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Notice complète:

Titre : Annuaire-bulletin de la Société des amis du vieux Reims

Auteur : Société des amis du vieux Reims. Auteur du texte

Éditeur : Matot-Braine (Reims)

Date d'édition : 1914

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34452943w

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34452943w/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 1917

Description : 1914

Description : 1914.

Description : Collection numérique : Fonds régional : Champagne-Ardenne

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k57262884

Source : Société des amis du Vieux Reims, 2008-267453

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/02/2011

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1914

ANNUAIRE-BULLETIN

DE LA

Société des Amis du Vieux Reims

Le bon à tirer pour cet Annuaire-Bulletin avait été donné dans les derniers jours de juillet 1914; mais deux feuilles seulement purent être imprimées après la promulgation du décret de mobilisation.

Depuis cette époque, la composition typographique resta à Reims, sauvegardée dans les caves de MM. Monce & C'e, jusqu'au jour où, grâce à leurs soins tout dévoués, et malgré de grandes difficultés, elle fut transportée à Paris pour nous permettre de terminer l'édition.

Le texte original étant intangible, nous avons, tout au moins, fait barrer à la main, sur chaque exemplaire du livre, les noms des quatre personnes qui, appartenant à une nation en guerre avec la France, se trouvent exclues et rayées du nombre des membres de la Société des Amis du Vieux Reims.

Nous envoyons le volume à chaque adhérent dont nous connaissons, avec certitude, l'adresse actuelle, et nous garderons — au siège ..temporaire de l'Association : Pavillon de Marsan, 107, rue de Rivoli, Paris — tous autres Annuaires-Bulletins à la disposition des adhérents qui n'ont pas encore eu occasion de répondre à notre dernière lettrecirculaire.

Pour le Conseil d'Administration,

Le Président :

HUGUES KRAFFT.



1914

'"''V. ANNUAIRE-BULLETIN

il H" ,fcj

1)1 . ; £*? / DE LA

SiëïËTE DES AMIS DU VIEUX REIMS

Fondée le 3 Février 1909

Reconnue d'utilité publique par Décret du 29 Décembre 1913

5. RUE SALIN, REIMS

REIMS

IMPRIMERIE ET LITHOGRAPHIE LUCIEN MONCE MONCE & C>E SUCCESSEURS

71, rue Chanzy, 71





1914

ANNUAIRE-BULLETIN

DE LA

SÔeFETE DES AMIS DU VIEUX REIMS

Fondée le 3 Février 1909

Reconnue d'utilité publique par Décret du 29 Décembre 1913

S, RUE SALIN. REIMS

REIMS

IMPRIMERIE ET LITHOGRAPHIE LUCIEN MONCE

MONCE & C* SUCCESSEURS

71, rue Chanzy, 71


La Société des Amis du Vieux Reims ayant été reconnue d'utilité publique par Décret du 29 décembre 1913 peut dorénavant recevoir des legs.

Les personnes qui auront la généreuse pensée de prendre des dispositions testamentaires en sa faveur, trouveront ciaprès un modèle de rédaction destiné à leur permettre de formuler leurs désirs et volontés.

MODÈLE DE DISPOSITIONS TESTAMENTAIRES :

Je lègue à titre particulier à la Société des Amis du Vieux Reims dont le siège est à Reims, rue Salin, n° 5 ;

La pleine propriété de : (désignation précise des objets, de la somme, des valeurs, etc.. formant l'objet du legs.)

(CONDITIONS du legs, s'il y a lieu.)

Ce legs sera délivré à la Société des Amis du Vieux Reims dans les mois de mon décès, net de tous droits, frais et

honoraires quelconques qui seront supportés par ma succession comme passif ordinaire.

Fait à le

Signature

NOTA. — Le modèle de dispositions testamentaires ci-dessus devra être recopié de la main du testateur sur feuille de timbre.


SOCIÉTÉ

DES

AMIS DU VIEUX REIMS

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I I ! .■ *»/

/ - Urbium sacra sanectus.

'•"'•r,!\,\\>"V'

L'association est bien la forme qui convient le mieux aux entreprises modernes de tout genre, car elle stimule l'effort en commun, provoque l'attention et l'intérêt des plus indifférents.

La ville de Reims, qui a été si justement qualifiée : " Une vieille Cité de France ", en tête d'un récent ouvrage illustré, relatif à ses monuments et à ses curiosités, doit donner, l'une des premières, l'exemple de cette puissance de l'association afin de maintenir son rang dans l'histoire et afin de préserver jusqu'aux moindres débris de son passé artistique. D'ailleurs, si l'appel est parti de haut ou de loin : de Paris, de Versailles, de Rouen, de Chinon, de Bordeaux, d'Autun, de Vienne, d'Avignon, etc., déjà il est entendu et compris de nos concitoyens qui ont apprécié l'utilité et le. charme d'une Société des Amis du Vieux Reims.

Quoi de plus respectable, de plus sacré, en effet, que cette vieillesse des villes.

Pline le Jeune voulait qu'on la révérât à l'égal de celle des hommes, quand il dit : Reverere gloriam veterem et hanc ipsam senectutem, quae in homine venerabilis, in urbibus sacra est.


Mais ce ne sont pas seulement les édifices les plus grands et les plus célèbres qui doivent inspirer ce sentiment aux générations présentes. Si l'Arc de Triomphe, la Cathédrale, l'Église Saint-Remi représentent les géants, les merveilles glorieuses des siècles écoulés, il y a, à leurs côtés, et pour ne citer que les principaux parmi les monuments survivants, encore toute la série harmonieuse des édifices de tous styles qui ont été élevés à travers les âges : l'antique Palais Archiépiscopal, l'ancienne Abbaye de Saint-Remi, la Maison des Musiciens, la Maison du Marché, l'Hôtel de la rue du Marc, celui de la rue de la Clef, l'Hôtel des Seigneurs de Muire et l'Hôtel des Feret de Montlaurent, l'Hôtel de Ville, si élégante construction du maitre-maçon rémois Jean Bonhomme, l'Abbaye de Saint-Denis, oeuvre d'un autre Bonhomme, enfin la Place Royale et l'Hôtel de la Douane de l'ingénieur Le Gendre.

L'Église Saint-Nicaise a disparu : ses vestiges sont doublement sacrés.

A ces quinze édifices de premier ordre, nous en joindrions six fois autant de secondaires : maisons intéressantes par leur façade, par leur cour, ou par leur portail ; par un panneau, un bas-relief, une statue ou par quelque autre fragment précieux ; et nous établirions ainsi une liste d'au moins cent témoins du Vieux Reims encore debout.

Quel programme de travaux et d'études en vue de la connaissance et de la sauvegarde de tant de richesses ! — programme qui comprendra, pour chaque sujet, un dossier de recherches et aussi de reproductions par la plume, par le pinceau, par le crayon de nos architectes et de nos dessinateurs, sans oublier les estampages du modeleur et les épreuves du photographe.

Au cas où l'heure du péril viendrait à sonner pour la moindre de ces parcelles, reconnues d'une incontestable valeur, il faudrait s'ingénier à la sauver, à la conserver


— 5 —

intacte autant que possible, c'est-à-dire sans mutilation comme aussi sans embellissement.

Pour une oeuvre si haute et si désintéressée, souhaitons de trouver des ressources pécuniaires, de l'énergie, de la persévérance et beaucoup d'influence morale — autant sur les pouvoirs publics que sur l'opinion générale, maîtresse en dernier ressort de toutes les reliques vénérables de notre vieille et chère cité.

" LA VIEILLESSE DES VILLES EST CHOSE SACRÉE "

} février 190p.


EMBLEME DE LA SOCIETE

Comme emblème, la Société a choisi une image représentant la figure centrale de la Maison des Musiciens, accompagnée de la devise : Urbium sacra senectus, et surmontée du sceau gothique des échevins de Reims, avec le rains ou rameau symbolique de la ville, et la légende : Sec(retum) Scabinor(um) Remen(sium).

En exergue est le titre de la Société avec la date de sa fondation : Société des Amis du Vieux Reims, iyû<).


STATUTS 1

TITRE I But et Composition de la Société

ARTICLE PREMIER

L'Association dite : Société des Amis du Vieux Reims, fondée en mil neuf cent neuf, a pour but :

D'aider à la protection et à la conservation du patrimoine historique — surtout des constructions anciennes présentant un intérêt architectural ou archéologique — de la Ville de Reims.

2° De créer un fonds de reproductions documentaires relatives à ces édifices ainsi qu'à toutes les richesses artistiques de la Ville.

Sa durée est illimitée.

Elle a son siège social à Reims.

ART. 2

L'Association publie un Bulletin.

Elle pourra organiser des conférences, des expositions temporaires ou permanentes, et, d'une façon générale, employer tous autres moyens d'action jugés de nature à atteindre le but défini par l'article précédent.

ART. 3

La Société se compose de Membres titulaires et de Membres fondateurs.

1 Statuts votés par Assemblée générale extraordinaire du mars 1912 et adoptés, après modifications, par le Conseil d'État le 4 décembre 1913.


Pour être Membre titulaire, il faut : être présenté par deux Membres de l'Association et agréé par le Conseil d'administration ; 2° payer une cotisation annuelle dont le minimum est de 20 francs.

Pour être Membre fondateur, il faut : être présenté par deux Membres de l'Association et agréé par le Conseil d'administration ; 2° racheter sa cotisation en versant une somme fixe de 500 francs, égale à 25 fois le montant de la cotisation annuelle.

L'Association peut donner les titres de donateur, de bienfaiteur et de correspondant.

Pour être donateur, il faut avoir offert ou légué à la Société un don, représenté par un objet destiné à faire partie des collections diverses qui constituent la Bibliothèque, le Cartulaire ou le Musée de la Société.

Pour être bienfaiteur, il faut avoir fait à la Société un don d'au moins 1.000 francs ou un legs équivalent.

Pour être correspondant, il faut : être présenté par deux Membres de l'Association ; 2° être agréé par le Conseil d'administration.

Ce dernier titre sera conféré par le Conseil d'administration aux personnes n'habitant pas Reims, et qui auront rendu ou pourront rendre des services à l'oeuvre que se propose la Société.

Les Dames peuvent faire partie de l'Association.

ART. 4

La qualité de Membre de l'Association se perd :

Par la démission;

20 Par la radiation prononcée, pour motifs graves, par le Conseil d'administration, le Membre intéressé ayant été préalablement appelé à fournir ses explications, sauf recours à l'Assemblée générale.

TITRE II

Administration et Fonctionnement

ART. 5

L'Association est administrée par un Conseil composé de vingt-quatre Membres au plus, élus pour quatre ans par l'Assemblée générale.:


En cas de vacance, le Conseil pourvoit au remplacement de ses Membres, sauf ratification par la prochaine Assemblée générale.

Le renouvellement du Conseil a lieu intégralement.

Les Membres sortants sont rééligibles.

Ce Conseil choisit parmi ses Membres un Bureau composé des Président, Vice-Présidents, Secrétaire général, Secrétaire, Trésorier, et Archiviste-Conservateur.

Le Bureau est élu pour la durée des fonctions du Conseil.

L'Assemblée générale peut désigner en outre un Président d'Honneur et deux Vice-Présidents d'Honneur.

ART. 6

Le Conseil se réunit au moins deux fois par an, et chaque fois qu'il est convoqué par son Président ou sur la demande du quart de ses Membres.

La présence du tiers des Membres du Conseil d'administration est nécessaire pour la validité des délibérations.

Il est tenu procès-verbal des séances.

Les procès-verbaux sont signés par le Président et le Secrétaire général.

ART. 7

Les Membres de l'Association ne peuvent recevoir de rétribution en. raison des fonctions qui leur sont confiées.

ART. 8

L'Assemblée générale des Membres titulaires et des Membres fondateurs de l'Association se réunit au moins une fois par an, et chaque fois qu'elle est convoquée par le Conseil d'administration ou sur la demande du quart au moins de ses Membres.

Son ordre du jour est réglé par le Conseil d'administration.

Son Bureau est celui du Conseil.

Elle entend les rapports sur la gestion du Conseil d'administration, sur la situation financière et morale de l'Association.

Elle approuve les comptes de l'exercice clos, vote le budget de l'exercice suivant, délibère sur les questions mises à l'ordre du jour et pourvoit au renouvellement des Membres du Conseil d'administration.


— 10 —

Le vote, dans les Assemblées générales, pourra avoir lieu par procuration, pourvu que le mandataire soit déjà sociétaire et qu'il ne puisse réunir plus de cinq voix, y compris la sienne.

Le rapport annuel et les comptes sont adressés chaque année à tous les Membres de l'Association.

ART. 9

Les dépenses sont ordonnancées par le Président. L'Association est représentée en justice et dans tous les actes de la vie civile par le Trésorier.

Le représentant de la Société doit jouir du plein exercice de ses droits civils.

ART. IO

Les délibérations du Conseil d'administration relatives aux acquisitions, échanges et aliénations des immeubles nécessaires au but poursuivi par l'Association, constitutions d'hypothèques sur les dits immeubles, baux excédant neuf années, aliénations de biens dépendant du fonds de réserve et emprunts ne sont valables qu'après l'approbation de l'Asemblée générale.

ART. II

Les délibérations du Conseil d'administration relatives à l'acceptation des dons et legs ne sont valables qu'après l'approbation administrative donnée dans les conditions prévues par l'article 910 du Code civil et les articles 5 et 7 de la Loi du 4 février 1901.

Les délibérations de l'Assemblée générale relatives aux aliénations de biens dépendant du fonds de réserve ne sont valables qu'après l'approbation du Gouvernement.

TITRE III

Fonds de réserve et Ressources annuelles

ART. 12 Le fonds de réserve comprend :

Le dixième au moins du revenu net des biens de l'Association. 20 Les sommes versées pour le rachat des cotisations.


— II —

3° Le capital provenant des libéralités, à moins que l'emploi immédiat n'en ait été autorisé.

ART. 13

Le fonds de réserve est placé en titres nominatifs, soit en fonds de l'Etat français ou en valeurs dont l'intérêt est garanti par l'Etat français, soit en emprunts communaux.

Il peut être également employé à l'acquisition des immeubles nécessaires au but poursuivi par l'Association.

ART. 14

Les recettes annuelles de l'Association se composent :

Des cotisations et souscriptions de ses Membres.

20 Des subventions qui pourront lui être accordées.

30 Du produit des libéralités dont l'emploi immédiat a été autorisé ; des ressources créées à titre exceptionnel et, s'il y a lieu, avec l'agrément de l'autorité compétente (quêtes, conférences, tombolas, loteries, concerts, bals et spectacles autorisés au profit de l'Association).

4° Du revenu de ses biens.

50 Du produit de la vente des éditions faites par la Société.

TITRE IV Modification des Statuts et Dissolution

ART. 15

Les Statuts ne peuvent être modifiés que sur la proposition du Conseil d'administration ou du dixième des Membres titulaires et fondateurs, soumise au Bureau un mois avant la séance.

L'Assemblée extraordinaire, spécialement convoquée à cet effet, ne peut modifier les Statuts qu'à la majorité des deux tiers des Membres présents*. .

L'Assemblée doit se composer du quart, au moins, des Membres en exercice.


-- 12

Si cette proportion n'est pas atteinte, l'Assemblée est convoquée de nouveau, mais à quinze jours d'intervalle, et, cette fois, elle peut valablement délibérer, quel que soit le nombre des Membres présents.

ART. 16

L'Assemblée générale, appelée à se prononcer sur la dissolution de l'Association et convoquée spécialement à cet effet, doit comprendre, au moins, la moitié plus un des Membres en exercice. Si cette proportion n'est pas atteinte, l'Assemblée est convoquée de nouveau, mais à quinze jours au moins d'intervalle, et, cette fois, elle peut valablement délibérer, quel que soit le nombre des Membres présents. Dans tous les cas, la dissolution ne peut être votée qu'à la majorité des deux tiers des Membres présents.

ART. 17

En cas de dissolution volontaire, statutaire, prononcée en justice ou par décret, ou en cas du retrait de la reconnaissance de l'Association comme établissement d'utilité publique, l'Assemblée générale désigne un ou plusieurs commissaires chargés de la liquidation des biens de l'Association. Elle attribue l'actif net à un ou plusieurs établissements analogues de la Ville de Reims, publics ou reconnus d'utilité publique.

Ces délibérations sont adressées sans délai au Ministre de l'Intérieur et au Ministre de l'Instruction publique.

ART. 18

Les délibérations de l'Assemblée générale prévues aux articles 15, 16 et 17 ne sont valables qu'après l'approbation du Gouvernement.

TITRE V Surveillance et Règlement intérieur

ART. 19

Le Trésorier devra faire connaître dans les trois mois à la Préfecture ou à la Sous-Préfecture tous les changements survenus dans l'Administration ou la Direction.


— 13 —■

Les registres et pièces de comptabilité de l'Association seront présentés sans déplacement, sur toute réquisition du Préfet, à lui-même ou à son délégué.

Le rapport annuel et les comptes sont adressés chaque année au Préfet du département, au Ministre de l'Intérieur et au Ministre de l'Instruction publique.

ART. 20

Le Ministre de l'Instruction publique aura le droit de faire visiter par ses délégués les établissements fondés par l'Association et de se faire rendre compte de leur fonctionnement.

ART. 21

Un règlement préparé par le Conseil d'administration et approuvé par l'Assemblée générale arrête les conditions de détail propres à assurer l'exécution des présents Statuts.


H

PRÉSIDENT D'HONNEUR

M. le Docteur LANGLET, Maire de la Ville de Reims.

VICE-PRÉSIDENTS D'HONNEUR

M. V. DIANCOURT, Ancien Maire de Reims, Ancien Sénateur de la Marne (décédé).

M. le Docteur H. HENROT, Ancien Maire de Reims.

BUREAU & CONSEIL D'ADMINISTRATION

DE LA

SOCIÉTÉ

Président :

M. HUGUES KRAFFT

Membre du Conseil d'Administration de l'Union Centrale

des Arts Décoratifs.

Vice-Présidents :

M. Louis ROBILLARD. M. le Vicomte ANDRÉ DE BRIMONT.


i5

Secrétaire général :

M. HENRI JADART Conservateur de la Bibliothèque et du Musée des Beaux-Arts

Secrétaire : M. le Docteur POL GOSSET.

Trésorier : M. ANDRÉ MANDRON.

Archiviste, Conservateur des Collections : M. ERNEST KALAS, Architecte.

Membres du Conseil :

MM. E. BRUNETTE, Architecte de la Ville.

Louis DEMAISON, Archiviste honoraire de la Ville.

ALPHONSE GOSSET, Architecte.

EUGÈNE GOSSET.

le Docteur O. GUELLIOT.

FERDINAND T. KUNKELMANN.

ED. LAMY, Ancien Architecte.

Louis MENNESSON-CHAMPAGNE.

le Comte BERTRAND DE MUN.

PAUL SIMON.

ALFRED WALBAUM (décédé).


16 --

MEMBRES FONDATEURS

Ayant racheté leur cotisation par un versement de 500 fr.

AURIOL, Mme Maurice, née de Cabrol. 2, Rue de Mademoiselle, Versailles (S. et O.).

BRIMONT, Vicomte André de. 34, Boulevard Lundy, Reims. BRISSET, Ernest. 36, Rue du Pont-Neuf, Reims.

CABROL, Baron Philippe de. Vilvert, Jouy-en-Josas (S. et O.). CHANDON DE BRIAILLES, Comte Gaston. Epernay (Marne). CHARBONNEAUX, Georges. 44, Boulevard Lundy, Reims.

DOUCE, Paul (décédé).

GOSSET, Eugène. 6, Place Godinot, Reims. GOUVION-SAINT-CYR, Marquise de. Château de Coulonges, par Damville (Eure).

KRAFFT, Edouard-H. 42, Rue de Lubeck, Paris.

KRAFFT, Gustave. 11, Avenyen, Gôteborg (Suède).

KRAFFT, Hugues. 42, Rue de Lubeck, Paris.

KRAFFT, Philippe. 22, Boulevard Saint-Michel, Paris.

KRUG, Paul (décédé).

KUNKELMANN, Ferdinand-T. 1, Rue Piper, Reims.

KUNKELMANN, Henry. 60, Boulevard de Courcelles, Paris.

LABARRAQUE-WALBAUM, Mme. 28, Rue Cérès, Reims. LELARGE, Frédéric (décédé). LELARGE, Pierre. lé, Boulevard Lundy, Reims. LULING, le Docteur Auguste. 9, Quai Malaquais, Paris.

MANDRON, André. 31, Rue Henri IV, Reims. Mumw, Iloi'iwann doi ij) Boultward Lundyi Roimo. Mumii M™ Pi H. du. 39, Rue du Champ du Mare, Ruinw.


SOCIÉTÉ DES AMIS DU VIEUX REIMS

ANCIEN HOTÈÎ: (fbQUEBERT, 5, RUE SALIN

Siège social des Amis du Vieux Reims

Salle du Conseil : Tableau des Membres Fondateurs de \A Société



i7

MUN, Comte Bertrand de. 12, Rue du Temple, Reims.

NOUVION-JACQUET. 29, Rue Saint-Symphorien, Reims.

OLRY-ROEDERER, Léon. 13, Boulevard Lundy, Reims.

PLÉ, Mme Pauline. Villa Ormond, Clarens (Suisse). POLIGNAC, Marquise de. Château des Crayères, Reims. POLLIART, Léon. 15, Rue de la Renfermerie, Reims. PRÉVOST, André. 8, Rue du Marc, Reims.

ROME, Jules. 45, Rue de Talleyrand, Reims.

ROTHSCHILD, Baronne James de. 42, Avenue Friedland, Paris.

SENART, Emile (de l'Institut). 18, Rue François Ier, Paris.

WALBAUM, Henri-Louis (décédé).


i8

MEMBRES TITULAIRES

Payant une cotisation annuelle de 20 fr.

ABELÉ, Charles. 3, Rue de l'Ecole-de-Médecine, Reims. ALARD, Jules. Cernay-les-Reims (Marne). ANDECY, Mme d', née WALBAUM. 36, Rue Matignon, Paris. ART A L'ÉCOLE (Section de Reims de la Société Française de 1').

M. le Docteur Bourgeois, Président, 2, Rue des Consuls,

Reims. Aucoc, André (décédé). AUGER, Eugène. Trigny (Marne). AURIOL, Mlle Geneviève. 2, Rue de Mademoiselle, Versailles

(S.-et-O.). AURIOL, Jacques. 2, Rue de Mademoiselle, Versailles (S. et O.). AURIOL, Maurice. 2, Rue de Mademoiselle, Versailles (S. et O.).

BAILLARD, F. 39, Rue de Vesle, Reims.

BARY, Raoul de. 3. Boulevard Lundy, Reims.

BARY, Mme Raoul de. 3, Boulevard Lundy, Reims.

BATAILLE, Marcel. 50, Rue de Talleyrand, Reims.

BAYE, Baron de. 58, Avenue de la Grande-Armée, Paris.

BEAUSSERON, Georges. 14, Rue Saint-André, Reims.

BÈGUE, A. 7, Rue de l'Echauderie, Reims.

BELLEAU, Désiré. 13, Rue Noël, Reims.

BENGESCO (Mlle Marie). 7, Rue des Saints-Pères, Paris.

BENOIST, Albert. 45, Boulevard de la République, Reims.

BENOIST, Edouard. 30, Rue Courmeaux, Reims.

BERGE, Général Baron. 5, Rue de la Salle, Reims.

BERQUE, Charles. 10, Rue Perseval, Reims.

BERTON, Paul. 11, Rue Linguet, Reims.

BETHMANN, Baron H. de. 8, Rue Auber, Paris.

BIENAIMÉ, J. La Haubette, Reims.

BIGOT, F. 21, Boulevard de la République, Reims.

BILLECART, Pol, 27, Boulevard de la République, Reims.


— 19 —

BILLECART, Mme Pol. 27, Boulevard de la République, Reims. BLONDEAU, Fernand. 26, Rue des Templiers, Reims. BLONDIN-NEIGRE, Georges (décédé). BLONDIN-NEIGRE, Mme Vve. 95, Rue Jouffroy, Paris. BONAPARTE, S. A. le Prince. 10, Avenue d'Iéna, Paris. BOUCHETTE, Paul. 4, Rue de l'Avant-Garde, Reims. BOURGEOIS, E. 2, Rue de Charleville, Reims. BOUSSINESQ, Georges. 11, Rue de la Renfermerie, Reims. BRIMONT, Vicomtesse Charles de (décédée). BRISSART, Arthur. 45, Rue des Telliers, Reims. BRISSET-FOSSIER, Mmc. 27, Place des Marchés, Reims. BRÛLÉ, Emile. 18, Rue de Vesle, Reims. BRUNETTE, E. 37, Rue Buirette, Reims. BUDIN, Charles. 12, Rue Piper, Reims. BUDIN, Mme Charles. 12, Rue Piper, Reims. BUDIN, Louis. 22, Rue Nicolas-Henriot, Reims. BURCHARD-BÉLAVARY. 30, Rue Werlé, Reims.

CABROL, Mlle Alice de. Vilvert, Jouy-en-Josas (S. et O.). CABROL, Frédéric de. 9, Rue Richelieu, Pau (Bses-Pyrénées). CABROL, Roger de. 9, Rue Richelieu, Pau (Bses-Pyrénées). CABROL, Mme Roger de. 9, Rue Richelieu, Pau (Bses-Pyrénées). CADOGAN, Mme John. 28, Compayne Gardens, Londres, N. W. CADOT-TORTRAT, Mme Vve. 37, Rue Boulard, Reims. CANART-STOCQ, P. 26, Boulevard Louis Rcederer, Reims. CARDOZO, Mme Henri A. 54, Rue de Prony, Paris. CHANTELOUP, Général L'ESPAGNOL DE. 3, Boulevard Gerbert,

Reims. CHAPPE, Paul. 37, Boulevard de la République, Reims. CHAPUIS, Edmond. 8, Boulevard de la Paix, Reims. CHAPUIS, Georges. 14, Rue Carnot, Reims. CHARBONNEAUX, Charles. 5, Boulevard Desaubeau, Reims. CHARBONNEAUX, Emile. 27, Rue Libergier, Reims. CHARBONNEAUX, Mme Emile. 27, Rue Libergier, Reims. CHARBONNEAUX, Jacques. 57, Rue du Barbâtre, Reims. CHARBONNEAUX, Pol. 33, Rue Saint-Symphorien, Reims. CHAVALLIAUD, Léon. 5, Rue Salin, Reims.


CHÉMERY, le Docteur L. G.. 14, Rue Thiers, Reims. CLÉMENT, Ferdinand. 36, Rue de Bétheny, Reims. CLICQUOT, Gustave. 7, Rue du Champ-de-Mars, Reims. CLOUET, Mme. 38, Rue Courmeaux, Reims. COCHET, Louis. Caves Pommery, Reims. COLANÉRI, Mme Xavier. 2, Rue de l'Université, Reims. COUVREUR-PÉRIN, R. Rilly-la-Montagne (Marne).

DAUPHINOT, Georges. 4, Rue de l'Université, Reims.

DAVID, Mme Paul. 89, Avenue Kléber, Paris. .

DEGERMANN, Eugène. 17, Rue du Cadran-St-Pierre, Reims.

DELAFRAYE, M1Ie Pauline (décédée).

DELAUTEL, Pierre. 7, Rue des Marmouzets, Reims.

DELMAS, Paul. 9, Avenue de Carthage, Tunis.

DEMAISON, Charles. 7, Rue Rogier, Reims.

DEMAISON, Louis. 21, Rue Perseval, Reims.

DEMAISON, Maurice. 47, Rue de l'Université, Paris.

DEMOGUE, Mlle Berthe. Chenay (Marne).

DEMORGNY, Emile. 14, Rue Werlé, Reims.

DERTELLE, Mme Vve Pol. 3, Rue Nicolas-Henriot, Reims.

DESTOUCHES, Lucien. 13, Rue Piper, Reims.

DIANCOURT, Victor, ancien Sénateur (décédé).

DOLLÉ, Alphonse. 16, Rue Hincmar, Reims.

DOUCE, André. 6, Rue de la Prison, Reims.

DRUART, René. 37, Chaussée du Port, Reims.

DUBOIS, Théodore (de l'Institut). 201, Boulevard Pereire, Paris.

DUFAY-LAMY. 9, Rue Saint-Symphorien, Reims.

DUPONT, Ed. 45, Rue Jeanne d'Arc, Reims.

DURVIN-BERTHOLLE, Mme. 3, Rue du Marc, Reims.

FAUPIN, Paul. 6, Rue Jacquart, Reims. FENAILLE, Maurice. 14, Rue de l'Elysée, Paris. FEUILLET, Jules. 4, Rue de Saint-Thierry, Reims. FONTAINE, le Docteur. 15, Rue Saint-Symphorien, Reims. FORTIN, E. 2, Rue Chanzy, Reims. FOURET, René. 22, Boulevard Saint-Michel, Paris. FOURET, Moee René. 22, Boulevard Saint-Michel, Paris. FRÉVILLE, Ernest. 33, Rue Courmeaux, Reims.


GAI.IS-LOSSEAU, Georges. 16, Rue Colbert, Reims.

GANDON, le Docteur. 31, Rue du Faubourg-Cérès, Reims.

GAUBE, le Docteur. 19, Rue Pluche, Reims.

GAY, T. 17, Rue Chanzy, Reims.

GENÊT, Paul. 13, Place Royale, Reims.

GEOFFROY, Henri. 1, Rue du Marc, Reims.

GEOFFROY, Victor. 3, Rue Werlé, Reims.

GEORGET, V. 12, Rue de Bétheny, Reims.

GÉRARD, Alfred. 15, Rue Chanzy, Reims.

GÉRARDIN-DUTEMPLE. 19, Rue Werlé, Reims.

GILBIN, Arthur. 15, Rue de Talleyrand, Reims.

GIVELET, André. 60, Rue Libergier, Reims.

GIVELET, Mme Henri. 72, Rue de Talleyrand, Reims.

GODBILLON-SARTOR, Mrae. 30, Rue Jeanne d'Arc, Reims.

GODON-VASNIER, Albert. 2, Avenue Camoëns, Paris.

GOERG, Franz (décédé).

GOSSET, Alphonse. 24, Rue Thiers, Reims.

GOSSET, le Docteur Pol. 2, Rue Legendre, Reims.

GOSSET-WARNIER, Mme (décédée).

GOULDEN, Mme Auguste. 5, Rue Piper, Reims.

GOULET, Mme Georges. 21, Rue Buirette, Reims.

GOZIER, Charles. 22, Rue Jeanne d'Arc, Reims.

GUÉDET, Louis. 37, Rue de Talleyrand, Reims.

GUELLIOT, le Docteur Octave. 9, Rue du Marc, Reims.

GUILLAUME,leDocteurE. 63, Boulevard de la République, Reims.

GUYOTIN, Louis. 17, Rue d'Athènes, Paris.

