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Titre : Procès-verbaux et communications diverses / Société archéologique et historique de Clermont

Auteur : Société archéologique et historique de Clermont. Auteur du texte

Éditeur : Imprimerie du Journal de Clermont (Clermont (Oise))

Date d'édition : 1904

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34443452h

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34443452h/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 1904

Description : 1904.

Description : Collection numérique : Fonds régional : Picardie

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5738485g

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

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Société iïÉÉllp et Hliilpo

DE CLERMONT

PROCÈS-VERBAUX

ET

COMMUNICATIONS DIVERSES

i»o^

CLERMONT (OISE)

Imprimerie du JOURNAL DE CLERMON1

RUE DE CONDÉ , 70



Société Archéologique et Historique

DE CLERMONT

PROCÈS-VERBAUX

ET

Communications diverses

1904

Séance du 21 janvier 190i

I RÉSIDENCE DE M. SÉVRETTE

Assistent à la séance : MM. Beaudry, le docteur Joly, Mahieux, Maître, le docteur Parmcutier, Recullet, l'abbé Ronsmans, Scoté. Sévrette, Tarlier. le chanoine Toullet, Trouvain, Viez et le docteur Zègre.

M. le président transmet les excuses de MM. Gueudré, Labitte, Lacaux, Plessier et Tremblay, empêchés.

Le procès-verbal de la réunion de décembre est approuvé après lecture.

DONS A LA SOCIÉTÉ

De M. le chanoine Marsaux, plusieurs brochures :

VariiHés archéologiques {Deuxième série);


Exposition des Primitifs à Bruges, 19 0 2 (Notes iconographiques) ; Deux oubliés.

De M. Bazin, professeur à la Société d'horticulture :

Album historique et pitloresyue du déparlement de Saône-et-Loire (Texte et illustrations).

De M. le'chanoine Morel, membre correspondant :

Les biens ecclésiastiques dans le canton d'Eslrées-Sainl-Denis.

M. le secrétaire dira aux donateurs la gratitude de la Société.

DIVERS

M. le secrétaire fait pari à ses collègues d'une lettre où M. le comte de Luçay remercie la Société de l'avoir maintenu à la présidence d'honneur.

M. le président notifie la démission de M. Meurs, que ses fonctions de juge à Blois viennent d'éloigner de Clcrmoni.

Est admise à l'unanimité, comme membre titulaire :

M"' 0 veuve Monvillez, propriétaire à Breteuil, présentée par MM. Sévrette et Bcàudry.

LECTURE

M. LAURAIN. — Une fêle civique à Clermonl le 10 Brumaire an II (31 octobre 1793).

Le travail de notre distingué confrère se rattache à un épisode survenu au cours des réquisitions incessantes qui, en 1793, ac-


câblèrent les campagnes pour le ravitaillement de Paris et des armées. Les commissaires se heurtaient quelquefois à la mauvaise volonté des paysans fatigués de leurs visites presque quotidiennes. Aussi, l'un d'eux, Scellier, juge de paix de Clermont, fut-il ravi de l'empressement avec lequel une ciloyenne de Méry, la femme Barbier, se prêta aux circonstances. On se trouvait à court de .moyens de transport. Elle s'écria : « Prenons des sacs et allons porter du bled sur notre dos à nos frères de Paris ! » Cela partait d'un bon naturel et semblait de mince conséquence. Mais, à cette époque, les imaginations étaient surexcitées par l'importance des événements. Les actions d'éclat, les dévoûmonls, les mots historiques abondaient sur tous les points du territoire. Le vent était au sublime : et donc, la Société populaire de Clermont fut très aise d'avoir, elle aussi, à l'instar des grandes villes, une héroïne du terroir à exalter et à saluer. Elle ne lésina pas sur les éloges; au contraire. Et si, de sens rassis, on pense qu'il y eut peut-être beaucoup de bruit pour peu de chose, il faut se souvenir qu'étant donné les conjonctures, la mentalité des personnages en vue releva parfois de ce qu'on peut appeler « la pathologie des énervés. »

On décerna à la femme Barbier une couronne de chêne et on lui attribua le principal rôle dans une fête célébrée à Clermont, le premier décadi de brumaire, en •l'honneur des vertus civiques.

M. Laurain transcrit le compte rendu officiel de cette cérémonie. On a ainsi, en


toute sa saveur, l'impression des assistants. Cortèges variés, musique vocale et instrumentale, discours pompeux, agapes de sans-culottes, représentations de la Liberté et du Patriotisme, imitation du tumulte des armes, etc., rien n'est omis du scénario compliqué. On se convainct que ces jourslà, en vérité, le spectacle était dans la rue, — réalisation curieuse, quoique inconsciente et avant la lettre, de ce théâtre du peuple que rêvent, prônent et cherchent certains de nos contemporains.

M. Laurain raconte ensuite quelques faits corrélatifs à cette fête.

Les auditeurs, captivés par cette belle et piquante étude, en demandent le renvoi à la Commission de publication. Le bureau acquiesce volontiers à ce désir. Et la séance est levée.

Séance du 18 février 1904

PRÉSIDENCE DE M. SEVRETTE

Sont présents : MM. Binant, Breuil, Dufrénoy, le docteur Joly, Labitte, Lacaux, le docteur Parmentier, Recullet, Samson, Sévrette, Tarlier, Tassart, le chanoine Toullet, Tremblay et Viez.

M. le président fait agréer les excuses de M. Beaudry, malade, et de MM. Leclerc et Plessier, empêchés.

M. Lacaux, secrétaire-adjoint, a la parole pour la lecture du procès-verbal de la dernière séance qui est adopté sans observation.


Sur la présentation de MM. Plessier et Beaudry et à l'unanimité, sont élus membres titulaires :

MM. Delormel (Georges), 1, rue Dubrunfaut, Paris ;

Douillard (Joseph), élève de l'Ecole des Beaux-Arts, 102, rue de Rennes, Paris.

LECTURES

M. LAURAIN.— Différend entre les chanoines de la collégiale N.-D. de Clermont et. les Trinilaires de Saint-André.

Au vrai, c'est d'un incident sans gravité qu'il s'agit. Cela ne retire pas son intérêt au document communiqué par M. Laurain. Bien qu'ils ne se rangent qu'à l'arricreplan, les petits faits n'ont-ils pas leur rôle dans les reconstitutions du passé ? Si l'histoire générale procède par masses, l'histoire locale, circonscrite par définition, s'achève à force de traits qui, pour menus qu'ils soient en eux-mêmes, se subordonnent, s'adaptent et s'apparient à l'ensemble. — En l'espèce, c'est une question de juridiction qui mit en défiance les uns contre les autres . les chanoines de Clermont et les Trinitaires de Saint-André. Le prévôt du chapitre, Pierre Savary,. logé chez les Trinitaires, devait recevoir le viatique et les derniers sacrements des mains du curé de SaintSamson ; ainsi le voulaient les règles canoniques. Les Trinitaires prétendaient leur couvent exempt de l'autorité curiale. Afin d'éviter un conflit scandaleux, le curé de Saint-Samson, Nicolas Savary, conseilla aux religieux de ne pas s'opposer à l'admi-


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nistration des sacrements. Au surplus, ne leur était-il pas loisible de réserver leurs droits, s'ils étaient réels, et de demander acte de leur protestation au notaire Chardon 1 Ils se laissèrent persuader. Kt c'est ainsi que la discorde fut chassée du seuil de la chambre d'un mourant, le 24 septembre 1G63. ' ■

'M. BEAUDRY. — Extinction et suppression dit titre du prieuré de SaintArnoult de Crapin.

Crapin est un hameau actuellement bien réduit. Il somnole dans le silence à l'orée des bois qui dévalent la pente occidentale de la « Montagne » de Breuil-le-Sec. Chaque année, en juillet, il retrouve quelque animation pendant un pèlerinage dont l'existence est déjà constatée au XII° siècle et qui amena la construction d'une chapelle et d'un modeste prieuré. Ce prieuré, appelé prieuré de Saint-Arnoult-la-Fontaine, était, en 1(î8o, « inutil à cause de la modicité de son revenu qui, en quinze années ( 1 ) », n'au - rail pu « suffire aux réparations nécessaires ,i) ». La chapelle « ne pouvoit estre mise en estât convenable, menaçant ruyne et n'estant couverte que de chaume (3) ». Son éloignement de toute habitation l'avait fait choisir comme refuge par les malandrins qui y débitaient du sel de contrebande ; elle élait, ainsi, profanée journellement. Dans ces conditions, le prieur dom Pierre du Boys préféra solliciter la suppres(i)

suppres(i) de l'Oise. II. iijgo. Première pièce.

00 Id(3J

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sion de ce bénéfice et se démit de son titre. Les •> directeurs de l'hospital général des enfermez de Clermont » prièrent l'abbé de Saint-Germer et l'évèquc de Beauvais d'ordonner la suppression du prieuré, d'en unir les rewnus à leur établissement pour être destinés à l'entretien d'un chapelain « soubz les oll'ros d'acquitter le service et fondations dudil prieuré (1) ».

Monseigneur de Forbin-Janson, évêque de Beauvais, prescrivit une enquête dont les conclusions furent qu'il fallait renoncer à reconstruire le prieuré et qu'il valait mieux assigner les revenus en provenant à l'hôpital de Clermont. M. Beaudry glisse rapidement sur celte enquête- pour ne pas retomber dans ce qu'avait déjà dit. M. Féret. (Le prieuré de. Saint-Arnoult. Clermont, ■IR.j* . Il relève et corrige quelques inadvertances dans cette brochure aujourd'hui fort rare. Du reste, l'auteur semble n'avoir pas connu l'acte par lequel l'abbé de SaintGermer consentit à la suppression du titre de Saint-Arnoult. M. Beaudry en a copié la teneur aux archives départementales. Elle mérite d'être reproduite :

Nous, François de Tiercelin de Brosse, Conseilliez et Aumosnier du Roy, protonotaire du Saint Siège apostolicque abbé et perpétuel commendataire de l'abbaye de Saint Germer de Fly, ordre de saint Benoist, diocèze de Beauvais, et en cette qualité patron et collaleur ordinaire du prieuré simple et régulier de saint Arnould du mesme diocèze de Beauvais, parroisse de Bruillesecq, membre dépen(i)

dépen(i) 11. i5go. Deuxième pièce.


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dant de nostre abbaye, veu la requeste à nous présentée de la part des sieurs directeurs de l'hospital général estably dans l'hostel Dieu de Clermont en Beauvoisis

sans datte tendante à ce que pour

les raisons y amplement déduites, il nous plust consentir à l'extinction et supression du tillre dudit prieuré et à l'union perpétuelle des revenus du mesme prieuré de saint Arnould à la mense dudil hospital général pour lesdicts revenus estre cy après emploiez à l'utilité des pauvres et spéciallement pour satisfaire à l'honoraire d'un prestre commis pour dire la sainte messe audit hospital et faire le cathéchisme aux pauvres ; L'acte de procuration passée par M0 Jean Hachette, notaire apostoiicque audil Beauvais, en dalle du quatre aousl mil six cens quatre vingt cinq par lequel dom Pierre Dubois, religieux dud. ordre de saint Benoist et prieur titulaire dudit prieuré de saint Arnould, donne pouvoir en blanc, de pour luy en son nom, résigner et l'aire démission pure et simple du tillre de son dit prieuré entre nos mains, aux fins de ladicte union ; la requeste présentée au seigneur Evesque et Conte de Beauvais par lesdils sieurs Administrateurs avec son ordonnance au pied, en dalte du trente avril dernier mil six cens quatre vingt six, portant que ladicte requeste sera montrée à son promoteur ; Ensuilte les conclusions dudit sieur promoteur et sa réquisition qu'avant faire droit il soit fait enqueste et procez verbal de la comodité et incomodité provenante de ladite union de la valeur etdes charges du mesme prieuré en dalte du IrenUesme dudit mois d'avril audit an mil six cens quatre vingt six ; Ladicte enquesle et procez verbal fait par le sieur Gillel, prestre curé de Nointel, bachellier en théologie


— H —

de la faculté de Paris, commissaire à ce dépulé en datte des vingt six et vingt sept may audit an mil six cens qualre vingt six, desquelles pièces il résulte que ledit prieuré de saint Arnould est de peu de v.itleur, que ses revenus annuels ne montent qu'à la somme de quarante ou cinquante livres, qu'il est sujet à de grandes charges et réparations et que d'ailleurs ledit hospital n'est suffisamment fondé pour subvenir aux nécessitez des pauvres et le tout mûrement examiné et communiqué à noslre Conseil, pour contribuer de noslre part au soulagement des pauvres et dotation dudit hospital, avons consenty et consentons par ces présentes à l'extincfionetsuppressiondu filtre dudit prieuré de saint Arnould, et à l'union de tous et un chacun ses fruits et revenus au profficl dudit hospital, pour iceuxestrecy après el à perpétuité gouvernez et administrez par lesdits sieurs administrateurs comme les autres revenus dudit hospilal aplicable toutefois pour satisfaire à l'honoraire d'un prestre amovible et non en tiltre quy sera commis pour l'instruction des pauvres et pour célébrer la saincte messe comme aussy qu'il en soit passé décret par le seigneur Evesque ou son officiai sans qu'il soit besoin d'autre nostre consentement. Renonçons pour nous et nos successeurs abbe^ à la collalion et provision dudil prieuré et nomination d'un prieur pour tant et sy longtemps que ledit hospital général subsistera et que les pauvres y demeureront renfermez, au défaut de quoy entendons qu'il retourne en sa première nature et à condition que le service divin sera acquitté et ses autres charges ordinaires.

El en cas que les administrateurs dudit hospital général rentrent en jouissance de


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deux muids de bled que le prieur dudit prieuré de saint Arnould a droit de percevoir annuellement sur un certain moulin nommé le moulin de Gousy suivant le tiltre de donnalion quy en a esté faicle par Maltilde contesse de Boullongne el de Clermont en datte du mois de décembre 1238 et conformément aux dénombrements rendus au Roy où ladicte redevance est mentionnée et dont pourtant les prieurs titulaires n'ont point jûuy depuis plusieurs années ; en cas.donc de jouissance, ils seront tenus de faire célébrer tous les ans un anniversaire pour le repos del'ame de ladicte dame el de ces prédécesseurs ainsy qu'il est porté par ledit contrat de donnation à la charge aussy que lesdilssieursadministrateurs ne pourront empescher ny détourner le cours ordinaire de la fontaine dudit saint Arnould ny soulfrir qu'aucun autre l'empesche ny le délourne. Et pour marque de son ancienne dépendance à nostre dicte abbaye el par forme de recongnoissance de ladite union avons réservé tant sur tous et chacun les fruits dudit prieuré que sur ceux dudil hospital la somme de vingt sols tournois de rente pnnuelie el perpétuelle payable à l'office claustral de l'aumosnier de nostre dicte abbaye entre les mains du cellerier d icelle et sous ses quittances au jour et feste de saint Germer de chacune année aussy à perpétuité sans préjudice aux droits de visite. Et pour l'ellect et entier exécution de ce présent consentement et à ce que plus grande foy y soit adjoutée Nous avons donné ces présentes signée de nostre main et scellée de nostre sceau el soussignée par Nicolas Langlois, notaire royal garde notte héréditaire audit bailliage de Beauvais, résident à Saint Germer, pris en celle parL pour noslre


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secrétaire pour servir et valloir ou il apparliendera au chasleau de Houdan le premier jour du mois de novembre audit an mil six cens quatre vingt six, en présence de Jean Poisson, marchand et de Gaspart Dever garçon demeurant aud. Houdancq lesmoin.

[Signé] François de Tiercelin, Poisson, Gaspar Dever. Par commandement de mondit seigneur

[Signé] Langlois.

(Archives de l'Oise. H. 1590. Sixième pièce.)

Ti-ois mois plus tard, la communauté de Saint-Germer ratifiait toute la procédure :

Par devant le notaire du Roy notre sire, garde notle héréditaire, Tabellion et controlleur au Bailliage el siège prôsidial de Beauvais, résident à Cuigy en Bray soubsigné en la présence des tesmoings sy après nommez, furent présents les sieurs relligieux prieur et couvent de l'abbaye de Saint dernier de Fly, scavoir le Révérend père dom Edme de Monceaux, Prieur de ladicte abbaye, dom Bonnavenlure Lelocq, souprieur, dom Pierre Destrées, dom Vincenl Hue, dom.Louis Colleaux, dom Nicolas Carelte, dom Jacques Buteux, dom Nicolas de Létoille, dom Jean de Travers, dom Charles Vailly, dom Jean Le Moine et dom Charles Prévost, tous prestres et relligieux profex de ladicte abbaye, ordre de saint Benoist et congrégation de saint Maur, capitulairement assemblez en la manière acouslumée pour délibérer des affaires de leur communauté et notamment sur ce qui ensuit.

Après avoir veu la requeste, etc ..

veu aussy l'acte du premier novembre


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dernier par lequel messire François de Tiercelin de Brosse, abbé perpétuel de ladicte abbaye aconsenty la supression et extinction du tiltre dudit prieuré et à l'union de ses revenus audit hospital général de Clermont outs déclarez sans aucunes forces ny contrainte qu'ils louent agréent et approuvent ladicte supression etextinclion et union des revenus audit hospital et que ledit acte du premier novembre dernier sorte son plain et entier eflect, elc

Fail et passé en ladicte abbaye le sixiesmejour de febvrier mil six cens quatre vingt sept après midy par devant ledit notaire soubsigné es présence de Jacques Dorilliacq Escuier, sieur de La Villette et de Me François Le Bland, greffier des Justices de ladicte abbaye demeurant audit Saint Germer tesmoings à ce apellez pour l'absence d'un autre notaire. La minute signée suivant l'ordonnance.

[Signé] Delagrange.

(Archives de l'Oise. II. 4S90. Septième pièce).

M. Beaudry ajoute que le droit de visite conservé par l'abbaye de Saint Germer fut exercé en 1G93 par dom Robert Fautiu (1).

Enfin, l'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.

(l) De Bcauvilté, Documents iiu'tiits concernant la Picardie, Tome II.


— 18 — Séance du 17 mars 1904

PRÉSIDENCE DE M. SÉVRETTE

Assistent àTa séance : MM. l'abbé Beaudry, Chantareau, l'abbé Chotard, le docteur Joly, Labitte, Maître, le docteur Parmentier, Plivard, Sévretle, Tarlier, Tassart, le chanoine Toullet, Tremblay, Trouvain et Viez.

Se sont excusés : MM. Gueudré, Lacaux, Plessicr, Sauvage et le docteur Zègre.

Le procès-verbal de la réunion de février est lu et adopté.

DONS ET DIVERS

Monseigneur Douais offre à la Société archéologique son dernier livre : La mission de M. de Forbin-Janson, évêque de Marseille, plus tard évêque de Beauvais, auprès du grand-duc et de la grandeduchesse de Toscane. (Mars-mai 1673). Un vol. in-octavo. Paris. Picard, 1904.

Monsieur L. Thio.t a fait hommage également d'une plaquette : Curieuse inscription sur une gaine de hache.

M. le secrétaire transmettra aux généreux et savants donateurs les remercîments de la Société.

Sur la proposition du bureau, sont inscrits au nombre des membres correspondants :

MM. André Parmentier, professeur agrégé d'hisloire et de géographie au collège Chaptal, G, rué Nollet, Paris ;

Gaston Letonnelier, 18, rue de la Sorbonne. Paris.


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L'assemblée se félicite de ces choix si justifiés. Puis, à l'unanimité des suffrages, elle admet comme membre titulaire M. Pierre Dufrénoy, présenté par MM. 0. Dufrénoy et Beaudry.

M. Beaudry signale dans le Compte rendu des séances de la Société académique de l'Oise (pages 108 et 109), l'état sommaire des trouvailles archéologiques qui résultent de fouilles entreprises, en 1903, à Mérard et à Bury, par M. Houle. Un cimetière franc a élô découvert. Près des tombes, on a recueilli des armes, des poteries, des vases, des boucles de ceinturon, des fibules en bronze doré, etc.

M. le secrétaire croit utile que la Société se procure le Carlulaire de t abbaye de Saint-Jean d'Angély, qui contient des documents relatifs à Bury. L'assislancc se range à son avis et se décharge sur lui du soin d'acquérir cet ouvrage pour la bibliothèque. Même motion et même résolution pour diverses éludes dues à la plume de M. Bernard Monod, ancien élève de l'Ecole des chartes. En voici les différents litres : 1° « Juifs, sorciers et hérétiques au MoyenAge, d'après Guibert de Nogent », dans la Revue des Eludes juives (juillet 1903) ; 2° « La Première Croisade et l'Orient musulman, d'après Guibcrl de Nogent », dans la Revue hebdomadaire (fin novembre 1903); 3° « Réveil du sentiment national au xie siècle, d'après Guibert de Nogent », dans la Quinzaine (1er janvier 1904) ;


ni

4" « Là méthode historique chez Guibert de Nogent », dans la Revue historique (1er janvier 1904) ;

5° « Education et pédagogie au xie siècle, d'après Guibert de Nogent », dans la Revue universitaire (li> janvier 1904).

Guibert, troisième abbé de Nogent-sousCoucy, au diocèse de Laon, était originaire de Clermont. Il fut moine à Saint-Germer sous la prélature de Hugues I, qui était luimême de Clermont. Dans la suite, on voit à la tête de l'abbaye de Saint-Germer Jean I, de Clermont ; Hugues II, fils de Renaud de Clermont et de Clémence de Bar ; Hugues III le Pauvre, d'une famille noble des environs de Clermont; Michel, natif de Catenoy. (Gallia Christiana, tome IX, col. 790 et suivantes.

M. Beaudry -communique de la part de M. André Parmentier l'annonce suivante, insérée dans \&.Moniteur universel de tridi de la 3° décade, 23 brumaire an II (mercredi 13 novembre 1793). Réimpression, t. XVIII. 408.

« Ceux qui désirent jouir des douceurs de la retraite, respirer un air pur et avoir pour nourriture des aliments sains, trouveront tous ces avantages réunis dans la maison Delagarde, jadis occupée par les ci-devant Cordeliers. Cette maison, distante de Paris de quinze lieues, et à une lieue de Clermont en Beauvoisis, est à l'entrée d'une belle et grande forêt qui peut servir de promenade aux pensionnaires. On y reçoit aussi toutes les personnes dont l'es-


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prit est aliéné. S'adresser, pour avoir de plus amples renseignements, au citoyen Tribou, régisseur de ladite maison ; ou au citoyen Parmentier (1), domicilié à Paris, chez le citoyen Lecaillou, marchand horloger, place du Pont Saint-Michel, n° 5. »

Plusieurs membres remarquent que le portrait du citoyen Tribou, ex-religieux de la Garde^ existe dans la salle des mariages de l'Hôte^ de Ville et dans laquelle la Société Lient ses séances.

LECTURE

M. SÉVRETTE. — Siméon-Guillaume de la Roque, poète clermontois.

Le temps épargne si peu les réputations que les Sociétés d'histoire locale sont souvent la providence des oubliés, grands hommes à leur heure et en leur province, mais dont le rayonnement fut trop faible pour persister au-delà de leur époque. « Le sieur de la Roque de Clairmont en Beauvoisis », dont M. Sévrette a pris la cause en mains, est l'un de ces oubliés.

Peu de détails sur sa vie. Né à Clermont en 1351, il embrassa la carrière des armes après plusieurs années passées à s'instruire et à voyager. Tour à tour au service de Henri d'Angoulême, gouverneur de Provence et de Marguerite de France, il s'afficha, après l'assassinat de Henri III, comme un des tenants les plus ardents de la Ligue. Rallié ensuite à Henri IV triomphant, il

(l) Ce Parmentier est-il l'ancien vicaire assermenté de Saînt-Samson de Clermont, ex-religieux de la Garde, lui aussi ? la suppposition n'a rien d'aventuré.


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partagea son temps entre la littérature et les occupations ordinaires d'un gentilhomme 1 d'honnête maison, bien en cour et accueilli avec empressement dans son monde, notamment — car. ceci nous touche de plus près, — au château de Warty, chez Charondas le Caron et chez Jacques Grévin. Il mourut à Paris en 1611.

Si la biographie de la Roque nous apprend peu ce qu'il valut comme homme et comme citoyen, ses oeuvres, au contraire, permettent de le juger comme écrivain. M. Sévrette en établit avec soin la liste complète d'après l'édition de 1608. Le sujet et souvent le titre de ses vers sont identiques à ceux de tous les poètes secondaires de son siècle. Le pétrarquisme sévissait alors, dilué plus ou moins dans des romans pastoraux et dans les aventures héroïques des Amadis de Gaule ou d'Italie, des Rolands furieux^ En Angleterre, S.penser venait de publier sa « Reine des fées ». L'Espagne se délectait aux églogues de Montemayor et aux madrigaux ampoulés d'Antonio Perez. Avec son « Pastor fido », Guarini devenait célèbre en Italie. De la Roque cultiva le genre en vogue qu'il avait pu étudier de près pendant son séjour de l'autre côté des Alpes et qu'avaient déjà importé en France d'Herbcray des Essarts, Ronsard, du Bellay et Desportes.

Pour relever l'uniformité de ces poésies erotiques, Pétrarque n'était plus là avec sa sincérité d'émotion et

c Son beau stvle étoile de fraîches métaphores » (l). (l) Victor Hugo, Chants du Crépuscule, XXXIV.


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Aussi les auteurs abusaient du privilège que Cervantes octroyait ironiquement aux familiers d'Apollon de pouvoir dire « qu'ils aimaient éperdûment leur dame », de « l'appeler de tous les noms qu'il leur plairait, soit Chloris, soit Philis, soit Philida », de répéter que les yeux de leur mie étaient « des soleils » (1). Dans la vaste création, il n'y avait plus assez d'astres, d'étoiles,de flambeaux, de lampes, plus assez de marbre, d'albâtre, d'ivoire, plus assez de splendeurs, de reflets, de couleurs, de neige, de fleurs, d'azur, d'or pour magnifier les beautés de leur Dulcinée. Celle-ci semblait-elle inconstante, las ! c'étaient des gémissements, des pleurs et des soupirs sans fin dans des sonnets sans nombre. Les soupirs, du moins, avaient du bon et les désespérés éprouvaient, comme la sibylle, la- bienfaisante vérité du vers de Lucain :

« Sic multa levant suspiria vatem. »

En dépit de quoi, néanmoins, les amorettistes s'obstinaient à mourir censément au terme de chaque poème. Par bonheur, c'était fiction ; au rebours de la formule usée, ce n'était pas « la mort sans phrases », mais « des phrases sans mort ». Et le martyrologe de Cythère s'allégeait d'autant !

Telle était, au déclin, du xvi° siècle, la donnée sur laquelle, en dehors des prosateurs, quelque quatre-vingts poètes s'évertuaient à raison de plusieurs milliers de vers chacun. Leur application n'aboutit qu'à « une fastidieuse monotonie », écrit M. Sévrette qui ajoute fort judicieusement :

(i) La adjunta al Parnasso, trad. Viardol.


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« La lyre de ces versificateurs est un instrument monocorde dont ils ne savent tirer que les mômes sons. » Cette appréciation retombe sur la Roque. A force de retourner les mêmes idées, on élait acculé, pour les faire agréer, à compliquer, à alambiquer l'expression, à la traveslir sous des subtilités, des fadeurs et des préciosités. Contre cet inconvénient la Roque n'a pu se prémunir, bien qu'il paraisse peu d'afféterie dans les extraits lus par M. Sévrette dont le goût classique a dû choisir le dessus de la^corbeillc fleurie de son héros. En revanche, quelle facilité, quelle souplesse, quelle grâce, quelle joliesse, quelle science du mètre et quel sens du rythme déploie ' l'auteur clermonlois dans ses poésies galantes ou légères !

Les mêmes qualités brillent dans les autres parties de son oeuvre. La Roque, en effet, ne se priva pas d'aiguiser quelques traits satiriques, mais bénins. M. Sévrette cite comme exemple un fragment « Contre Orphée » que les .raffinés de littérature auront plaisir à rapprocher d'une, pièce de Quevedo sur le même thème. En outre, de la Roque s'est essayé' dans ses « Stances » à philosopher à la manière d'Horace. Il a abordé encore la poésie religieuse. Là, son talent, soutenu par des pensées sérieuses, prend une allure plus grave. Dans cette note, il est tel morceau de lui dont les mâles accents, les pleines sonorités, le mouvement ample et harmonieux soutiendraient sans risques la comparaison avec certains passages vantés, parce que connus, de Desportes.


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M. Sévrette a donc été heureusement inspiré de sortir de l'ombre le nom et les vers de la Roque qui est comme le trait d'union entre les survivants de la Pléiade et Malherbe. Notre poète fut un fidèle écho de son temps. Bien qu'il n'ait pas mis une marque personnelle sur une oeuvre originale, il fut cependant un habile ciseleur de sonnets, un rimeur expert dont plus d'un hémistiche chantait dans la mémoire des disciples de Malherbe, de Racan en particulier.

L'étude de M. Sévrette s'achève sur les applaudissements des auditeurs.

On règle l'ordre du jour de la prochaine séance, fixée au 21 avril.

Séance du 21 avril 1904

PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR JOLY

Sont présents : MM. Beaudry, Chantareau, Pierre Dufrônoy, le docteur Joly, Labitte, Lacaux, Laiteux, Maître, le docteur Parmentier, Recullet, Renaud, Tarlier, Tremblay, Viez et le docteur Zègre.

M. le président fait agréer les excuses de MM. Gueudré, Plessier, Louis Sauvage et Sévrette, empêchés.

Après la lecture du compte rendu de la séance précédente, M. le docteur Parmentier dit qu'il y regrette une lacune. M. Beaudry semble n'avoir pas entendu, puisqu'il les passe sous silence, les félicitations que ses confrères lui adressèrent à la dernière


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réunion pour sa nomination comme membre titulaire de la Société française d'Archéologie et comme membre correspondant de la Société historique de Coinpiègne. M. le docteur Parmentier et l'assistance demandent que celte observation figure au procèsverbal. M. le secrétaire promet de tendre mieux l'oreille à l'avenir et s'incline devant ces cordiales injonctions.

Dans le courrier de la Société : deux lettres de MM. André Parmentier et Gaston Letonnelier, remerciant la Société de les avoir choisis comme membres correspondants et exprimant l'intention ferme de soumettre à leurs, collègues le fruit de leurs recherches sur l'arrondissement. Deux autres letlres jde M. L. Plessier, président de la Société historique de Compiègne, et de M. E. Dupuis, président du Comité archéologique de'Senlis, accusant réception du « Bulletin » de la Société pour 1903 et assurant notre jeune groupement de leur vive sympathie. Enfin, un programme du Congrès archéologique du Puy auquel la Société enverra son adhésion et sa souscription.

M. Lavoine, pharmacien à Clermont, est élu à l'unanimité membre titulaire; parrains : MM. Sévrette el Tremblay.

M. le secrétaire dépose sur le bureau, de la part de M. le chanoine Martinval, curé de Boulogne-la-Grasse, une brochure de 150 pages sur « le canton de Maignelay ». 11 analyse un ouvrage récemment paru :


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la Rochefoucaud - Liancourl (17471829), par Fernand Dreyfus, un vol. inoctavo, Paris, Pion, 1903. Ensuite, il attire l'attention de d'assemblée sur divers travaux lus au Congrès des Sociétés savantes, à Paris, du 5 au 9 avril dernier, travaux qui ne peuvent nous trouver indifférents soit à cause du nom de leurs auteurs, soit à cause des sujets traités. En voici le sommaire :

I. — M. Lesort, archiviste de la Meuse : mémoire sur les archives du Clermontois conservées aujourd'hui au château de Chantilly et provenant : 1" des papiers saisis à l'hôtel du prince de Condé. le 23 mars 1791 ; — 2° des dossiers enlevés chez les officiers du prince et restitués en 1814 ; — 3° des titres anciens sortant « des chambres des comptes de Bar-le-Ducet de Nancy, des archives de l'évêché de Verdun et de divers chartriers ecclésiastiques du pays », recueillis « à la citadelle de Metz pour le service de la Chambre des réunions, titres cédés au grand Condé par ordre de Louis XIV» (1). Un certain, nombre de ces papiers ont été perdus.

IL —M. F. Bordez, de la Société académique de l'Oise : « le taux des salaires et là situation de l'industrie de l'éventail à Sainte-Geneviève, canton de Noailles »; avec un rapide historique de cette commune.

III. — M. Depoin, de la Société historique du Vexin: «emploi du prénom d'Arnoul aux neuvième et dixième siècles ; — étude sur les conditions du mariage en France et

(i) Journal officiel^ 6 avril in.o£, p. ai53, 2e col.


91;

en Germanie du neuvième au onzième siècle. »

IV. — M. Cozette, du Comité archéologique el historique de Noyon, en collaboration avec M. Pagel, archiviste du Gers : « Le livre des seremens de Noyon », manuscrit, en parchemin, du XIV" siècle, qui renferme la formule des serments prononcés par les magistrats et employés municipaux de celte ville.

M. Cozette: « enquête agricole dans le district de Noyon en 1788 ; — origine, fonctionnement et principaux actes de la Société populaire et républicaine de Noyon. »

M. l'abbé Gallois, du Comité de Noyon : » levée des volontaires dans la commune de Ville. » Cette levée ouvrit le chemin de la fortune à l'un des conscrits : Barthélémy Marin. Xé en 1773, maréchal do camp et baron de l'Empire, il mourut le 24 mars 1848.

V. —M. Léon Gaudel'roy : « rapport des anciennes mesures en usage à Amiens et dans le département de la Somme avec le système métrique. » A consulter, puisqu'une portion considérable de l'arrondissement est conliguë aux pays en question.

VI. —M. l'abbé Meisler, de la'Société académique de l'Oise : « mémoire sur les inscriptions du canton de Grandvilliers (pierres tombales, cloches, etc.). »

M. le chanoine Morel : travail similaire sur i'épigraphie du canton d'Iislrées-SaintDenis, où sont transcrites des inscriptions très curieuses et très profitables à l'histoire locale.


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LECTURES

M. TREMBLAY. — La statue de JeanDominique Cassini et le portrait de Geneviève de Laistre (Première partie).

Notre aimable bibliothécaire a délimité strictement les bornes de son mémoire dont le premier chapitre veut remémorer à la génération actuelle pourquoi, comment el à quel litre Clermont eut l'honneur de recevoir la statue de Cassini I et, aussi, en quel endroit elle fut dressée. L'ouvrage de l'abbé Devic sur « la vie et les travaux de J.-D. Cassini IV » (1) et surtout une liasse inédite forment la trame de ces souvenirs qui nous reportent à plus d'un demi-siècle en arrière.

Dans une lettre à M. Duguey du Fay, à la date du 14 juillet 1844, le comte Cassini de Thury s'autorisait pour doter, après sa mort, la ville de Clermont de la statue de son bisaïeul des motifs suivants : les liens de parenté et d'amitié unissant sa famille à Clermont depuis le mariage de Jean-Dominique Cassini avec une clermontoise, Geneviève de Laistre, en 1673 ; — les bons offices et, enfin, les relations • charmantes que le voisinage de Clermont avait valu aux châtelains de Thury. Cette statue, en plâtre, avait été faite par Moitié, d'après un moulage pris sur le visage de Cassini I à son lit de mort. Achetée par M. de Cassini en 1811, elle était depuis trente-trois ans auprès de la porte de la salle des séances publiques de l'Académie française. Le co^i)

co^i) inunicip. de Clermont ; liés. L. 108.


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mité d'inspection de la bibliothèque de Clermont ne cacha pas à M. de Cassini la joie que lui causait cette offre gracieuse. Non moins content, M. de Cassini voulut, désormais, accomplir son dessein sans délai. L'abbé Devic alla à Paris et fit le nécessaire pour l'enlèvement et le transfert de la statue. Elle arriva à Clermont aux frais de M. de Cassini, le 31 août suivant. Elle fut transportée au musée de la ville où l'avait devancée quelques jours plus tôt un pordc dame Geneviève de Laistre Au bas de ce portrait à la plume, en quelques mots autographes, un hommage du donateur, M. de Cassini, au conseil municipal. Ce portrait est aujourd'hui dans la salle des mariages de l'Hôtel de Ville, à côté d'un portrait de Cassini 1 dû au même artiste et exécuté par le même procédé. Ce sont deux belles oeuvres.

On fait un accueil très flatteur à l'étude de M. Tremblay ; la lecture en sera terminée dans la séance de mai.

M. LE DOCTEUR PARMENTIER. — Les Chauffeurs

Chauffeurs Varrondissement de Clermont.

A l'époque du Directoire, des gens sans aveu terrorisèrent les campagnes par leurs pillages et leurs forfaits. Les plus redoutables d'entre eux furenl les chauffeurs. Us durent leur nom à l'habitude qu'ils avaient « d'exposer à la chaleur d'un foyerardentles pieds des propriétaires soupçonnés de cacher leurs trésors », de telle sorte que la douleur leur arrachât leur secret.


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Ce fut au cours des trois premiers mois de 1798 qu'ils opérèrent dans l'arrondissement de Clermont. M. le docteur Parmentier narre leurs sinistres exploits d'après un manuscrit que lui a obligeamment prêté madame Auguste Guesnet et qui fut rédigé, selon toute vraisemblance, par madame Louise Patte. Notre confrère estime qu'il fut écrit aux environs de 1850. L'auteur, outre les récits des témoins et des'victimes, ses parents, emprunte ses informations « à un. acte d'accusation » dont elle put se procurer l'extrait, « aux listes d'audience, aux feuillets rares et incomplets du Nouveau journal des hommes libres et aux notes d'un magistrat » qui assista au procès.

Les bandits attaquèrent la ferme deSainfRemy-1'Abbaye, commune d'Àgnetz, le 11 mars 1798. Dans la cuisine, autour de la cheminée monumentale qui subsiste encore, toute la maisonnée était réunie pour la veillée. C'étaient : M. Pillon et son épouse, tous deux avancés en âge, leurs fils, Maximilien, sous-officier de dragons, et l'abbé Pillon, décédé curé d'Agnetz ; puis, un oncle, M. François Vachette, les domestiques elles servantes. Vers sept heures du soir, le chef des chauffeurs s'introduisit dans la salle sous un prétexte mensonger. Il était accompagné de six hommes qui immobilisèrent, sans leur laisser le temps de se reprendre, ceux qui auraient pu résister. Ensuite, «ils " réclamèrent une somme de 20.000 francs « qu'ils croyaient être dans la maison. Ils « curent recours, afin de l'obtenir, aux irai« tements les plus cruels, aux violences les « plus atroces. Ils approchèrent la maîtresse


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« du logis ainsi que le vieillard de la flamme « du foyer, ayant soin de l'activer de plus « en plus selon que l'impatience et l'irrita« tion les gagnaient. » Leurs victimes gardèrent le silence. Alors, ils saccagèrent la demeure et prélevèrent un lourd butin : argent, linge et vivres. A deux heures du matin, ils disparaissaient. Quand les témoins impuissants de ces horreurs purent se débarrasser de leurs liens, ils dépêchèrent le berger de la ferme à Clermont d'où accoururent le gendre des vieillards, M. Patte, et un médecin. M. Pillon ne survécut que quinze jours à son supplice. Sa femme, brûlée jusqu'aux genoux, traîna, pendant dix ans, une vie douloureuse et endeuillée. Toute meurtrie en son corps et en son coeur, madame Pillon resta malhabile à s'expliquer comment tant d'acharnement sauvage s'était déchaîné contre une famille si hospitalière et si tendre à la misère d'autrui. Ce ménage si honorable aurait pu, dans ces pénibles circonstances, s'approprier les vers du poète :

Je me suis étonné d'être un objet de haine, Ayant beaucoup souffert et beaucoup travaillé (i).

Quant aux chauffeurs, en venant à SaintRemy, ils s'entretenaient la main. Ils avaient déjà, en effet, le 11 pluviôse de cette même année, rançonné, en pleine nuit, la ferme de la Folie, sise à Lieuvillers. M. Boulanger et sa femme avaient été maltraités et volés, mais non « chauffés ». Dix jours plus tard, les brigands s'en prennent à M. Queste, fermier d'Eloge-aux-Bois.

(i ) Y. Hugo, Contemplations, II, XIII.


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commune de Bailleul-le-Soc. Sous le coup de la peur, celui-ci ayant déclaré que son argent était à Eraine, ils le contraignent de les y mener et, en roule, lui infligent de graves blessures. Arrivés à Eraine, ils s'emparent de douze mille francs. Puis, l'un d'eux dit à Queste : « Je sais que tu loges « une aristocrate nommée de Franclieu, ex« religieuse. Conduis-moi à son apparte« ment. Cette coquine-là a sans doute ac« caparé tout l'or de son couvent. — N'est« ce pas assez de m'avoir tout pris ? répon« dit le fermier. Je ne sais ce dont vous « voulez parler ». On le menaça alors de lui brûler les pieds. Epouvanté, Queste guida les forcenés vers la chambre de l'exreligieuse âgée de 69 ans. « Un d'eux s'ap« procha du lit où elle était couchée. II en « arracha les draps et la couverture, lui lia « les pieds et les mains avec tant de force « que la corde dont il se servit pénétra dans « les chairs ». Après quoi, les voleurs brisèrent les meubles, enlevant « le numéraire, « les bijoux et l'argenterie qu'ils partagè« rent en la pesant dans des balances dont « ils s'étaient pourvus ».

Les victimes de ces trois crimes n'eurent même pas la consolation d'avoir été frappées par des inconnus. Parmi leurs bourreaux, ils avaient cru reconnaître, les uns, des parents, les autres, des voisins et des protégés. Ils ne s'étaient pas trompés. Ils en eurent la preuve quand la bande dont le quartier général était à Compiègne eût été incarcérée. Tous, hommes et femmes, furent renvoyés devant le premier conseil de guerre de la 17° division militaire à Paris,


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qui n'eut à juger que l'affaire de SaintRemy-f Abbaye. Les accusés firent parade, pendant le procès, d'une forfanterie et d'un cynisme déconcertants. Malgré leurs dénégations impudentes, ils furent condamnés à mort et guillotinés en place de Grève.

Le parti que M. le docteur Parmentier a tiré du manuscrit de madame Louise Patte et l'intérêt poignant du sujet ont concouru au vif succès de cette communication, succès qui ne peut qu'encourager notre collègue à être quelquefois infidèle à sa préférée, l'archéologie.

M. BEAUDRY. — Première contribution documentaire à l'histoire de Bailleval.

Compris dans le territoire d'Angicourt, au temps de saint Vast, Bailleval devint, dans la suite, une paroisse de l'archidiaconé de Breteuil et du doyenné de Pont.

En 1579, d'après le pouillé de 1707, le curé, messire Charles Dupprez, chanoine de Saint-Rieul de Senlis, afferma les droits, fruits et revenus de la cure, les vignes, prés, héritages y appartenant, à la réserve de quatre muids de vin constituant le gros de ladite cure, à Valeran Baletier, vicaire de Bailleval, moyennant 25 livres par an, payables en deux termes, à la condition d'acquitter les charges et de remplir les fonctions curiales. La fabrique de l'église jouissait de quelques rentes. D'un état certifié, le 10 Thermidor an 2, par Demonchy, maire, Michel Bonnet, officier municipal, et Martin Labitte, notable, il appert que ces •rentes montaient à 95 livres 19 sous.


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.De Bailleval dépendent Sénécourt, autrefois Sénicourt ; Louveaucourt, autrefois Louviaucourt. Ces hameaux étaient le siège de divers fiefs que M. Beaudry énumère d'après les dénombrements de 1303 el de 1373 et les Lerriers du comté de Clermont.

Béthencourt-Saint-Nicolas, ainsi appelé à cause d'un prieuré sous ce vocable qui relevait de l'abbaye de Saint-Quentin de Beauvais el jadis commune autonome, est rattaché actuellement à Bailleval. La seigneurie d'Epineuse y tenait deux fiefs sous la suzeraineté du comte de Clcrmonl. Jacques de Bazenlin y avait bois, cens et rentes à cause de son fief de Ronquerolles. Un autre fief passa de la maison de Pierreponl dans celle de Nicolas Charles, seigneur du PlessisPiquet, en 1539, et fut incorporé au marquisat de Nointel au XVIII" siècle (1).

Le fonds de Bélhencourl, aux Archives de l'Oise, est assez riche. M. Beaudry y a puisé plusieurs pièces dont la portée n'échappe pas à la Société, qui lève la séance après en avoir décidé la publication intégrale dans le « Bulletin » de 1904.

Voici ces textes :

I. — Complainte en cas de nouvelleté Du 1" janvier 1378 A tous eeulz qui ces présentes lettres verront ou orront, Regnault Delaplace, prévost de Senlis, salut. Sachent tuit que le samedi premier jour de janvier, l'an de grâce mil trois cens soixante dix huit, en jugement, fa fait ce qui senssuit :

(i) Comte de LUÇAT, Le Comté de Clermont, passim.


