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Titre : Revue agricole, industrielle et littéraire du Nord / publ. sous le patronage de la Société d'agriculture, sciences et arts de l'arrondissement de Valenciennes

Auteur : Société d'agriculture, des sciences et des arts (Valenciennes). Auteur du texte

Éditeur : [s.n.] (Valenciennes)

Date d'édition : 1898

Contributeur : Feytaud, Urbain (1807-1894). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328562707

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328562707/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 15863

Description : 1898

Description : 1898 (T48,A50).

Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale

Description : Collection numérique : BIPFPIG59

Description : Collection numérique : BIPFPIG59

Description : Collection numérique : Fonds régional : Nord-Pas-de-Calais

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5731777s

Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-214183

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

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^% JEVUE-

AGRICOLE, INDUSTRIEttE

HISTORIQUE ET ARTISTIQUE


VALENCIENNES —IMPRIMERIE L. LAGQUR ET■■■&»,


DE I/ARBONDISSEMENT DE VALENCIENNES (NORD) FONDÉE EN 1831, DÉCLARÉE EN 1851 ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE.

REVUE

AGRICOLE, INDUSTRIELLE HISTORIQUE & ARTISTIQUE

TOME XLVIII.

CINQUANTIEME ANNEE.

VALENCIENNES IMPRIMERIE L. LACOUR ET O

11, rue de Mons, 11. 1898



DE L'ARRONDISSEMENT DE VALENCIENNES (NORD) FONDÉE EN 1831, DÉCLARÉE EN 1851 ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE.

REVUE

AGRICOLE, INDUSTRIELLE HISTORIQUE ET ARTISTIQUE

COMPOSITION DE LA SOCIETE

AU 1»<- MARS 1898.

Membres honoraires de droit.

M. LE SOUS-PRÉFET de Va.lericiennes. M. LE MAIRE de Valencierin.es.'

Membre honoraire résidant.

M. PESIER Edmond, ^, chimiste, à Valenciennes.

Membres honoraires non résidants.

'.MM: BOCA Louis, ancien archiviste du département de la

Somme, à Saint-Quentin. . DELEPORTE-BAYART, trésorier de la Société des agriculteurs du Nord, à Roubaix. ■ '" "■ DESVAGHEZ David, graveur en taille-douce, â Bruxelles. DEVILLERS L'éopold, archiviste de l'Etat belge pour la

province du Hainaut, à Mons. MOYAUX Constant, 0^, inspecteur général des bâtiments civils, professeur à l'Ecole des beaux-arls, architecte de l'Institut, à Paris. VANDEN BUSSCHE, ancien archiviste de l'État belge, à Angréau. TOME XLVIII. 1


■ — 6; —'. "

..,..., Autres membres.

MM.

AFFLARD, cultivateur, Avesiîes-le-Sec.

ANDRÉ Paul, cultivateur, Saint-Amand.

ANDRÉ Fidèle, propriétaire, Nivelles.

ANDT Jacques, docteur en méd.; pharmacien, Valenciennes.

ARMAND Léon, représentant de commerce, Valenciennes.

AYASSE Alphonse, imprimeur, Valenciennes.

BARBIEÛX Erhile, propriétaire, Saint-Amand.

BARBIEÛX Louis, brasseur, Saint-Amand.

BARBIEÛX Michel, cultivateur, Saint-Amand.

BARRCIS Edouard, cultivateur, Marquette.

BASSEZ-GRENIER, négociant, Valenciennes.

BATIGNY Anatole, entrepreneur de peinture, Valenciennes.

BATIGNY Gaston, directeur de l'octroi, Anziri.

BAUDRIN Ernest, commerçant en grains, StTVaast-lez-Valenc.

BAÛBRIN Pierre, cultivateur, Rouvignies.

BERNIER Alexandre, négociant, Bouchain. :

BERTAU Edgar, propriétaire, Valenciennes:

BERTRAND Victor, bourrelier, Marly.

BÉTHUNE Henri, industriel, Bouchaîri.

BILLER Joseph, notaire, Saint-Amand.

BILLET François, ^, distillateur, Marlj.

BILLIET Edouard, négociant, Valenciennes.

BINET Adolphe; experk-oomplable, Valenciennes.

BINOÏS Alphonse, carrossier, Valenciennes.

BINOIS Charles, libraire, Valenciennes.

BISIAUX Désiré, cultivateur, Saint-Saulve.

BLARY Jean, vétérinaire, Valenciennes.

BOIVIN, directeur de la succursale de la-Banque de Fran?e,

Valenciennes.

BOUCHART Léon, cultivateur, Cubray (Siirit-Amand).

BOUCHART Octave, brasseur, Saint*Ainandr

BOUCHART Pierre, propriétaire, Lecèlles. ■'.'■!

BOUCHANT René, maltéur, Saint-Amancl.

BOUCHARD-RENARD, cultivateur, Leeelles.

BOUCHART-STERLIN Casimir, cultivateur, Saiht-Amand.

BOUCLY, vétérinaire, Dehain. ;ij

BOULANGER Amédée, négociant en fers, Bouchain.


BOULANGER Léon, ébéniste, Valenciennes.

BOULANT Amérlée, huissier, Bouchain.

BOUMART Charles, ^i, propriétaire, Valenciennes.

BOURGEOIS Alexandre, entrep. de menuiserie, Valenciennes.

BOUKGEOIS-DAYEZ, cultivateur, Saint-Saulve.

BOUTE Adolphe, cullivaleur, Saint-Saulve.

BOUTE Emile, cultivateur, Marly.

BOUVIER Gustave, cultivateur, Rombies.

BRABANT Alfred, ^, fabricant de sucre, Onnaing.

BRABANT Edmond, fabricant de sucre, Onnaing.

BRASSART-BRIXY Léon, cultivateur, Bouchain.

BRICHART fils, cultivateur, Neuville-sur-Escaut.

BRICOUT-CACHERA Joseph, cultivateur, Avesnes-le-Sec.

BRICOUT-CAULLET, cullivaleur, Haspres.

BRICOUT Désiré, cultivateur, Avesnes-le-Sec.

BRICOUT fils, fabr.de bâches et sacs, Quérénaing.

BRISART Henri, marchand tapissier, Valenciennes.

BROUDEHOUX Alphonse, industriel, Anzin.

BROUILLARD Emile, entrepreneur de peinture, Valenciennes.

BHUMELET-MOUTY, marchand de bestiaux, Saullain.

BRUNEAU Aimé, cultivateur, Lieu-Saint-Amand.

BRUYÈRE Paul, fabricant d'engrais, Valenciennes,

BULTEAU Nestor, cultivateur, Rumegies.

BULTOT Edouard, pi'opriétaire, Valenciennes.

BURY Jean-Baptiste, brasseur, Avesnes-le-Sec.

CACHERA Jean-Baptiste, cultivateur, Marquette.

CACHERA Jules, cultivateur, Marquette.

CANELLE, agent d'assurances," Raismes.

CANIEZ Alfred, manufacturier, Aulnoy.

CANONNE, docteur en médecine. Anzin.

CANONNE André, notaire, Bouchain.

CANQUETEAU Auguste, entrepreneur, Valenciennes

CAPLIEZ, doyen de Saint-Nicolas, Valenciennes.

CARDON Arthur, entrepreneur de travaux, Valenciennes.

CARLIER Emile, propriétaire, Valenciennes.

CARLIER Joseph, vétérinaire, Lecelles.

CABLIER Léopold, cultivateur, Lecelles.

CARON Alexis propriétaire, Denain.

CARON Henri, cultivateur, Thiant.


- v8' -,

CABPENTIER Charles, brasseur, Roeulx.

CAROUL Charles, cultivateur, Saint-Amand.

CARTIGNY Honoré, cultivateur, Escaudain.

CATON Auguste, chimiste, Valenciennes.

CAUUHY Paul, cultivateur, Estreux.

CAUDRON-DUFRESNES, cultivateur, Saint-Amand.

CAULLET César, fabricant de sucre, Haspres.

CAULLET Jules, cultivateur, Haspres.

CAZIN Jean-Baptiste, receveur de l'octroi, Valenciennes.

CELLIER Eugène, avocat, Valenciennes.

CHATELAIN-BERTINCHAMP François, cultivateur, Valenciennes.

CHÉRUBIN Charles, brasseur, Maing.

CHOTTEAU Paul, avocat, Valenciennes.

CHUFFART Arsène, cultivateur, Préseau.

GHUFFART Jules, vétérinaire, Préseau.

CLÉMENT Léon, sec. du Conseil de Prud'hommes, Valenciennes.

COCHIN Jean-Baptiste, cultivateur, Chàteau-l'Abbaye.

COGÉ Auguste, propriétaire, Bouchain.

COLIN Aimable, cultivateur, Bellaing.

GoPiN Jean-Baptiste, brasseur, Hélesmes.

GoplN Léon, professeur de musique, Valenciennes.

COQUÉLLE Clément, cultivateur, Mastaing,

COROENNE Henri, artiste peintre, Fontenay-sous-Bois.

CORSOI.LE Alfred, négociant, Valenciennes.

COULON Hector, huissier, Valenciennes.

COURTIN frères, industriels, Raisinés.

COUSIN Albert, secrétaire de la mairie, Bouchain.

CRASQUIN, vétérinaire, Sebourg.

CRÉNEAU Pierre, maréchal ferrant, Bruille.

CHÉPIN Emile, propriétaire, Aubry.

CRÉPIN^DESLINSEL, $fe, agriculteur, Denain.

CROMBÉ-DESTECQUE Victor, négociant, Bouchain.

DABANCOURT Adolphe, maréchal ferrant^ Saint-Saulve.

DAMIEN François, directeur de l'Ecole primaire supérieure,

Valenciennes. DANGRÉAUX Ovide, brasseur, Quarouble. DANQUIGNY, maréchal ferrant, Mastaing. DANQUIGNY-POULAIN, propriétaire, Mastaing. DARTHOIS Henri, marchand boucher, Bouchain.


DASSONVILLE-DECAMPS, cultivateur, Sebourg. ,

DÀUBRESSE Auguste, fabricant de clous,,Bouchain.

DAVAINE Albert, minotier, Saint-Amand.

DAVAINE Casimir, distillateur, Saint-Amand. '■ DAVAINE Emile, ^, cultivateur, Saint-Amand.

DAVAINE Ernest, industriel; Saint-Amand.

DEBARALLE Paul, ^, propriétaire, Valenciennes.

DEBIÈVE Anatole, ^, inlustriel, Valenciennes.

DE BRETAGNE, propriétaire, Mortagne.

DECAMPS lldephonse, cultivateur, Sebourg.

DÈCLE Julien, ^, propriétaire, Valenciennes.

DECOMBLE François, cullivaleur, Bouchain.

DÉFERNEZ Benoît, Vieux-Condé.

DEHEINZELIN Xavier, propriétaire, Neuville-sur-Escaut.

DEHON Désiré, imprimeur, Valenciennes.

DÉJARDIN Julien, artiste peintre, Valenciennes./

DÉLApRiÈRE .Vietor, marchand de chevaux, Saint-Saulve.

DELÀME René, négociant, Valenciennes.

DELAROIÈRE Ernest, fabricant de sucre, Marquette.

DELCAMBRE Hubert, ^, brasseur, Denain. : DELCOURT-BASIEZ Calixté, cultivateur, Saint-Amand.

OELGOURT Paul, propriétaire, Valenciennes.

DELCOURT Théophile, notaire, Valenciennes.

DELËAU Victor, ancien négociant, Denain.

DELGIUNGÉ Antoine, cultivateur, Valenciennes.

DELHAIE Jules, industriel, Valenciennes. .

OÉLMAHLE Jules, maréchal ferrant, Anzin.

DËLSART Jules,-photographe, Valenciennes.

DÉLTQMBE-LEROUX, propriétaire, Bruai.

DELVALLÉE Philippe, valet c'e ferme, (I.), Saint-Saulve.

DEMAZURE, propriétaire, Saint-Amand. i

DE QciLLACQ Auguste, ^, propriétaire, Valenciennes.

DEHOMBY Théodore, propriétaire, Valenciennes,

DÉRVAUXErnest, ^, industriel, Vieux-Condé..

DE SCHRYVER, directeur de la Société de constructions franco: belgo, Haismes;

DÉSFONTAINE DE PREUX» propriétaire, Saul tain.■'.."■•'

DESILVE; Isidore, curé, Quarouble.

DÈSJARPIN-RAUXV négociant, Hordain. ^,;

';'. TUMii &LV1II. - 1*


-■10 —.

DESORBAIX Victor, avocat, Valenciennes. DETOURMIGNIES, propriétaire, RosulL DEVÉMY Louis, cullivaleur, Muing. DEVILLEHS Charles, avoue, Valenciennes. D HAUSSY Albert, fabricanl de sucre, ArtreS; D'HAUSSY Georges, agriculteur, Ai très. DHENNIN Maxime, agriculteur, Hornaing. DÎME Emiie, maréchal ferrant, Marly. DOMBIIE Louis, directeur des'mines de Douchy, Lourches. DORÉMIEUX Emile, industriel, Saint-Amand; DOUTRIAUX André, avocat, Valenciennes. DOUTIUAUX Auguste, avocat, Valenciennes. DREYFUS Léon, négociant, Valenciennes. ; DREYFUS Léopold, négociant» Valenciennes^ DCBÎIS François, brasseur, Hordain. DUBOIS fi ères, brasseurs, Wasnes-au-Bac. DUBOIS Henri, médecin-dentiste,' Valenciennes. DUBOIS Pierre, cultivateur, Roeulx. DuBUiicQ Louis, brasseur, Lourches; DUBUS Paul, entrepreneur de peinture, Valenciennes. DUCLOUX A., professeur d'agriculture, Valenciennes. DUDÀNT Elisée, cullivaleur, Héiçsmes. DÙFLOT Louis, cultivateur, Rosult. DUFLOT Parfait, cultivateur, Saint-Amand. DUFOSSÉ Joseph, cultivateur-horticulteur, Roeulx. DuFouii-BniFFAUT, cultivateur, Saint-Amand. DUGAHDIN Fernand, pharmacien, Valenciennes. DUGARDIN-GAHDIN Pierre-Joseph, cultivateur, Saint-Amand. DUPAS-BRASME, négociant, Valenciennes. DUPONT Achille, phnmacien, Bouchain. DUPONT Antoine, père, cultivateur, Thiant. DUPONT Antoine, fils, cultivateur, 'Ihiant. DUPONT Ferdinand, cultivateur, Wavrechain-sous-Denain. DUPONT Paul, banquier, Valenciennes.' DUPONT Paul, fils, banquier, Valenciennes. DURIËUX cullivaleur, Hordain. DUROISIN Louis, maréchal ferrant, Saint-Amand. DUSA'KT Emile, propriétaire, Saint-Ainand (La Croisette). FALLY Emile, brasseur, Condé.


— 11 —

FALLY Ernest, notaire, Valenciennes.

FARINEAU Robert, cultivateur, Sars-et-Rosièi'es.

FAUVILLE Célestin, cultivateur, Neuville-sur-Esçaut,

FAUVILLE Gustave, cultivateur, Bouçheneiiil-lez-Bouchaii}.

FAUVILLE Victor, .cultivateur, Neuville-sur-Esçaut. .

FÉLIX Achille, maréchal ferrant, Lourches.

FERNEZ-DELESAR, propriétaire, Valenciennes. .FONTAINE Emile, principal clerc de notaire, Bouchain. . FONTELLAYE Eugène, industriel, Valenciennes.

FRANÇOIS Antoniri, $fc, directeur de la Compagnie des mines d'Anzin.

FROMENTIN Edouard, propriétaire, Valenciennes.

FROMONT Jules, propriétaire, Valenciennes.

GAI.LÈZ Adolphe, négociant en bois, Bouchain.

GALLONDE.Henri, ingénieur, Valenciennes.

GÂTQUIÉ Henri, statuaire, Paris.

GÉLAIN Charles, cultivateur et brasseur, TJiiant. . GESCHWIND Lucien, chimiste, Onnaing.

GIARD Georges, propriétaire, Valenciennes.

GIARD Gustave,'directeur d'assurances,. Valenciennes.

GIARD-MOTTE Jules, négociant, Valenciennes.

GIARD Léon, courtier de commerce, Valenciennes.

GIARD Pierre, libraire, Valenciennes.

GILLET Arthur,..directeur de banque, Valenciennes.

GIRARD Alfred, avocat, Valenciennes.

GOFFART Désiré, cultivateur, Valenciennes.

GOFFART Louis, cultivateur, Valenciennes.

-GOSSET-PINCHON, cultivateur, Aniche.

GOSTIAUX Edouard, cultivateur, Marly.

GpuviùN Jules, agriculteur, Denain.

GRAS Georges, ingénieur, imprimeur, Valenciennes.

GRAVIS Henri, notaire, Valenciennes.

GRIMQNPHEZ Eugène, ingénieur, Valenciennes.

HAUTCOEUR Emile, cultivateur, Bruai.

MÀYEZ Louis, cullivaleur, Curgies.

HAYEZ Pieire, fabricant de sucre, Curgies.

HÉCART Abel, doyen, Avesnes.

HÉLLË Joseph, bourrelier, Marly.-

'HÉNAULT Maurice, archiviste municipal, Valenciennes.


— 12 —

HENRY Victor, sec. de la Chambre de corn., Valenciennes. HEHMAIN Hippolyle, marchand de bestiaux, Curgies. HEHMAIN Nestor, cultiva eur, .Curgies. ^

HOCQUÉ Emile, vétérinaire, Valenciennes. HOLLANDE Georges, imprimeur, Valenciennes. HOLLANDE Théodore, propriétaire, Valenciennes. HORNEZ Albéric, cultivateur, Maulde. HOHNEZ Victor, cultivateur, Saint-Saulve. ' HOURDEQUIN Ernest, chimiste, Valenciennes. HOURRIEZ Gustave, cultivateur, Lourches. HOURRIEZ Honoré, cultivateur, Lourches. HOUSEZ Albert, industriel, Condé. HUART Charles, cultivateur, Estreux. HUYGHE-WALLET, industriel, Quiévrechàiri. IMBERT Edouard, fondeur, Valenciennes. V; JACÔB Adolphe, négociant, Valenciennes. JACQMARCQ J.,'industriel, Saint-Saulve. JACQMARCQ Louis, industriel, Saint-Saulve. JANSSENSL., industriel, Anzin (Bleuse-Bôrrie). JOLY Charles,'cultivateur, Haspres. JOUGLET Elie, brasseur, Denain. -,'."-'

LACOUR Léon, imprimeur, Valenciennes. LACROIX Ant., industriel, Tiiih-Saint-Léger. LAJOIE Pierre, ingénieur, architecte, Valenciennes. .LAMBERT Céleslin, brasseur, Petite-Forêt. LAMBERT, inspect. honor.des écoles primaires, Valenciennes. ' LAMELIN Con&lant, chef rie comptabilité, Trith-Sainl-Léger. LANCIAUX Hippolyte, entrepren. de serrurerie; Valenciennes. LANTIEZ Ernest, Abscon. LANTIEZ Paul, cultivateur, Avesnes-le-Sec. LANTIEZ René, propriétaire, Avesnes-le-Sec. LAUDE Aman, cultivateur, Bellaing. LAUDE Léon, maréchal fen ant, Denain. LAURENT Charles, brasseur, Crespin-. LAURETTE Joseph, Denain. -

LEBACQZ Charles, propriétaire, Valenciennes, LEBRUN Paul, négociant, Valenciennes.. LECAT.Jufien, conservateur de la; Bibliothèque municipale, Vaierieiennes. ■■.-:


- 13 -

LÉDÉ Prudent, cultivateur, Saint-Aybert. •

LEDIEU-CACHEUX, cultivateur, Maing.

LEDUC Albert, cultivateur, Artres.

LEFEBVHE Auguste, notaire honoraire, Valenciennes.

LEFEBVRE-HAYEZ, cultivateur, Curgies.

LEFEBVHE Jules, cultivateur, Beuvtages.

LEFRANCQ-CLAISSE, négociant, Valenciennes.

LEGRAIN, valet de ferme, (I.), Saint-Amand..

LEGRAND Jean-Baptiste, cultivateur, Lecelles.

LEGRAND Léon, médecin vétérinaire, Hasnon.

LEGRAND Louis, ^ 0, ministre plénipotentiaire, conseiller d'Etat, Paris.

LEGHU-RAVIART, imprimeur, Saint-Amand.

LEÏGN.EL Arthur-, architecte, Denain.

LEMAIRE H., directeur com. de la Société des hauts fourneaux, forges et aciéries de Denain. .

LEMAITRE Louis, libraire, Valenciennes.

LEMÉH Henri, fabricant de sucre, Bruille-Saint-Amand.

LE MITOUARD, doreur, Valenciennes.

LEMPEREUP. J.-Ph., brasseur, Lieu-Saint-Amand.

LENCLUD Gustave, brasseur, Hasnon.

LENGLET, contrôleur des mines, Anzin.

LENNE Jules, cultivateur, Escautpont.

-LÉPOIVRE, brasseur, Denain.

LÉQUIPAHT Léon, Monchau.v.

LEROY Edmond, greffier du Tribunal de com., Valenciennes.

LEROY-MAHIEU, constructeur de bateaux, Bouchain.

LESAGE-TOUHNOIS, négociant, Saint-Amand.

LESENS Georges, juge de paix, Abscon.

.LÉSIEUR Félix, libraire, Valenciennes. /

LESTOILLE Ernest, cultivateur, Haspres. ^

LESTOILLE-MÉRIAUX, cullivaleur, Haspres.

LÉVY-STEIN Félix, négociant, Valenciennes.

LOSSET Auguste, pro|)riélaire, Valenciennes.

LUSSIGNY Henri, négociant, Valenciennes.

LUWEZ Emile, Valenciennes.

MABILLE Henri, banquier, Valenciennes.

MACAREÊ Ernest, ^, agriculteur, Haulchin.

MACAREZ Ernest, fils, agriculteur, Haulchin,


M-

MALAQUIN Henri, propriétaire, Famars.

MALISSARD-TAZA, industriel, Ânzin.

MALLEZ Albert, entrepreneur^ Dénairi.

MALLEZ Gélestin, cultivateur, Prouvy.

MALLEZ Ferdinand, cultivateur, Estreux.

MALLEZ Henri, brasseur, Prôscau.

MALLEZ Henri, agriculteur, Thiunt.

MANIEZ Charles, propriétaire, Rouvignies.

MÂNOUViuËz Anatole, docleur en médecine, Valenciennes.

MARIAGE Arné, cullivaleur, Onnaing.

MARIAGE Edouard, ^, négociant, Valenciennes.

MARIAGE Jean-Bapliste, ^, fabricant de sucre, Thiant. .

MARIAGE Louis, docteur en médecine, Valenciennes.

MAHLIÈHE Charles, négociant, Valenciennes.

MARMOTTAN Charles, critique d'art, Paris.

MARTEL Edmond, propriétaire, Coudé.-

MAURICE Paul, fabricant de sucre, Valericiérines.

MEMBRE Paul, agent d'assurances, Valenciennes.

MENTION Alfred, notaire, Saint-Amand.

MÉRIAUX Alfred, propriétaire, Saint-Amand.

MÉRIAUX Henri, propriétaire, Bouchain.

MERLIN D'ESTKEUX DE BEAUGRENIER, propriétaire, Valenciennes.

MESTREIT Victor, dir. des Chemins de fer économiques, Anzin.

MEURS Jules, entrepreneur de serrurerie, Valenciennes.

MONCHAIN Alphonse, fondeur en fer, Bouchain.

MONNIER-DRAPIER, cultivateur, Sàinl-Âmandv

MONNIER Fernand, cultivateur, Rumegies.

MONSEUX Gustave, entrepreneur dé bâliriîenls, Valenciennes.

MOREAU Auguste, artiste peintre, Saint-Saulve.

MOREAU-DESPINOY, cultivateur, Cambrai.

MOREULE Pierre-Georges, cultivateur, Haspres.

MOTTEZ Paul, négociant, Valenciennes.

MUSTELIER-POIRETTE, cultivateur, Saint-Saulve.

NAMUR Henri, notaire,.Valenciennes.

NAVREZ Alfred, charron, Marly.

NAVREZ Louis, bourrelier, Estreux.

NicQ Victor, brasseur, Néuville-sur-Esdàùt.

NONCLERCQ Désiré, négociant, Onnaing.

NOTERMAK-CHOTTEAU, marchand de porcs, Saint-Amand.


— 15 —

OBLIN Cyprien, cultivateur, Emerchicourt. OLIVIER, cultivateur, Hordain. OURY-CERF, bouclier et cultivateur, Valenciennes. PATOIR-LIONNE, propriétaire, Wallers. PAUL Etienne, négociant, Bouchain. PAYEN Elié, cultivateur, Denain. PÉNiAUx-Paiil, propriétaire, Valenciennes. PIÉRARD Louis, banquier, Valenciennes. PiLLiON Jules, propriétaire, Valenciennes. PLACE Julien, industriel, Saint-Saulvé. PLicHONrHA-vEz,,négociant, Saint-Amand. .PLUCHART François, cultivateur, Oisy. PôiRETTE Alexandre, père, cultivateur, Saint-Saulve. POIIVETTE Alexandre, lils, cultivateur, (I.),'Saint-Saulve. POIRIER Edmond, père, négociant, Valenciennes.. POULLÉ, procureur de la République, Valenciennes. POURAILLY.Emile, représentant de commerce, Valenciennes. PO'UTRAIN fils, vétérinaire, Valenciennes. PRELVHOMME, meunier, Romliies. PJIEVOST Louis, cultivateur, Saint-Amand. PRÉVOST-.PLUGIN Tliunolhée, cultivateur, Saint-Amand. PRUVOT frères, construct. de mach. agricoles, Valenciennes. FUREUR Pierre, brasseur, Condé. QUINET François, cultivateur, Quarouble. RAVERDY Auguste, fabricant de chicorée, Saint-Saulve. RAVERDY Gustave, ^, propriétaire, Condé. RAVIART François, valet de ferme, (1.), Rosult. REMY-LEFEBVRE Clément, cultivateur, Brillon. RÉMY Philippe, cullivaleur, Emerchicourt. RÉMY-RÉMY, cultivateur, Saultain. RENARD Léon, maître de verreries, Fresnes. RESIMONT Armand, $fe, dir. de forges et aciéries, Valenciennes. RICHE Emiie, cultivateur, Saint-Saulve. RICHEZ Alfred, architecte, Valenciennes. RICOUARD-DUGOUR, imprimeur, Anzin. RIGAUT Léon, marchand de bestiaux, Curgies. RISBOURG César, propriétaire, Roeulx. RISBOURG Paul, minotier, Bouchain. ROBERT Désiré, propriétaire, Valenciennes.. L


. — '"16' —-

ROCARD Paul, entrepreneur de peinture, Vaiencierinës. ROGER Paul, notaire, Valenciennes. '

ROMBAUX Alphonse, industriel, Marly. RUELLE Emile, industriel, Valenciennes.' RUELLE Etienne, fondeur, Quiévrechain. RUFIN-WALLERAND, cultivateur, Saullaîn. : SABÈS J., président du Tribunal civil, Valenciennes. - SAHÙT Henri, ingénieur, Ràismes. ,

SAINTOBER Charles, culliva|eur, Mastaing. ; SAINT-QUENTIN Fénelon, avocat, Valenciennes. ' SAUTTEAU Paul, ^, avocat, Valenciennes. SAUVAGE Charles, pharmacien, Bouchain. SGHMÎDT A,, négociant, Mâiiy. SERBAT, propriétaire, Saint-Saulve. SIROT César, maître de forges, Trith-Sain t-LégerSIROT Hector, industriel, Thiant. SIROT Jules, maître de forges, Saint-Amand. SOLAU-GARTON Léon, négociant, .Bouchain. SONNTAG Emile, fabricant de passementeries, Onnaing. THEILLIER Edmond, agriculteur, Rûinbies. THEILLIER Edmond, brasseur, Rombies. THELLIER DE PONCHEVILLE Charles, avocat, Valenciennes. THiÉaY Paul, ingénieur électricien, Valenciennes. THIROUX Abel, négociant, Valenciennes. TRAMPONT, géomètre, Valenciennes. TRIGART-MALAQUIN, fabricant d'engrais, Rosult. TROMONT Charles, fils, industriel, Valenciennes. -.-

TULOU François, receveur municipal, Valenciennes. VAILLANT, fabricant de sucre, Quarouble. VALLET-LAGRUE, propriétaire, Avesnes-le-Sec. VARLEZ Eugène, notaire, Bouchain. VENOT Emile, ingénieur, Onnaing. • •

VERDAVAINE Elie, négociant, Saint-Amand. VÉRIN Charles, vétérinaire, Haspres. VERREZ, notaire, SainUAmand. VINSTOCK-BERNIER, imprimeur, Bouchain. WACHÉ Séraphin, juge de paix, Saint-Amand. WAGRET Adolphe, ^, maître de verreries, Escaulpont. WALLET Désiré, cultivateur, (l.), Quarouble.,


— 17 —

WARIN Ernest, industriel, Saint-Vaast-lï-Haut. WATTINE Paul, propriétaire, Brillon. WEIL Emile, ^, industriel, Maily. WEIL Hector, industriel, Marly. WIGNOLLE Albert, propriétaire, Marquette.

WILBERT Henri, cultivateur, Quarouble.

*

Bureau de la Société.

Président honoraire : M. PESIER Edmond.

Président : M. DOUTRIAUX Auguste.

Vice-présidents : MM. COQUELLE Clément, MARIAGE J.-B.

Secrétaire général : M. HENRY Victor.

Secrétaire adjoint : M. LOSSET Auguste.

Trésorier : M. LECAT Julien.

Conservateur de la bibliothèque et des collections de la

.Société: M. RICHEZ Alfred.

Section centrale. MEMBRES TITULAIRES. MM. BILLIET Edouard. LEBACQZ Charles.

BRABANT Alfred. LECAT Julien.

BULTOT Edouard. LEFEBVRE-HAYEZ.

COQUELLE Clément. LOSSET Auguste.

DÉVÉMY Louis. MACAREZ Ernest.

D'HAUSSY Albert. MANOUVRIEZ Anatole.

DOUTRIAUX Auguste. MARIAGE J.-B.

HAYEZ Pierre. RICHEZ Alfred.

HÊNAULT Maurice. THEI.LIER DE PONCHEVILLE.

UENhY Victor. TULOU François.

DÉLÉGUÉS DES COMICES ET SECTIONS. MM. BARROIS Edouard. LACROIX Antoine.

BOUCHART Pierre. LAJOIE Pierre,

COGÉ Auguste. LEGRU-RAVIART.

CRÉPIN-DESLINSEL. LESTOILLE Ernest

DAVAINE Emile. MAKLIÈRE Charles.

DELCAMBRE Hubert. MEMBRE Paul.

DUCLOUX A. MÉRIAUX Alfred.

GOUVION Jules. RISBOURG César.

GRAS Georges. WEIL Hector. ■

Font en outre partie de droit de la Section, ventrale les Membres honoraires de la Société, -


- 18 - Bureaux des Comices et Sections.

COMICE AGRICOLE DE VALENCIENNES.

Président : M. MACAREZ Ernest.

Vice-présidents: MM. R"HAUSSY Albert et HAYEZ Pierre.

Secrétaire : M. BULTOT Edouard.

Secrétaire adjoint : M. DUCLQUX; A.

COMICE AGRICOLE DE DENAIN. Président: M. ■ÇHÉPIN-D.ESLINSKL.. ' Vice-président: M. DËLCAMBRE Hubert. Secrétaire : M. GOUVION Jules.

COMICE AGRICOLE DE SAINT-AMAND./ Président : M. BOUCHAIIT Pierre. Vice-président : M. DAVAINE Emile. Secrétaire : M. LEGRU-RAVIART. Trésorier: M. MÉRIAUX Alfred..

COMICE AGRICOLE DE BOUCHAIN. Président : M. COQUELLE Clément.

Vice-présidents : MM. LESTOILLE Ernest CLBARROIS Edouard. Trésorier: M. COGÉ Auguste. Secrétaire: M. RISBOURG César. Secrétaire adjoint : M. COUSIN Albert. .

SECTION DES SCIENCES ET MANUFACTURES. Président : M. LACROIX Antoine. Vice-présidents :- MM. WEIL Hector et LAJOIE P. Secrétaire : M. GRAS Georges.

Secrétaire adjoint : M. CORSOLLE Alfred.

* SECTION DE MORALITÉ.

Président : M. LECAT Julien. Vice-président : M. BULTOT Edouard. Secrétaire : M. LOSSET Auguste. Secrétaire adjoint : M. LEBACQZ Charles.

SECTION D'HISTOIRE ET.D'ART. Président : M. DOUTRIAUX Auguste. Vice-présidents : MM. HENRY Victor et BILLIET Edouard. Secrétaire : M. MARLIÈRE Charles. Secrétaire adjoint : M. MEMBRE Paul.


- Ï9 - EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX

DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ.

SECTION DE MORALITÉ.

Séance du 17 janvier 189S. Présidence de M. J. LECAT. Présents : MM. rd. Billiet, Ed. Bultot, L. Clément, À. Corsolle, V. Henry, Ch. Lebacqz, Àb. Thiroux, et A. Losset, secrétaire. M. Doutriaux, président de la Société, a exprimé son regret de ne pouvoir assister h lu réunion.

■ Secours à un lauréat des concours. — La Section décide qu'une subvention de 25 francs, devenue disponible, .par suite, du décès, dans le courant de l'année 1897, du nommé Steffe, d'Aulnoy, l'un des plus anciens lauréats des concours de moralité, sera attribuée au sieur Dubruillc Eugène, lequel a obtenu dans le concours de 1897 une médaille d'argent en récompense de cinquante-quatre années de services passées par lui dans le même établissement.

Élection du Bureau. — L'ordre du jour appelle le renouvellement du Bureau, et la Section le reconstitue pour l'année 1898 ainsi qu'il suit :

Président : M. Julien Lecat,

Vice-Président : M. Edouard Bultot,

Secrétaire : M. Auguste Losset,

Secrétaire adjoint : M. Charles Lebacqz.

COMICE AGRICOLE DE SAINT-AMAND.

Séance du 21 janvier 1S98. Élection du Bureau. — Le Comice agricole de Saint-Amand s'est réuni le vendredi 21 janvier à l'Hôtel de Ville pour renouveler son Bureau, qui a été constitué de la manière jbuivante : Président : M. Pierre Bouchart, l

Vice-Président : M. Emile Davaine, Secrétaire : M. Lcgru-Raviart, Trésorier : M. Alfred Mériaux. Ce nouveau Bureau représentera le Comice de Saint-Amand dans la Section centrale de la Société.


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COMICE AGRICOLE DE BOUCHAIN.

1 Séance du 1i janvier 1898. Présidence de M. Ed. BARROIS, vice-président.

Présents: MM. César Caullet, conseiller général, Cogé, trésorier, Cousin, secrétaire adjoint, Consille, maire de Roeulx, Durieux (d'Hordain), J.-B. Bury (d'Avesnes-le-Sec), Léon Brassart, Paul Etienne, Vinstock, Dupont (de Bouchain)..

Ont excusé leur absence, pour cause d'empêchement irivolontairer MM. Coquelle, président, Ernest Lestoille, vice-présîdetit, César Risbourg, secrétaire, Bernier, maire de Bouchain, P. Risbourg, adjoint.

M. Caullet, conseiller général, et MM. les membres du Bureau, ouvrent la séance en exprimant tous leurs regrets de hé point voir siéger à son fauteuil leur dévoué président, M. Coquelle. En témoignage de leur sympathie, ils lui adressent l'expression des voeux qu'ils forment pour le rétablissement de la sanlé de Mme Coquelle, bien éprouvée en ce moment.

Nomination de M. Caullet dans la Légion d'honneur^ — M. Barrois, vice-président, prend la parole pour exprimer à M. Caullet, au nom du Bureau, les félicitations les plus sincères au sujet de sa récente nomination de chevalier de la Légion d'honneur. Elle a été accueillie avec la plus vive satisfaction, non seulement dans la circonscription cantonale, mais encore dans l'arrondissement tout entier. Les agriculteurs du canton de Bouchain, les mieux à même de voir à l'oeuvre, et pour ainsi dire sur la brèche, leur dévoué conseiller général, ont pu apprécier davantage, aussi, combien la haute distinction dont, il vient d'être l'objet est la juste récompense du zèle opiniâtre qu'il a toujours apporté à la défense des intérêts de l'agriculture.

Nécrologie^— M. le Président fait part ensuite à l'assemblée des déçjèijÉteie sont produi!s dans le Comiçé pendant les années ié^(j(t^^t savoir ceux de MM. Ferdinand Fleury, banquier TBoucham, Alfred Lamour, industriel à Lieu-Saint-Amand, le baron Lahure, maire de Wavrechain-sous-Faulx.

Le Comice prend une délibération tendant à faire transmettre à leurs familles, l'expression de la vive part qu'il prend au deuil qui les a frappées.

Comptes du trésorier, -rr.J&.G.QgÉV trésorier, fait l'exposé de


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la situation financière, qui se traduit par un solde en caisse de 786 francs 60.

Le Comice prend une délibération approuvant les comptés de M-- Cogé.

Admission de nouveaux membres. — M. le Président présente au Comice, comme nouveaux adhérents, MM. Cclcslin Fauville, agriculteur à Neuville-sur-Escaut, et Gosset-Pinchon, cultivateur à Aniche, qui sontadmis à l'unanimité.

Concours agricole à Bouchain. — L'espoir est donné à l'assemblée que l'un des prochains concours de la Société d'agriculture de l'arrondissement, sera organisé à Bouchain. Le Comice émel à cette occasion le voea que la Municipalité de Bouchain se montre aussi large que lors du premier concours. Il espère aussi voir augmenter le nombre de ses adhérents, ce qui contribuerait furlemen ta donner au nouveau concours un éclat révélant la constance de ses efforts pour le développement des progrès'de l'agriculture dans le canton.

Élection du Bureau. — Le Bureau se retire, afin qu'il soit procédé à son renouvellement dans les formes réglementaires.

Un Bureau provisoire est formé comme il suit : M. Caullet,. conseiller général, président ; MM. Consille, maire de Roeulx, et Durieux, agriculteur à Hordain, assesseurs, M. Etienne PaUl, négociant à Bouchain, secrétaire.

M. Caullet rend hommage au dévouement de l'ancien Bureau, et à la bonne collaboration qu'en a reçue M. Coquelle, lequel pour sa part, depuis sa nomination de président de la Société des agriculteurs du Nord, a dépensé, comme on le sait, tout son 'temps, toute son énergie et toute son influence pour la défense' des intérêts agricoles. En conséquence, M. Caullet estime bon que ledit Bureau continue ses fonctions, et il en propose la réélection. Sont réélus, à l'unanimité des voix : M. Clément Coquelle, président, M. Ernest Lesiôille, agriculteur à Haspres, ) vice-présiM. Ernest Barrois, agriculteur à Marquette,) dents, ; M. Cogé Auguste, trésorier, . M. César. Risbourg, marchand brasseur à Roeulx, secrétaire, . ; M. Albert Cousin, secrétaire de mairie à Bouchain, secrétaire adjoint.


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Le Bureau étant ainsi reconstitué, le Comice déclare .désigner, pour le représenter à la .Section centrale, avec M. Coquelle qui en fait partie de droit, les quatre membres du Bureau suivants : MM.. E.rp. Lestoille, Ed. Barrois, Aug. Cogé el C. Risbourg. .

COMICE AGRICOLE DE VALENCIENNES.

Séance du 22 janvier 1898. . ; Présidence de M. Ei'n. MACAREZ. - Sont présents : MM. Bourgeois-Dayez, Ad. Boute/L. Devémy, A. Ducloux, El. Dudant, A. Losset, E. Macarez fils,; Paloïr*;. Lionne et Ed. Bultot, secrétaire. — M. V. Henry, secrétaire général de la Société,, assiste à la réunion.

Élection du Bureau. — L'ordre du jour appelle le renouvellement du Bureau. Il est procédé à l'élection de ses membres. Sont réélus :

Président : M. Ernest Macarez,

Vice-Présidents : MM. Alb. D'Haussy et P. Hayez,

Secrétaire: M. Ed. Bultot,

Vice-Secrétaire : M. A. Ducloux. M. Macarez remercie, tant en son nom-qu'en celui des autres membres du Bureau," le Comice de la marque de sympathie et de confiance qui leur est ainsi accordée. Il déclare que personnellement il fera tous ses efforts pour faciliter la bonne marche des travaux du Comice.

Admission de membres nouveaux. — Sont admis à l'unanimité comme membres du Comice :

■ MM. Joseph Helle, bourrelier à Marly, Navrez, charron à Marly, Prudent Lédé, cultivateur à Sainl-Aybert, tous trois présentés par MM. Louis Goffart et E- Boute.

Crédit agricole. —• Sur la proposition de M. Ducloux, est décidée la mise à l'ordre du jour, pour une prochaine séance, de l'organisation du crédit agricole dans l'arrondissement. '

M. Ducloux est spécialement chargé de prendre à ce sujet tous renseignements utiles.


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SECTION DES SCIENCES ET MANUFACTURES.

Séance du 15 janvier 1S98. Présidence de M. Aug. DOUTIUAUX, président de la Société. Sont présents : MM. Aug. Galon, Ettg. Fontellaye, H. Gallonde, Gillet, G. Gras, A. Lacroix, P. Lajoie, Sahul et H. Weil.

Décès de M. Defline.—La Section ayant perdu, depuis qu'elle a été convoquée, son dévoué président, M. J. Defline, décédé la veille, 14 janvier, la séance, sur la proposition de M. Doutriaux, est immédiatement levée en signe de deuil.

# « Séance du 22 janvier 1898. '■■' Présidence de M. Aug. DOUTRIAUX, président de la Société.

Sont présents: MM. Bricout, Calon, Fontellaye, Gallonde, Gillet, Gras, Lacroix, Lajoie, le dr Manouvriez, Richez, Sahut, Vaillant, Em. Venol, H. Weil. — M. Henry, secrétaire général de la Société, assiste à la séance.

Admission d'un membre nouveau. — M. Bricout, industriel à Quérénaing, présenté par MM. Calon et Gras, est admis à l'unanimité parmi les membres de la Société.

Renouvellement du Bureau. — La Section procède au renouvellement de son Bureau. Sonl élus :

Président : M. Antoine Lacroix, Vice-Présidents : MM. Hector Weil et Pierre Lajoie, Secrétaire : M. Georges Gras, Vice-Secrétaire : M. Alfred Corsolle. M. le Président déclare installés dans leurs fondions les nouveaux membres du Bureau.

M. Lacroix adresse ses remerciements a ses collègues. I! rappelle les services rendus par M. DeHinc à la Société. Puis, faisant allusion à l'importance prise parla Société industrielle du îsord, M. Lacroix invile ses collègues à apporter la même activité dans leurs travaux, de façon à acquérir une autorité digne du bon renom qui doit être attaché à la ville de Valenciennes.

La Section délègue ensuite, pour la représenter à la Section centrale, MM. Lacroix, Weil, Lajoie et Gras.

Projet de loi sur les accidents du travail. — M. le Président


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croit bon que la Société émette dans le plus bref délai possible un avis sur le projet de loi relatif aux. accidents du travail, récemment'voté par la Chambre des députés. Ce projet est très défectueux, et de nature à tuer notamment la petite industrie. Parmi les protestations qu'il a provoquées, il y a lieu de citer un mémoire rédigé contre un certain nombre de ses dispositions par'la Chambre de commerce de Valenciennes, et un autre par l'Association des industriels du Nord contre les accidents. M. le Président invite la Section à exprimer sur la question un voeu molivé, qui pourrait s'inspirer des deux mémoires susdits; ce voeu, après avoir été soumis à la ratification de la Section centrale, sera envoyé au Sénat. , ,

La Section décide de confier à son Bureau le soin de formuler l'avis voulu. A cet effet, il est convenu que les membres de ce Bureau, auxquels sont priés de se joindre MM. Doutriaux et Henry, président et secrétaire général de la Société, se réuniront..le 24 janvier. , .

Nouveau profil d'acier pour outils. — M. Sahut présenté lin certain nombre de modèles d'outils, forets, inslruments.à travailler le bois, it fraiser, etc., fabriqués avec de l'acier spécialement profilé à celte lin.

M. le Président prie M. Sahut de résumer sa communication dans une note qui sera insérée dans le bulletin, de la Société.

SECTION D'HISTOIRE ET D'ART.

Séance du S8 janvier i898. Présidence de M. Aug. DOUTRIAUX.

Sont présents : MM. V. Henry, Ed. Billiet, Brouillard, A. Losset, H. Namur, Thellier de Poticheyille, A. Thiroux et Ch, Marlière, secrétaire.

Se sont excusés MM. Delsart, André Doutriaux, A. Jacob et Ch.. Lebacqz.

Élection du Bureau. — L'ordre du jour appelle le renouvellement du Rureau de la Section. 11 est d'abjrd procédé à l'élection du président. M. Doutriaux est élu ; il remercie les membres delà Section


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de ce nouveau témoignage de confiance, et les assure de son dévouement. Sont ensuite nommés :

Vice-Présidents : MM. V. Henry et F. Billiet, Secrétaire : M. Ch. Marlièrc, Secrétaire-adjoint : M. Paul Membre. La Section désigne ensuite comme ses délégués spéciaux à la Section centrale MM. Henry, Billiet, Marlière et Membre.

Galerie historique et bibliothèque. — Lecture est donnée de la note suivante de M. Richez, relative à la récente vente d'une collection locale et aux acquisitions qui y ont été faites pour la Galerie historique :

« Messieurs, dans votre séance du 3 décembre (I), vous avez chargé votre bibliothécaire de suivre la vente d'une partie des livres et documents réunis par M. Emile Carlier, l'un de nos collègues, collectionneur passionné et savant bibliophile de notre ville.

« Le catalogue de celle venté, dans lequel les livres, manus* crits, estampes, cartes et musiques, élaient inscrits sous 1312 numéros, indiquait en outre une série peu importante de tableaux et d'objets d'art dont la plupart étaient l'oeuvre de nos artistes valenciennois. La sculpture était représentée par une réduction en bronze de Y Enfant à la coquille de Carpeaux, qui a été adjugée 185 francs. Ont été mis également en vente des médailles, monnaies et antiquités diverses, dont la majeure partie était relative au pays. La porcelaine de Valenciennes, fabrication de Lamoninary, était représentée par quelques pièces qui ont élé adjugées à des prix excessifs, ainsi que divers échantillons de nos anciennes dentelles. Les livres et pièces manuscrites ont été achetés au contraire pour des prix relativement peu élevés par les collectionneurs et amateurs valenciennois, ainsi que par la bibliothèque communale.

« Les plans et estampes que nous avions particulièrement visés ont atteint des prix trop considérables pour notre modeste budget, et nous avons dû maintes fois abandonner l'enchère.

« Nous avons cependant pu obtenir quelques lots avantageux dont voici la nomenclature :

(1) Voir tome XLA'H de cette Revue, page 229.


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s 966 du catalogue : Histoire de la ville de Bouchain par le P. Philippe Petit, 1 vol. relié, 2 fr. 75 ;

« N" 1276 : Plan des bâtiments {et église) des Récollets, plan manuscrit avec légende et attestation d'authenticité, signé : Gillet, architecte, et Lebrun, entrepreneur, an IX, 2 fr. 50 ;

« N° 1277 : Plan manuscrit des banlieues de Valenciennes et du marais de l'Epaix, avec légende et indication des noms des propriétaires ; — Plan des prairies appartenant à la ville deVa* lenciennes et situées au faubourg de Notre-Dame, avec légende; — Plan du marais de Bourlain ; — ensemble 3 plans, 10 fr. 50 ;

« 1289 : Sur le Démantèlement, plan, pholographies et journal, quatre pièces, 2 fr. 50 ;

a. N° 1294 -.Portraits de Duchesnois et de Tulma, douze portraits variés, dont deux de Talma, 8 fr. ;

« N" 1295 : Portrait de Cochon, commissaire de la Conveiv lion à Valenciennes, eL Incmdh de la tour Saint-Nicolas, deux photographies d'après les tableaux du Musée, 2 fr. 75 ;

« Hors catalogue : Plan ancien de la ville de Valenciemies, gravure, 3 fr. 75 ;

« Hors catalogue : Photographies, plan et gravure ayant pour titre A la reine, 3 fr. 75.

<i Total des prix ci-dessus, 44 fr. 50; avec les frais d'adjudication la dépense est portée a 49 fr. 05.

« Vous voyez que le crédit de 100 francs qui nous avait été alloué n'a pas été épuisé.

« Mais l'occasion se présentera sans doute bientôt d'employer le reliquat à de nouvelles acquisitions, si vous n'en décidez autrement. »

. •. 11 est donné connaissance en outre à la Section, au nom de M. le Conservateur de la Galerie historique, de quelques autres achats par lui effectués durant les derniers mois, d'accord avec le Bureau : les pièces ainsi acquises sont les suivantes :

1° Portrait de « Milhomme, statuaire, grand prix de 1801, né à Valenciennes, Nord » ; lithographie, impr. J. Rigo cl Cie (19 - li l/2cm.) ;

2° Portrait de « G"' Ane Jh Hécart », 1808 ,'gravure de Momal (1), exemplaire colorié;

(1) La planche de cuivre .gravée par Momal appartient à la Société d'agriculture.


if

3° Vue de « Valcncienes » assiégé par Noircarmes en 1567, gravure tirée de l'ouvrage intitulé : De Leone Be/gico ejusgue lopogrriphica et historien descriplione liber, (Michae/e Aitsingero auslriaco auctore, Colonioe 15»5) (27 1/2 — 19™.) ;

4" Plan de « Valencin oder Valenciennes » (G. Bodenehr fecit et exe.) vers 1730, in-folio oblong (26 — 16c,n.).

La Section prend acte de ces communications.

Biographie populaire de MUes Fernig. — M. le Président informe la Section que deux femmes de lettres de Paris, connues sous' le pseudonyme de M""'* d'Arvor, lauréats de l'Académie française, étant désireuses de publier, dans une collection éditée sous le titré de : les Femmes illustres de lu France, une biogra-. phie de M1,e* Fernig, lui on! écrit pour demander à la Société d'agriculture de vouloir bien lui communiquer les portraits et documents dont elle serait en possession concernant ces deux héroïnes des guerres de la Révolution. Comme la Galerie valenciennoise possède des copies peintes de portraits authentiques de M 11" Fernig, M. Eug. Cellier a bien voulu en prendre des photographies polir les envoyer à Mm" d'Arvor. M. André Doutriaux, de son côté, leur a fait parvenir des notes extraites de la notice publiée dans le tome IV des Mémoires historiques de la Société.

— Communication est faite à la Section*:

1° d'une circulaire ministérielle relative au Congrès des Sociétés savantes, qui doit s'ouvrir à la Sorbonne le 12 avril 1898;

2° d'une lettre de la « Société des artistes graveurs au burin », qui propose ses services pour faire graver les souvenirs historiques dont la reproduction serait désinie ;

3° d'une lettre annonçant que la Fédération des Sociétés d'histoire et d'archéologie de Belgique a choisi la ville d'Enghien comme siège de sa 13" session, qui s'ouvrira le dimanche 7 août

1898. :".' .

Poésies paloises de M. J. Mousseron. — M. V. Henry rappelle que la Société d'agriculture, dans ses derniers concours de moralité, a décerné une médaille d'argent à M. Jules Mousseron, ouvrier mineur à Denain, auteur de poésies et de chansons en patois, qu'il vend au profit d'oeuvres de bienfaisance locales. Ces compositions sont loin d'être sans mérite, comme on le peut


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constater dans un volume où un certain nombre d'entre elles ont été réunies en 1897 sous le titre de Fleurs d'en bas (1), et que M. Mousseron a offert à la Société.

M. Thellier de Poncheville veut bien lire à la Section, en leur gardant leur saveur paloise, plusieurs pièces de ce recueil, Lvieux mineur, L'eacheuse à gail telles, Momint d'bonheur, L'quèvau du fond, et il appelle l'attention de ses auditeurs sur la finesse de sentiment qui s'y découvre.

Le monument de Villars à Denain.'— À propos d'une chanson composée par M. Mousseron sur le projet d'érection de la statue équestre de Villars à Denain, M. Thellier de Poncheville donne à la Section quelques renseignements concernant ce projet. Le Comité chargé d'en poursuivre l'exécution s'est trouvé en ces derniers temps désorganisé par suile de la démission de son président M. Eugène Houtart. Dans une récente réunion convo-. quée pi'ur le remplacer, la présidence a été déférée à M. Thellier de Poncheville, qui n'a pas cru devoir la refuser. Il fera tous ses efforts pour ne pas laisser échouer l'entreprise. La lâche n'est pas sans difficulté, caron n'a guère réuni encore que le quart de la somme nécessaire pour ériger le monument tel qu'il a été conçu. Enfin, on cherchera à obtenir une subvention de l'Etal, (du Ministère de la guerre on est à peu près assuré d'avoir le bronze pour la fonle de la statue équestre et des bas-reliefs) ; on fera des démarches auprès des familles qui descendent des lieutenants de Villars à Denain, afin de les amener à contribuer aux. frais de l'oeuvre; on s'ingéniera h recueillir de nouvelles souscriptions dans la région même.

SECTION CENTRALE

DE LA SOCIÉTÉ.

Séance du 29 janvier 1898. Présidence de M. Aug. DOUTRIAUX. Sont présents : MM. Edm. Pesier, P. Bouchart, J. Lecat, Ed. Billiet, Em. Davaine,- L. Devémy, Alb. D'Haussy, A. Ducloux,

(1) Un volume avec préface de M. André Juvénil, petit in-8», Denain, Libfnirie populaire, Si fr.


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G. Gras, P. Hayez, Ant. Lacroix, P. Lajoie, Ch. Lebacqz, Lefcbvre-Hayez, Aug. Losset, dr A. Manouvriez, Ch. Marlière, P. Membre, A. Richez, H. Weil, et V. Henry, secrétaire.

Se sont excusés de ne pouvoir assister à la séance : MM. Ed. Bultot et F. Tulou.

— Lecture est faite à la Section centrale du procès-verbal de sa réunion du 11 décembre, lequel est adopté, — puis des comptes rendus des séances tenues le 23 janvier par le Comice agricole de Valenciennes, le 21 janvier par le Comice de Bouchain, le 17 janvier par la Section de moralité, les 15 et 22 janvier par la Section des sciences et manufactures, le 28 janvier par la Section d'histoire et d'art.

Comptes du Trésorier. — M. le Président donne la parole à M. le Trésorier, qui soumet à ses collègues les comptes de l'année 1897.

Ces comptes sont approuvés, et M. le Président, au nom de la Section centrale, remercie M. le Trésorier des soins qu'il apporte à la gestion des finances de la Société, finances qu'il a contribué à remettre en satisfaisant équilibre, l'exercice écoulé se clôturant, pour la première fois depuis longtemps, par. un excédant de recettes.

ÉLECTION DU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ. M. le Président rappelle qu'en vertu des statuts rie la Société; le Bureau central, dont les pouvoirs durent deux ans, doit èlre renouvelé dans la présente séance, ainsi que les membres de la Section en ont été avertis par les lettres de convocation.

Il est procédé aux élections voulues, et les six scrutins secrets successivement ouverts donnent les résultats suivants: Sont réélus,

Président, M. Aug. Doutriaux, par 20 voix sur 22, Vice-Présidents, MM. C. Coquelle et J.-B. Mariage par 21

et 16 voix, Trésorier, M. J. Lecat, par 21 voix, Secrétaire général, M. V. Henry, par 21 voix, Secrétaire adjoint, M. A. Losset, par 21 voix, • Conservateur des collections de la Société, M. A. Richez, par . 21 voix. : M. Doutriaux remercie ses collègues du témoignage de sym-


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=rpalh'ie de confiance qu'ils viennent de lui renouveler ; il a fait jusqu'ici, pour se montrer digne de leur choix, tous, ses efforts; il les continuera fermement en vue de maintenir la Société d'agriculture dans la meilleure voie possible.

Membres honoraires non résidants. — La Section maintient, pour l'année 1898, la liste des membres honoraires non résidants de la Société telle qu'elle s'est trouvée composée en 1897 (1).

. Démissions. — La Section, sur la proposition de l'un de ses .membres, prie le Bureau de lui donner, à l'avenir, communication régulière des noms des sociétaires démissionnaires.

PROJET DE LOI SUR LÉS ACCIDENTS.

M. le Président rappelle que dans sa dernière séance, la Section centrale a décidé de porter son attention sur le projet de loi volé le 28 octobre 1897 par la Chambre des députés concernant la responsabilité des accidents du travail. La Section des sciences et manufactures s'est, depuis lors, occupée de la question dans sa séance du 22 janvier, et, après avoir arrêté les bases d'une protestation contre le projet de loi, a confié à une Commission le soin de déterminer exactement les observations qu'il importe de présenter aux Pouvoirs publics.

Cette Commission, composée du Bureau de la Section des manufactures, et des Président et Secrétaire de la Société, s'est réuni le 24 janvier. Lecture est faite d'un rapport dans lequel sa délibération a été résumée par M. Gras. Il résulte de ce document que ja Commission demande à la Société d'appuyer les voeux émis les 19 et 12 janvier 1898, par la Chambre de commerce de Valenciennes et l'Association des industriels du Nord contre les accidents, en y ajoutant une proposition nouvelle: pour ne pas engager les chefs d'établissement à employer des célibataires plutôt que des hommes mariés, l'indemnité exigible du patron en cas de mort accidentelle d'un ouvrier serait fixée sans prendre en considération les charges de famille de la victime, et versée dans une caisse commune par laquelle seraient

(1) Voir celle liste dans le tome XLVII de la Revue, page 5. — La délibéralion prise à ce sujet l'a été en conséquence de la décision prise le 17 juin 1893.


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servies aux veuves, enfants et ascendants des travailleurs tués certaines pensions.

Après discussion, la Section centrale adopte les conclusions de la Commission spéciale et charge son Bureau de les adresser aux Membres du Sénat et aux Ministres compétents.

— L'ordre du jour étant épuisé, et la parole n'étant demandée par aucun des membres de la réunion, M. le Président lève la séance.

CHRONIQUE AGRICOLE a INDUSTRIELLE.

LÉGION D'HONNEUR.

Par décret du Président de la République, en date du 2 janvier 1898, et sur la proposition du Président du Conseil, Ministre de l'agriculture, M. Caullet, conseiller général, cultivateur et fabricant de sucre à Haspres, a été nommé officier de la Légion d'honneur.

Voici les étals de service par lesquels cette distinction est motivée dans le Journal officiel ■

« M. Caullet César, agriculteur, conseiller général à Haspres (Nord), vice-président de la Chambre consultative d'agriculture de Valenciennes ; Création d'un Comice agricole à Bouchain ; Membre du jury dans les concours régionaux ; Nombreuses récompenses dont un premier prix de tenue de ferme ; 40 ans de pratique agricole. »

.•. D'autre part, le Journal officiel du 3 janvier a publié une liste de nominations faites dans l'ordre de la Légion d'honneur à la suite de l'Exposition internationale ouverte à Bruxelles en 1897. Parmi les industriels créés chevaliers se trouvent MM. Antoniri François, directeur général des mines d'Anzin, et Pralon, délégué du Conseil d'administration de la Société des hauts fourneaux, forges et aciéries de Denain-Anzin. Les litres de l'un et de l'autre sont ainsi résumés dans le Journal officiel:

« M. François, directeur général des mines d'Anzin ; Censeur de la succursale de la Banque de France, à Valenciennes ; Viceprésident de la Société de l'industrie minérale ; Membre du Conseil de perfectionnement de l'Ecole des mines de St-Elienne; .A rendu des services signalés par ses remarquables travaux sur


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l'aération des mines et les explosifs ; 27 ans de services industriels. Médaille d'or de collaborateur à l'Exposition universelle de 1889 ; Diplôme d'honneur à l'Exposition de Bruxelles. »

« M. Pralon (Léopold-Alexandre), ingénieur de la Société de Denain et Anzin ; Ingénieur civil des mines; Délégué général du Conseil d'administration de la Société de Denain ; Secrétaire général et délégué du Conseil de la Société de Somorrosto. Diplôme d'honneur de collaborateur à l'Exposition de Bruxelles 1897, »

ORDRE DU MÉr.ITE AGRICOLE.

Par arrêté en date du 5 janvier 1898, a été nommé chevalier du Mérite agricole M. Léon Laude, • maréchal ferrant à Denain, constructeur d'instruments agricoles; a obtenu plusieurs récompenses, dont une médaille d'or ».

AMÉLIORATION DE LA VOIE NAVIGABLE DE MONS A PARIS.

M. l'ingénieur en chef Derome a présenté sous la dale du 11 septembre 1897 un important projet concernant l'amélioration de la ligne navigable de Mons à Paris entre Etrun et Janville (1). Ce projet, qui comporte rfbtamment le doublement des écluses dans la dite section et dont le but est d'augmenter larger ment la capacité de fréquentation du canal, a été soumis à l'enquête réglementaire dans les départements du Nord, de l'Aisne et de l'Oise en novembre.

Le 15 février, M. le Ministre des travaux publics a déposé sur le bureau de la Chambre des députés un projet de loi tendant à déclarer d'utilité publique les travaux ainsi proposés, dont la dépense est évaluée à 11.500.000 fr.

La Chambre des députés a, dans sa séance du 1er avril, voté ce projet de loi.

Il a été dès le lendemain transmis au Sénat, dont l'approbation ne l'ait pas doute.

L'amélioration des canaux actuels, telle qu'elle est conçue, permettra de renvoyer sans inconvénient a la génération prochaine le soin de construire le fameux * canal du Nord ».

(1) Voir à ce sujet les voeux émis par la Société d'agriculture de Valcnoiennes, lome XLVll de la Revue, page 75, et tome XLVI, page 159.


— 33 — NÉCROLOGIE.

M. JACQUES-JOSEPH DEFLINE.

La Section des sciences et manufactures de la Société d'agri-^ culture de Valenciennes, réunie le 15 janvier, a immédiatement levé sa séance, comme on l'a vu plus haut (1), en raison de la perte que, la veille même, elle avait faite de son président, M. J. Defline.

Les membres de notre Société n'ont pas été les seuls à ressentir douloureusement la mort de cet homme distingué. Les obsèques de M. Defline, qui ont eu lieu à Bruai et Condé le lundi 17, laisseront le souvenir d'une rare manifestation de la sympathie générale. Une assistance considérable, venue de tous les points de l'arrondissement, et où se mêlaient toutes les classes, lui a rendu les derniers devoirs. Nombre de notabilités de la région, députés, conseillers généraux, fonctionnaires, ont notamment suivi le cortège funèbre. Autour du cercueil, les cordons du poêle ont été portés par MM. Fr. Verne, sous-préfet de Valenciennes, Ernest Dervaux, vice-président du Conseil général, Alfred Girard, sénateur du Nord, F. Lepez, député de la circonscription, Paul Debaralle, président du Conseil d'arrondissement, Chevalier, adjoint au maire de Bruai, Aug. Doutriaux, président de là Société d'agriculture, sciences et arts, Ant. François, directeur général des mines d'Anzin, A. Lacroix, président du groupe valenciennois des anciens élèves de l'Ecole centrale, et Hien, directeur de l'école communale de Bruai.

Avant la dispersion de cet imposant cortège, hommage a été rendu à la mémoire de M. Defline dans de nombreux discours ; ont parlé, à Bruai, M. le Sous-Préfet au nom de l'Administration publique, M. Dervaux au nom du Conseil général, M. Lepez, député, M. Chevalier au nom du Conseil municipal, M. Hien au nom des instituteurs et des élèves des écoles de la commune, M. Carlignies au nom de la Société de prévoyance

(!) P3ge23. TOME XLVIH. 2


des ouvriers des hauts fourneaux et forges d'Anzin, dont le défunt avait été le président d'honneur, M. Jules Lefebvre (de Beuvrages) au nom des maires du-canton Nord, M. Antoine Lacroix au nom des ingénieurs sortis de l'Ecole centrale; et à Condé, où s'est faite l'inhumation, M. Alfred Girard, sénateur, et M. M. Delattre, représentant d'une société de secours mutuels à laquelle M. Defline avait prêté un efficace concours.

On trouvera dans la presse locale (1) les justes éfoges ainsi donnés à M. Defline. Son souvenir, dans cette Revue, sera dignement conservé par la notice biographique dont a fait lecture le 30 avril à la Section des sciences M. Antoine Lacroix, et qui suit ces lignes.

Notice sur J. Defline.

Messieurs,

Notre Société vient de perdre un de ses membres qui a toujours montré pour elle un profond attachement et que nous avons.honoré de nos suffrages en l'élisant président de notre Section des sciences et manufactures. Nous avons donc le devoir de rendre hommage à sa mémoire.

Jacques-Joseph Defline naquit à Condé-sur-Eseaut le 28 octobre 1843. Il commença ses études au collège de sa ville natale qu'il quitta, dès l'âge de treize ans, pour aller à Paris suivre les cours du lycée Saint-Louis. Son goût pour les sciences s'y manifesta par des succès scolaires qui le firent alors décider de sa vocation. Il se destina à être ingénieur. Sa situation lui eût; permis de choisir une carrière moins absorbante; mais le travail, loin de l'effrayer, avait des attraits pour lui. Il voulait être un homme utile dans toute l'étendue de ses-moyens. H fut admis, au concours de 1863, à l'Ecole centrale des arts et manufactures. Il en sortit, en 1866, avec le diplôme d'ingénieur.

11 se préoccupa aussitôt de débuter dans l'industrie et il entra à la Société anonyme des produits chimiques d'Hautm.ont.

Des raisons personnelles l'obligèrent à abandonner cette position vers la fin de 1867. Depuis il n'en/echercha plus- de nouvelles; mais ce ne fut pas pour rester oisif. Il avait à s'occuper

(1) Voir l'Impartial du Nord, numéro du 19 janvier 1898.


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d'intérêts de famille considérables, pour les soins desquels ses connaissances techniques étaient indispensables. Il se fit à ce moment ou il devint dans la suite : extracteur de charbon, fabricant de sucre, fabricant de produits chimiques, exploitant de phosphates, constructeur de machines et de chaudronnerie, contribuant ainsi à la prospérité de notre région. Sans être en nom dans ces diverses industries, il prit dans toutes une part active et les aida à la fois de ses conseils et de ses capitaux. - Quelques mois avant sa mort il organisa, pour la Société des mines de Bernissart, le fonçage, qu'on est en train d'exécuter, du puits d'Harchies, par congélation à 240 mètres; travail hardi qui fera époque dans l'art de l'exploitation des mines. Jusqu'à présent, en effet, ce genre de travail n'a été employé que pour des profondeurs beaucoup moindres; el les difficultés d'exécution augmentant considérablement avec la profondeur, jusqu'à présent non plus on n'avait pas réussi à traverser, malgré de nombreuses tentatives, restées infructueuses, les terrains aquiières du bassin de l'ouest de Mons, qui recouvrent cependant de précieux dépôts de combustibles minéraux de qualité supérieure.

Il avait acquis dans les questions industrielles une telle sûreté de jugement que parmi les nombreuses affaires dans lesquelles il s'est intéressé bien peu n'ont pas réussi.

Notre Section des sciences et manufactures apprécia ces qualités en l'élisant président au commencement de 1894. Ce mandat lui'a été renouvelé tous les ans jusqu'à sa mort. Il signala sa présidence en imprimant à notre Section une activité qu'elle avait peu connue. Il provoqua d'intéressantes communications sur les actualités qui concernaient les industries de la région.

Mais malgré ses occupations multiples il ne pouvait pas, avec son caractère ardent, rester étranger à la politique. Il se mêla à l'agitation qui se manifesta dans les dernières années de l'Empire. Au plébiscite il fut un républicain militant.

En 1875 il vint s'installer à Bruai. Les habitants de sa nouvelle résidence s'aperçurent bien vite de l'heureuse acquisition que leur commune venait de faire ; leurs suffrages l'appelèrent air Conseil municipal qui l'élut à son tour maire de Bruai (situation qu'il a conservée jusqu'à sa mort). La suite leur montra


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combien leurs prévisions avaient été justes ; il a administré la commune avec un zèle et une activité remarquables; il l'a dotée de nouvelles écoles, d'un bureau de postes et télégraphes. L'église tombait en ruines, il a trouvé les ressources pour en édifier une nouvelle. Il en suivit la construction avec d'autant plus de fruit que ses connaissances lui permettaient d'en contrôler les détails. Il a réussi, après quinze ans de démarches persévérantes, à faire établir un pont sur l'Escaut; pont qui vient d'être lancé quelques jours seulement avant sa mort. Il a étudié pour la suppression du passage à niveau de la Bleuse-Borne un projet qui sera certainement exécuté parce qu'il présente une solution simple et remédie à une situation mauvaise qui compromet la sécurité publique et gêne la circulation de toute la contrée. Il n'a pas cessé, même dans les périodes les plus aiguës de sa maladie,- de s'intéresser aux affaires municipales.

Aussi quand le siège de conseiller général du canton Nord de Valenciennes, dont fait partie la commune de Bruai, devint vacant, pensa-t-on à Defline pour l'occuper. Une importante majorité des électeurs du canlon ratifia ce choix. Bruai se signala dans cette élection en lui donnant à peu près l'unanimité des suffrages.

Le Conseil général put apprécier, à son tour, la valeur du nouvel élu. Il prit en effet une part active à la discussion du" tarif des douanes de 1892. Il avait pu, par sa position, se rendre compte combien la protection est nécessaireànotre agriculture et à notre industrie pour les aider à supporter les charges que nous imposent notre défense nationale et le bien-être de nos ouvriers. Quand se présenta la question de l'impôt sur le revenu, il combattit ces projets qui frisent le socialisme. Il n'y eut pas de protestation plus énergique que la sienne et personne n'était plus autorisé que lui à la faire. L'usage qu'il avait fait pendant toute sa vie.de sa fortune prouvait qu'entre ses mains le capital n'était pas un instrument de jouissance, mais un instrument de travail qu'il utilisait pour le bien de tous.

Le service de nos routes et des voies de communication fut l'objet de sa constante sollicitude. La remise de leur entretien au Service plus économique des agenls-voyers n'eut pas de plus grand défenseur. Aussi le Conseil général le nomma par deux fois rapporteur pour des questions concernant le service vicinal, et ses rapports furent très remarquables.


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. Defline avait été nommé aussi inspecteur de l'enseignement technique dans le département du Nord.

A côté de ces qualités de l'homme public, il n'est pas permis de passer sous silence celles de l'homme privé, du père de famille. Il avait eu la douleur de perdre en 1884 sa femme adorée, il restait avec trois enfants encore jeunes. Il ne voulut se décharger sur personne du soin de leur éducation. -U ne s'en rapporta qu'à lui-même. Les résultats de cette sollicitude se manifestent par les succès de son fils. 11 nous a donné à Valenciennes, il y a quelques années, dans le discours qu'il prononça comme président de la distribution des prix du collège de jeunes filles, la clef de sa méthode. Il nous y faisait profiter de l'expérience qu'il avait acquise en élevant ses enfants. On sent en le relisant que l'éducateur qui parle a fait usage de toutes les ressources de son âme pour mener à bien la mission qu'il s'était donnée.

Je ne serais pas complet si je n'ajoutais pas que Defline était profondément religieux. Vous permettrez à celui qui l'a suivi depuis son adolescence d'affirmer qu'il l'a toujours connu digne et respectueux de ses devoirs.

Ce n'est pas à vous, Messieurs, qui avez été en contact avec lui dans nos séances, qu'il est nécessaire de dire combien il était serviable et bon.

Nous avons eu la douleur de le perdre le 14 janvier de celte année.

La perte de Defline ne pouvait que causer d'unanimes regrets. Ils se sont manifestés d'une manière éclatante par l'imposante cérémonie de ses funérailles, auxquelles assistait une foule considérable. Toutes les autorités et toutes les personnes notables de la région y ont pris part. Notre Société y était représentée par notre président, M. Auguste Doutriaux. Dix discours y ont été prononcés.

Que sa vie nous serve de modèle. Travaillons, mes chers collègues, pour être, à son exemple, des éléments du progrès et de l'ordre social.

À. LACROIX.


LA LOI SUR LA RESPONSABILITE

DES

ACCIDENTS DU TRAVAIL.

En conséquence des décisions prises par la Section centrale de la Société d'agriculture, sciences et arts de l'arrondissement de Valenciennes dans sa séance du 29 janvier (1), voici la lettre qui a été adressée aux Membres du Sénat et aux Ministres compétents, au sujet du projet de loi sur les accidents du travail :

SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE,

SCIENCES ET ARTS Valenciennes, le 5 février 1898.

DE VALENCIENNES.

Messieurs les Ministres, Messieurs les Sénateurs, "

La Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes, n'a pu rester indifférente à la sérieuse émotion qu'a soulevée dans le monde industriel, le projet voté le 28 octobre 1897 parla Chambre des députés, concernant la responsabilité des accidents dont les ouvriers sont victimes à l'occasion de leur travail.

Ce projet, notre Société l'a examiné avec une scrupuleuse attention, en se gardant de tout esprit d'opposition préconçue ; l'élude ainsi faite l'a pourtant laissée profondément persuadée que l'application d'un tel ensemble de prescriptions légales aurait de funestes conséquences et pour les chefs d'industrie, qu'il accablerait d'un fardeau trop pesant, et pour les ouvriers, qui en souffriraient par contre-coup, et pour l'Etal, auquel seraient imposées des responsabilités dangereuses.

Pour permettre, sans trop de risques, l'essai d'une loi de ce genre, il est de toute nécessité d'amender un certain nombre des dispositions du projet en ce moment soumis au Sénat. C'est à cet effet que la Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes nous a chargés, Messieurs les Ministres et Messieurs les Sénateurs, de vous saisir des voeux ci-dessous exposés,

(1) Voir ci-dessus, page 30.


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voeux qu'elle considère comme les plus modérés auxquels sa conviction laisse place.

I. Tarif des indemnités.

La Chambre des députés, par un sentiment de générosité respectable , mais insuffisamment imbu de prudence, a porté à des chiffres très élevés les indemnités dues aux victimes d'accidents. On a, sans peine, calculé que l'industrie française, qui, à tant d'égards déjà, supporte plus de charges que ses rivales étrangères, se trouverait de la sorte, en matière de réparation des accidents aussi, plus lourdement grevée que les industries anglaise et allemande. Ne ploycrait-elle pas sous ce nouveau faix ?

Une revision et une réduction des indemnités prévues par la première Chambre est donc indispensable.

Pour préciser l'avis de notre Société sur ce point, deux cas sont à distinguer :

(A.) Tout d'abord, celui où l'ouvrier accidentellement blessé survit.