HABLOT, H. 13, Boulevard de la Paix, Reims. HALLAYS, André. 19, Rue de Lille, Paris. HÉCART, Mlle Marie. 18, Rue Warnier, Reims. HEIDELBERGER, Mme. 41, Rue Libergier, Reims. HEIDSIECK, Charles. 46, Rue de la Justice, Reims. HEIDSIECK, Henri. 46, Rue de la Justice, Reims. HELLING junior, Sten. Gôteborg (Suède). HENRIOT, Alexandre. 40, Rue de l'Université, Reims. HENRIOT, Jules. 8, Rue Werlé, Reims,


HENRIOT, Mrae Jules. 8, Rue Werlé, Reims. HENRIOT-BOURGONGNE, Marcel. 40, Rue de l'Université, Reims. HENRIOT, Paul. 2, Chaussée de la Muette, Paris. HENRIOT, Mme Paul. 2, Chaussée de la Muette, Paris. HENRIOT, Paul-J. 16, Rue de Bétheny, Reims. HENROT, le Docteur Henri. 73, Rue Gambetta, Reims. HERBE, Edmond. 14, Rue Vauthier-le-Noir, Reims. HOULON, Georges. 33, Avenue de Tinqueux, Reims. HOURBLIN, Alfred (décédé).

HOURLIER, Mme Vve Jules. 19, Rue Eugène-Desteuque, Reims. HUMMEL, Mlle L. Vilvert, Jouy-en-Josas (S. et O.). HUTIN, Maurice. 6, Rue Eugène-Desteuque, Reims.

JACQUINET, le Docteur. 35, Rue Thiers, Reims. JACTAT, Robert. 9, Rue Bonhomme, Reims. JADART, Henri. 15, Rue du Couchant, Reims. JADART, Mrae Henri. 15, Rue du Couchant, Reims. JALLADE, Charles. 28, Rue Nicolas-Henriot, Reims. JALLADE, Mme Charles. 28, Rue Nicolas-Henriot, Reims. JALOUX, Maurice. 165, Rue du Barbâtre, Reims. JAMOT, Paul. 11 bis, Avenue deSégur, Paris. JULLIEN, Ernest. 2, Impasse du Carrouge, Reims.

KALAS, Ernest. 5, Rue Salin, Reims. KALAS, Mme Ernest. 5, Rue Salin, Reims. KANENGIESER, F. 10, Rue des Trois-Raisinets, Reims. KIENER, Louis. 81, Boulevard Jamin, Reims. KOCH, Hermann. 48, Rue Jeanne d'Arc, Reims. KOCH, Mlle Emma. 48, Rue Jeanne d'Arc, Reims. KOECHLIN, Raymond. 32, Quai de Béthune, Paris. KRAFFT, Mme Ellen. 11, Avenyen, Goteborg (Suède). KRAFFT, Guillaume. 22, Boulevard Saint-Michel, Paris. KRAFFT, Mlle Jacqueline. 22, Boulevard Saint-Michel, Paris. KRAFFT, MUe Thécla. 11, Avenyen, Goteborg (Suède). KRUG, Joseph. 36, Boulevard Lundy, Reims. KRUG, Mme Paul. 40, Boulevard Lundy, Reims. KUNKELMANN, MOEe. 1, Rue Piper, Reims.


— 23 —

LAJOYE, Abel (décédé).

LAJOYE, Prosper. 13, Rue Ruinart-de-Brimont, Reims.

LAMBERT, André. 45, Rue Jeanne d'Arc, Reims.

LAMBERT, Ferdinand. 16, Rue Warnier, Reims.

LAMBERT, Victor (décédé).

LAMY, Ed. 29, Rue Libergier, Reims.

LANDOUZY, le Professeur. 15, Rue de l'Université, Paris.

LANGWEIL, Mme F. 26, Place Saint-Georges, Paris.

LANSON, Henri. 10, Boulevard Lundy, Reims.

LANSON, Mmc Henri. 10, Boulevard Lundy, Reims.

LAPLATTE, Georges. 13, Rue Savoye, Reims.

LARDENNOIS, le Docteur H. 17, Rue Kellermann, Reims.

LARQUELAY, Mlle Marie de. 24, Rue Gerbert, Reims.

LATHAM, Hubert (décédé).

LAURENT, Jules. 30, Rue de Bourgogne, Reims.

LEGROS-LAIGNIER, Mme (décédée).

L'HOSTE, Eugène. 19, Rue de Talleyrand, Reims.

LIMICHIN, P.-L. 36, Rue Jeanne d'Arc, Reims.

LINDSTROM, Mme Arnold. 6a Kungsgatan, Goteborg (Suède).

LOCHE, le Docteur. Rilly-la-Montagne (Marne).

LOCHE, Léon. Rilly-la-Montagne (Marne).

LORIN, Albert. 54, Boulevard Lundy, Reims.

LUCAS, Henri (décédé).

LUDWIG, Mlle C. 42, Rue de Lubeck, Paris.

LUZZANI, Mme L. (décédée).

MACIET, Jules (décédé).

MAILLET-VALSER (décédé).

MALLET, Mme George. Le Bois-du-Rocher, p. Bièvres (S. et O.).

MANDRON, Adolphe. 2, Rue Armengaud, St-Cloud (S. et O.)

MARGOTIN, Alexandre. 7, Boulevard de la Paix, Reims.

MARGUET, Pol (décédé).

MARGUET, Mme Pol. 33, Boulevard de la République, Reims

MARTEAU, Charles. 65, Rue Cérès, Reims.

MARTEAU, Victor. 49, Rue Jeanne d'Arc, Reims.

MARY, Charles. 51, Rue du Faubourg-Cérès, Reims.

MASSON, Lucien. 13, Rue Saint-Symphorien, Reims.


MATOT, Henri. 6, Rue du Cadran-Saint-Pierre, Reims.

MAZZUCHI, E. 29, Rue du Champ-de-Mars, Reims.

MENDEL, Henri. 10, Rue Eugène-Desteuque, Reims.

MENNESSON, Henry. 49bis, Rue Coquebert, Reims.

MENNESSON-CHAMPAGNE, Louis. 22, Rue de Talleyrand, Reims.

MENNESSON, Mlle Marie. 22, Rue de Talleyrand, Reims.

MICHAUD, F. (décédé).

MICHAUD, Léon. 19, Rue du Cadran-St-Pierre, Reims.

MIGNOT, E. 4, Rue Vernouillet, Reims.

MILTAT, Mmc Alphonse. 5, Rue d'Anjou, Reims.

MINELLE, le Docteur P. 53, Rue de l'Université, Reims.

MOCH, F. 13, Rue du Levant, Reims.

MONCE, Mme Lucien. 71, Rue Chanzy, Reims.

MORINERIE, André de la. 10 bis, Rue Saint-André, Reims.

MORINERIE, Arthur de la. 43, Rue Libergier, Reims.

MORINERIE, Mme Pierre de la. 1, Rue Werlé, Reims.

MUIZON, Henri de. 6, Rue du Marc, Reims.

MUIZON, Octave de (décédé).

MUMM, Robert de. 82, Oxford Terrace, Hyde Park, Londres W.

MUMM, Walthc? do. a^ Ruo du Champ du MarO) Roimn.

MUMM, Willy do. 7» Avenue Emilo Dcachanol, Pario.

MURE, Paul. 72, Boulevard Lundy, Reims.

MURE, Mme Paul. 72, Boulevard Lundy, Reims.

NAZELLE, Comte Ferdinand de. Château de Brienne, par

Neufchâtel (Aisne). NEUVILLE, Maurice. 231, Rue de Vesle, Reims. NEVEUX, Pol. 17, Avenue Elysée Reclus, Paris. NÉROT, Gustave (décédé). NOIROT, Maurice. 43, Boulevard de la République, Reims.

PARDIEU, Vicomte A. de. 2, Place Royale, Reims.

PARENT, Eugène. 7 bis, Rue Saint-Pierre-les-Dames, Reims.

PAROISSIEN, Mme Albert. 13, Rue des Templiers, Reims.

PAYART, Mlle. 40, Rue des Capucins, Reims.

PAYEN, Charles (décédé).

PÉCHENARD, L. 237, Rue du Faubourg-Cérès, Reims.

PÉROT, Georges (décédé).


— 25 —

PETITJEAN, Pierre. 3, Rue Cérès, Reims.

PFISTER, Alfred (décédé).

PICART-GOULET, Henri (décédé).

PILTON, Félix. 15, Rue Chanzy, Reims.

PLUMET, Jules. 7, Boulevard Lundy, Reims.

POLIGNAC, Marquis de. 18, Rue Andrieux,, Reims.

POMMERY, Mme Vve Louis. 7, Rue Vauthier-le-Noir, Reims.

PORTEVIN, H. 2, Rue de la Belle-Image, Reims.

POULLOT, Albert. 6, Place Barrée, Reims.

POULLOT, Jules. 30, Boulevard Gerbert, Reims.

QUENTIN, Pol (décédé).

QUENTIN, Mme Pol. 7, Rue Noël, Reims.

REIMBEAU, A. 30, Rue des Templiers, Reims.

RÉMOND, J. 13, Rue Cérès, Reims.

RENARD, Maurice. 8, Rue de Tournon, Paris.

RICHARDOT, Henri. 58, Avenue de Clichy, Paris.

ROBILLARD, Louis. 2, Rue Salin, Reims.

ROBILLARD, Mme Louis. 2, Rue Salin, Reims.

ROBINET, Georges. 31, Rue du Champ-de-Mars, Reims.

ROGELET, Edmond (décédé).

ROGELET, Mme Edmond. 41, Rue de Talleyrand, Reims.

ROHART, G. 154, Rue de Vesle, Reims.

ROUART, Alexis (décédé).

ROZEY, Paul. 21, Rue Warnier, Reims.

SAINSAULIEU, Max. 2, Place Royale, Reims.

SAINT-CHÉRON, Mme de. 91, Rue Jouffroy, Paris.

SAINT-MARCEAUX, René de. (de l'Institut). 100, Boulevard

Malesherbes, Paris. SARAZIN, Charles. 11, Rue Werlé, Reims. SAvy, Paul. 5, Rue de Courcelles, Reims. SCHLUMBERGER, Mme Georges. 155, Avenue Victor Hugo, Paris. SIMON, André. 2, Place Godinot, Reims. SIMON, Albert (décédé). SIMON, le Docteur Charles. 24, Rue du Clou-dans-le-Fer,

Reims.


— 2é —

SIMON, Jacques, i, Place Belle-Tour, Reims.

SIMON, Léon (décédé).

SIMON, Paul, i, Place Belle-Tour, Reims.

SIMON, Mme Paul (décédée).

SIMON-CONCÉ. io, Rue du Cloitre, Reims.

SOULLIÉ, Mme Alexandre. 2-, Rue du Petit-Four,-Reims.

SOULLIÉ, Ferdinand (décédé).

TAILLIET, Marcel. Passage de la Justice, Reims. TASSIGNY, Henri de. 23, Rue des Templiers, Reims. THIÉNOT, Paul. 1, Rue de la Clef, Reims. THURNEYSSEN, Mme Auguste. 29, Rue de Monceau, Paris. TOURNEUR, Louis (décédé). TRICOT, Armand. 16, Rue Thiers, Reims.

UZÈS, Duchesse d', née de ROCHECHOUART-MORTEMART . 78, Rue de Courcelles, Paris.

VERNES, Philippe. 29, Rue Taitbout, Paris. VEVER, Henri. 14, Rue de la Paix, Paris.

WALBAUM, Alfred (décédé).

WALBAUM, Mme Alfred. 38, Rue des Moissons, Reims.

WALBAUM, Mlle Aline. 21, Rue Pluche, Reims.

WALBAUM, Edouard. 20, Boulevard Lundy, Reims.

WALBAUM, Mme Edouard. 20, Boulevard Lundy, Reims.

WALBAUM, Eugène. 7, Rue de Sedan, Reims.

WALBAUM, Henri. 7, Rue de Talleyrand, Reims.

WALBAUM, Mmt Henri-Louis. 28, Rue des Templiers, Reims.

WALBAUM, Pierre. 32, Rue des Templiers, Reims.

WALFARD, Mme Vvc. 42, Boulevard Jamin, Reims.

WARNIER, Adolphe. 8, Rue des Templiers, Reims.

WARNIER, André. 3, Rue de Cernay, Reims.

WARNIER, Henri. 3, Rue de Cernay, Reims.

WARY, Joseph.*33,'JRue_Buirette, Reims.


WATERHOUSE HOLDEN. Boulevard Pommery, Etablissement des

Nouveaux-Anglais, Reims. WENZ, Alfred. 10, Rue Piper, Reims. WENZ, Emile. 50, Boulevard Lundy, Reims. WENZ, Mrae. 9, Boulevard de la Paix, Reims. VVIMPFFEN, le Colonel. Saint-Germain-en-Laye (S. et O.).

Les listes d'adhésions ont été arrêtées à la date du 15 juin 1914-


28

CORRESPONDANTS

BAUDOT A. de. Inspecteur général des Monuments Historiques, ioo, Rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris.

BIDOU, Henry. Homme de Lettres, 26, Rue de Babylone, Paris.

BOESWILLWALD, Paul. Inspecteur général des Monuments Historiques, 6, Boulevard Saint-Michel, Paris.

GAIN, Georges. Directeur du Musée Carnavalet et des Collections Historiques de la Ville de Paris, Rue de Sévigné, Paris: CHAPRON, André. Préfet de la Marne, Châlons-sur-Marne.

ENLART, Camille. Directeur du Musée de Sculpture comparée, Palais du Trocadéro, Paris.

GENUYS, Charles. Inspecteur général des Monuments Historiques, 15, Rue de l'Université, Paris.

GONSE, Louis. Membre du Conseil Supérieur des Beaux-Arts, du Conseil des Musées Nationaux et de la Commission des Monuments Historiques, 205, Boulevard Saint-Germain, Paris.

GOÛT, Paul. Architecte des Monuments Historiques, St-Remyles-Chevreuse (S. et O.).

GRANJEAN, Charles. Inspecteur général des Monuments Historiques, 119, Boulevard Saint-Germain, Paris.

HÉRON DE VILLEFOSSE (de l'Institut). 16, Rue Washington, Paris.

LEFÊVRE-PONTALIS, Eugène. Directeur de la Société française

d'Archéologie, 13, Rue de Phalsbourg, Paris. LISCH,J. Inspecteur général des MonumentsHistoriques(décédé).

MAGNE, Lucien. Inspecteur général des Monuments Historiques, 6, Rue de l'Oratoire, Paris.

MARCOU, P. Frantz. Inspecteur général des Monuments Historiques, 29, Rue Bonaparte, Paris.


29.—

METMAN, Louis. Conservateur du Musée des Arts Décoratifs, 38, Rue de Lubeck, Paris.

MICHEL, André. Conservateur des Musées Nationaux, Palais du Louvre, Paris.

MIGEON, Gaston. Conservateur des Musées Nationaux, 19, Avenue Charles-Floquet, Paris.

NOI.HAC, Pierre de. Conservateur du Musée de Versailles, Versailles (S. et O.).

SELMERSHEIM, Paul. Inspecteur général des Monuments Historiques, 31, Rue de Moscou, Paris.

VITRY, Paul. Conservateur des Musées Nationaux, iéb,s, Avenue des Sycomores, Paris.

SAINSÊRE, Olivier. Conseiller d'Etat honoraire, 30, Rue de Miromesnil, Paris.

SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES

L'Académie Nationale de Reims.

La Société Archéologique Champenoise.

L'Académie de Nîmes.

La Société des Amis des.Monuments Rouennais.

La Société des Amis du Vieil Arles.

La Société des Amis de Vienne.

La Société Eduenne.

La Société Historique et Archéologique de Château-Thierry.

L'Union Centrale des Arts Décoratifs, Paris.


RÉUNIONS ORGANISÉES EN 1913

VISITES DU 27 FÉVRIER 1913

Église Saint-Jacques

Les Amis du Vieux Reims se réunissent dans la grande sacristie neuve de l'église, que M. le chanoine Legras, Curé-Doyen de Saint-Jacques, a eu l'amabilité d'installer en salle de conférence, en vue des intéressantes communications dont les textes vont suivre.

Après une courte allocution de M. Hugues Krafft, Président, qui exprime les plus sincères remercîments de la Société à M. le Curé-Doyen de Saint-Jacques, à M. Louis Demaison et à M. Henri Jadart, sous la direction desquels vont avoir lieu les visites de la journée, M. le chanoine Legras prend la parole comme suit :

MESDAMES, MESSIEURS,

Je voudrais vous entretenir quelques instants des tapisseries qui jadis ornaient notre église de Saint-Jacques ; je voudrais surtout retenir votre attention sur celle, l'unique hélas ! que nous avons pu sauver des ravages du temps. Je crois que jamais elle n'a été l'objet d'une étude sérieuse et complète ; elle le mérite pourtant, comme facilement vous vous en convaincrez.

Dans son grand ouvrage, Les Tapisseries de Notre-Dame, M. Ch. Loriquet dit comme en passant : « En 1618, les paroissiens de Saint-Jacques commandent deux pièces de tapisserie représentant la Vocation de saint Jacques et de ses frères, et la Prédication du même saint, avec les miracles de sa légende en médaillons dans la bordure '. »

1 P. XIX, i-i2, 1876.


Donc, d'après M. Loriquet, l'église Saint-Jacques aurait autrefois possédé deux tapisseries. Sur ce point, nous sommes d'accord avec lui ; nous croyons même que Saint-Jacques en a possédé davantage, et nous en donnerons la preuve. M. Loriquet ajoute : « L'une représentait la Vocation de saint Jacques » et de son frère, et non « de ses frères », distraction qui a échappé à cet auteur : l'histoire n'a jamais donné pour frère à saint Jacques et apôtre comme lui, que Jean, le disciple bien-aimé. La seconde tapisserie, toujours d'après M. Loriquet, représentait la Prédication du même saint Jacques ; elle aurait été détruite vers 1860, et ses débris en auraient été abandonnés à M. Bulteau-Jupin '. Ici, nous devons nous séparer de M. Loriquet. En voici la raison : c'est que sur l'unique tapisserie que nous possédons encore, se trouvent représentées à la fois et la Vocation de saint Jacques, et la Prédication du même saint. C'est d'ailleurs ce que reconnaissent nos savants collègues MM. Jadart et Demaison : « La tapisserie de Saint-Jacques, disent-ils dans leur Répertoire archéologique de l'arrondissement de Reims, représente la Vocation de saint Jacques ; sur la gauche, le Christ debout avec deux apôtres à genoux ; sur la droite, de nombreux personnages écoutent la prédication de saint Jacques '- .»

Puisque les deux tapisseries indiquées par M. Loriquet n'en font qu'une, quelle était donc cette seconde tapisserie qui, d'après lui, avait été commandée avec la première, en 1618, par les paroissiens de Saint-Jacques, et que malheureusement nous ne possédons plus ? Elle ne peut pas être celle dont nous parle Povillon-Piérard dans sa Notice ou rapport sur la conservation des objets d'arts que possède la Ville de Rheims 3. Voici en effet ce que nous lisons dans ce manuscrit qui remonte à 1839 :

« L'église paroissiale de Saint-Jacques possède deux tapisseries qu'on ne peut voir sans chercher à se rendre compte des sujets . historiques qu'elles représentent. L'une, et c'est la plus ancienne et la plus grande, m'a donné, d'après l'étude que j'en ai faite en 1836, l'assurance que son auteur a eu en vue de reproduire par la toile et tissée par le métier, l'histoire de l'avènement de Séleucus, deuxième de nom, surnommé Epi1

Epi1 de Notre-Dame, p. XIX, note.

»P. 62.

3 Notice adressée à MM. les Maire et Adjoints de cette ville.


— 32 —

phanès Nicator, au trône d'Antiochus le Grand, son père, roi d'Asie, au préjudice de son aîné, et par les artifices de Laodice, sa mère. » Quelques lignes plus loin, le même auteur donne la description plus curieuse qu'exacte —■- nous y reviendrons dans la suite — de la seconde tapisserie qu'il a vue à SaintJacques, et qui n'est autre que celle que nous possédons encore, la Vocation de saint Jacques. Mais déjà de ces divers passages de Povillon-Piérard, nous pouvons conclure que la tapisserie de Y Avènement de Séleucus au tronc n'est pas là seconde tapisserie que nous cherchons, et qui avait été commandée en 1618 avec celle de la Vocation de saint Jacques ; au témoignage même de Povillon, la tapisserie de Séleucus est plus ancienne.

Quel peut donc avoir été le sujet de cette tapisserie, soeur de celle qui nous reste ? Il nous semble avoir trouvé la solution de cette petite difficulté historique. En nous reportant, en effet, à l'Etat ou catalogue des tapisseries du Musée déposées à la ci-devant cathédrale sous la reconnaissance et garantie des citoyens chargés de l'ordonnance et des frais du culte catholique', nous lisons au numéro 5 3 : « Prédication de saint Jacques, et Martyre de saint Jacques, deux pièces raccommodées et cependant en mauvais état. » M. Loriquet fait suivre cette désignation de cette correction qui n'est pas aussi juste qu'il le pense : « Au n° 53, au lieu de Prédication de saint Jacques, il faudrait Vocation de saint Jacques. » Pour nous, ces termes Vocation ou Prédication se valent ; puisque, comme nous l'avons dit, la tapisserie a laquelle il est fait ici allusion, comprend les deux sujets. M. Loriquet au contraire les séparait, et les mettait sur deux tapisseries différentes : de là l'observation inexacte que nous avons citée.

Toujours est-il que le n° 53 du catalogue rappelé tout-àl'heure, nous signale une autre tapisserie ayant appartenu à l'église Saint-Jacques et se rapportant à son auguste patron : cette tapisserie aurait représenté son martyre. Nous savons par les Actes des Apôtres, qu'il fut le premier des Douze à donner sa vie pour son divin Maître ; c'était vers la fête de Pâques, en l'an 44, à Jérusalem.

Ce tableau aurait été le pendant naturel de celui que nous possédons. D'un côté, la vie de saint Jacques dans ses deux actes les plus mémorables à savoir : sa vocation à l'apostolat et

1V. Appendice dans les Tapisseries de Notre-Dame.


sa prédication en Espagne ; d'un autre côté, la mort de saint Jacques, tels auraient été, à notre humble avis, les deux sujets des tapisseries commandées à la fois en 161S. Il ne serait peutêtre pas téméraire de penser qu'une ordonnance semblable à celle que l'on remarque dans la première tapisserie, avait été observée dans la disposition de la seconde ; au centre, le fait principal ou la scène même du martvre ; et en bordure, dans quatre médaillons, les incidents qui, d'après l'histoire ou la légende, précédèrent ou accompagnèrent le martvre.

Mais quelque fondées qu'elles nous paraissent, laissons ces hvpothèses sur une tapisserie qui n'existe plus pour aborder l'étude spéciale de celle qui nous reste.

Ecoutons d'abord ce qu'en dit M. Povillon-Piérard. Il vient de critiquer d'une manière qui nous parait excessive, la négligence des fabriciens de Saint-Jacques qui ont laissé se détériorer la tapisserie de Séleucus ; puis il ajoute : « Je ne ferai pas le même reproche à nos fabriciens de Saint-Jacques sur la conservation et le placement d'une autre tapisserie fort curieuse à cause des allégoriques figures qui accompagnent, en même temps qu'elles expliquent moralement, les principaux sujets qu'elle représente. C'est dans la sacristie que l'on voit, enchâssé dans un cadre de menuiserie, ce beau monument du xvne siècle, qui nous représente l'histoire du Sermon sur la montagne et la Vocation de Pierre, d'André, de Jacques et de Jean à l'apostolat. Les médaillons qui accompagnent les sujets sont d'un haut intérêt en allégories des plus ingénieuses. » Comme pour atténuer le reproche exagéré de négligence qu'il avait toutà-1'heure adressé aux Fabriciens de Saint-Jacques, Povillon ajoute : « Vous ne retirerez pas, M. le Maire et MM. les Adjoints de la Ville, des mains des fabriciens, cette belle, cette curieuse tapisserie, puisqu'elle a été dédiée, comme elle le dit ellemême : à la gloire de Dieu et à la mémoire de saint Jacques, par les paroissiens de l'église en 1618; et qu'ils la conservent avec soin. »

M. Povillon-Piérard se plaît à redire que cette tapisserie de Saint-Jacques est curieuse ; ce qui est surtout curieux, c'est l'explication qu'il en donne. Elle est aussi inexacte que possible '. Nous allons essayer de le montrer.

La tapisserie qui nous occupe est comme formée de deux

1 Cependant M. Loriquet l'appelle « le consciencieux archéologue ».


— 34 —

parties distinctes : d'un tableau principal au centre et d'une large bordure qui entoure ce tableau principal. Ce tableau comprend lui-même deux scènes différentes : à gauche, la scène de la vocation de saint Jacques à l'apostolat ; à droite, celle de sa prédication en Espagne.

La première scène, celle de la vocation, se passe sur les bords du lac de Tibériade ; elle compte cinq personnages. A droite et au premier plan, on voit le Christ debout, de la tête duquel s'échappent sept faisceaux de rayons lumineux ; en face et à genoux, saint Jacques d'abord, et derrière lui, saint Jean son frère, imberbe et plus jeune. L'un et l'autre se reconnaissent à la tête nimbée. Au second plan, on aperçoit une barque, c'est celle que les deux jeunes gens viennent de quitter à l'appel de Jésus ; dans la barque, Zébédée est assis au gouvernail ; en face de lui et debout, un homme, un serviteur, un aviron à la main. Lisons maintenant l'Evangile et nous verrons que l'artiste, auteur de la tapisserie, a fidèlement reproduit la scène de'la vocation de saint Jacques, telle qu'elle y est racontée. « Or, Jésus, marchant le long de la mer de Galilée, vit deux frères, Simon qui est appelé Pierre, et André son frère, jetant leurs filets dans la mer, car ils étaient pêcheurs ; et il leur dit : « Venez à ma suite et je vous ferai devenir pêcheurs d'hommes. Et eux aussitôt, laissant leurs filets, le suivirent. » (S' MATH, IV, 16 à 21.)

Voilà bien une première scène, racontée par l'Évangile, celle de la vocation de Pierre et d'André ; Jacques et Jean n'y figurent pas. Cette première scène précède immédiatement celle de la vocation de saint Jacques ; mais elle en est absolument distincte. Reprenons l'Évangile et lisons : « Et de là, » c'est-à-dire, après avoir appelé Pierre et André à l'apostolat, « Jésus s'étant un peu avancé, vit Jacques, fils de Zébédée et Jean, son frère, qui raccommodaient leurs filets dans une barque. Et aussitôt, il les appela, et laissant leur père Zébédée dans la barque avec les mercenaires, ils le suivirent. » (S' MARC, I, 19 et 20.)

Et maintenant, que nous connaissons le récit évangélique, il nous est facile de voir que l'artiste, auteur de notre tapisserie, ne pouvait pas mieux représenter qu'il ne l'a fait cette scène si simple et si grande à la fois de la vocation de saint Jacques; il l'a absolument calquée sur le texte de saint Marc. Il ne fait pas figurer Pierre et André, et à bon droit, puisqu'ils appartiennent


— 35 —

à une autre scène. Comment donc M. Povillon-Piérard a-t-il pu dire que notre tapisserie représente la Vocation de Pierre et d'André?

Il dit encore au même endroit de son manuscrit, que notre tapisserie, dans la scène de droite « représente l'histoire du Sermon sur la montagne ». Mais, je vous le demande, qu'est-ce que peut bien faire le Sermon sur la montagne dans une tapisserie faite en l'honneur de l'apôtre saint Jacques, et pour l'église qui porte son nom? Évidemment, malgré les fonctions officielles qui paraissent lui avoir été confiées, Povillon-Piérard n'a étudié notre tapisserie que très superficiellement. Il s'est rappelé que le Sermon sur la montagne avait suivi de près, dans l'histoire évangélique, la vocation des apôtres ; et il en a conclu qu'on avait voulu réunir les deux scènes dans le même tableau. A première vue, il est vrai, on serait tenté de se ranger à son avis. Mais un examen plus sérieux fait reconnaître l'erreur et démontre qu'il ne peut s'agir, dans cette scène de droite, que de la Prédication de saint Jacques en Espagne. C'est d'ailleurs, ainsi que nous l'avons dit plus haut, ce qu'ont reconnu les auteurs du Répertoire archéologique.

Cette scène de la Prédication de saint Jacques est plus grande que celle de la Vocation ; elle occupe presque les deux tiers du tableau central. Elle ne comprend pas moins de treize personnes, y compris le saint apôtre. Celui-ci est assis au centre de la scène, comme dans un berceau de verdure et de fleurs ; il tient, de la main gauche,le bourdon légendaire et caractéristique; de la droite, il montre le ciel à ses auditeurs. Ceux-ci prêtent une vive attention à la parole du prédicateur. Comme tant d'autres, l'artiste qui a dessiné la tapisserie n'a pas tenu compte des temps. Les personnages qu'il a représentés sont du xvne siècle. L'un d'eux, avec son turban, ses traits anguleux et son teint noirâtre, rappelle les Maures d'Espagne; un autre, avec sa fraise et son chapeau garni de plumes, est bien le type de l'hidalgo. La plupart des personnages sont magnifiquement drapés en d'amples manteaux '.

Nous arrivons maintenant à la riche bordure qui encadre le tableau principal. Sa largeur varie entre trente et un et trente -

1 A Parrière-plan, dans un lointain brumeux, on devine une ville aux lignes à peine perceptibles.


- 36cinq

36cinq Elle est formée d'une guirlande où s'entremêlent fleurs et fruits de tout genre.

« Elle offre aux angles, disent les auteurs du Répertoire archéologique, quatre médaillons circulaires avec scènes en camaïeu bleu. Au milieu, sur les côtés, sont dessinées les armoiries de la confrérie des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, qui avaient une station à Reims dans cette église : de gueules à deux bâtons de pèlerins d'or en sautoir, accompagnés de quatre coquilles d'argent. Au sommet, Un cartouche contient ces mots en capitales' : DEI GLORIA ET S. JACOBI MEMORISE ; et sur le bas, un cartouche semblable mentionne le don de la tapisserie et la date de son exécution : Paroec. D. D. anno 1618 '. »

Dans sa Notice, Povillon-Piérard se contente de nous dire que « les médaillons sont d'un haut intérêt en allégories des plus ingénieuses », sans essayer de les décrire. Nous allons le faire pour lui.

D'abord ce sont des scènes légendaires plutôt qu'allégoriques. Pour les comprendre, nous sommes obligés de recourir à la célèbre Légende dorée de Jacques de Voragine. Voici ce que nous y lisons au sujet de saint Jacques : Après son retour d'Espagne, « comme l'apôtre prêchait dans la Judée, un docteur, célèbre parmi les pharisiens, lui envoya son disciple, Philétus, afin de convaincre Jacques, en présence des Juifs, que sa doctrine était fausse ; mais Jacques ayant disputé avec lui... Philétus revint vers son maître Hermogène, approuvant la doctrine de Jacques... et annonçant sa résolution de se faire disciple de l'apôtre. Et Hermogène, irrité, le lia par ses sortilèges, de sorte qu'il lui était impossible de faire un mouvement; et il dit : « Nous verrons si ton Jacques pourra te délier. » Et Philétus envoya un valet prévenir Jacques de cela, et l'apôtre lui fit passer son manteau... Et aussitôt que Philétus eut touché le manteau, il fut délivré de la captivité où le retenait l'art magique d'Hermogène... »

C'est ce récit de la Légende dorée que reproduisent précisément les quatre médaillons de notre tapisserie. Dans le premier, saint Jacques, toujours reconnaissable à son bourdon, est représenté prêchant encore, non plus en Espagne, mais à Jérusalem. Philétus se trouve parmi les sept personnages qui écoutent

1 Paroeciie dotio datum.


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l'apôtre ; il est en avant, le plus rapproché de saint Jacques, et paraît discuter. Cette petite scène est pleine de vie, et l'expression des visages dénote la grande attention donnée à la prédication du saint. Sur un second tableau qui n'est pas moins animé, nous voyons Hermogène, irrité de la conversion de son disciple, tracer de sa baguette de sorcier, sur un miroir magique, certains signes cabalistiques ; en face, trois diables qu'ont évoqués les sortilèges d'Hermogène, maintiennent Philétus étroitement enchaîné. Un troisième médaillon représente saint Jacques donnant son manteau à un serviteur. Enfin, au quatrième tableau, malgré tous les efforts d'un diable pour éloigner le serviteur, Philétus reçoit de ses mains le manteau du saint, et recouvre sa liberté.

