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Titre : Revue des travaux de l'Académie des sciences morales & politiques et comptes rendus de ses séances

Auteur : Académie des sciences morales et politiques (France). Auteur du texte

Éditeur : Sirey (Paris)

Date d'édition : 1937-11-01

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34382528b

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34382528b/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 01 novembre 1937

Description : 1937/11/01 (A97,SER3)-1937/12/31.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k57318774

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 19/01/2011

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, 3e Série

NOVEMBHE-DÉCEMBRE 1937

REVUE

des travaux de l'Académie

DES

IENCESMOIIAIJS ET POLITIQUES

et comptes-rendus de ses séances

lié sous la Direction Baron SEILLIERE

tain terpitiul de l'Acadimù

Rédacteur en chef : H. de MONTFORT

Chef du Secrétariat de VInstitut

Sommaire

JEAN LEPINE Membre de Flnstitut.

P.-Louis RIVIERE respondant de l'Institut.

La vie et les travaux de M. Emmanuel Rodocanachi (1859-1934). . 785

Poète et magistrat : Vauquelin de la Fresnaye 802

Voir la suite du sommaire au verso.

ra ie du Recueil Sirey Paris

ince et colonies, 5*0 fr. Tarif extér., n° i, 55 fr. Tarif ext ç» n° 2, 60 fr. °A


Sommaire (suite)

BULLETIN ACADEMIQUE

Séance publique annuelle :

— Discours de M. Jacques Bar doux, président 817

— Les Associés britanniques de l'Académie des Sciences morales et politiques au cours du dernier siècle, par le baron Seillière, Secrétaire perpétuel 837

— Le roi Albert, chef d'Etat, par le comte Carton de Wiart. 850 Allocution prononcée par M. Jacques Bardoux, président de l'Académie à l'occasion du décès de l'Honorable Rodolphe Leinieux, associé étranger de l'Académie 866

Rapport sur le concours pour le prix François-Joseph Audiffred

(dévouement) à décerner en 1937, par M. Henri Truchy. . 871 Rapport sur le concours pour le prix Corbay, à décerner en 1937,

par M. Charles Adam 875

Rapport sur le concours pour le prix Catenacci, à décerner en

1937, par M. Paul Matter 877

Rapportsurle concours pourles Bourses Maurice Block, à attribuer

en 1937, par M. A. Lalande 880

Rapport sur le concours pour le prix Dagnan-Bouveret, à décerner

en 1937, par M. A. Lalande 881

Rapport sur le concours pour le prix Le Dissez de Penanrun, à

décerner en 1937, par M. A. Lalande 884

Rapport sur le concours pour le prix Biaise des Vosges, à décerner

en 1937, par M. Albert Aupetit 886

Séances de septembre et octobre 1937 893

COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES

L'Expérience Rooseuelt et le milieu social américain, de M. Louis R. Franck par M. H. Truchy. — OEuvres de Jean Jaurès, Tomes VII et VIII : Europe incertaine, 1908-1911. — De la réalité du monde sensible, textes rassemblés par M. Max Bonnafoux, par M. L. Lévy-Bruhl. — Discours. Le ministère Flandin (novembre 193b — mai 1935), de M. Pierre Etienne Flandin, par M. Germai* Martin. — Dans le creuset des civilisations, de M. Tchernoff, par M. Paul Matter. —Séances et travaux de l'Union juridique internationale, par M. Alejandro Alvarez. — Recherches et Documents sur l'histoire des prix en France, de 1500 à 1800, de M. Henri Hauser, par M. Charles Rist. — Les tendances du pouvoir et de la libertéen France au XXe siècle, de M. Maxime Leroy, par M. Charles Rist. — Un an d'audaces et de contradictions .juin 1936—juin 1937, de M. René Théry, par M. H. Truchy. L'Afghanistan de M. René Dollot, par M. Camille Barrèré.— Supplément aux ententes économiques et financières, de M. J. Tchernoff, par'M. Albert Buisson. — Le secret des Compagnons, de M. Henri Pourrat, par M. Albert Buisson 900


LA VIE ET LES TRAVAUX

DE

M. EMMANUEL RODOCANACHI

(1859-1934)

Messieurs,

La première fois que j'eus l'honneur, comme correspondant, de m'asseoir en votre Compagnie, mon attention fut retenue par une physionomie qui ne m'était point familière. De petite taille, menu et comme effacé, distingué et discret, ne tenant point de place entre ses voisins, silencieux et attentif, votre confrère me donnait une parfaite leçon de maintien. Mais la profondeur et la vivacité de son regard contrastaient avec son impassibilité. Plusieurs fois, au cours de la séance, sans qu'un trait de son visage parût bouger, je vis une émotion passer dans l'expression de ses yeux et je devinai la richesse de son coeur comme celle de son esprit.

Le même jour, je goûtai la bienveillance de son accueil, sa courtoisie un peu réservée, qui marquait une pudeur plutôt qu'une défiance. C'est ainsi que je connus M. Emmanuel Rodocanachi.

Plus tard, je le retrouvai au milieu de ses livres, dans ces visites par lesquelles la tradition donne tant d'intérêt — et parfois de charme — à l'état de can-


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didat. Son opulente bibliothèque témoignait de plus d'ordre que de fantaisie. Les volumes, élégants comme leur maître, se tenaient correctement à leur place. Point de ces papiers épars, de ces dossiers hétéroclites, ou simplement inégaux en format, qui se montrent si souvent rebelles au classement chez le plus ordonné d'entre nous. Sur le pupitre de l'écrivain, le manuscrit attendait le départ de l'importun, l'encre des dernières lignes n'était pas sèche. Les notes, les livres ouverts attestaient le travail interrompu. On sentait le labeur méthodique et assidu, profitant des moindres instants volés au loisir de l'homme d'affaires, la discipline de l'historien qui, après une journée passée à sa banque et même dans le bref début de l'aprèsmidi, retournait en un instant à ses personnages de la Renaissance, et revivait avec eux.

Cette activité constante et réglée l'empêchait de vieillir. Il avait près de soixante-quinze ans quand il mourut ; on ne s'en fût pas douté.

Il y avait aussi, dans cette verdeur, un peu du génie de sa race. Ses grands-parents avaient fui Chio lors des massacres. Là-bas, dans l'île ensoleillée, la vie apprenait au marin l'effort obstiné, comme au laboureur en lutte contre le sol ingrat.

Dans les familles nombreuses, beaucoup d'enfants mouraient en bas âge. De cette sélection subsistaient des êtres forts qui, au soir d'une vie laborieuse, devenaient ces vieillards, secs comme les sarments de leurs vignes, qui sont les personnages nécessaires dans un décor d'Orient.

Les parents de notre confrère, transportés dans l'existence d'affaires des grandes villes occidentales, n'avaient pas échappé à la loi du destin. Ils avaient perdu plusieurs enfants avant Emmanuel, et ils tremblaient pour lui. Bien qu'il fût de constitution solide,


VIE ET TRAVAUX DE M. EMMANUEL RODOCANACHI 787

on le croyait fragile, et la sollicitude familiale s'appesantissait sur sa vie. Pour éviter les accidents et les contagions, on écartait de lui camarades et distractions.

Il se défendit par la lecture et la curiosité, et comme ce n'est pas à ses parents que l'on fait ses confidences, il apprit à garder pour lui ses sentiments. Les siens avaient apporté de l'Archipel le goût du beau, l'amour de la poésie et du rêve, l'attrait pour les vieilles histoires que l'on raconte à la veillée. Il avait dans le sang la nostalgie du passé. Il s'y abandonna dès qu'il eut l'âge d'homme. Mais un hasard touchant devait fixer sa vocation et en déterminer le cadre. M. Georges Lecomte nous l'a dit, en remettant à M. Rodocanachi l'épée d'académicien que lui offraient ses amis.

Le père de notre confrère était bienfaisant. Voulant aider à vivre un professeur italien réfugié à Paris, il le chargea de donner à son fils des leçons de langue et de littérature italiennes. Il ne pensait pas orienter une vie. L'élève zélé et enthousiaste eut vite fait de tirer de cet enseignement une curiosité ardente pour l'Italie et son passé. Le maître l'avait du reste bien inspiré.

Il avait attiré son attention sur ce quatorzième siècle romain, si peu connu à cette époque, et si passionnant par tout ce qu'il contient d'idées, d'aspirations, de problèmes moraux, politiques et sociaux qui ne seront évoqués que dans les siècles suivants.

Ainsi, M. Rodocanachi partit pour Rome, et s'il en est revenu, un peu de son coeur y est toujours resté. L'emprise de la Ville Eternelle fut, sur lui, immédiate et complète. D'emblée, il aima moins les fastes et les grands événements que la vie quotidienne, avec ses passions et ses misères où l'historien découvre tant d'éclaircissements précieux.


788 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

Son premier livre fut une étude sur Cola di Rienzo, en fait sur Rome de 1342 à 1354. Bientôt devait suivre Stefa.no Porcari, histoire d'un autre martyr de la liberté. Cola di Rienzo est de 1888. Depuis cette date, notre confrère fit paraître presque chaque année un volume, et au moins plusieurs articles de revue. L'histoire de Rome à l'époque de la Renaissance est au centre de ces travaux. Il y revint toujours, la reprenant, la creusant, publiant tour à tour des études de détail et des monographies complètes, comme celles des grands papes.

Une telle constance dans l'effort remplit une carrière. Pour M. Rodocanachi, elle fut l'évasion quotidienne au-dessus des préoccupations obligées. Son père ne s'était pas contenté de lui assurer une culture générale exceptionnelle et d'encourager ses recherches historiques. Il lui avait ménagé sa place dans les affaires, en sorte que notre confrère fut chaque jour à sa banque, aussi attentif aux intérêts dont il avait la charge qu'il était assidu à sa table de lettré.

Il est arrivé, cependant, qu'entre le financier et l'économiste d'une part, l'écrivain de l'autre, un pont fût jeté. Les deux volumes sur les Corporations ouvrières à Rome depuis la chute de TEmpire romain, qui furent couronnés par l'Académie française, sont de 1894. D'autres études moins importantes ont un intérêt juridique ou économique qui dépasse le cadre historique ; ce fut toujours Rome qui en fournit la matière.

Sans doute, les sujets se sont imposés à l'auteur au cours de ses innombrables visites aux sources romaines d'information, spécialement aux Archives vaticanes. Les recherches n'y étaient pas, il y a quarante ans, aussi simples qu'aujourd'hui. Le Saint-Siège ne laissait pas aisément consulter ses documents, et il entourait leur communication de formalités prohi-


VIE ET TRAVAUX DE M. EMMANUEL RODOCANACHI 789

bitives. Il fallut toute l'obstinée bonne grâce de notre confrère pour en triompher. Et pourtant, quelle gratitude ne lui devait-on pas !

On ne peut se consacrer, comme il l'a fait, à l'étude d'une époque d'un tel relief, aussi riche en réactions humaines, on ne peut la vivre pendant près d'un demi-siècle sans la comprendre et sans l'aimer. Certes, la Renaissance à Rome et les temps qui l'ont précédée nous apparaissent comme un âge sombre de l'humanité. L'habitude, peut-être excessive, que nous avons prise de nous sentir en sécurité dans nos personnes et dans nos biens, nous fait considérer avec quelque horreur un moment où la vie humaine était si bon marché et où les tyrannies successives auxquelles on était soumis vous laissaient dans une égale incertitude du lendemain. « On citait dans les chroniques, comme un fait peu ordinaire, le cas d'un homme qui, ayant joué dans sa vie un personnage important, mourait de mort naturelle ».

Certes, l'ambition, l'intérêt se montrent alors les mobiles les plus certains des actions humaines ; les intrigues les plus basses, la délation, la trahison des proches sont incidents quotidiens ; le poison, le fer ou le lacet sont des moyens courants de terminer une affaire. Mais ne faut-il pas juger les choses à l'échelle du temps ? Cette sauvagerie dans la lutte pour l'existence, ce risque perpétuel n'ont-ils pas une contre-partie ? La précarité de la vie en permet plus aisément le sacrifice. Parmi les horreurs, certains héroïsmes, des dévouements absolus, des amours délicieuses rappellent les plus pures beautés de l'âme humaine. En sorte que celle-ci, dépouillée des contingences, paraît, une fois de plus, ce qu'elle est en réalité de tous temps, dans ses passions, ses enthousiasmes et ses faiblesses.


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Le drame est du reste captivant. Une puissance spirituelle et temporelle absolue, la Papauté, qui s'appuie à la fois sur son autorité religieuse et sur l'appareil judiciaire de l'implacable législation romaine. Elle dispose de la force armée, se prévaut de la tradition et dispense la vie éternelle ; en face d'elle, un peuple intelligent et fier, qui aspire à la liberté. Certes, les réactions de ce peuple sont déconcertantes par leurs contradictions. Son ingratitude pour ceux qui le servent dépasse les prévisions. Cependant, comme dit notre auteur : « Sitôt qu'on l'étudié, on se sent pris de sympathie ; car sa misère fut grande, son idéal généreux, et ses défauts sont ceux qu'on excuse le plus volontiers. Ce n'est pas peu de chose que de n'avoir pas été complètement annihilé par le prestigieux maître qui siégeait au Vatican. »

L'antagonisme entre les Romains et le Saint-Siège, la tyrannie de la cour pontificale, la liberté des moeurs d'une partie du clergé, autant de considérations qui devaient conduire M. Rodocanachi à l'étude d'un problème original et complexe, celui de la Réforme en Italie.

Il lui consacra deux volumes, qui sont parmi les plus documentés et les plus mûris qu'il ait écrits. Il les avait fait précéder, du reste, d'une série de mémoires et d'articles consacrés à divers aspects du sujet. On en retire l'impression très forte des caractères particuliers qui distinguent la Réforme en Italie de ce qu'elle fut en Allemagne ou en France. Comme partout, les questions politiques intervinrent autant que les préoccupations religieuses. Mais elles étaient dominées en Italie par deux éléments. L'un était le pouvoir temporel du Pape, ce qui pouvait orienter vers la Réforme ceux qui avaient intérêt à le combattre. L'autre était le morcellement de la puissance publi-


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que, cette poussière de souverainetés rivales, dont chacune devait compter avec ses voisines, avec le Pape, avec l'Empereur, et pendant un temps aussi avec le Roi de France.

Peu d'époques furent plus propices aux combinaisons, aux alliances, aux appels à la protection étrangère. Nul doute que des considérations d'intérêt ou de sécurité déterminèrent alors souverains et communautés libres dans leur attitude à l'égard des idées nouvelles. Ici, les réformateurs sont persécutés dès le début de leur action, alors que le dogme est encore sauf et qu'il n'est question que de redresser quelques égarements du clergé. Là, les novateurs sont accueillis quelque temps avec intérêt et paraissent en sécurité, puis le vent politique tourne, l'alliance pontificale devient nécessaire, l'Inquisition s'installe, et les bûchers s'allument.

Le caractère réaliste de la politique italienne, l'instabilité, pour ne pas dire l'indifférence doctrinale des grands, justifient la formule que M. Rodocanachi a contribué à rendre classique : en Italie, il y eut beaucoup de réformateurs, il n'y eut pas de Réforme, beaucoup d'hérétiques et pas d'hérésie.

Ce furent, en effet, des tentatives individuelles, dispersées, de but différent. Certaines ne visaient que la réforme interne de l'Eglise ; elles furent souvent le fait de prélats ou de clercs. D'autres s'inspiraient de la nécessité d'épurer le christianisme. Elles étaient d'ordre intellectuel et découlaient du mouvement des idées. Le développement subit de l'humanisme n'avait pas répandu seulement les influences gréco-latines. En Italie, auprès de la Papauté, comme notre confrère le montre dans un ouvrage particulier, en Espagne, qui était avec l'Italie en relations étroites, des Juifs érudits avaient instauré le goût des études bibli-


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ques. Des controverses sur les textes s'ajoutèrent aux discussions philosophiques. L'édifice intellectuel de l'Eglise se trouva ébranlé.

Mais les coups les plus durs vinrent de ceux qui, sans prétentions théologiques, s'attachaient, par une vie irréprochable, à retrouver les vertus de la primitive Eglise, et condamnaient par leur exemple le relâchement des moeurs. Ce fut le cas de Juan de Valdes, gentilhomme de cape et d'épée de la cour pontificale, que son ascétisme rapproche de ses compatriotes espagnols les plus orthodoxes et les plus disciplinés dans leur foi, mais chez lequel le sentiment religieux était dominé par la formation philosophique. Son action et son influence furent considérables. La rectitude de sa vie, les sympathies qui l'entouraient le préservèrent de la persécution, mais lorsqu'il mourut, en 1541, ses ennemis- n'étaient pas loin de triompher, et il n'était plus en sûreté.

Ses disciples s'étaient recrutés souvent dans l'aristocratie romaine. Il avait converti à ses idées Vittoria Colonna, veuve à trente-trois ans du marquis de Pescara, qui, après avoir passé son chagrin à écrire des sonnets à la mémoire de son mari, entretint longtemps une correspondance avec un certain nombre de réformés notoires, ou de ce que nous appellerions aujourd'hui des « sympathisants », telle Marguerite de Navarre. C'était, nous dit M. Rodocanachi, une âme très droite, qu'obsédait surtout la pureté des moeurs de l'Eglise.

Elle n'était pas une exception. Comme en France à pareil moment, plus peut-être, les femmes se passionnaient pour la réforme religieuse. Certaines, plus cultivées, ou plus indépendantes par leur situation, y jouaient un rôle actif. Ainsi, une Médicis, Catarina Cibo, duchesse de Camerino, petite-fille du papa Inno-


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cent VIII et de Laurent le Magnifique. Ou encore cette enfant prodige, Olimpia Morata, que nous retrouverons à la cour de Ferrare, représentant presque seule, dans la Réforme italienne, l'influence luthérienne.

M. Rodocanachi nous a rendu le service de dénouer d'une main légère le fil de ces intrigues à la fois politiques, sentimentales et intellectuelles, où l'on comprend que les femmes aient eu leur part. Il l'a fait objectivement, avec une impartialité qui fait ressortir le grand péril que courut alors la Papauté, et l'âpreté de sa défense. Le Concile de Trente, les débuts de la mission des Jésuites, les drames de l'Inquisition nous apparaissent à leur place, au milieu des événements de tous ordres qui les avaient précédés, avec leur caractère de réaction politique et sociale, parfois de vengeance personnelle, autant que de lutte religieuse. On comprend mieux, en le lisant, l'antagonisme entre ces nouvelles organisations de l'Eglise militante et les personnalités religieuses de haute culture et de tendance évangélique, parmi lesquelles se détache la grande figure de Saint Charles Borromée.

Laissons ces controverses passionnantes et parfois douloureuses. Notre confrère n'y était venu que comme historien de la Rome des Papes. C'est par une voie aussi indirecte qu'il a pris place dans la bibliographie du protestantisme français par son livre sur Renée de France, duchesse de Ferrare. Cet ouvrage, paru en 1896, pourrait bien être un de ceux qu'il aimait le mieux dans son oeuvre, et qui lui avait coûté le plus de soins. Comme on le comprend !

La chronologie française a laissé dans l'ombre, Renée, fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne, soeur de la reine Claude et belle-soeur de François Ier. Les circonstances firent, de l'tfrpheline qu'elle était, « un


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pion sur l'échiquier politique », suivant l'expression d'Eugène Mûntz. « Rarement fille, dit M. Rodocanachi, fut plussouvent fiancéeetplus souvent défiancée » : Gaston de Foix, puis le futur Charles-Quint pendant un an, le duc de Savoie, le connétable de Bourbon, Henri VIII d'Angleterre, et j'en passe. On peut se demander s'il faut regretter pour la France, ou pour elle, qu'elle n'ait pas conclu un de ces mariages avantageux, mais dont certains n'étaient pas sans danger, au lieu d'épouser en fin de compte Hercule d'Esté, héritier du duché de Ferrare, et fils de cette charmante Lucrèce Borgia, que notre sympathique confrère, M. Funk-Brentano, nous a si justement révélée comme la victime d'une erreur judiciaire de littérature et d'histoire. Cette réhabilitation nécessaire était aussi dans le sentiment de M. Rodocanachi.

Par son départ dans cette petite souveraineté italienne, où l'autorité jalouse d'un mari tyrannique la tenait à l'écart de la politique, Renée ne parut d'abord exercer aucune action importante. Elle n'a laissé aucun écrit que sa correspondance, et son rôle de protectrice des arts et des lettres n'avait guère d'originalité dans cette cour de Ferrare, la plus raffinée qui fût en Italie. Elle n'avait pas de beauté, peut-être pas de charme, et donne même parfois l'impression d'une certaine sécheresse de coeur. Mais elle avait été mariée politiquement, et l'amour n'était pour rien dans cette affaire. Elle eut la sagesse d'en prendre son parti, et de ne rappeler en rien la douce et malheureuse Parisina, qu'un aïeul d'Hercule d'Esté, à bon droit jaloux, avait fait décapiter dans le vieux palais de Ferrare. Son mari n'était pas seulement pour François Ier un allié ancien et jusque-là fidèle. Il représentait, surtout par l'artillerie que son père Alphonse s'était procurée, une force militaire. Le prestige de sa cour était


VIE ET TRAVAUX DE M. EMMANUEL RODOCANACHI 795

réel en Italie. Vassal du Pape pour une partie de ses Etats, il était une menace d'opposition au SaintSiège, qui devait compter avec lui.

Le mérite de Renée fut de comprendre exactement la situation et d'appliquer son esprit à servir les intérêts français avec une opiniâtreté de Bretonne. L'adversaire principal de la France en Italie était la Papauté, Louis XII l'avait éprouvé. Sa fille fit de Ferrare un foyer d'indépendance à l'égard de Rome. Sa suite française est occupée à recueillir des informations qu'elle fait passer à François Ier. Une action continue et discrète de sa part contribue à retenir son mari dans une alliance contre les risques de laquelle il voudrait bien parfois prendre des assurances.

Puis, voici venir les réformés français : Calvin, Marot, qui séjournera longtemps à Ferrare, et bien d'autres. Renée les accueille et les protège. Elle est en correspondance suivie avec Marguerite de Navarre et avec Calvin, quand celui-ci a regagné Genève. Son opposition au Pape rejoint tout ce qui, en Italie, veut secouer le joug pontifical. Elle agit avec suite, longtemps avec prudence, accomplissant correctement ses devoirs de catholique et accueillant les réformés comme des compatriotes avec lesquels elle aime à s'entretenir de philosophie et de religion.

Rome s'inquiète, mais Hercule, qui est bien aise de faire sentir son indépendance, et qui, par surcroît, semble avoir toujours aimé sa femme, fait la sourde oreille. Renée grandit en prestige. Vittoria Colonna vient la voir ; elle a auprès d'elle Olimpia Morata, à qui elle a confié l'éducation de ses filles. Les protestants prennent de plus en plus d'influence à la cour de Ferrare ; Renée y installe des prédicateurs envoyés par Genève. Elle adopte elle-même les pratiques réformées.


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Alors, Rome réagit. Déjà Hercule est entré en conflit avec sa femme, dont les initiatives le compromettent plus qu'il ne voudrait. Il accueille les envoyés du Saint-Office. Renée est détenue au Vieux-Château ; son procès est instruit, mais la procédure n'en sera jamais connue. Devant la nécessité, et pour éviter sans doute de graves persécutions à ceux qu'elle a protégés, Renée se soumet, et tout rentre dans l'ordre. Ferrare ne sera pas une seconde Genève, et en Italie la Réforme est morte. Celle qu'on a appelé sa Muse, Olimpia Morata, va retrouver en Allemagne les luthériens. A Ferrare même l'Inquisition sévit, et Renée est impuissante. Mais sa rétraction forcée ne la lie pas. Elle reste de coeur fidèle à la Réforme, et quand Hercule d'Est est mort, elle abandonne le duché où son fils Alphonse II va faire régner l'Inquisition, et elle revient en France, où" elle vivra encore quinze ans dans sa seigneurie de Montargis.

Belle-mère de François de Guise, mère du cardinal de Ferrare, dont le crédit est grand à la cour, elle a du côté catholique, des sympathies qui lui permettent d'être à riouveau, pour les réformés, une protectrice puissante. Montargis devient une place protestai te. Elle défendra elle-même son château contre les lieutenants de François de Guise. Catherine de Médicis, durant la période où elle se servira chacun tour à tour de chacun des deux partis contre l'autre, avait senti le besoin de la ménager. Renée ne survécut pas de beaucoup à la Saint-Barthélémy, mais elle avait conservé jusqu'au bout, avec sa souveraineté, la liberté de ses croyances.

Curieuse figure, dont l'énergie et la persévérance étaient dignes d'un meilleur sort, car, en définitive, ses efforts furent vains. Elle avait déjà suscité l'intérêt d'historiens italiens et français, mais c'est à M. Rodo-


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canachi qu'appartient la note juste. Renée ne fut pas une théologienne ou une moraliste, à la manière de Vittoria Colonna. Elle fut, toute sa vie, fille du sang royal de France, et ne l'oublia jamais. Ses premières sympathies pour les huguenots tiennent évidemment à leur hostilité à l'égard de la Papauté, et aussi à ce que, répandant la langue et les idées françaises, ils travaillaient pour la politique du roi. Renée fut, avant tout, une politique. Elle le montrera dans sa lutte sourde contre son mari, au moment de sa rétractation plus tard à Montargis, à l'époque du colloque de Poissy. M. Rodocanachi, qui, sans être favorable à la Réforme, a pour Renée une tendresse particulière, ajoute qu'elle a pu croire, au début, avec sincérité, quelle ne faisait pas oeuvre d'hérésie en favorisant les hérétiques.

Je ne sais si cette excuse eût été du goût de Renée, qui paraît bien avoir été capable de saisir toute la portée de ses actes. Il me semble — on voudra bien excuser l'outrecuidance de cette tentative d'interprétation — que les biographes de la duchesse de Ferrare ont laissé dans l'ombre un élément du problème. On a parlé d'elle souveraine, diplomate, politique, lettrée. Peut-êlre n'a-t-on pas assez songé à ses sentiments profonds de femme.

Dans son opposition à la Papauté, n'y a-t-il pas le souvenir des mécomptes de son père Louis XII, et un désir humain de vengeance ? Ne peut-on supposer que dans son zèle pour la politique française à Ferrare, il y a autre chose qu'un sentiment national, peut-être un attachement personnel au roi François Ier, son beau-frère, dont elle se dit elle-même, en bien des circonstances, l'agent fidèle et dévoué ?

Les dames de la Renaissance italienne n'étaient pas toutes, tant s'en faut, férues de politique ou de ré-


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formes religieuses. Mais, dans l'aristocratie au moins, on reste confondu de la culture générale qu'elles recevaient. On trouve même, dans les livres de notre confrère, que, bien avant la Renaissance, elles avaient déjà une pratique des humanités, une éducation littéraire, un goût artistique remarquables. Dans ce milieu spécial de Rome, plein de souvenirs et de vestiges antiques, nous, saisissons donc mieux peut-être qu'on ne l'avait fait avant lui, ce merveilleux mouvement d'idées, cet éveil de curiosité qui, dans tout l'ouest de l'Europe, a précédé la Renaissance.

M. Rodocanachi a retrouvé, dans ses recherches d'archives, tout ce qui lui permettait de reconstituer la vie d'une de ces Italiennes, savante ou dame d'oeuvres, mère de famille ou courtisane, parfois le tout ensemble ; ses livres, ses bijoux, ses parfums et ses fards, ses préoccupations et ses goûts, son budget. Il nous l'a confié dans quelques études charmantes, où, sous l'objectivité sérieuse de l'exposé, perce la sensibilité de l'auteur et sa sympathie pour ses modèles.

Vous savez qu'il ne s'est pas cantonné dans ces essais de civilisation. A plusieurs reprises, ses recherches l'ont conduit à des sujets plus restreints et plus austères, notamment une période de la vie de Cavour.

Laissez-moi retenir son Bonaparte et les Iles Ioniennes. Ce livre, trop peu connu, est plein d'enseignements : génie de Bonaparte dans son appréciation des problèmes de l'Adriatique et des Balkans, versatilité des populations ioniennes, soumises en quelques années à des régimes successifs, et toujours enthousiastes du régime nouveau. Ainsi, sous des dehors graves, se retrouve l'ironie indulgente de notre confrère, et son admirable souci de vérité.

Tant de travaux, tant de notes accumulées, une éru-


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dition si sévère pour elle-même et si complète, un choix si juste dans l'iconographie d'une époque devaient le conduire à la série, malheureusement interrompue, de ses derniers ouvrages, consacrés aux papes de la Renaissance, et dont le Paul III est demeuré inachevé. Vous m'excuserez de ne vous en point parler ; ils vous sont bien connus, et il faudrait un historien pour les louer congrûment. Du moins le profane doitil rendre justice au don d'évocation de notre confrère. Peu d'écrits historiques sont aussi vivants que les siens, ce qui tient peut-être à la mesure et au goût qui présidaient, chez lui, tout autant à l'ordonnance de l'ensemble qu'au choix des détails.

Ces publications luxueuses, comme le volume qu'il avait consacré à la Femme italienne A l'époque de la Renaissance, ont une large portée de vulgarisation. Ceux qui les auront feuilletés les liront, et ils retiendront ce qu'ils auront lu.

Avec M. Rodocanachi, il est impossible d'être complet ; j'aurais voulu vous rappeler son étude sur Bgron, celle sur la Grande Mademoiselle, sur Marguerite d'Orléans, grande-duchesse de Toscane, bien d'autres encore. Souvenons-nous plutôt de ce qu'il fut homme de bien, ce dont la Société des Gens de Lettres, l'Association des Journalistes parisiens et nombre d'autres obligés pourraient apporter d'éloquents témoignages.

Souvenons-nous des amitiés fidèles qui l'entouraient dans ses épreuves comme dans ses joies, de la sympathie qu'il s'était attirée dans les maisons qui lui étaient familières : celle-ci, par-dessus tout, puis le Journal des Débats, d'autres encore.

La guerre l'avait atteint cruellement : la blessure grave, puis, quelques années plus tard, la mort de son fils unique, dont il vous a chargé de perpétuer le


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souvenir, l'eussent à jamais abattu, sans sa passion pour le travail.

Ne le plaignons pas pour la tyrannie de son labeur quotidien, pour ce nulla dies sine linea, pour n'avoir guère connu les vacances et avoir ignoré tant d'occasions de perdre son temps. Cet esprit délicat, ce coeur secret et tendre, cet « honnête homme » a eu sa part de joies. Il vous devait, sans contredit, la plus haute, — vous me permettrez de dire que je l'éprouve par moi-même, — mais il était déjà récompensé par son effort seul. Bien que de grands esprits nous mettent parfois en garde contre le charme de l'histoire, et veuillent nous persuader de ce qu'elle ne nous apprend rien de l'avenir, il avait, trouvé, dans son commerce assidu, un délassement et une raison d'espérer. Il plaidait pour elle, à l'occasion, et on trouve, dans sa notice sur la vie et les travaux de M. Hébrard de Villeneuve, une véritable profession de foi.

« Que l'histoire, dit-il, soit ou doive être un enseignement, comment en pourrait-on douter ? Le croire est le meilleur réconfort de ceux qui peinent à rechercher la vérité dans les documents et les récits d'autrefois. Quand cela ne serait pas, l'étude du passé ne porte-t-elle pas en elle-même sa récompense ? Quel plus grand plaisir que de faire revivre des figures disparues, de les interroger, de pénétrer leurs secrets, d'entendre résonner des voix longtemps silencieuses, de redresser les injustices, de voir reparaître devant soi une époque avec ses moeurs, ses tendances, ses êtres, son véritable aspect ? L'histoire ne lâche point son homme, a dit Michelet dans l'Oiseau ; celui qui a bu une seule fois à ce vin fort et amer y boira jusqu'à la mort. »

Ne le plaignons pas non plus pour sa fin soudaine


VIE ET TRAVAUX DE M. EMMANUEL RODOCANACHI 801

et tragique. Nous savions que l'être d'exceptionnelle valeur qui avait été la compagne de sa vie était, pour cette âme modeste, un perpétuel encouragement. Sa bonté, sa foi en lui donnaient à son mari confiance en lui-même et atténuaient les coups du sort. Après avoir souffert ensemble, les époux, heureux du bonheur des enfants qui leur avaient été conservés, voyaient venir le soir de leur vie dans la paix de leur intimité.

Un jour de décembre 1933, leurs amis apprirent qu'une maladie mystérieuse menaçait la santé, puis la vie de Madame Rodocanachi, que son mari s'était alité à son tour, et que, dans cette maison où ils avaient vécu unis, chacun de son côté luttait avec la mort. Le drame se dessine et se poursuit ; d'une chambre à l'autre, entourage et médecins transportent de vaines illusions. Puis, d'un côté, l'interrogation angoissée s'est tue : Madame Rodocanachi n'est plus, et, auprès de celui qui reste, le pieux mensonge continue jusqu'au bout. Notre confrère s'endort à son tour.

Dans l'émotion qui entourait leur double pompe funèbre, parmi tant de chagrin et de sincères regrets, certains ont sans doute pensé qu'il y avait quelque bénédiction dans cette fincommune, sorte d'apothéose des vieux ménages excellents.

JEAN LÉPINE :

Membre de l'Institut

Séance du 16 janvier 1937.

51


POÈTE ET MAGISTRAT VAUQUELIN DE LA FRESNAYE

Dans les oeuvres d'un poète normand du siècle dernier, Gustave le Vavasseur, on peut lire le passage suivant :

Messire Vauquelin, seigneur de la Fresnaye

Se contentait fort bien de petite monnaie.

Le président de Caen, à la barbe des lois,

Rimait, comme jadis le député de Blois,

Lorsque, sans soupçonner les poignards qu'on aiguise,

Il choyait Henri III et s'occupait aux Guise.

Le personnage en question est un normand d'un autre siècle, qui ne craignit pas, dans des temps troubles, d'exercer un cumul que, jusqu'ici, les textes les plus sévères n'ont point proscrit : celui de magistrat et d'ami des muses. Son cas vaut d'être évoqué.

Jean Vauquelin était né en 1536, à la Fresnaye au Sauvage, près de Falaise, résidence qu'il devait, sa vie durant, préférer au manoir des Yveteaux, hérité en 1590. Il appartenait à la branche aînée de cette « race vauqueline » dont il s'enorgueillit, et dont les autres rameaux étaient d'Hermanville, de Sassy, de Méheudin, de Nécy, de Bazoches, de Vrigny — tous noms familiers à des oreilles normandes. Ayant fait


POÈTE ET MAGISTRAT : VAUQUELIN DE LA FRESNAYE 803

ses études de droit à Poitiers, puis à Bourges, il s'en venait à Caen pour y être successivement avocat du roi, puis lieutenant général, enfin président au Présidial. Lui-même prend soin de nous en informer.

Je vivais au rivage olénois (*) A Caen où FOcéan vient tous les jours deux fois. Là, moi, de Vauquelin, content de ma province, Président, je rendais la justice du prince.

La bonne ville de Caen venait en effet, d'être dotée d'un de ces tribunaux intermédiaires créés sous Henri II par l'édit de 1551, dans un certain nombre de bailliages et de sénéchaussées sous le nom de « présidiaux » et qui, jugeant certaines causes sans appel, au grand déplaisir de messieurs des Parlements devaient subsister jusqu'à la Révolution.

Avant que d'étudier le droit civil et le droit canon, notre futur robin s'était copieusement nourri de l'antiquité — dont il nous donne parfois une indigestion. Ainsi, dans ses Pastorales, retrouvons-nous, en un décor fleuri de bocages et de bosquets, les figurants attitrés : Philis et Philidon, Lycoris et Corydon, Tityre et Tircis, Licotas et Amaryllis, avec leurs accessoires de pipeaux et de chalumeaux — sans oublier le petit dieu Cupidon avec son carquois et jouant à « cline musette ».

A cela, quoi d'étonnant ? Nous sommes dans la floraison de la Renaissance. Le classique fait prime. Dans le ciel des humanités, la Pléiade brille d'un éclat sans pareil. Ronsard regrette que sa « muse française » ne lui permette pas d'employer les vocables flamboyants de la « muse grégeoise ; Joachim du Bellay chante la « douceur angevine, tandis que

1. C'est-à-dire de l'Orne.


804 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

Rémy Belleau soupire ses « Bergeries », en ut mineur, et que Ponthus de Thyard jette à la face de ses contemporains les syllabes de son nom sonore.

Tous ces poètes, Vauquelin les connaît, s'il ne les pratique :

Je connaissais Baîfet Ronsard /adorai ; Du Bellay, qui m'était plus connu, j'honorai,

et dans maintes de ses oeuvres, dédiées à l'un ou à l'autre, percera le regret que la Pléiade n'ait pas huit étoiles, dont il pourrait, en sa province, être la huitième.

Au demeurant, le sol de cette province s'est toujours révélé favorable à la culture des belles lettres, et la fleur de la poésie y a prospéré. N'est-ce-pas à Vire qu'au siècle précédent, Olivier Basselin, le joyeux foulon, rimait ses chansons bachiques, que traverse parfois un souffle patriotique, et Vauquelin, peu après son arrivée dans l'Athènes du Nord, y devait assister à la résurrection du Palinod, institué en 1527 par Jean le Meunier en l'honneur de la Vierge Marie, pour rivaliser avec les Jeux Floraux fondés à Toulouse, en d'autres temps, par Clémence Isaure.

Il est donc simple que, dans une telle ambiance, notre président, au cours de sa carrière, ait songé à rimer entre deux audiences un Art poétique à la manière de l'Epître aux Pisons, des Foresteries et des Idylles genre Théocrite et Virgile, des Epîtres et des Satires de la marque Stace et Juvénal.

Lui-même avoue :

... le temps qui me reste en mon peu de loisir Aux lettres je le donne, aux vers je prends plaisir,

répondant ainsi à l'opinion courante qui voyait alors dans le parfait magistrat un mortel occupé à dormir


POÈTE ET MAGISTRAT : VAUQUELIN DE LA FRESNAYE 805

à l'audience et, le reste du temps, à traduire Horace. Il entend au reste que les deux domaines demeurent distincts, et

Que rien n'ait de commun notre chicquanerie Avec les doux appas de la Muse chérie.

Je ne sais si Messire Vauquelin avait à Caen, dans l'ombre du château ou proche du collège de Bras, un hôtel avec fenêtres à meneaux et gable fleuronné, comme il en est encore dans la cité caennaise. Tout au moins passait-il les vacances judiciaires en sa campagne des Yveteaux, dont il nous vante les sites, sans oublier

... la fontaine où se rendait Ariette, Sujet le duc dont elle était sujette.

Il s'agit, vous l'avez entendu, de la belle Ariette, qui, dans le val d'Ante, sourit à l'hommage du duc Robert, dit le Diable, dit le Magnifique ; de ,ce sourire naissait peu après Guillaume, de qui la bâtardise devait un jour s'effacer devant la conquête.

La vie qu'il mène en son domaine champêtre, messire Vauquelin nous la décrit, en des termes faits pour séduire ceux d'entre nous qui, dans leurs loisirs, pratiquent la paysannerie ou, simplement, sont amateurs de jardins :

Bienheureux est celui qui, bien loin du vulgaire, Vit en quelque rivage éloigné, solitaire, Hors des grandes cités, sans bruit et sans procès, Et qui, content du sien, ne fait aucun excès, Qui voit de son château, de sa maison plaisante Un haut bois, une prée, un parc qui le contente, Qui, joyeux, fuit le chaud aux ombrages divers, Qui tempère le froid aux rigoureux hivers Par un feu continu, qui tient bien ordonnée En vivres sa maison tout au long de Tannée.


806 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

Voilà pour les Bucoliques. Voici maintenant les Géorgiques :

Un autre jour après il fait planter la vigne Un autre, fossoyer les beaux parcs à la ligne, Et, suivant la saison, comme le temps est beau, Il fait planter le frêne, il fait planter Vormeau. Les pommiers, les pruniers par belles rangelées. Puis, lorsque le soleil allume ses chaleurs, Il fait cueillir les fruits après les belles fleurs, La prune de Damas et noire et violette. La bonne perdrigon, la cerise rougette, Le bon mirecoton, l'abricot savoureux, Recevant le loyer de sa peine agréable Qui plus qu'un grand thresor lui semble profitable.

Mais Melibée ne fait point de tort à Nemrod :

Aux sources, aux étangs de tout son environ Il tire, chevalant, au canard, au héron, Au friand butoreau qui, surpris par sa ruse, Ne se peut garantir de la prompte arquebuse,

Plaisirs de pêche valent plaisirs de chasse. C'est pourquoi

Il prend le grand brochet, la truite saumonnière La carpe, le saumon, l'alose marinière.

Retenons, pour finir, ce tableau qui pourrait être signé Jules Romain ou Lhermitte :

Oh ! qu'on a d'aise à voir revenir pêle-mêle

Les vaches, les taureaux et le troupeau qui bêle,

Les au mailles marcher lentement, pas à pas,

Et puis, d'autre côté, galoper le haras.

El sur les boeufs, ayant achevé leur journée,

Ramener la charrue à l'envers retournée,

Et dans sa basse-cour, grand nombre de ses gens

Chacun diversement s'employer, diligents.


POÈTE ET MAGISTRAT : VAUQUELIN DE LA FRESNAYE 807

Il prend plaisir à broder à nouveau sur ce thème du « fortunatos nimium » quand il nous déclare :

... Vous saurez, si vous voulez l'ouïr Pourquoi du mien j'aime tant à jouir En doux repos, et pourquoi le rivage De Caen normand, fertile en labourage, M'est plus plaisant, plus cher et plus aimé Que de la Cour le séjour estimé ; Pourquoi plutôt faime cette province Que de chercher la grâce d'un grand prince.

