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Titre : Revue savoisienne : journal publié par l'Association florimontane d'Annecy : histoire, sciences, arts, industrie, littérature / Jules Philippe, directeur-gérant

Auteur : Académie florimontane (Annecy). Auteur du texte

Éditeur : Imprimerie de Louis Thésio (Annecy)

Éditeur : Imprimerie d'Aimé PerrissinImprimerie d'Aimé Perrissin (Annecy)

Éditeur : Imprimerie AbryImprimerie Abry (Annecy)

Date d'édition : 1916-07-05

Contributeur : Philippe, Jules (1827-1888). Directeur de publication

Contributeur : Revon, Louis (1833-1884). Directeur de publication

Contributeur : Constantin, Aimé (1831-1900). Directeur de publication

Contributeur : Maillard, Gustave (1860-1891). Directeur de publication

Contributeur : Miquet, François (18..-19..). Directeur de publication

Contributeur : Le Roux, Marc (1854-1933). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34399189b

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34399189b/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Description : 05 juillet 1916

Description : 1916/07/05 (A57,N3).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Rhône-Alpes

Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique

Description : Collection numérique : Zone géographique : Europe

Description : Collection numérique : Thème : Les échanges

Description : Collection numérique : Histoire et géographie

Description : Collection numérique : Arts

Description : Collection numérique : Littérature

Description : Collection numérique : Sciences appliquées

Description : Collection numérique : Sciences naturelles

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5719362w

Source : Académie Florimontane, 2021-263709

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

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N° 3.

3me TRIMESTRE.

ACADÉMIE FLORIMONTANE - ANNECY

Séance du 5 juillet 1916.

PRESIDENCE DE M. MIQUET, PRESIDENT.

La séance est ouverte à 5 heures 1.

Le SECRÉTAIRE donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée.

Le BIBLIOTHÉCAIRE dépose la liste des périodiques et ouvrages reçus :

M. VAN GENNEP adresse deux livres dont il est l'auteur : En Savoie, tome I. Du berceau à la tombe, Chambéry, 1915 ; L'effort économique de la France pendant vingt mois de guerre.

Il est procédé au vote sur les candidatures proposées à la dernière séance. M. PANNETIER, géomètre à Annecy, est présenté aujourd'hui par MM. J. SERAND et ROBERT. Cette candidature étant produite à la dernière séance de l'année est soumise également au vote. A la suite du dépouillement du scrutin, MM. le général PERRILLIAT, MICHAUD et PANNETIER sont élus membres de la Florimontane.

M. LETONNELIER fait la communication suivante, sur l'identification du nom de lieu Saix-Blanc.

En 1913, j'avais pris la liberté d'attirer votre attention sur la charte de fondation du prieuré de Chamonix, datant de 1091, dont l'original se trouve aux Archives départementales et dans laquelle il est question d'un nom de lieu appelé Petra alba 2. C'est sur ce mot que j'avais disserté pour arriver à prouver qu'à l'encontre des trois historiens connus. Perrin, Charles Durier et le vénéré chanoine Ducis, auxquels, il faut aussi ajouter Grillet, il ne fallait pas y voir le Mont-Blanc, mais un

[Rev. sav., 1916]

1. Sont présents : MM. Désormaux, Falletti, Flamary. Gardien Lavorel, Le Roux, Letonnelier, Général Maillot, Marteaux, Miquet, Nanche, Rebord, V. Robert, Périn, L. Pfister, F. Serand, J. Serand.

2. Cf. Rev. sav., 1913, p. 243-247.


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rocher d'une très faible altitude, situé sur la rive gauche de l'Arve à quelques centaines de mètres de son confluent avec la Diosaz. — Je m'appuyais notamment pour ma démonstration sur l'invraisemblance qu'il y avait de choisir le sommet du Mont-Blanc comme point de délimitation, — surtout à une époque aussi reculée, le XIe siècle, - et 2° sur un texte de procédure du XVIIIe siècle déposé aux archives de Chamonix, où il est question de cette rupes alba qu'on nomme alors saxum album, ou saix blanc, et qu'on situe comme je viens de le dire. Mes contradicteurs étant morts depuis longtemps, j'avais beau jeu, et je restais, jusqu'à ces derniers temps, maître de la position. Mais, une célébrité parmi les alpinistes, émule de Whymper, en même temps qu'un historien de la montagne, Rd W.-A.-B. Coolidge, m'a récemment adressé une aimable protestation. « J'avoue, m'écrivait-il, que je ne peux pas accepter votre identification de la rupes alba. Dans deux articles, écrits en français, j'ai cité plusieurs autres cas (postérieurs à 1091) où la rupes alba est mentionnée. Tous se trouvent dans le Cartulaire de Chamonix édité par M. Bonnefoy. (Je crois aussi y avoir signalé le saix blanc de 1319 et le saxum nigrum de 1457. » Il ajoutait : « Permettez-moi de vous faire remarquer que le nom « Mont-Blanc » fut usité longtemps avant Goethe. La première fois qu'on le rencontre est dans la brochure bien connue de Pierre Martel, de Genève, datée de 1744. » J'ai répondu à mon estimé correspondant que sur ce dernier point, j'étais heureux de lui faire amende honorable. Felix culpa, puisque grâce à elle, il est démontré que le poète allemand n'a rien à voir avec la dénomination du Mont-Blanc. Mais, en ce qui concerne la rupes alba, ou saxum album je maintiens plus que jamais mes affirmations précédentes. Ce n'est pas le Mont-Blanc. Le texte invoqué par Rd Coolidge et qui est de 1319 (Perrin, p. 178), n'est qu'une réédition avec paraphrase et une confirmation de celui que j'ai cité de 1091... (ab aqua que vocatur Dyousa et a rupe que vocatur SaysBlans usque ad Balmas et Vallis Ursina) 1. Dans cette question qui nous divise si courtoisement, je fais respectueusement observer à mon honorable contradicteur qu'en admettant son interprétation, il y a dissymétrie, par le fait que l'on ne tient pas compte du côté nord, versant du Brévent. Il me répond : « Votre document est défectueux en ne nommant

1. Le texte de 1091 dit simplement : ex aqua que vocatur Desa, et rupe que vocatur alba, usque ad Balmas.


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que deux confins, car l'original (Bonnefoy-Perrin, I, p. 178) en nomme QUATRE — deux à chaque extrémité de la vallée. » Mais, alors, nous sommes tout-à-fait d'accord, et je vais même jusqu'à tirer argument, en mafaveur, des objections présentées, à l'encontre de ma thèse : « (à l'ouest), depuis le confluent de la Diosaz et la pierre blanche, — à l'est, jusqu'au col de Balme et Vallorcine. » Je n'avais pas la prétention de démontrer autre chose.

L'affaire en est là : La terre n'en continue pas moins de tourner. Peut-être va-t-on nous reprocher de scruter des minuties, de prendre un cabestan pour arracher une rose. Qu'on nous permette tout de même de faire remarquer qu'il s'agit là d'un point très intéressant de l'histoire de la montagne, et que la vraie science, qui ne se préoccupe pas des applications pratiques, ne doit jamais abdiquer ses droits. A l'heure où les troupes anglo-françaises reprennent les villages de Dampierre et de Frise, arrosés, en 1914, de tant de sang savoyard, est-il bien nécessaire de rappeler qu'un grand alpiniste Anglais et un florimontan Français sont en désaccord à propos du MontBlanc ? — Pourquoi pas? C'est un bel exemple de mésentente cordiale.

M. MARTEAUX fait les deux communications suivantes :

M. le capitaine Guillaume, propriétaire aux Fins d'une portion de la parcelle n° 384, m'ayant fait don de quelques objets archéologiques trouvés par son fils Ferdinand en 1911-1912, je les remets volontiers au musée de la ville ; ils ont été déjà décrits en partie dans Boutae, p. 322, 324 ; ce sont : un crâne très dolichocéphale ayant appartenu à un squelette de très grande taille enfoui sous la voie romaine à 1m6o et qui portait sur la poitrine les deux agrafes d'or en forme de Z : par l'anomalie de son prognatisme et de son front fuyant, il-mérite une étude particulière ; ce sont ensuite différents objets, tels que mince plaque à rayures, petite anse de préhension, sorte d'aiguille en bronze; serpette, couteau, boucle en fer; deux grains de collier, monnaies.

Un de nos collègues, M. Joseph Murgier, m'ayant signalé à l'entrée du deuxième couloir de la grotte de Banges (Allèves) l'existence de tuiles romaines, je m'y suis rendu et, après avoir creusé jusqu'à 0m80 de profondeur ai retiré de l'excavation, mélangée à des éclats de roche calcaire dans une terre noirâtre très poussiéreuse, de nombreux fragments de. tuiles à rebord et courbes, un débris de poterie grossière micacée, et, avec


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des os de porc (tête de radius, vertèbre dorsale), des ossements humains partie médiane de sternum, vertèbre dorsale, troisième vertèbre cervicale, petite molaire supérieure d'enfant, portion de pariétal très épais, qu'a bien voulu identifier M. Le Roux. La réunion de ces objets fait penser à quelque sépulture en toit de tuiles, d'une date non antérieure à la moitié du IIIe siècle et détruite à une époque indéterminée.

M. LE ROUX fait une communication sur les éléments caractéristiques du crâne des Fins dont il a étudié les caractères anthropologiques et qui appartient à un Burgonde. Son extrême dolichocéphalie (Ind. céph. = 71,40) ne constitue pas une anomalie monstrueuse, étant donné l'harmonie parfaite des proportions. Toutes les mesures de celui-ci, introduites dans les séries déjà connues, contribuent seulement à faire descendre l'indice céphalique moyen de cette race, calculé sur l'ensemble des crânes de la collection régionale du Musée. M. Le Roux fait ensuite une démonstration des procédés craniométriques au moyen des instruments destinés à cette étude.

M. MIQUET analyse une étude historique de M. de Sonnaz, sur l'Italianité du duché d'Aoste et signale des notices nécrologiques sur les Savoyards victimes de la guerre, parues dans le Bulletin de l'Association des Italiens originaires de la Savoie et de Nice. Voir Bibliographie.

Le MÊME fait une communication sur les Naturalisés de Savoie en France sous l'ancien régime. Cette étude paraîtra dans la Revue.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 6 h. 1/2.

Le Conseil d'administration se réunit à l'issue de la séance. Sont présents : MM. Miquet, Nanche, Désormaux, Le Roux, Letonnelier, J. Serand, Gardier, Lavorel.

Plusieurs questions, concernant les publications et les comptes-rendus des séances, sont résolues dans les termes énoncés au Registre manuscrit des délibérations, page 40.

Au sujet des travaux et mémoires de longue haleine dont le Comité de rédaction aura autorisé la publication, le Conseil décide que trois feuilles pour un même travail, soit 48 pages, seront accordées annuellement à l'auteur dans la Revue savoisienne, aux frais de la Florimontane : le surplus restera à la charge dudit auteur.


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L'ordre du jour portant renouvellement de deux membres, M. le général MAILLOT est élu membre du Conseil d'administration et M. FLAMARY, membre du Comité de rédaction de la Revue savoisienne.

La séance est levée à 7 heures.

Le Secrétaire : Marc LE ROUX.

Assemblée générale extraordinaire du 4 octobre 1916.

PRESIDENCE DE M. MIQUET, PRESIDENT

La séance est ouverte à 5 heures 1.

L'ordre du jour porte lecture du rapport du PRÉSIDENT sur le legs fait à l'Académie Florimontane par M. Léon MARES, et des conclusions formulées en vue de son acceptation par le Conseil d'administration dans sa séance du 29 septembre dernier.

Le PRÉSIDENT s'exprime en ces termes :

Messieurs, L'Académie Florimontane est convoquée en Assemblée générale extraordinaire pour prendre les décisions exceptionnelles que comporte une situation sans précédent dans nos annales. Le 14 août dernier, entre deux jours de fête, expirait presque subitement M. Léon Mares, le très distingué châtelain de Montrottier, maire de Lovagny. L'émotion causée au milieu de nous par cette mort inopinée n'eut d'égale que notre surprise en apprenant que notre cher collègue avait institué la Florimontane héritière du château de Montrottier, des terres qui l'entourent, des riches collections qui le garnissent et d'un capital de 200,000 francs.

Quoique le testament consacrant cette libéralité princière porte la date du 22 octobre 1915, le généreux donateur avait, par un raffinement de modestie, gardé le secret le plus absolu

1. Sont présents : MM. Adé. Aussedat, Balleydier, Blandin, Croset, Désormaux. Despine, Domenjoud, Dubettier, Falletti, Flamary, Gaillard, Hérisson, Laeuffer Eug., Laeuffer J., Lavorel, Le Roux, Letonnelier, Général Maillot, Marteaux, Martin G., Miquet, Murgier, Nanche, d'Orlyé. Périn, Pfister H., Pfister L., Rebord, Richard, Robert V., Sautier-Thyrion, Serand F., Serand J.

Excusés : MM. A. Crolard, Cattin, Cochon, Dépollier, Gardier, Laydernier.


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sur ses intentions, voulant, semble-t-il, se dérober aux témoignages de gratitude qui n'auraient pu manquer de lui être prodigués de son vivant, de même qu'il interdit toute manifestation sur sa tombe.

« Ni fleurs, ni couronnes, ni discours » : telles furent les volontés de ce méridional qui n'aimait pas les démonstrations, de ce millionnaire enterré comme un pauvre.

Mais ce qu'il n'a pas été possible de dire le jour des obsèques 1, un devoir impérieux nous commande de le proclamer dans cette assemblée, où M. Mares ne comptait que des amis.

Messieurs,

C'est un grand honneur pour notre Académie d'avoir été distinguée — et d'une manière aussi éclatante — par un homme de bien qui était, en même temps, un homme de goût. Quelle plus belle récompense pouvions-nous désirer pour le labeur patient et désintéressé que nous poursuivons depuis soixantecinq ans? Quelle plus belle preuve de confiance? Mais pourquoi faut-il que la Fortune, en venant à nous, soit voilée d'un crêpe et que le sentiment que nous éprouvons puisse être comparé à celui d'un père qui voit arriver avec bonheur un enfant désiré, mais qui doit payer ce bonheur par la perte de la mère ?

En déplorant la brusque disparition d'un homme que nous aimions tous autant que nous le respections, d'un bienfaiteur dont la générosité était inépuisable, nous saluons sa mémoire avec une profonde gratitude et les plus vifs regrets. Son souvenir vivra dans nos coeurs et ne s'éteindra qu'avec nous...