C'est ainsi que l'auteur de cette tapisserie, qui avait si parfaitement copié la scène évangélique de la vocation de saint Jacques, a reproduit aussi fidèlement quelques scènes de cette Légende dorée si chère à nos ancêtres.

Du reste, tout est-il légende dans ces scènes si curieuses ? Il en est qui ont voulu identifier Philétus et Hermogène avec le Phrygelle et l'Hermogène dont saint Paul se plaint dans sa •seconde Epître à Timothée. S'il en était ainsi, Philétus et Hermogène, qui lui aussi, d'après la Légende dorée, s'était converti au christianisme, seraient tombés plus tard dans de graves erreurs contraires à la foi '.

Je vous demande pardon, Mesdames et Messieurs, d'avoir retenu si longtemps votre attention sur la tapisserie de SaintJacques. Mon excuse, vous la devinez. Monument ou mobilier, tout ce qui est de Saint-Jacques, ne peut que grandement intéresser celui qui a comme la mission de veillera sa conservation. Il y a quelques années, il avait conçu la pensée de confier aux Gobelins la réparation de cette tapisserie, patrimoine de sa paroisse. Des circonstances qu'il est inutile de rappeler ici, ont porté son attention sur des oeuvres plus nécessaires : les quelques ressources dont il pouvait disposer y ont été employées. Il ne lui reste qu'à s'approprier le voeu que formait jadis M. Loriquet dans ses Tapisseries de Notre-Dame : « Le public », en constatant les altérations amenées par le temps dans le tissu des tapisseries, « exprimera avec nous le voeu que l'État se préoccupe d'une

1 Voir BARONIUS, Annales, — et les BOLLANDISTES.


- 38situation

38situation ne peut qu'empirer, et que d'habiles ouvriers soient appelés à prévenir par de sages restaurations la destruction totale de ces oeuvres d'art 1. »

En terminant, M. le chanoine Legras rappelle que, pendant le Congrès archéologique tenu à Reims, au mois de juin 1911, par la Société française d'Archéologie, M.Jules GuifTrey, ancien directeur de la Manufacture des Gobelins, a examiné la tapisserie de Saint-Jacques et en a reconnu la beauté ainsi que l'intérêt artistique. Il a déclaré qu'elle pouvait être conservée telle qu'elle est, avec le soin nécessaire pour sa protection dans l'avenir.

M. Louis Demaison, l'érudit archiviste honoraire de la ville de Reims, fait part ensuite de l'étude qu'il a bien voulu préparer pour les Amis du Vieux Reims :

La ville de Reims possédait, à la veille de la Révolution, de nombreuses et belles églises dont les artistes et les archéologues ne sauraient trop déplorer la perte. On a gardé surtout le souvenir de Saint-Nicaise, l'oeuvre admirable de Libergier, si malheureusement détruite au début du xixe siècle, malgré l'unanime protestation des Rémois, et les actives démarches, tentées inutilement, hélas ! pour en assurer la conservation. Mais cet édifice n'était pas le seul dont la ruine ait été à jamais regrettable ; d'autres églises d'abbayes et de couvents, sans égaler sa majestueuse splendeur qui le faisait comparer à la Cathédrale, étaient de remarquables productions de l'art du moyen âge et de la Renaissance. L'église collégiale de Saint-Symphorien avaii un fort beau choeur, bâti vers 1209, qui par certains détails rappelait celui de Saint-Remi. Saint-Denis représentait l'élégante et svelte architecture du xivc siècle. L'église Saint-Pierre-les-Dames, remaniée à une époque plus récente, était un monument important, digne d'une opulente abbaye. Les églises paroissiales avaient des proportions plus modestes, mais elles n'étaient pas sans mérite, et plusieurs d'entre elles offraient un véritable intérêt par l'anti1

l'anti1 de Notre-Dame, Avant-propos.


— 39 -rquité

-rquité leur origine, par les dispositions de leur plan et les éléments de leur structure, par le mobilier artistique qui servait à leur décoration.

Saint-Jacques était l'une des plus vastes et des plus belles. Nous devons nous féliciter que cette église ait eu une meilleure destinée que ses soeurs, et qu'elle aie pu échapper à la proscription. Elle occupe aujourd'hui un rang distingué parmi nos édifices rémois. Sans doute elle ne fait pas très grande figure près de Saint-Remi et de la cathédrale ; mais, avec une apparence plus simple et des dimensions moins grandioses, elle a aussi son charme et n'est pas indigne d'attirer les visiteurs. Sa nef gothique est d'un bon style ; son chevet est une excellente oeuvre de la Renaissance, d'autant plus précieuse pour nous qu'elle est maintenant à Reims le seul échantillon de l'architecture religieuse de cette époque. Saint-Jacques se recommande donc tout à fait à notre attention et peut fournir le sujet d'une intéressante étude. Nous l'avons entreprise jadis dans l'un des volumes de notre Répertoire archéologique de l'arrondissement de Reims, et plus récemment, j'ai repris cette tâche, à l'occasion du Congrès de la Société française d'Archéologie. Ce sont mes conclusions que je vais tâcher d'exposer brièvement devant vous.

« La fondation de l'église Saint-Jacques, écrivais-je alors, ne remonte pas à une époque très ancienne. Elle avait été construite pour les besoins spirituels des habitants d'un nouveau quartier que l'archevêque Guillaume de Champagne avait créé en 1183 sur ses terres de la Couture, situées hors des murs de la cité, et qui avait pris un rapide développement. Une charte de ce prélat nous apprend qu'elle était déjà commencée en 1190 ; par cet acte, conservé aux archives de Reims, dans le fonds de l'abbaye de Saint-Denis, il accordait à cette abbaye une rente de 12 livres, en compensation des dîmes qu'elle percevait dans le Jard et dans la Couture, terrains diminués par suite des constructions qui s'y élevaient alors : ...In Cultura in qua edificatur ecclesia beati Jacobi. Nous n'avons pas d'autre renseignement sur l'histoire de cet édifice, et les remaniements importants qu'il a subis plus tard, dans le cours du moyen âge, ne sont mentionnés dans aucun document. »

Il reste du monument primitif, de celui que l'on bâtissait en 1190 et auquel on travaillait probablement encore dans les premières années du xme siècle, la partie inférieure de la façade


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occidentale, les arcades et les piliers de la nef, deux travées complètes à l'extrémité de la nef, du côté droit, les bas-côtés, le carré du transept et le croisillon méridional.

La façade, très simple, avec ses trois portes en tiers-point, encadrées de trois tores en retraite,, reposant sur des colônnettes munies de chapiteaux à crochets et à feuillages, paraît se rattacher, quant à son étage inférieur, à la première série de travaux, mais elle a dû être faite en dernier lieu, peut-être vers 1220 ou 1230.

Les arcades de la nef reposent alternativement sur des piliers carrés et sur des colonnes accouplées, placées dans le sens de la largeur, disposition assez fréquente en Champagne, et que l'on observe à Saint-Remi et dans la cathédrale de Sens. A l'origine, chaque travée était percée d'une fenêtre à lancette, sous laquelle régnait un triforium étroit qui s'ouvrait par quatre arceaux en tiers-point. Les deux dernières travées à droite ont seules conservé leur ordonnance primitive.

Le croisillon méridional, composé d'une travée, date entièrement de la fin du xue siècle. Ses murs latéraux sont percés de trois fenêtres à lancettes, surmontant un triforium à six arceaux, correspondant à celui de la nef.

Vers le début du xive siècle eut lieu une reconstruction partielle de l'église. Faute de documents, on ne saurait en préciser la date, mais elle peut se placer approximativement entre les années 1300 et 1320. On refit alors l'étage supérieur du portail, amorti par trois pignons dont les rampants sont garnis de crochets. On rebâtit en même temps les murs, les fenêtres, le triforium et les voûtes des cinq premières travées de la nef.

Ces fenêtres sont divisées par un meneau en deux compartiments surmontés d'une rosace à Six lobes. Les arceaux du triforium, munis de redents trilobés, retombent sur des colonnettes, dont les chapiteaux sont ornés de feuillages naturels, traités dans le goût du xive siècle.

Les voûtes étaient sexpartites dans leur disposition primitive. Sur chacune des travées, refaites vers l'an 1300, on a monté une croisée d'ogives.

Au xvie siècle, on a remplacé les colonnes jumelles qui séparaient les deux dernières travées de la nef, à droite, par un pilier carré, flanqué de pilastres et surmonté de chapiteaux à


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PORTAIL LATÉRAL DE L'ÉGLISE SAINT-JACQUES



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feuillages frisés, entre lesquels on remarque deux coquilles, emblème des pèlerins de Saint-Jacques. A la même époque, on éleva le chevet et les chapelles latérales, à la place, sans doute, d'une abside qui pouvait remonter à l'année 1190.

Le choeur comprend trois travées, communiquant avec les chapelles latérales par de larges arcades en plein cintre. A la hauteur de l'imposte de la deuxième arcade, du côté Nord, on lit dans un cartouche la date de 1548, qui est celle de la construction des chapelles. Le chevet, à trois pans, est percé de larges fenêtres flamboyantes. Dans toute l'étendue du choeur et du chevet règne un triforium étroit qui, par son aspect général et ses proportions, s'harmonise assez bien avec celui que l'on a établi dans la nef au xive siècle.

Les chapelles latérales présentent le plus beau spécimen de l'art monumental de la Renaissance à Reims. Elles ont, dit-on, pour auteur un architecte du nom de Colbert, qui appartenait, selon toute vraisemblance, à la famille du célèbre ministre. - Une question difficile à éclaircir se pose au sujet de la construction de ces chapelles. Le choeur et le chevet semblent, au premier abord, être d'une date plus ancienne. Les chapelles ont-elles été bâties postérieurement, et les arcades qui les font communiquer avec le choeur établies après coup, ou bien l'ensemble est-il homogène ? A-t-on pu élever à la fois, en 1548, les chapelles dans le pur style de la Renaissance, et le choeur sur des données gothiques, pour le mettre en rapport avec la nef et en reproduire l'ordonnance, au moins dans ses grandes lignes? J'inclinerai plutôt vers cette dernière opinion. L'ampleur des arcades latérales rend peu admissible l'hypothèse d'une reprise en sous-oeuvre. L'architecte de 1548 a pu adopter à la fois deux styles différents et bien tranchés, l'un moderne pour les chapelles, l'autre plus archaïque, mais qui donnait un choeur mieux en harmonie avec le reste de l'église.

En 1711, la flèche gothique qui s'élevait au-dessus de la croisée du transept fut renversée par un ouragan et remplacée par une lanterne dans le stvle en vogue à la fin du règne de Louis XIV.

Saint-Jacques eut beaucoup à souffrir pendant la Révolution et fut même, un instant, menacé de ruine. Lors de la création des nouvelles paroisses en 1791, le titre paroissial fut maintenu à l'église de la Madeleine qui était plus petite et d'un bien


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moindre intérêt au point de vue de l'art. L'église Saint-Jacques devint un simple oratoire, une chapelle de secours. En 1793, elle fut enlevée au culte et transformée en écurie pour abriter les chevaux des troupes. Après la chute du régime de la Terreur, lorsqu'on put jouir d'un peu plus de liberté, on se préoccupa de Saint-Jacques, mais ce fut d'abord pour en proposer l'aliénation. Ce projet suscita des protestations nombreuses. L'église de la Madeleine, d'aspect fort modeste, était fort délabrée et prête à s'écrouler. Saint-Jacques, au contraire, était vaste et solide. Un pétitionnement s'organisa en sa faveur. L'administration municipale fut elle-même gagnée à sa cause, et, dans sa séance du 8 septembre 1796, entendit un rapport qui réclamait la conservation de cet édifice.

« La ville de Reims, disait-on, y gagnera un monument qui, sans avoir de beautés frappantes, n'est pas sans mérite. » Le 11 septembre suivant, l'administration centrale du département de la Marne rendit un arrêté décidant qu'il serait maintenu pour l'exercice du culte. Son salut était désormais assuré, et nous pouvons nous estimer heureux de posséder encore une église dont le mérite était déjà reconnu en 1796, en un temps où le goût n'était guère favorable à l'art du moyen âge.

Vers le milieu du xixe siècle, Saint-Jacques eut à subir une nouvelle épreuve. Des symptômes inquiétants s'étaient produits, et sa stabilité inspirait quelques craintes. M. N. Brunette, architecte de la ville, réussit à consolider la tour centrale. Il restaura complètement en 1854 le carré du transept, rebâtit à neuf les deux dernières travées de la nef, du côté gauche, et refit de fond en comble le croisillon Nord qu'il allongea d'une travée.

L'église est aujourd'hui en parfait état, et nous espérons qu'elle ne cessera pas d'être entretenue avec tous les soins et le respect dont elle est digne.

Guidés par MM. le chanoine Legras et L. Demaison, les Membres de la Société se répandent par groupes dans les nefs de l'église et, après les avoir visitées en détail, donnent leur approbation unanime à la proposition que fait M. le Président de participer aux frais d'installation d'une inscription commémorative, dédiée au souvenir de Lévesque de


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Pouilly, dont rien ne rappelle la mémoire dans la paroisse où il fut inhumé.

Au sortir de l'église Saint-Jacques, M. H. Jadart prend seul la direction de la promenade archéologique et guide les Amis du Vieux Reims tout d'abord devant la façade, puis dans l'intérieur de la maison gothique sise 57, rue de Vesle.

Après quoi, les Membres de la Société se rendent avec lui au n° 106 de la même rue, dans le vaste espace, moitié cour et moitié jardin, qui subsiste au centre de l'emplacement de l'ancien Prieuré de Saint-Bernard.

Au fur et à mesure de l'examen des beaux ou curieux vestiges des temps passés que contiennent encore ces deux immeubles, notre savant Secrétaire général donne les diverses informations qu'il a eu l'obligeance de résumer dans les notices que nous sommes heureux de publier ci-après :

Maison gothique, rue de Vesle, 57

Cette maison possède sur la rue une façade encore très remarquable, malgré les modifications des fenêtres et l'ouverture d'un magasin au rez-de-chaussée. L'élégant bandeau feuillage du premier étage, offrant deux têtes finement sculptées aux extrémités, suffirait à lui seul pour mettre ce vieux logis au niveau des maisons de la rue de Tambour. Les figures sculptées du sommet, formant des consoles sous la toiture, complètent cette décoration fort originale et pleinement caractéristique de la meilleure époque gothique (xuie ou xive siècle).

A l'intérieur, actuellement dans la cuisine au rez-de-chaussée, une cheminée en pierre présente un manteau d'une forme singulière dans son élargissement et que M. Camille Enlart, Directeur du Musée de Sculpture comparée du Trocadéro, considère comme un type d'une excessive rareté et d'un grand intérêt. Le reste des appartements est depuis longtemps approprié aux usages modernes.

Propriété des familles Assy et Givelet depuis plus d'un siècle,


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et longtemps habitée par elles, cette demeure ne pouvait manquer de stimuler le zèle de leur descendant M. Charles Givelet, qui en effet publia, en 1900, sa description, illustrée de main de maître par E. Auger. Nous ne pouvons donc mieux faire que de renvover l'archéologue et le visiteur à cette notice complète et bien informée, tirée à part du tome CX des Travaux de l'Académie de Reims', et où, par conséquent, chacun peut facilement recourir pour le texte comme pour les nombreux dessins qui l'accompagnent.

L'ancien Prieuré de Saint-Bernard, rue de Vesle n° 106

Plus heureux que beaucoup d'autres prieurés anéantis, celui-ci a conservé son vocable sur son emplacement même, à la façade moderne d'une maison, au-dessus de la porte cochère, où, on lit sur la pierre du linteau : MAGASINS SAINT-BERNARD.

•On y voyait réencastrée en outre, au milieu de la muraille, une délicate statuette de la Vierge en pierre, du xve siècle, restée dans sa niche effritée et portant encore à sa base les armes des Bernardins 2. C'est donc là, à n'en pas douter, que le prieuré vécut du xiv au xvme siècle, après son transfert de Clairmarais.

Avant de retracer l'esquisse de ses annales, il importe de le distinguer d'un autre prieuré de Saint-Bernard, sis à une extrémité opposée de la ville, en dehors et auprès de la porte DieuLumière. Cette autre maison, ancien hôpital (Hospitale de Dei merito)i relevait du grand établissement hospitalier du Mont-SaintBernard et ses biens furent attribués aux Minimes d'Épernay dans le xvne siècle :t.

' Pages 197 à 308, sous le titre : Deux anciennes Maisons de Reims, S7, rue de Vesle, et 12, rue de la Grue, avec pi. hors texte. La brochure grand in-8° est épuisée.

2 Depuis notre visite, la niche et la statue ont disparu de la façade par suite de l'établissement au rez-de-chaussée d'un magasin vitré. Mais les fragments de la niche et la statue sont conservés avec soin par le propriétaire, M. Mignon.

3 Prieuré de Saint-Bernard hors la porte Dieu-Lumière, démoli par ordre de Raulin Cochinard l'an 1474, ancien hôpital pour les passants, transféré en ville en 1509. Cf. GÉRUZEZ, Description de Reims, 1817, p. 229. — Archives aimin. de VARIN, t. I, p. 11.


SOCIETE DES AMIS DU VIEUX REIMS

FAÇADE DE LA MAISON GOTHIQUE, 57, RLE DE VKSI E



— AS —

I. — HISTOIRE

Pour retrouver le berceau et l'origine du prieuré de SaintBernard de la rue de Vesle, il faut se transporter au quartier de Clairmarais, situé jadis hors des anciens remparts, actuellement voisin du chemin de fer et du canal, à l'angle des rues de Trianon et de Saint-Brice. Là se trouve un groupe de maisons basses d'aspect ancien, couvertes en tuile avec des lucarnes en bois, dites la Cour Sainte-Claire, à proximité desquelles se dresse un gros colombier carré avec le pigeon d'appel en plomb au sommet.

A l'entrée sur la rue, une niche cintrée contient la statue en pierre de sainte Claire, agenouillée et tenant l'ostensoir, bien mutilée aujourd'hui, 1. La statue est du xvne siècle, mais le vocable de sainte Claire a été pris au xme siècle, avec le nom du lieu caractérisé par un marais, par analogie aux eaux claires et courantes : Clarus mariscus-, et le culte de la célèbre vierge d'Assise s'est continué, car sa trace se retrouve au prieuré de la rue de Vesle, comme nous l'exposerons en terminant.

En cet endroit fut fondé, à une date que nous ne pourrions préciser, vers la fin du xne siècle ou au commencement du suivant, une abbaye de femmes, de l'ordre de Citeaux, dont l'existence s'affirme pour la première fois pour nous par un titre de donation au monastère de biens venant de Briard, orfèvre et citoyen de Reims, en 1222 :i. Le nom d'une abbesse, Helvide, apparaît dans un autre acte de 1291 ; c'est la seule connue, mais l'absence d'archives régulières ne permet pas de retracer la vie de la communauté durant le xnie siècle, ni dans la'première moitié du xive. Tout indique cependant que la maison, dotée et rentée, vécut tranquille et en paix au lieu de sa fondation jusqu'à la guerre de Cent ans.

Survint alors le terrible épisode des préparatifs de la défense de Reims contre les Anglais en 1359, qui vint anéantir tous les

1 Les jets de pierre continus ont déformé le visage et les mains de cette statue qui aurait dû être préservée depuis longtemps.

-Moniales ordinis Cisterciensis de Claro Marisco juxta Remis, 1222. Clarmariscum, 1233. Clermarès, 1259, et la suite des noms donnée dans le Dictionnaire topograbhique du département de la Marne, par A. LONGNON, p. 68.

3 Gallia christiana, t. IX, col. 79, et t. X, Eccl. Rem., col. 58, 68 et 79. — Cf. Archives de Reims, par VARIN, voir la table générale.


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bâtiments aux environs de la ville, par ordre du capitaine Gaucher de Chatillon. Le monastère des Cisterciennes fut rasé comme les autres, et le siège suivit son cours favorable aux Rémois. On s'efforça, dès 1360, de réparer les désastres et de relever les ruines, mais les religieuses préférèrent se fixer à l'abri des remparts de la cité que de courir de nouveaux risques à Clairmarais. Elles purent acquérir de Thomas Jupin un assez vaste terrain entre les rues de Vesle et de Thillois, et elles obtinrent de l'archevêque, Jean de Courtenay, des lettres très favorables d'amortissement et de reconnaissance du nouvel établissement, données à l'abbesse et aux religieuses, toujours dépendantes de Cîteaux, le 17 avril 1364 '.

Le monastère, ainsi rétabli et rebâti dans de modestes proportions avec sa chapelle, ne changea plus désormais d'emplacement dans la cité, et la communauté suivit les conditions de sa vie régulière, autant qu'on peut en juger, jusqu'au xve siècle. En 1364 exactement, l'abbaye fournissait au roi la déclaration de son temporel; l'abbesse, n'ayant avec elle que « treize nonnains », ne se donnait point pour riche ; au contraire, elle se plaignait de ne pouvoir vivre « que de pain et de potage » et se voyait à la veille d'être privée de toutes ressources. Cependant il fallait avouer la possession de rentes, de terres, de bois, d'un moulin, en dix localités hors de Reims ; beaucoup de ces biens étaient ruinés sans doute par la guerre de Cent ans, mais ils laissaient quelqu'espoir d'un meilleur revenu après la réparation des fléaux de cette guerre 2.

1 Pièce unique des Archives de Reims pour le fonds de l'abbaye de Clairmarais, Charte munie d'un sceau de la plus belle conservation ; le texte a été publié dans la Gallia Christiana, t. X, col. 68.

2 Déclaration du temporel du couvent de Clermarès à Reims (4 août 1434), d'après la pièce des Archives nationales, publiée dans les Archives admin. de Reims, par VARIN, t. III, pp. S71 à 575. Ce document énonce que cette maison est « de l'ordre de Cistiaulx », et qu'elle possède son siège primitif à Clairmarais, son siège actuel à Reims, et des possessions, bois, rentes, moulin, etc., hors de Reims, à Taissv, Montferré, Les Mesneux, Gueux, Fresnes, Prouilly, Taperel (près de Wez), Menneville, Chaumont-Porcien et Contreuves ; l'abbaye compte « une abbesse et XIII nonnains et ung confesseur de l'ordre », avec ce un procureur, un gardien à pension de l'église, une rentière ; « nous n'aurons tantôt de quoy vivre en la dite église et pour le présent nous n'y prenons que ung peu de pain et de potage. » P. 575.


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Si les religieuses dépendant de Citeaux se plaignaient de leur condition peu florissante vers la fin du xive siècle, les moines de Clairvaux trouvèrent cette situation encore avantageuse pour eux au xve siècle, et leurs efforts tendirent dès lors à s'assurer l'abbaye de Clairmarais comme dépendance de leur propre maison. Ils réussirent, en 1460, à se substituer aux religieuses que l'on trouva dissolues, d'après la relation d'un visiteur de leur ordre, et réduites au nombre de deux, l'une abbesse, l'autre prieure, formant avec elle toute la communauté '.

En 1473, l'union aurait été prononcée par un jugement canonique, et l'abbaye, supprimée sous le nom de Clairmarais, devenait un prieuré simple, à la jouissance des Bernardins de Clairvaux '-.

Comment se défendirent les religieuses supprimées, et, avant elles, leur maison-mère, l'abbaye de Citeaux ? Nous l'ignorons. Nous ignorons également ce que firent les moines de Clairvaux pour garantir la régularité du nouveau prieuré et son administration temporelle par leur mandataire ou fermier à Reims, du xve au xvine siècle. Nul document ne l'indique ici.

Les récits des historiens rémois sur cette transformation, ses causes et son exécution, ne sont pas appuyés de preuves suffisantes pour nous éclairer sur ces événements. La façon dont le plus récent, Prosper Tarbé, a raconté la fuite des religieuses à Châlons, ne nous inspire pas plus de confiance. Ce récit est amusant en lui-même et en ce qu'il dépeint les filles de Citeaux en révolte contre l'abbé de Clairvaux, quittant Reims malgré l'abbé et emportant leurs archives où se serait trouvée une lettre d'Abélard qui venait, disait-on, de leur cartulaire, et qui fut vendue de nos jours à Châlons 3.

Ce sont là des épisodes mis en scène sans fondement. Nous préférons nous en tenir simplement aux faits tels qu'ils sont relatés dans les pièces publiées par la Gallia Chrisliana, et avouer que les sources nous manquent pour la suite de l'histoire.

Nous arrivons ainsi au xvine siècle sans en savoir plus que

1 Tel est le récit de la Gallia Chrisliana, d'après une pièce émanant des moines de Clairvaux, t. IX, col. 179, et t. X, col. 79.

-Anno 14J}, tocus itle, ad nihilum pêne redactus, unitus est Claroevalli decreto capituli generalis. Ibidem, t. X, col. 179. '" 3Reims, Essais historiques, 1844, p. 51.


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Bidet dans ses Mémoires ', et que l'abbé Bauny écrivant dans son Pouillé, dressé en 1777, une notice succincte ainsi conçue:

« Clairmarais, Prieuré situé autrefois proche Reims (actuellement) sur la paroisse Saint-Jacques. Il a ses biens à Reims et sur le terroir de la ville, entre autres une ferme vis-à-vis le bas des Promenades, laquelle porte encore le nom de Clairmarais. Il est possédé par les religieux de la maison de Clairvaux, qui payent 798 livres 12 sols de taxe, sur l'estimation de 3.000 livres 2. »

Mais voici que vers la fin du siècle, presqu'à la veille de la Révolution, le titre abbatial de Clairmarais vientà revivre par bulles du pape qui le confèrent successivement, en 1779, à Marie-Thérèse de La Ville, et en 1784 à Désirée de Demandols, de l'ordre de Citeaux :l.

Les choses, en apparence, reprennent donc l'état d'avant la prise de possession des moines de Clairvaux en 1460. Etrange et inexplicable retour vers le passé qui n'aboutit, en fait, qu'à un procès intenté en 1779 par la première de ces abbesses à l'abbé de Clairvaux pour le recouvrement des biens de Clairmarais 4. L'affaire suivit son cours au Parlement, fut évoquée au

1 Lire l'article extrait de ces Mémoires dans les Archives administratives de Reims, par VARIX, t. I, p. n.

2 Ibidem, t. II, p. 1050.

3 Archives de l'Archevêché de Reims, conservées à l'Hôtel de Ville : Bulle du pape, instituant Marie-Thérèse de La Ville, abbesse de l'abbaye de Clairmarais (15 mars 1779), f" 334 du Registre des Insinuations ecclésiastiques, G. 147 ; bulle du pape Pie VI, instituant abbesse de l'abbaye de Clairmarais, Désirée de Demandols, abbesse des Ollieux, de l'Ordre de Citeaux au diocèse de Narbonne (24 janvier 1784), prise de possession de l'abbaye au nom de la dite abbesse (24 mars), f " 70 et 71 du Registre des Insinuations ecclésiastiques, G. 149.

1 Mémoire à consulter pour dame Marie-Thérèse de La Ville, chanoinesse prébendée de l'église métropolitaine de Rouen Primatiale de Normandie, et abbesse de l'abbaye de Clairmarais, Ordre de Citeaux, ville et diocèse de Reims, appelante comme d'abus ; contre letrès révérend Dora François Le Bloy, abbé de Clairvaux, au diocèse de Langres, l'un des quatre premiers Pères de l'Ordre de Citeaux, Père immédiat de ladite Abbaye de Clair-Marais ; et les Prieur et religieux de Clairvaux, intimés. — In-40 de 40 pages. Paris, G. SIMON, 1779.

Quatre autres pièces de procédure jointes à celle-ci, de 52, 12, 20 et 8 pages, donnent la suite de l'affaire en instance au Parlement, puis au Grand Conseil, de 1777 à 1781. (Catalogue du Cabinet de Reims, t. I, n» 703.)


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Grand Conseil, et n'eut probablement pas de conclusion avant la grande liquidation de 1790, qui anéantit tant d'institutions séculaires avec les incorrigibles abus de l'ancien régime. Ce furent là des incidents in extremis, dans le détail desquels il est inutile d'entrer, si curieux qu'en soit le point de départ '.

L'aliénation du prieuré de Saint-Bernard au profit de la nation ne se fit pas attendre, et, dès l'année 1790, ses bâtiments furent acquis par le sieur Baudard-Bruyant, négociant à Reims 2. La chapelle fut transformée en remise quelque temps après, sans qu'on puisse en fixer la date. Nous savons que le culte y était encore célébré peu de temps avant la vente : 1, et même qu'en 1793 la « ci-devant chapelle » fut proposée pour servir d' « oratoire au culte catholique » par les habitants de la rue de Vesle'. Ce projet n'eut pas de suite et la chapelle, encore debout en 1844, servait alors de remise à un carrossier' 1. La reconstruction de la façade sur la rue de Vesle amena l'état des lieux actuel, que nous allons décrire avec les reliques du passé que l'on eut le bon goût de conserver.

IL — DESCRIPTION

Le prieuré de Saint-Bernard figure sur les deux plans de Reims avec un développement suffisant pour en juger : celui de

1 II v eut aussi une concession des biens de Clairmarais par brevet de Louis XIV, en 1678, en faveur d'Olivier Patru, et en 1679, en faveur d'Alexandre de Lumagne (/er Mémoire cité plus haut, pp. 9, 10 et n).

-' Description de Reims, par POVILLON-PIÉRARD, ms. de la Bibliothèque de Reims, 11" 1876, f" 147-49.

:* « Près de la fontaine de Saint-Bernard, il v avait une chapelle dédiée à saint Bernard, où l'on célébrait encore la Messe quelque temps avant la Révolution ». GÉRUZEZ, Description de Reims, 1817, p. 229.

4 Dans L'Eglise Saint-Jacques pendant la Révolution, l'abbé BOUCHEZ parle de cette chapelle à la page 111, à propos de la Séance du Conseil général de la Commune du 26 frimaire an II : « Plusieurs citoyens de la rue de Vesle demandent qu'il leur soit permis de former un oratoire pour la desserte du culte catholique avec la cv-devant chapelle de SaintBernard, même rue. » Le Conseil passa à l'ordre du jour. (Archives de Reims, délibérations municipales, 16 décembre 1793.)

3Prosper TARBÉ, Reims, 1S44, p. 51.


