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Titre : Revue d'Ardenne & d'Argonne : scientifique, historique, littéraire et artistique / publiée par la Société d'études ardennaises "La Bruyère"

Auteur : Société d'études ardennaises (Sedan, Ardennes). Auteur du texte

Éditeur : impr. Laroche (Sedan)

Date d'édition : 1910-11-01

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328567771

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328567771/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 10329

Description : 01 novembre 1910

Description : 1910/11/01 (A18,N1)-1910/12/31.

Description : Collection numérique : Fonds régional : Champagne-Ardenne

Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique

Description : Collection numérique : Zone géographique : Europe

Description : Collection numérique : Thème : Les échanges

Description : Collection numérique : Histoire et géographie

Description : Collection numérique : Arts

Description : Collection numérique : Littérature

Description : Collection numérique : Sciences appliquées

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5734841f

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC18-447

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 18/01/2011

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REVUE

DARDENNE

& D'ARGONNE

PUBLIÉE TOUS LES DEUX MOIS PAR

LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ARDENNAISES

18mc ANNÉE — 1 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1910

SOMMAIRE :

L'Abbé CILLANT : Deux généraux argormais : I. Le Général de Bonnay de Breuille ; II. Jacques de Bonnay de Troisfontaines.

NÉCROLOGIE : M. Nicolas Goffart (E. HENRY).

CHRONIQUE : I. La vente de la Bibliothèque de M. Brincourt. Deuxième partie:

Manuscrits (Ch. HOUIN). IL La provenance de la croix et du coq de clocher acquis par le Musée «,/ de ïa Champagne.

>V VARIETES :

I. Notes sur le folk-lore de Cons-la-Grandville (Ch. BRUNEAU). H. Quelques mots sur le Fouillé du diocèse de Verdun (E. HENRY).

BUREAUX : SEDAN - IMPRIMERIE EMILE LAROCHE

22, Hue Gambetta, 22


COMITÉ DE PUBLICATION

MM. PAUL COLLINET, Professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Lille.

ANDRÉ DONNAY, Agrégé de l'Université (Langues vivantes).

ERNEST HENRY, Bibliophile.

CHARLES HOUIN. Agrégé de l'Université (Histoire et Géographie).

Pour tout ce qui concerne la Iïr:i>i« J IOY et l'Ao:un\isTHATIOIV, adressai' toute la correspondance an Bureau de la ItcTiic.

MODE & COIDITIOIS D'ABOIIEMEIT

La Revue, fondée en novembre 1893, paraît tous les deux mois et forme chaque année un volume d'environ 200 pages.

L abonnement est fixé à cinq francs pour tous pays et part du 1er novembre de chaque année.

La Revue insérera, après la <c Bibliographie », les demandes de rèoséi-" gnements ayant trait aux matières dont elle s'occupe : les réponses seront communiquées aux demandeurs par le Comité de publicatioiv

Il sera rendu compte, dans la « Bibliographie »,. de tout ouvrage concernant l'Ardenne ou l'Argonne, dont un exemplaire sera envoyé au Comité.

La reproduction de tout article (mênie la « Bibliographie » ou les » Variétés ») est interdite, sans le consentement préalable de Fauteur et du Comité.

Pour les tirages à part, les auteurs sont priés de traiter directement avec l'imprimeur de la Revue.


PUBLIÉE PAR LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ARDENNAISES

DIX-HUITIEME ANNEE 1910-1911

SEDAN

IMPRIMERIE EMILE LAROCHE

22, RUE GAMBETTA, 22

1 0 1 I





DEUX GÉNÉRAUX ARGONMIS

Le Général de Bonnay de Breuille

I. — La famille de Bonnay.

Ce fut sous le règne de Louis XV et pendant celui de Louis XVI que l'Argonne compta le plus grand nombre de ses gentilshommes verriers dans les rangs de l'armée. Encouragés par les succès de leurs aînés, favorisés par les bourses du roi et ne pouvant tous, à cause du singulier développement de leurs familles, s'adonner comme leurs ancêtres à l'industrie verrière, ils se sentaient naturellement désignés pour la carrière militaire. Les familles de Bigaull (1) et de Bonnay (2), plus fortes et aux branches plus nombreuses que les autres familles, fournirent naturellement plus de soldats, et, avec le temps, ceux-ci arrivèrent aux plus hauts grades. C'est ainsi que nous voyons dans la seule famille de Bonnay, presque au même moment, trois généraux originaires des verreries de l'Argonne : le maréchal de camp de Bonnay de Belvaux (3), né au Claon en 1717, le général de Bonnay de

(1) Pour les armes de la famille de Bigault, voir notre Notice sur Louis de Bigault de Signémont [Revue d'Ardenne et d'Argonne, mars-avril 1908).

(2) La famille de Bonnay semble avoir pris le nom du bourg de Bonnay, situé en Bourgogne. D'après Didier RICHIER (Proces-verbal de la Recherche de la Noblesse en iS8S, manuscrit original de la Bibliothèque de Metz, collection de Salis), les armes de la famille sont: « De gueules A trois hures d'argent. » Quelques branches les ont ainsi modifiées : <i D'argent à trois hures de sanglier de sable défendues du champ. » Une autre famille originaire du Berry porta aussi le nom de Bonnay : c'est celle des marquis de Bonnay en faveur de qui un titre de Pairie-héréditaire fut crée par ordonnance du 17 août 1815*. Bien qu'une généalogie atteste l'origine commune de cette maison et de celle dont nous nous occupons, nous ne croyons pas qu'il y ait entre elles quelques liens de parenté.

(3) Il y avait en Bourgogne une abbaye du nom de Bellevaux, à laquelle Brutin de Bonnay, seigneur de Thuirée et d'Aulhoison, fit plusieurs donations. C'est probablement l'origine de ce nom donné à la branche qui passa en Argonne et qui se perpétua jusqu'à la fin du xixe siècle. Une maison du Four de Paris, sur le territoire de Vienne-le-Châtéau et irai fut longtemps la propriété de la famille de Bonnay, est encore désignée sous le nom de château de Belvaux.

REV. D'ARD. ET D'AHG. T. XVIII, n" 1.


Nonancourt (1), né à La Chalade (2) en 1732, et le général de Bonnay de Breuille qui fait l'objet de cette étude.

Tous les trois appartenaient à la même famille originaire du comté de Bourgogne et qui élait venue se fixer dans l'Argonne vers 1550, au moment où Henry de Bonnay, fils d'Alexandre de Bonnay, chevalier, seigneur des Trois-Bans, en Bourgogne, épousa Anne de Breuil. Le premier séjour de la famille semble iivoir été Souhesme-la-Pelite (3), où habitait en 1575 Adrien de Bonnay, fils d'Henry, au moment de son mariage avec Jeanne des Godins (4). Son fils Agran de Bonnay habitait Courupt (5) où il exploitait une verrerie dépendant de l'abbaye de Beaulieu (6). C'est là qu'il épousa en 1628 Chrétienne de Foucault (7), d'une famille de gentilshommes verriers, parente du maréchal de Foucault, tué à Turckheim (8).

De ce mariage naquirent six fils qui formèrent autant de souches et ajoutèrent au nom de leurs ancêtres un autre nom générique conservé jusqu'aujourd'hui. Louis, l'aîné, devint sieur de Breuille. probablement en souvenir de son aïeule, Anne de Breuille (9). Un de ses fils prit le titre de MaZ/jerc/e (10), qui s'est continué jusqu'à nos jours. Samuel prit le titre de sieur de Beauchamp (11), du nom

(1) 11 y a dans la forêt d'Argonne, près do La Placardelle, écart de Vienne-le-Château (Marne), un endroit appelé Nonancourt. Ce nom semble lui avoir été donné par un membre de la famille de Bonnay.

(2) La Chalade, commune du canton de Varennes-en-Argonne (Meuse).

(3) Souhesme-la-Petite, écart des Souliesmesj canton de Squilly (Meuse). Il y avait à Souhesme-la-Petite plusieurs châteaux appartenant aux de Saillet, de Nonancourt, de Croy, des Godins.

(i) Des Godins : « Gironné d'or et d'argent, à une croix pattée de sable brochante, v (5i Courupt, aujourd'hui écart de Futeau, canlon de Clermûnt-en-Argonne (Meuse). Autrefois Courupt était une dépendance de' Beaulieu; une loi du 5 juin 1850 l'a réuni a Fiilcau dont il est distant d'environ un kilomètre. Les verreries de Courupt, qui semblent avoir été les premières de cette partie de l'Argonne, furent fondées en 1555 par suite d'une transaction de l'abbé de Beaulieu, Guillaume de La Marck d'Aremberg, prolonotaire du Saint-Siège. Cette verrerie exista jusqu'en 1848.

(6V Beaulieu, commune du canton de Triaucourt (Meuse). La fondation de l'abbaye de Beaulieu remonte au vnE siècle. Détruite pendant la Révolution, il n'en reste plus aujourd'hui que des ruines.

(7) De Foucault : « D'argent à trois bandes d'azur côtoyées en chef de trois coupes couvertes de même. » Quelques membres de la famille de Foucault passèrent au service de l'Autriche et servirent brillamment dans son armée.

(8) Voir Revue d'Arienne et d'Argonne: Soldats et gentilshommes verriers, juillet-août 1908, page 114.

(9) Ce nom s'écrivait indistinctement de Breuil ou de Breuille. Aujourd'hui l'orthographe de Breuille a prévalu.

(10) Une partie de la forêt, située entre Vienne-le-Cbâtoau (Marne) et Varennes-en-Argonne (Meuse), porte le nom de Malberck. Ce devait être cette forêt qui est souvent appelée dans les actes « Le fief Malberck ». Ce nom s'écrivait aussi Malberg. Une famille du nom de Carré portait ce nom au xix« siècle.

' (11) Beauchamp était un prieuré de l'ordre du Val-des-Kcoliers, fondé en 1217 par Henri II, iiOiiite de Bar. Aujourd'hui c'est une ferme dépendant de Clermont-en-Argonne. On y admira encore les boiseries de l'ancienne salle capitulais. "'■ - '


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d'Un prieuré voisin; il est l'aïeul des de Bonnay de Grancourt, famille très nombreuse aujourd'hui àBellefonlaine(l), Futeau (2), Les Senades (3), Le Claon (4). Nous ne connaissons pas de postérité à Zaeharie de Bonnay qui épousa en 1669 Anne du Houx (S).'Par contre, Daniel de Bonnay, qui épousa en 1663 Charlotte Dorlodot (6), prit le titre de Belvaux, sans doute du nom de l'abbaye de Bellevaux en Bourgogne, dont la famille de Bonnay avait été plusieurs fois bienfaitrice. Sur celte branche vient se greffer à la génération suivante la branche de Nonancourt, représentée encore aujourd'hui par des officiers et des magistrats , de haute valeur. Jean de Bonnay, qui épousa Madeleine de Bigault, donna naissance à l'éphémère branche de Verpignan, depuis longtemps éteinte. Enfin, Abraham de Bonnay, qui épousa en 1662 Anne de Coudé (7), est le père d'une nombreuse postérité en Hollande et en Luxembourg. Il émigra probablement vers 1665 : sa famille s'était en effet engagée dans le protestantisme (H) et alors que ses frères abjurèrent leurs erreurs à Clermont, il n'avait pas attendu la. révocation de l'Edil de Nantes pour s*exiler.

(1) Bellefoniaine, écart de Futeau. Avant la Révolution, Bellefontaine était le siège de la . paroisse et possédait une chapelle construite comme à Courupt, Troisfontaines, Le Neufour et

Lochères par les soins des gentilshommes verriers.

(2) Futeau, commune du canlon de Clermont-en-Argonne, ayant comme écarts : La ControIIerie (anciennement Troisfontaines), Courupt et Bellefontaine, centre des anciennes verreries.

(3) Les Senades, écart des Islettes. C'est la seule des anciennes verreries qui subsiste de toutes celles que possédait la vallée de la Biesme. Une autre verrerie, à proximité de la gare des Islettes, est de construction récente.