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.Sur ce que religieux hommes et honnêstes, l'abbé et couvent de Saint Lucien, cmprez Beauvez, avoieot fait adjourner par Wiet Queslel, sergent du roy nostre sire en la prévosté de Senliz, par vertu de la garde des diz religieux, Robert. Maupelu, àcomparoir pardevant le dit sergenl, au XVIIIe jour du mois de septembre, heure de relevée, l'an mil trois cens soixante dix huit, à Béthencourl Saint Nicolas, au lieu que on dit la Fontaine Saint Lucien, et de làaler sur la maisuh. et domicilie où le-dit Robert demeure, pour oir la complainte en cas de nouvelleté que les diz religieux, ou leur procureur pour culx, lui entendoient faire ; auquel jour, lieu et heure, les dittes parties se comparurent pardevant le dit sergent, c'est assavoir les diz religieux, comparans par Robert Biouart, dit Flourans, leur procureur fondé par procuration, dont il apparu souffisant, d'une part, et le dit R.obert Maupelu en sa personne, d'autre part, et là fu accordé, par le dil Maupelu, que là le procureur des diz religieux feisl sa complainte contre lui et que elle feust de tel effect et valeur , comme se les parties estaient sur le dit lieu, dont Je dit procureur se entèndoit'acomplaindre. Etce fait, le procureur des diz religieux fist sa complainte eu cas de nouvelleté, disant que iceulx religieux estoient fondez réaiment et tshoient amorties, soubz le roy nostre sire, plusieurs pos' sessions et que, tant àcause de leur noble fondalion comme de leurs nobles teuemens, estoient personnes qui povoient acquerre saisine et, quant acquises les avoient, Scelles garder et tenir à leur pouriit, et que, en la ditte Ville de Béthencourt, ilz . avoient plusieurs cens, renies et autres choses, desquelles cueillir, avoir, recevoir et percevoir à leur prouffîl, par eulx, leurs gens et officiers estaient en bonne saisine et possession, et espécialèment estoient en saisine et possession de prendre, avoir, recevoir et percevoir du dit Robert, pour sa masure où il demeure, qui fu Lorens Judas, chascun an, au terme d». la SaintRemi, un denier tournois de cens ou débile, duquel prendre yeeulx religieux, ou leurs gens pour eulx, estoient en saisine et possession "souffisant et va; lable, de si lonc temps qu'il n'estoit mémoire du. contraire et derrenièroment, par les derraines années, au ve.u et au sceu du dit Robert et de tous autres qui l'ont voulu et peu veoir et savoir, - • ' ' in


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sanz contredit ou empeschement, qui leur ait esté mis en ce. Néantmoins le dit Robert Maupelu avoit contredit et reffusé de paier le dit tournois, pour le terme de la Saint Rémi derrenièremënt passée, en troublant et empeschant les diz religieux en leur dilte possession et saisine, à tort et sanz cause, indeuement et de nouvel, en requérant, par le procureur des diz religieux, que le dit sergent feist commandement, de par le roy nostre sire, audit Maupelu, par vertu des dites lettres, que il cessast des diz troubles et empeschemens et laissast jouir et user les diz religieux de leur ditte possession et saisine et otast la nouvelleté et le trouble et empeschement par lui mis en ce et leur paiast le dit tournois de cens ou débite, pour sa ditte maison et alast amender la nouvelleté. Auquel Robert le dit sergent fist les diz commahdemeas, lequel dit et respondi que il se opposoit à toutes fins et comme contrains mist en la main dudit sergent un denier de cens, cl, après ce, ledit sergent osta la nouvelleté et print et mist le débat et la chose contemptieuse en la main du roy, nostre s.tre, et donna et assigna jour aux dictes parties pardevant monsieur le bailli de Senliz, ou son lieutenant, au vendredi prouchain aprez la Toussains, pour procéder et aler avant sur ce, tant sur le principal comme sur la recréance, comme de raison seroit, si comme par la relation du dit sergent nous est souffisanment apparu. Auquel jour les dictes parties se comparurent, c'est assavoir les diz religieux, par Guillaume de Saint Messien, leur procureur, d'une part, et le dit Robert Maupelu en sa personne, d'autre part, lequel procureur des diz religieux proposa et ramena en fait les fais dessus dis, pardevant le dit monsseigneur le bailli, ou son lieutenant en faisant les conclusions appartenans et offrant à prouver ses fais et requérant condempnation de despens. Et, après ce, fu la ditle cause renvoyée, avecques les parties, par le lieutenant du dit monseigneur le bailli, pardevant nous, en Testât que elle estait au samedi premier jour du moys de janvier, si comme par mémorial sur ce fait nous est souffisanment apparu auquel jour les dittes parties, comparans, comme dit est, pardevant nous, le dit Robert dit que il ne vouloit plus procéder ou dit procès et que, à bonne et juste cause, les diz religieux


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s'êstoient de lui complains en cas de nouvelleté et que il leur devoit le dit tournois de cens chascun an, sur amende, au terme de la Saint Rémi et nous amender la nouvelleté et voult estre condempné es despéns d'iceulz religieux. Et pour ce, nous, ouy ce que dit est et sa confession sur cô faitte, avons dit et disons, par notre jugement et à droit, que, à bonne el juste cause, les.diz religieux so sont dolus et complains en cas de nouvelleté du dit Robert et le condempnons à cesser d^s diz troubles et empeschemens et $t paier le dit tournois de cous, chascun an, sur la dite maison, audit terme, doresenavant, et les tenons et gardons en leur ditte possession et saisine. Et la main du roy nostre sire, qui mise et assise estait en la chose contemplieuse, pour le débat et opposition des dittes parties, avons levée' et levons à plain au pourât des diz religieux, et aussi le condempnons es despens d'iceùlx religieux, pour ce fais raisonnablement, la tauxacion u'iceulx pardevers nous réservée. En tesmoing de ce, nous avons scellé ces lettres de notre propre seel, qui furent faictes l'an et jour dessus diz. (Sur le repli) DESPEEZ.

. (Archives de l'Oise, H. 1064. Abbaye dé Saint-Lucien).

II. — Bail par l'abbé de Sainl-Lucien de biens sis a Béthencourt-Saint-Nieolas

' A tous ceulx qui ces présentes lettres verront, Liénard Audier, licencié en loix et bachelier en décret, et Aubert Deshaires, tabellion, gardez des sceaulx de la baillie establiz de par le roy noslre sire en la cbastellenie de Senlis, salut. Savoir faisons que le samedi XXIXe jour de janvier mil CCCC LXX1X furent par le dit tabellion devant nous veues. tenues et leues, de mot à mot, unes lettres escriptes en parchemin, seines et entières de seel et escripture, desquelles la teneur s'enssuil :

A tous ceulx qui ces présentes lettres verront, Jehan, par la permission divine, humble abbé de l'église Saint Lucian près Beauvais et tout le couvent de ce meisme lieu, salut en Notre : Seigneur. Savoir faisons que, pour le proffit de nous et de nostre dite église faire, nous, avons iaillé et délaissié et par ces présentes baillons etj


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délaissons, à tillre de fermé et loyer d'argent, du jourd'uy jusques à soixante ans ensuivans, eontinuelz et acomplis, à Simonnet Godurin, laboureur, demourant à Béthencourt Saint Nioollas, preneur au dit'liltre, pour luy, ses hoirs et ayans cause, le dit temps durant, l'ostel, maison, manoir, jardin, pourpris et lieu que nous avons, séans au dit Bélheneourt, avec les vingnes, cens, rentes, vinaiges et autres droiz et redevances que à la dite église appartient en la dite ville, terroir et paroisse de Béthencourt, desquelles vingnes la déclaration s'enssuit :

Et premier, cinq quartiers de vingne ou environ, en plusieurs pièces, c'est assavoir quinze verges ou environ, séans en Roussebeste, joingnans d'un costé à Amouri Thorée, et d'autre costé à Regnault de Douay, aboutans d'un bout à Jehan Pacault et d'autre à le rue.

Item, quatorze verges desso'ubz Thomas, joingnant d'un costé au dit Pacault et d'autre à nous bailleurs abouttans d'un bout audit Regnault de Douay et d'autre aux hoirs de Denis Chillé.

Item, autres quatorze verges, dessoubz le larris Saint Jehan, joingnans d'un costé de Amouri Thorée et d'autre costé et d'un bout a nous bailleurs et d'autre bout à le rue.

Item, vingt six verges ou environ, dessoubz le larris Saint Jehan, joingnant d'un costé au seigneur do Pierrepont et d'autre à Ernoulet Aubry, aboutans d'un bout à Phelipot Gagnon et d'autre bout à rue.

Item, ung quartier, es closeaulx, joingnant d'un costé et aboutant d'un bout à nous bailleurs et d'autre costé àNicollas Hennequin et d'autre bout au prieur dé Béthencourt.

Item, demy arpent de vingne, que tient Simonet Paumier, aboutant d'un bout à l'église de Saint Nicollas et d'autre à Ernoulet Aubry.

Item, treize verges de vingnes, séant dessoubz Roussebeste, joingnant d'un costé nous bailleurs et d'autre à Tassin le Carton, aboutant d'un bout aux hoirs Flourot Biset et d'autre bout aux hoirs Denis Chillé.

Item, trente huit verges de vingnes, en deux pièces, que tient à présent Loysel Gringnon, séant au treu de Becquerel, l'une des dites pièces contenant trente deux verges ou environ, joingnant


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d'un costé et d'autre à nous bailleurs, aboutant d'un bout à rue, d'autre à Jehan Mannessier et l'autre pièce, contenant six verges ou environ, joingnant d'un costé jtudit Mannessier et d'autre à Loys de Souvegnyes, aboutant d'un bout à nous bailleurs et d'autre bout à Colin Lenglès.

Item, demy arpent audit lieu, joingnant d'un costé à nous bailleurs et d'autre au seigneur de Pjerrepont, aboutant d'un bout à Jehan Mannessier, d'autre bout à rue.

Item, arpent et demi, en trois pièces tenans ensemble, séans au Teurterel, joingnans d'un costé à nous bailleurs, d'autre costé et d'un bout à rue et d'autre bout au prieur de Béthencourt.

Item, une pièce de terres et aulnoy, séant à Saulvejournée, contenant ung arpent ou environ, joingnant d'un costé au dit prieur de Béthencourt, d'autre aux hoirs Thomas Laignet, aboutant d'un bout à Ernoulet Aubry, d'autre bout à le rue Voyère.

. Pour de tout ce joir et possesser par ledit preneur, ses dits hoirs et ayans cause le dit temps durant ; ce bail fait parmi la somme de sept livres parisis monnoye royal de ferme et loyer, que le dit ■ Simonne! Godurin, ses dits hoirs ou ayans causeen sont et seront tenus rendre,paier et livrer chacun an,

le dit temps durant, en ladite église et abbaye

aux termes de Saint Remy etPasq'ues

égualement, premier terme de paier commençant le jour Saint Remy prochain venant, et le second, au jour de Pasques après ensuyvant et ainsi continuer puis là en avant, d'an en an, et de terme en terme, le dit temps durant. Et si sera tenu le dit preneur, de tenir et maintenir en bon et souffisant estât la dite maison et labourer les dites vingnes par chacun an, bien et souffisamment, et le tout rendre, eu la fin des dits soixante ans, en bon et souffisant estât, comme aussi de bailler à la dite église, de six ans en six ans, la déclaration, en ung papier et registre, tous les héritaiges, cens, fentes, vinaiges et autres droiz et redevances, que la dite église a au dit Béthencourt, parroisse et terroir d'environ, avec les noms des nouveaulx possesseurs, joisgnans et aboutans d'icelluy héritaiges. Et ne pourra le dit preneur bailler, transporter ou mectre hors de ses mains ce présent marché, ou partie d'icellui, ne charger de plus grant charge sans nostre consentement. Et s'il


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advenoit que, pendant le dit temps, le dit preneur allast de vie à trespas, ses hoirs ou ayans cause seront tenus eulx obliger envers nous et nos successeurs, en la forme et manière que ledit preneur y est obligé, s'ilz veullént joyr et possesser du dit marché el ferme le dit temps durant. Et, moiennant ce, nous promettons, de bonne foy et soubz l'obligation de tous les biens temporel et révenus de nostre dite église, présens et advenir, tenir, entretenir, accomplir, garandir de tous empeschemens et avoir agréable, ledit temps durant, ce présent bail, par la manière que dit est, sans contrevenir, sur peine de rendre et paier tous coustz, frais et despens, qui par deffault de garandie ou autrement s'en pourront ensuir, et renoncent à toutes choses quelconques contraires à ces lettres, lesquelles, en tesmoing de ce, nous avons scellé de nos seaulx. Ce fut fait le vingt ungme jour de novembre l'an mil CCCO soixante dix huit.

En tesmoing de laquelle vision, nous, à la relation dudit juré, avons ce présent transcript ou vidimus scellé desdits seaulx. Ce fut fait au dit Senlis les an et jours dessus premiers dictz.

[Signé] DBSHAIRES.

(Sur le repli) Collation faite. (Archives de l'Oise, H. 1064. Abbaye de SaintLucien, Béthencourt-Saint-Nicolas).

III. — Adjudication du 18 novembre 1575

L'an mil cinq cens soixante et quinze, le jeudy tiers jour de novembre, pardevant nous Claude Gouiune, docteur en décrets, doien de Beauvais, vicaire général de monseigneur l'illustrissime et rêvérendissime cardinal de Bourbon, évesque et comte de Beauvais, vidame de Gerbroy, pair de France, et Charles de Feuquières, licentié en lois, lieutenant au bailliage et comté de Beauvais, commissaires subdéléguez de nosseigneurs les cardiDaulx de Lorraine et de Bourbon, SaintAnthoine Marie, évesque de Paint Papon, noncede Sa Sainteté, déléguez du Saint Père pour proeedder à la vente et alliénation des biens ecclésiastiques du diocèse de Beauvais, pour le recouvrement de la somme de quarante mil livres, à laquelle les bénéficiées dudict diocèse ont esté cottisez, est


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comparu André de .Bullandre, ou nom et comme procureur de monseigneur l'illustrissime cardinal de Bourbon, abbé de l'abbaye de Saint Lucian, fondé de procuration, lequel nous a dict et remonstré que pour fournir la somme de

à laquelle ladicle abbaye a esté cottizée pour les causes que dessus, il auroit exposé en vente, entre autres choses, une masure, amasée d'un grand corps de logis, comme elle se comporte, assise à Béthencourt, joignant d'un costé à , d'autre costé à et neuf arpens vingt quatre verges de vignes, assises au .dit lieu de Béthencourt, en plusieurs pièces, et qu'il aurait faict afficher par affiches publicques et proclamations que ce jourd'huy, lieu et heure que dessus, pardevant nous, se feroit vendition et adjudication de ce que dessus, au plus offrant et dernier enchérisseur, nous requérant, en la présence de M" Jehan ' Bocquet, depputé pour le chappitre, vacquer à la dicte adjudication, ce que luy aurions accordé, après qu'il nous auroit fait apparoir des dittes affiches et proclamations et de l'information faite par le juge et garde justice dudit Béthencourt, par laquelle ce que dessus auroit esté estimé à cinquante livres de rente et, pour une fois paier, à mil livres tournois.

Ce fet, les dittes masure et neuf arpens vingt quatre verges de vignes auroit esté adjugés à l'eslinction de la chandelle à noble homme M.% Philippe Loisel, lieutenant général du bailliage de Senlis, moiennant la somme de quinze cens vingt livres, aux charges et comme plus au long est porté par l'acte d'adjudication fet comme dessus.

Délivré par moi, soubsigné, commis à ce pour la mort advenue à Me Pierre Lemangnier, mon père, greffier des dites commission pour servir aux religieux de la dite abbaye le mercredi XXIIIe jour de juillet MVI" quarante deux.

[Signé] LEMANGNIER.

(Archives de l'Oise. H. 1064. Abbaye de SaintLucien, Béthencourt-Saint-Nicolas).


— 40 — Séance du 19 mai 1904

PRÉSIDENCE DE M. TARLIER

Assistent à la séance : MM. Beaudry, Binant, Ghantareau, Lacaux, le docteur Parmentier, Recullet, Tarlier, Tremblay, Viez et le docteur Zègre.

Se sont excusés : MM. l'abbé Ghotard, Leclerc, Plessier, Sévrette et Tassar.t.

Le procès-verbal de la séance d'avril est lu et approuvé.

Sur la présentation de MM. Plivard et Sévrette, M. Etienne Boudier, propriétaire à Avrigny, est admis comme membre titulaire à l'unanimité des suffrages.

Puis, on adopte l'itinéraire définitif de l'excursion archéologique du mois de juin : visite de Nointel, Gatenoy, Sacy-le-Grand, La Bruyère, Rosoy, Verderonne et Mogneville.

De la part de M. Sévrette, président, M. . le secrétaire fait connaître à ses collègues que M. Fortin, maire de Clermont, a accordé à la Société l'autorisation de tenir ses séances, comme par le passé, à l'Hôtel de Ville. Les assistants prient le bureau de transmettre leurs remercîments à M. le maire de Clermont.

LECTURES

M. TREMBLAY. — La statue de Jean-Dominique Cassini et le portrait de Geneviève de Laistre (SUITE ET FIN). La deuxième partie de Fëtude de M. Tremblay est consacrée à la cérémonie de l'inauguration de la statue de Cassini L Elle


— il —

eut lieu, le 27 juillet 18io, dans la salle d'exposition du Musée agricole, cédé plus tard au département pour l'installation du tribunal civil. La famille du donateur, les autorités de la ville et l'élite de la population se pressaient aulour de M. Duguey du Fay. M. Ledicle-Duflos. au' nom du comité d'inspection et d'achat de la bibliothèque, prononça un discours fort applaudi. Et la ville entra en possession de l'oeuvre de Jean-Guillaume Moitié.

En 4851, la bibliothèque et le musée émigraient à l'Hôtel de Ville. La statue de . Cassini fut laissée à sa place, provisoirement, c'est à-dire cinquante-deux ans. Sur les instances de M. Pouillet, le regretté fondateur de la Société, elle a été enfin rendue à la bibliothèque communale. Habilement restaurée, elle est aujourd'hui dans le vcslibule du premier étage de l'Hôtel de Ville.

Quelques notes biographiques et critiques sur l'auteur de celle slatue servent de conclusion au travail de M. Tremblay.

M. Tarlier, qui préside la réunion, félicite notre studieux collègue. M. le secrétaire ajoute qu'à son avis celle intéressante contribution à l'histoire locale devrait être insérée dans les « Mémoires » de la Société. Il demande donc, avec plusieurs membres, qu'elle soit soumise au comité de publication. Cette motion passe à la majorité des voix.

M. Beaudry dit encore que M. Laurain a le dessein de communiquer à la Société les Annales et mémoires de Cassini IV. Dont acte.


— 12 —

M. BEAUDRY. — Breuil-le-Sec au début de la Révolution.

Des documents utilisés par M. le secrétaire et qu'il a consultés soit à Breuil-leSec soit aux archives départementales, le premier est une préface bien anodine aux bouleversements qui se préparaient en France. Il a trait à une question d'hygiène. C'est une feuille imprimée :

AVIS

La commission intermédiaire provinciale cherchant à prévenir les maladies que pourroient occasionner les chaleurs excessives dans le temps de la moisson, exhorte tous les ouvriers de la campagne, notamment les moissonneurs, à mêler dans l'eau qu'ils boiront du vinaigre. L'expérience prouve que cet acide est un préservatif contre la putridité et rend les boissons plus rafraîchissantes.

Il est recommandé aux laboureurs et fermiers d'avoir chez eux une provision suffisante de vinaigre pour pouvoir en donner à tous leurs ouvriers de moisson.

MM. les curés sont priés de veiller à ce que ce secours soit exactement administré et même de publier le présent avis au Prône.

Fait et délibéré par nous députés composant ladite commission, à Soissons, en notre hôtel, le 13 juillet 1788.

[Signé] Mennesson, Brayer el Blin de la Chaussée.

Le jour de la convocation des Etats-Généraux, une ère nouvelle commence dans la vie des agglomérations rurales — paroisses, comme on disait encore, — communes, dira-t-on bientôt. Avant de suivre les premières manifestations de la vie municipale


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et politique à Breuil-le-Sec, M. Beaudry dresse l'état de ce que possédaient dans cette paroisse les établissements hospitaliers el ecclésiastiques d'une part, les nobles, de l'autre.

L'abbaye de Saint-Jean d'Amiens y tenait le fief de Saint-Eloi, sis à Nointel, Autreville et Breuil-le-Sec, comprenant 40 mines de terre, 06 verges de vignes, 8 mines de prés et 2 arpents de bois. Au chapitre de Clermont appartenaient 35 mines de terre. Le prieuré de Breuil-le-Sec, d'après un ■ bail de 1672, consistait en 78 mines de terres et bois, en une ferme, c'est-à-dire une maison et des bâtiments « grange, étable, coulombier, roully, court, jardinet» (1). Autres propriétaires : les dames de Waiïville, terres et vignes ; les Trinitaires de Saint-André de Clermont : 120 verges de même désignation ; l'hôpital de Clermont : deux maisons avec jardins ; la cure : un presbytère et 96 verges de terres et bois ; la fabrique de l'église : quelques pièces et le clos Saint-Yves. — Le duc de Fitz-James avait à Breuil-le-Sec 11 mines de terre et de prés. Le prince de Condé avait la ferme de Cercamp, 285 verges de vignes, le grand et le petit vivier de Cercamp, la ferme des Etournelles, amodiée à Antoine Boucher et le moulin à eau de Baillibel loué à Léon Batton.

Le 21 septembre 1788, en conformité de l'article II de la seconde section de l'arrêt du Conseil du Roi du 8 août 1788, les habitants de Breuil-le-Sec choisirent pour ad(r)

ad(r) au nom de dom Guy de Bailleul, prieur de Breuille-Sec, à Louis Debloîs et à sa femme Françoise Watou,


joints devant coopérer avec les imposables à la répartition do la taille Antoine Thouret, J.-B. Bocquet le moyen et Louis Lemaire le jeune. L'acte d'assemblée est signé par Pierre Liévois, syndic, J. Delormel, greffier, Louis Polie, Nicolas-Noël Hobbe (1). Huit jours plus tard, acceptation du rôle des tailles ; collecteurs pour 1789 : Pierre Liévois le jeune dit Blond et Jean Watou ; pour 1790, Georges Ledoux et Jean Mainguet (2).

Le 11 janvier 1789, les habitants tarifent ainsi les biens à imposer : « les terres de laboure en grande culture exploitées en propre : une livre dix sols la mine de taille principale,, compensation faite des bonnes avec les inférieures ; les terres aussi en propre de laboure en petite culture, prez, bois et vigne... deux livres la mine; les terres de laboure en grande culture exploitées à ferme... une livre pour mine ;... les terres aussi exploitées à ferme de petite culture à une livre six sols huit deniers pour mine... Nous avons aussi juger nécessaire d'augmenter plusieurs colle parce qu'il nont point de biens inférieurs (3). » On procéda, en outre, « à la cotisation de chaque particulier » et à cinquante-huit réductions de cotes (4).

Le 9 mars 1789, nomination des députés qui doivent se rendre à l'assemblée générale des trois corps au bailliage de Cler(l)

Cler(l) municipales de Breuil-le-Scc. Série B. Registre des délibérations du conseil municipal du 2i septembre 1788 au 30 brumaire an II, folio premier, recto.

(a) Id., ibid., verso.

(3) Id-, f° deuxième, verso.

(4) Id,. f troisième, recto.


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mont. Voici les points les plus curieux du procès-verbal :

Aujourd'hui neuf du mois de mars 1789... en l'assemblée convoquée au son de ia cloche, sont comparus pardevant nous Pierre Liévois, sindic, à défaut de juge, tous né [s] françois âgés de vingt-cinq ans compris dans les Rôles des impositions, habitans de cette paroisse composée de 170 feux lesquels pour obéir... etc.. nous ont déclaré qu'ils alloient d'abord s'occuper de la rédaction de leur cahier de doléances, plaintes et remontrances et, en effet, ayant vaqué, ils nous ont représentés ledit cahier qui a été signé par ceux desdits habitans qui savent signé et par nous, après l'avoir coté par première et dernière page et paraphé ne varietur.

Et de suite lesdits habitans, après avoir mûrement délibéré sur le choix des députés qu'ils sont tenue de nommer... la pluralité des suffrages s'est réunie en faveur des sieurs Antoine Boucher, fermier des Etournelles et de Louis Polie, marchand de bois, qui ont accepté ladite commission et promis de sen acquitter fidèlement.

Ladite nomination des députés ainsi faite lesdits habitans ont en notre présence remis ausdits sieurs Boucher et Polie... le cahier afin de le porter à l'assemblée qui se tiendra le 9 mars 1789 devant monsieur le bailly de Clermont et leur ont donné tous pouvoirs généraux et snfâsans de proposer, remontrer, aviser et consentir tout ce qui peut concerner les besoins de l'Etal, la réforme des abus, l'établissement d'un ordre fixe et durable dans toutes les parties de l'administration, la prospérité du Royaume et le bien de tous et un chacun des sujets de Sa Majesté (1).

Quels mobiles guidèrent les habitants de Breuil-le-Sec dans l'élection de leurs députés ? Problème sans solution. Comme au(i)

au(i) folio septième, verso, et folio huitième, recto.


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cun noble ne résidait dans le pays, ils ne furent pas tentés de le prendre pour leur délégué, résolution contre laquelle le protestant Rabaud de Saint-Etienne prémunissait les membres du Tiers quand il écrivait : « Le bon sens et vos intérêts vous disent que puisque la noblesse est représentée par les nobles et le clergé par des gens d'Eglise, les roturiers doivent être représentés par des roturiers » (1). Les doléances de Breuil-le-Sec ont été parfaitement résumées dans l'ouvrage de MM. Debauve et Roussel (2). Les habitants réclamaient la fin d'abus trop réels, vexatoires et criants. Leurs demandes sont dictées par le vieil esprit équilibré, pondéré et libéral d'une population profondément honnête et attachée aux traditions des ancêtres.

A la neuvième page du registre, il est question de la réfection partielle de divers chemins : « la rue de Crapin donnant communication avec Liancourt » ; « la rue des Veaux. Cette cavée est l'unique passage pour descendre les matériaux propres pour construire des batimens et réparation des rues. Elle est, en outre, la communication de Rosoy, la Bruyère pour se rendre à Clermont. » Le registre continue: «leshabitans de cette communauté ayant beaucoup perdu par la grêle du 13 juillet (3) [1788J et ayant une partie de leur Bled semé sensiblement attaqué par la gelé ne peuvent offrir de

(i) Considérations sur les intérêts du liers-Etat adressées au peuple des provinces, par an propriétaire foncier. 1788, p. 21.

(2) Histoire et description du département de l'Oise, canton de Clermont, p. h7].

(3) Cf. TAIKE, Origines de la France contemporaine, tome I, p. 4.


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Contribution volontaire ». La municipalité sollicitait, en conséquence, d'en être dispensée. Le registre contient aussi la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, la copie des décrets successifs de l'Assemblée nationale, des lettres patentes du ro"i, etc. Le grenier de Breuil-le-Sec y exerça sa patience et sa plume. Il y gagna peutêtre la « crampe de l'écrivain », mais, sûrement, il n'y prit pas le sens de l'orthographe. Honni soit qui mal y pense !

Le 8 février 4790, élection de la municipalité. Maire : Claude Lié vois, dit Paquette, l'aîné. Membres : Jacques Delormel, Louis Polie, Louis-Pierre Gaillet, Nicolas Coppi, Antoine Boucher. Procureur : le curé Davennes (1). Le 24 mai suivant, commission de garde champêtre est donnée à J.-B. Bocquet ; rétribution trimestrielle « quatre sous six deniers pour chaque mine de terre » (2). Le 15 août, constitution de la garde nationale à l'effectif de 409 hommes. Le lieutenant fut Antoine Boucher, l'aîné. La milice nouvelle patrouillera « les dimanches et jours de festes » pour « que ceux ou celles des habitans qui seront trouvés soit au cabaret soit à travailler au dehors pendant le service divin » soient punis « d'une amende de douze sous au profit des gardes » |3).

M. Beaudry emprunte encore au registre une ordonnance de police sur les incendies, les cabarets, le respect dû aux cérémonies

(1) Id., folio trente-huitième, recto et verso.

(2) Id., folio quarante-quatrième, verso.

(S) Id., folio cinquante-troisième, verso et cinquante-quatrième, recto.


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religieuses et interdisant de tirer des coups: de « fusil ou pistolet dans les cours, jardins, rues, places publiques ainsi que dans le cimetière aux baptêmes et aux mariages » (1 ). Il indique enfin sommairement quelques ventes des biens de première origine. Les terres du chapitre de Clermont furent adjugées pour 13.000 livres, le 24 décembre 1790 ; celles du couvent de Wariville pour 2.040 livres et celles des Mathurins de Clermont pour 2.400 livres (12 février 1791 ). Dàvennes acheta les biens de la cure, le 49 août 1791, au prix de 715 livres. Le 11 juillet 4792, Nicolas Tirrard, huissier, acquit la ferme du prieuré pour 33.300 livres. Les terres de la fabrique, divisées en 4 lois, produisirent 5.350 livres.

Enfin, l'ordre du jour élant épuisé, on s'ajourne au 30 juin.

(i) Id., folio soixante-septième, recto et verso.


— 49'—' Séance du 30 juin 1904

PRÉSIDENCE DE M. TABLIER

Sont présents : ML Beaudry, Chantareau, Pierre Dufrénoy, Labitte, Laurain, le docteur Parmentier, Plivard, Tarlier, Tremblay et le docteur Zègre.

M. le président fait agréer les excuses de MM. Binant, le docteur Joly et Plessier.

Le procès-verbal de la dernière séance est adopté sans observation.

M. Debonne, notaire à Sacy-le-Grand, est élu membre titulaire par acclamation ; parrains : MM. le docteur Joly el Tarlier. ■ Au nom de M. Binant, M. le secrétaire remet pour la bibliothèque de la Société un livre de M. le chanoine Pihan : Histoire de Saint Jusl-en-Chaussée, Beauvais, 4885. Cet ouvrage fut couronné au concours organisé en 1881 par la Société académique de l'Oise. On vote des remercîments au donateur.

M. Beaudry attire l'attention de ses collègues sur une publication extraite de la Nouvelle Revue historique de Droit français et étranger. Elle a pour titre : Un texte coutumier inédit. — La coutume du comté de Clermont-en-Beauvaisis de 1496, par G. Teslaud, chargé de cours à l'Ecole de droit d'Alger. Paris, Larose, 4903, 407 pages. C'est un travail sérieux et utile que la Société ne peut ignorer, d'autant plus que les documents qu'il divulIV

divulIV


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gue sont de sa compétence et qu'elle aura, àbrèveéchéance, l'occasion de s'y appesantir plus longuement.

M. le secrétaire signale ensuite dans l'Art sacré, numéro de juin, une étude due à l'érudition avertie do M. le chanoine Marsaux. Ce sont des « Notes iconographiques sur la sainte Vierge », recueillies à l'exposition des Primitifs français, cette triomphante manifestation d'art qui sera un des plus beaux titres de M. Henri Bouchot, le très distingué conservateur du Cabinet des Estampes, à la reconnaissance des hommes de goût et des connaisseurs.

Le reste de la séance est consacré à l'audition de M. Laurain. Le charme de la vieille langue ajoute un attrait de plus aux événements qu'il raconte et aux pièces qu'il cite. Le voeu spontané des assistants est de retrouver en entier dans le « Bulletin » de 4904 le mémoire qu'ils applaudissent.

Après en avoir reçu l'assurance, l'assemblée s'ajourne au 28 juillet.

M. LAURAIX. — Quelques lettres de rémission.

On appelait, sous l'ancien régime, lettres de rémission, certains actes de la grande chancellerie par lesquels le roi, le plus sou-


vent au cours des poursuites et avant jugement, faisait grâce à un ou plusieurs individus accusés de crime (1). Ges'actes ti. raient leur nom de la formule qui les terminait invariablement et qui était conçueàpeu près en ces termes : « Nous, attendues les choses dessus dictes, voulans en cesle partie grâce et miséricorde préférer à rigueur de justice, à yceulx supplians avons quitté, remis et pardonné et par ces présentes, de nostre grâce spécial, pleine puissance et aûctorité royal, quittons, remettons et pardonnons le faict dessus dict, avec toute peine,.... et les restituons et remettons à leur bonne famé et renommée, au pays et à leurs biens.» La peine queles inculpés avaient encourue leur élaitdonc remise, sauf parfois une légère pénitence qu'on leur imposait : pèlerinage à un sanctuaire célèbre, emprisonnement, jeûne de quelques jours au pain et à l'eau, prières, excuses publiques. Les prévenus n'étaient point notés d'infamie, mais les lettres patentes, grandes ou petites, qu'ils avaient obtenues, ne devaient préjudiciel' aucunement au droit d'autrui, et dans toutes celles qui sont parvenues jusqu'à nous, des clauses réservent le droit des hauts justiciers à confirmer la grâce accordée par le roi, lorsque le crime n'a pas été commis dans le ressort de la juridiction royale, puis le droit de la partie civile à demander des dommages-intérêts.

A la différence des lettres d'abolition, souvent collectives, qui partaient de la

(1) A.. GIIIT, Manuel de diplomatique, p. -70,. Nous restreignons la définition trop large donnée par le savant professeur de ces sortes d'actes.


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seule clémence du roi pour effacer un crime reconnu el avoué, les lettres de rémission ne s'accordaient en principe que pour les homicides involontaires ou commis dans le cas d'une légitime défense ; elles s'octroyaient encore lorsque la culpabilité n'était point suffisamment établie et toutes les fois qu'il pouvait y avoir doute ou circonstances atténuantes. Aussi les impétrants ne se faisaient pas faute d'amoindrir leur responsabilité dans le cas dont ils demandaient la rémission et, comme souvent mort d'homme élail advenue et que l'adversaire n'était plus là pour réclamer, on le chargeait de tout ce qui pouvait nuire à la grâce. Il n'arrive guère que l'on rencontre la contre-partie de tels documents, mais quand elle se trouve, par hasard, on peut être complètement édifié sur la sincérité des prévenus et la valeur historique de leurs aveux. On peut s'en rendre un compte exact, en consultant l'élude que nos collègues du Comité archéologique de Senlis, MM. Uupuis et Maçon, viennent de consacrer au domaine de Commelles et pour laquelle ils ont eu la bonne fortune de trouver, à côlé de la lettre de rémission, un accord entre les parties qui rétablit la vérité quelque peu malmenée (11. La loi, au moins dans le dernier élaldu droit, exigeait pourtant que l'impétrant, au moment où il présentait sa lettre au juge de l'adresse, affirmai qu'elle était conforme aux charges et informations et, si elle était subrepLice, il

(T) E. Durcis et G. MACOS, Historique du domaine de Commettes, p. 32.


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pouvait être débouté de sa demande. Mais on n'y regardait sans doule pas de trop près et, si les Cours en annulèrent quelques-unes, comme la Cour des Aides le 20 septembre 1473, dans la plupart des cas, les lettres de grâce étaient entérinées purement et simplement.

Elles étaient d'ailleurs, à la requête des parties, enregistrées à la chancellerie et elles remplissent à elles seules, depuis le ' milieu du XIV° siècle, les registres du Trésor des Charles. C'est là que nous sommes allé chercher celles qui suivent.

Ces lettres sont une mine importante et précieuse à fouiller pour l'histoire de la France au XIV" el au XV" siècle, car on y trouve de tout : simples paysans, pauvres laboureurs de bras ou grands seigneurs, moines en rupture de règle ou curés dévoyés, étudiants batailleurs ou capitaines pillards, défilent devant nous en demandant grâce pour un mauvais cas, meurtre, viol ou vol, qui les eût conduits juridiquement à la potence ou jetés en une détention perpétuelle. Et le récit détaillé, parfois très vivant, qu'ils sont obligés de faire de leur Crime, pour en obtenir la remise et le pardon, nous fournit une foule de renseignements sur les moeurs, les usages, les vêlements, les ustensiles, la vie en un mot des gens du moyen âge. Sans doute, pour connaître à fond ces usages et ces moeurs, il ne faudrait pas s'en rapporter à ces seuls documents, pas plus qu'un historien de la vie contemporaine ne devrait, pour peindre la société actuelle, se contenter des procèsverbaux de cours- d'assises, mais il faut en


_ M

tenir compte, en raison des compléments utiles et curieux qu'on y trouve. On y est toujours ou presque toujours en mauvaise compagnie et la conversation qu'on y entend fleure plutôt la taverne et le mauvais lieu que le cloître ou la cour d'amour. Mais nos aïeux ne s'offusquaient pas pour si peu et la langue historique, comme le latin, brave l'honnêteté. Faisons comme nos aïeux.

Néanmoins disons-le tout de suite : on est quelquefois aussi en Irèsnoblecompagnie, car les registres du Trésor des Chartes ne renferment pas que des lettres de rémission ; on y rencontre encore des documents qui, pour être d'une autre espèce, n'en offrent pas moins de l'intérêt pour les érudits : fondations pieuses ou donations faites par les grands seigneurs à leurs officiers ou aux gens de leur entourage, auxquelles ils voulaient donner la sanction royale. Telle est, par exemple, la donation que le comte de Clermont, Robert, fils de saint Louis, octroya le 3 septembre 1308, à son « amé et féable clerc » M" Nicole de Noisy, en souvenir des services qu'il avait reçus de son chambellan Guillaume de Noisy, le père du donataire, et en reconnaissance de ceux que son fils aîné, Pierre de Bourbon, avait reçus du donataire lui-même (pièce I). Ce présent portait sur 10 arpents 3 quartiers de vigne, sur une masure et sur un pressoir sis au terroir de Cannettecourt. On sait qu'au XIII" siècle, et probablement plus tôt, ce hameau de la paroisse de Breuille-Vert, était le centre d'un vignoble important qui appartenait au domaine de Cler-


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mont (1). Outre le fief principal de la mairie, appendice de la prévôté de Clermont, il y avait à Cannetlecourt plusieurs petits fiefs en vignes et vinage, tenus au XIV siècle par Raoul et Guérard de Sains (2). A côté de ces propriétaires que nous révèle le dénombrement de 1373, de « monseigneur» Jean de Relieuse et de « monseigneur » Guillaume du Cardonnoy,quo nous connaissons grâce au don du comte Robert, il n'est pas sans intérêt pour nous de voir des roturiers comme Marie la Rousse ou Mahaut Coingnarde. Si l'on songe que l'arpent d'alors correspondait au moins à 32 ares, et que, d'après Guérard, le prix moyen de la r vigne, aux environs de Paris, dans la seconde moitié du XIIIe siècle, élail de 851 fr. et atteignait même jusqu'à 1.500 fr. vers 4302 (3), on peut soupçonner quelle richesse territoriale possédaient les vilains à cette époque et combien rapide dut êlre leur ruine pour provoquer les commotions de la Jacquerie, cinquante ans plus tard.

L'Eglise avait dès lors constitué une grande partie de son domaine et ses biens, comme ceux des nobles, subirent probablement la dévastation des paysans révoltés. Qui sait ? Les soixante arpents de bois, — dits le bois des Avesnes, sis entre Saint-Just et le Quesnel-Aubry, que le comte Louis, l'élève de M° Nicole de Noisy, avait, le 12 juillet 1327, l'année même où

(i) ECG. DE LKPIKOIS, Heclterchcs... sur Clermont en Beauvoisis, p. 107.

(2) Id., iliid., p. 108, note 2.

(3) G. D'AVEKEL, Hist. économique de la propriété, des salaires, des denrées et de tous les prix en général depuis l'an i200

■ jusqu'en l'an 1S00, t. I, p. 667.


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Charles IV, qui.était né à Creil (1), entrait en possession du comté de Clermont, amortis en laveur de Jean de la Tournello, chevalier, prévôt de Sainl-.lusl (pièce il), pour en faciliter sans doute l'entrée parmi les possessions de quelque communauté religieuse, — servirent-ils peul-èlre à cacher pendant quelque temps des malheureux qui avaient pris pari aux effrois do 1358. Peutêtre aussi furent-ils témoins d'un meurtre commis sur la personne d'un nommé Guillaume Langlois. On en avait accusé Jean Herpindu Quesnel, écuyer. qui fui cité devant le prévôt de Clermont, puis à l'assise du bailli Gauvin./ seigneur de Saint-Quentin, chevalier, dont le nom esta ajoutera la liste des successeurs de Beaumanoir. Ceux que le droit coutumier intéresse pourront voir dans la sentence que portèrent un certain nombre d'hommes liges du duc Louis, une procédure curieuse qui renvoya des fins de la plainte llerpin du Quesnel. C'était le 24 novembre 1334 et l'assise qui tenait depuis qualre jours comprenait cuire autres gentilshommes le seigneur d'Erquery, Jacques, dont le frère, Jean, occupa le siège épiscopal de Coutances el qui luimême était à la tête des troupes royales contre les Navarrais en 4358. Parmi ces « francs hommes», combien virent le soulèvement des Jacques ? Combien eurent à subir les derniers outrages ? Combien virent leurs biens brûlés et dévastés ? Combien au contraire profitèrent de la révolte et s'enrichirent des dépouilles des vilains ?

(i) E. LAUHAIS, Trois naissances illustres, p. 2 1.


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Tout le monde, en effet, ne perdit pas à la Jacquerie, parmi les nobles. Le comte Louis, le premier, se fit adjuger les biens appartenant aux Jacques dans l'étendue de son comté. D'autres firent comme lui.

Tel fut, par exemple, ce Raoul de Rouvillers (pièce IV), dit Langelot, écuyer dans l'armée du duc de Normandie, qui fut gratifié, au mois de juin 1358, d'un revenu annuel de 40 livres parisis à prendre sur les biens de Jean Courlin, de Beaupuils. Ce Jean Courtin, qui ne ligure pas dans la généalogie de cette famille qu'a donnée M. de Poli, avait peut-être pris part à la révolte dès les premiers jours, car d'après Siméon Luee.qui s'en est fait l'historien, l'insurrection avait éclaté, le 21 mai 1358, entre Clermont et Gompiègne, à Pronleroy même, s'il faut en croire Christine de Pisan, c'està-dire dans les environs immédiats de Rouvillers (I) et de Beaupuils.

Le chef que les Jacques se donnèrent, Guillaume Cale, élait-il de Mello, comme le raconte le continuateur de Nangis, ou de Clermont, comme l'affirme Froissart ? On ne saurait dire. En tout cas, ce n'était pas le, premier venu, car il paraît avoir été un homme d'élite, Lien l'ait, beau visage, doué d'une éloquence naturelle, instruit même, ayant l'entente du métier des armes et une expérience de la guerre qui manquait à presque tous les siens (2).

Ceux-ci, dirigés par des lieutenants ou dizainiers, sous les ordres de capitaines

(i) SIMÉON LUGE, Ilist. de ta Jacquerie, 2° éd., p. 1S0. Le. savant auteur a lu dans le texte llaonl do Bonconvillers. C'est une erreur.

(-Ï)IJ., ibid., p. 78.


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élus dans les localités les plus importantes,, marchèrent tout d'abord sur Compiègne dont les remparts protégeaient des nobles en grand nombre ; mais, voyant que l'attaque n'avait aucune chance de réussir, Guillaume Cale chercha à obtenir par la persuasion ce que la force ne pouvait lui donner.

Il y avait dans ses bandes un assez riche propriétaire de la Presle, près d'Angicourt (pièce VII), nommé Jean Rose, qui, voulant mettre en sûreté sa famille pendant son absence, l'avait envoyée, avec partie de ses biens, à Compiègne. Guillaume Cale, qui le savait, voulut se servir de l'entremise de Jean Rose et le chargea de porter aux bourgeois delà ville une lettre où il les invitait à faire cause commune avec lui. les habitants répondirent ce qui leur plut, comme le raconta plus tard la femme de Jean Rose, mais l'infortuné émissaire des Jacques étant revenu à Compiègne, quelques jours après, voir sa famille, le prévôt forain se saisit de sa personne et le fit enfermer dans la prison royale. Le procédé élait arbitraire, parce qu'au vu et au su de tous, Jean Rose élait clerc et que, comme tel, il ne relevait que du bailli de Senlis. Mais il est avec la justice des accommodements : on enleva sa tonsure à l'inculpé, on le dépouilla de son habit de clerc, et on finit par lui couper la tête, après lui avoir confisqué ses biens de la valeur, de cent florins environ.

Après sa malheureuse tentative contre Compiègne, Guillaume Cale se dirigea sur Ermenonville, dont le château fut livré au


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pillage et rasé : trois bourgeois de Clermont, Pierre Le Girier, Jean Aliaume et Henri DuBreuil, durent se distinguer particulièrement à ce pillage, carie conseiller du roi, Robert de Lorris, à qui le château appartenait et qui avait été contraint de renier gentillesse et noblesse, leur réclamait 25.000 livres pour la destruction de son mobilier, 25.000 livres pour la destruction de son château et de sa basse-cour d'Ermenonville. 25.000 autres livres pour les dépens du procès et enfin 6.000 livres d'amende (1). Mais la troupe des Jacques avait dû se diviser cl des bandes étaient restées en Beauvaisis. Elles comprirent qu'il leur fallait un chef, et leur choix tomba sur un fort habile homme de Sacyle-Grand, Germain de Réveillon, ami particulier du comte de Montfort, qui rejeta leur proposition de le mettre à leur tête. Elles continuèrent, sans direction, deux jours durant, à saccager les deux rives de l'Oise, de Pont-Sainte-Maxence à Monlalaire. Le troisième jour, au moment où les Jacques se trouvent sur la colline de Montataire, ils apprennent l'approche des gens du roi de Navarre qui viennent combattre les paysans révoltés. Ils renouvellent leurs instances auprès de Germain de Réveillon, qui refuse à nouveau. Ils le saisissent alors par le chaperon, veulent le jeter à bas de son cheval, aggravent leurs violences et menacent de lui couper la tète. Le malheureux se résigna à être leur capitaine, pour un demi-jour et une nuit. Il paya cher pour(i)

pour(i) nat., X i" 20, fol. 321 et 322.


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tant ce pouvoir de courte durée. Les nobles, pour se venger, dévastèrent tous ses biens : les dommages qu'il éprouva furent évalués à 3.000 moutons, et le malheureux fut réduit à se tenir misérablement caché dans les bois pendant plusieurs mois, pour éviter un traitement pire encore (pièce V).

Môme chose advint à Colart Dufour, dit Mcllin, de Pouilleuses (1), en Beauvaisis (pièce VI). Les Jacques l'avaient contraint, en menaçant de brûler sa maison et de lui couper la tète, de marcher avec eux el il avait chevauché en leur compagnie à l'allaque de Mcllo. Mais il s'était échappé, à l'en croire, aussitôt qu'il avait pu. Ses biens n'en avaient pas moins été confisqués et il avail élé obligé d'aller vivre avec sa femme dans les lieux sauvages, jusqu'à ce qu'il eût obtenu des lettres de rémission.

Tous ceux d'ailleurs qui demandèrent pareille grâce, plaidèrent les circonstances allénuaulcs et jurèrent qu'ils n'avaient marché avec les Jacques que contraints et forcés. Tel fut encore par exemple Jean Le Féron, de Calheux, près Crèvecoeur, qui, nommé capilaine d'une compagnie sous les ordres d'Achart de Bulles, fil abattre le châleau de Calheux et dirigea des expéditions contre les châteaux de Mesnil-SainlFirmin, de Thois et d'Auffay (pièce XI).

Tel fut encore ce Philippe le Boquillon,

(i) S. LUCF. qui mentionne cette piècn (op. cit., p. 82, if)4 et ado), identifie les Foillcuscs du texte avec Feïgncux 1 canton de Grfpv). teigneux, au nord-est de Crépy, est en plein Valois ; or, Colart Dufour était du Beauvaisis. C'est donc Fouillcuscs qu'il faut lire.


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d'Avrigny, qui assista aux affaires de Monlataire et de Clermont, sans avoir jamais « boulé feu, tué ne occis personne »,-mais dont les biens furent pillés par les nobles, à ce point qu'il ne lui resta rien que sa femme et ses enfants et qu'il fut contraint, comme Colart Dufour. de se retirer au fond des bois, jusqu'au jour de l'amnistie royale (pièce' VIII).

Celle journée de Montataire, qui précéda de si peu l'affaire de Clermont, fut fatale aux Jacques qui s'étaient crus, un moment, trahis par l'un d'entre eux, Jean Bernier. Ils avaient trouvé sur lui des lettres du roi de Navarre et l'avaient mené vers Guillaume Cale, sans doute alors encore occupé devant Ermenonville : mais Cale l'avait livré au capitaine de Montataire, Etienne du Wés, pour lui faire son procès. L'information ne traîna guère et comme il n'y avait qu'une voix pour reconnaître la culpabilité de l'accusé, celui-ci fut mis à mort par Jean Le Charon, sur la place de la Croix. On s'acharna sur lui, et un maçon, Mallieu de Leurel, qui se trouvait là, au premier rang des curieux, l'acheva à coups de « rieulle».

