Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 93 sur 93

Nombre de pages: 93

Notice complète:

Titre : Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie du Gers

Auteur : Société archéologique, historique, littéraire et scientifique du Gers. Auteur du texte

Éditeur : Impr. F. Cocharaux (Auch)

Date d'édition : 1929

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344514318

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344514318/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 6773

Description : 1929

Description : 1929 (A30).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Midi-Pyrénées

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5728039k

Source : Société archéologique du Gers, 2009-8481

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 100%.


BULLETIN

SOCIETE D'ISTOIRE ET D'ARCHEOLOGIE

DU GERS

XXXme ANNEE. — 1er Trimestre 1929

AUCH

IMPRIMERIE BREVETÉE F. COCHARAUX

18, RUE DE LORRAINE, 18

1929




SOMMAIRE

Page,

Liste des membres de la Société Archéologique du Gers.

L'Eglise d'Avéron-Bergelle, par M. l'abbé DAUGÉ 1

Histoire de Fleurance (suite), par M. CADÉOT 5

Quittance de deux sommes dues à Mc Jehan Tambon 7

Inscription antique intéressant les « Vascons citoyens

romains », par M. l'abbé DAUGÉ 80

Chronique 83


BULLETIN

DE LA

Société d'Histoire et d'Archéologie du Gers



BULLETIN

SOCIETE D'HISTOIRE ET D'ARCHEOLOGIE

DU GERS

TRENTIÈME ANNÉE

AUCH

IMPRIMERIE BREVETEE F. COCHARAUX

18, RUE DE LORRAINE, 18

1929



LISTE DES MEMBRES

DE LA

SOCIETE D'HISTOIRE ET D'ARCHEOLOGIE DU GERS

Antras (d'), château de Monbel, par Frouzens (H.-G.).

Antras (comte d'), ^f Ji, chef d'Escadron en retraite, à Mirande.

Arpan (Louis), propriétaire, Montiron.

Ardit, Ç|, architecte, Toulouse.

Ardit (Louis), Fleurance.

Arlat (Henri), Puycasquier.

Astuguevielle, institutr, Jegun-Lézian.

Aubas, f|I, directeur honoraire de cours

- complémentaire, 8, rue Voltaire, Auch.

Aubàs (Jean), contrôleur principal des Contributions. Directes, 29, place Amélie-Raba-Léon, à Bordeaux.

Audoin (Albert), rue Grambetta, Auch.

Aylies (Mme Ch.), Barran et 42, avenue Georges V, Paris-VIIIe.

Banabéra (Gaston), négoc, Lectoure.

Baqué, ^|, (g>, Ji, directeur du cours complémentaire, de Vic'-Fezenzac.

Barada (J.),pl. de la République,Auch.

Barailhé (Jean),notaire, St-Sauvy, par Aubiet.

Barciet (Pierre), 19, rue Emile-Zola, Brest.

Baron (Henri), chef des services vétérinaires, Hanoï (Tonkin).

Baron, professeur, 41, rue des BellesFeuilles, Pacis-XVIe

Baron, tailleur, place de l'Hôtél-deVille, Auch.

Barré (l'abbé), curé de Montaut. Barrêre, docteur-méd., 2, rue Parrot;

Paris-XIIe.

Barriac, Ingénieur des Travaux Publics de l'État, boul. Lascrosses,Toulouse. Barriac, pharmacien, Fleurance. Barrieu (Louis), négociant, Lectoure. Barthe, $J, l|j, notaire, Auch. Barthe, maire de Béraut, par Condom. Barthe (Elie), propriétaire, Fleurance. Barthe, vice-consul d'Espagne, professeur au Lycée, Marseille. Barthélémy, membre de l'Institut, 1 1,

rue Soufflot, Paris-Ve. Bastard, ingénieur des Ponts et Chaussées, Mézin (Lot-et-Garonne), Baudéan (Léon), instituteur, à Pavie. Baudran, huissier, Mirande. Bauduer (Mme Marie), r. de la Somme,

Auch. Bayaud (Pierre), archiviste, 5 2, rue

Montpensier, Pau. Bedat (Mme), château de la Bédoyère,

par Garches (S.-et-O.). Bédat, au château La Flourètte; SaintMédard.

SaintMédard. propre à La Plaine, Cazaubon. Bénac (l'abbé de), curé de Castelnausur-l'Auvignon.

Castelnausur-l'Auvignon.

Bénétrix (Paul),Q I, bibliothécaire en

retraite, 22, r. du Tapis-Vert à Auch.

Bénétrix (Louis-Joseph), propriétaire,

Saint-Georges, par Lagrahlet.


SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS

Bentéjac (docteur Henri), Montréal. Bérard (Mme), profes. hon., Isle-de-Noé. Béraut (E), conservateur des Hypothèques, Auch. Bernés (Gaston), président de la Société d'Encouragem. à l'Agricultre, Barran. Bibliothèque de la ville d'Auch. Bibliothèque du Collège de Jeunes

Filles d'Auch. Bibliothèque de la ville dé Condom. Bibliothèque pédagogique des Instituteurs de l'arrondissem. de Condom. Bibliothèque de la ville de Fleurance. Bibliothèque de la ville de Lectoure. Bivès (l'abbé),' curé de l'Isle-Bouzon. Blajan (l'abbé), curé de Masscube. Blanc, inspecteur des Chemins de Fer' du Midi, en retraite, Bagnères-deBigorre, route de Campan. Bompeix, Docteur en Médecine, La jonchère-St-Maurice (Hte-Vienne). Bonassies (Gabriel), notaire, Agen. Bonnat,, |f I, archiviste du Lot-etGaronne, Agen. Boé (Paul), J^ 24, rue des Boulangers, Paris. Boubée, nég., 12, rue Dessoles, Auch. Boubée (de), 1, rue Viala, Auch. Bouquet (Théodore), $?., || I, Auch. Bourgeat (l'abbé), curé du St-Puy. Bourras (de), Villa Portail-Vert, à

Condom. Boussès (Antoine), receveur de l'Enregistrement, Biarritz. Boussès (Pierre), juge de paix, Agen. Boutan (Auguste), ingénieur civil,

boulevard des Belges, Lyon. Boyer (B.), iyi I, Jj, 5, rue de Rigny,

Paris-8°. Brachat (Mme veuve), 127, boulevard

Longchamp, Marseille. Branet, C. d'E. H. r Cardinet, 44, Paris. Brégail.(G.),g|I, Auch. Bressolles, J, propriétaire, Mirepoix,

par Sainte-Christie. Breuiis (J.), ïjfe, J, minotier, Pavie. Brives (de), avocat, Isle-Jourdain.

Brusson, manufacturier, Villemur

(Haute-Garonne). Brux (Joseph de) Cast.-Barbarens. Buisson (Mme veuve), institutrice à

Mondébat, par Plaisance. Burgeat, négociant, Auch.

Cabanne (René), négociant, Auch. Cabiran (docteur), SJ, Seissan. Cadéot (Noël), ||, Fleurance. Cadéot, vétérinaire, Saint-Mézard. Cadéot, Lectoure. Calmels-Puntis (de), 160, boulevard

Haussmann, Paris (VIIIe). Caminade (Mme G.) Rue des Capucins,

à Lectoure. Campardon (Eugène), ^, capitaine de

vaisseau en retraite, Mirande. Campardon, Lasseube, par Pavie. Campunaud, médecin-major,. Service

de Santé à Hanoï (Tonkin). Cantau, négociant, Simorre. Cantérac (Albert), propre à Labrihe,

Cézan, par Castéra-Verduzan, Capdecomme (Jean), propriétaire,

lTsIe-de-Nôé. Capdecomme (Mlle Marie-Thérèse), rue

Bazillac, Auch. Carcy (Marc), 40, rue Daubuisson,

Toulouse.

Cardes (Gabriel de), .J, jj, Anch. Carrère (Ferhand), Gondrin (Gers). Carrère (Henri), Marciac. Carsalade du Pont (Mgr de), ff, évêque de Perpignan. Cartault (Mme la doctoresse en médecine), Vic-Fezensac, .... Cassagnac (Paul de), :ijfc, J, ancien député du Gers, 21, rue .Marbeau, Paris-XVIe. Castaignier (Abdon de), propriétaire, Castelnau-Barbàren s. Cassou (André), avocat, rue VictorHugo, 45, Auch. Gastaignon (Eugène), @, Isle-de-Noé. Castay, maire, château de Jaulin, Bretagne-d'Armagnac.


LISTE DES MEMBRES

Castelbajac (l'abbé de), chanoine, Auch.

Castelbajae (Mme la Marquise), château de Caumont , par Samatan.

Castelnau, ®, officier en retraite, rue Campans, 16,Toulouse.

Castéra (Paul), Inspecteur des ContriDirectes,41,

ContriDirectes,41, de Clichy, Paris-XVIIe.

Castéra (Raymond), conducteur des Ponts-et-Chaussés, Vic-Fezensac.

Castéra (Urbain), ingénieur des Pontset-Chaussées en retraite, Nérac.

Castex (Paul), caissier de la Caisse d'épargne, Auch.

Catalan, député, conseiller génralé, Cologne.

Cave (Emilien), Lannepax.

Cave (Henri), Lannepax.

Cénac (H.), avocat général, 4, avenue, d'Assas, Montpellier.

Chauvelet, 10, route de Toulouse, Auch.

Chené, J, agent général de la Compagnie d'Assurances "La Nationale", Auch.

Chêne, J, vétérinaire, Auch.

Cier, avoué, La Réole;

Clarac(Jean), quincailler, Vic-Fezensac.

Clarac (docteur Louis), 41, cours Pasteur, Bordeaux.

Clémens (l'abbé Léon), curé-doyen, Valence.

Clermont (l'abbé), curé, Touget.

Cocharaux (Frédéric), J,, Auch.

Gournet (J.-Gabriel), ^, ^, procureur général à Damas (Syrie).

Cournet (Lucien), Auch.

Courtade de Moussaron, château de Moussaron, Condom,

Coustau (Fernand), J, chirurgiendentiste,

chirurgiendentiste,

Coustau (Maurice), $f, |i, capitaineaviateur, Pau.

Cousteau, propriétaire à La FontaineChaude, par Lavardens.

Couzier (l'abbé), curé de Fronton (Haute-Garonne).

Crémery (André), notaire, 17, rue de la Ville-l'Evêque, Paris-VIIIe.

Cremoux (vicomtesse de), Agen. Czulowski (Félix), au Baqué, par Pavie.

Dagnan, professeur au Collège de Provins (Seine-et-Marne).

Daguin fils, maître d'hôtel, Auch.

Daguzan (Constant), à Sainte-Rade-, gonde, par Fleurance.

Damas d'Aydie (Mme), château de Garderon, par Bretagne (Gers).

Dambielle (l'abbé), Samatan.

Dansan, docteur en médecine, rue de Lorraine, Auch.

Darblade (l'abbé), curé de Courrensan.

Darées (l'abbé), curé de Terraube.

Darius, route de Toulouse, Auch.

Dardes (L.), instituteur, Gimbrède.

Dartigues (abbé), §f, docteur de l'Université, Caslelnau-Barbarens.

Dassy, nég., avenue de la Gare, Auch.

Dastugue, orthopédiste, rue du Saint-, Esprit, à Clermont-Ferrand.

Daugé (l'abbé), curé de Caussens.

Délas (Henry), prop. au chateau de Tancouet, à Mongauzy, par Lombez.

Délieux (Louis), ingénieur, rue du IV-Septembre, Auch.

Délieux (Mme Joseph), L'Isle-Jourdain.

Delon (Gabriel), notaire, Auch.

Delon (Henri), avoué, Auch.

Delsus (l'abbé), curé de Pavie.

Delucq (docteur), ff, maire de VicFezensac.

Depied, docteur en médecine, Mirande.

Desbarats (Frix), propriétaire à Lestensile, Lannepax.

Desbarats. curé-doyen, l'Isle-jourdain.

Despaux (Charles), Auch.

Destieux-Junca, Sorbets.

Destival (Charles), $f, directeur des Mines d'Epinac (Saône-et-Loire).

Devèze de Charrin (de La), 3^, 5, corn, en re. 5, rue Merlane, Toulouse.

Dieuzaide (le docteur), Lectoure.

Donnedevie (André), Lectoure.

Donnedevie, rue Gambetta, Passaged'Agen (L.-et-G.).


SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

Doujat (baron), |ï,Goux, par Préchacr

sur-Adour. Dourthe, pharmacien, Villeneuve-deMarsan (Landes). Dozc (Henri), chef des litiges) à la

Compagnie du Midi, à Perpignan. Druilhet Adrien, propriétre au Brouilh,

par Barran. Dubédat (Jean), docteur, Saint-Sever. Dubie, &, capitaine en retraite, château Lamazère, par Mirande. Dubourdieu, C ^, notaire, Saint-Puy. Duclaux de Sénescau, à Meussac d'Echebrune, par Pons (CharenteInférieure). Duclos,contrôleur principl des Contributions directes, en retraite, Auch. Ducos (Abel), Lannepax. Ducuroh (l'abbé), $f, ex-aumônier de l'escadre de l'Extrême Orient, Auch. Dufey (Louis), propriétaire à Las-Sos,

Condom. Duffau, pharmacien, Sos (Lot.-et-Gar.) Dufranc, docteur en médecine,Condom. Dufranc (Mme Roger), à Condom. Dufréchou (Gabriel), &, ||, ®, Auch. Dulac (Edouard), homme de lettres,

6, rué des Ursulines, Paris-Ve. Dumas (Mme Prpsper), Auch. Dumay (M.), rue Baradet, Condom. Dupierris, Ç^Sl I, instituteur en retraite,

Auch. Dupin, instituteur, Montestruc. Duprat (Roger), notaire, Miélan. Duprom, maire, conseiller général de

Valençe-sur-Baïse. Dupuy (Paul) tfc, %, docteur en médecine, Puycasquier. Dupuy (Dr Antonin), O $V Condom. Dupuy (l'abbé), curé de Bivès. Dupuy- (Raoul); Marciac. Dupuy (Joseph), ébéniste, 45, rue

Gambetta, Auch. Durrieux, avocat, Lectoure. Encognère, avoué, Auch. Escoubet (Mlle), 3 bis, r. Péré, Tarbes.

Esparbès (Louis d'), ^, directeur de la Banque Courtois, 25, rue de Metz, Toulouse.

Espiau, tailleur, place de l'Hôtel-deVille, Auch.

Esquieubet (l'abbé), curé de Miramont.

Espinat @, instituteur en re. à Auch.

Estampe (Eugène d'), maire, Isle-deNoé.

Fabre, négociant, route de Roquelaure. Auch.

Faulon (Urbain), docteur-vétérinaire,

Saramon. Faulong (Mme Joseph de), propriétaire,

Valence. . -

Faur de Pibrac (le comte du), 8, rue

Bouquières, Toulouse. Fedel (Albert), J, professeur, Paris,

130, boulevard Montparnasse. Ferradou, instituteur, Mauvezin. Ferran, pharmacien, Isle-Jourdain. Ferras (André), $5, ^, Éauze.

Fesquet (Ch.), rédacteur à l'Express du Midi, rue Roquelaine, Toulouse.

Feuga (Joseph), instituteur en retraite, Lectoure.

Ficat (J.), docteur, Moncrabeau (Lotet-Garonne).

Fitte, notaire, Villeneuve-de-Marsan

(Landes). Fontagnère (G.), notaire, Lectoure. Fôrgues, instituteur en retraite, à

Orbessan, par Seissan. Fouch, colonel en retraite, château

d'Espujos, Ordan-Larroque. Fouque du Parc, château de Montégou-,

rat,.Villefranque, par Maubourguet

(Hautes-Pyrénées). Fourcade (abbé), cure de Barran. Francou (A.), &^, ®, è|, archite, Auch.

Galard-Captan (Mme la marquis de), château de Caplan par SaintSever (Landes).


LISTE DES MEMBRES

Galard-Magnàs (Mme la comtesse de), membre de la Société des Bibliophiles français, 78, rue l'Université, Paris (VIIe).

Galard-Magnas (comte de). St-Clar.

Galard-Terraube (marq,s de),Terraube.

Gardère (Cyr), professeur au collège, Condom.

Gardey, ^, sénateur, rue Pierre-Curie, 22, Paris.

Garin (Mme Henry de), château de Villeneuve, Laplume (Lot-et-Gar.).

Gauthier (Mme Geneviève de), 65, rue E.-Nortier, Neuilly (Seine,).

Germain, président du Tribunal, Lectoure.

Gez, commis-greffier principal, rue Anatole-France, Fez (Maroc).

Gissot (l'abbé), chanoine, Auch.

Glanne, avoué, Lectoure.

Gontaut-Saint-Blancard (le marquis de), château de Saint-Blancard.

Gourragne, inspecteur du contrôle de l'Etat sur les chem. de fer, Toulouse.

Goux (Georges), 49, rue Girouard, Poitiers (Vienne).

Grammont (Laurent), à Landon, Auch.

Grenier (docteur), ifc, U, Lannepax.

Grenier, ^JI, professeur de Philosophie au collège de Bagnères-de.-Bigorre.

Dr Guichard, docteur en médecine, au Châlet, Marciac.

Hachon, ingénieur en chef de la Compagnie P.-L.-M., rue Th.-de-Banville,

7, Paris. Hugon, %J? I, directeur d'école en

retraite, Auch. Harvard-Collège, librairy Cambridg

(États-Unis).

Jaubert, procureur de la République, 6,

r. Carency, Béthune (Pas-de-Calais). Jeanneau (Etienne), -$?, nég., Condom. Jollis (de), docteur-médecin, Lectoure. Jougla, propriét., Montégut (Auch). Journet (Paul), Auch,

Juppé, chirurgien-dentiste, place Villaret-joyeuse, Auch.

Labadens (H.), commis des P. T. T., Auch, 51, avenue de Toulouse.

Labadie (l'abbé), curé de Gondrin.

Labat, §, instituteur en retraite, Agen.

Labat (Mme Emmanuel), Laplume (Lot-et-Garonne).

Labénère, 1 3, r. Oberkampf, Paris-XIe.

Laborde (Louis), prop, Puycasquier.

Laborie (Jules), Auterrive.

Laboup, Lectoure.

Lacam, Proviseur du Lycée, Auch.

Lacassiri (Joseph), Castéra-Verduzan. Lacomme (Auguste), J,' ingénieur des Travaux publics en retr., Auch.

Lacomme (Joseph), inspecteur des Contribut. directes en retraite,Auch.

Lacomme (Marius), instituteur, à Encausse, par Cologne. Lacomme-(Henri) mécani. à Lectoure.

Lacoste, maire de Puycasquier.

Lacoste (Constant), receveur des Domaines, Bétous (Basses-Pyrénées).

Lacroix, Ç|, avoué, Castillon, par Monferran-Savès.

Laffargue, f|î, président du Tribunal, Auch.

Lagarde (André), banquier, Lectoure.

Lagardère (Mme), à Beaumarchés.

Lahille, H, instut 1 en rétraite, Auch.

Lalanne (l'abbé), curé-doy., Fleurance.

Lamaëstre (François de), château de Gimat, par Vic-Fezensac.

Lamarque, instituteur, 94, rue Guillaume-Leblanc, Bordeaux.

Lamezan (de), lieutenant, 27O; rue de Périgueux, Angoulême.

Lannés de Montebello (marquis Napoléon), 12, rue de Prony,Paris-XVIIe.

Latines (Jean), #, ||, ingénieur, 37, quai Lissagaray, Auch,.

Lannes (A.), propriétaire, Fleurance.

Lannes (Jean), Directeur des Ateliers de Carde y Escoriaza, Sarragosse (Espagne).


10

SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHEOLOGIE DU GERS.

Lapasse (de), 0 &, U, 0 j||, conservateur des Eaux et Forêts, 9, rue Vergniaud, Bordeaux. Lapeyre (Mme), Fleurance. Lapeyre, instituteur, Puycasquier. Lapeyrère (R. de), château d'Abbat,

Lectoure. Lapeyrère (E.), Castets (Landes). Laporte, fj, §, instituteur, Endoufielle.

Endoufielle. (de),ancien notaire,Gan (BassesPyrénées). Lary de Latour (vicomte Ernest de), château de La Barrère, par Barran. Larrieu, pharmacien, Cologne. Larrieu(Georges), J', château du Couloumé,

Couloumé, Larnaude (Ferdinand), ${, doyen honoraire de la Faculté de droit, Paris, domaine de Hontanbère, Castelnaud'Auzan. Lascourèges. docteur en médecine,

Castéra- Verduzan. Lassime, directeur d'école, Lectoure. Latour (Norbert), ingénieur, I, square

Wilson, Toulouse. Latour (de), Henri, 4, rue de la Manufacture, à Vannes (Seine). Latreille (l'abbé), curé de Saint-Jeande-Bazillac,

Saint-Jeande-Bazillac, (Fernand), #, membre de l'Institut, 2, r. Gribauval, Paris(7e). Laudet (René), Éauze. Laurent, percepteur, route de Crocq,

Felletin (Creuse). Lauron (Mme), à Guéthary (BassesPyrénées). Lauron (Mme), à Guéthary-Villa OuoRia

OuoRia Lébé (Rémy), Auch. Lébé, Conseiller à la Cour d'Appel de

Rouen (Seine-Inférieure). Leroy (Edmond); avoué, Condom. Lestrade, Q, avoué, Auch. Lestrade (le docteur), &, 1*', Auch. Lézian (Etienne), Fleurance.

Lignac (Léopold), docteur-médecin, Villeneuve-de-Marsan (Landes).

Lombard, ^f, instituteur, rue Gambetta, Auch.

Loviat (Mme Louis), 6, place du Président-Mithouard, Paris (6e).

Lozes (Mme), Auch.

Luppé (le marquis de), ift, j,, membre de la Société des Bibliophiles français, 29, rue Barbet-de-Jouy, Paris.

Luppé (comte de), $f, |j, 9, rue du Cirque, Paris-VIIIe.

Magoulès, ÇJ, professeur en retraite, 21, rue Voltaire, Agen. Mailhos (S.), 12, rue Régis, Bordeaux. Mailhos (Mlle), institutrice en retraite,

place du Foirail, 27, Auch. Malhomme, instituteur, Sud de Mahamasina,

Mahamasina, (Madagascar). Marboutin (l'abbé), J, curé de Dolmayrac

Dolmayrac Marmont (l'abbé), archiprêtre de la

Cathédrale, Auch. Martin, avocat, 7, rue Joseph-Chénier,

Auch. Martinus (Nijhoff), 9, rue Lange

Voorhout à Saint-Gravenhage. Massip(Marcel), magistrat, 48, rue des

Jardins, Villeneuve-sur-Lot. Massoc, Q,.Fleurance. Matheu, Ingénieur en chef des Ponts

et Chaussées, Auch. Mauco, pharmacien, Lectoure. Mauléon, directeur de la Banque de

France, à Auch. Maumus (Justin), avocat, Mirande. Mauroux, négociant, rue Rouget-del'isle,

Rouget-del'isle, Mourrut, directeur des P. T. T., Auch. Mazéret (L.), ffl, j§, archiy., Condom. Meilhan. (Eugène), directeur des Nouvelles Galeries, Auch. Meilhan (Joseph), ^, maire, Mirande. Ménard, directeur de la Banque de France en retraite, à BourbonLancy (Saône-et-Loire).


LISTE DES MEMBRES

11

Menne, conducteur des Ponts et Chaussées, Condom.

Mendousse, t|J, professeur de Philosophie

Philosophie Lycée d'Auch.

Meynard, amiral, château de Savignac, par Samatan.

Mir (Armand), fl, notaire, Auch.

Molas (le docteur), ^,01, Auch.

Mollié (Joseph), commis de direction des Postes en retraite, Auch.

Mogès (Hughes), École de Médecine navale, Bordeaux.

Monfort (Jacques de), château de Monfort, Riscle (Gers).

Monge-Gaudric, Gondrin.