(4) Le Claon, commune du canton de Clermont-en-Argonne.

(5) Sur la famille du Boux, voir la note annexée à la notice sur Bigault de Signémohi, déjà citée.

(6) Famille originaire de Champagne; séjourna en même temps dans les Ardennes et dans l'Argonne. Elle ne compte plus de représenlanls qu'en Belgique où elle s'appelle maintenant « de Dorlodot ». Les derniers représentants français étaient le général Dorlodot des Essarls et l'amiral du même nom, son frère. Les armes île cette famille sont : <i D'azur, à trois étoiles d'argent, posées deux et une, au crossant de même en coeur. »

(7) De Condé, famille originaire de Belgique, de la ville de Condé-en-Hainaut. Ses membres portaient le litre de sires de Bailloeil et de Moriamez. Un sieur Godefroy de Condé était évêque de Cambrai en 1227. Au moment de la recherche de la Noblesse, par Didier RICHIEH, celte famille habitait les verreries de Vienne-le-Château, du Four-les-Moines, de La Chalade et du Claon. Les archives des Souhesmes (voir note plus haut), nous apprennent qu'en 1676 un Jacques de Condé, éeuyer, seigneur de La Vallée, de Waly et de Dieue, fils du sieur Loys de Condé, seigneur des mêmes lieux, épousa Françoise de .Saille!, fille de Jacques de Saillet, seigneur de la Petile-Souhesme. En 1604, Daniel etOsias de Condé, du Four-lesMoines, profitant d'une permission du comte de Sarrebriick, allèrent s'établir à Ludweiller dans la forêt de Warent (Allemagne) et y fondèrent les verreries de Creulzwald, ce qui.valut à cette portion de la famille le nom de « Condé de Creutzwald » ou do la Croix. La famille de Condé porte : « D'azur an chevron d'or accompagné en chef de deux haumes d'argent et en pointe d'une, hure de sanglier de même, vue de fasce. »

(8) On .trouve dans les archives de Clermont, à la date du 1" mars 1699, l'acte d'abjuration de Samuel de Bonnet et d'Elisabeth Duhoux, sa femme; d'Elie de Bonnet, son fils, et d'Elisabeth Duhoux, sa femme; de Madeleine et d'Elisabeth de Bonnet, filles de Samuel,


Le général de Breuille appartenait donc à la branche aînée des de Bo7inay de l'Argonne ; sa famille était aussi l'aînée de la branche de Breuille et lui-même avait de qui tenir. Son père, Jean de Bonnay de Breuille, né le 5 avril 1727, avait élé nommé capilaine au régiment de Vermandois le 27 octobre 1746, suivant le brevet signé du Roi et contresigné par d'Argenson. Devenu capilaine major au même régiment, il acheta une compagnie pour faire la guerre en Amérique. Quels furent ses exploits au Nouveau-Monde? Guerroya-t-il avec La Fayelte et les autres Français dans la campagne de l'Indépendance, ou bien alla-t-il rejoindre un autre descendant de verriers, le général Desandrouin, daus la guerre du Canada? (1). Nous ne connaissons jusqu'à présent aucun document qui puisse nous renseigner sur cette question ; mais ce que nous savons, c'est que, de retour en France, il reçut le 1er juillet 1774 un brevet de commandant, toujours au régiment de Vermandois. A sa retraite, il revint demeurer à La Harazée, où il mourut le 4 mai 1781. Il était chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis. De son mariage contracté à Vienne-le-Château le 16 janvier 1764 avec Nicole-Prudente de Bigault de Troisfontaines, il laissait trois fils et une fille en bas âge. L'aîné, 1 Jean de Bonnay de Breuille, suivit aussi la carrière militaire. Il épousa à Vienne-le-Château, le 8 germinal an X, Rose de Bonnay de Nonancourt, fille de Jacques de Bonnay de Nonancourt, général de brigade d'artillerie, et de Anne de Brossard de Monligny (2). Au moment de son mariage, il était chef de brigade à la suite de l'état-major des places. Il fut lieutenant du Roi dans la place de Thionville et finit sa carrière comme colonel. Il mourut à Vienne-le-Château le l01-janvier 1818, chevalier de la Légion d'honneur. On compte un grand nombre d'officiers parmi ses enfants et petits-enfants.

(1) Suivant Didier RICHIER, la famille Desandrouin qui, au moment de la recherche de la Noblesse, habitait au Neufour, portait : « D'azur à trois renards passant d'or l'un sur l'autre. » Suivant d'HoziER : « D'azur à trois chefs d'or posées deux et un. ,1 Sur le Maréchal de camp Desandrouin, voir l'ouvrage de l'abbé GABRIEL : Le Maréchal de camp Desandrouin, 1729-i792 ; Verdun, imprimerie Renvé-Lallemand, in-8".

(2) De Brossard, famille originaire de Normandie. Porte: « D'azur à trois fleurs de lys d'or, herminées d'argent, accompagnées en cceur d'une main d'or supportant un faucon d'argent. » (Didier RICHIER). Celle famille s'est divisée en plusieurs rameaux dont les principaux sont : De Brossard, de Vraincourt, de Montigny, de la Garenne, de Beauvallon, de Bazinval. Une branche de cette famille s'est perpétuée en Normandie et a pris le titre de comte de Brossard.

Sur Jean de Bonnay de Breuille, voir Revue d'Ardenne et d'Argonne, juillet-août 1908, page 147.


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II. — Gabriel-François de Bonnay de Breuille. Ses débuts. — Premières campagnes.

Le second fils du commandant au régiment de .Vermandois est celui qui nous occupe. Gabriel-Frauçois-Marie-Anne-Ghristianne-Joséphine-Magdeleine de Bonnay de Breuille naquit à LaHarazée(l) le 15 juillet 1771. L'élraugelé de ces noms, pour la plupart féminins, s'explique par la volonté des parrain et marraine de l'enfant. Le parrain était en effet Messire GabrielFrançois de Rougéel la marraine Marie-Anne-Christianue-Joséphine de Croy d'Havre, son épouse. Ces. relations avec ces puissants personnages étaient alors fort recherchées; ils étaient riches propriétaires à Vienne-le-Château et les actes religieux de toute la Vallée de la Biesme témoignent qu'ils servirent de parrains et marraines dans presque toutes les familles nobles verrières du pays.

Ce haut patronage profila en particulier à la famille de Breuille et il ne fut pas élranger à l'admission des deux aînés de Jean de Bonnay aux écoles militaires.

Gabriel-François de Bonnay de Breuille fut admis le 1 <"' septembre 1786 comme élève au corps royal d'arlillerie. Le 6 avril 1788, il passait à l'école royale d'artillerie de Metz, d'où il sortait le 1er septembre 1789 comme lieutenant en second au corps des mineurs. Moins de deux ans après, le 1er avril 1791, il était nommé lieutenant en premier, puis capitaine le 1or juillet 1792. L'année suivante, le 17 juin 1793, il entrait comme capilaine en premier à la deuxième compagnie des mineurs. Alors commence pour lui une série de campagnes qui ne se terminera qu'en 1815 et pendant laquelle il fut continuellement en face de l'ennemi. C'élail le moment où la France se trouvait aux prises avec toutes les puissances européennes. Les Prussiens, vaincus à Valmy, avaient dû repasser la fronLière, et une armée sous les ordres du général de Cusline, chargé de couvrir l'Alsace, avait occupé le Palatinat et s'était emparé de Spire, Worms, Mayence et Francfort. Le capilaine de Breuille, qui faisait partie de cette

(1) La Harazée, écart de Vienne-le-Château (Marne). Ce petit hameau, qui compte aujourd'hui une centaine d'habitants, posséda autrefois deux verreries dont la dernière a disparu au xix" siècle. La Harazée fut longtemps desservie par les curés de Vienne-le-Chàteau ; depuis 1734 jusqu'en 1792, elle eut des vicaires résidents dont le dernier appartenait à une famille noble verrière, Claude-Louis de Bigault de Maisonneuve, ancien curé de Boursault, doyen de Châtillon-sur-Marne. Aujourd'hui La Harazée, quoique réunie a la commune et à la paroisse de Vienne-le-Château, a encore son église et son cimetière distincts.


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armée,-fut.envoyé à Mayence. La mort de Louis XVI eut pour effet de fortifier la coalition étrangère el bientôt les généraux de Custine et de Dampierre, placés par la Convention à la tête de l'armée du Rhin, durent céder devant les Prussiens qui s'avançaient en forces considérables. Le 17 novembre suivant, l'infortuné Custine payait de sa tête ses insuccès. Mayence avait dû se rendre et, avec ses compagnons, le capilaine de Breuille fut prisonnier de guerre. Cette épreuve devait bientôt être suivie d'une autre plus grave encore. A la suile des fatigues du siège, il ne tarda pas à tomber malade et pour rétablir sa santé s'éloigner de l'armée. Pendanl ce temps, il fut destitué et remplacé à la tête de sa compagnie. L'avis de cette disgrâce imméritée lui fut donné à La Harazée. Ne pouvant se faire à celle situation et aimant par dessus tout son métier, le capilaine réclame au Ministre de la Guerre pour lui exposer sa situation et lui demander justice. Voici la lettre qu'il lui adresse le 29 frimaire de l'an II :

« Etonné de la nouvelle accablante qui m'a été annoncée par le commandant des mineurs, je ne pouvais me persuader que le certificat que je t'ai envoyé n'ait pu suffire pour ma justification ; cependant rien ne détruisant celle nouvelle, je ne puis plus longtemps garder le silence et je m'adresse avec confiance à toi pour obtenir justice. Je vais donc te metlre sous les yeux ma conduite.. Quoique la partie, du métier de la guerre auquel je m'étais voué ne soit pas la plus dangereuse pour la vie, elle est cependant celle qui expose le plus la sauté. La mienne ne put résister à ce changement continuel du chaud au froid et réciproquement. Je tombais donc malade pendant le siège et n'étais pas encore guéri à la reddition de Mayence ; obligé de faire une très longue roule el surtout très fatigante pour rentrer en France, je retombai malade à Nancy ; étant très près de chez moi, je m'y suis fait transporter pour hâter ma guérison. Mais le mal, étant trop violeul, a résisté pendant quatre mois à l'art de la médecine. Enfin une convalescence, qui paraît devoir durer encore longtemps, ayant succédé à cette nouvelle maladie, je me repaissais de celle agréable idée que dans peu je pourrais rendre quelque service à ma patrie, lorsque cette nouvelle est venue m'alterrer el paralyser ma bonne volonlé. Tu as un certificat qui t'assurera de ma maladie ; tu peux prendre des informations sur mon comple auprès du citoyen Merlin...de


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Thiônville, député, auquel j'écris en même temps pour l'informer de ma position. Lorsque lu auras vérifié tous les faits, j'espère que lu ne refuseras pas de me rendre ma place ou une équivalente, ainsi que mes appointements jusqu'au moment de mon remplacement; j'attends cela de ta justice ainsi qu'une réponse à celle lettre pour m'instruire définitivement de mon sort (1).

« G. BREUILLE. »

. Celle réponse lui vint par Dupin, adjoint au Ministre de la Guerre, le 15 nivôse suivant. Elle porte qu' « il n'aurait pas dû êLre surpris de son remplacement, le bien du service exigeant que tous les officiers absents de leur poste pour quelque cause que ce fut fussent remplacés ». Cependant, il lui laisse une espérance, car, ajoule-l-il eu terminant, « si tu peux produire un certificat de civisme, tu seras proposé pour être réintégré dans ta place » (2). Il fut encore un certain temps dans l'anxiété,' car, bien qu'il eut produit le certifical de civisme réclamé par Dupin, ce ne fut que le 18 pluviôse de l'an III qu'il commença à entrevoir la solution de cette affaire. Ce jour-là, par une décision prise au quartier général d'Oberingelheim, par le citoyen Merlin (de Thiônville), représentant du peuple près les armées du Rhin et de la Moselle, il fut de nouveau nommé capilaine du génie et, le 30 nivôse, le général de division de Sainl-Hillier adressa aux membres de la Commission des Travaux publics « un mémoire des services du citoyen Breuille » demandant que sa place lui fut rendue.

