ANNALES
DE LA
SI)I:II;ÏÏ; nmm
SCIENCES
ARTS ET BELLES-LETTRES
Dit ùfpartrmem 6'3it>t(-ct=C«itt
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. L'ABBÉ A.-H. JUTEAH
Aumônier du Lycée, Officier d'Académie
Secrétaire-Perpétuel Rédacteur
CENT Vlit'ClT-TROMlÈHE AMIBE
TOME LXIII
NM. — JANVIER 1884
TOURS
IMPBIMEBIE EOUILLK-LADEVÈZE, HUE CHAUDE, 6. 1884
AVIS
Les Annales de la Société d'Agriculture d'Indre-etLoire paraissent par bulletins à la fin de chaque mois, sauf pendant les mois de septembre et d'octobre.
Toutes les communications relatives aux Annales doivent être adressées franco, à M. l'abbé À.-H. Juteau, aumônier du Lycée, à Tours, rue de la Préfecture.
En insérant dans ses Annales les mémoires de ses membres, la Société les considère comme propres à leurs auteurs, et n'entend leur donner ni approbation ni improbation.
JOURS DES REUNIONS
Séance générale, deuxième samedi de chaque mois, à une heure, à la Préfecture.
Section d'Agriculture, dernier samedi de chaque mois, à une heure.
Section des Sciences, Arts et Belles-Lettres, premier mercredi de chaque mois, à deux heures.
TIRAGES A PART.
D après le traité signé avec M. Rouillé-Laderèze, les membres delà Société auront le droit de faire effectuer dis tirages à part de leur Mémoires aux conditions suivantes :
La feuille de 16 pages, le cent. . , 6 fie
La feuille de 16 pages, les deux cents 16 »
Une demi-feuille isolée, le cent . . 4 »
ANNALES
DE LA
SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE
SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTUES
Du département d'Indre-et-Loire
1884
ANNALES
DE LA
SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE
SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES
DU DÉPARTEMENT D'iNDRE-ET-LOIRB
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. L'ABBÉ A.-H. JUTEÀU,
Aumônier du Lycée de Tours, Officier d'Académie, Secrétaire-perpétuel Rédacteur
DEUXIÈME SÉRIE
CENT VINGT-DEUXIÈME ANNÉE
TOME LXIX •— ANNÉE 1884
TOURS IMPRIMERIE RODILLÉ-LADEVÈZE, RUE CHAUDE
1884
TABLEAU DES MEMBRES
DK
SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES
du département d'Indre-et-Loiie,
AU 1" JANVIER 1 884
La Société a été reconnue comme Établissement d'utilité publique par déeret du 1" décembre 1855.)
Bureau*
MM.
HOUSSARD(^), président.
DUCLAUD, ) . , . , ,
BLANCHARD(*0.+),r^"PreS^M^
A.-H. JUTEAU (l'abbé) («», secrétaire-perpétuel rédacteur,
PIC-PABIS, trésorier.
CHATJVIGNB, A., fils, secrétaire-adjoint.
Membres honoraires.
MM.
Mgr l'Archevêque de Tours.
Le Préfet d'Indre-et-Loire.
PODEVIN (G. $fc), ancien Préfet d'Indre-et-Loire.
DECRAIS (^), ancien préfet d'Indre-et-Loire.
FERRAND, ancien préfet d'Indre-et-Loire
PASQUIER (Anatole), docteur-médecin, à Sainte-Anne, près Tours.
CHEVALIER (Mgr), {$£) (pO.), clerc national, Camérier de S. S. Léon XIII, Secrétaire perpétuel honoraire de la Société d'Agriculture, associé d'honneur de l'AcadémiePontificale d'Archéologie, Président honoraire de la Société archéologique de Touraine, membre de l'Académie des Arcades de Rome et de l'Académie royale de Palerme, lauréat Je l'Institut, à Tours, rue NicolasSimon, 30, et à Rome, Via dell'Arancio, 57.
FERRÉ (Armand), trésorier honoraire de la Société d'agriculture, rue de Rome, Paris.
BRAME, docteur-médecin, à Tours.
— 6 —
IHembres titulaires.
MM.
ABRAHAM, régisseur de la terre du Mortier, à Monnaie. ARCHAMBAULT, médecin-vétérinaire, à Tours, rue des Fossés-SaintGeorges, 12. ARRAULT-BAHANGER, banquier à Sle-Maure. AUBIGNT (Victor d'), propriétaire, à Neuvy-le-Roi.
AUVRAT (Louis), propriétaire, à Tours, rqe.de l'Archevêché, '15.
AVRIL-TCRQUAND, propriétaire-agriculteur, à Preuilly.
BARANGER, médecin-vétérinaire rue Chanoineau, 1, à Tours; place d'Aumont, 1, à Poitiers.
BARANGRR, ancten notaire, à Poitiers.
BARAT-PALLD, ancien manufacturier, à Tours, rue Racine, 10.
BARATTE, propriétaire à St-Roch.
BARNSBÏ, directeur du Jardin botanique à l'Hospice.
BARRET, propriétaire à Sle-Radégonde.
BEAUBÉ, propriétaire à la Borde, à Joué-lès-Tours, et .7, rue Penthièvre, Paris.
BEAUTÉ, ancien négociante Tours, rue du Général-Jameron, S.
BKLLIN , instituteur retraité à Joué-lès-Tours.
BENIER-VALIN, propriétaire à Loches.
BLANCHARD (^ 0 f), directeur de la Colonie de Mettray.
BLANCHARD (Victor), banquier à Tours, place aux Fruit?, 7.
BLIN-TDELAVENTE, propriétaire à Ipgrandes-sur-Loire.
BODIN, p, docteur-médecin à Tours, place de l'Archevêché, 2.
BOILAIVE-NAU,,propriétaire à Monllouis-sur-Loire.
BONNET, instituteur àBeaumont-la-Ronce.
BORGNET (%), ancien proviseur à Tours, .boulevard Heurteloup, 30.
BOULÂT DE LA MEURTHE propriétaire à Loches, et, rue de l'Université, 23, Paris.
MM.
BOUQUAIBK-DDBOIS, prop. à l'Ile-Bouchard.
BOUSEREZ (Paul), imprimeur à Tours, rue de Lncé, 5.
BOYER, ingénieur civil, place d'Aumont, 15, Tours.
BRANGER, fabricant de harnais viticoles, à Loches.
BRETAGNE, avenue Bosquet, 26, Paris.
BRETON-DOBREUIL $£), propriétaire au Grand-Pressigny.
BRETON fils, propriétaire au Grand-Pressigny.
BRETTE, curé de Luynes.
BRIANT, propriétaire au Petit-Bois, par Vouvray, et 66, rue Boisdenier, Tours.
BUDAN DE RUSSE, boulevard Réranger, 50, à Tours.
BUQUET (Aug.), à Fontenay, par Bléré.
CARRÉ, docteur en droit, avocat à Tours, boulevard Béranger.
CHABROL (vicomte de), propriétaire au château de Saint-Patrice, rue de Lille, 81, Paris.
CHALANQUI-BEURET, propriétaire à Biard-la-Chapelle, par Céré.
CHAMPION, notaire à Tours, rue de l'Archevêché, 24.
CHARCELLAY ($fc), docteur-médecin, professeur à l'Ecole de médecine, à Tours.
CHARPENTIER (Gustave), propriétaire à Tours, rue de la Grandiére.
CHAUVET (Fernand), docteur-médecin, à Tours, rue Balzac, 14.
CHAUVIGNÉ, céramiste, rue de la Fauvette, 4, à Tours.
CHAUVIGNÉ (A.) fils, rue de la Fauvette, 4, à Tours.
CHEVREAU (l'abbé), curé à Sl-Symphorien, Tours.
CHEVREL, chef de l'Institution Charlemagne, a Tours, rue Rapin, 6.
CHOLLET-CHAMPION, mécanicien à Bléré.
COGNARD (Paul), boulevard Béranger, 68, à Tours.
COLLINET, propriétaire, au château de Chesnaie, Athée.
CORBIE (de), propriétaire à Belébat, Mettray.
CORNELY VAN HEEMSTIU, prop au château de Beaujardin, a Tours.
COTTIN, propriétaire à Véretz.
COYTEUX, propriétaire à Bourgueil.
CUVIER, propriétaire à Neuillé-Pont-Pierre.
DALMAGNE, avocat à Tours, 2, boulevard Heurleloup.
DELAROCHE (Jules), ancien agréé à Tours, rue St-Êtienne, &2 .
DELAVILLE-LEROULX (Alfred), au château de laGuéritaude (Veigné),
DELAVILLE-LEROULX (Paul), propriétaire à Monts.
— 8 — MM.
DELAVILLE-LEROULX (Joseph), château de la Roche, Monts. DBNIAU, docteur-médecin à Tours, r. de la Doive, 44. DENIS-COUSIN, propriétaire à Chisseaux, par Chenonceaux. DEROUET (i^), juge au tribunal civil, à Tours, rue des Cordeliers, 16.
DESACHÉ-BLIN, négociant, boulevard Preuilly, Tours.
DESIEUX-VÉDIE; rue du Rempart, 30, à Tours.
DRAKE DEL CASTILLO (Georges), propriétaire, au château de Véretz.
DRAKE DEL CASTILLO, (Jacques), prop. à Monts.
DUCLAUD, propriétaire, à la Membrolle.
DUGUÉ, professeur d'agriculture d'Indre-et-Loire, 36 bis, rue de la Pépinière.
DUPUY (Georges), propriétaire à St-Aignan (Loir-et-Cher).
DUVAL ($<), ingénieur civil, propriétaire à Marolles, Genillé.
FA.YOLLE (le marquis de), propriétaire à Langeais.
FÉRON, Alexis, propriétaire, à Vernou.
FLAVIGNY (comte Emmanuel de), (^), au Mortier, Monnaie.
FONTENAILLES (de), 7, rue Chanoineau, Tours.
FOUASSIER (Marcelin), propriétaire à Louans.
FRÉMEUR (marquis de), propriétaire à Pierrefitte, Auzouer.
FUSIBIEN, ancien négociant, à Groison, Saint-Symphorien.
GALLARD DB CORDOSE, fils, architecte à Amboise.
GASNAULT, régisseur de la terre de Luynes.
GATIEN (Edouard), tanneur à Châteaurenault.
GAZEAU, avocat, rue Sébastopol, 5, à Tours.
GILBERT, négociant à Tours, avenue de Grandmont.
GOBERT, propriétaire, à Chemillé-sur-Dême.
GOOSSENS, propriétaire à la Poste, à Sorigny.
GOUIN (Eugène), (0. ^), banquier à Tours, rue du Commerce, 36.
GOUP«L DE BOUILLE, propriétaire à Bourgueil.
GOURJAULT (le Clcde), au cbâteau de St-Ouen, par Pocé.
GONDARD (Félix), régisseur au château de Monpoupon, à Géré.
GROSSET, propriétaire à Ligré.
GUÉRAULT-CROZAT (2$), docteur-médecin, à Tours, rue de l'Archevêché.
GUÉBIN DE SOSSIONDO, propriétaire à Tours, boul. Heurteloup, 9, et au château de Fonfrède, par Roullet (Charente).
GUILLON, propriétaire à Château-la-Vallière.
— 9 _ MM.
GUIMAS, chef des cultures de la Colonie de Mettray.
GUINOT, propriétaire à Amboise.
HKLLE, docteur-médecin, à Amboise.
HomsARD père $£), rue de la Grandière, à Tours.
HOUSSARD (Georges), au château de la Motte, à Sonzay.
HUBERT-HUBERT, propriétaire à Benais.
JAHAN DE L'ÉTANG, propriétaire à Orbigny.
JARBY, notaire à Richelieu.
JOUBERT (Léon) fils, propriétaire à Chinon.
JULIENNE, propriétaire à la Chapelle-Blanche, par Ligueii.
JUTEAU (l'abbé, (p), Président honoraire de la Société archéologique, aumônier du Lycée de Tours.
LA PERCHE, propriétaire, à la Grande-Carrée, près Tcurs.
LATOUR, propriétaire à Châteaurenault.
LAVIGNE, avocat, propriétaire à Tours, rue Groison.
LEBLANC, propriétaire au château des Brosses, à Mettray, et i Tours, 9, r. Sébastopol.
LECOINTRB (Adrien), propr. au château de Grammont, St-Avertin.
LEFEBVRB, propriétaire au château de Vernou.
LEMAITRE-PAYS, propriétaire à Bléré.
LEMAITRK Georges, propriétaire au Tremblay, St-Roch.
LBMAIRK, rue de la Préfecture, 16, Tours.
LASNE, propriétaire, à Fondettes.
LIÉBERT DE NITRAY (le baron), propriétaire, à Tours, place de l'Archevêché, 15, et à Athée.
LOISEAU, propriétaire-agriculteur à Langeais.
LOYSEL, propriétaire au Vivier des Landes, à Courcelles, et 32, avenue Raphaël, Paris-Passy.
MABILLE aîné, ($fc) constructeur-mécanicien, à Amboise.
MABILLE jeune, constructeur-mécanicien, à Amboise.
MARCHAND (ifë), ingénieur, propriétaire â Fondettes.
MARCHAND, propriétaire, rue de l'Archevêché, 9, Tours.
MARTEL (de), propriétaire à Cerelles, parRouzicrs.
MARTIN-TIFFENEAU, propriétaire, à Sainte-Maure.
MAUBERT, propriétaire, à Sonzay.
MAUPAS (vicomte de), propriétaire à la Guériniêre, par Autrèche.
MAURICE DU PLESSIS, propriétaire à Saint-Antoine-du-Rocher, par Mettray.
— 10 — MM.
MÉDINE (comte de), propriétaire à Vouvray-sur-Loire.
MEIGNAN (Jacques), au château de Jallange, à Vernou.
MEIONAN (Victor), au château de Jallange, à Vernou.
MENEU , négociant, à Tours, rue Ste Marthe.
MENOU (marquis Léon de), propriétaire, à Boussay, près Preuilly.
MOREAU-CHAUMIER, fabr. de machines agricoles, rue des Sàblesd'Olonne,
Sàblesd'Olonne, MOBIN, notaire à Tours, propriétaire au château de Larçay,
rue du Cygne, 16. MOBLAIS, propriétaire à Morand, par AutrèoheMOURRUAU-RANCHÉ, propriétaire, à Ste-Maure. MULLER, avocat, propriétaire au château de Reignae. NAU(^), propriétaire, à Neuvy-Roi. NAU-DOUZILLÉ, propriétaire à Montlouis-sur-Loire. NOUVEAU-MERCIER, propriétaire, à Mosnes. ORFILA (le Dr), propr. au château de Chemilly, par Langeais. OUDIN, propriétaire-viticulteur à Truyes. OUTREMONT (comte d') (2^), propriétaire à la Ribellerie, à Mettray,
et rue du Cygne, Tours. PAIMPARÉ (Henri) fils, propriétaire à St-Cvr-sur-Loire. PALUSTRE, propriétaire à Saiut-Symphorien-extrà. PERRAULT, propriétaire, à Sl-Martin-le Beau. PERDRIAU fils, négociant en vins, rue Bonaparte, 24, à Tours. PESSON (^ 0.), propriétaire à Châteaurenault. PIC-PARIS (Jules), propriétaire à Pocé. PIERRES (baron de), propriétaire, à Anché. PILLET-MEAUZÉ, propriétaire à Tours, rue Si-Etienne, 26. PINPIN, propr., à Tours, 28, rue du Général-Jameron. PLOUCHARD, vétérinaire, rue Claude, à Tours. POIRIER-BONNET, propriétaire, à Fondettes. POTHIER DE LA BERTHELIÈRE, notaire à Paris, faubourg SamlHonoré,
SamlHonoré, PRINCE (Eug.), propriétaire à la Philbardière, Restigné. RABAULT, propriétaire-agriculteur à Preuilly. RÉMY, agriculteur, à la Brouardière, Chemillé-sur-Indrois. RENAULT, propriétaire, àiMontbazon. REI«OU (Alexandre), propriétaire à Perrusson, par Loches. RENOU (Alfred), propriétaire à Perrusson, par Loches.
— \\ —
MM.
ROBIN DE JUIGNY, propriétaire, à Braye, par Richelieu. ROOTLLB-LADEVÈZB, imprimeur à Tours, rue Chaude, 45. ROULLIET, au Petit-Bois, à Saint-Avertin, et rue Taitbout, 49,
Pans. ROUVRAY (général de) (2&0.), propriétaire à Chambon. RUE DU CAN (de la), propriétaire, à Sonzay. SAINT-BRIS (Gaston), propriétaire à Amboise. SALMON DE MAISON-ROUGE, propriétaire, à Tours, rue du Commerce, 32. SARCÉ (Hippolyte de), propriétaire, à Notre-Dame-d'Oé. SAUSSAY (Raoul du), propriétaire à Tours, boulevard Béranger, 37 SAZILLY (Charles de), propriétaire, à Thorigny, près Montbazon. SCHNEIDEB, propriétaire au château de Chanceaux, près Loches. SEHEULT (Constantin), rue de la Grandière, 11, à Tours. SMITH, propriétaire à Sl-Jean-St-Germain, par Loches. SOLOMAN (Eugène), Dr en droit, avoué, à Tours, rue de la Guerche,
Guerche, SUDRE (Cte), propriétaire à la Roche-Colard, Langeais. TASTES (de) (2& Q), professeur agrégé de physique et de chimie
au Lycée de Tours, rue d'Entraigues, 12. TORTERUE (ifë), vice-président du tribunal civil en retraite, à Tours.
rue de la Grandière, 1. TRÉFOUX-MARTEAU, propriétaire à Chisseaux. TREMBLAY, mécanicien, avenue de Grammont, Tours. TURGAN (^ 0.), ancien directeur du Moniteur, membre du
Comité des travaux historiques, propriétaire aux Roches, par
Saint-Epain. VACHER (Jules i^), propriétaire à Chemillé-sur-Dême. VALLÉE, curé de Monts.
VALLÉE (A.), ingénieur agricole à Tours, rue d'Entraigues,3 bis. VASLIN , notaire honoraire, à La Croix, Bléré. VBNAULT PHILADELPHE (L.), propriétaire à Ste-Maure. " VEBGÉ (Charles), maître des requêtes au Conseil d'État, faubourg
St-Honoré, 11, Paris.
— 12 - MM.
VIDELOUP, propriétaire à Rouziers. VIOT (Louis), propriétaire à Tours, rue Traversiére. VOIRY-MABDELLE, ancien négociant, à Tours, r. Jehan-Fouquet, 24. WILSON, propriétaire, au château de Chenonceau et à Paris, rue de l'Université, 17.
Total : 189 MEMBRES.
13 —
TABLEAU DES MEMBRES PAR CANTONS.
ARRONDISSEMENT DE TOURS.
Amboise. — MM. Gallard, de Gourjault, Guinot, Helle, Mabille frères, Nouveau-Mercier, Pic-Pâns, Perrault, Saint-Bris.
Bléré. — MM. Buquet, Chalanqui-Beuret, Chollet-Champion, Collinet, Denis-Cousin, Lemaître-Pays, Liébert, Gondard, Tréfoux, Vaslin, Wilson,
Châteaurenault. — MM. de Frémeur, Gatien, Latour, de Maupas, Morlais, Pesson.
Cliâteau-la-Valllere.— MM. de Fontenailles, Guillon, Loysel.
Montbazon. — MM. Charpentier, Delaville-Leroulx (Joseph), Delaville-Leroulx (Alfred et Paul), Drake del Castillo (Jacques), Goossens, Oudin, Renault, de Sazilly, Vallée, l'abbé Vallée, Vergé fils.
Ïïeuillé-Pont-Plerre. — 3IM. Bonnet, Cuvier, Houssard père et fils, Lemaître, Maubert, Maurice, G. de Martel, de la Rue du Can, Videloup.
JVeuvy-le-Roi. — MM. d'Aubiguy, Gobert, Nau, de Sarcé, Vacher.
Tours. — MM. Archambault, Auvray, Barat-Pallu, Beauté, Blanchard, Bodin, Borgnet, Boucher, Bouserez, Boyer, Brame, Bretagne, Carré, Champion, Charcellay, Charpentier (G.), Chauvet, Chauvigné, Chauvigné fils, Chevreau, Chevrel, Cognard, Cornely, Dalmagne, Delaroche (Jules), Deniau,Derouet (Jules), Desaché, Blin, Desjeux, Fusibien, Gilbert, Goùin (Eugène), Guérault-Crozat, Guérin de Sossiondo,
'" Juteau, Lavigne, Lemaire, Marchand, Meneu, Moreau-Cbaumier, Perdriau, Pillet-Meauzé,Pinpin, Rouillé-Ladevèze, Salmon de Maison-Rouge, du Saussay, Soloman, de Tastes, Viot, Voiry-Mardelle,
— 14 —
Tours-nord. — MM. Bârângëf, Baratte, Barret, Blanchard, Brette, de Corbie, Duclaud, Gasnault, Guimas, La Perche, Leblanc, Lesne, Marchand, d'Oiilremont, Paimparé, Pageau, Palustre, Poirier.
Tours-tin*. — MM. Beaubé, Beauté, fielliri, Boilâive-Nau, Coltin, Drake de Castillo, Lecoiniro, Morin, Nau-Douzillé, Rouillet,
Vouvrar. — MM* Abraham, Britfnd, Péron, de Flavigny (comte), Lefèvre, de Médine, Meignan père et fils, de Sarcé.
ARRONDISSEMENT DE LOCHES.
lia nëtfë. ^ MM: Henry, ïiiguêïi M.
Tioclies. — MM. Benier-Valin, Boulay de la Meurlhe, Branger, ttiigtiè, Mullër, Polluer de la Bertheliêre, Renou, Schneider, Smith.
MWhtrésttr. — MM. Duval, Dupuy, Jahatt de l'Étang, Rémy.
Crand-Presslgny. — MM. Breton-Dubreuil, Breton, fils.
Preùtliy: — MM. Avfil-Turqùànd, de MeiïOu, Râbaulf, dé RoUvray.
ARRONDISSEMENT DE GHINON.
Azay-le-Rideau. — M. Torterue.
Bourguell. — MM. Coytoux, Goupil de Bouille, HubertHubert, Orye.
.Dlilnon. — MM. Grosset, Joubert, de Pierres.
I/Ile-Boiieliard. —MM.de Quinemonl.
Langeais. — MM. Ëlin-Delavenle, Budan de Russe, de Chabrol, de Fayolle, L Loiseau, Orfila, Sudre.
Sainte-Maure. — MM. Arrault-Baranger, Martin-Tiffeneau, Mourruâu-Rànché, Tufgan, Venault.
Richelieu. — MM. Ferré (A.), Jarry, Robin de Jdigny.
15 —
Membres correspondants de la Soolété.
MM. les Correspondants qui changent de résidence son
instamment priés d'en informer le Secrétaire perpétuel
de la Société.
MM,
BONCKNNB, juge, à Fontenay-le-Comte.
DALMON, au château de Coubert (Seine-et-Marne).
THIELBNS (Armand), à Tirlemont (Belgique).
VASSILLIÈRE, inspecteur d'AgricuItureàFontenay-aux-Roses, (Seine).
LOSSON (Edouard), chimiste, à Paris, 42, rue Vivienne.
— 17 —
EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX
Séance du 8 décembre 1883 PRÉSIDENCE DE M. HOUSSARD, PRÉSIDENT
La séance est ouverte à une heure.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Lettre de M. de Dampierre, président des agriculteurs de France, demandant à la Société d'agriculture de vouloir bien choisir deux de ses membres qui seront invités à assister à la réunion du mercredi 16 janvier pour présenter et discuter l'adoption des voeux à introduire daas la discussion de la séance générale.
M. Blanchard et M. Vallée sont désignés pour cette délégation.
M. le Président fait connaître qu'on l'a prié de désigner un représentant de la Société pour assister à des expériences ayant pour but de démontrer d'une façon pratique qu'on peut arriver à solidifier l'oxigène et l'azote à bon marché ; M. Dugué, professeur d'agriculture, veut bien accepter cette délégation.
M. Aug. Chauvigné fils donne lecture du procès-verbal de la section des sciences.
La parole est à M. Pic-Pâris, secrétaire de la Société, pour communiquer le projet de budget de l'année 1884 ; après la lecture de cette pièce, la Société est appelée à se prononcer ; [e budget de 1884 est adopté à l'unanimité.
M. Duclaud, vice-président, demande que le recouvrement des cotisations des membres qui habitent la campagne se fasse aux frais de la Société ; cette augmentation, pour minime qu'elle soit, pourrait créer de petites difficultés qu'il est bon d'éviter. La Société se range bien volontiers à cet avis. Sur la demande du Secrétaire perpétuel, on décide que pour diminuer le chiffre de ces frais, qui désormais incomberait à la Société, une note soit insérée tous Its ans dans la convocation de février invitant les membres qui seront en mesure de le faire facilement de vouloir bien acquitter directement leur cotisation. Cttte proposition est adoptée.
Le Secrétaire perpétuel communique ensuite le programme de la séance académique, fixée au samedi 22 décembre.
1884
— 18 -
SÉANCE PUBLIQUE ACADÉMIQUE
Le samedi 22 décembre 1883, à 8 heures du soir
Grande salle des Fêtes de l'Hôtel de Ville
PROGRAMME
PREMIÈRE PARTIE
1» Discours du Président, M. HOUSSARD. 2° Rapport annuel sur les travaux de la Société, par le Secrétaire perpétuel M. A.-H. JUTEAU. 3" Essai sur l'Électricité atmosphérique, par M. DE TASTES.
DEUXIEME PARTIE
1* Exposé de la Situation phylloxèrique du département d'Indre-et-Loire et des moyens pratiques de combattre l'insecte, d'entraver la marche de l'invasion et de reconstituer les vignobles détruits, par M. DUGUÉ, professeur d'agriculture du département.
2* Marguerite ! sonnet par M. CLÉMENT, lauréat de la Société.
3* Rapport sur le Concours départemental de viticulture pratique, par M. AUG. VALLÉE.
Distribution dos prix.
Le programme de la séance académique est adopté.
M. le Président annonce que la Société chorale et philarmonique veut bien prêter à la solennité de cette séance publique son bienveillant concours. La commission d'organisation est chargée de s'entendre M. Monmignon, président de cette Société.
Dans la séance précédente la Société a entendu et adopté les conclusions des commissions du concours départemental ; le tiavail du concours est aujourd'hui complété ; M. Duclaud fait connaître le lauréat du concours agronomique et l'avis motivé de la commission ; M. de Taste présente le nom des lauréats de la météorologie ; le Secrétaire perpétuel rend compte de la décision prise par la commisston du concours poétique.
La Commission du concours artistique n'a pas encore, vu l'importance des travaux qui lui sont confiés, achevé son travail : il est décidé qu'une séance extraordinaire aura lieu le 15 décembre pour entendre ses propositions. Les plis cachetés, contenant les noms des auteurs, sont alors ouverts publiquement et le nom de lauréats proclamés.
Le Secrétaire perpétuel donne aussitôt lecture du palmarès soumis au vote de la Société, réservant pour la séance extraordinaire la résolution à prendre pour le concours artistique.
— 19 —
PALMARÈS
CONCOURS DÉPARTEMENTAL D'AGRICULTURE
Viticulture pratique
Prix : Objet d'art à M. Alexandre Renou, propriétaire à Perrusson, par Loches.
CONCOURS
Agronomique, scientifique et littéraire
Agronomie : Médaille de vermeil (Rappel de médaille d'or) à M. Julienne, à la Chapelle-Blanche, par Ligeuil.
Poésie: Médaille do vermeil à M. Aug. Clément, employé au bureau de M. le chef de gare de Tours.
Météorologie
1° Udométre à M. Bardet, instituteur à Villedomer ;
2° Un Baromètre anéroïde à M. Parfait, instituteur à Crotelles.
M. le Président sait qu'on se préoccupe de bâtir une salle à affecter aux réunions des sociétés savantes : il se demande s'il ne conviendrait pas de saisir l'occasion pour essayer de loger la Société d'agriculture chez elle ; elle manque d'espace pour ses collections et ses archives ; une installation générale des Sociétés savantes lui offrirait peut-être le moyen de s'installer plus commodément et dans des conditions modérées, sans dépense considérable. Cette question sera étudiée avant la prochaine séance et des renseignements précis seront donnés à la Société.
Rien n'étant plus à l'ordre du jour, la séance est levée à trois heures.
A.-H. JUTEAU, Secrétaire perpétuel.
Séance extraordinaire du 15 décembre 1883.
PRÉSIDENCE DE M. DUCLAUD, VICE-PRESIDENT
La séance est ouverte à une heure et demie.
La séance a été indiquée pour entendre la conclusion de la commission du concours artistique ; M. le Secrétaire perpétuel rend compte des opérations et des conclusions adoptées ; deux mémoires ont été présentés : le premier portant cette devise : En travaillant, mourant; le second : « L'homme passe, mais sa renommée survit. »
— 20 —
Le premier mémoire a réuni l'unanimité des suffrages de la Commission. M. Laperche développe les raisons de ce choix et demande à lire quelques passages de ce travail. La Société adopte la conclusion de sa Commission et attribue le prix au premier mémoire.
M. Chevrel, membre de la Commission, demande que la Société veuille bien attribuer au second travail une mention honorable à cause des nombreux documents qu'il renferme, regrettant toutefois, avee la Commission tout entière, que la forme ne réponde pas à la richesse des matériaux accumulés dans ce travail.
Cette proposition est adoptée, puis on procède à l'ouverture des plis cachetés : M. Aug. Chauvigné fils, secrétaire-adjoint, auteur du premier mémoire, est proclamé lauréat du concours artistique.
M. Antony Rouilliet, auteur du second mémoire, est inscrit au palmarès pour une mention honorable.
Le programme complété de la séance académique est alors communiqué à la Société ; on y introduit, sur la demande des membres présents, un extrait du travail de M. Chauvigné, lauréat du concours artistique.
Le Secrétaire perpétuel demande à ses collègues de vouloir bien l'autoriser à porter à l'ordre du jour de la prochaine, séance les trois propositions suivantes :
1° Proposition relative nu changement du siège de la Société;
2° Modification dans l'ordre des séances : la séance d'août reportée en
octobre; 3° Organisation de quatre séances générales trimestrielles consacrées à
l'étude de questions agricoles ou viticoles d'actualité.
L'autorisation lui est accordée.
La séance est levée à deux heures et demie.
Le Secrétaire perpétuel,
A.-H. JUTEAU.
SECTION DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES
Séance du o décembre 1883.
PRÉSIDENEE DE M. DB TASTES, PRÉSIDENT
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observations.
La parole est donnée à M. Chauvigné fils, pour la lecture d'une étude sur la question du four.
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Dans ce travail, résultat de lectures sur les origines de la céramique, les circonstances dans lesquelles cet art a pris naissance sont décrites et commentées ; les divers usages et la destination des poteries sont également étudiés, tant dans leur forme et fabrication que dans leurs rapports avec l'histoire.
Après cette lecture, une conversation générale s'engage sur les aurores boréales qui se sont manifestées dans ces temps derniers, au moment et même après le coucher du soleil. Divers avis sont émis sans que cette question, encore si peu connue des savants, puisse être tranchée.
La séance de janvier 1884 se trouvant le 2 janvier, la Section décide qu'il y a lieu de la remettre au second mercredi, c'est-à-dire au 9 janvier.
L'ordre du jour épuisé, la séance est levée à 3 heures et demie.
Le Secrétaire,
Auguste CHAUVIGNÉ fils.
SÉANCE PUBLIQE ACADÉMIQUE
de la Société d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres d'Indre-et-Loire
Du 22 décembre 1883.
La Société d'Agriculture tenait, samedi dernier, sa séance publique académique dans la grande salle des fêtes de l'hôtel de ville, séance qui, nous sommes heureux de le constater, contrastait brillamment avec celle de l'an passé. L'essai qui avait été fait de placer cette séance en plein jour, afin de permettre aux agriculteurs des campagnes d'y assister, nous avait privé de notre public habituel, et l'avait restreinte des limites vraiment trop étroites.
Cette année, nous retrouvons cette assistance qui ne manque jamais de nous donner sa bienveillante attention; c'est la Société tourangelle, si attentive, si élégante, si enthousiaste, qui veut bien s'intéresser à nos travaux ; en un mot, c'est notre fête de famille habituelle.
La Société d'Agriculture semblait vivre d'une nouvelle vie au milieu de cette solennité ; la salle, décorée de fleurs par les soins de la commission d'organisation, était agréablement transformée, tout en gardant le caractère sérieux du programme de la séance. Disons en passant que les efforts de la commission ont été habilement secondés par le bon goût de M. Louzier, jardinier à Tours.
A huit heures précises, M. Houssard, président de la Société, ouvre la séance, assisté de M. Charpentier, maire de Tours, qui a bien voulu honorer la Société de sa présence, après avoir mis gracieusement à notre disposition les salons de l'hôtel de ville, de M. Blanchard, vice-président, de M. l'abbé Juteau, secrétaire perpétuel, de M. de Tastes, président de la section des sciences, et de nombreux membres de la Société qui remplissaient les sièges disposés pour eux sur les côtés de l'estrade.
Dans le discours d'usage, M. le Président signale l'action bienfaisante et croissante de la Société au milieu des agriculteurs, des savants, des littérateurs et des poètes du département, avec la finesse d'expression que nous lui connaissons, il touche du bout du doigt aux questions agricoles qui ont occupé la Société, remarque le parfait fonctionnement des nouveaux
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concours et sait, avec une discrétion courtoise, effleurer le nom des lauréats sans les citer.
Après ce discours, accueilli par les applaudissements les plus vifs, M. l'abbé Juteau, secrétaire perpétuel, a la parole pour la lecture de son rapport sur les travaux de la Société pendant l'année 1883. Notre honorable secrétaire perpétuel retrace en débutant les divers travaux de la Société, puis arrive à la partie douloureuse de sa tache : l'éloge des morts ! avec quelle simplicité pleine de regrets fait-il la trop longue énumération des collègues décédés! D'un mot il sait retracer une personnalité ; une expression lui suffit pour peindre un caractère. Et tout cela est dit avec douceur, avec calme, d'une voix claire, sympathique, qui charme et soulève des applaudissements unanimes.
M. de Tastes, notre savant président de la section des sciences, obtient la parole ensuite pour un Essai sur l'électricité atmosphérique. Chacun connaît l'attrait des causeries de M. de Tastes; chacun sait sous quel charme, mêlé d'esprit et de gaieté, il cache les questions sérieuses et ardues des sciences exactes. L'orateur relate les faits bizarres de l'électricité au point de vue météorologique, et, avec une modestie qui sied si bien à sa vaste érudition, il conclut en disant : « Qu'est-ce que l'électricité? nous n'en savons rien! »
Cette causerie terminée, la parole est donnée à M. Auguste Chauvigné fils, secrétaire adjoint, pour la lecture de son mémoire sur Michel Colombe et ses oeuvres, couronné par la Société.
La séance est suspendue pendant quelques minutes, puis est reprise par la lecture de l'Exposé de la situation phylloxérique du département d'Indre-et-Loire. Ce travail démontre d'une façon terriblement vraie les progrès du dangereux envahisseur, qui menace de ruine les beaux vignobles de Touraine. Les conseils que l'auteur y donne avec toute son autorité ont été entendus, et nous espérons qu'ils porteront profit.
A la suite de cette lecture si intéressante, mais si empreinte de tristesse, la poésie devait trouver sa place.
M. Georges Houssard, avec une perfection de diction qu'on se plaît toujours à admirer en lui, est venu gracieusement faire la lecture de Marguerite! sonnet de M. Auguste Clément, couronné par la Société. Ce ne sera point nuire à l'interprète de dire que sa tâche était allégée par la beauté de l'oeuvre.
Une poésie suave et touchante se dégage de ces charmants rers qui ont été vivement et sincèrement applaudis.
La seconde partie du programme a été terminée par le rapport sur le concours de viticulture pratique par M. Auguste Vallée. L'auteur, avec une élégance de style remarquable, a énuméré et comparé les mérites divers des concurrents et
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a éloquemment expliqué les raisons qui ont déterminé la Commission à choisir le lauréat, M. Renou, à Perrusson.
Nous ne saurions terminer ce compte rendu, sans parler de la charmante Société chorale et philharmonique de Tours, placée sous la direction si gracieuse et si aimable de M. Monmignon, dont l'orchestre nous a prêté son concours bienveillant. Nous avons été heureux de rencontrer dans cette jeune société, qui compte à peine deux années d'existence, une précision et un ensemble aussi parfaits. Le Tourbillon, qui a ouvert la séance a été vivement applaudi ; mais la salle complètement enlevée par l'exécution de la sérénade Mandoline, a bissé ce morceau, dont la finesse d'expression a été rendue avec une délicatesse extrême. L'ouverture du Voyage en Chine et la valse Lilleoat égalementété écoutées avec un véritable plaisir. Nous sommes donc heureux de nous être adressés à cet orchestre qui, habilement dirigé par M. Dompsin, donne l'exemple si rare d'une parfaite union, étudie, progresse et se prépare infailliblement un brillant avenir. C'est pour nous un devoir de le remercier et de l'encourager en lui disant : « Travaillez, le public de Tours est avec vous 1 »
La séance a été terminée par la distribution des prix aux lauréats.
PALMARÈS
CONCOURS DÉPARTEMENTAL D'AGRICULTURE
Viticulture pratique
Prix : Objet d'art à M. Alexandre Renou, propriétaire, à Perrusson, par Loches.
CONCOURS Agronomique, scientifique et littéraire
Agronomie : Médaille de vermeil (Rappel de médaille d'or) à M. Julienne, à la Chapelle-Blanche, par Ligueil, pour son mémoire sur une question donnée.
Arts: Médaille de vermeil à M. Aug. Chauvigné, fils, pour son mémoire sur Michel Colombe.
Mention honorable à M. Anlony Rouilliet, propriétaire au Petit-Bois, commune de Saint-Avertin, pour son mémoire sur Michel Colombe.
Poésie : Médaille de vermeil à M. Aug. Clément, employé au bureau de M. le chef de gare de Tours, pour sa poésie, Marguerite.
Météorologie
1° Udomèlre à M. Bardot, instituteur à Villedomer;
2° Un Baromètre anéroïde à M. Parfait, instituteur à Crotelles.
Le secrétaire adjoint, Auguste CHAUVIGNÉ fils.
RAPPORT ANNUEL Sur les Travaux de la Société
PAR LE SECRÉTAIRE PERPÉTUEL
MESSIEURS.
Le règlement de la Société a pris soin de déterminer de la façon la plus précise la tâche de votre secrétaire perpétuel dans la séance académique de la Société, et les événements, plutôt que son goût ou son choix, déterminent et conduisent sa plume.
Ainsi, tantôt, — parce que les membres de la Société, emportés par le besoin d'étudier une question nouvelle, de combattre un fléau impitoyable, de propager une heureuse méthode ou un remède jugé efficace, ont travaillé davantage et fourni à nos Annales de nombreux mémoires, — le rôle du secrétaire consiste à énumérer ces publications et à en faire ressortir le mérite ; c'est alors un critique bienveillant s'aequittant de la tâche la plus agréable ; mettre en relief le mérite des autres.
Tantôt, — parce que le zèle de nos membres plus anciens s'est réveillé et qu'ils ont amené dans les rangs de la Société beaucoup de membres nouveaux, attirés par le désir de s'unir dans une pensée généreuse, dans un effort louable pour le bien général de l'agriculture, qui réclame, à l'heure présente, à si haute voix, l'effort et la pensée de tous, — le devoir du secrétaire est d'appeler les uns après les autres tous ces nouveaux venus et de les présenter avec leurs titres divers à la Société : il doit, devoir bien doux, au nom de tous, leur souhaiter publiquement la bienvenue.
D'autrefois, enfin, et la tâche et le devoir deviennent pénibles et douloureux, parce que la mort a frappé plus cruellement dans nos rangs, sa tâche et son devoir consiste à rendre hommage à ceux qui nesont plus ;ilsnous ont devancés, messieurs, vers ce terme suprême, notre pensée doit les suivre un instant et votre secrétaire perpétuel, au nom de tous, leur envoyer un dernier adieu : à côté de l'obligation de faire connaître vos travaux et de saluer les nouveaux venus, le soin pieux de rendre hommage à vos morts !
Malheureusement, messieurs, cette dernière tache pénible et douloureuse s'impose presque exclusivement cette année à votre secrétaire perpétuel. J'ai vu des années assurément où
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un plus grand nombre de membres de la Société étaient frappés ; mais, faut-il le dire, je n'en ai guère rencontré où nous ayons été atteints d'une manière si cruelle; car, en pareille matière, il convient de peser et non de compter, la qualité l'emportant sur le nombre.
Dans l'accomplissement de ce devoir, je resterai néanmoins fort court ; ce travail sera moins un éloge qu'un souvenir à nos chers collègues décédés durant cette année.
Et d'abord, au mois d'avril, M. de Quinemont, qui a tenu une si grande place, durant plus de quarante ans, dans toutes les questions agricoles, soit au point de vue théorique, soit aussi et surtout au point de vue pratique.
Durant toute cette période, il a défendu les intérêts agricoles à des titres divers dans les premières assemblées de notre pays, au Sénat, à la Chambre des députés, au Conseil général, avec une intelligence et un dévouement que les suffrages persévérants de ses concitoyens se sont plu à reconnaître. Sur ce terrain élevé, il ne m'appartient point de l'apprécier : un vieil ami, comme lui membre de la Société d'agriculture depuis de longues années, et comme lui, après une vie laborieuse et dévouée, ayant trouvé après les soucis parfois si lourds et les agitations incessantes delà vie publique, un repos bien mérité et noblement conquis, comblant une lacune douloureuse, s'est chargé de rappeler ses titres principaux et de caractériser sa vie publique, et d'ailleurs, ce côté de la questipn ne saurait rentrer dans le cadre que je me suis tracé.
Vous connaissez tous Paviers et son magnifique vignoble ; après ses premières annéesemployées aux fonctions publiques, M. de Quinemont, jeune encore, vint s'y établir en 1839, et dès lors s'adonner à l'agriculture pratique ; le magnifique vignoble de Paviers, toute l'installation vinicole qui l'accompagne, témoigne de l'habileté de notre collègue, de son goût sérieux pour le progrès et la vulgarisation des idées pratiques.
M. de Quinemont a été certainement l'un des promoteurs les plus ardents, avec M. le comte Odart, de ce mouvement considérable de la viticulture en Touraine qui s'est produit depuis cette époque et dont les résultats ont fait la fortune la plus considérable et la plus sûre de notre pays.
Les cantons de flle-Rouchard, Sainte-Maure, Chinon et Rourgueil lui doivent beaucoup à ce point de vue, comme président du Comice agricole de Chinon, situation qu'il a occupée si longtemps et, l'on peut bien le dire, avectantde dévouement et de distinction, il a exercé une influence incontestable, il a fait, encore une fois, la fortune de ce pays, fortune assurée..., si les menaces d'un ennemi terrible ne nous faisaient trembler pour l'avenir.
Tout à l'heure, meisieurs, notre savant professeur d'agricul-
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ture, tous les jours sur la brèche, en face de la redoutable invasion et s'efforçant de tenir tête à l'envahisseur, vous dira où nous en sommes et à l'aide de quels moyens il nous faut combattre le fléau qui gangrène nos vignobles et menace l'oeuvre même de M. de Quinemont.
La Société d'agriculture le comptait au nombre de ses membres depuis l'année 1866. Il fut présenté à la séance du 10 novembre, en compagnie de 18 autres membres nouveaux venant prendre rang parmi nos collègues. C'était une magnifique recrue, et je ne résiste pas au désir de vous nommer les plus connus et les plus illustres : il y avait neuf membres du Conseil général, les deux présidents du Comice agricole de Chinon et de Loches, des hommes comme MM. de Rouvray, Torterue, de Bridieu, Boilesve, maire de Langeais, Fermé, maire de Chinon, de Boissimon, Archambault, Gasnault, Marchand, Cousin, collaborateur de M. de Tastes.
Vous le voyez : des hommes politiques, des ingénieurs, des cultivateurs, des savants, déjà des météorologues.
M. de Tastes vous dirait mieux que moi quels services a rendu à la science M. Cousin ; notre éminent collègue continue seul les travaux longtemps partagés avec M. Cousin, et tout à l'heure vous entendrez, messieurs, unes de ces vives et intéressantes causeries quifont, vous le savez, l'un des charmes les plusappréciésdenos réunions.
Je n'ai point, messieurs, à vous indiquer la place qu'a tenu jusque dans ces derniers temps M. de Quinemont dans la Société ; sa vieille expérience, son bon sens si pratique et si droit, sa déférence, dans la discussion, pour ses collègues les plus jeunes, joints à sa parfaite urbanité, lui conciliaient l'estime et l'affection de tous ; aussi emporta-t-il d'unanimes regrets, mais nul n'a senti plus vivement sa perte que la Société d'agriculture, aussi nos regrets les plus sincères l'accompagnent avec le souvenir fidèle du bien qu'il a fait au milieu de nous.
M. Magaud-Viot faisait partie de la Société depuis une dizaine d'années ; vous savez, messieurs, si sa vie fut assez remplie par les soins prodigués soit à l'administration de la ville, soit à celle de l'hospice général de Tours; il n'eut que bien rarement l'occasion de témoigner à ses collègues le cas qu'il faisait de leurs efforts et de leurs travaux.
Il a été frappé après une carière longue et bien remplie ; son caractère, son dévouement, sa bonne volonté au service de tous ceux qui avaient besoin de lui, est la note particulière de ce beau caractère et de ce grand coeur.
Un de ses amis lui rendant hommage a dit très finement et avec beaucoup de vérité que, malgré son âge avancé et sa carrière bien remplie il était mort jeune, parce qu'il avait gardé
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les allures, l'entrain et l'inaltérable confiance de la jeunesse jusqu'à son heure dernière.
Un de nos membres les plus distingués et les plus remplis d'activité et de bon vouloir, un des fondateurs de la Société d'agriculture, pourrait-on dire, si elle ne remontait pas si loin, M. Rouillé-Courbe, est mort au mois de juin dernier dans sa quatre-vingt-sixième année.
Dans la séance du 9 février 1856, présidée par M. le général comte d'Outremont, M. Rouillé-Courbe fut reçu membre de la Société en même temps que M. Ladevèze.
Il avait déjà, depuis plusieurs années, abandonné le commercera il laissait une grande réputation d'habileté et d'intégrité ; il s'occupait déjà activement des soins à donner à sa campagne de Saint-Avertin, où il cultivait la vigne, les fruits et les fleurs avec un égal succès.
Il prit une part très active aux travaux de la Société et se signala par un zèle infatigable dans les concours et les expositions de toute nature; il obtint lui-même les plus hautes récompenses, donnant l'exemple d'un travail incessant pour obtenir des résultats nouveaux, pratiques, et pour atteindre à la perfection.
Dès l'année qui suivit son entrée dans la Société, il fut chargé du rapport qui règle les conditions du concours ouvert par la Société pour l'arrondissement de Tours ; ce rapport, dit le procès-verbal de la séance du 10 janvier 1857, « est adopté à l'unanimité. L'impression de ce règlement est votée, dans le but d'être adressé à messieurs les maires. » Je n'essayerai point de suivre M. Rouillé-Courbe au travers des mille travaux de la Société auxquels il prend constamment part, apportant en toutes circonstances, comme je l'ai déjà fait remarquer, une infatigable activité, qu'il sait si bien communiquer autour de lui et qui entraîne les autres.
Dans ses dernières années, le poids d'une vieillesse portée d'ailleurs fort allègrement jusqu'alors, nous a privés de son précieux concours ; masi il n'avait point cessé de s'intéresser à nos travaux; comme il avait autrefois dans sa jeunesse compris les affaires et subi leur entraînement, il aima jusqu'à la fin les travaux des champs, et sut goûter l'influence salutaire exercée par eux, en retour d'un dévouement bien compris.
Au mois de novembre dernier, messieurs, vous conduisiez à sa dernière demeure, M. Edouard Orye, mêlé lui aussi au mouvement des affaires de son pays, avec une grande bienveillance et le dévouement le plus entier et le plus éclairé. Il faisait partie de la Société depuis 1862, et avait su conquérir au milieu de vous, comme autour de sa maison si hospitalière, l'estime et l'affection de tous.
J'entreprendrais de faire son éloge que ce serait absolument
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justice; je suis son compatriote, et, remontant dans les souvenirs de ma première enfance, je retrouve avant lui, l'un des hommes les plus populaires de notre canton, le docteur Orye, son oncle, dont il n'a fait que continuer la bienfaisante tradition ; ces souvenirs pour être trop personnels ne perdraient rien de leur intérêt pour vous, messieurs, mais je ne puis pas recommencer ce qu'a fait si bien notre honorable collègue, il y a trop peu de temps encore pour que vous ayez pu l'oublier. Al. Duclaud, a parlé de notre ami commun, mieux que je ne le saurais faire; il avait de tels souvenirs, la Société d'agriculture les avait si souvent rapprochés, ils étaient si bien faits pour s'entendre que ce devoir, si doux à son coeur, de rendre hommage à notre regretté collègue lui revenait de plein droit. Souvent ensemble ils ont soutenu les intérêts de la viticulture. M. Duciaud, vous le savez comme moi, continuera à la défendre avec toute l'énergie dont il est capable, et qu'il met si aimablement à la disposition de cette grande cause.
J'en ai fini, messieurs, avec cette liste trop longue et je m'arrête cédant la place à mes collègues plus heureux que moi, qui n'ont point à vous attrister avec de tels souvenirs.
Nos concours, messieurs, établis depuis assez peu de temps, sauf le concours départemental d'agriculture pratique, remontant déjà loin, produisent déjà de fort bons résultats.
Vous entendrez tout à l'heure M. Aug. Chauvigné, qui a obtenu dans une lutte difficile et en face d'un concurrent redoutable, la médaille de vermeil proposée pour le concours artistique. Vous jugerez vous-même du mérite de son oeuvre et vous partagerez certainement le plaisir qu'a éprouvé la commission, unanime sur ce point, à lui décerner une juste récompense. Les artistes qui savent tenir la plume en même temps quel'ébauchoir, le burin ou le pinceau, ont leur place marquée dans notre Société et y rendent les plus grands services ; vous avez prouvé par une récente élection combien vous saviez les apprécier et comme il vous plaisait d'user de leurs services et de mettre leurs talents en évidence. Vous avez bien fait, et je m'en félicite plus que personne.
Ce mot d'élection éveille en moi un souvenir plein de charme, et, gardez-vous de sourire, il est pour moi synonyme de confiance, d'union, de concorde achevée. II n'a pas d'autre sens au moins dans la Société d'agriculture. Votre bureau renouvelé au mois de janvier dernier est là pour l'attester ; les membres chargés déjà depuis longtemps de la direction des affaires de la Société, notre honorable président et ses deux vice-présidents ont trouvé dans l'unanimité de vos suffrages l'assurance que leurs services étaient appréciés; les membres élus pour la première fois, M. Pic-Paris, notre nouveau trésorier, et M. Chauvigné, dont je parlais tout à l'heure, notre
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jeune secrétaire adjoint, y ont rencontré, comme au seuil de leurs nouvelles fonctions, un encouragement qui leur rendra leur tâche plus douce et plus aisée.
On peut, on doit vous féliciter, et vous pouvez vous féliciter vous-mêmes, Messieurs et chers Collègues, de cette entente, vraiment digne du but que vous poursuivez, et dont profitera assurément la grande et noble cause que vous défendez, la cause de l'agriculture.
CONCOURS DÉPARTEMENTAL
(1883) RAPPORT SUR LE CONCOURS DE VITICULTURE PRATIQUE
MESSIEURS,
La Société d'agriculture d'Indre-et-Loire a toujours recherché les causes de souffrance de notre industrie agricole, et, dans la mesure de ses forces, a sans cesse tâché d'y apporter des remèdes par ses conseils ou ses encouragements.
Depuis longtemps déjà, il semble que notre malheureuse agriculture soit le point de mire de tous les fléaux, de toutes les calamités. Non seulement les saisons nous sont mauvaises, mais des insectes de toutes sortes, des parasites de toutes espèces ont fait invasion dans nos cultures et ont mis nos agriculteurs dans la situation la plus déplorable.
Nous aussi, nous avons nos sept plaies : Le peronospora infestans a ruiné nos champs de pommes de terre; l'oïdium, le gribouri, le pouridié, le phylloxéra ont détruit une grande partie de notre beau vignoble français ; de terribles épidémies ont ravagé nos étables, et les traités de commerce ont fait le reste !
La Société d'agriculture, malgré son bon vouloir, ne peut guère remédier à cette situation ; mais, elle essaye, au moins, par des récompenses, à encourager nos cultivateurs à les exhorter à la patience, dans l'espérance de temps meilleurs.
C'est ainsi qu'à chaque apparition d'un nouveau fléau, la Société rassemble pour le combattre ses forces morales et matérielles.
Le phylloxéra arrive, c'est une ruine publique. Il ne faut pas que les vignes disparaissent ; il importe, au contraire, de lutter ; il ne faut pas arracher, il faut planter encore ! C'est alors que la Société institue un prix pour le vignoble le mieux dirigé.
N'est-ce pas, en effet, à la fois un devoir sacré et un honneur de protéger, d'encourager la culture de la vigne dans notre Touraine si vraiment favorisée par les qualités multiples de ses produits vinicoles ?
Où trouver un pays qui produise autant de types de vin* remarquables à des titres divers, un pays qui nous donne le
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Vouvray, ce délicieux vin blanc, vrai Champagne tourangeau ; le Saint-Averlin, le Joué, léger et excellent Bordeaux ; le Bourgueil et le Chinon au bouquet si fin, qu'il peut, sur nos tables, prendre la place du Bourgogne ?
Je ne suis pas Tourangeau, messieurs, mais, vraiment, il faut bien en convenir, la Touraine a un sol merveilleux sur lequel les cépages les plus divers, plantés avec intelligence et discernement, donnent des résultats excellents ; et certes, il est hors de contestation que cette admirable fécondité est unique en France !
Le vin de Champagne est le seul vin remarquable de la contrée qui le produit ; on en peut dire autant des autres grands crûs ; la Touraine, elle, est muitiple dans ses types de vins renommés. En outre, il n'est pas indifférent d'ajouter qu'à qualité égale, nos vinssontmoinschersque lescrûs de Bourgogne et de Bordeaux.
Cette magnifique production tourangelle explique donc logiquement la sollicitude de la Société d'agriculture d'Indre-etLoire pour cette importante partie de notre industrie agricole et fait concevoir avec quel soin elle cherche à décerner le prix créé par elle.
Trois commissions avaient été chargées de visiter les exploitations de tous ies concurrents et parmi ceux-ci de ne conserver que. trois candidats, un par arrondissement. Ce sont ces trois candidats que nous avons été voir, et, je dois à la vérité de dire que notre mission a été rendue fort difficile en raison de la supériorité des trois vignobles.
1°—M. Perré possède, aux portes d'Amboise, un vignoble de sept hectares qu'il cultive depuis 1857. M. Perré n'est pas un viticulteur ordinaire ; ancien industriel,il se repose de longues années d'un rude labeur en se livrant exclusivement aujourd'hui à la culture de la vigne.
Mais c'est d'une façon fort intelligente qu'il cultive ce précieux végétal. Ainsi, *M. Perré ne fait rien en grand qu'il ne l'ait expérimenté auparavant sur une petite échelle. Son sol étant de composition variable, ici argileux, là siliceux, il a voulu, avant tout, savoir quels cépages viendraient, mieux dans chacun de ces différents sols. — C'est ainsi qu'il cultive avec le plus grand succès le côt dans ses terrains siliceux, et les cépages gros noir, groleau, gamay, pinot rouge et pinot blanc viennent à merveille dans les parties de son vignoble où l'argile entre pour la plus grande part dans la composition du sol.
Pour l'application des engrais, M. Perré procède aussi expérimentalement. 11 reconnaît de cette façon que ses terrains siliceux ont besoin d'engrais froids et il leur applique des composts de fumier de vache et de terre ; pour son sol argileux
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il s'est vite aperçu qu'il était indispensable d'en diviser les molécules et de lé réchauffer, et alors, il le traite par des applications de sable de rivière et d'engrais verts, tels que rameaux de pins et autres branchages verts.
Si l'on ajoute à cela une culture admirable sous tous rapports, on ne sera pas étonné de voir les vignes de M. Perré donner une moyenne de 50 hectolitres de vin à l'hectare.
L'installation du matériel destiné à la vinification n'est pas moins bien soignée ; rien n'est inachevé chez M. Perré et la Commission qui verrait avec plaisir plus de vignobles ressemblant à celui-là, est heureuse de pouvoir le signaler à l'attention des viticulteurs.
2° — M. Sudre a, tout près de Langeais, un très beau vignoble de 30 hectares. La Rochecotard, ainsi se nomme ce vignoble, ne comprenait que 5 hectares en 1870, époque à laquelle M. Sudre en devint acquéreur. Le vignoble actuel est donc presque une création.
Le sol, qui possède le calcaire et l'argile dans à peu près toutes leurs combinaisons, se prête admirablementà la culture de tous les cépages. Nous y avons vu du côt et du gros noir à côté du petit gamay et de l'alcantino de Florence ; du grolleau de Saint-Mars et du grolleau de Vallères. Tous ces cépages étaient superbes de végétation, et, ce qui est beaucoup plus intéressant, tous étaient chargés d'abondantes grappes. La Commission a surtout admiré un carré planté d'alcantino de Florence dont tous les ceps étaient chargés de fruits superbes déjà mûrs à la fin d'août.
La culture du vignoble de la Rochecotard est à peu près uniforme. Plantation en lignes sur fil de fer. Façons interlinéaires faites à la charrue ; taille variable suivant cépages et vigueur du sujet.
Rien n'est négligé dans ce beau vignoble ; grâce à une maind'oeuvre suffisante, les travaux sont exécutés en temps voulu, et ce n'est certes pas là la moindre cause de réussite dans l'exploitation de M. Sudre.
M. Sudre, depuis quelque temps, cultive avec succès un certain nombre de cépages américains et les différents essais de greffage qu'il a faits ont parfaitement réussi.
La vinification reçoit uue aussi bonne conduite que la culture de la vigne elle-même, et laCommission n'a pu qu'admirer l'installation des cuves et pressoirs ainsi que l'organisation des caves.
Dans toute cette exploitation, on reconnaît la main habile d'un viticulteur pratique qui veut tirer et qui tire de ses vignes un produit justement rémunérateur.
La Commission adresse à M. Sudre les plus vives félicitations et l'engage à continuer à marcher dans la voie qu'il suit 1884 3
d'une façon si fructueuse depuis plus de dix ans. Le vignoble de la Rochecotard commence à être en plein rapport, c'est le moment de redoubler d'énergie, de faire mieux si cela est possible, de ne pas craindre le fléau dont nous sommes menacés ; mais de l'attendre au contraire de pied ferme afin d'être tout prêt à le combattre.
3° — Le troisième vignoble que la Commission a visité, est celui de M. Renou, à Pérusson,près Loches. Nous sommes ici en présence d'une véritable création dont l'origine ne date que de 1877. Les vignes les plus âgées ont donc six ans et sont en plein rapport. Je ne parlerai ici que du vignoble et de sa culture, car, en homme pratique, M. Rénou n'a pas voulu faire d'installation pour la'vinification avant que ses vignes ne fussent en rapport.
Le vignoble de M. Renou est d'une étendue de 11 hectares dont 91|2 sont, cette année, en plein rapport. Lesol sur lequel est établi ce vignoble est un composé de silice et d'une argile qu'on dirait cuite au four, un peu de calcaire et beaucoup de pierrailles siliceuses. — Pas d'humus, aucun des éléments qui font un sol fertile ; c'est une terre d'une infécondité si grai.de que l'herbe même n'y pousse que dans les parties basses où le sol est plus humide. Il y a, dans le pays, du reste, une expression qui estterriblementsignificative:onditquece sol est est sans cervelle.
Si encore cette terre n'était que privée d'éléments fécondants, ce ne serait que demi-mal, car ces éléments s'achètent et se transportent; mais, elle est douéedepropriétésphysiques particulières si terribles qu'on ne peut s'empêcher d'admirer le cultivateur qui entreprend de lutter contre elle ! En effet, cette terre, sous l'influence de l'eau, s'agglomère en véritables poudingues qu'il est très difficile de désunir et qui, à un moment donné, sous l'action de la gelée, peuvent en se gonflant, briser les racines des végétaux ou étrangler les plantes par leur forte contraction. C'est aussi ce qui a eu lieu, et prés de la moitié des ceps, dans la culture du M. Renou, ont été détruits.
L'étude et des expériences multiples ont appris à ce viticulteur à prévenir ce mal par un système de culture particulier et aujourd'hui, ces effets désastreux ne se font plus sentir. — Ce résultat est magnifique, mais aussi que de peines, que de travaux, que de soucis pour en arriver là ! M. Renou a eu encore bien d'autres luttes à soutenir': ses voisins qui connaissaient bien sa terre, se moquaient de cette entreprise, qu'ils appelaient la folie de M. Renou. — M. Renou se ruinait ; M. Renou ne récolterait jamais un grain de raisin sur cette terre ingrate ; c'étaient là les encouragements que notre candidat recevait.
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Et puis, comment se faire bien obéir par des domestiques, des journaliers qui sont convaincus d'avance qu'ils travaillent en pure perte, que toutes leurs peines sont perdues ? Cette entreprise a donc été une lutte de tous les instants.
Aujourd'hui, M. Renou est vengé, il récolte beaucoup de vin : cette année, ses voisins n'avaient rien et nous avons vu ses vignes garnies de superbes grappes !
La Commission a pensé qu'une oeuvre aussi éminemment utile à son auteur et au pays méritait mieux que des moqueries, que du reste les résultats ont fait taire et qui sont remplacés aujourd'hui par un sentiment bien différent !
Nous avons vivement regretté que les règlements de la Société ne nous permissent pas de partager la couronne ; car, sur les trois concurrents, il y avait certainement trois vainqueurs.
Cette couronne, M. Perré la méritait pour l'admirable entretien de ses vignes. M. le comte Sudre la méritait pour l'ensemble de son beau vignoble, qui est conduit de la façon la plus pratique.
Et, si M. Renou reçoit aujourd'hui le prix de la Société d'agriculture d'Indre-et-Loire, ce n'est pas pour son installation de vinification, il n'en a pas encore ! ce n'est pas pour sa culture, elle n'est pas supérieure à celle des autres candidats ; c'est à cause des résultats obtenus, c'est à cause de son courage, de sa persévérance, de ses sacrifices et surtout à cause de l'exemple donné !
M. Renou cultive une terre inféconde et jusqu'alors inculte à cause de sa complète stérilité ; par son intelligence et son industrie, il en tire des produits qui enrichissent l'Etat et apportent une plus large part de bien-être à la société; l'exemple est suivi autour de lui, voilà pourquoi nous proclamons M. Renou lauréat.
Le rapporteur de la Commission, VALISE.
A MA FILLE
MARGUERITE
La poésie est la muFÎqu. de l'âme.
Ce n'est pas la Gretchen du poète allemand, Sous les myosotis cachant sa tête blonde, Oh non! ma Marguerite est un bébé charmant Que n'ont jamais souillé les fanges de ce monde.
Son oeil, aux longs cils noirs, d'un bleu de firmament, Est limpide et profond comme l'azur et l'onde; Une larme tremblante y perle, par moment, Pleine de chagrins lourds lorsque la maman gronde.
Ses cheveux, sur son front rayonnant de beauté, Ont les tons d'or bruni des aurores d'été. Nul Méphistophélès n'a résolu ta perte.
Nul Faust, ô pauvre enfant 1 n'a traversé ta nuit, Dors en paix 1 ton bon ange et ta mère, sans bruit, Mettront de longs baisers sur ta lèvre entr'ouverte.
LISTE DES SOCIETES SAVANTES
Avec lesquelles la Société d'Agriculture de Toon échange ses publications.
Abbeville. Société d'émulation.
Alençon. Société d'horticulture de l'Orne.
Alger. Société agricole.
Amiens. Société des antiquaires de Picardie.
Société linnéenne»du Nord de la France. Angers. Société académique de Maine-et-Loire.
Société d'horticulture.
Société d'agriculture, sciences et arts. Angouléme. Société d'agriculture, arts et commerce.
Arras. Société centrale d'agriculture.
Auch. Société d'agriculture du Gers.
Autun. Société éduenne.
Société d'horticulture. Bagnères-de-Bigorre. (Hautes-Pyrénées), Société d'agricult. Beaune. Comité d'agriculture.
Besançon, Académie.
Société d'agriculture, des sciences, lettres et arts du Doubs.
Société de médecine. Blois. Société des sciences et des lettres.
Bordeaux. Académie des sciences, belles-lettres
et arts.
Société d'horticulture.
Société d'agriculture de la Gironde. Boulogne. Société d'agriculture et des arts.
Bourg. Société d'agriculture , des sciences ,
lettres et arts de l'Ain.
Société d'horticulture. Bourges. Société d'agriculture du Cher.
Brest. Société d'émulation.
Caen. Académie des sciences, arts et lettres.
Société des antiquaires de Normandie.
Société d'agriculture. Cahors. Société agricole et industrielle.
Cambrai. Société d'émulation.
Carcassonne. Société d'agriculture.
— 38 —
Castres. Société littéraire et scientifique.
Chdlons. Société d'agriculture, sciences et arts
de la Marne.
Chambéry. Académie des sciences, lettres et arts
do Savoie.
Chartres. Société d'agriculture d'Eure-et-Loir.
Société d'horticulture.
Châteauroux Société d'agriculture de l'Indre.
Chaumont. Société d'agriculture de la Haute-Marne.
Chauny. Société de pomologie et d'arboriculture.
Cherbourg. Société académique.
Chinon. Comice de l'arrondissement.
Clermont-Ferrand. Société académique.
Société d'agriculture du Puy-de-Dôme.
Clermont (Oise). Société d'agriculture.
Compiègne. Société d'agriculture.
Constantine. Société archéologique de la provinee.
Coulommiers. Société d'horticulture de l'arrondissement.
l'arrondissement.
Digne. Société d'agriculture des Basses-Alpes.
Dijon. Académie de Dijon.
Société d'agriculture et d'horticulture de la Côte-d'Or.
Draguignan. Société d'agriculture et du commerce
du Var. Société d'études scientifiques et archéologiques.
Evreux. Société libre d'agriculture de l'Eure.
Falaise. Société académique, agricole et industrielle.
industrielle.
Foix. Société agricole, littéraire et industrielle
de l'Ariége.
Fontenay-le-Comte. Société d'horticulture.
Grenoble. Académie impériale.
Société d'agriculture de l'Isère. Société Delphinale.
Havre (le). Société d'études diverses.
Le Puy. Société d'agriculture de la Haute-Loire.
Lille. Société des sciences, de l'agriculture et
des arts Société agricole.
Limoges, Comice des sciences, agriculture et arts
de la Haute-Vienne.
Lisieux. Société d'horticulture et de botanique.
Loches. Comice de l'arrondissement.
Lons-le-Saulnier. Société d'émulation du Jura.
— 39 —
Lyon. Académie des sciences, belles-lettres et
arts.
Société d'agriculture et des arts utiles.
Société d'horticulture. Mdron. Société d'agriculture et des sciences.
Le Mans. Société d'agriculture, sciences et arts
de la Sarthe.
Société d'horticulture. Marseille, Société académique.
Société d'horticulture. Mayenne. Société d'agriculture de l'arrondissement.
l'arrondissement. Société d'agriculture, sciences et arts.
Société d'horticulture. Melun. Société des sciences horticoles.
Mende. Société d'agriculture de la Lozère.
Mézières. Société d'agriculture des Ardennes,
Montauban. Société des sciences, agriculture et
belles-lettres de Tarn-et-Garonne. Montbéliard. Société d'émulation.
Mont-de-Marsan. Société d'agriculture des Landes.
Montpellier. Société d'agriculture de l'Hérault.
Moulins. Société d'agriculture de l'Allier.
Nancy. Société des sciences.
Nantes. Société académique.
Société nantaise d'horticulture. Nevers Société d'agriculture et d'horticulture
de la Nièvre. Nîmes. Société d'agriculture du Gard.
Niort. Société d'horticulture des Deux-Sèvres.
Société de statistique des Deux-Sèvres.
Société d'agriculture. Orléans. Société des sciences, lettres et arts.
Société d'horticulture.
Société d'agriculture et Comice agricole. Paris. Ministère de l'instruction publique.
Ministère de l'Agriculture et du Commerce.
Bibliothèque des Sociétés savantes.
Bibliothèque nationale.
Observatoire.
Bibliothèque du Muséum d'histoire naturelle.
Bibliothèque du Luxembourg.
Société des Études historiques (Institut historique).
Société d'horticulture de la Seine.
— 40 —
Paris Société centrale d'agriculture de France.
Association scientifique de France. Société protectrice des animaux. Société philotechnique. Société des sciences, lettres et arts. Pèrigueux. Société d'agriculture , sciences et arts
de la Dordogne. Perpignan. Société d'agriculture des PyrénéesOrientales.
PyrénéesOrientales. Société d'agriculture, des arts et belleslettres.
belleslettres. des antiquaires de l'Ouest. Pont-à-Mousson. Société philotechnique.
Pontoise. Société d'agriculture et d'horticulture
de l'arrondissement. Privas. Société d'agriculture de l'Ardèche.
Reims. Académie.
Rennes. Société d'horticulture d'Ille-et-Vilaine.
Roche for t. Société d'agriculture.
Rochelle (la). Société d'agriculture.
Rouen. Académie, belles-lettres et arts.
Société d'horticulture de la Seine-Inférieure. Société centrale d'agriculture de la SeineInférieure. St-Etienne. Société industrielle.
St-Germain-en-Laye. Société d'horticulture. Saint-Jean-dAngely. Société historique et scientifique. St-Quentin. Société des sciences, arts et belleslettres.
belleslettres. de St-Quentin. Saintes., Société d'agriculture.
Sens. Société archéologique.
Troyes. Société d'agriculture, des sciences, de
l'Aube. Toulouse. Société d'agriculture de la HauteGaronne
HauteGaronne de l'Ariège. Académie des jeux floraux. Société d'horticulture de la HauteGaronne. Toulon. Société académique.
Comice agricole de Toulon (Var). Valence. Société de statistique de la Drôme.
Société d'agriculture.
— 41 —
Versailles. Société d'agriculture et des arts de
Seine-et-Oise. Société d'horticulture de Seine-et-Oise. Vesoul. Société d'agriculture de la Haute-Saône.
Vitry-le-François. Société des sciences et arts.
M. Dureau, directeur de l'Annuaire bibliographique, rue de La Tour-d'Auvergne, 10, Paris.
Tours. Bibliothèque municipale.
Société archéologique de Touraine.
Société médicale.
Société tourangelle d'horticulture. Paris. Journal d'Agriculture pratique , rue
Jacob, 26. Agen. Le Cultivateur agenais, journal.
Grenoble. Le Sud-Est, journal d'agriculture.
ALSACE-LORRAINE.
Colmar. Société d'histoire naturelle.
Société d'agriculture. Metz. Académie des lettres, sciences, arts et
agriculture.
Société d'archéologie et d'histoire. Strasbourg. Société des sciences,agriculture et arts.
Société d'horticulture.
A L'ETRANGEB.
Bruxelles. Société malacologique de Relgique.
Genève. Institut national genevois.
Société d'agriculture.
Palerme. Academia di scienze e lettere di Palermo.
Washington. Smithsonian Institution (par l'intermédiaire
l'intermédiaire M.Bossange, libraire à Paris, rue du Quatre-Septembre, 46).
Boston. Société d'histoire naturelle (par M. Bossange).
Bossange).
Rome. Société royale des Lincei.
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MOIS DE DÉCEMBRE 1883
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O Brouillard 1 Z Orage ° 0 11
■ Grêle 0 | N-0 6
Nota. — Dana les colonnes 1, 2, 3 on exprime les températures au-dessous de zéro par le signe—.L'absence de ce signe indique une température supérieure à zéro. La force du vint est marquée par les chiffres suivants : 0 nul, 1 /ai'We, 2 modéré. 3 assez fort. 4 fort, 5 très fort, 6 violent
1 tempête, ' '
— 43 —
EXTRAIT DES PROCÈS-YERBAUX Séance du 12 janvier 1884
PBÉSIDENCE DE M. HOHSSABD, PRÉSIDENT
La Séance est ouverte à une heure et demie.
Lecture du procès-verbal de la séance de décembre 1883. Adopté.
Lecture du procès-verbal de la séance extraordinaire du 13 décembre 1883. Adopté.
Lecture du procès-verbal de la séance publique académique du 22 décembre 1883. Adopté.
Lecture du procès-verbal de la section des scieuces du 5 décembre 1882.
Démission : MM. Lemesle, Moreau et Galbrun.
La Société des Agriculteurs de France nous a demandé de nous faire représenter à sa séance annuelle concernant les besoins généraux de l'Agriculture en France ; MM. Blanchard et Vallée ont été choisis pour remplir cette mission.
La Société la prie de vouloir bien insister sur la composition de la représentation légale de l'agriculture en France, sur l'emploi des raisins secs pour la fabrication du vin ; enfin sur les traités de commerce.
La Société, pleine de confiance dans l'expérience de ses délégués, leur laisse le soin de se rallier, au cours de la discussion, aux projets qui leur sembleront plus profitables aux intérêts de l'agriculture.
Bibliographie. — Annual Report, Smithsonian Institution,
Bulletin de l'Académie nationale de Reims.
Bulletin de la Société Académique de Brest.
Academia dei Lincei.
Bulletin de la Société philomathique de Paris.
Répertoire des travaux historiques 1882. Mémoires de l'Académie des sciences de Savoie. M. le Président communique une lettre de M. Michelin (Tours, 16, rue Saint-Etienne), envoyant à la Société, pour être soumis à ses délibérations, un projet de Société de Crédit agricole au capital de 2,500,000. L'étude de cette importante question est renvoyée à la séance 1884 4
prochaine; la Société pour son propre compte n'cnlre jamais dans aucune combinaison financière, mais elle est disposée à les étudier toutes et à encourager tout ce qui pourrait réellement venir en aide aux besoins si multipliés de l'agriculture.
L'ordre du jour appelle la nomination des commissions annuelles; comme elles sont nombreuses et qu'elles réclament en même temps, à cause de leurs objets si variés, un choix tout spécial, M. le Président propose de tenir une réunion du bureau pour préparer ce travail avant sa présentation eu séance générale.
Les membres devant être proposés seront consultés par le secrétaire de la Société et on pourra ainsi procéder à leur nomination d'une façon certaine.
Il est également décidé que les commissions d'arrondissement seront désormaiscomposées de quatre, réglementairement, et du Président de la Société ou de l'un de ses représentants.
Un projet d'étude de changement du local de la Société, nécessité par l'encombrement de nos livres el de nos archives, est discuté en séance; la question doit être étudiée avec maturité, et une commission de trois membres est nommée pour s'enquérir des voies et moyens; elle se compose, avec le bureau, de MM. Beauté, Gazcau et Chauvigné fils.
La proposition de quatre séances trimestrielles, plus spécialement employées à la discussion de questions agricoles actuelles, est adoptée : l'ordre du jour de ces séances sera choisi en séance générale : elles auront lieu, sans exclure les affaires courantes de la Société, en janvier, avril, juillet et octobre.
La Société adopte à l'unanimité la proposition de renvoyer en octobre la séance ordinaire d'août, cette époque paraissant ofirir de plus grands avantages pour le jugement de divers concours.
M. Salvador, propriétaire à la Commanderie, commune de Ballan, est présenté par MM. Drake, Briand et .iuteau.
La séance est levée à trois heures un quart.
Le Secrétaire perpétuel, A.-H. JUTEAU.
COMPTES RENDUS DES TRAVAUX DES SECTIONS
SECTION DES SCIENCKS, A.11TS ET BELI.ES-LIÎTTBES
Séance du !) janvier 188-4
PBÉSIDIÎNCG DP. .\I. DE TASTES, PBKSIDKNT
La Séance est ouverte à deux heures et demie. Le procès-verval de la dernière séance est lu et adopté sans observations.
— 45 —
La Section décide qu'il n'y a pas lieu de procéder aux élections et maintient le bureau actuel dans ses fonctions pour l'année 1884.
La parole est donnée à M. Borgnet pour une communication de géométrie élémentaire, sur la mesure du volume du cylindre tronqué, et relative à la question du jour : les mathématiques.
M. Borgnet, après un raisonnement rigoureux, arrive aux définitions et théorèmes suivants :
lre Définition. — Nous appellerons cylindre la surface engendrée par une droite indéfinie qui se meut suivant une loi quelconque, en restant parallèle à elle-même, et qui revient à sa position initiale sans rétrogradation.
Théorème I. — Si l'on coupe un cylindre par un plan quelconque la section qu'on obtiendra aura son centre de gravité sur une ligne droite qui ne variera pas de position avec le plan sécant, et qui sera parallèle à la génératrice du cylindre. Nous appellerons cette droite l'axe du cylindre.
Théorèmell. — Si Ton coupe un cylindre par deux plans quelconques, le volume de la portion du cylindre interceptée entre ces deux plans aura pour mesure l'aire d'une section droite multipliée par la portion de l'axe interceptée entre les deux plans sécants, c'est-à-dire entre les deux bases du tronc.
Théorème 111. — Etant donnés deux points sur l'axe d'un cylindre, si par chacun d'eux ou mène un plan dans une direction arbitraire, le tronc de cylindre obtenu aura un volume constant, quel que soit le système des deux plans sécants.
2e Définition. — Nous donnerous le nom de faisceau cylindrique à l'ensemble d'un nombre indéterminé de cylindres parallèles entre eux, soit juxtaposés, soit isolés. L'axe du faiceau sera la droite parallèle aux génératrices des cylindres, et passant par le centre de gravité de l'ensemble des sections droites qu'un même plan déterminera par son intersection avec les cylindres du faisceau. Si deux plans viennent à couper le faisceau cylindrique, la somme de tous les troncs cylindriques prendra le nom de tronçon du faisceau.
Théorème IV. — Le volume d'un tronçon cylindrique quelconque a pour mesure le produit de la somme des aires d'une section droite, multipliée par la portion de l'axe du faisceau, comprise entre les deux bases du tronçon.
Ces définitions, qui ont un caractère plus général et plus simple que les formules employées ordinairement, sont écoutées avec le plus vif intérêt.
Une conversation générale s'engage ensuite sur diverses questions et notamment sur la mer Intérieure d'Afrique.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à trois heures et demie.
Le Secrétaire, AUG. CHAUVIGNÉ fils.
EXPOSE
DE LA SITUATION PHYLLOXÉIUQUE DU DÉPARTEMENT D'iNDRE-ETLOIRE ET DES MOYENS PRATIQUES DE COMBATTRE L'INSECTE, D'ENTRAVER LA MARCHE DE L'INVASION ET DE RECONSTITUER LES VIGNOBLES DÉTRUITS.
Par A. DUG-TJÉ, professeur d'agriculture
MESDAMES, MESSIEURS,
L'année dernière, dans une solennité semblable à celle qui nous réunit ici aujourd'hui, M. Duclaud, l'un de nos collègues et vice-président de la Société, vous a fait avec son talent habituel un très lumineux exposé de la situation nouvelle dans laquelle la viticulture tourangelle allait entrer, par suite de l'apparition sur son territoire d'un ennemi aussi redoutable que l'est le phylloxéra.
Déjà il nous laissait entrevoir la marche rapide que prendrait la maladie dans des vignobles que rien de particulier ne protégeait et qu'à tort beaucoup de viticulteurs persistaient à considérer, malgré les faits accomplis et constatés, comme à ^abri d'attaques nées, disaient-ils, pour d'autres climats, d'autres sols, d'autres altitudes. Il nous conseillait, il exhortait alors les viticulteurs à sortir de l'indifférence, dangereuse par ses conséquences futures, avec laquelle un trop grand nombre d'entre eux avaient reçu la nouvelle de la récente découverte de la maladie ; il démontrait aux vignerons la nécessité pour eux de grouper leurs efforts, tant pour la recherche du parasite que pour sa destruction, afin de profiter des subventionsque, dans ces conditions, l'Etat accorde généreusement aux associations syndicales. Aujourd'hui, à peu près jour pour jour, un an s'est écoulé depuis ces déclatations qui firent naître parmi ceux qui les entendirent beaucoup de légitimes émotions. Que s'est-il donc passé, pendant ce long intervalle d'une année ?
Malheureusement, si le puceron redoutable a tenu ses promesses, la viticulture est loin d'avoir rempli les engagements que moralement elle avait contractés. C'est alors que la Société d'agriculture a pensé qu'il convenait de marquer à nouveau devant vous, dans cette séance académique, par un exposé succinct, mais complet, l'état de la question, afin qu'il puisse s'en dégager pour tous ceux qu'intéresse l'avenir de la viticul-
— 47 —
ture, nos craintes et nos espérances. Elle a choisi pour cet honneur, et je l'avoue pour cette tâche plus empreinte de tristesse que de gaieté, celui qui parmi ses membres avait été depuis les premiers jours de l'invasion presque continuellement sur la brèche, soit pour rechercher l'ennemi, étudier sa marche, sa multiplication, ses ravages présents et futurs, les moyens de le combattre d'une façon pratique pour notre département, et aussi celui à qui, en raison de ses fonctions officielles est échue la difficile et délicate mission de prêcher la guerre contre le terrible envahisseur, au moment où des poilrinesdes viticulteurs clairvoyants s'échappe le cri de ralliement : « La viticulture tourangelle est en danger ! »
Notre rôle est donc tout tracé, et c'est à le bien remplir à vos yeux, messieurs, que nous nous sommes consacré dans la faible limite de nos forces et de nos connaissances.
C'est dans les premiers jours de juillet, en 4882, on s'en souvient, que l'apparition du phylloxéra a été signalée pour la première fois dans le département d'Indre-et-Loire. C'est dans la commune de Noizay, dans les coteaux de la Loire, en plein coeur des vignes blanches si renommées du canton de Vouvray, que le fléau manifesta ses premières attaques, et là, probablement importé par le fait même d'une introduction de plants venus du Midi et remontant au printemps de 1876, je crois, il a, dans l'espace de sept années, constitué un foyer considérable de plus de cent hectares, réparti sur les trois communes limitrophes : Noizay, Vernou, Chançay.
Lorsqu'on considère le long espace qui s'est écoulé entre l'invasion et la découverte, une double question se pose immédiatement à l'esprit. D'une part, comment expliquer une découverte aussi tardive et, d'autre part, y a-t-il lieu de craindre, chez nous, l'invasion générale du vignoble et sa destruction partielle ou totale, en présence de là marche apparemment lente de la maladie?
D'une manière relative, l'affirmative nous apparaît certaine en réponse à la deuxième question ; mais le moment des détails n'est pas encore arrivé. Plus tard, ae cours de cet exposé, nous ferons connaître les raisons qui motivent cette opinion, en même temps qu'apparaîtront les causes d'une découverte qui aurait été possible et< même facile beaucoup plus tôt. Quant à présent, nous allons passer en revue tous les faits qui sont à notre connaissance, afin de donner à notre pessimisme apparent l'autorité qui peut-être pourrait lui faire défaut, si l'on se contentait d'un examen superficiel de la question qui nous préoccupe tous à si juste titre.
Dans le courant de l'année 1882, treize communes, situées dans les trois arrondissements, Tours, Loches et Chinon, se voyaient successivement officiellement déclarées phylloxérées
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sur des étendues qu'on évaluait alors à environ 125 hectares. Partout, dès cette époque, les taches étaient profondément marquées, visibles, au dire des propriétaires, depuis deux années, et seul le hasard qui avait fait reconnaître le puceron à Noizay, en provoquant une légitime émotion suivie de nombreuses recherches, avait été la cause déterminante de la découverte successive de ces treize foyers.
Le vigneron voyait bien mourir sa vigne, mais comme toujours il en attribuait les ellcts à des causes fort diverses, à l'exception exclusive du phylloxéra, à l'existence duquel il ne croyait généralement pas.
Ainsi, de par même les faits, il reste donc démontré que deux années plus tôt et parfois trois, la maladie était visible sur quelques points de l'Indre-et-Loire et aurait pu être signalée si elle n'avait trouvé pour complice, dans sou oeuvre de destruction, le vigneron lui-même agissant avec la force d'inertie et le scepticisme dont il est parfois capable.
Ni voir, ni croire, inertie et scepticisme, voilà quelle a été au début, presque partout en Touraine comme en France, la philosophie du vigneron, dans une question dont les conséquences le menacent si directement, puisqu'il s'agit de l'existence même du cep, ce laborieux ouvrier, ce puissant créateur de richesses, qui lui livre sans marchander et si généreusement les capitaux accumulés dans le sol par les siècles !
Et pendant ce temps inconsciemment perdu pour la défense, l'insecte, d'une merveilleuse activité secondée par une prodigieuse fécondité donnait naissance, sans aucun doute, à de nombreux essaims qui devaient être pour l'avenir autant de colonisateurs intrépides. Bientôt les faits encore, malheureusement, justifieront ces assertions qui résultent de données scientifiques se rapportant à l'histoire naturelle du phylloxéra. Ainsi donc, à peine découvert chez nous, l'ennemi s'y dévoile solidement installé, trahissant sa présence sur quelques points seulement, tandis que sur les autres, beaucoup plus nombreux, nouveau venu et invisible, il n'en travaille que plus sûrement à son oeuvre d'épouvantable destruction.
Voyons aujourd'hui les faits accomplis depuis cette époque ; précisons l'état actuel de l'invasion, sa manière d'être dans le passé, dans le présent, pour en dégager autant que faire se pourra l'avenir qui semble réservé à nos vignobles d'Indre-etLoire.
Il y a quelques jours, dans un rapport que nous adressions à M. le préfet, nous lui signalions deux nouvelles communes à ajouter à la liste déjà longue de celles où le phylloxéra a fait son apparition.
Et ainsi se trouvait porté à 26 le nombre des communes ac-
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tuellement reconnues contaminées, soit exactement le double du chiffre indiqué dans le rarpport de M. Duclaud.
La répartition se fait, nous l'avons dit, sur les trois arrondissements dont se compose le département, savoir : quatre communes, Vernou, Noizay, Chançay formant le foyer de Vouvray, et Cangé formant le foyer d'Amboise, ensemble le foyer de la Loire, avec 107 hectares contaminés dans l'arrondissement de. Tours ; quinze communes : Vallères, SainteMaure, Pouzay, Antogny, Pussigny, Brizay,Theueuil, Lemeré, Champigny, Courcoué, Chaveignes, Braslou, Braye-sousFaye, Razines et Faye-la-Vineuse, avec 65 hectares envahis, clans l'arrondissement de Chinon ; et enfin celui de Loches avec 23 hectares phylloxérés et sept communes : Bossay, Yzeures, Ciran, Ligueil, Tauxigny, le Petit et le Grand-Pressigny : soit au total 195 hectares.
Ces chiffres toutefois représentent-ils exactement le bilan de la situation ? Non, sans doute, car ils ne se rapportent qu'à ce qui est apparent ou sur le point de l'être à la limite des foyers sur lesquels le hasard ou l'appel des viticulteurs nous ont porté. Très certainement le mal est plus étendu, et nous ne surprendrons personne en l'affirmant, puisque 26 communes ont pu être phylloxérées et présenter des taches visibles pour les yeux les moins clairvoyants, pendant une et même quelque fois deux années, sans que l'on s'en soit douté. Nous croyons être au-dessous de la vérité en disant que l'invasion est chez nous largement doublée, tant pour le nombre des communes atteintes que pour le chiffre de foyers.
A quelle époque peut remonter ia contamination dans toutes les communes signalées précédemment, à l'exception de Noizay pour laquelle nous avons précisé la date en commençant? D'un manière absolue, il est difficile de préciser des dates, en ce sens que plusieurs facteurs sont à considérer pour cette détermination et que nous ne pouvons que leur attribuer une valeur relative. L'âge de la vigne, la nature du cépage, le sol surtout jouent un rôle important dans le degré de résistance et par suite sur la période qui précède l'apparition de la maladie.
Dans les terrains calcaires pauvres et sans profondeur, comme on en trouve à Brizay, Theneuil, Pouzay, Faye-laVineuse, etc., le cep n'ayant pour résister qu'un appareil radiculaire restreint et superficiel, la destruction est rapide et la mort arrive bientôt : trois années, à notre avis, après l'arrivée des insectes fondateurs, suffisent pour rendre irrémédiable la mort du cep ; au contraire, lorsque le sol est profond et fertile, que la vigne, quoique jeune, a complété l'appareil nourricier, quatre et même cinq années peuvent être nécessaires. Dans le premier cas la maladie peut apparaître déjà à la se-
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conde année pour fournir le dénouement à la troisième ; dans le second, au contraire, il faut attendre trois années, quelquefois quatre pour que le puceron révèle sa présence par une végétation amoindrie en certains points isolés de la surface du vignoble, conséqnemment le dénouement fatal est retardé; il peut aller à la cinquième année après l'invasion.
La conclusion à tirer do ces faits, c'est que l'on peut être phylloxéré pendant plusieurs années sans s'en apercevoir et que, lorsque le mal apparaît, de nombreux essaims partis de ce foyer initial ont déjà fondé de nouvelles et importantes colonies qu'on peut soupçonner, mais qu'il n'est pas toujours facile de découvrir avant l'apparition des taches qui plus tard en seront la conséquence.
Presque partout où des foyers ont été constatés, on trouve la progression fatale suivante sur les taches, en allant du centre à la circonférence : au coeur même du foyer des ceps déjà morts, puis des mourants qu'il ne faut point chercher à sauver et que l'on doit se hâter d'arracher avec les premiers pour brûler sur place ; ensuite les malades déjà sérieusement affaiblis, bien que la végétation ne trahisse pas encore toute l'étendue du mal : ils pourront être défendus et sauvés dans les bonnes terres, avec traitement et fumure ; enfin ceux dont l'attaque est récente, qu'elle soit légèrement apparente ou non, pourront recevoir toujours très utilement les traitements et seront facilement maintenus en état de production avec des opérations continues chaque année. Nous sommes, vous le voyez, messieurs, en présence de ce que l'on a appelé si justement la cuvette phylloxérique, pour marquer les degrés du mal et les étapes de l'insecte dans ses migrations autour du cep qui fut le berceau de la première génération. Mais comme les vignobles attaqués sont loin d'avoir la même force de résistance naturelle en raison même des causes que nous énoncions tout à l'heure, nous pouvons dire que les foyers que nous connaissons aujourd'hui dans l'Indre-et-Loire sont vieux de trois à cinq années, et comme ils ne sont point restés inactifs, on peut admettre, ainsi que nous le disions il y a un instant, que le mal est beaucoup plus sérieux que ne le comportent les constatations officielles. Beaucoup de personnes sont encore à se demander, actuellement, quelle a été la cause de l'invasion d'abord, puis de la dissémination dans les arrondissements de Loches et de Chinon, la question ayant été résolue pour Tours par l'apport de plants contaminés à Noizay. Les uns croient à la dégénérescence de nos cépages et voient dans la maladie un effet et non une cause, comme l'admettent les partisans de cette hypothèse, qui veut que le phylloxéra soit la cause exclusive de la maladie, et qui est certainement la vraie. Mais encore, chez ces derniers, les uns prétendent que c'est là le fait du transport
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des plants contaminés, uniquement, alors que les autres ne voient là qu'un produit des essaimages issus des foyers existant antérieurement chez nos voisins des départements limitrophes.
Relativement à l'opinion des premiers, le phylloxéra « effet », nous la jugerons en rappelant icil'histoiredu chou et du lapin, dans laquelle le chou, mangé par le lapin, est simplement regardé comme malade et traité pour tel, tandis que le lapin, en présence d'une végétation surexcitée par d'abondantes fumures et données comme remède à la situation, s'en donne à belles dents et rit de la méprise qu'engendre son larcin. La mort du pécheur eût bienmieuxfait l'affaire du pauvre chou, comme celle du phylloxéra ferait bien mieux celle de nos vignobles attaqués ou menacés. Quant à l'opinion des seconds, il est certain qu'elle est exacte dans une certaine mesure, en ce sens qu'au lieu d'être le moyen exclusif de la propagation, elle est l'une des nombreuses causes qui contribuent à la dissémination de l'ennemi. Assurément, en transportant des boutures ou des racines provenant de territoires phylloxérés et susceptibles dès lors de renfermer des aptères sur les racines ou simplement l'oeuf d'hiver sous les écorces du bois de deux ans, il est facile d'apporter l'insecte dans une région quijusque-là en était indemne. La loi, d'ailleurs, a prévu le cas ; ellerèglelacirculation desdits plants ou boutures et punit sévèrement les délinquants.
Mais alors on agit en cachette, à l'insu des autorités locales, et pour n'avoir pas été honnête ou prévoyant, on apporte le puceron dans ses nouvelles plantations, et avant qu'elles aient pu porter fruits, il faut songer à les arracher.
De plus, le fléau passe chez les voisins, et ainsi pour toujours se trouve envahie toute une région, pour quelques misérables plants qu'on aurait pu se procurer chez soi. Qu'au moins ceux qui se rendront coupables de ces exportations prohibées sachent bien à quoi ils s'exposent, tant pour les responsabilités morales que matérielles qu'ils encourent. Nous ne croyons pas que jusqu'ici nous devions la fondation des foyers qui nous sont connus à ce mode de propagation. En admettant sa participation, ce n'est guère que dans un an ou deux qu'apparaîtront les nouveaux foyers qu'il aura engendrés.
Reste donc l'influence des vents transportant les ailés. C'est là, à notre avis, la véritable cause de la dissémination de l'insecte dans notre département.
Tous les foyers, d'après les observations que nous en avons faites, proviendraient d'essaims partis de la Vienne et qui seraient venus s'abattre à des époques différentes sur vingtcinq points principaux de notre territoire, situés généralement sur les coteaux ou les pentes regardant le soleil couchant.
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Il résulte, en outre, de la disposition des foyers que ce sont presque toujours les vents d'ouest et ceux du sud-ouest qui sont les agents de la propagation à distance. Au reste, il suffit pour s'en convaincre de jeter les yeux sur la carte phylloxérique départementale et, dans chaque foyer, de rechercher la direction suivie par l'insecte dans sa marche en avant ; on verra toujours qu'elle est celle du nord-est et de l'est.
Noizay, à ce sujet, offre un exemple fort remarquable de l'influence desvents dominants.
Est-ce à dire cependant que seuls ces vents soient les véhicules de l'insecte et que ceux des autres directions soient sans danger. Non, sans doute. Si les premiers sont les plus dangereux, cela tient à ce qu'ils soufflent le plus ordinairement en Touraine du 15 juillet au 15 septembre, période durant laquelle se forment et émigrent les essaims.
Peut-être aussi le phylloxéra a-t-il une prédilection pour ces courants chauds et humides qui semblent devoir plus particulièrement le transporter. Ou bien son instinct qui le pousse sans cesse à la conquête de nouveaux vignobles à dévorer, lui fait-il fuir les régions méridionales et celles du sud-ouest qu'il a dévastées, pour les pays du nord encore pour la plupart indemnes? C'est possible. Dans tous les eus, les faits existent, et quelle que soit leur raison d'être ils ne s'en imposent pas moins a notre examen etànos recherches pour l'application des mesures préventives et défensives qu'ils comportent.
Beaucoup de viticulteurs se croiront peut-être, en lisant ces lignes, préservés du fléau encore pendant de nombreuses années, parecqu'ils se trouveront avoir leur vignoble placé à l'ouest ou au sud-ouest d'un foyer situé dans leur voisinage. Sans doute leur position est meilleure que celle de ceux qui sont placés à l'est ou au nord, toujours par rapport au foyer considéré ; mais qu'ils n'oublient pas qu'il suffit d'un caprice du vent pour jeter sur leurs eeps toute une colonie d'ailés ; ou bien encore que si, parrapport à un foyer, ils se trouvent relativement préservés, il peut exister d'autres foyers placés à l'arrière, visibles ou invisibles, connus ou inconnus, qui sont dès lors pour eux une menace permanente, sachant que la distance n'est rien pour l'insecte et qu'il suffit d'une bourrasque pour lui faire franchir un grand nombre de kilomètres, rivières et fleuves, cultures diverses et forêts, et le jeter en bataillons serrés dans les vignes jusque-là préservées.
D'ailleurs point n'est besoin d'un grand nombre d'individus pour fonder la colonie ; un seul ailé suffit amplement à cette oeuvre de propagation, de multiplication et de destruction, attendu que dans l'espace d'une seule année il peut constituer une famille innombrable composée de plusieurs centaines de millions d'insectes.
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La position du puceron sur un grand nombre de points culminants des coteaux qui forment l'horizon du département à l'ouest et au sud-ouest; sa présence au nord et au sud de la Loire, depuis Cangey, foyer extrême au nord, jusqu'à Fayela-Vineuse, foyer extrême au sud-ouest ; depuis Vallères, sur la rive gauche de la Loire, jusqu'à Bossay et Yzeures, à la limite sud du département; les postes intermédiaires de SainteMaure, de l'Ile-Bouchard, de Richelieu, de Tauxigny, de Ligueil, du Pressigny, auxquels il faut ajouter comme foyers de liaison entre les taches de l'ouest et celles du sud, Antogny et Pussigny, montrent bien que la viticulture tourangelle est désormais étroitement solidaire en présence des attaques permanentes du redoutable ennemi qui la menace. Le moment des illusions pour ceux trop nombreux qui les ont eues doit donc être à jamais passé.
Le phylloxéra trouve en Touraine toutes les conditions requises pour son développement normal, sa multiplication surprenante et sa dissémination rapide ; c'est dire que bien installé chez nous, il y restera si une cause quelconque ne l'en chasse, ce qui est désirable, mais non prévu.