Monlaur (Fernand de), Seissan.

Monlaur, ft,||I,;J, directr des Contributions

Contributions en retraite, Auch.

Monlaur (docteur), rue d'Étigny, Auch.

Monmillion, notaire, à Jarnages (Creuse).

Monsarrat (J.), négociant, Fleurance.

Montagne (H.), pharmacien, Condom.

Monteils (Marcel),|fl, secréte honoraire d'Inspect. académique, ITsle-Jourdain.

Montesquiou-Fezensac (duc de), ^, château de Marsan (Gers).

Mornet, vice-amiral, 83, rue de Lille, Paris (7e).

Morabit, Saint-Puy.

Mortera, ingénieur des Travaux publics, Condom. Moulié (l'abbé);'>ji, curé de Dému.

Moulié, maître-mécanicien de la marine, en retraite, Fleurance.

Moussaron (l'abbé), archiprêtre, Lectoure.

Mouzin-Lyzis, $î, J, docteur en médecine, à Éauze.

Naples, avocat à Condom. Nassans, pharmacien, Masseube. Noé (comte de) château de Noé, Islede-Noé.

Islede-Noé.

Norquin (Mme), 9, rue Auguste-Bailly,

Courbevoie (Seine). Nux (Adrien), avocat, Auch,

Olléris Gustave, pharmacien, 50, CôtePavé,

CôtePavé, Ortet (Charles), négociant, Lectoure, Ortholan (Joseph), ^, Auch. Ortholan (Quentin), Auch. Ortholan (Roger), proprre, Isle-de-Noé.

Pagel (René), ^, archiviste du département du Gers, Auch. Palanque (abbé), curé de Lupiac. Panât (Mme la marquise de), l'IsleJourdain.

l'IsleJourdain. château de Malausanne, par

Condom. Passerieu,à Saramon. Pellisson (Jean), Condom. Perez (général baron), C $f, château

de Moncla, par Mirande. Périé (Jules), négociant, Fleurance. Pérignon (le marquis de), château de

Maravat, par Puycasquier. Petitbon, inspecteur de l'enseignement

primaire, Auch. Peyrecave (abbé), aumônier de l'hospice, Condom. Philip, ^, sénateur du Gers. Pins (comte Odon de), <§,, château

d'Aulagnères , par Valence- surBaïse.

surBaïse. (le comte Fernand- de), O &*

lieutenant-colonel en retraite, 19,

rue de Berri, Paris. Préneron, 6o, aven. de Flachat, Asnières

Asnières Pruèsi(Dr), rue Rouget-de-l'Isle, Auch. Puech,'||, professeur à l'Ecole Normale,

4, rue Salle-l'Évêque, Montpellier. Pugeris, facteur-receveur au SaintPuget

SaintPuget de), Beyrouth (Syrie), inspecteur, délégué des douanes du Grand Liban.

Pujole (l'abbé), aumônier de l'Hôpital, Auch.

Pujos (Camille), pharmacien, Gondrin.

Pujos (Paul), docteur en médecine, rue Dessoles, Auch.


12

SOCIETE D HISTOIRE ET D ARCHEOLOGIE DU GERS.

Quinière, secrétaire général de l'Office des Pupilles de la Nation, Auch.

Ransou (Joseph), entrepreneur de travaux publics, Pavie.

Razet, receveur des Domaines, Fleurance.

Rey, instituteur, Lectoure.

Ribadieu, 0$?, au château du Baradot, près Vic-Fezensac.

Ribes(Mme), 9,r.Edouard-Lartet,Auch.

Ricàu, J£|l, pharmacien, Lectoure.

Ricau (André), inspecteur de l'Exploitation des Chemins de fer du Nord, Soisy-sous-Montmorency (Seine-etOise).

Richon, $f, Directeur des Contributions Directes, Auch.

Rivière, docteur en médecine, rue de Lorraine, Auch.

Rivière (Mme), rue d'Étigny, Auch.

Rivière (l'abbé), curé de Monguilhem.

Rizon (Joseph), propriétaire à Berrac.

Robert, docteur en médecine, directeur de l'Asile des Aliénés, Auch.

Rolland, pharmacien, Condom.

Roquemaurel (de), Beaupuy, par l'IsleJourdain.

Roques, $(, J, représentant des mines de Carmaux, 56, avenue BertrandBarrère, Tarbes.

Roques (Nestor), docteur en médecine, Collobrières (Var).

Rouch, professeur au Lycée, Auch.

Roujean (Pascal), &, capitaine en retraite, Isle-de-Noé.

Roujou (Robert), avocat, Condom.

Rozis (Cyprien), propriétaire, Antras.

Russell-Killough (le comte), château de Fondelin (Condom).

Sainrat (Louis), château de Larée, par

Cazaubon. Saint-Albin Borineval, château La

Coste, par Lupiac. Saint-Avit (Adrien), rue Victor-Hugo,

Auch.

Saint-Avit (l'abbé), curé, Gazaupouy. Saint-Laurens, notaire, Samatan. Saint-Martin,Us instituteur, Simorre. Saint-Mézard, artiste peintre, rue

Gaichies, Condom. Saint-Pau (Mlle), institutrice, au lycée

d'Auch. Saluste du Bartas (de), inspecteur des

Contributions directes, Auch. Samalens (Eugène), Auch. Samalens (Henri), $f, ministre plénipotentiaire 72, rue Vaneau, Paris, Samalens (Henri), CI; négociant, Auch; Samaran (Charles), directeur des Etudes à l'Ecole des Hautes-Etudes, 8, av. Gourgaud, Paris (17e). Sarda, ^f, Jï, ingénieur civil, Castelnau-Rivière-Basse.

Castelnau-Rivière-Basse. (le docteur de), ft,||l, conseiller

général, maire de Lectoure, Sarran, pharmacien, Gimont. Sariieu, (|$, professeur au" Lycée de

Montauban. Sauvegarde (La), Société de l'Art français. Saverhe, @I, directeur de cours complémentaire en retr., l'Isle-Jourdain. Schaefer (Georges), 328, rue de Vaugirard,

Vaugirard, Seillan (Adrien),Montestruc. Sénac, maire de Miélan. Sentou, chalet de Barbotan-les-Termes,

Cazaubon. Sentoux (le docteur), tj<, Auch. Septe (Mlle Marie-Louise), rue Dessolles,

Dessolles, Setze, instituteur à Cézan, par Castéra-Verduzan

Castéra-Verduzan instituteur, Castillon-de-Balz. Solon (René), Auch. Szelechowski (le docteur), îfc, Auch. Tallez (le chanoine), Auch. Tarrieux, l'Isle-de-Noé; Taste (Jean), @, ingénieur des Travaux publics, Lectoure. Taste (Mlle), institutrice en retraite, 13, rue Diderot, Auch.


LISTE DES MEMBRES

13

Taste (Jean),chef de musique à Mirande Taste (Alcide) clerc d'avoué à Mirande Telmon, propriétaire, Fleurance. Terqueim, libraire, 1, r. Scribe, Paris. Terrail (Albert), pharmacien, Auch. Tharari, instituteur, Isle-de-Noé. Thévenins inspecteur d'assurances, 47,

rue du Saujon, Bordeaux. Thore (François), ||, || I, Auch. Tierny (Paul), f|, ancien archiviste,

château de Sautricourt (Pas-deCalais).

Tournier (Théodore), Fleurance. Tournier, instituteur, rue Côte-desNeiges,

Côte-desNeiges, Tournois, insp. des Contrib. directes, 15, rue Michelet, Pau. Trémoulet, receveur principal des Postes et Télégraphes en retraite, Auch. Trilhe (le chanoine), Auch.

Trilhe, ^, industriel, Auch.

Trouette (Maurice), négociant, Auch. Trouette (Gabriel), chef du service de

l'élevage en Algérie, t 7, pl. Hoche,

Alger.

Trouette, rue Espagne, Auch. Troyes, Samatan.

Valencian (J.), inspecteur des contributions directes, 3, avenue VictorHugo, Biarritz.

Vassal-Monviel (marquis de), @, rue Victor-Hugo, Auch.

Verdie, ingénieur agronome, directeur des Services agricoles de la Charente-Inférieure, La Rochelle.

Vidal, professeur honoraire, du collège de Lectoure.

Ville vieille, ingénieur des Ponts-etChanssées,

Ponts-etChanssées,

Bureau de la Société pour l'année 1929.

Présidents d'honneur : M. LE PREFET DU GERS, Mgr DE CARSALADE DU PONT, p, >ï< G. C. d'Isabelle la Catholique, Évêque de Perpignan.

Président : M. le D' M SARDAC, ^, ||I.

Vice-Présidents : MM. MONLAUR, *, || I, §,. BRÉGAIL, ||L abbé DAUGÉ

Secrétaire: M. HUGON, QI.

Secrètaire-Archiviste : M. AUBAS, Qrl.

Trésorier -M. LAHILLE, ||.


14

SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

Sociétés qui font échange de leurs Publications

AVEC LE BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU GERS

REVUE DE L'AGENAIS : M. Bonnat (Archives départementales, Agen.

SOCIÉTÉ DE BORDA, à Dax.

BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE DU COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES ET SCIENTIFIQUES. (Ministère de l'Instr. publique.)

SOCIÉTÉ DES ÉTUDES LITTÉRAIRES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES DU LOT.

REVUE DE GASCOGNE, rue Victor-Hugo, Auch,

REVUE INTERNATIONALE DES ÉTUDES BASQUES, palacio de la Députacion, SanSebastian (Espagne)

SOCIÉTÉ RAMOND, à Bagnères-de-Bigorre.

REVUE MABILLON, Abbaye St-Martin, à Ligugé (Vienne).

SOCIÉTÉ DES LETTRES, SCIENCES ET ARTS, de Pau,

BULLETIN PYRÉNÉEN (M. Meillon, 1, rue Gontaut-Biron, à Pau.)

SOCIÉTÉ ARIÉGEOISE (M. Laval, 4, rue Delcassé, à Foix).

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE, Hôtel d'Assézat, à Toulouse.

REVUE DES ÉTUDES HISTORIQUES (M. Combes de Patris, rue Rousselet, Paris-VIIe.

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DE LA HARENTE, rue des. Postes, 9 et 10, Angoulême. RÉPERTOIRE D'ART ET D'ARCHÉOLOGIE, 5 et 7, rue Malaquais, Paris.

ANNALES DU MIDI, rue de l'Université, 2

à Toulouse. REVUE DES HAUTES-PYRÉNÉES (M. Ferrero,

Ferrero, place Verdun, à Tarbes.)

COMISION DE MONUMENTOS HISTORICOS Y,

ARTISTICOS DE NAVARRA. Imprimerie

San-Saturnino, 14, à Pamplona. ESCOLE GASTOU-FÉBUS, à Pau. - S. Palay

président, à Gélos, Pau. ESCOLO. DERA PIRÉNÉOS. M. Sarrieu, 121,

rue Lacapelle, Montauban. SOCIÉTÉ DES LETTRES ET ARTS DE

BAYONNE. BULLETIN DE LA SOCIEDAD ARQUÉOLOGICO

LULIONA, à Palma de Mallorca. REVUE DE COMMINGES, 2, rue Thiers, à

Saint-Gaudens. SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE TARN-ETGARONNE,

TARN-ETGARONNE, Montauban. ÉTUDES LOCALES, à Auch. MÉMOIRES DE La SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE

DE LORRAINE. BULLETIN DR L'UNION DU SUD-OUEST. UNION PYRÉNÉENNE. CONGRÈS ARCHÉOLOGIQUE DE FRANCE. REVUE DE BORDEAUX. FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES. SOCIÉTÉ DE LA CHARENTE-INFÉRIEURE SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE CONSTANTINE.

CONSTANTINE.


SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE

DU GERS

COMMUNICATIONS.

LA PAROISSE D'AVERON-BERGELLE

Son Église et les Boiseries de son Sanctuaire.

(Communication de l'abbè S. DAUGÉ)

Le territoire d'Avéron-Bergelle : églises, paroisses et annexes de sa juridiction aux siècles passés.

Le territoire de la Commune d'Avéron, compris entre la Douze et le Midouzon (ou Midouze), s'allonge en rectangle irrégulier du N.-O. au S.-E. Une épaisse stratification argileuse dont on constate, d'après Jacquot (1), un premier soulèvement à Bourrouillan, un second aux moulins d'Avéron, porte, à 192 mètres d'altitude, le village d'Avéron sur un troisième, et s'en va disparaître vers Margouët. Du haut de ce monticule, l'oeil découvre un vaste horizon, clair vers le Nord, boisé vers le Midi. Ce village comprend à peine une trentaine de foyers : les autres sont disséminés sur le ter(1)

ter(1) JACQUOT, Description géologique, minéralogique et agronomique du département du Gers ; in-8°, 2 volumes, Paris, Impr. Nationale, MDCCCLXX.


16 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

ritoire. La commune n'a plus que 450 âmes, alors qu'il y a quelques années elle dépassait 500. L'agriculture occupe la majeure partie de la population.

La paroisse d'Avéron —Averonio — figure dans les plus anciens pouillés connus du diocèse d'Auch, qui sont des listes des paroisses qui y existaient au temps où ils furent dressés, et qui nous sont, conservés par le Livre Rouge du Chapitre Métropolitain (2). Ils remontent aux premières années du XIVe siècle.

Aujourd'hui, la paroisse d'Avéron a une église paroissiale dédiée à saint Laurent, diacre et martyr, et une annexe, Maucère. Le territoire de celle-ci, au civil, dépend de la commune d'Aignan.

D'après le Pouillé de 1672, Avéron et Loubédat ne formaient alors, au point de vue paroissial, qu'une seule juridiction sous l'administration du curé d'Avéron, qui avait un vicaire pour l'aider. Celui-ci desservait Loubédat, et aussi Maucère, qui était cependant une annexe de Cravencères(3). Ce même Pouillé nous fait connaître que la paroisse d'Avéron possédait encore quatre chapelles votives qui avaient elles-mêmes « une fabrique considérable ». Celle de Bellegarde (n'est-ce pas Bellegelle ou Bergelle?) dédiée à Saint Pierre ; celle de Lestrade dédiée à Saint Martin ; celle de Goueyte dédiée à Saint Michel ; celle de Galabert placée sous le vocable de l'Assomption. Avéron, église paroissiale, dont Saint Laurent était le patron, avait alors pour curé Maître Pierre Payros, âgé de 44 ans, natif du lieu ; pour vicaire, chargé du service de Loubédat et de Maucère, Maître Pierre Ransan, natif d'Aignan. Quoique l'église de Maucère fut considérée comme annexe de Cravencères, elle était desservie par le vicaire d'Avéron. Cela durait encore cent

(2) Abbé J. DUFFOUR, Le Livre Rouge du Chapitre Métropolitain d'Auch, t. XI et XIII de la 2esérie des « Publications de la Société Historique de Gascogne », Auch, Imp. Cocharaux, 1908.

(3)Sommaire de l'Estat où s'est trouvé le Diocèse d'Auch touchant le spirituel en l'année 1672. A la page 154 : Avéron. — Nous témoignons notre reconnaissance à M. le grand vicaire. Clergeac d'avoir bien voulu y puiser et nous communiquer les renseignements que nous utilisons.


PREMIER TRIMESTRE 1929. 17

ans plus tard, comme le note dans l'état civil d'Avéron le vicaire Duputz, en 1761 et 1762.

Dom Brugèles ne connaît que l'église paroissiale d'Avéron, l'ouvrerie dé Bergelle, l'annexé du Bédat (Loubédat) « dont l'église, dit-il, dédiée à Notre-Dame célèbre sa fête locale le jour du Saint Nom de Marie, le dimanche après le 8 septembre et qui avait aussi une Ouvrerie ou Fabrique » ; la chapelle domestique du château de Mauhic dont le patronage était à l'abbé de Berdoues et qui était de la collation de l'Archevêque d'Auch. Il ne fait aucune mention de l'église de Goueyte qui existait encore cependant au moment ou il écrivait ses Chroniques du diocèse d'Auch (4).

Depuis le Concordat de 1801, Notre-Dame du Bédat — ou Loubédat— est devenue paroisse autonome. Le territoire de l'église Saint-Pierre de Bergelle, celui de Saint-Martin de Lestrade, celui de Saint Michel de Goueyte, ont été englobés dans la juridiction d'Avéron. Ces trois églises avaient disparu pendant la période révolutionnaire. Celles de Bergelle et de Lestrade étaient de date relativement récente ; quant à celle de Goueyte, située entre Cravencères et Avéron, elle était très ancienne. Au XIVe siècle, ainsi que nous le font connaître les Pouillés du Livre Rouge du Chapitre Métropolitain, Goueyte — Geyta-— était le siège d'une paroisse.

II

Avéron et Goueyte au XVIe siècle.

Nous savons, par un document très intéressant, en quel état se trouvaient les églises d'Avéron et de Goueyte vers le milieu du XIVe siècle. Ce document est le procès-verbal d'une enquête qui fut faite, en 1546 et 1547, sur les églises d'Armagnac et les revenus de leurs fabriques, en vue de la fondation et de rétablissement du collège d'Auch. Feu l'abbé Breuils en a fait une savante et judicieuse étude dans la Revue de Gascogne (5).

(4) DOM BRUGÈLES, Chroniques ecclésiastiques du diocèse d'Auch, 1 vol in-4° 1746. — Voir la page 478.

(5) Revue de Gascogne, 1888, p. 544-545.


18 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

Les archevêques d'Auch avaient abandonné, depuis longtemps, leurs dîmes et leurs droits sur un grand nombre de fabriques d'Armagnac afin qu'elles pussent réparer leurs églises qui avaient été presque toutes dévastées pendant la Guerre de Cent Ans. On jugea que les réparations utiles devaient être finies au milieu du XVIe siècle, que la libérale condonation des archevêques n'avait plus sa raison d'être, et que l'attribution de ces revenus à la fondation du collège d'Auch était plus opportune. Le roi et le Parlement de Toulouse approuvèrent la destination nouvelle de ces revenus et autorisèrent une enquête préalable qui permettrait' de se rendre compte des nécessités que ces fabriques et ces églises pouvaient encore avoir, et de la quotité de leurs revenus qui pouvaient être affectée à la fondation du collège. Le Parlement de Toulouse confia cette enquête à Arnaud Claverie.

Celui-ci arriva à Avéron le 15 décembre 1546 et y commença son office de commissaire enquêteur vers une heure de l'après-midi. Les consuls de la communauté, Bernard de La gelle et Jehan de la Fitan, les fabriciens de l'église, Léonard de Lagelle et Bernard de Payeron, comparurent devant lui. D'après leurs affirmations, la dîme de la Fabrique avait atteint, en cette année-là, « 43 écus petits », lesquels ont été répartis par syndicat aux habitants dudit lieu, « à cause du mauvais temps et infertille d'icelluy, lesquels avec le temps payeront à lad. église comme d'autres ont fait ».

En même temps, arrivent Bernard de Julian et Jehan de Ricau, fabriciens de l'église paroissiale de Bellegelle (Bergelle). Ils exhibent leurs livres de comptes tels qu'ils ont été arrêtés chez Maître Trinqualyes, notaire à Nogaro, et desquels il résulte que le revenu moyen de l'année est de 10 écus petits.

Puis comparaissent Bernard de Berges et Jehan Fitan, fabriciens de l'église Saint-Michel de Goueyte. Ils exposent que leur revenu s'est élevé en cette année à 16 écus petits, ainsi qu'il appert des comptes faits chez Maître Daudé, notaire a Nogaro. Mais eux aussi ont distribué cette somme à leurs co-paroissiens de Goueyte.


PREMIER TRIMESTRE 1929. 19

Le commissaire décide de vérifier les comptes de ces fabriques, de celle de Cravencères et de celle de Loubédat, et il procède à la visite de l'église d'Avéron. Voici ce qu'il en dit dans son procès-verbal:

« Laquelle (église) est bien bâtie et voûtée de pierre de taille avec ses chapelles et clocher garni de ses cloches, garny de vitres nécessaires fors d'une vitre, et en tel ordre que pour le présent n'y avons cogneu aulcune réparation nécessaire fors de. faire lad. vitre qui pourra couster vingt cinq ou trente sols et non davantage pour ce que le fenestrage est bien petit. »

Le commissaire et ses aides montent à cheval et, bien que le jour commence à décliner, ils vont visiter les églises de Cravencères, Goueyte et Bergelle.

Les églises de Cravencères et de Goueyte sont « bien basties et édiffiées, sans avoir besoing de grandes réparations ». Quant à celle de Bergelle, elle était ruinée et son clocher démoli.

Les commissaires rentrèrent à Avéron le soir et se mirent à dépouiller les comptes qu'ils avaient reçus. Le lendemain, mardi 16 novembre, Arnaud Claverie montra aux fabriciens d'Avéron, de Goueyte et de Bergelle, le résultat de l'examen de leurs comptes. Il se trouva que les dettes contractées envers la fabrique d'Avéron s'élevaient à 170 livres, 10 sols, 11 deniers ; celles Goueyte à 53 livres, trois sols ; celles de Bergelle à 24 livres, 14 sols, 4 deniers. De plus, les procureurs du roi et de l'archevêque demandèrent que les fabriciens, qui avaient distribué les revenus de l'année à leurs compatriotes, fussent condamnés à les restituer de leurs propres deniers, puisque rien ne les autorisait à faire ces largesses. Arnaud Claverie fit droit à cette requête et rendit une ordonnance en conséquence.

Il fut ensuite prescrit à la fabrique d'Avéron de payer au collège d'Auch les deux tiers de ses revenus et le quart de ses créances ; à celle de Bergelle, la moitié ; à celle de Goueyte, le tiers.

A Loubédat, enfin, on trouva l'église reconstruite ; on travaillait à l'achèvement de sa voûte.


20 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

III

Étude architecturale de l'église d'Avéron.

Nous nous rangeons volontiers au sentiment de ceux qui ont écrit, que cette église, dans son état actuel, se présente à peu près telle que la vit le commissaire de 1546-1547, Arnaud Claverie (6). C'est une église du XVIe siècle qu'on venait sans doute de terminer lorsqu'il eut à l'examiner.

Elle a une nef munie de bas-côtés ; elle est orientée et bâtie en pierres d'appareil du XVIe siècle.

1° La grande nef. — La grande nef, qui a 22 mètres de longueur, se compose d'une abside à trois pans coupés et de trois travées qui se succèdent jusqu'à la tour du clocher, situé à l'Ouest. Des piliers semi-circulaires et engagés dans les pieds-droits, entre les arceaux, supportent les retombées tre les arceaux, semi-circulaires, supportent les retombées des arcs doubleaux, ceux des croisées d'ogives et des formerets : ils n'ont pas de chapiteau. On ne doit pas se laisser émouvoir, par l'épaisseur extraordinaire, qui rappelle celle des plus lourds piliers romans, des deux supports de la dernière travée. Les piliers engagés et les pieds droits des arceaux donnant, sur ce point, accès dans les nefs latérales, ont été revêtus et renforcés, pour parer à un danger d'écroulement de la voûte et la dernière travée de l'église. Cette lourdeur, cette masse des deux piliers, qui frappe les regards de tous ceux qui entrent, ne saurait s'expliquer que par la nécessité d'étayer les supports de la voûte. Ils devinrent nécessaires lorsqu'on traça, sous la tour du clocher, la grande arcade de la tribune. Nous ferons remarquer encore qu'on voit, extérieurement, en face de ces piliers, au Nord et au Midi, sur les murs en pierre de la grande nef, des reprises en briques qui dénotent un travail postérieur à la construc(6)

construc(6) LASSUS, curé de Caussens : Construction et réparation des églises. Examen de quelques églises, Auch, Imp. Foix, 1900, in-8°, IV-260 p.,- à la page

195.


PREMIER TRIMESTRE 1929.

