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Titre : Mémoires & documents publiés par l'Académie salésienne

Auteur : Académie salésienne (Annecy). Auteur du texte

Éditeur : Académie salésienne (Annecy)

Date d'édition : 1929

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb41066906v

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb41066906v/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 24852

Description : 1929

Description : 1929 (T47).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Rhône-Alpes

Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique

Description : Collection numérique : Zone géographique : Europe

Description : Collection numérique : Thème : Les échanges

Description : Collection numérique : Histoire et géographie

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5719256t

Source : Académie salésienne (Annecy), 2008-75094

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/12/2010

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MÉMOIRES ET DOCUMENTS

PUBLIÉS PAR

L'ACADEMIE SALESIENNE

TOME QUARANTE-SEPTIÈME

ANNECY.

IMPRIMERIE COMMERCIALE

2 ET 4, RUE SAINT-MAURICE

1929


PRINCIPALES PUBLICATIONS

DE L'ACADEMIE SALESIENNE

Tome I. — V. BRASIER, Etude sur S. Germain, moine bénédictin. Tome II. — Lettres inédites de S. François-de -Sales. — Relation de la mort de S. François de Sales, par le marquis Cambis-Velleron. — J. LOMBARD. Le Doctorat de St François de Sales. — Epître en vers. — V. BRASIER. Etude sur S, Ruph. — J. MERCIER, Notice sur l'hôpital de la providence d'Annecy. — J.-M. PETTEX, Statistique .hist. du Dioc. d'Annecy. — P. BRAND. Les Synodes dans l'anc. Dioc. de Genève

Tome III. — J. MERCIER. Notice sur les Clarisses de Genève et d'Annecy. — J.-F. GONTHIER. Les châteaux et la. chapelle des Allinges. — BRACHET. Monographie de la paroisse d'Arthaz. — H. C. La voie romaine dans la vallée des Usses.— A. Ducis. S.. Maurice et la légion Thébéenne, 1re part.— BRAND. Pouillé du Dioc. de Genève. — V. BRASIER. Bibliographie Salésienne. Tome IV. — J. FALCONNET. Vie, culte et miracles du B. Jean d'Espagne. Tome V. — L.-E. PICCARD. Hist. de Thonon et du Chablais. Tome VI. — P.-F. PONCET. Mémoire sur le plain-chant en Savoie. — J. MERCIER. Le B. Pierre Favre. — A. Ducis, S. Maurice, et la légion Thébéenne, 2e part. — DUCRETTET. Monogr. de Marlens. — J.-M. PETTEX. Notice biograph. sur l'historien Besson. — Précis de la visité de Genève en 1443 . Tome VII. — M. SAUTHIER-THYRION. Un épisode de la Révolution. Le coeur de S. François de Sales. — Jh-M. LAVANCHY. Les châteaux de Duin, le château de Déréé. — E.-PLANTAZ. Monogr. d'Arâches. A. MONTAGNOUX. Précis de comput ecclésiastique. Tome VIII. — J. MERCIER, L'abbaye et la vallée d'Abondance. — J.-M. LAVANCHY. Sabbats ou synagogues sur les bords du lac. d'Annecy. — FLEURY. Monogr. de la paroisse d'Annemasse. Tome IX. — J. FALCONNET. Une ascension au Mont-Blanc. — H TAVERNIER. Monogr, des Gets et de la Côte d'Arbroz. — J. MERCIER. Notice sur J. Falcaz.

Tome X. — V. BRASIER: Etude sur les origines du prieuré de Talloires. J.-F. GONTHIER. Hist. de l'instruction publique avant 1789 dans le dép. de la Haute-Savoie. — A. DUCIS. S. Maurice et la légion. Thébéenne, 3e part. Tome XL — J.-M. LAVOREL. Cluses et le Faucigny; . 1re part. —

J.-F. GONTHIER. Pouillé du Dioc. de Genève, en 1481 . Tome XII. — J.-M. LAVOREL. Cluses et. le Faucigny, 2e part. — J.-F. GONTHIER. Les Evêques de Genève au temps du grand schisme. 1re. part.

Tome XIII. — R. P. DOMENGE. La Mission de Vazagapatam. Tome XIV. — J. MERCIER. Le Chapitre de S. Pierre de Genève. Tome XV. — V. BRASIER. Les abbayes de Cisterciennes, dans le Dioc. de Genève. — J.-F. GONTHIER. Les Evêques de Genève au temps du grand schisme (suite), et du grand schisme à la Réformation.


MÉMOIRES ET DOCUMENTS

PUBLIÉS PAR

L'ACADEMIE SALÉSIENNE


NIIITL OBSTAT. Annecii, die sexta Novembres 1929. E. PERNOUD, C. D.

IMPRIMATUR.

Annecci, die septima Novembris 1929.

J. PERNOUD, V. G.


MÉMOIRES ET DOCUMENTS

PUBLIÉS PAR

L'ACADÉMIE SALESIENNE

TOME QUARANTE -SEPTIÈME

ANNECY

IMPRIMERIE COMMERCIALE

2 ET 4, RUE SAINT-MAURICE

1929



BULLETIN

DE

L'ACADÉMIE SALÉSIENNE

COMPTE-RENDU SOMMAIRE DES TRAVAUX

Séance du 11 décembre 1928

Présidence de M. le Chanoine GAVARD.

Etaient présents : MM. Bunaz, Chiariglione, Favrat, R. P. Fidèle, Gavard, Mugnier et Pfister. Excusé : M. Levitte.

Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et adopté.

M. le président donne lecture d'une lettre de M. le Marquis de Bissy remerciant les membres de l'Académie Salésienne de l'avoir nommé Membre d'Honneur.

Il parle du décès tout récent de M. Gabriel Pérouse, le savant archiviste du département de la Savoie. Auteur


VI BULLETIN

de nombreux ouvrages sur notre province, dont le principal est « L'Abbaye de Talloires », le défunt pouvait être considéré comme un véritable savoyard d'adoption.

Le président annonce l'édition toute prochaine du tome XLVl de nos Mémoires.

Il présente et dépose pour la bibliothèque les diverses publications et ouvrages reçus, savoir :

Revue d'Ethnologie, traditions populaires, par Van Gennep ;

Note sur la valeur documentaire folklorique des canons des conciles et des Constitutions Synodales, par le même auteur, parue dans les Annales d'Histoire du Christianisme ;

Incantation du sifflet en Savoie, par le même ; brochure donnant des formules d'une curieuse originalité. Des remerciements sont adressés à M. Van Gennep.

Le tome LXV des Mémoires de la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie, renfermant entre autres travaux importants une étude de M. Vermale sur les Grands Hommes de la Révolution en Savoie ;

Le dernier fascicule des publications de l'Académie du Val d'Isère ;

Le rapport rédigé par M. Avezou, archiviste départemental de la Haute-Savoie, sur les travaux exécutés aux Archives durant l'exercice 1927. Il y est question notamment du dépôt des archives de Sallanches, lesquelles constituent un véritable trésor aux différents points de vues religieux, historique et social, et d'autant plus qu'elles sont demeurées dans leur intégrité.

A ce sujet la conversation s'engage alors sur la question non réglée des archives de Savoie demeurées à Turin malgré le traité de l'Annexion. Celles-ci, très volumineuses, contiennent en particulier les comptes de toutes nos anciennes châtellenies.

Il est question enfin des statues publiques, dites « laïques », érigées à Saint François de Sales dans le diocèse d'Annecy, et dont la première le fut à Viuz-en-Sallaz


DE L'ACADEMIE SALESIENNE VII

par les soins de M. le chanoine Bunaz. Lors du troisième centenaire du saint évêque, M. le chanoine Gavard traita ce sujet à l'Académie Florimontane.

Séance du 5 février 1929

Présidence de M. le Chanoine GAVARD.

Etaient présents : MM. Benoit, Bunaz, Chavanne, Chiariglione, Coutin, Domenjoud, Duret, Gavard, Mugnier, Périllat, E. Pernoud, L. Pfister, Ritz et Terrier.

Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la dernière réunion, ce procès-verbal est adopté.

Le président annonce le don gracieux offert par la Royale Université de Turin à l'Académie Salésienne, à l'occasion du 4e centenaire d'Emmanuel-Philibert, et en souvenir aussi de la participation de son président aux fêtes de mai dernier. C'est un magnifique ouvrage, superbement, édité pour la circonstance et où le lecteur savoyard est fier de trouver parmi les illustrations du récit plusieurs noms de ses compatriotes, qui furent des hommes de mérite.

M. Gavard annonce aussi que le Général Bordeaux, qui tout récemment avait fait paraître dans le dernier volume de la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie une étude biographique fort intéressante sur l'Amiral de SaintBon, qui a tenu une si grande place par delà les monts, vient de publier, dans la Revue des Etudes Historiques, de Paris (octobre-décembre 1928), un important travail sur Emmanuel-Philibert et la bataille de Saint-Quentin.


VIII BULLETIN

Il appartenait bien à un homme d'armes de mettre sous les yeux du lecteur le grand exploit de 1557 avec toute sa science et son expérience. Mais il y a de plus dans sa curieuse publication, ajoute M. Gavard; bien des aperçus historiques nouveaux et une documentation inédite nous éclairant sur ce fait d'armes déjà lointain et nous en montrant les circonstances diverses et les conséquences. C'est donc de la part de l'Académie Salésienne un devoir d'offrir au Général Bordeaux ses remerciements et ses félicitations. M. l'abbé Chiariglione, trésorier-adjoint, donne communication de la situation financière de l'Académie Salésienne. Les comptes sont approuvés et de vives félicitations sont renouvelées à M. Chiariglione pour le zèle qu'il apporte dans l'accomplissement de ses délicates fonctions.

COMPTES DE L'EXERCICE 1928

Recettes

Excédent de l'exercice précédent 3.017 50

271 cotisations à 20 francs 5.420 00

1 cotisation à 100 francs 100 00

1 cotisation à 13 francs 13 00

1 cotisation à 15 francs 15 00

Don de M. l'archiprêtre d'Alby 500 00

Don de Mgr Jay 67 50

Vente de volumes 850 00

Intérêts en banque 122 05

Total 10-104 85 10.104 85

Dépenses

Impression du tome 40 6.965 00

Correspondance et envoi de volumes.. 266 15

Escompte du trésorier 353 50

Total. 7.584 65 7.584.65

Excédent des recettes 2.520 20

Le président présente, de la part de Mme LacombeDagand, qui veut bien en faire don à notre bibliothèque, de nombreux volumes des Actes et Lois de la Révolution française. Des remerciements reconnaissants lui sont adressés.


DE L ACADEMIE SALESIENNE IX

Il fait circuler enfin un sceau très bien conservé de Notre-Dame des Voirons, offert à notre Académie avec divers documents par M. Louis Pinget, résidant à Annecy. Remerciements au donateur.

M. François Ritz dépose, pour la bibliothèque, le fascicule de novembre 1928 de la Revue L'Onde Electrique, contenant un important travail dont il est l'auteur, et intitulé : « Essais sur ondes très courtes ». Sur le désir des personnes présentes, M. Ritz résume ses essais effectués sur le lac d'Annecy et dans sa région pour vérifier les conclusions de M. Mesny, sur la propagation des ondes dites très courtes, dont la longueur va de 2 à 8 mètres environ. Il étudie l'onde cheminant à proximité d'une ou de plusieurs surfaces absorbantes, puis s'écartant obliquement du sol et enfin planant loin de lui. Avec la même puissance d'alimentation, toujours inférieure à 2 watts, la portée passe d'une centaine de mêtres à peine à l'intérieur d'un tunnel à 2 kilomètres au niveau du lac, pour atteindre 10, 20 et enfin 130 kilomètres sur des sommets de montagne bien dégagés. Malgré l'importante absorption qui s'oppose à un emploi courant de ces ondes, l'auteur conclut à leur utilisation pratique dans certains cas.

De chaleureux compliments sont exprimés à M. Ritz.

M. l'abbé Coutin présente le manuscrit d'un histoire d'Allèves qu'il vient d'achever. La lecture de la préface et de la table des matières donne une idée de l'intérêt de ce travail qui sera digne de sa magnifique « Histoire d'AIby ».

A son sujet et à l'occasion de la publication toute récente du tome XLVI de nos Mémoires, M. le Président espère que les oeuvres fort appréciées de plusieurs membres de l'Académie Salésienne susciteront parmi leurs collègues des chercheurs et des travailleurs nouveaux.


X BULLETIN

Séance du 9 avril 1929.

Présidence de M. le Chanoine GAVARD.

Etaient présents : MM. Bunaz, Chiariglione, Corbet, Coutin, Gavard, Mugnier, L. Pfister et Terrier,

Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de, la dernière séance ; ce procès-verbal est adopté.

M. le Président rappelle le souvenir de M. l'abbé Hudry, curé de Monnetier, membre de notre Académie, récemment décédé.

Il offre des condoléances à M. Louis Pfister, à l'occasion de la mort de son beau-père, M. Louis Lachat, inspecteur principal des Eaux et Forêts, à Annecy, et également à son frère, M. Hubert Pfister, qui vient aussi de perdre son beau-père, M. Chenu, pharmacien à Chambéry,

Sur proposition de M. le Président, M. l'abbé Gassilloud, professeur au collège de La Roche, est nommé membre agrégé de l'Académie Salésienne.

M. Gavard présente ensuite les ouvrages et publications reçus depuis la dernière séance :

Répertoire numérique de la Série G. (Clergé Séculier, 2e fascicule), des Archives Départementales, offert par son auteur, M. Avezou, archiviste ;

Etude sur le dieu Sanglier, par M. Emile Vuarnet ;

Les Abbés de Saint-Maurice d'Agaune, par M. le chanoine Dupont-Lachenal, de l'Abbaye de Saint-Maurice, don de l'auteur ;

Le nouveau volume (tome XXXVII) des Mémoires de l'Académie Chablaisienne, contenant notamment les travaux suivants : Le Père Picus et son oeuvre, par Mgr Picard ; le Général Comte Juillet de Saint-Cergues, par le Général P.-E. Bordeaux ; Taine à Menthon-Saint-Bernard, par M. le chanoine Charvet,


DE L'ACADÉMIE SALÉSIENNE XI

Des remerciements et compliments sont adressés à tous les donateurs et auteurs.

M. le chanoine Mugnier donne lecture de quelques extraits d'une étude intitulée : « Une famille de Vieugy au service de l'Eglise pendant la Révolution ». Cette étude paraîtra dans le corps du volume.

M. l'abbé Coutin fait la communication suivante :

Comment les Prêtres de la Mission établirent le Grand Séminaire d'Annecy en la rue de Boeuf, vers 1650.

Dans son histoire du Grand Séminaire, Mgr Rebord nous dit (pages 20 et 35) que les Lazaristes ouvrirent le Séminaire en 1641 dans une maison, dont il est difficile de déterminer l'emplacement. En 1644, on les trouve logés rue' de l'Enfer, et en juillet 1664, rue de Boeuf, au numéro 15 actuel, d'après le chanoine Gonthier, qui n'ose cependant affirmer la chose d'une manière certaine.

Certains documents tirés des archives de Montpon, nous aideront à prouver que les Lazaristes ont bien habité cette maison, qui était la dernière avant d'arriver à la porte de Boeuf.

Le 8 mars 1659, dans un procès ventilant entre demoiselle Bernardine de la Faverge née d'un premier mariage contracté en 1591 entre Louis de la Faverge Sgr de Montpon et Bernarde David de Savoiroux, demanderesse, et son frère Emmanuel, né d'un deuxième mariage, la suppliante expose 1° qu'en sa qualité de fille unique et héritière de sa mère elle avait réclamé les 1.700 écus d'or donnés en dot à celle-ci ; 2° son père avait accédé à cette demande en lui donnant 500 écus et une maison sise à Annecy ; 3° après avoir fait des réparations à cette maison, elle l'avait vendue à Demoiselle Analle de Mandallaz, laquelle l'avait remise aux Pères de la Mission ; 5° cette maison vient d'être, par arrêt du Sénat, attribuée à sa tante Nicoline de la Faverge, épouse de Gaspard de Sales qui avait des droits dotaux antérieurs, Nicoline s'étant mariée trois ans avant son frère Louis, et n'ayant jamais été totalement payée de celle-ci ; 5° elle a été obligée de rendre les 6.400 florins et deux pistoles d'épingles, prix de vente de la dite maison, cédée le 13 mai 1633, à Demoiselle Annalle de Mandallaz, femme de Ne Nicolas Arpiaud, Juge Mage de Genevois.

La copie des subhastations de la maison, faite à la requête de Ne Gaspard de Sales par son fils Melchior (qui avait continué le procès, au préjudice de Bernardine de la Faverge et des Prêtres de la Mission), est datée des 26 juin, 4, 11 et 18 juillet 1653. Malheureusement l'acte d'achat par les Lazaristes n'est pas mentionné au cours du procès ; du moins nous avons la preuve qu'ils possédaient cette maison en 1653 et faillirent la perdre, sans un arrangement probable avec la famille de Sales,


XII BULLETIN

dont un des membres, Charles-Auguste, était alors évêque d'Annecy.