Messieurs, Dernièrement, l'un des nôtres, arrivé par son travail et son intelligence à une fort belle situation, répondit à quelqu'un qui le félicitait sur le chemin parcouru : « La fortune m'a souri, mais j'éprouve un regret : c'est que mes parents ne soient plus là pour en jouir. » Comme ce bon fils, la Florimontane, à l'heure où votre approbation fera d'elle une châtelaine, reportera sa pensée vers ceux qui, dans un modeste arrièremagasin de la rue Filaterie 2, lui donnèrent — ou plutôt lui rendirent — le jour : les Bouvier, les Machard, les Philippe, les

1 . Le Conseil d'administration et une délégation de la Florimontane ont assisté aux funérailles de M. Léon Mares, qui ont eu lieu le 18 août.

2. Dans la maison portant le n° 6 des inscriptions apparentes et figurant au cadastre sous le n° 986 de la section B. aujourd'hui au nom de M. Sivieude Alphonse, mais précédemment au nom d'Eloi Serand.


— 171 - —- Serand. Leur oeuvre était bonne; elle a résisté à l'épreuve du temps et recueilli, avec les sympathies du public, les plus précieux témoignages de son utilité... Que ne sont-ils avec nous pour en constater le plein épanouissement ! Rendons hommage à leur mémoire et efforçons-nous de suivre leurs traces.

Il ne faut pas s'illusionner : les difficultés se multiplieront sous nos pas à mesure que nous avancerons et que notre rôle s'élargira. L'embarras des richesses n'est pas un mythe et vous avez entendu parler de certain savetier qui perdit

..., le sommeil et la voix, Du moment qu'il gagna ce qui cause nos peines !

Mais nous n'en arriverons pas à cette extrémité. La Florimontane a fait provision de sommeil pendant les deux centquarante ans et plus qui ont précédé sa résurrection et sa voix ne cessera jamais de retentir pour célébrer tout ce qui nous est cher.

Continuons d'être un groupement d'où la politique est exclue, une société d'instruction dont les adhérents, liés par des égards réciproques, donnèrent avant la lettre un exemple de l'union sacrée, une famille qui honore ses morts et dont chaque membre partage les tristesses comme les joies des autres, enfin et surtout un foyer de patriotisme, - et maintenant que le branle est donné, des imitateurs de M. Mares viendront à point nommé !

Le Conseil d'administration, dans sa séance du 29 septembre, s'est déjà prononcé pour l'acceptation du legs Marès ; mais, en vertu de l'article 7 de nos statuts, sa délibération portant acquisition d'immeubles doit être soumise à l'assemblée générale.

Messieurs,

Pour vous permettre d'apprécier sous toutes ses faces la question qui vous est soumise, autant que pour renseigner ceux qui n'ont pas connu M. Marès, j'ai résumé ce que nous savons dans de courtes notices, où nous passerons successivement en revue : le bienfaiteur, le domaine, les collections, puis le côté matériel de la donation.

Quand cette lecture sera terminée, vous connaîtrez ce qu'il importe de savoir et vous serez à même de vous prononcer sans hésitation.


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LÉON MARES

M. Léon-Prosper-Etienne Mares naquit à Montpellier, le 15 septembre 1854, d'une famille riche et justement considérée.

Admis à l'Ecole du Pin, il fut quelque temps officier des Haras. S'il démissionna, — peut-être par besoin d'indépendance — il laissa dans l'administration qu'il abandonnait le meilleur souvenir et, de son côté, toute sa vie il entretint d'affectueuses relations avec ses anciens collègues.

En quittant le monde du cheval et des sports, il conserva le goût très vif des exercices équestres et de tout ce qui s'y rattache : il suffit d'avoir vu sa sellerie et ses collections de mors, d'étriers, de pièces de harnachement, pour s'en faire une idée. Il nourrissait aussi de chaudes sympathies pour l'armée, avec d'instinctives préférences pour la période napoléonienne, comme en témoignent les coûteux assortiments d'armes, d'uniformes et de portraits militaires qu'il a patiemment rassemblés.

C'est apparemment par ces deux catégories de curiosités qu'il fit ses débuts comme collectionneur. Avec les années, il étendit ses recherches à toutes les branches de l'activité humaine et recueillit les sculptures, peintures, émaux, gravures, tapisseries, avec la même passion que les meubles, coffrets, éventails, bibelots d'art, bijoux, voire des débris gallo-romains.

Quand le hasard — qui souvent fait bien les choses — amena Léon Marès en Savoie, notre futur collègue n'était plus le fringant officier que nous n'avons connu que par ouï-dire : il était devenu le gentleman de haute allure, dont le sourire un peu énigmatique et le regard scrutateur auraient arrêté toute familiarité déplacée. Observant beaucoup, parlant peu, il en imposait par sa prestance, mais rassurait par sa bienveillance, — dont il n'excluait pas même les animaux : son testament en dit long sur ce point.

Sa générosité fut parfois soumise à de rudes épreuves, car pour beaucoup de gens, l'homme riche est comme une mine à exploiter. Contre les assauts des quémandeurs, il aurait été défendu par sa finesse, s'il n'avait été désarmé par son coeur. II résistait peu. Seulement, il aimait qu'on y mît les formes, car, en tout, il y a la manière. Et s'il restait parfois rebelle à certains solliciteurs dont la cupidité perçait sous la maladresse, on cite plus d'un cas où il accorda des secours ou des rabais pour une répartie ingénieuse ou pour un bon mot.


LEON MARES

15 SEPTEMBRE 1854 — 14 AOUT 1916



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Maire de sa commune, il a rendu à la plupart de ses administrés des services personnels et journaliers que quelques-uns considéraient peut-être comme choses dues, mais qu'ils apprécieront davantage quand ils en seront privés. Il avait, dit-on, soixante-quinze filleuls de guerre et c'est par milliers qu'il faut compter les paquets qu'il envoya sur le front.

Ceux qui ont eu le privilège — et ils sont nombreux — en particulier les membres de la Florimontane, d'être accueillis à Montrottier, se rappelleront longtemps l'exquise courtoisie avec laquelle il se prodiguait pour faire à ses hôtes les honneurs du château et de ses collections.

Celles-ci, véritables joyaux, dignes de l'écrin, disposées avec un art parfait, témoigneront toujours du goût délicat dé leur propriétaire: au milieu d'elles, il ignorait la fuite des heures et, suivant son expression, « faisait de délicieuses promenades autour de sa chambre ». Il n'avait, d'ailleurs, rien négligé pour rendre cette demeure aussi agréable que possible et il avait consacré des sommes considérables à de judicieuses et discrètes restaurations : telles sont celles qu'il entreprit dans la salle des Gardes, puis dans le donjon, par la réparation de la rampe du viret, du chemin de ronde et des machicoulis. Poursuivant l'exécution d'un plan méthodique, il se proposait, quand la mort l'a surpris, d'achever la galerie qui précède la cour d'honneur et de transformer la cuisine actuelle en bibliothèque : pendent opéra interrupta...

Célibataire et ne laissant que des cousins riches, notre collègue était libre de disposer à son gré de sa fortune : le geste qu'il a fait pour en attribuer la plus belle part à la Florimontane est l'aboutissement logique de son existence de collectionneur : disons-le sans fausse modestie, il lui était difficile d'éviter plus sûrement la dispersion plus ou moins tardive des objets qu'il avait si péniblement rassemblés, et de perpétuer son oeuvre et son nom dans de meilleures conditions. Pour être d'un homme avisé, le geste ne perd rien de sa valeur, car on ne saurait voir un sentiment égoïste dans la légitime préoccupation d'assurer la pérennité d'une création qu'on a faite et qu'on croit utile.

En nous instituant ses collaborateurs et ses continuateurs, M. Mares nous a fait l'honneur de nous croire capables de remplir ce rôle, et cet honneur n'est pas la partie la moins précieuse de son héritage : à nous de prouver qu'il ne s'est pas trompé.


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LES COLLECTIONS .

C'est dans les trois corps de logis : bâtiment dit de la Religieuse, du XVIe siècle, maison d'habitation restaurée dans le style de la Renaissance, tour du Donjon, que Léon Mares disposa avec un goût sûr et le souci d'une élégante présentation, les collections qu'il avait ramenées de son pays natal ou qu'il sut recueillir dans la région de Savoie.

Des arcs d'une voûte incomplète à croisée d'ogives que le propriétaire devait restaurer précèdent la cour d'honneur. Sous la galerie et dans des niches sont groupés des statues en pierre, des bustes, un important bas-relief de bronze.

La vaste salle des Gardes, à la cheminée monumentale, est imposante par sa décoration murale de trophées d'armes parmi lesquelles de belles pièces du XVIe siècle. Sur des meubles gothiques et de la Renaissance, remplis de livres dont certains sont de rares éditions, sont disposés des bibelots d'art, coffrets et quelques copies très fidèles de châsses du moyen âge enrichies d'émaux.

Dans les pièces contiguës, des vitrines garnies d'étoffes brodées, de dentelles, d'éventails, d'une importante série de céramique française et étrangère ; aux murs : des dessins, miniatures, tableaux français et flamands.

Dans le bâtiment de la Religieuse est réunie une importante collection d'armes et d'armures, d'uniformes militaires du 1er Empire à nos jours, de mors, d'étriers, de pièces de harnachement.

A côté d'une collection intéressante de l'Extrême-Orient, une vitrine recouvre des débris antiques gallo-romains et quelques jolis bronzes figurés provenant des fouilles exécutées dans une propriété de M. Marès, près Montpellier.

La tour du Donjon offre ses trois étages meublés d'objets d'art et de curiosité. Bijoux, bagues, montres anciennes, ivoires, etc. L'art religieux y est bien représenté par des châsses, bois sculptés, statues, crucifix. Sous un globe, une précieuse relique que Léon Marès aimait à exposer à la vénération de ses amis : le masque mortuaire du bienheureux curé d'Ars.

Enfin, au-dessous des terrasses voûtées qui supportent le manoir, une prairie gazonnée piquée de bosquets s'incline devant un horizon grandiose. Elle est animée par des hôtes de

1. La notice y relative est de M. Marc Le Roux.


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volière, paons, oiseaux exotiques ; dans les bassins s'ébattent de belles variétés de canards ; sur les pelouses bondissent ou paissent daims et lama...

C'est le bas de cette prairie que M. Mares a choisi pour sa tombe. Il y venait tous les jours faire de longues méditations...

MONTROTTIER

Les sites de Montrottier, dit Jacques Replat, ne peuvent être décrits : il faut les voir. Je me bornerai donc à faire l'historique du château.

C'est un lieu commun de dire que les origines de ce manoir « se perdent dans la nuit des temps ». Les historiens qui veulent être précis affirment que les constructions les plus anciennes datent du XVIe siècle et l'inscription du millésime 1344 que certains disent avoir lue au-dessus d'une porte semble leur donner raison.

Mais il est vraisemblable que les bâtiments actuels en ont remplacé d'autres qui remontaient à une époque fort reculée.

M. de Foras (Armorial, III, 156) cite un acte du 15 des kalendes de novembre 1281 par lequel Guigonne, épouse de Villielmede Greysier, achète des frères de Montrottier le moulin de Bourbonge, avec battoir et foulon, et cet acte fut passé à Montrottier.

De cette époque moyenageuse il reste quelques légendes, mais aucun fait précis :

L'écho n'a pas gardé les accents de victoire

Qui troublèrent jadis la paix de ces vallons :

Les ménestrels n'ont pas célébré leur histoire ;

Pour un soleil plus doux ils gardaient leurs chansons ;

Et pourtant ces hautes murailles

Ont vu briller le fer des preux ; Elles ont retenti des clameurs des batailles ! 1

Les plus anciens propriétaires connus de Montrottier furent les Greysier, issus de la famille souveraine des barons de Faucigny.

Par accord du 2 juin (ou juillet) 1348, le comte de Genevois

1. Jacques REPLAT : Duingt, Menthon et Montrottier.


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reconnaît à Ebal et Jean de Greysier « haute, moyenne, basse et omnimode juridiction » sur Poisy, Lovagny et Etercy. De leur côté, ces deux seigneurs reconnaissent « tenir en fief noble, dudit comte, le château de Montrottier ».

François, fils d'Ebal de Greysier, fit donation, le 10 mars 1425, au comte de Savoie, de son château de Montrottier et de la maison-forte du Petit-Grésy, « avec hommes, hommages, fiefs et biens quelconques ».

Par patentes du 9 mars 1427, Amédée VIII investit Pierre de Menthon de la seigneurie de Montrottier, moyennant 3.000 florins.

Et depuis cette date jusqu'à la Révolution la dite seigneurie resta dans la même famille, qui « dès le XIIIe siècle était la puissance féodale la plus considérable de la Savoie ».

Pierre de Menthon, chevalier, seigneur de Montrottier et Petit-Grésy. coseigneur de Pontverre, fut bailli de Genève, conseiller et chambellan du duc de Savoie, ambassadeur à Gênes en 1411 et délégué au Concile de Bâle. Il fut assassiné le 31 mars 1455 par Jean de Compey.

Son fils Nicod, conseiller et chambellan ducal, fut ambassadeur en France et en Angleterre, gouverneur de Nice et commanda la flottille envoyée par le Concile de Bâle à Constantinople pour ramener l'Empereur et les évêques grecs afin de préparer l'union des deux Eglises.

La seigneurie de Montrottier fut érigée en baronie le 30 janvier 1596, puis en comté le 1er juin 1652.

Le dernier Menthon qui la posséda fut Balthazard-LouisBernard, comte de Rosy en Franche-Comté (1762- 1829). La Révolution l'expropria comme émigré, sous le nom de RosiMenthon, et ses biens, qui comprenaient 123 hectares, soit 418 journaux (243 sur Lovagny, 112 sur Chavanod, 46 sur Etercy et 17 sur MarcelIaz) furent adjugés le 12 floréal an V aux citoyens Pernat Gabriel, fils de feu Jean, natif d'Arâches, domicilié à Annecy, et Rose Pierre-Nicolas, pour le prix de 52,993 livres, payable en mandats territoriaux qui valaient alors exactement 9,538 fr. 75 en numéraire.

Par acte de partage en date du 29 brumaire an VII (19 novembre 1798), passé devant Me Joseph Chabert, notaire à Chambéry, Rose céda ses droits à Pernat.

Peu après, le 12 pluviôse an vu (31 janvier 1799), par devant Me Jacob Vignier, notaire à Genève, celui-ci, pour le prix de 38,000 francs, vendit le domaine à des spéculateurs genevois :


LE CHATEAU DE MONTROTTIER


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Dufour Bénédict, Dunand Daniel, Fol Daniel, Bonneton Théodore (et Rumilly Pierre-Paul) 1.

Après avoir aliéné un grand nombre de parcelles, cette association désintéressa Fol, Dunand (et Rumilly). Puis la part de Bonneton, fut donnée en dot à Suzanne Bonneton, qui épousa le fils Dufour, si bien que la famille Dufour resta seule propriétaire. Bénédict Dufour mourut le 13 septembre 1837, à Montrottier 2.