21

tion de l'église. Sans une explication de ce genre, ces constructions, massives sont surprenantes et énigmatiques. Elles paraissent trop isoler la dernière travée de la nef, et établir,

en avant dû clocher, entre les deux portes de l'église, celle de Goueyte et celle de Bergelle, une sorte de narthex. Le profil des moulurations des arcs doubleaux, des

Plan de l'Église.


22 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

arcs d'ogive et des arcs formerets dessine deux cavets superposés, séparés par de simples, arètes, et se termine par un méplat. Les meneaux des fenêtres accusent un cavet et un méplat. Les remplages des deux croisées du sanctuaire, qui subsistent encore et qui sont seules à projeter de la lumière dans la grande nef, se rattachent au style flamboyant et présentent un ensemble de combinaisons ondoyantes, obtenues par une liaison de courbes et de contrecourbes. Ces caractéristiques, que l'on trouve dans la grande nef de l'église d'Avéron, dénotent une construction du XVIe siècle.

Avant de la quitter, nous observerons que ses murs, ses dosserets, les nervures des arcs de sa voûte sont en pierre ; mais que. les matériaux de la voûte elle-même sont d'une épaisseur de deux longues briques mises bout à bout, et que ces briques sont simplement séchées au soleil. Voilà une chose probablement rare et digne d'être remarquée. Mais elle ne doit pas surprendre dans une contrée où la pierre manque et où l'on trouve même encore quelques vieux murs en terre.

2° Le clocher. — Au fond de l'église, après la troisième travée de la grande nef, un large arceau en tiers-point a été ouvert sur toute la largeur de la tour du clocher, dont la superficie carrée égale celles des travées de la nef, pour l'édification d'une tribune. L'intrados de cet arceau, est construit en briques cuites, au lieu, que la tour est en pierre appareillée semblable à celle des murs de la partie de l'église que nous venons d'étudier. Il n'y a pas de voûte sous la tour : tous les étages du clocher sont recouverts par des planchers soutenus par des poutres, et reliés l'un à l'autre par un escalier en bois qui monte jusqu'à la chambre des cloches. Cette tour peut être ancienne et remonter au XVIe siècle. Il n'en est pas de même de la flèche qui consiste en une charpente à trois étages revêtus d'ardoise. L'étage inférieur, qui sert de chambre pour lés cloches, s'élève à peu près perpendiculairement, comme les toits mansardés ; et cela suffit pour indiquer que cette flèche est du XVIIIe siècle. Le second étage a la forme de pyramide tronquée. Le troisième est une pyramide très pointue, portant la croix et le paratonnerre à une très gran-


PREMIER TRIMESTRE 1929. 23

de hauteur. Sur la partie mansardée, au milieu de chacune de ses faces s'ouvre une fenêtre. Cette toiture du clocher vient d'être réparée. La charpente, en coeur de chêne étant en bon état, la physionomie de cette flèche, assez curieuse, a pu être conservée.

Ce ne furent pas seulement les supports de la troisième travée de la nef centrale qui durent être renforcés lorsque l'on ouvrit le grand arceau de la tribune, dans la tour du clocher. Ce fut la tour elle-même, cela se comprend facilement, qui dut être puissamment étayée pour éviter sa ruine complète. Dans ce but, à l'intérieur, contre les angles de la face Est de la tour, on éleva deux piliers énormes et semblables à ceux de la troisième travée. On les y voit toujours parce qu'ils y sont indispensables. Mais ils paraissent moins parce qu'ils affleurent, à l'intérieur, la muraille occidentale de l'église. Extérieurement, les parois latérales de cette tour furent étayées par d'énormes contreforts qui appuient contre elle jusqu'à la moitié des murs Nord et Sud. Un vieux maçon d'Avéron, Léon Moulié, dont nous parlerons plus loin, affirmait que son grand-père avait travaillé à ces constructions dans lesquelles on avait fait entrer des matériaux provenant des démolitions des églises de Goueyte et de Bergelle, qui furent rasées à la Révolution. Ces contreforts, élevés au moment de l'ouverture de l'arceau de la tribune, durent l'être peu après l'application du Concordat de 1801. Ce fut l'abbé Dubédat, qui fit entreprendre ces travaux. Il avait la préoccupation de recevoir, dans l'église paroissiale d'Avéron, les fidèles qui fréquentaient, avant la Révolution, les annexes de Bergelle et de Goueyte.

Malgré tous les appuis donnés à cette tour trop largement éventrée pour l'arceau de la tribune et dans laquelle, du côté de l'Ouest, on perça aussi une grande fenêtre destinée à éclairer la tribune et le fond de l'église, au cours du XIXe siècle, la solidité du clocher a inspiré quelques inquiétudes auxquelles on a remédié par son encerclement de barres de fer. On peut espérer que le résultat cherché a été atteint.

3° Les nefs des bas-côtés. — A) La nef du midi. — La


24 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

construction des murs des nefs latérales, en matériaux différents de ceux de la grande nef, qui sont des pierres d'appareil ainsi que nous l'avons dit, prouve que l'église d'Avéron avait été bâtie pour ne présenter d'abord qu'un seul vaisseau. A une époque plus récente, on perça, dans les murs de la grande nef, entre les dosserets soutenant les arcs de la voûte, de grands arceaux en tiers-point et s'harmonisant avec le style de l'église, pour donner communication dans les bas-côtés qu'on ajoutait à l'église et au moyen desquels on l'a agrandie considérablement.

Ces bas-côtés n'offrent pas, l'un et l'autre, des caractères tout à fait pareils ; et cela semble indiquer qu'ils n'ont pas été finis dans une même campagne.

En disant que les petites nefs sont postérieures à la grande, nous devons cependant faire exception pour la première travée de celle du Midi, qui abrite l'autel de la Sainte Vierge. Extérieurement, on remarque, sur ce point, le même appareil qu'aux murs de la grande nef, et intérieurement, les caractères architecturaux de celle-ci, se retrouvent encore dans les nervures de la voûte.

Le reste des murs est visiblement bâti avec des matériaux de provenances diverses et de formes variées. Intérieurement, toutefois, on s'est appliqué à donner aux arceaux de la voûte les caractères architectoniques dont on trouvait le modèle à la première travée plus ancienne, celle qui abrite l'autel.

Comme dans la grande nef, on remarque trois travées au bas-côté du midi, et on les a fait correspondre.

C'est à la troisième travée qu'on ouvrît la porte en tierspoint, celle que nous appelons porte de Bergelle, qui donne accès dans l'église aux habitants de ce côté de la paroisse.

B) La nef du nord. — Les murs de la nef du nord ont pu être élevés en même temps que ceux du midi. Mais on n'a voûté, c'est certain, dans cette même campagne, que la première travée qui abrite l'autel de Saint-Joseph, qui correspond à l'autel de la Sainte-Vierge que nous avons trouvé côté de l'Epître.


PREMIER TRIMESTRE 1929. 25

Les travaux de la voûte, interrompus alors, repris seulement plus tard, marquent ici une notable divergence de style dans l'église d'Avéron. Ceux qui les continuèrent, ne se préoccupèrent plus d'imiter et de prendre modèle sur les arcs d'ogive que l'on avait sous les yeux. Soit manque de matériaux convenables, soit manque de goût, la voûte fut reprise par des ouvriers, probablement inhabiles, qui ne surent faire qu'un arceau brisé se prolongeant de bout à fond sur ce qui restait à couvrir dans cette nef, et qui ne prirent pas même la peine de séparer les travées par des arcs doubleaux. Cette partie est, en toutes choses, la partie la plus défectueuse de l'église d'Avéron.

En face de la porte de la nef du midi, la nef du nord a aussi une porte semblable d'entrée pour les paroissiens habitant le côté de Goueyte.

Ces portes de l'église d'Avéron sont d'ailleurs toutes simples : deux pied-droits ornés d'un tore sur l'angle extérieur s'élèvent avec lui pour former une voussure en tiers-point.

IV

Les boiseries de l'église d'Avéron-Bergelle constituent un remarquable mobilier religieux d'Art Français.

Ce qu'il y a de plus digne de remarque dans l'église d'Avéron, ce sont les boiseries du sanctuaire. Le bois doré domine et la lumière ruisselant sur les ors donne bien, à certaines heures et à certains jours, à cette abside recouverte de magnificences artistiques, les reflets d'une belle splendeur, d'une élégante somptuosité. Elles sont du plus pur Art Français des XVIIe et XVIIIe siècles. Les trois règnes, Louis XIV. Louis XV et Louis XVI, y ont apporté, chacun, des éléments ; et tous sont vraiment admirables. Notre coin de Gascogne n'a pas conservé un second exemplaire d'Art Religieux de cette époque aussi complet que celui-ci. S'il n'a pas été plus connu jusqu'à nous, cela a pu tenir à l'isolement


26 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

dans lequel Avéron s'est trouvé. Grâce aux moyens de locomotion de l'heure actuelle, on peut maintenant le voir tous les jours.

Ce qui, à Avéron, a dû faire préférer le bois sculpté et doré à la pierre pour l'ornementation de l'abside, c'est la rareté de celle-ci dans le pays. On ne trouve pas une seule carrière sur le territoire de cette commune, et c'est de fort loin qu'on aurait dû l'y porter. Le bois au contraire, bois de chêne, de noyer, d'ormeau, de hêtre, s'y trouvait assurément en abondance à cette époque où il n'avait pas été enlevé par les verreries qui s'y étaient établies (7).

Il n'est d'ailleurs, pas certain que ces sculptures aient été ouvrées sur place. Au XVIIe siècle, au moment même où a été sculpté le Calvaire d'Avéron, quelques curés de paroisses armagnacaises, le curé de Sorbets, le curé de Ramouzens, assez voisins d'Avéron, des prêtres de Bassoues et de Vic-Fezensac, se sont adressés à Jean Douille, sculpteur d'Auch qui avait fait des rétables à la cathédrale, pour des tabernacles et rétables destinés à leurs églises (8). Pourquoi le curé d'Avéron ne se serait-il pas adressé à lui ? Il y eut d'autres artistes, pour cette spécialité, en même temps que Jean Douille, et après lui. Dans son étude Artistes de passage à Gondrin (9), M. L. Mazéret nous signale une famille de peintres-doreurs, les Morlan et plusieurs autres artistes, Jean Boyrie, les Laffarguette, qui demeurèrent dans le pays vers la fin du XVIIe

(7) Il y a. eu des verreries à Avéron. Elles étaient situées à. Bergelle et à Lestrade. On ne saurait dire leur nombre, et s'il y en eut simultanément plusieurs, quoiqu'il paraisse qu'il en fut ainsi, au moins a certaines époques. — Il y avait, vers la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe, comme famille de verriers, la famille de Robert. (Avéron : état civil ancien). Une demoiselle de Robert épouse, le 30 septembre 1706, Jean Grenier, sieur de Cassaignac, né à Saint-André, canton d'Aurignac (Haute-Garonne). Cette famille fet souche à Avéron et éleva, près de Bergelle, une maison qui poria le nom de Granier. Elle a disparu, il y a seulement quelques années ; mais il nous souvient de l'avoir vu dans notre enfance. La famille Granier de Cassagnac, d'ÀvéronBergelle, après son alliance avec la famille de Robert, alliée elle-même aux d'Auxion de Négueboue, s'allia encore aux Dencausse ou d'Ancausse, Delor, Lestrade et Lissagaray. (Etat civil ancien d'Avéron-Bergelle.) Comme orthographe du nom Granier, on trouve Grenier, Grenier et Granier. Ajoutons que ces autres familles, alliées à. celle des Granier de Cassagnac, nous paraissent également avoir été, pour la plupart, dans les verreries..

(8) Alphonse BRANET : Jean nouille, sculpteur d'Auch, dans Bull. Soc. Arch., XIVe année, 1915, p. 250-258.

(9) Ludovic MAZÉRET, Bull. Soc. Arch, XVIIe année, 1926, p. 86 et sey.


PREMIER TRIMESTRE 1929,

siècle et pendant presque tout le XVIIIe. Dans le Bas-Armagnac, dans les vallées de l'Adour et de l'Arros, on trouve, dans les églises, beaucoup d'oeuvres d'art, en bois, la plupart sculptées et certaines dorées, qui doivent être attribuées à la même époque. Notre Bulletins publié, sans description M commentaire, la photographie d'un joli confessionnal Louis XV(10), et de délicieux fonts baptismaux Louis XVI (11) qui se trouvent dans l'église de Saint-Justin, canton de Marciac. Loubédat, ancienne annexe d'Avéron, possède deux confessionnaux Louis XV qui méritent d'être signalés. ■

Nous avons entendu dire qu'une troupe d'ouvriers italiens, se transportant de village en village, qui aurait travaillé dans ces contrées, dont nous venons de parler, au XVIIIe siècle, aurait produit ces oeuvres remarquables, pour un grand nombre d'églises du pays. Nous ignorons ce qu'il y a d'exact dans cette tradition qui n'est pas aussi sure, à notre sens, que les actes notariés qui nous témoignent de l'existence et des oeuvres de Jean Douille, des Morlan, de Boyrie, des Laffarguette. Les recherches dans les études des notaires feront certainement découvrir d'autres noms d'artistes du même genre, dans l'avenir. Il est donc certain que les curés d'Avéron n'eurent pas à aller fort loin pour trouver des artistes capables de sculpter, peindre et dorer leurs boiseries ; et nous croyons qu'elles purent être faites, sinon sur place, du moins dans le rayon du diocèse d'Auch auquel cette paroisse appartenait.

Il semble cependant que les panneaux Louis XVI, pour être parfaitement adaptés à la place qui leur était destinée, ont dû être nécessairement façonnés sur le lieu même. Avec cette nécessité concorde un renseignement que nous avons recueilli à Avéron, en août 1927. Il nous fut donné par plu- \ sieurs personnes, mais surtout par un vieillard aveugle qui savait se souvenir de ce qui méritait de ne pas être oublié, Léon Moulié, excellent maçon jadis, mort peu de temps après, en

(10) XXIe année, 1920, p. 229.

(11) XXIIe année, 1921, p. 21.


28 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

décembre de la même année. Il aimait à parler de l'église de son village, et surtout il vantait la beauté de ses boiseries. C'est de sa bouché que nous avons appris que ces dernières auraient été faites au hameau du Quiec, dans la maison dite à Palazo, où se trouvait, en ce temps-là, selon les termes même de Léon Moulié « un atelier de menuiserie renommée ». Palazo ? Voilà un nom qui a une bonne consonnance italienne. Cela ne nous rapproche-t-il pas de l'autre tradition, que nous avons signalé plus haut, qui veut que beatN coup de boiseries des églises de l'Armagnac, des vallées de l'Arros et de l'Adour, soient des oeuvres d'ouvriers italiens? La maison de Palazo est ainsi appelée aujourd'hui du nom de ses anciens propriétaires. En l'An IV, le 12 frimaire, un citoyen Palazo, des maisons du Quiec, signe comme témoin l'acte de naissance d'un enfant né dans ce hameau ; et l'An V, le 20 nivose, l'acte de décès de ce même enfant. Ce Palazo, dont on ne dit pas le prénom, était âgé alors de 65 ans : mais il était dit cultivateur (12). Peut-être, à cet âge et pendant la tourmente révolutionnaire, avait-il abandonné le métier, de menuisier ? Cette famille des Palazo s'est perpétuée à Avéron pendant le XIXe siècle.

Nous ne voulons pas affirmer que parmi les divers articles du si riche mobilier qui avait apparetnu à Jean-Marie de Médrano, seigneur de Mauhic, guillotiné à Auch le 26 germinal, An III, mobilier dont M. l'abbé Camoreyt a fait connaître l'inventaire (13), il y en ait eu quelqu'un qui fut sorti de « l'atelier renommé de Palazo ». L'abbé Camoreyt ne nous fait connaître que les articles les plus estimés, ceux qui avaient une plus grande valeur, et qui furent envoyés d'abord au citoyen Tastet, administrateur du district de Nogaro, et ensuite à Paris en raison de l'or, de l'argent et des matières précieuses qui les ornaient. C'est de Paris ou de quelque grande ville qu'on avait dû apporter, a Mauhic, ces meubles si riches et de grand style. Mais c'est au château de Mauhic, qui n'est pas distant, en ligne droite, de mille mè(12)

mè(12) d'Avéron-Bergelle, état civil.

(13) Revue de Gascogne, nouvelle série, t. XVIII, 1923, p. 112-113.


PREMIER TRIMESTRE 1929. 29

tres, que l'ouvrier habile de l'atelier Palazo a pu entretenir son goût pour le mobilier riche et soigné, se tenir au courant des progrès, des modifications, des perfectionnements des styles au XVIIIe siècle. Il est donc possible, dans tous les cas, que les boiseries d'Avéron de ce temps, nous ne voulons pas parler de celles de style Louis XV, mais celles de style Louis XVI, soient sorties de cet atelier. Il est possible encore qu'au château de Mauhic, où l'on appréciait son habileté, son goût, son application, on ait commandé à cet ouvrier habile d'autres meubles, moins riches que ceux qui figurent dans la partie de l'inventaire publiée par M. l'abbé Camoreyt, qui peuvent exister encore dispersés dans la région.

La raison qui a pu empêcher l'église d'Avéron de faire exécuter un de ces rétables à la mode de la fin du XVIIe siècle, majestueux, mais toujours un peu lourds malgré l'enjolivement des sculptures de sujets religieux et décoratifs dont on les ornait, un rétable dans le genre de ceux de la cathédrale d'Auch, de Biran, de Miramont, de Sainte-Gemme, de Ligardes, de Vicnau (commune de Condom et paroisse de Lialores), pouvait venir d'un obstacle matériel. L'abside, d'Avéron est à pans coupés, et, dans chacun de ces pans se trouve une fenêtre ogivale, les seules, ou presque, qui donnent du jour à l'église. On ne pouvait les fermer toutes. Mais les marguilliers et le curé, sachant qu'une fenêtre qui éclaire juste en face de l'autel, projette une lumière qui éblouit les fidèles et les empêche de bien voir l'officiant et les décorations de l'autel, n'hésitèrent pas à aveugler la, fenêtre du pan du milieu de l'abside pour adosser contre elle le Calvaire qui, d'après ses caractéristiques, fut la première ouvrée des ornementations entreprises.

Quand on eut placé ce Calvaire, on dut remarquer que l'autel, qui existait au XVIIe siècle (et à quelle époque remon-. tait-il ?), ne s'harmonisait pas bien avec l'oeuvre d'art qu'on venait de placer au-dessus de lui. Aussi, dès que les ressources le permirent aux fidèles et à ceux qui étaient chargés de l'administration matérielle de cette paroisse pieuse mais


30 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS

pauvre, ils firent placer l'autel Louis XV que nous y trouvons encore. Il est, de toutes ces boiseries, avec le tabernacle et le ciborium qui le surmontent, la partie la plus artistique, la plus élégante, en même temps que la plus caractéristique de l'époque où il fut produit. Il demeurera toujours la pièce la plus admirée de ces oeuvres d'art.

Cependant, tout cela sembla trop isolé, dans le pan central de l'abside, au dernier qui a travaillé à l'embellissement de l'église d'Avéron par des boiseries. Il songea à' leur donner un beau cadre. Mais le temps et le goût avait évolué. Il fit exécuter ces grands panneaux Louis XVI qui touchent au sol et qui sont agrémentés de quelques ornements décoratifs dans le style en vogue au temps de ce monarque. Il les sépara par des pilastres surmontés de chapiteaux ioniques, et il les couronna d'une corniche qui divise nettement cet ordre des panneaux de l'étage, supérieur. Il avait dû les recouvrir, selon le goût de l'époque, d'une peinture qu'on appelait alors << rouge passé » ; c'est le rose, fort à la mode en ce temps-là. Des restaurateurs l'ont, depuis 1870, remplacée par un rouge sombre, plus apparent, qui les fait bien ressortir.

Au-dessus, il fit placer un second ordre de panneaux, aussi du style Louis XVI, avec des décorations plus nombreuses et plus riches en bois doré.

Au-dessus de la corniche de ce second degré de panneaux, l'auteur de ces boiseries de style Louis XVI a placé les statues des quatre Evangélistes. Ainsi, sa façon de procéder se relié à la tradition des imagiers chrétiens des âges antérieurs. Lui aussi a voulu parler aux yeux, instruire et prêcher, en plaçant ces statues entre les pieds droits des fenêtres et la naissance des ogives de la voûte ; et celles que nous avons rencontrées tout à l'heure, au beau milieu des panneaux du second degré. De la sorte, il illustre d'images saintes ces boiseries, et il rend religieux, si l'on peut ainsi dire, ces panneaux et ces motifs artistiques de décoration qui pourraient aussi bien et en eux-mêmes convenir à un mobilier profane. Elles trouveront d'ailleurs autant d'admirateurs que de visiteurs.

Au-dessus d'elles, dans le champ que laissent les arcs for-,


PREMIER TRIMESTRE 1929. 81

merets sur les pans latéraux de l'abside et au sommet des fenêtres, on a fixé de la rocaille, comme on en avait mis, lorsqu'on avait placé lès pièces qui appartiennent au style Louis XV, au-dessus du Calvaire, sur le champ laissé par l'arc formeret du pan du milieu.

Cette description des boiseries d'Avéron, laisse entrevoir la profusion des sujets de scupture et d'ornementatic qu'elles présentent. Tout ce qui relève du style Louis XV surtout en est chargé. Ce sont d'ailleurs les plus délicates, les plus fines, comme ce style le comporte. Ce qui appartient au style Louis XIV a plus de solennité, moins de richesse. Ce qui est du style Louis XVl a une plus agréable simplicité. Faisons exception cependant pour les panneaux du degré supérieur, appartenant à ce dernier règne, où les grands rinceaux dorés et les autres ornementations qui les avoisinent rappellent un peu trop la profusion dû Louis XV sans en avoir la: grade charmante. Il semble qu'ici on ait oublié un peu trop que c'est la sobriété dans le décor qui convient au style Louis XVI.

Ce qui augmente le prix de ces boiseries, c'est que cette église les a conservées dans leur intégrité, à la place même et dans l'ordre où elles furent posées. La Révolution française, qui détruisit partout, dans les paroisses rurales principalement, tant de mobilier religieux, respecta celui-ci, grâce au zèle apostolique du prêtre fidèle qui s'appliqua alors à veiller sur lui. Il a eu aussi le bonheur d'être respecté, depuis, par ses successeurs qui peuvent fièrement le montrer à leurs confrères dont aucun ne peut se glorifier d'avoir une oeuvre d'art de cette valeur dans son église. Cependant, il a eu tort celui qui, après 1870, se laissa persuader qu'il pouvait, sans dommage, laisser vernir tous ces bois dorés à la feuille. Avec le temps, la poussière se colle sur le vernis, assombrit les ors et leur enlève leur éclat naturel.

Il est donc certain que toutes ces boiseries n'ont pas été produites en une seule campagne : c'est dans une période qui a duré près de cent ans qu'elles ont été ouvrées. ■

Oh ne peut pas dire, avec la certitude d'exprimer ce qui


32 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

est vrai, que celui qui le premier eut l'idée d'y travailler ait conçu quelque chose de si grand. On doit plutôt penser que chacun des curés ou des marguilliers qui se sont succédés a ajouté sa part à cette oeuvre. Ce n'est que peu a peu que le plan de l'ensemble a été élaboré. Cependant, l'harmonie de l'oeuvre que nous avons sous les yeux se. fait admirer. C'est qu'une même pensée a animé tous ceux qui, successivement, y ont ajouté quelque chose : la compléter et, en l'achevant, la rendre encore plus belle. Tous avaient une même qualité : ils étaient hommes de goût. C'est pour cela que cet ensemble est beau ; rien ne s'y heurte trop vivement, rien ne choqué. Tout contribue à faire de cette oeuvre un admirable modèle de ce que pouvait produire l'Art Français des XVIIe et XVIIIe siècles dans le mobilier religieux.

