées, à environ huit cents francs.
Aurait-on affaire à Mme. veuve MorisSegault, nom que la femme arrêk-e à Alger donna aussi en plus de son nom de jeune fille, Renée Saffroy, ou est-ce là encore une identité usurpée ?
(Voir la suite en Dernière Heure)
Des commerçante de Vendôme qui s'étaient présentés sainement aux contributions le 31 octobre, pour y verser l'impôt sur le chiffré d'affaires avaient été pénalisés, le lendemain de la Toussaint, d'une amende de retard La direction générale des contributions indirectes s'étonne de ce retard et ouvre une enquête
Nous avons publié, hier, que des commerçants de Vendôme, s'étant présentés, le lundi 31 octobre, à la recette des contributions indirectes de cette ville pour y verser l'impôt sur le chiffre d'affaires, avaient trouvé cet établissement fermé. N'ayant pu, ce jour-là, remplir leur devoir de contribuables, ils s'étaient représentés le mercredi 2 novembre, lendemain de la Toussaint, et l'administration les avait pénalisés alors d'une amende de retard de 1 Nous avons demandé à la direction général des contributions indirectes son avis sur ce fâcheux incident. .Les commerçants dont il est question,- nous a répondu le chef de cabinet du directeur générale n'avaient pas à se présenter, le 31 -octobre à la recette de Vendôme, l'article 29 de la loi du 30 juin 1930 considérant comme jour férié;' pour les caisses du trésor, le samédi qui suit une fête légale ou le lundi qui la précède. C'était, en l'espèce, ce dernier cas qui jouait et les intéressés ignoraient sans doute cette disposition de la loi..
» Quant à la pénalisation.: dont les commerçants vendômois ont été l'objet, elle me. surprend. Faute de renseignements, il me paraît vraisemblable que ces contribuables étaient déjà en retard dans, leurs versements :dès" avant le dimanche 30 octobre. Mais je n'oserais l'affirmer. Une enquête, d'ailleurs; vient d'être ouverte qui nous fixera sur ce point, par le directeur général de notre administration. » L'équilibre du budget
a été défrnitivement arrêté par le conseil des ministres Le projet d'outillage national a été déposé dès hier sur le bureau de la Chambre
(Voir en 20 page, 2° colonne.)
Mme Gorguloff vient d'avoir une fille Mme Gorguloff, femme de l'assassin du président Doumer, s'était retirée, depuis quelques semaines, dans sa famille qui habite une petite localité de la Suisse allemande.
MB Henry Géraud, qui fut le défenseur de Gorguloff, a été avisé, hier, qu'elle venait de mettre au monde une fille. UNE., ,FICTION
-Alla 1 Alla C'est a La Reine d'Angleterre » Qui "est à l'appazelb
LE DRAME DE LUBERSAC La jeune domestique des époux Bardolle est à nouveau
entendue par les policiers Elle était rentrée chez aes patrons depuis une demi-heure, dit-elle, lorsqn'elle perçut les coups de feu qui devaient être fatals au négociant [DE notre ENVOYÉ SPÉCIAL]
BRIVE, 8 novembre. Par téléphone. Deux femmes en grand deuil, se soutenant mutuellement; montaient, cet après-midi, les marches du palais de justice de Brive. Toutes deux portent le même nom et le poids d'une commune épreuve les accable..
Une est la femme, l'autre est la mère de la victime du lamentable drame de Lubersac.
Mme Bardolle mère avait été convoquée par le juge d'instruction et sa belle-fille avait désiré la conduire et l'attendre.
Cette audition n'a fourni à l'enquête aucun élément nouveau et le juge n'a rien. appris qu'il ne sache déjà.
Mais les investigations des policiers se sont, par. contre, poursuivies à Lubersac et il est à peu près établi maintenant que M. Bardolle se rendit après dîner, le soir-du drame, sur le chantier contigu au jardin de sa villa. Dans le même temps, la jeune domestique Marie-Louise Renaudin alla, quelques maisons plus loin, rendre visite à sa soeur.
Elle ne devait être de retour à la villa qu'un peu avant 22 heures, c'està-dire quelques instants avant le drame. Les policiers qui m'ont interrogé, nous a précisé Mlle Reh?J|din, prétendent que je suis montée dans ma chambre trois secondes avant le premier coup de feu.
