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Titre : Mémoires de la Société des antiquaires du Centre

Auteur : Société des antiquaires du Centre. Auteur du texte

Éditeur : Société des antiquaires du Centre (Bourges)

Date d'édition : 1936

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343872846

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343872846/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 1936

Description : 1936 (VOL47)-1937.

Description : Collection numérique : Fonds régional : Centre-Val de Loire

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5728855f

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 19/01/2011

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MÉMOIRES

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LA SOCIÉTÉ DES ANTIpAIïOES

DU CENTRE

Reconnue comme Établissement d'utilité publique par Décret du 11 Mai 180fc

HoNOHÉB DU l'tux A1.1.IER DR HAUTERQCHE (3 Mars 1911)

1936^1937

XLVII 1 VOLUME . (17* de la 2« Série) ;':

BOURGES IMPRIMERIE ANDRÉ TARDY

mPEIMETIE DB LA SOCIÉTÉ DES ANTIÛUAIRÏS DU CENTRE 1938-


SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DU CENTRE

Renseignements généraux

1-e siège de la Société des Antiquaires du Centre se trouve à Bourges, Hôtel de la Caisse d'Epargne, 5, rue Cambournac.

l.a correspondance doit être envoyée à l'adresse personnelle des membres du Bureau qu'elle concerne directement. Consulter la liste à la lin du présent volume.

Pour l'admission dans la Société, s'adresser au Président.

La cotisation des membres titulaires est de 50 îr. ; celle des membres iissociés libres est de 30 fr.

Publications de la Société Mémoires de la Société des Antiquaires du Centre, in-8°, nombreuses

illustrations et planches hors-texte.

La collection va du tome Ier, 1867, au tome XF./VII, 1936-1937.

Les tomes Ier, II, III, VII, VIN, IX, XII, sont épuisés ; ils ne peuvent être fnurnis qu'à titre exceptionnel et la Société rachèterait volontiers les exemplaires qui lui seraient offerts.

Les tomes IV, V, VI, XIII, XIV, XV, XVI, XVII, XVIII, XXXVIII et XXXIX sont rares et leur prix varie suivant Je^nombre des exemplaires disponibles.

Les tomes XXXIII, XXXVI, XLIV, XLV et XLV1I sont en vente au prix de 35 fr. (30 tr. pour les membres de la Société).

Les tomes X, XI, XIX, XX, XXI, XXII, XXIII, XXIV, XXV, XXVI, XXVII, XXVIII, XXIX, XXX, XXXI, XXXII, XXXIV, XXXV, XXXVII, XL, XLI, XLI1, XLIII et XLVI, sont en vente au prix de 30 fr. (25 fr. pour les membres de la Société).

\ Tables des Mémoires

Table générale des matières pour les tomes Ier à X ; XI à XX ; XXI à XXX.

Table générale des matières pour les tomes XXXI à XL, accompagnée d'une Table analytique générale pour les tomes Ier à XL. Chaque table, 12 fr. (10 fr. pour les membres de la Société).

Catalogue du Musée lapidaire de la Société des Antiquaires du Centre. Les trois fascicules, 2 fr.

Catalogue du fonds berruyer de la Bibliothèque de la Société des Antiquaires du Centre, 3 fr.

Table de l'Histoire de Berry, par G. Thaumas de la Thaumassière, avec références aux deux éditions (1689 et 1863-71) dressée par M.vle chanoine Duplaix. Bourges, 1915, in-'4° de 276 pages avec portrait de La Thaumassière. 15 fr. (12 fr. pour les membres de la Société).

Publications du Comité diocésain d'histoire et d'archéologie

Bulletin du Comité; 1867 à 1875. Collections incomplètes, 3 fr. Répertoire archéologique du diocèse de Bourges, 1er fascicule. Bourges,

1872, 2 fr. ;\ 2e fascicule, Saint-Martin-d'Auxigny, 1873, 2 fr. ;

3e fascicule, Mehun-sur-Yèvre, 1875, épuisé.

Voir pages 3 et 4 de la couverture la table sommaire des derniers volumes.


MÉMOIRES

DE LA

SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES

DU CENTRE



MÉMOIRES

DE

LA SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES

DU CENTRE

Reconnue comme Établissement d'utilité publique par Décret du 11 Mai 1891

HONORÉE DU PRIX ALLIER DE HAUTEROCHE (3 Mars 1911)

1936-1937

XLVII" VOLUME (17* de la 2» Série)

BOURGES IMPRIMERIE ANDRÉ TARDY

IMPRIMEUR DE LA SOCIÉTÉ DES 4NTI0.UAIRES DU CENTRE

193 8



RAPPORT

SUR LA SITUATION MORALE ET FINANCIÈRE

DE LA SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DU CENTRE

PENDANT L'ANNÉE 1936

par le Chanoine Maurice de LAUGARDIÈRE, Président

MESDAMES, MESSIEURS,

A peine l'élection de M. Henri Guérin, architecte, avait-elle comblé le vide ouvert dans nos rangs par la mort de M. Pierre Dubois de la Sablonière que quatre autres de nos collègues disparaissaient à leur tour : M. Joseph Pierre, M. Augustin de Beauvais, conseiller à la Cour des Comptes, Mgr Frédéric Lelong, enfin notre dévoué secrétaire, M. Maurice de Bengy-Puyvallée. D'autre part le général baron Corvisart cessait d'être des nôtres par application de l'article 17 (2°) des Statuts.

Archiviste paléographe, correspondant du Ministère de l'Education nationale, chef d'une famille dont le nom depuis trois siècles se lit à chaque page de notre histoke locale, M. de Bengy était né à Bourges le 24 décembre 1878 dans le vieil hôtel où il est décédé le 9 novembre 1936 après une longue période de maladie supportée avec


n RAPPORT SUR LA SITUATION MORALE

la patience et le courage modeste d'une âme profondément chrétienne. La modestie, en effet, la simplicité, la parfaite courtoisie, le caractérisaient ; elles rendaient au Président et à toute la Société les relations avec le Secrétaire particulièrement agréables. Sa thèse de sortie de l'Ecole des Chartes avait été remarquée. Elle dessinait pour la première fois d'un crayon précis la figure attachante du connétable Louis de Sancerre 1. Elle eût mérité l'impression, et l'auteur gardait au plus profond de lui-même quelque velléité de la publier un jour, remaniée et enrichie. Jamais il n'avait considéré sa qualité de chartiste comme un simple titre honorifique ; toujours il avait gardé l'esprit d'étude et de recherche. Il avait dressé le Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de l'Ecole des Beaux-Arts 2, et celui de la Collection Bohault de Fleury à la Bibliothèque nationales, décrit dans le Bulletin monumental * de 1907 Les tombeaux de la chapelle de Saint-Jean-Baptiste, à Saint-Denis, et donné à nos Mémoires plusieurs bonnes études 5.

i. Cf. Ecole nationale des Chartes. Positions des thèses soutenues par les élèves de la promotion de 1904..., Mâcon, 1904, in-8°, p. 5 à 9 : Louis de Sancerre, connétable de France (1360-1403).

2. Paris, 1908, in-8°.

3. Extrait de la Correspondance historique et archéologique, année 1907, Saint-Denis, in-8°. Georges Rohault de Fleury était son oncle.

4. T. LXXI, p. 113.

5. Un épisode de la vie du duc Jean de Berry, son mariage avec Jeanne de Boulogne (t. XXXVI, p. 93) ; Une fortune immobilière en Berry au XVe siècle (t. XXXVIII, p. 205) ; Le livre d'affaires d'un marchand berrichon au xv« siècle (t. XL, p. 225).


ET FINANCIERE DE LA SOCIETE 1TI

Sentant venir sa fin, il souhaitait d'ajouter à ces quelques écrits d'autres travaux basés sur ses abondantes archives de famille. La parution dans notre volume de l'an dernier de ses Extraits des cahiers... du Tiers-Etat... du Berry en 1576 et 1588 était une première réalisation de ce dessein. Il songeait à nous donner encore le récit fait par son bisaïeul, député de la Noblesse en 1789, de sa vie errante pendant la Révolution et le Journal de François Le Maréchal de Corbet, maire de Bourges en 1577 et 1588, document de première main utilisé en partie par deux ou trois auteurs, mais dont le texte reste presque entièrement inédit. La première de ces publications, déjà préparée, verra bientôt le jour ; la seconde sans doute ultérieurement, grâce au soin pieux que garde sa famille d'accomplir des projets qui lui étaient chers.

Mgr Lelong, vicaire général, l'un des derniers survivants du clergé concordataire, avait fait jadis partie du comité de rédaction. Jusqu'à l'extrême vieillesse il a été un modèle d'assiduité à nos séances.

M. Pierre, décédé subitement, en pleine activité malgré son grand âge, avait tenu un rôle de premier plan dans le département de l'Indre comme érudit et comme collectionneur. Il avait réuni dans le château de Charon qu'il avait acquis et restauré, une grande quantité d'objets anciens de toute nature, de livres et de manuscrits, ces derniers


IV RAPPORT SUR LA SITUATION MORALE

relatifs pour la plupart au Bas-Berry. Les plus intéressants avaient été publiés par lui dans la Bévue du Berry et du Centre qu'il dirigeait depuis trente années. Rappelons son étude sur La décoration du choeur de la Cathédrale de Bourges au xvnr 3 siècle x.

Quatre des sièges vacants ont été remplis par Mlle Solange Pajot 2, par M. Louis Lacrocq, archéologue d'une curiosité et d'une compétence qu'on oserait presque dire universelles, que ses liens de famille et d'alliance, comme aussi sa sympathie pour les personnes et les choses du Berry, faisaient déjà nôtre depuis longtemps, par M. André Mareuse, enfin par M. Jean Tardy dont la présence au milieu de nous assure la continuation de nos bons rapports traditionnels avec nos éditeurs.

Comme nos cinq nouveaux collègues étaient précédemment associés libres, cette catégorie se trouve diminuée d'autant. Elle a perdu encore par décès M. le chanoine Boin, M. Achille Louis, M. Albert Thiault, inscrit depuis quelques mois seulement, et M. le colonel Thil. Ce dernier, homme très cultivé et très aimable, avait pris une part active aux fouilles de SaintAmbroix et dirigé plus tard celles des tumulus de la Prée dont il a rendu compte dans nos

i. Revue du Berry et du Centre, année 1915, p. 49.

2.11 faut souhaiter la publication de sa thèse de l'école du Louvre, abondamment illustrée, sur la statuaire du Moyen Age et de la Renaissance en Berry.


ET FINANCIERE DE LA SOCIETE V

Mémoires. Il avait enrichi notre bibliothèque par le don d'un essai historique manuscrit sur sa chère abbaye de la Prée dont un abrégé a paru dans notre tome XLIII.

Enfin MM. Béreux et de la Véronne ont démissionné.

Le chiffre des associés libres tombe ainsi à 193, le bureau n'ayant prononcé que 8 admissions, celles de Mlle Elisabeth Dubois de la Sablonière, de M. l'abbé Louis Blanc, curé d'Ourouer-lesBourdelins, de MM. Maurice Gaignault et Louis Laboureur, l'un et l'autre imprimeurs à Issoudun, de MM. Eugène Paillart et Jean Tardy, enfin de deux personnes morales, les Archives de la Creuse et celles de l'Indre.

* *

Le VIIIe centenaire de l'Abbaye de Noirlac a été célébré solennellement le 12 juillet 1936, sous le patronage de la Direction des Beaux-Arts. L'heureuse initiative de mettre ainsi en relief ce monument si estimé des archéologues français et si cher à tous les Berrichons revient à notre confrère, Mgr Villepelet, devenu peu après évêque de Nantes, qui tient, il nous en a assurés, à garder par notre intermédiaire un contact fréquent avec le passé de sa province natale. L'organisation des fêtes de ce Centenaire a été assumée par un comité composé en grande majorité de membres de notre Société et de la Société historique. La partie proprement archéologique a été une


VI RAPPORT SUR LA SITUATION MORALE

conférence très nourrie de M. Marcel Aubert, de l'Institut, l'un de nos membres correspondants.

Deux mois avant s'était tenu à Moulins le IIIe Congrès de la Fédération des Sociétés savantes du Ceutre, dont la vitalité ne se dément pas. Il s'est terminé par une excursion dans la montagna bourbonnaise.

Notre propre excursion a eu pour théâtre la moyenne vallée de l'Indre. Après une visite aux restes émouvants de l'abbaye de Déols et aux deux Musées de Châteauroux, Musée archéologique des 1 Cordeliers et Musée Bertrand, nous avons exploré l'abbatiale de Saint-Genou, la collégiale et le château de Palluau, l'église et le château d'Argy et le château de Villegongis.

* * *

Nous avons été saisis d'une lettre de protestation contre le projet de transporter en Amérique, comme hommage de reconnaissance à M. Rockefeller, la chapelle seigneuriale de Chauvirey-leChâtel (Haute-Saône). Sans souscrire à tous les considérants des auteurs — car, en particulier, nous n'estimions pas avoir à nous prononcer incidemment sur des questions telles que le régime des monuments — nous avons tenu à déclarer qu'à notre avis aucun édifice, classé ou non, présentant un intérêt historique ou archéologique, ne devait quitter la place où il avait été édifié. Nous avons appris depuis que le projet de transfert avait été abandonné.


ET FINANCIERE DE LA SOCIÉTÉ Vn

Une question non moins brûlante a retenu notre attention. C'est celle de la préservation en cas de guerre des vitraux anciens de Bourges. J'ai été appelé à présider une conférence où, en vue d'alerter l'opinion locale, M. Gauchery a exposé à un public choisi les mesures prévues pour les vitraux de la Cathédrale. Au cours de la réunion, M. Achille Carlier, premier Grand Prix de Rome d'architecture, a fait connaître la façon dont il avait organisé avec des équipes de sauveteurs bénévoles le démontage éventuel des vitraux de Chartres. H serait à souhaiter qu'à Bourges aussi la population prenne à coeur la conservation des verrières qu'elle admire tant.

Conformément aux Statuts je mets sous vos yeux ie compte de 1936 et le budget de 1937. Ces chiffres ne me semblent pas appeler d'observations.

COMPTE DE 1936

RECETTES

Reliquat 1935 11.435 48

Cotisations 3.530 »

Intérêts 912 25

Vente de volumes 112 80

Recettes diverses 201 20

Rachat de cotisation 297 25

Total des recettes 16.488 98


VM RAPPORT SUR LA SITUATION MORALE

DÉPENSES

Loyer 308 »

Impôts 187 »

Assurances 81 55

Concierge 120 »

Frais de bureau 171 30

Mobilier, Bibliothèque 215 40

Bulletin et divers 1.136 40

Solde du volume XLV 3.172 »

Illustration du volume XLVI 602 40

Fonds de réserve 297 25

Total des dépenses 6.29130

Total des recettes 16.488 98

Total des dépenses 6.291 30

En caisse 10.197 68

BUDGET POUR 1937

RECETTES

Reliquat 1936 10.197 68

Cotisations 3.800 »

Intérêts 500 »

Vente de volumes 250 »

14.747 68


ET FINANCIÈRE DE LA SOCIETE IX

DÉPENSES

Loyer 310 »

Impôts 200 »

Assurances 85 »

Concierge 120 »

Bibliothèque 400 »

Frais de bureau 200 »

Bulletin 1.200 »

Publications, fouilles 12.232 68

14.747 68



RAPPORT

SUR LA SITUATION MORALE ET FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DU CENTRE PENDANT L'ANNÉE 1937

par le Chanoine Maurice de LAUGARDIÈRE, Président

MESDAMES, MESSIEURS,

Fait peut-être unique dans notre histoire nous n'avons appris au cours de l'année la mort d'aucun membre titulaire ou associé libre. Les titulaires se trouvent au complet depuis l'élection du comte Arnaud de Vogué élu au siège qui restait vacant à la fin de 1930.

Parmi les associés libres nous avons perdu par démission Mlle Berchon, MM. Xavier de Bengy, de Champgrand et de Chavigny. Mais nous avons inscrit Mines Maurice de BengyPuyvallée née de Diesbach, André Floquet née Caude et Pierre Foucher née Cassegrain, Mlle Solange Déroche, MM. Georges Aubert, président de chambre à la Cour, Achille Carlier, premier Grand Prix de Rome d'Architecture, Joseph Chantrein, Mgr Gabriel Foucher, conservateur du Musée, MM. Louis Guéneau, agrégé de l'Université, Jacques Guény, Henri de


xn RAPPORT SUR LA SITUATION MORALE

Lammerville, Auguste Lestourgie et le Musée Bertrand, de Châteauroux. Les associés libres qui étaient 193 passent donc à 202.

Nous avoné eu à regretter le décès de l'un de nos correspondants, M. Max Prinet, le distingué sigillographe et héraldiste.

L'Assemblée générale a confié la succession de notre regretté secrétaire Maurice de Bengy au commandant Jean de Goy, dont je n'ai pas à faire l'éloge. Nous avons l'espoir fondé qu'il tiendra dans le bureau le rôle de premier plan qui fut celui de son père. M. l'abbé Huchet a remplacé M. de Goy au comité de rédaction où l'appelait sa rare compétence en paléographie. Dans le même temps, l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres lui décernait une médaille pour son édition du chartrier ancien de Fontmorigny.

Notre confrère M. Deshoulières s'est vu attribuer par la même Académie le prix Schlumberger pour l'ensemble de ses nombreux travaux ; M. l'abbé André Girard (A. L.) un prix Montyon par l'Académie française pour sa monographie de la paroisse de Ruffec-le-Château. M. Robert Gauchery a été promu officier de l'Instruction publique. Enfin votre Président est devenu Membre correspondant de la Commission des Monuments historiques.

A la fin d'octobre M. Emile Espérandieu, toujours plein d'activité à un âge où presque tous les hommes vivent depuis longtemps dans la retraite, a célébré ses noces d'or scientifiques à


ET FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ XITI

Nîmes. Nous nous sommes associés de grand coeur à l'hommage ainsi rendu au doyen de nos membres correspondants par les nombreuses compagnies auxquelles il appartient.

Les comptes de 1937 et le budget de 1938 se présentent comme suit :

COMPTE DE 1937 RECETTES

Reliquat 1936 10.197 68

Cotisations 4.055 »

Intérêts de fonds placés 968 »

Rachat de cotisations 450 »

Boni de l'excursion 556 »

Vente de volumes 2.749 15

Total des recettes... 18.975 83

DÉPENSES

Loyer 308 »

Impôts 207 »

Assurances 81 55

Concierge 120 »

Abonnements 82 60

Fédération des Sociétés Savantes du

Centre 102 »

Bulletin 1.363 05

Volume XLVI 5.126 75

Divers 63 90

Au fonds de réserve 450 »

Total des dépenses... 7.904 85


XIV RAPPORT SUR LA SITUATION MORALE

Total des recettes 18.975 83

Total des dépenses 7.904 85

Reste en caisse 11.070 98

BUDGET POUR 1938

RECETTES

Reliquat 1937 11.070 98

Cotisations 3.800 »

Intérêts 500 »

Vente de volumes 300 »

Contribution au XLVIIe volume 600 »

Total des recettes... 16.27098

DÉPENSES

Loyer 320 »

Impôts 225 »

Assurances 90 »

Concierge 120 »

Bibliothèque 400 »

Frais de bureau 200 »

Bulletin 1.800 »

Publications, fouilles 13.115 »

Total des dépenses... 16.270 »

En achevant de transcrire ces chiffres présentés par notre trésorier, je ne veux pas manquer de lui


ET FINANCIERE DE LA SOCIETE XV

adresser des remerciements pour les dons de documents qu'il a continué de nous faire. Le principal est une copie du plan cadastral de Bourges, dit plan Panette, du nom de l'ingénieur qui l'a dressé en 1816.

Ce n'est pas la seule libéralité dont nous ayons été l'objet. M. Auguste Lestourgie s'est dessaisi en notre faveur des généalogies manuscrites de familles des environs de Vierzon que son grandpère, Emile Tausserat, avait élaborées sur pièces originales grâce à de longues recherches dans les études de notaires. Cet ensemble grossi de fiches sur différents sujets a été enrichir notre fonds spécial 2 F aux Archives départementales, où nous avons aussi déposé de nombreux clichés provenant tant de nos publications que de celles de la Société photographique, — ces dernières dues encore à la libéralité de M. Roger.

Notre excursion annuelle s'est déroulée dans la partie de l'ancien diocèse qui dépend aujourd'hui de celui de Blois. Descendant la vallée du Cher par la rive droite, nous avons visité Menetou, Villefranche, Selles, enfin Saint-Aignan, d'où remontant la rive gauche nous avons abouti à Vierzon par Samt-Loup et Genouilly, non sans un arrêt fort agréable au château de la Maisonfort.

Le Congrès de la Fédération des Sociétés Savantes du Centre s'est tenu à Nevers avec le même succès que les précédents.



RAPPORT

SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ PENDANT LES ANNÉES 1936 ET 1937

par Jean de GOY, Secrétaire

MESDAMES, MESSIEURS,

Vous avez pris en 1936 la résolution de faire paraître tous les ans un volume, ou au moins un fascicule, comme l'ont réclamé beaucoup de nos confrères. Votre Bureau s'efforcera de satisfaire votre désir mais le Secrétaire et le Trésorier doivent attirer votre attention sur les difficultés toujours croissantes qu'ils éprouvent à faire imprimer sans dépasser les ressources de la Société.

Il est indispensable que, sous une forme ou sous une autre, les auteurs participent à la publication. Nous n'avons, jusqu'ici, fait appel qu'aux contributions volontaires et nous devons reconnaître que nous avons été entendus.

Ce succès nous permet, de ne pas envisager pour le moment des mesures plus radicales dans le genre de celles qui sont en usage dans beaucoup de Sociétés où les auteurs doivent prendre à leur charge les illustrations et une partie de l'impression au-delà d'un certain nombre de pages.


xvm RAPPORT DU SECRETAIRE SUR LES TRAVAUX

Le volume que nous avons l'honneur de vous présenter, s'il n'est pas des plus épais, n'en est pas moins un signe palpable de la vie de notre Société.

Dans cette brève préface qu'est le rapport du Secrétaire, nous énumérerons, conformément à la tradition, les principales communications données en séance entre janvier 1936 et décembre 1937 en passant sous silence celles qui sont imprimées dans le présent volume.

Nous les avons classées par genre et numérotées, pensant que cette manière de faire pourrait faciliter les références.

1. — Notre éminent confrère, M. Deshoulières, directeur-adjoint de la Société Française d'Archéologie, a envoyé une note complétant la Notice sur l'église de Linières publiée dans le XXXIXe volume. Il y avait avancé que cette église avait dû être reconstruite vers le milieu du XIIe siècle, succédant à une église plus ancienne. M. Ch. Barbarin (A. L.) lui a signalé un fragment du Cartulaire de ChezalBenoît 1 attestant une donation faite à cette abbaye par Humbaud de Sainte-Sévère en présence de Raoul VI de Déols, baron de Châteaumeillant, qui mourut en 1135 et de Jean, seigneur de Linières, mort entre 1115, et 1145. Or, cet acte factum est Lineriis in galilea ecclesie que est ante turrem ; comme l'église actuelle n'a pas eu et n'a pas pu, de par sa situation, avoir de tour devant

i. Bibl. Nat., ms lat. 9862, ffos 57 et 58.


DE LA SOCIETE DES ANTIQUAIRES DU CENTRE XIX

son porche, il ne peut s'agir que de celle qui l'a précédée. Celle que nous voyons encore n'a donc pas pu être construite avant le milieu du xne siècle.

2. — MM. Oauchery et de Laugardière ont visité, à l'instigation de M. Plat (A. L.) l'ancienne église de Vernais, canton de Charsn ton-du-Cher. L'intérieur de cet édifice, qui peut dater de la fin du xne siècle ou du début du xme, avait échappé aussi bien à M. de Kersers 1 qu'à M. Deshoulières 2 qui en avaient décrit l'extérieur. Outre de bons chapiteaux, cette église contient une très belle fresque représentant le couronnement de la Vierge.

Nos confrères ont publié une étude détaillée de cet édifice dans le Bulletin Monumental (4-1937) et vous avez émis un voeu de classement en sa faveur.

Vous avez également émis un voeu de classement en faveur de l'église d'Humbligny, une des rares églises du département appartenant toute entière à la première époque gothique.

3. — M. Achille Carlier (A. L.), premier Grand Prix de Rome d'architecture, l'apôtre de la protection des vitraux de Chartres et de Bourges en temps de guerre, a fait un très intéressant rapprochement entre la scène du Jugement dernier au grand portail de la Cathédrale et la même scène à l'église de Rampillon. Il a résumé comme suit sa communication qu'il a extraite d'une monographie

i. Hist. et Stat. mon. du dép. du Cher, III, Bourges, 1885, p. 102. 2. Les églises de France. Cher. Paris, 1932, p. 263.


XX RAPPORT DU SECRETAIRE SUR LES TRAVAUX

très documentée et superbement illustrée dont il a bien voulu faire don à notre bibliothèque x :

« Entre Provins et Nangis, aux confins de la Brie champenoise et de la Brie française, Rampillon était au xrr 3 siècle une seigneurie dépendant des archevêques de Sens. Deux églises existaient alors, mais nous ne savons pas si l'église actuelle occupe ou non l'emplacement de l'un de ces deux édifices.

« Au xnr 3 siècle, les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem ayant succédé aux archevêques de Sens dans la seigneurie da Rampillon, y fondèrent une Commanderie : c'est l'église, de cette dernière qui nous est parvenue.

« Consacrée à Saint Eliphe, possédant quelques vestiges d'une construction antérieure, l'église actuelle de Rampillon date en majeure partie du xnr 3 siècle. Elle se compose d'un vaisseau voûté d'ogives, épaulé d'arcs-boutants, flanqué de deux bas-côtés, sans transept. Le choeur est polygonal, sur fondations circulaires, sans déambulatoire ; les bas-côtés se terminent en chevet plat. Le clocher surmonte une travée du bas-côté sud.

« L'église de Rampillon possède deux portails où nous pouvons admirer, dans un état de conservation remarquable, d'importants développements iconographiques, traités dans un style où toute la gravité, toute la solidité du xnr 3 siècle s'allient à une souplesse et à une grâce souriante qui l'appai.

l'appai. de Rampillon, par Achille CARLIER, Paris, 1830, in-40.


DE LA SOCIETE DES ANTIQUAIRES DU CENTRE XXI

rentent étroitement non seulement aux ateliers champenois, et spécialement à ceux de Reims, mais encore à ceux du grand portail de Bourges, dont ils sont contemporains.

« Les ébrasements ont conservé au complet les statues des douze apôtres. Pas mie tête ne manque. Par une disposition remarquable et unique, la statue du trumeau, de plus grande stature que celles des apôtres, est placée plus bas. Elle paraît être descendue au-devant des fidèles qu'elle semble attendre avec un geste très émouvant d'annonce et d'accueil. Tous les autres portails du xiir 3 siècle consacrés au Jugement présentent ou présentaient en cette place le Christ. Or, la statue de Rampillon ne porte pas, comme les autres, le livre ; la droite ne bénit pas, mais elle est ramenée vers la poitrine, dans une attitude d'attestation ; les pieds sont chaussés. On sait qu'il est de règle quasi constante, au xnie siècle, de réserver la nudité des pieds à Dieu, aux anges, aux apôtres et au Christ. « En pareille matière, dit M. Mâle, une erreur aurait presque la gravité d'une hérésie. » D'autre part, la présence, en une telle place, d'une autre figure que celle du Christ constituerait une exception pour le moins aussi étonnante.

« Le tympan développe le thème du Jugement. Au registre supérieur, le Christ trône entre deux anges portant les instruments de la Passion, suivis de la Vierge et de Saint Jean, agenouillés. Par une nouvelle exception, le Christ do Rampillon a placé sur sa tête la couronne d'épines pour présider au


XXTI RAPPORT DU SECRETATRE SUR LES TRAVAUX

Jugement. Au sommet, deux anges emportent le soleil et la lune privés de leur éclat.

« Sous cette composition, le linteau présente une succession de scènes où sont évoquées les autres phases du Jugement. Deux anges soufflent dans les trompettes, aux extrémités, tandis que les morts sortent de leurs tombeaux. Par l'animation, l'invention, la richesse d'expression et de sentiment, le réveil des morts de Rampillon est l'une des oeuvres les plus étonnantes du Moyen-Age. Toute une suite de figures constituent, avec celles de Bourges, les documents les plus importants que nous ayons sur le nu dans l'art du xnr 3 siècle. Ainsi, l'homme qui se redresse et crie en bâillant, ébloui par « le grand jour de l'Eternité », ainsi les époux qui se retrouvent, le roi qui enjambe son sarcophage, etc.

« Par une de ces innovations qui caractérisent le portail de Rampillon, cet étrange jugement adopte vis-à-vis du dogme de l'Enfer une attitude singulièrement optimiste. L'omission à elle seule est déjà hardie. Mais il y a plus : à côté de l'archange Saint Michel qui tient en main la balance, figure bien, seule allusion à la damnation, une figure de Satan, mais celui-ci a perdu toute l'assurance avec laquelle il ose venir revendiquer sa part dans les autres jugements, et notamment à Bourges : non seulement il apparaît à Rampillon tout petit, mais il est, au moment même de la pesée, terrassé et vaincu, renversé par la lance que l'archange devait brandir de son bras levé. Il y a là une audace


DE LA SOCIETE DES ANTIQUAIRES DU CENTRE XXHI

qui paraît bien près des frontières de l'orthodoxie.

« Et l'oeuvre de Rampillon se détourne de toute vision cruelle, pour se faire toute joie, toute grâce, toute béatitude : point de damnés entraînés vers la chaudière ou la gueule de Léviathan : seule est figurée l'Eternité bienheureuse, représentée par le symbole du patriarche Abraham, accueillant les âmes dans son sein. Et là aussi l'imagier de Rampillon nous offre une composition unique. Ce n'est plus le grave symbole du vieillard hiératique soutenant une draperie dans laquelle paraissent rangées de petites figures immobiles : l'oeuvre s'est détendue et nous apparaît comme une scène de famille de la liberté la plus charmante : un bon aïeul accueille des figures d'enfants qui s'efforcent de grimper sur ses genoux, tandis que l'un est parvenu sur les bras du fauteuil. Cette scène est complétée par une figure d'ange psychophore. Plus de linge liturgique pour porter le symbole de l'âme avec tout le respect dû à un objet consacré : l'ange serre sur sa poitrine une figure d'enfant, avec un sentiment d'abandon, d'affection extraordinairement expressif. Par la souplesse, le mouvement, le style, le sourire, ce morceau pourrait appartenir aux voussures du grand portail de Reims.

« Ce portail présente encore, en même temps que de magnifiques éléments décoratifs, têtes, feuillages, etc. différentes scènes d'un grand intérêt, dans les écoinçons, dans les arcatures du soubassement : raie Adoration des Mages, une


XXTV RAPPORT DU SECRÉTAIRE SUR LES TRAVAUX

Présentation au temple, un calendrier complet, d'une forte saveur. Ce dernier a été décalé dans la composition, pour faire place à deux figures anonymes et mutilées, dans lesquelles il est difficile de ne pas voir des donateurs, qui seraient vraisemblablement Simon du Chaste !-lès-Nangis et Jeanne de Prunai son épouse. L'église possède deux tombes anépigraphes qui sont probablement les leurs. Cette hypothèse placerait sans doute la date du portail entre 1284, époque de donations importantes qu'ils ont faites aux Templiers, et 1292-1299, années de leur mort. Ces dates concordent parfaitement avec ie style des sculptures.

<c L'église de Rampillon possède encore, au côté sud, un autre portail du xrne siècle, un peu plus ancien, dont le tympan présente un très bel exemple du couronnement de la Vierge.

« Il faut noter encore à l'intérieur différentes oeuvres, dont un gisant de femme du xnr 3 siècle, deux statues du XVe siècle de Sainte Barbe et Saint Eliphe, une remarquable Vierge du xrve encadrée par un retable en bois de la Renaissance, appartenant à l'école de Troyes, et retraçant l'enfance du Christ. »

4. — L'attention de la Société a été attirée une fois de plus par le chanoine de Laugardière sur un morceau de sculpture provenant de Bourges et conservé au Musée de Lyon où il est catalogué : « Jongleur, pierre d'archivolte d'une maison de Bourges (xir 3 siècle) ». Ce personnage est bien


DE LA SOCIETE DES ANTIQUAXRES DU CENTRE XXV

connu ; il était encastré dans le mur d'une maison démolie aujourd'hui, faisant autrefois partie du couvent des Bénédictines et située à l'angle de la rue Porte-Jaune et de la rue Louis-Pauliat (ancienne rue du Four). Hazé l'a dessiné en 1842 et il a été reproduit dans la Revue archéologique de 1846 (p. 702). M. Paul Gauchery croyait qu'il provenait du tympan de Saint-Pierre-Ie-Puellier, attribution qui peut être discutée. Quoi qu'il en soit et sans rechercher davantage à quel monument a appartenu cette gracieuse image, il nous a semblé intéressant de tenter de percer l'énigme de l'inscription en caractères orientaux qui l'entoure. Grâce à une belle photographie gracieusement offerte par M. le Conservateur du Musée de Lyon, nous pouvons espérer être fixés sous peu. Si cette figure ne provenait pas de Saint-Pierre-le-Puellier, il n'en resterait pas moins que le tympan du portail de cette église conservé au Musée du Berry porte à droite et à gauche, dans la partie inférieure, des inscriptions en caractères analogues qu'il serait intéressant de déchiffrer.

5. — M. Gauchery vous a signalé de nombreux vestiges du passé, soit qu'il les ait rencontrés au cours des travaux qu'il dirige à la Cathédrale et à Jacques-Coeur, soit que des particuliers les lui aient apportés.

A la Cathédrale, il a retrouvé, lors du renouvellement du dallage de la partie ouest, une dizaine de morceaux de sculpture provenant des voussures


XXVI RAPPORT DU SECRETAIRE SUR LES TRAVAUX

des portails de la Vierge et de Saint Guillaume écrasés par la chute de la Tour Nord en 1506. Les personnages sont des anges et des saints encadrés de colonnettes, certains d'entre eux semblent à mi-corps dans une cuve baptismale. Un buste en ronde bosse a la tête brisée, mais, à la mitre qu'on devine encore et à l'attache de la crosse sur un nimbe, on reconnaît un saint évêque, peut-être Saint Guillaume lui-même.

A Jacques-Coeur, M. Gauchery a sorti des caves des fragments de carreaux et de poterie qui ont été étudiés par M. Cuillaume. Les plus intéressants sont un morceau de plat en faïence de Nevers datant de la fin du xvr 3 siècle ou du début du xvne et surtout un tesson de poterie possédant toutes les caractéristiques des productions de la Borne qui était noyé dans la maçonnerie d'un mur du xve siècle.

Les caves de Jacques-Coeur n'ont pas encore livré tous leur3 secrets aux infatigables chercheurs que sont MM. Gauchery et Guillaume et nous pouvons espérer qu'une étude d'ensemble viendra mettre au point les indications sommaires qu'ils veulent bien nous donner au fur et à mesure de leurs découvertes.

Ayant fait réinstaller à Jacques-Coeur la pierre sculptée en dépôt au Musée du Berry et connue sous le nom de « la galère », M. Gauchery a fait préciser par I3 Commandant de la Roerie, conservateur du Musée de la Marine, que « ce n'est pas à proprement parler une galère, vaisseau de guerre


DE LA SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DU CENTRE XXVII

rapide, allongé et bas sur l'eau, utilisé pour la course et l'attaque, mais plutôt une nef, navire de commerce et de transport. Le type exact de la nef se trouve représenté dans le vitrail qui est au Musée et provient du palais Jacques Coeur. A vrai dire, le modèle du haut-relief en question est une nef armée pour se défendre et dont l'appellation exacte serait donnée par le terme de galéjasse ».

6. — L'abbé Huchet a signalé un passage du Cartulaire de Vierzon (Bibl. Nat., ras lat. 9865, fo 16 v°) où Béranger, abbé de Vierzon, notifie avoir donné à Renaud une église située à proximité du Cher et dédiée à Saint Jean-Baptiste : ecclesiam quandam sita (sic) prope Kari (sic) fluminis (sic) in honore Baptiste Johannis dicata (sic). Bien que l'église ne soit pas autrement désignée, celle de Preuilly (Cher) est la seule en question comme étant la seule dédiée à Saint Jean située près du Cher, ce qui la date avec une certaine précision, le Cartulaire, authentique ou non, étant certainement du xne siècle.

7. — M. Ch. Barbarin (A. L.), qui n'oublie jamais la Société au cours de ses recherches, a communiqué un vidimus de lettres de Charles VIII (Bibl. Nat., fonds fr. 20.580, f° 25) octroyant aux habitants de Bourges pendant cinq ans la somme de 5 deniers par minot de sel vendu ou distribué par certains greniers, dans le but de subvenir à la réparation des dégâts causés par l'incendie du jour de la Madeleine 1487.


XXVni RAPPORT DU SECRETAIRE SUR LES TRAVAUX

On se souvient que les trois quarts de la ville avaient été détruits et que le roi avait déjà allégé les impôts pour aider les habitants.

8. — Le chanoine de Laugardière a présenté deux livres très rares de la bibliothèque de notre confrère, M. Roger. Le premier est un très curieux ouvrage, non daté, intitulé : Opus preclarissimum eximii magistri Michaelis Symonis sacre théologie professons in aima Universitate Biturice ordinarie legentis de passione et resurrectione domini nostri Jesu Christi venundantur Parihisiis... Bituris sub signo pellicani. Petit in-4° gothique à deux colonnes de 112 f 08 non chiffrés, à la marque de Marnef, en sa reliure de parchemin primitive. Quatre-vingts folios environ sont consacrés au sujet de la Passion, le reste, à celui de la Résurrection. Le texte emploie soit le mot tractatus, soit le mot sermo qui ne doit pas être pris dans le sens de « sermon » mais dans celui de « leçon ». Ce sont en effet des leçons de théologie, spécimen très rare de l'enseignement donné dans notre Université de Bourges. Le deuxième est un petit livre de piété intitulé Excitation d'une âme dévote à l'ange gardien, par M. A. Riccard, chanoine de Notre-Dame de Sales, Bourges. J. Cristo 1647, petit in-8° de 136 pages avec frontispice. Reliure aux armes de l'archevêque Pierre d'Hardivilliers.

9. — Le docteur Thoby, président de la Société des Amis du Musée Dobrée, à Nantes, a communiqué un feuillet de parchemin dessiné des deux côtés:


DE LA SOCIETE DES ANTIQUAIRES DU CENTRE XXIX

l'un donne une vue de Nantes, l'autre quatre vues de la Grosse Tour de Bourges et des fortifications qui l'entouraient. Nous espérons qu'à ce propos le L*-Colonel Chenu voudra bien nous faire bénéficier une fois de plus de sa connaissance approfondie des vues de Bourges. Cette étude viendrait s'ajouter à celles que notre érudit confrère a déjà publié dans nos Mémoires.

10. ■— M. de F ont-Réaulx (A. L.), archiviste de la Drôme, dont nous avons déjà publié plusieurs excellentes communications, a signalé l'existence à Valence d'un Livre d'Heures appartenant au Docteur Rigal et provenant de Boussac et, sans doute, de Bourges.

Ce Livre d'Heures est nettement berrichon par son calendrier dans lequel on relève les noms de saint Ursin, saint Outrille, saint Sulpice, saint Guillaume, samt Laurian, saint Marien, saint Gondon, saint Genou, samt Phalier, etc., ce qui ne laisse aucun doute.

Le manuscrit, qui date de la fin du XVe siècle, est bâti sur un modèle courant comme si, après avoir été écrit dans un atelier quelconque, il avait été transporté en Berry où l'on aurait inscrit le calendrier sur des pages réservées à cet effet.

Les miniatures dont il est orné sont de peu d'intérêt et d'une facture médiocre.

Sur la page de garde se trouve le nom de l'un de ses possesseurs : « Katherine Estrellin vefve de feux Me Jehan Vesse ». On sait que les Estrellin


XXX RAPPORT DU SECRETAIRE SUR LES TRAVAUX

(ou Esterlin) vivaient à Bourges aux XVe et xvr 3 siècles. Il semble, d'après La Thaumassière 1, que cette Catherine pouvait être fille de Macé Esterlin et de Marie Alabat, car Jehan Vesse est donné comme parent paternel de Louise Alabat qui, si notre hypothèse est exacte, serait sa cousine germaine.

11. — MM. des Méloizes et Toubeau de Maisonneuve nous ont donné un aperçu du travail important qu'ils ont entrepris sur les Maisons de Bourges. Il faut souhaiter le prompt achèvement de ce monument d'érudition qui ouvrira des horizons nouveaux aux historiens locaux.

12. — MM. Lestourgie ont fait don à la Société des dossiers généalogiques de leur grand-père M. Tausserat (A. L.) (1829-1918). On connaît toute la valeur de ces documents concernant les familles nobles et bourgeoises de Vierzon que notre regretté confrère ouvrait si généreusement à tous les chercheurs. Ces notes généalogiques et les cahiers de M. Girard de Villesaison constituent une richesse de premier ordre qu'il est facile de consulter à notre Dépôt des Archives du Cher.

13. — Notre collection généalogique s'est encore augmentée d'une généalogie manuscrite de la famille Tabouet, établie vers 1820 et complétée

i. Hisi. de Berry, Liv. XII, chap. vi.


DB LA SOCIETE DES ANTIQUAIRES DU CENTRE VYYT

par M. Brody de Lamotte qui nous en a fait don. Les Tabouet, originaires d'Issoudun où ils furent médecins, prévôts, magistrats au bailliage, sont venus à Saint-Amand et dans les environs à la fin du xvnr 3 siècle.

14. —*M. de la Dure (A. L.) nous a communiqué une filiation manuscrite des Robin (des Riaux, de la Cotardière, du Vernet, Robin-Massé), famille du Châtelet, de Linières et de la Châtre qu'il ne faut pas confondre avec les Robin de Coulogne, tout voisins.

15. — Pour répondre à une question posée par M. Martin-Civat, professeur d'histoire à Cognac, j'ai été amené à étudier la vie de Louis Augier, dernier doyen de la Faculté de Droit de Bourges avant la Révolution. Né à Cognac en 1731, il fit ses études à la Faculté de Poitiers et vint à Bourges en 1756 comme docteur-professeur à la Faculté de Droit. Il épousa Geneviève Lheureux, d'une famille berrichonne, fut nommé doyen en 1764 et mourut en 1806 après avoir joué un rôle important à Bourges pendant la Révolution. Un de ses fils, le général baron Augier, épousa la fille du marquis de Bigny.

16. — M. Brody de Lamotte nous a raconté les aventures de Francois-Hilaire Naude (1741-1814), curé de Bélâbre (Indre), qui après avoir prêté le serment le 11 février 1791, se rétracta dès que le Pape se fut prononcé contre la Constitution civile du clergé.


XXXII RAPPORT DU SECRÉTAIRE

Atteint par le décret de proscription du 26 août 1792, il se réfugia en Suisse, continuant cependant à entretenir une correspondance suivie avec un de ses cousins germains, le chevalier Jean Brethon du Mas, habitant la Creuse. Nous devons à cette correspondance une foule de renseignements intéressants sur les sentiments des prêtres émigrés et leur espoir tenace de rentrer dans leurs foyers. L'abbé Naude revit la France en 1802 ; curé de Mézières-en-Brenne pendant quelques années, il se retira à Bélâbre où il mourut.

17. — M. Lacrocq a étudié les nombres cardinaux dans la toponymie du Cher, travail d'autant plus intéressant que la recherche de l'étymologie des noms de lieux est plus rare dans la Société. M. Lacrocq a relevé 54 noms composés de nombres cardinaux ; certains chiffres : 5, 6, 8, 9..., ne se trouvent jamais ; d'autres, tels que 2, 3, 4, 7..., sont employés à plusieurs reprises, surtout le chiffre 3 qui entre dans 16 noms différents. De cette étude, on peut conclure que si certains chiffres expriment une numération exacte (TroisOrmes, Trois-Maisons), d'autres ne donnent qu'une idée de pluralité indéterminée (Sept-Fonts, QuatreVents) en fonction du symbolisme des nombres. Il faut enfin noter l'importance particulière du nombre 3.


RECHERCHES

SUR

LES INSTITUTIONS MUNICIPALES DE ROURGES AU MOYEN-AGE

par Renée MONJARDET

Tous ceux qui s'intéressent à l'histoire du Berry ont présente à la mémoire la phrase que Thaumas de La Thaumassière écrivait en 1689 : « La ville de Bourges étoit autrefois gouvernée par quatre prud'hommes qui étoient élus par les bourgeois et aux quels ils passoient procuration pour le gouvernement de la ville et des affaires communes 1 ». Autrefois étant un terme très large, les historiens du xixe siècle se crurent autorisés à faire remonter aux origines de notre histoire cette institution, qui n'est prouvée par des documents que pour la fin du Moyen-Age. Raynouard en 1829 2 — époque du triomphe des théories romanistes — crut trouver dans Grégoire de Tours et les Vies de Saints la preuve que le régime municipal romain avait à Bourges survécu aux invasions, et que les prud'hommes, boni hommes ou probi

i. Histoire de Berry, Bourges, 1689, p. 137. 2. Histoire du droit municipal en France, Paris, 1829, t. II, p. 183 et p. 293.