Il n'est pas sans intérêt de connaître les noms des prêtres qui administraient la paroisse d'Avéron aux diverses époques où les boiseries furent placées. Une part importante doit leur être attribuée dans leur choix, leur dessin et leur disposition, les motifs de décoration et l'adoption du style dans lequel elles furent conçues. On ne doit pas ignorer qu'en ce temps-là régnait, pour le mobilier, une nouvelle conception de plans et de lignes, d'attributs décoratifs, qui mérite le nom d'Art Français. Or, on peut considérer les prêtres qui administraient la paroisse au spirituel, comme, les inspirateurs des fabriciens qui l'administraient au temporel ce sont eux qui firent adopter par ceux-ci notre art national. Laurent du Faulx (Duffau?) était, d'après le Livre terrier du lieu, en 1595, curé d'Avéron. On ne peut guère lui attribuer que la Sainte-Table, qui est de style Louis XIII ; et encore il faut supposer, pour cela, qu'il a administré fort longtemps l'église d'Avéron, ce que nous ignorons.

Après lui, nous ne connaissons aucun prêtre, à Avéron, jusqu'en 1669, année où nous trouvons Pierre Payros prêtre et recteur de cette paroisse. Sou nom nous est conservé en même temps et par les registres de catholicité et par le Pouillé de 1672. On peut penser que ce fut pendant son ministère que furent exécutés et placés les panneaux du Cal-


PREMIER TRIMESTRE 1929. 33

vaire et celui, du Dieu Créateur- Pierre Payros fut curé jusque vers 1718, comme on peut le voir dans l'Appendice dont nous faisons suivre notre étude, où nous dressons la liste des membres connus du clergé de la paroisse.

C'est à Daignan du Sendat, un prêtre connu, certes, qu'on peut attribuer l'autel et toutes les boiseries Louis XV, c'està-dire ce qu'il y a de plus remarquable dans le mobilier religieux de cette église. Dans l'état civil de la paroisse, on le rencontre pour la première fois, avec la qualité de curé, le 29 mai 1723, faisant la sépulture de Martin Dupuy, notaire d'Avéron, qui était décédé le 28 mai et qui fut inhumé dans la chapelle de Notre-Dame, au pied du dernier pilier, près de la porte de Bergelle. Bien qu'il paraisse avoir été fait archidiacre de Magnoac peu après, et vicaire général le 24 avril 1727, Daignan du Sendat ne se démit pas de sitôt de la cure d'Avéron, et il ne l'abandonna pas totalement. Jusqu'en 1731, il rédigea lui-même et il signa, par intervalles et durant d'assez longues périodes, les actes de catholicité de la paroisse. Le 27 novembre 1731, il assista à un mariage, avec ses vicaires, Rémeignon et Lubet, dans l'église d'Avéron. C'est la dernière fois qu'il nous a été donné d'y constater sa, présence. Jusqu'en 1739, c'est Lubet qui l'administre comme vicaire. Thoré, le premier curé après Daignan du Sendat, ne se trouve, dans l'état civil, que le 9 février 1739. Serait-il téméraire de penser que ce dernier a cumulé la cure d'Avéron avec le titre d'archidiacre de Magnoac et la charge de vicaire général jusqu'à une date assez, raprochée de 1739 ? On sait qu'il vécut jusqu'en 1764 (14).

(14) Personne, à notre connaissance, n'a encore tenté d'écrire une notice complète de la vie de Daignan du Sendat. On en trouverait de nombreux éléments dans diverses notes publiées un peu partout, mais surtout dans la Revue de Gascogne et dans notre Bulletin de la Société Archéologique. L'étude de M. Bénétrix sur. le Collège des Jésuites d'Auch, parue ici-même ; l'article de M. Clergeac sur le cardinal de Polignac, publié en 1920 dansla Revue de Gascogne, font connaître plusieurs détails intéressants. Les rapports de Daignan du Sendat avec les RR. PP. Jésuites du Collège d'Auch attestent qu'il aimait la littérature, la poésie et les arts. S'il a inspiré, comme nous sommes tenté de le croire, le placement, dans l'église d'Avéron, des boiseries Louis XV, on a une nouvelle preuve de son goût pour les oeuvres d'art. Voici son acte mortuaire, « Messire Louis Daignan du Sendat, métropolitain de la province ecclésiastique d'Aucli, vicaire général de Mgr Larchevêque d'Auch, doyen des chanoines et dignitaires de cette église, âgé d'environ quatre-


34 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

L'achèvement des boiseries a été exécuté sous Louis XVI. Or, sous ce règne, on ne trouve qu'un seul curé, Saint-Mézard, et il ne paraît pas avoir résidé. Des vicaires le suppléaient, mais ils passaient rapidement à la paroisse. Cependant à la veille de la Révolution, en 1787, Dubédat fait sa première apparition. C'est à lui que la tradition, attribue l'achèvement des boiseries ; elle attribue, à sa vigilance, à son zèle, aux dévouements qu'il sut inspirer, l'heureuse fortune de les avoir soustraites au vandalisme des révolutionnaires. Nous avons ouï dire qu'il avait fait murer, du pavé à la voûte, le fond de l'église, entre les deux derniers piliers de l'ouest ; dé sorte que ceux qui entraient ne pouvaient voir ni les nefs, ni le sanctuaire, et que l'église leur paraissait tenu? entièrement dans le grand espace compris entre ces piliers et le clocher et les portes de Bergelle et de Goueyte. Aucune dénonciation ne trahit ce subterfuge. Et pendant les plus dures années de la Révolution, l'abbé. Dubédat, caché dans diverses habitations de la paroisse, administrait en secret ceux qui avaient recours à lui. Au besoin, il se déplaçait et risquait, sa vie. Les fidèles d'Avéron n'étaient pas les seuls qu'il assistait. Il y en avait aussi d'Espas, de Manciety de Cravencères, de l'Hôpital, de Sauboires, de Nogaro, de Bétons, de Loubédat, de Lanne-Soubiran, de Bouzon, de Salles, de Bourrouillan, de Panjas, de Dému, de Bascous, de Sion, d'Isotyes. On voit ainsi qu'il mena une vie de missionnaire apostolique. Dans de petits cahiers qu'il rédigeait année par année, on peut lire les actes des baptêmes qu'il fit et des bénédictions nuptiales qu'il donna. Ainsi, le 14 février 1792, il bénit le mariage de notre arrière grand-père, Guillaume Daugé avec Marie Bergès. En 1795, 1797 et 1799, il

vingts quatre ans, est décédé le dix-sept mars à dix heures un quart du matin, et le lendemain, la levée ayant été faite par Messire Dulac, chanoine, a été inhumé dans sa chapelle de la Purification dans la nef de cette église, le chapitre y ayant assisté en corps. Laporte, vie. » (Arh. dép. Gers : Registres de la paroisse Sainte-Marie d'Auch pour l'année 1764.) — Une plaque de marbre noir, encastrée dans le pavé de cette chapelle (la 2e en remontant la nef latérale de droite), dont l'inscription a été publiée dans les notices de la Cathédrale d'Auch porte son épitaphe. En particulier, elle se lit à la page 27 de la 6e édition de la Notice sur Sainte-Marie d'Auch, p. P. SENTETZ, éditée en 1926, par les soins de la Société Archéologique du Gers.


PREMIER TRIMESTRE 1929. 35

baptisait leurs enfants, apposait sa signature au bas des actes, et se qualifiait ainsi : Dubédat, prêtre catholique (15). Au rétablissement du culte et après le Concordat de 1801. il fut nommé curé d'Avéron. Il signe ainsi, aux registres de Catholicité de 1801 à 1815, tant qu'il demeura seul ecclésiastique pour administrer la paroisse. En 1815, le 17 juillet il avait Desbons comme vicaire ; le 19 novembre de la même année, Desbons est remplacé par-Labordère sur les registres, et celui-ci était encore vicaire en 1828. L'abbé Duberat (Barthélémy) décéda à Avéron, le 8 janvier 1818 à 56 ans. Nous en avons dit assez sur ce prêtre fidèle pour que les amis des arts s'unissent aux croyants pour l'honorer par de louables sentiments de reconnaissance.

V

Les divers articles de ce mobilier.

Après cette digression, qui ne nous éloigne pas trop cependant des boiseries d'Avéron, étudions en détail, l'un après l'autre, chacun des éléments qui les composent.

1 ° Les portes. — En entrant dans le lieu saint, que l'on arrive du Côté de Bergelle ou de Goueyte, remarquer les vantaux des deux portes. Ils nous disent qu'il fut un temps où la menuiserie fut en honneur ici. On doit admirer l'assemblage savant et heureux des petits panneaux, les , uns rectangulaires, les autres carrés, triangulaires, losangés, trapézôï-. daux, etc,. qui les composent..

2° Balustrade de la tribune. — Arrivés au fond de la grande nef, au moment, d'avancer vers le sanctuaire, considérer les gros balustres en bois de chêne, ouvragés au tour, qui sont sous l'appui. Ils sont déjà d'une antiquité qui doit les faire respecter, puisqu'ils remontent à la restauration du culte, après 1801.

(15). Registres rédigés par l'abbé Dubédat, prêtre catholique, pendant la période révolutionnaire, aux Archives de l'église d'Avéron.


36 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

3° La sainte-table. — Nous trouvons une autre balustrade digne d'être remarquée à l'entrée du sanctuaire. Cette saintetable, au caractère lourd et solennel, est du XVIIe siècle. Elle a une longueur de 7 m. 65. L'appui de communion, large et épais, les balustres gros et imposants ont pu être taillés dans de grandes pièces équarries de bois dur à l'époque de Louis XIII. Il y a peu d'appuis de communion aussi anciens dans le pays. Toutes ces carastéristiques doivent faire tenir cette sainte-table pour tout à fait remarquable.

4° Banc du célébrant. — A. côté de la sainte-table, nous trouvons le banc du célébrant et de ses ministres. Il n'a rien de remarquable en lui-même. Mais cette modeste stalle s'harmonise avec les autres boiseries parce qu'il est de l'époque Louis XVI et qu'elle ne masque rien dans le sanctuaire.

5° La chaire. — La chaire placée comme il convient du côté de l'Evangile, en face du siège du célébrant, appartient également au style Louis XVI, mais elle est modeste aussi. Sa cuve hexagonale se compose de panneaux rectangulaires séparés par des pilastres ornés de minces cannelures selon la mode du temps. Ces panneaux sans sculptures n'ont d'autre ornementation que leurs moulures droites et un grand losange qui tient toute leur surface. La rampe de l'escalier est soutenue par de gros balustres tournés. L'abat-voix est orné d'une belle corniche qui s'accorde avec les pans de l'hexagone de la cuve ; il est décoré de petites pièces en bois faites au tour. Le ciel de l'abat-voix, fait de plusieurs panneaux, porte, au panneau central, l'image du Saint-Esprit aux ailes déployées. Cette chaire est peinte en gris pâle et vert d'eau. Des filets d'or, dans les cannelures des pilastres et tes encadrements, relèvent discrètement ces modestes peintures. Le haut dossier de la chaire, qui soutient l'abat-voix, est composé et décoré de nombreux petits panneaux aux arêtes droites, aux formes variées.

6° La lampe du sanctuaire. — La lampe du sanctuaire, pendue à la voûte et se balançant en face de l'autel, est un ■membre remarquable, en sculptures dorées et d'un travail dé-


PREMIER TRIMESTRE 1929. 37

licat et soigné, du style Louis XV. Le scuplteur a pu exercer son talent; en creusant profondément, et sur tous les points, le bois d'ormeau afin de produire le joli bouquet de fleurs et de feuillages de cette superbe suspension, qui fut ensuite ornée de quatre anses ouvragées aux formes savamment contournées, et de quatre têtes d'anges ailés. De belles feuilles dorées d'acanthe épousent les formes de cette potiche, circulaire qui finit en pointe par une frêle tige de fleur. (Qui finissait, devrions-nous dire ; car, l'appendice final qui avait été rapporté, s'est détaché et a été perdu.)

7° L'autel.— (Longueur 2 m. 60 ; hauteur 0 m. 97). — L'autel est la plus belle partie de toutes les boiseries d'Avéron. Il appartient au style Louis XV. On ne se lasse pas d'admirer sa forme gracieuse et élégante quand on le regarde de face. C'est undes plus beaux spécimens du style de cette époque que nous connaissions en notre pays. Pour bien le voir avec tous les décors caractéristiques qu'il porte sur son avant, il faut relever les nappes et l'antipendium qui le recouvrent ordinairement. Ainsi seulement on voit comme on doit les voir les formes cintrées et contournées de sa face antérieure, avec les décors du panneau lui-même, des encoignures et de la corniche.

La partie centrale du panneau antérieur est décorée d'un coeur qui est comme un foyer de flammes projetant des rayons de tous Côtés. Deux têtes ailées -d'angelots apparaissent entre ces rayons, à droite et à gauche et près du coeur embrasé : un autre se voit au-dessous.

De chaque côté de ce motif central, deux panneaux de quadrillages dorés dont les baguettes qui les bordent, aux lignes contournées, se replient aux angles en s'appuyant à des coquilles ou à des feuilles déchiquetées d'acanthes.

Sur les encoignures cintrées et contournées de ce tombeau, on a sculpté de grandes feuilles d'acanthe, déchiquetées et bien appliquées, laissant voir, au point saillant du galbe, des médaillons ovales à la surface unie, qui ajoutent beaucoup de grâce et de richesse à la décoration de cet autel. La corniche, évidée par une grande gorge, présente, au centre, sur


38 SOCIETE D HISTOIRE ET D'ARCHEOLOGIE DU GERS.

une ligne dé petites feuilles, deux têtes conjuguées et ailées d'angelots. Toute la grande gorge de la corniche est décorée de feuillages et d'ornementations maniérées dans le style Louis XV. Le rebord de la table de l'autel, en moulure simplement arrondie, appuie sur cette belle corniche.

8° Le contre-rétable. — Le contre-rétable (2 m. 75 sur 0 m. 15) destiné à porter le tabernacle et les torchères, est orné, au centre et à chacune des extrémités, de têtes d'angelots semblables à celles que nous avons trouvées déjà, et de palmes qui étalent leurs ondulations à côté de têtes d'anges et dans le sens de la longueur de l'autel.

9° Le ciborium. — Le ciborium, qui appuie sur ce contrerétable et entoure le tabernacle et le recouvre, se compose de deux parties. Il mesure 1 m. 15 de hauteur totale, sans la Croix.

La partie inférieure, en hémicycle, à moitié cachée par le tabernacle, ne laisse bien voir que ses extrémités qui se terminent par une corniche surmontée, de chaque côté, d'un ange adorateur prosterné ; elle est soutenue, dans l'a partie qui avance, par des colonnettes, aux chapiteaux corinthiens, au fût légèrement galbé. Dans cet hémicycle, sous la corniche, on. peut voir quatre têtes d'angelots, formant mascarons, et, un peu plus bas, deux petites consoles supportant deux porte-flambeaux aux tiges formant des contours maniérés du Louis XV.

La partie supérieure affecte la forme d'un petit baldaquin destiné à recouvrir le tabernacle ou le Saint-Sacrement exposé. Il repose sur des tiges végétales : ce sont des palmes repliées de manière à former une boucle ornementale abritant la croix en temps ordinaire, l'ostensoir les jours où il'y a exposition. Deux porte-lumières, en tiges végétales aussi, se détachent de la boucle formée par les palmes. Le ciel de ce baldaquin décoré d'un feuillage d'acanthes, se termine par des festons en bois doré représentant les tentures d'où pendent gracieusement des glands d'or.

10° Le tabernacle. — Le tabernacle est une sorte d'urne, dans le style Louis XV, qui a 0 m. 65 de hauteur, des parois


Boiseries de l'Autel.


40 SOCIÉTÉ-D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

gondolées, décorées de feuillages, de tiges recourbées et disposées avec art. Il s'abrite dans l'hémicycle et sous le balda quin du ciborium. Sur la porte, est un calice surmonté d'une hostie élevée et rayonnante. Au-dessus d'elle, sur une guirlande en feston, deux têtes d'angelots à côté l'une de l'autre. L'urne du tabernacle est couronnée par une corniche Louis XV. Sur sa plateforme, nous apercevons d'abord le Livre aux sept sceaux sur lequel est couché l'Agneau Immolé. En arrière de ce Livre aux sept sceaux, est un Thabor entouré d'ornements en bois doré et figurant des draperies. En temps ordinaire, ce Thabor soutient le crucifix de l'autel (en bois et contemporain de ce tabernacle) ; derrière le Christ une statuette de la Sainte Vierge debout et tenant l'Enfant Divin sur le bras gauche : elle à 0 m 56 de hauteur. Deux porte-lumières, aux tiges sinueuses, fixées sur le tabernacle, s'élèvent de chaque côté de ce Thabor.

11° Le rétable. — S'appuyant sur le contre-rétable et sur les flancs du ciborium, se trouve un petit rétable. Il est fait de deux petits panneaux encadrés par des colonnettés au fût légèrement galbé, surmontées de chapiteaux corinthiens. Eux-mêmes, ces panneaux sont surmontés d'une corniche droite, décorés de fleurs, de guirlandes et de feuillages sur leurs bords, tandis que leur plein est orné de quadrillages dorés. Au bord extérieur, des enroulements de palmes forment la bordure délicate de leurs ailerons recourbés en volutes. Au-dessus de la corniche de ces panneaux du rétable sont d'autres petits panneaux aux moulures repliées ; au centre de ceux-ci se voient des têtes d'angelots sortant de nuages lumineux et projetant des rayons autour d'eux. La bordure de ces petits panneaux est ornée de guirlandes feuillagées. Deux, médaillons ovales, formés de palmes repliées et tressées surmontent encore ces panneaux et portent en relief deux bustes, de Jésus et Marie, mais qui peuvent reproduire les traits des seigneurs du lieu (16) ou des bienfaiteurs de l'église.

(16) Nous ne nous sommes pas essayé à rechercher quels furent les seigneurs, d'Avéron-Bergelle. Ces recherches offriraient vraisemblablement de grandes difficultés.

Au XIIIe siècle, il semble qu'une famille du nom d'Avéron ait joui des pré-


PREMIER TRIMESTRE 1929. 41

Les deux têtes sont entourées de signes décoratifs qui ne sont ni des lettres ni des étoiles.

12° Les torchères. — Les six grands chandeliers canons d'autel, sont de magnifiques torchères en bois doré du style Louis XV, contemporains par conséquent de l'autel lui-même. On le reconnaît à leur tige ornée de sculptures de feuillage, à leur galbe renflé.

13° Le Calvaire. — Un grand panneau central, une sorte de tableau en sculpture, qui recouvre le pan du milieu de l'abside dont la fenêtre gothique a été murée, s'élève bien audessus du retable et du ciborium. De forme rectangulaire, ila 3 m. 63 de hauteur sur 2 m. 40 de largeur. Il est encadré par une grande baguette droite à' ornementation en feuillage, qui se coupé en angle droit aux coins du panneau. C'est la partie la plus ancienne de toutes celles qui constituent les boiseries de cette église, et il appartient au style Louis XIV, comme l'indiquent et l'allure de la scène qu'il représente et la manière dont est traité le feuillage qui décore le cadre: Il représente la scène du Calvaire. Le fond est peint en bleu

rogatives seigneuriales dans ce lieu. Un membre de cette famille, Eméric d'Avéron était abbé de Tasque en 1267 (MONLEZUN, Hisi. de Gasc, t. II, p. 408. — Abbé D'AYRENX, curé de Tasque, Tasque, notes historiques et archéologiques, Tarbes, imp, Crohâré, 1911, ■ in-12, 150 p.) On connaît, avant et après cette date quelques autres membres, en petit nombre, de cette famille

Le château seigneurial d'Avéron, qui dut être dévasté et partagea le sort de l'église, à côté de laquelle il se trouvait, pendant la guerre de Cent Ans, ne fut jamais relevé. Un reste d'une, de ses fours subsista cependant, nous l'avons ouï dire, jusqu'à la Révolution française ; mais il n'y eut plus d'habitation ; et, pour cette raison, les seigneurs d'Avéron ne résidèrent plus dans leur seigneurie:

Au XVIIe siècle, les seigneurs du Lin (de Lélin-Lapujolle, canton de Riscle) étaient seigneurs d'Avéron. « Messire Jean du Lin, baron dudit lieu, Avéron et autres places, entend un rapport et conclusion de procès qu'il avait avec demoiselle Izabeau de Marrenx, veuve de noble Vital Dulaur, sieur de Mauhic. II s'agissait de la méatirie, dite « Aux Embarrats » qui appartenait à la défenderesse. Cette métairie était sise en la juridiction d'Avéron et, était déclarée mouvante de la directe du seigneur d'Avéron. (Arch dép. Gers, B. 39. au fol. 400 vo.)

Au début du XVIIIe siècle ce sont les Batz-Castelmore qui sont seigneurs d'Avéron. Nous ne pouvons expliquer comment. Après 1710, un neveu de celui qui fut le célèbre d'Artagnan, l'un des trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas, Louis-Gabriel de Batz d'Artagnan, chevalier, marquis de Castelmore (!), baron de Sainte-Croix, de Lupiac, était seigneur d'Espas, Avéron, Meymes et autres lieux. (Adrien LAVERGNE, Bulletin de la Société Archéologique du Gers, 1911, page 118)..

Au moment de la Révolution, les d'Arblade, barons et seigneurs de Séailles, étaient également seigneurs d'Avéron et Espas.


42 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

d'azur et est constitué par quatre larges madriers allongés l'un à côté de l'autre en travers du panneau.

Le Christ mourant, les yeux levés au ciel, se détache entièrement, en ronde-bosse, sur le gibet de la croix. Sa physionomie, très expressive, est d'une grande finesse. La tête est cependant trop grosse.

La partie centrale du tableau est très éclairée, tandis que les coins supérieurs sont assombris par des disques arrondis en spirales qui représentent des nuages. Ces disques sont disposés au nombre de sept de chaque côté ; leur ligne longe l'encadrement et forme un angle droit aux encoignures.

Plus bas, à hauteur des pieds du divin Crucifié, on voit comme un paysage animé par des édifices qui se profilent dans le lointain ; la ville de Jérusalem et ses alentours sans doute.

Débout au pied de la croix, deux personnages découpés, sculptés, sont rapportés en relief sur le panneau. A droite de Jésus, la Vierge Marie, Mère des douleurs ; à sa gauche l'Apôtre Saint Jean. Leurs attitudes nobles et solennelles expriment le déchirement, le tourment profond. Elles suffiraient à elles seules à dire la date de ce panneau. Mais les deux tiges végétales qui s'élèvent, avec leur feuillage, entre ces deux personnages et l'arbre de la croix, ne laissent plus aucun doute : nous sommes bien en présence d'une oeuvre d'art du siècle de Louis XIV.

Ce Calvaire a été fait tout exprès pour occuper la place où on le voit maintenant.

14° Le Dieu Créateur. — Une lourde et riche corniche dorée sépare le Calvaire d'un autre encadrement qui se voit audessus du précédent. A. son centre, entoure de nuages, se détache Dieu le Père Tout-Puissant, créateur du ciel et de la terre, les bras étendus en avant selon le modèle créé par Raphaël et tant de fois reproduit, depuis la Renaissance, par les artistes chrétiens. Cette tête Divine reflète la distinction et la majesté. Malheureusement, sous cet arc formeret qui l'abrite, le jour est souvent insuffisant pour distinguer nettement cette oeuvre vraiment belle.