Le 27 mai 1839, devant Me Grivaz, notaire à Annecy, le domaine, alors réduit à 213 journaux (62 hectares 84), fut vendu pour le prix de 105,000 livres nouvelles de Piémont à « M. le chevalier Jules de Rochette, fils de feu M. le baron Joseph, né et domicilié à Annecy ».

Les vendeurs sont : Guillaume-Henri Dufour, fils de feu M. Bénédict, quartier-maître général de la Confédération suisse 3, officier de la Légion d'honneur, demeurant à Genève; son épouse Suzanne Bonneton, et sa soeur Elisabeth Dufour. épouse de M. Jules Mabille, receveur des sels du canton de Genève.

Jules de Rochette étant décédé en 1845, sa veuve, née MarieMathilde Paërnat de la Pallud, et son fils Charles-Camille jouirent encore des biens pendant une trentaine d'années. Ils y firent, selon Francis Wey, « d'intelligentes réparations ». Ils cédèrent à prix d'or les terrains nécessaires à la construction du chemin de fer d'Annecy à Aix (80,000 francs). Puis, le 13 mai 1876, devant Me Beau, notaire à Lyon, ils vendirent tous leurs droits à M. Victor-Aimé Frèrejean, de Lyon, pour le prix de 270,000 francs et 5,000 francs d'épingles.

Cet acquéreur mourut en 1885 : sa fille Bénédicte le suivit dans la tombe en 1889, et son fils Georges en 1903. La veuve de celui-ci, née Louise Marès, fut instituée sa légataire universelle et, à sa mort, arrivée à Lyon le 11 décembre 1906, M. Léon Marès, son frère et héritier naturel, devint propriétaire de Montrottier.

Notre regretté collègue a joui peu de temps (moins de dix ans) de cet héritage, qu'il vient de transmettre, à son tour, à la

1. Ce dernier n'est pas mentionné au cadastre.

2. Je dois ce renseignement à l'amabilité de M. Paul-Edmond Martin, architecte d'Etat.

3. C'est le général Dufour, auquel la ville de Genève a élevé une statue. On conserve, au château de Montrottier, le portrait de ce grand citoyen d'une République amie, qui fut aussi remarquable par son énergie, sa prudence et son humanité que par ses talents militaires (1787-1875).


— 179 — Florimontane après y avoir accumulé des collections qui, mises à la portée du public, constitueront une nouvelle attraction pour la contrée.

Ainsi, après avoir joué pendant des siècles un rôle de première utilité pour la défense du pays, le château féodal transformé en Musée « rentrera dans l'histoire », suivant l'heureuse expression d'un publiciste de nos amis 1, avec la mission non moins belle de contribuer à réputation du goût, à l'instruction des visiteurs et à l'agrément de tous.

M. MIQUET donne ensuite lecture de la partie du testament concernant le legs fait à l'Académie Florimontane. Il rappelle qu'une délégation des membres du Conseil d'administration s'est rendue le 28 septembre à Lovagny pour assister au service anniversaire de notre regretté collègue et apporter sur sa tombe le souvenir ému de la Florimontane. Au cours de la même journée, les membres du Conseil ont visité l'ensemble des domaines : fermes, moulins, propriétés bâties et non bâties, en compagnie du légataire universel, cousin du testateur, M. Pariset, notaire à Lyon, à la bienveillance et à la parfaite courtoisie duquel il est heureux de rendre hommage. La Commission s'est rendu compte des valeurs locatives ainsi que des charges de toute nature inhérentes à l'exploitation de ces propriétés.

Le PRÉSIDENT expose qu'en vertu d'un décret d'août 1914, les formalités nécessaires pour l'entrée en possession ne pourront peut-être aboutir avant la cessation des hostilités.

Après avoir développé les motifs qui justifient l'acceptation du legs, M. Miquet demande à l'Assemblée de se prononcer sur cette proposition, déjà adoptée par le Conseil d'administration :

L'assemblée générale décide d'accepter le legs en exprimant sa profonde reconnaissance envers le généreux donateur.

Le nom de Léon Marès sera inscrit à perpétuité en tête de la Revue Savoisienne, au titre de bienfaiteur de la Florimontane et une plaque commémorative « Musée Marès » sera apposée au château de Montrottier.

Cette proposition est adoptée à l'unanimité.

Les candidatures suivantes sont proposées et seront soumises au vote à la prochaine séance :

M. le Cte DE ROUSSY DE SALES présenté par MM. Cattin, Lavorel et Miquet.

1. Le chanoine Lavorel, dans La Croix.


— 180 —

M. FONTAINE, architecte à Annecy, par MM. Letonnelier et J. Serand.

M. Jean-Jacques MONNIER, président du Fonds Romand des soldats aveugles, à Genève, par MM. Letonnelier, Marteaux et Miquet.

M. LANGLOIS, compositeur de musique, à Annecy, par MM. Désormaux, Le Roux et Miquet.

M. Camille PATURLE, industriel à Saint-Laurent du Pont, par MM. Despine, Louis Aussedat et Albert Crolard.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 6 h. 1/2.

Le Secrétaire : Marc LE ROUX.

Une crosse et une lettre de Saint François de Sales

Mgr Gieure, évêque de Bayonne, a eu l'heureuse pensée de fleurir le catéchisme de son diocèse d'illustrations reproduisant, au point de vue religieux, ce qu'il y a de plus beau, de plus intéressant dans la région en fait de monuments, lieux célèbres, vitraux, tableaux dont quelques-uns revêtus d'illustres signatures.

La page 49 de ce catéchisme me réservait une surprise en reproduisant un bâton pastoral qu'elle dit être celui de saint François de Sales conservé à la cathédrale de Bayonne. Ce doit être une faute d'impression, me dis-je, car il est impossible que la famille et les compatriotes de ce grand Evêque aient consenti à se dessaisir de cette relique. Et de fait, je savais que cet insigne vénérable était pieusement gardé au château de Sales, à Thorens.

On affirmait pourtant autour de moi qu'il n'y avait pas erreur, qu'il s'agissait bien de la crosse de notre doux compatriote; alors je supposais que par prudence le saint homme avait pour ses voyages et pour ses visites dans la partie de son diocèse qui avoisinait la cité de Calvin, des ornements plus modestes et qu'un de ceux-là avait pu devenir la propriété de quelque fervent admirateur du grand prélat. On pouvait alors admettre que, changeant plusieurs fois de détenteurs, il ait finalement trouvé refuge à Bayonne. Cela me donna une ardente envie de connaître son histoire et cette curiosité était doublement légitime chez un enfant de la Savoie, décoré dans un jour de grande indulgence du titre de membre correspondant


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de cette Académie Florimontane dont le saint Evêque fut le fondateur. Aussi l'accueil reçu par ce curieux fut, de la part de tout le monde, très aimable, mais je dois des remerciements particuliers à M. l'abbé Etchevarria qui voulut bien se montrer un guide averti et très obligeant.

Il me conduisit à la salle capitulaire et ouvrant une vaste armoire, il en tira une caissette fermée par deux crochets et mesurant extérieurement 0m64 de longueur sur 0m285 de largeur et 0m13 de hauteur ; capitonnée de cuir à l'intérieur, elle renfermait dans ses alvéoles la crosse divisée en cinq parties inégales dont celle formant la partie supérieure seule était en fer et les autres en bois, mais toutes avec traces de dorure. Vissées les unes dans les autres elles donnent à cet ornement une longueur totale de 1m915. Au-dessus de ces morceaux encastrés se trouvent cinq feuilles manuscrites numérotées réunies sous une bande, le tout destiné à servir d'état-civil à la relique. Je fus gracieusement autorisé non seulement à en prendre lecture mais aussi copie, même « à toutes fins utiles » comme on dit en style de procédure. Aussitôt je me mis à l'oeuvre mais pour en rendre compte je donnerai la préférence à l'ordre chronologique qui me semble plus rationnel. Je ne reproduirai d'ailleurs in extenso que la première on verra que l'analyse des autres est suffisante.

« Aujourd'hui est comparu devant les notaires à Paris soussignés messire Pierre-Antoine de Moncrif, écuyer, conseiller du roi, auditeur ordinaire en sa chambre des comptes de Paris, premier conseiller du conseil de Mgneur le Comte d'Artois, demeurant à Paris, rue Porte-Foin, paroisse St-Nicolas des Champs. Le dit Sr comparant, frère de M. Pierre Charles de Moncrif prêtre docteur de la maison et société de Sorbonne, doyen et chanoine de la cathédrale d'Autun, prieur du prieuré de Ste Magdeleine de Villeneuve, grand vicaire de l'Evêque de Rieux, protonotaire ecclésiastique du St Siège, chapelain de l'Eglise cathédrale et métropolitaine de la ville de Paris, décédé en 1773, lequel a dit et déclaré aux notaires soussignés que le dit Sr son frère avait eu beaucoup de vénération pour le bienheureux St François de Sales né à Genève en l'an 1567, sacré Eveque du dit lieu, le 3 décembre 1602, mort en odeur de sainteté à Lyon, le 28 décembre 1622 et canonisé par le Pape Alexandre VII, en l'année 1665, et qu'il avait eu l'occasion par la grande confiance qu'il s'était acquise, de se procurer la crosse de St François de Sales qui est de fer uni et doré, que

[Rev. sav., 1916] 13


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le feu Sr abbé de Moncrif l'a conservée à la connaissance du dit comparant pendant plus de 40 ans, après lui avoir annoncé qu'il en était le dépositaire, qu'à sa mort tous ses titres et papiers se sont trouvés dispersés dans différents lieux où il avait fixé ses demeures momentanées, qu'une partie a été adirée et consumée dans la pourriture par l'humidité des endroits où il les avait laissés, qu'enfin le dit comparant n'en a pu recouvrer aucune qui constate la certitude authentique de cette crosse ni le dépôt qui en a été fait au dit feu Sr son frère, que néanmoins il ne croyait pas devoir conserver chez lui cet effet dans la crainte que venant à mourir, il ne tombat entre les mains de personnes qui par le défaut de connaissance ne puissent pas veiller à sa conservation. En conséquence, il a cru ne pouvoir choisir un lieu plus décent et plus convenable que le thrésor d'une église où cette crosse put être conservée à la postérité et à cet effet il a jetté les yeux sur la paroisse du bourg et lieu d'Arudy en la vallée d'Ossau et fait choix des personnes des Srs Pehite et Saint Guily demeurant à Pau en Béarn de faire porter et remettre au thrésor de la dte Eglise la Ste Crosse avec l'étui qui la renferme.

« C'est pourquoi le dit Sr comparant donne pouvoir par ces présentes aux dts Srs Pehite et St Guily conjointement ou à l'un d'eux seulement au cas d'empêchement de transporter au dt thrésor, faire la remise de la dite crosse, requérir par suite qu'il en soit fait mention sur le registre des délibérations de la dte Eglise par les Srs curé, marguilliers et autres personnes notables de la dte paroisse d'Arudy.

« Dont expédition duement collationnée et en forme sera envoyée au dit Sr comparant déclarant enfin mondit Sr de Moncrif que pour mettre les dts susnommés en état d'exécuter le présent pouvoir suivant qu'il vient d'être annoncé, il a fait renfermer la Ste crosse et son étui dans une boete et porté le tout au carosse de voiture de Pau à l'adresse du Sr de St Guily, géomètre de Mgneur le Comte d'Artois à Pau dont et de tout ce que dessus a été requis le présent acte par M. de Moncrif aux notaires soussignés qui le lui ont envoyé pour servir et valoir ce qu'au cas il appartiendra promettant obligeant.

« Fait et passé à Paris en l'étude le 9 avril de l'an 1777 avant midi et signé la minute des présentes demeurée à M. Lhomme l'un des notaires soussigné.

« (Rayé en ces présentes un mot comme nul).

« Signé : Guillaume LHOMME. »


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« Collationné mot à mot sur l'original annexé au registre des baptêmes et mariages de l'Eglise d'Arudy pour l'an 1777 par nous curé d'Arudy le 1er septembre 1820.

« Signé : LAFARGUE, curé. »

Cet acte notarié est loin d'être exempt de critiques. D'abord il commet une erreur grossière qui enlèverait à notre Saint compatriote la nationalité savoyarde en le faisant naître à Genève, alors qu'il est notoire qu'il a vu le jour dans le château ■ de ses pères, à Sales, sur le territoire de la commune de Thorens (Haute-Savoie). En réalité il n'a été Evêque de Genève que de nom et comme les princes de Savoie étaient rois de Chypre à titre de revendication. Annecy était le siège réel de son Evêché.

Je passe maintenant à l'abbé de Moncrif n'ayant certainement aucun doute sur l'origine de la crosse dont il était possesseur et qui pourtant, paraît ne pas s'être préoccupé de la laisser accompagnée des preuves qu'il devait avoir eues entre les mains, à moins que ce ne soit son frère et héritier qui, pour ne pas se créer le tracas de recherches longues, coûteuses et difficiles, ait rejeté sur l'humidité la destruction des preuves de l'authenticité de cet ornement épiscopal, authenticité dont il ne semble pas se soucier énormément car il ne souffle pas même mot des confidences que son aîné a dû lui faire sur les circonstances et les personnes qui lui ont procuré le souvenir du grand Evêque de Genève. '

De cette supposition je vois une présomption dans le choix inexpliqué qu'il fait pour cacher dans une obscure commune cet ornement que son frère avait conservé plus de 40 ans. Elle lui était sans doute aussi inconnue que le Béarn dont elle faisait partie. La seule chose qui devait l'intéresser dans cette région ce sont les domaines que devait y posséder le Comte d'Artois dont il était le premier conseiller. Enfin M. de St Guily, géomètre du dit Comte d'Artois à Pau, qui aurait pu peut-être influer sur ce choix n'était pas d'Arudy, nous apprend M. Dubarrat, mais de Salies.

Le deuxième document est le procès-verbal de la réception solennelle de la crosse de l'église d'Arudy le 15 octobre 1777. Il est signé par MM. Lannes, curé, Laa, maire, d'autres prêtres, Jurats, notables; il contient l'expression d'une reconnaissance infinie et sans doute n'ose pas ajouter de l'étonnement profond de la préférence donnée par M. de Moncrif à l'église d'Arudy ; le reste est la répétition partielle de l'acte précédent.