Notre Société demande que les indemnités soient alors ainsi fixées :

Pour l'incapacité de travail absolue et permanente : pension viagère égale à la moitié du salaire annuel de la victime, jusqu'à la limite maxima de 1.200 francs, que ne pourrait dépasser cette pension;

Pour l'incapacité partielle permanente : pension égale à la moitié de la réduction du salaire annuel, mais limitée au maximum de 900 francs ;

Pour ^incapacité partielle temporaire : secours journalier dû seulement à partir du quatrième jour de chômage causé par la blessure, égal, pendant un mois, au tiers du salaire habituel de la victime, et ensuite à la moitié, sans pouvoir cependant jamais excéder trois francs.

(B.) Se présente ensuite le cas où l'ouvrier meurt des suites de l'accident.

En prévision de celte circonstance on trouve, et dans la proposition de loi élaborée par la Commission spéciale de la Chambre des députés au commencement de l'année 1892, et dans le texte adopté par cette assemblée législative le 10 juin 1893, et dans celui qu'a présenté la première des Commissions sénato-


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riales compétentes, les 3 avril et 28 juin 1895, et dans les projets votés par le Sénat le 2i mars 1896 et par les Députés le 28 octobre 1897, on trouve appliqué, disons-nous, un même système: au chef d'industrie est imposée l'obligation d'assurer ' certaines pensions à la veuve et aux jeunes enfants du mort, ou, à défaut de veuve et d'enfants, à ses ascendants; mais si l'ouvrier était célibataire et n'avait aucun ascendant à sa charge, le patron est laissé quitte après payement des frais funéraires, soit cent francs au maximum.

A ce système, pourtant, depuis longtemps a été faite celte objection : il s'ensuivrait qu'un chef d'industrie aurait intérêt à employer des ouvriers célibataires plutôt que des pères de famille, et à écarter d'autant plus soigneusement de son usine ces der-; niers, qu'ils auraient plus d'enfants a nourrir.

A la vérité, pareil intérêt ne se présenterait pas en pratique! pour les patrons garantis contre les conséquences pécuniaires des accidents du travail par une compagnie d'assurances à primes fixes. Mais il en serait autrement pour les chefs d'entreprise qui demeureraient leurs propres assureurs, ou qui s'entendraient en petit nombre pour établir une association d'assurance mutuelle. Or, les syndicats de ce nouveau genre pouvant fort bien se multiplier, la susdite objection ne reste pas indigne d'attention, surtout à une époque où l'on s'attache à chercher et à combattre les moindres causes de dépopulation de la France.

Néanmoins, ni la Chambre des députés, ni le Sénat, jusqu'à présent, n'ont tenu compte de si légitimes appréhensions.

Esl-il donc impossible de trouver, en réglementant la réparation des accidents du travail, une solution capable de calmer sur ce point toute inquiétude ?

La Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes ne le pense pas. Après sérieux examen, elle estime que le problème serait avantageusement résolu par le procédé suivant, qu'elle recommande, Messieurs les Ministres et Messieurs les. Sénateurs, à votre bienveillante attention.

Lorsqu'un accident du travail causerait la mort d'un ouvrier, la loi, au lieu d'imposer au patron des charges variant suivant que cet ouvrier était marié, célibataire, soutien de famille, ou privé d'enfants et d'ascendants, l'obligerait à payer, sans exception, une somme uniquement déterminée d'après l'âge et le salaire


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de la victime (1). Cette somme serait versée à la Caisse nationale que déjà le projet de loi tend à charger de la gestion de certains capitaux et du service général des pensions pour accidents. Et ce serait celte Caisse qui, au moyen du fonds commun, aurait à distribuer aux veuves, enfants ou ascendants des victimes tuées, des secours périodiques, viagers ou temporaires, secours que la loi pourrait du reste fixer encore avec précision, si on le juge convenable.

La somme à demander au patron de l'ouvrier mort, comment la déterminer ? Bien simplement. On exigerait — et le calcul n'offrirait aucune difficulté avec les tables existantes ou à établir — le capital représentatif de la moitié, du tiers ou de toute autre fraction de la pension annuelle à laquelle eût eu droit la victime survivant dans une incapacité absolue de travail. Les statistiques des compagnies d'assurances permettraient sans doute de trouver assez exactement le quantum auquel il conviendrait de s'arrêter pour être à même de pourvoir au service des pensions de veuves, orphelins et ascendants de victimes. — Mais, point à noter tout particulièrement, il importerait de laisser aux industriels, pourvu qu'ils fournissent les sûretés dont il sera parlé plus loin, la faculté de partager entre un certain nombre d'années, dix ans par exemple, le payement du capital indiqué.

Quant au tarif des pensions que seraient appelées à recevoir les veuves, enfants, etc., la Chambre des députés s'est montrée, en l'établissant, un peu trop libérale encore. Notre Société souhaite que ces pensions, en tant que charges spécialement imposées à l'industrie et non à la bienfaisance, générale, soient ramenées aux.chiffres suivants: 1° pension viagère de 20 % du salaire annuel de l'ouvrier mort, pour sa femme, épousée avant l'accident, non divorcée ni séparée de corps, et non remariée ; 2° pension de 10 % du salaire de la victime, quel que soit son sexe, pour chacun de ses enfants, (soit légitimes, soit naturels mais reconnus avant l'accident), jusqu'à ce qu'ils aient accompli leur seizième année ; — toutefois, les pensions de ces numéros 1 et 2 devraient être limitées dans leur ensemble à 40 % du

(1) 11 est à remarquer que, lorsque l'ouvrier blessé survit, le projet de loi lui alloue une indemnité qui est aussi tout à fait indépendante de sa position de famille : la pension reste la même, que l'ouvrier infirme n'eût à subvenir qu'à sa subsistance, ou qu'il nourrît femme, enfants, etc.

TOME XLVIII. 2*


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salaire, et susceptibles d'une réduction proportionnelle dès que leur total dépasserait ce maximum. — Pour les pensions accordées aux ascendants, la proposition de la Chambre des députés semble acceptable.

IL Forme de l'indemnité.

L'article 9 du projet de loi autorise la victime à « exiger, lors du règlement définitif de l'indemnité, que le quart du capital nécessaire à l'établissement de la rente lui soit attribué en espèces ».

Notre Société demande la suppression de cet article.

A certains moments, il peut être très dommageable pour un industriel d'avoir à réaliser un capital de quelque importance.

Cette considération, et la conséquence qui en est ici tirée, se lient du reste à un autre voeu, que nous allons formuler sous le paragraphe suivant.

III. Versement du capital des pensions.

Pour garantir le payement de la pension due à la victime d'un accident, le projet de loi veut que le chef d'entreprise verse presque immédiatement dans la Caisse nationale d'assurance contre les accidents (1) le capital nécessaire à la constitution de cette pension.

C'est là une mesure grosse de dangers. Elle menace, à la fois, les industriels, dont elle aggrave encore les charges éventuelles, — l'activité nationale, en conséquence des deux ou trois milliards dont la disposition serait enlevée, au bout d'un certain temps, aux initiatives privées, — et le Trésor public, auquel serait remise la lourde gestion de cet énorme capital.

La Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes croit qu'il est du devoir des législateurs de s'appliquer avec résolution à atténuer ces dangers, sinon à les écarter complètement.

Aussi appuie-t-elle instamment auprès des Pouvoirs publics les voeux exprimés à cet égard, de nombreux côtés, et tendant à ce que la loi, pour le moins, autorise à différer d'année en année le versement du dit capital et à payer seulement les arrérages de la pension : 1° les chefs d'établissement assurés par une

(1) Caisse qui, dans le système recommandé par notre Société, recevrait plus exactement, en conséquence des voeux exprimés sous les %l I et IV, le titre de Caisse nationale de réparation des accidents.


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association de garantie mutueUe'ou une compagnie d'assurances, soumise à la surveillance de l'Etat et officiellement agréée ; 2° ceux qui offriront d'autres garanties qu'il appartiendrait à un règlement d'administration publique de préciser.

IV. Projet de création d'une assurante mutuelle.

La Chambre des députés a pensé bien faire en jetant les bases, au profit des patrons, d'un vaste organisme d'assurances mutuelles contre les conséquences de la loi préparée; organisme qui s'étendrait sur la France entière, sectionné par circonscriptions plus ou moins larges, et dont le fonctionnement serait évidemment dirigé par des agents de l'Etat. Les chefs d'industrie seraient invités à s'y affilier, sans y être contraints.

Notre Société n'aperçoit nullement la nécessité de Ge rouage nouveau ; elle le regarde comme plus nuisible qu'utile. Elle est convaincue que les frais de service et la rémunération des dits fonctionnaires empêcheraient les primes variables dues par les adhérents de rester sensiblement inférieures aux primes fixes exigées par les compagnies d'assurances, et que sous ce rapport aucun bénéfice ne serait procuré aux industriels ; que les relations entre les assurés et les agents de l'Etat laisseraient souvent à désirer; que la solution de la moindre difficulté serait beaucoup plus ardue avec une Administration publique qu'avec les compagnies particulières ; et que les mécomptes ainsi amenés n'aboutiraient qu'à jeter une certaine défaveur sur l'Autorité centrale même.

La Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes forme donc le voeu ;de voir écarter du projet de loi toutes les dispositions qui ont trait à la création de l'assurance mutuelle imaginée. Que l'Etat renonce à l'inopportun dessein d'assurer lui-même, plus ou moins ouvertement, les chefs d'industrie contre les risques d'accidents. L'industrie privée y suffira fort bien. V. Compétence des tribunaux.

D'après l'article 17 du projet, les jugements rendus en vertu de la loi future ne seraient point susceptibles d'appel.

Notre Société proteste contre la suppression d'une garantie habituellement donnée aux plaideurs, et réclame en la matière le maintien des règles de droit commun concernant le deuxième degré de juridiction.


La Société d'agriculture, sciences et arts de l'arrondissement de Valenciennes espère que ses voeux, dictés par le souci de l'intérêt national, recevront satisfaction, grâce à vous, Messieurs les Ministres et Messieurs les Sénateurs, dans une rédaction nouvelle du projet de loi sur les accidents du travail. Vous rendrez de la sorte un signalé service à la cause de l'industrie et de la prospérité françaises.

Veuillez agréer, Messieurs les Ministres et Messieurs les Sénateurs, nos hommages les plus respectueux.

Pour la Société d'agriculture, sciences et arts : Le Président de la Section Le Président,

des sciences et manufactures, AUG. DOUTRIAUX.

A. LACROIX.

Le Secrétaire général,

V. HENRY.

* * #

Le Sénat a discuté le projet de loi de la Chambre des députés dans ses séances des 3, 4 et 7 mars 1898 (première délibération), puis dans celles des 15, 18 et 19 mars (seconde délibération). H l'a adopté après y avoir introduit d'assez profondes modifications, par lesquelles un certain nombre des voeux de la Société d'agriculture de Valenciennes se sont trouvés réalisés. — Quand le projet ainsi amendé est revenu devant la Chambre des députés, le 26 mars, celte Assemblée, conformément à l'avis de sa Commission spéciale, et pour faire aboutir enfin une loi en préparation depuis de longues années, l'a voté sans changer celte fois un seul mot.

Les points relativement auxquels la Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes a reçu satisfaction sont les suivants : 1° l'organisation officielle d'assurances mutuelles par circonscriptions administratives a été abandonnée ; 2° l'obligation pour les chefs d'industrie de verser le capital représentatif de chaque pension allouée à la victime d'un accident, n'a pas été maintenue ; 3° le droit d'appel a été rétabli à l'égard des jugements rendus par les tribunaux de première ins-


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tance (1) ; 4° l'âge jusqu'auquel les enfants laissés par un ouvrier tué recevront une pension annuelle, a été ramené de dix-huit à seize ans ; 5° la rente viagère accordée au conjoint survivant de la victime d'un accident mortel, cessera d'être payée si le dit conjoint contracte un nouveau mariage, (mais le Sénat a cru devoir allouer en ce cas à l'intéressé une somme fixe égale au triple de la rente) ; 6° la pension due à un ouvrier blessé pour incapacité partielle et permanente de travail, a été abaissée des deux tiers à la moitié de la réduction subie par le salaire. — Mais pour les autres cas, le taux des pensions accordées a été maintenu aux chiffres proposés par la Chambre des députés. En outre, a été laissée à la victime d'un accident la possibilité d'obtenir le quart du capital représentatif de la rente due : seulement, le Sénat, au lieu d'accorder à la victime le droit d'exiger ce capital, ne lui a donné que celui de demander le quart au plus du dit capital, et a confié aux. tribunaux la faculté d'accueillir ou de rejeter la demande.

Enfin, la charge imposée aux chefs d'industrie en cas d'accident mortel sont restées très différentes suivant que l'ouvrier tué se trouve être un célibataire ou un père de famille : le système proposé, pour éviter les inconvénients de cette solution, par la Société d'agriculture de Valenciennes, n'a pas été pris en considération. On peut avec raison le regretter.

La loi nouvelle a été publiée dans le Journal officiel du 10 avril 1898.

(t) Pour connaître l'exacte portée de cette solution, il en faut rapprocher l'article 15 de la nouvelle loi, ainsi conçu :

« Les contestations entre les victimes d'accidents et les chefs d'entreprise, relatives aux frais funéraires,- aux frais de maladie ou aux indemnités temporaires, sont jugées en derniei ressort par le juge de paix du canton où l'accident s'est produit, à quelque chiffre que la demande puisse s'élever. »


— 46 - BIBLIOGRAPHIE.

Le dosage de la soude dans les potasses à l'aide du natromètre,

PAR ED. PESIER.

M. Edmond Pesier, président honoraire de notre Société d'agriculture, sciences et arts, et, sauf erreur, doyen vénéré des chimistes industriels de France, vient de faire paraître un opuscule intitulé : Instruction pour le dosage de la soude dans les potasses, par la méthode des solutions saturées, à l'aide du natromèlre (1).

M. Pesier a été l'un des premiers chimistes qui se soient occupés de l'industrie des potasses. Aucun procédé analytique pour doser et séparer la soude dans les potasses n'était connu, lorsqu'en 1844 il fit paraître à cet effet une méthode et un instrument qu'il nomma natromèlre. Cette méthode-, qui est encore aujourd'hui employée par la majorité des chimistes spécialistes, est fondée sur l'accroissement de densité que le sulfate de soude occasionne dans une solution saturée de sulfate de potasse pur, et le mode d'appréciation consiste dans l'emploi d'un aréomètre.

« Je ne sache pas », dit M. Pesier à la fin de son ouvrage, « de procédé d'analyse des potasses, d'une exécution aussi facile, moins minutieuse, plus rapide et d'une exactitude plus satisfaisante. Elle est assez rigoureuse pour permettre, curieusement, de doser la totalité de la soude dans ses sels, aussi bien dans le sulfate des verreries ou le nitrate des engrais que dans le carbonate.

i On objecte l'emploi d'aréomètre dont beaucoup de praticiens se méfient. Mais la sucrerie, la distillerie, la brasserie, etc., ne se renseignent que par des aréomètres spéciaux. Ceux-ci donnent toute sécurité lorsque l'on est assuré de leur précision et que l'on sait en faire usage.

« Le natromètre actuel se contrôle, comme le précédent, par

(1) Une brochure in-8», Valenciennes, imprimerie G. Gras, 1897.


le sulfate de potasse quand ce produit est reconnu pur ; et réciproquement, celui-ci est contrôlé par l'aréomètre quand cet

instrument mérite toute confiance

. « J'ai l'espoir fondé que la sanction donnée à cette méthode, après expériences, par la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, sera confirmée par tous les chimistes qui voudront recourir à ce procédé. »

Le mode opératoire est parfaitement indiqué dans la brochure de M. Pesier, pour laquelle une place doit être réservée dans la bibliothèque de notre Société, afin que tous ceux qui s'intéressent ou s'intéresseront dans l'avenir à l'industrie ou à l'analyse commerciale des potasses, puissent, en venant la consulter, rendre hommage à son savant auteur.

Valenciennes, 30 avril 1898. Aug. CATON.

SOCIETE VALENCIENNOISE DES ARTS.

Assemblée générale du 5 avril 1898.

Présidence de M. Aug. DOUTRIAUX, président d'honneur.

Sont présents: MM. A. Ayasse, Ed. Bultot, René Delame, J. Delsart, Georges Giard, V. Henry, Ch. Marlière, Fernand Membre, D. Moreau, J. Pillion, A. Richez, et Pierre Giard, qui est prié de remplir les fonctions de secrétaire.

M. F. Tulou a exprimé le regret de ne pouvoir assister à la réunion.

Renouvellement partiel du Comité. — La réunion est invitée

à élire au scrutin de liste cinq membres du Comité de direction

par suite de l'expiration du mandat de MM. P. Giard, A. Manouvriez,

Manouvriez, Membre, J. Pillion et A. Richez.

Le résultat du scrutin est ainsi proclamé par M. le Président :

Nombre de votants : 13. Sont réélus: MM. P. Giard, par 12 voix, A. Manouvriez, d° , J. Pillion, d° ,

Paul Membre, par 11 voix, Alf. Richez, d°.


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Tableaux non réclamés à la suite du tirage de la dernière loterie. — M. Pierre Giard informe la Société que deux des tableaux mis en loterie à la suite de la dernière exposition, n'ont pas été réclamés par les détenteurs des numéros gagnants. Le délai indiqué pour la prise de possession des objets de la tombola se trouvant expiré, les deux tableaux donl il s'agit appartiennent aujourd'hui à la Société. M. P. Giard demande l'autorisation de les déposer au bureau de la Société d'agriculture, à l'Hôtel de Ville.

L'assemblée, appelée à indiquer ce que deviendront ces tableaux, est d'avis qu'on les mette en adjudication entre les membres de la Société des arts. Le mode et la date de cette adjudication seront fixés par le Comité.

Modification des statuts. — Regrettant que l'insuffisance des ressources de la Société ne permette pas d'acheter un plus grand nombre d'oeuvres aux artistes, M. Pillion demande s'il y a lieu de continuer les expositions dans les conditions actuelles. Il propose de porter le minimum de chaque cotisation de membre à 20 francs, et de limiter les cartes d'entrée données aux sociétaires • à une carte personnelle permanente et à deux cartes ordinaires.

D'autres propositions sont présentées dans le même ordre d'idées.

Après discussion, l'assemblée décide d'élever le minimum de la cotisation à dix francs (en espérant du reste qu'un certain nombre des amateurs d'art valenciennois continueront d'accorder une souscription plus élevée); elle décide aussi qu'il ne sera dorénavant délivré à chaque sociétaire, pour les expositions, avec leur carte personnelle permanente, que deux cartes d'entrée ordinaire. Les billets de tombola seront distribués comme par le passé ; la remise d'un de ces billets à chaque visiteur payant un droit d'entrée est également maintenue.

COMICE AGRICOLE DE VALENCIENNES.

Séance du 19 mars 1898. Présidence de M. A. D'HAUSSY, vice-président. Sont présents : MM. Adolphe Boute, Jules Lefebvre, Pru-


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dentLédé, A. Ducloux, secrétaire.—M. Victor Henry, secrétaire général, assiste à la séance.

MM. Doutriaux, Ernest Macarez, E. Bultot, empêchés, se sont excusés par lettre.

Crédit agricole. — L'ordre du jour appelle l'étude de la question du crédit agricole.

M. Ducloux rappelle que l'an dernier il avait tenté d'organiser une coopérative agricole. Mais diverses raisons ont empêché la réalisation de ce projet. Il y a lieu cependant de reprendre celte question sous une forme quelconque, afin que la culture de notre arrondissement puisse profiter d'une partie des 40 millions qui prochainement doivent permettre d'organiser le crédit agricole en France (1).

Se basant sur une étude de M. Charles Rayneri, président du Centre fédératif du crédit populaire, M. Ducloux montre les avantages à retirer de l'organisation d'une société de crédit agricole et indique le type des statuts à adopter.

M. Ducloux établit la différence qui existe entre le capital foncier et le capital d'exploitation.

Le capital foncier en effet représente la terre, les maisons, les fermes, etc.; le capital d'exploitation est l'instrument de la production. II faut par suite distinguer le crédit foncier agricole et le crédit agricole proprement dit ; c'est-à-dire qu'il ne faut pas confondre la propriété rurale avec l'agriculture elle-même.

Si le capital foncier ne rapporte que 2 à 3 pour 100, il a été démontré que le capital d'exploitation peut donner un rendement plus rémunérateur.

Dans l'exposé des motifs de son projet de crédit agricole, M. Méline a dit que les fonds employés avec discernement peu.vent rapporter de 15 à 20 pour 100 de bénéfice. M. de Mailliard, au congrès des banques tenu à Lyon en 1892, évaluait à 9 p. % le revenu du capital d'exploitation dans une entreprise agricole.

(1) Le Gouvernement a déposé le 20 décembre 1897 un projet de. loi dont voici l'article Ie'':

« La somme de quarante millions de francs versée au Trésor par la lianque de France en vertu de la convention du 21 octobre 189S approu-. vée par la loi du 17 novembre 1897, est mise à la disposition du Gouvernement pour être attribuée à titre d'avances, sans intérêt, aux caisses régionales de crédit agricole mutuel qui seront constituées d'après les dispositions de la loi du 5 novembre 1894.,, »


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A ce sujet, M. Jules Lefebvre, président du Syndicat des cultivateurs, trouve exagérés les chiffres de M. Méline. M. Ducloux cite alors des exemples où l'emploi judicieux des engrais chimiques a donné des bénéfices égaux et souvent supérieurs à 15 pour 100, c'est ce qui arrive notamment dans la plupart des prairies naturelles. M. J. Lefebvre prétend au contraire qu'il n'y a pas possibilité de faire des bénéfices lorsqu'on est obligé de fumer les prairies.

Quoi qu'il en soit, les membres présents admettent néanmoins que par l'emploi bien compris des engrais chimiques on peut obtenir un bénéfice de 6 pour 100. Or, il est évident que le cultivateur qui trouverait des engrais à crédit en ne payant que 3 pour 100 d'intérêts, calculés sur la valeur réelle des dits engrais, réaliserait encore un bénéfice de 3 pour 100.

Aussi M. Rousseau, président du Syndicat des agriculteurs du Cher, pouvait-il dire avec raison au congrès de Bourges : « Un agriculteur capable peut avoir quelquefois avantage à se procurer de l'argent pour acheter, au moment favorable, des engrais, des semences, etc. »; et plus loin : « Le crédit consiste à réaliser par anticipation certains produits d'une exploitation agricole qui sont en voie de formation. Il est avantageux si le taux est modéré. »

H y a donc lieu d'examiner comment on peut procurer efficacement le crédit à l'agriculture.

L'Etat va, il est vrai, mettre à la disposition de l'agriculture 40 millions sans intérêt ; mais le texte de loi, qui doit régler la question, prévoit que les cultivateurs doivent faire partie d'une société de crédit agricole pour pouvoir profiler des avantages accordés.

D'où la nécessité d'organiser dans l'arrondissement une société coopérative de crédit agricole administrée par des agriculteurs, lesquels seront bien placés pour juger de l'utilité du crédit sollicité.

M. Ducloux monlre qu'il y a avantage à admettre l'un des types de société prévus par la loi du 5 novembre 1894 relative à la création des sociétés de crédit agricole.

Ces explications données, les membres présents décident que la question ayant une importance considérable devra être portée devant la Section centrale afin qu'elle puisse juger s'il y a lieu


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pour la Société d'agriculture de provoquer l'organisation d'une société coopérative de crédit agricole, indépendante bien entendu de la Société d'agriculture, sciences et arts de l'arrondissement de Valenciennes. " — L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.

SECTION CENTRALE DE LA SOCIETE

Séance du 23 avril 1898. Présidence de M. Aug. DOUTRIAUX.

Sont présents : MM. Ernest Macarez, Ant. Lacroix, Ed. Billiet, A. D'Haussy, A. Ducloux, P. Lajoie, Ch. Lebacqz, Alf. Richez et V. Henry, secrétaire.

Ont exprimé le regret de ne pouvoir assister à la réunion: MM. J. Lecat,- Ed. Bultot et Hector Weil.

Concours de 1898. — M. le Président rappelle à ses collègues que suivant la décision prise en 1896, les concours de la Société d'agriculture doivent avoir lieu avec solennité, celle année, à Onnaing.

La Section confirme à M. le Président pouvoir de s'entendre avec la Municipalité d'Onnaing, si celle-ci est toujours dans les mêmes dispositions, pour l'organisation des concours.

Projet de création d'un laboratoire agricole à Valenciennes. — M. le Président expose que M. le Maire de Valenciennes a reçu et soumis au Conseil municipal la lettre suivante du Syndicat des cultivateurs de l'arrondissement : t Monsieur le Maire,

« J'ai l'honneur de vous transmettre ci-après un extrait du procès-verbal de notre réunion du 5 mars dernier :

« Devant le danger que présente pour la santé publique la « falsification des farines, du rebulet et du son, le Syndical des * cultivateurs émet le voeu que la chaire d'agriculture de l'ar« rondissement de Valenciennes soit pourvue d'un laboratoire.

* Une telle installation, dirigée par le professeur d'agricul« ture, procurerait toutes sortes d'analyses à bon compte, per« mettrait aux cultivateurs de ne pas marcher aveuglément, et


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« donnerait à tout le monde le moyen de s'assurer de la qualité « des denrées alimentaires. » « Ce voeu a été adressé à M. le Président du Conseil général, i Voulez-vous nous permettre d'espérer, Monsieur le Maire, que la Ville de Valenciennes ne refuserait pas de participer aux dépenses d'installation de ce laboratoire, dont la nécessité se fait sentir dans un arrondissement-comme le nôtre ?

« Je suis l'interprète des cultivateurs syndiqués en vous priant d'agréer, Monsieur le Maire, l'expression de leurs sentiments respectueux et reconnaissants.

« Le Secrétaire du Syndicat, « 0. HACART. I Rombies, le 8 février 1898. »

Le Conseil municipal de Valenciennes a manifesté le désir d'avoir aussi l'avis de la Société d'agriculture.

Pour apprécier la question en toute connaissance de cause, il faut savoir que dès 1894, le Conseil général du Nord, au cours de sa session d'août, a mis à .l'étude, en vue de venir en aide à l'agriculture, la création dans le Nord « de laboratoires agricoles où l'analyse des engrais, des semences, etc., se ferait à très bas prix ». Le Comice agricole de Valenciennes a vivement appelé de ses voeux l'établissement d'un de ces laboratoires au chef-lieu de notre arrondissement (1), sans être appuyé alors par la Section centrale (2). Suivant le désir du Conseil général, le Préfet a demandé sous la date du 12 mars 1895 au Maire de Valenciennes dans quelles conditions cette Ville consentirait à faciliter par une subvention la réalisation du projet étudié. Le 13 mars, il s'informait également si la Société d'agriculture de Valenciennes était disposée à subventionner de son côté un laboratoire agricole (3). La Section centrale répondit que l'état de ses finances, à cette époque surtout, ne lui permettrait pas d'accorder une somme suffisante pour influer efficacement sur la création d'un laboratoire. M. le Président ne croit pas que la

(1) Voir dans le tome XLIIl de celle Revue, page 286, et dans le tome XLtV, page 105.

(2) Voir dans le tome XLIV de la Revue, page 223.

(3) Voir dans le tome XLV de la Revue, page 198.


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Ville ait fait une réponse plus favorable. Il convient d'ajouter que, d'après les renseignements donnés au Conseil général, rétablissement d'un de ces laboratoires agricoles est assez coûteux : la dépense annuelle est évaluée à 6.200 francs; sans compter les frais de l'installation première, qui absorberait 5.000 fr. ou environ. Cette dernière estimation est encore au-dessous de celle du Syndicat des cultivateurs de l'arrondissement, qui, le 17 mars, a donné à M. le Maire de Valenciennes les indications suivantes : « Le matériel d'un laboratoire agricole bien installé, comprenant les appareils spéciaux : microscope, saccharimèlre, verrerie, produits chimiques, vaut 4.500 francs environ. Il faut en outre des tables recouvertes de carrelage inattaquable et une hotte à réaction pour produits dangereux ; mais si l'on pouvait disposer d'une salle où l'on ne serait pas obligé de faire des transformations, l'installation, y compris tables et hotte, ne dépasserait pas 1.500 francs. Soit un total de 6.000 francs ».

M. Ducloux demande la parole. Il ne croit pas qu'on doive se laisser effrayer par la somme globale, peut-être un peu élevée, qui a été citée comme annuellement nécessaire pour le fonctionnement du laboratoire. Ne pourrait-on obtenir la jouissance gratuite d'un des locaux qui appartiennent à la Ville de Valenciennes? Si celle-ci voulait bien accorder en outre le gaz et le charbon voulus, il ne resterait à trouver que le traitement du personnel du laboratoire. A cet égard, voici comment il est permis de comprendre les mesures utiles : la direction du laboratoire serait confiée au professeur d'agriculture de l'arrondissement, à charge pour lui d'y placer un chimiste compétent. Au professeur, serait alloué une indemnité de 3000 francs, et une part de tant pour cent sur le prix, des analyses pratiquées, (prix officiellement tarifé, d'ailleurs). Il devrait pourvoir lui-même à la rémunération de son auxiliaire, rémunération dont on pourrait fixer le minimum, à 2000 ou 2200 francs par exemple.

M. Lacroix dit qu'à son avis la création d'un laboratoire ne serait pas justifiée, dans l'arrondissement de Valenciennes, par les services qu'on en retirerait; on n'utiliserait que peu cet établissement.

M. D'Haussy ne partage pas absolument cette opinion : si le tarif est suffisamment modéré, beaucoup de cultivateurs se décideront peut-être à faire pratiquer assez souvent des analyses.


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M. Lacroix se demande si un moyen plus simple d'obtenir des analyses à bas prix, comme on paraît le désirer, ne serait pas de s'adresser aux chimistes établis à Valenciennes, afin de savoir si l'un d'entre eux ne consentirait pas à prêter ses services aux membres de la. Société d'agriculture et du Syndicat des cultivateurs, moyennant l'application des tarifs des laboratoires agronomiques du Nord.

M..Billiet appuie celte proposition.

MM. Macarez, D'Haussy et. Lebacqz posent en fait qu'on ne décidera pas les petits cultivateurs à s'adresser aussi volontiers à un chimiste particulier qu'à un chimiste placé sous la surveillance de l'Etat,

Or, dit M. D'Haussy, c'est surtout de l'intérêt des petits cultivateurs qu'il s'agit dans la circonstance. Les agriculteurs importants n'hésitent pas devant le coût d'analyses qui, utilisées pour de larges opérations, ne leur reviennent jamais excessivement cher. D'un autre côté, un assez grand nombre de petits cultivateurs ne font point partie de nos associations agricoles, la cotisation exigée leur paraissant lourde déjà.

M. Lebacqz ajoute que du reste, à son avis, nos sociétés agricoles n'auraient chance de voir accepter par les chimistes de la région la proposition suggérée par M.Lacroix, qu'en leur garantissant un minimum annuel d'analyses, ce qu'elles ne sont sans donle pas disposées à faire.

M. Ducloux fait observer enfin que les cultivateurs trouveraient grand intérêt à s'adresser à un laboratoire agricole plutôt qu'à un chimiste particulier, au point de vue suivant: le chimiste leur donne, sans commentaire le résultat technique de l'analyse, le directeur du laboratoire agricole leur révélerait au contraire les mesures à prendre à la suite de l'analyse, il leur indiquerait les engrais spéciaux que réclament leurs terres, les défectuosités des produits soumis à son examen et les inconvénients de leur usage, etc.

M. le Président constate que la majorité de la réunion parait nettement favorable à l'établissement d'un laboratoire agricole. Il reste à trouver le procédé capable d'amener le résultat désiré. On pourrait s'informer de la somme que l'Etat et le Département consentiraient à consacrer à cet objet, puis chercher à obtenir le surplus des communes de l'arrondissement.


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M. Ducloux pense que si l'on parvenait à faire constituer d'abord par les dites communes la somme nécessaire pour outiller le laboratoire, on trouverait dans ce fait le moyen d'impressionner le Ministère de l'agriculture et le Conseil général et de les décider à fournir le traitement du directeur.

Cette proposition, est adoptée.

Une commission, composée de MM. Aug. Doutriaux, Ducloux, Ch. Lebacqz et V. Henry, est en conséquence chargée d'adresser aux Conseils municipaux de l'arrondissement une demande de subsides proportionnés aux ressources respectives des communes. — Il sera proposé au Syndicat des cultivateurs de l'arrondissement de se joindre à ces démarches.

Si la tentative ainsi faite réussit, le Bureau de la Société reçoit mandat de solliciter aussitôt : 1° de l'Etat et du Département, le traitement du personnel du laboratoire, et 2° de la Ville de Valenciennes, le local, le gaz et le charbon nécessaires.

Concours régionaux agricoles de 1898. — Désignation d'un délégué. — M. le Président donne connaissance à la Section d'une circulaire de M. le Ministre de l'agriculture, qui, sous la date du 5 mars, autorise la Société d'agriculture de Valenciennes à désignerun délégué pour la représenter dans un des concours régionaux agricoles de 1898. Ce délégué aura droit d'entrée dans la réunion des jurés et des exposants appelée à étudier les modifications désirables dans le programme des concours de l'année suivante.

La Section centrale, consultée, donne la délégation dont il s'agit à M. Ernest Macarez, qui se rendra au concours régional de Mézières-Charleville, du 4 au 12 juin prochain.

— La séance est ensuite levée.

SECTION DES SCIENCES ET MANUFACTURES.

Séance du 30 avril 1898. Présidence de M. A. LACROIX, président. Présents : MM. Ed. Pesier, H. Weil, P. Lajoie, A. Caton, H. Dubois, Gallonde, G. Gras et H. Sahut. — (M. Doutriaux, président de la Société, a assisté à une partie de la séance).


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Allocution du Président. — M. le Président ouvre la séance par une allocution dans laquelle il remercie la Section de l'honneur qu'elle lui a fait ; il craint, dit-il, devant le rôle important qui incombe à la Section, de ne pas se trouver à la hauteur de sa tâche ; il indique à grands traits toutes les questions qui peuvent en effet être étudiées et motiver des avis dans l'intérêt de la ville et de la région.

La Section, par son attitude, prouve à son Président qu'elle ne partage nullement la défiance qui lui est personnelle, et qu'elle entre dans ses vues quant au programme exposé.

Notice biographique sur M. Defline. — M. Lacroix lit ensuite une notice sur M. Defline, son prédécesseur au fauteuil de la présidence de la Section.

Les membres présents donnent à cette lecture la plus sympathique attention, remercient unanimement M. Lacroix de sa communication, et demandent l'impression de la notice dans le Bulletin de la Société.

Projet de création d'un laboratoire agricole. — La réunion est saisie d'un projet de création de laboratoire officiel agricole à Valenciennes, projet déjà discuté dans une séance de la Section centrale (1).

Avant d'exprimer leur avis, les membres présents se préoccupent du caractère que devrait présenter cette création ; ils se mettent d'accord sur ce point que le laboratoire en question ne devrait avoir aucun caractère commercial ; il ne serait pas juste, en effet, qu'un laboratoire officiel, largement subventionné, vint faire concurrence aux chimistes de la région payant patente et grevés de frais d'entretien toujours élevés. Mais, d'autre part, la Section se déclare entièrement favorable à la création d'un laboratoire d'études générales, à l'exemple de ceux qui fonctionnent dans diverses stations agronomiques, et qui pourrait être mis à la disposition du professeur d'agriculture de l'arrondissement, lequel s'y occuperait exclusivement des questions d'intérêt public, telles que : l'étude des terrains pour la création de caries agronomiques, la destruction des parasites et insectes nuisibles, des recherches diverses sur les plantes culturales, etc.

(1) Voir ci-dessus, page 51.


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En conséquence, la Section émet le voeu :

« Qu'il soit établi à Valenciennes un laboratoire agricole officiel ;

« Que ce laboratoire ait pour objet l'étude de toutes les questions présentant un intérêt général, à l'exclusion de tout acte commercial. »

Cet avis est formulé pour être transmis, sur l'invitation de M. A. Doutriaux, président de la Société, à la Section centrale.

Bibliographie: dosage de la soude dans les potasses. — M. Aug. Gaton entretient la Section d'un opuscule récemment publié par M. Edm. Pesier sur le dosage de la soude dans les potasses.

La Section s'associe chaleureusement aux appréciations élogieuses exprimées à ce sujet par M. Caton, et demande l'impression, dans le Bulletin, de cette communication, ainsi que des conclusions de l'opuscule.

Admission de nouveaux membres. — La Section procède ensuite à l'admission de nouveaux membres. Ce sont:

M. Potiez Ernest, conseiller général, maire d'Anzin, présenté par MM. Aug. Doutriaux et V. Henry ;

M. Werth, ingénieur directeur des ateliers de la Société des hauts fourneaux, forgèS et aciéries de Denain et Anzin, présenté par MM. Aug. Doutriaux et À. Lacroix ;

M. Darphin, ingénieur de la Compagnie des mines d'Anzin, présenté par MM. A. Lacroix et Ed. Pesier ;

M. Gouvion Albert, ingénieur à Anzin, présenté par MM. A. Lacroix et G. Gras ;

M. Thiébaut Edmond, ingénieur chez M. Conreur, à Raismes, présenté par MM. P. Lajoie et H. Sahut.

, — L'heure avancée oblige M. le Président à lever la séance, en remettant à une prochaine réunion la suite de l'examen des questions inscrites à l'ordre du jour.

COMICE AGRICOLE DE VALENCIENNES. Séance du 30 avril 1898. Présidence de M. Ernest MACAREZ. Sont présents: MM. Bourgeois-Dayez, Alfred Brabant, Ad.


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Boute, A. Ducloux, El. Dudant, Ch. Lebacqz, Lédé-Cousin, Paloir-Lionne et Ed. Bultot, secrétaire. — MM. Aug. Doutriaux, président de la Société, et V. Henry, secrétaire général, assistent à la séance.

Concours de 1898. — L'ordre du jour appelle la préparation du programme des prochains concours de la Société.

M. A. Doutriaux rappelle que ces concours doivent, suivant une décision antérieure, être organisés à Onnaing. Le Bureau de la Société s'est mis à cet effet en rapport avec la Municipalité de la commune, dont l'adhésion et l'aide ne semblent pas douteuses. Le Conseil municipal désire seulement, suivant.une lettre écrite par M. Mochez, maire, le 29 avril, que le concours ne coïncide pas avec la fête communale qui a lieu à Onnaing le dernier dimanche d'août. *

Le Comice de Valenciennes, considérant qu'avant la fin d'août l'enlèvement des récoltes peut n'être pas assez avancé pour faciliter certaines épreuves du concours, et d'autre part que l'ouverture de la chasse a lieu souvent dans le Nord le premier dimanche de septembre, indique le dimanche 11 septembre comme pouvant être choisi pour la réunion agricole projetée.

. ■. Le Comice revoit ensuite les programmes des derniers concours de la Société, et, après discussion, émet l'avis qu'on les reprenne sans modification pour 1898.

Il approuve aussi l'organisation des concours de ténue de ferme pour 1899 dans les mêmes conditions que précédemment.

LA HAUSSE DU PRIX DES BLÉS ET LES DROITS DE DOUANE.

Le Comice s'entretient ensuite de la hausse rapide qui vient de se produire dans le cours des céréales, à l'occasion de la guerre engagée entre les Etals-Unis de l'Amérique du Nord et l'Espagne, et en conséquence du faible rendement de la dernière récolte en France. De pressantes démarches, en ces circonstances, sont faites auprès du Gouvernement, au nom de certaines populations industrielles, pour obtenir la suppression temporaire du droit de douane établi sur le blé. Le Comice, après avoir, discuté les arguments présentés pour ou contre une telle mesure, conclut à l'unanimité qu'il y a lieu de maintenir intégralement les taxes douanières actuelles, et adopte cette délibération ;


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Délibération.

« Connaissance prise des voeux envoyés de quelques villes au Gouvernement, à l'effet d'obtenir, en conséquence de la hausse actuelle du prix des blés, la suppression des droits de douane établis sur ces grains,

» Le Comice agricole de Valenciennes demande instamment à M. le Président du Conseil, Ministre de l'agriculture, de résister avec fermeté à ces sollicitations, et de ne leur accorder'ni la suppression ni la diminution des dits droits.

» Le Comice de Valenciennes est en effet persuadé qu'une telle mesure ne procurerait aucun avantage appréciable aux consommateurs, tout en causant à l'agriculture française un dommage sérieux.

» D'une part, la disparition des droits de douane ne profilerait qu'aux spéculateurs, qui emmagasineraient la plus grande quantité possible des blés importés en France, pour les mettre en vente seulement après le rétablissement des droits, et qui sauraient malgré tout, grâce au prétexte fourni par la guerre hispano-américaine, maintenir à peu près au taux actuel le prix des céréales immédiatement nécessaires à l'alimentation publique.

» D'autre part, les cultivateurs français verraient se produire une dépression de la valeur du blé précisément à l'heure où ils offriraient sur nos marchés leur prochaine récolte, même si les tarifs douaniers étaient intégralement rétablis à cette époque ; car les froments indigènes se trouveraient alors écrasés par les provisions de grains précédemment introduits en franchise et tenus en réserve. Pareille conjoncture serait grave surtout parce qu'elle ébranlerait profondément l'agriculture, qui s'est crue justement autorisée celle année à augmenter l'étendue des terres semées de froment, et dont il importe qu'un sensible mécompte ne décourage pas les efforts si nécessaires.

» Après avoir pesé ces considérations,

» Attendu, d'ailleurs, que le blé, tout en occupant assurément une place importante dans l'alimentation ouvrière, n'en est plus aujourd'hui l'élément presque exclusif;

».Allendu enfin que la prospérité agricole est l'une des principales sources de la prospérité générale,

» Le Comice de Valenciennes souhaite énergiquement, dans les circonstances présentes, le maintien des droits de douane imposés aux blés étrangers. »


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Le Comice prie le Bureau de la Société de faire parvenir immédiatement sa délibération à M. le Ministre de l'agriculture, président du Conseil (1).

Etat des récoltes. — Les membres présents donnent les indications ci-après sur l'état des récolles dans les environs de Valenciennes : ■

Blés : belle et régulière venue.

Avoines : bonnes, meilleures que l'an dernier à pareille époque.

Trèfles : grosses pertes occasionnées par les souris.

Betteraves : levée normale et régulière.

— L'ordre du jour étant épuisé, et personne ne demandant plus la parole, la séance est levée.

CHRONIQUE AGRICOLE.

LA SUSPENSION DU DROIT DE DOUANE SUR LES BLÉS. .

Le voeu formulé le 30 avril par le Comice agricole de Valenciennes tendant au maintien du droit de douane de 7 francs sur les blés (2), a étéenvoyé le même jour par M. le Président de la Société à M. le Ministre de l'agriculture, à M. le Préfet du Nord et à M. le Professeur départemental d'agriculture.

Mais la suite des événements n'a pas été conforme au désir • ainsi exprimé. Par un décret du 3 mai, le Gouvernement a cru devoir supprimer du 4 mai jusqu'au 30 juin 1898 inclusivement tout droit d'entrée sur le blé en grains. Un décret du 4 mai a proportionnellement réduit, pour la même période, les droits établis sur la farine de froment et le pain.

Ces décisions'ont été prises, du reste, avec l'assentiment de la Section permanente du Conseil supérieur de l'agriculture, convoquée pour en délibérer le 3 mai.. Il n"est pas sans intérêt de reproduire ici quelques extraits du compte rendu de cette séance communiqué aux journaux :

(1) Voir ci-après, sur la suspension des droits de douane imposés aux blés et farines, même page, la chronique agricole.

(2) Voir ci-dessus, même page.


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« M. âléline, président du Conseil, expose la situation : il a tenu à prendre l'avis des représentants autorisés de l'agriculture sur une question de la plus haute importance. Il s'agit, en effet, des mesures à prendre pour remédier aux conséquences de la hausse des blés ; cette hausse a plusieurs causes : d'abord, une récolte déficitaire en France et dans les autres pays producteurs de blé. Tant que les cours n'ont pas dépassé une certaine limite, le Gouvernement a maintenu les droits de douane : mais la situation s'est aggravée par suite de la guerre hispano-américaine, et, malgré les déclarations des nations belligérantes concernant le commerce des neutres, la spéculation s'est exercée et a fait monter les cours (l). Enfin, les préoccupations politiques ont compliqué cette situation déjà difficile.

» M. lé Président du Conseil ajoute qu'il a voulu se rendre un compte exact de'l'état du marché, et s'est livré à une enquête approfondie. II résulte des renseignements qui lui ont été fournis ■ qu'il existe encore en France des approvisionnements en blé relativement importants; mais il convient de remarquer qu'une partie de ces approvisionnements a été déjà vendue par la culture. Ce qui reste entre les mains des agriculteurs n'est pas considérable, et M. le Président du Conseil estime que les cours se maintiendront encore à un prix assez élevé pour que les délenteurs actuels ne soient pas lésés.

(1) Dans le rapport que M. Méline a présenté à M. le-Président de la République en lui soumettant le décret du 3 mai, on lit :

« Gomme c'est aux Etats-Unis que se trouvent les principaux stocks de blés disponibles, on a pu craindre, un instant, que leur circulation fût rendue impossible par les belligérants qui n'avaient' adhéré ni l'un ni l'autre à la convention de Paris réglant le droit des neutres. '

» Cette crainte est aujourd'hui dissipée et le blé peut continuer à venir des Etats-Unis sous pavillon neutre comme par le passé, avec la différence d'un relèvement inévitable sur le fret et l'assurance.

» On pouvait croira qu'après les déclarations rassurantes des gouvernements américain et espagnol, qui enlevaient toute raison d'être à la panique de la première heure, le marché allait retrouver son calme et revenir à des prix normaux. On pouvait espérer aussi que la culture apporterait sur le marché une quantité suffisante de blé pour enrayer la hausse.

» Il n'en a rien été et en quelques jours on a vu au contraire le prix du blé-monter de 30 à 33 et même 34 francs. Cette hausse a été singulièrement encouragée et favorisée par la campagne systématique et violente entreprise contre le Gouvernement dans un but électoral et où l'on faisait entrevoir tous les jours l'imminence de prix de famine.. 11 on est résulté que la boulangerie, qui jusque-là, il faut le reconnaître, avait fait preuve de beaucoup de sang-froid et de mesure, a pris peur'à son tour et s'est décidée à relever le prix du pain à Paris d'abord et ensuite dans les principaux centres des départements. »


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» Mais le stock qui existe à l'intérieur, si appréciable qu'il puisse être, ne permettrait pas d'attendre la prochaine récolté. On sera obligé de faire appel aux importations étrangères, et ici on se trouve en présence d'un grave danger, car il ne faut pas ;; perdre de vue que certains pays d'Europe, moins favorisés que ; le nôtre, n'onl pas d'approvisionnements et ont besoin pour leur alimentation de faire entrer de grandes quantités de blés.

» Tant que le Gouvernement a pu croire qu'il s'agissait d'uneV hausse factice, il a résisté au courant ainsi qu'il l'a fail déjà, avec raison, l'année dernière, dans l'intérêt de la production nationale;; mais aujourd'hui que la hausse persistante des blés a amené le renchérissement des farines et du pain, et que des cours menaçants pour l'alimentation publique ont été atteints, il est de son devoir de sauvegarder les intérêts généraux du pays et de faire usage des dispositions que le législateur a souvent introduites dans la loi en vue de suspendre les droits de douane. La limite que M. le Président du Conseil avait envisagée lors de la discussion des tarifs de douane est aujourd'hui atteinte et le Gouvernement estime qu'il y a lieu de prendre les résolutions que copormte la situation. Il demande au Conseil de se prononcer, après examen, sur les mesures à prendre.

» M. de Vogué, président de la Société des agriculteurs de France, estime qu'au nom. de l'intérêt général et en présence de la situation exceptionnelle dans laquelle on se trouve, l'agriculteur peut faire momentanément le sacrifice des droits de douane, mais à la condition que les mesures nécessaires soient prises pour que Tes consommateurs aient le bénéfice de là mesure et pour que cette dernière, si elle est prise, soit limitée au temps voulu, afin que la prochaine récolte n'ait pas à redouter la concurrence étrangère. Sous cette réserve, il est tout'prêt à l'aire au bien public le sacrifice demandé à l'agriculture. »

MM. Bernard, président du Comice agricole de Meanx, et Maringe, président de la Société des agriculteurs de la Nièvre, MM, Graux, député du Pas-dé-Câlais, Viger, ancien frtinisire de l'agriculture, et Tmerand, ancien directeur au Ministère de l'agriculture, se sont ralliés aux conclusions de M. de Vogué.

Après quoi ont été adoptées trois propositions ainsi formulées :

« 1° A l'unanimité, le Conseil estime qu'il y a lieulcle modifier les droits de douane sur les blés ;


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» 2° A l'unanimité, le Conseil vole la suspension totale des droits actuels ;

» 3° A l'unanimité, le Conseil émet l'avis que la suspension des droits de douane n'ait d'effet que jusqu'au 1" juillet prochain. »

Les décrets mentionnés plus haut ont exactement appliqué ces conclusions de la Section permanente du Conseil supérieur de l'agriculture.

En ce qui concerne notamment la limitation de la durée de la suspension du droit de douane, M. Méline s'est expliqué ainsi qu'il suit dans son rapport au Président de la République :

« .. .Pour le producteur, il n'y a qu'un danger, c'est celui de l'avenir, et c'est à celui-là que le Gouvernement a le devoir de parer en limitant à une courte durée la suspension du droit.

» Il ne faut pas, comme en 1891, laisser se constituer des stocks de blés étrangers qui puissent peser sur les cours du blé de la nouvelle récolte et les avilir.

» Pour rassurer l'agriculture sur ce point, il suffit de lui expliquer qu'il n'y a aucune comparaison possible entre la situation actuelle du marché et celle de 1891, et que la mesure proposée est absolument différente de celle qui a été prise à cette époque.

» En 1891, la diminution du droit de douane est entrée en application le 3 juillet seulement, c'est-à-dire au moment même où les blés de la nouvelle récolle commençaient à arriver, et elle a duré près d'une année pendant laquelle les blés de tous les pays ont afflué sur notre marché pour y profiter du rétablissement des droits.

» Aujourd'hui, au contraire, nous sommes encore à deux mois environ de distance de la nouvelle récolte et tous les pays ont été tellement appauvris par la mauvaise récolle de l'année dernière, que les quantités de blés circulant dans le monde sont à peine suffisantes pour les besoins de la consommation jusqu'à la prochaine récolte. Il n'y a donc pas à craindre qu'ils puissent s'accumuler en France pour peser ensuite sur les prix de cette récolte.

» L'important est que les blés étrangers de la nouvelle récolte ne puissent pas profiter de l'ouverture de notre marché pour faire aux nôtres une concurrence désastreuse.


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» C'est pour éviter ce danger que nous vous proposons de limiter au 1er juillet prochain la suspension totale du droit que ncus vous demandons de décréter. »

S

e « LA CRISE DU BLÉ EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER.

Sur là crise qu'a causée en Europe la hausse du prix des blés, hausse déterminée surtout par les spéculateurs américains, empruntons les quelques lignes qui suivent au Bulletin de la Société des agriculteurs de France :

« Il est impossible que le pays ne comprenne pas les enseignements qui se dégagent de la crise actuelle. L'insuffisance de la récolte de blé dans le monde a pesé sur presque toute l'Europe. L'Allemagne et l'Autriche-Hongrie mêmes ont eu de grands besoins de blés, bien que le premier de ces pays consommé surtout du seigle, et que le second soit d'ordinaire exportateur. Chacun sait que, malgré la suppression des droits en Espagne et en Italie, la cherté du pain a provoqué des troubles sanglants dans ces deux pays, où le renchérissement de cet aliment a été; d'autant plus durement ressenti que les populations y sont plus pauvres. Enfin, contrairement à l'opinion si souvent exprimée par les adversaires de droits protecteurs, la pénurie de grains s'est fait tout aussi vivement sentir sur les marchés libres que sur les marchés protégés.

» L'Angleterre, que la suppression de toute, protection a forcée d'abandonner presque complètement Lii*culture du blé, ei qui tire du dehors au moins les deux tiers de son pain quotidien, s'est trouvée à la merci des arrivages de l'Amérique et des prix qu'il plaisait à celle-ci de lui imposer. La France, au contraire, qui a eu la sagesse d'assurer par des droits de douane la conservation et le développement de sa culture de blé, a recueilli le fruit de sa prudence: même dans une année désastreuse, sa production et ses réserves antérieures lui ont permis de traverser la crise avec moins de peine que ses voisins, sans perturbation profonde, sans prix de famine et avec un faible appoint de blés étrangers pendant quelques mois seulement. Ce n'est pas le: moindre bienfait dont notre pays soit redevable à nôtre agriculture et à ses défenseurs. ». ■;■"


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SECTION CENTRALE DE LA SOCIÉTÉ.

Séance du 14 mai 1898. Présidence de M. Aug. DOUTRIAUX, président. Sont présents : MM. P. Bouchart, Ern. Macarez, Ant. Lacroix, J. Lecat, Ed. Billiet, L. Devémy, A. Ducloux, G. Gras, P. Lajoie, Lefebvre-Hayez, Legru-Raviart, le dr Manouvriez, Mériaux , Thellier de Poncheville, Hector Weil, et V. Henry, secrétaire.

Ont excusé leur absence MM. E. Bultot, Âlb. D'Haussy et A. Richez.

— Le procès-verbal de la séance du 23 avril est lu et adopté.

Connaissance est donnée à la Section des procès-verbaux des réunions tenues les 19 mars et 30 avril par le Comice agricole de Valenciennes.

Projet de création d'un laboratoire agricole à Valenciennes. — M. le Président expose qu'à la suite de la séance du 23 avril, et au sujet des décisions prises tendant à rétablissement d'un laboratoire agricole à Valenciennes, il a reçu de la Section des sciences et manufactures une délibération dont il donne lecture(l).

En présence de cet avis, M. le Président a cru devoir appeler la Section centrale à le discuter et à soumettre à un nouvel examen la question de la création d'un laboratoire agricole.

M. Lefebvre-Hayez dit qu'établi dans les conditions indiquées par la Section des sciences, un laboratoire ne rendrait pas les services qu'en attendent les cultivateurs.

M. Lacroix soutient l'avis de la Section des sciences. Si les cultivateurs veulent absolument avoir à leur disposition un laboratoire spécial, qu'ils le fondent à leurs frais, en se cotisant. Mais réclamer de l'Etat ou des Communes l'établissement et c l'entretien de ce laboratoire, au détriment des chimistes patentés auxquels il fera concurrence, c'est entrer directement dans les voies du socialisme. Pourquoi ne pas demander de même à l'Etat d'installer une fabrique d'instruments aratoires, une imprimerie agricole, etc., etc.?

MM. Doutriaux, Macarez et Devémy ne pensent pas que le laboratoire agricole souhaité dût causer un préjudice notable aux

(1) Voir ci-dessus cette délibération, page 56.

TOME XLVIII. 3


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chimistes existants. La plupart des analyses qu'il aurait à opérer ne seraient nullement enlevées à ces chimistes, auxquels les cultivateurs n'ont pas l'habitude de s'adresser.

M. Manouvriez dit que l'on pourrait s'informer, dans les villes où fonctionnent déjà des laboratoires agricoles officiels, s'il en est résulté un tort bien sérieux pour les laboratoires de chimie particuliers. Quant à la question de principe, il ne faut pas l'exagérer; autrement, on supprimerait jusqu'aux cliniques publiques parce qu'elles peuvent porter atteinte à l'intérêt personnel des médecins.

M. Thellier de Poncheville déclare que l'argument tiré par M. Lacroix de la tendance socialiste du projet discuté, n'a pas été sans le toucher un peu. Mais, toutes réflexions faites, il paraît bien qu'on est en face d'un problème dont la solution est une question de mesure et d'opportunité. En bonne règle, c'est évidemment aux Syndicats de cultivateurs qu'il appartiendrait de fonder et d'entretenir les laboratoires agricoles. L'Etat, le Déparlement, les Communes ne doivent intervenir que là où l'initiative privée se trouve impuissante. Mais tel est précisément le cas présent. II semble acquis, en effet, que les sociétés et syndicats de l'arrondissement de Valenciennes ne sont pas à même de pourvoir eux-mêmes aux frais d'installation et de fonctionnement d'un laboratoire. L'action et le secours des Pouvoirs publics ne sont plus injustifiés en ces conditions, et il est permis à la Société d'agriculture d'y faire appel.

M. Lacroix maintient que la nécessité de cette solution est très contestable. Il s'est assuré que des chimistes de Valenciennes sont disposés à pratiquer des analyses à prix réduit pour les membres des sociétés agricoles.

M. le Président pense que les membres de la réunion se trouvent maintenant à même de former en connaissance de cause leur opinion. Il va leur donner connaissance dû projet de circulaire qu'avait rédigé, à l'adresse de MM. les Maires de l'arrondissement, la Commission nommée dans la précédente séance, d'accord avec M. le Président du Syndical des cultivateurs. Il priera ensuite la Section de décider s'il convient d'envoyer celte circulaire telle qu'elle a été conçue, ou s'il y a lieu d'y apporter des modifications, ou s'il faut l'abandonner pour prendre d'autres dispositions. Voici donc le texte du projet de lettre dont il s'agit:


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SYNDICAT DES CULTIVATEURS

DE L'ARitONDISSEMENT

DE VALENCIENNES.

SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE,

SCIENCES ET ARTS

DE VALENCIENNES.

1898.

« Valenciennes, le 1898.

« A Monsieur le Maire de la commune de

« Monsieur le Maire,

» Les cultivateurs de notre arrondissement réclament avec instance , depuis plusieurs années, la création à Valenciennes d'un laboratoire agricole fonctionnant sous le contrôle de l'Etat et sous la direction d'un agronome désigné par le Ministre de l'agriculture , laboratoire où ils pourraient, en payant les prix des tarifs très réduits appliqués dans les autres établissements de ce genre, faire pratiquer les analyses de terres, d'engrais, de semences, de tourteaux, en un mot de tous les produits intéressant l'agriculture, et obtenir en môme temps l'indication des conclusions pratiques à tirer du résultat de ces analyses.

« Jusqu'à présent, les voeux ainsi formés n'ont pas abouti, et il est à craindre qu'il ne se passe un long temps encore avant qu'ils ne reçoivent satisfaction, si l'on ne trouve un moyen de les imposer tout particulièrement à la bienveillante attention des Pouvoirs publics.

« Nos deux Sociétés, après avoir étudié avec soin la question, pensent que le dit moyen pourrait efficacement être l'offre de la somme nécessaire à l'oulillement et à l'installation du laboratoire. En faisant celte offre, l'on aurait de grandes chances, croyons-nous, pour obtenir du Département et de l'Etat la nomination et le traitement d'un directeur du laboratoire.

« Mais où trouver la somme voulue ? Elle est relativement assez importante, car un certain nombre des appareils indispensables dans un laboratoire de chimie et de physique agricole, coûtent un prix élevé. Il ne nous a paru possible de la constituer, qu'en nous adressant à toutes les communes de l'arrondissement.

« Nous n'hésitons pas, du reste, à le faire : quelle est celle de ces communes, en effet, qui n'a pas un intérêt plus ou moins direct à voir prospérer l'agriculture locale, et qui pourrait ne pas se montrer favorable à une mesure destinée à profiter surtout aux petits cultivateurs, auxquels il est onéreux et par conséquent difficile aujourd'hui de se procurer fous les renseigne-


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menls utiles pour augmenter le rendement de leur exploitation. « C'est pourquoi nous venons vous prier, Monsieur le Maire, de demander de notre part au Conseil municipal de votre commune son concours financier.

« D'après les calculs que nous avons établis, en les basant sur les ressources respectives des localités de notre arrondissement, il importe au succès de notre entreprise que la commune

de contribue à la fondation du laboratoire agricole pour

une quote part de .... francs au minimum.

« Il s'agit, présentement, d'inscrire à cet effet crédit de pareille importance dans les budgets de la commune. Quant au versement de la somme votée, il ne sera demandé que si le laboratoire est officiellement établi et a son fonctionnement assuré.

« Nous vous saurons gré, Monsieur le Maire, déposer la question et de la faire résoudre dans une des séances que doit tenir en ce mois de mai le Conseil municipal de votre commune, puis de vouloir bien nous aviser du résultat de la délibération.—Nous ne doutons pas, du reste, vu le caractère si nettement utilitaire du projet, que ce résultat ne réponde à nos voeux.

a Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l'expression de nos sentiments les plus distingués.

t Le Président de la Société d'agriculture, sciences et arts de l'arrondissement de Valenciennes,

« AUG. DOUTRIAUX. « Le Président du Syndicat des cultivateurs de l'arrondissement de Valenciennes, « J. LEFEBVRE (de Beuvrages). »

Après la lecture de cette circulaire, M. le Président met tout d'abord aux voix la question de savoir si elle doit être envoyée telle quelle.

Neuf des membres présents se prononcent pour l'affirmative, — les membres du Bureau, savoir : MM. Doutriaux , Lecat et Henry, ayant déclaré s'abstenir (1).

L'envoi de la circulaire, c'est-à-dire la confirmation des décisions prises par la Section centrale dans sa précédente séance, est donc adoptée à la majorité des suffrages.

(1) M. le docteur Manouvriez avait été obligé de quitter la séance avant le vote.


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Fondation éventuelle d'une société de crédit agricole. — M. le Président dit qu'il a mis à l'ordre du jour la question de crédit agricole soulevée par le Comice de Valenciennes dans sa séance du 30 avril, dont le procès-verbal vient d'être communiqué à la Section centrale.

Mais comme il s'agit d'une question complexe et délicate, M. le Président propose de confier d'abord le soin de l'étudier à une Commission, qui présenterait à ce sujet son rapport dans une très prochaine réunion.

Cette proposition obtient l'assentiment de la Section, qui désigne, pour composer la Commission voulue, avec M. le Président et M. le Secrétaire général, MM. Ducloux, D'Haussy, Thellier de Poncheville, Lefebvre-Hayez, Lacroix et LegruRaviarl.

Publication des procès-verbaux de la Société.—M. A. Lacroix demande s'il n'est pas possible de communiquer aux journaux de Valenciennes un compte rendu des séances de la Société : le public constaterait ainsi qu'elle ne reste pas inactive.

M. le Président, avec l'assentiment des membres présents, dit que le Bureau prend bonne note de celte proposition, à laquelle il cherchera à donner satisfaction.

— La séance est ensuite levée.

SECTION D'HISTOIRE ET D'ART.

Séance du 29 avril 1898. Présidence de M. Aug. DOUTRIAUX. Sont présents : MM. V. Henry, Brouillard, A. Corsolle, J. Déjardin, J. Delsart, Georges Giard, P. Lajoie et Ch. Marlière, secrétaire.

Nécrologie. — M. le Président ouvre la séance en exprimant les regrets causés à la Section parla mort d'un de ses membres, M. A. Binet, qui se plaisait à venir assister à ses réunions quand ses nombreuses occupations le lui permettaient.

Admission de membres nouveaux. — Sont admis à l'unanimité comme membres de la Section :


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M. Chamfort, notaire à Valenciennes, présenté par MM. Aug. Doutriaux et Henri Namur,

et M. Michel Legrand, substitut du procureur de la République dans la même ville, présenté par MM. Aug. Doutriaux et Poulie.

— La parole est ensuite donnée à M. V. Henry, qui, dans une chronique des mois écoulés, rappelle les faits artistiques ou littéraires de nature à intéresser la Section.

Galerie historique. — A propos de la récente publication des Mémoires du condéen Bourgogne, mentionnée dans la chronique, M. V. Henry offre pour la Galerie historique un portrait de cet ancien soldat du premier Empire. Le dit portrait est une lithographie faite par A. Léonard (I) alors que M. Bourgogne était adjudant de place à Valenciennes, et qui semble être devenue assez rare. L'exemplaire donné est celui même qui a servi pour la reproduction gravée que les éditeurs des Mémoires de Bourgogne ont placée au frontispice du volume publié.

M. le Président remercie M. Henry.

Congrès archéologique d'Enghien. — M. le Président rappelle à ses collègues que la Société a l'habitude de déléguer officiellement un ou deux de ses membres à chacun des congrès de la Fédération archéologique de Belgique. Il invile la Section à désigner ses représentants pour le congrès de 1898, organisé à Enghien(2).

La Section confère cette qualité à MM. Alfred Richez et André Doutriaux.

SECTION DE MORALITE.

Séance du 3 juin 1898. Présidence de M. J. LECAT. Sont présents : MM. Aug. Doutriaux, Ed. Bultot, Alfred Corsolle, Paul Dcbaralle, Victor Henry, Abel Thiroux et Charles Lebacqz, vice-secrétaire.

(1) Le frère du peintre et lithographe Jules Léonard, qui est décédé à Valenciennes il y a peu de temps.

(2) Voir ci-dessus, page 27.


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Nécrologie. — M. le Président entretient ses collègues de la mort récente de M. Auguste Losset, secrétaire de la Section. 11 rappelle les services rendus pendant longtemps par le défunt à la Société d'agriculture et en particulier à la Section de moralité, dont il propose, d'exprimer les regrets à la famille par une lettre de condoléance.

A l'unanimité, la motion de M. le Président est adoptée.

Nomination des secrétaires. — M. le Président invite ensuite la Section à procéder à la nomination d'un secrétaire en remplacement de M. Losset.

M. Lebacqz, vice-secrétaire, est élu.

Pour lui succéder comme vice-secrétaire, la Section choisit M. Alfred Corsolle, qu'elle désigne aussi comme un de ses délégués à la Section centrale

Voeux à présenter au Conseil général. — M. le Président rappelle que la Section centrale adresse tous les ans, à pareille époque, une suite de voeux au Conseil général; il s'informe si ses collègues en ont quelques-uns à proposer.

M. Debaralle signale en quelques mots un projet de loi tout récemment déposé par M. Barthou, ministre de l'intérieur, en vue d'assurer des secours aux vieillards indigents. Il propose d'émettre un voeu tendant à la prompte solution de celte question depuis longtemps agitée.

Cette proposition sera transmise à la Section centrale.

M. V. Henry expose l'utilité qu'aurait l'emploi d'une voiture cellulaire pour le transport des inculpés de la maison d'arrêt de Valenciennes au Palais de justice et vice versa. Aujourd'hui, on leur fait traverser à pied une partie de la ville, ce qui donne lieu parfois à des nianifestations regrettables. Il y a, du reste, longtemps déjà, que l'usage d'une voiture cellulaire est demandé, et la Section de moralité ne sortirait pas de son rôle en le souhaitant à son tour.

M. Debaralle dit qu'en effet, depuis une dizaine d'années il a fait émettre et renouveler à plusieurs reprises un voeu en ce sens par le Conseil d'arrondissement. IL appuie donc la proposition soumise à la Section.

Celte proposition est adoptée.

M. Debaralle appelle l'attention de la réunion sur la multipli-


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cation incessante des débits de boisson, et sur Tes inconvénients de cet étal de choses au point de vue de la moralité publique ; il demande que la Société formule un voeu tendant à la revision de la loi en vigueur, afin de limiter le nombre des débits ; on pourrait en réduire progressivement le nombre existant, sans aucune expropriation, en ne permettant pas de rouvrir ceux dont une faillite ou un autre accident a amené la fermeture.

M. Corsolle fait remarquer que la limitation du nombre des cabarets a un inconvénient : elle conduit les brasseurs à acheter les licences et à en faire commerce.

M. Doutriaux pense que le meilleur moyen de remédier au mal signalé serait d'imposer aux débitants de boisson des patentes beaucoup plus élevées.

Il est convenu que la question soulevée par M. Debaralle sera soumise à la Section centrale.

— L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.

SECTION DES SCIENCES ET MANUFACTURES.

Séance du 18 juin 1898. Présidence de M. A. LACROIX, président. Sont présents : MM. H. Weil, P. Lajoie, G. Gras, Gallonde et Sahut. — M. Henry, secrétaire général, assiste à la séance.

Admission de nouveaux membres.—\\ est procédé à la présentation de trois membres nouveaux, qui sont admis à l'unanimité:

M. le Directeur de la Société anonyme de constructions mécaniques du faubourg de Cambrai, à Valenciennes, présenté par MM. Lacroix et G. Gras;

M. Dehove-Deneulin, directeur de la Départementale-Electrique, à Valenciennes, présenté par les mêmes,

et M. Ernest Corsolle, fabricant d'engrais à Valenciennes, présenté par MM. Lacroix et V. Henry.

Voeu proposé concernant les sucres employés dans l'industrie et ïagriculture. — La Seclion étant invitée à indiquer les voeux qui peuvent être adressés au Conseil général, MM. Gras et Gallonde font une communication sur le développement désirable de l'emploi du sucre dans certaines industries ou pour l'alimenta-


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tion des animaux de ferme ; ils concluent en proposant un voeu tendant au dégrèvement des sucres destinés aux usages autres que la consommation directe par l'homme (1).

La réunion adopte ce voeu et décide de le recommander à l'attention de la Section centrale.

Autres voeux. — La réunion passe ensuite en revue les voeux précédemment formulés, afin de signaler ceux qui, n'ayant pas été réalisés encore, peuvent être utilement repris.

M. Henry rappelle que la question de l'emploi de la mélasse en agriculture n'est pas encore réglée ; une loi a autorisé en principe le dégrèvement de laifeMasse destinée à recevoir un tel emploi, mais le décret qui doit déterminer les conditions du dégrèvement est toujours à l'étude.

En ces circonstances, la Section est d'avis qu'il serait opportun de renouveler le voeu déjà émis au sujet de celte question.

Elle en décide de même pour les voeux concernant l'amélioration des canaux, et demande notamment le maintien du voeu relatif à l'établissement du canal de l'Escaut à la Meuse.

Prolongement du canal de l'Ourcq. — A propos de canaux, M. Lacroix annonce qu'une entreprise s'organise à l'effet de faciliter par une nouvelle voie les communications fluviales de la région du Nord avec Paris.

Il s'agit de l'approfondissement du canal de l'Ourcq et de son prolongement jusqu'à l'Aisne à Bourg-et-Comin, où il rejoindrait le canal de l'Oise à l'Aisne, qui vient aboutir à Chauny. On éviterait ainsi, en nombre de cas, le parcours onéreux du canal Saint-Martin et la traversée d'une partie considérable de Paris.

Concours agricoles de 1898. — Expériences d'arracheuses mécaniques de betteraves. — La Section, appelée à donner son avis sur le programme du prochain concours d'instruments agricoles, n'élève pas d'objection contre le maintien des dispositions qui ont été précédemment adoptées à ce sujet.

M. Gras se fait l'interprète de certains constructeurs, qui demandent que le jury fasse fonctionner sur un champ les arracheuses mécaniques de betteraves qui lui seront présentées.

(1) On trouvera plus loin, intégralement reproduit, le texte de la communication et du voeu de MM. Gras et Gallonde.

TOME XLVIII. v> 3*


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La Section décide d'appuyer ce voeu auprès de la Section centrale.

Fondations en terrains peu consistants.— M. Lacroix fait une communication sur un procédé de fondation en terrain tourbeux et peu consistant, procédé qui pourrait, semble-l-il, recevoir quelque application dans certains sols de la ceinture de Valenciennes faits de déblais et de décombres.

Le dit procédé consiste essentiellement dans le foncement de puils de profondeur variable, au moyen d'un mouton conique ayant 0 mètre 80 de diamètre à la base, 1 mètre 50 à 2 mètres de hauteur, un poids de 1200 à 1500 kilog., et tombant de douze mètres de haut. Un second mouton du poids de mille kilog. est mis ensuite en action sur des matériaux de bourrage introduits dans les puils, et l'on termine le battage à l'aide d'un mouton tronconique.

Ce procédé est très économique. Il supprime toule maind'oeuvre pour transport de terre, et en outre consolide le terrain même qui environne le puits.

Nouvelle soupape de sûreté pour générateur. — M. Gras présente à la réunion une nouvelle soupape de sûreté (système Adrien Weil, de Marly-Nord), laquelle est destinée à procurer une sécurité nouvelle dans la surveillance des chaudières à vapeur.

Cet appareil, très ingénieux, et que l'on peut voir fonctionner déjà dans différents établissements de la région, est construit comme une soupape de sûreté ordinaire, à cette différence près que la vapeur, au lieu de s'échapper dans l'atmosphère, vient, par une tubulure latérale aboutissant dans le foyer même, modérer le feu et par conséquent la production de la vapeur, dès que la pression atteint la limite maxima fixée.

Pour produire ce résultat, la partie inférieure de l'instrument se prolonge par une tubulure qui plonge dans la chaudière, dont l'eau, sous la pression de la vapeur, vient agir sur la soupape intérieure équilibrée à la pression voulue.

L'adjonction de ce petit appareil aux générateurs paraît devoir être utile surtout dans la petite industrie, où les chaudières ne peuvent, pas toujours être l'objet d'une surveillance constante.

Réunion de la Société des ingénieurs civils de France. — M. Lacroix entretient la Section du récent congrès qu'ont tenu à Paris


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les membres de la Société des ingénieurs civils de France à l'occasion du cinquentenaire de celte association, et rend compte des visites faites par les congressistes sur les chantiers des grands travaux de Paris, ainsi que des expériences et conférences auxquelles ils ont assisté.

~- Il expose incidemment les difficultés qu'il a fallu résoudre pour la construction du pont Alexandre, sur la Seine.

Il donne sur l'emploi du ciment armé, dans les palais des beaux-arts de l'Exposition de 1900, des renseignements qui confirment la résistance considérable des voûtes établies avec application de ce système (1).

Il décrit les travaux nécessités par le transfert de la gare du chemin de fer d'Orléans sur le quai d'Orsay.

M. Lacroix signale aussi un moyen d'apprécier la qualité des houilles grâce aux rayons X, qui traversent le charbon mais non les autres produits qu'il peut renfermer.

Il rend compte enfin du dernier concours de voitures automobiles organisé à Paris. Quinze des véhicules présentés ont satisfait aux condilions imposées par lé programme, sans toutefois apporter rien de nouveau en fait de moteurs.

— La séance est ensuite levée.

SECTION CENTRALE.

Séance du 25 juin 1898. Présidence de M. Ed. PESIER, président honoraire.

Sont présents : MM. J. Lecat, Ed. Bultot, G. Gras, A. Lacroix, P. Lajoie, Ch. Lebacqz, Legru-Raviart, À. Richez, H. Weil, et V. Henry, secrétaire.

Ont excusé leur absence MM. Auguste Doutriaux et Clément Coquelle.

— Lecture est faite à la Section des procès-verbaux des séances tenues par la Section d'histoire et d'art le 29 avril, par la Section des sciences et manufactures le 30 avril, et par la Section de moralité le 3 juin.

(1) Voir dans le tome XLVI de la présente Revue, page 137.


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Concours de 1898. Organisation. Programme. — M. le Président informe la Section centrale que le Conseil municipal d'Onnaing a volé dans sa séance du 20 mai un crédit de 600 francs pour la participation de la Commune à l'organisation des concours agricoles de 1898, et que le Bureau s'est mis d'accord avec le dit Conseil pour placer au dimanche 11 septembre celte solennité.