PREMIER TRIMESTRE 1929. 43

15° Les boiseries Louis .XVI.— La nef de l'église mesure 8 mètres en largeur. Ses parois sont nues. Mais les trois pans qui forment l'abside sont recouverts de boiseries. Elles furent posées dans la derrière période de l'ornementation de l'église d'Avéron, et elles appartiennent au style Louis XVI. De chaque côté de l'autel, s'élevant du pavé jusqu'à la partie inférieure de l'ébràsement des deux fenêtres du sanctuaire, se dressent ces boiseries de style Louis XVI, qu'on peut diviser en deux ordres ou étages superposés. Le degré inférieur atteint jusqu'à la hauteur de la partie supérieure de l'urne du tabernacle. Il comprend trois grands panneaux de chaque côté, ornés de moulures, peints en rouge passé à leur origine ; mais cette peinture a été ravivée depuis 1870. Ils sont séparés les uns des autres par des pilastres ornés de moulures les encadrant, et surmontés de chapiteaux d'ordre dorique. Ces grands panneaux sont divisés en deux parties. En bas, un grand panneau plein et uni ; il est rectangulaire, avec une moulure et un bord courbe cependant à sa partie supérieure. En haut, un panneau plus petit aux bordures moins régulières, car elles sont courbes en bas et en haut. Du premier panneau, celui qui avoisine immédiatement l'autel, et de cette petite partie du panneau, sort un bras humain, tendu et nu au bout duquel les doigts de la main fermée tiennent un porte-flambeau : c'est un bras-torchère.

Le deuxième panneau, de chaque côté, est le plus orné des trois. Au sommet, une tête ailée d'ange s'épanouit au-dessus d'une rangée de feuilles et d'un feston de guirlande de belles roses dorées dont les extrémités pendent verticalement à l'intérieur des moulures du panneau, jusqu'à la voussure de la partie inférieure qui est occupée par une grande et jolie coquille. Au-dessous et à une certaine distance de la coquille est appliquée une délicieuse petite console Louis XVI, pouvant porter un petit bouquet ou les burettes pour la messe. Le troisième panneau, le plus éloigné de l'autel, ne porte d'autre ornementation que ses moulures qui sont pareilles à celles des deux autres. Celui du côté de l'épître roule sur des gonds et sert de battant de porte d'entrée de la sacristie.


44 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

Le second étage de ces boiseries Louis XVI, consiste en un seul panneau, moins élevé que celui que nous venons d'étudier. Mais des dorures y brillent plus abondantes qu'au degré inférieur et les motifs d'ornementation y sont plus nombreux. Séparé des panneaux d'en bas par une corniche, couronné, lui-même d'une corniche, il est limité, à ses deux extrémités, par des pilastres du même genre mais plus riches de décorations que ceux que nous avons trouvé à l'étage inférieur : on y voit, en effet, des feuillages dorés à la base et sous le chapiteau, ainsi qu'à leur milieu. Le centre est occupé d'abord par une arcature en menuisierie qui remplace la niche, et par une statue : Saint Roch, côté de l'Epître ; Saint Laurent, côté de l'Evangile. Ce qui reste de la surface du panneau est occupé par de riches enroulements dorés d'acanthes et autres feuillages, par des guirlandes et festons qui paraissent accrochés à la corniche supérieure. On y distingue, de chaquecôté, deux têtes ailées d'anges. C'est ce qui donne à ces panneaux l'apparence d'une grande richesse.

16° Les statues. '—Il y a six statues, outre celles du Calvaire et les statuettes des anges et de la Sainte Vierge du baldaquin de l'autel, dans les boiseries d'Avéron. Ce sont celles de Saint Laurent et de Saint Roch et celles de quatre Evangélistes.

On peut dire que ces statues sont belles, religieuses et artistiques.

Saint Laurent, patron de l'église, ayant appuyé contre son côté droit le gril instrument, de son martyre et en même temps attribut spécial destiné à faire reconnaître quel saint on a voulu honorer, se voit au centre du panneau Louis XVI, du deuxième degré, côté de l'Evangile. Cette statue mesure 1 m. 20 de hauteur. Sa main droite tient le manche du gril. Son bras gauche est replié et la main appuie sûr son coeur, avec la manipule qui pend au poignet. Saint Roch, du côté de l'Epître, tient un bâton dans sa main gauche : à sa droite se trouve un beau chien levrier. Cet animal est l'attribut qui accompagne ordinairement ce saint dans les tableaux et statues qui le représentent. Comme celle de Saint Laurent, à la-


PREMIER TRIMESTRE 1929. 45

quelle elle fait pendant, cette statue a aussi 1 m. 20. Le culte de Saint Roch est très ancien. Mais il s'est répandu dans le diocèse d'Auch, après la terrible épizootie de 1775. Il n'est donc pas étonnant que nous trouvions la statue du saint dans les boiseries,Louis XVI de l'église d'Avéron qui furent faites vers cette époque ou peu après.

L'auteur des boiseries de style Louis XVI a placé les statues des Evangélistes entre les pied-droits des fenêtres et le culot qui soutient les arcs des ogives, de la voûte à leur naissance. Des arcatures rondes; en menuiserie, se dessinent derrière les statues et remplacent lès niches dont l'architcture se serait servi en d'autres temps pour les abriter. Ces arcatures sont simplement indiquées par une baguette qui les encadre.

Saint Mathieu se voit, côté de l'Evangile, au sommet de l'angle extérieur de ces boiseries Louis XVI. A côté de lui, son symbole, ou l'homme, ou l'enfant, ou l'ange.

Même côté, dans l'angle formé par ce pan et le pan central de l'abside, Saint Jean, qu'on reconnaît à l'oiseau qui lui sert d'attribut : l'aigle qui, près de ses pieds, le regarde.

Côté de,l'Epitre, au-dessus de l'angle extérieur des boiseries, Saint Marc, avec le lion son signe distinctif. Enfin, dans l'angle le plus rapproché de l'autel, Saint Luc, dont le pied droit se pose sur le cou du taureau qui est son attribut.

Chacun des quatre saints tient son Evangile dans sa main : l'un lit, l'autre écrit, un troisième médite ce qu'il va écrire et laisse, en attendant, pendre la main qui tient la plume, le dernier paraît absorbé par son inspiration. Les poses de ces statues Louis XVI sont certainement étudiées : mais elles ne sont plus contraintes, tourmentées comme celles des personnages du Calvaire, qui sont du XVII siècle.

17° La rocaille. — Sous, les, arcs formerets de la voûte, audessus du Calvaire, dans le pan central de l'abside, au-dessus des fenêtres des pans latéraux, on aperçoit une décoration confuse, peinte en vert, dont lé relief remplit tout le pan. C'est de la rocaille, genre d'ornementation fort usitée sous la Régence et Louis XV jusqu'à l'époque de la Pompadour, et qui veut représenter, en nature brute, des grottes,


46 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

des rochers, des coquillages, des frondaisons, etc.. Ici, ce sont des frondaisons qu'on a voulu sculpter.

Au plan central, elle paraît entourer un panneau : quelque sujet biblique ou religieux que nous n'avons pu reconnaître parce que placé trop haut et dans l'ombre, sous le voûtain. Ce sujet est peut-être plus ancien que l'ornementation en rocaille qui l'entoure. Ne serait-il pas contemporain du Calvaire et du tableau du Dieu Créateur qu'on voit au-dessous de lui et dont il est séparé par une sorte d'entablement orné de feuillages et de palmes qui semble soutenir cette rocaille ?

La rocaille qu'on a placé au-dessus des fenêtres des pans latéraux de l'abside ne paraît pas si bien traitée que celle du pan central. En tout cas, elle ne s'harmonise pas comme elle avec l'ensemble.

VI

Cableaux et Peintures.

L'église d'Avéron. possède plusieurs tableaux. Mais, ces peintures sur toile, placées au-dessus des arceaux, sous les formerets de la grande nef, sont trop hauts, hors de portée pour nos pauvres yeux, afin que nous ayons pu reconnaître les sujets qu'ils représentent et juger de leur valeur. Quelqu'un d'entre eux est peut-être digne d'admiration et mériterait d'être signalé. Quelque bon jour, on les descendra pour enlever la, poussière s'éculaire qui les recouvre. On en profitera pour les regarder dé près et les apprécier (17).

(17) Nous avons trop imparfaitement relevé les inscriptions des deux cloches pour les reproduire ici. La grande cloche, Feys.seyre fecit, fut fondue aux fours des verreries d'Avéron, au four Granier (de Cassagnac), en 1813 ; l'abbé Dubédat était curé ; il avait l'abbé Dubos pour vicaire. Le parrain fut Auguste NN... et marraine Mme Louise Ducasse d'Arblade. Joseph Ricaut et Vital Ducos étaient alors maire et adjoint d'Avéron.

La petite cloche est sortie des ateliers Dancausse de Tarbes, où elle fut fondue en 1850.


PREMIER TRIMESTRE 1929. 47

APPENDICE

Le Clergé d'Avéron-Bergelle : les Curés et les Vicaires (1).

XVIe SIECLE

1595. — LAURENT DU FAULX, ne dirait-on pas DUFFAU aujourd'hui ? (D'après le Livre Terrien d'Avéron.)

XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES

1669. — PAYROS (Pierre), prêtre et recteur d'Avéron, d'où il était originaire. Il a pu rester curé de la paroisse jusqu'à 1718. Il eut pour vicaires de 1669 à 1673, et peut-être aussi plus tard, RANSAN (Pierre), natif d'Aignan, qui était spécialement chargé du service de Loubédat et de Maucère. — On trouve encore, de 1715 à 1719, DUTREY, vicaire d'Avéron, chargé du service de Loubédat.

1718. — DE BORIA est curé d'Avéron jusqu'à 1721. Dutrey, que nous venons de trouver, est son vicaire jusqu'en 1721.

1722. — Avéron ne devait pas avoir de curé. En cette année, DAURIAN,

curé de Cravencères, fait quelques actes du saint ministère

ministère Avéron.

Cette même année, DUBERTRAND était vicaire d'Avéron et faisait le service de Loubédat.

1723. — DAIGNAN DU SENDAT est curé d'Avéron. En 1724-1725, il eut pour vicaire MONTAUBÉRIC (ou encore MONTAUBRIC), chargé du Bédat. De 1725 à 1732, REMEIGNON est son vicaire. En 1730, on trouva LUBET, qui est dit simplement prêtre. C'est en 1734 seulement que ce même Lubet signe avec la, qualité de vicaire, bien qu'il eut fait, depuis 1730, quan-, tité de cérémonies à la paroisse. De 1734 à 1741, il semble avoir été spécialement chargé du service d'Avéron, et avoir eu la confiance particulière de Daignan du Sendat, curé de la paroisse. Il disparaît en, 1741. En 1749,Lubet reparaît à Avéron et est parrain à un baptême : dans l'acte, il est dit « chapelain de Gastelmore ». Daignan du Sendat curé, ne paraît plus depuis 1738.

1739. — THORE est curé d'Avéron. En 1740 et 1741, Lubet est son vicaire. En 1740, il y avait à Avéron un chapelain du nom de XAINTES. Il y est encore en 1747. — Autre vicaire à Avéron, en 1741, DEBENT. DESBOTS entre en fonctions en février 1745 et y reste jusqu'au 14 août 1748. — Cette même année DULUC, autre vicaire, entre en fonctions en octobre

et y reste jusqu'en 1751.

(1) Nous adressons nos vifs remerciements: à. M. A. Aurensan, maire d'Avéron-bergelle, qui a bien voulu nous permettre les recherches dans les vieilles archives de la mairie de sa commune, et à Mme Labernède, secrétaire de la mairie, qui nous les a facilitées..


48 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET 'D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

La dernière trace de Thore, curé d'Avéron, se constate en 1755. Mais n'y demeura-t-il pas encore ? On ne connaît pas de nom de curé de cette daté à 1774. BOUILHET est vicaire d'Avéron en 1754 et 1755. — DUPUTZ arrive vicaire d'Avéron en 1755 et y demeure neuf, ans, jusqu'au

25 janvier 1764. Ses lettres de nomination au vicariat d'Avéron sont du 23 mai et signées par Daignan du

Sendat, vicaire général. On pourrait croire que le vicaire général, ancien curé d'Avéron, prenait soin de donner à son successeur, qui. vieillissait sans doute, un vicaire sur lequel il pouvait absolument se reposer du soin de la paroisse:— PÉRÈS est vicaire en 1764 jusqu'au 28 juillet 1765. — CAVAILLÉ, autre vicaire, commence son service le 12 septembre 1765 et le continue jusqu'au 4 décembre 1772. — DE THÉZAN est vicaire à partir du 10 janvier 1773 jusqu'au 16 août 1775. — Un second vicaire arrive à Avéron en cette année 1773 : c'est BEFFRE. Il y paraît dès le 24

24 mai, et on constate sa présence jusqu'en 1777.

1774. — SAINT-MÉZARD est curé d'Avéron.

DE JOB, arrivé en 1776 en qualité de vicaire, demeure à Avéron jusqu'au 11 février 1781. — En 1778-1779, on trouve un nommé LASSERRE, vicaire d'Avéron. — DULUC est vicaire d'Avéron du 11 février au 15 avril 1781. Il y

resta donc très peu. — DE FERRABOUC paraît vicaire à Avéron le 15 avril-1781( et disparaît, le 28 juin 1782, — CANTAU DE BARRÉJAT, est vicaire à partir de juin 1782 (sans doute après-le départ de Ferrabouc, et demeure jusqu'en 1789. — GELAS est aussi vicaire d'Avéron à partir du

26 mai 1786. Il resta peu de temps. — Le 8 mai 1787, DUBÉDAT, vicaire, fait sa première apparition. Il paraît, avec Cantau et en même temps que lui, jusqu'en 1789. Il

est tout seul ensuite. .Cependant, en 1792, Cantau reparaît.

reparaît. période révolutionnaire commence Dubédat, qui refuse de prêter les serments exigés par les lois révolutionnaires, en particulier celui de la Constitution Civile du Clergé, est passible de la peine de déportation. On.ne parvient pas à se saisir de lui. Des fidèles lui procurent dès retraites sûres d'où il sort la nuit, et à certains jours, pour l'exercice de son ministère. Année par année, durant la tourmente, il inscrit, sur des petits cahiers, les actes du saint ministère qu'il a pu faire, baptêmes et mariages, qu'il signe : Dubédat, prêtre catholique. Le 19 septembre 1792, avec Cantau, son collègue, il rédige le dernier acte sur le registre officiel tenu par le clergé. Ensuite, c'est un officier municipal spécialement délégué qui rédige l'état civil. Les registres tenus par Dubédat après cette date sont des actes de catholicité. Ils vont de 1794 à 1801. On peut dire que l'abbé Dubédat fut, pendant cette période, le missionnaire apostolique de la contrée.


PREMIER TRIMESTRE 1929. 49

1802. —-DUBÉDAT est curé d'Avéron. Il demeura seul jusqu'en 1813. En cette année, il eut DUBOS pour vicaire. En 1815,, DESBONS, vicaire d'Avéron, signe un acte, le 17 juillet, mais resta très peu. Le 19 novembre 1815, LABORDÈRE, vicaire d'Avéron, signe son premier acte. Le curé Barthélémy Dubédat, meurt le 8 janvier 1818, à 56 ans. Il avait passé

31 ans à Avéron, c'est-à-dire toute sa vie sacerdotale; car il avait été ordonné le 24 mars 1787, et deux mois, après, le 8 mai, nous constatons sa présence à Avéron. 1818. — LAGARDÉRER effectivement curé d'Avéron, signe toujours comme vicaire jusqu'en 1828. Quand reçu-t-il son titre de curé ? Nous l'ignorons. Mais l'abbé Labordère Pierre, né à Margouet-Meymes, décéda à Avéron, le 25 avril 1847, âgé de 58 ans.

1847. — L'abbé RICOUTÉ (Joseph), neveu de l'abbé Dubédat, succéda à l'abbé Labordère comme curé d'Avéron, où il décéda le 7 décembre 1859, âgé de 57 ans. Il laissa le souvenir d'un prêtre vertueux et savant. 1859. —L'abbé. DESGAT (Jean-Baptiste) succéda à l'abbé Ricouté et demeure à la tête de la paroisse jusqu'à sa mort suvenue le 26 décembre 1878. Il avait alors 62 ans. 1878. — L'abbé LASSERRE (Joseph) devint curé d'Avéron après la mort de l'abbé Descat. Il le demeura jusqu'en 1890, époque où il permuta avec son: successeur, curé de Panjas. L'abbé Lasserre est encore curé de Parijas au moment où nous dressons cette liste des curés d'Avéron. 1890. — L'abbé DUFFARD (Paul-Gabriel-Dominique), curé de Panjas, devient curé d'Avéron en permuttant avec l'abbé Lasserre. Il décéda à Bordeaux, des suites d'une opération chirurgicale, le 14 juillet 1906, à l'âge de 67 ans. L'abbé Duffard, auteur de l'Armagnac Noir, avait été l'initiateur de la vocation de l'abbé Sarran qu'il envoya au Collège

d'Eauze, pour ses études. Devenu prêtre, l'abbé Sarran, dans; ses premières années de sacerdoce, remplaça plusieurs fois l'abbé Duffard, durant les vacances. 1906. — L'abbé DASTE (Bernard) lui succéda. Mais l'état de sa santé l'obligea à prendre sa retraiteen 1908. Il se retira à Eauze

où il vécut, avec son infirmité, jusqu'au 16 avril 1925, date à laquelle il mourût à l'âge de 74 ans. 1908. ~ M. l'abbéTHOMORT remplace l'abbé Daste, et est encore actuellement curé d'Avéron.


50 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

FLEURANCE.

NOTES D'HISTOIRE LOCALE

PAR NOEL CADÉOT.

(Suite) [

VI.

LES SIRES D'ALBRET

La maison d'Albret a tenu une grande place dans,l'Histoire de la France surtout à partir du XVe siècle ; mais notre petit pays de Gaure a eu tout particulièrement à souffrir d'une domination que certains membres de cette maison prétendaient lui imposer. La querelle presque séculaire entre les sires d'Albret et le bourg de Fleurance a d'ailleurs servi de thème, dans une certaine mesure, à divers érudits pour expliquer la transformation de la France féodale du XVe siècle en France monarchique (1).

Nous plaçant au point de vue strictement local, nous nous proposons d'examiner simplement, dans ce modeste travail, les phases de la lutte opiniâtre soutenue par nos malheureux ancêtres contre la tyrannie farouche de nouveaux maîtres.

Nous prendrons pour guide, à cet effet, un manuscrit de 1501, conservé aux Archives communales de Fleurante sous la cote AA2 (2). Ce document précieux n'est autre

(1) A. LUCHAIRE : Alain-le-Grand, sire d'Albret. Dans cette remarquable étude qui a pour sous-titre, l'Administration royale et la féodalité du Midi, l'auteur consacre une vingtaine de pages aux divers épisodes de la querelle des Fleurantins avec Alain d'Albret, — Abbé LAGLEYZE : Fleurance sous la domination féodale des sires d'Albret (1425-1506). Voir Bulletin de la Société Archéologique du Gers. — A. CURIE-SEIMBRES : De l'union à la couronne stipulée ou achetée par les villes et des violations de ce pacte par la royauté. Revue d'Aquitaine, 1, VI, pp. 313 et suiv.

(2) Manuscrit, de 22 feuille!s, papier in-4°, relié sous couverture moderne. On a, ajouté 3 pièces, papier, contenant un arrêt du Parlement de Toulouse en 1489, prononçant la réunion du comté de Gaure et de Fleurance à la couronne. Le document finit à l'arrêt du 11 mai 1498.

Sur une des pages de garde se trouvent les inscriptions suivantes : Rémis ce jour, 7 mars 1776, au sieur Mellis. écuyer, par Me Laborde, conseiller à l'Election. Le 13 août 1776, M. Mellis a remis le présent pour mettre dans les Archives.


PREMIER TRIMESTRE 1929. 51

chose, en quelque sorte, qu'un inventaire détaillé, niais explicatif, ; des « lectres, filtres,;: arrests, pièces et enseigmemens » soumis au Parlement de Paris par les habitants de Fleurance, à l'occasion de leur différend avec la maison d'Albret.

Sans entrer dans le détail des origines, il n'est peut-être pas sans intérêt de jeter un regard d'ensemble sur cette famille d'Albret pour ne s'occuper ensuite que des sires qui prirent le titre de comte de Gaure.

La famille d'Albret.

A une distance d'environ cinq lieues de Mont-de-Marsan se trouve le petit village de Labrit.

A l'époque où nous nous plaçons, ce village était perdu au milieu dévastes landes incultes et sauvages ne rapportant à ses propriétaires que des genêts, des bruyères, des lapins et des lièvres. C'était le berceau de cette famille d'Albret qui; ne devait pas tarder à prendre rang parmi les grands feudataires du Sud-Ouest.

En attendant, ces baronnets étaient surtout des chasseurs et à force de les voir courre le lièvre, on prit l'habitude de désigner leur domaine, par dérision sans doute, sous le sobriquet de Leporetum pagus, le pays les lièvres. Peu à peu ce nom s'est transformé en ceux de Lebretum, Labrit; Labret et enfin Aibret.

Il était de tradition, dans la famille d'Albret, de tenir la main à l'application rigoureuse de la loi salique. Les héritiers du nom s'engageaient solennellement, par serment, à ne pas souffrir que les filles succédassent à l'héritage de leur père et mère tant qu'il, y aurait des enfants mâles descendants de-mâles. C'est ainsi notamment, qu'en 1456, Jean d'Albret et ses frères Amanieu et Charles, se verront forcés par leur père, sous peine d'être déshérités, de signer un acte excluant les femmes de la succession tant qu'il y aura des héritiers mâles,« conformément à ce qui avait toujours été observé et gardé dans la maison d'Albret >> (S):

(3) P. ANSELME : Histoire des Maisons de France, t. VI, p. 213.


52 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

A ce principe, strictement suivi en tous temps, est due, en partie, la puissance rapide de cette maison. Grâce à cette; tradition, chaque génération voyait s'accroître le domaine des Albret. Ceux-ci, au surplus, n'ont jamais été très rigoureux sur le choix des moyens pouvant arrondir leurs possessions: les usurpations successives, ont contribué à cet accroissement au, moins autant que les alliances dans lesquelles l'intérêt et l'ambition remplaçaient tout autre sentiment.

Une fois sortis de leurs landes de bruyères, dès qu'ils feront figure de grands seigneurs, leur orgueil ne connaîtra plus de bornes; Il n'y aura pas une famille noble et riche où ne se glisse un membre de cette maison.

D airs toutes les circonstances, à la première occasion f avo_rable, les Albret sauront faire valoir les services rendus vaillamment, il faut le dire, à. qui pourra le mieux les payer du roi de France ou du roi d'Angleterre. Mais si, à leur gré, la récompense espérée ou promise tarde trop à venir, ils ne se feront pas faute d'en exiger le prix.

L'un d'eux épousera la soeur du roi de France, un autre sera roi de Navarre, puis ils estimeront que le trône de France n'est pas tellement élevé qu'ils ne puissent y avoir accès.

Amanieu paraît être le premier seigneur de Labrit qui, vers 1050, aurait pris le titre de Sire d'Albret.

Son fils Amanieu II, croisé sous l'étendard de Godeffoy de Bouillon, entra le premier à Jérusalem en 1096. Il eut poursuccesseur Amanieu III.

Ce dernier fut père de Bertrand-Ezy qui laissa Amanieu IV pour lui succéder et dont le fils aîné Bertrand-Ezy, deuxième du nom, continua la postérité.

Vers le milieu du XIVe siècle, avant 1349, un Albret, un certain Bernadet, qualifié chevalier, mettant à profit les désordres occasionnés dans le pays par les Anglais, avait mis


PREMIER TRIMESTRE 1929. 53

la main sur la ville de Fleurance. Logé dans cette ville, il sut encourager des complicités qui l'aidèrent, par surprise, à

établir une sorte de domination dont il espérait profiter.

Bernadet d'Albret, s'attribuant une autorité usurpée, se considérait déjà comme le seigneur incontesté de la ville, lorsque, sur la plainte des notables, Philippe VI ordonna au

comte d'Armagnâc de le déloger de Fleurance et du comté de Gaure. Par lettres patentes, le roi de France accordait au comte d'Armagnac une somme de 8.000 livres par mois,

pendant tout le temps que pourrait durer cette expédition (4), ; '

Arnaud-Amanieu.