Pendant des années entières les Pères de la Mission furent inquiétés dans la possession de leur maison, comme le prouve : 1° une instance entre les Révérends Pères, demandeurs, en garantie de la Demoiselle Bernardine de la Faverge, défenderesse, commençant par une copie de Requêtes du 2 décembre 1653 et finissant par un avis du 3 mars 1655 ; 2° par un arrêt rendu entre le Sgr de Sales, Bernardine de la Faverge, d'une part et les Prêtres de la Mission, le 31 mai 1655.

Où se trouvait cette maison ? Un autre acte de procédure va nous l'apprendre ; mais disons d'abord que cette maison était entrée dans les biens de la famille la Faverge, par le mariage de Jacquemine de Richard, fille unique de Noble Hugues, avec le grand-père de Bernardine nommée ci-dessus. Or en juillet 1557, Rd et N° Galois de Regard, futur évêque de Bagnorea, expose humblement au Sénat que le 27 mai précédent, habitant Rome, il avait acheté de Ne Hugues de Richard Sgr de Montpon d'Alby, habitant également Rome, en qualité de Légat près le Saint-Siège, une maison sise à Annecy pour 200 écus d'or, moyennant possession réelle et actuelle. Il a déjà versé de suite 100 écus, s'étant réservé de payer le reste au plus tôt. En arrivant à Annecy, il a trouvé les modernes possesseurs, Janus et Jean de Richard, frères du vendeur, qui se sont opposés à la prise de possession par le suppliant de Regard, 1° parce qu'ils étaient co-hériliers des biens de leur père au même titre que Hugues et 2° parce qu'ils prétendaient que cette maison avait été vendue à moitié prix par leur frère. Le 8 mars 1559, le procès remplissait un cahier de 200 pages et n'était pas terminé. Les confins de la maison y sont minutieusement donnés dans l'acte de vente. « Maison sise en la ville d'Annecy, dans la rue de Boeuf, jouxte la maison de Ne Bernard et des héritiers de Jacques Delalée de bize ; la maison des héritiers de Suguigon de vent, la rue publique du levant et les murailles de la ville du couchant, avec un curtil et appartements de la dite maison. » Ces indications précises apportent donc une preuve certaine à l'hypothèse du chanoine Gonthier, et le numréo 15 de la rue Carnol actuelle fut bien la résidence des Lazaristes et de leurs séminaristes, dès 1653, si ce n'est avant.

Notons en terminant, que dans cette maison moururent ceux qui probablement l'avaient fait construire : Ne François de Richard Sgr de Montpon et son épouse, Ne Françoise des Clefs, mariés en 1490. Ils furent sépulturés en la chapelle de la Nativité, fondée par eux, dans l'Eglise des Dominicains.

Ne Françoise des Clefs habita cette maison de 1522 jusqu'à sa mort en septembre 1544.


DE L'ACADÉMIE SALÉSIENNE XIII

Présidence de M. le Chanoine GAVARD.

Etaient présents : MM. Benoit, Chavanne, Chiariglione, Coutin, Cuttaz, Favrat, Flamary, Gavard, Levitte, Mugnier, Périllat, L. Pfister, Tissot et Terrier.

Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et adopté.

M. le Président déplore les pertes que vient de faire notre Académie par les décès de M. le chanoine Bunaz, de M. le chanoine Chevallier, ancien curé de Bonneville et de M. Jean Rosay, notaire à Annecy. En M. Bunaz, toujours si fidèle aux séances, le Conseil d'Administration perd un de ses membres très distingués et des plus dévoués. On se rappelle avec quel zèle il remplissait ses fonctions de bibliothécaire, aidé par M. l'abbé Benoit, qui voudra bien lui succéder.

De vives condoléances sont adressées aux familles des regrettés défunts.

Sont agréés comme nouveaux membres agrégés : M. l'abbé Chappaz, professeur au collège de Thônes ; M. l'abbé Folliguet, curé de Marcellaz, et M. l'abbé Maurice Greffier, séminariste.

Le Président présente les publications reçues, dont le bulletin de la Société Gorini et le dernier volume de l'Académie de la Val d'Isère contenant notamment un rapport de M. le chanoine Emprin sur les travaux de l'Académie de 1926 à 1927, ainsi qu'un important travail de M. Joseph Garin, intitulé : « Recueil de documents pour l'Histoire Religieuse de la Révolution en Savoie », très précieux aussi bien pour notre diocèse que pour celui de Tarentaise.

De la part de M. Vittoz, curé de Ville-en-SalIaz, lecture est donnée d'une lettre de 1819, d'un M. Guers, libraire à Genève, après avoir été prêtre assermenté à la Révolution, adressée à Rd Gaspard Cheminal, de Ville-en-Sallaz, alors curé de Thoiry. (L'original de cette lettre a été com-


XIV BULLETIN

muniqué par Louis-Joseph Cheminal, arrière petit-neveu du curé de Thoiry.)

En voici le texte :

« Genève, lé 1er mai 1819. « Monsieur,

« Quoiqu'il soit vraisemblable qu'on vous ait appris mon retour à la religion catholique, je crois qu'il est de mon devoir de vous «en informer moi-même, et de vous prier de communiquer cette heureuse nouvelle à ceux de vos paroissiens qui peuvent y prendre intérêt pour réparer ainsi, autant qu'il dépend de moi, le scandale que j'ai pu leur donner. Je suis un exemple déplorable des excès sans nombre auxquels peut se livrer celui qui, rompant les liens de l'unité catholique, ne veut écouter que les conseils d'une raison aveugle et corrompue. Après avoir quitté de mon propre chef le poste où m'avait placé mon évêque, je suis allé à Thoiry, pour y exercer les fonctions ecclésiastiques, sans vocation. Ce premier pas franchi, rien ne m'a plus arrêté et, oubliant les devoirs de mon état, j'ai suivi le torrent révolutionnaire, et j'ai souscrit à tous les sermons prescrits par les diverses factions qui ont déchiré la France.

« J'attribue tous mes égaremens à un orgueil sans mesure, qui m'a fait mépriser l'autorité de mes supérieurs, et à la lecture des livres, soi-disant philosophiques, où la religion est outragée. Je bénis Dieu de m'avoir tiré du précipice où j'étais tombé et je veux, par sa grâce, employer le peu de temps qui me reste à vivre, à faire pénitence, et à réparer le mal que j'ai fait. Mes fautes sont grandes, mais la miséricorde de Dieu est infinie, et j'espère qu'il me pardonnera. Je me recommande à vos prières, ainsi qu'à celles de Mrs vos Confrères, et de tous les fidèles.

« Veuillez, Monsieur, agréer les sentiments de respect avec lesquels je suis

« Votre très humble et très obéissant serviteur.

« Signé : GUERS ».

M. l'abbé Coutin donne connaissance de diverses notes de voyages laissées par Hugues de Richard, Seigneur de Montpon (Alby) qui passa 40 ans (1522-1562) au service des ducs de Savoie, comme Secrétaire et Ambassadeur. En 1550, Charles III l'envoie à la Cour de France, en résidence à Blois, pour négocier la restitution de ses Etats. Hugues de Richard nous a laissé son journal de route, depuis le 9 novembre 1550, jour où il quitte Verceil,, au 28 janvier 1551, terme de ses entrevues avec Henri II, roi de France. Après avoir tenté deux fois la traversée du Grand-Saint-Bernard, il passe le Petit-Saint-Bernard « où


DE L'ACADÉMIE SALÉSIENNE XV

il faillit se rompre à force marrons avec ses chevaux chaussés ». Ses principales étapes sont : Bourg-Saint-Maurice, Conilans, La Thuille, Annecy, Alby, Ghambéry, La Tour du Pin, Moulins, Saint-Amand, Bourges, Vierzon, Romorantin et Blois où il arrive le 15 décembre. Il voit Mgr de Nemours, le Connétable, MM. de La Rochefoucault, de Marcilly, etc.. enfin « le Roi qui l'appelle à écouter certaines choses bien gracieusement ». Sans vouloir se refuser à rendre les possessions du Duc de Savoie, le Roi trouve que ce dernier lui a donné peu de contentement « puisqu'il avait fait tout ce qu'il avait pu pour favoriser l'Empereur Charles-Quint ».

Après de nombreuses audiences, le Connétable de France charge Hugues de Richard du message officiel suivant :

« Vous direz à Monsieur de Savoie que je me recommande très humblement à sa bonne grâce, et qu'il n'est point de plus certain et affectionné serviteur que je le suis. Mais, quant à l'affaire dont il m'a écrit, je ne vois à présent nul moyen de lui pouvoir faire suite, et que là où l'occasion souffrira de le pouvoir faire, l'on connaîtra toujours l'affection que j'ai de lui faire très humble accueil. »

« L'affection du Connétable trouva occasion » de se traduire en actes, au traité de Cateau-Cambrésis, 1559, où Emmanuel-Philibert, après sa brillante victoire de SaintQuentin imposa à la France de lui rendre ses Etats de Savoie.

M. l'abbé Terrier présente le compte-rendu bibliographique ci-après du tome X des « Registres du Conseil de Genève » :

La bibliothèque du Grand Séminaire vient de s'enrichir du tome X des « Registres du Conseil de Genève ». C'est un fort volume de plus de 700 pages enrichi d'abondantes notes et d'un index alphabétique occupant 80 pages sur deux colonnes. Les comptes rendus des séances du Conseil sont écrits en latin, en un latin un peu fantaisiste mais du moins bien intelligible.

Ce volume embrasse la période qui va du 5 février 1525 au 9 février 1528. Cette période est extrêmement importante pour l'histoire de Genève pour deux raisons :


XVI BULLETIN

1° Elle contient l'acte du Conseil Général de Genève ratifiant le traité d'alliance de combourgeoisie avec Berne et Fribourg, le 25 février 1526.

2° On y voit la série de difficultés qui amènent l'évêque Pierre de la Baume à quitter Genève en 1527.

C'est donc un « document » intéressant de la crise politique qui devait se doubler d'une crise religieuse et dont le terme fut l'installation de la Réforme à Genève.

I. — Coup d'oeil général. — Avant de, recueillir dans le Registre même quelques faits se rapportant à cette crise, il peut être utile de jeter un rapide coup d'oeil sur la situation politique et religieuse de Genève en 1525.

1° Au point de vue politique, plusieurs pouvoirs se superposaient ou se côtoyaient sur des frontières juridiques assez indécises :

1. La Commune, les bourgeois de la Cité. La ville possède des franchises depuis 1387 ; elles lui ont été concédées par l'évêque Adhémar Fabri. La Commune est administrée par 4 syndics et 2 conseils : le petit et le grand — le conseil ordinaire et le conseil général.

2. Le prince-évêque (ou mieux peut-être, l'Eglise de SaintPierre, évêque et chapitre). Depuis très longtemps, avant le XIe siècle la principauté temporelle était adjointe à la juridiction épiscopale. En 1525, l'évêque était Pierre de la Baume, fils du Comte de Montrevel en Bresse. Coadjuteur de son prédécesseur Jean-Louis de Savoie en 1520, il lui succéda en 1523.

3. Le duc de Savoie qui avait des droits sur le Genevois, comme héritier des Comtes de Genevois, depuis qu'Amédée VIII avait acheté le comté et le titre en 1401, de Humbert de Thoire-Vilars, successeur du dernier comte, Robert de Genève. En 1525 le duc était Charles III le Bon (1504 à 1536).

4. Les Comtes de Savoie auraient été au début de simples délégués temporaires de l'Empereur pour rendre la justice. Peu à peu ils acquirent de l'autorité au détriment de l'évêque. Jamais ils ne possédèrent d'ailleurs la ville de Genève. Quant à la Maison de Savoie, il est certain qu'elle avait depuis longtemps des vues sur Genève. Elle fournit plusieurs évêques administrateurs à l'Evèché de Genève, et cela malgré le Chapitre qui ne put pas exercer son droit d'élection. Ces evêques résistaient ensuite plus ou moins énergiquement aux empiétement des ducs, l'un d'eux, Jean de Savoie, en 1513, avait même tenté de céder sa juridiction au duc. D'autres furent plus indépendants.

2° Les partis. — Dans ces conditions deux partis devaient naître à Genève et existaient de fait.

a) Un parti antisavoyard favorable à la Suisse. Déjà en 1519, ce parti avait fait alliance avec Berne et Fribourg. De là vint à ses membres le surnom de eidgnossen, les eidgnots (jureurs).

b) Un parti savoyard, ami du duc. Les adhérents étaient les


DE L'ACADEMIE SALESIENNE XVII

mamelus. Toute l'histoire politique extérieure de Genève à cette époque est l'histoire de la lutte entre ces deux partis.

II. — Quelques faits entre 1525 et 1528. — Recueillons maintenant quelques faits concernant la crise, entre 1525 et 1528.

L'affaire Boulet (en 1525) avec ses suites. — Cette affaire de juridiction figure dans un très grand nombre de délibérations en 1525.

Boulet était du parti savoyard et était trésorier de la communauté. Il eut au Conseil une altercation avec Richardet, un eidgnot. Boulet porta le différend devant le Sénat de Chambéry qui s'en saisit. Le Conseil de Genève protesta ainsi que l'évêque et décida d'en appeler au pape.

D'où colère du duc de Savoie, dont les officiers accablent Genève de vexations. Les eidgnots qui ont réclamé l'appel au pape sont en danger à Genève : ils se réfugient à Fribourg le 15 septembre 1525.

Le rôle de ces fugitifs, qui ont à leur tête Bezançon Hugues, sera considérable dans la suite. Ils seront les agents de liaison entre Genève et la Suisse et les vrais artisans de l'alliance avec Berne et Fribourg.

Mais, en attendant, par leur fuite, à Genève le parti savoyard triomphe. L'évêque est absent, ce qui n'est pas rare. Le duc pense peut-être le moment venu de s'emparer de Genève. Il y fait son entrée. Il travaille l'opinion, se montre accueillant et accomodant et le 10 décembre 1525, il réunit le Conseil général dans le grand cloître de Saint Pierre. Le Registre énumère les assistants mais ne dit rien dé la séance. Nous savons par ailleurs que le chancelier du duc fit au nom de son prince un long discours qui détermina l'assemblée — composée de mamelus — à accepter d'enthousiasme la protection du duc de Savoie. Heureux de ce premier succès, Charles III quitta Genève le 12 décembre 1525. Ni lui, ni aucun de ses successeurs ne devait y rentrer.

La conclusion de l'alliance suisse (1526). — L'année 1526 est dominée par un fait capital de l'Histoire de Genève : le traité de combourgeoisie entre Genève et Berne-Fribourg.

Les eidgnots fugitifs, aiguillonnés par les agissements du duc harcelaient Berne et Fribourg sans relâche, pour obtenir d'elles quelques secours contre la Savoie. Ces deux villes, d'abord peu empressées à intervenir finirent par s'émouvoir et s'enhardirent jusqu'à tenter une démarche, sans résultat d'ailleurs, auprès de Charles III, en faveur des libertés genevoises. Cela donna espoir aux amis des fugitifs demeurés à Genève. L'idée de l'alliance suisse gagnait du terrain.

On le vit bien à l'occasion de l'élection des Syndics en 1540. Malgré l'évêque, qui était de retour depuis le 1er février 1526, le Conseil nomma syndic l'un des fugitifs de Fribourg, Jean Philippe. Pierre de la Baume suivant la volonté du peuple s'y rallia. Bien plus, il parait alors partisan du rattachement aux cantons Suisses, ce qui mécontenta fortement le Duc qui comp-


XVIII BULLETIN

tait sur lui. II y a en ce moment accord complet entre le peuple et le prince évêque.

Les pourparlers avec la Suisse aboutissent. Le pacte de combourgeoisie est signé à Berne le 20 février pour 25 ans. Les trois villes de Berne, Fribourg et Genève se recevaient comme alliées et combourgeoises et s'engageaint à se secourir en cas dé besoin. Voici l'article premier (Reg. p. 206) :

« En tout et partout est réservée l'autorité droite et juridiction de Monseigneur de Genève notre prince, sans préjudices aucunement des franchisés et libertés de cette ville et communauté de Genève. »

A Genève le 24 février, le Conseil Général (308 membres présents) entendit de la bouche de Bezançon Hugues le rapport sur les négociations (ce rapport est inséré au Registre). Puis le 25, le Conseil se réunit de nouveau et en présence de l'Evéque ratifia le traité. Six conseillers refusèrent leur adhésion. E'évêque sembla d'abord craindre une violation de ses droits, puis Besançon lui ayant expliqué qu'il n'en était rien « abiit ipse contenais ». (Reg. p. 208).

Enfin le 12 mars le serment de bourgeoisie est prêté solennellement par les conseillers de Genève devant les ambassadeurs de Berne et Fribourg et après que l'un de ces ambassadeurs eut parlé « eleganter et intelligibiler ».