Ce malheureux étail-il parent d'un autre Jean Bernier, de Villers Saint-Paul, que les textes nous montrent comme le fidèle partisan du duc de Normandie ? La chose est possible. En tout cas, ce dernier eut plus de chance que son homonyme, le messager du roi de Navarre, car il put avertir, dès la fin du mois de mai, le régent de ce qui se passait en Beauvaisis. et immédiatement le sire de Saint-Sauflieu fut envoyé, en qualité de capitaine, pour défendre le pays.


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L'attaque par les Jacques du marché de Meaux, où se trouvait la duchesse de Normandie, fit hâter la répression. L'émeute ne dura qu'un mois.

Elle avait été d'ailleurs en partie étouffée par le roi de Navarre qui, semble-l-il, agissait pour son propre compte et qui écrasa près de Clermont les Jacques de Guillaume Cale dont les principaux chefs lui avaient été livrés par les bourgeois de cette ville.

En reconnaissance de ce service, le roi de Navarre prit Clermont sous sa sauvegarde. Les habitants d'Angicourt se placèrent de même sous sa protection par l'entremise de Hue de Sailleville, un capitaine du pays au service des révoltés, qui avait pris part aux effrois (pièce IX). Ils espéraient se mettre par ce moyen à l'abri du ressentiment des nobles ; mais leur précaution fut inutile. Les gentilshommes se jetèrent sur la région qu'ils pillèrent et dévastèrent à leur tour. Plus de 800 Jacques succombèrent sous les coups de leurs ennemis, tant à Clermont qu'aux alentours de cette place. Les autres, pour échapper aux représailles, durent se cacher dans les bois, comme Colart Dufour, comme Germain de Réveillon, comme Philippe le Boquillon, dont nous avons déjà entendu les doléances. Mais ces représailles se firent, sentir durant de longs jours. En vain, le régent, lorsqu'il était rentré à Paris, après la mort d'Etienne Marcel, donna-t il des lettres d'amnistie générale ; on ne tint nul compte de ses défenses et lui-même ne prit aucune' mesure sérieuse pour faire obéir à ses prescriptions. Si bien cpie les haines qui étaient


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sorties de ces terribles exécutions persistèrent entre les nobles el les paysans el éclatèrent parfois encore longtemps après la Jacquerie. Le payement des indemnités que les uns et les autres pouvaient réclamer d'ailleurs, pour les dommages qu'ils avaient subis lors des effrois, tardait à se faire au milieu d'une procédure plus ou moins lente, et il résultait de ce retard et des discussions qu'il provoquait, de nouvelles exaspérations qui ensanglantèrent parfois encore nos environs.

C'est ainsi qu'un nommé Jean Martin, de Bailleval,était poursuivi aux Requêtes du Palais par Pierre de Yilliers, écuyer et clerc, dont le père avait été massacré durant la Jacquerie, et dont les biens avaient été pillés par les non nobles. Il ne semble pas que la culpabilité de Martin fut évidente, car il obtint un congé de cour dont sa partie appela au Parlement de Paris. Mais la vengeance menaçant d'être différée encore, Pierre de Villiers se résolut à la hâter. Il s'aboucha avec deux de ses amis, Geffrin Fourtin et Jean deDoient, qui attendirent le retour de Martin dans une embuscade, lui coupèrent le nez et « affolèrent» une de ses jambes. C'était un mauvais cas pour l'écuyer qui fut emprisonné au Ghâtelet de Paris. Il finit par passer avec sa victime un accord où il s'engageait à lui payer 550 francs d'or. Cette transaction lui permit d'oblenir une lettre de rémission, qui lui tut octroyée à Melun, le 15 septembre 1374 (pièce XIV).

Martin aurait dû faire au moins comme cet habitant de Bury, Jean Baril (pièce XIII),


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qui, ayant maille à partir avec Jean de Bury, dit Maulaillié, lui demanda, étant « gentilz homs », de le prévenir s'il lui voulait du mal. Mais peut-être croyait-il peu aux menaces picardes et pensait-il, ainsi que le curé de Saint-Samson de Clermont, M" Simon de Saint-Germain (1), « que ce n'estoit que vent et qui auroit paour des fueilles si ne alast pas aux boys. » Il eut tort, nous l'avons vu. tout comme Jean Baril d'ailleurs qui, malgré l'assurance formelle qu'il en avait reçue, fut attaqué par le Maulaillié el se vit obligé de se défendre à coups de hache ; tout comme Etienne de Ravenel, vilené et courroucé d'avoir, vers 1368, trouvé sa femme couchée avec son voisin Perrol de la Chantre (pièce XII), el qui se vengea en frappant de sa dague ce larron d'honneur.

Pareille infortune faillit arriver quelques années plus tard, en 1380, à Pierre Adam, d'Essuilcs, dont la femme Jeanne dut à plusieurs reprises repousser les assiduités pressantes de Jean Dussarl. Elle élait « bonne femme, sanz estre reprouchiée d'aucun péchié de corps, » heureusement. Elle n'en causa pas moins mort d'homme, « environ heure de vespres », tout près du cimetière paroissial où dansaient plusieurs habitants du pays, suivant la coutume (pièce XV).

Pcrronollo Du Rainl, une tenancière d'un genre spécial, quioxcrçail sa joyeuse industrie à Aufrcvillc cl qui, à rencontre de la

(i) Lettre de remission a Jean Brode, bouclier à Clermont, donnée à Paris au mois de janvier i/uo (n. st.), à l'occasion du meurtre de Simon de Saiiit-iJcrmain, curé de Kain'.-Samson de Clermont (Arcli. liât., JJ iG/|, loi, 7^, rn).


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femme de Pierre Adam, pouvait être, à l'occasion môme de son industrie, « reprouchiée de plus d'un péchié de corps, » pensa causer aussi la mort d'un pauvre valet, dans des circonstances spéciales. Avouons qu'il ne l'avait peut-être pas volé, mais il en réchappa et s'il , donna un cierge de deux livres à Notre-Dame de Boulogne-sur-Mer en reconnaissance, il dut une fîère chandelle à la pitoyable Raoulette dont le dévouement le tira du mauvais pas où il s'était engagé.

Le 15 octobre 1391 élait un dimanche. La matinée avait dû se passer dans les dévolions habituelles pour les habitants de Breuil-le-Sec. Après le dîner, un manant du dit lieu, nommé Jean Rondel, envoya son valet, Perrot Pechon, à Nointel pour visiter les vins qu'on y faisait alors. Que peut-on autre chose quand, le vin nouveau coule dans les cuves, sinon y goûter ? Pechon y goûta donc, mais y goûta si bien que, lorsque vint l'heure du retour, il élait ivre. Il rencontra sur son chemin, à Aulreville même, un autre valet, qui demeurait également à Breuil-le-Sec, mais au service du prieur. L'histoire ne nous dit pas si ce compagnon était allé aussi visiter les vins de son maître, mais il est certain qu'il avait fait comme Pechon etqu'il était ivre comme lui. Le diable loge toujours au fond des verres et comme nos deux ivrognes avaient plus d'une fois vidé leurs gobelets, ils avaient dû finir par céder à ses suggestions mauvaises. L'idée leur germa donc au cerveau d'aller s'ébattre en la maison d'une veuve, une vieille entremetteuse, qui de-


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mettrait là'. C'était Perrenelle' Du' Raint. Ils n'y allaient pas pour elle, mais pour les femmes de joie plus jeunes qu'ils espéraient trouver chez elle. Or, la porte était close. Ils eurent beau appeler ; Perrenelle, qui se souciait peu évidemment d'avoir de semblables compagnons, refusa de leur ouvrir. Eût-elle pas mieux fait, pourtant ? Perrol Pechon contourna la maison, y vit au derrière une fenêtre à croisée de bois et entra par là, tandis que l'autre rompait la porte. Une fois dedans, ils y firent Dieu sait quoi, mais le diable surtout. . Cependant, les cris de leur victime, qu'ils avaient mal bâillonnée, et le bruit qu'ils avaient causé par leur double violence, amenèrent des voisins. Le domestique du prieur, moins acharné ou plus conscient, s'esquiva, mais Pechon fut pris el livré à la justice de Pierre Darronou d'Arion, écuyer, seigneur en partie d'Autreville. C'était fini de rire pour le valet de Jean Rondel qui put, après s'èlre dégrisé, réfléchir en prison tout à son aise sur son mauvais cas. Les hommes de fief du seigneur d'Autreville se réunirent pour le juger et comme il avouait (il n'eût pu d'ailleurs agir autrement, puisqu'il avait été pris sur le fait), ils le condamnèrent. Fut-ce à la potence ? La peine eût été bien dure, étant donné la renommée de vilaine femme qu'avait Perrenelle. Mais, en tout état, les juges avaient dû se montrer sévères. On conduisait donc le pauvre valet au lieu du supplice, à la justice, comme on disait alors, quandune bonne âme, nommée Raouletle, toute émue de pitié, sollicita la grâce de


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Perrot'en le demandant en mariage à son justicier.

Qui fut bien étonné de pareille requête ? Le gentilhomme, sans doute, et peut-être aussi Perrot tout le premier qui avait pu maintes fois passer auprès de Raouletle sans s'apercevoir aucunement qu'elle le regardait avec des yeux plus tendres ou que son coeur cachait un tel trésor de dévouement, îlais l'étonnement est frère de l'embarras. Pierre Darron le vit bien tout de suite. 11 n'osa pas passer outre au châtiment du pauvre valet, il n'osa pas non plus prendre sur lui de gracier un criminel aussi authentique et s'en référa au roi. Or, un ' usage, dont les érudits n'ont jamais su découvrir l'origine ni les raisons, voulait alors qu'un criminel réclamé par une femmedans dépareilles circonstances pour en faire son mari, eût la vive sauve. Charles VIs'y conforma et comme Perrenelle avait, moyennant finance, pardonné au pauvre Perrot, celui-ci en fut quitte avec un pèlerinage à Notre-Dame de Boulogne et un cierge de deux livres de cire (pièce XVII). ■ L'étrange coutume à laquelle il dut la vie est connue ;.nos érudits ont longuement disserlé à cause d'elle : nous ne les suivrons pas dans leurs discussions plus ou moins ingénieuses (1 ) sur cel usage dont nous constaterons seulement l'existence sur la terre de Picardie, à la fin du XIVe siècle, comme nous l'avons déjà constatée ailleurs, dans les colonies espagnoles d'Amérique,

(ï) Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie, t. \I, p. Gai.


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à une époque beaucoup plus rapprochée de nous, au commencement du XVIII' siècle (1 ), et qui a fourni à Balzac la matière d'un de ses Contes Drolatiques.

Perrot Pechon, s'il avait eu l'esprit philosophique du héros de Shakespeare, eût pu longtemps discourir sur le triple effet de l'ivresse et sur les inconvénients qu'il y a à boire plus qu'il n'appartient. Mais il se borna sans doute à-jurer qu'on ne l'y prendrait plus et peut'-ôtre àprècherd'exemple. Hélas ! l'exemple ne sert de rien et l'expérience d'autruiest inutile, surtout quand lés occasions, comme en fournissent les fêtes populaires, étouffent la voie de la sagesse. Ces fêtes, ces assemblées, ainsi qu'on les appelle dans les pays de l'Ouest, amènent encore de nos jours et souvent des bagarres; elles en causaient peut-être davantage autrefois, alors que les moeurs étaient plus grossières. Bien des lettres de rémission furent accordées pour des meurtres commis au milieu des « rioles » qui accompagnaient ces réjouissances ou qui les précédaient, comme la dispute qui s'éleva, le 12 octobre 1407, entre un prêtre d'Avrechy et-Sandrin Labbé, dit du Quesnel Ipièce XVIII). Ce dernier venait de prendre à ferme, du prieur de Saint-Remi-1'Abbaye, moyennant une certaine quantité de grain, les dîmes que le prieur avait le droit de lever sur la paroisse. Dans le bail élait comprise naturellement la grange dîmeresse dont jouissait, antérieurement au bail, le desservant de la cure d'Avrechy, Toussaint Daignel

(i) 13. IjAunAiK, Au delà des mers (Bibliographe du Maine, nD 38, mai 1899.)


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(ou Darguell. Comme la fêle patronale du pays approchait et qu'il élait coutume de recevoir « parens, amis et voisins, » de leur faire bonne chère et grande liesse, Sandrin Labbé pensa que ses futurs invités seraient dans la grange plus à l'aise qu'en sa propre maison. Mais elle était encore pleine du grain que le desservant, fermier des dîmes l'année précédente, y avait entassé. Il lui demanda de la vider au plus tôt. Le prêtre n'en voulut rien faire, quoi qu'on lui dît, et Labbé s'en trouva tout dolent. Il eut beau revenir à la charge et renouveler sa prière. Toussaint Daignel, qui trouvait ce déménagement tout à fait imtempeslif, se montra inflexible, si bien que Labbé s'échauffa, menaça, jeta des pierres à travers les fenêtres de la maison où demeurait le desservant. Celui-ci sortit, une hache à la main. La dispute reprit, à laquelle se mêla tout de suite la servante de Toussaint Daignel. Un maçon, Jean Begin, arriva sur ces entrefaites, tenant un fermoir, sorte de ciseau tranchant d'un côté, dont il frappa la femme Postelle (c'était la servante) entre deux côtes, sous le sein, et « demie heure après ». celle-ci « ala de vie à trcspassement. » Eût-elle pas mieux fait de rester chez elle ? Le curé s'en tira à moins de dommage et dans les premiers jours de 1408, il était presque guéri. Les deux criminels s'absentèrent du pays et, quoiqu'ils fussent hôtes du roi et que leur domicile se trouvât, à Àvrechy, en terre royale (notons ce détail), ils furent appelés devant la justice du comte de Clermont. monseigneur de Bourbonnais. Mais ils s'ar-


rangèrent'avec Toussaint Daignel, payèrent un annuel pour le repos de l'âme de la « meschine » et. moyennant vingt livres parisis qu'ils durent donner à l'Hôlel-Dieu de Paris, ils purent, avec une bonne lellre de rémission, rentrer dans leur village. 11 élait trop lard pour fêter la Saint-Lucien. Le coeur d'ailleurs ne devait plus être à la joie et les diverses dépensosqu'ils avaient faites pour échapper au châtiment mérité furent assez grosses pour qu'ils n'aient pas eu l'envie de traiter leurs parents et leurs amis et ils durent, en y pensant, s'apercevoir qu'il ne faut pas toujours réclamer son bien trop âprement et qu'il en cuit parfois beaucoup à le faire.

Que doit-ce être quand il s'agit du bien d'autrui'? Un certain Raoulequin Mauchevalier fut sur le point de l'éprouver. Etaitil fils de Colartqui tenait un fief à Wailly, ou de Lermile qui possédait le fief Cantepie, à Clermont? Nous ne savons, mais c'était un homme du comte de Clermont et lors des troubles causés par la querelle des Armagnacs et des Bourguignons, le duc de Bourbonnais, qui tenait pour les premiers, le manda « pour le venir servir, » vers la mois de septembre 14-11. Il fut, avec d'autres gens d'armes, mis en garnison au château de noire ville que le duc ravitailla fortement. Quelques courses aux environs, dont l'une, si l'on en croit Monstrelel, fut poussée par Pierre des Quernes, jusqu'à Montdidier, accompagnées de prises sur les gens du pays, aidèrent à ce ravitaillement. Mais le vidame d'Amiens vint devant la place et put. s'en rendre maître. Mauche-


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' valier fut emprisonné à Monldidief. Comme c'était un homme d'armes, on pouvait en avoir besoin dans les circonstances où l'on se trouvait : le roi lui lit grâce presque aussitôt (pièce XIX).

L'atlilude hostile de Clermont à celte époque el la prise de Jean de Bourbon à la bataille d'Azincourt, trois ans plus tard, amenèrent sur le comté des bandes de pillards à l'enseigne bourguignonne qui dévastèrent tout, du côté de Mouy : les frères de Saveuse pillèrent ce que ces bandes avaient oublié, si bien que les gens, dépouillés et craignant pour leur vie, se reliraient, pour éviter le massacre et la ruine, là où ils pensaient Irouver un abri plus sûr, dans des carrières. Tel fut Guillemin lluré, de Dury, qui se fil, au commencement de l'automne 1417, un petit logis à l'entrée d'une « caverne de pierre, » sise près de Bury. 11 comptait y attendre de meilleurs jours avec sa femme et ses trois enfants, mais il avait compté sans son hôte, un nommé Jean Droucl, également de Dury, qui vint se loger juste au devant de sa propre demeure et lui boucher sa vue. Une dispute s'en suivit ; elle se renouvela quelques jours après, en face la croix qui se trouvait sur le grand chemin de Bury, un soir que la fille de Drouet rentrait ses bêles, accompagnée, de son père et d'un frère moins âgé qu'elle, qui tenait un pilon ou pot de terre, où il y avait du feu. Drouet fut lue d'un coup de fourche. Le meurtrier en fut quille, outre la réparation civile, pour tenir prison l'espace d'un mois, dont quinze jours au pain el à l'eau (pièce XX).


Tel est le résumé de certaines des lettres de rémission que nous avons trouvées au cours .de nos recherches sur notre pays. Il y en a d'autres encore, et il y aurait utilité à les publier toutes ; peut-être le feronsnous un jour. Pour l'instant, nous n'avons voulu qu'attirer l'attention de nos collègues sur les nombreux renseignements que renferment ces documents et comme rien ne vaut, pour cela, comme les pièces ellesmêmes, nous nous contenions dès lors de les transcrire suivant leur ordre chronologique.

I

lilOS, 3 septembre. — Donation par Robert, comte de Clermont, à Nicole de Noisy, clerc, jils de feu Guillaume de Noisy. chambellan du comte, de plusieurs immeubles sis au territoire de Cannctlecourt.

Areli. nat-, JJ ho, fol. (jo rPhilippus,

rPhilippus, gracia Franeorum Rex. Notum facimus universis tara presentibus quam futuris nos litteras infrascriptas forma m que sequitur continentes (sic).

Nous Robers, il'z de Monseigneur saint Louys, jadiz roys de France, cuîns de Clermont, faisons savoir à touz présenz et à venir que, comme cousidéré en nous le bon et agréable service que nostre amé charabellent, feu Guillaume de Noisi, nous a fait et faisoit ou temps que il vivoil, li eusiens doné et autroié hérilablement et perpétuelment les héritages ci dessous nommés, et touz les profiz et les émolumens que nous en avons et povions avoir, et transporté du tout en tout en icelui et ses hoirs et en ceus qui de lui auront cause, à leuir de nous, de noz hoirs et de ceux qui auront cause de nous à douze deniers parisis


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parisis de conz, lesquiex héritages les personnos ci dessouz nommées lienent à moilaierie perpétuelment :

C'est assavoir demi arpent de vigne ou là entour que tient Hues Monduiz, séant en la ville et ou terrouier de Canetecour, tenant à la vigne Maillart.

Item, en icelieu, un quartier que tient li diz Maillaz, tenant à la vigne le prieur de Brueil.

Item, en icelui, trois quartiers que tient Marie la Rousse, delez la vigne Johan Louchart.

Ilem, quartier et demi en icelieu que tient E^lienc li Plas delez la vigne du dit Johan.

Item, demi arpent en icelieu que tient Reuaut Hardi, delez la vigne Riccart la Plastrière.

Item, en icelieu un arpent que tient li diz Renauz, tenant à la vigne Pierre Lestagne..

Item, demi quartier en iceli=u que tient Colin Mauserart, tenant à la vigne Rcnaut Hardi.

Ilem, un arpent en icelieu que lient Mahaut Coingnarde que tient à la vigne Johan de Poiz.

Item, un quartier en icelieu que tient li diz Johan de Poiz tenant à la vigne Johan leFilandri.

Item, un quartier en . icelieu que tient icelui Johan, lenant'à la vigne Johan de Poiz.

Item, demi arpent en icelui lieu que tient Jolnn de Poiz li jeunes, tenant à la vigne Johan le Filandri.

Item, un arpent que tient Henri li traites et ses compagnons en icelieu tenant à la vigne Pierres Treuchel, lesqueles pièshes de vigne nous vindrent par la mort Monseigneur Johan de Beleuses et desqueles la famé Monseigneur Johan devant dit tient la moitié par rayson de douaire.

Item, le pressoir que nous avions en la dite ville si comme il se comporie en trois quartiers de vigne séanz ou cloz dudit pressoir que tient Bernes et ses frères.

Item, un arpent en icelieu en deus liens que tient Guillaume Honnet.

Item, demi arpent en icelieu que tient Pierre Boutmé.

Item, arpent en icelieu que tient Fouques Josselin tenant à la vigne Ligier le Parmentier, et à la vigne le maieur de Clermont.

Item, demi arpent de vigne et demi mine de terre que tient Pierre li Vaehiers eu icelieu.


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Item, demi arpent de vigne que tient Raoul Joliz au Foussiaus {sic) chargié de demi mui de vin par an atoloison au seigneur de Mailli.

Item, un quartier que tiennent li enflant Guillaume Lenglois, et un quartier que tient en ce heu Denise li Noiseny, toutes tenues en nom de perpétuel moitoieries, si comme il est dessus expressé et un mui d'avoine et vint et deux solz de cenz.

Item, un quarlier de vigne qui fu Pierre Le Moigne, assis à Fessiaux, lesqueles choses tient et possedit à présent nostre amé et féable clerc mestre Nichole de Noisi, filz dudit feu Guillaume nostre chambellent, séanz toutes en la ville et terrouer de Canetecourt, sien propres par titre d'eschange ou de permutation faite et aoordée, si comme il est dit, entre lui d'une part et les enffanz Johan Travaillé et Eudeline de Noisi, sa famé, jadiz fille du dit Guillaume et sereur du dit mestre Nichole pour plusieurs autres héritages que le dit mestre Nichole leur a baillées, quitées et otroiés à touz jours.

Les quiex héritages, et toutes les choses dessus dites ainsi eschangiés ou permués et chascune d'iceles, nous regardans et considérons le bon et le loial servies que li diz mestre Nichole a fait sanz cesser à Loys noslre chior aiusné etimé fil, el fait de jour en jour, de grâce espécial amortissons et délaissons rieshoresenavant taules amorties au dit mestre Nichole, à ses hoirs, et à ceus qui de lui auront cause aveques une masure et un arpens de vigne assiz en la dite ville de Canetecourt qui furent Monseigneur Guillaume dou Cardonnoy, et qui sont à présent à celui mestre Nichole. Et volons, octroions et à ce expressément nous consentons, avisiez et délibéracion sus ce eu, que celui mestres Nicholes nostre clerc, si hoir, ses sucesseurs et ceus qui d'eus auront cause les devant diz héritages et tieignent et possédissent désoresmès franchement et quitlement, du tout en tout amortiz perpétuelment et en main morte do nous el de noz successeurs, et puissent iceus de leur plaiii povoir donner, transporter el cesser en quelconque main morte que ce soit, si comme il. leur plaira, sanz ce que nous, ne nous successeurs qui seront, les puissons contraindre de iceus


■/■> —

vendre ou aliéner ou mètre hors de leur main, et sanz autre finance et sanz nulle redevance donner ou faire à nous ou à nous successeurs ou temps à venir, sauf noslre droit en autres choses, etc.. En tesmoing desqueles choses, nous avons seelléles présentes letres de nostre seel qui furent données en l'an de grâce mil CGC et huit, le mardi apr.ès les octaves de la feste saint Bartolomi tiers jour en septembre.

Nos aulem omnia et singula in predic;is contenta lilteris laudantes, approbantes et ex certa scienlia confirmantes, volumus el presentium lenore concedimus quod dictus magisterNicolaus, ejus heiodes et sue.eessores, ac ille vel illi in quem vel quos predicta justis titulis translata .faerunt, predieia omniaetsingulahabeant, teneant et possideant perpetuo, pacifiée et quiète ahsque prestations financie, el poactione vendendi vel extra manum suampouendi. Quod ut ratum, etc., salvo, etc.

Actum l'arisius, anno Domini M' CGC 0 octavo, mense niartii.

Il

13'27, /'.'juillet. •— Amortissement f,ar L'iuis, comte de Clermont, en faneur de .Iran de la Tournclle, rhemlirr. prévôt de Sainl-Jusl, de 60 ar/x-itls de bois, dits le Imis ilrs Avesnes. sis entreSainl-Just cl le (Jt(t'M<i7, au-dessus de Vidrsrourl.

Ardi. nat., JJ. 7/1, fol. 3.'S8 , •

Philippe, etc. A touz ceulx qui ces présentes lettres verront, salut. Savoir faisons que nous avons veu les lettres do notre très chier cousin, le duc de Bourbonnois, faisant mention de l'amortissement et exemption de soixante arpens de bois que Jehan de la Tournele, prévost de Saint-Just, tenoit de notre dit cousin, et dont il estoit en sa foy et hommage, desquelles lettres la teneur s'ensuit :

Nous Pierre de Bourbonnois, comte de Clermont, do la Marche, et chamberier de France, à touz ceuls qui ces présentes lettres verront, salut. Saicheut. tuit que nous avons veues les


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lettres de nostre très chier seigneur et père, que Dieu absoille, contenant la fourme qui s'ensuit :

Nous Loys, comte de Clermont, seigneur de Bourbon et chamberier de France, fdiz savoir à touz qui ces lettres verront qr.e, eue diligent considération que les choses qui par nostre souveraineté s'amortissent, tenues de nous en noslra jurisdictiori et seignourie, s'enelinont plus au profit espirituel et de Sainte Eglise nostre more que ne sont à la temporal té, et oye la requeste faite à nous dilijemmont par nosUe amé et féal, messire Jehan de la Tournelle, chevalier, prévost de Sainl-Just, suppliant à nous humblement que soixante arpens ou environ, que l'on dit le boys des Avesnes, séans entre Saint-Jusl et le Quesnel, au dessus de Valescourt, joingnaris au- boys le^ seigneur de Valescourt, desquiex il est en nostre foy et nostre hommage, li vousissions amortir ; et nous, oye la supplication, laquele nous semble consonant estre à raison, à l'onneur de Dieu et de sa douce mère, et à la contemplation du dit mouseigneur Jehan, les diz soixan'e arpenz de boys lenuz de nous, comme dit est, de grâce espéoiaie, li admortissons par ces présentes, et iceux eximons de nostre jurisdiction, el voulons que les puisse vendre, aliéner et transporter comme admortis en quelconques personnes et à quelconques personnes qu'il li plaira, tant à personne d'église quant à autres. — En tesmoing de laquele chose, nous avons fait mettre nostre grant seel à ces lettres qui furent faites, l'an de grâce mil CCU" vint et sept, le XIIe jour de juillet.

Lesquelles choses contenues es dictes lettres nous voulons et approuvons, aggréons et ratifiions et les diz boys eximons de nostre juristiietion eu la manière que dedens ycelles est contenu. Et promenons pour nous et pour noz hoirs, sus l'obi gation de touz noz biens, de non venir ou faiie venir encontre par nous ou par autre ou temps avenir. En tesmoing de laquelle chose, nous avons fait mettre nostre grant seel en ces lettres qui furent faites l'an de grâce mil CCC quarante et II, le XXVIIe jour de février.

Lequel admortissement et eremplion des diz bois, et lou'es les choses contenues es dictes lettres aians fermes et agréables, ycelles voulons


louons, gréons, rattifions et approuvons de uostre jilain povoir et auclorité royal, et de certaine science, par la teueur de ces présentes, les confirmons et nclroions de grâce espécial oudit Jehan de la Tournele, chevalier, que les soixante arpens de bois dessus diz et le treffons d'iceulx ils puissent vendre, aliéner et transporter à personne d'église ou autres quelconques qui les diz bois et trefons puissent tenir comme admortiz, sans contrainte de les vendre ou mettre hors de leur main et senz paier pour ce quelconque finance ou ordenance à nous ou à noz successeurs Roys de France. Et pour ce que ce soit ferme chose et estable perpétuellement, nous avons fait mettre nostre seel à ces présentes lettres, sauf eu autres choses nostre droit et en toutes l'anlrui.

Donné au boys de iVincerme.*, l'an de grâce M» CCC' quarante et deux, ou moys de juing.

Par le roy à vostro relation, J. Melins.

III

133à, 2'i novembre. — Sentence par Gauvain, seigneur de SaintQuinlin, bailli de Clermont, el les hommes liges du comte de Clermont, renvoyant desjins de la plainte Jean llarpin da Quesnel, écurer, accusé du meurtre de Guillaume Lcngleis.

Arch. nat., JJ -jh, fol. 22C r1

Philippe, etc. A touz ceulx qui ces présentes lettres verront, salut. Savoir faisons que nous avons veu unes lettres seellées du seel de la baillie de la conté de Clermont quant Gauvain, seigneur de Sainl-Quintin, chevalier, estoit bailli de la dicte baillie pour noslre chier et féal cousin de bonne mémoire Loys, jadis duc de Bourbon et conte de Clermont, et des seauls de plusieurs frans hommes jugeans en la cours du dit duc, en son hostel de Clermont, jadis chevaliers et autres, contenantes la fourme qui s'ensuit :

A tous ceuls qui orront et verront ces présentes lettres, Gauvain, seigneur de Saint-Quintin,


78

chevalier, bailli de la conté do C'erniotit, salut... yacheut mil que comme Pierre le Selier, sergent de Monseigneur le duc de Bourbonnois en la prévosté de Clermont, eust appelé Jehan Harpin de Quesnel, eEcuier, au droit du dit Monseigneur le duc, pour la souspeçon de la mort et occision faite par lui, si comme on disoit, à Guillaume Lengleis qu'il avoit tué et murdri, en la compagnie d'autres personnes, si comme donné fu à entendre au dit prévost, es quiex appiaux, le dit Jehan Harpin feust venuz en jugement en plain plais devant le dit prévost, et de celuy fait eust requis le dit prévost qu'il le vonsist recevoir à droit et à loy en la manière qu'il estoit acoustumi en la chastellenie de Clermont, lequel prévost, eu conseil sur ce et grant délibéracion, eust receu le dit Jehan Harpin en la court de Monseigneur le duc pour la dicte souspeçon à droit et à loy et sur ce eust commendé au dit sergent de par Monseigneur le duc qu'il feist proclamacions au nom du dit escuier et pour lui en plains plais, si comme il appartenoil par la coustume de la chastellenie de Clermont, que se il estoit aucuns ou aucune qui aucune chose vousist demander au dit escur (sic) par accusation, par l'ail, par dénonciacion, ou par quelconques voie que ce feust, il estoit mis et mettoit à droit et à loy en la court dudit Monseigneur, venisent avant et l'en leur feroit droit bon el hastif, si comme acoustumé estoit sur ce ; lesquelles proclamacions furent faites et ont esté par ie dit sergent, si comme dit est, par trois briefs jours, par trois intervalles, par octaves, par tiois quinzaines, par trois assises et par tel temps et si lonc comme li usages et la coustume de la cliastellenie de Clermont desirre sur ce ... Et après ces choses, nous eust esté requis dudit escuier à nostre assise présente de Clermont commenciée le lundi derrenièrement passé, que nous voussissiens mettre remède convenable à ce qu'il feust délivré du dit fait, et nous, sur ce eu conseil, eussiens fait venir par devant nous les proclamacions et ycelles apportez en jugement par le dit prévost loues mol à mot en nostre dicte assise et en jugement, et en la présence de plusieurs hommes liges de Monseigneur le duc, jugans ou chastel de Clermont, c'est assavoir le


79'

seigneur d'Arquery, le seigneur de Maîlly, 1s seigneur de l'Esglanlier, messire Regnault de Trie, messire Pigon de Cramoisy, messire Ansoult d'Estoy, messire Jehan de Hargenlieu, chevaliers, Ydeut de Noyentcl, Gillc de Crapanz, Oudart de Gannes, Guillaume de Hémévillers, Bidaut de Boinvilliers, le Borgne de Saint-Remy, Pierre d'Avreigny, le Borgne de Nouroy, Raoul de Fontaines, Coiart de Vaux, Renault de Vienne, Jasques de Vaux et Pierre, de Avrechi, le maire de Biueuil, et ycelles proclamations veues à grant délibération et par bon conseil, feust dit par nous par le jugement des hommes dessus diz touz acordans à ce que le dit Jehan Harpin estoit et est purs et innocens du dit fait, et l'en absouluir.es, et absoulons du tout. Et en tesmoing de ce, nous avons scellé ces lettres du seel de la baillie de Clermont. Et nous, hommes liges dessus diz en affirment le jugement dessus dit estre bon en la manière que dit et prononcié est dessus, avons mis noz propres seauls touz ensemble, et chascun par soy en ces présentes lettres, en tesmoing et confirmacion des choses dessus dictes. Ce fu fait et prononcié en noslre dicte assise, le juedi avant la leste de saint Katherine l'an de grâce mil CCG* trente ètquatre.

Nous adecertes la dicte sentence donnée pour le dit Jehan Harpin par le dit bailli o le conseil et délibéracion des diz franz hommes, en tant comme elle a esté et est justement et loyaument donnée, et que elle a esté et est passée en chose jugiée, si comme il nous est apparu par la dicte sentence et toutes les autres choses contenues es lettres dessus escriptes, aianz fermes et agréables ycelles voulons, louons, etc..

Donnéau Moncellez Pons-Sainte-Maixance, l'an de grâce mil CGC" quarante et un, ou moys de de mars.


— 80

IV

13o8, juin, au camp entre Meaux cl Lizy. — Donation à Raoul de Rouv'illcrs, dit l'Anoelol, èr.uyer, jusqu'à concurrence d'une valeur de 40 livres parisis de revenu, des biens confisqués sur Jean Courlin de Beaupuils qui avait pris part à la Jacquerie.

Arch. nal., 3J 8G, n" 102.

Karolus Régis Francorum primogenitus, regnum regens, dux Normannio el dalphinus Viennensis. Notum facimus universis tampresenlibus quam futuris quod cum Johannes Courtin, de Bello Podio (1), nuper cum pluribus habitatoribus patrie Belvacensis et r,on nullorum aliorum qui guerram, controversiam seu monopolium contra regiam majestatem, nobiles et fidèles dicti regni macbinaverant, et eliam inceper.ant, se afàdaverit et fidem sibi preslilerit, quodque cum eisdem in pluribus villis, fortaliciis et locis fuerit, et in eorum societate equitaverit, plura vero castra fortalicia et maneria dictorum nobilium et fidelium destruxerit, et combuxerit, aut ad ea deslruenda et comburenda auxilium, consilium et juvamen pro posse presliterit, certaque et quamplura homicidia, crimina, excessus etdelicta commiserit et perpetraverit, seu ipsa committendi et perpetiandi procuraverit, prout super hoc sumus plenarie informati, propter quod omnia honamobilia et immobilia ejusdem Johannis dicto domino nostro et nobis devenerunt.incommissa, et eliam confiscata, nos, attendentes et considérantes grata, utilia et laudabilia servicia per dilectum nostrum Radulplium de Rocovillari (2) alias diclum Langelot, armigerum, dicto domiuo nostro et nobis in guerris diu etâdeliter ioipensa et que de die in diera. in comitiva nostra, in presenti exercitu in quo sulficienter cum equis etarmis existit, impendit per ipsumque speramus impendi in futurum et ea ad memonam reducendum, dicta bona mobilia et immobilia quecumquo ipsius Jonamiis ubicumque in dicto regno existentia nobis, ratione criminum lèse majestalis ut predicitur confiscata, quorum valor annui et perpelui redditus summam quadraginta libraraim

(i) Beaupuils, éc. de Grandvilliers-aux-Bois, c. de SaintJust.

(2) Raoul de Rouvillers. S. Lucc ijui mentionne cette pièce a lu à tort Bouconvillers.


-^■81

Paristensitim non excédât, prefato Radulplio tahquam bene rr.erito pro se, heredibus et successoribus suis, ac ab ipso causain habentibus et habituris. in perpetuum dedimus et coiicessimus, damus et concedimus per présentes de speciali gratia, certa scientia et auctorilale regia qua fungimnr, mandantes et precipientes universis et singulis dicti regui iusliciariis in quorum jiirisdictione bona et heredîlagia situuntur predicla aut eorum Iooaterentibus et cuilibet eorumdem ut ad eum perlinmerit, quatenus prenominato Radulplio, aut ejus procuratori pro eo possessibnem hereditagiorum et bonorum immobilium que quondam fuerunt dicti Joliaunis tradaut et libèrent, ac in ipsis ponant, instituant et inducant aût poni, inslilui et induci realiter et de facto faciant eundem, bona vero mobilia predicla. cidem ad plénum délibèrent, cessante impedimento quocnmque. Impedientes aut ipsorum,

e'c Quod ut firmum, etc.

Daliim et actum in campis inler Meldis et Lisi'acum, anno Domini M° CCC° LVIII", mense junii.

V

. 1358raoùt Paris. ■— Rémission à Germain de Réveillon, de Sacy-le-Grand, familier da comte de Monlfort, lequel avait chevauché trois jours contre les nobles du Beauvaisis.

Arch. nat., JJ 86. n- 309.

\oy. p. 83 S. Luce, Hist. de la Jacquerie, u. éd., p. 261.

Charles, ainsné fils du roj de France, régent le • royaume, duc de Normandie et dalphin de Viennois, savoir faisons à touz, présenz et à à venir, à nous avoir esté exposé par Germain de Réveillon, demeurant à Sachy-le-Grant en Beauvoisins, familier du comte de Monlfort, que, comme en la cotiinocionou esrneute du peuple du plaît pais de Beauvoisins n'a gaires faite contre les nobles du ditpais, le dit Germain, par contrainte du dit peuple el de leur capitaine, lors eust ehevauchié par trois jours ou environ en leur compaignie à . Mellou, à Pons-Sainte-Maixance et à Montathère,

VI


SI

à la derreiue desquels trots journées, le dît peuple estant en armes el esmeu, sur la montaigne de Moutallicre, eust requis au dit Germain qu'il vousist pour lors estre leur capitaine eu l'absence de leur capitaine général qui lors estoit devant Ermenonville, lequel Germ%in s'en excusa par plusieurs fois et pour plusieurs causes et raisous. Et riiiablemont, pour ce qu'il ne vouloit obéir à leur requeste et à leur voulenlé, le pristrent par son chaperon injurieusement, en disant qu'il seroit leur capitaine pour demi jour et une nuit, vous'tst ou non, et le vouldrent saehier jus dessus son cheval, et avec ce sachêreut plusieurs espées sur lui pour li coper la teste s'il ti'eust obéy à eulx. Lequel, pour doubte et pour eschever au péril de la mort, lu leur capitaine demi jour et une nuyt tant seullement, au dit lieu de Mellou, encontre les gens du roy de Navarre qui lors s'eff^rçoient d'entrer ou dit pais de Beauvoisins pour ycelui grever et gaster, duquel lieu de Mellou le dit Germain se départi et s'en reppaira en sa maison, si tost comme il post échapper, seuz qu'il ait autrementchevauchié ne en aucune manière bouté feu, pillé ne occis personne, ne meffait en aucune manière, autrement ; mais qui pis est, depuis les diz nobles ont ars, pillé, gasté et essillé au dit suppliant touz ses biens, meubles et héritages et li ont fait dommage jusques à la value de trois mille moutons, et ne li est rienz demouré fors sa famme et ses enfanz, el encore n'ose il ne sa dicte famme et enfanz, demourer sur leur diz héritages en ycelui pais, mais convient que il, sa famme et ses enfauz demeurent et se tapissent eu boys et en autres divers lieux en grant misère et pouvreté, pour doubte des diz nobles.... etc.


83

VI

1358, août. Paris. — Rémission à Colart du Four, dit Mellin, de Fouilleascs, lequel avait pris part au soulèvement du peuple du Beauvaisis.

Arch. nat., JJ 86, n- 3o8.

S. Luce, Ilisl. de la Jacquerie, n. éd., p. 260.

Charles, ainsné lïlz du roy de France, etc. Savoir faisons à touz, préseaz et à venir, que de la part Colart du Four, dit Mellin, demeurant à Feilleuses en Beauvoisins, nous a esté exposé que, comme en la commociun ou esmeute du peuple du pais de Beauvoisin n'a gaires faites contre les nobles du dit pais, le dit Colart, par contrainte du dit peuple et de leur capitaine et mesmement pour ce qu'il li vouloient ardoir sa maison et coper la teste, s'il ne faisoil leur vonlenté. eust chevauchié en leur compaignie devant Mellou, dont il se départi et s'en retourna en son hostel si lost qu'il pot eschapper d'eulx, sans ce qu'il ait autrement chevauchié ne en aucune manière pillé, bouté feux ne fait autre maléfice quelconque; mais depuis les diz nobles li ont ars, pillé et gasté tous ses bieus, meubles et héritages tant que il ne li est demorré que sa famé ; lequel Colart et sa famé n'osent encores demourer ou dit pais sur leurs héritages, pour yceulx faire labourer et coultiver, mais convient qu'il se demeuseut et tapissent, à grant misère et pouvreté, par boys et autres lies divers, pour doub'.e des diz nobles, etc.

VU

1358, septembre. Paris. — Rémission à Jeanne, veuve de Jean Rose, de La Preste, près cPAngicourl, mis à mort par les nobles.

Arch. nat., JJ 86, n* 06Ô.

S. Lnce, llist. de la Jacquerie, n. éd., p. 272.

Charles, ainsné filz du roy de France

Savoir faisons à touz, présenz et à venir, que da la partie de Jehanne, famé feu Jehan Rose, de la Praelle, près d'Engicourt en Beauvoisin, nous a esté signifié comme, ou temps des effroiz et


84cômmoclans

84cômmoclans et n'a paires faiz par les gens du plat pais de Beauvoisin contre les nobles du dit royaume, le dit Jehan Rose, contre son gré et volenté et par la force et contrainte de Guillaume Cale, soi portant général capitaine dudit plat pais, fusl alez en la compaignie avec les diz du plat pais, ou autrement l'en li eust ars sa maison, gasté et dissipé touz ses biens et lui mis à mort, en la compaignie des quiex il fu par certain temps, senz ce que il pillast oncques sur les diz nobles ne feist aucun mal ; mais pour ce que de leur compaignie se vouloit évader et départir au plus tost et briof qu'il pourroit senz péril de son corps, avoit envoie ladicte Jehanue, sa femme, ses enfanz et aucune partie de ses biens à sauveté en la ville de Compien«ne, pendanz les quiex effroiz, pour ce que le dit Jehan estoit bien cogneu en la dicte ville, le dit général capitaine du dit plat pais envoya yeelui Jehan et un antre, comme contrains, porter lettres aus bourgeois et habitanz d'icelle ville de Compiongne, afin qu'il vousissent estre alicz avec les gens du dit plat pais et eux soustenir, conforter et aider en ieur faiz, desquelles lettres les diz bourgeois et habitanz firent response au dit capitaine et à ses alliez et adhérens qu'il avoit fait ve.iir devant la dicte ville telle comme il leur plut. Et lors dist le dit Jehan aus diz bourgeois et habitanz que, jà soit ce que il fust avec les. diz du plat pais et en leur compaignie, toutevoies se il vouloient avoir à faire en aucune manière à la dicte ville et ycelle assaillir, il les lairoit et venroit vivre et mourir avec les habitanz d'icelle ; et pour ce que, à un autre jour après ensuivant, le dit Jehan venoit en la dicte ville de Compaigne veoir sa famé et ses enfanz, le prévost forain d'icelle, estant au bailles ou lices, meu de courage, courroucié contre lui, le prist et mist la main à lui de pa*r Monseigneur et nous, en lui imposant qu'il estoit faux et mauvais traîtres et qu'il avoit esté capitaine ou dit plat pais, el le fist mettre es prisons royaulx de la dicte ville, et jà soit ce que le dit Jehan, clerc el de veu et de sceu, pris eu habit et tonsure, fust deuement el souflisament requis au bailli de Scnliz, pourle temps capitaine d'icelle lville| do Compaigne et son juge ordinaire, auquel seul pour le temps la correplion et puni-


— 85 —

Cion en devoil appartenir, toutevoies riens n'en fu fait, mais afin qu'il ne apparrust estre clcrs, li fu sa courromie tousle et bertaudée et, qui plus est, en la très grant chaleur et venue des diz nobles, senz ce que par sa confession ne autrement il eust esté trouvez en aucune manière avoir esté capitaine de ville du dit plat pais no avoir aucune chose mesfait ou délinquô contre Monseigneur, nous ou les diz nobles, fors tant seulement comme contrains avoir esté en la dicte commocion, li fu fait coper la teste et en oullre furent pris touz ses biens estanz en la dicte ville, comme forfaiz et acquis à Monseigneur et nous et d'iceulx fait inventaire et yceulx par prisiée à la valeur et somme de cent florins à l'escu, laquelle prisiée le dit bailli a receue et appliquiée à soy, si comme l'en dit. Pour lesquelles choses la dicte Jehanne nous a (ail supplier humblement, comme le dit Jehan ait esté tout le cours de sa vie homme et personne [de] bonne famé el renommée, de vie leable et de conversaccion houneste et bien vueillant de Monseigneur et de nous, du dit royaume et delà couronne de France, et que la dicte Jehanne ne seroit pain gaignier ne n'auroit de quoy vivre ne nourir trois petiz enfanz qu'elle a, touz menres d'aage, mais les convenroit mendier et estre touzjours en grant pouvreté et misère, que sur ce lui vuillonspourveoir de nostre bénigne grâce el lui quitter et délaisser pour la substenlacion et gouvernement de lui et de ses diz enfants touz les biens

Donné à Paris, l'an de grâce mil CGC LVIII, ou moys de septembre.

Par Monseigneur le régent,

P. Michel.

VIII

1358, août. Paris. — Rémission à Philippe le Bouqmllon d'Avrigny, qui avait pris part aux effrois.

Arch. nat., JJ 86, n" 3io.