Mais quoi ! cette profession de foi digne d'un Zenon ou d'un Epictète, n'était-elle qu'un brillant exercice de rhétorique et ne nous livrez-vous pas, ô poète, le fonds de votre pensée lorsque, par ailleurs, vous approuvez le personnage qui

ayant regagné de son Roy la faneur ...estima plus grand le gain et le bonheur De lui faire service et commander en France A ceux qui maniaient l'argent et la finance Et profits à monceaux sur profits amasser Que de vivre au village et qu'aux forêts chasser.

Quoi qu'il en soit de ces sincérités successives, messire Vauquelin nous apparaît comme un épicurien, voire — dirait-on de nos jours — un opportuniste. Son éthique est le « ne quid nimis » d'Horace. Volontiers, il répéterait avec son ami Ronsard :

Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie !

Mais, s'il aime les belles lettres, il estime que ce n'est point nourriture substantielle assez :

Sans pain encor ne me plairait Catulle Ni Callimach, Properce ni Tibulle, Térence aussi jamais ne me plairait, Quand du pain cuit au logis on n'aurait.


808 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

Et, revenant ailleurs sur cette idée, il ajoute :

// n'est scavoir que pauvreté ne gâte.

Sans doute avait-il oublié cette profession de foi le jour où il s'indignait :

On prise bien les vers, mais de Tor on demande, El, pourvu qu'il soit riche, un sot on aime mieux.

Ecoutons-le maintenant traiter d'un sujet épineux : le mariage qui, vers la même époque, provoquait la célèbre consultation de Panurge. De ce sujet, il peut parler en connaisseur, ayant épousé Jeanne de Bourguéville, fille de Charles de Bourguéville, plus connu sous le nom de sieur de Bras, lequel fut lieutenant général au bailliage de Caen, charge dans laquelle Vauquelin succédait à son beau-père en 1582 ('). De cette union devait naître Nicolas Vauquelin, qui fut, à la Cour de Henri IV, précepteur du duc de Vendôme, puis du Dauphin, et que Tallemand des Reaux, en une de ses Historiettes, vous accommode à cette sauce piquante dont il a le secret.

Faut-il croire qu'il pensait à son foyer même et à sa propre fortune quand il écrivait :

Où se trouve une femme, à grand'peine Sera la paix de la maison certaine ?

Il ne laisse cependant pas d'estimer que, sur ce terrain, la somme des avantages doit l'emporter sur celle des inconvénients, puisqu'il confesse à son ami de Blois, conseiller au Parlement de Rouen :

Nul n'est parfait sans femme à son côté,

1. De Bourguéville. Recherches et Antiquités. Edition de 1823. Préface.


POÈTE ET MAGISTRAT : VAUQUELIN DE LA FRESNAYE 809

et à un autre, demeuré « garçon perpétuel », il déclare tout net :

Si tu étais marié comme nous,

Je le verrais encor meilleur que tous

Et confesser que les maisons sans femmes

Sont comme corps privés de belles âmes.

Enfin, pour terminer, ce sage conseil :

Quand on a pris une femme à son choix Bon ou mauvais on doit de ce partage Fidèlement cultiver f héritage.

La fidélité ainsi prônée, la pratiquait-il pour son propre compte ? Je pense là-dessus à deux proverbes : « Les conseilleurs ne sont pas des payeurs », et « les cloches appellent au prêche, mais n'y vont pas ». Un autre motif de douter me vient des tableaux galants, voire paillards, qu'il peint en ses « Idylles et pastorales », avec une verdeur d'expression digne de nos Fabliaux.

Il prend soin, au reste, de nous dire comment il entend et prise la femme : non point apprêtée et coquette, mais simple et sans artifice :

Qu'elle aime aussi le naturel visage

Que Dieu lui donne, et ne mette en usage

Ni le vermeil, ni le blanc.

Plus loin, il revient encore sur cette idée :

Après for et Hargent ne brûle point, avare. Ni de jacinthe fauve ou bien de jaspe vert Ni de gemmeux colliers ta gorge point ne pare Ains simplette plutost, tiens-toi le sein couvert.


810 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

En lisant ces vers, je me suis souvenu de ceux de Rémy Belleau, écrivant dans le même temps sur le même sujet :

Rien qu'un bond naturel sa grâce n'accompagne ; Son front lavé d'eau claire esclate d'un beau teint.

Cependant, notre Epicurien abandonne parfois le plectre léger d'Horace pour ramasser le fouet de Juvénal. Il vitupère alors contre le malheur des temps et contre l'abaissement des caractères. S'il l'en faut croire,

Cette mère des rois, cette empérière France Sentant décoloré son beau visage hautain, Plaint son ample dommage et son pouvoir lointain Sa franchise royale et sa vieille espérance,

et l'aspect des campagnes désolées par la guerre civile lui arrache cette plainte :

Ici, tu ne verras que des plaines désertes,

Que des bois abroutis sans fleurs ni feuilles vertes,

Nayant pu le printemps nos terres eschauffer.

Ici, chaque personne a soy même outragée,

Et d'un beau Paradis notre France est changée

En l'abime effrayant d'un ténébreux enfer.

Ce ténébreux enfer est celui des luttes fratricides qui, dans ce siècle, ensanglantent le royaume. Figurons-nous l'époque. Les idées de la Réforme se sont propagées en Normandie. Le mouvement calviniste éclate à Caen en 1562. Là comme ailleurs il est marqué par des pillages et par des excès de toutes sortes. En l'église Saint-Etienne, les sépultures du roi Guil-


POÈTE ET MAGISTRAT : VAUQUELIN DE LA FRESNAYE 811

laume et de la reine Mathilde sont violées et leurs cendres jetées aux vents. Conduits par l'amiral de Coligny, qui vient, le 19 décembre 1562, d'être déconfit à Dreux, les troupes de la Religion se portent sur la capitale de la Basse-Normandie pour y chercher retraite (1). Le 15 février de l'année suivante, ils assaillent le château. La brèche est ouverte dans les murailles le 1er mars, du côté de Saint-Julien. Le lendemain, la place se rend à merci. Coligny, de soldat devenu prédicant, veut convertir sa conquête, aidé en son entreprise par son correligionnaire Théodore de Bèze, qui s'emploie à faire de l'Université de Caen, une fille adoptive de l'Université de Genève. Devant les résistances rencontrées, l'on bat en retraite, et c'est aux Provinces Unies et à la Ville de Leyde qu'écherra l'honneur qu'a décliné la Normandie.

Après l'Edit de pacification, rendu sur ces entrefaites, l'on respire un instant. Mais voici qu'éclatent les troubles de la Ligue. Royalistes et ligueurs se gourment et se pourfendent à qui mieux mieux. De la ville de Rouen, tombée aux mains de ces derniers, le Parlement de Normandie a émigré à Caen, qui tient pour le Roy. II y demeura cinq ans, de 1589 à 1594. A sa tête est le premier président Groulard. C'est une haute figure que celle de ce magistrat qui, dans la confusion des pouvoirs, maintient, envers et, contre tous, avec les prérogatives de l'autorité royale, les privilèges de l'ordre judiciaire incarné dans le Parlement. Honni parles uns, suspecté par les autres, mais craint et respecté par tous, il réprime les troubles de la rue, fait pendre des mutins, conspire avec la municipalité, caresse le gouverneur la Verune, plus

1. Ch. de Bourguéville, op. cit.


812 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

roi derrière les murailles de son château que le monarque en son royaume. Et Caen, qui l'a vu à l'oeuvre, le voudrait bien conserver avec les vingt^deux magistrats de sa Cour. Mais Rouen ne l'entend pas de cette oreille, et, dans l'année qui suit sa soumission au roi, obtient de celui-ci de rentrer en possession de son Parlement perdu.

Ces événements, Vauquelin les a connus, puisqu'il n'est mort qu'en 1606, — ou 1608 : la date n'est point certaine. Il les a même vécus. Plusieurs de ses épîtres sont adressées au premier président Groulard et au gouverneur la Vérune. Voici l'apostrophe qu'il adresse aux renverseurs d'autels d'alors :

Vous avez vu fouiller les sacrés édifices, Renverser les autels, cesser les saints offices, Votre Roy méconnu, son lieutenant chassé, Et votre Parlement de ce lieu déplacé. La Justice bannie hors de vos trois collègues, Et vos Sceaux usurpés par des mains sacrilèges.

Nous retrouvons ici le magistrat qui prononce condamnation contre son siècle.

Pour argent tout se vend : rien ne s'en peut défendre, Et la France aujourd'hui même serait à vendre, S'il se trouvait quelqu'un qui la pût acheter.

Plus loin, le tableau est encore poussé au noir :

Ah ! siècle dont le cours des vertus est tari Veuf de toutes beautés et de vice marri,

La France est de deniers, en tous lieux épuisée, La justice abattue et l'audace prisée.


POÈTE ET MAGISTRAT : VAUQUELIN DE LA FRESNAYE 813

Sous sa plume, je relève encore cette évocation :

Où est la Vacquerie et le Sénat romain

Qui, plutôt que passer une ordonnance inique,

S'offrirent à la mort pour la chose publique.

exemple qui, de fait, n'a jusqu'à nos jours trouvé que peu d'imitateurs parmi les assemblées délibérantes.

Par ailleurs il déplore la situation financière du royaume :

Mais bien plus un grand mal par la France patit Par ce gouffre béant qui son or engloutit. Mille monstres nouveaux de leurs gorges béantes Ravissent alentour ses finances tombantes.

ce qui nous permet d'avoir des doutes sur l'équilibre budgétaire de la fin du xvie siècle en France.

Mais de cette flagellation je veux surtout retenir ce beau cri, qui trahit la conscience du magistrat que la foi n'aveugle point.

Là ! Faut-il que toujours on arrive Par la religion qui n'est que charité ! Et que par le combat on cherche vérité !

Il fallait quelque courage pour pousser ce cri de paix à une époque où tout n'était que guerre, où la tolérance, réfugiée peut-être en l'âme du monarque, n'était ailleurs qu'un vain mot, où l'on était encore bien près de l'institution du duel judiciaire.

D'autres temps, enfin, ne pourraient-ils méditer ce voeu :

D'autant serait plus beau le royaume d'aimer Qu'une Cité sans haine est plus qu'une autre forte.


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Après le satirique, nous trouvons encore en Vauquelin le fabuliste. S'il a connu Esope, lui-même n'a pas été ignoré de son grand successeur et sa fable de la Belette apparaît comme une première édition de « la Belette entrée dans un grenier », présente à toutes les mémoires. Ce qui prouve que LaFontaine, comme les auteurs de son époque, pratiquait par anticipation la formule moderne de prendre le bien d'autrui là où il se trouve.

Des « Epigrammes » et des « Sonnets » dont beaucoup valent par la tenue et la fermeté du vers, je veux retenir deux pièces, qui, elles aussi, reflètent ou annoncent des inspirations analogues.

Mignonne, allons voir si la rose...

a dit Ronsard. Et Vauquelin de chanter, lui aussi, avant que Leconte de Lisle ait repris le même sujet,

La rose, tant qu'elle fleurit. Belle et plaisante à chacun rit, Mais en un jour elle se passe ; Puis, regardant où elle était, Elle convient qu'il ne restait Que des épines à sa place.

Des trente-huit sonnets — pas un de moins — adressés à son ami de Bailleul — j'allais dire du Périer — pour le consoler de la mort de sa fille, je veux détacher ce seul quatrain ;

Ce beau soleil qui dans son aube belle Alla coucher au couchant de son jour A fait du Ciel, dont il veut son retour, Et là demeure en demeure éternelle.


POÈTE ET MAGISTRAT : VAUQUELIN DE LA FRESNAYE 815

La pensée de la mort prochaine hante, au reste, ses dernières oeuvres. Les ultimes sonnets contiennent une invocation à la Vierge Marie, qui rappelle celle de François Villon, si émouvante en sa simplicité,

Dame des deux, régente terrienne, et sa profession de foi suprême tient dans ce tercet :

Heureux donc est celui qui par la Mort s'envoie A jouir du séjour de la divine école Et du bien éternel de téternelle paix.

« L'homme complet », a déclaré notre grand Lyautey, « celui qui veut remplir sa pleine destinée et être digne de mener les hommes, être un chef en un mot, celui-là doit avoir des lanternes ouvertes sur tout ce qui fait honneur à l'humanité ». On pourrait croire que le président Vauquelin professait là-dessus un avis contraire quand il écrivait :

En quelque art que ce soit il faut un homme entier : Qui deux en entreprend ne fait un bon métier,

s'il ne s'était lui-même' donné un démenti formel en étant à la fois magistrat consciencieux —je me refuse à écrire intègre, pour éviter un pléonasme — et un poète non dénué de mérite.

Son cas valait, ce me semble, d'être étudié, car Vauquelin est un échantillon assez représentatif de la race normande, race pratique mais spiritualiste aussi, enveloppant son tréfonds de bon sens, de bonhomie narquoise, soucieux de sa bourse, mais aimant son clocher, suivant le progrès, mais ennemie du boulversement et du désordre, fidèle à son passé, à sa tradition,


816 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

à sa foi. Volontiers, sur ce terrain, elle dirait avec un de ses enfants :

« Nous sommes esprits fins, mais non pas esprits forts ».

Esprit fin, Vauquelin le fut essentiellement. A ses successeurs les plus lointains il a enseigné qu'un juge, descendu de son siège, n'est qu'un homme parmi les hommes, sujets à toutes les faiblesses, à toutes les concupiscences, parmi lesquelles je range le culte des lettres et des arts. Puisse un tel précédent absoudre par avance ceux qui seraient tentés de suivre son exemple !

P. Louis RTVTÈRE

Correspondant de l'Institut

Séance du 7 novembre 1936.


BULLETIN ACADÉMIQUE

SEANCE PUBLIQUE ANNUELLE

du 18 décembre 1937.

DISCOURS

DE

M. JACQUES BARDOUX

PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE

Monsieur l'Ambassadeur (*),

L'histoire d'une Académie connaît les limites étroites des certitudes humaines, même lorsque ses origines ne remontent qu'au 20 novembre 1795. Cependant, je crois pouvoir affirmer à Votre Excellence, que, pour la première fois, le représentant de Sa Majesté le roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, des Dominions britanniques d'outre-mer, Défenseur de la Foi, Empereur de l'Inde, assiste à notre séance annuelle. L'honneur, qu'il veut bien faire à notre Compagnie, la touche sans la surprendre. Car cette décision britannique est, pour cette fois, d'une logique toute française. Il n'est point, en effet, d'Académie, qui ait eu avec votre

1. Son Exe. Sir Eric Phipps, Ambassadeur d'Angleterre.

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818 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

pays des liens plus anciens et des contacts plus fréquents.

La plupart des écrivains, qui ont étudié votre histoire et vos institutions, analysé votre littérature et votre civilisation, Guizot et Tocqueville, Frédéric Passy et Franqueville, Emile Boutmy et J. Jusserand; les diplomates, qui ont mené avec la Grande-Bretagne les négociations les plus importantes, Talleyrand et Michel-Chevalier, Courcel et Paul Cambon, ont siégé sur nos bancs. D'autre part, lorsque, en 1833, notre Compagnie, pour célébrer sa renaissance, élut des associés étrangers, son premier scrutin désignait un de vos compatriotes. Sur les cinq Européens, élevés en 1833 à la dignité de membres de l'Institut national de France, trois sont des Britanniques : lord Brougham, Livingstone et un économiste, dont la publicité dépassa la doctrine, Malthus. Parmi les soixante étrangers, qui figurent en tête de notre liste, — historiens ou juristes, économistes ou politiques, — quinze sont des citoyens de l'Empire et quatre autres auraient pu le rester.

Comment cette participation ne serait-elle pas prépondérante, dans une Académie des Sciences morales et politiques ? L'apport de votre pays aux unes et aux autres n'est-il point capital ? Montesquieu écrivait : « L'Angleterre est le peuple du monde, qui a su le mieux se prévaloir de ces trois grandes choses : la Religion, le Commerce, la Liberté ». Et, parce que, depuis un siècle et demi, l'histoire britannique ne l'a point démenti, votre pays est resté grand.

Monsieur l'Ambassadeur (*),

Un des nôtres, qui est aussi un des vôtres, évoquera tout à l'heure la silhouette désormais légendaire, —

1. Son Exe. le Comte de Kerchove de Denterghem, Ambassadeur de Belgique.


BULLETIN ACADÉMIQUE 819

puisqu'elle appartient à l'Humanité, — du Souverain, dont la grandeur morale fut et dont le souvenir glorieux demeure une des garanties de l'indépendance belge. Il nous plaît que cet hommage soit rendu au Roi, qui siégea sur nos bancs, en présence de l'Ambassadeur de Sa Majesté le roi Léopold. Je puis aussi assurer Votre Excellence, que les sentiments et les voeux, qui seront tout à l'heure exprimés par mon éminent confrère, reflètent les pensées fidèles de notre Compagnie unanime.

Messieurs les Ministres ('),

Vous êtes, l'un et l'autre, de trop vieux Parisiens, pour n'avoir pas témoigné à nos travaux un précieux intérêt et réservé à nos membres un cordial accueil. Il m'est agréable de vous en remercier et de vous recevoir ici. Grâce à la présence des diplomates, compatriotes de nos regrettés confrères, le président Thomas Garrigue-Masaryk et l'honorable Rodolphe Lemieux, aux côtés de Leurs Excellences les Ambassadeurs d'Angleterre et de Belgique ; nous avons une vision plus complète de ces amitiés traditionnelles et éprouvées, qui sont pour la France une joie et restent sa fierté.

Messieurs

Nul ne saurait mieux, qu'un de vos présidents éphémères, apprécier tout ce que peuvent avoir de profondément vain les banalités rituelles sur l'immortalité académique. Sa tâche essentielle reste en effet l'oraison funèbre. Et il ne dépend de votre volonté ni d'en limiter le nombre, ni d'en réduire les difficultés.

1. Son Exe. le Comte de Kerchove de Denterghem, Ambassadeur de Belgique. — Son Exe. Mr St. Osusky, Ministre de Tchécoslovaquie et Son Exe. l'Hon. Philippe Roy, Ministre du Canada.


820 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

Henri Capitant s'est éteint presque subitement (*) avant même d'avoir connu le repos mérité, au pied des Alpes qui l'avaient vu naître et l'accueillirent pour son sommeil.

Il n'appartenait à notre Compagnie, que depuis le 26 janvier 1929. Et la brièveté de ce terme, autant que l'élégance de sa silhouette et la cordialité de son accueil, donnait l'illusion d'une jeunesse récente et l'espoir d'une plus longue présence.

Quand notre confrère prit séance, personne n'ignorait qu'il fut un grand « civiliste ». L'Introduction à rétude du Droit civil, le Cours élémentaire de Droit civil, le Traité sur la Cause des Obligations avaient, par leurs éditions multiples, assuré sa réputation. Beaucoup d'entre nous savaient que, depuis 1897, dans ses commentaires périodiques des lois nouvelles, il apportait une science claire, un jugement équitable et souvent du courage civique. Dès 1917, le professeur de l'Université critiquait la méthode, — ou plutôt l'absence de méthode, — qui caractérise la confection des lois françaises « Incorrections de langage, impropriétés des termes, omissions et, ce qui est plus grave encore, reproduction inexacte et incomplète des parties non modifiées des articles du Code revisés : tels sont les défauts, qu'on relève dans le texte du 20 mars 1917, qu'il faudrait abroger ou remettre sur le métier législatif... De telles lois ne font pas honneur au Parlement. Elles sont vraiment indignes d'être insérées dans une oeuvre comme notre vieux Code civil, car elles le déparent et le déforment comme des verrues. »

Cette étude était célèbre. Ces commentaires étaient respectés. Ces ouvrages étaient réputés. Mais beaucoup de ceux, qui n'avaient point le privilège de rencontrer

1. Le 21 septembre 1937.


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Henri Capitant soit dans les couloirs de la Faculté, soit dans les salles de Congrès, s'ils connaissaient le savant, ignoraient l'homme. Et l'homme les eut vite conquis. Son intelligence était aussi ouverte que son accueil. Son sourire avait la même indulgence que sa sensibilité. Rien de compassé chez ce professeur. Rien de rigide chez ce juriste. Il avait l'aristocratique aménité d'un magistrat du xine siècle, à la Cour de Grenoble. L'affection des jeunes entourait Henri Capitant. La mort d'un jeune l'a tué.

Les trois autres membres titulaires, qui disparurent coup sur coup, après un correspondant de la section de législation, le juriste belge, Baron Rolin (J), appartenaient certes à des nationalités différentes. Comment, néanmoins, ne pas découvrir, entre les Présidents Gaston Doumergue, Thomas Masaryk, Rodolphe Lemieux (-), les traits communs d'une parenté inattendue.

Il ne suffirait pas de dire que, sortis des rangs les plus humbles du peuple et promus aux plus hautes charges de la Communauté, ils ont bénéficié de l'expérience humaine, que donnent ces origines et de l'autorité politique, qu'assure cette ascension. Ils ont été tous les trois marqués de la même empreinte paysanne, empreinte des. coteaux calcaires, accrochés aux Cévennes et sur lesquels s'agrippent les vignes ; empreinte de la plaine slovaque et de ses larges horizons ; empreinte laissée par le val du Saint-Laurent, les forêts d'érables et les terres à blé. Un village, dont le labeur fut partagé et dont l'image reste gravée. Une mère, qui économisa l'argent nécessaire et guide les pre1.

pre1. février 1937.

2. Décédés les 18 Juin, 14 septembre, et 30 septembre 1937.


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mières études. Un instituteur, qui découvrit les aptitudes et oriente l'enfant.

Sans doute, l'emprise universitaire n'a pas eu, chez ces hommes d'action, la même profondeur. Il est tout de même remarquable, que ces trois enfants du terroir paysan soient passés, dans des conditions à peu près semblables, de l'école primaire aux études classiques, qui leur ouvrirent l'enseignement supérieur. Si le président G. Doumergue n'a point enseigné le droit et la philosophie, comme l'honorable Rodolphe Lemieux et le président Masaryk, il a, comme eux, écrit en même temps qu'il parlait. Dans le labeur professionnel de notre confrère canadien, les avis d'avocat et les commentaires de jurisprudence tiennent plus de place, que les leçons ex-cathedra et les exposés de doctrine. Et, après avoir lu la plupart des ouvrages du président Masaryk, je puis affirmer, qu'à l'exception de son enquête sur la Russie, ces pages compteront moins pour sa gloire, que ses actes.

Certes, l'empreinte religieuse, qui a marqué les trois consciences, n'a pas les mêmes origines. Impossible, néanmoins, d'expliquer ce mélange de fermeté et de douceur, de gravité voulue et de souriante bonhomie, qui caractérisaient la personnalité et marquaient le visage de notre confrère M. Gaston Doumergue, de comprendre aussi l'orientation de sa carrière politique, à ses débuts et à son terme, sans évoquer la maison paysanne d'Aygues-Vives, les deux siècles de traditions calvinistes, la silhouette respectée de l'ancêtre camisard. Quelle force assura la survie du foyer franco-normand, transplanté sur les berges du Saint-Laurent par son aïeul rouennais et l'unité des activités diverses de Rodolphe Lemieux, sinon la fidélité au Catholicisme, qui, sur l'autre rive de l'Océan atlantique, prolonge la terre de France et sauvegarde le parler des


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aïeux ? Où trouver le secret de cette vigueur morale du président Masaryk, qui donne à ce savoir presque universel son équilibre, au paysan slovaque une discipline anglo-saxonne et à cette action démocratique sa valeur spirituelle ? Notre confrère l'a révélé luimême, dans une page justement célèbre. Charlotte Garrigue, dont les ancêtres huguenots avaient transplanté en Amérique leur âme cévenole, sut concilier, dans les cadres assouplis d'un christianisme protestant, les survivances de son éducation et les exigences de son positivisme. Pour affirmer publiquement sa dette morale vis-à-vis d'un amour unique, Masaryk ajouta au nom, qui devait rester dans l'histoire, celui de sa femme. En agissant ainsi, il se conformait, inconsciemment, à une coutume immémoriale des foyers paysans du Massif central.

Faut-il que cette vitalité spirituelle de la terre de France, — vitalité diverse et généreuse comme la fécondité de ses sillons, — soit tenace, pour qu'elle puisse ainsi transmettre son rayonnement de génération en génération et nouer entre les deux rives d'un large océan, ces liens mystérieux !

Comment être surpris, si nos trois confrères, dans des assemblées et pour des peuples différents, ont apporté des convictions de même nuance, accepté le fait démocratique et l'égalité politique, justifié les institutions parlementaires et les lois socialisantes ? Cet accord dans l'action pouvait être prévu. Il est dicté par l'identité de leurs origines paysannes et par la parenté de leur idéalisme moral.

Mêlés de bonne heure au heurt des partis, guidés dans ces luttes par un patriotisme d'une égale vigilance,


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nos confrères occupèrent des charges éminentes et rendirent d'éclatants services.

Les Canadiens n'oublieront pas de si tôt les trentetrois années de mandat parlementaire, les trois portefeuilles ministériels, les neufs années de présidence aux Communes, la loi sur la conciliation dans les conflits industriels, qui marquent la carrière de Rodolphe Lemieux, et expliquent le choix de notre Compagnie. L'historien de demain notera, qu'après avoir dressé le statut des gouvernements coloniaux, assuré leur participation à la guerre mondiale, préparé les clauses africaines de la paix, notre confrère Gaston Doumergue assura à la République sept années d'une présidence souriante, habile et respectée et tenta, le 8 février 1934, de rétablir l'ordre dans la rue et la paix dans les esprits, de redresser les finances compromises et la Constitution déformée.

Un seul cependant, de nos trois confrères, — le président Masaryk, — connut le privilège de construire, avec d'antiques matériaux, une nation moderne, de doter un peuple libre de ses lois et institutions, et, après en avoir été, pendant dix-sept années, le chef d'Etat, de passer le pouvoir suprême au successeur, qu'il avait lui-même choisi, préparé et désigné, pour s'éteindre, après deux années de retraite et de méditation, entouré d'une égale vénération par le peuple de Tchécoslovaquie et par la minorité de langue allemande. Pourquoi ce privilège ?

Les chances d'une occasion unique suffisent-elles à expliquer ? Je ne le crois pas. Dans toutes les carrières, médiocres ou brillantes, tôt ou tard, l'occasion passe à portée de la main : il faut la deviner et ensuite la saisir.

La vigueur d'une résistance exceptionnelle suffit-elle à expliquer ? Certes, il défie toute comparaison, cet


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universitaire-philosophe de soixante-sept ans qui, le 16 avril 1917, après avoir, pendant deux ans, échappé aux poignards et défié les poisons, s'embarque, avec un faux passe-port, pour la Russie en ébullition ; négocie avec Kerensky, puis avec les Bolcheviks, le statut de l'armée tchèque ; constitue cette armée, en amalgamant prisonniers et réfugiés ; lui forge des cadres, des armes, une âme ; décide de lui faire traverser la Sibérie et de l'embarquer à Vladivostok ; part en avant pour reconnaître la route et fixer les étapes, pour négocier en Amérique et préparer la paix. Cette vigueur physique et morale passe toute commune mesure. Encore faut-il la diriger. Il ne suffisait pas d'avantage, pour que Masaryk construisît un Etat en quelques mois et le commandât pendant dix-sept années, qu'il eût une culture presque universelle. Il a lu tout ce qui méritait de l'être. Il comprenait toutes les langues que parle l'Europe. Cette universalité, loin de le préparer, aurait pu le paralyser.

Le secret de sa réussite est ailleurs. Il est dans son tempérament et dans sa méthode.

La pensée de Masaryk n'a jamais été orientée vers les spéculations abstraites et vers les doctrines philosophiques. Elle a toujours été attirée par l'observation des réalités, — hommes et choses, — et par l'action sur les réalités politiques et sociales. « Je ne voulais pas être professeur, écrit notre confrère, dans ses Souvenirs (l) : et pourtant, le sort me conduisit rapidement à enseigner. Le professorat me fut utile, même pour la politique et en tout cas ne me fit pas de mal... Je suis « activiste » et pcut-ê re « volontariste ». Toute ma vie j'ai agi et j'ai travaillé. Je n'ai jamais reconnu de contradiction entre la théorie et la pratique, quand

1. T. G. Masaryk. La Résurrection d'un Etat. Souvenirs et réflexions. Traduction F. Dominois, Paris, Pion.


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l'une et l'autre sont justes. J'ai toujours pris position contre l'intellectualisme exclusif, comme contre la pratique dénuée d'idées (1). Il ajoutait : « Pour prendre part à une guerre et à une révolution, il faut une tête froide et lucide. L'imagination et l'enthousiasme, le sentiment et l'instinct n'y suffisent pas, et surtout pas à remporter la victoire (2). » Dans sonétudedes hommes, adversaires et amis, Masaryk dressait des dossiers. Dans l'analyse des problèmes, — impossibilité de concilier la libération des nationalités avec la survie de l'Autriche-Hongrie (?) ; impossibilité de compter, dans une guerre européenne, sur les forces militaires de la Russie, qu'elle soit tzariste ou bolcheviste (4), — cette pensée froide et lucide lit et dépouille, observe et enquête, « ne se laisse jamais tromper par qui ou par quoi que ce soit (5).

S'il a réalisé, c'est que ce réaliste avait une méthode. Deux mots la résument : équipe et plan. « Je puis dire en toute conscience », écrivait notre illustre confrère, après avoir rappelé le jour heureux et décisif où « le sentier de sa vie croisa celui de Charlotte Garrigue » (6), « que je n'ai jamais fait aucune intervention publique, sans y avoir été appelé et que je n'ai jamais désiré me mettre en avant... Ne jamais vouloir être toujours le premier : il suffit d'être le deuxième ou le troisième. Voilà encore quelque chose que bien des gens ne comprennent pas ( 7) ». Parce qu'il l'a compris, Masaryk put constituer une équipe ( 8) ;parce

1. Id., p. 323.

2. là., p. 22.

3. Id., p. 5 et 29.

4. Id.. p. 15.16, 17, 18, 19. 25, 26, 153,156.

5. Id., p. 22.

6. Id., p. 328.

7. Id., p. 329.

8. Id., p. 82.


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qu'il avait constitué une équipe, il put réaliser ses plans : plan pour la propagande en Occident (*), plan pour la création d'une armée tchèque (2), plan pour la constitution de la République tchécoslovaque (3).

Une équipe, un plan. Il faut l'un et l'autre pour édifier une écurie et une chaumière. Comment un bâtisseur à la tête froide et lucide pourrait-il s'en passer pour construire cette oeuvre architecturale, qui exige plus d'espace et de perspectives qu'un palais de Versailles, plus de contreforts, de piliers et de verrières que la cathédrale de Reims : une nation européenne, industrielle et prospère, instruite et libre ?

• * *

Quatre de nos confrères, — et lesquels, — nous ont ainsi quittés en 1937. Cinq nous ont rejoints.

Deux sont des étrangers.

Dans le fauteuil de Rudyard Kipling est venu s'asseoirun historien (4). Il représente, sur nos bancs, pour la première fois, la nation charmante, mais parfois fragile, qui, rénovée et armée, constitue désormais pour l'Occident son contre-poids naturel et une double barrière. M. Marcel Handelsman, par son action patriotique, par sa fidélité française, par son oeuvre scientifique, — dans laquelle les relations franco-polonaises tiennent une place prépondérante, — a justifié notre choix unanime.

Dans le fauteuil de Eleftherios Veniselos, prince du verbe attique, viendra s'asseoir un prince des Lettres franco-belges, Maurice Maeterlinck (5). Nul de ses in1.

in1. p. 38 et 97.

2. Id., p. 183.

3. Id., p. 377.

4. Ou le 27 février 1937.

5. Elu le 13 mars 1937.


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nombrables lecteurs ne saurait être surpris de notre choix. Le poète de Pelléas et Mélisande, le fantaisiste de F Oiseau bleu, le dramaturge de Monna Vanna n'est-il point aussi le moraliste, qui étudie la Vie des abeilles et des Termites, l'Intelligence des fleurs, vénère le Trésor des humbles, médite sur la Sagesse et la destinée, comme sur le Temple enseveli ? Chacun de ces titres n'éveille-t-il pas, au plus profond de nous-mème, le retentissement, que seuls peuvent avoir les livres, qui furent l'aliment d'une génération et font désormais partie de sa substance ?, Maeterlinck ne vient-il pas de publier des pages, — Devant Dieu, — qui, si elles peuvent heurter quelques orthodoxes, restent toutes frémissantes de l'obsession du divin ? N'a-t-il pas écrit : « Pourquoi mon regard toucherait-il les étoiles (*), si elles n'avaient rien de commun avec moi, si elles étaient complètement étrangères à ma vie? » « Le fond du décor universel, ce sont des astres en formation ou en décomposition, dans un espace ou un vide, qui n'a pas de bornes imaginables et durant un temps, qui n'a pas eu de commencement et n'aura pas de fin. Quelle est la signification de ce spectacle, qui sera éternellement le même? Et s'il na pas de signification, n'est-ce pas encore plus surprenant ( 2) ? » « Quand nous photographions une nébuleuse extra-galactique, nous captons et fixons en réalité l'image, non point d'une étoile ou d'un groupe d'étoiles, mais celle d'un rayon de lumière vieux de plusieurs millions de siècles. Nous pouvons ainsi constater qu'un rayon de lumière ne se perd, ne s'éteint, ne meurt jamais. N'estce pas une forme curieuse et frappante de l'immortalité universelle (?) ? »Pour bien des contemporains survit,

1. Devant Dieu, Charpentier, édit,, p. 24.

2. Id., p. 107.

3. Id., p., 65.


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dans le tréfonds de leurs consciences et de leurs pensées, lentement et définitivement incorporé, du Maeterlinck comme du Bergson. Et c'est un précieux levain de vie spirituelle.

Aux trois fauteuils de Charles Benoist, du président Paul André et de M. Gaston Doumergue ont été élus MM. Maurice Reclus, Georges Ripert.le comte Etienne de Nalèche (1).

L'historien nous vient de ces Pyrénées béarnaises, où les chants de la lumière et des torrents se marient aux chansons des voix humaines. Le frémissement de la vie gasconne l'a pour toujours marqué. Il la porte dans sa démarche et ses gestes, dans sa parole et ses écrits. Elle anime les portraits, comme les tableaux de son Histoire contemporaine. Cette vie, ni les rigueurs d'une Cour suprême, ni les disciplines du journal le Temps n'ont pu la briser. Et la section de morale s'est empressée d'y chercher une force nouvelle.

Le civiliste nous arrive de cette Provence, qui puise dans les souvenirs de la Grèce, dans l'harmonie de ses perspectives, dans le classicisme de ses décors, la sereine gravité des beautés éternelles. Comment ne pas retrouver, dans l'oeuvre juridique de notre confrère, aussi solide que lumineuse, en particulier dans les vues d'ensemble, qui firent sa renommée, les survivances gréco-romaines, les lignes équilibrées, les horizons sereins d'un paysage provençal ?

Le plus jeune de nos confrères de 1937 descend du Massif Central, pays des hautes tailles et des fortes carrures, mais d'un contrefort orienté vers les plaines gasconnes. Leur soleil réchauffe. Leur sourire égaie. Nul ne pouvait, par l'ancienneté de ses services et

1. Les 6 et 20 février et 11 décembre 1937.


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par l'honorabilité de sa carrière, mieux représenter parmi nous la presse d'opinion, cette forme essentielle de l'action politique. Depuis de longues années, la première page des Débats, — entre le Premier Paris et le Bulletin étranger, ces deux colonnes du temple, les Notules et l'Au-jour-le-jour, — cette page à laquelle ont collaboré et collaborent encore de nombreux membres de notre Compagnie, — est une joie pour les yeux, qui aiment les ordonnances à la française ; un régal pour les esprits qui gardent le culte de notre langue ; souvent aussi un apaisement, pour les consciences, qui connaissent les saines colères de la vertu.

Notre Compagnie, plus que centenaire, en reprenant ainsi contact avec les divers terroirs de la Patrie, retrouve une force de survie. Elle peut aussi constater, pour reprendre l'image de Ronsard, l'éternel reverdissement du saule millénaire planté dans le sol de France. Les dossiers de nos prix et concours suffiraient en effet, pour confirmer cette inflexible certitude.

Les gens du métier savent, dans quelle situation dramatique le renchérissement des prix met les historiens et économistes, les juristes et philosophes, dont les ouvrages scientifiques ne peuvent espérer un gros tirage. Le problème mériterait d'être étudié, en un Congrès technique, par les Académies et par les Universités. Il n'est pas dans notre tempérament de capituler devant les difficultés. Ni les hommes, ni les choses ne pourront éteindre la pensée française. Et parmi les livres couronnés figurent, en 1937, comme dans les années précédentes, des ouvrages de droit, d'histoire et de philosophie, qui honorent notre pays.


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Les noms sont sous vos yeux. Leur liste vous sera lue.

La situation des oeuvres de charité est aussi dramatique, que celle des oeuvres de science. Elles voient, à la fois, croître leurs dépenses en marchandises-services et baisser leurs recettes en francs dévalués. Aussi nos Commissions, saisies de dossiers plus nombreux, éprouvent-elles quelque embarras à répartir un patrimoine, lui-même amputé. Dans leur Palmarès de 1937, je veux retenir quelques-unes de ces victoires de l'âme française, qui, si elles étaient connues des opinions étrangères, ignorantes ou asservies, jetteraient sur notre grand et noble pays autant de gloire, que d'autres victoires moins durables et plus sanglantes.

Au moment de faire ce choix, j'éprouve une cruelle angoisse. Quelle injustice que de passer sous silence la Fondation Mamoz, pour F Assistance par le travail ; les quatorze soldats ou marins titulaires, pour leurs actes de dévouement, du prix Berthault ; le docteur Henry Fischer, président des Sociétés d'encouragement au bien de Bordeaux, qui, par ses consultations et ses dispensaires, ses fondations, ses actes et ses écrits, est un bienfaiteur du peuple ; l'abbé Viollet, dont les oeuvres familiales du Moulin vert, dans le XIVe arrondissement, sont connues du Paris charitable, — mais ses limites sont plus étroites que celles de l'octroi (').

Il est cependant impossible de ne pas classer à part et au-dessus trois dossiers. Par la nature des

1. Je pourrais encore citer /'Adoption des Orphelins de la Mer, qui depuis 1892, en a assisté 4725 ; le Service social de l'Enfance, qui a établi, à Brunoy, une maison d'accueil et d'observation pour garçons et fillettes de moins de quinze ans et, depuis mai 1923, examine la situation de 10.823 familles.


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actes de dévouement, ils sont caractéristiques : essentiellement français.

Le R. P. Mazé est un missionnaire catholique. Il évangélise, depuis de longues années, l'archipel de Tuamotou, en Océanie. Il est seul, ou presque. Il a peu de ressources. Il va d'île en île sur une mauvaise pirogue. Il s'est consacré aux lépreux ; les soigne ; les transporte ; les console. Aux yeux de tous, indigènes, administrateurs, supérieurs, une auréole de saint encadre son visage émacié. Lui seul, dans sa simplicité, n'en voit pas la lumière. Il n'en voit qu'une autre, — plus loin, — plus haut.

Voici le second dossier. Il est à Paris, rue Lourmel, au fond de Javel, une maison qui, depuis 1873, a accueilli 4.788 cancéreuses incurables. Aucune condition, ni de religion, ni de culte, n'est requise. Seules sont prises en considération le manque de ressources et le degré d'abandon, la gravité des plaies et la difficulté des soins. Tous les matins, des dames veuves, résidentes ou agrégées, entrent en silence dans les dortoirs. Elles s'agenouillent devant le lit de leur malade et récitent tout bas la prière, que prononce tout haut la supérieure : « Donnez à nos malades la patience et la résignation et à nous l'esprit de foi et de charité. » Et chacune des infirmières bénévoles s'approche ensuite des malheureuses incurables, pour l'effroyable pansement. Le prix Marie-Laurent de 1937, — 45.000 francs, — est décerné à l'Association des Dames du Calvaire, fondée à Lyon, il y a près d'un siècle, par Mme Charnier-Chavat, et à Paris par M""' Jousset, dans la personne de sa Présidente, la Comtesse Guy de la Rochefoucauld née Marie de Mortemart.

Et voici le troisième et dernier dossier. Un village de l'Aisne : Aubenton. Un foyer pauvre : l'invasion le brise ; la guerre le détruit. Après avoir passé deux


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ans dans la zone de feu, la mère parvient à se libérer. Rapatriée par la Suisse, elle retrouve son fils. Il a seize ans. Il sera grand et beau. Elle veut qu'il travaille et apprenne, aille au lycée et passe son baccalauréat. Elle cherche une place d'infirmière. Elle entre dans un sanatorium de tuberculeux. Elle entretient l'enfant sur ses gages. Une première fois, elle croit avoir achevé sa tâche. A peine bachelier, Jean, en 4916, s'est engagé dans l'aviation. Il revient de Syrie avec des citations et des galons, plus grand et plus beau. Un régiment de chasse l'accueille à Thionville, mais ne sait pas le garder. A vingt ans, Jean est sur le pavé de Paris. L'aviateur frappe à toutes les portes : rien. Il fait tous les métiers. Il connaît la misère. Il couche dans les asiles. Il trompe sa faim. Quand il n'en pouvait plus, il courait à Lille ; et sa mère le ravitaillait pour quelques jours. Un jour de juillet 1924 arrive enfin une lettre des Lignes Latecoère. Jean est convoqué à Toulouse. L'infirmière envoie à son fils vingt francs. Il part. Le métier commence.

