Mars
1930
N° 310
30e ANNÉE
MADAME DANIEL SAINT NÉE NORAH HARRISON
LES GRANDS MARIAGES
TOILETTE ET COIFFURE DE LA Mon MIRANDE
A TRAVERS LE MONDE
ALUONS, après le désoeuvrement de l'hiver, le réveil précoce de la capitale qui renaît à l'activité sociale. J'emploie ce qualificatif
dans le sens d' une participation plus ettective de la société parisienne aux manifestations artistiques, intellectuelles et charitables.
Du vernissage des Indépendants aux expositions rétrospectives de la « Revue des Deux-Mondes » et de la « Bibliothèque nationale1', du fameux bal des Petits-Lits blancs aux ventes en faveur du Sauvetage de l'Enfance, de la Mutuelle des Artistes ou des Orphelins des Soeurs de Saint-Vincentde-Paul, cette activité trouva à s'exercer en plusieurs domaines. Et ce n'est que le prélude à la saison rituelle de Paris.
Le monde officiel, dont le calendrier est moins restreint, resta à l'ordre du jour. A l'Elysée, M. Gaston Doumergue a offert un grand dîner, suivi de réception en l'honneur des ambassadeurs, ministres plénipotentiaires et chargés d'affaires accrédités auprès de lui.
Les membres du gouvernement et des grandes commissions du Sénat de la Chambre, y avaient été conviés également. Des réceptions diplomatiques ont eu lieu à l'ambassade de Pologne, où S. Ex. l'ambassadeur et Mme de Chlapowska ont fait entendre à leurs invités un jeune pianiste, M. Stompka, élève de Paderewski.
Mme Edge a reçu l'après-midi en l'hôtel de l'ambassade des Etats-Unis.
Dans le privé, d'élégantes réunions ont été données par la comtesse Elie de Dampiere, la marquise de Saint-Paul, M. et Mme Louis de Seynes, et par Madame Maurice Pouquet.
Jetons un dernier regard sur le Midi, qui n'eut pas, cette année, le privilège d'une saison clémente : c'est le bleu succédant aux expositions de blanc des sports d'hiver. Une certaine émulation a fait place, sur la côte d'Azur, à un calme de bon aloi, mais elle est restée quelque peu routinière.
Serait-ce la menace du spectre blanc de la concurrence ? Monte-Carlo, lui-même, ne s'isole plus sur ses orgueilleuses terrasses. La Principauté a été le théâtre d'une série de jolies fêtes, telles que des corridas, batailles de fleurs, corsos dans le goût italien, qui savent flatter l'humeur des étrangers et réveiller les enthousiasmes populaires. Banderolles aux couleurs des nations et pavillons flottant sur la rade, couleurs unies à la symphonie florale de ce site enchanteur, apothéoses lumineuses de feux d'artifices, c'est toujours, quel que soit le thème ou l'occasion de la réjouissance, la même note d'allégresse qui dicte à l'hivernant, du réveil au coucher, ses premières et dernières impressions. Monaco et ses hôtes ont aussi fêté dignement leur prince sérénissime. Cette journée, vouée aux couleurs nationales monégasques : le rouge et le blanc, fut consacrée par un Te Deum solennel à la cathédrale.
Le soir, un gala était donné à l'Opéra. Lorsqu'il parut dans sa loge, en uniforme de général français, le prince Louis II fut
Photo Dorys
Mme ANDRÉ DE LA VAISSIÈRE
DE LAVERGNE
NÉE ANNE-MARIE PIERRAIN
Photo Christian Duvivier
Mme HUGH LINCOLN STRONG NÉE BEVERLY BAKER
TOILETTE DE JEANNE LANVIN
Studio René Stra
Mme ETIENNE AUGER
NÉE ODETTE HOMBERG TOILETTE DE REDFERN
Mme ANDRE INGRAIN
NÉE ELLY HOLLENKAMP
TOILETTE DE LA M°n VÉRANNE
14, Rue des Saussaies.
