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Titre : De l'Érysipèle contagieux, par le Dr Castagnon,...

Auteur : Castagnon, Jean Baptiste Lucien Prosper (Dr). Auteur du texte

Éditeur : impr. de Alcan-Lévy (Paris)

Date d'édition : 1878

Sujet : Dermatoses

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30203556f

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : In-8° , 8 p.

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Description : Avec mode texte

Description : Miscellanées

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5721644s

Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 8-TD130-95

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 16/09/2009

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DE-'

l'iMKÈLE CONTAGIEUX

•Har/I$- Docteur CASTAGNON

( de Lembeye )

L'érysipèle est-il contagieux? C'est une question'côn-U^v.V-' traversée en. France et ailleurs. — Afin de nous fair;e.' ,,;,-; une opinion sur ce sujet, nous n'avons pas été\piiisêjv:^','-:W aux sources — étrangères — et pour cause. En fta de i>fw> livres écrits dans notre langue, bien modestes sont les ressources du médecin de campagne; et il ne lui est pas toujours loisible de faire appel à sa propre expérience pour arriver à la lumière sur les problèmes pathologiques, beaucoup trop nombreux, qui, comme celui-ci ■' divisent les cliniciens.

Valleix, à propos de la contagion de cette maladie, dit : «Je ne fais qu'indiquer la contagion admise par quelques auteurs, et je me contente de rappeler que l'érysipèle se montre assez fréquemment sous forme épidénaique.»

Àndral la nie énergiquement. Il s'exprime ainsi : «L'opinion dé la contagion de l'érysipèle ne conserve guère de partisans qu'en Angleterre : — elle rie soutient pas l'examen et elle est toujours démentie par l'observation.

Pour Trousseau, la contagion ne fait point de doute. Parlons des cas où la gravité de l'érysipèle est dans la nature même de l'affection. « Il en est ainsi, dit-il, des èrysipèles contagieux qui ont souvent une marche fatale et sont accompagnés, dès leur début, de symptômes généraux qui éveillent les craintes du médecin. Il faut croire que dans ces cas l'érysipèle n'est que la ■manifestation extérieure d'une affection générale grave primitive.» Il mentionne, quelques lignes plus bas, dans sa clinique, une note publiée en juillet 1861 par la Gazette des hôpitaux, après avoir rappelé l'opi-


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nion d'un médecin contagionniste qui raconte avoir vu plusieurs personnes de la même maison atteintes d'érysipèle. Puis il cite une foule de cas où la contagion a été manifeste. Ces cas, très curieux, il les puise dans sa pratique et dans un mémoire publié en 1866 par le Dr. Pujos de Bordeaux

M. Dechambre, dans la Gazette hebdomadaire, (26 juillet 1861) entretient ses lecteurs de l'épidémie d'érysipèle qui, à cette époque, infectait Paris et une partie des départements. Il fixe leur attention sur la malignité exoeptionelle dans notre climat de l'érysipèle spontané. Plus loin, il place à côté de l'intensité de la maladie le caractère septique qu'elle revêt. Il y cherche une cause, sans la trouver où elle est évidemment : une constitution atmosphérique spéciale que les découvertes de MM. Pasteur et Davaine ont mise hors de doute. Nous savons aujourd'hui que l'air est le véhicute de ces organismes microscopiques qui sont la cause exclusive des fermentations, véritables germes morbides probablement aussi variés que les maladies dites zymotiques, dont le cadre est appelé à s'élargir chaque jour, et qui sont destinées peut-être à porter le trouble et le désarroi dans notre thérapeutique. Quant à la contagion de l'érysipèle, le rédacteur en chef de la Gazette hebdomadaire pose la question. Il n'ignore pas la mort des élèves des hôpitaux dont parle Trousseau et dont un a communiqué son mal à sa malheureuse mère, venue pour le soigner, et morte quelques jours après lui. Il ne se trouve pas assez renseigné pour être en mesure de résoudre cette question importante. ' Nous avons été du côté des médecins qui nient la contagiosité de l'érysipèle. Pour changer d'opinion, il ne nous a fallu rien moins que l'occasion de recueillir des observations personnelles. Ces observations, les voici aussi abrégées que possible. Il nous a semblé que le public médical y pouvait trouver quelque intérêt :

Observation 1. — Le 29 octobre 1876, j'étais appelé à une dizaine de kilomètres de ma ré idence auprès d'une femme de vingt-cinq ans. Cette femme jouit d'une bonne santé habituelle. Elle vient de soigner sa bellemère'que je n'ai vue que convalescente d'un érysipèie.