Durant cette année 1883, qui aura bien marqué pour nous l'étendue du désastre futur, non seulement il y a eu formation de foyers nouveaux et nombreux, mais encore les anciens, ceux découverts l'année dernière, se sont accrus dans des proportions énormes et, ainsi que nous le disions tout à l'heure, presque exclusivement dans la direction de l'est et du nord-est.
Des taches secondaires provenant des émigrauts du foyer principal se sont fréquemment manifestées, dispersées d'une manière irrégulière dans un rayon de plusieurs centaiues de mètres, quelquefois d'un kilomètre et plus, marquant ainsi les étapes successives du puceron.
Un coup d'oeil jeté rapidement chez nos voisins pourra, si malgré tout il restait des doutes, rappeler à la réalité des choses même les plus optimistes.
Le département du Loiret compte actuellement 53 hectares phylloxérés et résistants, av ee 30 hectares détruits, soit au total 83 hectares, répartis sur dix-neuf communes, situées dans les arrondissements d'Orléans et de Montargis,et formant par cela même deux foyers principaux, celui de la Loire et celui du Gâtinais.
Eu égard à l'époque déjà reculée de l'invasion, le mal est peu considérable ; mais il faut rapprocher des faits observés cette double circonstance atténuante: c'est que, aux portes d'Orléans l'insecte est installé dans les terres sablonneuses formées par les alluvions de la Loire et qu'il a été combattu énergiquement avec le sulfure de carbone qui a répondu par
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un plein succès ; que dans le Gâtinais la découverte ne remonte qu'à l'année dernière, bien que le puceron y fût installé déjà depuis plusieurs années. Ici du moins les vignes sont rares et espacées, ce qui entrave certainement la marche du fléau.
Dans le Loir-et-Cher, le bilan de la situation phylloxérique s'établit ainsi qu'il suit : 200 hectares phylloxérés, 51 communes contaminées. Les traitements, nombreux au début de l'invasion, ont cessé depuis; aujourd'hui les syndicats tendent à s'organiser sur plusieurs points.
Dans le Maine-et-Loire, le phylloxéra n'a été découvert qu'au printemps de cette, année ; on l'a trouvé installé aux environs de Saumur, dans les coteaux de la commune de Martigné-Briant, sur une étendue déplus de 30 hectares.
Le conseil général, se laissant gagner par l'émotion que cette découverte avait provoquée, a voté à sa session dernière une somme de 25,000 francs pour le service des traitements, qui ont été entrepris immédiatement et très sérieusement continués.
Dans la Vienne, beaucoup plus rapprochée des Charentes dont le désastre viticole offre l'aspect le plus lamentable que l'on puisse concevoir, le mal est déjà considérable.
La situation se décompose de la manière suivante pour les deux années 1882,1883.
1882 1883
Communes phxlloxérées 172 h. 195 h.
Surface attaquée 4,090 h. 5,865 h.
Surface détruite 4,030 h. 1,880 h.
Surface traitée au sulfure de carbone.. . 91 h. 160 h.
Ces chiffres vous paraîtront suffisamment éloquents pour que je n'aie pas besoin de les commenter.
Enfin, dans l'Indre, le mal n'est guère moins considérable que dans la Vienne.
Quatre arrondissements sont contaminés, mais ici l'apathie des populations fait que jusqu'ici on ne s'est guère préoccupé des ravages causés. Quelques syndicats, cependant, fonctionnent depuis peu et affirment des résultats dignes de les encourager à persévérer dans la voie delà défense.
Ces faits démontrent, dans leur ensemble, surabondamment la gravité de la situation, et il est inutile d'insister davantage sur ce point.
Que doit donc faire la viticulture tourangelle ? Que lui conseille le patriotisme le plus élémentaire d'abord, le soin de ses intérêts les plus considérables ensuite ?
Ce n'est assurément pas, on en conviendra aisément, l'attitude du laisser faire et d'attendre les événements dont les
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conséquences sont là désastreuses et menaçantes à nos portes
Pas davantage il ne faut se diviser dans la lutte à engager, beaucoup trop de nos vignobles étant incapables de supporter isolément les dépenses afférentes aux opérations de la défense. Et cependant la lutte est pour nous un devoir impérieux I Que l'expérience des 52 départements qui nous ont précédé dans l'invasion serve d'exemple à nos viticulteurs, à nos vignerons surtout.
La lutte est possible, on n'en saurait douter, puisqu'à la fin de l'année dernière elle s'exerçait en France sur 50,000 hectares et que cette année c'est sur 80,000 hectares et plus que les efforts combinés de toutes les initiatives vont exercer leur action bienfaisante et réparatrice, soit pour tuer le puceron, soit pour le mettre aux prises avec la racine américaine qui parait lui résister quant à présent pour certaines variétés.
Tout récemment encore, à la date du 9 novembre dernier, la Commission supérieure du phylloxéra décidait d'accorder des subventions à 194 nouveaux syndicats, créés dans 16 départements, et comprenant 4,531 propriétaires, pour traiter 7,029 hectares de vignes.
De tous côtés on se réunit, on groupe les forces ; les plus récalcitrants eux-mêmes s'avouent vaincus et s'offrent à prêter leur concours. Dans les syndicats de la première heure, les adhésions arrivent journellement ; de quelques adhérents qu'ils étaient au début, ils sont aujourd'hui des centaines : tel, par exemple, le syndicat de Chirouble, dans le haut Beaujolais, qui, en 1879, date de sa formation, comprenait 68 membres pour traiter 34 hectares, et qui, par suite d'adhésions nouvelles voit le nombre de ses adhérents porté à 172 à la fin de 1882, traitant ensemble 255 hectares.
Dans l'Hérault, à Béziers, un syndicat s'est formé sous la présidence d'un homme de coeur et d'énergie, M. Jaussan. Plusieurs centaines de propriétaires le composent et traitent près de 4,000 hectares.
Ils sont nombreux encore les exemples que nous pourrions vous citer; mais ceux-là suffisent, nous croyons, pour démontrer que l'esprit de la résistance reprenant le dessus, on songe plus que jamais à la lutte, ce qui se traduit le plus souvent par l'organisation et le fonctionnement des syndicats.
D'une manière générale, et au point de vue du recrutement, les syndicats une fois formés ont fait la boule de neige.
On n'en cite pas un seul qui, mécontent des résultats obtenus, se soit dissous ou, simplement, qui ait vu diminuer le nombre de ses membres. Et si d'autres luttent, se défendent avec énergie et réussissent, c'est qu'ils y trouvent leur intérêt. Pourquoi, alors, la viticulture tourangelle n'entrerait-elle pas dans cette voie ? Est-ce qu'un département qui compte plus de 6,000 viti-
culteurs, possédant 60,000 hectares de vignes ; qui pioduit en moyenne 1,100,000 hectolitres de vin, d'une valeur de plus de 30 millions, revenu d'un capital de près de 400 millions de francs ; est-ce que, dis-je, une telle richesse ne mérite pas qu'on la défende quelque peu.
Ce cep de vigne qui a créé tant de richesses, amené l'aisance là où régnait la misère, la prospérité ici où se manifestait la gène, ne mêrite-t-il pas, ce cep, qu'au moment du danger nous lui tendions la main et lui portions secours ? Il faut, si nous voulons laisser ce vignoble à ceux qui nous suivront, ce dépôt précieux que nous ont légué nos pères et pour lequel nous ne devons jamais mériter le reproche de n'avoir pas su le défendre, il faut nous coaliser et le défendre.
Mais comment lutter ? Comment se défendre ?
Y a-t-il possibilité? et, celle-ci étant admise, quels sont les moyens, les armes à employer, les efforts à dépenser, les sacrifices à consentir ?
Ici commence, par l'exposé de la défense proprement dite, la seconde partie de cette étude.
„Je serai bref, puisqu'il n'y a sur ce sujet rien de. bien nouveau à dire, sauf en ce qui concerne les cas particuliers au département d'Indre-et-Loire.
Quatre procédés ont seuls survécu aux nombreuses découvertes qu'a produites l'imagination surexcitée des gens à la recherche de la méthode qui devait leur faire décerner la prime de 300,000 francs, offerte par l'État depuis plusieurs années déjà, pour récompenser celui qui trouverait le remède radical pour nous guérir de la maladie phylloxérique ; et à peu près seuls aujourd'hui ils se partagent les honneurs de la défense. Cette prime, cependant, reste à trouver preneur et le procédé radicalement destructeur à découvrir.
Mais ce n'est pas à dire que, comme aux premiers jours de l'invasion, nous restions impuissants.
La science, aidée par l'expérimentation, a su nous forger quelques armes, qui se recommandent à des titres divers à la sérieuse attention des viticulteurs.
Ces moyens vous les connaissiez déjà et, sans entrer dans le détail des circonstances qui ont amené leur découverte, il me suffira de les énumérer devant vous.
Au premier rang nous trouvons les terrains que leur état physique meta l'abri des attaques de l'insecte, les sables.
Quelles sont d'ailleurs les causes de cette résistance?
Qu'il y ait là un simple effet physique, comme le phénomène de la capillarité s'exerçant dans un sens contrarié à l'insecte ; qu'il s'agisse d'une action purement mécanique résultant du tassement naturel des éléments siliceux, qui ferait que le puceron ne pourrait plus circuler dans la masse, il est certain
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que les vignes en terrain sablonneux, dont la proportion des éléments siliceux varié de 80 à 90 0/0 sont en dehors des attaques du phylloxéra, qui même apporté avec intention dans ces sortes de milieux, n'y trouve pas réunies les conditions nécessaires à son existence et disparait bientôt.
Témoin de ces faits heureux et suiprenants les sables des environs de la petite ville d'Aigues-Mortes, située au milieu des dunes des Bouches-du-Rhône, et dont la valeur foncière a passé rapidement de 200 francs à cinq etsix mille francs l'hectare, le jour où leur résistance naturelle a été démontrée.
Déjà de plantureux vignobles inondent de verdure, durant l'été, ce pays qui naguère encore était d'une stérilité proverbiale et brûlé par le soleil, tout en donnant, d'abondantes récoltes de vin au coeur même de la maladie phylloxérique.
En Touraine les sables sont rares, du moins comme il les faudrait. Quelques surfaces cependant paraissent à l'examen réunir les conditions exigées pour l'immunité ; mais serait-il sage, sous un climat comme le nôtre, d'entreprendre des plantations dans de telles conditions, à grands frais de premier établissement et d'entretien ?
Nous ne le pensons pas et ne le conseillons point.
Dans les vallées de la Loire, de la Vienne, les alluvions sablonneuses qui les constituent ne jouiront pas plus chez nous que dans le Loiret et la Vienne de l'immunité absolue.
L'insecte, sans aucun doute, éprouvera quelques difficultés de propagation de ce côté ; les traitementsy seront plus faciles et plus efficaces, c'est bien quelque chose, mais c'est tout.
La submersion, procédéd'asphyxie de l'insecte par l'eau, dûà M. Faucon, n'est malheureusement pas applicable chez nous, si ce n'est à titre d'exception fort rare.
Nos vignobles, en général, font l'ornement des coteaux et parfois des plateaux élevés de la Touraine ; le procédé est donc sans emploi pratique : dans ces conditions, inutile d'insister.
Nous arrivons maintenant aux insecticides, c'est-à-dire aux moyens de destruction de l'insecte basé sur l'introduction dans le sol de certaines matières qui asphyxient ou empoisonnent le puceron. Le sulfocarbonale de potassium et le sulfure de carbone, les seuls agents de cette nature qui soient reconnus par la Commission supérieure du phylloxéra, vont seuls nous occuper ici.
Le sulfocarbonate de potassium est un produit liquide qui résulte de la combinaison du sulfure de carbone avec le sulfure de potassium et qui renferme environ 14 0/0 du premier élément, qui seul concourt à la destruction de l'insecte ; le sulfure de potassium est un reconstituant par la potasse qu'il apporte au sol en même temps qu'il modère l'influence insecticide du premier.
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Ce produit vaut aujourd'hui 42 francs les 100 kilos en gare de Bergerac ; il s'emploie à des doses variables, selon le degré d'intensité de la maladie, en moyenne à raison de 600 kilos à l'hectare, soit de ce chef, frais de transport compris, environ 300 francs.
Mais à ce chiffre il convient d'ajouter les dépenses qu'entraîne l'emploi d'un très fort volume d'eau indispensable à la diffusion complète de l'insecticide dans le sol. A ce sujet, il n'y a pas de chiffres absolus ; ils dépendent en effet de la nature du sol, de l'intensité de la maladie et de l'éloignement des ceps. Cependant, pour fixer les idées nous dirons que dans une terre de perméabilité moyenne, avec des espacements de 1 mètre sur deux entre les ceps, 30 litres d'éau sont nécessaires par souche, ce qui donne pour le volume liquide exigé par hectare environ 150 mètres cubes.
Or, non seulement le transport et la distribution de cette masse d'eau doubleraient le prix de la matière première; mais, ce qui est le cas le plus ordinaire, il y aurait impossibilité ou de très grandes difficultés pour se procurer sur place un semblable volume d'eau.
En résumé, l'emploi du sulfocarbonate de potassium quoique très recommandable dans le traitement des vignes phylloxérées, ne saurait trouver chez nous les conditions de son emploi économique.
11 pourra servir à titre d'essais dans quelques cas fort rares où l'eau se trouve sur place, mais pour la pratique courante il est et il demeurera, quoiqu'il arrive, sans utilité chez nous. La chose est assurément regrettable, car le Midi et la Gironde notamment l'emploient à l'aide des appareils Hembert et Mouillefert qu'exploite la Société nationale contre le phylloxéra, et s'en montrent fort satisfaits. Mais ici l'abondante production ou la qualité des produits permettent à la viticulture méridionale de consentir des sacrifices qui, chez nous, n'auraient leur raison d'être qu'au début de l'invasion et comme moyen d'action de riches et puissants syndicats.
Nous voilà enfin arrivé au sulfure de carbone, qui paraît être pour nous l'agent par excellence de la lutte à entreprendre contre l'insecte. C'est un liquide formé de charbon et de soufre, incolore, d'uDe remarquable fluidité et extrêmement volatif, laissant par évaporation à l'air un abondant dépôt de soufre en même temps qu'il dégage une odeur assez semblable à celle des oeufs pourris. Ce produit, vendu 40 francs les 100 kilos en gare de Marseille, revient à Tours à environ 50 francs. ;
La dose ordinaire dans le traitement cultural annuel est de 200 à 250 kilos, selon que l'on opère en été ou en hiver.
La main-d'oeuvre, dans nos opérations, a varié depuis 70
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jusqu'à 120 francs par hectare, selon le moment de l'emploi et la consistance du sol, qui offre à la pénétration des pals ou pompes foulantes de distribution une résistance extrêmement variable. Parfois, et c'est le cas le plus fréquent dans Indreet-Loire, les trous doivent être ouverts au moyen de barres de fer ou avant-pals. On conçoit que dans ces conditions la maind'oeuvre se trouve sensiblement augmentée, et c'est ce qui explique le chiffre de 120 francs dans quelques cas d'ailleurs assez rares. Quinze à vingt-cinq journées d'homme, comportant 10 heures de travail effectif chacune, voilà le temps matériel qu'exige l'hectare de vigne pour être sulfuré dans de bonnes conditions. Dans le tableau qui résume l'état de la défense à la fin de 1882, le sulfure de carbone figura pour 17,000 sur environ 50,000 hectares, chiffre total que se partagent assez irrégulièrement les différents moyens de défense.
Actuellement, c'est sur 80,000 hectares que la lutte est organisée, quantité encore bien faible si nous la comparons aux 1,500,000 hectares tant détruits que malades sur lesquels s'est abattue la maladie phylloxérique, mais enfin qui permet de reprendre courage et de regarder avec plus de confiance l'avenir qui nous est réservé.
Uaus l'Indre-et-Loire les premiers traitements, commencés cette année, ont permis d'opérer 51 hectares de vignes ainsi repartis : 23 hectares sulfurés par le service départemental des traitements administratifs, et28 par les syndicat* d'Amboise et de Vouvray.
Les résultats, disons-le tout de suite, sont des plus encourageants, et nous laissent entrevoir, si la lutte s'organise prompte et énergique, la possibilité d'entraver sérieusement la marche de l'envahisseur pendant de nombreuses années.
Mais dans l'état actuel des choses et seulement pour ce qui est de notre département, l'unique moyen, à notre avis, d'opposer à l'ennemi une barrière défensive suffisante, réside dans ia constitution des syndicats.
Vouvray et Amboise, a ce sujet, peuvent servir de modèles. Le premier de ces syndicats, fondés l'un et l'autre pour une période de trois aimées, comprend 1,045 associes ayant placé sous la sauvegarde de l'association environ 1,550 hectares de vigues ; le second renferme 1,056 adhérents pour 1,528 hectares. Dans les deux cas ia cotisation s'élève à a francs par hectare, ce qui a mis dans la caisse de chaque syndicat une somme de plus de 7,500 francs, que l'État a doublée.
C'est, en un mot, le principe d une véritable assurance mutuelle qui est pose là, laquelle bénéficie, en vertu de la loi, du précieux concours de l'Etat, qui a apporte des subventions importantes.
Quant aux résultats obtenus, ils ne peuvent être mis en
1884 «
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doute : les adhésions nouvelles, la satisfaction manifestée par tous les propriétaires traités sont pour nous le meilleur et le plus désintéressé des jugements, que nous livrons sans commentaires à votre appréciation.
En ce qui concerne plus spécialement les travaux exécutés par l'administration et qu'en notre qualité de délégué départemental nous avons été appelé à diriger, ils ont porté sur un ensemble de 23 hectares, repartis sur le territoire de dix communes, et ont été effectués de mars à aujourd'hui, avec interruption en août et septembre, période durant laquelle la circulation devient souvent difficile dans le vignoble, en même temps que l'on a à redouter les accidents de végétation.
Des visites que nous avons faites récemment dans toutes les parcelles traitées jusqu'en août, il résulte que le. bon effet des traitements apparaît clairement à tous les yeux, surtout lorsque l'on a, dans le voisinage, des taches non traitées pouvant servir de témoins. D'une manière générale on constate une meilleure végétation, par suite l'aoûtement plus complet des sarments ; qu'en certains points le mal pris à temps a été enrayé ; que les insectes, recherchés avec soin sur les racines, se sont montrés fort rares et parfois complètement absents ; qu'enfin tous les propriétaires traités sont satisfaits, quelquefois même très satisfaits, ainsi que nous l'écrivait à l'approche des vendanges M. Hervé, de Seligny, dans les termes suivants : « Je suis très satisfait de votre traitement, j'ai une splendide récolte sur souches et composée de raisins superbes ; quant à la végétation, les sarments de deux mètres ne sont pas rares, lesfeuilles grandes et d'une belle teinte verte : tout cela me fait croire que ma vigne est sauvée. Je sais cependant qu'il n'en est rien si on l'abandonne, aussi suis-je décidé à tous les sacrifices pour la conserver, autant que vous voudrez bien m'apporter le concours de l'administration. A côté, mes voisins qui ont refusé le traitement ne récolteront rien ; les taches ont grandi sensiblement et beaucoup de ceps sont morts. »
Qui plus est, actuellement un grand nombre de propriétaires nous demandent de traiter leurs vignes malades et, signe caractéristique, s'engagent à fournir une partie notable de la main-d'oeuvre. Ces constatations en disent certainement beaucoup plus que les plus savants discours et nous les soumettons avec confiance à vos judicieuses réflexions, comme sanction des résultats obtenus.
Mais, on le conçoit, tout cela est encore peu de chose en présencet du danger qui nous menace.
L'Etat, dans les traitements administratifs, entend prêcher par l'exemple que donnent les faits accomplis; son action ne saurait donc exister toujours, surtout si elle restait sans écho ; aussi lorsqu'il jugera la preuve suffisamment faite pour tous
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ceux qu'elle intéresse si directement parmi nous, il se montrera certainement plus réservé dans l'allocation des crédits qu'aujourd'hui il nous octroie si libéralement. Ainsi, dans le Midi et le Sud-Ouest, les choses se sont passées. Ce moment, cependant, nous parait encore quelque peu éloigné pour notre département ; toutefois c'est une éventualité qui tôt ou tard se produira, nous devionsdonc la signaler pour éviter des surprises.
Indépendamment de ces raisons, qui appellent à l'action tous les viticulteurs, il en est une autre qui a bien quelque valeur, c'est que prochainement, si nous ne le sommes déjà, nous serons débordés.
Par conséquent, pour être efficace et durable, la lutte ne doit pas être le résultat de l'effort d'un seul ou de quelquesuns, elle doit procéder de l'universalité des ressources que la viticulture tout entière peut mettre en jeu. A côté des moyens que nous venons d'étudier et qui ont pour but de nous mettre à l'abri de l'insecte en utilisant les aptitudes naturelles du sol, ou de le combattre là où il existe afin de restreindre ou de supprimer les essaimages, par suite d'arrêter la fondation des colonies nouvelles, s'en place un dernier qui a pour objet la reconstitution des vignobles détruits, en même temps que la mise à l'abri des ravages du puceron les vignobles de nouvelle création dans les terres vierges de cette culture. Nous voulons parler des vignes américaines, préconisées par un grand nombre de viticulteurs méridionaux comme le seul et unique remède à la situation. Vous savez, messieurs, que les cépages indigènes du Nouveau-Monde tiennent leur immunité, relative disons-le bien haut, de la constitution spéciale du tissu de leur racine, c'est du moins l'opinion du directeur de l'école de Montpellier, qui fait autorité dans la matière, — ce qui permet au cep américain de vivre en assez bonne intelligence avec son ennemi. Eh bien. I lorsqu'on lit sans parti pris ce qui s'imprime tous les jours sur la résistance des vignes américaines ; lorsqu'on juge froidement et de visu les résultats obtenus dans les milliers d'essais qui depuis dix ans ont été tentés, on reconnaît qu'il n'y a point là matière à un excès d'enthousiasme, qu'il est sage, au contraire, de se montrer réservé sur une question qui n'a pas encore dit son dernier mot.
Loin de nous, cependant, la pensée, d'être injuste envers les variétés américaines. Nous reconnaissons volontiers qu'elles ont rendu des services à quelques viticulteurs ; bien plus nous les considérons comme formant un appoint sérieux dans la lutte à entreprendre, comme une arme quelquefois bien forgée pour le bon combat ; mais du moins qu'elles sachent rester à la place qu'elles doivent légitimement posséder, qu'elles occupent par droit de conquête, en un mot, au poste que leur assignent la logique et les services rendus. Oui, les vignes amé-
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ricaines peuvent nous être un précieux auxiliaire ; oui, nous de vous cherchera compléter leur étude, à connaître les conditions de leur adaptation au sol et au climat de la Touraine; mais nous nous refusons à les reconnaître comme le remède à tous les maux dont souffre la viticulture nationale et notamment infaillible en présence de la maladie phylloxerique, ainsi que le prétendent quelques-uns de leurs plus zélés défenseurs, qui considèrent comme puérile la défense de ce vieux vignoble de près de deux millions d'hectares, qui représentait jadis un revenu de près de 1 milliard 500 millions et qui contribua puissamment à faire disparaître tant de misères par la création de richesses considérables. N'y eut-il que le sentiment de la reconnaissance en jeu que nous estimerions obligatoire la défense de nos vieilles souches.
Au surplus, comme circonstance aggravante contre les américanistes, s'est glissée adroitement l'idée mercantile dans la renommée à créera la racine résistante, pour faciliter l'écoulement des fagots de sarments à des prix élevés.
L'histoire des vignes américaines introduites eu France nous révèle qu'à côte, de quelques variétés qui semblent résister à l'insecte, qui parfois même donnent des résultats heureux qu'on proclame Dieu haut, dans des conditions déterminées de sol et de climat, s'en trouvent uu très grand nombre d'autre^ qui nous furent présentées autrefois comme absolument indemnes de la piqûre de l'insecte et que, cependant, nous ne trouvons plus aujourd'hui que rangées dans ia catégorie des impuissantes, comme de simple^ vignes françaises.
N'était-ce pas à ^revoir ? la structure de la racine américaine, cause probable de la résistance, avons-nous dit, devant nécessairement se modifier en raison des nouvelles conditions des milieux qui lui étaient imposés et ayant perdu du même coup la cause principale de sa force.
Cette critique des manières d envisager les choses parmi l'école américaine, ne nous empêche pas de reconnaître et de proclamer que le cépage américain, comme moveu de reconstitution des vignes détruites, à droit à l'atteutiou de nos viticulteurs.
Mais tout d'abord étudions la manière d'être, chez nous, de ces variétés nouvelles, et ne plantons qu'en connaissance de cause, si nous voulons éviter les écoles, les dépenses inutiles. Le Kiparia Sauvage, le Solouis, le Viala, le Kupestris, le York's-iYiadeira, tous porte-greffes, se recommandent plus particulièrement aux faveurs de la viticulture méridionale ; etudioiis-les et, a cet eilet, créons des pépinières de semis, la bouture comme le plant racine de provenance étrangère n ayant pas leur eutree permise dans Indre-et-Loire.
Déjà plusieurs essais ont cie tentés ch z quelques particu-
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liers et à la colonie de Mettray qui a bien voulu mettre gracieusement à la disposition du Conseil général les terrains nécessaires à une création de ce genre. Cette pépinière d'études permettra l'examen des variétés que nous signalions tout à l'heure, en même temps que celle de variétés n'ayant point donné dans le Midi des résultats satisfaisants. Car la résistance étant avant tout, toutes choses égales d'ailleurs, une question d'adaptation au sol et au climat, il pourrait arriver que ce qui a succombé dans le Midi résistât en Touraine.
Ici se termine notre tâche : brièvement nous nous résumons.
L'invasion phylloxérique, en franchissant les limites de notre département, doit être l'une des préoccupations constantes de l'opinion publique, en ce sens que directement ou indirectement elle devient une menace permanente pour tous les intérêts.
Vingt-six communes sont attaquées sur une étendue apparente d'environ 200 hectares, ce qui laisse à penser que le mal est sensiblement plus considérable.
La situation est donc grosse de menaces, qui auront leur effet à courte échéance si nous n'y prenons garde ; mais heureusement la lutte est possible.
Nous avons dans l'emploi du sulfure de carbone un procédé dont la mise en application n'entraîne pas, comme dépense, des sacrifices en dehors de proportion avec les avantages à en retirer, bien au contraire.
Cependant en présence d'un ennnemi aussi redoutable que le phylloxéra, ce serait n'arriver à rien que de diviser nos forces en agissant isolément.
Les syndicats de défense, en solidarisant les intérêts, doivent amener le groupement de tontes les forces qui peuvent concourir à la destruction de l'insecte, à la résistance du vignoble.
C'est le moment de s'organiser ; l'ennemi, actuellement, plonge dans la phase d'une existence passive, dort et se repose, pour courir plus sûrement, à son réveil, aux premières chaleurs d'avril ou de mai, à la conquête de nouveaux territoires, de nouvelles victimes à dévorer.
Profitons donc de ce répit, dans la vie prodigieusement active de notre ennemi, pour préparer une attaque offensive vigoureuse et le surprendre dans ses cantonnements d'hiver, avant qu'il ne recommence ses exploits meurtriers.
Nous aurons ainsi donné un grand et salutaire exemple à noa concitoyens, et, dans cette oeuvre de sécurité départementale ts nationale, bien mérité du pays tout entier.
A. DUOUB.
CAUSERIE METEOROLOGIQUE
MESDAMES et MESSIEURS,
Avant d'aborder le sujet que je me propose de traiter ce soir, je crois devoir vous rassurer sur les craintes que peut vous inspirer mon double titre de météorologiste et de professeur. Vous redoutez peut-être le. retour de ces entretiens sur les mé. téores qui, après une période de deux ans, se reproduisent ici avec une régularité astronomique. D'un autre côté les habitudes didactiques de celui qui a consacré sa vie à l'enseignement élémentaire des sciences physiques, peuvent vous faire craindre d'être ramenés sur les bancs de l'école et condamnés à subir une leçon. — Bannissez ces inquiétudes : je n'oublie pas que le fauteuil de l'orateur de nos réunions académiques annuelles n'est point une chaire, et pour ôter à mes paroles tout caractère doctoral et toute apparence pédagogique, j'ai pris une précaution des plus efficaces, c'est de vous entretenir d'un sujet sur lequel mes confrères en météorologie et moimême devons avouer, malgré quelques apparences illusoires, notre profonde ignorance. Eh quoi, direz-vous, vous osez nous paler de choses que vous ne savez pas? oui, sans doute cela paraît fort audacieux, mais, je le répète, je ne professe pas ; j'étudie, et je viens modestement vous prier de vous associer à mes études.
Parler de ce qu'on ne sait pas, n'est cependant pas chose rare de nos jours, et je pourrais invoquer pour excuse la contagion du mauvais exemple, mais je crois en avoir une meilleure à vous offrir.
Nous ne sommes plus au temps ou l'homme de science, pour sauvegarder son prestige devant le public, se croyait obligé d'avoir réponse à tout, et de ne jamais restercourtdevant lesquestions qui dépassaient les limites de son savoir. Le grand comique qui a si profondément buriné les travers de son temps a jeté un ridicule impérissable sur cette déplorable habitude des savants ses contemporains par cette phrase si connue du Malade imaginaire : « Pourquoi l'opium fait-il dormir ? — Rien de plus facile à expliquer: c'est qu'il a la vertu dormitive. » — Si l'on en croit une légende un peu suspecte, le grand Galilée lui-même aurait payé son tribut à l'esprit du temps en répondant aux fontainiers de Florence qui lui demandaient pourquoi, malgré l'horreur bien connue que la nature professait alors pour le vide, l'eau ne voulait pas monter dans leur pompe au delà de
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32 pieds, c'est que la nature, disait-il, n'a horreur du vide que jusqu'à concurrence de 32 pieds, et que au delà elle en prend son parti. — La légende ne dit pas si les fontainiers furent satisfaits de la réponse, mais c'est plus que probable. Aujourd'hui, bien que la science n'ait pas encore atteint dans les masses le degré de diffusion auquel elle parviendra dans un avenir dont nous voyons poindre l'aurore, jle niveau scientifique est déjà trop élevé pour que de pareilles allures d'aristocratique dédain puissent être prises par nos savants contemporains. — Plus de science occulte et mystérieuse, plus de sanctuaire fermé aux profanes. Les portes en sont ouvertes à deux battans, des savants autorisés vous font les honneurs de la maison, vous divulguent ce qu'on appelait autrefois les arcanes du savoir, ils vous initient aux voies et moyens de l'investigation moderne et les plus illustre d'entre eux ne sont pas les moins accessibles et les moins empressés dans l'exercice de ce noble apostolat.—Aussi au respect superstitieux, inconscient, et qui n'était pas sans mélange de crainte et de méfiance, a succédé pour l'homme livré au culte des sciences, une affectueuse sympathie, Il ne craint plus maintenant de laisser voir la limite de ses connaissances: il sait bien que sa réputation n'en subira nul atteinte et qu'au contraire il acquerra de nouveaux titres à l'estime et à la confiance de tous en ne craignant pas de dire ouvertement et ingénument : je ne sais pas I et voici la vraie raison pour laquelle j'ose vous dire, à mon tour : l'électricité atmosphérique dont je veux vous parler, je ne sais pas ce que c'est.
Aujourd'hui l'électricité est la science à la mode et les brillantes conquêtes qu'elle a réalisées au grand bénéfice de la civilisation et du bien-être des générations contemporaines justifient amplement la faveur dont elle jouit. Les transmissions télégraphiques et téléphoniques, l'éclairage électrique, des applications aux études physiologiques et à la médecine lui avaient déjà assuré une légitime popularité,—mais la plus récente et peut-être la plus belle de ses conquêtes, c'est le transport de travail mécanique à distance, problème des plus ardus et dont la solution, aujourd'hui hors de toute contestation et si riche d'avenir, est due principalement pour ne pas dire exclusivement, à un inventeur de premier ordre que la France est fière de compter au nombre de ses enfants : Marcel Desprez !
Eh bien ! ces applications qui dépassent en merveilleux et en inattendu tout ce que l'imagination des plus hardis rêveurs des siècles passés avait pu concevoir, sont dues à un agent dont la véritable nature nous échappe complètement, il se charge de faire nos commissions au bout du monde, il éclaire nos villes, nos théâtres, nos ateliers, fait sauter les mines ; demain il traînera nos voitures, fera marcher nos navires; nous le con-
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densons, nous l'accumulons, en faisons provisions, et si vous me me permettez cette expression vulgaire, nous le mettons en bouteille, il est déjà question de le débiter à prix débattu au consommateur comme toute vulgaire denrée, et cependant nous ne le connaissons pas.
Qu'est-ce que l'électricité? nous n'en savons absolument rien.
Mais si, dans une. large mesure, nous avons su la plier à notre usage, en faire un agent domestique sur et fidèle, il est d'autres circonstances où elle a conservé sa sauvage indépendance et nous n'exerçons sur elle qu'une bien faible action. Elle se manifeste alors avec cette énergie grandiose, ces lumières aveuglantes, ces bruits étourdissants, ces grondements pleins de menaces souvent suivies d'effet, et tout un cortège de phénomènes bizarres, inexpliqués et encore cachés, suivant la belle expression de Pline, dans la majesté de la nature. L'électricité, que nous avons asservie, domestiquée est semblable à la servante docile, empressée silencieuse, qui accomplit ses utiles fonctions sans qu'on soupçonne à peine sa présence. L'électricité atmosphérique, c'est la bacchante ivre et furieuse, échevelée, indomptée: elle secoue sur nos têtes ses torches incendiaires; elle vient troubler dans sa paisible besogne sa modeste soeur asservie. Tandis que celle-ci transmet tranquillement nos messagesàtravers le fil télégraphique, survient la sauvage qui interrompt toute transmission, réduit au silence sa soeur interdite ou la fait divaguer, elle la pousse à la révolte et semble lui faire honte de son asservissement, comme le loup de la fable en présence d'un chien domestique à la chaîne et portant collier.
On devine aisément que si la nature intime de notre obéissante servante nous échappe, bien qu'elle se prête eomplaisamment à toutes les épreuves que nous lui faisons subir pour arrivera cette découverte, notre embarras est bien plus grave encore quand il s'agit d'interroger la soeur indomptée. Plusieurs questionneurs indiscrets ont payé de leur vie leur curiosité et Franklin le premier d'entre eux l'a échappé belle pendant sa sa célèbre et imprudente aventure du cerf-volant.
Les premiers pas faits dans l'étude de l'électricité atmosphérique ont paru dès l'abord très encourageants. Après avoir constaté l'identité de l'agent qui produit la foudre avec celui que développe le frottement dans nos machines, par l'identité de leurs effet, ; fusion et volatilisation des métaux,rupture et dislocation de ^ atériaux non conducteurs, décompositions chimiques, inflammation des combustibles, blessures et mort des êtres organisés, on arriva il créer une théorie des orages qui fut généralement acceptée et que l'on enseigne encore à peu de modifications près dans les traités élémentaire de physique, toute proportion gardée, l'éclair c'est l'étincelle élec-
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trique jaillissant entre deux corps, la forme en zigzag des étincelles tirés au maximum de distance d'une de nos puissantes machines, rappelait d'une manière frappante les sillons lumineux tracés par l'éclair au sein des nuées orageuses. Le claquement de l'étincelle rappelle même assez bien les premiers éclats déchirants d'un fort coup de tonnerre. Mais l'analogie s'arrête là. Quel rapport établir, je vous le demande, entre le bruit sec de l'étincelle de nos plus forles machines et les roulements prolongés souvent étourdissants, suivis de ces redondances réitérées qui impriment au sol et aux édifices des trépidations semblables à celles que produit le passage rapide de lourds charriots sur une chaussée pavée ?
Et d'ailleurs est-il permis d'assimiler une pièce métallique fixe et rigide à ces masses flottantes, aériformes , constituées par l'accumulation d'une multitude de gouttelettes d'eau microscopiques et que nous appelons des nuages. Les expériences électriques des cabinets ne réussissent que dans un air sec, dans les orages l'agent électrique se manifeste dans un air saturé d'humidité. L'origine même de l'électricité est dans les deux cas essentiellement différente : ici-bas nous la reproduisons par le frottement ou les actions chimiques; la haut, l'origine de cet agent est inconnue et il règne à cet égard la plus grande divergence possible entre les opinions des physiciens. D'après les uns, s'appuyant sur ce fait bien constaté que l'électricité libre augmente dans l'atmosphère avec la hauteur, elle a une origine extra-terrestre, elle serait comme la chaleur, et la lumière un mode particulier de la radiation solaire ; d'autres lui assignent une origine plus humble et purement terrestre dans laquelle l'évaporation des eaux des mers serait la cause principale. Ou donc est la vérité, c'est le cas de dire :
Devine si tu peux et choisis si tu l'oses.
Devant les difficultés et les dangers que présente l'application des procédés de l'expérimentation scientifique aux phénomènes qui s'accomplissent au sein des nuées orageuses, en attendant que de hardis aéronautes aient lancé leurs ballons dans les mystérieuses profondeurs aériennes et que nos modernes escaladeurs de montagnes, suivant l'exemple de Saussure au col du Géant, de Ramon dans les Pyrénées, de Boussingault, dans les Andes, aient observé au péril de leur vie la genèse des orages au siège même de leur formation, il nous reste la ressource de multiplier les observations possibles dans les villes, mais surtout dans les campagnes, où une abondante moisson de faits nouveaux est réservée à ceux qui voudront bien l'entreprendre; mais ici de nouveaux obstacles se dressent devant nous.
Il y a quelques années dans un livre consacré à l'énuméra-
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tion et la description des petites industries parfois si originales de Paris, on remarqua surtout celle d'un particulier qui avait eu l'idée d'élever des moutons dans une mansarde à je ne sais plus quel étage, et que l'auteur décorait du titre de Berger en chambre. Le mot fit fortune, on en fit un grand usage; on eut le chasseur en chambre, le pécheur en chambre, le nageur, le voyageur en chambre, etc; eh bien ! j'ai le regret de le dire, beaucoup de nos savants physiciens qui s'occupent d'électricité atmosphérique viennent ajouter un nouveau personnage à cette liste; celui de météorologiste en chambre. Ce n'est pas au sein des villes populeuses et bruyantes, dans des rues bordées de maison à six étages, où, suivant l'expression connue, on n'entend pas Dieu tonner, qu'il faut étudier les orages, c'est dans le calme et le silence des champs, sur la lisière des bois, sur les grèves ou les berges des rivières, sous la saulaie qui ombrage un ruisseau. Or quels sont les contemplateurs ordinaires des faits curieux et le plus souvent inédits dont nos champs sont le théâtre? des valets de charrue, des bergers, des facteurs ruraux, des agents forestiers, des braconniers, ou des pêcheurs maraudeurs nocturnes, porteurs d'engins prohibés, gens chez lesquels l'habitude de la vie au grand air a développé la faculté d'observer oblitérée chez le citadin par sa paisible existence entre quatre murs. Mais il est difficile, et j'en parle par expérence, de tirer des premiers quelques détails bien précis sur ce qu'ils ont vu, à cause de leur peu d'habitude d'exprimer leurs impressions, et aussi à cause de la pauvreté de leur vocabulaire. Adressez-vous au contraire aux princes de la science, à ceux qui vivent dans les laboratoires les mieux outillés, qui manient mieux que personne galvanomètres, rhéostats et boussoles, ceux-là ont souvent parcouru l'Europe et l'Amérique en chemin de fer, excellent moyen de faire beaucoup de chemin sans rien voir ; ils ont fait à l'occasion, quelque peu de villégiature, mais les trois quarts de l'année, ils ne contemplent en fait de ruisseau champêtre que celui de la rue du Bac si cher à Mme de Staël. Leur existence en serre chaude a émoussé leurs sens, les lectures et les veilles ont affaibli leur vue, ils craignent les coups d'air, et ce n'est pas sans danger qu'ils passeraient une nuit à la belle étoile ou une journée en pleine campagne par une pluie battante. Ce sont pourtant là les épreuves qu'il faut subir, si on veut apprendre à lire dans le grand livre de la nature. Pour s'instruire près de cette rude et attachante institutrice, il faut réunir des conditions qu'il est difficile de trouver chez le même sujet, à des connaissances théoriques suffisantes; il faut joindre une vigoureuse constitution capable de braver les intempéries, la finesse des sens du sauvage ou de l'homme des champs, la patience des pêcheurs à la ligne ou du chasseur à l'affût et de plus une honnête aisance qui puisse
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permettre les longs loisirs; en outre, et par-dessus tout, l'amour de la vie des champs, beaucoup plus rare qu'on ne croit. Que de gens en effet ne comprennent la vie rurale que dans un beau château entouré d'un parc aux allées bien ratissées, et ou deux fois par jour la cloche vous convie à un repas succulent en bonne et joyeuse compagnie. Vous le voyez, le vrai observateur demandé est presque introuvable.
Ne soyons donc pas surpris si la grande enquête inaugurée en 1865, par l'initiative de Leverrier, sur les phénomènes orageux n'a pas donné tous les résultats qu'on en attendait. De tous les collaborateurs que les lieutenants de Leverrier avaient recrutés dans toute la France ; les instituteurs publics des communes rurales réunissaient mieux que d'autres une partie des conditions que je viens d'énumérer, mais il leur en manquait une essentielle, les loisirs et la libre disposition de leur temps. Malgré leurs devoirs si assujcttissans, plusieurs ont apporté d'utiles contributions à l'étude des orages, et notre société a récompensé chaque année, dans la mesure de ses ressources, et récompensera encore ce soir même les plus méritans d'entre eux. Grâce à eux, les travaux des commissions départementales centralisés à Paris, ont créé une vraie statistique des orages. On a suivi leur marche, leur direction, leur propagation, leur nombre moyen par année, par saison, et par mois, le nombre des accidents et des dégâts qu'ils occasionnent, mais sans qu'on ait appris grand'chose de plus sur le secret de leur formation. Ces résultats, qui ne sont pas sans intérêt au point de vue des assurances contre la grêle et l'incendie, rappellent ceux des statistiques médicales sur le nombre et la nature des maladies observées pendant une période donnée, à Paris par exemple. On sait par là, combien en moyenne il meurt de gens à Paris de la pneumonie ou de la scarlatine pendant un temps déterminé, sans que ces chiffres avancent beaucoup l'art de guérir ou de prévenir ces maladies. Celui qui pleure un parent ou un ami, à l'avantage de savoir que, pendant le mois où ce malheur à eu lieu, la moyennne des cas funestes dans l'arrondissement a été de cinquante-sept trois quart, c'est fort consolant ! De même en météorologie, le fermier dont la foudre a incendié le grenier à fourrage éprouve ce genre de consolation en apprenant le nombre moyen annuel des incendies causés par le feu du ciel dans son département.
Signalons encore un obstacle au succès de nos études sur l'électricité atmosphérique : c'est le septicisme un peu trop dédaigneux de nos météorologistes en chambre pour les faits dont ils n'ont pas été témoins et dont l'explication échappe à leurs théories. L'un des plus éminents m'assurait qu'il révoquait en doute l'existence des éclairs globulaires affirmée cependant par une foule de témoins, dont la véracité et la corn-
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pétence ne sauraient être niées, et l'auteur d'un traité de physique justement estimé nie encore l'existence de ces météores dans une note de la dernière édition, en invoquant cette raison au moins singulière : que si ces faits existaient, ils seraient trop difficiles à expliquer. Ne croire qu'à ce qu'on peut expliquer, nous mènerait loin.
Ainsi donc voici la situation : les savants sont peu en mesure de recueillir les faits électriques qui abondent dans nos champs, les observateurs ruraux auxquels peu deces faits échappent, ou n'en disent rien, ou s'ils parlent ils sefont peu comprendre, ou, ce qui est pire encore, s'ils sont intelligibles, on ne les croit pas. Essayons par exemple de raconter ce qui suit à nos savants météorologistes: Un beau soir d'août 1882, vers huit heures et demie, un globe de feu de la grosseur apparente d'une barrique partit de la forêtde Crissay et traversant la route qui conduit deNeuilàVillainesalIa disparaître dans un petitbois appelé la Taille des Quatre-Arpents, après avoir rebondi plusieurs fois sur le sol à la façon d'un boulet qui ricoche parcourant à chaque bond un espace de 60 mètres environ, sans le moindre bruit. Ils ne manqueraient pas de dire que l'observateur intelligent et très digne de foi auquel nous devons cette observation a été victime d'une hallucination. C'est ce que disaient les savants du siècle dernier à ceux qui racontaient qu'on avait vu des pierres tombées du ciel et cependant aujourd'hui on en possède un plein musée. Si je disais à nos sceptiques que les pluies d'orage sont formées de grosses gouttes animées d'un rapide mouvement de rotation et que, quand elles tombent sur la surface d'une eau tranquille, elles tournent un instant sur place comme autant de petites toupies avant de disparaître dans la masse liquide: C'estpossible,me répondraient-ils, mais je voudrais le voir pour le croire. Eh bien ! dirais-je, allez-y voir, pour cela montez dans un léger canot par un temps d'orage, amarrezvous, à la rive, étendez-vous de tout votre long sur le fond de l'embarcation, couvrez-vous d'une toile goudronnée pour vous mettre à l'abri de la pluie placez votre tête sur le platbord du canot de manière que vos yeux soient à environ 30 à 40 centimètres de la surface de la rivière, ou mettez vos lunettes, car je vous crois un peu myope, et vous jouirez du spectacle dans toute sa beaué. Mais peut-être la loge où l'on voit ce beau spectacle vous paraîtrait manquer de confortable.
Eh ! qu'importe le confortable du poste de l'observateur quand il veut savourer dans toute sa grandiose beauté le spectacle émouvant d'un bel orage en rase campagne par une chaude soirée d'été. L'intérêt du drame reçoit encore une saveur complémentaire du vague sentiment du danger affronté, car notre amateur des grandes convulsions de la nature peut changer son rôle de spectateur pour celui d'acteur et de victime, et dans la
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bataille qu'il contemple, il peut être atteint par quelque balle égarée. En plein champ, le danger est plus grand qu'on ne pense, tout le monde a pu cependant remarquer la fréquence des accidents causés par l'orage parmi les moissonneurs, les faucheurs, les botteleurs d'avoine, même quand l'orage ne plane pas directement sur leur tète. Ils sont exposés non pas tant à la chute directe du feu du ciel, qu'à un accident des plus communs mal observé, mal étudié, que les traités de physique englobent sous la dénomination générale de choc en retour, et dont ils donnent une explication tant soit peu fantaisiste. Lorsque de vastes courants électriques parcourent les nuées, ils déterminent dans le sol des courants analogues à ceux qu'on reproduit dans nos cabinets et qu'on appelle courant d'induction. Les perturbations observées sur les lignes et dans les appareils des postes télégraphiques, sont dues à des courants de ce genre,,et la plupart des accidents surverfus dans les campagnes et dans les habitations leur sont attribuables. Ces courants partiels, lorsqu'ils passent d'un conducteur à un autre à travers une épaisseur d'air plus ou moins grande,produisent des étincelles de toute dimension et dont quelques-unes ne dépassent pas en énergie celles de nos machines, souvent elles passent inaperçues au milieu des solitudes champêtres. C'est ainsi qu'à la suite d'un orage, même peu intense, on voit des arbres et des arbustes dépérir, et se faner sans que personne dans le voisinage ait remarqué la faible étincelle qui les a frappés. Je puis vous en citer un curieux exemple.
C'était par une chaude et lourde soirée du mois d'août 1880 ; le ciel était couvert de gros nuage mammelonnés et immobiles, ils offraient un spectacle assez rare dans nos contrées, mais fréquent dans le midi de la France. D'un nuage à l'autre jaillissent incessamment, non pas ces éclairs en zigzag accompagnés des roulements du tonnerre, mais de vagues lueurs comme celle que projetterait l'inflammation d'un tas de poudre. Ces éclairs qui présentent les teintes les plus variées, du rouge, du jaune, du violet, du vert bleuâtre et du blanc livide, illuminent la profondeur des perspectives aériennes de lueurs d'apothéose; c'est un spectacle splendide, bien qu'à la longue ce papillottement perpétuel de la lumière finisse par fatiguer la vue. Pas de bruit, pas d'éclats de tonnerre, à peine de temps en temps un faible grondement lointain. Tout d'un coup, vers minuit, on entend battre la générale, le feu a éclaté dans un des ateliers du chemin de fer de i'Etat. C'était un dimanche, l'atelier avait chômé tout le jour, aucun foyer n'y avait été allumé, et le surveillant qui l'avait visité le soir même n'y avait observé rien d'insolite. Impossible d'attribuer l'incendie à l'imprudence ou à la malveillance, et d'ailleurs le feu avait commencé dans les combles. Voici la clef du mystère. Le haut de l'atelier était
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traversé par un tuyau de conduite de gaz en plomb. Peut-être présentait-il une fuite légère, mais nous n'avons pas besoin de recourir à cette hypothèse. Sous l'influence des courants électriques de cette soirée orageuse, des courants d'induction parcouraient les conducteurs plus ou moins imparfait du faîtage de l'atelier, une interruption dans ces conducteurs a déterminé le passage du courant à travers l'air vers le tuyau de plomb, en a déterminé la fusion partielle, a mis par suite le gaz en liberté, l'a enflammé, et le feu s'est communiqué promptement aux légères voliges de la toiture. Cependant personne n'a entendu la moindre explosion. Le bruit de l'étincelle qui peutêtre égalait à peine celui d'une forte capsule a échappé à l'attention du voisinage.
Voici un autre fait plus récent. Par une matinée orageuse des premiers jours du mois de juillet dernier, sur la route départementale de Vernou à Amboise, qui longe la Cisse, à 300 mètres du chemin qui mène du bourg de Noisay à la station du chemin de fer, un garçon de ferme qui venait de la labourer un champ, entre la route et la Cisse, ramenait au logis sa charrue traînée par deux forts percherons ; il tenait les guides de son attelage, il marchait près des mancherons. Le ciel était couvert, il pleuvait et on entendait quelques grondements éloignés. Tout d'un coup le laboureur estéblouipar une vive lueur qui semble jaillir du sol sous les pieds des chevaux, il n'éprouva d'autre mal que la peur et le premier moment de stupeur et de saisissement passé, il voit ses deux chevaux gisants raides morts. Tels sont les effets de ces courants terrestres d'induction provoqués à distance par les courants électriques des nuées, et dont les paratonnerres les mieux établis d'après les anciennes instructions de Gay-Lussac et de Pouillet, ne préservent pas toujours les édifices. La meilleure solution des problèmes de la préservation des maisons et de leurs habitants a été donnée par un éminent physicien et chimiste belge, M. Melsens, et son système commence à être généralement adopté. H est fondé sur une ancienne et décisive expérience de Faraday. Elle consiste à placer un oiseau au centre d'une cage métallique qui elle-même est en communication avec le sol, on peut faire alors passer les plus violentes décharges électriques à travers la cage, l'oiseau n'éprouve pas la moindre commotion. M. Melsens transforme nos habitations en véritables cages métalliques. Sur le faîtage court une forte barre de fer portant de distance en distance de vrais bouquets de tiges de fer aiguës et dressant vers le ciel leurs pointes divergentes à la façon des aloës ou des yuccas; de la maîtresse barre descendent le long du toit de nombreuses tiges de môme grosseur, équidistantes, et qui rampant le long des murs vont dans le sol communiquer avec le réseau souterrain des conduites d'eau ou de gaz ; elles sont reliées
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par des entretoises horizontales en fer, le tout peutêtre encastré et dissimulé dans la maçonnerie, et constitue un vaste châssis sans solution de continuité. Tout comme dans les anciennes instructions, il est recommandé de relier métalliquement à ce châssis toute les pièces de métal un peu importantes de la maison : gouttières, plombs, rampes en fer, balcons, fils télégraphiques ou téléphoniques, cordons de sonnettes, toiture en zinc, etc., afin que l'électricité n'ait aucun prétexte pour venir vagabonder sous forme de dangereuses étincelles à travers les appartements, et les corridors.
Nous avons beaucoup médit ce soir de l'électricité atmosphérique et nous ne lui avons pas ménagé les épithètes mal sonnantes. Elle a à son passif une foule de méfaits qui justifient nos malédictions. Elle tue ou blesse les hommes et les animaux domestiques; quant aux animaux sauvages, elle en fait parfois de véritables hécatombes. Elle incendie et renverse les édifices, amène ces grêles désastreuses, l'effroi du cultivateur, et des pluies torrentielles qui bouleversent et ravinent les pentes des coteaux. Elle est accompagnée par ces redoutables météores qu'on appelle les trombes, et par des vents furieux qui déracinent les arbres et quelquefois renversent les murs. Dans nos heureuses contrées de l'ouest océanien, les orages atteignent rarement ce degré d'énergie, et nous n'avons que bien rarement à déplorer les malheurs qui accompagnent les orages des tropiques ou de l'Amérique du Nord, ou même ceux de la vallée du Pô, et du nord de l'Adriatiqee, la région la plus orageuse de l'Europe. Mais dans la nature, le bien est souvent à côté du mal : par leur violence même les phénomènes électriques des nuées produisent un bien immense, qui rachète avec usure les malheurs accidentels qu'ils produisent. Ces immenses étincelles qui sillonnent les nues sur des longueurs de plusieurs kilomètres, exécutent sur une échelle colossale la belle expérience instituée par Cavindisth et que nous reproduisons si facimentaujourd'hui à l'aide de nos puissantes machines d'induction. Elles déterminent sur leur trajet la combinaison de deux éléments de l'air, l'oxygène et l'azote et avec le concours de l'ammoniaque dont l'atmosphère renferme toujours des traces, elles donnent naissance aux nitrates qui contribuent si heureusement à la fertilisation du sol. Elles communiquent à l'oxygène de l'air des propriétés plus actives qui favorisent les innombrables réactions qu'il est destiné à produire dans le règne végétal et animal. Elles créent ainsi un oxygène plus condensé, c'est l'ozone, caractérisé par cette odeur qui accompagne toujours les coups de foudre et que dans les campagnes, faute de meilleure terme de comparaison, on appelle l'odeur de soufre. Vous le voyez, le bien est la règle, le mal est l'exception, et d'ailleurs combien d'orages inoffensifs traversent nos contrées
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en se bornant à nous gratifier de généreuses ondées. Qui n'a remarqué d'ailleurs et ressenti le charme pénétrant de l'embellie qui succède à l'orage? L'air dépouillé par la pluie des corpuscules suspects qui le souillaient, acquiert une merveilleuse transparence, le ciel parait plus bleu, la lumière plus belle, les fleurs répandent plus de parfum, les senteurs des bois et des prairies sont exaltées, l'organisme humain parait réconforté et ragaillardi, et tout dans la nature semble nous dire qu'un grand bienfait vient de s'accomplir. C'est le sentiment qu'a su exprimer avec tant de charme et de puissance l'immortel auteur de la symphonie pastorale dans son inimitable chant des bergers.
Vous le voyez, mesdames et messieurs, j'avais de bonnes raisons de vous déclarer au début de cet entretien que j'allais vous parler d'un sujet peu connu et où il reste beaucoup à apprendre. La conclusion de cette longue causerie c'est que les progrès de cette partie de ia science dépendent de la plus grande quantité possible d'observations recueillies surtout dans les campagnes, puisque l'observateur idéal, dont je vous ai tracé le portrait est un type presqu'impossible à réaliser, remplaçons la qualité par la quantité. Toute personnesensée, ayant desyeux pour voir, des oreilles pour entendre, un odorat pour sentir, et pouvant raconter ce qu'elle a vu, entendu et senti en termes intelligibles, peut accidentellement, soit à la campagne ou à la ville, à sa fenêtre ou à la promenade, à la chasse, à la pêche, ou en voyage, être témoin d'un fait électrique curieux et inédit : qu'elle ne craigne pas d'en faire part à quelque ardent collectionneur des faits de ce genre et si c'est à celui qui à l'honde parler devant vous qu'elle veut bien s'adresser ; elle peut être bien assurée que sa communication ne sera pas accueillie par le sourire sardonique de l'incrédulité. Je fais donc appel à la bonne volonté de tous, je m'adresse en toute contiance surtout à ceux qui, dans cette assemblée d'élite, ont bien voulu me prêter leur attention bienveillante, pour obtenir d'eux personnellement et de ceux qui hors de cette enceinte sont dans le cercle de leurs relations et de leur influence, le concours qui me serait si utile dans la tache que je poursuis depuis tant d'années soit dans le silence du cabinet de travail, soit dans celui plus instructif encore des champs, des grandes routes des grèves de nos rivières. Le résultat de ces études, les idées nouvelles qu'elles m'ont suggérées, je ne pourrais les exposer ici sans dépasser les limites du temps que vous voulez bien me consacrer, et sans entrer dans des détails techniques, démonstrations et déductions où reparaîtrait le professeur et le conférencier, j'ai promis de vous épargner cette apparition et j'ose espérer que vous voudrez bien reconnaître que j'ai tenu ma promesse. MAUHICE DE TASTES.
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fn force du vent est marquée par les chi/fres suivant, : O nul, 1 faible. 2 morf*'. 3 asses fort, i fort. S très fort. 6 «lofent,
7 tempête. -
— 77 — EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX
Séance du 9 février 4884
PBÉSIDENCE DE M. DOCLAUD, VICE-PBÉSIDBNT
La séance est ouverte à une heure.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Lecture du procès-verbal de la Section des sciences. Adopté.
Bibliographie : Bulletin du Comité des Travaux historiques, 1883.
Journal des Savants, janvier 1884.
Revue des Travaux scientifiques.
Bulletin de la Société autunoise.
Bulletin de la Société des sciences de Pau; etc., etc.
Lecture est faite par le Secrétaire d'une pétition ayant pour but de s'opposer à l'introduction en France des viandes salées d'Amérique. La Société adopte les conclusions de la pétition.
On procède ensuite à l'élection de la Commission du Concours départemental; sont élus au scrutin secret : MM. Mourruau-Rancher, de Sazilly et Rémy.
Sont ensuite nommés, sur la proposition de M. le Président, membres des Commissions d'arrondissement :
Pour celui de Tours : MM. Guimas, Laperche, NouveauMercier et Leblanc ;
Pour celui deChinon:MM. Robin de Juigny, Hubert-Hubert, Prince et de Pierre;
Pour celui de Loches : MM. Rabault, Smith, Breton fils et Lemaitre.
Les Commissions des autres concours ouverts pour l'année 1884 sont ensuite organisées :
Commission du Concours agronomique :
MM. Guimas, de Corbie, de Martel et Lecointre ;
Commission du Concours scientifique :
MM. de Tastes, Boyer, l'abbé Vallée, et Georges Houssard
Commission du Concours artistique : MM. Rouillé, Chevrel et Briand. 1884 6
— 78 — Commission du Concours poétique : MM. Chauvigné fils, Gazeau et Antony Rouilliet.
Commission d'organisation : MM. Chauvigné père, Barrat-Pallu et Briand.
M. Duclaud, vice-président, demande que tous les mémoires devant être lus dans la séance académique soient, conformément au Règlement, communiqués à l'avance à la Société en séance ordinaire. Le Secrétaire perpétuel propose, au sujet de cette observation si juste, de faire, trancher les dillicultés qui pourraient s'élever sur ce point par la Commission littéraire nommée au scrutin secret tous les trois ans avec le Bureau. Adopté.
On dresse ensuite le programme des Concours pour l'année 4884.
Le prix (500fr. ) du Concours départemental sera cette année attribué à la meilleure exploitation agricole.
Prix et sujets proposés par \1. le Président et adoptés parla Société pour les divers Concours :
Concours agronomique.
1° Médaille d'or (100 lr.), à la meilleure étude agronomique : Elevage et engraissement du bétail en Touraine ;
2° Médaille de vermeil au meilleur travail scientilique :
Observation sur les phénomènes de la foudre en Indre-et-Loire ;
3° Médaille de vermeil à la meilleure étude sur une ques tion artistique :
Biographie et Étude des oeuvres des Pinaigrier ;
4° Médaille de vermeil au meilleur travail littéraire (poésie). Le sujet est laissé au choix, les pièces présentées au concours ne devront pas avoir plus de cent cinquante vers.
Observations météorologiques ;
Baromètres et autres instruments.
La question du changement de siège de la Société est agitée et diversement appréciée.
Le Secrétaire perpétuel propose, sans changer le siège de nos séances, de sauvegarder les collections en louant un petit local ou pourraient être déposées nos archivés. La question sera étudiée plus à fond.
Vote sur la candidature de M. Salvador, propriétaire à la Commanderie, commune de Ballan : il est élu à l'unanimité membre de la Société.
Présentation de M. Beaufrère, agent d'assurances à Tours, par MM. Houssard (Georges), Briand et Juteau.
— 79 —
Présentation de M. Faye, avocat à Tours, présenté par MM. Pic-Paris, Houssard (Georges) et du Saussey.
Rien n'étant plus à l'ordre du jour, la séance est levée à trois heures.
Le Secrétaire perpétuel,
A.-H. JUXEAU. COMPTES RENDUS DES TRAVAUX DES SECTIONS.
SECTION DES SCIENCES ARTS ET BELLES-I.ETTBES
Séance du 6 février 1884
PBÉSIDENCE DE M. DE TASTES, PRÉSIDENT
La séance est ouverte à deux heures et demie.
Le local ordinaire des séances étant occupé, la séance se tient chez M. Borgnet.
M. le Président prend la parole pour offrir à la section les prémices d'un rapport sur les effets de l'orage du 1er février, destiné à être publié dans une feuille de la localité.
M. de Tastes a fait une enquête des plus minutieuses, il a recueilli jusqu'aux moindres renseignements, et est arrivé, aidé de ses observations personnelles, à une étude approfondie de ce phénomène.
Le nuage s'est formé au-dessus de la ville, et après une série de quelques coups de tonnerre, un éclair effroyable a lui, suivi instantanément d'un grondement formidable.
Au même moment la foudre manifestait sa présence en plusieurs endroits à la fois, d'abord à la façade nord de la maison Saintin, puis à hôtel delà Boule-d'Or, rue Royale, et enfin place Saint-Etienne, chez M. Milon, tonnelier,
Dans ces deux derniers endroits, le phénomène s'est présenté sous la forme de boule lumineuse, et M. de Tastes signale avec empressement cette particularité, qui touche à un point obscur de la science des orages.
M. de Tastes termine en faisant remarquer l'importance exceptionnelle de cet orage, qui heureusement n'a été la cause d'aucun accident.
M. le Président continue ses communications par la lecture
— 80 —
d'un article extrait du journal la Nature, décrivant avec une vérité poignante l'épouvantable catastrophe produite par l'éruption du Kracatoa, le 27 août 1883.
L'auteur de l'article a assisté a ce phénomène sur un navire pendant une traversée de Batavia à Kroé (ile de Stimata), il raconte toutes les souffrances qu'ils ont dû endurer, et comment ils ont pu échapper à la mort.
Cette communication a vivement intéressé l'assemblée, qui a offert ses remerciements à M. de Tastes.
Le Secrétaire, sur la demande du bureau de la Société, propose la discussion de la question du prochain concours scientifique.
La question suivante est adoptée :
« Observations sur les phénomènes produits par la foudre dans le département d'Indre-et-Loire. »
Après une "conversation générale, la séance est levée à quatre heures.
Le Secrétaire, Aug. CHAUVIGNÉ fils.
MICHEL COLOMBE ET SES OEUVRES
(1431-4512)
Mémoire qui a obtenu le prix de la Société {médaille de vermeil) au concours artistique de 1883
En travaillant mourant.
Michel Colombe est certainement l'un des plus grands noms de l'art français, et, contraste étrange, c'est aussi l'un des moins connus. Quelques faits, quelques dates et quelques oeuvres, voilà tout ce qui reste de ce grand génie, de ce vaste cerveau qui enfantait des chefs-d'oeuvre !
Sans les recherches difficiles et persévérantes de quelques auteurs modernes, tout, jusqu'au souvenir de son nom, serait effacé par la longue succession des années. Nous n'en youlons pour preuve que les gravures du chef-d'oeuvre de Colombe que Montfaucon publia, sans même y mentionner le nom de l'auteur, tant il était tombé dans l'oubli.
Nous ne dirons pourtant point que l'histoire de notre grand « tailleur d'ymaiges » est complètement perdue:loin de là; les traits principaux sont connus suffisamment pour permettre de la reconstituer en partie ; mais ce que l'on sait est connu depuis longtemps déjà et, selon nous, n'est pas susceptible d'être augmenté notablement.
Cependant, il est encore possible de relater certains faits ignorés et d'en déduire des conséquences importantes, que nous aurons occasion de signaler dans le cours de cette étude. Le côté historique offrant peu de ressources, tout l'intérêt de la question se concentre sur le côté artistique; c'est donc sous ce point de vue que nous traiterons spécialement notre sujet.
Cette étude sera divisée en deux parties : la première sera consacrée à la biographie de Michel Colombe, la deuxième à l'étude de ses oeuvres et de son école.
I
La question du lieu d'origine de Michel Colombe est celle qui se présente d'abord entourée de voiles, parfois impénétrables, mais que nous essaierons cependant de soulever par endroits.
Deux provinces, la Bretagne et la Touraine, se disputent l'honneur d'avoir donné le jour au grand artiste ; toutes deux se croient des droits que nous allons établir en les comparant.
De certains auteurs, et entre autre M. de Courcy dans une
— 82 —
brochure publiée en 1850, à Morlaix, dans leur enthousiasme patriotique, affirment que Michel Colombe est né en Bretagne, dans l'évêché de Saint-Pol de Léon.
Un autre, M. Dauban, va plus loin, il précise le pays, Plougoulm, et fonde son opinion sur la dédicace du pays à saint Colombin.
On raconte même que c'était dans ce pays que Colombe enfant faisait des clochers en bois semblables à ceux qu'il voyait aux églises, et notamment à celui de Notre-Dame de Creisker, la merveille du Léon.
Un prêtre, émerveillé de ses travaux dans ce genre, le prit en amitié, lui donna de l'instruction, et lui fournit les moyens d'acquérir son talent. De plus le nom de Colombe serait un mot francisé, ayant une origine dans là langue bretonne, et dériverait du mot Coulm, qui serait devenu Colombe par suite de transformations successives.
La raison la plus sérieuse qu'on pourrait donner en faveur de l'origine bretonne, s'il était impossible d'en contester l'authenticité , est certainement celle que l'on a trouvée dans l'inscription de l'église des Carmes de Nantes. Inscription découverte en 1727, dans l'intérieur du tombeau de François II, duc de Bretagne, et qui portait, paraît-il, ces mots :
« Par l'art et l'industrie de Michel Colombe, premier sculpteurde sontemps, originaire de l'évêché de Saint-Pol de Léon. » A l'appui de cette citation, il faut ajouter que celte note, dépourvue de toute signature, a une rédaction bien postérieure au temps où vivait Colombe, et manque donc complètement de l'authenticité nécessaire en pareil cas pour trancher la question en faveur de la Bretagne.
D'un autre côté les titres de la Touraine ne sont pas sans valeur. Si nous pouvions établir l'existence ancienne d'une famille à laquelle il serait possible de rattacher Michel Colombe, peut-être aurions-nous quelque chance de succès.
C'est ce que nous allons essayer.
Le titre le plus ancien qu'il nous est donné de consulter porte la date du 2 mai 1379; il constate la présence de Jehan Colombin, chanoine de l'église de Tours, parmi les frères et soeurs de la confrérie de Saint-Gatien, instituée dans l'église de ce nom.
Un autre personnage, Pierre Colombin, bourgeois de Tours, comparaît également sur une liste des frères de la même confrérie, le 2 mai 1398. Il nous est donc possible de rapprocher le nom de Colombe de cette famille, dont on voit facilement l'origine, et qui semble avoir pour coutume de faire partie à tour de rôle de la confrérie de Saint-Gatien.
Enfin, comme pour dissiper toutes nos incertitudes, nous rouvons que Michel Colombe fut aussi admis dans cette asso-
— 83 —
ciation, et son nom figure sur plusieurs listes depuis 1491. Cette dernière preuve nous autorise donc, d'une façon presque certaine, à affirmer que Colombe était l'un des membres de la famille Colombin de Tours, qui existait elle-même de longue date dans cette ville.
Si nous voulons nous confirmer dans cette opinion, étudions attentivement la descendance des membres connus de sa famille.
GuillaumeRegnault, tailleur d'ymaigeset neveu de Colombe, qui comparaît dans un marché du 3 décembre 4541, était d'une famille de Touraine et selon toute apparence l'un des ancêtres de Pierre Regnault, conseiller du Roy, receveur général du taillon en la généralité de Touraine, qui fut reçu échevin perpétuel de cette ville, le 2 décembre 1632, et remplacé dans cette charge, après son décès, le 4 novembre 1651.
Pour la famille François, plusieurs actes confirment son identité et sa descendance probable de Bastien François, son neveu, qui prenait le titre modeste de «maître masson. »
Citons encore, afin de ne point négliger aucune des preuves nécessaires à notre cause, le témoignage de Jean Brèche, jurisconsulte de Tours, qui, dans un commentaire, dit au mot Monumentum :
« Parmi les statuaires et les modeleurs de notre ville se trouve Michel Colombe, que certainement nul artiste n'a surpassé. »
Enfin, au milieu de ces probabilités, il est des faits que nous pouvons affirmer sans crainte d'être contredit. Nous avons entre les mains plusieurs documents où Michel Colombe prend lui-même le titre de bourgeois de la ville de Tours, et, entre autres, dans un marché daté du 3 décembre 1511. Dès 1473, nous le voyons établi à Tours, qu'il ne quitta plus et où il mourut après y avoir exécuté la plupart de ses travaux.
C'est ici que nous pouvons citer un document que nous avons rencontré dans nos recherches, et qui, nous le croyons, est peu connu jusqu'à présent; nous le saisissons avec d'autant plus d'empressement qu'il nous indique le point de la ville que Michel Colombe habitait, et qu'il nous fournit une preuve de son établissement à Tours.
Voici un extrait de cette'pièce tiré des minutes de Jaloignes.
« Acte du 23 septembre 1501, par lequel Jehan Imbert et Catherine sa femme demourans paroisse Saint-Etienne vendent du consentement de Chariot Courtoys, ymaigier, à Guillaume Preschot, marchand, une maison avec cour et jardin hors la ville de Tours, en la rue des Filles-Dieu, au fief du doyen et chapitre de l'Eglise de Tours, joignant, d'un côté aux maisons et jardins de Michel-Colombe et par devant au pavé de ladite rue, etc. »
L'emplacement de la rue des Filles-Dieu peut être repré-
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sente actuellement par la rue Saint-Etienne; c'est donc vers le milieu de cette rue que devait être située la maison modeste et paisible du grand tailleur d'ynwiges, qui vit naître et abrita tant d'illustres créations.
D'après l'exposé ci-dessus des droits divers des deux provinces sur la naissance de Colombe, il est aisé de se faire une opinion. Devant le manque absolu fie preuves écrites et irréfutables, devant le manque complet de faits qui auraient pu jeter un peu de lumière dans cette obscurité, nous devons nous en rapporter aux probabilités. Or, dans ces circonstances, nous n'hésitons pas à dire que la plus grande part de probabilités existe en faveur de la Touraine, et nous nous déclarons entièrement partisan de cette opinion.
La question de l'orthographe du nom de Michel Colombe n'est, pour ainsi dire, que le corollaire de celle du lieu de naissance, et nous trouverons encore là une preuve en faveur de l'opinion que nous venons d'émettre. En effet, nous voyons dans plusieurs marchés passés par Colombe des signatures de sa main même qu'on ne saurait mettre en doute, et qui renversent les étymologies bretonnes qu'on s'est plu à inventer.
Ceci dit, nous tâcherons d'ébaucher l'existence proprement dite de notre compatriote ; mais nous nous heurterons dès le
début contre un obstacle insurmontable, l'obscurité Ce
n'est que par instant que nous pourrons entrevoir la vérité, essayant de deviner le reste, tout en affirmant que cette vie a été toute de labeur, et que la mort a été la seule puissance capable d'entraver celte longue succession de chefs-d'oeuvre.
De l'incertitude du lieu de naissance découle clairement l'incertitude de la date ; cependant nous croyons pouvoir la fixer à l'année 1431, car nous trouvons une lettre de Jehan Lemaire , historiographe et indiciaire de Bourgogne, écrite en 1511 à Marguerite d'Autriche, où il est dit, en parlant de Michel Colombe, « qu'il est fort ancien et pesant, c'est à savoir de iiijxx (80 ans).
De toutes les années de son enfance il ne nous est rien resté ; rien de ce qu'il fit ou de ce qu'il vit, ni des lieux qu'il habita, ni de ses début artistiques ; aucun fait, aucun souvenir n'est paiTenu jusqu'à nous.
Depuis sa naissance jusqu'en 1473, époque certaine de son établissement à Tours, c'est-à-dire pendant une période de quarante années, nous savons seulement qu'il voyagea beaucoup, et ensuite qu'il resta longtemps à Dijon, où il reçut les leçons des grands maîtres sculpteurs de l'école de Bourgogne, qui illustrèrent cette province vers le milieu du xve siècle. Colombe connut et affectionna surtout Claux et Antoine le Mouturier, dit maître Anthoniet, qui furent dans cette partie de la France les précurseurs de la Renaissance du xvi* siècle.
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Si nous ne pouvons suivre l'illustre sculpteur dans les acte» de sa vie privée, nous le suivrons du moins dans ses principale* oeuvres.
Nous voyons par une pièce, publiée par M. B. Fillon, que dans l'année de son établissement à Tours, c'est-à-dire en 1473, le roi Louis XI le chargea de sculpter un bas-relief en albâtre pour l'église de Saint-Michel en l'Herme.
En septembre 1474 ce même monarque lui demande, ainsi qu'à Jehan Fouquet, un projet pour sa propre sépulture.
En 1481 Colombe fait un autre projet de tombeau: l'évêque de Maillezais, Louis Rouhault, lui commande un monument pour sa sépulture.
En 1500 à l'occasion de l'entrée du roi Louis XII à Tours, l'élu Garreau lui commande le moule du harnais de Turnus, et le patron de la médaille d'or frappée à l'effigie du roi.
De 1502 à 1507, Michel Colombe travaille à son chefd'oeuvre, le tombeau de François II, d'abord placé dans l'église des Carmes de Nantes, puis transporté dans la cathédrale. Peu de temps après il sculpte les statues du Christ, de saint François et de sainte Marguerite pour l'autel des Carmes de Nantes.
De 1507 à 1509 il fait une sépulture du Christ pour l'église de Saint-Sauveur de la Rochelle.
En 1510 on trouve le tombeau en marble blanc de Guillaume Gueguen évêque de Nantes pour la cathédrale de cette ville.
En 1511 le buste ou médaillon de sainte Marguerite pour Marguerite d'Autriche.
Après l'exécution du tombeau du duc de Bretagne, la renommée de Colombe s'étendit encore, et Marguerite d'Autriche tint à mettre le monumeHt qu'elle voulait élever dans l'église de Brou à la mémoire de son second mari, sous le patronage d'un nom illustre. Elle fit passer avec Colombe un marché le 3 décembre loi!, et quelques temps après à quatre-vingts ans, la main alourdie par l'âge et les infirmités, Colombe travaille encore cet art qui a été toute sa vie; il fait en terre le modèle du tombeau de Philibert de Savoie et peut faire jallir encore cette étincelle de son puissant cerveau.
Mais le vieillard a trop compté sur ses forces, et la mort vient le saisir son ciseau à la main, avant que son oeuvre ne soit achevée.
La date de sa mort est restée fort incertaine et les historiens ne sont pas d'accord sur ce point. M. de Busserolle indique la date de 1512. Larousse fait remonter sa mort au delà de 1512; d'autres varient encore.
Une autre opinion fait remonter la mort de Colombe jusqu'en 1518, se basant sur une liste de la confrérie de SaintGatien, datée du â mai 1519 sur laquelle Michel Colombe ne figure plus pour la première fois.
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Nous croyons qu'il ne faut pas s'arrêter à cette opinion ; il est fort possible que les listes de Saint-Gatien n'aient pas été tenues annuellement d'une façon bien régulière et qu'une lacune coïncide avec la période probable du décès. D'un autre côté, nous avons d'autres raisons pour penser autrement.
Jean Lemaire passa le marché du tombeau de Philibert de Savoie, Le 3 déeembre 1311, Colombe commença les patrons, et le 14 mai 1512, le même Jean Lemaire écrit de Blois que François Colombe « est allô à Dieu », et les expressions de sa lettré laissaient à penser que Michel lui-même est mort récemment avant d'avoir terminé ses maquettes.
D'après ces documents, qui ont une très grande authenticité, nous pouvons donc comprendre la date de la mort de notre compatriote dans une période de quelques mois, et la fixer, d'une façon presque certaine, entre le î" janvier et le 14 mai 1512.
Michel Colombe mourutsans s'être marié et n'ayant pour héritiers directs de sa fortune et de son talent que ses neveux, dont il s'était entouré.
L'un, Guillaume Regnault, était tailleur d'ymaiges comme Colombe, le second, Bastien François, était maître maçon de l'église de Saint-Martin et gendre du précédent; et le troisième, François Colombe, était enlumineur. D'après les citations qui précèdent, ce dernier parait n'avoir survécu que quelques mois à son oncle. Il eut aussi pour disciple, pendant dix-huit ans, Jean de Chartres, tailleur d'ymaiges de Mme de Bourbon, dont la ville de Bourbon-l'Archambaut possède quelques oeuvres. Un autre, Jérôme Pacherot fut chargé de conduire à Gaillon le bas-relief de Saint-Georges, après l'avoir exécuté très probablement sous la surveillance de Colombe.
Comme nous le verrons dans la deuxième partie de cette étude, Michel Colombe étant devenu le chef d'une école importante, composée d'hommes de la région et de ses neveux dont nous parlons plus haut, ses travaux, et notamment celui de l'église de Brou, furent poursuivis par ses élèves et successeurs.
II
Colombe nous apparaît dans toute la force de son talent, dans toute la puissance de ses créations, vers la fin du règne de Charles VIII et pendant celui de Louis XII : c'est-à-dire au moment où l'invasion de l'art italien commence à s'organiser, pour se répandre ensuite partout devant elle, en renversant les vieilles traditions de l'art français.
Moment grave, heure émouvante, où la sculpture française, encore retenue par les liens du moyen âge, cherche une voie
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nouvelle et s'y hasarde. Éprise d'idéal, elle chancelle au milieu des incertitudes, cherche à oublier la forme de la veille, la tradition, pour s'abandonner tout entière à l'esprit d'aventure. C'est du reste ce voyage de découverte, accompli d'une façon si hasardeuse, qui restera l'éternel honneur du xve siècle ; c'est de cette lutte entre l'art ogival, qui exerce encore son empire sur les masses, sur le clergé et sur les ymaigiers qui travaillent pour les églises, et les idées nouvelles, que jaillit l'étincelle. Dès lors quelques artistes se prirent à rêver d'une sculpture plus inquiète de la vie, plus pénétrée de l'émotion individuelle, et, pour eux, emportés par le feu de leur conception, le moyen âge n'existait déjà plus.
Mais d'un autre côté, l'Italie elle-même, n'existait pas encore, et, entre la disparition de l'art qui avait si longtemps suffi au monde catholique, et l'avènement du style qui allait lui succéder, il y eut un entr'acte douloureux.
C'est dans ce moment d'hésitation que se place Michel Colombe, et c'est là qu'il nous apparaît avec un talent profondément original. Dans la plupart de ses oeuvres, ce n'est ni l'antique, ni le moyen âge que l'on retrouve, et'pourtant il n'y a que l'antique qui ait cette grâce sobre et harmonieuse, il n'y a que le moyen âge où l'on trouve ce sentiment chrétien, naïf et élevé. Il ouvre dignement cette grande époque où s'est opérée l'alliance féconde des traditions de l'art grec avec l'inspiration de l'esprit moderne et la virtualité qui lui est propre. Il y aurait certainement à ce sujet bien des rapprochements à faire entre Michel Colombe et Homère, en dehors de celui qui ressort de la destinée mystérieuse du vieil artiste et du vieux poète. Colombe a devancé les maîtres de la Renaissance, on le rencontre au point de départ de la statuaire moderne, comme Homère aux sources de la poésie antique.
Dans cet immense mouvement collectif qui est caractérisé en France, par les écoles flamande et de Bourgogne, il est bien difficile de faire la part de gloire de chacun, et de considérer utilement les rares artistes qui nous sont connus.
Les événements et le temps ont dispersé les oeuvres en détruisant les titres authentiques et l'érudition moderne n'est pas encore arrivée à découvrir les secrets inviolables de la nature. Mais parmi tous ces doutes, il est des artistes que l'on a reconnus dans leurs oeuvres, et Michel Colombe est de ceux-là. Il a suffi d'une certitude pour quelques-unes de ses oeuvres, pour en retrouver d'autres en les rapprochant et en les comparant entre elles.
La liste des oeuvres de Colombe doit être fort incomplète, si
l'on considère le grand nombre de productions sorties de sa
main pendant les dix dernières années de sa longue existence.
La plus grande partie a disparu , victime de brutales vio-
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lences ou d'un abandon qu'on à peine à comprendre; quelquesunes seulement subsistent avec tout le caractère d'authenticité désirable. Nous les avons déjà citées dans la première partie de cette étude, nous ne nous occuperons donc ici que des plus connues et de celles qui n'ont pas encore été énumérées.
La principale de toutes, celle qui est la mieux conservée et la plus connue, c'est le tombeau du duc de Bretagne François II, élevé par Anne de Bretagne à la mémoire de son père et de la duchesse Marguerite de Foix, sa mère.
Primitivement construit dans l'église des Carmes, à Nantes, ce monument fut transporté depuis dans la cathédrale de Nantes, où il est encore visible aujourd'hui, placé en pendant avec l'admirable tombeau de Lamoricière.
Comme l'ont fait remarquer bien des auteurs, une impression toute locale se dégage de cette oeuvre, l'influence du lieu a agi fortement sur l'artiste ; une saveur toute bretonne se répand sur tous les visages, dans toutes les attitudes ; ce ne sont point les figures banales que l'on rencontre partout dans le moyen âge, ce ne sont point non plus les attitudes de l'antiquité; Colombe s'est senti maître de son oeuvre et a eu assez de génie pour être original.
Le duc et la duchesse, couchés sur une table de marbre noir, sont recouverts des insignes de leur rang; trois anges soutiennent leur tête sur des oreillers, à leurs pieds un lion et une levrette attestent qu'ils ont possédé les qualités de leur sexe et les vertus qu'exigeait leur fonction dans le monde : la force magnanime et la fidélité. Aux quatre coins du tombeau se trouvent les quatre vertus cardinales : la Justice, la Prudence, la Tempérance et la Force, vertus dont l'ensemble forme la Sagesse.
Les deux extrémités et les deux côtés sont ornés, en signe de regrets, par des pleureuses qui surmontent les douze apôtres et saint François, sainte Marguerite, Charlemagne et saint Louis.
Les figures du duc et de la duchesse sont belles d'expression ; le calme, la sérénité de cette dernière sont rendus d'une façon saisissante, et les trois anges qui ne sont point imités des amours ordinaires de la sculpture grecque, comme il arrive parfois, sont la reproduction des plus jolis enfants que Colombe a pu rencontrer, et qu'il a embellis encore par une poésie toute religieuse.
Quant aux six statuettes qui entourent le tombeau, elles sont toutes remarquables par la pose, le caractère de la figure, par l'élégance et le bon goût des draperies, mais pèchent également toutes par la forme et les proportions.
En somme, l'ensemble de cette oeuvre magistrale est d'un effet puissant, il résume toute la force créatrice, tout le génie de
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Michel Colombe, et démontre une indépendance de style qui sera pour lui l'objet d'une éternelle gloire.
En dehors du tombeau dont nous venons de parler, il n'y a guère que celui de l'église de Brou qui ait échappé à la destruction. Le projet de ce mausolée, qui avait été demandé à Michel Colombe par Marguerite d'Autriche pour la sépulture de son second mari, Philibert de Savoie, ne put même pas être achevé par l'artiste, dont la main octogénaire ne craignait pas d'entreprendre d'aussi importants travaux. C'est à peine s'il acheva les patrons avant sa mort, mais ce fut assez: la création étant faite, l'exécution n'était plus rien, car Michel Colombe laissait après lui toute une école d'élèves et de collaborateurs dignes de mener l'oeuvre à bonne fin.
Les détails manquent pour la description et nous croyons que, sans être médiocre, cette oeuvre n'ayant rien de particulièrement remarquable, n'aura pas éveillé l'attention des critiques.
11 existe un marché passé an sujet de la confection de ce monument, mais sa longueur nous empêche de le reproduire ici ; nous le regrettons cependant, car on y verrait avec quelle simplicité parlaient et écrivaient ces vieux maîtres, dont les mains enfantaient des chefs-d'oeuvre.
Tout ce qui nous reste des oeuvres de Colombe, même celles qui sont au Louvre, n'ont pas un caractère véritablement authentique.
Toutes les probabilités sont en leur faveur : on a pu, par des rapprochements, arriver à leur donner une provenance qui peut être considérée comme exacte, mais elles ne peuvent être qu'attribuées.
Dans cet état de choses, et les détails manquant souvent, nous nous contenterons d'en dresser la liste aussi complète que possible.
Le manuscrit 1241 de Lambron de Lignim fait mention d'un mausolée de René, ducd'Alençon, mort en 1492. Ce monument en albâtre doré et marbre noir, fut enlevé du choeur de la cathédrale d'Alençon en 1676 et placé entre deux piliers du côté de l'évangile, jusqu'à l'incendie de 1744; il fut alors transporté dans un oratoire, où le vandalisme de 1792 vint le chercher pour le mettre en pièces.
Ce monument est cité comme devant être attribué à Michel Colombe.
Le Musée du Louvre possède, comme étant des oeuvres de Colombe : 1' Un bas-relief représentent le combat de saint Georges contre le dragon, exécuté à Tours pour le palais de Gaillon. L'artiste aurait reçu le 25 février 4509 une somme de 330 livres comme paiement de son oeuvre.
2° Une statuette du moine saint Maur, en marbre, debout
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sous un tabernacle de style ogival et qui primitivement se trouvait à Tours.
Un bas-relief en marbre représentant la mort de la Vierge, que l'on voyait en l'église de Saint-Saturnin de Tours a également disparu au milieu des événements.
Voici comment s'exprime Thiébault Lepleigney à ce sujet :
« Je ne veulxoublier dé faire mention du beau tableau d'icelle église, qui est le plus riche qui soit en France, qui est le trépassement de la glorieuse vierge Marie, lequel tableau est tout de marbre et est estimé par les bons maîtres et ouvriers qui ont veu le dit tableau, le mieulx fait qu'ils aient jamais veu. Car le dit tableau est fait selon le naturel et dirait-on proprement qu'il ne reste que la parolle tant les choses sont bien faites, le dit tableau est tout pain et d'or et d'azur; celui qui le fist s'appelait Michel Colombe estimé le plus savant de son art qui fut en chrestienté, ledict tableau est toujours ouvert aux bonnes festes et ne se montre autrement. »
On signale également le tombeau de Guillaume Guéguen évoque de Nantes, mort en 1506, monument que l'on voyait dans la chapelle de la Magdelaine à la cathédrale de Nantes.
Puis le sépulcre du Sauveur pour l'église de Saint-Sauveur de la Rochelle, commencé en 1507 et terminé en 1 508. Comprenant « les portraietz et ymaige ci-après déclarez, c'est à savoir :
« L'image Notre-Dame, sainct Jehan l'évnngéliste, MarieMagdelaine, Marie-Marthe, Joseph d'Arimatie, Nicodimus, avecques le gisant et tombeau du dict sépulcre. »
On voit par les quittances de Michel Colombe que les frais s'élèventàl,012 livres 10 sols tournois, sur lesquels les travaux de sculpture figurent pour 630 livres, et ceux de peinture pour celle de 382 livres 10 sols.
Enfin, des titres font mention d'une statue de sainte Marguerite en albâtre de Saint-Lothaire de Poligny, que Michel Colombe tailla en toute hâte pendant la confection du tombeau de Philibert de Savoie, et qu'il arriva à offrir eu gré avant sa mort à Marguerite d'Autriche.
C'est ici que se place une question intéressante : celle de l'attribution définitive de la fontaine du Grand-Marché à Tours.
Ce monument, l'un des rares survivants de ces époques lointaines, a été l'objet de bien des appréciations et attributions diverses; nous en serions réduit à exposer simplement notre opinion, si nous n'avions trouvé dans un manuscrit de Lambron de Lignim des attestations qui ne permettent plus le doute.
L'auteur affirme avoir découvert des documents dans les archives de la municipalité qui prouvent, de la façon la plus incontestable, que la fontaine du Grand-Marché de Tours est
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due au génie de Michel Colombe et au ciseau de ses élèves de prédilection Bastien et Martin-François.
L'époque à laquelle cette fontaine aurait été élevée, c'est-àdire en 1510, prouvait bien l'exactitude de ces assertions, car Lambron de Lignim fait remarquer que Michel Colombe ne fut l'auteur que du projet et de la maquette, et que l'oeuvre a été exécutée par les collaborateurs -que nous venons de citer, après la mort du maître.
Quoi qu'il en soit, cette oeuvre réellement remarquable et dont la blancheur légèrement grisâtre se détache sur les pignons noircis des vieilles maisons qui entourent le marché, présente une délicatesse naïve de ciseau que l'on aperçoit encore depuis plus de trois siècles.
Tout est compris dans cette pyramide élégante ; l'harmonie des formesetdes étages, séparéspardes ornements allégoriques, entrecoupés de blasons et d'armoiries, se dégage pure de cet ensemble d'une originalité frappante.
Cependant il est à remarquer que certains ornements, ou certains motifs, d'une finesse extrême, ont une parenté apparente avec les sculptures du tombeau des Dauphins de France de la cathédrale de Tours, dû au ciseau des Lejuste. Or comme ce tombeau.existait depuis 1475 dans l'abbaye de Saint-Martin, il ne serait point étonnant que l'étude de ce monument n'ait influé sur l'inspiration des artistes de la fontaine. C'est cette ressemblance incertaine qui a très probablement fait attribuer l'oeuvre de la fontaine aux frères Lejuste, attribution qui semble ne plus exister maintenant, d'après les affirmations de Lambron de Lignim.
Ainsi donc, d'après l'étude rapide que nous venons de faire des oeuvres du grand artiste, nous voyons qu'il n'était pas seul à travailler; c'est-à-dire qu'à la fia du règne de Charles VIII et pendant celui de Louis Xll, au moment même où l'invasion italienne commence à s'organiser, le vieux Michel Colombe nous apparaît, à Nantes, à Tours et à Brou, comme un maître entouré de ses élèves, comme un véritable chef d'école, assisté de toute une génération d'ouvriers.
Nous avons déjà cité ses neveux parmi ses collaborateurs, nous pouvons encore y ajouter le peintre tourangeau Bernard du Patiz, et le sculpteur Jean de Chartres, qu'il désigne, dans une lettre à Marguerite d'Autriche, comme étant prêt à l'envoyer en Bresse; lequel, dit-il, « m'a servy l'espace de 18 ou 20 ans, est maintenant tailleur d'ymaiges de Madame de Bourbon, >; et le grant ouvrier ajoute qu'il peut aussi « envoyer d'autres serviteurs dont je respondray de leur science et preud'hommie, et dont je ne penseray avoir honte etdomaige. »
Michel Colombe est donc le centre vivant, l'âme de tout un
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groupe de sculpteurs habiles, ce n'estpasseulement un homme c'est une école.
C'est cette école qu'on peut appeler l'école tourangelle, dont Jehan Foucquet, Jehan Hesdin, Pierre Valence, Robert Pinaigrier, Jehan Juste, Jehan Clouet, sont les premiers, et dont les Bobrun, Claude Vignon, Abraham Bosse, sont les derniers. C'est cet ensemble d'artistes qui a recuilli les derniers enseignements de l'école bourguignonne, et qui, en pleine vigueur sous Charles VIII et Louis XII, relie l'art du Moyenâge à celui de la Renaissance.
Michel-Colombe vit au milieu de cet immense mouvement, il le préside et semble l'entraîner par la puissance de son génie. Plus épris d'idéal, plus attentif au caractère qu'à la grâce, plus inquiet de l'émotion intérieure que de l'effet des attitudes, Michel Colombe, voit s'ouvrir sous ses yeux, presque dans son atelier, la fleur de la Renaissance. Il en comprend toute l'élégance, mais il ne se laisse émouvoir qu'à demi ; sa voie est tracée, il la poursuit, ayant la nature seule pour guide. Aidé par une volonté ferme, simple et familière tout à la fois, Colombe prolonge dans le xvie siècle les graves méthodes d'un art antérieur, et, libre, affranchi de toute entrave, dit le dernier mot du moyen âge.
Saluons donc les esprits libres qui vont cherchant partout l'art et la pensée, dans les poèmes d'Homère comme dans la sculp-i ture antique, dans les épanouissements de la Renaissance comme dans le livre radieux qui s'appelle la Nature. La Nature, voilà leur véritable domaine ; ils marchent en avant, n'obéissant à aucune règle, et n'ayant qu'un culte : l'idée, qu'une passion : la forme. Ils veulent que la peinture et la statuaire, tout en reconnaissant le monde connu, Phidias et Praxitèle, Raphaël et Corrège, Rubens et Rembrandt, se passionnent pour le monde inconnu. Us saluent les soleils couchants, mais c'est vers l'aube matinale qu'ils se tournent, plus inquiets de ceux qui feront l'avenir, que de ceux qui sont déjà le passé.
Auguste CHAUVIGNÉ fils, Secrétaire adjoint.
SITUATION DE L'AGRICULTURE MÉRIDIONALE
A LA FIN DE DECEMBRE 1883
Gaveantconsul es.
I
Lors de la récente discussion du budget de l'agriculture à la Chambre des députés, l'honorable rapporteur a constaté une amélioration dans la situation générale pendant l'année 1883, ce qui m'impose le devoir, dans un sentiment de justice et de vérité, de démontrer que la crise qui étreint les départements de la région méridionale, loin de diminuer d'intensité, s'accentue et s'aggrave de plus en plus.
Les seuls produits rémunérateurs de cette région sont : la soie et le vin, la culture arbustive aux racines profondes étant la seule possible, sans l'irrigation, dans ce pays du soleil et de la soif.
La maladie du ver à soie, à laquelle est venue s'ajouter la concurrence étrangère, a tari depuis longtemps cette source de richesses, et d'après la statistique officielle, le rendement des cocons a été en 1883 de 7,659,000 k., soit une diminution de 2,062,000 sur l'année précédente ; le rendement de l'once de graine a été de 24 k. alors qu'il était de 27 k. en 1882 : mais par contre, le prix de vente, au lieu d'augmenter, comme cela semble naturel, a diminué de Ofr. 15 le kilogramme, (4 fr. 20 au lieu de 4 fr. 35) et la soie, qui se vendait à la même époque de 1882, 07 fr. ne s'est vendue que 62.
Enfin, on a constaté qu'il y avait eu 20,000 éducateurs de moins, ce qui est bien naturel, puisque chaque éducateur vend 4 fr. 20 le k. de cocons qui lui revient au minimum à 5 fr. ; etce n'est certes pas la diminution du nombre de mûriers qui est la cause de cette décroissance du rendement séricicole, car cette année la feuille a été à vil prix. Pour n'en citer qu'un exemple, j'avais vendu avant la récolte environ 1,000 quintaux de feuilles à raison de 4 fr. les cent kilos, 1884 7
— M —
mais l'acheteur s'étant récusé, je me suis vu forcé de céder à 2 fr. les cent kilog. ce qu'autrefois nous vendions 14 fr. 28.
Malheureusement, mon acheteur qui croyait, dans ces conditions, faire une excellente affaire, a manqué ses chambrées, et n'a pu revendre sa feuille à aucun prix.
Il ne faut donc pas s'étonner si le nombre des éducateurs diminue, et si la sériciculture touche à sa fin, carnous ne pouvons soutenir la concurrence étrangère, avec les hauts prix de la graine et des journées.
Ceux-là seuls peuvent encore lutter, qui élèvent euxmêmes leur chambrée et, agissant sur une petite échelle, peuvent lui donner les soins les plus minutieux ; au reste, cette industrie n'a jamais enrichi ceux qui opéraient sur une grande échelle.
Au moment où la vigne remplaçait le mûrier, le phylloxéra s'est abp.ttu sur les nouvelles plantations et, en peu d'années, jeunes et vieilles ont été détruites.
Le travail de reconstitution de's vignobles par les plants américains se fait rapidement, mais avec des dépenses énormes, et cetteannée l'invasion du mildew a emporté unegrande partie de la récolte, et par suite des falsifications et des vins de raisins secs, le prix des vins s'est abaissé, et, comme pour la soie, à un moindre rendement qu'en 1882, a correspondu un prix inférieur de vente.
Je ne m'attarderai pas sur le rendement des céréales, récolte forcée sur nos vignes mortes, mais là aussi la récolte est de beaucoup inférieure à celle de l'an dernier, et les prix de vente ont baissé. Le blé a été vendu 20 fr. au lieu de 22, et l'avoine 18 au lieu de 20 ; nous vendons 20 fr. ce qui nous coûte 25 fr. à faire venir.
Les fourrages, il est vrai, ont été très abondants, mais dans nos chaudes et belles contrées, nous sommes consommateurs plutôt que producteurs, et nous payons nos bêtes de travail, nos boeufs et nos vaches un quart plus cher qu'en 1882.
Mais ce D'est pas tout, comme la misère de nos populations est la conséquence forcée d'une crise qui augmente chaque jour, l'émigration s'ensuit, et l'ouvrier des champe quitte une terre qui ne peut plus nourrir sa famille ; 50 mille habitants ont actuellement abandonné les départements de l'Ardèche, du Gard, de Vaucluse et de l'Hérault, et les bras manquent pour la culture.