Mlle GINETTE OUDIN Mlle ANNE-MARIE DE POLIGNAC Mlle ODETTE WALLACE Mlle THÉRÈSE-HENRIETTE DE POLIGNAC Mlle YVONNE TÉRY Mlle ALICE TÉRY
Mlle ANNE-MARIE OLDIN Mlle JACQUELINE DE BEAUMONT M. GUY DU PELOUX Mlle CHRISTIANE OUDIN
MADAME LOUIS POMMERY, née JACQUELINE OUDIN. et ses DEMOISELLES D' HONNEUR
LES GRANDS MARIAGES
TOILETTES DE PHILIPPE & GASTON
A TRAVERS LE MONDE
COMTESSE HENRY DE LA PRUNAREDE
NEE MARIA-PIA DE ACEVEDO
LES GRANDS MARIAGES
TOILETTE ET COIFFURE DE LA Mon MARGERIE
3. Rue d'Alger.
A TRAVERS LE MONDE
MADAME ANDRE AMAR
NEE JACQUELINE PERQUEL
LES GRANDS MARIAGES
TOILETTE de JEANNE LANVIN
LES MODES
très chaleureusement acclamé. Il était entouré de la princesse héréditaire, portant le grand cordon rouge et blanc, et du prince Pierre.
Autour de la famille princière, on remarquait : la comtesse Gastaldi et Mme Bartholoni, dames d'honneur, M. Furhmeister, directeur du cabinet, M. Mauron, chef du cabinet, M. Bartholoni, chambellan, le colonel comte de Baciocchi et le commandant Millescamps, aides de camp, le maire de Monaco, Mme et Mlle Bartholoni, le docteur et Mme Marsan, M. et Mme Marquet, Miss Mac Gvery, etc..
L'originalité de Cannes, n'a pas été de recevoir les souverains et les princes qu'elle compte habituellement parmi ses hôtes, mais de célébrer dignement les vingt-cinq
ans d'une entente cordiale, jamais démentie sous son ciel, entre la France et l'Angleterre.
E. F. VELLETAZ.
LES GRANDS MARIAGES
A Notre-Dame-des-Champs, l'abbé Guiard a béni le mariage de Mlle DelaunayBelleville, avec le vicomte Henry de Combettes de Caumon.
En l'église Saint-Honoré d'Eylau a eu lieu le mariage, qui a été béni par S. Em. le cardinal Luçon, archevêque de Reims, de Mlle Jacqueline Oudin, belle-fille et fille du baron et de la baronne du Peloux
de Saint-Romain, avec M. Louis Pommery, fils de M. Pommery, décédé, et de Mme Pommery. La toilette de la mariée, ainsi que toutes celles des demoiselles d' honneur, étaient signées de Philippe et Gaston.
Citons ensuite le mariage de M. Daniel Saint avec Mlle Norah Harrison. La jeune et charmante mariée, qui était habillée avec un goût parfait par Mirande, portait un gracieux bonnet dont la forme nouvelle et particulièrement seyante fut très admirée.
Celui, en l'église Saint-Ferdinand-desTernes, de Mlle Maria-Pia de Acevedo, avec le comte Henry de la Prunarède. La jolie mariée, habillée à ravir par Margerie, portait une très jolie robe en crêpe A. G. B.
de nuance ivoire, incrusté de tulle du même ton, tramé ; elle était garnie d'hermine. La coiffure était entièrement faite de perles fines.
Celui, au Temple de la rue de la Victoire, de Mlle Jacqueline Perquel, fille de M. Jules Perquel et de Mme, avec M. André Amar. La charmante et gracieuse mariée avait été habillée par Jeanne Lanvin.
Nous devons citer également : le mariage de Mlle Anne-Marie Pierrain avec M. André de La Vaissière de Lavergne ; celui de Mlle Nina Berti avec M. René Devaux-Charbonnet ; celui de Mlle Beverley Baker, fille de Mme Walter L. Russell, avec M. Hugh Lincoln Strong, fils du Docteur et de Mme Edgar Strong, de
Londres ; celui de Mlle Odette Homberg, fille de M. R. Homberg et de Madame, née Mautin, avec M. Etienne Auger, fils de M. G. Auger et de Madame, née Basset ; celui de Mlle Elly Hollenkamp avec M. André Ingrain ; celui de Mlle Suzanne Verdet, fille de M. Louis Verdet, Ingénieur, décédé, et de Madame, avec le Docteur Raymond Imbert, fils du Professeur Léon Imbert, chevalier de la Légion d'honneur, et de Madame ; celui de Mlle Simone Laflèche avec M. Albert Strée ; celui de Mlle Suzanne Duperrey avec M. Etienne Costil ; enfin, pour terminer, celui de Miss Margaret Brown avec le comte F. de Chasseloup-Laubat.