Le troisième document est le compte-rendu de la réunion du conseil de fabrique d'Arudy le 21 octobre 1820, convoqué extraordinairement par M. le curé Lafargue qui proposa et fit agréer à l'unanimité, l'offre de la crosse au nouvel Evêque de Bayonne chez qui on devinait les vertus qui brillèrent dans St François de Sales. Je dois dire que si M. Lafargue n'avait pas eu encore le temps d'apprécier Mgr d'Astros comme Evêque, il avait dû en entendre parler comme prêtre, car ce neveu du ministre Portalis étant vicaire général à Paris, eut le courage de rendre publique l'excommunication lancée par Pie VII contre Napoléon et fut par ce fait emprisonné à Vincennes.

C'est le 4 mars 1820 que Louis XVIII avait signé la nomination de M. d'Astros à l'évêché de Bayonne. Je ne sais à quelle date il se rendit dans son diocèse.

La décision précédente du conseil de fabrique d'Arudy fut envoyée à Monseigneur accompagnée d'une lettre d'envoi qui est le quatrième document. Le cinquième et dernier est la réponse de M. Lafargue, curé, à son Evêque lui demandant des éclaircissements sur l'intervention de M. Lannes, curé de Laruns dans cette affaire : « A l'époque de la Révolution où l'on détruisait tous les monuments qui rappelaient des idées religieuses, M. Lannes, curé alors d'Arudy (il l'était déjà le 15 octobre 1777) retira cette crosse de l'église pour la conserver et l'emporta à Laruns lorsqu'il devint curé de cette paroisse, il n'y a que peu de temps qu'il me l'envoya, etc. »

Après avoir épuisé ce petit dossier je me rendis à la bibliothèque de la ville dans l'espoir de glaner quelque détail supplémentaire et de me renseigner sur la famille de Moncrif. Si je fus déçu, je dus en compensation une agréable surprise à M. Graziani notre savant et aimable bibliothécaire, qui me communiqua une plaquette de 25 pages consacrée en 1890 par M. Dubarrat, alors aumônier au lycée de Pau, depuis curé de la paroisse de Saint-Martin dans la même ville, plaquette que j'ignorais absolument. Elle avait trait à la dite crosse et à une lettre inédite de St François de Sales.

Son auteur, pour qui l'histoire, surtout religieuse de la région, n'a plus de secrets, a accumulé et accumule tant de travaux, livres, brochures, journaux, revues qu'on s'explique que cette production continue fasse un peu perdre de vue ses publications datant d'un quart de siècle. Je me mis à dévorer ses pages. Elles n'apportent malheureusement aucun document ignoré, aucune clarté nouvelle, mais elle donne avec compé-


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tence certains détails : « La volute toute en fer uni, la tige taillée à facettes va en s'effilant et s'enroule avec grâce jusqu'à son extrémité, celle-ci se termine par une tête de chimère qui ressemble beaucoup aux gargouilles du moyen âge, elle rappelle peut-être l'âge où elle fut exécutée. Elle a été dorée à une date assez récente, mais la couche d'or a presque disparu dans l'usure du temps et des contacts journaliers. »

M. Dubarrat appuie sur la distinction qu'il y a entra la volute (245m/m de long) et le bâton, il estime la première antérieure au XVIIe siècle tandis que le bâton sans caractère artistique n'a rien qui puisse déterminer l'époque où il fut fait. II va jusqu'à supposer que notre éminent compatriote tenait de ses prédécesseurs cet insigne vénérable.

En ce qui concerne la famille de Moncrif il incline à croire que c'est celle de Ferdinand Auguste, célèbre littérateur, membre de l'Académie française, mort en 1770. Je crois que dans ce cas le donataire de la crosse aurait trouvé moyen d'étaler cette parenté dans l'acte dont nous venons de parler. Enfin M. Dubarrat nous donne le texte de la réponse faite par Mgr d'Astros à la fabrique d'Arudy. Non sans malice il lui dit : «..... à peine arrivé dans le diocèse, n'ayant pas encore paru dans la paroisse d'Arudy, comment ai-je pu mériter que vous me fassiez un si grand honneur, et que vous me donnassiez une preuve aussi singulière de votre affection. Demandez avec moi au Seigneur qu'il daigne m'accorder les vertus qui ont brillé dans le saint dont vous avez bien voulu me donner le bâton pastoral, etc. »

Le dit Evêque, en 1830, lors de son transfert sur le siège archiépiscopal de Toulouse fit don au chapitre de la cathédrale de Bayonne de cet insigne.

Arrivé à la page 18, M. Dubarrat s'occupe d'une lettre inédite de St François de Sales dont l'authenticité n'est pas douteuse et qu'il a contribué à établir.

Voici la substance de son récit plein d'intérêt.

Dans la chapelle de la congrégation de la Ste Vierge au collège de Ste-Marie d'Oloron (Basses-Pyrénées), on voit dans un vieux petit cadre une lettre autographe de St François de Sales. Celui qui l'a fait encadrer en a indiqué l'origine dans une note qu'on lit au dos à travers une vitre. Elle est ainsi conçue : « Cette lettre de St François de Sales fut trouvée dans la chambre du Supérieur du Séminaire en 1787, lorsque les Barnabites en remirent les clés. On la trouva encadrée et collée,


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une feuille de papier entre deux. » A cette note M. Menjoulet, ancien curé de Ste-Croix d'Oloron, plus tard vicaire général du diocèse de Bayonne et auteur d'une savante chronique d'Oloron avait ajouté ces lignes : « L'écrit ci-dessus est de la main de Joseph Garay, dernier supérieur de l'ancien grand séminaire de l'ex diocèse d'Oloron, avant la Révolution. » Mais on ignorait le nom du destinataire de cette lettre ; peut-être l'adresse originale était-elle au verso, ainsi que cela se pratiquait généralement avant l'invention des enveloppes, on tenta avec d'infinies précautions de décoller les feuilles, on eut la joie de réussir et l'enlèvement de la lettre du cadre permit de lire, de la main de St François de Sales, l'adresse suivante :

« + Au R. P. en N. S. le P. Juste,

« PREVOST DE S. DALMAS. »

Selon toute vraisemblance ce P. Juste devait être Barnabite puisque cette lettre avait été trouvée dans un séminaire dirigé par cet ordre ; d'autre part le titre de Prévost donné à ce religieux indiquait qu'il avait la première charge dans la communauté de St Dalmas. Poursuivant ses recherches, M. Dubarrat découvrit que le R. P. Juste Guérin était au nombre des quatre prêtres choisis pour fonder à Turin un nouveau collège que le duc Charles Emmanuel Ier avait donné à la congrégation des Barnabites.

Enfin, la Bibliotheca Barnabita lui apprit que le P. Juste Guérin, né dans le Lyonnais, illustra sa congrégation en France et en Italie, qu'il fut célèbre par l'amitié que lui témoignèrent St François de Sales et Ste Jeanne de Chantal.

Dans les lettres de notre saint compatriote qui ont été publiées il en est adressées à ce religieux qui vint diriger pendant quelques années le collège d'Annecy sur la demande de St François, qui l'appelait familièrement : son frère. Il l'aida à fonder l'ordre de la Visitation et après la mort du St Evêque travailla activement à sa canonisation. Dans son ordre qui a réuni de si grands noms, il occupa de hautes charges, fut nommé Evêque de Genève en 1639, démissionna cinq ans après et mourut dans l'année 1645, en odeur de sainteté. On rapporte qu'il ressuscita un mort en lui appliquant sur la tête une lettre de St François de Sales.

Celle mise au jour par M. Dubarrat porte la date du 23 avril 1621, c'est-à-dire dix-huit mois avant la mort de son auteur. Elle est ainsi conçue :


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« Mon R. P.

« C'est de tout mon coeur que je me resouis avec notre très chère Sr Genovefa du bon oeuure qu'elle a fait donnant de quoy ietter les fondemens de vostre église de cette ville et ie l'en remercie aussi par la lettre ci-jointe. Nous attendions (peu lisible) ici sans auoir encore nouuelle de la résolution que M. de Menthon prendra, la venue de Monseigr le P. Thom(as) qui aura charge de faire acheuer cette affaire ainsy que Monseigr le P. dit à nostre frère Mons de Caced. (de Chalcédoine) mays ie ne laisserai pas de presser un peu tout bellement. « O mon très cher frère que le monde est mauuais et que ie ne l'estime peu, je dis la vie de ce monde.

« Continues, ie vous supplie à m'aymer puis que ie suis sans cesse et seray à jamais irrévocablement.

« Votre très humble et bien asseuré inséparable frère

et serviteur, « FRANC S. e. de Genève. »

On lit en travers ce post scriptuni :

« M. de Calcédoine est à Salles reuenant de (illisible) où il alla il y a (Vi)nt jours. Saluez ie vous supplie chèrement ma très chère fille Siga D. Gen.

23 avril 1621.

En arrivant à la fin de ces pages, je me demande si elles n'ont pas été inutilisées par la pénétration, avantque je la connaisse moi-même, de la brochure de M. Dubarrat, dans ce pays d'Annecy où est un foyer du culte de St François de Sales, Alors il ne me resterait qu'à solliciter ceux qui peuvent prendre connaissance des souvenirs intimes laissés sur le Saint par les personnes de sa famille et de son entourage de voir s'il n'y est rien qui puisse jeter quelque lumière sur l'histoire de la crosse conservée à Bayonne. Ce serait un échange de bons procédés entre les diocèses d'Annecy et de Bayonne.

J. MANEGY.

Déférant au désir exprimé par M. Manecy, nous avons soumis la question à M. le Prévôt Rebord, qui a eu l'amabilité d'en saisir officieusement Mme la Supérieure du 1er Monastère de la Visitation d'Annecy, qualifiée à tous égards pour donner un avis éclairé.

La réponse admet la possibilité de l'authenticité.

Notre saint possédait plusieurs crosses, comme il avait plusieurs croix pectorales, plusieurs anneaux, qui se trouvent dans différents trésors de reliques... La Primatiale de Lyon conserve une très belle crosse (entre


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autres souvenirs du Saint) ; le comte de Roussy de Sales en a une aussi, de sorte que celle de Bayonne pourrait bien lui avoir appartenu.

Il ne serait pas impossible que la famille ou les compatriotes du Saint se soient dessaisis de ce bâton pastoral en faveur de quelque grand personnage ou protecteur de la cause de béatification. C'était dans les usages.

II arrivait parfois que certaines communautés ou paroisses profitaient du passage de l'évêque pour lui offrir tout ou partie des ornements ou insignes dont il devait se servir pour les cérémonies, et gardaient en échange ceux que son valet de chambre avait apportés, pour le même usage : ces objets, déjà fort appréciés pendant la vie du Saint, sont devenus des reliques après sa mort.

Pierre de Moncrif, qui fut possesseur de la crosse pendant 40 ans, était doyen et chanoine de la cathédrale d'Autun. Or, la Mère de Chaugy, postulatrice du procès de canonisation, comptait dans cette ville de nombreux amis: sa famille d'abord, puis celle de Mme de Toulonjon, fille de Sainte Chantai. Elle aurait pu donner la crosse à une famille d'Autun, ou à un membre du clergé et c'est ainsi que la précieuse relique serait parvenue — directement ou par intermédiaire — à M. de Moncrif.

Quant à la lettre, elle a été publiée : M. l'abbé Dubarrat, qui l'a découverte, fut un des bienveillants correspondants de la Visitation pour la dernière édition des oeuvres du Saint. (RÉDACTION.)

LES SAVOYARDS

décorés de l'Ordre de la Légion d'honneur

de 1848 à 1914

(suite)

2° OFFICIERS

27 juin 1850. BURNIER André-Elisabeth, lieutenant-colonel d'artillerie, directeur de l'atelier de précision ; 40 ans de services, une campagne ; chevalier du 18 avril 1834.

12 janvier 1860. DE ROLLAND Jean-François (le chevalier), major général, commandant la brigade de Savone.

— — MORAND Jean (le chevalier), colonel, commandant

commandant corps des bersaglieri.

— — PORTIER DU BELAIR Auguste-Charles (le

chevalier), lieutenant-colonel, commandant le 2e régiment d'infanterie (sarde).


- 189 -

12 janvier 1860. GABET Antoine (le chevalier), lieutenantcolonel, commandant le 14e régiment d'infanterie (sarde). — — DE LA FOREST Albert (le chevalier), lieutenantcolonel,

lieutenantcolonel, le régiment des chevau-légers de Montferrat.

314 mai — VUAGNAT, commandant de la garde nationale

de Chambéry. 4 août — MILLIET DE FAVERGES Oscar, lieutenantcolonel, commandant le régiment de Royal-marine.

12 août - PETETIN Anselme, directeur de l'imprimerie impériale.

29 août — VIBERT (Mgr), évêque de Maurienne.

— — TURINAz (Mgr), evêque de Moûtiers.

30 août — BLOUME Nicolas, capitaine sous le premier

Empire ; 23 ans de services, 14 campagnes, une blessure ; chevalier du 1er octobre 1807.

31 août 1860. ORSIER Louis-Alexis, chef de bataillon au

103e régiment d'infanterie, 27 ans de services effectifs.

23 août 1861. DUMONT Joseph-Eugène, lieutenant-colonel

du 8e de ligne; 20 ans 1/2 de services, 10 campagnes ; chevalier du 28 décembre 1854.

24 janvier 1863. BELLA, directeur de l'école impériale d'agriculture

d'agriculture Grignon ; chevalier depuis 6 ans.

— — BARRAL, directeur du Journal d'agriculture

pratique ; chevalier du 14 novembre i855.

12 — -— DE LAVENAY, conseiller d'Etat.

14 — — REGNAULD DE LANNOY, ingénieur en chef de 1re classe à Constantine ; II ans en Algérie; chevalier du 11 août 1853.

21 déc. 1864. BORSON Jeân-François , lieutenant-colonel d'état-major, employé au dépôt de la guerre ; 22 ans de services, 3 campagnes; chevalier du 5 septembre 1860.

14 août 1865. PLANTARD Jean-Pierre, sous-intendant militaire de2e classé; 31 ans de services, 5 campagnes ; chevalier du 12 janvier 1860.


190 —

14 août 1865. MOLLOT Jean-Baptiste, lieutenant-colonel à Pélat-major des places ; 41 ans de services, une campagne; chevalier du 4 septembre 1860.

11 août 1866. PILLET-WILL (le comte), régent de la Banque

de France.

12 — — DUVERGER DE SAINT-THOMAS Charles-Marie,

chef d'escadrons au régiment des chasseurs à cheval de la garde impériale ;

25 ans de services, 2 campagnes ; chevalier du 28 août 1860.

13 — 1867. MAGNIN (Mgr), evêque d'Annecy.

14 — — CAFFE Paul-Louis-Balthazard (docteur), publications

publications un des doyens de la presse médicale; chevalier depuis 1844.

28 déc. 1867. PICOLET Marc-Antoine, lieutenant-colonel à l'état-major du génie ; 32 ans de services; 2 campagnes ; chevalier du 28 août 1860.