Tout se termine par un banquet " coena et convivium » suivi d'une représentation théâtrale populaire et d'un grand feu de joie sur la place du Mollard. (Reg, 219 en note). Ce soir-là le duc Charles aurait pu voir s'en aller en fumée son rêve de domination sur Genève.

Du mois d'avril au mois d'août 1526 le Registre est muet. Paresse, négligence du secrétaire ? Peut-être !

A partir du mois d'août on y trouve l'écho des efforts du duc de Savoie pour la révocation du traité. Son grand argument était que Genève, enclavée dans ses Etats, était inapte à conclure une alliance. En de nombreuses diètes à Lucerne, Berne, Bâle, Bienne... Bezançon et ses amis défendirent énergiquement et victorieusement les droits de leur cité.

Pendant ce temps, à Genève, se poursuivait l'épuration. Les mamelus étaient épiés et dénoncés. Plusieurs durent s'enfuir en Savoie. A propos du procès de l'un d'eux Cartelier, l'évêque — alors à Saint-Claude — voulut user d'indulgence. Le peuple fut mécontent « non contentus ». Des troubles éclatèrent assez semblables à une émeute, mais s'apaisèrent rapidement.

En 1527, signalons quelques faits : L'échec des négociations de Bezançon tendant à une alliance de Genève avec le Valais ; les efforts — d'ailleurs infructueux— que fit Pierre de la Baume pour obtenir personnellement la combourgeoisie de Berne et Fribourg. A cette occasion, il se montra très aimable, très condescendant pour son peuple. Nous le trouvons à la séance du 15 juillet 1527... « promittens. per suae manus levationem velle vivere cum eisdem ut bono principi decet et se nunquam de eis velle disjungere ». Et ce fut une touchante réciprocité.


DE L'ACADÉMIE SALÉSIENNE XIX

« Et deinde ipse populus promisit pariter velle illum et ei obedire ut veris subditis et fidelibus incombit per manuum levationem ».

Cela se passait le 15 juillet. Le 2 août Pierre de la Baume quittait Genève précipitamment. Il n'y fera plus qu'une apparition en 1533.

Pourquoi cette fuite, que tous regardent comme la grande faute — politique et morale — de Pierre de la Baume ? Pierre de la Baume ne fuyait pas devant une émeute populaire, pas même devant une sourde hostilité. A ce moment précis, il n'y a aucun désaccord entre lui et son peuple. En réalité il fuit devant le duc dé Savoie. Quelques jours auparavant des archers du duc avaient failli l'enlever près de l'église de Notre Dame des Grâces (1). L'évêque, dont le courage ne fut pas certes la vertu dominante, décida de se mette en sécurité dans ses terres de Bourgogne. Il ne fit part de son projet qu'à quelques personnes entre autre au chef des eidgnots, Bezançon Hugues, qui l'accompagna.

Le duc fut très irrité de ce départ. Il se vengea en confisquant les revenus de Pierre de la Baume à Suze et à Pignerol. Et malgré ses réclamations, appuyées par le gouvernement de Genève, il ne put les recouvrer.

Les historiens font remarquer que Pierre de la Baume en abandonnant Genève à un moment où à côté de la crise politique s'annonçait une terrible crise religieuse, a livré la cité qu'il aurait dû défendre aux entreprises des prédicants de la Réforme.

Si c'est là une défaillance coupable, les agissements des ducs de Savoie eurent une part bien plus grande dans la ruine du catholicisme à Genève.

« Une étrange prédestination, a écrit M. G. Goyau, entremêle de temps à autre l'histoire des souverains de Savoie et celle du Christianisme romain. Ils firent peut-être moins de mal à l'Eglise en lui enlevant au XIXe siècle le sol de Rome qu'en l'acculant à perdre au XVIe siècle l'âme de Genève. » Voilà le verdict d'un historien sinon de l'Histoire. En tout cas l'attentat de la maison de Savoie contre le sol de Rome est maintenant réparé — sa politique à l'égard de Genève n'a pas encore cessé de produire des fruits amers.

(1) L'évêque fit arrêter les chanoines de Saint Pierre, qu'il crut impliqués dans le complot (ils étaient mamelus). Puis les fit relâcher faute de preuves. Mais la plupart — tous sauf 6 ou 7 — s'enfuirent et se réfugièrent à Annecy.


XX BULLETIN

Séance du 8 octobre 1929

Présidence de M. le Chanoine GAVARD.

Etaient présents : MM. Benoit, Chavanne, Chiariglione, Coutin, Gavard, Moccand, Mugnier, L. Pfister et Terrier.

Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et adopté.

En ouvrant la séance, M. le Président fait aussitôt réciter un « De Profundis » pour le repos de l'âme de M. le chanoine Joseph Morand, vicaire général, prévôt du Chapitre de la Cathédrale, trésorier de l'Académie Salésienne depuis une quarantaine d'années, décédé la veille, âgé de soixante-dix ans. M. Gavard redit l'attachement de M. Morand à notre Académie qui perd en lui l'un de ses membres très dévoués et des plus distingués. Le regretté défunt était docteur en théologie et en philosophie, docteur à l'Académie de Saint Thomas et licencié en droit canonique.

M. le Président rappelle aussi le souvenir de quatre autres membres décédés durant la période des vacances : M. Maurice Sautier—Thyrion, de Veyrier-du-Lac; M. le chanoine Claude Trosset, curé de Fessy-Lully, M. Jules Barut, industriel à Annecy, et M. le chanoine Henri Frizon, de Moûtiers. Le premier, M. Sautier-Thyrion, vétéran officier de mobiles de la guerre de 1870, aussi longtemps qu'il le put très assidu à nos séances, écrivit plusieurs brochures relatives au coeur de Saint François de Sales ; c'est une belle figure qui disparaît. M. le chanoine Trosset était l'auteur d'une étude très intéressante sur sa paroisse de Fessy-LuIIy ; cet ouvrage fut couronné par l'Académie de Savoie. M. le chanoine Frizon, depuis la Tarentaise, témoignait à notre oeuvre sa plus vive sympathie. M. Jules Barut, enfin, s'était acquis, par son travail, une situation des plus importantes dans les affaires ; on connaît son généreux dévouement à toutes nos oeuvres catholiques et à notre Académie dont sa fille, Mlle Thérèse Barut, est membre honoraire.


DE L ACADEMIE SALESIENNE XXI

Aux familles de tous ces défunts, M. Gavard exprime les condoléances de l'Académie Salésienne.

Il présente les divers ouvrages et publications reçus, dont notamment : « Voyage autour de la paroisse de Saint-Laurent, à Paris », ouvrage renfermant des détails curieux et très vivants, offert par son auteur, M. l'abbé Dufournet, vicaire à Paris ; le Rapport des Archives départementales de la Haute-Savoie, exercice 1928, par M. Avezou, archiviste, travail renfermant de précieux renseignements. Remerciements aux donateurs. A signaler dans la revue « Le Bugey », nouvellement parue, un intéressant article sur les limites de l'ancien diocèse de Belley.

M. Gavard fait part aussi des dons pour nos archives, par Mme Trépier de Coucy, d'Annecy, de nombreux diplômes de décorations accordées à divers membres de sa famille ; et par M. le chanoine Ernest Pernoud, comme provenant du regretté M. Bunaz, un manuscrit du chanoine Vaullet dans lequel ce dernier parle de la construction des bâtiments de l'hôpital d'Annecy et de ses travaux durant les 50 ans qu'il en fut directeur et aumônier.

Tout récemment notre Président, M. le chanoine Gavard, a été nommé membre d'honneur de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Maurienne ; des félicitations lui sont exprimées, et à son tour l'Académie Salésienne est heureuse d'élire parmi ses membres d'honneur M. le chanoine Gros, Président de cette Société.

Le titre de membre d'honneur de la Salésienne est aussi décerné à notre compatriote M. Léandre Vaillat, écrivain à Paris. M. l'abbé Duval, docteur en théologie, vicaire à Saint-Gervais est nommé membre agrégé.

M. l'abbé Coutin donne lecture d'une lettre du Duc de Savoie Charles III, écrite en octobre 1550, rédigée par son secrétaire Hugues de Richard de Montpon d'Alby, et adressée à Henri II, roi de France, afin de négocier la restitution de ses Etats et le mariage d'Emmanuel Philibert, son fils, avec Marguerite, soeur de Henri II, et fille de François Ier.

Au moment où le pacifisme est présenté au monde comme un grand progrès des temps modernes, il est intéressant, écrit


XXII BULLETIN

M. Coutin, de voir que le Duc de Savoie, en 1550, mettait en pratique la théorie de la Société des Nations.

En 1536, Genève et une partie de la Savoie sont envahis parles Bernois ; les Français, de leur côté s'emparent de Chambéry, de la Maurienne, du Piémont jusqu'aux portes de Verceil. Cette invasion devait durer jusqu'à la bataille de Saint-Quentin (1557), et cependant, Charles III n'avait ni traité avec le Roi de France, ni abdiqué. A plusieurs reprises, il essaiera de recouvrer ses Etats par la voie du pacifisme. Voici la lettre qu'il, adressa à Henri II en automne 1550 ; son Secrétaire a eu l'heureuse idée d'en conserver le double dans ses archives de Montpon où il a été découvert :

« Sire, « Jai reçu celle qu'il vous a plû m'écrire le 17 de ce mois et entendu les propos tenus par M. dé Bussat, touchant le mariage d'entre Madame Marguerite de France et mon fils, lequel par mon Secrétaire Hugues de Richard de Montpon m'a fait entendre les dernières nouvelles que les Ministres de V. M. lui ont dit avoir eues avec Monsieur de Bussat et autres ambassadeurs du Roy très chrétien. Et ne saurais assez humblement remercier V. M. de la bonne volonté et affection qui lui plaît démontrer envers moi et mon fils. Je connais bien, comme dit V. M. la grandeur dé ce parti et combien il conviendrait à mon fils, pourvu que ce fût avec la restitution de mes Etats. Mais, somme l'a déclaré M. de Bussat, le Roy voulait retenir mon Etat de Piémont, étant mon héritage et la meilleure partie de mon bien, je ne puis croire (puisque V. M. démontre tant cordiale et bonne affection à mon fils, veuillant lui faire tant d'honneur que de lui donner en mariage Madame sa soeur) elle voulût retenir mon propre bien, et faire tel démembration et abaissement de la Maison de Savoie, si ancienne, comme tout le monde sait, et que, par la grâce de Dieu, a été conquis en entier par tous mes prédécesseurs, si longuement et si hautement apparentés, et même singulièrement avec la Maison de France, dont mon fils est très humble parent du Sire Roy. Et si chose serait plus radieuse à la dite Dame et aux enfants que l'on doit espérer procéder dudit mariage, j'espère que ledit S. Roy, par la grande vertu, bonté et bénignité, me remettra en mon héritage et mêmement faisant ledit mariage sera un bien pour sa dite soeur et ses enfants, et me mettra sur la fin de la vie, à repos de tant dé travaux, pour les dommages que j'ai reçus de l'occupation de mes Etats. Autrement, je ne puis voir que la dite Dame et aultres qui soient à venir, fût bien et honorablement colloquéé, comme me mettre ni moi au repos de mon honneur et devoir que je dois à ma Maison et successeurs, quelques récompenses que l'on pût me donner par ailleurs...»

Le Secrétaire, Louis PFISTER.


DE L'ACADÉMIE SALÉSIENNE XXIII

II.

SOCIETES SAVANTES

QUI ÉCHANGENT LEURS PUBLICATIONS AVEC L'ACADÉMIE SALÉSIENNE

ANNECY. — Académie Florimontane.

AOSTE. — Société Académique du duché d'Aoste.

BELLEY. — Le Bugey, Société scientifique, historique,

littéraire. BOURG. — Société d'Emulation de l'Ain.

— Société Gorini.

BRUXELLES. — Société des Bollandistes : Analecta Bollandiana.

CHAMBÉRY. — Académie de Savoie.

— Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie.

d'Archéologie.

FRIBOURG. — Annales de Fribourg.

GENÈVE. — Société d'Histoire et d'Archéologie.

— Institut Genevois. GRENOBLE. — Académie Delphinale..

LAUSANNE. — Société d'Histoire de la Suisse Romande. MOUTIERS. — Société d'Histoire de la Val d'Isère. ROME. — Bibliothèque Vaticane. SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE. — Société d'Histoire de SaintJean-de-Maurienne.

SaintJean-de-Maurienne. — Bibliothèque de l'Abbaye. THONON. — Académie Chablaisienne. TURIN. — Regia deputazione di Storia patria.


XXIV BULLETIN

III.

PERSONNEL DE L'ACADEMIE

Membres décédés

MM. Bunaz Joseph, chanoine titulaire, Annecy.

Chevalier Jean, chanoine honoraire, retiré à La Roche. Morand Joseph, Vicaire Général, Prévôt du. Chapitre. Sautier-Thyrion Maurice, Veyrier-du-Lac. Trosset Claude-François, chanoine honoraire, curé de

Fessy-LuIIy. Barut Jules, ingénieur, industriel, Annecy. Frizon Henri, chanoine de la cathédrale de Moûtiers. Gantelet L., chef de bur. à la Société Générale, Annecy. Hudry Auguste-Philibert, curé de Monnetier-Mornex. Jeantet François, missionnaire, Veyrier-du-Lac. Rosay Jean, notaire, Annecy.

Membres vivants.

Composition du Bureau :

MM. A. GAVARD, président ;

Joseph PERNOUD, vice-président. ; François CHIARIGLIONE, trésorier ; Louis PFISTER, secrétaire. Eugène BENOIT, bibliothécaire.

Conseil d'Administration

2e série, renouvelable en 1931

MM. D. Duret. A. Gavard. J.-B. Lévitte. P. Péguet. L. Pfister.

3e série,

renouvelable en 1934.

MM. F. Chiariglione. V. Corbet. L. Fuzier. F. Mugnier. E. Pernoud.


DE L'ACADÉMIE SALÉSIENNE XXV

1re série, renouvelable en 1937. MM. J. Pernoud. A. Fontaine. L. Terrier. .

Membres d'honneur.

S. G. Mgr du Bois de la Villerabel, évêque d'Annecy, président d'honneur.

MM. Henry Bordeaux, membre de l'Académie Française, Chevalier de la Légion d'honneur. Eugène Courtois d'Arcollières, secrétaire perpétuel de l'Académie de Savoie.

S. G. Mgr Cusin, évêque de Mende.

S. G. Mgr Harscouët, évêque de Chartres.

Marquis de Lannoy de Bissy, président de l'Union des Syndicats d'Initiative de Savoie.

Chanoine A. Gros, Président de la Société d'Histoire de Saint-Jean-de-Maurienne.

Léandre Vaillat, homme de lettres, 51, avenue de Suffren, Paris 7e.

Membres effectifs.

MM. Alexis (Rme P. Dom), Abbé de la Trappe de Tamié. Belleville Alphonse, archiprêtre-curé de Viry. Benoît Eugène, prof, au Grand-Séminaire d'Annecy. Bouvier Pierre, curé de Cran-Gevrier. Brasier Antoine, curé de Saint-Ferréol. Chaperon Alexis, curé retraité, à Thonon. Cattin Benoît, notaire, à Annecy.

Chaumontet Eugène, ch. h., arch. de N.-D. d'Annecy. Chaumontet. Jean, ch. hon., archipr.-curé de Thonon. Chiariglione François-Emile, admin. de La Croix. Colloud Joseph, curé, St-Pierre-de-Rumilly. Corbet Venance, directeur de La Croix, Annecy. Crolard Albert, ancien député de la Haute-Savoie. Cuttaz François, Supérieur du Grand-Sémin., ch. hon. Coutin Fr., curé-archiprêtre d'Alby. ■Descombes Henri, archipr.-curé de Menthonnex-en-B.


XXVI BULLETIN

Dunoyer Norbert, à Juvigny.

Duret Désiré, ch tit., aumôn. des Hospices, Annecy.

Favrat Alphonse, Sup. des Mission, de St-François.

Flamary Antoine, entomologiste, au Pont-Neuf, Annecy .

Fontaine Antoine, architecte, Annecy.

Fuzier Louis, chan. titulaire, chancelier de l'Evêché.

Gavard Adrien, ch. h. (25, av. du Parmelan), Annecy.

Jacquier André, ch. hon., arehipr.-curé de St-Julien.

Jay Emile (Mgr), chan. hon., curé-plébain d'Evian.

Lévitte J.-B., professeur honoraire, Annecy.

Menthon (Comte Henri de), ancien député de la Haute-Saône.

Michel Amédée, ancien conseiller général, à Thônes.

Moccand Alphonse, curé de Doussard.

Mogenet Joseph, chan. titul. Vicaire Général, Annecy.

Mouthon Joseph-Oscar, ancien curé, à Burdignin.

Mugnier Francis, ch. hon., prof, au Grand-Sémin.

Péguet Pierre, chanoine titulaire.