Charles ainsné, etc. Savoir faisons à touz présenz et avenir que, de par Philippe le Bou^uil-


86

Ion, demeurant à Avregny en Beauvoisins, nous a esté exposé que comme en la commotion ou esmeute du peuple du plait pais de Beauvoisins, nagaire faite contre les nobles du dit pais, le dit Philippe, par contrainte du dit peuple, ait chevauchié en la compaignie d'eulx et de leur capitaine, un jour tant seulement, c'est assavoir en la ville de Montathere et de Clermont, et si tost comme il post, il s'en retournay à sa maison sanz ce qu'il ait autrement pillé, chevauché, bouté feux, tué ne occis personne, ne meffait en aucune manière, mais qui pis ett, depuis, les dilz nobles ontars, pillé, gasté, exillé au ail Philippe touz ses biens meubles sanz ce qu'il li soit riens demouré, fors h, sa famme et ses enfanz, et encores ne ose il, sa famé et ses diz enfanz demourer sur leurs diz héritaiges pour yceulx faire cultiver et labourer, mais convient que il, sa famé et les diz enfanz demeurent en boys et autres divers lieux à grant misère et pouvrelé, pour double des diz nobles, pour laquelle chevauchée dessus dite, il se double que il n'ait encouru aucune offense envers nostre dit soigneur, ou envers nous, ou envers justice. Et comme nous, depuis que nous venismes derrenement en nostre bonne ville de Paris, aions ordonné que touz les diz nobles remetent et pardonnent, aus genz du plait pais, et aussi les dictes genz aus diz nobles tout ce qu'il pourroient avoir meffait les uns envers les autres, et que toutes voies de fait et poursuite criminele soit forclose aux dictes parties sauf tant que chascuu puisse poursuir ses domages et injures par voie de justice et civilement, par devant nostro dit seigneur ou nous ou noz genz ; et pour ce uous ait supplié en espèce le dit Philippe que sur ce li vousissions pourveoir de remède, mesmemenl comme il soit homme de labour qui a cuillir et mettre à sauveté ses biens, et soit bien veuillant de nostre dit seigneur, de nous et du dit royaume si comme nous avons entendu, nous, adecertes, considérées les choses dessus dictes, au dit Philippe on cas dessus dit, avons quitté, remis et pardonné et par ces présentes quittons, remettons et pardonnons de grâce espécial, certaine science, pleine puissance et autorité royal dont nous usons tout le fait dessus dit, avec toute peine criminele et civile, en quoy


— «7 —

il pourroit pour ce estre encouru envers nostre dit seigneur, et envers nous, pour cause des choses des-us dictes, en le restituant à plain à sa bonne famé et renommée, biens et au pais et domaine, en mandant par ces présentes au bailli de Senlis ou à son lieutenant, et à touz les autres justiciers et officiers du dit royaume et à chascun d'eulx présenz et avenir, que le dit Philippe contre la teneur de ceste présente grâce ne le moleslent ou empeschent, ne facent ou seuffrent estre molesté ou smpeschié en corps ou en biens en aucune manière, mais le facent el laissent de nostre dicte grâce joir el user paisiblement, et li laissent cuillir et mettre à sauveté ses biens qui sont aus champs, el labourer ses héritaiges, sanz li donner aucun empeschement ou destorbe. Et avec ce facent deffer.se de par nostre dit seigneur et de par nous à touz les nobles du dit pais dont il seront requis sur quanque il se puent meffaire envers nostre dit seigneur, et envers nous, que doresenavant, au dit Philippe, à sa famé et à ses enfanz ne à ses biens ne meffacent ne ne facent meffaire par eulx, ne par autres, en quelque manière que ce soit. Et se aucune chose li estoit demandée ou si veult aucune chose demander à

cautres sur les choses dessus dictes, que il facent aus parties bon et brief accomplissement de justice à fin civile tant seulement. Et pour ce que ceste chose soit et demeure perpétuelment ferme et estahle, nous avons fait mettre notre seel à ces présentes, sauf en autres choses le droit do nostre dit seigneur et le nostre, el l'autrui en toutes. Donné à Paris, l'an de grâce mil CGC LV1II, ou

.moys d'aoust.

Par monseigneur le régent en son conseil : R. POTIN.


— 88

IX

1358, août. Paris. — Rémission à Hue de Sailleville, élu capitaine par les habitants d'Angicourt.

Arch. nat., JJ 90, n. 288.

Sililéon Luce, llisl. de la Jacquerie, n. éd., p. 2j3.

Charles, clc. Savoir faisons que do la partie

de Hue de Sailleville nous a esté signifié que, comme ou temps que les genz du plat pais se esmeurent et firent plusieurs fffroiz contre les nobles du dit royaume, le dit Hue, par contrainte des genz de la ville d'Angicourt, où il dcmeuroit lors, et du pais d'environ, et pour doubte de mort, chevauchait avecques eulx. el contre sa volonté le firent leur capitaine et depu s, pour la grant orreur qu'il avoit des excès et oultryges que les dictes genz du plat pais fasoicnt contre son gré et où il iie povoit mettre remède, el pour oschiver la compaignie des dictes genz du plul pais, fust venuz par devers le prévost des marchanz, qui lors estoit à Paris, lui monstrcr etrequerre qu'il vousist conseil à ce que les choses dessus dictes cessassent. Et après ce, quant ceulx du plat pais sceurent que le roy de Navarre estoit venus à Clermont el. que le capitaine de Beauvoisins et ses complices estoient bai'lés et mis es mains du roy de Navarre par ceulx de Clermont et qu'il estoient mis à mort et que la dicte ville de Clermont estoit mise en la sauve garde du dit loy de Navarre, les dictes genz d'Angicourt firent aler le dit Hue par devers ycelui roy de Navarre pour avoir une sauve' garde de lui, aussi comme avoient pluseurs autres villes du pais environ, afin que il ne feussent ars ne gaslez, laquelle sauve garde leur fu de petite ou nulle value, car assez' tost après le pais d'illeucques environ fu aussi comme tout ars, gastez et destruit par les nobles, et encore se doubte le dit Hue que, pour les choses dessus dictes ou aucunes d'icelles, les nobles, etc.


.— 89

X

1358, septembre. Paris. — Rémission à Jean Bernier, de Vil, lers-Sainl-Paul.

Arch. nal., JJ 80, n- 38y.

S. Luce, Ilisl. de la Jacquerie, n. éd., p. 276.

Charles, ainsné filz, etc Savoir faisons à

-tous présenz et à venir que, de la partie de Jehan Bernier, de Villers-Saint-Pol, nous a esté exposé comme, en la fin du mois de may derrainement passé, nous estanz à Meaulx, il et Jehan Brenier, de Montathère, feussent venus par devers nous et pour la seurté et deffense du pais de Beauvoisin et d'environ Senliz et Creeil, eussent empêtré de nous, nostre ami et féal chevalier et consoillier le sire de Saint-Sauflieu,. capitaine, pour garder le dit pais, et on retournantes dictes parties trouvèrent les genz du plait pais touz esmeuz à la foie commocion et emprise contre les "nobles du dit royaume, si comme de abalre, gas■ter et ardoir leurs forteresses, maisons et leurs biens et aucuns mettre à mort ; et pour ce que le dit Jehan Bernier, de Montathère, ne se voult al'ler avec les diz gens, il le mirent à mort en lui imposant que il estoit traitres au commun du dit plat pais, lequel Brimer de Vil!ers-Saint-Pol, ;aient horreur, doubte et paour de mort, demoura ,avec eulx aus diz effroiz et fu par plusieurs jours en leur compaignie, jusqu'à ce que Guillaume Cale, soy portant capitaine du dit pais de Beauvoisin, et plusieurs autres ses adhérens et complices furent mis à mort à Clermont et descheirent de leur foie emprise, et il soit ainsi que, pour ce que aucuns nobles du dit royaume, mal■veillans et ennemis du dit plat pais, pour les causes dessus dictes, couroient et gaslotent pour le temps de lors ycelui pais et les biens des champs, plusieurs personnes du dit pais, tant de Senliz ■comme de Villers, voisins d'environ Clermont en Beauvoisin, venissent à présent par devers le roy de Navarre, adonc capitaine d'icel uy et nostre rebelle et malveillant du dit royaume, de monseigneur et de nous, et obtenissenc de li certaines lettres de commission par lesquelles le dit Jehan Bernier, de Villers, fu commis de par lui capitaine et garde du dit pais, lui absent, afin que le ' peuple et commun d'icelui peust labourrer et cul-


90

tiver les terres et ouster et mettre à sauvelé les biens des champs, laquelle commission le dit Bernier refusa par l'espace de huit jours ou environ, et finablement, contre son gré et voulenté et par contrainte, la receut et s'en ala demourer en la dicte ville de Senliz, senz soy partir ne senz exécuter ou user en aucune manière de la dicte commission, fors tant seulement qu'il escript à plusieurs villes du dit plat pais que ils venissent à lui en la dicte ville pour veoir et ordener comment on pourroil mectre remède et résister aus diz courreux, afin que on peust cueillir et mettre à sauveli les diz biens, comme dit est, pendant laquelle chose nous feusmes en bon acorl envers les habitantz de la dicte ville de Paris et d'ailleurs qui,.par le faux el mauvais exhortement d'aucuns traitres du dit royaume, de monseigneur et de nous, estoient pour le temps de lors enduit contre la majesté royal et vindrent en la bonne et vraie subjection et obéissance de monseigneur et de nous, et ordenasmes que touz les diz nobles remectent et pardonnent aus dictes gens du plat

pais Et pour ce que le dit Bernier a depuis

perduz tous ses biens et ses maisons arses pur les diz ennemis du royaume qui n'a gaircs sont descenduz au dit pais de Beauvoisin, et n'a peu avoir les gaiges de la dicte ville de Senliz, afin d'avoir la vie'de lui, de sa famme el ses enfauz, il avec plusieurs personnes de deffense s'est transportez en la ville de Noyou es laquelle il et ses compaignons ont esté receuz aus gaiges de la ville et du pais d'environ, pour résister à la maie voulenté de nos ennemis. Et pour ce le capitaine do la dicte ville de Senliz a pris touz les biens que le dit Jehan avoit en la dicte ville pour la sustentacion et gouvernement de sa dicte famme el enfanz et mis en la main de monseigneur et de nous, tant pour les causes dessus dictes comme pour ce que il maintient le dit Jehan avoir desgarny de lui el de ses diz compaignons, lesquel sont bien nécessaires et prouffitables pour la tuicion

tuicion deffense d'icelle

- Donné à Paris, l'an de grâce mil CCG LV1II, ou mois de septembre.

Par monseigneur le régent, à la relacion de son conseil :

J. Villiers.


— 91 —

xi

1359, septembre. Paris. — Rémission à Jean Le Fréron, de Calheux.

Arch. nat., JJ 90, n" 29/1.

S. Luce, Htst. de la Jacquerie, n. éd., p. 296.

' Charles, etc.. Savoir faisons à touz préseaz et à venir qne, de la partie de Jehan Le Fréron, de Cateu en Beauvoisiz, nous a esté signifié que, comme, au temps que les genz du plat pais se esmeurent et firent plusieurs effroiz contre les nobles du dit royaume, le dit Jehan, par contrainte de Achart de Bulles, lors capitaine des genz du plat pais de Beauvoisiz, et aussi des dictes gens et pour doubte de mort, convint qu'il chevauchast avecques eulx, et contre sa volenté le firent capit.iine, pour abatre et ardoir et taire abatre et ardoir toutes lorteresces et autres maisons de nobles et pour gaster et pillier touz leurs biens, et depuis, par la dicte contrainte ycelui Jehan fust venuz au chastel de Cateu et eust commandé à abatre et ardoir le dit chastel, et ce fait le dit Jehan avec sa compaignie fust alez aus chasleaux du Mesnil (1), do Thois (2), et d'Aufay (3) et par semblable manière eust commandé à abatre et ardoir yceulx chasteaulx et et plusieurs autres maisons de nobles, et soubz ombre de ce les genz de sa compaignie eussent pris et gasté touz les biens estanz es dictes forteresces, maisons et ailleurs où ils les peurent trouver, laquelle chose le dit Jehan ne leur eust peu destorner à. faire, jà soit ce que ce fust contre sa conscience et contre sa volenté ; et pour ce se doubte le dit Jehan, etc..

Donné à Paris, l'an de grâce mil CCGLIX, ou mois de septembre.

Par le conseil estant à Paris, auquel estoient mes seigneurs le chantre de Poitiers et maistre Grenier Boniface ;

J. Douhen.

(i) Le Mcsnil-Saint-Firniin (Oise), arr. de Clermont, c. de Breleuîl.

(2) Thoix (Somme), arr. Amiens, c. Conty. . [3) Auflay (Seine-Infcrienre), arr. Dieppe, c. Tôtes. . - , --


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XII

1370 (n. st.), février. Paris. — Rémission à Etienne de Ravcnel pour le meurtre de Perrot de la Chantre.

Arch. nal , JJ ioo, fol. 127 rCharles,etc.

rCharles,etc. tousprésens et avenir que de la partie des amis charnelz de Estienne de Ravcnel nous a esté signifié que, jasoil ce que Pnilipot et Perrot diz de la Chantre feussent confins et voisins du dit Estienne et avec lui souventle foiz beussent et mangassent et aucune fois feissent labours, et monslracent les uns aus autres tout senblant d'amour, toutevois le dit Estienne, ce non obstant, un so;r, environ la fesle de Saint-Martin derrenement passée, revenu de certains lieux là où il avoit demouré et bezoigné, trouva de nuis le dit Perrot couchié nu à nu avec la femme d'ycelui Estienne, el pour juste douleur qu'il avoit d'estre ainsy vilené par son diteousiu, fery le dit Perrot de s'espée, et après ce, environ Noël derrenement passé, les diz frères et Jehan le Parmentier, leur serourge, garnis de haches, piques et espées, estans au lieu de la Praelle, au dances que on faisoit, le dit Estienne dit que il le savoient Uluec estre, il prendroyent leurs harnois, et incontinent les dis frères et serourges garnis d'ycelles armeures délaissèrent ycelles dances et se mirent dans la rue en grant volonté de meffaire au dit Estienne, si eomme il apparoit par leur semblant. Et si comme les 111 dessus nommés et le dit Estienne estoyent ensemble, le dit Parmentier ou autre dist que le temps estoit cler et bel pour aller au trépaut quérir flsnchiaus, et lors, le dit Estienne respondi au dit Parmentier que il disoit voir, et que il y faisoit aussy bel quant il faisoit quant le dit Parmantier ala traire des soyettes, en l'ostel du dit Estienne, lequel Parmentier dist que il n'i avoit pas esté, et que se il y eust esté, il ne le niast pas. Et en ce moment, le dit Perrot demanda au dit Estienne se il savon bien que il y eust esté, et après ce que le dit Estienne ot respondu que il le savoil bien, le dit Perrot lui dit que il mentoyt mauvaisemeut et faussement, et que onques le dit Parmentier n'i estoit onques entrés, et ce fait, les diz frères et. serourge s'aprochèrent en entençqa de mal


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faire, ou firent semblant d'eux approcher du dit Estienne seul de sa partie, et pour douhte d'estre par eulz vilené, sacha une dague, et d'ycelle îeri le dit Perrot qui ainsi l'avoit intimé (?), dont mort s'ensui en sa personne.

Pour occasion duquel fait, le dit Estienne qui •tous les jours de sa vie a esté homme de bonne vie et renommée, senz avoir esté repris, convainc ou condampnez d'autre vilain meffait, s'est .absentez et pour s'absence, ses bipns pris en main de justice a esté apellé à noz drois, et pour ses coutumaces est en péril de estre banniz de notre royaume de et pour le dit fait dont pais est faite à partie si comme il dient, en nous humblement suppliant que sur ce li vueillons esleargir notre grâce. Nous, adecertes, entendu se que dist est, au dit Estienne ou cas dessus dit, avons remis, quitté et pardonné, remettons, quittons et pardonnons de grâce espécial le dit fait et les appiaux dessus- dis, et tout se que s'en est ensui avec toute peine, offense et amande corporelle, criminelle et civile que pour ce puet avoir encouru envers nous et satisfait: à partie bléciée premièrement, et avant toute heure, ce fait n'est; le restituons au pais, sa bonne renommée et à ces biens quelconques.

Si donnons en mandemant au baillif de Senliz, et à tous les autres justiciers et officiers de notre royaume, ou à leurs lieutenans préseus et à venir et chascun d'eulz, si comme à lui appartendra, que le dit Estienne facent, sueffi-ent et laissent joir et user de nostre pictié, grâce et rémission, senz le molester ou émpeschier eu corps ou en biens, en aucune manière au contraire : mais, ce aucuns de ses biens sont pour ce pris ou arrestés, illuimetlentou facent mettre plaine délivrance. Et pour ce, etc. Sauf, etc.

Donné à Paris, ou moys de février, l'an de grâce mil CCC LXIX, et le VIe de nostre règne.


XIII

1370, juin. Paris. — Rémission à Jean Baril, de BiXry, pour' le meurtre de Jean de Bury, dit Maulaillié.

Arch. nat., JJ 100, fol. 234 rCharles,

rCharles, Savoir faisons, etc., nous avoir veue l'umble supplication de Jehau Baril, filz de feu Henry Baril, demourant en la ville de Bury en Beauvoisis, contenant que comme nagaires certaines paroles contencietiscs fussent meues entre lui et Jehan de Bury autrement dit Mautaillié, lequel Jehan Baril après ce dist au dit Mautaillié : « Vous estes gentilz homs et aussi suy je ; se vous me voulés mal, dictes le moy afin que je me garde de vous. » Lequel Mautaillié respondi : « Quant je vous vouldray mal, je le vous feray assavoir. » Après lesquelles paro'es ainsi dictes, lez dis Jehan Baril et Mautaillié firent samblant de eulx partir du lieu où il estoient, et cuidoit le dit Baril que icellui Mautaillié ne lui vousist nuyre ne faire aucun mal ; lequel Mautaillié,' ce non obslant, sans autres paroles ■ dire au dit Baril, le feri de une dague parmi la poitrine et faisoit samblant de le vouloir encore ferir de la dite dague. Et lors, le dit Jehan Baril, doubtant que il ne le meist à mort, prist une hache et en soy deffendant d'icelle, fery le dit Mautaillié un cop en la teste, tellement que il chei à terre : du quel cop l'en dit mort estre cnsuye en la personne du dit Mautaillié lequel avant qu'il morust, pardonna le dit fait au dit Baril, lequel a sur ce esté appelez à noz drois et d'aucuns autres justiciers ou seigneurs soulz lesquelz il est demourant ou a aucuns de ses biens, lesquelx aussi ont esté pour ce saisis et arreslés, et pour doubte de rigueur de justice s'est absentés. Et comme il soit et a toujours esté homme de bonne vie, de bonne renommée et de honneste conversacion, si comme il dit, il nous a fait humblement supplier que sur ce li vueillons faire et eslargir noslre grâce. Nous, considérées les choses dessus dictes, au dit Jehan Baril de notre grâce espéeial, puissance et auctorité royal ou cas dessus dit, avons remis, quittié et pardonné, remettons, quittons et pardonnons par ces présentes le dit fait et lez dis appeaulx avec toute paine el amende corpo-


relie, criminelle et oiville que il ptiet avoir pour: ce encouru, et le restituons à sa bonne renommée, à son pays et à ses biens, et sur ce imposons scileiice perpétuel à nostre procureur, à tous nos olficiers et justiciers quelconques, sauf toutevoyes > le droit de partie-à pousuivre civilement tant seulement. Et en ampliant nostre présente grâce, il nous plait et voulons que les haulx justiciers ou justicier en qui terre et haulte. justice le dit fait a esté fait et perpétré, et à. chascun de eulx, facent samblable grâce au dit Jehan Baril sans ce que à eulx ne à leur juridiction à présent ne ou tamps à venir ce porte préjudice ne dommage aucun. Si donnons en mandemant au bailly de Senliz, à tous noz autres justiciers et officiers et à tous lez justiciers de noslre royaume ou à leurs lieuxtenans présens et à venir et à chascun d'eulx, que le dit Jehan Baril il facent et laissent joir et user paisiblement de nostre présente grâce et rémission, sans Tempeschier, molester ou souffrir estre molesté ou empeschié contre la teneur d'icelle-en corps ou en biens, mais rapellent ou facent rapeller et remettre au premier estât tout ce qu'il trouveroient estre ou avoir esté fait au contraire, en aucune manière. Et se aucuns de ses biens ont esté prins, saisis ou arrestés par nos officiers ou par autres, pour cause du dit tait, que ilz les li mettent ou facent mettre tantost et sans délay à plaine délivrance sans contredit ou difficulté aucune. Et pour ce que ce soit ferme, etc. Sauf, elc. Donné à Paris, ou mois dejuing, l'an de grâce mil CGC soixante et dix, el de nostre règne le sepliesme.

XIV

131 h, 15 septembre. Melun. — Rémission à Pierre de Villiers, êcuyer el clerc, pour avoir fait maltraiter Jean Martin, de Baille- ' val, avec qu'il était en procès aux Requêtes du Palais pour le paiement des dommages à lai causés dans les troubles de la Jacquerie. .

Arch. nat., JJ io5, n° 585.

Charles, etc. Savoir, etc., nous avoir receu la supplication de Pierre de Villers, escuier et clerc,


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contenant que comme à la requeste de Jehan Martin, de Baillenval, en Beauvoisis, et par vertu de nos lettres, le dit Pierre se soit de sa voulenté rendus et ait esté mis prisonnier en nostre Chastellet de Paris, pour ce que le dit Jehan Martin et nostre procureur ou dit chastellet disoient etvouloient dire et maintenir que en haine d'un plaist racu par le dit Pierre devant nos amez et féaulx gens des requestes en notre palais royalà Paris contre le dit Jehan Martin pour cause des dommages à lui fais durans les commocions des non nobles contre les nobles de nostre royaume, par lesquelles commocions les maisons d'icellui Pierre furent arses et démolies et ses biens deslruis el pillés, et ou quel plaist le dit Jehan Martin disoit avoir obtenu congié de court dont appelle fu par le dit Pierre eu son procureur en nostre parlement, icellui Pirrre avoit fait espier le dit Jehan Martin par Geffrin Fourtin et Jehan de Doienl, ses familiers, et que du commandement du dit Pierre, le dit Jehan Martin en retournant de Paris avoit esté battu par aucuus malfaiteurs complices du dit Pierre telement que il en estoit mulikz et tant a esté sur ces choses procédé que le dit Picrie a confessé que pour paroles déshonnestes dites en son absence par le dit Jehan Martin de lui ou de son feu père, si comme il lui fut raporté, lequel fu mis mis (sic) h mort par iceulx non nobles du dit pais de Beauvoisis, ou pour dommages que fais lui avoit durant le temps d'iceiles commocions, el en conlempt du dit plait, il avoit commandé ou prié à aucuns do son amistié que, sens mort et sans mehaing et sans déformacion de co'ps d'icellui Jehan Martin, il bâtissent le dit Jehan Martin qui pour ce fait a le nez coppé el une de ses jambes affolée, dont il n'est encore entièrement guéry. Pour cause et occasion duquel lait, le dit Pierre a esté détenu prisonnier eu noslre dit chastellet par l'espace d'un mois el plus, et encores y est à grant misère et povreté. Pour lequel meffait ou injures il est à accort ou cas que il nous plaira, avec le dit Jean Martin par le moyen et consentement de nostre prévost de Paris, par telle manière que pour cause des dittes injures, bateures et navreures et choses dessus dictes, icellui Pierre en est ténu de paier pour lui et ses


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complices au dit Jèhau Martin la Somme. =de ■ cinq cens et cinquante francs d'or dont il lui convendra vendre ou engager sa terra ; considéré que autrement ne le pourroit -paier, et néanmoins pour cause de ce qu'il est en péril de demeurer longuement en prison et de encores estre plus punis en corps et en biens, se par nous ne lui est sur ce pourveu de pitié et de grâce, si comme il dit. Si nous a humblement supplié que comme le dit feu père du dit Pierre eust servi es guerres de nostre royaume bien et loyalmenl, à son povoir, nos seigneurs prédécesleurs roys de . -France, dont Dieux ait les amez, el que par les di« non nobles il lu mis à mort sans cause el que, encores le dit Jehan Martin avo't dit plusieurs paroles injurieuses du dit Pierre ou do son dit feu père telles que si elles eussent es lé véritables, ce que non, il n'eusi pas esté dignes de vivre, et aussi que de son congié ou voulenté le dit Jehan Martin ne fu pas batu en là, manière que dit est, et a:ec ce, se soit de sa volonté emprisonné pour recevoir pugnicion ou espérance de nostre grâce, et aussi le dit Pierre soit jeune homme do l'aage de XVIII ans ou environ, et depuis que le dit Pierre se commença à armer, il nous ait bien .loialement servi en nos guerres, où il a grandement fraie et despendr du sien et ait tous jours esté de bonne Vie et renommée sans erlre diffamezd'aucunvillaincas, nous vueillons estre envers lui piléables el miséricors. Pourquoy nous, eue considérasion à la salisfacion et autres choses dessus dictes, avons ou dit cas de nostre grâce espécial, certaine science et autorité royal, q'iicié, remis et pardonné et par ces présentes .quittons, remettons et pardonnons au dit Pierre le dit fait, =batiire, contemps et uavreure dessus dis, avec toute paine el amende criminele, corporele et civile, en quoy il puest estre et avoir encouru pour cause de ce, en lui restituant, à sa famé, renommée et au pais et à ses biens, et sur ce imposons ;silence perpétuel à noslre procureur, eaitisfait premièrement et avant toute euvre civilement à partie comme traitée est, ce fait n'est. Si donnons en mandeme.nl, par la teneur de ces présentes, à no*tre dit prévost de Paris et à tous les "autres jusiiciers'et officiers de nous et do nostre royaume ou à leurs lieuxtenans présens et avenir, ■et à chacuu d'eulx, si ' comme à lui appartendra,

■ 'VII


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que le dît suppliant facent, sueffrent etlaissent jo!p et user paisiblement de nostre présente grâce et rémission, el contre la teneur de ces présentes ne le molestent ou empeschent, facent, sueffrent ou laissent estre molesté ou empeschié en corps ou en biens eu aucune manière ; mais son corps, se pour ce estoit emprisonné, mettent hors de prison et lui mettent tousses biens, se aucuns en estoient pour ce prins, à plaine délivrance tantost et sans délay. Et pour cequecesoit ferme chose et estahle perpétuelement et à toujours mais, nous avons tait mettre notre seel à ces présentes, sauf nostre droit en autres - choses et l'autrui en toutes. Donné à Meleun, le XVe jour du mois de septembre, l'an de grâce mil CGC LXXUII, el de notre règne le XI".

XV

1381 (v. st.), mars. Paris. — Rémission à Pierre Adam, d'Essuiles, du meurtre de Jean Dussart, qui l'avait attaqué à main armée, après avoir diffamé et insulté sa femme'.

Arch. nat., JJ 120, n- 116 his.

DoueL d'Ai-cq, Choix de pièces inédites relatives au règne de Charles VI, t. II, p. l3l.

Charles, etc. Savoir faisons à tous présens et à venir, à nous de la partie des amis charnelz de Pierre Adam et Jehanne, sa femme, de la paroisse d'Esçuille ou diocèse de Beauvaiz, nous avoir esté exposé comme Jehan Dussart, nez des parties de Bétune, delà dicte parroisse, de sa voulenté, sanz ce qu'il eust e,u paroles amoureuses à la dicte Jehanne ne lui eust monstre aucuu signe d'amonr, plusieurs fois se soit efforciez de jour et de nuit d'aler et entrer ou jardin d'iceux mariez et en leur maison, contre leur gré el voulenté, pour avoir compagnie charnèle avec la dicte Jehanne, qui est bonne femme, sanz estre reprouchié d'aucun péchié de corps. Et pour venir à son intencion, plusieurs foiz l'appela putain publiquement et en la rue où elle demeure. Et pour ce qu'il vint à la congnoissance de l'official de Beauvais, le dit Jehan fu adjournez et contraint d'office à amender le dit fait, car il estoit mariez. El pour ce, leur dist que se ilz ne faisoient sa paix devers le


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dit offisial, qu'il balroit et desmemhreroit yceux mariez. Et lors se absenta du paiz et demoura 1III sepmaines ou environ, et retourna la veille de la Purificacion de Nostre-Dame derrenièrement passée, acompaigniô de II personnes, avecques eulz ars, sayettes, piques el hachos. Et le dimanche après la dicte Purification, environ heure de vespres, le dit Jehan vint de lez le cymetière d'icelle parroisse où estoient plusieurs personnes qui dansoient et mesmement les diz mariez, tenant en sa main un arc, des fleiches, un grant badelaire à sa ceinture et une taloche. Et se prist pour danrier à la main de la dicte Jehanne contre sa voulenté, qui t.antost se desprit de sa main, et il tira contre elle. Et lors le dit Pierre lui dist qu'il laissast sa femme paisible, et il raspondi que non ferait et s'en repenlirojt, en les menaçant. Et pour riole et noise eschever, les-diz mariez se départirent de la dicte fesle pour aler en leur maison et obvier à la maie voulenté du dit Jehan. Et quant ilz furent bien loing, le dit Jehan, .pour acomplir son mauvaiz propjs, les poursuy et, si tost qu'il fu près d'eulz, tira sa badelaire et prist sa taloche eu sa main. Et quant la dicte Jehanne apparceut ledit Jehan, dist au dit Pierre, son mary : « Gardez-vous ! » El. lors dit icellui Pierre au dit Jehan, tenant la dicte badelaire et bouclier en ses mains : « Je vous pri, laissieznous en paix, nous ne vous demandons riens- » Et ce non obstant, le dit Jehan couru sus au dit Pierre pour le battre, navrer ou m-Ire à mort. Et lors, pour résister contre lui, le dit Pierre le prist aux bras, geta à terre dessoubz lui et frappa de 'son coulel par le corps, tant que mort s'en ensuy, si comme l'en dit. Pour lequel fait yceulz mariez se sont absentez du pais lesquels, tout le temps de leur vie, ont esté et sont gens de bonne vie, renommée et conversacion sarz estre repriz d'aucun autre vilain cas ou crime, en nous humblement suppliant que sur ce leur veuillons eslargir notre grâce. Pourquoy nous, en regart et considération aux choses dessus dictes, voulens rigueur de justice estre modérée par miséricorde, et mesmement .que le fait dessus dit fut fait pour repeller et obvier à la maie voulenté du dit Jehan qui, da. guele appensé, couru après les diz mariez en -iceulx assaillant, et aussi à la requeste et contemplation de troiz petiz enfans que ont yceulï


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mariez, et que la femme du dit Jehan leur a~remiz et [-ardonné le fait el mort dessus dit, nous aux diz exposans avons reiniz, quictié et pardonné ou cas dessus dit. et par la teneur de ces présentes, de notre grâce espécial et auclorité royal •■(■incitons, quittons et pardonnons le fait dessus dit avecques tonte peine el offense corpoivle, criminelle et civile qu'ilz, pour cause dudit fait, pourraient eslre encouru envers nous et satisfait à partie, les restituons à leur bonne' famé et renommée, au paiz et à leurs biens. Si donnons en mandement au bailli de Senliz el à touz noz autres justiciers et officiers présens et à venir, à leur lieuxtenans' et ? chacun d'eulz que les dits pxposans facent, sueffrent et laissent jouir et user paisiblement de notre présente grâce et rémission, el contre la teneur d'icelle-ne les empeschént, molestent ou -travaillent ne sueffrent eslre molestez, travailliez ou empesohiez riésormaiz en quelque manière que ce soit ; maiz se leurs biens estoient pour ce priz, levez ou arrosiez, leur facent mettre lanlost et sanz délay à

plaine délivrance. El pour ce, etc

Donné à Paris, ou mois de mars, l'an de grâce mil CCC IllI ÏI et le second de notre règne.

XVI

138h, juin. Melnn. — Rémission à Jean Anelol, de Cotillon, du meurtre d Etienne Orillon, maréchal. Arch. nal-, JJ 12Ô, fol. 5 r".

Charles, etc. Savoir faisons à tous présens et avenir nous avoir receu humble supphcacion de Jean Auelot, inareschal jadiz demourant à Chasteillon en Boattvoisis, et Jehan Marque, cousins yssus de germains, contenant que comme trois uns a ou environ le dit Anélot et Estienne Orillon, mareschal, lors demourant au dit lieu de Ohasteillou, qui venoient de boire ensemble de Waviguis,

"ainsi qu'il s:en aloient tout lar chascun en son hostel au dit lieu de Chasteillon, ycellui Estienne, meu de mauvais courage et sanz aucune cause

•raisonnable, bâti el injuria jusques à effusion de


-«.101..—-

sang et à playe ledit Anelot, sanz ce que yc.elluiAneiot lui eust' riens meffait ; et encor s non, content de la diit-î bateure, couru sus pour lors. à Ja femme du dit Anelot et lui apuya un plançon, qu'il avoit contre la poitrine et tant, quelle se commença à escrier cl s'en fouy on l'hotte! d'un de ses voisins. Laquelle bateure et toiil.ce qui s'en ensuy, le dit Anelot pardonna depuis au dit •Estienne et tirent paix et accor ensemble et burent l'un avec l'autre.

Et environ un an après la dite baieure, un appelé Jehan Coffu qui par avant estoit des chaulans d'icellui Estienne, eust amené un sien cheval pour ferrer eu l'ostel dudit Anelot; lequel le dit' Anelol lui ferra de deux piez. Eu hayne de. laquelle chose, le dit Esiienue commença à dire publiquement que en quelque place qu'il pourroit trouvtr le dit Anelot, il le courrouceroit du corps, et le lui manda par Jehan Tristan, frère de la femme dudit Estienne, el qu'il se gardast bien de lui. Et lors après ce que pluseurs personnes' orent dit à ycellui Anelot que le dit Eslienn». le menaçait, le dit Anelot dit à son varlet : « Tien, et t'en va eu l'ostel de fcslienne Orillon et lui porte l'ar-, gent que j'ay receu des deux fers, car je les lui donne, et lui di que à lui ne à autre je né vuil avoir point de débat. »

Lequel varlet y ala.et présenta à ycellui Es-' tienne le dit argent, lequel Estienne ne le voult' prendre, mais dist au dit varlet: « Ne soies pas tristre à ton maistre et lui di de par moy que eu. , quelque place que je le trouveray, je le metleray à lïiort, et si porteray son cuer parmi, toute la ville sur le bout de mon plançon, en despitde lui et de touz ses amis. » Et combien que le die. Anelot eust fait dire, que, se il avoit eu riens meffait envers lui, il lui afhenderoit à son plaisir, toutevoyes n'en volt riens faire, mais eu persévérant tousjours en sa mauvaise et désordenée voulenté, lui "qui estoit coustumier de batre e> villener gens sanz cause, le menaça de rechief plus fort que devant, et le tenoit en tele doubte qu'il n'osoit issir hors de sa maison.

Et après ce les diz supplianz et deux autres leurs cousins alèrent parler au dit Estienne qui forgoit eu sa forge, auquel le dit Anelot dist moult doulcementet amiablement, en espérance .d'avoir, s'il poyoit, bonne paix et accort avecques^


102

lui, que se il lui avoit riens méfiait, il estoit tout prest et appareilliez de lui amender à sa voule.nté et que pour ce estoit il là venuz, et ne vouloit que paix et amour, et gaaignier sa vie paisiblement sanz avoir débat ne riote à nullui, ainsi qu'il avoit acoustumé ou temps passé. Et lors le dit Estienne, qui premièrement sanz cause avoit balu le dit Anelot et encores le menaçoit de tuer, comme dit est, en persévérant en son mauvais propos, combien que les diz supplianz n'eussent aucune voulenté ne ne feissent aucun semblant de le villener ne d'avoir aucun débat à lui, dist au dit Anelot : « Très hort ttlz de putain, par le sang Dieu, tu ne mourras jà que par mes mains. » Et en mettant ses paroles à effet à son povoir, print un martel qu'il haussa et s'efforça d'en ferir le dit Anelot, et lors ycelui Anelot, en soy céfendant et pour soy garder et défendre de mort, print ycellui Esiienne par le chaperon et le tira hors de sa ferge en eulx enlrénaut et débatant l'un contre l'autre ; ouquel conflut (sic) et en chaude mellée ycelui Estienne fu navrez, telement que environ V jours après,-mort s'en ensuy eu sa personne. Pour occasion duquel fait Jes diz Anelot et Marque, doubtans rigueur de juslice, se sont absentez du pais et ont pour ce esté appeliez aux droiz de noire très chier et très amé oncle le duc de Bourbon et n'y oseroient retourner se sur ce ne leur estoit par nous estendue noire grâce et miséricorde, si comme ilz dient, requérans que comme pour cause de ce ilz aient fait paix et satisfaccion à partie et aussi que en autres choses ilz ont tousjours esté de bonne famé, renommée el conversacion honneste, sanz avoir esté reprins d'aucun autre villain cas, nous vuellons estre envers eulx piléables et miséricors. Nous adecertes, attendues les choses dessus dictes, voulans miséricorde préférer à rigueur de justice, aus diz Anelot et Marque et à chascun u'eulz ou cas dessus dit, avons quitlié, remis et pardonné et par ces présentes, de notre grâce espécial, plaine puissance et autorité royal, quittons, remettons et pardonnons le fait dessus dit avecques toute peine, amende el offense corporele, criminele et civile, en quoy eulx et chascuns d'eulz peuent estre encouruz envers nous pour occasion du dit fait, et les restituons et remettons à leurs bonnes famé, renommée, au pais


■— 103et

103et leurs biens non confisquez, nonobstant les diz appeaulx, ban et tout ce qui s'en est ensuy, en imposant sur ce silence perpétuel à notre procureur, satisfaction faicte à partie premièrement et avant toute euvre, se faicte n'est. Si donnonê en mandement par ces présentes au bailli de Senliz, etc.

Donné à Meleun, ou moys de juing, l'an de grâce mil CCC IIII ** et quatre et de notre règne le quart.

Par le roy, à la relacion de monseigneur le due, de Bourgoingne. Nicasius.

XVII

1392 (n. st ), janvier. Tours. — Rémission à Perrot Pechon, valet de Jean Rondel, de Breuil-le-Sec, pour les violences par lui commises sur Perrenelle du Rainl, d'Autreville, enfaveur de la demande en mariage présentée en justice par Raoulelle, lorsqu'on, allait entériner la sentence de condamnation portée contre le dit Pechon par les hommes de fief de Jean Darron, êcuyer, seigneur en partie d'Autreville.

Arch. nat., JJ i42, fol. 22, n" 35.

Charles, par la grâce de Dieu, roy de France... Savoir faisons à tous présens et à venir, nous avoir receu la supplication des amis charnelz de Perrot Pechon, povre varlet charreton, détenu prisonnier es prisons de Pierre Darron, escuier, seigneur en partie de la ville de Autreville, assès près de Clermont en Beauvoisiz, contenant que comme le dimenche XV jour du moys d'octobre derrjenenient] passé Jehan Rondel, maistre du dit Perrot, manant à Breul le Ser (sic), eust après disner envoie le dit Perrot en la ville de Nointel pour visiter les vins de son dit maislre, lequel Perrot fut en icelle ville de Nointel faire que son dit maislre lui avoit enckargé, et y but puet estre plus qu'il n'appartenoit, et en soy retournani à l'ostel de son dit maistre, en passant par la ville d'Autreville, estant ou chemin à venir de Noinctel au dit Breuil, se acompaigna avecques le dit Perrot un autre varlet charton, demourant au dit Breul, en l'ostel du prieur du dit lieu : les quelx, parce qu'ilz estoient tous abruvez de vin, se consentirent d'aler esbatre en la maison/d'une vielle femme, nommée Perrenelle Du Raint, laquelle a esté renommée de faire pour lès rompait-


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gnons et qui berberge et a accoustumé de.héberger les femmes de joye demourans ça la dicte ville d'Autreville, efpérans d'y trouver des dictas femmes de joye ; et quant ils vindrent eu la maison de là dicte Perrenelle, la trouvèrent close et hurlèrent à l'uys, et elle leur respoudi qu'elle ne leur ouvreroil point et n'avoient que parler à elle. Lequel Perrot ala par darrière, a une fenesfre où avoit une croisié de boys, et entra par la dicte (etiestre, et sou compaignoti avoit lompu l'uys, el estoit alez à ycelle Perrenelle qui faisoit grant noise en criant : « Harreu ! harreu! >. disant que on la vouloit desrober en appelant les voisins; lequel Perrot ala contre le gré et voulenté d'elle el la cognut charnelmeiil une Ibiz : laquelle crioit et. afin que l'en ne l'oist, mist sur la bouche d'elle aucune chose qu'il trouva sur le lit, qu'il estoit tout abnvrez. Auquel cry et noise' vindrent plusieurs des voisins el s'en parti le compaignon du dit Perrot, et il demoura : si lu prins et menez es prisons du dit. eseuyer, et la dicte Pei renelle plaintive duquel fail, ycelui suppliant a esté acusez par devant la garde de la justice du dit lieu et les hommes de fief d'iccllùi eseuyer jugians en sa coU-rt, et a recogneu par devant eulx le dit fait, et far \ceulx a esté cundempnez osire puniz crjjniuelment, et en voulant entériner la dicte condempnacion a esté menez à la justice du dit eseuyer, à laquelle une femme nommée Raoulete, demourant en la paroisse du dit Breul, nieue de grant pitié, saichaut le dit Periot de bonne renommée et vie, vint devers le dit eseuyer en lui requérant 1res humblement qu'il lui vousisl donner en mariage le dit Perrot et, pour un tel cas ainsi avenu à femme de si mauvaise renommée, il no le vousisl pas faire mourir ; promettant que, si le vouloit faire, de l'espouser et prendre en mary, et à ce s'accordoit le dil Perrot, Lequel escuier lespondi que ce ne povoit fere, niés pour la grant pitié du dit fait, di.-t qu'il retardroit à fere en justice jusques à ce que l'en auroit esté devers nous à remède. Et il soit ainsi que le dit Perrot en tout le temps ait esté bon varlet, bien servant, de bonne renommée et paisible, senz avoir esté reprins d'aucun autre villain cas, et avoit trop beu, par quoy par temptacion d'ennemi fu enclins à faire l'offence devant.dicte, espérant, pour la renommée de la dicte Perrenelle qui


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e?t de vie dissolue et hébergière [pour] les femmes de joie, qu'il n'y eust pas si grant meffait. Auquel Perrot convient finer ses jours honleusnmeni, ?e notre grâce ne lui est sur ce laite, [si comme] dient yceulx supplians en nous requérant ci mme ycelui Perrot ail pour ce fait souffert longue et dure prison el ançoi fait, el qu'il a fine à partie, et que la dicte Perrenelle, en laquelle est avenu le dit cas, lui a pardonné le dict meffait pleinement, et eu espérance que ycelui Perrot ait grâce de nous, ail promis un pèlerinage à NotreDame de Boulogne-sur-la-Mcr, nous lui vueillous exlendie notre grâce el rigueur de justice tempérer par misericoide. Pour ce est il que nous, c es choses considérées, au dit Perrot ou cas dessus dit avons quiltié, remis el pardonné et et par ces présentes, de grâce espécial et auctorité royal, quictons, remettons et pardonnons le dit cas el meffait avec toute peinne, offence et amende corporelle, criminele et civile qu'il puet pour ce avoir encouru envers nous [et] justice, et le restituons à plain à sa bonne famo, renommée, au pais et à ses biens non confisqués, satisfaction civile premièrement faicte à partie, se faite n'est. Si donnons en mandemant pur la teneur de ces présentes au bailli de Senliz et à tous noz autres justiers (sic) présens et à venir, ou a leur lieuxlenans et à chacun d'eulz, si comme à lui apperertendra (sic), que ledit Perrot lacent, sueffrent et layssent jouir et user à plain de notre présente grâce et rémission, et pour ce ne l'empeschement (sic) ne sueffrent eslre empeschié doresnavant, convient que ce soit, mes son corps ainsi détenu et ses biens pris el saisiz à la dicte cause mettent ou facent mettre sanz délay à plaince délivrance, senz ce qu'il puisse tourner à préjudice du dit escuier ne à sa jurisdiction, ores ne pour le temps à venir, pourveu que dedans demi an prouchain venant ycelui Perrot sera tenus d aler en pèlerinage a Notre-Dame de Boulogne-sur-la-Mer pour amendement du dit meffait et y offrera un cierge de deux livres de cire et en importera lettres de certification à justice. Eu tesinoin de ce, etc.

Donné à Tours ou moys de janvier, l'an de grâce mil CGC 1111 iJt el ouzo, el de notre règne le XIl\


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XVIII

1408 (n. st.), janvier. Paris. —Rémission à SandrinLabbé, dit du Quesncl, et à Jean Begin, pour coups portés à Toussaint Daignel, prêtre, desservant la cure d'Avrechy, et pour le meurtre d'Euderon Poslclle, sa servante.

Arch. nat., JJ 162, fol. 102 v°.

Charles, etc. Savoir faisons à tous présens et à venir nous avoir receu l'humble supplication des parens et amis charnelx de Sandrin Labbé, dit du Quesnel, et Jehan Begin, jeunes hommes mariez chargiez de femmes et enffans demourans en la parroisse de Havrechy prezde Clermont en Beauvoisis, contenant comme le dit Sandrin eust prins à ferme par certain temps du prieur de SaintRemi les dismes d'icelle parroisse appartenans au dit prieur pour certain quantité de grain, par lequel marchié icellui Sandrin devoit avoir et tenir certain lieu ou maison appartenant au dit prieur séant en la dite ville et parroisse de Havrechi, en laquelle maison ou lieu l'en a acoustumé de mettre et entasser les grains el autres choses venans et yssans à cause des dites dismes, el que ou mois d'octobre derrain passé ou quel est la fesle Saint Lucien qui est la droite feste de la dite parroisse, en laquelle feste chacun ou au moins la plus granl partie des gens d'icelle parroisse, chacun en droit soy, ont acoustumé de recevoir et festoier grant partie de leurs parens, amis et voisins et leur faire feste et bonne chiere, le dit Sandrin eust voulenté et enlencion de donner k disner, iaire bonne chiere et recevoir pluseurs nobles gentilzhommes et autres ses parens et amis du paiz et iceulx festoier le mieulx qu'il pourroit a son povoir ; pour laquelle chose faire plus honnorablement il eust disposé de faire sa dite feste ou disner en la dite maison dudit prieur, pour ce qu'elle estoit plus propice à ce faire que sa maison, et laquelle maison le dessus dit Sandrin par le marchié des dismes du dit prieur devoit avoir, comme dit est. Et pour ceste cause eust icellui Sandrin envoie par devers Toussains Darguel (1), prestre, curé de Warleuy (2), et desservant la dite cure de Havrechi, qui

(1) Ou Daignel.

(a) Faut-il lire Warty ?