12 août 1869. COMPAGNON Joseph, capitaine de cavalerie en retraite, ancien chef de bataillon de la garde nationale de Clermond-Ferrand : 33 ans de services militaires (1809 à 1842); 10 ans de services civils ; 6 campagnes sous le premier Empire; prisonnier de guerre; chevalier du 1er mai 1821 (né le 1er septembre 1790, à Saint-Julien).

14 — — PISSARD Hippolyte, député; chevalier du

26 septembre 1860.

— — GENY Marie-Victor, chef de bataillon au 10e

de ligne ; 37 ans de services, 7 campagnes, plusieurs coups de sabre, une citation ; chevalier du 29 décembre 1860.

20 — — D'ALEXANDRY (le baron), maire de Chambéry,

Chambéry, syndic, conseiller général ; 17 ans de services.

24 sept. 1870. COTTIN Jean-Antoine, chef de bataillon.

19 janvier 1871. DUBOIS, chef du 2e bataillon de la garde

mobile de la Savoie, 9 février — TOCHON Joseph, chef de bataillon au 57e régiment de marche, grièvement blessé; chevalier du 31 août 1860.


— 191 —

31 mai 1871. GOYBET, lieutenant-colonel du 4e régiment de dragons, pour prendre rang du 17 octobre 1870,

5 juin . — BLOUME, capitaine de gendarmerie, amputé de la dernière guerre; chevalier du 21 décembre 1866.

10 octobre — BASTIAN, chef de bataillon de la garde nationale mobile de la Haute-Savoie; 30 ans de services.

5 février 1875. D'ONCIEU DE LA BATIE Auguste-MarieEdouard, capitaine de frégate ; 28 ans de services, dont 10 à la mer; chevalier du 16 mars 1863.

3 août - BUTHOD Louis, médecin-major de 1re classe à l'hôpital militaire de Chambéry ; 35 ans de services, 18 campagnes ; chevalier du 12 août 1864.

7 — 1877. PERRET, conseiller d'Etat ; chevalier du 13

août 1864. 12 juillet 1882. BESSAND, président du tribunal de commerce de Paris ; chevalier du 12 janvier 1872.

9 — 1883. VARLOUD Jacques-Joseph-Vincent, chef de bataillon au 4e régiment de zouaves ; 27 ans de services, 23 campagnes, une blessure (Tunisie) ; chevalier du 22 mai 1872. 29 déc. 1886. AYMONIER Etienne-François, capitaine d'infanterie de marine, administrateur de 1re classe des affaires indigènes de Cochinchine, résidant de 2e classe de ThuanKaba, s'est particulièrement distingué dans la pacification et l'organisation administrative

administrative Binh-Thuan et de KhahHoa; chevalier du 28 décembre 1882.

2 mai 1889. LONGUE Charles-François, chef de bataillon d'infanterie en retraite ; 38 ans de services, 7 campagnes, une proposition ; chevalier du 26 août 1860. 28 déc. — MUGNIER Alphonse, chef du 4e bataillon d'infanterie légère d'Afrique ; 33 ans de services, 19 campagnes; chevalier, du 13 janvier 1879.


— 192 —

6 sept. 1892. RAYMOND Jacques-Marie-Jules, lieutenantcolonel

lieutenantcolonel breveté hors cadres, sous-chef d'état-major du gouvernement militaire de Lyon et du 14e corps d'armée ; 31 ans de services, 2 campagnes, 2 blessures de guerre, une citation ; chevalier du 9 avril 1871. 5 juillet 1893. TRÉPIER Donat, chef de bataillon au 5e bataillon d'infanterie légère d'Afrique; 30 ans de services effectifs, 13 campagnes, une blessure, une citation ; chevalier du 27 décembre 1884.

7 mai 1895. CLARET Jean, entrepreneur de travaux publics

publics Lyon, concessionnaire général de l'Exposition internationale de Lyon ; chevalier du 10 juillet 1885. 9 juillet — DE VILLE Auguste-Charles-Prosper-Gaëtan, général de brigade commandant la 6e brigade de cuirassiers; 39 ans de services. 5 campagnes; chevalier du 12 juillet 1879.

18 sept. 1895. CHAMPIOT Jean-François, chef d'escadron au 36e d'artillerie ; 31 ans de services, 2 campagnes ; chevalier du 26 septembre 1871.

12 juillet 1897. DE FÉSIGNY Albert-Clément-Marie-Joseph, capitaine de frégate ; 30 ans 6 mois de services, dont 24 à la mer; chevalier du 28 décembre 1885.

28 juillet - PONCET Charles-Pierre-Félix, chef de bataillon d'infanterie territoriale ; 41 ans de services, 8 campagnes ; chevalier du 8 août 1871.

11 juillet 1898. CHAMOT Louis-Ernest, major au 4e dragons; 38 ans de services, 14 campagnes ; che valier du 8 juillet 1881.

26 — — BAUD Joseph-Marie-Louis, capitaine d'infanterie

d'infanterie marine. Titres exceptionnels : s'est particulièrement distingué par les remarquables qualités dont il a fait preuve dans les différentes missions qu'il a accomplies en Afrique en 1895-96-97, blessé au combat de Tombouctou en 1897; chevalier du 13 juillet 1895.


— 193 —

10 juillet 1899. BOUVERAT Louise-chef du mouvement à la Cie des Chemins de fer du Nord ; 45 ans de services ; chevalier du 4 mai 1876.

11 — 1902. CHÂTELAIN, lieutenant-colonel, état-major particulier de l'artillerie (expédition de Chine), stagiaire au 24e régiment d'infanterie ; 32 ans de services, 3 campagnes ; chevalier du 30 décembre 1892.

20 mai 1903. DUBOULOZ Joseph-Antoine, industriel; services distingués rendus comme vice-président du comité d'organisation des classes 3. et 4. Exposant et membre du jury à l'exposition d'Hanoï; chevalier du 16 avril 1897.

11 juillet — PRALON Augustin-Jean-Marie, lieutenantcolonel à la section technique de l'artillerie, chef du service des armes portatives ; 33 ans de services, 2 campagnes ; chevalier du 3 août 1887.

29 déc. 1903. LEVET François-Joseph-Aimé-Eugène, chef de bataillon, chef du génie à Nice (étatmajor particulier) ; 37 ans de services, 6 campagnes ; chevalier du 5 juillet 1887.

13 juillet 1904, GONDRAND Clément-François, conseiller du commerce extérieur, agent et représentant à Gênes des compagnies de navigation françaises; chevalier du 31 juillet 1894.

31 déc. — GONDRAND François-Victor, président de la Chambre de commerce française de Milan ; chevalier du 12 décembre 1898.

3o — 1906. DE REGARD DE VILLENEUVE, lieutenantcolonel au 61e de ligne ; 38 ans de services, 6 campagnes ; chevalier du 28 décembre 1888.

10 juillet 1907. FAVRE, chef de bataillon au 3e zouaves; 32 ans de services, 7 campagnes , chevalier du 6 juillet 1886. 6 août -— PÉTHELLAZ, médecin principal de 1re classe ; 34 ans de services, 17 ans 9 mois à la mer et aux colonies : chevalier du 7 juillet 1885.


— 194 — 29 août 1907. BURDINAT, chef de bataillon territorial d'infanterie dans la 14e région (services spéciaux du territoire) ; 51 ans de services,

2 campagnes ; chevalier du 5 juillet 1882 ; dans la réserve du 29 octobre 1885.

11 nov. 1908. REY Louis, ingénieur civil, président de la société des ingénieurs civils de France; chevalier du 25 juillet 1898 (exposition de Bordeaux).

20 juillet 1909. DUBOIN, conseillera la Cour de cassation;

33 ans de services; chevalier du 5 juillet 1887,

21 — — BLANC Léon-François-Marie (le docteur),

médecin à Aix-les-Bains ; chevalier du

3 janvier 1888.

6 déc. 1909. FRÈREJEAN Joseph-Benoît-Louis, chef de bataillon au 8e régiment d'infanterie coloniale; 26 ans de services, 19 campagnes; chevalier du 30 décembre 1900. Depuis cinq ans en Mauritanie. N'a cessé d'y faire preuve de bravoure, d'énergie et d'endurance, dans des circonstances très difficiles. S'est distingué particulièrement pendant la colonne de l'Adrar en 1909, notamment au combat d'Hamdoun (8 juillet) où il a montré une expérience consommée alliée au plus brillant courage. 12 juillet 1910. RICHARD, colonel du 5e régiment d'artillerie coloniale en Cochinchine ; 37 ans de services.

29 déc. — GUYON, lieutenant-colonel d'artillerie à l'étatmajor

l'étatmajor directeur de l'atelier de construction de Douai ; 39 ans de services ; chevalier du 26 décembre 1894.

30 déc. 1911. FERRIE, chef de bataillon du génie à ParisSud

ParisSud 26 ans de services, 2 campagnes ; chevalier du 12 juillet 1905. 26 janvier 1912. DUPONT François, chimiste, fabricant de sucre à Paris, maire de Charvonnex, auteur de nombreux travaux sur la culture de la betterave, la fabrication du sucre et de l'alcool ; chevalier du 14 août 1900.


— 195 —

31 octobre 1912. COTTET Jacques-Joseph-Marie-Charles, peintre exposant (Exposition de Rome). Membre de la Société nationale des BeauxArts ; chevalier du 16 août 1900.

30 janvier 1913. VEYRAT Ernest-Ferdinand (le docteur), maire de Chambéry ; chevalier du 13 août 1900.

31 déc. 1912. GOTTELAND, lieutenant-colonel territorial à l'état-major particulier du génie; 41 ans de services ; chevalier du 13 juillet 1889. Dans la réserve et dans l'armée territoriale du 1er octobre 1873. 8 août 1913. DÉJERINE Joseph-Jules (le docteur), membre de l'Académie de médecine ; chevalier du 26 août 1898.

27 mai 1914. TERRIER Auguste-Jean-François, directeur de l'office du gouvernement chérifien et du protectorat de la République française au Maroc. Délégué du Maroc à l'exposition de Gand ; chevalier du 9 mars 1906.

3° COMMANDEURS

12 mai 1850. BORSON, colonel d'artillerie en retraite, 41 ans de services, 11 campagnes; officier du 5 août 1814.

1er — 1851. THOMAS Charles François-Bertrand, colonel, chef de la 9e légion de gendarmerie ; 41 ans de services, 5 campagnes; officier du 19 avril 1843.

24 sept. 1852. MERCIER Georges-Louis, intendant général à Chambéry.

24 déc. 1853. BURNIER André-Elisabeth, colonel d'artillerie, directeur de l'atelier de précision au dépôt central ; 43 ans de services, 4 campagnes ; officier du 27 juin 1850.

12 janvier 1860. MENABREA Louis, major général dans le corps royal du génie (sarde).

— — BRACORENS DE SAVOIROUX Charles (lecomte),

major général.

— — PERRIER Louis-François, major-général,

commandant la Brigade de Savoie. 31 mai — DUPASQUIER , gouverneur provisoire de

Chambéry.


— 196 —

31 mai 1860. LACHENAL, gouverneur provisoire d'Annecy.

— — GREYFIÉ DE BELLECOMBE (comte).

28 août — JAILLLT DE St-CERGUES Humbert (le comte),

général de division, 41 ans de services, une campagne.

29 août — BILLIET (Msr), archevêque de Chambéry.

5 janvier 1861. COSTA DE BEAUREGARD (le marquis), président du conseil général de la Savoie.

13 août 1863. DE ROLLAND Jean-François, général de brigade; 39 ans de services, 3 campagnes, officier du 12 janvier 1860.

13 août 1867. PETETIN Anselme, conseiller d'Etat, directeur de l'imprimerie impériale; cfficier du 12 août 1860.

28 déc. 1867. DUMONT Joseph-Eugène, colonel du ier régiment de voltigeurs de la garde impériale ; 26 ans de services, 14 campagnes ; officier du 23 août 1861.

14 août 1868. DE LAVENAY, président de section au conseil d'Etat ; officier du 12 août 1863.

20 avril 1871. BORSON, colonel au corps d'état-major; officier du 21 décembre 1864.

12 juillet 1880. BARRAL, secrétaire perpétuel de la Société nationale d'agriculture de France; officier du 24 janvier 1863.

7 juillet 1884. COTTIN, colonel du i32e régiment d'infanterie ; 38 ans de services effectifs, 3 campagnes ; officier du 24 septembre 1870.

— — GOYBET Charles-Louis, général de brigade

commandant la 1re brigade de chasseurs; 38 ans de services, 4 campagnes, une citation ; officier du 79 octobre 1870.

24 avril 1888. D'ONCIEU DE LA BATIE Auguste-MarieEdouard, capitaine de vaisseau ; 38 ans 1/2 de services, dont 22 1/2 à la mer; officier du 5 février 1875.

10 juillet 1896. VARLOUD Jacques-Joseph-Vincent, général de brigade commandant la 1re brigade d'infanterie d'Algérie et la subdivision de région d'Alger ; 41 ans de services, 37 campagnes, une blessure; officier du 9 juillet 1883.


— 197 —

30 déc. 1902. DE VILLE Auguste-Charles-Prospêr-Gaëtan, général de division, inspecteur général du 1er arrondissement d'inspection permanente de cavalerie; 47 ans de services, 5 campagnes ; officier du 9 juillet 1895. — — RAYMOND Jaeques-Marie-Jules, colonel-breveté,

colonel-breveté, à Lyon (état-major particulier de l'artillerie); 41 ans de services, 2 campagnes, une blessure, une citation ; officier du 6 septembre 1892.: 9 mars 1908. GONDRAND François-Victor, président de la société internationale des. transports

Gondrand frères, à Milan, président dé

la Chambre de Commerce française de Milan, délégué officiel du comité français des expositions à rétranger pour l'exposition internationale de Milan ; officier

du 31 décembre. 1904.

31 déc. 1913. CHATELAIN, général de division, inspecteur des cours de tir de campagne ; 44 ans de services, 3 campagnes ; officier du 11 juillet 1902.

4° GRANDS OFFICIERS :

12 janvier 1860. MOLLARD Philibert, lieutenant-général, commandant la 3e division de l'armée sarde.

15août — GAGNON Joseph-Oronce, général de division, commandant la 10e division militaire; 44 ans de services, 9 campagnes ; commandeur du 26 avril 1846.

11 — 1867. JAILLET DE SAINT-CERGÛËS (le comte), général de division; 50 ans de services, 2 campagnes, 2 citations ; commandeur du 28 août 1860.

11 — 1869. BILLIET (Mgr), cardinal archevêque de Chambéry; commandeur du 29 août 1860. 3 février 1880. DUMONT Joseph-Eugène, général de division, commandant le 18e corps d'armée ; 39 ans de services ; 14 campagnes : commandeur du 28 décembre 1867.