Mais, symptôme grave, précurseur d'un réel péril social, les jeunes générations en quittant les bancs de l'école, abandonnent a tout jamais cette carrière agricole dont le présent et l'avenir ne leur montrent que travail et misère.
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IL
On parle toujours des souffrances de l'agriculture, des améliorations qu'elle réclame, des dégrèvements auxquels elle a droit, mais que fait-on pour elle ? On a, il est vrai, amélioré son bétail et son outillage ; on a excité l'amélioration des agriculteurs par des récompenses ; c'est un premier pas dont il faut reconnaître l'importance, mais pourquoi s'arrêter dans cette voie, alors qu'il est évident qu'elle est insuffisante !
L'agriculture ne demande pas de privilèges, mais elle veut être traitée sur le même pied d'égalité que les autres industries ; elle réclame lu fondation d'institutions de prévoyance et de secours pour les travailleurs ; l'organisation du crédit agricole ; la réforme de l'impôt des boissons ; une répartition plus juste des évaluations cadastrales et le dégrèvement de l'impôt foncier ; la création de canaux d'arrosage qui, en utilisant toutes les eaux improductives, apporteraient la fécondité dans nos contrées arides et desséchées.
Mais comment se fait-il que, contrairement au principe de l'égalité devant l'impôt, alors que l'impôt foncier doit être établi d'après le revenu net, on continue à prélever cet impôt là ou ce revenu n'existe plus ?
Le dégrèvement de la contribution foncière, toujours annoncé, toujours promis, jamais réalisé, serait certainement la mesure la plus populaire et la plus politique ; elle apporterait un soulagement réel à la classe la plus éprouvée, la plus nombreuse, la plus laborieuse et rallierait au gouvernement ces masses rurales qui vivent courbées sur le sol et ne jugent les gouvernements que parce qu'ils leur coûtent.
Il ne faut pas oublier que ce fut l'impôt des 45 centimes qui rendit la République de 184S impopulaire dans les campagnes; le dégrèvement serait aujourd'hui une revanche, qui prouverait aux plus routiniers de nos cultivateurs que la République actuelle connaît leurs souffrances et les soulage.
Ce dégrèvement est d'autant plus opportun que la crise agricole a atteint ses dernières limites, qu'elle est générale, et qu'il profiterait également à ceux qui ne possèdent pas, puisqu'il aurait pour conséquence d'abaisser le prix des objets de consommation et serait une preuve de plus de la solidarité qui existe entre les producteurs et les consommateurs.
III
Nous devons cependant reconnaître que, depuis la création d'un ministère spécial et la réunion du service des eaux à ce
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ministère, l'agriculture a reçu une nouvelle et salutaire impulsion.
Le jeune et intelligent ministre de l'Agriculture avoulus'entourer des lumières du Conseil supérieur de l'agriculture pour préparer les principales améliorations qu'il compte demander au Parlement ; un projet de crédit agricole est actuellement devant le Sénat, un projet de loi sur la représentation des intérêts agricoles est en préparation, la grande question du canal du Rhône est à l'étude pour trouver une solution financière pratique.
Aujourd'hui l'accord est fait entre les pouvoirs publics ; le système des machines élévatoires, justement condamné par le conseil de l'hydraulique agricole, a été écarté, et le projet Dumont a été modifié en vue des intérêts de la navigation et de la suppression du gigantesque syphon de Mornas pour la traversée du Rhône.
Trois canaux doivent être construits : l'un sur la rive gauche ; le second sur la rive droite, à la hauteur de Cernay, visà-vis de l'embouchure de l'Isère ; le troisième prendra ses eaux dans la Cèse.
La question financière est maintenant la seule à résoudre, à moins que quelques nouveaux projets ne viennent encore allonger ut retarder la solution d'une question si urgente.
Le ministre de l'Agriculture a judicieusement pensé que les 18 millions de propriétaires avaient une part trop restreinte dans les récompenses nationales, et il a obtenu la création d'un ordre nouveau, qui a reçu le nom de l'ordre du Mérite agricole ; c'est une décoration analogue à celle de l'instruction publique et de la médaille militaire.
J'avais eu l'honneur de déposer une proposition de loi à l'Assemblée nationale, pour demander la création de pareilles distinctions honorifiques et je suis heureux de voir réaliser, en partie du moins, ce projet, car cette décoration sera un réel stimulant et produira d'autant plus d'effet qu'on pourra la voir briller sur la veste du cultivateur, de celui dont le mérite modeste restait toujours méconnu, et le devoir des Sociétés d'agriculture sera désormais de rechercher ces obscurs et vaillants serviteurs de l'agriculture et de les signaler au ministère.
Nos populations agricoles en y puisant un encouragement, applaudiront le ministre d'un gouvernement qui sait récompenser les services modestes, mais réels, de ceux qui travaillent loin des agitations et des intrigues des ambitions humaines.
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IV
En résumé, j'ai cru devoir pousser un nouveau cri de détresse, appeler une fois encore l'attention du gouvernement et des Chambres sur l'aggravation de la crise qui étreint l'agriculture méridionale.
J'ai voulu signaler l'apparition d'un fléau qui la menace et qui est plus terrible encore que ceux dont nous subissons les ravages : la dépopulation de nos campagnes, l'abandon de la carrière agricole par la jeunsse et par suite l'impossibilité prochaine de cultiver le sol.
J'ai constaté les efforts qui ont té faits pour améliorer 'agriculture, mais en même temps, j'ai signalé leur insuffisance, indiqué ceux qui paraissent urgents et indispensables, tels que le dégrèvement de l'impôt foncier et l'utilisation des eaux improductives. Et maintenant que j'ai accompli ma tâche, fait mon dévoir d'agriculteur et de citoyen, je pousserai le cri suprême de : caveant consules ! espérant qu'il sera entendu avant qu'il en soit trop tard. L. DESTREMX.
(Extrait du Journal d'agriculture pratique,)
CHIMIE AGRICOLE ET ANALYSE CHIMIQUE
COURS DE M. SCHLCESING AU CONSERVATOIRE DES ARTS ET MÉTIERS
Programme du cours pour l'année 1S83-84 : Engrais. — Assolements. — Alimentation du bétail. — Analyse minérale appliquée aux matières agricoles (1).
M. Schloesing a bien voulu nous autoriser à donner dans ce journal un compte rendu de sa leçon d'ouverture. Aucun de nos lecteurs ne refusera de s'associer à nous pour remercier le savant maître de la faveur dont il a gratifié le Journal d'gricullure pratique. Si nous avons su nous montrer quelque peu bon analyste, les Considérations générales sur les engrais, qui ont formé l'objet de cette première séance, seront instructives pour tout le monde, et feront certainement naître chez plus d'un agriculteur éloigné de la capitale le très vif regret de ne pouvoir venir entendre régulièrement la parole du très honorable membre de l'Institut, qui consacre avec tant de succès ses hautes connaissances chimiques et physiologiques à l'étude des questions agricoles. (.1. S.)
Qu'est-ce qu'une plante pour le chimiste ? C'est un composé de substances organiques et de substances minérales.
Les premières sont constituées par le carbone, l'oxygène, l'hydrogène et l'azote, qui peuvent offrir un nombre infini de combinaisons binaires, ternaires ou quaternaires, mais toutes caractérisées par la présence du carbone. Les matières minérales que l'analyse rencontre dans les végétaux sont principalement : les acides sulfuriquc, chlorhydrique, phospborique et silicique et les oxydes de potassium, de sodium, de calcium, de magnésium, de fer et quelquefois de manganèse.
Les substances minérales proviennent toutes du sol ; le carbone, l'oxygène et l'hydrogène sont, au contraire, fournis par l'atmosphère ; seul, l'azote est emprunté à la fois à l'air et à la terre.
Les éléments que nous venons de nommer sont indispensables pour une bonne végétation de la plante.
L'atmosphère fournit largement l'acide carbonique et l'eau, sources du carbone de l'oxygène et de l'hydrogène ; quant à
(1) Le» mercredis et les samedis à 9 heures du soir.
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l'azote, le végétal n'en extrait de l'air qu'une partie de celui dont il a besoin, et il demande le reste à la terre.
A l'exception de l'azote, de l'acide phosphorique et de la potasse, les autres substances, ou se trouvent d'ordinaire en proportion suffisante dans un terrain, ou peuvent y être apportées à peu de frais (chaulage). L'azote, l'acide phosphorique et la potasse sont, parmi les éléments nutritifs que réclame la plante, les seuls dont l'introduction dans le sol doive sérieusement préoccuper l'agriculteur.
Toute matière d'origine quelconque, contenant l'un ou plusieurs de ces trois éléments, et que l'on incorpore à la couche arable, constitue un engrais.
Cette définition si simple ne date que d'une quarantaine d'années. Elle est une conséquence directe de la théorie de l'alimentation minérale de la plante, dont la découverte est due aux trois illustres chimistes Liebig, Boussingault et Dumas.
Auparavant régnait la doctrine dite de Thumus, laquelle n'accordait la qualité d'engrais qu'aux substances organisées ayant cessé de vivre : le plâtre, le nitre et autres sels employés en agriculture n'étaient que de simples stimulants de l'appétit de la plante, mais non de véritables aliments.
Les végétaux sont des appareils à synthèse qui organisent la matière minérale afin de la mettre à la disposition des animaux. Ceux-ci, pour entretenir la chaleur indispensable à leur organisme, et par une opération analytique, commencent la décomposition des produits d'origine végétale.
La découverte de la théorie minérale a donné un élan énorme au progrès agricole, en indiquant ce qu'il convient de fournir à la plante. Une foule de matières dédaignées jusqu'alors se sont aussitôt transformées en sources de principes fertilisants : phosphates, sels de potasse de Stassfurt, etc.
Le commerce s'est naturellement emparé de la préparation et de la vente des engrais. Peu loyal au début, il a beaucoup spéculé sur l'ignorance du cultivateur. Mais ce dernier a profité des fraudes dont il a été victime ; il comprend aujourd'hui que la meilleure manière de moraliser le commerce des matières fertilisantes, c'est de ne les acheter que sur garantie d'analyse. A l'heure actuelle, chacun des trois éléments dont on doit tenir compte dans un engrais a ses mercuriales ; tout le monde sait que le kilogramme d'azote se paye, suivant son origine, de 1 fr.50 à 2 fr. 50, etc.
La connaissance de l'alimentation de la plante a permis de formuler la loi de la restitution, loi à laquelle l'agriculteur doit obéir, sous peine de voir rapidement diminuer la fertilité de la terre qu'il exploite. La restitution, pour rester rationnelle, ne s'étendra pas aux principes dont un sol est abondamment
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pourvu par suite de sa nature minéralogique. Dans beaucoup de terrains granitiques, la décomposition des feldspaths met continuellement à la portée des récoltes la quantité de potasse qu'elles peuvent utiliser : restituer cet élément à de pareils sols serait un pur gaspillage. On peut en dire de mémo pour certaines terres du département du Nord, qui possèdent naturellement un stock considérable d'acide phosphorique, et pour lesquelles il n'y aura pas à se préoccuper pendant de longues années de la restitution de ce principe.
Quel critérium avons-nous pour reconnaître si un sol renferme une réserve d'un principe nutritif, soit l'acide phosphorique, suffisante pour faire face aux exigences d'une bonne récolte de blé, par exemple? L'analyse chimique pourra probablement un jour nous renseigner d'une manière satisfaisante à ce sujet ; pour le moment, les indications qu'elle est capable de nous fournir sont tout à fait insuffisantes, et nous devons consulter les plantes elles-mêmes, c'est-à-dire expérimenter sur une petite surface.
Il faut bien se garder de généraliser la réponse fournie par ces sortes d'expériences et de l'appliquera une plante autre que celle sur laquelle on a fait son essai. C'est ainsi que la proportion d'acide phosphorique contenue dans le sol peut être trop faible pour le blé, mais convenable pour le tabac.
Les prospectus des marchands d'engrais nous offrent des formules composées en vue de différentes récoltes. Ces formules, basées sur T'analyse des plantes, restituent au sol l'intégralité, et souvent même au delà, des éléments exportés par chaque culture ; mais elles peuvent condamner le praticien à une dépense inutile en lui faisant apporter sur un champ des principes dont celui-ci est, pour ainsi dire, saturé. L'agriculteur intelligent s'interdira l'usage de ces engrais à formules; il achètera les matières premières et fera lui-même ses mélanges, avec parfaite connaissance de cause ; il n'y introduira que ceux des principes dont l'expérience lui aura prouvé l'efficacité pour la récolte et pour la terre dont il s'agit.
Il est parfaitement certain qu'il y a tout avantage à diviser les engrais le plus possible, surtout pour l'application des substances insolubles (phosphate fossile) ou de celles que le sol insolubilise en vertu de son pouvoir absorbant. Le chlorure de potassium, le sulfate de potasse mélangés à la terre deviennent insolubles. Les molécules terreuses s'emparent rapidement de ces sels de potasse, à la manière des fibres textiles qui s'unissent à la matière colorante. Au contact de l'oxyde de fer ou de l'alumine le superphosphate ne tarde pas, dans le sol, à perdre sa solubilité.
Ces composés insolubles peuvent devenir solubles et absorbants au contact des racines. Ce contact a d'autant plus de
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chance de se produire que la substance est plus finement pulvérisée et mieux distribuée dans lacouche arable.
Ces matières solubles (nitrates) qui se trouvent situées dans un certain rayon autour d'une racine peuvent, par capillarité, être attirées vers celle-ci, mais, même dans ce cas, une trituration et une dissémination parfaites sont on ne peut plus favobles au bon effet de l'engrais.
Le sol est un excellent magasin pour les principes potassiques et phosphates ; il les rend insolubles et ne les cède guère qu'aux racines des plantes. La propriété absorbante des terres vis-à-vis des nitrates est, au contraire, nulle ; les eaux de p^uie entraînent facilement les sels de cette nature dans le sous-sol ou dans les tuyaux de drainage. Les sels ammoniacaux sont d'abord retenus par la terre, mais ils se nitrifient en peu de temps. Les engrais ammoniacaux ou nitriques ne doivent donc être confiés au sol qu'au moment où le végétal est en état de les utiliser (sulfate d'ammoniaque et nitrate de soude répandus en couverture sur les céréales au commencement du printemps).
Dans le fumier de ferme l'azote est engagé dans une combinaison quaternaire. Ce composé se brûle, se nitrifie lentement, en trois ou quatre ans ; l'azote soluble est en quelque sorte absorbé par la plante au fur et à mesure de sa formation, les pertes par les eaux pluviales sont faibles.
Les poils, les cornes, les crins, les cheveux sont encore hien plus longs que le fumier à se désorganiser.
Etî achetant de pareils produits, l'agriculteur incorporera au sol des avances dont il ne retirera le bénéfice complet qu'au bout de plusieurs années, il devra donc payer l'unité d'azote moins cher que quand cet élément est fourni par une substance à prompt effet.
J. SABATIER.
(Extrait du Journal d'agriculture pratique.)
LA COMPTABILITÉ SANS COMPTABLE (*)
Que les grands établissements agricoles aient besoin d'un agent-comptable qui ne soit occupé qu'à tenir leurs écritures, à constater les entrées et sorties de magasin, les travaux d'attelage et de main-d'oeuvre, les produits du sol et du bétail, les consommations de la ferme, les dépenses et recettes, ceci est indiscutable. Mais en est-il de même pour des exploitations rurales moins importantes?
Non, répond l'auteur d'un nouveau système de tenue de livres à l'usage des cultivateurs qui veulent se rendre compte de leurs opérations sans se faire assister d'un comptable.
M. Pilter fils est cet auteur qui présente une comptabilité à tenir très régulièrement, sans comptable spécial.
Ce que M. Pilter cherche à mettre en relief, ce sont les prix de revient qui se dégagent de ses livres à la fin de chaque exercice. Notre auteur repousse toute prétention à déterminer à priori le coût de chaque travail, le coût de chaque chose. Il veut qu'on attende que les faits soient consommés pour qu'il soit permis d'en tirer des conclusions utiles. Il est intraitable sur ces points de comptabilité, et nul plus que lui n'est l'adversaire des valeurs fictives. En ce qui concerne le prix des fumiers notamment, il part de cette idée que ce prix doit être le prix du pays, et que, dans le cas où il n'y a pas vente de fumier à proximité de la ferme, on peut adopter le prix des éléments utiles du fumier, azote, potasse et phosphate, tels qu'ils sont livrés par le commerce des engrais chimiques. M. Pilter n'est peut-être pas aussi net dans les notes insérées en ses deux livres de comptabilité. Ce qui est certain, c'est que cette manière d'estimer les fumiers découle logiquement de ses écrits. Le point capital de son système, c'est la proscription des valeurs fictives : il les regarde comme funestes à l'agriculture. Et il a mille fois raison, car il y a, dans la comptabilité-matières agricole, tant de valeurs estimées arbitrairement, valeurs consistant en engrais, fourrages, pailles et autres denrées consommées ou produites dans la ferme, qu'on ne saurait trop se mettre en garde contre les chiffres fantaisistes qui,
(1) Nouvelle méthode de comptabilité agricole, par J.-(ï. Pilter, 1882, chez Th. Pilter, 24, ruo Alibert, Paris.
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au gré du comptable, dénaturent souvent les résultats financiers des comptes de culture ou de bétail. Dans ce genre, les choses ont été poussées si loin que ce qui, en réalité, aurait dû être une perle devenait, grâce à l'art dégrouper les chiffres, un bénéfice. C'était la vérité à l'envers.
L'oeuvre de M. Pilter est une forte réaction contre ces errements. L'auteur est sérieux, positif, réaliste. Il appelle un chat un chat. On voit, à première inspection, qu'avant de donner des conseils, il s'est acquis une intelligente expérience de comptable. Les livres qu'il présente aujourd'hui à l'agriculture ne sont pas, à vrai dire, des livres de phrases, ce sont des livres de comptabilité : d'abord le Journal, ensuite le Grand Livre. L'un et l'autre de ces livres sont disposés en colonnes, en tableaux. Chacun peut y consigner ses chiffres. Mais, par ci, par là, à la place voulue, des notes très sobres, très nettes, expliquent le pourquoi de chaque écriture, de telle sorte qu'au bout de l'année, le cultivateur, sans avoir beaucoup de temps à consacrer à ses écritures, puisse connaître ses prix de revient.
M. J.-G. Pilter attache une importance de premier ordre à cette notion des prix de revient basés sur des prix réels. 11 le déclare dans une courte préface : la concurrence étrangère et intérieure coïncidant avec l'accroissement des salaires nous font un devoir de jouer serré dans le maniement de nos capitaux agricoles.Lacomptahilité s'impose, plus que jamais, dans la ferme.
Pénétré de ces nécessités, l'auteur indique ce qui doit figurer à l'inventaire d'entrée et à l'inventaire de sortie, tant pour l'actif que pour le passif. Il ouvre ensuite le journal consacré à l'enregistrement journalier des opérations de la ferme. Puis il passe les écritures au Grand Livre où elles se classent dans un ordre des plus méthodiques, tendant à faciliter considérablement les recherches, à mettre en relief les profits et pertes, les prix de revient, les transformations multiples du capital.
Nous avons dit que, pour l'estimation du fumier produit sur la ferme, M. Pilter n'admet qne le prix du pays. Voilà le principe, et ce principe c'est aussi le nôtre. Mais tout en reconnaissant que pour simplifier la comptabilité et la vulgariser dans le monde rural, il ne faut pas la compliquer de considérations chimiques, nous ne pouvons nous dispenser de dire, une fois de plus, notre pensée sur l'estimation des fumiers au mètre cube. A notre sens, le mètre cube, en ce cas, c'est la bouteille à l'encre, c'est la cause de dangereuses illusions, puisque tel fumier revenant à 3 francs le mètre cube coûte, en réalité, plus cher que tel autre fumier acheté 4 francs à volume égal. Il en est, à cet égard, du fumier comme du noir animal qui, malgré tous les procès pour fraudes, malgré toutes les condamnations
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des tribunaux, s'achète encore au poids, au tas, abstraction faite de la teneur chimique qui, seule, donne la mesure de l'utilité réelle, de la richesse vraie des engrais. Nous ne voulons pas imputer à M. Pilter une responsabilité qui ne lui revient pas personnellement.
U a obéi à la force des habitudes prises par l'opinion générale des agriculteurs. Il s'est mis à la portée des majorités, et il est probable que si les majorités adoptaient sa tenue de livres, un grand progrès serait généralisé, et qu'alors, en vertu de cette loi d'harmonie par laquelle un progrès en appelle d'autres, les engrais cesseraient d'être estimés au mètre cube. Ils le seraient à raison de leur composition en azotes, phosphates et autres éléments propres à combler les déficits du sol dans ses rapports avec les récoltes.
C'est dans un même esprit de simplification et de propagande que l'auteur de la Nouvelle Méthode de comptabilité agricoles proposé d'imputer à chaque récolte tout l'engrais apporté sur le sol où elle est réalisée. Ainsi une fumure de 40 à 60,000 kilos l'hectare serait-elle portée sur une terre semée en betteraves? Cette fumure vaudrait-elle 600 francs? la récolte de betteraves devrait être débitée de cette somme de 600 francs à elle toute seule. Rien de plus simple, sans contredit. Mais les simplicités de ce genre se traduisent-elles par des vérités ou par des erreurs sur cette grosse question de prix de revient à laquelle M. Pilter cherche si consciencieusement à apporter sasolution ?
Nous croyons que débiter la betterave, par exemple, de tout le fumier qu'elle reçoit comme tête de rotation, comme plante suivie d'autres récoltes dont elle prépare le succès, c'est commettre deux erreurs d'un même coup : d'une part on accroît fictivement les frais de production de la précieuse racine : d'autre part, non moins fictivement, on diminue, dans une notable proportion, le prix de revient du blé et autres récoltes qui continuent et terminent la rotation. Et ceci est grave dans un moment où notre agriculture a si grand besoin d'être fixée sur ce que le blé coûte à produire.
M. Pilter peut à cela opposer un moyen de justification de son système de tout tengrais à une seule récolte.
Il est, en effet, autorisé à soutenir que, sur ce chapitre de de la répartition des engrais qui restent en terre plusieurs années au profit de plusieurs -récoltes, il y a beaucoup d'obscurité dans le monde savant, et que, par conséquent, ce que les praticiens ont de mieux à faire jusqu'à ce que la question soit tranchée par qui de droit, c'est d'opposer suppositions à suppositions. Et la supposition de M. Pilter, c'est que dans une Ferme en plein roulement, les fumures sont à peu près les mêmes toutes les années, et que, dans cet état de choses, il
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n'est pas déraisonnable d'admettre que si la betterave, par exemple, paraît être surchargée de frais de fumure dont profiteront les récoltes suivantes, il est à cela une compensation, c'est que cette betterave profitera aussi des avances d'engrais faites aux récoltes précédentes sans que ces récoltes aient absorbé toutes ces fumures antérieures.
On le voit : la doctrine de répartition des frais de fumure tels que la. formule M. Pilter, en des vues de simplification, c'est une doctrine de compensation.
Mieux vaut, ce nous semble, et malgré toutes ses imperfections, l'ancienne méthode de répartition empirique qui consistait à attribuer un tiers des dépenses de fumier à la récolte directement fumée, et les deux autres tiers aux récoltes qui les absorbent réellement dans diverses mesures. Cette méthode prête beaucoup à la critique. Elle a le mérite d'être plus égalitaire, le mérite de ne pas avantager telle ou telle récolte. Elle s'adapte mieux aussi aux entreprises qui se fondent sur l'accroissement du bétail, et qui, par cela même, augmentent chaque année la masse des engrais en terre.
Il convient d'insister sur cette particularité des fermes à fumures progressives d'année en année. Prenons un débutant en terres pauvres, en terres ruinées par des cultures épuisantes comme il n'en manque pas malheureusement. Ce débutant sait que, sans fortes fumures, la charrue le ruinera. Il porte donc ses efforts du côté des engrais. Il fume copieusement ses racines et les débite de tous ses frais de fumure, ne portant ainsi au débit du blé que les engrais supplémentaires qu'il lui applique directement sous forme de sulfate d'ammoniaque ou superphosphate de chaux. Puis, après avoir tenu avec soin sa comptabilité, il recule, un jour, effrayé des pertes qu'elle accuse pour les racines et pour le bétail qui les consomme. Son fumier, dans ces conditions, lui revient cher. Son blé, par contre, est en bénéfice. Il n'y avait pas, lors de son entrée en ferme, de stock d'engrais en terre. Donc, pas de compensation pour atténuer, par de plus forts rendements, les frais de fumure qui surchargent les récoltes de la première période d'exploitation. Cette compensation pourra venir plus tard, quand la ferme sera en plein roulement. En attendant, il faut des avances, et ces avances accumulées par la comptabilité sur les premières récoltes seulement, sont telles que le découragement peut s'emparer des esprits les plus fortement trempés qui ne sont pas secondés par des ressources financières à la hauteur de leur bonne volonté.
Il faut le dire et le redire souveut : cette période des débuts et celle oùl'agriciilture, moins que jamais, ne doit pas s'appuyer sur des fictions. Chaque branche d'xploitation mérite une constatation rigoureuse des faits qui lui sont propres. Amortir
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à trop longs termes certaines dépenses, c'est alors sacrifier l'avenir au présent. Amortir à trop court terme, c'est sacrifier, au contraire, le présent à l'avenir. Or, le tout l'engrais à une seule récolte nous paraît empreint de ce second danger. Il est contraire aux frais, en ce sens que, dans une ferme débutante, il n'y a pas de compensations pour contrebalancer les premières dépenses de fumure. Là est un danger. Dans ce domaine pavé de fictions, la comptabilité des amortissements exagérés ne peut conduire l'agriculteur qu'à des conclusions non moins exagérées. Il est impossible qu'une fumure de 60,000 kilos soit absorbée par une seule récolte. Les praticiens en conviennent eux-mêmes. On peut donc discuter sur la durée, non sur le principe des amortissements. Et c'est surtout dans les débuts d'une entreprise qu'il est utile d'être fixé sur les prix réels de revient qui concernent les fumiers, puisque les fumiers sont la base des prospérités futures. Etrange, dans cet ordre d'idées, serait le moyen de recommander les fumures que d'en exagérer ses dépenses.
M. Pilter n'est pas de ces hommes qui se rencontrent dans a voie des exagérations. Il a imaginé de toutes pièces des livres comptables à l'usage des cultivateurs qui veulent tenir eux-mêmes leurs registres, et qui, rentrant fatigués le soir au logis, n'ont que quelques minutes pour tenir la plume. Nous n'aurions pas bien exprimé notre opinion si nos lecteurs tiraient de ce compte rendu la conclusion que les registres de M. Pilter ne remplissent par le but de leur auteur. La comptabilité n'est pas l'économie rurale. Elle est un système de tenne de livres, où sont consignés des chiffres dont elle ne saurait avoir la responsabilité. L'économie rurale décide que les engrais, les travaux, les valeurs créées dans la ferme seront estimés de telle ou telle manière. Le comptable enregistre, sans parti pris. Ainsi, du moins, nous comprenons son rôle, et c'est dans cette disposition d'esprit que nous avons, dans ce compte rendu, présenté des observations qui, peut-être, contribueront à faire adopter la comptabilité de M. Pilter, précisément parce qu'elle se prête à tous les enregistrements de chiffres, à tous les systèmes. Il en sortira ce qu'on y mettra, mais assurément, ce sera marcher contre le but de son auteur, que d'y introdnire des valeurs fictives. Pille d'auteur loyal, elle a été conçue pour servir la vérité, non l'erreur.
E. LECOUTEUX. (Extrait du Journal d'Agriculture pratique).
FUMURE DES PRAIRIES
Le professeur Marker rend compte dans un journal allemand des expériences qui ont été faites, dans des exploitations des Alpes bavaroises et suisses, sur l'emploi des engrais artificiels sur les prairies. Elles ont permis de constater un fait intéressant. L'emploi combiné de superphosphates et de sels de potasse augmente la qualité du produit d'une manière sensible, à tel point que des vaches nourries de foin de prairies fumées donnèrent 2 fois 1/2 autant de lait que celles qui recevaient du foin de prés non fumés. De plus, les prairies fumées avaient une avance de trois semaines pour la maturité et la récolte des foins. On sait depuis longtemps, par de nombreuses expériences, que tel est le cas des plantes cultivées. Mais ce qui est moins connu, c'est que les sels de potasse agissent de la même manière en hâtant la maturité, quoique d'anciens essais de fumure fournissent des preuves frappantes du fait. Toutefois, d'après la communication de Marker, le succès de la fumure aux sels de potasse seuls dépend d'une condition : une assez grande richesse en chaux. Par conséquent, si la fumure potassique d'une prairie se montre inefficace, il se peut seulement qu'il ne renferme pas assez de chaux, et d'autre part qu'il n'existe pas assez d'acide phosphorique pour rendre possible l'action des sels de potasse.
Ces faits sont une confirmation de l'enseignement de Liebig sur les principes nutritifs des plantes. Ils montrent aussi quels précieux engrais sont le fumier d'étables et les composts, engrais qui ne peuvent être remplacés par les engrais artificiels.
Notons à ce sujet que la cendre de bois, qui contient 15 0/0 de potasse, est pour les prairies une matière fertilisante de premier ordre. Une seule fumure abondante de cendres de bois suffit pour faire disparaître pendant plusieurs années les plantes acides des prairies humides et humeuses, et les plantes qui pullulent dans les terres sèches, sablonneuses, tandis que, sans aucun semis spécial, il naît du trèfle rouge en grande quantité.
(Extrait du Bulletin de la Société d'agriculture de T Allier.)
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1 tempête.
109 —
EXTRAIT DES PROCES-VERBAUX
Séance du o mars 1884
PRESIDENCE M. HOUSSARD, PRESIDENT
La séance est ouverte à une heure.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Le Secrétaire perpétuel donne connaissance du programme des Concours organisés par la Société pour l'année 1884. On ■ décide que les concurrents à la prime départementale devront présenter une exploitation d'au moins dix hectares les demandes de visite des divers concurrents devront être adressées au secrétaire de la Société avant le 1er juin, terme de rigueur.
Les mémoires destinés aux autres concours devront être envoyés de même avant le 1er octobre.
Ces dispositions prises, le programme est adopté.
Correspondance : Lettre de M. le Ministre de l'Instruction publique relative aux réunions de Sociétés savantes à la Sorbonne. .Sont nommés délégués à ces réunions, MM. Gazeau, Goudard, Pic-Paris, Marchand, Chauvigné fils et Juteau.
Lettre de M. le Président de la Société des antiquaires de l'Ouest, invitant la Société à nommer deux délégués pour assister au congrès régional qui doit se tenir à Poitiers vers le mois de juin : M. Chauvigné fils et M. l'abbé Vallée sont nommés délégués.
Lettre de M. Salvador, adressant ses remerciements à la Société pour l'avoir admis au nombre de ses membres.
Lettre de M. Barnnger, notaire à Poitiers, donnant sa démission, motivée par son départ.
M. Chauvigné fils, Secrétaire de la Section des sciences, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. Adopté.
M. le Trésorier a ensuite la parole pour rendre les comptes de l'année 1883 ; les divers articles de cet exercice sont étudiés avec soin; le dossier des pièces justificatives est mis sous les yeux de la Société, qui approuve les comptes, et sur la proposition de M. le Président, adresse ses félicitations à M. Pic-Paris.
Le projet de Société de Crédit agricole, présenté à la Société par M. Michelin, et mis à l'ordre du jour, sera discuté en Commission avant que la Société en soit saisie. Les membres de cette commission seront MM. Duclaud, Laperche, Marchand, Gazeau et Beauté.
1884 8
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La question des annonces, sur laquelle M. Rouillé apporte des propositions fennes, est également renvoyée à une commission ainsi réorganisée. Sont nommés : MM. Boycr, Laperche, Leblanc, de Martel, Rouillé, Tnrgand et Chevrel.
M. le secrétaire-adjoint communique à la Soeiété un extrait d'une brochure intitulée : l'OEnophile, indiquant, prétend l'auteur, un remède infaillible coudre l'oïdium.
On procède ensuite, au scrutin secret, à la nomination comme membres de la Société, deMM. Faye, avocat à Tours, et Beaufrère, agent général d'assurances à Tours ; ils sont élus à l'unanimité.
Rien n'étant plus à l'ordre du jour, la séance est levée à trois heures un quart.
Le Secrétaire perpétuel,
A.-H. JUTKAU.
RAPPORT DE M. BLANCHARD
MESSIEURS,
Dans la séance du mois de décembre 1883, vous nous avez confié, à M. Vallée et à moi, la mission de représenter notre Compagnie à la session annuelle de la Société des agriculteurs de Fiance, qui s'est tenue à Paris, du 18 au26 février dernier, pendant le Concours général.
J'ail'honneurdevenirvous exposer le résultat de nosobservations et vous rendre compte de la part que nous avons prise à cette solennité agricole, qui empruntait aux circonstances présentes un intérêt exceptionnel. Nous nous sommes rencontrés avec plus de 200 agriculteurs délégués par autant de comices ou sociétés de province. Chaque région était venue apporter son contingent de voeux et de doléances. Rien ne saurait donner une idée, plus exacte des besoins de l'agricu ture.
Nous avons assisté aux travaux des commissions qui se réunissaient le matin et aux assemblées générales qui se tenaient l'après-midi.
Parmi les nombreuses questions soumises à l'assemblée, nous avons remarqué principalement la concurrence des farines américaines et autrichiennes, les viandes salées d'Amérique, les tarifs de chemins de fer pour le transport du bétail, des végétaux et des engrais; le plâtrage, le sucrage et le vinage des vins, la concurrence des vins espagnols et italiens, le reboisement des montagnes, les irrigations, la représentation de l'agriculture, le crédit agricole les chemins ruraux, les impôts, la police rurale la déduction du passif ;es droits de succession, l'influence descourses sur la production du cheval, etc., etc.
Nous nous sommes associés à tous les voeux émis sur les réformes à faire, dans ces divers ordres d'idées, mais surtout sur celles qui ont pour objet la diminution des charges qui accablent particulièrement l'agriculture, obligée de payer chaque année 34 0|0 de son revenu, en y comprenant les centimes additionnels.
Dans un discours plein d'énergie et de vérité, M. PouyerQuertier a fait letableau saisissant de la situation malheureuse de l'agriculture, qui paye 900 millions. C'est elle qui supporte la plus lourde part d'un budget de plus de 4 milliards. Faut-il
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donc s'étonner si les populations des champs désertent les campagnes pour les villes!
La question de la représentation de l'agriculture, sur laquelle on est revenu à chaque session, a été également discutée à fond, et il a été prouvé qu'elle était moins bien traitée que le commerce et l'industrie. Aussia-t-on émis avec instance le voeu que, conformément à la loi du 20 mars 1851, il soit accordé à l'agriculture près du gouvernement une représentation officielle et élective, qui soit consultée sur toutes les mesures administratives.
M. Tournyer, notre ancien procureur général, a fait sur le crédit agricole un remarquable rapport, à la suite duquel ont été émis 1rs deux voeux suivants, dont les conclusions sont peu favorables au projet soumis aux Chambres.
1° Qu'en l'état, les pouvoirs constitués se bornent à modifier l'article 634 du Code de commerce, en assimilant les engagements pris par l'agriculture, dans un intérêt agricole, aux engagements commerciaux, sans que les agriculteurs puissent jamais, à raison de ces engagements, être soumis aux dispositions du livre III du Code de commerce (faillite et banqueroute);
2° Que les pouvoirs constitués recherchent également s'il n'y aurait pas lieu, en cas de déconfiture du fermier, tout en conservant, sans réserves, le privilège du bailleur pour toutes les années échues, de restreindre ce privilège pour ce qui est à échoir, àl'année courante et à l'année qui suivra à l'expiration de l'année courante.
La question de la crise agricole, en présence des tarifs douaniers, adonné lieu à une discussion approfondie, après laquelle l'assemblée a voté la conclusion suivante :
1° « Que la France conserve In libredisposition de ses tarifs, là où nous en sommes encore maîtres, et qu'elle s'applique à la reconquérir, là où nous l'avions aliénée.
2° « Que la France use de cette liberté conservée ou reconquise pour défendre les produits français contre la concurrence étrangère par des droits compensateurset fiscaux, ainsi que par la combinaison d'une juste réciprocité.
3" « L'assemblée invite le conseil de la Société à examiner s'il n'y a pas lieu d'organiser une commission permanente qui, après avoir constaté méthodiquement l'état des choses, lui présente, le plus tôt possible, un rapport détaillé sur les moyens d'agir avecénergie et continuité auprès despouvoirs constitués et devant l'opinion publique. »
La Société des agriculteurs de France a tenu à honneur de prendre l'initiative en cette grave matière, et après avoir dressé le bilan de l'agriculture au point de vue de l'impôt, elle s'est empressée de tracer le programme des dégrèvements auxquels il lui semble qu'elle a le droit de prétendre.
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Après de sérieux débats, la Société des agriculteurs de France a déclaré qu'en présence de la législation douanière elle a le devoir impérieux de ne jamais perdre de vue les légitimes réclamations de l'agriculture, pour obtenir le dégrèvement des charges qui pèsent sur elle et qui élèvent le prix de revient des denrées alimentaires. Elle a renouvelé les voeux qu'elle a antérieurement émis et notamment à la session de 1882, dans les termes suivants « dégrèvement dans la plus large mesure du principal de l'impôt foncier en faveur de la propriété non bâtie. »
i Réduction à 2 0/0 , taux des ventes mobilières des droits de mutation entre vifs, d'immeubles à titre onéreux. »
« Réduction des droits d'enregistrement et des timbres, relatifs aux ventes judiciaires d'immeubles et aux purges d'hypothèques.
« Substitution pour ces taxes des droits proportionnels aux droits fixes, de manière à ce qu'aucune vente ne supporte jamais de frais supérieurs à 10 0]0 du montant de la vente.
« Que le gouvernement ne propose aux chambres aucune réduction d'impôts avant d'avoir obtenu les dégrèvements qui précèdent. »
La section de viticulture était certainement la plus nombreuse.
Les rapporteurs ont fait connaître la situation actuelle de la viticulture en France, les travaux accomplis et les résultats obtenus dans la lutte contre le phylloxéra.
Il a été constaté qu'aucun des procédés présentés jusqu'à présent n'offrait des garanties de succès, et qu'il convenait de recommander comme précédemment, aux viticulteurs, pour le traitement de leurs vignobles:
La submersion,
Le sulfure de carbone,
Le sulfo-carbonate de potassium,
Les cépages américains, qui donnent une grande satisfaction dans le Midi.
J'espère vous intéresser, messieurs, en vous donnant quelques détails sur le concours général de Paris, qui a été aussi complet que possible et qui a reçu une affluence de visiteurs inconnue jusqu'ici. Il y avait toutefois une partie fait)Ie, c'était celle des animaux reproducteurs, qui ne pouvaient pas soutenir la comparaison avec les animaux gras et de proportions énormes. En ajoutant cette catégorie de reproducteurs au concours général, on a voulu imiter, sous ce rapport, l'Angleterre dans son concours de Birmingham.
Les animaux gras étaient nombreux et les éleveurs ont prouvé qu'en améliorant les procédés et les méthodes, l'élevage et
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l'engraissement ont raccourci la période de la vie précédem ment consacrée à la période croissante des animaux.
Il y avait cette année au palais de l'Industrie des animaux que la boucherie a recherches avec avantage.
La race Durham était dominante, mais on voyait de très beaux produits des races françaises, charolaise, nivernaise. limousine, garonnaise, bazadaise et salers qui faisaient l'admiration des visiteurs, surtout quand ces animaux concouraient en bandes.
Les machines agricoles ont été représentées an palais de l'Industrie parprès de S,000 numéros, et il a fallu faire des expositions annexes pour loger cet immense matériel de l'agriculture. Nous yavons constaté d'importantes nouveautés, surtout de nombreuses expositions de système de niouture par des cylindres, qui constituent une véritable révolution dans la minoterie.
Je laisse à notre honorable collègue, M. Vallée, si compétent en génie rural, le soin de vops donner tous les détails qui peuvent vous intéresser sur les étalages merveilleux de nos constructeurs et surtout sur la turbine à délaiter le beurre, exposée par M. Pilter.
Mettray, le 5 mars I884.
BLANCHARD.
MICHEL COLOMBE ET SON OEUVRE
« L'homme passe, mais sa renommée survit. »
I
« Je n'étais qu'un pauvre enfant, sans appui, courant sur « les routes, à la merci de Dieu et des saints patrons de nos « villages, oubliant souvent boire et manger, pour voir trait vailler à toutes les belles croix en pierre qui ornent les lieux « saints du diocèse de Léon, et faisant moi-même de petites « imaiges en bois avec un mauvais couteau »
Ainsi se serait exprimé celui qui devait être le célèbre sculpteur Michel Colombe.
D'après cette autobiographie, l'origine bretonne serait donc, si non un fait acquis, tout au moins une sérieuse présomption corroborée, comme nous le verrons par la suite, par des monuments écrits, et celui que l'on a justement appelé le MichelAnge français ne serait pas né en Touraine, mais bien dans cette belle province de Bretagne, si riche d'ailleurs en nobles souvenirs.
Bien que le fait de naître dans tel ou tel lieu n'ait qu'une importance toute secondaire dans là vie d'un homme et que l'on doive surtout considérer l'endroit pu, arrivé à l'âge'de raison, il se fixe et forme son établissement, û ppus a paru utile cependant de discuter ce point resté longtemps très controversé, faute de documents d'une afrsojue authenticité.
Tourangeau par le fait d'avoir longtemps vécu non seulement en Touraine, mais à Tours même ; Tourangeau par l'école célèbre qu'il forma dans la ville de Tours; c'est aussi, à fours, que mourut Michel Colombe, si le hasard ne l'y a pas fait naître; c'est donc bien à une célébrité tourangelle que cette notice est consacrée.
Les arrière-concitoyens de Michel Colombe ne sauraient dès lors oublier sa mémoire.
Apporter au souvenir d'une gloire qui s'est depuis longtemps affirmée, le tribut d'un respectueux hommage, soùs la forme d'une étude consciencieuse de sa vie et dé son oeuvre, est à la fois un honneur et un devoir : c'est en honorant ses morts qu'une contrée s'honore elle-même, et c'est remplir un devoir que de mettre en lumière la Vie de ceux qni ont été pour leur pays une source de juste renommée.
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Des ouvrages accrédités (1) disent « qu'on ne connaît aucun détail sur la vie de ce grand artiste. »
Cette affirmation est peut être un peu absolue.
Le département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de Paris, si riche en précieux documents, ne possède, il est vrai, aucune donnée sur Michel Colombe (2), mais en dehors de cette source ordinairement si abondante, il en existe d'autres où l'on peut puiser.
Est-il donc exact, comme l'Écrivait un critique d'art distingué (3), que nul ne peut dire d'une manière précise en quelle ville et en quelle année Michel Colombe a vu le jour?
Dégageant tout d'abord l'opinion la moins soutenue, nous dirons que Michel Colombe n'était point d'origine lyonnaise (4), et que, de ce côté, il n'y a pas de doute possible, mais plusieurs auteurs affirment qu'il est né en Touraine.
Quels sont les documents qui ont été invoqués en faveur de cette opinion ?
Sans, doute, nous verrons que dans un acte daté du 3 décembre 1511, Michel Colombe « prend le titre de bourgeois de la ville de Tours », et que son nom tantôt écrit Colombeau , tantôt Colomb , tantôt Columb se rapproche de celui de Columbin qui appartient, comme on l'a dit (5), à une famille dont l'origine tourangelle est incontestée ; « les Columbin ont été membres de la confrérie de Saint-Gatien sur la liste de laquelle figure, depuis 1491, » et, pendant plusieurs années, Michel Colombe lui-même.
Mais comment établit-on que Michel Colombe est de la famile Columbin? L'auteur quia paru jusqu'ici serrer cette question de plus près, M. Lambron de Lignim, dont l'érudition, en ce qui concerne la Touraine n'est plus à louer, s'exprime ainsi (6) : K Michel Colombe, connu également sous les noms de Columbeau, Colomb, Columb, appartenait, selon toute apparence, à la famille Columbin, dont plusieurs titres signalent l'existence en Touraine. La différence de ce nom, avec celui de notre tailleur d'ymaiges, ne peut offrir un sujet bien grave à la controverse, si nous nous reportons au temps où il vivait. »
(1) Biographie universelle de Dirtot. Paris, 18G6.
(2) Lettre de M. Michelant, conservateur sous-directeur au département des manuscrils, en date, à Paris, du 19 mai 1883.
(3) M. Paul Mantz : Sculpteurs de la Renaissance: —^Michel Colombe.
(4) Lettre de M. Anatole de Montaiglon, professeur à l'École des Chartes, en date, à Paris, du 16 juin 1883.
(5) Revue numismatique, nouvelle série, t. I, 1856, le Sculpteur Michel Colombe, par M. Dauban.
(6) Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. Ht. 1845,1846, 1847, p. 261. Recherches historiques sur l'origine et les ouvrages de Michel Colombe., tailleur d'ymaiges du Roy.
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A cet égard, nous partageons l'opinion de M. Lambron.
Mais qu'est-ce à dire ? En admettant que selon toute apparence le même personnage s'appelât indifféremment, au xvie siècle. Colombe ou Columbin; comment M. Lambron le prouve-t-il pour le cas spécial qui nous occupe?
De patientes investigations ont pu retrouver un document daté du 2 mai 1379 qui constate la présence « de Jehan Columbin, chanoine de l'église de Tours, parmi les frères et soeurs de la confrérie de Saint-Gatien, instituée dans l'église de ce nom n (1), et établit qu'un «Pierre Columbin, bourgeois de Tours, comparait égalementsur une liste des frères de la même confrérie, le 2 mai 1398. »
Nous n'ignorons pas non plus, non comme le dit M. Lambron, « pour dissiper toutes nos incertitudes sur ce point» de l'origine de notre sculpteur, que « Michel Colombe lui-même fut aussi reçu dans cette pieuse association. »
Mais faut-il accepter comme une preuve de l'origine tourangelle de Michel Colombe cette inscription sur cette liste et faut-il surtout de ce fait qu'à côté de son nom, figurent des associés s'appelant Columbin, en conclure qu'il était delafamille Columbin? Nous ne saurions admettre cette double conclusion.
Nul ne conteste que Michel Colombe ait fait partie de la confrérie de Saint-Gatien ; mais le fait d'être inscrit dans cette association ne prouve pas l'origine des adhérents; il indique seulement le lieu d'habitation et de ce côté, comme nous l'établirons, il n'y a pas de doute, Michel Colombe a vécu à Tours et nous serons en mesure de préciser pendant combien d'années.
Ainsi donc, bien que moins de quatre siècles nous séparent de cet artiste, il avait paru jusqu'à ces derniers temps impossible de préciser d'une manière absolument exacte laquelle des deux villes de Tours ou de Saint-Pol-de-Léon a vu naître Michel Colombe.
Les érudits étaient en désaccord complet sur ce point.
M. de Courcy (2) dont les travaux spéciaux doivent faire autorité en semblable matière, pense que Michel Colombe est né à Plougoulm(3), localité située à peu de distance de Saint-Polde-Léon dont l'église est dédiée à Saint-Columban, en breton Saint-Coulm.
A l'appui de cette assertion, on ajoute que Saint-Pol-de-Léon
(1) Manuscrit de la Bibliothèque de Tours, format in-4", écrit sur parchemin. Ce manuscrit contient la liste des frères et soeurs de cette confrérie depuis l'année 1379 jusqu'en 1626.
(2) Recherches sur l'origine et les travaux de Michel Colombe. Moiiaix, 1850, in-8".
(3) Plebs Columbani.
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est encore de nos jours le pays de tailleurs d'ymaiges fort souvent très naïves mais pleines d'originalité.
Ce qui est pluspositif et ce qui permet d'asseoir plus sérieusement une opinion c'est l'inscription recueillie dans l'église des Carmes, à Nantes, dont le texte dit expressément que Michel Colombe, sculpteur, est «origineirede l'eveschéde Léon en Rretagne (1). »
Ce n'est donc plus, comme l'écrivait M. Dauban, une simple conjecture que de faire naître Michel Colombe à ou près Saint-Pol-de-Léon, c'est-à-dire « en pleine Bretagne bretonnante ». C'est bien un Breton, cet artiste surprenant pour son époque et dont le ciseau a si bien exprimé « le caractère et la beauté de la race bretonne. »
Ajoutons que Michel Colombe, dans un acte authentique que nous possédons, dit expressément : «Je, Michiel Colombe, habitant de Tours » et non natif de Tours, ce qu'il n'eût pas manqué de rappeler si telle eût été la vérité.
Encore aujourd'hui, il est de tradition en Bretagne d'appeler Michel Colombe « le tailleur d'images dePempoul » (2), et ces témoignages de la naïveté populaire ne doivent pas non plus être mis de côté lorsqu'ils viennent à l'appui de documents ayant tous les caractères de l'authencité la plus absolue.
On ne saurait s'arrêter à cette remarque de M. Lambron de Lignim rappelant que dom Lobineau (3) et dom Morice (4) ne parlent pas « de la patrie du tailleurd'ymaiges » clans leurs savantes études sur la Bretagne, et reconnaître que cet oubli, selon lui, «deviendrait bien plus incompréhensibleencore si cet artiste eût pris naissance dans cette même province. »
Nous estimons, au contraire, que ce silence ne saurait recevoir une pareille interprétation.
Il faut d'ailleurs reconnaître aujourd'hui (o), que Michel Colombe est bien né dans le diocèsebretonde Saint-Pol-de-Léon; les preuves authentiques en ont été produites.
Après avoir recherché où est né Michel Colombe, il est utile de préciser la date de sa naissance.
Ici, nous avons des sources précieuses à invoquer ; telle est une lettre de Jean Lemaire, du 22 novembre 1511, portant
(1) Fournier, dans son Histoire lapidaire de Nantes, a donné un text e de cette inscription.
(2) M. Pilre-Chevalier.
(3J Histoire de Bretagne, t. I, p. 831.
(4) Cet ouvrage a été continué par dom Taillandier.
(5) M. A. tîainé a lu, en 1883, au Comité d'archéologie du ministère de l'instruction publique, une note qui n'avait pas paru lorsque cette Notice à été rédigée. M, Ramé donne,d'aprèsGaignières,une inscription qui confirme notre assertion. (Bulletin, 1883, page 137.)
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qu'à cette époque Colombe avait quatre-vingts ans, ce qui le fait naître en 1431.
D'autres auteurs disent 1430, mais les affirmations autorisées varient fort peu et l'on peut donner l'année 1430 ou l'année 1431 comme étant celle de la naissance de notre grand artiste.
En ce qui est du nom de Michel Colombe, il est bon de rappeler qu'il est écrit tantôt Colomb, tantôt Columb, tantôt Columbeau, tantôt Coidon, tantôt Coulomb et qu'il a pour racine le mot : Colombe, pigeon ; les différentes appellations sous lesquelles il est dénommé révèlent toutes cette origine(l).
Les écrits de nos anciens auteurssont pleins de ces variantes: Joinville, en parlant de pigeons, ne dit-il pas : « Les Sannzins envoièrent au Soudan par coulons messagiers, par trois foiz, que le roy estait arrivé. »
La première jeunesse de Michel Colombe se passa vraisemblablement, comme il l'a écrit lui-même, à courir sur les routes, « à la merci de Dieu et des saints patrons de nos villages, oubliant souvent boire et manger» ; mais il avait en lui ce que la foule appelle « le feu sacré » ; il était né artisle et grand artiste il deviendrait.
C'est, sans doute à cette époque, qu'il rencontra « de vénérables prêtres » qui le prirent en pitié et se chargèrent de le nourrir, en lui disant :
« Travaille petit, regarde tout ton saoul, et le clocher à jour de Saint-Pol, et les belles oeuvres des compaignons ; regarde, aime le bon Dieu, le doux sauveur, la benoiste Vierge Marie, et tu auras la grâce des grandes choses ; tu seras en renom dans le Léon et la belle duché de Bretaigne. »
La prophétie s'est réalisée; mais Michel Colombe n'a point été « en renom dans le Léon » seulement; il figure au premier rang des sculpteurs de |a Renaissance française.
On croit généralement que suivant sa vocation d'imagier, Michel Colombe alla étudier et travailler à Dijon, « au sein de cette école franco-flamande qui venait de s'affirmer avec tant de puissance. Les leçons de ClauxSluter avaient laissée la cour de Bourgogne un vivant souvenir, et Colombe— onl'a dit (2)— put se perfectionner sous la discipline d'Antoine Le Moiturier, qui travaillait avec Jehan de la Huerta au tombeau de Jean-Sans-Peur et de Marguerite de Bavière » ; il avait alors une trentaine d'années et il est possible qu'il y ait même travaillé, mais « rien ne. le prouve ».
Ce qui est certain, c'est qu'il ne fut pas un élève de Claux Sluter puisque cet artiste mourut dans les premières années
(i) Nons avons adopté l'orthographe de sa signature.
\2) Sculpteurs de la Renaissance : — Michel C'oio))i/>e,parM.Paul Manfz.
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du xv" siècle ; mais il a pu connaître son neveu Claux de Vouzonne et aussi, comme nous venons de le dire, Jehan de la Huerta dit d'Aroca (le Jean de Drogues de Dijon), sculpteur espagnol, établi dans cette ville, et auteur du fameux tombeau de Jean-Sans-Peur qu'il commença dès 1444, avec le concours de A. Le Moiturier (1).
Il est donc possible que Michel Colombe, avant de venir se fixer en Touraine, ait vécu en Bourgogne (2); aucune donnée sérieuse ne permet de fixer à ce séjour une durée précise.
D'un autre côté, on a fort judicieusement rappelé (3); que Guillaume Brassefort, célèbre sculpteur tourangeau, était à son apogée, en 1461, et l'on est autorisé à supposer qu'il ne fut pas seulement l'un des prédécesseurs mais peut-être bien l'un des maîtres de Michel Colombe.
Dès 1473, nous avons la preuve que Michel Colombe est venu en Touraine et même à Tours ; il s'y fixe définitivement, car nous verrons plus loin, en étudiant son oeuvre, les divers travaux qu'il y exécuta en 1474, en 1481 et surtout vers 1500.
De 1502à 1507, il quitta Tours et séjourna à Nantes pour y exécuter ce splendide mausolée de François II, duc de Bretagne, et enfin, à dater du printemps de l'année 1507, nous le trouverons établi dans cette ville de Tours qu'il ne devait plus quitter et dont il est resté une des gloires les plus incontestées.
Nous venons de dire l'année de son établissement à Tours, nous verrons qu'il y demeura pendant plus de trente ans, entouré de sa famille sur laquelle nous devons donner quelques renseignements, avant de montrer l'école considérable qu'il y fonda ; mais il est utile de rappeler aussi les liens du sang qui attachaient Michel Colombe à la Touraine.
Etabli à Tours et y exerçant avec honneur cette belle profession qui s'intitulait alors modestement tailleur d'ymaiges, Michel Colombe se trouva intirnement mêlé à la vie tourangelle et, par lui et par les siens, il devint tout à fait Tourangeau.
C'est ce qui a conduit certains auteurs jusqu'à affirmer son origine; mais ce quiestincontesté, c'est qu'il s'allia à plusieurs familles de Tours et des documents authentiques nous permettent de citer son neveu Guillaume Regnault, qui était aussi « tailleur d'ymaiges en pierre de marbre » et dans lequel on a cru reconnaître un des ancêtres de Pierre Regnault, con(1)
con(1) de M. Garnier, président de la Commission des antiquités du département de la Côte-d'Or, en date, à Dijon, du 7 mai 1883.
(2) M. Paul Mantz.
(3) Documents inédits pour servir à l'histoire des arts en Touraine, par M. Ch. L. Grandmaison.
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seiller du roi, receveur général du taillon en la généralité de Tours, qui fut reçu échevin perpétuel de cette ville, le 2 décembre 1632, et remplacé dans cette charge, après son décès, ie 4 novembre 1651 (1).
C'est, ainsi que nous le verrons , à Guillaume Regnault que fut confié par autorité de justice le règlement de la succession de Michel Colombe.
Guillaume Regnault n'était que par alliance le neveu de Michel Colombe, comme ayant épousé la fille de la soeur du célèbre sculpteur (■>).
Bastyen François, que nous trouverons associé aux travaux de Michel Colombe, avec cette qualification de maître masson, était un petit neveu par alliance de Michel Colombe, car il avait épousé la fille de Guillaume Regnault (3).
Si nous recherchons la descendance directe de Michel Colombe nous voyons qu'il laissa quatre enfants : trois garçons et une fille :
1° Philippe Colombe;
2° Marthe Colombe ;
3° Robert Colombe ;
4° Jehan Colombe.
M. le Dr Giraudet a été assez heureux pour pouvoir établir (4) que le premier de ses fils, Philippe Colombe , exerçant la profession de peintre, avait abandonné le foyer paternel pour aller habiter, avec sa soeur Marthe, une petite ville du Bourbonnais: Aisnay-le-Châtel (o) et qu'il ne revintà Tours qu'en 1531, pour recevoir en son nom et en celui de sa soeur, les deux portions d'héritage qui leur étaient échues par suite du décès de l'un de leurs frères, nommé» Jehan qui représentait la quatrième part de la succession de feu bonne mémoire Maistre Michel Colombe, en son vivant tailleur d'ymaiges de la feue Royne Anne. »
(1) Registre des délibérations du Corps de ville, Archives municipales de Tours.
(2) Pour plus do délails, voir la généalogie dressée par M. le Dr E. Giraudet (Bulletin monumental, etc., 5e série, t. V, p. 63 et suivantes).
(3) Michel Colombe a écrit lui-même : « Le dict Bastyen François, gendre de mon dict neveu. » (G. Regnault) Documents inédits pour servir à l'histoire des arts en Touraine, recueillis et publiés par 51. Cb. L. Grandmaison.
(4) Bulletin monumental ou collection de Mémoires sur les monuments historiques de France, publié sous les auspices de la Société française d'archéologie pour la conservation des monuments nationaux et dirigé par M. Léon Palustre, 5" série, t. V, Tours, Paul Bouseroz, imprimeur, 1877.
(5) M. le Dr Giraudet dit qu'Ainai (canton de Cérilly, département de l'Allier) était, au xvi" siècle, une des chàlellenies les plus importantes du Bourbonnais. Le fonds d'Ainay qui se trouve aux archives de l'Allier ne remonte pas au delà du xvn" siècle. (Lettre de M. G. Grassoreille, archiviste, en date à Moulins du 13 juin 1883).
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Robert Colombe, second fils de Michel, était ouvrier en drap d'or et d'argent et un habile chercheur (1) a pu suivre la descendance de I.nbert jusqu'au XYM" siècle.
Jehan Colombe, quatrième (ils de notre célèbre sculpteur, était décédé peu de temps avant la rédaction des actes de succession qui ont été mis au jour, actes que nous ne croyons pas devoir reproduire.
François Colombe, que l'on adit être un fils d'un frère de Michel, et qui, d'après de récentes données(2), serait son propre frère, fut le compagnon journalier de ses travaux ; il se qualifie « enlumineur» dans un acte dont nous aurons à parler par la suite ; mais « la trace de sa lignée » n'a pas été retrouvée, même par M. Lambron, et les savantes recherches de M. leD'Le Glay (3) n'ont établi qu'une chose: la date du décès de François Colombe, arrivé vers le commencement de 1312, c'est-à-dire peu de temps avant celui de son illustre, frère.
Il faut également citer une soeur de Michel Colombe nommée Jehanne, qui épousa un huissier ordinaire du grand conseil du roi, Jehan de Pommycrs.
Enfin, comme se rattachant ou pouvant se rattacher à la famille de Michel Colombe, on a signalé (4) un « Guillaume Colomp, de la paroisse de. Saint-Martin de Lignières (5).
Il est certain que ce nom de Colomp offre une analogie assez remarquable avec celui du célèbre sculpteur qui vivait à la même époque;, mais rien ne prouve qu'il fut de la famille de Michel Colombe.
fin point intéressant à noter est le lieu même de l'habitation de Miche! Colombe. On a cru pouvoir affirmer (G) qu'il possédait une modeste maison dans la rue des t'illes-lMeu (7), et c'est là, comme on l'a très bien dit, qu'ont vu le jour plusieurs de ces chefs-d'oeuvre dont la célébrité a rejailli sur la France entière.
Ajoutons qu'une administration intelligente et tenant à honorer et à perpétuer de glorieux souvenirs, a donné le nom de Michel Colombe à l'une des rues 'je la ville de Tours (8).
(1) M. lo D' 1 K. Giraudet.
(■>) Nouveaux documents sur Jehan Juste et Michel Colombe, pjr M. le U' E. Giraudet.
(3) Analectes historiques de M. le Dr Le Glay.
(4) M. Grandmaison. Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. XX, p. 273.
(5) Lignières est une commune du canton d'Azay-le-Rideau, arrondissement de Cliinon, à 27 kilomètres de Tours.
(li) M. le Dr B. Giraudet.
(7) Première pnrlimi de la ruo actuelle de Saint-Étienne.
(S) La rue Micltcl Colomlie est l'ancienne rue du Diane; elle commence à l'avenue de Graudmoûl et Huit au boulevard du .Morier, près les nouvelles casernes.
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II
Après ce long examen de tout ce qui touche à la personne même de Michel Colombe, nous avons hâte de nous occuper de son oeuvre.
Nous avions eu la pensée de présenter un tableau en quelque sorte chronologique, des oeuvres de. notre célèbre sculpteur, mais nous avons dû renoncera ce projet en présence de l'incertitude qui plane sur la date d'un certain nombre d'entre elles.
Toutefois, pour plus de clarté et aussi pour mieux répondre aux desiderata de la Société qui demande, avant tout, une étude de la vie et des oeuvres de Michel Colombe, nous examinerons celles-ci suivant qu'elles émanent de lui ou qu'elles lui sont seulement attribuées et parfois à tort.
Nous n'avons point assurément l'espoir de donner une liste complète ni des unes ni des autres, mais nous croyons être en mesure de dissiper quelques erreurs accréditées jusqu'à ce jour et de rendre à cette mémoire illustre un certain nombre d'oeuvres qui lui étaient seulement attribuées, tandis qu'il en est d'autres qui, portées à son avoir, seront par nous — avec preuves à l'appui — rendues à leurs véritables auteurs, sans que la gloire de Michel Colombe puisse en souffrir aucune atteinte.
Parmi les oeuvres qu'il faut attribuer à Michel Colombe, nous examinerons successivement celles qu'il composa pour la ville de Tours ou pour la Touraine et, ensuite, celles que son ciseau mit au jour pour des destinations diverses.
Parmi les premières nous citerons, comme existant encore à Tours :
La fontaine de la place du Grand-Marché.
La fontaine de la place du Grand-Marché, est une des dernières oeuvres de Michel Colombe ; nous devons même dire tout aussitôt que ce n'est point lui qui l'exécuta, mais qu'elle fut édifiée sur les dessins du vieux maître.
Un savant Tourangeau (1) a retrouvé dans les pièces de comptabilité faisant partie des archives de la ville de Tours des documents qui ont permis d'établir d'une manière précise la paternité de cette oeuvre charmante qui, malgré les injures du temps, reste encore un bijou monumental faisant l'admiration des amateurs.
Au commencement du xvi* siècle, la ville de Tours manquait d'une distribution suffisante d'eau et, dès le i janvier 1507,
(1) M. Salmon. Mémoires de la Société archéologique de Touraine} tome IV, page 42.
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Pierre de Valence, que les documents qualifient de «fontainier deBouen» entrepritee travail qui fut terminé vers 1510 ou 1511, époque à laquelle on signale l'établissement de fontaines publiques «à la Foire-Ie-Roi et devant l'église Saint-Hilaire » (1).
C'est Jacques de Beaune, qui était avec Henri lîohier, commissaire pour la distribution des eaux de Saint-Avcrtin (2), qui, après avoir amené les eaux du Limaçon, en 1509, dans la ville de Tours et voulant embellir le « carroi de Beaune » situé en face de son hôtel, lit élever, en 1510, à l'angle de la rue Traversaine et de la Grand'liue, le joli monument qui a longtemps porté le nom de fontaine de la place de Beaune ou même fontaine de Beaune.
Nous ne saurions oublier (remettre ici un doute en ce qui concerne cette date de 1510. Car, d'après des documents authentiques, l'hôtel dont il s'agit n'auraitété acheté par Jacques de Beaune, l'infortuné maire de Tours en 1-498, qui fut juridiquement exécuté au gibet de Montfaucon, le. 12 août 1527, que le 11 février 1517, de Louise de Savoie, mère de François 1er; après avoir appartenu à Dunois.
Pendant longtemps, on a attribué ce charmant monument à « l'un des frères Lejusle », mais on peut aujourd'hui affirmer que les dessins en furent exécutés par Michel Colombe, luimême, qui « a reçu un salaire pour avoir coopéré à la fontaine de Beaune », bien que son nom ne ligure pas dans les comptes, et que Bastien et Martin François, maîtres maçons, les exécutèrent, comme on disait alors, ■< pour ce qui est de la pierre ».
On trouve, en effet, dans les comptes de la ville de Tours un reçu signé de ces deux altistes constatant qu'il leur a été payé une somme de 310 livres pour « avoir taillé les pierres de marbre et parachevé les pierres de Volvic » dont se compose le monument.
L'inauguration de cette fontaine donna lieu, au dire des mémoires du temps, à une véritable fête ; elle fut découverte un dimanche ayant été « deschaffaudée à ung seoir de nuyt aux torches et à la haste », en présence de « plusieurs gens de court et officiers du Roy » qui étaient venus à Tours pour cette cérémonie.
On raconte (3) que Jacques de Beaune fit venir de Gênes les
(1) On construisit une autre fontaine par la suite sur la place SainlMarlin. Le total de la dépense montait pour ces diverses fontaines à 17,295 livres 1fi sols.
(2) Sainl-Averlin. — Notes lues à la Société archéologique de Touraine, le 2 ( novemhro IsSO par M. Anlouy Koulliel, membre de la Société. Tours, imprimerie Itouillé-Ladevèzo, 1S8I(,'})
1S8I(,'}) inédits pour servir à l'histoire des arts en Touraine, recueillis et publiés par M. Ch. L. Grandmaison.
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quatre blocs de marbre qui forment la pyramide et qu'il les paya « 60 livres un sol neuf deniers » ; toutes les autres dépenses furent faites par la municipalité qui se procura les divers matériaux et assura l'exécution de cette gracieuse fontaine.
Ce n'est point sans un examen préalable et approfondi que l'édification de ce monument fut décidée. On a retrouvé des délibérations des 30 avril et 23 juin 1511 dans lesquelles le maire de la ville de Tours et les commissaires de l'oeuvre étudièrent « la manière et faczon du tabernacle de marbre et autres pierres grises, des croix et ymaiges », qui devaient en faire partie.
Maistre Michel Colombe, Pierre de Valence, etc., figurent dans cette commission, ainsi qu'on peut le voir dans un extrait des comptes de la ville de Tours que nous avons tenu à reproduire ci-après (I) pour donner une idée de l'oeuvre elle-même et des nombreux et jolis détails que son auteur avait fait entrer dans l'ornementation de cette fontaine.
Sans vouloir suivre dans toutes ses phases l'historique de la fontaine de la place du Grand-Marché, nous devons dire que les ornements en métal dont elle était surmontée, furent abattus par les protestants en 1562, pour être rétablis l'année suivante.
Les documents constatent que la place de Beaune ainsi embellie était jadis un lieu destiné aux fêtes publiques et que souvent des mystères y furent célébrés au milieu d'un grand concours de population ; elle était un des ornements delà ville, cette fontaine du « carrour Jehan de Beaulne » (2).
Enlevée de la place où elle avait été édifiée en 1778, lors de la création de la rue Royale actuelle, elle fut déposée par morceaux dans une des cours de l'ancien hôtel du gouvernement connu à l'origine sous le nom d'hôtel de la Bourdaisière, pour avoirété construitsur uneportiondela placeFoire-le-Roi, accordée gracieusement par François Ier, en 1524, au sieur Babou, trésorier de ses finances (3)/
Le monument tel que nous le voyons aujourd'hui ne donne qu'une idée très imparfaite de ce qu'il était à l'origine.
L'élégante pyramide actuellement découronnée était, dit-on (4), terminée par une terrasse ornée de fleurs au naturel; au centre de la terrasse se trouvait une couronne émaillée, surmontée elle-même d'un crucifiement où la Vierge et la Madeleine se te naient debout au pied de la croix; le tout avait été fondu
(1) Voir : Appendice.
(2) La décoration du pays et duché de Touraine, par Thiebault-Leplei„ney. Nouvelle édition publiée par le prince Augustin Galitzin. Tours, imprimerie de J. Bouserez, 1861.
(3) Histoire de Tours, par M, lo D'' E. Giraudet. Tome II, page 70.
(4) M. Gli.-L. Grandinaison.
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par Ferry Hutel, repassé au ciseau par Jehan Guérin, doré par Michel Palu et Jehan Guérin, et bruni par Jacques Lambert, orfèvre et brunisseur; les armoiries de la pyramide avaient été peintes par Jehan de l'Eschallier dit le Miste (1).
L'eau sortait en abondance, comme l'écrivait Thiébault de Lepleigney, « par quatre tuaulx qui tombent au dedans d'ung beau tymbre fait de marbre noir qui est à l'entour pareillement garny de beaulx ouuraiges. »
Ce qui est à remarquer dans cette fontaine, ce ne sont pas seulement les détails, mais surtout son ensemble et ses proportions. Ainsi, la pyramide qui en forme l'élément principal est composée de divers étages carrés ou arrondis qui passent des uns aux autres par une série de lignes des plus harmonieuses.
C'est en 1820, époque à laquelle la ville de Tours vendit l'ancien hôtel de laBourdaisière (2), que le maire, M. Viot, eut l'heureuse pensée de faire recueillir les débris de cette fontaine jusque-là épars dans l'ancien hôtel du gouvernement, pour la reconstruire sur la place où nous la voyons encore aujourd'hui (3).
Le savant abbé C. Chevalier affirme , ce que nous repéterons volontiers, que « cette fontaine est une des oeuvres les plus élégantes de la Renaissance ; » mais nos yeux n'ont pu reconnaître, môme après lui, « le ton harmonieux des marbres de Gènes» relevépar la sombre couleurdu bassin taillé en laves de Volvic. Au milieu de sculptures et d'arabesques d'un délicieux style, se voient, dit-il, les armoiries de Jacques de Beaune et de la ville de Tours, celles de Louis XII et d'Anne de Bretagne, avec le porc épie et l'hermine, et les devises : Continus et eminus; Polius mort quam foedari.
Malheureusement, pour une oeuvre encore debout et digne de l'admiration de tous, il en est plusieurs autres dont Michel Colombe dota sa patrie d'adoption et qui ont cessé d'exister. Tels sont, pour la ville de Tours seulement, le Trèpassement de Noire-Darne dans l'église Saint-Saturnin etlaStalue de l'abbé de Sainl-Maur.
Le « trespassement de la glorieuse Vierge Marie », comme l'appelle Thiébault Lepleigney, dans sa Décoration du pays et duché de Touraine, était un tableau remarquable, « le plus
(1) Voir: Appendice, pièce n" 1.
(2) Rue Colberl. en face de la place Foiro-le-Roi.
(3) Voir une très jolie reproduction do cette fontaine dans les Promenades pittoresques en Touraine, par M. l'abbé Chevalier, page 129. Tours, Marne et fils.
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riche qui soit en France » (1), ajoutait-il, qui ornait l'église Saint-Saturnin.
Ce tableau en marbre était considéré « par les bons maistres et ouvriers qui ont veu le dit tableau le mieulx faict qu'il aient iamais veu, car le dict tableau est fait selon le naturel et dirait on proprement quil ne reste que la parolle tant les choses sont bien faictes. »
Ce tableau, d'après ce même auteur, qui l'avait vu, était « tout painct d'or et d'azur», mais il était toujours couvert et visible seulement * aux bonnes festes ».
Tous les documsnts s'accordent à admettre que ce Trèpassement de Notre-Dame était « le chef-d'oeuvre s de Michel Colombe et, pendant longtemps, il fut considéré « comme défiant toute rivalité (2). » Mousnier dit même que cette grande composition était « une des belles choses du monde ». • Terminé en 1502, il avait coûté « plus de dix mille ducats » ; somme considérable pour l'époque et tout porte à croire qu'il fut détruit, en 1562 (très probablement le dimanche 6 avril) par les protestants qui pillèrent la plupart des monuments reli, gieux de la ville Tours.
La Statue de l'abbé de Saint-Maur qui ornait la chapelle de Saint-Martin, à Tours (3), n'est plus également qu'un souvenir ; souvenir que nous tenons à faire revivre et que l'histoire de l'art français ne saurait laisser dans l'oubli.
M. Lambron de Lignim a établi (4) que cette statue était bien une oeuvre de Michel Colombe, mais les sources sont muettes en ce qui est de sa description.
A côté de ces oeuvres importantes dont il nous est donné d'admirer encore les unes et dont l'histoire glorifie les autres, il est une oeuvre de Michel Colombe qui doit trouver ici sa place, comme se rattachant intimement à la ville de Tours; nous voulons parler de la médaille dont il fit le 'patron pour l'entrée solennelle de Louis XII, le 24 novembre 1500, alors que vainqueur du Milanais, le roi de France rentrait en triomphateur (5). »
(1) Le « Blason et Louenge de la noble et royalle duché de Tours » s'exprime ainsi :
« Pareillement de dans la noble ville
« Lesglise est sainct Saturnin utille
« Où est taillé ung si riche tableau
« Quon non voit point eu France de plus beau. »
(2) M. l'abbé C. Chevalier.
(3) Voir l'intéressaute Notice sur la chapelle provisoire du tombeau de saint Martin, à Tours, par M. le chanoine Poùan, 1881.
(4) Société archéologique de Touraine. Séance du 30 avril 1845, présidence de -M. Henri Goùin, président honoraire.
(5) M. Lambron de Liguim a signalé dans l'entrée du roi la présence de
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Ce n'est pas seulement le patron de la médaille qui occupa Michel Colombe ; il est établi qu'il dessina aussi les costumes qui furent portés par lès personnes faisant partie du cortège du roi et par les acteurs du mystère qui fut joué, à cette occasion, sur un théâtre jeté, au-dessus des douves dont les eaux alimentées par la Loire, baignaient le pied des murailles de la ville, près la porte du boulevard de Notre-Dame de la Riche ; cette pièce était le célèbre « Mystère de Turnus » qui était bien de nature à flatter les sentiments les plus intimes de la population tourangelle.
On sait que si Chinon faisait remonter son origine à Caïn, Tours prétendait avoir été fondée par Turnus (1) qui tomba sous les coups d'Enée. Ce n'est point, ici, le lieu d'expliquer cette prétendue origine, non plus que de raconter les mystères qui furent joués, à Tours, à l'occasion de l'entrée solennelle du roi et de celle de la reine Anne de Bretagne, son épouse, qui n'eût lieu que le surlendemain (2). mais il est utile, pour bien établir toute l'oeuvre de Michel Colombe, de rappeler que ses concitoyens tinrent à honneur, en une aussi grave circonstance, d'avoir recours à son talent pour faire « le mousle du harnoys de Turnus » en « terre fort grasse » ; travail pour lequel Michel Colombe reçut la somme de « cent cinq soiz tournois ».
Ce « harnoys » fut porté par « Maistre Guillaume Garreau esleu de la dite ville pour jouer le mistaire de Turnus à l'entrée du Roy et de la Royne. »
On sait que depuis Charles V, les mystères faisaient partie des cérémonies qui s'observa ient lors de l'entrée des souverains ; en 1548, un arrêt du Parlement, en date 17 novembre, défendit ces représentations si bien appropriées à la naïve simplicité de l'époque.
Il existe une excellente reproduction de cette médaille dans le Trésor de Numismatique, publié par M. Charles Lenormant, de. l'Institut (3).
Aucune des médailles frappées antérieurement, dit M. Dauban, ne peut être comparée à celle dont Michel Colombe fit le projet.
Tout s'y trouve réuni à un haut degré : finesse de travail,
« Phelippe Dufour, folle du roi, » qui faisait partie du cortège et à laquelle la ville de Tours offrit une « belle robe d'écarlate, ornée de fourrure et d'un chaperon de fin drap noir de Kouen. » On sait que les rois et les princes avaient, jadis, souvent des fous auprès de leurs personnes, mais les exemples de folles sont rares.
(1) Les Antiquités des villes de France, par André Duchesne, 1614, p. 499.
(2) Quelle influence le séjour de la cour en Touraine a-t-il exercé sur le langage et sur le développement de l'art théâtral dans cette partie de la France? par M. Lambron de Liguim. (Congrès scientifique de France, quinzième session tenue à Tours, en septembre 1847, page 119.)
(3) Médailles françaises, première partie, planche IY, n° 2, 1836.
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beauté d'exécution, vérité de la figure et, comme le remarque M. Paul Mantz, « le roi y est d'une laideur fort ressemblante. »
Ce qu'il faut aussi admirer, ce sont les détails du costume et de la chevelure; en ce qui est du revers, M. Dauban signale le goût qui se révèle jusque dans la forme des lettres de la légende et dans la légèreté des globules dessinés entre les mots.
Cettemédaille est à elle seule une oeuvredigne de notre admiration ; comme tout ce qui sortit des mains deMichel Colombe, elle marque le point de départ de l'art moderne dans la gravure en médaille, de même que les oeuvres dues au ciseau du tailleur d'ymaiges tourangeau, sont le début,—et un début d'un éclat incomparable, — de cette renaissance de l'art dans la sculpture moderne.
C'est, comme on l'a dit, « une pièce vraiment française, où l'on ne sent l'imitation de l'Italie que dans la composition de la légende, et qui offre à un degré remarquable les qualités propres au génie de Michel Colombe: l'élégance et la vérité » (1).
Reconnaissons, d'ailleurs, que l'exemplaire en or possédé par le département des Médailles de la Biblothèque nationale, à Paris (2), a longtemps séjourné dans la Seine et que le nettoyage qu'il a dû subir a quelque peu altéré la finesse du travail (3).
M. Dauban a fait une étude très'complète de cette médaille, qui a un diamètre de 17 millimètres et qui pèse 27 grammes (en poids anciens : 7 gros, 2 grains) (4).
La face montre l'effigie du monarque, le revers repréà'ente un porc-épic posé au-dessus des armes de la ville de Tours'.""''
On sait que les échevins de la ville de Tours, pour rgppnare au désir des habitants, donnèrent tous leurs soins à là réçep-r tion solennelle qui devait être faite au roi, et non cptitjegtk'des représentations théâtrales, qui n^<|^.yâj^p^/paYl^^W(pJ^|moJ nument destiné à en perpétuer, I^|.s9ftye'np)^^àr;»eren"]Ç'jèif\r concitoyen Michel Colomb^^^r^^^ei^^f^ q&'}|§ vou aient offrir à leur sojjy™ Mf^ OTeA #h u
C est a Jean PapilIgn^^nVie^r/J^^g^ftM^Wi 1 fabrication des soixanf^.^^ne^jè^e^d^^^.r^ptJraD^jBi
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La coupe Ate, au roi pw).rtoHu$»m?P1 W?nM8 commanp^./ea^a^
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des médailles et antiquités, en date, a Paris, du 18 mai 1883. ,
u I \ty'<R&Wi/fàm<Xtruitâqti»ài màùS»elliî)sér«f)(loimB fo, ïjtag%'i80;i ISÎ6:! n r. I ? o i (5) Recherches historiques sur l'origine et Us ouvrages de Michel Colombe, tailleur d'ymaiges du Roy, par M. Lambron de Lignua. . ., ,
.ST. 'iooiq .saJUftsqtjTT: no/ <j.
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contenait les soixante et une médailles d'or dont la matrice avait été confiée à Michel Colombe.
Nous reproduisons à la fin de celte étude divers documents qui montrent que le tailleur d'images fut obligé de réclamer ce qui lui était dû en cette occasion, et l'une d'elles (la pétition adressée au maire de Tours) prouve que, dès 1498, Michel Colombe s'occupait du « harnoys » qui devait figurer à l'entrée solennelle du roi en 1500 et du « patron des médailles » qu'il avait fait « pour servir à l'entrée du dit seigneur. »
Ces documents ont une réelle importance (1).
On a remarqué, et nous devons le constater ici, que dans ces écrits Michel Colombe ne se donne ni ne reçoit le titre de « tailleur d'ymaiges du roy », titre qu'il prend et qui lui est attribué dans les documents de date postérieure.
11 y a lieu de penser, en effet, sans qu'aucun document authentique permette cependant de l'affirmer, que ce pourrait bien être précisément à la suite de cette entrée solennelle du roi dans sa bonne ville de Tours que le brevet de «tailleur d'ymaiges du roy » fut conféré à l'habile artiste dont le talent avait été mis à contribution par ses concitoyens, en une circonstance aussi mémorable.
III
En dehors de la ville de Tours, nous avons aussi des oeuvres considérables qui ont été avec raison attribuées à Michel Colombe et sur lesquelles nous devons insister.
Tel est le Christ au tombeau, dans l'église de Saint-Denishors, à Amboise (Indre-et-Loire).
Le Christ au tombeau, actuellement placé dans l'église SaintDenis-hors, à Amboise, est une oeuvre qui doit nous arrêter un peu, car elle est justement considérée comme une composition sculpturale du plushaut mérite, et son histoire, ainsi que sa description, pour avoir souvent été faites, n'en doivent pas moins nécessairement trouver leur place dans une étude qui eoncerne Michel Colombe et son oeuvre.
D'ailleurs, dans un travail de la nature de celui que nous poursuivons, l'auteur doit avant tout s'effacer; il ne doit se proposer qu'un but: être exact et complet; c'estàde pareils travaux qu'il faut appliquer ce que disait de Champfort : « 11 y a des livres que l'homme qui a le plus d'esprit ne saurait faire sans un carrosse de remise, c'est-à-dire sans aller consulter les hommes, les choses, les bibliothèques, les manuscrits, etc. »
Nous avons consulté tous ceux qui se sont occupés de la restauration récente du monument d'Amboise, nonsavons voulu
(1) Voir : A ppendice, pièce n* 2.
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voir et revoir cette composition, nous avons fouillé les bibliothèques à son sujet et nous avons dépouillé plusieurs manuscrits pour arriver à une connaissance approfondie de cette oeuvre de Michel Colombe.
Et tout d'abord le Christ au tombeau est-il bien dû au ciseau de notre grand imagier tourangeau?
Un écrivain de goût (1), qui a fait de ce monument l'objet d'un travail spécial, considère comme fondée l'opinion très répandue qui attribue à Michel Colombe la paternité du Christ au tombeau.
Cependant les érudits ont longtemps disputé sur ce point; nous croyons être en mesure d'établir que c'est à juste titre que ce monument doit être mis à l'avoir de Michel Colombe.
Chalmel, qu'il est d'usage nécessaire de citer quand on s'occupe de la Touraine, pense que l'oeuvre dont il s'agit émane de quelques-uns de ces artistes italiens que Charles VIII et François Ier ramenèrent à leur suite, et qui furent comme les premiers guides de cette Renaissance française à laquelle notre pays doit de si belles oeuvres ; car si l'on peut noter Le Primatice, Léonard de Vinci, BenevenutoCellini, la nôtre s'enorgueillit des Germain Pilon, des Jean Goujon, des Pierre Bontemps, des Michel Colombe, etc.
Chalmel, disons nous, estime que l'oeuvre est d'origine italienne, mais il ne le prouve point, il ne l'affirme même pas.
Qu'est-ce donc que ce Christ au tombeau? Ici nous devons entrer dans quelques développements.
On a longtemps discuté sur le point de savoir si les personnages qui constituent cette oeuvre étaient des portraits ou des figures de pure imagination.
Tout fait supposer que les sept statues dont se compose ce morceau de sculpture sont de véritables portraits ; d'abord l'origine même de ce monument qui n'est autre qu'un tombeau privé et ensuite l'usage très répandu à l'époque de reproduire dans les oeuvres d'art, surtout dans celles destinées aux édifices religieux, les traits des donateurs; ajoutons que puisqu'il s'agit d'un tombeau le doute ne paraît plus possible et qu'il ne semble pas utile dès lors d'insister sur ce point.
Le Christ au tombeau est, en effet, un mausolée commandé par le sieur de la Bourdaisière, qui fut trésorier des finances de François Ier.
Ajoutons que ce Christ au tombeau devrait plus exactement s'appeler Y Ensevelissement du Christ; en effet, dans cette composition, qui, comme nous l'avons dit, comprend sept personi'l)
personi'l) Christ au tombeau, composition sculpturale attribuée à Michal Colombe et récemment restaurée à Amboise, par M. Ernest Razy. Paris, J. Claye, imprimeur.
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nages, nous trouvons tout d'abord l'image du Sauveur étendu dans un suaire, sur le roc qui doit lui servir de tombeau. C'est bien le cadavre humain du Fils de Dieu, et la mort a déjà fait son oeuvre sur ce corps amaigri par une vie toute de sacrifice et d'abnégation ; la tête légèrement inclinée vers la droite, c'est-à-dire du côté du spectateur est magnifique d'expression ; le corps lui-même dans son ensemble, comme dans ses détails, est d'une merveilleuse exécution et révèle un talent tout à fait hors de pair (1).
A gauche du spectateur, est une sainte femme qui tient dans sa main un voile et les clous qui ont servi au crucifiement ; à ses côtés, nous remarquons l'apôtre saint Jean qui regarde et soutient la sainte Vierge, toute à sa douleur et joignant les mains' « dans un muet désespoir » ; on sent, comme on l'a très bien dit, que chez elle la source dts larmes est tarie et d'un concert unanime on déclare que cette figure, si pleine à la fois de tristesse et de résignation, est un des plus beaux morceaux de sculpture qui soient connus.
A droite du spectateur, c'est Marie-Madeleine, qui, couverte de riches vêtements répand sur les pieds du Christ des parfums qu'elle laisse échapper d'une urne. Son front ceint d'un diadème, son abondante chevelure, arrangée avec art, sa riche parure, rappellent, dit M. E. Razy, la pécheresse avant sa conversion. Auprès d'elle, un autre sainte femme, beaucoup moins jeune et dont les traits austères forment un habile contraste avec ceux de Madeleine, tient dans ses mains une couronne d'épines et contemple le corps de celui qui fut le Christ.
Auprès d'elle, et la cachant en partie, se trouve Nicodème, cet ami du Sauveur, debout à ses pieds et se présentant de profil au visiteur. Cette figure, sur laquelle la critique peut bien avoir quelques droits à exercer, représente un homme jeune, ayant toute sa barbe ; il est coiffé d'un turban et porte une épée au côté; des deux mains il soutient les coins du suaire; a la partie ooposée, c'est-à-dire près de la tête du Christ, se trouve un vieillard, également de profil, qui debout, mais penché sur le Sauveur, lui soutient la tête et les épaules : c'est Joseph d'Arimathie.
Si nous élevons quelque objection sur la figure de Nicodème, nous ne pouvons qu'admirer celle de Joseph d'Arimathie ; cette tête de vieillard est vraiment superbe ; la pose est d'un naturel parfait et les détails de son costume oriental, comme celui des autres personnages de ce groupe, sont drapés avec un art consommé.
(1) On a remarqué avec raison certaine ressemblance entre le Christ au tombeau, d'Amboise, oeuvre sculpturale, et la magnifique oeuvre de peinture signée Philippe de Champagne qui se trouve au musée du Louvre.
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En ce qui est de la figure deNicodème, on affirme,— et nous voulons bien le croire, — que, dans le principe, cette statue était placée tout différemment de ce qu'elle est aujourd'hui, « puisqu'il a fallu lui faire toute une partie du dos qui lui manquait.» Il est aisé de voir, c'est encore M. Razy qui le dit, que la main qui a été chargée d'ajouter les nouvelles draperies n'est point la même que celle qui a sculpté les anciennes ; sans doute aussi, cette statue n'avait été faite que jusqu'aux genoux par le premier artiste, comme la statue de saint Jean et comme celles des saintes femmes; car ces diverses figures s'arrêtent aux genoux et le bas du corps est caché par le tombeau lui-même.
On reproche, — et on reproche avec raison, — à cette figure aujourd'hui en pieds, le bas du corps qui est évidemment trop court et qui n'est point traité comme le reste du personnage.
Tout ce groupe est placé sur un autel au-dessous duquel se trouve une dernière statue qui est un véritable chef-d'oeuvre et qui signe elle-même l'ensemble de la composition, en admettant, comme nous le verrons bientôt, que la Madeleine couchée n'ait pas été rapportée et qu'elle figurât dans le monument primitif.
Cette statue couchée ou plusexactement étendueetsoutenant sa tête de la main droite, est un morceau admirable ; sur ce point l'avis est unanime. C'est la Madeleine qui lit la Bible; elle n'a plus les riches vêtements dont elle ornait jadis son corps, c'est, àprésent, la pécheresse ;une simple draperie enveloppe sa tête et la couvre presque jusqu'aux genoux; mais ce voile discret ne laisse pas que de montrer des formes gracieuses; la ligure est d'une expression ravissante de douceur, de résignation, de mélancolie; les mains sont d'un travail exquis, la gorge, les jambes, les pieds, tout ce corps mollementet, disonsle, élégamment étendu est d'une délicatesse charmante.
Les mots semblent impuissants à redire l'impression que produit une pareille oeuvre et tout entier à l'admiration qu'il éprouve le spectateur ne recherche pas, comme doit le faire un écrivain consciencieux, ces rares imperfections qu'il était de notre devoir de signaler ; il s'écrie dans ce véritable transport de satisfaction que produit toute oeuvre d'art consommée : C'est beau !
Oui, c'est beau; oui, le Christ au tombeau est une oeuvre exceptionnelle, etcette importante composition révèle un maître de premier ordre. Si donc, comme nous le pensons, on peut en toute assurance l'attribuer à Michel Colombe, il faut proclamer ici bien haut — en écho fidèle — que le modeste tailleur d'images tourangeau est un grand artiste et que son nom, pour être moins universellement connu que celui de quelques autres sculpteurs, doit briller au premier rang de l'art français.
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Après avoir insisté autant qu'il le mérite sur le Christ au tombeau, il est intéressant de faire l'histoire de ce monument et de le suivre dans les différentes phases de son existence agitée.
Commandé par Philibert Babou, il fit longtemps partie du prieuré de Bon-Désir ou Bondèsir, situé sur la rive droite de la Loire, près Montlouis-sur-Loire (1) et construit au-dessus de rochers escarpés, d'où l'on jouit d'une vue admirable ; transporté en 1771 (2) dans la collégiale du château d'Amboise, il fut alors installé dans la chapelle de Saint-Florentin, à Amboise, érigée en paroisse en 1044 et reconstruite en 1452, sous Louis XI : il y resta jusqu'en 1842, époque de la translation de ce monument dans l'église paroissiale d'Amboise.
Il est utile de rappeler ici que l'ancienne église Saint-Florentin, aujourd'hui détruite, avait été érigée en paroisse dès l'an 1044, mais « en faveur seulement des nobles et de leur suite » ; car le roi Louis XI, qui, comme on l'a écrit, « n'était rien moins que débonnaire », avait vu avec déplaisir les habitants d'Amboise monter au château pour assister aux offices religieux.
C'est alors que ce prince ordonna la construction, en dehors des murs du palais, de la chapelle actuelle de Siint-Florentin.
Ajoutons que le monument qui nous occupe se trouvait placé dans une grotte faisant face à la porte d'entrée et construite dans l'un des côtés de la nef de cette chapelle (3).
Depuis 1863, il est installé dans l'église Saint-Denis-hors, à Amboise (4).
Il est juste de rappeler ici les efforts persévéramment poursuivis pendant quinze ans par un digne curéd'Amboise, M. l'abbé Rabion, pour enlever à l'oubli et à la ruine ce précieux mausolée (5).
L'église Saint-Denis, bâtie primitivement par saint Martin, est un vaste vaisseauà trois nefs dont l'ensemble est du xn' siècle
(1) Montlouis-sur-Loire est à 11 kilomètres de Tours, sur la route de Tours à Amboise. La Cbàtelleniede Thuisseau-Montlouis a été constituée en faveur de Philibert Babou, en janvier 1523.
(2) M. Carré de Busserolle a rotrouvédes lettres patentes de décembre 1771, qui constatent que la chapelle de Noire-Dame de Bon-Désir ou Bondèsir, fondée le 15 avril 1544, dans la paroisse de Montions, par Philibert Babou et Marie Gaudin, son épouse, a été réunie au chapitre d'Amboise.
(3) M. E. Razy, croit qu'il en existait une semblable dans le prieuré de Bon-Désir.
(4) Le tombeau de Philibert Babou, à Saint-Denis d'Amboise, figure dans la liste des monuments historiques du département d'Indre-et-Loire (arrondissement de Tours).
(5) Le nom de M. Arsène Houssaye, alors inspecteur général des BeauxArts, doit être associé à cette restauration.
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avec des additions du xve (1), la sculpture tombale, oeuvre de Michel Colombe, occupe la nef à droite en entrant.
Le monument actuel a été entièrement restauré; les peintures sont vives, certaines parties détériorées ont été l'objet d'une réfection souvent heureuse, parfois cependant susceptible de critique ; les dorures sont quelque peu éclatantes.
Au dire de personnes compétentes, malgré l'action nuisible que le voisinage des eaux avait fait subir au monument d'Amboise (2), il restait, avant la restauration du Christ au tombeau, des traces suffisantes de sa décoration polychrome pour assurer que l'état actuel répond autant que possible à la conception première du monument.
C'est donc avec raison que l'on peut considérer le Christ au tombeau comme une résurrection.
La peinture des personnages confiée à un artiste distingué (3) est fort harmonieuse et il règne sur l'ensemble de ce monument un sentiment astistique très réel, que les dorures ne détruisent point.
On a souvent dit que ce groupe était en terre cuite (4); M. E. Razy affirme que toutes les statues qui forment le Christ au tombeau sont « en pierre » et que les peintures qui, dès l'origine, recouvraient ce mausolée, suivant la mode du temps et aussi suivant le style personnel de Michel Colombe, ont sans doute causé cette erreur.
Toutes ces figures que nous venons d'admirer et dont nous avons tenu à donner une rapide description, sont de réels portraits.
On croira facilement, en se reportant aux usages de l'époque, que la figure du Christ représente Philibert Babou, sieur de laBourdaisière, puisque nous savonsquecettecompositionaété commandée par lui et était destinée à surmonter son tombeau ;
(1) Bidlclin de la Société archéologique de Touraine. Eicursion a Chauniont et à Amboise '.10.juillet 1882), par M. l'abbé Éd.Quincarlet, page 380.
(2) Ce sarcophage a eu fréquemment à souffrir des inondations ; la chapelle Saint-Florentin étant située non loin des bords de la Loire et ayant clé abandonnée pendant longtemps.
(3) M. Franz Vcrhas. M. Ernest Pécheux a été chargé des peintures d« l'autel.
(4) Voir notamment : 1' Chalmel, Histoire de Touraine:
2° M. l'abbé C. Chevalier, Promenades pittoresques en Touraine, page 265, et Histoire de Chenonceau, page <i06 ;
3" M. l'abbé Ed. Quinearlcl, Excursion à Chaumontet àAmboise (lOjuillel ",882!;
/r Dictionnaire des villes et communes du département d'Indre-etLoire. 1^83. page 18. Imprimerie llouillé-Ladevèze, Tours;
5" Adolphe Joanne. De Paris à Tours, page 50. Paris, Hachette, 1861:
6° M. J.-X. Carré de Busserollo, Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire et de l'ancienne province de Touraine, tome i, Amboise. Tours, imprimerie Rouillé-Ladevèze, 1878.
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toutefois, il est juste de remarquer que la tête du Christ est aujourd'hui celle d'un personnage jeune et, de ce côté, les retouches subies par cette composition l'ont sans doute quelque peu modifiée, car on ne saurait admettre « qu'un homme aussi jeune pût être l'époux de la femme d'un âge avancé qui représente la sainte Vierge » ; en supposant que cette têle de la sainte Vierge reproduisît les traits de la femme du sieur Babou, tandis qu'il serait fort possible, qu'à l'origine, l'artiste se fût proposé de retracer ceux de sa mère, ce qui eût été bien plus dans la vérité de la situation.
En ce qui est des deux personnages qui soutiennent le corps du Christ : Nicodème et saint Joseph d'Arimathie, les avis sont partagés.
Chalmel estime que ce sont les deux fils du sieur Babou, qui, l'un après l'autre, furent évêque d'Angoulême et doyen de Saint-Martin ; le même historien rapporte que le personnage qui soutient la tête et les épaules du Christ est François Ier et il trouve même une réelle ressemblance entre cette figure et celle du roi.
Sans doute, cette hypothèse est admissible par certains côtés ; mais il est bon de répéter, ici, qu'à cette époque tous les seigneurs portaient la barbe, longue et les cheveux courts et qu'en ce qui est du visage, cette ressembladce a pu exister, mais qu'aujourd'hui elle est fort loin d'être évidente; que quant à sa « haute stature » ce n'est point là un trait particulièrement distinctif.
Les trois saintes femmes sont, d'après Chalmel (1), les trois filles de Philibert Babou de la Bourdaisière et de son épouse Marie Gaudin (2); toutes trois fort belles n'ont eu, dit M. E. Razy, de la sainteté que l'apparence donnée par la pierre, puisqu'elles ont successivement grossi la liste déjà longue des maîtresses de François 1er.
Il nous reste à parler de cette Madeleine péeheresse qui se trouve au-dessous du tombeau (3).
Certains écrivains ont affirmé que cette statue couchée n'était pas de la même époque que le reste du mausolée; qu'à l'origine le tombeau ne comportait pas ce soubassement et que c'est là une partie ajoutée.
Il est difficile de bien asseoir sur ce point un avis autorisé.