C'est absolument ,faux. Je suis restée un moment à bavarder avec ma soeur et je suis rentrée aussitôt. C'est au moiats une demi-heure plus tard que le drame a eu lieu.
On m'a demandé en qttels termes j'étais avec M. Bardolle. J'ai dit qu'il me poursuivait de ses assiduités, mais le ne lui ai jamais cédé. Bien au contraire, comme le suis fiancée depuis peu, j'avais résolu de quitter la villa, afin d'éviter toute histoire.
J'ai trop attendu et j'en supporte maintenant les conséquences.
On voudrait à toute force nt'en /aire dire plus long que je n'en sais. Que voulez-vous, j'ni tout appris de la bouche. de Mine et de M. Bardolle, On m'a exque Mnte Bardolle avait entendu des voleurs. Je n'ai pas cherché à en savoir plus long.
Mme Bardolle, avant de partir pour la clinique, m'a dit « Allez ramasser ie revolver pour que les enfants ne mettent pas la main dessus.
» Où est-il ? 'ai-je demandé. » Quelque part dans l'allée ou sur le gazon. »
Je le cherchai en m'éclairant d'une bougie, mais je .ne l'ai pas retrouvé ce soir-là. Ce n'est' que le lendemain matin que de devais le découvrir, comte vous le savez, à vingt-deux mètres du perron. J'ai ramassé aussi la gaine, mais à trois ou quatre mètres de là.
La gaiaté, avons-nous demandé ? Mais Mme Bardolle n'a-t-elle pas déclaré qu'elle avait posé l'arme sur le bureau après l'avoir sortie de son étui ? (Voir la suite en Dernière Heure)
Le centenaire de' la mort du roi de Rome
A l'Orangerie des Tuileries sera inaugurée aujourd'hui par M. Mistler, sous-secrétaire d'Etat aux beaux-arts, l'exposition organisée à l'occasion du centenaire de la mort du roi de Rome. Tous les tableaux, tous les Iivres, tou-' tes les reliques qui évoquent la mélancolique histoire du duc de Reichstadt, ont été rassemblés sous la direction de M. Jean Bourguignon, conservateur du musée de la Malmaison. Notre cliché représente l'une des œuvres exposées un portrait de « Napoléon François roi de Rome », par Gérard.
L'ex-roi Ferdinand rentrera-t-il en Bulgarie ?
Berlin, 8 novembre. Téléph. Matin. Le général Gantscheff, qui fut, pendant de longues années, l'aide de camp de l'ex-roi Ferdinand de Bulgarie et qui vit à Berlin, s'est rendu à Sofia. On croit que ce voyage est en rapport avec les intentions de l'ex-roi de vouloir finir ses jours en Bulgarie.
On sait que l'ex-roi Ferdinand a sa résidence à Cobourg.
Il paraît que le président des ministres, M. Muchanoff, a vivement protesté contre ce désir, craignant qu'un retour de l'ex-roi Ferdinand en Bulgarie ne rencontre l'opposition de l'étranger. Un avion de la patrouille du colonel de Serre, revenant du Sahara, se brise à l'atterrissage
Alger, 8 novembre. Télégr. Matin. -=- Un avion de la patrouille du colonel :de Serre, revenant du Sud. a été victime, ce matin, d'un accident, à proximité de Sidi-bel-Abbès. L'avion, piloté par le colonel, pour cause d'avaries, fut contraint d'atterrir mais, par suite d'un mauvais atterrissage, il s'est écrasé sur le sol. Heureusement, l'équipage est sorti indemne de l'accident. Les autres appareils ont atterri normalement, et, après avoir pris le colonel à bord, ils Qnt pu rejoindre Oran,
Le tragique destin d'une princesse russe morte en exil
Un procès devant la première chambre du tribunal civil de la Seine
A l'occasion d'un procès qui se plaidait hier devant la première chambre du tribunal de la Seine, a été évoqué le tragique des-
M' Albert GAUTRAT
tin d'une princesse morte en exil.
Epouse
morganatique du grand-duc Paul de Russie, l'oncle du tsar Nicolas II, la prin.cesse Paley, après l'assassinat de 'son mari et de son fils, le comte Wladimir, fusillés par les bolcheviks, l'un à Pétrograd, l'autre en Sibérie,, dut,précipitamment
s'enfuir de son château de TzarskoiéSélo, voisin du domaine impérial, pour se réfugier en Finlande, avec ses deux filles, Irène et Nathalie.