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Colin (1665), portant le titre : Clair tnaret, offre en perspective une chapelle orientée dans le sens de la rue de Vesle, avec un clocher carré, une rosace au pignon, des fenêtres .au Nord, une cour entourée de bâtiments et de leurs dépendances vers la rue de Thillois. Celui de Le Gendre (1769) donne, dans le Bourg de Vesle, la fontaine Saint-Bernard en avant, et la chapelle SaintBernard derrière, avec l'espace rectangulaire qu'occupait la cour à cette époque.

La fontaine Saint-Bernard avait été construite et adossée au prieuré sur la rue de Vesle au milieu du xvme siècle; c'était ■une borne haute de cinq à six pieds, ornée d'une tête de lion en bronze qui jetait de l'eau par la gueule. Elle avait pris le nom du petit monastère, mais elle devait recevoir celui de Dom Ruinart lors de la réfection des fontaines de Reims sous la Restauration '.

La façade du prieuré sur la rue conserva son aspect primitif du xive siècle jusqu'à sa démolition vers 1S54. Les descriptions de Reims ne manquaient pas de signaler ce vestige gothique dont les bâtiments étaient occupés à la fois par le négoce des grains et par des locataires de choix 2. Une porte cochère en arc brisé, percée sur la gauche, donnait accès dans la cour, et, au milieu de la muraille, s'ouvrait une petite porte également en tiers-point, avec un tympan enveloppé d'une arcade tréflée, supporté par des colonnettes ornées de chapiteaux à feuillages assez saillants, dont l'ensemble survit encore dans la cour de la maison 3.

Au-dessus de cette petite porte, était fixée la statuette de la Vierge du xve siècle dont nous avons déjà parlé et qui survit aussi sur le mur moderne. Cette oeuvre de sculpture très délicate

1 Description historique de Reims, par G. JACOB, 1825, p. 126.

- Pr. TARBÉ. Reims, Essais historiques sur ses rues et ses monuments, 1844, p. 50, on lit : « Signalons le bâtiment qui porte le n" 155 (de la rue de Vesle). Dans cette maison demeurait M. Tarbé de SaintHardouin, ingénieur des Ponts et Chaussées, membre de l'Académie de Reims. On v remarque une petite porte ornée de sculptures gothiques, c'est là qu'était le prieuré de Saint-Bernard dont le portail accuse le style du xiv" ou xv» siècle. »

3 Un dessin à sa place primitive, très finement achevé, en a été exécuté par M. Charles Givelet ; il se trouve dans sa collection à la Bibliothèque de la Ville.


SOCIETE DES AMIS DU VIEUX REIMS

ANCIEN PRIEURÉ DE SAINT-BERNARD, 106, RUE DE VESLE Armature gothique subsistant dans le mur du fond du jardin



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est mutilée dans le haut et sur les côtés de l'encadrement, mais la figure et le corps de la statuette sont restés assez bien conservés et au bas se trouve, encore très visible, l'écusson des Bernardins : De sable à la bande échiqueiéc de deux traits d'argent et de gueules, avec deux animaux fantastiques, dragons ou griffons, pour supports. Voilà bien la marque de l'abbaye de Clairvaux,'inaugurée vers 1460 lors de la prise de possession de l'abbaye de Clairmarais supprimée. La Vierge reste donc comme un témoin de la création du prieuré de Saint-Bernard.

L'ancienne façade, outre les portes, n'offrait plus de nos jours que des ouvertures sans caractère, comme on en peut juger d'après les vues qui nous en restent, l'une dans un recueil de Povillon-Piérard 1, l'autre sur une copie faite par M.Charles Givelet et déposée à la Bibliothèque de la Ville dans la collection Saubinet-Givelet. En outre, un album dressé par les frères Varin nous présente cette façade ancienne, en même temps que le haut de la nouvelle façade construite en retrait d'alignement ; on peut ainsi se rendre compte du renouvellement qui s'opéra, disions-nous, vers 1854 et perpétua le vocable de Saint-Bernard à la façade qui n'a pas été modifiée depuis 2. N'oublions pas de signaler, d'après les descriptions de Povillon-Piérard et de Prosper Tarbé aux endroits déjà cités, les restes d'une peinture à fresque du xv= siècle qui décorait la muraille disparue : on voyait un chapeau de cardinal, lequel était probablement audessus d'un écusson, accompagné de rosaces avec des traces d'une inscription en lettres gothiques, qui mentionnait peutêtre l'entrée des Bernardins et le changement opéré par eux à la suite du départ des cisterciennes, frappant souvenir anéanti.

Entrons maintenant dans la cour nouvelle de cet immeuble assez vaste où, grâce à l'obligeance de MM. Amelin frères et de M. Robert, leur représentant, nous avons pu examiner les débris intéressants encastrés dans les murs entourant le petit jardin réservé et clos sur la droite en entrant. C'est d'abord^ la

'Description de Reims, ms. de la Bibliothèque déjà cité, n° 1876, f° 147.

- La vue de l'ancien prieuré de Saint-Bernard, façade démolie, se trouve dans le recueil : Reims et ses environs photographiés par VARIN frères, publiés par QUENTIN-DAILLY, s. d. (1854), planches in-4" (liibl. de Reims, C. R., 807-4).


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jolie porte gothique décrite plus haut et habilement transportée là de la façade sur la rue. L'inscription peinte en noir, indiquant l'entrée principale ancienne, s'y lit encore. L'architecture a été débarrassée du lierre qui la masquait. C'est ensuite la figure sculptée d'un griffon, reportée dans une niche à l'angle, provenant d'une enseigne ou d'un motif décoratif quelconque, oeuvre mutilée du xive siècle. En face, sur un mur en retour, se détache un écusson plus récent, de l'époque de Henri IV ou de Louis XIII sans doute, sculpté en relief sur un cartouche et présentant des armoiries écartelécs, très nettes, mais dont l'identification nous échappe pour les deux quartiers répétés ; sur le tout, nous retrouvons les armes des Bernardins, déjà signalées comme sculptées seules à la base de la statuette de la Vierge 1. Curieux rapprochement, ces mêmes armoiries, entières et identiques, sont sculptées sur un petit panneau en bois du xvne siècle, naguère offert à la ville par M. le Dr Adolphe Henrot et conservé au Musée champenois d'Ethnographie, organisé par M. le Dr Guelliot à l'ancien Archevêché. Ce panneau proviendrait-il de la chapelle Saint-Bernard et serait-il un don de l'un des abbés commendataires de Clairvaux, dont la mitre et la crosse ont gardé des traces sur la sculpture ? Ce petit problème héraldique pourrait ainsi se résoudre un jour et faire revivre un souvenir de plus de l'ancien prieuré.

Nous n'avons aucune description antérieure de la chapelle démolie totalement. On nous disait en posséder dans le vestibule, près de l'escalier de la maison, à droite en entrant de la rue sous le chartil, le pavé primitif transporté là lors de la reconstruction par M. Godfrin, architecte. Mais ce pavé ne pourrait être qu'une imitation de l'ancien carrelage. Les matériaux en sont modernes, comme il a été constaté par plusieurs architectes à la suite de notre visite.

Ne quittons pas la cour des Magasins Saint-Bernard sans faire remarquer au bâtiment, sur la gauche en entrant, les consoles en bois d'un encorbellement dans le goût du xvie ou du xvne siècle ; toute cette portion avec tout l'exhaussement actuel est moderne. A l'angle de ce côté, au fond de la cour, existe aussi l'entrée d'une cave gothique où l'on descendait par un escalier en pierre à larges marches, mais dont l'entrée est aujourd'hui bouchée.

4 L'écusson complet est reproduit ci-après avec son cartouche.


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Enfin, au milieu de la cour, on voit un orifice circulaire en ce moment rempli par une dalle scellée : c'était l'ouverture du puits, dit de Sainte-Claire, où l'on venait, du temps des religieuses et jusqu'à ces derniers temps, puiser de l'eau en l'honneur de la sainte pour guérir les maladies des yeux. Cet usage invétéré et populaire avait été transféré là de Clairmarais : c'était un souvenir de l'origine, et, en le rappelant, nous finissons l'historique par où nous l'avons commencé.

Écusson armorié, encastré dans le mur du jardin de l'ancien Prieuré de Saint-Bernard, 106, rue de Vesle


— 54 — VISITES DU 3 AVRIL 1913

Hôtel Rogier, rue Eugène-Courmeaux, 18

En présence d'une nombreuse assistance, groupée au pied de la rampe magnifique du vaste escalier de cet immeuble, M. Hugues Krafft, Président, résume en quelques mots l'opportunité des deux visites organisées pour cette journée.

L'ancien couvent des Cordeliers ainsi que l'ancien hôtel Rogier se trouvent en effet exposés, à l'heure actuelle, à de graves risques de modifications. Une partie de l'ancien monastère vient d'être mise en lotissement, et des démolitions sont déjà commencées. Quant à l'hôtel Rogier, son avenir est mis en question par suite du récent décès de son propriétaire, le regretté M. Pol Marguet '.

Quelque doive être le sort que subiront tout ou partie de chacun de ces immeubles, si marquants dans l'histoire monumentale de la ville de Reims, M. le Président exprime, pour le gracieux accueil préparé, tous les remercîments de la Société aux propriétaires actuels de même qu'à leurs représentants : Mme Pol Marguet, M. Peltier et M. Gaston Laine, sans oublier M. Vuatrin, qui met une sollicitude' digne d'éloges aux fouilles entreprises par lui aux Cordeliers.

Puis M. le Président donne la parole à M. E. Kalas et à M. le Dr Pol Gosset, sous la direction desquels commence la visite de l'hôtel Rogier.

COMMUNICATION DE M. E. KALAS

L'hôtel Rogier couvre un terrain de 23 m. de façade sur 40 m. de profondeur, avec retour de 23 m. sur la rue de Luxembourg.

1 L'ancien hôtel Rogier a été vendu aux enchères publiques, devant le Tribunal de Reims, le 20 janvier 1914 à M. Périn,de Villers-Marmerv. Les vendeurs s'étaient réservé la fontaine de marbre du vestibule et les boiseries sculptées du premier étage.

La fontaine vient d'être acquise (juin 1914) par un antiquaire parisien.


i^aîi r SI HOTEL ROGIER,VJ8, R-CE COURMEAUX

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Façade latérale et bâtiment annexe sur la cour



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Le bâtiment principal s'élève sur la rue Courmeaux, précédemment rue de Monsieur et antérieurement rue d'Oçrnon. Un

o

autre s'étend en aile à droite ; les écuries et les remises sont au fond de la cour. Le terrain adjoint sur la petite rue était planté en jardin à la française, surélevé en terrasse, comme celui que nous avons vu l'année dernière à l'hôtel de Bezannes, rue de la Clef. On peut se l'imaginer séparé de la cour par une grille à pilastres galbés, analogue à celle démolie en 1890 à la maison n° 22.

Il ne reste rien de ce coin de verdure, remplacé depuis 1858 par un grand magasin à laines. Mais le reste des dispositions de l'immeuble n'a pas changé dans son ensemble.

La façade accuse un chartil central qui laisse, à gauche, la loge de concierge, la montée de service, et permet à droite l'évolution d'un grand escalier d'honneur.

Comme dans la plupart de nos vieilles maisons si discrètes, l'habitation proprement dite s'éclaire sur la cour. Les ouvertures sur rue ne servent qu'aux pièces secondaires et aux dégagements.

Le rez-de-chaussée appartenait uniquement aux grandes réceptions. C'est ainsi que, ouvrant sur le grand vestibule, se succédaient en aile quatre salons superbes dont les cloisons ont été arrachées partiellement pour agrandir le bureau des employés de la Société Générale, locataire de l'immeuble à la suite de la banque Auger et Camuset.

Le premier étage nous montre un tvpe de distribution familiale, dont le petit salon, la salle à manger, le cabinet de travail se groupent d'un côté de l'escalier, et les chambres de l'autre. De toutes parts, ces pièces en enfilade sont desservies par une suite de couloirs et de locaux dissimulés.

' Précisons que l'hôtel Rogier représente, à Reims, l'exemple le plus complet d'une riche habitation provinciale au xvnie siècle, époque où l'on commençait à rechercher la commodité et le confortable de la vie intime.

Si l'on en juge par la disposition du plan, par le stvle encore large, simple et symétrique des architectures, son édification doit remonter aux environs de 1725. Elle est plus récente que celle de l'hôtel de Courtagnon, rue Chanzy, plus ancienne que celle de l'abbaye de Saint-Denis, que l'on transforme actuellement en Musée des Beaux-Arts.

En examinant les nobles et sévères façades, nous estimons


- 56que

56que tranquillité des lignes, la puissance des profils de moulures, l'ampleur des ornements en général ainsi que la physionomie des mascarons formant clefs, sur cour, trahissent une survivance relative du style Louis XIV. Aucune surabondance de coquilles ou de contrecourbes, aucune dissymétrie de cartouches, aucune rocaille débordante. Ce qui n'empêche la composition, l'exécution des moindres morceaux de témoigner du talent d'un architecte, peut-être un peu âgé, évidemment en retard sur la mode de Paris, mais savant, soigneux et bien maître de ses ornemanistes, également anonymes.

Sitôt franchi le seuil du vestibule, nous admirons cette ampleur de dimensions générales qui confère un cachet de réelle noblesse aux habitations du xviue siècle.

L'escalier à la française se développe en une cage tellement grandiose que de nos jours on v bâtirait une maison. Les quatre volutes concentriques des premières marches de pierre, la douceur des foulées, la carrure des paliers en sont d'une échelle agréable et d'une belle tranquillité.

Ne semble-t-il pas que, par contraste, la superbe rampe de fer forgé veuille nous offrir l'exemple d'un pur chef-d'oeuvre de maîtrise? Avec quelle pondération le dessin transparent de ses motifs alternés en agrémente-t-il la facile envolée ! Avec quelle souplesse mgénieuse s'amortit la console de départ pour descendre en crossettes, en rinceaux feuillages !

Que les hommes de métier s'inclinent devant l'incomparable habileté des ouvriers de corporations, capables au temps jadis, avec des fers non laminés, d'enrouler de si jolis motifs, impeccablement calibrés seulement au marteau, assemblés à tenons, sans presque de soudure.

Nous n'aurons garde d'oublier la gracieuse niche de marbre rouge portant vasque, incrustée dans le refend gauche du vestibule.

Une tradition, que n'appuie aucun document écrit, veut que cette belle fontaine, issue des carrières de Rance (Belgique), soit un témoignage de la gratitude de la Ville à l'égard de JeanFrançois Rogier, lieutenant des habitants, pour son active collaboration à l'adduction des eaux, commencée par Jean Godinot et Lévesquc de Pouilly. A part la beauté de la matière, soulignons que, datés de 1755 environ, l'architecture de l'arcade, le modelé de la coquille et du support sont d'un style


HOTEL ROGIER, lg, RUE- COURMEAUX Motif décoratif des anciennes boiseries de l'un des trois salons du rez' de-chaussée (avant leur transformation) : Attributs des Arts



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incontestablement plus mou, plus contourné, plus rocailleux que celui de la maison.

Des deux robinets de bronze, desquels l'eau, nouvellement captée, laissait déborder sa chanson joyeuse, un seul subsiste pour offrir un délicieux spécimen de ces amalgames fantaisistes de chimères, de roseaux, et de volutes, tels que le dessinateur Meissonier savait en improviser à foison pour les ornemanistes et les orfèvres de la Marquise de Pompadour.

Nous jetterons un coupd'oeil dans le ci-devant bureau de la Société Générale, non pour détailler les poutres de tôle qui remplacent les cloisons disparues, ni les séparations grillagées, ni même l'impressionnant coffre-fort incombustible, mais pour regretter ce qu'a détrôné cette pratique installation d'une banque. Bien plus volontiers, nous reconstituerons les quatre salons en enfilade, et de dimensions différentes, qui s'ouvraient sur la perspective du jardin, et qui étaient séparés entre eux par des portes doubles à deux vantaux, toutes dans un seul axe.

D'après la mode adoptée alors pour les pièces d'apparat, les lambrissages, composés de menuiseries sculptées en plein bois, montaient jusqu'au plafond. Sur les cheminées de marbres gris ou rouges, des glaces de plusieurs morceaux reflétaient, en leurs cadres feuillages d'acanthe, des trumeaux admirables aux moulurations cintrées, guilloçhées et dorées ! De la cimaise à la corniche, dans l'intervalle des boiseries, de brillantes soieries brochées complétaient un ensemble très riche et coquet à la fois, où les meubles ventrus et cuivrés, le clavecin laqué, les fauteuils tapissés au petit point acquéraient une importance également décorative. Et les appliques de bronze doré, les lustres de cristaux, les cartels en vernis Martin, les biscuits et porcelaines, les portraits à perruque poudrée ajoutaient des touches, brillantes, ou discrètement exquises, à l'aménagement harmonieux d'un logis confortable de gros bourgeois, enrichi par les affaires et anobli par surcroît.

Une dizaine de photographies, prises il y a un quart de siècle par un amateur inconnu, et récemment offertes à la bibliothèque par notre Président, nous permettent de nous figurer la splendeur des boiseries et des trumeaux qui composaient la somptueuse décoration de ces salons. Elles nous font regretter encore davantage que, pour une somme tentante et tentatrice, le tout ait été vendu vers 1898.


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58La des cloisons a donné depuis à la Société Générale la jouissance d'une vaste salle, pleine de guichets, mais qu'il va falloir subdiviser à nouveau, si l'on entend louer cet immeuble vacant à titre de maison bourgeoise.

Si nous quittons ce rez-de-chaussée, dévasté à fond, pour accéder au premier étage, nous ne trouverons rien de décoratif à signaler dans le quartier des chambres. Quant aux trois pièces de réception intime, sises dans le bâtiment principal, elles ont également subi quelques outrages. Le goût ayant varié, sous l'Empire et plus tard, de nouveaux occupants ont renouvelé les cheminées et la plupart de leurs glaces. On a supprimé des petits bois aux croisées. Les précieuses tentures ont disparu. Des dessus de porte ont été barbouillés en gris pour .mieux s'harmoniser, au sens des habitants, à la couleur rajeunie des pièces, changées plus ou moins de destination.

Cependant l'instructive succession de fort belles portes à deux vantaux, dont les panneaux supérieurs s'enrichissent de contrecourbes abondamment chargées de très beaux feuillages, et tous différents, survit encore ; et de ces quelques spécimens, on peut juger avec quel soin, quelle ampleur, quelle richesse, les points décoratifs avaient être distribués, au xvnie siècle, chacun en bonne place, dans cette habitation choyée.

Regardons de fort près le profil des chambranles, des grands cadres et la gravure des plates-bandes, pour nous pénétrer du savoir du dessinateur-architecte. Détaillons la gerbe brillante des palmes, des coquilles et des fleurettes s'amortissant aux moulures et félicitons le talent sûr et éprouvé du sculpteur.

Dans le principal corps de logis, la pièce du fond sur la cour servit de chambre à Monsieur, Comte de Provence, lors du sacre du roi Louis XVI, son frère.

On y admire encore un ensemble enjolivé par un dessus de glace et par trois dessus de portes, les seuls qui restent dans la maison.

Deux peintures manquent ici, condamnées, paraît-il, à cause de leurs sujets trop lestes ; ou pense qu'elles durent être supprimées pour ne pas scandaliser le futur Louis XVIII, alors âgé de 20 ans.

Je soumets les quatre panneaux restants à l'examen des nombreux amateurs qui nous suivent au cours de cette visite. Je ne pense pas que ces chauds camaïeux datent de l'origine de la maison ; cependant ils doivent être antérieurs à 1775.


HOTEL KOGIER, 18,\^UE^OURMEAUX Boiseries et trumeaux, d'époque Louis XV, du salon du premier étage



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En les détaillant, on pourrait les attribuer à Jean Robert, surtout connu comme graveur, dira-t-on, mais fort capable de composer de si gentilles choses, d'après les estampes du temps, et de les colorier par un simple frottis transparent. Cet artiste était professeur à l'Ecole rémoise de dessin (de 1752 à 1762), à l'époque où Jean-François Rogier, remplissant la charge de premier magistrat municipal, s'honorait de fonder des prix attribuables aux meilleurs élèves. J'imagine que ce Mécène intelligent n'oublia pas d'encourager le Maître.

Mesdames, Messieurs, en terminant cet état des lieux, dont vous voudrez bien excuser, j'espère, l'aridité professionnelle, je crois être l'interprète de tous les Amis du Vieux Reims en souhaitant que le noble caractère de ce bel hôtel n'ait pas trop à souffrir de nouvelles mutilations, qui seraient nombreuses, si l'on se résout à doter l'immeuble du confort actuellement indispensable à une habitation moderne.

Réunis au premier étage, dans les deux salons qui seuls ont conservé leurs magnifiques boiseries du xvme siècle, les Amis du Vieux Reims, après avoir vivement applaudi M. Kalas, ont le plaisir d'entendre M. le Docteur Pol Gosset, dont la communication est rendue particulièrement intéressante par une exposition de portraits, de gravures et de livres, installés sur place, dans une vitrine spéciale, grâce aux soins du conférencier.

LES ROGIER ET L'HÔTEL DE LA RUE COURMEAUX

PAR M. LE I> POL GOSSET

L'histoire d'une vieille maison n'est pas complète si on ne connaît pas au moins le nom de ceux qui l'ont habitée. Malheureusement, même pour des immeubles importants comme le n° 18 de la rue Courmeaux, les propriétaires n'ont en mains que des dossiers tronqués.

A défaut d'actes notariés, la tradition orale appuyée sur des pièces imprimées, telles que les états de logements des sacres, permet d'appeler cet hôtel : HÔTEL ROGIER. En 1825, au sacre de


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Charles X, M. Thierion-Rogier, gendre du dernier des Rogier de Monclin, y reçut l'ambassadeur d'Espagne ; au sacre précédent, en 1775, la maison Rogier avait été réservée à Monsieur, Comte de Provence, le futur Louis XVIII, qui y logea le premier gentilhomme de sa chambre et le capitaine de ses gardes : c'est d'ailleurs en souvenir de lui que la rue d'Ognon fut dénommée rue de Monsieur en 1775 ; elle est aujourd'hui la rue Courmeaux.

Au sacre de Louis XV, l'hôtel n'était pas construit ; il est, en effet, d'un style Louis XV avancé. Tarbé, qui écrivait son beau livre sur Reims, vers 1840, sous la dictée des vieux Rémois, a imprimé que c'est Jean-François Rogier, lieutenant des habitants en 1751, qui l'a fait construire. Il faut donc l'appeler Hôtel Rogier, et non Hôtel Rogier de Monclin ; Rogier de Monclin était le frère cadet du précédent.

Les Rogier étaient une famille de marchands qui a donné plusieurs lieutenants des habitants à la \ille.

Jean-François Rogier fut aussi marchand ; en 1750, il acheta une charge de Conseiller du roi en la Cour des Monnaies de Paris, qui lui conférait la noblesse ■ et le droit au titre d'écuyer ; l'année suivante, il était nommé lieutenant des habitants. Successeur d'un administrateur remarquable mort prématurément, il eut la charge de réaliser les projets du lieutenant de mémoire vénérée qu'était M. Lévesque de Pouilly : adduction d'eaux potables, organisation des Ecoles de dessin, et création de la place Royale.

Il donna 3.000 livres de ses deniers pour remplacer par des conduites en plomb une canalisation d'eau en fer qui nécessitait sans cesse des réparations 3 ; les Rémois reconnaissants lui dédièrent la fontaine :1 qui était accolée au mur de l'ancien Hôtel-Dieu (Palais de Justice actuel). Une vue de cette fontaine

1 Un autre Rogier avait déjà reçu des lettres de noblesse en 1697 : Charles Rogier, seigneur de Ludes, lieutenant général au bailliage et présidial de Reims, dont il a été parlé dans nos Notes généalogiques du canton de Ver^y.

2 Registres des Conclusions du Conseil de Ville, 30 avril 1754.

3 Conclusion du Conseil, 28 janvier 1755. L'inscription à graver sur la fontaine est transcrite au registre. La fontaine, dégradée en 1793, restaurée en 1822, fut supprimée en 1841, quand disparut le mur de l'Hôtel-Dieu.


a été gravée par J. Robert, professeur de l'École de dessin de Reims ; il v a des épreuves en bistre (collection H. Jadart) et en noir (collection Saubinet-Givelet, à la Bibliothèque de la Ville).

Rogier donna encore 1.200 livres pour décorer la fontaine de la place du Parvis 1, dessinée par Adam l'aîné, de Nancy, et dédiée au bienfaisant chanoine Godinot. Enfin, il mit le comble à ses libéralités en attribuant aux écoles de mathématiques et de dessin 12.000 livres, dont les rentes devaient être employées en bourses et en livres de prix -'.

Les amateurs de livres recherchent encore ces prix, à cause des deux fers de reliure qui sont sur les plats, l'un aux armes de Reims, l'autre, plus beau, aux armes des Rogier :l : d'or à la fasce d'azur chargée de trois étoiles d'argent, accompagnée de trois roses de gueules ligécs et feuillécs de simple posées 2 et 1. Rarement la fiche de prix au nom de l'élève, gravée par Robert, est restée collée à l'intérieur ; le cuivre est à la chalcographie de la ville de Reims : des épreuves en ont été tirées pour \'Armoriai de l'élection de Reims de Ch. d'Hozier, édité en 1903.

Les Rémois ne savaient comment remercier leur lieutenant de sa générosité. Ils commandèrent son buste à Adam en 1757 ' ; cette belle oeuvre en terre cuite est conservée à l'Hôtel de Ville. Elle a été gravée de profil par J. Robert, mais la gravure est indigne du buste, et les vers attribués à M. Duval, curé de Saint-Michel, qui sont inscrits au-dessous du médaillon, ne valent guère mieux.

Il mourut en 1759, n'oubliant pas les hôpitaux dans son testament, et fut inhumé aux Cordeliers près de ses ancêtres ;

1 Conclusion du Conseil, 11 avril 1 y 5 5, — et Catalogue du Musée de Reims, par Ch. LORIQUET, p. 328. - Conclusion du Conseil, juillet 1756.

3 Deux de ces livres, Extrait des différais ouvrages publiés sur la vie des peintres, par M. P. D. L. F., Paris, MDCCLXXVI, 2 vol. in-8, avaient été exposés sous vitrine dans un salon de l'Hôtel Rogier, pendant la visite des Amis du Vieux Reims.

4 Catalogue du Musée de Reims, par Ch. LORIQUET, p. 327. — Cette même collection conserve le portrait de Rogier, peint par Ferrand de Monthelon. « Il n'est qu'une des nombreuses copies du portrait que possède M. Thierion-Rogier. » L. PARIS, Notice sur l'Ecole de Reims et le Musée, p. 9.


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son épitaphc en marbre noir, retirée de l'église lors de sa •démolition, fut portée dans l'hôtel de la rue Courmeaux. Les Thierion-Rogier s'en dessaisirent en faveur de la Ville quand ils vendirent la maison de famille.

En 1755, et toujours dans la même pensée de reconnaissance envers un généreux lieutenant, le Conseil de Ville avait tenté des démarches à Paris ' pour faire anoblir le frère de JeanFrançois Rogier, Philippe-Jean-Baptiste Rogier, Conseiller au présidial en 1728, puis premier Président en 1743 2. La minute de la requête présentée au Roi est au cartulaire de la Ville:l ; elle relate les services rendus à la Royauté et à leurs concitoyens par, la famille des Rogier. Après enquête de l'Intendant, le Roi signa les lettres d'anoblissement en décembre 1757'. Après avoir dit les titres de Philippe-JeanBaptiste Rogier à cette faveur, elles rappellent les gloires de cette vieille famille rémoise : et Nous sommes bien informés « que cette famille a toujours tenu un rang distingué entre les « habitants de notre ville de Reims. Jean Rogier, bisaïeul du « dit sieur Philippe Jean-Baptiste Rogier, a rempli successive« ment, sur la fin du xive siècle, les fonctions d'échevin et celles « de président de l'échevinage, et il a laissé des mémoires •« manuscrits qui ont été trouvés dignes d'être placés dans notre « Bibliothèque' 1 ; Nicolas Amé, son bisaïeul maternel, a été « lieutenant des habitants pendant les années 1655 jusqu'en

( Conclusions du Conseil, 30 juin et 7 juillet 1755, 12 décembre 1757; 6 mars 1758.

2 Son portrait aux trois cravons par Ricotteau est au musée. Bibliophile, ou mieux magistrat érudit, il avait une collection de livres professionnels dont le catalogue a été conservé ; son ex libris gravé n'est pas très rare : au-dessus d'une tablette avec banderole à son nom ROGIER DE MONCLIN, sont ses armes surmontées d'une couronne de comte ; supports : deux lions.

Sa seigneurie de Monclin est dans le canton de Novion-Porcien (Ardennes), ainsi que la baronnie d'Ecumine et la seigneurie de Lambernaut, sises sur Sorcv, qu'il possédait aussi.

3 Anoblissement. Archives de Reims. Carton 70, liasse 2 bis.

* Archives départementales. C. 2506. F° 256 et le Cabinet des titres à à la Bibliothèque nationale ; Nouveau d'Hozier 289. Le Règlement d'armoiries du 30 décembre 1757 lui attribue des étoiles d'or ; son :frère avait, nous l'avons dit, des étoiles d'argent.

5 Ce sont les termes de la supplique du Conseil de Ville.


SOCIETE DES AMIS DU VIEUX REIMS

JEAN-FRANÇOIS ROGIER, LIEUTENANT DES HABITANTS DE REIMS DE 1751 A 1756 Buste de terre cuite par Adam t'ainé. - Collections Municipales



ce 1659) et s'y est attiré une grande considération ; son aïeul ce a aussi été placé à la tête du Conseil de Ville en 1690, et son ce père s'y est trouvé en 1723, 1724 et 1725, et nous savons « que cette place leur a été déférée moins comme une recon« naissance des services de leurs auteurs que comme une « justice à leurs qualités personnelles et en vue de l'avantage « que notre ville retirerait de la sagesse de leur administration, ce Jean-François Rogier, son frère, a pareillement exercé pence dant plusieurs années les fonctions d'échevin et de lieutenant « des habitants. Uniquement animé de l'amour du bien public, ce il a généreusement contribué de ses propres deniers aux et dépenses de la conduite d'eaux saines qui ont été substituées ce à des eaux de mauvaise qualité, dont les habitants étaient ee obligés de faire usage ; attentif à l'éducation de la jeunesse, ee ses mains libérales se sont ouvertes en sa faveur et il a ee surtout signalé son zèle en formant le projet d'embellir la ee dite ville de Reims, d'y construire une place et d'y élever « notre statue pour être un monument des grâces que nous ce nous sommes plus à répandre sur cette ville, et par les soins ce infatigables qu'il s'est donné pour en assurer l'exécution... »

Ces lettres de noblesse furent confirmées à son fils en 1772 moyennant un versement de 6.000 livres.

Il ne saurait déplaire aux Amis du Vieux Reims qu'à l'occasion d'une visite dans un Hôtel soit évoqué le souvenir de ceux qui ont eu le souci de la beauté et de l'hygiène de la ville ; c'est mieux qu'un sentiment de curiosité qui nous a attardé dans ces détails, un sentiment de reconnaissance.



Ancien Couvent des Cordeliers

De l'hôtel Rogier, les Amis du Vieux Reims se rendent rue des Trois-Raisinets, aux chantiers de démolitions établis sur la partie de l'ancien couvent qui a été récemment lotie.