Il fut nommé au commandement de la 6° compagnie des mineurs et rejoignit son corps qui était occupé au siège de Mayence. Nos renseignements nous permettent de donner peu de détails seulement sur son rôle dans la campagne d'Allemagne : nous savons toutefois qu'il prit une part active au blocus de la ville qu'il avait défendue une première fois el qu'il se distingua pendant les affaires de germinal et de floréal à l'armée de Mayence. En 1795, à l'armée de Sambre-et-Meuse, commandée par Jourdan, il assiste au siège de Manheim, qui fut prise el dont la citadelle fut rasée. Lui-même y fut fait prisonnier et emmené en Allemagne. Après une captivité de trois mois, sur la promesse qu'il ne porterait point les'armes tant qu'il n'aurait

(1-2) Archives du Ministère de la Guerre. Section administrative. Dossier de Bonnay de Breuille.


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pas 'été'échange' eonlre'':d%4ïtïfis-:pTlsônùi'èï5,;ir''fii:t'-ëiivOyë'*n France (mars 1796). Rentré au dépôt de son régiment, l'oisiveté lui pesa; aussi, se trouvant inutile, il demanda à repartir dans sa famille. Il partit donc pour La Harazée avec un congé de trois décades, non compris le temps de la route.

Les échanges de prisonniers ayant été faits et son congé expiré, Gabriel-François de Breuille fut rappelé au service actif. Celle fois il fut envoyé d'un autre côté. Eellermann avait pris en 1795 le commandement de l'armée des Alpes et d'Italie et avait à soutenir la campagne contre des troupes bien supérieures en nombre. C'est cette armée qu'il rejoignit en 1796 et à laquelle il resta attaché pendant deux ans. En 1798, il rejoint l'armée d'Italie sous Bonaparte ; en 1799, il passe à l'armée d'Angleterre, toujours sous le commandement de Bonaparte. C'est, là qu'il reçut le grade de chef de bataillon, sous-directeur des fortifications, le 21 thermidor an VII (8 août 1799). Après avoir passé quëlqpïe temps soùs les ordres de Bernadette au corps d'armée d'observation, il fait de nouveau partie de l'armée d'Italie, d'abord soùs les ordres de Masséna, ensuite sous ceux du maréchal Brune; c'est pendant ce temps qu'il dût se rendre à Milan, comme spus-directeur du génie, et qu'il se signala au passage du Mincio et au siège de Peschïera (1801). Entre-temps, il était chargé de raser les forteresses piémontaises, el c'est en s'occupant de ces travaux, où il y avait assez peu à faire pour sa réputation et son avancement, qu'il songea à rentrer en France. 11 avait pour cela plusieurs raisons : sa santé était chancelante et il aurait voulu s'occuper de sa famille et de ses intérêts. C'est pourquoi le 4 fructidor de Tan VIII il s'adressait au premier inspecteur du génie, le général de division Marescot, pour « être envoyé à un poste non éloigné de Verdun, si ce n'est à Verdun même » (1). Il reçut une réponse qui lui permettait d'espérer, mais les opérations se poursuivant toujours et le forçant à rester, il adresse à son supérieur des instances plus pressantes en invoquant trois raisons : l'éloignement de ses propriétés ; sa santé ; l'attrait du séjour de Mayence qui lui convient mieux à cause de la proximité des eaux de Wiesbaden, dont les bains lui sont conseillés (2). On lui avait en effet offert quelque temps auparavant les sousdirections de Mayence et de Coblenlz. Cette fois on fit droit à sa

(1) Archives du Ministère de la Guerre. Section administrative. Dossier de Breuille.

(2) Lettre datée, de Turin du 2 prairial an IX. Idem.


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demande et le 21 juillet 1801 il était envoyé à Sarfêlibre comme sous-directeur des fortifications. Une des raisons dont il ne parle pas explicitement dans sa demande, était aussi sans doute le projet de mariage qu'il avait formé, car il profita de ses premiers moments de liberté pour épouser, à Vienne-le-Châleau, le 1er décembre 1801, Innocente-Catherine de Bigault du Graurut, fille de Emmanuel-Bonable de Bigault du Granrut et de FrançoiseVicloire-Charlolte Périn. Le 13 mai 1803, il reçut le commandement de l'école régimentaire du génie et des mineurs à Metz, poste qu'il quittait le 22 octobre 1805 pour être employé à l'état-majôr général du génie de la Grande Armée. Le 14 juin 1804, il avait été fait chevalier de la Légion d'honneur, récompense bien méritée quand on pense aux nombreuses campagnes qu'il comptait à ce moment.

Les trois années qu'il passa à la Grande Armée furent une des périodes les plus actives de sa vie. Il parcourut l'Allemagne, l'Italie et l'Autriche presque toutes entières à la suite de Napoléon et de ses lieutenants, prenant une part glorieuse à de nombreuses batailles et assurant la sécurité des armées par la démolition des retranchements et des forteresses ennemis après le passage des Français. Nous savons par une lettre du général Marescot, datée de Brùnn, en Moravie, le 14 frimaire an XIV (4 décembre 1805), qu'il dut se rendra à Insprùck el là se concerter avec le gouverneur bavarois « pour assurer la démolition de tous les forts ou retranchements qui barrent les communications du Tyrol avec la Bavière ». En 1806, nous le retrouvons à léna, face aux Prussiens; en 1807 il se trouve à Eylau contre les Russes unis aux Prussiens ; au mois de juin suivant, à Heilsberg contre les Russes. Peu de temps après, il se distingue au siège de Graudentz, Tous ces faits d'armes lui avaient valu la confiance des chefs de l'armée: aussi en fut-il récompensé par de nouveaux emplois. Le 29 avril 1806 il avait été nommé chef d'état-major du génie du 3e corps. Promu au grade de major du génie le 4 mars 1807, quelque temps après, le 5 juillet de la même année, il fut attaché au grand quartier général, et c'est avec ce grade et dans ces fonctions qu'il fit les campagnes de la Grande Armée jusqu'en juillet 1807. Le 8 juillet 1807, Napoléon signait le traité de Tilsitl qui assurait la paix avec la Russie el la Prusse. Nos armées purent alors prendre quelque repos. De Breuille, qui avait quitté son pays depuis deux ans, aspirait à y rentrer. Il écrivit de Berlin,


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il se trouvait, au général Marescot pour solliciter un congé « qui lui permette d'aller mettre ordre à ses affaires ». Le 14 février, ce congé, avec appoinlement, lui fut accordé par l'Empereur pour aller à Metz régler ses affaires. Ce congé devait durer qualre mois, mais les événements, qui se succédaienl avec une rapidité étonnante, allaient en disposer autrement. Dès le 7 mars, l'inspecteur général du génie avait demandé son rappel à l'école régimentaire de Metz quand, au mois de mai, éclata la guerre avec l'Espagne.

III. — Guerre d'Espagne.

Napoléon avait son plan en s'immisçant dans les affaires de l'Espagne. Aussi le Ministre de la Guerre, en envoyant dans la Péninsule une armée composée en majeure partie, selon les Mémoires de Marbot (1), de troupes inexpérimentées et de recrues, était surtout préoccupé de les encadrer d'officiers qui eussent fait leurs preuves sur d'autres théâtres. C'est ainsi que pour l'arme du génie il fut amené à peuser au major de Breuille. Depuis 1793, il était en campagne; il avait parcouru presque toute l'Europe et il avait gagné sur les champs de bataille, dans les sièges el jusque dans les rares périodes de paix, une expérience qui lui valait l'estime de ses chefs. Il fui donc proposé tout de suite et malgré son congé comme commandant des mineurs de l'armée d'Espagne. Voici la lettre par laquelle le Ministre de la Guerre le propose au Prince, vice-connétable, major général de l'armée (2) :

« MONSEIGNEUR,

« J'ai l'honneur d'informer votre Altesse Sérénissime qui, par sou ordre du 27 août dernier, a déterminé qu'un officier supérieur des mines serait employé aux armées d'Espagne.

« Monsieur le major du génie Breuille est le seul officier que je puisse désigner pour être chargé du commandement des mineurs en Espagne. Cet officier de l'ancien corps des mineurs a toutes les connaissances nécessaires pour bien remplir ce service.

« Je prie en conséquence Son Altesse Sérénissime de vouloir bien donner à Monsieur Breuille l'ordre de se rendre à Bayonne,

(1) Mémoires du général, baron de Marbot, tome II, page 3 (libr. Pion et Nourrit, Paris).

(2) Maréchal Berthieiy prince de Neuchâtel.


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conformément aux ordres de Sa Majesté. -.Cet officier, gui fait partie de la Grande Armée, se trouve eu ce moment dans sa famille en vertu d'un congé de votre Altesse.... » (1).

Bientôt les ordres lui sont directement adressés el il est avisé qu' « il devra se rendre en poste à Bayonne pour y faire confectionner les outils de mines, prendre le commandement des mineurs et s'occuper de tout ce qui est nécessaire pour la formation d'un siège ».

L'armée entra en Espagne le 17 octobre 1807; elle y venait comme alliée soutenir la monarchie espagnole et dans le but d'envahir le Portugal. On ne se doutait pas à ce moment des difficultés qui devaient lui survenir, ni de la durée de celte expédition, où la France obtint parfois des succès partiels, mais d'où elle dut finalement sortir sans profit pour elle et après de grands désastres. Gabriel-François de Breuille devait participer à toutes ces opérations el ne quitter le pays qu'à la cessation des hostilités, c'est-à-dire en 1814.

La campagne cependant fut heureusement inaugurée pour les Français par la victoire du maréchal Bessières à Rio-Secco et la proclamation de Joseph Bonaparte à Madrid. Mais bientôt arrivèrent les premiers revers. Les Espagnols, déçus dans leurs espérances, froissés dans leur patriotisme et mal impressionnés par la tenue de nos troupes « dont la réunion ressemblait plutôt à l'évacuation d'un hôpital qu'à une armée marchant à la conquête d'un royaume » (2), se révoltèrent. Le 8 juillet 1808, le général Dupont capitulait à Baylen, el Saragosse, à moitié prise par notre armée, offrait une résistance acharnée. Il y eut alors de belles journées pour l'arme du génie placé sous la direction du général Lacoste. Les Espagnols, barricadés dans une partie de la ville, ne cédaient que pied à pied ; il fallait enlever les maisons et les rues les unes après les autres ; chaque quartier devenait une forteresse, et pour réduire les combattants, les Français durent employer continuellement la sape et la mine. Cette tache incombait au major de Breuille.

Notons en passant qu'il avait retrouvé au siège de la ville un au Ire gentilhomme verrier, son compatriote et son parent, Charles-François Dorlodot des Essarls, né au Neufour, à ce

(1) Archives administratives du Ministère de la Guerre. Dossier de Bonnay de Breuille.

(2) Mémoires du général de Marbot, tome II, pago 3.-


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moment sous-offiçier et plus tard général du génie. Il trouva un grand dévouement parmi nos soldats, mais lui-même ne craignait pas de s'exposer parmi les premiers.

Dick de Lonlay, le seul historien où nous ayons pu jusqu'ici trouver son nom, nous raconte en ces termes une de ses prouesses: « Le 8 février (1809), noire division entière prend part à l'attaque de la rue du Cosso. Nos galeries de mines sont arrivées jusqu'aux abords du vaste couvent de San-Francisco. Le major du génie Breuille fait alors charger une mine de 3,000 livres de poudre. Afin de produire plus de résultat, on simule une attaque inverse pour y attirer un plus grand nombre d'ennemis. Des centaines d'Espagnols occupent sur-le-champ tous les étages; nous attendons de pied ferme. Alors le major Breuille donnant l'ordre de mettre le feu à lamine, une épouvantable explosion, dont toute la ville retentit, se fait entendre, et une compagnie toute entière du régiment de Valence saute dans les airs avec les débris du couvent de San-Francisco » (1). De telles actions, se renouvelant constamment, entraînaient nécessairement l'épuisement des troupes de siège et la perte de quelques-uns d'entre eux. Aux fatigues qui causaient de graves maladies, s'ajoutaient les dangers du combat. Le général Lacoste, commandant en chef du génie, y laissa la vie. Marbot raconte sa mort en quelques lignes : « Ces travaux n'étaient pas sans de très grands dangers pour les Français, car dès que l'un d'eux paraissait, il était en butte aux coups de fusil tirés, par les Espagnols cachés dans les bâlimenls voisins. C'est ainsi que périt le général Lacoste au moment où il se.plaçait devant une lucarne pour examiner l'intérieur de la ville » (2).