Pellarin, géomètre, à Cruseilles.

Pernoud Ernest, ch. h., aum. du Pens. Jeanne d'Arc.

Pernoud Joseph, Prévôt du Ch., Vicaire Général.

Pernoud Louis-Emile, curé de Bossey.

Pfister Louis, organiste de la Cathédrale, Annecy.

Piccard Louis (Mgr), prés, de I'Ac. Chabl., à Thonon.

Pochat-Baron For., ch. hon. Sup. du Col. de Thônes.

Ritz François, caissier à la Caisse d'Epargne, Annecy.

Rognard Louis, chan. hon., vice-chanc. de l'Evêché.

Roupioz Cl.-Ignace, ch. hon., arch.-curé de Vaulx.

Roussy de Sales (le comte François de), à Thorens.

Saint-Clair (Mgr) André, chanoine titulaire, Annecy.

Tapponnier Paul, ancien député de la Haute-Savoie.

Terrier Léon, professeur au Grand-Séminaire.

Trincat André, chanoine titulaire, Annecy.

Viry (le Comte Pierre de), à Viry.

Membres agrégés.

MM. Abry J., imprimeur, à Annecy.

Albert Nestor, notaire, à Thonon.


DE L'ACADÉMIE SALÉSIENNE . XXVII

Amoudruz François, curé de Lucinges. MM. Aussedat Joseph, directeur des Papeteries de Cran. Aussedat Louis, direc. de la Cie des Forces du Fier. Barre Eugène, à Annecy. Bastian Louis, à Menthonnex-sous-Clermont. Baud Jean, agriculteur à Pelly, Desingy. Baudin Pierre, aumônier des Soeurs de La Roche. Berger François, vicaire à Marignier. Berthet Angelin, archiprêtre-curé de Thorens. Besson Jean, curé de Scientrier.

Bibollet Auguste, aux Missions. Etrangères de Paris. Bibollet Alexis, curé de Marlens. Bibollet Jean, ancien curé de Mésigny. Bibollet Pierre, curé de Leschaux. Birraux André, chan. titul., choriste de la Cathédrale. Birraux Emile, curé des Gets.

Blanc M.-Jean, ch. hon., curé-arch., Grand-Bornand. Blanchard Louis, architecte, à Annecy. Bonnaz Irénée, professeur à Thonon. Bosson Jean-Louis, curé de St-André-sur-Boëge. Bosson Joseph, curé de Combloux. Bouchet Claudius, négociant, à Annecy. Bouloz Jean-Louis, curé de Mégevette. Boyer Alfred, curé de Scionzier. Boymond Camille, curé de Chavanod. Boymond Ernest, chan. hon., curé de Cranves-Sales. Brand Charles, à Neydens. Brison Célestin, curé de Vacheresse. Brunet Louis, notaire à Annecy. Buffet Léon, missionnaire de St François de Sales. Burnet Marc, notaire, à Flumet. Burtin Victor, curé de Morillon. Cadoux François, ch. hon., curé-arch. de Bonneville. Carrier Edouard, curé-archiprêtre de Seyssel. Carton Emile, chan. hon. archipr.-curé de Taninges. Caux François, curé de Thairy. Chabord Raymond, vicaire à Annemasse. Chaffarod Henri, curé d'Evires. Chappaz François, professeur à Thonon.


XXVIII BULLETIN

Chappaz Joseph, professeur à Thônes.

Chapuis Pierre, curé de La Balme-de-Thuy.

Chardon Angel, curé à Paris.

Chardon Emile, curé de Nâves.

Charlet Félix, curé de Montagny.

Chavanne Joseph, prof, au Grand-Séminaire, Annecy.

Chométy François, curé de La Combe,

Clair, chef de bataillon en retraite, Annecy.

Clavel A., chan. hon., chargé d'oeuvres à Annecy.

Clerc Frédéric, curé de Marnaz.

Compois Célestin, ch. hon., arch.-curé de Dingy-St-Cl.

Coppier Claudius, curé à Tunis.

Costa de Beauregard (Mgr), vic. général à Chambéry.

Cruz Alexandre, curé de Cuvat.

Dauprat J.-B., dir. du Comptoir d'Escompte d'Annecy.

Daviet André, curé, Le Biot.

Déjond Jean, libraire à Annecy.

Dépoisier Charles, curé de Praz-s-Arly.

Dérobert Eugène, arch.-curé de Menthonnex-s-Clerm.

Derrippe Joseph-M., curé de Seythenex.

Derrippe Henri, chan. hon., à Chabloux, St-Julien.

Desfresnes Louis, curé des Allinges.

Desgranges Eugène, vicaire à Saint-Jeoire.

Desgeorges Francis, ancien négociant à Annecy.

Domenjoud Roger, architecte a Annecy.

Druz Gustave-Ph., professeur, La Roche.

Dubois André, curé de Talloires.

Ducret J.-CI. (l'abbé), à Féternes.

Ducroz J.-M., curé de Saint-Eustache,

Dufournet Antoine, vicaire à Paris.

Dumont Joseph, curé de St-Jean-de-Sixt.

Dunoyer Alfred, curé de Veyrier-du-Lac.

Dunoyer Pierre-François, curé du Mont-Saxonnex.

Dunoyer Joseph, négociant à Annecy.

Dunoyer Jean, négociant à Annecy.

Duperrier J.-M.-F., curé de Viuz-Faverges.

Duval -Léon, vicaire à Saint-Gervais-les-Bains.

Eminet César, curé de Duingt.

Excoffier Auguste, curé de Poisy.


DE L' ACADEMIE SALESIENNE XXIX

MM; Favre Joseph-André, curé de Vovray. Folliet M.-Amédée, vicaire à St-Maurice. Folliguet François, curé de Marcellaz-Faucigny. Fontaine-Béné Alexandre, curé d'Yvoire. Fort Pierre, photographe à Annecy. Fournier Claudius, curé de Vers. Fournier J.-François, curé de St-Jean de Tholome. Fromaget Gilbert, curé de Chessenaz. Gaillard Fr., huissier à Reignier. Gaillard J.-M., écon. au Petit-Séminaire de Thonon. Garin Joseph, du clergé de Paris. Gassilloud Lucien, professeur à La Roche. Gaudillière, négociant à Annecy. Gavard Alphonse, curé à Choisy. Genevois J., docteur-pharmacien à Annecy. Genoud Jean, chan. hon., curé-archipr. de Frangy. Goyet Lucien, aumônier au Lycée Berthollet, Annecy. Grange Léon, curé de Menthon-St-Bernard. Greffier Maurice, étudiant, Lyon. Gros-Gaudenier F.-M., curé de La Tour. Gruffaz J.-Louis, curé d'Epagny. Gurgo Joseph, entrepreneur à Annecy. Gurgo M., à Annecy. Guy Lucien, à Bonneville. Hautecombe (Rme P. Abbé d')

Henry Victor, chan. hon., curé archipr. de Faverges. - Izoard René, industriel à Anecy. Jacquard Jean-Marie, curé de St-Sigismond. Jacquet Hermann, ch. hon., économe du Grand-Séminaire, Annecy. Jacquier J.-M., ch. hon. curé-archipr. de Bellevaux. Jacquier Joseph, aum. du prévento. d'Etrembières. Jay Auguste, curé de Villaz. Joly Jean-Marie, curé de Pringy. Jordan Michel, curé d'Alex. Josserand Aimé, curé de La Giettaz. Lafrasse Victor-Amédée, curé de Mûres. Lalanne Léon, directeur des Forges de Cran. Lamouille J.-F,-X curé de Seytroux.


XXX BULLETIN

MM. Laperrousaz Jean, ch. hon., curé-arch. de Cruseilles.

Laperrousaz Julien, aumônier du Lycée de Thonon.

Lavorel Francois-M., curé d'Aviernoz.

Lavorel Jean, curé de Desingy.

Laydernier René, à la Banque Commerciale d'Annecy.

Longeray Claudius, curé de Cohennoz.

Lyonnaz-Perroud Jean, curé d'Arenthon.

Maistre Alphonse, curé de La Baume.

Maistre François, curé-archiprêtre de Megève.

Maistre Jean-Claude, curé de Mieussy.

Martin Paul, curé de Moye.

Mermaz Charles, curé de Montmin.

Métral Adrien, curé d'Annecy-le-Vieux.

Millet François, Faverges.

Mirigay Léon, clerc de notaire à Bonneville.

Missionnaires du Levant (R. P.), à Annecy.

Mollier Jh, prof, au Petit-Séminaire de Thonon..

Morand Joseph, curé de Minzier.

Morel F.-L., supérieur de Concise, à Thonon. Moret Maurice, notaire à Annecy.

Mossuz Joseph, curé-archiprêtre de Bons.

Mouthon, docteur, à Faverges.

Murgier Jean, notaire à Alby-sur-Chéran.

Noyer de Lescheraine (baron Tancrède du), Annecy.

Orsat François, chan. hon., curé de St-Jeoire.

Orsier Félix, curé de Neydens.

Paccard Joseph, fondeur de cloches, Annecy.

Paccard Louis, fondeur de cloches, Annecy-le-Vieux.

Patuel François (l'abbé), à Viuz-Faverges.

Patuel Pierre-Alphonse, chan. hon., curé de Sales.

Paturle Camille, industriel à St-Laurent-du-Pont.

Périllat J.-François, curé de Magland.

Périllat J.-L., chanoine titulaire, aumôn. St-Joseph.

Périllat Pierre-Joseph, curé de La Chapelle-Rambaud.

Pernoud Luc, ch. hon., Sup. du Pet.-Sém. de Thonon.

Perret Pierre, archiprêtre-curé d'Ugine.

Perret Louis, à la Banque Laydernier, Annecy.

Perrier Marcel (l'abbé), prof, au Collège de La Roche.

Pettex François, curé de Balmont.


DE L'ACADEMIE SALESIENNE XXXI

MM. Pfister Hubert, agent général d'assurances, Annecy. Pissard Jacques, curé de Morzine. Pittet Lucien, curé de Groisy. Pluot Sostène (l'abbé), villa Chantal, Annecy. Pollier Fr., curé d'Entrevernes. Quincy (de Ville de) P., curé de St-Cergues. Rennard Joseph, curé du Robert, Martinique. Reppellin, directeur de la Société Générale, Annecy. Revel Alfred, ingénieur des Arts et Manuf., Annecy. Revil Jean, licencié en droit, Annecy. Rey Ulric, curé de Fessy-Lully. Rhuin Louis, chan. hon., curé de Chamonix. Richard, curé de Marin. Robert Joseph, curé de Peillonnex. Rochet Fr., curé d'Usinens. Rosay André, notaire à Annecy. Rosset Pierre-François, curé de Feigères. Roupioz Alfred, négociant, à Annecy. Roupioz Auguste, vicaire à Vaulx. Roupioz Francis, négociant à Annecy. Roux J.-A., professeur à Chambéry. Rulland M., chan. hon., curé archip. de St-Maurice,

Annecy. Rulland Georges, curé-plébain de Thônes. Schemid Charles, curé-plébain de Cluses. Simond Albert, aumônier de la Visitation, Annecy. Talon François, missionaire de N.-D. de Myans. Taponnier Jean, curé de Lovagny. Termier (S. G. Mgr), évêque de Tarentaise. Thabuis Léon, curé de Vieugy.

Thereret J.-M. (l'abbé), prof, au Collège de Thônes. Thibaulot Pierre-Jean (l'abbé), professeur. Tissot Albert, missionaire à Proupeine, Annecy. Tornafol Joseph, négociant, à Annecy. Trettet, ingénieur, à Ugine. Truffy, directeur du Réveil Social, à Annecy. Vanel Fr., chan. hon., aumôn. des Clarisses, Evian. Vanel P.-Joseph, chan. hon., curé-arch. d'Abondance. Veyrat-Charvillon Joseph, curé d'Eteaux.


XXXII BULLETIN

MM. Veyrat-Durebex J.-François, cûré-archip. de Bonne. Vicquery Joseph, chan. hon., curé-archip. de Boëge. Vittoz Alphonse, curé de Ville-en-Sallaz. Vidonne Alphonse, chan., hon., curé de Lugrin, Volland Louis, notaire à Annecy. Vuarnet Maurice, vicaire à Sallanches. Vuichard Ignace, vicaire à N.-D. d'Annecy. Vulliez Adolphe, vicaire à St-Maurice d'Annecy.

Membres Honoraires

Mme Bachet L., à Annecy. Mlle Barut Thérèse, Annecy. Mme Benand-Berthet, Musée Savoyard, Evian. Bibliothèque Salésienne, Annecy. Mme Brouard, à Thônes. Mlle Chatron M., à Chambéry. Mlle Crolard Jeanne, à Annecy. Mlle Crozet-Mouchet, Annecy. Mme Domenjoud, Annecy. Mme Favre, Annecy. Mlle Grivaz, Annecy. Mme Laeuffer Eugène, Annecy. Mme Lamy Léon, Chevêne-Annecy . Mme Lang R., Annecy. Mlle Mathieu Jeanne, Annecy. Mme Mathieu Eugène, Annecy. Pensionnat « Les Tilleuls », Annecy. Mme Ruphy Fernand, Annecy-le-Vieux. Rév. Soeurs de l'Immaculée-Conception, Annecy. Rév. Soeurs de St-Joseph,. Annecy. Rév. Soeurs de la Visitation, Annecy.




ABBÉ F. COUTIN

CURE D'ALBY.

HISTOIRE D'ALLEVES

MANDEMENT D'ALBY-EN-GENEVOIS

LA PAROISSE

LA COMMUNE LES FAMILLES



PREFACE

Caché, comme un bouquet de cyclamens à l'ombre de ses hêtres séculaires, l'humble village d'Allèves méritait d'avoir sa monographie.

Un poète, tel Virgile, y rencontrera encore, aux beaux soirs d'automne, ces troupeaux de chèvres dont le lait savoureux, mêlé aux douces châtaignes, sert de nourriture à cette race solide de vaillants terriens.

Le littérateur relira avec profit la prose fleurie dont Révérend Martin, curé de 1835 à 1851, a alimenté la presse locale, sous le pseudonyme de « L'Ermite de Bauges ». Les musiciens ne dédaigneront pas d'entendre chanter au lutrin les messes à plusieurs voix qu'il composa pour sa modeste chorale paroissiale.

Le géologue restera en admiration devant ces trois monolithes calcaires qui portent le nom de « Tour Saint Jacques » et s'élèvent comme des géants, sentinelles vigilantes placées par la nature, au-dessus du village d'Aiguebelette. Il entrera avec respect dans ces profondes grottes de Banges, remplies de mystères, où la pioche du chercheur retrouve des restes nombreux de la civilisation romaine. Rd Pachon, curé de 1852 à 1880, a publié ses recherches dans un ouvrage « Origine des Continents ».

L'historien relira avec intérêt le passé glorieux dé cette seigneurie du Cengle qui avait élevé un château fort, dans les rochers de Martinod, pour barrer la route aux invasions successives du moyen-âge. Il assistera au développement de cette communauté qui ne comptait qu'une douzaine de feux en 1600 et arrive aujourd'hui au chiffre respectable de 80.


4 HISTOIRE D' ALLEVES

L'ascète lui-même trouvera un glorieux précurseur dans la personne de ce gentilhomme, Guillaume d'Orlier, qui dit adieu à la vie du monde pour mener la vie érémitique, dans les rochers du Cengle.

Le lecteur de ces pages, comme les touristes toujours plus nombreux en Savoie, trouveront en tête du présent volume une carte détaillée des routes importantes qui relient Allèves au inonde extérieur et des multiples sentiers qui le conduiront sur les hauteurs du Semnoz, si bien dénommé le « Righi de la Savoie ». Ce travail de cartographie est dû au talent et à l'amabilité du Président des Syndicats d'Initiative de la Savoie et Membre d'Honneur de notre Académie, M. le Marquis de Bissy, que je remercie cordialement.

A mes anciens paroissiens d'Allèves, je dédie ce volume, comme témoignage de reconnaissance, pour les trois bonnes années, passées au milieu d'eux.


PREMIÈRE. PARTIE PAROISSE D'ALLEVES

CHAPITRE I

Origines. — L'Abbaye de Saint-Jacques.

Charges et Revenus. — Fondations. — Missions.

Confréries.

