Première Année: ' —■ 3ST* 37 LE NUMÉRO : IO Getotimès 7 Awil ±01'?
COUPE DE L'ESPÉRANCE
{Deuxième année.)
(QUARTS DE FINALE)
TOULOUSE, TAKBESTÏAITES et WLII;
SE QUALIFIENT
L» STADE TOULOUSAIN se débarr.sse, ài,Perpignan, d'une SÉLECTION DU LANGUEDOC. — Un Public anti-sporlif ; de» joueurs mal éduqués ; l'arbitre frappé et blessé ; des sanctions s'imposent. — A Bordeaux, le C. O. TARBA1S dispose facilement du COUMPOUND PERIGOURDIN. — A Nantes, le STADE NANTAIS élimine les PARISIENS. — A Lyon, le R. C. CHALONAIS triomphe difficilement du R. C. LANCYNOIS. — Partout les meilleurs ont gagné.
STADE TOULOUSAIN
bat
SELECTION du LANGUEDOC
Par 6 points à 0
La Partie
,J» téntib do PerpigiiMi écoeuré du spectacle qui j'ai eu BOUS les yeux. Mais avant de parler des pénibles incidents qui se sont produits au cours de cette partie, je vais tacher d'exposer un résumé aussi exact que possible de ce match joué sous une pluie fine qui gêna spectateurs et joueurs, aussi peu a l'abri les unB que les autres...
Le Stade Toulousain présente une équipe renforcée en avants par les rentrées de Ramondou et d'un avant-centre célèbre.
D'entrée, les « rouges et noirs » accusent leur supériorité et le pack stadi'stc accomplit un travail énorme avec un calme et un entrain qui enthousiasment ceux qui, comme moi, reprochent si souvent à nos rc présentants leur mollesse et leur faible ardeur. Les Sopistes — ou plus exactement ceux qui portent ce maillot — énervés à l'excès, ne sont pas maîtres de leurs mouvements et se livrent à chaque instant à des brutalités dignes de « voyous ».
Durand et Marc se distinguent dans ce nouveau genre de sport. Les Toulousains restent impassibles sous cette avalanche de coups et continuent à dédaigner l'homme pour ne s'occuper que du ballon. Leur méthode est la bonne puisque, sur touche longue, des passes s'organisent et Soubé, dernier possesseur du ballon, déborde la défense adverse et, bien que plaqué par Stoll, marque un bel essai. Gay rate la transformation d'un cheveu?
Peu après, Pasquier franchit la ligne de but et marque un essai que l'arbitre refuse.
Par de longs coups dé pied, la Sélection languedocienne se déga.ge et tout coup do, botte donné par un Perpignana.is est applaudi frénétiquement par un public étonnamment chauvin. Par ses dribblings, où Luzior, Soubé et Ramondou se distinguent, Toulouse remonte. Perpignan, à l'ouvrage, se décrage par un long coup de pied de Stol] que Gay reçoit à toute allure. Il fonce droit et à dix mètres des buts, pa.ssc à Basquiat, démarqué, qui rate la réception et l'essai.
Bornon et Valès se dépensent sans compter; mais ce dernier, fatigué de recevoir des coups, se décide à les rendre, et le vacarme reprend de plus belle. Durant cette mitemps, l'arbitre doit rappeler plusieurs fois à l'ordre le Perpignana.is Durand et finalement fut objigé de l'expulser.
-.D'entrée,_Jes Catalans veulent le retour
de Durand, que Ramondou accepte généreusement. La partie peut enfin reprendre et Toulouse joué toujours avec la même maîtrise. La pluie, qui ne cesse de tomber, gêneles lignes arrières stadistes. Les avants jouent alors au pied et Ramondou mène un beau dribbling de quarante mètres. Perpignan essaie d'ouvrir, mais le ballon ne peut dépasser les centres, trop personnels et maladroits. Sur en-avant, 'une mêlée se joue. Le ballon sort au S.O.P. Marc rate la réception ; Forgues, qui s'est replié, gêne Stoll. Pasquier surgit à toute allure, dribble et va marquer un essai, dont Gay rate encore la transformation d'un rien.
M. Bascou ne peut endiguer les brutalités perpignanaises et Pasquier, qui arrête courageusement un dribbling, est à moitié assommé par un « azur » que le public ovationne!...