Bertrand-Ezy II, marié à Mathe d'Armagnac, eut, entre autres enfants, Arnaud-Amanieu, vicomte de Tartas, qui se trouva engagé dans le parti d'Edouard III, roi d'Angleterre.

Le comté de Gaure, avec Fleurance sa capitale, n'avait fait que passer alternativement entre les mains des rois de France, d'Angleterre et des comtes d'Armagnac. Tour à tour réclamée et reprise par ses possesseurs successifs, cette malheureuse contrée restait âprement convoitée. Dans tous lès cas, le sire d'Albret.estima qu'elle ne saurait déparer son apanage. Il demanda à Edouard III de lui donner Fleurance.

Dans sa requête au roi d'Angleterre, Arnaud-Amanieu expose qu' « il i ad un lieu qui est appelé Fflorence en la sé« neschalcie de Ageneys, lequel est en la main de vos ennemi mys de Ffrance, et ne vault par an plus de C. marks de « sterlyngs, que en cas que vous voyllez contrauter à li les. «choses susdites, vous plèse, doner et contrauter aldit « Amanieu ledit lieu de Fflorence, avec ses dreits et aperte« nances, affin, sire, qu'il pourra estre le plus pussant de tra« vailler et continuer en votre service en les parties de Gas<< coigne et est ledit Amanieu prest de randre les letres de

(4) Collection Doat, t, 164, f° 171. Mss d'Oiliénart, t. VII, f° 79. .


54 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

« donations avantdites et que pleise à votre très graciouse « seignurie que un de ces deux lui voyllez feare lequel vous « pleira de vostre grâce especiale. » ( 5)

Arnaud-Amanieu voulait donc Fleurance en échange d'autres avantages dont le roi d'Angleterre l'avait gratifié.

Le traité de Brétigny venait de donner le comté de Gaure à l'Angleterre et c'est à ce moment que le sire d'Albret solli - cita Edouard III, mais sa requête semble être demeurée sang effet.

Arhaud-Amanieu n'en continua pas moins, sans amertume, à servir le roi d'Angleterre. Aussi était-il prêt, en 1367, à accompagner le prince Noir dans son expédition de Castille. Froissart raconte, avec un certain enthousiasme, l'entrevue du prince Noir et d'Arnaud-Âmanieu à Aïigoulême :

-—«Avec combien de lances me servirez-vous en ce voyage ? », demanda le prince de Galles (6).

Le sire d'Albret, sans le moindre embarras, de répondre aussitôt :

-— « Monseigneur, si je voulais prier tous mes amis, c'està-dire mes féaux, j'en aurais bien mille lances, tout en faisaint garder ma terre. »

— « Par ma tête, sire d'Albret, réplique le Prince, c'est une belle chose.' » Puis se tournant vers ses chevaliers qui l'entouraient, il leur dit en anglais : « Par ma foi, on doit bien aimer la terre où on a un baron qui peut servir son seigneur avec mille lances ». Et s'adressant à Arnaud-Amanieu il ajouta : « Sire d'Albret, je les retiens toutes. » ( 7)

Lorsque Arnaud-Amanieu eut pris les dispositions nécessaires pour réunir sous sa bannière le plus grand nombre d'hommes d'armes, le Prince lui fit savoir qu'il ne pourrait

(5) Archives des Basses-Pyrénées, E, 394, n° 2.370.- — Archives historiques de la Gironde, t. III, p. .273.

(6) Une compagnie de 100 lances représentait au moins 5.000 hommes. La lance garnie comprenait, en effet, en dehors de l'homme d'armes qui combattait avec la lance, deux ou trois archers, un écuyer ou coutiller, ainsi appelé à cause d'une sorte de couteau ou baïonnette qu'il portait au côté, un page et un valet, tous montés.

(7) Chroniques de J. FROISSART, livre 1er, 2e partie, chapitre X.


PREMIER TRIMESTRE 1929

55.

accepter plus de 200 lances. Ce contre-ordre fut la cause déterminante d'une brouille entre Albret et le Prince de Galles. Le sire d'Albret, en effet, refusant de donner congé à 800 lances, écrivit au prince qu'il ne pouvait séparer ses chevaliers les uns des autres ; « si quelques-uns vont, tous irant» disait-il. Mais de son côté le prince Noir me voulut par revenir sur la décision prise.

Informé du différend, le comte d'Armagnac, oncle du sire d'Albret, s'entremit auprès des conseillers du prince de Galles. Néanmoins, le sire d'Albret « ne fut inscrit que pouf 200 lances, ce dont il ne fut pas plus content, ni ses gens non plus ; mais il leur fallut bien supporter leur ennui comme:

ils purent : aussi n'aimaient plus le Prince comme ils fai>>saient auparavant. » (s)

Charles V, alors sur le trôné de France, profita de ce désaccord pour détacher Arnaud-Amanieu du parti anglais. A la manière hautaine du Prince de Galles, il substituala douceur qui était le propre de son caractère. « Ainsi veulent être 'Gascons menés >>, dit le bon chroniqueur.

Le roi de France combla de largesses le sire d'Albret (9). I1 lui fit épouser Marguerite de Bourbon, soeur cadette de là reine, sa femme ; le mariage-eut lieu en 1368. Mais l'année ^suivante, le roi d'Angleterre, furieux de se voir abandonné;

(8) Chroniques de J. FROISSART, ID -

Sceau d'Arnaud d'Amanieu d'Albret

S. ARNAL[DI] AMAN[EVI] DOMINI DE LEBRETO


56 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET P'ÀRCHÉOLOGIE DU GERS.

par Arnaud-Amanieu, fit mettre tout le pays d'Albret à feu et à sang.

Quelque temps plus tard, le 14 janvier 1381, Charles VI cédait au sire d'Albret le comté de Dreux et lui donnait (1382) la charge de grand chambellan de France,

Arnaud-Amanieu prit part à la bataille de Rosebecque et mourut en 1401, laissant son fils, aîné, Charles 1er, pour lui succéder.

Charles d'Albret prit, comme son père, les titres de vicomte de Tartas et comte de Dreux. Fier de sa parenté avec le roi, il sut profiter de son séjour à la cour pour obtenir, en 1389, de Charles VI, son cousin, la permission d'écarteler ses arnies de celles de France.

Charles 1er fut fait connétable en 1402, après la mort de Louis de Sancerre. Il fit de notables progrès sur les Anglais en Gascogne, et fut tué en 1415 à la bataille d'Azincourt, où il commandait l'avant-garde de l'armée française.

Il avait épousé Marie, dame de Sully et de, Craon, veuve de Guy VI de la Trémouille et fille unique de Louis de Sully. Decette alliance naquirent deux fils et deux filles. L'aîné des fils, Charles, deuxième du nom, lui succéda. C'est sous l'administration de ce dernier que commencèrent les tribulations sans nombre des habitants de Fleurance.

Charles II d'Albret.

Charles II d'Albret combattit vaillamment contre les Anglais en Guyenne, avec le vicomte de Tartas et le sire d'Orval,

(9) D'après un compte des sommes payées par Charles V au sire d'Albret, on conslate qu'en moins de quatre années, il aurait reçu 87,000 francs d'or, soit.5,220.000 francs dé notre monnaie d'avant 1914, tant des trésoriers généraux que de la cassette royale ou des Etats de Languedoc, en accompté sur sommes beaucoup plus fortes qui avaient été promises. En effet, le roi avait promis en don ou pour indemnités dûs au sire d'Albret, par le roi d'Angleterre, soit pour la. dot de sa femme, soit pour la; défense de ses terres et celles de son frère, soit pour ses gages,etc., une somme de 378.000 francs d'or, c'està-dire 22,680.000 francs de notre monnaie d'avant-guerre. (Archives historiques de la Gironde, t. I, p. 157.) ■


PREMIER TRIMESTRE ■ 1929. 57

ses deux fils. Cependant il ne put empêcher les insulaires de pénétrer sur ses domaines dont ils s'emparèrent. Aussi, songea-t-il à obtenir du roi une compensation.

La ville de Fleurance et le comté de Gaure étaient l'objet de ses convoitises comme ils avaient été l'objet de celles de son aïeul. Plus heureux que ce dernier, Charles parvint à réaliser ses désirs. Pour arriver plus sûrement au but poursuivi, il sut mettre dans son jeu la plupart des personnages qui avaient quelque autorité sur le roi de France. Ceux-ci intercédèrent saris cesse en faveur d'Albret, faisant entendre au roi qu'il serait de bonne politique de s'attacher à tout jamais l'un des plus puissants féodaux de la Gascogne et qu'il importait de toute nécessité de récompenser sa fidélité.

Notre manuscrit expose en ces termes la façon dont le roi était excédé; et circonvenu par l'intrigant Charles d'Albret :

« ...et pour ce que le rqy Charles septiesme, avant quil feust « coronné et lors estant en bas aage en païs de Berry où il « estoit grandement persécuté et molesté à cause des Anglois, « ses anciens ennemis et adversaires qui lors occupoient cette « ville de Paris et la plus grande partie du Royaume, et « aussi que led. roy Charles estoit contrainct de donner à ses << serviteurs, subjects et vassaux, ce qu'ils lui demandaient « pour les entretenir afin quilz ne prissent pacte contre lui « et se allassent avec sesd. adversaires. De ceste cause feu << messire Charles, sr Dalebret, son subjet et vassal donna en>> tendre aud. roy Charles septième que lesd. Anglais lui « avaient priiis et occupoient les terres et seigneuries quil « disoit avoir en duché de Guyenne et disoit quil n'avoit de « quoy vivre: Et à ce moyen, supplia le Roy que en récom« pense desd. terres occupées, lui donast lesd. villes de Flo« rence et conté de Gaure. Et le Roy non recors desd. testa<< ment, conventions, contraçt et condition et privilège quil « avoit par avant rattifiez, approuvés et confirmés. Par la << grande importunité des requestes de led. Dalebret lui fai« sait chaque jour et lui faisoit faire par aultres estans au<< tour du Roy, fut contrainct donner aud. sr Dalebret lesd.


58 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

« villes de Florence et conté de Gaure en lieu et récompense « de sesd. terres occupées par, les Anglois... » ( 10)

Effectivement, par ses lettres datées d'Issoudun, en février 1425, Charles VII faisait don à Charles II d'Albret, de la ville de Fleurance et du comté de Gaure, « avec tous les profit fits qui y appartiennent tant en cens, rentes d'argent et de « grain, hommes et femmes de corps, eaux, moulins, forêts, « prés, dismes, ferrages, fiefs, arrière-fiefs, en justice haulte, « moyenne et basse mixte» (11).

Mais ce don n'était fait qu'à titre temporaire. Il était expliqué que Charles d'Albret aurait la jouissance du comté de Gaure. tant qu'il n'aurait pas recouvré sur les Anglais les domaines dont ceux-ci s'étaient emparés (12). Cette clause restrictive, que Charles d'Albret comme son successeur Alain affectèrent de méconnaître, donna ouverture aux longs procès soutenus par les Fleurantins avec une opiniâtreté sans égale qui ne se démantit pas un instant durant trois-quarts de siècle.

Bien avant la donation de Gaure, Charles d'Albret, comme ses prédécesseurs avait bénéficié des largesses royales. C'est ainsi que, par lettres patentes du 21 décembre 1407, confirmant la donation du comté de Dreux faite à son père, le roi la renouvellait en faveur de Charles II, à titre perpétuel et portait à 4.000 livres la rente annuelle à lui servir sur le trésor royal (13).

Mais le sire d'Albret était insatiable. Le comté de Dreux et le comté de Gaure ne payaient pas suffisamment à son gré, les services que ses ancêtres avaient rendus au roi. Il demanda le bénéfice des pensions allouées à son père, le conné(10)

conné(10) communales de Fleurance : Manuscrit de 1501.

(11) Collection Doa1, t, 214, p. 304 et 307. — Archives des Basses-Pyrénées, 1 A. 4748-5.192.

(12) C'est du moins ce que prétendaient les Fleurantins dans leur mémoire en défense. Nous n'avons pas trouvé trace de cette réserve dans le manuscrit des Titres d'Albret.

(13) Manuscrit des Titres d'Albret, vol. III (Bibliothèque des Archives départementales du Gers.


PREMIER TRIMESTRE 1929.... .... 59

table. Charles VII, par lettres du 13 novembre 1425, ordonna aux receveurs généraux de Languedoc et de Guyenne de payer à son cher cousin, sire de Lebret, comte de Dreux, pour la garde de ses châteaux et forteresses situés en Guyenne, 12.000 livres par an de la même manière que feu son père les recevait (14).

En possession des lettres de don du roi, Charles d'Albret fit diligeance pour en obtenir l'entérinement par la Cour du Parlement de Toulouse siégeant à Béziers.

On sait que les lettres de chancellerie devaient être validées, selon le droit ancien, par un jugement de la cour du ressort. Cette formalité, l'entérinement, était obligatoire et la cour ne pouvait se dispenser d'assigner devant elle les intéressés qui faisaient valoir leurs droits ou leurs protestations. Il va sans dire que Charles d'Albret demanda au Parlement de Toulouse la validation de la possession pleine et entière du comté de Gaure, sans tenir aucun compte de la réserve faite dans la donation.

Les habitants de Fleurance protestèrent contre l'interprétation du nouveau comte de Gaure et le procureur général du roi en la cour de Toulouse se joignit aux Fleurantins pour s'opposer à la demande d'entérinement.

On fit valoir que Charles VII ne pouvait aliéner à titre définitif, ni mettre hors la couronne, Fleurance et le comté de Gaure et,ce, en vertu notamment, des privilèges donnés à la ville, lors de sa fondation, par Géraud de Cazaùbon, privilèges confirmes par le roi de France et ses successeurs au trône. Bref, l'entérinement ne fut pas prononcé et Charles. d'Albret ne put, légalement du moins, jouir du comté. << Et ce voyant, led. sr Dalebret et mesmement la grande « guerre qu'estoit en duché de Guyenne, entre le roi et les « Anglais, ung jour au desceu des habitans assembla certain « nombre de gens de guerre avec lesquelz, par main armée,

(14) P. ANSELME, t. VI, p. 212.


60 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

« force et violence, contre et au préjudice dud. procès pen« dant en la Court de Parlement à Béziers, entra dedans lad. « ville de Florence et aultres lieux et places de lad. conté de « Gaure et les tint par force et violence pour certain « temps. » (15) .....

L'église paroissiale,

Dans l'espoir de s'attacher les populations du comté, Charles d'Albret, le 5 août 1427, en vertu de son titre de comte de Gaure, confirmait et étendait les privilèges des habitants de Sempuy. Un mois après, il octroyait aux Fleurantins, avec les coutumes dont ils jouissaient déjà, des libertés nouvelles exposées dans les pages précédentes.

A cette époque, l'église paroissiale de Fleurance, du moins l'église primitive, était sur le point d'être terminée ; elle n'avait pas comme aujourd'hui les proportions d'une vaste cathédrale. Charles d'Albret, jugeant, sans doute, que ses dimensions seraient insuffisantes pour la population croissante de la ville, la fit agrandir d'un tiers. Le vaisseau fut prolongé des voûtes à entrelacs de l'entrée ; ces voûtes s'élèvent de deux mètres plus haut que celles déjà établies et accusent un style différent.

En outre, sur la façade occidentale et sur les murs, du clocher actuel, deux écussons en saillie, gravés sur pierre, aux armes d'Albret, semblent indiquer qu'on, doit à ce personnage l'érection de cette seconde partie de l'édifice. Une tradition constante atteste d'ailleurs, que Charles d'Albret a contribué à l'agrandissement et à l'embellissement de l'église paroissiale.

Une telle générosité, — excessive pour un Albret, — ne peut-elle pas être envisagée comme la manifestation de volonté de son auteur de demeurer le seigneur du pays ? On serait d'autant mieux fondé à le croire que Charles d'Albret réserva la chapelle dite de Saint Jean, dont l'ouverture est en anse de panier, pour servir de caveau à sa famille. On remar(15).

remar(15). communales de Fleurance. Mss de 1501.


PREMIER TRIMESTRE 1929. 61

que encore, en effet, dans cette chapelle, aux retombées de la voûte, un écusson écartelé de Fleurance, sans chef fleurdelisé, mais portant la vache de Béarn qui est dans les armes

d'Albret.

Malgré les avances que Charles put faire aux Fleurantins, ceux-ci restèrent sourds à ses appels. Ils manifestèrent à leur manière, mais non sans énergie, la volonté de ne pas l'accepter pour maître en refusant de payer les impôts qui lui étaient dûs ; les habitants de Gaure prétendaient, en effet, ne devoir les impôts qu'au roi seul (16).

Révolte de Fleurance.

Il semblé certain que durant quelques années, Charles d'Albret ne fut pas troublé dans la possession du comté. D'un côté, les Fleurantins attendaient avec confiance, forts de leurs droit, l'issue du procès engagé devant la Cour du Parlement au sujet de la main-mise du sire d'Albret. D'un autre côté, Charles occupé à guerroyer contre les Anglais qu'il fallait bouter hors de France, était tout entier au service du roi et ne semblait pas pressé de faire liquider le différend.

Nous le trouvons, en effet, en 1428, avec Jeanne d'Arc au siège de La Charité-sur-Loire, puis au siège d'Orléans, en qualité de lieutenant du roi sur le fait de la guerre au pays de Berry, où il commandait les troupes royales (17).

Peu de temps, après, en 1431, il était lieutenant du roi en Guyenne où les Anglais demeuraient toujours inquiétants et, lorsque Huttington débarqua à Bordeaux avec une armée anglaise pour envahir le Languedoc, le Dauphin établit le sire d'Albret, capitaine, général avec le comte de Foix, pour repousser l'envahisseur. Huttington était à deux lieues de Fleurance (18), « en in(16)

in(16) Le dit receveur ordinaire de Tholouze ne pust faire récepte de l'émolument de lad.conté pour l'année mil IIICXXVIIe finissante XXVIII » (Ms de 1501).

(17) Nobiliaire de Guyenne (article BASTARD-FURSY).

(18) La valeur de la lieue, mesure itinéraire, a varié considérablement dans le cours des siècles et aussi suivant les pays et les localités.


62 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

tention de icelle prendre et destruire », quand arrivèrent les secours demandés par le sire d'Albret au Dauphin. La petite armée royale commandée par Jean de Stuart et Bernard du Gua, marchant de jour et de nuit, s'était hâtée d'arriver devant Fleurance où elle était en droit d'espérer un accueil différent de celui qui lui était réservé.

Avertis qu'Albret attendait des renforts pour défendre la ville, les Fleurantins, ne voulant rien devoir au comte, résolurent d'assurer, par leurs propres moyens, la défense de la place, à la fois contre Albret et contre les Anglais. Les consuls en charge et divers notables, Auger de Mérens, Jean de Remanoni, Antoine de Saint-Justin, Pierre et Raymond Noguès, Jean de la Réole, Pierre Mirit, Arnaud d'Augamin et Bernard Lary fermèrent les portes des remparts et « ne vouldrent laisser entrer les dits cappitaines ne aultres ».

Mais la dame d'Albret, Anne d'Armagnac, restée à Fleurance avec ses deux enfants Jean et Louis, donna l'ordre aux consuls d'ouvrir les portes. Au lieu d'obéir à la sommation, les consuls assemblèrent sur le champ les habitants et firent décider par la communauté que, quoi qu'il arrivat, les gens d'armes n'entreraient point dans la ville.

Cette résolution est aussitôt portée à la connaissance de la comtesse d'Albret. Elle n'hésite pas un instant. Avec ses enfants, elle se rend à la porte devant laquelle attendaient les capitaines. Là, « voulant pourveoir à ce que la ville ne tumbast en perdition », elle exigea de toute la force de son autorité, du portier qui en avait la garde, la remise des clés et se mit en devoir d'ouvrir la porte elle-même.

Tout à coup une foule furieuse se rue vers le pont-levis. On crie à la comtesse que lés capitaines n'entreront point, qu'on défendra les portes à main armée, contre elle-même, si c'est nécessaire. Entre temps, un des habitants étant monté sur la porte, et malgré que la comtesse et ses enfants « fussent dessoubs la porte-coulisse en attendant qu'elle fust ouverte, icelui avec une sinfarine se efforça de couper la corde et de la faire tomber sur la dame d'Albret et ses enfants, et ainsi


PREMIER TRIMESTRE 1929. 63

l'eust faict si ne feust un aultre de la ville qui l'en empescha. » (19).

Quoi qu'il en soit, avec un courage admirable, la comtesse d'Albret tint tête à l'émeute et, restée enfin maîtresse de la porte, elle put faire entrer dans la place les troupes de secours.

Apprenant que Fleurance était désormais en état de défense, Huttington détourna ses troupes pour courir à des victoires faciles. Mais si les Fleurantins n'avaient plus, pour le moment, à se défendre des Anglais, ils pouvaient craindre des représailles de la part du sire d'Albret. Ils estimèrent, non sans raison, que le comte ne laisserait pas impuni leur acte de rébellion contre la comtesse sa femme. Aussi, s'empressèrent-ils d'organiser la résistance.

Les consuls assemblèrent les habitants à la maison commune pour examiner les dispositions à prendre en l'occurence. Il fut délibéré que, si la comtesse ou l'un des officiers du comte faisait arrêter un habitant pour une raison quelconque, toute la population prendrait sa défense, à main armée si besoin était.

A peu de jours de là, quatre des émeutiers blessèrent un sergent du comte dans l'exercice de ses fonctions, en lui portant quatre coups de dague. Assurés de l'impunité ou tout au moins, forts de la décision acceptée par la communauté, les agresseurs restèrent en ville. Ils circulaient librement, armés, prêts à se défendre s'ils étaient arrêtés par les officiers du comte qui n'osaient rien dire ; ceux-ci, en effet, étaient d'ailleurs en petit nombre et ne se souciaient pas de soulever de nouveaux troubles:

En vain les émeutiers offrirent-ils leurs services à plusieurs habitants, personne n'osa les employer par peur d'être inquiété. Ils furent donc obligés, pour vivre, de quitter la ville et se réfugièrent à Cézan ( 20) où ils restèrent environ un mois. Les consuls de Fleurance les firent rentrer et les menèrent

(19) Collection Doat,. t, 217,f° 286.

(20) Cézan, canton de Fleurance.


64 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

à la maison commune où la population était réunie. Ils leur dirent « en pleine assemblée, que posé qu'ils eussent mu: dry « le dit sergent du comte qu'ils n'eussent point de paour, « et qu'ils alassent seurement par la ville avec leurs « harnois et que si aulcun officier les vouloit prendre << qu'ils se déferidissent fort et s'ils ne pouvoient qu'ils fissent << bruict eu toute la ville et que tous les habitans les aideroient. » (21)

C'était la révolte ouvertement organisée. Un incident nouveau vint agraver cette situation :

Un héraut portant les armes du sire d'Albret, Orval, arriva à Fleurance, sur les ordres de son maître. Il descendit, à la tombée du jour, dans une hôtellerie de la ville. Avait-il fait connaître le but de la mission dont il était chargé? On ne sait. Toujours est-il qu'à la faveur de la nuit, au moment où il sortait de l'écurie dans laquelle était enfermé son cheval, un habitant de la ville, armé d'une barre en asséna un coup si violent sur la tête du malheureux héraut qu'il tomba mort.

C'en était trop ! Charles d'Albret donna ordre à ses juges d'ouvrir une information contre l'agresseur et exigea, à titre d'exemple, qu'il fut puni suivant les rigueurs de justice. Le meurtrier est arrêté aussitôt et emprisonné en attendant sa comparution devant les juges de la cour de Gaure.

Les consuls assemblent la population et on décide d'un commun accord d'aller rompre les portes de l'hôtel du comte, s'il ne met pas le coupable en liberté immédiate, et de tuer quiconque s'opposerait à son évasion. Sur ce, on ferme les portes de la ville et la foule se dispose à se ruer vers la demeure d'Albret.