2 RECHERCHES SUR LES INSTITUTIONS MUNICIPALES

hommes, que mentionnent les chartes octroyées à la ville au xne siècle, n'étaient autres que les successeurs des anciens curiales. Cette thèse, que soutenait également Pardessus en s'appuyant sur les Formula. Bituricenses 1, fut reprise par Guizot 2, par Raynal 3, enfin avec plus de hardiesse encore par Augustin Thierry 4 : celui-ci croyait trouver à Bourges au xne siècle « quatre prudhommes élus annuellement et qui réunissaient tous les pouvoirs d'une façon dictatoriale, administrant la police et les finances de la cité, exerçant la juridiction au civil et au criminel » ; il pensait que cette constitution avait été « le type de la liberté municipale non seulement pour les villes du Berry, mais encore pour des villes situées hors de cette province )>, telles que Nevers 8.

Paul Viollet, cependant, dès 1869, révoquait en doute l'ancienneté des quatre prud'hommes, à Bourges comme à Tours, montrait que les élus de Tours n'apparaissent qu'en 1356, et insistait sur cette date du xrve siècle : « peut-être », ajoutait-il, « après tant de travaux sur nos origines municipales, resterait-il à faire remarquer que les élus nommés au milieu des

i. Qu'il publia dans la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, t. I (i839-i84o)_, pp. 217-224.

2. Cours d'Histoire moderne, histoire de la civilisation en France, Paris, 1859, t. IV, pp. 27-30.

3. Histoire du Berry, Bourges, 1845-1847, t. I, pp. 187-194, t. II, pp. 169-177, t. III, pp. 118-120.

4. Considérations sur l'Histoire de France, en tête des Récils des Temps mérovingiens, 1866, pp. 188, 191, 192.

5. Essai sur l'histoire du Tiers-Etat en France, Paris, 1868, pp. 67, 68, 247, 251.


DE BOURGES AU MOYEN-AGE 3

calamités nationales, à Amboise, à Tours et en beaucoup d'autres lieux, pour surveiller l'emploi des deniers destinés aux turcies, aux levées et aux remparts des villes, devinrent peu à peu de mandataires spéciaux mandataires généraux 1 ». Mais aucun des historiens postérieurs, aucun des travailleurs locaux 2 ne pensa à orienter dans cette voie ses recherches, jusqu'à ce qu'Emile Chénon, en 1924, fît paraître un court article qui, examinant de près les mentions de prud'hommes dans les chartes bituriges, en tirait les conclusions suivantes : « 1° le nombre et le mode de nomination des prud'hommes de Bourges restent inconnus jusqu'au xve siècle ; 2° leurs attributions primitives étaient exclusivement judiciaires ; 3° ce n'était pas eux, mais le viguier de Bourges, puis le prévôt royal, qui administrait la ville, au nom du vicomte d'abord, et du roi ensuite 3». Cette excellente petite étude déblayait le terrain et indiquait quelques points assurés, mais elle n'utilisait aucun texte nouveau. Il restait donc permis de rechercher si, malgré la rareté des documents anciens qui subsistent sur notre ville, dont les archives ont tant souffert des ravages de l'incendie ou de

i. Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, t. XXX, 1869, p. 337 (critique d'un ouvrage de Béchard, Le droit municipal au moyen âge).

2. Edmond CHARLEMAGNE, Les anciennes institutions municipales de Bourges, B., 1889 ; Maurice CLÉMENT, Etude sur les communautés d'habitants dans la province du Berry, Châteauroux, 1893 ; Henri DE MAZIÈRES, Le régime municipal en Berri des origines à 1789, Paris, 1903.

3. E. CHÉNON, Les prudhommes de Bourges au moyen-âge, dans la Nouvelle revue historique de Droit, t. 48, 1924, pp. 579-591.


4 RECHERCHES SUR LES INSTITUTIONS MUNICIPALES

l'incurie des hommes, il n'était pas possible de retrouver quelque renseignement inédit, si l'on ne pouvait pas, en rapprochant les institutions municipales « [et] des institutions qui les ont précédées et préparées, [et] du milieu dans lequel elles ont évolué 1 », éclairer quelque peu leur évolution, au moins pour le xrve siècle, période si intéressante pour l'histoire urbaine en général et période que l'on n'avait pas encore songé à étudier à Bourges. C'est ce que nous avons tenté de faire, en remontant autant que possible à l'origine de nos institutions, et en prenant comme limite de notre étude la date de 1474, date qui marque une brusque modification par le pouvoir royal de la constitution de la ville, et date à partir de laquelle précisément sa vie municipale est mieux connue.

I. L'ÉPOQUE PRANQUE. — On sait que la ville gallo-romaine, ruinée par les invasions, avait dû se replier sur elle-même, s'enfermer dans une étroite enceinte qui ne devait pas contenir, au Ve siècle, plus d'une vingtaine d'hectares. L'évêque et le prceses, plus tard le comte, étaient les principaux personnages de la population urbaine, qui comptait encore des nobles, les curiales que nous montrent des textes de Sidoine Apollinaire et de Grégoire de Tours. Mais l'époque mérovingienne est marquée par le désordre et la guerre. Passée sous la domination des Wisigoths (468-507), puis des rois francs, la ville est assiégée

i. Suivant les conseils que donnait aux curieux d'histoire locale notre maître Maurice Prou (Livre du Centenaire de l'Ecole des Chartes, Paris, 1921, t. I, p. ccv).


DE BOURGES AU MOYEN-AGE 5

en 583 par les ducs de Toulouse, de Bordeaux et de Poitiers qui dévastent le pays environnant. En 762, elle était une des principales places fortes de l'Aquitaine : Pépin, s'en étant emparé après un siège difficile, en restaura les murailles, s'y fit construire un palais et y établit des comtes.

Les formules franques que l'on désigne sous le nom de Formuloe Bituricenses parce qu'on y trouve le nom de Bourges, mais qui n'ont rien d'original et sont souvent rédigées dans les mêmes termes que les formuloe Turonenses ou Arvemenses, remontent à différentes époques, d'après Zeumer ; il a pu dater les plus récentes avec assez de précision entre 764 et 805 1. Elles forment un recueil qui a dû être copié à Bourges vers la fin du règne de Charlemagne 2. Certains historiens, en les examinant, ont cru pouvoir conclure que les institutions municipales galloromaines avaient survécu à Bourges jusqu'à cette époque ; plusieurs, en effet, mentionnent la curia publica, le defensor, les vici magnifia civitatis. Mais il faut remarquer que ces formules, (si nous mettons à part la plus ancienne relative à Vappensio pour le rétablissement de titres perdus), concernent uniquement l'insertion de donations dans les gesta municipalia 3 ; c'était là en effet la seule attribution que les

i. ZEUMER, Formulae Bituricenses, dans Keues Archiv dcr Gesellschaft fur altère deutsche Geschichts-Kunde, VI (1880), pp. 79-83.

2. Elles ont été publiées par E. DE ROZIÈRE, Recueil général des formules usitées dans l'Empire des Francs, Paris, 1861-1871, 3 vol. in-8.

3. ROZIÈRE, n° 266 (époque mérovingienne), 265 (en 764 ou 765), 262 (en 805).


6 RECHERCHES SUR LES INSTITUTIONS MUNICIPALES

institutions franques laissaient au défensor, tandis que les pouvoirs de justice et de police dans la cité appartenaient au comte et au centenier, et l'on peut penser que si quelques vieilles familles sénatoriales avaient échappé à la ruine et prenaient encore le titre de curiales, leurs fonctions se bornaient également à ce rôle bien modeste d'enregistrement et de légalisation. Cet enregistrement lui-même — en admettant que les formules du vme siècle reflètent ce qui se passait réellement et ne soient pas la simple reproduction de formules antérieures — devint en tout cas complètement hors d'usage dans le courant du ixe siècle. Les mots « ortus claris parentibus civium pêne primoribus » ou « aria clarissimis parentibus... nobilitate senatoria florentibus », que l'on a recueillis dans la Vita Sancti Sulpicii et dans Grégoire de Tours 1, n'indiquent en aucune façon que ces clarissimi aient exercé des magistratures municipales. Mais si nous ne voyons nulle part le rôle effectif des curiales, nous pouvons entrevoir le rôle des puissances nouvelles : l'évêque et le comte.

L'évêque, à l'époque mérovingienne, n'avait pas pris, comme on l'a cru, le titre et les fonctions de défensor civitatis, mais il était le guide naturel de son petit troupeau de fidèles et il lui arriva souvent de défendre effectivement la cité, soit contre les Barbares, soit contre les exactions des souverains. Ainsi, en 639, Dagobert ayant voulu soumettre les clercs et le peuple de Bourges à l'impôt, l'évêque Sulpice

i. RAYNOUARD, op. cit., t. II, p. 183 etsuiv. ; RAYNAL, 1.1, p. 191.


DE BOURGES AU MOYEN-AGE 7

lui fit adresser par un saint ermite de tels reproches que le roi effrayé fit détruire les rôles préparés : « et le peuple... demeure encore aujourd'hui dans son antique liberté », ajoute l'auteur de la Vita, qui écrit entre 646 et 671 1. Les Miracula Sancti Austregisiïi*, écrits vers 750, rapportent deux interventions analogues, l'une de saint Aoustrille, vers 612, l'autre de saint Sulpice. Si ces récits ne sont pas authentiques dans tous leurs détails, ils prouvent cependant que l'évêque contribua à maintenir dans la ville une petite population d'hommes libres, et qu'il était le seul à pouvoir le faire.

Le comte de Bourges, comme les autres comtes, devait avoir un triple rôle administratif, militaire et judiciaire ; bien que les documents sur Bourges nous fassent absolument défaut, nous pouvons penser que là comme ailleurs le mallum du comte était composé de scabini qui formulaient le jugement et de notables plus ou moins nombreux, peut-être désignés par le comte, qui approuvaient et confirmaient ce jugement 3. Il est difficile de se faire une idée nette de la composition du mallum, et en particulier de savoir si les boni viri mentionnés par certains textes sont les scabini ou les notables. Nous retrouvons cette difficulté à Bourges pour interpréter les mots

i. Monumenta Germaniae, Scriptores rerum meroving., t. IV, pp. 364-380. Cf. F. LOT, L'impôt foncier et la capitation personnelle sous le Bas-Empire et à l'époque franque, Paris, 1928, pp. 105-106.

2, Monumenta Germaniae, Script, rerum meroving., t. IV, pp. 188202. Cf. F. LOT, op. cit., pp. 94-96.

3. Cf. SALEILLES, DU rôle des scabini... dans les tribunaux carolingiens, dans la Revue historique, t. XL (1889), p. 286 et suiv.


8 RECHERCHES SUR LES INSTITUTIONS MUNICIPALES

boni homines que nous rencontrons en 880, à propos d'un échange de terres corroboré « bonorum homiwum manibus 1 ». Le terme est intéressant à noter, car on le retrouvera dans la plus ancienne des chartes royales concédées à la ville.

Où se tenait ce tribunal du comte ? On a pensé que les comtes de Bourges résidaient dans le faubourg du Château, où ils avaient érigé la chapelle SaintBaudaire 2 ; mais on a proposé aussi 3 le voisinage du prieuré de Notre-Dame, fondé également par eux et qui pour cette raison garda jusqu'au XVIe siècle le nom de « la Comtaul » ou de Notre-Dame de la Comtale. Cette dernière opinion semble plus vraisemblable ; le faubourg du Château était tout à fait en dehors de la ville, tandis que l'autre emplacement est intérieur au rempart et voisin d'une des grandes portes de la muraille romaine, de cette muraille qui avait été encore assez forte pour soutenir un long siège en 762, que Pépin avait restaurée et ses successeurs peut-être agrandie *. D'autre part, on sait que le comte ne recevant pas de traitement, une part des terres du fisc royal lui était dévolue pour son entretien; or l'emplacement dont nous parlons devait se trouver sur des terres appartenant au fisc, car vers le sud

i. Cartulaire A. de Saint Sulpice, f° 62, publié par Raynal, t. I, p. 469 et L. BUHOT DE KEKSERS, Mém. de la Soc. des Antiq. du Cintre, t. XXV (1912), p. 1 et suiv.

2. H.BOYER, Mêm. de la Soc. historique du Cher, 1890, p. 85 etsuiv.

3. RAYNAL, t. II, p. 410.

4. Cf. H. BOYER, Les enceintes de Bourges, extr. des Mêm. de la Soc. historique du Cher, 1889.


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une église voisine était dite au Moyen-Age 1 NotreDame de la Fichaut (de Fiscali), et vers le nord un vaste pré a gardé de nos jours le nom de pré fichaut (pratum fiscale). Il est très possible que ce soit près de là, peut-être dans quelque tour de l'enceinte, que résidait le comte 2.

Or le plus ancien document qui nous renseigne sur le lieu d'assemblée des habitants au Moyen-Age (la procuration donnée aux députés de 1308) nous apprend que, selon la coutume, les habitants se sont réunis dans le cloître du prieuré de Notre-Dame de la Comtale, « in quo loco consueverunt congregari pro tractando de negociis dicte ville 3 ». L'église de la Comtale a disparu, mais des fouilles faites en 1896 sur son emplacement 4 ont permis de constater que c'était un édifice fort modeste, composé d'une nef à bas-côtés de 4 ou 5 travées : le cloître ne devait pas être non plus bien vaste, et l'on ne comprendrait guère que les habitants aient choisi d'en faire leur lieu de réunion, alors que tant d'autres locaux pouvaient servir à cet usage, si l'on n'admettait qu'ils obéissaient en s'y rendant à l'injonction d'une coutume ancestrale, injonction bien puissante, puisqu'ils

i. Dès le xne siècle le nom fut corrompu en celui de Notre-Dame du Four-Chaud.

2. De même, à Tours, une des nouvelles tours que Charles le Chauve avait fait élever par le comte Hugues sur le rempart gallo-romain aurait servi de résidence au comte et de siège à sa juridiction, et gardé au Moyen-Age le nom de « Tour Feu Hugon » (GIRAUDET, Histoire de Tours, 1.1, p. 8i).

3. Voir ci-dessous, p. 30.

4. A. BUHOT DE KERSERS, Fouilles à l'église de la Comtale, dans les Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, t. XXI (1896), p. p. 49 et suiv.


10 RECHERCHES SUR LES INSTITUTIONS MUNICIPALES

ne cessèrent de se réunir à la Comtale que lorsque l'église eut péri dans un incendie, presque deux siècles plus tard 1. Ils y voyaient même une borte d'obligation juridique : en 1345, ajournés par le bailli pour répondre d'une infraction à la sauvegarde royale, ils répondirent qu'une convocation adressée aux habitants en commun ne pouvait être valable que si les habitants étaient appelés et rassemblés au lieu dit « la Comtaul », « in quo loco et non alibi consueverant... vocari, adjornari et congregari quandocumque casus hujus modi contingebant 2 ». Pour expliquer ce choix de la Comtale comme lieu de réunion des habitants, on peut — sans présenter avec certitude ce rapprochement tout hypothétique — proposer le souvenir persistant de la convocation des hommes libres, — boni homines, — au mallum du comte.

II. LES PRIVILÈGES ROYAUX (xne siècle). — Après la mort de Guillaume le Jeune, en 927, il n'y eut plus de comte de Bourges ; le vicomte qui depuis longtemps existait, à côté de lui, dans la ville, en fut dès lors le seul seigneur 3. C'est vers 1100* que le vicomte Eudes Arpin ayant vendu sa vicomte à Philippe Ier, la ville et sa banlieue ou septaine, comprenant 27

i. En 1487. Et c'est là aussi qu'après cet incendie, ils construisirent leur premier hôtel de ville.

2. Voir plus loin, p. 34.

3. Sur les vicomtes de Bourges, cf. RAYNAL, t. I, p. 326 et suiv., et LA THAUMASSIÈRE, Histoire de Berry, pp. 20-23.

4. La date n'est pas connue exactement. Cf. NINGLAT, Etablissement de l'autorité royale dans le Berry, dans la Revue des Sociétés Savantes, 1859, p. 195 et suiv., et Maurice PROU, Recueil des actes de Philippe Ier, Paris, 1908, p. 372.


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paroisses environ, entrèrent dans le domaine royal, et que le prévôt du roi y remplaça les agents du vicomte.

A cette époque, autour de la cité et sous sa protection, mais en dehors de l'enceinte trop étroite, des moines s'étaient dès longtemps établis, s'adonnant à l'oeuvre de régularisation des rivières, peut-être commencée à l'époque gallo-romaine et qui devait aboutir à entourer la ville de jardins et de « pâtureaux » remplaçant les anciens marécages. A l'ombre des monastères, une population rurale se groupait en hameaux, en « bourgs » : autour de l'ancienne abbaye bénédictine de la Nef, le bourg Saint-Sulpice (du nom de l'archevêque qui y avait été enseveli), puis le bourg Brisac ou bourg Saint-Ambroix, le bourg Saint-Bonnet autour de l'abbaye de femmes de Saint-Laurent, le bourg de Brives ou Saint-Ursin, le faubourg du Château autour d'une église fondée par saint Aoustrille. Ces bourgs en se développant arrivèrent à rejoindre l'ancienne cité qu'ils prolongèrent au nord, à l'est et à l'ouest. Et quand dans la deuxième moitié du xne siècle s'éleva une puissante enceinte destinée à faire de la ville une position avancée du domaine royal (au moment où l'Aquitaine était passée aux mains du roi d'Angleterre), cette enceinte réunit les « bourgs » à la « cité ».

Si, au début du xie siècle, la ville n'était encore sans doute qu'un gros centre agricole \ les privilèges

i. Les foires qui appartenaient aux abbayes, par exemple celles de Saint-Ambroix (M. PROU, op. cit., p. 363), celles de Saint-Sulpice signalées dès 855 (diplôme de Charles le Chauve, Histor. de France,


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royaux contribuèrent à sa prospérité, et accrurent sa population *. Au xne siècle se développa l'activité ouvrière et marchande : sous Philippe-Auguste existaient déjà les hanses des marchands de la Loire ; les foires de Champagne étaient en pleine prospérité et les communications entre ces foires et Bourges étaient faciles, par l'ancienne voie romaine établie sur le calcaire jurassique qui forme c< de Metz à Poitiers une sorte de large trottoir sans forêts, avec peu de cours d'eau », offrant « une voie nette au commerce des hommes 2 » ; Bourges était une étape aussi sur l'une des routes que suivaient les marchands flamands pour se rendre en Espagne. Les corporations se forment, les confréries aident à élever la nouvelle cathédrale, une des plus belles de France 3, les dynasties bourgeoises commencent à s'enrichir et à s'élever dans l'ordre social 4.

Notre recherche ne nous impose pas d'étudier dans tous leurs détails les chartes concédées à la ville

t. VIII, p. 54), devaient n'être que de simples marchés où les gens de la campagne apportaient leurs produits. Bon nombre de dispositions des chartes royales en faveur de la ville ne sont encore que des mesures de police agraire.

1. En en faisant un lieu d'asile.

2. Henri BIDOU, La bataille de Verdun, dans la Revue des Deux Mondes, 1916, p. 177.

3. Une autre preuve de la richesse de la ville à cette époque est le chiffre de 1' oe aide de l'ost » qu'elle envoya à Philippe-Auguste vers 1195 : 3.000 livres, contribution qui n'était dépassée que par celles de Paris et de Beauvais (BOUTARIC, Institutions militaires de la France, p. 202).

4. Par exemple, celle des Trousseau, que nous connaissons un peu dès ii58 : cf. MAVSSABRÉ, Généalogies bemiyères, dans les Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, t. XXI, 1896, pp. 145-241.


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par Louis VI, Louis VII et Philippe-Auguste, chartes qui, «destinées à assurer la prospérité de la ville, ne contiennent ni prescription, ni défense pour la gestion de ses intérêts 1 ». Mais il nous faut rappeler sommairement, parmi leurs dispositions principales, celles qui touchent quelque peu à l'objet de notre étude.

Entre 1120 et 1136, Louis VI supprime les « mauvaises coutumes » exigées jusqu'alors par le prévôt et les viguiers ; désormais le hauban ne sera plus requis que trois fois par an et cette réquisition ne pourra être faite que sur l'avis des boni viri de la « cité ». L'article 9 fait de Bourges un lieu d'asile ; si les nouveaux venus commettent un forfait dans la ville, ils seront jugés par les barones de la cité 2.

En 1181, Philippe-Auguste accorde aux habitants de Bourges et de Dun une longue charte énumérant les coutumes qu'ils devront observer 3. Entre autres dispositions, l'article 4 mentionne que nul ne pourra être arrêté ni voir ses biens saisis s'il a domié piège ou gage qu'il comparaîtra en justice, et que le piège ne pourra être arrêté ni le gage saisi « tant que les probi homines demeurant à Bourges n'auront pas jugé selon les coutumes de la ville comment et par quelle somme le forfait devra être amendé ». L'article

i. R. DE MAULDE, De l'organisation municipale coutumière au Moyen-Age, dans la Nouvelle Revue historique de droit, 1883, p. 1 et suiv.

2. Cette charte n'est connue que par une confirmation de Louis VII en 1145, publ. par La THAUMASSIÈRE, A nciennes et nouvelles coutumes de Berry, 1679, p. 62, et dans les Ordonnances, 1.1, p. 9.

3. Publ. par LA THAUMASSIÈRE, op. cit., p. 68, dans les Ordonnances t. XI, p. 222, et par GIRY, Documents sur les relations de la royauté avec les villes, Paris, 1885, p. 1.


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suivant contient la même disposition pour Dun, mais sans mentionner de probi homines ; il dit seulement « donec judicatum sit quid vel quantum... »

L'article 10 autorise à construire sur les murs de la cité, et l'article 11 ajoute que si quelqu'un est accusé d'avoir ainsi détérioré le mur, quand les probi homines « à qui notoirement de toute antiquité il appartient de faire tous les jugements dans la ville et la septaine » auront jugé l'accusation fondée, le coupable paiera 60 sous d'amende et refera la portion de muraille détériorée.

L'article 15, relatif au travail dans les vignes et dans les champs, déclare que les heures de travail des ouvriers seront fixées par les probi homines.

En 1197, Philippe-Auguste permet aux bourgeois de Bourges de donner par testament un tuteur à leurs enfants : si ce tuteur vient à mourir sans avoir pu désigner quatre hommes dignes de foi pour choisir un nouveau tuteur, le bail des enfants sera remis à celui que quatre probi homines de la ville jugeront le plus capable de remplir cet office 1.

En 1224, Louis VIII confirme la charte de Louis VII (de date inconnue) supprimant la mainmorte, et ajoute que si quelqu'un a exigé la mainmorte à Bourges ou dans la septaine, il devra restituer ce qu'il a reçu et payer l'amende, selon le jugement des probi homines de la ville 2.

En 1224 également, Louis VIII confirme la charte

i. LA THAUMASSIÈRE, op. cit., p. 63 ; Ordonn., t. I, p. 22. 2. LA THAUMASSIÈRE, p. 67 ; Ordonn., t. XI, p. 321.


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accordée par Louis VII en 1145 ; les dispositions des deux chartes sont identiques, mais les mots boni viri et barones, sans doute désuets à cette époque, sont remplacés par les mots probi homines 1.

On voit que si ces différentes chartes ne sont pas des statuts municipaux, si elles se contentent d'énoncer, sans la moindre méthode et pour répondre au besoin du moment, une série de mesures destinées à réprimer les exactions des agents féodaux et à faire, des habitants de Bourges, des bourgeois privilégiés, elles nous renseignent du moins assez bien sur ces probi homines, ces « prud'hommes 2 » que l'on a longtemps identifiés avec les « quatre prud'hommes de Bourges » de la fin du XVe siècle. Le dernier historien qui a traité la question 3 a bien montré que les prud'hommes des chartes royales n'avaient aucunement le caractère de mandataires municipaux et que leurs attributions étaient exclusivement judiciaires ; il en conclut que ce sont des juges, dérivés des scabins carolingiens qui avaient constitué à Bourges le tribunal du comte, puis celui du vicomte, et dont le roi respecta l'existence, mais dont nous ne connaissons ni le nombre, ni le mode de nomination, pas plus que nous ne savons par qui ils étaient présidés. Au xve siècle, ajoute-t-il, ils étaient devenus des officiers municipaux, et leur

i. LA THAUMASSIÈRE, op. cit., p. 66.

2. Si notre mot « prudhomme » ne vient pas de probus homo (les philologues le font dériver du premier élément de prodesse ou prodire : le prudhomme est « celui qui va en avant », le « vaillant », d'où 1' « homme de bien »), il est du moins constamment traduit ainsi au Moyen Age et exprime bien la même idée.

3. E. CHÉNON, op. cit.


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nombre, encore de six en 1402, était réduit à quatre en 1429 *.

Nous verrons plus loin que cette dernière allégation n'est certainement pas exacte : les « prudhommes » que des historiens locaux nous signalent au XVe siècle ne s'appellent pas dans les textes contemporains prudhommes, mais élus, et nous pensons pouvoir prouver que leur création, comme mandataires municipaux réguliers, ne remonte qu'au milieu du xrve siècle. Quels étaient donc les prudhommes du xrne siècle et que sont-ils devenus ?

Si nous cherchons à préciser un peu le sens du mot prud'homme en examinant comment il était employé, nous constaterons facilement que « ce nom, dans les anciens documents, varie de signification ; tantôt il a un sens vague et s'applique simplement à des personnes notables, tantôt il a un sens défini et spécial 2 », et même, il nous apparaît beaucoup plus souvent avec un sens vague qu'avec un sens défini et spécial. Dans bien des cas, il est employé tout à fait indifféremment avec le mot bourgeois 3, et nous constatons qu'à Bourges au xrve siècle il en est ainsi ; en

j. LUCHAIRE (Manuel des Institutions françaises, Période des Capétiens directs, Paris, 1892, p. 397), dit également que les attributions administratives des prudhommes sont l'extension de leurs attributions judiciaires.

2. BOURQUELOT, Notice sur le manuscrit intitulé cartulaire de la ville de Provins, dans la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, t. XVII (1856), p. 234.

3. La charte de Montluçon de 1242 déclare que le cens doit être réparti par « quatre proudomes de la ville », et la charte de Moulins de 1245, dans un article presque identique, porte : « par quatre des bourgeois de la ville ». Il serait facile de multiplier les exemples.


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1346 le prévôt chargé par le roi de faire une enquête « du conseil de plusieurs preudommes de la ville » fait savoir qu'il a,procédé à cette enquête « du conseil et assentiment de plusieurs bourgois et habitans de la ville 1 ». N'est-il pas permis de penser que si l'expression boni homines de l'époque carolingienne avait été supplantée au xne siècle par celle de probi homines, celle-ci fut concurrencée à son tour, au moment où la population des « bourgs » était devenue le principal élément de la population urbaine, par le terme plus neuf de burgenses, sans que l'on puisse voir là autre chose qu'un fait de langage ? Les prud'hommes de Bourges, ce seraient donc, d'une façon générale, les hommes libres qui s'étaient maintenus autour de l'évêque, qui formaient le tribunal du comte, soit comme scabini, soit comme notables (boni homines), puis vraisemblablement celui du vicomte ou de son prévôt, et, quand le roi eut succédé au vicomte, celui du prévôt royal. Encore assez peu nombreux au début du xne siècle, vivant, mêlés au clergé 2, dans l'ancienne cité 3, ils exerçaient leur juridiction sur la population

i. Lettres du prévôt Guillaume Harpin au sujet d'une information faite sur les droits de juglerie d'André de Chantelle (Archiv. Nat., JJ 76, n° 2).

2. En 1156 on trouve comme témoins dans une charte de l'archevêque Pierre de la Châtre, les noms d'Arnoul Jouvenet, Gautier Maletête, Renaud Vilain, Gui Trousseau, qui sont évidemment tous des bourgeois comme ce Gui Trousseau qualifié par le roi de burgensis twster Bituricensis dans un acte de 1158 (Cf. RAYNAL, I, P-533)-

3. On peut remarquer que la plus ancienne charte parle des boni viri civitatis, barones civitatis, tandis que la charte de 1181 emploie le mot villa, mais dit encore : « per probos homines... civitatis


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agricole (villani, rustici des chartes), plus ou moins libre, qui travaillait dans les jardins, les champs, les vignes des bourgs environnants (en dehors des bourgs relevant des justices ecclésiastiques dont nous parlerons plus tard) et de la septaine (peut-être l'étendue de leur juridiction avait-elle été limitée ainsi d'après le ressort de l'ancien centenier du comte). Quand la nouvelle enceinte unissant les bourgs à la cité, quand les privilèges royaux 1 attirant de nouveaux habitants, quand l'évolution économique amenant la formation d'une aristocratie de marchands et d'artisans riches, eurent considérablement accru la population et confondu les anciens cives avec les classes nouvelles sous le nom commun de « bourgeois et habitans » « burgenses », « homines Bituris manentes », ces bourgeois continuèrent à posséder traditionnellement, par la longue coutume que la charte royale avait consolidée, le droit de figurer au tribunal du prévôt royal et d'y prononcer la sentence. Si notre conjecture est exacte, nous devrons constater qu'après l'institution d'un bailli à Bourges (premières années du xrne siècle) ils sont convoqués également au tribunal du bailli : c'est ce que nous allons examiner.

ad quos omnia judicia villae ejusdem et septenae... dignoscuntur pertinere », et que la charte de 1197 ne dit plus que « probi homines villae Bituricencis ». Au XVe s. on emploiera cité au sens de ville, mais au xue siècle les deux mots sont bien distincts.

1. Et aussi des actes comme celui par lequel le chapitre de SaintEtienne, en mars 1224, affranchit de la mortaille un certain nombre d'hommes de la cité et des bourgs (RAYNAL, t. II, p. 577).


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III. LA JUSTICE BOURGEOISE (xirie-xve siècles). — Un des plus anciens articles 1 de la première coutume de Berri rédigée, le chapitre 24 2, déclare : « Le jugement en la terre du Roy se faict à Bourges par les bourgeois tant en cas civil comme en cas criminel et ne peut l'en appeller de leur jugement fors que au Parlement [et à Cenquoins et à Sainct Père le Moustier se ceux sont les prevosts] 3 et en assise par devant le bailly 4, et quant l'en appelle du jugement du prevost au Parlement, la cour le renvoyé au bailly..., et aussi jugent les bourgeois les amendes du roy, ne ja ne seront le bailly, le prevost ne les sergens a leur jugement ne autres officiers du roy aussi se ils n'y sont comme bourgeois ».

Le chapitre 67 5, qui semble également appartenir au coutumier primitif, ajoute : « Les habitans de Bourges tiennent le jugement en leur main jusques a tant qu'il soit fait, soit par ung ou par deux ou par plus, tant en cas civil comme en cas criminel, ne ne peut estre appelle de leur jugement a aultre que au roy en Parlement, ne en ce cas le bailly n'est adjourné,

i. Il doit dater de 1312 (CHÉNON, L'ancien coutumier du pays de Berry, Paris, 1905, pp. 3-8).

2. LA THAUMASSIÈRE, Anciennes et nouvelles coutumes.,., p. 262.

3. Le passage entre crochets a été interpolé certainement après 1360, date de l'érection du bailliage de Saint-Pierre-le-Moutier (avec un siège à Sancoins) pour les exempts du duché de Berry qui venait d'être créé (CHÉNON, op. cit., p. 9), mais la suite semble se rattacher au début de la phrase.

4. Il faut comprendre sans doute : « fors que au Parlement (si le jugement a été prononcé au tribunal du bailli) et en assise devant le bailli (si le jugement a été prononcé au tribunal du prévôt) ».

5. LA THAUMASSIÈRE, op. cit., p. 272.


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fors les habitans seulement et la partie pour qui le jugement est donné, ne le prevost aussi : mais se lesdicts bourgeois jugent mal, et qu'il soit dict en Parlement mal jugé et bien appelle, lesdicts bourgeois payeront soixante livres parisis d'amende, parce qu'ilz ne sont pas juges royaulx ; car si juge non royal donne une folle sentence il est amendable ».

Que conclure de ces articles ? que le jugement des causes civiles et criminelles appartient aux bourgeois de Bourges, que les officiers du roi, bailli, prévôt, sergents, ne peuvent participer à ce jugement sinon en qualité de bourgeois, et qu'on ne peut appeler de leur jugement qu'au Parlement ; mais aussi que ce jugement a lieu sinon avec la participation du prévôt ou du bailli, du moins en leur présence : on prend soin de spécifier qu'en cas d'appel ni le prévôt ni le bailli ne seront ajournés, mais seulement les habitants, avec celle des parties en faveur de laquelle ils ont jugé. Ces bourgeois condamnent à des amendes, mais aux « amendes du roi » ; ils ne sont pas juges royaux à proprement dire, et l'on en profite pour leur faire payer une amende si le Parlement a décidé qu'ils ont rendu une « folle sentence », mais la justice à laquelle ils participent est la justice royale.

Quels documents avons-nous conservés de cette juridiction des bourgeois % La plus ancienne mention est de 1263 : à cette date (au parlement de l'octave de la Chandeleur 1262), les bourgeois soutiennent que « par charte royale 1 et longue coutume » le droit

i. Il s'agit certainement de la charte de 1181.


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■d'assister à la cour du roi n'appartient qu'à eux et aux chevaliers de la septaine, et que les chapitres et abbés ne peuvent revendiquer le droit d'y assister ; droit qu'il serait dangereux de leur accorder, ajoutent les bourgeois, car en cas d'appel pour faux jugement ils pourraient refuser de répondre. Le parlement transigea en autorisant la présence d'un certain nombre de chanoines et des abbés, et en déclarant que le bailli n'était pas tenu de les convoquer : preuve nouvelle qu'il était tenu de convoquer les bourgeois 1.

Au parlement du 9 février 1265 (Chandeleur 1264), la cour confirme une sentence rendue par les judicatores de Bourges dans un procès contre Ytier de Magnac et Renoul de Culan, au sujet d'une convention passée sous le sceau de la prévôté de Bourges 2.

En 1316, Louis X ayant donné à son chambellan Hugues d'Augeron, avec divers fiefs fonciers, la justice sur la septaine, les habitants de Bourges et de la septaine font valoir devant la curia régis que cette donation est « au préjudice de leurs privilèges 3 ». Le procès est toujours pendant en 1318, et les habitants, en répondant à une demande d'aide pour la guerre de Flandre, se plaignent des frais qu'il leur occasionne ; ce n'est que le 18 mars 1323 que la cour

i. Olim, I, 544, n° i ; CHÉNON, Les jours de Berry au Parlement de Paris, p. 48 et chap. V, § VI.

2. BOUTARIC, Actes du Parlement de Paris (Inventaires et documents des Arch. Nat.), I, n° 919, p. 84.

3. Arch. Nat. J 749 n° 4, publ. par RAYNAL, II, p. 587.


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rend un arrêtx prononçant défaut contre Hugues d'Augeron, qui d'ailleurs avait déjà abandonné au roi les droits qu'il avait reçus 2.

Les affaires qui revenaient aux judicatores, « hommes jugeurs s ou « bourgeois jugeants », (nous pouvons employer ce terme dès la fin du xme siècle comme on l'emploiera un peu plus tard, car les clercs avaient vu leur droit de présence réduit et les chevaliers semblent s'être désintéressés des jugements, à l'exception peut-être de ceux qui résidaient dans la ville et ne menaient pas une vie bien différente de celle des bourgeois riches) étaient civiles ou criminelles, et d'ordre très divers. Les documents ne nous renseignent guère malheureusement sur la procédure suivie, en particulier sur le mode de convocation, ou sur le nombre des jugeurs. En 1352, nous voyons porté au Parlement un jugement d'un intérêt bien mince rendu à la cour du prévôt, au sujet d'un cheval abîmé par un maréchal ferrant ; les bourgeois jugeants qui avaient condamné le maréchal ferrant furent à leur tour condamnés pour « folle sentence » à lui rembourser les dépens, et à payer une amende 3. En 1387 il s'agit d'une affaire d'une bien autre importance. Le duc Jean de Berry, qui était fort avide, comme on sait, avait « mis la main » sur la foire de Saint-Ursin, qui se tenait pendant sept jours, le jour de la Saint-Ursin d'hiver (29 décembre), trois jours avant

i. BOUTARIC, op. cit., n° 7.139.

2. CHÉNON, op. cit., p. 294.

3. Arch. Nat. Xla 13, f° 276 v° et f° 226.


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•et trois jours après, et sur les h coustumes, loydes 1 et reddevances » que les chanoines avaient le droit d'y percevoir en vertu d'un privilège royal de 1153 2 ; et le procureur du duc prétendait faire condamner à l'amende les collecteurs qui avaient voulu prélever ces redevances pour les chanoines. L'affaire alla devant le sénéchal qui avait remplacé à Bourges le bailli royal. Le procureur des chanoines répondit en invoquant les titres et la possession immémoriale ; des commissaires furent nommés pour examiner ces titres et les témoins produits par les chanoines, et rapportèrent les résultats de leur enquête « en la présence des bourgoys de Bourges jugeanz en ceste partie, et fu requis par ledit procureur desdiz honnorables estre fait droit et jugement sur ycelles..., et a esté continué la journée à oïr droit par lesdiz bourgois sur le contenu desdictes enquestes jusques a la journée d'uy» ; enfin le sénéchal (ou plutôt son lieutenant) bailla le procès à juger aux bourgeois qui, après mûre délibération, donnèrent raison aux chanoines, firent « lever » à leur profit « la main dudit monseigneur le duc », et imposèrent silence au procureur ducal sur l'action intentée par lui aux collecteurs des loides. La sentence fut prononcée par « maistre Macé Rolant, bourgois de Bourges, du consentement de tous les autres bourgois de Bourges

i. On appelait loide ou laude un droit de placage dans la foire, et coutume, ou parfois aussi laude, un droit perçu aux portes de la ville pendant la durée de la foire sur toutes les marchandises (BOYER Revue du Berry, III, p. 22 et suiv.).

2. Charte originale et vidimus du xmc siècle aux Archives du Cher, G, fonds Saint-Ursin, 4.


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assistens audit jugement », et rapportée par le lieutenant du sénéchal qui la notifia par acte scellé du sceau de la sénéchaussée 1.

On ne voit pas bien si toutes les causes justiciables du bailli pouvaient être jugées par les bourgeois. Certaines affaires leur étaient-elles soustraites ratione personoe ? Il semble que non ; au xme siècle le comte de Sancerre avait cherché à se soustraire à l'assise du bailli de Berry parce qu'il ne voulait pas être jugé par des bourgeois et des gens d'église : mais la requête qu'il présenta pour être convoqué à l'assise d'Aubigny où il aurait été jugé par ses pairs, avait été rejetée par la curia régis 2 ; et nous avons vu qu'au xrve siècle le duc de Berry lui-même se soumettait au jugement de ses bourgeois.

Mais il fallait bien que le bailli prononçât seul la sentence (on mentionnait alors : « per suam sententiam pronuntiavif) dans les procès où la communauté des habitants était engagée : on ne peut être à la fois juge et partie. C'est ce que nous constatons en 1429 : neuf maîtres tondeurs en drap, au nom de toute la corporation, et les bourgeois, marchands et habitants de Bourges étaient en procès devant le bailli au sujet des statuts de la corporation ; le lieutenant du bailli prononce per suam sententiam en faveur des tondeurs de drap 3.

i. Arch. du Cher, G, fonds Saint-Ursin, 4 bis.

2. Olim, t. I, p. 510.

3. Commission adressée au premier président du Parlement pour vaquer à l'instruction du procès, les bourgeois ayant appelé, Arch. nat. X,a 8.604, 131. Un cas analogue est à relever en 1336 :


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D'autres cas étaient-ils réservés au jugement propre du bailli, et les officiers du bailliage s'efforcèrent-ils de multiplier ces cas au détriment des bourgeois ? Les bourgeois se lassèrent-ils de ces prérogatives qui ne leur rapportaient rien et leur faisaient parfois supporter de lourdes amendes ? Il est probable que les deux causes s'unirent pour restreindre d'abord, puis pour faire tomber en désuétude le privilège de juridiction des bourgeois de Bourges 1. A l'époque où nous sommes, les seules limites que nous puissions constater de façon précise à l'exercice de la justice bourgeoise dans la ville de Bourges sont des limites ratione loci, celles que constituaient les justices ecclésiastiques que nous allons rapidement indiquer.

La justice du chapitre de Saint-Étienne s'exerçait dans le cloître, qui formait à l'intérieur de la « cité antique » une petite cité fortifiée enfermant plusieurs rues. Le chapitre, qui avait sa prison dans le portail latéral nord de la cathédrale, puis au XVe siècle dans le « pilier butant », défendait jalousement son droit de juridiction 2.

La justice du chapitre Saint-Ursin, concédée au Chapitre par le vicomte Geoffroy en 1012, étendue

les habitants ayant voulu faire contribuer à l'aide des drapiers italiens, malgré les privilèges allégués par ceux-ci, le bailli per suam sententiam condamna la communauté des habitants, sentence confirmée par le Parlement le 27 juillet (Arch. Nat. Xia 7, f° 205 V et X 1» 9, f° 255 V).

1. Voir p. 54.

2. Cf. GIRARDOT, Histoire du chapitre de Saint-Etienne de Bourges, Orléans, 1853.


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par Philippe Ier, s'exerçait dans tout le bourg 1 sa prison était dans une tour de l'enceinte de PhilippeAuguste, dite la tour du Diable 2.

La justice de Saint-Ambroix, concédée également par le vicomte en 1012 3, s'étendait dans l'ancien bourg Brisac, limité par l'Yévrette de l'abbaye de Saint-Laurent à la rue des Toiles.

La justice de l'abbaye de Saint-Sulpice, dans le bourg du même nom, avait été cédée au monastère par l'archevêque et confirmée par Charles le Chauve en 855 4, par Louis VII en 11685 ; elle s'étendait entre le mur de la ville et les rivières d'Auron, d'Yèvre et de Moulon 6.

Il est curieux de constater que dans ces justices d'église la procédure d'origine germanique se maintint plus longtemps que dans le reste de la ville. Le duel judiciaire, que Louis VI avait interdit au prévôt d'exiger à Bourges ', est ordonné par le chapitre de Saint-Etienne en 1280 8. Pourtant un acte de la fin du xrne siècle nous montre la justice dans le cloître rendue par les bourgeois, convoqués par le bailli du

i. PROU, Recueil des actes de Philippe IeT, p. 372.

2. Cf. L. GÉNY, Mém. de la Soc. historique du Cher, 1911, pp. 204207. Cette justice fut réunie à celle du bailliage de Bourges en 1743.

3. PROU, op. cit., p. 366. Rattachée au bailliage en 1743 comme la précédente.

4. Historiens de France, t. VIII, p. 542.

5. RAYNAL, t. II, p. 542, d'après le cartulaire A de Saint-Sulpice.

6. Elle donna lieu, aux xvi° et xvne siècles, à des contestations sans nombre entre la ville et l'abbaye au sujet des droits sur les eaux (Arch. du Cher, fonds Saint-Sulpice).

7. Charte de Louis VI confirmée par Louis VII en 1145 (Ordonn., t. I, p. 9).

8. RAYNAL, t. II, p. 247.


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chapitre]. De même, dans le bourg Saint-Ursin, nous trouvons une mention de duel judiciaire au début du xme siècle 2, et une enquête de 1250 environ nous indique quelle procédure . était suivie 3 : mais plus tard, sans que nous puissions dire à quelle époque le vieil usage avait disparu, nous nous trouvons en présence d'une procédure toute différente, qui semble simplement copiée sur la façon dont la justice était rendue « en la terre du roi ». En 1419, par exemple, un certain Micheau Parcher, inculpé d'avoir été complice de « preneux de duppes » qui trichaient au jeu à l'auberge, comparaît devant le bailli du bourg et devant un certain nombre de « bourgeois, manans et habitans dudit bourg », dont dix-huit sont désignés nommément : requis de le juger par le procureur des chanoines, les bourgeois condamnent l'accusé à deux heures de pilori et à la prison jusqu'à ce qu'il ait remboursé ses victimes. Un des bourgeois prononce la sentence, dont le procureur demande acte au bailli *. Une sentence analogue est rendue en 1464 a. Mais avec le temps, les bourgeois se désintéressèrent de leurs attributions judiciaires, et en 1472 .requis par le bailli du bourg de juger un criminel, ils répondirent

1. Loc. cit., p. 327.

2. Loc. cit., p. 247.

3. Inquisitio de burgo Sancti Ursini, Arch. nat. K 1147, n° 4. Le duel avait lieu dans les arènes ; les sergents des chanoines conduisaient le condamné au palais du roi, ou le remettaient au prévôt à la porte du bourg, pour l'exécution de la peine.

4. Arch. du Cher, G, fonds de Saint-Ursin, 133 ; copie par H. BOYER Arch. du Cher, I F 32, n° 1.

5. Contre Guillaume des Roches, condamné pour vol à être battu et banni du bourg (Arch. du Cher, fonds de Saint-Ursin, 133).


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« qu'ilz ne jugeroient point ledit prisonnier pour ceste foiz et qu'ilz estoient contens que ledit bailly... le jugeast 1 ».

Enfin, la justice du roi, comme les autres justices de la ville, s'interrompait chaque année le 16 mai à midi pour laisser place pendant huit jours à la justice dite de la seizaine de mai ou des bonnets verts, exercée jusqu'en 1392 par le chapitre ds SaintAoustrille du Château -, et après cette date, la collégiale ayant été rattachée à la Sainte-Chapelle que le duc Jean venait de fonder, par le chapitre de la SainteChapelle. Ce droit, d'origine inconnue, confirmé par Louis VII en 1245, se maintint malgré des conflits continuels avec les autres chapitres et la municipalité jusqu'à la destruction de la Sainte-Chapelle en 1756 3.

IV. LA COMMUNAUTÉ URBAINE (xrne-xrve siècles). — Les chartes royales sont accordées aux « hommes du roi manants de Bourges », homines nostri Bituris manentes. Ces bourgeois privilégiés, quand les voyonsnous agir en commun ? Quand la communauté qu'ils constituent se précise-t-elle ?