. ■. La Section est appelée ensuite à fixer le programme des prochains concours. Elle décide, après examen, qu'il y a lieu de reprendre le programme appliqué en 1897 pour les concours d'animaux reproducteurs, et celui de 1896 pour les autres concours, en y apportant toutefois les modifications suivantes :

Le prix unique offert au lauréat des concours de labourage, dans la 1" classe, comprendra désormais une médaille de vermeil et une prime de 75 francs, sans plus.

Pour le concours d'instruments agricoles, le Bureau est prié, à la demande de la Section des sciences et manufactures, de faire en sorte que les arracheurs mécaniques de betteraves fonctionnent sous les yeux du jury.

Enfin, le concours ouvert en 1896 entre inventeurs de lampes pour l'éclairage par l'alcool sera supprimé, la Section des sciences étant d'avis qu'il ne présente plus une sérieuse utilité.

Voeux à soumettre au Conseil général. — M. le Président, • suivant l'ordre du jour, invile la Section à énoncer les voeux qui seront, comme chaque année à pareille époque, soumis au Conseil général au nom de la Société. — Avant d'ouvrir la délibération, il donne lecture d'une lettre du 9 juin, par laquelle M. C. Coquelle fait savoir que le Comice de Bouchain, en ce qui concerne le choix de ces voeux, s'en rapporte à la Section centrale.

La Section examine d'abord la proposition formulée le 18 juin par la Section des sciences et manufactures, tendant au dégrèvement des sucres destinés à tout autre usage que l'alimentation humaine. A la suite des explications données par M. G. Gras, la Section décide que ce voeu sera non seulement soumis au Conseil général, mais directement adressé au Gouvernement et aux Députés et Sénateurs du Nord, accompagné de ses motifs.

La Section admet ensuite, après discussion, les voeux proposés par la Section de moralité (l).

jl) Voir ci-dessus, page 71.


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Enfin, elle revoit les voeux qu'elle avait formulés en 1897.

M. le Président fait remarquer qu'un certain nombre d'entre eux ont plus ou moins complètement reçu satisfaction : ce sont les voeux relatifs au dégrèvement des alcools dénaturés et des mélasses employées par l'agriculture, à la loi dite du cadenas, à l'indemnisation des propriétaires de bestiaux abattus comme tuberculeux, à la désinfection des wagons et quais de chemins de fer après chaque transport d'animaux, à l'amélioration de la ligne navigable de Mons à Paris.

Au contraire, en ce qui concerne la transformation de la halle de Beuvrages en gare de marchandises, la Compagnie du Nord a catégoriquement répondu par un refus motivé.

La Section, ces indications entendues, souhaite la prompte publication du décret promis par la loi du 14 juillet 1897 afin de permettre le dégrèvement des mélasses destinées aux usages agricoles, et décide de renouveler ses voeux antérieurs tendant à l'examen des viandes de boucherie dans les communes rurales, au-vote de la loi sur la médecine vétérinaire, à la création d'un dépôt d'étalons à Valenciennes, à l'exécution de travaux efficaces contre les inondations, à l'établissement d'un canal de jonction entre l'Escaul et la Meuse, à la construction de différents chemins de fer à voie étroite dans l'arrondissement de Valenciennes.

— La séance est ensuite levée.

PROGRAMME

DES CONCOURS OUVERTS PAR LA SOCIÉTÉ EN 1898.

Ont été accordées à la Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes, pour les lauréats de ces concours :

par' M. le Ministre de l'agriculture, au nom du Gouvernement de la République, une subvention de 1.100 francs, une médaille de vermeil et une médaille d'argent ;

par le Conseil général'du Nord, une subvention de 2.500 francs.

Arrêté de M. le Sous-Préfet de Valenciennes.

Nous, Sous-Préfet de l'arrondissement de Valenciennes,

ARRÊTONS CE QUI SUIT : ARTICLE PREMIER. — Le programme ci-après des récompenses


mises au concours en 1898 par la Société d'agriculture, sciences et arts de l'arrondissement, sera publié et affiché dans les lieux accoutumés par les soins de MM. les Maires.

ART. 2. — MM. les Maires sont priés d'engager les cultivateurs à prendre part à ces concours.

ART. 3. — Ils nous feront parvenir le plus promptement possible tous les renseignements qui peuvent mettre la Société même de porter sur le mérite des concurrents un jugement éclairé.

Fait à l'hôtel de la Sous-Préfecture, à Valenciennes, le 13 juillet

1898.

Le Sous-Préfet, F. VERNE.

LIEU ET DATE DES CONCOURS.

LES CONCOURS DE LABOURAGE, D'INSTRUMENTS AGRICOLES, D'ANIMAUX REPRODUCTEURS, DE MARECHALERIE ET DE BOURRELLERIE

AURONT LIEU, EN 1898 , SUR LE TERRITOIRE DE LA COMMUNE

D'ONNAING, LE DIMANCHE 11 SEPTEMBRE.

Un nouvel avis fera connaître l'heure elle lieu précis de chaque

concours.

Labourage.

Les concurrents devront se faire inscrire d'avance au secrétariat de la Société (1), ou au siège de leurs Comices respectifs, huit jours au moins avant la date des concours.

Les concours de labourage se divisent en trois classes comprenant :

l" CLASSE :

Les laboureurs ayant obtenu un prix, dans les concours précédents, en 2e classe.

Prix unique : Médaille de vermeil et prime de 75 francs.

Une fois cette récompense obtenue, le lauréat ne sera plus admis à concourir.

2e CLASSE :

Les laboureurs ayant obtenu deux premiers prix, dans les concours précédents, en 3e classe.

(1) Ce bureau est ouvert tous les jours (dimanches et fêles exceptés), de dix heures à midi et de deux à quatre heures, à l'Hôtel de Ville de Valenciennes.


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Charrues à 3 chevaux.

Prix unique : Médaille de vermeil et prime de 50 francs.

Charrues à 2 chevaux.

Prix unique : Médaille de vermeil et prime de 50 francs. Les deux lauréats seront admis, à l'avenir, à concourir dans la lre classe.

» 3e CLASSE.

Les laboureurs non compris dans les deux premières classes. Charrues attelées de trois chevaux.

Sous le nom de charrues, on comprend tous les instruments servant à labourer la terre, quelle que soit d'ailleurs leur dénomination particulière.

1" prix : Médaille d'argent et 50 francs,.

2e » Médaille de bronze et 30 francs.

3e » Médaille de bronze et 20 francs.

Charrues attelées de deux chevaux.

i" prix : Médaille d'argent et 50 francs. 2e » Médaille de bronze et 30 francs. 3" » Médaille de bronze et 20 francs.

Charrues attelées d'un seul cheval.

1er prix : Médaille d'argent et 40 francs. 2e » Médaille de bronze et 25 francs. 3e » Médaille de bronze et 15 francs.

Charrues attelées de (rois boeufs.

1" prix : Médaille d'argent et 50 francs. 2e » Médaille de bronze et 35 francs.

Charrues attelées de deux boeufs

i" prix : Médaille d'argent et 50 francs. t" » Médaille de bronze et 35 francs.

Charrues attelées de vaches.

1er prix : Médaille d'argent et 50 francs. 2e » Médaille de bronze et 30 francs. 3' » Médaille de bronze et 15 francs


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Bràbants simples

à trois chevaux, deux chevaux, un cheval, ou à trois boeufs,

deux boeufs ou vaches.

1" prix : Médaille d'argent et 50 francs. 2e » -Médaille de bronze et 30 francs. 3e » Médaille de bronze et 20 francs.

NOTA. — Si le nombre des concurrents de la catégorie « Brabants simples » est supérieur à cinq, le Jury pourra former une deuxième catégorie et y décerner deux prix.

1" prix : Médaille d'argent et 40 francs.

2e » Médaille de bronze et 30 francs.

Pour toutes les catégories indistinctement, il sera tenu compte des difficultés des labours profonds.

Instruments agricoles.

Médailles d'or, d'argent, de bronze, objets d'art et primes.

A la date et au lieu fixés pour les différents concours, il sera procédé à l'examen des instruments propres à la grande et à la petite culture du pays, y compris l'outillage à la main, d'invention nouvelle ou perfectionnée.

Les cultivateurs ou constructeurs "qui voudront présenter des instruments au Concours, devront en donner avis à la Société, huit jours au moins avant l'époque fixée pour le Concours. Cet avis devra être donné par écrit et contenir, outre les nom, prénoms et adresse de l'exposant, l'Indication exacte des dits instruments et de la superficie qu'ils occuperont sur le champ du Concours.

Le jury aura le droit de demander, s'il l'estime utile, un plan figuratif des instruments présentés au Concours.

Si parmi les objets pour lesquels sont demandées des récompenses, il en était qui ne pussent être déplacés et amenés devant le jury, la faculté est réservée à celui-ci de se transporter ultérieurement aux endroits où ils fonctionnent, afin de les examiner et de les comprendre dans son rapport.

La Société récompensera particulièrement les inventeurs d'instruments propres à activer d'une manière notable le travail agricole, et notamment les constructeurs d'arracheuses mécani-


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ques de betteraves; des dispositions seront prises pour fajrc fonctionner ces arracheuses sous les yeux du jury (1).

La Société donnera aussi une attention spéciale : 1° aux semoirs qui, par la modicité de leurs prix, seraient à la portée de la petite culture, et qui permettraient d'ensemencer un certain nombre de graines différentes ; 2° auxtaachines à moissonner, machines à battre et faucheuses, d'un usage pratique; 3° aux moyens de transports agricoles, chariots, chemins de fer portatifs, wagonnets, culbuteurs, etc., etc.; 4° aux charrues de drainage ayant pour objet, sinon de préparer d'une manière complète le fossé destiné à recevoir les drains, du moins d'avancer le travail de déblai d'une manière notable,

Elle décernera des médailles ou primes s'il y a lieu : 1° pour faulx, sapes et piquets; 2"pour instruments forestiers.

La Société s'attachera à encourager par des récompenses la substitution de l'acier au fer, et les améliorations apportées à l'emmanchement des outils de manière à obtenir une plus grande légèreté sans nuire à la solidité.

Animaux reproducteurs.

AVIS IMPORTANT. Toute personne disposée à présenter au Concours un animal de l'espèce bovine ou chevaline, devra se faire inscrire soit au secrétariat de la Société d'agriculture à Valenciennes, soit au siège de son Comice, HUIT JOURS AU MOISS avant la date des Concours, en déclarant le nom, la couleur, l'âge, la race de cet animal, ainsi que les prix qui ont pu déjà lui être attribués dans d'autres concours.

"*Les concurrents devront en outre produire un certificat sur timbre, débité par le Maire de leur commune, et constatant qu'ils étaient propriétaires, six mois au moins avant le jour du Concours, des animaux présentés, ou, pour les bandes de taurillons, bouvillons et génisses, que ces jeunes sujets ont bien été élevés chez eux. — S'il s'agit d'une jument, la carte de saillie devra être aussi soumise au jury.

(Il Le concours spécial d'arracheuses mécaniques de betteraves a été, en vertu d'une décision ultérieure de la Société, détaché des concours du 11 septembre pour n'être engagé et. jugé que le 16 octobre, à Onuaing.


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L'inobservation des formalités précédentes peut faire refuser l'admission des intéressés au Concours.

# « Tout animal qui, dans un concours régional, départemental ou d'arrondissement, aura été jugé digne d'un prix ou d'une prime, ne pourra, s'il est présenté dans une catégorie identique, recevoir qu'un prix d'une valeur plus élevée. Si c'est un premier prix qu'il a précédemment obtenu, il sera classé hors concours, mais les jurés auront la faculté de lui décerner un diplôme d'honneur et une médaille de rappel, s'il leur paraît sensiblement supérieur aux autres animaux de sa catégorie.

ESPÈCE BOVINE.

Tous les animaux de la race bovine qui auront remporté un prix seront marqués à la corne gauche au moyen d'un fer spécial.

Taureaux de toutes races. 1" Catégorie.—Taureaux n'ayant pas de dents de remplacement. 1er prix : Médaille d'argent et prime de 100 francs. 2° » Médaille d'argent et prime de 75 francs. 3° » Médaille de bronze et prime de 50 francs.

2* Catégorie. — Taureaux ayant deux dents de remplacement. 1" prix : Médaille d'argent grand module offerte par M. le Ministre de l'agriculture et prime de 140 francs. 2e » Médaille d'argent et prime de 100 francs. 3e » Médaille de bronze offerte par la Société des agriculteurs de France et prime de 75 francs.

3U Catégorie. — Taureaux ayant quatre dents et au-dessus.

1er prix : Médaille de vermeil et prime de 70 francs.

2e » Médaille d'argent et prime de 50 francs.

3e » Médaille de bronze et prime de 30 francs.

Tout taureau devra être pourvu d'un anneau nasal, à peine d'exclusion du concours.

Les primes obtenues pour les taureaux ne seront touchées que six mois après le concours et, clause de rigueur, sur la présentation d'un certificat délivré par deux membres au moins du jury du concours, et constatant que les animaux primés sont encore en la possession de ceux qui les ont présentés au concours.


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Génisses pleines sans distinction de races, ayant de deux à quatre dents de remplacement.

i" prix : Médaille d'argent et prime de 100 francs. 2* » Médaille de bronze et prime de 75 francs. 3e » Médaille de bronze et prime de 50 francs.

Vaches pleines ou à lait. I" prix : Médaille d'argent et prime de 100 francs. 2' » Médaille de bronze et prime de 75 francs. 3e » Médaille de bronze et prime de 50 francs.

Bandes de bouvillons, génisses et laurillons élevés chez les exposants.

1° Médaille de vermeil grand module offerte par la Société des agriculteurs de France et prime de 100 francs au propriétaire du plus beau lot (10 à 12 têtes) de bouvillons, génisses et laurillons de deux mois à deux ans.

2° Médaille d'argent offerte par la Société des agriculteurs de France et prime de 75 francs au propriétaire du plus beau lot (10 à 12 têtes) de jeunes animaux de même catégorie, classé après le précédent.

La déclaration de possession des jeunes animaux présentés en bande devra être/aite, sous peine pour le propriétaire d'être exclu du concours, avant le 15 août.

Ne pourra être incorporé dans les dites bandes aucun animal individuellement primé dans une autre catégorie du concours.

ESPÈCE CHEVALINE.

Juments de gros trait pleines ou suitées.

1er prix : Médaille de vermeil grand module offerte par M. le Ministre de l'agriculture et prime de 150 francs.

2e » Médaille d'argent et prime de 100 francs.

3e » Médaille d'argent et prime de 75 francs.

4e J> Médaille de bronze offerte par la Société des agriculteurs de France et prime de 50 francs-.

Juments de trait léger pleines ou suitées. Ier prix : Médaille de vermeil et prime de 100 francs. 2e » Médaille d'argent et prime de 75 francs. 3° » Médaille d'argent et prime de 50 francs.


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Pouliches de trait de toutes races, de 15 à 30 mois.

1er prix : Médaille d'argent, grand module offerte par M. le Ministre de l'agriculture et prime de 100 francs. 2° » Médaille d'argent et prime de 75 francs. 3e » Médaille d'argent et prime de 50 francs. 4e » Médaille de bronze et prime de 50 francs. 5" » Médaille de bronze et prime de 25 francs.

NOTA. — Le jury, s'il le juge convenable, pourra former deux catégories, sans toutefois que celle division donne lieu à une augmentation du nombre et de la valeur des prix ci-dessus.

Jeunes étalons.

Une prime de lût) francs pourra être accordée par le jury au plus beau poulain entier de gros trait de 15 à 30 mois.

NOTA.

Les primes pour les génisses et les pouliches ne seront versées qu'un an après le concours, sur la présentation d'un certificat semblable à celui ci-dessus indiqué à propos du paiement des primes accordées aux taureaux.

ESPÈCE PORCINE.

Médaille d'argent et prime de 40 francs pour le plus beau verrai.

Médaille de bronze et prime de 30 francs pour la plus belle truie suilée.

VOLAILLES.

Coqs et poules.

1" prix : Médaille de vermeil à l'exposant qui présentera le plus beau lot de volailles, composé au moins d'un coq et de trois poules.

2e prix : Médaille d'argent.

3e » Médaille de bronze.

4e » Médaille de bronze.

Dindons. Ier prix : Médaille d'argent et prime de 20 francs pour le plus beau lot de dindons, élevés par l'exposant. 2° prix : Prime de 20 francs.


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Canards.

1" prix : Médaille d'argent et prime de 20 francs pour le plus beau lot de canards {six au moins).

2e prix : Médaille de bronze et prime de 10 francs.

Oies.

i" prix : Médaille d'argent et prime de 20 francs pour leplus beau troupeau d'oies, élevées par l'exposant.

2e prix : Prime de 20 francs.

NOTA. — Dans l'appréciation de ces concours, le jury tiendra compte de l'aptitude à la ponte et à l'engraissement.

LAPINS.

1" prix : Une prime de 20 francs au propriétaire du plus beau couple de lapins, sous le rapport de la conformation et de la race.

2e prix : Une prime de 10 francs.

Maréchalerie.

Le concours commencera à neuf heures précises du malin, en présence d'une commission spéciale, au moyen de forges et de travails mis par la Société à la disposition des concurrents.

Il ne sera distribué de prix qu'aux maréchaux qui auront effectivement préparé et appliqué le fer sous les yeux du jury, sur le lieu du concours.

FERRURE DES CHEVAUX.

1" prix : Médaille d'argent et 50 francs au maréchal-ferrant qui aura montré le plus d'habileté dans la confection et la pose du fer.

2e Prix : Médaille de bronze et 30 francs.

3"" » Médaille de bronze et 20 francs.

FERRURE DES BOEUFS.

1" prix : Médaille d'argent et 40 francs.

2e » Médaille de bronze et 20 francs. , La Commission tiendra compte, dans son appréciation, du travail de la forge, de la préparation du sabot, de la préparation et de l'application du fer, et de la durée de ces différentes opérations.

Chaque concurrent devra être muni de ses outils et de son lopin.


CONCOURS SPÉCIAL ENTRE LES LAURÉATS (1"' PRIX) DES CONCOURS PRÉCÉDHNTS.

Prix unique : Médaille de vermeil. NOTA. — Le lauréat de ce concours spécial ne sera plus admis à concourir.

FABRICATION MÉCANIQUE DE FERS POUR LES CHEVAUX.

Médaille de vermeil, d'argent ou de bronze au fabricant qui aura exposé la série la plus complète et la mieux entendue sous le rapport de l'exécution, de fers mécaniquement fabriqués pour les chevaux.

Bourrellerie.

Les concurrents devront, pour la confection du collier (objet principal du concours), exécuter leur oeuvre d'après la conformation d'un cheval choisi à cet effet.

Les concurrents, maîtres et ouvriers, pourront essayer le collier destiné à l'exposition, autant de fois qu'il leur conviendra, sur le col du cheval désigné. Ce cheval est tenu à leur disposition par M. Adolphe Boute, cultivateur à Saint-Saulve, dans la ferme duquel ils pourront l'examiner, chaque jour, de 11 heures et demie à 1 heure, et se rendre compte des difficultés à vaincre pour arriver à un travail satisfaisant, c'est-à-dire qui rende la traction le plus facile possible pour l'animal.

1er prix : Médaille de vermeil et prime de 100 francs.

2e » Médaille d'argent et prime de 50 francs.

Des primes spéciales pourront être décernées aux exposants bourreliers qui présenteraient d'autres objets concernant l'attelage des animaux de trait, comme aussi des courroies de transmission, etc., et qui seraient jugés dignes de récompense.

NOTA. — Ne seront plus admis à concourir les lauréats (1ers prix) des concours précédents.

Apiculture.

Pour encourager le développement de l'apiculture, deux prix seront décernés aux personnes qui seront jugées avoir fait en ce sens les essais les plus intelligents.

1" prix : Médaille d'argent.

2e » Médaille de bronze.


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Écoles primaires.

Des médailles de vermeil, d'argent, de bronze et des diplômes de mérite seront décernés, suivant qu'il y aura lieu, aux instituteurs primaires qui, eu égard aux moyens dont ils disposent, auront .donné à leurs élèves les meilleures leçons d'agriculture et d'horticulture pratique, ou auront enseigné la culture et la taille des arbres fruitiers et sacrifié une partie de leurs jardins pour créer une pépinière des meilleures espèces.

Les renseignements certifiés doivent être déposés au Secrétariat, de la Société avant le 25 août.

Destruction des animaux nuisibles à l'agriculture.

Il pourra être accordé une prime aux élèves des écoles primaires qui auront montré le plus de zèle pour la destruction des animaux nuisibles à l'agriculture.

La somme attribuée à chaque élève sera portée sur son livret de caisse d'épargne.

Prix Mathieu.

(CONCOURS ANNUEL. )

Une prime de 400 francs est réservée à l'auteur d'une amélioration agricole qui aura été jugée digne de l'importance de ce prix.

Dans le cas où aucune amélioration ne comporterait l'allocation de la prime entière, la somme qui en fait l'objet pourra être divisée, mais toujours pour récompenser tout progrès ayant trait à l'agriculture.

Culture fourragère. (CONCOURS PERMANENT.)

Médaille d'or au cultivateur ou autre qui aura introduit dans l'arrondissement une plante fourragère quelconque pouvant être avantageusement cultivée.

Engrais et Amendements.

Des récompenses, que déterminera le jury même, seront décernées aux producteurs des meilleurs engrais et amendements naturels ou artificiels présentés au concours.

Les producteurs désireux de prendre part à ce concours devront, en en donnant avis au secrétariat de la Société d'agriculture, envoyer des échantillons de leurs engrais. Le jury aura en


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outre le droit de se transporter chez ces producteurs pour y faire un nouveau prélèvement d'échantillons.

Science agricole.

(CONCOURS PERMANENT.)

Médaille d'or, de vermeil ou d'argent, selon qu'il y aura lieu, à l'auteur du meilleur mémoire sur les matières agricoles, signalant soit une invention, soit un perfectionnement nolable, ou proposant des mesures dont l'adoption serait de nature à apporter des améliorations à la situation de l'agriculture.

Reboisement dans les terrains peu cultivés. — Assainissement des marais.

Médaille de vermeil, d'argent ou de bronze à l'auteur du meilleur mémoire traitant la question :

1° Du reboisement dans les terrains peu cultivés, sur les remblais de terres de mines, sur les talus de chemins de fer, et en général sur tous les terrains incultes ou improductifs ;

2' De l'assainissement des marais.

DISPOSITIONS GÉNÉRALES.

Ne sont admis à concourir que les intéressés appartenant à l'arrondissement de Valenciennes.

Exception est faite à cette règle pour le concours d'instruments agricoles, qui comprendra deux sections : l'une réservée aux constructeurs de l'arrondissement, l'autre ouverte à tous autres constructeurs (chacune ayant ses récompenses spéciales).

Immédiatement après la constitution des jurys et l'organisation du concours de labourage, la Société et ses invités parcourront officiellement les différentes expositions en présence des exposants.

Les exposants ne pourront, avant trois heures de l'après-midi, sous quelque prétexte que ce soit, emmener aucun animal ni enlever aucun objet exposés.

Frais de transpart.

Une réduction de 50 0/Q est faite par la Compagnie du chemin de fer du Nord sur les frais de transport pour les animaux et machines agricoles destinés aux Concours.


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Concours de Tenue de Ferme en 1899.

La Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes ouvre successivement, dans les différents cantons de l'arrondissement, des concours pour tenue de ferme. Ces concours auront lieu en 1899: 1° entre les cultivateurs du canton de SAINTAMAND-RIVE-GAUCHE ; 2° entre les cultivateurs du canton de DENAIN.

Les cultivateurs sont divisés, pour ces concours, en trois catégories, à chacune desquelles sont affectées des récompenses spéciales :

1* Cultivateurs dont la culture comprend plus de 30 hectares ;

2* Cultivateurs dont la culture comprend de 15 à 30 hectares (moyenne culture) ;

3° Cultivateurs dont la culture comprend moins de 15 hectares (petite culture).

La Commission chargée de visiter les fermes, s'assurera :

1° De la contenance de la culture ;

2° De la division de l'exploitation en terres et prairies ;

3° Des quantités ensemencées chaque année en blé, orge, seigle, féverolles, trèfles, luzernes, sainfoin, betteraves, chicorées, etc.

La Commission aura égard :

1° A la bonne construction des bâtiments affectés à l'exploitation, notamment des écuries, étables, bergeries,porcheries, etc.;

2° Au nombre des bestiaux relativement à l'étendue de l'exploitation ;

3° Â l'emploi des instruments nouveaux procurant économie sous le double rapport du temps et de la main-d'oeuvre ;

4° A la production et à la conservation des engrais ;

5° A l'emploi le plus judicieux des amendements ou fumiers fabriqués dans la ferme ou achetés au commerce ;

6° A l'hygiène des personnes et des animaux ;

7° A la rotation de culture la mieux entendue afin de n'exiger du sol que ce qu'il peut donner sans fatigue ;

8° A l'aménagement des récoltes, etc., etc.

La Commission visitera l'exploitation en temps utile pour se rendre compte de l'état des récoltes sur pied.


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PRIX A DÉCERNER :

1" catégorie : Culture de plus de 30 hectares.

I. Médaille d'or pour le cultivateur le plus distingué ;

IL Prime de 75 fr. à distribuer entre les plus méritants des auxiliaires employés par le fermier ;

III. Objet d'art à offrir à la fermière qui pour les parties de la ferme confiées à ses soins (basse-cour, laiterie, etc.), méritera les suffrages de la Commission.

2* catégorie : Moyenne culture (de 15 à 30 hectares).

I. Médaille d'or pour le cultivateur le plus distingué ;

IL Prime de 50 fr. à distribuer entre les plus méritants des auxiliaires employés par le fermier ;

III. Objet d'art à offrir à la fermière la plus digne d'éloges.

3° catégorie : Petite culture (au-dessous de 15 hectares).

I. Médaille de vermeil pour le cultivateur le plus distingué ;

IL Objet d'art à offrir à la fermière la plus digne d'éloges.

Les cultivateurs disposés à concourir doivent se faire inscrire au siège de leur Comice ou au Secrétariat de la Société d'agriculture (Hôtel de Ville de Valenciennes), en y déposant une déclaration constatant la contenance de leur culture, AVANT

LE 1er MARS 1899.

Fait et arrêté à Valenciennes, en séance, sur la proposition des Comices et Sections, le 25 juin 1889.

Le Secrétaire général, Le Président,

VICTOR HENRY. A. DOUTRIAUX.

NECROLOGIE.

M. AUGUSTE-ANTOINE LOSSET.

La Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes a perdu le 19 mat un de ses collaborateurs les plus dévoués, M. Auguste-Antoine Losset, membre titulaire de sa Section centrale, secrétaire général adjoint du Bureau général, secrétaire de la Section de moralité, ancien secrétaire du Comice agricole de Valenciennes.


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M. Losset a prématurément succombé à une douloureuse maladie, dans sa soixante et unième année.

Ses obsèques se sont faites le lundi 23 mai. Les coins du poêle ont été portés par MM. Ch. Devillers, adjoint au Maire de Valenciennes, Aug. Doutriaux, président de la Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes, Julien Lecat, membre de la "Commission historique du Nord, Léopold Devillers, conservateur des archives de l'Etat belge à Mons et président du Cercle archéologique de la même ville (1), Victor Henry, membre de la Commission administrative de la Bibliothèque municipale de Valenciennes, et Guimbert, directeur du service de l'octroi de cette ville.

Le corps a été transporté à Hirson, pour y être inhumé dans un caveau de famille. A la gare, deux discours ont été prononcés avant le départ du train funéraire.

M. Doutriaux, président de la Société d'agriculture, a le premier "pris la parole et s'est exprimé en ces termes :

« Messieurs,

« La Société d'agriculture, sciences et arts ne peut voir disparaître l'un de ses membres les plus dévoués et les plus sympathiques sans lui dire quelques mots d'adieu.

« Monsieur Losset appartenait à notre Société depuis le jour où la confiance de l'Administration municipale le fit appeler à la direction dé l'octroi où* pendant quinze ans, il accomplit sa mission avec un zèle et une compétence auxquels je suis heureux de pouvoir rendre hommage.

« Il prit immédiatement dans notre Société une place spéciale, grâce à ses connaissances variées, à ses études archéologiques, et à l'intérêt qu'il portait à l'agriculture.

« Le Comice agricole de Valenciennes fut heureux de le choisir comme secrétaire; pendant de nombreuses années ce fut lui qui fut la cheville ouvrière du Comice, et qui fut chargé de la rédaction des chroniques agricoles de notre Bulletin. Personne plus que lui n'était assidu aux réunions et heureux de remplir les fonctions qui lui étaient confiées.

(il M. h. Devillers n'ayant pu assister qu'à une partie de la cérémonie funèbre, a été remplacé ensuite par M. Alfred Richez, architecte, membre du Cercle archéologique de Mons et de la Société des bibliophiles belges.


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a Lorsque l'âge et la maladie eurent ralenti son ardeur, il dut, bien à regret, renoncer à ses fondions actives de secrétaire du Comice; mais la Société tint à lui donner le titre de secrétaire général adjoint.

« Il ne m'a été donné d'être en contact avec lui que dans ces dernières années, dans la Section d'histoire et d'art dont il suivait les séances avec un zèle et une assiduité incomparables ; jamais il ne manquait d'assister à une séance, et bien des fois j'ai constaté avec quel bonheur il était heureux d'apporter à la Section le résultat de ses recherches et de ses excursions.

« C'est surtout l'archéologie qui l'intéressait. Il ne manquait jamais d'assister aux congrès archéologiques qui se tiennent chaque année en Belgique.

« Son érudition, son amour des livres et des choses du passé, son esprit de recherches étaient connus chez nos voisins comme chez nous ; aussi était-il membre de la Commission historique du Nord, administrateur du Musée et de la Bibliothèque de Valenciennes, membre de la Société des bibliophiles belges, du Cercle archéologique de Mons et de la Société archéologique de Vervins. Et le Président de la Société de Mons s'est fait un devoir " de venir lui apporter les regrets de la Société qu'il préside.

f Son souvenir vivra toujours parmi nous ; nous nous rappellerons toujours son humeur charmante, son sourire aimable, sa véritable bonté et sa complaisance pour tous.

« Que ce témoignage de sympathie, d'estime et d'affection, que l'affluence de tous ceux qui viennent lui dire un dernier adieu soient pour sa veuve, pour son fils et pour sa famille un adoucissement à leur vive douleur.

« Adieu, mon cher collègue, adieu. Je garderai toujours votre souvenir. »

A son tour, M. Alfred Richez, au nom des Sociétés savantes de Mons, a prononcé le discours suivant :

« Messieurs, t Après les paroles élogieuses qui viennent d'être prononcées avec tant d'éloquence sur la belle carrière d'Auguste Losset, il me reste peu de choses à dire de l'homme sympathique, serviable, essentiellement bon, affable et des plus conciliants,Tant dans la vie privée que dans les fonctions publiques qu'il a rem-


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plies jusque dans ces derniers temps, si ce n'est d'accomplir, à titre d'ami, la triste mission de lui adresser, comme membre délégué par M. le Président du Cercle archéologique de Mons, tantôt parmi nous et qui a dû quitter ce cortège avant l'heure pour nécessités administratives, ainsi que pour ses collègues et membres du dit Cercle et des Bibliophiles belges, un dernier et suprême adieu.

« En dehors de sa situation de préposé en chef, directeur du service de l'octroi de la ville de Valenciennes, Auguste Losset occupait diverses fonctions publiques et honorifiques qu'il remplissait avec dévouement.et le plus grand désintéressement; en outre, il sacrifiait bien souvent ses heures de repos et s'imposait parfois de longues veillées pour aider ses collègues ou certains érudits dans leurs recherches archéologiques ; combien il était heureux lorsqu'il avait atteint ce but ! Chercheur et travailleur infatigable, il ne cessait de s'instruire des choses du passé ; l'histoire locale de son pays natal le passionnait beaucoup ; il ne s'intéressait pas moins à celle de l'ancien Hainaul belge et français et en particulier à celle de Valenciennes et de son arrondissement, où il avait acquis depuis longtemps le droit de cité; que de projets n'avait-il pas faits lorsqu'il sollicita sa retraite? Il espérait se retremper dans ses bonnes lectures et souvenirs d'antan, et mettre à jour certains travaux que sa modestie avait retenus jusque là sous le boisseau. Mais, hélas ! la Providence ne lui a pas permis de les réaliser, pas plus que de voir l'achèvement des études de son jeune fils, qui le préoccupaient beaucoup !

« Le mal qui le faisait souffrir depuis quelque temps l'a ravi à l'affection des siens, ainsi qu'à ses nombreux amis et collègues des diverses sociétés savantes auxquelles il appartenait, et qui, nous n'en pouvons douter, lui rendront un hommage plus ample et plus durable dans les publications où elles enregistrent leurs travaux.

« Adieu donc, cher ami et regretté collègue, repose en paix sous ce sol natal où tu retournes et que tu as tant aimé. Que ton exemple soit suivi par ton cher fils et que les profonds regrets que ta perte nous inspire puissent apporter quelques adoucissements à la douleur de ta digne et dévouée compagne.

« Adieu ! »


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CHRONIQUE AGRICOLE.

INDEMNITÉS ACCORDÉES AUX PROPRIÉTAIRES DE RESTIAUX TUBERCULEUX.

La préparation du budget de 1898 a fait aboutir enfin la question de l'indemnisation des propriétaires d'animaux abattus comme tuberculeux, question dont la Société d'agriculture de Valenciennes se préoccupe depuis plusieurs années (1).

La loi du 21 juillet 1881 sur la police sanitaire des animaux avait, on le sait, prévu dans son article 2 qu' « un décret du Président de la République... pourrait ajouter à la nomenclature des maladies réputées contagieuses toutes autres maladies contagieuses... qui prendraient un caractère dangereux ».

Par application de cette disposition, un décret du 28 juillet 1888 a complété la nomenclature de la loi de 1881 en y ajoutant le rouget et la pneumo-entérile infectieuse de l'espèce porcine, le charbon symplomatique ou emphysémateux et la tuberculose de l'espèce bovine.

L'application de cette décision a bientôt soulevé de regrettables difficultés, surtout dans la lutte contre la tuberculose, maladie devenue fréquente chez les bovidés. L'abatage et la saisie des viandes contaminées se pratiquaient en effet sans qu'il fût possible d'indemniser les propriétaires, la loi de 1881 n'ayant prévu le payement de telles indemnités que dans les cas de peste bovine et de péripneumonie. Il en résulta que beaucoup de propriétaires d'animaux tuberculeux tentèrent de se soustraire aux effets de la loi en ne déclarant pas la maladie. D'autre part, la saisie des viandes contaminées donnait lieu à de multiples contestations entre acheteurs et vendeurs.

Aussi la Chambre des députés n'a-l-elle pas été saisie, depuis 1889, de moins de cinq propositions de loi tendant à indemniser les propriétaires d'animaux atteints de tuberculose. Parmi ces propositions, celles de MM. Cochin et Paul Hayez (député du Nord), furent adoptées en première lecture le 21 mai 1895 ; le Ministre de l'agriculture, qui était alors M. Gadaud, déposa luimême un projet le 9 juillet 1895. Mais les choses en étaient restées là.

(1) Voir notamment, dans le tome XLVII de noire Revue, page 73.


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M. Méline, afin d'apporter un prompt remède à la solution, s'entendit avec la Commission législative du budget de 1898, pour introduire dans la loi de finances même une disposition qui permît d'indemniser les intéressés à l'avenir. « Il n'y a pas « lieu, » expliqua sur ce point le rapporteur général du budget, « de fixer l'indemnité à la totalité de la valeur des parties saisies, « car l'Etat ne doit pas être l'assureur des propriétaires d'ani« maux ; il importe de ne pas enlever aux éleveurs l'esprit de « vigilance et de les intéresser à veiller à l'état sanitaire de leurs « troupeaux. Mais il convient d'accorder aux propriétaires qui « se seront conformés aux prescriptions des lois et règlements « sur la police sanitaire, des indemnités partielles qui seraient « les suivantes : un quart de la valeur de la viande saisie en cas « de tuberculose généralisée et la moitié de cette valeur dans le a cas de tuberculose localisée. » Pour payer ces indemnités dans les mois de 1898 restant à courir, le Gouvernement demandait l'inscription d'une somme de 400.000 francs au budget.

Ces propositions ont été très favorablement accueillies par les Chambres, qui ont même tenu'à augmenter le taux des indemnités offertes, et ont en conséquence porté de .400.000 à 700.000 francs le crédit correspondant pour 1898.

Voici le texte même qui est aujourd'hui en vigueur, et qui forme l'article 81 de la loi portant fixation du budget général de l'exercice 1898, promulguée le 13 avril :

i Dans le cas de saisie de viande pour_cause de tuberculose, « des indemnités seront accordées aux propriétaires qui se seront « conformés aux prescriptions des lois et règlements sur la police n sanitaire.

« Le montant de cette indemnité sera égal à la moitié de la « vaieur de la viande saisie en cas de tuberculose généralisée, i aux trois-quarts de cette valeur dans le cas de tuberculose « localisée.

« L'indemnité sera égale à la totalité de la valeur de l'animal « abattu par mesure administrative, s'il résulte de l'abatage que « cet animal n'était pas atteint de tuberculose. Dans le dernier « cas, la valeur de la viande vendue par les soins du proprié« taire, sous le contrôle du maire, sera déduite de l'indemnité « prévue. »

#••


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LE POISON DES GERMES DE POMME DE TERRE.

Les germes de pomme de terre renferment un poison redoutable, la solanine : ce poison se trouve aussi dans les feuilles, les tiges et les fruits de la pomme de terre ; le tubercule seul en est exempt.

Vers la fin de l'hiver, les pommes de terre doivent êlre égermées avec soin ; avec la pointe d'un couteau, il faut toujours enlever soigneusement la base du germe, autrement dit l'oeil de la pomme de terre.

Mais les domestiques peu soigneux, mais les restaurateurs à bon marché, épluchent les pommes de terre très sommairement ou même pas du tout, quand il s'agit d'en faire des purées : les pelures et les germes restent sur la passoire à purée. Dans ce cas, la purée prend une saveur acre, bien connue de tous ceux qui vivent dans les restaurants à bas prix. Cette saveur n'est autre que la solanine; on la retrouve dans les pommes de terre qui ont verdi, en mûrissant hors terre. Il faut donc toujours rejeter les pommes de terre qui ont verdi, ou du moins enlever les parties verles.

La solanine cause des maux d'estomac et des irritations d'intestins qu'on attribue toujours à d'autres causes.

Dans la plupart des campagnes, les porcs sont nourris de pommes de terre, que l'on ne prend pas la peine d'égermer ; aussi chaque année, à la fin de l'hiver, beaucoup de porcs maigrissent, perdent l'appétit, et, signe caractéristique, sonl paralysés du train de derrière. Souvent même, quelques animaux périssent.

Ces faits d'empoisonnement par la solanine ne sont pas suffisamment connus des éleveurs de porcs ; c'est un véritable service à leur rendre que de vulgariser ces notions pratiques.

GUIGNET. {La Nature.)


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B-. RESSION DE L'IMPOT SUR LES SUCRES

l, 1 Û DESTINÉS A D'AUTRES USAGES

^ QUE L'ALIMENTATION HUMAINE.

Parmi nos industries indigènes, aucune n'a eu plus à lutter pour l'existence que la sucrerie de betteraves : luttes de la première heure contre la sucrerie de cannes de nos colonies, qui; jalouse des rapides progrès de sa rivale, chercha par tous les moyens à enrayer son développement ; luîtes extérieures pour la prépondérance sur les grands marchés.

A l'étranger, les gouvernements, comprenant bien vite le parti que pourraient en tirer leurs finances, n'eurent garde de laisser péricliter l'industrie du sucre de betterave et ne lui ménagèrent pas les encouragements ; ils incitèrent par une législation bien étudiée la fabrication a de rapides progrès; en France, ce n'est qu'après avoir assisté avec indifférence au développement de l'outillage et des procédés de fabrication dans les pays voisins, que l'on se décida à entrer dans la même voie.

La situation actuelle se résume dans un développement exagéré de la production, et celte surproduction pèse considérablement sur les cours ; les frais de fabrication ayant été réduits à leur extrême limite, il fallut, pour aider à l'écoulement du sucre produit, recourir à des moyens artificiels : c'est alors que l'on vit l'Allemagne instituer le système des primes à l'exportation. Mais voici que partout s'installent des sucreries ; la plupart des pays qui naguère étaient simples consommateurs, veulent à leur tour devenir producteurs et, pour permettre à leur industrie naissante de se développer, élèvent maintenant, sous forme de droits compensateurs, des barrières infranchissables contre les primes ; seule l'Angleterre profite largement de ces primes ; encore faut-il ajouter que ses producteurs coloniaux entendent aussi être protégés efficacement.

Il ne faut donc plus compter sur l'extension ni même sur la conservation de nos débouchés extérieurs, que l'on ne maintient actuellement qu'au prix de grands sacrifices supportés par le Trésor, l'industrie, la culture et le consommateur.

TOME XLVIII. 4


_ 98 -

Deux moyens se présentent pour assurer l'écoulement de notre production :

1° Limiter cetle production : moyen détestable, car il ne saurait être question d'entraver une industrie qui procure à nos industries mécaniques, à l'agriculture el à la population ouvrière des ressources aussi considérables que la sucrerie, excitatrice de nombreuses industries annexes des plus prospères ;

2° Augmenter la consommation à l'intérieur.

Rien n'a été fait en ce sens jusque maintenant.

La question du dégrèvement des sucres destinés à notre alimentation est une chose très délicate; elle a peu de chances d'être accueillie en ce moment ; mais, sans loucher aucunement aux ressources du Trésor, sans bouleverser en aucune façon le système actuel, il existe d'autres moyens de nous débarrasser de notre stock et d'assurer pour longtemps des débouchés plus que suffisants à notre production : ces moyens nous seront acquis par la suppression des droits sur les sucres destinés aux usages autres que la consommation de l'homme, et dénaturés à cet effet.

La question n'est pas précisément nouvelle. Et, pour l'étude des débouchés qu'il s'agit d'ouvrir ainsi à nos sucreries, il nous suffira de résumer une conférence faite sur ce sujet, le 27 octobre 1894, au Comice agricole de Saint-Quentin, par M. Vivien, qui, depuis de longues années, s'est fait l'apôtre clairvoyant de l'emploi du sucre en agriculture et en industrie. Nous en rappellerons les points principaux en y joignant certaines réflexions suscitées par les circonstances présentes.

Le sucrage des vendanges. — Dès 1876, M. Vivien avait au Congrès sucrier d'Arras conseillé le sucrage des vendanges et l'emploi du sucre dans l'alimentation des animaux ; ce n'est toutefois qu'en 1884 que la loi permit de pratiquer le sucrage dans des conditions possibles ; la quantité employée depuis annuellement s'est élevée en moyenne à 300.000 sacs, sur lesquels le sucrage des cidres ne prélève qu'une faible part ; peutêtre faudrait-il simplifier encore les formalités à remplir pour bénéficier de la taxe réduite de 24 francs dont jouit le sucre destiné à ces usages, formalités qui souvent suffisent à rebuter les intéressés ; il faudrait aussi propager les conditions d'emploi de ces procédés si avantageux dans certains cas.


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Le sucre dans l'alimentation du bétail) — Cette question n'est toujours qu'à l'état embryonnaire ; une loi a été faite l'an dernier, qui accorde aux mélasses destinées à l'usage précité, les mêmes avantagés que ceux dont jouissent les mélasses pour la distillation ; les intéressés attendent encore le règlement d'administration qui doit en déterminer les conditions d'emploi ; on n'a pu, paraît-il, trouver jusque maintenant un procédé convenable de dénaturation (1).

Sans insister sur cette question qui nous entraînerait hors de notre sujet, nous ferons remarquer que la mélasse est, par ellemême, peu maniable, qu'elle contient des sels alcalins, qui, en atteignant une certaine -proportion, peuvent, par leurs effets laxatifs, devenir nuisibles et en limiter forcément l'emploi : ces effets disparaîtront, ainsi que l'a fait remarquer M. Vivien, si à celte mélasse nous ajoutons du sucre de façon à ramener à des proportions normales le rapport entre le sucre et les sels, et bien mieux encore si, en place de mélasse, nous nous servons de sucre de bas titrage dont le coût est maintenant 1res réduit ; ce sucre sera employé en mélange avec des fourrages ou d'autres aliments suivant des formules que détermineront la pratique et des expériences qu'il importe de multiplier.

Le sucre est un aliment digestif par excellence, il pousse à la production du lait et de la viande, il remplit mieux que le sel le rôle d'agent conservateur et permet l'emploi de denrées devenues par elles-mêmes impropres à la consommation, notamment l'emploi desïourrages avariés ; c'est de plus un excellent reconstituant et, absorbé en quantité suffisante, il augmente considérablement le travail musculaire dont l'on est souvent tenté d'attribuer l'origine exclusivement aux éléments azotés.

Mais pour que l'usage en devienne possible dans ces conditions, il faut le dégrèvement complet du sucre, qui devra, bien entendu, être dénaturé par des procédés de nature à donner sécurité au fisc.

Cette question de dénaturation sera-t-elle facile à résoudre? Oui, et même nous la pensons beaucoup plus facile à résoudre qu'elle ne l'a été pour les alcools.

Est-il en effet une denrée alimentaire sur le choix de laquelle

(1) Voir ci-après, page 123.


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le consommateur français soit plus exigeant que pour le sucre ? Une pincée de sucre se trouvc-t-elle légèrement ternie, a-t-elle une apparence un peu douteuse, soyez persuadé que personne n'y touchera; d'autre part, l'épuration et'par conséquent la renaturation du sucre, toujours compliquée, n'exigerait-elle pas un outillage qu'il serait de toute impossibilité de dissimuler ?

Il semble donc que toute difficulté de ce côté soit bien facile à écarter.

Mais, diront certains, pourquoi, au lieu de se donner la peine d'extraire le sucre de la betterave, ne pas donner directement cette dernière à consommer ?

Si l'on se reporte au cours moyen de ces dernières années, on trouvera aisément que les sucres de bas titrage reviendront à meilleur marché que le sucre des betteraves fourragères ou des betteraves cultivées pour la distillerie, même en tenant compte des autres aliments nutritifs qu'elles renferment ; puis la betterave est un aliment encombrant, d'une conservation difficile, à l'inverse du sucre qui, lui, ainsi que nous le disions plus haut, est un agent conservateur par excellence et permet en outre de faire consommer des nourritures avariées ; ce ne sont pas là les moindres de ses avantages.

Le sucre en brasserie. — Si nous consultons le tableau statistique de la production des glucoses en 1896-97, nous trouvons que sur 39.321.214 kil. produits, 27.547.077 kil. ont été livrés à la consommation et 6.334.223 kil. sortis à destination des brasseries, en franchise de droit.

Pourquoi donc cette faveur accordée exclusivement, aux glucoses, alors que l'on sait que le sucre peut donner un produit léger et d'un goûl agréable ? Ii n'est pas douteux que si le sucre jouissait d'une faveur équivalente à celle de la glucose, nombre de brasseurs, qui, actuellement, dans l'intérêt de leur fabrication, n'emploient pas celte dernière et ne peuvent, à cause de son prix élevé, se servir du sucre, y auraient recours dans une large mesure.

Nous ne ferons que signaler l'extension que pourrait prendre, par un dégrèvement raisonnable, l'emploi du sucre dans la fabrication du lait condensé, la fabrication des confitures dont l'effet serait d'utiliser une grande quantité de fruits régulièrement per-


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dus, celle des biscuits, gaufrettes, et encore la préparation du charbon pur, etc.

Bref, en vue de prévenir une crise qui pourrait devenir funeste pour l'industrie sucrière, il importe d'augmenter dès maintenant nos débouchés à l'intérieur; les consommateurs ne manquent pas, mais il faut leur fournir le sucre à un taux raisonnable, par un dégrèvement partiel ou même intégral, suivant le cas.

Au cours actuel, le sucre est encore une denrée de luxe, il faut qu'il devienne pour les usages les plus divers une consommation courante.

Que l'on s'inspire de ce qui a été fait pour les alcools dénaturés, la question se présente d'une façon absolument identique, la solution en est aussi nécessaire.

Nous avoafi vu, au mois de décembre dernier, le dégrèvement des alcools «natures voté sous l'impulsion, ou, pour mieux dire, sous la pression des grandes sociétés agricoles, chambres de commerce et conseils généraux ; frappés de ce résultat si rapidement obtenu, MM. C. Caullet, Hector Simon et nous-mêmes avons pris, à Valenciennes, la résolution de présenter devant la Société des agriculteurs du Nord une proposition analogue en ce qui concerne les sucres. Cette Société vient d'en être saisie ; elle l'a parfaitement accueillie, et a nommé une commission pour l'examiner.

Ajoutons que M. Viger, auquel M. Simon a soumis la question, s'y est montré favorable ; étant données les circonstances présentes (1), on conçoit de qgpêl poids peut ôtreeette adhésion.

Le succès obtenu au sujet des alcools dénaturés, et qui montre l'influence grandissante des assemblées composées d'hommes d'affaires sur la solution des questions économiques, peut nous faire bien augurer du sort réservé à notre proposition le jour où le Parlement en sera saisi.

Nous soumettons en conséquence cette proposition à la Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes, en la priant de vouloir bien la sanctionner par un voeu motivé.

18 juin 1898. G. GRAS ET H. GALLONDE.

Voici le texte du voeu adopté par la Société d'agriculture de

(11 M. Viger est en effet redevenu quelques jours plus tard ministre de l'agriculture.


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Valenciennes à la suite de la communication de MM. Gras et Gallonde :

La Société d'agriculture, sciences et arts de l'arrondissement de Valenciennes,

Considérant que l'industrie sucrière française est gravement menacée de voir se fermer devant elle ses débouchés extérieurs;

Considérant d'autre part que si cette industrie périclitait, il en résulterait pour l'agriculture et de nombreuses industries intéressées les conséquences les plus désastreuses ;

Emet le voeu :

Que les Pouvoirs publics exonèrent de tout impôt les sucres destinés aux autres usages que l'alimentation directe de l'homme, afin de permettre les emplois agricoles et industriels de ces sucres dans la plus large mesure possible.

Ce voeu a été adressé à MM. les Conseillers généraux du Nord, ainsi qu'à M. le Ministre de l'agrieullure.

LE MUSEE DE VALENCIENNES.

Ses acquisitions en 189"? (*>.

.La liste des objets d'art entrés en 1897 au Musée de Valenciennes est sensiblement plus réduite que celles des années précédentes. Commeni s'en étonner ? L'encombrement présent des salles affectées dans l'Hôtel de Ville à ce Musée, rend difficile à ses administrateurs de provoquer des dons qu'ils ne peuvent plus s'engager à exposer aux yeux du public en satisfaisantes conditions, et n'encourage pas non plus les libéralités spontanées. Il est grand temps que le projet d'édification du Musée, du boulevard Walteau soit activement poussé, afin de rendre à nos collections la possibilité de s'accroître aussi largement qu'autrefois.

(*) Voir, sous le même litre, les notes publiées dans les tomes précédents de la Revue.


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Ce voeu formulé, voici les acquisitions faites par le Musée l'an dernier (acquisitions dont plusieurs, on le remarquera, ont dû, jusqu'à de meilleurs temps, être déposées en des abris provisoires).

SCULPTURES.

DESRUELLES (Félix), né à Valenciennes.

— Job; (statue marbre qui a valu à son auteur, avec

Y Idylle, le prix du Salon en 1897).

(Acheté par la Ville, pour le prix de 5000 fr.) (1).

ENGRAND (Georges), 3e médaille au Salon de 1878, méd. de bronze à l'Exposition universelle de 1889, 2' méd. au Salon de 1897.

— Gourde ornée d'une figure de femme (vase bronze,

llr 0m2Û). (Acheté par la Ville, 200 fr.)

MABILLE (Jules), né à Valenciennes.

— Persée (statuette plâtre, hr 0m64).

— La dentelle de Valenciennes (st. terre cuite, hr 0m51).

— Andromède (statuette terre cuite, hr 0m42).

— Le livre (st. plâtre, h 1' 0m36).

— Prométhée (statuette plâtre, exécutée en loge pour un

concours du prix de Rome, hr 0m58).

— Condor cet {${. plâtre, hr 0m50).

(Ces six esquisses ont été achetées pour 300 fr. par la Ville, en 1897, à l'Exposition de la Société valenciennoise des arts.)

THEUNISSEN (Corneille), né à Anzin.

— Monument de la défense de Saint-Quentin en 1557

(maquette au tiers de l'exécution définitive).

(Acheté par la Ville) (2).

PASTEL, DESSIN.

RIVOIRE (François), né à Lyon en 1842, 3' méd. au Salon de 1886, méd. bronze à l'Exp. univ. de 1889.

— Roses trémières (pastel, hr lm; l 1' 0m70).

(Acheté au Salon de 1897 par M. le baron Alph. de Rothschild, et offert par lui au Musée de Valenciennes.)

(i) Celte statue doit rester déposée a Paris jusqu'à ce qu'un emplacement puisse lui être donné dans le Musée de Valenciennes,

(2) Cette maquette a été placée provisoirement dans un des vestibules de nos Ecoles académiques, en attendant qu'elle trouve place au Musée.


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HARPIGNIES (Henri), né a Valenciennes.

— La marche des Incas, (dessin fait par Harpignies enfant).

(Don de l'auteur.) GRAVURE.

CRAUK (Adolphe), né à Valenciennes.

— Le groupe de la Danse exécuté par Carpeaux pour

l'Opéra (gravure au burin avant la lettre).

(Don de l'auteur.)

PIÈCE ARCHÉOLOGIQUE.

— Pierre ou marbre portant une inscription signée par Pierre Lapin de Valenciennes (?) 1583 (dans un cadre de bois noir).

CHRONIQUE HlHOIllQDEJirrÉRAIRE & ARTISTIQUE.

SOMMAIRE.—Nécrologie: M. Henri Caffiaux; M.Jules Léonard; Mme Chauvet-BUe, fille du compositeur Edm. Membréc-—L'Union valenciennoise à Paris, déclarée fondation d'utilité publique. — M. Louis Legrand candidat à l'Académie des sciences morales et politiques.—M. Constant Mot/aux candidat à l'Académie des beaux-arts.— MM. Mogaux, Fagcl et Schommcr jurés pour les concours des prix de Rome. — MM. H. Sirot et A. Terroir à l'Ecole des beaux-arts. — M. G. Crauk et le monument du cardinal Laoigcric. — Le bas-relief de Carpeaux : « Abd-cl-Kader mis en liberté par Louis-Napoléon ».— Ouverture d'un concours pour la construction d'un Musée à Valenciennes. — Travaux de M. Elle Nonclcrcq et de M. Georges Engrand. — Le général de Poillouë de Saint-Mars ; projet d'érection d'un monument en son honneur à Condé. — Publication des Mémoires du sergent condéen Adrien Bourgogne. — M. Maurice Hènault et ses travaux. — Distinctions honorifiques accordées à MM. Charles Crauk, David Dcsvachcz, F. Layraud, Caniin. — Création à Valenciennes d'une Société chorale de dames. — Concerts de la Société des concerts populaires, des Orphéonistes valenciennois, de la Musique municipale, etc. — Reconstitution de la Société des Incas.

30 avril 1S98.

Pour se relier à la dernière des chroniques insérées dans notre recueil, celle-ci doit remonter assez loin déjà, — au mois de dé-


105 —

cembre de l'année passée. Et c'est, j'en ai regret, pour en tirer d'attristants souvenirs.

Je ne rappellerai qu'en un mot la perte qu'à la fin de l'année 1897 nous, avons faite de l'un des historiens locaux dont Valenciennes peut citer le,s travaux avec fierté, M. Henri Caffiaux ; devant sa tombe même, le juste hommage auquel il avait droit de la part de notre Société, lui a été rendu par notre Président (1).

Quelquesjours plus tard, le 26 décembre, mourait en celte ville Un artiste qui n'y comptait que des sympathies, le peintre Juîes Léonard. Il n'y était pas né, mais il est permis de dire qu'il y avait obtenu ses lettres de grande naturalisation. Amené tout jeune par sa famille à Valenciennes,

c'est au milieu de nos concitoyens qu'il avait senti s'éveiller en lui la passion de l'art, c'est dans nos Académies qu'il avait fait ses premières études, c'est dans notre cité enfin qu'après diverses pérégrinations il était revenu se fixer. Dessinateur de mérite, il a manié avec une rare habileté le crayon lithographique; ses reproductions et portraits sur pierre lui ont valu aux Salons des Champs-Elysées une mention en 1885, une 3rae médaille en 1893; il n'est pas déraisonnable de penser que ses productions en ce genre méritaient mieux encore ; sa belle traduction de l'Homme au bonnet de fourrure de Rembrandt a, au milieu des oeuvres

(1) Voir dans le tome XLVtl de celle Revue, page 249; voir aussi l'Impartial du Nord, no du 9 décembre 1897, et 7e Valenciennois, no du 8 décembre 1897.

TOME XLVIH. i*


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des premiers lithographes du siècle, attiré l'attention des amateurs à l'Exposition internationale du centenaire de la lithographie en 1895 (1).

Terminons ces notes nécrologiques en détachant d'un journal de Paris l'entrefilet suivant, relatif au décès d'une musicienne de souche valenciennoise :

« Nous avons le regret », disait le Temps du 15 février dernier, « d'apprendre la mort d'une jeune et charmante femme « bien connue dans la société parisienne, Mme Chauvel-Bize. « Elle était la fille aînée du compositeur Edmond Membrée, l'au« leur de Page, écuyer, capitaine, de l'Esclave, et de la musique « de scène â'OEdipe roi. Elle était elle-même excellente musi« cienne. Elle n'était âgée que de trente ans. Son mari, M. Chau« vel-Bize, est maître des requêtes au Conseil d'Etat et chcva« lier de la Légion d'honneur. »

Rien n'est immortel en ce monde, ni les hommes, ni les institutions. Mais du moins, sur la durée de celles-ci, la volonté humaine peut-elle largement influer. Une association à laquelle un persévérant concours de bienveillantes énergies promet une longue existence, est assurément Y Union artistique, littéraire et scientifique valenciennoise. Nos concitoyens se sentent les coudes, à Paris, avec une décision et une concorde dignes de nos sincères applaudissements ; et ils viennent de témoigner hautement de la force et de la vitalité de leur groupe, en obtenant pour Y Union valenciennoise le litre d'établissement d'utilité publique ; un décret du 23 décembre 1897 le lui a conféré.

Appelée quelques semaines plus tard à renouveler son Bureau, Y Union valenciennoise a choisi comme président pour l'année 1898, l'un de ceux qui ont grandement contribué à lui faire accorder par l'ttat celte faveur particulière, M. Louis Legrand, — M. Louis Legrand, en qui elle saluera évidemment, avant de longs mois, un membre de l'Institut. Correspondant de l'Académie

(1) Voir, concernant la vie et les obsèques de M. J. Léonard, l'Impartial du Nord, numéros des 28 et 31 décembre 1897 ; voir aussi le Rullelin musical et artistique de la librairie Giard à Valenciennes , numéro du mois de février 1892. C'est à cette dernière publication que nous avons emprunté le portrait de M. Léonard joint à cette chronique.


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des sciences morales et politiques depuis 1890, l'auteur de l'Idée de Patrie a cette année, pour la première fois, sollicité l'honneur d'occuper l'un des quarante fauteuils de cette Compagnie ; le résultat de cette tentative n'a pas été pour le décourager, car, le 26 mars, il a obtenu près du tiers des suffrages des académiciens électeurs (1). On sait qu'il est rare de voir un candidat forcer de prime abord la porte de l'une quelconque des sections de l'Institut. L'heureux concurrent de M. Legrand était un des membres libres de l'Académie, M. Emile Boutmy, le distingué directeur de l'Ecole libre des sciences politiques, bien connu lui aussi par ses études sur l'histoire des civilisations et l'histoire constitutionnelle comparée, et qui avait sur noire concitoyen le bénéfice de l'âge.

Un ancien président de YUnion valenciennoise, M. Constant Moyaux, vient, d'autre part, d'être officiellement déclaré digne de porter l'habit à palmes vertes. Une vacance existant dans la section d'architecture de l'Académie des beaux-arts, cette Assemblée, après avoir reçu le 23 avril les déclarations de candidature de six artistes, a spontanément ajouté à cette liste les deux noms de M. Dutert, le constructeur de la Galerie des machines de l'Exposition de 1889, et de M. Moyaux. A ce dernier, ne manqueront certes pas les voeux des Valenciennois (2).

En janvier, M. Moyaux avait été désigné par l'Académie des beaux-arts comme l'un des quatre jurés titulaires adjoints à la Commission chargée de juger en 1898 le concours d'architecture pour les prix de Rome. — Semblable honneur a été fait à M.Léon Fagel dans la préparation du concours de sculpture, à M. François Schommer dans celle du concours de peinture.

Ce ne sont pas là les seuls succès dont YUnion valenciennoise a pu féliciter ses membres en ces derniers temps.

Parmi les jeunes, M. Henri Sirot a obtenu à l'Ecole des beauxarts une première mention dans, le concours Godebceuf, une autre

(1) Voir le Journal officiel du 29 mars 1898, page 1949.

(2) L'élection a eu lieu le 7 mai. Le choix de l'Académie s'est porté, au septième tour de scrutin, sur M. Bernier, architecte du nouvel OpéraComique. (Le 30 avril, la Section d'architecture, appelée à donner son avis sur le classement des candidats, avait placé M. Guadet le premier, et M. Moyaux le deuxième.)


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mention dans le concours Rougevin, et tout récemment le premier prix du concours Chenavard, section d'architecture (1).

Dans la section de sculpture du même concours, le 5e prix (2) a été décerné à un autre des anciens élèves de nos Académies valenciennoises, M. Alphonse Terroir, de Marly, — qui vient en outre d'être admis en loge avec le n° 4 pour le concours des prix de Rome.

»\

Si nous regardons du côté des aînés, nous voyons que M. Gustave Crauk a mené à bonne fin les figures sculpturales qu'il avait été chargé d'exécuter (3) pour le mausolée consacré à la mémoire du cardinal Lavigerie, primat d'Afrique, dans la basilique de Saint-Louis-de-Carlhage, à Tunis. Ces figures, en bronze ou en pierre, comprennent la statue du cardinal étendue sur la pierre tombale, et des groupes représentant l'ordre des Pères blancs d'Afrique, un nègre, une femme arabe. Avant d'être transporté, vers la fin t!e février, à Tunis, l'ouvrage de M. Crauk a été exposé à Paris dans un atelier du dépôt des marbres de l'Etat, et le journal l'Univers, notamment, n'a pas hésité à le qualifier de « chef-d'oeuvre d'art, de vérité et de foi (4) ». '

»

Comment ne pas noter, en parlant de nos statuaires, que l'une des premières oeuvres importantes de Carpeaux vient enfin, presque au bout d'un demi-siècle, d'être amenée au point espéré par son jeune auteur? 11 s'agit du bas-relief représentant « la Mise en liberté d'Abd-el-Kader par le prince-président Louis-Napoléon ». Les lecteurs de celle Revue savent à la suite de quelles démarches la sculpture du marbre où devait se fixer ce bas-relief a été reprise, après un long abandon, au profit de la Ville de Valenciennes (5). Le praticien chargé de ce travail l'a terminé

(1) M. Sirot avait choisi pour sujet : projet pour une bibliothèque nationale. — (2) Sujet choisi par M. Terroir: Devant le Sphinx.

(3) Voir dans le tome XLV de la présente Revue, page 361.

(4) Voir la reproduction de l'article de l'Univers dans l'Impartial du Nord, numéro du 25 février 1898.

(5) Voir dans le lome XLIV de notre Revue, paee 347, et dans le tome XLV, page 259. ■


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récemment, et noire Administration municipale a été mise en possession du marbre autrefois commencé pour l'Etat.

Quant au modèle façonné par Carpeaux, il vient d'être placé au Musée de Versailles, grâce à l'initiative-du distingué conservateur de celte collection, M. de Nolhac.

Et cette dernière circonstance est heureuse pour tous les amateurs d'art qui désirent prendre connaissance, sans tarder, de l'oeuvre de jeunesse du maître. Car à Valenciennes même, — aveu pénible à faire, — on s'est vu obligé jusqu'à de meilleurs temps, de reléguer le marbre dans quelque réduit inaccessible, les salles de notre Musée n'offrant plus ni l'emplacement ni la solidité voulues pour l'v exposer.

»**

Mais du moins pouvons-nous croire aujourd'hui, sans trop d'illusion, que celle obscure et humiliante réclusion imposée au bas-relief de Carpeaux, et à plusieurs autres oeuvres intéressantes, n'aura pas une durée indéfinie. Car le projet de construction d'un édifice spécialement destiné à devenir le Musée de Valenciennes paraît enfin être entré dans la voie de la réalisation. En vue de cette construction, a élé préparé et publié le programme d'un concours ouvert entre tous les architectes nés ou domiciliés dans l'arrondissement deValenciennes(l); les esquisses des concurrents devront être déposées au plus lard à la Mairie le 16 mai prochain. Flattons-nous de l'espoir d'en trouver une, dans le nombre, qui satisfasse à toutes les conditions posées ou souhaitables.

e #

Il conviendra de ne lui pas donner des dimensions trop exiguës, à notre futur Musée : car ni le désir ni les occasions do produire de nouvelles oeuvres, dont plus d'une pourra l'enrichir encore, ne semblent manquer aux artistes valenciennois.

Parmi eux, M. Elle Nonclercq a obtenu, par décision ministérielle du 26 décembre 1897, le titre de « peintre du département des colonies ». Et il s'est embarqué pourTEgypte, d'où sans doute il-nous rapportera d'intéressantes études.

Un autre artiste qui se rattache par sa famille et sa première

(1) Voir ce programme dans l'Impartial du Nord du 8 mars 1898.


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éducation à notre ville, M. Georges Engrand, vient d'être chargé d'exécuter le buste d'un savant linguiste, Bergaigne (1), pour un monument funéraire qu'on se propose d'élever à celui-ci dans sa commune natale, à Vimy (Pas-de-Calais).

Dans notre arrondissement même, voici que la commande possible d'un nouveau monument luit aux yeux de nos laborieux artistes. C'est à Condé-sur-1'Escaut qu'on le projette. Les Condéens ne reculent pas devant la charge de mener à bien deux entreprises à la fois. En même temps que la fontaine Clairon (2), ils ont formé le dessein d'élever une statue au général de Poillouë de Saint-Mars, récemment décédé. J'avoue que l'image de ce dernier me parait, du reste, avoir de meilleurs titres encore que celle de la tragédienne pour figurer sur une place publique.

Si la ville de Condé tient à honneur de rendre cet hommage au marquis Léon de Poillouë de Saint-Mars, c'est qu'il était un de ses fils, on ne l'ignore pas. Il y avait vu le jour le 6 août 1832; son père, Auguste-Jules-Edouard Poillouë de Saint-Mars, était alors receveur des revenus communaux de la ville ; sa mère, très légitime épouse de celui-ci, avait nom Thérèse-Antoinette-Cécile Raset.

Le général de Saint-Mars est trop connu de nos contemporains pour qu'il soit besoin d'en parler longuement ici ; il suffira de résumer en quelques lignes sa carrière. Entré à l'Ecole militaire de Saint-Cyr à l'âge de dix-sept ans, il fit en Algérie ses premières armes. Au moment de la guerre de 1870, il était chef de bataillon au 100e régiment d'infanterie ; il prit part aux combats livrés sous les murs de Metz, y fut. blessé, et reçut la croix d'officierde la Légion d'honneur pour la bravoure dont il y avait fait preuve. Plus tard nous le trouvons directeur de l'infanterie au ministère de la guerre, général de division (en 1889), commandant du 12* corps d'armée, grand officier de la Légion d'honneur. Il sut, avantage assez rare, se rendre populaire en temps de paix, sans faire de politique, et en s'occupant exclusi(1)

exclusi(1) s'est fait un nom dans le monde savant par lo succès avec lequel il s'est appliqué à l'étude de l'ancienne langue sanscrite.

(2) Voir dans le tome XLV1I de notre Revue, pages 82, 106, 2:54.


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veraent de choses militaires. II. obtint ce résultat par la manière à la fois paternelle, humoristique et rigide dont il traita ses soldats. Il tendait à leur inculquer essentiellement l'amour de leurs devoirs, une crânerie bien française, une bonne humeur courageuse. Ses ordres du jour, ses circulaires ont attiré l'attention par leur caractère particulier; sous une forme originale et parfois même un peu excentrique, elles contenaient souvent des vues ingénieuses et justes. Le général de Poillouë de SaintMars a été frappé par la maladie à un âge où il pouvait rendre des services encore. En 1896, une congestion cérébrale l'atteignit au moment où il se préparait à prendre une part active aux v grandes manoeuvres. Mis en disponibilité sur sa demande, il ne vécut pas longtemps dans le repos, et succomba le 15 mars 1897.

Dès la fin de l'année dernière, la Société des anciens sousofficiers du canton de Condé a pris l'initiative de former en celte ville un comité provisoire à l'effet d'y élever la statue du général, et a obtenu le concours de l'Administration municipale. Des démarches faites alors en haut lieu pour assurer le succès d'une souscription générale, ont heureusement abouti ; le Ministre de la guerre a autorisé l'armée à prendre part à cette souscription, et le général Mercier, ancien ministre, à accepter la présidence d'un Comité national institué à Paris. Parmi les membres de ce Comité, je me contenterai de citer nos concitoyens MM. Alfred Girard, sénateur, Louis Legrand, conseiller d'Etat, Pureur, maire de Condé.

En somme, le projet paraît.être entré d'emblée dans une excellente voie.

•••

Un autre, fils de la petite forteresse de Condé, soldat pareillement, mars d'un rang plus modeste, Ad rien-Jean-BaptisteFrançois Bourgogne, vient, trente ans après sa mort, d'obtenir son monument aussi. Le monument, à la vérité, n'est cette fois ni de bronze ni même de pierre; il n'en forme pas moins le but de maintes ambitions : c'est d'un livre qu'il s'agit. Celui-ci a livré au grand public une partie des souvenirs militaires d'Adrien Bourgogne. Notre héros avait fait dans sa jeunesse les campagnes du premier Empire. Plus tard, à l'aide des notes crayonnées et des lettres écrites à celte époque même, il prit intérêt à rédiger ses Mémoires. Les loisirs ne lui manquèrent point pour


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mener à bonne fin cette entreprise. Il avait en effet quitté par démission l'armée dès la première Restauration ; et s'il reprit du service plus tard, il s'en tint au service sédentaire : en 1832, il obtint d'être nommé adjudant de place à Valenciennes; il y exerça ses fondions jusqu'en 1853, et y demeura jusqu'à sa mort, arrivée en 1867. Aussi un certain nombre de Valenciennois se souviennent-ils encore parfaitement de lui.

Adrien Bourgogne eût-il eu plaisir à prévoir que sa prose serait un beau jour offerte aux lecteurs, sous attirante couverture jaune, dans les étalages des libraires? Il n'en faut pas douter. Car lui-même, en 1857, avait communiqué à un journal de notre ville, Y Echo de la frontière, un de ses manuscrits, relatant la retraite de l'armée française après l'occupation de Moscou, événements auxquels il avait assisté en qualité de sergent de la garde. L'Echo de la frontière commença la publication du récit de Bourgogne : mais ainsi débité en petites tranches, et surtout expurgé, limé, abrégé par la rédaction de la feuille, il ne paraît pas avoir alors eu grand succès. Le manuscrit original, heureusement, fut conservé, et vint ultérieurement trouver abri dans la bibliothèque municipale de Valenciennes. C'est là qu'il tomba sous les yeux de M. A. Mobilier, quand ce savant fut chargé par le Ministère de l'instruction, il y a quelques années, de dresser le catalogue des manuscrits de notre bibliothèque publique (1). M. Mobilier jugea que la narration de l'ancien adjudant de place, pour être peu châtiée, n'en était pas moins digne d'attention, et la signala au directeur d'un des périodiques de Paris, la Nouvelle Revue rétrospective. Ce directeur, M. Paul Cottin, après en avoir pris connaissance, s'empressa d'insérer dans sa revue les Mémoires de Bourgogne, puis de les faire admettre dans une des collections éditées par la librairie Hachette.

L'accueil fait au volume ainsi publié récemment (2), un simple fait l'indique : en quelques semaines, l'ouvrage a eu les honneurs d'une deuxième édition. Il n'y a eu qu'une voix pour reconnaître que l'on ne possédait encore aucun document donnant d'une manière aussi complète et aussi frappante le tableau

(1) Voir tome XLV de uolre Revue, page 187.

(2) Mémoires du sergent Bourgogne (1812-1813), un vol. in-18, Paris, Hachette, 1898.


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des impressions et des misères du soldat durant la désastreuse expédition de Russie. Ah ! il a fallu à ceux qui sont revenus, aux hommes de l'ârrière-garde surtout, un solide tempérament, la relation de Bourgogne le démontre bien. Ce qu'il est curieux d'y trouver naïvement manifesté aussi, c'esil'état d'âme de ces vieux ou jeunes grognards, qui, mutilés, affamés, mourants, n'en continuaient pas moins d'idolâtrer leur empereur.

Le brave Bourgogne ne peut être présenté comme un puriste; les fautes de français ne sont pas rares sous sa plume, loin de là. Il écrit à la diable, mais avec une verve entraînante, avec une bonne humeur soutenue ; et les pages qu'il a tracées se lisent sans aucune fatigue.

M. Paul Cottin a fait précéder les Mémoires du sergent Bourgogne d'une notice biographique qui me dispense d'en dire plus long sur la vie de notre compatriote. ,

.% .

Comme collaborateur, pour préparer l'impression des mémoires de Bourgogne, M. Cottin a trouvé le sous-bibliothécaire de notre ville, M. Maurice Hénaull, qui a pris la peine de tracer de sa main la copie du manuscrit original destinée à être livrée aux typographes.

Notre collègue a produit du reste, en ces derniers temps, quelques travaux où il a pu mettre plus de lui-même.

Il a dressé, un « Inventaire raisonné des archives de Condésur-l'Escaut », précédé d'une notice historique sur cette ville, et cet ouvrage a été imprimé aux frais du Département par les soins de l'archiviste du Nord (1).

Il a lu aussi au récent Congrès des sociétés des beaux-arts des départements, comme il a pris l'habitude de le faire chaque année, une notice consacrée à un de nos artistes valenciennois, Antoine Gilis, — notice sur laquelle nous aurons occasion de revenir.

A la suite de ce congrès même, parmi les récompenses accordées aux membres qui y avaient pris part, M. Hénault a reçu, le 10 avril, les palmes d'officier d'académie.

(1) Un volume grand in-4° de près de cent pages.


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Ce n'est pas là l'unique distinction honorifique que nous avons à enregistrer aujourd'hui, en nous occupant de nos concitoyens.