Charles, informé des intentions hostiles de la populace, se voyant « sans compagnie, réservé les gentils hommes de son hostel en petit nombre, doubtant que incontinent ne s'en ensuivit en sa personne ou d'aulcuns de ses serviteurs » fit mettre le meurtrier en liberté (22).

(21) Archives, communales de Fleurance. (Ms. de 1501.)

(22) Archives communales, de Fleurance, (Ms. de 1501.)


PREMIER TRIMESTRE 1929. 65

Les Fleurantins triomphaient. Encouragés et soutenus par les consuls, ils refusent de payer au comte « ses rentes et devoirs ». Malgré ses menaces, le receveur d'Albret ne put obtenir des habitants le moindre paiement.

Le sire d'Albret intervint auprès du roi. Il obtint des lettres royaux enjoignant aux habitants d'acquitter les impôts dûs au comte. Ce dernier voulut faire publier ces lettres dans les rues de Fleurarice par un sergent. Mais au moment où celui-ci exécutait son office, il vit venir à lui un des consuls, Bernard Lary, accompagné de 80 hommes « garnis d'espées et aultres armes innascibles (sic) et défendues ». Par trois fois le consul interdit au sergent de continuer sa publication et par trois fois le menaca. La foule se joignit au consul, si bien que le malheureux sergent fut contraint de se retirer (23). Le sire d'Albret introduisit alors devant le Parlement de Toulouse une demande en réparation des violences commises par les Fleurantins contre ses gens et contre son autorité. Mais la Cour du Parlement, « occupée en aultres grans affaires », renvoya les informations devant la cour du sénéchal avec pouvoir de punir les coupables,

Le Sénéchal commit le sous-viguier de Toulouse avec huit sergents et un notaire pour se transporter à Fleurance avec ordre de prendre au corps les coupables, les amener à Toulouse et assigner tous autres délinquants pour répondre au procureur.

Le sous-viguier parvint à s'emparer d'un habitant de Fleurance et d'un autre de Cézan. Il les fit mettre en prison à Fleurance. Comme la plupart de ceux qui s'attendaient a être inquiétés avaient fui, le viguier ne put les saisir, mais leur « fist son procès selon que le cas le désiroit et iceulx absents, à son de trompe, les fist adjourner en la Cour de Parlement à certain jour qui lors fust préfix. »

Mais lorsque le sous-viguier voulut amener ses deux prisonniers, la population s'y opposa. Les consuls, suivis de plus de 200 personnes, fermèrent les portes et obligèrent le sous(23)

sous(23) Doat; vol. 217,f° 290.


66 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'AECHÉOLOGIE DU GERS.

viguier et son escorte à se retirer dans l'hôtellerie en abandonnant les prisonniers (24).

Quelques mois après ces événements, lorsque les esprits semblèrent apaisés, une escorte nombreuse revint à Fleurance pour exécuter les ordres du Sénéchal. Quatre coupables furent arrêtés. On les conduisit à Toulouse où ils subirent un châtiment suivant les rigueurs de la justice de cette époque (25).

Révocation de la donation de Gaure.

Attaqués sur tous les points,, les Anglais résistaient difficilement aux armées de France. Déjà la Guyenne venait de leur échapper et Charles d'Albret avait pu recouvrer les domaines que les Anglais lui avaient pris. Cela permit à Charles VII de révoquer, par deux fois, la donation faite au sire d'Albret. On peut juger de la joie éprouvée par les habitants de Fleurance à cette nouvelle. Hélas ! cette joie devait être de courte durée.

Charles d'Albret feignit de se résigner à l'abandon du comté de Gaure, mais en réalité, il n'attendait qu'une occasion de reprendre cette possession. La mort de Charles VII, survenue en 1461, parut favorable à ses desseins. Il rassembla, en hâte et secrètement, un certain nombre de gens d'armes et, à leur tête, vint s'emparer de nouveau des places du comité de Gaure.

Les Fleurantins en appelèrent au roi de cet acte de violence et, en accord avec le procureur du roi près la Cour de Parlement de Toulouse, l'affaire fut déférée devant le Grand Conseil.

Cette juridiction suprême, adoptant la thèse des gens de Fleurance, déclara que le comté de Gaure serait remis incontinent aux mains du roi. A l'effet d'assurer l'exécution de cet airrêt, méssire Henri de Marie, chevalier, président de la

(24) Collection Doat-, vol. 217, f° 291.

(25) MONLEZUN : Hist. de la Gascogne., t. IV.


PREMIER TRIMESTRE 1929. 67

Cour de Parlement de Paris, était délégué pour se transporter à Fleurance et opérer la réunion au domaine.

Le commissaire du Grand Conseil, accompagné du procureur général et de plusieurs autres officiers royaux, en présence de Charles d'Albret et des consuls et habitants de Fleurance réunis sur la place, prononça la réunion a la couronne. Séance tenante, il désigna les officiers chargés, de rendre la justice au nom du roi. Il fit de même dans les autres localités de Gaure et ne se retira qu'après avoir fait prêter serment de fidélité aux vassaux, consuls et habitants des villes du comité(26).

Le sire d'Albret protesta cependant. Il déclara faire opposition à l'arrêt du Grand Conseil. Ce geste allait permettre, plus tard, au petit fils d'Albret, Alain-le-Grand, d'affirmer, contrairement à la vérité, que son aïeul avait empêché Henry de Marle de prononcer la réunion de Gaure au domaine de la couronné ( 27)

Siège et pillage de Fleurance.

La politique de Louis XI menaçait directement les intérêts des grands feudataires. Pour ne pas laisser au roi le temps de les abattre, ceux-ci formèrent, sous la direction du comte de Charolais, une vaste conspiration connue sous le nom de Ligue du Bien-Public. Le comte d'Albret adhéra à la coalition avec son voisin le comte d'Armagnac et, à la tête de ses bandes gasconnes, prit part à la journée de Monthléry (14 juillet 1465).

Les Fleuraritins se réjouirent de voir Albret prendre nettement position contre l'autorité royale. Ils profitèrent du moment où comte était occupé à guerroyer avec les Princes, pour chasser de Fleurance les officiers et les gens d'armes qu'Albret avait laissés dans la capitale de Gaure. Quelques jours avant Monthléry, le bruit ayant couru que Louis XI avait été tué et Charles d'Albret « cuydant que

(26) Arch. com. de Fleurance. (Ms. de 1501.)

(27) Collection Doat, vol..214,f° 317.


68 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

ainsi feust », ordonne à son fils aîné, Jean, vicomte de Tartas, de s'emparer du comté de Gaure. Sur les terres d'Albret et sur celles du comte d'Armagnac, on rassemble en hâte le plus grand nombre de gens de guerre qu'il est possible de recruter en vue de cette expédition.

Jean d'Albret ne perdit pas une minute puisque le 19 juillet 1465, accompagné de Bernard d'Esprément, sénéchal d'Agenais, il était à Sempuy et à La Sauvetat pour prendre possession de ces localités. Aucune résistance ne fut opposée ; le vicomte devait s'y attendre, ces deux villes ayant toujours subi passivement la domination que Fleurance ne voulait pas accepter. Peut-être espérait-il, par cette soumission, exercer quelque influence sur les Fleurantins.

Dans tous les cas, il jugea prudent de ne pas se rendre directement à Fleurance. Il s'arrêta à mi-chemin, à SaintLary (28), avec son frère naturel, Gilles (30), bâtard d'Albret, et une troupe de 400 arbalétriers.

Sur l'ordre de Jean d'Albret, d'Esprémont vint se présenter devant Fleurance avec une escorte de quelques cavaliers et somma les habitants d'ouvrir leur ville aux gens d'Albret.

A cette sommation, les consuls invoquèrent l'inaliénabilité de Fleurance reconnue par leurs privilèges et confirmée par les rois, qui se sont succédé sur le trône de France depuis la. fondation de la ville ; ils conclurent qu'ils appartenaient' au roi et au roi seul.

D'Esprémont dut se retirer mais il revint presque aussitôt après, avec un renfort de cavalerie et accompagné de sergents royaux, du procureur de Gaure, d'un notaire et de Guiraud d'Albret, seigneur de Puypardin. Il se présenta à la porte de Marcadet qui est aussitôt fermée.

Les consuls appelés s'avancèrent jusqu'à la barbacane défendant les fossés, et, tandis que d'Esprémont se mettait en devoir de lire les lettres de confirmation de Louis XI, Ar(28)

Ar(28) canton de Fleurance, à 5 kilomètres, resta jusqu'en 1823 érigé en commune de laquelle Sainte-Radegonde dépendait. Aujourd'hui le Cheflieu de la commune est Sainte-Radegonde et Saint-Lary, son annexe.

(29). Gilles, bâtard de Charles II d'Albret. Il était seigneur de Meilhan et Vicomte de Mençor ; il épousa Marguerite, dame d'Usa. (P. AKSELME.)


PREMIER TRIMESTRE 1929.

69

naud de la Réoule, en sa qualité de substitut du procureur du roi, s'opposa à cette lecture, déclarant qu'il en appellerait à l'autorité royale si Albret persistait dans son intention d'entrer dans Fleurance avec son armée.

En vain d'Esprémont fit observer que le sire d'Albret devait être mis en possession de Fleurance, « nonobstant toutes

oppositions, et appels » ; les consuls protestèrent de plus fort, firent dresser le pont-levis, abattre lés herses et laissèrent l'envoyé d'Albret avec son escorte devant les murs. On juge de la fureur du vicomte de Tartas qui avait expressément recruté ses 400 arbalétiers « pour aller audit Flurence ». Sa colère ne connaît plus de bornes. Il ordonne de s'emparer des biens des Fleurantin situés dans les juridicarbalétriers

juridicarbalétriers 1470).


70 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

tions de Sempuy et de La Sauvetat, « laquelle chose feust faicte, c'est à scavoir, bleds, vins, bestail et aultres choses et feust tout beu, vendu et buttiné ».

Puis, avec tous les gens de guerre dont on disposait, Gilles d'Albret est chargé d'assiéger Fleurance. En passant, on met le feu à la métairie de Berduc Lary, située sur le chemin, mais après l'avoir préalablement pillée de tout ce qu'elle contenait.

Ruffee de Sérillac, Jea de La Roquain, le sieur de Puypardin et d'autres personnages postés aux portes afin que personne ne put sortir de la ville, avaient pour mission de crier aux habitants, pour les engager à se rendre, que le roi était mort (30).

Les assiégeants au nombre de près de 3.000, « armez et embastonnés d'arnois blancs, brigandines, sallades, javelines, bougis, espées, dagues, canons, couleuvrines et aultres armes » finirent par s'emparer de la ville après plusieurs assauts et « parlements », grâce à la trahison d'un habitant qui parvint à ouvrir une des portes (31).

Maîtres de la place, les gens d'Albret se livrèrent à toutes sortes d'atrocités. Quatorze des principaux habitants, dont les consuls, appréhendés dans l'église où quelques-uns s'étaient réfugiés, furent chargés de chaînes et jetés en prison.

<< Et le lendemain entrèrent en la ville touts les arbales« triers et pillèrent tout ce qu'ils peurent trouver et l'empui« tèrent où bon leur sembla et semblablement prirent che« vaulx et bestail et beurent et mangèrent et mirent tout à « sac. » Le butin, si l'on en croit les bénéficiaires eux-mêmes, fut évalué à plus de 200.000 écus (32).

Jean d'Albret entra à Fleurance le 23 juillet 1465 ; il se rendit à la maison commune où il fit comparaître devant lui les notables emprisonnés et tous les habitants. Il leur déclara que s'étant rendus coupables du crime de lèse-majesté envers

(30) Lettres d'abolition données à Orléans en octobre 1466 en faveur du vicomte de Tartas. (Mss. d'Oihénart, t. II, f° 285). — Mss. des Arch. communales.

(31) Arch. com. de Fleurance. (Ms. de 1501.)

(32) Lettres d'abolition, ut supra.


PREMIER TRIMESTRE 1929. 71

le comte d'Albret, leur seigneur, tous leurs biens seraient confisqués.

Arnaud de la Réoule ou de la Réole (de Régula) (33), substitut du procureur du roi, opposant dignement l'inébranlable conscience du droit à la brutalité de la force, répondit simplement qu'en obéissant au roi de France, les habitants ne croyaient point avoir offensé le comte, attendu « qu'ils estoient au roy et non au seigneur d'Albret et qu'ils n'avoient commis aucun crime de lèse-majesté envers le roy qui estoit leur naturel et souverain seigneur. »

Irrite de cette réponse, le vicomte de Tartas fait sermonef les assistants comme hérétiques, par un Jacobin, maître en théologie, puis les fait conduire, la corde au cou, une torche allumée à la main, les pieds nus, en chemise, hors des murs de la ville à trois portées d'arbalète. Il exigea que les officiers royaux et les consuls en robe et chaperon se couchassent le ventre contre terre tandis, que lés autres habitants se tenaient à genoux et qu'ensemble, tous, criassent : « Miséricorde ! » en faisant le signe de la croix.

Puis Jean d'Albret fait ramener en ville ses victimes et les rassemble devant la maison commune après leur avoir fait parcourir les rues principales. Un sergent, sur un ordre du maître, arrache violemment aux consuls les insignes de leurs fonctions, le chaperon et la robe et le vicomte de Tartas se retire en son hôtel, laissant à Gilles le soin de procéder aux exécutions probablement concertées et arrêtées par avance.

Gilles d'Albret fait placer aussitôt un gibet à chacune des principales portes de la ville et donne l'ordre d'étrangler et de pendre les quatre consuls. Mérens, receveur des péages, fut pendu à la porte de Castelnau, dite Papille ; Jean Lary, gouverneur des moulins, à la porte de Montestruc: Martin Paris, baile pour le roi, à celle de Marcadet, et Antoine Lavaquerie, receveur du comté, à celle de Lectoure.

Le bâtard d'Albret fit ensuite jeter Arnaud de la Réoule

(33) Il existe à Fleurance le faubourg de la Réoule, entre le ruisseau de Marcadet et la voie terrée. Sur cet emplacement se trouvait au XVe siècle la proprieté territoriale de la famille de La Réoule dont le quartier a conservé le

nom.


72 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

(virum gravem et justum) dans le canal du moulin du roi (prope militiam templi) pour l'y noyer, après lui avoir attaché au cou une grosse pierre (34). Comme il y avait peu d'eau en cet endroit et « qu'il ne pouvoit assez tost le faire morir, « il le fist tirer à grans cops de crampons de fer vers la rive « (pallis et clavis grossis) et là, lui f eurent donnez de grans « cops de barre en la teste tellement que là cervelle sortoit << par le nez et les oreilles et fust assoumé comme si ce feust « un pourceau (tanquam si porcus foret aut bestia alia irracionabilis. » (35).

Lorsque les familles des victimes demandèrent la remise des corps des suppliciés pour les enterrer en terre bénite, Albret ne donna l'autorisation de les livrer qu'après des marchandages scandaleux et à « grand somme de deniers, après quoi, il fit bannir les femmes veuves et les enfants et s'empara de tous leurs biens. »

Les habitants, notables ou non, soupçonnés de tenir le parti du roi, au nombre de 200 environ, étaient retenus comme prisonniers. Le comte les fit amener au pays d'Albret où ils restèrent enfermés près de deux ans jusqu'à ce qu'ils purent trouver les moyens nécessaires de se racheter par des rançons exhorbitantes.

Château de Chastie-Vilain.

Le sire d'Albret, après ces atrocités, mit à Fleurance une garnison et l'y maintint près de trois ans aux frais des malheureux habitants demeurés dans la ville. Ces derniers furent contraints, sans recevoir la moindre rétribution, à aider à la Construction d'une sorte de château-forteresse élevée, à cheval sur les remparts, << demy dedans ledit Florence et demy dehors ». Pour bien marquer ses intentions à l'égard des habitants de Gaure et de Fleurance en particulier, le sire d'Albret donna le nom de « Chastie-Vilain » à cette forteresse.

(34) Arch. com. de Fleurance. (Ms. de 1501.) — Ricaly, notaire à Fleurance, registre coté 1.465. (35) Arch.communales. (Ms. de 1501.)


PREMIER TRIMESTRE 1929 73

De ce château, il ne reste plus la moindre trace. Il est probable qu'il fut démoli jusque dans ses fondations par les Fleurantins eux-mêmes, lorsque leur opiniâtreté vint à bout de la résistance oppressive des comtes d'Albret. On comprend qu'ils ne voulurent pas conserver les vestiges d'une tyrannie dont ils avaient souffert si durement.

La tradition, puisque c'est à elle'qu'il faut recourir à dé-, faut de preuves, veut que le château de Chastie-Vilairi fut situé à l'intersection du boulevard D'annez et de larme des Remparts, vers le lieu dit actuellement la Mouliaque, appelé au siècle dernier le Moulin deToulouse.

Une fois la forteresse terminée, le sire d'Albret ne gardant en ville que ses serviteurs et quelques bourgeois et marchands supposés de son parti, fit expulser le « menu peuple, « tellement qu'ils estoient tous par les champs quasi-mendiants ».

Au nom des veuves et des enfants des suppliciés, le procureur général de la Cour de Toulouse introduisit devant le Parlement une instance tendantà enlever le comté de Gaure des mains de Charles d'Albret. En même temps, il demandait l'élargissement des prisonniers retenus en Albret « en grandes, prisons et tormens» et un châtiment sévère pour les auteurs des crimes et méfaits qui venaient d'être commis.

La Cour du Parlement de Toulouse, se rendant, aux légitimes réquisitions du procureur général, prononça le 13 août 1465, un arrêt aux termes duquel le comté de Gaure serait mis aux mains du roi, Albret et ses gens « jetés dehors et cer« tains nommés et comprins esdites informations, délin« quants et coupables desd. excès, prins au corps ou aultre« ment, adjournés avec leurs femmes et bannis. » (36).

Pour l'exécution de cet arrêt, Me Jehan Rossignol,conseiller du roi est chargé de se rendre à Fleurance. Charles d'Albret se trouvait dans cette ville lorsque le commissaire-délégué se présenta. Sans le moindre égard pour les décisions de

(36) Arch, comm.de Fleurance. (Ms. de 1501.)


74 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

justice, lé sire d'Albret fit fermer les portes et interdit l'entrée à Me Rossignol. Devant l'insistance du conseiller du roi qui'voulait exécuter l'arrêt de la Cour, le comte le fit chasser « à grans cops de artillerie et traicts d'arbalestre et l'eusent « tué s'il ne s'en feust fouy. » ( 37)

Nouvelle donation du comté.

A la suite des traités de Conflans et de Saint-Maur, Louis XI venait d'accorder divers avantages aux seigneurs coalisés. Les uns avaient bénéficié de biens territoriaux ou de fonctions importantes ; les autres avaient recouvré les charges qu'ils avaient perdues ; presque tous rentraient en grâce auprès du roi ; Charles d'Albret allait bénéficier, à son tour, dés faveurs royales. C'est ainsi qu'il obtenait du roi, le 28 octobre 1465, la ratification du don du comté de Gaure, fait en 1425 par Charles VII, et, en même temps, la main-levée sur ses domaines (38).

Aussi, sans perdre un instant, se hâta-t-il de demander à la Cour du Parlement l'entérinement de cette confirmation. Le procureur du roi et les habitants de Fleurance renouvelèrent leur opposition toujours pendante. Ils invoquèrent que la donation de Charles VIII ayant été révoquée et annulée, la confirmation du don restait sans portée.

On sait que les lettres royaux n'étaient prises en considération par les cours de justice, que si le roi lui-même insistait auprès d'elles pour en faire exécuter la, teneur. Souvent les parlements, placés devant des faits authentiques et contradictoires, n'obéissaient qu'à leurs tendances et s'en tenaient aux décision arrêtées. Les magistrats ne croyaient point désobéir au souverain en défendant contre le seigneur les droits de la royauté (39).

C'est pourquoi, après avoir longuement entendu les parties en cause, dans leurs défenses et leurs explications, la

(37) Ibid.

(38) Archives des Basses-Pyrénées, E, 162. — Manuscrit 16.834,. f° 322, fonds Saint-Germain (Biblioth. Nationale).

(39). A. LUCHAIRE : Alain-le-Grand, p. 141.


PREMIER TRIMESTRE 1929. 75

Cour du Parlement arrêta que, nonobstant les lettres de confirmation de Louis XI, le comité de Gaure serait réuni à la couronne. L'arrêt chargeait Me Nicole Berthelot, conseil 1er du roi, de procéder à la formalité de réunion. Cette formalité eut lieu, cette fois, sans incidents et sans protestations.

Pendant les quatre ou cinq années qui suivirent, les Fleurantins retrouvèrent un peu de tranquillité. Ils purent espérer avoir atteint, enfin, le but qu'ils poursuivaient : être et demeurer sujets du roi. Des déceptions nouvelles les attendaient.

Le frère de Louis XI, Charles, était duc de Guyenne et gouverneur du pays, lorsque, en 1469, la judicature de Verdun, dans laquelle était compris le comté de Gaure, fut placée sous le gouvernement de la Guyenne et par conséquent, sous l'autorité du frère du roi. Les consuls de Fleurance et ceux des autres localités du comté, prétèrent solennellement, le jour de Saint Jean-Baptiste, serment de fidélité au duc de Guyenne en présence de messire Olinevant de Brothio, sénéchal de Rennes, commissaire subrogé par noble et puissant. Odet d'Aydie, seigneur de Lescun désigné par le duc d'Aquitaine pour recevoir le serment et l'hommage (40).

Albret ne cessa pas d'intriguer auprès du duc pour obtenir de lui la confirmation du don de Gaure. Fatigué des importunités auxquelles il était en butte, le duc de Guyenne rendit une ordonnance; qui donnait satisfaction, en partie seulement, au sire d'Albret. La donation de 1425 était confirmée, sous réserve de la ville de Fleurance, c'est-à-dire le terrain limité par le Gers jusqu'au pont de Saint-Geny, la forêt du Ramier, le baillage de Pauilhac jusqu'au baillage de Réjaun'ont, de La Sauvetat et de la Housse. Cette réserve n'était pas pour arrêter le sire d'Albret. Sans

(40) Ricaby, notaire à Fleurance, registre coté 1.465-1.469. —Livre de raison de M. Grégoire PERCIN.


76 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

se préoccuper autrement des limites fixées par l'ordonnance, il prit possession immédiate du comté de Gaure et de la juridiction de Fleurance extra-muros, « jusques auprès des mu<< railles et fosses d'icelle ville, sans appeller et ouyr le pro«cureur, consuls, manans. et habitans en icelle ville et de « fait iceluy (Albret) ou ses gens et officiers ont prins et « usurpé les prés, vignes, jardins, maîteries, bois, foretz, « terres, héritaîges et lieux appartenans ausditz manans et « habitans de Florance en disant qu'ils ne souffriront point« qu'ils mettent leur blé, vins, bois et aultres biens, en lad. « ville de Florance ne qu'ils fassent, paistre leur bétail, ny « ayent aulcuns exploitz esdits héritaîges, territoires et «foretz. » ( 41)

Charles d'Albret fit tant que les gens de Fleurance ne pouvant plus vivre en ville où ils n'avaient plus la possibilité d'emmagasiner les denrées nécessaires à la vie, se virent contraints de se réfugier ailleurs. Beaucoup de familles quittèrent donc Fleurance et la population toute entière aurait abandonné la cité, si Charles de Guyenne n'avait mis en demeure le sire.d'Albret de se conformer strictement à ses décisions.

Le 10 septembre 1470, il rendit une seconde ordonnance, identique à la première, mais appuyée d'une lettre à son sénéchal d'Agenais, à l'effet d'assurer la prompte exécution de ses volontés.

Le lieutenant du sénéchal d'Agenais, Guillaume de Laval, vint à Fleurance le jeudi 20 septembre 1470. Il arriva vers 2 heures de l'après-midi, devant l'oratoire Saint-Laurent, «à « une croix sur le chemin auquel lieu estoient mandez et ad« jornez à comparoir » le sire d'Albret ou à défaut sen procureur fondé au comté de Gaure (42).