ORIGINES. — Suivant la tradition, l'ancienne chapelle St Philippe et St Jacques fut le siège d'un Prieuré fondé par les Templiers, ordre militaire et religieux fondé en 1118. Après la disparition de cet Ordre en 1312, ce prieuré aurait passé aux chevaliers de St Jean de Jérusalem qui en inféodèrent les revenus au curé d'Allèves. En 1715, Rd Perréard, curé d'Allèves, écrit dans les R. P. n° 2 « qu'on n'a point de preuves de cela et que ce n'est qu'un Bruit commun. Il n'y a même aucune conjecture sur lesquelles on puisse l'assurer. La plus forte est qu'il y a vers St Jacques un endroit appelé « L'Abbaye » où l'on trouve des masures de murailles faites avec du mortier. Mais de cela, on ne saurait inférer qu'il y ait eu un couvent. Mais si le dit bruit commun est véritable, il est certain qu'il y a plus de 300 ans que les curés qui ont succédé aux droits des dits religieux du moins curiaux, n'aient été aussi depuis leur sortie les maîtres de ces terres. »

On peut faire une hypothèse beaucoup plus simple et basée sur un cas de similitude avec Talloires qui envoya


6 HISTOIRE D'ALLEVES

ses moines défricher peu à peu les côteaux de St-Germain, puis le vallon de Montmin. Alby est une bourgade très ancienne, centre auquel fut toujours attaché Allèves. Il y avait à Alby une abbaye de Bénédictins qui aurait envoyé quelques moines défricher la ferme St Jacques, premier jalon planté dans cette gorge sauvage et boisée qui communiquait avec les Bauges, Ils y bâtirent une chapelle (1), véritable église paroissiale pour cette époque, aussi longue, mais un peu moins large que l'église actuelle de St Maurice d'AIby. Les maîtres maçons assermentés qui firent un devis estimatif des réparations à cette chapelle, nous disent que les murs en sont « très anciens et mal construits ». Les maîtres charpentiers jugent qu'il est néesesaire de changer la fête « laquelle a 52 pieds de long (soit 17 mètres 30 cent.) et deux sommiers de 20 pieds (soit 6 m. 60 pour la largeur) » (2).

Si la Révolution a décapité le clocher et changé la chapelle en maison d'habitation, les murs extérieurs restent lés mêmes. La surface intérieure est de 15 m. X 5 m. = 75 mètres.

On a divisé l'intérieur en trois parties à peu près égales. Le choeur a conservé sa voûte ancienne et forme une cave au rez-de-chaussée ; celle-ci est séparée par un plancher du petit grenier du premier étage où sont conservés avec soin les deux statues en bois du XVe siècle : les Saints Phlilippe et Jacques. La nef a été divisée en deux parties égales par un mur mitoyen dans lequel on a établi une cheminée. La pièce située à l'entrée sert de salle à manger et la deuxième de cuisine. On a eu soin de conserver le vieux bénitier en pierre, encastré à moitié dans le mur.

Lorsque les moines eurent défriché les bords du Chéran, dans la direction de Bange, ils trouvèrent là une terre plus fertile et créèrent une route pour relier Alby aux Bauges. Sur le bord de celle-ci, s'édifia le petit village d'Alleves qui devint bientôt le centre de la paroisse. Lors(1)

Lors(1) Saint-Donat d'AIby avait une chapelle Saint-Philippe et Saint-Jacques.

(2) Tab. Alby, 1767, 55, et 1768, 122.


LA PAROISSE 7

que les moines abandonnèrent la région pour laisser la place à un curé, vers 1200 ou 1300, la ferme St Jacques et une autre ferme située dans le village d'Allèves devinrent biens d'église, destinés à l'entretien du recteur et de son église.

Nous savons par le procès-verbal de la visite pastorale de 1411 (3) que la paroisse d'Allèves était régulièrement constituée à cette date, telle qu'elle est restée jusqu'à la Révolution. Il faut noter cette seule différence , c'est que l'église paroissiale était sous le patronage de la Présentation de la Sainte Vierge ; elle choisit son patron actuel : Saint Blaise, vers l'an 1500 environ, tout en gardant une dévotion très grande à la chapelle de St Jacques où l'on se rendait en procession le jour des Saints Philippe et Jacques. Bien que cette chapelle ait disparu, les gens d'Allèves célèbrent encore aujourd'hui la Saint Jacques avec la même solennité que la Saint Blaise : ce qui donne une certaine valeur à l'hypothèse énoncée (4).

La paroisse d'Allèves a fait partie du IIe Décanat avant la Révolution, de la XXIIe Mission pendant la Révolution et du 29e Archiprêtré. Au point de vue bénéfice, elle a appartenu tantôt à la IIe tantôt à la IIIe classe. Le Commandeur du Genevois avait droit de présentation du Curé.

CHARGES DU SERVICE RELIGIEUX D'APRÈS LES DIFFÉRENTES VISITES PASTORALES.

1° Dimanches et Fêtes : Grand'messe, pourvu qu'il y ait chantre au lutrin (1581).

2° Lundi :. Messe basse de la boîte des âmes.

3° Octave de la Fête-Dieu : Messe, Complies et Bénédiction du St Sacrement.

4° D'une Ste Croix à l'autre (3 mai 14 sept.) : Lecture de la Passion, procession, bénédiction du temps les jours où le curé doit célébrer.

(3) D'après un procès-verbal inscrit et signé dans les R. P. de 1705, les frais des visites pastorales étaient toujours à la charge des paroissiens.

(4) Tous les biens rière Saint-Jacques sont de l'ancien bien de la cure, excepté le pré de Montrosset, autrement dit Montdurand, lequel fut acquis par Rd Biset, curé de 1677 à 1683. (R. P. de 1715.)


8 HISTOIRE D' ALLEVES

5° Dimanches de Carême : Les Vêpres seront obligatoires (1581) et les samedis, on célébrera toujours une messe basse (1608).

6° Le Catéchisme doit être fait chaque dimanche par interrogation (1769) et Monseigneur exhorte le curé à dire les Vêpres ou faire un autre exercice religieux chaque dimanche.

REVENU FIXE ASSURANT LE SERVICE RELIGIEUX, D'APRÈS LE CADASTRE DE 1732. — N° 225 : pré au Venéty ; 374 : pré au Péry ; 401 : pré au Platet ; 436 : champ aux Combes ; 450 : grenier ; 581 : champ à Lachat ; 670 : Verger du Bécu ; 6171 : grange au village; 673: maison et cour ; 674 : jardin au village ; 726 : pré à la Fontaine ; 728 : champ outre le Mollard ; 775 : champ au Chénet ; 787 : autre champ au Chesnet ; 935 : champ à la Côte du Péry ; 961 : broussailles; 672: Eglise paroissiale ; 105 : champ au Var ; 1067 : autre champ au Var ; 1077 : champ à la Côte du Péry ; 1235 : pré de St Jacques : 1236 : pâturage ; 1237 : chapelle St Jacques ; 1238 : champ ; 1239 : maison, grange et cour ; 1240 : jardin ; 1241 : champ ; 1242 : pré ; 1243 : champ ; 1244 : grenier ; 1245 : pré ; 1246 : grange ; 1247 : grenier ; 1248 : pâturage ; 1254 : pré au bas de la Joux ; 1231-32 : broussailles et champ au Boule.

La surface totale en mesure de Savoie est de 269 journaux, 167 toises, 3 pieds. L'estimation suivant contenance est de 683 livres et le revenu net de 311 livres.

Dîmes. -Le curé perçoit les dîmes de toutes espèces : blés, grains, légumes secs, sauf pesettes et lentilles à la cote de 1/18 à 1/20. Plus, il perçoit les dîmes du chanvre à la même cote, et quand la pesette est mêlée d'orge et d'avoine, il en perçoit la dîme à la cote de 1/38. Le curé est tenu d'entretenir les cordes des cloches avec la dîme du chanvre (1608).

La totalité des dîmes revenait à 20 coupes de froment, 10 d'avoine et de fèves en 1581 ou à 50 coupes dont 2/3 froment et 1/3 seigle, fèves, avoine en 1640.


LA PAROISSE 9

PERCEPTION DE LA DIME ET DES REVENUS D'ALLÈVES EN 1768. — Après la mort de Rd Veyrat, curé, l'inventaire dressé par l'Archiprêtre relate :

1° « VERGAIN Claude, granger à St Jacques a déclaré avoir versé au 23 février : 4 coupes de froment et en avoir ensemencé 9 ; 5 de fèves et 3 à semer ; 20 de pesettes et 10 à semer ; 7 d'avoine et 5 à semer.

2° DAGAND Jean feu Claude, granger de la cure rière le village de l'église, a versé : 4 coupes de froment et 3 ensemencées ; 6 coupes fèves et 6 quarts à ensemencer ; 7 coupes de pesettes outre 3 à semer ; 3 coupes avoine et une à semer.

3° VERGAIN Claude, collecteur de la dîme du clocher dudit Allèves, a versé pour l'année courante : 16 coupes froment, 3 seigle, 10 fèves, 3 de pesettes, 4 d'avoine, 64 fagots de paille et 12 de chaume, outre le 1/9 quart de la dîme pour moi. ,

4° BRETON Joseph, collecteur de Martineau a versé : 2 coupes froment,; 1 1/2 fèves ; 5 1/2 seigle ; 7 de cavalin soit mélange orge et pesettes ; 26 fagots de paille dont 4 de longue, outre 26 fagots de paille qui me sont restés entre les mains pour mon payement de la collecte et flagellation de la'dîme, avec le 1/7 quart de la dîme.

5° DAGAND Jacques, collecteur à Aiguebelette, a versé : 3/4 froment ; 1/4 seigle ; 1/4 fèves ; 1 coupe pesettes ; 1 coupe avoine. Il n'y a point de paille, me l'ayant donné pour payement de la collecte de la flagellation. »

LIQUIDATION DES BIENS ECCLÉSIASTIQUES A LA RÉVOLUTION. — Par acte du 21 Vendém. an V, la généralité des biens provenant de la cure, dont tous les numéros ont été indiqués au chapitre des revenus, furent acquis par Joseph Boccon de Gruffy pour le prix de 4.000 liv. Il revendit les biens sur lesquels reposaient des fondations à Moine François (N° 1076 et la moitié du 381) qui fut obligé de les restituer en 1834. Boccon fit de mauvaises affaires et une triste fin ; il revendit le tout à une famille Guevin de Gruf-


10 HISTOIRE D'ALLÈVES

fy ; celle-ci la céda par moitié aux familles Menthon de Viuz et Dagand-Fiornet ; celle-ci est seule propriétaire à l'heure actuelle.

FERMETURE DE L'EGLISE. — En avril 1804, on vend le reliquat des charbons déposés dans l'église à Joseph Reinier, soit 24 jarlées à 0,85 la jarlée, puis le culte est rétabli. Mais en septembre 1807, Rd Mauroz est nommé à Reyvroz et un mois après, l'évêque informe le Préfet qu'un certain nombre d'habitants vont le dimanche à l'église faire une espèce de service religieux qui est un scandale pour les fidèles et une vraie dérision du culte. Faute de. prêtres, l'église resta fermée pendant 2 ans.

REVENU CASUEL. — La visite de 1769 règle cette question : « Pour regard des sépultures, attendu que dans la visite de Mgr de Bernex, il n'y avait rien de certain, et que cela pouvait occasionner des difficultés, S. G. a réglé, du consentement du Rd Curé et des paroissiens que ledit Curé percevra pour les chefs de famille : 3 Iiv. (en 1640 : 5 florins) ; outre le drap qui est sur la bière, on lui payera 8 sols par cierge qu'il devra fournir aux particuliers, qui n'en pourront pas demander moins de 4 ; (en 1640 : 5 florins pour le luminaire). Pour les autres communiants, il percevra le drap qui est sur la bière, trente sols, et fournira 4 cierges (en 1640, il devait s'entendre avec les parents du défunt. Ceux qui font l'annuel fournissent la torche et payent au Rd curé 24 sols, outre la rétribution des messes.

Pour les sépultures des enfants, le Rd Curé percevra le linge qui est sur la bière et 12 sels, en fournissant 2 cierges. Pour les baptêmes, il perçoit 2 sols ; pour les proclamations de bans : 24 sols ; pour la bénédiction des granges, chacun donne selon sa dévotion.

Après la Révolution, qui a privé le curé de ses terres et bois, chaque faisant feu doit lui donner annuellement un charriot de bois. Au partage des bois communaux, 23 journaux sont attribués au Rd Curé.


LA PAROISSE 11

Entretien du Clerc. — En 1640, il est enjoint de l'établir et l'entretenir par une offrande de pain, à l'occasion de l'eau bénite qu'il portera de maison en maison. Il aura son logement à la cure et sera salarié par la paroisse.

Lampe du sanctuaire. — Avant la Révolution, elle était à la charge de la paroisse et l'évêque encourageait les dons volontaires par une indulgence de 40 jours. En 1830, elle ne s'allumait que les dimanches et fêtes ; elle était entretenue par l'huile offerte en même temps que le pain à bénir et par le revenu d'une fondation.

FONDATIONS. — Les, archives de la paroisse conservent l'inventaire qui en a été fait, le 17 mai 1723. Ce document mérite d'être résumé parce qu'il montre le développement progressif de la paroisse.

1° Du 30 sept. 1494. Titre de fondation reçue par Me Amblardet, not., d'une messe à célébrer à la Chapelle St Jacques, aux intentions du fondateur : Noble et puissant Seigneur Sébastien Decompois, Sgr de Gruffy. Le revenu est de 6 florins et 3 gros, payables le 1er mai par Jean Barbier, du village des Granges à Gruffy. En 1632, le nombre des messes fut porté à deux : l'une le 1er mai, l'autre le 26 juillet.

Un grand procès qui dura de 1607 à 1667 fut intenté par Rd Blanchard, curé, contre divers particuliers d'Allèves qui produisaient un acte de 1544, par lequel ils avaient acheté à St Jacques, un bois de 30 journaux au prix de 12 écus d'or, lequel bois les acheteurs ont transformé en terre arable. François Devallance, Seigneur de Gruffy et Conseiller d'Etat, ayant reconnu avant sa mort que les revendications du Rd Curé étaient justes, « chargea son fils Noble Georges Alexandre de solliciter les dits paroissiens à restituer les biens usurpés, à l'abri de la protection d'un seigneur. » L'arrangement se fit à l'amiable, en prêtant serinent sur les Saintes Ecritures par devant Me Richard, notaire ducal. Ainsi fut recouvré le revenu des 6 florins et 3 gros qui n'était plus payé depuis de longues années.


12 HISTOIRE D'ALLÈVES

2° Rd Messire Joseph DAGAND, curé d'Allèves, 1683-91, a fondé à perpétuité une basse messe à chaque QuatreTemps, précédée de la sonnerie d'un glas, en relâchant au profit des curés ses successeurs, une pièce de pré situé rière St Jacques, lieu dit « Mont Rosset », lequel pré il avait acquis de Rd Biset, son prédécesseur, par contrat du 26 février 1685 ; lequel Rd Biset l'avait acquis de Rd Parvy, par contrat du 25 septembre 1677, et ledit Rd Parvy l'avait acquis de son prédécesseur Rd Crochon en 1656. Cette fondation de Rd Dagand fut faite, lors de la visite pastorale du 28 juin 1688.

3° Rd Claude Philibert PERRÉARD, chanoine de l'église cathédrale de Genève, ci-devant curé d'Allèves, a échangé une pièce de terre nouvellement défrichée par usurpation par François Dagand à feu Guillaume d'Aiguebelette, près du chemin allant de Gruffy en Bauges (laquelle pièce défrichée reviendrait à la cure, en cas de décès sans enfants). L'échange fut fait contre une pièce de terre sise à Allèves, de la contenance de la semature d'un quart et demy, mesure de Gruffy. Acte' passé le 1er septembre 1701.

4° Rd BISET acheta, par contrat du 9 mars 1678, pour le prix de 120 florins, de Honeste Mermet Georges à feu Blaise, une masure et petit pré, le tout réduit en jardin, près de la cure.

5° Rd BISET, par acte du 23 avril 1680, échange un coin de pré au Bécu avec les frères Dagand François l'aîné, et le cadet à feu Pierre, contre un coin de pré au même lieu.

6° Fondation d'une messe de Requiem à chaque Quatre-Temps, faite par François DAGAND-HOMONET, par acte du 27 juin 1719, Me Richard, notaire.

7° Fondation d'une prière chaque dimanche, faite par l'avocat BOVARD qui a cédé deux obligations, l'une de (illis...) florins du 15 mars 1711, l'autre de 120 florins du 5 juillet 1711. Me Mauris, not.

8° Fondation d'une messe chaque année faite par DAGAND François d'Aiguebelette, comme il conste par son testament du 4 avril 1725, Me Grillery, not.


LA PAROISSE 13

9° Fondation de quatre messes basses annuelles, faite par DAGAND Claude dit Mazarin, comme il conste par son testament du 26 juin 1723. Me Grillery, not.

10° Fondation faite par Rd BEAUQUIS, curé, en 1734, par test., laissant à ses successeurs tous les biens acquis par lui de Dagand Simon dudit Allèves, pour célébrer des messes dans la chapelle de l'église construite par ses soins. Ces biens consistent dans le N° 1076, contenant 111 toises 7 pieds et la moitié du N° 387 contenant 197 toises 5 pieds.

11° Fondation faite par Rd Noble de FOURNIER, curé, le 28 juin 1746, par devant Me Arnaud not. (Tab. d'Allèves, fol. 104) au capital de 111 liv. 4 sols, à prendre sur toutes les fermes de St Jacques et Allèves, pour célébration de 4 messes de Requiem, dont 2 dans le mois de son décès et les 2 autres l'année de son décès, ainsi continuer à perpétuité chaque année, dans l'église d'Allèves.