Et tout d'abord, il nous plaît de combler, à ce sujet, une lacune bien involontairement laissée, depuis deux ans déjà, dans nos chroniques ; elles n'ont pas relaté le haut témoignage d'estime donné à l'un de nos artistes les plus dignes et les plus laborieux. Le peintre Charles Crauk, chevalier de la Légion d'honneur depuis 1881, a été promu en 1896 au grade d'officier du même ordre. Les longs services qu'il a rendus comme professeur de dessin à l'Ecole militaire de Sainl-Cyr n'ont pas été étrangers à cette flatteuse décision.

*••

Plus récemment, le Gouvernement belge a décoré de la croix de l'ordre de Léopold, un graveur valenciennois à qui son incontestable et solide talent méritait bien cet honneur. Je parle de M. David Desvachez, membre honoraire de notre Société. Conduit par les circonstances à se fixer à Bruxelles, M. Desvachez n'en est pas moins resté attaché par le coeur à notre cité ; je ne résiste pas au désir d'en donner comme preuve la lettre par laquelle il s'est empressé de communiquer sa nomination à l'un de ses amis de Valenciennes ; la voici textuellement :

« Ixelles, le 22 février 1898.

« Mon cher ami, je croirais manquer à ma ville natale, si je ne faisais pas savoir à mes chers concitoyens que Sa Majesté le roi Léopold II vient de me créer chevalier de son ordre, et cela à la suite de l'Exposition internationale de 1897 où j'avais exposé. Dites à mes bons amis de Valenciennes que je reporte ce succès à ma ville natale...»

• •

À Valenciennes, M. F. Layraud, le professeur de peinture de nos Académies, s'est vu décerner les palmes académiques par un arrêté ministériel du 22 janvier. M. Layraud est loin d'avoir reçu ce jour-là sa première décoration. Il possède depuis plusieurs années déjà les croix de chevalier de la Légion d'honneur et de l'ordre du Christ de Portugal. Il les a obtenues en sa qualité de peintre. C'est évidemment pour reconnaître la valeur de son enseignement à l'école d'art de notre ville, que le Ministre de l'instruction l'a maintenant nommé officier d'Académie.

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Enfin, le ruban violet a été attaché, dans le courant du mois de janvier aussi, à la boutonnière de M. Cantin, l'un des professeurs de notre Académie de musique.

Car la musique tient toujours sa juste place à Valenciennes, et ne paraît pas menacée de s'y trouver négligée. Il suffit, pour en demeurer convaincu, d'observer la rapidité avec laquelle se succèdent sur nos murs, durant la saison d'hiver, les affiches annonçant telle ou telle séance musicale.

***

Il nous est même né, vers la fin de l'année dernière, une société de plus pour nous charmer l'oreille, — et les yeux aussi, du reste, car c'est une Société chorale de dames. Elle s'est constituée le mercredi 15 décembre 1897, avec le dessein « de cultiver l'art musical sous toutes ses formes, principalement sous la forme chorale, et de faire connaître les oeuvres des maîtres anciens et modernes en donnant chaque année une ou plusieurs exécutions publiques ». Ce qui a mis de suite au pinacle la nouvelle société, c'est qu'elle a eu la bonne chance de voir se charger du soin de la diriger notre concitoyen M. Jules Delsart, professeur de violoncelle au Conservatoire national de-Paris.

La Société chorale de dames s'est produite pour la première fois devant le public valenciennois dans un concert qu'elle a donné le 15 février dernier au théâtre, et qui a eu tout le succès espéré. Le groupe des dames exécutantes a fait entendre plusieurs choeurs de Sain't-Saëns, Wagner, Th. Dubois, Léo Delibes, avec accompagnement d'orchestre. Les assistants ont en outre applaudi plusieurs solistes éminents dont le concours avait été obtenu: le violoncelliste J. Delsart, le pianiste Diémer, professeur au Conservatoire national de musique lui aussi, une cantatrice qui admet par pur dilettantisme le public à jouir de son talent, Mm" la comtesse de Maupeou, etc. "

Je m'étais demandé, au moment de la naissance de la Société chorale de dames, si cette création d'une société nouvelle était bien nécessaire, et si nos concitoyennes qui la formaient n'eussent pas fait aussi bien en se rattachant simplement, comme section spéciale, à la Société des concerts populaires. Ce n'est pas tou-


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jours en divisant les efforts qu'on arrive aux meilleurs résultats. Du moins la suite a-t-elle apaisé sur un point toutes appréhensions : le meilleur accord s'est établi entre les deux sociétés, et celle des concerts populaires ne semble pas disposée à s'abandonner (1). Ainsi a-t-ellc organisé à son lour une importante solennité musicale, qui a eu lieu le 28 avril, avec le concours de la Société chorale des dames même, de Mme de Maupeou, de MM. Jules Delsart et Diémer aussi. Celte soirée a été marquée surtout par l'exécution, avec soli, choeurs et orchestre, de fragments choisis dans une des oeuvres éminentes de Sainl-Saëns, Samson et Dali la.

Les amateurs de musique ont eu la facilité d'assister à nombre d'autres concerts encore, cet hiver; les Orphéonistes valenciennois, toujours pleins de vie, leur ont fait entendre notamment, le 21 décembre, M" 0 Lafargue et M. Aff're, soprano et ténor de l'Opéra; la Musique municipale, le 25 janvier, Mra" Lyvenat de l'Opéra, et M.Soulacroix, del'Opéra-Comiquc; le MandolineClub, le 15 mars, M" 6 Pradier et M. Noté, contralto cl baryton de l'Opéra ; etc , etc.

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En parlant de sociétés valenciennoises, il convient de noter le réveil qu'annonce l'une d'elles, la plus vieille, celle Société des lneas qui autrefois a fait bruit dans le monde, mais qui somnolait depuis un certain temps. Une assemblée de membres anciens ou nouveaux a, le 12 décembre 1897, reconstitué un comité et un bureau qui ont accepté la charge de galvaniser la Société, et qui, nous dit-on, songent à organiser pour l'an prochain même un de ces cortèges historiques dont le succès a été si grand il y a trente et quarante ans. Souhaitons aux nouveaux directeurs des « Incas » de réussir dans leur tentative, et de parvenir à raviver l'éclat dont leur association a brillé jadis, non sans profil et sans honneur pour Valenciennes.

V. H.

(1) La Société des concerts populaires de Valonciennes a du reste reçu un encouragement du Ministre des beaux-arts, qui, pour la saison 18971S98, lui a accordé un subside de cinq cents francs.


— 117 - NÉCROLOGIE.

M. FRANÇOIS TULOU.

_ La Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes est fortement éprouvée depuis quelques mois. Un de ses membres vient de lui être enlevé encore, parmi ceux qui apportaient le plus actif concours à sa Section d'histoire et d'art. M. François Tulou a été inopinément emporté par un ma' perfide, le 14 juin 1898, âgé de quarante-neuf ans seulement.

Ses restes ont été déposés au cimetière de Valenciennes le 16 juin. Dans l'assistance qui lui a rendu les derniers devoirs, M. le Président de la Société d'agriculture, empêché, a été remplacé par le Secrétaire général de la Société, vice-président de la Section d'histoire, et par le Secrétaire de cette même Section.

Devant la tombe de M. Tulou, M. Charles Devillers, adjoint au Maire de Valenciennes, a résumé en ces termes la vie du défunt :

« La mort qui, il y a quelques mois à peine, frappait brusquement l'un des membres de notre famille municipale (1), vient de faire une nouvelle victime parmi nous.

« L'Administration municipale ne pouvait rester muette au bord de celte tombe et, puisque j'ai la douloureuse mission de prendre la parole en son.nom, permettez-moi, Messieurs, de retracer ici en quelques mots la carrière si bien remplie de notre regretté collaborateur.

« François Tulou, bien qu'originaire delà Manche, avait depuis longtemps acquis droit de cité parmi nous. C'est en effet tout jeune qu'il était venu habiter notre arrondissement avec son père qui occupait une modeste position dans une commune voisine.

« Ses études terminées et l'âge étant venu de gagner sa vie, il vint se fixer à Valenciennes, où il exerça la profession de comptable et fut même un moment employa, en celte qualité dans les bureaux du receveur municipal (2).

(1) Ces mots font allusion à la mort de M. Emile Thiroux, secrétaire général de la Mairie, décédé en janvier 1898.

(2) On peut même dire que dès cette époque M. Tulou exerça en fait les fonctions du receveur municipal, car il suppléait presque complètement celui-ci, M. Deffaux, devenu à peu près aveugle.


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« Tout en s'acquittant de ses devoirs professionnels avec zèle et ponctualité, il s'occupait entre temps de littérature. Il s'exerça tout d'abord dans la presse locale. Quelques articles qu'il publia attirèrent l'attention et frappèrent notamment notre concitoyen M. Louis Legrand, qui s'intéressa au jeune écrivain et s'occupa de lui.

« Après la mort de M. Jules Prignet, il devint rédacteur en chef de l'Impartial du Nord. Il s'adonna aussi au théâtre et publia divers opuscules sur notre région qui eurent un succès mérité.

« Il partit ensuite pour la capitale, où il entra dans le personnel d'une des principales maisons d'édition, la librairie Garnier, où son intelligence et ses qualités furent bientôt remarquées.

« Aussi MM. Garnier n'hésitèrent-ils pas à lui confier le soin de refondre, de corriger et de compléter le Dictionnaire national de Bescherelle.

« M. Tulou sut mener à bien cette entreprise à laquelle il consacra plusieurs années de sa vie. En même temps, il écrivait pour la maison plusieurs ouvrages, parmi lesquels quelques volumes de vulgarisation historique, destinés à la jeunesse, lui font le plus grand honneur.

« C'est alors qu'en 1889, la place de receveur municipal étant devenue vacante, M. Tulou, désireux de rentrer dans la ville où il avait passé une grande partie de sa vie, sollicita et obtint la faveur de remplacer M. Caffiaux.

« Tous ceux qui l'ont approché sont là pour dire que l'Administration municipale a eu la main heureuse en confiant ce poste à M. Tulou.

« Il n'était pas de ces comptables, malheureusement trop nombreux, qui s'imaginent avoir le droit de rudoyer le public qui se présente à leur guichet.

« D'un caractère doux et agréable, il recevait au contraire tout le monde, les petits comme les grands, avec la plus parfaite courtoisie.

« Toujours disposé à rendre service, il se faisait un devoir d'indiquer à ceux qui recouraient à ses lumières la marche à suivre, et se mettait très volontiers en toutes circonstances à la disposition de ses concitoyens.

t Depuis son retour à Valenciennes, il ne cessa de prêter son


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concours aux sociétés qui s'occupent de l'instruction populaire. Il devint membre de notre Société d'agriculture où il tint bientôt une place marquante comme chroniqueur dans la Section d'histoire et d'art.

« Il avait formé le projet de publier diverses études d'histoire locale pour lesquelles il réunissait des documents qu'il n'a malheureusement pas eu le temps d'utiliser.

« Un autre vous dira les services qu'il a rendus à l'Union Valenciennoise à Paris, comme secrétaire d'abord, puis comme membre correspondant de cette Société.

« La mort est venue le frapper au moment où, jeune encore, il était loin d'avoir accompli sa tâche en ce monde. Il laisse une veuve souffrante et des enfants qui, bien que préparés aux luttes de la vie par l'amour du travail qu'il avait su leur inculquer, avaient encore bien besoin de ses leçons et de ses conseils.

« La perte qu'ils font en ce jour de deuil est irréparable et c'est du fond du coeur que je m'associe à leur grande douleur.

« M. Tulou leur laisse un patrimoine d'honneur et de probité qu'ils sauront, j'en suis certain, conserver intact.

« A l'homme intègre qui vient de disparaître, au collaborateur intelligent et laborieux, fidèle et dévoué que nous perdons, j'adresse le suprême adieu. »

Un second discours a été prononcé par M. Théodore Deromby, au nom de l'Union valenciennoise artistique, littéraire et scientifique ; nous le reproduisons également :

« Messieurs,

« J'ai la triste mission d'avoir à adresser, au nom de l'Union valenciennoise, un dernier hommage à la mémoire de François Tulou.

« M. Devillers vient de vous parler du fonctionnaire municipal et de l'homme de lettres. Je n'ai donc qu'à vous entretenir du membre de la Société que j'ai l'honneur de représenter ici.

« Tulou fut longtemps un des secrétaires les plus actifs de l'Union valenciennoise, à la prospérité de laquelle il a contribué pour une large part. Il lui a donné tout son coeur; il lui a consacré tout son dévouement.

« Rentré dans nos murs, il en devint l'un des membres correspondants. On sait avec quelle ardeur il s'occupait des ban-


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quets, des concerts et des fêtes organisés par nos concitoyens habitant Paris.

« Je n'ai eu avec lui, dans ces dernières circonstances, que d'excellentes relations dont je garderai un vivace souvenir.

« D'un caractère aimable, d'un commerce sûr, Tulou s'attirait l'estime et même l'affection de tous ceux avec qui il avait des rapports, s'empressant de leur prêter l'appui de son talent, de ses connaissances, comme aussi l'influence qu'il devait à sa situation.

« L'émotion douloureuse que me cause son décès est ressentie par ses nombreux amis, en particulier par ceux qu'il comptait au sein de l'Union valenciennoise.

« C'est en leur nom, comme au mien, que je m'incline devant sa tombe pour lui adresser un suprême adieu. »

CHRONIQUE AGRICOLE.

DÉSINFECTION DU MATÉRIEL EMPLOYÉ AU TRANSPORT DES ANIMAUX SUR LES VOIES FERRÉES.

Le Président du Conseil, ministre de l'agriculture, et le Ministre des travaux publics ont pris, en date du 1" avril 1898, un arrêté que depuis plusieurs années la Société d'agriculture de Valenciennes appelait de ses voeux (l).

Cet arrêté a été transmis aux préfets des déparlements, à MM. les inspecteurs généraux du contrôle et à MM. les administrateurs des Compagnies de chemins de fer; en voici le texte intégral :

« Article premier. — Tout wagon ou box ayant servi à transporter des bêtes bovines ou autres espèces de ruminants (moutons, chèvres, etc.), des chevaux, ânes, mulets et porcs, est désinfecté conformément aux règles ci-après.

« Art. 2. —- La désinfection est faite soit dans la gare destinataire, soit dans une gare voisine servant de centre de désinfection.

(1) Voir dans le tome XLVII de notre Revue, page 73.


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« Art. 3.—Immédiatement après l'embarquement des animaux, il est collé sur chaque wagon ou box une étiquette imprimée portant la mention suivante :

Gare de (Nom de la gare expéditrice ou de transit.)

A désinfecter à l'arrivée.

« Lorsque la désinfection n'a pas lieu à la gare destinataire, l'étiquette « à désinfecter à l'arrivée » est remplacée par une autre portant les mots « A désinfecter par la gare de ».

« Toutes ces étiquettes sont frappées d'un timbre à date.

« Après la désinfection, cette étiquette est remplacée par une autre portant :

p j ( (Nom de la gare destinataire ou de la station de désinfection, (rai eue | quand cette opération n'est pas effectuée sur place.)

Désinfecté.

« Art. 4. — Il est interdit aux Compagnies de mettre en chargement aucun wagon à bestiaux qui n'ait pas été désinfecté et qui ne porte pas l'étiquette « désinfecté ».

« Art. 5. — La désinfection est faite au choix des Compagnies au moyen de l'un des désinfectants suivants :

« Le bichlorure de mercure en solution à un pour mille, additionné d'acide chlorhydriqueii cinq pour mille ;

« L'hypochlorite de soude commercial au dixième, c'est-à-dire un litre d'hypochlorite avec neuf litres d'eau ;

« Le lait de chaux préparé au moment de l'emploi avec de la chaux vive dans la proportion de 10 p. 100 ;

« L'eau bouillante projetée à l'aide de la vapeur sous pression..

a La désinfection comprend les opérations ci-après :

« 1° Retirer des wagons la litière et les déjections abondamment arrosées au préalable avec l'une des trois solutions désinfectantes désignées ci-dessus ;

« 2° Détacher du plancher et des parois, à l'aide d'un racloir et d'un crochet approprié, les matières adhérentes à leur surface ou qui remplissent les joints des planchers, et balayer ces immondices;

« 3° Après ces opérations, procéder au lavage, avec de l'eau en pression, du plancher et des parois de manière à ne laisser subsister aucune trace de déjection. Le lavage doit s'étendre à l'intérieur et à l'extérieur du wagon ;

« 4° Lorsque le wagon est suffisamment ressuyé, badigeonner


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le plancher, les parois et les portes avec Tune des trois solutions désinfectantes ou les soumettre à l'action de l'eau bouillante projetée comme il est dit ci-dessus.

« Art. 6. — Les hangars et emplacements servant à recevoir, dans les gares de chemin de fer, les animaux dénommés à l'article 1er, les voies que ces animaux ont parcourues dans l'intérieur des gares, les rampes et quais, les ponts mobiles et tout matériel ayant servi à l'embarquement et au débarquement, sont nettoyés et désinfectés. Les déjections dont ils sont couverts sont arrosées avec l'une des trois solutions désinfectantes ; elles sont ensuite enlevées et il est procédé à un lavage à grande eau.

« Art. 7. — Les litières et fumiers extraits des wagons et les déjections ramassées dans les places occupées ou les voies parcourues par les animaux sont déposés dans un endroit inaccessible aux animaux et enlevés au moins une fois par semaine.

« Art. 8. — Les Compagnies de chemin de fer sont autorisées à percevoir, à titre de frais de désinfection, les taxes ci-après :

« 40 centimes par cheval, poulain, âne ou mulet ;

« 30 centimes par boeuf, taureau, vache ou génisse;

« 15 centimes par veau ou porc ;

« 5 centimes par mouton, brebis, agneau ou chèvre.

« Toutefois, pour les transports d'un même expéditeur, la taxe ne peut dépasser 2 francs par wagon à un seul plancher, et 3 francs par wagon à deux planchers.

« La taxe de 2 francs par wagon à un seul plancher et de 3 francs par wagon à deux planchers est perçue lorsque, sur la demande de l'expéditeur, un wagon est spécialement affecté à ses animaux, quel qu'en soit le nombre.

« Les taxes ci-dessus fixées sont exigibles quelle que soit l'étendue du parcours effectué pour le transport des animaux ; elles sont portées au compte de la Compagnie à qui appartient la gare destinataire.

« Quel que soit le nombre des Compagnies qui concourent au transport, la taxe n'est perçue qu'une fois, à moins qu'il n'y ait transbordement ; le transbordement ne peut être imposé aux expéditeurs qu'aux gares frontières et aux gares de jonction avec un chemin de fer d'intérêt local.

« Art. 9. — Le wagon dans lequel, au moment de la visite sanitaire à l'entrée en France, on constate la présence d'un ou


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de plusieurs animaux atteints de maladie contagieuse, ne peut pénétrer plus avant sur le territoire français s'il n'est soumis préalablement à la désinfection. Cette opération a lieu sous la direction du vétérinaire préposé à la visite des animaux.

« Quant aux animaux, il leur est fait application des dispositions du décret du 22 juin 1882 et de l'arrêté du 28 juillet 1888.

« Les wagons vides ou chargés de marchandises quelconques venant de l'étranger et qui sont reconnus, au moment de leur arrivée sur le territoire français, avoir contenu des animaux et n'avoir pas été complètement désinfectés, sont refoulés, à moins que la Compagnie française ne consente à les désinfecter à la gare frontière.

« Les wagons venant de l'étranger avec un chargement d'animaux et qui sont reconnus, au moment de leur arrivée sur le territoire français, n'avoir pas été complètement désinfectés, sont refoulés avec leur chargement.

« Art. 10.—Les infractions aux dispositions'du présent arrêté sont constatées par des procès-verbaux rédigés en triple- expédition, dont une est adressée au Procureur de la République, la seconde au Préfet du département et la troisième au Ministre des travaux publics.

« Art. 11.—L'arrêté du 30 avril 1883 est et demeure abrogé.

« Art. 12. — Le présent arrêté sera notifié aux Compagnies pour être appliqué à partir du 1" juillet 1898. »

DEGREVEMENT DES MELASSES DESTINEES AUX USAGES AGRICOLES.

Une loi du 14 juillet 1897, portant modification des droits de douane applicables aux mélasses, a incidemment promis à l'agriculture une satisfaction réclamée notamment par la Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes (1). Les articles 4 et 5 de celte loi sont en effet ainsi formulés : « Art. 4. —Seront admises en décharge, à raison de 14 p'. *>/, « de leur poids, au compte des fabricants qui n'emploieront pas « le procédé de l'osmose, les mélasses ayant au moins 44 p. %

(1) Voir le tome XLVII do la Revue de notre Société, page 73.


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« de richesse saccharine absolue, lorsqu'elles seront expédiées « en distillerie ou à l'étranger, ou lorsqu'elles seront destinées à n des usages agricoles.

« Art. 5. — Un décret rendu après avis du Comilé consultatif « des arts et manufactures déterminera les procédés de dénatu« ration et les conditions d'emploi des mélasses. »

L'avis demandé, ainsi que le prescrivait la loi, au Comilé des arts et manufactures, a été formulé dans un rapport dont celte assemblée avait confié la préparation et la rédaction à M. Aimé Girard, le savant chimiste récemment décédé.

M. Méline, ministre de l'agriculture, a communiqué ce rapport à la Société nationale d'agriculture, en l'invitant à exprimer à son tour son opinion ; et dans la séance tenue par la dite Société le 25 mai, M. Duclaux, au nom de la Section des sciences ■ physico-chimiques, a donné sur la question des indications dont voici un résumé, d'après le Journal officiel :

L'Administration des finances, pour accorder aux mélasses la décharge autorisée par le législateur, demande l'application d'un procédé de dénaturation qui garantisse absolument le Trésor contre le danger de voir les mélasses ainsi détaxées servir à d'autres usages.

Ainsi posé, le problème est insoluble. On voudrait que la mélasse dénaturée continue à être propre à la nourriture des animaux, et qu'elle ne puisse pas servir à la fabrication clandestine de l'alcool, c'est-à-dire qu'elle ne soit pas nutritive pour les cellules de la levure : ce qui est inconciliable.

M. Aimé Girard, a dit M. Duclaux, ne s'est pas arrêté devant ces difficultés, et, renonçant, comme il était naturel, à les aborder de front, il les a tournées par des méthodes qu'il a imaginées et étudiées avec soin et auxquelles il ne demande qu'une chose : tranquilliser le Trésor sur les suites prochaines ou éloignées de sa générosité.

Un de ces moyens est l'incorporation de la mélasse à la farine, à des bas produits de mouture, à des tourteaux et graines oléagineuses, bref à des matières assez chères pour que la dépense première à faire pour l'achat du produit dépasse les bénéfices de la détaxe accordée à la mélasse, alors même que cette mélasse irait à son emploi le plus lucratif, à la fabrication de l'alcool. On peut ainsi fabriquer des pâtes qu'il est facile de mouler et sécher


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en gâteaux et dans lesquelles la proportion de mélasse peut être environ de 50 p. %•

Une autre solution consiste à mélanger des mélasses à des matières à bon marché, mais volumineuses, telles que les fourrages secs, foins et pailles. La protection du Trésor viendrait alors de ce que le lavage complet et économique de ces mélanges exigerait de grandes masses d'eau et donnerait des liquides trop étendus pour pouvoir servir utilement à la fabrication de l'alcool. Il devient pourtant nécessaire, dans ces conditions, de limiter la proportion de mélasse et de sucre contenue dans le mélange.

Pour les fourrages secs, la proportion de mélasse ne devrait pas dépasser 30 p. % du produit dénaturé, et la proportion de sucre 9 %.

Les chiffres correspondants sont 10 p. o/„ pour la mélasse, 4.5 p. °/„ pour le sucre avec les fourrages humides, pulpes et cosselles de sucrerie et de distillerie ; au-dessus de ce chiffre, le lavage du produit dénaturé devient économique.

Au reste, cette faible proportion de mélasse se concilie très bien avec les nécessités de l'alimentation du bétail. Un boeuf qui consommerait par jour 50 kilogr. de pulpe mélassée y trouverait 5 kilogr. de mélasse, c'est-à-dire plus qu'il n'en peut supporter dans son alimentation journalière et normale.

M. Aimé Girard a proposé, en outre, d'additionner de 10 p. % de sulfate de cuivre les mélasses destinées à la préparation des bouillies cupriques.

Le Comité consultatif des arts et manufactures a adopté toutes ces propositions.

La Section des sciences physico-chimiques de la Société nationale d'agriculture avait été constamment tenue par M. Aimé Girard au courant de ses recherches; elle en avait toujours admiré l'ingéniosité, comme l'a dit M. Duclaux. Elle ne croit pas plus que ne le pensait M. Aimé Girard lui-même que les solutions apportées soient parfaites et définitives. Les intéressés en trouveront peut-être de plus sûres. Pour le moment, celles que M. Aimé Girard a imaginées et étudiées suffisent à établir le décret prévu par l'article 5 de la loi du 14 juillet et qui doit déterminer ies procédés de dénaturation et les conditions d'emploi des mélasses.

En conséquence, comme le proposait sa Section des sciences


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physico-chimiques, la Société nationale d'agriculture a répondu à M. le Ministre de l'agriculture qu'elle se range purement et simplement à l'avis du Comité consultatif des arts et manufactures.

•#.

EXPÉRIENCES D'INOCULATION PËRIPNEUMONIQUE.

Les Sociétés d'agriculture de Melun et de médecine vétérinaire viennent de publier un rapport sur des expériences qu'elles ont entreprises au sujet de l'efficacité des procédés d'inoculation Willems et Arloing contre la péripneumonie.

Ces expériences ont été commencées le 10 janvier.

A cet effet, 26 vaches furent achetées en Bresse où la péripneumonie n'existe pas, et réparties en deux lots égaux. Le premier lot fut inoculé suivant le procédé Arloing, en avant de l'épaule droite, sous la peau, à l'aide d'une seringue Pravaz. On procéda pour le second lot à l'inoculation intracutanée, au moyen de trois piqûres larges et profondes, espacées de 2 à 3 centimètres, pratiquées à 5 ou 6 centimètres de l'extrémité inférieure de la queue et sur sa face antérieure, suivant la méthode Willems. Le 27 janvier, la deuxième vaccination prévue par le programme pour le lot Arloing fut pratiquée.

Enfin, le 17 février, c'est-à-dire trente-huit jours après les premières inoculations pratiquées sur les deux lots, les 26 sujets inoculés et 14 témoins furent mis en contact avec une bête atteinte de péripneumonie ; ce contact eut une durée de quatre jours pleins. Un second contact (1er mars-9 mars) et un troisième contact (16 mars-24 mars) eurent lieu avec deux botes malades différentes. L'autopsie des trois sujets malades ne laissa aucun doute sur le caractère péripneumonique de leur affection.

Dès le 18 mars, des indices de contagion se manifestèrent et plusieurs animaux ne lardèrent pas à succomber. Les constatations, faites au jour le jour jusqu'au 10 mai sur les trois lots d'animaux soumis à l'expérience, peuvent être résumées ainsi qu'il suit : dans le lot Arloing ont été constatés : 4 cas aigus, 1 subaigu, 4 chroniques (5 cas de lésions à droite, 3 à gauche, 1 double) ; dans le lot témoin : 8 cas aigus, 1 cas subaigu, 1 cas chronique (5 cas à droite, 2 à gauche, 3 doubles) ; dans le lot Willems aucun cas n'a été constaté. En somme, dans le lot Ar-


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loing ont été atteints 9 sujets sur 13, et dans le lot témoin, 10 sujets sur 14.

La récente expérience de Pouilly a eu un autre résultat : elle est venue confirmer les expériences de 1883 et de 1884 en démontrant que les veaux nés de mères inoculées pendant leur gestation bénéficiaient de l'immunité maternelle. Les veaux de trois vaches du lot Willems, qui étaient dans ces conditions, ont montré qu'ils étaient puissamment immunisés puisqu'ils sont nés en pleine période de contagion et ont pu vivre, sans être contaminés, pendant plus d'un mois, avec des sujets péripneumoniques gravement atteints.

L'efficacité du procédé Willems est donc incontestable, mais ce procédé a besoin d'être complété par de nouvelles recherches qui ont une importance considérable. Ces recherches devraien porter : 1° sur le temps nécessaire à l'inoculation caudale pour investir les animaux d'une solide immunité ; 2° sur la durée de celte immunité.

EMPLOI DES FEUILLES DE POMMES DE TERRE COMME FOURRAGE.

M. de Gironcourt, dans le Journal d'agriculture pratique, donne ce moyen d'employer comme fourrage les feuilles de pommes de terre :

D'habitude, après la récolle, les fanes de pommes de terre sont mises en tas et brûlées. Utilisation n'est donc faite que des cendres, comme légère fumure.

11 y a d'abord là, par incinération, une perte de principes utiles. D'autre part, il y a toujours avantage à faire consommer directement par les animaux de la ferme un produit qu'ils peuvent utiliser, plutôt que de l'abandonner à la terre comme engrais.

Or, s'il est vrai qu'à l'état vert et frais, les parties herbacées des pommes de terre ne sauraient guère être acceptées du bétail, et lui seraient même dangereuses, la fermentation, suivie de la dessiccation, permet heureusement de les transformer en aliment que les animaux admettent volontiers et dont ils tirent le meilleur parti. Voici comment on procède :

Quand les liges inférieures sont devenues jaunes, on les fauche à 15 centimètres environ de hauteur au-dessus du sol, après


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avoir attendu, pour effectuer cette opération, que la rosée matinale ait disparu : elle rendrait les feuilles trop aqueuses.

On rassemble le fourrage récolté soit dans un silo libre, soit sous un hangar, soit dans une fosse creusée ad hoc, en un mot, sur une aire présentant une concavité, disposition commode pour le tassement énergique qu'il est nécessaire de produire immédiatement. A cet effet, on écrase le tout en le piétinant fortement, surtout sur les côtés, comme s'il s'agissait de la confection d'un silo de fourrages verts. On recouvre d'une matière de moindre valeur : paille, balles, siliques, et on laisse la fermentation s'établir d'elle-même. Aucune addition de sel.

En peu de jours, la température s'élève notablement ; quand on ne peut y tenir la main, on procède à la dessiccation. Pour ce faire, on étale le fourrage en petits monceaux aérés, non tassés, de 1 mètre de haut qui, grâce à cet échauffement préalable, sèchent très rapidement. Peut-être sera-l-il utile de retourner les las; mais, si l'on a pris soin de les disposer du côté du vent, quelques heures d'aération seront généralement suffisantes, après quoi on pourra engranger, comme une recolle de foin.

Il faut éviter de manipuler à l'excès ce fourrage dont on risquerait de perdre notable quantité de feuilles fragiles comme celles du trèfle et de la luzerne.

Le produit obtenu possède une odeur agréable, rappelant celle de la prune cuite. Il est très appelé du bétail. Sans aucun incouvénient ni effet fâcheux sur la santé des animaux, il peut être introduit, mélangé par exemple au foin, dans la ration des ruminants et même des équidés.

C'est une ressource qui, en certains cas, permet de ménager quelque peu les provisions hivernales et mérite souvent d'être mise à profil. En Autriche surtout, les agriculteurs sont loin de la méconnaître et ils en obtiennent les meilleurs résultats.


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COMPTE RENDU

DES TRAVAUX & DES DÉPENSES DE LA SOCIÉTÉ

EN ÎSQT'-ISQS,

(Adressé à M. le Préfet et à MM. les Membres du Conseil général du Nord.)

MONSIEUR LE PRÉFET,

MESSIEURS LES CONSEILLERS GÉNÉRAUX,

La Société d'agriculture, sciences et arts de l'arrondissement de Valenciennes sollicite avec confiance le Conseil général et le Minisire de l'agriculture de lui renouveler pour 1899, les subsides qui lui sont accordés d'ordinaire.

Elle a l'honneur de vous communiquer ci-joint son budget de l'exercice 1898, qui forme en même temps, à l'heure présente, le projet de budget pour 1899, — et le résumé de ses comptes de l'exercice 1897, indiquant l'emploi qu'elle a fait des subventions reçues l'an dernier.

Ces subventions, elle les a distribuées à l'agriculture en organisant des concours de tenue de ferme, des concours d'animaux reproducteurs des espèces chevaline, bovine et porcine, et aussi, pour en attribuer une juste part aux travailleurs les plus humbles mais non les moins précieux de nos exploitations rurales, en décernant des récompenses à de vieux domestiques de ferme, dont certains ne comptaient pas moins de quarante et cinquante ans de bons services dans la même maison.

Avec ses ressources propres, la Société d'agriculture, sciences TOME XLVIII. 5


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et arts de Valenciennes a offert aussi des médailles et quelques primes en argent, aux ouvriers de l'industrie les plus sédentaires et les plus estimables par leur sobriété et leur ardeur laborieuse.

Au sujet de ces modestes soldats de l'armée du travail, notre Société se permet d'appeler votre attention, Monsieur le Préfet et Messieurs les Conseillers généraux, sur la caisse de secours qu'elle a fondée, et qui lui permet d'accorder annuellement de faibles mais néanmoins 1res utiles allocations à d'anciens ouvriers agricoles et industriels dont l'âge a diminué les ressources, et dont la vie méritante est attestée par des récompenses obtenues dans nos concours de moralité.

La Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes croit avoir donné encore, en ces derniers temps, d'autres témoignages de son activité. Elle a consciencieusement pris part à l'étude des questions les plus importantes dont le monde agricole et indusIriel a eu lieu de se préoccuper ; et, chaque fois qu'elle l'a jugé utile, elle a fait parvenir aux Pouvoirs publics l'avis ou les voeux de ses membres. Elle a notamment attaché son attention, dans la plus récente période, au dégrèvement des alcools dénaturés, au dégrèvement des mélasses et des sucres dont il est fait un emploi agricole ou industriel, à la question de la suspension du droit de douane sur les blés el les farines, au régime de l'admission temporaire des blés, à la taxe douanière imposée aux graines de belleraves, aux mesures de défense à prendre contre les maladies épizooliques, à l'organisalion du crédit agricole dans la région, au projet de loi sur la responsabilité des accidents du travail, etc.

Notre Société ne néglige pas non plus les lettres et les arts.

Elle vient de mettre sous presse un volume nouveau des Mémoires historiques dont elle a édile déjà six tomes;, celui qui s'imprime contiendra une savante étude sur le plus célèbre des abbés de Saint-Amand, Nicolas Dubois, el sur l'histoire de l'abbaye au xvne siècle, résultat de nombreuses et patientes re-


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cherches faites par M. Jules Desilve dans les archives et les bibliothèques du nord de la France et de la Belgique.

Nous ne cessons, d'autre part, d'augmenter la collection des documents iconographiques relatifs à l'histoire de Valenciennes et de ses environs, qui sont mis sous les yeux du public dans notre Galerie historique valenciennoise.

Nous rappellerons enfin qu'au mois de septembre 1897, notre Section valenciennoise des arts a organisé à l'Hôtel de Ville de Valenciennes une exposition de peintures et sculptures où ont été réunies plus de deux cent cinquante oeuvres diverses, dont beaucoup signées par des artistes éminenls, tels que MM. Harpignies, Moyaux, Layraud, Adrien Demont, Iwill, Le Poittevin, Tattegrain, Le Liepvre, Wallet, Bourgeois, Garlier, Gauquié, etc.

«s s #

Notre Société croit donc mériter toujours les encouragements de l'Etat et du Département. Espérant que grâce à votre bienveillance, Monsieur le Préfet et Messieurs les Conseillers généraux, ils lui seront continués, nous vous prions _de vouloir bien agréer l'assurance de notre gratitude, avec l'expression de nos sentiments très respectueux.

Pour la Société,

Le Secrétaire général, Le Président,

V. HENRY. Aug. DOUTRIAUX.

Valenciennes. le 25 juin 1898.

(Voir ci-après les Annexes.)


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ANNEXE N» 1.

ÉTAT DES RECETTES & DÉPENSES

de la Société d'agriculture de Valenciennes, en l'année 1897.

RECETTES. Cotisations des membres de la Société 4.220r »

de M. le Ministre de l'agri- \

! culture 1.100

l du Département (pour l'a- f

Subventions' griculture) 2.500 \ 4.700 »

i du Département (pour les l

[ lettres et les arts) 500 }

\ de la Ville de Valenciennes 600 .

Legs Mathieu et recettes diverses 456 50

9.376 50

DÉPENSES.

Déficit des années antérieures 326' 16

. , ^ Primes 2.780 »

Concours agricoles: /,,,,•„ , ,. , A<, , , Q/»

& ( Médailles et objets d art.. 1.34-7 »

Frais matériels des concours 229 80

Traitements des employés de la Société, frais de

bureau 1.751 90

Abonnements, souscriptions à des recueils 51 65

Impression de la Revue agricole el historique.... 912 25 Impression partielle d'un volume de Mémoires historiques 400 »

Loyer des locaux et frais d'entretien du matériel des concours et de la Galerie historique 703 25

Dépenses diverses : chauffage, éclairage, assurances, elc 332 10

8.834 11

ItALANCE.

Dépenses 9.376 50

Recettes 8.834 11

Excédant 542 39


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ANNEXE N" 2.

ÉTAT DES FONDS ALLOUÉS

à la Société, en i897, par M. le Ministre de l'agriculture et par le Département du Nord.

RECETTES.

de M. le Ministre de l'agrii culture 1.100 ,

Allocations dU D"PfTU (P0U1'1V ,W iAW » j gnculture) 2.5001

' du Département (pour les '

lettres, arts, etc.) 500

DEPENSES.

Concours de tenue de ferme, concours d'animaux reproducteurs ; primes et médailles 3.408' ».

Concours de moralité entre ouvriers de l'agriculture, des industries agricoles, etc., etc. 719 n

Publication de la Revue agricole, industrielle, historique et artistique, et des Mémoires historiques 1.312 25

5.439 25


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ANNEXE N° 3.

ÉTAT PRÉSUMÉ DES RECETTES & DÉPENSES

de la Société d'agriculture de Valenciennes en l'année 1898.

RECETTES.

Encaisse au 1er janvier 1898 542' 39

Cotisations des membres de la Société 4.200 »

/ de M. le Ministre de l'agriculture

l'agriculture j

\ du Département (pour l'a- J

Allocations ] griculture) 2.500 j 4.700 »

l du Département (pour les 1

' lettres, arts, etc.) 500 !

1 de la Ville de Valenciennes 600

Legs Mathieu et recettes diverses 450 »

9.892 39

DÉPENSES.

Concours agricoles ;.... 5.0001 »

Impression de la Revue agricole, industrielle, historique, etc 1.100 »

Impression partielle d'un volume de Mémoires historiques 400 »

Traitements des employés de la Société et frais de bureau 1.800 »

Frais divers : loyer, assurances, etc 1.500 »

9.800 »

RALANCE.

Recettes 9.892 39

Dépenses 9.800 »

Excédent de recettes 92 39


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ANNEXE N° 4.

ÉTAT DE LA CAISSE DE SECOURS

pour les lauréats des concours de moralité,

au 31 décembre 1897.

RECETTES.

Encaisse au 31 décembre 1896 1.975' 36

Rente sur l'Etat 212 50

Intérêts des fonds déposés à la Caisse d'épargne.. 72 11

2.259 97

DÉPENSES.

Quatre pensions de 25 francs 100 »

Sept secours de 25 francs 175 »

Achat de 50 fr. de rente 3 1/2 % 1.529 68

_^ 1.804 68

BALANCE.

Recettes. 2.259 97

' Dépenses 1.804 68

Reste en caisse 455 29


136

VOEUX SOUMIS AU CONSEIL GENERAL par la Société.

EMPLOIS AGRICOLES ET INDUSTRIELS DU SUCRE.

La Société d'agriculture, sciences et arts dé l'arrondissement de Valenciennes,

Considérant que l'industrie sucrière française est gravement menacée de voir se fermer devant elle ses débouchés extérieurs ;

Considérant d'autre part que si cette industrie périclitait, il en résulterait pour l'agriculture et de nombreuses industries intéressées les conséquences les plus désastreuses ;

Emet le voeu :

Que les sucres destinés à tout autre usage que l'alimentation directe de l'homme, soient complètement exonérés d'impôt, afin d'en permettre les emplois agricoles et industriels dans la plus large mesure possible.

MÉLASSES EMPLOYÉES PAR L'AGRICULTURE.

La Société demande instamment que le décret annoncé par l'article 5 de la loi du 14 juillet 1897, et qui doit permettre le dégrèvement des mélasses destinées à des usages agricoles, soit rendu sans tarder, dans les conditions récemment admises par le Comité des ans el manufactures et par la Société nationale d'agriculture.

PROJET DE LOI SUR LA MÉDECINE VÉTÉRINAIRE.

La Société émet le voeu que le projet de loi sur l'exercice de la médecine vétérinaire soit volé sans retard par les Chambres.

CRÉATION D'UN DÉPÔT D'ÉTALONS A VALENCIENNES.

La Sociélé d'agriculture de l'arrondissement de Valenciennes insiste avec instance pour qu'un dépôt d'étalons soit établi par l'Administration des haras à Valenciennes, — les cultivateurs des environs montrant depuis quelques années une heureuse tendance à pratiquer l'élevage du cheval, et celte tendance étant contrariée par la nécessité de conduire les juments, pour la monte, dans des localités éloignées.

INONDATIONS.

La Sociélé d'agriculture émet le voeu de voir étudier et prendre promplemenl les mesures nécessaires pour prévenir le re-


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tour des inondations qui ont récemment encore désolé une partie de l'arrondissement de Valenciennes.

NAVIGATION.

La Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes demande que la construction d'un canal de jonction de l'Escaut à la Meuse soit reprise le plus tôt possible, cette mesure intéressant vivement l'avenir de la métallurgie dans le Nord.

CHEMINS DE FER ET TRAMWAYS.

La Société prie le Conseil général de vouloir bien émettre des voeux tendant :

1° A ce que le chemin de fer d'intérêt local de Lourches à Cambrai soit relié au réseau des tramways de Valenciennes par l'établissement du tramway de Lourches à Denain, dont la commune de Lourches a demandé la concession ; 2° A ce que des chemins de fer à voie étroite soient établis : a. de Valenciennes au Quesnoy par Préseau ; h. de Valenciennes à Denain par Maing et Thiant ; e. d'Hergnies à Saint-Amand ;

d. de Valenciennes, par Famars et Quérénaing, à Verchain-Maugré, où la voie se relierait à la ligne projetée d'Haspres à Solesmes ;

3° A ce que des études soit entreprises en vue de l'établissement d'un chemin de fer à voie étroite de Valenciennes à Roisin (Belgique), de manière à desservir les communes de Marly, Estreux, Rombies, Sebourg, Eth et Bry.

VIANDES DE BOUCHERIE. — HYGIÈNE PUBLIQUE.

La Société émet le voeu que, même dans les communes qui ne possèdent pas d'abattoir, aucun animal de boucherie ne puisse être livré à la consommation sans que la viande en ait été déclarée saine par un vétérinaire.

ASSISTANCE DES TRAVAILLEURS ÂGÉS ET INFIRMES.

La Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes, émet le voeu de voir les Pouvoirs publics s'attacher à résoudre, aussi promplement que possible, la question, depuis longtemps pendante, de l'assistance des ouvriers rendus incapables de travailler par l'âge ou la maladie.

TOME XLVIII. 5*


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DÉBITS DE BOISSON.

La Société souhaite que le Parlement mette à l'élude la modification de la législation actuelle concernant les débits de boisson, de manière à mettre une limite à la multiplication du nombre des cabarets et à obtenir plus de garanties de moralité chez les débitants.

PRISON DE VALENCIENNES.

La Société appuie le voeu fréquemment exprimé déjà parle Conseil d'arrondissement de Valenciennes, tendant à ce qu'une voiture cellulaire soit attachée à la maison d'arrêt de Valenciennes pour le transport des inculpés entre cette prison et le palais de justice.

Pour la Société d'agriculture, sciences et arts de l'arrondissement de Valenciennes, Le Secrétaire général, Le Président,

V. HENRY. Aug. DOUTRIAUX.

Valenciennes, le 25 juin 1898.

CHRONIQUE IBTOMQDUJTTMIU k ARTISTIQUE.

SOMMAIRE. — Mémoires présentés au Congrès des Sociétés des beaux-arts dos départements : « Antoine Gilis à Valenciennes », par M. M. Hcnault ; « La mort d'Eiscn », par M. A. Jacquot. — Ventes de toiles et de dessins d'A. Wattcau, de J.-B. Pater, d'Eiscn, d'H. Harpignies ayant figuré dans diverses collections privées. — M. C. Moyaux à l'Ecole des beaux-arts.

20 mai 1898.

Au congrès qui, celle année comme les précédentes, a réuni à Paris, du 12 au 15 avril, les délégués des Sociélés des beauxarts de province, deux des mémoires présentés concernent des artistes valenciennois du xvm 6 siècle.

L'une de ces éludes a été lue par notre collègue M. Maurice Hénault, qui s'est appliqué à mettre en lumière Antoine Gilis, sculpteur el peintre (1702-1781). Voici ce qu'en dit M. Henri


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Jouin, secrétaire du Comité des sociétés des beaux-arts, dans son rapport général sur les travaux produits :

« Antoine Gilis, sculpteur et peintre, est un heureux. M. Hé« nault, correspondant du Comité à Valenciennes, vient de lui « consacrer une étude approfondie. M. Eugène Soil avait eu le « même souci à l'endroit de Gilis. Il est vrai que ce sculpteur a <i eu deux patries : Tournai et Valenciennes. Il est juste qu'il « ait rencontré deux biographes. Gilis, à Valenciennes, lui le « maître de Jacques Saly et il ne quitta celte ville qu'à l'âge « de cinquante-cinq ans. M. Hénault avait donc la plus belle « période de la vie de son modèle à raconter à l'aide de pièces » inédites. Il en a fait ample moisson et l'honnête sculpteur « valenciennois, quelque peu redondant, et tourmenté à en juger « par un Hercule terrassant l'hydre, personnage trapu dont nous « avons vu une reproduction dans les mains de M. Hénault, est « désormais ressaisi dans les événements les plus circonstanciés « de son existence. Nous n'exigerons pas qu'on lui élève un « bronze dans la galerie des maîtres de Valenciennes, mais sa « médaille y est à sa place et nous l'estimons bien frappée. » '

La seconde des éludes qui nous intéressent particulièrement parmi les communications faites au congrès, a pour auteur M. Albert Jacquot, correspondant du Comité à Nancy. Elle est relative à un artiste infiniment plus fécond el plus célèbre que Gilis, au dessinateur Charles Eisen, né à Valenciennes le 17 août 1720. « Ce n'est pas une élude approfondie de l'oeuvre de l'artiste qui a tenté M. Jacquot, mais, un document très inattendu s'étant offert à lui sur la mort d'Eisen el les agissements de son logeur après le décès de l'artiste, M. Jacquot a voulu mettre en lumière cette pièce inédite. Elle complète ce qui jusqu'ici avait été dit sur Eisen ». Empruntons encore au rapport de M. Jouin le résumé de la notice de M. Jacquot :

« Certaines époques se révèlent à nous sous un aspect aimable. « Les maîtres de ces temps faciles sont de taille moyenne, mais « ils nous apparaissent avec un sourire éternel. Tel est le dix« huitième siècle avant le coup de tonnerre de 1789 ; tel est « Charles Eisen, le graveur valenciennois (1), dont M. Albert

(1) Ce doit être par un lapsus calami que M. Jouin a qualifié Eisen de graveur ». Cet artiste, à la vérité, a laissé quelques planches gravées


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«Jacquot, correspondant du Comité à Nancy, vous a dit la « mort humiliée. Il en faut rabattre de l'aisance dorée que lais« sent supposer les estampes d'Eisen dans les Contes de La A Fontaine, édiles en 1762 pour les fermiers généraux. Eisen « a connu le res angusta domi. C'est hors de France qu'il suc« combe, le 4 janvier 1778. Il s'éteint à Bruxelles, solitaire, « insolvable, chez un logeur nommé Clause, qui n'est rien moins « qu'un fripon. Le dit Clause s'approprie clandestinement nombre « de dessins laissés par son locataire, entre autres une composite lion qui parait être importante et que l'accusateur de Clause « intitule : la Séduction. Qu'est devenue celle page ? Quel châ« liment fut infligé au voleur ? La pièce apportée ici par M. Jac« quoi est muette sur ces deux points. Qu'importe ? Nous faisons « un pas de plus vers la lumière au sujet d'un petit maître du « dernier siècle. »

Au reste , notons que la fin misérable d'Eisen était chose déjà parfaitement connue (1) ; et l'on n'ignore pas davantage qu'elle a été le résultat de son inconduile.

Il ne faut pas attacher les yeux sur l'homme, mais les reporter sur son oeuvre, qui sans conteste est des plus séduisantes, et que recherchent aujourd'hui, avec autant d'empressement que de raison, les amateurs d'art.

# «

En ces derniers mois, précisément fc onl eu lieu à Paris plusieurs ventes artistiques importantes, dans lesquelles le nom d'Eisen a brillé. Entre autres, la vente de la collection de M. Léon Ducloux (2), qui avait réuni un remarquable choix de dessins des maîtres du xvme siècle. Un des critiques de la presse parisienne, en parlant de cette collection, s'exprimait ainsi :

a Près des maîtres de premier rang, les illustrateurs foisonnent el rien de ce qu'ils nous présentent n'est banal. 11 y a même,

à l'eau-forte, mais elles comptent pour peu de chose dans son oeuvre. Les dessins qui lui onl valu sa jusie réputation, et que généralement il exécutait à l'encre de Chine relevée de plume, ou qu'il crayonnait simplement à la mine de plomb, il laissait presque toujours à d'autres le soin de les graver.

(1) Voir la brochure publiée par M. L. Cellier sous le titre d'Antoine Wttleau, son enfance, ses contemporains, page 68.

i2) Cette vente a été faite à l'hôtel Drouot les 14 et 15 février 189S.


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parmi leurs dessins, de l'inédit, et un inédit de premier choix., Tels les crayons ou les dessins au lavis dans lesquels Charles Eisen, avec celte grâce séductrice, un peu sentimentale, el celte élégante facture ronde qui le caractérisent, s'essayait à l'illustration d'un Dorât, fournissait aux artistes officiels des molifs pour leurs décorations de Paris et de Versailles, ou créait ces petites pièces séparées, si attrayantes, que Longueil traduisit ensuite au burin. »

De ces dessins d'Eisen, voici les prix très flatteurs qu'ont atteints quelques-uns : le Char de l'hymen, 2400 fr. (1); Plaisirs champêtres, 3050 fr. (2); l'Automne, 3050 fr. (3); le Marché aux poissons et le Repas des pêcheurs, (deux dessins à la plume avec lavis d'encre de Chine rehaussés d'aquarelle, qui figurèrent au catalogue de l'Académie de Saint-Luc en 1774), 1500 fr. chacun; deux des culs-de-lampe exécutés pour les Baisers de Dorât, dessins à la plume rehaussés d'aquarelle, 1105 fr.; quatre compositions, de lorme ovale, qui servirent à illustrer l'opéracomique de Favart intitulé les Moissonneurs, 1500 el 1700 fr. chacun.

La galerie de M. Decloux comprenait aussi de précieuses pièces d'Antoine Walleau, que les amateurs onl payées bon prix.

Mais toute la saison dernière ayant procuré à la mémoire du maître valenciennois une succession presque ininterrompue d'hommages du même genre, nous passerons de suite à des

(1) « Le char de l'hymen, très beau dessin au lavis d'encre de Chine, représente un, des six chars que la Ville de Paris fit construire pour la fête publique qu'elle donna à l'occasion du mariage du Dauphin, fils de Louis XV et père de Louis XVI, avec Marie-Joseph de Saxe, le 17 février 1747. Ce char était une élégante imitation de modèles antiques. Au sommet s'élevait, sur plusieurs rangs de gradins, un autel où, au milieu de nuages qui l'entouraient, le Dieu do l'hyménée tenant les portraits médaillons du Dauphin et de la Dauphine, mettait le feu, tandis que des Génies formant des jeux portaient des guirlandes do fleurs se terminant par le chiffre des deux époux. Un orchestre de seize musiciens en habit bleu galonné occupait le devant; les chevaux et le cocher étaient, ceux-là caparaçonnés, celui-ci vêtu de drap bleu-céleste à galons d'argent. La description complète en a été conservée au livre des Fêtes de la Ville de Paris. » (Le Journal des arts.)

(2) « Charmant et gracieux dessin à l'encre de Chine que Longueil a gravé : gentilshommes et bergères assis dans un paysage où se dresse une large fontaine surmontée d'un vase et entourée d'Amours. » (Idem.)

(3) Ce dessin, fait à l'encre de Chine aussi, el dont les- dimensions sont les mêmes que celles du précédent (14 centimètres sur 19) a également été gravé par Longueil.


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ventes où l'on a vu passer des ouvrages de cet artiste plus importants encore.

Au commencement du mois d'avril, au milieu d'un groupe de toiles de choix qu'avaient réunies le comte Jacques de Bryas, a été mis aux enchères une peinture de Watleau, intitulée Entrelien dans un parc. Ce tableau, « spirituel d'arrangement, vif d'allures et d'une richesse de tons indicibles », (a écrit l'un de ses admirateurs), a été adjugé pour 18.200 francs (1).

Puis a eu lieu à Paris les 5 et 6 mai, la vente de la très riche collection de dessins du xvin 0 siècle formée par feu le marquis de Chennevières, ancien directeur des beaux-arts; naturellement , Watleau y tenait encore une des premières places. Des croquis que les connaisseurs se sont disputé en celte occurrence, j'emprunte la. brève description à un rédacteur du Journal des arts, en ajoutant à ses notes les prix obtenus des acquéreurs : c <i Watleau, de qui est sortie toute celte charmante phalange des maîtres dessinateurs du XYIII" siècle, ne comptait pas moins d'une quinzaine de sanguines chez M. de Chennevières. La série débute par une figure, exceptionnellement bienvenue, de Turc, à mi-corps, coiffé d'un turban, vêtu d'une robe rayée avec ceinture et d'un manteau fourré, le poing fermé, la main gauche sur la hanche et le coude arrondi ; altitude générale attentive et pensive; dessin d'un grand caractère (vendu 4.200 francs). Les autres sanguines nous montrent : une Femme assise el vue de dos, dans une pose simple et naturelle (v. 2.500 fr.) ; de ces Scènes de la Comédie italienne où le grand peintre a toujours mis tant d'observation, de brio et de vérité (v. 1.700 fr. et 685 fr.); un Mezzetin enlouré d'arabesques (v. 1.620 fr.) ; un Rendez-vous où l'on s'embrasse derrière un bouquet d'arbres (v. 1.900 fr.) ; un Repos dans un parc où l'on cause et se promène autour d'une statue (v. 3.150 fr.) ; un Paysage accidenté, arbres, rochers el cours d'eau d'après le Titien (v. 900 fr.); et d'autres sujets encore où se retrouve toute la grâce, tout l'esprit de crayonnage, toute la sincérité dans l'expression de la nature vivante, avec celle gaieté de lumière et celle franchise de modelé

(1) Dans la même vente, une toile d'un des Watleau de Lille, Louis, la Loterie royale, peinte en 177G, a été payée 2900 francs, « quoiqu'elle soit plus intéressante comme document que comme peinture », déclare le publicisto auquel nous devons le renseignement.


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que Watteau a su mettre aussi bien dans ses dessins que,dans ses peintures. » (L'une de ces sanguines, qui groupait simplement sur un papier de 23 x 35 centimètres des éludes de mains et de pieds, a fait monter les enchères à 9.000 francs 1 )

A côté de Watteau, son élève et imitateur J.-B. Pater n'avait pas été négligé par le marquis de Chennevières , qui possédait de cet autre artiste valenciennois « des études de femmes élégantes, dans des poses variées, couchées, vues de dos, se baissant vers le sol, assises en des fauteuils où, sans cesser d'être provocantes, elles disparaissent presque, sous l'ampleur de leurs jupes aux plis harmonieux et aux froufrous sonores. » L'un de ces dessins de Pater, (de 41 x 16 centimètres), a été poussé jusqu'à 1.750 fr.

Enfin, — hors de France, cette fois, — s'est vendue les 17 et 18 mai à Anvers la collection Kùms, « le musée Kums », comme disaient généralement les touristes, admis sans difficulté à visiter cette galerie princière ; composée par un simple mais opulent industriel, M. Edouard Kums, elle était également riche en oeuvres de maîtres modernes et de maîtres anciens. Parmi ces derniers, Antoine Watteau et Pater étaient représentés chacun par une toile; Watteau, « par le Glorieux, debout, de face, en costume de Mezzetin, le poing sur la hanche, se pavanant insolent et fat près de deux jeunes femmes assises au milieu d'un gai paysage; Pater, par une délicieuse composition, Les plaisirs champêtres, où dans un de ces parcs aux grands arbres pleins d'ombre el de mystère, de jeunes seigneurs et de belles dames costumés en bergers et bergères, se jouent à eux-mêmes de galantes pastorales ». Le Glorieux de Walteau (30 x 36 centimètres), a été cédé pour 9.000 francs seulement, ce qui est relativement un prix modeste. Mais les Plaisirs champêtres de Pater (toile ronde de 53 cent.) ont été achetés 18.000 francs.

Cette somme, (comme aussi la valeur du tableau), ne porte pas atteinte cependant au prestige des deux Pater du Musée de Valenciennes, que M. Edouard Hamoir a payé 50.000 francs chacun, pour les léguer ensuite à notre Ville.

C'est grand dommage qu'il ne se trouve plus parmi nos concitoyens pareil amateur millionnaire, grâce à la générosité duquel notre Musée eût pu s'enrichir encore d'une des oeuvres de Watteau ou de Pater mises aux enchères ces mois derniers.


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Nous ne terminerons pas celte revue des récentes ventes artistiques , sans noter que parmi les peintures des contemporains, celles de M. Henri Harpignies ont à l'occasion dignement tenu leur place. Deux toiles de notre maître paysagiste, le Printemps et VAutomne, qui figuraient dans la collection de feu M. Paul Casimir-Périer, ont élé acquises le 26 avril à l'hôtel Drouot pour 3.400 francs réunies.

* « Avant de déposer la plume, nous sommes heureux de pouvoir adresser de nouvelles félicitations à M. Constant Moyaux, professeur et chef d'atelier d'architecture à l'Ecole nationale des beaux-arts, qu'un arrêté ministériel du 29 avril a désigné pour faire partie du Conseil supérieur d'enseignement de celle Ecole en remplacement de M. Ginain, décédé.

V. H.

LK3 ARTISTES YAIcïBCHHHOIS

AUX SALONS DE PARIS en 1898.

À la suite des démolitions entraînées par la préparation de l'Exposition universelle de 19CO, les Salons de la Société des artistes français et de la Société nationale des beaux-arts ont perdu leurs abris traditionnels, et onl élé l'un el l'autre installés, cette année, dans l'ancienne Galerie des machines du Champ de Mars, (avant que cet édifice, condamné lui aussi, ne disparaisse à son tour). Ce déplacement n'a pas effrayé les artistes ; on en jtOgera par la liste des exposants qui forment le groupe valenciennois ; la voici, extraite des catalogues officiels :

SALON DE LA SOCIÉTÉ DES ARTISTES FRANÇAIS.

Peinture.

CARLOS-LEFEBVRE. no nu Quesnoy, élève de M. H. Harpignies.

— La fer/ne du père Noffray (Sologne).

— L'allée de châtaigniers (Sologne).


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CHIGOT (Alphonse), élève de l'Académie de Valenciennes. professeur en cette ville.

— L'héroïsme du capitaine du Tertre.

CHIGOT (Eugène), né à Valenciennes. H. C.

— Portrait de H. L

(Voir Dessins.)

CLÈRE (Jacques-François-Camille), né à Anzin.

— Portrait du général A. L..... commandant la 41* division.

division.

— Portrait du général A. L..., commandant l'Ecole d'application

d'application l'artillerie et du génie.

CRAUK (Charles-Alexandre), né à Valenciennes. H. C. ..

', — Fête du triomphe et baptême de la promotion à l'Ecole

militaire de Saint-Cyr.

DAMAS (Eugène), élève des Académies de Valenciennes.

— Aux pissenlits.

DELACROIX (Henry-Eugène), ancien professeur à l'Académie de peinture de Valenciennes. H. C.

— Lavoir dans une source d'eau chaude à Ax (Ariège).

— Portrait de Mme £. Q, _.

DELACROIX-G-ARNIER (Mme Pauline), ancien professeur aux Académies de Valenciennes. . v

— Heureuse mère.

— Une liseuse.-

(Voir Dessins).

DEMARQUET (Mme Irma, née CRAUK), élève de son père. Charles Crauk.

— En retenue.

HARPIGNIES (Henri), né à Valenciennes. H. C.

— Une matinée dans le Dauphinè.

— Le Teoeronc (souvenir d'Italie).

JACQUET (Henri-Léon), né à Anzin.

— Deuillante.

LAURENT-DESROUSSEAUX (Henry-Alphonse-Louis), né à Joinvillele-Pont de parents valenciennois. H. C.

— Sous les platanes (Sellans, Var).

— Le lavoir (Sellans? Var).

(Voir Dessins.)


— 146 -

LAYRAUD (Joseph-For lu né), professeur à l'Académie de peinture de Valenciennes. H. C.

— Portrait de Mme Loubet.

— Portrait de Mme /..,

LELEU (Alexandre-Félix), né à Vicoigne, près Raismes. —■ En Wallonie, buveur; élude.

(Voir Gravure el lithographie.)

MOREAU-DESCHANVRES. né à SaiuL-Saulve-lez-Valenciennes.

— Portrait de M. Edmond Pester, doyen d'âge de l'Association

l'Association chimistes de France.

PIGEARD (Georges), né à Valenciennes.

— Ascalaphe changé en hibou.

WALLET (Albert-Charles), né à Valenciennes. H. C.

— Calme.

— Environs de Paris : Petit bras de la Seine, près de

l'île de Vaux.

(Voir Dessins. ) '

Dessins, aquarelles, pastels, porcelaines.

CAUCHY (Mme Marguerite), née à An/.in.

— Portrait de M. H. L... (porcelaine).

CHIGOT (Eugène), déjà cité.

— Étaplcs le soir (pastel).

— Vues de Biarritz, d'Arcachon et de Marseille.

DELACROIX-GARNIER (Mme Pauline), déjà citée.

— Vingt portraits des artistes français ayant obtenu la

médaille d'honneur (aquarelle; — destiné à illustrer le Livre d'or de la médaille d'honneur).

DIÉMER (Mmc Berlhe), née à Bcuvrages.

— Chrysanthèmes (gouache).

DUFOUR (Achille), né à Trilh-Sainl-Léger, demeurant à Valenciennes.

— Portrait d'homme (pastel).

LAUBKNT-DESROUSSEAUX (Henry-Alphonse-Louis), déjà cité.

— «Il repasse » (gouache).

— Vieille rue à Seillans, Var (gouache).

LUCAS DE PESLOUAN (Mm* Marthe), née à Condé-sur-1'Escaut.

— Portrait de M^ V. D... (pastel).


— 147 —

WALLET (Albert-Charles), déjà cité.

— Le matin (pastel).

Sculpture.

BERTRAND (René), de Maubeuge, élève des Académies de Valenciennes.

— Portrait (médaillon plaire).

CARION (Louis-Adolphe), né à Valenciennes.

— Portrait de Mme C. . . (médaillon, plâtre).

CARLIER (Emile-Joseph-Neslor), élève des Académies de Valenciennes. H. C

— La brise (staluelle, marbre).

— Portrait de M. H. . . (busle, marbre).

DAUTEL (Pierre-Victor), né à Valenciennes.

— Portraits d'enfants (médaillon, plâtre).

DESRUELLES (Alfred-Félix), né à Valenciennes.

— Portrait de M. Lcgay (buste, marbre).

— Portrait de M. Lalouciie (buste, marbre).

GAUQUIÉ (Henri-Désiré), élève des Académies de Valenciennes.

— Modèle du monument Clairon, pour Condè-sur-l'Escaut

(plâtre).

M"B Charlotte Wyns, de l'Opéra-Comique, dans Charlotte

Charlotte We'ther (buste).

MAUGENDRE-VILLERS (Edouard), professeur à l'Académie de sculpture de Valenciennes.

— Le capitaine (buste, plâtre).

THEUNISSEN (Corneille-Henri), né à Anzin.

— Fontaine de Bellevue, Snne-et-Oise (bronze). (Architecte

(Architecte Henri Guillaume). _ Mme F. E. . . (buste, marbre).

(Voir Gravure en médailles.)

Gravure en médailles et sur pierres fines.

THEUNISSEN (Corneille-Henri), déjà cité.

— Portrait d'enfant (médaillon, marbre).

— M. E. . ., sculpteur (médaillon, bronze).

Art décoratif.

ENGRAND (Georges).

— Fockin (slatuette de cheval, plâtre).

— La caresse (statuette, bronze).


148

Architecture.

ARMBRUSTER (Henri-Jules-Aurélien), né à Valenciennes.

— Un hôtel de ville.

GUILLAUME (Henri), fils de l'architecte valenciennois Edm. Guillaume.

— Monument Clairon, pour Condè-sur-Escaut.

SIROT (Henri-Femand), né à Valenciennes.

— Projet de quartier de cavalerie, pour la garde républicaine.

républicaine.

— Souvenirs de voyage : Porte de l'église Saint-Michel à

Quimperlc ; Anciennes maisons à Dinan ci à SainlServan (aquarelle).

Gravure et lithographie.

BUSIÈRE (Louis), né à Denain.

— Nansen (gravure au burin).

DESBROSSES (Léopold), né à Bouchain. H. C.

— Paysage: près Saint-Va'ery (gravure à l'eau-forte).

— Chez le maréchal, d'après une peinture attribuée à

Géricaull (gravure à l'eau-forte).

DÉTÉ (Eugène), né à Valenciennes.

— Après l'orage : Vue de Paris (gravure sur bois).

LELEU (Alexandre-Félix), né à Vicoigne; déjà cité.

— Portrait du maître Harpignies, d'après M. Bonnal (lithographie).

(lithographie).

— Ceux qui gagnent, d'après un tableau de l'auteur (lithographie).

(lithographie).

PLOUCHART (Eugène), né à Valenciennes, élève de M. Alexandre Leleu.

— Mon portrait (lithographie).

SALON DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE DES BEAUX-ARTS.

Peinture.

AMAN-JEAN (Edmond-François), originaire d'une famille valenciennoise.

— L'attente.

— La confidence.

— Portrait de la comtesse d'A. . .

(Voir Dessins.)


— l'49 —

SAIN (Edouard), élève des Académies de Valenciennes.

— Tarascone (danse de l'île de Capri): x :— Portrait du colonel de R...

— Portraits de Mme M... et de sa fille.

— Carmen.

— Marchande de grenades fCapri).

— L'attente (étude de nu).

— Martyre.

— Contemplation.

. — La Vierge du deuil (esquisse en souvenir des victimes du Bazar de la Charité).

Dessins, aquarelles.

AMAN-JEAN (Edmond), déjà cité.

— Jeune femme.

— Jeune fille.

GUILLAUME (Alberl), fils de l'architecte valenciennois Edm. Guillaume.

— Programme pour le concert de lu Scala (aquarelle).

— Programme pour les Folies-Bergère (aquarelle).

— Théorie ; — Alignement ; — Motifs ; — A l'exercice ;

(aquarelles extraites de l'album « Mes vingt-huit jours » ).

— Quelques vers ; — Neuf heures cinq ; — Ouf.' nous voilà

rentrés/ (aquarelles extraites de l'album : « Madame est servie » ).

LE LIEPVRE (Jehan), né à Valenciennes.

— Crépuscule.

— Automne.

— Groupe d'arbres.

Gravure.

COROENNE (Jules-Xavier), né à Valenciennes.

— Trois eaux-forles (d'après nature).

Sculpture.

CARPEAUX (Mme Louise), née à Paris.

— Portrait de M. C. D... (buste plâtre patiné).

— Mamot (buste plâtre patiné).

— Portrait du R. P. Lavy, des Dominicains (plâtre).

— Projet de reliquaire.


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FAGEL (Léon), né à Valenciennes.

— Monument de Louis Veuillot (qui sera érigé en la basilique

basilique Montmartre).

— Buste de Jean Gossaert dit Mabuse.

— Didier Seveste (statuette marbre pour la ComédieFrançaise).

ComédieFrançaise).

••• EXTRAITS DE COMPTES RENDUS DES SALONS.

A la sèche nomenclature qui précède, joignons quelques notes explicatives : nous les emprunterons au Journal des arts, en détachant du compte rendu détaillé qu'il a donné des Salons de 1898, les passages concernant nos artistes.

Peinture. Dans les salles affectées à la Sociélé des artistes français, dit le journal indiqué, « M. HARPIGNIES a deux grands paysages de celle facture ferme, puissante et riche, au dessin plus arrondi, mais toujours vigoureux, qui marque et distingue chez le maître les oeuvres produites ces dernières années. Une matinée dans le Dauphiné : au premier plan, un terrain vert sombre sur lequel s'élèvent de beaux et grands arbres qui détachent leurs branches et leurs feuillages sur le ciel ; derrière ce terrain et ces arbres, une large rivière coulant lenlemenl, non sans une certaine majesté , et qui baigne, en passant, le bas d'une suite de collines ondulantes formant sur le ciel bleu et étendu où glissent de légers nuages, la ligne de l'horizon. L'ombre du soir commence à se répandre à travers ce sile d'aspect bien français et admirablement interprété. — A côté de ce paysage bien français, nous le répélons volontiers, le Teverone, souvenir et paysage d'Italie qui.porte, lui aussi, la marque de ce qu'on nous permettra d'appeler sa nationalité, autrement dit sa couleur locale. Ce sonl aussi des terrains couverts de verdure épaisse, traversés par une rivière bleue et tranquille, aux alentours plantés de beaux arbres également, et enveloppés d'un grand ciel au bleu plus intense, sous lequel se promènent des nuages d'un blanc argenté (1).

(1) Dans le journal le Temps, M.Thiébault-Sisson a de son côté apprécié en ces termes les deux envois faits par notre concitoyen au Salon de 1898 :

« Le paysagiste Harpignies, malgré son grand âge, se manifeste avec verdeur.

« Rien n'égale la noblesse de son Site d'Italie, traversé d'un cours


— 151 —

« Comme paysage, nous citerons encore volontiers : Un lavoir dans une source d'eau chaude, à Ax, dans l'Àriège, qui est une sincère et brillante recherche de lumière, par M. E. DELACROIX;

« Par M. Albert WALLET, Calme : grand paysage rempli de beaux arbres qui abritent un troupeau de moutons; effet de soleil verdissant, le soir ;

« Par M. CARLOS-LEFEBVRE, deux paysages de Sologne, aux arbres sans feuillages, La ferme du père Noffray, nette et claire, L'allée de châtaigniers, un peu brumeuse (1) ;

« Par M. LAURENT-DESROUSSEAUX, SOUS les platanes à Seillans, fontaine de marbre se dressant sous la lumière au bout d'une allée de grands arbres qui forment voûte.

«Autre bon paysage: Aux pissenlits, paysage clair avec paysannes se baissant vers.la (erre, par M. Eugène DAMAS. »

Parmi les portraits, le même chroniqueur cite les suivants :

« Portrait de M™ Loubel, par M. LAYRAUD; debout, en robe de velours noir, gants longs et jaunes, tenant un éventail, fond jaune marron ; ensemble bien venu. Portrait de M™ J..., du même : pelit portrait de jeune femme en robe de velours vert sur fond de rideau bleu.

« Deux grands portraits de militaires en uniforme de généraux petite tenue, bien venus tous les deux, par M. J. CLÈRE ;

<i Autre portrait à regarder : M. E. P..., doyen d'âge de l'Association des chimistes de France, par M. MOREAU-DESCHANVRE.'

d'eau, peuplé de quelques grands arbres dont les masses touffues s'incorporent à un ciel comme on n'en avait pas vu depuis le Poussin, un ciel d'azur éclatant au zénith, mais insensiblement dégradé en tons exquisemenl opâlis. Dans cette atmosphère limpide flottent des nuées, de grosses nuées blanches aux rondeurs puissamment dessinées, qui mettent ce ciel idéal en valeur et donnent à l'ensemble un aspect de grandeur inoùi.

« Dans le Paysage dauphinois du même maître, autre aspect, plus connu, mais non moins décisif, d'un talent qui restera dans l'avenir une des gloires de l'école française de peinture. »

(1) Des tableaux exposés par ces trois artistes, M. Tliiébaull-Sisson a dit dans le Temps :

« Une mention s'impose pour les paysages crépusculaires où M. Albert Wallet, sur des ciels d'un ton turquoise apâlie, détache avec goût des silhouettes noblement décoratives de grands arbres.

« A signaler : De M. Carlos -Lefèbvre, deux paysages solognots écrits avec une netteté qui décèle l'élève d'Harpignies ,

« De M. H.-Eug. Delacroix, un Lavoir dans les Pyrénées, vivant, mais crayeux ; et un portrait de jeune femme en robe noire, d'une élégance discrète, d'un goût simple. »


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« Deuillante, par M. Henri JACQUET : vieille femme enveloppée d'une longue pelisse noire à capeline, assise et tenant un livre de prières sur ses genoux ; figure très fouillée. »

Nous passons maintenant aux salles de peinture de la Société nationale des beaux-arts :

« Ce sont, sans doute, des figures de fresques décoratives plutôt que des tableaux, que celles que M. AMAN-JEAN appelle L'attente et La confidence. Les étoffes aux tons roses, lilas, violets et jaune-orange y sont d'une extrême délicatesse. Quant aux visages, ils ont plutôt une expression vague et mourante. C'est, certes, un beau morceau de nu que l'épaule de la femme penchée de La confidence. Pour ce qui est des mains de la femme assise, elles s'effilent, ce nous semble, en un singulier dessin. A noter aussi de vives colorations dans les robes vertes et roses des deux pastels, Jeune femme et Jeune fille, où les nus des épaules sont également d'un beau dessin. Le Portrait de la comtesse d'A..., vu de face, assise, et ramenant de la main droite sur son épaule le pan d'une pèlerine noire, est d'un ensemble agréable de nuances grises et violettes avec des rubans blancs et une rigoureuse note de velours noir; seulement, les teintes trop adoucies des mains, des épaules et du visage qui se fondent avec celles des étoffes et du fond ne nous paraissent pas mettre suffisamment en relief la personnalité rendue.