Pour les uns (4), « le doute est impossible » ; le faire du
(1) Histoire de Touraine, tome III, page 17.
(2) Tallemant des Beaux a dit que la famille des Babou était « la race la plus fertile en femmes galantes qui ait jamais existé en France. »
(3) On a fait observer avec justesse que la pose de la Madeleine rappelait par bien des points celle de la peinture du Corrège qui se trouveau musée do Dresde.
{i) M. E. Razy.
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sculpteur est, dit-on, identiquement le même ; c'est le même fini, la même grâce; on ajoute que la jeune fille qui a posé pour la Madeleine pécheresse est évidemment celle, ou tout au moins la soeur de celle dont les traits ont servi de modèle pour représenter la Madeleine repentante. Invoquant un usage du temps, on ajoute que souvent les artistes représentaient deux fois dans le même sujet, le même personnage, « de manière à rappeler des circonstances diverses de sa vie » et, il faut le reconnaitretre, « rien ici ne serait plus à propos. »
Un autre signe d'identité de facture a été trouvé dans la similitude des deux vases qui ont été mis, l'un entre les mains de la Madeleine du tombeau et l'autre auprès de la Madeleine couchée sous le mausolée ; « la Madeleine du tombeau entr'ouvre celui qu'elle tient pour répandre des parfums sur le Christ; la Madeleine du désert a refermé celui que l'artiste a placé à ses côtés et le conserve comme un précieux souvenir.
Des auteurs plus réservés (1) se contentent de dire que « c'est une des oeuvres les plus remarquables de la Renaissance en Touraine » et qu'on peut y reconnaître « deux mains d'un mérite inégal ».
D'autres, notamment M. de Galembert (2), ont affirmé que cette oeuvre d'art n'était pas due à Michel Colombe, assurant que rien ne « rappelle le faire de cet artiste ».
M. E. Razy, qui a écrit une notice spéciale sur le Christ au tombeau d'Amboise, paraît croire que le dessin de ce mausolée aurait pu être donné à Michel Colombe par Le Primatice et, à ce propos, il raconte d'une manière saisissante la fin tragique de la jeune épouse de ce grand artiste, trouvant la mort dans les eaux de la Loire, alors que, se promenant un soir en barque, non loin du château de la Bourdaisière, cette jeune femme serait tombée dans le fleuve en essayant de rattraper une colombe qu'elle tenait à la main et qui venait de lui échapper.
La légende ajoute que Le Primatice, fou de douleur, erra toute la nuit le long du fleuve et qu'au jour il aperçut une forme blanche étendue sur un lit de sable : c'était sa femme. On raconte encore qu'ayant moulé le corps de celle qu'il pleurait, il aurait ensuite sculpté la figure qui nous occupe.
Nous avons tenu à reproduire ce récit, peut-être plus charmant que réel, afin de n'omettre aucune donnée de nature à bien établir tout ce qui peut avoir trait à Michel Colombe et à son oeuvre.
Plusieurs auteurs, après Chalmel, soutiennent que le Christ
(1) Promenades pittoresques en Touraine, par M. l'abbé C. Chevalier, page 26G.
(2) Mémoires de la Société archéologique de Touraine, tome VII, Séance du 23 février, 1855. Tours, 1855.
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au tombeau est l'ouvrage d'artistes italiens, amenés en Franee par Charles V11I et François Ier (1).
Nous sommes portés à croire, comme nous l'avons déjà fait pressentir, que tout le groupe est de la même main et que même la Madeleine couchée,— en admettant qu'elle ne fît pas partie de la conception première du Christ au tombeau, — est aussi du même artiste.
Il ne faut pas oublier sans doute, que Chalmel, qu'il est si fort de mode de citer, décrit avec soin les sept personnages du mausolée et qu'il ne dit pas un mot de la statue couchée, mais, on peut répondre, avec M. E. Razy, qu'il est admissible qu'à l'époque où cet historien écrivait, cette Madelaine se trouvât séparée du sujet principal et que ce n'est que plus tard que l'on procéda à la reconstitution complète du mausolée ; nous serions tentés de souscrire à cette hypothèse. Au surplus, la nature même du talent de Michel Colombe nous semble jus tifier cette opposition de la Madeleine repentante et de la Madeleine au tombeau; c'était bien, avec les idées à la fois naïves et religieuses de l'époque, une antithèse qui dut plaire à un artiste et nous ne pensons pas qu'il soit nécessaire d'aller, avec M. Razy, rechercher la légende du Primatice et de sa femme, noyée dans la Loire, pour expliquer cette statue couchée.
Ilestd'ailleurs,bondenoter que cegenrede bas-relief est bien de son temps; on connaît plusieurs Madeleines repentantes sculptées en bas-reliefs, qui sont à peu près contemporaines de celle de Saint-Denis d'Amboise et qui ont souvent une pose presque identique, bien que parfois le costume diffère (2).
Nous l'avons dit, nous croyons plus fondée l'hypothèse qui veut que Michel Colombe soit l'auteur du mausolée de Philibert Babou, seigneur de la Bourdaisière, qui s'appelle aujourd'hui le Christ au tombeau.
(1) On a aussi attribué le Christ au tombeau à Jehan et Juste Lejuste ou plutôt Juste, frères et sculpteurs nés à Tours.
(2) Notamment le bas-relief de la Madeleine couchée, daté de 1567, qui se trouve dans l'église Saint-Maurice, à Sens (Yonne).
ANTONY ROULLIET. A suivre.)
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MOIS DE MARS 1884
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O Ciel clair 8 jours • Pluie 6 jour S_E 4 Qi — 1/4 couvrir! 6 * Neige 0
3 — 1/2 couvert 11 v Rosée 8 i> 2
9 — 3/4 couvert 4 * Gelée blanche 10 S-0 3 # _ couvert 2 _ Gelée à slace 4
O Brouillard 0 Z Orage 0 ^
■ Grêle 1 N-0 3
Nota. Dans les colonnes 1, 2, 3 on exprime les températures au-dessous de zéro par le signe—.L'absence
ce signe indique une température supérieure à zéro.
ta force du vent est marquée par les chiffres suivants : 0 nul, 1 faible. 2 modéré, 3 assez fort, i fort, 5 très fort. 6 violer,
1 tempête.
— 141. —
EXTRAIT DES PROCES-VERBAUX Séance du S avril 188-4
PRÉSIDENCE DE M. HOUSSABD, PBES1DKNT
La réunion, à ses débuts, a été contrariée par l'accident arrivé dans la salle de nos Séances, cequia contraintinopinément nos membres à chercher, sans qu'il fût possible de les préveni. à l'avance, un autre lieu de réunion.
La Séance s'ouvre à deux heures moins un quart, et l'on décide que les affaires les plus urgentes seront seules expédiées à cause du petit nombre de membres réunis et du retard apporté à l'ouverture de la séance.
La parole est donnée à M. Rouillé, pour la lecture de son rapport sur la commission des annonces. II fait connaître les conclusions proposées par cette commission et les appuie d'un tableau qui donne une idée exacte, du projet. Le travail de la commission est mis aux. voix et adopté à l'unanimité.
Le Bureau s'est déjà occupé d'une conférence de M. le docteur Mandon, qui veut bien prendre la parole dans l'une denos réunions générales.
M. le Président s'est mis en relation avec lui et nous apprend qu'il viendra volontiers le 10 mai ; on décide qu'une convocation spéciale sera adressée à nos membres et qu'une note sera insérée dans le< journaux de la localité.
M. le Président distribue aux membres présents des circulaires envoyées par le savant doetpur, pourdonnerune idéedes travaux entrepris et des succès déjà réalisés. INous aurons, à la séance de mai, l'occasion de remercier M. le docteur Mandon.
M. Duclaud a fait parvenir à M. le Président le résultat de l'étude faite par la commission du projet de Crédit agricole de M. Michelin. La société serait heureuse de pouvoirappuyer un projet qui a pour but de mettre aux mains des agriculteurs un plus grand nombre de machines agricoles ; mais elle ne peut s'occuper directementd'uneaffairefinancière, dont les résultats ne lui semblent point démontrés, ni même lui donner son appréciation.
M. le Président veut bien se charger de remercier M. Michelin et de lui faire parvenir les regrets de la Société de ne pouvoir s'associer à la mise à exécution de son idée.
1884 10
_ 142 —
M. Boyer a ensuite la parole pour la lecture d'un rapport sur la conférence de M. Grandvoinet, sur les nouveaux procédés de mouture.
Ce travail fort intéressant est goûté; il rend très bien la pensée et les arguments de monsieur le Conférencier ; M. Boyer est vivement félicité par ses collègues, et, à la demande générale, le mémoire est destiné à nos Annales.
Le Bureau, pour obvier aux embarras causés par l'accident survenu dans le salle des séances, prend l'engagement d'aviser le plus tôt possible.
Présentation de M. le comte de Villeneuve-Guibert, par MM. Houssard, Duclaud et Juteau.
Le Secrétaire perpétuel, A.-H. JUTEAU.
MICHEL COLOMBE ET SON OEUVRE
Suite (1)
IV
Après les oeuvres que Michel Colombe a laissées en Touraine, nous devons étudier celles qui portèrent son nom dans les différentes parties de notre cher pays. Ce ne sont pas les moins considérables, ce ne sont pas celles qui ont le moins contribué à sa renommée, bien au contraire. , Celles qui existent encore sont :
1° Le Tombeau de François II, duc de Bretagne, dans la cathédrale de Nantes (Loire-Inférieure) ;
2° Saint Georges combattant le dragon, au musée du Louvre, à Paris ;
3° Une Statue de Guillaume Guègwn, évêque de Nantes,
Celles qui ont cessé d'exister sont :
1° La Mise au sépulcre, drtns l'église Saint-Sauveur, à la Rochelle (Charente-Inférieure);
2° Un Rétable pour Véglise des Carmes, à Nantes.
1»
D'après un document que nous avons déjà signalé le tombeau de la cathédrale de Nantes ne serait pas l'une des premières grandes oeuvres de Michel Colombe, car il avoue qu'il travaillait « depuis longtemps pour devenir habile ouvrier, lorsque notre ducnesse Anne m'a commandé, le tombeau de notre gracieux duc François II et de la duchesse Marguerite de Foix. »
« Notre duchesse An ne..., notre gracieux duc François II !»
n'est ce pas bien là le langage d'un enfant de la Bretagne qui est tout heureux de pouvoir travailler pour ses piinces!
La naïveté de l'écrit qui révèle l'origine de notre sculpteur, s'allie on ne peut mieux avec le caractère breton qui conserve si bien encore de nos jours le culte des souvenirs.
Commandé en 1507 (2), par ordre d'Anne de Bretagne, fille du duc François 11, femme de Charles VIII et de Louis XII, il aurait été terminé en 150o, d'après d'autres sources.
(i) Voir le précédent numéro, page 115.
(2) Biographie universelle de Didot, Paris, 1866.
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Le duc François 11 était mort le !) septembre. I ISS, laissant sou héritage à sa liiic Anne, alors ùjée de onze ans, étant née à Nantes, en 1-477 (1).
Selon nous, il faut admettre que Michel Colombe et ses aides travaillèrent cinq années à ce mausolée, qui fut commencé en 1502 et ne fut terminé que le 25 mai 1507. Si nous voulions faire ici du roman historique, nous montrerions le tailleur d'images passant « sa vie dans un atelier mystérieux, élevé près de l'église des Carmes, travaillant de l'aurore au coucher du soleil, et ne rentrant chez lui que le soir pour embrasser sa femme et ses enfants (2). »
Bien que tout cela reste dans le domaine de la vraisemblance, nous préférons avoir recours à des documents plus sérieux.
Une lettre de Jehan Perréal (3) nous apprend que « Michel Colombe besongnait au moiz et avais pour moiz XX escuz, l'espace de sine ans. »
Nous voici donc fixé sur le temps mis à l'exécution de ce monument; en ce qui est de ses collaborateurs, le même document constate qu'il avait « deux tailleurs de massonnerie antique italiens qui avaient chacun VIII escuz pour moiz l'espace de sine ans, il y avait deux compaignons tailleurs d'ymaiges soulz Michel Colombe qui avaient chacun VIII escuz pour moiz l'espace de sine ans. »
L'un des compagnons de Michel Colombe dans cette grande carre « était certainement Guillaume Regnault » ; l'antre, très probablement Jehan de Chartres, dont Michel Colombe dit, dans l'écrit du 3 décembre 1511: «Jehan de Chartres, mon disciple et serviteur, lequel m'a servy l'espace de dix-huit, ou vingt ans, et maintenant est tailleur d'ymaiges de Mmc de Bourbon. »
Faut-il trouver dans cette collaboration (4) la cause « du désordre, charmant d'ailleurs, qui est le caractère de ce mausolée, nous ne saurions l'admettre et nous pensons, au contraire, que Michel Colombe est seul l'auteur du tombeau de François II et que c'est seulement dans l'exécution qu'il a eu recours à des aides, fidèles exécuteurs de sa pensée ; nous savons notamment que deux artistes italiens travaillèrent avec notre sculpteur tourangeau pendant cinq ans de 1502 à 1507 (o).
Empressons-nous d'ajouter, puisque nous venons de contre(1)
contre(1) de Bretagne, reine de Franco, par M. Trcbuchet. 1 volume in-lS, imprimerie Meilinet, à Nantes.
(2) Études sur la Bretagne. — Homans historiques — Michel Colombe, lo tailleur d'images (époque des arts e.t rie la décadence: 1/190). Règnes de Charles VIII et de Louis XII, par Pitre Chevalier. Tome II, Paris, ls'il.
(3) Poitou et Vendée, par M. 1t. Fillon. ' i) M. Paul Maulz.
(3) i!. B. Fillon.
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dire M. Mantz, qu'il est étrange qu'un aussi habile critique ait écrit que lors deJa confection de ce mausolée, Michel Colombe « touchait à la vieillesse ».
Dans son ensemble, le tombeau du duc de Bretagne ne s'ëcarte pas sensiblement du goût du xve siècle, et à l'époque où Michel Colombe y travailla on sent fort bien qu'il n'avait pas encore — autant que par la suite — subi l'influence italienne.
Le tombeau par lui-même a neuf pieds trois pouces neuf lignes de longueur sur quatre pieds quatre pouces de large ; son élévation est de cinq pieds.
11 est posé sur un socle de marbre blanc, de quinze lignes, qui en fait le tour.
Il comprend, tout d'abord, et comme partie principale les statues couchées du duc de Bretagne et de Marguerite de Foix, qui ont bien « la raideur sévère et les attitudes symétriques consacrées par les pratiques sculpturales du xvie siècle » (1).
Les figures du duc et de la duchesse sont d'une belle expresssion et, comme on l'a remarqué (2), le calme et la sérénité de cette dernière principalement, font penser de suite à l'éternité du bonheur dans une autre vie.
Les anges qui soutiennent les oreillers sur lesquels reposent les têtes des deux statues couchées offrent un caractère tout spécial qu'il est utile de noter ici, comme un des traits caractéristiques du talent de Michel Colombe.
Ce ne sont point des images inspirées par les amours de la sculpture grecque, ce sont bien plutôt de « jolies figures d'enfants, de son pays natal », que Michel Colombe a placées là; deux anges eussent pu suffire, l'artiste a eu l'heureuse pensée d'en mettre trois qui se groupent mieux afin, selon les uns, de « rappeler l'idée de la Trinité », selon d'autres, pour donner à cette partie du monument plus de corps et plus d'élégance.
A l'autre extrémité de ces deux statues étendues presque horizontalement, se trouve, aux pieds du duc, un lion couché sur le ventre qui tient entre ses pattes les armes de Bretagne. Ce lion est un lion de blason, c'est-à-dire un animal de convention; mais on a remarqué que « jamais peut-être Columb n'en avait vu d'autres»; la levrette, qui est sculptée aux pieds de Marguerite de Foix, est couchée comme le lion qui lui fait pendant; elle tient aussi Pécusson de la duchesse Anne, mipartie de Bretagne et de Foix, entouré d'une cordelière (3) du travail le plus minutieux. Cette levrette a été traitée avec un rare bonheur d'expression.
(1) M. Panl Mantz.
(2) Magasin pittoresque, 1838,paae 242.
(3) Celte cordelière serait, d'après divers documents, l'insigne d'un ordre fondé par la reine Anne pour être conféré aux « dames les plus chasses de sa cour, et dont elle lit liommaçe à la mémoire de sa mère ».
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A l'une des extrémités du tombeau et sur la môme ligne que les apôtres, sont deux figures de vingt-deux pouces de hauteur, représentant : l'une saint François d'Assises et l'autre sainte Marguerite; à l'autre extrémité, se trouvent celles de Charlemagne et de saint Louis.
Quatre statues ornent les angles du tombeau, ce sont : la Force, la Justice, la Tempérance et la Sagesse; comme on l'a constaté, pour l'époque, cette adjonction était «une nouveauté». Ces quatre statues constitueraient à elles seules une oeuvre artistique de la plus haute valeur. Peu importe ici que ce soient des oeuvres de premier jet, car on a soutenu que les tailleurs d'images de l'époque de Michel Colombe «ne faisaient pas habituellement d'esquisses en terre cuite ><.
Il serait téméraire de se prononcer sur ce point; mais il ne parait pas très vraisemblable, surtout si l'on admet que toutes ces statues sont des portraits; de plus, il eût fallu pour faire sortir du marbre des oeuvres aussi accomplies une « puissance de talent » qu'il est bien difficile de rencontrer même chez des artistes de la valeur de celui qui nous occupe.
La Force, cette figure qui « étouffe si tranquillement un dragon par la pression de ses petites mains, est évidemment une étude modelée d'après nature » ; mais on voit que l'artiste a eu pour but de représenter la force morale, bien que tout dans cette statue dénote la pensée de la force.
Il faut signaler l'extrême élégance du dessin de la cuirasse de cette statue de la Force ; l'énergie exprimée dans les traits du visage, le mouvement si heureux de ce dragon qui, au moyen âge, personnifiait le mal, les détails de la petite tour que cette ligure tient clans sa main gauche sont aussi à noter. Une tradition ancienne que M. Paul Mantz et plusieurs écrivains après lui ont recueillie veut que la Justice soit le portrait d'Anne de Bretagne. Nous allons voir que cette assertion est assez contestable. D'après une Notice spéciale, il existe encore des portraits de la duchesse Anne et notamment un profil de cette princesse qui parait présenter tous « les caractères de la ressemblance » et d'après lequel rien ne permet de soutenir cette opinion.
On a été plus loin et sous l'empire de cette observation, — juste quand elle est limitée, — que les statues exécutées par les sculpteurs contemporains de Michel Colombe étaient toujours des portraits, on a été, disons-nous, jusqu'à prétendre que les quatre grandes figures des angles du mausolée de Nantes étaient peut-être les portraits des «filles d'honneur de la reine Anne » (1).
(1) Revue numismatique. Nouvelle série, tome I, page 130.
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Ce qu'il faut dire, c'est que la tête de la Justice est fort belle et qu'elle a tout à fait le caractère breton; d'une main cette statue tient le livre de la loi et tout, en cette figure, révèle une gravité sévère qui convient fort bien à \& justice ; les draperies aussi sont d'un bel ajustement.
La Prudence qui, selon M- Pitre-Chevalier, est la prévision de l'avenir, fondée sur la connaissance et l'expérience du passé, est représentée avec « deux visages » dans le genre des bustes de Janus.
Par derrière et pour exprimer cette « connaissance du passé » est une tête de vieillard qui reproduit les traits des habitants de la Basse-Bretagne, avec une coiffe bien locale ; pardevant, la figure est encore un type breton, mais plus noble et rappelant, dit-on, «les jolies femmes de l'évèché de Saint-Pol», comme si l'artiste eût voulu en quelque sorte signer son oeuvre.
Une main tient un compas, l'autre un miroir; à ces deux emblèmes symboliques; Michel Colombe a ajouté un serpent qu'il a placé aux pieds de la Prudence. Les vêtements de cette statue sont « un peu négligés ».
Une remarque judicieuse qui a été faite constate que, dans toutes les statues de femme de ce tombeau, la gorge est « peu développée; ce qui s'explique par l'influence des idées dominentes de l'époque. »
Nous avons encore là une preuve de l'influence exercée par l'art italien sur Michel Colombe, car en étudiant le Christ au tombeau, qui est une oeuvre postérieure, nous n'avons pas manqué de faire observer combien davantage l'artiste avait sacrifié au goût du moment surtout dans la Madeleine pécheresse (1).
La Tempérance (2) est une figure couverte d'habits monastiques ; d'une main, elle tient un mors de bride ; de l'autre une horloge; le visage de cette statue est grave, sa pose pleine de noblesse et de dignité.
Les statuettes des apôtres qui se trouvent à l'entour du mausolée, dans des niches à plein cintre, ont un caractère tout particulier qui donnerait une date précise à ce monument si les documents écrits faisaient défaut. Elles sont, comme l'a justement remarqué M. Paul Mantz, fortement empreintes de ce style franco-italien qui, véhément jusque dans la grâce, devait quelque temps après éclater sous François Ier et convertir l'école entière.
Par l'attitude, par l'expression, par le jeu des draperies, ces figures sont infiniment spirituelles, mouvementées et délicates.
(H Voir ci-dessus, page 131.
(2) 11 est bon de faire observer que le monument élevé à la mémoire du général de Lamoricière comprend aussi quatre figures du travail le plus remarquable reproduisant : la Charité, la Foi, la Gloire militaire, etc.
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On y sent la main d'un maître à qui le marbre complaisant n'a rien à refuser.
Nous les attribuons bien expressément à notre sculpteur tourangeau Michel Colombe, et nous ne savons pourquoi un auteur (1) veut que ce soit Guillaume Regnault seul qui ait sculpté « les statuettes des apôtres et les arabesques qui les entourent ».
Aux douze apôtres, il faut ajouter encore seize pleureuses dans autant de médaillons en marbre blanc. Les figures et les mains des pleureuses sont en marbre blanc, tandis que les draperies dont elles sont enveloppées sont en marbre vert.
Les niches dans lesquelles sont placées ces pleureuses ont treize pouces de diamètre.
Nous devons aussi mentionner que le tombeau de François II a été souvent reproduit ; nous citerons notamment la collection de gravures que possède le département des Estampes à la Bibliothèque nationale,à Paris (2), contenant l'ensemble et les détails de ce tombeau.
Le monument du duc de Bretagne a été gravé en deux planches par _j. Pitau, d'après les dessins de Jean Chaperon (3), et plus récemment ce tombeau a été reproduit par un graveur à l'eau-forte, M. Hawke (4).
Ainsi que nous l'avons fait pour les autres oeuvres de Michel Colombe, nous devons rappeler les péripéties par lesquelles a passé ce tombeau dit « Tombeau des Carmes » parce que, comme nous allons le voir, il resta longtemps dans l'église des Carmes, à Nantes.
Jusqu'au 16 octobre 1727, l'histoire n'en parle pas; à cette époque, le tombeau des Carmes fut ouvert par ordre du roi; M. G. Mellier, magistrat de Nantes, qui présida à cette opération, en a publié le procès-verbal et consigné ^dans son livre l'inscription suivante trouvée dans le mausolée : « Par l'art et l'industrie de Michel Colomb, premier sculpteur de son temps, originaire de l'évêché de Léon »
C'est alors que l'on trouva dans le caveau, des cercueils de plomb, parsemés d'hermine. L'un était celui de François II, qui sous ce nom, régna pendant trente-deux ans sur la Bretagne, l'autre était celui de Marguerite de Foix.
La duchesse de Foix était mère de la reine Anne et avait
M) M. Paul Mantz.
(2) Le tout est renfermé dans un des volumes du supplément relié (format n* 2) et dans un des volumes du môme supplément (format n° 3). (Lettre de M. le vicomte Henri Delaborde, de l'Institut, conservateur sous-directeur, eu date, à Paris, du 18 mai 1883.
(3) Histoire de Bretagne, de dom Taillandier, II, 238.
(4) Ces eaux-fortes ont été faites pour VHistoirede Nantes de M. Guépin.
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d'abord été inhumée dans la cathédrale de Nantes, mais le pape Jules II permit à la reine de placer le corps de sa mère auprès de François II, son époux. Cette translation eut lieu le 25 mai 1506. "
Entre ces deux cercueils, on recueillit un petit coffret en plomb contenu dans une boîte de fer, puis une boîte de plomb, puis une boîte d'or, en forme de coeur; celle-ci renfermait le coeur d'Anne de Bretagne , mais il « ne contenait plus qu'un peu d'eau et le reste d'un scapulaire, » avec des inscriptions que nous ne croyons pas utile de reproduire ici (1).
D'après certaines données, ce mausolée fut « enfoui sous terre en 1790, lorsque l'église des Carmes fut vendue nationalement. *
En 1793, l'église des Carmes fut démolie; un architectevoyer de la ville, dont les arts doivent garder le souvenir, M. Mathurin Crucry, sauva l'oeuvre de Michel Colombe, « en la faisant ensevelir sous une masse de décombres. Le mausolée échappa ainsi miraculeusement à la fureur des Vandales »
Toutes les parties de ce monument incomparable furent ensuite transportées dans la grande salle de la psalletle, adjacente au choeur de la cathédrale, de Nantes; les cercueils avaient été transportés à Saint-Pierre , dans le caveau destiné à la sépulture des évèques de Nantes.
Au mois d'avril 1819, l'administration y fit faire des fouilles, mais on n'y trouva que quelques ossements épars et des débris de bierres.
Plus tard on apprit que les cercueils qui étaient en plomb, comme nous l'avons dit, avaient été portés à l'Arsenal, pour être, à l'époque de nos guerres civiles, transformés en balles, et que les cadavres qu'ils contenaient avaient été dispersés.
Toutefois, la boîte d'or contenant le coeur de la reine Anne, avait été envoyée à Paris et se trouvait au cabinet des médailles de la Bibliothèque du roi.
Sur la demande de M. le Préfet de la Loire-Inférieure et du conseil municipal de Nantes, cet objet possédé par la ville, pendant près de trois cents ans, lui a été justement restitué.
C'est en 1819, que ce tombeau fut rétabli à la place qu'il occupe aujourd'hui ; « comme on ne pouvait restituer les cendres auxquelles il était consacré, on lui confia du moins celles d'un autre duc de Bretagne, d'Arthur III, l'oncle et le prédécesseur de François II, mort en 1458 (2). »
Ces restes d'un connétable de France avaient été sauvés
(1) M. Pitre-Chevalier a donné le texte deces iuscriptions dans ses Études sur la Bretagne, tome II, pages 336 et 337.
(•->) Acte de baptême de l.oys de Bueil, 143S, par M. Ch. de Sourdeval. [Mémoires dé la Société archéologique de Touraine, tome IX, 1857.)
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lors de la destruction de l'enlisé des Chartreux, par les soins d'une personne respectable h.ibitantNantes, qui les avait remis, le 16 août 1802, à M. l'abbé Gély, chanoine de la cathédrale (1).
Actuellement, le Tombeau de François lise trouve dans le transept sud de la cathédrale de Nantes.
Cet emplacement était occupé jadis « par portion du temple de Bol-Janus. On y voit encore des restes de murs qui attestent une haute antiquité. En regardant en haut, du côté du choeur, l'on aperçoit la maçonne d'une construction moins ancienne, faite peut-être par saint Félix, mais restaurée de nouveau depuis lui ; la fenêtre qu'on y distingue et les saints placésàcôté, rappellent l'enfance de l'architecturechrétienne. »
Nous devons ajouter que le peu de jour qui règne dans cette partie de la cathédrale ne permet pas d'apprécier dans tous ses détails la magnifique oeuvre de Michel Colombe (2).
Le Saint Georges combattant le dragon, oeuvre aujourd'hui incontestée de Michel Colombe, figure avec distinction dans l'une des salles, qui, honneur tout spécial, porte, depuis 1852, le nom de «salle Michel Colombe », dans le musée de sculpture de la Renaissance au Louvre, à Paris.
Cette salle ne renferme que cette oeuvre de Michel Colombe (3), et c'est aussi la seule que possède cet unique musée du Louvre.
D'après une notice aujourd'hui épuisée et signée d'un nom des plus compétents (4), c'est en 1508, que le cardinal Georges
(1) Notice sur le tombeau de François II, Nantes, Mellinet.
(2) Dans le transept nord et comme pendant digne de l'oeuvre qui nous occupe, se trouvo le Tombeau du général de Lamoricière, splendide morceau de sculpture, signé Paul Dubois, de l'inslnul.
_ (3) Voici, d'après un document obligeamment communiqué par la Direction des musées nationaux, la liste des oeuvres tigurant dans la « salle Micliel Colombe » :
Lorenzo d« Mugiano, Milanais. Louis XII, roi de France.
Attribué à Ponce-Olivier Lefebvrc
École française, xvi° siècle: Tête d'apôtre. Saint Jean l'évangéliste, Saint Jean- Baptiste, Nativité de la Vierge.
Michel Colombe: Saint Georges combattant le Dragon.
École française, xvi* siècle: Vierge et Enfant Jésus.
Roberte Legendre, femme de Louis dePoncher.
— — Jésus trahi par Judas.
— — François I"
— — Le retour du Mailre.
— — Vierge et Enfant Jésus.
— — Fragment de tombeau.
— xV siècle Un moine (fragment de tombeau.) (4) M. Barbet de Jouy.
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d'Amboise fit transporter à Tours, un tableau de marbre pour que le tailleur d'images, Michel Colombe y taillât et gravât un saint Georges destiné à l'autel de sa chapelle dans le château de Gaillon. (1).
Saint Georges combattant le dragon est un bas-relief en marbre de lra 85 de longueur sur lm 24 de hauteur. 11 représente « le patron des hommes de guerre » à cheval, armé de toutes pièces et perçant de sa lance le cou du monstre qui, dressé dans l'attitude de la défense, repousse et mord l'arme dont il est traversé.
Dans te fonds du bas-relief se trouve la fille du roi de Lydie à genoux et en prières.
Ce n'est que depuis la publication des comptes de Gaillon que l'on a pu rendre à Michel Colombe le Saint Georges combattant le dragon.
Alexandre Lenoir avait réuni ce bas-relief au monument funéraire de Philippe de Comines et l'attribuait à Paul Ponce; cette erreur subsista lorsque cette sculpture passa des PetitsAttgustins au musée du Louvre, où, pendant longtemps, on la vit faisant partie de la décoration d'une cheminée du musée d'Angoulême (2).
Ce Saint Georges est un morceau de sculpture digne d'une attention toute particulière ; comme tout ce qui est 'sorti du ciseau de Michel Colombe, cette oeuvre exprime un sentiment artistique très développé et une naïveté qui est bien de son temps.
N'êtes-vous pas, en effet, frappé du contraste qui éclate entre ce petit cavalier, si grêle, si diminué, si peu visible et ce monstre énorme qui, défendu par sa carapace squalide, semble impénétrab!e aux dards les plus aigus et se meurt lourdement, pareil à une fortification vivante (3).
Si tout le talent de Michel Colombe n'est point dans ces oppositions et si l'on ne sait ce qu'il faut le plus admirer du fini des détails ou de l'ensemble de la composition, il est certain que ces oppositions, qui sont la vie, constituent un des caractères propres au talent du sculpteur tourangeau.
Une conception à la fois large et naïve et une facilité d'exécution qui tient du prodige, tels sont les traits distinctifs de
(1) Dans les comptes et dépenses du château de Gaillon, publiés par M. Deville, en 1851, on lit : « A Michaull Coulombe, sur le marché à lui fait pour la façon de faire le Saint Georges, tailler et graver sur ledit marbre, par certification de Patris Binet, du 25" jour de février 1508, pour ce, cy 300 livres. »
(2) L'inscription portée sur le soubassement est ainsi conçue: «N"84. Saint Georges. Bas relief sculpté en 1508 pour la chapelle du château de Gaillon par Michel Colombe ou Michault Columb. (1431-1514.)
(3) M. Paul Mantz.
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l'oeuvre de Michel Colombe et aussi les signes particuliers de l'école de la Loire, dont il est, sans conteste, le véritable créateur.
Nous devons ajouter que cette oeuvre de Michel Colombe, est la seule que possède le musée du Louvre, bien que divers auteurs aient cru pouvoir affirmer le contraire (1).
3°
Nous avons encore à mentionner le Tombeau de Guillaume Guéguen.
Alors que Michel Colombe travaillait au splendide monument de François II; le 29 novembre 1506 (2), mourait un dôvoné serviteur de la reine Anne, Guillaume Guéguen, qui fut évoque de Nantes de 1-199 à -1300.
Des documents certains rapportent que ce prélat fut inhumé d'abord dans l'éjilise de Saint-Pierre, puis ensuite dans la chapelle deSainte-Magdeleine et < mis dans un tombeau de marbre blanc ». La statue couchée de Guillaume Guéguen faite « en albâtre » a été « sculptée de la main de Michel Colombe, le plus habile sculpteur de son siècle (3). »
Comme toutes les oeuvres de cette époque le tombeau de Guillaume Guéguen a eu beaucoup à souffrir et pendant longtemps on le considéra comme détruit (4).
Telle n'est pas la vérité.
D'autres sourcesque nous avions sous les yeux nous faisaient pressentir depuis longtemps que la statue de Guillaume Guéguen n'était point détruite et qu'elle devait se trouver encore dans la cathédrale de Nantes et même « à peu près intacte ».
Le document que nous possédions allait mêmetrop loin, puisqu'il portait que cette oeuvre de Michel Colombe était le « seul des nombreux monuments que renfermait jadis la cathédrale qui ait échappé aux dévastations des iconoclastes. »
M. A. Bamé, qui avait entrevu, il y a une trentaine d'années, la statue de Guillaume Guéguen, a raconté comment l'oeuvre de Michel Colombe est parvenue jusqu'à nous, grâce à l'application d'une boiserie mobile puis devenue fixe par le non-usage,
(1) Voir notamment : Biographie universelle de Didot, Paris, 18C6.
(2) Travers dit le mardi 23 novembre 1507.
(3) M. A. Ramé.
(4) M. Guépin (Histoire de Nantes) 1839. page 185, a raconté que cette oeuvre de Michel Colombe n'avait pas été détruite, «mais volée en 1"93,» et que depuis elle avait été brisée et vendue par morceaux à un mouleur. M. Guèpin eût désiré, disait-il, sauver les fragments les plus curieux de ce monument, mais il n'était plus temps et « ceux qui n'ont pas été portés au four pour faire du plâtre, n'offrent aucun inlérêi. »
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et qui, tout en maltraitant un peu les détails de ce tombeau, en ont laissé subsister les parties principales (1).
Certaines données récentes contesteraient même que cette statue est le monument élevé à Guillaume Guéguen (2) ou tout au moins laisseraient planer un doute sur son authenticité (3).
M. Paul Mantz pense que cetouvrage n'a pas été terminé par Michel Colombe et que notre compatriote quitta Nantes avant de l'avoir achevé. Il est certain que nous avons constaté sa présence à Tours dès le 2 mai 1507.
V
Après les oeuvres existant en dehors de la Touraine et justement attribuées à Michel Colombe, il en est qui ne sont plus qu'un souvenir. Ce n'est point ici qu'il faut les oublier ni les passer sous dlenec.
Cette rubrique comprendra, comme nous l'avons dit :
1° La Mise au sépulcre, dans l'église Saint-Sauveur, à la Rochelle (Charente-Inférieure) ;
2° Un Retable pour l'église des Carmes, à Nantes, (LoireInférieure).
La Mise au sépulcre, dans l'Eglise Saint-Sauveur, a été détruite depuis fort longtemps et dans la ville mêmele souvenir de ce monument à cessé d'exister.
Les habitants de, la llochelle désirant décorer dignement l'église Saint-Sauveur avaient demandé à*Michel Colombe de sculpter, pour leur paroisse, un groupe représentant « un sépulcre de Sainct-Sauveur avecques les deppendances dicellui.»
On possède le texte de l'engagement pris par devant notaire, le 2 mai 1507, aux termes duquel Michel Colombe se chargeait d'accomplir ce travail. Cette convention fut conclue en présence de Guillaume Regnault qui a signé l'acte en qualité de témoin, mais qui parait avoir pris une part des plus actives à cette oeuvre.
Cette Mise au sépulcre, qui était en terre cuite, a été exécutée à Tours de 1507 à 1509 et le 8 août 1510, le « tailleur d'ymaiges » donnait quittance définitive et complète de la somme qui lui était due.
(1) Voir une reproduction du lombeau de Guillaume Guéguen dans le BuU Iclin du Comité des Travaux historiques et scientifiques (1883, page 140) ainsi que la notice rédigée par M. Léon Palustre et publiée par la Gazette des Beaux-Arts (1884.)
(2) Depuis la rédaction de cette notice le tombeau de Guillaume Guéguen a été rendu à l'art.
(3) Note de M. S. delà Nicollière-Teijeiro.
— loi —
M. Paul Mantz raconte que Michel Colombe exécuta, ou au moins entreprit, pour le maître autel de l'église des Carmes, un vaste retable qui a malheureusement péri, et dont l'histoire elle-mêmu a perdu la trace.
Michel Colombe y sculpta encore, vers lo06, un Christ en croix et les figures de saint François et de sainte Marguerite, patrons du duc et de la duchesse de Bretagne mais l'oeuvre ne fut pas terminée et l'on sait, par un acte des plus curieux, que François Ier ordonna, eu 1531, la nomination d'experts chargés d'examiner le rétable commencé par Michel Colombe, et de donner leur avis sur la dépense qui restait à faire pour l'achever et le mettre en place (1).
Ici encore, M. Paul Mantz croit que Michel Colombe fut empêché de terminer ce rétable « un peu par son grand âge ». Une fois de plus nous ne saurions souscrire à ce motif, que les dates contredisent ; mais nous sommes portés à reconnaître, avec ce même auteur, que si Michel Colombe ne termina pas ce rétable ce fut surtout parce qu'il en fut distrait <> par d'autres travaux i>, et aussi parce qu'il quitta Nantes pour revenir à Tours, sa patrie d'adoption.
Il est encore quelques oeuvres sculpturales qui ont été attribuées à Michel Colombe, sous d'expresses réserves.
Parmi celles-ci, nous devons citer un mausolée que Jourdain Dupeyrat, chanoine de Saint-Martin, à Tours, fit construire à grands frais, en 1482, dans la chapelle fondée par Jean Furat après l'avoir complètement restaurée (2).
Une affirmation à cet égard serait téméraire; mais il est bien établi que ce tombeau a été détruit, en 1562, lors des dévastations exercées dans cette église par les protestants et, là encore, nous n'aurions qu'un souvenir à enregistrer.
Ce qui est certain c'est que Michel Colombe qui excellait surtout, dans la reproduction de l'expression de « ce moment suprême où la nature inerte chez l'homme qui s'éteint, lutte encore, mais péniblement contre les douloureuses étreintes de la mort (3)» a très probablement été chargé d'exécuter ce mausolée.
Un bas relief, découvert en octobre 1849, lors des fouilles exécutées dans la rue Saint-Martin, à Tours, a été également attribué à Michel Colombe (4).
(1) Celte pièce a été publiée par M. Fillon dans les Archives de l'art français, I, 425.
(2) Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. IX, 1837, p. 17. Peintures murales exécutées à Saint-Marlin de Tours, par Coppin Dolf, peintre du roi Louis XI, par M. H. Lambron de Lignim.
(3) Mémoires de la Société archéologique de Touraine. t. III, p. 261.
(4) Mémoires delà Société archéologique de Touraine., t V, p. 115. Notice sur un bas-relief de l'ancienne église de Nolre-Dame-dt-CEcrignole, par M. H. Lambron de Lignim.
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On est porté à admettre volontiers que notre sculpteur touranaeau, qui travaillait presque uniquement pour des églises, soit l'auteur de ce monument, surtout si ce travail a été exécuté vers 1500, époque à laquelle a été rebâtie la partie deNotreDame-de-l'Écrignole où ces fouilles étaient pratiquées ; mais aucun document précis n'indique l'auteur de ce bas-relief qui représente six personnages (trois hommes et trois femmes) portant d_s bâtons de pèlerins, à genoux devant un autre personnage avec nimbe et les pieds nus, qui les bénît de la main droite.
Ici encore l'histoire n'est pas à même d'être plus affirmative et se voit dans l'impossibilité de mettre expressément le nom de Michel Colombe sur le ciseau qui a creusé ce bas-relief.
Sans prétendre établir une liste complète des oeuvres de Michel Colombe, nous devons encore mentionnner un bas-relief en albâtre que le roi Louis XI lui aurait demandé, dès 1473, pour l'église Saint-Michel-en-1'Herme (I).
En 1474 (2), le même Louis XI, selon le dire d'un érudit (3) commanda a notre imagier, ainsi qu'à J. Fouquet, « un projet pour sa propre sépulture. »
En 1481, Michel Colombe aurait exécuté un mausolée pour Louis Rouhault, évêquede Maillezais.
VI
Les oeuvres attribuées à tort à Michel Colombe peuvent aussi être étudiées suivant qu'elles demeurèrent sur le sol de la Touraine ou qu'elles étaient destinées à d'autres localités.
Parmi celles qui sont restées dans cette province qui le considère, à si juste raison, comme l'un de ses plus illustres artistes, il faut citer le tombeau des enfants de Charles VIII, dans la cathédrale de Tours.
Ce monument a été attribué par des écrivains cependant fort autorisés à notre célèbre Michel Colombe, tandis qu'il est bien établi que ce chef-d'oeuvre est dû au ciseau des frères Jehan et Antoine Juste, sculpteurs florentins établis à Tours (4).
(1) Documents sur Michel Colombe, page 2. Poitou et Vendée, par M. J. B. Fillon.
(2) C'est sans doute la même commande que celle qui porte la date de 1473.
(3) Documents inédits pour servir ai l'histoire des arts en Touraine, recueillis et publiés par M. Ch. L. Grandmaison.
(4) M. l'abbé C. Chevalier qui attribuait ce tombeau à Michel Colombe dans ses Promenades pittoresques en Touraine (page 46), a rectifié ce lapsus dans l'opuscule intitulé : Histoire et description de la cathédrale' de Tours, 8° édition. Tours, 1879, page 21.
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Ce mausolée, fort remarqué dans cette admirable basilique de Tours, est en marbre blanc; il est actuellement placé à droite du choeur dans une chapelle construite au pied des orgues, et représente les enfants de Charles VIII et d'Anne de Bretagne.
Deux inscriptions en caractères gothiques rappellent le nom de ces jeunes princes, dont l'un mourut à Amboise, en 1495, et l'autre au Plessis-les-Tours, en 1496.
Nous n'avons pas à louer ici la finesse d'exécution du travail, l'heureuse harmonie de l'ensemble, la délicatesse des arabesques, etc. Il nous suffit d'établir que ce n'est point une oeuvre de Michel Colombe.
Élevé en 1506 au milieu du choeur de la collégiale de SaintMartin il échappa deux fois selon les uns (1), au marteau des démolisseurs selon d'autres, violé en 1793, ce mausolée a été rétabli en 1815 dans la cathédrale de Tours.
En dehors de la Touraine, nous trouvons aussi quelques oeuvresqui ont été attribuées à tortàMiehel Colombe.(2)
Parmi les plus imporiantes nous tenons à noter, en première ligne, les tombeaux existant dans la belle église de Brou, à Bourg (Ain), mais ce n'est pas sans faire d'expresses réserves que nous les plaçons parmi les oeuvres attribuées à lort à Michel Colombe, ainsi que nous en donnerons bientôt la preuve.
Tout récemment encore, les nombreux érudits qui s'étaient occupés de l'église de Brou et de ses tombeaux n étaient point d'accord sur le nom de ceux auxquels revenait l'honneur, non seulement d'avoir dressé les plans d'ensemble du monastère et de l'église, mais aussi d'avoir fourni le dessin ou les maquettes des statues qui ornent ces tombeaux et de les avoir exécutés.
Il est inutile de rappeler ici, pour bien établir ce qui revient à Michel Colombe dans cette oeuvre importante, les diverses opinions qui se sont successivement produites.
Aujourd'hui, la lumière est faite, grâce à la publication de documents faisant partie des archives du département du Nord (3).
C'est, en effet, du Nord que nous viennent les sources les plus autorisées en ce qui e^t de l'église de Brou ; on n'en sera point surpris, lorsqu'on saura que les anciennes archives du couvent de Brou, annexé à l'église du même nom, qui étaient très riches, furent dispersées et même anéanties en majeure partie « pendant la tourmente révolutionnaire»». Quelques-uns
(1) M. l'abbé C. Chevalier.
(2) On a été jusqu'à attribuer à Michel Colombe le plan du château de Chambord (Loir-et-Cher) dont la construction n'a été commencée qu'en 1523.
(3) Voir : Inventaire sommaire des Archives du département du Nord, .t. IV, par M. l'abbé Dehaisnes, archiviste. M. l'abbé Dehaisnes est actuellement secrétaire général de l'Université catholique de Lille.
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des précieux documents qui les composaient se trouvent encore aux archives du département de l'Ain, mais les plus importants font partie des archives du Nord et proviennent d la chambre des comptes de Lille.
Les archives de Bourg, au contraire, qui contiennent une notable partie des papiers des Augustins de Brou, ne renferment aucune donnée ni sur Michel Colombe ni sur les autres artistes qui ont travaillé à l'église de Brou (1).
D'après ces sources (2), c'est en 1511, que Jehan Lemayre, qui avait recula mission de surveiller la construction de l'église projetée, fut envoyé à Tours pour portera Michel Colombe les dessins préparés par le peintre Jehan Perréal, de Paris.
Nous avons sous les yeux une lettre d'Etienne Chevillard, directeur des travaux de l'église de Brou (3) qui dit positivement que dès l'arrivée de Jean Perréal, à Brou, Jehan Lemaire « s'en ira après à Tours vers maistre Columble, pour fere l'avance pour sépnlture et dès là pourter le tout à Madame. »
On possède aussi un acte signé de la main de Michel Colombe (le nom est encore écrit Columble) qui est daté du 3 décembre 1512, portant que Michel Colombe « habitant de Tours et tailleur d'ymaiges du Roi, tant en son propre et privé nom comme à noms de Guillaume Regnault, tailleur d'ymaiaes, Bastyen François, maître-masson de l'église collégiale de Saint-Martin de Tours, et François Coulombe, enlumineur, tous trois ses nepveux » a reçu quatre-vingt-quatorze florins d'or d'Allemagne à vingt-sept sols six deniers tournois pièce, pour avoir fait « la sépulture en petit volume de feu le duc Philibert de Savoie, selon le pourtrait et très belle ordonnance faitede la main de maître Jehan Perréal, de Paris, peintre et varlet de la chambre ordinaire du roy ; » il déclare, en outre, qu'il fera de sa propre manufacture « sans ce que aucun y touche, les patrons de terre cuite » et que son neveu, Guillaume Regnault, comme il l'a prouve, par plusieurs oeuvres, « depuis quarante ans » est «suffisant et bien expérimenté pour réduire en grand volume la taille dès ymaiges servant à ladite sépulture et en suivant les patrons »
Ainsi donc, il est établi que Michel Colombe a travaillé de sa propre main pour les tombeaux qui se trouvent dans l'église de Brou(4), car il reconnaît, dans un document que nous possé(1)
possé(1) de M. Brossard, archiviste de l'Ain, en date, à Bourg, du 17 mai 1883.
(2) Archives civiles. Chambre des comptes de Lille. Série B, 2221, pages 326 et 327 de l'Inventaire.
(3) Archives du Nord. Série B. Chambre des Comptes de Lille. Recette générale des finances. B. 2221.
(4) Lettre de M. labbé Dehaisnes, en date, à Lille, du 17 mal 18S3.
1884 11
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dons avoir « taillé de ma propre main ung visaige de. saincte Marguerite jet mon neveu Guillaume l'a poly et mis en oeuvre dont je fais un petit présent à ma dite dame » ( Marguerite d'Autriche).
Ajoutons aussitôt que si Michel Colombe a fait des maquettes (c'est l'expression actuellement consacrée) pour les tombeaux de Brou, elles n'ont pas été reproduites telles qu'elles avaient été conçues, car il résulte d'une pièce en date du 14 avril 1526 (1), que « l'accord conclu avec Michel Colombe pour l'exécution des tombeaux de Brou, d'après les plans de Jehan Perréal, n'a pas été suivi d'effet », et que ce serait même l'architecte Louis Van-Boghem qui aurait eu l'honneur de fournir les dessins de ces tombeaux (2), dont les statues auraient été exécutées en quatre ans (1527-1531) par le sculpteur Conrad Meyt (3). Telles seraient, d'après d'obligeantes communications (4), les données fournies sur les lieux-mêmes, car l'église de Brou, dans laquelle se trouvent les tombeaux dont il s'agit, sert actuellement de chapelle au grand séminaire diocésain (5).
Nous ne devons pas oublier que Michel Colombe ne fut pas dès l'origine chargé de faire le projet des mausolées de Brou.
D'après une lettre de Jean de Paris (6), dont la suscription manque, après s'être plaint « des gens du conseil de Bourg, qu'il nomme les longues robes », cet artiste déclare qu'il a traité avec un sculpteur de Salins, Thibault, auquel il confia tout d'abord les ouvrages de la statuaire à exécuter dans l'église de Brou (7) ; mais il reconnaît que « maistre Thibault ne sçavait rien. ».
Dans une lettre à Marguerite d'Autriche, datée de Dôle, le 9 octobre de la même année. ( 1511 ), Jean Lemaire revient sur le sculpteur Thibault, et dit, en parlant de lui : « Lequel on vous asseure d'estre plus grant ouvrier çentfois qu'il n'est, » et il ajoute que « nulz ouvriers d'estime jàe veullent besoigner soubz lui. »
C'est même dans cette lettre qu'il demande à être autorisé à traiter avec « maistre Mahieu Coulomb, le grand ouvrier», et propose à Marguerite d'Autriche de faire envoyer à Bourg le neveu du grand sculpteur tourangeau, qu'il qualifie de « le plus
(1) Série B. n" 2338.
(2) Note de M. l'archiviste du Nord.
(3) Pages 355 et suivantes de VInventaire.
(4) Lettre de M. le Directeur du grand séminaire de Brou, en date à Bourg, du 6 mai 1883.
(5) A l'origine le monastère fut consacré aux Auguslins, sous le patronage de Saint Nicolas de'Tolentin.
(6) Sans doute adressée à Louis Barangier, maître des requêtes et secrétaire de Marguerite d'Autriche.
(7) Cette lettre est datée de Blois, le 30 mars 1511.
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suffisant de doçn les monts après son oncle, •> et qui, en outre, selon ses expressions, « est jeune et portatif. »
iNous poss dons aussi la description de ce mausolée faite par Jean Lemaire lui-même.
Après avoir affirmé à Marguerite d'Autriche que Michel Colombe, quoique, « goutteux et maladif à cause des travaux passez », « rajouenist pour l'honneur» de cette princesse et qu'elle aura « un des plus grands chiefs d'oeuvre qu'il fit oneques de sa vie, » il expose que le mausolée comprendra une statue étendue (se gisant) de Philibert de Savoie et qu'elle aura « ung pie et demy de longueur, les vertuz demy piè, et toutes les autres imaiges à la correspondance (1). »
Vieux et « pesant », Michel Colombe réclamait des délais pou' exécuter ces travaux; le «boirhomme Coulombe.» comme l'appelleJean Lemaire(2), « demandait terme jusques à Pâques, à cause de la pesanteur de l'oeuvre et aussi pour l'indisposition de sa personne et du temps » ; mais l'historiographe de Marguerite se flattait de faire « tant » qu'il réduirait « le tout à trois mois. »
Comme nous l'avons dit, le statuaire tourangeau était aidé dans cette oeuvre par ses deux neveux que Lemaire qualifie d'ouvriers « en perfection comme héritiers de leur oncle, l'un en tnille d'ymaigerie, l'autre en architecture et. massonnerie; » et il ajoutait qu'il « n'y a gens nulle part, que je sache, qui mieulx réduisent unebesoigne en grand volume que eulx deux. »
Dans l'écrit du 3 décembre 1511, Michel Colombe ne parle que d'avoir fait, « en petit, la sépulture de feu le duc Philibert de Savoie, » selon le dessin de Jean Perréal et ce avec « une pièce d'albâtre » qui lui a été. remise par Jean Lemaire ; pièce d'albâtre « dont la carrière a été découverte par lui à SaintLothain-les-Poligny. »
Jean Lemaire ajoute que Michel Colombe a taillé dans cette albâtre « une figure de sainte Marguerite dont il fait présent a la duchesse », ainsi que nous l'avons déjà dit.
Ne serait-ce pas la mort de notre giand « tailleur d'imaicres » qui aurait été la cause de la non-suite donnée aux projets de cette princesse.
Il semblerait, en effet, résulter d'une lrttre du 14 mai 1512, datée de Blois et écrite par Jean Lemaire à Marguerite d'Autriche que Michel Colombe était mort à cette époque (3), puisqu'il annonce qu'il a dépensé tout l'argent qui lui a été envoyé
(1) Voir d'intéressants détails sur la construction du monastère et do l'église de Brou, dans un Essai biographique sur Jehan Perréal, peintre et architecte lyonuais, par M. Dufay. (Revue du Lyonnais, 1863, page 446).
(2) La signature de Jean Lemaire, au bas de cette lettre originale, est en un seul mot contrairement à l'hortographe adopté par plusieurs biographes.
(3) Déjà François Coulomb « nepveu du bon maistre » était « aie a Dieu. »
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« pour recouvrer des patrons faits de la main du bonhomme maistre Michel Coulomb. »
Michel Colombe avait aussi sculpté les « dix vertus » comme il l'avait promis, d'après les dessins de Jean Perréal (1), et il est probable que ce travail a été l'un des derniers qu'il ait exécutés de sa propre main, car il était « fort ancien et pesant », comme l'écrit Jehan Lemaire , ou, selon Jean Perréal, « vieil » (vieux) et travaillait « à loysir » ; et cependant il est bien établi qu'il l'a terminé (2).
D'après certaines sources môme, —mais il y a là une erreur, — Michel Colombe aurait « dressé les plans des édifices projetés à Brou» (3), tandis que dans une lettre de Jean Lemaire (-4), historiographe et indiciaire de Bourgogne à Marguerite d'Autriche (5), il dit seulement que Michel Colombe a fait « l'ouvrage des patrons. »
En résumé, Michel Colombe a travaillé pour l'église de Brou; mais les monuments qui existent actuellement né sont vraisemblablement pas la reproduction exacte, des projets qu'il avait faits « de sa propre main. »
C'est donc avec raison que déjà, en 1855 (6), M. de Galembert contestait à Michel Colombe « l'exécution du tombeau de Philibert de Savoie, qu'on admire dans l'église de Brou, en Bresse » (7).
Il faut aussi remarquer 'que Michel Colombe n'est nommé nulle part dans un ouvrage très savant sur l'église de Brou (8), et que Chalmel (9) ne parle pas non plus du mausolée de Philibert de Savoie parmi les oeuvres qu'il attribue au grand sculpteur tourangeau.
Guichenon, dans son Histoire de Bresse s'abstient de parler des artistes (architectes, sculpteurs, etc. ) qui ont travaillé au
onastôre et à l'église de Brou.
Mais il paraît bien établi aujourd'hui que Jehan Perréal est 1 auteur des plans d'ensemble et même des dessins des mau(1)
mau(1) ci-après : Appendice. Lettre de Jehan de Paria à Marguerite d'Autriche, en date ,à B.'ois, du 20 juillet 1512.
(2) Lettre de Jean Perréal, dit do Paris, à Marguerile d'Autriche, en date, à Blois, du 17 octobre 1512.
(3) Analectes historiques, page 9.
(4) Jean Lemaire. né vers 1473. à Bavai, selon plusieurs biographes, fut indiciaire et historiographe de Marguerite d'Autriche auprès de laquelle il avait été placé par son parent Jean Moliuet. (Voir sur Jean Lemaire un article assez long dans Paquet. Edition iu-12, III. 1, et un autre dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,XUl, page 593.)
(5) Celte lettre est datée de Tours le 22 novembre 1511.
(6) Société archéologique de Touraine. séance du 23 février 1855.
(7) Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. VII, Tours, 1855.
(8) Histoire et description de l'église royale de Brou, par le P. Housselet, 3" édition in-8°, Bourg, 1826.
(9) Histoire de Touraine, IV, 115.
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solèes ; car Van-Boghemle « maistre masson » (1) flamand n'est venu à Brou qu'en novembre 1512 (2).
C'est donc tout à la fois à tort et à raison que M. Le Glay (3) a dit que « Jean de Paris ou Jean Perréal, peintre et valet de chambre du roi Louis XII, est l'auteur des dessins d'après lesquels Michel Colombe a exécuté le mausolée de Philibert de Savoie, pour l'église de Brou. » Ce double projet a été réalisé, mais ce n'est pas celui du sculpteur tourangeau qui a été suivi et qui existe aujourd'hui dans cette belle église de Brou que nous nous rappelons avoir visitée avec un extrême plaisir et un extrême intérêt.
Il suffit de rappeler, d'ailleurs, que d'après Jean Perréal et Michel Colombe, les statues des mausolées devaient être en « plate-forme pour le gisant, c'est-à-dire les personnages couchés, et en élévation pour le vif, c'est-à-dire à genoux » tandis qu'elles sont sur chaque tombeau « pour le vif et le gisant» (4).
D'un autre côté, tous les documents authentiques conduisent à admettre que l'on a peu ou même rien changé ni aux vertus (génies) ni aux aultres ymaiges à la correspondance, c'est-àdire aux attributs et ornements mentionnés dans le traité conclu, le 3 décembre 1511, avec le tourangeau Michel Colombe et que, selon toute probabilité, les maquettes du tailleur d'images de Tours ont été en grande partie reproduites dans l'église de Brou.
INous devions donc, dès lors, placer parmi les oeuvres attribuées à tort à Michel Colombe, au moins l'un des mausolées de l'église de Brou, et c'est aussi, avec raison, que nous croyons pouvoir affirmer qu'il ne l'a pas exécuté lui-même et qu'il l'a été par Conrad Meyt, très vraisemblablement, sur les patrons — on dit aujourd'hui les maquettes,— de notre célèbre compatriote (5).
(1) On a beaucoup discuté pour savoir si cette qualité de « maistre masson » équivalait à celle d'architecte. Il est à peu près admis que souvent ces deux professions étaient distinctes, mais l'on connaît de fréquents exemples où elles se trouvèrentréunies. En ce qui est de Louis Van-Boghem il est parfois qualifié de « commis... à la conduite de l'édifice de Brouz. »
(2) Dissertation sur de nouveaux documents trouvés dans les archives du Nord, concernant l'église de Brou, par M. Dufay. Brochure in-8°, Bourg, 1847.
(3) Nouveaux analectes ou documents inédits pour servir à l'histoire des faits, des moeurs et de la littérature, recueillis et annotés par M. Le Glay, correspondant de l'Institut, membre de la Société des Sciences de Lille. Paris, Techener, 1852.
(4) Essai biographique sur Jean Perréal, par M. Dufay.
(5) 11 est très probable que le « maistre masson » Van-Boghem a été chargé d'exécuter à Brou des travaux que le maistre masson François Bastyen, nepveu de Michel Colombe » n'a pu exécuter, par suite de sa moert.
A suivre.) ANTONY ROTJLLIET.
L'ÉCONOMIE DE LA BASSE-COUR
L'industrie de la basse-cour est-elle stationnaire ou en progrès ? La question est grosse et quelque peu difficile.
La production, l'élevage, l'engraissement, le commerce de l'oie, du dindon, du canard, sont peut-être stationnaires : à supposer qu'ils n'avancent pas, à coup sûr au moins ils conservent l'importance acquise. Plus localisées que généralement répandues ou disséminées, ces espèces, — les deux premières principalement, — ne sont cultivées ni par tous ni partout. Leur éducation est plus cantonnée qu'universalisée. La statistique seule pourrait nous bien renseigner à cet égard quant au nombre tout au moins ; mais la statistique — dont le métier serait d'être curieuse jusqu'à l'indiscrétion, — n'a pas encore poussé d'une manière satisfaisante ses investigations aussi loin. C'est négliger chose considérable et de véritable conséquence.
Ceux qui se disent le mieux renseignés, ceux qui se croient le plus près de la vérité chilFrée élèvent à un milliard de francs la production annuelle de nos basses-cours et déclarent que ce beau denier pourrait être doublé. L'assertion ne se produit pas précisément avec preuves à l'appui, mais en la contestant serait-il aisé de dire à quelle distance elle se tiendrait de la réalité entrevue ou possible ?
En ce qui touche la situation plus ou moins prospère de l'élevage de l'oie et du dindon, tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il ne suscite aucune plainte. De l'un et de l'autre on parle peu, même à l'occasion des concours publics où ils reçoivent avec toute la modestie voulue les distinctions qui leur sont attribuées.
L'espèce du canard semble avoir quelque peu gagné comme étant plus à la portée des petits éleveurs. La pintade a certainement progressé et prend rang. Ne parlons pas encore du faisan dont l'élevage s'étend peu à peu, dont les éducations plus nombreuses se rapprochent insensiblement de la domestication ; passons par-dessus le pigeon qui fait bande à part ; laissons de même lapins et léporides en dehors de cette étude et arrivons d'emblée à la poule, l'espèce maltiesse ici.
De beaucoup, le plus répandu et le plus cultivé de nos volatiles, la poule suit depuis si longtemps l'homme eu tous les lieux où. il s'établit, qu'on pourrait avancer qu'il la possède
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moins qu'elle-même est en possession de la fermière ou de la ménagère dont elle réclame les attentions à seule fin de les enrichir de son produit quotidien. Il serait plus facile, il serait plus tôt fait de dire où n'est pas la poule que de compter avec exactitude ici tous les petits groupes, là les troupeaux ; lus nombreux de l'espèce. Alors que les autres' n'existent, pour ainsi parler, qu'à l'état de colonies disséminées, la poule, elle, forme une population pressée dont la densité tend toujours à s'accroître.
A quel chiffre est arrivée cette population chez nous ? On ne le sait pas. Par à peu près plus que de science certaine, avec plus d'hésitation que de hardiesse, on a écrit: 40— 42 — 45 — 50 millions de têtes. Partant de ces données plus ou moins approximatives, on s'est livré à des calculs plus ou moins sérieux, quelquefois fa taisistes, à propos du produit annuel de l'espèce en oeufs, en viande, en plumes, en guanO. Si pourtant on n'a pas le chiffre vrai, on sait qu'il est considérable II est si considérable, en effet, que les statisticiens en chambre les plus hardis n'ont pas encore osé l'inscrire eh totalité. C'est que, tous renseignements pris, toutes informations supputées, les prévisions sont dépassées dans une si forte proportion que, surpris, on s'arrête. Aux champs, c'est-à-dire dans les fermes isolées, dans les hameaux, dans lés villages, le nombre des poules est deux, trois, quatre fois supérieur au chiffre ds la population humaine : moindre dans les villes, il y est néanmoins encore plus élevé qu'on hè le supposerait avantde l'avoir cherché.
Aux publications de la douane, aux relevés des octrois oh a emprunté des indications qu'on ne s'est pas fait faute d'étendre et d'interpréter, espérant arriver par là, du connu à l'inconnu, de quelques cas particuliers au fait général, des détails à l'ensemble. On sent à quel point ce procédé est tout à la fois défectueux et insuffisant. D'ailleurs ici la reproduction est rapide, l'élevage est court, l'engraissement ne prend que quelques jours, la ponte est presque journalière et continuera consommation emporte, sans s'arrêter jamais, les oeufs et, à tous les âges, sans les laisser vieillir beaucoup à présent, les poulets, les poules, lescoqs,dont l'existence aétésihgulièrementraccourcie depuis une vingtaine d'années comparativement au passé.
Là, est le grand progrès réalisé dans la culture de l'espèce galline, culture plus soignée aussi et plus intensive. Indépendamment du nombre, voilà déjà des causes assurées d'amélioration et d'accroissement des produits.
L'amélioration de la population entière n'est pas contestable. On ne voit plus si nombreux aujourd'hui ces produits manques qu'avait si libéralement semés partout le croisement intempestif de notre petite poule de ferme par le cochinchinois. Ren-
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due à elle-même, mieux nourrie, plus proprement ténue que dans les temps antérieurs, touchée aussi, — ce n'est plus si rare à présent,—par des reproducteurs empruntés à des races d'élite, cette excellente pondeuse se montre plus régulièrement féconde et donne de plus beaux oeufs.
Voilà pour le gros de la population, très inférieur autrefois et maintenant très convenablement élevé sur l'échelle de l'espèce dont elle avait si longuemennt occupé les derniers degrés.
Au-dessus de cette partie de la population se placent nos races, si justement renommées, de Crèvecoeur, de la Flèche, de Houdan, de Gascogne, nous ne les nommons pas toutes : à supposer que quelques autres les égalent, aucune ne les surpasse. Sous l'influence d'une culture intelligente, elles se sont épurées et perfectionnées en même temps que s'amélioraitnotre poule ordinaire. En leur propre centre, là où chacune d'elles peut être considérée comme étant chez elle ou àsa vraie place, il n'y a point à chercher mieux. Ensemble, à l'exception de la fléchoise, qui n'occupe pas un grand rayon, elles constituent des groupes considérables et comptent sans doute, y compris les tenants et aboutissants, —soit les sous-races ou les variétés formées par elles, autour d'elles, — pour plusieurs millions de têtes dans le chiffre total des existences de l'espèce. Grandes tout à la fois par leurs qualités propres et par le nombre, elles sont une richesse vraiment appréciable.
A côté de ce groupe important se sont établies en maints lieux, depuis quinze à vingt ans, de petites éducations de races d'élite, bien choisies, dont plusieurs, comme on sait, sont consituées en haras d'où sortent de. précieux reproducteurs à la souche conslammentépurée. Le modèle du genre, quoique bien connu en France, est peut-être plus connu encore à l'étranger. L'établissement avicole de Crosnes jouit aujourd'hui d'une renommée bien méritée. — En leur ensemble aussi, ces races d'élite tiennent une certaine place. Des points épars et circonscrits où elles ont été introduites et où elles ont réussi les voilà qui sortent et se répandent au profit de l'amélioration de groupes moins avancés et moins productifs.
Dans le passé, c la remonte déjà loin dans le temps, la ménagère visait spécialement la production des oeufs ; celle de la viande ne venait en quelque sorte que d'une façon accessoire. L'élevage des poulets n'avait pas l'envergure qu'ii a de nos jours, l'engraissement n'était, il s'en faut, ni pratique aussi générale ni industrie aussi bien menée. Mais la basse-cour n'est restée étrangère à aucun des progrès réalisés dans les autres branches de l'économie du bétail.
Quand le cultivateur laissait systématiquement vieillir sous le joug ou ses boeuf» ou ses vaches, quand le propriétaire de
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troupeaux n'écartait de la bergerie que les bêtes hors d'âge et usées, la ménagère, — procédant de même, — conservait le plus longtemps possible coqs et poulets et ne portait au marché que des caducs ou des jeunes inachevés. C'était bien le temps de la poule au pot, de la vieille poule résistant au feu, dure à la dent, à la viande sèche, coriace, peu alibile, et les poulets filandreux ne valaient guère. Toujours altier et despote, le vieux coq avait cessé d'être prolifique, et la sultane favorite ne pondait plus ; l'un et l'autre trônaient encore. Bien faibles étaient les rendements de la basse-cour, et si alors le bétail n'était qu'un mal nécessaire, — la volaille, — c'est-àdire la poule, était pourchassée par les hommes de la culture comme gent vorace, importune et famélique, venant disputer aux chevaux l'avoine jusque dans la mangeoire, salissant les fourrages jusque dans les greniers, détruisant en partie la valeur des fumiers... C'étaient reproches sur reproches, sans compensation. Trouvant à la fin plus onéreuse que productive la poulerie, on l'avait condamnée. Heureusement, la sentence n'était pas sans appel. Se mettant en travers, la gouvernante de ce petit domaine réussit à le sauver. Elle fit si habilement par suite qu'un jour vint où successivement améliorée parle régime et par des conditions d'existence plus favorables à une fécondité active, la poule offrit au fermier des ressources imprévues. A son tour, elle en sauva plus d'un ; elle en sortit d'embarras qui n'avaient point compté sur elle, et lorsque le profit ne venait plus de rien, ni de la vente des grains, ni du grand élevage, celui delà cocote bénie, —satisfaction donnée à tous les besoins de la consommation intérieure, — rapportait annuellement, de l'étranger au pays de 40 à 46 millions de francs. En regard du millésime 1879, on a écrit le chiffre fantastique de 160 millions : impossible de s'y arrêter ; nous passons.
Les relevés de la douane montrent l'échelle descendante de nos exportations d'oeufs de 1875 à 1881 inclusivement ; nous les donnons ci-dessous exprimés en millions de francs au commerce spécial.
La France a exporté des oeufs pour millions.
46.3 en 1875 32.6 en 1879
48.8 — 1876 30.0 — 1880
38.0 — 1877 29.S — 1881 35.G — 1878
De l'année la plus éloignée à la plus rapprochée, la différence est de 17 millions; et le fait s'aggrave à la coutre-partie. D'insignifiante qu'elle a été jusque dans ces dernière années, l'importation insensiblement s'élève. En 1881 déjà, elle dépassait le total assez rond de 9,800,000 francs. En le défalquant
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du chiffre de l'exportation de cette même année, nous n'avons plus que 19in 7 à notre avoir.
La situation s'est-elle améliorée depuis lors ? Voici la réponse de la douane pour les huit premiers mois de 1882 et 1883.
1882 1883
Importation. . . . 7,677,460 fr. 8,092,681 fr.
Exportation. . . . 10,37»,502 23,181,808
A l'entrée, la progression est continue ; à la sortie, nous restons loin du chiffre de I87.ï, qui, à l'époque correspondante de l'année (huit premiers mois), dépassait 36 millions.
Tout à côté du commerce des oeufs se place celui des animaux, vivants ou morts: mal heureusement, ici la douane mêle à la volaille le gibier et, — singulier amalgame, — la tortue ! Elle procède de même pour les oeufs. Elle n'a qu'un article, en effet, pour ceux de tous les oiseaux, domestiques ou sauvages. Mais Ce qui n'a aucune importance ici à raison du chiffre insignifiant et négligeable des oeufs de gibier, devient chose de conséquence, au contraire, lorsqu'il s'agit des animaux. De ces derniers effectivement, le nombre est inverse à l'entrée et à la sottie. Nous importons de grandes quantités de gibier et nous en exportons peu ; le fait se retourne en ce qui concerne la volaille.
Nous avons déjà eu l'occasion de faire remarquer à quel point est défectueux le cadre d'ailleurs insuffisant des tableaux de la douane. Mais lorsqu'un sièse est fait, il paraît qu'on ne le refait pas. Cette manière de l'abbé Veitota passé en axiome ; elle a le mérite de laisser dans une obscurité profonde des choses qu'il y aurait intérêt à mettre en pleine lumière.
Voici donc les chiffres tels que les présentent les documents officiels. Nous les empruntons au journal le Poussin, qui les a publiés sous la signature de M. Maurice Guyot.
Importations
1880 1881 1882
kilog. kilog, kilog.
Animaux vivants 2,517,939 3,129,842 3,319,871
— morts ..... 3,450,389 3,325,559 3,831,800
Totaux. . . . 5,968,328 6,455,401 7,151,671
Exportations
1880 1881 1882
kilog. kilog. kilog.
Animaux vivants 1,960,552 3,370,207 3,513,403
— morts ..... 3,616,333 2,640,978 3,058.831
Totaux. . . . 5,576,305 6,011,185 6,572,234
— 167 —
L'interprétation de ces chiffres serait facile s'il était possible de distinguer le gibier de la volaille. Dans la confusion que l'on en fait, cela devient arithmétiquement impossible ; mais nous pouvons essayer d'un autre moyen.
A l'importation, l'accroissement est notable. Pour la très grosse part, nous n'hésitons pas à en faire les honneurs au gibier. Le nombre des chasseurs qui ne vendent pas celui qu'ils tuent est trop considérrble en France, pour que le gibier de France puisse largement approvisionner nos marchés. Sur ceux-ci donc, vient de plus en plus abondamment le gibier étranger. De là, crovons-nous, l'augmentation progressive des chiffres à l'entrée : 487,073 kilos de 1880 à 1881, 696,270 kiios de 1881 à 1882, soit une différence de 1,183,343 kilos eDtre les années extrêmes au profit de la dernière, si le mot profit est bien applicable au fait. A moins que nous nous trompions, il faudrait donner à ce fait regrettable cette signification assument plausible : diminution continue dans notre pays de la production sacrifiée du gibier dont, malgré tout, la consomation augmente^ d'où la nécessité d'en importer chaque année davantage. Dès à présent, cela devient un tribut assez lourd.
A l'appui de notre interprétation, la Gazette du Village (numéro du 16 septembre) nous apporte des chiffres importants, nous en formons le tableau suivant. Pour ne concerner que la consomation de Paris, il n'en sont pas moins intéressants.
Paris a donc reçu les quantités de gibier relevées ci-après, savoir :
En 1881 Kn 1882
d'Allemagne. . . 698,000 kil. 875,000 kil. de Hollaede. . . 40,000 — 81,000 —
d'Angleterre. . . 26,00 J — 35.000 —
d'Espagne. . . . 22,000 — 33,000 —
Totaux. . . 773,000 kil. 1,024,000 kil.
Ces chiffres établissent que sont entrés à Paris et y ont été consommés: en 1881, 12,13 p. 100 des quantités de gibier importées en France et 14,32 p. 100 en 1882. Nous devons toutefois faire remarquer que nous recevons aussi du gibier d'Autriche, d'Italie, de Suisse, de Belgique, d'autres contées encore dont aucune ne figure au tableau ci-dessus. La part que Paris se fait ici n'est donc pas complètement représentée. Il a certainement consommé davantage, sans compter le gibier de France, dont ne dit rien non plus le relevé statistique qui précède. Tout cela témoigne des difficultés que l'on éprouve à recuillir des renseignements quelque peu exacts.
Nous ne supposons pas que la France expédie des quantités appréciables de gibier à l'étranger. Il n'en est pas de même de la volaille. En aucun pays, on ne la fait ni plus présentable
— 108 —
ni plus fine. Nous en envoyons un peu partout, jusqu'en Cochinchine. Si l'administration des douanes s'y prêtait en donnant des indications distinctes, nous aurions bientôt la mesure de nos envois de plus en plus considérables de volailles au dehors.
L'abondance du gibier dans les contrées qui nous en vendent ne prouve pas que la France soit moins favorable qu'elles à sa production, elle témoigne seulement de ce fait que là où elle est protégée, la reproduction est active et normale, que là au contraire où les espèces libres sont abandonnées sans ménagements à une aveugle poursuite, elles doivent fatalement disparaître. Ce n'est qu'une question de temps. De toutes parts, on demande aux pouvoirs publics de donner au pays une loi qui arrête la diminution progressive du gibier dont on entrevoit la destruction complète avant peu, si les choses restent en l'état.
« Le chiffre le plus élevé, dit la Gazette des campagnes, parmi les animaux vendus aux halles de Paris, est celui des poulets. Il en a été vendu, l'an dernier, 6,593,406, au prix moyen de 5 fr. 30 » ; mais tous les poulets expédiés à Paris ne passent pas par les halles. A ne s'arrêter pourtant qu'au chiffre relevé ici, on peut se faire quelque idée de l'importance de cette production. Ceux qui ont porté à 100 millions par an le nombre des naissances dans cette espèce n'ont pas exagéré. Ils sont sûtement restés au-dessous de la vérité.
Mais laissons le nombre, puisque nous ne pouvons l'établir sur une base certaine et relevons le prix moyen aux halles. Celui-ci signifie tout à la fois : — poids et quantité, c'est-à-dire progrès dans la production, dans l'élevage, dans l'engraissement. En cela et dans maintes localités, l'industrie de la bassecour est arrivée à la perfection. Le prix moyen, relativement élevé, ne résulte pas de la finesse seule de la viande de l'oiseau, il résulte aussi de l'abondance des chairs. La remarque est si fondée qu'on entend de tous les côtés donner cette appréciation ménagère : « Un beau poulet ! c'est moins cher que la viande de boucherie. »
Dans la quantité a suivi la qualité. Celle-ci et celle-là sont le fait de la race autant que d'une culture intensive. Les races à viande sont douées d'une grande précocité. Sous l'influence d'un régime approprié, leurs poussins poussent à vue d'oeil, comme champignons sur couche. A quatre mois, par exemple, le poulet de Houdan est produit achevé, morceau de choix; sur le marché où il arrive de semaine en semaine par milliers, il dépasse de beaucoup le prix moyen des halles à Paris. Si, en l'espèce, il n'est pas le primus inter pares, c'est que plusieurs,— comme lui, — méritent d'occuper le premier rang. Mais voyez donc quelle masse de nourriture livrent au jour le jour 80 millions de poulets bien venus et pour le moins
— 169 —
de. 10 à 15 millions de coqs et de poules qui cèdent chaque année la place à un nombre égal déjeunes choisis entre tous en vue du renouvellement nécessaire de la poulerie par quart ou par cinquième.
Ceci même a été un grand progrès dans l'économie de la basse-cour. Nous le disions un peu plus haut : vieux dès la fin de la cinquième année, les reproducteurs de l'espèce gallinc doivent être réformés et remplacés sous peine d'une diminution notable des produits de la ponte chez la femelle et d'un affaiblissement, non des forces physiques ou de la volonté, mais de la puissance prolifique chez le mâle. Le fait concorde, an surplus, avec les conditions favorables au développement rapide des poussins et à leur précoce maturité.
La précocité ne vient pas plus de vieillesse que de parcimonie : fille de géniteurs jeunes et ardents, elle s'affirme par l'abondance du régime donnant à la faculté d'assimilation, portée à son apogée, toutes les facilités de sortir son plein effet. A présent qu'on le sait, cela paraît d'une grande simplicité : avant qu'on le sût, cela n'allait pas tout seul. En général alors, on ne mangeait que d'assez mauvaises volailles, les unes répondant au veau de huit à quinze jours, les autres à la vieille vache usée ; au milieu était la viande de luxe ; seuls les privilégiés la connaissaient. Les choses ont bien changé. Les volailles de qualité médiocre se font de plus en plus rares ; les pièces fines et bien'préparées ne sont plus l'exception mais le nombre. L'élevage primitif plus abandonné que soigneux, plus indifférent que capable, comprenant à la fin ses intérêts, s'est instruit et dirige industriellement ses opérations. L'alimentation publique profite amplement aujourd'hui de l'art avec lequel sont maintenaut produits, élevés, engraissés nos divers oiseaux domestiques à commencer par la poule si peu judicieusement menée dans le passé.
Dans le passé aussi pour avoir nondes pouletsfins etsucculents, mais des adultes à la chair tendre et délicate, on soumettait les jeunes à la castration ; on faisait des chapons. L'opération ne pouvait être tentée avant l'âge de quatre mois révolus. Elle exigeait une certaine dextérité, car elle n'était pas exempte de suites fâcheuses. Peu de ménagères devenaient habiles à la pratiquer. On paraît y avoir généralement renoncé. La cause de cet abandon, et bientôt sans doute l'oubli complet du chapon nage, devra être attribuée à la précocité. Il n'y a plus de précautions à prendre contre l'ardeur génésique naissante ou prématurée de coquelets que, du jour de l'éclosion, on traite et gouverne de façon à pouvoir les livrer à la consommation dès l'âge de quatre à cinq mois. La viande du coq vierge ne laisse rien à désirer au gourmet.
L'introduction de ce qu'en langage hippique on nomme le
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sang dans les races chevalines communes ou no blond, a fait renoncer à l'opération de la queue à l'anilaise absolument oubliée aujourd'hui. En rendant inutile le chaponnage, la précocité supprime une autre cause de pertes et diminue les mécomptes de l'élevage.
Voilà plus spécialement pour le côté viande, production dont nous voudrions voir mesurer avec quelque certitude la grande et très réelle importance.
Et la même évaluation devrait être faite avec le même soin pour les oeufs, dont la quantité produite est peut-être encore inoins connue. Sur ce point, en effet, on n'est d'accord ni sur létendue de la fécondité de la pondeuse ni sur le poids moyen des oeufs qu'elle donne pendant une période d'activité déterminée. On a écrit des chiffres très divers. On les a sûrement écrit en conscience, mais aucune des données relevées ici ou là ne semble pouvoir être utilement généralisée, appliquée avec quelque certitude à l'ensemble des pondeuses dont aussi bien on ignore le nombre.
Quoi qu'il en soit, non seulement la population des pondeuses était considérable, mais très active aussi était leur fécondité lorsque l'exportation emportait à l'étranger pour 40 ou 46 millionsde francs de leur produit quotidien, près du quart peut-être de la production totale, qu'on a dit être de 148 millions, chiffre supérieur à l'évaluation donnée au produit en viande sans qu'on puisse trouver exagérés ni le prix du poulet porté, comme moyenne, à 1 fr. 50 la pièce, ni celui de l'oeuf coté 6 centimes l'un.
Mais voilà qu'on exporte moins et qu'on importe de plus en plus. Ce résultat trouble les idées et renverse les appréciations. On exportait beaucoup alors que l'importation ne comptait pas. Qu'est-ce à dire? Serait-ce que la population de la bassecour, fléchissant peu à peu devant ce double fait, s'est notablement affaiblie et doive diminuer encore? La statistique seule, consciencieusement faite, pourrait établir la situation vraie, dire quel est, bon an mal an, le nombre des pondeuses entretenues età quel chiffre moyen peut être fixée la ponte annuelle de chacune. A l'époque où la poulcrie autant que l'étable était considérée comme un mal nécessaire, cette recherche n'avait pas l'importance qu'on est forcé de lui attribuer dans le présent. 11 y a donc lieu de s'y livrer et d'en faire sortir non plus une appréciation à la légère , mais la réalité même. Une production annuelle qu'au bas mot on a pu évaluer à un milliard mérite attention. 11 importe qu'on étudie les moyens de la maintenir entière sinon de la faire progresser encore.
Personnellement, après enquête forcément limitée à un trop court rayon, nous ne croyons pas à la diminutiou des produits de la poulerie. La population des pondeuses paraît stationnaire
— 171 —
depuis quelques années : mais la production des oeufs n'a point diminué. Elle n'a jamais été plus intensive, grâce à un régime meilleur et aux attentions avec lesquelles se font tout à la fois la réforme et le choix éclairé des poulettes de remplacement.
Toutefois l'emploi des oeufs n'est plus en totalité ce qu'il a été dans le passé. Certaines industries, la ganterie entre autres, en consomment énormément plus qu'autrefois. La pâtisserie en utilise de jour en jour davantage et, là aussi, c'est en gros, par très grandes quantités qu'on les prend. D'autre part, tout à côté plutôt, la cuisinière, ne les ménage pas. En rien la consommation générale n'a fléchi; loin de là, sur toutes les denrées alimentaires on ne constate que de fortes augmentations. Touchant l'oeuf, en voici une dont il faut particulièrement tenir compte.
La diminution de l'exportation des oeufs a coïncidé avec un notable accroissement des éclosions de poussins. On a exporté moins d'oeufs; on a fait naître, on a élevé, engraissé et consommé un nombre beaucoup plus grand de poulets. L'incubation artificielle, les divers engins qui lui sont propres aidant, a permis de faire, suivant une locution partie de Gambais, des poulets à la vapeur. Les oeufs qui n'ont pas été vendus à l'étranger ou qui n'ont pas été consommés en nature, ont été convertis et consommés en viande.
Voilà comment la diminution de l'exportation des oeufs a pu jusqu'ici ne porter atteinte ni à la population du poulailler ni à la production des oeufs ; et il demeure évident que la culture élargie, industriellement menée, de nos oiseaux domestiques, donne à présent moins d'argent par la vente des oeufs que par la vente des produits animaux dont ils ont fourni le germe, dont ils ont été la toute première matière première.
Il en a été autrement dans le passé, niais le fait peu à peu s'est retourné sans rien retirer d'ailleurs à l'importance de la production des oeufs, dont les emplois industriels et la conommation en nature seront toujours considérables.
(Extrait du Journal d'agriculture pratique.)
Eug. GAYOT.
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KIGXI» E 3
O Ciel clair 0 jours • Pluie lit jours g_E j 3 — 1/i couvert 4 * Nuigo 1
9 — 1/2 couvert 11 •:• Roséo 7 Su
9 — 'J/4 couvert 10 -^ Gelée blanche 11 g_0 3
O — couvert 5 A Gelée à glace 2 .
O Brouillard 0 Z Orage 1 ° *
B Grêle 1 N-0 3
Nota. — Dans les colonnes 1, 2, 3 on exprime les températures au-dessous do zéro par le signe—. L'absence
de ce lignu indique une température supérieure à zéro. ci.
La force du vent est marquée par les chiffres suivants : U nul, 1 faible, 2 modéré, 3 assez fort, i fort, 5 très fort, 6 violent
7 tempête.
— 173 — EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX
Séance du 10 mai 1884
PRÉSIDENCE DE -M. HOUSSARD, PRÉSIDENT
La séance est ouverte à une heure et demie.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
Correspondance. — Lettre de M. Faye, remerciant la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres.
Lettre de part, annonçant la mort de M. Quintino Sella, président de l'Académie de Lincei.
Lettre de M. Palustre, directeur de la Société française d'archéologie pour la conservation des monuments et président de la Société arehéolo tique de Touraine, demandant la coopération de la Société pour une souscription en vue de la conservation des raines de Sanxay, près Poitiers. La Société regrette de ne pouvoir s'associer à cette oeuvre utile; mais l'état de ses finances ne lui permet point de prendre à cet égard aucun engagement.
Lettre de la Légation Argentine : envoi de deux exemplaires d'un tableau de statistique sur le mouvement de la population européenne dans la République Argentine.
Lettre du docteur Fel et envoi d'un échantillon phylloxéricide.
La parole est ensuite donnée à M. le docteur Mandon ; il expose la théorie de l'emploi de l'eau phénolée comme antiph\lloxérique, et les diverses phases qu'oiit subies ses expérimentations.
Il défend son procédé avec chaleur et repousse différentes accusations ou dénis de justice dont il croit avoir a se plaindre.
11 ne nous appartient point de nous prononcer sur son système, ni même de l'énoncer dans un procès-verbal, — la publication du docteur Mandon étant dans toutes les mains, — c'est l'expérience et les résultats qui peuvent seuls permettre de prononcer un jugement en semblable matière.
M. A. Vallée a soulevé plusieurs questions pratiques et du plus haut intérêt ; M. le docteur Mandon y a répondu en terminant sa conférence.
Au cours de la discussion, M. le docteur Mandon ayant attaqué un peu vivement ses adversaires, et entre autres ML J.-B. 1884 12
— 174 —
Dumas, M. Salvador a pris, avec une grande modération, mais avec une netteté et une précision parfaites, la défense de l'illustre savant.
Quoi qu'il en soit au point de vue pratique, comme relativement à certaines divergences d'opinions plus ou moins librement exprimées, la Société se plaît à rendre hommage aux efforts et aux travaux de M. le docteur Mandon; elle le remercie d'avoir bien voulu se faire entendre dans une de ses réunions et elle souhaite que les résultats utiles, conséquences de sa conférence, soient nombreux dans le département.
M. le Président adresse, au nom de tous, à M. le docteur Mandon de chauds remerciements.
On vote ensuite sur la candidature de M. le comte de Villeneuve-Guibert; il est proclamé à l'unanimité membre de la Société.
Rien n'étant plus à l'ordre du jour, la séance est levée à trois heures et demie.
Le Secrétaire perpétuel,
A.-H. JUTEAU.
COMPTES RENDUS DES TRAVAUX DES SECTIONS
SECTION DES SCIENCES AETS ET BELLES-tBTTBES
Séance du 5 mar& ^884
PRÉSIDENCE DE M. DE TASTE&, PSÉSIBENT
La séance est ouverte à deux heures.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observations.
M. de Tastes communique un travail qui lui a été adressé par l'instituteur de Chansay, résultat de recherches faites dans les archives de la mairie de cette commune.
Ces notes fournissent des renseignements intéressants sur les récoltes, bonnes et mauvaises, du cours du xvui° siècle ; elles mentionnent le prix des différentes espèces de céréales, du blé, du seigle, de la paille, du foin, ainsi que la nature des récoltes de vin et leurs prix divers.
Des observations météorologiques sont également extraites des mêmes sources ; les hivers rigouxeux, ainsi que les étés
— 173 —
chauds, sont signalés, accompagnés d'une foule de détails. Celte communication, qui mérite des remerciements à son auteur, amène la Section à une conversation générale sur la fabrication défectueuse du pain.
A ce sujet, M. Boyer annonce qu'une conférence sur les nouveaux systèmes de mouture sera faite prochainement à Tours. M. le Vice-Président voudra bien y assister et en rendre compte à la Section.
M. Boyer obtient ensuite la parole pour la lecture d'un travail sur laquestion du jour : le génie civil, et ayant pour titre : De l'influence du vent sur les constructions élevées.
Après avoir donne les chiffres à l'aide desquels on évalue la force de l'effort du vent contre ces constructions, telles que phares, ponts, etc., M. Boyer passe, en revue les divers grands ouvrages qui existent dans ce senre et donne les moyens à l'aide desquels on est arrivé à les construire. Ce mémoire étant fort intéressant, sera lu en séance générale et proposé pour l'impression dans les Annales de la Société
En terminant, M. Boyer félicite M. de Tastes de la récompense qu'il a obtenue dernièrement de la part du ministre de l'Intérieur.
La Section s'associe à l'expression de ces sentiments envers son savant Président.
La parole est ensuite donnée à M. d'Abigny pour la présentation d'une brochure proposant un remède contre l'oïdium, par M. de Chassrloup-Laubat.
Ce remède infaillible, selon la brochure, consiste à projeter un liquide d'une composition de l'auteur sur les grappes malades, une fois seulement, pour obtenir la <ruérison. Ce procédé revient à environ 60 pour cent de moins que le soufrage ordinaire et offre de sérieux avantages.
Cette communication est renvoyée à la séance générale, pour être communiquée aux viticulteurs de la Société.
Le Secrétaire fait ensuite, au nom de la Section, une proposition d'extension des travauxde la Section. Il est décidé qu'un appel sera fait à tous les membres de la Société, pour les informer de la marche et do la nature des'travaux de ta Section, et lem demander leur concours, soit comme membres, soit comme collaborateurs.
En résumé, la proposition est acceptée et sera présentée à la prochaine séance générale à MM. les membres de la Société.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à quatre heures.
Le Secrétaire,
Aug. CHAUVIGNÉ fils.
— 176 — Séance du 26 mars I8S4
PRÉSIDENCE DE JI. DE TA5TES, MÉSIDENT
La séance est ouverte à deux heures.
Depuis la dernière séance il a été décidé que la Section tiendrait à l'avenir ses séances le dernier mercredi de chaque mois. Il y aura donc deux séances en mars pour éviter une interruption dans les travaux.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. le Président donne la parole à M. Boyer, vice-président, pour la lecture de son travail port"? à l'ordre du jour et ayant pour titre : les Nouveaux procédés de mouture.
Ce mémoire, résumé d'une conférence faite par M. Grandvoinnet à la chambre de commerce de Tours, débute par des considérations générales sur le commerce des grains, leur exportation et leur importation, et remarque le rôle intermédiaire de la France au milieu de ces transactions.
La physiologie du grain de blé est ensuite abordée avec beaucoup de précision, et, par une suite de considérations heureuses, le raisonnement conduit l'auteur à exprimer clairement les désirs de la meunerie française.
Au milieu de ces explications, l'historique des moyens primitifs de mouture est suivi avec soin et terminé par la description des nouveaux appareils qui parviennent à séparer avec précision la farine du son sans échauffer la farine et l'exposer à la fermentation.
Cette communication, écoutée avec une vive attention, sera lue à la séance générale prochaine et proposée pour l'impression dans les Annales de la Société.
Après une conversation générale, la séance est levée à trois heures un quart.
Le Secrétaire, Auguste CHAUVIGNÉ fils.
LA VITICULTURE EN TOURAINE
SES ENNEMIS
Les Cépages anciens et nouveaux
Leurs avantages et leur culture
Vis vitaque vilis per scienliam ■ el curas.
L'ampélographie devant être plus que jamais l'objet des préoccupations de tous les esprits scientifiques et pratiques, il faudrait tenter par tous les moyens imaginables de créer et fortifier dans notre département une pépinière de bons viticulteurs, non seulement laborieux, ce qui est une grande qualité, mais encore éclairés, ce qui est surtout la première condition de tout progrès viticole.
Mais, de même que pour une foule de professions, il faut en viticulture initier de bonne heure les enfants aux principes qui les constituent, car il importe plus de commencer par meubler leur cerveau des connaissances indispensables à la compréhension de la physiologie des végétaux utiles, et à l'étude des phénomènes physiques et chimiques que certains agents déterminent dans le sol, que de leur apprendre tout d'abord à manier l'outil professionnel.
C'est que, en effet, le cerveau étant le régulateur de la main, le maître de l'action, il doit savoir commander avec discernement à l'organe qui le sert, et qui le servira d'autant mieux que la science rsisonnéc se sera substituée à la routine traditionnelle.
Pour être un bon viticulteur, il faudrait être quelque peu agronome.
Et tout en étant très faible en cette matière, je vais tâcher d'en démontrer l'utilité au moyen d'un peu de science unie à la pratique.
L'influence prépondérante du cépage n'est pas niable, car la vigne, comme tous les autres végétaux, a ses espèces et ses variétés, lesquelles ont des caractères particuliers qui ne permettent pas de les confondre entre elles, quels que soient d'ailleurs le sol; l'exposition et le climat.
Il est certain cependant que le terrain, l'exposition, ont une
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influence marquée sur les cépages, mais cette influence ne peut jamais aller jusqu'à faire que, dans les mêmes conditions les cépages grossiers produisent d'aussi bon vin que les cépages fins : les vignes complantées de pineau blanc de Vouvray touchent souvent celles complantées de folle blanche ; de même que celles complantées de pineau de Bourgueil, ou breton parfumé, touchent souvent celles complantées de grelot, et la différence des produits se passe de commentaires.
Les vignobles de Touraine se composent de quatre grandes zones, toutes inclinées en pente douce vers l'ouest :
1° Le bassin de la Loire, comprenant ses coteaux, ses collines et ses plaines latérales; 2° La Vienne; 3° Le Cher ; 4* L'Indre.
Je débute par la Loire et la Vienne, par rapport à leurs fins crus, les deux cépages fins intercalés dans ces contrées méritent bien qu'on leur rende cet hommage.
Je parlerai d'abord du pui^au blanc de Vouvray, le seul fin cépage blanc connu dans notredépartement.
Ce cépage en est, sans contredit, le plus délicat, en ce sens qu'il demande des terrains choisis.
Depuis un temps immémorial, aucun autre cépage n'a pu le supplanter, ni même entrer en comparaison avec lui.
Il supporte les deux tailles, à court bois et à Ion? bois, mais ses produits sont de beaucoup supérieurs par celle à court bois : c'est la taille que l'on pratique à Vouvray dans les bons crus.
La maturité des fruits devient plus complète, tout en demandant à être vendangés les dermers, ce qui est un des principaux moyens d'obtenir de fins produits.
Les terres arables silico-araileuses, ou purement siliceuses, reposant sur le calcaire, inclinées en pente douce vers le sud, sont celles qu'il préfère pour donner son nectar le plus goûté.
Le malheur est qu'il craint beaucoup l'oïdium.
Les sarments sont à noeuds rapprochés; feuille moyenne, fine, lisse, à cinq lobes, d'un vert gai en dessus, cotonneux en dessous ; fleur résistant, à la coulure; grappe moyenne, ramassée, serrée, rigide, parfois ailée, et alors pyramidale; grains d'un jaune verdâtre, marqués de petits points roux, très juteux, sucrés, à peaufine; d'une nature tardive; produisant un vin très alcoolique, très capiteux, qui a de la finesse, un bon goût et du corps, et supporte parfaitement le transport.
Ce vin, qui est pétillant et mousseux, égale parfois lechampagne par sa délicatesse,
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Sa culture, en plein et sans échalas, a lin mètre de partout. Cette méthode est ancienne.
Depuis une vingtaine d'années, tous les propriétairos intelligents plantent en lignes, soit à échalas, soit à fils de fer.
Pour mon compte, je préfère l'échalas.
Je me trouve plus à l'aisé autour de mon cep pour le déchausser, le tailler, le badigeonner, l'ébionner, le soufrer, le vendanger et piocher les rangs; car, après cela, tout terrassement doit se faire à la charrue et à la herse bineuse.
Tout vignoble, en un mot, n'étant pas trop escarpé, doit être labouré et à rayons plus ou moins larges, suivant laprofondeur et la richesse du sol.
S'il est pauvre, les rayons doivent avoir de 8 à 9 pieds de lar<ie, plantés à 4 pieds en rangs.
S'il est riche, on doit les serrer de 4 en 4 pieds.
Ensuite il reste à la sagacité du vigneron de changer plus ou moins son vignoble de bois à fruit, suivant la richesse du terrain, l'espèce du cépage et sa vivacité.
Pour qu'un vignoble soit propre, ce que demande impérieusement la vigne comme hygiène, il lui faut pratiquer de six à sept façons de labours et hersages, et bien choisir son temps, sec, autant que celui-ci le permet.
Une vigne bien aérée est à moitié sauvée.
Il est bien évident que le plus économique de tout serait de cultiver en rangs, à la charrue, sans échalas, ni fils de fer, mais ce mode ne peut se pratiquer que sur les cépages grossiers, tels que folle blanche et grelot.
Du reste, tout cépage réclamant la taille courte, pourrait être traité ainsi par économie, d'autant plus que ce genre de taille facilite la vigueur et la rigidité des sarments qui, par là, se maintiennent dans le sens vertical suffisant pour le travail de la terre.
Voilà ce que l'on appelle particulièrement vignoble de plaine.