Elle avait abandonné son palais de Tzarskoié, qui contenait d'inestimables collections, et, dans la nuit, sur un traîneau, conduit par un fidèLe serviteur, elle avait réussi à se sauver, en emportant des bijoux, seuls débris de son immense fortune.
Puis, après un bref séjour à Stockholm, elle vint se fixer en France, résidant soit à Paris, soit à Biarritz, et utilisant les revenus que lui avait procurés la vente de ses bjoux à soulager les misères de ses compatriotes. Elle mourut en 1929. De la splendeur des jours heureux d'autrefois date l'incident judiciaire soumis à l'examen des magistrats parisiens en z9l3, un antiquaire de la rue Saint-Honoré, M. Hamburger, avait vendu au grand-duc Paul des meubles anciens qui furent expédiés au château de Tzarskoié-Sélo il y en avait pour 270.000 francs, la guerre, la révolution empêchèrent le règlement de cette ancienne dette qui est maintenant réclamée aux filles de la princesse Paley.
L'affaire paraît toute simple elle les détails.
(Voir la suite en 2e page, 4i colonne) Propos d'un Parisien OU REAPPARAIT LE DUC DE GAETE Un jour, il n'y a pas bien longtemps, la situation financière apparut, en France, désespérée. Vint alors M. Raymond Poincaré. Par un miracle de la sagesse économique, il remit la situation à flot, pour un temps.
Aujourd'hui, le budget inspire de nouveau quelques inquiétudes. Lors du premier fléchissement, j'eus l'idée de relire les mémoires de Gaudin duc de Gaëte. Ce technicien avait été, sous Bonaparte et l'Empire, le plus prodigieux ministre des finances de tous les temps. L'Assemblée constituante le Parlement d'alors, écrivait le duc de Gaëte, était arrivée au désastre, en ne composant le revenu public que de contributions directes, soit sur les capitaux, soit sur les revenus fonciers et mobiliers. Elle avait comblé l'insuffisance du budget par la création d'assignats (inflation) et légué ainsi involontairement à ses successeurs deux éléments de désordre et de discrédit un déficit permanent, un papier-monnaie. i> Mes petits articles réveillèrent l'intérêt autour du duc de Gaëte. Un homme rare, aujourd'hui décédé, Max Leclerc, qui faisait partie du conseil de- la Banque de France, m'avisa qu'il considérait comme un devoir de rééditer les mémoires de l'expert financier.
Nous ferions bien aujourd'hui de les relire. Si vous le voulez bien, nous les relirons ici de compagnie. Vous y verrez-combien la persis- tance dans l'erreur économique peut, un beau matin, ruiner un peuple, verticalement, d'un seul coup; com- 1 ment, alors, un autre beau matin, les citoyens, lassés, acceptent brusquement n'importe quel changement de régime politique, et comment, après l'erreur, la vérité technique ramène l'existence meilleure pour tous. 1 Louis Forest.
L'usine à gaz imaginaire de la Chapelle-la-Reine
HENRI Laotent, 45 ans, le pseudoingénieur, originaire de Rennes et arrêté à Paris, qui, nous l'avons relaté hier, en montant une société pour da construction d'une usine à gaz à la Chapelle-la-Reine, avait commeneé par dilapider les quelque 200.000 francs fournis par les action,naites,
L'Académie de médecine a fête hier, le centenaire du docteur Guéniot.
En présence de MM. de Monde et Justin Godart
Une affluence inaccoutumée emplis-' sait hier après-midi le petit amphi- théâtre de l'Académie de médecine; L'illustre compagnie célébrait les cent ans de son doyen, le docteur i^uéniot,! qui naquit le 8 novembre 1832.
A cette fête intime, la présence de deux membres du gouvernement apportait néanmoins une manière de consécration officielle; M. de Monzie, ml! nistre de l'éducation nationale, présidait en effet la séance, à laquelle assistait en outre M. Justin Godart, ministre de la santé publique. La Ville de Paris s'était associée à cet hommage en la personne de M. de Fontenay, président du conseil municipal.