Guidés par MM. Bemheim ainsi que par M. Vuatrin, dont les fouilles ont été très fructueuses, et qui a généreusement offert à la Société des fragments sculptés de grand intérêt, les sociétaires montent au premier étage du bâtiment qui contenait autrefois la Bibliothèque, et dont la belle charpente médiévale retient leur attention'.

De là, ils pénètrent dans la cour, puis dans l'ancien cloître, où les reçoit le représentant de M. Gaston Laine, et où MM. Kalas et le Dr Pol Gosset leur font part des études très documentées qu'ils ont bien voulu préparer et rédiger pour cette visite.

A l'issue de la réunion, M. le Président se fait l'interprète de tous les adhérents présents pour offrir de vifs remercîments aux érudits conférenciers, qui ont fait preuve, une fois de plus, de leur entier dévouement au but que poursuit notre association.

LES CORDELIERS, PAR M. E. KALAS

Saint François d'Assise vivait à la fin du XIIe siècle et au commencement du xme (i 182-1226). Chacun sait que ce saint confesseur lut le fondateur d'un ordre de Irères prêcheurs et mendiants, qui prit une extension surprenante. Ces religieux s'appelaient par humilité frères mineurs, c'est-à-dire ee les moindres dans le royaume de Dieu ». lin France on les gratifia plus tard du nom de Cordeliers à cause d'une grosse ceinture

' Malgré les transformations qu'ont amenées les travaux entrepris pour une nouvelle adaptation, cette charpente a pu, heureusement, être conservée p.ir les soins de l'acquéreur, M. Georges Houlon.


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en corde à noeuds, dont les bouts flottaient sur leur robe noire à larges manches.

Au moment de partir pour la croisade où il est mort en 1219, notre archevêque, Aubry de Humbert, fondateur de la cathédrale actuelle, rencontra en Italie l'illustre stigmatisé.

Dès l'année 1220, sous l'épiscopat de Guillaume de Joinville, (1219-1227) successeur d'Aubry, les Franciscains s'établirent à Reims. Guillaume de Joinville leur affecta une petite maison dans le proche voisinage de son château fortifié de la Porte Mars.

Cet établissement, qui comportait quelques cellules et un oratoire, fut détruit en 1235, au moment d'une émeute des habitants contre leur seigneur-archevêque, Henri de Braine (1227-1240).

Après une excommunication lancée contre les Rémois par le pape Grégoire IX, après une ou plusieurs interventions du roi saint Louis, les habitants eurent à payer une forte amende au prélat ; mais la paix locale ne fut guère rétablie que sous son successeur.

C'est alors que les adeptes de saint François obtinrent, en 1245, la facilité de s'établir sur un beau quarrel de 7.000 mètres de surface, situé derrière l'église paroissiale de Saint-Symphorien et aboutissant presque au pied du rempart. Ce terrain était isolé de toutes parts par les rues encore existantes 1.

Aussitôt arrangé à l'amiable un procès que les nouveaux propriétaires eurent à soutenir avec les chanoines de SaintSymphorien à propos de droits de paroisse, les frères commencèrent à construire, sur un très vaste espace, un nouveau couvent avec église, dont nous avons pu reconstituer le plan.

La bienfaisance des Rémois, ou partie des amendes à eux infligées, subvinrent aux dépenses.

Si l'on peut s'étonner des dimensions considérables de cet

1 La rue des Trois-Raisinets s'appelait rue Saint-Pierre et Saint-Paul dans sa partie méridionale en souvenir de l'ancien vocable de l'église Saint-Symphorien. Consacré aux premiers apôtres, cet édifice servait de cathédrale à la période romaine, avant que, en 401, l'évêque Nieaise ne consacrât à la Vierge un ci-devant temple (de Vénus 7) existant à l'emplacement de la cathédrale actuelle.


ANCIEN COUVEN%-ÔES CORDELIERS Plan d'ensemble des bâtiments existant en 1791



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établissement, il faut dire qu'aux xme et xive siècles l'ordre des frères mineurs était au maximum de sa vogue, et qu'on évaluait à 200.000 le nombre de ses affiliés en France.

On estime qu'à cette époque la maison de Reims abritait une soixantaine de religieux, faisant voeu de pauvreté absolue. Elle était sous la direction d'un gardien, cus/os, qui tenait eu succursales les établissements de Châlons, de Compiègne et de Soissons.

Cependant le couvent se dépeupla plus tard jusqu'à ne contenir qu'une douzaine de religieux vers l'époque de la Révolution.

Au moment du sacre de Louis XV, la communauté n'était déjà plus composée que d'un gardien, de 10 pères et de 2 ou 3 frères parcourant les provinces. 11 n'y avait plus de novices.

Les Cordeliers furent toujours très populaires à Reims. Ils avaient su.se rendre fort agréables au peuple par leur libéralité sans morgue et par leur empressement à rendre service.

La grande salle conventuelle, éclairée sur le préau du cloître, servait de lieu de réunions aux assemblées de bourgeois, pour procéder aux élections et pour délibérer sur les affaires de la Cité, à une époque où les échevins consultaient assez souvent les habitants '. Plusieurs délibérations de citoyens furent considérées comme clandestines, et comme telles annulées, pour avoir eu lieu ailleurs qu'aux Cordeliers.

Les corporations de marchands s'y réunissaient aussi pour procéder à la nomination des syndics, des jurés et des maîtres.

A la chapelle était célébrée la Saint-Biaise, fête des ouvriers

1 Le Conseil de Ville savait reconnaître leur complaisance ; tous les ans il leur accordait, sur leur demande, une tonne de harengs pour leur carême. Une de leurs suppliques est conservée en original, dans le tome 50 des Conclusions du Conseil de Ville, années 1661 à 1663, f° 15.

A MESSIEURS LES LIEUTENANT

ET GENS DU CONSEIL DE LA VILLE DE REIMS

Supplient très humblement les Gardien et Religieux de Saincl François de vostre Couvent des frères Cordeliers de Reims, qu'il vous plaise selon vostre charitable, ancienne et louable coustume, continuer leur aumosne d'une tonne de harents pour subvenir à leur nourriture durant ce saincl temps de caresme ; et en reconnaissance de vos bienfaits ils redoubleront incessamment leurs prières à Dieu pour vostre prospérité et celle de la ville.


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de la laine (qu'on célèbre aujourd'hui à Saint-Maurice). Le lendemain, on y chantait un office des morts pour les fabricants trépassés dans l'année.

La plupart des fêtes patronales des autres corporations commençaient ici par des dévotions analogues. Mais la journée ne se passait pas exclusivement en prières et processions.

Autour du couvent, la rue de Mâcon et celle des TroisRaisinets ont pris le nom de cabarets réputés pour leur bon vin. Dans la rue Saint-Yon, les hommes connaissaient une enseigne portraicturant ce maigre cénobite, canonisé pour avoir vécu de racines au désert. Et par une ironie fort dans l'esprit de nos aïeux, on disait « vivre d'herbes et d'eau » dans la taverne joyeusement achalandée, où pendait l'image pieuse. Maçons, orfèvres, chandelliers, ouvriers de laines ou peintres-verriers, s'en allaient à la sortie de l'office faire un repas après lequel chacun pût rouler sous la table. Telle était, au bon vieux temps, la manière de se divertir. La nuit se terminait par des danses rythmées au bruit des chansons.

En 1450, un incendie détruisit le dépôt des archives, la bibliothèque, ainsi qu'une partie des combles, et nécessita la réfection de quelques façades du premier étage. Mais le rez-dechaussée ne dut guère souffrir, puisque nous voyons encore les arcades ogivales du xine siècle entourer le préau, et se poursuivre dans la cour d'entrée vers la rue des Trois-Raisinets.

L'année suivante le désastre était réparé, non-seulement par le moyen d'aumônes populaires, mais grâce surtout à la libéralité d'une veuve, dont on a perdu le nom.

C'est de cette réfection que dataient les deux grandes parties de combles parallèles à la rue de Mâcon, charpentés à la mode du temps en chevrons cintrés. La partie médiane (elle était plus aiguë) a été démolie depuis un mois seulement; l'autre, qui subsiste temporairement — en about vers la rue des TroisRaisinets,— couvrait la bibliothèque. Cette bibliothèque, située au premier étage et assez comparable à la grande salle du Tau de l'archevêché, était couverte d'une voûte en planches clouées sous les chevrons cintrés.

Le couvent était donc rétabli sans rien sacrifier de son tracé grandiose. Déjà moins peuplé de moines, il n'en était que plus commode pour toutes les assemblées populaires.

L'afnuence des sépultures religieuses et bourgeoises était


ANCIEN COL^fN^DES CORDELIERS

Vue de l'ancien Cloître



• - 69tellement

69tellement que les bouleversements causés par l'incendie avaient eu pour conséquence le déblaiement des tombes de la cour et du cloître. On avait relevé sur les murs du préau de nombreuses épitaphes religieuses et laïques.

D'ailleurs, la prospérité du couvent ne faisait que s'accroître. On connaissait aux Pères de nombreux immeubles à la ville et à la campagne. Les donations affluaient au décès des gros bourgeois, dont les tombes prenaient place dans la chapelle.

En notre ville ultra-catholique, au beau temps de la Ligue, la grande salle du couvent abritait des assemblées fanatiques. Les Cordeliers se trouvaient en bonne place à toutes les processions diurnes ou nocturnes, suscitées par le zèle religieux ou autre.

Et cela ne faisait aucun tort à leurs affaires temporelles.

Nous avons parlé de la prospérité du couvent. A la fin du xvie, peut-être au commencement du xvne siècle, elle avait permis de rétablir en charpente de fermes, faites de bois carrés d'assemblage, le grand comble parallèle à la rue des TroisRaisinets.

Il faudrait donner à ce travail une date assez lointaine si l'on accepte l'idée que les lucarnes et chiensis, superposés en plusieurs étages, sont dûs à l'influence de l'architecture allemande.

A Strasbourg, ainsi que dans bien des villes anciennes d'outreRhin, il existe des exemples innombrables de ces dispositions, contemporaines d'Albert Durer. A Nuremberg, nous avons compté sur la halle jusqu'à six rangées de lucarnes.

Vraisemblablement à la même époque, les alvéoles accessoires de la chapelle, consacrés aux sépultures des meilleures familles de Reims, durent être rajeunis tout au moins. Les arcs en plein cintre, établis entre les contreforts sur la rue de l'Isle, indiquent que leur style est postérieur à la Renaissance.

Cependant, la nef de la chapelle avait dû conserver intact son caractère gothique ; son jubé existait encore quand, en 1641, Louis XIII étant à Reims, le cardinal de Richelieu, logé dans le quartier (à la maison Thiret de Prin, rue de la Chèvre), vint y dire la messe.

Le terrible ministre portait une cotte de maille sous ses habits de prêtre. « Son maréchal des logis s'empara du jubé et plaça ee des gardes à toutes les portes ; personne ne put approcher et ce le défiant cardinal ne communia qu'après avoir palpé l'hostie ce et en avoir fait goûter un fragment à son aumônier. » (TARBÉ.)


Le couvent avait-il encaissé une donation sur les fonds secrets? Avait-on, de longue date, accumulé le produit d'aumônes? Quoi qu'il en soit, des bâtiments en vétusté devaient être reconstruits du côté de l'entrée de service.

En 1647, on rent plusieurs travées parallèles à la rue de Mâcon, avec arcades en plein cintre vers le cloître et comble en charpentes de fermes. L'année suivante on rétablit, de bas en haut, l'aile aboutissant d'équerre à la même rue. Dans cette annexe, la forme seule des hauts rampants de toit correspond aux dispositions primitives. Des tables de pierre attestent ces dates.

La porte cochère, en face de la rue Saint-Yon, doit remonter à la même époque.

N'oublions pas de signaler comment vingt ans plus tard, en 1669, à propos d'un secondaire travail de maçonnerie, éclata un véritable scandale théologique.

Suivant une rédaction du temps, le Père Le Franc, gardien des Cordeliers, ayant fait rebâtir le portail d'entrée de la cour vers la rue des Trois-Raisinets, et ce voulant signaler son zèle ce envers son séraphique patriarche saint François et acquérir ce quelque réputation dans son Ordre », s'avisa de graver cette dédicace en lettres d'or sur une table de marbre au frontispice de ce portail : Deo-homini et B. Francisco, ûtrique crucifixo (à Dieu-homme et à saint François, l'un et l'autre crucifiés).

On sait que saint François, suivant la légende, avait miraculeusement porté aux pieds et aux mains les stigmates de la Passion. C'en était assez, au dire de certains théologiens, pour le considérer comme mystiquement crucifié. Mais le scandale et la polémique furent énormes dans le monde ecclésiastique, où cette interprétation paraissait superstitieuse.

Le grand vicaire de l'archevêque Barberin ne pouvait accepter, en tout cas, qu'on mit le Christ et son élu sur le même rang.

A la suite d'une injonction formelle de l'officialité de Reims, la table de marbre fut enlevée une belle nuit : ce Afin qu'on ce ne crut pas que cela se fut fait par son ordre, le lendemain « matin il (le gardien) fit courir le bruit par toute la ville que ce ç'avoient été des yvrognes qui l'avoient enlevée (et il disoit ce peut être la vérité (). Mais quoy qu'il dit, et fit dire, personne ce n'en voulut rien croire. »

' Ne disait-on pas : « boire comme un cordelier. »


7i

D'autant plus que, quelque temps après, il fit remettre une autre table avec une inscription un peu adoucie : Crucifixo Dcohomini et sancto Francisco.

Ces paroles semblent plus modestement marquer que Dieu et saint François ont été crucifiés. Mais elles n'en parurent pas moins « contraires à la foi de l'Eglise, à la sainte doctrine de la ce théologie, et même à la vérité de l'histoire de saint François».

Comme il n'y a que Dieu, à proprement parler, à qui l'on puisse ériger et conserver des temples et des autels, l'inscription fut à nouveau condamnée. Pour éviter au Père Le Franc la dépense d'une troisième plaque, on se contenta de faire supprimer avec du mastic noir le nom de saint François '.

Les bibliophiles tiendront à savoir qu'une piquante dissertation sur ce sujet a été imprimée à Bruxelles en 1670, et rééditée une seconde et une troisième fois ; elle est de l'abbé Thiers. Elle se trouve souvent reliée à la suite d'un ouvrage intitulé : La guerre sèrapbique ou histoire des périls qu'a courus la barbe des Capucins, par les violentes attaques des Cordeliers.

Le xvme siècle amène un rajeunissement de la chapelle des Cordeliers ; de même qu'à la Cathédrale, à Saint-Nicaise, et partout ailleurs, la mode entraine à détruire tout ce qu'on peut du vieux style moyenâgeux, réputé barbare et gothique.

Le 7 octobre 1722, l'archevêque de Rohan inaugure un nouveau maitre-autel ce à la romaine », dont la table de marbre est décorée, sur la face antérieure par un Saint-Esprit doré, et sur les côtés par des armoiries également dorées. De plus, il est surmonté de six colonnes de marbre qui soutiennent un baldaquin doré dans le fond duquel est aussi une gloire dorée 2.

Cet édicule somptueux, après avoir été transporté au xixe siècle en l'église de Tours-sur-Marne, peut être admiré ou critiqué maintenant dans la banale église de Verzy où, du reste, il nous semble absolument disparate.

' Le temps ayant enlevé une partie de cet enduit, et l'inscription incriminée reparaissant encore, en 1774 les Pères ont fait mettre une autre inscription plus conforme à la modestie de leur institut : CONVEXTUS F. F. MINORUM.

-Ces détails sont tirés d'une Déclaration concernant les biens mobiliers et immobiliers de la maison, présentée à l'Assemblée Nationale, et conservée aujourd'hui aux Archives de la Marne ; elle est du 26 février 1790.


Ici, dans le voisinage d'un autel à baldaquin, garni de tabernacle, croix et chandeliers rutilants d'or, le vieux jubé ne pouvait durer. Les contemporains de Godinot remplacèrent cette clôture encombrante par une grille ouvragée, laissant mieux voir le cérémonial, et faisant place à deux autels supplémentaires '.

On pouvait ainsi juger qu'au-dessus des soixante-quatre stalles du choeur étaient sculptées les armoiries de tous les bienfaiteurs de la Maison, parmi lesquelles on distinguait celles de plusieurs archevêques.

En 1777, il y avait encore ce quelques écussons non remplis, ce semblant demander et attendre de nouveaux bienfaiteurs 2. »

La dernière construction édifiée par les Cordeliers sous Louis XVI est la maison occupée par M. Appert-Tatat qui conserve encore des boiseries intéressantes.

Au lieu de nouveaux fastes, la Révolution approchait ; elle devait transformer les biens du clergé en propriétés nationales, expulser les religieux et mettre en vente ce vieux couvent qui nous intéresse.

En terminant, félicitons-nous que l'établissement des disciples de saint François ait pu conserver, pendant 120 ans encore, le silhouette presque intacte de ses bâtiments conventuels.

Jusqu'ici le prolongement seul de l'aile des cuisines avait disparu. Maintenant, nous assistons à de plus graves démolitions, et à tout jamais sera déformé l'ensemble des toits sévères qui, depuis 700 ans, dominaient ce quartier de la vieille ville.

Tâchons de nous consoler en constatant que les rares détails intéressants que contenait la partie déjà abattue en 1913, c'est-àdire une dalle tumulaire du xme siècle, un linteau du xve, une taque de cheminée du xvie, sont à l'abri maintenant au Musée de la Société des Amis du Vieux Reims.

Ces vestiges auront, là au moins, meilleur sort que les grandes poutres de la chapelle qui, déposées en 1813, furent en partie réquisitionnées par les Cosaques, pour servir à faire des radeaux et des ouvrages contre l'attaque de Napoléon. Le reste

1 De cette époque pouvaient également dater les trois autels en marbre des chapelles rayonnantes portant chacune une statue de grandeur naturelle.

- BAUNY. Manuscrit à la Bibliothèque de Reims.


SOCIÉTÉ DES AMIS DU VIEUX REIMS

ANCIEN COUVENT DES CORDEL1FRS Charpente de l'ancienne salle d'assemblées ; état en 1913, à l'époque des démolitions



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des bois dut sécher assez longtemps dans les chantiers du charpentier Paroissien, qui se trouvaient à l'angle de la rue Large et de la rue Caqué ; où bien y servaient-ils de carcasse démontable pour les représentations annuelles du Cirque Franconi. Sic transit gloria mundi !

LA FIX DES CORDELIERS (I 789-1792)

par M. le D' POL GOSSET.

Références : Archives départe ment aies de la Marne, séries L et Q.

Pour avoir une idée de ce qu'était encore la maison conventuelle des Cordeliers au xvme siècle, il faut aujourd'hui entrer dans quatre ou cinq immeubles particuliers.

Comment s'est donc fait le démembrement du couvent ? Par le seul jeu des lois révolutionnaires.

Un décret du mois de novembre 1789 avait mis à la disposition de la Nation tous les biens ecclésiastiques; en vertu de ce décret, et d'autres qui suivirent, les Cordeliers de Reims firent d'abord à l'Assemblée nationale une déclaration de leurs biens meubles et immeubles et de leurs charges. Cette pièce est très intéressante parce qu'elle seule donne sur l'église, le cloître, les réfectoires et la maison en général, les renseignements les plus précis : c'est ce document qui a permis à M. Kalas de reconstituer l'église avec son maître-autel à la romaine, ses chapelles et ses soixante-quatre stalles.

Quelques mois plus tard, le Ier mai 1790, les officiers municipaux firent un inventaire dans lequel est notée la composition de la bibliothèque : 415 volumes in-folio, 62 in-quarto et 200 petits livres qui sont des recueils de sermons. De cette même date est un état sommaire des biens et des revenus de la maison : maisons à Reims ', terres à Thillois, à Pontfaverger vignes à Coulommes, à Mailly, à Ecueil, etc., etc.

Un autre inventaire fut établi le 24 février 1791 par un administrateur du directoire du district de Reims.

' Les Cordeliers avaient reçu en legs d'une veuve, au xvue siècle, la maison dite du Coq à la poule, sise rue Neuve, aujourd'hui rue Gambetta, 82, dont la curieuse enseigne, sculptée sur le tympan de la porte d'entrée et datant du moyen âge, est aujourd'hui au Musée lapidaire.


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Ces inventaires étaient faits pour sauvegarder les intérêts de la Nation; ils préparaient les estimations et les mises en vente.

Le 9 avril 1792, Antoine-Noël Lefebvre et Pierre Ponsin, experts, visitèrent la maison ci-devant conventuelle y compris l'église, dressèrent un plan qui malheureusement est perdu et estimèrent qu'il y avait intérêt pour la vente à partager l'immeuble en quatre lots.

Pour laisser les locaux libres, une première vente de mobilier fut commencée le 26 avril ; elle comprenait les 64 stalles du choeur, les petits autels, les tableaux, etc.. et rapporta 5.057 ' 4» 6-*.

La maison conventuelle estimée 45.000 ' put alors être mise en vente ; le prix offert pour les quatre lots réunis, 58.000 ', étant supérieur à la somme des enchères de chacun des lots, tout l'immeuble fut adjugé le 30 avril 1792 au citoyen Guerlet, entrepreneur de bâtiments.

Le maître-autel, enfin, qui n'avait pas pu être vendu plus tôt, faute d'amateur, fut attribué le 9 juin suivant à un syndicat de revendeurs.

Depuis plus d'un an déjà les treize religieux avaient été dispersés, assurés d'ailleurs d'une pension qui variait avec l'âge de chacun. Le révérend Père J.-B. Legros avait été le dernier gardien.

Que devinrent les restes des Rémois enterrés dans l'église, des Frémyn par exemple dont la chapelle, la première en entrant dans la nef, lambrissée à hauteur d'appui et fermée par une porte à jour, contenait un mausolée *, des Colbert 2, des Rogier, des Deperthes, des Delasalle ? Les familles encore représentées

* Les Frémyn étaient bienfaiteurs insignes du couvent depuis des siècles. D'Hozier a imprimé dans la généalogie de la famille l'épitaphe de Philippe Frémyn, lieutenant des habitants, mort en 1662.

Philippes protégea Reims et ses Citoyens.

Au Collège, il laissa ses biens.

Le double exemple est beau, Rémois,

Il est à suivre. Qui meurt de sa façon est sur de toujours vivre.

- Une pierre tombale des Colbert, provenant des Cordeliers, est au Musée lapidaire. Celle du preux Richard Colbert est perdue : son histoire est trop connue pour être rapportée.


n

furent certainement prévenues, comme j'en ai la preuve pour l'église Saint-Hilaire, aussi désaffectée ; mais les restes que personne ne réclame ?

Le 3 messidor an II (21 juillet 1794), Bruyant, propriétaire des ci-devant Cordeliers, prévint le district ce qu'il existait dans ce un caveau de la ci-devant église, à droite de l'ancienne entrée, « trois tombes en plomb dont il requérait l'exhumation, pour ce être, tant le plomb que les cadavres, transférés où il plairait ce à l'administration ». Les 400 livres de plomb furent portés chez un plombier et les os au cimetière de Porte-Mars.

Ainsi finit le couvent des Cordeliers.


- 76 - EXPOSITION GÉNÉRALE

DES

COLLECTIONS RÉUNIES AU SIÈGE SOCIAL

19 au 28 mai 1913

Deux expositions avaient déjà été organisées au siège social : la première qui eut lieu en décembre 1909, dix mois après la fondation de la Société, et aussitôt que fut terminée l'installation des très nombreux dons reçus, ainsi que celle de la collection d'aquarelles et de relevés d'architecture du Vieux Reims, commencée par MM. Eugène Auger et Kalas pour M. Hugues Krafft; la deuxième, qui se tint en juin 1911, à l'occasion du Congrès de la Société française d'Archéologie et qui, en quelque sorte, répéta l'exposition antérieure.

Depuis, diverses circonstances heureuses permirent d'ajouter de nouveaux locaux à ceux déjà occupés par la Société ainsi que par son Président, et d'utiliser la totalité du pittoresque bâtiment du fond de la cour, pour y classer et mieux mettre en valeur les collections qui s'étaient considérablement augmentées pendant les quatre années écoulées.

Dans ce bâtiment, un grenier servait jusqu'alors de dépôt général à la Société, et le vaste hangar, situé en dessous, était loué à des tiers pour remise d'automobiles.

En 1912, ces locaux furent complètement transformés par le propriétaire de l'Hôtel Coquebert, M. E. Kalas, qui est, en même temps, le dévoué conservateur de nos collections. Il assura ses meilleurs soins aux importants aménagements, qui s'étendirent à la cour elle-même, de telle sorte que les installations réalisées pour l'exposition purent être regardées comme une présentation et un classement durables, sinon définitifs.

Un programme fixa, à ce moment, l'itinéraire précis et spécial qui, aujourd'hui encore, forme le circuit le plus direct et le plus pratique à travers les différentes parties de l'immeuble qui sont consacrées aux Amis du Vieux Reims.


SOCIÉTÉ DES AMIS DU VIEUX REIMS

ANCIEN HOTEL COQUEBERT, Fi, RUE SALIN Siège social des Amis du Vieux Reims - Vue de la cour



Cet itinéraire conduit les visiteurs tout d'abord à l'extrémité supérieure de l'escalier principal, dont les parois sont garnies dès le bas de documents relatifs aux monuments et à l'histoire de Reims : grandes gravures anciennes, représentant la place Royale en 1765; moulages des motifs sculptés par M. Chavalliaud pour compléter la décoration de la cour de l'ancienne Abbaye de Saint-Denis, actuellement Musée des Beaux-Arts, (ces moulages sont un don de M. Chavalliaud); tableau de M. Namur, figurant l'état antérieur de la porte cochère de l'ancien grand Séminaire ; panneau de bois sculpté du xvme siècle, offert par Mme Labarraque-Walbaum; moulage d'une plaque de plomb à inscription commémorative de 1765 et provenant des toitures de la Cathédrale ; dessin aquarelle représentant la procession de la Croix de la Mission en 1821, etc..

En haut de l'escalier, par une porte munie d'un vieux heurtoir et de barreaux Louis XIII, on pénètre sur un palier, où sont réunis des plans anciens de la Ville, et où la place d'honneur est occupée par un bel exemplaire du plan général de 1769 par Le Gendre, cadeau de Mme Cadot-Tortrat.

Sur les murs du couloir adjacent sont présentés des relevés d'architecture, choisis parmi ceux que M. Huart a dessinés pour la Société : plans de la ce Maison Historique », 9, place des Marchés; plans et coupes de l'église Saint-Julien, retrouvée au cours des démolitions qui furent effectuées en 1912 derrière Saint-Remi ; plan de l'ancien couvent des Cordeliers, montrant l'état des lieux à la fin du xvme siècle.

Dans le cabinet du cartulaire sont disposés, sur les rayons d'un grand meuble d'appui, les larges portefeuilles contenant, classées par catégories, toutes les gravures et lithographies offertes à la Société, ou achetées par elle ; là sont également les grands albums en formation pour les collections de photographies. Parmi ceux-ci, citons en première ligne les quatre recueils des admirables photographies de la Cathédrale, exécutées par M. Léon Doucet, et offertes par M. le Vicomte André de Brimont.

Des vitrines abritent les poteries gauloises et gallo-romaines, offertes par la succession de M. H. Menu ; des fragments de peintures romaines, offertes par M. Gardez, des sculptures délicates du moyen âge, des monnaies, des ivoires, etc..


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Sur les murs, on voit la Cathédrale sous plusieurs aspects : gravures anciennes de Gentillastre, données par M. Hugues Krafft, lithographie de Maquart, aquarelle moderne de Truffaut, etc. ; un précieux dessin de Viollet-le-Duc, offert par M. Kalas et représentant des croquis de sculptures de la Cathédrale ; un carré de soie imprimée : ce Le sacre de Charles X », offert par M. H. de Mumm ; des panneaux de bois sculpté, donnés par M. Simon-Gardan et par Mme X. Mathieu.

La salle suivante, complètement réorganisée, montre audessus de sa cheminée Louis XVI, et dans le trumeau qui la décore, le tableau des Membres Fondateurs de la Société ; puis, de chaque côté de la porte d'entrée, que couronne une jolie sculpture sur bois de la fin du xvme siècle, les tableaux qui commémorent les noms des donateurs.

A gauche, les rayons de la bibliothèque contiennent les volumes, brochures et plaquettes, numérotés et catalogués, tandis que, en face, des armoires-vitrines à petits carreaux sont utilisées à titre de réserve.

Sur les autres parois disponibles, sont disposés des moulages et des sculptures de petites dimensions, qui proviennent de dons ou d'achats.

Au centre, enfin, sur la longue table de travail, autour de laquelle le Conseil d'Administration et son Bureau tiennent leurs séances, sont exposés les deux vitraux qui reproduisent des médaillons de la grande Rose de la Cathédrale, offerts par M. Paul Simon, ainsi que les ouvrages illustrés les plus remarquables que possède la Société.

Du deuxième étage, les visiteurs descendent, par un étroit escalier à balustrade de fuseaux anciens, dans l'appartement particulier de M. Hugues Krafft, Président, dont les pièces forment une suite de reconstitutions rétrospectives de salons et de cabinets des xvne, xvme et xixc siècles, chacune des pièces ainsi aménagées contenant des documents graphiques ou autres, qui se rapportent à l'histoire des sacres des rois de France à Reims.

Dans la salle principale, mentionnée à la page 37 de l'Annuaire-Bulletin de 1910, et plus spécialement décrite dans la brochure qui fut distribuée à l'occasion de l'exposition de 1909, on remarque : une gravure représentant saint Rémi à cheval, oeuvre de Martin Voss (M. D. XCVI) ; les gravures-portraits


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de Louis XIV enfant, de la reine Marie-Thérèse, de Louis XIV en costume d'apparat, et un portrait, grandeur nature, de Louis XIV au début de son règne. Le monarque y est représenté debout, en armure, avec le grand cordon du SaintEsprit, ses longs cheveux bruns bouclant librement sur les épaules ' ; sa main droite tient le sceptre et sa main gauche s'appuie sur la couronne royale.

Dans le couloir adjacent, où est fixée une porte Régence à deux battants qui provient du château de Roucy, sont groupées des gravures relatives aux cérémonies du sacre de Louis XV, des portraits de ce roi, du dauphin son fils, etc.

La chambre à coucher contient : sur une console rocaille, la reproduction du buste de Louis XV par Le Moync ; un cartel en vernis Martin, signé Picart à Reims; deux armoires-encoignures de la région champenoise; les quatre grandes gravures de Varin frères, d'après les dessins de Moreau le jeune et de Van Blarenberghe, souvenirs des fêtes magnifiques données à l'occasion de l'inauguration de la place Royale, en août 1765 ; le grand livre du sacre de Louis XV, texte et gravures en épreuves modernes de la chalcographie du Musée du Louvre.

Dans la salle à manger se trouve une collection complète de gravures (dont quelques-unes fort rares), relatives au sacre de Louis XVI. Nous mentionnons surtout celle qui représente une Allégorie du Sacre, et qui a été publiée en carte postale pour les Amis du Vieux Reims en 1913 ; deux petits portraits peu connus du roi Louis XVI et de Marie-Antoinette, une gravure : Dédiée à la Reine, par Campana.