Bien que chacun y pratique à son goût, et en sens contraire parfois, personne ne peut nier la méthode la plus économique.
Mais le cépage fin ne peut être traité ainsi, ce serait engen drer la pourriture et vouloir en obtenir de médiocres produits et en petite quantité.
Tout vignoble aime le terrassement, surtout les terres de démolitions;, lesquelles sont nitratées, ou (pour mieux dire à la portée de tout le monde), salpétrées, élément azoté et potassique très goûté de la vigne.
Les terres de routes sont aussi très bonnes.
Les tuilas, les plâtras, les escarbilles ou scories d'usines sont parfaits pour aérer les sols argileux.
Cette couleur gris-noir attire le calorique des rayons solaires
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et facilite la nitrification et la maturation des fruits, tout en assainissant la superficie arable.
J'arrive au pineau de Bourgueil, Chinon, Ligré, Rivière, Panzoult, voire même les environs de l'Ile-Bouchard, où l'on cultive principalement le fin pineau rouge breton framboise.
Ce fin cépage est, pour moi, le plant par excellence dans l'Indre-et-Loire.
Il s'acclimate dans toute espèce de terrains, du plus maigre au plus riche, bien qu'il ait, aussi lui, son sol de prédilection.
Aucune autre espèce n'annonce comme lui, au premier aspect, ses précieuses qualités : la beauté et la souplesse de son feuillage, la consistance de son bois, sa conduite de taille, qui présente les plus parfaites formations de sujets, sa pousse pleine et adhérente, qui fait la franchise des sarmentset leur permet de résister aux vents; la belle couleur de son vin, sa finesse veloutée et son parfum légèrement framboise; en un mot, tout se réunit en ce cépage supérieur et dans ses produits.
Il ne supporte que la taille à long bois ; autrement il ne donnerait presque pas de grappes, il est trop vigoureux pour supporter la taille courte.
Beaucoup de vignerons lui laissent deux branches à fruits. Dans ce cas ils le disposent en éventail, soit sur fil de fer, soit sur échalas, en ayant le soin de cintrer court auprès de la souche, afin d'y faire développer le bois de réserve pour la taille suivante.
D'autres laissent une branche a fruit, et une courte abois.
Pour mon compte, je pratique ces deux tailles, alternativement, suivant la vigueur de ma vigne.
Si elle pousse trop, je la charge de deux branches à fruit pourlamaintenir; si elle boude unpeu, je nelui laisse plus qu'une branche à fruit et une courte à bois.
Toutes ces remarques sont subordonnées à la sagacité de l'observateur vigneron.
Le sol préféré du pineau de Bourgueil, pour donner de bons produits est comme le pineau blanc : solsilico-argileux reposant sur calcaire sec, quoique néanmoins celui-ci donne d'assez fins produits dans les sols purement siliceux, secs et bien exposés, toujours la pente douce vers le, sud.
11 est aussi très susceptible à l'oïdium, mais ne pourrit jamais, et peut être vendangé très tard, sans que ses fruits périclitent.
Beaucoup de propriétaires de Bourgueil et du Verron et autres environs de Chinon, qui font de la petite culture, plantent à 6 et 8 mètres, et même plus, et font de la culture à la dérobée entre les rangs de vigne: aussi sont-ils payés de même, redoutant davantage les gelées de printemps.
Il est vrai qu'ils élèvent les ceps jusqu'à 4 pieds en lignes.
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Mais je trouve cette culture alterne défectueuse, je préférerais tout l'un ou tout l'autre.
Le troisième cépage est demi-fin, c'est le noble ou plant meunier.
On le cultive en grand, principalement de Ballan à SaintAvertin.
Ce cépage supporte les deux tailles, mais c'est néanmoins la taille longue qui lui est la plus avantageuse.
Son feuillage est très cotonneux. Son fruit est serré et rigide, très peu ailé, à grains ovoïdes. Sa maturité est la première, et quoique cela, son vin est plat, mais associé au cot, ils produisent ensemble un vin assez alcoolique, de belle couleur et suffisamment corsé.
Aussi ces deux cépages y sont-ils cultivés à peu près par moitié.
Le cot est plus susceptible à la gelée que le plant-meunier.
Le vin de noble est très recherché des champagniseurs de Saumur et de Tours.
Les quatre cépages les plus précoces sous notre latitude sont, sans contredit: Le noble, ou plant meunier, le grolot, le cot, et le pineau portugais.
Aussi, si les automnes continuent à se refroidir, serons-nous obligés de ne cultiver que ces quatre espèces de rouge comme qualité et quantité; mais espérons que nos automnes de I855à 1870 reviendront. C'est, dans tous les cas, bien à désirer.
De Ballan à Saint-Avertin, les échalas font la majeure partie de ce vignoble, cultivé en lignes serrées de 4 pieds, et 3 pieds environ en rangs.
Le plant meunier, en plantation espacée, supporterait facilement la culture en chaintre, vulgarisée à Chissay par le père Denis.
Partout où l'on cultive les cépages demi-fins et un quart fins, on y associe le gros noir comme colorant, car seul il fait un vin détestable.
Ce cépage est très exigeant comme terrain. Il lui faut un sol riche et profond, ou richement fumé, pour donnerdes produits. 11 lui faut la taille à long bois. Il est très susceptibleà l'oïdium.
Le cot à queue verte forme avec le grolot la majeure partie des vignobles de Fondettes, Saint-Antoine-du-Rocher,Châteaurenault, Monnaie.
On obtient par cette association un bon vin de table et de cabaret.
C'est, en un mot, le système le plus avantageux pour l'abondance.
Les vignobles d'Amboise et de Véretz sont particulièrement plantés de cot à queue verte.
Les échalas et les fils de fer sont employés en lignes plus ou
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moins larges. Il n'y a rien d'uniforme, de même que sur les vignobles de l'Indre, où l'on cultive aussi en grand le cot à queue verte associé au gros noir ; les uns laissent deux branches à fruit et disposent en éventail sur fil de fer; d'autres ne laissent qu'une branche, à fruit et une branche à bois sur échalas.
Comme rendement à l'hectare, c'est à peu près semblable, en ce sens que ceux qui dressent sur fil de fer espacent davantage les ranas.
Quant à la dépense de fil de fer ou d'éehalas, j'y trouve peu de différence, et coûterait-il plus cher que je préférerais l'échalas pour la manoeuvre de culture en général et distribution d'instrumnts et matériaux.
On peut tailler le cot à queue verte à court bois. Il supporte cette taille, fait un peu meilleur, mais produit beaucoup moins que taillé à long bois.
Il est ainsi cultivé sur les rives du Cher, de la Loire et de l'Indre jusqu'à Chissay, limite de l'Indre-ét-Loire.
Vigne de Chissay.
Culture en chaintre.
C'est toujours le cot à queue verte qui est en avant pour cette culture, pour l'abondance, pour la couleur et par la vigueur de son bois.
La nouvelle disposition en chaintre est supérieure à la première.
Cette nouvelle disposition consiste à distancer seulement les Cèps de 3 mètres en 3 mètres, et de ne plus laisser qu'une maîtresse branche, disposée obliquement sur le sol, et pour faciliter le rangement des rameaux, on a deux rangs de fils de fer, sur lesquels on les relève lors de la culture.
Le parcours de la charrue doit toujours tourner dans le même sens.
Puis, lorsque le vin est monté, l'on y met les fourchettessupports, afin d'isoler les fruits de la terre, et leur donner l'air, la lumière nécessaires à la maturation.
La charrue allant toujours dans le sens oblique des ceps, ne peut rien églober, et les ceps ne sont jamais tordus, puisqu'on les relève toujours dans le sens oblique là où ils sont placés.
La culture en chaintre est certes la plus abondante, mais je ne crois pas à une aussi bonne qualité de produit.
Le cépage grossier d'abondance est la folle blanche, que l'on cultive en plaine, à court bois, en lignes, sans support aucun ; elle est, je l'ai déjà dit, la culture la plusavantageuse et la plus économique de toute main-d'oeuvre : c'est ce qu'on appelle, le gros plant de Nantes.
Les terrains un peu humides ne lui font pas peur. Elle donne beaucoup dans les sols schisteux et de nature granitique.
Mais en Touraine nous n'avons pas de terrain primordial.
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Celui que l'on peut utilisera cet effet est le terrain silico-argileux imperméable, bois défrichés, terre de bruyère, ce qui ne lui empêche pas de donner dans les autres natures de terrains; mais je cite ces terres médiocres pour un jour les utiliser, surtout en prévision de l'invasion phylloxérique, ces terres imperméables, retenant par conséquent les eaux entre deux terres, seraient très pernicieuses à cet insecte, de même que le sable pur, où il ne peut vivre.
Les contrées où la folle blanche est le plus cultivée en Tourraine comme grands vignobles sont les environs de Richelieu et Faye-la-Vineuse, même sur les altitudes les plus élevées, voire sur des sols calcaires purs, elle y donne d'abondants fruits, à court bois et même à long bois; mais ce dernier mode de taille la fait péricliter et succomber en peu de temps.
C'est au moyen de ce cépage que l'on obtientles eaux-de-vie les plus moelleuses de la Saintonge.
Elle a aussi l'agrément, lorsqu'elle gèle, qu'il se développe toujours des bourgeons fructifères à la soudure des coursons, ce qui n'a pas lieu sur les fins cépages.
11 y a aussi le pineau rouge portugais, qui est un cépage grossier, mais la culture n'est pas importante en Touraine.
J'en possède quelques pieds dans mon vignoble.
Ce cépage désire la taille courte pour donner du vin demipassable. Il donne beaucoup et mûrit à la même époque que le cot et le grolot. Il donne à foison à long bois, mais le vin est médiocre et couleur pelure d'oignon.
Le pineau de Vouvray se cultive un peu partout en Tourraine ; mais partout ailleurs qu'à Vouvray on le cultive à long bois, branche à fruit, branche à bois.
De Saint-Martin-le-Beau, Véretz, Sainte-Maure, Faye-Ia-Vineuse, Ports-Marcilly, Rilly, Seuilly, Rivière et Ligré, les produits en sont moins fins, mais plus abondants.
Je ne vois que Cinq-Mars pour cultiver le grolot spécialement; seul. Là, la taille à court bois est parfaitement observée, et les coteaux n'étant pas accessibles à la charrue sont cultivés au pic par quatre façons.
Les plus anciens cépages sont tes guais, les mançais, le gros grelot du pays, les bordelais, mais ils ne sont cultivés que dans les contrées ou l'on récolte bien juste pour boire.
En fait de cépages blancs fins, il y a le fromenteau, cépage de la Champagne ; mais c'est insignifiant, un cep par ci, par là, il n'y a pas un seul vignoble entier de ce cépage.
Il y a aussi le cot à queue rou<;e, ou pied de perdrix, qui est le meilleur de tous les cots comme finesse, mais il est tellement sujet à la coulure qu'il est presque partout délaissé. C'est dommage qu'il coule si facilement, car son vin réunit la finesse, et
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corsage, la force et la couleur. Il doit aussi, lui, faire partie de la tribu des anciens cépages.
Le Balzac ne peut mûrir sous notre latitude que par les années sèches et chaudes.
Je n'ai pour mon compte que deux hectares de vignobles, le tout disposé en lignes de 7 et 9 pieds, et complantés en pineau blanc fin, pineau rouge fin breton, un peu de Balzac, cot à queue verte, un peu de pineau portugais, et de gamays d'Auvergne; mais celui-ci grainuche trop dans nos sols médiocres; il lui faut de la lave d'Auvergne, terre riche et profonde.
Je vais le supprimer pour le remplacer par un hybride foncé teinturier hors ligne.
Voilà longtemps que je travaille à le multiplier.
Je n'en ai pour le moment que vingt pieds en rapport, mais je les marcotte, et j'ose espérer pouvoir d'ici peu, après mon vignoble rempli, le répandre dans le département, attendu qu'il offre tous les avantages imaginables sur le gros noir du pays.
Je vais donner les détails sur les qualités et les avantages qu'offrira ce cépage dans nos contrées de Touraine.
Voilà six ans que je plantais, avec tous les soins dus à l'individu, treize noeuds en caisse. Aujourd'hui j'ai vingt pieds en rapport et chargés de fruits. Je vais les détériorer un peu sans nul doute, car ils sont tous marcottés, dont deux cents marcottes en vert, de juillet et août ; mais par cette multiplication, je gagne une année de végétation, ce qui est considérable.
Ce cépage est vigoureux et rustique, à sarments longs, de moyenne grosseur. Son bois rappelle celui du pineau breton, mais son feuillage d'un vert sombre et lustré, tranche avec celui des autres cépages et ressemble par sa forme et sa couleur à celui du teinturier du Cher.
Débourrant après le cot, sa végétation est vigoureuse au printemps et ses tiges violacées prennent un rapide développement à l'automne. Son feuillage d'un rouge vif fuchsine ne permet pas de le confondre avec ses voisins. Sa grappe, régulière et de moyenne grosseur, prend souvent la forme conique. Elle est lâche, assez fortement ailée et bien garnie de grains ronds, moyens, d'un noir bleu et bien pruinés. La peau est épaisse; la chair juteuse et fondante, d'une saveur légèrement acidulée même à sa parfaite maturité, qui est celle du cot, surtout taillé à court bois, donne un jus un peu moins coloré que celui du teinturier, mais plus vif et offrant l'avantage de pouvoir être consommé seul comme vin de table et de cabaret.
Il n'exige pas une terre très fertile. Sa vigueur se soutient dans les sols médiocres, et c'est là qu'il donne les meilleurs produits comme qualité de vin et comme intensité de colorants.
Planté dans un terrain très riche, on peut le tailler à long
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bois. Ainsi traité, je crois pouvoir annoncer qu'il donnerait facilement 120 à 140 hectolitres à l'hectare.
Mais dans les terrains médiocres, il faudrait, pour maintenir ce rendement, lui appliquer la taille à court bois, puisqu'il y fructifie bien.
Du reste, messieurs, je me propose d'en expédier un fruit, portant la devise de l'auteur, pour vous permettre de mieux en juger.
Vous verrez par votre propre visu, que les caractères oenalogiques du sujet n'ont aucun rapport avec les teinturiers cultivés en Touraine, de même que ses caractères physiques , puisque les grains sont ronds, au lieu d'avoir la forme ovale et ovoïde.
Voilà, messieurs, je crois, ce que l'on peut appeler un cépage nouveau!
Ce qui ne m'empêche pas d'avoir ma petite pépinière de Riparia sauvage, ou du moins qui me fut livrée ainsi en graines par la maison Vilmorin, Andrieux et Cie, 4, quai de la Mégisserie, à Paris.
J'ai stratifié ma graine deux mois dans le sable, à la cave; puis au mois de mars, j'ai semé, avec toutes les précautions désirables, mes deux cents grammes de pépins de Cordifolia Riparia, et en février, en mars prochain, je les lèverai pour les repiquer en rangs, séparés de 30 centimètres en tous sens ; par le bouturage je perpétuerai ladite pépinière pour le cas où nous serions envahis par le phylloxéra.
Bien que je professe une grande confiance dans les insecticides, à la circonscription des taches phylloxérées par eux, il me semble que nous devons en même temps nous mettre en mesure de pratiquer l'adaptation, d'autant plus que certains savants praticiens ont éprouvé la résistance d'un grand nombre de cépages américains, et que beaucoup de viticulteurs pratiquant I adaptation se fixent au Riparia comme résistance et vigueur, aimant, il est vrai, le sol calcaire de préférence, mais s'accommodant parfaitement des autres sols.
Ma vigne Riparia a déjà deux pieds et demi de hauteur ; elle atteindra un mètre, mais ses sarments sont fins, et aussitôt que ceux-ci vont avoir atteint la grosseur de nos sarments, je vais y adapter, par la greffe anglaise, mon hybride teinturier et en faire un petit vignoble en remplacement du gamay d'Auvergne.
Je me servirai pour cela du greffoir Auguste Comte d'Aubenas (Ardèche) (le greffoir Petit, ingénieur à Boulenne près Langon (Gironde) est aussi très avantageux), et je ne ligaturerai point au caoutchouc.
Je crois mieux réussir en ligaturant au moyen de la liane, et c'est plus économique, car avec 1 kilo de liane j'aurai de quoi
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greffer plus 10,000 pieds, et ça coûte 4 francs le kilo chez M. Vilmorin.
J'ai fait des écussons par ce moyen sur cerisier, lesquels j'ai parfaitement réussis ; puis c'est d'une solidité à toute épreuve.
Certes, le sulfure de carbonne, seul appliqué, est un insecticide par excellence, mais pour être mis en oeuvre par le premier venu, je doute du succès.
En général, il y aura danger d'explosion, danger de tuer la vigne et grosse dépense de main-d'oeuvre. Il faudrait pour cela des hommes spéciaux, et de science, et c'est ce qui n'aura pas lieu continuellement.
Puis, tous les terrains ne s'y prêteront pas. U ne produira pas les effets généraux dans les terres plastiques et imperméables. Après insuccès, il faudra appliquer de nouveau, et ainsi de suite.
Si toutes les terres étaient poreuses en sous-sol, il y aurait beaucoup plus de succès à espérer; mais c'est la minorité dans «os vignobles, puisque nous recherchons tous comme fond potassique et ferrugineux les sous-sols argileux et argilo-calcaires caillouteux.
Si le sulfo-carbonate de potasse n'exigeait pas autant d'eau pour sa diffusion et sa répartition dans le sol, ce serait l'insecticide le plus précieux, d'autant plus qu'il porte en même temps que le toxique, l'élément principal et nutritif à la vigne (la potasse).
La dernière façon des vignobles traités à la charrue doit se donner après les premières gelées blanches, si le temps le permet, car en automne on peut être arrêté par les pluies; mais s'il fait un temps passable, il faut, sitôt la tombée de la feuille, la recouvrir à la charrue, d'autant que celles-ci (en feuilles) renferment 2 % d'azote, à l'état sec, qu'elles ont emprunté à l'atmosphère, et cela suffit, car la vigne ne doit pas être forcée par trop de matière azotée.
Avec cet emprunt, il n'y a plus qu'à entretenir les vignobles de minéraux, dont les principaux sont, comme dominants:
La potasse,
L'acide phosphorique,
La chaux,
La magnésie et l'alumine.
Du reste, voici la composition des cendres du bois et fruits du fin pineau de Chinon ayant végété sur terrain normal, se* ehésàl'étuve par 100 kilos de cendre;
_L
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Acide phosphorique . . . 11,06 ]
Potasse 20. J
Chaux 30.0S [ 100 »
Magnésie 6.80 [
Humidité, silice, alumine, fer \
et perte. 32.81 1
Sans compter que les feuilles renferment aussi une quantité de chaux considérable.
Donc, si le sol est silico-argileux, sa dominante est le silicate de potasse et d'alumine. Dans ce cas, en peut n'offrira sa terre comme engrais que du superphosphate et de la chaux sous forme de plâtre, ce dernier ayant la propriété de stimuler la potasse du sol, de la mettre en mouvement et de la rendre assimilable, tout en portant au vignoble son soufre de combinaison ; on les applique au printemps à la première façon, en tirant un trait de charrue au milieu de chaque rang.
On y répand à l'hectare.
300 k. de plâtre;
300 k. superphophaste d'os, ceux-ci contenant de la magnésie
et des sels terreux propres à cette culture; 100 k. sulfate de potasse pour maintenir l'équilibre de celle-ci dans le sol. Si le sous-sol est calcaire, il faut : 100k. de plâtre; 200 k. superphosphate d'os ; 150 k. sulfate de potasse ; 130 k. chlorure de potassium.
Ces engrais sont, à tous les points de vue, supérieurs au fumier, comme grande économie de transports et distribution dans le vignoble, et plus particulièrement pour les vignobles escarpés, tout en offrant l'économie de toutes façons, même pour les vignobles de plaines.
On tire, comme plus haut, un trait de charrue et l'on recouvre de même.
Tandis que le fumier offre le désagrément d'attirer le système radiculaire dans le sol arable superficiel, l'engrais chimique l'attire en sous-sol, en sorte que parce moyen la charrue ne mutile jamais les jeunes racines.
La vigne, du reste, n'a pas besoin d'humus. Cet élément trop abondant engendre les maladies cryptogamiq.ues de celle-ci par le trop de sève et de feuillage, qu'il lui fait développer au détriment de l'équilibre physiologique en minéraux, c'est-àdire que le bois renferme trop de matières carbono-azotées et pas assez de potasse, chaux, phosphate, magnésie, silice et fer.
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Aussi voyons-nous les vignobles traités ainsi avoir rapidement, dès leur bas âge, des taches d'oïdium et d'anthracnose.
La vigne, je le répète, ne veut donc que des minéraux bien équilibrés. Elle nous le dit chaque jour, lorsque nous rencontrons ses racines les plus saines et les plus vives au sein de la terre arsito-calcaire, où elle prend potasse, chaux, silice, alumine, et fer, et phosphate de protoxyde de fer, éléments aptes à maintenir son bois vif, dur et franc à la taille, et belle couleur verte, à ses feuilles, et les fruits beaucoup plus vineux.
L'atmosphère siiflit pour lui permettre d'assimiler parles organes de ses feuilles les éléments organiques dont elle a besoin comme combinaison.
Une vieille vigne, ne donnant presque plus de bois pour la taille, a donc épuisé toutes les ressources minérales du sous-sol: aussi faut-il, pour la ranimer et lui faire développer du bois les années suivantes, un engrais richement azoté, en ce sens que ces pauvres petits sarments ne possèdent plus les forces attractives suffisantes pour rempruntera l'atmosphère.
C'est là le seul cas de forcer en azote.
Fumure apte à renouveler le bois d'une vieille vigne comme taille et production de fruits
400 k. nitrate de potasse brut ou raffiné ; 400 k. superphosphate d'os; 400 k. de plâtre.
Cette fumure produit des effets pendantquatre à cinq ans.
Les petits vignerons qui ne veulent ou ne peuvent faire ces dépenses, s'ils ont un cheval, peuvent porter dos amendements.
Celui qui possède une terre siliceuse, silico-argileuse peut offrir de la marne maigre par 30 et 100 mètres cubes à l'hectare.
Si la terre est à sous-sol calcaire, il peut offrir à celle-ci de la marne très argileuse, voire même de l'argile pure.
Le premier amendement porte la chaux à des terres potassiques, et le second porte la potasse, l'alumine, et le fer, et le phosphate à une terre calcique, car il est bien rare, en Touraine, que ces couches calcaires et argileuses ne se trouvent à la portée de tous les vignobles.
Les terrains tertiaires ont cela d'avantageux.
Pour la plantation des vignobles, les uns opèrent par le bouturage à la barre, c'est le moins coûteux, mais aussi c'est un procédé incertain, suivi souvent d'insuccès.
Pour mon compte, après expérience, je préfère la chevelure.
Lorsque le terrain est bien préparé, de longue date, par la
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défonce, le succès est assuré, il suffit d'écc-urter les chevelures sur un billot au moyen d'une hache bien affilée, afin d'avoir une coupe nette.
Il y a toujours avantage d'établir la pépinière après une bonne et abondante récolte, le bois est mieux conformé, bien mûr, plein de vigueur et dans d'excellentes conditions pour former une vigne robuste et productive ; autrement si le vignoble comporte des cépages donnant peu de fruits, il faut avoir la précaution de marquer les sujets bien fournis de fruits avant les vendanges et ne prendre ses boutures à pépinière que sur ceux-ci.
L'éhionnage de la vigne doit se faire, avant la floraison, et l'accolage lorsque celle-ci est passée fleur Quantau pincement, je trouve que cela n'est guère praticable dans un grand vignoble.
Le rognage des sarments doit se faire, par les années sèches, sitôt après l'acco'age, de fin juin au 10 juillet, suivant que la vigne est plus ou moins avancée. Cette opération doit être négligée dans les années humides, car elle retarde la maturité des fruits.
La pratique du rognage a pour but de favoriser le développement des grappes et de féconder les boutons destinés à donner lu récolte suivante De là une raison majeure de ne pas épamprer avant l'entier développement, des fruits, la réco'te suivante en dépend, car si les boutons sont avortés, elle coule toujours.
J'oubliais, pirmi les cépages les plus précoces, le précoce de Malingre, obtenu par M. Pécot, par des semis sans doute. Ce cépage est le plus précieux sous les latitudes comme la nôtre; on ne saurait trop le recommander comme primeur et abondante récolte. Cette année il a été vendangé le 10 septembre ; mais clans lesannées précoces je suis certain qu'on peut le vendanger le 15 août.
Gelées de printemps
Ces gelées tardives sont le premier, le plus grand, le plus fréquent fléau pour la vigne, si elles ont lie i du lo avril au 20 mai. Les bourgeons rudimentaires ou à l'état herbacé sont alors très sensible.--à lagelée, qui lesaltèresouventan pointde lesanéantir, et avec eux la n coite de l'année suivante.
Quand le ciel est découvert, le refroidissement est très prompt. C'est lui qui cause les gelées blanches qui ont malheureusement si souvent lieu dans les magnifiques nuits de printemps, lesquelles sont si redoutées de la viticulture.
Durant ces nuits magiques, le ciel brumeux revêtant la transparence decelui des pays eh uds,l'oeil étonné r.e reconnaî plus l'horizon auquel il est habitué, tant il le trouve peuplé de nouveaux astres, multipliés au point qu'ils semblent se confondre sans voiler pourtant le velours azuré dans lequel ils scintillent. 1884 13
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Quand la brume s'épaissit et forme des nuages assez compacts pour que les premiers rayons du soleil ne puissent pas les dissiper, ils interceptent les rayons solaires et empêchent la terre d'être éclairée et les vignes de geler.
Mais, hélas Isi c'est le contraire qui se produit, les bourgeons se mortifient, et l'avenir ne laisse plus au pauvre vigneron que la tristesse et les regrets de son temps et de ses avances, et rend tout le monde morne et silencieux.
On s'imagine bien des remèdes, mais, hélas! très dispendieux de toutes façons.
La Champagne emploie les toiles tendues sur chaque cep, mais dans nos vignobles à produits à bon marché, tout cela est trop onéreux.
Cependant l'emploi des tuiles courbes renversées sur la verge fructifère pourrait être pratiqué.
Un carton goudronné et courbé à cet effet serait plus économique et plus léger.
Pour la taille à coursons, on pourrait avoir des tuiles avec lesquels on couvrirait les coursons en les coiffant.
J'avoue que, pour mon compte, je prends le temps comme il vient.
Je n'ai essayé que les nuages artificiels, et c'était parfois le jour que j'opérais que les nuages hrumeux se formaient, et d'autres foisje m'arrêtais et lecielse découvrait: aussi en suisje revenu !
La grêle ne tombe que durant la saison chaude, juste à l'époque où le bois est le plus tendre. Aussi est-elle un sujet d'effroi pour les viticulteurs et cultivateurs dont elle gâte presque toujours, et quelquefois détruit, et même hache totalement les récoltes.
Ses causes sont peu connues. Il est probable que sa formation est intimement liée avec les phénomènes électriques puisqu'elle accompagne souvent les orages et n'exerce guère ses ravages que sur les endroits les plus élevés, voire les grandes montagnes qui paraissent l'attirer tout aussi fortement que la foudre. Il grêle rarement en plaine, une fois sur dix ; et davantage dans les régions élevées, et c'est bien malheureusement pour cela que notre pays élevé en est souvent victime.
L'année dernière, elle brisa un tiers de mon petit vignoble, en hachant les bois et les fruits par des grêlons gros comme des noix ; et cette année, juste un an et un jour après, même direction affectée par de petits grêlons serrés, piquant le peu de fruits qu'il y avait du côté sud, noircissant et compromettant la bonne venue du reste, qui périclite chaque jour.
(Le seul remède est donc l'assurance.)
La vigne n'est pas seulement exposée aux désastres causés par les intempéries et le phylloxéra ; elle est encore sujette à
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diverses maladies et aux attaques de divers autres insectes non moins dangereux qui existaient avant 1865, apparition du phylloxéra.
La chlorose, ou pâleur des feuilles, se fait principalement voir dans les vignobles complautés sur des sols purement calcaires, ou de tuf grossier etmaigre.
D'après mon appréciation physiologique et géologique, cette espèce d'atonie doit être causée par le manque de potasse, de fer, de phosphate et d'alumine.
La vigne, ne trouvant pas dans ces sortes de terrains suffisamment de ces quatre éléments, les remplace par un excès de chaux et de magnésie ; de là des troubles des fonctions dans la migration et la circulation de la sève et des feuilles qui s'opposent à la formation de la chlorophylle, substance bleue qui, combinée à la feuille jaune par les effets physiques des rayons solaires produit la couleur verte.
Les vers blancs causent aussi parfois cette apparence de maladie.
Engrais-Remède
Engrais-Remède oenofère antichlorotique pour un hectare:
Sulfate d'alumine pulvérisé. . 50 kilos \
Sulfate de fer pulvérisé ... 50 k. J
Sulfate de potasse 150 k. ( Rnn ...
Chlorure de potassium . . . 300 k. [ oiw _H09.
Superphosphate de chaux . . 200 k. \
Soufre sublimé 50 k. /
Bien brasser le tout ensemble et le répandre en surface après vendange, ou de bonne heure au printemps, mais mieux vaut dès l'automne, et l'enfouir à la charrue.
Cet engrais-remède est excellent pour ranimer la vigne, lui rendre toute sa vigueur et sa verdeur dés la première année, et la dispose rapidement à la production des grappes pour une période de quatre à cinq années.
Cette iiffection ne se manifeste, pour ainsi dire, que sur les sols calcaires à sous-sol non retentit', ayant des fissures verticales qui permettent trop rapidement l'tntrainement des éléments solubles par les eaux hors la portée des racines. Aussi par économie serait-il sage de partager l'engrais-rrmède, c'est à-dire moitié en sève descendante et moitié en sève ascendante.
Le sulfate d'alumine et le sulfate de fer, introduits dans la formule, possèdent précisément toutes les facultés rétentives à cet effet.
Ce petit coléoptère Cause beaucoup Je ravages dans certains Altices vignobles.
Lorsque j'en vois dans mes vignes du lo avril au 15 mai, je les prends au moyen d'un entonnoir à large orifice, et dont le tuyau est encastré dans ie goulot d'une bouteille.
On le place perpendiculairement sous la branche où se trouve l'insecte; on touche la branche de l'autre main, et à la moindre commotion, celui-ci se laisse tomber, croyant tomber par terre pour se cacher dans les crevasses.
Cet insecte dépose, ses oeuf.-, dans des feuilles qu'il roule à cet effet. On doit les enlever et les brûler.
On a parlé que le pyrètre les chasse ; mais je ne l'ai pas essayé.
Le soufre e* la chaux vive mélangés ensemble font, dit-on, aussi très bon effet, mais tout cela est bien long pour la grande culture.
La pyrale, et la cochylis sont de petits insectes difficiles à détruire, mais s'ils pullulaient et causaient de trop grands ravages, on en viendrait encore mieux à bout que du phylloxéra.
On pourrait, en taillant la vigne, avoir un gant à mailles d'acier de la main gauche, et au moyen de ce gant frotter le contour de la souche en opérant le coup de main tournant de façon à enlever les anfractuosités de l'écorce non adhérente, puis chauler la souche au moyen d'une laitance de chaux ainsi préparée :
Laitance 90 litres, dant 10 k. de chaux dilués.
Soufre sublimé 5 kilos ) .,,„
Carbonate de soude pulvérisée .5 k. j
Bien opérer le mélange, et agiter avec un pinceau en épis de seigle durant le badigeonnage, attendu que la chaux a une grande tendance à se précipiter.
Ce remède serait parfait pour détruire les oeufs qui pourraient rester après décorticage.
Oïdium
Cette maladie cryptogamique est une des plus redoutables contre les récoltes, et principalement pour les cépages fins, bien que les cépages grossiers n'en soient pas exempts, tels que le gros noir et la folle blanche.
Cette maladie se montre d'abord sur les feuilles. Bientôt elle envahit les grappes mêmes, qu'elle recouvre également de cette efflorescence grisâtre. Les grains se durcissent, se fend ent et acquièrent une saveur amère et une forte odeur de cham-
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pignon repoussant ; ils se corrompent avant de mûrir. Les bourgeons, les feuilles et les sarments se couvrent de taches noir-brun, et Iorque la maladie revêt un caractère intense, les feuilles se détachent et les bourgeons sont viciés jusqu'à la base. La récolte de l'année est perdue et souvent celle de la suivante ; et si les ceps sont atteints de cette maladie pendant plusieurs années consécutives, ils périssent.
Ce champignon microscopique est de la famille des mucédinés.
C'est un jardinier anglais, nommé Tukôr, qui, le premier, le signala, en 1845, dans les terres de Margatte.
Aujourd'hui cette maladie n'exerce plus autant de ravage, grâce aux moyens curatifs employés dès 1853.
Plusieurs instruments ont été inventés pour projeter la fleur de soufre sublimé, ou trituré sur les ceps. Celui qui fut le plus généralement employé est le soufflet inventé par M. de la Vergne.
Mais aujourd'hui M. Mourreau-Roullet, propriétaire à SainteMaure, vient d'inventer une boîte à bretelle de beaucoup plus d'avance et peu dispendieuse.
Un homme peut soufrer 7000 pieds par jour en agissant de chaque côté des rangs.
Je me propose d'en faire une pareille pour l'année qui vient, en le priant de me la céder une huitaine.
Je me suis pénétré par expérience que le soufre natif, bien trituré, impalpable, était plus avantageux que le soufre sublimé, en ce sens qu'il coûte 30 à 40 "/„ de moins que le sublimé, qu'il couvre mieux, qu'il est plus adhérent aux grains et au bois.
On soufre dès le débourrage de la vigne, pendant la fleur et ensuite lorsque les graines sont au quart de leur grosseur naturelle ; mais cette dernière opération ne se fait, si l'on veut, que sur les fruits.
Comme hygiène la vigne ne veut aucun encombrement, ni herbes, ni cultures étrangères à sa nature. Il lui faut, au moins six à huit façons de labour et hersage, et choisir les journées les plus belles.
Le pourridié
J'ai découvert à Sainte-Maure cette maladie cryptogamique avant et après la présence du phylloxéra.
De prime-abord voyant les feuilles jaunir dans un terrain siliceux, j'y fus voir, accompagné du propriétaire. Il arracha
un grolot de Cinq-Mars, dont le feuillage était pâle, et aussitôt tiens vîmes sur le gros de la maîtresse racine des champignons
parfaitement visiblesàl'oeil nu : de même que j'.'u.'iussi remarqué
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le mycélium, ou blanc de champignon, dans une autre vigne phylloxéiée(vignoble de M. Migeon).
Vol'à donc lé pourridié qualifié, par les savants de Rizomorpha Interéorcalis et Rizortiorpha snbcorticnlis.
Ce sttht MM. Schnetzler et Planchon, comme mycologistes, qui, les premiers, ont rapporté cet organisme au genre et à l'espèce de Rizomorphafr&gilis, auquel llappartientréellement, ont-ils dit.
Dans le sol cet organisme se présente sous forme de cordons arrondis dfe 1/2 à 2 millimètres de diamètre, la tête, couleur brune et le pied blanc; ils Sont fragiles et irrégulièrement ramifiés, ressemblant beaucoup à de petites racines poussées.
Lorsque le vignoble n'est affecté que du pourridié, on peut y remédier au moyen d'un bon entrais incomplet spécial à la vifrne, c'efct-à'dire sans azote : même formule que celle contre la chlorose.
En appliquer la moitié autour du maître-pied, après avoir déchaussé, et le reste dans un trait de charrue pratiqué au milieu des rangs.
Ce champignon se rencontre sur les sapins morts de la gelée _« 1 STfy «c qui devrait déterminer les vignerons à proscrire de leur vignoble les échalas de tout bois résineux.
Lfe pyrophore, inventé par M. C.Bourbon, de Perpignan, pour flamber les souches de vigne et d'arbres fruitiers, serait peutêtre un bon moyen collectif de badigeonnageàla chaux soudée et soufrée, comme moyen de destruction, soit des insectes dont les oeufs et les larves sont logés souS l'ëcorce desséchée, particulièrement de la pyrale et du phylloxéra, ce dernier plaçant là, comme on sait, son oeuf d'été, point de départ de la propagation du fléau, — soit des spores de l'oïdium et de l'autre champignon que Ton appelle le pourridié, qui envahit les racines et les fait dépérir; — soit enfin des mousses et autres parasites vivant au détriment de la sève en entretenant une humidité constante et funeste.
Le milâew
Il y a peu à parler de Cette maladie, et cependant elle existe dans mon vignoble sur un cep de fantaisie (l'Isabelle).
Cetle maladie a pour but de jaunir les feuilles et les faire tomber, faire rougir les fruits aux deux tiers de leur développement, leur donner une teinte violacée prématurée.
Ces fruits s'atrophient, tombent comme les feuilles, et la branche est desséchée en quinze jours.
•Je n'en connais le remède ni ne peux en -expliquer les causes.
Désormais i) n'est plus possible d'étudier une question de chimie et de physiologie appliquée à la viticulture et à l'agri-
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culture, sans appeler à son aide la connaissance des infiniment petits, dont les savants nous ont révélé le rôle indispensable à l'accomplissement des phénomènes physiologiques et pathologiques dont l'atmosphère, le sol, les eaux et le vinaigre sont le siège.
L'homme aime à se proclamer le roi des animaux, mais il faut avouer que, si sa royauté est absolue, et même de destruction vis-à-vis des animaux de grande taille, comme les baleines et les éléphants, il n'est plus qu'un roi très constitutionnel à l'égard des infiniment petits.
Il n'y a point à désespérer, mais nous ne devons pas rester en face du mal comme le musulman qui regarde l'incendie consumer sa maison en disant que c'était écrit.
Aussi devons-nous rendre le plus grand hommage aux savants qui se dévouent avec tant d'amour et de libéralité à mettre en oeuvre toutes leurs grandes conceptions à la recherche des causes et des effets, et à formuler ensuite les antiseptiques et les toxiques de tous ces ennemis imperceptibles à l'oeil nu.
G'oire à nos illustres défenseurs de la vigne: MM. Dumas, Chevreul, Milne Edwards, Duehartre, Blanchard, Pasteur, Thénard et Boulay; Balbiani, Planchon, Mouillefer, Signoret, Cornu, Faucon, Duponehel, Pérez, Malvezin, Falière, Hardy de. Beaulieu et Lichtenstein pour leurs études et mémoires collectifs sur les insecticides et la régénération de nos vignes françaises par le porte-greffe américain.
Nous serions heureux si, par ces études, nous avons pu, même dans un cercle très restreint, enlever quelque chose à l'aléatoire et ajouter une molécule de plus à l'édifice que construit la science tutrice de la pratique viticole.
JULIENNE, Membre de la Société.
MICHEL COLOMBE ET SON OEUVRE
Suite et fin (1)
VII
Quelle est la date précise de la mort du célèbre sculpteur tourangeau?
Tous les auteurs sont d'accord pour dire que Michel Colombe virait encore dans les premières années du xvi* siècle ; mais si l'on recherche une date précise les écrivains les plus autorisés ne sont pas d'accord.
Les uns, comme M. Dauban,disent : «Selon toute apparence l'artiste mourut... entre 1512 et 1519 », parce que le nom de Colombene se trouveplus dans une liste de laconfrèriedeSaintGatien de Tours de l'année 1519; d'autres, comme M. Paul Mantz, estiment que le digne « imagier est mort avant le 17octobre 1512 »; mais cela est contredit par les documents.
C'est seulement à la fin de cette année 1512 (2) que l'on peut inscrire le décès du grand artiste tourangeau.
Toute biographie devrait contenir un portrait de celui dont elle a pris soin de retracer la vie, nous devons reconnaître que de ce côté nos recherches ont été négatives.
Il n'existe aucun portrait de Michel Colombe dans les très riches collections du département des estampes, à la Bibliothèque nationale à Paris (3), mais on possède un fac-similé de sa signature dans un savant recueil (4) qui a jadis publié une lettre que Michel Colombe «tailleur d'ymaiges du Roi» écrivait au greffier du corps de la ville de Tours.
La Touraine, et plus spécialement la ville de Tours, peuvent revendiquer Michel Colombe comme un de leurs enfants, car longtemps établi dans cette cité, il a, comme nous l'avons montré, non pas seulement développé, mais créé cette école de sculpture que l'on appelle l'école de Touraine ou de la
(1) Voir lo précédent numéro, page 143.
(2) Voir ci-dessus un acte signe par lui le 3 décembre 1512.
(3) Lettre de M. le vicomte Henri Delaborde, en date, à Paris, du 18 mai 1883
(4) Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. III, 1845-46-47.
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Loire ; ce n'est point seulement un sculpteur habile, c'est une école-(l).
Tous ceux que nous avons vus associés à son oeuvre, parents ou simples élèves, — et ils sont nombreux,— tous travaillaient sous les yeux de ce maître qui était un centre vivant et comme l'âme de tout un groupe de sculpteurs distingués.
Nous avons rappelé que dans les dernières années de sa vie, Michel Colombe reconnaissait qu'il avait auprès de lui de nombreux «serviteurs» et, par ce mot, il entendait les artistes qui l'aidaient dans son labeur et qui mettaient à profit les derniers modèles sortis d'un ciseau devenu trop lourd pour sa main et les suprêmes conseilsd'une intelligence artistique hors de pair, qui allait bientôt s'éteindre.
Jusqu'ici nous n'avons vu que Michel Colombe sculpteur, ou comme on disait de son temps, « tailleur d'images » ; il paraitrait, d'après une découverte récente (2), que notre artiste tourangeau était tenu en si grand honneur qu'il était consulté pour des travaux autres que ceux qui ont rendu son nom impérissable et que, notamment en 1496, il fut invité à envoyer à Saumur dix maîtres d'oeuvres chargés d'une expertise à l'abbaye de Saint-Florent (3).
Loys du Bellay, abbé de Saint-Florent, songeait alors à construire les voûtes de cette église; mais il ignorait si les murs n'avaient pas besoin d'arcs-boutants (4). Afin d'être renseigné, il s'adressa « au plus habile maitre de la région, Michel Colombe », qui habitait alors Tours, et le pria de désigner des hommes de son choix, capables de procéder à un examen sérieux de la solidité des murs de cette abbaye. Nous n'avons pas à rappeler les noms de ceux qui obtinrent, en cette circonstance, la confiance de notre compatriote (5).
Mais il était utile de signaler ce fait dans une étude ayant pour but de mettre Michel Colombe à la place qui lui est légitimement due, en montrant qu'il était bien un vrai chef d'école et que sa compétence était tenue en grande estime.
Avant de clore cette étude, et, disons-lebien haut, cet hommage rendu aune gloire tourangelle, il eût été utile, si nous ne l'avions déjà fait en maints endroits, de préciser la nature du
(1) M. Paul Mantz.
(2) Séance du vendredi 30 mars 1883. Réunion des Sociétés des BeauxArts des départements à la Sorbonne, à Paris.
(3) Vopinium des maistres d'oeuvres de Tours que maistre Michel Colombe envoya à Monseigneur, en ce comprins le cherpenlier maistre d'oeuvre de la eherpenterie de Gisieulx. »
(4) Journal officiel du 30 Avril 1883, page 2158.
(5) Voir la pièce inédite qui contient ces noms, retrouvée dans les Archives du département de Maine-et-Loire, dans le compte rendu annuel de la Réunion des Sociétés savantes (année 1883).
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talent de Michel Colombe et de marquer la place qui lui était assignée dans la sculpture de la Renaissance française.
Ce serait nous répéter que de montrer le bonheur de ses conceptions et l'originalité naïve de ses compositions ; nous avons déjà dit que son coeur d'artiste et sa foi religieuse sont les constants inspirateurs de ses oeuvres qui empruntent à leur époque un cachet tout spécial et d'une, saveur particulière.
En ce qui est de l'exécution, il faut avouer que Michel Colombe ne connaissait pas d'obstacle; sous son ciseau le marbre et l'albâtre deviennent de servîtes instruments de sa pensée, la terre glaise se façonne à son gré.
A côté de cette habileté de. main, il est encore utile de préciser la nature de la transition opérée dans l'art de la statuaire par notre sculpteur tourangeau.
Une des particularités du talent de Michel Colombe et de ses élèves après lui, consiste dans l'abandon voulu et heureusement trouvé de cette sécheresse et de cette maigreur qui caractérisent la sculpture du moyen âge ; le tailleur d'images tourangeau adopte un style où les formes sont plus harmonieuses, ses personnages ne sont plus l'ombre d'êtres vivants, ils n'ont plus cette raideur cadavérique qui était si en honneur jusqu'à lui; il aime le naturel, il recherche le vrai et trouve aussi bien dans la représentation des figures humaines que dans l'ornementation qui en est l'accessoire, des formes délicates, des combinaisons de lignes harmonieuses, en un mot l'élégance unie^à la simplicité.
Un artiste de cette valeur ne saurait donc être oublié surtout parmi ses compatriotes, et l'on ne peut qu'applaudir la pensée, généreuse de l'une des sociétés savantes de sa patrie d'adoption quia voulu, par la voied'un concours, faire revivre cette belle et lympathique figure de Michel Colombe.
ANTONY ROULLIET.
APPENDICE I
PIÈCES JUSTIFICATIVES
Pièce n' 1
Tome XX, Mémoires de la Société archéologique de Touraine,
page 201
« A Martin Tailly la somme de deux oens dix-sept livres dix-huit solz trois deniers tournois qu'il avait paiée jà piecza au lieu de Vohic, en Auvergae, par le commandement de Messeigneurs les
Êéneraulx, messieurs Jacques «e Beaune et Henrry Bohier, chevalers, commissaires de l'oeuvre de la dicte fontaine, pour le nombre, quantité et espèces et parties des pierres de Volvic cy après déclarées, cest assavoir, dix pierres plattes, chacune de cinq piedz de long, quatre piedz de large et d'un grant espan despesseur, ungpillier de lespesseur et grosseur de quatre pledB àe carreure de tous cousiez et de trois piedz de haulteur, dix autres pierres chacune de six grands piedz de haulteur, dix autres pierres ■chacune de six giands pieriz et demi de long, d'un grant pié de largeur et despesseur d'un grant demy pie, dix autres pierres des dictes largeur et haulteur et, de six grans piedz de long, et quatrevingts piedz en carnure de pavement de demy pié despesseur, ea principal achapt III" XI'.
« A Bastien et Martin les Françoys, maczons, la somme de trois cens quarante livres tournois pour avoir taillé les pierres de marbre et perachevé de tailler les pierres grises de Volvic et icelles assises ainsi qu'elles sont de présent au dit quarroy de Monseigneur le général de Beaune, tant le pillier que la sancture de la citerne par marché fait avec eulx à la dicte somme. Et pour ce, cy 111° XL 11
« Plus, à Bastien François la somme de dix livres tournoys à lui taxée et allouée, veu et ouy le rapport de Guillaume Besnouart, maistre des oeuvres de maczonneriel et charpenterie pour le Koy nostre sire «m Touraine, et Macé Salmon, maistre des oeuvres de charpenterie de la dicte ville, pour avoir relevé et rassit le circuyt des pierres grises de Vol vie, faisans le circuyt tenant leaue de la fontaine autour du pillier de marbre, pour ce que depuis la première assiecte par faulte de la ferxeure ou autrement la force de leaue la flst disjoindre ; pour avoir taillé quatre marches de la dicte pierre de Volvic, le tout oultre le marché cy dessus,; pour avoir chaffaudé au tour du dict pillier pour mectre et asseoir dessus la croix et ymaiges, ainsi qu ils sont de présent, et deschaffauldé à un seoir de nuyt aux torches et à la haste pour ce qu'il fut nuy t quant les dictes croix et ymaiges furent perachevées d'asseoir, et pour ce qu'il estait le lendemain dimanche, et y avait en ceste dicte ville plusieurs gens de court et officiers du Roy ; et pour avoir fourni de chaffaulx, iceulz fournis sur le lieu et renduz après quilz furent oustez ; pour avoir gravé la marche de pierre de Volvic soubz le pertuys ae la vidange, creusé le dict pertuys, et fait cinq pelitz pertuys en la pierre autour du pertuys sur lequel est assise la coiffe de fer lassiecte de la dicte coueffe, pour garder que l'on ne mecte plus de pierres,
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bourriers et autres choses au dedans du dict pertuys ; et aussi pour trois poches de charbon emploiées à faire feu pour fondre le mastic et chauffer la pierre de marbre ou pertuys, où est la dicte croix assise, pour y faire prendre la dicte mastic. Pour ce, cy X 1.
« A Ferry Hutel fondeur, cannonier ordinaire du Roy notre Syre, la somme de quatre vingts dix livres tournoys modérée de cent deux livres unze solz tournoys qu'il demandait ; cest assavoir, pour la croix, les ymaiges du Crucifix, Nostre-Dame, la Magdalaine, une couronne assise sur une terrasse au pied de la dicte croix, quatre canelles par lesquelles coulle et sort leaue, le tout de cuyvre, mis et assis sur et ou pillier de marbre de la dicte fontaine, trente cinq ecuz d'or couronne vallant LXI 1 V.
« Item, a baillé et fourny cinq ducatz d'or moulu en feuille à Michel Pellu doreur, lesqueulx il a emploiez à dorer les trois fleurons de la dicte croix, dont il a payé quarante huit solz tournoys pour chacun ; pour ce IX 1 XII'... et pour Terreur du calcul des dicts cinq ducatz par luy fournis, XLVII».
« Au dict Michel Pellu, doreur, la somme dequarente huit livres tournoys, pour vingt ducatz d'or en feuilles par lui emploiez à dorei larbre de la dicte croix et le croison traversant, sans les fleurons, pour lesqueulx Ferry Hutel luy avait baillé cinq ducatz, comme cy devant est compté, qui est à la raison de quarente huit solz tournois chacun ducat réduict en ieuille et batu prest à dourer au feu, et pour ce, cy XLVIII'.
« Plus, au dict Michel Pellu, la somme de cent solz tournois pour ses peines, sallaires, vacquacions et matières comme charbon et autres sans l'or, d'avoir doré la dicte croix et fleurons, ou il a emploie, cest assavoir, es dits trois fleurons les dicts cinq ducatz à. lui fourniz par le dict Ferry Hutel, et à dorer larbre et croison de la dicte croix vingt ducatz qui luy ont esté fourniz audit prix de quarente huit solz tournois pièces, ainsi qu'ils sont comptez cy devant et pour ce, pour ses dictes peines, charbon à faire feu et autres matières, sans l'or, comme dit est, la dicte somme de O
« A Jehan Guérin, orfèvre, demourant en ceste dicte ville, la somme de six vingts dix-huit livres dix-sept solz six deniers tournois cest assavoir, pour avoir paré et necty le crucifix venant de la fonte, qui est en la dicte croix, et avoir fourny d'argent, et fait le chappeau despines, quinze escuz, de trente cinq solz tournois pièce XXVI 1 V.
« Plus, pour avoir paré l'imaige de Nostre Dame, et fait la couronne d'argent et fourny l'argent, neuf escuz, au dit pris, la somme de XV XV.
« Plus, pour avoir paré l'imaige de la Magdelaine, dix escuz, audict pris, XVII 1 X'.
« Plus, pour avoir fait la terrace et esmaillée, quinze escuz audit pris, XXVI 1 V.
« Plus pour une unce et demye dargent par luy mise et assise et emploiée à brasser la dicte terrace, XLV.
.« Plus, pour avoir garnyla couronne ouest la dicte terrace, réparé les chattons et fourny des esmaulx et les avoir ajustez , et fait les places de la dicte couronne, pour mectre les dits chattons, six escuz, au dit pris, X1 X'.
« Plus, pour six groux dargent emploiez à soulder les queues des dits chattons et les queues des dits esmaulx ; pour, ce XXII' VId
« Item, pour la peine et matière comme vif argent, charbon et au.tres ustanciles d'avoir doré les dites ymaiges du crucifix, NostreDame et la Magdalaine et la couronne, sans l'or qui y a esté emploie, vingt escuz, au dit pris, XXXV.
« Plus, pour la peine davoir doré trois des quanelles qui sont au dict pillier do marbre, par lesquelles sourt leaue de la dicte fontaine,
__ _oi —
et aussi avoir doré tes chattons de la dicte grant Couronne, deux escuz, pour ce LXX*.
« Plus, à Hélie Cnouyn, cousteilier du Roy, la somme de quinze solz tournois pour sa peine davoir doré la quarte quauelle de la dicte fontaine, laquelle luy avons fait dorer en la maison de nous maire pour esprouver, veoir et sçavoir combien il y entreroit dor, savoir sil reviendrait au nombre de lor baillé au dict Guérin pour dorer les choses dessus dictes, néautmoins que y avons vu et fait, veoir par vous receveur, Estienne Viau et Jehan Ferry, clercs de la dicte ville ; pour ce XV"
« Lesquelles parties ont esté allouées, ainsi que cy dessus est déclairé par le râpp irt de Philippe de Carnyn, Jehan Poissonnier, Pierre Durant, Gillet Kcdon, Hance Man»o'L et Robin Rousseau, maistres orfeuvres de la di te ville, lesqueulx en h urs consciences ont, rapporté qu'il en appartient autant, elà moindre pris ne sepourroit l'aire; sans perte, et n* v >uldroienl autant taire pour le pris, et pour ce, cy VI" XV11P XV1P VI' 1.
• " « Audict Jehan Guérin, la somme de cent treze livres, deuz solz tournois pour le nombre de cinquante huit ducatz dor quil a convenu achapier trente neuf solz tournois pièce, pour ce que Ion neu a peu avoir à moindre pris, par lui emploez à dorer les choses dessus dictes, cest assavoir ; quarente sept adorer les dictes ymaiges, six à dorer les dictes trois quanelles, cinq à dorer les chattons de la grant couronne, la petite couronne de Nostre Dame et les mains de laMagdelaine. Pour ce, CXIIl 1 II'.
« Plus, à luy ung ducat en feuille, par luy emploie avec les autres à dorer les dictes choses, et la couronne despmes du crucifix, pour ce, XLVIP.
« Au dit Helye Ghouyn deux ducatz dor par luy emploiez à dorer la quarte quanelle et la dicte fontaine, à trente neuf solz tournois pièce, LXXVIIP.
« A Jacques Lambert, orfeuvre et brenisseux, la somme de soixaniesolz tournois, pour avoir brunyles dictes ymaiges ducrucitix Nostre Dame de la Magdelaine, la couronne et les trois quenelles, après cequilz ont esté dorez. Pour ce, cy LX".
« A Jehan de Leschallier, dit le Miste, paincire et victrier, la somme de vingt huit livras tournois, pour avoir painct et doréledict pillier de marbre de 1 idiote fontaine, les armoiries du Roy, de la Royne, de la ville, porcs espiez et autres choses nécessaires à paindre et dorer audict pillier, à or, azur et autres coulleurs rie paiucture, ainsi qu'il est painct et doré, et qu'il appartenoit faire par marché fait avec luy. Pour ce, XXVIII 11.
A vous receveur susdict, la somme de huit livres huit solz quatre deniers tournoys, cest assavoir, audict lieu de Vençay, par deux l'oiz qu'il convient demourer tout au long des jours sûr'les champs audit lieu de Vençay, cest assavoir, les vingt trois et derrenier jour de décembre, derreniers passez, pour donner ordre et faire ce q'ue Ion pourroit pour garder ladicte'fontaine de troublir et blanchir par les grans plu.ves, et pour ce faire, appelé Martin Moreau esleu, vous receveur, Guillaume Besnouartet Macé Salmon, maistres des eu vres de maezonnerie et charpenterie de ladicte ville, Jehan Guérineau, besson, veoir et visiter les foussez faiz nouvellement au-dessus do Grandmont près Chambré pour levactiationdesgerondes, et les opinions des dessus dits ouy< s sur tout et pour la diverMté deutreux, pour ce que les aucuns dient que les tits fousséz ne seroient vallables, les avons fait assembler par devant nous en ceste ville de Tours, le vendredi en-uivant luu des foiriers-de Nouel, et le cas bien au long debatu, de rechiel'fut dit et appoinclé que retournerions sur I s lieux ledict derrenier jour de décembre. El parlesdits Besnouard, Salmon, et autres, fut nyvellé depuis le commencement
— 202 —
où leaue desdictes gérondes se peult arrester et retourner jusques au plus hault des terres où les foussez sont commencez à faire et ont trouvé et rapporté qu'il convient besser lesdits foussez au plus hault de la montée, jusques à quinze pieds de parfondeur qui voudra quelesdictes gérondes si vu'dent par lesdits foussez sansatrestz, ce que les terres à peine pourraient sousteunir ou porter, parce qu'elles sont mouvantes comme il semble par le hault desdits toussez ; et sur le tout, avons fait faire par ledit Es ienue Viau, registre aulongdesoppinions dessusdits, comme il appert parescript; où il fut dispeneé par les dessus dits avec nous et autres par lesdits deux jours, en pain, vin, viande, et despencede chevaulx, la somme de cent treze sols quatre deniers tournoys, laquelle somme de cent treze solz quatre deniers tournoys, 1 iquelle vous paiastes par nostre commandement a Jean Marchandeau, marchant houstellier ; demourant au bourg de Vençay. Et semblablemeut, les derreniers jour d'avril, vingt-troisiesme jour de juing derreniers passez, et par plusieurs et divers autres jours a nous assemblé en ceste ville de Tours , avec nous maire et commissaires devant nommez, maistre Michel Colombe, Pierre de Valance, maistre fontenier, Ferry Hutei, fondeur canonnier ordinaire du roy nostre syre, Bastian et Martin les Françoys, Guillaume Besnouart, maistres maczous, Macé Salmon, maistre charpentier, Jehan Guérin, maistre orfeuvre, Jehan Vatin, maistre serreurier, Michel Pellu, maistre doreur, et plusieurs autres ouviiers pour consulter, délibérer et conclure avec eulx de faire faire lassiecte des tuaulx pour les fontaines de Sainct Hilaire et de la Foire le Roy, et faire la séparation des eaues, et les faire sortir aux dits lieux ; et aussi la manière, et fac.zon du tabernacle de marbre et autres pierres grises, des croix et ymaiges, et sur ce fait, l'aire semblablement par ledit Estienne Viau, registre des oppiniotis et conclusions, et marchez faits en manière que lesdits tab^rnaccle, croix et ymaiges dessus dorez et furreure, ont esté bien et honnestement faiiz et assis comme lun peult veoir. Et en ce faisant, ledit vingt troisiesme jour davril fut donné àdisner aux dessusdits, pour lequel fut par vous paie en pain, vin et viande, la somme de cinquante cinq solz tournoys. Pour ce, pour toutes lesdicts despeuses, ladicte somme de VIII 1 VIII' Hlld. (1).
Pièce n* 8
« Mons' le grefQêz je vous prie failtes vous quittance à ma requeste a qui il appartiendra, ainsy que savez quest a l'aire au tel cas de la some de trois escus d'or qui mestoist duez a causse de certain ouvrage que je aultre foiz fais pour lafaire de la ville et le mettez ainsi que verrez estre al'aire, de la quelle somme de troys escus dor jeu promets tenir et faire tenir quite ledit receveur de la ville et tous aultres et le sinez aura reaueste et que Ion vous paye de vos paines (2).
« Ainsi signé: M. Colombe. »
Pièce ir 3
« Monsieur le Maire je me recommande a vous et je vous prie quil vous plaise de me faire paier de ce que jay fait pour lentrée du
Roy pour un harnoys qui fut fait il y aura deux ans a pasques quant
(1) Registre des comptes de l'hôtel de ville de Tours, Baissant le 31 octobre 15H.
(2) Ce fac-similé de pétition se trouve reproduit à la fin du volume ; c'est è lui que noua avons emprunté l'orthographe la signature de Michel Colombe-
— 203 —
le Roy cuida faire son entrée pour servir à Lesleu Garreau qui fut tousse a deux escus dor.
« Item le patron des médailles que jay fait par votre commandement pour servir a lentree. dudit Seigneur lequel vault un escu dor qui est en somme troys escus dor. Fait à Tours ce VIje jour de janvier lan mil cinq cens (i).
« Écrit par Colombe : Votre serviteur Colombe. »
Pièce n° 4
La troisième et dernière pièce est un arrêté de Pierre Morin, maire de Tours, qui ordonne au receveur des deniers communs de la vilie de payer les sommes dues par la cité, tant à l'orlèvre Jehan Papillon, qu'à Michel Colombe, le tailleur d'ymaiges.
« Monsieur le receveur payez a Jehan Papillon orfèvre la somme de vingt cinq livres tournois a luy ordonnez par les gens delà ville ainsi que vous savez et en prenant quiet >nce de luy. La dite somme de xx b' vous sera allouée en vos comptes sans difficulté, et adieu soyez qu'il vous ayt en sa garde. Escript à Tours le VIIj* jour de Janvier lan mil cinq cens.
« Signé ; Morin. »
« Plus payez a Michau Collombe tailleux dymaige la somme de trois escus valtant Cb', assavoir deux escus pour avoir faitlemaisle duharnoys de Turonus pour lenirée du Roy et XXXb* pour avoir fait ung patron des pièces dor données au Roy en la dite antre laquelle somme de Cb' vous sera allouée. Fait le IX" jour du ditmoys de Janvier et ainsi que dessus. »
a Signé : Morin. »
Pièce n- 5
« Blois, 20 Juillet 1512. c Madame
« Je croy que vous avez receu la sépulture de pierre, ensemble les ymaiges que vostre varlet de chambre Pierrechon vous à portées. Ne sçay sy les a rendues entières ; mais aultrement m'en déplairait.
« Madame, Michel Coulombe fait les dix vertus comme il a promis, et dont est paie par les mains de Jehan Le Maire ; car, du marché et payement ne me suis meslé.
« J ai fait l'ordonnance et patrons pour faire les dites vertus. 11 est après. Le bon homme est vieil et fait a loysir ; et m'est avis que encore sera bienheureux un meschantouvrier (2) d'avoir tels patrons. Je ne sçai se serez contante de ce que les ay ainssy acoustrés, tant blanchy les ymaiges que dorez et faire visaiges.
« Madame, S'il vous plaisoit me mander et commander que ainssy fisse les vertus, et s'il vous plest ainssy le faire, ce me sera plaisir, Mais je doubte que pour le temps vousestes lasse de Jehan de Paris, tant par paroles raportées que aultrement... »
Pièce n- 6
Marché fait par Madame (Marguerite d'Autriche) avec maistre Conrard Meyt, tailleur d'y mages cejourd'hui xnli d'Avril anno xxvi, présens messires le conte de Hochstrate, chevalier d'honneur, de
(1) L'année commençait alors à Pâques.
(2; Cette expression inconvenante à l'égard de Michel Colombe n'étonne pas sous la plume de Jean de Paris, que l'on a très bien qualifié de« bourru bienfaisant », et qui parait avoir été un peu trop épris de son propre mérite.
ftôalmboz, premier maistre d'oatel, messlre Anthoine de Monteul.( aulmosnier et confesseur, Jehan de Marnix, trésourier général de ma dicte dame, et maistre Lo.vs Van Beui;heu, commis par ma dicte dame à la conduicte de l'édifiice de Broug. » Il est convenu, dans cet accord, que maistre Conrard Meyt se transportera a Brou pour travailler aux tombeaux que l'arctiiduchesae a intention d'y faire ériger « selon le pourtraict pour ce l'ait par le dit maistre Loys Van Beughen, » et qu'il sculpt n de sa main « les visaiges, mains et les vifz, » en ay.int la faculté de se Cake aider de son frère et d'autres bons ouvriers fournis par Van Beughen. Le premier tombeau, qui sera en marbre blanc, offrira la s atue de Philibert de Savoie, avec six génies qui tiendront ses armoiries, son èpitaphe, ses gantelets et son casque, et en outre avec une st'tue d'albâtre, en dessous, repiésentaul le même prince mort ; le second, aussi en marbre blanc, oilnn la statue de Marguerited'Autriche, avec quatre génies portant une èpitaphe et des armoiries, et, eu dessous, une statue d'albâtre représentant, la princesse morte : le tro sième, complètement eu albâtre, otlrira la statue de Marguerite de Bourbon, mère de Philibert, avec quatre génies portant ses armoiries. Le tout devra être achevé en quatre ans ; le sculpteur recevra quarante livres de quarante gros paran, avec onze cents livres de surplus. Le marbre et l'albâtre seront fournis sur place par l'archiduchesse.
II
OEUVRES DE MICHEL COLOMBE
1. — Celles qui lui sont attribuées avec raison (1) : § I. — Qui subsistent encore
Fontaine de la Place du Grand -Mardi', à Tours (Indre-et-Loire);
Médaille commèmorative de l'entrée solennelle du roi Louis XII, à Tours, le. 24 novembre 1500:
Christ au tombeau, dans l'église Saint-Denis-hors, à Amboise (Indre-et-Loire);
Tombeau de François II, duc de Bretagne, dans la cathédrale de Nantes (Loire-Inférieure);
Saint Georges combattant le dragon, nu Musée du Louvre à Paris :
Statue de Guillaume Guégen, évêque de Nantes, pour la cathédrale de cette ville.
I 2. — Qui ont été détruites
Trépasscment de Notre-Dame, dans l'église Saint-Saturnin, à Tours (Indre-et-Loire) ;
Statue de l'abbé de Saint-Maur, dans la chapelle de Saint-Martin, à Tours;
Mise au sépulcre, dans l'église Saint-Sauveur, à la Rochelle (Charente -In férieure) ;
Retable pour i'eg ise des Carmes, à Nantes ;
Mausolée du chanoineJourdain Dupeyral, àSaint-Martin,deTourS (?) ;
Bas-relief découvert à Tours, en 1849 (■?) ;
Bas-relief en albâtre commandé en 1473 (?) ;
Projet de sépulture pour le roi Louis XI (?).
(1) Les oeuvres suivies d'un ? sont celles à l'égard desquelles nous faisons des réserves.
— 205 —
Mausolée pour Louis Rouhault, évêque (?); Sainte Marguerite, en albâtre, offerte par Michel Colombe à Marguerite d'Autriche.
II. — Celles qui lui sont attribuées à tort :
Qui subsistent encore
Tombeau des enfants de Charles VIII, dans la cathédrale de Tours (ïhdre-et-Loire) ; Tombeaux de l'église de Brou, à Bourg (Ain) (1).
III
BIBLIOGRAPHIE
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Archives municipales de Tours. (Registres des délibérations du Corps de ville.)
Biographie universelle de Didol. Paris, 1866.
Bulletin de la Société archéologique de Touraine. (Plusieurs volumes.)
Bulletin monumental (Notamment 5" série, tome V).
Busserolle (Carré de). (Voir Carré de Busserolle.)
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Chevalier (l'abbé C). — Histoire de Chenonceau.
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(1) Voir ce que nous avons dit au sujet de ces tombeaux, dont l'un su moius, celui de Philibert de Savoie, parait avoir été exécuté, en partie, sur les maquettes fournies par Michel Colombe.
1884 14
— 206 —
Giraudet (D*. E.). — Nouveaux documents sur Jehan Juste et Michel Colombe.
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La Martinière et Piganiol de la Force. — Description de la France. Edition de l"8i.
Le Glay (Dr). — Analectes historiques. Paris, Techener, 1838, in-8°.
Le Glay (Dr). — Nouveaux analectes ou documents inédits pour servir à l'histoire des faits, des moeurs el de la littérature. Paris, 1852, in 8°.
Lenormant (Charles). — Médailles françaises. 1™ partie.
Lobineau (dom). — Histoire de Bretagne. (Voir dom Morice et dom Taillandier.)
L'opinium des Maistres d'oeuvres de Tours que Maistre Michel Colombe envoya.
Magasin pittoresque.Année 1838.
Mantz (Paul). — Sculpteurs de la Renaissance.
Manuscrits de la Bibliothèque de Tours (1).
Mellier (G.). — Ouverture et description du tombeau de François II.
Mémoires del'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
Mémoires de la Société archéologique de Touraine. (Un grand nombre de volumes delà collection.)
Mouhnier. — Celeber S. Martin. Turon. eccles. (Manuscrit de la bibliothèque municipale, tome I.)
Morice (Dom). — Histoire de BreUgne. (Voir dom Lobineau et dom Taillandier.)
Notice sur le tombeau de François II. Nantes, Mellinet.
Palustre (Léon). (Voir : Bulletin Monumental.)
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Piganiol de la Force. (Voir': La Martinière.)
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Registres des délibérations du corps de ville. (Archives municipales de'Tours.)
(1) Obligeamment communiqués par M. Duboz, conservateur.
— 207 —
Revue du Lyonnais. (Voir : Defay.)
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Trébuchet. — Anne de Bretagne, reine de France, 1 volume in-18. Mellinet, Nantes.
IV
LISTE DES AUTEUBS, HOMMES D_TAT, ETC., CITES DANS L'OUVBAGE
A
Anne de Bretagne. Arthur III.
B
Babou (Philibert). Barangier (Louis). Barbet de Jouy. Baslien (François). Beaune (Jacques de). Boghem (Van). Bohier (Henri). Bontemps (Pierre). Brassefort (Guillaume). Brossard.
C
Carré de Busserolle (X.). Chabouillet. Chalmel.
Champagne (Philippe de) Cellini (Benevenuto). Champfort. Chaperon (Jean). Charles V.
Chevalier (l'abbé C). Chevillard (Etienne), Claux de Vozonne. Colombe (François). Colombe (Jehan). Colombe (Marthe). Colombe (Philippe). Colombe (Bobert).
Colomp (Guillaume). Columbin (Pierre). Courcy (de). Crucy (Mathurin).
D
Dauban.
Dehaisnes (l'abbé).
Delaborde (vicomte Henri), de l'Institut.
Delf (Coppin).
Deville.
Dubois (Paul), do l'Institut.
Duchesne (André).
Dufay.
Dunois.
Dupeyrat (Jourdain).
E
Enéo.
Eschalier (J. de 1').
F
Ferry Hutel. Fillion (B.). Foucquet (Jehan). Fouruier. François Ier. François II, duc de Bretagne. Franz-Verhas.
G
Galambert (de).
Galitzin (Prince Aug.).
Gallaut (Jehan).
Garnier.
Garreau (Guillaum;).
Gaudin (Marie).
Gély (abbéj.
Georges d'Amboise (le
cardinal). Giraudet (D'E.). Goujon (Jean). Goùin (Henri). Grandmaison (Ch.-L.). Grassoreille (G.). Guéguen (Guillaume). Guépin.
Guérin (Jehan). Guic'ienon.
H
Hawke.
Houssaye (Arsène).
Huerta (Jean de la).
J
Jean sans Peur. JoaDne (Adolphe). Joinville. Jules II (le pape). Juste (Antoine). Juste (Jehan).
— 208 —
L
Lambert (Jacques). Lambron de Lignim. Lamoricière (général de). Le Glay (D'). Lemaire (Jean). Le Muilurier (Antoine). Lenoir (Alexandre). Lenurmant (Charles), do
l'Institut. Lobineau (dom). Louis XI. Louis XII. Louise du Savoie. Loys de Bellay. Loys de Bueil.
M
Mantz (Paul). Marguerite d'Autriche. Marguerite de Bavière. Marguerite de Foix. Martin (François). Maur (Saint-). Melier (G.). Meyt (Conrad).
Micholanl. Molinet (Jean). Moulaigli _ (A. de). Morice (dom), Mousnier.
P
Palu (Michel). Palustre (Léon), Papillon (Juan). Paquot.
Pécheux (Ernest). Perréal (Jehan). Philibert de Savoie. Pilon (Germain). Pitra (N'.\. Pitre-Chevalier. Pommiers (J. de). Poûau (chanoine). Primatice (Le).
Q Quincarlet (l'abbé).
R Rabion (abbé).
Ramé (Alfred). Rauzy (E.).
Regnault (Guillaume;. Regnault (Pierre). Rouhault (Louis). Roulliel (Antony/.'i Rousselet (le Père).
S
Salmon. Sluter (Claux). Sourdeval (Cb. de).
T
Taillandier (dom). Tallemant des Réaux. Thibault (do Salins). Thiebault-Lepleigney, Trébuchet. Turnus.
V
Valence (Pierre de). Vinci (Léonard de). Viot.
Observations météorologiques faites à Tours
MOIS DE MAI 1884
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14 0 25 2" 19 6" 759,6 759,6 74 ! 42 61 ~~?J7. —s "7" -77-5
118 23 8 17 8 760,9 760,0 66 40 46 0.-. ij 0
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10 0 2t 8 15 9 753,3 757,5 63 153 52 3 ^£ . ^ 3
iOYE.NNE VGYKNNE MOYENNE MOYENNE MOYENNE MOYENNES
S MIN1MA l'MS DES MAX. — j
MAXIMA ET DI-.S 758,9 758,2 Nébulosité moTenne du mois 11 G
no, a, vn î''^_ 74,2154,8170,7 (10 étant lo* maximum)
9,81 2 ,56 lo,68 _ o
^' ' L__ PLUS H. PLUS B. 4 S
US BASSE PLUS II. PLUS H. PRESSION PRESSION MiN. D'HDM. ' " ~
IPËRATURE TK.MP. MOY. og |e Oo
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510YENNE DU ÏIOIS MOYEXNE DU .VOIS
lloy. de l'état hjgr.
15,6 758,5 66 N -, jours
N-li 3
SI«MB_ E 1
Ciel clair 9 jours • Pluie 15 jours ^-E '
— 1/4 couvert 3 •*• Neige 0 o n o
— 1/2 couvert 9 v Rosée 16 »-° °
— 3/4 couvert 8 * Gelée blanche 0 ' M n o
— couvert 4 _ Gelée à glace N"° 2
Brouillard 0 Z Oras;e 5 plus 2 jours ou le vent a été de direction très variable. ■ Grêle 1
ta. — Dans les colonnes 1, 2, 3 on exprimo les températures au-dessous de zéro par le signe—, L'absenc^l e signe indique une température supérieure à zéro.
a force du vent est marquée par les chiffres suivants : 0 nul, 1 faible, 2 modéré, 3 assez fort. 4 fort, o très fort, n violent
7 tempête.
— 211 —
EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX
Séance du 14 juin 1884
PBÉSIDBNCE DE M. HOUSSAKD, PRÉSIDENT
La séance est ouverte à une heure et quart.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
Lettre de M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, relative au programme du Congrès des Sociétés savantes en 1885.
Envoi par la préfecture d'Indre-et-Loire du Bulletin officiel de la propriété industrielle et commerciale.
Lettre de M. Blanchard et envoi d'un rapport de M. Ladevèze sur une nouvelle taille des vignes par M. Leroux, viticulteur. Expériences faites à la Gastière.
Lettre de part annonçant la mort de M. Alphonse Lavallée, président de la Société nationale d'horticulture de France.
La parole est ensuite donnée à M. À. Vallée pour la lecture d'un mémoire sur les expériences faites aux environs de Paris, à l'occasion des réunions de la Société des Agriculteurs de France, des charrues sulfureuses ; ce travail a été très apprécié au Congrès des Agriculteurs de France.
M. le Secrétaire perpétuel communique à la Société une lettre de M. le comte de Salis, annonçant, à M. Vallée que la Société lui a attribué, pour le môme travail, une médaille d'argent.
Des félicitations unanimes sont adressées à M. Vallée.
M. de Tastes donne des explications aussi intéressantes que judicieuses sur la cause de l'accident arrivé récemment à l'usine Ou gaz portatif: une petite note sera demandée à M. de Tastes, sur ce sujet intéressant — les cultivateurs se servant fréquemment de machines à vapeur, — afin de prévenir, autant que possible, le retour de sembltibles accidents. La séance est levée à deux heures et quart.
Le Secrétaire perpétuel, A.-U. JUTEAU.
1884 13
— 2i_ —
Séance du 7 juillet 1884
PRÉSIDENCE SI M. BLANCHÀBD, VICE-PRESIDENT
La séance est ouverte est ouverte à une heure et demie.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
Lettre de M. le Préfet, transmettant à la Société un questionnaire relatif à l'enquête parlementaire sur la situation des ouvriers de l'industrie et de l'agriculture en France.
Deux exemplaires du questionnaire sont remis, l'un à M. Blanchard, l'autre à M. Breton, qui sont priés de vouloir bien le remplir et le renvoyer directement à M. le Préfet, à cause des vacances de la Société.
M. le Secrétaire du Congrès archéologique envoie une note aux délégués des sociétés savantes qui doivent se rendre au congrès destinée à faire connaître la réduction sur le prix des places accordées par la Compagnie du chemin de fer. Cette note est communiquée, quoique tardive, aux membres présents.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à la Société qu'un de nos collègues, M. le colonel Gabriel Salvador, vient d'obtenir, au concours régional de Bordeaux, la grande médaille d'or, pour ses travaux de silviculture dans les Landes. Ce n'est pas la première fois que notre collègue mérite de semblables faveurs. La création de la forêt de Lugos avait déjà obtenu, en 1882, la plus haute récompense de la Société nationale d'agriculture de France. Ce succès fait le plus grand honneur à M. le colonel Salvador, et la Société d'agriculture, honorée elle-même par ces résultats dus aux efforts d'un des siens, s'associe à MM. les agriculteurs de France, comme à MM. les membres du jury du concours régional de Bordeaux, pour féliciter notre collègue, si sympathique et si distingué, de consacrer les loisirs de sa retraite, après une carrière non sans gloire, aux besoins de l'agriculture.
M. le Secrétaire de la Section des sciences lit les procèsverbaux des séances du 30 avril et du 28 mai.
La Société s'occupe ensuite, avec mille difficultés dont le détail ne saurait trouver place dans un procès-verbal, de l'organisation des parcours des diverses commissions chargées de juger les concurrents du concours départemental.
Tout est réglé néanmoins, sauf modifications; heureusement, nous savons qu'il nous est permis de compter sur l'inépuisable bonne volonté de quelques-uns de nos membres, qui ne manqueront point de payer de leur personne.
- - 213 —
La séance s'achève par deux communications du plus grand intérêt et bien faites pour faire regretter le petit nombre de nos membres venus, malgré de pressantes sollicitations et de gros intérêt, à cette séance.
La parole est donnée à M. Chauvigné fils pour la lecture de son travail sur l'origine et l'organisation des corporations d'arts et de métiers de Touraine.
L'étendue de ce travail ne permet pas à. l'auteur d'en donner communication complète, mais des extraits fort intelligemment choisis permettent de juger l'ensemble, et les membres présents demandent unanimement l'insertion intégrale de cet intéressant mémoire.
M. l'abbé Vallée communique ensuite à la Société : {" une étude sur les télégraphes électriques à cadran, système Froment, — xvi" siècle.
2° Un travail sur l'histoire des lueurs crépusculaires de 1883.
La lecture de ces documents, fort intéressants, est écoutée avec grand plaisir; des remerciements sont adressés à M. l'abbé Vallée et l'insertion de ces travaux dans nos Annales est aussitôt votée.
Rien n'étant plus à l'ordre du jour, la séance est levée à trois heures et demie.
Le Secrétaire perpétuel, A.-H. JUTEAU.
COMPTES RENDUS DES TRAVAUX DES SECTIONS
SECTION DES SCIENCES, ARTS ET BEL_ES-I_TTBES
Séance du 30 avril 1884
PRÉSIDENCE DE M. BOYER, YICE-PRÉSIDBNT
La séance est ouverte à deux heures et quart.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. l'abbé Vallée a la parole pour la première communication portée à l'ordre du jour et ayant pour titre : Les Télégraphes électriques à cadran, système Froment, au xvi° siècle.
Cette lecture, au point de vue de l'histoire de l'électricité à sa naissance, présente un véritable intérêt. L'auteur cite divers passages du livre où Froment relate ses observations. Les premiers télégraphes à cadran y sont décrits avec une naïveté digne du temps, et l'explication de leur fonctionnement n'en démontre pas moins toute l'exactitude.
La deuxième communication de M. l'abbé Vallée a pour sujet l'Histoire des lueurs crépusculaires de 4883.
— 214 —
Les diverses causesqui, selon plusieurs savants, ont pu produire ce phénomène, sont énumérèes et présentées avec leurs divers raisonnements. L'hypothèse où les cendres duKrakatoa, élevées à des hauteurs considérables et tamisées par la lumière solaire à la chute du jour, seraient la cause du phénomène, semble être la plus digne de confiance.
Cette assertion est en effet fondée sur des lueurs semblables, qui se produisirent en 1831, après une éruption volcanique.
Ces deux communications, si dignes d'intérêt, seront lues en séance générale, et l'impression dans les Annales de la Société en sera demandée.
M. Çhauvigné lils communique un compte rendu de la séance générale de la Société de topographie de France pendant le congrès des Sociétés savantes à la Sorbonne.
L'exposé du projet de création d'une école nationale de géographie à Paris a été fait par M. Drapeyron, secrétaire général de la Société; puis Al. le baron de Vauthelerct a pris la parole sur le percement du grand Saint-Bernard.
Cette percée, nécessitée par la concurrence établie par le tunnel du Saint-Gothard, s'impose surtout au poin: de vae des intérêts français. La ligne ferrée qui passera par le grand Saint-Bernard, ayant pour extrémités Calais et Brindisi, serait inévitablement la route la plus directe pour les transact'ons avec l'Orient. D'un autre côté, l'Allemagne a voulu nous atteindre dans notre commerce eu creusant le Saint-Gothard : il est urgent de réagir.
Après cette communication, l'assemblée se sépare à 3 heures et demie.
Le Secrétaire,
AUG. ÇHAUVIGNÉ fils.
Séance du 28 mai 1884
Les membres présents n'étant pas en nombre suffisant, la présente séance est remise au mois prochain.
Le Secrétaire,
Auguste ÇHAUVIGNÉ lils.
Séance du 25 juin 1884
PRÉSIDENCE DE M. DE TASTES, PRÉSIDENT
La séance est ouverte ù deux heures et demie. Le procès-verbal des séances du 30avril et du 28 mai est lu et adopté sans observations.
— 215 —
M. le Président donne lecture d'un article extrait des comptes rendus de l'Académie des sciences, par M. le D'Rouire, relatif au projet de la mer Intérieure d'Afrique.
Ce mémoire, qui a fait beaucoup de bruit par ses considérations dignes du plus grand intérêt, discute une à une les raisons qui ont déterminé le commandant Koudaire et M. de Lesseps à marquer l'emplacement de la mer Intérieure.
Une conversation générale suit cette lecture, après laquelle M. Borgnet obtient la parole pour une communication sur la question du jour, !es mathématiques, et ayant pour titre: Analogie entre quelques propriétés des lieux géométriques représentés par les équations
dans le système des coordonnées cartésiennes.
Ce travail, qu'il est impossible d'analyser dans les notes brèves d'un procès-verbal, mérite cependant, par son intérêt peu commun, d'être conservé. La Section en demandera l'impression dans les Annales de la Société.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 4 heures.
Le Secrétaire, Auguste ÇHAUVIGNÉ fils.
ANALOGIE
Entre quelques propriétés des lieux géométriques, représentés par les équations
DANS LE SYSTÈME DES COORDONNÉES CARTÉSIENNES
§1
«. Les axes coordonnés auxquels la courbe (1) est rapportée partagent le plan de la courbe en quatre régions angulaires distinctes.
6. La courbe (1) est une hyperbole dont les deux branches sont situées dans deux régions opposées par l'origine des coordonnées, et symétriques l'une de l'autre par rapport à cette origine ; l'une de ces régions sera d'ailleurs celle des _ et des y positifs, si, comme nous le supposons, m est une quantité réelle et positive.
Y. Cette hyperbole a pour asymptotes les axes coordonnés.
s. La quantité m3 de l'équation (1) s'appelle généralement la puissance de l'hyperbole.
§2
a. Les plans coordonnés auxquels la surface de l'équation (2) est rapportée, partagent l'espace en huit régions triédrales ; chaque région triédrale est opposée à trois autres avec chacune desquelles elle n'a qu'une arête commune.
6. La surface (2) se compose de quatre nappes. L'une de ces nappes est située dans la région dont tous les points ont leurs coordonnées positives (si, comme on peut le supposer, m est positif). Les trois autres nappes sont placées respectivement dans les trois régions opposées pour une arête à la première région, et sont symétriques de la première nappe par rapport à l'arête commune.
— 217 —
y. Chaque nappe a pour plans asymptotiques les trois plans coordonnés qui limitent la région où cette nappe est placée.
6. La quantité m? qui entre dans l'équation (2) pourrait s'appeler la puissance de cette surface. La surface (2) n'est pas un hyperboloïde, mais toutes ses sections par des plans parallèles à ses plans asymptotiques sont des hyperboles ; ainsi, toutes les sections parallèles au plan des xy sont des hyperboles dont les asymptotes sont parallèles aux axes OX et OY, et dont le centre est toujours placé sur l'axe des Z.
On pourrait donc dire que la surface est engendrée par cmouvement d'une hyperbole de puissance variable, dont le centre se mouvrait sur l'axe des Z, dont les asymptotes resteraient constamment parallèles aux axes OX, OY, et dont la puissance, égale à m2 quand la distance de l'origine au centre
de cette hyperbole est m, devient égale à — quand cette distance est n.
Génération analogue de la surface (2) par une hyperbole variable se mouvant parallèlement à chacun des deux autres plans asymptotiques.
La surface (2), surface du troisième ordre, diffère donc essentiellement de l'hyperboloïde, qui n'est qu'une surface de second ordre; non seulement ces deux surfaces diffèrent par le nombre de leurs nappes, mais par la forme de ces nappes, chacune des quatre nappes de la surface (2) présentant un triple affaissement, tandis que chacune des deux nappes de l'hyperboloïde ordinaire ne présentera que deux affaissements.
§§1
Si l'on mène une tangente à la branche positive de l'hyperbole (1) et qu'on arrête cette tangente aux deux asymptotes :
a. Le point de tangence sera le centre de gravité (le milieu) de la tangente ;
6. Le triangle intercepté entre cette tangente et les deux asymptotes, aura une aire constante, quelle que soit la position de la tangente;
Y. Cette aire constante sera égale au double de l'aire du parallélogramme construit sur les coordonnées du point de tangence.
— 218 —
§§ 2
Si l'on mène un plan tangent à la nappe positive de la surface (2) et qu'on limite ce plan à ses intersections avec les trois plans asymptotiques:
«. Le point de tangence sera le centre de gravité du triangle ainsi obtenu ;
6. La pyramide triangulaire interceptée entre le plan tangent et les trois plans asymptotiques, aura un volume constant, quelle que soit la position du point de tangence;
27 y. Ce volume constant sera égal aux — du volume du parallélépipède construit sur les coordonnées du point de tangence.
§§§1
Problème. — Entre deux droites indéfinies qui se coupent sous un angle donné <p, inscrire une troisième droite qui forme avec les deux premières un triangle de surface donnée.
a. Première solution.—S' 2 étant la surface donnée, construisez
entre les deux droites données, une hyperbole dont la puissance
2S 2 mi ait pour expression ; menez une tangente quelconque
sin ç
à cette hyperbole ; et cette tangente, terminée aux deux asymptotes, sera la base d'un triangle/repondant à la question.
L'hyperbole est la ligne enveloppe des bases de tous les triangles qui répondent fi la question.
6. Deuxième solution. —Prenez sur les deux droites données, à partir de leur point d'intersection, deux longueurs x = OA, y = OB, dont l'une soit arbitraire et dont l'autre satisfasse à
2S 2 la relation xy = —— ; joignez les points A et B ; puis, paraisin
paraisin lèlement à AB, menez une droite dont la distance au point O soit double de celle Je la droite AB au même point ; cette parallèle résoudra la question
§§§*
Problème. — Etant donné un angle trièdre, dont les arêtes, prisesdeux à deux, font entre elles 1( s angles X, li.,-', métier un plan qui, avec les trois premiers, détermine une pyramide triuugulaire de volume donné V 3.
— 219 —
a. Première solution. — Construisez entre les trois plans donné 8, le pseudo-hyperboloïde dont la puissance m3 ait pour va6V
va6V leur ———. (sin 9 étant une fonction connue des angles),, »,v, 27 sin ç'
laquelle fonction s'appelle communément le sinus de l'angle trièdre), menez un plan tangent quelconque à cette surface, et le problème sera résolu.
iNotre surface auxiliaire est la surf ice enveloppe des plans de toutes les bases des pyramides triangulaires qui résolvent la question.
6. Deuxième solution. — Sur deux des arêtes du trièdre donné, prenez, à partir du point O, deux longueurs arbitraires: y =_ OB, z _= OC et sur la troisième arête, une longueur
6V 3 x = OH qui satisfasse à la relation : xyz = ——:—. Menez 1 y 27 sin P
enfin un plan parallèle an plan ABC et dont la distance au pointOsoit triple de la distance du plan ABC au même point O, ce plan parallèle résoudra la question.
§§§§1
Problème. — Un angle étant donné, on propose de lui inscrire deux droites qui, avec les deux côtés de l'angle donné, déterminent un quadrilatère qui ait une aire donnée n 2.
Solution. — Des deux droites demandées, on donnera à l'une une position entièrement arbitraire. Soit S! la surface du triangle qui en résultera. Puis on en tracera une seconde faisant, avec les deux côtés de l'angle, un triangle dont la surface ait pour expression s2 -\- n"-. Le quadrilatère formé par les bases des deux triangles avec les deux côtés de l'angle donné repondra à la question.
§§§§2
Problème. — On donne un angle trièdre et l'on propose de le couper par deux plans qui interceptent, dans l'intérieur de l'angle trièdre, un tronc de pyramide triangulaire dont le volume soit équivalent à un volume donné N 3.
Solution. — Des deux plans demandés on en prendra un à volonté. Soit V3 le volume de la pyramide triangulaire à laquelle il donnera lieu. On prendra ensuite le second plan demandé, de telle sorte qu'il intercepte, dans l'intôrieurde l'angle trièdre, une pyramide triangulaire de volume V3 -j- W. Le tronc de la pyramide triangulaire intercepté entre ces deux plans et les aces du trièdre donné répondra à la question.
— MO —
N. B.—Si l'angle trièdre se réduisait à. un prisme triangulaire par l'éloignement à l'infini du sommet de ce trièdre, le second plan cherché aurait, comme le premier, une direction absolument arbitraire; seulement il serait assujetti à la condition de passer par un point facile à déterminer sur la ligne droite que, dans une communication précédente nous avons appelée l'axe du prisme.
Tours, le 25 juin 1884.
A. BORGNET.
HISTOIRE ABREGEE Des lueurs crépusculaires de 1883-84
Diverses hypothèses à leur sujet
Le 26 novembre dernier, vers sept heures du soir, après une journée de ciel gris comme nous en avons trop à cette époque de l'année, des lueurs rouges se montrèrent au couchant, embrasant une grande partie du ciel et présentant le spectacle d'un immense incendie. C'était l'impression générale.
Le lendemain, les journaux les mieux informés et les plus jaloux d'instruire leur public, ne manquèrent pas de décrire la superbe aurore boréale que tout Paris avait contemplé.
Jugeant d'après une fausse ressemblance, ces chroniqueurs, qui ne sont pas obligés d'être de savants météorologistes, n'avaient pas réfléchi 1° que ces lueurs étaient situées à l'ouest et non au nord ; 2° qu'elles n'avaient été précédées ni accompagnées de perturbations de l'aiguille aimantée, deux conditions qui s'observent toujours dans nos contrées quand il y a production d'aurore boréale.
Ces singulières et magnifiques illuminations ont dû vivement aussi intéresser le monde savant. En effet, elles ont été observées en Europe pendant les mois de novembre et de décembre, et se voyaient encore à la fin de janvier. Dans les régions intertropicales, elles se sont montrées dès le mois de septembre et ont été accompagnées, en Afrique aussi bien qu'en Amérique, de phénomènes d'obscurcissement et de coloration solaire. Les renseignements qui sont arrivés de toute part ont écarté d'une manière absolue l'idée que des effets aussi surprenants, observés dans presque toutes les régions du globe, puissent avoir pour cause les conditions météorologiques ordinaires. C'est un fait certainement exceptionnel qu'il importe d'étudier avec soin.
L'illustre Dumas, qui les a observées à plusieurs reprises à Cannes, où il est allé mourir, engageait, en janvier dernier, les membres de l'Académie, dont il était le secrétaire perpétuel, à réunir tous les documents qu'on pourrait se procurer sur ce sujet et à en publier le résumé. C'est ce que pour notre part, nous allons essayer dans cet article ; mais nous nous bornerons à signaler ce qui nous a paru représenter le caractère général du phénomène. On comprend que des conditions atmosphé-
222
riques locales aient pu en modifier l'aspect et offrir des particularités intéressantes sans doute, mais dont on ne saurait tenir compte sans s'exposer à se perdre dans les détails.
Les hypothèses, les explications émises au sujet de ce prodigieux phénomène ontcté nombreuses, ayant eu le don de varier au fur et à mesure que se produisaient de.nouvelles observations du phénomène, regardé d'abord comme local, mais que nous savons aujourd'hui avoir été universel et persistant, et se reproduisant aux deux crépuscules.
Nous avons déjà écarté l'hypothèse d'une aurore boréale, qui ne serait qu'une explication locale du phénomène, et qui est répudiée par les raisons scientifiques que nous avons données ; aussi nul n'y croit aujourd'hui.
Quelques-uns ont prétendu que c'était une simple exagération des crépuscules ordinaires produite par un état hygrométrique particulier de l'atmosphère. Mais il faudrait pour cela que les mêmes conditions météorologiques eussent existé en même temps dans toutes les régions du globe, ce qui n'est pas admissible, car il faudrait, en outre, supposer que l'eau à l'état vésiculaire pût exister à une hauteur de 50 kilomètres, ce qui n'est pas.
On a encore assimilé ces crépuscules extraordinaires aux halos que les aiguilles de glace en suspension dans l'air produisent souvent autour du soleil et de la lune. La masse considérable de vapeurs d'eau que les rayons solaires sont obligés de traverser parfois, suffisent à donner à la lumière du soleil cette teinte rouge qu'on observe fréquemment au lever et surtout au coucher du soleil quand l'air est chargé de vapeurs vésiculaires. Cet essai d'explication a été tenté surtout par les aéronautes, qui ont constaté plusieurs fois ces nuages de cristaux, microscopiques de glace pendant leurs ascensions aérostatiques. C'est en effet l'explication donnée par M. G.ïessandier dans la Nature, décembre 1883.
Mais les dimensions de l'arc et la distribution des teintes contredisent formellement cette hypothèse. Pourtant M. Piazzi Smith a fait une dissertation du plus grand intérêt sur les absorptions qui se produisent dans notre atmosphère suivant qu'elle contient peu ou beaucoup de vapeur d'eau. Il démontre que, selon les cas, la lumière blanche qui la traverse peut devenir rouge, verte ou bleue. Cette théorie du savant astronome expliquerait peut-être la coloration du soleil observée sous les tropiques et non ailleurs, elle ne suffit pas à elle seule à donner l'explication, la raison de ces lueurs crépusculaires observées sur toute la surface du globe. Un phénomène aussi général exigeait une cause générale.
C'est alors que surgit une autre explication plus scientifique. Pour certains savants, les particules traversées par la lumière
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solaire, au lieu d'être des cristaux microscopiques de glace, étaient de la poussière cosmique. Selon eux, la terre traversait alors uu essaim considérable de cette matière due à l'éclatement, à la pulvérisation d'un de nos astéroïdes à qui nous devrions le phénomène encore insuffisamment expliqué des étoiles filantes. C est surtout l'Amérique qui, par la plume du professeur Broocks, donne, dans le Scientiftc American, cette explication, à laquelle des savants tiennent encore. Voici ce qu'a publié à ce sujet le savant professeur de New-Yorck :
« Dans la soirée du 28 novembre il observa une multitude de météores qui, au coucher du soleil, se dirigeaient vers lui. Cela lui fit supposer, avec quelque probabilité, que dans son mouvement de translation, la terre avait traversé une multitude de petits météores et une grande quantité de poussière météorique. C'est pourquoi, dit-il, la lumière du soleil, avant son lever et après sou coucher, se réfractant dans cette matière bien qu'extrêmement raréfiée, se teignait en rouge, comme il arrive ordinairement aux rayons lumineux qui traversent une grande quantité de fumée; ou bien encore la terre traversait alors la matière de quelque comète, ce qui revient au même, et a pu produire le phénomène observé. »
Pour comprendre cette explication, le même professeur Brooeks dit qu'il est nécessaire de se reporter aux observations qu'il a faites sur la grande comète de 1882, qu'on apercevait à l'oeil nu, près du soleil, le 18 septembre, et dont la relation a été publiée à Buenos- Ayres eu juin 1883. Voici partie de cette relation:
« Les circonstances qui ont accompagné la comète à son « passage par le périhélie démontrent que dans le voisinage « du soleil, elle a dû absorber une telle intensité de chaleur, « qu'il devait nécessairement en résulter dans sa constitution « physique une altération dont l'effet serait la diminution delà « densité dans la masse cométaire et une augmentation extra« ordinaire dans son volume. Ces circonstances ne pouvaient « moins faire que d'influer sur la force attractive du soleil « conformément aux lois de la mécanique. D'un autre côté, « cette action du soleil, qui sollicitait peut-être la chute de la « comète sur sa surface, combinée avec une augmentation « extraordinaire de la force centrifuge de la même comète dans
_>
« sa proximité du périhélie et la naissance de 1 atmosphère « hydrogénée du soleil, dans laquelle elle se trouvait submer« gée, doit avoir produit en elle une déviation rapide sur sa « course en la déterminant à suivre un cours différent du sien « et peut-être en influant sur le plan lui-même. »
Le professeur Lewis Ross, à Londres, appuie cette explication. 11 prédisait en 1880, que la comète devait tomber directement sur le soleil, suivant ses calculs, en trois ans au plus.