Toulouse affirme dp plus en plus sa supériorité et lance ses lignes arrières. L'aile Cambon-Maury file à toute allure et déborde les trois-quarts par coup de pied à suivre. Mais Stoll happe le bail et peut dégager en touche. Sur cafouillage, une mêlé? se forme; Pasqtùor passe à Chilo et ce dernier à Cambon, démarqué, qui glisse et oub'.i'j de passer à Maury. Chilo se distingue encore par son adresse et ses coups de pied et, sur mêlée tournée, la fin est sifflée.
L'arbitre est aussitôt assailli par les Perpignanais, Marc en tête. Celui-ci lui décoche un coup de poing en pleine figure qui 1 lui casse le nez. M. Bascou chancelle. Pour réconfort, il reçoit encore un coup de poing derrière la tête et tin autre sur une oreille. Tl est couvert de sang. Ramondou, suivi des Stadistes toulousains, vole à son■■ secours et porte presque le courageux Agcnais. A peine sortis du terrain, je vais à leur devant, mais je ne puis empêcher un retour de Marc, qui décoche encore un nouveau, coup de point; en pleine figure à Varbitre. A ce moment, la balustrade latérale des trihunes s'écroule et une vingtaine de spectateurs, qui insultaient l'arbitre, prennent contact avec le sol.
A la faveur de cette diversion, nous emmenons M. Bascou au local, où on essaie de le réconforter. La police peut à grand'peinc maîtriser la, foule, qui se sent d'autant plus forte qu'elle est plus nombreuse. *
Pour jragner la voiture qui doit nous porter à la gare, nous devons traverser une cohue hurlante qui profère des insultes et des menaces à l'ésrard de tout ce qui est « rouge et noir ». Tant bien que mal on évite les coups et on arrive enfin au véhicule qui nous éloigne d'un terrain si inhospitalier.
* **
Je ne croyais pas, en arrivant à Perpignan, devoir assister à ces pénibles incidents. Depuis dix ans bientôt que j'évolue
sur les terrains de football, je n'ai jamais vu un public aussi hostile, aussi partial et aussi stupide. Pour la première fois de ma vie, j'ai vu applaudir les brutalités et tous les gestes, quels qu'ils soient, accomplis par les joueurs favoris.
Lors des fameux incidents Tarbes-Toulouse, les joueurs n'avaient eu affaire qu'au public. Dimanche, ils eurent à se défendre contre les deux, et, si à la rigueiir j'excuse la foule, je ne trouve rien qui plaide en faveur des équipiers languedociens.
Ils se montrèrent intraitables, brutes à l'excès et d'une inique mauvaise foi. Pour être plus sûrs du triomphe, les Sopistes avaient fait appel — contre tous règlements — au concours de certains des meilleurs joueurs de leur Comité. Ils consentirent à grand'peine à avancer l'heure du match, malgré les ordres formels de l'Union, et eurent onfin la naïveté de contester la qualification du vieux Btadiste Ramondou!...
Ils ne jouèrent pas avec coeur, mais avec haine, et lorsqu'ils virent la victoire leur échapper, ils multiplièrent leurs ignobles brutalités.
Durant-toute la partie, je n'ai eu qu'une peur :^queJa patience des Stadistes se lasse et qu'ils répondent aux coups. Heureusement les vieux jpiiours ramenèrent le calme, ce qui permit au Stade de faire montre d'une tenue que je ne connaissais pas et à laquelle je rends un sincère hommage. Le succès les récompensa de cette manière de faire. J'en suis heureux.
Je ne. veux pas faire une critique trop sévère de ce match, mais je tiens néanmoins à dire à mes camarades que je compte bien qu'ils puiseront en ce succès un-.stimulant énorgique. La victoire de dimanche leur ouvre des horizons nouveaux. Par un travail raisonnable ils peuvent améliorer leur condition, mouler leur forme, fondre les diverses lignes de la belle équipe qu'ils constituent.
Amis Stadiste, apprenez à dribbler, augmentez votre souffle, améliorez votre adresse, soyez toujours plus unis et plus fortsCe sont là les secrets de vos victoires futu: res.
Que dire de la Sélection languedocienne? Simplement qu'il est vraiment dommage que de braves garçons comme Stoll, Garrigues, Forgues, Pnjol, etc., soient mêlés à des gens"aussi brumes et mal élevés que Marc, Durand et consorts, et que cet amalgame ait été commandé par Barande, qui se montra mauvais et méchant capitaine.
La conduite ignoble des Sopistes n'a pas d'excuse. J'ose croire que l'Union aura le courage de prendre des décisions énergiques contre ces gens, à qui Je vin, l'or et le sang échauffent les esprits, troublent la vue au point de les faire agir comme des fous.