J. DELADORE.
Photo Dorys
Mme ALBERT STREE NÉE SIMONE LAFLÈCHE
Toilette et Coiffure de la Mon Henriette CASTANIER
15, Rue Marsollier.
Photo Christian Duvivier
Mme RAYMOND IMBERT NÉE SUZANNE VERDET
TOILETTE DE JENNY
Mme ETIENNE COSTIL NÉE SUZANNE DUPERREY
Photo Dorys
Mme RENÉ DEVAUX-CHARBONNET NÉE NINA BERTI
TOILETTE ET COIFFURE DE JEANNE LANVIN
LES MODES
Mme HUGUETTE EX-DUFLOS
HABILLÉE PAR PHILIPPE ET GASTON
120, Avenue des Champs-Elysées.
LA MODE ET LES MODES
A mode régit non seulement nos vêtements, mais
tous nos actes, et nous la subissons comme un guide.
L'humanité moyenne subit le despotisme avec
une heureuse tranquillité qui est devenue une habitude
habitude elle serait très désorientée si on lui laissait intégralement son libre arbitre sans l'encadrer dans des traditions et des usages.
De même beaucoup de femmes seraient fort déçues si le couturier et la mode ne leur imposaient pas ce qu'ils veulent.
La volonté d'affirmer sa propre personnalité est une des qualités les plus rares et de celles qui conduisent au succès dans tous les domaines, mais surtout dans celui de la mode. Innover, oser
et persévérer sont les conseils que l'on pourrait donner aux femmes qui ont l'étoffe de dirigeantes. La foule des moutons de Panurge est grande, particulièrement dans les hautes classes, blasées, toujours à la recherche du nouveau et souvent conduites par des bergers qui, de nos jours, ne sont que de besogneux intermédiaires.
C'est ainsi que la mode guide la
(Voir l'explication détaillée des gravures, page 26)
clientèle, du matin au soir, vers les maisons de couture, les galeries de peinture, les thés, les restaurants et même les pays étrangers.
La Publicité joue également un grand rôle dans tout ceci et la France, encore réservée et pudique, ne l'a pas assez compris. En Amérique, on ne considère pas comme lancée une maison dont on ne voit pas le nom partout, et à chaque page de tous les journaux. Ce n'est qu'après quelques années de séjour parmi nous que les Américains comprennent le charme de nos petites adresses inconnues de la foule, mais qui sont souvent celles de maisons des plus raffinées.
Il en est de même pour les endroits de saison, où se précipitent toujours à la même date les mêmes personnages de cette troupe cosmopolite qui se retrouve avec ses leaders en septembre à Biarritz, en décembre à Monte-Carlo, en janvier à Saint-Moritz, et en février-mars à Cannes, puis enfin à Paris.
Tous ces heureux, ou malheureux, seraient certainement neurasthéniques si la
LES OISEAUX DANS LES FOUGÈRES " CHEMIN DE TABLE EN POINT DE FRANCE, EXÉCUTÉ A L'AIGUILLE
CRÉATION DE LA Mon LEFÉBURE
8, Rue de Castiglione.
CHAPEAU DE MARIÉLYSE
"GOOD NEWS "
' BRIC-A-BRAC
CIRACUS "
ENSEMBLE EN CRÊPE MAROCAIN NOIR
BLOUSE DE SOIE VERT D'EAU
COL ET RÉGATE GARNIS DE MAROCAIN NOIR
MANTEAU EN TWEED
VERT ET BLANC
MANTEAU EN RALLY-KASHA OR
GARNI D'HERMINE NOIRE
CRÉATIONS DE O'ROSSEN FRÈRES
10 et 12, Place Vendôme, Paris.
LES MODES
' LE CHANT DU DESERT "
"LE MIRAGE "
ROBES DU SOIR PAR
PREMET
8, Place Vendôme.
LES MODES
ROBE 0ET MANTEAU DU SOIR PAR
DRECOLL-BEER
24, Place Vendôme.