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Je constate les phénomènes suivants : rougeur érysipélateuse — très marquée sur la joue droite, les paupières du même côté, l'oreille droite, le front, le cuir chevelu : Une douleur vive se fait sentir dans toutes ces parties. Ganglions sous-maxillairesengorgés,sanstrace d'angine; fièvre intense; agitation; insomnie; langue sale. Avant qu'apparût l'éruption, il y avait eu de l'embarras gastrique. Huile de ricin 15 grammes. Ensuite, les symptômes généraux persistant au même degré, sulfate de quinine 1 gramme à 1 gramme 50 centigrammes. Baume tranquille, chloroformé sur les régions douloureuses. Alimentation (bouillon et vin). La convalescence s'établit cinq jours après.

Observation 2. — Le 21 novembre, je visite sa belle-soeur qui ne loge pas dans la même maison et qui l'a souvent visitée pendant qu'elle était malade. Santé habituellement délicate — quarante - deux ans. ■— Malaise depuis quelques jours, inappétence, céphalalgie, nausées, mal de gorge, angine érysipélateuse, engorgement de ganglions sous-maxillaires rendant pénible Pécartement des mâchoires. Le nez est très rouge, puis les deux yeux, les joues, les oreilles, le col dans sa partie antérieure. Douleur cuisante combattue par le Uniment ci-dessus. Gastricité prononcée. Vomitif suivi de sulfate de quinine contre une fièvre ardente avec subdelirium. Alimentation (bouillon et vin). Convalescente le 29.

Observation 3. — La belle-soeur de cette dernière a quarante-cinq ans. Elle habite la même maison ; elle l'a soignée. Constitution maladive. Prise à son tour le 1er décembre. Ni angine, ni tuméfaction des ganglions sous-maxillaires. Le mal se localise surtout au nez, aux lèvres et aux yeux qui restent longtemps injectés. Peu d'intensité dans les phénomènes locaux et généraux. J'emploie l'acide salicjdique (2 grammes) jusqu'à la convalescence qui a lieu le 10. Reste longtemps faible et sans appétit.

Observation 4. — Le 17 décembre, le fils de la malade de l'observation 2, neveu de celle-ci, habitant sous le même toit, est forcé de se mettre au lit. C'est un garçon de dix-huit ans. Il s'est plaint, avant tout, d'un


grand mal de tête, d'envies de vomir. Tartre stibié , 10 centigrammes. En même temps que la céphalalgie, éclatait la fièvre. Pouls à 125. Chaleur brûlante. Délire qui oblige son frère et un oncle de le retenir dans son lit. Les tissus sont le siège d'une tuméfaction énorme ayant gagné de proche en proche toute la tête. Heureusement pour lui, je fais administrer, quelques heures après l'émétique, de hautes doses de sulfate de quinine. Le 29, il renaissait à l'espoir d'un rétablissement qui a demandé beaucoup de temps, malgré une alimentation hâtive. Il a perdu tous ses cheveux.

Observation 5. — Il était à peine convalescent, que son frère aîné était pris, de son côté, d'une angine qui marqua le début des accidents locaux, lesquels furent précédés de troubles gastriques, de malaise, de fièvre, phénomènes de moyenne intensité qui cédèrent au traitement par vomitif et quinine. Il guérit très vite.

Observation 6. — La guérison fut plus prompte encore chez l'oncle de ces deux jeunes gens, qui en fut quitte avec des frissons, du mal de tête, de l'anorexie, une fièvre modérée, et dont l'état ne réclama que l'expectation pure et simple. Je vis là un exemple de fièvre érysipélateuse sans localisation, comme une variola sine variolis.

Observation 7. — Vis-à-vis de cette maison, la soeur de ma malade n° 2 s'alita presque en même temps qu'elle. Appelé au début, il me parut que les phénomènes allaient prendre un caractère d'extrême gravité. J'en avertis la famille. La délicatesse du médecin est une qualité en général peu appréciée de ses clients. La lésine est une plaie rurale dont sont affectés nos paysans les plus aisés. On mit un terme à mes soins, sous prétexte qu'un grand mieux s'était produit depuis mes remèdes. Un confrère était mandé à mon insu. Quatre jours après, ma malade succombait. La veille de sa mort, on m'avait prié de la revoir. Je refusai, et ce refus n'a jamais pesé sur ma conscience.