[Rev. sav , 1916] 14


- 198 -

12 juillet 1882. MERCIER, premier président de la Cour de cassation ; commandeur du 24 septembre 1852. 5 — 1888. BORSON Jean-François, général de division, commandant la 31e division d'infanterie ; 47 ans de services, 4 campagnes ; commandeur du 20 avril 1871.

12 — 1890. GOYBET Charles-Louis, général de division,

inspecteur général du 2e arrondissement d'inspection permanente de cavalerie ; 46 ans de services, 4 campagnes, une citation ; commandeur du 7 juillet 1884.

25 déc. 1899. VARLOUD Jacques-Joseph-Vincent, général de brigade, commandant la 1re brigade d'infanterie d'Algérie et la subdivision de région d'Alger ; 44 ans de services, 38 campagnes, une blessure; commandeur du 10 juillet 1896.

5° GRAND-CROIX

5 janvier 1887. DUMONT Joseph-Eugène, général de division, commandant le 3e corps d'armée ; 45 ans de services, 14 campagnes; grand-officier du 3 février 1880.

A ces noms, il conviendrait d'ajouter ceux — assez nombreux — des Savoyards qui ont opté pour l'Italie en 1860 et qui ont obtenu des dignités ou grades dans la Légion d'honneur au titre étranger.

LAAlmanach national de 1914 mentionne parmi les grandscroix le général Louis Pelloux, sénateur; parmi les grands officiers le Cte d'Oncieu de la Bâtie, lieutenant général en retraite ; parmi les commandeurs le colonel Alexis Chapperon, et comme officiers le major général de La Forest et le capitaine de vaisseau Rubin de Cervens.

Rappelons que le général Menabrea était grand-croix, les généraux Bracorens de Savoiroux, de Maugny et Léon Pelloux étaient commandeurs, ainsi que le baron Blanc (ambassadeur) et que la rosette d'officier avait été accordée aux généraux Chavasse, Gabet (Antoine), Gonnet. Morand, etc.

François MIQUET.


- 199 -

Bibliothèque publique d'Annecy

1744-1900

(Suite.)

On se souvient qu'aux termes de l'article 9 de la loi du 8 pluviôse an II, le travail des Commissaires chargés de dreser l'inventaire des ci-devant Corps religieux devait être terminé dans les quatre mois, c'est à dire fin mai 1794.

A cette date, le district d'Annecy était-il en mesure d'ouvrir sa bibliothèque ?

Deux ans plus tard, le 12 ventôse an IV, (2 mars 1796), l'Administration centrale du département du Mont-Blanc demanda à la municipalité d'Annecy quelques renseignements à ce sujet.

Citoyens,

Le Ministre de l'Intérieur nous demande l'état des dépenses faites pour la confection des Bibliothèques nationales, en exécution de la loi du 8 pluviôse an II (27 janvier 1794). Nous vous invitons, en conséquence, à nous marquer quel est le montant des sommes qui ont été ordonnancées, tant pour le traitement des Commissaires bibliographes que pour tous frais tendant à la conservation des livres.

Si aucun payement n'a encore été effectué, vous payerez le montant de chacune des demandes formées pour pareils objets, ainsi que les dépenses relatives à la confection des catalogues et à la conservation des livres, qui resteraient à faire pour l'entière formation de la Bibliothèque.

Si l'emplacement demandait une reconstruction, pour la distribution des salles destinées à recevoir les livres, et s'il y avait des tablettes à faire, ou autres travaux, tant en menuiserie qu'en charpente et en maçonnerie, vous ajouterez ces dépenses dans l'état. Ces renseignements, dont tous les articles doivent être séparés et expliqués d'une manière claire et précise, sont attendus au plus tôt par le Ministre, pour prendre une détermination sur les différentes réclamations qui lui ont été adressées.

Nous espérons de votre zèle que vous nous les transmettrez dans le plus bref délai.

Salut et fraternité.

EMERY 1.

Dans son rapport à la municipalité annécienne, qui lui avait donné communication de la lettre du Départementale citoyen Babin constate que tout est à faire, même les planchers, au local affecté à la Bibliothèque, et que le Département,

1. Archives municipales d'Annecy. M. M. t. XI. 4.


— 200 —

auquel les devis du citoyen Dunand, architecte, ont été envoyés, n'a plus donné signe de vie.

Je déclare qu'ayant été nommé le 14 du dit pluviôse an 11 (2 février 1794), par l'Administration du district d'Annecy, et commis pour procéder au choix et dépouillement des ouvrages qui se trouvaient dans les bibliothèques devenues nationales, je m'en occupai de suite.

J'ai envoyé à Paris le nombre de 2,422 cartes, qui sont entrées dans le travail de la bibliographie, comme il en conste par une lettre du Comité d'Instruction publique ; pour lequel travail j'ai employé, tant moi que mes aides, 300 journées, pour lesquelles, conformément à la loi qui fixait à 5 livres la journée, j'ait reçu 1,500 livres et 300 pour le transport des livres de quelques bibliothèques, qui sont déposés dans une salle du ci-devant Evêché. Ces sommes m'ont été délivrées sur mandat de l'Administration du district.

Je n'ai rien reçu depuis le 9 pluviôse an III (28 janvier 1795), quoique j'aie toujours veillé à la conservation des livres. J'ai fait deux exemplaires du catalogue, dont un a été envoyé au Directoire du département, dans le courant de pluviôse de l'an III (janvier-février 1795), l'autre est entre mes mains. Pour cela, j'ai travaillé un mois, que l'on fixera comme on jugera à propos, de même pour le salaire pour la surveillance depuis le commencement de germinal an III (mars 1795), ce qui fait environ une année.

Il reste encore plusieurs bibliothèques à transporter, ce qu'on aurait peine à faire en assignats, ou du moins en faudrait-il une quantité considérable. De plus le transport de trois ne peut pas s'effectuer sans une autorisation du département, parce qu'elles sont dans d'autres communes.

Quant à l'emplacement destiné pour former la Bibliothèque, il y a tout à faire jusqu'aux planchers. Selon la loi du 8 pluviôse (27 janvier 1794) l'Administration du district d'Annecy fit procéder à un devis estimatif pour la dépense à faire pour la Bibliothèque, par l'architecte Dunand. Le devis fut envoyé au département, qui le renvoya pour faire quelques augmentations ; ce qui fut effectué de suite par le susdit Dunand et on le renvoya au Directoire de département, le 7 thermidor de l'an II (25 juillet 1794), ainsi qu'il en conste par la lettre d'envoi, portée dans les registres de l'Administration de ce district. Le Département n'en accusa point la réception, et, depuis lors, on n'en a plus entendu parler; je pense qu'il faudrait faire chercher dans les archives du département, et porter la dépense en valeur métallique.

Ainsi est.

Annecy, le 22 ventôse an IV (12 mars 1796).

C.-F. BABIN (Ibid.).

Le devis de l'architecte Dunand s'étant égaré dans les cartons du Directoire de Chambéry, la municipalité annécienne se vit obligée d'en demander un nouveau. Elle invita aussi le citoyen Babin à présenter la note exacte des sommes qui lui étaient dues.

1) Le citoyen Dunand, architecte, dressera un plan et devis des salles nécessaires pour la formation d'une Bibliothèque, et distribuée de manière à séparer les livres manuscrits et précieux, les monuments en sculpture,


- 201gravure

201gravure peinture, de la salle ordinaire, et à conserver un bureau au Bibliothécaire.

2'Le citoyen Babiri présentera un tableau, soit état : 1° Des sommes ordonnancées pour son traitement et pour les frais tendants à la conservation des livres ; 2° Un état de dépenses relatives à la confection des 'catalogues, et à la conservation des livres qui restent, pour parvenir a l'entière formation de la bibliothèque. Extrait du présent sera transmis à chacun d'eux, avec invitation d'y donner cours, au plus tard dans la décade courante. 1.

Deux ans après l'extrême limite fixée pour la création des bibliothèques de district, Annecy n'était donc en mesure, ni de fournir un local convenable à sa destination, ni de terminer son catalogue.

Moins encore le Comité d'Instruction publique avait-il satisfait à ses engagements. Il se trouva inondé d'une telle quantité de catalogues sur fiches et sur feuilles — pour sa part, Babin en avait envoyé plus de deux mille— que, dans l'impossibilité de faire le triage des doubles, des livres à conserver, à vendre ou à brûler, il confia sa détresse au ministre, et celui-ci en fit part au Directoire de Chambéry 2.

C'est pourquoi, par lettre du 24 germinal an IV (13 avril 1796), l'Administration centrale du département du Mont-Blanc notifie en ces termes à rAdministration municipale de la commune d'Annecy les ordres du Ministre : « Il nous charge de faire cesser l'exécution et l'envoi des catalogues sur cartes et sur feuilles, et de les garder soigneusement pour former les bibliothèques. Vous voudrez bien vous y conformer, et nous faire passer sans délai l'état des frais faits et à faire pour la formation de la bibliothèque que nous vous avons demandée par la lettre du 18 ventôse dernier (2 mars 1796) 3. »

Les cartes et feuilles envoyées à Paris furent-elles renvoyées aux districts ? Nous n'en avons trouvé aucune trace : cela est peu probable. Ainsi, le travail de Babin et de ses collègues était à recommencer.

D'autre part, l'architecte Dunand hésitait à présenter un troisième devis, qui aurait pu avoir le sort des deux premiers. Son hésitation était d'autant plus justifiée, que le devis portait sur un immeuble que l'Administration de Chambéry n'avait pas renoncé à mettre aux enchères. Avant tout, il fallait

1. Germinal an IV (21 mars 1696, fol. 74).

2. Lettre du 15 germinal an IV (4. avril 1796).

3. Arch. munic. R.-D. D. étagère XVI, rayon 4, n° 1.


- 202 -

s'assurer la propriété de cet immeuble, et tel est l'objet de la délibération municipale du 19 prairial an IV (7 juin 1796).

« Le Département sera invité de déclarer n'y avoir lieu à la vente de la maison dite Nouvel Evêché, motivée sur ce que l'administration la désigne pour l'établissement soit le placement des Tribunaux et de l'administration de canton, de la Bibliothèque publique, etc. »

Un peu rasssuré, Dunand se remit au travail. La pièce qu'il avait à aménager, et dans laquelle, au témoignage de Babin, tout était à faire jusqu'aux planchers, était la chapelle de l'Evêché, aujourd'hui conservée à sa destination et rattachée à la cathédrale par un escalier de construction récente. Il évalua les dépenses à faire, pour la distribution de la salle, à 10.495 livres, et pour l'arrangement de la salle, afin de la rendre apte à recevoir les tableaux et autres objets curieux, à 2.oi5 livres : total = 12.510 livres 1.

En possession de ce document le Syndic d'Annecy réunit son Conseil, le II messidor an IV (29 juin 1796) pour décider qu'on enverrait à l'administration centrale les devis de Dunand et de Babin 2.

Vu le devis estimatif fait par le citoyen Dunand, architecte, des travaux à faire pour l'établissement d'une Bibliothèque nationale dans le local indiqué dans l'un des appartements du ci-devant Evêché, et l'état des dépenses déjà faites et de celles à faire pour le dépouillement des livres provenant des diverses bibliothèques, dressé par le citoyen Babin.

L'Administration arrête que les dits deux états seront transmis à

l'Administration centrale du Département, qui est invitée de les faire passer au Ministre de l'Intérieur.

Sans plus nous attarder aux faits et gestes du Département, demandant des pièces pour les égarer dans ses dossiers, au Directoire de district et à la municipalité impuissants à mettre sur pied la bibliothèque dite nationale, concluons à l'échec du Comité d'Instruction publique. Partout, comme à Annecy, tout, ou presque tout restait à faire.

Cependant le Directoire ne désespérait pas de mener à bonne fin l'oeuvre avortée de la Convention. Si le Comité susdit s'était montré inférieur à sa tâche. l'Institut ne serait-il

1. 28 prairial an IV. (16 juin 1796). m. m. t. XI, 4. 2 Fol. 113.


— 203 —

pas à hauteur ? C'est-sur ce dernier que le Conseil des CinqCents jeta les yeux.

Considérant combien il est important à l'instruction publique et à la propagation des lumières de conserver, pour les bibliothèques nationales établies dans les départements, les livres les plus capables d'y multiplier les connaissances ; de décharger, en même temps, les dépôts où les bibliothèques, des Corporations supprimées et celles des Emigrés ont été portées, des livres inutiles, dont le prix facilitera l'établissement des bibliothèques départementales, et dont la vente diminuera le nombre et la dépense des conservatoires;

Considérant aussi que le délai de la prononciation des mesures à prendre' à cet égard faciliterait l'introduction ou l'accroissement d'abus qui nuiraient, soit à la conservation des livres nécessaires aux bibliothèques départementales, soit à l'économie des dépenses; prend la résolution suivante :

ART. 2. — L'Institut national présentera ses vues :

1° Sur la manière la plus avantageuse de composer les bibliothèques nationales à établir dans les départements, de compléter la grande bibliothèque nationale par le moyen des livres qui existent dans les dépôts littéraires, et de. procurer aux autres 'bibliothèques nationales les suppléments qui peuvent être nécessaires;

2° Sur la nature et le nombre des livres dont il serait possible de se défaire sans nuire à l'établissement et au complètement des bibliothèques nationales. Il enverra le résultat de son travail tant au Corps législatif qu'au Directoire.

ART. 3. — Jusqu'à ce que l'Institut ait satisfait à la disposition des deux articles précédents, ce qu'il sera tenu d'exécuter dans le plus bref délai possible, il ne sera fait aucune vente ni échange des livres existant dans les dépôts littéraires.

ART. 4. — Lorsque le Directoire exécutif aura examiné le résultat du travail de l'Institut, il ordonnera les mesures convenables pour la vente des livres qui auront été reconnus pouvoir être aliénés, et pour la conservation la plus sûre et la plus économique de ceux qui seront réservés pour les diverses bibliothèques nationales.

ART. 5. — Les fonds qui proviendraient du prix des livres vendus sont affectés à rétablissement des bibliothèques dans les départements, et autres dépenses de l'Instruction publique.

ART. 6. — La présente délibération sera imprimée 1.

La délibération est du premier jour complémentaire, an IV (16 septembre 1796).

L'Institut aurait-il justifié la confiance dont on l'honorait ?

Il n'eut guère le temps de le montrer.

A peine était-il entré en fonction, que les Hospices civils se mirent sur les rangs pour revendiquer les livres enlevés aux Corps religieux; les bibliothèques de district avaient vécu.