LES TEXTILES MODERNES
ROBE DU SOIR
EN CRÊFE DE CHINE JAUNE CITRON, TISSÉ AVEC LES FILÉS DE CALAIS
CRÉATION DE CHÉRUIT (Mme WORMSER)
21, Place Vendôme.
LES MODES
ROBE DU SOIR PAR
LUCILE PARAY
8, Place de la Madeleine.
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LES MODES
mode ne les prenait par la main pour les conduire, les guider, par le snobisme, vers les tournois de skis, de tennis ou de golf et vers les régates ou les courses d'automobiles.
Il est une saison dont on parle peu : c'est celle qui dure toute l'année, à Paris, et qui est réservée aux Parisiens qui ne voyagent pas. Cette saison ignorée est charmante, car elle comporte une des grandes joies de l'existence, celle du Home, qui fut appelé coin du feu, en un temps où les cheminées existaient encore. Le Home est un vaste mot qui comprend mille charmes que les nomades ignorent. Et tout d'abord il comprend la décoration, qui est un des domaines où la femme excelle de nos jours. C'est même un domaine si féminin que nous n'avons pas craint de publier souvent, dans nos pages illustrées, des modèles d'art décoratif créés par la maison Hartmann, qui occupe une place prépondérante parmi les décorateurs parisiens.
L' art moderne, qui a aujourd'hui presque autant d'adeptes que l'art ancien, est à une époque des plus intéressantes, car après
avoir lutté pour se faire connaître, il est à l'apogée du succès. De grands artistes deviennent décorateurs et suivent la voie des Lalique et des Frantz-Jourdain. Meubles en essences de bois
rares, verreries, peintures murales, bronzes d'Edgard Brandt, on a tout aujourd'hui pour combiner des installations originales et abandonner un peu les meubles « de style ».
Après l'art de meubler son « chez soi », il y a celui d'y attirer et d'y bien recevoir ses amis, il y a aussi celui de les retenir par une table raffinée et généreuse, joliment décorée, bien éclairée, et bien servie. Tous ces éléments de succès font partie de la vie féminine, mais ils constituent un vrai travail. Cette mode fantasque, qui nous régit toujours, veut aujourd'hui que les tables soient nues, en beau bois et ornées seulement de napperons de dentelle posés dessus et de petits dessous d'assiettes.
Le raffinement est grand là aussi, et il n'y a pas que dans la toilette qu'on veut des ensembles assortis. Sur la table, il est des couverts roses, mauves, verts ou or, dont le linge, la verrerie, la
CHAPEAUX DE MARTHE RIVIÈRE
26, Rue Caumartin.
CHAPEAU DE CAMILLE ROGER
6, Rue de la Paix.
LES MODES
ROBE DU SOIR PAR
MARTIAL ET ARMAND
10, Place Vendôme.
LES MODES
ENSEMBLE
ROBE DE DINER
CRÉATIONS DE Mme RICCI
MAISON RAFFIN & RICCI
2, Rue Edouard-VII
LES TEXTILES MODERNES
ROBE D'APRÈS-MIDI
EN CRÊPE DE CHINE MAT, NUANCE BOIS DE ROSE, TISSÉ AVEC LES FILÉS DE CALAIS
CRÉATION DE MARTIAL ET ARMAND
10, Place Vendôme.
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LES MODES
vaisselle, et même les petits fours» sont de même couleur, le tout animé par des éclairages de même teinte.
Les ateliers d'art moderne ont créé une foule de choses nouvelles dans cet ordre d'idées, telles que les nappes d'alpaga ou de soie artificielle de couleur, glaces mi-dépolies ou peintes, vaisselle à décors noirs, ou platine, et verreries de Lalique ou de ses
rivaux. C'est à la soie artificielle et à ses dérivés que l'on doit cette lingerie brillante et satinée, damassée sur le fil et qui constitue des services de table d'un très grand luxe et de riches tonalités. La soie artificielle souple est également devenue la rivale dangereuse de nos batistes d'antan et elle remplace non seulement le linge de corps, mais le linge du lit, qui se garnit de crêpe de chine souple et lavable, orné de broderies ou de fils tirés et qui forme un ensemble avec la chemise de nuit ou le pyjama. Là encore nous sommes en présence d'un très grand luxe, peut-être moins moral que les piles de draps de toile qui reposaient dans les vieilles armoires familiales, parmi les brins de lavande ou de romarin, mais ce luxe est infiniment tentateur et séduisant.