« En même temps que des portraits et figures de genre, M. Edouard SAIN expose une curieuse scène des moeurs de l'île de Capri. Il s'agit d'une danse populaire, la Tarascone, où de jeunes pêcheurs du golfe de Naples aux costumes d'étoffes légères aux couleurs vives et tendres dansent, avec de jeunes femmes jouant des castagnetles et de tambours de basque, des pas d'un rythme accentué et gracieux. Près d'eux d'autres pêcheurs et d'autres jeunes femmes-jouant aussi d'instruments divers les accompagnent ou les regardent, tandis que des enfants font des rondes à côté. La scène, très lumineuse en son ensemble, se passe entre les quatre colonneltes qui supportent la véranda d'une maison blanche et rose au bord de la mer bleue, d'où l'on voit le Vésuve fumer au loin. — Comme portraits, un jeune colonel de cuirassiers, debout dans son brillant uniforme; un intérieur intime de famille, Mme et M11* M...; puis, autre chose, une jolie petite étude de nu, l'Attente, jeune femme délicatement


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dessinée devant un fond de verdure ; une pensive tète voilée, Contemplation ; une Martyre tenant une palme verte ; la Marchande de grenades nonchalamment étendue sur le sable au bord de la mer ; un piquant buste de brune, Carmen, au corsage rose foncé, une fleur dans les cheveux, sur fond de peluche rouge ; et enfin un projet de décoration religieuse bien composé, d'un sentiment très pieux dans sa conception moderne, la Vierge du ,_ deuil, esquisse faite en souvenir des victimes du Bazar de la Charité, familles en deuil, enfants et religieuses implorant la Vierge placée entre deux anges et qui prie elle-même velue de longs habits noirs. »

Dessins, aquarelles.

Au Salon des artistes français, se trouvent :

« De Mme DELACROIX-GARNIER, des croquis simplement indiqués dans les teintes plates à l'aquarelle, mais rendant bien le caractère et l'expression de chacun des Vingt artistes français ayant obtenu la médaille d'honneur.

« De M. E. CHIGOT, Élaples, le soir, plage éclairée par une lune rouge, ciel assombri de nuages noirs. »

Au Salon de la Société nationale des beaux-arts, « M. Albert GUILLAUME, avec ses croquis humoristiques, soulignés de légendes amusantes, retient volontiers l'attention. »

Sculpture. «' C'est à M. Léon FAGEL que la basilique de Montmartre devra le monument qui y sera érigé à Louis Veuillot. Le buste du célèbre polémiste catholique est posé sur le chapiteau d'une colonne. La figure n'est pas belle ; nous voulons parler de cette beauté que donne au visage de l'homme qui pense le reflet intellectuel , mais*elle est énergiquemenl caractéristique et dénote la force de la volonté et de l'esprit. A sa droite, la Foi, en robe de religieuse, est agenouillée tenant une croix ; la Vaillance chrétienne, drapée comme une modeste châtelaine du moyenâge, pose sa main sur un écusson portant gravée cette devise latine qui était celle de l'écrivain : Cruce et calamo. Un dragon écrasé, image de l'esprit du mal et des ténèbres, git vaincu sur le sol. Celte grande composition, bien disposée, soigneusement traitée en son exécution, est d'une large envergure.—On trouve aussi de M. Léon Fagel un busle de style archaïque de Jean


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Gossacrt, autrement dit Jean de Mabuse, et un Didier Sevesle, statuette marbre pour la Comédie-Française.

« Fontaine de Bellevue à ériger en Seine-et-Oise, par M. THEUNISSEN : nymphe drapée et souriante tirant l'oreille d'un mascaron de satyre, par la bouche duquel jaillira l'eau de cette fontaine.

« La brise, statuette marbre de M. CARLIER : jeune femme nue sortant d'au milieu de roseaux, se raidissant contre le vent qui souffle en ramenant sur son visage sa chevelure défaite (1).

« Abordons maintenant la série des bustes :

« MUe Charlotte Wyns, de l'Opéra-Comique, dans le rôle de Charlotte de Werther, bon buste , par l'auteur du monument de Clairon, M. Henri GAUQUIÉ.

« Mme F. H..., élégant buste en marbre au corsage orné de roses, par M. THEUNISSEN.

« A citer encore... plusieurs portraits par M"* Louise CARPEAUX, qui porte un nom très lourd qui lui vaudra de la part de la critique plus d'une (laiterie dont elle fera bien de se méfier.

« Dans la section de la gravure en médailles, à noter... le portrait de M. Husson, sculpteur, nettement caractérisé, par M. THEUNISSEN. »

Architecture.

« L'exposilion des dessins des architectes a été répartie, cette année, dans le local provisoire de la Galerie des machines, en une suite de petites salles en enfilade, parallèlement à une partie des galeries affectées à la peinture ; et nous avons cru remarquer que, par celle disposition, celle section s'est trouvée un peu moins délaissée du public que par le passé...

« A été exposé, par M. H. SIROT (médaille de 2e classe et bourse de voyage) un projet de Quartier de cavalerie pour la Garde républicaine. Le centre du plan est un vaste espace découvert servant de manège en plein air, bordé à droite et à gauche des casernements nécessaires pour deux escadrons ayant chacun sa cour de service; en façade, au centre le poste de garde, à gauche l'étal-major, à droite d'autres services utiles; dans le fond de la cour centrale, le manège couvert, et dans des pavillons isolés, à gauche l'infirmerie médicale pour les hommes,

(1) Nous avons eu la primeur de cotte oeuvre à l'Exposition organisée à Valenciennes en 1897 par notre Société des arts,


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à droite l'infirmerie vétérinaire pour les chevaux. Bonne composition, très aérée; plan agréable et d'une bonne indication ; les façades sont étudiées avec goût dans le style militaire robuste de l'époque de Louis XIII. — Après cet important envoi, il faut voir encore du 'même artiste une charmante série d'aquarelles aux tons transparents et lumineux, Porche de l'église SaintMichel à Quimperlê, et vues à'Anciennes maisons à Dinan et à Saiiii-Servan.

« Par M. Henri GUILLAUME, Monument à la Clairon, à élever à Condé-sur-Escaut, dont on peut voir la maquette à la section de sculpture ; étudié dans le style rococo Louis XV, ce monument revêt plutôt le caractère de la sculpture sur bois que celui d'un ouvrage de pierre ou de marbre. >

* «

LES ARTISTES RÉCOMPENSÉS.

Pas plus en 1898 qu'en bon nombre de précédentes années, la liste des artistes récompensés au Salon n'a manqué de noms valenciennois.

Des deux bourses de voyage affectées à la section d'architecture, le Conseil supérieur des beaux-arts a, le 27 mai, accordé l'une à M. Henri Sirot, dès le premier tour de scrutin. Et à cet avantage, le jury spécial de la Société des artistes français a pour sa part ajouté une médaille de 2n,B classe.

Dans la section de gravure et lithographie, M. Alexandre Leleu a de son côlé obtenu une médaille de 3me classe.

La Direction des beaux-arts a acheté pour l'Etat à M. Albert Wallet l'un de ses paysages, le Petit bras de la Seine près de l'île de Vaux, — et à M. A. Leleu un certain nombre d'exemplaires du portrait lithographie de M. Harpignies.

Ajoutons que l'Etat avait fait à M. Harpignies, pour son magnifique paysage italien, des propositions qui n'ont pu aboutir, l'oeuvre ayant trouvé acquéreur dans l'atelier même du peintre.


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CHRONIQUE AGRICOLE.

CONCOURS DEPARTEMENTAL DE JUMENTS ET POULICHES.

Le concours départemental de juments et pouliches de trait a eu lieu en 1898 à Valenciennes, le 2 juillet, pour les arrondissements de Valenciennes, Lille et Douai. Y ont élé présentés 29 juments poulinières el 15 pouliches.

Voici les récompenses obtenues par les exposants appartenant à notre arrondissement :

Juments.

Prime de 210 francs, médaille d'argent et llol de rubans : à M. E. Tbeillier, de Rombies, (pour sa jument Charlotte).

Primes de 155 fr., médailles de bronze et flots de rubans : à M. E. Theillier, de Rombies (j. Marie) — et à M. Paul Cauchy, d'Estreux (j. Bijou).

Primes de 100 fr., médailles de bronze el flols de rubans : à M. Cauchy, d'Estreux (j. Marquise), — à M. Michel Barbieux, de Saint-Ainand (j. Marmotte), — à M. Dupas, d'Hergnies (j. Subtile), — et à M. A. Colin, de Bellaing (j. Jeannette).

Primes de 80 fr., médailles de bronze el Ilots de rubans : à M. Bournonville, de Bellaing (j. Charmante), — à M. Prudent Lédé, de Saint-Aybert (j. Lucetle), — et à M. E. Blanchard, de Macou-lez-Condé (j. Nini).

Mentions honorables : à M. Dupas, d'Hergnies (j. Mamzelle), — et à M. Crasquin, de Sebourg (j. Marquise).

Pouliches.

Prime de 200 fr. : à M. Bavay, d'Onnaing (pour sa pouliche Marquise).

Prime de 150 fr. : à M. Pluchart, de Bellaing (p. Julie).

Prime de 100 fr. : à M. Rufm-Wallerand, deSaullain (p. Brillante.

Prime de 75 fr.: à M. Rufin- Wallerand (p. Charmante).

Mention honorable : à M. Moyaux, de Valenciennes (p. Marie).

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CONSERVATION DES' FEUILLES DE BETTERAVES.

Si, dans les grandes exploitations, il y a lieu de recourir à l'ensilage pour conserver et utiliser les feuilles de betteraves, M. de Gironcourt indique, à l'usage des petites fermes, dans le Journal d'agriculture pratique, un procédé plus simple, qui permet de faire consommer peu à peu la récolte de ces feuilles, et d'épargner à l'entrée de la mauvaise saison une certaine quantité de fourrage d'hiver.

Ce procédé, pratiqué surlout en Allemagne et en Autriche, consiste à amener la masse de feuilles sur une aire abritée, hangar ou grange. Au déchargement, on emplit des corbeilles d'environ soixante litres, en y tassant énergiquement les feuilles, et, la corbeille étant pleine, on renverse en la retournant son contenu sur le sol, de manière à former de petits tas pressés les uns contre les autres.

On peut laisser en cet état les feuilles de betteraves jusqu'au moment où, les fourrages'verts venant à manquer, on puisse les adjoindre à la nourriture d'hiver.

Naturellement, la couche supérieure de feuilles recouvrant ces tas, se fane; mais l'intérieur donne un produit vert et frais, très appété du bétail; la légère fermentation qui s'y est produite l'a empêché d'être dangereux pour l'alimentation.

Dès qu'il s'agit de trop grandes quantités, cette pratique devient évidemment inapplicable : c'est surtout aux petites exploitations qu'elle méritait d'être signalée.

*

ENSILAGE DE PULPES ET DE FOURRAGES SECS.

La pulpe subit dans le silo, sous l'influence de la fermentation, une série de modifications qui ont été soigneusement étudiées par M. Gay au laboratoire de zootechnie de l'école de Grignon, et dont M. Sanson a exposé les résultais à la Sociélé centrale de médecine vétérinaire.

Ces modifications se traduisent par une perte considérable des éléments nutritifs, entraînés par l'eau qui s'échappe de la masse ensilée. L'eau s'écoule d'abord claire, mais bientôt elle devient trouble. Certains principes immédiats, insolubles à l'état frais, deviennent diffusibles en fermentant, et sont ainsi soustraits à la


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pulpe. On peut d'ailleurs s'en assurer facilement par l'analyse de la pulpe fraîche et celle de la pulpe après un certain temps de séjour dans le silo.

Pour remédier à ce grave inconvénient, M. Gay recommande une pratique 1res simple, qui consiste à placer d'abord, au fond du silo, un lit épais de menues paille, de paille ou de fourrages grossiers, secs et hachés, puis à interposer entre les couches de pulpes d'autres lits de ces mêmes substances, lesquelles, s'imprégnant des eaux d'écoulement, les recueillent, les utilisent, et, en oulre, y gagnent de voir leur propre digeslibilité augmentée du simple au double.

A l'appui de ce conseil, M. Cagny a cité ce qu'il a vu chez M. le baron Le Pelletier, à Silly-la-Polerie (Aisne). M. Le Pelletier, à l'entrée de l'hiver, met en silos par couches, alternant avec les pulpes, toutes les herbes qu'il peut faire faucher à ce moment : foin de mauvaises prairies, orties, gazon des pelouses de son parc, elc. Tout cela se conserve admirablement bien, el garde une couleur verle et toutes les apparences de l'herbe fraîche, avec une légère odeur de fermentation qui n'est pas désagréable. Les animaux témoignent beaucoup d'appétit pour ce fourrage. En outre (fait remarquable) leurs excréments ont l'aspect de ceux des bêtes bovines entretenues au pâturage, et non de ceux des animaux alimentés avec les pulpes.

Il serait superflu de faire ressortir l'avantage économique d'une semblable pratique, qui ne manquera pas de trouver de nombreux imitateurs. (Journal d'agriculture pratique.)

« «

PROTECTION DES SEMAILLES CONTRE LES CORBEAUX.

M. Léon Brunel, directeur de l'Ecole pratique d'agriculture de Crézancy (Aisne), vient de publier la note suivante sur la protection des semailles de blé contre les corbeaux :

« Pour éviter ces ravages, nous avons eu recours dès le mois d'octobre 1895 à un procédé peu employé, quoique déjà connu et décrit dans les ouvrages agricoles. Il consiste à enfoncer dans le sol des piquets d'un mètre de hauteur environ en les disposant en lignes irrégulières et sinueuses éloignées de 20 mètres en moyenne les unes des autres : sur la ligne, les piquets sont


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i distants de 40, 50 ou 60 mètres. Cela fait, on tend fortement à 0m50 du sol une ficelle ordinaire assez fine. Les corbeaux, naturellement très défiants, voltigent au-dessus du champ ainsi protégé sans oser s'y abattre et, pendant le temps qu'ils restent sous l'influence salutaire de la crainle, les jeunes tiges de blé s'allongent, les racines se développent et les dégâts que ces oiseaux n'eussent pas manquer de' faire ne sont plus à redouter. Le prix de revient de la ficelle, des piquets et de la maind'oeuvre employée peut être évalué à 2 ou 8 francs par hectare. « Cette méthode nous a parfaitement réussi en 1895 et en 1896 et elle a élé employée avec autant de succès par plusieurs cultivateurs du pays; son efficacité ne peut jusqu'ici être mise en doute ; en sera-t-il toujours de même ? C'est ce que nous ne pouvons prévoir. »

DESTRUCTION DES MULOTS.

On a constaté depuis deux ans que deux systèmes sont pratiqués aujourd'hui pour la destruction des mulots : 1" le système de Loeffler, consistant à empoisonner ces rongeurs au moyen du virus Danyts ; 2° le système consistant à les empoisonner avec une solution d'acide arsénieux.

Déjà, l'an dernier, on avait pu constater, à la suite d'expériences comparatives, la supériorité de ce second sjstème sur le précédent.

M. Rivière, professeur d'agriculture en Seine-et-Oise, vient de publier le résultat d'une expérience des deux procédés, sur les terres de la Martinière, près d'Orsay ; on a opéré sur 9 hectares de luzerne.

Le premier procédé a eu pour résultat la destruction de 32 0/0 environ : le second a abouti à une destruction de 90 %.

Le premier système a coûté 44 fr., le second n'a coûté que 4 fr. 30, y compris les petits tubes de drainage contenant les grains empoisonnés. On avait pris celte précaution pour éviter l'empoisonnement du gibier. '

Voilà; certes, une expérience concluante.

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ENTÉRITE DÉTERMINÉE CHEZ LE CHEVAL PAR LA GRAINE D'UNE PLANTE COMMUNE.

La mort d'un cheval de dix ans, survenue à la suite des symptômes d'une entérite violente, a suscité l'idée d'une autopsie qui a démontré que l'estomac, l'intestin grêle et le gros intestin étaient le siège d'une violente inflammation dont la cause efficiente restait à découvrir.

A l'examen du cadavre, on constata que l'intestin renfermait en assez grande quantité une graine noire, très dure, irrégulière de forme et présentant des pointes aiguës et des arêtes coupantes. Ces graines étaient comme incrustées dans la muqueuse et c'est dans les points où elles se montraient en plus grand nombre que l'inflammation était la plus vive.

Ces mêmes accidents survinrent bientôt à d'autres chevaux et la même graine fut encore rencontrée dans l'intestin en paraissant avoir produit les mêmes lésions.

A l'examen de l'avoine consommée, on reconnut qu'elle contenait en grande quantité des graines trouvées dans l'intestin des chevaux el qui n'étaient autres que les semences du Polygonum convolvulus (Liseron ; Faux-liseron).

Ayant essayé expérimentalement sur cinq chevaux par l'introduction de la graine dans de l'avoine pure, si les mêmes accidents se produiraient, il y eut, chez tous les sujets, entérite plus ou moins violente, quoique non mortelle.

Au surplus, tous les accidents cessèrent lorsque, sur les conseils du vétérinaire qui avait constaté ces faits, il ne fut plus distribué d'avoine contenant les graines incriminées.

Il ressort de ces observations qu'une avoine riche en graines de polygonum peut occasionner, par un usage prolongé, une entérite plus ou moins grave et parfois mortelle, surtout quand elle est distribuée à des chevaux gloutons.

(Journal de médecine vétérinaire et de zootechnie.)


- 161 — NÉCROLOGIE.

M. PIERRE BOUCHART.

Un nouveau vide s'est produit dans la Section directrice de noire Société d'agriculture. M. Pierre Bouchart, de Lecelles, président du Comice agricole de Saint-Amand, a succombé le mercredi 17 août à une maladie rapide. Bien qu'il fût entré dans sa soixante-douzième -nnée, la verdeur physique et intellectuelle qu'il avait gardée donnait à croire que de longs jours lui étaient réservés encore, et sa perte a causé à ses nombreux amis une pénible surprise.

v. M. Pierre Bouchart, — a dit avec raison l'Echo amandinois en annonçant sa mort, — fut, pendant toute sa vie, un travailleur intelligent, secouant le joug.de la routine, marchant toujours vers le progrès. Cultivateur éclairé, il était membre de la Chambre consultative d'agriculture de Valenciennes et président du Comice agricole de Saint-Amand. Le Gouvernement de la République, voulant récompenser les services par lui rendus à l'agriculture, l'avait nommé, il y a quelques années, chevalier du Mérite agricole. »

Les obsèques de M. Pierre Bouchart ont eu lieu le samedi 20 août. Une assistance nombreuse lui a rendu les derniers devoirs. Les cordons du poêle ont été tenus par MM. J.-B. Monnier et Albert Davaine, agriculteurs, Alfred Mériaux, trésorier du Comice de Saint-Amand, el Nestor Bulteau, maire de Rumegies, chevalier du Mérite agricole. Derrière la famille et les proches amis du défunt, le Bureau delà Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes était représenté, en l'absence de son Président, éloigné et souffrant, par M. V. Henry, secrétaire général, et celui du Comice de Saint-Amand par MM. Emile Davaine, vice-président, et Legru-Raviart, secrétaire.

Après un service religieux célébré dans l'église de Lecelles, le corps, suivant un désir exprimé par M. Pierre Bouchart même, a élé amené et inhumé à Sainl-Àmand, dans un caveau de famille. Au moment où le cortège funèbre allait quitter LeTOME

LeTOME 6


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celles, M. Hector Simon, secrétaire de l'Association des membres de l'ordre du Mérite agricole de la région du nord, a prononcé les paroles suivantes :

« Messieurs,

« L'homme de bien, le bon collègue qui disparaît, emporte les regrets de tous ceux qui l'ont connu.

« Bienveillant, affable, conciliant, homme au coeur droit, aux convictions fortes, soutenues par un infatigable courage, Pierre Bouchart était de ceux que tous respectent et estiment.

« Au poinl de vue agricole, il fui le modèle des cultivateurs de la contrée; aussi le choisirent-ils comme président de leur Comice de Saint-Amand; on ne pouvait faire meilleur choix, car, étant réellement du métier, el de naissance, il connaissait toutes les souffrances, toutes les misères, tous les malheurs de l'Agriculture, et c'était en homme profondément convaincu qu'il prenait la défense du travailleur des champs, ce meilleur et ce plus robuste soutien de la Pairie.

« Aussi le Gouvernement de la République le récompensa-t-il de ses longs et utiles travaux, en lui conférant la croix de chevalier de l'ordre national du Mérite agricole.

« Bouchart portail fièrement ce ruban dont les couleurs permettent de reconnaître les vrais amis du progrès agricole, ceux qui, vivant au milieu des ouvriers de la plaine, se préoccupent réellement d'améliorer le sort du plus grand nombre, sans utopies, mais avec le ferme désir d'une prompte et loyale solution.

« La vie à bon marché, c'est l'agriculture prospère; elle y arrivera par son travail opiniâtre el les progrès qu'elle réalise chaque jour, surtout avec des hommes comme celui que nous pleurons.

« Pierre Rouchart élail entré dans noire Association, où il fui bon camarade et l'un des plus assidus ; il nous esi, hélas ! trop loi enlevé.

« G'esi au nom de l'Association des membres de l'ordre du Mérite agricole des déparlements du Nord, de l'Aisne, du Pasde-Calais et de la Somme, que je viens rendre le dernier et pénible devoir à noire regretté collègue.

« A sa digne épouse, à ses enfants, qui perdent en lui un chef


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de famille vénéré, j'adresse les sentiments de condoléances les plus sympathiques de tous mes collègues et aussi les miens.

« Pierre Bouchart, repose en paix, comme l'homme sans reproche. Adieu ! »

CHRONIQUE AGRICOLE.

LE MICROBE DE LA PÉRIPNEUMONIE BOVINE.

•A l'Institut Pasteur et à l'Ecole d'Alfort on vient de découvrir l'agent efficient, la cause palpable de la maladie-, peut-être la plus grave, de nos animaux domestiques, de la péripneumonie des bovidés.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'est pas là un fait banal, un nouveau bacille qui s'ajoute aux autres, une recrue quelconque qui vient grossir l'armée malfaisante et invisible des microbes pathogènes.. Ainsi qu'on va le voir, la portée scientifique de cette merveilleuse découverte est tout autre. Grâce aux procédés mis en oeuvre, à l'habileté technique déployée, aux dispositifs nouveaux qu'on est arrivé à créer, à l'extrême ingéniosité dont on a dû faire preuve, ce travail constitue une des plus belles conquêtes dont l'Institut de la rue Dulot ait droit de s'enorgueillir.

Les conséquences pratiques ne sont pas non plus négligeables. La péripneumonie des bovidés, qu'on appelle également pulmonie maligne ou gangreneuse, est, en elle!, un (léau qu'on n'a pas encore réussi à dompter, une calamité qu'on ne peut éviter qu'à demi et qui cause tous les ans dans nos campagnes des pertes se chiffrant par plusieurs millions de francs.

Cette affection contagieuse est d'autant plus terrible qu'elle entoure d'un mystère impénétrable ses premiers.pas. Tel le ver qui ronge en cachette le coeur des roses dont la beauté nous éblouit. Elle travaille la poitrine de nos races bovines — après lesquelles du reste elle s'acharne exclusivement — avrcc une discrétion qui met en défaut la science des vétérinaires les plus habiles, des praticiens les plus rompus. Pendant un, deux et quelquefois trois mois, elle couve sans qu'aucun indice externe


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fasse transpirer sa désastreuse présence. Et celte période constitue un danger de contagion redoutable, car les individus qu'elle frappe d'un arrêt de mort paraissent en bonne santé et sont placés sans aucune méfiance parmi les animaux sains.

A la dernière extrémité seulement une toux faible mais douloureuse secoue la bêle qui, brûlée par la fièvre, la bouche remplie de bave, marche à grands pas vers la mort et s'éteint, pour ainsi dire, étouffée.. A l'autopsie on est frappé par l'aspect de ses poumons : ils sont monstrueux, ils sont énormes. Leur poids est quatre, cinq et même six fois plus fort qu'à l'état normal. Ils pèsent 15, 18, 20 kilogrammes au lieu de 5 à 6 livres. Un liquide limpide, qui gorge tous les compartiments de ces poumons monstres, leur imprime l'apparence d'un damier, d'un marbre rouge ou mieux encore d'un fromage d'Italie. •

C'est justement ce liquide clair, convenablement injecté, qui conlère l'immunité aux animaux sains. Dans la pratique, les inoculations se font à la face inférieure et à quelques centimètres de l'extrémité de la queue.

Mais malgré cette inoculation, rendue obligatoire pour tous les animaux suspects par notre législation sanitaire, malgré l'abatage prescrit contre tous les individus irrémédiablement atteints, le fléau persiste, dans quelques foyers anciens, avec la même gravité.

C'est que la maladie n'avait pas encore, jusqu'ici, livré tout "son secret. Sa contagion, — cause unique de ses méfaits, — et ses allures dénotaient certes, jusqu'à la dernière évidence, sa nature bactérienne ; mais le microbe restait insaisissable aux investigations les plus minutieuses, aux pièges les plus savants. Ce qui déconcertait surtout tous ceux qui lui ont livré la chasse, c'était celle limpidité de la sérosité pulmonaire dans lequel il était censé végéter. Comment pouvait-il croître et se multiplier sans y provoquer le moindre trouble?

Les choses en étaient là quand, à l'Institut Pasteur, la question fut reprise, il y a deux ans, par MM. Roux et Nocard.

Tout l'arsenal bactériologique fut mis en mouvement. Mais les ensemencements dans les bouillons les plus propices et les plus variés n'ayant donné aucun résultat, on s'avisa de cultiver le microbe dans l'intérieur du lapin, d'une façon fort originale comme on va le voir.


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' Ainsi que nous l'avons déjà dit, la maladie n'attaque que notre gros bétail ; les autres animaux en sont indemnes, et l'injection la plus virulente logée sous la peau d'un chien ou d'un lapin ne produit absolument aucun effet, alors qu'elle foudroie un boeuf. Cela s'explique sans peine par les mesures de police dont l'organisme des animaux, tout comme le nôtre, peut disposer.

L'application de ces mesures est dévolue à une armée de microscopiques gendarmes que le courant sanguin tient en état de mobilisation constante : ce sont les leucocytes ou globules blancs du sang, les seuls de nos tissus qui aient des mouvements propres. Grâce à la diffluence de leur masse, qui en s'éliranl forme des tentacules et des bras, armes redoutables pourles-microbes, cette gendarmerie mobile a pour fonction de balayer tous les perturbateurs qui s'aventurent jusqu'à notre territoire sanguin et les tissus limitrophes. Ordinairement ce sont de véritables luttes, des corps à corps qui s'engagent entre les intrus et les leucocytes, luttes dont l'issue décide de notre santé, souvent même de notre existence.

Les policiers, ou si vous voulez mieux, les phagocytes du boeuf n'engagent, au commencement de l'invasion péripnoumonique qu'une lutte molle avec les bacilles de cette maladie; ils laissent grossir les bataillons de leurs ennemis qui,. sans peine, remportent la plus éclatante des victoires. Au contraire, les leucocytes des autres animaux domestiques concentrent vile leurs effectifs sur Je point inoculé el sèment dans les rangs des microbes de la sérosité la plus lamentable des déroutes. El voilà pourquoi les cultures dans les liquides organiques du lapin qui, sans ces malencontreux phagocytes, seraient les meilleurs milieux vir vants, les seuls bouillons où.la bactéridie puluionique puisse prospérer, ne peuvent pas réussir.

Mais les sagaces travailleurs de la rue Dutol n'ont pas eu de peine, par un tour de force vraiment génial, à rendre inefficace la bravoure batailleuse des leucocytes de ce rongeur. Ils leur ont fait la mauvaise plaisanterie d'introduire leur ennemi —j'entends les bacilles contenus dans le liquide du poumon péripneumonique — dans un fort inexpugnable fait de collodion, assez résistant pour repousser leurs attaques, assez poreux pour permettre l'échange entre le liquide qui le remplissait et celui qui l'entourait.

Dans ces forteresses, qui sont des sachets cylindriques de


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collodion pleins de sérosité, le microbe de la péripneumonie bovine vil, prospère, se multiplie et va même jusqu'à troubler légèrement, par les nombreuses colonies qu'il y forme, le bain limpide dans lequel il nage et où il se trouvait d'avance. Et dès lors, à cause de son pullulement, son observation devient possible, malgré sa petitesse.

La bactéridie de la péripneumonie des bovidés est, en effet, le plus petit des microbes connus. Ce n'est que grâce à des grossissements très forts et à des colorations spéciales que notre oeil arrive à le saisir. Il est, pour ainsi dire, placé à la limite de la visibilité. On ne le distingue que lorsqu'il s'amasse dans des groupes compacts. Cela nous donne le droit de présumer qu'il peut y avoir des microbes au delà de cette limite, et que malgré les procédés de culture les plus ingénieux, les agents efficients de la syphilis, par exemple, de la rage, de la fièvre aphteuse échapperont toujours à nos sens.

Mais outre ces éclaircies dans l'horizon de l'inconnu, la découverte de MM. Roux et Nocard porte avec elle tout un cortège de conséquences pratiques. Qui nous dit, maintenant que le microbe est connu , que bientôt sa toxine ne viendra pas se ranger dans l'arsenal des vétérinaires, à côté de la malléine et de la tuberculine, pour déceler la maladie de poitrine du gros bétail pendant la période mystérieuse et redoutable de son incubation, comme celles-là le font pour la morve et la tuberculose? Et ne peut-on pas espérer, la chose étant en de si bonnes mains, la préparation d'un vaccin pur, comparable à celui usité contre le charbon, qui réduira à néant les assauts acharnés du plus redoutable ennemi de nos étables ?

J. DE LOVERDO. (La Nature.)


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CHRONIQUE HISTORÏQUE^UTTERAmE & ARTISTIQUE.

SOMMAIRE. — Nécrologie : MM. François Tulou, Auguste Losset, J.-B. Foucart. — Mise en vente de la galerie de tableaux de M. J.-B. Foucart. — Première épreuve du concours ouvert pour la construction d'un Musée à Valenciennes. — Attribution au Musée de Valenciennes du plâtre de « la Pastorale » dp. M. Félix Desruelles. — Les concours pour les prix de Rome en 1898 : Seconds grands prix obtenus par MM. A. Terroir et Busièrc. —■ M. Henri Sirot à l'Ecole des beaux-arts. — Les artistes choisis pour l'exécution du monument projeté en l'honneur du général de Saint-Mars à Condè. — Fête donnée au Trocadàro pour l'érection du monument de Mlla Clairon. — Fontaine décorative exécutée pour Bellevue par MM. C. Theunissen et H. Guillaume.

— MM. H. Gauquié, L. Fagel, etc., et la décoration du Muséum, d'histoire naturelle, du pont Alexandre III et des nouveaux palais des Champs-Elysées. ■— M. Gustave Crauk membre de la Commission des beaux-arts de la Ville de Paris.-—Installation, au Musée du Louvre, de diverses oeuvres de Carpcaux. — Les élèves valenciennois au Conservatoire de musique de Paris : MM. Pcch et Blanquart, MU" Rolier. ■— Succès de la Musique municipale de Valenciennes au concours du Havre. — Publications relatives à l'histoire régionale : « La Vie clans le Nord de la France au XV1IF siècle », par M. R. Minon ; « Renaud de Dammartin et la coalition de Bouvincs », par M. H. Malo.

— Nomination de membres de la Commission historique du département du Nord.

31 août 1898.

Comment se défendre, Messieurs (1), en commençant cette chronique, d'une impression douloureuse, comment ne pas songer à celui de nos collègues qui si souvent a pris plaisir à rappeler devant vous les succès de nos artistes et de nos savants, et que la mort nous a brusquement enlevé il y a quelques mois (2)? Oui, c'élail pour M. Tulou, je le répète, un plaisir véritable que de mettre en relief tout ce dont peut se nourrir notre orgueil local : car, bien qu'il ne fût pas originaire de notre ville, il y avait pris à un degré singulier, en y faisant son

(1) Cette chronique a été lue à la Section d'histoire et d'art le 8 octobre 1898.

(2) Voir ci-dessus, page 117.


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éducation, l'esprit des plus purs Valenciennois. La distraction de ses derniers jours,— tandis qu'il était sérieusement souffrant, mais bien loin, heureusement, de prévoir la gravité de son mal, — a été encore, je le sais, de fouiller d'anciens mémoires et d'anciens journaux de notre région, et d'y chercher des documents qu'il comptait mettre à profit un jour pour quelque publication, dont le projet, hélas, a péri avec lui, A aucun point de vue, en somme, il n'a été très favorisé par le sort. Je ne crois pas inexact de dire qu'il n'a pu donner, comme écrivain, sa mesure. Il laisse quelques volumes, mais aucun d'entre eux, si je ne me trompe, n'est celui qu'il eût voulu écrire. Obligé à un constant labeur pour subvenir à l'entretien d'une famille du reste profondément aimée, il s'est vu imposer plutôt qu'il n'a choisi le sujet des ouvrages qu'il a produits, et le temps lui a manqué pour composer cl polir le livre auquel il se fût trouvé heureux d'attacher son nom. C'eût été, j'imagine, l'étude de quelque période ou de quelque incident de l'histoire valenciennoise , qu'il eût contés avec la verve discrète el la bonne grâce attrayante dont il était coutumicr (1).

M. Tulou manquera sensiblement à nos réunions, Messieurs. Et ce n'est pas la seule place vide vers laquelle nos yeux se lèvent ici avec regret. Un autre de nos collègues a récemment disparu aussi, parmi ceux qui venaient le plus assidûment prendre part à nos entretiens. Je veux parler de M. Auguste Losset, vous le devinez sans peine(2). Celui-ci, peut-être est-ce une défiance exagérée de son propre mérite qui l'a empêché de laisser aucun témoignage durable de ses connaissances assez étendues en matière d'archéologie préhistorique. Mais, de son vivant, il en a fait bénéficier plus d'un de ses contemporains. Car M. Losset était l'obligeance même, et nul ne fut moins avare de son savoir, de ses collections et de son temps, quand il s'agissait de rendre service à autrui. Comme M. Tulou, il jouissait à juste litre des sympathies de lous, et tous l'ont vu avec une véritable peine succomber à une pénible maladie.

(1) Et dont on trouve notamment la marque dans nombre d'articles écrits par lui tandis qu'il avait la direction de l'Impartial du Nord (do mars 1874 à 1877).

(2) Voir ci-dessus , page 90.


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Hors de notre cercle, Messieurs, la mort a éteint l'une des plus remarquables intelligences que comptait notre cité. M.JeanBaptiste Foucart, avocat, robuste encore malgré ses soixantequinze ans, a été enlevé en quelques jours par une pneumonie, le 22 mai dernier, à Neuilly-sur-Seine, chez une de ses filles qu'il était allé visiter (1).

Assurément, il serait d'un vif intérêt de pouvoir retracer avec quelques détails la vie de M. J.-B. Foucart, les espérances qu'il donna, dès ses études de collège, à ses maîtres, ses années de jeunesse à Paris, ses relations avec Auguste Comte, le fondateur de l'école positiviste, qui en fit l'un de ses exécuteurs testamentaires, la place particulière qu'il prit au barreau. Mais une telle notice biographique ne rentrerait pas dans le cadre de cette chronique, et nous n'en avons pas, d'ailleurs, les éléments sous la main.

M. J.-B. Foucart a parlé beaucoup plus qu'il n'a écrit. Or, quand on a lu de lui certaine étude qu'il publia autrefois sur Robespierre ou pour mieux dire contre Robespierre, on est disposé à regretter que ses occupations professionnelles, et aussi une curiosité insatiable qui portait incessamment son attention sur mille objets divers, l'aient détourné de s'appliquer plus souvent à de pareilles dissertations historiques, auxquelles son dogmatisme volontiers caustique eût donné parfois le caractère du pamphlet, peut-être, mais dont sa vaste érudition et son style de grande allure, quoique un peu touffu, eussent rendu toujours attrayants la lecture et l'examen.

Quant à l'amateur d'art qu'était notre concitoyen, nous avons, pour le manifester, la galerie de tableaux qu'il avait formée, et qui va être mise en vente à Valenciennes. Ce sera une vente qui marquera et qui certainement amènera en notre ville de nombreux amateurs de France et des pays circonvoisins. Un des périodiques de Paris, le Journal des arts, l'annonçait en ces termes dès le 23 juillet, par la plume d'un de ses rédacteurs, qui signe Pierre Dubois :

(1) Voir, sur le décès et les obsèques de M. J.-B. Foucart, les numéros de l'Impartial du Nord des 26 et 28 mai 1898.

TOME XLVIII. 6*


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« Il n'est personne qui, dans le monde des amateurs, ne connaisse et n'ait visité la collection Foucart, à Valenciennes.

« M. Jean-Baptiste Foucart, une des sommités du barreau de Valenciennes, était un des personnages les plus en vue de cette ville.

c II y a quelque vingt ans, Valenciennes était un centre important de collectionneurs. Depuis 1880, en effet, nous avons vu se disperser un à un, emportés par le vent des enchères, les cabinets Dupire, Beauvois, Dumont, Courtin, Meurice, Lejeal, Collet, de Malherbe, Piérard, ce dernier seul à l'hôtel Drouot, à Paris, sous la direction de feu le regretté expert Etienne Le Roy; les autres à Valenciennes, sous la direction de son gendre, Jules de Brauwère, qui, à bonne école, a appris avec lui le respect qu'on doit en toute circonstance aux grands maîtres, et le soin qu'on doit apporter aux intérêts de ses clients.

« En 1880, à l'occasion de la vente Courtin, nous avons eu le plaisir de visiter la galerie Foucart ; le propriétaire recevait avec une expansive amabilité, el, après deux heures de visite, on sortait de chez lui émerveillé, non seulement de la qualité de plusieurs de ses joyaux, mais aussi et surtout de sa verve intarissable, de sa profonde érudition et de sa mémoire prodigieuse.

n Nous nous rappelons encore : son Martyre de sainte Catherine, par Rubens ; Descente de croix du même maître; un Van der Mer, Scène de patineurs, toute pleine de brio; un David Téniers exquis, répétition avec quelques variantes des Cinq sens du Musée de Bruxelles; un grand Berchem, très caractéristique; un Gonzalès Coques, magistral et lumineux ; un mystérieux temple de De Wiltc; un Pieter de Hoche d'un charme intime.

« La vente de cette remarquable collection aura lieu en octobre prochain, dans l'hôtel même du défunt, hôtel historique, bâti sous Louis XIV par les moines de l'abbaye de SaintAubert de Cambrai, passé successivement à plusieurs familles nobles de Valenciennes, et dans lequel M. Foucart a trouvé, encastrés dans les boiseries, une vingtaine i!e tableaux, parmi lesquels deux Pater qu'il a eu soin de placer dans sa galerie (1). »

(1) Le Journal dos arts a publié ultérieurement, sur la collection de M. J.-B. Foucart, un article plus détaillé, qu'a reproduit l'Impartial du Nord dans son numéro du 8 octobre 1898.


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Les connaisseurs et critiques attirés par l'exposition et la vente des oeuvres qu'avait réunies M. Foucart, ne manqueront pas de visiter le Musée de Valenciennes, et aussi de regretter qu'il soit si insuffisamment et si dangereusement logé à l'Hôtelde-Ville. Du moins pourra-t-on leur répondre aujourd'hui (c'est déjà quelque chose) qu'un concours est ouvert en vue de donner à notre précieuse, collection un abri plus confortable.

De ce concours (1), la première épreuve s'est terminée au commencement de juillet. Cinq architectes valenciennois ont envoyé des projets : ce sont (je les cite par ordre alphabétique) MM. Henri Armbruster, Paul Dusart fils, Edmond Lemaire, Eugène Sonntag et Ernest Thibeau.

La Commission chargée de juger le concours (2) s'est réunie le 9 juillet. Elle n'a cru devoir prononcer, après examen, aucune élimination, et a décidé que les cinq concurrents seraient admis à prendre part à la seconde épreuve, pour laquelle ils auront à présenter des plans et devis plus précis et plus détaillés. En même temps leur ont été imposées quelques conditions qui ne figuraient pas dans le programme primitif (8), el qui entraîneront certains d'entre eux à modifier complètement leurs projets, s'ils persistent à concourir. C'est ainsi que la majorité des membres de la Commission a tenu à faire placer obligatoirement l'entrée principale, du Musée sur le boulevard Watteau, tandis que l'un des candidats, par exemple, l'avait prévue du côté de la place Verte.

Les. cinq projets envoyés ont été publiquement exposés dans

(1) Voir ci-dessus, page 109.

(2) Cette Commission se composait do M. P. Saulteau, maire de la ville, et de ses Adjoints, de MM. Roger Marx, inspecteur général des musées au ministère de.l'instruction et des beaux-arts, délégué du Ministre, Constant Moyaux, inspecteur général des bâtiments civils, Girault, architecte à Paris, Jules Baligny, architecte à Lille, Schommer, artiste peintre à Paris, Henri Pluchàrt, artiste peintre à Lille, de MM. les Membres des commissions municipales du musée, des travaux et du budget, et de M. A. Lefebvre, ingénieur des ponts et chaussées et de la ville.

N'ont pu assister le 9 juillet à la.réunion du jury 'MM. J. Batigny, Girault, H. Pluchàrt et Ed. Fromentin.

(3) Voir l'Impartial du Nord du 11 juillet 1898.


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la salle des fêles de la Mairie le lundi 11 juillet. Tous témoignaient certainement d'un savoir et d'un travail notables.

En ce qui concerne les dehors du futur édifice, la somme relativement faible qui doit être consacrée à la construction ne permettait pas aux architectes, il faut l'avouer, de laisser libre cours à une fastueuse imagination. Oserai-je dire cependant qu'il m'a semblé fâcheux de voir plusieurs des façades proposées éveiller l'idée d'une gare, ou encore d'une orangerie, plutôt que d'un palais des beaux-arts? Je m'étonne particulièrement et je regrette que, dans une ville des anciens Pays-Bas, et pour un musée riche surtout en ouvrages des maîtres flamands, aucun des concurrents n'ait jugé à propos de rappeler par l'aspect extérieur du bâtiment l'architecture de la renaissance flamande.

Je ne suis pas persuadé, enfin, que dans leurs aménagements intérieurs ils se fussent assez attentivement occupés, (ce qui a son grand intérêt pourtant, puisqu'il ne s'agit pas de préparer l'installation d'un musée quelconque, mais du musée de Valenciennes) , ils se fussent assez occupés, dis-je, d'assurer le commode et méthodique placement des richesses artistiques quenous possédons. Il est vrai, si j'ai bonne mémoire, qu'à cet égard le programme, s'en rapportant sans doute à leur propre initiative, ne leur avait pas donné grande indication ; il ne leur prescrivait guère que de caser dans leurs plans un salon d'honneur, — disposition contestable d'ailleurs, un salon d'honneur nuisant nécessairement au classement désirable des ouvrages par époques et par écoles. La mesure essentielle dans un musée de province, à mon sens, devrait être l'établissement de deux séries distinctes de galeries, les unes destinées à recevoir les oeuvres d'une sérieuse valeur artistique, les autres à recevoir les oeuvres qui présentent surtout un intérêt local.

Mais, sans plus de réflexions passablement oiseuses, attendons les seconds projets. Les concurrents ont jusqu'à la fin du mois de janvier prochain pour les produire.

Entre temps, notre musée à venir s'enrichit. Notre musée à venir, et non le musée actuel, car il est à craindre qu'en celui-ci l'on ne puisse trouver place, — pas plus que pour XAbd-el-Kader de Carpeaux, la Défense de Saint-Quentin de Theunissen et le


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Job de Desruelles, — pour le nouveau morceau de sculpture attribué en juin dernier par le Ministère des beaux-arts à la Ville de Valenciennes. Cet ouvrage est Je modèle en plâtre du haut-relief que Félix Desruelles avait exposé au Salon de 1897 sous le titre de Pastorale, qui fut acheté alors par l'Etat, et qui, avec le Job, valut à son auteur le prix du Salon. Inutile de rien ajouter pour faire ressortir l'intérêt qu'a pour nous la possession de ce plâtre.

**•

A peine M. Desruelles a-t-il quitté l'Ecole des beaux-arts et a-t-il affirmé son talent en dehors d'elle, que nous y voyons percer déjà un autre élève sculpteur des Académies de Valenciennes, Alphonse Terroir.

Admis en loge ce printemps (1), dès sa première tentative, el à vingt-trois ans, pour le concours des prix de Rome, ce jeune homme s'est vu décerner le 29 juillet par l'Académie des beauxarts le deuxième second grand prix.

Voici sur le concours et sur la figure modelée par Terroir, quelques indications empruntées au Journal des arts (2) :

« Gain, après la mort d'Abel, entend la malédiction de l'Étemel. Tel est le choix qu'avait fait cette année l'Académie des beaux-arts, comme sujet de concours.pour le prix de Rome en sculpture. Au lieu d'un bas-relief, les concurrents n'avaient à traiter qu'une figure isolée (en ronde-bosse). L'exposition de ces figures a eu lieu à l'Ecole des beaux-arts dans la dernière semaine de juillet...

« M. Alphonse Terroir a presque agenouillé son personnage sur un rocher ; les jambes fléchissent, la tête, animée d'une expression de repentir, est triste, profondément et sincèrement affligée; le bras droit se lève, pendant que du bras gauche il retient une peau de mouton qui lui couvre le dos ; l'expression du regret du meurtre domine chez lui. C'est un des quelques modèles que nous rencontrons sortant de la vulgarité trop accusée dans la plupart des autres. »

M. Arsène Alexandre avait dit de son côté dans le Figaro,

(1) Voir ci-dessus, page 108.

(2) Numéro du 30 juillet 1898.


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que M. Terroir « a fait preuve d'un sentiment pénétrant », et que « l'exécution de sa figure est séduisante surtout dans la partie supérieure, la partie inférieure étant un peu lourde et naturaliste ». Et M. Emmanuel Arène avait écrit dans le Matin: « C'est, à mon avis, M. Terroir qui mérite le prix. Il a inutilement alourdi son Caïn en le surchargeant à l'excès, mais la figure a de l'expression, et l'exécution en est, somme toute, réussie (1). »

•••

Un autre artiste natif aussi de notre arrondissement s'est également distingué dans les derniers concours pour les prix de Rome. Le deuxième second grand prix de la section de gravure a été attribué le 6 août à M. Busière, élève de MM. Jules Jacquet, Dubouché el Bonnat. M. Busière a vu le jour à Denain le 9 septembre 1880 ; il n'a donc que dix-huit ans.

Pour sa part, M. Henri Sirot, architecte, ne quittera l'Ecole des beaux-arts qu'après y avoir enlevé tous les encouragements offerts au travail le plus consciencieux et le plus soutenu. A la lin de la dernière année scolaire, il a mérité le prix Albert Blouet, d'une valeur de 1000 francs, réservé à l'élève ayant remporté le plus grand nombre de récompenses depuis son entrée à l'Ecole, — la grande médaille d'émulation, — et le prix Jean Leclaire, d'une valeur totale de 1300 francs.

Je n'ai pas besoin de rappeler les succès qu'il a obtenus au récent Salon de la Société des artistes français (2).

Mais je note avec plaisir que le Comité formé pour élever à Condé un monument en l'honneur du général Poillouë de SaintMars, a chargé M. Henri Sirot de la partie architecturale de ce monument.

Quant au statuaire choisi parle Comité, c'est M. Emile-Joseph Carlier, ancien élève des Académies de Valenciennes, dont le talent a été consacré par une médaille de première classe au Salon de 1883, par la croix de chevalier de la Légion d'honneur

(1) Voir l'Impartial du Nord, numéros dos 29 et 30 juillet 1898.

(2) Voir ci-dessus, page 155.


17Ô

en 1886, et par une médaille d'or à l'Exposition universelle de

1889.

*

Le projet d'érection du monument de M"* Clairon, en la même ville de Condé, se poursuit lui aussi, à travers quelques dissentiments orageux. Depuis notre dernière réunion, a élé donnée à Paris, au profit de l'oeuvre entreprise, une brillante matinée, dans la grande salle du Trocadéro, avec le concours des artistes de la Comédie-française, de l'Opéra et de l'Opéra-Comique. Cette fête a eu lieu le samedi 2 juillet (1). On n'y a exécuté et joué, pour lui conserver un cachet caractéristique, que des oeuvres du xvme siècle. Des acteurs tels que MmM Worms-Baretta, Dudlay, MM.Silvain, Leloir, Laugier, Albert Lambert, Coquelin cadet, Baillet, ont interprété certaines scènes de Regnard, de Voltaire, de Beaumarchais ; d'autres ont dit des vers, ou chanté du Grétry ; un orchestre composé d'instrumentistes de l'Opéra a fait entendre plusieurs morceaux de Haydn et autres musiciens contemporains, des danseuses du même théâtre ont exécuté une gavotte et un menuet. Le buste de la Clairon a été couronné à la fin de la séance par la troupe de la Comédie-française. Tout, je le répèle, a été réglé dans la noie de l'époque des « fêtes galantes », y compris un élégant programme illustré par M. Albert Guillaume et sa soeur M™ Lamy.

*** Nos artistes valenciennois ne se bornent pas à décorer nos villes du Nord, vous le savez ; ils sèment partout leurs productions. On vient de placer à Bellevue, près de Paris, une fontaine publique offerte à la commune par un de ses riches habitants, M. Paul Houelte, qui en avait confié l'exécution à deux artistes valenciennois,31M. Corneille Theunissen et Henri Guillaume; car le donateur tenait à ce que sa fontaine fût décorative autant qu'utile. Un rédacteur du Figaro l'a décrite comme il suit, en rendant compte de la fête organisée le jour où la commune a pris possession du petit monument, le 21 août (2) :

(1) Voir l'Impartial du Nord, numéros des 26 juin et 8 juillet 1898.

(2) Voir l'Impartial du Nord, numéro du 28 août 1898.


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« Pleine de grâce et d'esprit, cette fontaine. Une nymphe couronnée de fleurs, vêtue d'une large tunique déroulée dans le vent, tire par l'oreille un faune, rieur cl fâché à la fois (1). On a pu admirer cette oeuvre exquise au dernier Salon. Elle est du sculpteur Theunissen. Le socle élégant et léger, orné de quelques rocailles, est de l'architecte Henri Guillaume, quia de qui tenir, puisqu'il est le fils de l'architecte regretté du Louvre, et le frère du spirituel dessinateur Albert Guillaume. »

•••

Le 21 juillet, était inauguré à Paris, par M. Léon Bourgeois, ministre de l'instruction publique, un monument d'une tout autre importance, le nouveau palais du Muséum d'histoire naturelle, au Jardin des plantes. Cet édifice, affecté aux collections d'anthropologie et d'anatomie comparée, offre à l'extérieur un très bel ensemble, décoré de sculptures dont plusieurs sont signées de noms valenciennois : M. Henri Gauquié y a mis un bas-relief en marbre, Loup pris au piège, M. Léon Fagel, un Singe, d'autres motifs sont dus à MM. Truffot, Engrand...

•••

Un de nos artistes contribue aussi à l'ornementation du pont Alexandre III, que l'on construit, en vue de l'Exposition universelle de 1900, pour réunir les Champs-Elysées à l'esplanade des Invalides. De chaque côté du tablier du pont, doivent être placés de grands lampadaires qu'entoureront des groupes d'enfants en bronze exécutés par M. Henri Gauquié.

En ce qui concerne les nouveaux palais des Champs-Elysées, on ne fait que commencer à distribuer les travaux d'art aux statuaires. On sait déjà, néanmoins, que la sculpture de la frise décorative destinée à orner la partie postérieure du GrandPalais, est confiée à MM. Sicard, Léon Fagel et Baralis.

» * Ne quittons pas le groupe de nos statuaires, sans noter que M. Gustave Crauk, membre depuis un certain temps de la Commission des beaux-arts de la Ville de Paris, vient, à l'expiration de son mandat, d'être maintenu en fonctions pour une nouvelle

(!) Ce motif sculptural est en bronze.


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période de trois ans, avec.MM. Puvis de Chavannes, Aube, Formigé, Bracquemond, etc. ; on voit que notre concitoyen est là en bonne compagnie.

•••

Enfin, signalons l'ouverture, dans le Musée du Louvre, à Paris, d'une nouvelle salle, située au rez-de-chaussée, près de la collection des sculptures de la Renaissance, — salle où se trouvent provisoirement exposées différentes acquisitions récentes, entre autres huit bustes en plâtre, modèles d'originaux exécutés par Carpeaux, et achetés à sa veuve en 1895 ; en outre, dans une vitrine Ton a placé de petites esquisses en terre cuite, études faites par notre grand statuaire valenciennois pour son Ugolin, sa fontaine de l'Observatoire, un groupe de Vénus et l'Amour, et antres sujets.

•••

Nous pouvons passer maintenant aux musiciens, qui eux aussi nous ont fourni en ces derniers temps plusieurs succès à enregistrer.

Au Conservatoire national de musique de Paris, les concours de fin d'année, au mois de juillet, ont valu à M. Raymond Pcch, élève de la classe de composition de M. Lenepveu, un second prix de fugue décerné à l'unanimité du jury (1), — à M. Blanquart un premier prix dans la classe de flûte, — à M"è Marguerite Rolier une première médaille dans la classe de piano ; — M. Blanquart et M11* Rolier ont en outre obtenu chacun une deuxième médaille de solfège. Tous ces jeunes gens ont commencé à l'Académie de Valenciennes leurs éludes musicales.

Une victoire collective qu'il m'appartient de rappeler de même, est celle qu'a remportée le 29 mai la Musique de Valenciennes, au Havre, où elle a été prendre pari à un concours, en division d'excellence. Elle a eu à lutter contre la Grande-Harmonie de Montmartre, et lui a enlevé le 1" prix d'exécution et le 1er prix d'honneur, l'un et l'autre à l'unanimité du jury (2) ; celui-ci a

(1) Le jury n'a pas accordé de premier prix, dans ce concours.

(2) Pour la lecture à vue, le 1" prix a été attribué à la majorité des voix à l'Harmonie de Montmartre; mais le jury a décerné aussitôt à l'unanimité un second prix à la Musique de Valenciennes.-


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tenu à y ajouter ses félicitations pour les exécutants el leur chef, M. Dennery. De véritables ovations ont été faites à notre Musique au Havre, comme aussi à Valenciennes lorsqu'elle y est rentrée (1).

J'ai retenu longtemps déjà votre attenlion, Messieurs, je ne voudrais pas en abuser. Je ne ferai donc que signaler sèchement, sans m'y arrêter, la récente publication de deux ouvrages qui louchent à l'histoire de notre région.

L'un , composé par M. René Minon; traite de la Vie dans le Nord de la France au XVIIIe siècle (2). En une série de chapitres ou tableaux détachés, l'auteur s'est appliqué à nous mettre sous les yeux les habitudes d'existence el les moeurs des diverses classes de la société, dans nos contrées, il y a cent «t deux cenls ans (3).

L'autre volume a pour titre : Un grand feudataire : Renaud de Dammartin el la coalition deBouvines (1). Celle étude a valu à son auteur, M. Henri Malo (de Boulognc-sur-mer), une récompense de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1897, dans le concours des antiquités nationales. On sait que Valenciennes a élé le théâtre d'un des épisodes de la ligue formée au commencement du xuie siècle contre la France par le roi d'Angleterre , l'empereur d'Allemagne Otton , et d'autres souverains de moindre importance, parmi lesquels Fernand de Portugal, devenu comte de Flandre et de Hainaut par son mariage avec l'aînée des filles de Baudouin de Constantinople. Les chefs des armées confédérées se réunirent en noire ville, y tinrent une dicte dans laquelle ils escomptèrent leur victoire espérée, el en partirent pour être complètement battus à Bouvines par PhilippeAuguste. M. Malo a été amené, naturellement, à narrer ces événements dans son livre (5).

(1) Voir l'Impartial du Nord, numéros des 2 et 15 juin 1898.

(2) Un volume in-8°, édité par la librairie Emile Chevalier, quai des Grands-Augustins, 39, Paris.

(•i| Voir, sur l'ouvrage de M. Minon, dans l'Impartial du Nord du 24 juin 1898, un article de M. Lucien Lemaire, professeur au Lycée de Valenciennes.

(■t) Édité par la librairie Champion, Paris.

(5) Voir, sur l'ouvrage de M. Malo, un article de M. Ernest Laut, dans l'Impartial du Nord du 26 août 1898,


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Mes derniers mots, Messieurs, seront pour exprimer nos félicitations à trois de nos collègues, MM. Edmond Martel, Maurice Hainaut et André Doutriaux, qui, par un arrêté préfectoral du 6 août,.ont été nommés membres de la Commission hislorique du département du Nord, avec M. l'abbé Mazure, curé du faubourgde Paris à Valenciennes, et M. Félix, capitaine au 1" régiment d'infanterie à Bouchain.

V. H.

SECTION DES SCIENCES ET MANTJFACTUBES

DE LA SOCIÉTÉ.

Séance du 18 juillet 1898. Présidence de M. A. LACROIX, président.

Sont présents : MM. Ed. Pesier, H. Weil, P. Lajoie, E. Corsolle, H. Dubois, H. Gallonde, H. Sahut, E. Thiébaut, et G. Gras, secrétaire. — MM. Aug. Doutriaux, président de la Société, et V. Henry, secrétaire général, assistent à la séance.

S'est excusé de ne pouvoir se joindre à ses collègues, M. A. Richez.

L'alcool dénaturé.'— M. Georges Gras soumet à la réunion la proposition suivante :

« La question de l'emploi de l'alcool dénaturé, à laquelle notre Section s'est intéressée avec raison, n'a guère avancé en fait.

« En dépit du vote unanime d'une loi conçue par le Parlement dans un sens très large (1), l'Administration fiscale vient, par un règlement draconien et vexatoire, de mettre de sérieux obstacles à l'application des décisions législatives.

« De nombreuses protestations s'élèvent; l'agriculture, l'industrie et le commerce de l'épicerie demandent insiammeni que ce décret soit rapporté.

« Nous avons l'honneur de vous proposer en conséquence de joindre aux divers voeux récemment émis par notre Sociélé, le suivant :

(1) Voir dans le tome XLVII de cette Bévue, page 247,


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« La Société d'agriculture, sciences et arts de l'arrondisse« ment de Valenciennes,

« Considérant que le règlement d'administration publique du « 1er juin concernant l'application de la loi du 16 décembre 1897 « ne répond ni aux intentions du législateur ni aux desiderata de « l'agriculture, de l'industrie et du commerce,

« Emet le voeu que ce décret soit rapporté et remplacé dans « le plus bref délai par un ensemble de dispositions permettant « l'application effective de la dite loi. »

M. Doutriaux, qui a reçu de son côté des plaintes provoquées par le caractère peu pratique du décret du 1er juin, s'associe à la proposition de M. Gras.

Après discussion, la Section adopte le voeu présenté, et demande qu'il soit adressé au Conseil général et aux Ministres compétents.

Chronique industrielle.—M. Lajoie donne lecture d'une chronique dontla Section demande l'impression dans le bulletin de la Sociélé.

A propos d'un voeu formulé par M. Lajoie, tendant à ce que la Société s'occupe de la divulgation des procédés propres à réaliser dans les usines la fumivorité, quelques observations sont présentées par MM. Lacroix, Sahut et Gras, sur les inconvénients de la fumée el des foyers ordinaires. M. Sahut déplore qu'un grand nombre de calories restent inutilisées, par la perte des gaz et particules de charbon que laissent communément échapper les cheminées.

Jurys des concours d'Onnaing. — La Section s'occupe ensuite des prochains concours agricoles d'Onnaing. Elle propose, pour la constitution des jurys où elle est d'habitude représentée, les membres suivants :

Pour les machines agricoles : MM. Alfred Brabant, Edmond Brabant, Ant. Lacroix, P. Lajoie, H. Weil, Georges D'Haussy, H. Sahut, Ed. Thiébaut, A. Ridiez et G. Gras;

Pour l'enseignement agricole : MM. Jules Lefebvre, A. Ducloux, A. Gillet, Ern. Corsolle et H. Gallonde.

Concours d'arracheuses de betteraves. — La Section centrale ayant adopté le projet de donner une importance particulière au concours d'arracheuses mécaniques de betteraves, il est décidé,


— 181 -tr

sur la proposition de M. V. Henry, qu'une démarche sera faite auprès du Syndicat des fabricants de sucre à l'effet d'obtenir sa coopération pécuniaire pour l'organisation de ce concours.

Emploi du jet de sable pour la gravure, l'ébarbage et l'affûtage. — M. Sahut fait à la réunion une communication sur les applications industrielles du jet de sable pour la gravure, l'ébarbage et l'affûtage.

1° Pour la gravure sur verre, on emploie un sable fin et sec, que l'on projette par un jet de vapeur sur les objets en verre à graver ; l'on protège les parties qui doivent rester polies avec une feuille de papier ou une feuille mince de zinc sur lesquelles on a dessiné à jour la gravure que l'on veut obtenir.

L'on emploie aussi, au lieu de vapeur, des appareils à vide pour projeter le sable sur les faces à graver.

2° Pour l'ébarbage des pièces de fonderie, on emploie aussi le sable à sec, que l'on projette avec une lance formant Giffard sur les parties des pièces à ébarber. Cet appareil présente avantage surtout pour les pièces qui possèdent des noyaux difficiles à déboucher à la main.

3° Pour l'affûtage des limes, on emploie le sable fin et mouillé (à l'état de boue liquide). Cette boue est lancée par une forte pression de vapeur et dans une certaine inclinaison sur le dos des dents, dont il enlève par le frottement les barbes provenant du ciseau ou de l'usure, produisant ainsi des dents aiguës et bien conformées.

En examinant de près une lime neuve ordinaire, on trouvera les dents émoussées et mal formées. Aucun mécanicien n'emploierait un crochet ou une plane en pareil état. Pourquoi donc agit-il autrement pour les limes ? Pourquoi ne leur donne-t-il pas après la trempe des tranchants vifs et durables comme aux autres outils ? Uniquement parce que jusqu'ici l'affûtage des limes était impossible. Aujourd'hui ce desideratum est atteint par l'application du jet de sable, procédé que l'on a surnommé avec raison « meule liquide ». Les limes neuves affûtées au sable enlèvent avec plus de facilité plus de métal que les limes ordinaires, et ce en résistant mieux à l'usure.

M. Sahut met sous les yeux de la réunion des limes de taille moyenne affûtées et non affûtées. Un parallélipipède de bronze


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poli de 0k350 glissant sur une lime non affûtée iuclnée avec l'horizontale de 25", — sur une lime affûtée, la même pièce de bronze ne glisse que sous un angle de 65°. Les limes affûtées de cette façon permettent d'obtenir, dans le même temps, trois fois plus de limaiÏÏ&ïrae te mêmes limes non affûtées, et avec le même travail.

Le seul inconvénient de ces appareils c'est leur dépense en vapeur qui est considérable. G'est ce qui en empêche beaucoup l'emploi. Il n'existe dans la région, sauf erreur, qu'un industriel qui les emploie, c'est M. A. Coureur, fabricant de limes à Raisinés, qui offre gracieusement aux membres de la Sociélé de voir ces appareils en fonctions. '

COMICES AGRICOLES DE VALENCIENNES ET DE DENAIN.

Séance du 23 juillet 1898.

Présidence de M. Ernest MACAREZ, président.

Sont présents: MM. Pierre Hayez, Alfred Brabant, BourgeoisDayez, Adolphe Boute, Emile Boute, Arsène Chuffart, P. Cauchy, Deladrière, J. DelmarJc, El Dudant, Désiré Goffart, Louis Goffart, Louis Hayez, Em. Hocque, Léon Laude, Ch. Lebacqz, Prudent Lédé, J. Lefebvre, Alf. Navrez, D. Nonclercq, Fr. Quinet, D. Wallet et A. Ducloux, secrétaire. — M. V. Henry, secrétaire général, assiste à la séance.

Jurys des concours d'Onnaing. — M. le Président invite le Comice à faire ses propositions pour la formation des jurys des prochains concours agricoles d'Onnaing.

Le Comice, considérant que les sociétaires du canton de Denain ont été convoqués à la réunion avec ceux des trois cantons de Valenciennes, décide qu'il adressera à la Section centrale des propositions pour ces quatre cantons.

Puis il émet le voeu de voir appelés comme jurés à s'occuper :

1° du labourage : MM. J.-B. Mariage, Al. Poireite père, Désiré Wallet, et Ferdinand Dupont (deWavrechain-sous-Denain);

2° des instruments agricoles : MM. Adolphe Boute, Fr. Quinet, et Désiré Goffart ;


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3° des animaux de l'espèce bovine : MM.. Albert D'Haussy, Poutrain, Louis. Goffart, et Elie Payen (de Denain) ;

4° des chevaux : MM. Alf. Brabant, Em. Hocque, Ernest Macarez père, et Boucly (de Denain) ;

5° des, volailles et porcs : MM. Elie Dudant, Bourgeois-Dayez, Em. Boute ;

6° de la maréchalerie : MM. J. Delmarle, Jean Blary, Ant. Delgrange, et Léon Laude (de Denain) ;

7° de la bourrellerie : MM. V. Bertrand, L. Navrez, Alp. Binois, et J. Helle ;

8° de l'enseignement agricole : MM. Jules Lefebvre, Ch. Lebacqz, et Deladrière.

Concours d'arracheuses de betteraves. — Au sujet du concours d'instruments agricoles, des observations sont présentées par MM. Alfred Brabant et Macarez touchant la disposition du programme qui porte que les arracheuses mécaniques de betteraves seront mises en action, sous les yeux du jury, sur un champ de ces plantes. Le 11 septembre, exposent-ils, ces expériences ne pourront être probantes, la saison ne sera pas assez avancée encore. On ne saurait apprécier justement le fonctionnement d'une arracheuse qu'au moment où les betteraves sont parvenues à leur grosseur normale. Si donc on tient aux essais projetés, il vaudrait mieux les reporter à la fin de septembre.ou au mois d'octobre.

Le Comice, estimant fondée celte proposition, décide qu'elle sera transmise et recommandée à la Section centrale.

COMICE AGRICOLE DE SAINT-AMAND.

Séance du 11 août 1898. Présidence de M. Emile DAVAINE, vice-président. Jurys des concours de 1898. — M. le Président fait lecture d'une lettre de M. le Président de la Société nationale d'agriculture de l'arrondissement de Valenciennes, par laquelle il demande au Comice de Saint-Amand de vouloir bien lui faire parvenir ses propositions pour la composition des jurys des prochains concours qui doivent avoir lieu sur le territoire d'Onnaing, le dimanche 11 septembre prochain.


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Pour répondre au désir de M. Doutriaux, M. Emile Davaine prie les membres présents de vouloir bien procéder à la formation d'une liste de membres du Comice de Saint-Amand pour la constitution des jurys des concours d'Onnaing.

Celte liste est ainsi dressée :

Concours de labourage : MM. Bouchard-Renard, agriculteur à Lecelles, Monnier-Drapier, agriculteur à Saint-Amand, Prévost Louis, agriculteur au Saubois, Carlier Léopold, agriculteur à Lecelles, Caroul Charles, agriculteur à Nivelles, Cordier Pierre, agriculteur à Lecelles.

C. d'instruments agricoles : MM. Lesage-Hue, constructeur à La Croisette (Saint-Amand), Lesage-Tournois, constructeur à Saint-Amand.

G. d'animaux reproducteurs de l'espèce bovine : MM. Demazure, agriculteur au Saubois (Saint-Amand), Dugardin, agriculteur à Cubray (Saint-Amand), Créneau , vétérinaire à NotreDame-au-Bois.

C. d'animaux de l'espèce chevaline : MM. Barbieux Emile, propriétaire au Saubois (Saint-Amand), Carlier, vétérinaire à Saint-Amand, Jules Detourmignies, agriculteur à Rosult, De Bretagne, propriétaire à Mortagne, Barbieux-Dorchis, agriculteur à Saint-Amand, Bulteau, maire de Rumegies.

C. d'animaux de l'espèce porcine: MM. Louis Noterman, faubourg d'Orchies (Saint-Amand), Clément Rémy, agriculteur à Brillon.

C. de volailles : M. Tricart-Malaquin, à Rosult.

C. de maréchalerie : MM. Bouly, maréchal à Saint-Amand, Louis Duflot, à Rosult.

G. de bourrellerie : MM. Emile Dusart, propriétaire à La Bruyère (Saint-Amand), Paul André, brasseur à Saint-Amand.

C. d'apiculture : MM. Emile Davaine, agriculteur à SaintAmand, Achille Hache, à Rumegies.

C. d'engrais et amendements: MM. Legru-Raviart, secrétaire du Comice de Saint-Amand, Demazure, agriculteur au Saubois (Saint-Amand).

C. entre instituteurs : MM. Emile Davaine, Legru-Raviart, Casimir Davaine.


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SECTION CENTRALE.

Séance du 13 août 1898. Présidence de M. Aug. DOUTRIAUX, président.

Sont présents : MM. Ed. Pesier, J. Lecat, A. Lacroix, Ed. Billet, Alfred Brabant, A. Ducloux, G. Gras, P. Lajoie, Ch. Lebacqz, H. Weil, et Victor Henry, secrétaire.

A excusé son absence M. J.-B. Mariage.

— Les procès-verbaux des séances tenues par la Section centrale les 14 mai et 25 juin sont lus et approuvés.

La réunion entend ensuite lecture du compte rendu des séances tenues par la Section des sciences et manufactures les 18 juin et 18 juillet, par le Comice agricole de Valenciennes le 23 juillet et par le Comice de Saint-Amand le 11 août.

Concours d'arracheuses mécaniques de betteraves. — L'ordre du jour appelle la Section à s'occuper des prochains concours projetés par la Société.

M. le Président rappelle tout d'abord que, sur la proposition de la Section des sciences, il avait été décidé que les exposants qui présenteraient le 11 septembre à Onnaing des arracheuses mécaniques de betteraves, seraient invités à faire fonctionner ces instruments devant le jury compétent ; pour donner à ce concours plus d'importance, le Bureau avait demandé une subvention au Syndicat des fabricants de sucre de France. A cette démarche les Administrateurs du Syndicat ont bien voulu répondre en annonçant « qu'en raison de l'intérêt attaché au dit concours et du précédent par lequel il a été accordé en 1892, en pareille circonstance, une subvention de 500 francs à la Société d'agriculculture de Valenciennes, celle-ci peut compter sur une contribution analogue pour le concours du 11 septembre ».

M. le Président obtient l'assentiment unanime de la réunion, en exprimant les remerciements de la Société d'agriculture à l'adresse du Syndicat des fabricants de sucre, et particulièrement de M. J.-B. Mariage, qui, vice-président de ce Syndicat comme dé la Société d'agriculture de Valenciennes, a contribué à la décision prise en faveur de celte dernière.

Mais, expose ensuite M. le Président, le Comice agricole de Valenciennes, dans.sa séance du 23 juillet, a fait observer que le


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11 septembre la saison sera trop peu avancée encore pour permettre de sérieuses expériences d'arrachage de betteraves, et il a émis le voeu de voir détacher de l'ensemble des concours du 11 septembre et remettre à une date ultérieure le concours d'arracheuses de betteraves.

M. Alfred Brabant soutient les observations présentées par le Comice de Valenciennes. L'épreuve à laquelle il s'agit de soumettre les arracheuses mécaniques serait peu concluante le 11 septembre, car elle n'aurait pas lieu dans des conditions normales, les betteraves ne pouvant avoir atteint alors, dans noire région et cette année surtout, une longueur el une grosseur moyennes. En outre, le concours donnerait lieu à des frais très lourds ; en effet, les betteraves arrachées étant inutilisables pour la fabrication sucrière, il faudrait payer au cultivateur du champ dépouillé la perte par lui subie, soit sept ou huit cents francs par hectare.

La Section, se rendant à ces avis, décide, après discussion, que le concours spécial d'arracheuses mécaniques de betteraves sera remis au dimanche 16 octobre.

M. Gras propose de demander aussi un subside, pour ce concours, à la Société des agriculteurs du Nord ; on est, en ce faisant, assuré de l'appui du président de celle Société puisqu'il se trouve être, cette année, M. Clément Coquelle.

La proposition de M. Gras est adoptée.

La Section, ensuite, confie le soin d'organiser le concours et d'en rédiger le programme, à une Commission composée de MM. J.-B. Mariage, Alfred Brabant, Cl. Coquelle, Georges Gras, Pierre Hayez el Albert Gouvion. — Cette Commission tiendra sa première séance le vendredi 19 août.

Au cours des observations échangées, il est convenu notamment-que le concours sera international.

Enfin, la Section désigne le jury qui, le 10 octobre, sera chargé de classer les concurrents et d'attribuer les prix offerts ; ce jury comprendra, avec les membres de la Commission d'organisation, MM. Ernest Macarez, Crépin-Deslinsel, Emile Davaine, Allr'rt D'Haussy et Henri Sahut.

Concours agricoles de septembre. — M. le Président invite la Section centrale à nommer les différents jurys appelés à fonc-


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tionner pour les prochains concours d'Onnaing. Il rappelle, préalablement, que, suivant la règle adoptée cl suivie depuis plusieurs années, les jurys des concours de chevaux, de bestiaux, de labourage, de maréchalerie et de bourrellerie, doivent comprendre un membre pour chaque canton de l'arrondissement.

La Scclion compose ainsi qu'il suit les jurys du 11 septembre, en tenant compte des propositions des différents Comices el Section, de même que des convenances personnelles de certains membr,es de la Société :

Concours de labourage : MM. Wallet Désiré, Poirelte père, Mariage Arthur (pour les cantons de Valenciennes), BouchartRenard et Monnier-Drapier (pour ceux de S'-Amand), Dupont Ferdinand (pour le canton de Denain), Caullet Jules (pour celui de Bouchain).

C. d'instruments agricoles : MM. Lacroix Antoine, Weil Heclor, Lajoie Pierre, Gras Georges, D'Haussy Georges, Ridiez Alfred, Sahut Henri, Thiébaut Ed., Boule Adolphe, Brabant Edm., Goffart Désiré, Quinet François, Lesage-Hue, LesageTournois. *

C. d'animaux de l'espèce bovine : MM. D'Haussy Albert, Poutrain, Goffart Louis (pour Valenciennes), Demazure, Chantry Eioi (p. Saint-Amand), Payen Elie (p. Denain), Cl. Coquelle (p. Bouchain), Lenne Jules (p. Condé).

C. de chevaux : MM. Brabanl Alfred, Hocque Emile, Macarez Ernest (p. Valenciennes), Barbieux Emile, Carlier Joseph (p. S'- Amand), Boucly (p. Denain), Fauville Victor (p. Bouchain), Pureur Pierre (p. Condé).

C. de volailles el de porcs : MM. Bourgeois-Dayez, Boule Emile, Dudant Elie, Barrois Edouard, Bulteau Nestor, TricartMalaquin, Noterman Louis, Rémy Clément.

G. de maréchalerie : MM. Blary Jean, Delgrange Antoine, Delmarle Jules, Dufiot Louis, Laude Léon.

C. de bourrellerie : MM. Binois Alphonse, Bertrand Vicior, Navrez Louis, Helle Joseph, André Paul, Dusarl Emile, Durieux Théophile.

C. d'enseignement agricole, d'apiculture, clc. : MM..Lcfebvre Jules, Davaine Emile, Lebacqz Charles, Gillet Arthur, Corsolle Ernest, Gallonde Henri, Legru-Raviart, Davaine Casimir, Dcladrière Victor,


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L'alcool dénaturé.— M. le Président invite la Section centrale à se prononcer sur le voeu proposé parla Section des sciences et manufactures dans sa séance du 18 juillet (1) concernant le décret rendu le 1er juin pour régler les opérations de dénaluration de l'alcool et la vente de l'alcool dénaturé.