Observation 8. — A cent mètres de celte habitation, une jeune femme venait d'accoucher. Je lui avais donné des soins l'année précédente, après ses premières couches, pour une phlegmatia aïba dolens. Elle était de


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santé délicate. Elle se sentait menacée d'une nouvelle phlébite. La fièvre éclatait formidable et était suivie de l'apparition, à la face, de plaques érysipélateuses, pendant que, du côté de la poitrine, se révélaient des symptômes d'épanchement pleurétique. La mort arriva en moins d'une semaine, en dépit de la médication la plus énergique.

Observation 9. — De l'autre côté du chemin, en face de la maison de cette pauvre malade, une femme de cinquante-cinq ans, rhumatisante depuis longtemps, se plaignait de douleurs au genou droit. Un vaste érysipèle était là, partant de l'articulation fémoro-tibiale et s'étendant autour de la jambe, en bas, jusqu'au cou-depied. Les phénomènes généraux, fort sérieux, qui avaient ouvert la scène, n'absorbèrent pas mon attention. Je donnai la quinine. Les symptômes gastriques manquant, je ne donnai ni vomitif ni purgatif, et je me hâtai d'agir localement. J'employai, avec les meilleurs résultats, un mélange de glycérine et de teinture d'iode {celle-ci au tiers), conseillé par le docteur Saurel dans la Tribune médicale. L'effet du topique fut remarquable. L'érysipèle ne tarda pas à s'éteindre à la jambe, pour gagner le tiers inférieur de la cuissse, où je le poursuivis aussi efficacement à l'aide du même moyen. Cette femme mit trois semaines à se rétablir. Je l'alimentai comme les autres malades.

Observation 10. — La femme d'un aubergiste, malingre et alcoolique, réclamait mps conseils vers la fin de cette épidémie. La maladie fut chez elle, à peu de chose près, ce qu'elle avait été chez d'autres malades sérieusement atteints, avec complication de bronchite qui nécessita deux vésicatoires. A part ces vésicatoires, elle fut traitée comme eux et guérit assez vite.

Observation 11. — - Un vigoureux garçon de vingttrois ans, son voisin; est pris d'érysipèle. Une tuméfaction énorme envahit l'oreille gauche, fait le tour du cuir chevelu. L'engorgement est si considérable dans la région mastoïdienne, que je crus à l'apparition d'un phlegmon. Il n'en fut rien. Les souffrances locales étaient intolérables. Les phénomènes généraux avaient éclaté avant les autres. Etat saburral des premières voies, mal


de tête, fièvre. Je les combattis avec les mêmes armes thérapeutiques et n'eus qu'à m'en louer. Ce jeune homme ne garda pas un seul cheveu. La convalescence arriva assez vite; la guérison fut difficile.

Sur ces onze malades, deux ont sucfsr~'bé. A la rigueur, je devrais exclure de ma petite jtatistique la femme de l'observation 7, que je n'ai vue qu'une fois, au début de la maladie. Je dois faire remarquer aussi que l'accouchée de l'observation 8 présentait des conditions extrêmement fâcheuses pour pouvoir résister à l'influence épidémique qui sévissait autour d'elle. Je me trouvais en présence d'accidents pueipéraux éclatant dans les circonstances les plus défavorables. Le contage 'germant dans un pareil terrain ne pouvait qu'amener un dénoûment fatal.

Une discussion au sujet de la contagion dans les épidémies d'érysipèle serait hors de propos ici.

Si, pour que la contagion s'effectue, il devient indispensable que deux individus au moins soient en présence, un malade élaborant dans son économie, par quelque cause que ce soit, un principe morbifique qu'il communique à un autre ou à d'autres en état de santé, il est difficile de ne pas admettre que l'épidémie qui • nous occupe offre ces caractères et réunit ces conditions nécessaires. - Comment est-elle née ? Il est malaisé de le dire. Où la belle-mère de ma première malade avait-elle puisé le germe de sa maladie ? Est-ce par contact ? Elle le conteste. Evidemment elle n'a pas créé la matière morbifique qui l'arenduemalade. C'estdoncparinfectionqu'elle a été contaminée ; et ce germe venu on ne sait d'où, élaboré dans son organisme s'est propagé par contact chez les parents, chez les voisins, chez les amis.