A cette époque précisément, victime sans doute de ses fatigues durant le siège, de Breuille était repris des mêmes douleurs qu'il avait déjà subies au siège de Mayence, et il avait dû demander un congé ou un emploi qui lui permit de prendre soin de sa santé. Il aurait désiré être renvoyé à l'école régimentaire de Metz ; puis, sur le rapport du chirurgien Blandin, chargé du service du génie, il avait consenti à aller prendre les eaux thermales de Bourbonne, quand survint la mort du général Lacoste. Pour lui donner sans doute un semblant de satisfaction

(t) DICK DE LONLUÏ : Nos Gloires militaires, un volume in-4», page 376. — Tours, A. Marne, éditeur.

(2) Général de Marbot, ouvrage citéj-tpage-100.- .-. ------ .


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et pour l'éloigner un instant du théâtre de la guerre, on le chargea de transporter en France le coeur du général. Obligé de rentrer bientôt en Espagne, voici comme il rend compte de sa mission :

« Pampelune, 6 Juin 1809.

« Le coeur de notre brave général Lacoste est resté entre mes mains, mais comme je vais m'enfoncer dans le midi de l'Espagne, je prends le parti de l'envoyer à Bayonne à Monsieur Bordenave. J'en ai écrit au Préfet de la Haute-Loire pour qu'il réclame le dépôt s'il le veut et qu'il en prévienne l'Inspecteur » (1).

Cette année 1809 et la suivante durent être des plus chères dans les souvenirs du général de Breuille, car ce fut à ce moment que se multiplièrent en sa faveur les marques de confiance de ses supérieurs. Le 10 mars 1809, il avait été nommé colonel, après trois ans seulement dans le grade de major, et le 2 juin de la même année, il devenait commandant en chef du parc du génie à l'armée d'Espagne ; le 22 décembre de la même année, le Ministre de la Guerre le nommait directeur du parc du génie et de l'équipage de siège de l'armée d'Espagne. Enfin, le 5 octobre 1810, il était fait officier de la Légion d'honneur. Il est bien probable que sa conduite au siège de Saragosse et dans les différents autres combats contribua pour une large part à tous ces litres et distinctions.

Il semble bien que le colonel de Breuille, dans les années qui suivirent, fut le plus souvent le chef du génie en Espagne. Les nominations de 1809 fixaient sa résidence à Madrid qui était comme le centre de son administration. Le 1" novembre 1810, il était nommé commandant du génie du centre de l'armée d'Espagne et le 11 avril 1811 il était appelé à exercer ces fonctions à Santona. Le 24 février 1813, il écrit de cette ville au Ministre de la Guerre pour lui demander une fois encore sa réintégration à l'école de Metz pour raison de santé :

« Depuis quinze jours, dit-il, je suis la proie d'une fièvre nerveuse bilieuse, accompagnée de tout ce qui caractérise une maladie aiguë. Ma vie a été plusieurs fois en danger. Cependant une sorte de convalescence commence à se déclarer, mais on m'assure qu'elle sera longue. Des symptômes d'anciennes maladies

(1) Archives du Ministère de la Guerre. Section administrative. Dossier de Bonnay de Breuille.


— lise sont manifestés, surtout une grande difficulté de respirer, suite d'un événement affreux qui m'est arrivé dans le Haut Arragôn (sic), après le siège de Saragosse... »

Suit un certificat de l'officier de sauté.

Quel est cet événement affreux auquel il est fait allusion ici, nous n'avons pu le savoir. Sans doute une blessure ou uu accident qui eut sa répercussion sur la santé de l'officier.

La campagne dura encore trois ans, pendant lesquels le colonel de Breuille resta à son poste, toujours à la tête du génie. Le 22 mars 1814, les Bourbons rentrèrent en Espagne. La guerre était virtuellement terminée ; elle le fut réellement par l'abdication de Napoléon (11 avril 1814). Aussilôl la chute de l'Empire, un armistice fut conclu entre l'armée française el les troupes confédérées. Il y avait trois ans que le colonel était presque continuellement bloqué dans Santona et six ans qu'il était en Espagne sans en sortir. De Breuille en profile pour écrire au Ministre de la Guerre et, sur le point de rentrer en France par Rochefort où Blaye, il demande encore une fois à rentrer à Metz :

« Monseigneur, je prends la liberté d'exposer à Votre Excellence combien il serait nécessaire à_ ma santé extrêmement délabrée ainsi qu'âmes intérêts particuliers de retourner à Metz prendre le commandement de l'école des mineurs et sapeurs, ainsi que les "autres services attachés à ce commandement qui m'était encore réservé d'après les dernières nouvelles que j'ai reçues de Paris. Une fois rendu à Metz, Monseigneur, je pourrai me livrer à la rédaction de tous les comptes que je dois de mon service à Sanlona, rédaction quia été relardée par suite de ce que je n'ai reçu aucuns réponse à la lettre que j'ai eu l'honneur d'écrire à Votre Excellence le 14 décembre dernier et dont j'ai l'honneur de lui adresser le triplicala, etc.. » (1).

IV. — Restauration. — Retraite (1814-1833).

En quittant l'Espagne; le colonel de Breuille se dirigea sur Rochefort. Une lettre du Ministre l'y attendait; elle devait lui donner des instructions sur les fonctions qu'il devait remplira Metz par suite de la nouvelle organisation du corps royal du

(1) Lettre écrite de Santona au Ministère de la Guerre le 4 mai 1814. —Archives du Ministère d* la Guerre. Dossier de Breuille. '


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génie. Le 22 juin 1814, il était officiellement nommé directeur de l'arsenal du génie établi à Metz; le major Pasquier, sous-directeur de l'arsenal et directeur provisoire, devait lui remettre tous les papiers el renseignements relatifs au service. Depuis longtemps il ambitionnait ce poste qui le mellait à proximité de son pays et lui permettait de veiller à ses intérêts. Aussi en profita-t-il immédiatement pour solliciter une permission d'un mois, en observant que depuis neuf ans il n'a passé que quatre mois dans sa famille. Celte permission, demandée le 4 septembre 1814, lui fut accordée le 9. En même temps qu'il demandait cette permission, il sollicitait aussi une autre faveur du Ministre de la Guerre. Comme récompense de ses services, el aussi, sans doute, de son ralliement au nouveau régime, le Roi, par une ordonnance du 19 juillet, l'avait nommé chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, que la Révolution avait aboli el que la Restauration venait d'ajouter à la Légion d'honneur. Celte nouvelle distinction semble lui avoir causé le plus vif plaisir; elle flattait en lui le vieux gentilhomme attaché malgré tout aux institution s anciennes. Aussi voulut-il célébrer cet événement par une fête de famille ; c'esl pourquoi, par une autre lettre datée aussi du 4 septembre, il demande au Ministre de la Guerre à être reçu dans cet ordre par son beau-père, Emmanuel de Bigaull du Granrul, chevalier de Saint-Louis, ancien maréchal des logis des gardes du corps du Roi (1). Cette autorisation lui fut accordée le 20 septembre et le 4 octobre la réception fut faîte dans une des salles de la maison du Granrut à La Harazée et procès-verbal en fut adressé aussitôt au Ministre de la Guerre. On se figure aisément ce que fut celle fête. Les vieux gentilshommes de la région, de tout âge et de tous noms (et ils étaient nombreux), ceux de l'ancien régime qui tenaient de Louis XVI la médaille de l'ordre royal et militaire, s'étaient mêlés à ceux qui plus jeunes avaient obtenu de Napoléon la croix de la Légion d'honneur ou bien encore à ceux qui, portés sur la liste des émigrés, avaient combattu pour leur Roi durant la Révolution dans les armées de Coudé, el tous fêlaient ensemble les lauriers du nouveau chevalier. Aussi, quand le vieux du Granrut donna l'accolade à celui qui lui était uni de si près et qui avait voulu tenir de lui celle gloire, il sembla à tous ces descendants des gentilshommes verriers que l'ancien régime

(1) Lettre écrite de Metz au Ministère de la Guerre le 4 septembre Î814. Ibidem.


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lui-même donnait au nouveau le baiser de la réconciliation et que par là fut renouvelé le voeu des ancêtres de travailler toujours à la gloire et à la prospérité de la Patrie.

La paix ne fut pas de longue durée, et quand l'Empereur revint de l'île d'Elbe pour reprendre le pouvoir, la France dut s'attendre à de nouvelles vicissitudes. Ceux qui avaient suivi la fortune de Napoléon pouvaient entrevoir de nouveaux horizons de gloire ; mais la coalition s'annonçait d'aulaut plus terrible. Quelle fut l'attitude du colonel de Breuille pendant cette période troublée que l'on a appelée les Cent Jours ? Il semble qu'il accepta le nouvel élat de choses, passivement, en soldat, comme il avait accepté les transformations successives du pays depuis son entrée dans la carrière des armes. Il ne joua du reste aucun rôle dans la crise finale qui conduisit Napoléon à Waterloo ; mais on peut dire qu'il était prêt à tout événement, car, dès la reprise des hostilités, il lui fut donné un poste de confiance où les circonstances auraient pu mettre en valeur son courage et sa science mililaire si, comme on le prévoyait, les alliés avaient envahi la France comme en 1792 par la Lorraine et la Champagne. Les massifs boisés de l'Argonne, dans lesquels la résistance avait été organisée lors de la bataille de Valmy, semblaient devoir arrêter longtemps l'ennemi dans leurs défilés ; aussi importait-il de fortifier ces Thermopyles de la France, Le colonel de Breuille fut appelé à celle mission. Le 18 mai 1815, sur la proposition du lieutenant général, comte Gérard, commandant en chef de l'armée de la Moselle à Metz, il reçut l'ordre du Ministre de la Guerre d'aller reconnaître la posilipn militaire de la forêt d'Argonne el d'y faire exécuter les travaux nécessaires à sa défense. En même temps, ordre était donné au lieutenant général comte Vandamne, commandant en chef le 3e corps de l'armée du Nord, au maréchal de camp Nempde et au général commandant la division de réserve à Sainte-Menehould, de lui transmettre leurs ordres. Ou ne pouvait faire un meilleur choix, car, outre l'expérience acquise dans les campagnes d'Allemagne, d'Italie et d'Espagne, le Ministre comptait surtout sur sa connaissance de ce pays qui était le sien. L'invasion ayant entraîné l'armée dans un autre pays, les travaux de défense de l'Argonne ne furent pas .poussés très loin, quoique l'on puisse encore en voir la trace dans la forêt ; mais les plans dressés par le colonel


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de Breuille lui font le plus grand honneur et les sommités du génie militaire français ont plusieurs fois témoigné qu'il les avait en grande estime.