Dès 1141, les ce citoyens », c'est-à-dire l'ensemble des clercs, chevaliers et bourgeois de la cité, s'étaient

i. Sentence de Jean de Fleur, lieutenant général, permettant au chapitre de Saint-Ursin de faire exécuter la sentence rendue par son bailli contre Gautier Perdrix (Arch. du Cher, ibid.).

2. Il avait en outre certainement la juridiction sur le bourg du Château, mais on n'a sur ce point d'autre indication qu'une mention tirée par Raynal d'une chronique manuscrite de 1765 (Arch. du Cher, papiers de RAYNAL, 2 F 55).

3. Cf. FOURNIER, La justice des bonnets verts..., Bourges, 1868.


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unis pour exposer au roi les abus du droit de banvin 1. En 1210, le « peuple », le clergé et l'archevêque prennent soin en commun de l'entretien des rues et le roi approuve les dispositions qu'ils ont prises pour subvenir aux frais de pavage : levée de contributions et de droits d'entrée, remise de la direction des travaux à quatre . « operis procuratores », dont deux laïques élus par le clergé et deux clercs élus par les laïques 2. Cette charte, loin d'attester « une organisation municipale sérieuse et pleine de vie 3 », prouve qu'il n'y avait pas à ce moment d'organisation municipale, puisque la surveillance des travaux publics est confiée à des mandataires provisoires désignés pour la circonstance, et que le roi spécifie qu'il ne faudra pas faire de cette désignation une coutume 4.

Les habitants en commun apparaissent encore en 1256, date à laquelle Saint Louis leur inflige une amende de 300 livres pour avoir — on ne sait pour quel motif — jeté des pierres à l'archevêque Philippe Berruyer et au légat du pape qui se trouvait dans sa maison 5 ; en 1275, pour se plaindre du bailli qui fixe sans les convoquer le prix des blés et du vin vendus

i. LA THAUMASSIÈRE, Ane. et nouv. coutumes, p. 61. — Ordonn., t. XI, p. 190.

2. Copie de cette charte dans le cartulaire de Saint-Etienne, Bibhot. nat. lat. nouv. acq. 1274, f° 34 ; publ. par LABBE, Histoire du Berry abrégée..., Paris, 1647, P- 20°-

3. RAYNAL, t. II, p. 177.

4. « Nolumus autem ut hec, que pro bono statuta sunt, in consuetur dinem... convertantur ».

5. Olim, t. I, p. 436. Cf. CHÉNON, Les jours de Berry..., p. 9 et RAYNAL, t. II, p. 329.


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par ban royal 1 ; à diverses reprises, pour protester et faire valoir leurs privilèges quand on veut leur imposer une aide 2. Mais le mot de communauté n'apparaît qu'en 1308, dans la procuration donnée par la ville à Pierre Champion, « professeur en loi », et Robert de Clamecy, ses députés aux États de Tours réunis pour conférer des mesures à prendre contre les Templiers ; nous y voyons que « l'université, la communauté ou tout le commun, les citoyens et habitans de la cité et ville de Bourges » furent appelés « par ban, selon la coutume », et rassemblés dans le cloître du prieuré de Notre-Dame de la Comtale, « lieu où ils avaient coutume de se réunir pour traiter des affaires de ladite ville », en présence de Jean Petitclerc, clerc notaire, juré du sceau de la prévôté, lieutenant du garde du sceau de la prévôté Jean Fradet 3.

Pour s'occuper des affaires commîmes, en particulier des procès dans lesquels la communauté était engagée, -— de 1316 à 1323, les bourgeois devaient soutenir contre Hugues d'Augeron un procès qui leur occai.

occai. t. II, p. 58 ; cf. CHÉNON, op. cit., p. 137 ; RAYNAL, p. 177.

2. A la Chandeleur de 1272 (aide pour le mariage d'Isabelle de France), à la Toussaint de la même année (taille de l'ost), en 1318 (aide pour le mariage de Jeanne de France), Olim, t. 1, pp. 848 et 902, CHÉNON, op. cit., pp. 99-108, RAYNAL, t. Il, p. 587.

3. Arch. Nat. J 415", n» 18. Cf. M. CLÉMENT, Revue du Centre, 1891, p. 464. Si nous comparons cet acte avec la procuration d'une commune même peu considérable, comme celle de <_ haudarde publ. par BOUTARIC, La France sous Philippe le Bel, p. 44b), nous verrons bien la différence : celle-ci est rédigée sous forme de lettres adressées au roi par le maire et les jurés, et scellée du sceau de la commune, tandis que la procuration de Bourges est sous forme de noti fication dar le garde du sceau de la prévôté et scellée de ce sceau.


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sionnait de lourdes dépenses, — les habitants furent amenés à se choisir un procureur. Le premier dont nous ayons connaissance passe un accord avec le procureur du chapitre, en 1335, pour terminer une contestation entre les bourgeois et les chanoines de Saint-Etienne au sujet de la répartition de l'aide réclamée par le roi pour la chevalerie de Jean de France 1. Quelques années plus tard (1346), le procureur de la ville est désigné nommément : c'est un certain Gilet de Calays, que le prévôt Guillaume Harpin a convoqué pour faire avec lui, et en consultant plusieurs prud'hommes — c'est-à-dire bourgeois — et habitants, une information au sujet des droits qu'André de Chantelle prétendait percevoir sur les nouveaux mariés, comme possesseur du fief de la juglerie dans la ville et la septaine 2.

Nous constatons donc à cette époque, — un peu avant le milieu du xrve siècle, — l'existence à Bourges d'une communauté de bourgeois privilégiés, qui s'assemblait en un lieu déterminé pour traiter des affaires de la ville. Ces affaires de la ville, c'était l'envoi de députés au roi ; c'était la poursuite des procès concernant la communauté ; c'étaient les discussions relatives aux aides réclamées par les gens du roi, et la levée des amendes imposées à l'ensemble des habitants. C'était sans doute aussi l'exécution de travaux publics indispensables, tels que l'entretien des rues et des chemins ; l'exploitation des biens

i. Arch. Nat. Xlc-iB, n° 350. 2. Arch. Nat. JJ 76, n° 2.


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communaux : les habitants avaient dû conserver depuis des temps immémoriaux 1 un certain nombre des marais et des prés entourant la ville (le reste était devenu propriété des monastères), et nous constatons qu'en 1334 le prévôt en donne une partie à l'abbé de Saint-Sulpice, mais indûment et parce qu'il les a enlevés aux « bonnes gens » de force 2 ; la fondation et l'entretien d'établissements charitables : hôtel-Dieu (dans le faubourg Saint-Ursin, près de la cathédrale) déjà important à cette époque 3, et dont les maîtres sont institués par l'archevêque et par la ville 4, maladrerie (en dehors de la ville, près de la route de Sancerre) réservée aux lépreux nés dans la ville, et dont les bourgeois et l'archevêque

i. « Le castrum ou cité, qui hérite des ruines monumentales de l'ancienne ville, peut hériter de même de quelques lambeaux de ses propriétés communales. Les bourgeois libres de la cité, les cives, ayant alors un patrimoine collectif auquel ne participent pas les habitants des faubourgs, se trouvent par cela même à l'état de communauté, d'universitas » (FLACH, Origines de l'ancienne France, t. II, p. 359) : ceci peut s'appliquer à Bourges, mais en spécifiant que les habitants libres des « bourgs » enfermés dans l'enceinte de Philippe-Auguste furent confondus sous le nom de cives avec les habitants libres de l'ancienne cité, dont ils partageaient les privilèges de bourgeoisie (inversement, tous sont parfois désignés sous le nom commun de burgenses).

2. DOUET D'ARCQ, Lettre de rémission pour Jean Brunet, prévôt de Bourges, dans la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, t. XVII (1855), PP- 54-753.

54-753. : « item, que ledit lehan emprinta de la maison Dieu... huit Hz granz » (DOUET D'ARCQ, op. cit., p. 68). L'Hôtel-Dieu est mentionné dans une donation de Louis VII en n 77. Le plus ancien document que nous ayons retrouvé à son sujet est de 1243 (Arch. du Cher, N. A. 405).

4. « ... le conte qui a esté entre en (?) la ville de [corr. et) l'arcevesque sur l'institution des mestres de ladicte maison » (DOUET D'ARCQ, ibid.)


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devaient se disputer longtemps la nomination des maîtres 1.

Tout cela devait nécessiter des dépenses communes, ce qui n'entraîne pas forcément l'existence d'un budget régulier : car il est fort probable que l'on subvenait aux frais communs par des « collectes », des « tailles », levées au moment où la nécessité l'exigeait ; et il est évident qu'alors un ou plusieurs des « prud'hommes », des bourgeois, étaient désignés par les autres pour s'occuper de l'affaire ; mais cela n'implique nullement l'existence d'un corps municipal organisé.

Bien mieux, à l'époque où nous sommes arrivés, nous voyons que les habitants de Bourges se défendent encore de constituer une communitas s'ils jugent que leur intérêt y est contraire. En 1345, les bourgeois étaient en contestation avec les religieux de SaintAmbroix au sujet de droits d'usage dans le pré Fichaut : le pré appartenait aux religieux qui, ayant le droit d'en cueillir l'herbe et d'y cultiver des arbres, avaient voulu protéger leurs récoltes en entourant le pré de fossés, et y avaient planté des panonceaux indiquant la sauvegarde royale qui les protégeait ; or les habitants avaient coutume d'entrer librement dans le pré pour s'y promener et y respirer « le bon air » qui leur était, disaient-ils, indispensable pour vivre (il faut croire que la ville était dès lors très peuplée et les maisons

i. Conflit à ce sujet entre l'archevêque et les habitants en 1439 (Arch. Nat. Xlc-i58, n° L). La léproserie avait fait l'objet de donations de Louis VII en 1172 et n 77 ; d'après une tradition rapportée en 1666, elle aurait été fondée parles habitants (Cf. abbé GUIDAULT, La léproserie de Bourges, Bourges, 1892).


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pressées autour de rues étroites) ; irrités de la mesure prise par les religieux, un certain nombre d'entre eux s'armèrent une nuit, envahirent le pré, comblèrent les fossés, arrachèrent les panonceaux royaux, brisèrent les portes de l'abbaye et blessèrent quelques-uns des moines et des serviteurs. Les religieux obtinrent des lettres royaux ordonnant au bailli de contraindre les habitants à réparer leurs méfaits et en demandèrent l'exécution ; les procureurs des habitants s'opposèrent à cette exécution, et l'affaire alla au Parlement où les religieux soutinrent que les habitants ne devaient pas être admis à s'opposer, mais bien condamnés pour les excès commis ; les habitants répondirent qu'ils n'avaient pas été valablement ajournés sur l'exécution desdites lettres royaux, car ils n'avaient ni corps ni communauté et ne pouvaient être convoqués valablement qu'au prieuré de la Comtale, lieu accoutumé de leurs réunions 1. L'excuse n'était guère valable, et le Parlement en jugea ainsi ; mais elle est intéressante à noter, car elle prouve que la communauté que les habitants de Bourges constituaient (quoiqu'ils aient pu dire) ne « résultait d'aucun acte écrit », était proprement une <c communauté coutumière 2 ». Tout indique donc que Bourges n'a aucun titre à faire partie des communes si, comme on s'accorde

i. « pro eo quod... non habent corpus seu communitatem, et quod oportebat ipsos vocare et congregare ad locum qui dicitur la Contaul » (arrêt du Parlement du 10 juin 1345, Arch. Nat. Xia 10, f° 265 v° et aussi un arrêt du 2 juin, Arch. Nat. Xla ro, f° 453 v°).

2. R. DE MAULDE, De l'organisation municipale coutumière au moyen âge, dans la Nouv. Revue hist. de droit, 1883, p. 1 et suiv.


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à le dire, les caractères essentiels de la commune étaient « l'association jurée et autorisée par titre authentique, la rédaction et la confirmation des usages et coutumes, l'attribution de droits et de privilèges au nombre desquels était toujours une juridiction plus ou moins étendue confiée à des magis7 trats de la commune ' ». Si « le caractère de commune est reconnu à la ville de Bourges 2 » par quelques auteurs, c'est là une erreur qui provient de ce qu'ils ont pris les « prud'hommes » pour des magistrats élus par les habitants, la justice des « bourgeois jugeants », pour une juridiction municipale, alors qu'il s'agit d'une institution toute différente dans son origine et dans sa nature 3. Mais pour alléguer l'existence, au moins momentanée, d'une commune à Bourges, on pourrait invoquer un argument plus sérieux, c'est la spécification, dans la charte par laquelle Louis Vil concédait l'immunité au chapitre

i. M. CLÉMENT, Revue du Centre, 1890, p. 420, d'après Bréquigny.

2. Ibid.

3. Nous ne nous arrêterons pas à l'opinion de Du Cange, qui place Bourges parmi les communes (glossarium, v° communia), mais désigne ainsi toutes les villes ayant reçu des chartes royales, ni à celle de Pardessus qui dans ses fiches (Arch. Nat. A B XIX 437-438) indique deux actes de 1303 et 1308 « scellés du sceau de la commune de Bourges » : le premier (l'adhésion de la communauté au futur concile contre Boniface VIII) a disparu depuis, mais le second n'est autre que la procuration de 1308, qui, nous l'avons vu, est scellée du sceau de la prévôté. Il commet une autre erreur en désignant comme un « accord entre la commune de Bourges et le couvent de SaintAmbroix touchant le lieu des assemblées publiques » l'accord terminant la contestation au sujet du pré Fichaut : cet accord du 8 mai 1354 (Arch. Nat. X«c 8, f° 616) stipule seulement que les habitants renoncent à pénétrer dans le pré, sauf pour s'y réfugier en cas d'incendie ou de guerre.


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de Saint-Etienne 1, que « les hommes de l'archevêque et du chapitre ne seront reçus dans la commune que de l'assentiment de leurs seigneurs ». Comment faut-il comprendre ce texte ? Peut-on penser que « communia » (le texte imprimé des Ordonnances donne « commune ») signifie ici communitas ? Non, car les mots « in communiam recipiuntur » indiquent qu'il s'agit d'une association jurée. Ou devons-nous en conclure que, comme à Orléans, comme à Châteauneuf-lès-Tours à la même époque, les habitants de Bourges avaient essayé de constituer une commune, velléité d'indépendance brisée par le roi et qui n'aurait pas laissé d'autre trace ? Ou bien ne s'agit-il pas plutôt d'une simple formule, courante à cette époque qui fut l'apogée des communes dans certaines cités épiscopales, et que soit la chancellerie royale, soit le chapitre et l'archevêque auraient fait insérer dans la charte par manière de précaution contre une éventualité possible ? On pourrait la traduire dans ce sens : « que les hommes... ne soient reçus en commune que de l'assentiment de leurs seigneurs ». Cette dernière explication nous apparaît assez vraisemblable. Quoiqu'il en soit, rien ne nous révèle à Bourges l'existence d'une commune, tout nous indique la formation d'une « communauté coutumière ». Nous avons vu jusqu'ici cette communauté agissant uniquement en tant que communauté ; nous allons voir comment elle arriva à posséder un corps municipal.

i. Entre le 24 mars 1174 et le 12 avril 1175 (Bibl. nat. nouv. acq. lat. 1274, f° 31 v°, publ. Ordonn., t. XI, p. 206, Gallia Christiana, t. II, instrum. col. 16, LUCHAIRE, Etude sur les actes de Louis VII, n° 657)-


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V. LES ÉLUS (xrve-xve siècles). — Arrivés au milieu ■du XIVe siècle, nous n'avons pas encore trouvé trace de « quatre prud'hommes » auxquels les bourgeois auraient passé « procuration pour le gouvernement de la ville et des affaires communes «. Cette absence de mandataires municipaux peut s'expliquer par les privilèges mêmes dont jouissaient les bourgeois de Bourges ; si, en effet, dans les villes qui devaient à leur seigneur une taille abonnée, l'autorité seigneuriale avait permis « aux bourgeois d'élire des notables chargés de répartir et de recueillir les taxes », ce « point de départ, très humble, très modeste, de l'administration municipale 1 » n'existait même pas à Bourges, où les habitants avaient été exemptés par le roi de toute taille, de toute « aide de l'ost », et n'étaient obligés de contribuer aux charges du royaume qu'exceptionnellement, quand on leur demandait « l'aide aux quatre cas ». La mention de « quatre prud'hommes » élus par les habitants pour verser au seigneur le cens annuel, prix de leur affranchissement, se retrouve bien dans beaucoup de chartes concédées à de petites localités du Berry aux xne et xnr 6 siècles 2. Elle se retrouve aussi, et pour des

i. LUCHAIRE, dans l'Histoire de France de Lavisse, t. III, p. 404

2. Par exemple au Châtelet avant 1160, à Gournay en 1278, à Buxières-d'Aillac en 1279, à Saint-Marcel-les-Argenton en 1285 (MAZIÈRES, Le régime municipal..., pp. 274-288). La charte concédée à Levroux par Jean de Chauvigny en 1258 (Arch. nat. J 1.117, 1, publ. de façon très défectueuse par Mazières) indique que les bourgeois éliront quatre d'entre eux, qui seront dits élus ou jurés, pour décharger les habitants qui ne pourraient payer le cens. Des dispositions analogues sont courantes dans toutes les chartes de franchises.


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motifs absolument semblables, dans les chartes des villes les plus importantes des régions voisines, Bourbonnais, Nivernais, ouest de la Bourgogne : à Montluçon en 1242 *• et à Moulins en 1245 2, à Nevers en 1231 3, à Auxerre en 12234. Dans chacun de ces cas la mesure prise répondait au même besoin, et il n'y a aucun motif de conclure, du fait que les mêmes dispositions se retrouvent dans ces différentes villes, que cela est dû à une imitation, à une influence de la constitution de Bourges 5. C'est plutôt l'inverse qui a dû se produire : dans une petite localité qui n'était surveillée que de loin et de haut par les fonctionnaires du seigneur ou du roi, la communauté a dû plus tôt éprouver le besoin de désigner des administrateurs, et ces administrateurs ont dû, dans l'étroite sphère où s'étendait leur action, avoir plus tôt des pouvoirs réguliers et relativement indépendants que dans une grande ville du domaine royal, soumise à l'autorité d'un prévôt et, dès le début du xrne siècle, d'un bailli, qui ne se seraient pas facilement laissé supplanter dans leurs fonctions d'administration, de police et de justice. Au moment où, par suite de certaines circonstances extérieures, l'administration d'élus devint nécessaire dans la grande ville, il se peut que l'organisation en ait été influencée,

i. LA MURE, Histoire des ducs de Bourbon, Paris-Lyon, 1868.

2. VAYSSIÈRE, De l'administration municipale de Moulins... Moulins, 1889.

3. Ordonnances, t. III, p. 115.

4. lbid., t. VI, p. 416.

5. MAZIÈRES, op. cit., p. 37.


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dans une mesure qu'il nous est impossible de préciser, par l'organisation des petites villes voisines 1.

Qu'une certaine contamination, pour ce qui concerne le régime municipal, ait pu s'exercer entre des villes reliées par des communications fréquentes (on peut noter ici que les villes dont nous venons de parler : Montluçon, Moulins, Nevers, Auxerre, se trouvent toutes sur les anciennes voies romaines qui rayonnent de Bourges, et qu'Auxerre en particulier est placée sur la grande route suivie par les marchands entre Bourges et les foires de Champagne), cela est fort possible ; mais c'est là un phénomène d'ordre général, l'influence que les institutions humaines d'une même époque et d'un même pays exercent les unes sur les autres, et l'on risque de s'égarer en essayant de préciser davantage.

Si l'origine des élus, dans les villes de la région environnante, doit être cherchée dans les chartes d'affranchissement et l'obligation de payer un cens au seigneur, celle des quatre élus de Bourges nous semble devoir être rattachée à des causes toutes différentes.

Le XIVe siècle fut, en Berry comme dans tout le royaume, marqué par le plus grand désordre intérieur. Pour nous en faire une idée, lisons par exemple les lettres de rémission de 13342 en faveur de Jean

i. C'est ce qui s'est passé par exemple à Genève, ville qui, soumise à son évëque, fut longtemps sans institutions municipales et ne réussit qu'en 1307 à élire quatre syndics, comme le faisaient depuis longtemps la plupart des petites villes de Savoie (MICHELI, Les institutions municipales de Genève au xv" siècle, p. 2).

2. Publ. par DOUET D'ARCQ dans la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, t. XVII (1856), pp. 54-75.


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Brunet, prévôt de Bourges, qui non seulement nous montrent des faux monnayeurs, une bande de voleurs puissamment organisée se ramifiant dans plusieurs villes, mais nous apprennent encore que le prévôt lui-même (un bourgeois à qui la prévôté avait été affermée) n'éprouvait aucun scrupule à piller, emprisonner sans motif, mettre à mal les femmes et tuer les hommes. En même temps, le Berry est l'un des théâtres d'opération de la guerre, les villes voisines sont prises et reprises et Bourges après avoir subi un incendie considérable en 1353, manque être emportée, en 1356, par le Prince Noir qui brûle ses faubourgs 1. En 1361, Louis de Sancerre, seigneur de MenetouSalon, venait de soutenir contre les habitants de Bourges une véritable petite guerre : ceux-ci avaient tué sans motif deux écuyers qu'ils avait envoyés faire des emplettes dans la ville, et, bien abrités derrière leurs remparts, avaient répondu à ses plaintes en disant qu'ils regrettaient de n'avoir pu en tuer davantage et « qu'il y avait encore trop de nobles » ; puis, comme des émissaires leur étaient envoyés par Louis de Sancerre pour (dit-il) arriver à une conciliation, ils sortirent en armes et les mirent en fuite ; la guerre fut déclarée, soutenue par des troupes soldées par les habitants, dura quelque temps, accompagnée de pillages et d'incendies, et ne se termina que par la citation au Parlement de Louis de Sancerre et de ses alliés 2. Quand le seigneur de Menetou-Salon

i. Cf. RAYNAL, t. II, pp. 293-295, d'après Froissart.

2. Lettres de rémission en faveur de Louis de Sancerre,

Ier mars 1361, Arch. nat. K 48, n° 4.


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avait demandé justice du meurtre de ses écuyers, il s'était adressé au bailli de Berry, aux quatre « élus au gouvernement de la ville 1 » et aux habitants en commun. Si l'on considère l'esprit combatif que ces événements nous révèlent chez les bourgeois, si l'on se rappelle que c'était précisément le moment où les troupes anglaises et les bandes de pillards ravageaient le Berry, on sera tenté de penser que le « gouvernement de la ville » devait comporter, avant tout, le souci de la défense ; il s'agissait de veiller aux fortifications, de les réparer, si besoin était, en faisant contribuer aux frais tous les habitants, de vaquer au guet, à la garde des portes, à l'organisation des troupes : milice bourgeoise ou mercenaires soldés. Telle était bien la première attribution de nos élus, car si nous n'avons là-dessus aucun document contemporain de leur apparition, le plus ancien procès-verbal de leur élection, qui date de 1429, nous dit encore formellement que, à ces quatre « commis, élus et ordonnés pour vaquer au gouvernement et affaires communes » de la ville, les bourgeois et habitants ont donné « pleine puissance, autorité et mandement spécial de faire faire les oeuvres, fortifications, emparemens et autres choses touchant le fait commun de ladite ville, et de faire payer par le receveur d'icelle ville... tout ce qui est ou sera dû pour le fait commun d'icelle ville, et aussi de bailler, adcenser et affermer tous les subsides qui ont et auront cours, ledit an durant, en icelle ville... et de faire diminution aux personnes

i. « Quatuor clcctos ad regimcn dicte ville ».


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qui sont et seront excessivement imposées ez tailles faites et à faire en ladite ville... et généralement de faire toutes autres choses qui à ce sont ou seront nécessaires et convenables de faire, et que lesdits bourgeois et habitans feroient faire en commun si présens y estoient 1 ».

Le texte de ce procès-verbal, rédigé évidemment dans une forme traditionnelle, ne laisse aucun doute : les élus sont les mandataires des habitants chargés des travaux publics, dont les plus importants sont les « fortifications et emparemens » ; ces travaux publics nécessitent des contributions des habitants : « subsides » (le mot doit désigner les impositions diverses perçues sur les marchandises ou les entrées) levés par des fermiers, « tailles » (impositions extraordinaires) levées directement ; les élus seront chargés d'affermer les subsides, de surveiller la répartition des tailles, et feront régler les dépenses par un receveur : c'est ainsi que s'organise le service des « deniers communs 2 ♦.

En conclusion, si, avant le milieu du xrve siècle, les habitants constituaient déjà une communauté, pouvant élire des procureurs temporaires pour l'exécution de certaines mesures que la vie en communauté rendait nécessaires, ces procureurs n'avaient eu aucune raison de se transformer en administrateurs

i. Procès-verbal de l'élection par l'assemblée générale des habitants, 1429, publ. par LA THAUMASSIÈRE, Histoire de Berry, p. 160, d'après un texte perdu depuis.

2. Ce service devait être important dès 1370 : cette année-là le duc Jean emprunta « des bourgeois et habitants de la ville » 640 livres tournois (TOULGOET-TREANNA, Comptes de l'hôtel du duc de Berry, dans les Mém. de la Soc. des Antiquaires du Centre, t. XVII, p. 76).


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réguliers. Il n'en est plus de même vers le milieu du xrve siècle, époque troublée où les communications étaient souvent coupées avec le pouvoir royal, aux prises avec d'autres soucis que le gouvernement intérieur de ses bonnes villes, où les baillis souvent ne résidaient pas, où les officiers de bailliage n'étaient pas aussi puissamment organisés qu'ils devaient l'être plus tard, où le système de la prévôté à ferme donnait parfois aux villes comme prévôts de véritables brigands, tel ce Jean Brunet dont les successeurs ne valaient peut-être pas mieux. Soit que, comme à Tours 1, le bailli ait d'abord été chargé de nommer des administrateurs, qu'ensuite les habitants élurent eux-mêmes, soit que, livrés à eux-mêmes, les bourgeois aient spontanément recouru à ce moyen pour organiser plus facilement la défense de la ville menacée, il ne nous semble pas contestable qu'il faille faire remonter à cette époque, — peut-être à la date précise de 1356 2, qui est celle du siège de Bourges, — l'origine de quatre élus, véritables mandataires municipaux régulièrement nommés chaque année.

i. Le 30 mars 1354, le roi Jean, à la demande des habitants de Tours, écrit au bailli de choisir parmi les notables six prudhommes, qui seront chargés de veiller à la défense et aux fortifications, de répartir les impositions et d'infliger les amendes (GIRAUDET, Histoire de Tours, 1.1, pp. 142-145).

2. Nous savons qu'à cette époque les habitants, clercs et laïques, avaient dû contribuer aux dépenses pour les fort fications, car en février 1357 les religieux de Saint-Ambroix demandent à prendre du bois dans la forêt du roi pour reconstruire les bâtiments incendiés, qu'ils ne peuvent relever à cause des lourdes dépenses qu'ils ont dû soutenir « occasione guerrarum ac clausure ville » (Arch. nat. JJ 84, f 385).


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C'est sans doute à ce moment aussi que l'on divisa la ville suivant les rues principales (rue Saint-Ambroix et rue Moyenne du Nord au Sud, rue Saint-Médard et rue Mirebeau de l'ouest à l'est), en quatre quartiers : Auron, Bourbonnoux, Saint-Privé (ou SaintBonnet, ou le pont d'Yèvre), Saint-Sulpice. Dans les textes antérieurs, les seules divisions usitées sont soit les paroisses 1, soit la « cité » et les différents « bourgs ».

La division en quartiers doit se rattacher à l'organisation de la milice urbaine, les élus étant en même temps des « quarteniers », avec des « dizainiers » sous leurs ordres : tel est du moins ce que l'on constate ailleurs. A Bourges, nous pouvons supposer qu'il en fut de même ; mais les documents nous font absolument défaut. Tout ce que nous savons sur les attributions militaires des élus, c'est qu'ils « baillaient le cri » aux guetteurs des portes et des remparts 2. La division en quatre quartiers ne fut peut-être pas constante : pour l'année 1402, La Thaumassière nous donne le nom de six élus 3.

Que savons-nous sur l'administration des élus, de 1356 environ à l'avènement de Louis XI ? Presque rien. Voici tout ce que les quelques textes conservés par hasard permettent d'établir.

1. Enquête sur l'incendie de r252 (Arch. nat. J 626, n° 147).

2. En 1472 les habitants demandent au roi, qui le leur refuse. que « les esleuz... baillent le cri à ceulx qui font le guet sur les portaulx, et muralle..., ainsi qu'ilz ont acoustumé faire de toute ancienneté » (Arch. municip. de Bourges, A A 5).

3. Hist. de Berry, p. 157.


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Nom. — Le nom habituel est « élus au gouvernement et affaires communes » de la ville 1, electos ad regimen ville 2. On trouve aussi les « quatre ordonnés pour le fait de la ville 3 », « commis au gouvernement de la ville 4 ». Nous ne trouvons nulle part l'expression « quatre prud'hommes », avant les lettres patentes de 1474.

Election. — L'élection est faite au premier degré par l'assemblée générale des habitants. Nous en connaissons le mode par le procès-verbal de 1429. Le 30 juin (lendemain de la Saint-Pierre), les « bourgeois et habitants », appelés avec la permission du bailli par le « cri », le son de trompe habituel, se réunissent dans une chapelle du prieuré de la Comtale, en présence du bailli et du notaire juré du sceau de la prévôté (tenant lieu du garde du sceau de la prévôté) ; ils s'accordent et désignent un élu pour chaque quartier — ce furent cette année-là Jean Fradet pour SaintBonnet, Jean Vallée pour Saint-Sulpice, Jean Belin pour Auron, Colas de Manné pour Bourbonnoux — et pour un an à commencer au 24 juin passé (nativité de saint Jean-Baptiste). Le notaire rédige le procèsverbal précisant quel mandat a été donné aux élus,

i. En 1429 (LA THAUMASSIÈRE, p. 160 et p. 161) ; en 1460 (acense d'un boulevard appartenant à la ville, Arch. du Cher 4 H 200, n° 1) ; en 1472 (requête au roi, Arch. municip. de Bourges AA 5).

2. Avant 1361 (Lettres de rémission en faveur de Louis de Sancerre, Arch. nat. K 48, n° 4).

3. En 1389 (appel d'une main mise sur une maison faite au profit du procureur du duc et des « quatre ordenez pour le fait de la ville » Arch. nat. Xic- 57, n° 49).

4. En 1472 (Arch. municip. de Bourges, CC 257).


46 RECHERCHES SUR LES INSTITUTIONS MUNICIPALES

ajoutant que le receveur des deniers communs devra payer « tout ce que lesdits quatre élus ou trois d'iceux lui manderont par leurs lettres scellées de leurs sceaux ou signées de leurs seings manuels », et spécifiant que les habitants s'engagent, sous obligation de leurs biens communs, à ne pas désavouer leurs mandataires. Le procès-verbal est scellé du sceau de la prévôté.

Attributions. — Nous avons déjà vu quelles étaient les attributions générales des élus. Un acte de cette même année 1429 —- 24 novembre — nous en donne un exemple : c'est le bail par lequel Jean de la Loe, bourgeois de Bourges, recevait des élus l'adjudication de la ferme du treizième, un des principaux revenus de la ville, moyennant 2.000 livres tournois sur lesquelles il s'engageait à verser aussitôt 1.300 écus d'or, somme qui devait être envoyée pour secourir Jeanne d'Arc au siège de la Charité 1. Une acense de 1460 (8 juillet) faite par Jean de la Berthomière, élu pour le quartier de Saint-Sulpice, d'une place dite « le Boulevard » appartenant à la ville, nous prouve que chacun dans son quartier les élus pouvaient acenser les biens communaux sous le sceau aux contrats de la prévôté 2.

Si nous en croyons un mémoire rédigé au temps de Charles VIII 3, avant 1474 les quatre élus avaient

i. Publ. par LA THAUMASSIÈRE, p. 161. Cf. RAYNAL, III, p. 22, et E. TOUBEAU DE MAISONNEUVE, Le droit du treizième..., dans les Mém. de la Soc. des Antiquaires du Centre, t. IV, p. 211 et suiv.

2. Arch. du Cher, fonds Saint Sulpice, 4 H 200, nu 1.

3. Non daté, et dont les derniers feuillets sont perdus (Arch. municip. de Bourges AA 5).


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« puissance de dispouser jusques à la somme de dix livres seulement... et es affaires excedans la somme de dix livres ne pouvoient conclure ny riens dispouser sans faire assemblée générale et appeliez à son de trompe et en général tous les habitans ». Nous ne pouvons savoir si cette disposition datait de la création des élus ou si elle avait été prise plus récemment: mais elle prouve qu'au début du règne de Louis XI les élus étaient encore de modestes administrateurs de communauté, sans grande initiative.

Pour la police, elle continuait, comme par le passé, à être aux mains des officiers royaux ou ducaux : une ordonnance de police, non datée, mais qui se rapporte probablement aux événements de 1412, car elle édicté des mesures d'état de siège, émane, non des élus, mais du sénéchal du duc Jean 1. Quant à une juridiction, nous n'en trouvons pas trace : et si, comme on l'a dit, un « tribunal de quatre prud'¬ hommes » pouvant appeler des notables à siéger avec lui et prononçant sur toutes les causes civiles et criminelles avait existé, il serait bien surprenant que nous n'en trouvions mention nulle part ; mais c'est que le tribunal qui fonctionnait à Bourges était en réalité tout différent et n'avait rien de municipal. Les termes des lettres patentes de Louis XI 2 datées

i. Arch. municip. de Bourges FF 22, original sur parchemin assez détérioré. Cette ordonnance concerne entre autres la vente du blé, les hôtelleries, les teneurs d'étuve, l'obligation de donner du travail aux pauvres gens qui se réfugient dans la ville, la permission à tous ceux qui seront commis à la garde des créneaux d'arrêter les gens qu'ils trouveront la nuit armés ou sans lumière.

2. Ordonn., t. XVIII, p. 20.


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d'Ermenonville (juin 1474) ont pu faire croire à cette juridiction municipale : le roi, qui avait par ses lettres 1 de Senlis (27 mai) remplacé les quatre élus par un maire et des échevins nommés par lui, conférait à ces derniers la police et la juridiction municipale de La Rochelle et de Tours et ajoutait : « Au regard de toute l'autre justice, jurisdiction et judicature que avoient et ont eu par cy-devant les quatre qui ont esté en ladite ville... elle sera et demeurera à nos bailly... et prevost... » Faut-il penser que, simples administrateurs au début, les élus avaient aussi, plus tard, reçu des attributions judiciaires ? Seraient-ils ces « juges ordinaires... salairéz des deniers communs » dont parle J. Chaumeau 2 ? L'absence de textes, le peu de garantie qu'offre Chaumeau ne permettent pas de répondre. Nous croyons plutôt que Louis XI, se trouvant en présence d'une coutume locale qu'il ne connaissait pas, a commis la même confusion que devaient commettre plus tard les historiens, pris la justice des bourgeois jugeants pour une justice municipale dérivant du droit de commune, et voulu la supprimer comme émanant d'un autre pouvoir que le sien, tandis que la juridiction municipale de La

i. Ibid., p. io. Dans ces lettres, le roi déclare qu'il « décharge et déboute les quatre prudhommes... de toute l'entreprise et gouvernement de ladicte ville ». C'est la première fois que nous trouvons ce terme de prudhommes appliqué aux élus ; il est vrai que ce mot était employé dans d'autres villes, et le roi pouvait n'être pas très au courant de la façon dont on désignait à Bourges le corps municipal : dans une lettre à du Bouchage datée du môme jour, il écrit : « défaites et abolissez les quartainniers qu'ils avoient par cy-devant » ; dans ses lettres de juin, on trouve seulement « les quatre ».

2. Histoire de Berry, Lyon, 1566, 1. V, chap. xni, p. 181.


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Rochelle, bien que d'origine communale, n'offrait aucun danger puisqu'elle était exercée par des magistrats nommés par lui.

VI. LA BOURGEOISIE DE BOURGES AU xve siècle.— A la fin du Moyen Age, Bourges était une grande ville industrielle et marchande. Le temps du duc Jean (1360-1416) y avait instauré une période de prospérité : les artistes et marchands étrangers qu'il attirait autour de lui, les drapiers auxquels il procurait une clientèle riche, les bourgeois qu'il appelait à son conseil et dans son hôtel, avaient acquis fortune, crédit, initiation aux affaires : les noms de l'entourage du duc se retrouvent constamment à la fin du xve siècle, parmi les riches bourgeois qui se partagent les charges municipales, les Le Roy, les Fournier, les Rupy dits de Cambrai, les Bastart1..., De 1422 à 1430, notre ville fut la véritable capitale du royaume ; Charles VII ensuite y revint souvent et ne lui témoigna que de la bienveillance 2. Après son règne pacificateur, Bourges connut une prospérité dont la consécration éclatante devait être (en 1484) le choix qu'on en fit pour établir les foires de Lyon, jugées par les marchands du royaume trop excentriques, dans une ville plus centrale 3.

i. Cf. R\YNAL, t. II, p. 509 ; TOULGOÊT-TRÉANNA, Mêm. de la Soc. des Antiquaires du Centre, t. XVII, 1890, pp. 65-175.

2. En 1437, il exemptait les habitants du droit de franc-fief ; en 1451, il leur accordait deux foires franches (voir ci-dessous p. 52 et p. 55).

3. Cf. PIERRE, Quelques notes sur les foires de Champagne et de Brie transférées successivement à Lyon, Bourges et Troycs, Paris 1904. Le terrible incendie de 1487 devait entraîner le retrait des foires et l'exode de nombreux marchands.


50 RECHERCHES SUR LES INSTITUTIONS MUNICIPALES

Quelle était la situation de la bourgeoisie urbaine pendant cette brillante période de l'histoire de notre ville ? Les petites gens, qui devaient y être fort nombreux : boutiquiers, artisans, ouvriers en drap, vignerons, maraîchers, ne jouaient certainement aucun rôle dans la vie municipale : leur seul moyen d'essayer de se faire entendre était la sédition à main armée, moyen qu'ils voulurent employer en 1474 pour protester contre un nouvel octroi, mais qui leur coûta cher 1. Les clercs ni les nobles n'apparaissent plus dans les assemblées de ville. Les seules personnes qui y figurent sont les « bourgeois » et les « marchands » : le terme de « bourgeois », bien que parfois employé au sens large, comme dans l'expression officielle « les bourgeois, manans et habitans de la ville de Bourges », semble avoir été plus particulièrement réservé à ceux qui vivaient de leurs revenus, biens fonciers, rentes de toute sorte : par exemple, les « bouchers non vendans chairs » qui inféodaient les étaux au menu peuple des « bouchers vendans chairs 2» . A côté des vieilles familles autochtones, les Pelourde, les Trousseau, les Le Roy, les Fournier, les Fradet, des marchands venus d'autres points du royaume et parfois de l'étranger avaient fait souche et acquis droit de cité dans la ville : tels, attirés à Bourges

i. Sur l'émeute de 1474, sa répression et les modifications du statut municipal qui en résultèrent, cf. H. SÉE, Louis XI et les villes, Paris, 1891 ; MANDROT, Ymbert de Batarnay, Paris, 1886, pp. 50-53 ; et toujours RAYNAL, t. III, pp. 108-124.

2. Un document du xv" siècle, brûlé dans l'incendie des Arch. du Cher en 1859, donnait les noms des titulaires de la boucherie : » les principaux noms de l'ancienne bourgeoisie de Bourges y figuraient ». (BOYER, Lettre à Raynal, Arch. du Cher, 2 F 56, n° 24).


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au temps du duc Jean, les Rupy dits de Cambrai, les Coeur, originaires d'Auvergne, les Tuilier qui venaient peut-être de Bretagne 1 ; tels les Riglet et les Jaupitre, venus de Troyes à l'occasion des foires et qui devaient fournir à Bourges des maires et des échevins pendant tout le xvr 3 siècle 2 ; tels les Alabat, les Sallat, les Janoillat, les Escabignat, dont les noms révèlent le Massif Central ; et nous trouvons encore des Durieux de Valenciennes, des Cucharmois de Lyon, un Petitjean de Montpellier 3, des Vulcob, des Leodepar ou Lodderpap, des Lallemand de Nuremberg 4. Avec les « bourgeois », avec les hommes de loi sortant des mêmes familles et fournissant indifféremment des officiers du roi et des officiers municipaux : lieutenants du bailli et du prévôt, conservateurs des foires et de l'université 5, avocats et procureurs du roi, avocats et procureurs de la ville, les « marchands » constituaient une caste étroite, à l'intérieur de laquelle les liens du sang renforçaient les liens de l'intérêt : l'aristocratie, seule influente, des bourgeois au sens actuel du mot, ou, comme ils disaient, des « citoyens » de la ville.

i. RIFFÉ, Généalogie de la famille Tuilier, dans les Mém. de la Soc. des Antiquaires du Centre, t. IV, 1872, pp. 241-318.

2. PIERRE, op. cit., p. 157.

3. Député de Bourges en 1482 à la consultation des villes sur le commerce du Levant (SÉE, Louis XI et les villes, p. 339).

4. Cf. H. BOYER, Splendeur et décadence du commerce à Bourges, dans la Revue du Berry, 1864-1866.

5. Il y avait une université à Bourges depuis 1463 (cf. M. FOURNIER La fondation... de l'Université de Bourges, dans la Nouvelle Revue historique de droit, t. XXIII et t. XXIV, et H. STEIN, Charles de France, frère de Louis XI, Paris, 1919).


52 RECHERCHES SUR LES INSTITUTIONS MUNICIPALES

Devant participer aux charges financières et aux charges militaires qui incombaient à la communauté : aides et emprunts exigés par le roi, frais de procès soutenus par la ville, gages et cadeaux, entretien des fortifications et des rues, guet et garde des portes..., ils jouissaient en compensation de divers privilèges, très étendus en théorie, en pratique de plus en plus réduits sans doute par l'action envahissante des officiers royaux.

Privilèges pécuniaires. — La charte de 1181, que les habitants prenaient grand soin de faire confirmer à chaque changement de règne, les proclamait libres de toute tolte et taille : les habitants s'étaient efforcés d'échapper, en invoquant cette disposition, à toutes les charges qui pesaient sur les sujets du roi, mais n'avaient pu se faire exempter de l'aide aux quatre cas, dont nous avons vu plusieurs exemples. En 1272 notamment, le Parlement avait confirmé que l'aide n'était ni « tolte, ni taille », mais un droit dû au roi dans tout le royaume et pour lequel il aurait fallu une exemption spéciale 1.

En 1437, Charles VII avait exempté les habitants du droit de franc-fief et nouveaux acquêts 2, privilège qui avait encore contribué à la formation d'une véritable aristocratie d'origine bourgeoise.

Privilèges militaires. — Les habitants de Bourges, d'après la charte de 1181, ne pouvaient être appelés

i. Cf. CHÉNON, Les jours de Berry, p. 102.

2. Lettres du 5 mai 1437, publ. par CHENU, Recueil des antiquités et privilèges de la ville de Bourges..., Paris, 1621, p. 14.


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pour le service militaire hors du Berry. S'ensuivait-il de là qu'ils n'avaient jamais eu à payer le subside qui se levait sur certaines villes comme rachat du service d'ost ? H en fut jugé différemment suivant les époques ; les prisées de Philippe-Auguste nous montrent Bourges taxée à 3.000 livres 1, mais en 1272, le Parlement déclara exempts de la taille de l'ost les bourgeois de Bourges, puisque leur charte les exemptait du service de l'ost, et invita le bailli de Berry à les laisser en paix 2.

En 1472, les bourgeois devaient avoir eu à subir des atteintes à leur privilège, car ils font valoir ce privilège dans une requête au roi ; celui-ci répond que les habitants « tenans fiefz et arrière fiefz qui continuellement demeurent en ladite ville, et font guet et garde de porte, et qui contribuent aux tailles et subsides d'icelle, ne seront point contrains d'aller en la guerre... mais les autres y pourront estre contrains 3. »

Privilèges judiciaires. -—■ D'après la charte de 1181, les habitants de Bourges ne pouvaient être contraints à plaider hors de Bourges, ou, s'ils plaidaient devant le roi, hors de la septaine 4. D'après la même charte,

i. Voir p. 12, n. 3.

2. Olim, t. I, p. 902, n° 211 ; CHÉNON, op. cit., p. 108.

3. Requête au roi, avec les réponses du roi en marge, 31 mai 1472 (Arch. municip. de Bourges, A A 5).

4. Cette disposition donnait lieu parfois à des cas difficiles à résoudre, comme en 1276 où Ermengarde de Clamecy cite au Parlement, en vertu de son privilège de veuve réclamant son douaire, Robert de Clamecy, bourgeois de Bourges. La cour s'en tira en retenant l'affaire pour les meubles et en la renvoyant à Bourges pour les immeubles (Olim, t. II, p. 73, n° 10; CHÉNON, Les jours de Berry..., p. 146).


54 RECHERCHES SUR LES INSTITUTIONS MUNICIPALESils

MUNICIPALESils pouvaient être emprisonnés, ni avoir leurs biens saisis s'ils donnaient caution : au xve siècle, la coutume était, de façon générale, que dans la ville et la septaine « confiscation n'a point de lieu pour quelque crime ou delict que ce soitx ».