Et puis, ce fut l'épopée, en plein ciel. Jean est un des premiers à réaliser la liaison postale CasablancaDakar, par dessus les sables du désert. Exposé aux balles des Maures, il tombe ; échappe ; recommence. Le 9 août 1928, Jean est le premier à traverser le Brésil, sans escale, de Rio de Janeiro à Porto-Suarez, par dessus les 1.800 kilomètres de forêt vierge. Le premier encore, il tente, dans l'Amérique du Sud, sans aucun secours matériel, les vols de nuit. Il s'attaque le premier aux traversées postales de la Cordillière des Andes. Il franchit le mur de 4.500 mètres à bord d'avions inadaptés. Un jour, avec son mécanicien Collenot, Jean est aspiré par le sol et contraint de se poser sur un seuil rocheux, entouré de ravins à pic : 4.200 mètres d'altitude ; 100 kilomètres de toute ha53

ha53


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bitation ; 20 degrés au-dessous de zéro. Jean est pris. Les deux hommes lancent l'avion sur la pente. Il rebondit sur le sol rocheux. Il atteint le précipice. Il glisse dans l'abîme. Dans la chute, l'oiseau prend assez de vitesse pour obéir aux commandes. Jean le redresse, face à la crête. Il l'aborde ; le touche ; rebondit ; passe. Et l'eau fusant de toutes les tubulures crevées dans la nuit par le gel ; le moteur en panne, après sept minutes de vol, Jean descend, en vol plané, vers la plaine de Chili. Jean est le premier, qui s'attaque aux traversées postales de l'Atlantique Sud. La seconde se termine par un naufrage. Il recommence. Il recommencera souvent. Douze années d'efforts et de victoires, de victoires remportées sur le sable et la mer, sur le vent et la nuée, au cours de huit mille deux cents heures de vol.

La vaillante infirmière de Lille, la veuve pauvre d'Aubenton était, pour un temps, récompensée de ses sacrifices. Jean était entré dans la gloire. Son nom, qui bruisse comme des ailes, est sur toutes les lèvres. L'athlète aux larges épaules, aux cheveux châtains clairs, aux yeux bleus de France, était toujours aussi beau. Mais pour avoir si souvent respiré l'air des sommets, navigué à la lueur des étoiles, si souvent aussi frôlé l'aile de la mort et connu la fraternité du danger, l'enfant naturellement racé et instinctivement fier, avait acquis cette générosité d'esprit et cette noblesse d'âme, sans lesquelles un homme n'est jamais grand. Elles lui assuraient la curiosité instinctive des enfants et l'admiration réfléchie des jeunes.

Jean savait leur parler de la vie (1). « Quand l'équipage quitte le sol et que l'avion s'estompe dans les brumes de l'altitude, il semble qu'une métamorphose

1. La Belle France, n* de novembre 1936.


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atteigne les navigateurs de l'espace. Leurs gestes deviennent plus précis ; leurs propos fraternels. Un souci commun rapproche les coeurs. Toutes les vies sont étroitement liées les unes aux autres ; et, pour le pilote, — chef du bord, — le radio, qui guide la route, tient entre les mains l'existence de l'équipage, comme le tenait le mécanicien, qui, tout à l'heure, s'est glissé jusqu'au fuseau-moteur. Esprit d'équipe : esprit de coopération franche, tendue vers le seul but d'une amélioration perpétuelle de l'essor français. Brassage des coeurs et des classes sociales. Fraternité des terrains : le pilote se penche avec sollicitude et amitié sur l'établi, où le mécanicien polit une tige de soupape. Fierté de l'ouvrier. Il y a de tout cela dans la vie des hommes de l'air. Il y a aussi le sentiment impérieux et pathétique de l'obéissance et du dévouement, librement consentis au chef. Il doit rester, à toutes les heures de l'action, à toutes les minutes de ses décisions, égal à lui-même, pour mériter l'honneur de cette confiance sacrée, aussi lourd à porter, que le plus surhumain des fardeaux. »

Jean savait aussi parler de la mort : « Dans le coeur solidement trempé d'un pilote de ligne, il n'existe pas cet effroi devant la mort, qui fait aimer la vie terrestre, au point que chacun de nous craigne de la risquer ou de la perdre. Qui de nous, au contraire, n'a pas cette secrète ambition, ce légitime orgueil d'une fin digne de nos efforts, de nos luttes, de nos sacrifices, librement et ardemment consentis?... La destinée de tant de camarades, qui ont fait gravement et simplement leur devoir pendant des années, et qui, par une nuit de brume ou de tempête, se sont rangés non moins simplement du côté des anciens...^). Quand un

1. Discours prononcé aux obsèques de Robert Bajac, chef pilote de la ligne Paris-Londres. Mes Vols, Flammarion, éditeur, p. 143.


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camarade, quelque part, s'écrase dans la mer, après avoir été un compagnon professionnel, il se change en exemple. »

Le 7 décembre 1936, avec l'équipe de quatre hommes, choisis et dressés par lui, — Pédochon, Ezan, Lavidalie, Cruveilher, — au cours de sa vingt-quatrième traversée de l'Atlantique Sud, Jean disparut, englouti dans l'Océan, qu'il avait, le premier, franchi et si souvent labouré. Il avait une tombe à la mesure de son? courage.

L'Académie décerne, sur la fondation Berthault, un prix de 12.000 francs à la mère de Jean Mermoz.

Après avoir eu, grâce à vos suffrages, le privilège de feuilleter ces émouvants dossiers de la vie française, j'ai mieux senti tout ce qu'a d'inexact la définition, qu'en donnent d'ordinaire les observateurs.

Les mots, qui viennent sous leur plume, pour caractériser la France, ses paysages et son climat, sa production et sa pensée, sont : équilibre, ordre, mesure. Il est en effet possible, qu'ils conviennent aux lignes générales de notre économie, qui reste paysanne et artisanale, individualiste et épargnante. Nul de nous n'en rougira. L'enflure et l'automatisme ne sont, pour aucun organisme, une preuve de santé.

Mais lorsqu'il s'agit de la pensée française et de ses inventions, de la générosité française et de ses créations, du courage français et de ses sacrifices, de la terre française et de ses décors, il faut d'autres mots pour les caractériser. L'équilibre est rompu. L'ordre est brisé. La mesure est dépassée. Et l'effort, par sa grandeur infinie et par son inépuisable richesse, participe de la pérennité comme aux splendeurs des choses de l'Esprit.


LES ASSOCIÉS BRITANNIQUES

DE

L'ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

AU COURS DU DERNIER SIÈCLE

PAR

M. LE BARON ERNEST SEILLIÈRE

SECRÉTAIRE PERPÉTUEL

Mesdames, Messieurs,

Nos relations avec la Grande-Bretagne sont présentement fort cordiales et j'ai songé à vous rappeler aujourd'hui les mérites de quelques-uns de nos associés britanniques au cours du xixe siècle et dans le premier tiers du xxe. Ils ont été l'une des plus constantes et brillantes parures de notre Compagnie qui s'honore d'accueillir dans son sein les représentants illustres des grands peuples, ouvriers, avec la France, de la civilisation européenne.

En m'aidant souvent des éloges de Mignet, qui a donné les modèles du genre, j'évoquerai donc ces confrères illustres et "d'abord l'originale figure de lord Brougham, notre prebiier élu après notre restauration de 1832. Sa statue se dresse sur l'une de nos places


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publiques, à Cannes : je rappellerai pour quelle raison dans un instant. Il était né dans le comté de Westmoreland, et racontait qu'en 1887, à dix ans, il entendit son grand oncle, le pasteur et historien Robertson, prêcher au temple pour célébrer le centenaire de la révolution orangiste en Angleterre. L'orateur annonça à cette occasion le prochain essor d'une autre révolution, sur le continent, au profit d'une grande nation, qui, par là, se verrait délivrée à son tour des chaînes et des maux du gouvernement arbitraire. La prophétie se réalisa l'année suivante ; mais, à tort ou à raison, l'Angleterre cessa bientôt de penser que c'eût été là un événement à mettre en parallèle avec l'accession de Guillaume d'Orange au trône de la GrandeBretagne.

D'abord voué à des travaux scientifiques, le jeune Brougham, assisté de quatre amis, aussi distingués que lui par les dons de l'esprit, fonda en 1801 la célèbre Revue d'Edimbourg dont il devait être longtemps l'un des plus féconds collaborateurs : on compte en effet quatre-vingts articles de sa plume dans les vingttrois premiers volumes du périodique fameux. Sa critique était souvent sévère. Jeffrey et lui devinrent, a-t-on dit, le Minos et le Rhadamante de la littérature et de la politique. — Byron, débutant, en sut quelque chose et ne l'oublia pas.

Mais la science juridique prit bientôt une place prépondérante dans les travaux de Brougham. S'étant rendu à Londres pour y plaider un procès, il s'y fixa et s'éleva très vite au premier rang du barreau dans la capitale. Son éloquence avait, dit-on, ce caractère d'être souvent mordante, mais aussi fort pathétique au besoin. Accueilli parles parlementaires libéraux, familier du salon de leur chef, lord Holland, il entrait aux Communes en 1810, par le bourg


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pourri de Camelford dont le duc de Belford, qui en disposait, lui offrit le siège. Alors, de concert avec Wilberforce, il réalisa l'abolition de la traite des nègres, d'abord, puis celle de l'esclavage dans les colonies anglaises. Il prépara en outre de grands progrès dans l'instruction populaire, dans l'enseignement technique, enfin dans l'enseignement supérieur, par la création de l'Université de Londres où la vie fut moins coûteuse aux étudiants des classes moyennes que dans les vieilles universités aristocratiques et luxueuses d'Oxford et de Cambridge.

Il plaida pour Caroline de Brunswick dans son procès fameux contre son époux le roi George IV. Après les imprudences de conduite auxquelles s'était laissée aller, sur le continent, cette princesse séduisante mais légère, son mari, parvenu au trône, lui refusait le titre et le rang royal. Brougham fit triompher une cause appuyée par l'opinion populaire, mais combattue par l'aristocratie du royaume. Toutefois Caroline ne fut jamais couronnée et son défenseur refusa, dans un geste fort noble, les quatre mille livres d'honoraires dont elle voulait récompenser son appui. — Après 1830, il concourut à l'abrogation des lois contre les catholiques, à la refonte générale du code coutumier de l'Angleterre, surtout à la réforme électorale qui fut l'oeuvre capitale de son parti pendant ces années mémorables. Lord Grey lui attribua le poste de chancelier dans son ministère et notre Académie se l'associa sur ces entrefaites. Fait baron Brougham et de Vaux, il alla s'asseoir sur le traditionnel sac de laine et présida la Chambre des lords. Dans sa haute magistrature, il se montra progressiste hardi et prompt justicier. La réforme électorale était, elle aussi, voulue par l'opinion et combattue par les pairs. Il prononça devant ces derniers une éloquente adjuration qu'il


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crut même devoir terminer à genoux, mais sans parvenir à persuader la haute Assemblée que la mesure envisagée était devenue nécessaire. Seule la menace d'une journée de pairs libéraux, qui déplacerait artificiellement la majorité, fit réfléchir les lords. Ils voulurent éviter cette dépréciation de la dignité qu'ils tenaient de la Constitution du royaume et ils donnèrent finalement leur adhésion au bill, gros de conséquences.

A ce moment, la popularité de Brougham fut immense. Un type de voiture qu'il s'était fait construire pour sa commodité personnelle devint aussitôt à la mode et l'on donna son nom à ce véhicule : circonstance qui provoqua un plaisant dialogue, échangé entreWellington et lui tandis qu'ils pénétraient ensemble dans la Chambre des pairs : « Jusqu'ici, commença le duc sur le mode ironique, j'avais toujours vécu dans l'idée que Votre Seigneurerie irait à la postérité comme un émancipateur des noirs, un vulgarisateur de l'instruction, un réformateur du code. Mais non, vous lui apparaîtrez sous les traits d'un inventeur en matière de carrosserie ! — Et moi, milord duc, riposta l'interpellé, j'avais toujours été dans l'illusion que Votre Grâce serait immortelle comme le héros de cent batailles, le vainqueur de Napoléon et le libérateur de l'Europe. Mais non. Elle vivra pour avoir baptisé une paire de bottes ! — Au diable les bottes ! s'exclama Wellesley. Je les avais oubliées. C'est vous qui l'emportez, comme toujours !» — Ce succès constant grisa quelque peu le chancelier, nous allons le voir.

Il accomplit en effet pendant l'année 1834, un voyage triomphal dans cette Ecosse dont il était parti trente ans plus tôt presque ignoré. Ses allures de souverain déplurent à la fois au roi et à ses collègues


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du ministère. Il ne devait pas rentrer dans le cabinet libéral que forma lord Melbourne après un court intermède tory. On le maintint quelque temps à la tête de la Chambre des lords. Après quoi, il dut rentrer . dans le rang. Mais pendant vingt années encore, il ne cessa de défendre les lois réformistes au Parlement et dans le pays. Depuis 1840, il passait ses hivers à Cannes, alors presque un village. Il s'y était fait bâtir une villa nommée Eléonore-Louise, du nom d'une fille chérie qu'il avait prématurément perdue, et il contribua beaucoup à la surprenante fortune de ce bourg, ignoré jusqu'à lui. Traversant deux fois Paris chaque année, il ne manquait jamais d'assister à la séance hebdomadaire de notre Académie. Il mourut à Cannes peu de semaines avant son quatre-vingtdixième aniversaire.

Thomas-Robert Malthus, qui fut élu après lord Brougham, mais qui était son aîné, est surtout connu en France par l'une de ses théories économiques, contestable et d'ailleurs généralement mal comprise ; mais ce fut un éminent penseur. Né dans le comté de Surrey d'un gentleman farmer qui reçut peu après la visite de Rousseau (c'était pendant le séjour fameux du Genevois au delà de la Manche), il élut pour ses maîtres Hume, Wallace, Adam Smith et le Dr Price. En 1798, à trente-deux ans, il publiait, sans nom d'auteur, la première rédaction de son célèbre Essai sur le principe de population. Comparant les maux que peut engendrer un mauvais gouvernement à ceux que produisent les passions de l'homme (on venait de les voir se déchaîner en France), il avait, disaitil, trouvé les premiers si légers qu'il les assimilait à des plumes flottarces sur la surface d'une mer menaçante. Il soutenait que l'égalité économique, vers laquelle certains démagogues poussaient dès lors les


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masses, loin de rendre les hommes plus heureux, n'aurait d'autre effet qu'un accroissement de vices et de misères. L'ouvrage produisit une sensation profonde et suscita des polémiques ardentes. En effet, à des vérités d'expérience, et conséquemment de raison, qui demeurent irréfutables, il superposait dès lors sa thèse hasardeuse sur la nécessité de régler l'accroissement des familles selon les disponibilités alimentaires.

En 1799, il alla visiter le nord de l'Europe pour y étudier sur place le mouvement de la population, et, en 1808, il donnait une seconde édition de son livre, si différente de la première qu'on lui reprocha de n'avoir pas choisi un autre titre pour l'ouvrage. De nouveau, les violences se déchaînèrent contre un penseur qui (plus tard continué chez nous par Le Play) insistait pour substituer, dans les sciences sociales, l'observation rigoureuse et minutieuse des faits à de vaines spéculations, — et, en ceci, il ne méritait aucun reproche, — mais qui maintenait intégralement ses vues sur la réglementation artificielle, volontaire, individuelle de la population : idée jugée antichrétienne par ses compatriotes, mais qu'il prétendait avoir tirée uniquement des faits « anglais » de l'époque.

Abstraction faite de ce problème mal posé, on devait reconnaître qu'il utilisait, pour en résoudre et en éclairer beaucoup d'autres, des observations très ingénieuses. Il regardait les théories de Condorcet sur la perfectibilité sans limites de l'homme et celles ne Godwin sur l'égalité artificiellement imposée, comme les plus dangereuses chimères, hostiles à tout progrès social véritable, mortelles au perfectionnement 'moral réalisable. Trente ans professeur d'histoire et d'économie politique au collège de la Compagnie des Indes, il publia en 1820, ses Principes d'économie politique


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où l'on trouve des vérités fort utiles mêlées à quelques erreurs. Grâce à lui, la législation anglaise sur le paupérisme fut réformée en 1834. Au total, il représenta de façon typique l'état d'esprit du parti libéral dont le principe était d'aller de l'avant, à la condition de ne jamais perdre de vue les leçons de l'expérience et les conseils de la raison qui en est la synthèse : principe qui devrait être celui du genre humain tout entier.

Henri Hallam était né à Windsor, d'un dignitaire de l'Eglise anglicane : il avait eu un arrière-grand-oncle évêque et député au concile de Constance, au début du xv 6 siècle. Après des études juridiques solides, sa fortune indépendante lui permit de se vouer tout entier à l'histoire. Il écrivit d'abord celle du Moyenâge européen, puis celle de la constitution anglaise, c,e prototype des modernes gouvernements parlementaires qui synthétise les efforts accomplis depuis des siècles par un peuple avisé, en vue de réaliser un sage gouvernement de lui-même. Par la plus harmonieuse des combinaisons, a dit Mignet, qui avait tant étudié nos voisins du Nord-Ouest, l'Angleterre réussit à faire marcher d'accord la i"oyaulé qui représente l'unité de l'Etat, la haute noblesse, renseignée, habile, prévoyante et douée, par son expérience du commandement, d'un esprit attentif et de dessins suivis, enfin la classe indépendante des propriétaires terriens et des communautés urbaines, classe qui, admise à son tour dans les conseils de la nation, y apportait, avec le soin jaloux de ses droits et la claire vue de ses intérêts, l'attachement le plus fier et le plus dévoué à une patrie dont elle contribue à fixer les lois et à conduire les affaires.

L'ouvrage de Hallam sur ce sujet est resté longtemps classique : il a été fréquemment invoqué par


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les orateurs parlementaires de la Grande-Bretagne : il était devenu le livre de chevet de nos doctrinaires de France dont quelques-uns ont été nos confrères. On sait qu'en 1831, par contre-coup des événements de juillet 1830 à Paris, les libéraux arrivèrent au pouvoir au delà de la Manche après être demeurés près de trente ans dans l'opposition. Lord Grey commença tout aussitôt de préparer la réforme électorale. Hallam, libéral plus que personne, jugeait pourtant cette réforme excessive. Il partageait sur ce point les idées de Guizot, et, certain jour, en présence du duc Victor de Broglie, alors en Angleterre, il dit à l'un des ministres du cabinet réformateur : « Réformez, soit, j'y consens. Mais n'allez pas trop loin. Une fois les principes du bill admis, les conséquences s'en étendront malgré vous. La réforme d'aujourd'hui en provoquera une autre'demain... Les élus de la démocratie chercheront de quel côté souffle le vent de la multitude pour en suivre les inconstantes directions, et, livrée à la mobilité populaire, la politique anglaise oubliera ses traditions qui ont fait leurs preuves, en attendant que la constitution anglaise soit sapée dans ses fondements ». Quelques-unes de ces prédictions sont dès à présent accomplies.

Un historien plus justement célèbre encore fut Thomas Macaulay. Son père, Ecossais d'origine et presbystérien de croyance, avait appuyé Wilberforce et Brougham dans leur campagne contre la traite des noirs. Très précoce, Thomas écrivit à treize ans, au lendemain de la « bataille des nations » (Leipzig), une ode à l'Angleterre pour exhorter à n'oublier point la mémoire du second des Pitt dont l'énergie trouvait enfin sa récompense dans la défaite de Napoléon. On y remarque cette strophe, hardiment « impérialiste » dès lors : « Lorsque l'Océan, dont les flots t'entourent


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comme un rempart, portera tes ordres sur tous les rivages de runivers et que les bornes de la nature deviendront celles de ton empire... souviens-toi de l'homme qui te garda d'être conquise et te donna le loisir de triompher ! » Ces accents annoncent ceux qui résonnèrent, deux tiers de siècle plus tard, sur la lyre de Rudyard Kipling, adolescent lui aussi, devenu pareillement dans la suite, l'un de nos plus illustres confrères et dont je vous rappelais l'an dernier à cette même place la triomphante carrière.

Juriste pendant quelques années mais sans grand succès, comme notre compatriote Tocqueville à la même époque, Macaulay se tourna bientôt vers la littérature et la politique. La Revue d'Edimbourg publia de lui des études fort remarquées sur Milton, sur Machiavel : on l'a nommé le « prince des essayistes ». Le parti libéral s'étant montré désireux d'utiliser ses talents, le marquis de Lansdowne le fit élire aux Communes par le bourg pourri de Glane en 1830. Quelques mois plus tard disparaissait cette survivance du passé dont la réforme électorale fit justice. Il y avait alors chez nos voisins cent sept de ces bourgs jadis importants, dès longtemps en décadence, et dont les deux tiers n'avaient pas deux mille habitants : ils n'envoyaient pas moins deux cent treize députés à la seconde Chambre du Parlement britannique, cependant que vingt-sept villes industrielles récentes et surpeuplées, dont quelques-unes abritaient plus de cent mille âmes, restaient sans aucune représentation politique. Macaulay prit cinq fois la parole sur la réforme électorale durant cette longue discussion de deux années ; il le fit avec un retentissement immense, bien qu'il n'eût ni le physique, ni l'action de l'orateur. Ensuite il s'en alla donner un code à l'Inde. L'immense pays asiatique, peuplé dès lors de cent mil-


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lions d'habitants, était gouverné par trente directeurs, du fond de la Cité de Londres. Ceux-ci virent restreindre leurs droits de souveraineté par un bill lors du renouvellement de leur charte en 1833, et se préoccupèrent alors davantage de gouverner conformément aux exigences de l'opinion publique éclairée. Macaulay rapporta de ce lointain séjour une fortune indépendante, non à la suite de déprédations comme il était trop souvent advenu dans le passé, mais par la vertu de l'épargne. Il toucha, en effet, quinze mille livres de traitement annuel pendant quatre années et fit de larges économies sur cette somme importante. A dater de 1847, il abandonna la politique pour l'histoire et écrivit des ouvrages de réputation européenne sur la fondation des libertés anglaises modernes, sur les règnes de Charles II et de Guillaume III en particulier. Il fut élevé à la pairie vers la fin de sa vie et enterré à Westminster auprès d'Addison. On sait quelle admiration lui avait vouée le jeune Hippolyte Taine devenu plus tard, lui aussi, notre confrère et dont il a certainement préparé et favorisé l'évolution vers la morale et la politique rationnelle.au grand bénéfice de la pensée française dans ses plus saines régions. Je tirerai d'un de ses premiers essais, si remarqués en leur temps, je l'ai dit, une définition de la liberté qui me paraît bonne à méditer à notre époque, alors que le libéralisme est l'objet d'assauts venus de tous les points de l'horizon politique. Macaulay parle d'une récente évocation de la Grèce antique. La plupart des historiens de la Hellade, remarquert-il, commettent une erreur grave : celle d'étudier, plus que Thucydide ou Xénophon, les Plutarque, les Diodore ou les QuinteCurce qui, nés sous la domination romaine, ne savaient rien de la liberté par eux-mêmes. Elle restait donc pour eux quelque chose comme un grand mystère, une jouis-


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sance surhumaine et ils déclamaient sur ce sujet à perte d'haleine. Or, un homme sage estime la liberté politique pour des raisons très précises et tout à fait terre à terre parce qu'elle protège les personnes et les propriétés des citoyens, parce qu'elle tend à prévenir les extravagances des gouvernants et la corruption des magistrats, parce qu'elle favorise les sciences utiles et les arts agréables, parce qu'elle développe l'industrie et augmente ainsi le bien-être de toutes les classes de la société. Au contraire, les historiens de décadence que Macaulay a nommés plus haut s'imaginaient que la liberté enferme quelque prestige intrinsèque et éternel, indépendant des bons résultats qu'elle amène ordinairement. Ils la considéraient non comme un moyen, mais comme un but qu il fallait atteindre à tout prix. Leurs héros favoris furent donc trop souvent ceux qui devaient sacrifier au vain mot de liberté, la sécurité, la justice, la prospérité qui donnent à la liberté sa valeur ! — Voilà le langage du bon sens : un utile antidote contre l'empoisonnement qui naît des grands mots vidés de leur sens.

Je voudrais terminer cette trop rapide revue par une esquisse de la physionomie de lord Balfour. II était né en 1848, d'une ancienne famille écossaise. Sa mère sortait de l'illustre maison desCecil dontle chef est marquis de Salisbury. Il fut nommé Arthur parce que Wellington avait voué une affection paternelle à cette mère hautement douée et accepta d'être le parrain de l'enfant. On raconte que, veuve de bonne heure et voyant sévir autour d'elle une crise de stagnation industrielle et de misère générale, elle voulut que ses enfants se préparassent à vivre, s'il en était besoin, une existence différente de celle que leur assurait, pour peu de temps peut-être, la fortune et la situation sociale héritées de leurs aïeux. Ils eurent donc à exercer, au manoir fa-


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milial, les plus humbles fonctions de la domesticité. Mais on assure qu'Arthur, le futur dandy, cirait ses souliers sans aucun enthousiasme et mangeait sans appétit les plats préparés par sa jeune soeur avec plus de bonne volonté que de talent culinaire.

Son éducation se fit à Eton, puis à Cambridge : il s'intéressa surtout à la métaphysique, deux prédispositions qui s'accompagnent souvent l'une et l'autre. En 1874, — il avait vingt-six ans, — son oncle, le marquis de Salisbury, l'homme d'Etat en vue, lui offrit une circonscription parlementaire, celle de Hartford, dont les électeurs étaient dévoués à la maison Cecil, et il fut élu sans scrutin parce que sans concurrent déclaré, conformément à la loi anglaise. Mais je ne retracerai pas sa carrière politique si brillante et dirai seulement quelques mots de ses travaux philosophiques qui ne manquèrent pas de retentissement. Dès 1879, il publiait une Défense du doute philosophique. Il y scrutait consciencieusement les positions de l'agnosticisme, du déterminisme et du matérialisme pour les déclarer toutes les trois intenables. Ceci posé, il se demandait pourquoi l'on renoncerait, en faveur de doctrines à ce point incertaines, aux enseignements de la religion chrétienne : enseignements qui s'harmonisent si bien avec les institutions sociales de la Grande-Bretagne et fournissent une base solide à la morale aussi bien qu'à l'esthétique national.

Quinze ans plus tard, il traitait des Assises de la croyance et s'élevait, cette fois, contre les interprétations trop optimistes de l'idée d'évolution : en d'autres termes, contre la foi injustifiée dans un progrès quasi automatique de l'espèce humaine en matière de morale et de politique. Il présentait l'homme non comme le suprême résultat d'une évolution cosmique déroulée sans sa collaboration, mais comme une force morale


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capable de diriger en lui cette évolution dans le sens du mieux ou de la dévier vers le mal. Toutefois, il ne dispose de cette force que s'il supplée par une foi précise aux lacunes irrémédiables de l'attitude purement scientifique ; et l'auteur répète que cette foi ne doit pas être un simple déisme : le christianisme, aujourd'hui encore, peut rester le plus ferme appui de l'évolution humaine continuée dans le sens du bien. — Balfour réunissait cette fois agnostisme, empirisme, positivisme sous la dénomination de naturalisme et en signalait les périls. Kant, rappelait-il, rapproche l'impression que donne à l'homme de bonne volonté sociale la notion de loi morale des sentiments que suscite, dans une âme poétique, la contemplation du ciel étoile de la nuit. La doctrine naturaliste, indiquait le penseur anglais, comparerait plutôt l'impératif catégorique à ces organes de défense ou de protection que la nature a disposés sur le dos de certains insectes. Mais comment espérer que la loi morale conserverait son prestige aux yeux de générations qui envisageraient sa généalogie sous cet angle trop étroit. Le musicien qu'était Balfour ajoutait que le naturalisme se montre pareillement impuissant à justifier la présence en nous du sentiment esthétique, source des plus pures joies de la vie.

L'usage ne nous autorisant pas à parler ici des vivants, je quitterai, après ce trop rapide regard jeté sur une noble figure, le groupe de nos associés originaires de la Grande-Bretagne. Je saluerai seulement de loin, comme leur digne successeur, l'homme éminent qui représente à nos côtés l'Angleterre. Nous lui souhaitons de jouir longtemps des loisirs mérités par une magnifique carrière et qu'il saura, nous en avons l'assurance, occuper encore de façon utile à son pays ainsi qu'à l'humanité tout entière.

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LE ROI ALBERT CHEF D'ÉTAT

PAR LE

COMTE CARTON DE WIART

Le samedi 18 décembre 1928, c'est-à-dire au jour de l'année et à l'heure même où nous sommes, le roi Albert venait prendre place parmi vous. Dans l'allocution de bienvenue qu'il adressa au Roi, M. RaphaëlGeorges Lévy, président de l'Académie, salua éloquemment en lui le défenseur de la morale politique, celle qui garantit aux nations leur indépendance, aux hommes leur liberté.

Le nouvel élu répondit en des termes tout empreints de cette simplicité et de cette conscience qui, caractérisaient tous ses propos et tous ses actes. Il exprima son admiration pour l'Institut de France qui « par les travaux de ses membres, par leurs recherches désintéressées, par la clairvoyance qu'ils apportent dans les problèmes qu'ils abordent, reste, déclarait-il, un des milieux les plus représentatifs de ce génie français qui rayonne d'un si vif éclat dans le monde et qui, depuis des siècles, participe si brillamment à l'oeuvre de la civilisation et à l'extension de la culture morale et intellectuelle des nations ».

Ayant rappelé l'honneur que vous aviez fait à plusieurs de ses compatriotes, et notamment au Cardinal Mercier, en les admettant dans vos rangs, il ajouta


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combien lui-même attachait de prix à la désignation dont il venait d'être l'objet. Et de fait, tous ceux qui approchaient le Roi savent que, parmi tant d'hommages dont il avait été comblé hors de son pays, il en fut peu, il n'en fut peut-être aucun qui l'ait touché davantage que votre choix et votre accueil.

Puisque vous avez bien voulu inviter aujourd'hui un de ses modeste collaborateurs à prendre la parole dans cette séance publique, il m'a paru que je ne pourrais m'arrêter à aucun thème qui soit plus digne d'une telle audience que d'évoquer devant vous quelques aspects et quelques traits de cette vie royale que le destin devait briser, le 17 février 1934, d'un coup si brusque et si cruel, au rocher de Marche-Ies-Dames.

Cette vie, pour avoir été prématurément rompue dans sa courbe, a été merveilleusement remplie. Voulant me placer surtout au point de vue qui est le vôtre, je ne parlerai pas du chef d'armée qui, du jour où son pays fut assailli, prit aussitôt lui-même le commandement des opérations militaires, se portant à la rencontre d'un ennemi formidable, défendant pied à pied son territoire, puis, le 10 octobre 1914, arrêta net ses troupes sur la ligne de l'Yser, faisant front avec elles pendant quatre ans sous un orage de fer et de feu, et dirigeant leur résistance que devaient aguerrir encore cent combats partiels jusqu'à ce 28 septembre 1918 où il déclencha l'offensive, cette offensive bondissante qui, en quelques semaines, avec le vaillant concours de la 6earmée française et de la 2e armée britannique, devait libérer la Patrie qui l'attendait pantelante et confiante.

Je ne parlerai pas du diplomate plein de mesure qui n'entendait pas continuer la guerre dans la paix et qui, sans se laisser aveugler par les illusions d'une paix perpétuelle, apporta son concours à tous les ef-


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forts loyaux et à toutes les méthodes pratiques destinées à assurer la prééminence du droit sur la force. Je ne parlerai pas non plus de l'économiste très averti qui n'a cessé de lutter contre le protectionnisme inconsidéré qui pousse aujourd'hui les Etats à multiplier les entraves de toute sorte apportées à la circulation des biens et des personnes. Ni du colonisateur qui résumait tout son programme en cette formule lapidaire : « Coloniser, c'est civiliser ». Ni de l'ami fervent et du protecteur des sciences, des lettres et des arts. Ni même de ce constant souci des valeurs morales qui s'affirmait dans sa vie quotidienne et familiale par toutes les vertus du chrétien. Je me bornerai à essayer, sans autre autorité que celle d'un témoin, de vous rendre plus proche sa figure politique. La figure de ce chef d'Etat qui monta sur le trône le 23 décembre 1909, admirablement préparé par une formation toute de travail et de discipline et qui exerça pendant près d'un quart de siècle tous les devoirs de cette royauté constitutionnelle dont on a pu dire qu'elle est sans doute la plus difficile de toutes les carrières libérales.

« Je jure d'observer la Constitution et les lois du peuple belge, de maintenir l'indépendance nationale et l'intégrité du territoire. » Tel est le texte du serment solennel qu'un roi des Belges doit prêter devant les Chambres réunies avant de prendre possession du trône. C'est ce serment même qui le sacre souverain.

Le roi Albert aura toute sa vie, et jusqu'au scrupule, le respect de ce serment, non seulement parce que la Constitution est un pacte qui l'engage et que, pour lui, l'honnêteté est la meilleure, et la seule des politiques, mais aussi parce que cette Constitu-


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tion a conquis son adhésion intime et qu'elle répond à l'opinion qu'il s'est faite du meilleur système gouvernemental adapté aux convenances de ce peuple dont il connaît et personnifie en quelque sorte l'âme commune.

Née dans les remous de la révolution de 1830, rédigée par un Congrès national dont les membres vibraient encore de l'indignation excitée en eux par les tendances absolutistes du roi Guillaume, notre charte constitutionnelle, toute imprégnée de l'influence d'un Benjamin Constant et d'un Lamennais, ne fait pas au chef de l'Etat, — tant s'en faut, — la part que réclament pour lui les doctrines d'un Joseph de Maistre ou d'un Bonald. Elle apparaît bien plutôt comme une action en bornage opposée aux prétentions du pouvoir exécutif. Au début de son règne, Léopold Ier avait eu de la peine à s'en accommoder. « Messieurs, dit-il un jour à quelques membres du Congrès, vous avez rudement traité la royauté qui n'était pas là pour se défendre. » Quant à Léopold II, il avait souhaité, lors de la révision constitutionnelle de 1893 voir corriger les droits si largement reconnus au Parlement par la faculté donnée au souverain de faire directement appel à la Nation. C'est ce qu'il appelait le référendum royal. Mais cette formule ne prévalut point.

Chez le roi Albert, aucune réaction de ce genre contre les principes de notre régime. Certes, il ne les tient point pour immuables dans toutes leurs applications. Les institutions humaines sont toujours courtes par quelque endroit et sujettes à changer avec le temps et les moeurs. Mais il juge que, jusqu'à nouvel ordre, celles-ci sont satisfaisantes et qu'il est possible d'en tirer bon parti. Vis-à-vis des Chambres, où s'introduisent parfois les façons des réunions publiques, il


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n'éprouve pas cette propension au dénigrement qui est si impitoyable chez ceux qui ont renoncé au désir ou à l'espoir d'en faire partie. Plus d'une fois, je l'ai entendu prendre la défense des parlementaires, disant : « Ils valent individuellement beaucoup mieux qu'on ne le croit. » Et d'excuser jusqu'à leurs erreurs, s'il les savait sincères.

Il ne partage pas non plus, à l'endroit de la liberté, cette hostilité des esprits autoritaires qui n'ont jamais eu à souffrir d'en avoir été privés. Chateaubriand écrivait déjà : « La mode est aujourd'hui d'accueillir la liberté d'un air sardonique, de la regarder comme une vieillerie tombée en désuétude avec l'honneur. Je ne suis point la mode. Je pense que, sans la liberté, il n'y a rien dans le monde. » A la vérité, depuis l'époque des Mémoires doutre-tombe, l'usage qu'on a fait de la liberté a pu refroidir des libéraux très convaincus. Au tournant où nous sommes, nous voyons partout cet éternel jeu de piston entre la liberté et l'autorité, qui résume toute l'histoire de la politique humaine, refouler la première de ces forces au profit de la seconde. Mais dans la détermination du point de rencontre des deux forces, la sagesse est de garder la mesure. Et le roi Albert sait bien qu'en restant fidèle à la Constitution, il est possible de trouver en elle des moyens de gouvernement beaucoup plus étendus qu'un vain peuple ne le pense.

En effet, la Constitution belge réserve au Roi le droit de nommer et de révoquer ses ministres. Il a aussi le droit de dissoudre les Chambres sans devoir compter avec l'avis de l'une ou de l'autre de ces assemblées. C'est beaucoup. Le roi Albert usera de ces prérogatives.

Il est à peine monté au trône depuis un an, que la fièvre éclate au Parlement et bientôt dans la rue


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à propos d'un projet de loi que le gouvernement catholique homogène, dirigé à ce moment par M. Schollaert, essaie péniblement de faire aboutir. Il s'agit du système, dit du « bon scolaire », qui attribue à tout père de famille, ayant un enfant en âge d'école, un titre de créance sur le budget, dont il pourra faire librement usage en choisissant à son gré pour son enfant l'école officielle ou l'école libre. Le projet est âprement combattu par l'opposition où libéraux et socialistes ont réalisé le front commun. Au sein du parti gouvernemental lui-même, dont la majorité est réduite à 6 voix, le projet rencontre des objections, notamment de la part de M. Woeste, le leader de la vieille droite. Sans attendre que le Parlement se soit prononcé par un vote, le roi Albert prévient une crise qui aurait pu être grave, en remplaçant M. Schollaert par M. de Broqueville. Celui-ci, à la tête d'une équipe gouvernementale où domine la jeune droite, laisse « tomber » le bon scolaire, mais parvient, après une consultation électorale qui a renforcé le parti catholique, à faire triompher, en même temps que l'instruction obligatoire, l'égalité de principe entre l'enseignement officiel et l'enseignement libre.

Pour changer de premier ministre, le Roi n'attend pas qu'un vote du Parlement ou qu'une consultation du corps électoral l'y ait invité. C'est ainsi qu'il agira notamment en novembre 1918 et en novembre 1920. Un an plus tard, l'imprudence des ministres socialistes, qui se sont laissés aller à encourager l'emblème du soldat brisant son fusil, l'amène à se séparer d'eux et à mettre fin à l'union sacrée. Dans l'automne de 1932, un nouvel épisode de la politique intérieure provoque son initiative. La situation financière est telle qu'elle réclame à ce moment un énergique et prompt retour à l'équilibre budgétaire. Or, le renouvellement


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des Chambres ne doit avoir lieu qu'au printemps de 1933. Le Roi estime qu'à la veille d'une élection générale, les Chambres seront peu enclines à imposer au pays la rigueur des compressions et des nouvelles taxes dont l'impopularité pèserait sur les candidats. Il vaut mieux, croit-il, aller au scrutin sans aucun retard et tenter l'opération du redressement avec des Chambres fraîches. Comme M. Renkin, le premier ministre, ne croit pas qu'une dissolution soit nécessaire, c'est à un autre que le Roi demande d'en assumer la responsabilité.

Le résultat confirme d'ailleurs cette politique. Les élections renfoncent l'autorité du gouvernement composé de catholiques et de libéraux et permet à celui-ci, dans le cours de la session de 1933, d'obtenir des Chambres, et à deux reprises, des pouvoirs spéciaux grâce auxquels de sévères réductions peuvent être opérées non seulement sur les traitements, mais aussi sur les charges sociales dont la dépense, calculée aux heures d'une prospérité éphémère, risquait d'entraîner une nouvelle dévaluation monétaire à laquelle, deux ans plus tard, le ministère van Zeeland dut toutefois se résigner.

A la vérité, le Roi a pris pour règle de laisser à son premier ministre une grande latitude dans le choix de ses collaborateurs. Mais avec tous les ministres, il demeure en contact direct par les audiences qu'il leur réserve et les lettres qu'il leur adresse. C'est lui d'ailleurs qui est le véritable président du Conseil des ministres et s'il n'exerce cette prérogative que dans les occasions relativement rares, son influence personnelle ne cesse d'agir, non pas d'une manière impérative, mais bien par la force persuasive des raisons qu'il développe avec une dialectique constructive et avec une évidente loyauté auxquelles on ne résiste pas. Par


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un phénomène paradoxal, cette influence grandira à mesure que le régime prendra un caractère plus démocratique.

Si l'action du Roi est entravée par la Constitution, sa parole est plus libre. Il use de cette liberté pour exprimer ses principes et ses idées, parfois pour provoquer l'une ou l'autre réforme, dans les discours qu'il prononce à l'occasion des fêtes et des cérémonies publiques.

Le coup d'Agadir suit de près son avènement au pouvoir. Il sera bientôt averti par son oncle, le roi Charles de Roumanie, que « le miracle de 1870 » ne se renouvellera pas pour la Belgique. Dès ce moment il secoue le pacifisme trop confiant de l'opinion et des hommes politiques dont la vigilance risque de s'endormir ou de somnoler sur l'oreiller de la neutralité obligatoire et garantie, telle que les traités l'ont définie. Les impressions qu'il rapporta en novembre 1913 d'une visite à Potsdam devaient ajouter à ses inquiétudes. C'est sur ces instances que son gouvernement venait de faire voter la loi du 28 mai 1913, qui réorganisait notre établissement militaire en le basant désormais sur le principe du service général et obligatoire. Il n'hésite pas, à cette occasion, à intervenir auprès des parlementaires récalcitrants pour les convaincre de la nécessité d'une telle réforme et faire prévaloir auprès d'eux l'intérêt national sur leurs préoccupations de parti.