La bataille de Waterloo (18 juin 1815) mit fin à ces travaux. Il sembla aussi qu'elle dût mettre fin. à la carrière du colonel, car le 17 août suivant il fut mis en congé par licenciement. Cette mesure pouvait être le prélude de sa retraite définitive. Les passions excitées par le revirement de la victoire étaient alors fatales à ceux qui avaient suivi la fortune de Napoléon, surtout à ceux qui, après s'être ralliés une première fois aux Bourbons, avaient de nouveau accepté de combattre sous les ordres de l'Empereur. On connait les procès fameux qui envoyèrent à la mort un maréchal de France el plusieurs officiers. Beaucoup eurent leur carrière définitivement brisée et allèrent grossir les rangs des mécontents qui aspiraient à une restauration impériale. De Breuille pul craindre pendant quelque temps de partager leur sort ; mais, soit par l'influence de sa famille, soit à cause de son nom ou bien encore en considération de son rôle effacé dans les derniers événements, il ne semble pas qu'il lut inquiété. Bientôt même on le rendit au service actif; mais le reste de sa carrière en souffrit, car, en dépil de tous les postes de confiance dont il fut honoré et bien que, depuis sa promotion au grade de colonel en 1809; il eut donné des marques incouteslâbles de sa valeur, jusqu'à sa retraite en 1822, il n'obtint ni les grades, ni les distinctions que le Gouvernement impérial n'eût pas manqué de lui conférer. Il est vrai aussi que l'état de paix, dont la France avait si besoin, n'était point favorable aux ambitions guerrières ; aussi sa carrière se poursuivil-êlle plus tranquille par Une succession de postes où il montra toujours la même expérience dans l'organisation et où il mérita les meilleures notes. Réintégré au mois de février 1816, il reçoit aussitôt l'ordre de se rendre à Neuf-Brisach comme directeur des fortifications. Il fit un séjour assez court dans cette ville, car le 21 mai suivant il a une nouvelle lettre de service par laquelle le Roi lui confie la direction des fortifications de Belfort. De Béiforl il s'ôecupail aussi des autres places fortifiées de la région ; il les visitait à des époques déterminées et devait envoyer à leur sujet des rapports au Ministre. Il passa ensuite à là direction de Verdun. C'est là qu'il apprit sa mise à la retraite le 19 janvier 1822. Il n'avait alors que cinquante et un ans et il aspirait à exercer les fonctions de général de brigade. Ou peut


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juger de . son désappointement par la lettre qu'il écrivit au Ministre :

« MONSEIGNEUR,

« Je viens de recevoir la lettre que Voire Excellence m'a fait l'honneur de m'écrire le 19 de ce mois pour m'averlir que j'étais admis à la retraite. Cette nouvelle absolument inattendue m'a fait une impression que je ne puis rendre. Je me croyais encore capable de quelques bons services, mais puisqu'il en a été autrement jugé, je n'ai qu'à me soumettre à ma malheureuse destinée qui veut que je n'ai jamais eu de tranquillité dans ma carrière militaire que ces trois dernières années. J'aurais souhaité servir jusqu'à ce que mon fils, brigadier dans les chasseurs du Cantal, fut officier. Voilà maintenant ce cher enfant abandonné si Votre Excellence ne lui accorde pas sa protection à raison de mes services et de ses qualités personnelles.

« Votre Excellence me fait espérer le grade honorifique de Maréchal de camp. Ce serait pour moi une grande consolation et pour le public une preuve que ma retraite n'est pas une défaveur. Je serai donc bien reconnaissant d'une telle grâce.

« Je suis, avec

« DE BREUILLE. »

Cette supplique fut accueillie favorablement, car elle porte en marge cette observation du Ministre : « A classer. Monsieur le colonel de Breuille sera fait Maréchal de camp honoraire, et au besoin on rappellerait ses anciens services, si cette mention pouvait être utile à son fils. »

Cependant comme cette affaire éprouvait quelques longueurs, il crut bon d'écrire le 1or mars une nouvelle lettre dans le même sens. Cette fois la réponse ne se fit pas attendre : c'était la retraite définitive avec le grade de Maréchal de camp honoraire. Il avait trente-huit ans de services, passés presque continuellement en campagnes de guerre.

Il se retira à La Harazée pour y jouir de son bien de famille et s'occuper de l'avenir de ses enfants. Quelque temps après, il fut élu maire de Vienne-le-Château, dont La Harazée est une dépendance. Il mourut dans sa maison de La Harazée le 5 septembre 1833, âgé de soixante-deux ans. Son corps, transporté au cimetière de la petite paroisse, repose encore à l'ombre d'un modeste monument de pierre, surmonté d'une aussi modeste croix en fer forgé. -,


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Telle est la biographie du général de Bonnay de Breuille. Pour ceux qui sont curieux de poursuivre l'histoire jusqu'à l'époque contemporaine, nous allons donner quelques noies sur la descendance du général. En mourant, il laissait deux fils, Louis-Charles de Bonnay de Breuille, celui auquel il fait allusion dans la lettre que nous avons citée plus haut, el François-Bonable-Alphonse de Bonnay de Breuille.

L'aîné, Louis-Charles, que nous avons vu brigadier dans les chasseurs du Cantal, devint par la suite garde du corps du roi Charles X. Il ne continua pas la carrière militaire et donna sa démission. De son mariage avec Charlotte-Delphine Liénard, il eul deux enfants, dont l'aîné, Gabriel-Henry de Bonnay de Breuille, habita d'abord La Harazée, puis Belrupl, près de Verdun (1). Sa descendance est représentée aujourd'hui par plusieurs enfants dont les destinées ne nous sont pas actuellement connues. Nous savons seulement que son aînée a épousé le fils du héros de Sébastopol, aujourd'hui colonel Mayran de Chamisso.

En nous reportant au second fils du général, François-BonableAlphonse de Bonnay de Breuille, nous rentrons dans le domaine du connu. Nous eûmes en effet le plaisir d'avoir quelques relations avec le fils de celui-ci, Edouard-Gabriel de Bonnay de Breuille. Il avait fait sa carrière comme officier de l'administration des douanes. C'était un homme de grande taille, de relations affables et faciles et qui s'était acquis l'estime de tous les habitants de Varennes où il s'était relire. Nous lui devons beaucoup des renseignements que nous avons insérés dans celte notice, et il nous était permis de croire que ses relations épislolaires auraient continué à apporter un vrai charme à nos éludes, si la mort n'était venue le surprendre le 21 avril 1909. Il laissait un fils, Charles de Bonnay de Breuille, marié quelques mois auparavant. La mort impitoyable devait faucher ce dernier rejeton de la branche cadette des de Breuille : il fut enlevé le 18 octobre suivant.

La famille de Bonnay compte encore quelques membres fixés en Argonne ; mais la mort de Charles de Bonnay de Breuille a fait disparaître du pays qui fut le berceau de ses ancêtres ce rameau du grand arbre.

(1) Belrupt, commune du canton de VeTdun-sur-Meuse,_arrondissement:dé Verdun..


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Jacques de Bonnay de Troisfontaines

Général de brigade d'artillerie

(1732-1814)

Parmi les nombreux soldats de la famille de Bonnay, trois en particulier se distinguèrent par leurs succès. Nous avons déjà cité leurs noms et résumé leurs états de services. Nous ne reviendrons pas sur Claude de Bonnay de Belvaux, né au Claon en 1717, retiré en 1776 comme mestre de camp de cavalerie avec le rang de maréchal de camp (1). Nous n'avons rien à ajouter à ce que nous avons dit du général de Bonnay de Breuille (2). Il nous reste à parler de Jacques de Bonnay de Troisfontaines ou de Nonancourt, général de brigade d'artillerie.

Jacques de Bonnay naquit au Claon le 21 août 1732. Son père, Jacques de Bonnay, sieur de Nonancourt, avait épousé aux Islettes, le 26 janvier 1723, Jeanne-Marie de Bigault, fille de Jean-Jérémie de Bigault, seigneur en partie d'Avocourt, et de Geneviève de Saintignon (3). 11 demeura tantôt au Claon, où il possédait une verrerie qu'il faisait valoir, et tantôt à Bellefontaine, et, par suite, ses enfants furent inscrits, les uns sur les registres de La Chalade, dont Le Claon faisait partie, et les autres sur ceux de Bellefontaine. Il en eut quatorze, dont quatre au moins

(1) Voir Revue d'Ardenne et d'Argonne, juillet-août 1908 : « Soldats et Gentilshommes verriers», page 147.

Voici les étals de services de Claude de Bonnay de Bellevaux :

Né au Claon, 21 novembre 1717, fils de François de Bonnay de Bellevaux et de Jeanne Duhoux.

Chevau-léger de la garde du Roi 4 mars 1736.

Rang de capitaine 29 mars 1746.

Porte-étendard 18 décembre 1761.

Sous-brigadier 1763.

Brigadier—, 1767.

Maréchal des logis 26 décembre 1774.

Mestre de camp 4 juin 1775.

Retiré avec le rang de maréchal de camp en 1776.

Il avait épousé dans la chapelle du Four de Paris, paroisse de La Chalade, Madeleine de Condé, fille de défunt Charles de Condé, sienr de Parfonrul, chevalier, seigneur de Therme, et de Marie-Anne de Bigault.

De ce.mariage naquirent neuf enfants dont deux fils morts en bas âge et une fille mariée en 1790 à Charles-François de Bonnay, fils du général dont nous retraçons la carrière.

(2) Voir plus haut: Le général de Bonnay de Breuille, page 1-19.

(3) Famille lorraine, alliée à quelques familles nobles verrières. Porte : K De gueules, à trois portes ouvertes à deux ventilions d'or. » ,


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moururent en bas âge. L'aîné, Jean-Jérémie de Bonnay dé Nonancourt, continua l'industrie paternelle au Claon et eut une postérité qui compte encore aujourd'hui de nombreux représentants. Parmi ses frères, en dehors du général, l'un Nicolas, né à-Bellefontaine' le 9 mars 1740, devint prêtre. En 1778, il était chapelain de la ville de Clermont ; le 28 février 1780, il était nommé chanoine titulaire de la cathédrale de Verdun el pourvu de la 36e prébende. Après avoir passé en exil la période de la Révolution, il fut nommé curé des Islettes le 23 janvier 1803, puis curé-doyen de Triaucourt le 28 mars 1805. C'est là qu'il mourut le 16 juin 1823.

Jacques de Bonnay de Troisfontaines était le troisième des enfants de Jacques de Bonnay de Nonancourt. Ce nom de Troisfontaines (1), qui avait été porté dans la famille de Bigault, lui fut donné pour le distinguer de ses frères ; il devait du reste le conserver pour le transmettre plus tard à ses enfants. Jacques de Bonnay est appelé de Troisfontaines et souvent de Nonancourt. Le nom de Troisfontaines a été adopté par le Ministère de la Guerre ; nous le garderons. Il semble pourtant que la famille ait pris de préférence le nom de Nonancourt (2j.

Le 1,f août 1745, à peine âgé de treize ans, Jacques de Bonnay de Troisfontaines s'engagea dans l'artillerie où il fut accepté comme surnuméraire. En 1746, il obtient le grade, mais seulement à titre honoraire, d'officier pointeur. Son jeune âge ne l'empêche pas de suivre les troupes dans leurs expéditions, car cette même année 1746, il prend pari au siège de Charleroi, à celui de la forteresse et du château de Namur et à la bataille de Rocoux, sous les ordres du Maréchal de Saxe. Il est probable que cette campagne des Pays-Bas le fit remarquer de ses chefs el qu'elle eut pour résultat de le faire nommer définitivement officier pointeur le 19 janvier 1747. Ce fut avec ce grade qu'il participe en 1747 à la bataille de Çrawfeld. Il le conserva pendant sept ans;, jusqu'au 30 décembre 175,4, où il fut nommé commissaire extraordinaire d'artillerie, pe qui équivalait alors au grade de lieutenant. En 1755, quand l'artillerie est organisée en: bataillons, il reçoit à la date du 8 décembre un brevet de lieutenant au bataillon d'artillerie de Menonville. Ce bataillon étant

(1) Troisfontaines. Petit hameau situé dans la Vallée de la Biesmé, entre Futeau et. les Senades et qui s'appelle aujourd'hui La Gonlrôlerie. 11 possédait autrefois une verrerie el. une chapelle; Verrerie el chapelle ont disparu depuis longtemps.