Enfin, la juridiction bourgeoise dont nous avons parlé donnait aux bourgeois de Bourges le privilège d'être jugés par leurs pairs. Des jugements civils et criminels sont rappelés au xvr 8 siècle par l'historien Chaumeau très brièvement et sans indication de date 2, mais les noms qu'il cite permettent de constater que ces procès s'échelonnent pendant tout le cours du XVe siècle 3. Peut-être l'usage s'était-il établi pour les causes civiles de n'appeler les bourgeois jugeants que lorsque les parties le demandaient : dans un procès relatif à une reddition de comptes de tutelle (1438), il est spécifié que, une fois les enquêtes faites et publiées, « les parties demandèrent que droit leur fut fait par les bourgeois, à qui le jugement revenait 4 ». Au xvie siècle, les bourgeois ne devaient plus avoir que le jugement des causes criminelles, et ce

r. Le roi approuve en 1472 (requête citée p. précédente, n. 3) ; cf. LA THAUMASSIÈRE, Anciennes et nouv. coutumes, p. 315, art. x.

2. Histoire de Berry, 2. V, chap. XIII, p. 181. Il décrit cette juridiction de façon très confuse, en brouillant les dispositions des lettres patentes de 1492 avec celles de !a charte de 1181.

3. Grâce aux dates que nous fournit CATHERINOT dans son Fori Bituricensis inscriptio, Bourges, 1675, p. 2 8, sur les avocats et hommes de loi de Bourges ; en outre dans un de ces procès figure un Lambert Léoparl qui est évidemment le beau-père de Jacques Coeur.

4. Arrêt du Parlement condamnant les bourgeois jugeants à l'amende pour avoir mal jugé, Arch. nat. X'* 69, f° 215, n°xxm.


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privilège à son tour tomba en désuétude au xvne siècle ].

Privilèges économiques. — C'était, par exemple, la fixation du prix des denrées vendues par ban royal : les habitants revendiquent ce droit en 1275 2, nous ne savons pas à quel moment il devint hors d'usage. C'étaient les foires franches concédées par Charles VII, de dix jours chacune, l'une en octobre, l'autre en février, exemptes de toutes impositions sur les denrées à l'exception des « chers, vins et poisons » vendus en détail 3. On peut penser que ce genre de privilèges tenait particulièrement à coeur à nos « bourgeois et marchands » et que —• comme il est bien visible à une époque un peu postérieure — les élus et les membres influents de l'assemblée générale consacraient une part de leur activité à des démarches officieuses en faveur de la ville, pour lui « gagner des amis », lui faire obtenir le gain de ses procès ou la réussite de ses projets les plus ambitieux 4.

i. Cf. CHÉNON, Les prudhommes de Bourges.

2. Cf. CHÉNON, Les jours deBerry... Le bailli fit valoir que lorsque les bourgeois avaient été convoqués, ils avaient fixé les prix d'une façon dérisoire ; le Parlement le laissa libre de les convoquer ou non (Olim, t. II, p. 58, n° 16).

3. Arch. nat. JJ 185, n° 233, lettres patentes de 14514.

14514. chapitre des « présents » dans les comptes de la ville, que nous avons conservés depuis 1487, est considérable (pour l'année 1490-1491, par exemple, il monte à 1887 livres pour un total de dépenses de 4.477 livres, il faut y ajouter encore 83 livres en écritures et « cadeaux » dans le chapitre des procès). Des lettres adressées aux élus ou échevins (Arch. municip. de Bourges, AA18) font allusion aux procès, aux négociations pour acquérir les foires de Lyon, aux « amys » de la ville « dont avons peu, je vous asseure, mais durant nostre temps en fault gaigner » ( Lettre de Jean de Cambrai, 4 décembre 1484).


56 RECHERCHES SUR LES INSTITUTIONS MUNICIPALE»

En résumé, si l'histoire de Bourges nous fait assister à l'ascension d'une bourgeoisie urbaine privilégiée, ses institutions municipales ne sont ni originales, ni immémoriales. Son administration par un corps municipal semble bien ne remonter qu'au milieu du xrve siècle. Avant cette date, les habitants, auxquels les rois ont accordé diverses exemptions qui favorisent leur prospérité, forment de par la coutume une communauté administrée par le prévôt royal. Après cette date, si les officiers royaux ou ducaux gardent une grande part dans l'administration et la police, divers services sont confiés à quatre mandataires « élus » par les habitants, ou du moins par la classe la plus riche et la plus puissante. Le privilège le plus intéressant de cette classe, son privilège judiciaire, n'est pas municipal, son origine est plus difficile à déterminer : les prudhommes, c'est-à-dire les bourgeois, auxquels il appartenait dès le xne siècle, peuvent être rattachés soit aux boni homines ou aux scabins de l'époque franque, soit aux assesseurs de la cour féodale du vicomte (peut-être y eut-il même une sorte de fusion entre le principe féodal du jugement par les pairs et le souvenir de la juridiction publique exercée par le comte). Quoi qu'il en soit, ce vestige d'institutions antérieures à la réunion au domaine finit par tomber en désuétude et se fondit au moule des institutions monarchiques, qui semblent bien avoir, de tout temps, conservé une solide emprise sur notre ville, sauf peut-être à l'époque troublée du xrve siècle où s'élabora son statut proprement municipal. On sait que Louis XI, en 1474, devait par


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une brusque manifestation d'autorité modifier ce statut. Après cette date, des retouches successives rendirent au corps de ville un peu plus de liberté apparente, mais le temps de l'indépendance était passé et les règnes de Louis XI et de Charles VIII ne firent qu'accentuer de plus en plus nettement la mainmise du pouvoir royal sur la vie urbaine.



PLANS ANCIENS DU CHATEAU DE MONTROND

par Joseph PLAT

Du château de Montrond, demeure autrefois célèbre des Sully et des Condé, et dont le nom s'est accolé à Saint-Amand, il n'existe plus, pour ainsi dire, pierre sur pierre.

A peine si une tourelle branlante s'élève encore au-dessus de Saint-Amand qu'elle semble surveiller ; si, dans les abords immédiats de cette ancienne forteresse, des gazons plus verdoyants indiquent des fossés ou si des renflements de terrain dénoncent les redans ou les barbacanes.

Comment une demeure aussi somptueuse et dont les trésors nous sont révélés par les Archives de la ville de Saint-Amand, du département du Cher et du château d'Étréchy 1, comment un château-fort de cette importance, aussi puissant et aussi bien défendu a-t-il pu disparaître ainsi sans laisser aucune trace ?

C'est qu'une propriétaire de ce château au xvme siècle, Mlle de Charolais, excédée de trop lourds

i. Nous reviendrons plus tard sur ces Archives auxquelles nous nous référons sans les analyser. Remercions M. de Goy qui nous a fort aimablement ouvert le chartrier du château d'Etréchy (commune d'Osmery).


60 PLANS ANCIENS

impôts, ordonna à ses sujets, les habitants de SaintAmand, de prendre les matériaux de sa demeure pour édifier leurs maisons. Et ces derniers accomplirent consciencieusement leur besogne.

Ce qu'ils laissèrent debout fut vendu pendant la Révolution comme bien national. Il n'en reste donc que le souvenir.

Mais les temps passés nous en léguèrent-ils une vue, un plan ?

Rien, si j'en crois les historiens du Berry. Ni la Thaumassière, ni Raynal, ni Dumonteil x ne se préoccupèrent de documents graphiques ; même Chastillon qui grava au xvne siècle tant de châteaux et vint dessiner Orval, Bruère, nos plus proches voisins, passa indifférent devant Montrond.

Devant cette carence, M. Gustave Mallard créa audacieusement pour son Histoire de Saint-Amand 2 un plan de ce château, en s'aidant des documents écrits par l'abbé Hérault, curé de Saint-Bonnet 3. Mais il suppléa trop souvent par son imagination propre aux lacunes de l'oeuvre de ce bon pasteur.

A ce plan — que reproduit inconsidérément Joseph Pierre dans son édition de la chronique du vieux curé de Saint-Bonnet — M. Mallard a joint diverses

i. F. DUMONTEIL, Une ville seigneuriale en 1789 : Saint-Amandchâteau de Montrond, Saint-Amand, 1895. '

2. G. MALLARD, Histoire des deux villes de Saint-Amand et du château de Montrond, Saint-Amand, 1895.

3. Abbé HÉRAULT, Histoire du château de Montrond et du Pont du Cher édité par J. PIERRE, Paris et Châteauroux, 1905.


DU CHATEAU DE MONTROND 61

vues perspectives du château, dessinées avec la même force imaginative.

Et cependant, il eût été si simple de consulter à la Bibliothèque Nationale la collection du Cabinet des Estampes ou, à la Bibliothèque du Château de Chantilly, le très riche legs que fit à la France le duc d'Aumale !

Un de nos compatriotes des mieux renseignés sur notre histoire locale x a découvert des documents que, fort libéralement, il nous a communiqués.

Au Cabinet des Estampes, dans un volume intitulé : Plan des villes de Flandre, conservé sous la cote Id 25, il trouva un plan par terre du château de Montrond qui paraît dû à la main d'un architecte du xvne siècle et une grande vue perspective de ce même château, d'une fantaisie échevelée, due à un sieur de Grandville et datée de 1651.

Dans le volume VA 29 de ce même Cabinet, il découvrit une reproduction ancienne de cette vue et un dessin sur papier transparent, en très mauvais état et qui peut remonter au xvme siècle.

Au Musée Condé, l'Armoire 81 (Recueil du Bourbonnais) lui donna :

Un plan du château de Montrond, de son enclos et du faubourg de la ville de Saint-Amand ;

Et un second plan (qui figure du reste au VA 29 du Cabinet des Estampes, sur papier transparent),

i. Nous avons nommé M. Charles Barbarin, bibliothécaire honoraire à la Bibliothèque Sainte-Geneviève. Les paroles nous manquent pour lui dire toute notre gratitude.


62 PLANS ANCIENS

de cette même ville de Saint-Amand, avec la butte de Montrond 1.

Reprenons ces documents pièce par pièce.

I

PLAN PAR TERRE DU CHATEAU DE MONTROND

Ce plan est incontestablement la pièce la plus importante de celles que nous venons d'énumérer. Il forme la page 45 du fol. Id 25, mesure dans sa grande largeur 0 m. 74, dans sa hauteur de gauche 0 m. 535 et dans celle de droite 0 m. 550. Il est dessiné à l'encre, teinté en gris, jaune clair et vert clair, sur un fort papier blanc. Les seules indications manuscrites sont : le titre, Plan du chasteau de Mont-Rond, écrit en majuscules imitant le caractère d'imprimerie, une table des lettres-renvois inscrites sur les différentes parties du plan et la mention des quatre points cardinaux.

Il est évidemment antérieur à la destruction de Montrond en 1652 à la suite des événements de la Fronde. Il donne l'état des fortifications après les travaux de l'ingénieur Jean Sarazin, travaux qui se placent entre 1636 et 1646. Ce plan doit être voisin

I. Nous avons voulu vérifier par nous-même l'existence et l'état des documents dont M. Barbarin nous avait remis seulement des photographies. Ce dernier du reste a exigé de nous cette vérification.


74 PLANS ANCIENS

ce bastion et l'on entrait dans les jardins dont l'abbé Hérault nous a laissé une description enthousiaste.

Ils comprenaient essentiellement un jardin à la française divisé en seize carrés bordés d'arbres, les futaies séparées par des allées ; au-dessus de ces futaies, il y avait des terres labourables ensemencées en bled ; à l'ouest, des buissons où il y a du renaissant et même des terrains ingrats au nord.

Ces jardins étaient enfermés par des murs qui existent encore en partie du côté ouest et au-delà du canal du Berry dont le tracé a écorné le coin sud-ouest de ces jardins.

Bs couraient ensuite un peu en retrait de la vieille rue du Petit Vougon jusqu'au chemin de Saint-Amand à Orval (l'actuelle avenue de la Gare) qu'ils rencontraient à quelques mètres du croisement des TroisPerdrix. Ils quittaient ce chemin à la hauteur de l'actuelle rue Jacques-Tissier, rejoignaient à travers les jardins le Pré des Joncs, s'infléchissaient vers le midi en un point où les murailles sont encore debout, rejoignaient la rue du Cheval-Blanc qu'ils quittaient pour venir se raccorder à la rue du Petit-Vougon à peu près à la hauteur de la maison Barbarin.

V PLAN GÉNÉRAL DE SAINT-AMAND

Le plan général de Saint-Amand, manuscrit grand in-folio du xvne siècle, a pris place au Musée Condé de Chantilly, dans l'armoire 81, sous l'étiquette :


PLANS ANCIENS DU CHATEAU DE MONTROND 73

Galerie accostée du Grand Cabinet et de sa tour, puis les bâtiments du Pont de la Chapelle et enfin, les toits des six petits bâtiments de la Basse-Cour. Par-dessus le toit de la Grande Galerie, on aperçoit le sommet du clocher de la Chapelle.

C'est exactement, et je n'en dirai pas plus long, ce qu'on aperçoit sur le plan.

IV

PLAN VISUEL DU CHATEAU DE MONTROND

AVEC SON ENCLOS ET FAUBOURG

DE LA VILLE DE SAINT-AMAND

Tel est le titre du premier dessin que nous montre le musée réuni à Chantilly par le duc d'Aumale {Recueil du Bourbonnais, armoire 81).

Ce dessin semble dater du xvnr 3 siècle ; il est sur parchemin.

En dehors du château qu'il représente exactement sous sa face nord tel qu'il est indiqué par le plan et le dessin qui viennent de passer sous notre critique, il nous montre, et c'est son principal intérêt, la disposition autour du château des jardins dont le plan N° 1 ne contient, à droite et en bas, qu'une petite partie.

Pour arriver du château dans le parc, on traversait par un passage souterrain, dont on a retrouvé une partie comme il sera dit in fine, le Demy-Bastion de l'Entrée ; on passait sur un pont le fossé qui protégeait



DU CHATEAU DE MONTROND 71

souterrain, le reste rentre dans le domaine de la fantaisie pure et nous ne ferons pas à son auteur l'injure de supposer un instant que ce dessin, quoi qu'il annonce, ait été dessiné sur le lieu.

III DESSIN SUR PAPIER TRANSPARENT

Il en est bien autrement du second dessin du même château qui figure au même volume VA 29.

Cette vue, en assez mauvais état, paraît remonter au xvrne siècle. Elle porte en haut et à droite les mots suivants : « Veue du chasteau de St-Amand ou Montrond en Bourboneix, 136 ». Primitivement, l'auteur avait écrit : « en Auvergne ». Puis se souvenant de sa géographie, il avait rayé ces derniers mots, pour y substituer les premiers. A gauche, figurent les mots « les toits d'ardoise ».

En haut du dessin est représenté le château ; au-dessous, des murailles ; au milieu, des frondaisons. A mi-hauteur, le dessin est coupé par un mur paraissant entourer la forteresse ; des personnages circulent et, tout en bas, une issue est indiquée dans une muraille.

Ce dessin est d'autant plus précieux qu'il corrobore point par point le côté nord du plan par terre que nous venons d'analyser.

En effet ce plan indique, au nord et adossés au pont actueld'Orval,lesdeux tours enceignant l'escalier, la Grande Salle, le Grand Logis et sa tour, la Grande



PIÈCE II. — Dessin pfea^ctif de Montrond

exécuté par Grandville en 1651

(Cabinet des Estampes, Id 25 et VA 29)


70 PLANS ANCIENS

accompagné de deux autres disposés en éventail. Ils abordent tous dans le fossé entourant Montrond.

En V, X et Y, autre galerie conduisant des fossés immédiats de Montrond d'abord à un puits placé à proximité de la sortie, puis à la rase campagne.

En Aa, on voit une issue souterraine traversant le sous-sol du bastion de la Vigne et faisant communiquer le fossé de la rampe d'accès au château avec un dernier repli de terrain.

En Bb, en H et en I, autres souterrains faisant communiquer la rampe avec les Grands Jardins, et le fossé de la Grosse Tour avec le bastion de Persan.

Nous reparlerons de ces souterrains dans le chapitre consacré plus loin au plan moderne de Montrond.

II

VUE PERSPECTIVE

La représentation du fort chasteau de Mouron, faict et désigné sur le lieu avec la ville de Saint-Amant, 1651, nous dit l'exergue du dessin perspectif du sieur de Grandville (Cabinet des Estampes, Id 25 et VA 29), ne nous apprend rien, malgré ses vastes dimensions (1 m. 60 sur 0 m. 75), sur les véritables dispositions du château qui nous occupe.

A part le Cher coulant derrière le fort, le Pont d'Orval, Orval lui-même à droite du dessin, SaintAmand au-dessous, les ponts-levis défendus par deux redoutes, les trois cours et quelques entrées de


DU CHATEAU DE MONTROND 69

premières fortifications, en R le Bastion d'Orval, en 0 le Cavalier Saint-Georges.

Les trois premiers ouvrages ci-dessus (la demylune du cavalier, le ravelin d'Orval et celui de SaintGeorges) communiquaient entre eux par des traverses LLL et par la place d'armes P.

Puis, au contact immédiat du château lui-même, se dressaient d'autres moyens de résistance :

En I des pièces appelées Tambour, en M le Grand Cavalier, en N le Petit Cavalier, en O le Cavalier Saint-Georges, en X le Demy-Bastion sous les jardins ainsi que la Fausse Braye Y, puis enfin en Aa le bastion de la Vigne, tels sont les forts qui constituent la dernière ligne.

Ces défenses (demy-lunes, bastions, redans, etc..) étaient édifiées suivant les principes que perfectionnèrent ensuite Vauban puis Cormontaigne : d'abord la fortification rasante, c'est-à-dire des murs garnissant chaque côté des fossés, et, à l'opposé des fossés par rapport à ces murs, de la terre.

Un lecteur attentif remarquera la phrase suivante, inscrite au plan actuellement étudié : « Les lignes ponctuées marquent les passages voûtés pour la communication des pièces et pour les sorties ».

Ces lignes ponctuées sont placées :

En L, entre le bastion de Persan et la tenaille H ; un escalier descend sous terre de la traverse L et se continue en pente douce jusqu'au fossé qui précède un pli de terrain et le petit redan de la tenaille. ,

En M, autre passage qui passe sous le Grand Cavalier,


68 PLANS ANCIENS

Devant ce cavalier, bordant par un escalier la Grande Salle, s'élevait la masse imposante du Donjon ou Grosse Tour B 1. On en voit facilement les restes, dominant la partie sud du Pot à Beurre.

ENSEMBLE DU CHÂTEAU PROPREMENT DIT.

Le château proprement dit était défendu par douze tours reliées par de hautes murailles crénelées l'encerclant de tous côtés et qui, face aux Capucins (au nord), avaient 12 pieds de hauteur, soit 3 m. 902. Des fossés Ce, taillés dans le roc, contribuaient, par leur profondeur, à rendre la forteresse imprenable.

B) DÉFENSES EXTÉRIEURES ET JARDINS

Pour aborder cette puissante forteresse, il fallait d'abord en réduire les ouvrages extérieurs.

Comme nous l'avons dit au début, deux énormes flanquements protégeaient les ponts-levis de l'entrée du Château, Bb, le demi-bastion de Ventrée et H, le bastion de Persan. Ce dernier ouvrage communiquait avec les défenses plus avancées qui sont en K, la Tenaille, à droite de laquelle se trouvait un petit redan ; en Q, la demy-lune du Cavalier, en S le Ravelin d'Orval, en T, le Ravelin de Saint-Georges.

Derrière ce premier rideau se trouvaient encore de ce côté, et dans une situation plus élevée que ces

i. Arch. d'Etréchy, pièces des 16 décembre 1654, 24 mars i68r. 2. Ibid., pièces du 23 juin 1694.


DU CHATEAU DE MONTROND 67

La mesure donnée par l'application de l'échelle sur le plan donne 20 toises ou 39 mètres, la même que porte l'état du 16 décembre 1654.

Un grand escalier, accolé au côté sud du Grand Logis, laissait entrer à l'étage. L'état du 16 décembre 1654 le mentionne 1.

Derrière le grand corps de logis était construite en travers du dénivellement dont je viens de parler, la Grande Salle 2.

Par l'angle ouest du petit côté, elle regardait la Chaume Billeron et, à l'opposé, joutait à l'aspect de la Coterelle, le Donjon.

On y entrait par un escalier 3 construit près d'un autre qui descendait dans la cour, au fond du dénivellement en question. Ce dernier escalier desservait à la fois le sous-sol du grand corps de logis et celui de la Grande Salle.

Devant cette Grande Salle et joutant les remparts dont ils faisaient partie, un escalier tournant entre deux tours. Les ruines de celle de droite sont les seules debout de tout le château.

En contrebas de ces tours, un terre-plein réunit la base de la tour carrée à un cavalier C. Ce cavalier rond était appelé, dit la légende du plan, le Pot à Beurre. La partie sud en existe encore et se trouve à la base du Donjon.

i. Arch. d'Etréchy, pièce du 16 décembre 1654 et autres.

2. Ibid., pièces du 22 juillet 1690, 28 juin 1699, 5 décembre 1654, 16 mai 1694, 24 mars 1681, 22 mars 1694.

3. Ibid., pièce du 5 décembre 1654.


66 PLANS ANCIENS

Cet édifice, orienté, offrait à l'ouest sa porte d'entrée, dans une échancrure du fossé d'entre les cours D et A, près d'une tourelle dont il ne reste que des ruines méconnaissables et dont on a découvert, au cours de fouilles récentes, l'escalier d'accès.

La chapelle avait, d'après le plan, 6 toises (11 m. 70) de longueur sur 4 toises (7 m. 40) de largeur. Cette mesure est corroborée par un état de réparationsdu28juin 16921.

A main gauche, une autre échancrure sur le fossé nous conduit à une tour dont les ruines s'avancent encore sur l'alignement du mur.

Puis, en face et à gauche du pont de la chapelle, le Château.

Cette demeure princière comprenait un principal corps de bâtiments à cheval sur un léger dénivellement qui existe toujours et qui se trouve exactement en face de la seule tour carrée du château. On appelle communément cette tour la Tour de l'Emir.

Ce corps de bâtiments était nommé le Grand Logis 2 et l'indication sur le plan de sa longueur totale, en y comprenant le passage ci-après, soit 18 toises ou 37 mètres, se retrouve sur l'état de démolitions du 16 décembre 16543.

Le Grand Logis était réuni par un passage à une construction qui s'appuyait sur le rempart nord et qu'on appelait la Grande Galerie 4. Elle se terminait par un grand cabinet qui touchait la 4e tour.

i. Arch. d'Etréchy, pièce du 28 juin 1692.

2. Ibid., pièce du 16 décembre 1654 et autres.

3. Ibid., pièce du 16 décembre 1654.

4. Ibid., pièce du 16 décembre 1654 et autres.


DU CHATEAU DE MONTROND 65

aux fortifications et que prolongent, parallèlement aux murailles, six petites constructions au nord et deux grandes au sud. Ces mêmes constructions sont signalées dans un état de réparations du 5 décembre 1654 1 et le dénombrement qui en est fait corrobore les indications du plan.

De ces bâtiments, on avait accès au moyen d'escaliers intérieurs à deux bastions ; l'un, important, au sud, et l'autre, un peu moindre, au nord. Deux des six tours se trouvent au milieu de l'un et l'autre de ces bastions.

COUR DU DONJON D.

La deuxième cour, appelée sur le plan seconde cour du Donjon, communique avec la cour suivante A par un pont appelé le Pont de la Chapelle 2, jeté au travers d'un fossé sans eau. Du côté des Capucins se trouve l'entrée de secours Dd.

La mesure que donne le report sur le plan de l'échelle d'après laquelle il est dessiné, est exactement la même que celle portée sur la pièce dont il vient d'être question et qui figure au chartrier d'Étréchy.

COUR DU DONJON A.

Le Pont de la Chapelle traversé, nous trouvons dans la cour du Donjon, épaulée par la muraille sud, la Chapelle.

i. Arch. d'Etréchy, pièce du 5 décembre 1634. 2. Ibid., pièce du 3 avril 1688.


64 PLANS ANCIENS

qu'aucune tour ne protégeait ce pont ; mais deux ouvrages importants, Bb, demi-bastion de l'entrée, et H, bastion de Persan, la défendaient bien plus efficacement que des tours.

Puis on escalade la montée F bordée sur tout son parcours du côté du midi et partiellement du côté nord par des fossés Ce, taillés dans le roc, dit la légende du plan.

Elle rencontre au niveau du bastion Bb un escalier et, presque en haut de son coins en ligne droite, une porte dont on trouve les fondations dans le sol.

Puis elle conduit à une langue de terre de direction oblique par rapport à elle-même et au milieu de laquelle se trouvent deux ponts, l'un qui descend aux Petits Jardins, VW du plan (propriété Bouriant), et l'autre qui, sautant un fossé, donne accès à la première cour E, dénommée Basse-Cour 1.

Cette langue de terre, si le fossé qui la sépare du château a été comblé, existe dans son ensemble et est toujours délimitée par le vide du côté VW. Face au cavalier O, elle se poursuit encore sur sa longueur ancienne ; mais tous les accessoires ont disparu : les ponts, les murailles, les tours d'entrée du château.

BASSE-COUR E.

La basse-cour E dans laquelle nous entrons est bordée par six tours, outre les murailles, et elle est séparée de la cour D par des bâtiments perpendiculaires

i. Arch. d'Etréchy, pièce du 5 mars 1697.


DU CHATEAU DE MONTROND 63

de 1650, puisqu'en 1646 Jean Sarazin y travaillait encore 1.

Ce plan se divise en plusieurs parties : la lre, le château proprement dit et sa rampe d'accès ; la 2e, les défenses annexes, cavaliers, bastions, demilunes, ravelins, etc.

A) CHÂTEAU PROPREMENT DIT

Le château est construit sur une éminence oblongue, de nature rocheuse. Une rampe y donne accès, du côté du midi.

L'entrée de cette rampe (elle se trouvait à peu près à l'intersection des rues Félix-Pyat et Mazagran) était commandée par un premier pont-levis qui s'appelait Pont de la Barrière 2 et qui enjambait l'un des bras du ruisseau du Chignon. Ce ruisseau, nous le verrons plus loin, donnait toute son eau aux fossés du château 3.

RAMPE F.

Au bout de quelques mètres, on arrive en G du plan au Pont du Grand Corps de Garde*. Il semble

i. Il a été payé au sieur Sarazin, le 27 May 1646, 1.346 1. pour employer aux fortifications de Montrond. Voir l'étude de M. Jean de Goy sur les affaires des Princes de Comté en Berry et en Bourbonriais dans les Mémoires de la Société des Antiquaires du Centre, vol. XLIV, p. 299.

2. Arch. d'Etréchy, pièce du n juillet 1690.

3. Nous verrons, dans l'analyse du « Plan général de Saint-Amand » ci-après, le rôle du Chignon dans Montrond.

4. Arch. d'Etréchy, loc. cit.


PIÈCE I. — Dessin à l'encre et au lavis sur papier fort exécuté vers 1650



PIÈCE IV. — Plan du Château de Montrond et de son enclos au xvme siècle (Château de Chantilly, recueil du Bourbonnais, arm. 81)



DU CHATEAU DE MONTROND 75

Terres de Bourgogne, Berry, etc.. Un décalque de ce plan figure également au Cabinet des Estampes dans le volume VA 29.

Ce document est très intéressant. Il donne en effet la plantation de Montrond par rapport à Saint-Amand et surtout le cours du Chignon y est dessiné de façon soignée, mais sans légende. Nous nous en référerons donc aux indications écrites dans le Plan par terre, déduisant ainsi de la présente pièce des indications précises.

Comme nous avons eu l'occasion de le dire au commencement de cette étude, le Chignon alimentait les fossés du château de Montrond.

Ce ruisseau, actuellement tronqué par la main des hommes, se jette dans la Marmande à la Ravoie, près de l'écluse de Clairins, après avoir passé sous le canal ; il a vu son cours ainsi dérivé lors de la création du Canal du Berry. Son flot, du reste, n'est que d'une petite importance.

Avant ces avatars, le Chignon longeait au midi la ville de Saint-Amand et l'on retrouve encore des traces de son cours dans quelques jardins, malgré l'amputation qui lui a été faite. Il traversait la rue du Cheval-Blanc sur un pont en A 1 et entrait en B dans le parc de Montrond par une ouverture du mur.

Ensuite, se divisant en maints et maints bras communiquant entre eux, il irriguait les Grands Jardins qu'il encerclait ; puis les eaux réunies se séparaient en deux parties.

i. Voir le Plan par terre pour cette indication et les suivantes.

8


76 PLANS ANCIENS

L'une d'entre elles, à l'est du château, passait sous le Pont de la Barrière 1 et tombait dans un fossé H. L'eau y était retenue par une petite levée qui a été faite au-devant du Pont. Elle se dirigeait ensuite dans la direction sud ouest-nord est et rejoignait un large fossé est-ouest.

Ce fossé s'élargissait du côté de Saint-Amand au point L en une pièce d'eau à peu près carrée. Puis, s'écoulant le long du mur de clôture et arrivé vers le Pont du Cher, il obliquait brusquement en M par un déchargeoir, sortait de l'enceinte à l'endroit marqué O par une ouverture du mur de l'enclos et tombait dans le Cher, après s'être réuni à la branche dont nous allons voir le parcours, par le pré des Joncs appartenant à Son A. S. Monsieur le Prince de Condé.

Avant de se déverser en M par le déchargeoir, une partie de l'eau partait en cul-de-sac dans sa direction primitive jusqu'à la côte 19. Entre les points M et 19, au point N un empalement dans le mur de la treille, à 2 pieds et demy au-dessus du fond du canal donnant ouverture à l'eau qui pouvait s'introduire dans le jardin des RR. Pères Capucins, en passant sous ladite treille.

Le second bras du Chignon s'échappait à l'ouest des Grands Jardins et venait longer le mur de clôture du côté du Cher et sortant du parc de Montrond en P endroit où tombe l'eau qui passe dans l'allée faite en fossé qui sert de déchargeoir aux fossés du jardin ' ; laquelle se perd et sourdonne sous le pré des Joncs

i. Arch. d'Etréchy, pièce du n juillet 1690.


PIÈCE V. — Plan général de Sainl^Aj&nd au xvine siècle ^b_Jjr

(Château de Chantilly, terres de Bourgogne, Berry, etc., arm. 81 et Cabinet des Estampes, VA 29)



DU CHATEAU DE MONTROND 77

aux endroits cotés T, ce qui endommage ledit pré en ce qu'auxdits endroits il ne vient que de très mauvaises herbes. Une grille est dessinée sous le mur du Pré aux Joncs.

VI PLAN MODERNE DE MONTROND

Il est curieux de se rendre compte sur un plan moderne des vestiges que cette forteresse a laissés sur le sol.

Ce plan moderne vient d'être dessiné au moyen de photographies prises en avion. Comme chacun le sait depuis les découvertes faites par ce moyen dans l'Afrique du nord, les moindres reliefs du sol se révèlent sur la plaque sensible et le plus léger détail apparaît.

Rien n'est donc plus facile que de contrôler sur le terrain les données de ce plan et voici le résultat des investigations auxquelles nous nous sommes livrés en compagnie d'un architecte de Saint-Amand 1.

L'entrée de Montrond existe tout entière avec ses substructions, sauf le pont-levis G 2 dont la voie d'eau a été fermée par un mur. Une -reconstruction moderne de 7 mètres nous en révèle la largeur.

Le bastion de Persan, qui domine cette entrée, a ses pans de murs debout de-ci, de-là, notamment dans

i. M. Champagne, que nous tenons à remercier ici.

2. Pour cette indication et les suivantes se reporter au Plan ci-joint sur lequel les parties existant actuellement sont indiquées par des pointillés.



PLANS ANCIENS DU CHATEAU DE MONTROND 79

la partie qui entoure le fossé Ce. H rejoint la tenaille K par une longue muraille qui existe encore entière.

Derrière, les pièces appelées Tambour I montrent leurs murs de défense à l'est ; ceux du nord ont été détruits.

La tenaille K forme une protubérance de terrain au nord-est et cette élévation de terre est accentuée par des traces de mur à l'est et au nord.

Deux chemins prennent naissance au nord de cette défense avancée ; le premier contourne les pièces cotées sur le plan Q, S, T et Y pour déboucher sur l'actuelle rue Autel-de-la-Patrie ; le deuxième circonscrit les défenses M, N et 0 pour rejoindre en fin de carrière le chemin précédent.

Du Grand Cavalier M, il ne reste qu'un renflement de terrain.

En revanche un enclos appelé actuellement le pré de l'Hôpital donne exactement la Demy-Lune du Cavalier Q. Les fossés ne sont pas complètement comblés et des murs les circonscrivent encore.

Si du Petit Cavalier N, placé immédiatement sous Montrond, rien ne demeure, des élévations de terre dénoncent le bastion d'Orval R, suivi du Ravelin d'Orval S.

Plus loin, les fossés et les murs qui clôturaient le bastion de Saint-Georges T existent encore et, derrière eux, un exhaussement du sol annonce la défense intermédiaire entre ce bastion et le Cavalier de SaintGeorges 0 dont les traces sont confuses, au moins autant que celles des Petits Jardins V.


80 PLANS ANCIENS

Des murs semblent indiquer la survivance des Petits Jardins X et de la Fausse Braye Y.

Ce que la photographie aérienne ne pouvait donner, à coup sûr, ce sont les souterrains.

Nous avons dit à la fin de l'étude du Plan par terre, en prenant texte d'un renvoi de ce plan, que les lignes ponctuées indiquaient des souterrains.

Ces souterrains se trouvent placés :

En H, L et I, actuellement la propriété de M. A. Thiolat ;

En M, actuellement la propriété de M. Chavaillon ;

En V, X et Y, actuellement la propriété de M. Bouriant ;

En Aa, actuellement la propriété de M. Laumônier ;

En Bb, actuellement la propriété de M. Segret.

Chez M. Antony Thiolat existe la sortie sur le fossé du souterrain de la pièce L. Il se compose d'un boyau principal de 3 mètres de hauteur sur 2 m. 55 de largeur et d'une longueur d'environ 20 mètres ; à gauche en montant sur Montrond, chemine encore, mais l'orifice a été bouché par M. Thiolat — et c'est dommage — un conduit de 0 m. 60 à 0 m. 70 de largeur sur 0 m. 75 de hauteur qui semble avoir été creusé pour l'évacuation des eaux.

Ce souterrain, nous l'avons dit, débouche sur le fossé par une porte dont les parements servent toujours ; on en a retrouvé les ferrures conservées précieusement par M. Thiolat qui a découvert sur les côtés de cette porte deux trous pour y mettre une barre de fermeture. De cette porte, on descendait


DtT CHATEAU DE MONTEOND 81

dans le fossé par un escalier de sept marches, enfouies sous des remblais.

Il est interdit formellement de pénétrer par le Grand Cavalier, territoire de M. Chavaillon qui possède les restes du second souterrain. Si vous avez l'audace d'en escalader les barrières, vous y , trouverez la sortie de la branche principale du souterrain du Grand Cavalier.

Contrairement à M. Thiolat, M. Chavaillon laisse sa propriété en friche. Le souterrain, où vous pénétrez par l'issue dans le fossé, est à demi comblé par des éboulements et on ne peut y avancer qu'avec une peine extrême en escaladant de véritables montagnes de détritus.

De même que chez M. Thiolat, on a découvert, mais à droite en montant sur Montrond, un canal latéral dont les dimensions doivent être analogues à celui dont nous venons de parler. Je n'ai pu en prendre exactement les dimensions, pas plus que celles de la grande partie. Quant aux branches latérales, on n'a pu les retrouver.

M. Bouriant a la fierté de posséder le souterrain le plus long de tous ceux de Montrond. Il a retrouvé sous la terre un boyau limité d'une part par l'escalier de la pièce V et de l'autre par le mur ouest de la pièce Y, près duquel on trouve un puits.

Cette galerie, coupée sur une longueur d'une dizaine de mètres, mesure 3 mètres de hauteur sur 2 m. 65 de largeur. La section la plus proche de la pièce V compte 19 m. 50 de longueur. Sur le côté droit en montant à Montrond, une branche, qui mesure


82 PLANS ANCIENS

5 m. 50 de longueur, desservait la pièce X. La seconde portion de ce souterrain avoisine la pièce Y et s'étend sur une longueur de 12 mètres puis se prolonge jusqu'au mur de l'Y, près du puits qui fournit encore de l'eau à tout ce quartier, mais on ne peut l'approcher.

On ne trouve pas, latéralement, de conduit plus petit, comme dans les souterrains que nous venons d'étudier ; il n'en existe pas davantage dans ceux qui nous restent à voir.

Le Bastion de la Vigne Aa est la propriété de M. Laumônier. Il faut descendre, tout à côté de l'entrée, 17 marches, à l'air libre, entre deux murs d'une construction très homogène, aux pierres taillées et jointoyées, avant d'entrer dans le souterrain par une porte d'une construction semblable à celle des murs qui la précèdent.

Un palier ; quatre autres marches et la galerie s'enfonce sous le sol prenant une direction légèrement oblique à droite, comme celle indiquée par le plan. La mesure sous voûte est, comme chez MM. Bouriant et Thiolat, 3 mètres sur une largeur de 2 m. 65. La longueur est de 25 mètres et ce boyau a été coupé bien avant d'arriver au fossé où, d'après le plan, il devait déboucher.

Ici, une remarque : c'est l'entrée du passage souterrain qu'on trouve sous le bastion de la Vigne, tandis que chez MM. Thiolat et Chavaillon, seule la sortie apparaît et que chez M. Bouriant, la voûte ayant été crevée par son milieu, on n'en peut apercevoir aucune extrémité.

Nous avons été déconcertés, en pénétrant dans la


DU CHATEAU DE MONTROND 83

propriété de M. Segret (M. Dumaillet, locataire), de trouver un vaste boyau haut de 5 m. 50 et large de 4 m. 60, alors que le plan, beaucoup plus modeste, ne lui attribue qu'une largeur bien moindre, comparativement aux autres. Et cependant, il est bien à la place marquée sur le plan...

L'épaisseur du mur sur la sortie — car c'est bien la partie la plus éloignée de Montrond que nous trouvons chez M. Segret — fait fuir toute pensée de construction moderne, quoique ce mur ait été repris extérieurement. Cette galerie a été murée à 9 mètres de la sortie.

Des autres souterrains indiqués dans les pièces H et I par le plan que nous avons rapporté en commençant, il n'en existe pas trace à l'heure actuelle.

Les Saint-Amandois qui habitent près de la porte d'entrée de Montrond se ravitaillent en eau par un puits situé en bas et à gauche de la rampe qui conduit à Montrond. Ce puits est creusé tout près du petit escalier qui descend dans la pièce Bb.

L'architecte-voyer de Saint-Amand, M. Tariot, lors d'une réparation, s'y fit descendre à l'aide de cordes. A une profondeur d'environ 2 mètres il aperçut, murée, l'extrémité d'un petit couloir qui semblait se diriger, autant qu'il put en juger, du côté de Montrond.

Enhardi par cette découverte, il descendit encore et à 7 mètres il trouva une galerie, au sol très propre, qui lui parut prendre la direction du bastion de la Vigne et qui, construite en pierres jointoyées, mesurait de largeur 1 m. 20 et de hauteur 1 m. 70. Il allait s'y


84 PLANS ANCIENS

engager, quand un faux mouvement le précipita dans le puits où il se serait infailliblement noyé s'il n'avait été soutenu par ses cordages.

Du coup, il se fit remonter et on ne saura jamais où ce boyau l'aurait conduit !

Nous voici bien loin du plan moderne de Montrond !

Il n'y a plus qu'un mot à dire sur l'acropole de Montrond et ses restes.

Ils sont, hélas, bien peu nombreux. Nous les avons au surplus énumérés pour la plupart au cours des pages précédentes.

En remontant le fossé qui longe au midi la descente F, on aperçoit quelques pans de murs qui, au faîte, tournent vers l'ouest en même temps que cette rampe.

Plus près du château proprement dit, quelques murailles qui constituaient sa défense immédiate sont toujours debout autour de l'emplacement de la Chapelle et de sa tour.

On devine l'emplacement de la Grosse Tour B et du Pot à Beurre C.

Plus loin, la tour qui domine Saint-Amand à l'est est la seule à nous montrer ses pierres branlantes au milieu d'une croisée d'ogive effondrée.

Plus loin encore, devant l'avenue de la Gare (l'ancienne chaume Billeron), on retrouve le soubassement carré qui se trouvait exactement en face le Grand Logis...

Puis, des murailles à moitié démolies qui tombent l'une après l'autre dans des fossés qu'elles achèvent de combler...


DU CHATEAU DE MONTROND 85

C'est tout...

De cette forteresse, de ce château, asile des Sully et des Condé, il ne reste que des ruines devant lesquelles on se prend à murmurer ces vers du poète :

Ce castel autrefois si beau, Hélas ! voilé de lierres sombres, Appartient au passé ! Ce n'est plus qu'un tombeau Habité par des ombres !



NOTES GENEALOGIQUES

par Gonzague CORBIN DE MANGOUX 1

DE THIANGES

SEIGNEURS DE THIANGES, CHAMPALLEMENT

GRENAT, GDRY, LE CREUZET, COUST, TADLLET,

BOIS-CHAILLOU, LES BARRES, LA BEUVRIÈRE, MAUTRAIT,

SATNT-GEORGES-SUR-LA-PRÉE, BLET, LE PÉE,

LE BONNEAU, VALIGNY, LE BREUTL-ESCHART,

BORT-PESCHIN, MAUSSAT

PARAY-LE-FRESTL, BOULET, VALERY, MAREUIL, ETC..

EN NIVERNAIS, BERRY,

BOURBONNAIS, BOURGOGNE ET POITOU

BARONS DU ROULET, COMTES DE BORT,

MARQUIS DE LUSSAT, COMTES DE THIANGES

i. Je tiens à associer mon frère Bernard Corbin de Mangoux de Lavèvre à ce travail rédigé par moi sur des notes prises par nous deux.


88 NOTES GÉNÉALOGIQUES

ARMES : à"or à trois tiercefeuilles de gueules 1, alias d'argent à trois trèfles de gueules, alias d'azur à trois trèfles d'argent.

I. GUILLAUME DE THIANGES, seigneur de Thianges 2 et de Rosemont 3, rend hommage en 1218 de la terre et seigneurie de Souvigny à Archambault de Bourbon. En 1223, il rend hommage de la terre de Rosemont et meurt avant 1235 laissant pour enfants :

1° Guillaume DE THXANGES, qui suit.

2° Arnoul DE THIANGES qui, en 1235, fait partie

du Conseil des Grands Vassaux du Comte de

Nevers 4.

i. D'après l'Armoriai Général, les armes des de Thianges seraient : d'argent à trois trèfles de gueules ; nous croyons pourtant que les véritables armes de cette famille sont : d'or à trois tiercefeuilles de gueules ; c'est ainsi que le sceau d'Erard de Thianges, seigneur de Valéry, était en 1302 : un écu à 3 tiercefeuilles accompagnées d'un lambel ; celui de Guillaume de Thianges, sire de Marolles en 1316 : trois tiercefeuilles, 2 et 1, brisées d'un lambel de 3 pendants, l'écu droit accosté de deux dragons. Inscription : « scel de Guillaume de Tyanges, sires de Marolles-Chevalier ».

2. La seigneurie de Thianges, canton de Decize (Nièvre), resta dans la famille de Thianges jusqu'à la mort d'Erard de Thianges, sire de Valéry vers 1365 ; elle dut alors être saisie ou achetée par le Duc de Nevers qui la céda en 1367 à Hugues de Digoine, fils de Guillaume, seigneur de la Perrière. En 1472, cette terre passa dans la maison de Damas par le mariage d'Anne de Digoine avec Jean de Damas, fils de Jacques, seigneur de Marcilly, et de Claude de Mello; elle appartient actuellement au comte Maxence de Damas.

3. Commune de Luthenay-Uxeloup, canton de Saint-Pierrele-Moûtier (Nièvre).

4. René de Lespinasse, Le Nivernais et les Comtes de Nevers (Paris, 1911, II, p. 169).


NOTES GÉNÉALOGIQUES 89

II. GUILLAUME DE THIANGES, seigneur de Thianges, Grenat, Rosemont transige en 1243 avec Mahaut, comtesse de Nevers au sujet d'usages dans les bois d'Imphy. En 1244, Archambault de Bourbon donne à son « amé et féal » Guillaume de Thianges la moitié du port du Veurdre 1. Guillaume épouse Agnès, dame DE LUCENAY, dont il eut au moins trois enfants :

1° Hugues DE THIANGES 2, qui suit.

2° Guillaume DE THIANGES, auteur de la branche

de Champallement. 3° Jean DE THIANGES, auteur de la branche de

Giry.

III. HUGUES DE THIANGES, seigneur de Thianges, Valéry 3, Marolles 4, rend hommage à Thibault V, comte de Champagnac, des biens provenant de sa femme N. DE VALÉRY 5, fille d'Hugues,

i. Arch. de l'Allier N. P. 464.

2. Nous avons considéré les de Thianges, seigneurs de Valéry, comme étant les aînés car ils gardèrent la seigneurie de Thianges ; toutefois, nous tenons à faire remarquer que les seigneurs de Valéry portaient un lambel dans leurs armes.

3. Commune de Vallery (Yonne). Le château de Valéry appartint au XVTI 8 siècle aux Princes de Condé.

4. Commune de Chéroy (Yonne).

5. N... de Valéry descendait de Jean de Valéry qui épousa, vers 1160, Agnès de Melun d'où : a) Jean de Valéry, qui suit.

b) Hugues de Valéry qui, de Odon des Barres, eut : N... de Valéry, épouse d'Hugues de Thianges. c) Emensarde de Valéry, d) Isabelle de Valéry. Jean II, sire de Valéry, épousa : Agnès des Barres. 2° Clémence de Noyers, dame de Fouvens, d'où : a) Erard de Valéry (f 1277) qui n'eut pas d'enfants de Marguerite, dame de Fins-en-Berry (Marguerite de Mello ?). b) Guillaume de Valéry, chanoine de Sens.

c) Jean de Valéry, épousa Marguerite dont la maison est inconnue ; sans postérité, d) Miles de Valéry, vivant en 1248.