Le buste de Marie-Antoinette, qui orne à Versailles la bibliothèque de l'infortunée souveraine, profile ici son expression gracieusement hautaine sur la glace de la cheminée ancienne qui décore Ja pièce.

Quelques marches d'un passage, sur la paroi de droite duquel on voit des portraits de Louis XVII, de la famille royale au Temple, etc., descendent vers un petit cabinet de style Empire et meublé de même. Une toilette droite, à colonnettes, encore garnie de ses accessoires originaux et ayant appartenu à une

1 Cette peinture, qui a été trouvée à Genève, est un portrait original ou une copie du temps. En tout cas, elle offre un assez grand intérêt, parce que, sans doute, elle figure Louis XIV avant l'époque où, par suite de maladie, il perdit sa chevelure et porta perruque.


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vieille famille rémoise, en forme l'objet mobilier le plus typique, avec une console et des chaises en poirier.

Sur les panneaux de boiseries blanches, se suivent les portraits-gravures du Duc d'Orléans (plus tard Louis-Philippe) en uniforme de général de la première République ; de Napoléon Ier à cheval (tel qu'il eût pu être la nuit de son entrée victorieuse à Reims, le 13 mars 1814), de Charles X, du Duc de Berry en grand costume de cérémonie du sacre, de la Duchesse d'Angoulême et de la Duchesse de Berry ; les lithographies de la réception de Charles X à Tinqueux et du banquet du sacre dans la salle du Tau.

Quelques plaques d'officiers ministériels, en métal doré, datant de la Restauration et du second Empire, complètent la décoration de ce cabinet, qui fut terminé en même temps que les locaux dont il va être question.

En sortant du cabinet Empire, les visiteurs se trouvent, en effet, sur le palier qui précède le grand grenier récemment converti en ce Musée de sculptures et de moulages. »

Les objets y sont présentés sur des socles qui font le tour de la salle, ainsi que sur les murs, ou bien encore à l'appui des fermes de charpente, tels les moulages exécutés en 1912 d'après les corbeaux gothiques de la maison de la place des Marchés, à l'angle de la rue des Elus.

Grâce à la disposition des travées et des panneaux intermédiaires, il a été possible de constituer une exposition exactement chronologique, dans laquelle les moulages ou les pièces originales, les bois, les pierres, les carreaux et les taques, forment une succession raisonnée de motifs décoratifs groupés par périodes historiques.

Sur le palier sont les objets qui se rapportent à l'époque romaine ou gallo-romaine ; dans la salle même, ceux qui représentent l'époque romane, le moyen âge, la Renaissance, les xvie, xvne, xvme et xixe siècles.

Contre le mur du fond, le moulage pris sur la haute cheminée Renaissance aux armes des Féret de Montlaurent, qui subsiste (très dissimulée d'ailleurs) dans une maison de la rue EugèneDesteuque, forme motif principal ; au centre de la salle, un large socle réunit des vestiges de diverses époques qui proviennent des fouilles récentes, faites à l'occasion du lotissement d'une partie de l'ancien couvent des Cordeliers.


ANCIEN HOTEL COQUEBERT, 5, RUE SALIN Siège social des Amis du Vieux Reims — Cabinet Empire et Restauration



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En suivant l'ordre chronologique des objets exposés, mentionnons l'intéressante stèle romaine, dont le moulage a été offert par M. Alfred Wenz ; les deux pierres romaines sculptées, mises à jour pendant les fouilles de la place Royale, et offertes par la Société Générale ; les moulages de chapiteaux romans exécutés par M. Berton à l'église de Cauroy-les-Hermonville ; une tête en pierre du xive siècle, trouvée au faubourg de Laon et donnée par M. Paul Savy ; un ensemble de carreaux émaillés du xve siècle, donnés par M. Ch. Budin ; le moulage du panneau supérieur de l'une des portes gothiques 1 de la maison 9, place des Marchés, offert par M. Paul Simon ; les moulages de la belle frise et des marmouzets gothiques, exécutés par M. Charles Mary sur la façade de la maison 57, rue de Vesle ; la petite dalle funéraire du xive siècle (trouvée dans les fouilles des Cordeliers), dont le sujet gravé représente une charmante figure de femme tenant un cierge ; un linteau gothique sculpté, provenant des mêmes fouilles, et offert par M. Vuatrin ; un corbeau armorié du xve siècle et une plaque de cheminée de même époque ; les deux superbes médaillons Renaissance, en pierre finement sculptée, donnés par M. H. Mendel ; divers panneaux de lambris sculptés Renaissance ; les deux beaux torses de statuettes féminines de la fin de la Renaissance, trouvés rue de Pouilly au cours des fouilles faites pour l'agrandissement des Galeries Rémoises, et offerts par M. Marcel Bataille ; le moulage d'un pilastre de l'ancienne bibliothèque des Jésuites, actuellement Hospice général (xvne siècle) ; le moulage du beau mascaron du xvme siècle formant clef de porte de la cour de l'Hôtel Rogier ; plusieurs reproductions de motifs décoratifs des salons Louis XVI de l'ancien Hôtel Ponsardin,'actuellement Chambre de Commerce.

Du Musée des sculptures et moulages (dont la porte d'entrée est composée de panneaux gothiques à serviettes), les visiteurs traversent à nouveau le palier, et descendent, par un escalier ingénieusement combiné, aux anciens pressoirs de l'Hôtel Coquebert.

Ceux-ci forment maintenant trois salons spacieux, où ont pu

1 Cette porte est la seule qui n'ait pu être retrouvée, à la suite du procès intenté pour vente irrégulière d'objets considérés comme incorporés à un édifice classé monument historique.


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être dressées les diverses boiseries sculptées, les cheminées et les peintures anciennes, que M. Hugues Krafft, Président, a acquis personnellement en 1911, lors de la démolition de la maison sise n° 16, rue de Talleyrand ', et sur l'emplacement de laquelle se sont élevés, depuis, les magasins nouveaux de M. Henri Devred.

Le premier salon contient une cheminée Louis XV, avec plaque de fond datée : Hôtel-Dieu de Reims 1750, et plusieurs - peintures, en trumeau et dessus de portes, représentant les quatre saisons : le Patinage, la Cueillette des fleurs, la Moisson et les Vendanges. Ces boiseries et ces peintures ornaient, au n° 16 de la rue de Talleyrand, le salon du rez-de-chaussée.

Le deuxième salon contient aussi une cheminée Louis XV avec plaque de fond armoriée et un grand panneau de boiseries, dont les guirlandes et les noeuds de rubans surmontent deux petits trumeaux de paysages ovales, ainsi qu'un trumeau central en hauteur, qui a été peint par un artiste rémois d'après la gravure de Boucher, intitulée : La jeune Bergère.

La troisième salle s'étend sur toute la largeur du bâtiment. Trois peintures intéressantes y ornent un panneau de boiseries et représentent : la première, un groupe emprunté à la Comédie italienne : Arlequin, Colombine et Pierrot; la seconde, un coin de parc animé de personnages ; la troisième, un Embarquement pour Cythère ? Le coloris de ces peintures est infiniment plus vigoureux et plus brillant que celui de toutes les autres.

Une quatrième peinture : La Cueillette des Cerises, surmonte une cheminée d'angle Louis XV en pierre.

Dans cette salle, sont disposés les fragments d'une très belle rampe d'escalier Louis XIV en fer forgé, qui provient d'une ancienne maison de la rue Buirette. Les visiteurs y voient aussi deux des meilleures plaques de cheminée qui firent partie de la collection Lefebvre ; l'une d'elles, reproduite dans VAnnuaire-Bulletin de 1912, représente les armoiries de la famille de Louvois.

Meublés de sièges anciens, ces trois salons contiennent, de plus, l'ensemble de la collection d'aquarelles du Vieux Reims et de relevés d'architecture, exécutés depuis 1909 pour

' Le portail Renaissance, qui encadrait la porte cochère sur rue, a été transporté et reconstruit dans le jardin de l'Hôtel Le Yergeur, 1, rue du Marc, contre le mur mitoven.


ANCIEN HOT% COQUEBERT, 5, RUE SALIN Siège social des Amis du Vieux Reims — Musée des sculptures et moulages



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M. Hugues Krafft, par M. Eugène Auger, ainsi que par MM. E. Kalas, Lagache, G. Huart et Léonard.

Les vingt relevés d'architecture, parmi lesquels on remarque les plans et les coupes de l'ancienne Abbaye Royale de SaintPierre-les-Dames, sont exposés dans les deux premiers salons, alors que la salle du fond est entièrement occupée par les trente-deux aquarelles de M. Auger, si vivantes et si fidèles'.

Du premier salon, une large grille vitrée ouvre sur la cour, où ont été installés de manière définitive les sculptures et les moulages les plus volumineux.

A droite, se détachent au-dessus d'un massif de buissons à feuillage persistant, ombragés par un tilleul, les deux moulages exécutés au vieil Hôtel Féret de Montlaurent et représentant Saturne et La Lune ; deux statues en pierre provenant de l'ancienne église Saint-Maurice ; un grand cartouche Louis XV en pierre, provenant de la voussure de la porte d'une maison, autrefois située à l'angle des rues Sainte-Marguerite et de l'Hôpital; plus loin, la dalle tumulaire d'un chevalier de Malte, datée de 1599, trouvée rue Buirette et offerte par M. le Dr A. Luling; une niche en pierre d'époque Louis XIII; le moulage de la cheminée gothique qui existe encore au 57, rue Vesle.

A gauche, sous l'encorbellement du premier étage, sont disposés les deux vantaux de la magnifique porte cochère du xvme siècle, qui proviendrait de l'ancien Palais archiépiscopal, et qui fut la première acquisition des Amis du Vieux Reims.

Au-dessus a été fixé, à plat sur la muraille, le moulage du manteau de la cheminée Renaissance qui est un des plus beaux morceaux de la collection Werlé à Reims.

La décoration de la cour est complétée par une meule antique ; quelques plaques de cheminée, dont la plus importante est celle aux armes de Louis XII et d'Anne de Bretagne, qui fut découverte dans les fouilles du couvent des Cordeliers ; un fragment de dalle tumulaire du xme siècle, de même provenance ; enfin, un spécimen de borne semblable

1 Ces aquarelles, ainsi que les relevés d'architecture, ont été, depuis, offerts en don par M. Hugues Krafft, Président, à la Société des Amis du Vieux Reims, à la seule condition que, — en cas de dissolution de la Société, — il en soit disposé en faveur de la Ville de Reims.


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84à qui protègent encore, dans les plus vieux quartiers de la ville, des façades en faveur desquelles la Municipalité consentira — nous l'espérons — à modifier des tracés d'alignements qu'il serait intéressant et urgent d'examiner à nouveau, afin d'éviter des destructions regrettables '.

L'exposition resta ouverte jusqu'au 28 mai et attira un nombre considérable de visiteurs, dont la satisfaction et les éloges furent la meilleure récompense de ceux qui avaient réussi à installer, de manière attrayante et instructive à la fois, tous les souvenirs que formaient à cette date les collections réunies au siège social des Amis du Vieux Reims.

A la suite des Membres de la Société, et à la suite des invités que ceux-ci amenèrent, les collections furent visitées encore, dans la deuxième quinzaine du mois d'octobre, par M. Henry Marcel, Directeur des Musées Nationaux ; par MM. André Michel et Gaston Migeon, Conservateurs des Musées Nationaux, André Hallays, Raymond Koechlin, Président de la Société des Amis du Louvre, Henri Vever, Président de la Commission de l'Enseignement de l'Union Centrale des Arts Décoratifs, Louis Metman, Conservateur du Musée des Arts Décoratifs.

' Dans sa séance du 25 mai 1914, le Conseil municipal, s'inspirant des mesures prises cette année par la ville de Rouen, vient de nommer une commission de cinq membres, spécialement chargée d'étudier la révision des alignements dans les parties anciennes de la ville.


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CONFÉRENCE DU 9 DÉCEMBRE 1913

Les vitraux anciens de Reims

La quatrième conférence du soir, avec projections, organisée par la Société des Amis du Vieux Reims dans les salons Degermann, attire une nombreuse et brillante assistance, au premier rang de laquelle prennent place M. le Dr Ldnglet, Maire de Reims, Président d'honneur de la Société, ainsi que M. le Dr H. Henrot, Vice-Président d'honneur.

M. Hugues Krafft, Président, prononce, au début de la réunion, l'allocution suivante :

MESDAMES, MESSIEURS,

Grâce au concours de plusieurs membres très distingués de notre Association, la Société des Amis du Vieux Reims a déjà pu offrir à ses adhérents trois conférences accompagnées de projections.

A la fin de 1909, M. Jadart nous guida à travers le Vieux Reims inédit. En 1910, M. Kalas et M. le Dr Pol Gosset nous parlèrent de l'hôtel Lagoille de Courtagnon, si bien restauré parle regretté M. Lucien Monce. En avril 1912, M. Charles Sarazin nous fit l'histoire complète de la place Royale jusqu'à son achèvement.

Cependant, celui qui pour chaque séance, et dans cette même salle, organisait nos projections avec tant d'obligeance et d'aimables soins, nous manque maintenant ; il a été


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enlevé ces jours derniers, après une longue et douloureuse maladie.

J'offre à la mémoire de M. Abel Lajoye l'hommage de notre fidèle souvenir.

Aujourd'hui, Messieurs, nous inaugurons une ère nouvelle dans l'organisation des conférences qui vous seront données.

D'une part, les images que vous contemplerez ce soir seront des projections autochromes, c'est-à-dire faites au moyen de clichés directs en couleurs. Ceux-ci sortent des collections de M. le Dr Pierre Minelle, de M. l'abbé Archambault, et de M. Emile Wenz, qui ont eu la bonté de les mettre à notre disposition. Je les remercie très chaleureusement, de même que M. Lallement qui a toujours secondé ici M. Abel Lajoye et qui, cette fois également, collabore avec M. le Dr Pierre Minelle, le parfait et très dévoué metteur en scène des spectacles qui charmeront vos yeux.

D'autre part, c'est aujourd'hui la première fois qu'un conférencier parisien nous fait l'honneur et le plaisir de répondre à notre appel, en se rendant expressément à Reims à notre intention.

Nous sommes d'autant plus flattés, et d'autant plus reconnaissants, de ce témoignage d'intérêt donné à notre oeuvre, que le maître-conférencier M. Henry Bidou est, à l'heure actuelle, l'écrivain et l'orateur le plus occupé et le plus sollicité de ce monde.

En dehors de ses multiples travaux littéraires, de ses cours d'histoire à l'Institut catholique de Paris, de ses revues dramatiques hebdomadaires au ce Journal des Débats», M. Bidou a, en effet, commencé une suite de dix conférences à Paris sur la Littérature au xvne siècle.

Bientôt, il fera plusieurs conférences en Belgique sur l'Histoire du Théâtre.


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Au printemps prochain, il se rendra en Russie dans un but analogue.

D'après ce bref résumé du constant, du si vaste labeur auquel se voue M. Bidou, et dont il se repose à peine quand il entreprend, pour les décrire aussi d'une plume alerte et spirituelle, de lointains voyages, tels que ceux qu'il a déjà faits dans le nord de l'Europe, en Espagne, en Amérique, ou au coeur même de l'Afrique, vous devinez, Mesdames et Messieurs, l'ardeur et la virtuosité que met notre érudit conférencier à toutes ses études comme à toutes leurs manifestations.

Je voudrais avoir le temps d'insister sur la clarté et la précision admirables, sur la profondeur poétique de la pensée et le brillant éclat du style qui caractérisent le talent de celui qui a cultivé au même degré les sciences, les lettres et les arts.

Mais j'abuserais de la modestie de M. Bidou que vous avez hâte d'écouter et d'applaudir.

Avant de le prier de prendre la parole, permettez-moi seulement de dire que le sujet dont il s'est inspiré a pour nous une sympathique et précieuse signification.

Il nous reporte, en effet, à la réunion primordiale des Amis du Vieux Reims, réunion qui eut lieu quelques jours seulement après la fondation de notre Société, lorsque M. Paul Simon, — l'artiste éminent qui ne cesse de nous donner, de toutes manières, des preuves de son généreux dévouement, — nous reçut dans son atelier rempli des témoins de ses patients et consciencieux travaux.

Depuis cette date, nous songions à susciter une réunion future qui nous dirait l'histoire et la valeur de toutes les belles verrières anciennes de Reims. Cette réunion, très désirée, est réalisée ce soir, et M. Bidou l'a préparée avec les soins les plus minutieux.

Nul, d'ailleurs, ne pouvait mieux que lui nous parlerdes


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vitraux superbes répandus dans la Cathédrale et dans les diverses églises de cette ville, car, élevé à Reims, où il a fait ses premières études, M. Henry Bidou les a connus dès sa jeunesse, attiré vers eux par son zèle de chercheur et son âme d'artiste.

Il les a revus bien souvent depuis, lors de ses visites ultérieures. Il les a longuement étudiés, tout récemment, pour les comprendre et les aimer encore davantage.

Nous le remercions donc de tout coeur d'avoir bien voulu être celui dont l'autorité et la conviction communicatives nous initieront à ces merveilles des temps disparus ; et nous saluons en lui non-seulement un vieil ami de Reims, mais aussi un nouvel adepte de notre groupement des « Amis du Vieux Reims », qui est heureux de lui offrir aujourd'hui l'expression de sa plus sincère et de sa plus vive reconnaissance.

Ce discours est chaleureusement applaudi et M. le Président donne la parole à M. Henry Bidou qui s'exprime ainsi :

MESDAMES, MESSIEURS,

Je viens vous parler d'une de vos gloires. En peut-il être autrement dans votre illustre cité ?

Je viens vous parler des vitraux anciens de votre ville : je ne me donnerai pas le ridicule de vous révéler un charme qui vous est familier, ni de vous instruire d'un sujet mieux traité par ces savants célèbres que vous avez parmi ' vous. Mais passons ensemble entre ces murailles d'azur et de feu. Le plaisir d'aimer les choses se satisfait quand on en parle, et les vieux maîtres qui ont confié leur rêve à la changeante lumière nous instruisent de plus d'une vérité.

I

Le travail du verre, lié à la métallurgie, est sans doute aussi ancien qu'elle. Les premiers hommes qui ont fait fondre des minerais ont dû obtenir du verre teinté par des sels métalliques.


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Ainsi ces ateliers de métallurgie naturelle, les volcans, rejettent des coulées d'obsidienne, qui sont un verre naturel.

Ces premiers verres ont été certainement teintés. Le verre blanc a dû être obtenu beaucoup plus tard. Quant au verre transparent, il est une conquête très récente que le moyen âge n'a pas connue.

Que ces verres colorés, si brillants quand la lumière y filtrait, aient été employés de tout temps à la décoration des maisons, ceci parait certain.

On a été amené à les disposer en mosaïque : puis on a voulu que ces mosaïques représentent quelque chose. Ceci probablement peu de temps après l'époque de Charlemagne. Pour votre ville, on sait que l'archevêque Adalbéron, à la fin du xe siècle, a mis dans la basilique des vitraux divcrsas continentibus historias.

Mais pour cela il a fallu recourir à des moyens nouveaux. Il n'a plus suffi de juxtaposer des morceaux de verre teintés dans toute leur épaisseur. Il a fallu dessiner sur ces verres des ornements et des personnages. 11 a fallu peindre sur verre. Cette peinture n'a jamais été employée que très légèrement, comme en rehaut, tantôt étalée en demi-teinte, tantôt disposée en accents, sur le fond du verre teint. C'est un léger lavis, une aquarelle. Comment est-elle obtenue ? Aujourd'hui on prend un oxyde métallique ferrugineux d'un ton gris brun, on le mêle à une poudre blanche dite fondant ; on le fait adhérer en le délayant dans de l'eau gommée ou de l'essence de lavande, et on le fixe en le cuisant à un rouge cerise très clair.

Il y a donc, dans un vitrail du moyen âge, un fond de verre teint, 2° sur ce fond, un travail secondaire de pinceau, extrêmement léger et d'une miraculeuse adresse, qui tantôt est un dessin au trait, lequel marque les contours, tantôt une demi-teinte ou ombre.

Une seule couleur n'est pas employée en profondeur dans le verre : c'est le rouge ; il est posé en pellicule sur une seule face.

II

On ne possède aucun vitrail dont on puisse dire avec certitude qu'il est antérieur au xne siècle.

Mais de cette époque, on a des exemples magnifiques. On a même, au point de vue de la qualité propre du vitrail, des exemplaires supérieurs à ceux du siècle suivant, au moins en


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deux points : la clarté et la délicatesse des teintes ; la perfection et la richesse du goût ornemental.

De ce temps, vous avez les verrières incomparables de Saint-Remi.

Celle du milieu représente une Crucifixion dont vous admirez la beauté pathétique. Ne croyez pas que la fantaisie d'un artiste ait semé à son gré les sujets au travers du temple. Il y a une hiérarchie dans la forme mystique de l'église. Et le chevet, qui correspond au chef divin de Jésus crucifié, est la place d'honneur, où le Sauveur même est représenté.

III

A la Cathédrale, la suite des verrières commence avec le treizième siècle. A ce moment, il se produit deux changements sensibles dans leur caractère. Elles s'assombrissent à la fois par les rouges et par les bleus, qui sont les tons principaux. Il y avait au xne siècle des bleus légers, tendres, fondants, des ciels d'avril après la pluie ; nous arrivons à un bleu plus fort et plus sombre. En second lieu, l'esprit de détail décoratif perd de sa richesse au profit d'un style plus simple et plus sobre ; ceci se reconnaît par exemple dans les bordures ; celles du xne siècle sont larges, compliquées et d'une invention décorative inépuisable ; au xme, elles s'amincissent, se simplifient ; quelquefois elles ne sont plus que la répétition des blasons superposés.

La première pierre de la Cathédrale a été posée par l'archevêque Aubri de Humbert le 6 mai 1211, un an, jour par jour, après l'incendie qui avait détruit l'ancien édifice.

Le choeur fut achevé et remis au chapitre le 7 septembre 1241.

Les travaux de M. Louis Demaison ont fixé la chronologie des architectes.

Le premier, celui du choeur, se nommait Jean d'Orbais, et ce nom n'est pas indifférent à notre sujet, si l'on songe, que précisément à Orbais se trouvent quelques-uns des plus beaux vitraux du xme siècle.

Il mourut probablement en 1231. Son successeur travailla six ans. Admettons qu'il remplit son rôle jusqu'en 1247. Il se nommait Jean Le Loup, et il commença les portaux, ce qu'il faut entendre sans doute du portail Nord (gauche).

Gaucher de Reims lui succéda pendant huit ans et travailla


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aux voussures et portaux, c'est-à-dire sans doute aux voussures du grand portail.

Enfin Bernard de Soissons fit pendant trente-cinq années, qu'on place approximativement de 1255 à 1290, cinq travées de la nef et de la grande Rose.

L'histoire des vitraux suit celle de la construction. Nous avons un" premier groupe dans l'abside, qui est certainement du deuxième quart du xme siècle.

Les fenêtres sont à deux lancettes. La fenêtre du fond a, dans sa lancette droite, le Christ en croix entre la Vierge et saint Jean ; et au-dessous, enveloppé d'une chape brune, qui est sans doute une chape jaune altérée, l'archevêque de Reims, Henri de Braine, qui occupe le siège de 1227 à 1240. Malheureusement la tête est refaite anciennement et n'a aucun caractère.

La lancette de gauche est occupée par la Vierge assise et tenant l'Enfant Jésus. Au-dessous d'elle, l'église métropolitaine.

Les autres fenêtres ont, elles aussi, un décor à deux étages ; les personnages supérieurs forment autour des personnages divins un cortège d'apôtres et d'évangélistes. Les personnages inférieurs sont les évéques suffragants de la métropole de Reims, formant une assemblée autour de leur archevêque.

Nous voici dans le transept. Un flot de clarté s'y répand. C'est que les fenêtres supérieures sont presque toutes ornées de belles grisailles. On remarque que les derniers personnages des verrières de l'abside ont aussi des fonds de grisaille.

Prenez garde que rien dans l'immense assemblage des verrières n'est laissé au hasard. Pourquoi de claires grisailles dans ces deux bras de la croix ? C'est qu'on a voulu faire descendre sur la partie centrale de l'édifice une lumière nacrée, tandis que la nef, humble demeure des fidèles, restait baignée d'une ombre colorée.

Dans le croisillon Nord, se trouve une rose du xine siècle, fortement réparée en 1873, et qui représente la création du monde et la chute d'Adam.

Il y avait une rose de même style dans le croisillon Sud. Un ouragan l'a détruite en 1580. L'année suivante, un artiste rémois, Nicolas Derodé, l'a refaite.

Le Christ occupe le médaillon central, et les douze apôtres sont disposés dans les deux médaillons de la circonférence. Vous reconnaissez aisément la différence des styles au ton et au


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dessin. Les jaunes et les brans dominent. Les personnages, agités dans leurs gestes, sont modelés comme ceux d'un tableau.

Dans ce croisillon Sud, mais aux fenêtres de l'ouest, se trouve une sorte de réplique du motif central de l'abside.

Ce sont deux grandes verrières, chacune de deux étages :

La Vierge tenant l'Enfant Jésus. — Saint Jean-Baptiste. — La Cathédrale. — Un archevêque.

M. Simon croit ces vitraux plus anciens que ceux de l'abside, et provenant sans doute d'une autre église. Ils sont franchement du xine siècle, par une facture large, puissante et un peu grossière.

Nous entrons maintenant dans la nef. Les hautes fenêtres qui s'y ouvrent représentent, en immenses figures superposées, les rois au-dessus des archevêques. Ils sont tous assis : c'est ainsi que le moyen âge, dans sa symbolique simple, pathétique et puissante, représentait tous ceux qui, après avoir accompli leur tâche sur la terre, ouvriers du Seigneur, ayant leur journée faite, étaient entrés dans l'éternel repos.

Il y a deux sortes de dispositions de vitraux à sujets. Tantôt les sujets occupent des médaillons reliés entre eux par des ornements. C'est la disposition dite légendaire. A la seule Sainte-Chapelle, à Paris, il y a près de onze cents de ces médaillons.

Tantôt au contraire le vitrail est occupé par une grande figure. Cette disposition est plus récente, plus économique, mieux adaptée à la distance. Le plus ancien exemple connu est de 1182. C'étaient des évêques de 18 pieds de haut, aux fenêtres supérieures du choeur de Notre-Dame de Paris.

A Reims elles ont, ces grandes figures enveloppées d'ombre brune que percent, çà et là, des étincellements de rubis et de saphir, une sombre et solennelle magnificence. Arrêtons-nous à les considérer. Sous la poussière qui les couvre dorment des chefs d'oeuvre de dessin.

Et cette poussière qui nous les cache m'amène à vous parler d'un point particulièrement délicat : la patine.

Sur une verrière ancienne qui est en place, il existe à l'intérieur et à l'extérieur une couche épaisse de poussière. A l'intérieur, cette couche est en grande partie formée par la fumée, celle des cierges et celle du calorifère. Elle tombe


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nécessairement quand on est obligé de toucher au vitrail. Elle se refait d'ailleurs très vite. Osons le dire, elle n'est pas très précieuse, et le calorifère, ce peintre obscur, n'est pas un très grand artiste.

La patine est tout autre chose. Quand on regarde, posé sur une table, un fragment de verre ancien, on le voit recouvert û'une sorte de croûte blanchâtre, extrêmement dure, qui est le résultat de l'altération superficielle des oxydes. C'est là la patine. On se garde bien d'y toucher. Il serait d'ailleurs extrêmement difficile de le faire. Quelquefois l'altération s'est produite dans toute la masse, et toute l'épaisseur du verre a changé de couleur. Le changement peut être très considérable. C'est ainsi que les jaunes sont souvent devenus des bruns foncés.

Imaginons les grands vitraux de la nef débarrassés, non pas de leur patine, mais simplement de la suie qui les rend invisibles. C'est ici le moment de nous arrêter un instant, et de considérer l'art des vieux verriers.

C'étaient des maîtres étonnants de la couleur, des maîtres merveilleusement conscients et adroits.

Pour faire jouer la surface, ils ont utilisé avec un art raffiné, trois sortes d'inégalités : celles du verre même, tantôt plus mince et tantôt plus épais ; celles de la couleur, qu'ils ont inégalement répartie dans la masse, obtenant ainsi une variété délicate ; enfin dans la mise en plomb, au lieu de dresser le vitrail dans un seul plan, ils ont soin de gauchir légèrement la surface. Ainsi les rayons lumineux, arrivant sur la variété du vitrail, se réfractent différemment, et ce changement constant dans la réfrigence multiplie les jeux de la lumière.

Mais ce n'est pas tout. Lorsqu'ils se trouvèrent, par suite de l'exigence d'un dessin, devant une grande surface plane, ils imaginèrent de piquer en plein champ, tantôt un point rouge, tantôt un point jaune, qui rompait l'étendue et faisait chatoyer l'ensemble : des fleurs parsemées dans un champ, imperceptibles de loin, sensibles pourtant. Et il est bien remarquable que ce procédé d'excitation de ton par un ton opposé n'a été retrouvé que par les peintres impressionnistes.

Enfin les verriers connaissaient la nature et le pouvoir de chaque couleur : ils savaient que les unes restent à leur place, tandis que d'autres débordent de tous côtés, fusent; ainsi le bleu s'étend sur le rouge et le transforme en violet, d'où la


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nécessité d'être prudent dans l'emploi du bleu. Mais ils savaient aussi que pour arrêter ce pouvoir irradiant, il suffit de séparer le bleu du rouge par un léger filet jaune.

Aussi dans la mosaïque de la grande rose, les mosaïques rouges sont ornées d'anneaux bleus fort étroits.

Dans la mosaïque bleue, les feuilles de lierre rouge sont soutenues par un rinceau jaune.

C'étaient enfin des dessinateurs de premier ordre.

Ils savaient que les volumes sont fonction de la lumière : vous êtes surpris, regardant de près le carton d'un vitrail, de certaines déformations; d'autre part, l'étonnante habileté de main des dessinateurs du xme siècle vous oblige à penser que ces déformations sont systématiques. Elles le sont en effet. Tout ce qui est éclairé parait plus grand à quelque distance; il faut donc une précaution inverse, l'amincir extrêmement; de là, l'effilement des doigts clairs. Au contraire, tout ce qui est dans l'ombre semble se rapetisser, et pour rester à son vrai volume doit être agrandi par le peintre : de là ces yeux immenses, où le cercle de la prunelle, démesurément dilaté, écarte les paupières. Et dans le tracé de tout cela, quelle légèreté de main, quelle sûreté, quel art miraculeux de conduire le pinceau!

2° Ils ont enfin, pour cerner leur dessin et pour l'accentuer, un instrument puissant : ce sont ces plombs qui maintiennent les morceaux de verre, et dont le tracé n'est nullement laissé au hasard. En réalité, ils dessinent avec le plomb comme avec un trait noir.

Les vitraux d'Augsbourg ne sont même qu'au plomb.

Dans la plupart des figures, ils font passer le plomb, non pas entre les lèvres, mais sous la bouche, afin de ne pas couper la figure comme par un masque.

Mais si l'homme paile, si la bouche devient un trait important, alors elle est toute entière dessinée avec le plomb ; comme dans le terrible saint Paul de la Cathédrale, où deux fois cernée, ouverte, écrasée et lippue, elle est vraiment le tuyau par où s'écoule la parole de Dieu.