Après avoir entendu les explications de MM. Doutriaux el Gras, la Section adopte le voeu qui lui est soumis el donne mandat à son Bureau de l'adresser à MM. les Conseillers généraux du Nord et au Gouvernement.

Les droits de douane sur les graines de-betteraves. — M. le Président dit que M. des Rotours vient de renouveler à la Chambre des députés la proposition de porter à 80 francs le droit de douane établi sur les graines de betteraves étrangères. Rappelant que la Société d'agriculture de Valenciennes a émis l'an dernier un avis contraire à l'adoption de ce projet, avis communiqué à M. le sénateur Girard (2), M. le Président consulte la Section sur la question de savoir s'il n'est pas opportun de confirmer cette opposition et de la faire connaître à M. le Ministre de l'agriculture.

M. Gras doute que les cultivateurs de l'arrondissement de Valenciennes comprennent bien leurs intérêts en combattant la surélévation du droit de douane dont il s'agit : si, faute de cette mesure, la production des graines de betteraves est complètement abandonnée en France, les producteurs étrangers, devenant maîtres de notre marché, feront payer leurs graines aussi cher qu'ils le voudront.

M. Brabant soutient qu'il n'est pas d'une extrême difficulté d'obtenir de bonnes graines de belterave : c'est une question de soins; si les producteurs français s'y appliquaient sérieusement, ils parviendraient à de satisfaisants résultats et placeraient sans peine leur marchandise ; le droit de douane existant suffit pour les protéger raisonnablement contre la concurrence étrangère ; surélever ce droit, ce serait donc provoquer inutilement une augmentation du prix de la graine, c'est-à-dire des charges des cultivateurs.

• (I) Voir ce voeu ci-dessus, page 179. (2) Voir tome XLV1I de la présente Revue, page 3'i. ...


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Après cet échange d'observations, la Section décide, à la majorité des voix, qu'un voeu tendant au maintien pur et simple du droit de douane actuel sur la graine de betterave, sera en son nom adressé à M. le Ministre de l'agriculture.

Epizoolies ; fièvre aphteuse ; désinfection des wagons où voyagent les animaux. — M. le Président communique à la Section une circulaire de la Sociélé des agriculteurs de France qui, sous la date du 29 juin, prie la Société d'agriculture de Valenciennes de répondre à un questionnaire relatif à la propagation de la fièvre aphteuse. « Vous apprécierez, (dit la circulaire), quel appui considérable le Bureau de la Société des agriculteurs de France trouvera dans le groupement des réponses, pour obtenir des Pouvoirs publics une organisation générale, uniforme et efficace du service sanitaire des animaux\?n France ».

Le questionnaire reçu demande tout d'abord si la fièvre aphteuse a été constatée dans la circonscription des sociétés correspondantes en 1898.

M. le Président dit que, d'après les renseignements qu'il a pris, on n'a relevé cette année aucun cas de fièvre aphteuse dans l'arrondissement de Valenciennes.

Les membres de la Section présents confirment cette constatation.

La première des questions posées recevant ainsi une réponse négative, les autres tombent d'elles-mêmes, pour la plupart.

La Section n'en distingue qu'une, ainsi formulée sous le numéro 7 : « Quelles observations avez-vous à faire sur la désinfection des wagons dans les gares de votre département? »

11 est décidé que l'attention de la Société des agriculteurs de France sera appelée sur l'utilité qu'aurait une surveillance attentive de la désinfection des wagons ayant servi au transport des animaux, certains témoignages donnant lieu de craindre qu'en bien des cas les employés de chemins de fer ne procèdent à cette désinfection qu'avec beaucoup de négligence.

Prix offert pour un concours de gymnastique. — M. le Président expose qu'un concours régional de gymnastique ayant été ouvert à Valenciennes les 24 et 25 juillet, les organisateurs de cette fête ont sollicité toutes les sociétés valenciennoises d'y contribuer par le don de quelques prix. M. le Président n'a pas cru


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que la Sociélé d'agriculture, sciences et arts dût répondre par un refus, et il a offert pour elle un objet d'art à l'un des lauréats du concours ; il prie la Section centrale de ratifier, si elle l'approuve, la dépense faite en ces circonstances. — L'ordre du jour étant épuisé, M. le Président lève la séance.

s

Séance du 3 septembre 1898. Présidence de M. J.-B. MARIAGE, vice-président.

Sont présents : MM. J. Lecat, Ant. Lacroix, Alfred Brabant, Edouard Bultot, Alfred Corsolle, G. Gras, Legru-Raviart, À. Richez, H. Weil, et V. Henry, secrétaire.

Assistent à la séance, sur invitation du Bureau, M. Edmond Brabant, membre de la Commission d'organisation des concours d'Onnaing, et M. Albert Gouvion, membre de la Commission chargée de préparer le prochain concours d'arracheuses mécaniques de betteraves.

Se sont excusés de ne pouvoir assister à la réunion : MM. Auguste Doutriaux, président, indisposé, Cl. Coquelle, Emile Davaine, et Albert D'Haussy.

Nécrologie : M. Pierre Bouchart. — En ouvrant la séance, M. le Président se fait l'interprète des regrels sincères éprouvés par les membres de la Section centrale à ia suite de la mort récente de leur collègue M. Pierre Bouchart, de Lecelles. Agriculteur de mérite, M. Bouchart s'était toujours intéressé aux travaux de la Société d'agriculture de Valenciennes, et depuis de longues années il assistait avec assiduité aux concours qu'elle organise. Le Comice agricole de. Saint-Amand l'avait choisi pour son président il y a quelques années, et certes ce choix était bien justifié par la compétence agricole et l'aménité de M. Bouchait.

Sur la proposition de M. le Président, la Section charge son Bureau de transmettre ses sympathiques condoléances à la famille privée de son vénéré chef.

Comice agricole d'Onnaing : date et programme de la solennité. — M. le Président expose que, sur la demande du Conseil général, l'ouverture de la chasse ayant été, par décision du 3 septembre, reportée du 4 au 11 de ce mois, le Bureau de la


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Société d'agriculture a cru nécessaire, d'accord avec la Municipalité d'Onnaing, de retarder à leur tour d'une huitaine les concours agricoles organisés en cette commune, c'est-à-dire de les remettre au dimanche 18 septembre. Des affiches ont immédiatement instruit en cette mesure le public.

La Section centrale, après avoir entendu ces explications, approuve l'initiative de son Bureau.

. •. M. le Président lui soumet ensuite le programme suivant, établi de concert par le Bureau et par l'Administration municipale d'Onnaing, pour la journée du 18 :

« 1° Départ des membres de la Société en temps voulu pour arriver à 8 heures 1/2 à Onnaing, où ils seront officiellement reçus par les représentants de la commune, à l'entrée de celle-ci (près du Calvaire) ;

« 2° Réception de la Société à la Mairie, par la Municipalité ;

« 3° A neuf heures, constitution des jurys des concours ;

<r 4° A neuf heures et demie, ouverture des concours sur leurs emplacements respectifs ;

« 5° A quatre heures du soir, distribution des récompenses sur la place de la Mairie ;

« 6° A cinq heures, banquet dans une salle de l'école maternelle.

« Au cours de la solennité, une quête sera faite au profit de la caisse fondée pour secourir les lauréats des concours de moralité. »

La Section centrale adopte sans observations ce programme.

M. le Président dit que M. le Sous-Préfet de Valenciennes, en ce moment absent, a fait espérer qu'il reviendra pour présider le 18 septembre la distribution des récompenses et le banquet des concours agricoles d'Onnaing.

Concours d'arracheuses mécaniques de betteraves. — M. le Président communique à la Section une lettre qu'il a reçue de M. Dubernard, secrétaire général de la Société des agriculteurs du Nord, à laquelle, suivant la décision prise le 13 août, il avait été demandé de s'associer à l'organisation du prochain concours d'arracheuses mécaniques de betteraves par l'allocation d'une subvention. Dans cette lettre,.datée du 2-4 août, M. Dubernard annonce s que le Bureau de la Société des agriculteurs du Nord, sur la proposition de son président M. Coquelle, se fait un plaisir


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de mettre à la disposition de la Sociélé d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes une somme de trois cents francs, pour être distribuée comme encouragement ou récompense aux constructeurs qui auront fait des efforts sérieux pour l'amélioration de l'outillage destiné à l'arrachage des betteraves... »

La Section centrale prie son Secrétaire d'exprimer tous ses remerciements au Bureau de la Société des agriculteurs du Nord, et notamment à M. Clément Coquelle.

. •. La Section décide ensuite que la Société d'agriculture (à laquelle incomberont tous les frais du concours), mettra en outre pour sa part à la disposition du jury chargé d'attribuer les récompenses, une somme de deux cents francs.

Il est d'ailleurs convenu que les primes portées au programme ne seront pas nécessairement toutes distribuées; le jury ne devra les accorder que pour récompenser des efforts et des progrès appréciables dans la construction des arracheuses de betteraves, et comme témoignages de la réelle valeur pratique de certains de ces instruments.

. •. M. le Président donne la parole aux représentants de la Commission d'organisation des concours, pour une communication qu'ils ont à faire à la réunion.

M. Gras, au nom de cette Commission, expose qu'avec plusieurs de ses collègues, il a parcouru le territoire cultivé de la commune d'Onnaing, où il avait été convenu qu'aurait lieu le concours d'arracheuses mécaniques ; or, ils ont eu le regret de constater qu'il ne s'y trouve pas un champ de betteraves qui se prêle aux épreuves projetées, — soit que les pièces de terre portant des belleravcs aient des dimensions exiguës, soit que ces plantes y soient d'une venue trop peu régulière.

La Section centrale, après un échange d'observations,.autorise la Commission à chercher sur le territoire d'une autre commune, situé aulanl que possible à proximité de Valenciennes et d'une gare du chemin de fer du Nord, un champ propre à l'organisation du concours d'arracheuses de betteraves.

— La séance est levée.


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CONCOURS AGRICOLES de 1898

OUVERTS PAR LA SOCIÉTÉ

A ONNAINO

Le 18 septembre, à huit heures et demie du matin, le tramway venant de Valenciennes déposait à l'entrée du bourg d'Onnaing le Bureau de la Société d'agriculture, sciences et arts de l'arrondissement, et les jurys chargés d'attribuer les récompenses des concours auxquels les cultivateurs de la région et leurs auxiliaires avaient été invités à prendre part ce jour même.

M. A. Mochez, maire de la commune, et un certain nombre de conseillers municipaux, avaient eu la gracieuseté de se porter jusque là au-devant des délégués de la Société d'agriculture, avec M. Alfred Brabant, représentant de la Section centrale à Onnaing.

La Société, — en l'absence de son Président, retenu éloigné par une indisposition, et de ses Vice-Présidents que d'autres raisons empêchaient de tenir leur place en la circonstance, — avait à sa tète M. Ernest Macarez, président du Comice agricole des cantons de Valenciennes, dans la circonscription duquel se tenait le concours.

Après quelques paroles prononcées par M. le Maire pour assurer de leur bienvenue les hôtes de la commune, la réunion s'est mise en marche, précédée de la musique de la localité, vers la Mairie. La grand'rue, ainsi parcourue en cortège, était ornée de distance en distance de mâts et d'oriflammes tricolores. A la Mairie, les vins d'honneur et une collation ont été offerts aux arrivants par l'Administration municipale.

Puis il a été procédé à la constitution définitive des différents jurys (1), et ceux-ci se sont rendus, pour remplir leur mandat, aux endroits où les attendaient les concurrents.

(1) Nous croyons bon d'indiquer les noms des jurés qui ont effectivement élé en fonctions le 18 septembre ; les voici pour chaque concours :

Pour le labourage: MM. A. Mariage, Al. Poirette fils, D. Wallet, Bourgeois (de Saint-Saulve), Riche (de Saint-Saulve), Wilbert (de Quarouble) ;

TOME XLVIH. 7


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L'organisation matérielle du concours avait élé facilitée par la complaisance personnelle de M. le Maire et d'une Commission locale composée de MM. Monard, adjoint, Ch. Clerquin, Alb. Druesnes, Edmond Brabant et Arthur Mariage. Aussi l'installation des objets et des animaux exposés s'était-elle effectuée dans des condilions aussi satisfaisantes que possible.

Les concours d'animaux reproducteurs, de volailles, de labourage et de maréchalerie se sont tenus les uns près des autres, sur différentes pièces de terre conliguës, situées au delà de la sucrerie de MM. Brabant et traversées parle chemin de Crespin. Le spectacle était assez pittoresque, qu'offrait ainsi aux regards un plateau étendu, où d'un côté l'on voyait se mouvoir en divers sens, avec leurs attelages, les laboureurs occupés à retourner le sol d'un champ divisé pour eux en parcelles égales, tandis qu'en face trottaient fièrement les chevaux misa l'épreuve par le jury, et que plus loin les forgerons battaient le fer sur l'enclume, sans couvrir les mugissements des bêtes à cornes groupées à proximité.

Le travail des laboureurs (ils n'étaient pas moins de trentequatre), a en général donné tout contentement au jury, qui n'a eu à regretter que la difficulté de classer certains rivaux d'une habileté à peu près égale. Ce concours de labourage a sans conteste élé supérieur à celui des années précédentes. Rude était pourtant l'épreuve à laquelle étaient soumis les candidats ; le sol durci par une période de sécheresse d'une exceptionnelle durée, offrait une résistance inaccoutumée aux instrumenls ; mais les concurrents principaux se sont montrés à la hauteur de la situation.

Pour les bêtes à cornes: MM. N. Bulteau, L. Goffart, J. Lenne, E. Payen, Poulrain ;

Pour les chevaux : MM. Alf. Brabant, J. Carlier, Em. Hocque, E. Macarez-Fauville et P. Pureur;

Pour les volailles: MM. Bourgeois-Dayez, Em. Boute, Navrez, Cl. Rémy, Coréenne (d'Onnaing), Druesne (d'Onnaing), Joly (d'Onnaing);

Pour les instruments agricoles: MM. Ant. Lacroix, Ad. Boute, n. Golfurt, G. Gras, P. Lajoie, Lesage-Hue, Fr. Quinet, H. Sahut, Ed. Thiébaut, H. Weil;

Poor la (maréchalerie : MM. Bouly, A. Delgrange , A. Delmarle , L. Lande, el Dayez (d'Onnaing) ;

Pour la bourrellerie : MM. A. Binois, J. Helle, L. Navrez, Monard (d'Onnaing) el Châtelain ;

Pour l'enseignement agricole, l'apiculture, etc: MM. J. Lefebvre, Ern. Corsolle, A. Gillet et Ch. Lebacqz.


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La chaleur excessive que l'on avait à supporter au milieu de septembre encore, a beaucoup nui, au contraire, au succès du concours d'animaux de l'espèce bovine. Plus d'un éleveur a renoncé à produire à Onnaing les bêtes de ses étables, de crainte de les exposer à un grave accident en les faisant séjourner trop longtemps sous un soleil trop brûlant. Il a néanmoins été amené 13 taureaux, 8 vaches et 6 génisses.

Mais le concours de chevaux a présenté son intérêt habituel. Le jury a été appelé à examiner 21 juments suitées ou pleines, 8 pouliches et 3 jeunes étalons. Bon nombre de ces animaux offraient de sérieuses qualités.

Les instruments agricoles étaient groupés sur la place du Quesnoy. Il y en avait une collection importante, et le jury spécial chargé de les voir a eu sa journée pleinement occupée. — Sur la même place, s'est jugé le concours de bourrellerie.

L'école communale de garçons avait été affectée par le programme aux expositions concernant l'enseignement scolaire. Mais aucun instituteur n'a jugé devoir, cette fois, demander un encouragement à la Société d'agriculture.

Comme dédommagement, on a vu dans les salles de l'école une

curieuse exposition d'apiculture due à M. Crasquin-Bar, de

Villers-en-Cauchies, — el d'inléressantes expériences d'éclairage

et de chauffage au moyen de l'alcool dénaturé, faîtes par M. Emile

Dusart de Saint-Amand.

*

A quatre heures sont arrivés à Onnaing, pour assister à la distribution des récompenses, M. Milleteau, sous-préfet de Valenciennes, qui avait bien voulu promettre de présider celle cérémonie, M. Alfred Girard, sénateur, M. Emile Weil, député el conseiller général de la circonscription (1), M. Paul Sautteau, maire de Valenciennes et conseiller d'arrondissement, M. Edmond Pesier, président honoraire de la Société.

Tandis que M. le Maire d'Onnaing recevait dans une salle de la Mairie ces Autorités, les jurys des concours terminaient leurs

(1) Les deux autres députés de la circonscription, MM. Sirot-Mallez et F: Lepez, empêchés d'assister à la solennité, s'en étaient excusés par lettres.


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délibérations. Et à cinq heures, M. le Sous-Préfet, les invités de la Société et ses principaux membres prenaient place sur une estrade dressée entre la mairie et l'église, pour la proclamation des prix décernés et la remise des récompenses.

L'appel des lauréats a été fait par MM. V. Henry, secrétaire général, et G. Gras, secrétaire de la Section des sciences. A plusieurs des vainqueurs de la journée, le public n'a pas ménagé les applaudissements. La musique d'Onnaing, la Lyre ouvrière, avait bien voulu prêter encore son concours pour cette cérémonie. La fin en a été malheureusement contrariée par une abondante averse, une bourrasque s'élant subitement élevée, qui apportait à la contrée les premières gouttes d'eau tombées après de longues semaines de sécheresse.

Le banquet qui termine, suivant la tradition, les fêles agricoles de la Sociélé, a eu lieu dans la grande salle de l'école maternelle, sous la présidence de M. le Sous-Préfet.

A la droite de M. Milleteau, se trouvait M. Ernest Macarez, suppléant M. le Président de la Sociélé absent; à sa gauche, M. le Maire d'Onnaing; autour d'eux, MM. Alfred Girard, sénateur, Emile Weil, député, P. Sautleau, maire de Valenciennes, Edmond Pesier, président honoraire de la Société, J.-B. Mariage, vice-président, Alfred Brabant, i. Lecal, trésorier, A. Lacroix, président de la Section des sciences, G. Fenodot, capitaine de gendarmerie, Jules Lcfebvre, président du Syndicat des cultivateurs et maire de Beuvrages, P. Pureur et F. Quinet, maires de Condé et de Quarouble, H. Clerquin, adjoint au maire d'Onnaing, etc.

A la fin du banquet, M. Ernest MACAREZ a prononcé l'allocution suivante :

« Messieurs,

« En l'absence de nos Président et Vice-Président, l'un retenu par une indisposition, l'autre récemment frappé par un deuil cruel, j'ai été appelé à l'honneur de prendre la parole à celte solennité.

« Je crois être l'interprète de tous en envoyant particulièrement à notre cher président, M. Auguste Doutriaux,les voeux sincères que nous formons pour son prompt rétablissement.

« Ce n'est pas pour moi, Messieurs, une chose facile que de


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marcher sur les traces de mes prédécesseurs, membres les plus autorisés du barreau valenciennois, pour qui l'art de la parole n'était qu'un jeu.

« Président du Comice agricole, cultivateur moi-même, la culture, de mes terres m'est plus habituelle et surtout plus facile que celle des belles-lettres, et, retournant les paroles de notre dévoué sénateur, Alfred Girard, présidant notre dernier concours agricole à Saint-Amand, je vous dirai: Me hasarder dans un discours? Vous servir de belles phrases , moi qui ne saurais même pas prétendre à être orateur en chambre? Mais vous auriez parfaitement raison de ne pas me trouver dans mon rôle. Je me contenterai donc d'examiner avec vous et le plus simplement possible notre situation agricole.

« Nous avons vu pendant la campagne 97-98, les cours du blé revenir à un taux normal; toute la culture espérait que les mauvais jours étaient passés et que, grâce à ce prix donnant une juste rémunération, le travailleur des champs verrait le bien-être revenir à son foyer. Par suite de la suppression momentanée des droits, une quantité considérable de blés élrangers pèse encore actuellement sur nos cours ; nous avons la ferme conviction que le Gouvernement maintiendra énergiquemenl les droits protecteurs el ne se laissera plus influencer par quelques spéculateurs s'abreuvant de la sueur de nos travailleurs. Une arme nous a, du restei été fournie cette année. Je veux parler de la création des warrants agricoles, dont l'usage, encore peu répandu, permettra de résister à la spéculation et d'attendre des prix plus élevés. La création des banques de crédit agricole s'impose maintenant pour que le cultivateur puisse venir y escompter les warrants à un taux d'intérêt peu élevé.

« Notre Société peut, grâce à l'initiative de notre dévoué collègue, M. J.-B. Mariage, revendiquer la réussite de l'établissement des primes à l'exportation de sucres répondant à l'hostilité ouverte de l'Allemagne et de l'Autriche. Le Gouvernement saura s'inspirer des circonstances pour les maintenir, et cela pour le plus grand bien de cette grande branche' de notre agriculture nationale, source d'approvisionnement pour le Trésor. Les droits sur les mélasses étrangères ont élé élevés; ce sont là des résultats acquis dont nous devons remercier notre grand défenseur : j'ai nommé M. Méline.


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« Une des questions à l'ordre du jour est l'emploi de l'alcool dénaturé. Les Chambres, cédant à nos instances, ont, au mois de décembre dernier, dégrevé ce produit afin de lui ouvrir de vastes et larges débouchés et de permettre aux distillateurs de payer la betterave à alcool à un prix rémunérateur. Mais l'Administration des finances, dans un décret du 1er juin, réglementant la nouvelle loi, a tellement compliqué la production et la vente de l'alcool dénaturé qu'elle en rend l'application des plus difficiles. Il faut absolument , comme l'ont instamment demandé nos Sociétés agricoles, que ce décret soit révisé et simplifié. Il reste aussi à trouver un dénaturant convenable et de prix minime. En passant, je tiens à féliciter la Société des agriculteurs du Nord des grands efforts faits journellement par elle pour obtenir un bon résultat à cet égard.

« Diverses questions sont en ce moment à l'étude : le crédit agricole, la police sanitaire du bétail. Nous les recommandons à la sollicitude du Gouvernement, dont je salue ici le premier représentant, M. le Sous-Préfet. Vous êtes nouvellement arrivé parmi nous, mais votre présence à cette fête nous montre que nous ne trouverons pas en vous un indifférent.

« Soyez le porteur des revendications de nos saines populations agricoles qui sont l'espoir, la force vibrante de notre pays. Nous savons que nous pouvons compter sur notre Ministre qui, comme il le dit lui-même, est le minisire des paysans.

« Et je n'en veux donner d'autres preuves que de citer celte péroraison de son discours au dernier concours régional de Lyon :

« Au milieu des luîtes ardentes des partis, dans le Parlement « comme dans le pays, il est un sentiment qui nous unit tous : « c'est l'amour sacré du sol national. Aussi, quand dans nos « Chambres on invoque l'intérêt de l'agriculture, il semble que « l'on ait prononcé le mot magique qui doit amener la trêve des « passions politiques. C'est pourquoi j'ai confiance que le Parle« ment votera avec empressement les réformes utiles à notre « agriculture qui lui seront proposées par un Gouvernement qui « saura s'inspirer de ses aspirations el de ses besoins.

« Pour ma pari, j'aurai dé toute ma carrière politique gardé « le plus noble cl le plus cher souvenir d'avoir pu, en apportant « mon modesle, mais bien dévoué concours à nos agriculteurs, « accomplir mon devoir de patriote et de républicain. »


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« Ces paroles, Messieurs, sont faites pour nous donner confiance et nous sommes persuadés que celui qui s'exprime avec tant d'énergie n'y faillira pas.

« De notre côté, nous ne devons pas oublier, Messieurs, que l'arrondissement de Valenciennes s'est toujours placé à la tête du progrès agricole.

« Je n'en cherche pas d'autres preuves que les récompenses obtenues dans les concours régionaux.

« Noblesse oblige; aussi devons-nous mettre en pratique ces mots vraiment français: « En avant, toujours en avant ». Loin de nous endormir sur nos lauriers, nous devons sans cesse nous préparer à de nouveaux combats et par là à de nouvelles victoires.

« Partout l'on travaille en France, à l'étranger de grands progrès se font journellement. Agissons de même. Que l'application raisonnée des engrais, la sélection des graines, le choix judicieux des instruments, d'une bonne race de bétail, soient les objets constants de notre sollicitude. J'ai l'honneur de m'adresse!' ici à l'élite de nos cultivateurs. Eh bien! Messieurs, convertissez-vous en apôtres, allez de l'un à l'autre, indiquez aux ignorants les méthodes nouvelles, faites-leur part de vos observations personnelles, et, vous le verrez, nous obtiendrons par cette bonne émulation des résultats surprenants.

« Nous aurons ainsi fait oeuvre de bons citoyens et bien mérité de notre chère Patrie.

« Messieurs, je lève mon verre :

« A M. le Sous-Préfet, qui, en acceptant la présidence de notre fête, nous a donné le gage précieux de la sollicitude qu'il porte à notre Société ;

« A notre Sénateur, à nos Députés, qui ne nous ménageront pas leur concours ;

« A la Municipalité d'Onnaing el à la Commission organisatrice de notre fête si bien réussie ;

« Aux vainqueurs d'aujourd'hui ;

« A la prospérité de notre Société. »

Au toast de M. Macarez, auquel l'assemblée s'est associée par des marques d'approbation, M. le SOUS-PRÉFET a répondu en ces termes :


— 200 —

« Messieurs,

« Je manquerais à un devoir et je me priverais en même temps d'un plaisir, si je ne remerciais tout d'abord et très vivement la Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes qui, en me conviant à présider cette fête du travail, m'a donné l'occasion d'entrer en relations avec les agriculteurs de la région et d'applaudir à leurs efforts.

« Je suis tout particulièrement heureux d'avoir pu apporter à ces agriculteurs un témoignage de la sympathie du représentant du Gouvernement de la République.

« Je sais que le succès du concours a répondu aux espérances.

« Il m'est fort agréable d'en féliciter les concurrents : leurs intelligents efforts ne servent pas seulement leurs intérêts personnels, ils contribuent encore à la prospérité de notre plus ancienne et de notre plus précieuse richesse nationale.

« Nous ne perdons pas de vue, en effet, Messieurs, que si notre Patrie a pu traverser des crises inoubliables pour reprendre rapidement après, avec sa force, son rang dans le monde, c'est assurément que le coeur de ses vaillants enfants ne lui a pas fait défaut, c'est grâce aussi à l'inépuisable ressource du vieux sol gaulois.

« J'ai donc le droit de tenir pour une oeuvre patriotique de tout premier ordre celle qui tend à la mise en valeur et à l'amélioration de cette ressource, et c'est avec respect que je salue les agriculteurs qui me font l'honneur de m'entendre.

« Ils savent aussi que la sollicitude du Gouvernement leur est acquise.

« Il serait superflu de rappeler à ce propos l'oeuvre agricole de la troisième République.

« Mais la présence ici de leurs représentants les plus qualifiés leur dit assez qu'à tous les degrés, au Conseil d'arrondissement comme au Conseil général, à la Chambre comme au Sénat, leurs intérêts sont en bonnes mains el que les républicains veillent et font bonne garde.

« Messieurs, je lève mon verre à la Société d'agriculture de Valenciennes, aux agriculjeurs de l'arrondissement, et je vous convie à boire avec moi à celui qui personnifié avec tant de dignité notre France républicaine, à M. Félix Faure, président de la République. »


- 201 —

Les applaudissements de l'assistance n'ont pas fait défaut aux paroles de M. le Sous-Préfet.

Durant le banquet, a été faite la quête habituelle au profit de la Caisse de secours de la Société d'agricuhure. Elle a produit une somme de 55 francs. Le nombre des convives était moins grand que d'ordinaire. La survenance inopinée du mauvais temps, contre lequel nul ne s'était prémuni, avait déterminé un certain nombre de personnes à regagner leurs demeures, plus ou moins éloignées, avant la nuit.

Donnons maintenant la liste des lauréats du concours.

RÉCOMPENSES DES CONCOURS DE 1898.

Labourage.

PREMIÈRE CLASSE.

Prix ex oequo : — Médailles de vermeil et primes de 75 francs, décernées à MM. Lenne César, de Saint-Saulve, — et Linquerque Edouard, de Quarouble,

DEUXIÈME CLASSE. v

Charrues attelées de deux chevaux.

1" prix : — Médaille de vermeil et prime de 50 francs offerte par M. Alfred Girard, sénateur du Nord, à M. Dumez Raymond, de Saint-Saulve.

2e prix : — Médaille d'argent et prime de 40 francs, à M. Wallet Joseph, de Quarouble.

TROISIÈME CLASSE.

Charrues attelées de trois chevaux.

i" prix : — Médaille d'argent et prime de 50 francs, offerte par M. Emile Weil-Mallez, député, à M. Boute Jean, de SaintSaulve.

2" prix : — Médaille de bronze offerte par la Société des agriculteurs du .Nord et prime de 45 francs, à M. Lobry Charles, de Noyelles-sur-Selle.

3e prix ex oequo.—— Médailles de bronze el primes de 25 francs, à MM. Finez François, de Saint-Saulve, — et Dayez Léon, de Saint-Saulve.

TOME XLVIII. 7*


— 202 —

4" prix : — Médaille de bronze et 20 francs, à M. Bleunard Adolphe, de Marly.

5e prix : — Prime de 15 francs, à M. Paraart Désiré, valet de charrue chez M. Fauville Célestin, à Neuville-sur-Escaut.

6e prix : — Prime de 10 francs, à M. Degroise Henri, d'Onnaing.

Charrues attelées de deux chevaux.

1" prix : — Médaille d'argent et 50 francs, à M. Salengros François, de Saint-Saulve.

2e prix : — Médaille de bronze offerte par la Sociélé des rgriculteurs du Nord et 30 francs, à M. Désert Léon, de Saint-Saulve.

3e prix : — Médaille de bronze et 25 francs, à M. Duée Abel, de Quarouble.

4e prix : — Prime de 20 francs, à M. Raviart Henri, de SaintAmand.

5e prix : — Prime de 15 francs, à M. Mustelier Désiré, de Saint-Saulve.

6e prix : —Prime de 10 francs, à M. Bougeon Edouard, d'Onnaing.

Charrues attelées d'un seul cheval.

i" prix : — Médaille d'argent et 40 francs, à M. Wallez Léon, d'Onnaing.

2e prix : — Médaille de bronze et 25 francs, à M. Dassonville Arthur, de Quarouble.

3° prix : — Médaille de bronze et 15 francs, à M. Lecomle Clodomir, de Rosult.

4' prix : — Prime de 10 francs, à M. Huon Lucien, de Millonfosse.

Charrues attelées de deux boeufs.

Le premier prix n'a pas été décerné. 2e prix : — Médaille de bronze el 35 francs, à M. Linquerque Noël, de Quarouble.

Charrues allelées d'un boeuf. Pas de premier prix.

2e prix : — Prime de 25 franes, à M. Huon Adolphe, de Milionfosse.

Charrues attelées de vaches.

1er prix : — Médaille d'argent et 40 francs, à M" 6 Pollet Fernande, de Quarouble.


— 203 —

2* prix : — Médaille de bronze et 30 francs, à M. Gilmant Pierre-Joseph, de Rombies.

Brabants simples attelés d'un cheval. 1er prix : — Médaille d'argent et 50 francs, à M. Despret Jules, de Saint-Amand.

Instruments agricoles.

SECTION DES EXPOSANTS DE L'ARRONDISSEMENT DE VALENCIENNES.

Diplôme d'honneur et objet d'art décernés à MM. Pruvot frères, constructeurs à Valenciennes, pour l'ensemble de leur exposition très complète d'instruments el de machines agricoles, — avec prime de 25 francs pour leur contremaître, M. Flament.

Rappel de médaille de vermeil et prime de 25 francs, à M. Dabancourt Adolphe, de Saint-Saulve, pour ses semoirs et ses nouvelles raselles à betteraves et à céréales, propres à la petite culture.

Rappel de médaille d'argent et prime de 25 francs, à MM. Carbonneaux père et fils, de Quiévrechain, pour les soins constants apportés à la construction de leurs brabants.

Médaille d'argent et prime de 20 francs, à M. Gouy Auguste, maréchal à Millonfosse, pour ses instruments de petite culture.

Médaille d'argent et prime de 15 francs, à M. Delvallée Charlemagne, maréchal à Quarouble, pour ses cxlirpaleurs de solide construction, propres à la moyenne el à la petite culture.

Rappel de médaille d'argent, à M. Duquesnoy Abraham, d'Hérin, pour sa charrue jumelle avec porteur.

Médaille d'argent, à M. Defer, constructeur à Blanc-Misseron, pour sa planteuse à poquels.

Médaille de bronze et prime de 15 francs, à M. Chimot, maréchal à Estreux, pour ses brabants doubles.

Prix spéciaux créés sur la demande du jury.

Diplôme d'honneur et objet d'art, à M. Armand Léon, négociant à Valenciennes, pour l'ensemble de son exposition très complète et très variée d'appareils et de machines agricoles, — avec prime de 15 francs à son monteur M. Hermain.

Médaille de vermeil, à la Société anonyme de constructions mécaniques de Valenciennes, pour la simplicité de construction el le bon et économique fonctionnement de ses moteurs à gaz et


— 204 —

à pétrole, — avec prime de 25 francs pour le contremaître M. Brasseur.

Médaille de vermeil, à M. Jonet Louis, de Raismes, pour son élévateur d'eau formant puits de sécurité.

Médaille d'argent, à M. Babonaux François, de Valenciennes, pour un appareil de pesage.

Procédés de chauffage et éclairage par l'alcool.

Diplôme d'honneur el objet d'art, à M. Dusart Emile, de SaintAmand , pour ses procédés nouveaux permettant d'employer économiquement à l'éclairage el au chauffage l'alcool dénaturé.

SECTION DES EXPOSANTS ÉTRANGERS A L'ARRONDISSEMENT.

Diplôme d'honneur et objet d'art, à M. Flaba-Thomas, du Gâteau, pour la grande variété de ses instruments et machines agricoles perfectionnés, — avec primes de 25 francs à son chefmonteur et de 15 francs à chacun des deux ouvriers auxiliaires de celui-ci.

Rappel de médaille de vermeil, à M. Daubresse Le Docte, d'Arras, pour les perfectionnements successifs apportés à ses semoirs, — avec prime de 25 francs à son chef-monteur.

Mention hors programme.

Mention spéciale accordée par le Jury, à la Société coopérative de la région du Nord (Succursale de Valenciennes), pour l'ensemble et la variété de son exposition.

Animaux reproducteurs.

ESPÈCE BOVINE.

Taureaux de toutes races.

lre catégorie. — Taureaux n'ayant pas de dénis de remplacement.

Le 1" prix n'a pas été décerné.

2e prix : — Médaille d'argent et prime de 75 francs, à M. RufinAnciaux, de Saultain.

3e prix ex oequo .■ — Médailles de bronze, offertes par la Société des agriculteurs du Nord, et primes de 50 francs, à MM. Monnier Fernand, de Rumegies, — et Rufin-Wallerand, de Saultain.


— 205 —

2e catégorie.—Taureaux ayant deux dents de remplacement. 1" prix. — Médaille d'argent grand module, offerte par M. le Ministre de l'agriculture, et prime de 140 francs, à M. RufinWallerand.

2"prix : — Médaille d'argent et prime de 100 francs, à M. RufinWallerand.

3' prix : — Médaille de bronze, offerte par la Sociélé des agriculteurs de France, et prime de 75 francs, à M. Monnier Fernand.

3e catégorie. —Taureaux ayant quatre dents et au-dessus. Diplôme d'honneur el médaille de rappel en vermeil, à M. PiqueRaviart, de Lecelles, pour son taureau hollandais (hors concours comme approuvé et primé au Concours départemental).

1" prix : — Médaille d'argent et prime de 50 francs, à M. Descamps Ildephonse, de Sebourg.

2e prix : — Médaille de bronze et prime de 30 francs, à M. Mariage Amé, d'Onnaing.

Génisses pleines, sans distinction de races, ayant de deux - à quatre dents de remplacement.

i" prix : — Médaille d'argent el prime de 100 francs, à M. Rufin- Wallerand.

2e prix : — Médaille de bronze, offerte par la Société des agriculteurs du Nord, et prime de 75 francs, à M. Chalelain-Bertinchamp, de Valenciennes.

3e prix : — Médaille de bronze et prime de 50 francs, à M. Rufin-Wallerand.

Rufin-Wallerand.

Vaches pleines ou à lait.

i" prix : — Médailles d'argent (1) et primes de 100 francs, à MM. Boute Adolphe, de Saint-Saulve, — et Boute Emile, de Marly.

2e prix : — Médaille de bronze et prime de 75 francs, à M. Châtelain-Bertinchamp, de Valenciennes.

38 prix : — Médaille de bronze et prime de 50 francs, à M. Rufin-Wallerand.

|1) La médaille d'argent décernée à M. Adolphe Boute a été offerte par la Société des agriculteurs de France.


— 206 —

ESPÈCE CHEVALINE.

Juments de trait, pleines ou suitées.

Diplôme d'honneur et médaile de rappel en vermeil, à M. Theillicr Edmond, de Rombies, pour sa jument Charlotte, hors concours.

Médailles de rappel en vermeil, à MM. Colin Aimable de Bel-/ laing, pour sa jument Jeannette, hors concours, — Blanchard Edmond, de Macou, pour sa jument Nini, hors concours, — Barbieux Michel, de Saint-Amand, pour sa jument Marmotte, hors concours.

1er prix : — Médaille de vermeil grand module, offerte par M. le Minisire de l'agriculture, et prime de 150 francs, à M. Theillier Edmond, de Rombies, pour sa jument Marie.

2'prix : — Médaille de vermeil et prime de 100 francs, à M. Lédé Prudent, de Saint-Aybert, pour sa jument Lucetle.

38 prix : — Médaille d'argent et prime de 100 francs, à M. Boucharl-Renard Casimir, de Lecelles, pour sa jument Libelle.

4e prix : — Médaille d'argent et prime de 75 francs, à M. Bavay Télesphore, d'Onnaing, pour sa jument Marquise.

5e prix : — Médaille d'argent et prime de 75 francs, à M. Dusart Jean-Baptiste, d'Onnaing, pour sa jument Doucette.

66 prix : — Médaille de bronze, offerte par la Société des agriculteurs de France, et prime de 50 francs, à M. Rufin-Wallerand, de Saultain, pour sa jument Brillante.

Pouliches de trait de toutes races de 15 à 30 mois.

1"' prix : — Médaille d'argent grand module, offerte par M. le Ministre de l'agriculture, el prime de 100 francs, à M. Colin Aimable, de Bellaing, pour sa pouliche Julie.

2e prix : — Médaille d'argent et prime de 75 francs, à M. Martinache Edouard, de la Sentinelle, pour sa pouliche Eugénie.

3eprix : —Médaille d'argent el prime de 50francs, à M.Messager-Huart, de Marly, pour sa pouliche Brillante.

4e prix : — Médaille de bronze el prime de 50 francs, à M Barbieux Michel, de Saint-Amand, pour sa pouliche Pauline.

Jeunes étalons.

Prime de 100 francs, à M. Macarez-Fauville, d'Haulchin, pour son poulain Turenne.


— 207 —

Médaille d'argent, à M. Merlin Vincent, de Sainl-Aybert, pour son poulain Marceau.

VOLAILLES.

Coqs el poules.

i" prix : — Médaille de vermeil et 20 francs, à M. Chuffart Edouard, de Beuvrages (lot de coucous de Malines).

2* prix : — Médaille d'argent et 15 francs, à M. Maginelle, de Macou-lez-Condé (lot de poules blanches de Brabant).

3* prix: — Médaille de bronze et 10 francs, à M. Cliuffarl Auguste, de Beuvrages (lot de Langson).

4* prix : — Médaille de bronze et 10 francs, à M. Chuffart Edouard (lot de Langson).

58 prix : — Médaille de bronze et 10 francs, à M. Maginelle, de Macou (lot de jeunes volailles).

Canards. Prix : —Médaille d'argent et prime de 20 francs, à M. Huon. Maquet, de La Bruyère-Saint-Àmand.

Oies. 1er prix : — Médaille d'argent et prime de 20 francs, à M. Chuffart Auguste, de Beuvrages.

2e prix : — Prime de 20 francs, à M. Magniez-Alglave, de Bruai.

Lapins.

1" prix : — Prime de 20 francs, à M. Carpenlier Léon, de Rombies.

2* prix : — Prime de 10 francs, à M. Chuffart Edouard, de Beuvrages.

3e prix : — Prime de 10 francs, à M. Delvallée Léon, d'Onnaing. Moulons.

Médaille d'argent et prime de 20 francs, à M. Duplat Eugène, de Vicq (pour une bande de vingt brebis suitées).

i Pigeons.

Prix hors programme, décerné, sur la demande du jury : Médaille d'argent à M. Périn Abel, de Quarouble, pour un lot de pigeons-voyageurs.


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Maréchalerie.

Ferrure des chevaux.

1er prix : Médaille d'argent et 50 francs, à M. Frémont François, de Denain.

2" prix : — Médaille de bronze, offerte par la Sociélé des agriculteurs du Nord, et 30 francs, à M. Pelez Victor, d'Onnaing.

3' prix : — Médaille de bronze et 20 francs, à M. Bouly Léon, de Saint-Amand.

4e prix : — Médaille de bronze et 15 francs, à M. Leleu Jules, de Lourches.

5'prix: — Médaille de bronze et 10 francs, à M. Renaut François, de Saint-Saulve.

Ferrure des boeufs.

Prix:-— Médaille d'argent et 30 francs, à M. Félix Emile, de

Lourches.

Concours spécial entre les Lauréats (!"* prix)

des Concours précédents.

Prix unique : — Médaille de vermeil, à M. Dime Emile, de

Marly.

Bourrellerie.

1" prix : —Médaille de vermeil et prime de 100 francs, à M. Bouchez Henri, d'Onnaing.

2e prix ex oequo : — Médailles d'argent et primes de 25 francs, à MM. Pétiau Paul, d'Onnaing, — et Waillez Abel, de Fresnes.

Médailles de bronze, offertes à titre d'encouragement, sur la demande du jury, à MM. Rudant Emile, de La Briquelle-Marly, — et Bisiaux Georges, de Saint-Saulve.

(Les autres concurrents, ayant obtenu déjà un premier prix aux concours précédents, se trouvaient hors des conditions du programme.)

Apiculture.

Médaille de bronze, à M. Périn Jules, apiculteur à Quarouble.

Sur la demande du jury, un diplôme d'honneur et une médaille d'argent sont décernés, hors programme, à M. Crasquin-Bar, apiculteur à Villers-en-Cauchies, pour la ruche perfectionnée et la collection de produits par lui exposés.


— 209 —

LES INONDATIONS DE JUIN 1898

DANS LES CANTONS' DE VALENCIENNES ET DE CONDÉ.

M. le Président de la Société d'agriculture, sciences et arls de Valenciennes, ayant écrit à M. le Ministre de l'agriculture pour appuyer les démarches faites par MM. les Députés de l'arrondissement en vue d'obtenir des indemnités en faveur des cultivateurs de Crespin, Thivencelles, Saint-Aybert et Quiévrechain éprouvés par les inondations du mois de juin dernier, a eu l'honneur de recevoir cette réponse :

MINISTÈRE Paris, le 12 octobre 1898.

DE L'AGRICULTURE.

A Monsieur le Président de la Société nationale d'agriculture, sciences et arts', à Valenciennes.

Monsieur le Président,

Vous avez bien voulu demander un, secours en faveur des cultivateurs de Saint-Aybert, Thivenéelles, Crespin, etc., qui ont éprouvé des pertes par suite d'inondation.

J'ai l'honneur de vous faire connaître que je viens d'inviter M. le Préfet du déparlement du Nord à faire procéder aux constatations réglementaires et à m'adresser ensuite ses propositions.

Dès que celles-ci me seront parvenues, je m'empresserai de prendre une décision dont je ne manquerai pas de vous donner avis, et vous pouvez être assuré qu'il sera tenu compte, dans la mesure du possible, de l'intérêt que vous portez aux perdants.

Agréez, Monsieur le Président, etc.

Le Ministre de l'agriculture, VIGER.


— 210

CHRONIQUE INDUSTRIELLE.

SOMMAIRE. — Un procédé de vidange à froid des générateurs, supprimant les incrustations. — Grille à lames de persienncs pour brûler tous combustibles et particulièrement les poussiers et les menus. — La fumivorité. — Niveau d'eau pour chaudière à vapeur avec fermeture automatique.

Un certain nombre de brochures ayant élé mises à la disposition du chroniqueur de la Section des sciences et manufactures (1), il en a extrait ce qui peut intéresser l'arrondissement.

»

Le bulletin d'avril-mai 1898, de la Société industrielle de Mulhouse, page 66, parle de l'application d'une méthode de vidange des générateurs de vapeur qui neutralise l'adhérence des boues, des calcaires en suspension, et empêche la formation des incrustations.

Le procédé est dû à M. Savreux, ancien contrôleur des mines à Amiens, et le bulletin nous renvoie à la communication faite à ce sujet à la Sociélé industrielle de cette ville.

Nous trouvons, en effet, dans le bulletin de septembre 1898 de la Sociélé d'Amiens, une « note sur un procédé de vidange à « froid des générateurs supprimant les incrustations ».

Dans celte étude, 1res étendue, on signale que « dans la « région d'Amiens, les eaux naturelles renferment surtout des « sels de chaux, parfois un peu de sel de magnésie ; ces sels se « trouvent à l'état de bicarbonates en majeure partie, puis de « sulfates et de chlorures en quantité moindre ; les eaux renfer« menl en outre de petites quantités de silice,-d'alumine, el des « matières organiques. Par l'ébullition, ces substances se dépq« sent à l'état de carbonates, de sulfates, etc., et tapissent les « parois des récipients, tantôt de dépôts vaseux, tantôt de dépôts « durs connus sous le nom d'incrustations.

« L'enlèvement de ces dépôts durs est très pénible, très long,

(1) Cette chronique a élé lue le 18 juillet à la Section dos sciences et manufactures. Voir ci-dessus, page 180.


— 211 —

« très coûteux. Si on le néglige, le chauffage des générateurs « devient beaucoup plus difficile el plus onéreux ; de plus, il en « peut résulter des accidents. On s'est donc préoccupé de tout « temps d'éviter le durcissement des dépôts, et tous les produits « introduits dans l'eau sous le nom de désincrustants, lartri« vores, etc., agissent dans les générateurs en retardant ou en « empêchant l'adhérence et le durcissement des dépôts, mais a non leur accumulation. Il est plus naturel, plus scientifique, a de supprimer l'introduction des substances susceptibles de s'y «i déposer, c'est ce qu'on réalise par l'épuration préalable des « eaux. Notre Société a récompensé, à plusieurs reprises, des « appareils d'épuration d'eaux, dont plusieurs sont en service à « Amiens et aux alentours; s'il est vrai que ces appareils exigent « une surveillance assidue, et qu'ils ne sont jamais absolument « dépourvus d'inconvénients, ils constituent néanmoins un réel « progrès.

« Depuis une dizaine d'années, un autre procédé a été mis en « usage à Amiens, qui supprime l'emploi de tout produit désin« crustant et de toute épuration préalable. Ce procédé est dû à « M. Savreux , autrefois contrôleur des mines à Amiens ; il se « trouve déjà décrit dans le bulletin de 1892 et forme un cha« pitre du rapport technique de l'ingénieur de l'Association des « propriétaires d'appareils à vapeur.

* Lorsque M. Savreux prit la direction du tissage de velours a d'Utrecht de Moulières, il trouva là trois générateurs tubu« laires, d'un nettoyage difficile, formés chacun d'un corps « tubulaire et d'un réchauffeur latéral. Chacun de ces généra« teurs forme un massif isolé du voisin, placé au niveau du sol « de l'atelier. Les besoins de l'usine ne comportent jamais plus « de deux générateurs eh feu. M. Savreux fut amené ainsi à « laisser refroidir le générateur éteint avant de le vider. Il ne « tarda pas à s'apercevoir que, après un repos de huit jours « environ, suffisant pour refroidir entièrement l'eau et le massif t de maçonnerie, l'eau de vidange entraînait la majeure partie a des dépôts boueux, et que ceux qui restaient sur les parois « métalliques y adhéraient à peine.

« Cette remarque contient en germe tout le procédé, qui « consiste à activer, par tous les moyens possibles, le refroidis« sèment graduel de l'eau et du massif, puis à racler les dépôts


— 212 —

« boueux immédiatement après la vidange, avant qu'une source « de chaleur extérieure ne provoque la dessication et le durcis« sèment de la boue laissée sur les tôles.

« ... Les tubes sont lavés à l'eau lancée sous pression du « réservoir de l'usine placé à dix mètres de hauteur, puis en « pénétrant dans le générateur, on passe autour des tubes une « lanière munie de lames d'acier et on enlève, sans effort, le « reste de dépôt friable qui a.pu échapper au jet de lance et « rester déposé sur les tubes.

« Les générateurs marchent normalement cinquante jours de « dix heures, on fait donc quatre nettoyages par an. Voilà onze « ans que l'on opère ainsi dans cette usine et l'on compte avoir « fait 650 francs d'économie par an et par générateur par l'usage « de cette méthode de refroidissement naturel et de simple net« toyage, sans emploi de désincrustanl. »

La composition des eaux de Moulières est sensiblement la même que celles de la région de Valenciennes, l'essai de cette méthode de neltoyage peut donc être fait par ceux de nos industriels qui sont en situation de laisser chômer leur générateur durant une période suffisante de refroidissement.

Le bulletin de juillet 1897 de la Société industrielle d'Amiens contient la description d'une « grille à lames de persiennes, sys« lème Poillon, applicable à tous les foyers de chaudières et de « fours peur brûler tous les combustibles et particulièrement les « poussiers el les menus ».

Les grilles sont disposées spécialement pour un brassage des produits de la combustion. Ce brassage est rendu constant et énergique au moyen de l'introduction de la vapeur sous la grille du foyer.

Les avantages signalés sont les suivants :

« 1° Réduction de 15 à 40 p. % du prix de revient de la « tonne de vapeur par l'emploi de combustibles à bon marché, « jusqu'aux plus pauvres : escarbilles, frasiers, anthracites, etc.;

« 2° Absence complète d'usé, le mâchefer ne collant pas sur « la grille ;

<i 3° Décrassage très rapide à la raclette seule ;

« 4° Facilité du réglage du feu selon les besoins de l'usine ;


— 213 —

« 5° Augmentation, allant jusqu'à 50 "/„, de vaporisation des « générateurs ;

« 6° Suppression de l'inconvénient du manque de tirage :

« 7° Application à tous les genres de chaudières et de fours ;

« 8° Réduction possible des dimensions des cheminées ;

« 9° Combustion complète du combustible et des gaz par le « brassage près de l'autel ;

« 10" Sécurité absolue par l'impossibilité de la formation de « dards de chalumeau, ce que ne peut procurer aucun autre « système;

« 11° Conservation des chaudières par la suppression des ren« trées d'air froid, puisqu'une pression existe dans le foyer ;

«12° Fumivorité ;

« 13° Diminution de l'entraînement des cendres dans les car« neaux ;

n 14° Dépense d'installation regagnée généralement en moins « d'un an. ».

Notre Société s'est occupée, il y a un certain temps, de ces sortes de foyers ; elle a suivi les épreuves faites dans les environs de Valenciennes. L'auteur du procédé qui nous était alors soumis, n'avait pas songé à disposer les grilles comme le fait M. Poillon d'Amiens.

Nous devons nous borner à écrire en chroniqueur; néanmoins, nous pouvons saisir l'occasion de déplorer le peu de progrès fait dans notre région en ce qui concerne l'emploi-des combustibles.

La fumivorité y est absolument négligée au grand dommage de l'économie et pour l'ennui des voisins.

Notre Section pourrait peut-être se constituer en centre d'action pour la divulgation des procédés propres à la réalisation de ces deux desiderata :

1° Economie de combustible,

2° Fumivorité, et, au besoin, provoquer des conférences auxquelles les inventeurs prendraient sans doute part dans le dessein de répandre leurs procédés.

•*•

Tout ce qui concerne les appareils de production de vapeur lient toujours la première place dans les travaux des sociétés


— 214 -

industrielles, el le Bulletin de la Société industrielle de Rouen nous en fournit une nouvelle preuve.

Le numéro de juillet-août 1897 de ce bulletin contient une note sur un « niveau d'eau pour chaudière à vapeur avec fer« meture automatique, système Dufray ».

Ce niveau d'eau ressemble extérieurement à tous ceux que l'on connaît ; il n'a de particulier que la disposition des portetubes en verre — inférieur et supérieur— qui sont mobiles, et, se rapprochant en cas de rupture du verre, obturent par leur déplacement les orifices d'accès de l'eau en bas, de la vapeur en haut, et écartent ainsi les ennuis — souvent les accidents — dont les chauffeurs sont victimes lorsque le verre du niveau d'eau vient à se rompre, accident assez fréquent et qu'il importait de rendre anodin, — ce qui paraît résolu au moyen de la disposition adoptée par M. Dufray.

P. L.

SECTION D'HISTOIRE ET D'ART

DE LA SOCIÉTÉ.

Séance du 10 juin 1898.

Présidence de M. Aug. DOUTRIAUX.

Sont présents : MM. J. Déjardin, André Doutriaux, V. Henry, A. Ridiez, et Ch. Marlière, secrétaire. S'est excusé de ne pouvoir assister à la réunion M. À. Thiroux.

Nécrologie : M. A. Losset; M. J.-B. Véretle. — M. le Président, en ouvrant la séance, exprime les regrets unanimes causés aux membres de la Section par la mort d'un collègue aussi distingué que l'était M. A. Losset (1). Il comptait parmi les sociétaires les plus actifs et les plus dévoués, et son érudition en matière d'archéologie rendait précieuse sa présence dans les séances de la Section d'histoire et d'art.

»*» M. V. Henry informe la Section du décès d'un ancien universitaire, M. Jean-Baptiste-Edouard Véretle, qui fut principal du collège de Valenciennes en 1872-1873. M. Vérette, après

(1) Voir ci-dessus, page 90.


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avoir pris sa retraite, était allé se fixer à Château-Thierry, d'où il était originaire. Il y avait été nommé président de la Société historique et archéologique de Château-Thierry. Il a expiré le 3 décembre 1897, à l'âge de 88 ans.

Publication des Mémoires historiques. — M. V. Henry, secrétaire général, annonce que le 7e volume des Mémoires sur l'arrondissement va être mis sous presse.

Sur la proposition du Bureau central, il est décidé que ce volume ne sera pas dès à présent l'objet d'une souscription, mais qu'il sera offert aux membres de la Société et au public, dans les conditions précédemment fixées (1), lorsqu'il sera terminé et broché.

Exposition et concours artistiques. — Connaissance est donnée à la réunion :

1° du règlement d'une exposition d'arts décoratifs, (avec section affectée aux oeuvres anciennes), qui se tiendra à Dunkerque du 14 juillet au 31 août ;

2° d'une circulaire annonçant l'ouverture à Turin (Italie) d'une exposition d'art chrétien, visible depuis le 1er mai, pour prendre fin le 31 octobre prochain ;

3° du programme d'un concours de poésie ouvert par la Société d'agriculture, des sciences et des arts de Douai.

Musée de Valenciennes. — M. le Secrétaire général communique à la Section la liste des oeuvres acquises en 1897 par le Musée de la ville, liste due à l'obligeance de M. le Conservateur de ce Musée. Elle sera, comme d'habitude, publiée dans la Revue de la Société.

Galerie historique : dons et achats. — M. A. Richez, conservateur de la Galerie historique, informe ses collègues que cette collection a récemment reçu les dons suivants :

1° de M. Julien Dècle : la copie, exécutée par le donateur, d'un portrait de M. René Fâche, ancien professeur de sculpture aux Académies de Valenciennes, peint à Rome, en 1882, par M. F. Schommer;

2° de M. Dècle encore, sur la demande qui lui en a élé faite : son portrait peint par M. Layraud, grand prix de Rome, pro(1)

pro(1) lomo XLV1I de la Revue, page 228.


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fesseur aux Académies de Valenciennes; ce portrait est la réduction de celui qui se trouve au Musée de la ville ;

3° de M. Edmond Pesier, président honoraire de la Société d'agriculture : son portrait en médaillon, modelé par M. René Fâche ; c'est un des cent vingt médaillons exécutés par M. Fâche afin de procurer à son élève M. Léon Fagel un remplaçant pour le service militaire ;

4° de M. Alfred Richez : un cadre renfermant cinq croquis dessinés à la mine de plomb par le statuaire Henri Lemaire; ces dessins représentent : les deux frontons du Palais de justice de Lille, le profil d'un bourgeois, une statue de saint Pierre assis, un groupe d'emblèmes maritimes avec cornets d'abondance.

En outre, M. Julien Dècle a bien voulu, par une lettre adressée au Président de la Société, offrir pour la Galerie un moulage, exécuté par M. René Fâche, du buste en marbre d'Henri d'Oultreman sculpté par Pierre Francheville et qui figure au Musée de Valenciennes. Mais le donateur s'est réservé pour quelque temps encore la possession de ce moulage.

M. le Président, au nom de la Société, remercie MM. Dècle, Pesier el Richez.

,*, M. Richez indique ensuite que, d'accord avec le Bureau de la Sociélé, il a fait les 25 et 26 mai dernier, à la vente de l'atelier de M. Jules Léonard, artiste peintre, l'acquisition des objets suivants pour la Galerie historique :

1° Une vue de la rivière Sainte-Catherine prise au faubourg de ce nom, près de la corderie (esquisse au pastel sur carton) ;

2° Une composition allégorique : Notre-Dame du Saint-Cordon, élude pour un tableau peint qui a figuré à l'exposition des fêtes du couronnement en 1897 (esquisse au pastel sur carton) ;

3° Une composition décorative avec portrait-médaillon d'Abel de Pujol, exécutée pour le catafalque dressé dans l'église NotreDame lors de la translation des restes de cet artiste à Valenciennes, le 24 avril 1865 (dessin à la mine de plomb) ;

4° Un portrait de Désiré Tricot, poêle, né à Valenciennes, élude au crayon qui a évidemment servi pour le portrait peint du même que possède la Galerie historique (1) ;

(1) Au sujet de ce portrait, M. V. Henry a donnés la Section le renseignement que voici : « Je tiens de la bouche même de M. Jules Léonard,


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5° La composition faite par M. Léonard à l'occasion des fêtes du Centenaire de 1793-95 à Valenciennes : « Les Valenciennois jurant sur l'autel de la Patrie, en 1793, de défendre leur ville à outrance » (lithographie).

M"' Duchesnois. — M. Victor Henry rectifie sur un point certains détails donnés antérieurement à la Section concernant l'un des séjours que fit à Valenciennes MUe Duchesnois après avoir conquis l'un des premiers rangs à la Comédie-Française. Cette rectification sera publiée dans la Revue.

A ce propos, M. Henry met sous les yeux de ses collègues un curieux opuscule du commencement du siècle, qui appartient à M. Ed. Fromentin, et dans lequel sont racontées en vers les luîtes soutenues par M"e Duchesnois contre ses rivales.

Don de M. Gustave Crauk à la Ville. —M. le Président croit pouvoir annoncer à la Section que le statuaire valenciennois Gustave Crauk a offert à la Ville, pour son Musée, les maquettes ou moulages d'un certain nombre de ses oeuvres les plus importantes, telles que.le monument de l'amiral de Coligny à Paris, le lombeau du cardinal Lavigerie, etc.

M. V. Henry prend occasion de cette communication pour faire remarquer que la Galerie historique de la Société ne possède pas le portrait de M. Gustave Crauk, et que c'est là une lacune fort regrettable; pour la combler, il demande s'il n'est pas possible de reprendre une ancienne tradition de la Sociélé, qui autrefois faisait exécuter par de jeunes artistes témoignant déjà d'un réel talent, les portraits des hommes remarquables nés à Valenciennes.

M. le Président promet d'examiner la question, et de chercher à procurer à la Galerie le portrait de M. Gustave Crauk.

Une excursion en Grèce. — M. le Président donne ensuite la parole à M. André Doutriaux, qui, ayant récemment pris part à l'un des voyages organisés par la Revue générale des sciences et

que Tricot était déjà à l'Hôtol-Dieu de Valenciennes, et bien près de sa fin, quand, pour donner satisfaction au désir qu'avait le malheureux bohème d'être représenté un jour dans la Galerie historique de la Société d'agriculture, sciences.et arts, le peintre promit de faire et d'offrir à cette Société le portrait du moribond, et à cet effet exécuta les études nécessaires ».


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visité ainsi la Grèce, veut bien rendre compte de ses impressions à ses collègues. Dans une charmante causerie, il transporte ses auditeurs à Delphes, à Olympie, à Delos, à Athènes, peignant les sites entrevus et l'aspect des habitants, décrivant les monuments éparpillés dans ce beau pays et les chefs-d'oeuvre exhumés par les missions savantes française et allemande.

fore m I1Ie $ÏÏCHESKOIS.

Il y a trois ans, à l'occasion de l'inauguration du'monument de M"° Duchesnois à Saint-Saulve, nous avons reproduit et commenté, dans celle Revue (1), quelques extraits des journaux valenciennois de 1830, concernant plusieurs représentations données à celte époque en notre ville par la tragédienne.

Ces souvenirs, nous les avons intitulés : Le dernier séjour de Mn° Duchesnois à Valenciennes. Or, nous avons ainsi commis une inexactitude que nous tenons à signaler et à corriger. Indiquons d'abord comment nous avions élé induit en erreur : c'est par un contemporain même de M"" Duchesnois, Arthur Dinaux, qui, dans la notice où il a conlé en 1836 la vie de la célèbre actrice (2), dit textuellement : « M"e Duchesnois » (qui avait joué à Valenciennes en 1806 et en 1814), « y vint encore vers 1818, 1824, et pour la dernière fois en 1831 » (3). Après avoir constaté dans les feuilles du temps qu'en réalité MUe Duchesnois n'avait pas mis le pied sur notre scène en 1831, nous en avions conclu que sa visite de 1830, durant laquelle ses conciloyens l'avaient 1res fêtée, était bien celle que Dinaux avait voulu signaler comme la dernière. Mais récemment, en feuilletant de vieux papiers, nous avons découvert par hasard qu'elle avait paru encore devant le public valenciennois en 1832. Elle a fait, évi(1)

évi(1) dans le tome XLV de la Revue, page 152.

(2) Notice publiée dans le tome II des Mémoires de la Société d'agriculture, des sciences el des arts de l'arrondissement de Valenciennes, page 165.

(3) Idem, page 314.


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déminent, cette année-là, vers le commencement de l'automne, une tournée en province. Après avoir donné des représentations à Lille (1), puis à Cambrai (2), elle vint jouer à Valenciennes, les 16, 18 et 21 octobre, les rôles de Marie Sluart, de Mèrope el de Phèdre.

Bien que les Valenciennois se soient fait un plaisir d'applaudir toujours l'ancienne étoile du Théâtre-Français, il semble bien, à consulter les comptes rendus des journaux, que même dans son pays natal la tragédienne, vieillie comme l'école littéraire qu'elle représentait, n'excita plus alors le même enthousiasme que précédemment.

« M" 6 Duchesnois a reçu à son entrée en scène », lit-on dans le Courrier du Nord, « la salve d'applaudissements d'usage ; c'était le tribut de l'amitié et du plaisir, offert par des concitoyens à une artiste qui a fait rejaillir sur sa ville natale tout l'éclat dont elle a brillé. Certes, il fallait tout le talent de notre illustre concitoyenne pour ramener au théâtre une foule de curieux aussi considérable pour voir une tragédie ; c'est un genre si usé... » Le Courrier du Nord, on le voit, tenait avec les novateurs, les romantiques.

L'Écho de la frontière, pour sa part, était resté classique (S), et ses éloges n'ont pu scandaliser, comme ceux de son confrère, la pauvre Phèdre errante. Qu'on en jugé : « La tragédie », écrivait-il, « la tragédie est détrônée à Pans; une révolution dramatique, aussi terrible dans ses effets qu'une terreur politique, a passé sur le Théâtre-Français et a dispersé les fidèles desservants de cet ancien temple du goût el de la littérature. Le Romantisme est venu planter sa bannière dans le sanctuaire de Melpomène, sur les cendres du grand Corneille et du tendre Racine... Cette usurpation n'aura ^u'un temps ; si nous devons

(1) Voir l'Echo de la frontière du 9 octobre 1832.

(2) Id. id. du 13 octobre 1832.

(3) Çitons-en aussi comme preuve quelques lignes de son compte rendu d'une représentation d'Hernani, donnée le 10 décembre 1831 au théâtre de Valenciennes: ■• Ici, comme à Paris, la curiosité avait réuni une chambrée fort honnête, qui écouta presque sans rire le drame jusqu'à la lin. On se croyait reporté au règne de Louis XIII, à la représentation d'une des pièces de Rotrou : cependant, de temps à autre, des pensées fortes, do beaux vers, jetés en enfants perdus, ramenaient les spectateurs aux temps modernes et lour faisaient plus que jamais regretter qu'un beau génie se soit si faussement égaré... »


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voir encore une restauration, ce sera celle du Théâtre-Français ; l'honneur national y est intéressé : il faut bien qu'il reste au moins cent pieds carrés dans Paris, où l'on soit sûr d'être à l'abri des bourreaux, des galères, des forçais et des voleurs de grand chemin. En attendant,... c'est au malheur des temps dramatiques que nous devons le plaisir d'avoir pu applaudir notre concitoyenne M 11" Duchesnois... Nous l'avons retrouvée toujours admirable... »

Quoi qu'il en soit de la querelle des romantiques et des classiques à Valenciennes, M"" Duchesnois y eut de nombreux auditeurs, des applaudissements répétés, et même une couronne.... Mais je ne sais quelles nuances décèlent dans ces hommages un peu moins d'entrain qu'autrefois.

•#,

Tandis que nous parlons de M"e Duchesnois, quelques mots sur l'une des productions plus ou moins poétiques qu'inspira sa fameuse rivalité avec MIU* Raucourt et Georges.

Arthur Dinaux signale , dans sa notice, plusieurs de ces élucubrations, comme il dit. Il en est une assez curieuse qui luia échappé, et qu'a trouvée il y a quelque temps chez un libraire parisien un de nos collectionneurs valenciennois, M. Edouard Fromentin. C'est un poème épique, ou soi-disant épique, en trois chants, s'il vous plaît, dédié à M"' Duchesnois. Il se présente sous forme d'une plaquette petit in-18, et porte le titre de : La guerre théâtrale (Paris, chez Surosne, libraire, an XI1803). L'auteur (un M. D. Mater, paraît-il) y relate en vers, ou pour mieux dire en prose rimée, la lutte de M 118 Raucourt contre Mlle Duchesnois débutante, et les batailles que se livrèrent au Théâtre-Français les partisans respectifs des deux actrices. « Je chante », dit-il en débutant,

Je chante l'époque fatale Où les sifflets de la cabale Vendus à la témérité, Sifflant la sensibilité, Accordèrent l'autorité A son orgueilleuse rivale.

Le versificateur est aussi peu aimable que possible à l'égard des adversaires de notre tragédienne ; quant à elle, il ne recule pour la glorifier devant aucune comparaison :


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Tel après un cruel orage, L'astre du jour, du haut des cieux, Perçant à travers le nuage, Paraît plus brillant à nos yeux, Telle, vainqueur de la cabale, Duchesnois avec majesté Abat la discorde fatale Et brille avec plus de clarté.

Veut-on maintenant un échantillon du récit des combats dont la jeune actrice fut la cause ?

La toile, à l'instant du signal, Se lève au milieu du tapage ; Et le silence général Succède aussitôt à l'orage. Duchesnois s'offre à nos regards... Un organe délicieux Frappe notre oreille attentive Et porte un charme précieux Au sein dé notre âme captive. Mais tandis que chacun de nous Se livre aux transports les plus doux, Un sifflement se fait entendre... Chacun de nous spontanément Se lève et court à la pécore Qui produisait ce sifflement. L'infâme cherche à se défendre... On lui voit cacher le sifflet, Il parle... Un vigoureux soufflet Sur la place vient de l'étendre... Armés de gros bâtons noueux, Ses amis prennent sa défense, Et frappent en criant vengeance. Tous les bras sont levés sur eux. En vain ils demandent main- forte Et réclament des partisans : Leur abominable cohorte Est aussitôt mise â la porte Au bruit des applaudissements...

Ces citations suffisent pour renseigner sur le talent... étriqué de l'auteur. Sa fantaisie ne vaut certes pas le Lutrin. Ce petit livre n'en est pas moins curieux, comme nous le disions, parce qu'il dénote l'intérêt qu'ont offert pour le Tout-Paris de jadis les jalousies excitées par les débuts de M 11" Duchesnois. Il contient aussi quelques notes intéressantes sur le monde théâtral de cette époque.


222

CHRONIQUE AGRICOLE.

UNE MALADIE MICROBIENNE DE LA BETTERAVE.

Les microbes se rencontrent partout dans la nature. Cependant les maladies microbiennes proprement dites n'occupent jusqu'ici qu'un minuscule chapitre de la pathologie végétale. Remarquez, en effet, que la plupart des calamités végétales ont pour cause, non pas des microbes, mais bien des champignons microscopiques (peronospora, oïdium, charbon, carie, etc.), ou encore des insectes parasites (phylloxéra, doryphora, etc.). Quoi qu'il en soit, les végétaux vivants ne jouissent en aucune sorte du privilège d'immunité à l'égard de l'invasion des microbes; leurs tissus sont exposés aux attaques de ceux-ci comme les tissus animaux. Il est probable que dans bien des cas où les plantes sont atteintes d'un mal inconnu, la ténuité extrême des bactéries et la grande difficulté de les distinguer ont fait méconnaître leur présence. Mais le développement de ces parasites exigus a déjà donné la clef de plusieurs altérations végétales et vient encore d'éclairer la cause d'une nouvelle maladie des betteraves qui ne laisse pas de susciter certaines inquiétudes.

Cette maladie de la betterave, observée depuis deux ans dans plusieurs cantons du Nord, du Pas-de-Calais, de Seine-et-Oise, de Seine-et-Marne, vient de faire l'objet d'une note présentée à l'Académie des sciences par MM. Prillieux et Delacroix. Ces deux botanistes décrivent ainsi les signes de la maladie en question : » Les feuilles de la périphérie, principalement celles du coeur, se marquettent de vert et de blanc, comme dans la mosaïque des tabacs à son début (1). Peu à peu, ces petites taches, d'abord bien tranchées, deviennent moins vertes. Les taches, blanches ou

(1) La mosaïque des tabacs est, de toutes les affections microbiennes jusqu'ici étudiées sur les végétaux, la plus sérieuse. Elle a sévi avec intensité -en Russie et en Autriche, et cause actuellement des dégâts importants dans les plantations de tabac de la vallée de la Garonne et du Pas-de-Calais. Elle attaque les feuilles de la plante du tabac, el grâce aux nombreux îlots que les colonies bacillaires du parasite développent sur le limbe, les tachette de macules jaunâtres bordées d'un vert plus foncé. L'aspect quelque peu bariolé de la plante attaquée a déterminé les Allemands à désigner cette altération sous le nom de « mosaïque ».


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vertes, ne tardent pas à virer vers un ton jaunâtre uniforme, et la feuille finit par se dessécher. »

L'examen microscopique des feuilles malades permet de constater, dans les cellules correspondant aux régions décolorées, la présence de très nombreuses bactéries, courtes, un peu en forme de tonnelet, tourbillonnant rapidement dans le liquide que contient la cellule. Tout autour d'elle les corpuscules chlorophylliens perdent, avec la netteté de leurs contours, presque toute leur couleur.

Les feuilles étant le laboratoire principal où s'ébauchent et se constituent les matières nutritives, le trouble de leur fonctionnement a un retentissement immédiat sur les autres organes. Ainsi sur les pieds dont les parties vertes sont fortement attaquées, à partir de la deuxième quinzaine de juillet les racines ne grossissent plus, quoique leur teneur en sucre reste normale, et la perte totale atteint 50 pour 100 de la récolte.

Celte maladie, appelée jaunisse de la betterave, semble prendre naissance dans les pièces de terre ayant donné asile à des porte-graines. Quoique MM. Prillieux et Delacroix ne soient pas encore arrivés à déterminer exactement le mode d'invasion des betteraves atteintes, il est néanmoins acquis que les microbes perturbateurs s'observent dans l'enveloppe florale, qu'ils persistent, probablement sous forme de spores, dans la graine, et qu'ils conservent leur vitalité dans les feuilles desséchées, contaminées l'année précédente. Donc, pour le moment, tout ce qu'on peut prescrire, afin de diminuer les chances de l'extension de la jaunisse, c'est un assolement plus long, par exemple-quadriennal, et l'emploi de semences récollées sur des plantes saines.

J. de Loverdo (La Nature). #

LA PULPE DE DIFFUSION ET LA BETTERAVE FOURRAGÈRE.

M. Paul Gray, répétiteur de zootechnie à l'école nationale d'agriculture de Grignon, a entrepris, à la ferme de la Tuilerie, commune de Saint-Nom-la-Bretèche, avec la collaboration de M. Eugène Fié, agriculteur à cette ferme, des recherches dans le but de déterminer le prix de revient de la matière sèche contenue dans la pulpe ensilée, G'est-à-dire au moment de sa


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distribution aux animaux, afin de pouvoir comparer ce prix de revient à;celui fourni par la betterave fourragère, pour voir si la pulpe de sucrerie est bien réellement un aliment économique.

M. Gay a entrepris en même temps des recherches expérimentales dans le laboratoire de zootechnie et dans les étables de l'école de Grignon pour déterminer la valeur nutritive et, par conséquent, la valeur économique de ces deux aliments, pulpes et betteraves. D'après ces recherches faites sur des moutons et une vache et dont on trouvera l'exposé en détail dans les Annales agronomiques de mars 1897, l'auteur a pu tirer les conclusions suivantes :

1° Le prix de revient de la matière sèche de la pulpe ensilée est plus élevé, même en faisant abstraction de ses frais de transport, que celui de la matière sèche des betteraves fourragères de la variété Tankard ;

2° La pulpe ensilée, à poids de matière sèche égal, est plus nutritive que la betterave, cette supériorité ayant été constatée par une augmentation plus grande du poids des animaux sur lesquels a porté l'expérience ;

3° Cette supériorité nutritive de la pulpe ensilée compense largement l'excédent de dépense que nécessite son emploi. Cet aliment est donc plus économique que la betterave fourragère et son utilisation doit être conseillée chaque fois qu'il y aura possibilité de le faire ;

4" Les vaches laitières peuvent recevoir sans aucun inconvénient cet aliment conservé, à la condition, toutefois, que la conservation se sera effectuée sans dégagement de fermentation putride qui en aurait altéré la qualité. La bonne pulpe ensilée n'a aucune influence fâcheuse, ni sur la quantité, ni sur la qualité du lait.