90 NOTES GÉNÉALOGIQUES

sire de VALÉRY et d'Odon DES BARRES. De ce mariage il eut, au moins :

1° Érard DE THIANGES, qui suit.

2° Hugues, seigneur DE THIANGES, chanoine de

Chartres, qui meurt avant 1311, laissant ses

deux frères pour héritiers 1. 3° Guillaume DE THIANGES, auteur de la branche

de Marolles.

W. ÉRARD DE THIANGES, sire de Valéry, puis seigneur de Thianges à la mort de son frère, est en procès en 1291 avec Jean de Chalon, ancien comte d'Auxerre ; il arbitre en 1309 2 un litige entre Charles, comte de Valois, et le prieur de Saint-Arnoult. En 1316, Érard de Thianges donne une procuration pour savoir si la terre de Thianges relève de Nevers 3. Il avait épousé 4 sa cousine, Alix DE THIANGES, fille de Guillaume, seigneur de Champalement, et de Marguerite DE SANCERRE dont il eut :

Érard DE THIANGES, qui suit.

V. ÉRARD DE THIANGES, sire de Valéry, seigneur de Thianges, est nommé par le Roi Goui.

Goui. Nat. Fonds Chérin 194, Thianges, art. 2 (3.835, page n).

2. Bibl. Nat. Fonds Chérin 194, Thianges, art. Ier (3.835, page n),

3. Bibl. Nat. Fonds Chérin 194, Thianges (note de Chérin) (3.835. page n) et René de Lespinasse, op. cit. (II, p. 434).

4. D'après MM. de Elamare et de Villenaut, Erard de Thianges était, en 1302, époux d'Agnès de Longwy (Bourgogne), dame de Buxy-en-Auxois, veuve de Jean de Châtillon (de Flamare et de Villenaut, Nobiliaire de Nivernais, Nevers, 1900 ; p. 501).


NOTES GÉNÉALOGIQUES 91

verneur du Nivernais en 1353 1 et le reste jusqu'en 1359 ; il meurt vers 1365. Érard de Thianges se maria deux fois ; le nom de sa première femme est inconnu, sa deuxième épouse est ALIX DE COURTENAY 2, fille de Jean, seigneur de CHAMPIGNELLES et de Marguerite DE SAINT-VERAIN.

Du premier lit sont issus :

1° Agnès DE THIANGES, qui épousa : 1° Gilles DE SOYECOUET 3, échanson de France, fils de Gilles et de Marguerite DE LA TOURNELLE ; 2° Robert DE DREUX 4, seigneur de Beu, fils de Robert et de Jeanne DE VENDÔME.

I. De Lespinasse, op. cit. (II, p. 434).

2. Père Anselme, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France, des Grands Officiers de la Couronne et de la Maison du Roi (i'aris, 1717, tome I, p. 231 E, Courtenay).

3. De son premier mariage, Agrès de Thianges eut deux enfants : a) Gilles de Soyecourt, qui suit, b) Jeanne, épouse de Mathieu de Hangest dont un des descendants, Jean de Hangest, seigneur d'Ivoy, joua un rôle important à la tête des protestants pendant les guerres de religion en Berry. Gilles de Soyecourt épousa Blanche de Pecquigny, d'où : a) Charles de Soyecourt, qui suit, b) Marguerite de Soyecourt. c) Suzanne, épouse d'Aubert de Hangest. — Charles de Soyecourt épousa : 1° Isabeau de Chatillon. 20 Emmelaye de Norstembeck, d'où, du 1" lit : a) Charles de Soyecourt. b) Jacques de Soyecourt, époux de Catherine d'Aumont. c) Marie de Soyecourt.

d) Jeanne de Soyecourt, épouse de Jean Malet, vicomte de Corbeil.

e) Isabeau de Soyecourt. f) Louise de Soyecourt. g) Catherine de Soyecourt, épouse de Philibert de Vaudrey. h) Adeline de Soyecourt, épouse de Pierre Ger ; — du 2e lit : i) Louis de Soyecourt épouse Blanche de Nesle, 20 Marie de Villiers. j) Isabelle de Soyecourt.

4. De son deuxième mariage, Agnès de Thianges eut : a) Robert IV de Dreux qui épouse Yolande de Trie, b) Marguerite de Dreux épouse, avant 1379, Roger de Hellenvillier, seigneur de Bagnoux, d'où Roger de Hellenvillier, seigneur de Bagnoux.


92 NOTES GÉNÉALOGIQUES

2° Marguerite DE THIANGES qui épousa : 1° Etienne DE COURTENAY, seigneur DE TANLAY, fils de Philippe et de Philiberte DE CHATEAUNEUF ; 2° Gaucher, seigneur DE MELLIGNY \

De son deuxième mariage, Érard de Thianges eut :

3° Anne DE THEANGES, épouse de Jean DE COURTENAY, seigneur DE LA FERTÉ-LOUPIÈRE ; sans postérité.

En 1417, Anne de Thianges donne ses biens à son cousin Jean de Courtenay, seigneur de Bléneau 2.

BRANCHE DE MAROLLES

s

IV. GUILLAUME DE THIANGES, chevalier, seigneur de Marolles, fils d'Hugues, sire de Valéry, est, en 1311, héritier de son frère Hugues 3, chanoine de Chartres. De Hélissande DES BARRES, il eut :

V. ÉRARD DE THIANGES, seigneur de Marolles et de Ville-Thierry 4, vend, en 1332, tous ses droits

i. Père Anselme, op. cit. (Tome I, page 242 E.)

2. Jean de Courtenay, seigneur de Bléneau, était le cousin germain d'Anne de Thianges car il était fils de Pierre de Courtenay, seigneur de Champignelles, et d'Agnès de Melun. Ce Pierre de Courtenay était frère d'Alix de Courtenay, mère d'Anne de Thianges.

3. Bibl. Nat. Fonds Chérin 194, Thianges (3.835, p. 11, acte 2).

4. Paroisse de Chéroy (Yonne).


NOTES GÉNÉALOGIQUES 93

dans la forêt de Pleinseuil 1. En 1362, il vend encore divers droits au chapitre de Saint-Benoit-le-Bientournô à Paris 2. De N., dame D'EGREMENT, il laisse :

1° Érard DE THIANGES, qui suit.

VI. ÉRARD DE THIANGES, chevalier, seigneur de Marolles, affranchit Raoulet de Villeneuve le mercredi 9 décembre 13663. Il épouse : 1° Jeanne LE BOUTEILLER DE SENLIS, fille de Raoul et de Marguerite DE COURTENAY ; 2° Marie DE HÉMERY 4, veuve en 1407.

Du premier lit, sont issues :

1° Isabelle DE THIANGES, épouse, en 1397, Jean, seigneur DE MONTANGLANT, d'où une fille, Catherine, qui épousa PERRIN DE VENDÔME 5.

2° Pernelle DE THIANGES, épouse : 1° Jean DE VERDELOT ; 2° Philippe DE MOULANS, seigneur de Villiers, près Provins ; Pernelle mourut en 1440 sans postérité, laissant ses biens à Jean de Courtenay 6, seigneur de Bléneau.

i. Arch. départ, de VYonne.

2. Bibl. Nat. Fonds Chérin 194, Thianges (3.835, p. n, acte 9).

3. Bibl. Nat. Nouveau d'Hozier 312, Thianges (7.270, p. 60).

4. Le 10 novembre 1407, Marie de Hémery veuve d'Erard de Thianges, chevalier, seigneur de Marolles, fait hommage au Roi de la terre de Ville-Thierry (Bibl. Nat. Nouveau d'Hozier 312, Thianges, 7.270, p. 55).

5. Bibl. Nat. Pièces Originales 2.820, Thianges (62.737, P. 5^)-

6. Bibl. Nat. Pièces Originales 2.820, Thianges et Père Anselme, op. cit. (tome I, pp. 231 et 240).

Parenté de Pernelle de Thianges et de Jean de Courtenay :


NOTES GÉNÉALOGIQUES

Du 2e lit, il eut :

3° Gilet DE THIANGES, mort jeune.

4° Pierre DE THIANGES 1, mort sans alliance.

BRANCHE DE CHAMPALLEMENT

III. GUILLAUME DE THIANGES,' chevalier, seigneur de Champallement 2 (à cause de sa femme), fils de Guillaume, seigneur de Thianges et d'Agnès de Lucenay, épouse Marguerite DE SANCERRE, fille

i. Bibl. Nat. Nouveau d'Hozier 312, Thianges (7.270, p. 55).

2. MM. de Flamare et de Villenaut prétendent par erreur que Champallement vint aux Thianges par les des Barres, en l'occurence par N... des Barres, femme de Guy de Thianges. l.a terre de Champallement fut apportée aux Sancerre par Marie de Lonzy ; par Marguerite de Sancerre elle vint aux de Thianges. Du reste, ceux-ci n'en possédaient qu'une partie ; en 1363, Arnoul de Bonnay était seigneur de l'autre partie à cause d'Isabeau de Sancerre, sa femme. (De Courcelles, Histoire des Pairs de France, Paris, 1S24,111, Bonnay).


NOTES GÉNÉALOGIQUES 95

de Jean 1, [petite-fille d'Etienne, comte de Sancerre, et

de Marie DE DONZY (alias Alix ou Mahaut de Donzy)].

Guillaume de Thianges et sa femme affranchissent

en 1276 les habitants de Beaumont et leur accordent

différents droits 2. De ce mariage sont issus :

1° Guillaume DE THIANGES, qui suit.

2° Alix DE THIANGES, qui épousa Érard DE

THIANGES, sire DE VALÉRY. 3° Probablement, Isabelle DE THIANGES qui, en 1312, était veuve d'Odet DES BARRES, seigneur de Cours-les-Barres 3.

IV. GUILLAUME DE THIANGES, seigneur de Champallement, est présent en 1320 aux Jours de Troyes. Il épouse N. DES BARRES 4, soeur de Guy

i. Cette ascendance de Marguerite de Sancerre est donnée par Chérin comme probable ; après étude, elle nous a paru certaine. La Thaumassière mentionne bien Tcan de Sancerre, fils d'Etienne et de Marie de Donzy, mais il n'indique ni alliance ni postérité.

2. De Lespinasse, op. cit. (II, p. 322).

3. De Kersers, Statistique monumentale du Cher, IV, p. 232.

4. Certains auteurs ont prétendu que les des Barres de la Nièvre et du Berry n'ont rien de commun ni avec les des Barres, seigneurs d'Oissery, ni avec le chef de la cavalerie française à Bouvines ; il nous semble certain que les des Barres de la Nièvre appartiennent à la famille des seigneurs d'Oissery puisque Guillaume des Barres, seigneur de La Guerche, fit don à l'Eglise Cathédrale de Nevers de 60 sols de rentes à prendre sur Oissery (Obituaires de la Province de Sens).

Frédulus des Barres, seigneur d'Oissery en Brie, fut le père de Guillaume des Barres, seigneur d'Oissery qui, de Helissande de Chaumont, eut, entre autres : Odon des Barres, seigneur de Chaumont, qui épousa Héloïse dont la Maison est inconnue ; d'où, entre autres, Pierre des Barres, seigneur de Chaumont qui, de Aalis, sa deuxième femme, eut : a) Guillaume, seigneur de Chaumont. b) Guy des Barres qui épousa Héloïse, dame d'igournay. c) N... des Barres qui épousa Guillaume de Thianges.


96 NOTES GÉNÉALOGIQUES

des Barres, chevalier, seigneur d'Igournay, dont il eut :

1° Guy DE THIANGES, qui suit.

2° Guillaume DE THIANGES, vivant en 1331 \

3° Érard DE THIANGES, vivant en 1331l.

4° Alix DE THIANGES, épouse : 1° Érard III, seigneur DE NANTEUIL, dans la Montagne de Reims ; 2° Jean DE CHATEAUVTLAIN, seigneur DE LUZY, dont elle était femme en 1353 2.

V. GUY DE THIANGES, chevalier, seigneur de Champallement et d'Igournay, est reçu en 1327 à l'hommage pour 260 livrées de terre provenant de la succession de son Père 3. En 1331, il hérite avec ses frères, Guillaume et Érard, de son oncle Guy des Barres et, en 1345, il fait un don aux religieuses de Notre-Dame de Nevers 4. Il mourut le lundi après le 15 août 1349 et fut enterré dans l'abbaye de Bouras 5.

De Marguerite DE FONTENAY 6, fille de Geoffroy

i. Abbé de Marolles, Titres de Nevers. Colonnes 141 et 498.

2. Père Anselme, Histoire généalogique et chronologique des Pairs de France (Paris, 1726, II, p. 345 F).

3. René de Lespinasse, op. cit. (II, p. 474).

4. Abbé de Marolles, op. cit., colonne 145.

5. Sur la tombe de Guy de Thianges se trouvait l'inscription suivante : « Ici gist Messire Guy de Thianges et Champallement, « chevallier (sic), qui trépassa le lundi après la Notre-Dame Mye « Août l'an de Grâce M. C. C. C. X. X. X. X. et neuf - Pries Dieu « por lame • (Abbé de Marolles, op. cit., colonne 145).

, 6. MM. de Flamare et de Villenaut, op. cit., p. 564. Chérin prétend que Marguerite de Fontenay était fille de Jean de Fontenay, seigneur de Cresancy.

E» tout cas, en 1352, Marguerite de Fontenay était remariée à Guyot de Glanon (Abbé de Marolles, op. cit., Champallement).


NOTES GÉNÉALOGIQUES 97

DE FONTENAY, chevalier, seigneur DE BOUSQUETAUT. il eut :

1° Marguerite DE THIANGES X épouse : 1° Hugues 2, seigneur DE LESPINASSE et de Changy ; 2° vers 1376, Jean DE COURTENAY 3, seigneur de CHAMPIGNELLES, dont elle était veuve en 1392. Elle mourut le 31 décembre 1413.

2° Jeanne DE THIANGES épouse Pierre DE NOURY, chevalier, seigneur de Noury et Champallement en partie.

i. Le Père Anselme spécifie que Marguerite de Thianges était fille unique de Guy et de Marguerite de Fontenay ; ce fait a peut-être incité MM. de Flamare et de Villenaut à faire de Pierre de Noury un troisième mari de Marguerite de Thianges. En réalité, Guy de Thianges et Marguerite de Fontenay eurent deux filles comme le prouvent les lettres de 1352 mentionnées par l'Abbé de Marolles (op. cit., colonne 142).

2. Hugues de Lespinasse, fils de Damas, seigneur de Lespinasse, et de Marguerite de Saint-Bury, servit en Castille en 1368 sous les ordres de du Guesclin. De son mariage avec Marguerite de Thianges, il eut au moins : a) Jean de Lespinasse, seigneur de Lespinasse qui épousa Odette de Lespinasse, fille de Philibert, seigneur de la Clayette. b) Philibert de Lespinasse, seigneur de Champallement et d'Igournay, mort après 1421. c) Oudart de Lespinasse, seigneur de Champallement, qui épousa Marguerite de Fontenay, dame de Pougues. d) Louise de Lespinasse, femme de Josserand de Sercey. e) Catherine de Lespinasse qui épousa avant 1422 Girard de Bourbon, seigneur de la Boulaye.

De Lespinasse porte : fascé d'argent et de gueules de huit pièces.

3. Le Père Anselme prétend que Jean de Courtenay épousa Marguerite de Thianges en 1368 : cette date ne peut être exacte puisque Hugues de Lespinasse ne mourut que peu avant le 7 septembre 1374.


98 NOTES GÉNÉALOGIQUES

BRANCHE DE GIRY

III. JEAN DE THIANGES, chevalier, seigneur de Rosemont et Giry, fils de Guillaume, seigneur de Thianges et d'Agnès de Lucenay, épouse Falca 1, dame d'UssEL, puis, en deuxièmes noces, Marguerite de SANCERRE, veuve de son frère Guillaume.

Du premier lit, sont issus :

1° Guillaume de THIANGES, qui suit. 2° Isabelle de THIANGES épouse : 1° Guillaume de NEVERS 2, chevalier, seigneur de CHARENCY et de Beaudéduit ; 2° Damas de LESPINASSE, chevalier, seigneur de CUISILLY.

IV. GUILLAUME DE THIANGES, chevalier, sire de Rosemont, seigneur de Giry, rend hommage de Giry en 1323 et 13413. Dans des lettres données en septembre 1345 par Pierre de Bourbon, comte de Clermont, il est aussi qualifié de seigneur du Creuzet et de Paray-le-Fresil 4, ce qui semble indiquer

i. Dom Betencourt. Noms Féodaux (Paris, 1867, II, pp. 16 et 17). A cette époque, la terre et seigneurie d'Ussel appartenait aux du Chastel, alias du Château ; Falca, dame d'Ussel, devait donc être de cette famille.

2. Isabelle de Thianges, de son premier mariage, eut au moins une fille, Jeanne de Nevers, pour laquelle Damas de Lespinasse rendait foi et hommage de Charency en 1323 et 1327 (Abbé de Marolles, op. cit., colonne 212).

5. Abbé de Marolles, op. cit., colonne 124.

4. Bibl. Nat. Nouveau d'Hozier 312, Thianges.


NOTES GÉNÉALOGIQUES 99

que Guillaume de Thianges aurait épousé une CHALLEU 1. En tous cas, il fut père de : 1° Jean de THIANGES, qui suit. 2° Érard de THIANGES, auteur de la branche

du Creuzet. 3° Alix de THIANGES, épouse Jean de MALESSET et transige 2 en 1275 avec son neveu Philibert, seigneur du Creuzet.

V. JEAN DE THIANGES 3, sire de Rosemont, seigneur du Pont, Tournay, Giry, Saint-Didier, fait en 1349 aveu de la grange de Chalmant. Il épouse : 1° N. de BROSSE 4, fille de Louis de BROSSE et de Jeanne de SAINT-VERAIN. Jean de Thianges fait aveu de Tannay en 1352, à cause de sa femme. 2° Marie de SAINT-PALAIS, fille de Pierre II, laquelle épouse, en 1356, Jean de Crux, chevalier.

De son premier mariage, Jean de Thianges eut au moins :

1° N. de THIANGES, dame de Giry, qui épouse N. de MÉRY, d'où un fils, Gérard de MÉRY, qui fait aveu de la moitié de Giry en 1384.

i. Les Challeu étaient déjà en 1200 seigneurs du Creuzet.

2. Bibl. Nat. Nouveau d'Hozier 312, Thianges.

3. Sceau de Jean de Thianges : un cavalier armé portant un bouclier avec trois trèfles (Abbé de Marolles, op. cit., colonne 169).

4. N... de Brosse était soeur de Marguerite de Brosse, femme de Guillaume Comptour, seigneur d'Apchon, comme le prouve l'hommage de Tannay fait par Jean de Thianges et le seigneur d'Apchon en 1352 (Abbé de Marolles, op. cit., colonne 166).


100 NOTES GÉNÉALOGIQUES

2° Jeanne de THIANGES * qui épouse N. de MELLO (probablement, Jean de Mello), fils de Guillaume de MELLO et de Marie de CHATE AUVXLAIN .

BRANCHE DU CREUZET I.

V. ÉRARD DE THIANGES, chevalier, seigneur de Giry en partie, fils de Guillaume, sire de Rosemont, épouse Jehanne CHALLEU 2, dame du BREUTL-ESCHART, du Creuzet et de Paray-le-Fresil en partie, fille de Jehan et de N. de BROSSE. En 1353, Érard de Thianges fait hommage d'une partie de la terre de Brosse à

i. M. de Maussabré, dans sa Généalogie de Saint-Palais (Mém. Ant. du Centre, vol. XIII), mentionne le mariage de Jean de SaintPalais avec Jeanne de Thianges. S'agit-il de la femme de Jean de Mello ? Cela semble probable mais nous n'avons rien trouvé le confirmant.

2. Jehanne Challeu, alias Chaillo, alias Chalhoe, descendait de Guillaume Armand Challeu, seigneur du Creuzet en 1277, père de :

a) Raoul, qui suit, b) Catherine, épouse de Chatard-Brun du Peschin. —■ Raoul Challeu, Grand Bailly d'Auvergne en 1321, membre du Parlement en 1322, épouse N... des Barres, fille de Odon des Barres, seigneur du Breuil-Eschart, d'où : a) Pépin, qui suit.

b) Jehan Challeu qui épouse N... de Brosse, d'où Jehanne Challeu, dame du Breuil-Eschart, épouse d'Erard de Thianges. c) Agnès Challeu, femme de Foulques du Peschin.

Pépin Challeu, seigneur du Creuzet, épouse N... de Charenton, fille de Guillaume, seigneur de Trezy et d'Héloïse de Satires (renseignement communiqué par le Baron de Lanauze), d'où Agnès Challeu, épouse de Jean, bâtard de Bourbon, qui, décédée sans postérité, partagea ses biens entre les Thianges et les du Peschin.

Challeu porte : d'argent au sautoir engrelé de gueules.

M. Gandilhon, dans son Inventaire des Sceaux du Berry (Bourges, Tardy, 1933), donne la description du sceau de Raoul Challeu : « un écu aux losanges accolés rangés en sautoir ».


NOTES GÉNÉALOGIQUES 101

cause de sa femme. Il vivait encore en 1366. De son mariage, il eut au moins :

1° Philibert de THIANGES, qui suit.

VI. PHILIBERT DE THIANGES, seigneur du Creuzet, Paray-le-Fresil et du Breuil-Eschart, reçoit le mercredi après la fête de la Sainte Vierge 1375, quittance de sa tante Alix pour solde de sa dot à elle promise lors de son mariage avec Jean de Malesset. Le 4 mai 1407, il fait aveu du Creuzet à Marguerite, Dauphine d'Auvergne, comtesse de Clermont, à cause de la baronnie de Charenton. Philibert de Thianges épouse en 1382 Alix de SULLY, dame de Blet, veuve de Pierre de Saint-Quentin ; elle mourut le 2 juillet 1399. Il partagea, le 4 mai 14071 ses biens par acte reçu Simon de Touzelles, notaire à Charenton ; ses enfants mentionnés au partage sont :

1° Guillaume de THIANGES, qui suit.

2° Jehan de THIANGES, seigneur de Paray-leFrésil 2.

3° Philibert de THIANGES, mort sans postérité avant 1407.

VIL GUILLAUME DE THIANGES, chevalier, seigneur du Creuzet, épouse par contrat du dimanche

i. Arch. de Thianges.

2. Nous ne savons ce que devint Jean de Thianges ; nous n'en avons pas trouvé trace postérieurement au partage de 1407.


102 NOTES GÉNÉALOGIQUES

après la Saint-Vincent 1394 1, Bellassès de SULLY, fille de Guy 2, chevalier et de Bellassès de MAGNAC, qui avait en dot la terre de Buxières d'Ailhat (ou d'Aillac). Guillaume de Thianges meurt avant 1420 et en 1433 Bellassès de Sully était femme de Charles de Culant. De son mariage, Guillaume laissa :

1° Jacques de THIANGES, qui suit.

2° Jean de THIANGES, vivant en 14203.

3° Louise de THIANGES 3, vivant aussi en 1420.

4° Marguerite de THIANGES qui épouse Louis de SCORAILLES 4, seigneur de la Gibaudière.

5° Péronnelle de THIANGES qui était, en 1447, veuve de Louis de CHÉRY 5, seigneur du Moulin-Porcher.

i. La date de ce mariage varie suivant les auteurs. Chérin prétend qu'il eut lieu le 20 janvier 1393 ; dans le Nouveau d'Hozier, nous avons trouvé la date de 1401. Celle que nous avons choisie comme étant la plus probable est celle indiquée par le Père Anselme et Moreri.

2. La Thaumassière (Histoire de Berry, livre IX, chap. xx) prétend par erreur que Bellassès de Sully était fille de Geoffroy, seigneur de Beaujeu, et de Catherine de Veaulce.

3. Mentionnés par La Thaumassière (Hist. de Berry, livre IX, chap. xx).

4. De ce mariage est issu Pierre de Scorailles, seigneur de la Gibaudière, qui épousa, le 28 avril 1499, Jeanne de Ponnard, fille de François Sauvage de Ponnard, et d'Anne de Pontet ; contrat passé par Jean Roux et Guillaume Foucheret, notaires aux Aix-d'Angillon.

5. Louis de Chery, de son mariage avec Peronelle de Thianges, eut au moins : a) Jean de Chery, seigneur du Moulin Porcher, qui épousa Dauphine de la Souche d'où postérité, b) Jacques de Chery. c) Guillemette de Chery, femme de Jacques des Barres, seigneur de la Poserie. (Bibl. Nat. Carrés d'Hozier 491 et Dossiers bleus 518).


NOTES GÉNÉALOGIQUES 103

VIII. JACQUES DE THIANGES, chevalier, seigneur du Creuzet, épouse par contrat reçu Pierre de Bon, notaire à Issoudun, le 31 janvier 1429, demoiselle Jehanne TURLIN 1, dame de LA MOTHE et LA BEUVRIÈRE Il est nommé, en 1442, chambellan du Roi et plaida en 1447 contre N. de Chastellus, seigneur de Chateaumorand, qui s'était emparé de la seigneurie du Breuil-Eschart 2. Jacques de Thianges et sa femme font leur testament le 18 juin 1467 devant Pierre de Touzelles. Ils ne laissèrent que deux filles :

1° Bellassès de THIANGES, qui suit.

2° Jehanne de THIANGES qui épouse, par contrat reçu Jean Couldreau, notaire à Issoudun 3, le 4 janvier 1453, Jacques de la MARCHE, écuyer, seigneur de MONTLEBEAU.

IX. BELLASSÈS DE THIANGES, dame du Creuzet, de Mautrait, la Beuvrière, épouse le 8 janvier 1453, par contrat reçu Porcheron, notaire à Issoudun, Charles de VILLELUME 1, chevalier, seigneur de LA ROCHE-OTHON ; une clause de ce contrat spér.

spér. Nat. Nouveau d'Hozier 312 (7.270, p. 42).

2. La seigneurie du Breuil F^schart se trouvait sur le territoire de la commune de Bannegon IC her) mais nous n'avons pas pu situer exactement ce château qui fut construit par Pierre des Barres. En 1222, celui-ci reconnaissait tenir cette forteresse de son parent Archambaud de Bourbon qui pouvait l'occuper en cas de besoin (Dom Betencourt, op. cit., 1, p. o(>).

3. Charles Barbarin, La Croix du Cimetière de Coust et son inscription (Mém. Ant. du Centre, vol. XL, p. 273).

4. Charles de Villelume était fils de Michel de Villelume, écuyer, seigneur de la Roche-Othon, qui avait épousé le 25 mai 1406 Marguerite le Borgne.


104 NOTES GÉNÉALOGIQUES

cifie que l'un des fils issus de ce mariage devra relever le nom et les armes de la maison de Thianges. Us eurent pour enfantsx :

1° Guillaume de VILLELUME 2, seigneur de LA

ROCHE-OTHON. 2° Hugues de VILLELUME, dit de THIANGES,

qui suit. 3° Marguerite de VILLELUME qui épouse : 1° Jean

de CONTEEMORET ; 2° Pierre, seigneur

D'APREMONT. 4° Orable de VILLELUME.

I. Charles de Villelume dut mourir en r472 car le 8 septembre de cette même année avait lieu la nomination d'un tuteur pour ses enfants (Abbé Peynot, La Combraille, Guéret, 1931). L'Abbé Peynot indique que Charles de Villelume et Bellassès de Thianges eurent neuf enfants et que Guillaume, l'aîné, avait, en 1472, 14 à 15 ans ; nous n'avons trouvé les noms que de quatre de ces enfants.

2. Guillaume de Villelume, seigneur de la Roche-Othon, épousa, par contrat du 5 juillet 1500, Jehanne Grivel de Grossouvre dont la soeur ainée, Péronnelle, avait épousé Hugues de Thianges.


NOTES GÉNÉALOGIQUES 105

BRANCHE DU CREUZET II 1

X. HUGUES DE THIANGES, chevalier, seigneur du Creuzet, Maultrait, la Beuvrière, l'un des Cent gentilshommes do l'Hôtel du roi, épouse à Sagonne, par contrat des 15 et 16 avril 14902, demoiselle Péronnelle GRIVEL de GROSSOUVRE, fille de Bertrand GRLVEL et de Ponon de BAR (acte passé devant Antoine Morné et Durant des Ohlas, notaires, Jean Denis étant garde du scel).

Péronnelle Grivel était alors attachée à la comtesse de Nevers et reçut 2.200 livres de dot. Hugues de Thianges assiste en 1500 au mariage de son frère Guillaume de Villelume. Il meurt, croyons-nous, en 1502, mais sa veuve vivait encore en 1527. Ils laissèrent pour enfants :

1° Denis de THIANGES, qui suit.

2° Bertrand de THIANGES, auteur de la branche

de la Beuvrière. 3° Jacques de THIANGES, protonotaire du SaintSiège Apostolique.

i. Conformément au contrat de mariage de Bellassès de Thianges et de Charles de Villelume, Flugucs de Villelume releva le nom de Thianges, nom qui a toujours été porté par ses descendants. Toutes les branches ci-après descendent d'Hugues de Villelume.

2. Ce contrat fut passé en présence de : Guillaume de Villelume> frère germain dudit Hugues de Thianges, Gilbert de Villaine, oncle de la dite future, Jean de Sarre, Robert de Bar, François le Basque, Hugues de Villelume, Jean de Murât et Pierre de Bonnay, tous parents et amis.


106 NOTES GÉNÉALOGIQUES

4° Gabriel de THIANGES, religieux de l'Ordre

de Saint-Benoît. 5° Gabrielle de THIANGES, religieuse de l'Abbaye

de Charenton.

XI. DENIS DE THIANGES, écuyer, seigneur du Creuzet et de Coust, l'un des Cent gentilshommes de l'Hôtel du Roi, épouse à Villebouche 1, le 4 novembre 1516, demoiselle Gabrielle LE GROING 2, fille de Jean, chevalier, seigneur de VILLEBOUCHE et de Gilberte BERTRAND 3. Le 27 juin 1527, Denis de Thianges partage 4 avec son frère Bertrand les biens provenant de leurs parents. Denis reçoit les terres du Creuzet et de Coust ; Bertrand a les seigneuries de la Beuvrière et de Saint-Georges-sur-la-Prée 5. En outre, il est stipulé dans cet acte que Denis prend à sa charge son frère Jacques et Bertrand, son frère Gabriel. Gabrielle le Groing était veuve de Denis de Thianges le 28 juillet 1558 et transige 6 avec ses enfants pour

i. Commune de Treignat, canton d'Huriel (Allier).

2. M. le Brun. Une petite ville Bourbonnaise : Le Veurdre (Paris, 1913, p. S28).

3. Preuves de noblesse de Philibert de Thianges (Bibl. Nat. Nouveau d'Hozier 312, 7.270, p. 42).

4. Arch. de Thianges.

5. La seigneurie de Saint-Georges-sur la-Prée avait été achetée par Hugues de Thianges au seigneur de Baugy ; cette terre relevait de Graçay.

6. Accord passé au Creuzet en présence de Gilbert de Bigny, chevalier, seigneur d'Ainay, Hugues de Villelume, chevalier, seigneur de la Roche-Othon, Gilbert le Groing, écuyer, seigneur d'Arabat, religieuse personne Hugues Le Long, prieur de Chenilhat, et Antoine de Combettes, écuyer, seigneur dudit lieu.


NOTES GÉNÉALOGIQUES 107

garder l'usufruit des biens de son mari. De Denis, sont issus :

1° Gabriel de THIANGES, qui suit.

2° Jean de THIANGES, écuyer, seigneur du BoisChaillou 1, homme d'armes de la compagnie d'Ordonnance de Monseigneur le Duc de Montpensier, épouse Catherine de VIGNOLES 2, soeur de Jean de Vignoles, écuyer, seigneur de la Grange 3 ; sans postérité.

3° Françoise de THIANGES qui épouse : 1° François de SAINT-AVIT 4, écuyer, seigneur d'Aiguesmortes ; 2° Jean de LA LOUE 5, écuyer, seigneur de LA BERLAUDIÈRE.

4° Marie de THIANGES, religieuse à Charenton.

5° Charles de THIANGES, reçu chevalier do Malte le 19 février 1524. Il était, en 1547, commandeur de Verrières.

6° Philibert de THIANGES, auteur de la branche de Maussat.

7° Jacques de THIANGES, auteur de la branche de Coust.

i. Commune de Saint-Pierrc-les-Elieux, canton de Charenton (Cher).

2. Vignoles porte : écartelé aux r et 4 d'azur à trois étriers d'or opposés à trois besans d'argent —■ aux 2 et 3 d'azur au lion d'or et une croix de même.

3. Commune d'Orcenais, canton de Saint-Amand (Cher).

4. Saint-Avit porte : d'azur à trois fasces d'argent et trois besans de même en chef.

5. De la Loue porte : d'argent à trois têtes de More posées 2 et r.

10


108 NOTES GÉNÉALOGIQUES

8° Péronnelle de THIANGES, épouse le 15 septembre 1547 Etienne du CROZET 1, fils de Jean, seigneur du VIEUX CÉRILLY.

XII. GABRIEL DE THIANGES, seigneur du Creuzet, épouse en premières noces Denise THÉ VENIN 2 qui meurt sans enfants, laissant ses biens à son mari 3. Le 7 mars 1558, Gabriel de Thianges se remarie avec Gilberte des AGES, fille de François, écuyer, seigneur de VALIGNY et de Charlotte de MOUSSY. Le 16 octobre 1559, il partage avec ses frères les biens provenant des successions de Denis de Thianges et de Gabrielle le Groing. H devient seigneur de Valigny en 1565 et meurt avant 1590, laissant :

1° Guy de THIANGES, qui suit.

2° Philippe de THIANGES, épouse : 1° Jean d'AuREUXL 4, écuyer, seigneur de BEAULIEU ;

i. Contrat fait au Creuzet en présence de Pierre de Coust, seigneur d'Ovillac, frère Guillaume le Groing, commandeur de Mauvesin, Jean de Coux, Gabriel du Crozet et Guillaume, seigneur de Mathan. La future reçoit une dot de r .400 livres dont 200 payées comptant.

2. Les Thévenin, famille de petits propriétaires terriens, sont originaires de Fontemeurant, paroisse de Saint-Pierre-les-Etieux ; certains s'enrichirent à la fin du xvne siècle. La branche la plus connue, celle du Chezal, fournit un Président des Trésoriers de France à Bourges. Les Thévenin du Chezal sont alliés aux Becquas, Tuilier, de Beaucaire, Barbarin, Ragon, Moreau de la Porte, Martin de Marolles, etc.. Ils portent d'or à la croix de sable.

3. Gilberte des Ages, veuve de Gabriel de Thianges, se disait en 1590 héritière de Denise Thévenin, première femme de son mari (Arch. de Thianges).

4. De son premier mariage, Philippe de Thianges eut au moins un fils, Gabriel d'Aureuil, seigneur de Beaulieu, qui, en 1650, habitait Loye.


NOTES GÉNÉALOGIQUES 109

2° Joseph du PEYROUX 1, écuyer, seigneur

du VERNET. 3° Gabriel de THIANGES, écuyer, seigneur de

la Mothe, mort avant 1602 sans postérité. 4° Gabrielle de THIANGES, religieuse à Charenton.

5° Philibert de THIANGES, auteur de la branche de Lussat.

6° Euchariste de THIANGES,religieuse à Charenton.

7° Jehan de THIANGES, écuyer, seigneur du Pée et du Bonneau, qui épouse le 2 avril 1606 Françoise du CHÂTEAU 2, fille de Jean et de Florentine de MURÂT et veuve de Jean de Châteaubodeau ; d'où une fille, Gasparde de THIANGES, qui épouse : 1° avant 1637 Jean de LAPELIN ; 2° en 1645, Gabriel de ROLLAND 3, seigneur de LTNEROLLES, d'où postérité.

8° Marie de THIANGES, épouse Jacques de LA SOUCHE 4, écuyer, seigneur des COMBETTES,

T. Joseph du Peyroux était fils de François du Peyroux et de Claude de la Châtre, dame du Vernet et des Mazières.

2. Contrat passé en présence de Guy de Thianges, seigneur du Creuzet, son frère aîné, Jean d'Aureuil, son beau-frère, Philibert du Crozet, seigneur de la Maisonneuve. La future assistée de Gabriel du Château, prieur d'Epineuil, Claude du Château, prieur du Châtelet, ses oncles, Jean du Château, seigneur de la Pierre, son cousin germaii:, Antoine de Boyau, seigneur du Colombier, son cousin à cause d'Isabeau du Château, sa femme.

3. La descendance de Gasparde de Thianges et de Gabriel de Rolland a été donnée par M. Toubeau de Maisonneuve dans Un Rameau demeuré en Berry de la descendance de Jacques Coeur (Mcm. Ant. du Centre, vol. XXXVIII, p. 202).

4. De la Souche porte : d'argent à deux lions léopardés, posés l'un sur l'autre, couronnés, armés et l'extrémité de la queue de gueules.


110 NOTES GÉNÉALOGIQUES

fils de François, seigneur de BEAUMONT et de Charlotte BARBARTN. 9° Anne de THIANGES, mineure en 1602.

XIII. GUY DE THIANGES, chevalier, seigneur du Creuzet, homme d'arme dans la compagnie de monseigneur le duc de Montpensiier, épouse : 1° Gabrielle de PERPEYROLLES de HAUTEFAYE 1, mentionnée dans une donation de Gilberte des Ages à son fils en 15962, dont il n'eut pas d'enfants ; 2° par contrat reçu Selme, notaire à Clermont, le 13 marsl600, Gabrielle-Esmée des ROCHES 3, fille de Pierre, seigneur de VATAUGE, et d'Anne de JONAS. En 1617, Guy de Thianges est gouverneur de la ville de Saint-Amand pour le duc de Sully ; en 1632, il est nommé commissaire de l'artillerie royale ; le 24 novembre 1627, il procède au partage de ses biens et meurt en Languedoc au service du Roi en décembre 1627 ou janvier 16284, laissant :

1° François de THIANGES, qui suit.

2° Gaspard de THIANGES, prieur de Loye et d'Ardenais.

3° Catherine de THIANGES, religieuse à Charenton.

4° Paul de THIANGES, reçu chevalier de Malte le 24 avril 1629, quitte l'Ordre et épouse par

i. Perpeyrolles porte : d'argent à la croix ancrée de gueules.

2. Ârch. de Thianges.

3. Des Roches porte : d'azur au rocher d'or sur une onde d'argent.

4. Guy de Thianges aurait assassiné Claude de Cumières, écuyer, seigneur de Verrières, époux de Marguerite Barbarin (Arch. du Cher, E. 1391). Il obtint ses lettres de rémission le 25 mars 1589.


NOTES GÉNÉALOGIQUES 111

contrat du 15 décembre 16351 Gasparde de COURTENAY 2, fille de Gaspard, seigneur de BLÉNEAU, et d'Esmée du CHÊNE ; sans postérité 3.

5° Marie de THIANGES, religieuse à Charly.

6° Anne de THIANGES, religieuse à Charenton.

7° Claude de THIANGES, vivant en 1629.

8° Anne de THIANGES, épouse : 1° vers 1623 Balthazar de LÉANS 4, écuyer, seigneur des HÉRAUX ; 2° en 1631, Charles de LA PLATLÈRE 5, écuyer, seigneur de MONTEFAUT, fils de Jean et de Renée d'EsTUT.

9° Gabriel de THIANGES, auteur de la branche du Coudray.

XIV. FRANÇOIS DE THIANGES, écuyer, seigneur du Creuzet, maréchal des Logis de la compagnie des Chevau-légers de M. le Prince en 1637. Il épouse

r. Ce mariage fut célébré en l'église de Saint-Benin, près Ainayle-Château, le 6 février 1636 (date communiquée par M. J. Toubeau de Maisonneuve. Chérin donne comme date le 15 décembre 1635).

2. Gasparde de Courtenay se maria trois fois : avec Claude de Bigny, 20 avec Jacques de Bossu, seigneur de Longueval, 30 avec Paul de Thianges (Moreri, Grand Dictionnaire historique (Paris, 1732), Père Anselme, op. cit. (I, p. 236), La Thaumassière, Hist. de Berry (liv. XI, chap.ix).

3. M. Le Brun (op. cit., p. 529) précise que Paul de Thianges et Gasparde de Courtenay auraient eu des enfants. Nous n'avons pas trouvé trace de cette postérité et son frère François en hérita en partie.

4. De ce mariage est issu Guy de Léans, né le jeudi 12 décembre 1624 (Arch. du Cher, E. 792).

5. La Platière porte : d'argent au chevron de gueules accompagné de trois anilles de sable.


112 NOTES GÉNÉALOGIQUES

sa cousine, Catherine de THIANGES, fille de Denis, seigneur de Coust et de Péronnelle de SAINT-AUBIN, qui était veuve de Jean de Fournoux, écuyer, seigneur de Villechevreux. En 1641, François de Thianges et sa femme habitaient Charenton. Il fait le partage de ses biens entre ses enfants le 13 mars 1652 et meurt au Creuzet le 9 avril 1652] ; il fut enterré dans l'église de Coust 2. Sa veuve se remarie le 6 juillet 1667 avec Charles de Scorailles, veuf d'Anne de Torcy. De son mariage, François de Thianges eut :

1° Philibert de THIANGES, seigneur du Creuzet,

qui transige avec sa mère le 17 mars 16623

et meurt assassiné le 28 mars 16674 sans

avoir pris d'alliance.

2° Gabriel de THIANGES, qui suit.

3° Annet de THIANGES, religieux profès de

l'Ordre de Saint-Benoit. 4° Marie de THIANGES, épouse, par contrat du 5 juillet 1667B, Jacques de SCORAILLES 6,

r. Arch. de Thianges.

2. Les seigneurs du Creuzet avaient leur tombe dans l'église de Coust comme en témoigne une transaction passée entre Jacques de Thianges, sire du Creuzet, et Jean du Lac, curé de Coust, le 18 décembre 1482. La pierre tombale qui recouvrait ce caveau existe dans l'église de Coust mais a dû être déplacée et est actuellement à l'entrée du choeur, côté de l'Evangile; on y distingue encore un assez grossier dessin représentant une épée et un écu portant un sautoir engrelé (armes des Challeu).

3. Arch. de Thianges.

4. Arch. de Thianges.

5. Les deux filles de Catherine de Thianges épousèrent le même jour les deux fils de Charles de Scorailles qui épousa Catherine de Thianges.

6. De ce mariage sont issus Gabriel, Simon, François, Magdeleine et Marie de Scorailles.


NOTES GÉNÉALOGIQUES 113

écuyer, seigneur du Pont 1, fils de Charles et

d'Anne de TORCY. 5° Autre Marie de THIANGES, épouse : 1° par

contrat du 6 juillet 1667, Charles de

SCORAILLES, frère du précédent ; 2° le 8 avril

1673, Benjamin d'HuissEL 2, écuyer, seigneur

de BEAUREGARD. 6° Gaspard de THIANGES, reçu chevalier de

Malte le 22 avril 1684.

XV. GABRIEL DE THIANGES, écuyer, seigneur du Creuzet, assassine son frère aîné le 28 mars 1667 ; condamné par contumace le 6 mai 1667 à être rompu vif (exécution qui eut lieu en effigie en 1668 à Ainay), il obtint des lettres de rémission le 2 août 1669 mais elles ne furent entérinées que le 3 mars 16713 par suite des oppositions faites par ses soeurs. Il avait été déshérité par sa mère par acte du 9 octobre 1669 4,

i. Paroisse de Tannay (Nièvre).

2. De ce mariage est issue, au moins, Marie d'Huissel.

3. Arch. de Thianges.

4. Dans cet acte, Catherine de Thianges déclare : « que Gabriel de Thianges, écuyer, son fils, ne s'est pas contenté de commettre un fratricide en la personne de deiïunct Philibert de Thianges, écuyer, seigneur du Creuzet, son frère aisné, mais encore, violant toutes les loix divines et humaines, a voulu faire passer pour complice de son crime la dame de Thianges, sa mère, ayant à ceste fin osé donner une dénonciation contre elle au sieur Thibault, lieutenant en la Maréchaussée de Saint-Amand, par devant lequel la dame de Thianges ayant estée commandée, elle a fait cognoistre son innocence et obtenu jugement d'absolution en date du 17 septembre 10O9 — déclare ladite dame de Thianges qu'en cette considération et selon qu'il lui est permis par les mêmes loix, elle exherade (sic) et ruine de sa succession ledit sieur Gabriel de Thianges et ne veult et n'entend qu'il ne prenne aulcune part ni portion en tous les biens d'icelle. » (Arch. de Thianges.)


114 NOTES GÉNÉALOGIQUES

reçu Theurant, notaire ; cependant Gabriel de Thianges finit par rentrer en possession du Creuzet en 1690. La même année, il épouse demoiselle Marie ROUSSET 1, fille de Jean, notaire à Saint-Amand 2, et de Marie BADIN. Il meurt avant 1698 et sa veuve se remarie vers 1700 avec Léonard de Thianges 3 dont elle était veuve en 1728. Marie Rousset fait son testament le 27 décembre 1731 4 et meurt le 9 novembre 1732. Elle fut enterrée dans l'église du couvent de Charenton à côté de Mme de Virolan. De son mariage avec Gabriel de Thianges est issu :

XVI. PIERRE DE THIANGES, seigneur du Creuzet, puis de Poysieux. Pour une raison que nous ignorons, Pierre de Thianges disparaît vers 1712 et reste près de 15 ans sans donner signe de vie ; sa mère qui le croit mort, vend le Creuzet le 2 juillet 1722 à Claude, comte de Thianges, seigneur de Lussat, moyennant une rente viagère de 500 livres (rente viagère sur deux têtes, celle de Marie Rousset, veuve de Thianges et celle de Marie Rousset, veuve Boin).

i. Rousset porte : d'argent à trois branches de sinople sortant d'un rocher.