La plupart du temps, les yeux sont simplement peints. Alors d'un peu loin, le regard est invisible. Mais quand il faut qu'il soit vu, on cerne entièrement l'orbite d'une véritable lunette de plomb. C'est le cas de ce même saint Paul, l'apôtre terrible,


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NOTRE-DAME DE REIMS

L'Evêque de Soissons. Vitrail de la baie de gauche de la 5* fenêtre de l'abside, côte Sud

Relevé sur papier de P. P. SIMON



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celui qui est toujours représenté tenant l'épée; — et pareillement dans l'abside, un évêque qui a les yeux levés au ciel.

Les vitraux des bas-côtés ont été détruits au xvme siècle.

Seule une rosace a subsisté, la plus occidentale du côté Nord.

Elle représente l'Ascension du Christ.

Dans un des lobes est un maître de l'oeuvre, assis devant sa grande table d'architecte. Il tient l'équerre et le compas. Il a sa grande robe rose pale, et son manteau blanc.

Souvent les hommes du moyen âge nous ont ainsi laissé, dans quelque coin de l'église, à l'humble place qui convient aux . fidèles, témoignage d'eux-mêmes, Ainsi, à Bourges, ces fourreurs, qui développent un manteau de soie d'un geste si simple et si vrai ; à Chartres, ce boucher qui lève de ses deux mains par dessus sa tête son maillet, lequel va retomber sur la tête du boeuf masqué et entravé de la corne au pied, tandis que le chien, sagement assis, regarde la scène.

VI

Nous voici enfin à la partie la plus récente des vitraux primitifs, à la grande Rose, l'une des merveilles de Reims, illustre entre toutes ces roses propres à l'architecture française et qui n'ont fleuri que sur notre sol.

Pour vous, MESSIEURS, l'histoire de cette rose est liée aux travaux de l'un des vôtres. Vous savez comment, si cruellement éprouvée par la grêle de 1886, menacée par des fléchissements qui la bombaient en verre de montre, il devint urgent de la sauver ; et vous savez avec quel amour, quel désintéressement et quelle science, M. P. Simon, descendant d'une famille de peintres verriers, qui depuis le xvne siècle ont travaillé dans les églises de la région, a mené à bout cette gigantesque entreprise ; comment, collationnant avec une pieuse patience ces fragments sans nombre, utilisant avec respect jusqu'aux plus petits, les interrogeant, et interrogeant avec eux les admirables documents que son père et son aïeul avaient assemblés, il a reconstitué le plan primitif. C'est à lui que vous devez d'admirer l'ordonnance de cette vaste composition.

Au centre, la Vierge portant l'Enfant Jésus reçoit l'hommage des apôtres, des anges, des prophètes et des rois, disposés en


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trois cercles concentriques : forme régulière et parfaite dans son accroissement, plan convenable à l'éternelle cité.

Le premier cercle est formé des douze apôtres, reconnaissables à leurs pieds nus ; puis vient un second cercle, formé de vingt-quatre anges, dont la plupart jouent des instruments de musique ; trois séraphins, cependant, le corps recouvert d'une seconde paire d'ailes et les bras en croix, ont sur les mains les stigmates de la Passion ; un ange porte d'une main la lance, et de l'autre les clous ; et deux anges enfin tiennent un encensoir et une navette.

Le troisième cercle, à l'extérieur, est occupé par six rois, quatre prophètes et deux anges porteurs de couronnes.

Toutes les faces de trois quarts sont tournées vers la Vierge, et l'effet de ces unanimes visages y est radieux.

Et toutes les ailes sont de face, se développant dans le champ même de la rose, non pas fuyantes et indécises, non pas libres et capricieuses, non pas cherchant le vent et promptes à fuir, mais épanouies dans cette gloire tranquille, unanimes à se fixer dans ce plan triomphal, ouvertes comme des fleurs contentes, et planant comme des oiseaux qui ont trouvé leur patrie.

Le style est tout différent du reste de l'église ; plus rien du style formidable et farouche des vitraux de l'abside. Seul Dieu le Père, qui occupe la pointe de l'ogive, est d'un dessin magnifique et sévère, mais dans sa force même d'une singulière élégance.

Dans le cercle de la Rose, ce n'est que joie, tendresse légère, visages heureux, dessinés d'un trait fin et tournant, une animation divine, une joie de vivre dans la lumière.

VII

Vous avez encore à Reims deux églises parées de vitraux, du xvie siècle cette fois.

A Saint-André, deux charmants vitraux décoratifs du xvie siècle, tout de nacre et de jaunes divers, encadrés dans des architectures légères et riches à la fois en forme de niches, avec des rinceaux et des colonnes.

Et deux beaux vitraux du xvie également, à personnages, dans la sacristie.

A Saint-Jacques, ce sont des tableaux sur verre, et fort beaux, mais qui n'empruntent plus rien de particulier à la technique


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NOTRE-DAME DE REIMS

Médaillons de la grande Rose : ANGE et APÔTRE

Dessins aquarelles de P. P. SIMON



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du panneau translucide. Au lieu d'un personnage présenté de face ou de trois quarts, c'est une foule, où les corps se masquent et se disposent en perspective. Le verrier a cédé la place au peintre. L'art du vitrail est terminé.

VIII

Le moyen âge attachait un sens mystique à tous les ouvrages. Ce ne serait pas assez d'admirer les vitraux comme des joyaux. Il faut en démêler la signification secrète.

On admet communément qu'ils représentent la vie intérieure. De l'extérieur de l'église, on ne voit qu'une gangue grise et décolorée. Ainsi la richesse de l'âme ne parait point au dehors. Il faut pénétrer dans la nef pour que tout s'illumine.

Enfin, Messieurs, il y a dans l'oeuvre du verrier une autre leçon singulièrement grave et belle.

L'homme dispose les verres, y met tout son talent de lapidaire, de dessinateur et de peintre, mais il est obligé d'attendre que la lumière vienne dans son oeuvre. Dieu, qui a créé le jour, se rend hommage à lui-même en faisant passer le soleil, qui est son oeuvre, dans les vitraux_qui sont la nôtre.


PUBLICATIONS FAITES EN 1913

Annuaire-Bulletin de la Sosiété des Amis du Vieux Reims*, 1913. Reims, Matot-Braine, 1913. Brochure in-8, ioé pages et 15 gravures.

Cartes postales, cinquième série :

51. Reims : Vaisselle d'argent d'époque gallo-romaine.

111e siècle. Collection de M. Henri Lanson.

52. Reims : Pierre tombale de Libergier, architecte de SaintNicaise,

SaintNicaise, siècle. Cathédrale de Reims.

53. Reims : Croquis de Viollet-le-Duc, exécutés sur les

chantiers de restauration de la Cathédrale de Reims. Collections de la Société des Amis du Vieux Reims. Don de M. E. Kalas.

54. Reims : Saint Sébastien. Vitrail de l'église Saint-André.

xvie siècle.

55. Reims : Maison de bois à pignon ardoisé, 3, rue Rogier,

xvie siècle.

56. Reims : Façade de l'Hôtel Renaissance, 6, rue de l'Arbalète.

l'Arbalète. natale de J.-B. de La Salle,xviesiècle.

57. Reims : Ancien Collège des Bons-Enfants (rue de l'Université),

l'Université), siècle. Lithographie de J.-J. Maquart. Collections de la Société des Amis du Vieux Reims. Don de M. Pol Marguet.

58. Reims : Portail d'époque Louis XIII de la maison 20, rue

du Carrouge.


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59- Reims : Portrait de Jacques-François de Lalot, seigneur de Lange (Marne) par Largillière, 1687. Collection de M. le Vicomte André de Brimont.

60. Reims : Cheminée et trumeau du grand salon de l'Hôtel,

2, rue Salin, xvme siècle.

61. Reims : Allégorie du Sacre de Louis XVI. Gravure du

xvme siècle. Collection de M. Hugues Krafft.

62. Reims : Portrait-statuette de Houzeau-Muiron, chimiste et

ancien député de Reims. Collections de la Société des Amis du Vieux Reims. Don de Mme Veuve Jules Loche.

Phototypie J. Bienaimé. Clichés J. Bienaimé et F. Rotbier.

N.-B. — Les adhérents, inscrits en 1914, qui désireraient avoir les collections de cartes postales distribuées en 1909,1910, 1911, 1912 et 1913, ou les adhérents antérieurs qui désireraient recevoir un envoi supplémentaire de ces séries (chaque série comporte 3 exemplaires de chaque sujet, munis de l'emblème de la Société), voudront bien en faire la demande, en adressant la somme de 5 francs par chaque série, à M. André Mandron, Trésorier, 31, rue Henri-IV, Reims.

Les adhérents, inscrits en 1914, qui désireraient avoir les AnnuairesBulletins des années 1910, 1911, 1912 et 1913 pourront se les procurer chez M. André Mandron, au prix de 3 francs par exemplaire, après en avoir prévenu celui-ci d'avance.


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

L'Assemblée générale annuelle de la Société des Amis du Vieux Reims a lieu le samedi 31 janvier 1914, 5, rue Salin, dans la grande salle du rez-de-chaussée du siège social, à quatre heures et demie.

Elle est présidée par M. Hugues Krafft, Président, entouré de MM. L. Robillard, Vice-Président, Henri Jadart, le Dr Pol Gosset, André Mandron, Louis Demaison, le Dr O. Guelliot, E. Lamy, Membres du Conseil d'administration.

Le procès-verbal de l'Assemblée générale précédente ayant été lu et adopté, M. Hugues Krafft, Président, lit le discours suivant :

ALLOCUTION DE M. HUGUES KRAFFT

MESDAMES, MESSIEURS,

En notre nom collectif, je remercie M. le Dr Langlet, Maire de Reims, Président d'honneur des Amis du Vieux Reims, et M. le Dr H. Henrot, Vice-Président d'honneur, de bien vouloir assister à cette séance.

Nous sommes d'autant plus sensibles à leur présence que l'Assemblée générale de ce jour aura une signification importante dans les annales de notre Association.

Après avoir bénéficié à plusieurs reprises de l'hospitalité que nous accorda notre Trésorier, M. André Mandron, dans sa belle demeure du boulevard Desaubeau, hospitalité aimable et obligeante dont je lui exprime notre vive gratitude, nous inaugurons aujourd'hui, pour nos réunions statutaires, les locaux nouveaux qui ont été aménagés au


siège social et que vous avez déjà visités en mai dernier, lors de l'exposition d'ensemble de nos collections.

Votre Conseil d'administration, en vous souhaitant la bienvenue ici, aime à croire que vous vous rendrez dorénavant, avec un plaisir particulier, dans ces appartements ornés de nombreux vestiges du passé recueillis par nous, et que vous aurez satisfaction à vous réunir aussi dans ces salles à l'occasion des expositions temporaires, des conférences restreintes, ou de toutes autres attractions que nous organiserons encore.

Nous espérons que les absents de ce jour éprouveront les sentiments qui vous animent aujourd'hui vous-mêmes, et qu'auraient certainement partagés ceux de nos adhérents dont nous avons à déplorer la disparition depuis l'Assemblée générale précédente.

Le nécrologe antérieur se trouve, hélas ! augmenté des noms de MMmes Paul Simon et Luzzani, de MM. Abel Lajoye et Gustave Nérot, tous quatre sincèrement attachés à notre oeuvre.

J'offre à leur souvenir l'expression de nos douloureux regrets.

Durant l'année écoulée, et depuis le commencement de l'année nouvelle, nous avons accueilli les adhésions de MMmes Kalas, Emma Koch, Xavier Colanéri, Henri-Louis Walbaum, Paul Krug ; de MM. Henri Pontoy, le Dr Chémery, Georges Dauphinot, Hermann Koch, Georges Boussinesq, Maurice Renard, Paul Jamot, Georges Houlon, le Général de Chanteloup, le Dr Fontaine, à titre de membres titulaires, et, à titre de membre fondateur, celle de M. le comte Gaston Chandon de Briailles qui, Sparnacien et ami de Reims à la fois, nous a donné ainsi le meilleur témoignage de sa sollicitude.

Le nombre de nos correspondants s'est également accru, et nous sommes heureux de compter parmi eux : M. Olivier


Sainsère, Conseiller d4État honoraire, Président de la Commission de. l'Union Centrale des Arts décoratifs ; MM. André Michel et Gaston Migeon, conservateurs des Musées nationaux ; M. Pierre de Nolhac, conservateur des Musées de Versailles et des Trianons ; enfin, M. Henry Bidou, dont la récente conférence nous a laissés sous le charme d'une parole aussi élégante qu'autorisée.

Les bienveillantes dispositions que ces personnalités distinguées ont pour les Amis du Vieux Reims nous furent prouvées par plusieurs d'entre elles ici même au siège social, ainsi que vous le dira tantôt notre Secrétaire général.

Leurs visites eurent lieu à la fin d'octobre (à une époque à laquelle nous avions reconstitué, dans tous ses détails, l'exposition générale du mois de mai), et peu après la date mémorable qui valut à la Ville de Reims le grand honneur de recevoir et de fêter le Chef de l'Etat au cours d'un programme des plus remplis et des plus brillants.

Le nom de M. Raymond Poincaré, dont les sympathies vont à toutes les associations protectrices et désintéressées qui servent de modèles à la nôtre, s'est attaché, depuis, à l'événement qui a, pour la Société des Amis du Vieux Reims, une très haute portée.

C'est, en effet, le 29 décembre dernier que M. le Président de la République signa le décret, par lequel l'Association des Amis du Vieux Reims a été reconnue d'utilité publique, après que ses statuts nouveaux, votés en Assemblée générale extraordinaire, le 1" mars 1912, eurent été approuvés par le Conseil d'Etat, sauf quelques modifications faites par ses soins et dont nous ne pouvons que nous féliciter.

Cet événement, Mesdames et Messieurs, comble nos plus chères ambitions et marque une heure inoubliable dans notre jeune carrière.

Nous possédons désormais la personnalité civile tant désirée et, si des obligations spéciales nous imposent l'im-


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mobilisation définitive d'un patrimoine, représenté par les apports de nos membres fondateurs, nous serons à même de recevoir et de garantir, ultérieurement, les dons et les legs que voudront bien nous faire de futurs et généreux bienfaiteurs (dont deux m'ont déjà informé de leurs intentions).

Entrés dans une ère de responsabilités nouvelles, nous prenons rang parmi les associations qui sont considérées comme les plus utiles, les plus nécessaires, et sur l'activité desquelles compteront davantage encore tous ceux qui aiment le pays de France, ses trésors d'art et d'histoire monumentale.

Si les Amis du Vieux Reims jettent un coup d'oeil en arrière sur les quelques années qui les séparent du jour de la fondation de leur groupement, ils songeront volontiers à l'initiative rapide et fructueuse qu'ils ont prise pour la sauvegarde totale de la Maison des Musiciens, et s'ils regardent vers un avenir prochain, ils pourront se réjouir d'avance d'une autre réussite imminente qui sera due au zèle de M. Nouvion-Jacquet, l'un des doyens-fondateurs de leur association.

MESDAMES, MESSIEURS,

Conscients des succès déjà atteints ou qui sont sur le point de l'être, ayons le ferme espoir que nous demeurerons tous fidèles à la tâche méritoire qui nous incombe, et pour laquelle il ne nous reste qu'à souhaiter de conserver tous les appuis déjà acquis et de trouver des concours de plus en plus nombreux et dévoués.

Après cette allocution, M. H. Jadart, Secrétaire général, donne lecture du rapport suivant :


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RAPPORT DE M. HENRI JADART

MESDAMES, MESSIEURS,

« Aujourd'hui, écrivait récemment un critique d'art, nous sommes plus portés encore à la mélancolie que les hommes de 1830, encore plus amis des ruines et des nécropoles, sans doute parce que nous avons vu mourir bien des choses autour de nous; aujourd'hui nous sommes tout pleins de regrets et de nostalgie, nous vivons les yeux tournés en arrière, nous faisant de tout souvenir un tourment et une volupté... ' »

Ecoutez une autre voix partie d'un autre côté de l'horizon : « Aujourd'hui, nous sommes les contempteurs du passé, les démolisseurs de nos gloires, les destructeurs de nos monuments, oublieux de tous nos vieux souvenirs... »

En réalité, Messieurs, ces éloges et ces reproches sont prodigués à outrance et nous ne les acceptons de part ni d'autre ; notre génération ne mérite en général

Ni cet excès d'honneur, ni cette indignité.

Il doit y avoir un moyen terme. Jugez-en par notre modeste rôle dans notre cité.

Sans doute, nous avons visité cette année, en pèlerins du passé, et l'église Saint-Jacques, et la maison gothique de la rue de Vesle, et l'ancien prieuré de Saint-Bernard, et l'hôtel Rogier du xvme siècle, et le couvent des Cordeliers du xive, mais nulle part on ne nous a vu la larme à l'oeil, en quête de ruines en tant que ruines ou vitupérant le temps présent, coupable de la construction des confortables et luxueux hôtels sur les boulevards et de somptueux magasins dans nos rues jadis plus modestes et'plus étroites. Tout ce que nous demandons, c'est que l'on sauvegarde nos édifices du moyen âge, nos églises et leur mobilier de tous les âges, leurs vitraux, leurs statues, et que l'on préserve aussi les vieilles maisons si rarement subsistantes en entier, et à leur défaut les coins pittoresques, les ves1

ves1 LE BRETON, article sur Versailles dans le feuilleton du Journal des Débats, du 30 décembre 1913.


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tiges historiques, les moindres fragments de l'art ancien, Je l'art local surtout. Il est grand temps d'y veiller *.

Notre programme a conquis depuis cinq ans les suffrages de nos concitoyens, qui sont venus en grand nombre s'unir à nos efforts dans ces limites de modération et de prudence où notre action s'est maintenue. Ils ont pris volontiers le chemin de notre siège social, parvenu à ce degré de bonne installation que nous souhaitions obtenir dès la fondation. Non seulement une exposition a pu cette année y être organisée avec succès et des visites d'étrangers s'y sont succédé 3, mais une salle assez vaste et ajustée avec art s'ouvre aujourd'hui pour cette réunion, qui comprend l'élite de nos sociétaires.

Laissez-moi donc, Messieurs, en cette inauguration, vous décrire ces pièces communiquant entre elles avec des perspectives variées, avec des surprises à chaque pas dans la décoration et le mobilier : au-dessus des portes, vous voyez des scènes peintes avec grâce et élégance ; sur les murs, des boiseries transportées avec elles de la maison Renaissance démolie dans la rue de Talleyrand n° ; ailleurs, des grilles en fer forgé, des rampes à fuseaux en bois délicatement tournés, des tableaux, des sièges, des meubles d'époques et de styles bien divers, choisis avec goût, rassemblés de partout, enfin les nombreuses aquarelles du Vieux Reims d'Eugène Auger et les relevés d'architecture exécutés par MM. Kalas, Lagache, Huart, collection récemment offerte par notre Président à la Société, qui lui doit déjà tant d'autres dons de valeur".

Si vous montez à l'étage supérieur, c'est un musée véritable qui s'y est concentré en votre attente, et dont les objets mis en belle lumière sont classés avec un soin minutieux sous un mélange apparent : débris de monuments, de logis, de façades, de cheminées, fragments authentiques ou moulages scrupuleusement exécutés ; tout y est'bien ordonné pour la vue comme pour l'étude et la copie, si nos artistes rémois veulent bien y venir en quête de modèles. MM. André Michel, André Hallavs,

1 Nos rues s'appauvrissent, article que nous avons publié dans !e Courrier de la Champagne du 29 mars 1899.

2 Exbosition générale des collections réunies au siège de la Société du 19 au 28 Mai 1913. Itinéraire, 4 pages.

3 Momentanément enlevés pour l'Exposition des OEuvres du Concours de Photographie.


10e

Raymond Koechlin, Metman, G. Migeon et Vever, le 24 octobre dernier, ont parcouru ces salles et ont approuvé l'arrangement , de tout l'ensemble des dispositions, depuis la cour, musée lapidaire, jusqu'aux combles appropriés aux réunions du bureau et à la bibliothèque.

Avant eux, M. Henry Marcel, directeur des Musées nationaux, y était venu, le jour même (19 octobre 1913) où avait lieu l'inauguration du nouveau Musée des Beaux-Arts de la Ville par la visite de M. Raymond Poincaré, Président de la République '. Dans le vestibule de ce Musée, M. le Maire de Reims avait convié le Bureau de notre Société qu'il présenta au Chef de l'État, et ce dernier félicita notre président et agréa l'hommage de nos publications en louant notre but. Cette haute sanction était, à n'en pas douter, le prélude, fait accompli aujourd'hui, de la reconnaissance d'utilité publique d'une association qui avait prouvé qu'elle pouvait vivre de sa vie propre et sur les ressources dues à la libéralité de ses membres 2.

Les actes de la Société en 1913 peuvent se résumer en trois points, comme ceux des années précédentes : visites d'édifices, sauvegarde de monuments et d'oeuvres d'art, conférence sur un sujet rémois. Mon discours sera donc parfait en trois points, comme la tragédie en trois actes.

La première visite fut celle du 27 février 1913, qui groupa une assistance nombreuse, malgré un temps de brume et de pluie, et l'on s'achemina d'abord vers l'église Saint-Jacques qui avait été préparée avec infiniment de bonne grâce par M. le chanoine Legras, Curé-Doyen. On fit station dans la belle sacristie neuve pour entendre la lecture de l'étude historique et descriptive préparée par M. Louis Demaison. Je n'insisterai pas sur cette étude, car elle sera publiée dans l'Annuaire, ainsi que toutes les notices relatives aux autres monuments visités. Mais nous pouvons dire que le parcours des nefs et des chapelles qui eut lieu ensuite rendit sensible aux visiteurs l'essentiel de l'érudit récit de notre collègue. Une oeuvre d'art, en particulier, fut aussi étudiée à fond, c'est la Tapisserie de la Prédication de saint

1 Programme des fêtes organisées à l'occasion de la visite de M. le Président de la République. Reims, Matot, 1913, p. 32.

2 Décret signé par le Président de la République le 29 décembre 1913.


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Jacques, oeuvre du xvne siècle, conservée avec soin dans la sacristie et dont M. le chanoine Legras nous expliqua tous les détails.

Les vitraux du choeur, le Christ de Pierre Jacques, le célèbre tableau de la Trinité, du Guide, la table et les chandeliers sculptés eurent ensuite leur tour.

Lévesque de Pouilly fut inhumé dans cette paroisse et rien n'y rappelle plus son nom. La Société a voté une subvention en vue d'une inscription commémorative de ce Rémois si distingué par son talent et ses services au milieu du xvine siècle.

En sortant de l'église par le grand portail, nous nous trouvions en face de la maison gothique, n° 57 de la rue de Vesle, propriété de la famille Henri Givelet, devant laquelle des explications furent données sur le joli bandeau, les figures et les têtes en saillie de la façade. La cheminée aussi gothique, subsistant seule de l'époque à l'intérieur, méritait bien en outre un regard, car elle attira l'attention de M. Camille Enlart qui l'a signalée comme un spécimen des plus curieux et des plus rares 1.

L'ancien prieuré de Saint-Bernard, au n° 106 de la même rue, fut examiné, sinon dans son ensemble démoli, du moins dans les vestiges qui en survivent çà et là sur les murs : statuette de la Vierge, petite porte gothique, aigle, écussons sculptés, pavage en carreaux vernissés de la chapelle, rétabli dans un vestibule. Les locataires nous en facilitèrent la vue avec une parfaite obligeance. Ajoutons que le rez-de-chaussée de la façade sur la rue vient récemment d'être percé pour y établir un magasin, mais que la petite vierge, dans sa niche primitive, a été préservée par le propriétaire pour être réencastrée dans la cour probablement. Félicitons-le de ce soin délicat.

Plus heureux sommes-nous ici que pour la statue en bois de Sainte Anne, qui a disparu, malgré nos instances, de la petite niche à la maison n° 189 de la rue de Vesle. Plaidons d'avance la cause d'une autre statue menacée, celle de Sainte Claire en pierre qui surmonte encore une porte de la cour SainteClaire à Clairmarais et qui viendrait au musée lapidaire de la Ville au cas de démolition de la maison. Souhaitons aussi le

* Il s'en trouve un moulage dans la cour de l'hôtel Coquebert, 5, rue Salin.


— ioS —

maintien de la belle Vierge du Parvis, statue gothique intacte, provenant sans doute de la porte voisine de'Saint-Denis, placée daus une niche à la maison n° i de la rue Libergier, ancienne rue Sainte-Catherine.

Ainsi, d'un bout à l'autre de la ville moderne émergent des souvenirs du passé, qui fixent et charment nos regards en justifiant notre zèle en leur faveur.

La seconde visite de l'année, celle du 3 avril 1913, n'eut pas un théâtre moins fécond pour notre zèle et notre curiosité. L'Hôtel Rogier, rue Courmeaux actuelle n° 18, et ancienne rue dite de Monsieur en souvenir du logement qu'y prit le Comte de Provence au sacre de Louis XVI, est un monument d'art du xvnie siècle. Sa parure, il est vrai, est bien diminuée, presque annulée maintenant à l'intérieur ; il a perdu à deux reprises ses boiseries, ses peintures décoratives, sa vasque en marbre. Il y reste une superbe rampe d'escalier en fer forgé. Nous en avons vu les derniers motifs dans cette visite du 3 avril, où l'on entendit M. Kalas en décrire l'architecture et M. le Dr Pol Gossct lui succéder pour les détails historiques sur les possesseurs à l'époque de sa splendeur.

Espérons que les murailles avec leurs ornements sculptés et leurs balcons survivront aux ventes et aux risques du moment.

De la demeure des Rogier au couvent des Cordeliers, rue des Cordeliers et rue des Trois-Raisinets, la distance n'est pas grande, et c'est précisément dans l'église de ces religieux que les Rogier avaient leur sépulture. Mais on n'y rencontre plus ni église, ni tombeaux ; la plaque tumulaire est au Musée lapidaire. Affectés aux besoins du commerce de tissus, les bâtiments des Cordeliers, qui ont vu tant de réunions des bourgeois et des scènes historiques du xive siècle à la Révolution, n'ont pas perdu tous vestiges au-dedans. Des cloîtres, des salles eutières, un grenier recouvert d'une admirable charpente rappellent l'état des lieux primitifs, et une appropriation moderne sauvegardera cette dernière relique, tandis que d'autres parties viennent d'être démolies de fond en comble. M. Kalas et M. le Dr Pol Gosset ont tour à tour pris la parole dans les cours et les jardins sur les destinées de ce vieux monastère ; ils en ont rappelé de curieuses traditions et des traits singuliers, comme


HOTEL ROGIER, lfeR^COURMEAUX

Motif décoratif des ancienne-, boiseries de l'un des trois salons du rez-de-chaussée (avant leur transformation) : Attiibuts des Sciences



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l'inscription orgueilleuse assimilant saint François au Christ : Deo homini et beato Francisco, utrique crucifixo '.

En sortant des Cordeliers, on nous fit voir aussi une grande cheminée en pierre de la Renaissance, mutilée mais d'aspect fort élégant, dans une usine de MM. Margotin en face et de l'autre côté de la rue des Trois-Raisinets.

L'après-midi entière s'était écoulée à parcourir ces quartiers, et d'autres projets de visites surgissaient à l'instant. Le Secrétaire général en dressait la liste qui monte à une cinquantaine : la Société ne chômera donc pas de sitôt.

Quant à la sauvegarde des monuments, la Société en a prouvé son souci, même au dehors, en souscrivant à l'appel qui lui fut adressé en faveur de la maison de La Fontaine à ChâteauThierry.

A Reims, elle a vu avec satisfaction la reconstruction du Palais de Justice, amenant la réfection et l'assainissement des cryptes de l'Hôtel-Dieu, bel ensemble de travées gothiques du xme siècle qui vient d'être étudié par M. André Rhein en vue du Bulletin monumental. La façade restant du xvme siècle n'a pas été moins bien soignée et reportée en entier dans une cour intérieure.

C'est là une besogne faite et parfaite, mais il n'en est pas encore de même de la grille de la Porte de Paris, autre oeuvre notable de la fin du xvme siècle. Seul ornement de ce faubourg, les préférences se portent maintenant, vers une conservation sur place du monument et sa remise en bon état avec le couronnement primitif.

Ce sera la meilleure solution, et nous souhaitons la voir s'accomplir prochainement par la Ville avec le concours des habitants du quartier et sous l'impulsion généreuse et féconde du créateur du Parc de la Haubette, M. Nouvion-Jacquet, qui voudrait voir célébrer là, pour le 14 mars 1914, l'anniversaire séculaire de la bataille de Reims et de la reprise de la ville sur les alliés -.

1 TARBÉ, Reims, 1844, p. 202. — Voir aussi le récit de l'affaire que suscita ce texte dans le Dictionnaire géographique J'EXPILLY, verbo Reims.'

- Carte postale n° 50 de la série des Amis du Vieux Reims, d'après le tableau de DETOUCIIK, au Musée de Reims.


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Le concours de photographie est venu apporter cette année une part nouvelle de préservation, en reproduisant maints côtés pittoresques de la ville. Vous en jugerez par le rapport qui sera lu tout à l'heure.

Les débris respectés par les architectes de la Cathédrale dans les travaux de réfection vont prendre place dans une collection lapidaire nouvelle, organisée par l'Etat et par la Ville. A côté des chantiers, un examen préalable de ces morceaux divers aura lieu pour apprécier l'endroit le plus favorable, à la fois à leur conservation, à leur perspective et à leur mise en valeur proportionnellement au monument.

Une vieille enseigne très populaire, celle des Quatre chats grignants, a disparu de la face d'une maison de la rue Aubert, n° 20, mais trois de ces chats (anciens modillons romans), sont heureusement tombés entre les mains de M. Renard-Camus, qui les a offerts au Musée lapidaire de la VilleA.

Si nous n'avons eu cette année qu'une réunion avec conférence sur un sujet d'archéologie locale, nous pouvons dire qu'elle a été couronnée d'un plein succès et qu'elle a dépassé tous nos souhaits. M. Henry Bidou, qui rend à Paris tant de services à la cause de notre histoire et de notre littérature par la parole et par la plume, a répondu à notre invitation sur l'appel amical de M. le Dr Pierre Minelle. Il a accepté un sujet en dehors de ses travaux journaliers : Les vitraux anciens de Reims, et il les a faits siens ; il en a décrit la composition, expliqué les sujets, relevé les beautés avec un talent précis et une compétence parfaite.

Les vitraux en tous genres de l'église Saint-Remi, de NotreDame, de Saint-Jacques et de Saint-André, ont défilé sous nos yeux ravis, du xne siècle à la Renaissance. Des dessins de M. Paul Simon, des projections en couleurs de nos collègues et amis ont illustré cette conférence et lui ont assuré les suffrages de nos sociétaires et de nombreux rémois attirés par son programme.

M. Henry Bidou voudra bien se souvenir de l'accueil qu'il reçut ici, dans cette ville qu'il habita tout jeune. Nous le consi{

consi{ par E. AUGER de cette enseigne dans les Travaux de l'Académie de Reims, t. XCIX, p. 322.


dérons d'ailleurs comme un compatriote puisqu'il est né à Givet, et nous espérons, l'entendre encore.