(2yLe nom de Nonancourt a été adopté par plusieurs familles nobles qui n'ont entre elles aucunlien.de ;parenté. ■■•■■'■ '■' :' ■■■■.■■:• j- , -,


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désigné pour la campagne d'Allemagne, Jacques de Bonnay de Troisfontaines s'y rendit et participa avec lui à la bataille de Hastembeck, dans le Hanovre, en 1757, sous les ordres du maréchal d'Estrées, et à celle deCrefeld, 1758, sous le duc de Clermont. Rentré en France, il prit part au bombardement du Havre en 1759. Celte même année, les bataillons d'artillerie prirent le nom de brigade. Le 13 décembre, Jacques de Bonnay entrait dans la brigade de La Pelterie avec le rang de capitaine. Le 15 janvier 1762, il y devient capitaine en second. Nommé capitaine en premier au régiment d'artillerie de Besançon le 15 octobre 1765, il passe chef de brigade ou major au même régiment le 9 mai 1773. Il avait été créé chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis le 12 novembre 1770. Il devient ensuite lieulenantcolonel sous-direcleur d'artillerie le 3 octobre 1784, employé dans ce grade à Port-Louis, puis à Saint-Omer. Le 1er avril 1791, il est nommé colonel et en celte qualité envoyé comme directeur de l'artillerie au dépôt de la Manche et du Calvados, à Cherbourg où il arrive le 3 juillet 1791.

Nommé général de brigade, employé à l'armée des Côtes le 8 mars 1793, il est désigné comme commandant en chef de l'artillerie de la presqu'île du Cotenlin. Le 15 mai suivant il est mis en réforme: mais quinze jours, après, le 1er juin, il est maintenu dans ses fonctions à l'armée des Côtes de Cherbourg par les représentants du peuple. Il passe en campagne aux armées des Côtes les années 1793, 1794 et 1795, pendant lesquelles il s'attira les meilleures notes de ses supérieurs. Dans un rapport du 19 pluviôse an III (9 février 1795), le général Hoche écrit à son sujet : « Les connaissances et les services de cet officier me le font très considérer ». Cependant n'ayant pas été, à cause de son âge, compris dans la nouvelle organisation des états-majors, il fut de nouveau remercié le 25 prairial an III (13 juin 1795) et autorisé à prendre sa retraite, conformément aux articles de l'arrêté de Comité de Salut public du 2 prairial de la même année. Il fut remplacé par le général Hazard.

Rendant compte de ses états de service le 29 messidor an III (19 juillet), le général Aubert-Dubayet, général en chef de l'armée des Côtes de Cherbourg, disait de lui :

« Général de brigade à l'armée des Côtes le 8 mars 1793, il a continué d'être employé jusqu'à ce jour pour le service de


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l'artillerie. La conduite constante et uniforme qu'il a tenue jusqu'à ce jour, n'ayant pas quitté son poste, ainsi que son fils actuellement capilaine commandant la troisième compagnie des mineurs devant Mayence, est une preuve morale, constante et politique de son patriotisme et de son parfait dévouement au service de sa patrie. Mais son âge, ses longs services et ses infirmités ne lui permettent plus de les continuer. Il ose espérer que l'on voudra bien lui accorder la retraite due à son grade. Il laisse à la justice du Comité de Salul public de la fixer comme il jugera à propos. Mais il observe qu'il est sans fortune el qu'il a une nombreuse famille à soutenir.

«J'atteste que le général d'artillerie Bonnay est digne par ses talents, ses bons et longs services, ainsi que la pureté de ses sentiments de républicanisme, d'obtenir la retraite d'un soldat recommandable à tous les titres aux yeux des vrais amis de la République.

« A Cherbourg ce 29 messidor, l'an 3 de la République une et indivisible. » (1)

Ses services effectifs étaient de cinquante ans (du 1er août 1745 au 2 août 1795) et il comptait neuf campagnes de guerre. Toutefois comme ses services ne lui furent comptés qu'à partir de ses quinze ans d'âge, sa pension fixée d'abord à dix mille livres, d'après les articles 18 et 20 du litre I de la loi du 22 août 1790, fut réduite provisoirement à trois mille francs el, à partir du lor vendémiaire an VIII, couvertie en une solde de relraile de quatre mille francs.

Il se retira à La Harazée où il mourut le 10 mai 1814.

Jacques de Bonnay de Troisfontaines avait épousé à Viennele-Château, le 22 avril 1761, alors qu'il était capitaine au corps royal d'artillerie, Anne de Brossard, fille de Jean de Brossard, sieur de Montigny, et de Françoise-Louise de Bigault du Grandrut. De ce mariage naquirent dix enfants, dont CharlesFrançois de Bonnay de Nonancourt, qui entra dans le corps royal des mineurs. C'est à lui que la lettre que nous avons citée fait allusion. Il épousa lui-même, le 11 janvier 1790, à Viennele-Château, Marie-Anne-Blanche de Bonnay de Belvaux, fille de Claude de Bonnay de Belvaux, mestre de camp de cavalerie, chevalier de Saint-Louis, et de Madeleine de Condé de Parfonrui.

(1) Archives administratives du Ministère de la Guerre. Dossier de Bonnay dé Troisfontaines.


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A ,ce mariage assistaient comme témoins Louis de Bigault de Sjgnémonl, chevalier de l'ordre royal militaire, lieutenant-colonel des grenadiers royaux du régiment de la Lorraine, et CharlesFrançois de Bigault du Grandrut, chevalier, capitaine-commandant au régiment de Besançon du corps royal de l'artillerie. De ce mariage est issue une fille Isaure, née à Thiônville le 6 brumaire an VII (26 octobre 1798). Charles-François de Bonnay mourut à Metz le 10 novembre 1.818, Il était retraité comme chef de bataillon du génie, chevalier de Saint-Louis. '

■' «s L'Abbé GILLANT,

Curé de Buzy, — Ancien curé du Neufour.

NÉCROLOGIE

M. NICOLAS GOFFART

M. Nicolas Goflart, agrégé de l'Université, professeur et historien, né à Bulson le 26 mars 1846, est mort à Paris le 11 octobre 1910.

Il fréquenta l'école de son village, entra à l'Ecole Normale de Charleville en 1862, fut instituteur à Auflance en 1865 et en avril suivant chargé de la classe de français au Collège de Charleville.

Il entra à l'Ecole de Cluny en octobre 1866, lut chargé du cours de mathématiques au Lycée de Rouen en 1869, et fut reçu agrégé de mathématiques en 1872 avec le n° 1. Puis il acheta l'Institution Delahaye, située dans le quartier des Batignolles, à Paris, et dirigea avec succès cet établissement d'enseignement libre. Il était officier de l'Instruction publique.

Les anciens élèves de l'Ecole de Cluny l'avaient élu président de leur association et il présida pendant quelques années les Commissions d'examens pour l'enseignement primaire à l'Hôtel de Ville de Paris.

M. N. Gofiart a publié diverses études scientifiques :

1° Etude comparative ducer'cle et de l'hyperbole équilatère;

2° Résolution uniforme des équations des quatre premiers degrés (Paris, 1885 ; in-8», 32 pages) ;

3? Exposition des propriétés de la ligne droite et du plan qui


servent de fondement A la géométrie élémentaire (Paris.188!; in-8°, 32 pages avec figures) ;

4?' DéterminatiQh du jour de Pâques et démonstration des formules de Gauss.

5° Résolutions méthodiques des problèmes d'arithmétique destinée à servir d'introduction à Valgèbre.

M.. N. Gofiart est l'auteur avec son frère Emile, instituteur honoraire à Balan, de la Monographie du canton de Raucourt (Sedan, J. Laroche, 1889, 224 pp. in-8°). L'Académie de Reims décerna aux frères Gofiart une médaille d'or de 200 francs pour cet ouvrage.

M. N. Gofiart a publié dans la Revue de Champagne et de Brie :

1° Précis d'une Histoire de la ville et du pays de Mouton (T. III de la 2" série, pp. 453, 700, 844, 881 ; T. IV, pp. 48, 124, 198, 502, 825 et 888 ;■% V, pp. 55, 418, 474, 593; T.VI, jpp. 10^etl77). Le tout fut réuni en un volume qui, avec 100 pages d'appendice (preuves), forme un volume de 396 pages in-8° (Arcis-sur-Aube. 1894).

Ce travail, avec une Monographie historique du canton de Mouzon, oeuvre des deux frères restée manuscrite, leur valut une médaille d'or de 200 francs de l'Académie de Reims.

2° La Monnaie de Fumay (T. IV. p. 696).

3° Un Budget de la Châtellenie de Mouzon (T. VII, pp. 81-99).

4» Glossaire Mouzonnais (T. VII, pp. 641 à 666, 826 à 848 ; T. VIII, pp. 161 à 186, 259 à 289, 618 à 637, 849 à 866; T. IX, pp. 29 à 34, 118 à 125, 181 à 198, 273 à 296, 422 à 431, 551 à 576, 688 à 742, 867 à 897; T. X, pp. 60 à 110, 246 à 278, 384 à 432, 562 à 568, 685 à 734 ; fin à la page 868 ; puis une partie intitulée : Additions et Rectifications à la page912; T. XL pp. 35 à 47 ; T. XII, pp. 395 à 426, 528 à 553. Au total 658 pages, dont 116 pages d'additions et rectifications. Malheureusement ce travail n'a pas été tiré à part.

5° Chansons de Perrin d'Angecourt (T. VII, pp. 682 à 706, 849 à 872; T. VIH, pp. 32 à 48, 109 à 118) (1). '.'.'"

'.6? Loeium (La Çassine) (T. VIII, pp. 355 à 358).

7° Le livre de raison de Jean Tobie, maître d'école à ChaumpntSaint-Quentïn\i725-i768) (T. XI, pp. 685 à 7.56, avec tirage à part).

8° Ùoçuments relatifs auïc paysjl'Yvois et Mouzon (T. XII, pp. ,818 à 829). " " '"' ' ". ' '"'""

(1) Cf. la critique i% LANGLQIS : Les chansons de fietrin d'.AngécoUrt, dans Revûê d'Àrd. et:• d'ÀrS„ t. JII, :pp. 192-1(95.


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M. N. Gofiart a publié également dans l'Almanach Matot-Braine. à Reims :

1° Notice sur Mézieres et environs (1907, p. 97 ; tiré à part, 24 pp. in-8°).

2° La Parabole de l'enfant prodigue en patois de Bulson (1908, p. 210).

3° Règlement de police pour Mézieres, 4668 (1908, p. 324 ; tiré à part, 16 pp. in-8°).

Sri bracl d'Proverb' et d'.Dictons en patois d'Bulson (1909, p. 205 ; 11 pp.).

5° Adresse à la Convention, Mézieres (1909, p. 315; 8 pp.).

6° Vérification des dates des faits historiques (1910, p. 200 ; 11 pp. in 8»).

7° Des nautô don curé d'Bulson (1910, p. 286, 6 pp.).

M. Gofiart avait aussi collaboré à la Revue historique ardennaise et publié dans la Revue d'Ardenne et d'Argonne une note sur le Manuscrit d'une histoire d'Ivois-Carignan (T. VIII, p. 203).

E. HENRY.

CHRONIQUE

I. — I<a vente de la Bibliothèqrue de M. Brincourt. Deuxième partie : Manuscrits.

Nous avons rendu compte, l'an dernier, de la vente qui dispersa la première partie des collections si patiemment acquises par notre collaborateur, M. J.-B. Brincourt (1). Cette première partie comprenait, on s'en souvient, un ensemble incomparable de livres el d'imprimés de toutes sortes sur l'histoire ardennaise et les auteurs ardennais.

Il nous faut maintenant signaler la vente de la deuxième et dernière partie de cette bibliothèque qui se fit, comme la première, à Paris, dans les salles Sylvestre, 28, rue des Bons-Enfants, les jeudi 30 juin et vendredi 1er juillet 1910, parle ministère de M0 André Desvouges, commissaire-priseur, assisté de MM. Em. Paul et fils et Guillemin, libraires-experts. Le catalogue publié à cette occasion (2) annonçait la mise aux enchères de documents

(1) Revue d'Ardenne et d'Argonne, t. XVI, pp. 197-200. • (2) Catalogue de la Bibliothèque de feu M. J.-B. Brincourt de Sedan. Deuxième partie... — Paris, Em. Paul et fils et Guillemin, 1910-, un vol. in-8', 52 pp.