Il était 15 heures lorsqu'une longue salve d'applaudissements, déferlant des gradins jusqu'au parterre où se pressait le public debout, salua l'entrée du doncteur Guéniot une porte de côté s'ouvrait, et le centenaire, en habit brodé: de palmes, pénétrait dans la salle appuyé au bras du général Gouraud côte) à côte, l'alerte doyen et le glorieux mutilé vinrent s'asseoir en face du bureau pour écouter les orateurs faire l'éloge d'une existence si bien remplie, si cons-4 tanilïi'ent dévouée à la' "science et à l'humanité, que cette cérémonie dépassait! sort cadre pour devenir une manifestation unanime et émouvante de sympa-» thie et d'admiration.
Le président de l'Académie de médecine, M. Meillère, remercia d'abord les deux ministres présents de s'y étre associés puis le secrétaire général, M. Charles Achard. souligna le plaisir qu'il' éprouvait, habitué qu'il est à déplorer trop souvent des-deuils, à célébrer ce bel exemple de longévité bel exemple.) mais non pas unique, l'Académie de médecine en cent douze ans d'existence ayant déjà compté, avant le docteur Guéniot, un centenaire l'illustre Chei vreul. M. Paul Bar, ancien président, retraça ensuite la carrière obstétricale du docteur Guéniot, ses débuts aux Enfants-assistés et à la Maternité. Et M. Pierre Duval apporta les vœux de la¡ Société nationale de chirurgie.
Après lui, M. Mourier, directeur d8
Le docteur Guéniot prononçant son discours
l'Assistance publique, félicita' le cente-i naire, dont le fils continue l'œuvre et le nom à l'Assistance publique. M. Anv< broise Rendu, conseiller municipal, se fit l'interprète des habitants du quartier Saint-Thomas-d'Aquin, qui a tant bénéficié de l'activité bienfaisante du doyen de l'Académie de médecine. Ensuite, M. de Fontenay, président du conseil municipal,, remit au docteur Guéniot la médaille grand module de la Ville de Paris.
(Voir .la suite.. en 20 page, 1" colonne)
La fraude sur l'impôt des coupons des valeurs étrangères
Le directeur et deux employés d'une banque étrangère
sont inculpés
Afin de permettre à des porteurs français d'échapper à l'impôt de 18 sur les coupons des valeurs mobilières étrangères, une banque suisse, la Banque commerciale de Bâle, avait installé depuis sept ans une succursale dans un appartement d'un hôtel meublé. 14, rue de la Trémoille.
Là, deux employés, le sous-directeur, M. Renaud, et son secrétaire, M. Joly, recevaient les clients. De temps en temps, un des cinq directeurs de la banque, M. Berthoud, venait passer quelques jours en tournée d'inspection. Les clients apportaient leurs coupons qui- leur étaiènt payés sans' retenue de l'impôt.
Mais l'enregistrement, au courant ,de ces agissements, prévint le parquet de la Seine le 26 octobre. La section financière, après une brève enquête de M; Fontaine, substitut, commit le lendemain même un juge d'instruction, Mj Audibert.
Celui-ci, le 27 octobre, envoya M. Bar· thelet, commissaire à la Sûreté géné'rale, dans l'hôtel, 14, rue de la Trémoille, où devait descendre le directeur de la banque suisse. Le commissaire .se substitua à celui-ci et reçut les clients. Il put recueillir un certain nombre de renseignements et l'interrogatoire du directeur amena la saisie d'une dizaine de carnets donnant les noms et qualités de plus d'un millier de clients.
Le directeur, M. Berthoud, et ses employés, MM. Renaud et Joly, ont été, inculpés par M. Audibert, d'infraction à la loi du 29 mars 1914 pour fraude fiscale. Tous trois sont citoyens suisses. Ils ont été interrogés plusieurs fois longuement par le magistrat ils sont assistés de Me Montel.
Les comptes en banque de la Banque commerciale de Bâle ont été bloqués sur ordre du magistrat.
Les porteurs français qui ont frustre le fisc pourront être inculpés eux aussi;* Toutefois, une discrimination sera fai.te par le magistrat instructeur car plu- wsieurs clients dont les noms figurent sur les carnets saisis, avaient un dépôt au siège de la banque à Bâle et touchaient régulièrement leurs coupons, à charge pour eux d'en faire la déclaration au titre de l'impôt sur le revenu.
Des vérifications vont être faites à ce sujet.
Les trois inculpés ont été interrogés/ de nouveau, hier, par M. Audibert. Les, ► fiches saisies dans leur bureau ont été dépouillées en leur présence, Sur ces