2. Mallard : Histoire des Deux villes de Saint-Amand, page 349.

3. Nous croyons que ce Léonard de Thianges est issu de la branche de Maussat.

4. Ce testament fait à Charenton en présence de Nicolas Becquas, sieur de Gagères, de Jean-Baptiste Thovières, maître chirurgien, de Marie Rousset, veuve de messire Charles Boin (soeur de Madame de Thianges). L'exécuteur testamentaire était Me Jean Gilberton, seigneur du Soulier, avocat en Parlement (arch. de Thianges).


NOTES GÉNÉALOGIQUES 115

Pierre de Thianges revenu réclame le Creuzet et en reprend possession. Il se marie, par contrat du 17 août 17311 avec demoiselle Marguerite GUTLLAUMOT de MARCY, fille de feu François GUTLLAUMOT, seigneur de MARCY et de Marie-Anne LENOIR. Son mariage ne permettait pas à Pierre de Thianges de garder le Creuzet et, par acte reçu Pissevin, notaire à Moulins, du 3 janvier 1740, il le vend à Claude, comte de Thianges ; dans ce contrat il est spécifié que s'il mourait sans héritier légitime, tous ses biens reviendraient à Claude de Thianges ou à ses hoirs. Le même jour, Pierre de Thianges achète la seigneurie de Poysieux 2 aux héritiers Farjonnel. Il meurt avant 1749 et Marguerite Guillaumot revend Poysieux en 17733. De leur mariage, ils n'avaient eu qu'une fille :

i. Contrat reçu Léclopé, notaire à Bourges, et passé en présence de Roger le Borgne, seigneur du Lac et de la Touratte, Mathias le Bègue, chevalier, seigneur de la Cour, Etienne Lemort et dame Jeanne le Bègue, son épouse, Anne Chamillart, veuve de François Gassot, seigneur de Rochefort, pour le futur ; et pour Marguerite Guillaumot, Jean Maillet, son oncle et Gabrielle Guillaumot, son épouse, Jean-François Guillaumot de Marcy, son frère, Anne Guillaumot, sa tante maternelle (sic), Gilbert Louis, curé de Saint - Aoustrille, Louis Clerjault, procureur au baillage, ses cousins (arch. de Thianges). Les le Bègue étaient alliés aux de Thianges car ils descendaient de Marie Mérigot, qui avait épousé Philibert de Thianges de Valigny et 2° Henri le Bègue.

2. La terre de Poysieux a été achetée 26.000 livres à Gilbert Farjonnel, écuyer, conseiller du Roi, Antoinette Farjonnel, épouse de Gabriel Trochereau, Jean Farjonnel, seigneur d'Aubigny, Jean du Bouys, écuyer, seigneur de Villars, tuteur et père des enfants de feue Elisabeth Farjonnel (Arch. de Thianges).

3. De Kersers, Statistique monumentale du Cher, VII, p. 209.


116 NOTES GÉNÉALOGIQUES

XVII. ELISABETH DE THIANGES, épouse le 3 février 1768, Gilbert de CHALUS 1, comte de Châlus, seigneur de PRONDINES, fils de Pierre et de Anne de LA ROCHE-AYMON.

BRANCHE DE LUSSAT-VALIGNY

XIII. PHILIBERT DE THIANGES 2, écuyer, seigneur de Valigny 3, fils de Gabriel, seigneur du CREUZET et de Gilberte des AGES, épouse par contrat du 1er novembre 16134, Gilberte de LA ROCHE-AYMON, veuve de François de Passac 3, écuyer, seigneur de Villechemine et fille de Jehan de LA ROCHE-AYMON, seigneur de LA VILLE-DU-BOIS et de Louise de ROCHEFORT 6. Gilberte de la Roche-Aymon meurt en 1628 et, le 20 juillet 16407, Philibert se remarie avec Marie MÉRIGOT 8, fille de Mathurin, chevalier, seigneur de SAINTE-FÈRE et de Gabrielle de

i. M. Le Brun, op. cit., page 438, et Arch. de Thianges.

2. Nous commençons, contrairement à l'ordre chronologique, par la branche de Lussat parce qu'elle a racheté le Creuzet et fait ainsi vraiment office de branche aînée.

3. Paroisse de Meaulne, canton de Vallon-en-Sully (Allier).

4. Arch. de Thianges.

5. Gilberte de la Roche-Aymon, épouse, par contrat du 12 juin 1597, François de Passac, seigneur de Vieillevigne :ce contrat spécifiait que l'aîné des garçons devait relever le nom de la RocheAymon), d'où sont issus a) Jehan de Passac de la Roche-Aymon. b) Marguerite de Passac, épouse Jean de Noblet, seigneur de Tersillac.

6. Communiqué par M. l'abbé Peynot.

7. Arch. de Thianges.

8. Les Mérigot portent : d'azur au chevron d'or chargé de trois coquilles de sable, accompagné de trois étoiles d'argent, 2 et 1 ( Preuves de Marie-Jean Mérigot de Sainte-Fère. Arch. du Rhône).


' NOTES GÉNÉALOGIQUES 117

HAUTEFAYE. Philibert de Thianges meurt avant 1650 laissant :

1° Gilberte de THIANGES, épouse Mathias de SAINT-HILAIRE 1, chevalier, seigneur de Saint-Hilaire, comte du Saint-Empire.

Du 2e lit :

2° Joseph de THIANGES, qui suit. 3° Probablement, Marie de THIANGES 2 qui épouse avant 1672 Charles de DURBOIS.

XIV. JOSEPH DE THIANGES, écuyer, seigneur de Valigny ,baptisé à Meaulne le 24 mars 1645, épouse : 1° Jeanne de LA FAYE do LA PORTE, fille de François et de Jeanne DOUMY 3 ; 2° par contrat du 28 avril 1675 4 reçu Porchol, notaire, Gabrirelle de MONTAIGNAC 5, fille de François de MONTAIGNAC, baron de LIGNERIS, et de Gilberte de LA ROCHEBRIANT, dame de CHAUVANCE. Le 2 avril 1675, Joseph de Thianges vend la terre de Hautefaye et le 27 du même mois échange la terre de Valigny contre celle de Lussat 6 ;

i. Arch. de Thianges.

2. Donnée par M. Girard de Villesaison dans ses Notes généalogiques (Arch. du Cher, 2 F. 255).

3. Abbé Peynot, Marcillat et ses environs (La Petite Marche, Allier, 1927, p. 480).

4. Arch. de Thianges.

5. Montaignac porte : de sable au sautoir d'argent, cantonné de quatre molettes d'éperon du même.

6. Echange fait avec Antoine et Renault de Malleret. La terre de Lussat entra dans la famille de Brandon par le mariage de Jeanne de Gouzon, dame de Lussat, avec Guillaume de Brandon, vers 1330. Jeanne de Brandon l'apporta vers 1400 à la famille de Malleret par son mariage avec Philibert de Malleret (Abbé Peynot, op. cit.). La terre de Lussat fut érigée en marquisat pour Gaspard de Thianges.


118 NOTES GÉNÉALOGIQUES

il meurt en septembre 1720, laissant au moins neuf enfants de son second mariage :

1° Gaspard de THIANGES, chevalier, marquis de Lussat, seigneur de Malleville, Bollon, etc., né à Lussat en 16761, épouse le 21 octobre 1710 Marie de LA FAYE de LA PORTE, dame de la COMBE, fille de Jean et de Jeanne d'ARFEULLLE 2. Le 30 juin 1747, Gaspard donne à sa nièce Marthe de Thianges 6.000 livres et celle-ci abandonne ses droits à sa future succession. Il meurt à Lussat le 22 janvier 1749. De son mariage était née une fille Marie de THIANGES, morte jeune.

2° Amable de THIANGES, né à Lussat en 1677, chevalier de Malte, commandeur de Villefranche, décédé à Lussat le 16 mars 1757.

3° Rose de THIANGES, née à Lussat en 1678, religieuse.

4° François de THIANGES, né à Lussat en 1679, prieur de l'abbaye de Menât.

5° Marie de THIANGES, née à Lussat en 1682, épouse au même lieu, le 27 février 1702,

i. Actes paroissiaux de Lussat, communiqués par M. Brody de Lamotte.

2. Jeanne d'Arfeuille se remaria le 6 décembre 1685 avec Joseph de Fricon, chevalier, seigneur de Parsac, d'où J ean de Fricon, seigneur de Parsac, qui de N. laissa Marie-Elisabeth de Fricon qui épousa, le 4 août 1752, Armand, marquis d'Assé, chevalier, seigneur de Montfaucon.


NOTES GÉNÉALOGIQUES 119

Antoine de POUTHE 1 de LA ROCHE-AYMON, seigneur de la Ville-du-Bois.

6° Claude de THIANGES, qui suit.

7° Léonard de THIANGES, né à Lussat le 1er janvier 1685, reçu chevalier de Malte le 28 octobre 17012.

8° Jeanne de THIANGES, née à Lussat le 29 décembre 1685.

9° François de THIANGES, né à Lussat le

• 4 août 1687.

XV. CLAUDE DE THIANGES, comte de Thianges, puis marquis de Lussat, achète le 15 juin 1720 à Amable de Montaignac de Chauvance 3, la terre et seigneurie de Bort-Peschin 4. 11 épouse le 2 juillet 1722, par contrat reçu Doyen, notaire, Louise-Henriette 5

i. De ce mariage sont issus : a) Pierre-Claude de Pouthe, chevalier, seigneur de Chiroux. b) Agathe qui épousa à Lussat, le 16 mai 1752, Guillaume du Peyroux. c) Marguerite qui épousa à Coust le 21 juin 1741 Jean-Henri de la Porte-Issertieux, seigneur de Pierry, fils de Joseph-Barthélémy et de Marguerite de Tripière.

2. Abbé Vertot, Histoire de l'Ordre de Malte.

3. Amable de Montaignac avait un frère, Joseph de Montaignac, Lieutenant au régiment de la Châtre, et une soeur, Catherine, épouse de Nicolas de la Mousse, seigneur de Beaulne, qui ratifient cette vente respectivement les 18 juin et 11 septembre 1720.

4. La seigneurie de Bort, paroisse de Doyet (Allier), avait appartenu à Agnès Challeu, dame du Creuzet, épouse de Jean, bâtard de Bourbon, sire de Rochefort, qui, par son testament en date du rs octobre 1389, l'avait légué à ses cousins du Peschin.

5. Elle descendait d'Artus de Simon, né en 1539, qu'Henri III autorisa en 1585 à s'appeler de Saint-Simon, et qui, de Léonorelle Beauvoisin, eut, entre autres, Jean-Antoine de Saint-Simon, baron de Courtomer, qui épousa, en 1595, Marie de Clermont, d'où, entre autres, Léonor, Antoine de Saint-Simon, marquis de Courtomer,


120 NOTES GÉNÉALOGIQUES

de SAINT-SIMON-COURTOMER, fille de Jacques et de Marthe CHARDON ; Claude de Thianges fit de nombreuses acquisitions territoriales : en 1740 il achète le Creuzet, en 1741 le domaine du Breuil, en 1746 * un domaine à Fontemeurant. Louise-Henriette de Saint-Simon meurt à Lussat le 14 décembre 1760. De ce mariage sont issus :

1° Amable-Gaspard de THIANGES, qui suit.

2° Marthe de THIANGES qui épouse, le 30 juin 1747 Maurice du CHÂTEAU 2, comte du Château, seigneur de VALIGNY, fils de Jean-Jacques du

époux en 1646 de Marie de la Noue, d'où, entre autres, Jacques, Antoine de Saint-Simon, comte de Courtomer, époux en 1683 de Marthe Chardon, d'où a) Raoul de Saint-Simon, qui suit, b) JeanAntoine qui épouse N. de Carteret, sans postérité, c) RobertJacques, abbé de Courtomer. d) Louise-Henriette, épouse de Claude de Thianges. e) Marie-Marthe, épouse en 1595 d'Alexandre, marquis de Mauléon, — Raoul-Antoine de Saint-Simon, comte de Courtomer, épousa Marguerite Ferrant de Saint-Dizant, 20 Elisabeth de Beaumont de Gibaut. 11 eut du 2e lit : a) JacquesEtienne, qui suit, b) Etienne, sans alliance, c) Marguerite, épouse de François de Cussy. — Jacques-Etienne de Saint-Simon, comte de Courtomer, épousa en 1741 Elisabeth Bernard, fille de SamuelJacques Bernard, d'où : a) Antoinette, morte jeune, b) Jacques, sans alliance, c) Adélaïde, épouse de Léon Le Clerc, baron de Juigné. d) Antoine, sans alliance, e) Antoinette, morte jeune. (Extrait de la Généalogie de la maison de Saint-Simon-Courtomer, communiquée par le vicomte de Brimont.)

Saint-Simon porte : de sinople à trois lions d'argent armés et lampassés de gueules.

1. Achat fait à Jean-Louis d'Aubigny, seigneur de Bonnais, par contrat du 25 janvier 1741, reçu Advenier (Arch. de Thianges).

2. Contrat reçu Advenier, notaire à Charenton, et fait en présence de Amable-Gaspard de Rochebriant de Montaignac de Chauvance, messire Joseph de Montaignac, chevalier de Saint-Louis, Nicolas de la Mousse, seigneur de Bonne, messire Joseph de la Mousse, chanoine, Joseph de Courtais, ancien officier, Henri de Courtais,


NOTES GÉNÉALOGIQUES 121

CHÂTEAU et de Madeleine-Victoire de BOYAU 1. Maurice du Château meurt subitement 2 à la foire de Cérilly le 8 juin 17683.

XVI. AMABLE-GASPARD DE THIANGES, vicomte, puis comte de Thianges, marquis de Lussat, comte de Bort, seigneur du Creuzet, né à Lussat le 27 juillet 1724, chambellan du Roi de Pologne en 1749, colonel d'un régiment de son nom, devint maréchal de camp en 1722, premier maître de la GardeRobe du Comte d'Artois en 1789. Il avait épousé le 26 novembre 1747, Marie-Anne BERNARD, fille de Simon-Charles BERNARD, baron de BOULAIN-VILLIERS et de Marie-Madeleine LABBE, dont il n'eut pas d'enfant. Pendant la Révolution, Amable-Gaspard et sa femme habitent à Doué, district de Rozoy, près la Ferté-sous-Jouarre ; il obtient le 18 décembre

messire Philippe de Brandon, François du Peyroux, seigneur des Mazières, Jean de Louans, seigneur de Courçais, Jean-Louis d'Aubigny, seigneur de Bonnais (Arch. de M" Pelloille, notaire à Charenton).

i. Elle était fille de Charles-René de Boyau et de Marie-Madeleine de la Souche (Abbé Peynot, op. cit., p. 368).

2. Note inscrite sur la couverture du contrat de mariage (Arch. de M" Pelloille).

3. De ce mariage sont issus : a) Marie-Madeleine, vivant en 1764. b) Amable-Henriette, née en 1751. c) Claude-Gaspard, comte du Château, épouse en 1784 Marie du Vernet, fille de Pierre, seigneur de Venoux, et de Catherine de Barbarin ; elle meurt le 16 novembre 1786 et il se remaria à Marie-Françoise de Chauvigr.yBÏot, fille de Louis, comte du Vivier, et de Marguerite de Champs, d'où Victoire du Château, épouse de Philippe, comte de Montigny (abbé Peynot, op. cit., pp. 369 et 370).

Du Château porte : d'argent à trois lionceaux d'azur et lampassés de gueules.


122 NOTES GÉNÉALOGIQUES

1792 un certificat de civisme 1. H fait son testament le 12 floréal an VII et meurt le 2 nivôse an X ; par ce testament, il laissait ses biens à sa femme qui meurt le 19 janvier 1807, après avoir vendu tous les immeubles provenant de la succession de son mari.

BRANCHE DE LA BEUVRIÈRE

XL BERTRAND DE THIANGES, chevalier, seigneur de la Beuvrière, la Motte, Maultrait, SaintGeorges-sur-la-Prée, 2e fils de Hugues de Thianges et de Péronnelle de Grivel, partage avec son frère, le 27 juin 1527, l'héritage paternel. Il avait épousé, vers 1520, Blanche des RUYAUX 2, d'où :

XII. FRANÇOIS DE THIANGES, chevalier, seigneur de la Beuvrière, seigneur châtelain de SaintGeorges-sur-la-Prée, épouse : 1° le 8 octobre 1555, Gasparde de COURTENAY 3 ; 2° Françoise du REIL.

Porte-guidon de l'amiral de Coligny, François de Thianges fut tué le jour de la Saint-Barthélémy 4. De son second mariage, il eut deux fils et trois filles :

1° Gédéon de THIANGES, qui suit.

i. Communiqué par M. Toubeau de Maisonneuve.

2. La Thaumassière, Hist. de Berry, livre XII, chap. LXXXIII.

3. La Thaumassière n'indique pas les parents de cette Gasparde de Courtenay qui n'est mentionnée ni par Moréri, ni par le Père Anselme. Il serait logique qu'elle soit issue de la branche de Bontin qui était protestante ; elle pourrait alors être fille de Louis de Courtenay et de Charlotte Dumesnil-Simon.

4. Vicomte de Brimont, Le XVIe siècle et les guerres de la Réforme en Berry (Paris, 1405, II, p. 19).


NOTES GÉNÉALOGIQUES 123

2° Jonathan de THIANGES, dit « le Cadet de la Beuvrière », auteur de la branche de Roulet.

3° Jacqueline de THIANGES, dame de la Noue 1, acquiert le 6 mars 1597, une rente de 25 écus due par Gilberte des Ages, veuve de Gabriel de Thianges, seigneur du Creuzet 2.

4° Esther de THTANGES qui épouse le 6 septembre 1584 Jacques de LA FERRIÈRE.

5° N. de THIANGES 3.

XIII. GÉDËON DE THIANGES, chevalier, seigneur de la Beuvrière 4 et de Saint-Georges-sur-la-Prée, prend une part active aux guerres de Religion. H était avec son cousin d'Arquian un des soutiens des réformés en Berry. Il avait épousé Madeleine de BIGNY, fille de Philippe, seigneur d'AiNAY et d'Antoinette de SAINT-PÈRE dont il eut, au moins :

1° Philippe de THIANGES 5, seigneur de la Beuvrière, qui vend cette terre en 1655 à

i. Paroisse de Saint-Denis de Selles en Sologne.

2. Bibl. Nat. Nouveau d'Hozier 312, 7.270, p. 35.

3. Nous ne connaissons pas les prénoms de cette fille : peut-être était-elle cette Marie de Thianges, qui était veuve de Claude d'Aulnay, seigneur d'Arcy, en 1608 ? En tout cas, en 1589 une seule des trois filles de François de Thianges était mariée (Vicomte de Brimont, op. cit., Il, p. 249).

4. Le 30 septembre 1589, le château de la Beuvrière fut pris d'assaut et livré au pillage par Georges de la Loê. Les archives, notamment, furent entièrement détruites (Vicomte de Brimont, op. cit., II, p. 315).

Ce pillage fut un des épisodes de la dispute entre Mme de La Châtre et Françoise du Reil (Raynal, Hist. du Berry, IV, pièces justif.).

5. De Kersers, Statistique monumentale du Cher, VII, p. 327.


124 NOTES GÉNÉALOGIQUES

Jacques de Lafont 1. H avait épousé Jeanne de LAVARDIN. Sans postérité connue.

2° Antoine de THIANGES, qui suit.

XIV. ANTOINE DE THIANGES, seigneur de Chemaux, épouse le dernier février 1620 Renée de COUHÉ-LUSIGNAN 2 ; puis il prit une seconde alliance avec Bonaventure du LIÈGE 3, le 30 juillet 1644. Du premier lit est issu :

XV. SILVALN DE THIANGES 4, chevalier, seigneur de Chemaux et de Puygirault, épouse Louise du Ris, d'où 5 :

1° Jacques de THIANGES. 2° François de THIANGES. 3° Jean de THIANGES. 4° Antoine de THIANGES.

I. M. Girard de Villesaison (Notes généalogiques, arch. du Cher, 2 F. 255) le prétend marié à Gilberte de la Roche-Aymon, veuve de Passac. Nous croyons que M. Girard de Villesaison a confondu Philippe de Thianges, seigneur de la Beuvrière, avec Philibert de Thianges, seigneur de Valigny, qui épousa, le i" novembre 1613, Gilberte de la Roche-Aymon, veuve de François de Passac.

2. La Thaumassière, Hist. de Berry, livre XII, ch. LXXXIII.

3. La Thaumassière, Hist. de Berry, livre XII, ch. LXXXTII.

4. Silvain de Thianges dut avoir un frère, Jean de Thianges, mentionné par Chérin en 1643.

5. La Thaumassière donne le nom des quatre fils de Silvain de Thianges ; nous n'avons pas pu savoir ce qu'ils étaient devenus. Ni Chérin, ni d'Hozier n'en parlent. Ils n'ont pas dû laisser de postérité.


NOTES GÉNÉALOGIQUES 125

BRANCHE DE ROULET

XIII. JONATHAN DE THIANGES, dit « Le Cadet de la Beuvrière >>, fils de Françoise de Thianges, seigneur de la Beuvrière et de Françoise du Reil, acquiert de Charles de Beauxoncles et d'Antoine de Couignon, la baronie de Roulet près de Chatillonsur-Indre. Il épouse Charlotte de VARYE 1, fille de Gabriel 2, vicomte de BRIDIERS, et de Renée de PRIE. Charlotte de Varye se remaria 3 avec Antoine de Château-Châlon. Jonathan de Thianges laissa :

1° Louis de THIANGES, chevalier, baron de Roulet, mort sans postérité vers 1654 4, laissant ses biens à ses frères et soeurs.

2° Françoise de THIANGES était, en 1653, femme d'Emmanuel de LA BOUCHARDIÈRE, écuyer, seigneur de la VIENNE et du Cormier.

3° Jeanne de THIANGES, morte sans postérité avant 1653.

4° Marie de THIANGES épouse de Renaud d'ALLONNEAU, écuyer, seigneur de FAILLE.

I. Charlotte de Varye avait une soeur : Denise, épouse de Paul de Crux (Bibl. Nat. Pièces originales 2S20, 62.737, pp. 9 et 10).

2. Cette ascendance est celle donnée par La Thaumassière (Hist. de Berry, XI, ch. LXXXIII), d'après un acte de 1595, citée par d'Hozier; Charlotte de Varye serait fille de Jean de Varye, seigneur des Verets, et nièce de Denise de la Barre. Nous avons gardé l'ascendance donnée par La Thaumassière parce que Charlotte de Varye eut le tiers des revenus de la vicomte de Bridiers et que Gabriel de Varye était seigneur de Bridiers.

3. Elle était veuve en 1590. (Bibl. Nat. Cabinet d'Hozier 318.)

4. Louis de Thianges est mort entre le 17 avril 1653 et le 3 août 1654.


126 NOTES GÉNÉALOGIQUES

5° Marguerite de THIANGES, sans alliance.

6° Daniel de THIANGES, chevalier, baron de Roulet, était en 1621 époux de Françoise RENAUD, fille de noble Jean RENAUD, médecin ordinaire du Roi, et de Marie GATTEN, de laquelle il n'eut pas d'enfants.

BRANCHE DE MAUSSAT

XII. PHILIBERT DE THIANGES, chevalier, seigneur de Maussat, fils de Denis 1, seigneur du Creuzet et de Gabrielle le Groing, né en 1530, épouse le 7 février 15582, Catherine des AGES, fille de Jean, seigneur de VALIGNY et de Charlotte de MOUSSY.

I. Preuves de noblesse de Philibert de Thianges, 3 juin 1548. « Témoignage de Ligier Rousset, seigneur de la Cour du Pondy (paroisse de Thaumiers, Cher), âgé d'environ 65 ans, lequel dépose qu'il avait connu ledit Philibert de Thianges depuis sa naissance, qu'il était âgé de 18 ans, qu'il avait été baptisé à Coust, qu'il était fils de Denis de Thianges et de Gabrielle le Groing, que ledit Denis était fils d'Huguet de Thianges et de Péronnelle Grivaud, sa femme, de la maison de Grossouvre, que ledit Hugues était l'un des cent gentilshommes de la Maison du Roi et que, lui déposant, avait bonne connaissance de feu noble Jean Le Groing et de damoiselle Gilberte Bertrand de la maison du Lys-Saint-Georges, que le dit Jean Le Groing était aussi du nombre des cent gentilshommes de la Maison du Roi. ■ Témoignage reçu par frère Albert Faucon, commandeur de Verrières et par Frère Louis Servier, commandeur de Beugnes. Les autres témoins de Philibert de Thianges furent Gilbert de Miry, seigneur de Laleu et de la Bruyère de Braize, Biaise de Murât, seigneur de Verduzan, noble et puissant seigneur Jean d'Albon, seigneur de Saint-André et Symphorien de Sacconin, chevalier, seigneur de Praviers et baron de Bressoles (Bibl. Nat. Nouveau d'Hozier 31 <), 7.270, p. 42). Nous ke savons pas à quelle date Philibert de Thianges quitta l'ordre de Malte.

2. Philibert se maria le même jour que son frère Gabriel à SaintChristophe, paroisse du château de Maussat.


NOTES GÉNÉALOGIQUES 127

Le 18 mars 1565, il partage avec son frère Gabriel, seigneur du Creuzet, l'héritage de Jehan des Ages. De son mariage, il eut :

1° Gilbert de THIANGES, écuyer, seigneur de Beaumont, qui épouse, avant 1627, Catherine de BRIDIERS 1, fille aînée de Gaspard et de Charlotte de LA FAYE et petite-fille de Léonnet de BRIDIERS et de Madeleine ESMOING. Sans postérité connue.

2° Gabriel de THIANGES, qui suit.

XIII. GABRIEL DE THIANGES, écuyer, seigneur de Maussat, Beaumont, Frontenay, gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi, épouse le 28 octobre 1627 Gabrielle de PERPEYROLLES de HAUTEFAYE, dame dudit lieu, veuve de Mathurin Mérigot, écuyer, seigneur de Sainte-Fère et de la Tour. De ce mariage est issu probablement Léonard de THIANGES, époux de Marie ROUSSET, veuve de Gabriel de Thianges, seigneur.du Creuzet, dont il n'eut pas d'enfants.

BRANCHE DE COUST

XII. JACQUES DE THIANGES, écuyer, seigneur de Coust, fils de Denis, seigneur du Creuzet et de Gabrielle le Groing, épouse par contrat du 25 octobre 1549 2, Françoise de CRÉSANCY, fille de N. de CRÉSANCY

r. Bibl. Nat. Pièces originales 2820, 62.737, p. 60.

2. Jacques de Thianges était assisté de noble et puissant seigneur Charles de Gaucourt, chevalier, seigneur de Cluys, Philippe Griveau, écuyer, seigneur de Grossouvre, Hugues de Villelume, seigneur


128 NOTES GÉNÉALOGIQUES

et de Marguerite de LA CHÂTRE, veuve de Jacques de Barbançois, écuyer, fils de Jean, seigneur de SaintCharri ; 2° Jehanne des AGES 1 fille cadette de François, seigneur de VALIGNY et de Charlotte de MOUSSY, par contrat du 25 juin 1570. Jacques de Thianges meurt avant 1594 laissant du 1er lit :

1° Jacques de THIANGES, seigneur de Coust qui épouse, le 24 décembre 15842, Euchariste de VIGNOLES, fille de feu N. de VIGNOLES, seigneur de BESSE, et de Philippe de MOUSSY. H meurt sans postérité avant 1594, laissant sa part à sa soeur Anne.

2° Anne de THIANGES, épouse Bertrand de

de la Roche-Othon ; et la demoiselle de Crésancy assistée de Charles de Saint-Julien, seigneur de Saint-Vauri, Antoine de Sauldredies, écuyer, seigneur du Solier, Jean de Sauldredies, écuyer, seigneur du Repaire, Bernardin de Janson, écuyer, seigneur du Bot. La future se constitua en dot le fief et seigneurie de Bournazeau (près Argenton). (Ce fief venait des la Châtre ; Marguerite de la Châtre, mère de Françoise de Crésancy, appartenait à la branche de la Châtre, seigneurs de Brullebault.)

i. Jehanne des Ages se remaria avec Jehan des Molins, écuyer seigneur du Chandon, dont elle eut une fille, Anne des Molins, qui épousa Gaspard de Bigny. (Arch. de Thianges). Des Molins, seigneur de Chandon, porte : d'argent à trois macles de gueules bordées de sable.

2. Le futur était assisté de Jean d'Huissel, écuyer, seigneur de Beauregard et de Touzelles, Jehan de Thianges, seigneur du Bois Chaillou, Philibert de Thianges, écuyer, seigneur de Maussat, Gabriel de Thianges, écuyer, seigneur du Creuzet, Jacques de la Souche, écuyer, seigneur des Combettes, et Guy de Thianges. La future était assistée de Jean de Vignoles, écuyer, seigneur de la Grange, Roux de Macé, écuyer, seigneur de Montegière, et dame Catherine de Vignoles, femme de Jean de Thianges, seigneur du Bois-Chaillou (Bibl. Nat. Nouveau d'Hozier 312, 7.270, p. 37).


NOTES GÉNÉALOGIQUES 129

MONTIEUX, écuyer. En 15941, elle vend sa part de la seigneurie de Coust à Guy de Thianges.

Du 2e lit :

3° Denis de TmANGES, qui suit.

XIII. DENIS DE THIANGES, écuyer, seigneur de Coust, épouse par contrat du 8 juin 1614 Péronnelle de SAINT-AUBIN, fille de Jean de SAINT-AUBIN, seigneur de l'Épine et de Hilaire MARÉCHAL 2. En 1623, Denis de Thianges était remarié à demoiselle Gabrielle GUÉRTN. De son premier mariage, le seigneur de Coust ne laissa qu'une fille :

1° Catherine de THIANGES, dame de Coust et de Cortelle, épouse le 14 janvier 1632 : 1° Jehan de FOURNOUX 3, écuyer, seigneur de VTLLECHEVREUX ; 2° François de THIANGES, seigneur du CREUZET ; 3° le 6 juillet 1667, Charles de SCORAILLES 4, veuf d'Anne de Torcy.

i. Acte du 25 juin 1594, reçu Sarrasin, notaire, en présence de Gabriel Le Groing, écuyer, seigneur de Villebouche, Bernard de Rochedragon, écuyer, et François d'Huissel, écuyer, seigneur de Beauregard. A cette époque, Anne de Thianges habitait Charenton (arch. de Thianges).

2. Hilaire Maréchal était fille de Gilbert Maréchal, seigneur des Noix, et de Péronnelle de Bonnay.

3. De cette union est issu Jehan de Fournoux, écuyer, seigneur de Villechevreux.

Fournoux porte : d'or à la bande de gueules, accompagnée d'une croisette de même en chef et à l'angle dextre de l'écu.

4. Charles de Scorailles, écuyer, seigneur du Pont, paroisse de Tannay.

De Scorailles porte : d'azur à trois bandes d'or.


130 NOTES GÉNÉALOGIQUES

BRANCHE DU COUDRA Y1

XIV. GABRIEL DE THIANGES, écuyer, seigneur de Taillet et Vatauges, fils de Guy de Thianges, seigneur du Creuzet et de Gabrielle-Esmée des Roches. H partage avec son frère François par actes des 30 janvier et 14 février 16442. Vers la même époque, il achète à Jean de Villars, le château et la seigneurie du Coudray, paroisse du Veurdre. Il meurt au Coudray, le 17 juin 1691, laissant de Madeleine de LA PLATTÈRE, fille de Charles, écuyer, seigneur de MONTIFAUT :

1° Gabriel de THIANGES, qui suit.

2° Louise de THIANGES, nommée dans le partage fait entre son père et François de Thianges le 14 février 1644 ; elle vivait encore en 1662.

3° Jacques de THIANGES, né en 1649, décédé au Coudray le 1er février 1665 et inhumé dans l'église du Veurdre, devant l'autel de SaintCrespin.

4° Adrien de THIANGES, seigneur du Coudray, épouse le 7 juin 1703, Marie-Anne de PEULLE, fille de Philippe, seigneur de FRAIGNE.

5° Marie de THIANGES.

XV. GABRIEL DE THIANGES, écuyer, seigneur du Coudray, rend hommage de ce fief le 26 avril 1703 ;

t. Nous avons pris la plupart des renseignements concernant cette branche dans l'Histoire du Veurdre de M. le Brun qui a eu en mains les archives du Coudray.

2. Arch. de Thianges.


NOTES GÉNÉALOGIQUES 131

il avait épousé Madeleine de SCORAILLES 1 qui mourut au Coudray et fut inhumée le 27 mai 1689 au Veurdre. Gabriel de Thianges ne laissa pas de postérité 2 de ce mariage, mais il prit une seconde alliance avec Éléonore de BERBISY de laquelle il eut au moins :

1° Henry de THIANGES, vivant en 1720.

2° Marie-Anne de THTANGES épouse : 1° en 17203, Pierre PAGES, de la Charité, fils d'Antoine PAGES et de Marguerite PONCET ; 2° le 17 novembre 17334, en l'église Notre-Dame du Fourchault, Etienne LEVASSEUB, seigneur du Plessis, fils de César-Auguste LEVASSEUR, seigneur du Plessis et de Anne-Marie LECLERC.

I. M. le Brun mentionne ce mariage sans indiquer d'ascendance ; peut-être était-elle la fille de Jacques de Scorailles, seigneur du Pont, et de Marie de Thianges du Creuzet.

2. D'après M. le Brun, le Coudray a été vendu par Gabriel de Thianges vers 1711 à Gilbert Truchy, procureur au baillage du Veurdre, fils de Jean Truchy et de Marguerite Simon (op. cit., p. 236).

3. Extrait des registres de Saint-Pierre-le-Guillard. (Arch. du Cher, GG. 80.) Mariage du 6 mars 1720, d'où un fils, Robert-Pierre Pages, et deux filles, Marie-Anne et Marie-Catherine. (Arch. du Cher, E. 3.677.)

4. Arch, du Cher, E. 4.230.



LE CULTE

DE LA NOUVELLE JERUSALEM

A SAINT-AMAND-MONTROND 1

(1837-1937) Par Edouard BRODY DE LAMOTTE

En novembre 1834, pendant un séjour à Paris, J. F. E. Le Boys des Guays 2 rencontra un de ses amis, M. Caudron, qui l'engagea à lire les ouvrages théologiques de Swedenborg.

i. Jusqu'à ce jour, aucun de mes érudits compatriotes qui ont publié des ouvrages d'histoire locale, n'a fait mention du culte de la Nouvelle Jérusalem à Saint-Amand.

2. Jacques-François-Etienne Le Boys des Guays, né à Châtillonsur-Loing le 18 octobre 1794, décédé à Saint-Amand le r8 décembre r864, était fils de Jacques-François Le Boys des Guays, ancien officier de la maison militaire du roi ; petit-fils de JacquesFrançois Le Boys des Guays, lieutenant particulier au bailliage et présidial de Montargis, député à l'Assemblée Nationale de 1789, procureur général sous l'Empire, chevalier de l'Empire.

Il fut juge au tribunal de Saint-Amand de 1827 à r83o, souspréfet de Saint-Amand de 1830 à 1831.

Il épousa, à Saint-Amand, le 14 octobre 1827, Louise-Clotilde Rollet (1805-1886), fille de Pierre-Charles Rollet et d'Anne-AgatheClotilde Taboiiet. De cette union il n'y eut pas d'enfant. JacquesFrançois-Etienne Le Boys des Guays est le dernier représentant de sa famille.

Les armes anciennes de la famille Le Boys des Guays sont : D'azur à trois chevrons d'argent accompagnés de cinq annelets du même, 4 en chef et 1 en pointe. (D'HOZIER. Armoriai général [Généralitéd'Orléans], P-215.)


134 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

Le Boys des Guays suivit ce conseil. Il fut séduit par la doctrine de l'illuminé suédois, et il entreprit aussitôt de la propager par la parole et par les écrits.

Son prosélytisme eut un succès rapide à SaintAmand, car, après quelques mois, cette ville comptait une trentaine d'adeptes de la religion swedenborgienne dite Nouvelle Jérusalem ou Nouvelle Eglise du Seigneur 1.

Les armes conférées, en même temps que le titre de chevalier, le 18 juin 1809, au procureur général Jacques-François Le Boys des Guays, sont : De sable à l'agneau pascal d'argent tenant une croisette aussi d'argent, au pennon du même chargé d'une croix de sable surmontée de trois étoiles aussi de sable, à la bordure de gueules chargée en chef d'un anneau d'argent.

LACROIX. Le Boys des Guays. (Panthéon biographique, 1859) ; — HARLÉ. Notice sur Le Boys des Guays. (Mélanges de Le Boys des Guays, 2e vol. Saint-Amand, Destenay, 1865) ; — [CHEVRIER]. Histoire sommaire de la Nouvelle Eglise chrétienne fondée sur les doctrines de Swedenborg, par un ami de la Nouvelle Eglise, SaintAmand, Destenay, 1879 ; — JOURNAL de Le Boys des Guays, brigadier au 24e régiment de chasseurs, pendant la campagne de 1813. (Soc. historique du Cher, 27e vol., 1913) ; — Généalogie de la famille Rollet, par Louis ROLLET, revue et augmentée par Edouard BRODY DE LAMOTTE, Saint-Amand, Pivoteau, 1911.

1. Pour les adhérents aux doctrines swedenborgiennes, la Nouvelle Jérusalem ou Nouvelle Eglise du Seigneur n'est pas une secte du protestantisme, mais la vraie religion chrétienne. D'après Swedenborg, c'est en 1757 que se produisirent le jugement dernier ou consommation du siècle et le second avènement du Seigneur. Ces termes ne doivent pas être pris dans leur sens littéral : ils signifient non la disparition du monde matériel, mais la fin spirituelle de la première église chrétienne et l'instauration d'une seconde église, la Nouvelle Jérusalem, qui durera éternellement. Cette instauration se produisit, au moyeu de la révélation faite par le Seigneur à Swedenborg, du sens interne de la Parole. Swedenborg ne prétendait pas être le fondateur de la Nouvelle Eglise, mais simplement le serviteur du Seigneur, chargé


A SAINT-AMAND-MONTROND 135

Le Boys des Guays résolut alors d'établir à SaintAmand, un culte public dans sa maison 1. Ce culte fut célébré, pour la première fois, le 18 novembre 1837.

par Lui d'enseigner ce sens interne ou spirituel. C'est pourquoi les appellations religion siïcdenborgienne et swedenborgisme sont des termes impropres ; mais ces termes, usités par les disciples de la Nouvelle Eglise eux-mêmes, ayant été consacrés par l'usage, je me crois autorisé à les employer dans ce travail. La révélation faite à Swedenborg ne ressemble en rien à la révélation contenue dans l'Ancien et le Nouveau Testament ; celle-ci est la Parole dans la lettre et celle-là lève le voile qui la couvrait.

Lorsque Swedenborg mourut à Londres en 1772, il n'y avait qu'un petit nombre d'adhérents à ses doctrines religieuses. Après sa mort, le swedenborgisme fit de rapides progrès en Angleterre où en 1787 on comptait plus de 27.000 disciples, en Suède, en Norvège, au Danemark, en Hollande, en Belgique, en Allemagne, en Pologne, en Russie, en Suisse, en France et en Amérique. Depuis 1785, il existait en France, dars plusieurs villes, des petites sociétés swedenborgiennes dont la plupart des membres se livraient aux pratiques de l'occultisme qu'ils confondaient avec les doctrines de Swedenborg. Ce ne fut donc pas Le Boys des Guays qui introduisit le swedenborgisme en France ; mais ce fut lui qui, le premier, entreprit sérieusement d'y organiser la Nouvelle Eglise et d'y propager les doctrines swedenborgiennes proprement dites.

A la fin du xvm° siècle et au début du xixe siècle, une partie des écrits théologiques de Swedenborg avait été traduite en français. (QUÉRARD. La France littéraire. Paris, Didot, 1838, tome 9). Le Boys des Guays, trouvant ces versions infidèles, jugea indispensable de traduire, d'une façon plus littérale, les ouvrages religieux de Swedenborg.

1. Cette maison, sise rue de l'Hôtel-Dieu, appartient à Mgr Jean Villepelet, évêque de Nantes. Elle est occupée par l'Institution 'eanne-d'Arc. C'est dans cette maison que naquit l'explorateur Godin des Odonais, en 1713. Son père, Amand Godin, procureur au bailliage de Saint-Amand, l'avait achetée à Pierre Labbé, chirurgien à Bourges, par acte passé devant Me Dubois, notaire royal à SaintAmand, le 12 février 1711.

En 1773, après leurs dramatiques aventures en Amérique, Godin des Odonais et sa femme, Isabelle de Grandmaison y Bruno, vinrent


136 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

Le même jour, désireux de se conformer à la loi, il adressa au maire de Saint-Amand la déclaration suivante qui fut ensuite insérée dans le journal l'Annonciateur du Cher du 26 novembre 1837 :

Saint-Amand, 18 novembre 1837. MONSIEUR LE MAIRE,

J'ai l'honneur de vous prévenir que j'ai ouvert ma maison, le Dimanche, à toute personne raisonnable qui désirerait prendre connaissance des principes religieux que professent les disciples de la Nouvelle Jérusalem.

J'ai la conviction intime que l'exposition de ces principes ne peut être que très propre à accélérer la prospérité de la ville que vous administrez avec un zèle si louable et si persévérant. Les idées civiles, morales et religieuses, quoique distinctes entre elles, ne portent de véritables fruits que lorsqu'elles se trouvent liées de manière à marcher au même but, le bonheur de l'humanité, sans s'entrechoquer en quoi que ce soit. Un simple coup d'oeil sur quelques-uns de nos principes vous convaincra que la doctrine des NoviJérusalémites peut remplir cette condition, et nous conduire à ce but, espoir de tout homme de bien :

1° La religion que nous professons n'est pas le résultat d'une conception humaine, c'est le Christianisme ramené à sa pureté primitive, et se mettant de lui-même en rapport avec le progrès des lumières ; elle ne date pas d'aujourd'hui, il y avait en Angleterre avant 1830 quarante-quatre villes qui comptaient des temples, et l'on en désignait aux ÉtatsUnis d'Amérique plus de soixante en 1827. Sa doctrine commença à être professée publiquement en Angleterre dès 1783 ; elle est maintenant répandue en Suède, en Norvège, en Danemark, dans les États allemands, en Prusse, en

l'habiter et y moururent en 1792. (H. DE LAGUÉRENNE. Godin des Odonais. Saint-Amand, Pivoteau, 1913.)

M. et Mme Le Boys des Guays s'installèrent, au début de 1837, dans cette maison que Mme Le Boys des Guays acquit, à titre de remploi de capitaux, des héritiers de M. et Mme Bureau-Boityère, par acte sous-seings privés du 18 avril 1837.


A SAINT-AMAND-MONTROND 137

Hollande, en Belgique, en Suisse, dans la Russie septentrionale, et partout enfin où il y a la moindre lueur de liberté de conscience.

2° Notre religion est toute spirituelle et n'a absolument rien de temporel ou de politique, car nous posons en principe qu'une religion ne doit en aucune manière s'immiscer dans les affaires des gouvernements, et nous en tirons cette conséquence, que si le Christianisme a été détourné depuis quinze cents ans de sa véritable route, c'est parce qu'on a abusé des choses spirituelles en les appliquant à des intérêts terrestres.

3° Notre religion admet en principe la tolérance la plus grande, et conséquemment elle n'est en aucune manière exclusive ; en effet, nous reconnaissons que Dieu, comme Père commun de tous les humains, et comme étant la Justice même, ne fait aucune distinction entre eux, et qu'ainsi tout homme, qu'il soit chrétien, mahométan, juif, indou ou idolâtre, peut être sauvé. Il suffit pour cela qu'il ait bien vécu, la Divinité ne pouvant imputer à l'homme les erreurs dans lesquelles il est né et a été élevé.

4° La pratique de notre religion ne consiste pas à vivre dans la contemplation et la mysticité, en ne s'occupant que du salut, ce serait plutôt là un moyen de le perdre, car agir ainsi, c'est n'agir que pour soi, et l'égoïsme est la tache originelle que l'homme doit détruire, pour revenir à l'état normal dans lequel il a été primitivement créé ; mais la pratique de notre religion consiste à mener dans le monde une vie toute d'activité. Ne faire que louer et célébrer Dieu, ce n'est pas avoir une vie active ; Dieu n'a pas besoin, pour sa gloire, de louanges et de bénédictions ; il veut qu'on produise des usages (oeuvres), et par là des bontés de charité ; il exige seulement de nous et dans notre intérêt seul, qu'une fois en sept jours nous nous réunissions un instant pour nous occuper en commun, lorsque nous le pouvons, de matières spirituelles. Pour nous, prier Dieu, c'est faire le bien parce que c'est le bien, et sans aucune vue de retour sur nous-mêmes ; aimer Dieu, c'est, en toutes circonstances, préférer la généralité des hommes ou l'humanité entière à la patrie, la patrie à la famille, et la famille à soi-même.

Vous voyez, Monsieur le Maire, d'après ces principes,


138 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

que dans nos réunions religieuses, il ne sera jamais question de politique soit directement soit indirectement. La présente déclaration vous est faite à l'effet de prévenir toute fausse interprétation à nos intentions. J'ai l'honneur d'être, etc..