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manuscrits et lettres autographes concernant la Souveraineté de Sedan, le Duché de Bouillon, la famille des La Marck,!la famille des La Tour d'Auvergne, les personnages célèbres des Ardennes, ainsi que de gravures, de portraits et d'estampes. Les deux vacations, comprenant 279 numéros, produisirent la somme de 9,825 francs, qui, ajoutés aux 20,220 francs obtenus' en 1909, forment un total de 30,045 francs pour la bibliothèque mise en vente. Voici un aperçu des enchères les plus intéressantes.

La première section du Catalogue groupait un nombre considérable dé documents manuscrits el de lettres autographes concernant divers personnages, ardennais pour la plupart, et différentes localités ardennaises ; les adjudications y furent activement poussées et certaines atteignirent des chiffres élevés. —Une série de 11 pièces, documents originaux sur parchemin des xvi°, xviie et xvni 0 siècles, relatifs à divers membres de Maison d'Ambly, fut vendue 91 francs (n° 632 du Catalogue). — La Minute du Traité de la Capitulation d'Anvers (23 décembre 1832), adjugée à 75 francs (n° 635). — Un lot de 11 pièces, comprenant des litres de propriété, donations, actes de ventes et d'échanges, dénombrements et documents divers sur parchemin du xme siècle, concernant Remilly-Aillicourt [et non Alincourt, Rumillyj, Attigny, Bayonville, Château-Porcien, Rethel, Euilly, Tannay, etc., monta à 215 francs (n° 636). — Un autre lot de 13 pièces sur parchemin du xiv° siècle, concernant Buzancy, Coucy, Mézieres, Mouzon, Rethel, Sauville, Seuil, Vaux, etc., atteignit 265 francs (n° 637). — Une réunion de 22 pièces, documents sur parchemin des xve, xvi° et xviie siècles, ayant Irait à diverses lo'calités de notre région, fut adjugé à 195 francs (n° 638). — Un dossier de plus de 140 pièces manuscrites, sur papier et sur parchemin, des xvn° el xvnr siècles et début du xixe siècle, concernant l'histoire civile, mililâire, politique et ecclésiastique de différentes localités ardennaises, fut poussé jusqu'à 350 francs (n° 639). — Un autre dossier de 78 pièces, d'une grande importance pour la Révolution de 1789 dans les Ardennes, monta à 321 francs (n° 640). — Des copies modernes de documents anciens sur les ducs de Bouillon, la ville de Sedan, etc., vendues 105 francs (n° 641). — Un manuscrit du xvi° siècle, registre terrier des villages de Thelines et Biaise en 1539, fit 75 francs (n°648). — Trois documents sur parchemin, concernant la Terre et Seigneurie de La Cerleaù (1788 et 1789),


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vendus 5.6 francs (n° 6.53). ■— Une des rares copies du manuscrit de Jean Tate sur l'histoire de Çhâteau-Porcien, provenant de la bibliothèque de Du Vivier père et datée de 1754, fut adjugée à 112 francs (n° 654). — Un document manuscrit de 3 pages in-fol. sur parchemin : Roolle de la montre et réveue Jaicte en armes en une plaine près le village de Cheveuges-les-Sedan le ier avril 4606, de 57 hommes de guerre à cheval... pour servir au siège de la ville de Sedan, fut payé 52 francs (o° 659). —r Des copies de chartes et de notices sur Cornay, ensemble 15 pièces, payées 51 francs (n°662). — Un fort dossier, composé de manuscrits autographes de Du Vivier père, relatifs à ses travaux historiques et archéologiques, fut vendu 1,55 francs (n° 673). — Une lettre autographe, datée de Sedan, 18 février 1642, adressée par Fabert au cardinal Mazarin et concernant la règle de conduite qu'il a tracée aux protestants de Sedan, fut adjugée à 44 francs (n° 677). — Une autre lettre autographe du même à.Mazarin, datée de Sedan, 2 mai 1.660, et re.la.tiy* à l'acquisition de Bouillon par le roi, payée 27 francs (n° 678). — Enfin cinq autres lettres autographes du même montèrent à 110 francs (n° 679). — Une réunion de 20 pièces généalogiques des xvii 0 et xviir 3 siècles, vendue 55 francs (n° 685). — Un ensemble de 21 pièces, quittances et supplique signées par Jean Jannon, quittances délivrées par sa veuve, etc., fut poussé jusqu'à 330 francs (n° 696). — Une lettre et un billet autographes de Dom Mabillon, deux billets de son décès en latin el en français, payés 4,0, francs (n° 708).—-Un curieux et important dossier relatif à la bataille de la Marfée (61;juillet 1641), contenant les rôles des prisonniers de guerre et les promesses faites par eux de se présenter à Sedan et de payer leur rançon, dossier composé de 50 pièces manuscrites originales avec les signatures des officiers prisonniers, fut l'objet d'une belle enchère qui monta à ô4.0 francs (n° 714). — Deux lettres du terroriste Mogue et un .mémoire sur lui: et d'autres réyolutionn adirés, ardennais,: vendus 37 francs (n° 7.25).—Un dossier de documents manuscrits et imprimés du x;yiTie et début du xixe siècle, concernant la verrepe de Mmth#rmé, se paya 53 francs (n° 726.). — Un dossier de 14 pièces manuscrites, documents et lettres datant de 1696 à 1863, plus trois imprimés, concernant les familles de Neuflize. et Poupart de Neuflize, fut acquis pour 120 -francs (n° 7-28). -r- Les doeumentfi relatifs à Sedan atleignirent des prix assez hauts. Nous citerons particulièrement la yente au prix de 1,000 francs


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d'un dossier comprenant plus de 160 pièces sûr le Collège académique de Sedan (1602-1681) : ce fut l'adjudication la plus disputée et la plus élevée des deux ventes (n° 753) ; — une pièce in-folio sur parchemin, contenant confirmation des Lettres patentes de 1686 pour le don fait aux PP. Jésuites des bâtiments qui servaient cy devant au Collège de ceux de la Religion prétendue Réformée, payée 95 francs (n° 754); — et un recueil de 21 pièces manuscrites sur la draperie de Sedan, vendue 109 fr. (n°758).— Signalons encore deux requêtes de 1638 adressées par la municipalité de Wadèlincouri à Frédéric-Maurice de La Tour et à Elisabeth de Nassau pour obtenir l'autorisation d'aliéner des terres, adjugées à 58 francs (n°767).

La deuxième vacation débuta par la dispersion des autographes concernant la famille des La Marck, au nombre de douze seulement sur le catalogue. — Une quittance de 1535, signée de Robert 111 de La Marck, seigneur de Fleuranges, maréchal de France, a été payée 27 francs (n° 769). — Un « Roolle de la mônStre et revëue fâicte à. Vellis près Soyssons le 18 septembre l'an 153u... », document original sur parchemin, signé Robert de La Marck, avec cachet armorié, atteignit le chiffre de 125 francs (n° 770). — Une quittance de 1545 sur parchemin, signée de Guillemeite de Sarrebrùck, veuve de Fleuranges, avec sceau armorié, fit 110 francs (n° 771). — Une lettre de Robert IV de La Marck au duc de Montmorency, pair et connétable dé France, datée d'Yvois 1554, fut adjugée à 85 francs (n° 772). — Enfin une quittance de rente sur parchemin, datée de 1572 el signée de Françoise de Brëzè, veuve de Robert IV, fut vendue 30 francs (n° 773).

Les documents el autographes beaucoup plus nombreux, concernant la famille des La Tour d'Auvergne, eurent des enchères plus faibles el dépassèrent rarement une vingtaine de francs:—Citons cependant une lettre de Henry de La Tour, duc de Bouillon, adressée à Duplessis-Mornay, gouverneur de Saumur, qui se vendit 25 francs (n° 782). — Un dossier de 104 pièces datant de 1579 à 1620, dont 15 portent la signature de Henry de La Tour et cinq- là signature d'Elisabeth de Nassau, sa femme (états des dépenses de maison,, pièces comptables, quittances, etc.), se paya 43 francs (n° 797). — Un recueil de 12 suppliques adressées à Henry de Là Tour, à Charlotte de La Màrckj sa première femme; et a Elisabeth de Nassau, sa secondé femme, par des habitants de diverses Idéalités de la souveraineté de Sëdân; dé 1592 à 1610; adjuge.


à 42 francs. (n° 798). -^ Une lettre- de Turenne, concernant ses. opérations militaires sur la Sambre, fut achetée 39 francs (n°821).

— Cinq autres lettres de Turenne, datées de 1660 à 1675, furent payées 36 francs (n° 822). — Une lellre de Lucien Bonaparte, ministre de l'Intérieur, 25 fructidor an VIII, au citoyen Bouillon (le duc de Bouillon), concernant la cérémonie du transfert du corps de Turenne à l'église des Invalides, monta à 33 francs (u° 834). — Un document original sur parchemin, les Lettres patentes de 1662, signées par Louis XIV, ratifiant le contrat fait en 1651 et 1652 avec le duc de Bouillon, qui cédait au roi la Place el Souveraineté de Sedan et de Raucourt. en échange des Duchés, Pairies et Terres d'Albret el Châleau-Thierry, vendu 32 francs (n° 837). — Un dossier de 16 pièces, où l'on trouve notamment une Ordonnance du roi concernant les honneurs à rendre au duc de Bouillon dans son duché, 1755, et une Relation de ce qui s'est passé à l'arrivée du duc de Bouillon dans sa Souveraineté et pendant son séjour à Bouillon en 1757, a été adjugé à 40 francs (n° 838). — Un très important dossier de 128 pièces, comprenant la correspondance familiale, politique et religieuse du cardinal de Bouillon, neveu de Turenne, avec nombreuses lettres autographes du prélat,-, ne monta qu'à 51 francs (n° 839). — Un recueil de 48 pièces, relatif à Gharles-Godefroy de La Tour, duc de Bouillon, fit 31 francs (n° 850). — Un dossier de 52 lettres, datant de 1725 à 17.34, fort intéressantes pour l'histoire politique et les affaires particulières du duché de Bouillon, comprenant la Correspondance de MM. de Bessy et de Bacqueville, gouverneurs du duché de Bouillon, avec Linotte, intendant, et Regnaudin, conseiller-secrétaire du duc de Bouillon, ainsi que la Correspondance de M. Bodson, conseiller et procureur, général de la Cour souveraine de Bouillon, avec le duc de Bouillon, vendu 40 francs (n 0 859).

La vente se termina par l'adjudication de plus de 500 portraits, estampes et gravures, parmi lesquelles se trouvaient des pièces remarquables, achetées trop souvent au-dessous de leur valeur.

— Une réunion d'environ 100 vues, cartes, plans et gravures anciennes et modernes concernant diverses villes et localités des Ardennes, a été payée 81 francs (n° 865). — Un portrait du maréchal de Fabert, gravé par F.. Poilly, vendu 30.francs (n° 870).

— Un portrait de Frédéricr-Maurice de La Tour d'Auvergne,, gravé par Nanteuil, adjugé.à 60 francs (n° 873),—Un portrait du maréchal


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de Turenne, gravé par Nanteuil d'après Ph. de Champaigne, belle épreuve du deuxième état, monta à 115 francs (n° 874).—Un beau portrait de Godefroy-Maurice de La Tour d'Auvergne, gravé par le même, épreuve avant la lettre, fut acquis pour 75 francs (n° 881). — Enfin un superbe portrait grand in-fol. du cardinal de Bouillon, par le même, ne dépassa.pas 70 francs (n° 882).

De rares Ardennais, mêlés aux libraires et aux marchands d'estampes parisiens, assistaient à la dispersion de celle collection unique. L'éparpillement de tant de pièces précieuses est plus profondément regrettable que celui des imprimés, car ceux-ci peuvent encore se retrouver; mais il serait impossible aujourd'hui de reconstituer un ensemble aussi complet de documents manuscrits sur l'histoire ardennaise. Plusieurs amateurs de notre région ont, il est vrai, fait d'assez nombreuses acquisitions ; il nous faut pourtant déplorer que de pareils trésors aient échappé à nos archives el à nos bibliothèques publiques qui semblent d'ailleurs n'avoir eu cure d'en recueillir quelques parcelles.