12° Fondation Rd MO.REL, test, du 4 mars 1790, Richard not.

13° Fondation Françoise MOREL, veuve Dagand, test, du 4 juin 1817, Baud not.

14° Fondation d'un capital de 200 francs faite en 1850, par Françoise DAGAND, soeur de Jacques Fiornet, syndic, et première femme de François Dagand. Charges : 2 b. m.

15° Fondation de DAGAND Maurice Maréchal à feu Biaise, tailleur d'habits. Par test, du 3 sept. 1886, Julliand not., il laisse tous ses avoirs aux enfants de son frère utérin Félix Menuet avec.charge dé 2 g. m. et autorisation au curé de prendre une inscription sur un pré situé aux Mouilles, aux frais des héritiers.

16" Fondation de DAGAND Claudine à feu François, veuve en deuxième noces de Vergain Pierre dit Toutin. Par test, du 3 janvier 1837, Duparc not., elle laisse 5 livres pour une messe annuelle à perpétuité ou un capital de 100 liv. payables par ses héritiers.

17° Fondation de Noble Dame Joséphine DUPUIS, veuve de Noble Charles Depignier d'Annecy. Par test, du 6 mars


14 HISTOIRE D'ALLÈVES

1839, Fontaine J. B. not., elle lègue au Curé d'Allèves 2.200 fr. pour fondation « d'une école communale destinée à l'éducation et instruction religieuse des garçons et des filles, à condition que les curés prendront chaque année 100 fr. pour célébrer des messes. »

Les curés géreront l'administration de cette somme avec charge de payer à égale part l'instituteur et l'institutrice. Si le curé n'est pas content de l'instituteur ou de l'institutrice, il peut leur refuser ce revenu. Si on ne se conforme pas à ces prescriptions, la somme susdite reviendra à son héritier. Par lettre du 27 janvier 1857, l'Intendant demanda à ce que le syndic soit chargé de cette administration, parce que le curé n'arrivait pas à se faire payer les intérêts. Dans une délibération du Conseil Municipal de 1863, le capital a été converti en un titre de rente de 160 fr. Etat Français. Mme de Pignier qui avait été plusieurs années avec sa soeur au service de Rd Martin, mourut le 22 août 1839.

18° Fondation MALLINJOUD Josephte, femme de Dagand François. Par test. 5 mars 1870, Grillery not. Mallinjoud J., décédée le 23 octobre 1901, laisse un capital de 400 fr., dont le revenu est destiné à des messes.

Après la Révolution, le 30 juin 1830, se fit l'homologation de 9 actes de fondations échelonnées entre le 28 août 1729 et le 29 décembre 1790 ; les charges furent réduites à 14 b. m. Du 28 avril 1736,.Tab. Alby, fol. 87, les gens d'Allèves fondent une grande messe avec Vêpres et absoute solennelle le 1er et 3° dimanche du mois. Les actes d'homologation de 1825, fol, 63 ; 1828, fol. 56 ; 1834, fol. 36, font mention de 30 b. m., d'une g. m. tous les deux ans et du chant du Stabat, le 1er vendredi chaque mois devant d'autel du Rosaire.

La loi de Séparation a dépouillé Allèves d'un revenu de 12 francs.

MISSION. — Elle fut fondée au capital de 928 fr. avec le reliquat de la succession de Rd Pachon en 1881. La première mission fut prêchée en février 1890 par les mission-


LA PAROISSE 15

naires de St François de Sales, dont le P. Brachet ; la deuxième par les PP. Jeantet et Augert de la même congrégation en février 1923.

CONFRÉRIE. — Celle du Saint-Sacrement existe de temps immémorial. En 1769, le Curé perçoit du Procureur de la Confrérie 10 liv. 14 sols avec charge de 16 messes portées par divers actes de fondation.

Celle du Saint Rosaire fut érigée le 9 janvier 1736, et Marie Dagand, femme de Claude Dagand fit une fondation, en se réservant la célébration de 2 messes. Une chapelle spéciale est réservée pour en faire les exercices l'aprèsmidi.

CHAPITRE II.

Eglise. — Chapelles. — Cimetière. — ClochesPresbytère.

EGLISE. — L'église ancienne était petite, avec plafond plat. D'après les témoins oculaires, elle ressemblait beaucoup à celle de Saint Maurice d'AIby.

Nous possédons deux inventaires de cette église ; l'un dressé par Rd Bouvard, à la date du 13 août 1705 ; l'autre par Rd Martin, curé de 1734 à 1739. (A. E.).

En 1776, Rd Morel fit réparer le choeur en même temps que la chapelle St Jacques.

Pendant la Révolution, elle servit de dépôt de charbons de bois; pour le compte de l'Armée Française. Lorsque Rd Mauroz, curé, revint du Valais où il avait émigré en 1793, il construisit en 1796, avec l'aide du Rd Pasquier, une cabane dans l'anfractuosité d'un rocher d'Allèves. A côté, on


16 HISTOIRE D'ALLÈVES

éleva une chapelle en planches dans laquelle toute la paroisse venait assister aux offices religieux. Les deux prêtres y passèrent l'hiver 1796-97 tout entier, et Rd Mauroz continua d'y habiter jusqu'à son arrestation du 4 février 1800. Déclaré passible de la déportation, il fut détenu à Chambéry, eu égard à son âge. Il avait 61 ans (Lavanchy, II, 308).

De ce fait l'église était en très mauvais état, et en 1834, une adjudication provisoire pour la construction du maître-autel et réparations est donnée avec un devis de 1.675 livres (A. D. K., 13, fol. 25).

Le 8 mai 1864, le Conseil demande autorisation de prendre, pour agrandir et réparer l'église, la somme de 10.000 fr. sur les fonds provenant de la vente d'une forêt communale en 1860 (A. D. O.).

Le 5 mars 1866, le Gouvernement accorde la somme de 4.000 fr. en deux annuités égales pour la reconstruction de l'église (A. E.).

Le 24 février 1867, le Conseil acquiert des frères Dagand Blaise et François, pour la somme de 300 fr. une parcelle de terrain de 200 m2 destinée à l'agrandissement de la place devant l'église (A. D. O.). L'adjudication de la construction de l'église est donnée le 21 avril 1868 à Mosca Laurent, conformément au plan dressé par Ruphy, architecte, avec devis de 22.234 fr. Le 10 mai, le percepteur d'AIby déclare que le rôle des souscriptions volontaires pour ce travail, monte à 1.532 fr. Le 11 février 1869, le. choeur est reconstruit et on désire que l'église le soit au plus tôt, parce que les murs de la partie construite ne s'accordent pas avec la partie à construire. Les planchers du choeur sont d'un mètre plus élevés que ceux de la nef. Le 26 décembre 1870, la construction de l'église était achevée. Le 26 mai 1872, le Conseil prend connaissance des plans et devis de l'architecte qui portent à la somme de 5.140 fr. les travaux indispensables à l'intérieur de l'église,, savoir, la tribune, la table de communion, les autels, les escaliers (A. D. O.).


LA PAROISSE 17

CONSÉCRATION. — Elle eut lieu le 7 mai 1893 et fut faite par Mgr. Philippe qui donna ensuite la Confirmation.

RÉPARATIONS. — Le il juin 1896, le Préfet approuve la réfection du toit et la restauration de la sacristie pour une somme de 2.043 fr., recueillie par M. le Curé. Les travaux sont confiés à M. Gurgo, d'Annecy. La Grande Chartreuse accorda un subside de 3.000 fr. pour aider à continuer ces réparations, maître-autel en marbre, chaire et fonts-baptismaux. En 1898, on installe 36 bancs neufs et M. le Chanoine de Quincy, bienfaiteur de la paroisse, recevra en reconnaissance : une vieille crédence, un vieux banc et un vieux coffret, le tout hors d'usage.

CHEMIN DE CROIX. — Il fut érigé en 1853 par Rd Pachon, curé, aidé de 3 missionnaires, les PP. Vittet, Frarier et Petitjean qui donnaient une mission. Le prix des 14 stations, gravures en couleur sur papier avec encadrement vitré, a été de 70 fr. Eln 1926, un très beau chemin de croix en stuc colorié a été acheté par souscription -paroissiale.

VITRAUX. — En 1920, les vitraux de l'église se trouvant en mauvais état, la maison Bahnet de Grenoble les a réparés et en a placé deux neufs dans le choeur pour le prix de 2.000 francs. Ils représentent l'apparition du SacréCoeur à Ste Marguerite-Marie, et dans deux médaillons du bas on lit les noms des soldats de la paroisse morts pour la France. Une souscription paroissiale a couvert les frais de cette réparation.

CHAPELLES. — Dans l'église paroissiale existaient deux chapelles qui ont disparu bien avant la Révolution : celle du Saint Esprit, qui devint la chapelle du Saint Rosaire en 1736, et celle des Saints Fabien et Sébastien, qui avait pour patron en 1636 : Pierre Rosset, bourgeois de Chambéry.

CIMETIÈRE. — Anciennement, le cimetière était autour de l'église. En 1866, on paye 150 fr. pour 4 portes en fer qui lui servent encore de clôture.

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18 HISTOIRE D'ALLÈVES

Par délibération du 7 juin 1903, le Conseil vote sa translation et l'acquisition, au prix de 900 fr., d'un terrain de la contenance de dix ares, appartenant à Dagand François et Dagand Joseph, Nos 858 et 859 bis du cadastre. La préfecture donne son approbation avec la clause suivante : « Aussitôt que le nouvel emplacement sera disposé à recevoir les inhumations, le cimetière existant sera fermé et restera dans l'état actuel sans que l'on puisse en faire usage pendant cinq ans. Il pourra ensuite être affermé, à la condition qu'il ne sera qu'ensemencé ou planté, sans qu'il puisse être fait, aucune fouille, ni fondations pour construction de bâtiment, jusqu'à nouvel ordre ».

Le 19 juillet 1905, l'entrepreneur Gibello consent à faire les travaux prévus pour le prix de 2.861 fr. et le 22 juillet 1906, le Maire interdit toute inhumation dans le vieux cimetière.

CLOCHER. — Il ne fut pas refait lors de la construction de l'église neuve. Il est donc aussi ancien que la fondation de la paroisse, mais il a été réparé en 1635, comme le mentionne les R. P. « Le 22 mars, les communiers d'Allèves donnent le prix fait à M. Minoge, architecte maçon de la vallée de Seizia en Milanais, de démolir le clocher jusqu'à la voûte du choeur, de le refaire tout à neuf de 12 pieds de hauteur depuis la voûte, faire deux voûtes de pierre de taille pour mettre les cloches qu'il rehaussera de deux pieds, faire un cordon en saillie de demi-pied dessus la treppe tout autour du clocher et un second en bosse de même, reblanchir l'église et en. recrépir les murs, d'ici au 15 mai. Les communiers payeront la sommede 231 florins, feront tous les charriages de pierre, chaux et sable. Dagand Louis à feu Pierre, Syndic. Me Dagand Claude, notaire, à Cusy. »

En 1835, le Syndic d'Allèves paya 1.800 fr. à un entrepreneur du Châtelard pour réparations faites, tant au clocher qu'à l'église.

CLOCHES'. — « Le 16 août 1829, le Conseiller Jacques Dagand représente qu'en 1809, la commune dépourvue de


LA PAROISSE 19

cloches, Jean-Pierre son père en avait fourni une a ses frais, soit 442 fr., dans l'espoir donné par le Conseil qu'il serait remboursé. Il déclare n'avoir touché à ce jour que 8 gros écus de quatre particuliers nommés. Sur ce, le Conseil taxe chaque famille pour effectuer le payement. Cette cloche fêlée en 1913, fut descendue du clocher en septembre 1920. Elle pesait 74 kilog. et portait l'inscription : « Faite par J. B. Pitton, maître fondeur à Carouge, 1814. Maire : Blaise Dagand. Adjoint : Jean Dagand. Parrain : Nicolas Dagand, Marraine : Jeanne Dagand née Thomé. »

Envoyée à Annecy-Ie-Vieux, elle fut refondue avec le poids de 160 kilog., donne la note ré dièze pour être en harmonie avec la grosse lcoche qui donne le fa dièze et pèse 824 kilog. et avec la moyenne qui donne le do dièze et pèse 240 kilog.

Les deux grosses cloches ont été fondues à Quintal en 1835 par les frères Paccard et payé le prix total de 2.243 fr.

Inscription de la grosse cloche : « Je vous salue pleine de grâce. Pour la plus grande gloire de Dieu et le zèle des habitants d'Allèves. Parrain : Rd F. Martin, curé d'Allèves. Marraine : Noble Demoiselle de Pignier née Dupuis. »

Inscription de la moyenne : « Vive Jésus. Vive sa Croix. Parrain : Dagand François fils de Blaise (Maréchal). Marraine : sa soeur Jeanne. »

Inscription de la petite : « Je pleure les enfants d'Allèves morts pour la France » (Suivent 18 noms de soldats). Je m'appelle Marcelle-Jeanne. Parrain : Philippe Charrier. Marraine: sa. femme Lucie ». Cette cloche, fut fondue le 13 août 1921, baptisée par Rd Miguet, archiprêtre de Sainte Genix, ami des parrain et marraine, le 9 octobre 1921. Elle a été payée 2.000 fr. dont un tiers a été versé par le parrain et les 2/3 par souscription paroissiale.

PRESBYTÈRE. — Le Tabellion d'AIby (5) nous fait con(s)

con(s) devis estimatif des réparations à faire, en 1749, à SaintJacques, au presbytère est de 226 liv. ; celui de 1758 est de 247 liv. ; celui de 1767, 648 liv.

Tab. Alby, 1749, fol. 42 ; 1758, 21 ; 1767; 55 ; 1768, 122.


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naître que des réparations furent faites au presbytère en 1747, 1758, 1767 et 68. Le 10 juin 1770, le Conseil refuse de réparer une écurie destinée à loger un cheval, disant « que jamais curé d'Allèves n'a eu de cheval et que cela n'est pas nécessaire pour la desserte de la paroisse ».

En 1830, le Ministre de l'Intérieur consent à ce que le Conseil paye à M. le Curé d'Allèves la somme de 300 fr. pour construction d'une nouvelle chambre. En 1852, on vote un crédit de 1.821 fr. pour refaire la cure incendiée.

En 1858, le Conseil s'occupe de fournir 25 pièces de bois nécessaires à la construction de la partie du presbytère qui n'a pas été réédifiée après l'incendie, laquelle partie située au couchant avait été construite jadis pour fournir une chambre de plus et un bûcher. Ces travaux se firent en 1860, non sans difficultés.

En 1880, le Conseil fait un emprunt de 1.000 francs qu'il ajoute, à une subvention ministérielle de 600 fr. pour réparations évaluées 1.559 fr. (A. D. O.).

En 1896, Rd Mulin fit élever des galandages pour faire le corridor qui traverse la cure de part en part et rend ainsi toutes les chambres indépendantes, y compris la cuisine dans laquelle on entrait directement.

En 1919, le Conseil vote 1.000 fr. pour tapisser la salle à manger, la grande chambre du couchant, reblanchir la cuisine et les 2 petites chambres, refaire à neuf le plafond tombé de la petite chambre du milieu. Ce travail fut exécuté en juin 1919 et dura 3 semaines.

En mars 1921, la commune fait installer l'éclairage électrique à la cure et à l'église.

JARDIN DE LA CURE. — Nous avons vu dans la liste des fondations que Rd Biset, en 1679, acheta de G. Mermet, pour agrandir son jardin, des masures et un pré, confinés par le chemin public d'Allèves au vent, le chemin tirant dudit grand chemin à la fontaine du levant, le jardin et curtines de la cure du couchant et le pré des fils Jobet de bise. Le jardin fut entouré de murs par Rd Perréard en 1625.


LA PAROISSE 21

CHAPELLE DE SAINT JACQUES. — « Il y a une grangine à St Jacques de la contenance d'environ 97 journaux, suivant la dernière mesuration, tant en champs, prés, broussailles que pacages, le tout d'une pièce. Dans la dite grangine, se trouvent une chapelle, une maison d'habitation, une grange séparée, un four et une grange encore plus haut à la montagne. »

Le procès-verbal de la visite de 1681 dit « qu'à cette chapelle il y a grande dévotion et affluence de peuple le jour du patron. Dès 1581, elle était unie au maître autel. On y célébrait le jour du Patron et de la Dédicace, soit les 2 mai et 26 juin par fondation du Sgr de Gruffy, J. B. de Valence, acte du 6 janvier 1692, Richard not. »

CHAPITRE III. Le Bienheureux Guillaume d'Orlier, Ermite du Cengle.