ROBE DU SOIR, PAR ROSENDHAL
ROBE DU SOIR, PAR BRANDT
LES MODES
ROBE DU SOIR
CRÉATION DE MARCELLE LANDOWSKA
61, Faubourg Poissonnière.
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LES MODES
LE NOIR ET LE BLANC
Après la vogue du marron et du jaune, qui fut l'an dernier le cri de ralliement de tous les couturiers et l'uniforme fastidieux de toutes les femmes qui se piquent d'élégance, nous assistons à une frénésie identique pour le blanc et noir et c'est avec le mélange de ces deux couleurs que tous les costumes dits sportifs sont combinés cette saison sur la Riviera, car le mois de mars est celui des régates et de la côte d'Azur. Mois de mars attendu avec impatience par tous les casinos de la Côte qui, depuis le mois de décembre, guettent le pigeon voyageur pour le plumer. Mais la Bourse s' étant chargée de ce soin au début de l'hiver, c'est en vain qu' on attendit sur le sable d'or et sur le turf, ou sur le tapis vert, le fastueux porteur de dollars qui ne vint
pas et qu'on regretta ! La saison fut des plus mornes. Où étaient les parties d'antan et les pontes à plaques de cent mille francs ? Où étaient les fastueuses Sisters, les artistes à solitaires et les industriels rutilants ?
Les Français firent plus facilement figures de riches, ils furent admis en pension dans les palaces et les commerçants furent avec eux prévenants et polis, ce qui les étonna fort. Les millions généreusement alloués aux courses furent gagnés par d'heureux propriétaires qui rencontrèrent peu de rivaux, car les engagements étaient peu nombreux au courses de Cannes, qui débutèrent sous un ciel gris, digne d'Auteuil.
On y vit défiler de fort jolis caoutchoucs et quelques bottes
inesthétiques venues d'Angleterre. Les toilettes n'y furent pas sensiblement différentes de celles de Paris, puisque cette année nous serons toutes vêtues de noir pointillé de blanc ou de gris. Les chandails et les sweaters sont eux-mêmes tricotés en laine noire avec un petit bord blanc, on relève ces couleurs tristes par une ceinture ou un collier corail ou capucine et des souliers et un sac en cuir de Russie rouge.
Les robes du soir sont, elles aussi, noires et le plus souvent, en tulle, elles son très longues et très volantées et s'accompagnent, comme au début de la saison, d'une petite jaquette assortie.
Après avoir été abandonné pour la couleur, on revient au blanc très simple et très pur, au jersey fin de laine blanche pour les robes entières avec manteau trois-quarts. Le breitschwantz blanc sera cet été le manteau élégant par excellence et nous en
verrons de nombreux spécimens à Deauville, avec cols de renard blanc. Les écharpes de fourrure seront encore formées de deux renards dont l'un sera blanc et l'autre noir ; les sacs seront très souvent mi-blancs, mi-noirs, en cuir verni ou en satin, pour accompagner les robes noires qui se porteront à Paris. Celles-ci sont égayées à la taille ou à l'épaule, par l'agrafe de diamant, qui est le bijou de l'année et qui se porte aussi sur le bord du chapeau. On voit au milieu du front dénudé et sur les tempes l'accroche-coeur de jadis, tel une petite queue de sardine brillante et bien huilée. Les petits chapeaux drapés sur la tête, en lainage assorti à la robe et au manteau, font fureur en ce début de saison, mais nous savons qu'on prépare de
CRÉATION DE ROSE ANDRÉE NORDET
CRÉATION DE HÉLÈNE JULIEN
CRÉATION DE LE MONNIER
M. GUSTAVE NELSON, DU THÉATRE MARICNY
LA MODE MASCULINE PAR GAETAN LO M E O
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LES MODES
délicieuses cloches, à grand bord, assez fermées sur les oreilles et d'une grâce très école anglaise ; elles apparaîtront avec les premières journées d'été, et nous reverrons de jolis visages féminins entourés de boucles légères un peu longues. Le cheveu triomphe dans tous les sens et on le reverra peut-être bientôt en chignon postiche ou naturel adoucissant la ligne de la nuque et lui rendant son mystère.