En terminant ce rapport, j'ai l'habitude, Mesdames et Messieurs, de remettre en lumière un vieux texte relatif au Vieux Reims ; je vous en lirai deux cette année ; ce sont deux ballades que j'ai choisies dans l'oeuvre d'un maître gracieux et fécond de notre littérature du xive siècle, d'un poète champenois resté fidèle à son terroir, puisqu'il garda et habita sa maison des Champs près de Vertus, et qu'il fut gouverneur pour le roi de la tour et ville de Fismes 1. Vous avez deviné Eustache Deschamps.

La première pièce de lui est un éloge de Reims considérée comme « Ville du Sacre » ; elle aurait pu servir d'épigraphe à la conférence récemment donnée à l'Hôtel de Ville par M. Maurice Renard, sous les auspices de l'Alliance française.

BALLADE SUR REIMS ET LE SACRE (1380)

O tu, cité très noble et ancienne, Qui jadis fut fondée de Remus, Reins t'appela, de son nom Rancienne ; Romane fonda ses frères Romulus ; Le Sénat t'acousina Quant Julius César ses osts mena Pour conquerre Gaule, France nommée. Et ton confort requist et demanda : Tu dois estre sur toutes honourée.

Car tu laissas premiers la loy païenne Par saint Remy, qui de Laon fut dus, Et te meis a la loy crestienne, Quant tes princes nommez Clodoveus Adonc se crestienna, Par victoire que Dieu a lui donna Des ennemis estans en sa contrée ; Et comme Dieux tel signe te monstra, Tu dois estre sur toutes honourée.

1 « Le trois novembre 1388, le roi Charles VII est à Fismes chez Deschamps, qui est fier de montrer le château nouvellement remparé... » dont il parle dans la ballade 103. Voir les oeuvres d'Eustache Deschamps dans la Société des anciens Textes, t. 1, p. 56 et t. III, p. 214.


Lors délaissa toute loy arrienne

Par Clothilde garnie de vertus ;

En cellui temps estoit la cité sienne.

Ly premiers Roy crestiens fut veus :

Saint Remy le baptisa,

Et Saint Esprit une empole apporta

Des cieulx lassus, dont sa char fut sacrée ;

Et quant chascuns de ses Rois tel sacre a,

Tu dois être sur toutes honourée '.

La seconde pièce nous dépeint l'affection profonde du poète pour cette ville qui le retenait par les plus étroits liens.

Eustache Deschamps naquit à Vertus en 1346, mais il fut élevé à Reims et instruit par Guillaume de Machaut que l'on dit avoir été son oncle.

Le 4 Novembre 1380, le jeune roi Charles VI était sacré dans la Cathédrale avec tout l'éclat traditionnel. Deschamps, très attaché à Charles V, fut heureux d'accompagner et d'assurer son fils pour le maintien de son bon et loyal service. Le retour à Paris eut lieu bientôt après (12 novembre), malgré les regrets du poète qui envoya un adieu attendri à la ville où il avait passé sa jeunesse '-.

Voici, dans son entier, la ballade où il exprimait cet adieu si touchant à la ville du sacre :

ADIEUX A LA VILLE DE REIMS

Beauté, bonté, honneur et courtoisie, Noble maintien, gent corps et noble atour, Humble parler et belle compaignie Pour festoier toutes genz de valour, Dames plaisans, garnies de doulcour, Qui tant faites d'onneur a estrangiers, De grans festes et de nobles mengiers, Pour le départ dont je soupire et plaings, Adieu te dy, noble cité de Rains.

1 Publiée par Pr. TARBK, OEuvres de Deschamps, 1.1, p. 173. Rééditée par la Société des anciens textes français, OEuvres de Deschamps, t, I, p. 305, ballade CLXXII, texte reproduit ici.

'• En quittant Reims en 1861, M. Ed. Henrv, historien de la Ligue parmi nous, répétait l'adieu de Deschamps dans des termes aussi émus. Travaux de l'Académie de Reims, t. XXXI, p. 236.


Sur toutes dois avoir la seigneurie, Et quant à mov, je te donne m'amour, Tu es du roy et du sacre embelie, Et si aymes ton naturel Seignour, Ses genz aussi : mais tu portes la flour De festoier et chanter voulentiers. Dames, aies les cuers frans et entiers I En merciant de cuer a jointes mains, Adieu te dv, noble cité de Rains.

On mayne en toy très noble et bonne vie ; Du royaume es le droit chief et l'honnour. Si me fait mal de toy la départie Et n'aray bien jusques a mon retour ; Devers saint Lié me suis mis en destour ; Et tant corne j'ay peu veir ses clochiers T'ay regardé, et par agenouilliers Piteusement fu de dire contrains : Adieu te dy, noble cité de Rains '.

En l'absence de M. E. Kalas, conservateur,. M. le Dr Pol Gosset fait part ensuite de la nomenclature des acquisitions faites par la Société, ainsi que des dons qui lui ont été offerts en 1913.

1 Publiée par Pr. TARBK, OEuvres de Deschamps, t. i,p. 49. Réédité par la Société des anciens Textes français, OEuvres complètes d'Eustuche Deschamps, par le marquis de Queux de St-Hilaire, Paris, Didot, 1882, t. III, p. 312, ballade 489.


.— 114 —

Rapport de M. E. Kalas

I. —Liste des Commandes et Achats effectués par la Société, en iji}

MM. P. BERTON.

Moulage de deux chapiteaux romans de l'église

de Cauroy-les-Hermonville. J

Moulage d'une traverse de cheminée Renaissance. Gaine de l'église d'Epernay. \\

Armes et monogrammes du xvne siècle. Bas-relief Empire. ',

BIHN. i

il gravures anciennes. j

3 gravures modernes. ■

2 lithographies.

G. CHAUVET. j

4 têtes sculptées en pierre, des xme, xive, xve et ' xvie siècles. J

GARDEZ. I

Un fragment de meule, en lave, de l'époque il romaine. : j

G. HUART.

Plan général du Couvent des Cordeliers. Coupes 3 et photographies de la charpente cintrée. '{

GEO. LEGUAY. ]

15 épreuves photographiques de la visite de- j M. le Président de la République à Reims, '* le 19 octobre 1913. ;j


-- us — MM. CH. MARY.

Moulage de la frise, des marmouzets de façade, et de la cheminée du rez-de-chaussée de la maison rue de Vesle 57 ; xive siècle.

Moulage d'une clef-mascaron de l'hôtel Rogier.

Moulage d'un fragment de cloche de Saint-Hilairele-Grand.

L. MICHAUD.

Une série de cartes postales de la visite présidentielle.

L. MONCE.

Le volume de l'abbé BOUCHEZ sur Le clergé rémois pendant la Révolution.

E. RENART.

3 gravures modernes des églises Saint-Jacques et Saint-Remi.

49 lithographies de la Cathédrale, de SaintNicaise et de Saint-Remi.

PAUL RITTI.

6 brochures, 3 gravures modernes, 1 lithographie.

F. ROTHIER.

4 photographies.

ADRIEN SÉNÉCHAL.

2 tableaux au pastel : le porche de la Cathédrale et le pupitre de Saint-Remi.


u6

MM. VUATRIN.

Une dalle tumulairc gothique en pierre gravée :

Jeune femme tenant un cierge. Une grande dalle tumulaire en ardoise. Un fronton en marbre noir. 4 chapiteaux gothiques et bases gothiques. Fragments de colonnes, frises, consoles, cadres, , inscriptions en pierre.

Une plaque de cheminée en fonte, aux armes de

Louis XII et d'Anne de Bretagne, (le tout provenant des démolitions du couvent

des Cordeliers.)

WARY ET LACOTE.

Moulage d'un mascaron en plomb.

77. — Lisie des Dons faits à la Société en iyi}

SOCIÉTÉ DES AMIS DE VIENNE. Son Bulletin de l'année 1913.

COMITÉ DE LA MAISON DE LA FONTAINE.

Une brochure compte-rendu de ses opérations.

SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE CHATEAU-THIERRY.

Le volume de ses Annales 1912.

MM. AUBERT.

Une brochure sur Arles et une lithographie en couleurs.


M. MARCEL BATAILLE.

2 torses de statuettes féminines en pierre, trouvées dans les fondations des Galeries Rémoises, époque Renaissance.

Une boîte de manoeuvre d'ancien réverbère municipal.

Mme MARIE BAUDET.

Un portrait de femme au pastel, par Meillier, peintre rémois.

MAI. l'Abbé BENOIT.

2 photographies prises au moment des démolitions du Couvent des Cordeliers. 3 monnaies trouvées dans les fondations.

P. BERTON.

Moulage d'une statuette de la Cathédrale.

Cn. BUDIN.

Un lot de carreaux émaillés du xvc siècle.

Baron PH. DE CABROL.

IO volumes des Archives administratives de Reims.

CHAVALLIAUD.

6 moulages de clefs, et une maquette de dessus de porte du nouveau Musée des Beaux-Arts.

DEMILLY.

9 volumes du Spectacle de la Nature, par PLUCHE. Une phtlippiqite inconnue, par DIANCOURT. Nécrologie de Nicolas Louis, compositeur rémois.


— u8 —

3 lithographies représentant : l'inauguration du chemin de fer de Reims; le plan de la ville en 1854; un faux de la montagne de Verzy.

MM. L. DOUCET.

5 photographies et 2 agrandissements de motifs de la Cathédrale.

ALB. DUBOIS.

2 photographies d'une maison rue des Salines.

D' O. GUELLIOT.

Un volume de sa publication : La Dinanderie et l'art du cuivre à Reims.

5 cartes postales du Musée champenois d'ethnographie.

H. JADART.

Un volume de sa publication : Les édifices classés

de l'arrondissement de Reims. Une brochure de sa publication : Un monument

gallo-romain découvert en 1912. Une brochure de sa publication sur le nouveau

Musée des Beaux-Arts de Reims. Une brochure de sa publication sur la boite en

or, avec portrait de Louis XVI, appartenant

au Musée de Reims. Le Bulletin des Dons et Achats de la Bibliothèque

municipale en 1912.

E. KALAS.

Une brochure.

Une gravure moderne.

8 phototypies.

2 fragments de dalles tumulaires du xve siècle.

Une taque de cheminée du xvne siècle.


ii9

MM. HUGUES KRAFFT.

6 volumes : Bulletin de la Société française d'archéologie.

7 volumes du Bulletin monumental.

i brochure sur L'Habitation de Mme de Warens à Annecy.

i catalogue d'estampes.

i fascicule de La Vie à la Campagne, concernant le Musée champenois d'ethnographie.

Portrait de Colbert, gravure ancienne encadrée.

2 gravures anciennes.

2 cartes postales représentant les portes enlevées de la Maison historique place des Marchés, 9.

18 cartes postales de « Reims ancien », éditées par L. Loth.

32 aquarelles par M. E. Auger, encadrées, représentant des vues de Reims, peintes depuis 1909.

20 relevés d'architecture, encadrés, exécutés depuis 1909, par MM. E. Kalas, Lagache, Huart, et relatifs à des édifices rémois anciens.

MARCEL LAIGNIER.

Une traduction, en espéranto, de la brochure de M. P. Simon sur les vitraux de la Cathédrale.

POL LEDUC.

Un panneau en bois sculpté, avec armoiries, style du xvmc siècle.

CH. LHOTELAIN.

Un album.

Un portrait du compositeur Nicolas Louis.

CH. MARY.

Moulage d'un grand panneau de boiserie provenant du château de Pargny.


120

Moulage d'un motif provenant de la Cathédrale de Soissons.

MM. F. PILTON.

Un programme, imprimé sur soie, du Théâtre

de Reims en 1831. Un autre programme de 1844. Un diplôme rémois de l'Exposition de 1855.

A. REIMBEAU.

Un chapiteau en bois, avec traces d'enluminures

et de dorure. Une gravure ancienne. 2 lithographies.

A. SAGNIER.

Une plaquette en vers de sa composition : Le Noulet.

A. SALMON.

Une monnaie d'argent du xvme siècle.

M. SAINSAULIEU.

Une tablette en pierre portant l'inscription de 1647. Un fragment de pierre tumulaire provenant des démolitions du couvent des Cordeliers.

le Dr SEUVRE.

10 gravures anciennes. Une gravure réimprimée. Une gravure moderne.

Une lithographie.

Une photographie.


PAUL SIMON.

Un grand album de dessins de carrelages anciens, relevés dans diverses maisons de Reims par feu son père, M. Jean-Pierre Simon.

VUATRIN.

Un fragment de dalle tumulaire du xme siècle. Un linteau du xve siècle provenant des démolitions du couvent des Cordeliers.

ALFRED WENZ.

Moulage d'une stèle antique, trouvée 10, rue Piper.

En résumé, les collections de la Société des Amis du Vieux Reims se sont augmentées, en 1913, de :

51 manuscrits, volumes et brochures pour la

bibliothèque ; 254 gravures anciennes et modernes, lithographies,

photographies et dessins pour le cartulaire; 78 tableaux, aquarelles, moulages, taques, pierres

et bois sculptés pour le musée.

Ce qui porte :

à 906 le nombre des articles de notre bibliothèque; à 2.016 ceux de notre cartulaire; à 454 ceux de notre musée.

Puis, M. André Mandron, Trésorier, lit le rapport concernant les comptes de l'exercice écoulé, qui est approuvé à l'unanimité, et il présente le projet de budget pour l'année 1914 qui est également approuvé à l'unanimité.


— 122 —

Rapport de M. André Mandron

EXERCICE 1913, DU Ier JANVIER AU 31 DÉCEMBRE

Au Ier janvier 1913, la Société comptait 279 membres existants, dont :

Membres fondateurs 31 )

2° Membres titulaires 248 \ 79

Pendant l'année qui vient de s'écouler, il a été inscrit à nouveau :

Membre fondateur 1 j

2° Membres titulaires. ........ 23 ) ^

TOTAUX 32 271 303

Par contre, il a été rayé par suite de décès, démissions, etc.. :

Membre fondateur » / „

2° Membres titulaires 8 \

RESTE AU 31 DÉCEMBRE 1913. 32 -f 263 = 295

Les opérations de comptabilité se présentent comme suit :

I. — RECETTES *

Au premier jour de l'exercice

1913, il existait, en dépôt

à la Banque Chapuis & Cie 15.772 15 ^ , et entre les mains du Trésorier 350 85 \ " ^

Il a été encaissé :

Rachat de cotisation d'un membre

fondateur 500 »

2° Cotisations de 261 membres titulaires 5.220 »

3° Intérêts produits par les fonds en banque 433 15

40 Produit de la vente des cartes postales 60 »

TOTAL DES RECETTES 22.336 15


II. — DEPENSES

Elles se décomposent comme suit :

Frais Généraux.

Indemnité pour frais de comptabilité. . . ioo »

à M. Kalas, frais de secrétariat 31 20

à M. Duchénoy, appointements et frais . 188 30

à M. Pilton, appointements 300 »

à M. Krafft, remboursement de gratifications. 10 » Achat de timbres-poste et de quittances; frais

de recouvrements par mandats et lettres . 27 50

au collecteur, pour recouvrement des cotisations 54 25

pour frais de bureau, fourniture de papier,

agendas, etc 42 50

à M. Lebrun, à Paris, pour encadrements . . 94 60

Abonnement à la Revue de Champagne ... 10 »

à M. Degermann, location de salle et de

chaises 133 »

à M. Moreaux, location de plantes. ... 31 20

à Mme Bouillot, pour entretien et ustensiles

de nettoyage 62 85

Deuxième don en faveur du Cours d'histoire

locale 100 »

Souscription pour la maison de Jean La Fontaine, à Château-Thierry 50 »

Subvention pour pose d'inscription commémorative

commémorative la construction de la Cathédrale. 50 «

Abonnement au téléphone 1913 (partie incombant à la Société) 102 »

TOTAL 1.387 40


— I24 —

2° Achat d'objets d'art et de documents.

à MM. Monce, pour livre. 10 »

— Vuatrin, pour une taque de cheminée

et sculptures diverses 222 45

— Gardez, pour une meule romaine. . . 10 »

— Georges Chauvet, pour sculptures et

gravures 110 »

— Renart, à Maisons-Alfort, pour gravures

gravures 85

— Krafft, pour remboursement du moulage

moulage en 1910, d'une cheminée Renaissance, rue Eugène-Desteuque. 137 »

— E. Auger, pour aquarelle (église SaintJacques)

SaintJacques) »

■■— Jules Matot, pour un pastel par Jodry. 30 » ■-- Sénéchal, pour deux pastels : pupitre de Saint-Remi et porche de la

Cathédrale 310 »

— Ritti, à Paris, pour livres et gravures. 14 25

TOTAL 995 55

30 Impressions diverses et éditions.

à MM. Kodak, pour agrandissements photographiques 19 25

—• Henri Matot, imprimeur 957 »

— L. Monce, imprimeur 18 90

— J. Bienaimé, pour clichés et phototypies 1.046 »

— Leguay et Loth, pour documents photographiques

photographiques 50

TOTAL 2.060 65


12

4° Locations, assurances, contributions.

à M. Kalas, pour location de grenier. ... 250 »

à la Compagnie La France, pour prime

d'assurances 1913 15 95

Contributions personnelle et mobilière,

année 1913 157 05 {

moins part incombant à M. Krafft 154 70 \ "

TOTAL 268 30

50 Reproductions photographiques, moulages, clichés, etc.

à M. Huart, pour relevés divers 179 50

6° Travaux d'aménagements.

à MM. Hutin, couvreur 123 20

— Savy, maçon 208 25

— Albert Simon, peintre 348 30

— Tailliet, menuisier 251 50

Geo. Chauvet, décorateur 32 »

— Saint frères et Galeries rémoises . . 60 35

TOTAL 1.023 60

RÉCAPITULATION DES DÉPENSES

Frais généraux 1. 387 40

20 Achats d'objets d'art et de documents. 995 55 31' Impressions diverses et éditions. . . . 2.060 65 40 Locations, assurances, contributions. . 268 30 5° Reproductions photographiques, moulages, clichés, etc 179 50

6" Travaux d'aménagements 1.023 60

TOTAL 5.915 »


— 126 —

III. — BALANCE

Les recettes sont de 22.336 15

Les dépenses de 5.915 »

Il reste au 31 décembre 1913 un excédent

de recettes de 16.421 15

Cet excédent de recettes est représenté par le solde de compte de MM. Chapuis et Cie,

au 31 décembre 1913 16.205 3°

Et par l'encaisse chez le Trésorier 215 85

TOTAL égal à l'excédent de recettes. . . 16.421 15

Projet de budget pour 1914

I. — RECETTES

Cotisations de membres titulaires 5-250 »

2° Intérêts produits par capitaux placés et par

fonds en banque 550 »

30 Vente de cartes postales 50 »

40 Deux cotisations arriérées 40 »

50 En caisse au 31 décembre 1913 215 85

TOTAL DES RECETTES 6.105 85

II. — DÉPENSES

Frais généraux 1.000 »

2° Achat d'objets d'art et de documents . . . 800 »

3° Impressions diverses et éditions 1.500 »

40 Locations, assurances et contributions. . . 350 » 50 Reproductions photographiques, moulages,

clichés, etc 400 »

6° Travaux divers et aménagements 1.000 »

70 Concours de Photographie : médailles, etc. 200 »

TOTAL DES DÉPENSES 5-250 »


— 127 — III. — BALANCE

Les recettes prévues sont de 6.10585

Les dépenses de 5.250 »

Il restera au 31 décembre 1914 un excédent de

recettes de 855 85

qu'il y aura lieu d'ajouter à l'avoir de la

Société en dépôt à la Banque Chapuis & C'e. 16.205 3°

Soit approximativement au 31 décembre 1914. 17.061 15

L'ordre du jour appelant l'examen du premier concours de photographie, que la Société des Amis du Vieux Reims a institué d'après le voeu émis par l'ancien Photo-Club Rémois, à l'occasion du don généreux fait par lui à la Société, M. le Dr O. Guelliot présente le rapport relatif au résultat de ce concours.

Rapport de M. le Dr 0. Guelliot

Une libéralité posthume du PHOTO-CLUB RÉMOIS a permis d'organiser un concours de photographie pour l'année 1913.

Libre de son programme, la Société des Amis du Vieux Reims ne pouvait que chercher, en cette occasion favorable, à accroître son fonds documentaire et, tout naturellement, elle demanda aux concurrents d'apporter des vues inédites qui mettraient au grand jour des curiosités ignorées généralement, ou inconnues même, de notre cité. Un programme détaillé fut élaboré par mes collègues de la commission, MM. Jadart et Kalas, pour guider les amateurs et éviter les reproductions trop faciles de choses déjà cent fois photographiées.

Une première série concernait les détails intérieurs et quelques motifs extérieurs des monuments civils et religieux ; la seconde série comprenait les aspects des vieilles rues, les ornements des anciennes maisons, les détails des intérieurs, forcément peu ■ étudiés jusqu'ici, ces mille objets chers aux amoureux de l'art ancien, et qui, bien malheureusement, s'en vont chaque jour, enlevés par les collectionneurs ou par les intermédiaires avisés.


— 128 —

Ce programme a été, en général, bien compris; et, si nous n'avons à féliciter que six concurrents, avec 240 épreuves, c'est que fut un peu tardive l'annonce du tournoi auquel personne ne songeait.

Suivons, si vous le voulez, nos artistes dans leurs recherches aux quatre coins de la ville, dans les monuments et dans les maisons dont l'accès leur a été gracieusement ouvert. Aussi bien la promenade est facile et attrayante au milieu de ces clichés qui sont exposés sous vos yeux.

Sous la devise « Fac et spera », nous avons trente belles épreuves ; mais leur auteur s'était lui-même mis hors concours, et nous ne pouvons que remercier notre très actif Président qui a voulu prêcher d'exemple. Outre les divers aspects de la ville lors de la visite présidentielle, il a photographié quelques vestiges de ce « vieux Reims » qu'il connaît mieux que personne : Pavillon de Muire, Sainte Barbe de la rue de l'Avant-Garde, grille de Saint-Denis, façade de l'ancien Hôtel-Dieu sur la rue du Trésor, sculptures réunies dans la cour de l'hôtel Coquebert qui nous abrite aujourd'hui.

C'est aussi en dehors du concours que nous mettons M. Jules Matot dont la devise : «J'écris par l'image» signe de bien curieuses évocations du passé : baraquements de Fléchambault, maisons démolies des rues de Talleyrand, de Pouilly, de la Belle-Image, Legendre, la salle Besnard au souvenir cher à tant de Rémois, et même une vue de la place d'Erlon en 1866, d'après un cliché de M. Matot père ; citons encore des vues de la cour du MoutonNoir, si pittoresque avec ses murs en encorbellement et son vieux puits, et cela au centre de la ville, vis-à-vis le Palais de Justice. Certes, les trente photographies de M. J. Matot appelaient une distinction méritée, mais la plupart nous sont parvenues après la fermeture du concours et l'examen de la commission. Dans une occasion prochaine, nous aurons certainement le plaisir de retrouver M. J. Matot et de lui décerner une de nos récompenses.

M. Lefèvre-Marson, « Rhéostat », n'a envoyé que onze épreuves, mais elles sont bonnes et intéressantes : ancienne seigneurie de Muire, rue Ponsardin, Place Royale au moment de sa transformation. Il faut surtout mentionner très spécialement ses belles reproductions de la curieuse charpente des anciens Cordeliers ainsi que celles des cryptes du Palais de Justice qui viennent


— 129 —

d'être déblayées et qui seront désormais une des curiosités les plus pittoresques du Reims du moyen âge.

Sous la devise « Electro» , M. Alfred Guillemart a réuni vingt épreuves qui lui ont mérité une médaille d'argent. Signalons des vues de la porte deTrianon, des maisons de la rue Nanteuil, de la rue de Tambour, de la rue des Elus, de la place des Marchés, des visions pittoresques des rues Féry et de l'Ecaillé, et surtout la reproduction d'une belle Vierge en bois, trouvée, paraît-il, dans le quartier Saint-Nïcaise.

Avec M. Léon Doucet, nous étions sûr d'avoir des documents originaux sur la Cathédrale qu'il a étudiée dans toutes ses parties. Ses quatorze photographies sont prises avec le plus grand soin et dénotent l'amateur expérimenté et particulièrement habile. Elles nous montrent les chapelles de la Sainte Vierge, du Saint-Sacrement, du Rosaire, avec le retable du xvie siècle attribué à Pierre Jacques, les deux tapisseries des Gobelins, et surtout les détails des deux chaires, celle du xviue siècle, du menuisier Blondel, au profil si élégant, et celle de l'arrière-choeur, du xvne, qui, à côté, paraît un peu lourde avec ses sculptures massives. La commission propose d'attribuer à M. L. Doucet une médaille d'argent grand module.

Enfin, voici un lot de cent trente cinq épreuves ; si j'ajoute qu'à ce nombre imposant s'allient la qualité et surtout la parfaite compréhension des desiderata formulés dans le programme du concours, vous jugerez avec nous que l'auteur a bien mérité des Amis du Vieux Reims, et que sans conteste lui revient la médaille d'or, notre plus haute récompense. Votre rapporteur ne peut donner que quelques indications sommaires sur cette collection véritablement du plus grand intérêt.

Voici d'abord les vieilles rues, la plupart groupées autour de Saint-Remi : rue des Salines, de l'Ecaillé, Dieu-Lumière, SaintJulien, place Lenoncourtoù se conservent les types d'habitations populaires des siècles passés ; et les demeures bourgeoises du centre de la ville, avec leurs portes cochères du xviue siècle, imposantes dans leur sobre architecture, la gentille porte à la sirène de la rue Courmeaux, celle en bois sculpté de la Cour Chapitre ; puis la série des fontaines anciennes, celles des rues contemporaines de l'abbé Godinot, la belle vasque de Coustou à l'Hôtel-Dieu, la fontaine des Boucheries qui mériterait d'être remise au grand jour, et les vieux puits, et les trouvailles faites


— 130 —

récemment dans le quartier Saint-Nicaise, parmi lesquelles une pierre de fondation au nom du prieur Dom B. Bugné, 1660.

Le zélé photographe a pénétré dans les maisons particulières pour prendre ici un escalier de bois à balustres, ici les boiseries Louis XV de l'hôtel Maillefer, là les aspects peu accessibles de l'ancienne abbaye de Saint-Pierre-les-Dames, ou encore la rampe et la fontaine de marbre de l'hôtel Rogier, des portes du xvne siècle dans un jardin de la rue du Clou-dans-le-fer, les épaves du vieux mobilier des Hôpitaux réunis dans une salle de l'Hospice général.

Quand fut ouvert le pli cacheté portant la devise : « Le Bien, le Beau », c'est sans surprise que nous avons vu sortir le nom de M. Charles Grange, qui, l'an dernier, à l'Académie nationale de Reims, avait déjà emporté de haute main la même récompense : une médaille d'or.

Avec de tels auxiliaires, la tâche entreprise par notre société — étudier et sauvegarder le patrimoine historique et artistique de Reims — est singulièrement facilitée ; et ce n'est pas sans un certain regret que l'on songe à la masse des documents qui se seraient accumulés si, dès l'aurore de la photographie pratique, — il y a près d'un demi-siècle, — un précurseur avait pris l'initiative de commencer une semblable collection.

Après lecture de ce rapport, M. Hugues Krafft, Président, en proclamant les récompenses décernées, remet, aux applaudissements de l'assistance, les médailles aux lauréats :

A M. Charles Grange, une médaille d'or; à M. Léon Doucet, une médaille d'argent grand module, et à M. Alfred Guillemart, une médaille d'argent.

L'Assemblée générale ayant pris fin à 5 heures 3/4, les nombreuses personnes présentes examinent avec le plus grand intérêt les 'épreuves du concours de photographie, qui ont été disposées sur les parois de la grande salle où se tient l'Assemblée, et sur celles du_salon qui la précède. ,^%\'A,C i".'\


ÇWLË'-JÛES MATIÈRES

Modèle de mspQsftjAgUésternentaires. 2

Avant-Propos 3

Emblème de la Société ". 6

Statuts 7

Président d'Honneur et Vice-Présidents d'Honneur 14

Bureau et Conseil d'Administration 14

Membres Fondateurs 10

Membres Titulaires 18

Correspondants et Sociétés correspondantes 28

Réunions organisées en 1913 3o

Visite de l'Eglise Saint-Jacques, de la Maison gothique,

rue de Vesle, 57, et de l'ancien prieuré de Saint-Bernard 3o

Visite de l'Hôtel Rogier et de l'ancien couvent des Cordeliers 54

Exposition générale des Collections réunies au Siège social 76

Conférence : « Les Vitraux anciens de Reims » 85

Publications faites en 1913 98

Assemblée générale 100

Allocution du Président 100

Rapport du Secrétaire général 104

Rapport du Conservateur 114

Rapport du Trésorier 122

Rapport relatif au Concours de Photographie 127


TABLE DES GRAVURES

Ancien Hôtel Coquebert, 5, Rue Salin : siège social des Amis du Vieux Reims. Salle du Conseil : Tableau des Membres Fondateurs de la Société 16

Portail latéral de l'église Saint-Jacques 40

Façade de la maison gothique, 57, rue de Vesle 44

Ancien Prieuré de Saint-Bernard, 106, rue de Vesle. Arcature gothique subsistant dans le mur du fond du jardin 50

Ancien Prieuré de Saint-Bernard, 106, rue de Vesle.

Écusson armorié, encastré dans le mur du jardin 53

Hôtel Rogier, 18, rue Courmeaux. Façade latérale et

bâtiment annexé sur la cour 54

Hôtel Rogier, 18, rue Courmeaux. Motif décoratif des anciennes boiseries de l'un des trois salons du rez-dechaussée (avant leur transformation) : Attributs des Arts. 5 6

Hôtel Rogier, 18, rue Courmeaux. Boiseries et trumeaux, d'époque Louis XV, du salon du premier étage 58

Jean-François Rogier, lieutenant des habitants de Reims, de 1751 à 1756. Buste en terre cuite par Adam l'aîné. Collections Municipales 62

Ancien couvent des Cordeliers. Plan d'ensemble des bâtiments existants en 1791 66

Ancien couvent des Cordeliers. Vue de l'ancien cloître.. 68 Ancien couvent des Cordeliers. Charpente de l'ancienne salle d'assemblées ; état en 1913, à l'époque des démolitions 72

Ancien Hôtel Coquebert, 5, rue Salin : siège social des Arfiis du Vieux Reims. Vue de la cour 76


Ancien Hôtel Coquebert, 5, rue Salin: siège social des Amis du Vieux Reims. Cabinet Empire et Restauration. 80

Ancien Hôtel Coquebert, 5, rue Salin: siège social des Amis du Vieux Reims. Musée des sculptures etmoulages. 82

Notre-Dame de Reims. L'Evêque de Soissons : vitrail de la baie de gauche de la 5e fenêtre de l'abside, côté Sud. Relevé sur papier de P. P. Simon 94

Cathédrale de Reims. Médaillons de la grande Rose : Ange et Apôtre. Aquarelles de P. P. Simon 96

Hôtel Rogier, 18, rue Courmeaux. Motif décoratif des anciennes boiseries de l'un des trois salons du rez-dechaussée (avant leur transformation) : j\ttributs des

Sciences x^M;:•'.• ■ • -~v .... 108

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