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CONCOURS D'ARRACHEUSES MÉCANIQUES DE BETTERAVES

Organisé par la Société d'agriculture de Valenciennes A ARTRES

€'est sur le territoire d'Artres qu'ont eu lieu, en octobre 1898, les épreuves du concours d'arracheuses mécaniques de betteraves ouvert par la Société d'agriculture, sciences et arts de l'arrondissement de Valenciennes. La Commission organisatrice a trouvé en effet dans cette commune ce qu'elle avait d'abord cherché ailleurs sans bon succès : un vaste champ, de forme régulière et facile à sectionner, planté de betteraves d'une égale et belle venue, appartenant enfin à des agriculteurs aussi complaisants que désintéressés, MM. Albert et Georges D'Haussy.

Il paraît intéressant de reproduire ici, pour en conserver le souvenir, le programme publié et affiché quelques semaines avant le concours :

Concours international

d'arracheuses mécaniques de betteraves,

avec ou sans décolleteurs.

« Lq Société d'agriculture, sciences et arts de l'arrondissement de Valenciennes, organise un concours international d'arracheuses mécaniques de betteraves, avec ou sans décolleteurs.

« Les récompenses consistent en diplômes et 1.000 francs de prix, dont 500 francs offerts par le Syndicat des fabricants de sucre de France ; 300 francs offerts par la Sociélé des agriculteurs du Nord; 200 francs offerts par la Société d'agriculture, sciences el arts de l'arrondissement de Valenciennes.

« Le concours aura lieu le dimanche 16 octobre 1898, à Artres, près Valenciennes (Nord), sur un champ appartenant à MM. D'Haussy frères, agriculteurs et fabricants de sucre, au lieu dit: Le Grand Côté, sur la route d'Artres à Préseau.

« Le concours commencera à onze heures.

TOME XLVIH. 8


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PROGRAMME.

« 1° Le Jury tiendra compte tout particulièrement, pour l'attribution des récompenses, des progrès réalisés dans la construction et le fonctionnement des Arracheuses depuis les derniers concours spéciaux. Il prendra aussi en considération le prix de vente de ces instruments.

« 2° Les appareils devront :

« A. Soulever ou arracher assez les betteraves, sans les blesser ni les mutiler, pour qu'on puisse ensuite les enlever facilement à la main, sans trop retourner le sol, et sans que la terre, collant aux racines, impose plus de travail pour le nettoyage, que lorsque l'arrachage s'opère avec la main ;

« D. Exiger une force de traction aussi minime que possible, sans que l'abondance des feuilles ou des betteraves montées à graines soit un obstacle à la bonne marche de l'instrument ;

« C. En tous cas, les appareils devront faire réaliser par rapport à l'arrachage à la main, des économies réelles de temps et de main-d'oeuvre.

« 3° Le Jury désigné par la Sociélé d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes, sera seul juge pour apprécier le mérite et la valeur des instruments, et déterminer, selon les circonstances, le nombre des diplômes, médailles' et primes à décerner ; les sommes mises à sa disposition ne devant être intégralement distribuées que si les instruments présentés paraissent le mériter par leur récent perfectionnement.

« 4° Les candidats aux récompenses offertes devront adresser leurs demandes au Secrétariat de la Sociélé d'agriculture, sciences et ails de Valenciennes (hôtel de ville de Valenciennes), avant le 12 octobre. Ils indiqueront, dans leur demande, le nombre d'altelages nécessaires pour l'essai de leurs arracheuses. Afin de faciliter le travail du Jury, ils sont priés de joindre à leur demande, si possible, des notices explicatives concernant leurs appareils, avec l'indication des prix de vente. »

•••


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L'appel fait par la Société d'agriculture de Valenciennes a élé entendu. Les constructeurs de machines agricoles les plus réputés y ont répondu, de même que les outilleurs plus modestes de la région. Voici, par ordre alphabétique, la liste des uns et des autres; tous,après s'être fait inscrire,ont pris part au concours:

1° M. A. Bajac, conslructeur-mécanicien à Liancourt (Oise);

2° M. Philippe Balieu, maréchal-forgeron à Ruesnes ;

3° M. Jules Boute, maréchal-forgeron à Aulnoy ;

4" MM. E. Candelier et fils, constructeurs-mécaniciens à Bucquoy (Pas-de-Calais) ;

5" M. Elie Chevalier, cultivateur à Beaudignies (Nord) ;

6° M. Louis Cogniau, maréchal-forgeron à Haspres ;

7° M. Daubresse Le Docte, constructeur-mécanicien à Arras ;

8° M. Dcvilder fils, constructeur-mécanicien à Cambrai ;

9° M. Flaba-Thomas, constructeur-mécanicien au Caleau ;

10° M. Auguste Gouy, maréchal-forgeron à Millonfosse ;

11° M. Lefebvre, constructeur à Billy-Berclau ;

12° MM. Pruvot frères, constructeurs-mécaniciens à Valenciennes ;

13° M. Vinoy-Jacqmarl, maréchal-forgeron à Haspres ;

14" MM. F. Zimmermann et Cie, constructeurs-mécaniciens à Halle-sur-Saale (Allemagne).

Il convient d'indiquer de suite que certains des concurrents ont présenté plusieurs machines différentes, si bien que vingt arracheuses ont fonctionné devant le Jury le 16 octobre.

Cette journée du 16 s'est présentée d'abord comme bien peu favorable à la réunion provoquée par la Société d'agriculture. Une pluie fine et serrée, durant toute la matinée, est tombée presque sans interruption. Elle s'est arrêtée heureusement vers midi, et les épreuves d'arrachage ont pu être observées sans difficulté.

Parmi les membres désignés dans la Société d'agriculture pour juger le concours, quelques-uns ont été empêchés de répondre à l'appel de la Section centrale; le Jury s'est ainsi trouvé composé de MM. Alfred Brabant, Clément Coquelle, Emile Davaine, G. Gras, Pierre Hayez, Henri Sahut ; ils se sont adjoint


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M. Pierre Lajoie, vice-président de la Section des sciences et manufactures, et ont choisi pour président M. Brabant (1).

Le concours a été des plus intéressants. Il ne l'a pas cédé eu importance, suivant l'avis de tous, aux épreuves analogues précédemment organisées soit par des associations agricoles, soit par le Syndicat des fabricants de sucre.

Le champ choisi s'est parfaitement prêté à l'essai des instruments présentés. MM. D'Haussy ne s'étaient pas contentés de le mettre à la complète disposition de la Sociélé d'agriculture, ils avaient bien voulu le préparer en le divisant en parties égales, séparées par des bandes de terrain dépouillées de leurs betteraves. Ce sont eux aussi qui s'étaient chargés du soin de procurer les attelages nécessaires pour mouvoir chaque arracheuse.

Malgré le temps menaçant, un grand nombre de cultivateurs étaient venus à Artres, de tous les points de la région et ont suivi avec attention le concours; leur empressement a montré combien ils jugeaient utile l'étude pratique que l'initiative delà Société d'agriculture leur permettait de faire.

Le Jury n'a pas arrêté ses décisions le jour même. Il s'est ajourné au mardi 23 octobre pour discuter et peser les mérites respectifs des machines examinées.

A la fin de cette séance, il a décerné les récompenses dont il a libellé comme suit la liste, en la faisant précéder de la note ici reproduite :

« Il y a lieu de rappeler que, suivant le programme du concours d'Artres, le Jury devail, pour l'attribution des récompenses, tenir compte tout particulièrement des progrès réalisés dans la construction des arracheuses depuis les derniers concours spéciaux.

« En raison de celle prescription et des caractères différents des diverses espèces d'instruments qui lui ont été soumis, le Jury a divisé les arracheuses en trois catégories, dans chacune desquelles ont été accordés les prix suivants :

(1) Un pavillon en bois avait été, par les soins de la Société d'agriculture, .élevé près du champ du concours, pour permettre au jury de se réunir à l'écart de la fouel. Entre temps, il a servi de buffet à l'usage des assistants.


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i" Catégorie. « Médaille d'or et prime de 300 francs, à M." J. Devilder, constructeur à Cambrai, pour son arracheuse avec décolleleur et secoueur (arracheuse Frennet).

2me Catégorie.

« Médaille d'or et prime de 200 francs, à MM. Pruvol frères, constructeurs à Valenciennes, pour leur arracheuse à tambour et à fourches.

3m* Catégorie.

« Médaille d'or el Diplôme, d'honneur à M. A Bajac, constructeur à Liancourt, pour ses arracheuses d'une ligne et de trois lignes.

« Médaille d'or à MM. F. Zimmermann et Cie, constructeurs à Halle, pour leur arracheuse d'une ligne.

« Médaille de vermeil grand module, offerte par la Société des agriculteurs de France, à MM. E. Gandelier et fils, constructeurs à Bucquoy, pour leurs arracheuses d'une ligne et de deux lignes.

« Médaille de vermeil grand module, offerte par la Société des agriculteurs du Nord, à M. Flaba-Thomas, constructeur au Cateau, pour ses arracheuses d'une ligne et de deux lignes. »

Dans la même séance, le Jury a chargé l'un' de ses membres, M. Pierre Lajoie, de rédiger sur le concours un rapport détaillé; il s'est réuni pour en prendre connaissance le 17 décembre, et l'a approuvé.

RAPPORT DE M. P. LAJOIE.

Selon le programme, le concours a eu lieu dans un champ appartenant à MM. D'Haussy frères, agriculteurs et fabricants de sucre, au lieu dit : le Grand Côté, sur la route d'Artres à Préseau.

Le champ désigné avait été préalablement divisé en parcelles égales, et ces parcelles numérotées, pour éviter toute confusion et toute réclamation ultérieure sur le plus ou moins de facilité que pourraient présenter les fractions préparées pour les concurrents.

Le Jury du. concours se composait de MM. :

Alfred Brabant, chevalier de la Légion d'honneur, agriculteur et fabricant de sucre, à Onnaing ;


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Emile Davaine, chevalier de la Légion d'honneur, ancien président de la Société des agriculteurs du Nord, agriculteur, à Saint-Amand ;

C. Coquelle, officier du Mérite agricole, agriculteur, président do la Société des agriculteurs du Nord de la France, à Moslaing ;

Pierre Hayez, agriculteur et fabricant de sucre, àCurgies;

Pierre Lajoie, ingénieur, vice-président de la Section des sciences et manufactures de la Société ;

Henri Sahut, directeur de la manufacture d'outjls en acier de M. A. Conreur, à Raismes ;

Georges Gras, secrétaire de la Section des sciences et manufactures.

Le Jury, constitué, a prié M. Brabant de bien vouloir présider aux opérations.

Le Président a d'abord procédé à l'appel des concurrents et a fait tirer au sort les emplacements numérotés.

Les épreuves ont commencé à midi 45.

N" 1. M. A, BAJAC, constructeur à Liancourt (Oise), opère avec une fouilleuse ; le Iruc est monté sur deux roues ; deux disques à l'arrière. La fourche fouilleuse soulève bien la racine. Le règlement de l'enfoncement se fait par les roues d'avant. Traction facile : 2 chevaux. Prix de l'arracheuse : 160 francs.

N" 3*.

M. J. DEVILDER fils, ingénieur, constructeur à Cambrai (Nord), présente et fait fonctionner une arracheuse-décolleteuse-secoueuse.

Le prix est de 1.200 francs, le poids est de 700 kilogs; avec roues évidées elle ne pèserait que 650 kilogs. Le truc est monté sur quatre roues. L'enfoncement de l'arracheuse et tous les mouvements sont réglables ; traction de 3 chevaux. L'arrachage se fait bien. Le décolletage est satisfaisant. Le secouetir opère convenablement.

Un-deuxième essai sera fait après toutes les autres épreuves des concurrents.

Les n<" 2 et 4 ne sont pas sorlis de l'urne.


231

Cette description, forcément brève, sera étendue à la lin du rapport.

N°5.

M. F. ZIMMERMANN, constructeur à Halle-sur-Saale, fait fonctionner une arracheuse qui opère sur un rang de betteraves, sous la traction de 2 chevaux.

Le poids de l'appareil est de 186 kilogs, son prix de 200 fr. La fourche fouilleuse est précédée de deux tranchants verticaux. L'opération est réussie.

On peut fonctionner avec un seul cheval et un homme.

N°6.

M. DAUBRESSE LE DOCTE, constructeur à Arras (Pas-deCalais), opère avec une fouilleuse façon des brabants.

L'arrachage est incomplet, les betteraves sont parfois blessées, d'autres restent en place.

N°7. M. FLABA-THOMAS, constructeur au Caleau. Le truc porte deux trancheurs à l'avant de chaque demi fourche fouilleuse et opère sur deux rangs. Traction : 4 chevaux; conduite: 2 hommes. Poids: 180 kilogs. Prix: à un levier, 180 francs, — à deux leviers: 2C0 francs avec deux lames de rechange.

N°8.

M. Louis GOGNIAU, maréchal à Haspres, présente un ancien instrument de labourage qu'il a muni d'un soc arracheur, relevant la betterave de côté.

Cette construction, un peu primitive, opère cependant assez bien Traction : 2 chevaux ; poids : 80 kilogs ; prix : 80 francs. ■

N" 9.

MM. Pituvor frères, constructeurs au faubourg de Lille, à Valenciennes, font fonctionner une arracheuse de betteraves constituée comme le sont les brabants, avec addition d'un coupe-feuilles. Le poids est de 160 kilogs. Le prix'est de 200 francs. Traction : 2 chevaux. Opère bien. - '

N° 10. M. Elie CHEVALIER, de Beaudignies (Nord), fait travailler une fouilleuse de très simple construction.


— 232 —

Traction : 2 chevaux. Opère imparfaitement, incomplètement et blesse parfois la racine.

N° 12. M. BAJAC, de Liancourt, fait fonctionner, sous les yeux du jury, une arracheuse opérant comme fouilleuse, à fourches, avec quatre disques coupe-feuilles interposés. Cet instrument opère sur trois lignes. Traction par 5 chevaux. Conduite: 3 hommes, dont un pour la direction. L'appareil pèse de 475 à 500 kilogs, et se paie 525 francs. Le tout est en arier forgé. Opération bonne.

N" 13. M. FLABA fait fonctionner une fouilleuse montée à la façon des brabants, avec disques conducteurs à l'avant. Poids : 120 kilogs. Prix : 130 francs. Traction : 2 chevaux. Arrache convenablement.

N° 15. MM. E. CANDELIER et fds, constructeurs à Bucquoy (Pasde-Calais), opèrent avec une arracheuse montée pour deux routes, munie de deux disques avant les fouilleuses-arracheuses. Le poids est de 500 kilogs ; le prix de 350 francs. Traction : 3 chevaux. Conduite : 2 hommes. Arrachage convenable.

N° 16. M. Jules BOUTE, maréchal à Aulnoy, fait fonctionner une fouilleuse à fourche latérale, refoulant à droite. Traction : 3 chevaux ; conduite : 2 hommes. Opère irrégulièrement.

N° 17. M. VINOY-JACQMART, maréchal à Haspres (Nord), opère avec un simple soc défonseur-fouilleur, suivi d'une fourche qui rejette la betterave de côté. Traction: 2 chevaux; conduite par un homme. Opère assez bien.

N° 18. MM. PRUVOT frères font fonctionner une arracheuse à disques parallèles porte-fourches fouilleuses articulées, se rapprochant pour arracher, s'éloignant pour rejeter la betterave soulevée. Cet appareil pèse 500 kilogs. Prix : 700 francs ; traction : 2 chevaux; conduite par un homme.


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N° 19. MM. CANDELIER, de Bucquoy, font fonctionner une fouilleuse avec fourche rejeteuse, montée sur armure forme des brabants. Un disque coupe-feuilles est annexé. Le poids est de 135 kilogs .;■ le prix est de 160 francs ; traction : 2 chevaux ; conduite: 2 hommes. Opération bonne.

N" 20.

M. LEFEBVRE, de Billy-Berclau. Sur bâti de brabant sont établis : un disque coupe-feuilles, une fouilleuse, une fourche rejeteuse à l'arrière. Le poids estde60'kilogs; le prix est de 60 francs. Un conducteur, un directeur. Arrache assez régulièrement.

N"2i.

M. FLABA, du Cateau, présente un type brabant armé d'un ■coupe-feuilles, fouilleuse suivie de fourche qui rejette. Poidt : 120 kilogs ; prix : 100 francs ; traction : 2 chevaux. Un conducteur, un directeur. Cet appareil fait bien.

N° 23.

M. ZIMMERMANN fait fonctionner une fouilleuse double pour deux routes, de structure sans recherche, pesant 333 kilogs. Prix : 350 francs. Deux socs de rechange. Traction : 3 chevaux. Un conducteur, un directeur.

Le Jury apprécie peu favorablement celte machine.

N» 3. A la fin du concours, M. DEVILDER est invité par le Jury à opérer sans décolleteur. Cette opération donne toute satisfaction.

Les membres du Jury, après s'être entretenus des résultats obtenus, ont décidé de se réunir le samedi 21, au siège de la Société, pour la discussion des mériles do chaque opérateur et pour l'attribution des récompenses.

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TOME XLVIU.


- 2U -

Séance du 28 octobre 1898. Présidence de M. BRADANT.

Tous les membres du Jury sont présents, sauf M. Gras qui s'est fait excuser.

M. le Président rappelle les termes du programme (1).

M. Brabant dit ensuite que le Jury s'est trouvé devant des instruments de construction très différente, et qu'il y a lieu de les classer en plusieurs catégories.

Le Jury se rallie à cette manière de procéder qui est, du reste, conforme au programme et implicitement contenue dans le paragraphe 3 de celui-ci.

En première catégorie, il décide de placer la machine présentée sous le N° 3, par M. Devilder, attendu qu'elle arrache, décollette et secoue la betterave ; trois opérations distinctes qui répondent aux besoins depuis longtemps signalés. Celle machine a élé étudiée par M. Frennet-Waulhier, de Ligny.

L'arrachage est opéré sans blesser la betterave qui reste intacte ; les collets sont préalablement coupés, la betterave élant encore en terre, la section en esl faite à hauteur voulue; les feuilles sont rejetées en dehors de l'instrument. Le secoueur opère ensuite pour dépouiller la betterave de la terre adhérente, puis la laisser retomber dans le sillon. Ces trois jopérations ne laissent rien à désirer.

La pénétration, dans le sol, des disques arracheurs, peut être modifiée presque instantanément; elle est, du reste, de peu d'importance, de 7 à 8 centimètres seulement, de sorte que le terrain n'est que peu défoncé, condition favorable aux charrois.

Description : L'ensemble de l'instrument porte sur quatre roues. Deux roues composent l'avant-train; elles sont montées obliquement et se rapprochent vers le bas ; elles suivent constamment chaque ligne de betteraves, et leurs jantes arrondies en bourrelets ne peuvent les blesser. Cette disposition a élé imaginée pour éviter les déviations sensibles que le conducteur corrige, du reste instantanément, au moyen de la traverse à poignées attachée à ces roues d'avant-train.

(1) Voir le programme ci-dessus, page 220.


— 235 —»

•La traction de cet avant-train n'est pas directe. Les chevaux, comme ceux des halages de bateaux, sont sur le côté. L'attache de traction n'est pas en tête de la machine, mais bien en un point déterminé qui permet d'obtenir que l'arracheuse, quoique tirée sur le côté, chemine en ligne droite. Les chevaux ne piétinent donc pas les betteraves sur lesquelles la machine va opérer, mais seulement sur. le champ récolté d'où l'on a enlevé les collets et les feuilles intacts et dès lors plus convenables pour la nourriture des animaux.

Le décolleteur opère avant l'arracheuse, c'est-à-dire sur la racine enterre, et conséquemment suffisamment résistante contre l'action du sectionneur ou décolleteur. Précédé de galets qui l'obligent à rencontrer exactement le collet à sectionner, ce sectionneur est conditionné pour lui permettre de prendre toutes les positions exigées par le travail qu'il est appelé à produire. Un disque niveleur ayant fonction de régler la hauteur des couteaux pour chaque betterave, roule sur le collet, conduit et entraîne les couteaux à la hauteur du sectionnement, de sorte que la section est constante, quelle que soit la hauteur de la betterave. Les couteaux ne sont autres que des disques inclinés l'un vers l'autre et aussi en avant ;.ils tournent sur leurs axes.

Le règlement des parties qui composent le décolleteur se fait d'après l'aspect général des betteraves à enlever ; c'està-dire après examen du développement des collets.

Un chasse-feuilles, fait de palettes animées d'une certaine vitesse de rotation, frappe les feuilles et les projette énergiquement à la gauche de la machine pour éviter les engorgements.

L'arracheur proprement dit est composé de deux disques de 1 mètre de diamètre, munis de couronnes en acier, de faible épaisseur et tranchantes; elles pénètrent en terre de 0m,07 environ. Ces disques sont montés sur l'essieu de façon à être inclinés l'un vers l'autre et à se rapprocher ainsi vers . le bas et à l'arrière. Dès qu'ils sont engagés dans le sol, leur rotation est obligatoire. Ils s'avancent sur les betteraves, les saisissent, les arrachent, les enlèvent et, comme dans leur rotation, les disques s'écartent à l'arrière, ils y laissent tomber la betterave.


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Le secoueur, qui reçoit la betterave ainsi arrachée, est un simple tambour conique, à claire-voie, animé d'un mouvement de rotation qui secoue les betteraves. La forme conique est destinée à favoriser l'évacuation régulière dos racines ainsi décolletées, arrachées sans blessures et nettoyées pour éviter le charroi de la terre attachée aux racines.

Tous ces organes sont étudiés et présentent les formes d'égale résistance qui réduisent au minimum le poids de tous les organes composant la machine. La plupart des pièces sont en acier; condition qui permet de réduire toutes les dimensions, et conséqueminent les poids, sans nuire à la solidité.

La durée est assurée par des dispositions heureuses, que l'expérience permettra encore d'améliorer pour obtenir le minimum de poids.

Le Jury, frappé des résultats constatés aux épreuves du 16 octobre, a placé cette machine en première ligne et décerné à l'exposant, M. Deviider, de Cambrai, une médaille d'or avec prime de 300 francs.

En deuxième catégorie, a été placée l'arracheuse présentée par MM. Pruvot frères, de Valenciennes, sous le numéro 18, arracheuse qui ne décollette pas les betteraves, mais dont la nouveauté des combinaisons a captivé l'attention du Jury.

Cette arracheuse est composée d'un truc porteur se mouvant au moyen de deux roues principales et d'une roue guide d'avant. Ce truc soutient un assemblage de deux disques parallèles portant des fourches fouilleuscs, articulées, conduites dans le mouvement de la machine par des plans inclinés hélicoïdaux qui font opérer un rapprochement des fourches; celles-ci entrent dans la terre, en même temps saisissent la betterave, puis, en continuant de tourner, s'écartent et laissent tomber la racine sur le sol. Deux couteaux précèdent les disques, ils pénètrent en terre et préparent les sillons où s'engagent les fourches articulées qui déracinent, comme nous venons de le dire.

Cette machine ne tranche pas le sol, elle ne le fouille que très peu, condition très favorable aux charrois ou autres opérations ultérieures.


— 237 —

Les règlements en tous sens sont faciles et modifiables ; l'appareil est bien construit et fonctionne convenablement.

Toutes ces constatations ont conduit le Jury à décerner aux constructeurs de cet appareil une médaille d'or et une prime de 200 francs.

Dans une troisième catégorie, le Jury a rangé les autres appareils présentés, moins nouveaux, et qui sont des applications (du reste parfois très heureuses) du système des instruments fouilleurs.

Les arracheuses de M. Bnjac, essayées sous les numéros 1 et 12, ont fonctionné à la satisfaction du Jury. Leur travail est bien fait, les racines sont respectées. La construction de ces fouilleuses, pour une et trois routes, ne laisse rien à désirer. C'est pourquoi le Jury a décerné au constructeur une médaille d'or et un diplôme d'honneur.

L'arracheuse présentée par MM. Zimmermann et C'e, de Hall, sous le n° 5, opérant sur une seule ligne, et légère, de conduite facile, d'un prix peu élevé, ne blessant pas la la racine ; elle a paru mériter à son auteur une médaille d'or.

Une médaille de vermeil grand module, offerte par la Société des agriculteurs de France , a été attribuée à MM. Candelier et fils, de Bucquoy, pour leurs arracheuses à une et à deux lignes (n" 19 et 15), dont la construction soignée et le bon fonctionnement ont donné satisfaction au Jury.

Une médaille de vermeil grand module, offerte par la Société des agriculteurs du Nord, a été décernée à M. FlabaThomas, constructeur au Cateau, pour ses arracheuses à une ou deux lignes (n 0! 21, 13 et 7).

Valenciennes, le 17 décembre 1898.

PIERRE LAJOIE,

Ingénieur.


— 238 — SECTION D'HISTOIRE ET D'ART

DE LA SOCIÉTÉ.

Séance du 7 octobre 1898. Présidence de M. V. HENRY, vice-président.

Sont présents MM. Ed. Billiet, E. Brouillard, Léon Copin, Alf. Richez, Alb. Thiroux et Ch. Marlière, secrétaire.

S'est excusé de ne pouvoir assister à la réunion M. Ch. Lcbacqz.

Congrès des sociétés savantes de Paris cl des départements en 1899. — M. le Président communique à la Section une circulaire de M. le Ministre de l'instruction publique, dont voici le passage essentiel :

« Me référant à la décision prise par mon Prédécesseur, sur l'avis unanime du Comité des travaux historiques et scientifiques, de tenir désormais alternativement en province et à Paris la réunion des Sociétés savantes, j'ai décidé que le 37e Congrès aura lieu, en 1899, à Toulouse, durant la semaine de Pâques. »

Des exemplaires du programme de ce congrès sont distribués aux membres de la réunion.

Vente des collections de M. Cêleslin Ratel. — Acquisitions faites pour la Galerie historique de la Sociélé. — M. le Président donne la parole à M. Alfred Richez, conservateur de la Galerie historique, pour la lecture des notes suivantes :

LA VENTE DES COLLECTIONS DE M. C. RATEL.

L'année qui se termine aura été féconde pour les bibliophiles, bibliomanes, amateurs de tableaux et collectionneurs en tous genres de notre ville. ■

Après les ventes remarquables de l'année dernière, nous en avons eu encore d'assez curieuses el intéressantes, par suite du décès de quelques-uns de nos regrettés collègues. Incessamment aussi, seront exposés el mis aux enchères devant les amateurs de France el de l'étranger la riche galerie de tableaux anciens, les gravures et les livres d'art laissés par M. J.-B. Foucart, qui fui, en môme temps qu'ardent protecteur de nos artistes contemporains, un collectionneur persévérant et distingué. Cette vente comprendra en outre un très rare incunable


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typographique, et quelques pièces d'ameublement de différents styles et de marques historiques, entre autres des lits ayant été à l'usage du premier Consul et de Charles X, une garde-robe en bois de chêne de style Louis XV, chef-d'oeuvre de corporation valenciennoise exécuté par mi des ascendants de notre sympathique secrétaire M. Ch. Marlière. — On peut espérer que la Commission municipale du Musée et les connaisseurs de noire ville et de son riche arrondissement ne laisseront pas échapper cette occasion exceptionnelle d'acquérir quelques bons tableaux de maîtres, et notamment diverses oeuvres de notre concitoyen J.-B. Carpeaux, le grand chef d'école artistique de notre siècle (1).

Mais je m'éloigne de mon sujet, car je ne veux vous entretenir que de la vente des documents réunis par M. Céleslin Ratel, l'un des collectionneurs les plus passionnés de notre ville, véritable encyclopédiste valenciennois, auquel bien des publicisfes (2), afin de s'éviter des recherches fatigantes et dispendieuses, ont souvent eu recours, pour consulter les notes et les renseignements qu'il avait accumulés avec une persévérance de bénédictin.

Ces collections, d'une extraordinaire variété, comprenaient des tableautins, esquisses, aquarelles, dessins, gravures, eauxfortes, lithographies, photographies, — des statuettes, bustes, médaillons et bas-reliefs en terre cuite ou en plâtre, — des faïences et porcelaines anciennes, — des sceaux en cuivre ou gulte, d'anciennes plaques de cuivre gravées, des médailles variées, — des dentelles de Valenciennes, — ainsi que de nombreux dossiers, composés de brochures, plaquettes, parchemins, découpures de journaux, feuilles volantes détachées de diverses publications, contenant des renseignements de tonte sorte, mais exclusivement relatifs à notre localité ; le tout, du reste, parfaitement classé, par lettres alphabétiques, dans de nombreux carions.

(1) La vente de ces collections a eu lieu les 12, 13 et 14 octobre; elle a produit un total de 110.370 fr. 75. (Voir ci-après, page 251.)

(2) Voir dans l'Impartial du Nord du 12 juillet 1898 un article intitulé : Une Collection valenciennoise, par M. Ernest Laut, publiciste à Paris.


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Rien ne pouvait se dire ou s'écrire sur Valenciennes et plus particulièrement sur ses artistes, sans que M. Ratel ne s'empressât de le recueillir pour enrichir ses dossiers ; il s'intéressait à nos jeunes concitoyens dès leurs débuts dans la carrière des arts ou des sciences, il les suivait dans les péripéties de leur existence, el réunissait tous les articles de journaux, toutes les publications où leurs noms étaient cités; de là, une énorme accumulation de noies, tantôt d'une sérieuse valeur, parfois aussi bien puériles. Le catalogue édité pour cette vente, — catalogue dont les indications n'étaient pas toutes suffisamment complètes ni môme exactes, — a rappelé une multitude de noms dont bien peu de nous se souvenaient sans lacune, et dont la liste faisait concurrence aux tables de noire État-civil.

Il est regrettable que les dossiers ainsi mis en vente n'aient pu être que très peu consultés par le public avant l'adjudication. Il en est résulté de grandes déceptions, notamment en ce qui concerne les dossiers des dentelles de Valenciennes ; les documents relatifs à ces dentelles, comprenant d'intéressants échantillons et de nombreux cartons, ont été adjugés pour 900 francs à M. Lorlic, libraire à Paris, le seul qui avait pu les compulser. Cet heureux adjudicataire avait laissé entendre à nos concitoyens qu'il devait rétrocéder son acquisition au Musée des arts décoratifs de Paris; mais il n'en est rien. D'après les renseignements que nous avons obtenus depuis lors de M. Lorlic luimême, nous pensons que la collection dont il a été déclaré adjudicataire est demeurée entre les mains d'un riche bibliophile de notre ville, ce dont nous sommes très heureux.

Les autres lots de la vente onl élé obtenus à des prix relativement peu élevés.

Nous avons acquis les suivants pour la Galerie historique de notre Société :

Peinlwe.

Moreau-Deschanvres, peintre à Saint-Saulve : Vue intérieure de son atelier.

Auvray (Félix), artiste peintre : Son portrait peint par luimême.

Delsart (Jules), jeune peintre : Portrait de Monacq, peintre décorateur (auteur, en collaboration avec Péliau, des dessins de la marche des Incas en 1856).


Sculpture.

Auvray (Louis), artiste sculpteur et publiciste : Médaillon en plâtre d'Eugénie Auvray, née Tragin, première femme de Louis Auvray (exécuté à Munich en 1844).

Idem : Médaillon plâtre, Michelot Joseph, né à Valenciennes, collaborateur de Hécart pour la publication intitulée : « Album de Valenciennes ».

Idem : Médaillon plâtre, exécuté en 1851, Marguerite Fonteille, veuve du statuaire Milhomme.

Idem : Médaillon plâtre, Alexandre de Pujol, prévôt et fondateur de l'Ecole.des beaux-arts de Valenciennes (1).

Idem : Médaillon plâtre, Momal, professeur aux Académies de Valenciennes.

Gauthier, sculpteur : Médaillon plâtre, Constant Moyaux.

Idem : Médaillon plâtre, Henry Pluchàrt, artiste peintre.

Crauk (Gustave), statuaire : Médaillon plâtre, Garibaldi.

Loignon, sculpteur : Médaillon plâtre, Léonce de Fieuzal.

Idem : Médaillon plâtre, Normand, ancien directeur de l'école mutuelle de Valenciennes.

Elshoect (Carie), sculpteur: Médaillon plâtre, Onêsyme Leroy {•£).

Dessins, aquarelles.

Grandfils, ancien professeur de sculpture aux Académies de Valenciennes : Vue du pont de l'ancienne porte de Lille (sanguine).

Senez (Pierre-Joseph), architecte décédé à Valenciennes en 1833 : Catafalque érigé dans l'église de Saint-Géry à Valenciennes (aquarelle).

Dossiers.

Notes manuscrites sur Abel de Pujol, artiste peintre, membre de l'Institut, avec divers autographes de cet artiste. Documents divers sur les Académies de Valenciennes.

Avant de terminer, je crois intéressant de signaler encore quelques particularités de la vente dont il est question.

(1) La Galerie historique de la Société possède déjà ce médaillon en biscuit de Saint-Amand.

(2) La Galerie historique possède ce médaillon en biscuit de SaintAmand.

TOME XLVHI. 8**


Les peintures de Coliez trouvent toujours de chaleureux amateurs, à ce point que le nom seul de l'artiste les entraîne parfois : car, grâce aux indications du catalogue, on a vendu des Coliez... qui n'en étaient pas. Un simple paysage de ce peintre a été adjugé au prix de 95 francs.

Un portrait de J.-B. Carpeaux, par Moreau-Deschanvres, a été acheté 50 francs ; un dessin de Carpeaux sur papier torchon, classé parmi les suspects, 100 fr. Un lot que nous aurions élé heureux d'acquérir pour les collections de la Société, et sur lequel nous avions mis quelques enchères, ne nous a pas été adjugé par méprise; c'était le n* 144, un cadre renfermant vingt-six dessins à la mine de plomb et le portrait de l'auteur fait par lui-même, auteur que le catalogue indiquait sous le nom de Ficart, au lieu de Barthélémy Verboeckhoven dit Fickaert, modeleur et collaborateur des Lamoninary; on sait que le nom et les productions de cet artiste sont restés populaires dans le pays ; en dehors du genre familier dans lequel il a excellé, on lui attribue un groupe magistral de la Descente de la croix dont il n'y aurait eu, paraît-il, que deux épreuves : l'une offerte au roi Louis XVI, et la seconde ayant fait partie il y a quelques années des collections du docteur Lejeal (1). Les susdits dessins de Fickaert ont été adjugés au prix de 20 francs à M. Carligny, notaire à Valenciennes.

Les dossiers concernant nos rues, places, impasses et carrefours ont été très recherchés, ainsi que les documents biographiques et la collection des insignes maçonniques.

Il ne s'est trouvé que peu d'amateurs sérieux pour les monnaies frappées à Valenciennes du temps des comtes du Hainaut et des seigneurs du pays, les monnaies obsidionales, les bons de commerce de Valenciennes, les médailles historiques et religieuses, les méreaux, jetons, plombs, etc.; pourtant le catalogue manuscrit de celte collection ne comportait pas moins de onze cent soixante-douze numéros, sans compter les sceaux en cire, en gulla, en cuivre reproduits par la galvanoplastie et en plâtre, relatifs aux villes, communes, seigneuries, abbayes, et

(1) La vente de la collection de M. Lejeal a été faite les 16, 17 et 18 janvier 1880.




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communautés religieuses du Hainaut ou de l'arrondissement de Valenciennes (1).

j'ai cru bon, Messieurs et chers Collègues, ne pas laisser se disperser des collections qui ont eu parmi nous une certaine notoriété, sans retenir quelques instants votre attention sur elles ; si mes notes et réflexions ont pu vous intéresser quelque peu, j'en serai satisfait. A. R.

Plaque rappelant une Ecole de dentellières à Valenciennes. — M. Richez fait en outre à la Section la communication suivante : « Messieurs, « L'année dernière, au moment de la restauration de l'ancienne église des Carmes déchaussés (2), située rue NotreDame, et affectée aujourd'hui à différents services de l'HôtelDieu (3), vous m'avez chargé de recueillir le texte de l'inscription gravée dans la plaque de granit qui se voit au centre de la façade de ce vieil édifice.

Cette inscription rappelle la dernière tentative faite dans notre ville, en 1811, pour la réinstallation d'un important atelier de dentellières (4). En voici la teneur :

« Ecole dentellière fondée par Leboulanger jeune, « sous le patronage de sa Majesté la Reine des « Français et la protection spéciale des Hospices et « du Bureau de bienfaisance de Valenciennes. » (5) M. le Président remercie M. Richez de ces communications, qui seront insérées dans la Revue de la Société.

(1) La vente dos collections de M. Rate! a produit une somme totale de 5.767 fr. 50.

(2) La première pierre de cet édifice a été posée le 17 mars 1699.

(3) Hospice de malades, dont la fondation remonte à 1430.

(4) Trois vastes salles , pouvant contenir cinq cents jeunes gens, avaient élé données à louage à trois chefs d'atelier. (Voir à ce sujet le procès-verbal de la séance du Conseil municipal du 19 avril 1841.)

(51 Semblable tentative avait été faite déjà en 1800 ; à l'instigation de M. Dieudonné, préfet du Nord, le Gouvernement alloua alors à la Ville de Valenciennes, sur la proposition du ministre Chaptal, un subside de 4.000 fr.— Un arrêté communal en date du 11 thermidor an IX, informait les habitants que trois ateliers étaient ouverts gratuitement aux jeunes gens : l'un rue des Carmes déchaussés, no 17 (aujourd'hui rue Notre-Dame, le deuxième rue des Glalignies, n° 23, et le troisième sur


^ 244 ~-

— M. V. Henry donne ensuite lecture de la chronique artistique des mois écoulés.

Poésies de MUe Clairon. — M. le Président dépose sur le bureau une plaquette qui porte ce titre : « Poésies de Mlle Clairon, publiées pour la première fois en France avec une introduction par Georges Lépreux, Valenciennois ».

Cette brochure a été envoyée par l'auteur (fils de l'ancien archiviste de Valenciennes), qui en fait hommage à la Société.

Nécrologie : M. C.-A. Serrure. — M. le Président apprend à la Section la mort récente d'un savant antiquaire qui a élé membre correspondant de la Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes el a collaboré à ses publications, M. C.-A. Serrure. Le Journal des arts du 11 juin 1898 a annoncé en ces termes cette perte : « M. Constant-Antoine Serrure, numismate et écrivain distingué, membre de la Société d'archéologie de Bruxelles, est décédé à Bruxelles le 6 juin 1898, dans sa soixante-troisième année. M. Constant Serrure, né à Gand, était fils de l'ancien recteur de l'Université de celte ville, où lui-même fut très apprécié comme avocat à la Cour d'appel et pour sa compétence dans les commissions officielles pour la traduction des codés. Le défunt laisse des ouvrages de numismatique qui font autorité. »

Séance du 18 novembre 1898. Présidence de M. Aug. DOUTRIAUX, président. Sont présents: MM. V. Henry, Ed. Billiet, E. Brouillard, Léon Copin, Julien Déjardin , André Doutriaux , Charles Lebacqz, Paul Membre, Henri Namur, Alfred Richez et Ch. Marlière, secrétaire. S'est excusé de ne pouvoir assister à la séanc*e M. A. Ayasse.

Subvention demandée par la Société des Incas. — M. le Prèle

Prèle no 1 ; le même arrêté rapportait ceux de M. le Préfet en date des 7 et 24 messidor précédent, nommant les citoyennes MarieElisabeth Taverne, Marie-Florence Taverne, Marie-Claire Podevin, Catherine-Marguerile Podevin et Marguerite-Henriette Fauviaux , maîtresses des dits ateliers. (A. RJ


— 245. —

s'ident dit qu'aucun des membres de la réunion n'ignore là résolution prise par la Société des Incas d'organiser une marche importante pour l'an prochain. D'après le programme élaboré, et que résume ce litre: « Valenciennes à travers les âges », le cortège promet d'offrir un vif intérêt. Pour le rendre aussi brillant que les précédents, la Société des Incas sollicite le concours de toutes les Sociétés valenciennoises ; elle a fait appel à la Société d'agriculture, sciences et arts comme aux autres. Avant de porter la question devant la Section centrale, M. le Président croit devoir en saisir la Section d'histoire et d'art, qu'elle peut toucher particulièrement.

Après discussion; la Section, regrettant en cette circonstance de n'avoir pas de ressources spéciales, émet le voeu que la Section centrale vote en faveur de la Société des Incas un subside aussi élevé que possible.

— M. Doutriaux fils donne lecture de la chronique des mois derniers ; celte chronique, écoutée avec le plus vif intérêt par la réunion, sera insérée dans la Revue de la Société.

M. Moyaux à l'Institut. — La Section, à l'unanimité, charge son Bureau de transmettre ses félicitations à M. Constant Moyaux, membre honoraire de la Société, qui vient d'être élu membre de l'Académie des beaux-arts.

— Lecture est faite, par M. V. Henry, d'une note sur les origines du général de Poillouëde Saint-Mars, auquel il est question d'ériger un monument à Condé.

La Section exprime le désir de voir insérer cette note dans la Revue.

Don à la Galerie historique. — M. Richez, dont la générosité n'a d'égal que le zèle qu'il apporte aux recherches relatives à l'histoire locale, offre à la Sociélé d'agriculture, pour sa Galerie historique, quatre cartons renfermant cent photographies qui résument la marche des Incas des 17 et 19 juin 1866 ; les vingtcinq photographies du premier carton se rapportent à la période de l'antiquité, celles du deuxième au Moyen âge, celles du troisième à la Renaissance, celles du dernier à l'époque moderne.

M. le Président accepte ce don au nom de la Société et en remercie M. Riche?.


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. •. M. le Président informe à ce sujet la réunion que la Société valenciennoise des arts vient de faire don à la Galerie historique d'une aquarelle de la jeunesse du peintre Henri Harpignies, aquarelle qui a figuré à Ja dernière exposition de cette société sous le numéro 216 et sous le litre de Chasse au marais.

CHRONIQUE HlSTORÎQOM^ITTÊIlAmE & ARTISTIQUE.

SOMMAIRE. — Le banquet de V Union valenciennoise et de l'Association des anciens élèves des Académies de Valenciennes. — MM. H. Gauquié, Theunissen, Fagel, Guillaume et la répartition des travaux de sculpture de l'Exposition de 1900. — Les albums de M. Albert Guillaume et de M"" Lamy-Guillaumc. — M. Moyaux, membre de l'Institut. — La vente de la collection de feu J.-B. Foucart et les nouvelles acquisitions pour le Musée de la ville. — L'inauguration des orgues de Saint-Géry. — Un concert de la Société chorale de dames.

30 octobre 1898.

Le mois de septembre dernier a ramené la réunion annuelle, à Valenciennes, des membres de l'Association des anciens élèves des Académies et de l'Union valenciennoise de Paris.

Celte année, cette réunion était présidée par M. Louis Legrand, président de l'Union valenciennoise. A la fin du banquet, M. Legrand a pris la parole. Cherchant à expliquer l'efflorescence artistique de notre cilé, il a ramené à deux circonstances l'éclatante fécondité de notre école valenciennoise :

« La première, dit-il, c'est l'admirable organisation de notre enseignement artistique. Depuis le xvm'siècle, où il a été institué, jusqu'à nos jours, où il a reçu.sa consécration, il n'a pas cessé de former des artistes en tout genre, et dans le nombre plusieurs dont le nom sera immortel. Grâce à cet enseignement libéral, ouvert à tous, il n'y a pas dans la plus humble de nos maisons, une vocation qui ne trouve les moyens de se cultiver cl d'éclore; et c'est justice, car la passion de l'art n'est pas chez nous une passion aristocratique, elle fait vibrer tous les coeurs jusque dans les conditions les plus modestes.

* Ceci m'amène, ajoute-t-il, à la seconde circonstance qui me


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paraît donner l'explication des grands succès de notre ville. Je veux parler de la disposition d'esprit, de ce que j'appellerai l'état d'âme de nos concitoyens en face du beau... Chacun de nous exulte et triomphe, quand un valenciennois a fait un chefd'oeuvre ou remporté une couronne. II faut remonter jusqu'à la République romaine, pour trouver des ovations pareilles à celles qui fêtent la rentrée d'un grand prix de Rome dans nos murs.

« Je vous propose, dit-il en terminant, de boire avec moi à ces deux sources de vos succès : à l'enseignement de nos écoles académiques ! A notre chère, à notre incomparable ville de Valenciennes! »

M. Marlière, notre sympathique secrétaire, se lève ensuite et rappelle tous les succès que les artistes valenciennois ont remporté pendant l'année 1897-98. En énumérant les brillants résultats de l'année, il proclame, lui aussi, la féconde impulsion que les artistes futurs reçoivent dans < nos écoles académiques de date séculaire », et les encouragements que les deux associations soeurs prodiguent aux débutants, qui « leur permettent ainsi d'arriver sinon toujours à la gloire, du moins à une situation enviable ».

. Ces deux discours, souvent interrompus par de chaleureux applaudissements, ont montré que les deux orateurs parlaient de choses qui étaient chères à tous, en proclamant la continuité et la vitalité de notre école artistique.

•••■■■

Ces paroles ne sont du reste que le reflet de la vérité, puisque l'Exposition de 1900, où l'on trouvera des oeuvres de nos artistes répandues un peu partout, sera pour eux une nouvelle occasion d'affirmer leur talent.

C'est ainsi que M. Gauquié, tout en travaillant activement au monument Carnot, qui doit être élevé à Lyon, exécute actuellement des groupes importants qui vont contribuer à la décoration de l'Exposition.

Dans une dernière chronique on signalait les groupes d'enfants en bronze exécutés par M. Gauquié, qui entoureront les grands lampadaires du pont. Alexandre III (1).

(1) Voir ci-dessus, page 176. . . . '.


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Aujourd'hui, le journal la Fronde nous apprend que M. Gauquié vient de terminer la maquette en terre cuite d'un groupe représentant la naissance d'Amphilrile.

Celle oeuvre, d'une superbe venue, doit orner l'Aquarium, une des attractions que nous préparent les frères Guillaume pour 1900. Grâce à un singulier mirage, obtenu par de savantes combinaisons, Amphitrite apparaîtra au public comme étant plongée au fond des eaux, et cette évocation de la déesse, s'élevant de l'onde, ne sera pas un des moindres « clous » de ce coin de l'Exposition.

•••

On vient de procéder à la répartition des travaux destinés à orner les palais des Champs-Elysées, nous y voyons figurer les noms de plusieurs de nos sculpteurs.

Au-dessus des entrées des façades latérales du grand palais, nous trouverons des groupes de figures de MM. Carlis et Corneille Theunissen.

La partie intermédiaire du palais nous montrera, au-dessus des doubles colonnes, deux figures assises de MM. Sicard et Theunissen.

En ce qui concerne les frises, il y en aura deux : l'une décorant tout le premier étage de la partie du palais dont M. Thomas est architecte; c'est « l'Histoire de l'Art » de M. Joseph Blanc sculptée par MM. Sicard, Barlis et Fagel.

Il est à remarquer, ajoute l'entrefilet du journal le Temps qui annonce la répartition de ces travaux de sculpture, « qu'il ne s'agit point là d'une besogne banale » ; ce n'est pas ce que nos artistes nomment parfois, d'une façon un peu dédaigneuse, de la sculpture d'exposition, éphémère et passagère... Les palais des Champs-Elysées, avec leur décoration, sont appelés à durer; ce sont des monuments dans toute l'acception du terme; plus d'un des sculpteurs dont la main servira à les orner, y trouvera la consécration de son talent ou l'affermissement de son avenir artistique (1).

»"*

Les travaux de certaines parties de l'Exposition subissent

(2) Le Temps du 19 octobre 1898.


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d'importants retards, paraît-il. Ainsi, au Cours-la-Reine, on n'a pas encoro fait le moindre terrassement. « Résultat : les concessionnaires se plaignent, et notamment les frères Guillaume, dont l'Aquarium sera la merveille de 1900.

« Du moins, le spirituel dessinateur Albert Guillaume emploiet-il h souhait'les loisirs forcés que lui fait l'Exposition. Il y a quelques jours, il publiait un amusant almanach pour 1899, et aujourd'hui il ajoute à la liste de ses albums une nouvelle oeuvre où se trouveront sa bonne humeur, son esprit si français, sa verve si parisienne. Mes 28 jours, tel est le titre de ce recueil qui fera la joie de tous, et qui constitue une excellente contribution à cet original Théâtre des bonshommes Guillaume, que les deux artisles préparent pour l'Exposition (1)..»

*** Mais M. Albert Guillaume n'est plus, à l'heure présentej le seul dessinateur satirique que compte le groupe des artistes valenciennois. Le succès de ses albums, sans doute, a inspiré à sa soeur même l'idée de s'essayer dans le même genre. Les aquarelles envoyées par elle à la dernière exposition de la Société valenciennoise des arts, nous avaient appris déjà que la fille du regretté Edmond Guillaume, Mme Marie Lamy (elle a épousé le fils du peintre bien connu), sait faire oeuvre aimable de sa main. Elle vient de soumettre au public un album intitulé Entre femmes (2). C'est, — dit M. Ernest Laut dans un article qu'il y a consacré, — un recueil plein « d'observation fine et d'esprit délicat. Papotages de désoeuvrées, petites rosseries de five-oclock mondains, naïvelés de jeunes filles, réflexions perfides de soubreltes, il y a tout cela dans ces vingt pages de dessins dont il faudrait citer tiiites les légendes. Mais pardessus l'esprit du texte, il y a l'esprit du dessin, et je ne sais pas de dessin plus spirituel, plus souple, plus gracieux, en un mol plus en rapport avec le sujet traité, que celui de Mme Lamy. Du premier coup, l'artiste, par la personnalité de son art, s'est conquis une place parmi les premiers dessinateurs de ce temps-ci... J'ajouterai que tous ceux qui la connaissent sont de l'avis de François Coppée,

(1) Le Temps du 19 octobre 1898.

(2) Edité par la maison Simonis Empis; pr. 5 fr,


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lequel, dans la préface qu'il écrivit pour cet album, déclare que Mn,a M.-G. Lamy est une des femmes les meilleures, les plus bienveillantes et les plus artistes qu'il ait rencontrées » (1).

Vers le milieu du mois d'octobre dernier, les journaux annonçaient que l'Académie des beaux-arts allait procéder à l'élection du successeur de l'architecte Ghai les Garnier.

Sur la liste des candidats au fauteuil vacant, telle que l'avait dressée la Section d'architecture de l'Académie, se trouvait placé en seconde ligne M. Moyaux, « architecte de la Cour des comptes à édifier rue Cambon » (2).

Le dimanche 23 octobre, une dépêche apposée sur les murs de l'hôtel de ville nous apprenait que M. Constant Moyaux venait d'être nommé membre de l'Institut.

En élevant notre compatriote à cette dignité suprême, l'Académie des beaux-arts a rendu un juste hommage au talent de -M. Moyaux, et je suis assuré d'être l'interprète de tous les membres de la Société en envoyant au nouvel élu les félicitations les plus chaudes.

À quelques jours de là, M. le Maire de Valenciennes recevait à propos de cette nomination, une lettre de M, Moyaux, dont il faut retenir les lignes suivantes :

* Ce que jetions à vous dire, c'est que ma pensée s'est fout « de suite reportée à tout ce que je dois à notre bonne ville de * Valenciennes, et combien je suis heureux de lui attribuer une « fois de plus tout le bonheur que j'ai eu dans ce monde. Je lui « exprinie de nouveau ma plus vive reconnaissance et à vous « particulièrement, qui prenez tant d'intérêt à tout ce qui jette un « peu de gloire sur notre vieille cité artistique. »

«

Il y a quelques semaines, la plus belle collection privée de notre ville était dispersée au hasard des enchères.

(1) Impartial du Nord du 2 août 189.S.

(2i Cette mention, trouvée dans les comptes rendus mêmes de? séances de l'Académie des beaux-arts, nous apprend que M Moyaux est décidément chargé de la construction du nouvel hôtel de la Cour des comptes, ce qui lui était bien dû. Voir dans le tome XLV1I do notre Revue, page 234.


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Les 12, 13 et 14 octobre, on procédait» en effet, à la vente des tableaux, objets et livres d'art qui composaient le cabinet de feu J.-B. Foucarl (1). , ■

Des amateurs étrangers, belges el hollandais, sont devenus acquéreurs d'un grand nombre de ces oeuvres.y

L'incunable typographique : la Somme rurale, de Jehan Boutillier, a été adjugé 3.200 fr. à M. Woulen, de La Haye.

Un admirable petit tableau d'Emmanuel de Witt, représentant l'intérieur du temple de Dèlft éclairé par le soleil, a atteint le chiffre de 950 francs.

La Sainte Catherine, de Rubens, a été vendue 7.000 francs à un M. Duflos.

Un Hemling représentant la Vierge et les saints, a été acquis par M. Somsée, de Bruxelles, pour 3.400 francs.

La magnifique garde -robe Louis XV quitte Valenciennes; un M. Gàrlièr, de Lille, s'en est -rendu acquéreur pour 3.000 fr.

Mais il me semble qu'au lieu d'én'unïérer plus ou moins longuement tous les chefs-d'oeuvre qui quittent înotre ville, il est bien préférable de s'arrêfer un peu aux Quelques oeuvres qui •■ont été acquises pour notre Musée.

C'est d'abord une toile <îè Nicolas Bèrohefn, connue sous le nom de Rendez-vous à la Colonne. Voici comment, dans son catalogue raisonné, Smith la décrit : « Paysage'd'Italie au milieu duquel se dresse'une colonne en ruines. Des pâtres et des animaux sont réunis autour de la coloWift'; une bergère danse en s'accompagnant d'un tambourin, pendant qu'un berger flûtiste lui donne la cadence; un couple s'entretient sentimentalement, çà et Ih, à diverses places : un âne, une vache, une^hevre fit ;des -rnoiïtons ». Cette toile a été acquise pour 4 250 francs

Un grand bas-relief de Garpeaux, 4a SaMb Alliance des peuples, est'enfin devenu la propriété du Musée :de Valenciennes. Cette oeuvre de jeunesse sera très intéressante à rapprocher de toutes celles que nous possédons de notre illustre compatriote (2).

(1) tin intéressant catalogué'de celte 'collection avait été dressé par l'expert chargé de la vente, M. «Jules de Brauwëre ; il a été'soigneusement imprimé à Valenciennes par la maison Seulin el Dehon, avec reproductions phototypiques des principales oeuvres.

(2) Voir la Note placée à la fin de notre chronique,


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Un bas-relief en bronze de Carpeaux, Joseph reconnu par ses frères; un dessin original du même artiste, Notre Dame du SaintCordon, et la gravure du paysage de Nicolas Berchem complètent ces acquisitions.

L'ensemble de ces achats s'élève à 5.900 et des francs; il fera un peu moins regretter aux Valenciennois la dispersion d'une superbe collection.

»'#

Pendant ces derniers mois, les amateurs de musique ont eu une journée qui a dû les combler de joie.

Le 27 septembre dernier, on inaugurait les orgues de l'église Saint-Géry. Celte solennité, présidée par Msr Lasne, archiprêtre de Saint-Maurice, de Lille, avait attiré une assistance très nombreuse et un grand nombre d'amateurs étrangers.

Les orgues de Saint-Géry, fournies par la maison CavailléColl, de Paris, renferment vingt-huit jeux et trois claviers.

Les assistants ont pu se rendre compte des magnifiques sons de cet instrument, grâce aux artistes de talent qui ont été entendus pendant cette cérémonie.

M. Guilmant, professeur au Conservatoire de Paris, organiste de la Trinité, a su faire valoir toutes les qualités des nouvelles orgues. « Parmi les morceaux que l'artiste a exécutés, nous devons signaler la Marche funèbre, le Chant séraphique, de sa composition, et les versets improvisés .du Magnificat que les amateurs ont particulièrement remarqués.

« M. G. Elcheberry, organiste de la paroisse, avait, pour prendre possession de son inslrumeut, exécuté très brillamment la Marche de fête de M. L. Copin.

« Une composition de M. C. Fiévet, maître de chapelle do Saint-Géry, Contemplation, a été exécutée avec beaucoup d'ensemble par un groupe de violons el violoncelles » (1).

En un mot, ce fut une véritable solennité musicale.

a s tt

Le même jour, à huit heures et demie du soir, la Société chorale de dames donnait son second concert de la saison. « L'audition des choeurs, lisait-on le lendemain dans un journal

(1) Impartial du Nord du 30 septembre 1898.


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de notre ville, a confirmé les espérances que l'on avait conçues lors du premier concert ; elle dénote, de la part des sociétaires et de leur directeur, une somme de travail très appréciable ».

MM. Guilmant et Delsarl ont obtenu tous les suffrages; il n'en a pas été de même pour M. Baldelli, baryton du théâtre royal de Madrid. Les personnes très fortes en musique, les connaisseurs, affirment que cet artiste est incomparable pour la sûreté, la science, les raffinements avec lesquels il chante. Mais une partie du public n'a pas été conquise par M. Baldelli.

Néanmoins, cette soirée a laissé un excellent souvenir à tous ceux qui ont eu le bonheur d'y assister. M. Delsart, tout particulièrement, a recueilli tous les suffrages. Aussi la salle lui a-t-elle fait une ovation, bien méritée, lorsque deux charmantes jeunes filles sont venues lui remettre une magnifique gerbe de fleurs.

A. D.

NOTE

sur un bas-relief modelé et un tableau dessiné par Carpeaux dans sa jeunesse.

Au sujet du bas-relief de Carpeaux qui va figurer au Musée de Valenciennes, pour lequel il a été acheté à la vente de la galerie de M. Jean-Baptiste Foucart (1), nous croyons intéressant de détacher les détails suivants d'un article publié dans le Magasin pittoresque du 15 septembre 1889, et dû, si nous ne nous trompons, à M. Paul Foucart.

« Ce bas-relief a 1 m. 05 de haut sur 3 m. 53 de long. Il représente la Sainte Alliance des peuples. Carpeaux l'a modelé en 1850, alors qu'il n'avait que vingt-trois ans. Le sujet en est tiré d'une chanson de Béranger :

J'ai vu la Paix descendre sur la terre, Semant de l'or, des fleurs et des épis ; L'air était calme, et du dieu de la guerre Elle étouffait les foudres assoupis. « Ah ! disait-elle, égaux par la vaillance. « Français, Anglais, Russe ou Germain, « Peuples, formez une sainte alliance « Et donnez-vous la main ».

« Ce couplet a fourni à Carpeaux le motif de la partie centrale

(I) Voir ci-dessus, page 251.


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de son oeuvre, où la jeune et charmante déesse offre ses présents aux envoyés des principales nations européennes, groupés non loin des cadavres de Bonaparte el de l'aigle impériale renversés sur un canon. D'un côté, auprès d'un poteau sur lequel est écrit le mot Frontière, s'achèvent les dernières luîtes, tandis que de l'autre régnent définitivement la concorde et l'amour.

« Au point de vue esthétique, ce bas-relief, qui comprend plus de trente figures, et qui est resté l'oeuvre la plus complexe du sculpteur, peut donner lieu à des remarques intéressantes. Nulle part ne se fait encore deviner cette manière' composée de souvenirs michelangesques, d'études des statuaires français du xvme siècle et d'inspirations directes de la nature, qui a fini par devenir propre à l'artiste. Il prend ses modèles à la fois plus loin et plus près. Plus loin, dans l'antique, dont le groupe célèbre de Psyché et l'Amour, conservé au Vatican, lui dicte, avec interversion des sexes pour masquer la réminiscence, celui des deux époux enlacés à l'une des extrémités de ce bas-relief; plus près, dans la Révolte du Caire, de Girodet, auquel il emprunte, à l'autre extrémité, l'idée du guerrier combattant du bras droit tandis qu'il soutient du gauche son compagnon d'armes blessé ; enfin, aux Heures, sculptées par Pradier de chaque côté de l'horloge du palais du Luxembourg, quelque chose de la figure de la Paix. Ajoutons que bien plus tard, Carpeaux s'est souvenu de la partie supérieure de cette figure, lorsque, avec une bien autre maestria, il a modelé la Flore des Tuileries, qui reste peut-être la plus ravissante de toutes ses créations. »

* *

Le même article du Magasin pittoresque donne aussi de curieuses indications sur la collaboration de Carpeaux à la création de l'une des toiles de Bruno Chérier qui décoraient les murs du cabinet de M. J.-B. Foucart et qui ont été compris dans la vente d'octobre. Après la lecture de ces lignes, on regrettera que la toile dont il s'agit n'ait pas été augmenter aussi notre Musée Carpeaux; mais peut-être ne faut-il pas désespérer de l'y voir entrer un jour, car c'est un de nos concitoyens qui s'en est rendu acquéreur.

« Tandis que le futur auteur du groupe de la Danse exécutait chez M. J.-B, Foucart la Sainte Alliance des peuples, un de leurs


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communs amis, Bruno Chérier, avait reçu, pour le même salon, la commande de six grandes toiles, inspirées aussi par des chansons deBéranger, et devant représenter le Roïd'Yvetot, le Vieux Vagabond, les Rohémiens, les Vendanges, la Prise de la Bastille et le Vieux Sergent. Bruno Chérier, dont la réputation n'a guère dépassé les limites du département du Nord, était né à Valenciennes en 1819, et, après, avoir suivi les cours de l'Académie de sa ville natale, travaillé avec Périn et Orsel aux décorations de Notre-Dame de Lorette, et étudié sous Picot, revenait alors d'un voyage en Italie. En voyant travailler son ami, Carpeaux finit, comme un autre Corrège, par se dire : « Et moi aussi, je suis peintre. » Et il voulut, sans tarder, donner une preuve de son savoir-faire. Un soir, après que Chérier fut parti en laissant dans le salon ses instruments de travail, Carpeaux se planta devant l'une des toiles encore vierges, et, en quelques heures, dessina avec la sûreté de main qu'il possédait déjà, la composition entière du Vieux Sergent.

Près du rouet de sa fille chérie

et du berceau de ses petits enfants, il montra le vétéran des guerres impériales s'indignant et serrant les poings à la vue d'un régiment qui passe, porteur d'un drapeau blanc. Puis il saisit la palette et les pinceaux de Ghérier, appela à la rescousse M. J.-B. Foucart, et, tandis qu'une bougie à la main, il exécutait lui-même les personnages, chargea l'autre, improvisé peintre et monté sur une échelle, de donner une première couche à un grand arbre formant fond. La nuit se passa ainsi au milieu d'un travail fiévreux, et les deux complices ne se couchèrent qu'après avoir couvert de couleurs la majeure parlie de la toile. Mais celui qui rit le plus fort fut l'ami Bruno; dans leur inexpérience de l'altération que la lumière jaune des bougies fait subir à certaines couleurs, le sculpteur et l'avocat avaient pris du bleu pour du vert, et le grand arbre se trouvait- être d'-un superbe azur ! Jugeant la composition très belle, Chérier corrigea celte légère erreur, termina la peinture el la mit dans l'état où elle se voit aujourd'hui. »


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La naissance et la famille du général de IPoillouë de Saint-Mars.

Il est question d'élever à Condé-sur-Escaut un monument en l'honneur du général Léon de Poillouë de Saint-Mars, mort le 15 mai 1897 (1).

C'est à Condé en effet, en 1832, qu'était né ce soldat populaire.

" Mais le lien ainsi établi entre l'antique petite cité el le général de Saint-Mars n'esl-il pas plus apparent que réel, comme il arrive parfois dans les villes de garnison? Pour mieux m'expliquer, le général n'est-il pas simplement le fils d'un officier qui se trouvait à Condé avec sa troupe, par le pur hasard des décisions ministérielles, au moment de la naissance de l'enfant, comme il aurait pu se trouver aussi bien à Marseille ou à Bordeaux, et s'en est bientôt éloigné, sans avoir rien eu de commun, en réalité, avec le pays ?

J'ai eu la curiosité de me poser la question, de m'enquérir de la réponse, et j'ai trouvé sans peine soit à Condé soit à Valenciennes, des érudils ou des chercheurs qui m'ont promplement donné satisfaction. Ce sont les renseignements dus à leur obligeance que je note ici.

Le général Léon de Poillouë de Saint-Mars appartient bien à une famille de militaires, à une famille de vieille noblesse même. Cependant il avait aussi dans les veines du sang de notre terroir.

Son père était arrivé à Condé en 1820, officier dans la légion de l'Aisne, qui y venait tenir garnison. Il élait h peine majeur alors, et portait le nom d'Auguste-Jules-Edouard Poillouë de Saint-Mars ; il avait vu le jour le 9 janvier 1799 à Augervilliers (Seine-el-Oisc), et avait son domicile familial au château de Fontaine-Robert (2), près de Montargis. Fils de feu Jules-Gabriel Poillouë de Saint-Mars (3), en son vivant officier de cavalerie et aide de camp du général Levai, il avait un frère aîné, Eugène(1)

Eugène(1) dans le présent tome de la Revue, page 110.

(2) Hameau de Mallaverne, commune d'Amilly.

(3) Décédé à Barbesieux (Charente) le 9 septembre 1810.


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Jules (1), qui servait aussi dans l'armée, et qui mourut en 1861 à Nancy, après avoir pris sa retraite avec le grade de général.

Et rien de plus aisé pour le premier venu, que de reconstituer, sans remuer de poussiéreux parchemins, toute la lignée paternelle du dernier général de Saint-Mars, grâce à un jugement rectificatif d'ëtat-civil, rendu en 1861 par le tribunal d'Etampes, sur la demande de la famille intéressée, afin de lui permettre de replacer la particule « de » avant le nom de Poillouë. Ainsi peuton remonter, par Jacques-Auguste, fils de Louis-René, fils de Louis, fils de Jacques, fils de Guy de Poillouë, jusqu'en l'année 1500.

Mais revenons au jeune homme qui nous intéresse, ÀugusteJules-Edouard.

Est-ce l'amour, est-ce l'intérêt qui le fixa à Condé? Je n'ai aucun moyen de le savoir ; mais ce qui est certain, c'est qu'il donna sa démission d'officier pour épouser le ïi mars 1821, la fille d'un entrepreneur de travaux publics,- alors en situation prospère, Antoine Rasez.

Antoine-Joseph-Désiré Rasez était né à Condé le 11 février 1774, des justes noces de Jean Rasez, maître batelier, et de Marie Houzé.

Dès 1814, nous le trouvons, entrepreneur et négociant, muni des fonctions de premier adjoint au maire de la ville. Il jouissait d'un crédit et d'une influence assez marqués pour l'époque. Il essaya (vainement du reste), de disculper le général Bonnaire devant ses juges et fit signer un certificat en laveur de l'inculpé par de nombreux habitants de Condé.

II avait épousé une jeune fille originaire de Mons, AnneThérèse Wins, dont il eut sept enfants. C'est l'aînée, ThérèseAntoiiiette-Cécife-Josèphe Rasez, née le 22 novembre 1798 (2), que prit pour femme Auguste Poillouë de Saint-Mars. Le mariage dut avoir lieu avec pompe, a en juger par les noms des témoins honoraires.

Les nouveaux époux vinrent demeurer dans une maison voi(1)

voi(1) le 12 fructidor an III.

(2) Thérèse Rasez, mère du général Léon de Poillouë de Saint-Mars, est morte à Paris le 27 décembre 1874.


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sine de celle de l'entrepreneur, et qui existe encore: elle porte actuellement le numéro 4 (ancien 6) de la rue Notre-Dame.

Bientôt, la place de receveur municipal ayant été rendue vacante, Antoine Rasez y fil nommer son gendre.

C'est dans la demeure ci-dessus indiquée, que naquirent les deux premiers enfants du jeune ménage : l'aînée, une fille, le 22 mai 1822 (1) ; le second, un fils, Àbel-Julcs-Edouard-Désiré, le 17 novembre 1823 (2).

Cependant la chance tournait pour Antoine Rasez ; ses affaires allaient mal. En 1828, cataslrophe; le 7 décembre, il meurt, de maladie... ou par suicide peut-être, laissant une situation embarrassée. A sa succession, s'empressent de renoncer, le 20 janvier 1829, Mrae de Saint-Mars et les cinq enfants nés après elle: le 2 mars, la veuve d'Antoine renonce à son tour à la communauté, et accepte sous bénéfice d'inventaire, pour son dernier fils encore mineur, la succession obérée. Les biens qu'elle comprenait furent vendus en mai et juin 1830, à la requête des créanciers, par le ministère de M" Lcbret.

A la suite de celte débâcle, le receveur des revenus communaux, Auguste Poillouë de Saint-Mars, transporta ses pénales dans une maison fort modeste, située près de l'ancien bailliage. Là vint au monde, le 6 août 1832, Léon Poillouë de Saint-Mars, le futur général qui devait recevoir le surnom de « père du soldat ».

Peu de temps après, toute la famille quilta Condé sans esprit de retour, n'y laissant aucuns proches, aucun ami.

Ainsi, les parents du général de Saint-Mars ont eu des attaches réelles à Condé. Mais lui-même fut emmené dès son premier âge loin de ce coin de terre, et n'eut pas l'occasion d'y revenir plus tard. Eprouvait-il néanmoins quelque inclination pour sa ville natale? M. Ernest Laul a cru pouvoir l'affirmer il n'y a pas bien longtemps (3). Mais d'autre pari, il est certain qu'au moment oii il était directeur de l'infanterie au ministère de la guerre, fonc(1)

fonc(1) fille, Zoé-Amélie-Thérèse, existait encore en 1SG1 : elle élait restée célibataire et demeurait alors à Paris, rue Lafayette, 21.

(2) Abel Poillouë do Paint-Mars entra dans l'armée ; devenu capitaine au 91° régiment de ligne et chevalier de la Légion d'honneur, il fut tué d'un coup do feu devant Sébastopol.

(3) Dans l'Impartial du Nord du 11 juillet 189S.


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lions auxquelles l'avait appelé le général Boulanger, M. de Poillouë de Saint-Mars laissa sans aucune réponse les lettres que la Municipalité de Condé lui adressa pour essayer de l'intéresser à la question de la garnison de celte forteresse.

Je ne donne pas cette indication, bien entendu, comme une raison qui aurait dû dissuader les Condéens de revendiquer à titre de concitoyen le général de Saint-Mars, lequel eut de très réels mérites.

On s'occupe simultanément, à celte heure, de doter Condé de deux monuments, l'un en l'honneur du général, l'autre en l'honneur de la Iragédienne Clairon. De celui-ci le projet a été lancé par le slaluaire valenciennois Jules Mabille de Poncheville. De l'autre monument, l'idée a été conçue, si je ne me trompe, par un groupe d'anciens sous-officiers.

Les deux projets ayant pris corps et se trouvant aujourd'hui en voie d'exécution, je ne tends certes à mettre obstacle à aucun d'eux. Peut-être cependant me sera-t-il permis de demander — bien platoniquement —, si Condé n'a pas d'autres célébrités qui attendaient depuis longtemps et avec des titres plus solides leur monument, Josquin Desprez, par exemple, ou le maréchal duc Emmanuel de Croy, qui rendit soit à la France soit particulièrement à notre région de signalés services, et présida la première société d'agriculture fondée à Valenciennes (l).

CHRONIQUE AGRICOLE.

LÉGION' D'HONNEUR.

A l'occasion de la séance solennelle tenue le 8 décembre à Lille par la Société des agriculteurs du Nord, pour la distribution des récompenses de ses concours de 1898, M. Viger, ministre de l'agriculture, qui est venu présider celte cérémonie, a remis au président de cette Société, M. Clément Coquelie, la croix de chevalier de la Légion d'honneur.

Le décret de nomination a été signé le 6 décembre. Le Journal officiel a résumé comme il suit les titres du nouveau légionnaire :

(l) Voir, sur le duc de Croy, une notice historique dans le tome VII des Mémoires de notre Société, page 117,


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« M. Coquelle (Clément-Albert-Nicolas), agriculteur à Mastaing, président de la Société des agriculteurs du Nord, président du Comice de Bouchain ; nombreuses et hautes récompenses, dont un premier prix d'honneur et un grand prix à la Société des agriculteurs du Nord, et une médaille d'or à l'Exposition universelle de 1889 ; 30 ans de pratique agricole. »

Il n'est pas besoin de rappeler ici que M. Coquelle est viceprésident de la Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes.

••*

RÉCOMPENSES AGRICOLES.

Sur la liste des récompenses accordées par la Société des agriculteurs du Nord en 1898, nous relevons les suivantes :

Prix de bonne tenue de fermes.— Grande culture : M. ChuffartLefebvre, agriculteur à Préseau. Moyenne culture : M PiqueRaviart, agriculteur à Lecelles. Petite culture : MM. Louis Farineau, agriculteur à Sars-et-Rosières ; Auguste Lubrez, agriculteur à Millonfosse.

Alcool dénaturé. — La Société avait ouvert un concours pour décerner des récompenses aux auteurs des meilleurs appareils permettant ou facilitant l'emploi de l'alcool dénaturé, ou des meilleurs mémoires concernant celle question. Elle a décerné des prix à MM. Dusart Emile, de Saint-Amand-les-Eaux ; Thiplouse, d'Anzin.

» •

L'ÉCLAIRAGE PAR L'ALCOOL.

Les recherches faites pour permettre l'utilisation de l'alcool comme moyen d'éclairage dans de bonnes conditions d'économie et de sécurité, ne semblent pas rester sans résultats.

On sait que la Société d'agriculture de Valenciennes a récompensé en septembre, au concours d'Onnaing, un habitant de notre arrondissement, M. Em. Dusart, de Saint-Amand-les-Eaux, inventeur de certains procédés que le jury a jugé dignes d'allenlion.

D'autre part, un ingénieur de Paris, M. Denayrouse, a présenté en novembre dans une conférence qu'il a faite devant une assemblée d'hommes compétents, trois modèles de lampes de diverses grandeurs, brûlant l'alool dénaturé du commerce et donnant une belle lumière blanche qui coûte, dit-il, huit fois


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moins cher que celle de l'huile de colza et trois à quatre fois moins cher que celle du pétrole. La dépense serait inférieure à 1 centimètre cube d'alcool par bougie produite et par heure. Au prix actuel de l'alcool, cela correspond à un maximum de 6 dixièmes de centime par unité de lumière ou carcel. C'est le chiffre le plus bas que les lumières les plus économiques en usage dans les villes puissent atteindre.

Lé Journal d'agriculture pratique, dans son numéro du 8 décembre, parle en ces termes des deux inventeurs dont il s'agit :

« Parmi les emplois de l'alcool, il en esl un qui paraît sur le point d'aboutir, celui de l'éclairage. De nouvelles expériences, faites récemment devant le groupe agricole de la Chambre des députés, par M. Denayrouze avec sa lampe a incandescence, et par M. Dusart qui se sert d'alcool carburé, ont paru très concluantes. On touche au but ; mais il faut pour l'atteindre complètement, que le Fisc n'impose pas des dénaturants impossibles, et se départisse des mesures tracassières dont il est

coutumier. »

t

S 9

DÉCRET RÉGLEMENTANT LA DÉNATURATION DES MÉLASSES POUR LES USAGES AGRICOLES.