Le pailleté, lui aussi, nous revient avec la mode des robes longues, qui est de plus en plus adoptée partout ; on voit déjà des embryons de traîne et quelques couturiers ont préparé pour les
fêtes de la saison parisienne de véritables traînes qu0i rappellent les modes de 1880 et leur cortège de ridicules détails.
Une des dernières réminiscences de la mode qui tourne dans un cycle, hélas toujours le même, c'est la cape, petite ou grande, ronde ou carrée, qui orne tous les manteaux de printemps. On la fait aussi étroite que l'on veut garnissant le dos entre les deux épaules et rappelant le petit camail des seigneurs du moyen âge. En drap satin noir, avec col-cravate d'hermine, ce manteau très parisien fera fureur aux réunions d'Auteuil.
Le manteau, petit ou grand, a du reste le rôle prépondérant dans toutes les récentes collections. Il n'existe pas de jolie toilette si elle n'est accompagnée et complétée par son manteau. Au théâtre ou au restaurant, comme au bridge ou au casino, on n'est plus jamais les bras nus, et une petite jaquette de velours, de mousseline, de pailletage ou de dentelle, accompagne toutes les robes du soir ; on y met une grande fantaisie et cette note, à la fois élégante et cependant négligée, est en parfait accord avec le laisser-aller de
nos moeurs actuelles. Ces jaquettes sont, pour les femmes, l'équivalent du smoking croisé adopté par les hommes, qui peuvent, sans cravate blanche et sans gilet, sortir le soir avec une chemise molle.
Cette tenue est adoptée également en Angleterre, où la toilette du soir est une tradition qui garde toute sa force, mais où les nouveautés et quelquefois les excentricités intéressent toujours les Brummels modernes. Chez nous, au contraire, l'uniformité règne plus que jamais et la femme désire ressembler à une autre, qu'elle admire et qu' elle envie, plus qu'à elle-même.
Nous verrons donc la mode des jupes touchant terre adoptée sans un murmure et les sacs à monture de bois portés par toutes celles qui le pourront ; puis les chaussures blanches, qui étaient abandonnées, reviendront, ainsi que les gants de chevreau blanc, et les cravates-écharpes cousues en chevron s'orneront des mêmes nuances que les gants. Le satin blanc pour le soir, noir pour le jour, voilà Paris ! Et c'est dans cette gamme restreinte que nous voyons nos couturiers puiser des idées, des formes et des lignes inédites et enchanteresses. Il était fatal qu'à notre époque de standardisation, la robe noire devint la tenue officielle de la femme, non
seulement de Paris, mais de NewYork, de Londres et de Berlin. Ce qu'il faut admirer c'est que, sous une apparente simplicité qui convient à la vie active de la femme moderne, la Parisienne a su garder l' art du détail et de l'harmonie qui fait d'elle une poupée toute spéciale, enviée dans les deux hémisphères. Il semble qu'en Europe un seul pays essaye de soustraire les femmes aux nouveautés trop osées ou trop masculines, c'est l'Italie. Venus du Vatican, les désirs furent des ordres et les bras nus et les jupes courtes furent bannis des toilettes de jour.
COLETTE D'AVRILY.
MARYVONNE
Photo Isabey
HÉLÈNE CORBETT
MARGUERITE GISLER
LES MODES
UN PETIT BAR DANS LA NOUVELLE INSTALLATION DU STADE FRANÇAIS
EXÉCUTÉ PAR L'ENTREPRISE GÉNÉRALE DE DÉCORATION HARTMANN
S.M.A.D.I., II, Avenue de Villiers.
79, Boulevard Haussmann.
83, Boulevard Haussmann.
LE DEUIL
IL n'est, hélas, pas de saison pour cette triste tradition qui consiste à se vêtir de noir afin de porter extérieurement les signes du deuil, lorsque l'on a perdu un membre, même
éloigné, de sa famille.
La France et les pays latins sont restés très fidèles à ces coutumes, qui datent du début de notre civilisation et même de l'antiquité gréco- romaine, tandis que l'Europe Centrale, les pays nordiques et l'Angleterre renoncent peu à peu à se vêtir de noir et raccourcissent de plus en plus les périodes de grand deuil.