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paravant avoit tenu à ferme les dites dismes du dit prieur, et qui encores lenoit la dite maison ou lieu dont dessus est faite mention, occupée des biens des dites dismes pour le temps qu'il les avoit tenues ou d'autres choses, afin que le dit prestre voulsist vuidier ou faire vuidier la dite maison en telle manière que le dit Sandrin plus honnorablemenl y peust festoier ses diz parens, amis et voisins, ainsi qu'il avoit proposé de faire. Lequel prestre ne iaisoit aucun semblant de vuider la dite maison, au moins dont le dit Saudrin se peust appercevoir, mais disoit, si commo on avoit rapporté au dit Sandrin, que riens n'en vuideroit pour chose que l'en lui deist, dont ie dit Sandrin estoit moult dolent. Et de rechief le XII" jour du dit moiz d'octobre avant la dite feste de Saint Lucien, icellui Sandrin, environ heure de vespres, envoia un sien petit fils par devers le dit prestre pour lui prier qu'il voulsist vuidier la dite maison, lequel prestre dist que riens n'en ferait, si comme il fut rapporté au dit Sandrin. Et pour ce, icellui Sandrin dist au dit Jehan Begin qui estuil avec lui qu'il retournast vers le dit prestre avecques sou dit fils pour lui prier de rechief qu'il vuidast la dite maison. Lequel prestre respondit comme devant que riens n'en feroit. Laquelle response le dit fils du dit Sandrin retourna dire à icellui Sandrin son père, dont icellui Sandrin fut moult dolent et courrouciez et s'en party de sa maison qui est très prez de la maison du dit prestre et trouva au puis de devant sa porte Euderou Postelle, mescbinedu dit prestre, à laquelle il dist : « A quoy tient-il que vous n'avez vuidié ceste chambre? » Et entre ces paroles vint le dit prestre à la fencstre de sa maison qui estoit prez ou devant le dit puis et commença à parler haultement au dit Sandrin, et le dit Sandrin à lu y, tant qu'il y ol aucunes grosses paroles ensamble, et tant que le dit Sandrin qui estoit moult courrouciez et dolent de la riote que le dit prestre lui faisoit el des paroles qu'il lui disoit, desmenty le dit prestre et sailly contre la fenestre d'icelui prestre qui estoit de treilliz de fer. Et pour ce qu'il ne le pot aherdre, rua icellui Sandrin une ou .pluseurs pierres contre la dite fenestre en disant au dit prestre que se il le teuoit dehors, que il le batroit et que autreffoiz il avoit mespriz vers lui. Et après ce et pluseurs autres


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paroles, ledit Sandrin s'en retourna en sa maison et lui estant à l'endroit de sa porte, vit que. le prestre yssoit dehors de sa maison à tout une grant hache et s'en aloit vers le chemin de Clermont. Et lors entra icellui Sandrin en sa maison et prinst un baston que l'on appelle planchon et vint au dit prestre et lui dist que s'il ne s'en aloit en sa maison, il le batroit, et autres paroles samblables on effeel. Et lors la diste meschine aherdy le dit Sandrin en lui disant qu'il ne feist riens au dit prestre. Et adonc vint le dit Begiu qui est maçon et tenoit en sa main un outil de maçon appelé fermouoir, en manière d'un cisel qui est trenchant devant, et vint à la dite meschine et icelle. aherdy ou prinst en telle manière que lu dit Sandrin lui eschappa. El quant le dit Sandrin l'ut eschappé de la dite meschine, icellui Sandrin meu et courroucié tant de paroles dessus dites que de ce que dessus est dit, s'adreça au dit prestre et le cuida ferir de son dit planchon par li teste, mais le cop chey sur la poitrine et ruèrent pluseurs cops l'uu contre l'aurie et tant que le dit prestre laissa clieoir sa hache en la place. Auquel débat vint el acourut la dite Eudcion, mesenine du dit prédire, et aussi fistledit Begin. Lrquel Begia ou dit déliât l'ery la dite meschiuo arrière main de sou dit fermouoir, des6oubs la mamelle entre deux ros-les, et avecques ce se en rebâtirent et ruèrent pluseurs cops les dits Sandriu et Begin contre ledit prestre, et tnit que le dit prestre fut navré à sanc et eu pluseurs lieux de sou corps. Et en>irou demie heure après que la dite meschine fat féru* du dit fermouoir comme dit est, elle ala. de vie a trespassement. four lesquclx o^s les dilz Sandrin et Begin ont f.iil paix et satl sfacli m a partie et est le dit prestre comme guériz, et avecques ce ont lait et ordonné à faire un demi anuel pour lo salut et remède de lame rie la dite trospassée dont ils ont paie l'a'gcnt. Maiz pour double de rigueur d« justice se sont absentez hors du paiz el sont appelez à noz droiz et aux droiz de nostre très chier et aîné oncle le duc de Bourbonnois, combien que ils soient noz hostes et leurs hostelz et domiciles assiz en la diie ville de Havrechy en et soubz noslre terre et jurisdietion, et n'y oseraient jainaiz retournei, mais sont leurs dites femmes et enffans en voie de perdition et de mendier leur.


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povie vie. so nostre grâce ne leur est sur ce impartie, si comme ils dient en nous humblement -requérantycelle.Ponr quoy nous considéré ce que 'dit est, voulans préférer miséricorde â rigueur de justice, en pitié et compacion des dits povres femmes et enffans et des deux jeunes hommes dessus nommez qui sont tailliez encores à faire pluseurs biens et qui oneques maiz ne furent reprinz ne eonvainouz d'aucun villain cas, mais ont lousjours esté de bonne vie et etnversacion, si comme l'en dit, à iceulx Sandrin el Begin et à chacun d'eulx ou cas dessus dit avons quittié, remis et pardonné et par ces présentes quittons, remettons et pardonnons de nostre grâce espécial, plaine puissance Pi auctorilé royal les faiz et cas dessus diz avec toute peine, amende ei offense corporelle, criminelle et civile en quoy, poui occasion de ce que dessus est dit, ilz et chacun d'eulx pourraient eslre lenuz et encouruz envers nous et justice, et les restituons au paiz, à leur bonne famé et renommée et à leurs biens non confisquez, sattisfaction faite à partie civilement tant seulement, se faite n'est, premièrement et avant toute ouvre, et imposons sur ce silence perpétuel à nostre procureur en metant au néant tous apeaulx contre eulx faiz à l'occasion de ce, parmi ce que les dits Sandrin et Begin seront tenus de paier à l'ostel Dieu de Paris XX livres parisis pour une foiz. Si donnons en mandement à nostre bailli de Senliz, etc.

Donné à Paris ou moys de janvier l'an de grâce mil Hllc et sept et de nostre règne le XXVIIP.

Par le roy, Mauregart.


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XIX

illïl (n. si.), janvier. Paris. — Rémission à Raoulequin Mauchevatier, qui avad suivi le parti des Armagnacs sous le duc <Ie Bourbon el rançonné le pays autour de Clermont.

Arch. nat., JJ lG5, fol. 6^ v°.

Charles, etc. Savoir faisons à tous présens et à venir nous avoir receu l'umble supplication de Raoulequin Mauchevalier contenant comme, entre les autres gens d'armes qui en ceste présente année furent et ont esté mandez par Jehan de Bourbon, notre cousin, pour le venir servir, le dit suppliant eust esté mandé el feust venu au dit mandement du dit de Bourbon soubz umbre de ce qu'il disoit et mainlenoit que c'estoit pour le bien, prouffit et honneur de nous et de nostre royaume et subgiez et rie par icellui de Bourbon le dit suppliant eust esté envoyé en la garnison et forteresse de la ville de Clermont pour la aidier à garder, ou quel lieu le dit suppliant se feust et soit tenuz avec les autres gens d'armes eslans en la dite garnison par aucun temps, pendant lequel il a chevauchié et couru une foiz ou deux environ icelle ville el forteresse à deux ou à trois lieues autour où il a aidié à rençonner et prendre aucuns biens et bestiaux et un homme que l'en disoit estre à nostre très chier ei très amé cousin le duc de Bourgoigne ou à ses aliez ou à autre, et sa part et portion d'iceulx biens a appliqué à son prouffit. Et oulire pour raison de la dite garnison ou autrement ne est aie, venu ou envoyé le dit suppliant à noslre mandement et armée, combien que nous l'eussions fait crier par tout nostre dit royaume. Depuis lesquelles choses et non obstant icelles, icellui suppliant, lanlosl que nostre amé et féal chevalier et conseillier le vidame d'Amiens, pour et ou nom de nous, est venu devant la dite forteresse et ville et requis qu'ilz se rendissent à nous, le dit suppliant avec les antres gens d'armes qui estoient en la dite garnison se rendit et mist à nostre bonne voulenté el vraye obéissance, et par ainsi non obstant que à nous aient esté la dite ville et forteresse libéralement rendue avec les choses d'icelle, le dit suppliant, qui pour l'occasion dessus dite est détenu prisonnier es prisons de Mondidier, se doubte de finer misérablement ses jours


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es dites prisons et d'estre du tout destruit ou autrement dommagiez, injuriez et préjudiciel, se nostre grâce et miséricorde ne lui est sur ce impartie, si comme il dit en nous humblement requérant icelle. Pourquoy nous ces choses considérées et voulans en ceste partie miséricorde estre préférée à rigueur de justice, considéré aussi que le dit suppliant en tous autres cas a esté de bonne vie, renommée et honneste conversation sans onques maiz avoir esté reprinz, attaint ne convaincu d'aucun autre villain cas, blasme ou reprouche et est prest de nous servir et obéir contre tous, et que oncques n'eust voulenté ne ne fist serement de garder ne aidier à garder la dite ville et forteresse ne de soy armer contre nous ne nostre très ehier et très amé ainsné filz le duc de Guienne, et pour certaines autres causes et considérations à ce nous mouvans, à icellui suppliant avons quitté, remis et pardonné et par ces présentes de nostre certaine science, grâce espécial, plaine puissance et autorité royal quittons, remettons et pardonnons le fait et cas dessus dit, etc. Si donnons en mandement par ces présentes au bailli de Vermendoiz, etc.

Donné à Paris ou moys de janvier l'an de grâce mil CCCC et unze, et de nostre règne le XXXI*.

Par le roj, Rouvres.


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XX

1418 (n. st.), 25 mars. Creî'.. — Rémission à Guillemin Hurê, de Dury, paroisse de Bury, pour le meurtre de Jean Drouet.

Arcti. nat., JJ 170, n- 137.

Douet d'Arcq-, Choix de pièces inédites relatives an règne de 'Charles'VI, t. II, p. I2'i.

Charles, par la grâce de Dieu, roi do France, savoir faisons à tous présens et avenir, nous avoir receu l'umble supplication des.parens pt amis charnelz de Guillemin Huré, povré laboureur charrié de femme et de trois polis enfans, né et demeurant à Dury en la paroisse de Bury en Boauvoisis, contenant comme, depuis demi an en ça ou environ, le dit Guillemin Huré se feust transporté en une carrière ou caverne, de pierre qui est joingnant ou assez prez (lu dit Bury. En laquelle carrière ou caverne et à l'entrée d'icelle, le dit suppliant avoit faicte une manière de logis pour retraire soy, sa femme el entant, avec un petit de mesnage qu'il avoil, pour la double des gens d'armes qui couraient ou pays. En laquelle carrière ou caverne un nommé Jehan Drouet, du dit lieu de Dury, se yott logier. et par sa maistrise et grandeur de paroles s'efforça de se logier devant le lieu et logiz que avoit fait et là où s'estoil logié ledit suppliant, et en ce faisant par ledit Jehan Drouet il oecupnoit et deslourboit la veue du logiz d'icellui suppliant. Pour Inquelle cause, le dit suppliant dist au dit Jehan Drouet qu'il ne povoit bonnement estre logié ainsi et que il occuppoit la veue du logiz d'icellui Huré en lui priant moult doulcemeul que, considéré ce que il avoit assez place ailleurs, en la dicte carrière, que il pleust audit Jehan Drouet soy logier autre part, satz lui fere nul destourbier ne '-stoupper sa veue : lequel Jehan Drouet raeu en félon courage de ce que le dit Guillemin Duré ne lui volt pas souffrir à fere la dicte loge devant lui, et lui dist qu'il estoit prévenu, respondi et dist au dit Huré que il estoit un faux traitre garçon, et que une foiz il lui rendrait bien et en pourroient piz valoir, lui et ses besongnes, et se parti par grant despit en menaçant le dit Guillemin Huré de lui fere villenie de son corps. Et il soit ainsi que ycellui Huré la nuyt do feste Saint Andrieu derrenement passé, environ heure de soleil couchant


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s'en jloit pouf soupper en l'oUel du seigneur dé la dic'.e ville de "Dury, pour estre plus seuremenc et en la compaignie de deux variez et serviteurs d'icellui Huré, quand alors oncontrèrent delez une croix qui est ou grant chemin de dessus la dicte ville, le dit Jehan Drouet el une sienne fille aagée de XVI ans ou environ, et un sien fîlz de l'aage de X ans ou environ, et portoit icellui Jehan Drouet un pilon ou pot de terie, où il y avoit du feu, el lesquels, fille et (ils chassoient bestes à corne et autres belles en aucun lien, à sourté, et i-i tost comme la dicte fille qui est grande et forte, >l qui avoit es'é présente aux dictes paroles, et lui souvenoit d'ieelles, apperceust le dit Guiilin (sic) Huré, meue de mauvaise voulenté, «e adreça à lui et lui tuida osier par force une fourche IHre qu'il portoit avec lui, mais elle ne pot, combien que elle y mist la main, maiz le dit Huré l'en deslo'irba et se trait arrière, et, ce non obstant, ycelle fille du dit Jehan Drouet cuida reeouvier et i-aillir au dit baslon du dit Huré pour Jni robir, maiz elle ne pot, et en ce faisant le dit Jehan Drouet se trait près du dit Guiilin Huré. et quant ycellui Huré le vist anroucner, pour double que il ol que le dit Jehan Drouet ne lui voulsist gecler le dit pilon ou pot de terre à tout le dit feu au visage, il frappa sur le dit pilon ou pot déterre, et le fistcheoir à terre, dont le ditJeh.uu Diouet se courrouça, et, meu de mauvaiz courage, cria à haulle voix, en disant au d t Huré qu'il estoit unfaulx traître et mauvais muruner, et s'efforç.i de luy venir courir susà l'aile de sa dicte fille et de son dit filz qui moult s'effoiçoient de faire desplaisir au dit Guiilin Huré, lequel Huré pour obvier à ce, et pour double de sa personne, fery de la dicte fourche fière le dit Jehan Drouet sur la tPSle un seul coup, par le moyen duquel coup ycellui Jehan Drouet incontinent après est aie ue vie à trespasse'iient. Pour occasion duquel cas, le dit Huré doublant rigueur de justice s'est absenté du pays, et a este appelle à ban et a noz droiz, et n'y osercit jamais reparier, et par ce seroit eu aventure lui, sa femme et enfduz de mendier, se t-ur ce ne lui esioit impartie notre grâce et miséricorde, si comme ses diz amiz dieut, en nous humblement requérant quo attendu ce que dit est, et que icellui Huré eu tout son temps a esté homme de bonne vie, renommée et hnnneste

VIII


14 -

conversation, sanz oncques mais avoir esté repené ouconvaineu d'aucun autre villain cas, blasme et reproucue, nous lui vueillons sur ce impartir nostre dicte grâce et miséricorde. Pour quoy nous, ces choses considérées, voulans pictié et miséricorde eslre préférez à rigueur de justice en faveur de ses dictes femme et enfans, et peur l'onneur et révérence de la sainte journée du lienoit vendredi aouré qui est aujourduy, au dit Guiilin Huré ou cas dessus dit, avons quictié, remiz, pardonné, el par ces présentes de grâce espécia', plaine puissance et auctorité royal quiclons. remettons et pardonnons le fait et cas dessus dit, avec toute peine, offense et amende ccrporelle, criminelle et civile, en quoy il puet pour ce estre encouru envers nous et justice, et aussy tous ban, deffaulx et appeaulx qui s'en pevent estre ensuiz, el l'avons restitué et restituons à sa bonne lame et renom née, au pays el à ses biens non confisquez, satisfaction faicte à partie civilement tant seulement, se faicte n'est. Et imposons sur ce silence perpétuel à notre procureur parmy ce qu'il tendra prison fermée par l'espace d'un mois dont les XV jours seionl au pain et à l'eaue. Si donnons en maudement au bailli de Senlis, etc.

Donné à Crei'g le XXVe jour de mars l'an de grâce mil CCCC et dix sept, et de notre règne le XXXV11I 0.


-T- 445 — Séance du 28 juillet 1904

PRESIDENCE DE M. LE DOCTEUR JOLY

Assistent à la séance : MM. l'abbé Beaudry, Blanche, Chantareau, le docteur Joly, Labitte. Lacaux, le docteur Parmentier, l'abbé Ronsmans, Tarlier, Tremblay et le docleur Zègre.

Se sont excusés: MM.Binant,l'abbé Floury, Plessier et Sévrette.

Le procès-verbal de la séance de juin est lu el adopté.

ADMISSIONS

À l'unanimité, sont agréés comme membres titulaires de la Société : MM. l'abbé Paillart, curé de Laigneville, présenté par SIM. Sévrette et Beaudry ; le docteur Bonnet, médecin-légiste, 41 ter, rue Amélie, Paris, présenté par Mil. le docteur Joly et Beaudry.

Sur l'initiative du bureau, M. L. Thiot, membre de la Société académique de l'Oise et de plusieurs Sociétés savantes, est acclamé comme membre correspondant de la Société archéologique et historique. DONS rr DIVERS

De M. Beaudry : Un groupe de victimes ■de la l'erreur. Les Carmélites de Compiègne, par la comtesse Roger de Gourson, plaquette in-octavo, 28 pages ;

De M. L. Thiot : Casse-tête découvert à ( hc/wix, extrait de la revue l'Homme préhistorique, du 1" mai 1904 ;

Les al lacions quaternaires de la vallée du Thérain.

Remerciments aux donateurs.


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La Société a reçu, en outre, pour sa bibliothèque, le 02° fascicule du Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne ; les Comptes rendus des séances do la Société académique de l'Oise pour 1902 el 1903, à titre de réciprocité, la Société de Clermont ayant envoyé ses publications à sa devancière.

Les assistants félicitent le bureau et les commissions du soin avec lequel a été préparé le premier fascicule des « Mémoires » de la Société.

BIBLIOGRAPHIE

Parmi les publications récenles entrant dans le cadre des éludes de la Soeiélé, M. le secrétaire cite le fascicule IV des Sources de l histoire, relatif aux Valois 14 3284 4(51), Paris, Picard ; La Peinture française du IX" au XI11° siècle, par P. Mantz, préface d'Olivier Merson, Paris, Picard et Kaan ; le livre troisième du Tome IVde la Bibliographie des travaux historiques et archéologiques, par R. de Lasteyrie, inquarlo. 492 p., Paris, Leroux.

Dansl'.M Sacré, n" de juillet 4904, M. le chanoine Marsaux a étudié le thème iconographiq'ic de certains tableaux de l'Exposition des Primitifs : la mort de la sainte Vierge, le martyre de sainl Denis, la décapitation de saint Georges. Il a décrit quelques sujets plus mystiques, entre autres la « Fontaine de Vie », de Jean Bcllegambe, la messe de saint Grégoire, traitée dans plusieurs toiles et dans un retable en bois sculpté. Il a terminé son article par


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quelques indications sur le Calvaire du pa- lais de justice de Paris.

M. le secrétaire s'attarde à un ouvrage entré nouvellement à la bibliothèque municipale grâce au choix judicieux de M. Tremblay : le Connétable de Bourbon (1490-15.27), par André Lebey, un ' volume in-octavo, 448 pages Paris, Perrin, 4 904-. En épigraphe dédiealoire, ces mots : '« Mcmorioe Garoli Borbonii dùcis slrenuissimi sacrum. vEqualium socordiam oblitus, majorum virtutem recordatus Iicec scripsi ». Ce livre retrace la destinée brillante cl tragique de Charles de Bourbon qui, dans ses immenses domaines, possé-, dait Clermont où il passa, en 4520, au retour du Camp du Drap d'or. A ce titre, il nous appartient un peu.

Charles de Montpensicr-Gonzague était devenu comte de Clermont par son mariage avec sa cousine germaine Suzanne de Bourbon, fille de Pierre II, duc de Bourbon, comte de Clermont, du Forez, de Beaujeu, etc. (l-')Oo). D'illuslre lignée. Charles de Bourbon — il figure désormais dans l'histoire sous ce nom — fil honneur à sa race et déploya les aptitudes d'un soldat d'élite. 11 fut nommé connétable par François Ior. Tout lui souriait, lorsque Suzanne de Bourbon mourut. Louise de Savoie, mère de François Ior, décida alors de «' quereller toute la succession de la maison de Bourbon qu'elle prétendoit luy appartenir ab intestat par ce décès de M'" 0 Suzanne, sa cou-


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sine gct maine, à laquelle elle éloit plus proche quen'éloitM. de Bourbon, son mari » (4) (1522). En guise de transaction, Louise de Savoie proposa ensuite au connétable de l'épouser. Eùt-ce été un mariage d'argent ? Obéissait-elle à des vues politiques ou aux suggestions d'un amour ridicule dont elle poursuivait le connétable depuis plusieurs années ? Les écrivains de l'époque sont pour cette dernière hypothèse. Quoi qu'il en soit, le connétable refusa : c'était s'attirer la haine d'une « dame absolue en ses volontez » (2), vindicative et puissante. Dès le mois de janvier 4522, le procès commença. Le connétable iondait sa défense sur le testament de Suzanne abandonnant tous ses biens à son mari. D'ordre du roi, on abrégea la procédure: Un arrêt de séquestre fut rendu. Charles de Bourbon, menacé de la ruine, noua des intelligences avec CharlesQuint et prit les armes contre son pays. On sait le reste.

N'en déplaise à l'auteur du livre analysé, il y a dans son étude mieux que des noies pour un ouvrage ultérieur. 11 plaide non sans habileté les circonstances alténuaules en faveur du connétable descendu — ce fut son crime — au rang des « grands capitaines impériaux, bien qu'il fust du noble sang de France et le premier prince », comme écrit Brantôme. La tâche de découvrir les ramifications diverses des intrigues qui traversèrent l'existence d'un prince coupable d'avoir menti à la foi jurée incombai!

(i) ANTOINE DE LAVAI,, Vie du CoiuuHabîe, p. 17t. ,'a) LvriExsE PASCJUHUI, Recherches de la France, Amsterdam, 1720, loinc II, p. l'â.


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à M. Lebey. Il ne s'y est pas dérobé, soucieux, avant tout, de verser au débat des éléments nombreux d'appréciation. Exposer les faits avec tous leurs détails ne suffisait pas. Il fallait chercher « à retrouver l'esprit du siècle » (4) qui les vit s'accomplir. L'auteur n'y manque pas et blâme Michelet et Paulin Paris d'y avoir manqué. Il recueille sur la trahison du connétable l'opinion de Brantôme, de Monlluc, du cardinal de Retz, de Chateaubriand, cl? Mignetet de Mérimée. Il semble en résulter que le différend mù entre François F" et Charles III de Bourbon fut un différend entre un suzerain ombrageux et un vassal redoutable, entre un monarque visant à l'absolulisme et un feudalaire résolu à conserver ses coudées franches. Le' suzerain outrepassant ses droits ou paraissant injuste, le vassal alla « servir ailleurs », « se dénatura », c'est-àdire changea de patrie et de roi. «Ayant peur que, perdant son procès, onl'envoyast àl'hospilal (2) », il quêta ailleurs indépendance, terres, charges et pensions.

D'autre part, qu'on n'oublie pas que le connétable était aigri par tous les passedroits, les procédés offensants etl'ingratitude du roi à son égard, qu'il était déprimé par l'atmosphère de jalousie maligne dont il se sentait enveloppé, par le dépit d'être si mal payé de ses travaux, qu'il élait dominé par l'âpre désir de se venger. Voilà do quoi comprendre la détermination funeste de Charles de Bourbon. La comprendre, l'expliquer n'est pas la justifier. Décrire un état

(l) Iviiiit; LEBEY, op. citât, p. l46. ;2) Du IÎELLAY, ciLc par Lebevy, p. i43.


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d'âme n'est pas approuver les sentiments répréhensibles qui s'y combinent. Certes, M. Lebey dit de son héros : « Il eut tort ; ■c'est incontestable ». Mais que M. Lebey voudrait excuser la trahison! et combien il a d'indulgence pour les défauts du traître ! Les a-l-il vus nettement ? Si oui, il glisse trop rapidement, en avocat discret. C'est le rôle d'un avocat. Est-ce celui d'un historien ? N'aurait-il pas fallu diagnostiquer dans Charles de Bourbon — nature entière — une hypertrophie du « moi » avec tous les symptômes consécutifs à celte mentalité : orgueil intransigeant, méfiance maladive, ambition inassouvie et versatile ?

Somme toute, dans le livre de valeur qu'il a pris plaisir à résumer, M. Beaudry croit reconnaître un essai de biographie psychologique où voisinent une science approfondie du sujet et une sympathie attristée, un peu romantique aussi, pour la grande infortune de Charles de Bourbon, idéalisée par un esprit de réel mérite.

M. Beaudry ajoute qu'il est assez piquant de rencontrer parmi les gentilshommes servant d'intermédiaires entre le roi el le connétable, au moment où la trahison allait éclater, Pérot ou Pierre de la Bretonnièrequi dépose au procès contre le transfuge et fut, à proprement parler, le créateur de la seigneurie de Warty (aujourd'hui FitzJames) (1). La fille de Pierre, Françoise de Warty, apporla la terre de Warty à son époux, François de Faudoas. Ils eurent une

(il Cf. Hisluire du département de l'Oise, canton de Clermont. par A. DEIJAUVË et E. ROUSSEL, p, i3ç) et le livre II de l'ouvrage de Lobey.


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fille, « Loïse Faudois », mariée en 4595 à Claude de Gruel, seigneur de laFrelle, qui devint ainsi seigneur de Warty. M. le secrétaire a acheté pour la Société un Essai sur le château de la Frette et ses seigneurs, par l'abbé Guillet, brochure de 72 pages. Nous apprenons ainsi que la Fretle élait un manoir situé dans le Perche, à l'est de la forêt de Réno (département de l'Orne). La famille qui y demeurait remontait, au moins, à l'an 1050. Ses armes étaient d'argent à trois fasces de sable. Elle s'éleignit avec Renée-Antoinelte de Gruel. morte le 22 novembre 4708. 11 est nécessaire de noter que quelques sieurs de Gruel, « marquis de la Fretle, Venlrouse, Ghérancey, Warty, Arion, Fournival. Wairgny et -autres lieux», furent inhumés dans une chapelle enclavée aujourd'hui dans l'église Saint-Viclor.de Réno. En 1773, on y trouva trois épitaphes gravées sur des lames de cuivre. Elles sont transcrites, avec d'autres détails intéressants, dans la brochure en question.

Après avoir rappelé ([n'en mai dernier le XXlfl" Congrès annuel de la Société internationale d'économie sociale (Unions de la paix sociale) s'est spécialement occupé de la Vie provinciale (littérature, musées régionaux, vie municipale autrefois et aujourd'hui, Sociétés savantes en province), M. le secrétaire extrait de la Revue Bourdaloue (1) quelques lignes sur Louis de Fourcroy, supposé originaire de Clermont, qui fut

(l) Numéro d'avril T90/1, p. 3/u) et suivantes, Bourdaloue et les épigrammes laiincs du P. de Fourcroy, par le. Vt 0 CHABLIS DE

L,\UiiAIUUÈllE.


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jésuite el se délassa de ses travaux on composant un nombre invraisemblable d'épigrammes. On attend des érudits de l'Oise son acte de baptême et tous les renseignements possibles le concernant. Un des membres présents s'engage à les fournir à bref délai.

LECTURES

M. LAURAIN —Les comptes de fabrique de l'église d'Agnetz de 1052 à 1577.

Les archéologues sont heureux lorsque des documents d'archives — devis, quittances, comptes, — datent, non plus par hypothèse, mais avec certitude, les remaniements, les reconstructions, les agrandissements, les repentirs qu'ils constatent dans les monuments qu'ils décrivent. On a pu ainsi établir sans lacune l'histoire d'édifices célèbres, de la cathédrale de Burgos, par exemple, ou d'édifices de moindre importance. C'est une joie de ce genre qu'escomplail M. Laurain le jour où, de fort bonne grâce, M. l'abbé Cochet lui laissait compulser les papiers de la paroisse d'Agnetz. Noire collègue caressait le projet de faire une monographie complète de la belle église d'Agnetz dont Renan disait, en 18(32, qu'elle était avec Saint-Leu-d'Esserent et Longponl « un chef-d'oeuvre de proportion, de justesse, de hardiesse mesurée que l'architecture gothique n'a pu produire qu'à son début. » Renan n'avait en vue que la façade, la nef, le transept et le clocher. 11 ai mail tant la Renaissance qu'il semble oublier que l'art gothique fit encore merveille


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après le XIV 0 siècle et que le choeur de l'église « d'Agnetz, près de Clermont », cet excellent et pur modèle (ce sont ses termes) est un spécimen élégant cl admiré du style du XVI" siècle.

. On mit la dernière main aux travaux du choeur vers 4540. Les comptes les plus anciens dépouillés par M. Laurain furent rendus quelques années plus tard. Pierre Fournier, investi de la charge de marguillier du 1°''octobre 1552 au 3 mars 1554, eut à passer plusieurs marchés pour l'église. Il paya « l'achèvement des basses voulles », le mur du cimetière élevé par Gaspard Tocnel. II surveilla la construction d'un « revestière » ou sacristie adjugée à François Bouin et à Nicolas Lomeau. Les pierres provenaient des carrières Lagacbe, de Mérard et de Neuilly-sous-Clermonl. Pour clore les fenêtres de la sacristie, pour « raseurer et replâtrer » plusieurs panneaux de la « verrière Saint Jehan » et de la « verrière Saint Job ». qui n'existe plus, Pierre Fournicreut affaire avec Jean Rebours ; pour la serrurerie, avec Simon Crochet ; pour la réparation des ornements, avec Abraham Fouqueroy, marchand d'étoffes : pour l'achat de 31 aunes et demie de « sarge rouge cl vert en deux rideaux servant au grand hoslel », avec le tapissier Claude Collu, tous habitants de Clermont.

De 1554 à 1575, rien de curieux. Le 17 février -1577, fin de la gestion de Jean Bollé, au cours de laquelle les recolles, inférieures aux dépenses de G9 livres 10 sols, avaient été de 431 livres 17 sols. Les sommes les plus considérables avaient été affec-


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técs à consolider la charpente du clocher dont il avait fallu crever la voûte. Le Iravail de maçonnerie avait été confié à une famille d'arlisans dont l'histoire des églises de Clermont ramènera souvent le nom : Adrien Ballaine l'aîné, Adrien Ballaine le jeune el Jean Ballaine. Dans les menus frais, quinze sols furent donnés à Jean Fouqueroy « pour avoir racoustré la verrière du sépulchre ». C'est la première mention de la Anse au tombeau, morceau de sculpture dont il reste quelque chose dans le groupe que l'on visite de nos jours dans le sous-sol de l'église. D'après les documents consultés, le tombeau n'existait pas en 1554. Il a été exécuté, par conséquent, entre celle date et l'année 1577.

Les papiers soumis à M. Laurain n'ont pas enrichi ses fiches autant qu'il le désirait. Cependant, ils ont encore des secrets à livrer et notre collègue est loin d'avoir dit son dernier mot. il saura y puiser les matériaux d'une histoire du travail à Clermont el. dans les environs sans omettre, d'ailleurs, rien de ce qui, dans le passé, se rapporte à l'administration, au budget, aux coutumes de la paroisse d'Agnetz.

M. BEAUDRY. — Le château de Nointel pendant la Révolution.

L'cnsemble'des documents que M. le secrétaire communique à la Société se divise en trois classes.

La première comprend l'incorporation du château de Nointel au domaine de la Nation, comme bien d'émigré, confisqué sur « LouisHenry-Joseph Bourbon fils », prince de


Condé. Les anciens domestiques posent au district plusieurs questions et adressent plusieurs réclamations soulevées par la nouvelle condition de la propriété. L'Etat n'était-il pas un maître trop récent- et trop anonyme pour songer à tout ? M. Beaudry lit le procès-verbal d'estimation de la terre de Nointel et de ses dépendances. Il montait en revenu à 4-750 livres el en capital à 4 01.4-00 livres. Le tout, avec la ferme de Courcclles et 108 mines de terres, fut adjugé pour 4.554.000 livres.

Dans la seconde classe de textes rentre le cahier de la vente du mobilier du château par Jean Gorlin, notaire à Clermont. En 72G articles, cette vente se chiffra, le 4 4 février 1793, par un total de « 45 008 livres 4 0 solz ».

Enfin, le château de Nointel fut converti en prison. A la lumière de divers étals de situation, M. Beaudry reconstitue le service intérieur de cette maison de force improvisée el temporaire et la liste des incarcérés, tous envoyés par les districts de Vervins, Saint-Quentin, Château-Thierry, Laon et Soissons.

Le calque d'un plan levé au mois de germinal de l'an 3 de la République aide les auditeurs à suivre plus facilement et permet de doter d'un état civil la * Magnon », si fameuse à Nointel. Elle doit être identifiée avec la nymphe Galathéc, une des Néréides, déesses de la mer. Plusieurs des assistants confirment par leurs souvenirs personnels quelques points de l'élude de M. le secrétaire. Selon leur voeu, elle sera insérée dans les « Mémoires » de la Société.


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Le programme de la séance élant rempli, on s'ajourne au mois de novembre, après des souhaits cordiaux de bonnes vacances.

Séance du il novembre 1904

PRÉSIDENCE DE M. TARLIER

Sont présents : MM. l'abbé Beaudry, Binant, Labitte, Laurain, Maître, le docteur Parmcnlier, l'abbé Ronsmans, Tarlier, Théron. le chanoine Toullet, Trouvain et Yicz.

Ont prié de les excuser : MM. Floury, le docteur Joly, Lacaux, Plcssier et Tremblay.

M. Tarlier annonce que M. Sévrctte, président, est à Beauvais pour représenter la Société archéologique et historique de Glermont dans le comité d'organisation du Congrès que la Société française d'archéologie tiendra à Beauvais eu juin 1905. La réunion de ce comité coïncidait avec le jour habituel de nos séances.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et approuvé.

*

On admet ensuite, à l'unanimité, de nouveaux membres titulaires. Ce sont ;

MM. Bimont, maire de Lamécourt ; parrains : MM. Tremblay et Beaudry ; Boursier (Ernest), huissier, 4-5, rue de Lyon, Paris ; parrains : MM. Sévretlc et Tarlier ;


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MM. l'abbé Duponchel, curé d'Erquery ;

parrains: MM. Tremblay et Beaudry ; l'abbé Ileurteur. curé-doyen de Maiguelay

Maiguelay parrains : MM. Binant et

Beaudry ; le docteur Widiez, médecin à Clermont

Clermont parrains : MM. les docteurs

Joly et Parmentier.

La Commission historique de la Mayenne a remis pour la bibliothèque de la Société les deux derniers volumes do la première série et les six derniers volumes de la seconde série de son Bulletin. Grâce à M. Laurain, elle échangera ses publications avec les nôtres.

M. L. Thiot, membre correspondant, offre à la Société le numéro d'octobre 1904 de Y Homme préhistorique, qui débute par un article de lui sur la superposition de diverses industries préhistoriques à SaintJust-des-Marais (Oise).

M. Tarlier donne aussi le Procès-verbal de lassemblée électorale du déparlement de l'Oise (10 à 17 mai 1790), imprimerie de Beauvais, JIDCCXC. Remercîments à nos aimables collègues.

Autre acquisition de notre bibliothèque : la Revue Bleue, n" du 3 septembre '1904, à cause d'un article de M. Ernest-Charles sur le livre de M. André Lebey analysé en juillet par M. le secrétaire. Le critique estimé de la Revue Bleue se place surtout au point de vue" littéraire ; ses conclusions concordent avec celles de M. Beaudry, très heureux de ce précieux renfort.


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COMMUNICATIONS DIVERSES

Au nom de M. l'abbé Paillait, M. le secrétaire fait connaître un essai sur l'histoire de la construction de l'église de Laignevillc, résumé des observations de M. Maekclt, ingénieur diplômé de l'école des HautesEtudes de Dresde. A titre documentaire •— puisque la Société ne s'est pas encore occupée des points débattus — en voici la teneur presque littérale :

« La partie la plus ancienne de l'église est le clocher ; il date du dernier quart du XIe siècle, certainement pas après 1100. Chose curieuse : son croisillon primitif n'est pas conforme au croisillon actuel des voûtes qui le supportent. Il est plus petit, car il 'n'a que â'"90, tandis que le croisillon intérieur mesure 4"'G.'). Il devait y avoir primitivement quatre piliers romans qui supportaient le clocher et dans le prolongement desquels se trouvait une nef de largeur égale. On les aura supprimés après avoir construit le transept et les chapelles latérales. Assurément, l'architecte qui est parvenu ainsi à agrandir l'église en conservant le clocher primitif plus étroit était aussi hardi qu'habile. C'était de 1140 à 1150. Comme on ne pouvait priver complètement le clocher de ses supports anciens, on n'a fait l'agrandissement de ce croisillon central que d'un seul sens. On a édifié à la môme époque les deux chapelles latérales dont l'une est la sacristie actuelle et l'autre a été absorbée dans l'agrandissement postérieur de la chapelle de la SainteVierge. On trouve, en effet, à droite du


. -- m

transept, un chapiteau et deux colonnettcs, sans but aujourd'hui, mais dont la présence indique qu'il y eut parallèlement à la seconde travée de la sacristie une voûte du •même style recouvrant une chapelle de même époque.

« Peu de temps après, on a modifié le chevet roman et construit un chevet de transition : on en trouve des traces dans les chapiteaux et. les tailloirs d'un autre profil qu'on voit au-dessus de la grille du choeur actuel.

. « De la même époque, entre M 50 et 11 GO, date la nef que nous voyons aujourd'hui plus grande que la romane primitive. Cette nef a dû d'abord être recouverte d'une voûte en bois avec tirants : nous voyons encore, à l'entrée du choeur, un de ceux-ci qui supporte le Christ en croix.

« Les voûtes en pierre qui recouvrent la nef actuelle ont été faites après coup, . trente ou quarante ans plus tard. Nous en avons la preuve dans quelques irrégularités typiques. A l'intérieur, les voûtes reposent sur des culs-de-lampe qui ne s'appuient sur aucune colonnette comme l'aurait demandé l'exécution normale d'un plan gothique ; de plus, on peut remarquer du côté-droit un tailloir autre que les chapiteaux du transept, évidemment ajouté après coup pour soutenir la voûte. Enfin, nous n'avons pas le même appareil, c'est-à-dire les mêmes joints entre les pierres d'appui et le mur, et le profil des nervures de la voûte de cette nef est plus accentué que celui du transept.

« Dans cette même nef. sur la paroi du

IX


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mur primitif, on a creusé, à la même époque, des arcades aveugles, sur les trois côtés. On peut voir encore la trace des arcades — bouchées depuis — de chaque côté du portail qui n'a été construit que plus tard. La porte de l'église était alors située sur le côté Nord, comme on peut le constater encore aujourd'hui.

» Pour consolider les murs ainsi diminués de moitié par le vide des arcades, on a construit à l'extérieur un mur de soutènement sur tout le prolongement de la nef. Et parce qu'on a élevé à la même époque les contreforts destinés à soutenir la poussée des voûtes, nous avons le même appareil pour les contreforts que pour les murs de soutènement, alors qu'il diffère de l'appareil du mur principal.

« Le portail actuel a été construit plus lard, à peu près vers la seconde moitié du XIIIe siècle, entre 1200 et 1270.

« Les quatre grandes travées du choeur et de la chapelle de la Vierge datent, telles que nous les voyons aujourd'hui, de la fin du XIVe siècle et sont d'un gothique déjà un peu en décadence.

« Enfin, — autre détail intéressant — l'église n'est pas orientée comme d'ordinaire, mais elle est au Sud-Est. On peut attribuer cette anomalie à la nécessité où l'on s'est trouvé de suivre l'orientation naturelle de la carrière dont un bloc énorme forme, à l'Est, la pierre angulaire de l'édifice. »

M. le Secrétaire dit que cette communication prouve quelle originalité offre l'église de Laigneville qui attend une minutieuse description.


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M. Tliéron développe quelques remarques sur l'église Saint-Samsoa de Clermont dans le but de fixer aux parties les plus anciennes de l'édifice une date plus exacte que celle que lui ont assignée les monographies parues jusqu'à ce jour. Il

. compare les caractères archilcctoniques de la façade et de sa tourelle d'angle, du collatéral Nord (fenêtres, arcades de triforium, dents de scie), avec ceux des églises voisines d'Agnetz, de Bury et de Cambronne. Les modifications successives de l'abside lui paraissent marquées clairement dans plusieurs vieilles gravures de Cliastillon et d'Israël Sylvestre. Carrée dans la gravure

-.la plus ancienne, l'abside est ronde dans

. le dessin le plus récent. Il conclut que la Société peut et. doit résoudre ce problème archéologique qui la touche de près, à savoir : déterminer les phases de la construction de Saint-Samson avec toute la précision possible.

. Lesassistants s'intéressent beaucoup à la question soulevée et so:it vite convaincus que personne mieux que M. Tliéron ne possède les éléments d'une solution raisonnée et vraisemblable. Après avoir accepté de vérifier avec lui certains détails, ils lui demandent de formuler' en une note son opinion personnelle, l'objection d'incompétence,

.-derrière laquelle notre distingué collègue veut se retrancher, étant, de l'avis général, irrecevable en droit et en fait.


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BIBLIOGRAPHIE

Dans le n" 28 de la revue les Arts, Paris, Goupil, 1904: V Exposition des Primitif s français, par Paul Vitry ;

L'Art religieux du XI11° siècle en France, par Emile Mâle, nouvelle édition illustrée de 127 gravures, Paris, Armand Colin, 1932.

LECTURE

M. LAURAIN. — Le journal de CharlesJacques Legras de Préville.

M. Féret a légué à la bibliothèque de Clermont un manuscrit qui a pour titre « Petit journal et mémoire de mes affaires ainsi que des choses dont j'ay été curieux de me retracer le souvenir pour ma satisfaction particulière ». C'est ce manuscrit que M. Laurain présente à ses collègues (1). 11 se divise en deux parties bien distinctes. L'une va du mois d'octobre 1755 au mois de décembre 1758 ; elle est un véritable journal et raconte les menus faits de la vie quotidienne de l'auteur, Charles-Jacques Legras de Préville. L'autre, — simple livre de comptes avec plusieurs longues interruptions, —commence-en novembre 1758 et s'arrôfe à la fin d'avril 1795.

Celui qui écrivit ce journal était né à Clermont le 7 janvier 172G et appartenait à une excellente famille de robe établie dans notre ville, depuis longtemps. Son père était maire perpétuel de Clermont et lieutenant particulier au bailliage. Il avait des parents dans toutesles branches de l'administration.

(i) Il esl inscrit sous la cote suivante : mss. 58,


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Son droit fait à Reims, il fut reçu avocat le 20 janvier 1755. Sa parenté avec MM. Tavernier de Boullogne fut loin de lui nuire ; aussi, il fut pourvu d'un emploi de trésorier des troupes à Montmédy en 1758. De là il passa à Châlons, puis à Amiens où il se maria avec une camarade d'enfance, Sophie Parmentier de la Motte, fille d'un autre maire perpétuel de Clermont. Il eut deux enfants ; l'aînée, mademoiselle Sophie Legras de Préville, mourut à Clermont, le 31 août 1801, dans la maison où est installée actuellement la Caisse d'épargne, à Page de 92 ans.

En 1782, Charles-Jacques se retira à Bourges où son frère cadet exerçait les fonctions de receveur des gabelles. Les deux ménages vécurent dans l'union la plus étroite jusqu'au jour où Louis-Charles Legras de Préville mourut (5 décembre 1789). Après être resté quelque temps encore auprès de sa belle-soeur Françoise Brisson, Charles-Jacques revint à Clermont. Il décéda en octobre 1804.

Avec quelques notes laconiques clairsemées dans ce journal, M. Laurain s'efforce de reconstituer la physionomie un peu flegmatique de Charles-Jacques Legras de Préville et de deviner son caractère. Il narre sa jeunesse, montre ses goûts favoris, ses plaisirs et ses occupations de Clermontois pratiquant exactement sa religion, au premier rang aux offices et aux processions, ami des bonnes lettres et passionné pour la musique. Il nous promet de nous introduire—à une prochaine séance—dans : le milieu où l'auteur du manuscrit avait ses


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relations, développait ses aptitudes spéciales et prenait ses délassements préférés, en un mot, dans la Société clermontoise de 17G0.

Les applaudissements des auditeurs témoignent à M. Laurain qu'ils font grand cas de sa communication, après laquelle la séance est levée.

Séance du -15 décembre 1904

PRESIDENCE DE M. SEVRETTE

Nombreuse assistance : MM. Beaudry, Binant, Breuil, Pierre et Octave Dufrénoy, le docteur Joly, Labitte, Lacaux, Maître, le docteur Parmenfier, Plivard, Recullef, Sévrelte, Tarlier, Tliéron, le chanoine Toullet, Tremblay, Viez et le docteur Zègre.

Excusés : MM. l'abbé Heurteur, Plessier et Trouvain.

Le procès-verbal de la séance de novembre est adopté sans observations.

DONS ET DIVERS

La Société historique de Compiègne a remis pour la bibliothèque de la Société le premier volume du Cartulaire de SaintCorneille, publication de tous points réussie. M. le chanoine Morel a offert sa dernière brochure: le Saint Suaire de SaintCorneille de Compiègne, in octavo de 104 pages, Compiègne, imprimerie du Progrès de l'Oise, 1904.


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A l'unanimité des voix sont élus membres titulaires :

Madame Dupressoir, présentée par MM. Leclerc et Dufrénoy ;

M. le docteur Queste, médecin à SaintJust-en-Chaussée, présenté par MM. Rccullet et Sévrctte ;

M. Aubernon de Ncrville, propriétaire, au château de Nointcl, présenté par MM. le docteur Joly et Sévrette. *

M. le secrétaire fait une courte remarque concernant les traditions populaires et le iblk-lore de l'arrondissement. Tout le monde sait à quoi on attribue l'inclinaison vers le Sud du clocher d'Airion. Pareille légende a cours dans l'Engadine avec une légère variante. Au lieu de l'âne d'un pauvre diable, c'est un cheval, celui du baron Munchausen. qui, dans les Grisons, fut, un jour d'avalanche, attaché au bout du clocher du village de Selva pris pour « un pieu planté dans la neige » (1).

+

M. Tremblay signale à ses collègues l'important et luxueux ouvrage de M. Louis Gonse : Les chefs d'oeuvre des musées de France, édité sous le patronage de l'administration des Beaux-Arts. L'érudit écrivain a parcouru la France à la recherche de toute « oeuvre digne d'être révélée autant par sa singularité que par la rareté de son mérite ». Ses trouvailles sont énumérées, étudiées et reproduites dans deux volumes:

(i) Cf. V. Tissox, La, Suisse inconnue, p. 220.