Contentons-nousde nous livrer à de brèves réflexions qui nous sont suggérées par les divers cas que nous avons été à même d'observer et que nous venons de relater bien succinctement, autant pour nous que pour ceux qui voudront bien les parcourir :

Chez nos malades, l'état général, au début, a dû attirer notre attention, sans la détourner de l'état local,subordonné dans tous les cas au précédent.


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Chez quelques-uns les phénomènes généraux ont été sérieux, chez d'autres fort gravés. L'embarras des voies digestives est à noter ; il est avantageusement combattu par les éméto-cathartiques. La fièvre cède à l'administration du fébrifuge, la quinine, remplacée dans l'observation 3 par l'acide salicylique. Il est vrai que le cas était léger.

La défervescence apparaissant après les premières doses de sel quinique et amenant l'atténuation rapide des symptômes locaux, qui bénéficiaient indirectement de l'efficacité du médicament, mérite de fixer l'attention. De là une convalescence rapide, due aussi sans doute à l'alimentation dont je n'ai eu garde de sevrer mes malades. Comme je le disais en commençant,Trousseau en parlant des érysipèles contagieux, prétend qu'ils ne sont que la manifestation extérieure d'une affection générale grave primitive. Quoi d'étonnant que, dirigeant ses efforts thérapeutiques contre cette affection générale, on amène des résultats plus avantageux qu'en ne s'attaquant qu'aux phénomènes locaux !

L'angine érysipélaleuse a été constatée, sans qu'on puisse dire au juste si elle avait toujours précédé ou accompagné l'éruption extérieure, ainsi que l'enseigne le ..professeur Gubler qui rejette avec raison la métastase.

Il y a eu (observation 6) un malade qui a été atteint de la fièvre érysipélaleuse sans manifestation locale.

Un seul érysipéle s'est montré ailleurs qu'à la face, chez une femme de 5b ans (observation 9).

Enfin on reste frappé de voir qu'il y a sept femmes atteintes, et quatre hommes seulement, et que nous n'avons sur notre liste, ni vieillards, ni enfants.

Je ne terminerai pas ces considérations sur la contagion de l'érysipèle, sans dire quelques mots du traitement que j'ai cru devoir lui apporter. Les lecteurs du Médecin connaissent ma prédilection pour l'alcaloïde de cette écorce du Pérou qu'on ne détrônera pas aisément du rang si élevé qu'il occupé en thérapeutique, et dont la cherté, chez nos pharmaciens, je ne dis pas chez xes droguistes, pourrait, à bon droit, passer pour une calamité publique. Les effets de cet admirable médicament, bien manié et non falsifié, sont tout simplement


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merveilleux. Ses inconvénients sont de bien peu d'im.portance en présence de ses avantages si précieux. Blâmables, coupables au premier chef, sont nos apothicaires : quintuplant au minimum son prix, ils arrêtent trop souvent la main du médecin prêt à écrire ses ordonnances pour les déshérités delà fortune, v Dans l'épidémie dont il s'agit, lorsque je me suis trouvé en face demapremièremalade,j'aisongéàuncasd'érysipèle delà face que je constatais, il y a huit ans ; c'était chez une femme d'une cinquantaine d'années. L'éruption était d'une confluence extrême; les symptômes généraux des plus inquiétants. Une catastrophe était imminente. Cet état se prolongeant depuis quelquesjours, j'eus le bonheur de la conjurer avec de fortes doses de sulfate de quinine. Le mal était sporadique et j'attendais beaucoup de l'expectation que j'emploie volontiers dans les érysipèles de la face. Je faillis attendre trop longtemps.

Mais on dira peut-être que l'épidémie en question, qui a duré plus de quatre mois, n'était pas sérieuse, que mes malades auraient guéri sans quinine, que je m'aveugle sur l'opportunité du remède.

Je répondrai qne je n'ai pas visité, tant s'en faut, tous les malades de cette petite commune de 300 habitants. Il en est beaucoup qui se sont mis entre les mains d'officiers de santé, pauvres diables plus à portée de la bourse, de l'intelligence et des habitudes de nos rustres.

J'ignore le traitement auquel ils ont condammé leurs patients. Ce que je sais, clesLque la mortalité a été considérable dans ce paup?w$M^gA>\

I ~ / / ) > \ -fw CASTAGNON

Paris. — Imp. Alcait-Lévy, 61, rue deLafayette.