A ce rendez-vous se trouvèrent les consuls en charge :

(41) Arch. com. de Fleurance. (Mss. de 1501.)

(42) Cette croix existe encore. En dehors de l'intérêt archéologique que ce monument pourrait révéler, car il est couvert d'une épaisse couche de mousse, le souvenir historique qui s'y rattache, le rend suffisamment intéressant pour être tiré,de l'oubli et conservé comme il convient. Il se trouve sur un petit chemin abandonné séparant la propriété de Saint-Laurent de la propriété de l'hospice Cadéot.


PREMIER TRIMESTRE 1929. 77

Pierre de Guiraudone, Berduc Lary, Jean de Percin et Guilhem Lary avec Arnaud de Mérens, procureur et syndic des Fleurantins: Claude « bastard d'Albret » et Robert de Fages, procureur du comte, avaient répondu à l'assignation du duc de Guyenne (43).

Aux parties en présence, le lieutenant du sénéchal notifia les lettres du duc de Guyenne et fit défense a Charles d'Albret, en la personne de son procureur, sous peine de 100 marcs d'or, et à tous autres officiers du comté, sous peine de 100 marcs d'argent, d'enfreindre les ordres donnés au nom du roi.

Comme signe d'exécution de l'ordonnance, le lieutenant du sénéchal fit enlever les armes d'Albret placées à la Croix du chemin et les remplaça par les armes de France. Le lendemain des pannonceaux aux fleurs de lis étaient apposés aux limites de la juridiction réservée et « aussi en la borde du sieux Mérenx, à l'abbaye de Bouilhas et lieu de Pauilhac »; où, —ajoute le lieutenant du sénéchal,— « je trouvay lesdits bastard et procureur du seigneurd'Albret lesquels se appellèrent de moy, ausquels je donnay aposties réfutatoires>>(44).

L'année suivante, Charles d'Albret passait de vie à trépas laissant pour lui succéder son petit fils, Alain.

Charles d'Albret avait été marié, par contrat du 28 octobre 1417, à Anne d'Armagnac, fille de Bernard VII, comte d'Armagnac et de Fezensac, et de Bonne de Berry, De ce mariage naquirent:

1° Jean vicomte de Tartas, marié à Catherine de Rohan, fille d'Alain IX,vicomte de Rohan et de Léon et de Marguerite de Bretagne. Il eut quatre enfants : Alain, dont il va être question, Louis qui fut cardinal, Marie et Louise.Il mourut le 3 janvier 1467 ;

2° Louis, né en 1422, éyêque de Cahors, puis; d'Aire, créé

(43) Ricaly, notaire à Fleurance, registre 1465-1469. (44) Collection Doat,. vol. LVIII, p. 1.09.;— Lettre du sénéchal d'Agenais: même volume,: pp. 110 à 112.


78 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

ensuite cardinal et mort à Rome en 1465 ;

3 ° Arnaud-Amanieu, qui créa la branche des seigneurs d'Orval ;

4° Charles, seigneur de Sainte-Bazeille par le partage que lui en fit son père en 1456 ; il épousa Marie d'Astarac en 1472 et l'année suivante eut la tête tranchée à Poitiers pour avoir trahi la Cause du roi ;

5° Gilles, seigneur de Castelmorori, marié en 1463 à Anne d'Aguilhon, du pays de Catalogne ;

6° Marie, mariée en 1456 à Charles de Bourgogne, comte de Nevers et de Rethel ;

7° Jeanne, seconde femme d'Artus III, duc de Bretagne et de Touraine, comte de Richemond qui fut pair et connétable de France (45).

(A suivre.)

(45), P. ANSELME. Généalogie d'Albret,


PREMIER TRIMESTRE 1929. 79

QUITTANCE DE DEUX SOMMES DUES A Me JEHAN TAMBON

pédagogue à Paris

pour la pension de François Corne, écolier de La Boumieu

(3 OCTOBRE 1570)

Me Jehan Tambon pédagogue, demourant à Paris, rue des Car-, mes, en une maison où est pour enseigne l'imaige Sainct Martin, confesse avoir eu et receu de Françoys Corne,-dict Moyse, escolier, filz de feu Jodon Corne, en son vivant marchant à La Romyeu en Gascougne, agsent, par les mains de Jehan Malaville, dudict Laromyeu, à ce présent et acceptant pour ledict Corne, la somme de quatre vingtz neuf, escus d'or soleil d'une part, de sept livres cinq solz dix deniers tournois d'autre rabatu six livres dix huite solz huict deniers recenz par ledict Tamgon par les mains de Maistre Arnault de Sanseytz, lesdicts deux sommes deuees audict Tambon pour la nourriture et pensions et autres parties par luy fournyes audict Corne, ainsy comme il appert que les cedulles signées dudict Corne durant qu'il a demeuré avec ledict Tambon, lesquelles cedulles et parties ledict Tambon a présentement en la présence des notaires soubzcriptz baillées et délivrées audict Malaville, dont il s'est tenu et tient pour content et en a quicté et quicte ledict Tambon et tous autres desquelles sommes, qui payées, comptées et nombrées ont esté par ledict Malaville audict Tambon en la présnece des notaires soubzcriptz en cinquante quatre escus d'or pistolletz, deux dougles ducatz à deux testes, ung noble à la roze, une portugaise et le reste monnoye, le tout gon et ayant de present cours, ledict Tambon s'est tenu et tient pour content et en a quicté et quicte ledict Malaville ledict Corne, ensemble Me Bertrand Dubosquat ; conseiller magistrat au siège presidial de Condom. et Me des requestes ordinaire de la Royne, lequel, avoit respondu et faict son propre faict et debte desdictes, sommes envers ledict Tambon, et partant l'obligation passée par ledict Dubosquat audict Tambon desdictes sommes, que ledict Tambon dict et afferme n'avoir levé des notaires qui l'ont passée, est et demeure nulle et de nulle effect comme cassée et adnullée, ensemble toutes cedulles, parties et autres rescriptions que ledict Tambon pourrait avoir dudict Corne et autres personnes touchant ledict Corne, sont et demeurent nulles, cassées et adnullées le tout, comme comprinse en ceste et présente quictance. Et si a ledict Tambon quicté lesdictz Corne et Dubosquat de toutes choses generallement quelconques dont il pourroit faire demande aux dessusdictz de tout le temps passé jusques à huy,promectant ,etc. ogligeant.etc. renonçant etc. Faict et passé double, c'est pour ledict Malaville, l'an mil cinq cens soixante dix, le mardy tiers jours d'octobre.

LEDOYS, LAFROUGNE. Enregistré par moy LAFROUGNE.


80 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

Inscription antique interressant les « Yascons citoyens-romaîns »

PAR M. L'ABBÉ S. DAUGÉ.

On trouve, au musée de Nîmes (4e salle, n° 347,17, Grand'- Rue), une inscription antique intéressante pour les Gascons.

Nous croyons qu'elle a échappé, jusqu'à ce jour, à tous ceux qui se sont occupés d'épigraphie gasconne. En tout cas, elle ne figure pas parmi les inscriptions que J.-F. Bladé a recueillies dans son ouvrage spécial sur l'épigraphie antique de notre province. A notre connaissance, nos historiens ne l'ont pas mise non plus à contribution pour étayer leurs affirmations sur les vascons de l'époque gallo-romaine, d'où vinrent plus tard, on le sait, les Gascons. Dailleurs les monuments et les textes sur les vascons de cette époque sont très rares ; et il y a beaucoup de chances pour que l'inscription sur laquelle nous voulons appeler l'attention de ceux qui auront à s'occuper des origines et des races de notre province en soit, jusqu'à l'heure actuelle, le plus ancien document connu et certain.

Disons encore qu'on ne pourra plus affirmer, avec une rigueur absolue, que les vascons ne se laissèrent pas latiniser par les Romains. Si la majorité des membres de la peuplade (ou des peuplades) qui restaient, des anciens Ibères, qu'on croit être les vascons, sut échapper aux conquérants romains en s'abrittant et en se défendant dans les hautes vallées des Pyrénées occidentales, surtout sur leur flanc méridional, on saura désormais que quelques membres de ces tribus, assez nombreux puisque l'on put en former une cohorte, combattirent cependant sous l'égide des aigles romaines.

C'est ce que nous apprend l'inscription suivante qui se lit sur un cèppe élevé adhonores. pour un Flamine de la Province Narbonnaise, qui fut préfet de la deuxième cohorte l'Hadrienne, composée de vascons citoyens romains..


PREMIER TRIMESTRE 1929. 81

L. SAMMIO L. F. VOL

AEMILIANO EQ. PUB HABENTI ALLEC. IN V

DECURI LUPERCO FLAM PROVINCIAE NARBONEM SIS PRAEF COHORTIS II

HADRIANAE VASCONUM

CIVIUM ROMANORUM SAMMIUS MATERNUS

ALUMNUS L. SAMMI EUTYCI ARCHIEREUS SYNHODI

Voici la traduction que donnait de cette inscription Auguste Pelet dans son catalogué du musée de Nîmes, édition

DE 1854 /

" A L. Sammius AEmilianus, fils de Lucius (de la tribu) Voltinia, ayant un cheval entretenu aux frais du public, choisi dans les cinq décaries, Luperque Flamine, de la Province Narbonnaise, préfet de la deuxième cohorte, (dite) l'Hadrienne, (formée) de Gascons citoyens romains. Sammius Maternus, élève de Sammius Euthycus, prêtre du collège des comédiens et musiciens.» (1)

Nous avons dit que cette inscription figure sur un cippe ad honores ; il fut découvert, parmi les ruines et le limon de la Fontaine à Nîmes, en 1739. Il y a donc longtemps qu'il est connu. Mais les historiens, annalistes et archéologues gascons de ce temps là, Daignan du Sendat et Dom Brugèles, qui furent les plus fameux, ne le connurent pas. Les savants et les chercheurs n'avaient pas alors, comme nous maintenant, à leur disposition des sociétés et des publications, spéclaies au moyen desquelles le public intéressé était mis au courant.

(1) Auguste PELET, inspecteur des monuments historiques du Gard ; Catalogue du Musée de Nîmes. — Notice historique sur la Maison-Carrée. — Biographie de Sigalon. 5e édition, revue corrigée et augmentée, in-8 de VI-256

pages. Nîmes, imp. typogr. Baldy et Roger. 1854, — à la page 184, 11° 52.


82 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

Nous ne nous étendrons pas sur les nombreuses particularités que cette inscription peut offrir ; nous renvoyons à l'étude assez détaillée de Pelet. Notons seulement qu'il affirme que son style se rapporte bien au second siècle, mais que le monument ne saurait être antérieur à l'an 117, époque à laquelle Hadrien fut élevé à l'Empire.


PREMIER TRIMESTRE 1929. 83

CHRONIQUE.

SEANCE DU 3 JANVIER 1929.

PRESIDENCE DE M. DE SARDAC, PRESIDENT.

Sont présents à la réunion : MM. AUBAS, CADÉOT, Chanoine de CASTELBAJAC, J. LACOMME, LAHILLE, MONLAUR et DE SARDAC.

Sont admis à faire partie de la Société Archéologique

1° Madame la Marquise de GALARD DE CAPTAN, présentée par MM. Noël Cadéot et de Sardac.

2° M. PUGENS, facteur-receveur au Saint-Puy, présenté par MM. le docteur Lascourrèges et Dubourdieu.

M. DE SARDAC adresse à l'assemblée ses souhaits de bonne année et exprime le voeu que 1929 nous donne de nombreux et actifs travailleurs afin que le bulletin de la Société soit toujours plus intéressant.

M. J. BARADA communique une courte étude de M. l'abbé Tournier sur la Commanderie d'Arpentian, une des dépendances de celle de la Cavalerie. L'auteur regrette que la pauvreté des archives locales ne lui permette pas de donner des renseignements précis sur l'origine de ce vieux manoir. Il peut cependant affirmer qu'il appartint de bonne heure aux Chevaliers de Malte (1).

Arpentian était rattaché à la commune de Jegun, mais plusieurs pièces attestent qu'il supportait mal cette dépendance.

En 1786, les habitants demandent le démembrement de leur paroisse du territoire et du consulat de Jegun.

Ils l'obtiennent, mais la Révolution remet bientôt tout en question.

L'église, consacrée à Sainte-Marie, fût bâtie par les soins des Religieux Hospitaliers et il existait une dévotion en l'honneur de saint Roch. M. l'abbé Tournier donne la liste presque complète des recteurs d'Arpentian aux XVIIe 1° et XVIIIe siècles.

Un projet d'arpentage des biens des religieux permet de fixer les limites de leurs propriétés et fait connaître les noms des confrontants. Les biens de la Commanderie furent déclarés biens nationaux en 1789, et vendus à G. Desblancs, meunier à Bonas, pour la somme de 32.350 francs.

M. CADÉOT donne ensuite lecture de la 2e partie de la longue lutte entreprise par les comtes d'Albret contre la population de Fleurance aux

(1) Le très riche fonds de Molte, déposé aux archives départementales de la Haute-Garonne fournirait, nous en sommes persuadés, des renseignements très précieux.


84 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

XVIIe et XVIIIe siècles. Alain le Grand avait succédé à Charles II, son grand-père. Sa puissance et son ambition étaient plus grandes encore que celles; de son aïeul et la petite cité devra s'armer pour de nouveaux combats.

La prise et le sac de Lectoure par les troupes de Louis XI lui fournirent l'occasion de s'emparer, par ruse, de la ville de Fleurance et d'imposer son autorité. C'est en vain que les habitants indignés protestèrent contre cet abus de pouvoir. Le Parlement de Toulouse lui-même fut impuissant à faire valoir leurs droits.

Les courageux Fleurantins refusèrent de se plier aux exigences de leur maître et à trois reprises différentes en 1483; 1486, 1492, la ville de Fleurance fut assiégée, saccagée et les habitants soumis aux plus dures et au plus humiliantes conditions.

Peu à peu les colères s'apaisèrent et Alain semblait jouir tranquillement, des avantages du comté de Gaure lorsqu'il voulut, pour affirmer ses droits, demander l'entérinement du traité de Vienne contre lequel les Fleurantins avaient toujours protesté. Les Pariements de Paris et de Toulouse refusèrent de faire droit à ses prétentions. Malgré les promesses, les tentatives d'accommodement, le comté fut séquestré provisoirement au profit de la couronne et malgré les protestations et les menaces d'Alain, les officiers du roi en prirent possession. Le comté fut définitivement rattaché au domaine royal à l'avènement d'Henri IV.

Ainsi, après un siècle de résistance, les Fleurantins recueillaient le fruit de; leur courageuse opiniâtreté.

SEANCE DU 7 FEVRIER 1929.

PRESIDENCE DE M. DE SARDAC, PRESIDENT.

Assistent à la séance : MM. AUBAS, BRÉGAIL, le Chanoine DE CASTELBAJAC;

CASTELBAJAC; LACOMME; LAHILLE, MONLAUR; NASSANS et DE SARDAC.

M. Henri LACOMME, mécanicien à Lectoure, présenté par. MM. de Sardac et Lagarde, est admis à faire partie de la Société Archéologique.

On procède ensuite à la constitution du Bureau pour l'année 1929. Sont nommés :

Président : M. DE SARDAC;

Vice-présidents : MM. BRÉGAIL, l'abbé DAUGÉ et MONLAUR ; Secrétaire-archiviste : M. E. AUBAS; Secrétaire : M. HUGON ;

Trésorier : M. LAHILLE.

M. le Président communique à l'assemblée la lettre qu'il a reçue de M. l'abbé; Arrivets, 21, rue du Tapis-Vert, à Auch. Celui-ci dispose d'une


PREMIER TRIMESTRE 1929.

85

collection complète des Soirées archéologiques et du Bulletin de la Société (de 1892 à 1925) dont il désire se défaire.

M. Lahilie, trésorier, expose la situation financière de l'exercice 1928 résumée dans le' tableau ci-dessous.

I. RECETTES

Restant en caisse au 31 décembre 1927 ... 142 fr. 38

de 1927 recouvrées en 1928 156 fr.

Cotisations . . 5840 fr.

de 1928. 5684 fr.

Vente d'ouvrages et bulletins 1272 fr. 50

Subvention du Conseil général ... 1000 fr.

Don de M. Branet, ancien conseiller d'Etat 200 fr.

Compte courant Chèques postaux 133 fr. 45

Arrérages de rentes 215 fr.

Total des Recettes 8803 fr, 33

II. DEPENSES

Impression du Bulletin .... . 5.049 fr. 70

Frais d'envoi du Bulletin 157 fr. 75

Frais de recouvrement et de correspondance .... 272 fr. 15

Frais divers : chauffage, éclairage, balayage, etc 187 fr. 28

Aménagement et réparations du nouveau local 750 fr.

Plaque de marbre. Commémoration du bienfaiteur M. Branet 371 fr. 30

Reliure de 4 volumes du Bulletin 56 fr.

Achat d'un tapis de table 70 fr. 50

Abonnement au Bulletin de l'Union du Sud-Ouest ....... .30 fr. 40

Total des dépenses 6.954 fr. 08

Excédent des Recettes : 8.803, 33—6.954,08 = 1.849 fr. 25

AVOIR AU 1er JANVIER 1929

3 Obligations et 4 bons du Crédit National .... .... 3.500 fr.

Fonds à la Caisse d'Epargne ...... 76 fr. 67

Dépôt chèques-postaux .......... 150 fr. 35

Caisse ............. .. 1.849 fr. 25

Total des fonds libres ...... .. . 2.076 fr. 07 2.076 fr, 07

Avoir total 5.576 fr. 07

M. le Président donne lecture des chroniques de M. le chanoine TALLEZ qui a bien voulu parcourir les bulletins des Sociétés avec lesquelles nous faisons des échanges et mettre en relief celles qui sont susceptibles d'intéresser les nombreux membres de la Société archéologique.

En classant de vieux papiers, M. Jean BARADA a découvert une lettre que Mademoiselle Judith de Morlan adressait, en 1788, à son père, commis de la Recette des Finances de la Généralité d'Auch, en villégiature, en ce


86 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS.

moment, dans son domaine au Saint-Puy et dans laquelle elle décrit une soirée dansante chez la comtesse de Clermont-Tonnerre à Auch. Les notes dont M. Barada accompagne sa communication, ne manquent pas d'intérêt.

M. BRÉGAIL fait ensuite une analyse très substantielle de l'Assemblée Provinciale de 1787 dans la généralité d'Auch. Il en étudie la composition, l'organisation, le fonctionnement, les travaux et donne les noms des principaux représentants de chacun des trois ordres.

L'assemblée ne tint que deux sessions : la première du 25 au 28 août; la deuxième du 19 novembre au 18 décembre. Elle se divisa en un grand nombre de commissions et fit une étude très sérieuse de chacun des rapports. Les ordres privilégiés ne firent guère preuve de sentiments généreux envers le tiers état.

Les délibérations eurent lieu au milieu de l'hostilité des uns et de l'indifférence des autres.

Plusieurs membres du Bureau de la Société archéologique se sont émus des nombreuses plaintes provoquées par le retard apporté dans la publication du Bulletin. L'assemblée regrette cette irrégularité, jet à l'unanimité, décide qu'à l'avenir le bulletin devra paraître à la fin de chaque trimestre.

SEANCE DU 4 MARS 1929.

PRESIDENCE DE M. DE SARDAC, PRESIDENT.

Sont présents : MM. AUBAS, BRÉGAIL, CASTAIGNON, HUGON, LACOMME, LAHILLE, NASSANS et DE SARDAC.

Sont admis à faire partie de la Société :

M. Alcide TASTE, clerc d'avoué à Mirande, présenté par MM. Castaignon et Lahille;

M. Paul PANNISSOD, château de Malausanné à Condom, présenté par MM. l'abbé Daugé et Deley;

M. Jean TASTE, chef de musique à Mirande, présenté par MM. Brégail et Thore.

M. DE SARDAC présente à l'Assemblée quelques ouvrages reçus depuis la dernière réunion :

1° La Légende des Francs-Tireurs de Dinant, par MM. Dom NORBERT, NIEUWLAND et Maurice TSCHOFFEN;

2° Coundes causits, par M. A. CATOR;

3° Floc de Gasconha, par M. Arthur CAMBOS;

4° Sonnets, sonnettes et grelots, par M. de MEUSSAC.


PREMIER TRIMESTRE 1929. 87

Il remercie les auteurs de ces intéressantes publications dont il sera donné une courte analyse dans la prochaine réunion.

M. BRÉGAIL donne lecture de la suite de son étude : La Révolution dans le département du Gers. Il expose l'enthousiasme suscité dans toutes les classes de la. société par la convocation des Etats Généraux de 1789. Un espoir immense envahit tous les coeurs et les remplit d'allégresse. Des réunions préparatoires se tiennent un peu partout, et à Auch particulièrement, pour exprimer des voeux, formuler des adresses aux Pouvoirs Publics. Des brochures, publiées par M. Destieux, avocat, et le baron de Luppé-Taybosc, laissent pressentir les dissentiments qui se manifesteront plus tard au sein des Etats.

M. Brégail donne des précisions et des renseignements intéressants sur le mode de vote dans les sénéchaussées d'Auch, de Lectoure et de Condom, sur le conflit qui éclate entre le marquis d'Angosse, grand sénéchal, gouverneur d'Armagnac et M. Seissan de Marignan, lieutenant-général juge mage de la sénéchaussée d'Auch, sur les scrutins qui désignèrent les députes aux Etats Généraux et résume, en un tableau précis, les voeux et les doléances présentés dans les cahiers de paroisse et les cahiers de sénéchaussée.

M. le Président fait remarquer que la réunion d'avril coïncide, cette année avec les vacances de Pâques et que, conformément aux statuts de la Société, elle doit être reportée au mois suivant.

La prochaine séance aura donc lieu le jeudi 2 mai.

Le Gérant : COCHARAUX.



SOCIETE D'HISTOIRE ET D'ARCHELOGIE DU GERS

La SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DU GERS, fondée en 1891, reconnue par arrêté du 29 mai 1894, a pour but l'étude des monuments, de l'art et de l'histoire dans l'ancienne province de Gascogne et plus particulièrement dans les pays qui ont formé le département du Gers. Elle se propose de publier des ouvrages ou documents originaux relatifs à cette histoire.

Les demandes d'admission sont adressées au PRÉSIDENT, et, après l'avis conforme du Bureau, elles sont présentées par lui à la séance ordinaire suivante.

Le montant de la cotisation est fixé à la somme de DOUZE francs.

Pour l'étranger, frais de poste en sus, soit 4 francs.

Adresser tout ce qui regarde la rédaction et l'envoi du Bulletin, les réclamations relatives à l'omission ou au retard des livraisons à M. AURAS, secrétaire-archiviste de la Société Archéologique, 8, rue Voltaire, à Auch.

Tout ce qui regarde l''administration (paiements, demandes d'anciennes livraisons, etc.), doit être adressé à M. LAHILLE, trésorier, 1, place Puits-deMothe, Auch.

Pour les tirages à part des communications, s'adresser à M. COCHARAUX, imprimeur, rue de Lorraine, Auch.

Il sera rendu compte, sauf les convenances, de tout ouvrage dont il aura été envoyé un exemplaire.

Chèques postaux C/C 4975

Les membres de la Société Archéologique ont tout intérêt et sont priés d'adresser le montant de leur cotisation au trésorier en se servant du chèque postal.

Modèle d'adresse : TOULOUSE C/C 4975.

M. LAHILLE, Trésorier de la Société Archéologique du Gers, 1, place Puits-de-Mothe, à Auch. Le coût du mandat est de ,0 fr. 25, quelle que soit la somme envoyée. Les bureaux de poste et facteurs-receveurs leur délivreront gratuitement les formules de mandats-cartes spéciales au service des chèques postaux. Il suffira d'y inscrire le montant de la somme envoyée avec le numéro et l'adresse ci-dessus.

AUCH. — IMPRIMERIE COCHARAUX, RUE DE LORRAINE.