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la Peinture, Paris, 1900, ella Sculpture, les dessins et les objets d'art, Paris, librairie de l'art ancien et moderne, 1904. Du second. M. Tremblay cite quelques passages. L'un a trait à une tète de Christ en pierre du XV° siècle due à l'école picarde et à un buste de saint Jacques, même matière et même manière (musée de Beauvais) ; l'autre, à une terre cuite de Moitié, l'auteur de la statue de Cassini 1, visible au musée de Besançon.

RAPPORT ANNUEL

Sur l'invitation de M. le président, M. Beaudry se lève et s'exprime en ces termes :

« Messieurs,

« L'an dernier, en pareille circonstance, je vous rappelais que l'idée génératrice de notre association remontait à 1847, époque où les autres Sociétés savantes de l'Oise n'existaient pas ou bien étaient « à peine au sortir de l'enfance», comme le Benjamin de Méhul. 11 y a donc beaux jours que l'on trouve dans l'arrondissement des esprits curieux d'histoire locale ou épris d'art ancien. Cela étant, que devinrent ceux qui eurent h'déconvenue de voir s'anémier et mourir le comité clermontois des Antiquaires de Picardie ? Ils se contentèrent, la plupart, d'adresser à leurs études favorites ce que les poètes appellent un hymne muet. De cet hymne muet aux enthousiasmes fugaces et oublieux d'un amour platonique, il n'y a que l'épaisseur d'un rêve. El voilà


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comment ils devinrent des archéologues à la suite. Les autres, le petit nombre, s'agrégèrent aux groupements constitués dans le département. Courtois et empressés, ils aidèrent les villes voisines dans leurs incursions et leurs invasions chez nous. Ce sont les termes mêmes de M. de Marsy qui ajoutait, non sans regret : « Clermontnepossède pas de Société savante et c'est vraiment une exception » \\),

« Cette exception, Messieurs, vous avez voulu qu'elle cessât. En revigorant une pensée du terroir prématurément arrêtée en son développement jadis, vous avez usé de votre droit et comblé une lacune. Certes, vous n'avez pas méconnu les travaux antérieurs : vous avez rendu justice et hommage à leurs auteurs vivants en leur décernant le titre de membres correspondants. Mais vous êtes à bon droit persuadés que ceux-là surtout sont désignés pour préparer et écrire l'histoire d'un pays qui journellement en sillonnent les routes et en coudoient, si je puis ainsi parler, les traditions et les coutumes, qui ont dans les yeux le reflet de ses horizons ou des pures lignes de ses monuments, qui ont dans l'oreille le son de la langue qui s'y parle de compte à demi avec le français classique et, enfin, qui en subissent la douce ambiance. Evidemment, ceux-là, s'ils conduisent méthodiquement leurs investigations et s'ils traitent avec précision de ce qu'ils savent, sont outillés mieux que quiconque pour retracer le passé de l'arrondissement.

(i) Excursions archéologiques de la Sociale fiisloriauc de Compiègne, tome deuxième, p. 3i3.


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Tel est votre idéal, Messieurs, et si, par malechance, il devait fuir hors de vos prises, je sais tout ce que les annales locales et les études archéologiques y perdraient, même dans l'ensemble du département. Alors, en effet, serait affaibli, et non impunément, le « faisceau des Sociétés scientifiques de l'Oise », je cite encore M. de Marsy, « faisceau unique fortement relié par l'harmonie constante de leurs rapports comme par l'identité de leurs travaux » (I). « Cette éventualité, Messieurs, n'est pas près de se réaliser. Je puise une part.de cette assurance dans votre activité de cette année. Elle s'est dépensée autour de toutes les questions assorlissant à votre programme. Vous allez vous en convaincre:

«1") Etablissements religieux et hospitaliers. — Sur ce chapitre, nous ne sommes pas sortis de Clermont. Après avoir compté les coups dans une légère escarmouche entre les chanoines de la collégiale et les Tri - ni la ires de Saint-André, nous avons été entièrement édifiés sur les négociations qui unirent au temporel de l'hôpital le prieuré de Saint-Arnoulf de Grapin.

«2") Communautés rurales.—Nous avons eu la primeur de trois textes des XIV°,. XV" et XVI" siècles, énonciafifs de procès el de transactions louchant quelques biens de l'abbaye de Saint-Lucien à Bailleval. Une autre fois, M. Laurain nous expliquait certains rouages de l'administration matérielle de la paroisse d'Agnetz au XYI° siècle.

(l) Ouvrage cité, p. 19.


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«3") Epoque révolutionnaire. — Quatre communications fort suggestives ont été lues sur ce sujet. De sorte que nous avons eu comme le spectacle des débuts du nouvel ordre de choses à Breuil-le-Scc, des pompes un peu emphatiques d'une fête civique à Clermont, des transformations et de l'aliénation du château de Noinlel. des méfaits des chauffeurs dans l'arrondissement de Clermont.

«4°) Biographie. — Nous devons à M. Laurain le portrait d'un Clermontois du XVIIIe siècle, Charles-Jacques Legras de Préville. Par une ingénieuse et perspicace application, il a su raviver la figure de son héros qui s'est insuffisammenlpeint dans ses Mémoires, comme en une trop pâle aquarelle.

« 5") Littérature, art local. — Après un court préambule où il utilisait les données courantes de la biographie de Siméon-Guillaumc de la Roque, M. Sévretlc nous a conviés à examiner par le menu non seulement les genres affectionnés par le rimeur clermontois. mais aussi ses procédés poétiques. Il nous fut, par surcroît, très agréable d'entendre les pièces habilement alléguées en preuve de ses déductions par M. le Président. Ce fut encore un appoint utile à l'histoire de l'art à Clermont que nous fournit M. Tremblay lorsqu'il nous entretint de la statue de Cassini I et du portrait de Geneviève de Laislre. Souhaitons que ses loisirs soient féconds pour la Société.

« 0") Bibliographie. — J'ai eu. Messieurs.


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à vous soumettre quelques considérations sur le livre que M. André Lebey consacrait récemment au connétable de Bourbon. Cette notice m'a valu, et, à travers et pardessus moi, vous a valu. Messieurs, les remercîments de l'auteur. J'ai plaisir à vous les transmettre. M. Lebey a parfaitement senti que, pour nous, critiquer équivaut à discerner les beautés d'une oeuvre et qu'exprimer des réserves sur quelques points n'altère en rien l'estime que nous avons conçue pour son livre.

« 7") Histoire de l'arrondissement.—Le travail de M. Laurain relatif à certaines lettres de rémission a une portée plus générale. Notre érudit collègue a complété l'histoire de la Jacquerie dans l'arrondissement par une étude pittoresque des moeurs de cette période troublée, telles qu'on les peut surprendre dans les textes où le roi gracie aux XIVU et XV" siècles des malandrins de haut parage ou des criminels du commun. Le mérite d'aucun de nous ne sera diminué, n'est-ce pas, Messieurs, si j'affirme que la Société est née sous cette bonne étoile d'avoir parmi ses collaborateurs M. Laurain, spécialiste dont la science d'archiviste se double; d'un talent d'exposition qui s'égaye, lorsque le sujet s'y prête, d'un enjouement contenu.

«8") Archéologie.— L'église do SaintMartin-aux-Bois a été décrite ici par M. le chanoine Morcl avec une compétence, une abondance de détails, une habitude des textes ihnt vous vous souvenez. Ce fut une de nos meilleures séances : aussi con-


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venait-il qu'on en fêtât l'anniversaire: c'est ce que nous ferons tout à l'heure en écoutant l'instruisante et belle étude de M. le docteur Parmentier sur le prieuré de SaintJean du Vivier.

« 9") Excursion annuelle. — Comme nous ne sommes pas par déiinition des historiens ni des archéologues en chambre, nous avons eu officiellement une bonne journée de plein air, une promenade autour du plateau de Liancourt. Notre visite.n'a pas déplu ; loin de là. Personne, par conséquent, n'a éprouvé à notre passage l'impression de ce pince-sans-rire de Mérimée qui prétendait qu'affronter des archéologues exposait à « de drôles de rencontres. » Et puis, nous avons vu et retenu beaucoup de choses, à telle enseigne que le compte rendu de cette promenade est encore sous presse. Si tous les échos ne vous en sont pas parvenus, Messieurs, c'est qu'il y a beaucoup d'échos en ce bas monde et ' que de tant d'échos il résulte parfois des interférences. Patience ! Ma prose bercera les somnolences des dernières veillées de cet hiver, au coin du feu.

« A votre éloge, je le répète, Messieurs, cette année a donc été bien remplie. Ne nous épargnons pas à publier de l'inédit. Compiler, en effet, ne saurait nous convenir d'aucune façon. Compiler ne nous mènerait pas loin et, cependant, puisque le français est quelquefois paradoxal, pourrait nous mener plus loin que nous ne voudrions. Attachonsnous à l'inédit. D'autant mieux que notre sol est trop riche pour nous laisser redou-


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ter que la moisson nous manque jamais. Non ; elle est opulente. Le passé a plus semé que nous ne faucherons. Jusqu'à la fondation de notre Société et en dehors de quelques livres de valeur que nous n'ignorons pas, on s'est borné le plus souvent à cueillir au vol quelques épis qui semblaient s'offrir d'eux-mêmes. Travaillons, amassons, engrangeons. Ce sera une noble et significative manière de faire nôtres les armes qui brillaient sur 1 écu des premiers comtes de Clermont : des gerbes ».

Au nom de l'assistance, M. le Président félicite M. le secrétaire de son rapport.

RENOUVELLEMENT DU BUREAU

On réélit par acclamation les membres sortants du bureau de la Société. Il est donc ainsi composé pour l'année 1905 :

Président d honneur. — M. le comte de Luçay.

Président. — M. Sévreftc.

Vice-président. — M. le docteur Joly.

Secrétaire. —M. beaudry.

Secrétaire-adjoint. ■—• M. Lacaux.

Trésorier. — M. Tarlier.

Bibliothécaire. — M. Tremblay.

Membres de la commission de publication. — MM. Breuil, Dufrénoy, Samson.

Membres de la commission des finances. — MM. Garet, Plivard, Tremblay.


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LECTURE

M. LE DOCTEUR PARMENTIER. — Le prieuré de Saint - Jean du Vivier. (Notice historique cl descriptive.)

Inconnu de beaucoup d'archéologues, le prieuré de Saint-Jean du Vivier, près de iSlouy, n'a guère eu à se louer de ceux qui ont cru se libérer envers lui par quelques lignes hâtives. On lui devait beaucoup mieux : à savoir, une monographie définitive. La Société archéologique de Clermont était en position de la publier. Elle le fera dans ses « Mémoires » par la plume d'un de ses membres les plus autorisés, M. le docteur Parmentier.

Il a lu à ses confrères la moitié de son travail. Ses nombreuses visites à SaintJean du Vivier, facilitées par la bienveillante urbanité du distingué propriétaire, M. Danbé, lui suffisaient pour la description archéologique. Mais la partie historique de son étude exigeait qu'après en avoir rassemblé les éléments aux archives de l'Oise et dans les études des notaires, il les confrontât avec les indications que pourraient lui procurer les descendants des derniers fermiers du prieuré, madame Duval et monsieur Barbier de Saint-Jean. Ouverts aux choses de l'esprit, ceux-ci se sont rendus aimablement aux désirs de M. le docteur Parmentier. Sans aucun doute, ils se montreront aussi accueillants à l'avenir, s'il en est besoin.

L'histoire du prieuré s'espace sur plus de sept siècles. Fille de l'abbaye de SaintGermcr, la communauté de Saint-Jean du


vivier accrut ses biens jusqu'au milieu du XVIe siècle. En 1509, elle aliéna quelques terres pour payer sa part contributive aux 50,000 livres que l'Eglise de France avait promises au roi. Elle les racheta en 1623. En 1034, le prieuré comprenait, outre l'église et le cimetière, le logis seigneurial et les bâtiments de la ferme, le tout clos de hauts murs dans l'enceinte desquels le prieur exerçait la justice. Le prieur jouissait des grosses dîmes d'Angy et de Balagny, du quart des dîmes en jardin de Chambly, de la location et des revenus de plusieurs champs, vignes, garennes, pâtures et bois, ce qui montait à 3.000 livres environ.

Les invasions espagnoles et les luttes de la Fronde mirent à mal le prieuré, notamment l'église. Louis XIV accorda comme secours au titulaire de Saint-Jean, Charles de la Grange, le produit d'une coupe de cinq arpents de bois sis en la forêt de La Neuvillc-en-Hez. Mais la prospérité du prieuré était atteinte. Quand vint la Révolution, il fut vendu au prix de 80.200 livres à Joseph Crouzet, ci-devant fermier, et à son frère, Pierre Crouzet, mort proviseur du lycée Charlemagne en 1809. La petite nièce de ce dernier y vécut jusqu'en 1898. M. Danbé l'acquit et le transforma en haras,

M. le docteur Parmentier est chaudement félicité par ses confrères et par le bureau. Puis la séance est levée.


— us — AUTOUR

DU

PLATEAU DE LIANCOURT

PROMENADE ARCHÉOLOGIQUE

. L'excursion annuelle de la ' Société archéologique et historique a eu lieu le 28 juin. Les localités qu'elle avai-tpour objectif sont peu éloignées de Clermont, donc mieux connues. Cette circonstance n'a pas empêché les membres de se trouver au rendezvous plus nombreux que jamais.

Les voitures s'engagent rapidement sur la route de Compiègne par le Pont-Gaillart, aujourd'hui le Pont-de-Pierrc. Les moulins affairés qui surplombent la Broche canalisée sont-ils installés au même endroit que leurs prédécesseurs du XVI" siècle : le moulin à huile de Jacques de Robillarl, les moulins à draps et à blé de Saint-Leu que Jean Forgét, seigneur' de Breuil-le-Vert, acheta en 1650 ? Questions qu'emporte le vent, car, après avoir traversé les prés de l'ancienne blanchisserie Jean Guesnet, nous voici déjà au Calvaire, dressé de temps immémorial dans un bouquet d'arbustes, à la lisière d'une maladrerie disparue. Au XVIe siècle,


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la croix s'appelait « la Croix-Saint-Fouarche » et, proche d'elle, les Trinitaires de Saint-André possédaient des terres provenant peut-être de la maladrerie devenue inutile.

Quelques pas encore et, à droite, Breuil-* le-Sec apparaît sous un de ses aspects les plus séduisants. Le village s'étend au pied de collines boisées aux molles ondulations. Sur le côté, derrière un rideau frémissant de hauts et sveltes peupliers, le vieux manoir des Portier et des Collincourt, la maison des Etournelles, montre sa tour en poivrière. Elle est dominée par la flèche du clocher dont la robuste architecture de loin semble annoncer une église importante et faire signe aux archéologues. Ceux qui n'ont pas résisté à cette muette invite ont été déçus. Pour leur éviter pareille mésaventure à l'avenir et par un sentiment de bonne confraternité, décrivons à leur usage l'église de Breuil le-Sec. La connaissance livresque qu'ils en acquerront suffira à leur bonheur.

L'orientation de l'église Saint-Martin de Breuil-le-Sec a été changée, en sorte que le portail a pris la place de l'ancien choeur devenu la nef et que le choeur actuel a été bâti sur le sol de la nef détruite. Dans le plan primitif, l'église était orientée à l'Est selon la tradition liturgique. Sa nef datait de la période romaine. Eugène Woillez,dans son Archéologie des monuments religieux de l'ancien Beauvoisis pendant


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la période romane, en a donné la description (p. 14), notant le portail avec son archivolte à billettes et les arcades simulées; des murs latéraux. La nef fut incendiée en 1798; elle demeura en, ruines jusqu'en 1850, époque où furent commencés les travaux de reconstruction. En 1856, la nouvelle église fut consacrée. Propre et décente, elle n'a rien qui doive retenir l'attention de l'archéologue qui s'arrêtera exclusivement aux parties anciennes.

• En arrivant à l'église, on a devant soi lé "mur droit de l'ancien chevet. Graves y "■ constatait, en 1838, « une large fenêtre ogive ■ embrassant quatre ogivettes à têtes tréflées et trois roses» (1). Cette fenêtre a été sacrifiée lors de la reconstruction. On a ou- ■ vert le mur pour faire un portail pseudo-roman, inférieur comme style à l'ancien qui avait du cachet dans sa simplicité. Les murs latéraux ont gardé les fenêtres primitives ; elles sont du XII° siècle. Leur seul ornement est une moulure en sourcil. Au-dessous du toit, une corniche bourguignonne à profil en quart-de-rond ; sous le chanfrein de la tablette, les queues des modillons sont plus larges que leur face antérieure : elles sont tangentes ; leurs faces latérales sont creusées en quart de cercle. Elles forment en se raccordant des -demi-cercles sous la tablette (2).

Le côté Nord de l'édifice consiste en deux

(i) Précis statistique sur le canton de Clermont, p. og.

-. ; (2) Cf. ESLAUT, Manuel d'archéologie française, tome I, p. 58i. Par contre, je n'ai pas vu la coiuiiclie à ouvertures géminées qy.e le savant conservateur du Musée du Trocadéro met à l'actif de Breuil-le-Sec, op. cit., p. 3gg. Il a mal lire une

-planche de l'ouvrage de Woillez sur liretcuil et Breuïl-le-Sec,


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pignons.fenestrés d'une baie à arc aigu, avec contreforts à retraites et à glacis sur lesquels on découvre les traces d'un litre avec armoiries effacées. Le second pignon est percé, au-dessus de la lancette, d'une baie rectangulaire. Entre cette baie et l'acrotèrc se détache une tète d'ange avec des ailes. A l'encoignure du second pignon et de la tourelle hexagonale de l'escalier du clocher, on voit un cul-dé lampe avec un écusson où sont sculptés les instruments de la Passion. Dans la muraille, des bouts de petites poutrelles en bois et deux rainures où le. toit s'insérait. Le tout devait servir d'abri et de niche à un Ecce Homo-. Le larmier qui coupe les murs des pignons et de la tourelle a été supprimé dans l'espace occupé par cette niche. Au bas-côté du Sud, deux pignons également: Dans l'un, une fenêtre à deux divisions flamboyantes. Dans l'autre, une fenêtre à trois compartiments accuse la Renaissance par son remplage cintré.

Au centre de l'édifice s'élève le clocher, ouvrage du XII 0 siècle. Il est à peu près carré, percé sur chaque face de deux baies à arc brisé que deux colonnettes monolithes subdivisent en deux arcades en tierspoint. Les chapiteaux des diverses colonnes sont à décoration végétale variée. En 1850, le clocher était à bâtière, comme celui de Breuil-le-Vert. Depuis la reconstruction de l'église, il est surmonté'par un toit en pyramide. Il est épaulé aux angles par un contrefort. Une moulure composée d'un bandeau, d'une rangée de perles et d'un cordon d'étoiles règne sous l'entablement,


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à la naissance de la couverture. Même moulure, mais où les pointes de diamant se mélangent aux étoiles, à la hauteur du ;-larmier.

A l'intérieur, où toutes les courbes sont des arcs brisés ou des arcs en tiers-point, -. l'ancien choeur avec ses chapelles latérales forme aujourd'hui une nef et deux bascôtés maintes fois remaniés.

L'ancien choeur, petit rectangle de cinq mètres de largeur sur moins de profondeur, est voûlé en ogives comme toute l'église, .-d'ailleurs. Pour nervures de son unique travée, deux tores accouplés ; à la clé de voûte, une rosace à huit feuilles. Les nervures retombent sur des colonnes aux chapiteaux desquelles sont appliqués de lourds feuillages. 1 De chaque côté, dans le mur, une fenêtre à plein cintre a été aveuglée.

', Au collatéral Nord, — autrefois chapelle de la Sainte-Vierge, — deux travées. L'une, plus basse, a les mêmes nervures que le choeur. Sur la clé de voûte, deux cercles concentriques. Une arcade et un mur de refend coupant brutalement deux quartiers "de voûte et le collatéral s'élargit en une seconde travée où la nervure est plus compliquée : c'est une arête vive encadrée de deux boudins. A la croisée des ogives est sculptée une couronne de feuillage. Les membrures de cette voûte ressemblent à celles du collatéral Nord de Saint-Samson do Clermont. Dans" celle parlie de l'édifice, les chapiteaux à crochets ont l'élégance de ceux de la seconde moitié du XIIe siècle. Au Sud, — ancienne chapelle Sainte


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Eloi, — les arceaux portent sur des encor•bellements ; ici, une console à feuillage; là, :deux têtes humaines dont l'une a des oreilles d'âne. La principale travée de ce collatéral a 10 mètres de hauteur. La moulure des ogives est un bandeau que deux cavets relient à un tore aminci et émoussé. Sur la ■clé de voûte s'enlèvent trois feuilles aux franches découpures. Dans l'autre travée, la clé estime combinaison de deux quintefeuilles ; les nervures sont celles du XIV siècle. Une piscine trilobée y est creusée : elle suppose un autel dédié à saint Eloi, patron d'Aulreville.

Le clocher est établi sur quatre piliers massifs ; à mi-hauteur, sont adossées des colonnettes d'angle qui en diminuent la lourdeur. Les formcrcts sont soulignés d'un tore. Les ogives sont garnies de trois tores. La clé de voûte est une rosace. Dans la lunette du côté Sud une fenêtre en plein cintre a été bouchée. Deux des piliers ont été -décorés au XV" siècle de niches où ont été placées, il y a peu, quatre statues en ■bois de 0'"50 c. de hauteur. Des douze personnages qui étaient accrochés aux murs de l'ancien choeur, ce sont les seuls qui ne soient pas mutilés (1). Ils ont été taillés par un imagier du terroir, car des statues évidemment de la même main étaient conser(i)

conser(i) autres se trouvent dans la chapelle de SaintArnoult, à Crapin. Cette chapelle du XVIIIe siècle renferme une statuette en bo.'s de la Vierge. La main droite est brisée ; de la gauche, elle tient un livre ouvert. Ses cheveux s Mit longs ; son front, ceint d'une couronne rehaussée de

^parles. Elle est vêtue d'uue longue robe à plis droits. Sur la robe, elle porte un surcot à festons bordés d'hermine. Le collet est orné de pierreries. Le pied apparent est chaussé d'un •

-çoulier à pointe. On distingue encore dos traces de peinture.


vées jadis à Breuil-le-Vert. Elles peuplent aujourd'hui un salon de Liancourt.

Sur le pilier Nord, une inscription funéraire et une tête de mort indiquent la sépulture d'Etienne Goullet, magister de la -paroisse, inhumé le 13 mars 1684. Sur le pilier Sud, restes d'une fresque dont les motifs architecturaux sont empruntés au style de la Renaissance. Le sujet représenté est la conversion de saint Hubert. Le jeune seigneur, coiffé d'une toque beige à plumet vert, vêtu d'un habit vert à manches rouges et à col bleu, est à cheval

. et sonne de l'oliphant. En face de lui, le cerf et, entre ses bois, le crucifix miraculeux, cause de la conversion du chasseur. Le cerf sort d'une grotte moussue, et, empâté dans le badigeon, un chien poursuit le cerf. Audessus de cette scène plane un ange aux ailes vertes, à la tunique bleue. Il tient

. dans ses mains un objet à demi effacé. C'est probablement l'étole qu'un ange apporta au saint, lors de sa consécration épiscopale. Bien qu'il s'agisse d'un événement arrivé à une époque différente, l'artiste n'a pas lié.

lié. à rappeler simultanément les deux faits. Cette particularité, qu'on retrouve dans un vitrail de la cathédrale de Beauvais, différencie saint Hubert de saint Euslache dont la conversion fut provoquée par un prodige semblable. En contre-bas de celle scène,

.on distingue encore un personnage en costume monastique, robe bleue et camail d'hermine, peut-être le donateur. Près du saint, sous un fronton orné de consoles renversées, un personnage habillé de rougeSur . une autre face du pilier, une autre


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fresque ou, plutôt, deux fresques superposées ont trop souffert pour qu'on puisse en identifier les dessins.

Après le passage à niveau de la gare de Breuil-le-Sec, le large ruban de la roule se déroule sans infléchir. A droite, le Breuil, dépression humide où le feuillage céladon des saules rend plus verte la riche frondaison des grands arbres qui s'y plaisent : autrefois, les eaux sauvages y affluaient depuis Catenoy pour rejoindre les marais de la vallée de la Broche par des fossés traversant le village de Breuil-le-Sec. L'oeil se porte ensuite sur un groupe de maisons : c'est le hameau d'Aufreville. On y chercherait vainement d'autres arbres que les pommiers. Les ormes de sa place triangulaire alignés à l'embranchement du chemin qui va d'Autreville à la grande roule furent vendus en même temps que ceux de la place de Breuil-le-Sec, en vertu d'un vote du conseil delà commune, le 25 novembre 1792. S'il fut jamais planté, l'arbre de la Liberté qu'un citoyen d'Autreville réclamait le 30 germinal an II, a péri (1). Le même citoyen demandait aussi qu'on démolît la tour ronde en briques qui se trouvait à deux cents mètres du chemin d'Autreville à Nointel, à gauche de la Cavée, après le lieu dit « la Uovetle » et en face d'une pièce appelée la Briqueterie. Son voeu antiféodal ne fut exaucé qu'en 1820. Nous n'aperçûmes aucun vestige ni de celte tour ni du moulin

(j) Registre de la Société populaire de Clermont, folio 3$, recto.


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des Gouvieux dans les cultures bien tenues et dans les bois qui couvrent les pentes douces des collines.

Du côté opposé, la plaine des hauts pays commence. L'aspect du paysage a varié depuis le défrichement du bois de Breuil-leSec, figuré sur les cartes de Cassini et comptant encore, en 1838, 85 hectares. Un petit bois traversé par la chaussée Brunehaut subsiste. Un pan de ciel bleu troué, au ras du sol, par la silhouette sombre des pommiers sert de trait d'union entre ce bois et celui de Noinlcl dont les arbres cachent, au plan de l'horizon, des puits préhistoriques. Ils sont situés dans une marnièré appartenant à une des plus honorables familles de Noinlcl, MM. Coppy.

C'est là une des dernières pointes du grand plateau crétacé de Picardie, qui se heurte déjà au terrain parisien affleurant au Breuil. Un de ces puits, qui n'existe plus par suite de l'exploitation du cran, fui ouvert il y a plus de vingt ans et l'on fouilla les galeries qui rayonnaient autour de lui. A quelque cinquante mètres de là. de nouvelles galeries ont été mises à jour. Comme dans le puits déjà exploré, à un niveau constant,, sont enrobés dans la craie des silex en lit régulier. Dans les couloirs comblés avec des débris assez friables de marne, on retrouve aussi des bois de cerf agencés en forme de , pic. Ils ont été employés pour dégager les silex destinés à la taille des armes et des outils. S'il faut en croire l'abbé Renet(1), les silex étaient seulement débrutis aux

(z) Mémoires de la Sociél académique de l'Oise, tome XII, p. 449.


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abords de ces puits ; ils étaient parachevés à l'atelier de la Couarde. Les ouvriers préhistoriques jetaient leurs petites pioches dès qu'elles ne. mordaient plus, quand leur frottement sur les parois crayeuses avaient usé la périphérie pierreuse des bois de cerf. Plusieurs de ces outils ont été recueillis dans les recherches sommaires opérées jusqu'alors. Elles seront entreprises complètement avec curiosité méthodique et ardeur patiente par M. Maurice Coppy qui a offert à la Société archéologique et historique plusieurs bois : l'un est perforé régulièrement pour emmancher un pic ; un autre a cinquante centimètres de longueur et quatorze centimètres de tour. Nous verrons mieux encore.

Nous n'avons pas le loisir de nous arrêter à « la Molle », renflement circulaire à peine visible dans les champs à cent mètres à notre gauche, et nous nous hâtons de grimper la rue rocailleuse et malaisée qui conduit à l'église de Nointel.

A première inspection, il apparaît que la façade a été construite en trois fois, malgré le toit unique qui couvre les trois nefs. La partie centrale, purement romane, est de beaucoup la plus importante. Elle correspond à la nef principale.

C'est un mur rectangulaire surmonté d'un fronton et flanqué de deux contreforts à retraites successives en larmiers-. Elle comprend la porte d'entrée et, au-dessus, une fenêtre dans l'axe de la porte. Le portail s'évase en quatre jambages dans les res-


sauts desquels sont adossées des colonnes. Les bases de ces colonnes sont des socles fort simples. Les chapiteaux ont un relief peu accentué : cinq d'entre eux représentent des oiseaux et des reptiles ; les trois autres, des plantes, — sujets empruntes à la flore et à la faune fantastiques légués au MoyenAge par les ornemanistes syriens et byzantins. Los tailloirs des chapiteaux sont tous semblables : ils portent un animal à tôle humaine dont la queue de poisson recourbée finit en éventail. Le tympan est lisse. On ne saurait prouver qu'il l'ait toujours été. Ce tympan csl limité par une belle arcade dont les voussures concentriques, où restent des traces de peinture à l'ocre rouge, sont ornées de divers motifs. En voici le détail, en allant du plus polit cintre au cintre le plus développé : un boudin, une gorge dans laquelle s'épanouissent des fleurettes, et un boudin ; un tore, une gorge avec des noeuds el des étoiles, et un tore; un boudin, un canal avec des étoiles ; ensuite, la même moulure. Puis, un courant de feuillage et un cordon de dents de scie. La dernière archivolte saille légèrement sur le mur droit. Une assise de pierres et une moulure séparent l'arcade du portail de l'appui de la fenêtre dont il a été parlé plus haut: c'est une baie à plein cintre. Sur ses montants sont engagées des colonneltes dont les chapiteaux ont une décoration végétale ; sur les impostes, des dessins curvilignes. Le cintre est une série de filets, de tores, de chanfreins, inscrits dans une rangée de perles, dans un cordon de dents de scie et dans un rinceau qui


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s'allonge horizontalement jusqu'au sommet des contreforts. Tangente à l'extrados de la fenêtre, une large moulure glisse entre le mur rectangulaire et le fronton ; c'est un simple biseau au-dessus d'une gorge eld'un boudin. Elle se continue latéralement, mais elle est cachée par le toit. Au-dessous de celte moulure, à la distance d'une assise, une tête de chat est sculptée sur la première pierre des anciens murs Nord el Sud de la grande nef et au droit de la façade. En haut du fronton, en guise d'acrotère, une croix anléfixe. M. E. Lefèvre-Pontalis, le promoteur distingué de « l'archéologie de l'avenir » (1). en a publié une description dont voici le précis : « Découpée à jour dans une dalle de pierre, elle affecte la forme d'une roue à huit rayons dirigés obliquement par rapport à l'axe du pignon » et « reliée à la pointe du pignon par deux liges qui se recourbent » et se perdent dans le disque « pour donner à la base une plus grande stabilité (2). >■. El le savant auteur ajoute que celte croix, comme les croix similaires, est une modification du chrislma, telle qu'on en voit sur les sarcophages chrétiens. Enfin, la muraille de la façade laisse voir la place du toit de deux porches en bois successifs, l'un en appentis, l'autre, aigu à double rampant.

Le reste de l'église, remanié maintes fois, est un assemblage d'éléments hétérogènes. La partie de la façade qui correspond à la

( f) Congrès archéologique de Poitiers, Procès-verbaux, p. l38. (2} Gazelle archcolog., ]885, p 218 à 224, passim.


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nef latérale Sud est percée d'une fenêtre à deux baies en lancette ; au-dessus du trumeau étroit qui les sépare, est un oeil-deboeuf. Un arc de décharge en tiers-point qui s'appuie sur deux colonneltes graciles, avec chapiteaux à crocheLs, encadre cette fenêtre. Le mur de celte nef présente des fenêtres : trois sont à plein cintre.; la quatrième est une fenêtre tripartite de style flamboyant. Les contreforts à deux retraites et en glacis montent jusqu'à la corniche du toit, sauf le dernier qui, moins haut, n'a qu'un glacis. Le transept Sud est peu large. Son pignon offre l'arc brisé simple d'une fenêtre à deux compartiments trilobés surmontés d'un quatrefeuille. Dans la cathédrale de Famagouste (1300 à 1311) où, suivant M. Enlart, se trahit l'inspiration champenoise, le portail Nord a des fenêtres de même genre, mais d'une exécution plus habile. Sa façade Ouest montre une corniche à modillons frustes. Le premier modillon de sa façade Est est une tète grotesque ; le second a été mutilé ; les autres sont englobés dans la tour octogonale contenant l'escalier du clocher. Cette tour à deux archères est inachevée.

L'ordonnance de la nef latérale Nord diffère peu de celle de la nef Sud. En façade, une baie cintrée el une porte banales. Sur le mur de côté, rien à signaler, sinon une pierre tombale scellée assez haut. Elle affecte la forme d'un carré de 0 m. 80 de côté, surmonté d'un demi-cercle de 0'"66 de diamètre. Dans ce demi-cercle : deux circonférences concentriques ; cl, dans la couronne qu'elles forment, ces mots :


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DIEU SEUL EST ETERNELLEMENT,

dans le cercle intérieur, ceux-ci :

Tour PASSE ICI BAS COMME LOMBRE

Le haut du carré, timbré du chiffre IHS, est comme une sorte de, linteau posé sur deux piliers à cannelures entre lesquels est gravée l'inscription suivante :

JEAN-BAPTISTE LAGACHE NÉ A COURCELLE-EPAYELLE LE TROIS JANVIER 1734 CULTIVATEUR EcLAiré ECONOME ET PAISIBLE ET ENFIN PROPRIÉTAIRE DE LA FERME DE NOINTEL Y MOURUT NE DEVANT . RIEN A LART MAIS BEAUCOUP A LA NATURE ET TOUT A DIEU LE DEUX SEPTEMBRE 1800 AN 8 DE LA RÉPUBLIQUE FRANSAISE . ET C'EST ICI QUE DANS L'ATTENT 8 DU GRAND JOUR SA CENDRE EST OUBLIÉE à 5 toises 2/3 d'intrevale.

Priez Dieu qu'elle y repose en paix.

Voilà tiré de l'ombre le souvenir d'un brave homme (1) qui semble avoir partagé l'opinion de Sully-Prudhomme qualifiant l'histoire de « passante oublieuse » ; — épithèle qu'il n'osera pas infliger à la Société archéologique de Clermont.

Le transept Nord est étroit. Dans la corniche de son côté Ouest la métope des deux premiers modillons est sculptée d'une pal - mette romane, copie de motifs byzantins.

(i) 11 fut envoyé par la commune de Courcelle-Epayelle à l'assemblée électorale du département de l'Oise eu mai 1790.


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A la corniche de son côté Est, un modillon àbillettes. Sur .les deux côtés,, la plupart des modillons sont épaufrés et élonnés. Le pignon de ce transept a une fenêtre à arc aigu dont l'ébrasement est taillé en douane et sous laquelle est apparente la trace d'une porte à arc surbaissé, aujourd'hui bouchée.

Le chevet de l'édifice est carré etorienté ; c'est un mur d'appareil s'achevant en un pignon dont les longues pentes embrassent le choeur et deux chapelles latérales. Par une disposition curieuse, les arêtiers de ce pignon font office de chéneaux pour les eaux fluviales que deux gargouilles en pierre devaient recueillir pour les déverser loin des collatéraux. Ils sont creusés d'une gorge assez profonde dont chaque bord est un tore. Un de ces tores rejoint un autre tore par une gorge accostée de deux filets ; d'où une moulure qui ourle les pentes du pignon. Le mur est contrebuté par quatre culées trapues à larmiers. Les deux plus petites sont placées aux extrémités du mur. Les deux autres se haussent au niveau de la baie du choeur. Celte disposition -donne naissance à trois divisions du mur.

Dans la première, du côté Sud, s'ouvre une baie tripartite à arc aigu avec un oculus au dessus de la forme médiane plus petite. Ajoutons que sur le côté Sud, dans le mur, se trouvenlunefenètreidentiqueetune baie à arc aigu simple, que, près de la tour du clocher, est encastré dans la corniche un modillon ancien à billettes, et nous au-


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rons décrit l'extérieur de la chapelle SaintVaast.

La seconde division est plus vaste. Elle constitue le choeur proprement dit. Il est occupé presque entièrement par une clairevoie originale à arc en tiers - point surhaussé, qu'un cliché aidera à imaginer.

A la base A C, le vide est partagé en trois. Sur l'appui de la fenêtre un meneau monte du premier point de division D et un autre meneau monte du second point de division E. Chaque meneau est orné d'un .chapiteau G et H, correspondant à un chapiteau placé symétriquement à la naissance de l'arc en tiers-point surhaussé en R et en S. Du tailloir des chapiteaux G et H, on décrit un arc aigu qui va rejoindre l'archivolte de la baie en K et en L. Il en résulte deux nouvelles baies A L E et D K C ; mais l'intersection de leurs arcs forme une nouvelle travée médiane D G I H E et commune à ces deux baies. Alors, par l'amortissement supérieur G et II de chaque meneau et avec un rayon moitié moins grand, on trace un arc aigu ; d'où deux nouvelles formes A R M G D et E H N S C qui se géminenl à leur tour en formes à arcs trèfles A R 0 T, T 0 G D, E II P V et V P S C.

Il faut maintenant remplir les compartiments issus des croisements des divers arcs. On a, par suite, sous la pointe B de la baie primitive. A R M L B K N S C, un trèfle ; dans la pointe des deux baies secondaires A L E et D K C, une rose à redents en quinte-feuille.

La forme centrale D G I II E porte en


FENÊTRE DU CHOELIÏ DE NOINTEL

(Dessin <iv, J. Sevré!le)



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chef un petit trèfle surmontait un arc trilobé qui doit survivre à un quatrefeuille analogue à celui des baies A R M G D et E H N S C dont celle baie avait probablement la disposition autrefois. Dans les baies latérales A R M G D et É H N S C : en pointe, une rose circonscrivant un quatrefeuille ; le hautdu vide'de ces lancettes estun trèfle.

L'ossature de la claire-voie dans les six . lancettes principales est accentuée par un boudin avec lequel contraste heureusement, dans le reste des remplages, la contrecourbe des cavels. Il est iâcheux que la partie inférieure de ces fenêtres soit affligée d'un brise-bise en plâtre, — rien de la légèreté des stores flamands en fine dentelle . ni de la lucidité d'une grisaille damassée.

La troisième division du chevet est la chapelle de la Vierge. Elle comprend une fenêtre à arc aigu, et le mur Nord de la chapelle, une baie Iripartite à arc aigu avec un oeil-de-boeuf au-dessus de la lancette médiane plus petite. La seconde fenêtre du mur a été bouchée et enclavée dans une ancienne chapelle hors-oeuvre, convertie aujourd'hui en sacrisLie et qui est accolée à l'Est du transept Nord. Elle n'a plus que deux de ses trois larges baies à arc en tierspoint. L'autre a été obturée.

Les murs du choeur et des deux chapelles de Saint-Vaast(l) elde la Vierge portent à la hauteur de la naissance des fenêtres, presque tout du long, un larmier gothique.

(T) Saint "Yansl est le patron de Noinlcl. Je ne sais si, .dans cette paroisse, on Pinvotpiaïl pour faire marcher les enfants, comme on l'a remarqué pour d'autres pays. Cf. MÂLE, l'Art religieux du Allï" siècle, p. 3xo, note 3.


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Le clocher est central el rectangulaire : l'écart des dimensions est de 0 m. 50 au moins. Le premier étage, presque entièrement caché par les toits de la nef, du chevet et des transepts, est construit en moellons : à l'intérieur, quatre baies à arc en tiers-point et de hauteurs différentes ; à l'extérieur, elles sont noyées dans la maçonnerie. Chaque face est flanquée de deux contreforts dont l'unique glacis expire à environ 0 ni. 40 du second étage de la tour : l'étage des cloches.

Ce second élage est en pierres d'appareil dont les assises irrégulières couronnent même déjà le premier élage. Un cavet est la seule moulure qui fasse le départ enlrc les deux, étages. Aux quatre angles de la base du second élage, une pierre taillée en biseau sert de congé entre cette moulure et la paroi perpendiculaire de la tour. Les ouïes sont, sur chaque face, deux arcades jumelles en plein cintre. Leurs sommiers juxtaposés sont reçus sur un pilier rectangulaire, cantonné de colonnes engagées cl à chapiteau feuillu, et les deux autres sommiers, sur un pilier cylindrique engagé également dans les piédroits des angles. Seuls, les piliers cylindriques de la face Ouest ont des chapiteaux. Une série de boudins et do gorges en retrait séparés par des filets forme les voussures de ces arcades qui sont refendues à leur tour en deux baies. L'allège de ces baies joue le rôle de garde-fou. — Un mot de chaque façade. A la façade Ouest, les petites baies sont en arc trèfle ;


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h trumeau est une colonne dont le cha^ pileau est à crochets ; la balustrade a quatre arcalures Irèflées. Aux trois autres façades, le trumeau prend l'allure d'un meneau. Le tympan est ajouré des soufflets et des mouchettes chères au style flamboyant. A la façade Sud, la balustrade est de même genre ; les deux premiers compartiments sont moins fleuris que leurs voisins. A la balustrade de la façade Est, deux compartiments similaires ; le troisième est un trèfle inscrit dans un cercle logé lui-même dans un carré ; le qualrièmemanquc. A la façade Nord, une des voussures est un arc entierspoint. L'allège est élégante, toujours en flamboyant ; cnlre les deux premiers compartiments, le montant porte un minuscule contrefort ornemental; l'autre montant est sculpté d'un balustre gracieux. Une moulure uniforme orne les impostes des supports des baies.

- A partir de cette moulure, aux quatre coins du clocher,, une. colonnette dont le chapiteau

. .est resté épannelé rejoint l'entablement fort

simple. Le toit est un pavillon en ardoises.

En somme, le clocher est du XII" siècle ;

les additions postérieures n'en allèrent pas

le caractère général.

Autrefois, trois cloches se donnaient la réplique dans celte belle tour. Une seule y lance aujourd'hui son monologue de majestueuse sonorité. Elle a remplacé, au siècle dernier, une cloche sur laquelle était gravée une inscription dont le relevé fut confié à M. Férct, mais non à la postérité. Les archéologues seraient reconnaissants à qui communiquerait celte inscription relatant un parrain de haut lignage.


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L'impression que nous éprouvâmes eli entrant dans l'église de Noinlcl futdesmeilleurcs. Le vaisseau est vaste et éclairé. Les nefs ont été voûtées en briques et plâtre leinlé avec culots et clés, système Colas, il y a vingt-trois ans. L'ancienne voûte en bois était plus élevée el n'a pas été détruite.

De peur de perdre du temps autour de morceaux truqués ou de chapiteaux maquillés, nous allons droit au clocher. Il est voûté en ogives. Pas de clé de voûte. A dix mètres environ du sol, les arcs rayonnent autour d'une ouverture circulaire par où l'on peut monter ou descendre les cloches. Les arcs diagonaux sont de larges bandeaux accostés de deux tores.

Les deux travées carrées du choeur sont voûtées en ogives. Les nervures ont le profil général des moulures gothiques. Première clé : une couronne de feuillage ; deuxième clé : une rosace de moindre module. La retombée des arcs s'effectue sur des piliers composés à colonnes ; plusieurs ont élé coupés à hauteur d'homme pour poser des stalles. Les chapiteaux, de relief médiocre, sont des feuillages. Les chapiteaux de l'entrée du choeur sont différents. Ils semblent plus vieux : celui de droite porte une timide volute de feuillage sous une abaque à chanfrein. La corbeille de celui de gauche est à peine creusée. — Le choeur n'est plus clos, comme jadis, par un chancel de bois qui, sur le devant,.s'ouvrait par une porte surmontée d'un crucifix. Ce crucifix était fixé à une tige de fer qui pend


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encore à la voûte haute de neuf mètres. Les deux chapelles où l'on découvre, ainsi que d.uis le choeur, la bande noire d'un litre, sont voûlécs en ogives ; mais, leur largeur étant très restreinte, les voûtes sont barlongues. Dans la chapelle Saint-Yaast, première clé de voûte : une rosace à trois feuilles ; seconde clé : tête encapuchonnée et très plate ; en l'épaisseur du mur, une piscine trilobée. De même dans la chapelle de la Sainte-Vierge où la deuxième clé est une. rosace.

De cette' chapelle, on pénètre dans la . sacristie qui est une ancienne chapelle aussi. Elait-elle réservée au seigneur du lieu ou était-elle une des deux chapelles dont le pouillé du diocèse parle en ces termes : « Capella de Nointello noviter fundala. Patronus episcopus belvacensis. Capella alia in eadem ccclesia, etc. ? » (1). Celte sacristie a G m. 75 de longueur, .2 m. 60 de largeur et 5 mètres de hauteur. Elle a deux travées voûtées en ogives dont les sommiers sont portés sur des culs-delampe sculptés ; à droite, un personnage chevelu, à mi-corps, tenant un livre dans ses deux mains ; à gauche, une tète demoniale. Les nervures des arcs ogives sont un simple canal elliptique, comme dans le collatéral de l'église de Noroy : leurs clés sont un écusson gralfé el une rosace à huit feuilles. Le tout remonte vraisemblablement au commencement du XV siècle. .. Le vestiaire de la sacristie était-il riche avant la Révolution? Nous devrions l'apprendre d'un inventaire dressé le 14 ven(ï)

ven(ï) de l'Oise, série G, 2.353.


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démiaire an 3, vu l'affiche du district révolutionnaire de Clermont en date du 2 du dit mois, ordonnant « la vente des ornements des cy-devant églises paroissiales du district ». — Donc, le 1'(■ vendémiaire de l'an 3, les citoyens Lespinetlc, maire, Fcinc, Broissart, Drouard, officiers municipaux de Noinlcl, Lcjeune, agent national, et Dclmart, secrétaire-greffier, se transportèrent dans « la cy-devant sacrislie de la cy-devant église » « pour faire l'état des objets » qu'elle renfermait « el ensuite les faire parvenir au district ». Sans nous livrer à une énuméralion fastidieuse, notons un ornement complet « en étoffe de soie fille el argent en couleur blanche el parements rouges » ; un ornement blanc « broddé de différentes couleurs avec un galon dorré» ; « une chasuble, un voile et une manipule bleu el blanc argenté » ; une chasuble « de damas rouge garni de galon dorré. » (1 ) Alors, d'où provient la belle chasuble du XVI" siècle que l'on vient admirer à Noinlel et que l'on peut comparer et préférer à celle de Cléry (Loiret) ? Elle n'aurait pu être omise en l'an 3. D'autre part, elle ne peut être désignée dans ces autres mois sommaires « deux chasubles rouges ». Quoi qu'il en soit, M. le chanoine Marsaux, fin connaisseur en ces matières, l'a décrite en quelques lignes que je reproduis avec sa bienveillante autorisation : « L'étoffe de fond, — nous doutons que ce soit l'étoffe primitive — est de velours ponceau. La croix représente la

(i) Archives de l'Oise, série Q, Fabrique de Xuintel.