LE BOYS DES GUAYS, conseiller municipal.

Les réunions pour le culte 1 avaient lieu tous les dimanches, à trois heures, dans le salon, vaste pièce boisée du rez-de-chaussée. La porte était à l'orient. Au-dessus de cette porte était l'inscription : Moi je suis le chemin, la vérité et la vie. Sur le panneau faisant face à la porte était écrit :

Au Seigneur Jéhovah-Jésus-Christ Seul Dieu du Ciel et de la Terre Créateur, Rédempteur, Régénérateur

Sur le panneau à droite de la porte étaient inscrites les Tables de la Loi et sur le panneau à gauche l'Oraison dominicale. Sur les autres panneaux étaient tracés

i. La Nouvelle Eglise ne rend de culte qu'au Seigneur. Elle ne rend pas d'honneurs à la Vierge ; mais elle la respecte parce qu'elle a porté le Seigneur dans son sein lorsqu'il se fit homme. Elle ne reconnaît pas les Saints, car « un homme eût-il eu une vie des plus vertueuses, ce n'est pas un motif pour décider de son état spirituel ; seul Dieu peut juger l'intérieur de l'homme >■.

Elle ne célèbre que quatre fêtes solennelles : la Nativité, la Crucifixion, la Résurrection et l'Ascension ; mais ces fêtes n'étant pas prescrites par le Décalogue, ne sont pas obligatoires au même degré que le jour du Seigneur.

Elle n'admet que deux sacrements : le baptême et la cène, comme les seuls ayant été institués par le Seigneur.

Voici comment elle définit ces sacrements (Revue La Nouvelle Jérusalem, tome I, p. 250) : « Le baptême d'eau est un emblème « de la Régénération de l'homme, et un moyen d'introduction dans « le sein de l'Eglise. C'est en outre, de la part des parens, une promesse


A SAINT-AMAND-MONTROND 139

des passages de la Parole de Dieu et des écrits de Swedenborg.

L'officiant était à l'orient de manière que les assistants fussent tournés vers l'orient.

Pour les cérémonies dominicales, le ministre commençait par prononcer quelques sentences tirées de l'Ecriture Sainte, puis il lisait les préceptes du Décalogue et l'oraison dominicale, et ensuite des passages de l'Ancien et du Nouveau Testament. Après la lecture de la Parole, il donnait des explications sur son sens interne et terminait le culte par la formule de bénédiction qui se trouve à la fin de l'Apocalypse.

« d'élever leurs enfans dans les principes de la doctrine chrétienne, « et, de la part des adultes, une promesse de conformer leur vie à « ces principes : mais le véritable baptême, dont le premier n'est que « le signe, consiste à se réformer peu à peu, et à parvenir, par ce « moyen, à se régénérer.

i Dans la Sainte Cène, les disciples de la Nouvelle Eglise se gardent « bien de rendre aucune adoration au pain et au vin du sacrement « qui restent toujours dans leurs substances naturelles, car autrement « ce serait faire acte d'idolâtrie. Le pain n'est pas le corps matériel a d'jnt le Seigneur s'est revêtu dans ce monde, maisl'emblème de son , corps spirituel, c'est-à-dire du bien de la vie spirituelle ; de même „ le vin n'est pas son sang matériel, mais le sang de la nouvelle ,, alliance, c'est-à-dire l'emblème de la Divine Vérité qui procède de « Lui et qui est le lien entre lui et ses enfans. Par cet acte non obli« gatoire, mais de la plus grande utilité, les Novi-Jérusalémites „ peuvent s'approprier le bien et le vrai, et se conjoindre ainsi au ■ Seigneur qui est Lui-même le Divin Bien et le Divin Vrai. C'est a ainsi que la Pâque ouvre à l'homme le Royaume des Cieux. »

La doctrine sur l'âme et le corps, après la mort, est exposée dans la liturgie des enterrements. (Voir : Obsèques de Philippe Hanger.)

Quant à la Trinité, la Nouvelle Eglise enseigne « qu'il y a une « Divine Trinité qui est le Père, le Fils et l'Esprit Saint; que ces trois, s le Père, le Fils et l'Esprit Saint sont les trois essentiels d'un seul « Dieu, qui font un». (SWEDENBORG. La Vraie Religion chrétienne * § I&3-)

12


140 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

On suivait, pour la lecture de la Parole, la division adoptée par les Novi-Jérusalémites d'Angleterre et des Etats-Unis ; de là il résultait que les mêmes passages du Livre Saint pouvaient être lus, le même jour, par tous les disciples de la Nouvelle Jérusalem, en Europe et en Amérique.

D'après cette division placée au commencement de la Liturgie de Ledru, on lisait en une année l'Apocalypse et les Psaumes de David, on employait le cours de deux ans pour la lecture des quatre Evangélistes et une période de quatre ans pour celle des Livres historiques et prophétiques de l'Ancien Testamentx.

L'instruction était donnée aux enfants le dimanche matin. Ils avaient pour catéchisme la Doctrine de la Charité extraite des Arcanes célestes de Swedenborg, qu'ils apprenaient par coeur ; les plus âgés apprenaient ensuite la Doctrine sur l'Ecriture sainte de Swedenborg 2.

i. Pour les cérémonies, on suivait la Liturgie de la Nouvelle Eglise rédigée par Ledru, ancien curé de Lèves, près de Chartres (Chartres, Landry, 1836, in-12, 392 pages), et le Supplément à la Liturgie par le même (in-12, 32 pages). La Liturgie de Ledru est copiée sur celle qui avait été établie par l'église swedenborgienne d'Angleterre, à la fin du xvin 0 siècle.

Le curé Ledru avait abandonné son ministère en 1833, pour prêcher le swedenborgisme. Les habitants de Lèves adhérèrent aux nouvelles doctrines de leur ancien curé ; mais, à sa mort, en 1837, ils revinrent presque tous à l'Eglise catholique.

2. Dans une lettre à M. Edmond de Chazal, à Saint-Antoine (Ile Maurice), du 24 décembre 1858, Le Boys des Guays, en réponse à une demande de conseils pour l'organisation du culte de la Nouvelle Eglise, lui dit : « Quant au mode d'instruction, ne vous en préoccupez « pas trop non plus ; une instruction familière, d'abondance, passant « d'un point à un autre selon qu'oc s'y trouve naturellement conduit,


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Dès que Le Boys des Guays eut inauguré le culte de la Nouvelle Jérusalem, il subit de violentes attaques des catholiques dans l'Echo du Vatican, et des protestants dans le Semeur. Il répondit dans les termes les plus mesurés 1.

Parmi les feuilles régionales, deun journaux,

« est bien préférable et porte beaucoup plus de fruits que ces sermons « apprêtés pour produire de l'effet et qui souvent causent la perte « des prédicateurs parce qu'ils n'y cherchent qu'à briller sans produire « d'autres résultats que l'admiration des auditeurs. »

i. Mélanges de Le Boys des Guays, ior vol., p. 51, 76, 77. (SaintAmand, Destenay, 1864) ; — et la Nouvelle Jérusalem, revue religieuse et scientifique, tome I, pages 33, 51.

La revue La Nouvelle Jérusalem fut fondée en 1838 par Le Boys des Guays qui en était rédacteur en chef et propriétaire gérant. Il en interrompit la publication en 1848, pour avoir plus de temps à consacrer aux traductions de Swedenborg. Cette revue fut d'abord mensuelle, et, à partir du 20 mars 1845, trimestrielle.

Les deux principaux collaborateurs de Le Boys des Guays, pour la rédaction de cette revue, furent le baron Frédéric Portai et Auguste Harlé.

Le baron Frédéric Portai ( fils du baron Pierre-Barthélémy Portai, ministre de la marine et des colonies en 1819, pair de France), né à Bordeaux en 1804, mort à Paris en 1876, entra dans la diplomatie sous la Restauration et remplit diverses fonctions au Conseil d'Etat. 11 est l'auteur de : Des couleurs symboliques dans l'antiquité, le moyen-âge et les temps modernes. (Paris, Treuttel et Wiirtz, 1837) ; — Les symboles des Egyptiens comparés à ceux des Hébreux (Paris, Dondey-Dupré, 1840) ; — Les descendants des Albigeois et des Huguenots ou mémoires de la famille de Portai (Paris, Meyrueis, 1860) ; — La politique des lois civiles ou science des législations comparées (1873-1874). Il publia les Mémoires de son père.

Auguste Harlé, né à Saint-Quentin en 1809, décédé à Paris en 1876, était issu d'une vieille famille calviniste. Il fut amené au swedenborgisme par le baron Frédéric Portai. Harlé connaissait remarquablement l'hébreu. Il confronta, dans les traductions de Le Boys des Guays, tous les passages de l'Ecriture avec le texte original. Il aida Le Boys des Guays à collationner, à annoter et à traduire plusieurs ouvrages. Harlé dirigea, pendant quelques années, les réunions de la Société swedenborgienne de Paris.


142 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

la Gazette du Berry et le Journal du Cher, le prirent vivement à partie et essayèrent de jeter le ridicule sur la Nouvelle Eglise. Le Boys des Guays, dans l'Annonciateur du Cher du 10 décembre 1837, fit une réplique courtoise dont voici quelques passages :

« Si la Gazette du Berry a cru qu'en employant des termes « de mépris, elle nous forcerait à des représailles, elle s'est « trompée ; nous l'avertissons que, dans cette polémique « religieuse, nous ferons toujours abstraction des personnes,

« nous ne discuterons que les principes

« Notre doctrine, à nous, est toute de charité, et nous la

« suivrons Nous n'aurons jamais d'autres

t armes que la persuasion ; car si nous en prenions d'autres, « nous ne serions plus Novi-Jérusalémites qu'à l'extérieur. . .

« Quant au Journal du Cher, qui vient aussi de nous « attaquer dans son numéro du 5 décembre, que puis-je « lui répondre ? Je m'occupe seulement de matières reli«

reli« et ne me mêle en aucune façon de politique

« Du reste il aurait mieux fait de prendre quelques notions « de notre doctrine, avant d'en parler. J'attendrai donc « que l'auteur ait fait connaître, d'une manière quelconque, « s'il est athée, sceptique, déiste ou d'une communion « chrétienne ; car son article ne renferme pas un mot qui « puisse m'indiquer quels sont ses principes religieux. »

La Gazette du Berry et le Journal du Cher ne répondirent pas.

Les attaques de la presse ne présentaient pas de danger pour la religion naissante ; au contraire, elles avaient l'avantage de faire connaître son existence. Il n'y avait qu'une seule chose à redouter : l'interdiction du culte. En effet les réunions des NoviJérusalémites saint-amandois inquiétèrent les pouvoirs publics qui ne surent pas dissimuler suffisamment cette inquiétude pour que les membres de la Nouvelle Eglise n'en eussent pas connaissance.


A SAINT-AMAND-MONTROND 143

« Le témoignage, écrit Le Boys des Guays, dans l'Annon« dateur du Cher du 17 décembre 1837, de toutes les per« sonnes qui ont assisté aux réunions des Novi-Jérusalémites « suffira pour convaincre complètement les autorités et le « public de la pureté de nos intentions, et pour dissiper <c entièrement toutes espèces d'insinuations. Je ne « m'occuperai donc pas de tout ce que la malveillance a « pu supposer pour nuire à notre oeuvre ; mais je me vois « forcé de dire quelques mots sur un bruit, depuis quelque « temps répandu, et qui semble maintenant prendre quelque « consistance. On prétend que l'autorité supérieure a donné « des ordres pour faire fermer ma maison. Un tel bruit me « paraît dénué de fondement, car si un délégué d'une autorité « supérieure avait reçu de tels ordres, il me semble qu'il les « tiendrait secrets jusqu'à leur mise à exécution. D'ailleurs, « j'ai fait une Déclaration à l'autorité locale, et je tiendrai « ma maison ouverte à toute personne raisonnable, jusqu'à « ce qu'on m'ait signifié de la fermer, et qu'on ait apposé « les scellés sur mon salon. Nous respecterons toujours les « lois civiles et politiques, mais nous saurons aussi en réclamer « la protection. Nous obéirons même à la force, si on « l'employait contre nous ; mais après avoir obéi, nous « réclamerions avec toute l'énergie que donne la pureté de « conscience. Aucune mesure violente ne saurait ralentir «notre zèle et notre persévérance ; notre conviction esl « trop forte, pour qu'on puisse nous faire dévier de la ligne « de conduite que notre devoir de chrétien nous tracera.

« Si contre toute attente, on me forçait de fermer mon « salon, nous nous partagerions la tâche ; alors, pour un lieu « de réunion fermé, ne pourrions-nous pas en ouvrir léga« lement dix ? Et si, contre toute justice, ce nouveau mode « de propagation nous était enlevé, il nous resterait encore « la puissante ressource de nous rendre individucllemen I « dans le sein de chaque famille avide de connaître LA « BONNE NOUVELLE. »

Le bruit, depuis quelque temps répandu, auquel fait allusion Le Boys des Guays dans les lignes ci-dessus, n'était pas dénué de fondement : le dimanche 22 mars 1838, le commissaire de police vint, pendant


144 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

la célébration du culte, compter les assistants qui étaient trente-deux.

Cette enquête était bien l'indice que l'autorité voulait trouver un prétexte pour interdire le culte public de la Nouvelle Jérusalem.

Il s'agissait de tenter que cette mesure, si préjudiciable à la Nouvelle Eglise, ne fût pas prise.

Le Boys des Guays adressa, à cet effet, au Procureur général, la lettre suivante 1 :

A Monsieur le Procureur général près la Cour royale de Bourges

Saint-Amand, le 27 mars 1838.

MONSIEUR LE PROCUREUR GÉNÉRAL,

Dimanche dernier, M. le Commissaire de police s'est rendu chez moi par ordre de votre substitut, M. le Procureur du roi de Saint-Amand, pour s'assurer du nombre de personnes réunies dans mon salon, qui sert au Novi-Jérusalémites de temple provisoire pour rendre au Dieu des Chrétiens le culte de leur coeur. J'ignore, et je n'ai pas le droit de demander à connaître quels sont les ordres que vous avez transmis, et jusqu'où ils peuvent s'étendre ; mais comme chrétien et comme français vivant sous l'ombre tutélaire de la liberté de conscience inscrite dans la Charte, je ne puis m'empêcher de vous soumettre, avec tous les égards que mérite votre dignité, les réflexions que cet acte m'a naturellement suggérées :

J'ai fait, le 18 novembre 1837, à M. le Maire de SaintAmand, la Déclaration que ma maison était ouverte, le Dimanche, à toute personne raisonnable qui désirerait prendre connaissance des principes religieux que professent les disciples de la Nouvelle Jérusalem. Cette déclaration a été transmise à l'Autorité supérieure, et depuis cette époque il n'est rien survenu qui ait pu éveiller la sollicitude de

i. Mélanges de Le Boys des Guays, ier vol., p. 419.


A SAINT-AMAND-MONTROND 145

l'Autorité pour la tranquillité publique ; car il n'y a eu ni désordre, ni tumulte ; les portes de ma maison ont toujours été ouvertes, le Dimanche, à trois heures, à tous ceux qui se sont présentés, et tous agents de l'Autorité ont eu la liberté entière d'exercer leur surveillance. Nous ne nous plaindrons jamais de cette surveillance ; M. le Commissaire de police peut venir quand bon lui semblera, et envoyer des agents subalternes ; ils seront toujours bien accueillis, car tous les hommes sont frères ; mais le fait de compter le nombre des assistants paraissant indiquer que l'Autorité serait dans l'intention de nous appliquer l'article 291 du code pénal, c'est sur ce point seulement que je vous soumettrai de simples réflexions.

On peut se réunir dans les salons de Messieurs tels ou tels, pour jouer aux cartes, sans que l'Autorité compte le nombre de ceux qui composent la réunion ; et des chrétiens, dont la raison rejette les dogmes du catholicisme romain, ne pourront pas se réunir plus de vingt pour prier en commun, et il faudra qu'ils restent privés de culte, parce qu'il plaira de les assimiler à des conspirateurs ! Ce n'est pas en lisant la Parole de Dieu et en cherchant à se pénétrer des vérités divines renfermées dans les Ecritures, qu'on apprend à conspirer.

On peut à jour fixe donner des bals dans des salons particuliers, où se réunissent un grand nombre de personnes, et il ne me sera pas permis de réunir chez moi plus de vingt de mes frères, y compris les femmes et les enfants, pour nous pénétrer de l'amour de Dieu et du prochain ! La loi n'a pu être immorale à ce point ; elle a entendu prohiber les réunions clandestines et dangereuses pour la tranquillité de l'État ; mais elle n'a jamais prétendu mettre des entraves à la liberté de conscience, lorsqu'il n'y a pas association, et que tous les habitants peuvent participer à un culte qui n'a rien d'exclusif. Vous savez, du reste, M. le Procureur général. qu'il faudrait effacer la liberté de conscience inscrite dans la Charte de 1830, si l'on voulait appliquer dans toute la rigueur de la lettre l'article 291 du Code pénal, et vous savez aussi combien une Charte constitutive d'un nouveau gouvernement l'emporte sur un Article de loi d'un gouvernement antérieur.

Je ne saurais donc attribuer la rigueur, qu'on semble


146 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

vouloir exercer contre nous, qu'à la non-connaissance de nos principes religieux. Or, notre religion professée publiquement, depuis de longues années, en Angleterre et aux Etats-Unis de l'Amérique du Nord, repose sur ces deux principes fondamentaux : Reconnaître le Seigneur JésusChrist comme Dieu Unique, et vivre selon les préceptes qu'il nous a donnes dans le Décalogue. Ainsi, pour être Novi-Jérusalémite, on n'est astreint à aucune formalité extérieure ; il suffit de reconnaître qu'il y a un seul Dieu, et non trois personnes distinctes en Dieu, et de vivre selon le Décalogue > on na Pas même besoin de faire cette déclaration, car les paroles et les promesses ne sont rien aux yeux de la Divinité qui n'a égard qu'aux actes ; ainsi sont NoviJérusalémites tous ceux qui vivent selon cette croyance, et non ceux qui la proclameraient hautement sans la mettre en pratique.

Si l'Église Française 1, qui nie la divinité de Jésus-Christ, peut prêcher ouvertement un tel dogme, il est bien surprenant qu'on cherche à proscrire, ou du moins à entraver l'exercice du culte de la Nouvelle Jérusalem qui, loin de faire de Jésus-Christ un homme, le reconnaît, comme je viens de le dire, pour le seul et unique Dieu de l'univers.

J'ose espérer, M. le Procureur général, que ces simples réflexions pourront modifier les ordres que vous avez donnés, et éviter par là des réclamations publiques, auxquelles je n'aurais recours que si vous m'y contraigniez en mettant les Novi-Jérusalémites hors du droit commun. J'ai l'honneur d'être...

LE BOYS DES GUAYS, ancien magistrat, ancien sous-préfet.

Le Procureur général s'alarma de la menace contenue à la fin de cette lettre. Connaissant la fermeté de caractère du magistrat démissionnaire et du souspréfet révoqué Le Boys des Guays, il ne doutait pas

i. Il s'agit de l'Église Française, fondée par l'abbé Châtel, en 1830.


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que, si des poursuites judiciaires étaient intentées contre les Novi-Jérusalémites saint-amandois et le culte interdit, celui-ci donnerait à ses réclamations publiques un retentissement fort gênant, et il prévoyait que les adversaires de la Monarchie, parmi lesquels Le Boys des Guays avait de nombreux amis, ne manqueraient pas de saisir cette occasion pour accuser le gouvernement de pratiquer l'intolérance et la persécution d'une manière odieuse.

D'autre part, il était attristé de laisser inquiéter,pour un délit mal défini, un ancien collègue qui, au cours de son passage dans la magistrature, s'était fait apprécier par sa science juridique et avait conquis la sympathie du corps judiciaire.

Le Procureur général prit la mesure la plus sage en la circonstance : il écrivit immédiatement au Procureur du Roi de Saint-Amand d'annuler le procès-verbal du Commissaire de police et d'affecter d'ignorer l'article 291 du Code pénal.

Cet incident n'eut donc pas de suites et désormais, les Swedenborgiens saint-amandois n'eurent qu'à se louer de l'esprit de tolérance de l'administration.

Les inhumations des membres de la Nouvelle Jérusalem étaient toujours faites en présence d'un nombreux concours d'habitants qui étaient en général impressionnés d'une manière favorable.

Le premier enterrement swedenborgien qui eut lieu à Saint-Amand fut celui de Philippe Hanger 1, homme

i. Philippe Hanger était fils naturel de la baronne de Kriidener, swedenborgienne, romancière, favorite du tzar Alexandre Ier.


148 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

de lettres, né à Donau Eschingen (Grand Duché de Bade), qui demeurait rue du Petit Vougon n° 1, décédé, à l'âge de 40 ans, le 6 octobre 1838.

Le cérémonial de ses obsèques a été relaté par Le Boys des Guays, dans l'Annonciateur du Cher du 18 décembre 1838 1, pour rectifier un compte-rendu malveillant du journal l'Abeille du Cher, n° 172 :

Le chef d'une famille étrangère, M. Hanger, ayant appris que la Nouvelle Église chrétienne, dont le culte est célébré ostensiblement dans plusieurs États de l'Europe et de l'Amérique, s'était manifestée en France, et que les disciples de la Nouvelle Jérusalem avaient un culte public à SaintAmand, vint de son propre mouvement, il y a quelques mois, se réunir à nous. Accueilli avec cordialité, il assista à nos exercices religieux ; mais, attaqué presque aussitôt d'une maladie grave, il succomba le 6 octobre dernier. Les Novi-Jérusalémites, se conformant aux intentions qu'il avait manifestées, lui rendirent les derniers devoirs selon le rit de leur culte.

Cette cérémonie, quoique simple en elle-même, prit cependant un caractère imposant, par suite du concours de la plus grande partie de la population. Réunis au domicile du défunt, nous nous rendîmes au champ de repos dans un silence religieux, marchant deux à deux, à quelques pas en arrière des porteurs, et entourés d'une foule considérable. Arrivés au cimetière, une autre partie de la population nous y avait devancés.

Lorsque le corps fut descendu dans la fosse, l'un de nous ouvrit le livre de la Liturgie, et s'adressant à l'assemblée, il lut à haute voix les passages suivants :

« FRÈRES, « Puisqu'il a plu au Seigneur, selon le cours de sa Divine « Providence, de retirer de ce monde notre frère Hanger, « nous déposons son corps dans ce sépulcre, rendant de la

i. La Nouvelle Jérusalem, revue, tome I, p. 282 ; — Mélanges de Le Boys des Guays, ier vol., p. 200.


A SAINT-AMAND-MONTROND 149

■« terre à de la terre, des cendres à des cendres, de la poussière « à de la poussière, avec la ferme assurance qu'il est vivant « pour l'Éternité, et avec l'espérance qu'il a trouvé misé« ricorde devant le Seigneur.

« Il est impossible que le corps naturel, qui n'est en lui« même qu'une matière insensible, constitue le véritable « homme ; il n'est qu'un instrument donné à celui-ci, instruit ment à l'aide duquel il se rapproche du but pour lequel « il a été créé, en résidant, pendant un court espace de temps, « dans ce monde matériel.

« Quand le corps naturel cesse d'être dans un état propre « à servir d'instrument, c'est alors qu'on dit qu'il meurt ; « non pas que l'homme cesse de vivre, il ne fait que se « débarrasser de celle enveloppe extérieure, à l'aide de « laquelle il était en communication avec ce monde et les « choses de ce monde. Le théâtre de son existence est « transporté dans un autre monde où il continue de vivre, ',< devenu, non une vapeur sans substance, un vain fantôme, « mais un homme véritable ; car l'homme est homme parce « qu'il a une âme spirituelle douée de la faculté de connaître « et d'aimer son Dieu ; el c'est pour cela seul qu'il est « immortel ; ainsi, quand l'homme (je ne parle ici que de « son âme) passe de ce monde matériel dans le monde « spirituel, il emporte avec lui tout ce qui lui appartient « comme homme ; il ne se dépouille que de cette simple « enveloppe terrestre dont il n'a plus besoin, et que par « conséquent il ne reprendra jamais. Sans elle, il n'a pas « moins un corps comme avant, mais un corps d'une substance « spirituelle et immortelle.

« Nous avons donc suffisamment de quoi nous rassurer « contre la crainte de la mort du corps ; mais il est une mort « qui a de la terreur, même pour le philosophe, et de laquelle, « si nous sommes sages, nous devons chercher à nous pré« server pendant que nous demeurons dans la vie terrestre. « Ne craignez point ceux qui tuent le corps, et après cela « n'ont pas pouvoir de rien faire de plus. Mais je vous mon« irerai qui vous devez craindre : Craignez Celui qui, après « avoir tué, a pouvoir de jeter dans la géhenne ; oui, vous « dis-je, Celui-là, craignez-le. » Luc,, XII, 4,5. — « La mort « que nous devons tous craindre est la mort spirituelle ou « la mort de l'âme. Cette mort est amenée par l'amour du


150 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

« mal ; elle est véritablement l'ouvrage de nos propres mains. « Ne nous laissons donc pas induire en erreur ; ayons toujours « présent à l'esprit que la vie intérieure de chacun le suit « dans la vie éternelle, et qu'une vie bonne a pour terme le « Ciel, de même qu'une vie mauvaise a pour terme l'Enfer ; « car le Seigneur a dit : « Voici, je viens bientôt, et. ma récom«■ pense avec Moi, pour rendre à cliacun selon que son oeuvre « sera. » APOC, XXII, 12. — Ainsi l'état de l'homme ne « peut plus changer une fois qu'il est entré dans l'éternité. « Connaissant donc l'importance du grand changement « que nous subirons bientôt et inévitablement, songeons « sans cesse à nous y préparer. Cherchons le Seigneur pendant « qu'il nous est possible de le trouver. Appelons-le pendant t qu'il est près de nous. Que le méchant abandonne sa voie, « et l'homme injuste ses pensées ; qu'ils viennent au Seigneur « et il aura pitié d'eux : qu'ils reviennent à notre Dieu, et « ils trouveront pleine miséricorde. C'est ainsi que nous serons « prêts à paraître devant notre juge, quand il nous appellera. « C'est ainsi que nous entendrons sa miséricorde dire à « chacun de nous : « Bien ! Serviteur bon et fidèle ; sur peu « tu as été fidèle, sur beaucoup je t'établirai. » MATTH., XXV, « 21. »

Un autre de nos frères a lu l'invocation de Richer, « qui a pour titre : Qu'est-ce que la mort ? 1

Nous nous retirâmes ensuite en silence au milieu d'un recueillement général.

Lorsque la foule se retirait paisiblement, on entendait répéter dans divers groupes cette exclamation bien significative : « Ah ! nous ne nous attendions pas à cela ; on nous avait dit qu'ils ne croyaient pas en Dieu. » Ainsi de perfides insinuations avaient été répandues contre nous... Mais nos concitoyens sont trop éclairés ; ils ont en général une idée trop élevée de la Divinité, et sont trop amis de nos libertés publiques, pour souffrir jamais qu'on trouble le repos de leur ville pour des formalités de culte qui, aux yeux de tout homme de bon sens, n'honorent ni ne déshonorent la Divinité attendu que le vrai Dieu n'est honoré que par les vertus de ses créatures, de même qu'il n'est déshonoré que par leurs vices.

i. RICHER. De la Nouvelle Jérusalem. Nantes, Mellinet, 1834, tome IV, p. 269.


A SAINT-AMAND-MONTROND 151

* * *

Au mois de décembre 1838, Constant Chéneau, négociant à Mennetou-sur-Cher, suggéra à Le Boys des Guays l'idée d'édifier un temple à Saint-Amand. Il offrait de participer pour 80.000 francs aux frais de construction et il se chargeait de demander des subsides, dans toute la France et à l'étranger, à ceux qui éprouvaient de la sympathie pour la Nouvelle Eglise.

Cette proposition fut acceptée avec empressement. Un vaste terrain, sur lequel le temple devait être construit, situé dans un beau quartier de la ville, fut acheté par Chéneau, moyennant douze mille francs 1.

Auguste Harlé établit le plan de ce temple. Voici comment il le conçut 2 :

Le véritable culte consistant dans l'instruction, l'exhortation d'après la Parole et la prière, quelle forme pouvait

i. Cet emplacement devait être en bordure de la route de Montluçon (actuelle rue Benjamin-Constant).

Je n'ai pas trouvé, au bureau de l'enregistrement de Saint-Amand, la vente à Chéneau. Cela indique que Chéneau acheta ce terrain par acte sous-seings privés qui ne fut pas enregistré, et que, lorsque Chéneau vendit ce terrain, l'acte fut établi au nom du propriétaire à qui Chéneau l'avait acheté.

Le prix d'acquisition par Chéneau, 12.000 francs, considérable pour un emplacement à Saint-Amand à cette époque, montre que ce terrain était très vaste et bien situé.

Le Boys des Guays envisageait, pour plus tard, la construction, sur ce terrain, d'une maison pour le pasteur et de logements pour les Novi-Jérusalémites étrangers qui voudraient séjourner à SaintAmand.

2. La Nouvelle Jérusalem, revue, tome II, p. 136.


152 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

y être mieux adaptée que celle à laquelle l'usage a déjà conduit pour l'enseignement dans les grandes écoles et les lieux d'assemblées des grands corps délibérans ? C'est aussi celle décote par Swedenborg : « Le Temple était

PLAN DU TEMPLE DE LA NOUVELLE ÉGLISE, A SAINT-AMAND * (DESSINÉ PAR HARLÉ)

A. Table de communion D. Entrée des fidèles

B. Chaire E. Entrée du pasteur

C. Entrée F. Fonts baptismaux

vaste, pouvant contenir environ trois mille personnes, demicirculaire, les bancs ou sièges continus rangés en demicercle selon la figure du temple, et les derniers plus élevés

i. Extrait de la revue La Nouvelle Jérusalem (Tome II, 1839)..


A SAINT-AMAND-MONTROND 153

que les premiers. La chaire devant les bancs, un peu retirée

du centre, la porte derrière la chaire a. » AMOUR CONJUGAL,

N° 23. — Puis à l'article du culte : «Le prédicateur en chaire

une

est à l'orient h ; en face de lui sont ceux qui sont dans une plus graïuie lumière de sagesse, et sur les côtés ceux qui sont dans une moindre lumière. Un est assis [en amphithéâtre de manière que tous soient en regard du prédicateur ; aux, extrémités des côtés, de part et d'autre, où son regard ne pourrait atteindre, il n'y a personne ; vers la porte qui est à l'orient du Temple, à gauche de la cliaire, se tiennent ceux qui prennent leurs initiations. Il n'est permis à personne de se tenir derrière la cliaire. » CIEL ET ENFER, N° 223.

Voilà l'ensemble des données que nous avons dû chercher à mettre en oeuvre.

La forme architecturale à laquelle elles nous conduisent répond à ce qu'on appelait, dans les anciens temples chrétiens, l'abside, à laquelle serait immédiatement appliquée la façade ou l'entrée.

La correspondance est exacte ; car, dans ces anciens temples, l'abside était l'intime, le sanctuaire alors interdit aux laïcs ; or, aujourd'hui, l'Eglise étant introduite dans les vérités intérieures par la connaissance du sens interne de la Parole, le culte est entièrement transporté dans la partie intime et cachée de l'ancienne, dans le sanctuaire même.

Cette considération est prise dans le sens spirituel naturel ; mais il y a une correspondance plus élevée dans la forme demi-circulaire qui présente l'Eglise tournée tout entière vers le Seigneur comme centre. Dans cette forme, le contour est composé de deux lignes : la ligne demi-circulaire se rapporte à l'Eglise ; la droite pour diamètre au Seigneur : on peut y voir l'image du mariage de l'un avec l'autre. Ce côté recliligne est à l'orient et contiendra vers son milieu tous les représentatifs du Seigneur.

« (a) LA GAUCHE répond au vrai ; et, étant ici vers le midi, au vrai a du bien ou au vrai de l'amour, par lequel se fait l'introduction dans n l'Eglise.

« (b) L'ORIENT signifie le Seigneur, de qui procède la lumière « spirituelle par la Parole.


154

LE CULTE DE LA NOUVELLE JERUSALEM

On entre par la porte principale dans un petit vestibule, lequel a ensuite deux portes sur deux pièces d'introduction, l'une à gauche, suivant la condition indiquée pour l'entrée des fidèles, l'autre à droite 0 à l'usage du prédicateur, comme lieu de préparation et comme vestiaire. Ces deux endroits ouverts en arcades sur le temple pourraient n'en être séparés que par des tentures, celle de l'entrée des fidèles toujours ouverte.

La table carrée pour la communion est devant la chaire, sur une plate-forme demi-circulaire, selon la forme des bancs, élevée seulement d'un degré avec un passage autour, d'où l'on peut aller se placer par d'autres passages dans les différentes parties de l'amphithéâtre.

Les bancs disposés de la manière la plus convenable seraient au nombre que comporterait la grandeur du temple.

Les fonts de baptême seraient dans l'angle à gauche, près de l'entrée qui représente l'initiation.

Douze étant le nombre représentatif de l'Église, nous

« (c) LA DROITE répond au bien, et ici au bien du vrai ou de la « sagesse, comme le sacerdoce qui conduit au bien en enseignant le vrai.


A SAINT-AMAND-MONTROND

155

ouvrons douze fenêtres à la muraille demi-circulaire qui entoure l'assemblée.

L'ouverture ronde dans la façade à l'orient représente le Soleil Spirituel.

Les murailles, correspondant au degré spirituel, à cause des fenêtres qui éclairent comme les vérités, seront en pierre, parce que la pierre correspond à la vérité.

Le toit correspondant au degré d céleste, sera supporté par

une charpente en bois apparente, parce que le bois correspond au bien. Ce mode de construction usité dans la simplicité de la primitive architecture chrétienne, convient à l'humilité d'une Eglise naissante, et répond par sa signification à l'amour qui doit être son caractère distinctif.

« Dans le Royaume céleste, dit Swedenborg, les temples paraissent comme de bois, et sont sans aucune magnificence. » CIEL ET ENFER, N° 223.

L'intérieur du temple sera aussi garni en bois ; et les bancs, la table et la chaire seront en bois.

Il n'y aura pour décoration d'autres ornemens que des inscriptions de textes de la Parole, indiquant d'abord

« (d) « Que celui qui sera sur le toit ne descende point pour emporter « les choses de sa maison. » (MATTII., XXIV, 17.)

13


156 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

que le Seigneur est le Dieu unique auquel est adressé le culte dans ce temple.

Jésus-Christ est le vrai Dieu et la vie éternelle. » I. EPIT., JEAN, V, 21.

Puis ses paroles sur lui-même :

Je suis Jéhovah, ton sauveur et ton rédempteur. » ISAIE, XLIX, 26.

Je suis le Premier et le Dernier, et il n'y a pas d'autre Dieu que Moi. ISAIE, XLIV, 6.

Je suis l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin, Je suis celui qui est et qui fut, et qui doit venir, le ToutPuissant. APOC, I, 8.

Ensuite les textes indiquant les divers représentatifs, par exemple, la Porte :

Je suis la Porte ; si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé. » JEAN, X, 9.

L'image du Soleil Spirituel :

Je suis la lumière ; quiconque croit en Moi ne demeure point dans les ténèbres. JEAN, XII, 46.

La chaire qui représente la Parole :

Mes Paroles sont esprit et vie. » JEAN, VI, 63.

Celui qui entend mes Paroles et qui les met en pratique, celui-là m'aime. JEAN, XIV, 21.

Et ainsi des autres.

Dans le temple, on inscrirait des passages exprimant le culte du Seigneur, comme on les trouve, par exemple dans les Psaumes.

Les travaux de terrassement furent commencés le 27 juillet 1839.

La première pierre fut posée le 20 mars 1840.

Le Boys des Guays nous a conservé le souvenir de cette cérémonie 1 :

Quelques-uns de nos frères de Paris et des départements étaient venus fêter avec nous ce jour mémorable. Nous nous réunîmes dans le temple provisoire, où l'un de nous,

i. La Nouvelle Jérusalem, revue, tome III, p. 63.


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après avoir lu le vie chapitre du premier Livre des Rois prit pour texte d'une simple allocution les versets 12 et 13 de ce chapitre, en faisant observer que le temple qui allait être élevé ne serait qu'un signe extérieur, mais que le véritable temple qui serait agréable au Seigneur, c'était celui que chacun de nous lui élèverait dans son coeur, en le reconnaissant pour le Seul Dieu du Ciel et de la Terre et en vivant selon ses préceptes.

Nous nous rendîmes ensuite sur le terrain où une foule de curieux nous avaient précédés, croyant sans doute qu'à l'exemple de la vieille Eglise, il y aurait une solennité extérieure, ou, qu'à l'imitation des hommes du inonde des discours seraient prononcés ; mais, dans la Nouvelle Eglise, tout doit être simple comme la Vérité qu'elle représente ; aussi dès que la pierre de l'angle qui joint l'orient au midi fut scellée, nous nous rendîmes au bureau de la rédaction de la revue La Nouvelle Jérusalem, où procèsverbal fut aussitôt dressé et signé, puis déposé dans les archives de la Nouvelle Eglise.

La pierre ne porte à son extérieur que cette simple inscription :

20 mars 1840-84 *

Mais dans son intérieur sera placée une plaque d'argent vierge, d'un quarré de dix centimètres, dans un étui en bois de palmier.

C'est sur cette plaque que sera gravée en lettres de sept millimètres de longueur cette inscription : Au Seigneur Jéhovah Jésus Christ Seul Dieu du Ciel et de la Terre Créateur, Rédempteur, Régénérateur. 20 mars 1840-84.

Les travaux continuèrent, conformément aux plans et devis approuvés par Chéneau ; mais lorsqu'on

i. L'an 1840 est la 840 année de l'ère novi-jérusalémite. La première année de cette ère est l'an 1757, pendant lequel eut lieu l'instauration de la Nouvelle Jérusalem.


158 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

voulut choisir des ornements pour surmonter la porte d'entrée, Chéneau proposa des emblèmes bizarres, que Le Boys des Guays refusa d'admettre.

Chéneau, qui était enivré d'orgueil, s'exalta, fit le prophète, parla de ses songes par lesquels il se prétendait instruit de ce qui devait être fait, soit pour la construction du temple, soit pour d'autres affaires de l'Eglise \

i. Les emblèmes que Chéneau voulait faire sculpter au-dessus de la porte du temple — un triangle, un carré, une boule, surmontant une main sortant d'un nuage, tenant un rouleau sur lequel est inscrit CHÉNEAU •—■ figurent dans plusieurs de ses ouvrages.

Chéneau, dans son livre 30 et dernière alliance de Dieu avec sa créature révélée à son serviteur Chéneau, pages 271 et 272, explique le sens de ces emblèmes, en ces termes : « La boule qui se trouve t à gauche du carré, représente l'homme brut tel qu'il naît sur c cette terre. Le triangle représente l'état spirituel auquel il a le « droit de prétendre. Le carré, au milieu, représente le parfait « en Dieu. On ne peut passer de l'état naturel à celui spirituel « que par le secours de Dieu... La main qui tient un rouleau marque c un commandement ; le rouleau se dépliant signifie une nouvelle « manifestation. » Ce qu'est ce commandement, Chéneau l'indique, page 10 : « J'ai reçu du Ciel le pouvoir d'édifier la vérité. Le Seigneur « m'a dit : Etablis le baptême spirituel, enseigne la religion d'amour « que je t'ai révélée, pour former mon alliance éternelle avec mes enfans ; « accomplis ta mission. Heureux celui qui la gravera dans son coeur ! •>

Ses façons étranges avaient fait surnommer Chéneau, par ses compatriotes, « le Bon Dieu de Mennetou ».

Voici les titres de quelques ouvrages dont Chéneau est l'auteur, qui montrent bien sa tournure d'esprit :

La volonté de Jéhovah en Jésus-Christ, seul Dieu, manifestée par son serviteur Chéneau, négociant. (Cet ouvrage rappelle comment l'auteur a été chargé de communiquer sa volonté aux hommes et surtout aux pasteurs dont Dieu se plaint beaucoup. Il y a des conseils pour ceux qui cherchent à réformer les abus et l'erreur par la puissance de la parole) ; —• Etrennes de 1840. Avis aux électeurs du 4e arrondissement et à tous les peuples. (L'auteur attaque les abus des élections, trace la marche à suivre pour les détruire et les prévenir à l'avenir. 11 s'adresse aussi aux théologiens et leur tient un langage capable de les éclairer) ; — Nouvelles connaissances de 1841 ou le Voile du Mystère déchiré d'après la Volonté divine. (Cet écrit fait


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Le Boys des Guays et les Swcdenborgiens sérieux reconnurent que la meilleure conduite à tenir était de cesser toutes relations avec Chéneau, de repousser son offre d'argent et de renoncer à la construction de ce temple 1.

Le Boys des Guays, dans une note, écrite peu de jours avant sa mort, relate cet incident 2 :

connaître où et à quel sujet l'auteur a été honoré de révélations. On y voit son entretien avec Jean-Baptiste, Napoléon, Swedenborg et les apôtres) ; — Instructions pour avoir des enfans sains d'esprit et de corps ; — y; et dernière alliance de Dieu avec sa créature révélée à son serviteur Chéneau ou Chainon, négociant à Mennetou-sur-Cher, pour être manifestée aux hommes.

i. Chéneau n'est pas le seul personnage avec qui Le Boys des Guays dut rompre. Dès que celui-ci inaugura le culte de la Nouvelle Eglise à Saint-Amand, plusieurs extatiques, illuminés, spirites et magnétiseurs, se disant swedenborgiens, vinrent à lui et ne tardèrent pas à compromettre, par leurs extravagances, les doctrines de la Nouvelle Eglise. Il cessa toutes relations avec eux. Il sut aussi se tenir en garde contre les avances de francs-maçons et de phalanstériens qui voulaient patronner la Nouvelle Eglise pour s'en servir comme d'un instrument utile à l'accroissement de leurs sectes et à la diffusion de leurs théories.

Cela n'empêcha pas certains francs-maçons de se mettre sous l'égide du swedenborgisme. En 1908, existait — et elle existe peutêtre encore aujourd'hui — La grande Loge provinciale d'Allemagne du Rite Soeedenborgien. (Abbé BARBIER. Les infiltrations maçonniques dans l'Eglise. Lille, Desclées, 1910, p. 148). Malgré tous ses efforts, Le Boys des Guays ne put réussir à détruire entièrement la légende qui assimile la Nouvelle Jérusalem à une secte d'illuminés.tellement quelques adeptes de l'occultisme, qui prétendaient suivre la religion swedenborgienne, avaient contribué à accréditer cette légende. La Nouvelle Jérusalem enseigne que Swedenborg a reçu de Dieu une révélation, qu'il a eu des visions et des extases ; mais elle interdit à ses fidèles de s'adonner aux sciences occultes, de croire qu'on peut, par des moyens artificiels, provoquer des extases, et de considérer comme des visions produites par Dieu les hallucinations et certaines aberrations de l'imagination.

2. Mélanges de Le Boys des Guays, IPr vol., p. 423.


160 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

M. Chéneau était extatique, ce que d'abord nous avions ignoré ; et, comme extatique, il tenait à ses idées. Il devint donc impossible de s'entendre. Dès lors je fis suspendre les travaux, aimant mieux subir les désagréments que cette suspension allait m'attirer, plutôt que d'admettre de tels emblèmes. Toutefois, je dois rendre à M. Chéneau cette justice qu'il régla avec loyauté les frais de cette construction. Non seulement il paya toutes les dépenses, mais il m'offrit plusieurs fois de céder le terrain et les constructions pour un prix bien au dessous de leur valeur, et même il aurait été, je crois, jusqu'à nous les donner, si je ne lui avais fait observer que la connaissance que nous avions maintenant de son état extatique et la publication récente de certains écrits ne nous permettaient plus de marcher ensemble.

Lorsque après 24 ans je réfléchis aux désagréments que m'a causés cette construction avortée, je ne puis que bénir la Divine Providence qui, en nous laissant notre libre arbitre, sait toujours de nos fautes tirer quelque bien.

J'avais agi un peu à la légère en acceptant les propositions de M. Chéneau. Je croyais le moment enfin arrivé do suivre l'exemple de nos frères d'Angleterre et des EtatsUnis.

Le Seigneur a suscité des obstacles à la construction de cet édifice, et je l'en bénis d'autant plus qu'il ne m'a pas laissé longtemps découragé ; il m'a mis au coeur de ne plus penser à ce temple de pierres et d'entreprendre un édifice plus solide, à savoir la publication française des écrits de Swedenborg et la traduction en latin et en français de la Parole d'après ces écrits 1.

i. Dans une lettre adressée à M. Edmond de Chazal, à l'Ile Maurice, le 23 août 1860 (Mélanges de Le Boys des Guays, 2e vol., p. 419), Le Boys des Guays fait le récit des incartades de Chéneau qui motivèrent l'abandon de la construction du temple de SaintAmand et il ajoute : « Vous devez juger des tribulations que « j'éprouvai ; mais la doctrine me donna la force de les surmonter, « et le temps est venu me fournir la preuve qu'il avait été avantageux « pour l'Église de Saint-Amand que ce temple n'eût pas alors été « construit ; en effet, il aurait pu rester ouvert jusqu'en 1851, mais « alors il eût été inévitablement fermé... Restons donc invariablement « convaincus que, quand nos intentions portent un cachet de dévoue-


A SAINT-AMAND-MONTROND 161

Cette entreprise était considérable. Le Boys des Guays raconte comment il fit, pour la mener à bien, dans une lettre du 26 février 18531, adressée à M. Butler, à Londres :

Un jour je m'étais proposé ce problème : combien' faudrait-il d'années à un homme faisant bon emploi de son temps et doué de persévérance, pour traduire tout Swedenborg ?