— 224 -<_La
-<_La opinion a été émise par M. Gould, directeur de l'observatoire de Cordoue, lequel a constaté, au moyen des éléments, astronomiques, l'identité de la comète de 1883, non seulement avec celle de 1843, mais encore avec celle de 1880, et sa chute dans le soleil après un petit nombre de révolutions; et le savant professeur appuie ses dires de preuves très frappantes. Il conclut ainsi :
« Si l'on songe que la terre doit s'être appropriée une grande partie de ladite matière qui s'est mêlée aux vapeurs de l'atmosphère, on ne s'étonnera point que lesoleil ait été, pendant nombre de jours, précédé à son lever et suivi à son coucher d'une belle couleur rose plus ou moins intense selon les localités. »
Cette hypothèse a eu de nombreux partisans; il ne semble guère permis de douter que les phénomènes observés aient eu pour cause des nappes immenses de poussière d'une extrême ténuité qui restent en suspension dans les plus hautes régions de notre atmosphère. M. Raynard, dans un article fort intéressant publié dans le Klowlège du 7 décembre 1883, affirme qu'à un certain état de division, la matière solide peut rester des mois et même des années sans tomber. Leurs observations personnelles de décembre et de janvier font penser à MM. Perrotin et Thollon, qui ont fait à ce sujet un rapport à l'Académie, que le brillant phénomène des lueurs crépusculaires pourrait être un effet de diffraction analogue à celui des Couronnes.
L'existence de ces poussières étant admise, il suffit d'en rechercher l'origine ou cosmique ou terrestre. Dans l'un ou l'autre cas, la manière dont elles se sont distribuées dans toute notre atmosphère présente un intérêt vraiment exceptionnel. Nous avons expliqué précédemment l'origine cosmique de ces poussières, qui est admise surtout en Amérique. Il nous reste à parler de leur origine terrestre.
Pour que ces poussières se soient répandues dans cet état de ténuité dans toute l'atmosphère terrestre, il faut qu'il y ait eu quelque part une convulsion géologique très violente, et que cette convulsion puisse se rapporter à l'époque où les lueurs crépusculaires ont apparu.
Or l'éruption volcanique du Krakatoa, dans le détroit de la Sonde, qui a eu lieu le 25 et le 26 août, a été la plus violente convulsion géologique qui se soit produite sur notre globe depuis les temps historiques.
Le récit en a été publié dans la Nature française du 29 décembre dernier. Nous le devons à un témoin oculaire de l'immense catastrophe. Grâce au steamer hollandais Gouverneur général Loudun, obligé de rester en place pendant cette nuit polaire de 18 heures, à l'entrée de la baie de Lampong, qu'il n'osait quitter, on a pu recueillir les détails les plus complets et les plus précis sur cette éruption gigantesque. Ces détails
■ont d'autant plus nécessaires que tontes les colorations et illuminations extraordinaires observées dans les différentes parties du monde ont suivi l'éruption du Krakatoa. Je me borne ici à résumer le journal du bord, à en donner des extraits :
« L'éruption du Krakatoa commença dès le 11 août, mais elle resta relativement calme jusqu'au 25, jour où elle prit des proportions terribles pour atteindre son paroxysme le plus violent le 26. Une épaisse colonne de fumée s'échappant du cratère en ébullition s'étendit à une grande hauteur, comme une vaste couronne. Les cendres tombaient du ciel, et aux cendres succéda la pierre-ponce mêlée de boue. Elle couvrait le pont d'une hauteur de 0 mètre 60 ; elle était accompagnée d'odeurs, et de gaz, d'acide sulfureux surtout; la mer en était couverte sur une épaisseur de plus de 3 mètres. Ces boues, ces cendres mêlées à la pierre-ponce, formaient des îles flottantes qui fermaient en grand nombre la baie de Lampong Le 27 août,
vers six heures du matin, apparut une lame gigantesque de hauteur prodigieuse, qui s'avançait avec une force et une vitesse extraordinaires. Aussitôt le Loudun tourne sur lui-même et gouverne de façon à faire face au danger terrible qui le menace; mais la vague immense, semblable à une montagne, prend le navire par l'avant, le soulève dans les airs avec la rapidité de l'éclair, passe et se précipite vers la côte. Trois autres lames presque aussi fortes que la première surviennent à leur tour, enlèvent le steamer, qui fuit à toute vapeur, et le laissent intact. Pendant ce temps, l'eau inonde la plage, le phare tombe, les maisons sont arrachées de leurs fondements, la vague passe par dessus le môle, par dessus les arbres de coco et va se briser à 3 kilomètres des terres
« A neuf heures l'obscurité est considérable et s'accroît d'instant en instant; mais à dix heures du matin, les ténèbres sont tellement épaisses, que l'on ne voit pas un objet blanc à quelque distance qu'on le place des yeux ; et pourtant le soleil est près au zénith ! La nuit, ou plutôt l'absence complète de lumière s'étend assez loin, puisque, même à l'horizon on n'observe pas la moindre trace de lumière diffuse. Cette nuit polaire a duré dix-huit heures...
« Qui dira les souffrances physiques et morales de l'équipage pendant cette nuit affreuse de dix-huit heures?... La boue fétide dont nous avons parlé plus haut pénétrant partout : yeux, oreilles, étaient littéralement bouchés par cette matière désagréable qui rendait toute respiration impossible. Les passagers avaient de violents bourdonnements dans les oreilles ; quelquesuns étaient prêts à suffoquer et toutes les poitrinesétaient lourdement oppressées. Une somnolence étrange, stupéfiante, contribuait encore à rendre la situation plus horrible, plus épouvantable. En même temps la boussole avait des déviations
— 226 —
folles qui échappaient à toutes les règles, et néanmoins le baromètre était haut, la pression normale. Mais ce n'était que le commencement des misères que devaient endurer les passagers et l'équipage!
« A partir de onze heures du matin, quand la nuit noire eut tout envahi, le Loudun fut secoué par une suite non interrompue de tremblements de mer, sorte de remous terrible qui jetait le navire tantôt sur un flanc tantôt sur l'autre.- Pendant ce temps les éclairs traversaient les ténèbres à court intervalle : sept fois la foudre s'abattit sur le mât, et chaque fois suivit le fil conducteur du paratonnerre, par dessus le vaisseau, pour se perdre dans les abîmes de la mer, en faisant entendre un
crépitement satanique L'atmosphère était tellement chargée
d'électricité que celle-ci se dégageait des mats et des cordages sous forme de flammes bien connues sous le nom de feux SaintElme. Ces apparitions rendaient encore la position plus horrible pour les passagers indigènes eux-mêmes, qui, dans leur croyance superstitieuse, y voyaient un présage assure de leur naufrage. Aussi quelle joie quand parut l'aurore du 28 août.
« Mais cette aurore pâle et blafarde éclaira un spectacle lamentable, effrayant. Des villes, la veille animées, vivantes, pleines de mouvement, avaient disparu : Telock-B<. lang, au fond de la baie de Lampong, dans l'Ile de Sumatra; et à Java, les villes de Bartam, Anjer, Tjeringiu, tous les villages de la côte et la côte elle-même. La mer s'était avancée dans les terres ne laissant émerger que le sommet des monts; un nous eau et terrible déluge ! Telle avait été la force des vagues, qu'elles avaient projeté sur les montagnes, parfois à plus de 3 kilomètres dans l'intérieur, plusieurs navires, des chaudières, des locomotives, etc. Et puis, où s'arrêtait la ligne des eaux, la cendre commençait, toute l'île en fut couverte, la nature anéantie, les sources taries, les cours d'eau comblés et les malheureux habidants, au milieu de ce désert inexorable, moururent de faim et de soif par milliers. Un mot résume tout. Les changements survenus dans le détroit par cet horrible cataclysme, par l'apparition de nouvelles terres et l'affaissement de plusieurs îles, furent si considérables que le gouvernement hollandais crut devoir engager tous les navires qui devaient passer par cette, baie à éviter le détroit ae la Sonde, tant qu'on n'aura pas fait une nouvelle carte de ces parages désolés.
« Le 28 au matin, vers quatre heures, la pluie de pierreponce durait encore, mais, avec le jour, le steamer pourra
quitter cette baie de malheur De tous côtés l'onde est
couverte de pierre-ponce, la baie fermée comme nous l'avons dit, il n'y a qu'un moyeu de sortir de là, c'est de pénétrer à toute vapeur à travers les iles de ponce... Bientôt le Loudun est en vue de l'Ile Krakatoa. Ce que l'on voit n'est plus que le
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—rquart l'île, et la partie engloutie a été comme déchirée sur
une étendue de 25 kilomètres La région de destruction
complète est à peu près un cercle qui a pour centre le volcan du Krakatoa et pour rayon une ligne de 90 kilomètres. Les parties voisines de la mer, sur les côtes de Java et de Sumatra, qui donnent sur le détroit de la Sonde, ont été rasées^par ces vagues gigantesques hautes de 35 mètres, qui se sont précipitées au milieu des terres jusqu'à une distance de 1 à 10 kilomètres du rivage. »
Les vagues qui ont produit cet effroyable cataclysme ont perdu de leur force dès qu'elles se sont éloignées de leur centre d'action.
A l'occasion de ces vagues gigantesques, on a fait le calcul sur la vitesse de propagation des ondes liquides et des vapeurs atmosphériques poussées par l'éruption, historiquement la plus considérable, du Krakatoa du 27 août. Le mouvement moléculaire dans l'eau, d'après une note transmise à l'Académie par M. Evengiin de la Croix, avait la rapidité vertigineuse de 2,000 kilomètres à l'heure, soit une vitesse de 550 mètres par seconde, vitesse supérieure de 210 mètres à celle de la transmission ordinaire dans l'air. De même on a calculé aussi la vitesse des ondes atmosphériques à ce même propos, et on est arrivé à ce résultat qu'on a pu affirmer que l'éruption volcanique du Krakatoa a déterminé des ondulations atmosphériques assez intenses pour faire deux ou trois fois le tour de la terre.
De là on a conclu naturellement à la diffusion rapide des poussières de l'éruption du Krakatoa à travers l'atmosphère et ces poussières auraient été la cause des lueurs crépusculaires observés par tout le globe, à peu près en même temps. Comme nous l'avons dit pour les poussières cosmiques auxquelles les Américains particulièrement attribuent les lueurs crépusculaires, les poussières du Krakatoa réduites à une extrême ténuité ont dû rester en suspension plusieurs mois dans les hautes régions de l'atmosphère et causera la lumière solaire un effet de diffraction analogue à celui des couronnes qu'onbsee parfois en de telles circonstances.
Il y a des preuves de la diffusion universelle des poussières volcaniques du Krakatoa.
A la fin de décembre, Nordenskiold, le savant explorateur suédois, signalait à M. Daubrée, de l'Académie de France, que la neige tombée à Stockholm était souillée de petites quantités de poussière noire. Cette poussière analysée par lui contenait beaucoup de matières charbonneuses, qui, à l'état sec, brûlent avec flamme, laissant un résidu rougeâtre; mais il n'a pas constaté la preuve de la pierre-ponce, qui constituait surtout la 1884 16
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plus grande partie de poussières vomies et transportées en novembre et décembre 1883.
Ces poussières cependant étaient-elles cosmiques ou terrestres? on ne le saurait dire encore. L'étude attentive de ces poussières que l'on va sans doute recueillir et qu'on a déjà recueillies dans les eaux de pluie et de neige, tranchera la question d'une manière définitive. Les observations faites récemment à Madrid par MM. Villiam Beyvenck et J. Van Dam, en Hollande par M. J. Macpherson, confirment la théorie volcanique. D'autres études faites ailleurs, particulièrement en Norwège, semblent contredire, le docteur Reuseh. II convient donc, pour se prononcer définitivement, d'attendre les résultats que donneront les recherches ultérieures.
Nous ne saurions mieux faire, en terminant, que d'exposer la théorie de M. Piazzi Smith, pour expliquer les colorations crépusculaires, théorie qui ne s'applique pas seulement aux phénomènes récents, mais h tous les phénomènes de ce genre.
Le savant astronome fait remarquer qu'en observant au spectroscope le soleil couchant, toute la partie violette du spectre et une grande partie du bleu sont absorbées d'une manière générale. C'est là un effet de l'air traversé sous une très grande épaisseur par les rayons solaires. Indépendamment de cette absorption générale, les couches d'air produisent encore une absorption sélective, qui dépend surtout de leurétat hygrométrique. Supposons que, après son coucher, le soleil éclaire un écran de nuage de nature quelconque suffisamment élevés au-dessus de l'horizon, si l'air est parfaitement sec, il est presque entièrement transparent pour la lumière rouge, qui devient alors dominante: l'écran s'illuminera donc en rouge. Si, au contraire, l'air est saturé de vapeur d'eau, le rouge est absorbé en grande abondance, ainsi qu'une partie du jaune, et les rayons qui passent (rouge, jaune et vert), forment une sorte de teinte neutre plus ou moins affaiblie.
Nous avons plusieurs fois vérifié cette théorie. Le 27 janvier notamment, après avoir constaté avec le grand spectroscope installé au mont Gros, que les raies de la vapeur d'eau étaient exceptionnellement faibles, nous avons été témoins le soir d'un beau coucher de soleil, où les phénomènes crépusculaires se sont reproduits tels que nous les avons vus au commencement de décembre, mais avec une intensité un peu moindre et des nuances plus délicates. 11 serait donc fort à désirer que la spectroscopie météorologique, si bien inaugurée par M. Piazzi Smith, entrât dans la pratique et obtint une part digne d'elle parmi nos meilleurs moyens d'observation.
Une dernière question s'impose ici, si l'on veut avoir une étude quasi-complète de ce phénomène extraordinaire de 1883. Ces lueurs crépusculaires ont-elles eu des précédents, des simi-
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laires ? Nous répondons tout de suite : non, avec cette universalité ; oui, si on les réduit à un phénomène localisé, mais cependant d'une assez grande étendue.
Dans la séance de l'Académie des sciences du 21 janvier dernier, M. Angot rappelait que des lueurs à peu près identiques à celles que nous venons de décrire avaient été observées dans toute l'Europe, particulièrement les 24, 25, 26 septembre 1831. On lit, en effet, dans le cours de météorologie de Kemtz (traduction Ch. Martin, p. 411): « Lorsque les « vapeurs sont très élevées, tandis que les couches inférieures « de l'atmosphère sont bien transparentes, le crépuscule peut <c durer longtemps. L'été de 1831 fut'fort remarquable à ce « point de vue. On vit des crépuscules très prolongés depuis « Madrid jusqu'à Odessa, et les journaux de l'époque sont rem« plis d'observations de ce genre. Le 24 septembre, le coucher « du soleil n'offrit rien d'extraordinaire, mais bientôt la couleur « du ciel prit une teinte orangé très foncé, l'éclat de la lu« mière crépusculaire diminua lentement et passa au rouge. « La partie éclairée du ciel se rétrécit de plus en plus et « correspondait exactement au point où le soleil se trouvait « au-dessous de l'horizon ; on la voyait encore vers huit heures, '< heure à laquelle le soleil était à 19° 30' au-dessous de l'ho« rizon ; il en fut de même dans les soirées suivantes, et les « aurores de ces mêmes jours présentèrent des phénomènes « semblables. »
Or, justement, dans \& Nature du 4 février, M. G. Tissandier rappelait que les circonstances atmosphériques de 1831 ont été en tous points semblables à celles de 1883. En outre, dans les premiers jours de juillet de cette même année 1831, une éruption volcanique très considérable eut lieu dans la mer de Sicile, entre les côtes calcaires de Sciacca et l'île volcanique de Pontellaria. Une île nouvelle, l'île Julia, qui devait disparaître plus tard, surgit tout à coup du sein de la mer, au milieu d'une éruption de feu et de torrents de cendre. M. Constant Prévost fut envoyé par l'Académie des sciences pour étudier l'île nouvelle. Le prince Pignatelli lui assura que, dès les premiers jours de l'apparition, le 10 et h \ 1 juillet, la colonne qui s'élevait du centre de l'île brillait la nuit d'une lumière continue et très vive, comme le bouquet d'un feu d'artifice.
Les premiers jours d'août, une immense colonne de poussière s'élevait dans l'atmosphère et répandait une vive lumière ; le o, l'observateur dit textuellement: % Une poussière impal« pable, entraînée par le vent tombait en abondance. Cette « éruption dura plusieurs mois. Or les crépuscules colorés « eurent lieu dès les premiers jours d'août, comme on peut le « voir dans le cours de météorologie de Kemtz. Ces crépuscules « extraordinaires furent remarqués à Odessa, en Allemagne,
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« à Rome, à Gênes, à Madrid, c'est-à-dire dans une zone « immense dont le cratère de Sicile était le centre. »
En outre, à la suite de cette communication, se trouve une note dans laquelle M. Perrotin fait remarquer aussi que ces crépuscules colorés de septembre 1831 ont également coïncidé avec une éruption volcanique qui eut lieu à la Barbade (PetitesAntilles) le 10 et le 11 août 1831, éruption qui survint pendant un ouragan extrêmement violent avec plusieurs secousses accompagnées d'effets électriques très considérables, et que trois mille personnes périrent sous les décombres amoncelées par ce tremblement de terre.
Voilà bien des circonstances, des effets analogues entre les crépuscules de 1831 et ceux de 1883. La théorie volcanique a ainsi rencontré une nouvelle confirmation dans les faits de 1831, qui, au premier abord, semblaient déposer contre elle.
Toutefois, les partisans de l'essaim de poussières cosmiques rencontrées par la terre n'ont pas encore dit leur dernier mol. Nous l'avons déjà dit: Nordenskiold a observé la pluie de cendres en Suède. M. Yung envoyait dernièrement à l'Académie des poussières recueillies sur la neige des Alpes près de l'hospice de Saint-Bernard. On n'a pas encore recueilli assez de ces poussières pour en démontrer la nature cosmique ou volcanique, et c'est de cette analyse que dépend en grande partie la solution de la question dont nous venons d'exposer les traits essentiels.
Mais nous avons omis à dessein de parler des teintes si variables présentées par le soleil lui-même pendant quelques jours après l'éruption. Les partisans de la nature volcanique des lueurs nous diront sans doute : Post hoc, ergo propter hoc. Le soleil vert en effet a été signalé à Bourbon, dans l'Inde, dans l'Afrique australe, etc.
Pour quelle raison les lueurs rouges ne se sont-elles montrées que peu de temps après le coucher du soleil ou avantson lever? M. Vial en a tenté une explication qui n'est pas admise par M. Philippe Breton. Les communications de ces deux savants ont été publiées in-extenso dans le Cosmos des 2 et 16 février, où on peut les lire. M. Vial en voulant expliquer ces lueurs, a proposé une nouvelle théorie de la lumière zodiacale. Or ces deux phénomènesne paraissent avoir aucune connexité, au dire d'autres de ses confrères. Il faut donc encore attendre, et en attendant, choisir celle de ces diverses explications qui convient le mieux à chacun de nous.
Poussière cosmique ou volcanique, voilà les deux systèmes qui paraissent le mieux expliquer ces lueurs crépusculaires qui ont tant étonné le monde à la fin de 1883. J'ai voulu les donner toutes en résumé, afin de bien constater où en est à ce sujet la science météorologique actuelle.
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Cette étude avait son importance. N'eût-elle d'autre résultat immédiat que celui de nous mettre en garde contre des explications prématurées, en nous montrant avec quelles difficultés des hommes de grande science et de grande valeur, dont on regarde trop souvent le savoir comme transcendant, ont peine à se mettre d'accord sur un phénomène qui semble très simple au premier abord, que nous croirions encore avoir rendu quelque service à la saine philosophie, qui voit dans la religion une céleste soeur.
Monts, 30 avril 1884.
L'ABBÉ VALLÉE, Curé de Monts, Membre de la Section des sciences dans la Société d'agriculture d'Indre-et-Loire.
LES TÉLÉGRAPHES ÉLECTRIQUES A CADRAN Au seizième siècle
Une histoire de l'électricité serait fort curieuse. Bornonsnous à dire que ce fut environ 600 ans avant l'ère chrétienne qu'on avait déjà remarqué que l'ambre jaune ou succin attirait, après avoir été frotté, les corps légers placés dans son voisinage. Du mot électron, nom grec de cette substance, on a fait dériver celui A'électricité, pour désigner la cause de cette propriété attractive. Ce phénomène avait tellement frappé Thaïes, qu'il regardait le succin ou l'ambre jaune comme un corps animé.
Depuis cette époque les siècles s'écoulèrent sans qu'on ajoutât rien à ces remarques. U faut arriver jusqu'au xvie siècle pour trouver de nouveaux faits.
Ce fut Gilbert de Colchester, médecin de la reine Elisabeth, qui le premier trouva de nouveaux faits sur l'électricité, rassemblés dans son livre De Re Magnete. Or Elisabeth régna de 1558 à 1603. En augmentant beaucoup le catalogue des substances dans lesquelles le frottement manifeste une force attractive , et en y inscrivant le verre, non seulement il ramena l'attention sur cette sorte de phénomène, mais encore il présenta les moyens de les porter, dans les expériences, à un degré d'énergie bien supérieur à celui qu'ils avaient offert jusque-là. On vit alors qu'un tube de verre bien sec, un bâton de résine ou de cire d'Espagne, frottés assez longtemps avec une étoffe de laine, ne se bornent point à attirer les corps qu'on leur présente, mais les repoussent ensuite. A partir de ce fait, aperçu par Boy le et développé par Otto de Guericke, l'un des plus savants physiciens du xvir 6 siècle (1602-1686), on vit se multiplier les recherches et les découvertes.
Mais, avant Otto de Guericke lui-même, les P. de la Cie de Jésus, qui ont rendu de si grands services à la science par
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leurs éminents travaux, et qui n'existaient que depuis 1540, avaient déjà tourné les aptitudes de quelques-uns d'eux vers la science de l'électricité.
Le P. Leurechon, professeur de mathématiques avant l'âge de vingt-cinq ans, à l'Université de Pont-à-Mousson, publia, en 1624, le curieux ouvrage dont voici le titre exact : Récréation matèmaliqve composée de plvsievrs problesmes plaisans et facelievx en faitd' aritmètiqve, géométrie, mechanicqve, optique et avtres parties de ces belles sciences. Ce savant Père donne, entre les pages 68 et 69 de son curieux volume, une figure représentant un cadran muni d'une aiguille et sur lequel sont tracées les lettres de l'alphabet. C'est, à très peu de chose près, le cadran du télégraphe Froment. Au reste, on peut voir texte et cadran reproduits textuellement dans la savante Bibliothèque des écvivains de la Cie de Jésus (t. III, col. 2381), que les PP.de Baker et de Sommervogel viennent d'éditer, et où nous les avons vus nous-mêmes. L'inventeur, le P. Leurechon, dit que, grâce à son instrument, on pouvait se parler à la distance de plus de 200 milles. Notez que cet ouvrage a été imprimé en 1624.
C'est grâce aux expériences du P. Leuvechon et de celles du jésuite espagnol Nieremberg, consignées dans sa Curiosa filosofia {sic), qu'un autre P. de la même Cie, et Italien, le P. Mazzolari, plus connu sous son pseudonyme de Marianus Parthenius, écrivit en 1767 ses Electricorum libri sex. Six livres sur l'électricité à cette époque!... Or nous lisons, à la page 34 de ce livre étonnant, la description suivante de l'instrument et de l'expérience électrique qui avait devancé de bien loin ce que nous croyons avoir inventé de nos jours : Filum autem ita sub terra demergatur ut aliqua sui parte, in qua sit modica interruptio , emergat in domo amici. Hoc peraclo, si exoneratur tabula, vapor (c'est le fluide électrique; le P. n'a pas encore le mot propre, mais évidemment il a voulu le désigner par ce mot vapor) non via breviore, per pavimentum in quo est machina, sed per longiorem fili feretur, et apparebit scintilla in domo amici inter duas partes fili metallici ex usque pertingentis. Jam nullo negotio poterit quoddam velut alphabetum cum amico, ex scintilla componi et aliqua loquendi ratio condici. Une autre expérience, ajoute l'auteur, fut faite avec succès par le P. Bozoli, professeur de physique au Collège romain.
Enfin, dix ans plus tard (1777), dans un ouvrage sur la fortification et la défense des places, qui lui valut de Frédéric 11 le titre de lieutenant-colonel honoraire du génie, le P. Borgo, chassé d'Italie et réfugié en Prusse, proposait au roi d'employer, pour les dépêches militaires, la cifra parlante, qui était déjà connue et qui n'est autre chose qu'un télégramme
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chiffré, du même genre à peu près que celui que notre armée employait pendant la guerre de 1870.
Cette page de l'histoire ancienne de l'électricité nous a paru intéressante à exhumer et à conserver.
L'abbé VALLÉE, Curé de Monts.
LES TARIFS DES CHEMINS DE FER
HAPPORT LU DANS LA SÉANCE DU SAMEDI 3 MAI 1884
Par M. AXEL DUBOUL, membre résidant (1).
Les producteurs et les négociants français se plaignent avec raison, depuis longtemps, des anomalies que présente la tarification des transports sur nos voies ferrées ; ils ne cessent de réclamer contre les innombrables abus commis à l'abri d'un monopole, peut-être nécessaire autrefois, assurément inutile aujourd'hui, mais qu'une sage réglementation n'est pas venue maintenir dans les limites étroites du droit et de l'équité.
A l'occasion des conventions récentes passées avec l'État, les grandes Compagnies concessionnaires remanient complètement leurs tarifs généraux. Le gouvernement, sans l'homologation duquel aucun tarif ne peut être établi et qui ne saurait dès lors dégager entièrement sa responsabilité de l'état de choses existant, ne croit pouvoir prendre à cette occasion aucune initiative ; il vient donc d'inviter les Chambres de commerce à lui indiquer les mesures qu'elles désireraient voir adopter. De son côté, la Société des agriculteurs de France, dont la voix autorisée se fait entendre toutes les fois que les intérêts de l'agriculture nationale sont en jeu, a pensé que notre production, trop facilement oubliée, n'était pas la moins directement intéressée à prendre part à cette enquête ; elle a demandé aux Sociétés et aux Comices agricoles de lui adresser leurs observations, qu'elle se propose de grouper et de transmettre au gouvernement.
Le soin de répondre à l'appel de la Société des agriculteurs de France a été renvoyé par vous à une Commission spéciale, qui m'a confié la difficile et lourde tâche de vous faire connaître le résultat de ses recherches et de ses travaux.
La réforme du régime des transports par voies ferrées a déjà été soumise à votre examen, il y a environ quatre ans, et j'ai eu l'honneur, à cette époque, de vous présenter les conclusions de la Commission que vous aviez chargée d'étudier cette question. Depuis lors, notre tarification ne s'est guère modifiée, et il me suffirait peut-être de rappeler à votre souvenir les observations énoncées dans mon précédent rapport, si nous ne nous
(1) La Commission était composée de MM. Causse, président ; Ed. de Capèle, secrétaire général ; de Raymond-Cahusac, Ozenne, de Malafosse, Théron de Montaugé et Duboul, rapporteur,
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trouvions en présence d'une situation nouvelle et tout particulièrement favorable pour obtenir des modifications impérieusement réclamées par le commerce et par l'agriculture.
Les nouveaux tarifs aujourd'hui à l'étude ne pourront être mis en vigueur avant l'autorisation administrative ; nous devons donc apporter la plus grande précision dans nos réclamations, entrer dans certains développements, présenter d'assez nombreux exemples pour établir le bien fondé de nos légitimes revendications et obtenir leur prise en considération par le gouvernement, qui, une fois son homologation accordée, ne pourrait même plus mettre en discussion un ensemble de tarifs devenus la propriété des Compagnies concessionnaires. Il faut, dès lors, examiner cette question dans tous ses détails et profiter de l'occasion présente pour améliorer, dans la mesure du possible, la situation déjà si compromise de notre agriculture.
Les Compagnies ont fait part à M. le Ministre des travaux publics; de leurs dispositions générales au sujet des tarifs d'impprtationt d'exportation et de transit; mais avant d'examiner successivement ces trois régimes spéciaux, votre Commission a pensé qu'il y avait lieu d'émettre un voeu sur la tarification des transports; en France, sur le tarif général lui-même et sur ses exigences parfois étranges.
La compilation de l'énorme in-folio qui compose nos tarifs lui a paru tout d'abord présenter une difficulté réelle pour l'expéditeur peu expérimenté : chacune des six grandes Compagnies a un tarif général et un grand nombre de tarifs spéciaux à certaines marchandises pour les transports d'un point à un autre du même réseau ou des réseaux voisins. La connaissance exacte de cet ensemble de taxations demande une étude sérieuse et une habitude;soutenue; mais lorsque l'on est parvenu à débrouiller cet enchevêtrement, à se reconnaître dans ce dédale de tarifs de toute nature, on arrive à faire des découvertes aussi surprenantes qu'inattendues. Je me bornerai à citer un exemple. Un expéditeur de bonne fol, mais peu au courant des exigences de nos Compagnies, fait une expédition de maïs de Toulouse, sur Bayonne, et demande l'application du tarif le plus réduit ; il est taxé à raison de 26 fr. 23 c. la tonne. Un autre, mieux avisé ou plus expérimenté, fait la même expédition en réclamant le tarif spécial P n° 7 ; il aura à payer seulement 13 francs la tonne pour la même marchandise et pour le même parcours. Le premier aurait dû savoir qu'il n'était admis à profiter des prix exceptionnels qu'à la condition formelle d'en faire la demande expresse en désignant avec précision le tarif dont il désirait l'application. Nous n'ignorons pas la prolongation du délai dans lequel le transport devra être exécuté pour la seconde expédition, nous savons également que le temps est de l'argent; mais lorsqu'un expéditeur en petite vitesse réclamé
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les tarifs les plus réduits, il y a tromperie, ce nous semble, de la part du charroyeur qui exige de son client une plus grande précision. J'aurai, d'ailleurs, l'occasion de vous parler tout à l'heure des décisions prises à ce sujet par le gouvernement d'une nation voisine, dont le mouvement commercial est bien loin cependant d'égaler celui de la France.
Les tarifs spéciaux entre diverses gares de notre réseau ne nous paraissent pas équitables au point de vue de l'égalité de traitement à laquelle ont droit toutes les marchandises de même nature voyageant sur les lignes françaises. Ainsi, les gares d'Ivry et de Bercy, à Paris, reçoivent des vins venant de Carcassonne, de Lézignan et de Béziers, moyennant 47 fr. 10 c, 50 francs et 49 fr. 45 c, pour un parcours variant entre 841, 877 et 824 kilomètres, suivant les tarifs spéciaux S nos 10 et 12, c'est-à-dire à raison de 0 fr. 056 à O fr. 060 par tonne et par kilomètre ; cependant nos vins de Toulouse, à destination de Bayonne, payent 31 fr. 45 c. pour 322 kilomètres ou 0 fr. 097 la tonne kilométrique. Il y a intérêt majeur, nous le reconnaissons, à réduire les frais de transport entre les centres de production et notre grand marché parisien ; mais est-il juste que le même article soit soumis, suivant sa provenance et sa destination, à des tarifs qui varient de 38 à 42 % ' Remarquons, en outre, que Bayonne peut être considéré comme l'un de nos marchés d'exportation et que les frais des transports à cette destination doivent être réduits dans la plus forte proportion possible.
Votre Commission vous proposerait donc de demander, pour toutes les Compagnies françaises, un tarif général unique, des taxes décroissantes en raison inverse de la distance kilométrique, une classification des marchandises unifiée, ou tout au moins considérablement simplifiée.
En ce qui concerne les tarifs spéciaux d'importation, généralement connus sous le nom de tarifs de pénétration, les Compagnies sont disposées, en principe, à modifier ceux qui pourraient « altérer les conditions économiques de notre régime « douanier, sous la seule réserve que les marchandises qui y « sont reprises ne puissent pas être importées à plus bas prix « par d'autres voies de transport. »
L'examen de ce régime de circulation m'oblige, messieurs, à vous demander de me suivre sur le domaine des chiffres; malgré tout l'intérêt qui s'attache à cette importante question, le sujet n'en est pas moins aride, et j'ai besoin de toute votre indulgence pour ne pas abuser de votre bienveillante attention. Ayant à nous occuper presque exclusivement des intérêts ricoles, je chercherai, dans cette discussion, à prendre mes emples parmi les produits de notre région ou leurs similaires
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étrangers voyageant sur les chemins de fer du midi de la France.
Les expéditions de vins faites à Cerbère, notre station frontière, sur Toulouse, sont frappées d'une taxe de 27 francs les 1,000 kilogrammes, pour un trajet de 252 kilomètres ; les mêmes produits, en provenance de Barcelone et à la même destination, acquittent le même droit de 27 francs pour un parcours de 423 kilomètres: sur cette somme, 11 fr. 10 c. appartiennent à la Compagnie étrangère ou au gouvernement espagnol, qui perçoit un droit de circulation sur toutes les marchandises, et 15 fr. 90 c. à la Compagnie française. Le trajet de Cerbère à Toulouse coûte donc au vin : s'il est français, 0 fr. 107 par tonne et par kilomètre, et, s'il est espagnol en provenance de Barcelone, seulement 0 fr. 063, soit une différence de plus de 40 °/0.
La Compagnie du Midi objectera sans doute qu'elle a à lutter contre la concurrence maritime par Cette; mais le transport des vins de Cette à Toulouse (219 kil.) coûte 17 francs, soit 0 fr. 077 la tonne kilométrique; en outre, le cours du nolis entre Barcelone et Cette est aujourd'hui de 6 fr. 50 la barrique de 550 litres (poids brut, 650 kil.) ou 10 francs la tonne, soit ensemble 27 francs, auxquels il y a lieu d'ajouter le coût des assurances et autres frais incombant aux marchandises voyageant par mer. Dans ce cas, notre Compagnie n'a donc pas à craindre une concurrence bien redoutable ; nous sommes même fondé à penser qu'elle pourrait abaisser encore ses prix sans inconvénient, comme elle l'a fait pour certaines céréales. En effet, les blés et les maïs expédiés de Barcelone sur notre marché, via Cette, payent, comme les vins, un nolis de 10 francs et un même prix de 17 francs jusqu'à Toulouse, ensemble 27 francs; tandis que via Cerbère ils acquittent seulement 23 francs par tonne, suivant le tarif spécial S n" 24, tarif non réciproque d'ailleurs, mais appliqué d'office, remarquez-le bien, aux expéditions espagnoles.
Je vous le disais tout à l'heure: auprès des Compagnies françaises l'expéditeur est tenu de réclamer l'application du tarif spécial dont il veut bénéficier. En Espagne, il en est tout autrement : presque tous les tarifs communs, exceptionnellement avantageux pour les produits espagnols, sont appliqués d'office, en vertu d'un décret royal du 28 septembre 1871. U est inutile d'insister, ce me semble ; je cite un fait inscrit en toutes lettres aux tarifs de nos chemins de fer; en Espagne, la loi prescrit l'application des taxes les moins élevées, malgré la prolongation du délai de transport; en France, au contraire, sous le prétexte sans doute de la rapidité relative du voyage, c'est à l'expéditeur à réclamer les avantages du tarif le moins coûteux. On pourrait tirer de cette différence de traitement une conclusion assez étrange : pour le commerce de notre importation, la
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diminution des frais primerait la rapidité du transport ; au contraire, nos marchandises destinées à l'exportation ou dirigées sur un point quelconque de notre réseau, devraient, dans l'opinion de nos Compagnies, préférer l'abréviation du délai à la diminution du coût du voyage ; aux produits étrangers, nos tarifs accordent une économie d'argent; aux produits français, une économie de temps. J'ai tout lieu de penser que celle-ci est la moins onéreuse pour nos Compagnies, et j'ai cru nécessaire d'insister un instant sur le traitement de faveur assuré ainsi aux marchandises étrangères.
Les réductions inscrites aux tarifs de pénétration ont été établies pour lutter contre la concurrence maritime, nous dirat-on. Nous voudrions le croire: cela nous est cependant bien difficile, lorsque nous voyons, au tarif commun S n° 25, les vins en provenance de Barcelone payer, suivant leur destination, 14 fr. 50 c. sur Cette (346 kil.) et 36 fr. 50 c. sur Bordeaux (679 kil.), à raison de 0 fr. 042 à 0 fr. 053 la tonne kilométrique, pendant que les mêmes articles de notre production voyagent sur la même ligne au prix de 0 fr. 107 la tonne ; or ces tarifs réduits ne sont pas réciproques: les exportations françaises ne sont pas admises à en bénéficier. Est-ce que la concurrence si redoutée par nos Compagnies existerait seulement à l'importation? Si Bordeaux et Cette n'exportent pas de vins sur Barcelone, il n'y avait aucun inconvénient à établir en principe la réciprocité du tarif commun n° 25 ; s'il existait, au contraire, un mouvement des vins dans ce sens, la concurrence serait à craindre à l'aller comme au retour, et les affirmations des Compagnies tomberaient d'elles-mêmes devant le fait matériel d'un traitement de faveur accordé à l'importation et refusé à l'exportation des mêmes marchandises pour le même parcours sur la même voie ferrée.
Dans le tarif commun S n° 53, on a cherché à éviter cette contradiction trop notoire : les blés de Barcelone, à destination de Marseille-Joliette (532 kil.), payent 20 francs; la concurrence maritime existe probablement cette fois dans les deux sens, puisque ce tarif est réciproque, seulement il est appliqué d'office en Espagne, mais non en France, où l'expéditeur doit en faire la demande formelle.
Voici deux autres tarifs de pénétration sans réciprocité passés avec les Compagnies espagnoles : l'un, par la Compagnie du Midi, Sn° 46, impose une taxe unique de 80 francs par tonne pour les vins espagnols à destination de Bordeaux-Brienne, que leur provenance soit Valdepenas (1,110 kil.) ou Malaga (1,521 kil.); l'autre, par le Midi,S n°47, et l'Orléans, E n° 70, accorde aux mêmes produits à destination de Paris-Ivry, de payer seulement 100 francs la tonne, qu'ils viennent de Valdepenas (1,687 kil.), de Menjibar (1,799 kil.), ou de Malaga
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(2,097 kil.). Je ne connais pas exactement la part proportionnelle perçue par chaque réseau ; mais, en rapprochant ces deux tarifs, je constate que les vins espagnols, en expédition directe du lieu de provenance, font le;[trajet de Bordeaux à Paris (590 kil.), environ moyennant 20 francs, soit 0 fr. 034par tonne et par kilomètre.
Il y a mieux encore: le tarif commun aux Compagnies espagnoles, à celle du Midi, S n°59, et à celle de Paris-Lyon-Méditerranée, n° 363, concède, sans réciprocité, aux vins espagnols à destination de Paris-Bercy un traitement encore plus avantageux. U s'agit, il est vrai, des grands centres de production de l'Espagne : Tarragone (1,229 kil.) fait ses expéditions de vins sur Bercy à 52 francs; Valence (I ,504kil.) à 73 francs; Alicante (1,696 kil.) à 94 francs. Or, remarquons-le en passant, Cerbère, la station frontière, est à 1,044 kilomètres de Paris, et les vins français de cette provenance, à la même destination de Bercy, payent 51 fr. 65 c. Examinons de plus près le traitement des produits nationaux et celui des vins étrangers, en admettant, pour la facilité du calcul, que la densité de ce produit soit absolument égale à celle de l'eau, et que son prix moyen soit 2 fr. 50 c. le degré alcoolique. De Cerbère à Paris, le vin français ayant 10 degrés et valant 25 francs, payera 51 fr. 65 c. la tonne ou 5 fr. 16 c. l'hectolitre ; le vin étranger, venant de Tarragone, acquittera seulement 5 fr. 20 c. de transport et 2 francs de taxe douanière, soit ensemble 7 fr. 20 c. Mais ce dernier a une valeur de 37 fr. 50 c. : car, vous le savez, messieurs, les vins de cette provenance arrivant à nos frontières ont toujours 15 degrés d'alcool, grâce quelquefois aux rayons ardents du soleil de l'Espagne, presque toujours à la fructueuse addition des alcools allemands; et quand je dis 15 degrés d'alcool, je suppose encore que le vinage en franchise n'a pas été accompagné du mutage, qui doit, moyennant une nouvelle manipulation à l'arrivée, élever encore le titre alcoolique de ces liquides hétéroclites plusieurs fois dédoublés avant d'être présentés à la consommation française sous l'étiquette de vins naturels.
Le vin français, rendu à Paris, reviendra donc à plus de 3 francs le degré; le même produit d'origine et de provenance espagnoles n'atteindra pas ce chiffre, malgré lestaxesdouanières à l'importation et les 200 kilomètres qu'il aura eu à parcourir de plus que son concurrent. Nous n'avons assurément pas la prétention de demander l'établissement d'un régime différentiel de transport suivant le degré alcoolique du vin, ce serait absurde ; nous visons seulement en ce moment les conséquences de notre tarification des transports par voies ferrées rapprochées des clauses de notre traité de commerce avec l'Espagne. Suivant la théorie libre-échangiste, la production nationale est suffisamment protégée par la distance; cela est vrai dans bien des cas,
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à la condition toutefois que cette protection naturelle ne soit pas mise à néant par des tarifs spéciaux supprimant cette distance. Est-ce que, cette fois, les conditions économiques de notre régime douanier ne sont pas profondément altérées? Sans doute, les Compagnies seraient disposées à modifier leurs tarifs, si elles n'avaient pas, disent-elles, à lutter contre la concurrence d'autres voies de transport, et il se pourrait que Tarragone eût la faculté d'expédier ses vins sur Paris, par le Havre, à des prix inférieurs à ceux du tarif spécial n" 50. Vérifier le fait eût entraîné des lenteurs qui ne m'auraient pas permis de vous présenter ces observations en temps utile. Admettons donc, si vous le voulez bien, son exactitude ; mais alors, n'avons-nous pas le droit de reprocher aux négociateurs du traité du 6 février 1882 d'avoir accordé aux vins espagnols un traitement qui leur permet d'arriver sur notre grand marché français à des prix inférieurs à ceux des produits similaires de l'agriculture nationale?
Je crois cependantpouvoir établir le mal fondé des objections ou des réserves des Compagnies. De Pampelune à Toulouse, elles n'ont guère à craindre, ce me semble, une concurrence quelconque ; cependant, pour un trajet de 476 kilomètres, les vins payent 45 francs : 24 fr. 66 c. aux chemins espagnols et 20 fr. 24 c. à la Compagnie française, dont ils empruntent la voie ferrée sur un parcours de 357 kilomètres ; ils voyagent donc en France à raison de 0 fr. 057 par tonne et par kilomètre. D'un autre côté, les vins français d'Hendaye, à la même destination de Toulouse, acquittent 32 fr. 45, soit 0 fr. 090 par tonne kilométrique, et par conséquent 58 % plus cner que 'es similaires étrangers. D'Hendaye à Paris (818kil.), le prix du transport de cet article est de 72 fr. 03 c. ; de Pampelune à Paris (937 kil.), le prix est le même, et les Compagnies françaises perçoivent seulement 54 fr. 03 c. Donc, sur la même ligne et pour le même parcours en France, nous voyons taxer à 72 francs les produits nationaux et à 54 francs les similaires étrangers d'importation directe.
Prenons un exemple plus frappant encore, mais en dehors cette fois.des produits agricoles: les houilles d'importation, soumises en douane à un simple droit de statistique de Ofr. 12 c. la tonne, payent 11 fr. 50 c. de Bordeaux à Mazamet pour 386 kilomètres; en revanche, les charbons français coûtent 12 fr. 85 c. de Graissessac à Tarascon pour 321 kilomètres. De Bordeaux à Aiguillon (108kil.), 4 francs pour les premiers;de Graissessac à Cette (100 kil.), 5 fr. 40 pour les seconds, suivant le tarif P n° 16. Les houilles étrangères voyagent donc, comme les vins espagnols, à meilleur marché en France que les produits des houillères françaises, môme quand nos chemins de fer n'ont à redouter aucune concurrence.
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Je pourrais, messieurs, multiplier ces exemples; la crainte d'avoir abusé déjà trop longtemps de votre attention m'engage à me hâter dépassera l'examen des tarifs de transit et d'exportation.
Les premiers sont réglementés par les décrets des 26 avril 1862 et 1er août 1864, autorisant les Compagnies à « percevoir « les prix les plus propices à combattre la concurrence qui leur « est faite par les voies étrangères. » Les administrateurs de nos voies ferrées « promettent tout leur concours » au gouvernement de la France, pour l'adoption de toute mesure tendant à défendre ou à développer le mouvement « auquel les ports et « les chemins de fer français peuvent légitimement prétendre. » La production agricole de notre région centrale n'a pas un intérêt direct aux modifications adoptées en principe ; il n'est pas sans utilité néanmoins de rappeler à votre souvenir les prix auxquels les produits de provenance étrangère transitent en France et de les comparer aux frais de transport des marchandises françaises destinées ou non à l'exportation.
Les grains transitant de Cette à Bordeaux et réciproquement payent 21 francs pour un parcours de 476 kilomètres, soit 0 fr. 044 par tonne kilométrique, tarif P n° 7 ; ce prix de faveur est certainement légitimé par ceux de la concurrence maritime, dont le fret entre ces deux ports n'atteint pas en ce moment 15 francs. En rapprochant ce tarif de celui qui est appliqué à nos produits destinés à l'exportation, je constate entre eux une différence considérable : le transport des grains de Toulouse à destination de Cette (322 kil.) coûte 26 fr. 23 c, à raison de 0 fr. 081 par tonne et par kilomètre, soit 84 °/0 plus cher que le blé étranger en transit.
Nous pourrions du reste, en nous plaçant à un point de vue purement commercial, nous demander'pourquoi, suivant le tarif P n° 6, les denrées coloniales, les bois exotiques, les plantes, écorces et fleurs médicinales et tinctoriales vont de Bordeaux, la Teste et Arcachon aux ports de la Méditerranée entre Cette et Port-Vendres, moyennant 15 francs la tonne, pour un parcours atteignant 551 kilomètres entre la Teste et Port-Vendres, alors que le turif P n° 7 taxe les blés en transit à 21 francs la tonne pour les 476 kilomètres séparant Cette de Bordeaux. Plusieurs Chambres de commerce ont déjà protesté à ce sujet: elles réclament la suppression du tarif n" 7 et l'application du tarif n° 6 aux blés transitant de l'Océan à la Méditerranée sur la ligne du Midi.
Les vins allant en transit de Bordeaux à Cette payent 29 fr. 50 c, mais ils acquittent seulement 22 fr. pour le même trajet, lorsqu'il sont expédiés à destination des pays au delà de Suez. Évidemment, si nous avions à discuter les intérêts des chemins de fer, nous reconnaîtrions que leurs prétendus sacir-
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fices doivent être en raison directe de la concurrence maritime contre laquelle ils ont à lutter; mais nous avons à nous occuper exclusivement de la défense des intérêts agricoles. Il est, dès lors, de notre droit et de notre devoir de dire au gouvernement : de Toulouse à Cette, les vins voyagent à raison de 0 fr. 077 par tonne et par kilomètre (17 fr. pour 219 kilomètres), pendant que sur la même ligne et suivant leur destination à l'exportation, ces produits transitent de Bordeaux à Cette (476 kilom.) à 0 fr. 062 et même à 0 fr. 046 la tonne kilométrique ; c'est donc le vin français consommé en France qui paye la différence entre le coût de son transport sur nos voies ferrées et celui du transit des similaires étrangers. Le monopole exclusif accordé aux Compagnies, les garanties d'intérêt dont elles jouissent, nous permettent de leur rappeler l'origine de la prospérité et de la puissance qu'elles ont trouvées dans l'épargne de la France. Nous avons le droit de leur dire: Si vous pouvez, pour lutter dans certains cas contre la concurrence maritime, abaisser de 30 à 40 % les prix de vos transports, vous abusez des privilèges qui vous ont été accordés en frappant de taxes exorbitantes la circulation en France des produits de l'agriculture et de l'industrie nationales. Vous manquez à ce principe même des monopoles que formulait tout récemment encore la Revue économique : Sociétés particulières exploitant et administrant des services publics, vous avez droit à des bénéfices rémunérateurs, c'est justice, et personne ne le conteste ; en revanche, il est de votre devoir strict de faire participer la nation, et non pas seulement l'étranger, au développement de votre concession privilégiée, en réduisant vos tarifs.
Je ne parlerai des tarifs communs appliqués au grand transit de l'étranger sur les points extrêmes de nos frontières, que pour signaler une anomalie dont je vous ai déjà entretenus au sujet des tarifs communs d'importation. Les grains à destination du Havre et en provenance de Barcelone, via Cerbère (1,388 kilom.), payent 67 fr. ; ceux de Valence, 90 fr. pour 1,766 kilomètres; les vins espagnols acquittent, pour les mêmes trajets, 78 et 101 fr., suivant le tarif commun Midi S n° 89. Ce tarif est réciproque, il est vrai ; mais, nous devons le constater encore une fois avec regret, s'il est appliqué d'office en Espagne, il n'est accordé en France que sur la demande formelle portée sur le bulletin d'expédition.
Passons aux tarifs d'exportation. Les administrations de nos chemins de fer sont disposées à accorder aux marchandises françaises, mais à conditions égales seulement, le traitement dont jouissent Jes similaires étrangers; par exemple, entre Cette et Bordeaux (476 kilom.), toutes les gares intermédiaires et toutes celles qui se trouvent sur les embranchements de l'itinéraire direct, dans une zone de 50 kilomètres, pourront récla1884 17
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mer l'application de la taxe totale de transit entre les deux tètes de ligne, si la distance qui les sépare de la gare d'exportation est inférieure à 476 kilomètres.
C'est là une première concession donnant satisfaction, dans une certaine mesure, au commerce d'exportation ; mais elle est encore insuffisante et incomplète. Suivons, pour le moment, les Compagnies sur le terrain spécial qu'elles ont choisi, nous bornant à rapprocher les tarifs d exportation de ceux de transit ; nous nous demandons pourquoi les marchandises à exporter sont seules admises à participer aux avantages faits aux produits étrangers. Les tarifs spéciaux ou communs de transit atteignent, nous voulons l'admettre, le maximum des réductions possibles sur les frais de transport ; mais pourquoi réserver à l'exportation seule ce que l'on peut accorder à la consommation locale des têtes de ligne de transit? Lorsque les produits nationaux sont appelés à bénéficier d'un avantage dont jouiisaient depuis trop longtemps leurs rivaux étrangers, faut-il ne leur accorder cette égalité de traitement qu'à la condition d'en réserver tout le bénéfice soit à la consommation du pays de destination, soit au pavillon, trop souvent étranger, à l'abri duquel ils doivent faire leur voyage maritime? On nous répondra peutêtre qu'il faut éviter de rompre l'équilibre des marchés des points d'arrivée sur nos frontières. Cette préoccupation pèse, sans doute, de son incontestable importance dans les décisions des Compagnies de chemins de fer; mais au-dessus d'elle et la dominant de toute sa constante supériorité, vient se placer la question primordiale de la consommation, à laquelle se rattache par les liens les plus étroits celle de la production nationale. Nous ne saurions donc admettre, en ce qui nous concerne, la condition formelle de l'exportation imposée aux marchandises admises à profiter aujourd'hui des tarifs de transit.
Les Compagnies comparent leurs tarifs d'exportation à ceux de transit; il n'est peut-être pas sans intérêt de rapprocher les premiers, je ne dirai pas des taxes exorbitantes du tarif général, mais bien des tarifs dits de pénétration. Je vous signalais tout à l'heure les tarifs communs S n 08 46 et 47 du Midi, d'après lesquels les vins d'importation directe espagnole voyageaient en France à raison de 0 fr. 034 par tonne et par kilomètre; mais, suivant le tarif commun d'exportation S n°59, les vins de Coursan à destination de l'un des ports de la Manche, avec une distance variant de 1,191 à 1,243 kilomètres, payent 72 francs, soit au minimum 0 fr. 057 la tonne kilométrique. A l'importation, les vins étrangers parcourent nos voies ferrées à 40 °/o meilleur marché que les similaires français destinés à l'exportation. Est-ce là cette équitable et légitime protection due à la production nationale?
On nous objectera encore la concurrence des autres voies de
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transport ; mais nous nous réservons d'examiner en quelques mots cette question, après avoir- résumé nos griefs contre les tarifs arbitraires et injustes de nos grandes Compagnies.
Tout d'abord, un tarif général basé sur une classification assez compliquée des diverses marchandises, variant sur chaque réseau, mais toujours beaucoup trop élevé; puis des tarifs spéciaux, soit au même réseau, soit communs aux diverses Compagnies, tarifs moins onéreux, mais dont bénéficient seuls les rares initiés à leur difficile compilation. Relativement aux produits français, nous trouvons partout des taxes trop onéreuses ; elles vont, vous le savez, diminuer considérablement dans les tarifs d'importation, à mesure que les intérêts de l'étranger prendront une plus large part dans la question des transports. Les vins payent par tonne et par kilomètre 0 fr. 107 suivant le tarif général, 0 fr. 062 en transit, 0 fr. 057 pour l'exportation, Ofr. 050 et même 0 fr. 034 à l'importation. Tel est le résumé des quelques exemples dont je vous ai entretenus tout à l'heure et qui présentent entre les deux chiffres extrêmes une différence de 70 % environ.
En présence d'une marchandise française, n'ayant d'autre moyen de déplacement que la voie ferrée, nos Compagnies abusent arbitrairement du monopole, qui les soustrait depuis trop longtemps à une juste concurrence ; elles frappent de taxes exagérées la production nationale à laquelle elles doivent cependantleurconstruction, leurentretien,leurexistencemême, grâce aux impôts et aux garanties d'intérêt. S'agit-il de lutter conlre la concurrence de toute autre voie de transport? Elles savent établir immédiatement destarifs spéciaux à prixréduits, et elles prennent ce prétexte pour légitimer les faveurs exceptionnelles qu'elles accordent aux produits étrangers.
Les tarifs de transit et de pénétration ont été établis, dit-on, pour lutter contre la concurrence, et les Compagnies ont dû s'imposer les plus lourds sacrifices pour accorder ces prix exceptionnels. C'est possible, mais nous avons peine à le croire, lorsque nous voyons nos six grandes Compagnies verser, tous les ans, à leurs actionnaires des dividendes variant de 7 à 15 °/o du capital souscrit. Nous en concluons: ou bien les tarifs de transit et de pénétration donnent un bénéfice suffisant pour rémunérer les chances commerciales courues par les premiers actionnaires souscripteurs, et alors le transport des marchandises françaises est soumis aux conséquences exorbitantes et tyranniqués d'un monopole qui devient odieux ; ou bien, au contraire, ces tarifs ne sont pas suffisamment rémunérateurs, et ce sont les produits nationaux qui payent la différence etqui prennent à leur charge une partie des frais de transport en France de leurs concurrents étrangers. C'est la marchandise française circulant sur les chemins de fer français, c'est le con-
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tribuable français, garantissant le revenu des obligations, qui rachètent les faveurs accordées aux marchandises étrangères. Abus du monopole dans le premier cas, injustice flagrante dans le second; telle est la situation vraie, situation particulièrement onéreuse pour notre production et pour notre commerce, situation indigne du grand principe d'égalité devant la loi, qui, s'il devait jamais être enfreint, ne saurait l'être assurément au détriment des nationaux.
Nous revendiquons donc, au nom des intérêts méconnus de l'agriculture et du commerce de la France, le traitement de la nation la plus favorisée pour le transport des marchandises sur le réseau des chemins de fer français. Les Compagnies nous doivent une assimilation complète pour les mêmes distances kilométriques, dussent-elles augmenter les frais des soudures des embranchements sur les grandes lignes de leurs réseaux respectifs.
Plus spécialement, au nom de l'agriculture française, nous devons aussi protester énergiquement contre les tarifs spéciaux exclusivement favorables au commerce et aux grandes industries qui peuvent seuls les obtenir; la division croissante de la propriété a fait de notre agriculture une petite industrie. Le producteur agricole fait ou reçoit des envois d'une faible importance: il paye donc, pour ses transports, plus que les industriels et les commerçants, dont les expéditions portent toujours sur de grandes quantités.
En résumé, messieurs, et comme j'avais l'honneur de vous le dire il y a quatre ans, il n'est que temps de mettre un terme à cette exploitation de l'ensemble de la nation par un groupe trop puissant de capitalistes privilégiés. Simplification et unification du tarif général, assimilation des marchandises françaises aux produits étrangers pour le transport sur nos voies ferrées ; admission des produits agricoles, en provenance directe du lieu de production, aux tarifs spéciaux dont nous voudrions pouvoir espérer la suppression complète ; en un mot, égalité pour tous devant les tarifs de nos chemins de fer comme devant la loi.
Tels sont les voeux que votre Commission vous propose de transmettre à la Société des agriculteurs de France. La puissante intervention de cette Compagnie, forte de l'appui de tous les comices et de toutes les sociétés, obtiendra, non des faveurs sollicitées, mais bien le respect des droits revendiqués par l'agriculture nationale déjà si compromise, et que l'on semble se complaire à bercer de trompeuses promesses et de fallacieuses espérances.
(Extrait du Journal d'Agriculture pratique.)
Observations météorologiques
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No — Dans les colonnes 1, 2, 3 on exprime les températures au-dessous de zéro par Le signe— 1 de ce ne indique une température supérieure à zéro.
La ce du vent est marquée par les chiffres suivants : u nul, 1 faible, 2 modéré, 3 assez fort, 4 fort, 5 très fort
ï tempête.
— 249 — EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX
Séance du 18 octobre 4884
PBÉSIDENCE DE M. HOUSSABD, PRÉSIDENT
La séance est ouverte à une heure. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Correspondances. — Lettre de M. le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, relative au Congrès des Sociétés savantes de 1885.
Envoi, par M. le ministre de l'agriculture, du programme du Concours agricole de Paris.
Lettre de M. le Préfet, annonçant l'envoi du Bulletin de la propriété commerciale et agricole.
Lettre de MM. les organisateurs de la souscription ayant pour but d'élever une statue à M. J.-B. Dumas.
La Société regrette, vu l'état de ses finances, de ne pouvoir prendre part à cette souscription.
Le Secrétaire perpétuel distribue aux membres présents des brochures sur le sucrage des vendanges.
Le Secrétaire perpétuel annonce qu'aucun travail ne lui a été envoyé pour les prix proposés cette année, sauf pour le Concours pratique; il a reçu six pièces de vers qu'il soumettra, en temps opportun, à la commission nommée à cet effet.
M. de Tastes,président de la Section des Sciences, offre à la Société, et de la part de l'auteur, un travail dont il fait fort grand cas, et intitulé : Méthode de prévision du temps appliquée à la station météorologique de Fontainebleau, par F. Goëtchy, capitaine du génie (1884).
Des remerciements sont adressés à M. de Tastes ; on le prie de vouloir bien transmettre à l'auteur l'expression de la vive gratitude de la Société entière.
Le procès-verbal de la Section des Sciences (25 juin) est lu et adopté.
M. de Villeneuve-Guibert soulève une discussion intéressante sur le cépage nommé le pinot de Malingre et propagé dans ce pays par M. Pécaud.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à deux heures.
Le Secrétaire perpétuel,
A.-H. JUTEAD.
1884 18
— 250 •— COMPTES RENDUS DES TRAVAUX DES SECTIONS
SECTION DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES
Séance du 30 juillet 1884
PRÉSIDENCE DE M. DE TASTES, PRÉSIDENT
Là séance est ouverte à deux heures et demie.
M. le Président communique une lettre de M. Chauvigné fils, secrétaire, s'excusant de ne pouvoir assister à la présente séance, et donne ensuite, en son nom, lecture du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté sans observations.
Les communications sur la question du jour : « Le génie civil, » faisant défaut, M. le Président donne la parole à M. Borgnet, pour une communication de mathématiques ayant pour titre : Quelques propriétés du plan variable qui, par ses intersections avec une surface conique, ou avec les faces d'un angle solide, détermine une pyramide de volume constant. L'auteur a reconnu que la surface-enveloppe du plan variable est le même lieu du centre de gravité de la base variable de la pyramide de volume constant, interceptée dans l'intérieur du cône ou de l'angle solide. Il a trouvé que, dans le cas du cône de second degré, la surface enveloppée est un hyperboloïde ayant pour cône asymptote le cône donné. Cette enveloppe étant de révolution si le cône donné est de révolution et étant un hyperboloïde si le cône est lui-même aplati.
M. Borgnet fait remarquer que cette égalité de degré de la surface enveloppe se retrouve dans le cas de l'angle trièdre. Dans ce cas, en effet, la surface enveloppe est du troisième degré, comme la surface de l'angle trièdre, qui peut être regardée comme une surface de troisième degré.
Ceux de nos confrères qui n'ont pas tout à fait perdu de vue les exercices mathématiques de leur jeunesse, ont pris un grand intérêt à la communication de M. Borgnet; ils regrettent que M. Borgnet soit resté muet sur la question de savoir si, dans le cas général, l'égalité de degré persiste entre la surface du cône et la surface-enveloppe correspondante. La Section décide ensuite que cette lecture sera présentée au bureau pour en demander l'impression dans les Annales de la Société.
Après cette communication, la séance est levée à troisheures et demie.
Le Secrétaire,
Auguste CHAUVIGNÉ fils.
Quelques propriétés du plan variable qui, par son intersection avec une surface conique quelconque, donne lieu à une pyramide, varriable de forme, mais constante dé Volume.
Nous appelons cône en général toute surface engendrée par le mouvement d'une droite indéfinie, qui est assujettie à passer constamment par un point fixé et à se mouvoir d'une manière quelconque pour revenir à sa position initiale sans passer deux fois par la même position, en dehors de ses deux positions extrêmes. Nous supposerons toujours, dans tout ce qui va suivre, que les sections du cône par le plan variable ont des contours fermés.
1° Nous considérerons en premier lieu, le cas du cône de révolution.
i ans ce cas, les bases des pyramides qui répondront à la question, seront des lignes du second ordre, cercles ou ellipses ; le lieu d'un des centres de ces courbes sera un hyperboloïde de révolution, ayant pour cône asymptote le cône donné; sa puissance et son sommet seront faciles à déterminer. Cet hyperboloïde sera en même temps l'enveloppe du plan variable qui donne toutes les solutions de la question ; de sorte que, pour avoir une solution, il suffira de mesurer un plan tangent à l'hyperboloïde, puis l'un quelconque de ses points.
2° Passons maintenant au cas où le cône donné, toujours en second ordre comme le cône de révolution, serait pris dans toute sa généralité. Ici encore, on trouvera des cêrclbs et dés ellipses pour les bases des pyramides demandées. Ici encore, le lieu des centres de ces courbes sera un hyperboloïde; mais cet hyperboloïde ne sera plus de révolution. Il aura pour cône asymptote le cône donné lui-même ; il sera l'enveloppe de tous les plans sécants qui résolvent la question ; tout plan tangent à cet hyperboloïde donnera une solution ;
3* Considérons actuellement le cas où le cône donné serait l'angle trièdre de la géométrie ordinaire.
Nous allons trouver, dans les nouveaux faits qui vont se produire, des analogies avec les faits qui se sont produits dans lés deux cas précédents. Nous obtenons d'abord pont là surface4-
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enveloppe des plans sécants, une surface du troisième ordre. Cette surface-enveloppe se compose de quatre nappes distinctes. Pour avoir une idée de la disposition de ces quatre panpes, imaginons que les trois faces de notre angle ttièdre soient indéfiniment prolongées, elles partageront l'espace en huit régions distinctes opposées deux à deux par le sommet. jVotre angle trièdre formera l'une de ces régions. Trois autres régions seront opposées à celle-ci par l'une de ses arêtes. Ces trois régions et celle qui fera notre angle trièdre, comprennent chacune une des quatre nappes dont nous parlons: ne nous occupons que de cette dernière, puisqu'elle se trouve seule dans la légion où nous opérons.
Tout plan tangent à la nappe que nous considérons donnera une solution. Or la construction d'un tel plan sera facile, si l'on se donne le point de tangence. En effet, par le point donné, faites passer une hyperbole dont le plan soit parallèle à l'une des faces du trièdre, dont les asymptotes soient parallèles aux deux arêtes de cette face, dont le centre soit par conséquent sur la troisième arête du tiièdre, cette hyperbole sera située sur la nappe considérée, et, par conséquent, une tangente à l'hyperbole au point donné appartiendra au plan tangent. La construction d'une p.utre hyperbole, analogue à la précédente, fera connaître une ieconde droite appartenant au plan tangent. Le plan tangent sera donc ainsi déterminé.
Une chose remarquable, c'est que le point de tangence sera le centre de gravité du triangle qui sert de base à la pyramide obtenue, tout comme dans les deux premiers cas examinés, les centres de figure des sections elliptiques obtenues n'étaient rien autre chose que les centres de gravité de ces sections.
Pour terminer ce que nous voulons dire sur la forme de la nappe que nous étudijns, nous ferons observer que les faces de notreangle trièdre sont des plans asymptotes de cette nappe, de sorte que la nappo présente comme trois affaissements dont la convexité est de moins en moins prononcée à mesure qu'on s'éloigne du sommet du trièdre, pour disparaître complètement à l'infini, où l'aplatissemeut est complet.
4° L'analyse mathématique conduit aisément aux résultats que nous avons exposés dans les trois numéros précédents. Maison conçoit que les calculs se compliquent avec la complication du cône. Aussi, pour faire voir que ces résultats se retrouvent dans un cône de forme quelconque, allons-nous emprunter nos moyens de démonstration à d'autres principes, aux principes de l'hydrostatique.
Imaginons un vase conique, de forme quelconque d'ailleurs, en partie rempli d'eau. Quand l'équilibre du liquide sera établi, sa surface libre sera horizontale. Si l'on vient à changer la
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position du vase, l'horizontalité de la nouvelle surface liquide se produira quand l'équilibre sera de nouveau établi.
Dans toutes les positions d'équilibre qu'on obtiendra de cette façon, la surface libre du liquide peut donc être regardée comme la direction qu'il faudrait donner à un plan variable pour intercepter dans l'intérieur du cône une pyramide de volume constant V (le volume du liquide). La base de chaque pyramide aura son centre de gravité particulier, et le lien de tous les centres de gravité sera une surface ayant le cône donné pour cône asymptote. II.s'agit de. faire voir que ce lien géométrique, que cette nappe est la surface enveloppe des bases de toutes les pyramides; en d'autres termes, il s'agit de démontrer que si A est le centre de gravité de la surface libre du liquide, pour une position déterminée du vase à intérieur conique, cette surface plane ne sera pas seulemeut horizontale, mais sera en même temps tangente en A, à la nappe qui est le lien des points A. A cet effet, remarquons d'abord que si O étant le sommet du cône, on prend sur la ligne O A, un point A' tel que la longueur OA'soit les trois quarts de OA, le point A'sera le centre de gravité de la nappe liquide en équilibre dans l'intérieur du cône. Remarquons encore que, si l'on voulait intercepter dans le cône des pyramides dont le volume constant V fût la fraction (3/t) 3 du volume V, la base de l'une de ces pyramides aurait son centre de gravité en A' et serait horizontale. Chaque pyramide du premier système aurait de même son analogue dans le second système, deux pyramides correspondantes seraient semblables et semblablement placées, leur centre de similitude étant le point O. Remarquons enfin que. la nappe, lien des points A et la nappe, lien des points A' étant pareillement deux surfaces semblables et semblablement placés; un plan tangent en l'un des points A de l'une des surfaces est parallèle au plan tangent à l'autre surface au point N, homologue de A. Cela posé, reprenons la pyramide liquide, dont la surface libre est horizontale et a pour centre de gravité le point A, pyramide dont le volume est V et dont le centre de gravité est A'. Puisque cette pyramide liquide est en équilibre, son centre de gravité est le plus possible sur la nappe, lien des points analogues à A', qui correspondent à toutes les positions d'équilibre de la masse liquide V. Donc le plan tangent en A', à cette nappe, lien des points A', est horizontal ; donc le plan tangent en A, à la nappe, lien du point A, est luimême horizontal ; donc ce dernier plan tangent se confond avec la surface liquide, donc enfin, la nappe lien des points A, est la surface - enveloppe des bases de toutes les pyramides de volume V.
A, BOKGNEI.
HISTOIRE
DES CORPORATIONS
D'ARTS ET MÉTIERS DE TOURÀINE
CHAPITRE Ier Considérations générales et origine
SOMMAIRE : Origines. — Communautés, jurandes. — Foires de Tours. — Prospérité des corporations. — Création de la manufacture de draps d'or, d'argent e( de soie. — Arras. —Franchise. — Origine des drapiers, des poêliers, des imprimeurs, des tapissiers, etc.
L'histoire des corporations d'ares et métiers de Tourainea des liens trop intimes avec l'histoire politique, industrielle, commerciale et artistique de la région, pour ne pas en avojr ressenfi une yiolente influence. C'est tjpnc au mijieu des événements qui ont bouleversé 'a prpvince à diverses époques, qu il faut rechercher les causes de ses évolutions commerciales et, par conséquent, des transformations nombreuses des institutions des gens de métiers.
P'p4 autre, côté, l'histoire d'une province ayant forcément des rapprochements importants avec celle des autres partie du pays, il s'ensuit qu'une influence générale s'est exercée surtputesjes institutions, et les corporations d'arts et métiers de France se virent entraînées dans un mouvement commun don); {es bases principales se retrouvent identiques dans les diverses parties de la France.
L'origine des corporations se perd dans la nuit des temps ; jusqu'ici, peu <{e renseignements pnt été décpuverts sur leurs ondatiqnj. On sait qu'à Athèpes et à Rome, les arts et métiers avaient déjà des statuts et des règlements qui servirent très
probablement de base à ceux qui devaient naître plus tard Nous savons également que des confréries d'artistes, de marchands, et d'industriels existaient en France sous les rois de la première race ; que les artistes, les architectes, les maçons les charpentiers italiens qui se répandirent en Europe pour construire ides palais et des cathédrales, avaient des statuts
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mystérieux, avec des signes à l'aide desquels ils se reconnaissaient, et qui sont parvenus jusqu'à nous dans les compagnonnages de devoir.
Mais les historiens de ces époques reculées se sont heurtés contre une difficulté terrible: 1 obscurité. Le défaut presque total de documents les a réduits à ne nous transmettre, pour ainsi dire, que des suppositions fort incomplètes.
Les associations ouvrières remontent également à une époque très reculée. Dès la seconde race des rois de France il est question d'un roi des merciers, dont les fonctions consistaient à veiller sur tout ce qui concernait le commerce.
Il était alors pour les marchands du royaume ce que furent plus tard les jurés pour les corporations. Ses pouvoirs étaient beaucoup plus étendus et il jouissait de grands privilèges.
Pour la province qui nous occupe , pendant les ixe et xii° siècles, lesgens de métiers étaient réunisen collèges et travaillent ainsi, écrasés par les charges de toutes sortes, succombant parfois sous le poids du servage déguisé par quelques privilèges, qui n'étaient qu'une ombre de liberté.
Ce ne fut que dans le courant du xme siècle, et surtout sous le règne de saint Louis que la situation des artisans commença à s'améliorer. Chacun connaît les efforts de ce monarque pour protéger l'industrie, et ce fut là, pour la Touraine, le point de départ de l'évolution du commerce. Les artisans purent alors s'arracher avec moins de difficulté de leur tâche journalière, ils s'assemblèrent, puis se distribuèrent par groupes, qui embrassèrent les diverses branches de leur industrie.
Ces groupes s'organisèrent, tous les gens d'un même métier se réunirent, se placèrent sous le vocable d'un saint de leur choix et formèrent une société qui prit le nom de confrérie.
Le mouvement ne fut complètement lancé qu'après l'affranchissement des communes, qui fut pour les confréries d'un secours efficace, en créant une maison commune avec une autorité locale, où le peuple se sentant moins directement sous l'autorité royale, s'assembla avec plus de facilité.
C'est après cette transformation communale que le nom de confrérie sembla se perdre quelque peu pour être remplacé par celui de communauté. Cependant l'usage conserve le titre de confrérie, mais dans les pièces émanant de l'autorité, les corps d'état sont toujours désignés sous le nom de communauté.
Les communautés d'arts et métiers furent également désignées à une certaine époque sous le nom de jurandes. Ce nom fut mis en usage par Louis IX au moment où furent créés les gardes qui, parleur serment de fidélité au roi, devinrent les jurés et laissèrent le nom de jurande à la communauté.
A la fin du xne siècle le faubourg de Chàteauneuf, jusque-là dépendant de Tours, s'érigea en commune .séparée, et se for-
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tifia dans son enceinte pour se défendre contre toute attaque. A ce sujet, nous signalerons une pièce intéressante datée du i7 octobre 1265, par laquelle les élus de Chàteauneuf afferment par adjudication publique pour la somme de quatre-vingtseize livres par an, à Jacques Gaveau, de la paroisse de SaintPierre-des-Pucelles, la perception de la taxe de six deniers par livre du prix de la marchandise de draperie, qui se vendait depuis les Jacobins jusqu'à La Riche, hors le temps de la Foire le Roy (1).
Et, détail qui prouve combien était grande la prudence de nos ancêtres, cette adjudication était garantie par une hypothèque sur les biens présents et à venir du fermier, qui devait garderprison à défaut de payement d'un seul terme.
Pendant le cours du xive siècle, la condition des corporations s'améliora assez sensiblement, si cette expression peut être employée, car tout en s'affermissent dans une réglementation favorable sous de certains points de vue, les corps d'état s'engageaient dans une organisation défectueuse qui devait les conduire infailliblement à une crise économique déplorable.
Quoi qu'il en soit, ils entrèrent dans cette voie, et ce n'est que par quelques faits isolés, retrouvés dans les registres municipaux et dans les archives départementales, que nous pouvons les y suivre, de loin en loin, du moins jusqu'au commencement du xv* siècle.
En 1359, il existait à Tours, y compris la commune de Chàteauneuf, réunie en 1355, vingt-deux corps de métiers constitués en confréries, parmi lesquels on peut citer :
Les Orfèvres, les Drapiers, les Merciers, les Corroyeurs, les Chapelliers, les Changeurs, les Apothicaires, les ArmuriersBrigandiniers, les Épiciers, les Juponniers, les Pelletiers, les Barbiers, les Maréchaux, les Serruriers, les Taverniers.
Tous ces corps d'état étaient régis par des statuts et règlements particuliers, dont l'ensemble des articles, tout en se rapprochant beaucoup, conservaient néanmoins des particularités relativement aux différences de la fabrication ou du commerce.
Chaque confrérie avait son costume particulier pour les jours de fête, et assistait aux processions des fêtes solennelles, chaque membre ayant un cierge à la main et dans un ordre de préséance qui donnait souvent lieu à des réclamations, parfois tumultueuses et toujours irrespectueuses. Chaque corps avait ses armoiries et les portait brodées sur sa bannière, précédant les membres de la communauté et suivie de la châsse portant des reliques du patron.
(1) Archives de l'hôtel de ville de Tours : fonds de Chàteauneuf, liasse 12K.
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De tout temps il s'est produit un fait remarquable : tous les artisans d'une même profession se réunirent pour habiter la même rue, et de certaines rues de Tours qui portent encore actuellement les noms de rue des Orfèvres, des Bouchers, du Change, des Ecritoires, etc., sont là pour l'attester.
La coutume de faire des étalages aux devantures des magasins, d'attirer les regards des passants par des enseignes éclatantes, n'était pas encore en vigueur et ne le fut de longtemps. Les boutiques étaient garnies de marchandises à l'intérieur et les marchands placés sur le pas de leur porte, guettaient la clientèle et l'engageaient à entrer. Il était défendu aux marchands d'ouvrir leur boutique les dimanches et jours de fêtes, sous peine de confiscation des marchandises et d'une amende de vingt livres pour la première fois, de cinquante pour la seconde, et de cent livres pour la troisième. Durant ces mêmes jours, les habitants des environs ne pouvaient apporter aucune marchandise en ville sous peine des mêmes amendes.
En dehors des transactions commerciales ordinaires, il y avait à Tours des foires dont l'origine est fort ancienne. L'une des places a gardé le nom déplace Foire-le-Roi, et les plus anciens titres la désignent sous le nom Nundinoe Regise. Au temps de l'occupation romaine, la ville de Tours était la métropole d'une des grandes provinces qui comprenait les villes d'Angers et du Mans, et les neuf cités d'Armorique, Nantes, Rennes, Vannes, Cornouailles, Léon, Tréguier, Dol, Saint-Malo, Saint-Brieuc. L'importance de ses marchés était donc considérable, et se maintint pendant de longs siècles sous les rois des deux premières races, tout en subissant cependant des variations selon les événements qui changèrent les divisions géographiques de la région. Enfin le xvie siècle arrive et vient par l'influence néfaste de ses guerres, entraver le commerce et l'industrie et réduire encore l'importance des foires et marchés.
Ce fut pour ranimer le commerce anéanti que les maires et échevins tentèrent vers 1545, de faire établir à nouveau des foires dans la ville de Tours. François Ier l'accordasans peine, etrendit un éditaumois d'août 1545 qui instituait deux foires franches s'ouvrant l'une le 15e jour de septembre, l'autre le 8e jour de mars.
Ces foires pouvaient être fréquentées par tous les marchands de France et même par les étrangers. La première s'appelait la foire Saint-Maurice, se tenait au carrefour des Arcis, près le cloître Saint-Gatien, l'autre était là foire Saint-Christophe et avait pour principal objet le commerce des cuirs.
Ces foires subsistèrent pendant longtemps et furent confirmées successivement par Henri II, en janvier 1547, François II, en avril 1560, et Charles IX, en avril 1571.
On ne sait à quelle époque ces foires ont cessé d'exister; mais
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il paraît probable qu'elles n'ont pas duré longtemps après les lettres de confirmation données par Charles IX. Ces causes de décadence peuvent être attribuées à la peste qui sévit à Tours et aux troubles qui agitèrent le pays pendant les règnes de Charles IX et de Henri III.
Après 1607 nous ne retrouvons plus trace de ces institutions; une épidémie violente de peste, qui dura plusieurs années à Tours, tint les étrangers éloignés ; la coutume ne se rétablit pas dans la suite, et ce ne fut qu'en 1782 qu'on institua de nouveau es foires de Tours telles qu'elles sont aujourd'hui (1).
Vers la fin da xive siècle, nous voyons le commerce et l'industrie se développer considérablement à Tours et dans la province. Ce n'est point grâce aux corporations ni à leur organisation intérieure, cette prospérité n'est produite quepar des événements extérieurs.
Sur divers points de la province, le caprice ou l'intrigue firent élever des demeures somptueuses, séjours favoris des rois Charles VII, Louis XI, Charles VIII, et de leurs successeurs du XVIe siècle. Ceux-ci, comblant de faveurs les contrées qu'il leur plaisait de venir habiter, et attirant près de leur personne la présence d'une cour nombreuse et élégante, fournit aux industriels et aux marchands les moyens de débiter leurs marchandises et d'en fabriquer en plus grande quantité. Non seulement les artisans de l'époque eurent à se louer d'un état de choses qui développait leur commerce, mais encore ils en profitèrent pour créer de nouvelles branches d'industrie, d'oùdevaient naître de nouvelles corporations.
Si cette richesse momentanée avait des avantages, elle fut aussi la cause de charges diverses, qui ne furent pas supportées sans murmures. Témoin ce fait de Louis XI, qui, habitant au Plessis-lez-Tours avec sa fauconnerie et ses meutes, imagina de mettre les bouchers de Tours en réquistion pour nourrir gratuitement tous ses animaux.
Les bouchers se laissèrent faire pendant quelque temps, mais ils portèrent bientôt une réclamation devant le corps de ville, qui, craignant de déplaire au roi, donna à ceux-ci une compensation en les déchargeant de l'imposition due par leur corporation.
Cependant, à part ces quelques économies budgétaires du redoutable monarque, il travailla avec la plus grande activité au développement de l'industrie manufacturière en France et surtout à Tours.
Les Tourangeaux, qu'il appelait souvent ses « bons amis », se virent doter d'une manufacture de draps de soie. Une oppo(1)
oppo(1) d'Indre-et-Loire : série C, liasss 144.
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sition assez vive, et aveugle sans doute, puisque cette nouvelle branche d'industrie devait être plus tard pour la ville sa principale source de richesse, accueillit ce projet; mais Louis XI passa outre et ordonna à son trésorier de Nîmes de choisir un certain nombre d'ouvriers habiles dans l'art de fabriquer les draps de soie et de les envoyer à Tours (1).
Ils arrivèrent au nombre de dix-sept en l'année 1470, et leurs noms, ainsi que ceux de leurs élèves, nous ont été conservés par les registres municipaux.
En même temps le roi ordonnait une association des principaux habitants de la ville pour assurer du travail à ces ouvriers et, dans une pièce datée du 12 juin 1470, il fixait lui-même à six mille écus la somme nécessaire au premier fonctionnement de l'entreprise.
La bourgeoisie et le clergé firent opposition au payement de pareille somme et ehargèreut les élus d'obtenir du roi diminution de deux mille écus. Le roi fut inflexible, et ordonna l'installation immédiate des ouvriers, aux frais de la ville, dans les maisons de la rue Maufumier, actuellement rue Constantine. Les registres des comptes municipaux du 25 juillet 1470 nous apprennent que cette dépense s'éleva à mille deux cents écus. Ces sommes, qui paraissaient énormes aux intéressés, étaient cependant insuffisantes, et les premiers travaux qui sortirent de cet établissement ne couvrirent pas les frais de fabrication.
La soie brute coûtait alors sept sols six deniers la livre, les autres matières étaient relativement chères, et dans ces circonstances les résultats obtenus découragèrent de nouveau les intéressés.
Louis XI n'était point de ceux qu'un insuccès rebute ; il persévéra dans sa détermination. Il accorda de nouveaux privilèges aux ouvriers en soie et finit par créer à Tours une industrie des plus importantes et dont on connaît la réputation.
Dans le courant de l'année 1479 les gens de métiers de Tours se virent tirer de leur tranquillité habituelle par une idée singulièrement bizarre du même monarque dont nous venons de parler.
Les habitants d'Arras ayant osé se révolter contre l'exécution d'un des actes de l'autorité royale, encoururent la colère de Louis XI, qui se vengea en les expulsant de leur cité, en changeant le nom de leur ville contre celui de Franchise et en la repeuplant par des gens de métiers pris dans une autre localité. Ce fut Tours que le roi choisit, et le 4 juillet 1479 le corps
(1) Archives de l'hôtel de ville de Tours : registre des délibérations, Umo XII ; — registre des comptes, tome XXXV.
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de ville, qui avait commencé par refuser, recevait des lettres patentes lui signifîantde choisircinquantcchefsde famille etde lescnvoyerpromptement repeupler Arras-Franchise. Un nouvel impôt fut levé sur la ville, destiné à couvrir les frais d'entretien des cinquante ménages pendant deux mois. Cette dépense s'élevaà lasomme de 1653 livres tournois, soit 2 sols 6 deniers par jour (1). Un certain nombre de corporations se réunirent dans leurs locaux respectifs, et désignèrent à l'élection ceux d'entre leurs membres qui semblaient les mieux disposés à s'expatrier et dont le nombre des enfants ne dépassait pas quatre. Les procès-verbaux d'élection conservés dans les archives municipales de Tours nous fournissent des indications précieuses à ce sujet, et nous apprennent que les corporations dont les noms suivent fournirent un ou plusieurs colons.
« Esguilletiers, cordouanieis, chaussetiers, brigandiniers, barbiers, pelletiers, tondeurs, boulangiers, tenneurs, coroyeurs, coustelliers, esperonniers, potiers d'étain, charpentiers, boursiers, menuisiers, mareschaux, rostisseurs, hosteliers, selliers, cousturiers, pâticiers. »
Les corporations donnèrent personnellement quelques secours à leurs délégués, et ceux-ci partirent sous la direction de deux échevins et de deux marchands, l'un d'Angers, l'autredeTours, pour opérer leur installation.
Les deux mois pendant lesquels l'entretien des colons était assuré étant écoulés, ils tombèrent dans la plus affreuse nécessité, et se virent sans aucun moyeu d'existence.
Les habitants de Tours furent pendant quelques années surchargés d'impôts pour subvenir aux premiers besoins des malheureux expatriés, après lesquelles, découragés pour laplupart, ils regagnèrent leur ancienne patrie.
Ces événements se passaientversla linduxvesiècle, mias pendant ce temps d'autres corps de métiers s'érigeaient en communauté et recevaient l'autorisation de leurs statuts.
C'est ainsi que les barbiers, en 1408, supplient le roi Charles VI de leur accorder des statuts et privilèges, dounant entre autres raisons, que « notre ville de Tours, située sur les marches du Poictou, Guyenne et Bretagne, esquels pays affluent moult personnes malades pour eulx faire soigner et y trouver guarison de leurs maladies. »
Les registres municipaux de Tours apprennent encore dans quelles circonstances a pris naissance à Tours la fabrication et le commerce de broderie. En 1462, la ville promit cent écus d'or à un maître drapier d'Angers, du nom de Pineau, s'il con(1)
con(1) des comptes municipaux de la ville de Tours, t. XLIII et XLIV.
— 261 —
sent à venir « demourer à Tours avec sa femme, ses métiers et ses ouvriers, au nombre de dix, savoir : trois femmes pour tirer la laine, quatre peigneux et trois escardeux. » Mais il y avait une condition expresse, à laquelle Pineau consentit : la somme promise par la ville ne devait être acquise qu'après dix ans de séjour à Tours. Le maître drapier quitta Angers et vint s'établir à Tours, où il fonda une industrie qui devint importante et obtint ses statuts par la suite.
Dans les mêmes sources, nous saisissons une phrase au hasard qui,dans sa brièveté, nous fournit cependant une indication précieuse. Dans le courant de l'année 1468, la ville promit un encouragement à un maître bourrelier, pour I11'" vînt s'établir à Tours et y exercer son métier: ce système semblait être une habitude pour les élus, qui essayaient de tenter par l'argent les artisans dont l'industrie manquait à la ville.
Ils employèrent souvent cette méthode, qui du reste n'a rien qui leur soit particulier, car bien d'autres villes la mirent en pratique.
Nous voyons encore en 1470 le corps de ville faire des offres avantageuses à des poêliers du pays de Liège, pour venirs'installer à Tours et y créer un centre de leur industrie. Ces propositions furent acceptées, quelques ouvriers vinrent à Tours, et Louis XI encouragea leur entreprise en leuraccordant divers privilèges. Après quelques années de séjour, les poêliers de Tours, établis dans le faubourg Saint-Etienne, près le jardin des Feuillants, devinrent très nombreux et laissèrent au lieu de leur fabrication le nom de laPoeslerie (1).
Une industrie nouvelle, l'imprimerie, qui fut, comme toutes les grandes découvertes, méconnue et repoussée à son origine, n'apparut en Touraiue que quarante ans après sa découverte.
Les titres nous font défaut, mais nous pouvons cependant en fixer la date d'après un précieux incunable daté de Tours en 1485 etquiappartientà notre bibliothèque municipale. Ce livre est un Missel de la cathédrale, il peut être considéré comme le premier produit de cet art en Touraine.
Nous avons dit que l'imprimerie trouva une sourde résistance à son origine ; les causes s'en retrouvent aisément d'abord parmi les gens qui faisaient le métier de copiste et qui se trouvaient par ce fait privés de travail, et ensuite dans l'amour-propre des auteurs qui, ayant composé leurs ouvrages au prix de longues études, les voyaient mis par l'imprimerie a la portée de tout le monde.
Dans maintes circonstances, nous avons rencontré des
(1) Archives du département d'Indre»et-Loire ! Fouillants,
— 262 —
preuves de l'existence de la communauté des notaires : leurs fonctions mêmes nous ont permis de consulter de nombreuses pièces, dans lesquelles leur rôle avait quelque importance.
Il était donc intéressant pour nous de retrouver la date exacte de la création de la communauté des Notaires. Or, des lettres patentes, accordées par le roi Louis XV, datées du 27 mai 1737, rappellent que Louis XII a créé la communauté des notaires de Tours à l'instar de ceux d'Orléans par édits et lettres patentes des 22 et 26 septembre 1512.
Peut-être les notaires de Tours ont-ils été érigés en communauté à une époque antérieure, et l'éditdont nous parlons n'estil qu'une confirmation et augmentation de privilèges, nous ne pourrions l'affirmer. Toujours est-il que nousn'avons rencontré nulle part le moindre document pouvant mettre en doute ceux que nous citons ici.
Ce que nous venons de dire pour les notaires pourrait s'assimiler aux avocats, mais à leur sujet les documents nous font défaut. Nous savons seulement qu'ils existaient en 1233 et que le vingt-cinquième canon du cinquième concile tenu à Tours en cette année fait diverses défenses, dans lesquelles nous retrouvons les premières bases des études du droit. 11 y est dit que l'ignorance des avocats entraînant souvent la perte des procès, nul ne prourra exercer à l'avenir s'il n'a étudié le droit pendant trois ans et subi une épreuve lors de sa réception. Cette même mesure était applicable aux notaires.
L'histoire des premières fabriques de tapisseries à Tours nous échappe ; nous savons qu'il y en eut au xvi 6 siècle dont l'état des plus florissants répandit au loin leur renommée ; les détails sur leur origine et même sur" leur organisation nous font défaut. Nous savons seulement qu'en 1612, le corps de ville profitant des bonnes dispositions de la régente, obtint un don de quinze mille livres et décida la création d'une manufacture de tapisseries de Flandre dans les bâtiments de la petite Bourdaisière, ancien couvent des Ursulines, et aujourd'hui le petit séminaire.
On fit venir untapissier,originairedeFlandre, nomméDubois, et on le mit à la tête de cet établissement pour le diriger. De plus, dix-huit jeunes gens furent désignés pour servir d'apprentis et furent logés aux frais de la ville. Mais les résultats ne couvrirent pas les dépenses, il fallut abandonner l'entreprise après une courte période de fabrication (1).
En dehors des barbiers, qui exercèrent également l'art de la chirurgie et une partie de la médecine pendant longtemps, nous rencontrons de véritables chirurgiens, ayant étudié spécialement cet art et qui étaient les chefs supérieurs des barbiers. Un édit
(1) Archives de l'hôtel de ville de Tours : liasse 275.
— m -,
du roi Louis XIV de février 1692 créa deux chirurgiens jurés dans chacune des grandes villes et un seul dans les villes de moindre importance. Le même édit créa égalementdans chaque ressort un médecin juré ordinaire pour vaquer aux soins à donner aux malades.
En outre des communautés que nous venons d'énumérer, en déterminant autant que possible leur origine, il en est un grand nombre dont nous ne connaissons l'existence que par leurs relations avec les autres ou par le rôle quelque peu important qu'elles ont joué. Pour de certaines nous n'avons pas même retrouvé les statuts, anciens ou récents : l'énumération en serait trop longue ici, et nous avons cru préférable de réunir en un seul tableau toutes les communautés d'arts et métiers de Tours dont nous avons pu trouver trace, en les classant par ordre d'ancienneté, en indiquant la date de3 plus anciens statuts que nous avons pu retrouver, ainsi qu'en mentionnant le siège de leurs réunions et leurs armoiries.
Liste des communantés d'arts et métiers de la ville de Tours
ORDRE CHBONOLOGIQDB
* ■ — " p
DÉSIGNATION !!„ Il DfE SIÈGE
■§££ gag dos ARMOIRIES
DES COMMUNAUTÉS z 3 *" ~ §_ 1°" STATUTS DE LA COMMUNAUTÉ
« S n connus
Avocats » 1233 » » »
Orfèvres 15 1275 1413 » D'azur, à une Su-Anne de carnation,
carnation, d'or, assise et montranlàlire à lasll,Vierge,auss! de carnation, vêtue d'argent.
Apothicaires 3 i 359 » » »
Epiciers » 1359 > R. desBons-Knfants D'azur, à deui pains de sucre
posés en chef et une chandelle posée en pointe et ei pal, le tout d'argent.
Barbiers-Chirurgiens... 42 1359 1408 » D'azur, à un Sl-Louis de carna
nation, à la royale d'une rob d'azur semée de fleurs de li d'or et tenant à la main ui sceptre do même.
Armuriers-Brigandiniers » 1359 » » »
Changeurs » 1359 » » tr
Chapelliers 8 1359 11 mars 1583 Clott. des Jacobins. De gueules, à un chapeau d'oi
Cloutiers 6 1359 1601 Cloît. des Jacobins. »
Drapiers » 1359 1658 Place du Change, D'azur, à une aune d'argen
salle Consulaire. marquée de sable, posée en pa
Fripiers 46 1359 1537 Faubourg S'-Eloi. D'azur, à une colombe entoun
de flammes d'or.
Chandelliers-Ciergiers.. 32 1359 1700 près du Cloître des D'azur, à un S'-Louis d'or
Auguslins. dextre et une S,0-GeneTtè'
aussi d'or à senestre.
Fourniers » 1359 » » »
Juponniers » 1359 » » »
i D'azur, à une balance d'or, a
1 i compagnée en chef d'une au:
1359 1 1448 ! t 1 de même, posée en fasce,
j 1 en pointe, d'un panier,
\ I même.
Charpentiers 36 1359 1472 Cloit.des August"". D'azur,àuneéquerre,uncom
et une besaiguë, le tout d'or
DÉSIGNATION g ïL |'§ D/\~TE SIÈGE
1|Sggg ,„. ARMOIRIES
DES COMMUNAUTÉS g, S "" |S 1 STATUTS DE LA C0MMUNAUTÉ
« a connus
Maréchaux 18 1359 » Près des Augustins. D'azur, à un S'-Eloi, crosse et
mitre d'or.
Menuisiers 59 1359 1472 Rue dos Jacobins. D'azur, à un rabot, posé en
fasce, accompagné d'un compas ouvert, les pointes en bas, le tout d'or.
Pelletiers 7 1359 » » »
Poissonniers » 1359 » » »
Potiers » 1359 » » »
erruriers 39 1359 1473 Rue des Cordeliers. D'argent, à une clef de sable,
posée en pal.
elliers 10 .1359 29 janv. 1661 doit, des August"'. »
averniers » 1359 » » »
itriers 13 1359 Avril 1597 Cloit. des August". Losange d'argent et d'azur, à
deux burelles de sable brochant sur le tout.
"raveurs de la Monnaie. » 1390 » Hôtel de la Monnaie De gueules, à trois tours, crénelées
crénelées posées 2, 1, et un croissant de même posé en coeur : au chef d'azur, rangées en fasce.
Bonnetiers 26 1466 » Rue de l'Arbalète. D'azur, à un bonnet d'argent.
Teinturiers en soie 20 1470 » Rue des Cordeliers D'azur, à la lettre L sommée
d'une couronne royale, d'or, accompagné de 3 fleurs de lis, de même.
eint" en haut et bas teint 7 1470 » Près l'église des D'azur, à un S'-Maurice, à cheCarmes.
cheCarmes. d'or, tenant un guidon
d'argent chargé d'une croix de gueules.
Coustie"-cardeu"ensoie 25 1470 Sept 1" 61602 » »
Ouvriers en soie » 1470 J> D'azur, à la lettre L couronnée
d'or et accompagnée de trois fleurs de lis aussi d'or, 2, 1 ; au chef cousu de gueules, chargé de trois tours d'argent.
Esguilletiers » 1479 » > »
Cordonniers 174 8 octob. 1468 Près l'église des »
Carmes.
Chaussetiers... > 1447 Cloît. des August".I »
1 l
1884 19
DÉSIGNATION S L If °i™ SIÈGE
S 5 g: gag 0, ARMOIRIES
DES COMMUNAUTÉS £&" g 2 10" STATUTS DE LA 0OMMUNAUTÉ
» H n connu»
Tondeurs de draps 21 » 1448 » »
Boulangers 73 » 1462 Cloît. des August". D'or, à un S'-Honoré vêtutificaloment,
vêtutificaloment, mitro en la crosso à la main sén d'or, tenaut à la main di une pelle de four, d'aï chargée de trois pains rc de gueules.
Tanneurs 5 1479 l'<80 » D'azur, aune Sl0-Agnès,
sur une terrasse de mêm chef cousu de gueules, cl de trois tours d'argent.
Corroyeurs 12 1479 1487 Près l'église des De gueules, à une toison
Carmes. posée on pal.
Coutelliers 12 1479 21 avril 1665 Chez le maître de la
commun1", Robert. Esperonniers » 1479 » »
Potiers d'étain 5 1479 1549 Rue des Jacobins. D'azur, à une buire d'aï
accompagnée de quatre lets cantonnés, de mêa
- Boursiers » 1479 » » »
Rôtisseurs 32 1479 20 nov. 1600 » D'azur, à un S'-Laurent, d
Hôtelliers-CabaretierB... » 1479 » » D'azur, à un Sl-Nicolas
pontiûcalement, le tout
Couturiers » 1*79 » » »
Pâtissiers 15 1479 H août 1660 Rue des Cordeliers. D'azur, à une Assomption
Sl°-Vierge, accostée et portée par deux anges si nuée, au-dessus de son beau, le tout d'or.
'-' Cordiers 15 » 1442 » »
Tailleurs 79 » 1451 Cloît. des Jacobins. D'azur, aune Sle-Trinilé,
à la dextre du Père, e %■ deux assis, d'or, et le
" prit en chef en forme
lombe, d'argent.