Dans l'intérêt du Sport, des disqimli.fi.ca.- tions à vie s'imposent. Le football ne peut ni ne doit être pratiqué par des voyous et des lâches.
M. Bascou a droit à tous les éloges. Devant un public chauvin et emballé, il sut se montrer courageux et compétent référée. Je lui adresse mes félicitations les plus vives et les plus sincères en lui souhaitant un complet et prompt rétablissement. J'a.ssocie à, ces voeux tous mes camarades du Stade Toulousain, qui se font un devoir de joindre leurs compliments aux miens.
L.-C. BIOUSSA.
Opinion de l'Arbitre
Le meilleur a gagné, en l'occurrence le Stade Toulousain, grâce à son calme, son sang-froid, sa discipline et son homogénéité en toutes ses lignes, principalement dans *on pack d'avants. Tous ses joueurs sont à
féliciter pour leur excellente tenue sur la terrain, car je n'ai entendu qu'un seul homme commander : leur capitaine.
Le S.O.P-, composé d'éléments de plusieurs Clubs du Languedoc, avait cru comprendre que, pour battre les Stadistes sur la pelouse — puisque sur le tapis vert il était, lui, battu d'avance, faisant jouer des équipiers non qualifiés pour ce match — il fallait faire appel à des lutteurs, à dei boxeurs ou des partisans de jiu-jitsu. C'est ce qui s'est produit.
A part ses lignes arrières, composées de joueurs vites et puissants, son huit a été au-dessous de tout; il a joué sans méthode, très durement, sans tête -- j'ai même vu deux de ses équipiers se plaquer entre eux et se rouler, croyant tenir un adversaire — il s'est plutôt occupé de l'homme que du ballon et, de ce fait, a nui énormément à la beauté du jeu, privant de plus ses lignes arrières de l'ustensile et peut-être d'essai.
Toute la faute incombe à B.arande, son capitaine; c'est lui Je seul responsable de tous les incidents de la journée, car il a manqué totalement d'énergie et il me permettra de lui dire que lorsqu'on est incapable de se faire respecter par ses équipiers, on n'asBume pas une tâche aussi lourde.
Dans l'intérêt du sport en général et pour le bien du Club sopiste en particulier, je croirais manquer à mon devoir en né signalant pas à l'Union î'aîtïtûde de son capitaine et des joueurs Marc et Dnrandy qui m'ont frappé violemment après le match éf m'ont menacé maintes fois durant la partie, afin qu'ils soient définitivement exclus, d'une équipe de football et de rU.S.FS.À.
De tels personnages ont phitôt leur place dans une « ménagerie » que sur ùri terrain de sport et ne peuvent mériter, dans toute * la force du terme, l'épithète anglaise de sportsman : « L'homme de sport synthétisant la droiture, le courage, la loyauté ».
BASCOU
Arbitre officiel au Pérlgord-AgcnaU.
■ P- S. —- Il est triste et regrettable de constater que l'équipe et le public perpignanais aient oublié qu'en face d'eux ils avaient quinze Français venus là, loyalement, concourir, par le sport, à l'amélioration d'une race qui aura besoin, après la guerre, d'être plus forte que jamais, la nôtre!...
Autour du Match
Partie samedi de Toulouse avec le beau temps, l'équipe toulousaine se voit gratifiée dimanche d'une après-midi pluvieuse. C'est * tant mieux, car le terrain sera moins dur: quelques cailloux en émergent cependant.
Le coup d'envoi est donné à deux heures et demie, contrairement à l'heure officielle (2 h- 30), les Stadistes ayant accepté, pour être agréables'au S.O.P., de retarder la partie. Ils risquaient cependant gros jeu si des prolongations avaient été nécessairesLes
nécessairesLes de la rencontre avaient été fort intéressants. Les dirigeants sopistes, questionnés sur l'heure du match, déclarent .n'avoir rien reçu ni do l'Union, ni du S.T. La poste et le télégraphe doivent être bien malades à Perpignan!...
Les cartes d'invitation?... Mais les Toulousains en ont bien assez avec cinq ! Encore faut-il courir toute la matinée de café en café et des cafés au terrain pour obtenir cette réponse.
Avant la, partie, dans les vestiaires, la formalité de rétablissement de la, feuille cVarhitraqe est superbe. La valise de Pasca.rel sert de table. Le S.O.P. porte une réclamation sur la qualification... de Ramoni don et de Pascarcl... na!... Et, froidement,