1. Arch. nat. A. D. VIII. 15.


- 204 —

III.

BIBLIOTHÈQUE DES HOSPICES OU DU COLLÈGE.

Bibliothèque des Hospices au « Nouvel Evêché ». Au Collège d'Annecy.

Le long décret du 23 messidor an II (11 juillet 1794) en 38 articles 1, avait, dès le début, soulevé de la part des Administrations hospitalières de trop légitimes réclamations. Ses deux premiers articles traitaient en Corps religieux les établissements ouverts à l'humanité souffrante, c'est-à-dire que leurs biens, déclarés nationaux, devaient être sous la main des Domaines.

Art. 1. — Les créances passives des hôpitaux, maisons de secours, hospices, bureaux des pauvres et autres établissements de bienfaisance, sous quelque dénomination qu'ils soient, sont déclarées dettes nationales.

Art. 2. — L'actif des établissements mentionnés en l'article précédent fait partie des propriétés nationales ; il sera administré ou vendu conformément aux lois existantes pour les domaines nationaux.

C'était mettre un peu lestement à la porte — et on oubliait volontairement de leur dire merci, — les hommes dévoués qui avaient consacré leur temps et leur peine à l'assistance des malheureux.

Contre l'opinion publique, aussi peu favorable aux Domaines qu'elle l'était aux administrateurs des Hospices, la Convention lutta pendant une année. Vaincue enfin, elle se borna tout d'abord à suspendre l'effet de sa loi du 23 messidor, et à remettre les choses sur le pied où elles étaient anciennement.

La Convention nationale, après avoir entendu son comité des secours publics, décrète :

Art. 1er. — En attendant qu'il ait été statué sur l'organisation définitive des secours, l'exécution de la loi du 23 messidor an II (11 juillet 1794) est suspendue, en ce qui concerne l'administration et la perception des revenus des hôpitaux, maisons de secours, hospices, bureaux des pauvres, et autres établissements de bienfaisance, sous quelque dénomination qu'ils soient connus.

Art. 2. — Chaque administration particulière jouira provisoirement, des revenus qui lui étaient affectés.

Art. 3. — Les agents de la Commission des revenus nationaux seront tenus de remettre, dans la décade qui suivra la publication de la présente loi, entre les mains des administrateurs des hospices et autres établisse

1 . DALLOZ : Hospices, p. 59.


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ments de bienfaisance, tous les titres, inventaires, états de recette et de dépense, baux, et généralement tous les papiers relatifs à l'administration de ces établissements, qui ont été déposés dans leurs bureaux. Sont exemptés les titres féodaux qui n'ont pas de rapport à la propriété.

Art. 4. — La Commission des secours publics prendra toutes les mesures nécessaires pour l'exécution du présent décret.

Suspendre l'effet de la loi n'était pas réparer les dommages causés pendant qu'elle demeura en vigueur. Cette réparation, attendue encore pendant une année, fut l'objet de la loi du 16 vendémiaire an V (7 octobre 1796). Elle statue que les biens aliénés: en vertu de la loi du 23 messidor « seront remplacés aux Hospices en biens nationaux du même produit ».

Art. 5. — Les hospices civils sont conservés dans la jouissance de leurs biens, et des rentes ou redevances qui leur sont dues par le Trésor public ou par des particuliers.

Art. 6. — Ceux des dits biens qui ont été vendus en vertu de la loi du 23 messidor, qui est définitivement rapportée par la présenté en ce qui. concerne les Hospices civils, leur seront remplacés en biens nationaux du même produit, suivant lé mode réglé ci-après.

Art. 7. — Les Administrations centrales de département se feront remettre, dans le mois de la publication de la présente, l'état des biens vendus, dépendant d'hospices situés dans leur territoire.

Art. 8. — Dans le mois suivant, les Administrations centrales désigneront des biens nationaux du même produit, en remplacement des biens vendus; et ce, après estimation d'experts, dont un sera nommé par elles, l'autre par le Directeur des Domaines nationaux. Le travail des Administrations centrales ne sera que préparatoire, et n'aura son effet définitif qu'en vertu d'une loi expresse.

Art. 9. — Les redevances de quelque nature qu'elles soient, dont ils jouissaient sur les domaines nationaux qui ont été vendus ou sur dès biens appartenant à des particuliers qui, pour s'en libérer, en ont versé le prix au Trésor public, seront payées par le Trésor public aux dits Hospices.

Art. 10. — Jusqu'à ce que cette remise soit effectuée, il sera payé aux dits hospices une somme égale à celle que leur produisaient, en 1790, leurs biens vendus.

Art. 11. — Au moyen du remplacement ordonné par les articles précédents, il ne pourra être accordé aux dits hospices aucun secours sans une autorisation spéciale du Corps législatif.

Art, 12. - La Trésorerie nationale est déchargée, pour l'avenir, du payement des rentes perpétuelles et viagères dues par les Hospices.

(DALLOZ, Hospices, p. 61.)

Complétée le 29 pluviôse an V (17 fév. 1797.) 20 ventôse an V (10 mars 1797) Ibid. 1.

1. Le décret du 25 messidor an V (13 juillet 1797), accorde la jouissance des biens affectés aux fondations de Bourses, dans tous les collèges de France, aux hospices civils des lieux où elles existaient originairement.


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Reste maintenant à savoir quels seront les biens nationaux abandonnés aux Hospices d'Annecy, en compensation de leurs biens aliénés en vertu de la loi du 11 juillet 1794 ?

La Commission administrative jeta les yeux sur les Bourses des Pauvres Ecoliers, des Pauvres Prêtres, des Nouveaux Convertis et du collège Chappuisien, ainsi que sur les titres y relatifs. Forte de l'appui de la municipalité annécienne et du Directeur de l'Agence des Domaines qui, en date du 11 et 17 fructidor (28 août et 3 septembre 1797), donnèrent un avis favorable, la Commission exposa ses vues à l'Administration centrale de Chambéry. Dans les considérants de son arrêté du 22 fructidor an V (8 septembre 1797), celui-ci a soin de distinguer entre les biens « dont la rémission aux Hospices est textuellement ordonnée par l'art. 3 de la loi du 2 brumaire an IV », et ceux « dont la remise ne doit se faire qu'aux Bureaux de bienfaisance établis par la loi du 7 frimaire dernier » (27 novembre 1796.) En conséquence, elle attribue à l'Administration des Hospices « ou à tout autre citoyen dûment autorisé par elle, à sa première réquisition, et moyennant due décharge, tous papiers et autres effets des établissements connus ci-devant sous le nom de Bourses des Pauvres Ecoliers et des Pauvres Clercs, et du collège Chappuisien. La dite Commission présentera ensuite incessamment à l'Administration municipale de la commune d'Annecy, et sécutivement à cette Administration, ses vues sur le meilleur mode d'emploi des fonds, et revenus des dits établissements, pour y être ensuite statué ainsi qu'il appartiendra ». Au Bureau de Bienfaisance, établi ou à établir, les Administrateurs de Chambéry attribuèrent les « titres et effets dépendant des autres Bourses sus-énoncées » c'est-à-dire des Pauvres Prêtres, et des Nouveaux Convertis 1.

Ce n'était pas bagatelle, pour la Commission des Hospices, de dresser l'inventaire « des fonds et revenus des établissements » dont elle devenait attributaire. En ce qui concerne les Bibliothèques, en particulier, elle avait à revendiquer celles que nous avons vues, au chapitre précédent, destinées à devenir bibliothèques de district, et qui demeurèrent confondues pêlemêle avec la bibliothèque publique d'Annecy.

(A suivre). Charles REBORD.

1. Arch. d'Etat de Turin. Vescovadi, mazzo, 3. Carte relative al ristabilimento del Vescovato d'Annecy.


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GLANES

Chronique des archives du département de la Haute-Savoie (III) 1.

Deux dons. — Nous avons eu, au cours du trimestre écoulé, le plaisir d'enregistrer deux dons d'une importance particulière, et sur lesquels il convient d'attirer l'attention des lecteurs de la Revue savoisienne.

D'une part, notre confrère, M. Fleury Raillon, achitecte départemental, à consenti à se dessaisir au profit des Archives du département de tous les plans provenant de la succession de ses prédécesseurs. Il a bien voulu y ajouter ceux d'un grand nombre de monuments publics situés sur le territoire de la Haute-Savoie, et dont il est personnellement l'auteur. On trouvera plus loin (série N), lé répertoire sommaire de ces fonds dont il est superflu de souligner l'intérêt, S'il est vrai que le moindre croquis vaut mieux qu'un long rapport, quel jugement pourra-t-on formuler au sujet des centaines de plans mis désormais à la disposition des travailleurs. Le moins qu'on en puisse dire est qu'ils constituent des documents de premier ordre pour l'étude de l'architecture contemporaine en Savoie, tant religieuse que civile, et qu'ils serviront de bases à d'excellents travaux historiques. Il nous est agréable de remercier notre distingué confrère de son généreux geste.

D'autre part, un versement considérable, provenant avec le consentement de M. le Procureur de la République, du greffe du tribunal d'Annecy, est venu enrichir notablement notre ancien fonds judiciaire. (Série B). En exécution d'une circulaire ministérielle du 26 juin 1916 sur le danger que courent les archivés publiques du fait de la collecte des vieux papiers, une visite minutieuse a été faite aux archives dudit greffe d'Annecy. Elle a permis de découvrir sous un amoncellement de papiers destinés au pilon plus de cent registres et une vingtaine de liasses qui ont été réparties entre les séries B, C et E. Mais, c'est surtout, nous l'avons dit, la série judiciaire qui a bénéficié de cet accroissement. Grâce à lui, on peut maintenant se faire une idée exacte de ce qu'était au XVIIIe siècle dans la province du Gene vois l'organisation de la justice. Le fonctionnement des différents rouages judiciaires, qu'il s'agisse de judicature mage ou de juridictions secondaires, pourra maintenant être étudié avec soin, et l'on peut espérer que les historiens des anciennes institutions en Savoie sauront tirer parti d'une aussi riche documentation. — Le personnel du greffe composé de MM. Perret, greffier intérimaire, Desservettaz, commis au greffe, et Theraroz, employé, a dans une très large mesure favorisé le versement de ces papiers. Il a droit à. tous nos remerciements, et nous sommes heureux de les lui exprimer.

1. V. Revue savoisienne, 1916, fasc. 1, p. 78-81 et fasc. 2, p. 150-162.


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ARCHIVES DÉPARTEMENTALES. (Acquisitions.)

BIBLIOTHÈQUE HISTORIQUE 1. a). Ouvrages relatifs à la Savoie et à la Suisse.

LEGGI E CONSTITUZIONI di Sua Maesta. Tome secondo. Torino, nella Stamperia Reale, 1770, gr. in-8°, 574 p. [Exemplaire double]. (Don de Me J. Pache, avoué à Annecy).

MÉMOIRES de l'Académie de la Val d'Isère. Moûtiers, in-8°. — Vol. VII (3e et 4e livr.) ; vol. VIII (livr. 1 à 4) ; Nov. série. Vol. I (1e et 2e livr.); vol. II (2e livr.) (Don de l'Académie de la Val d'Isère).

RECUEIL de Mémoires et Documents de l'Académie de la Val d'Isère. — Nouv. série. Moûtiers. Impr. Nouvelle, in-8°. — 1er vol. (3e livr.) ; 2e vol. (1re et 2e livr); 3e vol. (2e, 3e et

4e livraisons). (Don de l'Académie de la Val d'Isère).

TARIF des Droits dus aux Finances, à la grande chancellerie, aux Bureaux d'Etat, et des guerres pour les provisions de S. M... Turin, Impr. Royale, 1770, gr. in-8°, 419 p. (Don de Me J. Pache, avoué à Annecy).

SAVOIE (LA) LITTÉRAIRE et scientifique. Revue trimestrielle publiée sous le haut patronage de l'Académie de Savoie. Chambéry, Impr. gle savoisienne, in-8°, 1915-1916. (Don de la Commission de Météorologie.

b). Ouvrages généraux, instruments de travail.

RÉGNÉ (Jean) : Inventaire ou Catalogue sommaire des Imprimés du fonds Vivarois de la Bibliothèque historique des Archives départementales de l'Ardèche... Largentière, Mazel et Plancher, 1916, in-8°.

VIII-96 p. (Don du dépt de l'Ardèche)

ROHMER (Régis) : Répertoire numérique des Archives départementales de la Lozère. — Série N. Mende. Ignon-Renouard, 1916, in-4° (Don du dépt de la Lozère).

Série B. (Cours et juridictions). JUDICATURE-MAGE D'ANNECY. — a). Registres d'ordonnances : 1730, 1732, 1733. 1735, 1741, 1742, 1765, 1766-67, 1770, 1773, 1774, 1777, 1778, 1779, 1780, 1783, 1784, 1886, 1787, 23 registres. — b). Registres de sentences : 1728, 1730, 1731, 1732, 1733, 1735-36, 1739, 1740, 1741, 1742, 1745, 1751, 1753, 1755, 1771, 1772, 1773, 1778-80, 1781-82. 1783-84, 1788, 1789, 23 reg. — c). Registres de tutelles et curatelles : 1715-18, 1770-72, 1781-90, 3 reg — d). Registres d'adjudications : 1732-39, 1 reg. — e). Registre des rapports : 1768, 1772, 1 reg. — f). Registres des causes sommaires : 1733, 1736, 1789, 3 reg. — g). Registres d'insinuation des tutelles et curatelles : 1779-80, 1782-87, 2 reg.

— h). Registres des présentations, ordonnances d'audience, etc. : 1773-77, 1778-81, 2 reg. — i). Registre des cachetements, decachetements, etc. : 1764-67, 1 reg. - j). Registre d'insinuation des subhastations : 1782-87, 1 reg. — k). Registre des choses émanées du Sénat, etc. : 1773-77, 1 reg—

reg— Registre de donations : 1720-22, 1 reg. — m). Registre d'insinuation des substitutions de procureurs : 1730-37, 1 reg. — n). Registres d'ins1.

d'ins1. dont on peut disposer pour cette Chronique étant nécessairement restreint, les ouvrages à caractère périodique offerts aux Archives seront à l'avenir indiqués une fois l'an seulement.


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cription des comparutions, etc. : 1731-34. 1764-68, 2 reg. - o). Registre d'inventaire : 1769-79, 1 reg. — p). Registre des matières criminelles : 1730, 1 reg. - q), Registre des visites des prisons et des prisonniers : 1732-39, 1 reg. - r). Registre d'inventaire des bordereaux déposés au greffe : 1823-38, 1 reg. — s), XVIIe-XVIIIe siècle : Onze liasses de procédures diverses. 11 liasses.