% Faiseurs de patins » » '452 > »
"■■'. Bourreliers 18 » 1468 Cloit.d. Cordeliers. »
Poisliers » » 1470 » »
Fabricants de draps d'or, d'argent et de soie... 132 1470 1498 Rue du Petit-Soleil. »
Tisserands 17 » 1481 Cloit. d. Cordeliers. »
DÉSIGNATION £ ïoe î ? ^J^ SIÈGE
"i-=j£ ^ig ,„ . ARMOIRIES
•S COMMUNAUTÉS £ ^ - 2 *"' SÏATliIS DE LA COMMUNAUTÉ
_^> i —* connus
primeurs-Libraires... 8 14S5 1703 » D'azur, à un livre ouvert, d'argent,
d'argent, de deux fleurs de lis, d'or.
jissiers 9 » 1491 Cloit. des Jacobins. »
aires -0 » 1512 » »
îchers 54 » 1491 Près du cloître de D'azur, à un S'-Eutrope, d'or,
Suint-Martin. et un berger gardant des
moutons, de même.
ricanls de fulaino... » » 1605 » »
issiers 17 » 1612 Rue de la Cuillère. D'azur, chargé de dessins d'or
et d'un marteau de même posé en pal.
igriurs 24 » 5 février 1592 » D'argent, à deux entonnoirs,
d'azur, en chef, et un baril de pourpre, en pointe.
emoutiers 191 » 1655 Rue des Carmes. (Ses armoiries étaient celles des
ouvriers en soie.)
rurgiens 20 » 1692 Cloît.d. Cordeliers. D'argent, à uu S'-Cûme et un
Sl-Damien de carnation, vêtus de sable, l'un tenant un lion d'or, et l'autre une boite couverte de même.
miers 8 » 1722 » _ »
udemouchoirtdesi;;e » » 1705 » »
seliers 14 1495 Décemb. 1615 Cloit d. Cor leliers. »
irons 7 1495 1734 » »
■lantiers 9 1495 1715 Cloit. des Jacobins. »
oiis 44 » » Près du Clottre des De sable, à une truelle d or.
Augustins. "et maîtres à danser 13 » 1667 » »
nelliers 60 » 30 août 1568 Cloître des Carmes. »
meurs 18 » 1601 près du Cloître des »
Jacobins.
vreurs 50 1495 » près du Cloître des D'azur, à une tour pavillonnée,
Augustins. d'argent, maçonnée de sable
el girouettée d'or adextrée d'une échelle d'argent et sénestrée d'une truelle d'or.
assiéra » 1495 » » »
graniers » 1495 » > &
— 268 —
CHAPITRE II Organisation, Constitution et Histoire
SOMMAIRE : Réception à la maîtrise. — Apprentissage. — Droits. - - Gardes. — Juridiction. — Orfèvres. — Barbiers-chirurgiens. — Chirurgiens. ■— Annuriers-Brig.indiuiers. — Drapiers. — Merciers. — Charpentiers. — Serruriers. — Cordonniers. — Boulangers. — Potiers d'étain. — Cordiurs. — Imprimeurs. — Notaires. — Fabricants d'étoiles d'or, d'argent et du soi;. — l'auiniers. —Kquurrissuurs. — Mfmutriurs et violoneux. — Compagnie des marchands fréquentant la Loire. — Généralités. — Armement. — Considérations sur le fonctionnement. — inspecteurs-contrôleurs. — Auditeurs-Examinateurs. — ContrôleurVisiteur des poids et mesures. — Abolition et reconstitution des corporations. — Compagnonnages. — Concours el prix. — Députés aux États généraux. — Doléances dus corporations aux Etals généraux. — Les corporations après 1789.
Au point de vue général, toutes les corporations ayant existé à Tours offrent une organisation presque semblable, une constitution reposant sur les mêmes bases et un fonctionnement analogue.
A l'origine, c'est-à-dire pendant la période qui s'écoula entre la formation des confréries et l'obtention de leurs statuts, il devait certainement y avoir une grande divergence dans les principes mêmes de leur organisation intérieure, résultant des caprices de l'initiative particulière. Malheureusement les documents nous font défaut pour cette période.
L'uniformité fut donc établie par les statuts royaux, qui donnèrent la même constitution à toutes les communautés, en tenant compte évidemment des particularités propres à chaque métier.
Ce sont ces circonstances qui nous font retrouver partout le serment imposé aux aspirants à la communauté. Les rois de ces époques déjà lointaines craignant toujours pour leur autorité royale, trouvèrent là un excellent moyen de la consolider parmi les gens de métiers, qui composaient une grande partie de la population. C'est pour ces raisons que nous voyons les artisans jurer fidélité au roi et à l'Église en entrant en communauté ; de là le nom de juré et celui de jurande donné à l'ensemble des jurés.
L'admission dans la communauté était soumise à de certaines règles qui variaient selon les métiers.
ïîéecption à la Maîtrise. — En général, la réception d'un artisan dans la communauté le déclarait maître dans son métier ou art, et lui donnait faculté de tenir boutique et d'occuper des ouvriers.
— 269 —
Pour être reçu maître, il fallait fournir un brevet d'apprentissage, dont la durée était réglée pour chaque métier, être de bonne vie et moeurs, faire un cbef-d'oeuvre en présence de délégués de la communauté et payer les droits de réception.
Telle était la manière ordinaire de parvenir à la maîtrise; mais il y avait aussi dans des circonstances extraordinaires, des moyens d'y arriver gratuitement par privilège spécial.
Quand un roi de France décernait à son fils nouveau-né le titre de Dauphin, quand un personnage important de la cour effectuait heureusement un voyage; quand on célébrait le mariage d'un roi, ou sa majorité, des lettres de maîtrise franches de tous droits, usages, banquets et chefs-d'oeuvre, ordinairement exigés, étaient créées dans chaque corporation et les titulaires étaient choisis et nommés par le roi.
Les divers édits que nous avons sous les yeux sont datés de marsl655, mars 1657, septembre 1657, mai 1661, août 1662, juin 1656, etc. (1), et ont été rendus dans les circonstances que nous venons d'énumérer.
Apprentissage. — La durée de l'apprentissage était susceptible de variation : elle était proportionnée à la difficulté d'exécution du métier.
Le chef-d'oeuvre était un travail exécuté par l'aspirant, selon les règles du métier ou art et d'après des données fixées par la communauté. Il était exécuté devant une commission d'examen, composée de marchands et maîtres notables, qui jugeaient s'il y avait lieu d'accepter le candidat ou de le refuser.
Droits.— Le compagnon une fois reçu maître entrait dans la communauté en payant des droits variables, mais pour la plupart fort élevés, qui rendaient souvent la maîtrise inaccessible aux ouvriers pauvres. En retour on leur délivrait une lettre de maîtrise d'une formule uniforme énumérant les obligations du maître envers la communauté, et portant quittance de la somme qu'il devait verser. Cette pièceétait scellée du sceau de la confrérie, quiordinairement portait d'un côté les armes de la ville de Tours et de l'autre les emblèmes ou armoiries de la confrérie.
Outre ces obligations il en était une autre qui était d'un usage moins général : le nouveau maître devait payer à dîner aux maîtres jurés, à de certains jours déterminés; dans d'autres communautés le dîner était remplacé par des objets d'un usage quelconque : ainsi le nouveau maître barbier devait donner une paire de gants aux maîtres de sa confrérie.
(I) Archives d'Indre-et-Loire : série E, liasse n" 484.
— 270 —
Gardes. — L'administration de la communauté était confiée à des maîtres désignés à l'élection, qui prenaient le titre de maîtres gardes, et qui étaient présidés par un grand garde. Un greffier était également créé pour s'occuper des écritures nécessitées par les affaires de la communauté, ainsi que de l'administration de ses finances.
Le nombre des maîtres gardes variait selon le cas entre deux et six et le mode de leur élection était gaiement variable.
Leurs fonctions étaient de veiller à la bonne administration de la communauté en général et ils étaient particulièrement chargés de faite des visites domiciliaires pour s'assurer personnellement de la bonne fabrication des marchandises et de leur vente légale.
Juridiction. — Au point de vue de la juridiction, les communautés avaient une organisation indépendante et complètement séparée.
Pendant longtemps les différends qui s'élevaient entre les ouvriers et les patrons étaient jugés par les tribunaux ordinaires; mais les longueurs des procédures présentaient de graves inconvénients pour des questions qui souvent exigeaient une solution immédiate.
Louis XIV, par lettres patentes du mois d'août 1669 attribua aux maires et échevins de Tours ledroit de juridiction sur toutes les manufactures de la ville (1).
Cette institution nécessita des dispositions spéciales dans la nomination des corps de ville.
Des échevins, dont le nombre ne pouvait dépasser six, étaient choisis parmi les marchands et maîtres de fabriques pour remplir des fonctions déjuges; trois étaientehangés annuellement, en sorte que le corps de justice était toujours composé de trois anciens échevins et de trois nouveaux. Avant de rendre leur jugement, les juges ainsi nommés pouvaient prendre l'avis des gardes des communautés, et devaient se prononcer en s'inspirant des statuts et règlements de la communauté de laquelle relevait la nature du différend.
Après ces quelques considérations générales, qu'il semblait nécessaire d'étudier dans leur ensemble, nous prendrons séparément les principales communautés pour pénétrer plus particulièrement dans leur constitution et leur fonctionnement.
Orfèvres.—LacommunautédesOrfèvres.dontrorigineest fort ancienne, nous apparaît en 1275 par une charte de dom Hous(1)
Hous(1) municipale de Tours, tome III, pièces diverses, n° 110.
— 271 —
seau (1), rapportant que les orfèvres de la commune de Châteaaneuf, encore noa réunie à la ville de Tours, se plaignirent au roi Philippe III des dommages qu'ils avaient à supporter par la contrefaçon de leur poinçon démarque. I«s obtinrent une charte interdisant aux orfèvres des autres villes de se servir de ce poinçon sous peine d'encourir une amende et des dommages et intérêts.
Dans les statuts de 1413, confirmés en janvier 1470, nous voyons la communauté se mouvoir avec peine au milieu de toutes ses entraves. Le règlement sévère qui les lie dans l'achat et la vente des matières précieuses fut une cause évidente de la stagnation des affaires.
Un détail mérite d'être cité : le produit des deniers à Dieu et des amendes survenues dans le courant de l'année, servait à donner un dîner le jour de Pâques aux pauvres de l'hôtel-Dieu qui « pour Dieu le voulaient prendre ».
Nous retrouvons un jugement de messieurs les officiers de la Monnaie de Tours du 7 juillet 1783 portant règlement pour les Orfèvres et les Bijoutiers de Tours. Entre autres prescriptions nous remarquons les suivantes :
Obligation d'avoir des balances justes et des poids étalonnés, d'avoir exposé dans leur boutique le tableau-tarif de la valeur du marc d'or et d'argent; défense de vendre les objets de fabrication étrangère sans en prévenir l'acheteur. Défense de vendre des objets qui n'ont pas été essayés par les gardes et une foule d'autres exigences entravant le commerce et réduisant les orfèvres pour la plupart à une situation peu aisée.
Un exemple de cet état précaire nous estfourni par un document daté de 1430. Le maître orfèvre Jehan Lambert exécuta à cette époque une magnifique châsse dont le frontispice et les bas-côtés pesaient plus de cent soixante quatorze marcs d'or. Ce chef-d'oeuvre de l'orfèvrerie tourangelle provenait des libéralités de Charles VII, qui avait donné à cet effet trois cents écus d'or, et d'Agnès Sorel, qui en avait donné trois cents autres. Jehan Lambert passa dix années avec ses compagnons à ce travail, fit une merveille, mais se ruina complètement.
Barbiers-Chirurgiens. — La situation delà communauté des Barbiers-Chirurgiens était tout autre, et leurs occu-r pations par elles-mêmes devaient les faire prospérer. Leurs statut*} et règlements de 1408 sauf quelques différences, sont copiés sur ceux des Barbiers de Paris de 1383.
Ces règlements, confirmés souvent par I?s rois successeurs
(1) D. Rousseau, charte relative à laTouralne, t. VH,n* 3276.
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de Charles VI n'offrent aucune particularité. Mais nous remarquons une organisation toute spéciale dans ceux qu'ils obtinrent le 1" mars 1701 (1).
Les maîtres barbiers étaient obligés d'assister sans convocation le premier lundi de chaque mois à une réunion des confrères et des médecins pour la visite des malades et pour conférer sur les maladies du corps humain.
L'article 3 prescrit que la communauté procédera chaque année la veille de la Saint-Cosme et Saint-Damien, à l'élection de deux nouveaux gardes jurés en remplacement de deux anciens qui sortiront.
Les gardes étaient donc au nombre de quatre renouvelables par moitié chaque année.
L'aspirant à la maîtrise devait faire ses études chez un maître pendant deux ans comme apprenti et devait faire un travail de quatre années ensuite comme compagon avant d'être admis à la maîtrise. A la fin de ce temps l'aspirant payait à son maître une somme de soixante livres pour la reconnaissance de ses peines et soins.
L'examen d'admission est des plus compliqués. L'aspirant devait faite six actes : 1° l'examen de tentative, 2° quatre journées d'opérations. 3° deux journées d'ostéologie et bandages, 4° quatre journées d'anatomie complète, 5° deux journées d*- médicaments simples et composés, avec la visite des malades à l'hôtel-Dieu et leur pansement, enfin le dernier grand examen avec le rapport des personnes infirmes qui lui sont désignées par les jurés, le tout en présence du conseiller médecin.
Voilà pour la ville; mais à la campagne, il paraît qu'il n'était pas utile d'être aussi fort chirurgien ; un arrêt de février 1672 prescrit que les aspirants pour la campagne ne subiront que deux épreuves; l'une pratique, l'autre théorique, et payeront les droits de réception accoutumés.
L'article 40 des mêmes statuts exigeait que les sages-femmes passent des examens devant les maitres, payent les droits accoutumés et aient leurs noms et surnoms inscrits sur un tableau en la chambre commune.
Il y avait en outre une quantité de coutumes et d'usages, dont quelques-uns nous sont parvenus. Un registre des délibérations de l'hôtel de ville (2) nous apprend qu'il était d'usage que le dernier maître reçu fit célébrer une messe, vêpres et salut, le jour de Saint-Louis et fît offrir un pain à bénir. Si
(1) Bibliothèque municipale de Tours : Pièces diverses, 2° volume, n» 110, pièce 2.
(2) Archives d'Indre-et-Loire : série E, registre n' 451.
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par hasard quelqu'un venait à chercher à se soustraire à la loi commune, et s'il joignait à son refus d'obéissance quelque grossièreté, le bureau se réunissait, et le coupable s'entendait condamner à. dix ans d'interdiction et de privations des honneurs de la communauté.
Chirurgiens. — En dehors des barbiers, qui exerçaient également la chirurgie, un édit du roi de février 1692 (1)^ créa deux chirurgiens jurés dans chacune des grandes villes qui devinrent pour ainsi dire les chefs des barbiers et qui exercèrent sur eux une certaine surveillance. Cette science reconnue comme art, et non comme métier, était expressément défendueà toute autre personne. Lesaspirants chirurgiens ne pouvaient servir chez les barbiers-chirurgiens et étaient tenus de faireleurapprentissage chez un maitre chirurgien. La réception à la maîtrise ne pouvait également avoir lieu qu'après avoir subi des examens et fait des expériences en présence des maîtres jurés.
Armuriers-Brigandiniers.— Les renseignements que nous possédons sur les armuriers et brigandiniers, sont rares; leurs statuts ne sont pas parvenus jusqu'à nous et cependant ce métier eut, à diverses époques et surtout pendant lesguerres de religion, une importance considérable à Tours. Nous retrouvons une foule de noms d'armuriers célèbres, parmi lesquels nous extrayons celui de Braquemart, attaché à une sorte d'épée courte et large connue sous ce nom. Les Braquemart donnèrent également pendant deux siècles leur nom à la rue SainteMarthe actuelle.
On venait de fort loin chercher des armes à Tours ; et nous voyons dans un compte de la ville de Nantes qu'on envoya chercher huit cents corselets destinés à l'entrée du roi Henri II dans cette ville.
Sous le nom général d'armurier, sont confondus aujourd'hui une certaine quantité de spécialités qui, au xvi* siècle, constituaient autant de métiers distincts. Ainsi un registre des délibérations de l'hôtel de ville de Tours, à la date du 19 novembre 1471 cite des professions spéciales telles que: arbalestrier, cranequinier, esperonnier, taillandier du Roy, auberjonnier, fourbisseur, artillier (2).
Les armuriers jouissaient de certains privilèges, ils ne défi) Bibliothèque municipale de Tours: pièces diverses, l*r vol., n* 110, pièce 100.
(2) Archives de l'hôtel de ville de Tours : registre des délibérations, 19 novembre 1471.
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vaient point payer aucune imposition, et leur renommée, qui s'étendait dans toute la France, a conservé lesnoms de :
Jehan Chereau , armurier 1542
Jehan Claude Saclay, — 1542
Jehan de la Butte, fourbisseur 1578
Claude Savigné, armurier 1595
Etienne Leblanc, canonnierdu Roy. . . . 1527
Guyon Mousnier, arquebusier 1597
Sire Jehan Dubois, esperonnier 1598(1)
Drapiers. — Avec la communauté des Drapiers, nous constatons une légère différence dans l'élection et le renouvellement des maîtres gardes.
Ceux-ci étaient au nombre de quatre, renouvelables par moitié tous les ans. Un maître grand garde était également élu pour deux années entières, h l'expiration desquelles il devait rendre compte de sa gestion devant les quatre maîtres gardes en charge, le nouveau grand garde et deux notables marchands députés par la communauté, et cela deux mois après sa sortie décharge, sous peine d'amende.
Nous retrouvons dans cette communauté une obligation qui se répète dans plusieurs autres ; les charges de garde et grand garde ne pouvaient être refusées sans aucun motif sérieux, et tout refusant se voyait expulser de la communauté pendant un an et déchu pour sa vie de tout droit aux charges de la confrérie.
Les gardes et le grand garde devaient faire au moins une fois l'an une visite générale pour s'assurer que la fabrication se faisait selon les prescriptions multiples du règlement. Chaque maître devait payer 20 sols au grand garde à cet effet, et les veuves 10 sols seulement.
Trois années d'apprentissage étaient exigées ainsi que deux années de travail comme compagnon pour la réception à la maîtrise. Les fils et gendres des marchands étaient dispensés de l'apprentissage et du compagnonnage, et n'acquittaient que la moitié des droits ordinaires (2).
Cette faveur, qui était comme une sorte de droit héréditaire se retrouve dans la plupart des corporations et reste d'ailleurs conforme aux tendances de l'époque. Cette opinion se fonde sur l'hérédité de certaines charges d'inspecteurs contrôleurs établies
(1) Archives de l'hôtel de ville de Tours : registre de délibérations, 25 juin 1473.
(2) Bibliothèque municipale de Tours : Corps de métiers «t Offices, n" 94, fonds Taschereau.
dans les communautés au xvie siècle et dont nous eurons occasion de parler plus loin. Il y avait aussi à Tours une communauté des répareurs de draps, dont nous n'avons trace que par un registre contenant son compte de recettes et dépenses daté de 1753., Cette corporation n'a pas eu d'importance.
Merciers. — Comme on a pu remarquer dans le tableau précédent, les Merciers obtinrent leurs statuts en 1448. Un siècle plus tard, en 1545, François 1er accorda des foires franches à la ville de Tours, Henri II les confirma en 1547 et dans les années qui suivirent il accorda aux merciers, de nouveaux statuts et privilèges ; Charles IX vint à l'appui de ces confirmations par de nouvelles lettres patentes en 1568 et 1570; ces foires avaient une grande importance pour les merciers auxquels elles procuraient des débouchés considérables pour leurs marchandises, et Louis XV, en 1723, les confirmait encore.
L'importance de cette corporation était d'autant plusgrande, que plusieurs marchandises similaires y étaient réunies, comme nous l'apprennent de nombreux documents, et notamment la lettre de maîtrise ci-dessous, que nous sommes heureux de publier comme type des brevets de ce genre.
«Nous maistres et gouverneurs delà confrairie S. Louis, jadis roy de France, fondée en l'église de l'Abbaye Royale de S. Julien de cette ville de Tours et gardesde la marchandise de grosserie, mercerie épicerie, de drap de laine, d'or, d'argent, de soie et jotiailleries en icelle ville. Certifions avoir noblement reçu François Thibault maître dudit État, après qu'il Nous a été certifié de Prud'homie et être François suivant l'ordonnance, par nous trouvé capable et expérimenté, et que les ordonnances dudit État lui ont été lues, lesquelles il a promis, comme aussi lui avons enjoint, garder, observer et entretenir de point en point et de n'y contrevenir ; ains suivant icelles se gouverner comme il appartient, sans faire; aucune manufacture préjudiciable aux privilèges dudit État : portera honneur et révérence aux gardes, tant de présent qu'à l'avenir. Les avertira des abus et malversations qu'il scaura être faits au préjudice de ladite marchandise, tant par les marchands-merciers et drapiers que marchands-forains, courtiers et autres quelconques, sitôt que lesdits abus viendront à sa connaissance-: Ne fera aucun acte du courtier de ladite marchandise : Ne fera semblablement aucune société ni compagnie avec aucunes personnes, s'ils ne sont marchands-merciers, épiciers et drapiers, reçus maîtres et residens en cette d. ville : Ne fera aucune commission, et ne prêtera sa marque pour ni à qui que ce soit : Tiendra boutique ouverte et Tapis sur rue en cette d. ville de Tours ou dans le
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Palais, dehors ou es Fauxbourgs : Ne prendra aucun apprentif qui soit marié, avant que passer son Brevet de trois ans d'apprentissage, ou qui se puisse se marier durant icelui, ou qui soit Étranger, ce qui est expressément défendu par ces statuts et ordonnances ; et nous avertira et nos successeurs gardes audit État, des serviteurs qu'il aura à son service, lesquels seront vrais François ; et s'il se veut se servir d'aucuns Étrangers, ne les pourra prendre que pour deux ans seulement, afin qu'ils ne puissent acquérir le privilège et dont le dit maistre sera tenu de les avertir afin aussi qu'ils ne puissent dire qu'ils ayent été deçûs ni trompez, et ce dans quinzaine après qu'ils seront entrés à son service, pour le droit de service desdits serviteurs François être payé, tant au Roy notre sire, qu'à ladite confrairie et communauté, à peine de recouvrer sur lui; Ne contreportera ni ne fera contreporter aucunes marchandises dans la ville, Fauxbourgs, ni dans les hôtelleries:Gardera les commandements de Dieu et observera ceux de 1 Église, sans exposer ni vendre aucunes marchandises les jours de dimanches et fêtes, sur les peines portées par les ordonnances ; lequel nous a présentement payé la somme de
à cause du droit accoutumé, pour servir et lever noblement ladite Boutique, Banc ou Échope dudit État en cette dite ville de Tours, Palais ou Fauxbourgs d'icelle à la charge par
ledit de payer la somme de entre les mains de
pour le droit royal à nous apartenant et réuni à
notre communauté suivant les édits des mois de mars 1691 et 1694, et arrêt du conseil du 22 juin au dit an de 1694, à la charge de faire et prêter serment, et de se faire recevoir à Monsieur le Lieutenant Général de police au dit Tours, et de payer et continuer dorénavant par chacun an dix solsparisis à ladite confrairie et communauté, au jour et fêle S. Louis ou lors de la quête d'icelle, le tout ci-dessus, sur peine de perdre son droit audit état : en témoin de ce, nous avons fait mettre à ces présentes le scel dudit État, et le seing de Nous à ce commis, l'an mil sept cent trente-six, le 6 novembre (I) »
Signé
GIDE. CHAMPOISEATJ.
ROCHER. P. LE FEUBBE.
Le brevet de maîtrise comme, tous ceux des autres corporations, est scellé du sceau de la confrérie, imprimé dans une pâte de cire comprise entré deux parchemins.
(1) Bibliothèque municipale de Tours : manuscrit n° 1258, pièce 57.
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Pour celui qui nous occupe, sur la face nous voyons un Saint-Louis debout les bras écartés, et autour une devise dont on ne peut lire que ces mots: Fax in virtute. Au revers les armes de Tours avee cette devise : Jus et abundantia in lurribus.
lurribus.
Charpentiers. — Les pièces qu'il nous a été possible de consulter au sujet de la corporation des Charpentiers ne nous apprennent rien de particulier. Nous voulons seulement signaler le prix de main-d'oeuvre de ces ouvriers dans le courant, du xve siècle. En 1410, une journée de charpentier se payait 20 deniers et une journée de manoeuvre 12 deniers.
En 1488, la proportion change dans de notables proportions. La journée de manoeuvre s'est élevée à 2 sols 6 deniers. Peutêtre pouvons-nous voir là le commencement de l'élévation du prix de la journée des divers métiers, qui se manifeste dans le cours des siècles suivants.
Serruriers. — Dans un même ordre d'idées, les statuts primitifs des Serruriers nous fournissent de nouveaux détails sur le prix de vente des ouvrages de serrurerie et sur la situation fort précaire où se trouvait la corporation.
En 1473, nous apprenons que vingt-cinq maîtres serruriers « sont en adventure de habandonner la ville et demourer autre part. Le dit mestier de serrurerie est l'un des sept arts mécaniques fort dispendieux à soutenir, carung ouvrier mestait bien quinze jours et plus à faire une serrure ou autre chef-d'oeuvre et d'ouvrage dont à peineaurait-il ungescu. » Louis XI les engagea à rester à Tours, et leur accorda de nombreux privilèges, franchises et libertés.
Ce métier, qui était compris dès 1659 parmi les arts libéraux chers au roi, fut réglementé à nouveau le 11 août de la même année par des statuts nouveaux (1).
Quatre années d'apprentissage étaient nécessaires pour ce métier, et le jour de son entrée en compagnonnage, l'apprenti devait payer 2 livres de cire et 100 sols au profit de la communauté; de plus il devait fournir le jour du mardi gras une poule aux quatre jurés et 5 sols une fois seulement.
Le chef-d'oeuvre était fixé d'une manière uniforme par l'un des articles des statuts, il se composait, pour les serruriers, d'une « serrure d'un tour et demy, polie dedans et dehors avec une clef selon la demande des jurés. »
(1) Bibliothèque municipale de Tours : Pièces diverses, n° 110, ARR. — 33e pièce.
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Chaque année, le jour de la Saint-Eloi, patron de la confrérie, on procédait aux élections des maîtres gardes et du grand garde, qui devaient faire deux visites par semaine, dont quatre par an étaient payées.
Pour la première fois nous rencontrons dans ces statuts, la création d'un emploi de procureur syndic chargé de recevoir et administrer les finances de In confrérie.
Ces fonctions, qui se confondaient avec celles des greffiers, étaient identiques et prirent ce nom dans bien des communautés.
Cordonniers. — La corporation des Cordonniers, composée de trente-six maîtres, obtint en novembre 1468, ses premiers statuts, copiés sur ceux de Paris.
Quelques années après, ils furent confirmés et nous y remarquons que les aspirants maîtres étaient tenus de faire trois chefs-d'oeuvre et de payer 3 écus d'or pour tous droits.
On se montra moins exigeant pour les fils de maîtres enrant en communauté. Ils n'étaient point obligés de faire chef-d'oeuvre, ils devaient seulement donner un ecu à la communauté, un autre au roi, et offrir à dîner aux maîtres composant la confrérie.
Boulangers. — Les boulangers furent soumis à de nombreux règlements et furent l'objet de non moins nombreuses ordonnances de police réglant les conditions de la confection du pain et de sa vente.
Les premiers statuts furent accordés en 1462 et confirmés entre autres fois en 1468, et 1487.
Une ordonnance de police, du 23 décembre 1404, prescrivait aux boulangers de garnir leur boutique de pains du poids, qualité et blancheur déterminés, et portant la marque de la première lettre de leur nom, permettant de reconnaître le boulanger en cas de mauvaise fabrication (•!).
En 1776, au moment où les corporations allaient subir leur importante transformation. [Secker se fit adresser de toutes les principales villes du royaume des éclaircissements sur la situation des corporations d'arts et métiers; et la ville de Tours lui adressa un long mémoire à ce sujet, où, parmi lesdivers métiers, nous voyons les Boulangers y figurer pour un nombre de soixante-treize maîtres, ce qui prouve quelle était 1 importance de cette corporation (2).
(t) Bibliothèque municipale de Tours : pièces diverses, n° 110 AR.R. (2) Archives d'Indre-et-Loire : série C, n" 147.
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Potsei's d'Etaïn. — Le commerce des objets d'utilité domestique et d'ornement en étain acquit une certaine importance pendant les xvi" et xvn° siècles. En 1546 , Henri II accorda les premiers statuts à ce métier; ses successeurs, François II, Charles IX et Henri III les confirmèrent, et enfin un édit de Louis XIV les confirma de nouveau, en créant les Essayeurs-Contrôleurs d'étain, chargés de vérifier la composition du métal employé et de le marquer à l'aide de poinçons spéciaux pour en attester la composition légale.
Cette charge était rétribuée par un droit de 3 deniers par livre d'étain vérifiée. Quant au fonctionnement intérieur, il se faisait comme dans les autres communautés sans changement apparent.
Cordiers. — Des lettres patentes accordées aux cordiers présentent des cas intéressants à noter.
Dans une première lettre du 20 mars 1412, il est accordé aux cordiers comme privilège, exemption de toutes impositions, coutumes, péages et autres subventions pour chanvre et denrées de leur métier à charge de « fournir, bailler et livrer tout cordage gros ou menu aux gens de justice des lieux où ils sont demeurants, quand le cas adviendra pour lier, pendre et exécuter larrons, meutriers et autres malfaiteurs. »
Pour être reçu maître; il fallait faire chef-d'oeuvre et payer « 30 sols tournois au roi, 30 sols tournois à la confrérie, et 20 pour le dîner des maîtres, excepté les maîtres qui d'ancienneté etparavant le jourd'huy ont tenu ouvroir ou boutique du dit métier. » Tous les ans deux maîtres étaient nommés pour faire les visites chez leurs confrères, et chargés de surveiller les travaux (1).
Imprimeurs. — Comme nous l'avons dit dans le premier chapitre, l'imprimerie rencontra une vive opposition à son origine, et il ne fallut rien moins que les immenses avantages de cet art, pour l'emporter sur les préventions desintéressés.
Quelques années après l'apparition de l'imprimerie en Touraine, le chapitre de Saint-Martin fit imprimer à ses frais un Bréviaire sur vélin format in-12, et en confia l'exécution à Simon Porcelet de Tours, 1493.
Trois ans plus tard un imprimeur du nom de Mathieu Latteron imprima la Vie et les Miracles de Monseigneur SaintMartin, et depuis cette époque, nous trouvons une série non
(1) Bibliothèque municipale de Tours, pièces n° 110, ARR.
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interrompue d'imprimeuis tourangeaux et d'ouvragos sortis de leurs ateliers.
Les caractères de ces premières impressions calqués en quelque sorte sur l'écriture des manuscrits, en reproduisaient si exactement les abréviations et les lettres initiales, que pendant longtempson confondit cesimpressionsavec les manuscrits véritables. Cette confusion donna même lieu à un certain commerce, où la bonne foi des marchands les vendait pour des manuscrits authentiques.
(A suivre.) Auguste CHAUVIGNÉ
Observations météorologiques
MOIS D'AOÛT 1884
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Observations météorologiques
MOIS DE SEPTEMBRE 1884
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Nota. — Dans les colonnes 1, 2, 3 on exprime les températures au-dessous de zéro par le signe—. L'a e ce signe indique une température supérieure à zéro. La foret du vent est marquée par les chiffres suivants : U nul, 1 faible, 2 modéré, 3 assez fort, i fort, S tris fort, 6
7 tempête.
283
EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX
Séance du 8 novembre 1884.
PBÉSIDENCE DE M. DDCLAUD, VICE-PBÉSIDBNT
Lecture du procès-verbal delà séance du 18 octobre. Adopté.
MM. Veauvy et Reboulleau demandent à la Société de vouloir bien examiner des plans et devis de hangars agricoles économiques établis par eux. Ils voudraient qu'une commission spéciale fût nommée, qu'elleexaminât leurs modèles et fît son rapport à la séance de décembre. La demande paraissant juste et bien fondée, une commission de trois membres est aussitôt nommée ; elle se composera de MM. Duclaud, vice-président, Vallée etDugué.
Lettres de plusieurs Sociétés, de la Société des Agriculteurs de France en particulier, relatives aux mesures à prendre pour arriver à dégrever l'agriculture, qui supporte aujourd'hui de si lourdes charges, en même temps qu'elle traverse une crise si difficile.
Nos membres qui font partie de cette Société prendront part aux discussions ouvertes au sein delà Société des Agriculteurs de France et défendront nos intérêts.
Il résulte d'une lettre de M. Ferré, trésorier honoraire de la Société, qu'il a été nommé, non pas chevalier, comme l'ont annoncé les journaux de la localité, mais bien commandant de l'ordre de Serbie. La Société lui adresse ses félicitations pour cette distinction flatteuse.
Bibliographie. — Archives d'agriculture du nord de la France ;
Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie;
Description des machines et procédés pour lesquels ont été pris des brevets d'invention.
Le Secrétaire perpétuel fait connaître la situation exceptionnelle du concours ouvert par la Société pour l'année 1884. On a donné aux programmes toute la publicité désirable ; aucun concurrent n'a répondu à notre appel, ni pour le concours agronomique, ni pour le concours scientifique ; on a seulement envoyé cinq pièces de vers pour le concours poétique.
Le concours départemental lui-même a présenté de graves difficultés, qui ne se sont point aplanies sans de grands efforts ; néanmoins la prime est attribuée.
Le prix du concours départemental et la médaille à décerner 1884 20
h la meilleure pièce de vers sont donc les seules récompenses que la Société ait à donner cette année.
Après ces considérations, M. Duclaud, vice-président, propose de supprimer exceptionnellement la séance publique académique : cette proposition, mise aux voix, est adoptée à l'unanimité.
Cette mesure sera aisément justifiée, outre le défaut de concurrents, par l'obligation dans laquelle est la Société de restreindre ses dépenses au lendemain d'une installation coûteuse, inachevée; et peut-être à la veille de se décider à un nouveau déplacement.
En effet, M. Drake, président de la Société des Amis des Arts, assiste à la séance et vient proposer à la Société d'agriculture de s'engagera louer, pour ses séances et collections, une partie du local qu'il se propose de faire construire dans le but d'abriter les Sociétés savantes toutes un peu en ce moment à la recherche d'un domicile.
Les plans sont fort beaux et les propositions de M. le Président de la Société des Amis des Arts parfaitement acceptables ; par l'organe du Président de la séance, M. Duclaud, la Société d'agriculture s'engage, avec de sages réserves et après discussion des conditions, à transporter son siège dans le nouvel hôtel des Sociétés savantes.
Ce projet ayant malheureusement échoué, il est inutile de rapporter plus au long cette discussion, ni de faire connaître les conventions débattues.
Rien n'étant plus à l'ordre du jour, la séance est levée à deux heures et demie.
Le Secrétaire perpétuel,
À.-H. JlITEAU.
RAPPORT DE LA COMMISSION DE PARCOURS DÉPARTEMENTAL
MESSIEUBS,
Votre Commission n'a eu que deux exploitations à visiter ; l'arrondissement de Chinon n'ayant présenté aucun candidat. Vous aurez à examiner si le règlement de concours institué par vous, et que nous appliquons pour la troisième année, ne devra pas être modifié dans quelques parties. Nous nous ferons un devoir de vous signaler les points qui, dès maintenant, nous semblent défectueux. Cette réserve faite, nous venons vous rendre compte de notre visite chez chacun des candidats.
M. Avril-Turquand, notre honoré collègue, dont le nom bien souvent a retenti dans les concours et les comices, tant comme organisateur que comme lauréat, exploite pour son propre compte le domaine de Saint-Michel, à trois kilomètres de Preuilly.
Cette propriété, d'une superficie de quarante hectares à peu près, d'un seul tenant, au centre de laquelle se trouve l'habitation, était en mauvais état lorsque M. Avril en devint acquéreur, vers 1857.
Des pentes prononcées et irrégulières, des broussailles, des rocs à fleur de terre, des fossés, des infiltrations abondantes, venant à affleurement ; tout concourait à rendre la culture pénible et peu rémunératrice. L'enlèvement des récoltes, le transport des engrais offraient également de sérieuses difficultés.
Progressivement, sagement, et pour tout dire, en homme prudent, décidé à ménager les capitaux de première mise, sauf à attendre plus longtemps la période des bénéfices ; M. Avril a transformé sa propriété. Utilisant les pentes du terrain et l'abondance des blocs de pierre, il a établi plus de cinq mille mètres courants de drainage au caillou, avec une entente parfaite. Son grand collecteur, tout naturellement placé au fond de l'entonnoir formé par les diverses pièces de terre, a été laissé découvert.
De bonnes prairies naturelles ont pu être ainsi créées, en même temps que la qualité des terres arables était surélevée. Des chemins d'exploitation solidement empierrés étaient d'ailleurs établis sur tout le domaine.
Les terres de Saint-Michel sont argilo-calcaires, peu pro-
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fondes, froides et d'une fertilité naturelle médiocre. Les différents essais de prairies artificielles n'ont jamais donné des résultats bien satisfaisants, et M. Avril a dû se réduire presque exclusivement à faire des trèfles. Il cultive néanmoins avec un certain succès, mais sur une trop petite étendue, nous at-il semblé le moha de Hongrie. Cette graminée des plus méritantes, bien qu'inférieure à la variété de Californie, est peu difficile sur le choix du terrain; elle brave les sécheresses extrêmes et produit un abondant fourrage dont le bétail se montre friand soit en vert soit en sec.
La sole du domaine de Saint-Michel comporte actuellement huithectaresfroment, partie enblé Chiddam, partie en blé bleu ou de Noë. La récolte est de belle apparence, bien également répartie sur les superficies ensemencées. II est permis d'évaluer le rendement entre vingt et vingt-deux hectolitres à l'hectare. Étant donnée la qualité des terres, le rendement est remarquable.
6 hectares d'avoine et d'orge. L'avoine est belle, mais moins réussie que le froment.
6 hectares de prairies naturelles, qui doivent, semble-t-il, réunir la qualité des prés hauts et celle des prés bas, puisque le sol en pente prononcée est souterrainement sillonné par de nombreuses infiltrations.
2 hectares de trèfle.
2 hectares de topinambours et de pommes déterre.
1 hectare de betteraves et de choux.
Ces dernières cultures, malgré les façons dont elles ont été l'objet, se ressentent terriblement de la sécheresse.
Une vigne, dont la contenance ne nous est point connue.
Le surplus est en guérets.
Ainsi qu'on peut le voir par cette énumération, la proportion de la culture en céréale est considérable, comparée à la production fourragère. A coup sûr la proportion inverse nous semblerait préférable.
M. Avril exploite par domestiques et journaliers ou tâcherons. Les labours sont faits par des boeufs, suivant l'usage local.
Les étables bien construites, suffisamment vastes et aérées, dallées en béton avec pentes d'écoulement pour les purins recueillis dans les citernes, lesétables, disons-nous, contiennent:
Un cheval, quatre boeufs, deux vaches laitières, une cinquantaine de moutons, quelques chèvres et des porcs, soit environ quinze têtes de gros bétail, quantité minime pour la superficie cultivée. La masse des fumiers est augmentée, il est vrai, par des engrais chimiques mélangés dans l'étable à la litière des animaux.
Plus heureux sous ce rapport que beaucoup d'autres pro-
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priétaires, M. Avril trouve dans son voisinage des bras en nombre suffisant pour exécuter ses travaux. 11 a conservé l'ancien système du moissonnage h la faucille et à chaume. La perte de temps considérable qu'entraîne ce procédé n'est point niable. Mais les plantes parasites sont tellement abondantes, paraît-il, dans les terres de Saint-Michel, qu'il est presque impossible d'opérer différemment sous peine d'obtenir du grain très difficile à nettoyer. Ajoutons que la déclivité du terrain, rendrait assez problématique la marche régulière de la moissonneuse, dont l'emploi devrait alors être exclusivement réservé pour les terres, soit planes soit à pente très douce.
Or elles forment la petite minorité.
En 1881, le jury du Concours régional, appréciant à sa valeur, la persévérance intelligente de M. Avril et les résultats obtenus, lui accordait la prime d'honneur départementale. Cette circonstance, que la Commission est heureuse de rappeler, était de nature à créer une difficulté si le domaine de SaintMichel nous avait semblé devoir être classé en première ligne. Mais il en a été différemment, d'après l'avis unanime des membres de la Commission.
En 1878, M. Tesson est devenu propriétaire de soixantedix hectares de terre, pour ainsi dire incultes, situés à environ un kilomètre au nord du bourg des Hermites. lia créé de toutes pièces l'exploitation aujourd'hui existante, à laquelle par une antiphrase quelque peu gouailleuse, il a donné le nom de la Ruine. Nombreux dans le pays sont les voisins jalousant M. Tesson depuis que sa Ruine s'étale ainsi à tous les yeux.
Une très grande cour quadrangulaire établie au sommet du plateau et entourée par une confortable maison d'habitation, par de vastes granges, des écuries, étables, porcheries, etc. etc. ; un beau jardin potager abondamment pourvu d'arbres fruitiers ; tel est le noyau autour duquel viennent se grouper terres arables, prairies naturelles et artificielles, vignes. La propriété est presque d'un seul tenant.
La culture delà Ruine comporte cette année :
14 hectares de froment,
14 hectares d'avoine, 3 hectares de prairies naturelles,
20 hectares de prairies artificielles,
3 hectares de betteraves et carottes, 1 hectare de pommes de terre,
4 hectares en vignes.
Le surplus était ensemencé en vesce aujourd'hui fauchée.
Ainsi qu'on peut le voir, la culture fourragère tient la plus grande place, et comme M. Tesson proportionne son cheptel à la nourriture dont il dispose, il arrive à la production d'une importante masse de fumiers qu'il compte pour rien, dit-il,
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puisque, en effet, il agit comme s'il ne produisait pas d'engrais naturels, leur ajoutant, année moyenne, pour 3,000 fr. d'engrais artificiels. Après divers tâtonnements, il s'est arrêté à un mélange de deux de superphosphate contre un de nitrate de soude, à la dose de trois cents kilog. par hectare.
Cette association judicieuse et l'assolement non moins judicieux adopté par M. Tesson, lui permettent de faire une culture véritablement intensive sans épuiser sa terre. Les gros rendements sont aujourd'hui imposés au producteur français, en raison des conditions économiques du marché. Le propriétaire de la Ruine l'a compri» depuis plusieurs années. Aussi, obtint-il une suite ininterrompue de récoltes supérieures à celles des meilleures terres de la contrée.
Encore sur pied, lors de notre visite, les froments promettaient une récolte de vingt-sept à trente hectolitres à l'hectare, tant en blédeSaint-Laud qu'en blé de Noë. Plus belles encore sont les avoines, bien que l'année se soit mal comportée pour elles dans presque tout le département. M. Tesson récoltera de quarante à quarante-deux hectolitres à l'hectare d'avoine noire de Beauce. L'attention et nous pourrions dire l'admiration de votre Commission a été, messieurs, attirée par un champ de betteraves plantées soit seules soit alternées dans le rang avec la carotte fourragère. Le développement des feuilles, leur teinte d'un vert presque noir, tant il est foncé, l'état de propreté parfaite et d'ameublissement du sol, constituent un ensemble vraiment saisissant. La variété cultivée est la jaune ovoïde des Barres, dont la réputation n'est plus à faire.
M. Tesson a observé que la carotte ensilée seule, se conserve assez mal passé un certain temps. Il cesse d'en être ainsi lorsque la betterave et la carotte sont ensilées pêle-mêle. L'honorable M. Robin de Juguy, avec sa compétence toute spéciale, a donné l'explication plausible d'un fait qui lui était inconnu, mais dont il a constaté sur l'heure toute l'importance. La forme ovoïde et plus ou moins régulière de la betterave, permet qu'il s'établisse dans la masse du silo des conduits pour le dégagement des gaz venant à se former. Or l'accumulation de ces gaz dans une masse fortement et uniformément tassée, comme il arrive lorsque les carottes de forme conique régulière sont seules, l'accumulation des gaz, disons-nous, provoque nécessairement la décomposition de la racine.
Une autre circonstance encore est de nature à maintenir M. Tesson dans l'usage adopté par lui.
Lors de l'arrachage des racines, le mélange de la feuille de carotte aromatique et un peu astringente avec la feuille de betterave, corrige les propriétés laxatives de cette dernière et permet ainsi d'employer, sans inconvénient, une masse
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considérable de fourrage vert. Ce n'est pas là un mince avantage, étant donnée la quantité d'animaux à nourrir.
Les luzernes sont remarquablement belles, exemptes de cuscute, leur seconde coupe dépasse en abondance, la première coupe de bien des luzernes, considérées comme bonnes. Le résultat ne peut être attribué qu'aux fumures énergiques appliquées aux cultures qui ont précédé l'ensemencement de la luzerne, au soin avec lequel les semis sont opérés; enfin, à l'application d'engrais chimiques destinés à surexciter la végétation lorsqu'elle ss ralentit. M. Tesson d'ailleurs, conséquent avec le système des gros rendements qui lui réussit si bien, ne conserve pas ses luzernes au delà de six ans.
Les écuries de la Ruine renferment:
Cinq chevaux, quinze ou seize vaches Durham ou Durhamcotentines, un très beau taureau de deux ans, race Durham pure ; deux cent cinquante moutons Southdown croisés Berrichon (il y er a ordinairement trois cents) ; une quinzaine de porcs, race craonnaise, des chèvres, enfin trois cents volatiles environ, poules, dindons, canards, pintades et paons.
M. Tesson renouvelle annuellement un tiers de son troupeau de moutons par la sélection des sujets nés chez lui. Rarement il livre à la boucherie les produits de ses vaches.
L'abondance des fourrages, la possibilité d envoyer au pâturage, enfin et surtout la beauté des reproducteurs l'encouragent à élever les jeunes taureaux ou les génisses pour les vendre vers l'âge de six mois à des prix très rémunérateurs.
Actif, robuste, intelligent, décidé, si l'on veut bien nous passer cette expression, le propriétaire de la Ruine, secondé d'ailleurs par sa femme, une ménagère entendue, dirige luimême un personnel important. Neuf domestiques, tant hommes que femmes, auxquels il adjoint fréquemment des gens de journée et des ouvriers au marchandage, constituent la famille rurale. M. Tesson nous disait à ce sujet : « Mes domestiques et moi mangeons à la même table, buvons au même poinçon ; j'ai la prétention de tirer d'eux le meilleur parti possible et, cependant, sitôt qu'une vacance vient à se produire, les remplaçants abondent. Preuve, ajoutait-il, que la maison n'est pas mauvaise. »
L'homme dont nous parlons connaît trop bien le prix du temps pour dédaigner les moyens d'arriver à un prompt enlèvement des récoltes. Aussi trouve-t-on chez lui moissonneuse, faucheuse, râteau et faneuse à cheval. Bien plus, il donne à l'entreprise, à raison de 7 fr. SO l'hectare, la moisson d'une partie de ses céréales, à l'aide d'une moissonneuse dont il fournit l'attelage.
M. Tesson trouve un avantage de premier ordre à construire de grosses meules de céréales. Non seulement il évite
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des frais de main-d'oeuvre, mais le grain se conservebeoucoup mieux. Le battage à la mécanique s'opère graduellement, lorsque le temps ne permet pas les travaux extérieurs, lorsque la main-d'oeuvre est moins rare. Ce système d'ailleurs permet d'entretenir de paille fraîche les moutons, et c'est là un point capital. Quant aux meules de fourrage, elles sont construites de façon à conserver à la nourriture du bétail une qualité que le grenier ne lui laisserait certainement pas.
Il est à regretter que lorsqu'on a construit les étables, l'on n'ait pas complété une installation d'ailleurs rationnelle et même soignée, par l'établissement de fosses à purin.
Il est bien vrai que ces purins viennent dans la cour rejoindre les fumiers, et que leur trop-plein s'écoule vers les prairies atténuantes. Mais cette immersion automatique en quelque sorte, peut à certains moments se produire dans des circonstances inopportunes. Les fumiers d'ailleurs gagneraient à être mieux aménagés.
Constatons encore que la laiterie bien tenue et convenablement installée, pèche en un point. Le carrelage en terre poreuse et offrant de nombreux joints, s'imprègne des déchets et d'odeurs tournant promptementà l'aigre. Un dallage en ciment avec pente suffisante pour écouler les eaux de lavage compléterait à peu de frais cette importante annexe de l'exploitation.
En résumé, la création de la propriété de la Ruine, la façon dont elle est exploitée depuis longtemps déjà, constituent à l'acquit de son propriétaire un mérite réel, et pour les populations agricoles j un bon exemple à suivre.
Vous mettrez davantage en lumière et ce mérite et cet exemple, si vous voulez bien, messieurs, accorder à M. Tesson le prix départemental que nous vous demandons pour lui.
Le président de la Commission,
G. DUCLAUD. 27 juillet 1884.
HISTOIRE
DES CORPORATIONS
D'ARTS ET MÉTIERS DE TOURAINE
{Suite)
L'importance de l'imprimerie s'accrut considérablement à Tours pendant le xvi° siècle, malgré les désastres de toutes sortes qui désolèrent la population.
Nous croyons utile de citer le nom des principaux imprimeurs qui se sont succédé à Tours, en mentionnant les principaux travaux sortis de leurs presses.
1517. Mathieu Latteron imprime le Missale Turonense, 1533. Jean Ricard et Pierre Regnard, rue de la Scellerie, donnent le Manuale secundum usum Melropolitanoe ecclesioe Turonensis. 1535. Mathieu Cherchelepublie le Bréviaire de Marmoutier et plusieurs ouvrages en vers français.
1552. Jehan Rousset imprima l'ouvrage intitulé : Le convy de
Pallas, déesse de science, au roi Henri II.
1553. Le même publie le Promputaire des lois municipales
et coustumes du Bailliage par Brèche. 1553. Bourreau et Olivier Tafforeau. 1561. René Siffleau. 1580. Zacharie Grivau. 1593. Jamet Mestayer, imprimeur ordinaire du roi, le Catholicon
Catholicon première édition de la Satire Mènippêe.
Mènippêe. Maurice Bouguereau publie la Topographie du Duché
de Touraine, d'Isaïe de la Gardie.
Enfin, citons le nom de deux illustres tourangeaux, Christophe Flantin et Guillaume Rouville,qui quittèrent leur pays natal pour aller fonder des établissements typographiques de premier ordre, le premier à Anvers, le second à Lyon.
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Voilà pour les oeuvres ; quant à l'organisation intérieure de la communauté nous sommes moins riches en documents.
Le hasard nous a mis la main sur une seule pièce, où nous apprenons que les libraires, imprimeurs, relieurs, enlumineurs et écrivains jurés, étaient dispensés par privilèges de « tous guets de ville, garde des portes, fors en cas de danger pressant ; » de plus, en 1513, Louis XII les avait exemptés de toutes tailles, aides et gabelles imposées ou à imposer pour quelque cause que ce fût ou pût être.
Notaires. — Pour la plupart des corporations, celles de Paris servirent de modèles pour celles de province ; ainsi, les notaires d'Orléans copièrent leurs statuts sur ceux de Paris, et par édit et lettres patentes des 22 et 26 septembre 1512 ceux de Tours furent créés à l'instar de ceux d'Orléans (1). Enfin, plus tard encore, en juillet 1662 l'identité est complète, les statuts des Notaires d'Orléans sont déclarés communs aux Notaires de Tours.
Au commencement du xvme siècle, les notaires de Tours, qui étaient au nombre de vingt, se trouvant trop nombreux pour pouvoir vivre tous dans des conditions assez productives, firent une entente entre eux, par laquelle il était convenu que les huit premières charges qui deviendraient vacantes pour une raison quelconque seraient achetées par la communauté ; ainsi réduites à douze on demanderait au roi d'approuver cette réduction. Cette autorisation leur fut accordée le 22 juin 1759 par lettres patentes sur arrêt du conseil (2).
Fabricants d'étoffes d'or, d'argent et de soie.
—. La fabrication des étoffes d'or, d'argent et de soie comme nous l'avons vu en étudiant ses origines, date de Louis XI; au mois de juillet 1498 des lettres patentes confirmèrent les privilèges du feu roi et quelques mois plus tard, un édit régla de nouveau leurs statuts.
Enfin, dans des statuts définitifs du 3 mars 1667, nous remarquons les dispositions suivantes :
Les maîtres gardes étaient au nombre de six, et remplacés d'année en année par deux nouveaux maîtres.
Dans leurs visites, ils devaient marquer les pièces de bonne fabrication d'un côté par une couronne et trois fleurs de lis et de l'autre par une tour.
(1) Bibliothèque municipale de Tours, pièces diverses, n" 110, ARR, pièce u° 139.
(2) Bibliothèque municipale de Tours : fonds Taschereau, liasse n" 94.
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L'élection des gardes se faisait dans cette communauté d'une façon toute particulière et digne de remarque.
L'élection avait lieu le 22 janvier de chaque année en présence du lieutenant général et du procureur du roi.
Surla liste complète des maîtres de la confrérie, il était choisi cinquante maîtres n'ayant pas encore passé par les charges, les huit premiers noms étaient écrits sur des billets, lesquels étaient jetés dans le chapeau d'un jeune enfant, qui les brouillait, et en tirait un pour le remettre entre les mains du lieutenant général. Le nom qui sortait ainsi était proclamé premier des cinquante maîtres, et ensuite on continuait à tirer sur la liste de huit noms en huit noms jusqu'au nombre de cinquante.
Les maîtres désignés ainsi se réunissaient aux gardes en charge et procédaientàlanominationà la pluralitédes voix des deux nouveaux gardes et même,-s'il y avait lieu, àunprocureur receveur de communauté, dont l'élection ne se faisait que tous les trois ans. Le serment de faire observer les règlements était ensuite fait devant le lieutenant général.
Les largeurs des étoffes étaient soumises à une vérification de la part des gardes; chacun d'eux possédait diverses mesures en fer marquées aux armes du roi et de celles de la ville, qui servaient à cet effet.
Il y avait deux fois par semaine une sorte de cour de justice, où les gardes recevaient les plaintes concernant la communauté, et jugeaient les différends qui s'élevaient entre les maîtres ou les ouvriers.
La réception à la maîtrise était subordonnée à des règlements qui le plus souvent forçaient de certains ouvriers à attendre la maîtrise pendant de longues années. Il fallait prouver cinq années d'apprentissage et cinq années de compagnonnage, avoir fait chef-d'oeuvre sur chacun des quatre draps, acquitter des droits de réception fort élevés; mais il était défendu de donner festin aux maîtres de la communauté.
Les marchands forains étaient exclus des communautés. Cependant si un étranger ou marchand forain voulait y entrer, il devait faire cinq ans de travail dans la même boutique, excepté le cas où cet étranger apporterait un nouveau système de fabrication.
Pendant une période d'un siècle environ, de 1570 à 1671, il y eut à Tours, parmi les ouvriers en soie, une coutume bizarre et fort curieuse, que nous nous empressons de faire revivre ici.
Le jour du mardi gras de chaque année, les ouvriers et apprentis en soie se réunissaient, armés de hallebardes, et occupaient par la force la porte Sainte-Anne, située à l'ouest de la ville. Là, tous les gens de pied étaient arrêtés et on ne les laissait passer que moyennantle payementd'un impôt pareuxfixé.
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Il est tout naturel qu'un semblable usage devait donner lieu à des tumultes et à des discussions parfois sanglantes ; la municipalité s'occupa à diverses reprises de réprimer ces abus ; mais elle fut impuissante et ce ne fut qu'en 1671 que l'intendant Voisin de laNoiraye adopta des mesures énergiques. Il fit garder la veille la porte Sainte-Anne par deux compagnies d'arquebusiers, qui empochèrent le retour de cette coutume abusive, destinée à faire passer les fêtes de carnaval aux ouvriers en soie d'une façon peu coûteuse (1).
Cette industrie prit à Tours des proportions considérables, pendant le xvi" siècle. La plus grande partie de la population était occupée au travail de la soie, tant à la fabrication des étoffes qu'à la préparation des matières qui la composaient.
Un édit somptuaire rendu par Henri IV en janvier 1593 jeta l'alarme dans ce commerce. Les métaux précieux devenant rares, il défendit de porter sur les vêtements des passements galons et broderies en or ou en argent. Cette mesure irrita sans produire grand effet, et le roi dut avoir recours à un expédient plus sûr, qui réussit pendant un certain temps. Il accorda la permission de porter des passements d'or aux filles et aux femmes de mauvaise vie.
Cependant, la vanité des gens qui croyaient ne pouvoir montrer leur supériorité que par la richesse de leurs habits reprit le dessus, etl'édit n'eut qu'un effet passager.
Vers la fin du xvie siècle, c'est-à-dire après les violences des guerres t religion, au moment où le pays était ruiné par les troubles politiques, par les impôts etles levées de toutes sortes, la villede Tourstraversait une crise affreuse, qui devait porter une vigoureuse atteinte à son industrie et par cela môme à la fabrication des étoffes de soie. L'émigration augmentait tous les jours, surtout parmi les ouvriers en soie, les passementiers, les rubanniers qui manquaient de travail. Au commencement de ce siècle plus de six mille compagnons ouvraient sur le métier, trois cents personnes dévidaient la soie, bien d'autres encore préparaient les teintures, et enfin la population de Tours,qui s'élevait alors à quarante mille âmes, était presque complètement occupée aux manufactures de draps et de soiries, qui employaient chaque année mille balles de soie écrue. Quatrevingts ans plus tard au commencement du xvne siècle; les ouvriers étaient réduits à deux cents, la plupart des maîtres étaient ruinés et cent halles de soie suffisaient amplement aux besoins de la fabrication.
La prospérité des manufactures reprit alors sensiblement avec le siècle, contre-coup inévitable et naturel d'une période
(1) Histoire de Tours, par le D' Giraudot, t. H, p. 170.
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de calme succédant à un siècle troublé. Mais la vigueur de la première impulsion était perdue, l'importance des travaux et des transactions n'était pas la même et disparut progressivement à mesure que le siècle s'avançait, pour entrer dans une crise de décadence complète avec le xvme.
Sur deux cent cinquante métiers à fabriquer les draps de soie, dix seulement étaient en activité, la rubannerie, la passementerie, qui avaient compté jusqu'à trois cents métiers, en possédaient à peine dix ; quant à la fabrication de la soie, le nombre des métiers de mille sept cent était tombé à neuf cents, et le nombre des ouvriers employés à cette fabrication réduits à deux mille six cents.
Quelques efforts furent tentés vers le milieu du xvme siècle pour rendre à nos vieilles fabriques leur ancienne splendeur. Ils furent insuffisants devant les frais onéreux que les maîtres devaient supporter.
Louis XV, en 1744, choisit Tours pour l'établissement d'une manufacture de damas et de velours, façon de Gènes.
L'établissement fut installé, passa successivement entre les mains de divers directeurs, et ne prospéra que vers 1750, avec Pierre Taschereau, qui établit un nouveau système de tirage des soies. Cette innovation rendit une certaine activité à la fabrication;les moulins atteignirent bientôt le chiffre de quarante-six. L'éducation des vers à soie se répandit parmi les cultivateurs ; le nombre des éducateurs s'élevait à trois cent quatre- vingt-deux en 1762 et la récolte des cocons atteignit cette année-la le chiffre de vingt mille quatre cent vingt-six livres.
Ces résultats étaient évidemment très beaux, mais n'approchaient pas de l'état florissant des fabriques au xvne siècle ; sous Richelieu on comptait vingt mille ouvriers en soie, huit mille métiers et sept cents moulins à dévider.
Ces considérations assez longues étaient cependant nécessaires pour étudier quelque peu l'importance de ce genre de fabrication, qui caractérise toute une époque de l'histoire industrielle et commerciale de la Touraine.
Paumiers. — Il nous reste à parler d'une corporation dont l'ancienneté doit remonter fort loin, car les jeux dont elle faisait commerce sont d'une haute antiquité : nous voulons parler des paumiers, raquettiers et faiseurs de balles. Nous ne retrouvons cependant que des titres récents nous renseignant à leur endroit.
Dans une assemblée générale des maîtres, du 30 juillet 1722 ils approuvèrent leurs statuts, où nous voyons figurer un seul juré garde élu à la pluralité des voix de deux ans en deux ans chargé de faire les visites chez ses confrères.
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Le temps d'approntissage était detroisans, etun an de travail chez un maître suffisait pour devenir maître soi-même, pourvu qu'on fit chef-d'oeuvre et qu'on payât les droits de quatre livres dix sols.
Chaque maître ne pouvait tenir qu'un seul jeu de paume et deux jeux de billard ; de plus, un registre matricule paraphé par le juré et deux anciens maîtres était tenu au siège de la communauté et portait le nom des maîtres compagnons et apprentis, ainsi que les délibérations des séances.
Équarrîsseurs. — Cette corporation ne semble pas avoir eu jamais beaucoup d'importance ; d'ailleurs aucun document n'est parvenu jusqu'à nous. La seule preuve que nous avons pu rencontrer consiste dans une pierre sculptée portant des armoiries, ainsi composées : A une peau posée en fasce et trois équerres, 2,1. Il est évident que l'attribution ne peut en être faîte qu'aux équarrisseurs de Tours, et il est regrettable que la maison, au-dessus de la porte de laquelle se trouvait cette pierre, ait été abandonnée il y a quelques mois aux démolisseurs, qui auront fait subir un sort commun au lieu qui servait sans doute de réunion à la confrérie, et au passé intéressant dont il a été le témoin. La maison dont nous voulons parler était située à l'extrémité est de la rue Saint-Pierre-des-Corps.
Ménétriers. — Violoneux. — Nous n'avons pas été beaucoup plus heureux avec la communauté des Ménétriers et Violoneux, qui n'a laissé aucune trace de son existence, et nous devons à une circonstance curieuse le document qui la révèle.
Le premier grand maître des ménétriers de Paris, abusant du titre de « Violon du roi », qui lui avait été octroyé, avait interverti l'ordre des mots et se faisait appeler le « Roi des violons ». Or tous les grands gardes des villes de province étaientsous sa direction et il leur avait fait donner des charges de lieutenants généraux et particuliers du roi des violons.
En 1773, Louis XV, jaloux de son autorité, adressa aux corporations de violoneux, notamment ;\ la confrérie de Saint-Julien des-Ménétriers de Tours, des lettres patentes, annulant les concessions des charges de lieutenants généraux et particuliers du Roi des violons et détruisant du même coup le prestige et le titre du Roi des violons.
C'est dans un registre des pièces émanant de l'autorité royale, page 102, et à la date du 9 juin 1773, que nous rencontrons cette pièce intéressante (i ).
(1) Archives du département d'Indre-et-Loire, série B, n°232.
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Compagnie des marchands fréquentant la Loire. — Tous les commerçants qui faisaient usage de la Loire comme moyen de transport, se réunissaient de temps en temps soit à Orléans, soit à Tours, où ils discutaient leurs intérêts communs avec les autres riverains du fleuve. Plus tard ces mêmes négociants formèrent une compagnie dite des Marchands fréquentant la Loire. Cette association devait tenir en tous temps le fleuve en bon état de navigation, veiller au curage, nettoyage, etc. — La compagnie percevait un droit sur les marchandises qui passaient par ce fleuve et qui servaient à rétribuer les employés et à payer les dépenses d'entretien.
Nous aurions à parler encore de bien d'autres corporations, si nous voulions épuiser le tableau qui termine notre chapitre premier, mais nous avons jugé qu'il serait préférable de choisir les plus intéressantes et de les étudier en laissant de côté celles qui n'offrent dans leur constitution aucun caractère original.
Généralités. — Il nous reste maintenant à poursuivre l'étude des corporations dans leur marche générale depuis le xvi° siècle jusqu'à leur disparition en passant avec elles par les diverses phases qu'elles ont traversées.
Armement. — Comme on peut le voir, les corporations formaient une réelle puissance, unies dans un but commun, animées de sentiments de solidarité puissants, et enfin liées par serment à l'autorité royale.
Il y avait là une force à utiliser, et elle n'échappa point à Louis XI; il ordonna au commencement de son règne l'armement de toutes les corporations et en fit autant de compagnies d'artillerie, en les obligeant de se munir chacune d'une ou plusieurs pièces de canon.
Cet ordre fut exécuté par la plupart des communautés ; mais l'occasion de se servir de ces moyens de défense ne s'étant pas présentée, il advint que les communautés abandonnèrent cette pratique.
François Ier pense à remettre cette force sur pied et à f utiliser en cas de besoin ; il donna des ordres à ce sujet, et nous voyons, le 25 août 1522, le corps de ville de Tours donner l'ordre à tous les maîtres jurés des corporations de métiers d'apporter incontinent toutes leurs pièces de canon marquées du sceau de chaque corporation, avec les poudres, boulets et munitions nécessaires sous peine de cent livres d'amende pour ceux qui ne s'y conformeraient pas.
Ce fut l'occasion d'un émoi général ; chacun se mit en devoir
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de retrouver ses canons et plusieurs ne purent y parvenir.
La comparution des maîtres jurés commença dès le lendemain devant l'assemblée communale et nous révèle quelle puissante ressource Louis XI avait ainsi créée à Tours.
L'intérêt de cette question nous force à reproduire ici la liste des corporations, avec la mention des pièces d'artillerie qu'elles présentèrent.
1° Le Boulangers présentèrent une harquebute à crochets, montée sur son chevalet, et deux pièces de canon au marc de la confrérie de Saint-Honoré.
2° Le maître juré des Bouchers des Arcis, promit de livrer une seule pièce de canon avec ses provisions de boulets et de poudre.
3° Les Bouchers de Chàteauneuf déclarèrent ne pas avoir d'artillerie ; mais offrirent de faire fondre deux pièces aux frais de leur confrérie, ce que l'assemblée accepta.
4° Les Coutelliers firent la même déclaration ; l'assemblée leur ordonna de se procurer une bonne pièce de canon montée sur son affût, garnie de munitions et « prête à tirer dedans dimanche ».
5° Les Serruriers n'avaient point d'artillerie, ils durent fournir à leurs frais communs une bonne grosse pièce garnie de boulets de calibre avec les moules.
6° Les Cordonniers offrirent les deux pièces qu'ils possédaient au marc de leur confrérie.
7° Les Couturiers livrèrent leurs trois pièces.
8° Les Tanneurs, incertains de ce qu'ils devaient faire, déclarèrent, après une sommation que le corps de ville leur adressa avoir abandonné jadis à l'hôtel de ville, pour la défense commune, leurs canons reconnaissables aux armes de leur métier.
9° Les Corroyeurs présentèrent deux pièces à leurs armes.
10° Les Menuisiers possédaient deux pièces à leur marc.
11° Les Esperonniers ne sachant ce qu'était devenue leur pièce, furent poursuivis à la requête du procureur du roi.
13° Les Apothicaires, les Barbiers-Chirurgiens, les Pâtissiers, les Cordiers, les Brodeurs, les Selliers, les Mégissiers, les Chaussetiers, les Orfèvres n'ayant pu produire leur artillerie, furent poursuivis.
Considérations sur le fonctionnement. — En
voyant une réglementation aussi minutieuse régir le fonctionnement des communautés, on pourrait croire que leurs affaires marchaient sans difficultés et avec ordre. Il n'en était pourtant point ainsi, et la cause des désordres résidait précisément dans cette réglementation, qui, enserrant les métiers au milieu de nombreuses exigences et de prescriptions multiples, les forçaient d'eux-mêmes à s'y soustraire.
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Vers la fin du XVII* siècle, ce fonctionnement était des plus irréguliers et donnaitlieu à de vives réclamations; des cabales se formaient pour réagir, et réclamaient énergiquement des améliorations.
C'est dans cet esprit que Louis XIV rendit un édit qui modifia quelque peu la situation des corporations en abolissant les frais de festins, que les maîtres payaient à leur entrée en communauté ; en ordonnant que la confection des chefs-d'oeuvre ne pourra durer plus d'un mois et qu'ils resteront la propriété de leur auteur pour en tirer profit si bon lui semble.
Le temps d'apprentissage et de compagnonnage fut également diminué, et les droits de réception légèrement abaissés.
Ces conditions nouvelles donnèrent un regain d'activité aux métiers en général, qui du reste étaient l'objet de la sollicitude des rois. En effet nous voyons encore en 1702 un édit portant création pour chacun des corps de métiers du royaume d'un office de trésorier receveur et payeur de leurs deniers communs. Aux termes du même édit, cette charge pouvait se vendre et s'acheter à volonté et être occupée par des personnes en dehors des communautés.
Inspecteurs-Contrôleurs. — La présence d'un personnage revêtu d'une certaine autorité devait avoir une influence sur le fonctionnement intérieur des confréries et y faire régner le bon ordre tendant à disparaître.
Vers le milieu du xvme siècle, la guerre étrangère, que l'État eut à soutenir, greva les finances, et les gouvernants de l'époque cherchèrent à se procurer de l'argent par des moyens divers.
C'est dans ces circonstances que furent créés, par édit du mois de février 1745, des offices d'inspecteurs-contrôleurs des corporations d'arts et métiers. Ces charges, de même nature que celles des trésoriers dont nous venons de parler, avaient pour but de créer un fonctionnaire ayant la haute main sur la fabrication ou le commerce des communautés, et placé en dehors d'elles, de façon à exercer un contrôle sérieux, indépendant de toute influence.
Le payement de ces charges se faisait à l'État sur un tarif dressé à cet effet, et une somme de quatre cent mille livres était répartie entre tous les titulaires au taux du denier vingt pour former les gages qui servaient à les rétribuer.
Ce que nous venons dire est appuyépar de nombreuses pièces, parmi lesquelles se trouve une quittance du trésorier des revenus casuels du roi, du 20 avril 1745, pour une somme de cent trente-deux livres reçue de la communauté des Armuriers de Tours, à savoir : cent vingt livres en principal et douze livres 188* 21
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pour les deux sols pour livre de ladite somme, pour réunion de l'office d'inspecteur-contrôleur, créé à la communauté (1).
Auditeurs-Examinateurs. — La création des charges des auditeurs-examinateurs en 1694 a eu à peu prés la même origine que celle des inspecteurs-contrôleurs. Ces offices étaient créés par le roi et achetés par ceux qui désiraient en obtenir les fonctions; elles avaient pour objet la vérification des comptes des communautés (2).
Contrôleur-Visiteur des poids et mesures. —
Un édit daté de 1704 créa également dans les corporations qui usaient de poids et mesures des offices de contrôleurs-visiteurs des poids et mesures ; ces charges s'achetaient comme les précédentes et le prix allait grossir la caisse des revenus casuels du roi.
Dans toutes ces transformations, résultat d'une sourde agitation qui commence à se faire sentir dans la population, il est aisé de pressentir l'effervescence des esprits qui produisit la Révolution de 1789. Tout est entraîné par le même courant, et la constitution des corporations suit la marche générale. Comme on a pu le remarquer, le moindre métier était érigé en communauté, les états qui avaient des rapports de fabrication souvent intimes faisaient métier à part, et les moyens de production comme ceux d'écoulement, divisés à l'infini, réduisaient d'autant les chances de gain et par contre la richesse publique.
Abolition et Reconstitution. — Cet état de choses ne pouvait durer plus longtemps; l'Etat, comme les corporations elles-mêmes, ressentit qu'il était nécessaire de donner au commerce des bases plus larges et de faciliter les transactions en abolissant certains règlements et en formant des corporations se composant de tous les métiers ayant quelque rapport.
C'est dans ces circonstances que l'année 1776 arriva et vit naître une nouvelle organisation des corporations.
Un édit du roi du mois d'août 1776 abolit toutes les communautés d'arts et métiers, et les rétablit du même coup selon un régime nouveau.
L'édit d'abolition étant rendu, il fallut pourvoir au règlement de la situation financière des communautés transformées ou supprimées. Un arrêt du Conseil d'Etat établit une commission à
Cl) Bibliothèque municipale de Tours : manuscrit 1268, fonds Salrnon, (2) Archives d'Indre-et-Loire : série E, liasse 484,
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Paris chargée de procéder à la liquidation des dettes des corps et communautés d'arts et métiers supprimés et créa une caisse où furent versés les deniers destinés au payement desdettes(l).
Une vente des effets des corporations en dissolution fut ordonnée et le produit vint alimenter la caisse de liquidation.
Des pièces curieuses nous fournissent quelques détails sur cette vente, nous les croyons assez intéressants pour être reproduits ici (2).
Apposition de scellés et vente des effets des corporations à leur dissolution
PRODUIT DÉSIGNATION DÉTAIL DES VACATIONS FRAIS des
VENTES
3 séances à l'apposition des scellés. . 24 1. 25 séances à l'inventaire 200
Corporations Salaires du fripier
pour l'appréciation /3501.10s. 24681.8s.6d.
de la ville dos effets- ... 24
7 séances à la vente. 56
de TOWS Salaires du crieur. . 10 10 s.
Pour une expédition
de l'inventaire. . 36
Cette dissolution opérée, on choisit les principaux corps de métiers, et on les groupa de façon à composer six corps de métiers distincts et divisés ainsi :
1° Merciers-Drapiers.
2» Epiciers.
3° Bonnetiers, Pelletiers, Chapelliers.
4° Orfèvres, Batteurs d'or, Tireurs d'or.
5° Fabricants d'étoffe et de gaze, Tissutiers, Rubanniers.
6° Marchands de vin.
Tous les corps de métiers en dehors de ceux énoncés cidessus, qui présentaient quelque analogie, furent réunis et constitués en nouvelles communautés indépendantes. Le nombre en fut arrêté à quarante-quatre et tous les métiers dont l'im(1)
l'im(1) d'Indre-et-Loire : série O, liasse 150.
(2) Archives d'Indre'et-Loire i série Cs liasse 148.
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portancene fut pas assez considérable pour nécessiter une communauté, furent déclarés libres.
Voici la liste des quarante-quatre communautés constituées par l'édit de 1776 :
1° Amidonniers.
2° Arquebusiers, fourbisseurs, couteliers.
3° Bouchers.
4° Boulangers.
5° Brasseurs.
6° Brodeurs, passementiers, boutonniers.
7° Cartiers.
8° Charcutiers.
9° Chandelliers. 10° Charpentiers. 11° Charrons.
12° Chaudronniers, balanciers, potiers d'étain. 13° Coffretiers, gainiers. 14° Cordonniers. 15° Couturières, découpeuses. 16° Couvreurs, plombiers, carreleurs, paveurs. 17° Ecrivains.
18° Faiseuses et marchandes de modes. Plumassières. 19° Faïenciers, vitriers, potiers de terre. 20° Ferrailleurs, cloutiers, épingliers. 21° Fondeurs, doreurs, graveurs sur métaux. 22° Fruitiers, orangers, grainiers. 23° Gantiers, boursiers, ceinturiers. 24° Horlogers.
25° Imprimeurs en taille-douce. 26° Lapidaires. 27° Limonadiers, vinaigriers. 28° Lingères. 29° Maçons.
30 Maîtres en fait d'armes. 31° Maréchaux ferrands, éperonniers. 32° Menuisiers, ébénistes, tourneurs, layetiers. 33° Paumiers. 34° Peintres, sculpteurs. 35° Relieurs, papetiers. 36° Selliers et bourreliers.
37° Serruriers, taillandiers, ferblantiers, maréchaux, gros siers.
38° Tabletiers, luthiers, éventaillistes. 39° Tanneurs, corroyeurs, peaussiers, mégissiers, parcheminiers. 40° Tailleurs, fripiers.
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41» Tapissiers, fripiers en meubles, miroitiers.
42° Teinturiers en soie, grand teint, petit teint, tondeurs de draps, fouleurs de draps.
43° Tonneliers, boisseliers.
44° Traiteurs, rôtisseurs, pâtissiers.
Au milieu de ces modifications, qui venaient du gouvernement royal, l'initiative particulière se fit jour, surtout parmi les ouvriers ou compagnons.
• JS
Compagnonnages. — Nous citons avec empressement ces renseignements, car nous y retrouvons l'origine des compagnonnages du devoir et autres, qui existent encore de nos jours.
Les ouvriers cherchèrent à se réunir et à se constituer en sociétés indépendantes, l'autorité s'en émut, et une ordonnance de police fut publiée le 5 septembre 1783, dans laquelle nous retrouvons les principesmêmesdes compagnonnages.
Dans cette ordonnance, il est dit: « Que défense soit faite à tous ouvriers, garçons et compagnons de cette ville de s'assembler en plus grand nombre de quatre de porter cannes ou bâtons; comme aussi dese qualifier garçons du devoir ou Gavault, et de s'immiscer en aucun cas de placer les ouvriers, garçons ou compagnons chez les maîtres; de défendre aucune boutique de faire aucune conduite et d'exiger des ouvriers garçons ou compagnons aucuns droits sous le titre d'embauchage et sous tout autre prétexte.
« Faisons pareillement défenses à tous aubergistes, cabaretiers, pioliers, logeurs et autres particuliers de cette ville de se qualifier de mère desdits garçons, de les recevoir en plus grand nombre de quatre. Le tout à peine deprison, amende, etc.»
Malgré ces mesures de la police, les tompagnonnages se formèrent dans la suite, prirent même quelque caractère clandestin quand la police les serra de trop près, mais n'en existèrent pas moins, sous tous les régimes et encore de nos jours en assez grand nombre.
Concours et Prix. — Quelques années avant la Révolution, nous retrouvons dans les archives municipales, la trace des efforts que fit l'administration de la ville pour soutenir et augmenter l'émulation parmi les ouvriers.
Des concours furent créés en 1786, dans chaque corporation, pour la fabrication de divers objets ; des prix étaient décernés aux vainqueurs, dont les noms étaient proclamés et que les archives municipales nous ont conservés (1).
(1) Archives municipales de Tours : registres des délibérations.
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Un programme pour chacun des concours était dressé, indiquant les conditions particulières à chacun d'eux. Ainsi :
Pour les menuisiers le prix était décerné à celui qui aurait fait la meilleure armoire et le meilleur bureau de travail; pour les soieries, aux deux plus belles pièces de gaze unie, ou brochée; pour la teinture , à celui qui aura teint en noir de la manière la plus parfaite 12 livres desoie sans qu'elle soit brûlée n! chargée de drogues propres à en augmenter le poids.
Ce programme des plus étendus embrassait également la fabr|eation des mouchoirs, la serrurerie, la filature de coton, la fabrication de l'acier et même le dessin, qu'on enseignait à l'École académique des beaux-arts.
La nature des prix donnés comme récompense à tous ces concours, mérite un intérêt tout particulier. Le prix était le même pour tous les concours, et consistait en une gravure réprésentant le portrait du roi, qui, pour employer les termes du règlement, devait être la plus ressemblante, richement encadrée sans verre , ayant pour titre : Emulation ; au bas : Fut-il jamais un prix plus cher à tout Français ; pour exergue autour du médaillon du roi : Père de ses sujets, il en est le modèle.
Ce système d'encouragement dura quelques années, puis disparut dans les troubles de 1789.
Plus on avançait dans le siècle, plus les approches de la Révolution se faisaient sentir par une agitation inaccoutumée au sein des communautés.
Réduites encore par des limites si étroites à une action individuelle si minime, au commencement du siècle, elles secouent peu à peu leurs entraves, et maintenant elles revendiquent des droits politiques.
Le 28 février 1789, les corporations de Tours se réunirent séparément dans leur! bureaux et nommèrent des électeurs chargés de les représenter à l'assemblée générale du bailliage (1). Ce mode d'élection constituait les assemblées primaires, dans lesquelles étaient désignés les électeurs appelés à leur tour à nommer les députés.
Ces derniers, joints aux députés nommés par le peuple non compris dans les corporations, formèrent le tiers-état, qui tint conseil avec la noblesse et le clergé, et qui présenta ses doléances en réclamant énergiquement les droits des citoyens et l'égalité pour tous les ordres.
La noblesse et le clergé firent acte de prévoyance et déclarèrent eux-mêmes qu'ils abandonnaient tous leurs droits féodaux et leurs anciens privilèges.
(1) Archives municipales deJTours : série AA, liasse 8.
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Nous ne pouvons résister au désir de reproduire dans le tableau ci-dessous les détails que nous avons pu recueillir sur cette époque si intéressante.
Les noms que nous reproduisons sont ceux des députés désignés, dans la première assemblée des communautés dans leurs bureaux respectifs.
DÉSIGNATION DES COMMUNAUTÉS s ,2 « NOMS DES DÉPUTÉS
i_|
Bouchers 56 Gaultier.
Bonnetiers, chapeliers, pelletiers, fourreurs 27 Haubier, bonnetier.
Traileurs-rôtisseurs 26 Guerry, traiteur.
Avocats au Parlement 9 Moreau et Saullay.
Menuisiers, layeliers, ébénisles, tourneurs, boisseliers et tonneliers. ... 83 Renault.
Charpentiers n Paimparé.
Couteliers, armuriers, fourbisseurs. . . il Clérault.
Serruriers, maréihaus, taillandiers, ferblantiers, cloutiers, éperonniers. . . 76 Roy.
Cordonniers 124 Rocher et Chevalier.
Tailleurs en vieux et en neuf. .... 69 Charles Bise.
Selliers, bourreliers, charrons et ouvriers
en voiture 31 Guillon.
Fripiers, tapissiers, miroitiers 20 Bernard Laforgue.
Négociants en gros 37 Jos. Valette, Jahan Loche.
Marchands fabricants en draps d'or et
argent, et étoffes de soie 32 Cartier, Cuisnier.
Imprimeurs. 6 L. Vaquier, A. Vaquier.
Barbiers-chirurgiens 20 Deniau, Jahan.
Merciers 35 Lesourd, Fournier.
Notaires 12 Gervaise, Hubert.
Tanneurs, corroyeurs 25 Lavigne.
Passementiers 45 Mauzé.
Doléances des corporations aux Etats généraux
Pendant la période des guerres de religion, c'est-à-dire au moment de la crise commerciale que traversèrent les corporation, les gens de métiers, entravés dans leurs travaux, voyaient leur pauvreté s'accroître et les mettre dans l'impossibilité de satisfaire au payement des impôts et levées dont ils étaient accablés.
Des plaintes s'élevaient de tous côtés et se traduisaient par l'exposé de doléances à chaque réunion des États généraux. Les
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premiers auxquels s'adressèrent les corporations de Tours, furent ceux réunis à Blois le 6 décembre 1576.
A l'ouverture des État généraux, Jean Ménager député du tiers-état de la Touraine donne communication des doléances des fabricants de drap de soie de Tours, qui voyaient avec douleur décroître la fabrique au profit de celle de Lyon, par la coupable cupidité de leurs propres compatriotes, qui ne craignaient pas de s'associer avec les marchands de Lyon pour accaparer la soie au prix de neuf livres, valeur courante, et la leur faire payer onze livres.
Le marc d'argent valait douze livres quinze sols, aussi les fabricants de Tours ne pouvaient plus tenir la concurrence avec ceux de Lyon. La soie n'était pas encore cultivée en Touraine.
Mais les querelles de religion absorbaient trop toutes les pensées des Etats pour qu'ils songeassent à remédiera aucuns des abus dont la France avait à gémir (1).
Vingt ans plus tard, en 1596, aux États généraux de Rouen, les corporations présentèrent de nouvelles doléances.
Le maire et les échevins désignés par la ville pour les représenter, exposèrent à l'assemblée les besoins du pays. Dans ces doléances, qui n'avaient point de caractère particulier, les principales réformes demandées portaient sur les points suivants : interdiction de l'entrée en France des marchandises étrangères de draps d'or, d'argent et de soie manufacturées, ou sinon fixation de droits élevésà leur entrée en France ; chèreté des vivres ; impositions considérables, etc. (2).
Le résultat obtenu à Rouen fut nul, et les circonstances seules se chargèrent d'améliorer la condition des corporations.
Depuis 1596 jusqu'aux États généraux de 1789, nous ne retrouvons aucune trace de rédaction de doléances ; mais à cette dernière époque des documents considérables nous fournissent des éclaircissements des plus utiles (3).
Les corporations furent d'abord convoquées dans leurs bureaux respectifs pour élire des commissaires, qui, réunisaux autres députés du tiers-état, furent chargés de rédiger un cahier de doléances distinctement pour chaque communauté ; les députés furent chargés ensuite de les présenter devant les États généraux.
L'idée d'ensemble qui se dégage de ces divers cahiers de doléances semble résider dans un même but politique, oùi'ef(1)
oùi'ef(1) de Touraine, par Chalmel, t. II, p.387.
(2) Archives de l'hôtel de ville de Tours : série AA, 8.
(3) Archives de l'hôtel de ville de Tours : série AA, 9.
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fervescence des esprits et l'enthousiasme des théories nouvelles oue évidemment un rôle considérable.
Dans la plupart des cahiersonrencontredes discussions politiques et des déclarations souvent violentes contre les abus de l'ancien régime et contre le clergé. L'occasion est saisie pour montrer les souffrances de la population, et exposer les moyens qui seraient nécessaires pour les soulager ou remédier à la crise commerciale et industrielle ; mais au fond de toutes les phrases percent visiblement les tendances de l'époque, qui semblent, dans les doléances de la France tout entière être conduites parles mêmes menées politiques.
Presque toutes les corporations demandent : la suppression de la gabelle, le renouvellement des États tous les cinq ans, l'égale répartition des impôts sur les nobles et sur les artisans, la réforme de la jurisprudence ; l'abolition des droits féodaux, des corvées et des francs fiefs ; la diminution des traitements des abbayes et des communautés religieuses; la diminution des revenus des archevêques.
Voilà pour la partie politique, et c'est celle qui tient la plus grande place dans les cahiers. Quand aux plaintes relatives aux besoins des métiers ou arts, chacun d'eux s'exprime selon les conditions plus ou moins pénibles de son existence. Les notaires demandent la suppression des offices de jurés-priseurs institués par éditde 1771, lesquels leur portaient de bien grand préjudices par leurs ventes ; la communautés des cordonniers étudie les moyens à prendre pour rétablir les bons rapports entre les employés aux cuirs qui leur font des procès-verbaux parce que dans leurs rognures de cuirs il s'en trouve qui ne portent pas la marque exigée. Les charpentiers demandent de revenir aux anciens statuts, de diminuer les droits de réception à la maîtrise et même de les supprimer complètement comme étant trop onéreux ; les chirurgiens demandent la suppression générale de tous les impôts et leur remplacement par deux impôts uniques, l'un territorial, en nature ou argent selon la décision des États ; l'autre serait une imposition personnelle. Le cahier des chirurgiens contient plus de 15 articles longuement exprimés et demandant la faveur de quelques libertés.
Comme nous le disons plus haut, la plupart des corporations ne présentent des doléances que pour la forme en n'y consignant que des désirs parfois superficiels et souvent impropres à remédier aux difficultés du moment.
Les résultats attendus ne devaient donc pas être bien importants; la politique absorbait tous les esprits et la liberté complète du commerce et de la fabrication apparut un jour aux gens de métiers, conduite par la force des événements, sans qu'ils se soient douté qu'elle n'était que la conséquence des
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grandes libertés et des principes que le peuple revendiquait aussi violemment.
Les Corporations après 1789
Au milieu de ces manifestations la Révolution allaitéclater : le 4 août 1789 l'Assemblée constituante proclamait la liberté absolue du commerce, et l'ancienne constitution des corporations d'arts et métiers s'écroulait, entraînant avec elle le prestige des privilèges royaux.
Les associations de métiers qui avaient jusqu'alors le monopole de chaque branche d'industrie, disparurent dans le bouleversement général et laissèrent s'exercer la libre concurrence.
A partir de ce moment, il existe peu de documents commerciaux dignes d'être mentionnés; les grands événements politiques et sociaux qui s'accomplirent, paralysèrent toutes les industries et plongèrent le commerce dans une stagnation complète.
Nous devons cependant signaler un dernier fait, l'industrie des armes de guerre seule ne cessa pas de produire. On établit une fonderie decanons à Tours dans l'intérieur même de la ville ; et en 1792 le directeur, le sieur Guillaume, coula le plus gros canon qui fut jamais fondu dans cet établissement. Il fut nommé le Tourangeau et pesait 1,337 livres.
Malgré l'abolition des corporations, au commencement du xix* siècle nous en retrouvons encore quelques vestiges chez les bouchers et les boulangers, dont le métier ne fut fermé à la libre concurrence qu'en 1860. D'autres de nos jours ont encore le nombre de leurs membres limité et soumis à la nomination du gouvernement, comme les notaires, les agents de change, les avoués, les huissiers, etc.
Dégagée de ses liens par l'acte de réparation accompli par la Constituante, le 2 mars 1791, abolissant à tout jamais les privilèges des corporations, l'industrie française a pris un libre essor, et par le progrès s'est placée au premier rang de notre vieille Europe. Les merveilleuses productions dont elle a doté le monde entier, depuis cette époque, sont une preuve éclatante delà salutaire influence de la liberté sur le travail.
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CHAPITRE III Corporations de la province de Touraine
SOMMAIRE : Corparations de Chinon, Loches, Amboise, Richelieu et autres villes de la province. — Villes où les artisans n'étaient pas organisés en communautés.
L'histoire des corporations d'arts et métiers des principales villes de la province de Touraine est intimement liée à celle des communautés de Tours :les mêmes événements politiques, les mêmes évolutions commerciales les ont influencées dans des conditions semblables. L'ensemble de nos renseignements peut donc s'y adapter, et nous ne donnerons ici que les détails particuliers à chaque localité, encore serons-nous souvent réduit à fort peu de chose, les documents manquant pour établir une histoire complète.
CHINON
Les origines des arts et métiers dans la ville de Chinon sont complètement inconnues. Nous croyonscependant qu'il existait une association entre les ouvriers de chaque métier, une sorte de société au sujet de laquelle ils se réunissaient et se prêtaient mutuellement secours. L'autorité royale n'était pas encore informéedecet état de choses au commencement du xv" siècle, et dès qu'elle le fut, elle ordonna la création de communautés identiques à celles qui existaient à Tours, et leur octroya des statuts et règlements.
Pendant le xvme siècle on comptait à Chinon seize corporations, dont voici la désignation avec le nombre des maîtres qui la composaient (1).
1° Tanneurs 1 maître
2° Perruquiers-Chirurgiens. . . 11 —
3° Serruriers 6 —
4° Marchands 16 —
5° Selliers 6 —
6° Cordonniers 20 —
7° Tailleurs d'habits 4 —
8° Boulangers 15 —
9° Bouchers 10 —
(1) Tableau de la Province delà Touraine, par M. de Vogue.
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10" Epiciers 10 maîtres
11° Drapiers 1 —
12° Maréchaux et Taillandiers. . 17 —
13° Menuisiers 14 —
14° Tonnelliers 15 —
15° Apothicaires. ...... 1 —
16° Tessiers. ...... 1 —
Lors de la dissolution des corporations, en 1776, il fut procédé à Chinon, comme dans les autres villes, à une vente des effets des corporations pour la liquidationde leurs comptes. Cette vente donna les résultats suivants(l):
Troisséancesàl'apposition des scellés. Vente. Total des frais: 18 livres.
Produit de la vente: 55 livres 3sols.
LOCHES
La même obscurité règne également sur les origines des corporations de la villede Loches, et comme on le verra en poursuivant, elle se reproduira pour toutes les autres villes dont nous aurons à parler.
Il existait à Loches et Beaulieu six commu nautés, savoir (2) :
1° Tanneurs 1 maître
2° Chirurgiens-Barbiers 6 —
3° Boulangers 15 —
4° Bouchers 16 —
5° Marchands-drapiers 15 —
6° Sergiers » —
L'importance des corporations de Loches semble avoir été assez limitée ; il n'y existait en effet que les métiers de première nécessité, et encore leur situation était loin d'être florissante, car à la dissolution il n'y eut même pas de vente pour la liquidation de leurs affaires.
AMBOISE
La ville d'Amboise, sans doute à cause de son château, qui fut longtemps une résidence royale, fut de bonne heure habitée par de nombreux gens de métiers, qui s'y formèrent en com(1)
com(1) d'Indre-et-Loire : série C,liasse 148.
(2) Tableau de la Province de la Touraine, par M. de Voglie.
— 311 —
munautés et qui obtinrent des statuts. Leur origine nous est également inconnue, mais nous avons pu trouver cependant de nombreux renseignements sur leur organisation intérieure(1). En 1776 on comptait à Amboise dix-sept corporations, savoir:
1" Sergetiers 5 maîtres
2° Marchands-merciers 16 —
3° Couvreurs » —
4° Tourneurs, boisselliers, futailliers. . 9 —
5° Chirurgiens 14 —
6° Chapelliers 4 —
7° Menuisiers 9 —
8° Perruquiers 14 —
9° Boulangers 14 —
10° Tonneliers 9 —
11° Maréchaux 4 —
12° Bouchers 12 —
13° Chandelliers et Epiciers 15 —
14° Tailleurs 17 —
15° Serruriers » —
16° Cordonniers 12 —
17° Savetiers 6 —
Tous ces arts et métiers étaient, au temps du bailliage royal d'Amboise, reconnus pour former corps et communauté ; ils étaient en conséquence pourvus de charges de gardes et de jurés sans cependant avoir une surveillance bien active. Mais, le bailliage royal ayant été supprimé par la déclaration du roi de 1765 et le siège du duché-pairie de Choiseul-Amboise ayant été établi en son \ieu et place, les officiers du duché d'Amboise, quelque temps ap rès leur installation, rendirent sur les conclusions du ministère public, une ordonnance par laquelle il fut enjoint à tous partiuliers qui prétendaient former corps et communauté à Amboise, de déposer au greffe de la police copie collationnée des statuts, lettres patentes et arrêts d'enregistrement, en vertu desquel s ils se prétendaient tels.
La plupart des communautés obéirent à cette injonction, et virent par la suite leurs situations régularisées.
Un fragment de correspondance, retrouvé dans les archives d'Indre-et-Loire (2), nous permet de citer quelques détails sur l'établissement, au château d'Amboise, d'une manufacture de
(1) Archives d'Indre-et-Loire : série E, liasse 48S. Archives d'Indre-et-Loire : série C, liasse 109.
— 312 —
soieries rivale de celles de Tours. Par une lettre datée du 8janvier 1771 lesieur Jacques Dupont demandait une autorisation spéciale pour fabriquer les étoffes de soie au château d'Amboise; il lui fut répondu que cette autorisation n'était point nécessaire attendu qu'il n'existait aucune corporation de ce genre à Amboise. Deux ans plus tard le 26 novembre 1773 la fabrication étant bonne et ayant pris de l'extension, le même Jacques Dupont demanda une avance de vingt à trente mille livres pour lui permettre de s'agrandir. Cette somme fut refusée, et la manufacture manquant de ressources ne survécut que peu de temps.
Comme on le voit l'importance des corporations de la ville d'Amboise était relativement considérable, le mouvement et l'animation apportés par les hauts personnages attachés à la cour contribuèrent puissamment au développement du commerce dans cette localité.
Nous terminons cet exposé par la citation du détail et du produit des ventes des effets des corporations au moment de leur abolition (1).
Une séance à l'apposition des scellés, j
Trois séances à l'inventaire, I „ . „„ ,. Une séance à la vente, Frais> 36 hvresUne
hvresUne de l'inventaire, ]
Produit de la vente, 106 livres 12 sols. RICHELIEU
Richelieu étant ville privilégiée, tont artisan pouvait venir s'y établir sans payer aucun droit au corps des arts et métiers, pourvu toutefois que pour son établissement il ait l'agrément do seigneur ou en son absence celui de ses officiers de justice.
Lei privilèges attachés à cette ville et à sa population étaient si considérables et si respectés, qu'à toutes les fois que des impositions frappèrent les arts et métiers ceux de Richelieu en furent toujours exempts.
Il est aisé, dans cet état de choses, de reconnaître la main toute-puissante du cardinal duc de Richelieu, qui se plut à combler de faveurs le pays qu'il aimait à venir habiter souvent avec de nombreux courtisans.
Ces circonstances exceptionnellement favorables ne devaient point manquer d'attirer les gens de métiers, et c'est ce qui ex*
(1) Archives d'Indre-et-Loire : série C, liasse 148.
— 313 —
plique le nombre important de maîtres de tous métiers dont nous retrouvons les traces et dont voici la liste (1) :
1° Chirurgiens 4 maîtres
2° Perruquiers. 8 —
3° Tisserands 10 —
4° Vitriers 2 —
5° Charpentiers 8 —
6" Selliers 5 —
7° Cordonniers. , .... 22 —
8° Chapelliers 3 —
9° Sabotiers 6 —
10° Sergiers 20 —
11° Boulangers ...... 16 —
12° Bouchers 3 —
13° Cloutiers 2 —
14° Chaudronniers .... 2 —
15° Chaisiers 3 —
16° Challiers * —
17° Çabaretiers et Hôtelliers. . 22 —
18° Épiciers 4 —
19° Filassiers 4 —
20° Quinquailliers 9 —
21° Marchands beurriers. . . 8 —
22° Marchands drapiers. . . 4 —
23" Maréchaux taillandiers. . 10 —
24° Menuisiers 10 —
25° Massons 6 —
26° Orlogiers 3 —
27° Marchands de fer. ... 2 —
En considérant les immenses privilèges des artisans de Richelieu, il paraît évident qu'une surveillance peu sévère s'exerçait sur les produits des ouvriers; une liberté relative les rendait plus à l'aise dans leurs travaux et il est à remarquer qu'il n'en étaient pas moins bons pour cela. Le fonctionnement ordinaire des communautés n'était donc point en vigueur à Richelieu , c'était le très rare exemple de travailleurs presque libres dans une ville franche.
(1) Archives d'Indre-et-Loire : série E, liasse 185.
— 314 —
Villes où les artisans n'étaient pas organisés en communautés
Nous retrouvons bien encore quelques traces de corporations organisées dans les villes de Loudun et de Mirebeau, mais ces traces sont si contestables et de si mince importance que nous hésitons à y ajouter foi. Il est fort probable qu'il en fut de ces villes comme d'un certain nombre d'autres ; c'està-dire que les ouvriers n'y étaient point organisés en communautés, mais que maîtres et compagnons observaient entre eux quelques règlements convenus d'un commun accord.
Leurs travaux se bornaient pour la plupart aux besoins de la population qui les entourait, c'est dire combien ils étaient peu importants.
En dehors des deux villes que nous venons de citer, voici quelles étaient les localités où il avait des métiers obéissant à une réglementation particulière: Langeais, Chàteau-du-Loir, Sainte-Maure , Preuilly , Azay-le-Rideau , Châteaurenault, Cormery, laGuerche, la Roche-Posay , Ligueil, Montrésor, Preuilly, Ferrière-Larçon , Manthelan , Orbigny , Reignac , Tauxigny (1).