Le problème ainsi posé, il s'agissait de le résoudre. Aussitôt je rassemble tous les ouvrages de notre Auteur, et me voilà à additionner les pages des volumes qui n'avaient pas encore été traduits par moi.

Dès que j'en eus le total, comme je savais, depuis une expérience de plusieurs années, combien de pages je pouvais traduire par semaine 2, en dehors de nos travaux de composition de la Revue, de révision de copie avant de la livrer à l'imprimeur, de correction d'épreuves et de correspondance avec nos frères tant en France qu'à l'étranger 3, je divise mon nombre par le nombre de pages que je crois pouvoir traduire par semaine, et je trouve 366 pour quotient, c'était donc encore sept années.

Je faisais ce calcul en 1843 et en 1850 le tout était traduit.

« ment, le Seigneur est toujours avec nous, et que s'il ne permet « pas que nos intentions soient réalisées, c'est dans l'intérêt général • de l'Eglise et dans notre propre intérêt spirituel. »

Ce n'est qu'en 1878 que le culte de la Nouvelle Eglise, en France, qui jusque là avait été simplement toléré, fut autorisé officiellement par le gouvernement.

1. Mélanges de Le Boys des Guays, 2e vol., p. 288.

2. Le Boys des Guays traduisait chaque jour dix pages in-8° de texte latin.

3. Quelques-unes deslettres de Le Boys des Guays ont été publiées dans ses Mélanges. ^


162 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

Toute l'activité et tout le temps de Le Boys des Guays étaient consacrés à la Nouvelle Eglise et rien ne put jamais le détourner de la tâche accablante qu'il s'était assignée.

Il abandonna les travaux juridiques auxquels il s'était livré jusque-là, et il laissa inachevé un ouvrage sur la Loi des douze tables *.

En 1848, Michel de Bourges et les chefs du parti républicain du Cher tentèrent vainement de le décider à accepter une fonction politique.

Voici la lettre qu'il écrivit à Auguste Harlé 2 pour lui expliquer sa conduite dans cette circonstance :

Saint Amand, le 10 mars 1848.

Il m'a été impossible, cher frère, de répondre à votre lettre du 2 de ce mois, tant j'ai été bouleversé.

Vous savez, sans doute, que j'ai été destitué des fonctions de sous-préfet en 1831, à cause de mes opinions républicaines, et que je suis toujours resté invariablement attaché à mes principes sans jamais rechercher la moindre faveur du gouvernement déchu. Depuis que j'appartiens à la Nouvelle Eglise, j'ai dit, toutes les fois que l'occasion s'en présentait, que lorsque la République serait proclamée, je n'accepterais d'elle que la faveur de la servir comme simple citoyen. Mes anciens amis politiques connaissaient bien ma détermination ; mais ils ont cru que, vu les circonstances critiques dans lesquelles se trouve notre département, ils pourraient me la faire changer. Ils sont donc venus me trouver et m'ont harcelé pour me faire accepter les fonctions de délégué du gouvernement provisoire ; ils ont combattu mon refus, souvent réitéré, en employant enfin des arguments qui m'ont jeté dans une indécision entre mes devoirs de

i. En 1826 il avait donné dans La Thémis une dissertation sur le « Furtum prohibitum d'après la Loi des douze tables ».

2+Histoire sommaire de la Nouvelle Eglise. Loc. cit., p. 207.


A SAINT-AMAND-MONTROND 163

citoyen et mes devoirs de chrétien de la Nouvelle Jérusalem.

La tentation était déjà forte ; mais elle le devint davantage, lorsqu'ils cherchèrent à me convaincre que je pourrais concilier ces deux sortes de devoirs, en ne réclamant de moi que deux heures par jour et en m'oiïrant une sous-commission de quatre à cinq membres pour être à mes ordres et faire tous les autres travaux.

D'un autre côté mon acceptation rendait certaine ma nomination à l'Assemblée Nationale où, me disait-on, je pourrais être utile à la Nouvelle Église. Ce dernier argument avait d'autant plus de force sur mon homme externe, que mon grand-père avait siégé comme député de Montargis à l'Assemblée Nationale Constituante de 89. Mais au milieu de toutes les considérations pour ou contre qui ballottaient sans cesse mon esprit, j'eus recours au Seigneur et le priai ardemment de me sortir de mon indécision, en donnant à mon homme interne toute domination sur mon homme externe.

Mes prières ayant été enfin exaucées, mon parti fut irrévocablement pris, et je déclarai que je persistais dans ma détermination, et que je continuerais à me vouer tout entier à l'oeuvre religieuse que j'ai entreprise depuis 14 ans ; et cela, parce que j'étais convaincu que je serais plus utile aux vrais intérêts de la République en propageant la seule doctrine religieuse qui puisse lui convenir, et par conséquent la rendre plus stable et prospère que si j'acceptais d'elle des fonctions quelque importantes qu'elles fussent.

Me voilà donc rendu entièrement à mes travaux chéris, toutefois pendant cette dernière quinzaine je ne les avais pas abandonnés, mais je ne pouvais me livrer qu'à la traduction, tout autre travail m'eût été impossible.

Je vous embrasse de tout coeur.

Votre frère et ami

LE BOYS DES GUAYS.

Pour les mêmes raisons que celles exprimées dans la lettre ci-dessus, Le Boys des Guays se démit, en 1849, de la fonction de conseiller municipal qu'il occupait depuis 1834. (Archives de Saint-Amand, 7K3).


164 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

Ses travaux laissaient à Le Boys des Guays peu de loisirs pour voyager. Cependant, il allait de temps en temps à Paris pour visiter ses coreligionnaires. En 1851 et en 1857, il assista, en Angleterre, où il reçut un accueil chaleureux, à des congrès de la Nouvelle Eglise réunissant des Novi-Jérusalémites du monde entier. Il alla une fois en Allemagne et en Suisse pour traiter des questions concernant la Nouvelle Eglise 1.

Le Boys des Guays eut, en sa femme, une collaboratrice dévouée qui lui épargna beaucoup de temps et lui rendit de grands services pour certains travaux, tels que le collationnement des textes et la correction des épreuves 2.

i. Parmi les personnalités en vue que Le Boys des Guays essaya d'initier au swedenborgisme, il faut citer George Sand et Abd-el-Kader.

En 1852, Le Boys des Guays envoya quelques-uns de ses ouvrages à George Sand et engagea avec elle une correspondance suivie ayant pour but de lui exposer les doctrines de la Nouvelle Eglise.

Il alla à Nohant passer quelques jours, en 1856, et George Sand vint à Saint-Amand où elle resta deux jours, pour converser avec lui, en 1857.

En réalité George Sand n'étudiait les doctrines swedenborgiennes que dans l'espoir d'y trouver un sujet de roman.

En 1860, Le Boys des Guays fit parvenir à Abd-el-Kader sa traduction du Ciel et de l'Enfer, de Swedenborg et les Lettres à un homme du monde qui voudrait croire, dont il était l'auteur. L'année suivante, il lui adressa quelques autres de ses traductions d'ouvrages de Swedenborg.

Abd-el-Kader le remercia en termes pompeux, suivant les formes de la politesse en usage chez les Arabes.

Plusieurs des lettres de George Sand à Le Boys des Guays, les lettres de Le Boys des Guays à Abd-el-Kader et les lettres d'Abd-elKader à Le Boys des Guays ont été publiées dans l'Histoire sommaire de la Nouvelle Eglise (loc. cit.).

2. Le Boys des Guays, en dehors de sa femme, ne fit qu'un seul adepte dans sa famille : Eugène Rollet, son beau-frère (1814-1897).


A SAINT-AMAND-MONTROND 165

Il travailla jusqu'à sa dernière heure. Le dimanche 18 décembre 1864, une indisposition l'empêcha de présider le culte ; il s'alita à 5 heures du soir et mourut à 7 heures. La veille et dans la matinée, il avait corrigé la dernière feuille des épreuves de son Index méthodique des Arcanes célestes.

Eugène Rollet fut sous-préfet de Saint-Amand de 1870 à 1873, député du Cher en 1876, l'un des 363. Il traduisit de l'anglais : Appel

aux hommes réfléchis en faveur des doctrines de la Nouvelle Jérusalem du Rév. S. NOBLE (Saint-Amand, Destenay, 1862) ; — Particularités de la Bible du Rév. RENDELL (Saint-Amand, Destenay, 1863) ; —• Lettres au docteur Priestley ou Défense de la Nouvelle Eglise de Robert HINDMARSH (Saint-Amand, Destenay, 1864).

Dans le Journal du Cher du 26 avril 1876, la lettre d'un « Electeur du canton de Sancoins » hostile à la candidature à la députation d'Eugène Rollet, contient cette phrase : a Nous savons qu'il

« [Eug. Rollet] est quelque chose comme le pape d'une religion « où l'on est plus souvent en communication avec les esprits qu'avec « les vivants. » A la suite de cette lettre est cette note de la rédaction : « L'auteur de cette lettre veut sans doute parler du Swedenborgisme « dont M. Rollet est le pontife dans le Cher. Cette religion ou plutôt « cette philosophie doctrinale distingue un monde matériel et un « monde spirituel. Swedenborg prétendait avoir des communications « avec les amis (sic) [lire : âmes] des morts et en recevoir des « révélations. »

Cette pointe n'empêcha pas Eugène Rollet d'être élu le 30 avril avec 1.595 voix de majorité sur son concurrent le vicomte de SaintSauveur.

En réalité Eugène Rollet n'était pas le pontife du swedenborgisme dans le Cher. Je crois même qu'à cette époque il avait délaissé cette religion. En tout cas il eut des obsèques catholiques.


166 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

APPENDICE I

OEUVRES DE J.-F.-E. LE BOYS DES GUAYS

(éditées par la Librairie de la Nouvelle Jérusalem, à Saint-Amand, chez Porte, libraire)

I. Ouvrages d'Emmanuel Swedenborg traduits en français par Le Boys des Guays

1° Arcanes célestes qui sont dans l'Ecriture Sainte avec les merveilles qui ont été vues dans le Monde des Esprits et dans le Ciel des Anges. 1841-1854, 16 vol. in-8°.

2° Index des mots, des noms et des choses contenus dans les Arcanes célestes. 1858, in-8°.

3° La Vraie Religion chrétienne contenant toute la théologie de la Nouvelle Eglise. 1852-1853, 3 vol. in-12.

4° La Sagesse angélique sur le divin amour et sur la divine sagesse. 1851, in-12.

5° La Sagesse angélique sur la Divine Providence. 1854, in-12.

6° Du Ciel et de ses Merveilles et de l'Enfer. 1850, in-12.

7° Délices de la Sagesse sur l'amour conjugal ; à la suite sont placées Les Voluptés de la jolie sur l'amour scortatoire. 1855, 2 vol. in-12.

8° De la Nouvelle Jérusalem et de sa doctrine céleste. 1854, in-12.

9° Doctrine de la Nouvelle Jérusalem sur le Seigneur. 1859, in-8°.

10° Doctrine de la Nouvelle Jérusalem sur VEcriture Sainte. 1859, in-12.

11° Doctrine de vie pour la Nouvelle Jérusalem d'après les préceptes du Décalogue. 1859, in-12.

12° Doctrine de la Nouvelle Jérusalem sur la Foi. 1844, in-8°.

13° Exposition sommaire de la doctrine de la Nouvelle Eglise. 1847, in-12.


A SAINT-AMAND-MONTROND , 167

14° Des terres dans notre monde solaire, qui sont appelées planètes, et des terres dans le ciel astral ; de leurs habitants, de leurs Esprits et de leurs Anges. 1851, in-12.

15° Du Jugement dernier et de la Babylonie détruite. 1850, in-12.

16° Continuation sur le Jugement dernier et sur le monde spirituel. 1860, in-12.

17° Du Commerce de l'âme et du corps. 1848, in-12.

18° Couronnement ou Appendice à la Vraie Religion chrétienne. 1850, in-18.

19° Exposition sommaire du Sens interne des Livres prophétiques de l'Ancien Testament et des Psaumes de David. 1845, in-8°.

20° Doctrine de la Charité. 1846, in-8°.

21° Doctrine de la Nouvelle Jérusalem sur la Charité. 1847, in-8°.

22° Des Biens de la Charité. 1846, in-8°.

23° De la Parole et de sa Sainteté. 1845, in-8°.

24° De la Toute-Présence et de la Toute-Science de Dieu. 1853, in-32.

25° Neuf questions sur la Trinité proposées à Swedenborg par Hartley et réponses de Swedenborg. 1850, in-18.

26° Autobiographie de Swedenborg. 1851, in-18.

27° Du cheval blanc dont il est parlé dans l'Apocalypse. 1859, in-12.

28° Du divin Amour. 1860, in-8°.

29° Doctrine sur Dieu Triun. 1855, in-32.

30° Traité des Représentations et des Correspondances. 1857, in-32.

31° L'Apocalypse révélée. 1856-1857, 3 vol. in-12.

32° L'Apocalypse expliquée. 1855-1859, 7 vol. in-8°.

II. Publication avec la collaboration d'Harlé

Scriptura sacra seu verbum Domini ex lingua originali in latinam duce Emmanuele Swedenborgio translata. Accédant sensus spiritualis explicationes ex rjusdem operibus theologicis


168 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

collectae. Recensuerunt, suppleverunt, notas adjecerunt, J.-F.-Stephanus Le Boys des Guays et J.-B.-Augustus Harlé. 1862-1883, 4 vol. in-8°.

III. Traductions avec la collaboration d'Harlé

1° Les Psaumes. 1877, in-32.

2° Le Nouveau Testament. 1862, in-32.

3° Du Ciel et de l'Enfer, de Swedenborg. 1872, in-8°. (Cette traduction modifie un peu celle publiée par Le Boys des Guays en 1850.)

IV. Ouvrages de Le Boys des Guays

1° Index des passages de la Divine Parole cités dans les écrits d'Em. Swedenborg. 1859, in-8°.

2° Lettres à un homme du monde. 1852, in-12.

3° De la Religion considérée dans son action sur l'état de la Société. 1851, in-12.

4° Oberlin, disciple des doctrines de Swedenborg. 1839, in-32.

5° Enquête sur l'anecdote de la reine Louise-Ulrique. 1849, in-8°.

6° L'Apocalypse dans son sens spirituel. 1841, in-8°.

7° Table analytique et Index des Arcanes célestes. 1863-1864, 2 vol. in-8°.

8° Table analytique de l'Apocalypse expliquée. 1864, in-8°.

9° La Nouvelle Jérusalem, revue religieuse et scientifique. 1838-1848, 9 vol. in-8°.

10° Mélanges. 1864-1865, 2 vol. in-12.

11° Exégèse sur Jean. 1838, in-8°.

Certains de ces ouvrages ont eu plusieurs éditions et ont été traduits en anglais.

La vente des oeuvres de Le Boys des Guays a été élevée si l'on considère leur sujet : quarante mille volumes avaient été vendus lors du décès de Mme Le Boys des Guays, en 1886. A la même date, il avait été donné à des bibliothèques publiques et à des particuliers environ dix mille volumes.


A SAINT-AMAND-MONTROND 169

APPENDICE II

Parmi les adeptes de la Nouvelle Eglise qui contribuèrent financièrement à l'impression qui coûta plus de 120.000 francs, des ouvrages de Le Boys des Guays on doit citer don Lino de Zaroa \ prêtre espagnol retiré à Orthez, le comte Edmond de Chazal 2, de l'Ile Maurice et le comte

i. L'abbé Lino de Zaroa vint en exil en France après la guerre d'Espagne de 1823. Il avait une vaste culture. Il savait la Vulgate par coeur. Quoique adhérent à la Nouvelle Jérusalem, il continua d'exercer le ministère catholique ; mais, en 1849, il fut interdit par l'évêque de Bayonne. En 1851, âgé. de 78 ans, il accompagna Le Boys des Guays à Londres pour le congrès novi-jérusalémite. Il mourut quelques mois plus tard, fidèle à la Nouvelle Eglise, malgré toutes les instances faites par l'évêque de Bayonne pour le faire renoncer à la religion swedenborgiemie.

2. Le comte Edmond de Chazal (1809-1879) fut converti au swedenborgisme par la lecture des ouvrages de Le Boys des Guays. En 1858, il entreprit de propager la Nouvelle Eglise à l'Ile Maurice et de célébrer le culte dans son habitation de Saint-Antoine. Cela lui valut de violentes attaques des clergés catholique et protestant de l'Ile. Il répondit à ces attaques dans Discussions sur la Nouvelle Jérusalem (Londres, William White, 1860, in-12, 101 pages) ; et dans Réponses de M. Edmond de Chazal et de la Société de la Nouvelle Jérusalem à M. le Révérend P. Le Brun (Maurice, Dupuy et Dubois, 1861, in-8°, 56 pages). Il fonda pour l'Ile Maurice une revue mensuelle, rédigée en français, l'Echo de la Nouvelle Jérusalem, dont le premier fascicule parut en septembre 1861. En 1878, l'existence légale de la Nouvelle Eglise fut reconnue par le Conseil législatif de l'Ile Maurice et cette reconnaissance fut ratifiée par la reine Victoria.

Les Mélanges de Le Boys des Guays renferment plusieurs lettres de Le Boys des Guays à M. Edmond de Chazal. Quelques-unes contiennent des remerciements pour des envois importants d'argent.

J'ai eu le plaisir de donner à M. Maurice de Chazal, pasteur de la Nouvelle Eglise à l'Ile Maurice, le 31 mai 1931, lors de l'inauguration du monument érigé dans le cimetière de Saint-Amand, à la mémoire de M. et Mme Le Boys des Guays, les lettres écrites par son bisaïeul Edmond de Chazal à Le Boys des Guays, qui se trouvaient dans mes archives.


170 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

Emmanuel de Las Cases, fils de l'auteur du Mémorial de Sainte-Hélène l.

Le comte de Las Cases mourut en 1854, léguant à Le Boys des Guays 20.000 francs pour l'impression de ses ouvrages 2.

i. Le comte Emmanuel-Pons-Dieudonné de Las Cases (1800-1854) accompagna son père à Sainte-Hélène pour partager la captivité de Napoléon. En 1840, il alla à Sainte-Hélène avec le prince de Joinville pour ramener les cendres de l'Empereur. Il avait connu la doctrine swedenborgienne par les publications de Le Boys des Guays. La personnalité du comte de Las Cases fut ignorée jusqu'à sa mort par Le Boys des Guays avec lequel il correspondait par l'intermédiaire d'un libraire de Paris, sous le prénom de « Dieudonné », tellement il craignait qu'on sût qu'il était swedenborgien.

2. Grâce à ce legs de 20.000 francs, Le Boys des Guays put mettre les écrits de Swedenborg à la disposition d'un grand nombre de personnes, en donnant, en 1857, à l'occasion de l'anniversaire séculaire de l'instauration de la Nouvelle Eglise, aux bibliothèques publiques d'une centaine de villes de France et de l'étranger, sa traduction des ouvrages de Swedenborg, soit plus de cinq mille volumes. Cette propagande fut efficace et les adhérents aux doctrines du swedenborgisme augmentèrent dans des proportions notables.

Dans une notice sur Swedenborg par G. OE.. [OEgger, ancien premier vicaire de la cathédrale de Paris], contenue dans la Biographie générale (Paris, Cordier 1848-1849), on lit que la Nouvelle Jérusalem comptait, en 1848, plus de cent mille adhérents dans l'Ancien et le Nouveau Monde.

En 1860, on évaluait à quatre cent mille le nombre des NoviJérusalémites dans le monde. Matter dans Emmanuel de Swedenborg, sa vie, ses écrits, sa doctrine (Paris, Didier, 1863, in-8°, 436 pages) cite ce chiffre page 425 ; mais, sans preuves d'ailleurs, le trouve exagéré.

Aujourd'hui, en France, les Swedenborgiens sont moins nombreux qu'au milieu du xixe siècle. En outre il y avait alors, en plus des Novi-Jérusalémites avoués, beaucoup d'adeptes français du Swedenborgisme qui, pour des convenances familiales ou mondaines, continuaient à pratiquer extérieurement la religion (catholicisme ou protestantisme) dans laquelle ils étaient nés. En 1853, on comptait des membres de la Nouvelle érusalem à Saint-Amand, Paris, Versailles, Nantes, Boulogne, Toulouse, Tarbes, Orthez, Bayonne, Bourg-en-Bresse, Chalon, Bordeaux et dans plusieurs petites localités. (Mélanges de Le Boys des Guays, 2" vol., p. 301.)


A SAINT-AMAND-MONTROND 171

Le salon de la maison de la rue de l'Hôtel-Dieu où le culte avait été inauguré le 18 novembre 1837, servit aux cérémonies de la Nouvelle Eglise jusqu'à la mort de Mme Le Boys des Guays. Les prières dites par M. Larue, pasteur de Saint-Amand et par M. Charles Humann, avocat à la Cour d'Appel de Paris, pasteur de Paris, le 19 septembre 1886, lors des obsèques de Mme Le Boys des Guays, furent la dernière manifestation du culte novi-jérusalémite dans ce salon. Ensuite le culte fut célébré chez M. Larue, serrurier ; puis chez M. Laureau, son gendre, serrurier, et, ces dernières années, chez M. Daniel, imprimeur, aujourd'hui décédé.

Du vivant de Le Boys des Guays,l'Eglise Swedenborgienne de Saint-Amand comptait une cinquantaine de fidèles ; au décès de Mme Le Boys des Guays, elle en avait une trentaine. Depuis, le nombre des Novi-Jérusalémites saintamandois alla sans cesse en décroissant *.

Aujourd'hui, Saint-Amand n'en compte plus que trois, la fille et les petits-enfants de M. Daniel que M. François Mercanlon, ministre de la Nouvelle Eglise à Paris, vient visiter plusieurs fois par an.

La mémoire de Le Boys des Guays est en grande vénération chez les membres de la Nouvelle Eglise du monde entier. Ils le considèrent comme le principal propagateur et organii.

organii. Saint-Amand les membres de la Nouvelle Eglise étaient de condition modeste : chapelier, libraire, coiffeur, plâtrier, tapissier matelassier, tonnelier, serrurier... Ailleurs, en France, ils appartenaient en majorité à un milieu social distingué.

Il est surprenant que Le Boys des Guays, excellent orateur, mais dont le langage trop académique n'était pas à la portée d'un auditoire manquant de culture, soit parvenu à recruter ses fidèles, à SaintAmand, dans la classe peu instruite, tandis qu'en dehors de sa femme et de son beau-frère, Eugène Rollet, il ne trouva pas d'adhérents aux doctrines de Swedenborg, parmi les Saint-Ainandois de la bourgeoisie lettrée.

14


172 LE CULTE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM

sateur de leur religion, et ils regardent Saint-Amand comme le berceau de la Nouvelle Jérusalem dans les pays de langue française et dans les pays où le français est parlé par la classe cultivée 1.

La Fédération des Sociétés de Langue française de la Nouvelle Eglise, qui a son siège à Genève, a élevé, dans le cimetière de Saint-Amand, à M. et Mme Le Boys des Guays, un monument commémoratif qui porte cette inscription :

Les membres

de la Nouvelle Eglise du Seigneur

ont érigé ce monument

à la mémoire de

Jacques-François-Etienne Le Boys des Guays

1794-1864

et de Louise-Clotilde Rollet

son épouse qui fut sa collaboratrice

1805-1886

J.-F.-E. Le Boys des Guays traduisit

du latin en français les oeuvres de

Swedenborg et écrivit de nombreux

ouvrages pour la propagation des doctrines

de la Nouvelle Eglise du Seigneur.

Leur vie fut consacrée à la charité.

L'inauguration de ce monument eut lieu le 31 mai 1931, en présence du pasteur François Mercanton, de Paris ; du pasteur Maurice de Chazal, de l'Ile Maurice, arrière-petit-fils d'Edmond de Chazal ; des pasteurs Gustave Régamey et

i. Le Boys des Guays recevait fréquemment la visite de Swedenborgiens étrangers. Plusieurs même firent de longs séjours à Saint-Amand pour assister aux cérémonies du culte. Voici les noms que j'ai retrouvés de quelques-uns d'entre eux : MM. Broadfield, Hughes, Adam Haworth, de Manchester ; la famille Bragg, de Birmingham ; M. Frank Sewal, américain ; M. Edmond de Chazal, de l'Ile Maurice ; M. Boyessen, suédois ; la famille du prince Mouravief, russe ; M. Philippe Hanger, décédé à Saint-Amand en 1838 ; M. de Djunkoskoï, russe...

Plusieurs Swedenborgiens français et étrangers vinrent spécialement à Saint-Amand pour faire célébrer leur mariage par Le Boys des Guays.


A SAINT-AMAND-MONTROND 173

Alfred Régamey, de Genève ; du pasteur Flon, de l'Eguille (Charente-Inférieure), et de plusieurs Novi-Jérusalémites français et américains.

La famille était représentée à cette cérémonie par Charles Sainmont, avoué à Bourges, et l'auteur de cette notice, petits-neveux de M. et Mme Le Boys des Guays \

i. Compte rendu de l'inauguration du monument élevé dans le cimetière de Saint-Amand, à la mémoire de M. et Mme Le Boys des Guays, le 31 mai 1931, dans le Messager de la Nouvelle Eglise, revue mensuelle publiée à Genève, fascicule de juin 1931.



BULLETIN NUMISMATIQUE

ET

SIGILLOGRAPHIQUE

honoré du prix Allier de Hauteroche qui lui a été décerné

par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres

le 3 Mars 1911

N° 39

NOTE AU SUJET DES SCEAUX DÉTERRÉS A JOUY EN 1863 par Paul CHENU

Dans le bulletin numismatique et sigillographique n° 34 de nos Mémoires 1, notre confrère M. H. Ponroy a publié la photographie de sept sceaux trouvés à Jouy en 1863, et a accompagné sa publication de quelques mots relatifs à ces sceaux. En particulier, il a écrit qu'il ignorait ce que les sept sceaux-matrices, dont il rappelait la mise au jour, étaient devenus. Voici leur histoire.

Dès l'époque de la trouvaille, ils furent montrés à Hippolyte Boyer, alors bibliothécaire adjoint de la ville de Bourges. Il publia, sous forme de lettre à M. Pérémé, dans le Compte rendu des travaux de la Société du Berry à Paris 2, une note sur .ces sceaux, et y raconta que, pour s'étayer d'une expérience plus grande que la sienne, relative à la date des divers sceaux, il eut recours à la science de Benjamin Fillon, érudit poitevin bien connu, dont « la curiosité, écrit

i. Vol. XLI (1924).

2. Dixième année, oct. 1863, p. 129 à 134.


176 NOTE AU SUJET DES SCEAUX

l'ancien président de la Société Historique du Cher, à la communication de notre découverte, ne s'est pas éveillée moins grande qu'il ne l'avait pensé ». Nous trouvons la preuve de l'éveil de la curiosité de B. Fillon, non seulement dans l'ardeur avec laquelle il étudia les sceaux qui lui étaient présentés, mais encore dans le fait qu'il en fit l'acquisition. Environ vingt ans après, en 1882, ces objets figurèrent au catalogue de la « vente des objets d'art et de haute curiosité composant la collection de feu Benjamin Fillon », inscrits sous les numéros 233 à 235, 240, 241, 243, 244, et, groupés par deux, ou groupés avec un sceau d'origine différente, adjugés je n'ai pu savoir à qui. Ce qui est certain, c'est qu'en 1913, ils étaient au musée de Niort 1. Le conservateur du musée m'a écrit que le cahier des acquisitions antérieures à la guerre était chez un conservateur adjoint qui a été tué, et chez lequel il n'a pu être retrouvé en 1919. Pour cette raison, la date d'entrée au musée de Niort des matrices déterrées à Jouy n'a pu être précisée. En 1925, M. Ch. Roy, numismatiste d'origine vendéenne, acquit les mêmes sceaux par échange avec ce dernier musée. Ils restèrent dans sa collection, à La Rochelle, jusqu'à sa mort, en 1932. Enfin, cette collection a été dispersée à l'amiable, en 1936. M. Elie Pailloux, de Prahecq (Deux-Sèvres), a acheté cinq des sceaux précités ; personnellement, j'ai pu faire rentrer à Bourges, qu'ils avaient quittée depuis plus de 70 ans, les deux

i. Inventaire des sceaux matrices du musée de Niort dans Mém. de la Soc. Hist. et Se. des Deux-Sèvres, 9e année, 1913, p. 67. — Je dois ce renseignement à M. F. Eygun, que je remercie ici tout particulièrement.


DÉTERRÉS A JOUY EN 1863 177

derniers d'entre eux, ceux de La Roche-sur-Yon et de Saint-Maixent (sénéchaussée royale).

Je n'insiste pas, après Vallet de Viriville et Boycr, sur le haut intérêt que présentent, d'une manière générale, ces monuments historiques. Ils feront l'objet d'une étude définitive dans l'Inventaire des sceaux du Poitou, thèse de doctorat de M. F. Eygun, travail terminé, mais non encore imprimé. Mais je profiterai de l'occasion qui m'est donnée de prendre la parole à leur sujet pour rectifier quelques erreurs.

1° Tout d'abord, M. Ponroy a écrit que les sept sceaux découverts à Jouy n'avaient pas été « gravés ou reproduits d'une manière quelconque ». S'il avait seulement parcouru le mémoire de Vallet de Viriville 1, qu'il cite cependant, comme nous le verrons tout à l'heure, il aurait constaté que, bien au contraire, cet historien avait joint à sa note une reproduction des empreintes de ces sceaux, très remarquable pour l'époque où elle a paru.

2° Artaud, qui a publié dans les Mémoires de la Société Historique du Cher (2e série, IIIe vol., 1876, p. 193 à 260) des Recherches sur la forteresse de, Jouy, a relaté les circonstances de la trouvaille, qu'il convient de rapporter à 1863 plutôt qu'à 18622.

Il a écrit que Boyer et Vallet de Viriville étaient en désaccord sur la date des sceaux, qu'il confond d'ailleurs avec la date d'enfouissement. Examinons ce qu'il faut penser de cotte assertion.

Boyer, d'après Fillon, considère les sceaux à l'écu de France de Saint-Maixent, La Roche-sur-Yon et

i. Mêm. Soc. Antiq. de France, XXVIII, 1865, p. 231. 2. Ibid.


178 NOTE AU SUJET DES SCEAUX

Fontenay comme étant de la deuxième moitié du xme siècle. Vallet de Viriville, sans pouvoir préciser dit : fin xme ou commencement xrve siècle. Il y a accord au sujet de celui de Lusignan : pour Fillon il a été gravé immédiatement après le traité de Brétigny (1360) ; Vallet de Viriville le date de 1360-1377 environ. Enfin, quant aux sceaux de Poitiers et de Saint-Maixent aux armes du duc Jean de Berry, Fillon les date de la première possession du comté de Poitou par notre duc, avant 1360, tandis que Vallet de Viriville les attribue à une date comprise entre 1369 et 1416. Personnellement, en rapprochant le type du contresceau de celui du gros de Jean le Bon à la fleur de lis florencée (1358), je suis porté à me rallier à l'opinion du savant poitevin 1.

On voit que l'assertion est très exagérée ; à quelques détails près, les conclusions des deux auteurs sont les mêmes. Ce qui est plus grave, c'est qu'Artaud complète sa pensée comme il suit : « Pour M. Vallet de Viriville, le sceau du sénéchal de Fontenay daterait du règne de Charles VII ». Or ce dernier n'a pas du tout donné cette attribution. Vallet de Viriville inscrit, en tête de la description du sceau (p. 234), tout simplement : xrne-xrve siècles, et fait même remarquer que la réduction à trois du nombre des fleurs de lis des armes des

i. Postérieurement à la communication faite en séance, M. F. Eygun m'a fait connaître que le sceau de Saint-Maixent, établi pour le roi de France, est connu par des cires datées de 1318 à 1353. Il doit dater de 1281, environ, époque à laquelle l'abbé de Saint-Maixent se plaint de son emploi aux foires et marchés (Olim, édit. Bouquet, coll. des « Documents inédits », t. II, p. 194, xvn).

Le second sceau (n° 4 ci-après), qui porte les armes de Jean de Berry, lui succéda jusqu'à l'occupation anglaise.


DÉTERRÉS A JOUY EN 1863 179

rois de France, que l'on voit sur l'écu du sceau de Fontenay, se rencontre dans des sceaux ou contresceaux de ceux-ci bien antérieurs au règne de Charles VI. Chose curieuse, cette erreur d'Artaud a été reprise et appuyée par M. Ponroy : nous n'avons pas, écrit-il, à revenir sur des descriptions minutieusement faites, <c voire à formuler notre avis sur une opinion très plausible d'ailleurs, émise par M. Vallet de Viriville au sujet du scel de Fontenoy, qu'il attribua à l'époque de Charles VII ».

3° Notre confrère ajoute : « Nous nous bornerons à donner simplement les légendes de chacune des pièces ». Il est un peu fâcheux de constater que, sur sept légendes transcrites, cinq le sont inexactement.

Voici mes lectures 1, en suivant le numérotage adopté par M. Ponroy :

1) + S! REGIVM. APVD. LISIGNIACV.

CONSTITVTVM.

2) + S' : COMITIS : PICTAVENSIS : PICT.

CONSTIT (tourelle crénelée)

3) + CONTRA SIGILLV. PICTAVIS __

4) S ; APVD SCM : MAXENCIV : P. _DNÔ :

COMICTE : PITTAVENS ; COSTITVTV.

5) + S'SENESCALLIE.PÏCT. APVD. SCM. MAX

6) + S'SENESCALLIE PICT APVD ROCHA.

SVRION

7) + S: SENESCALLIE. P"ÏCT. APVD.FONTENAI

i. D'après les empreintes conservées au Musée du Berry et les miennes.


180 NOTE AU SUJET DES SCEAUX

Sans parler des divergences de ponctuation ou des signes d'abréviation, et sans chicaner là-dessus, bien que cela ait de l'importance en sigillographie, je signale les rectifications à noter :

N° 2 (numérotage de M. Ponroy) : ajouter, après la croisette, en tête de légende : S':, écrire PICTAVENSIS au lieu de : PICTAVENCIS ; noter, en fin de légende, comme l'avait fait Boyer : une tourelle crénelée.

N° 4 : Au lieu de SAM. MAXENCIVP, et : PITTAVESIS, mettre SCM : MAXENCIV : P et PITTAVENS. N° 5 : Supprimer le premier T de PICTT.

N° 6 : Au lieu de DICT écrire PICT, et supprimer le premier A de ROCHAA. — Par ailleurs, je pense qu'il faut maintenir ioi la leçon SURION au lieu de SUP (er) ION, ou ION (am) comme l'a écrit Vallet de Viriville.

N° 7 : Supprimer le premier T de PICTT, et écrire FONTENAI et non FONTENOI.

Novembre 1936. P. CHENU.


SOCIETE DES ANTIQUAIRES

DU CENTRE

LISTE DES MEMBRES DU BUREAU

Président : M. M. DE LADGARDI I':RE.

Ivoy-lc-Pi'é (Cher).

Vice-Président : M. IL DES MÉLOIZES,

18, rue Jacques-Coeur. Secrétaire : M. .T. DE GO Y,

11, rue rioIel-Lallemant.

Serrètaire-adj*- : M. J. TOUBEAU DE MAISONNEUVE, 39, rue Moyenne.

Trésorier : M. F. ROGER,

20, rue Joyeuse.

Bibliothécaire : M. P. DES CHAUMES, 1, rue Michèle t.

/ MM. A. GANDILHON,

| 29, rue Fernault.

i R. GAUCHEIÏY,

114 I \ 5, avenue Eugène-Brisson.

j /-, .,'. , 1 A. HUCIIET,

du Comité de . ' .

,, ,. . cure de Plaimpied Cher .

rédaction : \ _ T 1 v '

I l\. LEI.IEVRE,

' 36, rue des Arènes.

II. PONROY,

21, rue Coursarlon.

La réunion des membres du Bureau et du Comité de rédaction forme le Conseil d'Administration de la Société.



TABLE DES MATIERES

Pages Rapport sur la situation morale et financière de la Société des Antiquaires du Centre pendant l'année 193G, par l'abbé Maurice DE LAUGARDIÈRE, Président i

Rapport sur la situation morale et financière de la Société des Antiquaires du Centre pendant l'année 1937, par le chanoine Maurice DE LAUGARDIÈRE, Président xi

Rapport sur les travaux de la Société pendant les

années 1936 et 1937, par Jean DE GO Y, Secrétaire., xvn

Recherches sur les institutions municipales de Bourges

au Moyen-Age, par Renée MONJARDET 1

Plans anciens du château de Montrond, par Joseph

PLAT 59

Notes généalogiques. Do Thianges, par Gonzague

CORDIN DE MANGOUX 87

Le culte de la Nouvelle-Jérusalem à Saint-AmandMontrond (1837-1937), par Edouard BRODY DE LAMOTTE 133

Bulletin numismatique et sigillographique n° 39 : Note au sujet des sceaux déferrés à Jouy en 1863, par Paul CHENU 175

Liste des membres du Bureau 181



TABLE DES ILLUSTRATIONS

Pages Plans anciens du château de Montrond.

Plan par terre 64

Dessin perspectif de Montrond 70

Dessin sur papier transparent 72

Plan du château de Montrond et de son enclos au

xvme siècle 74

Plan général de Saint-Amand au xvme siècle 76

Plan moderne de Montrond 78

Notes généalogiques : Famille de Thianges.

Armes de la famille de Thianges 87

Le culte de la Nouvelle-Jérusalem à Saint-Amand-Monlrond.

Plan du Temple de la Nouvelle-Eglise 152

Façade est 154

Façade ouest 155

IMPRIMERIE A. TARDY BOURGES



XLe Volume. Rapports (1921) du président, J. DE SAINT-VENANT, et du secrétaire, P. CHENU. — Liste des monuments et objets classés du Cher. —■ Pierres sculptées de Thauvenay, Dr NOI.LKT. — Notes sur le Bas-Berry (14e Série), E. CHÉNON. — Le Berry religieux au Moyen-Age (2e étude), E. CHÉNON. — Monuments funéraires relevés en Berry par D. Estiennot, F. DENHOUI.IÈHES. —- Renseignements complémentaires sur le due Jean de Berry, P. GAUCHER Y. --- L'ancienne' chambre des comptes du due Jean de Berry, R. MHNES I un. — Le livre d'affaires d'un marchand du XÏ» siècle, M. DE BENGY-PUYVALLÉE. — La croix de Coust, Ch. BAIUIMIIN. — Note sur un manuscrit dont les illustrations sont attribuées à J. Colombe, P. CHENU. — Une inscription de Saint-Ursiii de Bourges, J. BÉREUX. — L'inscription de Saint-Paterne d'Issoudun, A. HUCIIET. —• Glanes épigraphiques, M. DE LAUGARDIÈRE. —• Conflit entre le présidial et les officiers municipaux de Bouiges, R. D'AMÉCOURT. — Bulletin numismatique et sigillographique n° 33, H. PONROY. — Note relative au bulletin sigillographique n° 32, P. CHENU.

XLIe Volume. Rapports (1922-1923) du Président, J. DE SAINTVENANT, et du Secrétaire, M. DE LAUGARDIÈRE. •— Notes sur le Bas-Berry (15e Série), E. CHÉNON. — Tumulus de la Prée, colonel THIL.

— Le Berry religieux au Moyen Age (3e étude), E. CHÉNON. — Les seigneurs de Vierzon et les chartes de franchise, E. HOUEUT. — La Croix d'Orval, G. MALLARD. — Michel Colombe à Bourges, P. CHENU.

— Manuscrit de la bibliothèque de G. de Cambray, P. CHENU. —• Bulletin numismatique et sigillographique n° 34, H. PONROY.

XLIIe Volume. Rapports (1924-1926) du Président, J. DE SAINTVENANT, et du Secrétaire, M. DE LAUGARDIÈRE. — Notice sur Paul Gauchery, M. DE LAUGARDIÈRE. —■ Notes sur le Prieuré de Reuilly, J. DE FONT-RÉAULX. — Ancienne tombe franciscaine, M. DE LAUGARDIÈRE. — Albâtres du Musée de Bourges, L. LACROCQ. —- Débris de vitraux médiévaux, P. CHENU. — Testament de Pierre de Chaseray, P. DE FUMICHON. — Bulletin numismatique et sigillographique n° 35, H. PONROY.

XLIIIe Volume. Rapports (1927-1928) du Président, M. DE LAUGARDIÈRE, du Secrétaire-adjoint, J. TOUHEAU de MAISONNEUVE, et du Secrétaire, M. DE BENGY-PUYVALLÉE. — Liste des monuments historiques et objets classés du Cher. — Liste des monuments historiques et objets classés de l'Indre. — Boîtes funéraires ovoïdes : Le cimetière gallo-romain de Lavaux, F. ROGER ; Sépultures des Guignards,. L. DIRIGOIN. — Découvertes gallo-romaines, H. PONROY.

— Le Berry dans les actes des rois d'Aquitaine, Pépin 1er et Pépin II, J. DE FONT-RÉAULX. ■—• Notes archéologiques et historiques sur le Bas-Berry (16e Série), E. CHÉNON. -— L'église de Ghâlilhm-sur-' Indre, abbé B. DE ROFIIGNAC. — La date de l'église de Plaimpied, F. DESHOULIÈRES. — Notes sur l'abbaye de la Prée, colonel THIL. — Bulletin numismatique et sigillographique n° 36, H. PONROY.

T. S. V. P.


XLIVe Volume. Rapports (1929-1930) du Président, M. DE LAUGARDIÈRE, et du Secrétaire, M. DE BENGY-PUYVALLÉE. — Discours prononcé aux obsèques de M. Julien Barré de Saint-Venant, M. DE LAUGARDIÈRE. — Notice biographique sur M. Pierre de Goy, M. DE LAUGARDIÈRE. — Notes sur le Bas-Berry (16e Série), E. CHÉNON. — La grande fresque romane de Vic-sur-Saint-Chartier (Indre), E. JACOB. — Notes sur la Cathédrale de Bourges, P. GAUCHERY. -— Recherches sur le portail méridional de la cathédrale de Bourges, abbé B. DE ROFFIONAC — Vue ancienne du Berry, P. CHENU. — Une imitation de gravure italienne par un peintre verrier dï la cathédrale de Bourges, R. GAUCHERY. — Les affaires des princes de Condé en Berry et en Bourbonnais, J. DE GOY. •—■ Procès de sorcellerie de Jacquette Saddon, P. DUBOIS DE LA SABLONIÈRE. — Bulletin numismatique et sigillographique n° 37, H. PONHOY et M. DE LAUGARDIÈRF.

XLVe Volume. Rapports (1931-1932-1933) du Président, M. DE LAUGARDIÈRE, et du Secrétaire, M. DE BENGY-PUYVALLÉE. ~ Inscription romaine retrouvée à Alichamps, actuellement à la Châtelette, E. BRODY DE LAMOTTE. — Les Actes des Souverains antérieurs au XVe siècle conservés aux Archives Départementales du Cher dans le fonds de Fontmorigny, A. HUCHET. — Dèvre et Vierzon, J. DE FONT-RÉAULX. — Une nouvelle source pour la reconstitution du Cartulaire A. de Saint-Sulpice de Bourges, J. DE FONT-RÉAULX. — La Fiscalité pontificale en Berry, spécialement au xive siècle, J. DE FONT-RÉAULX. — Au sujet du monnayage du duc Jean de Berry, P. CHENU. — Les vitraux de la Chapelle d'Etampes de la Cathédrale de Bourges, R. GAUCHERY. — Les plaques de cheminée armoriées du Musée de Berry, M. DES MÉLOIZES. — Visite de Bourges par deux étudiants bftlois, Félix et Thomas Platter, René GANDILHON. — La sépulture de Gabriel de la Châtre, J. TOUBEAU DE MAISONNEUVE. — OEuvres d'Art de l'Abbaye de Saint-Sulpice-les-Bourges au xviie siècle, note complémentaire, A. GANDILHON. —■ Lettres inédites de Condé et de Louis XIV aux seigneurs de Beaujeu, P. DE FUMICHON et E. DE POMMEREAU. ■—• Le journal de l'abbé de Defîens (1702-1721), J. DE GOY. — Complément aux bulletins numismatiques 35 et. 37, P. CHENU. — Bulletin numismatique et sigillographique N° 38, M. DE LAUGARDIÈRE et H. PONROY.

XLVIe Volunie. Rapports (1934-1935) du Président, M. DE LAUGARDIÈRE, et du Secrétaire-adjoint, J. TOUBEAU DE MAISONNEUVE.

— Mée et Mas en Berry, L. LACROCQ. — Note sur N.-D. de Sales à Bourges, F. DESHOULIÈRES. — Lfes anges moteurs de l'iconographie du Moyen Agé, B. DE ROFFIGNAC — Les carrelages entaillés du duc de Berry, au Palais de Bourges, R. GAUCHERY. — Un souvenir de Chambéry dans l'Apocalypse de l'Escurial illustrée, par Jean Colombe, P. CHENU. -^ Notes sur deux oeuvres do sculpture du xvie siècle, S. PAJOT. — Trois notes concernant la famille Gassot au xvie siècle, J. DE GOY. — Une généalogie inédite des Perrinet, L. BOREI. DU BEZ.

— La vie d'une paroisse au xvm 8 siècle, J. TOUBEAU DE MAISONNEUVE.

— Extraits des Cahiers des Assemblées du Tiers-Etat du duché de Berry en 1576 et 1588, M. DE BENGY-PUYVALLÉE.