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.Crucifixion. Le sujet est brodé sur un fond à point natté. Le Christ, les reins ceints d'un linge, est étendu sur la croix. Marie et saint Jean se tiennent à ses côtés. La Vierge porte une robe rouge et un manteau bleu; saint Jean, une robe bleue et un manteau rouge. Au-dessous, dans un cartouche distinct, figure encore saint Jean. Il lient un calice à la main. Les sujets sont séparés par des arabesques brodées en bosse, sur ficelle. Au-dessus des sujets est brodée une coquille ; le sol est verdoyant, semé de fleurettes roses. Les vêtements des personnages sont brodés au point lancé, les carnations sont exécutées, plus finement peut-être, au point de bouture. La colonne

: de devant représente saint Laurent tenant son gril à la main. Il est vêtu d'une tunique blanche, d'une robe jaune. Au-dessous, on

; voit saint Etienne : il tient en main une palr.-.e et un livre. » (1).

Dans son Précis statistique sur le canton de Liancourt, Graves signale dans l'église de Nointel « les fonts baptismaux... ». (2). Ces fonts en pierre sont des dernières années du XIV siècle. Ils sont composés d'une, cuve baptismale proprement dite et d'une piscine qui lui est adjacente.

La cuve est octogonale (3). Elle mesure 0 m. 90 de hauteur et 0 m. 93 de largeur ;

(i) Le chanoine MA.HSA.UX, Anciens « aournemens » [Supplément), p. IO.

(2) Page 77.

(3) Sur le symbolisme probable de la forme octogonale dans les fonts, lire les pages 27 et 2S de l'introduction de l'Art religieux du Xlll* siècle, par MÂLE.


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chaque côté a 0 m. 38. Pour les observateurs postés en face d'elle, le premier pan esl contigu à la piscine. Chaque pan est limité par deux petites colonnettes polygonales, les unes, simples ; les autres, torses. La première n'a pas de chapiteau. A la deuxième el à la troisième, le chapiteau supporte un animal à tête humaine ; au quatrième, une tôle ; au cinquième, deux têtes, mais trois yeux seulement : un oeil servant à chaque lèle ; au sixième, une tête d'homme imberbe, coiffé d'une capuce ; au septième, une tôle d'homme barbu ; au huitième, une tète encapuchonnée. Sur les pans, des personnages en relief qui ont été mutilés par des iconoclastes stupides. Sur le premier pan : un personnage à longs vêlements, besace, main appuyée sur un bâton. Sur le deuxième pan. : une femme dont les cheveux couvrent, les épaules, les mains jointes, triomphe d'un dragon ouvrant la gueule ; —peut-être sainte Marguerite. Sur le troisième pan : un évoque mitre à dextre bénissante, vestiges d'une crosse ; — peut-être saint Vaast, patron de l'église. Sur le quatrième pan: une femme ; à gauche, une roue ; à droite, à ses pieds, une tète humaine ; — c'est sainte Catherine. Sur le cinquième pan : restes d'un costume monastique avec une ceinture en corde à noeuds. Sur le sixième pan, le baptême de N.-S., scène qui déborde sur le septième pan où un ange lient un vêtement. Le huitième pan est rempli par un des côtés de la piscine. — Le haut île ces compartiments est orné d'arcalures, entrelacs d'arcs bombés. L'aboutissement des arcs


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e;l sculpté de feuillage frisé. Dans les arcs brisés issus du croisement des arcs bombés s'élire un trèfle pointu. Le premier et le septième pan ont trois arcs brisés ; les autres, deux. Aux bases des petites colonnettes et sur le soubassement se développent les moulures typiques de l'époque.

La petite piscine a la même hauteur que la cuve baptismale ; elle n'a que 0 m. 38 de largeur ; les côtés ont 0 m. 16. Là aussi des petits piliers ; mais deux piliers encadrent deux faces. Après le septième pan de la cuve baptismale on remarque un pilier : c'est une tour avec emmarchement menant à une porte gothique ; au-dessus, une fenêtre carrée, des créneaux et un dôme. Sur le premier côté, un personnage long vêtu avec un livre pour attribut. Second pilier : colonnetle au sommet jle laquelle est perché un griffon ; sur le'second côté : un personnage présentant un calice ; c'est saint Jean. Troisième pilier : colonnette sur le chapiteau de laquelle est juchée une bêle à face humaine. Sur le troisième côté : un personnage dont la main gauche soutient un livre ; dans sa main droite :, une grosse clé ; c'est saint Pierre. Mêmes arcalures qu'aux fonts ; mais, — ce qui n'existe pas sur les fonts — dans chaque triangle curviligne dessiné par l'entre-croisement des arcs bombés, un motif de sculpture : une chimère, une tête d'homme, une rosace, un homme barbu, une chouette et une rosace à cinq feuilles.

La piscine ni la cuve n'ont leur couvercle primitif.

Enfin n'omettons pas une vieille statue


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en bois de saint Vaast, peinte sans art, qui se silhouette dans l'embrasure de la fenêtre de la façade principale.

Au sortir de l'église, les excursionnistes essaiment en deux groupes. L'un va saluer la Magnon, déité solitaire en son décor sylvestre, néréide au temps des bassins du château de Nointel, rétrogradée au rang des dryades depuis que sont comblées les pièces d'eau. Masque verdi sur lequel j'ai mis irréveremment un nom. Galatée — ainsi s'appelle la nymphe énigmatique — n'endèvera pas, je gage, et ne m'en voudra pas d'avoir percé le mystère de son passé. Et puis, après tout, elie est en pierre !

L'autre groupe dévale la rue qui se dirige vers Catenoy tout en devisant de l'histoire de Nointel. El d'abord de la cure. Dépendant du doyenné de Pont, elle était à la nomination de l'abbé de Sainl-Germer. En mai 1539, Pierre Bollé, était vice-gérant de la cure (1). En 1618, Jean Sellier, curé de Nointel, el son vicaire Jean Mareschal déclarent à l'évêque alors en visite pastorale que l'abbé de Saint-Germer prend les trois quarts des grosses dîmes elle seigneur de Nointel, l'autre quart ; à charge pour tous deux de fournir les livres d'offices au prorata de ce qu'ils perçoivent. En 164-8, mourait M" Charles de Rebergues, curé. Son successeur fut M" François Scyoult (2). La fabrique de l'église n'était pas sans ressources. En 1791, elle touchait de divers particu(i)

particu(i) de l'Oise, 11. ii3a. yz) lbid, G, 2'àoô.


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liers des rentes dont le total était de 255 livres 19 sous. Le fermage de ses terres, vignes et bois, etc., montait à 102 livres 12 sous, comme il appert d'un «mémoire . fourny au bureau du directoire de Clermont » et signé par les officiers municipaux : Lcspinetle, Lejeunc, Lefèvre, Moreuil (h. L. Noël. Sénéchal, maire, et B. Goullel, greffier (2). Le 16 juin 1791, Bellanger, maçon à La Neuvilie-en-Hez, estimait la grange dîmeresse couverte en chaume à 388 livres, l'emplacement de la grange à 3 livres de revenu annuel et les vignes de l'église, sises à Nointel, à 7 livres de revenu annuel. Le 20 octobre de la môme année, les vignes de la cure furent vendues à Jean-Baptiste Poilleux (3), curé du lieu, pour 235 livres ; une grange appartenant à l'abbaye de Saint-Germer fut achetée'810 livres. Les terres de la fabrique furent loties pour 20.275 livres à cinq acquéreurs, parmi lesquels Lucien Choisi, clerclaïc de la paroisse. On vendit une remise dont jouissait le couvent de Saint-André. On fit 0.575 livres des terres dont la collégiale Saint-Rieul, de Senlis, était propriétaire. Ces deux dernières communautés avaient été substituées par échange, sans doute, aux propriétaires anciens, au chapitre N.-D. et à l'abbaye de Saint-Jean d'Amiens, à celui de N.-D. de Clermont qui,

(i) Ce jMoreuil doit être celui qui fut député de Nointel à l'Assemblée des Trois-Ordrcs, à Clermont, avec Poilleu, curé, et Arnault, notaire royal.

(2) Archives de l'Oise. Série Q, fabriquo de Nointel.

(3) A l'Assemblée des Ïrois-Ordrcs, le 9 mars 1789, à Clermont, il avait été procureur de Jean-Antoine de Clernet, chanoine de la cathédrale de Beauvais, chanoine de Saint-Michel de Balagny. Ci'. Comtes cngagisles de M. de LUÇAY, p. 162.


après y avoir eu hoslises, prélevait 21 sols parisis de rente annuelle, sur une maison et un jardin situé « sur la grande rue qui mène au puits à l'orme », suivant acte du 28 janvier 154-1, d'après une fondation de Jean Pintart (1). Un registre du XVIIIe siècle conservé aux Archives de l'Oise est muet sur les biens de l'abbaye de Breleuil à Nointel (2). Elle ne détenait donc plus ces biens,—dix mines de terres et vignes et dix setiers de vin — compris dans le temporel de l'abbaye suivant la confirmation qu'en contresigna Barthélemi, évêque de Beauvais, en 1164- (3).

Celte même année 1164- pour la première fois — à ma connaissance, du moins, — le nom de Nointel apparaît dans l'histoire avec Godcfioid, chevalier de Nointel, cité comme témoin dans un chirographe (4). Dom Grenier mentionne en 1218 un Jean « de Noenlel » parmi les feudataircs relevant .du comté de Clermont (5j. Plus tard, Odon de Nointel (6'. Le frère de celui ci, Oudard, eut 'in fils qui fit belle figure sous le nom de Jean Cholet cardinal de Sainte-Cécile. Sa biographie qu'il faut lire a été écrite par M. le chanoine Rlûller avec son talent habituel (7). Un des exécuteurs testamentaires du

(1) Bibliothèque de Clermont, mss. 24, folio 3G, venso.

(2) Série II, 1731.

(3) lbiil, série H, 1723.

(/l ) E. MUI.LEII, Vingt-neuf chartes originales concernant labbaye de C/iu<ilis. dans Comité arch. de Senlisl8c)l, tome VI, p. 27.

: j) Bibl. V, Coll. D. GHEKIEB, t. LIV, p. 35.

(lï) Callia Christ., tome IX, col. 78.I.

^7) E. MI;LLF.I!, le Cardinal Jean Chulcl, broçii. in-octavo, Beauvais, l'ère, l883,


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cardinal Cholet était Evrard de Nointel (4). En 1303, Nointel payait une redevance de 120 livres pour 20 sergents (2). Puisqu'il y avait 6 sergents pour 100 feux c'est-àdire pour 500 personnes, il faut admettre que Nointel comptait alors près de 1,700 habitants. Quoi d'étonnant ? Les représailles contre la Jacquerie n'avaient pas encore fauché en masse les habitants du plat pays. Breuil-le-Sec n'avait-il pas 2,500 habitants ? Breuil-le-Vert, y compris Rotheleux et Canettecourt, 1,500 habitants ? (3).

Au XIV 0 siècle, « Ydeuz de Nogenlel » est nommé dans une lettre de rémission de 1334- (4). La seigneurie consistait alors en fiefs et redevances, en un manoir avec tourelle et chapelle. Elle était partagée entre plusieurs familles dont les tenures étaient enchevêtrées. 11 n'entre pas dans le cadre de cette étude de démêler ces complications de fiefs. En 1373, le sieur d'Attichy tenait « du chastel de Clermont partie de sa maison à Nointel » — « les fiefs de Remint, d'Erquinviller, Hideux et Cressonsacq » tous fiefs séant à Nointel. Autres fiefs : le moulin de Nointel, à Tristan de Soisy ; un fief à Simon du Sart, quatre arrière fiefs comprenant deux fiefs dits de Vaudivoye, deux autres fiefs, un fief dit du manoir, tenus par Pierre, dit Hideux, de Nointel (5). Il y a lieu de croire qu'il faut chercher dans

(i) Le chanoine PIHAN, Hisl. de Saint-Just-cn-Chaussée, Beauvais, i885, p. gi.

(2) E. DE LÉPIKOIS, Recherches... sur le Comté de Clermont.... Beauvais, 1877, p. 3n3.

(3) Ibid, p. 3g3 et 3g4.

(41 Arch. nat., JJ 74, folio 22G, recto.

(y) Cf. DE LUÇAY, le Comté de Clermont, passim.


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le surnom de Pierre de Nointel l'origine du « Puits Hideux ». lieudit de cette commune.

« Le 7" jour de janvier 1454-, Madame Marie de Riencourt, héritière de Jean de Crapain et sa femme (1 ), qui à cause d'elle avait joui des fiefs dudit d'Alechy, releva un fief seulement à Nointel comme si tous les fiefs dont dessus parlé n'éloient qu'un. En l'an 1466, messire Guy de Neelle, sr d'Offémont et de Neesle disant avoir le droit de Madame de Vaux ;2), releva ledit fief de Nointel. — Le 5° jour de janvier 1473, monseigneur Jean de Neelle, fils dudit Guy, releva deux fiefs assis à Nointel. Le 6" jour d'août 14-76, damoiselle Louise de Neelle, fille dudit Jean releva deux fiefs à Nointel. — Le 12 juin 1480, Blanche de Neelle. fille dudit Guy et soy portant héritière releva la terre de Nointel et en fit hommage le 25 janvier 1486 et depuis elle a donné ladite terre à M. Charles de Contay, chevallier, son neveu qui en fut saisi en l'an 1497, le 4 juillet » (3).

La terre de Noinlcl passa ensuite aux de Humières, et « messire Jean de Humières, chevalier, seigneur dudit lieu, de Ronquerollcs et de Nointel » (4), fut appelé à la ré(i)

ré(i) do Biencom-t.

(2 ' Marie de Bieneouri, dame de Tartignv, l'Eglenlier, Nointel et Ilondainville épousa Jean, seigneur de \aux-enArtois, après la mort de son mari .Iran Polv, seigneur de Varicourt. Elle était strur de (iivelte de Riencourt. Cf. Anecdotes de la Ville cl du Comté de Clermont, Clermont, 1QOI, inoctavo, p. 3o.

(3). Archives de l'Oise, E. 3), folio 24, recto et verso.

(4). Etait-il parent de Charles de Ilumièi-es, abbé commendatairc de Saint-Martin-aux-Bois ? Cf. Arch. nat. S. G.2U2, troisième liasse.


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formation de la coutume en 1539(1).— ■< 27 janvier .1603, entérinement de la foy et hommage faite à Paris en la Chambre des Comptes le 9 août 1002 par François Ollier, notaire et secrétaire du Roy, des terre et seigneurie de Nointel et Ronquerolle relevantes du chasteau de Clermont et qu'il a acquise par contrat passé pardevant Saintes et Bergeson, notaires au Chastelet de Paris, le 26 juillet 1602, de M" Louis de Crevant, vicomte de Brigneuil, comme procureur de dame Jacqueline d'Humière, sa femme. —18 avril 1626, souffrance obtenue par dame Françoise Bouchier, veuve de M" François Ollier, seigneur de Nointel, au nom et tutrice des enfants mineurs dudit deflunt el d'elle pour l'hommage des terres seigneuries de Nointel et Ronquerolles, .Aulreville (2), Gicourt. Boulincourt et Béronne et des fiefs du Cocq, Gouverneur et Miresleras (3), le tout relevant du chasteau de Clermont et échu aux dits mineurs par la succession dudit François Ollier leur père. — 31 octobre 1629, foy et hommage fait par M0 Paul Hardier, mari et bail de dame Louise Ollier sa femme du sixième des dittes terres, échu à elle par . héritage de son père, François Ollier (4-) ». « Par acte du 6 juillet 1667. M" Edouard Ollier, chevalier marquis de Nointel (5),

(i). Cf. DE LijçAY, La Réformalion de la coutume, p. 70.

(2). François Ollier avait acquis la seigneurie d'Autreville, par décret du 23 mai IÛ23, sur la succession de la dame de la Porte.

(3,. Peut-être Mirclessart, à Boulincourt, communed'Agnetz.

(4). E. 39, folio 108, recto,

,5). Depuis 1334, au témoignage de M. DE LUÇAY, le Comté de Clermont, etc. p. 233, note 4 ; n'Expn.LT, Dicl. des Gaules, au mot Nointel, place cette érection à la date de septembre lC54, ce qui est plus vraisemblable,


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elc» « afaifrcgislrer les lettres de

foy et hommage par lui faille en la Chambre des Comptes à Paris le 29 et 31 may 1656 dcsdittes terres et seigneuries, érigées on marquisat par lettres du mois de septembre pareillement registrées (1) ».

La famille Ollier portait d'or au chevron de gueule chargé en chef d'un croissant d'argent surmonté d'un besant d'or et acconrpagné de trois grappes de raisin de sable à la bordure d'azur chargée de fleurs de lis d'or (2). Elle fut illustrée par le petit-fils de François Ollier que nous ne saurions oublier puisqu'il tut un archéologue et un amateur de la première heure. Charles François, marquis de Noinlcl, ambassadeur auprès du Sultan, en effet, profila de son séjour en Orient pour colligcr de nombreux spécimens de l'art antique. A son retour, il inaugura dans son hôtel la mode intelligente des galeries et des cabinets où s'abritent tant d'oeuvres remarquables. lia été étudié sous son double aspect de diplomate et de chercheur passionné par AL Albert Vandal, de l'Académie française (3). — Ce fui lui qui vendit à Louis Béchameil, secrétaire du Conseil d'ELat la seigneurie de Noinlcl qui resta 11-4- ans sans changer de maître. A preuve le registre déjà cité du comté de Clermont : « 4- juillet 174-9, foy et hommage faite en personne par M° Louis Claude Béchameil, marquis de Nointel, M° des Requestes honoraire, de l'hostel du

(t). Arcb. de l'Oise, E. 3g, folio l38, recto. (2). Cf. de Lt-ÇAV, op. cit., p. 263, note 4. (3). L'Odyssée d'an ambassadeur, un vol. in-octavo, Paris, Pion, T()o3.


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Roy, de la terre, seigneurie et marquisat de Nointel et des terres et seigneuries de Béronne en partie, Ronquerolle, Gicourt, Boulincourt, fiefs d'Offémont, Aulreville, Saint-Martin-aux-Bois, les Etournelles, Baillibel (Baillibel relève du fief de la Courdu-Boys) (1 ), Boullainvillier dit Gouverneur ou Breuillesecq, Aumont, Bouflaû (2), Courcelles, Villers-les-Catenoy » etc. etc., « la ferme de la Couarde, érigées on marquisat par lettres patentes du Roy données à Paris au mois de septembre 1654, registrées au Parlement et en la Chambre des Comptes à Paris, le 3 décembre 1055 et 29 mai 1656 el par autre lettre d'érection données . à Versailles au mois d'octobre 1697 registrées au Parlement et en la Chambre des Comptes et bureau des finances de Soissons, le 29 novembre 1697 (3), 27 février 1698 et 18 octobre 1701 pour le tout ne faire et composer qu'une seule et même terre, seigneurie et justice, unie aux titre et dignité et qualité de marquisat de Nointel à la charge de relever du Roy, une seule foy et bornage, aveu et dénombrement, appartenant audit seigneur suivant la donnation qu'il lui en a été faite par son contrat de mariage par feu M"'Louis Béchameil,. che(ll

che(ll fu-fde la Cour-du-Boys était mi-parlie à Cuignières, mi-partie à Breuil-le-Sec. Baillibel, Boullcau ou Bouffeau, Poullainvillers et les Etournelles sont sur le territoire de Breuil-le-Sci-.

(a-. Le lie!' Bouffeau fut cédé par échange à Charles Dautrav. le 18 octobre iG34, par Nicolas Lescuver, de Clermont. Il appartenait en 1667 à Edôuai-d d'Autray, écuyer, seigneur de Bouffeau et d'Aumont, capitaine au régiment d'Auvergm- qui en fit hommage le i3 juin. — Areh. de l'Oise, E. 3g, passini.

(3). D'EM-M.I.Y, Dicl. des Gaules, au mot Nointel, donne une date différente : le 11 novembre 1 G<|T.

XII


valier, marquis de Nointel, Conseiller d'Etal ordinaire et dame Hiacinte Leragois de Brelonvillier, ses père et mère, de moitié de la terre et seigneurie ayant faille rapport au partage passé pardcvant Laidegiri, noro à Paris, le 18 janvier 1749, entre lui d'une part, D" Hiacinle-Sophie Béchameil, Ve de M" Charles-Auguste Dallouvillé, marquis de Louville, gentilhomme de la Chambre du Roy d'Espagne, gouverneur de Coutray et Navarin, D" Anne-Julie Béchameil, V° de M" Louis-Joseph de Madaillan de Lespars, marquis de Montataire (1 ), ancien capitaine sous-lieutenant des gendarmes de la Garde du Roy, M° des camps de cavalerie, chevalier dé l'ordre de Saint-Louis, lieutenant pour le Roy au Gouvernement de la ville de Rennes, seigneur de Chauvigny, et D° Marie-Gabrielle Béchameil, fille de M" Hilaire-Louis Béchameil de Nointel, ancien lieutenant aux Gardes françoises » et de « D" Catherine de, Vaultier de Moyencourt,

son épouse Ledit seigneur de

Nointel héritier pur et simple et les dittes Des de Louville et de Madaillan et le s"' Béchamel héritier bénéficiaire dudit s' leur père et encore lesdites dames créancières de la succession, icelle moitié lui est revenue par led. partage à charge par lui de communiquer l'aveu de Nointel du 22 juillet 1614, celui de Ronquerolle du 5 octobre 1612,

(i). Il existe Bur la Maison de Madaillan un ouvrage de M. Maurice CAMPAGNE. Pour ce qui touche au Clermontois, l'auteur n'a pas toujours été bien informé, par exemple, dans une note de la page ig4, où il s'est trompé sur la date d'achat de la terre de Nointel par Louis-Henri-Joseph, duc de Bourbon qui en devint propriétaire en 1787, le l3 décembre. (Arcb. de l'Oise, E, marquisat de Nointel).


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le contrai d'acquisition de Nointel fait à titre d'échange du 31 août 1671, les dernières lettres d'érection du mois d'octobre 1697, les foy et hommage par lui faite en la Chambre des Comptes à Paris, le 6 février 1719 et l'extrait collalionné du partage » (1 ).

« 4 juillet 1749, foy et hommage par led. seigneur, des fiefs du chapitre de Clermont, Saint-Corneille, la mairie de Breuillesecq, Montières, Fouilleuse, Ensac, Francateu et Boileau non remis au marquisat de Nointel » (2).

« Du 10 avril 1756, foy et hommage par M" Claude-Louis Béchameil de Nointel, capitaine de cavalerie au régiment du colonel général, chevalier de l'ordre royal militaire de Saint-Louis, demeurant au château de Nointel, tant en son nom que comme fondé de pouvoir de demoiselle Louise-CalherineElizabelh de Nointel, fille majeure, pour raison des terre, seigneurie et marquisat de Nointel, de la terre de Courcely remis avec toutes leurs circonstances et dépendances à eux appartenant sçavoirled. s 1' de Nointel de 8/12 et ladite demoiselle de Nointel de 4/12 au total au moyen de la donnalion entre vifs qui leur en a été faille par M" Louis-Claude Béchameil, chevalier, seigneur marquis de Nointel et autres lieux, leur père, suivant acte passé au Chastelet de Paris, le 12 avril 1754 » (3).

Claude-Louis Béchameil avait une autre soeur qui n'est pas nommée dans le « Livre des foys et hommages », c'étaitElizabelh(i).

c'étaitElizabelh(i). 3Q, folio iu4.

12). Ibid.

(3,. Ibid, folio IGI.


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Louise, pensionnaire en l'abbaye royale de Saint Jean-Baptiste deMoncel, près de PontSainte-Maxence. Elle était aveugle (1). Quand il mourut en 1768. ses deux soeurs devinrent propriétaires indivisément du marquisat.. C'est ce qui ressort d'une assignation en réduction de vinage signifiée au nom de Joseph Lhotte, vigneron à Breuil-lcSec, aux deux soeurs, le 8 novembre

1770. (2).

L'aînée, Louise - Catherine - Elizabeth, demeurait alors à Paris, rue de Bourbon (3) paroisse Saint-Sulpice. Elle avait quille sa maison de Passy où, l'année précédente, un de ses voisins avait reçu confidence de ses embarras aggravés par son inexpérience des affaires et les machinations intéressées de sa famille et de son entourage. Celui-ci: Thomas-Eléonore Ribaut, était un homme de loi. Il avait bon coeur. Il prit en considération les ennuis de son aimable et digne voisine. Au vrai, elle était beaucoup plus âgée que lui. Le dévoûment de Ribaut n'en fut pas découragé : mieux que cela, il mua en un sentiment plus tendre. Et le 11 mai

1771, il épousait Mademoiselle de Nointel. Elle connut, enfin, la tranquillité, les douceurs et le confort d'une vie selon son rang. Ribaut gérait sa fortune avec habileté el fit de Nointel une propriété bien entretenue. Ces qualités d'administrateur arrachèrent

(i). Cf. Mémoire pour le sieur Ribaut de ATointel, gentilhomme du roi, Paris, Simon, 177Û, in-quarto de 74 pages.

(2). La copie du texte original est dans mon dossier sur Brcuil-le-Sec.

(3). Aujourd'hui rue de Lille. Cf. Topographie historique da vieux Paris, Région du faubourg Saint-Germain, Paris, Inip. nat'% J882, p. ig.


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leurs illicites profits à ceux qui, auparavant, exploitaient l'apathie des héritières de Noinlcl. Aussi ils intriguèrent, excitant madame de Nointel à demander la séparation sous prétexte que son époux dilapidait ses biens. Elle eut la faiblesse de ne pas résister à ces suggestions, s'enfuit du domicile conjugal et introduisit une instance en .séparation. Les juges rejetèrent ses prétentions mal fondées. Toutefois, les deux époux vécurent désormais chacun de leur côté : levoisin compatissant de Passy, méconnu et délaissé, fut payé d'ingratitude (1). Douze ans plus tard, il cédait la seigneurie de Nointel au prince de Condé, qui l'acquit pour son fils Louis-Henrl-Joseph de Bourbon, le 13 décembre 1787'(2).

]"]ri regard des grandes possessions du seigneur qu'avaient à culli ver les habitants de Nointel (ils étaient environ 800) ? 750 arpents de terres labourables ; 100 arpents étaient en vignes et 500 arpents en bois (3). C'était trop peu à leur gré : ils ne manquèrent pas de s'en plaindre dans leurs cahiers de 1789 (4).

Cependant, les excursionnistes ayant rallié leurs voitures, on gagne Catenoy en longeant une des terrasses de l'ancien château. Il regardait Courcelles. Il était bâti au pied d'une sorte d'amphilhéâtre de verdure

(l). Cf. Mémoire pour Ribaut de Nointel, passim.

(2). Archives de l'Oise, E, marquisat de Nointel.

(3). Voir aux Archives de l'Oise le plumitif de l'intendant de Soissons.

(4). Arch. de l'Oise, Cahier des doléances de la paroisse de Nointel.


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qu'il faut voir au soleil printanier, quand les feuilles neuves pointent aux arbres, ou en automne, quand toute une gamme de tons orangés, mordorés, rouilles, safranés et rouges esquisse dans les bois touffus les lignes harmonieuses de plans divers ; alors, une coulée de soleil à travers les futaies égayé les fonds un peu ternes et les arbres se découpent vigoureusement sur une buée légère. Mais en juin, pas de lignes, pas de percées de lumière, pas d'attaches de jour : rien qu'un amas confus et opaque de vert. Quelque chose comme Une forêt inexorablement compacte de ces petits arbres à frisures, de teinte monochrome et uniforme, que l'industrie du jouet livrait, il y a quelques années, comme décor rustique aux bergeries ou aux fermes pour rire.

Voici Courcelles où beaucoup de maisons ont un air d'aisance qu'on n'est pas accoutumé de rencontrer dans les agglomérations rurales. Ce village, en effet, était comme le prolongement du château de Nointel dont les seigneurs y avaient de grands biens, à preuve la liste des biens d'émigrés vendus dans la commune de Catenoy. Le 27 ventôse an II, un pavillon et ses dépendances fut adjugé pour 12.800 livres. Etait ce le « pavillon blanc » ? Un autre pavillon, pour 7.575 livres ; douze maisons, pour 36.600 livres ; un troisième pavillon « vulgairement appelé le pavillon rouge », pour 9.075 livres ; enfin, un autre pavillon, pour 7.200 livres, le 9 floréal an V(1).En exécution de lois successives, en particulier de

(i) Archives de l'Oise, série Q, Biens de seconde origine, Procès-verbaux, nOB 296, 2g7, 2g8 à 3og, 3io, i44°-


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la loi du 28 Ventôse an IV, des lois du 16 Brumaire an V. du 26 Vendémiaire et 27 Brumaire an VII, on vendit, sans y compter 17 hectares 592centiares aliénés pour 6.200 livres, 72-4 mines de terres, situées sur les terroirs de Calenoy et de Courcelles, au prix de 221.210 livres, toutes terres confisquées sur les domaines de la famille de Bourbon-Condé (1). A.utre propriétaire noble : Chreslien de Sainte-Berthe, le jeune. ■On acheta ses 4 mines 3 quartiers de terres pour 1.430 livres (14 Vendémiaire an 6) (2). « Trois mines de terre sur lesquelles étaient ci-devant un moulin » passèrent des mains du duc de la Rochefoucauld - Liancourt à celles d'un cultivateur de Fitz-James, pour 1.491 livrés, le 12 Nivôse an V (3).

Ces translations de propriété rendirent désormais sans objet les doléances que les habilanls de Calenoy, réunis le8 mars 1789 sous la présidence de François Payen, lieutenant de la prévôté et châLellenie de Calenoy, avaient consignées-dans leurs cahiers. Après avoir chargé Louis Prévost et LouisGabriel Bouchez d'être leurs porte-paroles à Clermonl, ils s'exprimaient ainsi sur leur territoire. « Il est très sujet aux intempéries des sa'sms par la faiblesse de scn sol, ce

(i) Il est sans intcri'l historique dï nommer les acquéreurs. Quanta la désignation des piceîs multiples et des dates, le E lecteur bénévole v me saura gré d'avoir opté pour son repos contre le respect de la statistique. Cf. série Q, procès-verbaux, n°= 5g à 71, 72 à gg, 409 à 4i2, 611, 6i5. 881 à 8S4, Q5I, 902, 971, io3i, i44o, i525, 1026, i534,i535, 1624, 1626, 1628,'i635, i63S, i644, ïo5g, i6gG, 1726. 1785, 1787, 1792, I7g3, 1812, 1820, 1864, 2098, 555, 678, g8i, 1029. — 11 faut ajouter la vente, le 4 mars 1811. de 11 pièces, conte-- nant 45 arcs, vendues 4*0 francs — (biens cédés à la Caisse d'amortissement).

(3) Ibid. 1780.

(3) Ibid. 7i4.


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qui l'expose bien des années à de chélives récoltes ». « Ce village est composé d'environ 500 communiants, lequel possède tout au plus un huitième des propriétés foncières, le surplus appartenant aux gens de mainmorte, Mgr le duc de Bourbonetdifférenls bourgeois. Malgré cela paie tant en taille, impositions et accessoires et capilation plus de six mil livres outre environ onze cent livres représentatif de la corvée ». El cependant il « ne jouit d'aucun avantage pour ses chemins ni l'exportation ses denrées aux marchés voisins » (1 )... « Demande la suppression des aides, la décharge des impôts du sel, du tabac, la suppression aussy de la marque des fer et cuirs», « que les impôts soient convertis en un seul ». Quoiqu'éloigné de trois lieues « de la capitainerie d'Alatte » leur sol est ravagé parle gros gibier, cerfs, biches, sangliers. Or, depuis environ vingt ans que les princes de la maison de Condé y viennent chasser, ils traversent les récoltes, causent beaucoup de dégâts sansindemniser personne. La paroisse déclare encore « que, malgré qu'elle paie une dixmc considérable et à raison de huit pour cent sur au moins les trois quarts de son territoire et le surplus à sept pour cent, ce quy luy coûte au moins six mille livres chaque année et que selon l'institution devoit servir à administrer le spirituel, à l'entretient de tout ce quy le regarde et à l'assistance des pauvres, malgré ce, nous payons encore parties des sacrements (?), les entretiens, les

(i) Clermont, Liancourt, Licuvillers.


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réparations d'églises (1), écoles et presbitaircs, nourrissons des pauvres, conséquemment nous payons deux fois » (2). A part quelques exagérations communes à ces sortes de documents, les habitants de Calenoy disaient vrai. Le plumitif de l'intendant de Soissons aide à contrôler leurs allégations (3).

Sans chercher l'endroit où s'étendaient 1 mine el 14 verges el demie de terre possédées « sur le bord delà voirie de Calenoy à Nointel » par l'église de Fitz-James (4), nous sommes bientôt à la « Voûte el audience » el à la ■/■ roule allant à l'église » (5) dont les parties les plus anciennes sont un spécimen remarquable du style roman. Woillez s'est complu à l'étudier et l'on ne saurait s'en rapportera un observateur plus sagaeo ((i).

L'intérieur de l'édifice est minable: les lambris de la voûte cintrée de la nef sont pourris en maints endroits : les murs sont couperosés par l'humidité car, du côté de l'Est et du Sud, l'église est au-dessous du niveau des terrains avoisinants. — A l'entrée du choeur, sur le pilier gauche, statue en bois (un mètre environ) de saint Vaast en costu(i)

costu(i) l'état actuel de l'église dalc de cette époque, on ne se ruinait guère en c réparations d'églisps n. '

(2) Areh. de. l'Oise, cahier des duléanecs de la paroisse de Catcnov. Dans les citations, le slvle et l'orthographe sont K al vif

(3) Cf. DE I.UÇAT, Un essai de statistique. etc., p. 35.

(4) Arch. de l'O'se, G. 3o3, Plan dressé en 1750 de la Chàtellenic de Gatenoy par Gondcl, planche 3o.

(5) Ibid., pi. 27.

(G) Archéologie des monuments religieux de l'ancien Beauvoisis, p. 17, 18, 19 et 20 et quatre planches.


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me épiscopal avec son ours muselé. Sur le pilier droit : buste en bois d'un saint issant des flammes el à dexlre bénissante ; dans la main gauche, une sorie de petit coffret dont la partie supérieure est arrondie et dans lequel il y a quelques débris de verre, — probablement un vieux reliquaire. Sous une épaisse couche de peinture blanche apparaît l'ancienne teinte bleue. Sur un pilier du clocher, à gauche, on remarque une statue en bois, du XVIe siècle (0 m. 54 de hauteur) ; c'est sainte Catherine avec ses attributs traditionnels : la tête du tyran, une roue et, dans la main droite, un livre. Sur le pilier droit, une au Ire statue en bois, de 0 m. 4-8 de hauteur : une sainte lient dans la main droite un livre sur lequel est posée une sorte de gerbe. Ces statues étaient autrefois polychromées et dorées.

Au- lessus de la porte d'entrée, un lableau de 1 m. 85 de hauteur sur -1 m. 22 de largeur.Un évêque en soutane violette el rochel avec l'élole rouge et la chape de même couleur à orfrois de tapisserie. 11 est précédé de deux clercs en surplis et tient sa crosse. A sa gauche, un vieillard s'appuie sur un bâton ; à droite, un personnage en bleu invite par son geste l'évêquc à pénétrer dans un édifice. Fond d'architecture. Sous l'enlevure d'une partie du lableau, peut-être des flammes. Au bas de ce lableau embu, les armes d'Elienne-René Potier de Gesvres, évêque de Beauvais en 1728, cardinal en 1750, démissionnaire le 22 mars 1772(1).

(i) DELEÏTUE., Ilist. du diocèse de Beauvais, tome III, p. 53p, et suivantes.


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Sur les chapiteaux des colonnes situées entre la porte principale et les arcades latérales de la façade, à l'inférieur, se dressent quelques statues en bois tout artisonnées et de hauteurs différentes. La moins vermoulue représente un chevalier terrassant un dragon. Quoiqu'il soit aptère, on peut conjecturer que c'est saint Michel, patron de l'église avec saint Vast. Le visage est • empreint d'une force tranquille. Les cheveux ondulés s'arrêtent à la naissance du cou. La gorge est protégée par un gorgerin ; la poitrine, par une cuirasse ; les cuisses, par une colle de mailles, des tasselles et des cuissards ; le bas du corps, par des genouillères et des jambières. Sur les hanches, un ceinturon et un baudrier. Chaussés de lourds solerels, les pieds grèvent le démon qui se débat rageusement. Une de ses pattes enlace la jambe droite de saiul Michel pour paralyser ses mouvements et se crispe en une dernière griffade à la frange du manteau qui est jeté sur les épaules du saint el maintenu par un fermail rond au haut de l'armure. Pas de casque ni de brassards ni de gantelets. Le bras droit, distors et réparé par un tâcheron inexpérimenté, brandit un glaive. Le monstre essaye de s'emparer d'un bouclier porté par la main gauche, bouclier semblable presque à un petit cartouche ornemental. Celte statue doit dater du XVI" siècle, car c'est la manière de l'époque. Elle est peinte en trois tons : jaune, bleu foncé et bleu clair. « Crudité gothique ! » aurait dit Théophile Gautier, au sens péjoratif du mot. Il-aurait pu répéter cette épithète en face du


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bariolage irrespectueux qui s'étale sur une statue de la sainte Vierge, dans la chapelle qui lui est dédiée au transept Nord. Qu'il soit pardonné, pour sa pieuse intention, au peintre en voitures dont le pinceau fut coupable de ces barbares sévices sur cette belle statue ! Elle mesure 1m. 95 de hauteur. Elle est traitée selon la formule que se transmettaient les ateliers au XIV° et au XVe siècle. La tète est légèrement penchée à gauche. Le visage grassement modelé est ovale ; le front, large et dégagé ; le menton, court et rond. La bouche, petite, se force à ébaucher un sourire préoccupé. Les cheveux sont recouverts d'un voile qui tombe un peu au-dessous des épaules et sur lequel est posée une couronne à hauts fleurons. Le corps est cambré, vêtu d'une robe talaire à plis montants et drapé dans un ample manteau. Le pied droit, le seul visible, est chaussé d'un soulier. Dans les cassures des plis, qu'il n'a pas craint de compliquer par place, l'artiste a atteint de gracieux effets. Sur le bras gauche de la Vierge' est assis l'Enfant Jésus. Il s'amuse avec une pomme. Sa physionomie éveillée et mutine est bien moins distinguée que celle de sa Mère dont la main droite tient une fleur.

Si un archéologue voulait tenter l'ascension du clocher, qu'il sache que pour s'y risquer il est indispensable d'être, sinon aérien comme un sylphe, au moins d'un poids plutôt faible et d'une agilité d'alpiniste ; au surplus, que la cloche a été refondue à Paris dans la première moitié duXIXe siècle. Il vaudra mieux pour lui explorer non loin de l'escalier du clocher pour retrouver


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'la pierre tombale que j'y ai découverte (1 ). Elle a 0 m. 65 de largeur sur 0 m. 60 de hauteur. De chaque côté est gravée une colonne ionique dont le bas est plein et orné d'une branche de feuillage ; le reste du fût est creusé de cannelures jusqu'au chapiteau. Les colonnes soutiennent une architrave enguirlandée de festons. Dans l'entrecolonnement on lit :

CÏ DEVAT G.IST ET REPOSE LE CORPS DE DEFL'CTE FRANÇOISE LE TIIELLIER, VIVATE

FAME D'HO.NESTE PSONE PllLES DUPRESSOIR [DÉC]ÉDÉE DE REGRETS LE 6" MAY 1 635 Por

[LA] MORT DE HIÉROSME LE TIIELLIER SON PÈRE LE 29 AVRIL 1635, LAQUELLE A DONÉ ET LÉGUÉ A L'ÉGLE DE CÉANS VINGT QUATRE SOLZ A LA CHARGE DU OBIT LE JOUR DE SON DÉCÈS ET DE REC05IANDER SON AME AUX. JOURS DES QUATRE KATAUX (2) ET DIRE LE DE PROFUND1S AVEC L'ORAISON DES TRÉPASSÉS.

Priez Dieu pour son âme.

Les fonts baptismaux pédicules (0 m. 88 de hauteur) sont ainsi constitués actuellement : une courte colonne sans base de 0 m. 50 de hauteur ; à la place du chapiteau est k cuve, vasque hémisphérique de 0 m. 85 de diamètre extérieur. Elle est sculptée à

(i) Notre zélé collègue, M. l'abbé Ronsmans, doit incessamment la déplacer pour en assurer la conservation. ^2) Pâques, Pentecôte, Toussaint, Noël.


m

sa partie supérieure d'une large couronné de lierre que semblent mordre des animaux fabuleux adossés deux par deux sur chacune des quatre pierres qui forment saillie aux angles el qui, peut-être, furent les chapiteaux de colonnettes accompagnant le pied central. Sur ce point, réservons expressément notre opinion comme sur la date de ces fonts, car des exemplaires analogues s'échelonnent sur plusieurs siècles à compter du XII". Quelque prudence encore siéra relativement au nom à imposer aux monstres des angles. Autant que l'usure de la pierre permet d'en juger, ce sont des hippogriffes, des dragons et des oiseaux fantastiques.

La paroisse de Calenoy, englobée autrefois dans le doyenné de Pont, aujourd'hui dans celui de Liancourt, a souffert beaucoup de la Jacquerie el des guerres, ce qui prive l'historien d'un certain nombre de documents. La perle des registres baptistaires et mortuaires est, en effet, constatée officiellement par le pouillô de 1707 où je vais puiser quelques renseignements (1). « Sentence d'officialité du 18 août 1572 quy renvoyé la. cause d'entre M.° Sébastien Fasquelle, curé dudit lieu, et M0 Pierre Poullet, prévost des maréchaux de l'Isle de France pour dixmes prétendues inféodées au juge royal »— « Sentence d'officialité du 8 novembre 1608 qui condamne Jean Le Coq, du hameau d Orcan de ladite paroisse, de pâier la dixme de deux muids

(i) Archivés de l'Oise, G. 2.353, au mot Calenoy.


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et dcmy de vin à Pierre Danse, fermier des grosses et menues dixmes dudit Castenoy pour Monseigneur de. Beauvais à raison d'un selier par muid. Sentence d'olficialité du 4 juillet 1609 pour ledit Danse contre Le Coq confirmative de.la sentence ci-dessus nonobstant l'appel qui est périmé ». Le Coq était processif. Il plaida, perdit, et, en sus des dîmes, déboursa le coût des débats (sentences du 13 novembre 1610 et du 12 janvier 1611). Sentence d'officialité du 11 septembre 1629 « contre Isaac de Grigny condamné à payer à Martin Taconnet, fermier des menues dixmes, la dixme des grosses febves et des chanvres ». — Sentence d'officialité du 16 juillet 1641 où intervient Ozias Le Roy, procureur et fermier de la seigneurie de Castenoy pour Monseigneur l'évêque de Beauvais. — « Ordonnance d'évêque du 5 octobre 1652 qui suspend a divinis Me Jean Ture'l, curé dudit lieu, à cause qu'il n'y réside pas et n'y commet personne après en avoir été averti plusieurs fois » — « Sentence d'officialité du 18 janvier 1659, portant condamnation contre Me Jean Séneschal de rendre ses comptes de marguillier et les titres de l'église ». — Sentence d'officialité du 21 janvier 1671 par laquelle Charles Bolé, fermier d'Orcamp, est condamné à paier à Me Pierre Thibault, curé de Castenoy, la menue dixme de toison, agneaux et cochons de lait » — L'officialité eut encore à juger une requête au sujet des offrandes faites « auprès des reliquaires, le 29 septembre, jour de Saint-Michel, montantes à douze livres » et que s'était arrogées le curé.


Î92

La collation de la cure appartenait au chapitre de Beauvais. Il usa de ce droit, le 9 juin 1610, en faveur de M° Jean de Monchy » (1).' Ce privilège lui était dévolu par suite de la largesse de Henri de France, mort archevêque de Reims dont le nécrologé de Saint-Pierre de Beauvais dit : « II nous donna l'église de Catenoy, deux muids de froment, un d'avoine et des droits de village » (2). Le chapitre fut gratifié pl'is tard par Milon deChastillon-Nanteuil, évoque de Beauvais. de « dix sous de cens à prendre sur un hôte de Catenoy » (3).'

Quelles étaient les possessions de la cure de Catenoy "? J'incline à penser que l'état des biens de première origine vendus pendant la Révolution à Catenoy ne nous apprend que peu de chose à cet égard. Il certifie la vente des biens dépendant du prieuré de Moyenneville(4 mars 1791) pour 750 livres (4) et de ceux dépendant de Sainl-Nicaise de Bresle pour 2.475 livres (5). Ce même jour, ceux de la cure de Catenoy furent cédés pour 250 livres (6'. Ne valaient-ils que cela ? La cure n'eût été guère pourvue. Ou bien n'était-ce qu'un lot de ces mêmes biens ? La cure devait avoir plus que les terres reçues de monsieur de Nointel quelque vingt-cinq ans auparavant,

(i) G, 2.353. Castenoy.

(2) c Ecclesiam de Castancdo et duos modios frumenti et unum avence et vinagium nobis contulit ». Gall. Christ. Tom. IX, col. 781.

(3) K Dédit nobis X solidos de censu super hospitem de Castenoi !■ Ibid. T. IX, col. 742.

(4) Arch. de l'Oise, Q. Biens de première origine, procèsverbal n" 109.

(5) Ibid. n'° 3oS. (G) Ibid. n° 3og.


— 193 —

'. par un échange conservé aux Archives de l'Oise. Le curé d'alors, François Luzuriez, se dessaisit en faveur de Ribaut de Noinlel dé quelques pièces sises à Catenoy : 15 verges « bordant le seigneur et d'autre part le chemin de Courcelles » ; 11 verges « lieudit au-dessus de la cavée de Creil » : « 8 verges un quart de vigne lieudit Blanpied ; »

— le tout appartenant audit siéur.,. en sa qualité de curé de Catenoy ». En compensalion, Ribaut de Noinlel donnait « 42 verges de terrain en jardin à prendre dans le jardin de la ferme de Fayel, proche et attenant d'un côté au mur du jardin du presbjv 1ère, d'autre côté au surplus du jardin de

'.laditte ferme, d'un bout au mur de l'église et de celuy dudit jardin de laditte ferme et d'autre bout par en-haut aux murs de clôture dudit jardin »-(1). Il était, en outre, loisible au curé d'entourer sa pièce dejnurs

-ou de haies. Ces' 42 verges étaient soumises à-un cens de 12 deniers. Ce fut convenu le 28 septembre 1777 « en présence de M" Pierre-François Legent, maître en chirurgie, et Antoine Feine, cardonnier. de Nointel » (2).