En 1442, le Cardinal de Brogny posait la première pierre d'un couvent de Dominicains à Annecy, et 3 ans après, il consacrait leur église, devenue l'église St Maurice actuelle. Guillaume d'Orlier assista à ces cérémonies avec le duc de Savoie, au service duquel il était attaché. Saint Vincent Ferrier prêchait alors en Savoie et Guillaume, touché par la grâce et le désir de se sanctifier, quitta la cour pour se retirer d'abord au château de Viuz-la-Chiésaz, où vivait encore sa mère, qui devint dès lors la compagne inséparable de sa piété.

Un an après la mort de celle-ci, il brisa les derniers liens qui l'attachaient au inonde et alla demander la paix de la solitude au couvent des Dominicains d'Annecy. Au bout de quelque temps, il demanda et obtint la permission


22 HISTOIRE D'ALLÈVES

de se retirer à l'exemple de St Germain et de St Ruph, dans un lieu solitaire.

Il avait alors 42 ans ; sa famille possédait la seigneurie du Cengle, à Allèves, avec les ruines d'une vieille tour qu'il choisit comme retraite. Suivant la tradition, il venait chaque dimanche assister aux offices divins de la paroisse d'Allèves, distante de 30 minutes et achetait dans une famille amie les provisions nécessaires pour la semaine. Il passa ainsi 8 années et mourut à l'âge de 50 ans, le 19 février 1458. Son corps fut transporté à Annecy par les soins des Dominicains et enseveli dans leur église. Un ancien auteur affirme « qu'il fut clairement observé un insigne miracle fait en sa translation, en ce que les flambeaux, quoiqu'ils fussent toujours allumés par les chemins, néanmoins ne diminuèrent point. » Ses chaînes ou cilices furent aussi apportées au dit couvent et conservées religieusement dans un reliquaire comme un trésor.

D'autres personnes ajoutent que toutes les cloches se mirent à sonner d'elles-mêmes lorsque le corps traversait les différentes paroisses situées entre Allèves et; Annecy. Les miracles furent consignés dans un livre et remplissaient 940 pages, mais la Révolution a détruit ce précieux monument de la piété des fidèles.

Sur son tombeau, on éleva un autel surmonté d'une peinture très ancienne, représentant Notre-Dame tenant son Fils dans ses bras et le Bienheureux religieux à genoux devant elle, tête nue et mains jointes.

L'histoire nous a conservé le récit de; plusieurs grâces obtenue par son intercession. Au début du XVIIe siècle, une soeur Clarisse d'Annecy, qui souffrait de douleurs néphrétiques incurables, demanda l'une des ceintures de fer ayant appartenu au Bienheureux; à peine les eût-elle touchées, qu'elle fut guérie.

En 1642, un chirurgien de Thônes, affligé d'une maladie rebelle à tous les remèdes, fait voeu de se rendre au tombeau de Guillaume d'Orlier, et aussitôt, il est rendu à la santé.

En 1643, le P. Portier, Vicaire Général de l'Ordre des


LA PAROISSE

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Frères Prêcheurs, publia quelques, traits de sa vie et les principaux miracles qu'il a opérés. Le pieux évêque d'Annecy, Mgr Just Guérin approuva cette brochure écrite « pour la plus grande gloire de Dieu ». Elle contient différentes antiennes ou hymnes en latin, que les pèlerins récitent près de son tombeau. En voici une strophe :

Stirps generosse propaginis es, beate Guillelme

Flosque magnifici garminis, qui ereptus a mundi voragine,

Effectus es gloria Praedicatorum Ordinis

Divino fultos juvamine

Redde devotos tui nominis.

« Vous êtes la souche d'une illustre race, bienheureux

[Guillaume, Une fleur d'une tige glorieuse, qui, arrachée du tourbillon

[du inonde, Etes devenue la gloire de l'Ordre des Prêcheurs ; Obtenez le secours divin A ceux qui invoquent votre nom ».

Les habitants d'Allèves conservent une grande dévotion envers ce Bienheureux; ils vont recueillir l'eau qui coule en toute saison, dans une anfractuosité du rocher près de son ermitage, et la conservent comme de l'eau de Lourdes.

Rd Pachon avait fait sceller des rampes en fer pour rendre plus accessible le chemin du Cengle et y avait organisé un grand pèlerinage, sous la présidence de Mgr Magnin, lors de sa visite pastorale du 21 avril 1869.

L'Evêque d'Annecy continua à s'occuper d'une étude relative à ce Bienheureux ; malheureusement, il fut impossible de retrouver le livre publié avec l'imprimatur de Mgr Just Guérin et qui contenait les actes les plus remarquables de sa vie ainsi que les faits miraculeux signalés après sa mort.

Après avoir consigné toutes les précieuses traditions qu'il put recueillir, Mgr Magnin, en date du 7 mars 1872, porta un Décret par lequel il rendait à l'église St Maurice d'Annecy le tableau du B. Guillaume, ainsi que le reliquai-


24 HISTOIRE D'ALLÈVES

re et la prière qui l'accompagnent. Le reliquaire contenant la chaîne de fer fut exposé avec le tableau à la vénération des fidèles.

En 1874, Rd Pachon a consigné dans un registre le nom de huit de ses paroissiens d'Allèves et de deux personnes de Gruffy guéris du mal d'yeux en utilisant l'eau de la petite source qui sort du rocher du Cengle. Il y ajoute celui de la fille de Charles Dagand, qui a retrouvé l'usage de son bras perclus.

En 1897, M. le Chanoine de Quincy, conduisit à Allèves les séminaristes soldats et on se rendit aux ruines de Cengle, en récitant le chapelet à travers les rues des villages.

Il existe dans l'église d'Allèves comme dans celle de Viuz un tableau sur toile du Bienheureux. Les chaînes de fer exposées dans l'église de St Maurice ont disparu en 1897, sans qu'on ait jamais pu les retrouver.

(Notes extraites d'une brochure de 12 pages, sans date, écrite par le Fr. Xavier, des fr. Prêcheurs : imprimée à Paris chez Poussielgue et conservée aux Arch. Par. de Viuz. Voir aussi Ac. Sal XXXVIII, 195.)

CHAPITRE IV.

Liste des Prêtres originaires d'Allèves par ordre alphabétique.

1. DAGAND Blaise (Homonet), né le 5 janvier 1744, fils de François et de Mansoz Jeanne, bourgeoise de Chambéry (branche éteinte). Prêtre le 23 sept. 1769. Prof, de Rhétorique à La Roche ; curé de Bossey en 1783 où il est mort en avril 1784.

2. DAGAND Claude fils de Pierre et de la Clauda. Il naquit le 7 janv. 1628 et eut pour marraine Clauda fille de


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Pierre, meunier d'Aiguebelette. Il était neveu de Rd Martin Dagand ci-après (13). Prêtre le 21 sept. 1652, il fut vic. à St-NicoIas-la-Chapelle, curé de Brenthonne en 1655 et mourut en fév. 1678.

3. DAGAND Claude fils de Joseph (Jobbet-Grillan) (branche éteinte) et de Durand Jeanne, naquit le 7 janvier 1712. Il était cousin germain de Rd Georges ci-après (8). Prêtre le 19 sept. 1736, il fut chanoine de St Augustin de Sixt. Il fait deux baptêmes à Allèves en 1738 et 1750 pour les familles Mazarin et Lapierre. Son titre clérical est au Tabellion d'AIby de 1733, fol. 10.

4. DAGAND Claude, prêtre le 21 déc. 1743, est dit fils de Jean-Louis (probablement le meunier d'Aiguebelette marié à Dagand Pernette) dans son titre clér. conservé au Tabellion d'AIby de 1743, fol. 10. On le trouve vie. à Grésysur-Aix en 1746.

5. DAGAND François, né le 2 nov. 1708, fils de JeanClaude, fils de François, fils de Guillaume d'Aiguebelette et de Marie Dagand, fut prêtre en 1734, curé de St Germain de la Chambotte en 1746, obligé de prendre un coadjuteur en 1761, à cause de ses infirmités et mourut en juin 1763. Son titre clérical est au Tabellion de 1733, 57.

6. DAGAND François, né le 15 sept. 1678, fils de François et Savioz Françoise ; prêtre le 22 déc. 1703, curé de la Biolle en 1712 où il meurt en déc. 1731. Son titre clérical est au Tabellion d'AIby de 1703, fol. 34 et il est dit fils de feu François à feu Louis. Il fit cohéritier son neveu François fils de son frère Joseph, lequel cohéritier testa à son tour en 1781, fol. 5, étant marié à Cochet Françon.

7. DAGAND François, né le 30 mai 1870, fils de Joseph Homonet et Laperousaz Jeanne. Prêtre le 8 juin 1895, vic. de Chilly, du Gd-Bornand en 1900 ; curé d'Ayse en 1908 et de Manigod en mai 1914 où il meurt le 5 oct. 1914.

8. DAGAND Georges, né le 12 nov. 1664, fils de Martin. (Ignace) et Homonet Clauda, fut ordonné prêtre en 1689 à Viviers où il enseignait la grammaire. Curé d'Epersy en


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1692, il y mourut en mai 1719. Il était cousin germain de Claude (3) et cousin du 1 au 2 avec Rd Pierre (14).

9. DAGAND Guillaume, né le 15 mars 1687, fils de Charles et Dagand Anne; Prêtre le 23 mars 1613 ; curé de la Motte-en-Bauges en 1615 ; meurt en déc. 1626. Il est parrain en 1615 de Dagand Guillaume (Meunier à Àiguebelette).

10, DAGAND Jean-François, né le 21 avril 1686, fils de François d'Aiguebelette et de Vergain Perrinne. Prêtre en 1712, curé d'Epersy en 1719 ; archipr. de Grésy-sur-Aix en 1766 où il fonde 3 messes, et y meurt le 23 juin 1770. En 1719, il était vic. à Allonzier. Il était petit neveu du suivant.

11) DAGAND Jean-Louis, fils d'Anthoine et de la Clauda, prêtre en 1647, curé d'Epersy en 1657 où il meurt en mars 1692.

12. DAGAND Joseph, prêtre en fév. 1673, curé de Cusy en 1677, permute avec Allèves en 1677 et y meurt le 6 janv. 1691 ; inhumé dans l'église.

13. DAGAND Martin, oncle de Claude, prêtre en 1614 avec dispense d'irrégularité pour défaut de l'oeil gauche ; chanoine de Peillonnex en 1626 ; chapelain de St Théodore à Bogève en 1630 où il permute avec Burdignin ; permute avec Brenthonne en 1635, résigne en 1655 ; curé de Foncenex en 1658 ; meurt à Allèves le 17 janv. 1678, à 90 ans.

14. DAGAND Pierre, né le 17 mai 1675, fils de Jean-Louis (Jobbet-Grabier) et de Richard Antoinette, prêtre en 1707, vic. à Marignier en 1708, puis à Desingy ; meurt en 1728. Son titre clérical est au Tabellion d'Alby, 1707, fol. 42.

15. CHARRIÈRE Daniel, prêtre en 1634 ; est parrain à Allèves en 1638 dans la famille Emin ; en 1641, il est parrain de Charrière Daniel d'Aiguebelette, fils de Claude, et en 1643 dans la famille Vergain où il signe « prestre d'honneur de l'Eglise collégiale N. D. d'Annecy ». En 1656, il lègue 140 florins au Chapitre pour une fondation et meurt le 7 mars 1662. Le dictionnaire dû Clergé le fait naître à


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Véry où ses parents avaient probablement émigré, mais il devait appartenir à la famille Charrière d'Aiguebelette.

Liste des Curés d'Allèves de 1411 à nos jours.

1. 1411 : J. DE SPINA, chan. de N. D. d'Annecy, par Pierre Fournier.

2. 1414 : P. FOURNIER, par Pierre de Bosone (Bosson).

3. 1415 : J. RAMUS, par Amédée Chapuis.

4. 1471 et 1481 : Jacques RIONDET, par Rigard Broysserii.

5. 1506 : GANTIN Claude (voir 1, G, 1, 28 bis, fol. 266).

6. 1518 : Aymon COLLET, par Pierre Dagand.

7. 1575 : ORSET Aymon, auparavant curé de Copponex.

8. 1576 : DECOMBA Nicolas.

9. 1587 : BLANCHARD Martin, né à Veyrier-du-Lac, mort en sept. 1632.

10. 1632 : BERNARD Antoine, Docteur en droit ; chan. de la Cathédrale depuis 1623 ; mort en 1633 où il est appelé Bernard de Gonnelieu.

11. 1633 : CROCHON Charles-Maurice, né à Alby, prêtre en 1628, permute en 1656 avec I'archiprêtre de Grésy où il mourut en 1671.

12. 1656 : PARVY Pierre-André, né à Annecy en 1620 ; pr. en 1642 ; 1647, curé de Grésy ; permute avec la Compote en 1677.

13. 1677 : BIZET Claude-Etienne, né à Marcellaz-Genevois ; pr. en 1637 ; curé d'Usinens, Vanzy, la Compote en 1675 ; permute avec Allèves en 1677, avec Cusy en 1683 ; meurt en 1690. Il fit beaucoup de réparations à la cure, à l'église et acheta le « jardin de dessus ».

14. 1683 : DAGAND Joseph, né à Allèves, fonda 4 b. messes sur le pré du Montdurand et fut enseveli dans l'église d'Allèves, le 7 janv. 1691.

15. 1591 : PERRÉARD Claude-Philibert, né à Annecy 1654 ; Docteur. en Droit de Louvain; curé d'Allèves ; chan.


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de la Cath. en 1705 ; Super, de la Visitation ; meurt en 1723. Il fit construire les murs du jardin.

16) 1705 : BOUVARD Michel, né à La Roche ;. Docteur en Théol. de l'Université Romaine ; curé de Cuvat en 1722; meurt le 15 août 1723.

17. 1722: BEAUQUIS Etienne, maistre bourgeois d'Annecy, neveu de Rd Perréard (cité ci-devant, 15) ; p,. en 1701, il mourut le 11 mai 1734, à Allèves, victime de son dévouement en temps d'épidémie. Il avait fait 6 sépultures pendant le mois d'avril. Il testa en faveur de son frère Jacques, curé d'Armoy, qui est déjà présent à Allèves ce 3 mai (Tab. Alby, 1734, fol. 125. — Ac. Sal. XXII, 296).

18. MARIN Jean-Baptiste, né aux Clefs ; prêtre en 1715 ; curé de Larringes, Allèves où il avait l'intention d'ériger des oratoires sur le chemin de St Jacques ; permute avec Thônes en 1739, où il fit une fondation pour le collège et l'école de filles ; mourut en 1749.

19. 1739 : Noble de FOURNIER Pierre-Nicolas, né à la Balme-de-Thuy, ex-soldat de S. A. R., obtint en 1703 dispense de l'irrégularité. Pr. en 1699 ; curé de Cusy, Fillinges, Viry, Thônes, Allèves où il meurt le 25 avril 1748, « estant demeuré 2 ans malade dans son lit ». Il est sépulturé dans le choeur de l'église. Il fonda 4 b. messes à Allèves.

20. 1746 : MÉTRAL Emanuel, né au Grand-Abergement (Bugey) en 1719 ; Docteur en Sorbonne et pr. à Paris en 1743 ; curé d'Allèves en 1746, il résigne en 1755 ; archipr. de Vieu, en 1760, on le trouve détenu à Bourg en 1796.

21. 1755 : FRANCOZ Jean, né à Arith, obtint en 1740, dispense des irrégularités et censures pour avoir porté les armes ; pr. en 1742, fit partie de la 17e mission pendant la Révolution.

22. 1766 : VEYRAT Jacques, né à Manigod ; pr. en 1737 ; vic. d'AIby de 1745 à 1750 ; curé de Thusy, Allèves où il meurt le 23 fév. 1768, enterré le 24 dans le choeur de l'église. Par test, de 1768, Alby, fol. 61, il nomma pour héritiers ses 4 neveux.


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23. 1768 : MOREL Joseph, né à Leschéraines ; pr. en 1748 ; meurt curé d'Allèves le 4 janv. 1791, est inhumé dans l'église. Par test, insinué au Tab. Alby, 1790, 78, il fonde 4 b. messes à Allèves, nomme pour héritier son neveu Claude Morel ; laisse 100 liv. à Marie Morel, épouse Jh Dagand ; une vache estimée 20 liv. à Victor Vergain fils de Claude eu égard à ses bons services ; 14 liv. à Pierre Mermet, fils de Claude.

24. 1791 : MAUROZ Claude-Joseph, né à Thonon en 1739 ; pr. en 1764 ; curé de St Blaise d'Allèves où il reste jusqu'en mars 1793, vivant dans les rochers d'Allèves ; émigre en Valais, revient à Allèves de fév. 1797 à fév. 1799; est incarcéré à Chambéry le 4 fév. 1800, y revient pour le 15 août ; en 1808, curé de Reyvroz ; il meurt, retiré à Thonon, le 19 janv. 1821.

25.. 1809 : MOLARD Joseph, d'Albens ; pr. en 1780 ; curé de Thusy, Allèves et Poisy où il est mort.