En Espagne, et dans le sud de l'Italie et de la France, on se couvre pendant des semaines le visage d'un long voile de crêpe, et le crêpe anglais, ainsi que le cachemire noir, sont les seuls tissus autorisés pour les robes. Il n'est question de crêpe de Chine et de crêpe Georgette qu'après trois ou
six mois, selon le degré de parenté.
A Paris, à Londres et à Berlin, la vie est si
intense qu'il semble qu'on n'ait pas le temps
de pleurer ses morts ou de les regretter, on s'habille de noir pendant trois mois et l'on
se contente parfois de mettre un brassard noir sur des vêtements de sport dont
l'inélégance est une excuse.
Il y a cependant de la distinction et de la bonne éducation à mettre son aspect extérieur en harmonie avec ses sentiments et à se vêtir correctement de noir dans ces tristes périodes de l'existence. Il faut, du reste, reconnaître qu'un deuil, même sévère, peut être pour une femme coquette un moyen de grande séduction, si elle se donne la peine de choisir parmi les tissus légers et jolis que mettent à sa disposition les grandes maisons spécialisées dans les vêtements de deuil. Nous publions à ce propos quelques spécimens de robe, chapeau, voile, et colliers
crées par la Maison Aine-Montaillé,
dont la réputation est mondiale. Il faut en effet un goût parfait et un tact rare pour
guider les clientes en d' aussi tristes moments
et pour les aider à les franchir en observant les convenances. Ce fût l'art de la Maison Aine-Montaillé
qui, depuis des générations, a su garder à la femme élégante toutes
ses prérogatives, sans abandonner aucune de ses vertus.
Il est donc admis que, plus ou moins long, le deuil doit être
sévère et correct au début, et que le Crêpe Anglais doit être le tissu
fondamental de la robe et du chapeau. Crêpe anglais léger et un
peu soyeux, ayant évolué et ressemblant de loin aux gros crêpes mats d'autrefois. Ce crêpe anglais, fin et léger, est une création spéciale de la Maison Courtauld, de Londres, qui lui a donné le nom de Crêpe Myosotis. Il est très transparent, son gaufrage est léger et sa souplesse très grande, de sorte qu'il se prête à toutes les formes et à tous les emplois, depuis la jupe en forme jusqu'au plissé à la machine.
Il se mélange fort bien à la laine, dont il est la garniture obligatoire il est fort joli en blanc, pour garnir les chapeaux ou les encolures. Le crêpe anglais blanc mélangé au noir est d'un aspect très grand deuil. Il
est fort usage en Angleterre, où on porte même le deuil tout en blanc pendant la saison d'été.
En quittant le voile de Crêpe Myosotis qui
entoure le chapeau, on prend le voile de crêpe
Georgette que l'on porte six mois et qui
accompagne les robes a volants et a traîne. Ces robes sont aussi légères et élégantes
que si elles ne figuraient pas comme toilettes de deuil, on verra par le modèle de la maison Aine-Montaillé, que la forme et la ligne sont aussi travaillées et avec autant de succès dans ces robes sévères que dans les robes habituelles.
Quant aux accessoires du deuil, il existe une quantité énorme de bijoux en jais, en galalithe, en acier et en perles de bois, dont on relève les robes simples étudiées tout spécialement pour la période sévère du deuil, pendant laquelle les sorties dans les endroits publics doivent être peu fréquentes. Il est, en effet, aussi choquant de ne pas porter le deuil que de promener des vêtements noirs et
un voile de crêpe dans des Concerts ou des Casinos. Le bon ton exige une sorte de
retraite pendant les six premières semaines,
et ensuite un choix éclectique de vêtements noirs, généralement en crêpe de Chine, mais
toujours ornes de Crêpe Myosotis, blanc ou noir.
COLETTE D'AVRILY.
Photo Isabey
ECHARPE EN CRÊPE GEORGETTE ET CRÊPE MYOSOTIS COURTAULD
SAC EN DAIM AVEC ANNEAU DE CRISTAL COLLIER DE PERLES MATES, NOIRES ET BLANCHES
MODÈLES DE LA Mon AINE-MONTAILLÉ
Photo O'Doyé
CHAPEAU EN CRÊPE MYOSOTIS COURTAULD
MODÈLE DE LA Mon AINE-MONTAILLÉ