Un mot des autres propriétés des établissements religieux et hospitaliers. En 1750,, l'Hôtel-Dieu de Beauvais possédait à Catenoy au moins 55 mines de lerres et bo's

: (3) ; l'église d'Epineuse, 1 mine et 14 verges ; l'église de Maimbeville, 1 mine de terre (4) ; — l'abbaye de Saint Martin-aux(i)

Martin-aux(i) de l'Oise, G. 280, pièce sur parchemin. (2) Ibid. id. versus finem. .(,3) Ibid- G. 3p3. (4) Ibid. loco oitato.

XIII


194

Bois, plusieurs pièces (I). — En 1555, Sa'ml-Samson de Clermont jouissait à Calenoy 1") de 4 livres de rente parisis sur une maison « en la rue des Cordeaux » pour un obit applicable à Jean Gayant et à sa femme, fondé à la date du 23 février 1530 ; 2°) d'une rente sur un jardin, sur une masure et sur 24 verges de terre (2) ; 3°) d'une partie de 10 livres de rente sur 7 mines au « marché Michault », du côté de Saint-Antoine (3) et de 22 sols à prendre àVillers lesCalenoy sur un demi-arpent et sept verges de terre (4), au lieu dit « la Froide Fontaine ». Sur la planche 25du plan de la châlellenie auquel je me suis référé ci dessus « la Froide Fontaine » est marquée près du « Buha » el des « Vignes blanches » sous les « Violeltes » et le « Hay ». Près de là, un autre triage s'appelle « Froide-Fontaine » ou « les Ruillols ».

Le chapitre de la collégiale de Clermont louchait au XVIIe siècle, pour dix-huit ans de censives sur l'étendue de son fief Bidaut, 60 livres 12 sous (5*. Il avait droit sur une maison de Courcelles à une renie foncière de 12 livres 10 sous que les assujettis oubliaient quelquefois de payer, car, en 1708, on remit gracieusement 84 livres 15 sols d'arrérages à Louis Pol, de Sénescourt, et à la veuve Leroy, de Calenoy (6). Le seigneur de. Noinlel était débiteur envers le chapitre de 600 livres de rente annuelle due sur la

(i) Arch. de l'Oise, G. 3o3, pi. 3o.

(3) Livre vert de Saint-Samson, folio 34, recto et verso.

(3) Ibid. folio 44, verso.

(4) Ibid. folio 52, verso.

(5) Bibl. de Clermont, Mss. n, art. V, p, 29 à 34 inclus. (G) Ibid. passiin.


09S ,—

terre du marquisat (1 ) en échange de bois, des fiefs « Nonlieux » (?) el « Pouilleuses seis à Breuil-le-Sec et Crapin. » (28 juin 1659).

Le chanoine Lelourneur dans ses recettes de 1768 inscrit à l'avoir du chapitre de Clermont une somme de 630 livres versée par Boucher, fermier delà seigneurie de Catenoy, et représentant neuf années de redevances dues par l'évèque de Beauvais au chapitre de la collégiale Notre-Dame. Quelle était l'origine de cette redevance ? Le désir d'éviter des procès. Ceci n'aurait rien de surprenant si nous ne savions qu'au même mo - ment les chanoines se montraient sous un jour moins favorable el se chicanaient entre eux sans relâche'(2). Pourquoi celle différence d'altitude ? Tant d'acrimonie pour des collègues, el, au contraire, tant d'esprit de conciliation envers le seigneur de Catenoy ! Eclaire qui pourra ce point de psychologie. Il arriva donc que, le chapitre souhaitant la paix, « par devant Nicolas Ha■n'ynelPierre Houppin, notaires, gardenottes du Roy, tabellions de Beauvais et de la prévôté d'Angy, furent présents illustrissime et révérendissime messire Nicolas Choart, évêque et comte de Beauvais...., d'une pari, et vénérables et discrelles personnes maistre Pierre Savary, prévost et- chanoyne en l'église collégiale de N.-D. » el « Jean Hachette aussy chanoyne à ladite église et.'.. receveur d'icelle, procureur spéciale(-j)

spéciale(-j) ] r, p. 44.

(2) Lire dans les Procès-verbaux de la Société arch. el hist. :de Clermont, année 1902, p. 57 à 68, le résumé d'une.communication de notre érudît confrère, 51. LÂCHAIS.


«—■4 96 —

ment fondé du chapitre de la même église pour l'effet des présentes par acte capitulai rc » du 12 novembre (1). Il fut exposé que « depuis plusieurs années il y a eu différent entre les receveurs de Nosseigneurs les évèques de Beauvais et ceux dudit chapitre au sujet de ce que audit évêché à cause de la seigneurie de Castenoy appartient le droit de grosses dixmes en la plus grande et meilleure partie de la parroisse dudit Castenoy et qu'audit chap 0 appartient aussy un droit de grosses dixmes dans l'étendue de cinq fiefs mouvans et relevans du comté de Clermont, lesd. fiefs appelés communément Piennes, Rozoy, Boileau, Fourchaux, Fourcevillc, Vaux et de Roye. Les héritages dépendans et tenus desquels fiefs sont enclavés dans la seiglic et dixmage appartenant audit seigneur évêque à cause de son dit évêché ». Des conflits s'étaient élevés plusieurs fois entre les fermiers des dîmes ; des procès même avaient suivi, par exemple, en 1642, entre le chapitre el « Adrian Prévost lors receveur de ladite seigneurie ». L'évèque était venu à la rescousse et, devant le Parlement, avait prétendu que les chanoines n'avaient pas « une si grande quantité de terres sujettes à leurs dix mages qu'ils le prélendoient ». Pour couper court à de semblables contestations on adopta les stipulations suivantes : le chapitre se démet de ses droits ; partant, « sera tenu ledit évêque et ses successeurs acquit(l)

acquit(l) délibération eapilulaire fut prise par Pierre Savary, Quentin de Fourcroy, François Hévin, Jean Hachette, Charles Thouret, Pierre Delavenne et Jean de Pissy. Cf. Arch. de l'Oise, G. 280, deuxième pièce, papier.


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■ter ledit chapitré d'un muid de blé et quatre mines d'avoine vers le curé de Castenoy... à.quoy ledit chapitre est obligé vers luy suivant et conformément aux concordats et jugements faits et "rendus entre le dit curé iët le chapitre, el non plus avant ». « En outre, .ledit seigneur évêque promet et sera tenu faire payer à l'avenir annuellement au jour de Saint-Martin d'hyver.. '. la somme.dé

somme.dé livres... Fait et passé àjBeauvais en l'hostel épiscopal du dit seigneur évêque par devant lesd.not™ 5 royaux... lé mardy « 18" jour de novembre mil six. cent cinquante neuf » (1).

-...'■. Si l'évèque de Beauvais avait des obligations comme seigneur de Catenoy, il avait aussi des profits, témoin les baux des dîmes de la châtellenie. Les dîmes étaient parfois affermées en entier ou en plusieurs portions. En 1570, bail des dîmes de grains, vins .et .-villages moyennant 45 muids de vin et le paiement des charges (2). En 1636, bail de neuf années moyennant 1.400 livres tournois (31. Le 10 juillet 1644. bail moyen-' nant 2.100 livres et un muid de vin du crû deBailleval ou de Béthencourt (4). Le 29 novembre 1713, François deBeauvilliersde Saint-Aignan, évêque de' Beauvais, baille pour neuf années à Philippe Boucher, culti.vàteur à Catenoy, tous les revenus de la

(i) Arch. de l'Oise, G. 280, première pièce, papier, passim, ,(2) Ibid. G. 2S2. *

(S) Ibid. G. 281, parchemin. - ■ :(4) Ibid. même liasse,


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seigneurie : « bois, dîmes, censives, villages et autres droits tant à Catenoy qu'à Bailleval el Bélhcncourl » à la seule exception des aubaines, confiscations, relief, quint cl requint (1). En 1728, bail d'une portion des dîmes moyennant 1.550 livres de redevance principale. Le preneur assume la redevance envers le curé, le chapitre de Clermont el, de plus, \ww redevance de deux muids de blé et un muid d'avoine « mesure de Catenoy » (2). Il donnera au garde de la châlellenie 75 livres pour ses gages. Sans préjudice de ces charges qui ne dépassaient pas 500 livres, il était obligé de couper les bois » par coupe ordinaire... à taille ronde... sans les « chouqueter »..., de laisser en chaque arpent « le nombre de baliveaux prescrits par l'ordonnance, selon qu'ils seront choisis et marqués par le garde et récolés par le verdier ou autres officiers » de l'évoque, « les étalons de bois de chesne s'il se peut du plus vif,.. venant de pied et non sur souebe ». Il devait, chaque année, deux corvées avec charelle et chevaux pour « voilurer les mallérau.v nécessaires pour les réparations du choeur de l'église de Catenoy et de la petite salle el bâtiment qui est proche la dite église que ledit preneur entretiendra de tous menues réparations » (3). En 1736. 1746, 1754, 1765, autres baux à Louis Boucher, procureur fiscal de la châlellenie. Au même encore, en 1773, un bail

(i) Arch. de lOisc, G. 281.

(2) Selon GaAvr.s, Précis statistique sur le canton de Liancourt, p. i4~, la mesure de Catenoy consistait dans les l4/i3 de celle de Clermont ainsi évaluée : <-■ muid de 3 sacs ; sac de de 4 mines ; mine de \ quartiers ; quartier de 11 pintes 3^8. s Le muid égale 5 hectolitres 08,ôo.

(à) G. 282,


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plus intéressant : il.s'agit d'une portion des dîmes, grains et vins, avec, en plus, « toutes et une chacune pensives (I ) tant en argent, grains, poulies, chapons, villages et autres redevances » à cause des maisons, « mazures, jardins, terres labourables, vignes, prés, bois et autres héritages » mouvant de l'évèque de Beauvais, compris dans lachâtellenic de Catenoy, « membre de son comté-pairie de Beauvais, el les droits de lods et ventes » (2). Dans cette pièce il est spécifié que l'évèque reçoit « 2 sols de cens et 18 mines de bled froment pris du meilleur, bon, sec, net, loyal et marchand de surcens » dus, chacun an, au premier janvier, par François Lesguillon, meunier « d'un moulin à vent nouvellement construit (3) sur quatre, arpents de terre sur la montagne de Catenoy » (4). Ce moulin avec le « Moulin Fondu » elle « Moulin Sarrazin » animait un peu le paysage (o\ Les agents de l'intendant de Soissons, en 1787, n'en virent que deux rapportant 600 livres (6). Graves parle du « Moulin d'en-bas » et du « Moulin-Rouge » sans négliger celui du camp de César (7). Aujourd'hui, il n'y en a plus du tout. Que les amis du pittoresque en fassent leur deuil ! Certes, les meuniers furent sages de délaisser leurs meules. Il n'y

(ï) Cette portion était louée, en 1700, pour 100 livres à Louis Cottu, procureur du bailliage de Clermont. Arch. de l'Oise, G, 382. ' (2) Ibid, G. 282.

(3) GIIAVES, op. citai, p. i3o, dit qu'il fut construit eu 1.76g et qu'il y en avait un autre, près de là.

(4) G. 282. '

(5) G. 3o3, pi. 16.

(6) Cf. DE LUÇAY. Essai de statistique, etc, p. 34.

(7) Op. citât, p. l35.


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avait rien de lucratif à attendre le bon plaisir du vent ; d'autant que tout le monde n'a pas le goût de tirer des coups de fusil dans les ailes d'un moulin pour les mettre en mouvement lorsque le vent est en grève, moyen d'ailleurs inefficace, bon, sans plus, à jeter sa poudre aux moineaux qui s'en rient.

Comme à Nointel, les biens d'église sis à Calenoy avaient changé de maîtres au cours des siècles, au moins ceux de l'abbaye d'Ourscamp. En effet, en 1197, Raynaud Herlis avait renoncé en faveur des cisterciens de ce nouveau monastère au champaft de certaines terres, tenu en fief de Guillaume de Villers (1).En 1202, Pierre de Villers, à la veille de partir pour la croisade, « Iherosolymam profecturus », leur avait pareillement fait aumône de 29 setiers de vin et 3 sous el 0 deniers de cens qu'ils lui devaient |2'i. En mai 1213, Philippe de Dreux, évoque de Beauvais, arrondit le temporel d'Ourscamp de son clos de Catenoy, acheté par lui à Jean, prévôt de ce lieu, à charge envers l'évèque de Beauvais de 12 deniers de cens exigibles à laSainl-Remi. Le vin du clos était destiné à la consommation de la communauté. On ne devait pas mouiller ce vin sauf, pour les moines, licence de le mélanger avec de l'eau pendant les repas : « nec aqua vino admiscealur nisi bibentes propria virtule voluerint admiscere ». Le jour où il sérail avéré que le couvent ne

(i) Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie, tome VI, Cartulaire de Notre-Iinme d'Ourscamp, publié par PEinxÉ-DELAooiîiiT, p. iGG.

1^2) Ibid. p. i54.


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boit pas ce vin, le clos reviendrait à la mense épiscopale (1 ). En 1247, le chapitre de Beauvais confirma à Ourscamp la possession, à Catenoy, de vignes, d'un pressoir et d'un manoir : « vineas, pressorium cum manei'io » « in territorio de Castanelo.» (2). Au mois d'août 1277, Philippe III le Hardi ratifia de même de nouveaux acquêts : 11 arpents de bois, tenus d'Adam de fille, et -4 arpents de vignes donnés par Théobald de Cressonsacq (3). J'ignore ce qu'il advint de ces terres après le XIV siècle.

Las ! ce qu'on voit de mondain Jamais ferme ne se fonde !

Cette mélancolique réflexion de Ronsard nous vint aux lèvres en suivant la« rue de la place conduisante à Saint-Antoine » (4) et qui existait déjà en 1378 (5). Rien n'a survécu de la maladrerie de Calenoy ni de de la chapelle Saint-Vaast et de son cimetière (0) autrefois en bordure de la route de Compiègne, près de la Commanderie de Saint-Antoine dont non-; apercevons les hauts bâtiments et la chapelle.

La chapelle est de la fin du XVe siècle. Sur le côté Sud était l'entrée principale ménagée en ressauts successifs. Dans les vous(i)

vous(i) d'Ourscamp, p. iS3. (a) Ibid. p. 85.

(3) Ibid. p. 332.

(4) Arch. de l'Oise, G. 3o3, planche XVI.

(5) c En aianl la grant rue devers S. Antoine «,DE LUÇVY, Les droits seigneuriaux du comté de Clermont. . ., p. 36, Beauvais, Père, iSGn.

(6) G. 3o3, pi. XVI.


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sures grimpaient de légers rinceaux de feuillage où picoraient des monstres ailés. Ce portail étail élevé et abrité par un gable ajouré. Toutes les sculptures sont aujourd'hui dégradées ou tombées. Les piédestaux sont veufs de leurs statues. On a la sensation d'une ruine encore ou d'un ouvrage interrompu encours d'exécution. Sur le mur, cinq contreforts à pinacle et trois baies à arc brisé bouchées! Au côté Nord, trois baies également, quatre contreforts à pinacle ; en plus, une porte basse à arc en anse de panier. Les moulures creuses de l'archivolte s'écartent au sommet de l'extrados en une accolade surélevée dont la pointe est remplacée par une large courbe; chaque imposte s'appuie sur un ange. L'entablement très simple court tout le long de l'édifice. Sur les pignons, il forme bandeau et arase du fronton terminal. Entre ce bandeau el le sommet des pignons, un ceil-deboeuf ; au-dessous, une grande fenêtre à arc brisé. Sur les pierres où finissent les pentes des rampantsdu pignon Est estsculplée, dans un écusson, une croix grecque pallée. Au pignon Ouest, une petite tourelle dans laquelle s'empilent les marches d'un escalier à vis. L'intérieur de la .chapelle sert de grange. Sur les murs, les sommiers à moulures concaves des voûtes détruites. I es voûtes s'amorçaient directement sur la paroi, sans chapiteaux ni colonnes.

La chapelle est enclavée dans une ferme à laquelle on accède par une porte charretière en arc surbaissé. La clé de cet arc est ornée d'un motif héraldique : deux anges soutiennent un écusson cime d'une mitre


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et d'une crosse. L'écusson est écartelé. ' Dans le premier quartier : une sorte de tau ou de béquille en forme de T. C'est le blason de l'ordre hospitalier de Saint-Antoine fondé, en 1095, par Gaston, seigneur de la Vallière et par Gérin, son fils, sous l'invocation de saint Antoine de la Thébaïde dont le corps avait été ramené d'Orient en Dauphiné, à la Molte-des-Bois, aujourd'hui Saint-Antoine. L'ordre, voué au soin des malades el des pèlerins, eul un grand maître en 1120. Réformé en 1202 par Innocent III et en 1297 par Boniface VIII, il se propagea, sous le nom de Saint-Anloine-de-Viennois (■!). Charles V lui donna une maison à Paris ; de cette maison dépendait la commanderie de Catenoy. Dans plusieurs blasons de l'ordre paraît le tau. notamment, en 1495, un tau d'azur sur champ d'or (2). En 1484, le sceau de Saint-Antoine de Bailleul porte un. tau (3). Dans cet emblème M. E. Mâle voit une béquille rappelant que « les frères s'engageaient à consacrer leur vie aux infirmes » (4). Tau ou béquille, cet atlribut est l'armo'irie ordinaire de SainlAnloine-de-Viennois ; et cela seulement nous importe.

Malgré quelques adaptations modernes, le logis — comme l'accueil courtois de ceux qui l'habitent—sentie bon vieux temps. Il est accosté d'une tour. Jusqu'au premier étage, elle est en pierre ; ensuite, en brique.

(1) Cf. VICTOR AJJVIELLE, Hisl. de l'ordre hospitalier de SaintAnloinc-dc-Viennois, Première partie, Paris, i883, in-octavo de 235 p., passim.

(2) Ibid. p. 42.

(3) G. DKMAT, Le costume d'après les sceaux, p. 4o3.

(4) L'Art religieux au Xlll* siècle, p. 33a. ' . ; , ■


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Elle renferme un escalier à vis. Pas de rampe ; la main courante est creusée aux dépens de la cage circulaire ; c'est une gorge profonde aux bords arrondis. Dans l'intérieur de la maison il y a les grandes cheminées d'anlan, au large coeur, aux vastes hottes ; au-dessus du toit, les conduits d'échappement sont mi-partie pierre, mi-partie tuiles. L'aspect monumental de ces cheminées n'est-il pas compensé par quelques inconvénients, contre lesquels je présume qu'on peut se prémunir en lisant « la Caminologie ou traité des cheminées contenant des observations sur les différentes causes qui font fumer les cheminées » — oh ! combien ! — « avec les moyens pour corriger ce défaut » par un charitable bénédictin nommé Hébrard, in-douze, Dijon, Desventes, 1756 ? A ma confusion, je confesse n'avoir pas lu cet ouvrage. Loin de moi, donc, l'outrecuidance d'affirmé" qu'au point de vue fumisterie mon conseil a la même valeur qu'au point de vue bibliographie !

Mes notes sur Saint-Antoine ne vont pas au-delà du XV° siècle. Le 9 octobre 1440, Marie d'Epineuse, fille de Pierre d'Epineuse, chevalier, et veuve de Regnaultd'Heilly, chevalier, fit une donation à la commanderie. Ses ressources avaient diminué « à cause des mortalités, stérilités, guerres et divi-' sions » qui avaient affligé le royaume, et surtout le Clermontois, depuis plus de liante ans. Si bien que, fort âgée, elle était réduite à mendier sa vie. En reconnaissance des bons soins de M" Ilumberl de Brion, commandeur de .Saint-Antoine, elle céda à cet


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établissement les deux tiers de trois fiefs, dont l'un consistait en une vieille maison* dite la Maison'de la Molle, à Epineuse ; le second, en mie place où avait été une « maison forte » avec un manoir à Epineuse et en 20 muids de terre labourable dont les revenus étaient insignifiants « à cause qu'il y a plus de seize ans qu'il ne demeure plus personne en la ville d'Epineuse » ; le troisième, était compris dans le fief de Ronquerolles. En revanche, on devait fournir à Marie d'Epineuse, outre des habits convenables à son rang, 3 muids de blé et 1 seller de pois par an, sa vie durant, pour sa nourriture el celle de sa servante en l'hôpital de Catenoy (1). —Le 23 janvier 1448, Jean Bidault de Clermont, donne à Simon Leullier, administrateur de Saint-Antoine, le fief acheté en 1408 par son père, Robert Bidault, de Nointel, à Jean de Financières el à sa femme, Jeanne de Tilloy, au prix de 280 livres (2). C'était le fief de Lardières. Le 28 avril 1456, donation par Mathieu de Cernoy, écuyer, seigneur d'Erquinviller et du Plessier-Saint-Aubin, à Saint-Antoine de Catenoy, représenté par frère Robert Pecoul, procureur, d'un fief sis à Epineuse et dont mouvait le fief -de Lardières, provenant de la succession de son père qui l'avait acquis de d"e Béatrix Gaillarde, fille d'Adrien Lescuyer (3). En 1472, mention de Pierre Genevois: procureur général d'Antoine de Brion, demeurant à l'hôpital de Catenoy. En 1475, le même s'inquiète du soulagement

(i) Arch. Nat. MM. i83, p. 694.

1,2) Id. Ibid.; p. 6S9.

(3) Id. Ibid., p. 704. . :


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des « pauvres démembrez » que Ton reçoit chaque jour à l'hôpital de la commanderie (1).Le 3 juilletl484,aliénation.par frère Pons Franco à Vadin Bourgeois, hôtelier à Catenoy, d'un petit fief, avec moyenne cl basse justice, sis au dit lieu, près de SaintAntoine et du fief Sainte-Barbe « qui fut Jean Le Villain » pour une rente annuelle -de 6 livres (2). Détenteurs successifs de ce fief: le 27 juillet 1602, Pierre Dupressoir, laboureur à Calenoy ; le 9 février 1628, Jérôme- Lelellier, receveur à Calenoy pour l'évèque de Beauvais ; le 16 janvier 1636, sa veuve, Françoise Fuiron : le 30 décembre 1639, Philippe Dupressoir, laboureur à Catenoy, fils et héritier en partie de Pierre Dupressoir. Sa femme avait à l'église de Catenoy la pierre tombale décrite plus haut. Le 19 mai 1696, Jean-Baptiste Prévost; le 5 décembre 1704, Charles et Adrien Prévost (3). Lc7 février1708, Sébastien Chambrelen,-charron à Saint-Antoine de Catenoy, et Pierre Recullé, laboureur à Visigneux (4i. Un bail du 18 janvier 1500 est signé par frère Jean Chauve.1, procureur de la commanderie et hôpital de Saint-Antoine (5). Le prêtre qui desservait cet hcpiLal, en 1515, était M" de Mausseguy ; Guillaume Pullou lui versa, au nom du comte de Clermont, 24 sous 6 deniers parisis pour avoir, en -l'église Saint-Antoine célébré à l'intention !de Charles I, mort en 1456, une messe en laquelle furent « présentez el offers deux

(r) Arch. nal. MM iS.'t. folio SOS. - (3) Arch. nat. S. 5. ion L.

(3) S. 5.iog\

(4) S. 5.H2.

(5) MM. i83, folio 808.


-_207~

cierges de cire pesant 5 livres (1). Le 19 mai 1540, M° Jacques de Joyeuse, « commandeur de Bailleul-en-Flandres, Paris et Castenoy » déclare le fief d'Arsy à Sacy-leGrand, dépendant de Saint-Antoine et tenu de Jean de Gouy, seigneur d'Arsy-en-laCampagne (2). En 1564 (13 juillet), Jérôme Dumesnil, commandeur de Saint-Antoine (3). Le 20 mars 1669, foi et hommage du même fief à François de Gouy, marquis de Cartigny, seigneur d'Arsy, par Jacques Farconnet. supérieur, et Benoît Thomé, procureur des commanderies de Saint-Antoine de Paris-et de Catenoy (4). Le 18 septembre 1681, mention de Henri de La Porte, procureur de Saint-Antoine de Catenoy. Au 'XVIII'-' siècle l'ordre déclinait : le prieuré, avec la ferme, était d'un mince produit qu'on laissait de temps immémorial au prieur pour sa subsistance (5).

Saint-Antoine de Catenoy fut-il supprimé comme bénéfice quand Loménie de Brienne porta les premiers coups (6) aux Antonins en 1767 ? De quelle nature étaient les liens qui unissaient aux Antonins cette maison appelée tantôt prieuré, tantôt commanderie ? Pourquoi M. de Lépinois (7) a-t-il prétendu que Saint-Antoine se rattachait à l'abbaye Saint-Magloire de Paris ? A l'avenir de nous l'apprendre.

(l) Dr LUCAT, Comptes d'un apanage, elc, p.. 54(.2) Arch. nat., MM. i83, f. 872.

(3) Arch. nat. MM. i83, passim.

(4) Id. Ibid.

(5) MM. i83, folio i2gS.

(6) Cf. ADVIELLE, on. cit. p. Su.

(7) Recherches sur l'ancien comté de Clermont, etc. p. sfiu.


— 208

Onze heures sonnent quand nous sortons de la commanderie. A noire gauche, au niveau de l'horizon, un peuplier s'élance, telle une sentinelle spectrale surveillant la plaine pour le compte d'un hameau qui se cache derrière ses arbres : c'est Luchy. La ferme de Luchy et ses dépendances appartenaient en 1789 au prince de Bourbon-Condé. En 1791, le locataire. Legrand, sollicita une réduction de sa cote au rôle des tailles (1). Le 27 thermidor an IV, elle lut vendue pour 98.208 livres ; — contenance totale : 390 mines 20 verges (2). Les Ursulines de Clermont possédaient à Luchy une mine de terre, joignant la ferme, louée en 1757 à Caullier, pour « 100 sols » ; en 1767, au berger Philippe Livorel, pour 6 livres ; en 1774-, au même, pour 8 livres ; en 1783, au même pour 9 livres, à charge du paiement des cens et d'un chapon à la Saint-.Varlin d'hiver (3). Celle terre fut aliénée, le 27 août 1793, pour 430 livres (4).

Nous quittons ensuite la grande, route pour suivre le chemin de Sacy le-Grand. Derrière l'église de Catenoy, à l'orée des bois : Villers-les-Catenoy. La seigneurie de Villers était membre du comté de Clermont.

(î) Àrcti. de l'Oise, District de Clermont, premier registre de délibérations, i'° 2(j.

(a) Areb. de l'Oise, Q. Procès-verbaux: de vente des biens d'émigrés, n" 2C1).

l_3) Ibid., série lï, t'rsulinos de Clermont, — Catenoy.

{fi) Arch. de l'Oise, Biens de première origine., procès-verbal n° u3i.


— 209 -*

En 1352, « le principal » à Philippe-de Villers (1 ) consistait en « un manoir avec cens, champarls, redevances, deux arpents de vigne et les voiries de Villers (2) ». En 1352, parmi les détenteurs de liefs à Villersles-Catenoy : Enguerrand de Longueau et Simon de Fouillèiise ; en 1373, Baoul de Longueau, Jeanne de Pouilleuse, Havet d'Estrées (3), Jean de Basincourt, prêtre (4).

On lit dans les « foys et hommages du -comté de Clermpnt » : « Messire Jean de Basincourt, chevalier, lient du chastel de Clermont,, un fief à Villers-les-Caslenoy. '•Ce fief a appartenu à Marie, veuve de mon:sieur de Senïpi et se nomme le fief de Verberie, depuis à Jèàn Chaunit, depuis à Clément Vivien, aprèsàPernelle, veuve de feu .Pierre Viennont (?) qui le donna à Jacques de Vaulx lequel en fut saisi le 4 février 1466. Louis de Soicourt, mari et bail de Jeanne de Gouy, paravant femme de Jacques de Vaulx, a relevé ledit fief le 7 septembre 1484. M" Louis de Vaux, avocat, a relevé ledit fief, en 1500, le dernier jour d'oust, avec les fiefs des Pucelles à Clermont ».

« Raoul de Longueau lient,... un fief à Villers-les-Caslenoy. Ce fief a appartenu à monseigneur d'Orgemonl à cause de Marie de Itoye el, le 24" jour de juin 1473, monseigneur Jean de Rôye releva ledit fief parmy ■ 6 écus'd'or. —El le 21e jour de septembre 1498, les tuteurs d'Antoine de Roie, fils

(i) DE I.ÉPIXOIS, Recherches, etc, p. i4G.

(z) DE I.UÇAY, Le comté de Clermont, etc, p, a6G.

(3) Ibid., p. a5i.

(é\) Arck. de l'Oise, E 3q, folio 28, verso.

.XIV


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dud. messire Jean de Roie, relevèrent ledit fief ». .,

« Jeanne de Fouilleuse lient.... un fief séant à Villers. Ce fief a appartenu à Jean Le Cuvellier à cause de Marie de Sorel, sa femme, fille de ladite Jeanne de Fouilleuse; depuis à Jean Le Cuvellier dit le Mire, leur fils, qui le releva le 2° jour de niai 1450. — Et le 27° jour d'oust 1482, M" Hugues Boileau qui i'avoit acheté en fut saisi et, le 12 février 1490, en a fait hommage. Le tiers jour de septembre 1501, Colette Aubes, veuve dudit feu Hugues Boileau, releva ledit fief ».

, « Havel d'Eslrées tient.... un fief séant à Villers. Ce fief surnommé le fief de Lombuses a été possessé par M° Perceval de Gournay, , depuis par madame Jeanne de Gournay, dame de Bo.illainvillier. sa fille » (1).

A la réformation de la coutume, en 1539, comparurentpourle fief Boileau : Guillaume Bracquet (2) ; pour le fief. Fo.urchaul : Antoine Loppart (3) ; et pour d'autres fiefs : Françoise deBourgoigne, dame de Buqueux, de Villers-les-Catenoy et Sacy-le-Grand en partie'» (41.

« Par acte du 2 mars 1598, noble homme Philippe Crozon, con'du Roy. m" particulier des eaux et foresl du bailliage et comté de Clermont, héritier bénéficiaire de feu M6 Michel Crozon, son père, a fait hommage. .. de deux fiefs assis à Villers, l'un

(i) Ai-eb. de l'Oise, E 3g, folio sS, verso.

(2) Cf. DE LL-ÇAV, Un référendum législatif aa XVIe siècle, ele, p. 65.

(3) Op. cit., p. 67. (il) Op. cit., p. 73.


' — îM

. appelé le fief de Villers et autrement dit Je fief de Vaux et l'autre qui fut à feu Etienne Barbier de qui Michel Crozon I'avoit acquis avant le 0 octobre 1588 ».

« Par acte du 30 may 1602, Jean de Fescamp, escuier, sr du Plessier-Longueau, a l'ail hommage pour lui el ses frères et soeurs de deux fiefs assis l'un à Villers-les-Catenoy, el l'autre à Sacy-Ie-Grand, à eux échus par la succession de feu Jean de Fescamp, leur père » (1). Le 14décembre 1627, hommage par Jacques et Louis de Fescamp, « héritiers de Jean de Fescamp, leur frère aî,né » (2).

« Par acte du 1" février 1662, Alexandre de Fescamp, escuier, seigneur de Julliers, Morancourl, Hamel et Villers, a fait hommage des fiefs terres et. seigneurie dudit Villers,

sis à Catenoy par lui acquis de dame

Marie Trislans, v° de feu Louis de Fescamps, seigneur dudit Villers, par contrat passé sous.le sceel du Chaslelet de Paris, le 4" juin 1647 »(3).

Après avoir doublé le promontoire de la montagne dite du camp de César, nous découvrons le clocher de Sacy-le-Grand. ]1 émerge des marais sur lesquels courent des nuées d'orage et s'attardent quelques résilles de brouillard fauve. Le temps menace. Mais nous pouvons attendre de pied ferme. La partie la plus chargée de notre programme

(;r) E 3g, folio 76, verso.

(2) V, 3g, folio 112, verso. Là sont également relatés les K ferys et hommages » laits par M" Charles de HalJuùî, seigneur de Piennes, du fief de Villers-les-Catenov »,

(3) E 'iij, folio i4i, verso.


•— 212 —

est remplie el le déjeuner doit avoir lieu à Sacy-le-Gran.L

« Aucuns ont vu d'odeurs certains peu • pies vivants » disait Rotrou. De ces peuples les archéologues ne sont pas une tribu. Le grand air a aiguisé leur appétit. Ils firent donc honneur à un excellent repas que voulurent bien partager M. Duchauiïour, le distingué maire deSacy-le-Grand, et l'aimable M. Debonne. Ce dernier fut vite convaincu par noire entrain que notre savoir n'avait rien de revêche et que sa place était dans les rangs de la Société archéologique. Dès lors, il esl des nôtres. On applaudit un loast de M. le docteur Joly, vice-président, et la séance esl levée.

Non ; la séance continue par un exercice sur le terrain : la visite dé l'église de'Sacyle-Grand sous la conduite de M. Duchauffour. Il nous guide dans l'édifice restauré, embelli pour la splendeur des grandes cérémonies et les besoins quotidiens du culte grâce à des concours dont mieux que personne il sait la source généreuse. Et tous l'en félicitent.

La Bruyère avec la voûte en berceau du choeur de son église, Rosoy où la primeur de « l'invention » de peintures murales nous était réservée par M. l'abbé Soisbaux, Vérderonne dont l'église a été réparée et agrandie récemment, celle de Mogneville, hélas ! où le temps exerce son action meurtrière en dépit du dévoûment et du goût de M. l'abbé Gorlin, furent, sous un ciel rasséréné, les étapes successives de la fin de notre promenade archéologique autour du plateau de Liancourt.


— 213 —

Ces étapes, je me borne à les énumérer pour ne pas allonger cet article. Une terne" nomenclature vaut toujours mieux qu'une description hâtive. L'image de ce que nous avons vu dans les pays sur lesquels je me tais pour l'instant est encore présente à la mémoire de mes bienveillants compagnons d'excursion. Avant qu'elle soit effacée, je l'aurai rafraîchie, ravivée et fixée, j'espère, en des pages que je serai heureux de leur soumettre.

A. BEAUDRY.

P.-S. — Ma notice archéologique sur Breuil-le-Sec a été rédigée d'après les indications nombreuses que M. le chanoineMarsaux a bien voulu me laisser après sa visite. de l'été dernier. Je ne pouvais prendre une leçon de choses ni faire mon noviciat d'archéologue sous la direction d'un maître plus accueillant, plus encourageant et plus compétent. Qu'il reçoive ici l'hommage de ma respectueuse reconnaissance.

A. B;


— 21 4 —

lîâï II, SiGîiï'l

au début de l'année 1905

Bureau pour l'année 1905

Président d'honneur. — M. le comte de LUÇAY. •>&.

Président. — M. SLVRETTE, ij£, Q I. Vice-Président. — M. le Docteur JOLY. Secrétaire. — M. BEAUDRY. Secrétaire-adjoint. — M. LACAUX. Trésorier. — M. TARLIER. Bibliothécaire. — M. Paul TREMBLAY.

Commission de publication

MM. BREUIL, DUFRÉ.XOY el SAMSON.

Commission des finances

MM. GARET, €1 A., PLIVARD el TREMBLAY.

Membres titulaires

MM. AUBERNON DE NERVILLE, au château de Noinlel.

BEAUDRY (l'abbé\ curé de Breuil-le-Sec.

BÉ.NAUT, président du Tribunal de Clermont.

BILIIEUX, libraire, à Clermont.

BIMOA'T, maire de Lamécourl.


— 215 —•

' BINANT (Paul), propriétaire, à Sàint-Just.

BLANCHE, notaire honoraire, à Clermont.

BONNET (le docteur Charles), médecinlégisle, M lcr, rue Amélie, à Paris.

BOUDIER, propriétaire, à Avrigny.

BOULET, propriétaire, à Sarron.

BOULLANGER (A.), banquier, à Clermont.

BOURSIER, huissier, 45, rue de Lyon, à Paris.

BRECIL, ancien magistral, à Clermont.

BREUIL (l'abbé), correspondant de l'Ecole d'anthropologie, 31. rue de Vaugirard, à Paris.

BUQCET (Léon), à Cauffry.

GAILLARD, || A., avoué, à Clermont,

CAUOUY, ingénieur des Arts et Manufactures, 8, boulevard Denaiu, à Paris.

CIIANTAREAU, 0. t§, conseiller d'arrondissement, à Ciermont.

CIIOTARD (l'abbé), curé de Fresnes-1'Esguillon. ■ CRÉPIN, instituteur, à Cauffry.

COLLIN, avoué, à Clermont.

CUVINOT, $£, sénateur de l'Oise, à Àgnetz.

DAIX (Paul),. directeur du Semeur de l'Oise, à Clermont. • DEBONNE, notaire, à Sacy-le-Grand.

DELAMARRE, # A., banquier, à Clermont.

DELAMARRE (Lucien), avocat, 201, rue du Temple, à Paris.

DELOR.MEL (Georges), 1, rue Dubrunfaut, à Paris.

DOBIGNY, avocat, à Sarron.

DOUAIS (Mgr), évêque de Beauvais. '

DOUILLARD (Joseph), 102, rue de Rennes, à Paris.

DUBUY, propriétaire, à Ranligny».:. .. .


— 216 —

DUCHAUFFOUR, |V, maire, de Sacy-leGrand.

DUFRÉNOY, ancien notaire, à Clermont.

DUFRÉNOY (Pierre), propriétaire, à Clermont.

DUMONT, agriculteur, à Rouvillers.

DUI'OKCIIIÎL (l'abbé), curé d'Erquery.

DUPRESSOIR (Madame), propriétaire, à Clermont.

DUQUESNEL, || A., député de l'Oise, conseiller générai, à Monligny.

FAY-OLLE, propriétaire, à Clermont.

FLOURY (l'abbé), curé de Monfjavoull.

GARET, d A., juge de paix à Clermont.

GÉRARnuv, notaire, à Tricot.

GORLIN (l'abbé), vicaire de Liancourt. .

GORLIN, trésorier delà Caisse fl'Epargne, à Clermont. '

GUESNET (Madame Auguste), propriétaire, à Clermont.

GUEUDRÉ, propriétaire, à Clermont.

HEURTEUII (l'abbé), curé-doyen de Maignelay.

HUBERT, directeur du Journal de CU.rmont, à Clermont.

JOLY (le docteur), médecin à Clermont.

JUMEL (l'abbé), curé de Montreuil-surBrcche.

LABITTE, pharmacien, à Clermont.

LACAUX, ancien avoué, à Clermont.

LATTEUX, maire du Mcsnil-Sainl-Firmin.

LAURAIN, || A., archiviste départemental, à Laval.

LAVOINE, pharmacien, à Clermont.

LECLERC, H A., maire de Breuil-le Sec.

LEFÈVRE (l'abbé), curé de Sacy-lc-Grand.

LOIRE, instituteur, à Montlévèque.


— 217 —

LUÇAY (le comte de), $£, correspondant de l'Institut, à Hondainville.

LUPPÉ (le marquis de), au château de Beaurepaire, par Pont-Sainte-Maxence.

MAÎTRE, au château de Béthencourtel, à Clermont.

MAHIEUX (Emile), maire de Fitz-James.

MARSAUX (le chanoine), vicaire général, membre de plusieurs Sociétés savantes, à Beauvais.

MESNARD. 2, rue de Soissons, à Crépy-enValois.

MONVILLEZ (Madame), propriétaire, à Breteuil.

NIMBEAU, architecte du gouvernement, à Clermont.

PAILLET, avocat, 15, rue Portalis,àParis.

PAILLANT (l'abbé), curé de Laigneville.

PARMENTIER (le docteur', médecin à Clermont.

PILLON-DUFRESNES, || L, bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, à Paris.

PISIER (Jules), avoué, à Clermont.

PLESSIER (E.), propriétaire, à Breuil-le-Sec.

PLIVARD, notaire, à Clermont.

POUILLET (Madame), propriétaire, à Clermont.

QUESTE (le docteur), médecin- à SaintJust.

RAFFRAY, pharmacien, à Clermont. *

RECULLET, avoué, à Clermont.-

RENAUD, greffier de la justice de paix, à Liancourl.

RONSMANS (l'abbé), curé de Noinlel.

ROUSSEL, || L, archiviste départemental, à Beauvais.

SAMSO.N (Georges), architecte, à Clermont.


— 218 —

SAUVAGE, || A., inspecteur de la Cic VAigle, à Clermont.

SAUVAGE, greffier en chef du Tribunal civil, à Clermont.

SCOTÉ, juge au Tribunal de Clermont.

SEIGNEURGENT (Paul), propriétaire, à Tricot.

SÉVRETTE (J.), Jjfc, Il L, professeur honoraire du Lycée Louis-lc Grand, à Clermont.

TARLIER, propriétaire, à Clermont.

TASSART, ancien magistrat, à Clermont.

THÉRON, propriétaire, à Clermont.

TISSERANT (Madame), propriétaire, à Clermont.'

TOULLET (le chanoine), archiprètre et curé de Clermont.

TREMBLAY (Paul), bibliothécaire de la Ville, à Clermont. '

TROUVAIS, propriétaire, à Clermont.

VARLET, ^, || A., suppléant du juge de paix, à Bulles.

VIÉNOT, notaire, à Clermont.

VIEZ, propriétaire, à Clermont.

VITRANT, avoué, à Clermont.

WATIN, pharmacien, à Crèvccoeur.

WIDIEZ (le docteur), médecin, à Clermont.

ZÈGRE (le docteur), médecin, à Clermont.

Membres honoraires

Le Préfet de l'Oise.

L'Evoque du diocèse de Beauvais.

Le Sous Préfel de Clermont.


— 2.19 —

Membres - correspondants.

Mil. ARCIIIAC (le comte d'), >j£, à VillersSaint-Paul.

ÀULT DU MESNIL (d'), || L, 225, FaubourgSaint-Ilonoré, à Paris.

BERNARD (llenri), p A., architecte, inspecteur des monuments historiques, à Compiègne. .

BONNAULT D'HOUET (de), secrétaire de la Société historique de Compiègne.

BOURDE DE LA ROGERIE, H A., archiviste départemental, à Quimper.

BRIÈRE (F.), trésorier du Comité archéologique de Noyon.

. BRY (Emile), président du Comité archéologique de Noyon.

CAIX DE SAINT-A\'MOUR (le vicomte Àmédée de), membre de la Commission des Monuments historiques, 112, boulevard de Courcelles, à Paris.

■CALONNI: (le baron Albéric ,de), 21, rue Debray, à Amiens.

CAPITAN (le docteur), || L, professeur à l'Ecole d'anthropologie, 5, rue des Ursulines, à Paris.

COUARD, || L, archiviste départemental, à Versailles.

DEPOIN Uoseph), || L, secrétaire de la Société historique de Ponloise el du Vexin, à Ponloise.

DEPUIS (lirnest), ïfe, conseiller général, président du Comité archéologique de Senlis, à Pontarmé.:

GUY'ENCOURT (Robert de;, 1, rue Gloriette, à Amiens.


— 220 —

LABANDE, Il I , conservateur de la bibliothèque et du musée Calvel, à Avignon.

LEBLOND (le docteur', président de la Société académique de l'Oise, à Beauvais.

LEFRANC (Abel\ || L, secrétaire du Collège de France, à Paris.

LETONNELIER (Gaston), archiviste-paléographe, ,5, rue de l'Aigle-Noir, à Vesoul.

MARTIN-SABON, H L, ingénieur des Arts et Manufactures, 5 bis, rueMausarl, à Paris.

WOREL (le chanoine 1, Il A., correspondant du Ministère de l'Instruction publique, viceprésident de la Société historique de Compiègne, curé de Chcvrières.

MULLER (le chanoine). Q A., vice-président du Comité archéologique de Senlis, à Chantilly.

PARMENTIER fAndréi. H L. professeur agrégé d'histoire et de géographie au collège Chaptal, 6, rue Nollel, à Paris.

PIHAN (le chanoine), secrétaire perpétuel de la Société académique de l'Oise, curédoyen d'Esliées-S'-Denis.

PLESSIER (L.), président de la Société historique de Compiègne, 9, ruedeLancry, à Compiègne.

PONTIIIEUX, secrétaire! du Comité archéo logique de Noyon, à Berlancourl.

PIMOL DE FRÉCIIENCOURT, 6, i'ue Gloriette, à Amiens.

RÉGNIER (Louis), || A., 9, rue Meilel, à Evreux.

THIOT (L.) secrétaire de la Société académique de l'Oise, à Marissel.

VATIN, juge de paix, à Senlis.


ÎM

TABLE H MTIIffi

i

Procès-Verbaux de 1904

SÉANCE DU 21 JANVIER

Pages

M. LAURAIN. — Une fête civique à Clermont, le 10 Brumaire, an II 4

SÉANCE DU 18 FÉVRIER

M. LAURAIN. — Différend entre les chanoines de la collégiale de Clermont et les Trinilaires de Saint-André... 7

M. BEAUDRY. — Extinction el suppression du litre du prieuré de SaintArnoulf de Grapin .' 8

SÉANCE DU 17 MARS

M. SÉVRETTE. — Siméon-Guillaume de la Roque, poète clermontois....... 18

SÉANCE DU 21 AVRIL

M. BEAUDRY. — Liste des travaux intéressant le département lus au Congrès des Sociétés savantes 24

M. TREMBLAY. — La statue de JeanDominique Cassini et le portrait de Geneviève de Laistre (première partie) v 26


Pageé

M. le docteur PARMENTIER. — Les chauffeurs dans l'arrondissement de Clermont 27

M. BEAUDRY. — Contribution documentaire à l'histoire de Bailleval 31

SÉANCE DU 19 MAI

M. TREMBLAY. — La statue de JeanDominique Cassini et le portrait de Geneviève de Laistre (suite et fin).. 40

M. BEAUDRY. — Breuil-le-Sec au début de la Révolution 42

SÉANCE DU 30 JUIN

M. LAURAIN. — 1" Etude sur quelques

lettres de rémission 50

2" Texte de ces letlres 72

SÉANCE DU 28 JUILLET

M. BEAUDRY. — Etude sur un livre relatif au connétable de Bourbon.. 117

M. LAURAIN. — Les comptes de fabrique de l'église d'Agnelz de 1552 à 1577 ' 122

M. BEAUDRY. — Le château de Noinlel pendant la Révolution 124

SÉANCE DU 17 NOVEMBRE

M. MAEKELT. — Remarques sur l'église de Laigneville 128

M. LAURAIN. — Le Journal de Charles-Jacques Legras de Préville .... 132


— 223 — SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE

Pages

M. BEAUDRY. — Rapport annuel sur les travaux de la Société 136

M. le docteur PARMENTIER. — Le prieuré de Saint-Jean-du-Vivier (première partie) 143

II Excursion du 38 juin

M. BEAUDRY..— Notes sur Breuil-leSec, Nointel et Catenoy ' 145

Etat de la Société

Bureau et Commissions 214

Membres titulaires 214

Membres honoraires ., 218

Membres correspondants 219