A maintes reprises, son action personnelle opère ainsi des redressements salutaires. Le 11 novembre 1930, un désaccord entre les membres du gouvernement au sujet d'une circulaire du Recteur de l'Université de Gand provoque la démission du cabinet Jaspàr. Le Roi renvoie les ministres à l'arbitrage du Parlement, en leur faisant remarquer que c'est aux Chambres


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législatives qu'appartient avant tout le contrôle des actes de l'exécutif. Et le calme revient. En 1933, le cabinet est un jour mis en minorité à l'occasion d'une interpellation sur un minuscule incident qui s'est produit dans une élection de village. Il adresse sa démission au Roi. Mais, le soir même, celui-ci, dans une lettre qui est, cette fois, une leçon donnée à la Chambre, refuse d'accepter cette démission. Et la Chambre s'incline dès le lendemain devant ce procédé qui bouleverse toutes les règles habituelles du jeu parlementaire.

Au début même de l'année 1934, des polémiques qui tournent à l'aigre et même à une menace de désordre, surgissent à propos de quelques fonctionnaires ou agents dont l'attitude pendant la guerre à été suspecte et qu'il est question de réhabiliter. Le Roi intervient aussitôt par une lettre où il invite son gouvernement à modifier ses vues et où il lui signale, comme une lacune grave, l'absence d'un Conseil d'Etat, que nous cherchons en ce moment même à instituer. Aussitôt les polémiques s'apaisent et tout rentre dans le calme.

* + *

Cette action personnelle du Roi se manifesta aussi dans ce qu'on a appelé la politique de Lophem, c'està-dire l'ensemble des concessions qu'il fit, au lendemain de l'armistice, aux renvendications démocratiques. Beaucoup jugèrent ces concessions excessives et allèrent même jusqu'à en chercher l'explication dans une sorte d'appréhension que le Roi aurait éprouvée de voir à ce moment mettre en péril la solidité de son trône. Aucun reproche ne le touchait davantage. Il s'en défendit dans une lettre qu'il


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m'adressait le 27 décembre 1920 au lendemain d'une allusion faite à ce sujet par M. Woeste dans une réunion électorale : « Monsieur Woeste a dit à Grammont, écrivait le Roi, que c'est sous l'action de la peur de perdre ma couronne que j'ai formé à Lophem un cabinet tripartite. Il me semble que ce système n'était pas à inventer, puisqu'il avait parfaitement fonctionné au Havre pendant plus de quatre ans. Je suis navré surtout qu'un homme aussi éminent que le doyen de nos ministres d'Etat m'attribue la seule crainte que je n'ai jamais éprouvée de mon existence : celle de ne pas devenir chef d'Etat ou de cesser de l'être ».

La vérité sur cette politique de Lophem, c'est que le Roi était très sincèrement démocrate et entretenait dans son coeur le souci des intérêts populaires. Encore bien jeune, l'attention sympathique qu'il vouait aux problèmes sociaux, et notamment au mouvement d'idées et d'oeuvres suscité par l'encyclique Rerum novarum, en avait porté témoignage. La formule de la lutte des classes lui était odieuse. Mais en revanche, l'idée d'organiser politiquement la démocratie en élargissant le droit de vote et de la seconder économiquement par la législation du travail, lui avait toujours souri. Il savait apprécier, dans l'effort du socialisme belge, tout ce que ses syndicats, ses mutualités, ses coopératives ajoutent au bien-être matériel et à la formation intellectuelle de la classe ouvrière. Il pensait, avec M. Raymond Poincaré, que s'il est vil de flatter le peuple et de s'en servir, il est juste de le comprendre, doux de l'aimer et honorable de le servir. Quiconque le voyait en contact direct avec le peuple, non seulement à l'occasion de quelque cérémonie populaire, mais mieux encore lors de ses visites dans les ateliers et les usines ou lorsqu'il


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accourait sur les lieux d'une catastrophe ou d'un accident, ne pouvait se tromper sur le sentiment de sympathie spontanée et sans aucun calcul qui le rapprochait des plus humbles travailleurs.

A-t-il eu tort de promettre à Lophen le suffrage universel pur et simple à vingt-et-un ans, sans que le Parlement eût encore été consulté ? A ce moment, le contact fit défaut entre le ministère du temps de la guerre et celui qui le remplaça dans la demi-fièvre des jours de l'armistice. Ce contact eût peut-être déterminé un accord sur le double vote du père de famille ou tout au moins sur le droit de vote pour les deux sexes. En tout cas, la sagesse commandait, comme au lendemain de 1830, comme aux années mêmes de la guerre, d'associer tous les partis aux tâches impérieuses de l'heure. Il importait que toute la nation, qui venait d'affirmer tant de vaillance et de vertu, fût groupée à ce moment dans un même effort de reconstruction, débarrassé de toute querelle. Certes, il n'en eût point été ainsi si un système de suffrage plural eût été maintenu donnant un privilège à la fortune ou à l'âge visà-vis des anciens combattants ou des déportés dont beaucoup n'avaient point atteint vingt-cinq ans.

La trêve qui fut assurée de la sorte eut non seulement le mérite de favoriser un prodigieux élan de reconstruction. Elle permit d'apaiser d'anciennes et violentes divergences politiques par le vote de subventions aux écoles libres, par l'organisation définitive d'un régime spécial pour le service militaire des jeunes ecclésiastiques, —qui furent désormais versés aux infirmeries et aux ambulances, — par une heureuse réforme législative sur les associations sans but lucratif qui donna un statut juridique à tant d'institutions qui en étaient dépourvues. Grâce à l'accord des partis, une loi rigoureuse, mais opportune, enraya les


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méfaits de l'alcoolisme. L'accession des femmes au scrutin communal et la substitution à l'article 310 du Code pénal d'un régime de protection de la liberté d'association furent, elles aussi, d'utiles résultats de cette « union sacrée ». Ajoutons qu'elle initia les socialistes aux difficultés et aux responsabilités du pouvoir. Ils y perdirent, pour le bien de tous, quelque chose de leur romantisme révolutionnaire et de leur marxisme intégral.

Des polémiques ont surgi parfois au sujet des larges satisfactions que le Roi a données au mouvement flamand. Dans ces polémiques, que d'incompréhensions sur les véritables données de ce problème qui résulte de la coexistence en Belgique de deux langues et de deux cultures dont chacune représente à peu près pour l'ensemble du pays le même nombre d'usagers et de fidèles. A la vérité, ce problème millénaire a pris dans l'atmosphère de l'après-guerre, le suffrage universel aidant, un caractère mystique que les compétitions électorales n'ont pas manqué d'encourager. Il s'était aigri d'ailleurs de la trop longue résistance opposée par les générations d'avant-guerre à la revendication légitime qui postulait pour les Flamands le droit d'être instruits, administrés et jugés en leur propre patrie dans leur langue maternelle.

Très favorable à une revendication, le roi Albert souhaitait la voir dégagée d'une conception trop strictement géographique qui ne tînt pas compte du droit des familles si nombreuses qui, dans les provinces flamandes, font traditionnellement usage du français. Lui-même prouvait, par son exemple, le profit que représente, pour les citoyens d'un pays bilingue, la connaissance


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des deux langues et quelle chance de rapprochement et de richesse intellectuelle on y trouve. Toutes les formules qui eussent pu affaiblir la communauté nationnale ou faire inutilement prévaloir l'intransigeance du régionalisme sur les convenances individuelles se heurtaient à sa modération et à sa sagesse. Qu'il s'agît de concilier le droit de chacun au respect de sa langue avec l'unité nécessaire de la haute administration, de l'armée ou avec les exigences de notre expansion dans le monde, il mit ses citoyens en garde contre toute étroitesse et tout exclusivisme. Et si les réformes qui, dans ce domaine, ont marqué son règne attendent encore de l'expérience et des moeurs leur mise au point définitive, elles ont beaucoup contribué à calmer les esprits et à apaiser une querelle qui fut à un moment redoutable.

Un de nos grands constituants, qui fut, à l'aurore de notre indépendance, président du Congrès National, le baron de Gerlache, avait écrit : « La royauté belge sera un point de centre, de cohésion et de concentration des différentes provinces, des différentes langues et des différents intérêts que la révolution de 1830 a suscités. » C'était voir clair dans l'avenir. Non seulement ce régime devait conserver à la nation, malgré des obstacles toujours renaissants, l'unité, la concorde et la durée. Non seulement, la monarchie telle qu'il l'établit corrige précisément les deux défauts principaux auxquels est exposé tout petit ou moyen Etats soumis à un régime de liberté et de démocratie : c'est-à-dire l'exagération de l'esprit de parti et l'oubli du péril extérieur. Mais elle est une sorte de dictature naturelle et tempérée ce qui fait l'Etat lui-même héritier de l'expérience de ses


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chefs successifs et qui, en épargnant à la nation toute secousse dans la transmission du pouvoir, lui assure à chaque transmission le bienfait d'un rajeunissement périodique toujours opportun.

Après la fin solitaire de Léopold II qui s'était endormi dans une sorte de grandeur farouche, l'avènement du roi Albert, à la Noël de 1909, avait provoqué, dans notre climat national, comme une bouffée de renouveau et de fraîcheur. Très vite, la sympathie se transforma en une popularité que n'avaient pas connu, au même degré, ses deux prédécesseurs. Un des secrets de cette popularité, et de l'autorité grandissante qu'elle lui conférait, — et dont sa modestie sous-estima parfois tout le pouvoir, — on peut le découvrir, je crois, dans la conception qu'il se faisait de sa fonction royal. Au lieu de se placer en dehors ou au-dessus des doctrines politiques et des partis, il cherchait plutôt à les comprendre, à les rapprocher en sa personne, à s'assimiler ce que leur substance lui offrait de plus national et de plus juste. Ainsi il apparut bientôt, et en toutes choses, l'arbitre. L'arbitre entre les risques d'une centralisation excessive qui nuit à la vigueur originale d'un peuple et les dangers d'un particularisme étroit qui est fatal à l'intérêt commun. L'arbitre entre la Wallonie ardente et la Flandre tenace, comme il était l'arbitre entre les catholiques, les libéraux et les socialistes, cherchant loyalement les terrains d'entente entre les uns et les autres, leur rappelant à tous la nécessité de l'union pour le bien du pays : « Travaillons ensemble, proclamait-il deux jours après l'armistice, les mains dans les mains, honnêtement dans l'union et l'abnégation ». Parce qu'il n'était l'homme d'aucun parti, d'aucun intérêt personnel, il était devenu l'homme de confiance de tous les partis, de tous les intérêts. Ceux


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de ses compatriotes qui professaient des idées républicaines, il les avait ralliés comme les autres, et l'un d'eux a pu dire plaisamment qu'il avait « bétonné la monarchie ». Jamais un roi n'emprunta plus d'autorité au rayonnement même de l'estime qu'il inspirait à tous.

Mais il est temps que je m'arrête. Peut-être vous étonnerez-vous que, parlant du chef d'Etat que fut le roi Albert, je n'ai rien dit encore d'un acte qui demeurera dans l'histoire le plus éclatant de son règne. Certes, au soir du 2 août 1914, ce sera l'éternel mérite du Roi-chevalier de ne pas avoir balancé un moment devant ce qui était le devoir. Une sagesse de qualité moins haute eût hésité peut-être devant l'option que lui ouvrait le brutal ultimatum allemand. Une conscience moins trempée aurait peut-être imaginé je ne sais quel compromis, entre l'honneur et le profit, ou n'aurait calculé sa résistance qu'à la disproportion même des forces qui allaient s'affronter. Tout simplement, sans hésitation et sans ambiguïté, sans phrases redondantes et vaines Albert fut lui-même et ne comprit jamais, dans la suite, qu'on lui fît gloire d'une résolution où s'était exprimée, avec son âme, toute l'âme d'un peuple honnête et féru de liberté. Il n'acceptait pas d'en être loué et rien de plus spontané et de plus naturel que la réponse qu'il fit à Paris lorsque, au lendemain de la victoire, une voix officielle le complimentait ainsi que ses soldats : « Nous avons été acculés à l'héroïsme. »

Je n'insisterai pas davantage sur sa conception de la politique extérieure, sinon pour rappeler comment, tout en maintenant intacte, même dans la Fraternité


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des armes, l'indépendance nationale dont il portait la responsabilité, il sut reconnaître tout ce que la loyauté, l'amitié et la vaillance de la France représentaient d'inappréciable pour son peuple. Que de fois aussi, fidèle d'ailleurs à une tradition qui remonte à l'origine de notre indépendance et qui demeure pour nous une vérité d'évidence, n'a-t-il pas affirmé que l'entente de la France et de l'Angleterre lui apparaissait comme un facteur essentiel non seulement pour la sécurité de la Belgique, mais pour la paix de l'Europe.

Et si je veux mieux traduire encore les sentiments qu'il éprouvait pour la France, pourquoi ne pas le laisser parler en personne ? Je veux finir comme j'ai commencé en reproduisant le langage même qu'il vous tenait dans ce Palais, il y a onze ans jour pour jour, à vous Messieurs, qu'il appelait « ses chers confrères » : « Cette solennité à laquelle vous m'avez convié, l'accueil dont j'y suis l'objet de votre part, s'ajoutant au souvenir des épreuves subies en commun, me font sentir plus que jamais la force des liens qui unissent la France et la Belgique. Des aspirations semblables vers un idéal de paix et de justice amèneront toujours, j'en ai la conviction profonde, entre nos deux nations sincèrement amies, l'étroite union de leurs efforts ».

COMTE CARTON DE WIART

Membre de l'Institut.

Séance du 18 décembre 1937

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ALLOCUTION

PRONONCÉE PAR

M. JACQUES BARDOUX

PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE A L'OCCASION DU DÉCÈS DE

L'HONORABLE RODOLPHE LEMIEUX

ASSOCIÉ ÉTRANGER DE L'ACADÉMIE

Messieurs et chers Confrères,

L'automne de 1937 ne nous ménage guère. Il est, d'ailleurs, venu vite. Il a taillé dans le mois de septembre, pour en abréger les soirs dorés. Il a avancé les pluies de l'équinoxe. Et voici qu'il frappe dans nos rangs, dans les mêmes, coup sur coup. A quelques jours d'intervalle, le Président Mazaryk, le civiliste Henri Capitant, le Sénateur Rodolphe Lemieux nous ont quitté.

Un ami commun nous avait réuni, notre Confrère et moi, il y a quelques mois. Et l'Honorable Rodolphe Lemieux, qui avait conservé la haute taille et la solide carrure de ses ancêtres Normands,venus de Rouen au Canada, dans la première moitié du xvnc siècle, me paraissait appelé à connaître la longue et verte vieillesse de son collègue et ami, lui aussi de souche provinciale et paysanne, le Sénateur Dandurand. — deux silhouettes bien différentes, mais également caractéristiques du Canada Français.

Par la famille, d'où il est sorti ; par la formation, qu'il a reçue ; par les charges, qu'il a occupées, notre Confrère con-


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tinuait une tradition Franco-Canadienne. Sa carrière est, par les lignes générales, étroitement apparentée à celle d'un Dandurand, d'un Sir Lomer Gouin, d'un Sir Wilfrid Laurier, de tous ces fils de Québec, qui, par leur savoir, leur talent et leur loyauté, ont mérité de participer, sur le pied d'une aristocratique égalité, à la gestion patricienne de l'Empire Britannique.

Ses origines sont, comme il convient, celles d'une bourgeoisie modeste et terrienne. L'Honorable Rodolphe Lemieux est né le 1er Novembre 1866. Il vit le jour à Montréal, dans cette cité capitale, qui sera bientôt une des villes de langue française les plus peuplées. Son père était inspecteur des douanes. Sa mère portait le nom bien Normand de Marie-Anne Bisaillon.

La formation, que reçut notre Confrère fut, comme il convient, classique, oratoire et juridique. Après avoir fait ses études à l'Université Laval, il débute au Barreau en 1891, tout en écrivant quelques articles de journaux. Associé successivement à deux avocats connus, qui furent l'un et l'autre Premiers Ministres de la province de Québec, Honoré Mercier et Sir Lomer Gouin, il resserre ses liens avec l'Université de Montréal ; il y enseignel'Histoire du Droit et ensuite le Droit International. Notre Confrère publie un remarquable ouvrage sur les « Origines du Droit Franco-Canadien. »

Après avoir retracé l'évolution du Droit Français, jusqu'au Code Napoléon, M. Rodolphe Lemieux analyse la Coutume Canadienne, avant et après le Traité de 1763 et en suit les variations jusqu'à nos jours. « Bien que ce traité de Paris ait lié nos destinées à l'Angleterre, — écrivait notre Confrère, — nous avons gardé intactes les traditions et les lois civiles de l'ancienne Mère Patrie... Indissolublement attachés à la vieille France, par les traditions et par les souvenirs, nous avons pris notre place au soleil et nous sommes deux millions de Canadiens, jouissant, à l'ombre du drapeau de la GrandeBretagne, des droits et des franchises, dont le citoyen britannique est si justement orgueilleux... Toute notre Histoire démontre, que la langue, les lois et la religion de la vieille France, conservées par notre peuple, lui ont imprimé un caractère véritablement national. »

Le jeune juriste définissait avec trop d'exactitude et d'au torité les traditions et les caractères de son peuple FrancoCanadien, pour qu'il ne fût pas chargé d'en défendre les droits au Parlement National. Dès le 28 Juin 1896, le bourg-


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historique de Gaspé l'envoie siéger aux Communes, sur les bancs du Parti Libéral. Il en est le plus jeune député. Des circonscriptions, — bien françaises de nom : Gaspé, Nicolet, Rouville et Maisonneuve,— le réélisent en 1900, 1904, 1911, 1917, 1921 et 1925. Cette fidélité, pour un historien, qui détient le record des échecs électoraux, a proprement un caractère miraculeux. Elle s'explique, pour partie, par les promotions rapides de notre Confrère dans la hiérarchie parlementaire : 29 Janvier 1904, solliciteur-général dans le Cabinet de Sir Wilfrid Laurier ; 4 Juin 1906, ministre des Postes ; 6 Octobre 1911, ministre de la Marine ; 8 Mars 1921, ■— après l'écrasement du Parti Libéral et quatre années d'opposition, — « speaker » de la Chambre des Communes. Notre Confrère reste au fauteuil neuf ans, et, en 1930, passe à la Chambre Haute.

Cette ascension rapide et régulière était justifiée par la loyauté de sa vie publique, — il n'a ni changé de partis, ni violé leurs disciplines ; — par le succès de ses missions diplomatiques, notamment au Japon, en 1907, pour le règlement de l'immigration, à Berne et à Paris, pour la négociation de conventions postales ; par l'activité de son labeur ministériel. Et vous vous rappelez certainement, dans quels termes, notre éminent confrère, le Président Millerand a, ici même apprécié « L'Industrial Disputes Investigation Act » : la « Loi Lemieux ». Dressée par notre Confrère, votée en 1907 avec la collaboration de son collègue du Travail, l'actuel Premier Ministre du Dominion, ce texte qui, dans les conflits ouvriers des industries-clefs, transports, communications et mines, prescrit l'ouverture d'une enquête et un essai d'arbitrage, avant toute grève, a certainement exercé une action d'apaisement et servi d'exemple à d'autres pays.

A l'exception de Sir Wilfrid Laurier, — seul Canadien Français, qui soit jamais parvenu au poste de Premier Ministre du Canada, — aucun parlementaire de Québec n'est monté plus haut. Le Président des Communes Canadiennes incarnait, mieux que d'autres, cette double formation oratoire et juridique, à la française, parlementaire et empirique, à l'anglaise, qui assure l'originalité du Dominion Britannique et permet la survie du vieux Québec. Certes, il est profondément émouvant de retrouver sur ses lèvres l'accent et le


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parler de ces vieux paysans de la province française, qui ont, à leurs souliers, trop de terre de France, pour n'avoir point gardé, dans leur âme, un peu du ciel de France. Est-il moins émouvant de voir ces pensées, si françaises par leur goût de l'éloquence et pai leur sens du droit, s'adapter, avec succès, à la coutume constitutionnelle et aux méthodes politiques du peuple qui, le premier, voulut être libre et sut le demeurer, sans cesser d'être Impérial et impérieux ?

De cette double fidélité, L'Hon. Rodolphe Lemieux avait donné un gage douloureux. Son fils unique, Louis-Rodolphe Lemieux, lieutenant au 22e Régiment, le Régiment FrancoCanadien, est tombe au champ d'honneur, le 29 Août 1918, dans l'assaut contre la ligne Quéant-Drocourt. Il repose en terre française, dans le cimetière britannique de Ligny-SaintFlochel. Il avait vingt ans. Aussi notre Confrère fut-il désigné, parle Gouvernement Canadien, pour signer avec le Gouvernement Français la convention de 1922. Elle assure, sur le plateau de Vimy, enlevé par les fantassins du Canada, l'érection d'un Monument ; qui esta la fois, pour le Dominion le témoignage de sa formation nationale, la marque de son unité politique, la sanction, aussi, d'une fidélité Anglo-Française.

Nul n'était plus qualifié, que l'Hon. Rodolphe Lemieux pour représenter, au sein de notre Compagnie, la science juridique et l'expérience politique du peuple canadien. Vous l'avez pensé, mes Chers Confrères, le 18 Juin 1927, en lui réservant une succession illustre : celle du grand Cardinal, qui sut, avec autant de noblesse et de courage que son Roi, incarner la fidélité à la Patrie et la défense du Droit.

Belgique et Canada, Grande-Bretagne et France : comment ces peuples, s'ils évoquent la vision de leur passé et les lignes de leur oeuvre, n'auraient-ils pas conscience des liens moraux, qui les unissent en une communauté occidentale : institutions semblables et histoire parallèle ; cultures apparentées et courants identiques ; croyances chrétiennes et idéaux communs ; respect de la liberté individuelle et valorisation de l'être humain ?

De cette solidarité, nous eûmes, mes Chers Confrères, un sentiment plus vivant, — il vous en souvient, — le jour, où nous accueillîmes parmi nous, d'un vote unanime, l'Honorable Rodolphe Lemieux et surtout le jour, où nous écoutâmes sa communication. Appelé à donner en Sorbonne une série de leçons sur l'évolution politique du Canada moderne, le Prési-


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dent des Communes, redevenu professeur de Droit, se plut ici même à définir, en un saisissant discours, le statut international de la Nation Canadienne. Et je revois, sans effort, en face de moi, sa stature et son geste. Il m'en coûte de penser, que l'Honorable Rodolphe Lemieux nous a, ce soir-là, adressé la parole pour la dernière fois.

Je crois avoir répondu à vos sentiments, Messieurs, en priant Son Exe. Monsieur le Ministre du Canada, L'Honorable Philip Roy, d'être auprès du Gouvernement du Dominion et auprès de la famille de notre Confrère, l'interprète de ces sentiments et de nos regrets.

Séance du 9 octobre 1937.


RAPPORT SUR LE CONCOURS

POUR LE

PRIX FRANÇOIS-JOSEPH AUDIFFRED

(DEVOUEMENT)

A DÉCERNER EN 1937

Le prix Audiffred (actes de dévouement) d'un montant de 13.500 francs est destiné a récompenser, selon les expressions mêmes dont le donateur s'est servi, « les plus beaux, les plus grands dévouements, de quelque genre qu'ils soient ». Votre commission était saisie d'un grand nombre de dossiers ; elle en a retenu trois. Elle vous en'propose un pour l'attribution du prix, mais en limitant la somme attribuée à 10.000 francs, de façon à permettre de décerner deux mentions accompagnées d'allocations, celles-ci étant respectivement de 2.000 et de 1.500 francs.

La commission vous propose d'attribuer le prix au R. P. Paul Mazé, missionnaire catholique français établi depuis de longues années dans l'archipel des Tuamotou. La demande formée en faveur du R. P. Mazé nous a été adressée par le Comité de l'Océanie de la Croix-Rouge française. Elle est appuyée dans des termes non seulement pressants, mais émouvants, par le Gouverneur des établissements français de l'Océanie, par le médecin colonel Morin, chef du service de santé de la colonie, et par Mgr Nouailles, vicaire apostolique de Tahiti. Ces divers documents nous montrent dans le R. P. Mazé un homme admirable, et il faut donner ici à l'épithète toute sa force : un homme qui, avec des ressources d'une extrême modicité, s'est consacré à dépister, à soigner, à consoler les lépreux. Le Comité de la Croix-Rouge nous le


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montre naviguant sur de frêles bateaux au péril de sa vie, pour s'en aller d'une île à l'autre, donnant tout ce qu'il a, se refusant l'indispensable pour donner un peu plus à ses malades. Mgr Nouailles l'appelle un héros de la charité chrétienne. Le médecin colonel Morin dit de lui : c'est un saint et un apôtre ; il s'est fait infirmier volontaire et a appris toutes les méthodes de traitement de la lèpre ; il soigne les corps et les âmes ; il a travaillé au développement de l'assistance médicale indigène telle que le service de santé la comprend et cherche à la propager ; il exerce une influence bienfaisante et fait,aimer dans ce groupe d'îles, le nom de la France. Le Gouverneur de la Colonie en des ternies presque semblables, dit du R. P. Mazé qu'il est un grand Français, le guide et le protecteur des populations indigènes ; qu'il ne soigne pas seulement les malades, au péril de sa santé et de sa vie, mais qu'il s'occupe des valides, qu'il les groupe en associations agricoles ; il ajoute enfin que le R. P. Mazé se considère comme payé de toutes ses peines par l'affection et la gratitude dont l'entourent tous les malheureux auxquels il consacre son existence. Sur les instances du Gouverneur le R. P. Mazé a été fait, il y a quelques mois, chevalier de la Légion d'honneur.

La commission trouvait dans d'autres dossiers des oeuvres fort belles, et elle en a retenu deux auxquelles elle vous demande d'attribuer des mentions. Si elle a voulu mettre à part le R. P. Mazé et vous demander pour lui le prix, c'est qu'elle a trouvé ici non seulement une oeuvre, mais un homme, le don absolu que cet homme a fait de lui-même avec une simplicité évangélique. Si belle et riche en résultats utiles que soit une oeuvre, un homme est plus encore. C'est pour l'Académie se conformer à la volonté du donateur, lorsqu'elle trouve un homme que les témoins de sa vie obscure et féconde appellent un grand Français, un apôtre et un saint, que de marquer sa place en avant de toutes les autres.

La commission vous propose d'attribuer une somme de 2.000 francs à l'oeuvre appelée Adoption familiale des orphelins de la mer ; selon la règle, elle attribue la mention au représentant de l'oeuvre, son secrétaire général, le R. P. Eutrope Chardavoine. Elle vous propose d'autre part d'attribuer une somme de 1.500 francs à l'oeuvre appelée Service social


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de l'enfance, et selon la même règle en la personne de sa secrétaire générale, Mme Spitzer.

L'Adoption familiale des orphelins de la mer a été fondée en 1897 par deux anciens marins, l'Amiral Gicquel des Touches et l'Amiral Serre. Son but est de venir en aide aux populations de nos côtes et de conserver au métier de la mer les fils de pêcheurs. Le principe du secours est l'adoption à domicile et l'éducation chrétienne ; les enfants secourus sont les fils d'inscrits maritimes péris en mer ou ayant succombé aux fatigues du métier. L'oeuvre adopte tous les garçons d'une même famille à la fois ; si la mère vit encore les orphelins lui sont laissés. Dans le cas contraire, les orphelins sont confiés à une famille de marins chrétiens.

Le nombre total des orphelins secourus s'élevait en décembre 1936 à 4.725 ; 4.800.000 francs leur ont été distribués en 25.000 annuités.

Le Service social de l'enfance a été créé à Paris à la demande des magistrats du tribunal pour enfants, Messieurs Rollet et Aubry. Il a pour but d'aider les magistrats dans le rôle que leur confère la loi de 1912.

L'action du Service est double : il procure aux juges par des enquêtes, la documentation qui leur permet de déterminer le traitement à appliquer aux jeunes enfants conduits devant eux ; il permet d'autre part de se renseigner sur le caractère et l'aptitude des enfants et d'indiquer le régime qu'il convient de leur appliquer. L'oeuvre occupe vingt-huit assistantes sociales professionnelles et cinq secrétaires. Un service médical est organisé qui, quatre fois par semaine, examine les enfants. L'oeuvre a établi à Brunoy une Maison d'accueil et d'observation psychologique où sont hospitalisés cinquante garçons ou fillettes de moins de 13 ans. Dans ce centre d'observation on décide du placement le plus propre à relever et à élever les enfants. De mai 1923 à mai 1936, le Service Social a examiné la situation de 10.823 familles, soit de plus de 2.000 enfants en danger.

Les mentions que nous vous proposons de décerner à ces deux oeuvres ne leur apporteront évidemment qu'une aide matérielle presque insignifiante. Mais elles seront un témoignage public de l'estime où l'Académie les tient l'une et l'autre et


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un hommage mérité au dévouement des personnes qui en assument la direction.

Le Rapporteur :

Henri TRUCHY

L'Académie a approuvé les conclusions de ce rapport. Séance du 12 juin 1937.


RAPPORT SUR LE CONCOURS

POUR LE

PRIX COfiiJAY

A DÉCERNER EN 1937

Prix Corbay (900 francs de rente viagère). Ce prix annuel est destiné à récompenser celui qui aura produit l'oeuvre la plus utile dans Tordre des sciences, des arts, des lois, de Tagricultwe, de Tindustrie ou du commerce.

Votre commission a retenu, pour l'attribution de ce Prix, une oeuvre qui avait déjà attiré l'attention en 1934 et en 1936 : TAssociation d'Hygiène sociale antituberculeuse d'Asnières-BoisColombes.

Elle a pour objet les visites à domicile, l'assistance médicale gratuite, le placement des malades dans un sanatorium, ou un préventorium, ou un centre de colonie ; et elle a surtout en vue la préservation de l'enfance. Fondée en 1922, elle compte quatorze années d'exercice. Débuts modestes : 27 malades placés et 2.500 journées de placement, pour le premier exercice, 1923. Mais les progrès furent rapides : à la fin de la septième année, 1929, le total des malades placés était de 859, soit environ 30 fois plus, et celui des journées de placement de 35.000. Les sept années suivantes ne sont pas moins à l'honneur de l'Association : pour le seul exercice de 1931, par exemple, elle compte 520 malades placés et 55.811 journées de placement. A la fin de 1936,1e chiffre total, résumant son activité depuis 1923, est de 2.746 malades et 373.414 journées. Le centre de placement est dans le département de l'Indre ; à La Châtre, non loin de Nohant, et l'Association se plaît à évoquer le souvenir toujours vivant dans le pays de la bonne dame de Nohant, George Sand.

Outre ces chiffres, qu'elle aligne avec une légitime satis-


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faction et qui témoignent si éloquemment en sa faveur, les témoignages du dehors n'ont pas manqué à cette Association, tous des plus élogieux. Ils insistent sur le zèle qu'elle a mis, avec les plus heureuses initiatives, à l'application des lois sociales. Les mesures prises par elle peuvent être proposées en exemple. Cette Association sert ainsi de modèle, et son champ d'action n'est pas limité à quelques communes : elle rayonne bien au-delà tout autour. C'est ce qu'attestent, dans des documents officiels joints au dossier, les plus hautes autorités : Ministre de la Santé publique, Préfet de la Seine, Conseil supérieur de l'Assistance publique, Comité national de défense contre la tuberculose. On doit aussi mentionner les délibérations des Conseils municipaux d'Asnières, de Bois-Colombes et de La Châtre : ce dernier se plaît « à souligner les sentiments affectueux qui unissent les nourriciers et les protégés de l'oeuvre, et par là les relations cordiales qui doivent exister entre les populations de nos campagnes et celles des agglomérations urbaines ».

Le président-fondateur de cette Association a été M. Louis Tessier, jusqu'à sa mort le 13 décembre 1932. Mais il avait associé à cette tâche bienfaisante son fils, devenu aujourd'hui aussi le président et surtout l'animateur de l'oeuvre. Ce sont les propres termes dont se sert le Conseil d'Administration, qui désigne comme bénéficiaire éventuel du Prix Corbay M. René Tessier. Et c'est aussi cette désignation que votre Commission soumet à l'Académie. Une difficulté toutefois se présente, qui ne doit pas être dissimulée. M. René Tessier est né le 6 janvier 1901, et les 900 francs du Prix Corbay sont une rente viagère. Non seulement il pourrait en jouir, lui et son oeuvre, pendant de longues années; mais les arrérages de la fondation ont déjà deux bénéficiaires, sinon même trois, ce qui fait une dépense annuelle, non plus de 900 francs, mais de 1.800 et même de 2.700; suffisent-ils à subvenir encore à un prix nouveau, ce qui ferait un total annuel de 3.600 francs ? Réserve faite de l'examen de cette question, votre Commission propose d'attribuer le Prix Corbay au Président de l'Association d'Hygiène sociale antituberculeuse d'Asnières et de Bois-Colombes, M. René Tessier.

Le rapporteur : Charles ADAM

L'Académie a approuvé les conclusions de ce rapport.

Séance du 19 juin 1931.


RAPPORT SUR LE CONCOURS

POUR LE

PRIX HERCCLE CATENACCI

A DÉCERNER EN 1937

Le fondateur du prix Catenacci a voulu faciliter la publication d'ouvrages illustrés de luxe. Il considérait que certains livres d'histoire ne peuvent que gagner à être accompagnés d'une illustration judicieuse. Nous ne pouvons que nous féliciter de cette vue si raisonnable de M. Edouard Catenacci qui l'a conduit à instituer sous le nom de son père, M. Hercule Catenacci, un prix qui rend chaque année de très grands services.

En 1937, votre Section d'Histoire a retenu deux ouvrages entre lesquels elle vous propose de partager également le prix Catenacci.

En Espagne, par M. Maurice Legendre, Directeur-adjoint de la Casa Velasquez à Madrid (éditeur Paul Hartmann, Paris), est un album de 158 photographies admirablement reproduites en héliogravure. Elles Jfont autant d'honneur à l'éditeur qu'à l'auteur. C'est à ce dernier que nous devons la préface de l'album et les notes explicatives qui accompagnent chacune des reproductions. L'éloge n'est plus à faire de l'érudition et du- talent de M. Legendre qui, ayant vécu plus de 30 années en Espagne où il fut l'ami et le collaborateur de Pierre Paris, a une connaissance sans égale du pays, de son art et de ses moeurs, Ajoutons que les malheurs de l'Espagne donnent à ce volume une valeur exceptionnelle, une partie des monuments


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reproduits étant actuellement détruits ou mutilés par la guerre civile. Disons aussi que l'auteur et l'éditeur qui ont rassemblé ces images avec un soin rare, ont voulu qu'à côté de l'Espagne connue, l'Espagne inconnue eût sa place. Les choix qui sont irréprochables ajoutent au mérite de ce livre qui représente une somme d'érudition et un effort d'art dignes des plus grands éloges. — Il a paru à votre Section qu'il convient d'attribuer à ce beau volume la moitié du prix.

M. Albert Kammerer, ambassadeur de France, travaille depuis une douzaine d'années à un ouvrage du plus haut intérêt historique sur « La Mer Rouge, tAbyssinie et T Arabie depuis T Antiquité ». Déjà deux Tomes en quatre gros volumes ont paru, sous les auspices de S. M. le roi Fouad et de la Société royale de géographie : ils permettent d'apprécier l'importance de l'oeuvre entreprise. Fondés sur des documents de première main et qui ont exigé des recherches dans les archives du monde entier, écrits d'un style limpide et parfois pittoresque, ces quatre volumes contiennent de nombreuses illustrations, la plupart hors texte, qui montrent au lecteur non seulement les régions, mais leur vie même au cours des siècles. C'est ici un ouvrage de grand luxe, dont l'intérêt et la nouveauté du texte sont rehaussés par la richesse de l'illustration.

M. Kammerer a poursuivi ses études : le texte d'un troisième tome, aussi important que les deux premiers, est entièrement rédigé et prêt à entrer sous presse, alors que l'illustration, composée de doubles planches in-quarto, est complètement terminée. Il est donc infiniment désirable que ce bel et important ouvrage puisse paraître à bref délai. Mais on comprend qu'une telle publication est fort coûteuse, sa vente difficile et lente, et que les frais qu'il entraîne sont d'un recouvrement hasardeux. 11 est donc nécessaire que des subventions viennent en faciliter le cours. Déjà M. Kammerer a obtenu certaines promesses intéressantes, mais insuffisantes en l'état des prix actuels de la typographie ; il a donc pensé que notre Académie pourrait lui assurer son appui, et votre section a estimé que les travaux si intéressants de l'auteur répondaient exactement au programme de la fondation Hercule Catenacci qui est, entre autres objets, de « distribuer des subsides pour encourager la publication de livres illustrés de luxe traitant... d'histoire ou d'archéologie ».

La Section d'Histoire et de géographie vous propose, en


BULLETIN ACADÉMIQUE 879

conséquence, d'attribuer la seconde moitié du prix Hercule Catenacci aux travaux de M. Kammerer sur la Mer Rouge, FAbyssinie et T Arabie depuis T antiquité.

Le Rapporteur:

Paul MATTER L'Académie a approuvé les conclusions de ce rapport

Séance du 3 juillet 1937.


RAPPORT SUR LE CONCOURS

POUR LES

BOURSES MAURICE BLOCK

A ATTRIBUER EN 1937

La Commission des Bourses Maurice Block s'est trouvée en présence de plusieurs demandes, parmi lesquelles elle en a retenu deux, en raison des titres nettement supérieurs des candidats.

Mlle Régine Pernoud est Docteur ès-Lettres, ancienne élève de l'Ecole des Chartes, dont le Directeur appuie sa demande par une lettre très élogieuse. M1,e Pernoud désire pouvoir faire un séjour à Londres pour compléter sa documentation sur le droit maritime anglais du Moyen-Age, comparé à l'ancien droit maritime de Marseille, qui a été l'objet de sa thèse. La commission vous propose de lui allouer une somme de 2.000 francs.

M. Pierre Fischbacher est ancien élève diplômé de l'Ecole des Sciences politiques, où il a toujours obtenu d'excellentes notes ; il prépare actuellement à la Faculté son Doctorat en Droit. Sa demande a pour objet de faire un séjour en Allemagne pour suivre les enseignements d'été d'une Faculté et se perfectionner dans la langue allemande. Ses professeurs, nos confrères Joseph Barthélémy et André Siegfried, ainsi que MM. Philippe Gidel et de la Morandière, sont unanimes à rendre témoignage de sa valeur intellectuelle. La Commission vous propose de lui attribuer une bourse de 1.500 francs (quinze cents francs), constituant le reliquat de la somme dont nous disposons cette année.

Le rapporteur: A. LALANDE.

L'Académie a approuvé les conclusions de ce rapport.

Séance du 31 juillet 1931.


RAPPORT SUR LE CONCOURS

POUR LE

PRIX DAGNAN-BOUVERET

A DÉCERNER EN 1937

Le prix Dagnan-Bouveret est destiné à favoriser les études de psychologie, soit en couronnant des ouvrages déjà parus, soit en subventionnant des travaux ou des publications en cours. La Section de philosophie vous propose de le partager cette année entre ces deux usages.

Elle a retenu d'abord l'ouvrage de M. Roland Dalbiez, La méthode psychanalytique et la doctrine freudienne. Ce travail considérable, qui forme deux volumes de 656 et 528 pages, se divise en deux parties. La première est un exposé de la doctrine, d'un caractère très original. M. Dalbiez s'y applique à faire ce que ni Freud, ni aucun des freudiens ne lui paraissent encore avoir fait : une présentation méthodique de la psychanalyse, en choisissant ce qu'il y a de plus probant parmi les faits, en distinguant avec précision la méthode et la doctrine, en formulant les thèses et en marquant leur dépendance, comme on a coutume de le faire dans les meilleurs traités de psychologie contemporaine. « Mettre en valeur », comme il le dit, les découvertes de Freud, en dégager ce qu'elles ont de communicable et d'exprimable suivant les règles de la pensée scientifique, les débarrasser de toutes les fantaisies, les exagérations, les excentricités qui les ont compromises, souvent du fait même de leur auteur, tel est l'objet de cette première partie : elle est très pleine, riche de matière, fortement documentée. On ne peut guère douter, après l'avoir lue, qu'elle nous met en présence de phénomènes et de notions psychologiques dont il y a lieu de tenir compte.

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La seconde partie est la discussion. Discussion expérimentale, pour laquelle l'auteur s'est fait lui-même psychanalyste. Non sans fatigue, il a refait les expériences ; il a essayé d'utiliser dans la pratique les procédés et les concepts du psychologue de Vienne. Il discute les idées d'inconscient et de dynamisme psychique, montre les rapports entre les recherches de Pavlov et la psychanalyse, examine les méthodes d'exploration de l'inconscient, dont il montre à la fois la valeur indubitable et les imperfections. Il critique la sexologie freudienne, où il fait le départ des acquisitions scientifiques réelles et des fantaisies ou des complications inutiles. Il cherche également à déterminer ce que ces faits nouveaux apportent à la psycho-pathologie. Enfin le chapitre dernier est de pure philosophie : l'auteur s'en excuse sur la nécessité de discuter celle de Freud, qui lui naraît être ce qu'il y a de moins bon dans son oeuvre. La conclusion est que, pour importante qu'elle soit, la doctrine psychanalytique n'explique ni ce qui est proprement artistique dans l'art, ni ce qui est moral dans la morale, ni ce qui est religieux dans la religion. Elle est une profonde et nouvelle analyse « de ce qui, dans l'homme, n'est pas le plus humain ».

Cette oeuvre n'est pas seulement remarquable par la richesse du fond et par la vigueur de la pensée. Elle est écrite d'une manière personnelle, avec clarté et avec talent. La Section vous propose, en premier lieu, de lui attribuer un prix de 7.500 francs (sept mille cinq cents francs).