Ch. HOUIN.

II. — La provenance de la croix et du coq de clocher acquis par le Musée de la Champagne.

Dans le Courrier des Ardennes du 11 octobre dernier, « un archéologue » de Sedan signale que la croix et le coq dont il a été question dans la Revue (nos de juillet-août et septembre-octobre) ne proviennent pas, comme on le croyait, de l'église de SaintLambert. D'après la lettre écrite au journal, « un Monsieur » s'était rendu, il y a environ dix ans, acquéreur, à Saint-Lambert, d'une maison sur la cheminée du toit de laquelle étaient cette croix de fer et son coq. On savait qu'elle ne provenait pas de l'ancienne église du village, on ignorait son origine exacte, on supposait qu'elle avait échappé à la destruction du Prieuré de Mont-de-Jeux.


— 32 — VARIÉTÉS

î..— Notés sur le Fôlk-lore de Gons-la-Grandville.

Les Sorciers.

Il y avait beaucoup de sorciers dans le pays. C'étaient les gens riches. Autrefois on tolérait cela parce qu'on avait peur; aujourd'hui on leur enverrait des coups de fusil. Ils se changeaient en bêtes : c'était de la « physique ».

Ils se réunissaient au Rond Bois, près de Gons-la-Grandville ; puis, par les hauteurs, ils suivaient un chemin encore tracé, et ils allaient à Gély, village aujourd'hui ruiné, entre Neufmanil et Aiglemont. Il y a un endroit où ils passaient qui reste absolument inculte, même aujourd'hui. On ne voyait rien, mais on entendait de la musique à travers les airs, tous les jours, entre minuit et une heure du matin. Une personne de foi a raconté à .\lmeNinin (1) avoir vu dans les grands bois de beaux bancs, de belles tables, des fontaines : c'est là qu'ils se réunissaient.

Ils s'amusaient souvent à jouer de mauvais tours aux gens qui passaient. Ils prenaient alors la forme de chiens. Un soir, trois femmes, qui vendaient de la faïence pour vivre; revenaient de Saint-Laurent. Près des Trois-Fontaines, voilà qu'une bande de petits chiens noirs se met à les poursuivre. « Ne vous retournez pas, dit la plus vieille ; allons vite et faites le signé de la croix ». Elle recevait de gros niotya (mottes de terre) dans les jambes, parce qu'elle causait; les autres n'avaient rien, parce qu'elles hë disaient rien. A là fin, elles arrivent, plus mortes que vives, à la première maison de Nëùfmànil, où elles sont entrées toutes lés trois ensemble, tant elles avaient peur. La vieille s'était retournée et avait vu un gros chien noir, celui évidemment qui l'avait calouiiée (frappée) àvëë les moiya de terre. Elle était si frappée qu'elletomba comme morte. D'ailleurs, elle se remit un peu après.

Une autre fois, un douanier qui allait de Cons-la-Gràndvillè a Saint-Laurent, arrivé au bas de la côte des Trois-Fontaines, sentit que sa main était prise. Il s'en allait vite, et le chien sorcier, sans le mordre, lui tint la main jusqu'à là première maison de SaintLaurent ; là il disparut. Il est tout à fait ennuyeux que le douanier

(1) 86 ans, dite « la Soquetle ». Elle est née dans le pays et ne l'a pas quitté. Elle est très gaie et très alerte : elle aime à raconter.


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n'ait pas eu sur lui un ferrement (instrument en fer), parce que ces chiens, aussitôt que leur sang avait été versé, si peu que ce soit, étaient obligés de reprendre leur forme naturelle.

Pour Mme Ninin, tout cela est parfaitement exact. C'est de la « physique ». C'étaient les gens riches qui s'amusaient aux dépens des pauvres : aujourd'hui, ils n'osent plus, tout simplement.

La Jeunesse.

11 y avait à Cons-la-Grandville un maître garçon et une maîtresse fille. Ils étaient chefs de la Jeunesse. Il y avait un sergent de la Jeunesse, avec une canne-major ornée d'un flot (qui faisait la joie des villages environnants). Le sergent allait avec la musique chercher la maîtresse fille chez elle : il l'amenait sur la place, où le maître garçon l'attendait. Alors on dansait : seuls avaient le droit de danser ceux qui avaient acheté les danses. Les étrangers n'auraient pas osé s'y risquer. Ce n'est qu'après les premières danses que le sergent proclamait :

Aprotyè, mèsyu lèz étranji,

f vous défends d'dansi

la pip' a la gueule

sabre au cul

bâton piku

pougn' ta kaval',

■■S. mordyeu dache.

Pougn' ta kaval', etc., veut dire : Empoigne ta cavalière, mordieu, et dansé.

Le sergent allait aussi répéter les droits, c'est-à-dire ramasser l'argent des danses. Les prix variaient : tantôt on avait une danse pour cinq francs, tantôt pour deux sous.

Quand il y avait un mariage, le sergent de la Jeunesse était là aussi ; il allait chercher la mariée et, au sortir de l'église, il criaitV « Vive la noce! » On payait encore, et les étrangers payaient davantage: On z aehtwa lès filles.

Ces coutumes semblent avoir été ridiculisées par les gens des villages voisins, surtout de Saint-Laurent. Elles sont complètement

abandonnées. (D'après M-« Ninin.)

L'aubépine.

Si l'on était dans les champs surpris par l'orage, on prenait une branche d'aubépine et on disait :

« Abrèpine, je tè kè (cueille), je tè prends, et si je meurs avô le champs, tu mè servira de bon Saint Sacrement. »


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L'habit Gilbert.

Un nommé Gilbert, de Gernelle (?), avait, paraît-il, un magnifique habit bleu ciel. On avait pris l'habitude de dire, quand le ciel était sans nuages : « Tiens, l'habit zilbèrt est au ciel. » Mme Ninin le dit encore. Elle affirme avoir connu le petit-fils dudit Gilbert : mais le fait que l'article partitif est supprimé semble indiquer que cette expression a une certaine antiquité.

Les mois et les oiseaux.

Au mois d'anri(l), — les oiseaux font leurs nids.

Au mois de niai, — ils sont tout faits.

Au mois de juin, — ils sont tout pleins.

Au mois de juillet, — ils ont leur plumet.

Au mois d'août, — ils volent partout,

Au mois de septembre, — Us mèttont à bandes.

C'est l'alouette — qui chante la messe.

C'est V pinson, — qui la répond.

C'est la mésange, — qui va à l'offrande.

C'est l'osku, — qui dit qu'on ne chante plus.

(Os/cu, osse-cul, qui remue son derrière: bergeronnette.)

Ces poésies sont la plus pure fleur du lyrisme ardennais : il ne s'élève jamais plus haut.

Remèdes populaires.

Remède contre les tournures et fourtrons (panaris) : . On prend un escargot, on l'écrase avec la coquille (« Yécargne ») et on le met le soir sur le panaris. Le lendemain, ce dernier est percé.

Pour guérir les douleurs, on se frotte énergiquement avec des orties la partie malade. Mme Ninin a eu des douleurs à la jambe : elle s'est échaudée et elle est guérie maintenant.

Tous les ans, on va saluer Mars en ces termes. On monte tout en haut des roches et on crie :

« Mar, èj tè salue, èj tè dmand' de n' mi m' faire un' pu grande crevasse que j'n'en ai un' au bas d'la boudrule (nombril). »

(D'après M»« Ninin.) Ch. BRUNEÀU.


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II. — Quelques mots sur le Pouilïé du diocèse de VerdunDans la Revue d'Ardenne et d'Argonne (n° de juillet-août 1910), "M. G. G. a publié trois pages sur le Pouillé du diocèse dé Verdun. Le premier et le quatrième volumes de cet ouvrage intéressent particulièrement les lecteurs de la Revue à cause des paroisses riveraines du déparlement des Ardennes.

Nous avons remarqué dans le quatrième volume de cet ouvrage quelques légères erreurs qu'il nous paraît utile de rectifier.

A la page 61, article concernant Alexis-^Madeleine de Vassinhac d'Imécourt, il est inexact de dire qu'elle était fille d'Innocente de Cereis. Nous avons écrit, p. 141 du t. XVI de la Revue, qu'elle était petite-fille du pasteur Ph. Jenoleau, qui desservait l'église de Falaise. Elle était fille de Marie Jeuoteau, baptisée à Sedan le 6 avril 1667.

Nous profitons de l'occasion pour rectifier l'erreur commise par nous-même, p. 142 du même tome, où nous avons dit que l'on voyait dans l'église de Juvigny la pierre tombale de l'abbesse Alexis-Madeleine. Actuellement, cette pierre tombale se voit dans la chapelle du château de Louppy-sur-Loison ; on voit aussi dans le même château un beau portrait de cette abbesse.

Marie-Louise-Vicloire de Vassinhac d'Imécourt, qui succéda à Alexis-Madeleine, élait soeur de la précédente, mais de père seulement. Sa mère était bien Innocente de Cercey.

M. H. Vincent a publié, dans la Revue historique ardennaise (t. XVI, p. 288 à 291), les noms des deux épouses de César-Hector dé .Vassinhac d Imécourl, père des deux abbesses d'Imécourt.

P. 289, à l'article DUN-STJR-MEUSE, l'abbé Gillant cite : J.-B. Henriquez, religieux antonisle, né à Dun le 6 octobre 1721, auleur d'un abrégé de l'Histoire de Lorraine, et Jacques Henriquez, prieur curé de Sorcy (Ardennes), auleur de plusieurs ouvrages sur la chasse et la pêche, etc. Nous ne croyons pas qu'il y ait jamais eu un prieuré à Sorcy (Ardennes) ; quant à l'auteur d'ouvrages sur la chasse, la pêche et les eaux et forêts, il avait pour prénom Jean ; il naquit à Dun le 5 juin 1728. On trouve la biographie de ce personnage dans la Biographie générale Didot.

P. 461, en note, M. Gillant écrit que d'Estagniol (Jacques-LouisAntoine-Marie), né à Sedan le 30 octobre 1734, curé de Cesse,


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resta curé de Cesse pendant la Terreur et retourna probablement dans sa famille pendant la Révolution.

Ces quelques lignes sont conlrediles.par l'occupation de la cure de Cesse en 1791-1793 par J.-Bt 0 Lecuy, né à Carignan.

Feu M. l'abbé Hubignon a extrait des archives des Ardennes la note suivante : « D'Estagniol (Jacques-Louis-Antoine-Marie),- curé de Cesse, émigra; ses biens furent vendus en mars 1793. En floréal an X, il était retiré à Saint-Martin; à celle époque, il a fait l'acte de soumission prescrit aux prévenus d'émigralion ».

Nous trouvons dans le Pouillé quelques renseignements sur des prêtres d'origine ardennaise :

A Avioth, l'abbé Jacquemin, né à Bazeilles, auteur d'une notice sur Avioth ; à Romagne-sous-Montfaucou (p. 411), JeanBaptiste Rigol, né à Vandy, victime de la Révolution, mort curé de Roniagne en 1831 (1); à Beauforl, Jean Farinet, ancien moine de Mouzon; à Moulins et Pouilly, Anselme Noël, né à Tétaigne le 10 février 1750, mort à Pouilly, curé de cette paroisse; à Olizy, Nicolas Quinet, ancien curé de Moiry, morl en 1822 [nous avons parlé de ce prêtre dans la Revue d'Ardenne et d'Argonne, t. XVI, p. 141]; à Pouilly, en note, Louis-Mathias du Houx, curé de Rocroy en 1775, né à Courupt, mort doyen d'Ay le 21 mai 1809.

E. HENRY.

(1) M. l'abbé J.-B.-A. Gillant a publié la biographie dé J.-B. Bigot dans le hulletin du diocèse de Verdun, tirage à part.

Le Gérant : E. LAROCHE.

Sedan. — Imprimerie IÏJIILE LAKOCHE, rue Gambetlâ, 22.