JURIDICTIONS SECONDAIRES. — Alex : Sentences et ord. : 1783-92, 1 reg. — Alléry (Comté d') : Ordonnances : 1777-88, 1789-92, 2 reg.; sentences : 1779, 1 reg.; tutelles et autres actes; 1788-90, 1 reg.; insinuation des adjudications : 1773-81, 1 reg. — Allonger (Baronie d') : Ordonnances : 1778-88, 1 reg.; sentences : 1782-93, 1 reg. — Chitry (Comté de) : Actes judiciaires : 1787-90. 1 reg. — Faverges (Marquisat de) : Sentences : 1778-80, 1784, 1787-89, 3 reg ; ordonnances sommaires : 1782, 1 reg.; ordonnances d'audience : 1790-92, 1 reg. — Grésy et Cessens (Comté de) : Sentences: 1733-39, 1 reg,; tutelles : 1742-43, 1 reg. — Monthoux : Tutelles : 1778, 1 reg. — Montagny : Ordonnances : 1787. 1 reg. — Roche (Marquisat de La) : Ordonnances : 1776-78, 1779-81, 2 reg.; sentences : 1788, 1 reg.; tutelles et curatelles : 1788-90, 1 reg. — Sales (Marquisat de) : Sentences : 1781-92. 1 reg.; ordonnances 1781-83 ; 1788-89, 2 reg. — Talloires : Ordonnances : 1778-88, 1 reg. — Thônes (Marquisat de) : insinuations : 1773-81, 1782-87, 2 reg.; adjudications : 1782-87, 1 reg. — Villard-Chabod : Ordonnances : 1779-82, 1 reg. (Don du greffe du Tribunal d'Annecy).

Série C. (Administrations provinciales).

1774-80 : 1 liasse de cottets de la taille pour les paroisses du mandement d'Annecy. (Don du greffe du tribunal d'Annecy).

Série D. (Instruction publique).

Recueil comprenant : Notions et problèmes d'Arithmétique, chansons, remèdes contre maladies et affections diverses, recettes de cuisine, manuel de culture et de jardinage, recettes diverses pour le nettoyage des métaux et des étoffes. Illustré de nombreux dessins en couleurs représentant des portraits, des armoiries et principalement des animaux de toutes espèces, 1 vol. in-12, 9X15. 243 fos papier, rel. parchemin, XVIIIe siècle. (Don de Me J. Pache, avoué à Annecy).

Série E. (Familles, notaires, communes).

I.-E. (Familles). BESSON : 1614, 24 février. Lettres de bourgeoisie, en faveur de Mr George Besson, praticien, accordées par les syndics d'Annecy. Pièce parch. (Don de Me J. Pache, avoué à Annecy).

COMPARET : 1497, 11 avril. Mariage entre Germain Comparet, douz Cropt, paroisse des Clets, d'une part; et Louise Brusel, de Beauchamp de la d. paroisse, d'autre. Pièce parch. (Don de M. Deservettaz, commis-greffier à Annecy).

GEORGES : Livre de compte pour le St Jean-Louis Georges, bourgeois d'Annecy : 1756. (Don du greffe).

NAVIS : 1515, 19 févr. Chavanod. Vente par Jacques de Bessonay, en faveur de Jean Navis, d'une pièce de terre sise à Chavanod, lieu dit « En Sucher », pour le prix de 4 florins d'or. Louis Bargon, notaire. Pièce parch. (Don de M. Desservetaz, commis-greffier à Annncy).

DE REGARD : 1736, 26 juillet Annecy. Demande de dispense pour le mariage projeté entre Ignace de Regard, et Marie-Françoise de Compey. Pièce papier. (Don de M. Marie Paclet, d'Annecy).

DE ROUER : Reg. de reconnaissances en faveur de Rd Me Charles de Roüer


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des barons de Bressieu, chantre et chanoine de S. Pierre de Genève : 1648-51. (Don du greffe du Tribunal).

DE VILLETTE : Reg. de reconnaissances en faveur des n. de Villette : 1576. (Don du greffe).

II. E. (Notaires). CHARLET : 1735-36. Minutaire de Mr Charlet, notaire d'Annecy, fragment. (Dom du greffe du Tribunal d'Annecy).

DELESPINE ; 1557-70. Minutaire de Me Delespine, notaire. (Don du greffe).

DUNAND : 1779. Minutaire de Me Pierre-F. Dunand. notaire à Annecy. (Don du greffe).

MARION : 1786. Minutaire de Me Gaspard Marion, notaire à Annecy. (Don du greffe).

E. Supplément : 1774-79. Extraits des registres de baptêmes, mariages et mortuaires de diverses paroisses de la province de Genevois, 2 reg. in-4°. (Don du Greffe).

Série G. (Clergé séculier).

VANZY : XVe siècle, Donation d'un terrain pour la fondation d'une chapelle à Vanzy. (Don de M. Deservettaz, commis-greffier à Annecy). Série L. (Administr. de 1792 à l'an VIII).

ANNECY : Registre des entrées à la maison d'arrêt d'Annecy, du 11 floréal an IV au 30 fructidor an IV. (Don du greffe).

ANNECY : Procès-verbaux de l'Assemblée primaire d'Annecy pour les ans III-VII, 1 reg. in-4°, 64 fos. (Don du greffe).

Série M. (Administration générale).

EXPOSITION UNIVERSELLE de 1889. Série de 24 rapports de délégués de la Haute-Savoie. Agriculture, 5 ; Bois pour bâtiments, 1 ; Carrosserie, 2 ; Charpenterie, 3 ; Chaussures, 1 ; Ebénisterie, 4 ; Imprimerie, 2 ; Industrie,

3 ; Tannerie, 2 ; Tapisserie, 1. (Don de M. L. Balleydier, doyen de la Faculté de Droit de Grenoble).

Série N. (Administration départementale). I. Plans et devis des constructions de l'architecte Mangé, de 1870 à 1891.

— 66 cartons, accompagnés d'un Répertoire alphabétique.

II. Devis de constructions faites par M. Fleury Raillon, architecte départemental, de 1894 à 1911. — 16 cartons, placés par ordre alphabétique des localités.

III. Plans de monuments construits ou entretenus par M. Fleury Raillon architecte départemental.

Annecy : Archives départementales, 1884, 3 pl.; Asile des vieillards, 1892, 4 pl.; Ecole maternelle de la place Carnot, 1909, 19 pl. ; Groupe scolaire de la place Carnot, 1909, 34 pl. ; Hôtel des Postes, Télégraphes et Téléphones, 1909-10, 105 pl. Aviernoz : Eglise, s.d., 1 pl. — Bonne; ville : -Abattoirs, 1906, 48 pl. ; Collège, Agrandissements, 1906-09, 126 pl. Hôpital, 1839-1903, 63 pl. — Châtel : Eglise, 1903, 57 pl. — La Clusaz : Ecole, mairie et poste, 1911, 10 pl. — Cluses : Ecole d'horlogerie, 1879,

4 pl.; Hôtel de ville. 1900, 60 pl. —Cruseilles : Justice de paix, Mairie et Poste, 1911, 57 pl. — Douvaine : Groupe scolaire, 1901, 57 pl.

— Frangy : Ecoles, 1903, 101 pl. — Gaillard : Groupe scolaire et Mairie : 1906, 46 pl. — Marlens : Ecole, 1907, 52 pl. — La Roche : Hôpital, 1907, 90 pl. — Rumilly : Abattoirs, 1899, 27 pl — Saint-Eusèbe : Ecole, et bureau de poste, 1909-12, 14 pl.; Eglise, 1899, 1 pl. — Saint-Gingolph : Eglise, 1899, 4 pl. — Sillingy : Fruitière, 1909, 34 pl. — Taninges : Bureaux de poste, 1908. 8 pl. : Groupe scolaire, 1899-1905. 19 pl. — Viuz-la-Chiésaz : Eglise, 1900, 15 pl. (Don Fleury Raillon).


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Série R. (Guerre).

T. Collection de cartes de soirées de bienfaisance au profit d'oeuvres de guerre. (Don de M. Dubettier, proposé en chef de l'octroi).

2. [DEHERME (Georges).] : Aux civils. Le devoir de servir et de militer. Tours, Arrault, s. d. [1916], in-12, 64 p. (Don de M. J. Désormaux, professeur au Lycée Berthollet).

3. Deuxième emprunt national : Affiches et certificats de civisme. (Don de M. Rouxel, trésorier-payeur général de la Haute-Savoie).

REVUE BIBLIOGRAPHIQUE SAVOISIENNE

Le culte de Dieu, de la Vierge et des Saints en Savoie, avant la Révolution, par l'abbé J. Burlet, professeur au Grand-Séminaire. Chambéry, 1916. 351 pages in-8°, avec une carte des anciens diocèses. M. l'abbé Burlet a voulu faire, sur le sujet indiqué par ce titre 1, une étude qui embrasse toute la Savoie, tandis que celles qui avaient été antérieurement publiées par divers auteurs, ne traitaient que des saints honorés dans tel ou tel diocèse. Ce travail est très méritoire ; et s'il n'est pas complet, comme le reconnaît l'auteur (page 2) il donne au moins une base, un excellent point de départ à toutes les recherches qu'on pourra — disons mieux : qu'on devra faire.

L'étude du culte des saints est celle qui peut le mieux nous renseigner sur le cachet local que la religion chrétienne a pu prendre autrefois dans chaque contrée. Dans le vaste trésor de l'Eglise, ses chefs, selon la parole évangélique, peuvent puiser des choses vieilles et des choses nouvelles ; il est intéressant de voir ce qui a été préféré dans chaque pays, et ce qui a été laissé de côté.

Et par exemple, si l'on prend la peine de classer chronologiquement les saints ou groupes de saints honorés en Savoie (au nombre de 330 environ) qui sont énumérés dans l'index des pages 269 à 273, on remarquera que l'Eglise grecque, qui y est très bien représentée pour l'époque des persécutions et des martyres, ne l'est presque pas ensuite : on ne trouve plus alors quequatre Orientaux : saint Paul, premier ermite, saint Antoine de Thébaïde, l'évêque saint Nicolas, et l'abbé Sabbas. On trouve dans cette liste saint Ambroise, saint Jérôme, saint Augustin; on n'y voit pas leurs glorieux contemporains : saint Basile, saint Jean Chrysostome, saint Grégoire de. Nazianze. On n'y trouverait pas un seul dès docteurs de l'Eglise grecque, si saint Polycarpe n'y avait pas été admis à titre de martyr.

Le caractère du livre de M. Burlet, qui est un catalogue, appelle surtout des remarques particulières sur tel ou tel point de détail ; en voici quelques-unes.

Pages 3 et 4. Il y a deux paroisses en Savoie, à qui l'on a donné la sainte Trinité pour patronne. M. Burlet peut avoir raison quand il rattache ce choix aux luttes que l'Eglise catholique, aux Ve et VIe siècles, a soutenues contre l'hérésie arienne. Mais je ne saurais le suivre, quand il rattache aussi à ces luttes la création de confréries de la sainte Trinité, et l'érection des chapelles qui lui sont dédiées. La plus ancienne, mention de ces confréries est de 1360 ; la plus ancienne mention de ces chapelles, de 13 71.

1. Il y a un sous-titre : Essai de géographie hagiologique et à la page 26 un autre titre encore : Inventaire hagiologique de la Savoie. C'est ce dernier qui exprime le mieux ce qu'on trouvedans ce volume.


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N'est-il pas plus vraisemblable de s'expliquer ces nouvelles dévotions par le fait que M. Burlet a lui-même indiqué : le développement que l'Eglise, au XIVe siècle, a donné à la fête de la sainte Trinité ?

Page 162. Saint Gingolphe est qualifié ermite. Mais il était militaire : son armure était suspendue dans une des églises qui lui étaient dédiées. La chasse était son occupation habituelle ; enfin il était marié : uxoris suae machinatione, ab ejus adultero perfide occisus est, et inter martyres habitus. A vrai dire, il était victime plutôt que martyr. Mais la lecture des documents recueillis sur lui par les BoIIandistes (Acta sanctorum, tome second du mois de mai) est des plus suggestives. On y voit agir le mouvement populaire qui se soulève à l'occasion d'une mort émouvante, et qui aboutit à une canonisation.

Pages 247-248. L'apôtre saint Simon n'a-t-il pas été oublié ? Dans la liturgie, il accompagne saint Jude à la fête du 28 octobre ; il avait avec lui une chapelle à Aillon-le-Vieux (page 186).

Le travail de M. Burlet semble appeler une suite : il serait intéressant de faire un travail semblable pour l'époque actuelle. La comparaison des deux tableaux donnerait lieu à bien des réflexions. Eugène RITTER

Associazione fra oriundi Savoiardi e Nizzardi italiani. — Le

bulletin n° 5 de cette Association vient de paraître.

Outre une importante étude historique du comte de Sonnaz sur l'Italianité du duché d'Aoste, il donne de nombreux articles nécrologiques sur des Savoyards victimes de la guerre ou morts naturellement.

Parmi ces derniers, citons les deux commandeurs Emprin : François, vice-préfet de Naples ( 1861 -1915). et Henri, préfet de Brescia (1857-1915), dont le père, Julien Emprin, intendant des finances, était de Villaroger ; — le comte César Martin-Montù di Beccaria, ingénieur, originaire de Tignes, — et le lieutenant-colonel Humbert Chapperon, de Chambéry (1864-1915). Né en 1864 à Montevideo où son père était consul, il avait, en peu de temps, fourni une brillante carrière.

Au nombre des victimes de la guerre qui nous intéressent, relevons : le contre-amiral baron Ernest Rubin de Cervin, qui venait de prendre le commandement d'une division navale, lorsqu'il périt avec son état-major dans l'explosion du vaisseau amiral Benedetto Brin, en rade de Brindisi, le 27 septembre 1915. Né le 10 décembre 1860 à Turin, il était entré fort jeune à l'école de la Marine (en octobre 1874) et, de degré en degré, s'était élevé au premier rang : sa nomination de contre-amiral datait de 1913.

Le capitaine comte Henri d'Oncieu de Chaffardon tué le 25 novembre 1915, à Peteano, et le major d'artillerie Ferruccio Guy qui succomba le 10 juin 1915 étaient des fils de généraux savoyards qui ont porté dignement des noms illustres. Il faut aussi mentionner le capitaine Victor Lacroix, frappé mortellement à l'assaut de la cote 124 du mont Saint-Michel, le 23 novembre 1915. Il était fils du major Joseph Lacroix, de Saint-Paul en Chablais.

Le Bulletin est enrichi de portraits soigneusement exécutés, si bien qu'à tous les points de vue cette publication joint l'agréable à l'utile. F. M.

Le Directeur-Gérant : Marc LE ROUX.

22.799. — Annecy. Imprimerie J. ABRY