En second lieu, elle vous propose d'accorder aux Recherches philosophiques une somme de 6.000 (six mille francs) à la fois comme prix décerné aux volumes déjà parus, et comme subvention pour faciliter la continuation de cette oeuvre.

Les Recherches philosophiques sont une publication annuelle d'un type original et utile, du même genre que l'Année psychologique et l'Année Sociologique. C'est une revue de jeunes : elle a été fondée en 1932 par le regretté Albert Spaïer, professeur à l'Université de Caen, prématurément décédé il y a trois ans, par M. Koyré et M. Henri-Ch. Puech, qui continuent à en assurer la direction, avec le concours de MM. Bachelard, Michel Souriau et Jean Wahl. Cinq gros volumes ont déjà paru, qui vont de 520 à 625 pages chacun. Les deux tiers environ de chaque « année » sont consacrés à des articles de fond, groupés autour de quelques questions mises pour ainsi dire à l'ordre du jour. Pour les traiter, les direc-


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teurs font appel à des hommes compétents de la France et de l'Etranger, en s'attachant plus à ce qu'on peut attendre d'eux qu'aux réputations déjà acquises et consacrées. Cependant cet appel aux nouvelles générations n'est pas exclusif : on trouvera dans la collection des Recherches d'importants articles dus à des philosophes bien connus, et notamment une belle étude posthume de Meyerson sur La notion de l'Identique. Qu'elles viennent des uns ou des autres, les contributions réunies dans ce recueil sont presque toutes de haute valeur, et propres à faire progresser les idées.

Ce qui nous a paru très intéressant aussi, dans cette entreprise philosophique, c'est qu'un tiers au moins de chaque volume (et bien plus d'un tiers, si l'on tient compte de la différence du caractère d'impression) est consacré à faire connaître les publications philosophiques récentes de France et de l'Etranger, tantôt sous forme de revues générales, tantôt sous forme d'études critiques, d'analyses et de comptes-rendus. Cette tâche d'information sélectionnée et systématique, qui ne trouvait pas toujours une place aussi large qu'on aurait pu le souhaiter dans les revues françaises, a été assurée jusqu'ici par les Recherches philosophiques avec ampleur, avec soin, avec une activité d'esprit personnelle qui n'exclut pas l'objectivité.

Telles sont les raisons qui ont conduit la Section de philosophie à vous proposer de partager ainsi qu'il suit les 13.500 frs disponibles cette année : un prix de 7.500 frs à M. Roland Dalbiez pour son ouvrage sur La Psychanalyse ; un prix de 6.000 frs aux Directeurs des Recherches philosophiques.

Le, rapporteur : A. LALANDE

L'Académie a approuvé les conclusions de ce rapport.

Séance du 31 juillet 1937.


RAPPORT SUR LE CONCOURS

POUR LE

PRIX LE DISSEZ DE PENAJNRLN

A DÉCERNER EN 1937

Parmi les ouvrages concourant cette année pour le prix Le Dissez de Penanrun, celui qui nous a paru présenter à la fois la plus grande ingéniosité de pensée, le plus de goût philosophique et le plus remarquable talent d'écrivain est un livre de M. Jean Nogué, agrégé de philosophie, docteur ès-Lettres, professeur à l'Institut français et à l'Université d'Athènes. Son titre, un peu énigmatique, est La Signification du sensible. Il veut dire que toutes les qualités que nous présentent nos sens : couleurs, formes, résistances, sons, odeurs, saveurs ou températures, ont leur raison d'être dans leur valeur prémonitoire. Elles annoncent la présence de quelque chose d'autre qu'elles-mêmes, comme un ciel noir annonce l'orage, ou peut-être plus exactement comme le bruit qui croît ou décroît, dans le jeu des enfants qui cherchent un mouchoir caché, annonce qu'on se rapproche ou qu'on s'éloigne du bon endroit.

On dit aussi de la science qu'elle explique ces sensations ; mais c'est en un tout autre sens : la science les transcrit en structures, en vibrations, en processus microscopiques ; mais cette transcription n'est qu'une élaboration de plus : elle ne fait pas comprendre d'où elles viennent, à quoi elles servent. C'est, dit M. Nogué, comme si l'on expliquait les mots imprimés sur une page en parlant de l'encre d'imprimerie et du mouvement de la presse : il s'agit au contraire ici de les expliquer en commentant ce qu'ils veulent dire, leur sens, leur rôle dans la phrase, l'idée qu'ils expriment ou contribuent à exprimer.


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Voilà le problème de la « signification du sensible ». Il se rattache, l'auteur lui-même nous en informe, à l'enseignement de M. Pradines, à qui l'ouvrage est dédié, et même dédié en grec. La variété des sensations naît de la variété de nos besoins et de nos efforts pour les satisfaire, besoins et efforts qui constituent, comme M. Nogué l'a montré plus à fond dans un autre ouvrage, L'activité primitive du moi. Tout besoin est besoin de quelque chose qui n'est pas là : cette tendance et cette absence combinées sont à la base de la notion d'objet et en expliquent les caractères ; les directions et les formes de notre recherche s'expriment par les bigarrures d'un monde étendu, solide, sonore, coloré, odorant. La perception est en définitive le passage de l'activité obscure, saisissant d'instinct et à tâtons ses moyens de vivre, à la façon des êtres inférieurs, « à l'illumination qui nous découvre notre place dans le monde, comme si, rencontrant tout à coup un miroir, nous y découvrions notre visage confronté à celui des choses et des êtres ».

Ces hypothèses un peu hardies, qui retournent le vieil adage ignoti nutla cupido, sont présentées dans la langue la plus souple, la plus abondante, la plus habile à la ft_isà rafraîchir les idées anciennes et à faire valoir les nouveautés. La conclusion, où l'on s'élève de la sensation à la liberté et à la moralité, est un morceau digne d'une anthologie. La Section vous propose d'attribuer à ce brillant essai 1*, prix Le Dissez de Penanrun, qui malheureusement ne s'élève plus aujourd'hui qu'à 1.800 francs.

Le rapporteur : A. LALANDE

L'Académie a approuvé les conclusions de ce rapport. Séance du 31 juillet 1937.


RAPPORT SUR LE CONCOURS

POUR LE

PRIX RLAISE DES VOSGES

A DÉCERNER EN 1937

Un de nos confrères, membre de la Commission mixte désignée pour proposer l'attribution du prix Biaise des Vosges, a exprimé, dans la note résumant son appréciation sur l'un des mémoires déposés, le voeu que les dossiers des donations faites à l'Institut soient complétés par une notice, au moins sommaire, sur les personnalités dont elles honorent et perpétuent la mémoire.

Sur Biaise des Vosges, les encyclopédies qu'il a eu la curiosité de feuilleter ne lui ont fourni que des indications laconiques.

On y relève, seulement, qu'il est né à Epinal en 1811, mort en 1886, qu'il est l'auteur d'Observation sur les projets de loi concernant les Sociétés à responsabilité limitée, et qu'il a, en collaboration avec Joseph Garnier, recueilli et édité le Cours d'Economie industrielle professé par Blanqui, au Conservatoire des Arts et Métiers, de 1836 à 1839.

Ceux qui sont appelés à distribuer des récompenses sous son nom, et ceux qui les obtiennent, aimeraient, sans doute, à en savoir davantage.

Quelques recherches, susceptibles d'être poursuivies et étendues, nous permettent d'ajouter que Biaise des Vosges a été nommé, par le Gouvernement de 1848, Secrétaire général de la Préfecture de Rouen, qu'il a publié d'autres ouvrages, sur l'Assistance publique — sur Bordeaux, son commerce et son industrie — sur le Développement des Etablissements de Crédit, et qu'il a fourni, au Journal des


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Economistes, une longue collaboration d'inspiration à la fois libérale et humanitaire.

La même inspiration a guidé sa veuve, née Bertin, dans l'institution de la fondation qui porte son nom et destinée, selon les termes de la donation faite en 1889 à notre Académie, à récompenser, tous les trois ans, le meilleur mémoire ou livre sur un sujet donné et ayant pour objet « l'amélioration morale et matérielle des ouvriers agricoles et industriels, par l'instruction, l'association ou toute autre voie ».

La question de l'emploi, par la population ouvrière, des loisirs créés par l'abréviation de la journée de travail, proposée pour le concours de 1928, présentait, dès ce moment, un intérêt d'actualité en raison de l'application, récente'alors, de la journée de 8 heures. Un seul mémoire fut déposé, auquel le prix ne put être attribué.

Le même sujet fut remis en concours pour 1931 et pour 1934, sans plus .de succès.

La prorogation à 1937, coïncidant avec la profusion de loisirs créée par l'application simultanée de la semaine de 40 heures et des congés ouvriers, a donné au problème une telle acuité que votre Commission a eu à examiner, cette année, huit mémoires.

Deux d'entre eux se sont d'eux-mêmes éliminés, dès l'abord, par leur extrême brièveté : l'un ne dépasse pas quelques lignes, l'autre quelques pages.

De tels envois sont irrecevables ; la méprise est vraiment singulière, si leurs auteurs croient avoir fait oeuvre sérieuse et satisfait aux conditions les plus élémentaires du concours. x

Un troisième mémoire, bien qu'un peu plus étendu, est encore très superficiel.

Deux autres, qui ne sont pas sans mérite, n'approfondissent la question posée que d'un point de vue très particulier. Leur information limitée est directe et sérieuse, mais ils ne fournissent qu'une contribution partielle à l'étude d'ensemble qui était demandée aux concurrents.

Le mémoire n° 3 portant les devises Castigat ridendo mores pêche plutôt par excès. Il ne comporte pas moins de 441 pages, mais on s'aperçoit, dès l'abord, qu'il en faudra beaucoup rabattre.


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Il débute par un traité des jeux de dés et de cartes pratiqués dans les cafés et dans les cercles.

Le malentendu est manifeste : l'auteur a cru répondre au désir de l'Académie en insérant, dans son étude, une encyclopédie technique de toutes les occupations désintéressées.

Il continue donc par un traité des jeux de plein air et d'adresse un traité de culture florale et potagère, un autre sur l'élevage et la basse-cour. Viennent, ensuite, l'hygiène, l'éducation physique et, finalement, un traité en règle de morale pratique contenant la monographie thérapeutique de toutes les passions humaines.

Ces hors-d'oeuvre ne sont pas, en eux-mêmes, sans intérêt. Ils sont généralement clairs et pratiques. Peut-être même serat-il commode, à certains lecteurs, de les trouver réunis. Ils ont certainement coûté à l'auteur un long travail de documentation, attesté par une bibliographie considérable. Dûment élagué de ces développements superflus, le mémoire reste un guide raisonnable et pratique pour le bon emploi des loisirs.

Il passe en revue, méthodiquement, les occupations purement récréatives, celles qui sont susceptibles de procurer un certain profit, celles enfin qui contribuent à développer les connaissances, l'éducation et la personnalité des bénéficiaires.

Ceux-ci, et ceux qui aspirent à guider leur choix y trouveront, chemin faisant, à défaut de vues générales et élevées, maintes remarques judicieuses et d'exellents conseils, inspirés par un désir du bien, un goût de la vie simple qui, d'assez loin d'ailleurs, apparente l'auteur au Pasteur Wagner.

Le mémoire N° 8, déposé sous la devise : « Les loisirs sont la fin du travail », est une large dissertation rétrospective, fort intéressante et écrite d'une main experte, sur l'histoire des loisirs depuis l'antiquité et particulièrement en Grèce, à Rome, pendant le moyen âge, dans les temps modernes et jusqu'au début du xxe siècle.

On y relève maints détails ou références qui témoignent, avec mesure et discrétion, d'une culture classique et historique étendue.

L'auteur signale, particulièrement et très justement, le rôle important qu'assumèrent pour l'organisation collective des loisirs, sous des régimes différents d'ailleurs d'organisation politique et sociale : la cité antique,l'église et la corporation.


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Il n'aborde que bien tardivement le problème sous son aspect actuel.

C'est dans les trente dernières pages seulement qu'il examine, d'une façon malheureusement toutà fait superficielle, les conséquences delà réduction delà journée de travail au xixe siècle, les essais tentés pour orienter l'utilisation des loisirs, les conditions particulières du problème à l'égard des travailleurs agricoles, l'organisation des loisirs en Italie par l'Institut national « Dopolavoro » et enfin, en 4 pages finales, les conditions économiques de bon fonctionnement de la journée de 8 heures.

Ces développements trop rapides demeurent d'ailleurs intéressants.

Ils montrent que l'auteur connaît la littérature du sujet, qu'il la juge avec discernement.

Il était en mesure, semble-t-il, d'apporter une contribution personnelle plus vigoureuse et plus approfondie à l'étude d'un problème que l'établissement delà semaine de 40 heures a élargi et renouvelé peu de temps avant la date fixée pour le dépôt des mémoires.

On ne peut que souhaiter qu'il ait le goût et le temps d'écrire l'ouvrage dont il ne nous a soumis que l'introduction historique.

Le mémoire N° 7 emprunte à Cicéron cette devise : « Le bonheur, c'est une bibliothèque dans le silence d'un jardin » C'est, certainement, l'étude la plus actuelle et la plus intéressante du concours.

Sans doute, la composition et les conclusions en sont confuses et le style souvent incorrect.

Certains chapitres devraient disparaître, notamment celui qui est consacré à discuter la définition du loisir donnée par une série de dictionnaires d'usage courant.

L'abus des citations trahit une inexpérience caractéristique. Il n'est guère de membres de notre Compagnie qui échappent à l'honneur d'être cités. Biaise des Vosges, lui-même fournit son aphorisme, comme éditeur du cours de Blanqui.

Mais on passe condamnation sur ces défauts, parce que l'auteur a recueilli une documentation considérable et directe, dont l'exposé est plein d'enseignements et dont la forme imparfaite ne diminue pas l'intérêt.

Il ne s'est pas contenté d'utiliser les livres, articles ou documents publiés. Il est allé aux sources. Il est entré en con-


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tact personnel avec nombre de grandes entreprises, d'institutions, de collectivités qui ont affronté pratiquement, depuis longtemps, le problème de l'utilisation des loisirs. Il a ouvert, lui-même, une enquête à laquelle ont répondu, en trop petit nombre malheureusement, les vrais intéressés, ceux que la terminologie administrative appellera peut-être, quelque jour, les usagers du loisir.

Pour l'étranger, la documentation du mémoire est moins complète et moins sûre.

Il contient, cependant, l'analyse d'une enquête américaine, analogue à celle que l'auteur a tentée pour la France, afin de connaître les goûts véritables des bénéficiaires.

Cette enquête révèle que les Américains consultés préfèrent, dans la proportion des 7/10*, les distractions prises au foyer ou à proximité du foyer, qun le cinéma ne jouit pas parmi eux d'une grande faveur, que les jeux et les sports, sont plus appréciés des hommes mariés que des célibataires, que les distractions en équipes ou celles exigeant un effort physique sont parmi les moins recherchées.

Assurément, ces conclusions inattendues doivent être affectées du conditionnel qui s'attache à l'analyse de tout échantillon qui peut n'être pas homogène à l'ensemble. Plus certainement encore, il faut s'abstenir de les transposer de pays à pays.

Les particularités relevées par l'enquête méritent, cependant, d'inspirer d'utiles réflexions et quelque prudence à ceux qui sont trop portés à croire que l'intuition immédiate suffit pour diriger utilement les loisirs d'autrui.

L'auteur réserve très justement sa conclusion au sujet du récent accroissement massif des loisirs ouvriers.

L'équilibre et le vrai progrès économique ne s'accommodent pas sans dommages d'aussi brusques à coups.

De là une grande incertitude sur leurs conséquences sociale réelles, lesquelles, d'ailleurs, dépendront aussi et surtout, comme le suggérait le sujet proposé par l'Académie, du bon emploi des nouveaux loisirs.

Il dépend de cet emploi qu'ils élèvent l'individu, au lieu de l'abaisser, qu'ils le libèrent des servitudes grégaires pour l'acheminer vers une conquête supérieure, celle de lui-même

Si le but est clairement défini et aperçu, les meilleurs moyens pour l'atteindre et leur mise en oeuvre restent encore malheureusement incertains.


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A cet égard, les mémoires qui nous ont été soumis témoignent d'une large information sur les initiatives généreuses qui ont pris à tâche de seconder l'effort des intéressés. Qu'il s'agisse, par exemple, des jardins ouvriers, des centres sociaux, des bibliothèques éducatives, des cours ou conférences, ils exposent très complètement les prospections poursuivies et les résultats positifs obtenus par l'action patronale, celle des groupements confessionnels ou syndicaux et des associations de toute nature.

Mais le problème est, aujourd'hui, singulièrement élargi.

Suffira-t-il de persévérer dans la même voie de coopération bénévole ?

Appartient-il à l'Etat d'intervenir et d'assumer la charge d'expériences nouvelles qui se répercutera nécessairement sur ceux-là mêmes qu'atteint déjà la hausse des prix provoquée par la réduction des heures de travail ?

A supposer qu'on l'admette, comment fixer les limites et les modalités de cette intervention ?

Autant de questions qu'il eut été utile d'aborder, ne fut-ce que pour concourir utilement aux études que pousuivent, en France et au dehors, les Comités nationaux et internationaux constitués pour guider l'action individuelle et l'action collective, en matière d'utilisation des loisirs.

La tâche n'était pas facile. Elle sortait du cadre monographique dans lequel se sont prudemment tenus même les meilleurs des mémoires déposés.

Aussi, si votre Commission regrette de ne pouvoir conclure à l'attribution du prix, est-elle unanime à vous proposer de décerner, sur le montant disponible de la fondation, une récompense de 2.000 francs au mémoire n° 7, et une récompense de 1.000 francs au mémoire n° 8.

Elle vous propose également de reconnaître, par l'attribution d'une mention très honorable, l'effort méritoire dont témoigne le mémoire n° 3.

Quel que soit l'intérêt des mémoires proposés pour une récompense, un de nos confrères a exprimé en séance de Commission l'avis qu'en matière sociale nous disposons en faveur des travaux écrits de crédits assez élevés pour qu'il nous soit parfois difficile de les distribuer complètement et qu'il conviendrait, s'il nous était permis de formuler un conseil d'engager nos futurs donateurs à choisir les oeuvres plutôt que les mémoires ou les livres.


892 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

Nous n'aurions certainement pas à attendre dix ans, comme il nous est arrivé cette fois, avant de distribuer utilement les bienfaits de leurs fondations.

Votre Commission a partagé cet avis. Elle ne croit pas outrepasser sa mission en l'exprimant devant vous.

Le rapporteur :

A. AUPETIT

L'Académie a approuvé les conclusions de ce rapport. Séance du 16 octobre 1937.


SEANCES DE SEPTEMBRE ET OCTOBRE 1937

Conformément à Tusage, l'Académie a suspendu ses séances pendant le mois d'août 1937.

Séance du 18 septembre. — Présidence de M. ANDRÉ LALANDE, ancien Président.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

M. le Président informe l'Académie du deuil qui vient de la frapper par suite du décès de M. Thomas Garrigue Masaryk, Fondateur et premier Président de la République Tchécoslovaque. Il propose de suspendre la séance en signe de deuil.

La séance est suspendue.

A la reprise de la séance, M. le Secrétaire perpétuel fait part de l'invitation par laquelle l'Académie est priée de se faire représenter le 3 octobre 1937, à l'inauguration du monument élevé à Saint-Omer à la mémoire de M. Charles Auguste Jonnart.

Au nom de l'auteur, M. Pierre-Etienne Flandin, M. Germain Martin offre à l'Académie un ouvrage : Discours. Le Ministère Flandin (novembre 193i-mai 1935), 1 vol. in-8, 252 p. N. R. F. Gallimard, Paris; 1937.

M. le Secrétaire perpétuel lit une communication de M. Roger du Teil, chargé de cours au Centre Universitaire méditerrannéen de Nice : Vie et matière.

M. l'abbé Sertillanges et M. Lalande présentent des observations.

M. le Président remercie M. Seillière.

M. le baron Seillière fait une communication : Les anticipations sociales dans la génération de 1880 (Ire partie).

M. le Président remercie M. Seillière.

La séance est levée.


894 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

Séance du 25 septembre. — Présidence de M. BARDOUX, Président.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

M. le Président rappelle de nouveau à l'Académie, le deuil qui vient de la frapper par suite du décès de M. Thomas Garrigue Masaryk, Fondateur et premier Président de la République Tchécoslovaque. Il prononce une allocution et informe l'Académie, que Son Excellence M. le Ministre de Tchécoslovaquie en France, s'est fait représenter à la séance par M. Frantisek Cerny, chargé d'affaires, et M. Jan Opocenky, Consul général de Tchécoslovaquie. MM. François Charles-Roux et Eugène Schneider prononcent également une allocution. M. le Président les remercie.

M. le Président rappelle à l'Académie le deuil qui vient de la frapper par suite du décès de M. Henri Capitant. Il prononce une allocution et propose de suspendre la séance en signe de deuil. La séance est suspendue.

A la reprise de la séance, M. le Secrétaire perpétuel fait part à l'Académie de l'invitation par laquelle elle est priée de se faire représenter le 3 octobre 1937, à l'inauguration du monument élevé à Saint-Omer à la mémoire de M. Charles Auguste Jonnart.

L'Académie désigne comme son représentant M. François Charles-Roux.

M. le Secrétaire perpétuel dépose sur le bureau plusieurs ouvrages ;

La filosofia délia religione e il probtema délia vita, par M. Umberto A. Padovani, 1 vol. in-4, 285 p. Societa éditrice: Vita e pensiero, Milan, 1937 ;

La filosofia di Descartes, par Francesco Olgiati, 1 vol. in-4, 578 p. Societa Editrice : Vita e pensiero, Milan, 1937 ;

Cartesio, nel terzio cenlenario del « Discorso del Melodo », recueil de nombreux auteurs, 1 vol. in-4, 808 p. Société éditrice : Via e pensiero, Milan, 1937 ;

Discours de la Méthode, traduit en persan, précédé d'une Histoire de la Philosophie Européenne, par M. A. Foroughi, ancien Président du Conseil, 1 vol. in-8, Imprimerie Medjliss, à Téhéran, 1932.

M. le baron Seillière fait une communication; Les anticipations sociales dans la génération de 1880 (IIe partie).

M. le président remercie M. Seillière.

La séance est levée.


BULLETIN ACADÉMIQUE 895

Séance du 2 octobre. — Présidence de M. STROWSKI, vice-Président.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

M. le Président informe l'Académie du deuil qui vient de la frapper par suite du décès de M. Rodolphe Lemieux, ancien Président de la Chambre des Communes du Canada. Il propose de suspendre la séance en signe de deuil. La séance est suspendue.

A la reprise de la séance, M. Lévy-Bruhl présente à l'Académie, de la part des éditeurs, les Tomes VII et VIII des oeuvres de Jean Jaurès, textes rassemblés et annotés par M. Max Bonnafoux : Europe incertaine, 1908-1911, 1 vol. gr. in-8, 442 p., Editions Rieder, Paris, 1934 ; et : De la réalité du inonde sensible, 1 vol. gr. in-8 298 p., Rieder, Paris, 1937.

M. le Secrétaire perpétuel dépose sur le bureau plusieurs ouvrages :

Histoire de la Révolution dans l'Ain, par M. Eugène Dubois, 6 vol. in-4, librairie Brochot, Bourg, 1931 ;

Diplomatie correspondance of the United-States, Inter-american ajfairs. Vol. VIII, Mexico, par Wiliam R. Manning, 1 vol. gr. in-8, 1.106 p., édité par la Dotation Carnegie pour la Paix internationale, Washinsgton, 1937.

Six ouvrages publiés par l'Liniversité de Manchester, Manchester University Press, 1637 :

The incorporation of boroughs, by Martin Weinbauin, 1 vol. in-8, 140 p. ;

Chapters of the history of owens collège and of Manchester University, by Edward Fiddes, 1 vol. in-8, 240 p. ;

The médiéval english borough, by James Tait, 1 vol. in-8, 372p.;

77ie serjeants of the peace in médiéval England and Wales, by R. Stevvart Brown, 1 vol. in-8, 150 p. ;

The place of the reign of Edward II in english history, by T. F. Tout and Hilda Johnstone, 1 vol. in-8, 376 p. ;

Studies in the conslitutional history of the thirte enth and four - teenth centuries, by B. Wilhinson, 1. vol. in-8, 290 p.

M. le baron Seillière fait une communication : Les anticipations sociales dans la génération de 1880 (IIIe partie).

M. le Président remercie M. Seillière.

L'Académie se forme en comité secret.


896 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

COMITÉ SECRET

Le procès-verbal du précédent comité secret (31 juillet 1937) est lu et approuvé.

M. Strowski, membre de l'Académie, fait une communication : Une crise de l'intelligence.

Il est décidé que M. Strowski fera cette lecture comme délégué de l'Académie à la séance publique annuelle des Cinq Académies qui doit avoir lieu le 25 octobre 1937.

Séance du 9 octobre. — Présidence de M. A. LALANDE, ancien Président.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

M. le Président rappelle à l'Académie le deuil qui l'a frappé par suite du décès de M. Rodolphe Lemieux, ancien Président de la Chambre des Communes du Canada. Il lit le texte d'une allocution de M. Bardoux, Président en exercice, qui n'a pu assistera la séance.

M. Germain Martin, membre de l'Académie, ancien ministre, fait une communication : Les transferts de richesse à Tintérieur d'une nation ; leurs conséquences économiques et sociales.

MM. Funck-Brentano, Firmin Roz, Charles Dupuis, Georges Risler et Albert-Petit présentent des observations.

M. le Président remercie M. Germain Martin.

La séance est levée.

Séance du 16 octobre. — Présidence de M. BARDOUX, Président.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

M. le Président donne lecture d'une lettre par laquelle S. E. le ministre de Tchécoslovaquie à Paris remercie l'Académie des condoléances qu'elle a exprimées à la Nation et à M. le Président Bénès, à l'occasion du décès de M. le Président Masaryk.

M. le Président fait part à l'Académie des remerciements qu'il a reçus de S. E. le Ministre du Canada à Paris, à qui il avait présenté les condoléances de l'Académie à l'occasion du décès de M. Lemieux

M. le Président annonce à l'Académie que lord Stanley Baldwin lui a envoyé une lettre du 13 octobre 1937, par laquelle il accepte de prendre la parole à la séance publique annuelle qui doit avoir lieu le 18 décembre 1937.


BULLETIN ACADÉMIQUE 897

M. Alvarez rend compte des travaux de la Session, tenue à Paris au mois de juin 1937, par l'Union juridique internationale, et il offre à l'Académie le tome XII des Séances et travaux de cette Union, 1 vol. in-8, 115 p., Les éditions inter. nationales, Paris. 1937.

Au nom de l'auteur, M. Tchernoff, M. Matter présente à l'Académie un ouvrage : Dans le creuset des civilisations. Vol. III : De l'Affaire Dreyfus au Dimanche rouge à SaintPétersbourg, 1 vol. in-8, 236 p., Rieder, Paris, 1937.

M. le Secrétaire perpétuel dépose sur le bureau deux ouvrages dont l'auteur est le Général Liberato Bittencourt : Très Unidades Literarias, 1 vol. in-8, 186 p., Rio de Janeiro, 1937; et Ecole brésilienne de la Vérité, 1 vol. in-8,212 p., Imprimerie du « Gymnase 28 septembre », Rio de Janeiro, 1937.

M. Jean Lépine fait une communication : La Fondation Rockefeller.

M. le Président remercie M. Lépine.

L'Académie se forme en comité secret.

COMITÉ SECRET

Le procès-verbal du précédent comité secret (2 octobre 1937) est lu et adopté.

Au nom de la Commission mixte, M. Albert Aupetit fait un rapport sur le prix Biaise des Vosges (6.000 frs) ayant pour sujet : De Temploi, par la population -ouvrière, des loisirs créés par T abréviation de la journée de travail.

Il propose d'attribuer :

1° Une récompense de 2.000 frs à l'auteur du manuscrit N° 7, ayant pour devise : Le bonheur, c'est une bibliothèque dans le silence d'un jardin ;

2° Une récompense de 1.000 frs à l'auteur du manuscrit N° 8, ayant pour devise : Les loisirs sont la fin du travail ;

3° Une mention très honorable à l'auteur du mémoire N° 3, ayant pour devise : Custigal ridendo mores.

Il en est ainsi décidé.

La séance est levée.

Séance du 23 octobre. — Présidence de M. BARDOUX, Président.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le Président donne lecture d'upe lettre de M. le Pré57

Pré57


898 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

sident Edouard Bénès, qui remercie l'Académie des condoléances qu'elle a exprimées à la nation tchécoslovaque à l'occasion du décès de son Président-Libérateur, M. T. G. Masaryk.

M. le Secrétaire perpétuel lit une lettre par laquelle M. Georges Benoit-Lévy fait connaître à l'Académie qu'il est l'auteur du mémoire N° 7 ayant pour devise : Le bonheur, c'est une bibliothèque dans le silence d'un jardin, qu'il a présenté en 1937 pour concourir au prix Biaise des Vosges, et qui a obtenu une récompense de 2.000 frs.

M. le Président ouvre un pli cacheté joint au mémoire, et proclame le nom de M. Georges Benoit-Lévy.

Au nom de l'auteur, M. Maurice Beaumont, M. Charléty présente à l'Académie un ouvrage : L'essor industriel et l'impérialisme colonial (1878-1904) i vol. in-8, 612 p., Alcan, Paris, 1937.

M. Jacques Bardoux offre à l'Académie plusieurs ouvrages dont il est l'auteur.

Les politiques étrangères de la Grande-Bretagne et de la France : essai d'une définition psychologique, 2 opuscules in-8, 28 et 32 p., At the Clarendon Press, Oxford 1937, et les Editions France-Amérique, Paris, 1937.

Staline contre T Europe, 1 opuscule in-12, 48 p., Flammarion, Paris, 1937.

M. Henri Decugis, avocat à la Cour de Paris, fait une communication : Les régressions juridiques contemporaines.

M. le Président remercie M. Decugis.

L'Académie se forme en comité secret.

COMITÉ SECRET

Le procès-verbal du précédent comité secret (16 octobre 1937) est lu et adopté.

Au nom de la Section d'Economie politique, M. Albert Aupetit fait un rapport sur le pria; Rossi, ayant pour sujet : Le crédit agricole. Il propose d'attribuer. :

Le prix de la valeur de 3.500 frs à l'auteur du mémoire N° 1 ayant pour devise : Nec temere, nec timide ;

Une mention très honorable à l'auteur du mémoire N° 2, ayant pour devise : Auri sacra famés ;

Une mention très honorable à l'auteur du mémoire N° 4, ayant pour devise : O forlunatos nimium, sua in bena norint, agricolas...


BULLETIN ACADÉMIQUE 899

Ces propositions sont adoptées.

M. le Président ouvre le pli cacheté joint au mémoire N°l, et proclame le nom de Mme Madeleine Degon, rédactrice à la Caisse nationale de crédit agricole.

La séance est levée.

Séance du 30 octobre.— Présidence de M. STROWSKI, vice-Président.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

M. le Secrétaire perpétuel lit une lettre par laquelle M. Jean Vernier fait connaître à l'Académie qu'il est l'auteur du mémoire N° 4, ayant pour devise: « 0 fortunatos nimium, sua in bona norint, agricolas » présenté en 1937 pour concourir au prix Rossi, et qui a obtenu une mention très honorable.

M. le Président ouvre le pli cacheté joint au mémoire, et proclame le nom de M. Jean Vernier.

Sur la proposition faite par M. Delatour, au nom de MM. les Académiciens libres, l'Académie déclare la vacance du fauteuil de M. Doumergue, décédé. Les candidats auront jusqu'au 13 novembre pour faire parvenir leur lettre de candidature.

De la part de M. Lovett, Président de Rice Institut, M: Strowski offre à l'Académie un ouvrage : The Rice Institut Pamphlet, vol. XXIV July 1937, contenant les discours prononcés par les membres de la Mission Nationale Française Cavelier de la Salle, 1 vol. in-8, 234 p. Houston, Texas.

M. le Secrétaire perpétuel dépose sur le bureau un ouvrage : L'évolution au cours des grandes voies de communication de TAsie antérieure, par M. Charles Godard, 1 vol. inplano, 110 p., Imprimerie Rotos, Alep, 1937.

M. André Fribourg, ancien député, fait une communication : Les vrais buts de guerre de T Allemagne en 1915, d'après un document secret.

MM. Millerand et Pages présentent des observations.

M. le Président remercie M. Fribourg.

La séance est levée.


COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES

L'Expérience Roosevelt et le milieu social américain, par

M. Louis ROSBNTOCK-FRANCK. — Un vol. in-8, 386 p., Alcan,

Paris, 1937.

L'auteur de l'ouvrage qui a pour titre : L'expérience Roosevelt et le milieu social américain, est M. Rosentock-Franck, il a mené une enquête aux Etats-Unis. Il a cherché à rattacher l'expérience Roosevelt à la fois aux circonstances du moment où elle a été entreprise et aux caractères généraux de la nation et du pays qui en ont été les acteurs. Dans une introduction suggestive il a étudié d'une part ce qu'il appelle les contours de la crise, d'autre part ce qu'il appelle une prise de conscience. Les contours de la crise, c'est le rappel de la situation économique des Etats-Unis au moment — la fin de 1929 — où l'effondrement s'est produit. La pri.ne de conscience, c'est le sentiment intense qu'ont eu les Etats-Unis, à cette époque où leur rêve d'une prospérité indéfiniment croissante s'écroulait, de la gravité des problèmes qu'une confiance juvénile en leur destin leur avait jusque-là cachés. Problèmes d'orientation de leur effort, problèmes de structure, problèmes internationaux, problèmes sociaux. De ceux-ci, dit l'auteur, celui qui choque le plus l'enquêteur étranger est la coexistence de la misère la plus effroyable et du luxe le plus écrasant.

De l'expérience Roosevelt elle-même M. Rosenstock-Franck met en lumière, avec une documentation précise, ce que d'autres études déjà nous apprenaient. D'abord, c'est que les résultats directs en ont été faibles ; c'est pour d'autres raisons surtout que l'économie américaine a repris vigueur. En ce qui concerne notamment l'agriculture, la hausse des prix et l'accroissement du revenu des fermiers ont été dûs moins aux mesures gouvernementales qu'à une heureuse sécheresse qui a diminué la production et permis d'écouler les stocks. Ensuite, c'est qu'il n'est pas possible de transférer en d'autres pays les procédés qui ont pu être employés aux Etats-Unis. Le financement de l'expérience a coûté des sommes énormes ; mais la dette publique était faible, la marge d'emprunt et la marge de fiscalité extrêmement


COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 901

grandes. Marcher à la prospérité par le déficit budgétaire comportait aux Etats-Unis une part d'imprudence, mais qui n'allait pas jusqu'à l'absurdité. Si la différence des conditions américaines et des condidions européennes avait été mieux comprise, cela eût évité à notre pays de risquer une imitation dont les conséquences redoutables sont maintenant sous nos yeux. Il en est de l'art politique comme de l'art médical ; tel remède qui a guéri un patient peut en tuer un autre. La grande affaire est de bien connaître l'état général et de bien comprendre le tempérament du malade que l'on veut guérir ou du pays que l'on prétend conduire.

H. TRUCHY (24 juillet 1937).

OEuvres de Jean Jaurès, Tomes VII et VIII : Europe incertaine, 1908-1911. — Un vol. gr. in-8, 442 p., De la réalité du monde sensible. —Un vol. gr. in-8, 208 p., textes rassemblés et annotés par M. Max BONNAFOUX, Editions.Rieder, Paris, 1937. Les tomes VII et VIII des OEuvres de Jean Jaurès, textes rassemblés, présentés et annotés par M. Max Bonnafoux, professeur à l'Université de Bordeaux, ne le cèdent pas en intérêt aux précédents. Le tome VII — quatrième de la série relative à la politique étrangère — contient les articles et les discours les plus importants de la période déjà critique qui s'étend de 1908 à 1911 : question d'Orient, affaires du Maroc, incident d'Agadir, difficultés avec l'Allemagne. On y suit presque au jour le jour les inquiétudes grandissantes de Jaurès, chez qui l'optimisme était loin d'exclure la clairvoyance, et la persévérance de ses efforts pour préserver à la fois les intérêts bien compris de la France, et la paix que la condition de l'Europe rendait chaque année plus précaire.

Le tome VIII est une réimpression de la Réalité du Monde sensible, dont la seconde édition est complètement épuisée. Cet ouvrage, thèse de doctorat ès-lettres, date de l'époque où Jaurès enseignait la philosophie, d'abord au lycée d'Albi, puis à l'Université de Toulouse. Une fois entré à la Chambre des Députés, l'action politique, l'étude des problèmes sociaux et aussi l'histoire de la Révolution française le prirent tout entier. Xéamoins, il n'a jamais cessé de s'intéresser à la spéculation philosophique, et il y a des raisons de penser que les idées exprimées dans la Réalité du monde sensible, souvent avec une splendeur lyrique, lui sont toujours restées chères.

L. LÉVY-BRUHI. (2 octobre 1937).

Discours. Le ministère Flandin (novembre 1934-mai 1935), par

M. Pierre Etienne FLANDIN. — Un vol. in-8, 252 p., M. R. F. Callimard,

Callimard, 1937.

Le recueil des discours prononcés de novembre 1934 à mai 1935 par M.Pierre Etienne Flandin, vient d'être édité.

Au cours de cette période la crise économique mondiale exerça ses effets sur notre structure avec le maximum d'intensité.


902 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

Une politique financière prudente et qui s'efforçait d'ajuster la dépense aux possibilités des recettes ne réussit pas à obtenir l'équilibre, mais permit d'éviter toute atteinte à la valeur de la monnaie.

Les efforts les plus énergiques étaient faits pour redonner de la vigueur à l'agriculture que les prix, pratiqués sur les marchés extérieurs, avaient effondrés.

Le Président du Conseil et M. Marchandeau, ministre du Commerce, demandaient aux entreprises de s'organiser. Ils ne furent pas écoutés, ni compris.

Les passions politiques ont créé une légende qui laissait croire à une politique étroite de déflation des prix, au cours des années 1934 et 1935. En fait, le programme était plus vaste, plus compréhensif et préparait le retour à une aisance relative, le jour où la crise mondiale aurait cessé d'exercer ses ravages.

Il était bon de dire la vérité, et l'ouvrage de M. le Président Flandin est un document historique d'une valeur certaine. Il offre un in térêt d'une réelle actualité car il faudra bien revenir à l'exécution d'un programme que d'ailleurs M. Georges Bonnet a repris sur le plan financier, avec courage et compétence, et dont les événements démontrent la valeur et la nécessité.

Germain MARTIN (18 septembre 1937).

Dans le creuset des civilisations. — Tome III de l'Affaire Dreyfus au Dimanche rouge à Saint-Pétersbourg. — Un vol. in-8, 236 p., Editions Rieder, Paris, 1937.

M. Tchernoff, avocat à la cour de Paris, vient d'écrire le troisième volume de ses Souvenirs intitulé : « Dans le creuset des civilisations. De l'Affaire Dreyfus au Dimanche rouge à Saint-Pétersbourg ». (Editions Rieder, 1937).

L'Académie se souvient, peut-être, du premier volume de M. Tchernoff « De Nijni Nowgorod à Paris », où le jeune russe est représenté dans sa famille, dans son éducation, dans son besoin de respirer un air moins étouffant que celui de sa Patrie, et dans son arrivée en notre ville de liberté. Le tome deuxième exposait sous ce titre « Le Destin d'un émigré », les premières relations de l'auteur dans le petit monde, si pittoresque, des réfugiés russes à Paris, — ses passages successifs « des hauts sommets aux abîmes de la misère », et comment, par un travail acharné il conquiert le titre de docteur en droit et une maîtrise de conférences à la Faculté d'Aix. Le nouveau volume, qui ne le cède point en intérêt aux précédents, raconte le retour de M. Tchernoff à Paris où il va tenter la difficile carrière du barreau : il n'y est plus un inconnu ; il s'est fait de précieuses relations d'abord dans le monde israëlite, ce qui nous vaut une très curieuse description du judaïsme français, au moment surtout de l'Affaire. Le cercle de ses relations s'étend lorsqu'il publie, d'après les Archives du Ministère de la Justice, ses importants ouvrages sur l'Histoire du


COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 903

Parti républicain et sur les Associations et Sociétés secrètes. Il fréquente Georges Clemenceau, Joseph Reinach, Naquet, Ranc avec lequel il a une longue et intéressante conversation sur les origines de notre troisième république et qui, parlant de Gambetta, a cette forte parole : « Il avait les yeux tournés vers l'avenir. II était optimiste. Or, l'optimisme est une grande force dans la vie ». Présenté à quelques membres de la Confédération générale du travail, il suit avec curiosité le Mouvement syndicaliste, tel qu'il se développe au début du siècle. Mais surtout ses regards sont tournés vers son ancienne Patrie, dont la situation lui est dépeinte comme tragique.

La Russie est en effet en pleine évolution. « Les événements qui se déroulèrent en Russie après le dimanche sanglant du 22 janvier 1905, la procession conduite par le pope Gapoue aboutissant à un massacre, laissaient entrevoir toute la profondeur du mouvement qui avait travaillé les diverses couches de la Société ». Les grèves se multiplient; les Unions ouvrières se forment ; les premiers soviets se constituent, prototypes des conseils des ouvriers, paysans et soldats qui « surgiront sur les décombres de l'ancien régime en 1917 ». Mais aussitôt de brutales et sanglantes réactions se produisent : les persécutions policières, les pogroms au cours desquelles en une semaine trois mille personnes son!, tuées et près de dix mille blessées. Et, suite naturelle, les émigrations se multiplient — toujours vers Paris, et que M. Tchernoff relatera dans la suite de ses Mémoires.