Cette liste est forcément incomplète, quelques localités devraient peut-être y prendre place ; mais le défaut de documents nous force à arrêter ici nos recherches , et à borner à ces limites l'histoire des corporations d'arts et métiers de Touraine si intéressante, et dans laquelle revit le souvenir d'une grande et juste renommée.
(1) Archives d'Indre-et-Loire: série E, liasse 1RS.
Auguste CHAUVIGNÉ.
Observât ions météorologiques
MOIS D'OCTOBRE 1884
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Brouillard 5 Z Orage 0
■ Grêle 0
ota. — Dans les colonnes 1, 2, 3 on oxpriino les températures au-dossous de zéro par le signe—. L'ahsencell ce signe indique une température supérieure à zéro.
La force du vent est marquée par les chiffres oiivatits : I) nul, 1 faible, _ modéré, '! assez fort. h fort, ;> très fort, l> uio^nf.
7 tempête. [
— 317 —
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COMPTES RENDUS DES TRAVAUX DES SECTIONS
SECTION DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES
Séance du 26 novembre 1884
PRÉSIDENCE DE M. DE TASTES, PRÉSIDENT
La séance est ouverte à deux heures.
Le procès-verbal delà dernière séance est lu et adopté après une observation de M. Borgnet, qui demande l'insertion au procès-verbal du résumé de la communication intitulée : Quelques propriétés du plan variablequi, par ses intersections avec une surface conique, ou avec les faces d'un angle solide, détermine une pyramide de volume constant.
Le secrétaire, qui, d'ailleurs n'assistait pas à la séance, fera une rectification au procès-verbal.
M. Boyer, vice-président, donne ensuite lecture de. divers extraits du Traité pratique d'Electricité industrielle, relatifs à plusieurs systèmes d'éclairage électrique essayés à Paris à l'Eden-Théâtre, au Louvre, au Printemps, etc.
Les chiffres de dépense de ces divers appareils sont établis, puis mis en comparaison, d'où il résulte que partout où la durée de l'éclairage sera moindre ou la même que celle du gaz, l'éclairage électrique sera le plus coûteux, et partout ou la durée d'éclairage sera plus longue que celle du gaz, l'éclairage électrique sera le plus économique.
M. Boyer continue sa lecture par quelques extraits, sur le transport de la force à distance et donne les divers chiffres pour cent qui ont été obtenus jusqu'à ce jour.
M. de Tastes, président, donne également lecture d'un extrait des comptes rendus de l'Académie des sciences relatif à l'expérience héroïque, faite par le Dr Bochefontaine sur luimême, et consistant à avaler une certaine quantité des sécrétions d'un cholérique.
L'effet produit a été de donner à l'expérimentateur, tous les symptômes amoindris du choléra pendant quarante-huit heure:, après quoi la santé lui est revenue. Il reste à savoir maintenant si l'expérience l'aara rendu indemne contre toute attaque.
M. l'abbé Vallée obtient alors la parole pour communiquer quelques notes sur la lampe au bichromate de potasse de 1884 22
— 318 —
M. Trouvé, et sur divers autres appar eils d'éclairage, qui donnent lieu à. une conversation générale, au cours de laquelle M. Boyer fournit quelques renseignements et des chiffres au sujet de la force d'accumulation de l'électricité.
Après cette série de communications, qui font par leur intérêt et leur importance, une séance très remplie et fort attrayante, la séance est levée à trois heures et demie.
Le Secrétaire,
Auguste CHAUVIGHÉ gis.
Séance du 24 décembre 1884
MÉSIDBNCB DE M. SB TASTES, PBÉSIDEHT
La séance est ouverte à. deux heures et quart.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observations.
M. Borgnet propose d'utiliser au profit de la section des sciences les nombreux ouvrages et recueils que la Société reçoit des diverses compagnies avec lesquelles elle est en relations.
Les ouvrages relatifs aux travaux de la section, pourraient être mis de côté à chaque séance générale, puis à la séance de section suivante, ces ouvrages seraient distribués, pour les étudier, aux divers membres de la section selon leurs études personnelles.
Le résultat de ces recherches fournirait certainement de nombreuses matières pour l'ordre du jour des séances, et la section des sciences trouverait là une nouvelle source de vitalité.
La proposition de M. Borgnet est adoptée à l'unanimité et il est décidé qu'elle sera soumise à la Société à sa première réunion générale.
M. Chauvigné a ensuite la parole pour une communication verbale relative à l'ordre du jour.
Quelques poteries dues à l'industrie mexicaine, lui sont venues sous les yeux dernièrement et, il y a remarqué un détail assez curieux.
Ces poteries, qui ne sont que des alcarazas, sont décorées à l'aide d'engobes, n'ont point de glaçure et ont cependant un aspect poli et brillant.
Cet effet est obtenu par le frottement d'une roue de bois sur la surface extérieure du vase.
En dehors de ce moyen ingénieux pour imiter la glaçure et
— 319 —
rendre le vase moins susceptible de prendre extérieurement la poussière et les impuretés de l'air, ce genre de poterie n'a rien de remarquable.
M. Chauvigné continue ses communications-par la lecture d'un extrait d'un journal relatif à la direction des ballons.
Les expériences, et notament celle du 9 août 1884, ont été heureusement exécutées par MM. Renard et Krebs, qui ont pu faire manoeuvrer en des sens divers l'aérostat de leur invention.
L'article donne deLnombreux détails qui peuvent être résumés ainsi.
Le chemin parcouru, mesuré sur le sol a été de 7600 mètres. Il a été parcouru en23 minutes. La vitesse moyenne à la seconde a donc été de S m. 50 La vitesse du vent était à peu près nulle. On a employé seulement 32 éléments de pile ; la force électrique dépensée, mesurée aux bornes de la machine a été de 250 kilogrammètres, soit un peu plus de trois chevaux.
M. de Tastes, à la suite d'une conversation générale qui s'est établie au sujet des nouvelles expériences de MM. Benard et Krebs, rappelle des essais auxquels il s'est livré en 1870, à Tours, sur un propulseur nouveau formé par une lame élastique exécutant de rapides oscillations autour d'un axe fixe passant par une de ses extrémités. Il donne la théorie de ce mode de propulsion et montre que ce propulseur agissant dans un fluide, soit liquide, soit gazeux, produit un travail utile presque égal au travail du moteur, les pertes dues au remous du fluideétant aussi faibles que possible. Cette théorie explique comment les poissons et les cétacés atteignent des vitesses énormes par l'action seule de leur queue, sans l'intervention des nageoires.
A l'appui de cette théorie il cite les résultats très concluants obtenus à l'aide d'un petit navire d'un mètre de long muni d'une queue élastique horizontale analogue à celle des cétacés et mue par une petite machine à vapeur actionnée par une lampe à alcool. La crainte de s'engager dans des dépenses audessus de ses ressources, s'il avait fallu refaire ces expériences en grand, et l'ennui de débattre une question de priorité avec un amateur sicilien, l'ont déterminé à abandonner ce genre de recherche.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à quatre heures.
Le Secrétaire, Auguste CHAUVIGNÉ fils.
COMMISSION D'EXAMEN DES HANGARS ÉCONOMIQUES
VEAUVY ET REBOULLEAU
MM. Duclaud, Dugué, Vallée
MESSIEUBS,
Nous avons pensé qu'il serait trop long de vous exposer dans un rapport les systèmes de hangars économiques présentés par MM Veauvy et Reboulleau, dans leurs variétés et leurs détails. — Nous allons donc vous faire part seulement de nos i mpresions sur ces hangars.
Nous avons étudié le dossier présenté, demandé des explications au constructeur, et visité plusieurs de leurs applications.
Nous avons recherché dans ces études et examens, si les hangars économiques de MM Veauvy et Reboulleau pouvaient rendre quelques services à l'agriculture. — Et il nous a paru bien démontré qu'ils pouvaient en rendre de considérables. — 11s devenaient donc très intéressants, pour nous qui sommes sans cesse à la recherche de moyens capables de soulager notre pauvre industrie agricole.
Ces hangars se recommandent particulièrement par la modicité de leurs prix. En effet, MM Veauvy et Reboulleau livrent pour 11 ou 42 francs ce qui nous en coûte 20 ou 25 dans les hangars ordinaires.
Ce bas prix est obtenu par le mode d'emploi et d'agencement des bois. — Avec les systèmes Veauvy et Reboulleau les bois des plus petites dimensions sont utilisés et comme il n'entre dans ces systèmes ni tenons ni mortaises, que les pièces sont reliées entre elles par des boulons, ces bois conservent toute leur force et la construction est par cela même beaucoup plus solide.
Avec des hangars suffisants, l'agriculteur peut mettre à l'abri ses récoltes et son matériel, et vous savez, messieurs, quelle économie on peut faire dans ces conditions ! Le matériel agricole n'est plus exposé aux intempéries qui le détériorent
— 381 —
et usent si vite, et les récoltes ne subissent plus les pertes nombreuses qu'elles éprouvent en meule.
Et puis, il est possible de battre ou manipuler ces mêmes récoltes par tous les temps, ce qu'on ne pouvait pas faire si elles n'étaient pas rentrées.
Nous croyons donc, messieurs, qu'il serait bon d'encourager MM. Veauvy et Reboulleau dans leur entreprise. En donnant à ces constructeurs une médaille d'argent, vous fixerez l'attention des agriculteurs, sur un fait qui doit être porté à leur connaissance puisqu'il apporte dans notre économie rurale un réel bienfait.
UN SILO ÉCONOMIQUE
L'ensilage des fourrages verts est une des questions les plus importantes inscrites à l'ordre du jour: chacun apporte sa pierre à l'édifice; chacun cherche, par des modifications bien étudiées, à réduire les frais de l'opération. Certes tous ces efforts sont dignes des plus grands éloges, et c'est bien ens'inspirant d'idées aussi heureuses que l'on peut réellement servir l'agriculture et contribuer au relèvement de son ancienne prospérité.
Mais, si la mise en silos des fourrages verts attire tous les regards, la conservation des racines fourragères nei doit pas, pour cela, être laissée complètement de côté. Le dernier mot n'est pas dit sur cette question ; il reste beaucoup à faire pour réduire la main-d'oeuvre qu'entraîne l'ensilage des racines.
C'est danscet ordre d'idèesqu'apris rangun jeune agriculteur démérite, M. David, Président de la Société d'agriculture de Quimperlé et, par le système de silos dont nous donnons plus loin la description, il est parvenu à réduire notablement les frais de main-d'oeuvre, et à faire disparaître la plus grande partie des inconvénients des silos en terrassements.
Ces inconvénients sont, en effet, nombreux :tous les cultivateurs les ont ressentis. Nous n'en signalerons que quelques-uns pour mémoire : après l'arrachage des racines et leur transport dans la partie la plus saine du champ, la mise en silos exige la construction d'un tas régulier et solide, disposé en forme de toit, cet arrangement des racines demande beaucoup de soins et un temps assez long et ne peut être confié qu'à des ouvriers intelligents ; il faut ensuite recouvrir le tas de paille et d'une épaisse couche de terre, qui, à elle seule, est l'objet d'un travail considérable ; enfin, il faut entourer le silo d'un petit fossé destiné à recevoir les eaux de pluie et à les entraîner au dehors, Pendant l'hiver, il se forme des fissures dans la couche de terre protectrice et, faute d'être bouchées à temps, ces fissures ouvrent à l'eau de pluie une route toute tracée ; aux abords des silos, si la saison est humide, le terrain se détrempe et devient boueux, et les difficul es des charrois ne font qu'augmenter chaque jour; si, au contraire, la gelée menace de devenir persistante, le cultivateur, par mesure de précautions, se voit obligé de faire quelques provisions de racines et de les mettre à l'abri danses granges ; et là, bien souvent les gelées viennent
— 323 —
les surprendre etpeuvent les rendre impropres à la consommation ; enfin quel que soit le temps, le chargement des voitures déracines pendant l'hiver est pour les ouvriers un travail pénible et désag'réable.
Avec le silo que nous préconisons, au contraire la plupart, de cesinconvénients disparaissent.
Voici d'ailleurs en quoi il consiste :
Des poteaux de 0m10 à 0m15 de diamètre, non équarris et non écorcés, sont disposés sur trois lignes parallèles A, B, C, et enfoncés dans le sol, d'environ trente centimètres; quelques pierres placées à la base en assurent la solidité. Là ligne du milieu B, est formée de poteaux de 2nl20 de hauteur; les lignes latérales A, et C, de poteaux de lm40 de hauteur ; l'intervalle qui sépare ces deux lignes est de S^O; enfin, sur chacune des lignes, les poteaux sont espacés de 2 mètres l'un de 'autre.
A la partie supérieure, sont fixées par de grosses pointes des branches d'arbres a, b, c, de 0ra08 à 0m10 de diamètre, plus ou moins droites, et comme précédemment non écorcées et n'ayant nécessité aucun travail préparatoire; enfin, ces dernières supportent à leur tour des traverses formées elles-mêmes de branches d'arbre plus petites employées ^à l'état brut j'insiste sur ce poin t, placées à 0m20 environ et retenues par une seule pointe plantée, à la partie supérieure en d. La longueur du silo est de 24 mètres.
Sur cette charpente ainsi disposée, on entasse après la moisson, les pailles de céréales et on en forme une meule allongée dépassant la charpente du silo de 3 à 4 mètres en hauteur et de lm50 environ de chaque côté. Enfin, au moment de leur récolte, les racines sont amoncelées pêle-mêle dans l'espace laissé libre sous la meule et les deux extrémités du silo sont hermétiquement bouchées avec de la paille.
On voit immédiatement les avantages de ce mode de conservation : la terrefixéeautourdesracinessedessècherapidement; la température du silo ne subit que de faibles variations en raison de l'épaisse couche de paille, matière éminemment mauvaise conductrice, qui l'entoure de toutes parts : les racines sont soustraites à toute espèce d'humidité; lageléeetla pluie ne peuvent les atteindre ; la conservation en est parfaite; les ouvriers se trouvent toujours à l'abri pour leur nettoyage ; de plus, les résidus formés de terre et de débris de racines s'accumulent sur place et, de temps à autre, ils sont transportés au dehors, mis en tas, arrosés de purin, additionnés d'amendements calcaires ; et à leur tour, ils forment un compost d'une grande richesse, dont la valeur est loin d'être négligeable.
Ce silo doit être établi de préférence dans la direction nordsud, à portée des étables, à portée des coupe-racines, des
— 324 —
hache-paille, etc. Il est alors facile de mener de front la consommation des racines et de la paille qui constitue le silo.
Quant au prix de revient de sa construction, il est des plus minimes, ainsi que l'établit le compte suivant :
fr. c.
3 lignes de poteaux de 0,10 à 0,15 de diamètre, comprenant chacune
13 poteaux : total, 39 à 0 l'r. 50 l'un 19 50
Traverses formant la charpente et évaluées au prix du bois de
chauiïago 25 »
2 kilog. de pointes à 0 fr. S0 le kilog 1 »
4 journées d'ouvriers à 1 fr. 50 6 »
Total 51 50
Il est vrai qu'en Bretagne, la main-d'oeuvre s'obtient à très bon marché, mais en supposant même le prix de la journée de l'ouvrier égal à 3 francs, on arriverait à un total de 57 fr. 50. ce qui est, en réalité, bien minime, oi l'on considère les avantages que l'on retire de ce mode d'ensilage et sa durée : dans l'exemple précédent, en effet, la construction du silo date de ciuq années et, depuis cette époque, n'a nécessité de la part du propriétaire aucun frais d'entretien ni de réparation.
11 est bon de remarquer aussi que, dans la plupart des exploitations, le bois ne revient pas au prix auquel nous l'avons coté, attendu que le cultivateur le trouve souvent à sa portée sur le terrain même qu'il exploite.
L'économie réalisée par cette méthode est donc très sérieuse; nous en avons été nous-méine tellement frappé, que, sans vouloir revendiquer la priorité de ce système d'ensilage, nous avons pensé être utile aux lecteurs du Journal d'agriculture pratique, en en faisant l'objet d'une mention toute spéciale.
L. BHUHBL.
Professeur d'Agriculture à l'Ecole duLézardeau (Finistère). (Extrait du Journal d'Agriculture pratique.)
LES RACES DE POULES ÉTRANGÈRES
La tendance naturelle de l'homme, c'est de n'être jamais satisfait de ce qu'il possède, et de toujours désirer ce qu'il n'a pas.
Nous qui possédons les belles volailles françaises que l'on sait, nous avons voulu avoir mieux, et nous avons cherché dans les volailles étrangères quelles acquisitions nous pouvions bien faire pour renforcer notre élevage, en oubliant que le mieux est souvent l'ennemi du bien.
La plus célèbre des importations de cette nature, ce fut celle de la race dite Cochinchinoise, et de celle de ses variétés qu'on désigne sous le nom de Brahmapoutra. On reconnaissait à cette race deux mérites : son volume énorme, et ses qualités comme couveuse. Mais, comme revers de la médaille, il faut dire qu'elle a des os très gros et une chair plus que médiocre. Aussi, en France, où nous avons le goût assez délicat, cette race a bientôt perdu sa vogue éphémère, et elle est passée aujourd'hui au rang des grandeurs déchues.
Les Hollandais sont moins difficiles que nous. Au concours International agricole tenu cette année, au commencement de septembre, à Amsterdam, le catalogue relatif à la volaille a offert bien des surprises aux éleveurs français. La première catégorie était réservée à la volaille se distinguant par son poids et par la délicatesse de sa chair. Or c'est la race de BrahmaPoutra qui venait en tête. Au second rang viennent les Cochinchinois;autroisièmerang, leCrèvecoeur.Undesmembresdujury M. Lemoine, de Crosne, raconte dans le Poussin l'étonnement dont il fut saisi. « Nous n'avons pu, dit-il, retenir une exclamation en voyant cette classification pour ces volailles ; mais après que nous eûmes manifesté notre surprise, on nous dit qu'en Hollande on préfère le volume à la délicatesse de la chair ; s'il en est ainsi, tout s'explique ; mais nous sommes loin de partager cette manière de voir. »
Parmi les races étrangères douées de qualités plus réelles, M- Lemoine place au premier rang la race anglaise de Dorking, qu'il qualifie de « magnifique volaille, très remarquable par son volume, ses petits os, sa chair excessivement fine, délicate et abondante. » La poule de cette race peut lutter facilement avec la Cochinchinoise comme couveuse. C'est une couveuse
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excellente, et, de plus c'est « la meilleure éleveuse de poussins». Sous ce dernier rapport, elle est très supérieure à la Cochinchinoise, « qui mène ses poussins très peu de temps et qui souvent les écrase. »
Au point de vue de la chair, la Dorking l'emporte aussi de beaucoup sur la Cochinchinoise. D'abord, son squelette est très léger et sa chair est très abondante. En outre, cette chair est très délicate.
Dans l'échelle de mérite qu'il a dressée, après avoir réuni le témoignage des hommes compétents, M. Lemoine assigne, pour la qualité de la viande, le premier rang au Crèvecoeur et le second au Dorking ; les autres races françaises ne viendront qu'après. Au contraire, la race de Cochinchine, d&ns ceclassement, occupe le dernier rang.
La Dorking est bonne pondeuse ; sa ponte annuelle est d'environ 130 oeufs, d'un poids moyen de 55 grammes.
Cependant, son élevage réclame quelques précautions. Il lui faut un climat doux, une température modérée et régulière ; elle ne s'accommode pas des fréquentes variations de la température. En outre, elle a besoin d'herbe et réclame autant de parcours que le Crèvecoeur.
Le poussin de cette race, en raison de la délicatesse de sa charpente, est faible et très déliéat jusqu'à deux mois. Mais, aVec une nourriture substantielledistribuéejudicieusement, on arrive à élever facilement les poulets.
Une autre race qui possède également de grandes qualités comme couveuse, c'est celle de Lang-Shan. Elle est originaire du nord de la Chine ; elle a été importée en 1872. Comme couveuse, la poule de cette race peut rivaliser avec la Dorking. C'est une très bonne mère, qui élève parfaitement ses petits. Mais sa chair, quoique bonne, est moins délicate que celle de nos races françaises.
La poule est assez bonne pondeuse ; sa ponte annuelle est d'environ 115 oeufs, du poidsmoyende 65grammes, de couleur jaune-rougeâtre.
Cette race est rustique et son élevage est aussi facile que celui de la race de Houdan. La poule est très douce ; le coq est très pacifique, et beaucoup moins batailleur que le Houdan. La poule a une très belle prestance ; le coq surtout est bien planté, de forme élégante. Le plumage est d'un beau noir ; il y a des plumes aux pattes ; la chair est blanche.
Les poussins naissent avec un duvet blanc et noir ; mais, par l'effet de la mue, ils prennent un plumage extérieur noir avec des reflets verts.
En somme, la poule de Lang-Shan est rustique, pondeuse, bonne couveuse et bonne mère, tranquille et sédentaire. Seulement, sa Chair ne vaut pas celle des Crèvecoeur et des Dor-
— 327 —
klng. Ses oeufs sont de grosseur moyenne, maïs ils renferment peu de blanc et un jaune volumineux, de teinte foncée.
On avait encore songé à acclimater chez nous une autre race étrangère, celle de Leghorn, qui a fait sa première apparition en France au concours des volailles du Palais de l'Industrie à Paris, en 1877. On reconnaît à cette race le mérite d'être rustique et de vivre sous tous les climats. La poule est très bonne pondeuse ; sa ponte annuelle est de 190 oeufs du poids moyen de 65 grammes. Mais cette race a nn grand défaut : elle a les pattes jaunes et, par cela même, elle est très difficile à vendre sur les marchés ; on donne, en effet, la préférence aux volailles à pattes noires ou tout au moins grises. Il y a donc là une question de débouché qui, forcément, arrêtera chez nous l'élevage des poules de cette race.
Pour la production des oeufs, il y a deux races étrangères, ou plntôt deux variétés d'une même race qui sont justement renommées : c'est la race de Hambourg et celle de Campine. Toutes les deux pondent par année 240 oeufs en moyenne ; mais l'oeuf est assez petit, il pèse à peine 50 grammes. La poule de Hambourg est moins bonne pondeuse que celle de Campine, disent les uns ; elle est aussi bonne pondeuse, disent les autres. En réalité, il n'y a pas de différence sensible de l'une à l'autre. Pourtant, la poule de la Campine passe généralement pour plus féconde, et, pour la vente des oeuts dans un grand centre de population, c'est elle généralement que l'on exploite ; elle a reçu le surnom de Pond tous les jours.
Ces deux variétés sont d'ailleurs très rustiques et peuvent vivre sous tous les climats, même dans des terrains humides généralement défavorables aux poules. Mais leurs moeurs ne sont pas identiques.
La poule de Campine a un défaut. Lorsque l'espace qu'on lui donne est trop restreint, elle vole par-dessus les grillages ; et, même lorsqu'elle a les ailes coupées, elle trouve le moyen de grimper en s'aidant de ses pattes. Cette race est très coureuse : il lui faut un grand parcours pour se promener. Il est nécessaire, pour que sa ponte soit abondante, de lui donner beaucoup d'herbes et beaucoup d'espace.
La poule de Hambourg au contraire, qui, d'après le témoignage de M. Lemoine, « rivalise avec la Campine pour la ponte et là rusticité », ne se sauve jamais des parquets. Elle a l'avantage de conserver ses qualités dans un espace moindre que celui que réclame la Campine. Elle est donc préférable, sous ce rapport, à la Campinoise.
La poule espagnole a été, dans ces derniers temps, l'objet d'appréciations assez opposées relativement aux avantages que pourrait présenter son introduction dans nos basses-cours.
Dans un article publié récemment ici même (numéro du
— 328 —
25 septembre 1884), M. E. Leroy, s'est constitué le champion ardent et convaincu de la poule espagnole. Il la recommande partout sous le rapport de ses oeufs, qui doivent, suivant lui, attribuer à cette race un rang à part parmi toutes les autres poules. Il reconnaît d'ailleurs les défauts de cette race, et il les avoue avec sincérité : c'est d'avoir la chair médiocre, et de n'avoir aucune aptitude à couver. Mais il signale aussi les qualités que voici : grande taille, supérieure à la moyenne ; rusticité éprouvée ; aptitude à trouver sa vie à l'état libre ; ponte hors ligne : oeufs énormes. « Comme rendement en oeufs, dit M. Leroy, je ne lui connais de rivale que la poule de Campine, dite Pond tous les jours ; mais l'Espagnole a sur la Campine l'avantage de donner des oeufs énormes, les plus gros oeufs de volailles connus, tandis que l'oeuf de la Campine est un des plus petits, à ce point qu'il est ennuyeux à manger à la coque. » L'auteur termine en disant à la fermière qui ne demanderait à la volaille d'autre produit que les oeufs et qui élèverait la poule espagnole : « Mais ne vendez pas ses oeufs au cours, au cent ou à la douzaine : vendez au poids ; sinon, vous seriez dupe d'un cinquième, peut-être d'un quart de la valeur de votre marchandise. »
M. Lemoine, l'habile éleveur de Crosne, n'est pas tout à fait d'accord avec M. Leroy. Il n'accorde pas à la race espagnole toute la rusticité signalée plus haut. Il trouve les poussins difficiles à élever, et ne conseille pas cette race « comme poule de ferme. » Il reconnaît d'ailleurs que les poules sont bonnes pondeuses, mais pas autant que l'affirme M. Leroy.
D'après les observations faites dans son élevage, M. Lemoine attribue aux poules espagnoles une ponte annuelle de 160 oeufs (le même chiffre que la race française de Louhans), et aux oeufs un poids moyen de 68 grammes. Ce poids serait inférieur à celui des oeufs des races de la Flèche (70 grammes), de Crèvecoeur (78 grammes), de la Bresse, variété noire ou de Louhans (80 grammes). En outre, ajoute M. Lemoine, si les oeufs de la poule espagnole sont d'un gros volume, ils le doivent surtout au blanc, qui est très abondant, et non pas au jaune, qui est petit et pâle ; c'est le contraire des oeufs de la poule de Lang-Shan.
Nous n'aurons pas la témérité de nous ériger en arbitre dans ce débat ; qu'il nous suffise d'en avoir exposé les éléments.
En résumé, nous voyons que les races de poules étrangères ne nous offrent rien que nous n'ayons chez nous. La qualité qui manque le plusànos poules, bonnes pondeuses, c'est d'être bonnes couveuses. Mais il faut remarquer que ces deux qualités s'excluent presque toujours : pendant que la poule couve et qu'elle mène ses petits, elle ne pond pas. Pourtant, on peut citer des poules qui font exception : la poule de Barbezieux, bonne cou-
— 329 —
veuse et bonne mère, et la poule de Bresse (surtout la variété noire ou de Louhans) qui est (lorsqu'elle s'y décide) une couveuse parfaite, très attentive, et défendant très bien ses petits.
Pour la qualité de la chair, nous défions toute concurrence. Pour le nombre et surtout pour la grosseur des oeufs, nous n'avons rien à envier aux races étrangères : les chiffres que nous avons cités dans notre article précédent (9 octobre) le prouvent très nettement.
Cependant, comme il ne faut pas systématiquement refuser les dons de l'étranger, nous pouvons admettre à faire leurs preuves ou à les continuer les races de Dorking, de LangShan, de Campine et de Hambourg, et la aace espagnole, en vue des services suivants :
Pour la production de la viande, la Dorking ;
Pour l'incubation, la Dorking et la Lang-Shan ;
Pour la production des oeufs, las races de Campine et de Hambourg, celle de Lang-Shan, et enfin la poule espagnole.
Voilà pour les races d'utilité et de production. Quant aux races d'agrément et de luxe, nous n'avons pas à nous y arrêter. Ces races, généralement de petite taille, comme la Négresse, laNangasaki, lesBantam de toutes variétés, l'Anglaise naine, etc. peuvent être élevées dans un jardin sans être enfermées dans une basse-cour. « A ces joli» oiseaux, dit M. Lemoine, on peut donner sans crainte la liberté la plus entière ; ils vont, viennent, courent à leur gré dans les plates-bandes et les massifs feuillus, sans jamais produire aucun dommage. » Ils perchent sur les arbres, comme les oiseaux à l'état libre. Néanmoins, ils s'apprivoisent très facilement ; ils quittent leur branche pour venir accepter une friandise ; ils viennent, devant la salle à manger, recueillir les miettes du repas, ils accourent aux sons de la cloche du déjeuner, etc. Bref, ce sont des oiseaux familiers qui animent et égayent l'habitation, mais qu'on n'élève pas en vue de leur couper la gorge pour se repaître de leurs cadavres. La zootechnie les admire, mais elle les respecte et les exclut de ses préoccupations tournées surtout vers la cuisine.
D1 HECTOR GEOBGE.
(Extrait du Journal d'Agriculture pratique.)
RESPECTEZ LES NIDS D'OISEAUX
Avril se lève et la nature Sur les champs prodigue ses dons, L'ormeau cache dans sa verdure Nids de bouvreuils et de pinsons. Courez du val à la montagne, Goûtez leurs charmes infinis, Cueillez les fleurs de la campagne, Mais surtout respectez les nids !
Gardez-vous bien de troubler les familles Qui vont éclore au bois, dans les buissons ; Au bord du nid, dans les vertes charmilles, Laissez l'oiseau répéter ses chansons !
Ce petit oeuf, mignon prodige,
Renferme l'artiste emplumé
Qui près de nous chante et voltige
Tout le jour dans l'air embaumé.
Si parfois le pauvret nous pille,
Réfléchissez qu'assurément
Il gagne en tuant la chenille
Au moins quelques grains de froment.
Gardez-vous bien de troubler les familles Qui vont éclore au bois, dans les buissons ; Au bord du nid, dans les vertes charmilles, Laissez l'oiseau répéter ses chansons !
Ne brisez pas pour un caprice,
Pour un rien, pour un simple jeu,
Le nid, ravissant édifice
Des petits enfants du bon Dieu 1
Qu'eût donc dit votre pauvre mère,
Quand vous dormiez sous vos rideaux,
En voyant, ivres de colère,
Des méchants briser vos berceaux?
Gardez-vous bien de troubler les familles Qui vont éclore au bois, dans les buissons ; Au bord du nid, dans les vertes charmilles, Laissez l'oiseau répéter ses chansons I (1884)
LISTE DES SOCIÉTÉS SAVANTES
Avec lesquelles la Société d'Agriculture de Tour» échange se» publications
Abbeville. Société d'émulation.
Alençon. Société d'horticulture de l'Orne.
Alger. Société agricole.
Amiens. Société des antiquaires de Picardie.
Société linnéenne du Nord de la France. Angers. Société académique de Maine-et-Loire.
Société d'horticulture.
Société d'agriculture, sciences et arts. Angoulême. Société d'agriculture,arts et commerce,
Arras. Société centrale d'agriculture.
Auch. Société d'agriculture du Gers.
Autun. Société éduenne.
Société d'horticulture. Bagnères-de-Bigorre ( Hautes-Pyrénées). Société d'agricult. Bcaune. Comité d'agriculture.
Besançon, Académie.
Société d'agriculture, des sciences, lettres et arts du Doubs.
Société de médecine. Blois. Société des sciences et des lettres.
Bordeaux. Académie des sciences, belles-lettres
et arts.
Société d'horticulture.
Société d'agriculture de la Gironde. Boulogne. Société d'agriculture et des arts.
Bourg. Société d'agriculture , des sciences ,
lettres et arts de l'Ain.
Société d'horticulture. Bourges. Société d'agriculture du Cher.
Brest. Société d'émulation.
Caen. Académie des sciences, arts et lettres.
Société des antiquaires de Normandie.
Société d'agriculture. Cahors. Société agricole et industrielle.
Cambrai. Société d'émulation,
Carcassonne. Société d'agriculture.
— 332 —
Castres. Société littéraire et scientifique.
Chdlons. Société d'agriculture, sciences et arts
de la Marne. Chambéry. Académie des sciences, lettres et arts
de Savoie. Chartres. Société d'agriculture d'Eure-et-Loir.
Société d'horticulture. Chdteaitroux Société d'agriculture de l'Indre.
Chaumont. Société d'agriculture de la Haute-Marne
Chauny. Société de pomologie et d'arboriculture.
Cherbourg. Société académique.
Chinon. Comice de l'arrondissement.
Clermont-Ferrand. Société académique.
Société d'agriculture du Puy-de-Dôme. Clermont (Oise). Société d'agriculture.
Compiègne. Société d'agriculture.
Constantine. Société archéologique de la province.
Coulommiers. Société d'horticulture de l'arrondissement.
l'arrondissement. Société d'agriculture des Basses-Alpes.
Dijon. Académie de Dijon.
Société d'agriculture et d'horticulture de la Côte-d'Or. Draguignan. Société d'agriculture et du commerce
du Var. Société d'études scientifiques et archéologiques. Evreux. Société libre d'agriculture de l'Eure.
Falaise. Société académique, agricole et industrielle.
industrielle. Société agricole, littéraire et industrielle
de l'Ariège. Fontenay-le-Comte. Société d'horticulture. Grenoble. Académie nationale.
Société d'agriculture de l'Isère. ( Société Delphinale.
Havre (le). Société d'études diverses.
Le Puy. Société d'agriculture de la Haute-Loire.
Lille. Société des sciences, de l'agriculture et
des arts Société agricole. Limoges. Comice des sciences, agriculture et arts
de la Haute-Vienne. Lisieux. Société d'horticulture et de botanique.
Loches. Comice de l'arrondissement.
Lons-le-Savlnier. Société d'émulation du Jura.
— 333 —
Lyon. Académie des sciences, belles-lettres et
arts.
Société d'agriculture et des arts utiles.
Société d'horticulture. Mâcon. Société d'agriculture et des sciences.
Mans (le). Société d'agriculture, sciences et art»
de la Sarthe.
Société d'horticulture. Marseille. Société académique.
Société d'horticulture. Mayenne. Société d'agriculture de l'arrondissement.
l'arrondissement. Société d'agriculture, sciences et arts.
Société d'horticulture. Melun. Société des sciences horticoles.
Mende. Société d'agriculture de la Lozère.
Mézières. Société d'agriculture des Ardennes.
Montauban Société des sciences, agriculture et
. belles-lettres deTarn-et-Garonne.
Monibéliard. Société d'émulation.
M ont-de-Marsan. Société d'agriculture des Landes.
Montpellier. Société d'agriculture de l'Hérault.
Moulins. Société d'agriculture de l'Allier.
Nancy. Société des sciences.
Nantes. Société académique.
Société nantaise d'horticulture. Nevers Société d'agriculture et d'horticulture
de la Nièvre. Nîmes. Société d'agriculture du Gard.
Niort. Société d'horticulture des Deux-Sèvres.
Société de statistique des Deux-Sèvres.
Société d'agriculture. Orléans. Société des sciences, lettres et arts.
Société d'horticulture.
Société d'agriculture et Comice agricole. l'aris. Ministère de l'instruction publique.
Ministère de l'Agriculture et du Commerce.
Bibliothèque des Sociétés savantes.
Bibliothèque nationale.
Observatoire.
Bibliothèque du Muséum d'histoire naturelle.
Bibliothèque du Luxembourg.
Société des Études historiques (Institut historique).
Société d'horticulture de la Seine.
188i "■ 23
— 334 —
Paris Société centrale d'agriculture de France.
Association scientifique de France. Société protectrice des animaux. Société philotechnique. Société des sciences, lettres et arts. Pèrigueux. Société d'agriculture , sciences et arts
de la Dordogne. Perpignan. Société d'agriculture des PyrénéesOrientales.
PyrénéesOrientales. Société d'agriculture, des arts et belleslettres.
belleslettres. des antiquaires de l'Ouest. Pont-a-Mousson. Société philotechnique.
Pontoise. Société d'agriculture et d'horticulture
de l'arrondissement. Privas. Société d'agriculture de l'Ardèche.
Reims. Académie.
Rennes. Société d'horticulture d'Ille-et-Vilaine.
RocJwfort. Société d'agriculture.
Rochelle {la) Société d'agriculture.
Rouen. Académie, belles-lettres et arts.
Société d'horticulture de la Seine-Inférieure. Société centrale d'agriculture de la SeineInférieure. M-Etienne. Société industrielle.
St-Germain-en-Laye. Société d'horticulture. St-Jean-dAngêly. Société historique et scientifique. Si-Quentin. Société des sciences , arts et belleslettres.
belleslettres. de St-Quentin. Saintes. Société d'agriculture.
Sens. Société archéologique.
Troyes. Société d'agriculture, des sciences, de
l'Aube. Toulouse. Société d'agriculture de la HauteGaronne
HauteGaronne de l'Ariège. Académie des jeux floraux. Société d'horticulture de la HauteGaronne. Toulon. Société académique.
Comice agricole de Toulon (Var). Valence, Société de statistique de la Drôme.
Société d'agriculture.
— 335 —
Versailles. Société d'agriculture et des arts de
Seine-et-Oise. Société d'horticulture de Seine-et-Oise. Vesoul. Société d'agriculture de la Haute-Saône.
Vitry-le-Francois, Société des sciences et arts.
M. Dureau. directeur de VAnnuaire bibliographique, rue de La Tour-d'Auvergrie, 10, Paris.
Tours. Bibfiothèque municipale.
' Société'arèhéôlogique de Touraine.
Société-médicale.
• • • Société tourangelle d'horticulture.
Paris Journal d'Agriculture pratique , rue
Jacob, 26.
Agen. Le Cultivateur agenais, journal.
Grenoble. Le Sud-Est, journal d'agriculture.
ALSACE-LOBRAINK;
Colmar. Société d'histoire naturelle.
Société d'agriculture. -
Metz. .... Académie, des lettres,, sciences, arts et
, agriculture.
Société d'archéologie et d'histoire. Strasbourg. Société dès sciences, agriculture et arts.
Société d'horticulture;
A L'tflHAIfGEB. ■ • - ■
Bruxelles. Société malacologique de Belgique.
Genève. Institut national genevois.
Société d'agriculture.
Palerme. Academia di scienze e lettere di Palermo.
Washington. ' Smithsonian Institution (par l'intermédiaire
l'intermédiaire M. Bossange, libraire à Paris, rue du Quatre-Septembre, 16).
Boston. Société d'histoire naturelle (par M. Bos.
Bos. . , sange).
Rome. Société royale des Lincei.
TABLE
TABLEAU DES MEMBRES
Tableau des Membres S
Bureau de la Société 5
Membres honoraires 5
Membres titulaires 6
Tableau des membres par canton 13
Membres correspondants 15
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
Décembre 1884 17
Séance extraordinaire de décembre 19
Janvier 43
Février 77
Mars 109
Avril 141
Mai 172
Juin 217
Juillet. .
Octobre 249
Novembre 283
Séance publique académique 22
SECTION D'AGRICULTURE
Novembre 1884
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Août
Novembre
Décembre
— 337 —
SECTION DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES
Décembre. 20
Janvier U
Février 79
Avril 213
Mai 214
Juin. 214
Juille*. 250
Novembre 31
Décembre 318
RAPPORTS DISCOURS ET MÉMOIRES
Séance publique académique 22
Rapport annuel sur les travaux de la Société 25
Concours départemental (1883) de viticulture pratique. . 31
Marguerite, poésie 35
Liste des sociétés savantes 37
Exposé de la situation phylloxérique du département d'Indre-et-Loire et des moyens pratiques de combattre l'insecte, d'entraver la marche de l'invasion et de reconstituer les vignobles détruits, par M. A. Dugué. ... 46
Causerie météorologique, par M. de Tastes 64
Michel Colombe et ses oeuvres 81
Situation de l'agriculture méridionale à la fin de décembre 1883 95
Chimie agricole et analyse chimique. ...... 98
La comptabilité sans comptable. 102
Fumure de prairies 107
Rapport de M. Blanchard 111
Michel Colombe et son oeuvre 115
Michel Colombe et son oeuvre ( Suite ) 143
L'économie de la basse-cour. 162
La viticulture en Touraine 177
Michel Colombe et son oeuvre (Suite et fin) 196
Analogie entre quelques propriétés des lieux géométriques,
par M. Borgnet 216
— 338 —
Histoire abrégée des lueurs crépusculaires de 1883-84, par
M. l'abbé Vallée 221
Les télégraphes électriques à cadran au seizième siècle,
par M. l'abbé Vallée. ............ 232
Les tarifs des chemins de fer 235
Quelques propriétés-du plan variable qui par son intersection avec une surface conique quelconque, donne lieu à une pyramide, variable de forme, mais constante de
volume, par M. Borgnet 251
Histoire des corporations d'arts et métiers de la Touraine,
par Auguste Chauvigné 254
Rapport de la Commission de parcours départemetal, par
M. Auguste Chauvigné 291
Commission d'examen des hangars économiques. ... 320
Un silo économique 322
Les races de poules étrangères 325
Respectes les nids d'oiseaux 330
Listes des Sociétés savantes correspondantes 331
Table générale 336
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, PAR M. DE TASTES
Résumé météorologique de 1884 318
Décembre 1883. 42
Janvier 1884 75
Février. 108
Mars. • .... 139
Avril 170
Mai. 209
Juin 247
Juillet. ....'. 248
Août . 281
Septembre. 282
Octobre 315
Novembre 339
Résumé météorologique de 1884 ,340
Observations météorologiques
MOIS DE NOVEMBRE 1884
a
THERMOMÈTRE «ABOMÈTRE * SÉRO PSYCHHOMETM ... S>3
ai —«_-__— État Direction s g
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W " "" . f -s i «~y« LyZL §î "«aTHIOKS
Mini*. Maxima Moyenne ">*'»> "» = « .g JveDt |5
, 2 -, 7heures 7heures s - M ^a
1 3 4 18 4 10 9 763,9 760,6 91 72 89 Ov NE 0
2 5 6 18 4 12 0 758,5 756,3 89 65 79 O-:- NE 0 u i™Péra3
i™Péra3 2 14 0 12 1 757,8 757,6 93 78 95 •. SO 16 I) ÎTiofrrtaarTÏ
4 8 2 14 8 11 5 760,3 760,6 89 67 88 9 SSE 0 2 1 "moyenne det
5 9 4 15 6 12 5 762,4 762,3 93 84 97 O SSE 0 mois de novembre
6 5 8 18 8 12 3 762,3 7593" 89 64 86 Ov SSE 15 «MeTiaVé7
«MeTiaVé7 0 18 6 12 8 758,4 760,5 93 71 91 e •:• • S 1 dominer des
8 4 2 14 8 9 5 768,7 768,0 91 80 86 OvO NO 0 2 7 NE "pT'uhe d'!
9 4 8 10 2 7 5 766,9 767,1 97 95 90 «O NO 0 «tie prédomi12 6 ■* 13 8 10 1 769,3 767,8 92 76 81 OvO NE 10 2 """'^JJ,""
11 6 6 8 8 7 7 766,5 765,3 91 73 89 «vO NE "Ô que"moye™'fe"t"
12 7 0 9 0 8 0 764,9 764,7 92 89 92 «vO> ESE 1 .u-dea5u, de la ,13 4 8 5 6 5 2 764,8 765,0 91 91 88 • O ENE 1 0 3 \St. W ™ !l4 16 7 6 4 6 764,6 765,4 80 76 86 OO NE • 1 abondâmes ont ! 15 —2 2 7 6 2 7 765,4 764,2 82 83 83 0*A ENE 1 ["I",, diraf!BS
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16 —3 0 6 8 19 763,3 762,0 80 79 82 <S*A ENE *T «mailles dw
17-38 58 1 0 761,9 762,4 787372 9*A ENE 1 Surs ^1™!-
18 -1 6 10 8 4 6 764,6 764,6 82 77 85 OOA NNE 0 w°.° "n grand
19 14 7 8 4 6 766,0 766,7 86 53 61 »■:• NNE 3 nombre de jours
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21 3 2" 8 2 5 7 751,8 751,2 90 74 90 9 • ONO 1" Tl , D ■ -, _.
22 12 3 8 2 5 756,4 760,5 89 83 68 m . N 14 0 £ *%«%&&
23 —2 4 9 4 3 7 760,9 762,1 88 81 78 » N 1 météorologique
24 -18 5 8 2 0 763,2 761,3 96 87 82 • N 1 m Ï-STKS.
25 2 8 _i_6_ 3 7 763,8 764,7 87 84 74 o NNO 0
26 —1 8 (i 6 2 4 766,9 767,7 92 69 93 ~i " jy ' T"
27 -0 2 .S 6 4 2 768,5 764,8 90 83 80 s ONO 2
28 4 8 8 8 6 8 760,7 753,4 88 89 86 m . sso 2
29 0 6 7 6 4 1 754,7 753,5 îoo 78 88 « O 13 3
30 -2 0 3 6 0 8 760,1 759,8 97 73 85 9*A N0 0 2 5
MOYENNE MOYENNE MOYENNE MOYENNE MOYENNE MOYENNES ——^—^^—^—»^^—^^—
DES MIN1MÀ DES DES MAX. .,. , , , .
UXXIMA ET DES 7gQ 8 761,9 Nébulosité moyenne du mois 23 4
. „„ "V?* ««,1177,0114,1 (10 étant le maximum)
2,54 10,06 6,3 p,„. , „,„ . J y '
PLUS BASSE PLUS H. PLD8 H. PRESSION PRESSIOH UAÏ. D'HUM. '
TEMPÉRATURE TEMP. MOY. t ,,n i on
oo 1RS 42 8 751 2 769 3
1.17 et le 20 le 6 le 7 le Zl le 10 «-V'"?* M«M>»ION MOYENNE OU VENT
MOYENNE DO MOU MOYENNE DU MOIS
6,0 762,3 N 5 jours
■ N-Ji 7
SIGNES E. 4
! o Ciel clair 8 jours • Pluie 9 jours 8-E 3
O — 1/4 couvert 3 * Neige 0 ? 2
! (t — 1/2 couvert 4 v Rosée 9 *-£• 2
19 — 3/4 couvert 5 -fc Gelée blanche 4 0 2
• — couvert 10 A Gelée à glace 6 ^"O S
O Brouillard 8 Z Orage 0
■ Grêle 0
Nota. — Dans les colonnes 1, 2, 3 on exprime les températures au-dessous de léro par le signe—.L'absence de ce signe indique une température supérieure à zéro.
L i foret du vent est marquée par Ut chiffres suivants : 0 nul, 1 faible, î modéré, 3 asm fort, i fort, 5 trie fort, 6 liaient,
7 tempête.
Tableau «le» observations météorologiques faites a Toar» prn:lnnt l'année ISS4
DU 1" DÉCEMBRE 1883 AU 30 NOVEMBRE 1884
— ' ' ■■ " ' ■ . ^^^^
TEMPÉRATURE I>E L'AIR Direction moyenne du rat ETAT DU CIEL. — Nombre de Jours de
_ —^ — i _ Nombre de jours où la tt S tt ^ _• -a S
meSTdes MJ. Wmm îbsolll Mlim. absolu direction moyenne S g | | g .3 S & " 3 J -S g, g|
™(— MI. et dates et dates dUYentaeté % S S S 1 l l § -S i g S g |!
minima jmaxima totale 8|B|E|St| SI SO |0 |M0 " >> > 1 [& S> S *•%
(décemb.83 2 07 7 07 4 57 —6.8, le 8 11,6, le 13 3 ~6 0 0 2 3 11 6 13 7 6 14 17 0 1 3 3 1 0 0 26,4
Hiver . ..janvier 84 3 38 9 46 6 40 — 1,0lesl3,25 15,4, le 31 16145 833067 7 11 12 0 0 4 3 H 0 (») 36,3
(février.... 3 78 11 49 7 60 —2, le 4 17, le 13 15 6 2 7 4 2 2 4 4 3 10 8 17 1 0 4 4 1 1 1 66,7
m 77 3 60 15 30 9 45 —1,2, le 8 22, le 19 3 10 4 4 2 3 2 3 8 6 11 4 2 61 1 0 4 13 3 8 0 23,3
Printemps avril' . 4 49 14 95 9 "0 0,6, le 23 22,4, le 2 76315 3 2 3 0 4 11 10 5 13 10 2 H 0 7 1 65,2
mai . !... ] 9 81 21 56 15 68 _ 4,0, la 7 30, le 11 73126 822 9 3 9 8 2 15| 1 0 0 0 0 16 5 61,6
[ïïor, "~îôr70~2Ï-55rT5~20' 6,8, le H 30,6, le 28 75005 3 551 13 8 53 900000 19 1 39,1
Été . juillet" 14 60 2:> 50 20 05 8,8, le 26 32,2, le 13 22162 945599 80 14 0000056 44,7
"(août... 1,1 15 10 27 20 2120 9,8, le 27 34,4, le 10 112 103 329 12 87 40 60 0 00 012014 40,7
(septembre 1189 22 20 17 » 5,8, le 26 30, le 19 0 6 15 3 8 2 5 6| 9 3 9| 3 1110 0 0 014116 1 33,0
Automne {octobre 6 50 15 60 11 05 0,2, le 26 22,2, lel" 5 7 0 0 1 7 4 6 6| 4 5 9 7 13 0 0 0 1 5 9 0 25,1
"(novembre.' 2 54 10 06 6 30 -3,8,lesl7,20 18.8, le 6 5843Î 225 Si 3 4 5|10 91 0 0 6 4| 8i 9 0 23,4
noj.ann.li. des moj.de écart «tn les sommes annuelles
des min. Jmaiim. l'année températures extrêmei 42|76|22|27j43i 6i|4i|54l60i72|84| 85|6i|i42i 4] I|i7|39j30|n»|i9|485,5
TEMPÉRÂT. MOYENNE BAROMÈTRE LOCAL RAMENÉ A 0' EN MILLIMÈTRES HYGROMÉTRIE : à 8 h. matin, — à 1 b.., — à8h. SOÎr
de l'hiver.... 5,9 [de l'hiver.. . . 762,2 pluies de l'hiver.. 129,4 (de l'hiver. ..89,6 79,4 83,2
du printemps. 11,2 Pression \du printemps.. 756,1 —du printemps. 150,1 Humidltéldu printemps . 77,4 55,5 70,9
del'été 19,2 atmosphérique/de l'été 758,6 — de l'été 124,5 relative lde l'été. . . . 71,9 54,7 64,7
de l'automne. 11,3 moyenne I de l'automne . 760,9 —de l'automne . 81,5 moyenne Jda l'automne.. 85,9 68,7 81,8
de l'année. .. u,9 (de l'année. .. 759,4 — de l'année,... 485,5 (del'anuée. ..81,2 64,7 75,2 I
NÉBULOSITÉ MOYENNE, 10 ÉTANT LE MAXIMUM : Hiver, 6,46; — Printemps, 3,86; — Été, 3,i6;"— Automne, 4,90; — Année, 4,67 I
C) Le 26 janvier, éclairs.
W de TASTES.
ORDRE DES SÉANCES
1884
1" Séance à 1 heure après midi. 12 janvier 1884
2« Séance 9 février
3e Séance 8 mars
4« Séance 5 avril f)
S» Séance 10 mai
6* Séance 14 juin
7» Séance 12 juillet
8« Séance (de rentrée) ... 19 octobre
9e Séance 8 novembre
10e Séance 13 décembre
(') Le deuxième samedi se trouvait la veille de Pâques, la séaact est avaacée de huit jours
TABLE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMERO
Tableau des membres 5
Bureau 5
Membres honoraires .... 5
Membres titulaires 6
Tableau dos membres par cantons 13
Membres correspondants 15
Séance du 8 décembre 17
Séance extraordinaire du 15 décembre 19
Section des sciences, arts et belles-leltres de décembre. . 20
Séance pnblique académique 22
Rapport annuel sur les travaux de la Société 25
Concours départemental (18S3) de viticulture pratique. . . 31
Marguerite, poésie. . 36
Lista des sociétés savantes 37
Observations météorologiques de décembre, par M. de Tastes. 42
ANNALES '
DE LA
SOCIÉTÉ DMIMII
SCIENCES
ARTS ET BELLES-LETTRES
Ou Département b'3it>re«rt=C0«rr
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. L'ABBÉ A.-H. JUTEAU
Aumônier du Lycée, Officier d'Académie Secrétaire-Perpétuel Rédacteur
CIIT VIIIGT-TBOUIÈIIE A.NKEK
TOME LXIII
N° 2. — FÉVRIER 1884
TOURS
1MPBIMERIE BOUILLK-I.ADEVÈZE, BUS CHAUDE, 6. 1884
Les Annales de la Société d'Agriculture d'Indre-etLoire paraissent par bulletins à la fin de chaque mois, sauf pendant les mois de septembre et d'octobre.
Toutes les communications relatives aux Annales doivent être adressées franco, à M. l'abbé A.-H. Juteau, aumônier du Lycée, à Tours, rue de la Préfecture.
En insérant dans ses Annales les mémoires de ses membres, la Société les considère comme propres à leurs auteurs, et n'entend leur donner ni approbation ni improbation.
JOURS DES RÉUNIONS
Séance générale, deuxième samedi de chaque mois, à une heure, à la Préfecture.
Section d'Agriculture, dernier samedi de chaque mois, à une heure.
Section des Sciences, Arts et Belles-Lettres, premier mercredi de chaque mois, à deux heures.
TIRAGES A PART.
I) après le traité signé avec M. Rouillé-Ladevèze, les membres de la Société auront le droit de faire effectuer des tirages à part de leurs Mémoires aux conditions suivantes :
La feuille de 16 pages, le cent. ........ 6 f*.
La feuille de 16 pages, les deux cents 18 »
Une demi-feuille isolée, le cent 4 »
ORDRE DES SÉANCES
1884
l™ Séance à 1 heure après midi. 12 janvier 1884
2* Séance 9 février
3« Séance 8 mars
i" Séance ,5 avril (>)
5« Séance 10 mai
6* Séance 14 juin
T Séance 12 juillet
8e Séance (de rentrée) ... 19 octobre
9° Séance . . 8 novembre
10e Séance 13 décembre
(!) Le deuxième samedi se trouvant la veille de Piquet, k séa><« est avancée de huit jours
T A B L E
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CF. NUMERO
Séance du 12 janvier 43
Section des sciences, arts et belles-lellres de janvier. . . 44 Exposé de la situation phylloxérique du déparlomentd'Iudreet-i,oire et dos moyens pratiques de combattre l'insecte, d'entraver la marche de l'invasion et de reconstituer les
vignobles détruits, par M. A. Dugué 46
Causerie météorologique, par M. de Tastes 64
Observations météorologiques île janvier, par M. de Tastes. . 7B
ANNALES
DE LA
SOCIÉTÉ nmim
SCIENCES
ARTS ET BELLES-LETTRES
Util br»<utemeut ïi'Jnlrc-ct^ffotrf
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. L'ABBÉ A.-H. JUTEAU
Aumônier du Lycée, Ollicier d'Académie Secrétaire-Perpétuel Rédacteur
CENT VIIVOT-TUOIMIÈME AlftfKB
TOME LXIII
N° 3. — MARS 1884
TOURS
IMPRIMERIE ROUILLÉ-LADEVÈZE, RUE CHAUDE, 6.
1884
( Voir, à la fin du Bulletin, le tarif des annonces )
AVIS
Les Annales de la Société d'Agriculture d'Indre-etLoire paraissent par bulletins, du 1er au S de chaque mois, sauf pendant les mois de septembre et d'octobre.
En insérant dans ses Annales les mémoires de ses membres, la Société les considère comme propres à leurs auteurs, et n'entend leur donner ni approbation ni improbation.
Toutes les communications relatives aux Annales doivent être adressées franco, à M. l'abbé A.-H. Juteau, aumônier du Lycée, à Tours, rue de la Préfecture.
BUREAU DE LA. SOCIETE
(1883, 1884 ET 1885) Président: M. HOUSSAItD, rue de 1a Grandière; Vice-Présidents : MM. DUCLAUD et BLANCHARD; Secrétaire perpétuel : M. A.-H. JUTEAU, rue de la Préfecture ; Trésorier: M. PIC-PARIS, rue de Buffon, 35; Secrétaire adjoint : M. A. CHAUVIGNÉ fils, rue de la Fauvette, 4.
Commissions annuelles pour 1884
Commission du Concours départemental (nommée au scrutin seerel) MM. Mourruau-Ranclier, tic Sazilly et Rémy.
Commissions d'arrondissement Pour celui de Tours : MM. Guimas, Laperche, Nouveau-Mercier et Leblanc ;
Pour celui de Chinon : MM. Robin de Juigny, Hubert-Hubert, Prince et de Pierre; Pour celui de Loches : MM. Itabault, Smith, Breton fils et Lemaître. Commission du Concours agronomique MM. Guimas, de Corbie, do Martel et Lecointre.
Commission du Concours agronomique MM. de Tastes, Boyor, l'abbé Vallée et Georges Houssard.
Commission du Concours artistique MM. Rouillé, Chevrel et Briaud.
Commission du Concours poétique MM. Chauvigné fils, Gazeau et Antony Rouillet.
Commission d'organisation MM. Chauvigné père, Barrat-Pallu et Briand.
TARIF DES ANNONCES :
Les Annales de la Société ne reçoivent que des annonces agricoles :
MACHINES AGRICOLES, BÉTAIL, SEMENCES, ENGRAIS, ETC. 1 fois 5 fois 10 fois
Pour 1/4 de page, 4 fr. 14 fr. 24 fr.
Pour -1/2 — 6 22 36
Pour 1 — 10 36 30
Pour. 2 — 16 56 80
Pour les OFFRES et DEMANDES (serviteurs agricoles, échanges, location, etc., etc.,qui seront faites à deux colonnes, le prix sera de 1 fr. les cinq lignes el de SO centimes pour les lignes en plus.
Prix minimum d'une annonce, 1 franc.
Tout ce qui concerne les annonces agricoles devra être adressé franco à M. le Secrétaire perpétuel de la Société d'agriculture d'Indre-et-Loire, à Tours.
Les demandes devront être accompagnées du prix de l'annonce demandée, ou au moins indiquer le mode de recouvrement à employer dans le plus bref délai.
Les Annales paraissent dix fois par an, du 1"' au 5 de chaque mois, sauf pendant les vacances.
Le prix de l'abonnement aux Annales est de 6 francs par an.
Le numéro coûte 50 centimes.
NOTA. — Les Annales sont envoyées â tous les membres de la Société, aux Sociétés correspondantes, aux bibliothèques scolaires du département d'Indre-et-Loiro et aux abonnés.
TJRAGES A PART.
D après le traité signé avec M. Rouillé-Ladevèze, les membres de la Société auront le droit de faire effectuer des tirages à part de leurs Mémoires aux conditions suivantes ;
La feuille de 16 pages, le cent . 6 fr.
La feuille de 16 pages, les deux cents. ..... 10 »
Une demi-feuille isolée, le cent. . . u. . . ■ . . 4 *
T A H L E
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CK NUMERO
Séance du 9 février 77
Section des sciences, arts cl belles-lettres de février. . . 79
Michel Colombe et ses oeuvres 81
Situation de l'agriculture méridionale à la fin de décembre
1883 . 93
Chimie agricole et analyse chimique 98
La comptabilité sans comptable 102
Fumure des prairies 107
Observations météorologiques de février, par M. do Tastes. . 108
JOURS I)I<S RÉUNIONS
Séance générale, deuxième samedi de chaque mois, à une lieure, h la Préfecture.
Section d'Agriculture, dernier samedi de chaque mois, à une heure.
Section des Sciences, Arts et Belles-Lettres, dernier mercredi de chaque mois, à deux heures.
ORDRE DES SÉANCES
1884.
1" Séance h 1 lieure après midi. 12 janvier 1884
2° Séance 9 février
3° Séance 8 mars
4° Séance .5 avril
5e Séiince 10 mai
6° Séance U juin
. 7° Séance 12 juillet
8e Séance (de rentrée) ... 19 octobre
: 9e Séance 8 novembre
10e Séance 13 décembre
Le Gérant, ROUILLÉ-LADEVÊZE.
ANNALES'
DE LA
SOCIÉTÉ nm\m
SCIENCES
ARTS ET BELLE S-LETTRES
IDu ùrpurtrmnit bMirîrc-cuCotrc
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. L'ABBÉ A.-H. JOTEAU
Aumônier du Lycée, OtBcier d'Académie Secrétaire-Perpétuel Rédacteur
CENT VINeT-TBOlMEHIE ANKÉE
TOME LXIII
N° 4. — AVRIL 1884
TOURS
1MPBIMEBIE BOUILLÉ-tADEYÈZE, HUE CHAUDE, 6. 1884
( Voir, à la fin du Bulletin, le tarif des annonces)
AVIS
Les Annales de la Société d'Agriculture d'Indre-etLoire paraissent par bulletins, du 1er au 5 de chaque mois, sauf pendant les mois de septembre et d'octobre.
En insérant dans ses Annales les mémoires de ses membres, la Société les considère comme propres à leurs auteurs, et n'entend leur donner ni approbation ni improbation.
Toutes les communications relatives aux Annales doivent être adressées franco, à M. l'abbé A :-H. Juteau, aumônier du Lycée, à Tours, rue de la Préfecture.
BUREAU DE LA SOCIETE
(1883, 1884 ET 1885)
Président : M. HQUSSARD, rue de la Grandière ;
Vice-Présidents : MM. DUCLAUD et BLANCHARD ;
Secrétaire perpétuel : M. A.-H. JUTEAU, rue de la Préfecture ;
Trésorier: M. PIC-PARIS, rue de Butlbn, 33;
Secrétaire adjoint : M. A. CHAUVIGNÉ fils, rue de la Fauvette, 4.
Commissions annuelles pour 188-4
Commission du Concours départemental (nommée au scrutin se»ret) MM. Mourruau-Rancher, de Sazllly et Rémy.
Commissions d'arrondissement Pour celui de Tours : MM. Guimas, Lapercbc, Nouveau-Mercier et Leblanc ;
Pour celui de Chinon : MM. Robin de Juigny, Hubert-Hubert, Prince et de Pierre ; Pour celui de Loches : MM. Rabault, Smith, Breton fils et Lemaître. Commission du Concours agronomique MM. Guimas, de Corbie, de Martel et Lecoiutre.
Commission du Concours agronomique MM. de Tastes, Boyer, l'abbé Vallée et Georges Houssard.
Commission du Concours artistique MM. Rouillé, Chevrel et Briand.
Commission du Concours poétique MM. Chauvigné fils, Gazeau et Antony Rouillet.
Commission d'organisation MM. Chauvigné père, Barrat-Pallu et Briand.
TARIF DES ANNONCES
Les Annales de la Société ne reçoivent que des annonces agricoles :
MACHINES AGRICOLES, BÉTAIL, SEMENCES, ENGRAIS, ETC. 1 fois S fois 10 fois
Pour 1/4 de page, 4 fr. •. 14 fr. 24 fr.
Pour 1/2 — 6 22 36
Pour 1 — 10 36 50
Pour 2 — 16 56 80
Pour les OFFRES et DEMWDES (serviteurs agricoles,échanges, loiation, etc. etc.,qui seront faites à deux colonnes, le prix sera de 1 fr. les cinq lignes et de 50 centimes pour les lignes en plus.
Prix minimum d'une annonce, 1 franc.
Tout ce qui concerne les annonces agricoles devra être adressé
franco à M. le Secrétaire perpétuel de la Société d'agri. culture d'Indre-et-Loire, à Tours.
Les demandes devront être accompfignées du prix de l'anaoncc demandée, ou au moins indiquer le mode de recouvrement à employer dans le plus bref délai.
Les Annales paraissent dix fois par an, du l""au 5 de chaque mois, sauf pendant les vacances.
Le prix de l'abonnement aux Annales est de 6 francs par an.
Le numéro coûte 50 centimes.
NOTA.— Les Annales sont envoyées â tous les membres de la Société, aux Sociétés correspondantes, aux bibliothèques scolaires du département d'Indre-et-Loire et aux abonnés.
TIRAGES A PART.
D après le traité signé avec M. fiouillé-Ladevèze, les membres de la Société auront le droit de faire effectuer des tirages à part de leurs Mémoires aux conditions suivantes :
La feuille de 16 pages, le cent. ........ 6 fr.
La feuille de 16 pages, les deux cents. ..... 10 »
Une demi-féuille isolée, le cent k »
T A B L E i
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CIO NUMERO •
Séance du S mars. . 109
Rapport de M. Blanchard' 111 i
Michel Colombe ol son ainrc IIS '
Observations méléurologiqiirs de mars, par M, do Tuslvs. . . 139 ,
JOUKS m:s RÉUNIOSS ;
Séance générale, deuxième samedi de chaque mois. : à une lieure, à la Préfecture.
Section d? Agriculture, dernier samedi de disque mois, à une heure.
Section des Science*, Arts et Belles-Lettres, dernier mercredi de chaque mois, à deux heures.
ORDRE DES SÉANCES
im
i
i'" Séance à 4 heure après midi. \i janvier 1884
2° Séance 9 lévrier
3" Séance 8 mars
4e Séance .S avril
5" Séance 10 mai
(ic Séance 11 jn n
7e Séance \-2 juillet
8e Séance (de rentrée) ... 19 ociohre
9° Séance 8 novembre
10" Séance 13 décembre
I Le Gérant, RUU:I.I.K-I.ADEVÈZE.
ANNALES
DE LA
SOCIÉTÉ IVMILÏÏRt
SCIENCES
ARTS ET BELLES-LETTRES
Ou département b'Jitbre^ct-ffûtre
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE'M. L'ABBÉ A.-H. JUTIÏAU
Aumônier du Lycée, Officier d'Académie
Secrétaire-Perpétuel Rédacteur
C'EUT VIVGT-TUOlKlÙnK t«'lÉ|;
TOME LXÏII N° o. — MAI 1884
TOUK»
IMPR1MEK1K MOUILLE-LA DEVEZ!!, ItB.K CHAUDE, 6. 1884
t . —— I lnT"
( Voir, à la fin du Bulletin, le tarif des annonces )
Les ARCHIVES de la Société sont transférées dans la rue St-Étlenne, ÎO
A V I S
Les Annales de la Société d'Agriculture d'Indre-etLoire paraissent par bulletins, du 1er au S de chaque mois, sauf pendant les mois de septembre et d'octobre.
En insérant dans ses Annales les mémoires de ses membres, la Société les considère comme propres à leurs auteurs, et n'entend leur donner ni approbation ni improbation.
Toutes les communications relatives aux Annales doivent être adressées franco, à M. l'abbé A.-H. Juteau, aumônier du Lycée, à Tours, rue de la Préfecture.
BUREAU DE LA SOCIETE
(1883, 1884 ET 1885) Président : M. HOUSSARD, rue de la Grandière; Vice-Présidents : MM. DUCLAUD et BLANCHARD; Secrétaire perpétuel: M. A.-II. .TUTEAU, rue de la Préfecture ; Trésorier: M. PIC-PARIS, rue de Bulfon, 35; Secrétaire adjoint : M. A. CHAUVIGNÉ fils, rue de la Fauvette, 4.
Commissions annuelles pour 1884
Commission dit Concours départemental (nommée au scrutin secret) MM. Mourruau-Raiichcr, de Siizilly et Réury.
Commissions d'arrondissement Pour celui de Tours : MM. Guimas, Laperclie, Nouveau-Mercier et Leblanc;
Pour celui de Chinon : MM. Robin do Juigny, Hubert-Hubert, Prince et de Pierre; Pour celui de Loches : MM. Ilabault, Smith, Breton fils et Lemaître. Commission du Concours agronomique MM. Guimas, de Corbie, de Martel et Lecolnlrei.
Commission du Concours agronomique MM. de Tastes, Boyer, l'abbé Vallée et Georges Houssard.
Commission du Concours artistique MM. Rouillé, Cbovrel et Briaud.
Commission du Concours poétique MM. Chauvigné fils, Gazeau et Antony Rouillet.
Commission d'organisation MM. Chauvigné père, Barrat-Pallu et Briand.
TARIF DES ANNONCES
Les Annales de la Société ne reçoivent que des annonces agricoles ':
MACHINES AGRICOLES, BÉTAIL, SEMENCES, ENGRAIS, KTC. 1 fois 5 fois 10 fois
Pour 1/4 de page, 4 fr. 14 fr. 24 fr.
Pour 1/2 — 6 22 36
Pour 1 — 10 36 50
Pour 2 — 16 56 80
Pour les OFFRES et DEMANDES (serviteurs agricoles, échanges, location, etc. elc.)qui seront faites à deux colonnes, le prix sera de 1 fr. les cinq lignes et de 50 centimes pour les lignes en plus.
Prix minimum d'une annonce. 1 franc.
Tout ce qui concerne les annonces agricoles devra être adressé
franco a M. le Secrétaire perpétuel de la Société d'agriculture d'Indre-et-Loire, à Tours.
Les demandes devront être accompagnées du prix de l'annonce demandée, ou au moins indiquer le mode de recouvrement à employer dans le plus bref délai.
Les Annales paraissent dix fois par an, du Ie1'au S de chaque mois, sauf pendant les vacances.
Le prix de l'abonnement aux Annales est de 6 francs par an.
Le numéro coûte 60 centimes.
NOTA. — Les Annales sont envoyées à tous les membres de la Société, aux Sociétés correspondantes, aux bibliothèques scolaires du département d'Indre-et-Loire et aux abonnés.
TIR AU ES A PART.
0 après le traité signé avec M. Rouillé-Ladevèze, les membres de la Société auront le droit de faire effectuer des tirages à part de leurs Mémoires aux conditions suivantes ;
La feuille de 16 pages, le cent. ........ 6 fr.
La feuille de 16 pages, les deux cents. 10 >
Une demi-feuille isolée le cent ... 4 »
TABLE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE iNUMERO
Séance du 5 avril. ... 1 il
Michel Colombe e! son oeuvre [Sniii-) 143
L'économie de la ha-su-cuur ltioiiservalioni'
ltioiiservalioni' d'avril, par M. de Tastes. . . 171)
JOUBS l)i:s ItÉUJNlONS
Séance générale, deuxième samedi de chaque mois, à une heure, à la Préfecture.
Section d'Agriculture, deniier samedi declitiquc mois, à une heure.
Section des Sciences, Arts et Belles-Lettres, dernier mercredi de chaque mois, à deux heures.
ORDRE DES SÉANCES
I88i
I" Séance il I heure après midi. 12 janvier 1884
2" Séance 9 février
3" Séance K mars
•i'- Séance.- 5 avril
5e Séance 10 mai
O Séance li juin
. 7e Séance . 12 juillet
8" Séance (du rentrée) ... 19 octobre,
il 1' Séance. ........ 8 novembre
. 10" Séance.- 13 décembre
; Lu Gérant, HUU:I.I.I::-LAUI£VÊZIS.
ANNALES
DE LA
SOCIÉTÉ D'MIWIË
SCIENCES
ARTS ET BELLES-LETTRES
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PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. L'ABBÉ A.-II. JUTEAU
Aumônier du Lycée, Officier d'Académie
Secrétaire-Perpétuel Rédacteur
CENT VHCI-TBOItlÈnE AK'HKI
TOME LXIII
N» 6. — JUIN 1884
TOURS
IMPBIMEBIE ROUILT.É-LATIEVÈZE, BUE CHAUDE, 6.
1884.
( Voir, à la fin du Bulletin, le tarifées annonces)
Les ARCHIVES de la Société sont transférées dans la rue St-Étienne, ÎO
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Les Annales de la Société d'Agriculture d'Indre-etLoire paraissent par bulletins, du 1er au 5 de chaque mois, sauf pendant les mois de septembre et d'octobre.
En insérant dans ses Annales les mémoires de ses membres, la Société les considère comme propres à leurs auteurs, et n'entend leur donner ni approbation ni improbation.
Toutes les .communications relatives aux Annales doivent être adressées franco, à M. l'abbé A.-H. Juteau, aumônier du Lycée, à Tours, rue de la Préfecture.
BUREAU DE LA. SOCIETE
(1883, 1884 ET 1885) Président : M. HOUSSARD, rue de la Grandière ; Vice-Présidents : MM. DUCLAUD et BLANCHARD; Secrétaire perpétuel : M. A.-H. JUTEAU, nie de la Préfecture ; Trésorier: M. PIC-PARIS, rue (le Buil'uu, 35; Secrétaire adjoint : M. A. CHAUVIGNE lils, rue de la Fauvette, 4.
Commissions annuelles pour 1884
Commission du Concours départemental (nommée au scrutin secret)- MM. Mourruau-Rancher, de Sazilly et Rémy.
Commissions d'arrondissement Pour celui de Tours : MM. Guimas, Laperche, Nouveau-Mercier et Leblanc;
Pour celui de Cbinon : MM. Robin de Juigny, Hubert-Hubert, Prince et de Pierre; Pour celui de Locbes : MM. Rabault, Smith, Breton fils et Lemaître. Commission du Concours agronomique MM. Guimas, de Corbie, de Martel et Lecointre.
Commission du Concours scientifique MM. de Tastes, Boyer, l'abbé Vallée et Georges Houssard.
Commission du Concours artistique MM. Rouillé, Chevrel et Briand.
Commission du Concours poétique MM. Chauvigné Dis, Gazeau et Antony Rouillet.
Commission d'organisation MM. Chauvigné père, Barrat-Pallu et Briand.
TARIF DES ANNONCES
Les Annales de la Société ne reçoivent que des annonces agricoles ':
MACHINES AGRICOLES, BÉTAIL, SEMENCES, ENGRAIS, ETC. 1 fois 5 fois 10 fois
Pour 1/4 de page, 4 fr. 14 fr. 24 fr.
Pour 1/2 — 6 '• %% 36
Pour 4 — 10 36 50
Pour 2 — 16 56 80
Pour les OFFRES et DEMANDES (serviteurs agricoles, échanges, location, etc. etc.) qui seront faites à deux colonnes, le prix sera de 1 fr. les cinq lignes et de 50 centimes pour les lignes en plus.
Prix minimum d'une annonce, 1 franc.
Tout ce qui concerne les annonces agricoles devra être adressé franco à M. le Secrétaire perpétuel de la Société d'agriculture d'Indre-et-Loire, à Tours:
Les demandes devront être accompagnées du prix de l'annonce demandée, ou au moins indiquer le mode de recouvrement à employer dans le plus bref délai.
Les Annales paraissent dix fois par an, du l"au 5 de chaque mois, sauf pendant les vacances.
Le prix de l'abonnement aux Annales est de 6 francs par an.
Le numéro coûte 60 centimes.
NOTA. — Les Annales sont envoyées à tous les membres de la Société, aux Sociétés correspondantes, aux bibliothèques scolaires du département d'Indre-et-Loire et aux abonnés.
TIRAGES A PART.
D après le traité signé avec M. Rouillé-Ladevèze, les membres de la Société auront le droit de faire effectuer des tirages à part de leurs Mémoires aux conditions suivantes :
La feuille de 16 pages, le cent. . , 6 fr.
La feuille de 16 pages, les deux cents. ..... 10 f
Une demi-feuille isolée le cent 4 »
TABLE |
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMERO 3
î
S
Séance du 10 mai. ... 173 ^
La viticulture en Touraine m £
Michel Colombe et son tenvrc [Sutle et fin). ...... 195 o
Observations météorologiques de mai, par M. de Tastes. . . 209 -
^
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JOUES DES RÉUMOINS ;
Séance générale, deuxième samedi de chaque mois, \ à une heure, à la Préfecture. \
Section O' Agriculture, dernier samedi de chaque mois, \ à une heure. '*
Section des Sciences, Arts et Belles-Lettres, dernier ' mercredi de chaque mois, à deux heures. . \
ORDRE DES SÉANCES
I 1884
■1'" Séance à 1 heure après midi. 12 janvier I88i
2° Séance 9 lévrier
> 3° Séance 8 mars
■Ie Séance S avril
: 5° Séance 10 niai
j (î° Séance Il juin
l 7° Séance 12 juillet
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"■ 9e Séance S novembre
. 10- Séance. 13 décembre
l Le Gérant, ROUILLÉ-LADEVÈZE.
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DE LA
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SCIENCES
ARTS ET BELLES-LGTTKES An &r|iortcinciit i>'Jrrtre=rt=lToirf
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. L'ABBÉ A.-II. JUTEAU
Aumônier du Lycée, Onicier d'Académie
Secrétaire-Perpétuel Rédacteur
CBMT VIKCtT-TROlMlÈlHE A.ICWKE
TOME LXIII
Nos 7 ET 8. — JUILLET ET AOÛT 1884
TOtIRë
IMPRIMERIE HOUILLÉ-LADEVÈZB, BOB CHAUDE, 6.
1884
( Voir, à la fin du Bulletin, le tarif des annonces )
l-e» ARCHIVES de la Société sont transférées dans la rue St-Étienne. ÎO
AVIS
Les Annales de la Société d'Agriculture d'Indre-etLoire paraissent par bulletins, du 1er au 5 de chaque mois, sauf pendant les mois de septembre et d'octobre.
Eu insérant dans ses Annales les mémoires de ses membres, la Société les considère comme propres à leurs auteurs, et n'entend leur donner ni approbation ni improbation.
Toutes les communications relatives aux Annales doivent être adressées franco, à M. l'abbé A.-H. Juteau, aumônier du Lycée, à Tours, rue de la Préfecture.
BUREAU X>E LA SOCIÉTÉ
(1883, 1884 KT 1885) Président: M. H0USSARD, rue de la Grandière; Vice-Présidents : MM. DUCLAUD et BLANCHARD; Secrétaire perpétuel : M. A.-H. JUTEAU,- rue de la Préfecture ; Trésorier: M. PIC-PARIS, rue de Buffon, 35; Secrétaire adjoint : M. A. CHAUVIGNÉ fils, rue de la Fauvette, kCommissions
kCommissions pour 188-4
Commission du Concours départemental (nommée au scrutin secret) MM. Mourruau-Ranclier, de Sazilly et Rémy.
Commissions d'arrondissement Pour celui de Tours : MM. Guimas, Laperchn, Nouveau-Mercier et Leblanc ;
■ Pour celui de Chinon : MM. Robin de Juigny, Hubert-Hubert, Prince et de Pierre ; Pour celui de Loches : MM. Rabault, Smith, llreton lils et Lemaîlre. Commission du Concours agronomique MM. Guimas, de Corbie, de Martel et Lecolntre.
Commission du Concours scientifique MM. de Tastes, Boyer, l'abbé Vallée et Georges Houssard.
Commission du Concours artisliqvx MM. Rouillé, Chevrel et Briand.
Commission du Concours poétique MM. Chauvigné lils, lïazeau et Anlony Rouillet.
Commission d'organisation MM. Chauvigné père, Bairat-Pallu et Briand.
TARIF DES ANNONCES
Les Annales de la Société ne reçoivent que des annonces agricoles :
MACHINES AGRICOLES, BÉTAIL, SEMENCES, ENGRAIS, ETC. 1 fois 5 fois 10 fois
Pour 1/4 de page, 4 fr. 14 fr. 24 fr.
Pour 1/2 — 6 22 36
Pour 1 — 10 36 50
Pour 2 — 16 56 80
Pour les OFFRES et DEMANDES (serviteurs agricoles, échanges, location, etc. etc.) qui seront faites à deux colonnes, le prix sera de 1 fr. les cinq lignes et de 50 centimes pour les lignes en plus.
Prix minimum d'une annonce, 1 franc.
Tout ce qui concerne les annonces agricoles devra être adressé franco à M. le Secrétaire perpétuel de la Société d'agriculture d'Indre-et-Loire, à Tours.
Les demandes devront être accompagnées du prix de l'annonce demandée, ou au moins indiquer le mode de recouvrement à employer dans le plus bref délai.
Les Annales paraissent dix fois par an, du l"au 5 de chaque mois. sauf pendant les vacances.
Le prix de l'abonnement aux Annales est de 6 francs par an.
Le numéro coûte 60 centimes.
NOTA. — Les Annales sont envoyées à tous les membres de la Société, aux Sociétés correspondantes, aux bibliothèques scolaires du département d'Indre-et-Loire et aux abonnés.
TIRAGES A PART.
D après le traité signé avec M. Rouillé-Ladevèze, les membres de la Société auront le droit de faire effectuer des tirages à part de leurs Mémoires aux conditions suivantes :
La feuille de 16 pages, le cent 6 fr.
La feuille de 16 pages, les deux cents 10 »
Une demi-feuille isolée le cent 4
TABLE i
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMERO \
______ i
i
Séanee du 14 juin 211 '
Section des sciences, arts et belles-lettres d'avril. . . 213 <
— — de mai. . . 214 "i
— J — de juin. . . 214 ' Analogie entre quelques propriétés des lieux géométriques, 3 - par M. Borgnet 216 <
'Histoire abrégée des lueurs crépusculaires de 1883-84, par i
M. l'abbé Vallée . . 221 ;
Les télégraphes électriques à cadran au seizième siècle.
par M. l'abbé Vallée 232 \
Les tarifs des chemins de fer 235 \
Observations météorologiques de juin par M. de Tastes. . 247 ',
— — de juillet, — . 248 ;
JOURS DES RÉUNIONS '■
Séance générale, deuxième samedi de chaque mois, : à une heure, à la Préfecture.
Section d'Agriculture, dernier samedi de chaque mois, à une heure.
Section des Sciences, Arts et Belles-Lettres, dernier mercredi de chaque mois, à deux heures.
ORDRE DES SÉANCES
] 188-1
: 1™ Séance à 1 heure après midi. 12 janvier 188-4
: 28 Séance 9 février
> 3° Séance 8 mars
. 4° Séance. ........ 5 avril
\ 5° Séance 10 mai
\ '6e Séance. 14 juin
' 7° Séance 12 juillet
> 8e Séance (de rentrée) ... 19 octobre
> 9° Séance 8 novembre
; 10e Séance. . . 13 décembre
t. ■.
■ Le Gérant, RQUÏI.LJÎ-LADEYÊZE.
AIVNALES
DE LA
SOCIÉTÉ nmimu
SCIENCES
ARTS ET BELLES-LETTRES Un Département ftMirirc'tufotrt
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. L'ABBÉ A.-H. JUTEAU
Aumônier du Lycée, Officier d'Académie Secrétaire-Perpétuel Rédacteur
CEItT VINGT-TROISIEME AltNKK
TOME LXIII
IN0S 9 ET 10. — SEPTEMBRE ET OCTOBRE 1884
TOURS
IMPBIMERTK ROUILLÉ-LADEVÈZE, BUE CHAUDE, 6.
1884
Voir, à la fin du Bulletin, le tarif des annonces')
.as ARCHIVES de la Société sont transférées dans la rue St-Étienne, ÎO
AVIS
Les Annales de la Société d'Agriculture d'Indre-etLoire paraissent par bulletins, du 1er au S de chaque mois, sauf pendant les mois de septembre et d'octobre.
En insérant dans ses Annales les mémoires de ses membres, la Société les considère comme propres à leurs auteurs, et n'entend leur donner ni approbation ni improbation.
Toutes les communications relatives aux Annales doivent être adressées franco, à M. l'abbé A.-H. Juteau, aumônier du Lvcée, à Tours, rue de la Préfecture.
BUREAU DE LA SOCIÉTÉ
(1883, 1S84 ET 1885)
Président : M. H0USSAUD, rue do la Grandière;
Vice-Présidents : MM. DUCLAUD et BLANCHARD;
Secrétaire perpétuel : M. A.-H. JUTEAU, rue de la Préfecture ;
Trésorier: M. PIC-PARIS, rue de Buffon, 35;
Secrétaire adjoint : M. A. CHAUVIGNÉ ûls, rue de la Fauvette, 4.
Commissions annuelles pour 1884
Commission du Concours départemental (nommée au scrutin secret) MM. Mourruau-Raiiclicr, de Sa/.illy et Rénoy.
Commissions d'arrondissement Pour celui de Tours : MM. (juiinas, Laperche, Nouveau-Mercier et Lelilanc;
Pour celui de Chiuou : MM. llobinde Juigny, Hubert-Hubert, Prince et de Pierre;
Pour celui de Loches : MM. Kabault, Smith, Breton lils et Lemailre. Commission du Concours agronomique MM. Guimas, de Corbie, de Martel et Lecoinlre.
Commission du Concours scientifique' MM. de Tastes, Boyer, l'abbé Vallée et Goorges Houssard.
Commission du Concours artistique MM. Rouillé, Chevrel el Brian d.
Commission du Concours poétique MM. Chauvigné fils, Gazeau et Anloiiy Rouillet.
Commission d'organisation MM. Chauvigné père, Barrat-Pallu el Briand.
TARIF DES ANNONCES
Les Annales de la Société ne reçoivent que des annonces agricoles :
MACHINES AGRICOLES, BÉTAIL, SEMENCES, ENGRAIS, ETC. 1 fois 5 fois 10 fois
Pour 1/4 de page, 4 fr. 14 fr. 24 fr.
Pour 1/2—6 22 36
Pour 1 — 10 36 30
Pour 2 — 16 36 80
Pour les OFFRES et DEMANDES (serviteurs agricoles, échanges, location, etc. etc.)qui seront faites à deux colonnes, le prix sera de 1 fr. les cinq lignes et de 50 centimes pour les lignes en plus.
Prix minimum d'une annonce, 1 franc.
Tout ce qui concerne les annonces agricoles devra être adressé franco à M. le Secrétaire perpétuel de la Société d'agriculture d'Indre-et-Loire, à Tours.
Les demandes devront être accompagnées du prix de l'annonce demandée, ou au moins indiquer le mode do recouvrement à employer dans le plus bref délai.
Les Annales paraissent dixfois par an, du l"'au 5 de chaque mois, sauf pendant les vacances.
Le prix de l'abonnement aux Annales est de 6 francs par an.
Le numéro coule 60 centimes.
NOTA. — Les Annales sont envoyées à tous les membres de la Société, aux Sociétés correspondantes, aux bibliothèques scolaires du déparlement d'Indre-et-Loire et aux abonnés.
TIRAGES A PART.
D après le traité signé avec M. Rouillé-Ladevèze, les membres de la Société auront le droit de faire ell'ectuer des tirages à part de leurs Mémoires aux conditions suivantes :
La feuille de 16 pages, le cent 6 fr.
La feuille de 16 pages, les deux cents 10 s
Une demi-feuille isolée le cent 4
TABLE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMERO
Séance du 18 octobre 249
Section des sciences, arts et belles-lettres de juillet . . 250 Quelques propriétés du plan variable qui, par son intersection avec, une surface conique quelconque , donne lieu à une pyramide, variable do forme, mais constante
de volume, par M. A. Ilorguel 251
Histoire dos corporations d'arts et métiers de Touraine, par
M. Auguste Chauvigné " 254
Observations météorologiques d'août, par M. de Tastes . . 281 — —• de septembre, — . 282
JOURS DliS RÉUNIONS
Séance générale, deuxième samedi de chaque mois, à une heure, à la Préfecture.
Section d'Agriculture, dernier samedi de chaque mois, à une heure.
Section des Sciences, Arts et Belles-Lettres, dernier mercredi de chaque mois, à deux heures.
ORDRE DES SÉANCES
1884
lrc Séance à 1 heure après midi. . , \*1 janvier 1884
2° Séance 9 février
3» Séance 8 mars
i" Séance 5 avril
5° Séance 10 mai
Cc Séance 14 juin
7° Séance 13 juillet
. 8e Séance (de rentrée) ... 19 octobre
9e Séance 8 novembre
10e Séance 13 décembre
Le Gérant, ROUILI.É-LADEVÈZE.
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N° 11. — NOVEMBRE 1884 î
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IMPRIMERIE BOUILLÉ-LADEVÈZE, EUE CHAUDE, 6. *
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:5
Voir, à la fin du Bulletin, le tarif des annonces)
Los ARCHIVES de la Société sont transférées rue Bernard-Palissy, ÎO
(anciennement rue Sainl-Étienne )
AVIS
Les Annales de la Société d'Agriculture d'Indre-etLoire paraissent par bulletins, du 1er au 5 de chaque mois, sauf pendant les mois de septembre et d'octobre.
En insérant dans ses Annales les mémoires de ses membres, la Société les considère comme propres à leurs auteurs, et n'entend leur donner ni approbation ni improbation.
Toutes les communications relatives aux Annales doivent être adressées franco, à M. l'abbé A.-H. Juteau, aumônier du Lycée, à Tours, rue de la Préfecture.
BUREAU DE LA SOCIÉTÉ
(1883, 1884 ET -1885) Président : M. HOUSSARD, rue de la Grandière ; Vice-Présidents : MM. DUCLAUD et BLANCHARD; Secrétaire perpétuel : M. A.-H. JUTEAU, nie de la Préfecture ; Trésorier: M. PIC-PARIS, rue de Butîon, 35; Secrétaire adjoint : M. A. CHAUVIGNÉ fils, rue de la Fauvette, 4.
Commissions annuelles pour 1884
Commission du Concours départemental (nommée au scrutin secret) MM. Mourruau-Raucher, de Sazilly et Rémy.
Commissions d'arrondissement Pour celui de Tours : MM. Guimas, Laperche, Nouveau-Mercier et Leblanc ;
Pour celui de Chinon: MM. Robin de Juigny, Hubert-Hubert, Prince et de Pierre;
Pour celui de Loches : MM. Rabault, Smith, Breton fils et Lemaîlre. Commission du Concours agronomique MM. Guimas, de Corbie, de Martel et Lecoinlre.
Commission du Concours scientifique MM. de Tastes, Boyer, l'abbé Vallée et Georges Houssard.
Commission du Concours artistique MM. Rouillé, Chevrel et Briand.
Commission du Concours poétique MM. Chauvigné fils, Gazeau et Antouy Rouillet.
Commission d'organisation Mil. Chauvigné père, Barrat-Pallu et Bri«nd.
TARIF DES ANNONCES
Les Annales de la Société ne reçoivent que des annonces agricoles :
MACHINES AGRICOLES, BÉTAIL, SEMENCES, ENGRAIS, ETC. 1 fois 5 fois 10 fois
Pour 1/4 de page, 4 fr. 14 fr. 24 fr.
Pour 1/2—6 22 36
Pourl — 10 36 50
Pour 2 — 16 56 80
Pour les OFFRES et DEMANDES {serviteurs agricoles, échanges, location, etc. etc.) qui seront faites à deux colonnes, le prix sera de 1 fr. les cinq lignes et de 50 centimes pour les lignes en plus.
Prix minimum d'une annonce, 1 franc.
Tout' ce qui concerne les annonces agricoles devra être adressé
franco à M. le Secrétaire perpétuel de la Société d'agriculture d'Indre-et-Loire, à Tours.
Le3 demandes devront être accompagnées du prix de l'annonce demandée, ou au moins indiquer le mode de recouvrement à employer dans le plus bref délai.
Les Annales paraissent dix fois par an, du 1" au 5 de chaque mois, sauf pendant les vacances.
Le prix de l'abonnement aux Annales est de 6 francs par an.
Le numéro coûte 60 centimes.
NOTA. — Les Annales sont envoyées à tous les membres de la Société, aux Sociétés correspondantes, aux bibliothèques scolaires du déparlement d'Indre-et-Loire et aux abonnés.
TIRAGES A PART.
D après le traité signé avec M. Rouillé-Ladevèze, les membros de la Société auront le droit de faire effectuer des tirages à part de leurs Mémoires aux conditions suivantes :
La feuille de 16 pages, le cent 6 fr.
La feuille de 16 pages, les deux cents 10 »
Une demi-feuille isolée le cent 4
TABLE '
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMERO
Séance du 8 novembre 283
Rapport de la Commission de parcours départemental, par
M. Duclaud . .285
Histoire des corporations d'arls cl métiers de Touraine, par
M. Auguste Chauvigné . . ' . 291
Observations météorologiques d'octobre. parM.de Tastes. 315
JOUBS DES RÉUNIONS
Séance générale, deuxième samedi de chaque mois, à une heure, rue Bernard-Palissy, 10.
Section d'Agriculture, dernier samedi de chaque mois, à une heure.
Section des Sciences, Arts et Belles-Lettres, dernier mercredi de chaque mois, à deux heures.
ORDRE DES SÉANCES 1884
l 10 Séance à 1 heure après midi. 12 janvier 1884
2° Séance '9 février
3° Séance 8 mars
4° Séance 5 avril
5° Séance 10 mai
6° Séance 14 juin
7° Séance 12 juillet
8eSéance (de rentrée) ... 19 octobre
9? Séance 8 novembre
10° Séance. 13 décembre
Le Gérant, ROUILLÉ-LADEVÈZE.
ANNALES
DE LA
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SCIENCES
ARTS ET BELLES-LETTRES flii dr'uarttmcm !>'3irtrc*et«£oire
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. L'ABBÉ A.-H. JUTEAU
Aumônier du Lycée, Officier d'Académie Secrétaire-Perpétuel Rédacteur
CENT VINGT-TBOIMEHIE ANNÉE
TOME LXIII
N° 12. — DÉCEMBRE 1884
TOURS
[MPBIMEBIE ROUILLÉ-LA DEVÈZE, BCB CHAUDB, 6. 1884
Voir, à la fin du Bulletin, le tarif des annonces)
Lan ARCHIVES de la Société sont transférées rue Bernard-Palissy, ÎO
(anciennement rue Saint-Étlsauo])
AVIS
Les Annales de la Société d'Agriculture d'Indre-etLoire paraissent par bulletins, du 1er au 5 de chaque mois, sauf pendant les mois de septembre et d'octobre.
En insérant dans ses Annales les mémoires de ses membres, la Société les considère comme propres à leurs auteurs, et n'entend leur donner ni approbation ni improbation.
Toutes les communications relatives aux Annales doivent être adressées franco, à M. l'abbé A.-H. Jutean, aumônier du Lycée, à Tours, rue de la Préfecture.
BUREAU IDE LA SOCIETE
(18S3, 1884 ET 1885)
Président : M. HOUSSAUI), rue de la Grandière ;
Vice-Présidents : MM. DUCLAKl) et BLANCHARD;
Secrétaire perpétuel : M. A.-II. JUTI2AU, rue de la Préfecture ;
Trésorier: M. PIC-PARIS, rue de Builon, 35;
Secrétaire adjoint : M. A. CHAI'VIGXÉ fils, rue de lu Fauvette, /».
Commissions annuelles pour 188-4
Commission du Concours départemental (nommée au scrutin secret) MM. Mourruau-Rancher, de Sazilly et Rémy.
Commissions d'arrondissement Pour celui de Tours : MM. (îuimas, l.apercbe, Nouveau-Mercier et Leblanc;
Pour celui de Chinon : MM. Robin de Juigny, Hubert-Hubert, Prince et de Pierre;
Pour celui de Loches : MM. llnliiuilt, Sniilli, Breton fils et Lemaîlre. Commission du Concours agronomique MM. Guimas, de Corbie, de Martel et I.ecointre.
Commission du Concours scientifique MM. de Tastes, Boyer, l'abbé Vallée et Georges Houssard.
Commission du Concours artistique MM. Rouillé, Clievrul et Uriaud.
Commission dit Concours poétique MM. Chauvigné fils, Gazean et Auloiiy liouillel.
Commission d'organisalioyi Mil. Chauviguy père, Barrat-Pa;iu et lliisnd.
TARIF DES ANNONCES
Les Annales de la Société ne reçoivent que des annonces agricoles :
MACHINES AGRICOLES, BÉTAIL, SEMENCES, ENGRAIS, ETC. 1 fois 5 fois 10 fois
Pour 1/4 de page, 4 fr. 14 fr. 24 fr.
Pour 1/2 — 6 22 36
Pourl — 10 36 50
Pour 2 — 16 56 -80
Pour les OFFRES el DEMANDES {serviteurs agricoles, échanges, location, etc. etc.) qui seront faites à deux colonnes, le prix sera de 1 fr. les cinq lignes et de 50 centimes pour les lignes en plus.
Prix minimum d'une annonce, 1 franc.
Tout ce qui concerne les annonces agricoles devra être adressé franco à M. le Secrétaire perpétuel de la Société d'agriculture d'Indre-et-Loire, à Tours.
Los demandes devront être accompagnées du prix de l'annonce demandée, ou au moins indiquer le mode de recouvrement à employer dans le plus bref délai.
Les Annales paraissent dix l'ois par an, du l'^au 5 de chaque mois, sauf pendant les vacances.
I.e prix de l'abonnement aux Annales est de 6 francs par an.
Le numéro coûte 00 centimes.
NOTA. — Les Annales sont envoyées à tous les membres de la Société, aux Sociétés correspondantes, aux bibliothèques scolaires du département d'Indre-et-Loire et aux abonnés.
TIRAGES A PART.
D après le traité signé avec M. Rouillé-Ladevèze, les membros de la Société auront le droit de faire effectuer des tirages à part de leurs Mémoires aux conditions suivantes :
La feuille- de 16 pages, le cent 6 fr,
La feuille de 16 pages, les deux cents 10 »
Une demi-feuille isolée lacent 4
TABLE
' • DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMERO
.Section des science.-, aria et belles-lettres de novembre. 317
— — do décembre.. 318 Commission d'e:;anieu de- hangars économiques Veauvy
et Ileboulleau 320
!"n silo économique 322
Les races de poules étrangères 325
Respectez les nids d'oiseaux (poésie) 330
l.isle des sociétés savantes correspondantes 331
Table générale 336
Observations météorolog. de novembre, par M. de Tasles. 339 Tableau des observations météorologiques faites à Tours
pendant l'année 188-i 310
JOURS DI:S RÉUNIONS
Séance générale, deuxième samedi de chaque mois, à une heure, rue Bernard-Palissy, 10.
Section d'Agriculture, dernier samedi de chaque mois, à une heure.
Section des Sciences, Arts et Belles-Lettres, dernier mercredi de chaque mois, à deux heures.
ORDRE DES SÉANCES
; 1884
1re Séance à 1 heure après midi. 12 janvier 1881
ie Séance 9 février
3e Séance 8 mars
4e Séance. 5 avril
; 5e Séance 10 mai
, 6° Séance 14 juin
; 7e Séance 12 juillet
8e Séance (de rentrée) ... 19 octobre
9e Séance 8 novembre
10e Séance 13 décembre
Le Gérant, ROUILLÉ-LADEVÈZE.