Le décret d'administration publique prévu par la loi du 14 juillet 1897, et dont la très lente élaboration avait motivé un voeu de la Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes (1), a paru enfin dans le Journal officiel du 12 novembre 1898.

Ce décret devait, on le sait, déterminer à- quelles conditions les mélasses destinées aux usages agricoles seraient admises en décharge, à raison de 14 % de leur poids, au compte des fabricants de sucre (2). ,

La dénaturalion à laquelle la loi soumet ces mélasses pourra (conformément aux conclusions du rapport présenté par M. Aimé Girard au nom du Comité consultatif des arts et manufactures et appuyé par la Société d'agriculture de Valenciennes), s'effectuer comme il suit :

Pour l'alimentation du bétail : soit par le mélange de la mélasse

(1) Voir, plus haut, page 136.

(2) Voir, plus haut, page 123.


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à des farines de céréales, à des bas produits de mouture, à des tourteaux de graines oléagineuses, de telle sorte que la proportion de mélasse ne dépasse pas 50 p. °/„ du poids du produit dénaturé et que la proportion de sucre ne dépasse pas 22 p. % de ce poids, les produits devant au surplus être transportés en galettes ou tourteaux parfaitement secs ; — soit par l'incorporation de la mélasse h des pulpes, cossettes de sucrerie el de distillerie de betteraves, pulpe de féculerie, drèches égoultées de distilleries de grains ou de brasserie, de telle sorte que la proportion de mélasse ne dépasse pas 10 p. % du poids du produit et la proportion de sucre 4, 5 p. % de ce poids ;

Pour la préparation des bouillies : par l'addition à la mélasse de 10 p. % de sulfate de cuivre.

Malheureusement, les formalités imposées par le fisc pour la livraison des mélasses dénaturées sont si compliquées qu'elles mettront un sérieux obstacle à l'emploi de ces mélasses.

La dénaluralion ne peut être faite que dans les fabriques de sucre en présence du service des contributions, et le produit dénaturé doit être expédié sous le lien d'un acquit-à-caution aux cultivateurs; ceux-ci, quand ils demandent le dit produit, sont astreints à spécifier, quand il s'agit de l'alimentation du bétail, le nombre et l'espèce des animaux auxquels cette nourriture est destinée, ainsi que la ration qui sera distribuée par tête el par jour, — quand il s'agit de bouillies cupriques, la surface de terrain à traiter et la nature des plantes auxquelles ces bouillies sont destinées, etc., etc. ! !

LEPANDAGE DU FUMIER.

Dans sa séance du 5 octobre, la Société nationale d'agriculture a entendu une très intéressante communication de M. Dehérain sur le mode d'êpandage du fumier.

Voici le résumé de ce travail :

« M. Dehérain a-rappelé d'abord les expériences qu'il a poursuivies et qui démontrent que le fumier exposé à l'air pur perd :

« 1° Tout ou partie de l'ammoniaque qu'il renferme ;

« 2° Une fraction importante de son azote organique.

« On en déduit que, quand le fumier est éparpillé sans soin dans la cour de ferme, qu'il n'est pas tassé et que la fermenta-


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tion productrice d'acide carbonique ne s'y établit pas, il perd une fraction plus ou moins forte du plus important et du plus coûteux de ses éléments.

« M. Dehérain dit qu'il ne faudrait pas croire qu'un fumier maintenu sous les animaux ne subit aucune perte, parce qu'on ne perçoit pas en entrant dans le local où il séjourne une forte odeur d'ammoniaque, puisque l'expérience nous enseigne que, parfois, l'azote se dégage à l'état libre, forme sous laquelle il ne répand aucune odeur capable de dévoiler son dégagement,

« Le savant chimiste pose plusieurs points d'interrogation. Dans quelles conditions faut-il se placer pour éviter les perles d'azote à l'état libre ? Ces pertes se produisent-elles même dans le tas de fumier; au moment où la fermentation aérobie qui élève la température jusqu'à 60 degrés est en pleine activité? Nous l'ignorons encore, dit-il, les expériences entreprises pour décider ce point.particulier n'étant pas encore terminées ; mais on peut toujours tirer parti des faits bien établis pour donner aux praticiens quelques indications utiles.

« Et d'abord, M. Dehérain rappelle qu'il y a une quarantaine d'années, quand on n'avait d'autres engrais que le fumier, on en était réduit à fumer en couverture quand les intempéries avaient empêché de conduire sur les pièces le fumier en temps utile pour l'enterrer. Aujourd'hui, que nous avons des engrais de commerce à bon compte, ce mode de fumure doit être abandonné ; le fumier exposé à l'air perd rapidement son ammoniaque et même une fraction de son azoleorganique; le répandre dans les champs où il reste exposé à l'air pendant toute la saison, c'est le gaspiller à plaisir. Dans ces conditions, le fumier n'exerce qu'une action fertilisante infiniment plus faible que lorsqu'il est enterré. Il vaut mieux forcer un peu la dose de nitrate de soude ou de sulfate d'ammoniaque que d'employer le fumier dans des conditions aussi désavantageuses.

« M. Dehérain conseille aussi d'abandonner la disposition du fumier en fumerons qui restent toujours en place avant d'être éparpillés et enterrés par la charrue. . « Les pertes d'ammoniaque et d'azote libre sont inévitables quand les fumerons restent exposés à l'air; en outre, si la pluie survient, les fumerons sont lavés et les eaux qui les ont traversés s'infillrent dans les terres sous-jacentes qui reçoivent ainsi une


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fumure exagérée ; aussi, au premier printemps, voit-on les plantes qui croissent sur ces places à fumier présenter une couleur vert foncé el une vigueur infiniment supérieure à celle de leurs voisines.

« Ces irrégularités dans l'aspect des cultures déplaisent aux praticiens soigneux, et ils ont bien raison de les craindre, car il arrive souvent que le blé ou l'avoine des places où le fumier a séjourné versent, que les betteraves deviennent énormes, se chargent d'eau et de nitrate, el ne présentent qu'une médiocre valeur ; la méthode a donc de graves inconvénients, el on fera bien d'y renoncer toutes les fois qu'on le pourra.

« Le procédé à suivre est le suivant : on conduira sur les mêmes pièces et ensemble la charrette à fumier et la charrue; les hommes déchargeront le fumier en le tirant constamment de la voiture, et ce fumier sera étendu de façon que la charrue puisse immédiatement l'enterrer. S'il passe ainsi directement de la plate-forme à la terre sans séjourner à l'air, il ne subira plus que des pertes insignifiantes. Ce procédé est mis en pratique par beaucoup de cultivateurs habiles, qui ont ainsi devancé les indications des laboratoires. Quand la terre est apte à porter les chariots qui amènent le fumier, elle peut être labourée. »

«As

LA DESTRUCTION DES HANNETONS.

M. de la Blanchère a préconisé, contre les hannetons, un mode de destruction qui ne parait pas méprisable.

Les femelles choisissent toujours, pour pondre, un endroit où la terre est bien meuble. Profitant de celte observation, on peut détruire d'un coup toute la ponte d'une année. On prépare dans les pépinières de petites parcelles de terrain d'un mètre carré bien ratissées et bien exposées au soleil. Toutes les femelles y accourent. Alors il n'y a plus qu'à enlever cette terre, au moyen d'une pelle, jusqu'à une épaisseur de dix centimètres, pour faire disparaître tous les oeufs. — S'il s'agit d'un grand champ, on trace un trait à la charrue sur l'un des bords. Les femelles y viennent sans hésitation. Quelque temps après, on enterre avec un nouveau trait de charrue en ados les oeufs à plus de 30 centimètres de profondeur, où ils meurent tous infailliblement.


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L'ÉCOLE FLAMANDE

AU MUSÉE DE PEINTURE DE VALENCIENNES

Le petit travail qu'on va lire n'était pas destiné à être publié, du moins dans la forme où nous le présentons. Il devait faire partie d'un rapport, à envoyer en « haut lieu » par un autre que nous. — Oh! ce n'est pas un secret : il s'agissait de solliciter l'intervention gracieuse du Gouvernement belge pour mener à bonne fin la, rédaction et la publication d'un Catalogue général, universel, des oeuvres de l'Ecole flamande de peinture, aujourd'hui dispersées dans les collections, tant publiques que privées, des-deux hémisphères.

Pour des motifs qu'il est inutile de faire connaître ici, ce projet a dû être abandonné. Nous avons pu rentrer ainsi en possession de ces feuillets, et nous en sommes très heureux, puisque cela nous permet de satisfaire la curiosité de quelques amis, comme nous s'intéressant particulièrement à tout ce qui, de près ou de loin, touche à la vieille renommée artistique de. nos Flandres.

On nous trouvera sans doute un peu sec, un peu compassé, un peu raide enfin, comme une statistique officielle ; mais que voulez-vous ? On nous avait dit : « Sois exact, clair et concis », el;nous nous sommes efforcé d'être concis, clair et surtout exact.

D'ailleurs, il ne s'agit ici que d'une revue rapide, quelque chose comme le raccourci d'une étude plus étendue, que nous publierons quand le moment sera venu.

Enfin, pour tout dire, nous éprouvons une vive satisfaction de pouvoir, de temps à autre, rendre hommage à la « bonne et franke ville de Valenciennes », qui vit le berceau de Froissart et occupe dans notre admiration la première place, après l'incomparable Bruges, la cité maîtresse, que nous plains au-dessus de toutes nos antiques gloires nationales.

» « Le Musée de Valenciennes est de création relativement récente;.il ne se distingue point par le nombre des tableaux, mais

TOME XLVIII. 9


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c'est, à tous égards, une galerie de très grande valeur. Il forme un ensemble de quatre cent cinquante-neuf numéros, tous obtenus, soit à titre gracieux, soit par achat, depuis la mise à exécution du décret de la Convention nationale qui ordonna de réunir dans le chef-lieu de chaque district les oeuvres d'art confisquées au profit de la Nation.

Divers inventaires détaillés en ont été publiés : en 1-811, par M. Jules Potier; en 1865, par M. Louis Cellier; en 1876, par M. Albert Courtin ; et en 1882, par M. François Nicolle, conservateurs du Musée. En 1888, la direction ayant été confiée à une Commission, celle-ci fit paraître un nouveau catalogue qui est la reproduction à peu près textuelle de celui de 1865; mais il est suivi d'un * Supplément », fort consciencieusement fait par M. Paul Foucart, depuis président de la Société d'agriculture, sciences et arts de l'arrondissement de Valenciennes. Ce supplément contient la liste des nombreuses autant que précieuses choses d'art et d'antiquité dont la Ville s'était enrichie depuis 1882.

Enfin en 1898 la Commission a refondu les divers éléments du catalogue de 1888, augmenté des oeuvres entrées depuis lors, en une brochure très soignée, sortant de l'imprimerie de L. Lacour et G", de Valenciennes, et qui comprend, sous une seule suite de numéros, les peintures, sculptures, dessins, aquarelles et miniatures.

Ce numérolage unique a plus d'un sérieux inconvénient, qu'on voudra sans doute laire disparaître lotsqu'on rédigera un dénombrement desci'iptif des objets de tous genres conservés à l'hôtel de ville.

Nous lisons d'ailleurs dans la préface du catalogue de 1888 : « Elle (la Commission administrative) se réserve de refondre plus tard ce travail, et, par une rectification soigneuse des attributions données à certaines peintures, de lui imprimer un caractère en quelque sorte définitif ».

C'est donc une situation essentiellement provisoire, dont la fin ne se fera pas trop attendre, espérons-le.

Nous avons passé bien des heures agréables au Musée de Valenciennes et nous avons ainsi eu le lemps de l'étudier dans tous ses détails; ce qui veut dire que nous ne craignons pas


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d'être taxé d'exagération en déclarant que, à peu d'exceptions près, toutes les vieilles « manières et factures », du moins celles que la critique autorisée a reconnues et classées, y sont représentées par une ou plusieurs oeuvres de réelle valeur. Mais nous étonnerons certainement nés compatriotes en venant leur apprendre que l'Ecole flamande y occupe de beaucoup la première place.

En effet, la Flandre y brille dans toute sa splendeur, non seulement par ses Meesters les plus illustres, ses peintres les plus hautement cotés dans l'histoire de l'art, mais aussi par des tableaux superbes, parmi lesquels il s'en trouve qui peuvent rivaliser avec ceux qui font l'orgueil et la réputation de nos grandes collections publiques belges : celles de Bruxelles, d'Anvers et de Bruges.

Il n'y a pas bien longtemps, un de nos artistes les plus célèbres, Verwee, se trouvant là en visite, par hasard, entre deux trains, s'écria : « Mais c'est inouï !... et qui donc chez nous parle de Valenciennes ?»

L'observation était juste, et cela tient peut-être à l'absence de publicité.

Une remarque à faire avant toute autre : dans les livrets-indicateurs des Musées, très souvent, trop souvent même, surtout en France, on attribue aux Flamands des toiles et panneaux qui sont en réalité l'oeuvre de vieux maîtres hollandais. Parfois aussi il arrive qu'on endosse à l'un ou l'autre de ces derniers des tableaux qui appartiennent à l'École de Flandre.

Il nous semble que ces erreurs\se commettent presque toujours à cause de l'orthographe plus ou moins néerlandaise du nom des auteurs.

Le Musée de Valenciennes n'a pas échappé à cette confusion, mais le mal y est d'une importance moindre que partout ailleurs, vu qu'il se réduit à quelques inscriptions fixées aux cadres ; le catalogue officiel ne faisant pas de classement par Ecole.

Est-il nécessaire de dire que les productions picturales de l'art hollandais dans le passé diffèrent considérablement de celles de l'art flamand ? Cela est reconnu par tous les connaisseurs et enseigné dans toutes les académies.

La peinture flamande est surtout coloriste; elle procède par la qualité et le rapport des teintes. En Hollande, l'art tout entier


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existe dans le relief et dans les proportions du sombre au clair. Telle est l'opinion de René Ménard (les Curiosités artistiques de Paris) et on ne saurait mieux dire.

En un mot, il est impossible de confondre les deux Ecoles. Mais, pour établir d'aussi près qu'il convient les limites communes entre elles, el réserver au besoin des moyens de comparaison, il est toujours utile de donner la liste des maîtres hollandais avant de passer aux flamands.

Le Musée de Valenciennes en possède une belle série, fort admirée et qui mérite de l'être, tant sous le rapport du nombre que de la valeur. On y compte vingt-quatre maîtres différents, avec trente tab'eaux — Ceci sous réserve de deux ou trois attributions qui nous semblent assez hasardées.

Voici les noms de famille de ces peintres, tels que nous les donnent les biographes des Pays-Ras :

ÉCOLE HOLLANDAISE.

Van Aclsl.

Nicolas Berchem ou Berghem. Thierri Van Berghen. Cornélius ( Van Haarlem). Albert Cuyp. Jean Van Goyen. Jean-David De Heem. Jean Van Uuglenburg. Corneille Janssem. Jean Knijff. Pierre Van Laar. Emmanuel Murant.

Guillaume Van Mieris. Paul Moreelse. Aarl Vander Neer. Jean - Maurice Quinkhaerd.

Renier, dit Zeeman.

Herman Saftleven. Pierre Van Slingcland. J. F. Soolmaker. Thierri Sloop. Guillaume Vande Velde. Philippe Wouwerman. Jean Wynanls.

Un regard sur celte liste fait juger de la valeur de la collection et, vraiment, on peut se demander comment les Valcnciennois ont pu se procurer ces trésors. Aujourd'hui, au prix des plus grands efforts et malgré des sommes considérables, on ne parviendrait pas à en former une semblable.

Nous avons dit que le Musée compte quatre cent cinquanteneuf numéros; dans ce chiffre sont compris cinquante-six auteurs inconnus.

Parmi les oeuvres d'origine constatée ou régulièrement attribuées, les vieux flamands peuvent en revendiquer quatre-vingt-


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sept, de cinquante et un artistes différents. Parmi les inconnus, il en est onze au moins qui leur appartiennent aussi.

Ce qui fait que le quart à peu près de ce superbe ensemble provient de maîtres de Flandre, rangés parmi les meilleurs de leur Ecole.

N'est-ce pas stupéfiant? Et où donc, en Belgique, en dehors de Bruxelles et d'Anvers, trouverait-on une telle galerie?

De plus, on y rencontre des éléments d'appréciation en nombre suffisant pour suivre à travers les «âges l'histoire des progrès et de la décadence de la peinture flamande, depuis la deuxième moitié du xve siècle jusque vers le milieu du xvur\

On pourrait même aller au delà du xv* siècle, car il est certain que parmi les tableaux non reconnus il s'en trouve plusieurs qui ont été exécutés avant le temps des Van Eyck, tout au moins à l'époque des autres gothiques, qui vinrent immédiatement après Roger Vander Weyden et précédèrent Pierre Christ us et Simon Marmion. —On sait que la première période, celle des origines vraies de l'art pictural flamand, remonte à la fin du xme siècle..

Et avec cela une extrême diversité ; rien n'y manque, tous les genres y sont réunis : grandes oeuvres historiques et mythologiques ; compositions allégoriques et épisodes empruntés à l'histoire religieuse; peintures sans « sujet » ; portraits, paysages, marines et batailles; natures mortes, animaux, fleurs et fruits; intérieurs et ruines ; fantaisies d'atelier. En un mot, un groupement rare qui résume d'une façon surprenante les annales des virtuoses de la palette au pays de Flandre depuis les temps qui suivirent le moyen âge jusqu'à la Révolution.

Certes il ne serait pas difficile de trouver ailleurs, dans certaines grandes collections de l'étranger, plus et même mieux ; mais on ne réunirait pas aisément une « suite » aussi bien composée au point de vue des études rétrospectives.

Voici maintenant, autant que possible dans l'ordre chronologique, les noms de nos maîtres flamands qui ont de leurs oeuvres exposées à Valenciennes.

Les premiers temps, ceux des Gothiques, n'y sont représentés que par deux peintres connus, avec deux tableaux :

xv* SIÈCLE..

Simon Marmion, — Jérôme Van Aken, dit Bosch.


270 —

La période des Romanistes, qui vient après celle des gothiques, nous donne sept maîtres avec huit oeuvres (sous réserve de deux attributions que nous croyons douteuses) :

XVI 0 SIÈCLE.

Michel Coxcie ou Van Coxyea. François Franck ou Francken Marinus, dit de Romerswalen. (le Vieux). Hubert Gollzius ou Gollz. Ambroise Franck ou Francken.

Martin De Vos. Josse De Momper.

Auxquels il convient d'ajouter un autre artiste, flamand dans ses débuis, mais qui « italianisa » tellement son talent, qu'il perdit toutes les traditions de son pays d'origine. C'est : Denis Calvaerl.

Après ceux-ci vient une série absolument remarquable cl qui forme un fonds artistique de premier ordre, de la grande époque de Rubens : soixante-sept tableaux, de trente-huit maîtres différents :

XVII" SIÈCLE.

Adam Van Noort. Henri Van Balen. Pierre Brueghel (d'Enfer). Jean Brueghel (de Velours). François Pourbus (le Fils ou le

Jeune). Pierre Neefs (le Vieux). Pierre Neefs (le Jeune). Martin Pepyn. Pierre-Paul Rubens. David Vinckcboons. François Snyders. Gaspard De Crayer. Alexandre Adriaensen. André Van Eertveldl. Paul De Vos. Gérard Seghers. Pierre Snayers. Jacques Jordaens. Luc Van Uden. Antoine Van Dyck.

Adrien Brauwer.

Théodore Van Thulden.

Erasme Quel!in (le Jeune).

Jean Fyt.

David Teniers (le Jeune).

Jacques d'Arlhois ou Darlhois.

Bonavenlure Peelers.

Adrien-François Boudewyns.

Jean Peeters.

Gilles Van Tilborg ou Thilbrugge.

Jean Siberechls.

Jacques Van Oosl (le Jeune).

Abraham Genoels.

Jean-Paul Gillemans.

Corneille Huysmans, dit de Matines.

Gaspard Verbrugghen.

Jean Van Son.

Philippe de Champaigne.


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Nous voici arrivé à la dernière période, celle de l'École flamande à son déclin ; trois maîtres, sept tableaux :

XVIIIe SIÈCLE.

Pierre Van Bloemen, dit Slandaerl. Viclor-Honoré Janssens. Charles Breydel, dit le Chevalier. A tous ces noms qui comptent parmi les meilleurs de nos annales artistiques, il y a lieu d'en ajouter encore quatre autres, en raison de la collaboration qu'ils prêtèrent à quelques-uns des maîtres ci-dessus :

Daniel Scghers. Guillaume Van Herp.

Adrien Van Utrechl. Pierre Bout.

Et qu'on n'aille pas dire que celle nomenclature est sujette à caution, car nous pouvons ajouter que les archives du Musée de Valenciennes possèdent des documents en nombre suffisant pour rassurer les critiques les plus méticuleux.

Il nous reste à compléter notre travail par une addition qui ne sera pas sans quelque utilité pour nos confrères les conservateurs des musées belges.

CATALOGUE

des oeuvres de peinture de l'École flamande exposées au Musée de Valenciennes.

(Les numéros qui précèdent la désignation des tableaux sont ceux du catalogue général (éd. 1898) aujourd'hui en circulation.)

ADMAENSEN (Alexandre).

2. Nature morte.

3. Un marchand de poisson.

ARTIIOIS (Jacques D') on DARTOIS. 10. Paysage avec figures.

BALEN (Henri VAN).

39. Mercure, du haut des deux, contemple Hersé el Agtaure

se rendant au temple de Minerve.

40. L'enlèvement d'Europe.

BLOEMEN (Pierre VAN), dit Slandaerl. 47. Halte de voyageurs devant une hôtellerie.


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48. Écurie dans des ruines antiques.

49. Maréchal ferrant des chevaux devant une tente.

50. Chevaux au repos dans un camp.

BOSCH (Jérôme VAN ÂKEN, dil).

51. Saint Jacques et le Magicien.

BOUDEWYNS (Adrien-François).

52. 53, 54, 55. Paysages avec figures.

BRAUWER (Adrien).

60. Intérieur de cabaret flamand.

BREYDEL (Charles), dit le Chevalier. 64 et 65. Combats de cavalerie.

BRUEGHEL (Pierre), dit d'Enfer.

61. L'artisan mangé par l'usurier, el l'usurier mangé par le

diable.

62. Le Christ prêchant, entouré d'un grand nombre de personnages.

personnages.

BRUEGHEL (Jean), dil de Velours.

63. Paysage.

CALVAERT (Denis). 69. Le Christ mort, entouré de sainl Joseph dArimathie, saint Jean et les saintes femmes.

CIIAMPAIGNE (Philippe DE). 73. Portrait d'un personnage défunt.

COXCIE (Michel) ou VAN COXCYEN. 99. Le portement de la Croix.

CRAYER (Gaspard DE).

104. Notre-Dame du Rosaire.

105. Madeleine repentante.

106. Sainl Pierre pénitent.

DYCK (Antoine VAN).

123. Le martyre de saint Jacques et de son dénonciateur

converti.

124. Portrait de Jacob Le Roy, chevalier, seigneur de Horbaix,

Horbaix, de la Chambre des comptes de Brabant.


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125. Tête de saint Paul, apôtre.

126. Tête de saint Mathieu, apôtre.

EERTVELDT (André VAN). 11. Marine.

FRANCK OU FRANCKEN (François), dit le Vieux.

129. L'empereur Charles-Quint prenant l'habit religieux.

FRANCK OU FRANCKEN (Ambroise).

130. L'entrée dans l'Arche.

FYT (Jean). 132 et 133. Natures mortes.

GENOELS (Abraham). 136. Paysage avec ruines romaines (figures de Minderhout).

GILLEMANS (Jean-Paul). 138. Fruits (raisins).

GOLTZIUS ou GOLTZ (Huberl). 140. Léda, mère de Castor et Pollux.

HUYSMANS (Corneille), dit de Matines.

163. Paysage : éboulement après un orage.

JANSSENS (Victor-Honoré).

165. L'union fait la force ; elle produit la paix et l'abondance.

JORDAENS (Jacques).

169. Le Roi boit.

170. Deux enfants dans un berceau.

171. Le jugement de Midas.

MARINUS, dit de Romerswalen. 203. Un banquier et sà-femme.

MARMION (Simon). 201. Panneau d'ex-voto.

MOMPER (Josse DE) . 217. Marché aux bestiaux dans un paysage italien.

NEEFS (Pierre), dit le Vieux. 227. Intérieur d'église. TOME XLVIII. 9*


— 274 •—

NEEFS (Pierre), dit le Jeune. 228 et 229. Intérieurs d'église.

NOORDT (Adrien VAN). 235. Le Christ mort sur les genoux de la Vierge.

OOST (Jacques VAN), dit le Jeune. 237. L'Adoration des bergers.

PEETERS (Bonaventure). 252 el 253. foarines.

PEETERS (Jean). 254 et 255. Marines.

256. Combat naval entre vaisseaux hollandais et galères turques.

PEPYN (Martin). 250. Sainl Bernard el Guillaume d'Aquitaine.

POURDUS (François), dit le Fils ou le Jeune.

268. Portrait en pied de Dorothée de Croy, duchesse d'Arschol,

d'Arschol, du Saint-Empire.

269. Portrait en pied de Philippe-Emmanuel de Croy, comte

de Solre, et de sa soeur Marie.

270. Portrait de Marie de Médicis, reine de France.

QUELLIN (Erasme), dil le Jeune. 286. Jésus chez Marthe et Marie.

RUBENS (Pierre-Paul).

306. L'extase de sainl François d'Assise aux pieds du Christ.

307, 308, 309 (triptyque). La prédication, le martyre et la

mise au tombeau de saint Etienne. 310 (sur les volets du triptyque qui précède). L'Annonciation. 311. La Descente de croix. 312 et 313, Charges de cavalerie.

SEGHERS (Gérard). 326. Saint Éloi, êvêque, aux pieds de la Vierge.

SIBERECHTS (Jean). 330. Des paysans devant une ferme s'occupent à des travaux champêtres.


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SNAYERS (Pierre)... '

204. Déroute de l'armée française devant Valenciennes, le ■16 juillet 1656 (l).

332. Paysage boisé.

333. Attaque de voleurs dans un chemin creux.

334. Attaque de voleurs.

SNYDERS (François).

335. Le Cellier.

SON (Jean VAN).

336. Fruits sur une table.

TENIERS (David), dit le Jeune. 342. Anachorète lisant dans une grotte.

THULDEN (Théodore VAN).

344. La sainte Famille.

TILBORG (Gilles Van) ou THILBRUGGE.

345. Buveur tenant un pot de bière.

UDEN (Luc VAN).

349. L'enlèvement de Proserpine.

350. Cérès et la nymphe Cyané.

VERBRUGGHEN (Gaspard). 355. Fleurs, coquillages.

VINCKEBOONS (David).

361. Paysage boisé avec figures. Vos (Martin DE).

369. La Circoncision.

370. L'adoration des Mages.

Vos (Paul DE) . 368. Chasse aux sangliers.

TABLEAUX DR MAÎTRES FLAMANDS INCONNUS.

xv* SIÈCLE. (École de Jean Van Eyck.) 442. L'adoration des Mages.

(1) Le n° 204 avait été attribué jusqu'en ces derniers temps à Vander Meulen,


— 276 —

COMMENCEMENT DU xvr* SIÈCLE.

423. La Vierge et l'Enfant.

443. La mort de la Vierge.

444. L'adoration des Mages.

DEUXIÈME MOITIÉ DU XVIe SIÈCLE.

445. L'adoration des Mages.

FIN DU XVIe SIÈCLE.

■446. Le martyre de saint Laurent.

PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIIe SIÈCLE.

420. Portrait de seigneur.

421. Portrait de dame. 430. Un buveur de bière. 450. La Mort.

XVIIe SIÈCLE.

43o. Tête de vieillard.

.%

Un simple coup d'oeil sur cette liste, où se lisent les noms les plus glorieux d'une École aujourd'hui pour ainsi dire disparue, et où tous les genres ont leurs représentants les plus estimés dans l'histoire de la peinture flamande, un simple coup d'oeil, disons-nous, montre combien les habitants de Valenciennes, si attachés à leur bonne ville, ont raison d'être fiers de leur Musée.

Celui-ci d'ailleurs ne peut manquer de s'accroître encore, car à ceux qui en ont la direction on reconnaît toute la compétence exigée pour remplir une lâche aussi importante, aussi délicate et parfois bien ingrate, il faut en convenir. Ce sont là de ces missions où la responsabilité est grande et où les tracas et les tribulations arrivent plus souvent qu'à leur tour.

EM. VANDEN BUSSCHE,

Archiviste de l'État belge en retraite.

Angréau, décembre 1898.


— 277 —

CHRONIQUE HISTORIQUE, LITTERAIFIE & ARTISTIQUE.

SOMMAIRE.—Décès de M. Henry Pluchart.—Les artistes valenciennois : MM. Henri Armbruster, Léon Fagcl. —Le monument Clairon à Condé. — Distinctions honorifiques accordées à MM. G. Engrand et Eug. Plouchart. — Nomination de M. le docteur Navarre dans la Légion d'honneur.— M. Henri Wallon, secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belleslettres. — M. Edouard Giard à l'Ecole des Chartes. — M. Léon de liosny.

31 décembre 1898.

Courte sera cette chronique, destinée à compléter pour 1898 la revue, assez avancée déjà (1), des faits auxquels s'intéressent les membres de notre Section d'histoire et d'art. Les dernières semaines de l'année, en effet, n'ont pas été excessivement fécondes en événements mémorables.

Elles ne nous ont pas épargné cependant le regret d'avoir à signaler la mort d'un de nos artistes valenciennois, M. Henry Pluchart.

Relativement jeune encore, — il était né à Valenciennes en 1835, — M. Pluchart a succombé à une longue et douloureuse maladie, le 19 novembre 1898, à Lille, où il s'était fixé depuis longtemps. Il y avait acquis comme peintre une honorable notoriété, et y avait exercé notamment les fonctions de conservateur du Musée Wicar.

Si nous.ne nous étendons pas davantage, ici, sur la vie, le talent et les obsèques de notre concitoyen, c'est qu'il nous sera donné, croyons-nous, de lire bientôt dans ce bulletin de notre Société, concernant M. Henri Pluchart, une notice biographique due à une plume plus compétente que la nôtre.

Au moment où se termine l'existence laborieuse d'un de nos artistes, en voici un autre qui aborde précisément la véritable

(1) Voir les précédentes chroniques publiées dans le présent tome.


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lutte pour la vie : M. Henri Armbrustcr, architecte, vient d'obtenir le diplôme du Gouvernement, qui constitue, pour les meilleurs élèves de l'Ecole des beaux-arts, la sanction des sérieuses études faites en cet établissement.

Dans le dossier de nos sculpteurs, nous trouvons à inscrire d'abord l'exécution d'un buste de Dupleix par M. Léon Fagel. Ce buste lui a élé commandé pour la ville de Cbandernagor, où avait été ouverte à cet effet une souscription publique qui a produit 3000 roupies (environ 8000 francs). M. Fagel se trouvait du reste tout indiqué au choix des représentants de Chandernagor, étant l'auteur de la belle statue élevée au fameux gouverneur des élablissements français de l'Inde dans sa ville natale, Landrecies.

A propos de monuments, notons que l'un de ceux dont les habitants de Condé ont l'expectative, paraît avoir fait un pas sérieux vers l'éclosion. Un journal « féministe J> de Paris, la Fronde, a ouvert dans ses colonnes une souscription en faveur de la fontaine de Clairon ; el dès la fin d'octobre, plus de 4750 francs lui avaient été adressés. Le Comité condéen qui poursuit l'exécution de cette fontaine a décidé, dans une réunion du 6 novembre, de demander l'autorisation d'organiser une tombola pour parfaire la somme nécessaire ; déjà il avait obtenu de nombre d'artistes de la région la promesse de lots ; et il caresse l'espoir d'être à même d'ériger avant la fin de 1899 le monument conçu par MM. Henri Guillaume cl Gauquié.

A Vimy (Pas-de-Calais), le buste d'Albert Bergaigne, dont nous avons antérieurement annoncé que M. Georges Engrand avait la commande (1), a élé inauguré le 9 octobre, au milieu d'un cercle de notabilités du monde universitaire et scientifique. Au cours de la cérémonie, M. Léon Bourgeois, ministre de l'instruction publique, a remis les palmes d'officier d'académie au statuaire, M. Engrand, el à M. Eug. Plouchart, publicisle valen(I)

valen(I) ci-dessus , page 110.


— 279 ^.

ciennois fixé à Paris, qui avait fait fonctions de secrétaire du Comité du monument, si nous ne nous trompons.

•%

Un autre Parisien fourni à la capitale par notre arrondissement, a reçu naguère aussi des mains du même ministre une marque de distinction plus élevée. Le 26 novembre, à l'occasion de l'inauguration du musée Cernuschi, M. Bourgeois a publiquement décoré de la croix de la Légion d'honneur M. le docteur Navarre, président du Conseil municipal de Paris, et natif de Condé-sur-Escaut, on le sait. Cette décision avait été prise par le Gouvernement, a dit le Ministre, « pour remercier le Président du Conseil municipal du dévouement qu'il a témoigné à Paris tout entier durant la dernière et si longue grève des ouvriers .employés aux grands travaux de la capitale, grève calmée par son tact, ses efforts et sa hante intelligence ».

Le 25 novembre, l'Académie des inscriptions et belles-lettres a tenu sa séance publique annuelle; et son secrétaire perpétuel, M. Henri Wallon, y a sans faillir rempli sa tâche habituelle, en donnant communication à l'assemblée d'une notice écrite par lui sur l'un de ses anciens collègues. Il s'est attaché cette fois à la vie et à l'oeuvre de M. Thomas-Louis-Marie-Eugène de Rozière, membre ordinaire de la compagnie, ancien professeur au Collège de France, membre du Conseil de perfectionnement de l'Ecole des chartes et aussi sénateur de la Lozère. Notre éminent concitoyen a fait l'énuméralion des travaux de ce savant, dont le nom restera, a-t-il dit, parmi les plus estimés et les plus respectés

de l'Institut.

«

En jetant un regard sur les Valenciennois des générations nouvelles, M. Wallon peut avoir le plaisir de constater que les études historiques auxquelles il a consacré une grande partie de sa vie ne sont pas en défaveur auprès d'eux, et que les chemins de l'érudition ne sont pas plus négligés par eux que les autres.

Nous signalions, il n'y a pas bien longtemps, la présence de deux de nos concitoyens, MM. Serbat et René Giard, à l'Ecole des chartes. Un troisième vient de les y joindre. Parmi les vingt


— 280 —

élèves nouveaux qui, à la suite du concours annuel, ont été admis en novembre à suivre les leçons de celte savante école, figure M. Edouard Giard ; et quoiqu'il se fût préparé au concours tout en travaillant son doctorat en droit, le jeune avocat, dans le classement effectué par ordre de mérite, s'est trouvé le troisième des vingt candidats reçus.

s' «s

Terminons ce relevé en reproduisant quelques lignes d'un entrefilet publié récemment dans la presse locale, car il rappelle la souche familiale d'un de nos savants contemporains :

« L'Alliance scientifique universelle vient de nommer M. Alfred Ridiez, architecte, son délégué à Valenciennes. Cette association compte dans les cinq parties du inonde de nombreuses délégations : elle a pour but de fonrnir aux savants, aux littérateurs et aux artistes qui voyagent, à leur arrivée dans chaque ville, tous les renseignements dont ils peuvent avoir besoin et de les mettre immédiatement en relations avec les personnes qui s'y livrent aux mêmes éludes.

« L'Alliance scientifique universelle a comme président, depuis 1896, M. Léon de Rosny, petit-fils d'Hécart, l'érudit publicisle valenciennois. »

M. Léon de Rosny, né à Loos en 1837, est un des ethnographes et orientalistes qui font honneur à la science française. 11 a produit quantité de travaux, a obtenu des académies françaises ou étrangères maintes récompenses, et cumule de nombreux titres, parmi lesquels nous ne citerons que sa qualité de professeur titulaire à l'Ecole spéciale des langues orientales.

Nous sommes donc loin d'avoir à renier le sang valenciennois qui coule dans ses veines.


— 281 —

SECTION CENTRALE

DE LA SOCIÉTÉ.

Séance du 26 novembre 1898. Présidence de M. Aug. DOUTRIAUX, président.

Sont présents MM. J.-B. Mariage, J. Lecat, A. Lacroix, Alf. Brabant, E. Bultot, L. Devémy, A. Ducloux, P. Hayez, LegruRaviart, Paul Membre, A. Richez, H. Weil et V. Henry, secrétaire.

M. J. Lefebvre, président du Syndical des cultivateurs de l'arrondissement, assiste à la séance sur l'invitation du Bureau.

Sont excusés : MM. P. Lajoie et Ch. M uiière.

— Le procès-verbal de la séance tenue le 3 septembre par la Section centrale est lu et adopié.

Tentative faite pour l'établissement d'un laboratoire agricole à Valenciennes. — Analyses des échantillons de terre par les chimistes existants. — M. le Président rappelle que la Section centrale avait décidé au mois de mai dernier l'envoi d'une lettre à toutes les Municipalités de l'arrondissement pour leur demander de contribuer aux frais d'installation d'un laboratoire agricole à Valenciennes (l). Celte tentative, faite d'accord avec le Syndicat des cultivateurs de l'arrondissement, n'a pas eu le succès espéré. Quatorze réponses seulement sont parvenues soit à M. Doutriaux, soit à M. J. Lefebvre; et parmi elles, il ne s'en est trouvé que cinq favorables : celles du Conseil municipal d'Anzin, qui a offert une somme de 200 francs, du Consul d'Onnaing, offrant 100 francs, du Conseil de Marly, 75 francs, et des Conseils de Beuvrages et Rombics, offrant 50 francs chacun. Les Conseils de Bella.ng, Maing, Rouvignies, Rumegies, Vieux-Condé et Wàvrechain-sous-Faulx ont déclaré ne pouvoir accorder aucun subside, tout en reconnaissant, pour la plupart, que le laboratoire projeté serait fort utile. Les Municipalités de Condé, Abscon et Leeelles ont ajourné la quesiion (2j. En somme, c'est à un échec qu'on a abouti.

(1) Voir ci-dessus, pages G5 à C8. '

(2) La lettre circulaire n'avait pas été envoyée à la Municipalité de Valenciennes, dont le concours devait être sollicité ultérieurement.

TOME XI.VIII. 9"


282

M. Lacroix, à la suite de cette communication, demande à ses collègues s'il n'y a pas lieu de revenir à une proposition qu'il avait présentée autrefois (1), c'est-à-dire de s'adresser aux chimistes établis à Valenciennes, et d'essayer d'en obtenir un tarif de faveur pour les analyses que les chargeraient d'effectuer les membres des Sociétés agricoles de l'arrondissement.

Plusieurs des agriculteurs présents rappellent qu'on ne peut guère attendre des chimistes industriels que le résultat tout sec de l'analyse opérée, el que beaucoup de cullivateurs, ne sachant quelles conclusions pratiques en tirer, ne se trouveront pas plus avancés après l'analyse qu'auparavant.

M. Lacroix répond qu'ils pourront alors, semble-t-il, s'adresser au professeur d'agricullure de l'arrondissement.

M. Ducloux se déclare disposé à donner ses conseils aux cullivateurs qui lui soumettraient les résultats d'analyses bien faites.

M. J. Lefebvre expose que, si l'avis de M. Lacroix est suivi, il conviendrait d'indiquer aux chimistes le prix auquel les Sociétés agricoles voudraient pouvoir obtenir les analyses utiles, surtout les analyses de terre, qui sont les plus importantes.

Après discussion, la Section prie son Bureau de demander aux différents chimistes de l'arrondissement, s'ils veulent bien se charger d'analyser les échantillons de terre que leur adresseront les membres de la Société d'agriculture et du Syndicat des cultivateurs de Valenciennes, moyennant une rémunération de deux francs par élément sur lequel l'intéressé désirera être fixé, l'analyse pouvant tendre à la détermination d'un seul, de plusieurs ou de l'ensemble des quatre éléments suivants : azote total, acide phosphorique, potasse, chaux.

Exposition universelle de 1900. — M. le Président communique à la Section cette lettre qu'il a reçue de la Société des agriculteurs du Nord :

« Lille, le 14 octobre 1898. « Monsieur le Président, « Dans le but de donner à l'Agriculture de la région du Nord l'importance qui lui convient dans la grande manifestation du

(1) Dans la séance tenue parla Section centrale le 23 avril. Voir cidessus, page 54.


— 283 —

travail el de l'industrie que sera l'Exposition universelle de 1900, la Société des agriculteurs du Nord a décidé d'organiser une exposition collective des produits de cette région.

t Si votre association désirait coopérer à celle exposition collective, je vous prierais, Monsieur le Président, de vouloir Lien nous envoyer votre adhésion avant le 15 décembre prochain.' « Veuillez agréer, etc.

« Le Président, « C. COQUELLE. »

M. le Président indique, à l'occasion de la lettre ci-dessus, qu'un Sous-Comité formé dans l'arrondissement de Valenciennes pour faciliter la participation des producteurs locaux à l'Exposition de 1900, s'est divisé en Sections, dont l'une, chargée de s'occuper des exposants agricoles et horticoles, a choisi pour président le Président de la Société d'agriculture, sciences et arts, et pour secrétaire le Président du Syndicat des cultivateurs de l'arrondissement (1). Cette Section avait résolu de chercher à grouper les produits agricoles de sa circonscription, et à cet effet son Président a même déjà demandé un emplacement spécial. Mais il appartient à la Société d'agriculture de décider si elle préfère, pour-exposer les produits de ses membres, se joindre à la Société des agriculteurs du Nord.

MM. Mariage, Legru-Raviart et Ducloux font observer que la Société d'agriculture ne peut guère prendre une résolution sans avoir des renseignements plus précis et plus détaillés sur la Société des agriculteurs du Nord. Les associations que celle-ci s'occupe de grouper auront-elles chacune, comme il est juste, un emplacement particulier où figurera leur nom? D'un autre côté, à qui les frais de l'exposition incomberont-ils ? Seront-ils répartis entre les Sociétés groupées, et comment ? Ce sont des questions sur lesquelles il est indispensable de se trouver fixé.

La Section prie M. le Président de les poser à la Société des agriculteurs du Nord, et décide de se réunir de nouveau le samedi 10 décembre, espérant avoir alors les éléments voulus pour arrêter sa détermination.

M. Ducloux, à ce sujet, pense que la Société d'agriculture de

(1) Voir dans le tome XLVU de la Revue, pages 181 et 182,


— 281 —

Valenciennes devrait en tout cas entreprendre d'exposer sous son nom une collection de produits agricoles. Pour ce faire elle demanderait à tous ses membres de lui signaler l'an prochain leurs récoltes les mieux venues. Une Commission sérail nommée, à laquelle sérail confiée le soin de choisir les échantillons les plus remarquables. Au surplus, si l'un des membres de la Société désirait exposer personnellement ses récolles, rien n'empêcherait de lui réserver spécialement une partie de l'emplacement occupé.

L'étude de ce projet est ajournée, comme l'examen de la proposition de la Société des agriculteurs du Nord, à une prochaine séance.

Concours de bourrellerie. —M. le Président soumet à la Section une difficulté qui s'est présentée à l'occasion du concours de bourrellerie de septembre. Le programme de ce concours attribue au titulaire du 1er prix une prime de 100 francs, en marquant que le lauréat auquel sera décerné ce premier prix ne sera plus admis à prendre part aux concours suivants. Or, en 1894 el en 1896, le jury du concours de bourrellerie a décerné deux premiers prix ex oequo, en divisant la prime de 100 francs entre les deux lauréats. Ceux-ci ont réclamé celte année, en faisant observer qu'ils étaient inéquitablement exclus du nouveau concours, puisqu'ils n'avaient pas obtenu la récompense intégrale sur laquelle ils avaient eu droit de compter.

La réunion, après avoir discuté le cas, avoir examiné les différentes solutions proposées, et avoir reconnu qu'aucune d'entre elles n'était sans inconvénients, juge qu'il n'y a pas lieu de revenir sur le passé, les prescriptions du programme étant formelles et n'ayant pas été réellement violées ; mais elle décide qu'il conviendra de noter sur les programmes à venir que le montant du premier prix de bourrellerie ne pourra être divisé.

Subvention à la Société des Incas. — M. le Président expose que la Société des Incas prépare pour l'an prochain un cortège historique, qui résumera l'histoire de Valenciennes à travers les âges. Les organisateurs ont convoqué à une récente réunion les présidents de toutes les sociétés valenciennoises pour leur demander un subside. La Section d histoire et d'art de la Société


— • 285 —

d'agriculture a, dans une récente séance (1), émis le voeu de voir la Section centrale accorder, pour contribuer au succès de la fête projetée, l'allocation la plus élevée qu'il lui semblera possible de voter.

Après quelques renseignements donnés sur les comptes et budgets des exercices 1898 el 1899, MM. Legru-Raviart et Devémy proposent d'allouer à la Société des Incas une somme de deux cents francs, pour le coriège de 1899.

Un autre membre de la réunion demande s'il n'est pas possible de porter le subside à 300 francs.

La Section vote fa somme proposée par MM. Legru et Devémy, en regrettant que les charges diverses de la Société et l'état de ses finances ne lui permettent pas de se montrer plus libérale.

— L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.

Séance du 10 décembre 1898. Présidence de M. Aug. DOUTRIAUX, président.

Sont présents : MM. Ed. Pesier, A. Lacroix, Alf. Brabant, Alb, D'Haussy, A. Ducloux, G. Gras, P. Hayez, Ch. Lebacqz, A. Richez, H. Weil, el V. Henry, secrétaire.

Se sont excusés : MM. C. Coquelle ei J. Lecat.

Lecture est faite du procès-verbal de la séance tenue par la Section centrale le 26 novembre ; il est adoplé.

Connaissance est ensuite donnée à la réunion du procès-verbal de la séance tenue le 7 octobre par la Section d'histoire el d'art.

Exposition de 1900. — M. le Président rappelle que dans la dernière séance de la Section centrale (2), ont été posées, sans être résolues, les questions suivantes : Ie la Société d'agriculture de Valenciennes exposera-t-elle les produits agricoles de sa circonscription à l'Exposition universelle de 1900; 2° en cas d'affirmative, organisera-t-elle seule son exposition, ou se joindrat-elle à la Société des agriculteurs du Nord.

(1) Voir ci-dessus, page 224.

(2) Voir ci-dessus, page 282.


- 286 -,

M. le Président indique qu'il a écrit, ainsi qu'il en avait été chargé, au Bureau de la Société des agriculteurs du Nord, afin d'en obtenir des renseignements explicites sur les intentions de cette Société relativement à l'Exposition de 1900. Mais il n'a pas reçu de réponse.

Invitée à délibérer, la Section décide d'abord que la Société d'agriculture de Valenciennes prendra part à l'Exposition de 1900.

Puis, après discussion, elle ajourne jusqu'à nouvelles informations le soin de déterminer si la Société de Valenciennes gardera pour celte exposition son autonomie complète, ou si elle s'unira à la Société des agriculteurs du Nord. Mais il est convenu qu'elle ne s'arrêtera éventuellement au deuxième parti, qu'à condition de pouvoir grouper à son gré les produits de ses membres, sous son litre particulier.

M. Ducloux fait remarquer que, la Société de Valenciennes étant résolue à exposer en tous cas, il importe de ne pas attendre trop tard pour préparer le choix des échantillons de récoltes à mettre en vue ; car, sans conteste, c'est sur les récoltes de 1899 qu'il les faudra prélever.

M. D'Haussy engage la Section à prévenir tous les membres de la Société de ses intentions et à faire appel à leur concours au moyen d'une circulaire qu'il sera opportun de lancer vers le mois d'avril.

M. Ducloux dit qu'afin d'en faire mention dans cette circulaire même, il faut préalablement établir le programme suivant lequel seront prélevés les échantillons que la Société exposera.

M. le Président rappelle que dans la précédente séance, ainsi que le relate le procès-verbal, M. Ducloux a esquissé déjà les grandes lignes d'un tel programme.

La Section déclare acquiescer à ce projet sommaire ; elle prie M. Ducloux de le préciser dans une proposition détaillée qu'il soumellra lors d'une prochaine séance à la Section.

Tarifs de transport des houilles du Nord vers l'Ouest.— M. le Président expose qu'il a reçu de M. Dombre, directeur des mines de Douchy, un rapport daté du 17 novembre, et rédigé pour la Chambre de commerce de Valenciennes, à l'effet de demander qu'un tarif commun abaissant les prix de transport des houilles


— 287 -rfrançaises

-rfrançaises les chemins de fer du Nord et de l'Ouest, soit homologué sans concession d'un avantage analogue, sur le réseau de l'Ouest, aux houilles anglaises, celles-ci jouissant déjà de prix inéquitablement favorables.

M. V. Henry indique la délibération prise à ce sujet, le 3 décembre, par la Chambre de commerce de Valenciennes. Il explique que les houillères du Nord, afin de pouvoir développer progressivement leur extraction, cherchent à se créer une clientèle dans l'Ouest, et qu'à cet effet elles ne réclament que la parité des bases sur lesquelles les Compagnies de chemins de 1er calculent les prix de transport des combustibles français et des combustibles anglais.

M. Lacroix doute qu'il y ait lieu, pour les industriels du Nord, de faciliter l'envoi des charbons de leur bassin dans l'Ouest; déjà les Sociétés houillères ne parviennent pas à donner satisfaction à la consommation locale, il en résulte de sérieux embarras.

M. Henry répond que, suivant nos Sociétés houillères, il y a eu pour elles en ces derniers temps difficulté de servir leur clientèle locale par suite de circonstances tout exceptionnelles, (grèves de mineurs anglais, elc.) ; mais elles se proposent, si elles sont mises à même d'expédier leurs produits dans l'Ouest, de prendre les mesures nécessaires pour accroître sensiblement leur extraction, et ne point préjudiciel' à l'industrie du Nord.

MM. D'Haussy, Hayez et Ducloux pensent que la Société d'agriculture, sciences et arts doit défendre l'intérêt national attaché à l'extension de notre production houillère et au refoulement des charbons étrangers.

La Section, se ralliant en majorité à cet avis, charge son Bureau de transmettre au Gouvernement un voeu tendant à ce qu'il ne soit pas accordé aux houilles anglaises, sur les chemins de fer français, des prix de transport plus favorables qu'aux houilles nationales.

M. Gras, prenant en considération les observations de M. Lacroix, propose d'adresser aux principales compagnies houillères de la région une lettre par laquelle la Société, en leur communiquant le voeu émis en leur faveur, les priera de vouloir bien tenir grand compte des besoins des industries locales, et de ne pas les sacrifier à leurs clientèles plus éloignées.


— 288 —

Cette proposition est adoptée, et le Bureau reçoit mandat d'y donner la suite voulue.

Admission d'un membre titulaire. — MM. Aug. Doutriaux, V. Henry, A. D'Haussy et P. Hayez, déposent une proposition tendant à l'admission de M. J. Lefebvre, agriculteur à Beuvrages, parmi les membres titulaires de la Section centrale, (dont le nombre n'atteint pas présentement le maximum réglementaire). La collaboration de M. J. Lefebvre, président du Syndicat des cultivateurs de l'arrondissement, sera souvent utile à la Section centrale, el permettra aux deux Sociétés de se concerlcr plus facilement.

L'examen de la candidature de. M. J. Lefebvre est, suivant l'article 14 du règlement général, renvoyé à une Commission composée de MM. E Pesier, A. Brabant, J. Lecat, E. Davaine et V. Henry.

La Section sera appelée, si la Commission y conclut, à voler sur l'admission de M. Lefebvre dans sa prochaine séance.

Concours d'arracheuses de betteraves. — M. le Président rappelle que le concours d'arracheuses mécaniques du 16 octobre, organisé à Artres, a eu lieu en d'excellentes conditions, grâce au soin avec lequel M. Albert D'Haussy avait bien voulu le préparer : c'est donc à M. D'Haussy que le succès doit en être pour une grande part attribué; aussi, d'accord avec le Jury du concours, le Bureau de la Société le prie de vouloir bien accepter, comme souvenir de remerciements bien dus, un modeste objet d'art.

La Section applaudit à ce témoignage de gratitude ; et M. D'Haussy exprime en quelques paroles le plaisir avec lequel il reçoit ces marques de la sympathie de ses collègues.

— La séance est ensuite levée.

ANNEXE.

Le transport des houilles de la région du nord dans les départements de l'Ouest.

Voici la lettre qui, en conformité de la décision prise par la


— 289 —

Section centrale de la Société dans sa séance du 10 décembre (1), a été adressée à M. le Ministre des travaux publics :

SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE,

SCIENCES ET ARTS Valenciennes, le 10 décembre 1898.

DE L'AUR' DE VALENCIENNES.

Monsieur le Ministre,

La Société d'agriculture, sciences et arts de l'arrondissement de Valenciennes, qui se fait honneur d'étendre son attention k toutes les sources de la richesse nationale, et qui possède une section industrielle, ne peut rester indifférente devant les efforts tendant, si utilement, à augmenter l'extraction houillère en France. Elle suit notamment, avec le désir de les voir obtenir bon succès, les tentatives faites par les Charbonnages de nos départements du nord pour se procurer une clientèle dans la région de l'Ouest. Comment ne pas souhaiter, du reste, qu'ils parviennent à y substituer en partie leurs produits aux charbons anglais, quand on considère que la consommation de chaque tonne de houille française représente un gain de sept ou huit francs pour la main-d'oeuvre nationale, tandis que la consommation d'une tonne de houille anglaise en notre pays ne rapporte à la main-d'oeuvre française qu'un franc, ou deux francs_.au maximum dans les cas les plus favorables ?

Cependant, la concurrence a toujours été rendue très difficile à nos houillères françaises, par les tarifs de faveur offerts aux charbons anglais sur le réseau des chemins de fer de l'Ouest. Il en est ainsi, même depuis la mise en vigueur du tarif commun Nord-Ouest P. V. n° 107 homologué le 29 novembre 1895. En effet, si le barème de ce tarif el le barème du tarif spécial intérieur P. V. n° 7 de la Compagnie de l'Ouest sont semblables, le dernier de ces tarifs n'en accorde pas moins aux houilles anglaises de sérieux avantages, au moyen de prix fermes qui s'appliquent dans la plupart des cas, et qui n'ont pas leurs équivalents dans le tarif commun Nord-Ouest.

L'existence d'un tel tarif de pénétration dans l'Ouest, est véritablement chose injustifiable. Le Comité consultatif des chemins de fer, — nous sommes heureux de le constater, — parait enfin

il) Voir ci-dessus, page 286. ^


— 290 —

l'avoir compris, si l'on en juge par sa décision du 22 juillet 1896 et son voeu du 16 novembre 1898 ; il résiste à donner son acquiescement à l'application de nouveaux prix de faveur au profit des combustibles d'origine anglaise, et s'efforce de faire établir sur nos voies ferrées complète parité de traitement pour les houilles françaises et leurs concurrentes.

La Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes vient vous prier instamment, Monsieur le Ministre, de soutenir en ce sens l'action du Comité consultatif des chemins de fer.

Les houillères de notre pays ne réclament aucun privilège Elles demandent, simplement — et certes, rien de moins exorbitant, — à jouir, sur un chemin de fer français, des mêmes prix de transport que les produits similaires étrangers. A vrai dire, il semble qu'il n'y ait actuellement qu'un moyen pratique d'arriver à cette égalité désirable : c'est la suppression des prix fermes qui compliquent abusivement le tarif P. V. n° 7 de la Compagnie de l'Ouest. Aussi notre Société croit-elle devoir appuyer de ses voeux cette solution éventuelle.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'hommage de notre profond respect.

Pour la Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes,

Le Secrétaire, Le Président,

V. HENRY. Aug. DOUTRIAUX.


TABLE DES MATIERES

DU TOME 48e (ANNÉE 1898)

COMPOSITION ET ADMINISTRATION DE LA SOCIETE.

Liste générale des membres de la Société el composition des Bureaux de ses diverses Sections, pages 5 et 17.

Élection des Bureaux : de la Société, 29; du Comice agricole de Valenciennes, 22; du Comice agricole de Saint-Amand, 19; du Comice agricole de Bouchain, 21 ; de la Section des sciences et manufactures, 23, 56; de la Section de moralité, 19, 71 ; de la Section d'histoire et d'art, 24.

Membres honoraires non résidants (Revision de la liste des), 30.

Membres nouveaux (Admission de) : dans le Comice de Valenciennes, 22 ; dans le Comice de Bouchain, 21 ; dans la Section des sciences et manufactures, 23, 57, 72; dans la Section d'histoire et d'art, 69.

Budgets et comptes annuels de la Société, 29, 132.

COMPTES RENDUS DES SEANCES DE LA SOCIETE.

Section centrale, p. 28, 51, 65, 75, 185. 190, 281, 285.

Comice agricole de Valenciennes, 22, 48, 57, 182. •Comice agricole de Denain, 182.

Comice agricole de Saint-Amand, 19, 183. •Comice agricole de Bouchain, 20.

Section des sciences et manufactures, 23, 55, 72, 179.

Section de moraliLé, 19, 70.

Section d'histoire et d'art, 24, 69, 214, 238, 244.

Société valenciennoise des arts, 47.


— 292 —

ACTES PUBLICS DE LA SOCIÉTÉ.

(CONCOURS DIVERS, EXPOSITIONS, VOEUX ADRESSÉS AUX POUVOIRS

OFFICIELS, ETC.)

Compte rendu des travaux el de la situation financière de la Société, adressé au Conseil général du Nord en juin 1898, pages 129 el suivantes.

Concours agricoles de 1898 à Onnaing : Organisation, 51, 58, 76, 190, 191 ; Elude du programme, 58. 76; Programme, 77; Nomination des jurys, 180, 182, 183, 186; Compte rendu des concours, 193; Banquet el discours, 196; Liste des récompenses décernées, 201.

Concours d'arracheusos mécaniques de belteraves, en 1898, à Artres : Premières propositions concernant ce concours, 73, 76, 180; décisions concernant son organisation spéciale, 183, 186, 192; Subventions accordées par le Syndical des fabricants de sucre et la Sociélé des agriculteurs du Nord, 185, 191; Nomination du jury, 186; Compte rendu du concours, 225; Récompenses décernées, 228; Rapport de M. P. Lajoie, 229; Témoignage de remerciement offert à M. A. D'Haussy, 288.

Concours de tenue de ferme en 1899.: Elude du programme, 58, 76; Programme, 89.

Concours de bourrellerie (Décision prise relativement aux), 284.

Concours régionaux agricoles 'de 1898 : "désignation d'un délégué, 55.

Demande de subside adressée aux Communes de l'arrondissement pour la création d'un laboratoire agricole à Valenciennes, 67, 281.

Exposilion universelle de 1900, envois projetés par la Sociélé, 282, 285.

Leltre adressée au Gouvernement et aux Sénateurs au sujet du projet de loi sur la responsabilité civile des accidents du travail, 38.

Subvention accordée à la Sociélé des Incas de Valenciennes, 281.

Voeux adressés en faveur de l'agriculture et des industries agricoles aux Pouvoirs publics, concernant : les demandes de suspension du droit de douane sur les blés, 58 el 59; le dégrèvement des sucres destinés à lous autres usages que l'alimentation directe de l'homme, 76, 102; la réglementation de la préparation et de la vente de l'alcool dénaturé, 179, 188; le projet de surélévation des droits de douane frappant la graine do betterave, 188; la réparation des dommages causés par des inondations dans les communes de Saint-Aybert, Thivencelles, Crespin, etc., 209.


— 293: —-

Voeu adressé au Gouvernement relativement au: transport deshouilles du Nord dans l'Ouest, 286, 288.

Voeux divers adressés au Conseil général du Nord, 76, 136, 188.

NECROLOGIE.

Bouchart (Pierre), président du Comice agricole de SaintArnaud, p. 161, 190.

Defiine (Jacques-Joseph), président de la Section des sciences et manufactures, p. 23, 33; notice biographique, par M. A. Lacroix, 34.

Losset (Auguste), secrétaire adjoint de la Société, 71, 90, 168.

Serrure (C. A.), numismale. ancien membre honoraire de la Sociélé, 244.

Tulou (François), 117, 167.

TRAVAUX, ETUDES ET DOCUMENTS DIVERS.

\ 1. — Agriculture, Industrie, Commerce, Hygiène, Assistance publique.

Accidents du travail : projet de loi sur la responsabilité civile des accidents auxquels les ouvriers sont exposés, p. 23, 30. 38, 44.

Acier spécialement profilé pour outils, 24.

Alcools dénaturés : protestation contre le décret du 1" juin 1898 réglementant la préparation et la vente de l'alcool dénaturé, 180, 188.

Alcool (Eclairage par 1'), 260.

Alimentation des animaux : voir « Betteraves fourragères., . », «Betteraves, conserva lion de leurs feuilles... », «Ensilage. .. », «.Entérite », « Mélasses... », « Pommes de terre ».

Assistance légale des travailleurs âgés ou infirmes, 71, 137.

Betterave (Une maladie microbienne de la), 222.

Betteraves fourragères et pulpe de diffusion, 223.

Betteraves : conservation de leurs feuilles pour l'alimentation des animaux, 157.

Belteraves (Graine de): protestation contre la surélévation • éventuelle du droit de douane imposé à cette graine, 188.


— 291 -

Blés (Importation de) : voir « Douane (Droits de) », « Prix des blés ».

Canaux divers : voir « Navigation ».

Chemins de fer et tramways : voeux tendant à la*création de lignes nouvelles, 137.

Chronique industrielle, par M. P. Lajoie, 210.

Concours départemental de juments et pouliches en 1893 : récompenses accordées, 156.

Concours de gymnastique à Valenciennes, prix offert, 189.

Corbeaux : protection des semailles contre ces oiseaux, 158.

Crédit agricole (Projet d'organisation, dans l'arrondissement de Valenciennes, du), 22, 49, 69.

Débits de boisson : voeu motivé par leur multiplication dommageable, 71, 138.

Désinfection réglementaire du matériel employé pour le transport des animaux sur les voies ferrées, nouvelles dispositions édictées, 120; craintes exprimées concernant la négligente application des mesures prescrites, 189.

Dosage de la soude dans les polasses à l'aide du nalromèlre, publication de M. Ed. Pesier : noie par M. Aug. Caton, 46, 57.

Douane (Droits de) sur les blés : voeu tendant à les faire maintenir, 58 ; suspension temporaire de ces droils par le Gouvernement, 60.

Douane (Droits de) sur la graine de bellcrave : protestation contre la surélévation éventuelle de ces droits, 188.

Engrais ; voir « Fumiers ».

Ensilage de pulpes el de fourrages secs, 157.

Entérite déterminée chez le cheval par des graines de liseron, 160.

Etalons : voeu tendant à la création d'un dépôt d'étalons à Valenciennes, 136.

Fièvre aphteuse (La) dans l'arrondissement de Valenciennes, circulaire de la Sociélé des agriculteurs de France, 189.

Fondations économiques en terrains bourbeux, 74.

Fumier (L'épandage du), 262.

Fumivorilé (La) dans les foyers industriels, 180, 213.

Générateurs de vapeur : voir « Soupape... », « Vidange... », « Grille... », « Fumivorjté... », « Niveau d'eau.., ».


— 295 —

Graine de betteraves : voir « Douane (Droits de)... »

Grille spéciale procurant économie dans les fovers industriels, 212.

Hannetons (Procédé de destruction des), 264.

Houilles (Transport des) du Nord vers l'Ouest, voeu adressé au Gouvernement, 286, 288.

Importations de produits agricoles : voir « Betteraves (Graine de) », « Douane (Droils de) sur les blés ».

Ingénieurs civils de France (Sociélé des) : compte rendu de la réunion générale de 1898, 74.

Inoculations péripneumoniques (Expériences d'), 126.

Inondations dans l'arrondissement de Valenciennes, 136; dommages éprouvés par les communes de Sainl-Ayberl, Thiven. celles, Crespin, etc., 209.

Laboratoire agricole à Valenciennes (Tenlalive pour la création d'un), 51, 56, 65, 281.

Légion d'honneur (Nomination dans l'ordre de la) : de M. César Cnullet, 31, 20;—de M. A. François, directeur des mines d'Anzin, 31 ; — de M. Pralon. administrateur des hauts fourneaux et aciéries de Denain , 31 ; — de M. Clément Coquelle, 259.

Maladies des animaux : voir « Tuberculose bovine », « Peripneumonie... », « Entérite », « Fièvre aphteuse », « Inoculalions. .. »

Mélasses employées par l'agriculture , dégrèvement accordé, réglementation des conditions de celle décharge. 73, 123, 136, 261.

Mérite agricole (Nomination dans l'ordre du) de M. L. Laude, 32.

Mulots : procédés de destruction, 159.

Natromélre (Le) de M. Ed. Pesier, 46, 57.

Navigation : Projet d'amélioration, entre Elrun et Janville, de la voie canalisée de Mons à Paris, 32: —Voeu tendant à l'exécution du canal de l'Escaut à la Meuse, 73, J37; — Prolongement éventuel du canal de l'Ourcq, 73.

Niveau d'eau avec fermeture automatique pour chaudière ù vapeur, 214.

Peripneumonie bovine (Le microbe de la), 163.

Pommes de terre : poison de leurs germes. 96; — emploi de leurs feuilles comme fourrage, 127,


Prix des blés (Hausse du), comparaison de la crise ainsi causée en 1898 en France et à l'étranger, 64.

Récolles (Noies sur l'état des) dans les environs de Valenciennes, 60.

Récompenses obtenues par des agriculteurs de l'arrondissement de Valenciennes, 260, 156.

Sable (Le jet de) employé pour la gravure, l'ébarbage et l'affûtage, 181.

Soupape de sûreté pour générateur de vapeur, 74.

Sucres employés pour l'alimentation des animaux ou dans certaines industries : voeu tendant à les faire dégrever d'impôt, 72, 76, 102; noie de MM. Gras el Gallonde, 97.

Tuberculose bovine : indemnités législalivemenl accordées aux propriétaires d'animaux aballus, 94.

Vétérinaire (Médecine) : projet de loi, voeu favorable, 136.

Viandes de boucherie : voeu tendant à les faire examiner dans toutes les localités, 136.

Vidange des générateurs de vapeur, procédé tendant à supprimer les incrustations, 210.

Voilure cellulaire demandée pour le transport des détenus à travers la ville de Valenciennes, 71, 138.

§ 2. — Histoire, Archéologie, Beaux-Arts.

Artistes valenciennois (Les) aux Salons de Paris en 1898, p. 144.

Carpeaux (J.-B.) : note sur un bas-relief et une peinture de sa jeunesse, 253.

Clairon (Mlle) : publication de poésies de celle artiste, 2-14.

Congrès archéologique d'Enghien (Belgique) ; délégués do la Société, 70.

Crauk (Gustave), statuaire : maquettes et moulages offerts à la Ville de Valenciennes par cet artiste, 217.

Dentellières (Ecoles de) à Valenciennes, 243.

Duchesnois (M"°) : noie sur ses différents séjours à Valenciennes et sur un poème écrit en son honneur, 218, 217.

Ecole flamande (L") au Musée de Valenciennes, notice par M. Vanden Bussche, 265.


— 297 —

Ferhig (M1Us) : biographie populaire de ces héroïnes, écrite par MmoS d'Arvor; documents fournis à cet effet par la Sociélé d'agr., se. et arts de Valenciennes, 27.

Grèce (Récit d'une excursion en),, par M. And. Doutriaux, 217.

Incas (Sociélé des) : subvention accordée par la Société d'agriculture, sciences et arts pour un cortège projeté, 244, 284.

Mémoires historiques sur l'arrondissement de Valenciennes. publiés par la Société : impression du 7° volume, conditions de Vente, 215.

Mousseron (Jules), de Denain : ses poésies en patois du pays, 27.

Moyaux (M. Constant) : son entrée à l'Institut, 245, 250.

Musée dé Valenciennes : ses acquisitions en 1897, 102 ; — don de différentes maquettes ou moulages annoncé par le statuaire valenciennois G. Crauk, 217; — les peintures flamandes au Musée, 265; — concours ouvert pour la construction d'un nouveau musée, 109, 171.

Poillouë (Le général de) de Saint-Mars : note sur sa naissance el sa famille, 256, 245.

Serrure (C. A.), numismate : son décès, 244.

Sociélé valenciennoise des arls : renouvellement partiel du Comité, 47; modification des statuts, 48; mise en adjudication de tableaux non réclamés après le tirage de la loterie de 1897, 48.

Tulou (Décès de M. F.), 117, 167,

Vente de la bibliothèque et des collections de M. Emile Carlier, 25 ; — des collections de M. C. Ralel, 238 ; — de la galerie de tabaeaux de M. J.-B. Foucart, 169, 250.

Verelte (Décès de M. J.-B.), ancien principal du collège de Valenciennes, 214.

Yillars (Le projet du monument du maréchal de) à Denain, 28.

§ 3. — Chroniques historiques, littéraires et artistiques.

Chronique de M. V. H. (avril 1898) : Nécrologie .• M. Henri Caffiaux; M.Jules Léonard; M™ Chauvet-Bise, fille du compositeur Edm. Membrce. — L'Union valenciennoise à Paris, déclarée fondation d'utilité publique. — M. Louis Legrand candidat à l'Académie des sciences morales et politiques. — M. Constant Moyaux candidat à l'Académie des beaux-arts. — MM. Moyaux, Fagel et Scliommer jurés pour les concours des prix de Rome. — MM. H. Sirot et A. Terroir à l'Ecole


— 298 —

■des beaux-arts. —M. G. Crauk et le monument du cardinal Lavigeric. — Le bas-relief de Carpeaux: « Abd-el-Kader mis en liberté par Louis-Napoléon ». — Ouverture d'un concours pour la construction d'un Musée à Valenciennes. — Travaux de M. Elle Nonclercq et de M. Georges Engrand. — Le général de Poillouë de Saint-Mars ; projet d'érection d'un monument en son honneur à Condé. — Publication des Mémoires du sergent condéen Adrien Bourgogne. — M. Maurice Hènaidt et ses travaux. — Distinctions honorifiques accordées à MM. Charles Crauk, David Desvachcz, F. Layraud, Canlin. — Création à Valenciennes d'une. Société chorale de dames. — Concerts de la Société des concerts populaires, des Orphéonistes valenciennois, de la Musique municipale, etc. — Reconstitution de la Société des Incas, page 104.

Chronique de M. V. H. (mai 1898) : Mémoires présentés au Congrès des Sociétés des beaux-arts des départements : « Antoine Gilis à Valenciennes », par M. M. Hénault ; « La mort d'Eisen », par M. A. Jacquot. — Ventes de toiles et de dessins d'A. Watteau, de J.-B. Pater, d'Eisen, d'H. Harpignies ayant figuré dans diverses collections privées. — M. C. Moyaux à l'Ecole des beaux-arts, p. 138.

Chronique de M. V. H. (aoûl 1898) : Nécrologie: MM. François Tulou, Auguste Losset, J.-B. Foucart. — Misa en vente de la galerie de tableaux de M. J.-B. Foucart. — Première épreuve au concours ouvert pour la construction d'un Musée à Valenciennes. — Attribution au Musée de Valenciennes du plâtre de « la Pastorale » de 31. Félix Desruelles. — Les concours pour les prix de Rome en 1898 : Seconds grands prix obtenus par MM. A. Terroir et Busière. — M. Henri Sirot à l'Ecole des beaux-arts. — Les artistes choisis pour l'exécution du monument projeté en l'honneur du général de Saint-Mars à Condé. — Fêle donnée au Trocadéro pour l'érection du monument de MUe Clairon. — Fontaine décorative exécutée pour Bellevue par MM. C. Theunissen et H. Guillaume. — MM. H. Gauquié, L. Fagel, etc., et la décoration du Muséum d'histoire naturelle, du pont Alexandre III et des nouveaux palais des ChampsElysées. — M. Gustave Crauk membre de la Commission des beaux-arts de la Ville de Paris. — Installation, au Musée du Louvre, de diverses oeuvres de Carpeaux. — Les élèves valenciennois au Conservatoire de musique de Paris : MM. Pech et Blanquart, M^ Rolicr. — Succès de la Musique municipale de Valenciennes au concours du Havre. — Publications relatives à l'histoire régionale : « La Vie dans Le Nord de la France au XVlIIe siècle », par M. R. Minon ; « Renaud de Dammartin et la coalition de Bouvines», par M. H. Malo. — Nomination de membres de la Commission historique du département du Nord, p, 167.

Chronique de M. André Doutriaux (octobre 1898) : Le banquet de l'Union valenciennoise et de /'Association des anciens élèves des Académies de Valenciennes.— MM. H. Gauquié, Theunissen, Fagel, Guillaume et la répartition des travaux de sculpture de


- l'Exposition de i 900. ■— Les albums de M. Albert Guillaume et de Mme Lamy-Guillaume.—M. Moyaux, membre de l'Institut.

— La vente de la collection de feu J.-B. Foucart et les nouvelles acquisitions pour le Musée de la ville. -— L'inauguration des orgues de Saint-Géry. — Un concert de la Société chorale de dames, p. 216.

Chronique de M.V. H. (décembre 1898) : Décès du peintre Henry Pluchart.—Les artistes valenciennois : MM. Henri Armbruster, Léon Fagel. — Le monument Clairon à Condé. — Distinctions honorifiques accordées à MM. G. Engrand et Eug. Plouchart.

— Nomination de M. le docteur Navarre dans la Légion d'honneur. — M. Henri Wallon, secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.—M. Edouard Giard à l'Ecole des Chartes. — M. Léon de Rosny, p, 277.

BIBLIOTHÈQUE DE LA SOCIÉTÉ.

Ouvrages achetés pour la bibliothèque, p. 26, 241. Ouvrage, reçu pour la bibliothèque, 244.

GALERIE HISTORIQUE.

Achats faits pour la Galerie à la vente des collections de M. Ëm. Carlier, p. 25 ; à la vente de l'atelier de M. Jules Léonard, 216; à la vente des collections de M. C'. Ratel, 238.

Autres achats, 26.

Dons de portraits peints, buste, médaillon, lithographie, aquarelle, dessins, photographies, fails à la Galerie, 70, 215, 216, 245, 246.

Voeu tendant à l'exécution d'un portrait du statuaire Gustave Crauk, 217.

DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ.

Don, par M. J. Dècle, de deux portraits peints et d'un buste, 215, 216,

Don, par M. V. Henry, d'une lithographie, p. 70.

Don, par M. Edm. Pesier, d'un médaillon plâtre, 216.

Don, par M. Alf. Ridiez, de dessins d'H. Lemaire, 216; de photographies, 245. ^""""rT^-v Don, par la Sociélé valenciennoise des arts, d!«^?ntjTiarel%^M6.

ILLUSTRATION DU PRESENT VqLgME. \ ) 1 , C~\

Portrait du peintre Jules Léonard, p. 105. \ "5- • * ' ' ^I

VALENCIENNES — IMPRIMERIE L. LACOUÈ>fi£-£is-.'