Paul MATTER (16 octobre 1937).

Séances et travaux de l'Union juridique internationale.

12e session, juin 1937. — Un vol. in-8, 112 p. Les éditions internationales, Paris, 1937.

Le volume XII des Séances et Travaux de l'Union Juridique Internationale rend compte de la session que celle-ci a tenue au mois de juin dernier, à Paris.

Les travaux de cette réunion ont été consacrés exclusivement à l'organisation internationale tant de caractère mondial que de caractère continental américain.

Des Rapports remarquables ont été présentés sur la Société des Nations et sur l'opportunité de sa réforme par les Professeurs à la Faculté de Droit, MM. de La Pradelle, Le Fur et Scelle, et sur la nécessité de constituer une Société des nations américaines par M. Yepes. J'ai présenté, moi-même, un Rapport sur « La vie internationale américaine et la solution des grands problèmes contemporains ».

De tous ces Rapports résulte une étude de l'ensemble de l'organisatiou internationale, sous les principaux aspects qu'elle présente actuellement.

Ces travaux de l'Union Juridique Internationale peuvent donc être d'une grande utilité pour les juristes et pour les diplomates qui s'oc-


904 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

cupent de la réforme du Pacte de la Société des Nations ainsi que de la création d'une Société des Nations américaines, ce dernier sujet devant être traité à la Conférence Panaméricaine qui aura lieu à Lima l'année prochaine.

Alejandro ALVAREZ (16 octobre 1937).

Recherches et Documents sur l'Histoire des prix en

France, de 1500 à 1800, par M. Henri HAUSER, correspondant

de l*Ir ititut.

« Recherches et Documents sur l'Histoire des Prix en France de 1500 à 1800 ». Le titre seul du livre indique immédiatement sa grande importance pour l'histoire économique de la France. Il est de M. Henri Hauser.

L'ouvrage comprend des listes de prix pour la région de Paris, la Normandie, l'Anjou, la Bretagne, le Dauphiné, le Sud-Ouest et Nantes. Ces listes de prix portent principalement sur les denrées agricoles : orge, avoine, blé, vin. Elles comportent le calcul de moyennes, le pourcentage d'augmentations par rapport à une année prise comme base, l'équivalence en poids d'argent des différents prix, etc.. Il s'agit là d'un recueil documentaire qui est destiné à rendre les plus grands services aussi bien aux historiens qu'aux économistes.

L'ouvrage est précédé d'une introduction de près de 80 pages dues à la plume de M. Henri Hauser, où sont exposées les méthodes employées et l'esprit dans lequel l'ouvrage a été rédigé. Disons tout de suite qu'il s'agit de la partie française d'une entreprise internationale, menée grâce à la Fondation Rockefeller, parallèlement dans différents pays en vue de fournir la base documentaire à une recherche générale sur les mouvements internationaux des prix.

On connaît les difficultés des recherches de ce genre. Ce n'est pas seulement le poids de monnaie qui change ; ce n'est pas seulement l'unité de compte qui varie, ce sont les unités de poids et la longueur suivant les provinces et les époques.

Il m'est impossible d'indiquer dans un bref compte-rendu les complications et les variétés des calculs et des recherches qu'il a fallu faire pour arriver à unifier sur une base commune l'ensemble de ces données. Le travail n'a pu être mené à bien que grâce à la diligence de M. Hauser, du regretté François Simiand, aidés de la technicité de M. Denuc statisticien de la Statistique générale de la France. Dans son introduction, avec une vivacité juvénile, M. Hauser a consacré quelques pages à opposer les méthodes des économistes et des statisticiens à celle des historiens. Il s'élève non sans vigueur contre la mapie des courbes et des moyennes et il revendique pour l'historien le droit de ne s'intéresser qu'aux prix concrets et individuels.

On excusera l'économiste que je suis de ne pouvoir partager entièrement ses vues, qui heureusement n'enlèvent rien à l'utilité et à l'intérêt des données qu'il nous a fournies lui-même avec tant de soin. Il


COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 905

est à mon avis du plus grand intérêt pour l'historien de connaître les tendances soit de la hausse, soit de la baisse des prix qui se manifestent pendant de longues périodes ; car on sait que ces mouvements sont loin d'être indifférents au développement de la production et même de la technique productive. Les longues périodes de hausse des prix ont en particulier toujours exercé sur l'agriculture un tel effet de stimulant et d'enrichissement, en allégeant la charge des dettes agricoles qu'il n'est nullement indifférent pour l'historien de les connaître ; et nous venons d'assister à une période de baisse des prix dont les répercussions psychologiques dans l'ensemble du monde et tout spécialement en France, sont présentes à tous Iles yeux. Une bonne partie de la crise politique que nous traversons depuis quelques années est certainement due à la mauvaise humeur et à l'aigreur que les baisses prolongées des prix ont introduit dans les budgets familiaux et dans ceux des entreprises. L'étude des longues périodes de prix me paraît donc d'un très grand intérêt, sans contester le moins du monde d'ailleurs que la connaissance des prix individuels locaux et momentanés puisse être sous d'autres rapports d'un très vif intérêt pour l'historien de la vie sociale. D'ailleurs l'ouvrage que M. Hauser vient de mettre sur pied répondra aussi bien aux deux espèces de recherches historiques que je viens de mentionner et l'on ne saurait être assez reconnaissant aux hommes qui l'ont rédigé ainsi qu'à la grande fondation américaine qui a rendu possible un travail collectit aussi délicat et aussi minutieux.

Charles RIST (20 novembre 1937).

Les tendances du pouvoir et de la liberté en France au

XXe siècle, par M. Maxime LKROY, librairie Sirey, 1937.

Tout le monde connaît l'art si personnel avec lequel M. Maxime Leroy traite les questions sociales et politiques.

Il vient d'écrire un livre intitulé « Les tendances du pouvoir et de la liberté en France au xxe siècle. Il est un des rares écrivains d'aujourd'hui qui apporte à l'étude de ces questions, à la fois un esprit parfaitement libre et un don d'exprimer les nuances.et les réalités les plus subtiles de la psychologie sociale. Il ne se contente jamais d'aligner et d'analyser des textes de lois. Le côté réglementaire des institutions le laisse très indifférent. Ce qui l'intéresse c'est de découvrir sous les textes, les réalités psychologiques et politiques qu'ils recouvrent. Il s'apparente par là aux grands écrivains politiques anglais, à des hommes comme Bagehot par exemple (pour ne citer que les morts) qui ont za l'art de mettre au jour le mécanisme réel des institutions trop souvent dissimulé sous l'amoncellement des textes juridiques.

On se rappelle son beau livre sur la « Coutume ouvrière » où était reconstituées avec tant de pénétration les règles non écrites dont s'inspirent dans leurs revendications quotidiennes, et dans leurs organisations les ouvriers syndiqués. Cette même clairvoyance pénétrante,


906 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

M. Maxime Leroy vient de l'appliquer à analyser le fonctionnement réel de la constitution française.

L'ouvrage se compose de deux parties. Dans l'une, l'auteur nous décrit les coutumes constitutionnelles, dans l'autre il nous expose les linéaments de ce qu'on pourrait appeler l'état corporatif tel qu'il apparaît dans ces deux institutions nouvelles que sont la C. G. T. et le Conseil National économique. Les deux parties de l'ouvrage méritent d'être lues et méditées.

En ce qui concerne la seconde, je crains que l'auteur se soit un peu exagéré l'influence du Conseil National économique, et que d'autre part il n'ait pas suffisamment apprécié l'organisation corporative qui tend à s'instituer chez nous sous la double et quotidienne action des industriels en vue d'obtenir des contingents, des droits de douane et des ouvriers en vue d'obtenir des augmentations de salaires. Car il y a entre les deux partis dont l'antagonisme s'affirme bruyamment dans les conflits du travail, une entente tacite en vue de renforcer le protectionisme, une entente qui pourrait amener un retour sur une base nationale des groupements corporatifs que la Révolution avait fait disparaître daus leur forme locale et dispersée. Ainsi nous sommes conduit tout doucement à cette autarcie contre laquelle tout le monde proteste des lèvres et que chacun souhaite eu son propre coeur.

Dans l'étude de la constitution politique française, M. Maxime Leroy invite le lecteur à apprécier le rôle prépondérant que jouent aujourd'hui les grandes commissions parlementaires. Comment ces commissions sont devenues de plus en plus des instruments du gouvernement, comment leurs actions tantôt se conjuguent avec celle de l'administration, tantôt se heurtent en pratique aux doctrines de celle-ci, on en trouvera la description singulièrement vivante dans l'ouvrage de M. Maxime Leroy.

Le grand charme de son livre c'est qu'à chaque page le lecteurest invité à réfléchir et à se poser des questions nouvelles. M. Maxime Leroy a des idées ; et il donne à son lecteur l'impression qu'il est facile d'en avoir. Il n'y a'pas de manières plus subtiles de flatter celui-ci. A notre époque où dans la bataille politique l'instinct et la calomnie sont devenus les armes courantes, son livre donne une impression de salubrité mentale que l'on est heureux de respirer un instant.

Charles RIST (20 novembre 1937).

Un an d'audaces et de contradictions : juin 1936, juin 1937, par M. René THÉRY. — Un vol. in-8, 230 p., Librairie Générale du Droit et de Jurisprudence, Paris, 1937.

M. René Théry, directeur de l'Economiste européen, vient d'écrire : Un an d'audaces et de contradictions : Juin 1936 — Juin 1937.

En juin 1936 a commencé en France une période de changements économiques si rapides et si étendus, qu'il n'y aurait pas beaucoup d'exagération à parler d'un début de révolution, si ce n'était que, jus-


COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 907

qu'à présent, l'ordre au sens purement matériel du mot, l'ordre dans la rue, ce qui n'est pas d'ailleurs la partie substantielle de l'ordre, n'a pas subi d'atteintes irréparables. Ce que M. René Théry a entrepris, c'est de faire le point ; il a voulu résumer les mesures prises, en exposer les résultats à la date de juin 1937, confronter ces résultats avec les grandes espérances proclamées avant le commencement de l'expérience et même encore dans ses premières phases. Faire le point est une tâche difficile, nécessaire cependant, comme l'est la présentation d'un bilan dans toute entreprise humaine, et c'est une tâche qui, par définition, ne peut fournir que des données provisoires. M. René Théry a procédé méthodiquement, examinant d'abord les innovations sociales puis ce qu'il appelle les hésitations économiques, expression d'une précision rigoureuse, puisque sur les points les plus importants de la politique économique, politique fiscale, politique commerciale, politique monétaire, politique financière, il y a beaucoup plus de contradictions que de continuité dans ce qui a été essayé ou réalisé depuis le mois de juin 1936. Enfin il a exposé les résultats en économie sociale, en économie privée, en économie publique.

La tenue de l'ouvrage, la précision et le choix judicieux des données qui en forment la base, sont ce qu'on devait attendre d'un homme qui joint à son expérience de publiciste obligé de suivre jour par jour la marche des faits, une forte culture économique et juridique. En une matière qui est prise aux points les plus sensibles de nos controverses politiques, l'auteur s'est gardé de tout vain esprit de polémique, mais ses conclusions sont loin d'être optimistes et elles sont sévères.

Il y a quelques mois un document émanant d'un des comités de la S. D. N. constatait que dans un monde où la reprise économique était alors générale, seule la France restait au point mort. Depuis, une crise que certains experts se plaisent à qualifier de mineure a fait son apparition. Cela n'est pas une consolation pour nous, car nous aurons d'autant moins de chances de démarrer à notre tour que les autres pays seront embourbés ; une crise, fût-elle mineure et point trop longue, sera pour notre pays une difficulté de plus. Un énorme déficit budgétaire, un crédit public surmené, une charge fiscale écrasante, une production stationnaire, sinon déclinante, une épargne apeurée qui a perdu confiance en la monnaie où on lui conseille de l'investir, ce n'est pas matière à se réjouir et à se congratuler. M. René Théry trouve dans les qualités foncières de notre race des raisons d'espérance et je dirai avec lui que c'est un devoir national, au moment où nous sommes, que d'espérer. Mais un acte de foi dans les destinées du pays ne doit pas être le voile d'illusions qui nous cacherait la dure réalité et qui nous détournerait d'agir, car alors tout motif raisonnable d'espérer serait bientôt et brutalement enlevé.

Henri TRUCHY (20 novembre 1937).


908 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

L'Afghanistan, par M. René DOLLOT. — Un vol. in-8, 320 p. Payot, Paris, 1937.

L'auteur du livre remarquable consacré à l'Afghanistan par M. René Dollot, Ministre Plénipotentiaire, fut, durant de nombreuses années, mon collaborateur dévoué au cours de ma longue mission en Italie. Dans les postes consulaires de Venise, de Milan et finalement de Trieste, M. Dollot a fait la plus grande partie d'une brillante carrière, et je me plais à rendre hommage aux services qu'il a rendus à son pays.

En quittant l'Italie, M. Dollot fut envoyé comme Ministre de France en Afghanistan en résidence à Caboul. On verra par la lecture de son oeuvre qu'il n'y a pas perdu son temps. Ce n'est pas seulement une histoire de ce curieux et mystérieux pays qu'écrit notre auteur : c'est le tableau de ses moeurs, de sa vie intime, de sa psychologie. M. Dollot ne fait pas, Dieu merci, de l'histoire romancée ; il évoque d'une plume experte la vie morale et matérielle d'un peuple qui appartient à un autre âge. En lisant son ouvrage, on constate que M. Dollot a conservé la faculté d'écrire autre chose que des rapports officiels.

Camille BARRKRE (27 novembre 1937).

Supplément aux ententes économiques et financières,

par M. J. TCHERNOFF. — Un vol. in- 8, 120 p. Librairie du Recueil Sirey, Paris, 1937.

L'évolution de la jurisprudence et de la législation, ainsi que l'analyse des projets de lois déposés depuis la date de la publication de l'étude principale qui a paru en 1933, s'y trouvent contenues.

L'auteur a jugé nécessaire cette mise au point, mais il se garde, en raison des circonstances actuelles, de la considérer comme définitive.

Albert BUISSON (27 novembre 1937).

Le secret des Compagnons, par M. Henri POURRAT. — Un vol. in-8, 254 p. Nouvelle Revue Française, Paris, 1937.

Les secrets et la sagesse des artisans de campagne, dont le premier est le paysan, se trouvent décrits avec un rare bonheur de pensée et un sens aigu d'observation dans : Le secret des Compagnons, de M. Henri Pourrat.

L'auteur nous intéresse aux travaux de douze artisans, du bergervannier au scieur de long, du potier au maître-papetier, qui fabrique encore à la main la feuille blanche.

Il nous montre la lente formation de leur expérience, le cheminement de leur pensée, mûrie par un contact permanent avec les choses de la nature.

Plus heureux que le travailleur d'usine, l'artisan peut comprendre et aimer sa tâche. De sa patiente observation des forces naturelles, résulte chez lui ce bon sens, qui fait défaut si souvent à l'homme des


COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 909

villes, et qui est fait de soumission et de confiance dans ces forces, avec lesquelles il .compose, il négocie, mais qu'il n'essaie point de transgresser.

L'auteur pense qu'une des tâches les plus urgentes de notre Société moderne serait de rendre à chacun le goût et l'amour du travail, de son travail.

« Il faudra bien, écrit-il, qu'on refasse du travail ce que certains hommes en avaient fait, de sorte que le travail en faisait véritablement des hommes... Ce serait à désespérer de tout progrès technique, si l'on n'arrivait pas à quelque organisation industrielle qui réconcilie l'homme et le travail...

« Tout a changé, mais ce qui ne change pas, c'est l'homme et son sang. Il faudra toujours que le métier reste un état pour lui, et le travail sa vie, sa joie première, et même que dans les loisirs il trouve quelque chose de plus grand que la joie ».

Albert BUISSON ( 27 novembre 1937).

Psychologie des niasses, par M. André JOUSSAIN.— Un vol. in-8, 214 p. Flammarion, Paris, 1937.

Le livre de M. André Joussain, agrégé de philosophie, docteur èslettres, lauréat de l'Institut, vient de paraître dans la « Bibliothèque de Philosophie Scientifique » sur la « Psychologie des masses ».

Les masses ont pris une importance croissante dans la vie politique des peuples. La guerre 1914-1918 où les nations se sont affrontées avec toutes leurs forces, où la supériorité industrielle a été une des causes déterminantes de la victoire, a attesté cette prépondérance des masses, les révolutions contemporaines l'ont affirmée plus nettement sncore. Les dictatures de Lénine, de Mussolini, de Hitler, se sont imposées au nom des masses et par elles.

Cette prépondérance brutale des masses se justifie-t-elle, ou doitelle avoir pour résultat l'effondrement de la civilisation chrétienne, humaniste et scientifique qui est le nôtre ? Pour répondre à cette question, faire la Psychologie des masses est nécessaire.

C'est ce qu'a fait M. André Joussain, psychologue et sociologue, préparé à sa tâche par ses études sur les passions humaines, sur la psychologie des peuples, sur la philosophie des révolutions, il a condensé dans sa « Psychologie des masses » les résultat de recherches poursuivies pendant près de quinze ans.

Après avoir mis en lumière la différence qui existe entre les masses et les foules, il fait ressortir ce qu'il y a de commun à la psychologie des unes et des autres en même temps que l'influence exercée par les masses sur l'individu. En s'appuya nt sur de nombreux faits empruntés à l'histoire des divers peuples et aux événements contemporains, il décrit la crédulité et l'incrédulité des masses, leur esprit simpliste, leur facilité à se laisser persuader et la difficulté qu'on éprouve aies convaincre, le jeu des tendances qui s'opère chez elles, le caractère pro-


910 ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

pie de leurs réactions, etc., — Ayant ainsi analysé l'âme des masses, l'auteur cherche à déterminer la logique à laquelle elles obéissent, la nature des concepts qu'elles forment, la manière dont elles raisonnent et dont elles interprètent leurs propres expériences.

Après les analyses psychologiques, viennent les constatations sociologiques. M. André Joussain recherche comment l'influence des masses s'est exercée différemment à diverses périodes de l'histoire et comment elle tend de nos jours à devenir prépondérante. Il montre comment les caractères de la « Psychologie des masses », tels qu'ils ressortent de ses analyses, expliquent ceux des diverses révolutions contemporaines.

Paul GAOLTIBR (27 novembre 1937).

La Magistrature sous la Monarchie de juillet, par M. Marcel ROUSSELET. — Un vol. in-8, 498 p., Librairiedu Recueil Sirey, Paris, 1937.

L'Affaire du duc de Praslin et la Magistrature, par

M. Marcel ROUSSELET. — Un vol. in-8, 86 p.. Librairie du recueil

Sirey, Paris, 1937.

M. Marcel Rousselet, vient d'écrire deux volumes, l'un sur la Magistrature sous la Monarchie de juillet, l'autre sur l'Affaire du duc de Praslin et la Magistrature.

Pour un magistrat lettré, c'est une heureuse consécration de ses soirées que de fréquenter ses anciens, de longtemps disparus, de les étudier dans des documents parfois inédits, puis de les faire revivre dans leurs milieux professionnel et personnel. Ainsi fit M. Rousselet, actuellement juge d'instruction à la Seine. Quand il était Procureur de la République en province, il a consacré ses loisirs à reprendre les dossiers de tous les magistrats importants de la Monarchie de juillet, à lire les livres qu'ils ont écrits (et beaucoup avaient des lettres), de compulser les mémoires du temps, les papiers de famille, le bel ouvrage de Thureau-Dangin, et terminé ce travail préparatoire, il a commencé la rédaction de deux volumes destinés à servir de thèses eu Sorbonne pour le doctorat ès-lettres. Nommé substitut à la Seine, puis juge d'instruction, il n'avait plus guère de loisirs, mais il a pu mettre la dernière main à son travail et, son doctorat passé, le publier à la Librairie Sirey.

Le livre sur la Magistrature sous la Monarchie de juillet est remarquablement fouillé et documenté : il n'y est alinéa qui ne comporte une note bibliographique à l'appui. Mais cette précision du détail ne fait aucun tort à l'ensemble et le volume est d'une lecture agréable tant est bien présenté le récit et coulant le style. Ainsi constitue-t-il un véritable tableau d'une fraction importante de la société française au temps du roi Louis-Philippe : moins réservées et formant moins « clan » que la magistrature de la Restauration, les compagnies judiciaires de 1830-1848 sont d'aspect grave, austère malgré quelques défait-


COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 911

lances mêlées à la grande bourgeoisie où elles se recrutent. A suivre M. Rousselet, on rencontre des hommes très dignes, un peu hautains .sur leurs sièges que trois marches symboliques élèvent au-dessus du « vulgaire troupeau » ; puis dans leur privé, menant une existence aimable et fin de famille ou de bonne compagnie ; enfin dans leurs propriétés de campagne où ils demeurent les conseils naturels de leurs métayers : je connais encore maints magistrats pareils ; M. Rousselet aussi et c'est pourquoi il les a si bien dépeints.

Le volume sur l'Affaire du duc de Praslin, qui est de moindre importance, examine la question qui fut posée après le suicide de l'assassin : les magistrats du Parquet et de l'instruction ont-ils commis quelque faute durant leur courte information? M. Rousselet, en toute conscience, conclut que ses collègues, — d'il y a 90 ans, — n'ont commis ni erreur ni négligence : s'il y en a eu, c'est de la part du chancelier Pasquier, qui a hésité, tergiversé, tant et si bien que le duc de Praslin a eu le temps et la possibilité de se donner la mort, d'où des légendes sur son évasion. La conclusion de M. Rousselet me paraît s'imposer : c'est le langage de la saine raison.

Ce sont ici deux livres d'excellente histoire.

PAUL MATTKR (11 décembre 1937).


TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES

(Année 1937).

AVIS POUR LES RECHERCHES Voir les prix à : Rapports sur les concours.

ABREVIATIONS.

M. T. — Membre titulaire.

M. L. — Membre libre.

A. E. — Associé étranger.

C. — Correspondant.

M. I. — Membre de l'Institut.

C. I. —Correspondant de l'Institut.

+. — Mort.

Comtn. — Communication.

Conc. — Concours.

G.-R. — Compte-rendu. M. H. — Mention honorable. Mém. — Mémoire. Ms. — Manuscrit. Ouvr. — Ouvrage. P. —Page. Rapp. — Rapport. Récomp. — Récompense. V. — Voyez.

A

Abyssinie (La Mer Rouge, 1') et l'Arabie depuis l'Antiquité. — Ouvr. de M. Albert Kammerer, prix Hercule Catenncci, 1937, p. 771 et 879.

Action (L*). — Ouvr. de M. Maurice Blondel, C.-R. par M. Léou Brunschvicg, p. 310.

Activité (Le sens biologique et le sens social de 1') artistique. —Comin., par M. Zygmunt 1-. Znleski, p. 669.

Activité (L') économique en France de la fin du XVIII' siècle à nos jours.

— Ouvr. de M. Achille Viallatte, C.-R. par M. André Liesse, p. 316. Adam (Charles), M. L. — Rapp. sur les Bourses triennales à attribuer en

1936, p. 138. — Rapp. sur le conc. pour le prix Corbay, à décerner en 1937, p. 875. Administration (L') du département d'Indre-et-Loire, de 1790 à 1792.

— Ouvr. de M. Louis Boucheron, C.-R. par M. Henry Berthélemy, p. 476.

Adoption familiale des Orphelins de la mer. — Récomp. sur le prix François-Joseph AudifTrcd (dévouement) 1937, en la personne de son secrétaire général, le R. P. Eutrope Chardavoine, p. 614 et 872.

Adriatique (Danube et). — Ouvr. de M. (ï. Demorgny, M. très H. sur le prix Joseph du Teil, 1936, p. 136.


TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 913

Affaire (L') du duc de Praslin et la magistature. — Ouvr. de M. Rousselet, C.-R. par M. Matter, .p. 910. Afghanistan (L'). — Ouvr. de M. René Dollot, C.-R. par M. Camille Barrère,

Barrère, 908. Afrique (L') nous a conté. — Ouvr. du Dr Maurice Rollet, prix Lucien de

Reinach, 1937, p. 436, 438 et 609. Afrique (La vie des animaux sauvages de 1'). — Ouvr. du Dr Emile Gromier,

Gromier, sur le prix Lucien de Reinach, 1937, p. 437, 438 et 609. Alazard (Jean). — La croissance d'Alger de 1918 à nos jours, p. 72. Albert (Le roi) chef d'Etat. — Comm. faite à la séance publique annuelle

de l'Académie, le 18 décembre 1937, par le comte Carton de Wiart,

p. 850. Albert-Petit (A.), M. T. — Notice sur la vie et les travaux d'Alfred Rébelliau,

Rébelliau, 321.

— C.-R. de l'ouvr. de M. R. Crozet : Histoire de l'Orléanais, p. 156.

— C.-R. de l'ouvr. de M. Welter : La guerre civile en Russie, p. 159.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Henri Pensa, Les moeurs de jadis, d'après les

sentences de justice, p. 468. Alexandre Ier, le roi chevalier. — Ouvr. de MM. Augarde et Sicard, prix

Paul-Michel Perret, 1936, p. 132 et 134. Alger (La croissance d') de 1918 à nos jours. — Comm. par M. Jean

Alazard, p. 72. Allemagne (L') fera-t-elle sombrer l'Europe ? — Ouvr. de M. Paul Valayer,

Valayer, par M. Jean Lépine, p. 477. Allemagne (Sarre et son rattachement à 1'). — Ouvr. de M. Jacques Maupas,

M. très H. sur le prix Drouyn de Lhuys 1936, p. 129. Alliance (L') Franco-Russe. — Ouvr. du baron Boris Nolde, prix Drouyn

de Lhuys, 1937, p. 744 et 772. Allix (Edgard), M. T. — C.-R. de l'ouvr. de M. Roger Picard : Formes et

méthodes nouvelles des entreprises commerciales, p. 160.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Louis Le Fur : Règles générales du droit de la paix, p. 296.

Alvarez (Alejandro), A. E. — Exposé des motifs et déclaration du Droit international moderne, p. 156.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Robert Redslob, Les principes du Droit des gens

moderne, p. 467.

— C.-R. d'un ouvr. de M. .1. M. Yepes : Le panaméricanisme au point de vue

historique, juridique et politique, p. 314.

— C.-R. des Séances et travaux de l'Union juridique internationale, {juin

1937), p. 903. Ami (Un) bordelais de Montesquieu. — Comm. par M. Paul Courteault,

p. 229. -An (Un) d'audaces et de contradictions : Juin 1936-Juin 1937. — Ouvr.

de M. René Théry, C.-R. par M. Henri Truchy, p. 906. Ancel (Jacques). — Manuel géographique de politique européenne, T. I :

L'Europe centrale, prix Joseph du Teil, 1936, p. 135 et 136. André (Louis). — Les sources de l'histoire de France, XVII' siècle, C.-R.

par M. S. Charléty, p. 153. Annuaire de l'Institut international de Droit Public, 1936. — C.-R. par

M. Henry Berthélemy, p. 298. Annuaire pour 1935 de l'Institut scientifique français de Tartu. — Ouvr.

de M. Rudrauf, C.-R. par le baron Seillière, p. 150. Annuaire (La vie politique et constitutionnelle des Peuples) Interparlemen58

Interparlemen58


914 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

taire 1937. — Ouvr. publié par MM. Boissier, Mirkine-Guetzévitch,

Laferrière, André Pierre et Akzini, C.-R. par M. Henry Barthélémy,

p. 471. Arabie (La Mer Rouge, l'Abyssinie et 1') depuis l'Antiquité. — Ouvr. de

M. Albert Kammerer, prix Hercule Catenacci, 1937, p. 771 et 879. Ardéche (La pénétration des idées nouvelles en) au début de la Monarchie

de Juillet. — Ouvr. de M. Jean Régné, C.-R. par M. André Siegfried,

p. 158. Armand-Delille (D' P.-F.). — Le rôle de l'éducation en plein air dans la

formation morale de la jeunesse, p. 554. Arnavon (Jacques). — Molière, la médecine et l'obligation morale, p. 401. Art (L') au Moyen-Age. — Ouvr. de MM. Louis Réau et Gustave Cohen,

prix Chaix d'Est Ange, 1936, p. 126 et 127. Art et Science dans la philosophie française contemporaine. — Ouvr. de

M. Joseph Segond, C.-R. par M. André Lalande, p. 462. Asie (Unité de Y). — Ouvr. de M. André Dubosc, C.-R. par le baron

Seillière, p. 150.

Assemblées (Les) provinciales de 1787 en Tour aine. — Ouvr. de M. Louis Boucheron, C.-R. par M. Henry Berthélemy, p. 476.

Assistance par le Travail (Fondation Mamoz). — Prix Jules Audéoud en la personne de son président, M. Henri Kastler, p. 580 et 610.

Association d'hygiène sociale antituberculeuse d'Asnières-Bois Colombes. — Prix Corbay, 1937, en la personne de son président, M. René Tessier, p. 615.

Association des Dames du Calvaire de Paris. — Prix Marie Laurent, 1937, en la personne de sa présidente, la comtesse Guy de la Rochefoucauld, p. 581 et 610.

Associés (Les) britanniques de l'Académie des Sciences morales et politiques au cours du dernier siècle. — Comm. faite par le baron Seillière à la séance publique annuelle de l'Académie, le 18 décembre 1937, p. 837.

Audaces (Un an d') et de contradictions : Juin 1936-Juin 1937. — Ouvr. de M. René Théry, C.-R. par M. Henri Truchy, p. 906.

Augarde (Jacques) et Sicard (Emile). — Alexandre I", le roi chevalier, prix Paul-Michel Perret, 1936, p. 132 et 134.

Aupetit (Albert), M. T. — Rapp. sur le conc. pour le prix Biaise des Vosges, à décerner en 1937, p. 886.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Lucien de Reinach, à décerner en 1937, p. 435.

Autarchie (Le circuit économique. Libéralisme ou). — Ouvr. de M. Ferdinand Grûnig, traduit par M. Gaèl Fain, C.-R. par M. Henri Truchy, p. 782.

Autriche (La République de Gênes et la France pendant la guerre de la Succession d'Autriche). — Ouvr. de M. G. Broche, prix Drouyn de Lhuys 1936, p. 128.

Avesnes (Les notables d') au XVIe siècle et la famille de Forest. — Ouvr. de M. Michel Missoffe, C.-R. par M. Alexandre Millerand, p. 782.

Azam (Mme Denise). — Dupont de Nemours, honnête homme ; prix Jules et Louis Jeanbernat et Barthélémy de Ferrari Doria, 1937, p. 753 et 776.


TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 915

B

Babbîtt (Humanism and naturalism, a comparative study of Ernest

Seillière, Irving) and Paul Elmer More. — Ouvr. de M. Folke Leander,

C.-R. par le baron Seillière, p. 312. Baccalauréat (Le). — Ouvr. de M. J. B. Piobetta, C.-R. par M. S.Charléty,

p. 779. Bâle (Les chapitres ruraux des anciens évéchés de Strasbourg et de). —

Ouvr. de M. l'abbé Burcklé, prix Jacques Flach, 1936, p. 130 et 131. Bardoux (Jacques), M. T. — Allocution prononcée à l'occasion du décès de

M. le baron Albéric Rolin, Correspondant de l'Académie, p. 117.

— Allocution prononcée à l'occasion du décès de M. Alfred Stern, Correspondant

Correspondant l'Académie, p. 271.

— Allocution prononcée à l'occasion du décès de M. Gaston Doumergue,

p. 430.

— Allocution prononcée à l'occasion du décès de M. Henri Capitant, p. 727.

— Allocution prononcée à l'occasion du décès de M. Thomas Garrigue Masaryk.

Masaryk. Etranger de l'Académie, p. 729.

— Allocution prononcée à l'occasion du décès de l'Honorable Rodolphe Lemieux,

Lemieux, Etranger de l'Académie, p. 866.

— Discours prononcé lors du renouvellement du bureau de l'Académie pour

1937, comme président sortant, p. 112.

— Discours prononcé lors de la séance publique annuelle de l'Académie, le

18 décembre 1938, p. 817.

— C.-R. de l'ouvr. de MM. André Morillot, Paul Coroze et Emmanuel Morand,

Morand, occupations d'usines et leurs conséquences juridiques, p. 301.

Baronnes (Jean). — Un homme de loi pendant la Révolution, le girondin Barennes, C.-R. par le baron Seillière, p. 314.

Barennes (Un homme de loi pendant la Révolution, le girondin). — Ouvr. de M. Jean Barennes, C.-R. par le baron Seillière, p. 314.

Barrère (Camille), M. L. — C.-R. d'un ouvr. de M. René Dollot, Y Afghanistan, p. 908.

Barthélémy (Joseph), M. T. — C.-R. d'un ouvr. de M. Niceto Alcala Zamora, Los defectos de la Constitucion de 1931, p. 147.

— C.-R. d'un ouvr. de M.William E. Rappard, L'individu et l'Etat dans

l'évolution constitutionnelle de la Suisse, p. 316.

— C.-R. de la Revue d'Histoire politique et constitutionnelle, (janvier-mars

1937), p. 315.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Odilon Barrot, à décerner en 1937, p. 735. Bataille (La) de la Somme en 1916. — Ouvr. du général Georges Girard,

C.-R. par M. Henry Berthélemy, p. 474. Baudin (Louis), C. — Le crédit social, p. 538.

— Les illusions du crédit, C.-R. par M. Henri Truchy, p. 466.

— La monnaie et la formation des prix, lre partie, C.-R. par M. Henri Truchy,

p. 464.

— Prix Limantour 1937, p. 762 et 775.

Beauvois (Soeur). — Prix Maisondieu, 1937, en tant que directrice de la

« Maison de charité », p. 765 et 776. Bennezon (Pierre). — Bourse triennale 1936, p. 139, Benoit-Lévy (Georges). — Prix Biaise des Vosges 1937, pour son Mém.

ayant pour devise : « Le bonheur, c'est une bibliothèque dans le silence

d'un jardin », p. 897.


916 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

Berge (André). — Education familiale, prix Joseph Saillet, 1937, p. 443, 444

et 615. Berger (M"e Lya). — Le vaste champ du célibat féminin, récomp. sur le prix

Tanesse, 1937, p. 768 et 776. Berger-Créplet. — Profils littéraires, C.-R. par M. Léon Brunschvicg,

p. 151. Bernard (Abbé). — Au pays de Montmageur, prix Chaix d'Est Ange,

1936, p. 124.

Berthélemy (Henry), M. T. — C.-R. de L'Annuaire de l'Institut International de Droit Public, 1936, p. 298.

— C.-R. d'un ouvr. de MM. Boissier, Mirkine-Guetzévitch, Laferriêre, André

Pierre et Akzini, La vie politique et constitutionnelle des Peuples : Annuaire Inierparlcmentaire 1931, p. 471.

— C.-R. de deux ouvr. de M. Louis Boucheron : L'administration du département

département de 1790 à 1792. Les Assemblées provinciales de 178? en Touraine, p. 476.

— C.-R. de l'ouvr. du général Georges Girard, bataille de la Somme en

1916, p. 474.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Louis Le Fur, /.es grands problèmes du Droit,

p. 781.

— Rapp. sur le conc. pour la Bourse Maurice Block à décerner en 1936,

p. 121.

Biancani (Dr Hugo). — Prix Maisondieu 1937, en tant que secrétaire général de l'associntion « Lumière et Santé », p. 765 et 776.

Bibliothèque Marie-Louise Bougie. — Récomp. sur le prix Tanesse 1937, en la personne de sa secrétaire générale, M"e Henriette Sauret, p. 769 et 776.

Blanchard (Marcel). — Essais historiques sur les premiers chemins de fer du midi languedocien et de la vallée du Rhône, M. H. avec médaille sur le prix Limantour 1937.

Blondel (Maurice), C. — L'action, C.-R. par M. Léon Brunschvicg, p. 310.

Boichut (général). — Sur la deuxième conquête de la Franche-Comté par IMIÙS XIV (/674). - C.-R. par le baron Seillière, p. 313.)

Bonnafoux (Max). — A publié les OEuvres de Jean Jaurès, Tome VII et VIII ; Europe incertaine, 1908-1911 ; De la réalité du monde sensible, C.-R. par M. L. Lévy-Bruhl, p. 901.

Boùard (Michel de). — Une nouvelle encyclopédie médiévale : Compendium philosophioe, M. très H. avec médaille sur le prix Gabriel Monod, 1937, p. 590 et 616.

Boucheron (Louis). — L'administration du département d'Indre-et-Loire, de 1790 à 1792, 2 recueils, et Les Assemblées provinciales, de 1787 en Touraine, 1 recueil, C.-R. par M. Henry Berthélemy, p. 476.

Bourgin (Georges). — L'Etat corporatif en Italie, prix Chaix d'Est Ange,

1937, p. 743 et 772.

Brive La Gaillarde, (Le consulat de). — Ouvr. de M. Delsol, prix Gabriel Monod 1937, p. 588, 590 et 616.

Broche (G. E.). — La République de Gênes et la France pendant la guerre de Succession d'Autriche, prix Drouyn de Lhuys 1936, p. 128 et 129.

Brunschvicg (Commentaire sur la conversion spirituelle dans la philosophie de L.). — Ouvr. de M. A. Cochet, C.-R. par M. André Lalande, p. 468.

Brunschvicg (Léon), M. T. — C.-R. d'un ouvr. de Maurice Blondel : L'action, p. 310.


TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 917

— C.-R. de l'ouvr. de M. Berger-Créplet, Profils littéraires, p. 151.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Jules Audéoud, à décerner en 1937,

p. 579.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Louis Liard, à décerner en 1937, p. 597.

— Rapp. sur le conc. pour la bourse Rodocanachi, à attribuer en 1936.

p. 137. Brzeski (Thadée). — Homogénéité (L*) de l'évolution économique, p. 255. Buisson (Albert), M. T. — Notice sur la vieet les travaux de M. Lyon-Cacn,

p. 481.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Henri Pourrat, Le secret des Compagnons, p. 908.

— C.-R. d'un ouvr. de M. J. Tchernoff, Supplément aux ententes économiques

économiques financières, p. 908.

Bulletin des séances :

— Séances de novembre 1936, p. 140.

— Séances de décembre 1936, p. 142.

— Séances de janvier 1937, p. 283.

— Séances de février 1937, p. 291.

— Séances de mars 1937, p, 454.

— Séances d'avril 1937, p. 457.

— Séances de mai 1937, p. 608.

— Séances de juin 19117, p. 612.

— Séances de juillet 1937, p. 770.

— Séances de septembre 1937, p. 893.

— Séances d'octobre 1937, p. 895.

Burcklé (Abbé Jean). — Les chapitres ruraux des anciens êvèchés de Strasbourg cl de Bâle, prix Jacques Flach, 1936, p. 130 et 131.

C

Camorra, (Les sociétés secrètes italiennes: Les Carbonari, la) la Mafia. — Ouvr. de M. Albert Falcionelli, prix Paul-Michel Perret, 1937, p. 748 et 773.

Capital (Participation du travail et du) au revenu national et aux charges

fiscales en Hongrie. — Comm. par M. Frédéric de Fellner, p. 42. Capitant (Henri), M. T. -f. — Allocution prononcée à l'occasion de son décès par M. Jacques Bardoux, p. 727.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Jean Escarra : Le Droit chinois, p. 300.

— C.-R. d'un ouvr. de MM. E. Glasson, Albert Tissier et de René Morel :

Traité théorique et pratique d'organisation judiciaire, de compétence et de procédure civile, p. 319.

Carbonari (Les sociétés secrètes italiennes : les), la Camorra, la Mafia.

— Ouvr. de M. Albert Falcionelli, prix Paul Michel Perret, 1937, p. 748

et 773. Carbonnier (Jean). — Prix Odilon Barrot 1937, pour son mém. ayant pour

devise : Le préjugé est souvent le fruit d'une raison qui s ignore parce

qu'elle a perdu ses titres historiques, p. 614. Carton de Wiart (comte), A. E. — Allocution prononcée aux funérailles

de M. le baron Albéric Rolin, Correspondant de l'Académie, p. 119.

— Le roi Albert chef d'Etat, comm. faite à la séance publique annuelle de

l'Académie, le 18 décembre 1937, p. 850.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Gaston Colle, Les Eternels. Mélanges de philoso

phie et de critique, p. 623.


918 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

Chapitres (Les) ruraux des anciens évéchés de Strasbourg et de Bâle.

— Ouvr. de M. l'abbé Burcklé, prix Jacques Flach, 1936, p. 130 et 131. Cauboue (Pierre). — La pratique des opérations financières en banque, C.-R.

par M. André Liesse, p. 158. Cavelier (Portrait de) de La Salle. — Comm. par M. Gabriel-Louis Jaray,

p. 420. Chabaud (Alfred). — Mémoires de Barbaroux, prix Paul-Michel Perret, 193,7,

p. 749 et 773. Chanlaine (Pierre). — Le chemin de Saint-Hélène, M. très H. sur le prix

Paul-Michel Perret, 1936, p. 132 et 134. Chapuisat (Edouard). — L'évolution politique de la Suisse, p. 85.

— Le général Dufour, prix Joseph du Teil, 1937, p. 750 et 773. Chardavoine (R. P. Eutrope). — Récomp. sur le prix François-Joseph

Audiffredf dévouement) 1937, en tant que secrétaire général de l'oeuvre de

« l'Adoption familiale des Orphelins de la mer », p. 614 et 872. Charente (La conscription dans le département de la), 1798-1807. — Ouvr.

de M. Vallée, prix Chaix d'Est Ange 1837, p. 742 et 772. Charléty (Sébastien), M. T. — C.-R. d'un ouvr. de M. J. B. Piobetta, Le

Baccalauréat, p. 779.

— C-R. d'un ouvr. Ordonnances des Rois de France, Tome V, 2" partie (1528-1529), p. 306.

— C.-R. d'un ouvr. de M.Louis André : Les sources de r histoire de France,

XVII' siècle, p. 153.

Chemins de fer (Essais historiques, sur les premiers) du midi languedocien et de la vallée du Rhône. — Ouvr. de M. Marcel Blanchard, M. H. avec médaille, sur le prix Limantour 1937, p. 761, 762 et 776.

Chemin (Le) de Sainte-Hélène. — Ouvr. de M. Pierre Chanlaine, M. très H. sur le prix Paul-Michel Perret. 1936, p. 132 et 134.

Chérel (A.), C. — Méthodes et aspects de l'histoire littéraire, p. 19.

Circuit (Le) économique. Libéralisme ou autarchie. — Ouvr. de M. Ferdinand Grûnig, traduit par M. Gaêl Fain, C.-R. par M. Henri Truchy, p. 782.

Citoleux (Marc). — Le vrai Montaigne, théologien et soldat, C.-R. par le baron Seillière, p. 469.

Civilisations (Dans le creuset des). — Tom« II : Ijt destin d'un émigré et Tome III :De l'Affaire Dreyfus au Dimanche rouge à Saint-Pétersbourg, Ouvr. de M. Tchemoff, C.-R. par M. Paul Matter, p. 623 et 902.

Cochet (MMe Marie-Anne). — Commentaire sur la conversion spirituelle dans la philosophie de L. Brunschvicg, C.-R. par M. André Lalande, p. 468.

Cohen (Gustave) et Réau (Louis). — L'Art au Moyen-Age, prix Chaix d'Est Ange, 1936, p. 126 et 127.

Colle (Gaston). — Les Eternels. Mélanges de philosophie et de critique, C.-Rpar le comte Carton de Wiart, p. 623.

Colonial (Du facteur maritime et) dans la nation. — Comm. par M. Alfred Jacobson, p. 677.

Commentaire sur la conversion spirituelle dans la philosophie de L. Brunschvicg. — Ouvr. de M 11» Marie-Anne Cochet, C.-R. par M. André Lalande, p. 468.

Comissions de l'Institut pour 1937. — V. p. 142.

Commissions mixtes pour 1937. — V. p. 143.

Compagnons (Le secret des). — Ouvr. de M. Henri Pourrat, C.-R. par M. Albert Buisson, p. 908.

Compendium philosophie : Une nouvelle encyclopédie médiévale. — Ouvr.


TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 919

de M. de Boûard, M. très H. avec médaille sur le prix Gabriel Monod,

1937, p. 590 et 616. Condillac (La Psychologie de). — Ouvr. de M. Georges Le Roy, C.-R. par

M. André Lalande, p. 471. Conjoncture (Les origines et le caractère de la) économique actuelle. —

Comm. par M. Bertrand Nogaro, p. 382. Connaissance (La) sensorielle et les problèmes de la vision. — Ouvr. de

M. Henri Piéron, C.-R. par M. André Lalande, p. 154. Conscription (La) dans le département de la Charente, 1798-1807. —

Ouvr. de M. Vallée, prix Chaix d'Est Ange, 1937, p. 742 et 772. Consommateur (Le) et les formes modernes du commerce de détail. —

Comm. par M. Ernest Mahaim, p. 201. Constitncion (Los defectos de la) de 1931. — Ouvr. de M. Niceto Alcala

Zamora, C.-R. par M. Joseph Barthélémy, p. 147. Constitutionnelle (L'individu et l'Etat dans l'évolution) de la Suisse. —

Ouvr. de M. William Rappard, C.-R. par M. Joseph Barthélémy, p. 316. Consulat (Le) de Brive la Gaillarde, essai sur l'histoire politi'qSie et

administrative de la ville avant 1789. — Ouvr. de M. Delsol, prix Gabriel Monod 1937, p. 588, 590 et 616. Conversion (Commentaire sur la) spirituelle dans la philosophie de

L. Brunschvicg. — Ouvr. de Mlle M.-A. Cochet, C.-R. par M. André

Lalande, p. 468. Coroze (Paul), Morillot (André) et Morand (Emmanuel). — Les occupations

d'usines et leurs conséquences juridiques, C.-R. par M. Jacques Bardoux,

p. 301. Corporatif (L'état) en Italie. — Ouvr. de M. Georges Bourgin, prix Chaix

d'Est Ange, 1937, p. 743 et 772. Courteault (Paul), C. — Un ami bordelais de Montesquieu, p. 229. Crédit (Les illusions du). — Ouvr. de M. Louis Baudin, C.-R. par M. Henri

Truchy, p. 466. Crédit (Le) social. — Comm. par M. Louis Baudin, p. 538. Creuzé-LatOUChe (Un révolutionnaire très conservateur. — Ouvr. de

M. Marcel Marion, C.-R. par lui-même, p. 149. Croissance (La) d'Alger de 1918 à nos jours. — Comm. par M. Jean

Alazard, p. 72. Crozet (R-.). — Histoire de tOrléanais, C.-R. par M. A. Albert-Petit, p. 156. Cuvillier (Armand). - Introduction à la Sociologie, récomp. sur le prix

Louis Liard, 1937, p. 599, 600 et 618.

D

Dalbiez (Roland). — La méthode psychanalytique et la doctrine freudienne,

prix Dagnan-Bouveret, 1937, p. 778 et 881. Dames (Association des) du Calvaire de Paris. — Prix Marie Laurent 1937,

en la personne de sa présidente la comtesse Guy de la Rôchefoucault,

p. 581 et 611. Dans le creuset des civilisations. — Tome II : /.e destin d'un émigré.

Tome III : De l'affaire Dreyfus au dimanche rouge à Saint-Pétersbourg,

Ouvr. de M. Tchernoff, C.-R. par M. Paul Matter, p. 623 et 902. Dantzig (La tragédie de). — Ouvr. de M. J.-P. Garnier, prix Drouyn de

Lhuys, 1936, p. 128 et 129.


920 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

Danube et Adriatique. — Ouvr. de M. G. Demorgny, M. très H. sur le

prix Joseph du Teil, 1936, p. 136. Decugis (Henri). — Les régressions juridiques contemporaines, p. 708. Defectos (Los) de la Constitucion de 1931. — Ouvr. de M. Niceto Alcala

Zamora, C.-R. par M. Joseph Barthélémy, p. 147. Degon (Mrae Madeleine). — Prix Rossi pour son Mém. ayant pour devise :

« Nec temere, nec timide, » p. 898. Delatour (Albert), M. L. — Rapp. sur le conc. pour le prix Marie Laurent,

à décerner en 1937, p. 581. Delsol (Henri). — Le consulat de Briue la Gaillarde. Essai sur l'histoire politique et administrative de la ville avant 1789, prix Gabriel Monod, 1937,

p. 588, 590 et 616. Demorgny (Gustave). - Danube et Adriatique en 1935, M. très H. sur le

prix Joseph du Teil, 1936, p. 136. Descartes (Essai sur la morale de). — Ouvr. de M. Pierre Mesnard, prix

Louis Liard, 1937, p. 597, 600 et 618. Diplomatie et protocole à la Cour de Pologne. —Ouvr. du comte Renaud

Przezdziecki, prix Joseph du Teil, 1936, p. 136. Discours. Le ministère Flandin (novembre 1934-mai 1935). — C.-R. par

M. Germain Martin, p. 901. Documents (Recherches et) sur l'histoire des prix en France de 1500 i

1800. — Ouvr. de M. Henri Hauser, C.-R. par M. Charles Rist,

p. 904. Dolléans (Edouard). — Histoire du mouvement ouvrier (1830-1871), C.-R. par

M. Henri Truchy, p. 308. Dollot (René). — L'Afghanistan, C.-R. par M. Camille Barrère, p. 908. Doucet (Roger). — Finances municipales et crédit public à Lyon au

XVIe siècle, C.-R. par M. André Liesse, p. 306. Doumergae (Gaston), M. L. *[*. — Allocution prononcée à l'occasion de son

décès par M. Jacques Bardoux, p. 430. Droit (Le) chinois. — Ouvr. de M. Jean Escarra, C.-R. par M. Henri Capitant,

Capitant, Droit (Principes de) commercial. — Ouvr. de M. Jean Escarra, C.-R. par

M. Germain Martin, p. 157. Droit (Le) constitutionnel dans ses rapports avec le droit international

public. — Ouvr. de M. Mirkine-Guetzévitch, prix Joseph du Teil, 1937,

p. 751 et 773. Droit (Les grands problèmes du). — Ouvr. de M. Louis Le Fur, C.-R. par

M. Henry Berthélemy, p. 781. Droits (Du heurt à l'harmonie des). — Ouvr. de M. Bichara Tabbah, prix

Joseph Saillet, 1937, p. 442, 444 et 615. Droit (Exposé des motifs et déclaration du) international moderne. — Brochure de M. A. Alvarez, C.-R. par lui-même, p. 156. Droit (Les principes du) des gens moderne. —Ouvr. de M. Robert Redslob,

Redslob, par M. Alejandro Alvarez, p. 467. Droit (Règles générales du) de la paix. —Ouvr. de M. Louis Le Fur, C.-R.

par M. Edgard Allix, p. 296. Droit (L'expropriation en) public chérifien. — Ouvr. de M. Georges Jager,

récomp. sur le prix Lucien de Reinach, 1937, p. 437, 438 et 609. Droit (Annuaire de l'Institut International de) Public, 1936. — C.-R. par

M. Henry Berthélemy, p. 298. DubOSC (André). — Unité de l'Asie, C.-R. par le baron Seillière, p. 150. Duchesse (La) de Dino et le baron de Vitrolles. Lettres inédites (1817-


TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 921

1829). — Ouvr. de M. Louis Royer, C.-R. par le baron Seillière, p. 313. Dufour (Le général) 1787-1875. — Ouvr. de M. Edouard Chapuisat, prix

Joseph du Teil, 1937, p. 750 et 773. Dumont-Wilden (Louis), C. — L'évolution de l'esprit européen, C.-R. par

M. Paul Gaultier, p. 475. Dupeyrat(E.) et Lhotte (Céline). — Révélations sur la santé des jeunes

travailleuses, prix Carlier, 1937, p. 595 et 618. — C.-R. par M. Jordan, p. 619. Dupont de Nemours, honnête homme. — Ouvr. de Mme Denise Azam,

prix Jules et Louis Jeanbernat et Barthélémy de Ferrari Doria 1937,

p. 753 et 776. Dupréel (E.), C. — Morale et probabilité, p. 356. Dwelshauvers (Georges), f —• Prix Gegner 1937, pour l'ensemble de ses

travaux philosophiques attribué à sa veuve, p. 602 et 771.

E

Echanges (Les) commerciaux entre la France et les Etats successeurs

de l'Empire austro-hongrois. — Ouvr. de M. Jean Morini, C.-R. par

M. André Siegfried, p. 318. Ecole (L') primaire en France. — Ouvr. de MM. Léaud et Glay, prix

Chaix d'Est Ange, 1936, p. 125. Ecole (L'éducation mutuelle à 1'). — Ouvr. de M. B. Profit, récomp. sur le

prix François-Joseph Audiffred (ouvrages), 1937, p. 592, 594 et 618.

Education (Le rôle de 1') en plein air dans la formation morale de la

jeunesse. — Comm. par le Dr P. Armand-Dellile, p. 551. Education familiale. — Ouvr. de M. André Berge, prix Joseph Saillet, 1937,

p. 443, 444 et 615. Education (L') mutuelle à l'école. — Ouvr. de M. B. Profit, récomp. sur

le prix François-Joseph Audiffred (ouvr.), 1937, p. 592, 594 et 618. Eichenberger (Jean-Yves). — Bourse triennale 1936, p. 139. Encyclopédie économique universelle. — Publiée sous la direction de

M. Armand Megglé, C.-R. par M. Henri Truchy, p. 784. Encyclopédie (Une nouvelle) médiévale : Lecompendium philosophie. —

Ouvr. de M. Michel de Bouard, M. très H. sur le prix Gabriel Monod,

1937, p. 590 et 616. Ententes économiques (Supplément aux) et financières. — Ouvr. de

M. .1. Tchemoff, C.-R. par M. Albert Buisson, p. 908. Escarra (Jean). — Le Droit chinois, C.-R. par M. Henri Capitant, p. 300. Escarra (Edouard), Escarra (Jean) et Rault (Jean). — Principes de droit

commercial, tomes 1 et VI, C.-R. par M. Germain Martin, p. 157. Espagne (En). — Ouvr. de M. Maurice Legendrc, prix Hercule Catenacci

1937, p. 771 et 877. Esprit (L'évolution de 1') européen. — Ouvr. de M. L. Dumont-Wilden,

C.-R. par M. Paul Gaultier, p. 475. Esprit (L') et le Réel, dans les limites du nombre et de la grandeur. —

Ouvr. de M. Mangé, C.-R. par M. André Lalande, p. 620. Essais historiques sur les premiers chemins de fer du midi languedocien et de la vallée du Rhône. — Ouvr. de M. Marcel Blanchard. M. H. avec médaille, sur le prix Limantour en 1937, p. 761, 762 et 776.


922 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

Essai sur la morale de Descartes. — Ouvr. de M. Pierre Mesnard, prix

Louis Liard, 1937, p. 597, 600 et 618. Etablissement (L') des Polonais en France. — Ouvr. de M. Wlocevski,

récomp. sur le prix François-Joseph Audiffred (ouvr.) 1937, p. 594 et

618. Etat (L') Corporatif en Italie. — Ouvr. de M. Georges Bourgin, prix Chaix

d'Est Ange, 1937, p. 742 et 743. Eternels (Les) : Mélanges de philosophie et de critique. — Ouvr. de

M. Gaston Colle, C.-R. par le comte Carton de Wiart, p. 623. Europe (L'Allemagne fera-t-elle sombrer 1')?. —Ouvr. de M. PaulValayer,

C.-R. par M. Jean Lépine, p. 477. Europe (L') Centrale : T. I. du Manuel géographique de Politique européenne. — Ouvr. de M. Jacques Ancel, prix Joseph du Teil, 1936, p. 135

et 136. Europe incertaine, 1908-1911 et de la réalité du monde sensible. OEuvres

de Jean Jaurès, T. VII et VIII. — Textes rassemblés par M. Max Bounafoux,

Bounafoux, par M. L. Lévy-Bruhl, p. 901. Evolution économique (L'homogénéité de L'). — Comm. par M. Thadée

Brzeski, p. 255. Evolution (L') de l'esprit européen. —Ouvr. de M. Louis Dumont-Wilden,

C.-R. par M. Paul Gaultier, p. 475. Evolution (L'influence du progrès mécanique sur 1") sociale. — Ouvr. de

M. Jules Ramas, C.-R. par M. Firmin Roz, p. 151. Evolution (L') politique de la Suisse. — Comm. par M. Edouard Chapuisat,

Chapuisat, 85. Expérience (L') de l'effort et de la grâce chez Maine de Biran. — Ouvr.

de M. Georges Le Roy, C.-R. par M. André Lalande, p. 471. Expérience (L') Roosevelt et le milieu social américain. — Ouvr. de

M. Louis Rosentock Franck, C.-R. par M. Henri Truchy, p. 900. Exposé de motifs et déclaration des grands principes du Droit international moderne. — Ouvr. de M. A. Alvarez, C.-R. par lui-même,

p. 156. Expropriation (L') en droit public chérifien. — Ouvr. de M. Georges

Jager, récomp. sur le prix Lucien de Reinach, 1937, p. 437, 438 et 609. Extrême-Orient et Pacifique. —Ouvr. de M. Roger Lévy, prix Drouyn de

Lhuys, 1936, p. 129.

F

Facteur (Du) maritime et colonial dans la Nation. — Comm. par M. Alfred Jacobson, p. 677.

Fain (Gaël). — A traduit un ouvr. de M. Ferdinand Grùnig, Le circuit économique. Libéralisme ou autarchie, C.-R. par M. Henri Truchy, p. 782.

Falcionelli (Albert). - Les Sociétés secrètes italiennes : Les Carbonari, La Camorra, La Mafia, prix Paul-Michel Perret, 1937, p. 748 et 773.

Fellner (Frédéric de), C. — Participation du travail et du capital au revenu national et aux charges fiscales en Hongrie, p. 42.

Fêtes (Les) de France. — Ouvr. de M. Maurice Vloberg, récomp. sur le prix François-Joseph Audiffred (ouvr.) 1937, p. 593, 594 et 618.

Finances municipales et crédit public à Lyon au XVI' siècle. — Ouvr. de M. Roger Doucet, C.-R. par M. André Liesse, p. 306.


TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 923

Fischer (Dr Henri). — Récomp. sur la fondation Ernest Thorel 1936, pour son ouvr. : De l'organisation d'assistance aux enfants infirmes, p. 140. — Prix Eugène Salvan, pour l'ensemble de son oeuvre, 1937, p. 607 et 774.

Fischbacher (Pierre). — Bourses Maurice Bfock 1937, p. 778 et 880.

Flandin (Discours. Le ministère). — C.-R. par M. Germain Martin, p. 901.

Fondation (La) Rockefeller. — Comm. par M. Jean Lépine, p. 656.

Forest (Les notables d'Avesnes au XVIe siècle et la famille de). — Ouvr. de

M. Michel Missoffe, C.-R. par M. Alexandre Millerand, p. 782. -Formes et méthodes nouvelles des entreprises commerciales. — Ouvr. de M. Roger Picard, C.-R. par M. Edgard Allix, p. 160. — M. H. avec médaille sur le prix Limantour 1937, p. 760, 762 et 776.

France (L'activité économique en) de la fin du XVIIIe siècle à nos jours. — Ouvr. de M. Achille Vinllatte, C.-R. par M. André Liesse, p. 316.

France (Les échanges commerciaux entre la) et les Etats successeurs de l'empire austro-hongrois. — Ouvr. de M. Jean Morini, C.-R. par M. André Siegfried, p. 318.

France (Les Fêtes de). — Ouvr. de M. Maurice Vloberg, récomp. sur le prix François-Joseph Audiffred (ouvr.) 1937, p. 593, 594 et 618.

Franche-Comté (Sur la deuxième conquête de la) par Louis XIV (1674). — Ouvr. du général Boichut, C.-R. par le baron SeiHière, p. 313.

Franck (Louis-R.). — L'expérience Roosevelt et le milieu social américain, C.-R. par M. Henri Truchy, p. 900.

Franco-russe (L'alliance). — Ouvr. du baron Boris Nolde, prix Drouyn de Lhuys 1937, p. 744 et 772.

Frères (Les) Hospitaliers de Saint-Jean-de-Dieu. — Ouvr. de M. MondainMonval,

MondainMonval, sur le prix François-Joseph Audiffred (ouvr.) 1937,

p. 593, 594 et 618. Freudienne (La méthode psychanalytique et la doctrine). — Ouvr. de

M- Roland Dalbiez, prix Dagnan-Bouveret 1937, p. 778 et 881. Funck-BrentattO (Frantz), M. T. — Rapp. sur le conc. pour le prix Jean

Finot, à décerner en 1937, p. 439.

G

Gaxnier (Jean-Paul). — La tragédie de Dantzig, prix Drouyn de Lhuys,

1936, p. 128 et 129. Gaultier (Paul), M. T. — C.-R. d'un ouvr. de M. Louis Dumont-Wilden,

L'évolution de l'esprit européen, p. 475.

— C.-R. d'un ouvr. de M. André Joussain, Psychologie des masses, p. 909.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Paul Guillaume, La psychologie de la forme,

p. 621. Général (Le) Dufour, 1787-1875. — Ouvr. de M. Edouard Chapuisat, prix

Joseph du Teil, 1937, p. 750 et 773. Gènes (La République de) et la France pendant la guerre de la succession d'Autriche. — Ouvr. de M. G. Broche, prix Drouyn de Lhuys,

1936. p. 128 et 129. Genève (Les origines de la Réforme à). — Ouvr. de M. Henri Naeff, prix

Chaix d'Est Ange, 1937, p. 741 et 772. Géographie (Une) de l'opinion politique est-elle possible? — Comm. par

M. André Siegfried, p. 340. Gérin-Ricard (G. de). — Henri III le Méconnu, M. très H. avec médaille

sur prix Chaix d'Est Ange, 1936, p. 124 et 127.


924 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

Girard (général Georges). — La bataille de la Somme en 1916, C.-R. par M. Henry Berthélemy, p. 474.

Glasson (E.), Tissier (Albert) et Morel (René). — Traité théorique et pratique d'organisation judiciaire et de compétence et de procédure civile, C.-R. par M. Henri Capitant, p. 319.

Glatigny (Albert). La vie. L'homme. Le poète. — Ouvr. de M. Jean Raymond, C.-R. par le baron Seillière, p. 152.

Glay (Emile) et Léaud (Alexis). — L'école primaire en France, prix Chaix d'Est Ange, 1936, p. 125.

Gommés (Jean). — Bourse Maurice Block, 1936, p. 121.

Grands (Les) problèmes du Droit. — Ouvr. de M. Louis Le Fur, C.-R. par M. Henry Berthélemy, p. 781.

Gromier (Dr Emile). — La vie des animaux sauvages de l'Afrique, récomp. sur le prix Lucien de Reinach, 1937, p. 437, 438 et 609.

Grùnig (Ferdinand). — Le circuit économique. Libéralisme ou autarchie, ouvr. traduit par M. Gaël Fain, C.-R. par M. Henri Truchy, p. 782.

Guerre (La) civile en Russie (1918-1920). — Ouvr. de M. Georges Welter, prix Paul-Michel Perret, 1937, p. 749 et 773.

— C.-R. par M. A. Albert-Petit, p. 159.

Guillaume (Paul). — La psychologie de la forme, C.-R. par M. Paul Gaultier, p. 621.

Guizot (La jeunesse de). — Ouvr. de M. Pouthas, M. très H. avec médaille sur le prix Paul-Michel Perret, 1936, p. 133 et 134.

Guyot (Charly). — Pèlerins de Môtiers et prophètes de 89, C.-R. par le baron Seillière, p. 299.

H

Hauser (Henri), C. — Recherches et documents sur l'histoire des prix en

France de 1500 à 1800, C.-R. par M. Charles Rist, p. 904.. Henri III le Méconnu. — Ouvr. de M. G. Gérin-Ricard, M. très H. avec

médaille sur le prix Chaix d'Est Ange, 1936, p. 124 et 127. Heurt (Du) à l'harmonie des droits. — Ouvr. de M. Bichara Tabbah, prix

Joseph Saillet, 1937, p. 442, 444 et 615. Histoire générale de la médecine. — Ouvr. publié sous la direction de

M. le Professeur Laignel-Lavastine, C.-R. par M. Jean Lépine, p. 154. Histoire de France (Les sources de 1') (XVIIe siècle). — Ouvr. de M. Louis

André, C.-R. par M. S. Charléty, p. 153. Histoire littéraire (Méthodes et aspects de 1'). — Comm. par M. A. Chcrel,

p. 19. Histoire du mouvement ouvrier (1830-1871). — Ouvr. de M. Edouard Dolléans,

Dolléans, par M. Henri Truchy, p. 308. Histoire de l'Orléanais. — Ouvr. de M. R. Crozet, C.-R. par M. A. AlbertPetit, p. 156. Histoire (Recherches et documents sur 1') des prix en France de 1500 i

1800. — Ouvr. de M. Henri Hauser, C.-R. par M. Charles Rist,

p. 904. Histoire (Revue d') politique et constitutionnelle (janvier-mars 1937). —

C.-R. par M. Joseph Barthélémy, p. 315. Histoire de la Russie communiste. — Ouvr. de M. G. Welter, M. très H.

sur le prix Chaix d'Est Ange, 1936, p. 126 et 127.


TAULE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 925

Homme (Un) de loi pendant la Révolution, le girondin Barennes. —

Ouvr. de M. Jean Barennes, C.-R. par le baron Seillière, p. 314. Homogénéité (L') de l'évolution économique. — Comm. par M. Thadée

Brzeski, p. 255. Hongrie (Participation du travail el du capital au revenu national et aux

charges fiscales en). —Connu, par M. Frédéric de Fellner, p. 42. Hospitaliers (Les frères) de Saint-Jean-de-Dieu. — Ouvr. de M. MondainMonval,

MondainMonval, sur le prix François-Joseph Audiffred (ouvr.), 1937,

p. 593, 594 et 618. Humanism and naturalism, a comparative study of Ernest Seillière,

Irving Babbit and Paul Elmer More. — Ouvr. de M. Folke Leander,

C.-R. par le biii-nn Seillière, p. 312.

1

Illusions (Les) du Crédit. — Ouvr. de M. Louis Baudin, C.-R. par

M. Henri Truchy, p. 466. Individu (L) et l'Etat dans l'évolution constitutionnelle de la Suisse.

— Ouvr. de M. William E. Rappard. C.-R. par M. Joseph Barthélémy,

p. 316. Indre-et-Loire (L'administration du département d'), de 1790 à 1792. —

Ouvr. de M. Louis Boucheron, C.-R. par M. Henry Berthélemy,

p. 176. Influence (L-) du progrés mécanique sur l'évolution sociale. — Ouvr. de

M. Jules Ramas, C.-U. par\M. Kirinin Roz, p. 151. Institut (Annuaire pour 1935 de 1) scientifique français de Tartu. —

Ouvr, de M. L. Rudrauf, C.-R. par le baron Seillière, p. 150. Institutions et coutumes des Berbères du Moghreb. — Ouvr. de

M. Georges Surdon, C.-R. par M. Jean Lépine, p. 297. Introduction à la sociologie.— Ouvr. de M. Armand Cuvillier, prix Louis

Liard, 1937, p. «00 et 618. Italie (L'Etat corporatif en). Ouvr. de M. Georges Bourgin, prix Chaix

d'Est Ange, 1937, p. 742, 743 et 772. Italie (La propriété agraire en). — Ouvr. de M. Auguste Murât, C.-R. par

M. Henri Truchy, p. 30!).

J

Jacobson (Alfred). — Du facteur maritime et colonial dans la Nation,

p. 677. Jager (Georges). — L'expropriation en droit public chérifien, récomp. sur le

prix Lucien de Reinach, 1937, p. 437, 438 et 609. Janet (Pierre), M. T. — Rapp. sur le conc. pour le prix Gegner, à décerner

en 1937, p. 601. — Rapp. sur les fondations Berthault et Salvan à attribuer en 1937,

p. 603. Jaray (Gabriel-Louis). — Portrait de Cavelier de La Salle, p. 420. Jaurès (Jean). — (Euvres,T. VII et VIII : Europe incertaine, 1908-1911 ; et

De la réalité du monde *ensible, textes rassemblés par M. Max Boimafoux,

C.-R. par M. L. Lévj feruhl, p. 901.


926 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

Javal (Mlle Marguerite). — Prix sur la fondation Berthault 1937, en tant que secrétaire générale du Préventorium d'Arbonne, p. 603, 604 et 773.

Jeune (Le) Edgard Quinet ou l'Aventure d'un Enthousiaste. — Ouvr. de M. Henri Tronchon, C.-R. par le baron Seillière, p. 780.

Jeunesse (La)de Guizot. —Ouvr. de M.Pouthas, M. très H. avec médaille sur le prix Paul-Michel Perret, 1936, p. 133 et 134.

Jordan (Edouard), M. T. — C.-R. d'un ouvr. de M»*» Céline Lhotteet Elisabeth Dupcyrat, Révélations sur la santé des jeunes travailleuses, p. 619.

— Rapp. sur le conc. pour la Bourse Rodocanachi, à attribuer en 1937,

p. 586.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Gabriel Monod à décerner en 1937,

p. 588. Joussain (André). — Psychologie des masses, C.-R. par M. Paul Gaultier,

p. 909. Jugements (Le stvle des). — Ouvr. de M. Pierre Mimin, prix Thorlet, 1937.

p. 280 et 281." Juridique (Séances et travaux de l'Union) internationale, (juin 1937). —

C.-R. par M. Alejandro Alvarez, p. 203.

E

Eammerer (Albert). — IM Mer Rouge, VAbyssinie et l'Arabie depuis l'Antiquité, prix Hercule Catenacci, 1937, p. 771 et 879.

Kastler (Henri). — Prix Jules Audéoud, 1937, en tant que président de 1' « Assistance par le Travail », (fondation Mamoz), p. 579, 580 et 610.

Koch (Le rôle politique du professeur). — Ouvr. de M. Jean Richerateau, récomp. sur le prix Marcel Flach, 1937, p. 740 et 771.

Koyré et Puech (Henri Ch.). — Prix Dagnan-Bouveret, 1937, en tant que directeurs des « Recherches philosophiques », p. 778 et rf82.

L

Labemadie (M™« Marguerite V.). — Le vieux Pondichéry, prix Lucien de

Reinach, 1937, p. 435, 438 et 609. La Bruyère. — Ouvr. de M. Gustave Michnut, C.-R. par M. Fortunat

Strowski, p. 781. Laignel-Lavastine (Professeur). — Histoire générale de la médecine, C.-R.

par M. Jean Lépine, 154. Lalande/André), M. T. — C.-R. d'un ouvr. de M. Joseph Segond, Art et

Science dans la philosophie française contemporaine, p. 462.

— C.-R. d'un ouvr. de Mlle M.-A. Cochet, Commentaire sur la conversion

spirituelle dans la philosophie de L. Brunschvicg, p. 468.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Henri Piéron, La connaissance sensorielle et les

problèmes de la vision, p. 154.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Mangé, L'Esprit et le Réel, dans les limites du

nombre et de la grandeur, p. 620.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Georges Le Roy, L'expérience de l'effort et de la

grâce chez Maine de Biran, p. 471.


TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 927

— C.-R. d'un ouvr. de M. Georges Le Roy, La Psychologie de Condillac, p.471.

— Rapp. sur les bourses Maurice Block, à attribuer en 1937, p. 880.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Dagnan-Bouveret, à décerner en 1937,

p. 881.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Le Dissez de Pénanrun, à décerner en

1937, p. 886.

La Rochefoucauld (Comtesse Guy de). — Prix Marie Laurent en tant que présidente de « l'Association des Dames du Calvaire », p. 581 et 611.

Latreille (André). — Prix Malouet, 1937, p. 747 et 774.

Lavondès (Mlll! A.). — Olivier de Serres. Seigneur du Pradel, C.-R. parle baron Seillière, p. 474.

Leander (Folke). - - Humanism and naturalism, a comparative study of Ernest Seillière, Irving Babbitt and Paul Elmer More, C.-R. par le baron Seillière, p. 312.

Léaud (Alexis) et Glay (Emile). — L'école primaire en France, prix Chaix d'Est Ange 1936, p. 125 et 127.

Leclaire (OEuvres sociales de la maison). — Prix Jean Finot, p. 439, 449et612.

Laclère (Léon). — Un mémoire du Maréchal de Moltke (1859-1914), p. 565.

Lefebvre (Georges). — Napoléon, prix Paul-Michel Perret, 1936, p. 133 et 134.

Le Fur (Louis). — Les grands problèmes du Droit, C.-R. par M. Henry Berthélemy, p. 781.

— Règles générales du droit de la paix, C.-R. par M. Edgard Allix, p. 296. Legendre (Maurice). — En Espagne, prix Hercule Catenacci, 1937, p. 771

et 877.

Lémery (Henri). — La Révolution française à la Martinique, prix FrançoisJoseph Audiffred (ouvrages), 1937, p. 591, 592, 594 et 618.

Lemieux (Honorable Rodolphe), A. E. -f- — Allocution prononcée à l'occasion de son décès, par M. Jacques Bardoux, p. 866.

Lépine (Jean), M. L. — Notice sur la vie et les travaux de M. Emmanuel Rodocanachi (1859-1934), p. 785.

— La fondation Rockefeller, p. 656.

— C.-R. des ouvr. de M. Paul Valayer, L'Allemagne fera-t-elle sombrer

l'Europe ?, et La guerre qui rôde, p. 477.

— C.-R. d'un ouvr. publié sous la direction de M. le Professeur LaignelLavastine,

LaignelLavastine, générale de la médecine, p. 154. - C.-R. d'un ouvr. de M. Georges Surdon, Institutions et coutumes des Berbères du Moghreb, p. 297.

— C.-R. d'un ouvr. du général Messimy, Mes souvenirs, p. 469.

Le Roy (Georges). — L'expérience de l'effort et de la grâce chez Maine de Biran, C.-R. par M. André Lalande, p. 471.

— La Psychologie de Condillac, C.-R. par M. André Lalande, p. 471. Leroy (Maxime). — Les tendances du pouvoir et de la liberté en France au

XX' siècle, C.-R. par M. Charles Rist, p. 905. Lévy (Raphaël-Georges), M. T. "i". — Notice sur sa vie et ses oeuvres, par

M. Louis Marlio, p. 161. Lévy (Robert). — Extrême-Orient et Pacifique, prix Drouyn de Lhuys, 1936,

p. 129. Lévy-Bruhl (Lucien), M. T. — C.-R. de textes rassemblés et annotés par

M. Max Bonnafoux : OEuvres de Jean Jaurès, T. VII et VIII : Europe

incertaine, 1901-1911 ; De la réalité du monde sensible, p. 901. Lhotte (Céline) et Dupeyrat (Elisabeth). — Révélations sur la santé des

jeunes travailleuses, prix Carlier, 1937, p. 595 et 618.

— C.-R. par M. Jordan, p. 619.


928 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

Libéralisme OU autarchie. (Le circuit économique). — Ouvr. de M. Ferdinand Grûnig, traduction par M. Gaël Fain, C.-R. par M. Henri Truchy, p. 782.

Liberté (Les tendances du Pouvoir et de la) en France au XXe siècle. —

Ouvr. de M. Maxime Leroy, C.-R. par M. Charles Rist, p. 905. Liesse (André), M. T. — C.-R. de l'ouvr. de M. Achille Viallatte, L'activité économique en France de la fin du XVIII' siècle à nos jours, p. 316.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Roger Doucet, Finances municipales et crédit

public à Lyon au XVI' siècle, p. 306.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Limantour, à décerner en 1937, p. 757.

— Rapp. sur le prix Rossi, à attribuer en 1936, p. 273. Lille-en-Flandre. —" Ouvr. de M. Mabille de Poncheville, récomp. sur le

prix François-Joseph Audiffred (ouvr.), 1937, p. 593, 594 et 618.

Louis XIV (Sur la deuxième conquête de la Franche-Comté par) (1674). — Ouvr. du général Boichut, C.-R. par le baron Seillière, p. 313.

Lucien-Graux (Dr). — Le Portugal économique, C.-R. par le baron Seillière, p. 477.

Lumière et Santé. — Prix Maisondieu, 1937, en la personne de son secrétaire général, le Dr Hugo Biancani et de Mme le Dr Madeleine Violet, médecin de l'oeuvre, p. 765 et 776.

Lyon (Finances municipales et crédit public à) au XVI" siècle. — Ouvr. de M. Roger Doucet, C.-R. par M. André Liesse, p. 306.

Lyon La politique financière de Sully dans la généralité de). — Ouvr. de M. Permezel, M. très H. sur le prix Chaix d'Est Ange, 1936, p. 124.

Lyon-Caen (Charles), M.-T. f — Notice sur sa vie et ses travaux, par M. Albert Buisson, p. 481.

M

Mabille de Poncheville (A.). — Lille-en-Flandre, récomp. sur le prix FrançoisJoseph Audiffred (ouvr.), 1937, p. 593, 594 et 618.

Mafia (Les sociétés secrètes italiennes : Les Carbonari, la Camorra, la). — Ouvr. de M. Albert Falcionelli, prix Paul-Michel Perret, 1937, p. 748 et 773.

Magistrature (La) sous la monarchie de juillet. — Ouvr. de M. Rousselet, C.-R. par M. Matter, p. 910.

Magistrature (L'affaire du duc de Praslin et le). — Ouvr. de M. Rousselet, C.-R. par M. Matter, p. 910.

Mahaim (Ernest), C. - Le consommateur et les formes modernes du commerce de détail, p. 201.

Mahu (IJerthold). Prix Hercule Cateuacci, 1936, pour ses illustrations de l'ouvr. de Fromentin, Dominique, p. 122.

Maine de Biran (L'expérience de l'effort et de la grâce chez). — Ouvr. de M. Georges Le Roy, C.-R. par M. André Lalande, p. 471.

Maison de Charité. — Prix Maisondieu, 1937, en la personne de sa directrice, Soeur Beauvois, p. 765 et 776.

Marion (Marcel), M. T. —• Un révolutionnaire très conservateur : Creuzè-Latouche, C.-R. par lui-même, p. 149.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Paul Masson : La Provence au XVIII' siècle.

Tomes I, II et III, p. 305.


TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 929

Maritime (Du facteur) et colonial dans la nation. — Comm. par M. Alfred Jacobson, p. 677.

Marlio (Louis), M. T. — Notice sur la vie et les oeuvres de M. RaphaëlGeorges Lévy, p. 161.

Maroc (Le problème de la justice indigène au). — Comm. par M. P.-Louis Rivière, p. 520.

Maroc (Le Statut juridique de la colonisation au). — Comm. par M. P.-Louis Rivière, p. 5.

Martel (René). — La Ruthénie subcarpathique, prix Chaix d'Est Ange, 1936, p. 125 et 127.

Martin (Germain), M. T. — C.-R. d'un recueil, Discours. Le ministère Flandin, p. 901.

— C.-R. de l'ouvr. de M. Jean Escarra: Principes de droit commercial,

p. 157. Martinique (La Révolution française à la). — Ouvr. de M. Henry Lémery,

prix François-Joseph Audiffred (ouvr.) 1937, p. 591, 594 et 618. Masaryk (Thomas Garrigue), A. E. •}■ — Allocution prononcée à l'occasion

de son décès, par M. Jacques Bardoux, p. 729. Masson (Paul), C. — La Provence au XV1I1* siècle. Tomes I, II et III. —

C.-R. par M. Marcel Marion, p. 305. Matter (Paul). — C.-R. d'un ouvr. de M. J. Tchernoff : Dons le creuset

des civilisations. Tome I : Le destin d'un émigré, et Tome II : De l'affaire

Dreyfus au dimanche rouge de Saint-Pétersbourg, p. 263 et 902.

— C- R. de 2 ouvr. de M. Rousselet, La magistrature sous la monarchie de

juillet et L'affaire du duc de Praslin et la magistrature, p. 910.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Hercule Gatenacci, à décerner en 1937,

p. 877.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Marcel Flach, à décerner en 1937,

p. 739. Mangé. — L'Esprit et le Réel, dans les limites du nombre et de la grandeur, C.-R. par M. André Lalande, p. 620. Maupas (Jacques). — La Sarre et son rattachement à l'Allemagne, M. très H.

sur le prix Drouyn de Lhuys, 1936, p. 129. Mazé (R. P. Paul). — Prix François-Joseph Audiffred (dévouement) 1937,

p. 614, et 871. Médecine (Histoire générale de la). — Ouvr. publié sous la direction du

Professeur Laignel-Lavastine, C.-R. par M. Jean Lépine, p. 154. Megglé (Armand). — A publié sous sa direction, Encyclopédie économique

universelle, C.-R. par M. Henri Truchy, p. 784. Mémoire (Un) du Maréchal de Moltke (1859-1914). — Comm. par M. Léon

Leclère, p. 565. Mémoires de Barbaroux. — Ouvr. de M. Alfred Chabaud, prix Paul-Michel

Perret, 1937, p. 749 et 773. Mer (La) Ronge, l'Abyssinie et l'Arabie depuis l'Antiquité. — Ouvr. de

M. Albert Kammerer, prix Hercule Catenacci, 1937, p. 771 et 879. Mermoz (M™8). — Prix sur la fondation Berthault 1937, en souvenir de son

fils, l'aviateur Jean Mermoz, p. 604 et 605 et 773. Mesmer et son secret. — Ouvr. de M. le Dr Vinchon, C.-R. par le baron

Seillière, p. 152. Mesnard (Pierre). — Essai sur la morale de Descartes, prix Louis Liard,

1937, p. 597, 600 et 618.

59


930 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

Messimy (Général). — Mes souvenirs, C.-R. par M. Jean Lépine, p. 469. Méthodes et aspects de l'histoire littéraire. — Comm. par M. A. Chère,

p. 19. Méthode (La) psychanalytique et la doctrine freudienne. — Ouvr. del

.M. Roland Dalbiez, prix Dagnan-Bouveret, 1937, p. 778 et 881. Michaut (Gustave). — La Bruyère, C.-R. par M. Fortunat Strowski, p. 781. Millerand (Alexandre), M. T. — C.-R. d'un ouvr. de M. Michel Missoffe,

Les notables d'Avesnes au XVI' siècle et la famille de Forest, p. 782.

— Rapp. sur le prix Thorlet à décerner en 1937, p. 281.

Mimin (Pierre). — Le style des jugements, prix Thorlet 1937, p. 280, 281 et

461. Mirkine-Guetzévitch (Boris). — Le droit constitutionnel dans ses rapports

avec le droit international public, prix Joseph du Teil, 1937, p. 751 et

773. Missoffe (Michel). — Les notables d'Avesnes au XVI' siècle et la famille de

Forest, C.-R. par M. Alexandre Millerand, p. 782. Moeurs (Les) de jadis d'après les sentences de justice. — Ouvr. de

M. Henri Pensa, C.-R. par M. A. Albert-Petit, p. 468. Moghreb (Institutions et coutumes des)Berbères du). — Ouvr. de M. Georges

Surdon, C.-R. par M. Jean Lépine, p. 297. Molière, la médecine et l'obligation morale. — Comm. par M. Jacques

Arnavon, p. 401. Moltke (Un mémoire du Maréchal de) (1859-1914). — Comm. par M. Léon

Leclère, p. 565. Monarchie (La pénétration des idées nouvelles en Ardèche au début de la)

de juillet. — Ouvr. de M. Jean Régné, C.-R. par M. André Siegfried,

p. 158. Monarchie (La magistrature sous la) de juillet. — Ouvr. de M. Rousselet

C.-R. par M. Matter, p. 910. Mondain-Monval (Jean). — Les frères hospitaliers de Saint-Jean-de-Dieu,

récomp. sur le prix François-Joseph Audiffred (ouvr.), 1937, p. 593,

594 et 618. Monnaie (La) et la formation des prix. — Ouvr. de M. Louis Baudin

C.-R. par M. Henri Truchy, p. 464.

— Prix Limantour 1937, p. 757, 762 et 775.

Montaigne (Le vrai), théologien et soldat. —Ouvr. de M. Marc Citoleux

C.-R. par le baron Seillière, p. 469. Montesquieu (Un ami bordelais de). — Comm.âpar M. Paul Courteault,

p. 229. Montmayeur (Au pays de). — Ouvr. de M. l'abbé Bernard, prix Chaix

d'Est Ange, 1936, p. 124. Morale (Essai sur la) de Descartes.— Ouvr. de M. Pierre Mesnard, prix

Louis Liard, 1937, p. 597, 600. Morale et probabilité. — Comm. de M. E. Duprèel, p. 356. Morand (Emmanuel), Coroze (Paul) et Morillot (André). — Les occupations

d'usines et leurs conséquences juridiques, C.-R. par M. Jacques Bardoux,

p. 301. More (Humanism and naturalism, a comparative study of Ernest Seillière,

Irving Babbitt and Paul Elmer). — Ouvr. de M. Folke Leander, C.-R.

par le baron Seillière, p. 312. Morel (René) Tissier (Albert) et Glasson (E.). — Traité théorique et pratique d'organisation judiciaire, de compétence et de procédure civile, C.-R.

par M. Henri Capitant, p. 319.


TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 931

Morillot (André), Coroze (Paul), et Morand (Emmanuel). — Les occupations d'usines et leurs conséquences juridiques, C.-R. par M. Jacques Bardoux, p. 301.

Morini (Jean). — Les échanges commerciaux entre la France et les Etats successeurs de l'empire austro-hongrois, C.-R. par M. André Siegfried, p. 318.

Métiers (Pèlerins de) et prophètes de 89. — Ouvr. de M. Charly Guyot, C.-R. par le baron Seillière, p. 299.

Moussel (Jean). — Bourse triennale, 1936, p. 139.

Moyen-Age (L'Art du). — Ouvr. de MM. Louis Réau et Gustave Cohen, prix Chaix d'Est Ange, 1936, p. 126 et 127.

Murât (Auguste). — La propriété agraire en Italie, C.-R. par M. Henri Truchy, p. 309.

Mutuelle (Education) à l'Ecole. — Ouvr. de M. B. Profit, prix FrançoisJoseph Audiffred (ouvrages), 1937, p. 592, 594.

Mustapha Eemal, dictateur. — Ouvr. de M. Philippe de Zara, M. très H. avec médaille sur le prix Paul-Michel Perret 1937, p. 749 et 773.

N

Naeff (Henri). — Les origines de la réforme à Genève, prix Chaix d'Est Ange,

1937, p. 741, 742 et 772. Napoléon. — Ouvr. de M. G. Lefebvre, prix Paul-Michel Perret, 1936,

p. 133 et 134. Napoléon III (Un précurseur) : et l'organisation de la paix. — Comm. par

M. Albert Pingaud, p. 247. Nationalisme (Qu'est-ce que le) économique 7 — Comm. par M. William,

E. Rappard, p. 371. Natoralism (Humanis and), a comparative study of Ernest Seillière,

Irving Babbitt, and Paul Elmer More. — Ouvr.Me M. Folke Leander,

C.-R. par le baron Seillière, p. 312. Nogaro (Bertrand). — Les origines et le caractère de la conjoncture économique actuelle, p. 382. Nogué (Jean). — La signification du sensible, prix Le Dissez de Pénanrun

1937, p. 778 et 884. Nolde (Baron Boris). — L'alliance franco-russe, prix Drouyn de Lhuys, 1937,

p. 744 et 772. Notables (Les) d'Avesnes au XVIe siècle et la famille de Forest. — Ouvr.

de M. Michel Missoffe, C.-R. par M. Alexandre Millerand, p. 782.

0

Obligation (Molière, la médecine et 1') morale. — Comm. par M. Jacques

Arnavon, p. 401. Occupations (Les) d'usines et leurs conséquences juridiques. — Ouvr. de

MM. André Morillot, Paul Coroze et Emmanuel Morand, C.-R. par

M. Jacques Bardoux, p. 300. OEuvres familiales dn Moulin Vert. — Prix Paul Leroy-Beaulieu, 1937, en

la personne de l'abbé Viollet, p. 755 et 776.


932 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

OEuvres sociales de la maison Leclaire. — Prix Jean Finot, 1937, p. 437'

449 et 612. Olivier de Serres, Seigneur du Pradel. — Ouvr. de M 11' A. Lavondès,

C.-R. par le baron Seillière, p. 474. Ombre (A 1') du lys. — Ouvr. de M. André Waltz, prix Jacques Flach,

1936, p. 130 et 131. Ordonnances des Rois de France. — Tome V, 2» partie (1528-1529). —

C.-R. par M. S. Charléty, p. 306. Organisation (De 1') d'assistance aux enfants infirmes. — Ouvr. du

Dr Henri Fischer, récomp. sur la fondation Ernest Thorel, 1936,

p. 140. Origines (Les) et le caractère de la conjoncture économique actuelle. —

Comm. par M. Bertrand Nogaro, p. 382. Origines (Les) de la réforme à Genève. — Ouvr. de M. Henri Naeff, prix

Chaix d'Est Ange, 1937, p. 741, 742 et 772. Orléanais (Histoire de 1'). — Ouvr. de M. R. Crozet, C.-R. par M.A.AlbertPetit, p. 156.

P

Pacifique (Extrême-Orient et). — Ouvr. de M. Roger Lévy, prix Drouyn de

Lhuys, 1937, p. 129. Pages (Georges), M. T. — C.-R. d'un ouvr. de M. Robert Schnerb, La

péréquation fiscale de l'Assemblée constituante, p. 148.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Chaix d'Est Ange, à décerner en 1936,

p. 124.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Hercule Catenacci à décerner en 1936,

p. 122.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Drouyn de Luys, à décerner en 1936,

p. 128.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Jacques Flach, à décerner en 1936,

p. 130.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Paul-Michel Perret, à décerner en 1936,

p. 132.

— Rapp. sur le conc. sur le prix Joseph du Teil, à décerner en 1936,

p. 135.

Panaméricanisme (Le) au point de vue historique, juridique et politique. — Ouvr. de M. J. M. Yepes, C.-R. par M. Alejandro Alvarez, p. 314.

Participation du travail et du capital au revenu national et aux charges fiscales en Hongrie. — Comm. par M. Frédéric de Fellner, p. 42.

Pays (Au) de Montmayeur. — Ouvr. de M. l'abbé Bernard, prix Chaix d'Est Ange, 1936, p. 124.

Pèlerins de Métiers et prophètes de 89. — Ouvr. de M. Charly Guyot, C.-R. par le baron Seillière, p. 299.

Pensa (Henri). — Les moeurs de jadis d'après les sentences de justice, C.-R. par M. A. Albert-Petit, p. 468.

Pénétration (La) des idées nouvelles en Ardèche au début de la Monarchie de juillet — Ouvr. de M. Jean Régné, C.-R. par M. André Siegfried, p. 158. Pemoud (M»e Régine). — Bourse Maurice Block, 1937, p. 778 et 880.


TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 933

Péréquation (La) fiscale de l'Assemblée constituante. — Ouvr. de

M, Robert Schnerb, C.-R. par M. Georges Pages, p. 148. Permezel. — La politique financière de Sully dans la généralité de Lyon,

M. très H. avec médaille sur le prix Chaix d'Est Ange, 1936, p. 124. Philosophie (Art et Science dans la) contemporaine. — Ouvr. de M. Joseph

Segond, C.-R. par M. André Lalande, p. 462. Philosophie CLes Eternels. Mélanges de) et de critique. — Ouvr. de M. Gaston Collet, C.-R. par le comte Carton de Wiart, p. 623. Picard (Roger). — Formes et méthodes nouvelles des entreprises commerciales,

M. H. avec médaille, sur le prix Limantour 1937, C.-R. par M. Edgard

Allix, p. 160, 760, 762 et 776. Piéron (Henri). — La connaissance sensorielle et les problêmes de la vision,

C.-R. par M. André Lalande, p. 154. Pingaud (Albert). — Un précurseur : Napoléon III et l'organisation de la

paix, p, 247. Piobetta (J.-B.). — Le Baccalauréat, C.-R. par M. S. Charléty, p. 779. Poète et magistrat : Vauquelin de la Fresnaye. — Comm. par M. P.-Louis

Rivière, p. 802. Politique (La) financière de Sully dans la généralité de Lyon. — Ouvr.

de M. Permezel, M. très H. sur le prix Chaix d'Est Ange, 1936,

p. 124. Pologne (Diplomatie et protocole à la Cour de). — Ouvr. du comte

Przezdziecki, prix Joseph du Teil, 1936, p. 139. Polonais (L'Etablissement des) en France. — Ouvr. de M. Wlocevski,

récomp. sur le prix François-Joseph Audiffred (ouvr.), 1937, p. 594 et

618. Pondichéry (Le Vieux) 1673-1815. — Ouvr. de MMe Marguerite V. Labernadie,

Labernadie, Lucien de Reinach, 1937, p. 435, 438 et 609. Portrait de Cavelier de La Salle. — Comm. par M. Gabriel-Louis Jaray,

p. 420. Portugal. — Ouvr.de M.Gonzague de Revnold, C.-R. parle baron Seillière,

p. 298. Portugal (Le) économique. — Ouvr. du Dr Lucien-Graux, C.-R. par le

baron Seillière, p. 477. Pourrat (Henri). — Le secret des Compagnons, C.-R. par M. Albert Buisson,

p. 908. Ponthas. — La jeunesse de Guizot, M. très H. avec médaille sur le prix

Paul-Michel Perret, 1936, p. 133 et 134. Pouvoir (Les tendances du) et de la liberté en France au XXe siècle. —

Ouvr. de M. Maxime Leroy, C.-R. par M. Charles Rist, p. 905. Praslin (L'affaire du duc de) et la magistrature. - Ouvr. de M. Rousselet, C.-R. par M. Matter, p. 910. Pratique (La) des opérations financières en Banque. —Ouvr. de M. Pierre

Cauboue, C.-R. par M. André Liesse, p. 158. Précurseur (Un) : Napoléon III et l'organisation de la paix. — Comm.

de M. Albert Pingaud, p. 247. Préventorium d'Arbonne. — Prix sur la fondation Berthault 1937, en la

personne de sa secrétaire générale, Ml,e Marguerite Javal, p. 603, 604

et 773. Principes de droit commercial. — Ouvr. de M. Jean Escarra, C.-R. par

M. Germain Martin, p. 157. Principes (Les) du Droit des gens moderne. — Ouvr. de M. Robert Redslob,

Redslob, par M. Alejandro Alvarez, p. 467.


934 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

Prix (Recherches et travaux sur l'histoire des) en France, de 1500 à 1800. — Ouvr. de M. Henri Hauser, C.-R. par M. Ch. Rist, p. 904.

Problème (Le) de la justice indigène au Maroc. — Comm. par M. P.-Louis Rivière, p. 520.

Profils littéraires. — Ouvr. de M. Berger-Créplet, C.-R. par M. Léon Brunschvicg, p. 151.

Profit (B.). — L'éducation mutuelle à l'école, récomp. sur le prix FrançoisJoseph Audiffred (ouvr.), 1937, p. 592, 594 et 618.

Propriété (La) agraire en Italie. — Ouvr. de M. Auguste Murât, C.-R. par M. Henri Truchy, p. 309.

Provence (La) au XVIIIe siècle, Tomes I, II et III. — Ouvr. de M. Paul Masson, C.-R. par M. Marcel Marion, p. 305.

Przezdziecki (Comte Renaud). — Diplomatie et protocole à la Courte Pologne, prix Joseph du Teil, 1936, p. 136.

Psychanalytique (La méthode) et la doctrine freudienne. — Ouvr. de M. Roland Dalbiez, prix Dagnan-Bouveret 1937, p. 778 et 881.

Psychologie (La) de Condillac. — Ouvr. de M. Georges Le Roy, C.-R. par M. André Lalande, p. 471.

Psychologie (La) de la forme. — Ouvr. de M. Paul Guillaume, C.-R. par M. Paul Gaultier, p. 621.

Psychologie des masses. - Ouvr. de M. André Joussain, C.-R. par M. Paul Gaultier, p. 909.

Puech (Henri Ch.) et Koyré. — Prix Dagnan-Bouveret, 1937, en tant que directeurs des « Recherches philosophiques », p. 778 et 882.

Q

Qu'est-ce que le nationalisme économique î — Comm. par M. William

E. Rappard, p. 371. Quinet (Le jeune Edgard) ou l'Aventure d'un Enthousiaste. —Ouvr. de

M. Henri Tronchon, C.-R. par le baron Seillière, p. 780.

R

Ramas (Jules).— L'influence du problème mécanique sur l'évolution sociale, C.-R. par M. Firmin Roz, p. 151.

Rappard (William E.), C.— L'individu et l'état dans l'évolution constitutionnelle de la Suisse, C.-R. par M. Joseph Barthélémy, p. 316.

— Qu'est-ce que le nationalisme économique t p. 371. Rapports sur les concours :

— Bourses triennales, à attribuer en 1936. — Rapp. par M. Charles Adam,

p. 138.

— Bourse Maurice Block, à attribuer en 1936.— Rapp. par M. Henry Berthélemy,

Berthélemy, 121.

— Bourse Maurice Block, à attribuer eu 1937. — Rapp. par M. A. Lalande,

p. 880.

— Bourse Rodocanachi, à attribuer en 1936. — Rapp. par M. Léon

Brunschvicg, p. 137.


TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 935

— Bourse Rodocanachi, à attribuer en 1937. — Rapp. ,par M. Edouard Jordan,

Jordan, 586.

— Fondations Berthault et Salvan, à attribuer en 1937. — Rapp. par

M. Pierre Janet, p. 603.

— Fondations Carnot, Aron, Bon, . Daigremont, Davillier, Gasne, Pierre

Haudié, Hébrard de Villeneuve, de La Gorce, Schumacher de Guerry et Supplisson, à attribuer en 1937. — Rapp. par M. Georges Risler, p. 445.

— Prix Jules Audéoud, à décerner en 1937. — Rapp. par M. Léon Brunschvicg,

Brunschvicg, 579.

— Prix François-Joseph Audiffred (dévouement), à décerner en 1937. —

Rapp. par M. Henri Truchy, p. 871.

— Prix François-Joseph Audiffred (ouvr.), à décerner en 1937. —Rapp. par

le baron Seillière, p. 591.

— Prix Odilon Barrot, à décerner en 1937. — Rapp. par M. Joseph Barthélémy,

Barthélémy, 735.

— Prix Biaise des Vosges, à décerner en 1937. — Rapp. par M. A. Aupetit,

p. 886.

— Prix Hercule Catenacci, à décerner en 1936. — Rapp. par M. Georges

Pages, p. 122.

— Prix Hercule Catenacci, à décerner en 1937. — Rapp. par Paul Matter,

p. 877.

— Prix Carlier, à décerner en 1937. — Rapp. par Firmin Roz, p. 595.

— Prix Chaix d'Est Ange, à décerner en 1936. — Rapp. par M. Georges

Pages, p. 124.

— Prix Chaix d'Est Ange, à décerner en 1937. — Rapp. par Firmin Roz,

p. 741.

— Prix Corbay, à décerner en 1937. —■ Rapp. par M. Charles Adam,

p. 875.

— Prix Dagnan-Bouveret, à décerner en 1937. — Rapp. par M. A. Lalande,

p. 881.

— Prix Le Dissez de Pénanrun, a décerner en 1937. — Rapp. par M. A. Lalande,

Lalande, 884.

— Prix Drouyn de Lhuys, à décerner en 1936. — Rapp. par M. Georges

Pages, p. 128.

— Prix Drouyn de Lhuys, à décerner en 1937. — Rapp. par M. Firmin Roz,

p. 745.

— Prix Gegner, à décerner en 1937. — Rapp. par M. Pierre Janet,

p. 601.

— Prix Jean Finot, à décerner en 1937, — Rapp. par M. Funck-Brentano,

p. 439.

— Prix Jacques Flach, à décerner en 1936. — Rapp. par M. Georges

Pages, p. 130.

— Prix Marcel Flach, à décerner en 1937. — Rapp. par M. Paul Matter,

p. 739.

— Prix Jeanbernat et Barthélémy de Ferrari Doria, à décerner en 1937. —

Rapp. par le baron Seillière, p. 753.

— Prix Marie Laurent, à décerner en 1937. —- Rapp. par M. Albert Delatour,

Delatour, 581.

— Prix Paul Lêroy-Beaulieu, à décerner en 1937. — Rapp. par M. Georges

Risler, p. 755.

— Prix Louis Liard, à décerner en 1937. — Rapp. par M. Léon Brunschvicg,

p. 597.


936 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

— Prix Limantour, à décerner en 1937. — Rapp. par M. André Liesse,

p. 757.

— Prix Maisondieu, à décerner en 1937. — Rapp. par M. Eugène Schneider,

Schneider, 763.

— Prix Malouet, à décerner en 1937. — Rapp. par M. Firmin Roz, p. 747.

— Prix Gabriel Monod, à décerner en 1937. — Rapp. par M. Jordan, p. 588.

— Prix Paul-Michel Perret, à décerner en 1936. — Rapp. par M. Georges

Pages, p. 132.

- Prix Paul-Michel Perret, à décerner en 1937. — Rapp. par M. Firmin

Roz, p. 748.

— Prix Rossi, à décerner en 1936. — Rapp. par M. André Liesse, p. 273.

- Prix Lucien de Reinach à décerner en 1937. — Rapp. par M. Albert

Aupetit, 435.

— Prix Joseph Saillet, à décerner en 1937. — Rapp. par le baron Seillière,

p. 442.

— Prix Tanesse, à décerner en 1937. — Rapp. par M. Georges Risler, p. 767.

— Prix Joseph du Teil, à décerner en 1936. —Rapp. par M. Georges Pages,

p. 135.

— Prix Joseph du Teil, à décerner en 1937. — R app. par M. Firmin Roz,

p. 750.

— Prix Thor let, à décerner en 1937. — Rapp. par M. Alexandre Millerand,

p. 281. Rault (Jean), Escarra (Edouard) et Escarra (Jean.) — Principes de droit

commercial, C.-R. par M. Germain Martin, p. 157. Réau (Louis) et Cohen (Gustave). — L'Art du Moyen-Age, prix Chaix d'Est

Ange, 1936, p. 126 et 127. Rébelliau (Alfred), M. T. f. — Notice sur sa vie et ses travaux, par

M. A. Albert-Petit, p. 321. Recherches et documents sur l'histoire des prix en France, de 1500 à

1800. —Ouvr. de M. Henri Hauser, C.-R. par M. Charles Rist, p. 904. Recherches philosophiques. —Publication annuelle dirigée par M. Koyré

et Henri Ch. Puech, prix Dagnan-Bouveret, 1937, p. 778 et 882. Redslob (Robert). — Les principes du Droit des gens moderne, C.-R. par

M. Alejandro Alvarez, p. 467. Réel (L'esprit et le), dans les limites du nombre et de la grandeur. —

Ouvr. de M. Maugé, C.-R. par M. A. Lalande, p. 620. Réforme (Les origines de la) à Genève. — Ouvr. de M. Henri Naeff, prix

Chaix d'Est Ange, 1937, p. 741 et 772. Règles générales du droit de la paix. — Ouvr. de M. Louis le Fur,

C.-R. par M. Edgard Allix, p. 296. Régné (Jean). — La pénétration des idées nouvelles en Ardèche au début de

la Monarchie de Juillet, C.-R. par M. André Siegfried, p. 158. Régressions (Les) juridiques contemporaines. — Comm. par M. Henri

Decugis, p. 708. Renouvellement du bureau de l'Académie pour 1937. — Discours de

M. Henri Truchy, président sortant, p. 109.

— Discours de M. Jacques Bardoux, président pour 1937, p. 112. République (La) de Gênes et la France pendant la guerre de la succession d'Autriche. — Ouvr. de M. G. Broche, prix Drouyn de Lhuys»

1936, p. 128 et 129. Révélations sur la santé des jeunes travailleuses. — Ouvr. de M 11" Célin


TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 937

Lhotte et Elisabeth Dupeyrat, prix Carlier, 1937, p. 595 et 618.

— C. R. par M. Jordan, p. 619.

Révolution (La) française à la Martinique. — Ouvr. de M. Henry

Lémery, prix François-Joseph Audiffred (ouvr.), 1937, p. 591, 594 et 618. Révolutionnaire (Un) très conservateur : Creuzé-Latouche. — Ouvr. de

M. Marcel Marion, C.-R. par lui-même, p. 149. Revue d'histoire politique et constitutionnelle (janvier-mars 1937), C.-R.

par M. Joseph Barthélémy, p. 315. Reymond (Jean). —Albert Glaligng. La vie. L'homme. Le poète, C.-R. parle

baron Seillière, p. 152. Reynold (Gonzague de), C. — Portugal, C.-R. par le baron Seillière, p. 298. Richerateau (Jean). — Le rôle politique du professeur Koch. — Récomp.

sur le Prix Marcel Flach 1937, p. 740 et 771. Risler (Georges), M. L. — Rapp. sur les fondations Carnot, Aron, Bon,

Daigremont, Davillier, Gasne, Pierre Haudié, Hébrard de Villeneuve,

de la Gorce, Schumacher de Guerry et Supplisson pour 1937, p. 145.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Paul Leroy-Beaulieu à décerner en 1937,

p. 755.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Tanesse, à décerner en 1937, p. 767. Rist (Charles), M. T. — C.-R. d'un ouvr. de M. Henri Hauser, Recherches

et documents sur l'histoire des prix en France de 1500 à 1800, p. 904.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Maxime Leroy, Les tendances du pouvoir et de la

liberté en France au XX' siècle, p. 905. Rivière (P.-Louis), C. — Poète et magistrat : Vauquelin de la Fresnaye, p. 802.

— Le problème de la justice indigène au Maroc, p. 520.

— Le statut juridique de la colonisation du Maroc, p. 5.

— Siam, M. très H. avec médaille sur le prix Paul-Michel Perret, 1936,

p. 133 et 134. Rockefeller (La fondation). — Comm. par M. Jean Lépine, p. 656. Rodocanachi (Emmanuel), M. L. -f. — Notice sur sa vie et ses travaux,

par M. Jean Lépine, p. 785. Roi (Le) Albert, chef d'Etat. — Comm. faite par le comte Carton de Wiart

à la séance publique annuelle de l'Académie, le 18 décembre 1937,

p. 850. Rôle (Le) de l'éducation en plein air dans la formation morale de la

jeunesse. — Comm. par le D 1' P.-F. Armand-Delille, p. 554. Rôle (Le) politique du professeur Koch. — Ouvr. de M. Jean Richerateau,

récomp. sur le prix Marcel Flach, 1937, p. 740 et 771. Rolin (Le baron Albérie), C. I. "j*. — Allocution prononcée à l'occasion de

sou décès par M. Jacques Bardoux, p. 117.

— Allocution prononcée à l'occasion de ses funérailles, par le Comte Carton

de Wiart, p. 119.

Rollet (Dr Maurice). — Prix Lucien de Reinach pour son ouvr. : L'Afrique nous a conté, p. 609.

Roosevelt (L'expérience) et le milieu social américain. — Ouvr. de M. Louis R. Franck, C.-R. par M. Henri Truchy, p. 900.

Rousselet (Marcel). — La Magistrature sous la monarchie de juillet, et L'Affaire du duc de\ Praslin et la magistrature, C.-R. par M. Matter, p. 910.

Royer (Louis). — La duchesse de Dino et le baron de Vitrolles. Lettres inédites (1817-1829), C.-R. par le baron Seillière, p. 313.

Roz (Firmin), M. T. — C.-R. d'un ouvr. de M. Jules Ramas, L'influence du progrès mécanique sur l'évolution sociale, p. 151.


938 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

— Rapp. sur le conc. pour le prix Carlier, à décerner en 1937, p. 595.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Chaix d'Est Ange, à décerner en 1937,

p. 741.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Drouyn de Lhuys, à décerner en 1937,

p. 744.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Malouet, à décerner en 1937, p. 746.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Paul-Michel Perret, à décerner en 1937,

p. 748.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Joseph du Teil, à décerner en 1937,

p. 750. Rudrauf (L.). — Annuaire pour 1935 de l'Institut scientifique français de

Tartu, C.-R. par le baron Seillière, p. 150. Russie (La guerre civile en) 1918-1920. — Ouvr. de M. Georges Welter,

C.-R. par M. A. Albert-Petit, p. 159.

— Prix Paul-Michel Perret, 1937, p. 749 et 773.

Russie (Histoire de la) communiste. — Ouvr. de M. G. Welter, M. très H.

sur le prix Chaix d'Est Ange, 1936, p. 126 et 127. Ruthénie (La) subcarpathique. — Ouvr. de M. René Martel, Prix

Chaix d'Est Ange, 1936, p. 125 et 127.

S

Sainte-Hélène (Le chemin de). — Ouvr. de Pierre Chanlaine, M. très H. sur le prix Paul-Michel Perret, p. 1936, 132 et 134.

Santé (Révélation sur la) des jeunes travailleuses. — Ouvr. de M11»» Céline Lhotte et Elisabeth Dupeyrat, prix Carlier 1937, p. 595 et 618. — C.-R. par M. Jordan, p. 619.

Sarre (La) et son rattachement à l'Allemagne. — Ouvr. de M. Jacques Maupas, M. très H., sur le prix Drouyn de Lhuys, 1936, p. 129.

Sauret (M,le Henriette). — Récomp. sur le prix Tanesse, 1937 en tant que secrétaire générale de la bibliothèque Marie-Louise Bougie, p. 769 et 776.

Schneider (Eugène), M. L. — Rapp. sur le conc. pour le prix Maisondieu, à décerner en 1937, p. 763.

Schnerb (Robert). — La péréquation fiscale de l'Assemblée constituante, C.-R. par M. Georges Pages, p. 148.

Science (Art et) dans la philosophie française contemporaine. — Ouvr. de M. Joseph Segond, C.-R. par M. André Lalande, p. 462.

Séance publique annuelle du 18 décembre 1937. — Discours de M. Jacques Bardoux, président, p. 817.

— Les Associés britanniques de l'Académie des Sciences morales et politiques

politiques cours du dernier siècle, par le baron Seillière, Secrétaire perpétuel, p. 837.

— Le roi Albert, chef d'Etat, par le comte Carton de Wiart, p. 850. Séances et travaux de l'union juridique internationale, juin 1937. —

C.-R. par M. Alejandro Alvarez, p. 903. Secret (Le) des Compagnons. — Ouvr. de M. Henri Pourrat, C.-R.

par M. Albert Buisson, p. 908. Segond (Joseph), C. — Art et Science dans la philosophie contemporaine,

C.-R. par M. Lalande, p. 462.


TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 939

Seillière (baron), M. T. — Les Associés britanniques de l'Académie des

Sciences morales et politiques, au cours du dernier siècle, comm. faite

à la séance publique annuelle de l'Académie, le 18 décembre 1937, p. 837.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Rudrauf, Annuaire pour 1935 de l'Institut scientifique

scientifique de Tartu, p. 150.

— C.-R. de l'ouvr. de M. Jean Reymond, Albert Glatigny. La vie.

L'homme. Le poète, p. 152.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Louis Royer : La duchesse de Dino et le baron de

Vitrolles. Lettres inédites (1817-1829), p. 313.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Folke Leander : Humanism and naturalism, a

comparative study of Ernest Seillière, Irving Babbitt and Paul Elmer More, p. 312.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Jean Barennes : Un homme de loi pendant la Révolution,

Révolution, girondin Barennes, p. 314.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Henri Tronchon, Le jeune Edgard Quinet, ou

l'Aventure d'un Enthousiaste, p. 780.

— C.-R. d'un ouvr. de Mlle A. Lavondès, Olivier de Serres, Seigneur du

Pradel, p. 474.

— C.-R. d'un ouvr. du Dr Vinchon : Mesmer et son secret, p. 152.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Charly Guyot : Pèlerins de Môtiers et prophètes de 89, p. 299.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Gonzague de Reynold, Portugal, p. 298.

— C.-R. d'un ouvr. du Dr Lucien-Craux, Le Portugal économique, p. 477.

— C.-R. d'un ouvr. du général Boichut, Sur la deuxième conquête de la

Franche-Comté par Louis XIV (167b), p. 313.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Marc Citoleux, Le vrai Montaigne, théologien et

soldat, p. 469.

— C.-R. d'un ouvr. de M. André Dubosc, Unité de l'Asie, p. 150.

— Rapp. sur le conc. pour le prix F.-J. Audiffred (ouvr.), à décerner en 1937,

p. 591.

— Ri>> >j- I3 conc. pour le prix Jeanbernat et Barthélémy de Ferrari

Doria, à décerner en 1937, p. 753.

— Rapp. sur le conc. pour le prix Joseph Saillet, à décerner en 1937,

p. 442. Sens (Le) biologique et le sens social de l'activité artistique. — Comm.

par M. Zygmunt L. Zaleski, p. 669. Serres (Olivier de), Seigneur du Pradel. — Ouv. de Mlle A. Lavondès,

C.-R. par le baron Seillière, p. 474. Service social de l'enfance. — Récomp. sur le prix François-Joseph

Audiffred (dévouement) 1937 en la personne de sa secrétaire générale

M"» Olga Spitzer, p. 614'et 873. Siam. — Ouvr. de M. P.-Louis Rivière, M. très H. avec médaille sur le prix

Paul-Michel Perret, 1936, p. 133 et 134. Sicard (Emile) et Augarde (Jacques). — Alexandre 1er, le roi chevalier,

prix Paul-Michel Perret, 1936, p. 132 et 134. Siegfried (André), M. T. — Une géographie de l'opinion politique est-elle

possible ? p. 340.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Jean Morini, Les échanges commerciaux entre la

France et les Etats successeurs de l'empire austro-hongrois, p. 318.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Jean Régné : La pénétration des idées nouvelles en

Ardèche au début de la Monarchie de juillet, p. 158.


940 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

Signification (La) dn sensible. — Ouvr. de M. Jean Nogué, prix Le Dissez

Dissez Penanrun, 1937, p. 778 et 884. Sociétés (Les) Secrètes Italiennes » La Camorra, les Carbonari, la Mafia.

— Ouv. de M. Albert Falcionelli, prix Paul-Michel Perret, 1937, p. 748

et 773. Somme (La bataille de la) en 1916. — Ouvr. du général Georges Girard,

C.-R. par M. Henry Berthélemy, p. 474. Sources (Les) de l'histoire de France, XVIIe siècle. — Ouvr. de M. Louis

André, C.-R. par M. S. Charléty, p. 153. Souvenirs (Mes). — Ouvr. du général Messimy, C.-R. par M. Jean Lépine,

p. 469. Spitzer (Mme Olga). — Récomp. sur le prix François-Joseph Audiffred

(dévouement), 1937 en tant que secrétaire générale du a Service social de

l'enfance », p. 614. Statut (Le) juridique de la colonisation au Maroc. — Comm. par M. Louis

Rivière, p. 5. Stephanopoli (P. A.). — Bourse Rodocanachi, 1936, p. 137. Stem (Alfred) C. "f* — Allocution prononcée à l'occasion de son décès, par

M. Jacques Bardoux, p. 271. Strasbourg (Les chapitres ruraux des anciens évêchés de) et de Bâle. —

Ouvr. de M. l'Abbé Burcklé, prix Jacques Flach, 1936, p. 130 et 131. Strowski (Fortunat), M. T. — C.-R. d'un ouvr. de M. Gustave Michaut,

p. 781. Style (Le) des jugements. — Ouvr. de M. Pierre Mimin, prix Thorlet,

1937, p. 280, 281 et 461. Suisse (L'évolution politique de la). — Comm. par M. Edouard Chapuisat,

p. 85. Suisse (L'individu et l'Etat dans l'évolution constitutionnelle de la). —

Ouvr. de M. William E. Rappard, C.-R. par M. Joseph Barthélémy,

p. 316. Sujets de concours. — Pour les prix Crouzet à décerner en 1939 ; Odilon

Barrot, Jules Lefort, Budget, Rossi à décerner en 1940, p. 145. Sully (La politique financière de) dans la généralité de Lyon. — Ouvr.

de M. Permezel, M. très H. sur le prix Chaix d'Est Ange, 1936, p. 124. Supplément aux ententes économiques et financières. — Ouvr. de

M. J. Tchemoff, C.-R. par M. Albert Buisson, p. 908. Surdon (Georges). — Institutions et coutumes des Berbères du Maghreb,

C.-R. par M. Jean Lépine, p. 297. Sur la deuxième conquête de la Franche-Comté par Louis XIV (1674).

— Ouvr. du général Boichut, C.-R. par le baron Seillière, p. 313.

T

Tabbah (Bichara). — Du heurt à l'harmonie des droits, prix Joseph Saillet,

1937, p. 442, 444 et 615. Tartu (Annuaire pour 1935 de l'Institut scientifique français de). — Ouvr.

de M. Rudrauf, C.-R. par le baron Seillière, p. 150. Tchécoslovaquie (La). — Ouvr. de M. André Tibal, M. très H. sur le prix

Paul-Michel Perret, 1936, p. 132.


TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 941

Tchernoff (J.). — Dans le creuset des civilisations. Le destin d'un émigré. Tome II, et de l'affaire Dreyfus au dimanche rouge de Saint-Pétersbourg, Tome III. C.-R. par M. Paul Matter, p. 623 et 902.

— Supplément aux ententes économiques et financières, C.-R. par M. Albert

Buisson, p. 908.

Tendances (Les) du pouvoir et de la liberté en France au XXe siècle. — Ouvr. de M. Maxime Leroy, C.-R. par M. Charles Rist, p. 905.

Teissier (Georges), M. T. -j- — Notice .sur sa vie et ses travaux, par M. Paul Tirard, p. 625.

TeSSier (René). — Prix Corbay 1937, comme Président de l'Association d'hygiène sociale antituberculeuse d'Asnières-Bois-Colombes, p. 615.

Théry (René). — Un an d'audaces et de contradictions : juin 1936-juin 1937, C.-R. par M. Henri Truchy, p. 906.

Tibal (André). — La Tchécoslovaquie, M. très H. sur le prix Paul-Michel Perret, 1936, p. 133 et 134.

Tirard (Paul), M. T. — Notice sur la vie et les travaux de M. Georges Teissier (1862-1935), p. 625.

Tissier (Albert), Morel (René) et Glasson (E). — Traité théorique et pratique d'organisation judiciaire, de compétence et de procédure civile, C.-R. par M. Henri Capitant, p. 319.

Touraine (Les assemblées provinciales en). — Ouvr. de M. Louis Boucheron, C.-R. par M. Henry Berthélemy, p. 476.

Tragédie (La) de Dantzig. — Ouvr. de M. J.-P. Garnier, prix Drouyn de Lhuys, 1936, p. 128 et 129.

Traité théorique et pratique d'organisation judiciaire, de compétence et de procédure civile. — Ouvr. «de MM. E. Glasson, Albert Tissier et René Morel, C.-R. par M. Henri Capitant, p. 319.

Tramond (M»« Violaine). — Bourse Rodocanachi, 1937, p. 586, et 614.

Travail (Participation du) et du capital au revenu national et aux charges fiscales en Hongrie. — Comm. par M. Frédéric de Fellner, p. 42.

Tronchon (Henri). — Le jeune Edgar Quinet ou l'Aventure d'un Enthousiaste, C.-R. par le baron Seillière, p. 780.

Truchy (Henri), M. T. — Discours prononcé lors du renouvellement du bureau de l'Académie pour 1937, p. 109.

— C.-R. d'un ouvr. de M. René Théry, Un an d'audaces et de contradictions :

juin 1936-juin 1937, p. 906.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Ferdinand Grùnig, Le circuit économique. Libéralisme

Libéralisme autarchie, traduit par M. Gaël Fain, p. 782.

— C.-R. de l'Encyclopédie économique universelle, publiée sous la direction

de M. Megglé, p. 784.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Louis R. Franck, L'expérience Roosevelt et le

milieu social américain, p. 900.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Edouard Dolléans, Histoire du mouvement

ouvrier (1830-1871), p. 308.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Louis Baudin, Les illusions du crédit, p. 466.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Louis Baudin, La monnaie et la formation des prix,

p. 464.

— C.-R. d'un ouvr. de M. Auguste Murât, La propriété agraire en Italie,

p. 309.

— Rapp. sur le conc. pour le prix François-Joseph Audiffred (dévouement),

à décerner en 1937, p. 871.


942 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

U

Unité de l'Asie. —Ouvr. de M. André Dubosc, C.-R. par le baron Seillière, p. 150. Union (Séances et travaux de 1') juridique internationale, juin 1937. —

C.-R. par M. Alejandro Alvarez, p. 903.

V

Valayer (Paul). — L'Allemagne fera-l-elle sombrer l'Europe ? C.-R. par M. Jean Lépine, p. 477.

— La guerre qui rôde, C.-R. par M. Jean Lépine, p. 477.

Vallée (Gustave). — La Conscription dans le département de la Charente

(1798-1807), prix Chaix d'Est Ange, 1937, p. 742 et 772. Vaste (Le) champ du célibat féminin. — Ouvr. deMlle Lya Berger, récomp.

sur le prix Tanesse, 1937, p. 768 et 767. Vauquelinde la Fresnaye (Poète et magistrat :). —Comm. par M. P.-Louis

Rivière, p. 802. Vernier (Jean). — Récomp. sur le prix Rossi, 1936, pour son Mém. : « II

faut se garder d'inviter au banquet de la vie plus de convives qu'il n'est

possible d'en servir », p. 141.

— M. très H. sur le prix Rossi, 1937, pour son Mém. : « 0 fortunatos nimium,

sua si bona norint, agricolas... », p. 898.

Viallatte (Achille). — L'activité économique en France de la fin du XVIII'siècle à nos jours, C.-R. par M. André Liesse, p. 316.

Vie (La) des animaux sauvages de l'Afrique. — Ouvr. du Dr Emile Cromier, récomp. sur le prix Lucien de Reinach, 1937, p. 437, 438 et 609.

Vie (La) politique et constitutionnelle des peuples. Annuaire interparlementaire 1937. — Ouvr. publié par MM. Boissier, Mirkine-Guetzévitch, Laferrière, André Pierre et Akzini, C.-R. par M. Henry Berthélemy, p. 471.

Vieux (Le) Pondichéry. - Ouvr. de Mm« Labernadie, prix Lucien de Reinach, 1937, p. 435, 438 et 609.

Vinchon(Dr). — Mesmer et son secret, C.-R. parle baron Seillière, p. 152.

Violet (Dr Madeleine). — Prix Maisondieu 1937, en tant que médecin l'Association « Lumière et Santé », p. 765 et 776.

Viollet (Abbé). — Prix Paul Leroy-Beaulieu 1937, pour ses « OEuvres familiales du Moulin-Vert », p. 755 et 776.

Vision (La connaissance sensorielle et les problèmes de la). — Ouvr. de M. Henri Piéron, C.-R. par M. André Lalande, p. 154.

Vitrolles (La duchesse de Dino et le baron de). Le ttres inédites (1817-1829). — Ouvr. de M. Louis Royer, C.-R. par le baron Seillière, p. 313.

Vloberg (Maurice). — Les fêtes de ^France, prix François-Joseph Audiffred (ouvr.), 1937, p. 593, 594 et 618.

Vrai (Le) Montaigne, théologien et soldat. — Ouvr. de M. Marc Citoleux, C.-R. par le baron Seillière, p. 469.


TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 943

W

WaltZ (André). — A l'ombre du lys, prix Jacques Flach, 1936, p. 130 et

131. Welter (G.). — La guerre civile en Russie, C.-R. par M. A. Albert-Petit,

p. 159.

- Prix Paul-Michel Perret, 1937, p. 749 et 773.

— Histoire de la Russie communiste, M. très H. sur le prix Chaix d'Est Ange,

1936, p. 124. Wlocevski (Stéphane). — Etablissement des Polonais en France, récomp. sur le prix François-Joseph Audiffred (ouvr.), 1937, p. 594 et 618.

Y

Tepes (J. M). — Le panaméricanisme au point de vue historique, juridique et politique, C.-R. par M. Alejandro Alvarez, p. 314.

z

Zaleski (Zygmunt L.). — Le sens biologique et le sens social de l'activité

artistique, p. 669. Zamora (Niceto Alcala). — Los defeclos de la Constitucion de 1931, C.-R.

par M. Joseph Barthélémy, p. 147. Zara (Philippe de). — Mustapha Kémal, dictateur, M. très H. avec médaille,

sur le prix Paul-Michel Perret, 1937, p. 749 et 773.

Le Gérant : DE PEYRALADE.

FLOCH - OFFSET. — Mayenne et Paris, 25-1-1938