26. 1814 : LACHENAL.

27. 1816 : ALLARD, Jean-Pierre, né à Megève en 1792 ; prof, à La Roche ; curé Allèves ; Missionnaire de St François en 1826 ; mourut en 1834.

28. 1818 : PASQUIER Joseph, né au Reposoir en 1775 ; pr. en 1812 ; prof, à Mélan ; curé d'Allèves, de Quintal, Argonnex ; mort en 1843.

29. 1822 : REY Jacques, né à Sevrier en 1795 ; pr. en 1819 ; curé d'Allèves, de Sillingy où il mourut en 1830.

30. 1828 : MULIN François, né à St-Jean-de-Tholome en 1794 ; pr. en 1820 ; vic. de Mieussy ; curé d'Allèves, de Saxel où il meurt en 1860.

31. 1832 : PACTHOD Antoine, né à Annecy en 1802 ; pr. en 1828 ; vic. à Sallanches, St-.Julien ; Secrétaire de Mgr de Thiollaz ; curé d'Allèves, Annecy-le-Vieux, Magland, Poisy ; mort en 1874.

32. 1835 : MARTIN François, né à la Côte d'Arbroz en 1801 ; pr. en 1827 ; vic. à Marcellaz et St Maurice d'Annecy ; curé d'Allèves où il meurt le 9 mars 1851, inhumé


30 HISTOIRE D'ALLÈVES

dans l'église où une dalle indique son tombeau. Les lecteur du Journal de Savoie, Courrier des Alpes, Écho du Mont-Blanc ont lu avec plaisir une foule d'articles de lui, signés « L'Ermite de Banges ». Il a écrit des brochures sur la Chartreuse d'Aillon, etc.

33. 1851 : PACHON Jean-Marie, né à Morzine en 1807 ; pr. en 1834 ; vic. au Petit-Bornand, Mont-Saxonnex, Samoëns ; curé d'Allèves où il meurt le 21 janv. 1880. Il a publié, en 1850, un livre sur « l'origine des fossiles et des continents ».

34. 1880 : JACQUIER Michel-Ambroise, né à Bernex en 1839 ; pr. en 1864 ; vic. à Sallanches ; curé des Plagnes, Allèves, Gopponex, mort retiré à Bernex en 1927.

35. 1885 : BIORD Alexandre, né à Samoëns en 1849 ; pr. en 1876 ; vic. à Megève, Mont-Saxonnex ; curé d'Allèves et Marlens où il meurt en 1917.

36. 1895 : MULIN Léandre, né à Marignier en 1860 ; pr. en 1884 ; vic. à Arthaz et St-Gervais ; curé d'Allèves et St-Martin (Faucigny). Sa santé l'obligea à se retirer et mourut le 10 janvier 1925. « Prêtre exemplaire, vraiment surnaturel et charitable, toujours zélé ; profondément regretté de ses confrères et de ses paroissiens ». (Revue du Diocèse).

37. 1903 : GURRAL Joseph, né à Viuz-Faverges en 1865 ; pr. en 1891 ; vic. à Chevênoz ; curé d'Allèves puis de StEusèbe où sa santé l'obligea à se retirer ; mort à Thusy le 17 août 1924.

38. COUTIN François, né à Montmin en 1881 ; pr. en 1905 ; curé-administrateur d'Argentières et Vallorcine pendant la guerre, curé d'Allèves en 1919, d'AIby en 1922.

39. COUTIN Alexis, frère du précédent, né en 1882 ; pr, en 1906 ; vic. d'Argentières ; curé d'Allèves en janv. 1922 ;

curé-archiprêtre de Saint-Jean-d'Aulps en juillet 1928.

40. COFFY Maurice, né au Riot enl891 ; pr. en 1914 ; vic. à Cluses de 1915 à 1928.


DEUXIÈME PARTIE LA COMMUNE

CHAPITRE I.

Etymologie. — Superficie. — Limites. — Géologie. Cours d'eau. — Routes.

Allèves pourrait venir du latin ad aquas. Dans plusieurs-parties de la Savoie, le patois a conservé le mot éva pour indiquer l'eau. Je vais à l'éva signifie : je vais à l'eau. A 3 kil. d'Allèves, sur la commune de Bellecombe, se trouve un village construit entre deux ruisseaux et qu'on appelle « Entréves », en latin : inter aquas. Comme nous, le verrons plus loin, Allèves possède de belles eaux ; ce qui d'ailleurs a valu à un de ses villages le nom d'Aiguebelette.

SUPERFICIE. — La commune a une superficie de 881 hectares, dont les 9/10 sont en forêts, rochers et broussailles.

LIMITES. — Elle est limitée au Nord par la commune de Gruffy sur une longueur de 4 kilom. environ ; à l'Est par celle de Leschaux sur 2 kilom. et celle de Bellecombe sur 4 kilom. ; au Sud et à l'Ouest, par la rivière le Chéran sur 5 kilom.

Sa distance d'Annecy, chef-lieu d'arrondissement est de 21 kil.; sa gare la plus proche est Grésy-sur-Aix : 15 kilom. environ.


32 HISTOIRE D'ALLÈVES

ALTITUDE. — Le pont de Banges est à 550 m.; l'église à 647 m.; le point le plus élevé est le crêt de l'Aigle, sur le Semnoz, à 1.634 m.

GÉOLOGIE. — Les montagnes qui encerclent Allèves furent formées, vers la fin de l'âge tertiaire, par des forces souterraines qui bouleversèrent l'écorce terrestre de Marseille à Constance. D'énormes glaces couvrirent la vallée des Bauges et le cours du Chéran, dans lequel on retrouve des blocs erratiques, tels que gneiss, protagine, etc. Les monolhites ou Tours St Jacques sont une des curiosités de la commune d'Allèves (1).

COURS D'EAU. — Le Chéran qui a une longueur totale de 45 kilom. longe Allèves pendant 5 kilom. Ses eaux calcaires-magnésiennes-bicarbonatées indiquent la prédilection de la truite et du barbeau, si renommés.

SOURCES. — Elles sortent en abondance des flancs du Semnoz ; les unes ne se révèlent qu'aux grandes pluies et durent peu de temps, comme l'Eau Morte à la limite de Bellecombe et celle du Moulin Rouge sous Arith ; les autres, au contraire, sont toujours très régulières et assez abondantes pour faire mouvoir toute l'année des martinets, scieries ou moulins, comme à Martinod et Aiguebelette.

GROTTES DE BANGES. — Elles ont été creusées par les eaux à une époque très reculée ; leur longueur totale est de 247 mètres. Elles sont situées sur le premier contrefort du Semnoz, face au village de Martinod. Un sentier rocailleux et rapide y conduit en 20 minutes depuis le village. Deux immenses cavités en formé de gueules de fours, suivies bientôt de couloirs étroits qui se rejoignent au bout de 20 mètres, servent d'entrée. Après un vaste replat, couvert de sable fin, on descend, dans un terrain souvent fangeux, une galerie qui aboutit à un petit lac, dont les eaux

(1) La Haute-Savoie, par Marc Le Roux, p. 180.


Cliché " Echo de Savoie "

VUE D' ALLEVES

Photo Grimal TOURS SAINT-JACQUES ET VILLAGE D'AIGUEBELETTE



LA COMMUNE 33

transparentes permettent, à la lueur des torches, d'éclairer le fond du réservoir. « Ce lac est alimenté par des sources qui charrient des paillettes d'or et on prétend même que la grotte fut jadis une mine ouverte et exploitée, dès la plus haute antiquité. Ces sources passeraient dans des cavités mystérieuses qui renferment 3 tonnes d'or, soigneusement gardées par des esprits, des ours et des ânes sauvages ». (2).

RICHESSES DU SOL : L'OR DU CHÉRAN. — « C'est à Allèves; qu'on commence à trouver des paillettes d'or dans le Chéran ; il n'y en a pas trace en amont. » (3).

Par ordonnance de 1762, l'Intendant de Chambéry défendait de sortir du pays les paillettes recherchées dans le Chéran, l'Arve et le Fier.

En 1832, l'or était exploité dans le Chéran par 25 personnes qui gagnaient une moyenne de 1 fr. 50 par jour, mais pendant l'hiver seulement. Cet or très pur était recueilli sur des planches recouvertes de peaux de moutons dont la laine retenait lés paillettes. La plus grosse pépite d'or trouvée par, un habitant d'AIby, en 1867, pesait 43 gr. 50 et avait une valeur intrinsèque de 141 fr. 90 (4).

HABITANTS. — D'après une monnaie d'argent éburonne trouvée au Châtelard, et une en or de Valentinien II (37592) trouvée à Arith, cette contrée ne devint le séjour permanent de l'homme qu'au temps des Allobroges. Les premiers habitants d'Allèves, suivant la tradition, étaient des guerriers habiles dans l'art de manier la dague, épée à lame large et courte ; de là le nom de Dagan porté par 14 familles sur 18 en 1600, et par 63 familles sur 80 en 1920.

HAMEAUX. — Le village d'Allèves, qui contient plus de 60 familles, paraît être le plus ancien, à cause de sa posi(2)

posi(2) La Haute-Savoie, Lyon, 1872, p. 226.

(3) Revue Sav., 1875, p. 103.

(4) Almanach des Gloires de Savoie pour 1868, p. 43, et Acad Sal., II, 251-261.


34 HISTOIRE D'ALLÈVES

tion favorable dans une petite combe abritée du vent du' Nord. La végétation y est vigoureuse et les bois descendent des versants du Semnoz, jusqu'auprès du village.

Une famille s'établit sur le gros ruisseau de Martinod pour y travailler le fer et donna le nom à ce village.

Enfin, une famille Charrier travaillait dans les terres d'Aiguebelette et une famille Dagand y possédait le privilège des moulins d'Allèves. Ainsi était composé ce village en 1600.

ROUTES ANCIENNES. — La découverte d'une pierre milliaire à Sevrier ne laisse aucun doute sur l'existence d'une voie romaine traversant le col de Leschaux, celui du Frêne pour rejoindre la grande voie de Milan à Vienne. Au village du Glapigny, à Bellecombe, elle bifurquait vers le pont de Banges pour monter à Arith, Plainpalais et Chambéry. Pendant la mauvaise saison, on évitait le col de Leschaux en se rendant à Annecy par Gruffy et Vieugy. En 1780, ces routes étaient entretenues au moyen d'un impôt de 2 sols par livre de taille et Allèves avait ainsi un budget spécial de 42 liv. (I. C. IV. 95).

ROUTES NOUVELLES. — Allèves est traversé à l'heure actuelle par :

1° La route départementale n° 17 d'Aix à Saint-Pierred'AIbigny par le Châtelard. Elle a une longueur de 1.385 m. sur la commune entre le pont de Banges et l'Eau Morte. Le pont de Banges fut refait à neuf en 1858, tout près de l'ancien pont romain et à coûté 10.000 fr. Balmont, Viuz, Gruffy et Allèves ont payé chacune 1.000 fr. pour leur quote-part. En mai 1860, le tronçon du pont à l'Eau Morte est terminé et Allèves paye au percepteur du Châtelard 1.300 fr. pour sa quote-part.

2° La route de grande communication n° 5, entre Balmont et Allèves vers les Bauges, fut déclarée d'intérêt public en janvier 1859, et terminée en novembre 1872 par les entrepreneurs Rosazza et Mosca. Elle traverse le territoire


LA COMMUNE 35

d'Allèves sur une longueur de 3.825 m. et a été payée par les quatre communes citées plus haut, en proportion du nombre d'habitants. En 1866, Allèves avait voté 14.000 fr. pour achat des terrains entre Allèves chef-lieu et la route n° 17. En 1876, elle fut obligée de faire pour 6.306 fr. de réparations en établissant des murs de soutènement dans la côte de Banges.

3° Une route vicinale d'Allèves vers le Semnoz est en projet pour devenir une grande route de tourisme et rejoindre la partie Annecy-Semnoz faite en 1925-26.

CHAPITRE II.

Famille d'Allèves. — Le Château du Cengle.

Villages de Martinod et Aiguebelette.

Verrerie de Banges.

LA FAMILLE JEAN D'ALLÈVES (5). — Allèves a donné son nom à une famille qui a joué un certain rôle en son temps. Jean d'Allèves, bourgeois de Chambéry et clerc du Comte Amédée VI, fut au nombre des conseillers que le souverain envoya à Venise, en 1366. Il avait acquis des Métral de Desingy la maison forte de Lescheraine avec la juridiction, les routes et droits qui en dépendaient. Il en reçut l'investiture ainsi que la mestralie, dont jouissait également son prédécesseur. Par contrat dotal du 16 juillet 1332, il avait épousé Françoise Chabod, fille d'Antoine et soeur de Guillelmet. Il eut un fils, Louis, auquel son oncle Guillelmet Chabod fit un legs de la maison forte de Villeneuve, par testament du 14 février 1437. Dès avant 1405, Guillelmet

(5) Hist. des Banges, Morand, p. 230.


36 HISTOIRE D'ALLÈVES

Chabod avait acquis de Virard-Chevalier les biens de son beau-frère Jean d'Allèves.

La famille d'Allèves possédait des biens à Allose, paroisse du Bourget.

CHATEAU ET SEIGNEURIE DU CENGLE. — Parmi les constructions féodales, il faut distinguer les châteaux forts, les maisons fortes et les tours. Les premières étaient de véritables forteresses capables de contenir un grand nombre de défenseurs. Les maisons fortes avaient la forme de maisons carrées, flanquées de tours. Les châteaux de troisième catégorie comprenaient une vaste, tour qui fermait la partie principale, sinon unique de la construction. C'est dans cette dernière qu'il faut ranger le château du Cengle, perché comme un nid d'aigle entre deux bancs de rochers. Dans la partie inférieure de la tour étaient le puits, la cave et la prison. Le premier étage contenait la cuisine et les offices ; le second les cabinets de conversation et les alcôves. Enfin le troisième ne formait qu'une seule et vaste salle pour les réceptions solennelles.

Situé au-dessus du village de Martinod, il avait une position unique pour défendre ce passage étroit qui ferme l'entrée des Bauges. Il fut probablement bâti vers le Xe siècle, comme la plupart des châteaux des environs, dans un but de défense publique contre de nouvelles invasions, semblables à celles des Hongrois et des Sarrasins.

Les princes de Savoie gardèrent pendant près de 500 ans la jouissance et l'administration de leur châtellenie des Bauges, dont le Cengle faisait partie.

La seigneurie du Cengle fut très importante pendant 200 ans.

Au XIIe siècle, la noble famille des Seigneurs du Cengle possédait le grand domaine de Villard-Chabod avec ses nombreux fiefs et dépendances, situés entre les châteaux de Duin et la montagne du Semnoz. En cette qualité, ils avaient haute et basse juridiction, mixte et mère empire sur les habitants du Domaine, soit à peu près tous les ha-


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meaux de Saint-Jorioz, Saint-Eustache, La Chapelle, Duin, Giez, Vesonne, Alby, Gruffy, Rumilly.

A la fin du XIIIe siècle, Villard-Chabod échoit en partage à Dlle Françoise du Cengle, fille de Ne Jacques du Cengle, laquelle avait épousé Ne Bozon du Villard d'Aime. Leur fils Nicolet du Villard vendit en 1339, le 14 mai, pour 1.400 livres genevoises, le château de Villard-Chabod et la part échue à sa mère aux banquiers lombards Asinari Père et Fils, établis à Annecy. Le 6 novembre 1384, ceux-ci complètent leur acquisition de tous les droits féodaux de Ne Hugonin d'Orlié, Sgr du Cengle, pour le prix de 300 liv. Parmi ces droits, il faut savoir que les nobles du Cengle ont toujours tenu « apud Cingulum, furchas erectas et gladii potestatem in hominibus facinorosis ». (Acad. Sal. XVI, 143).

L'Armorial nous signale une alliance de Marguerone du Cengle (de Cingulo), morte avant 1329, et qui avait épousé Ne Girard de Pontverre, Sgr d'Epagny.

Voici maintenant la liste des seigneurs du Cengle depuis 1350 :

1. En 1352, le Comte Amédée III de Genève donne en fief le château avec 10 journaux de terres proches à François du Cengle.

2. Son fils François épousa vers 1375 : Jeannette d'Orlier de Viuz. .

3. Jacques d'Orlier hérita de sa soeur et de son beaufrère, morts sans enfants.

4. Hugonin d'Orlier, damoiseau, fils de Jacques.

5. Pierre, fils d'Hugonin, en fit hommage au Comte Amédée de Savoie, le 19 déc. 1406, en même temps que la moitié des dîmes de Gruffy. Le 20 avril 1464, Pierre et son fils François reçoivent investiture du château du Cengle et de la maison forte de Viuz.

6. François, fils de Pierre, le lègua en 1491, à son fils :

7. François, qui disait le tenir du Prince Philibert de Savoie, le 7 novembre 1502.

8. Pétremond, son fils, le vendit avant 1539 à Françoise de Montfalcon, mère de :


38 HISTOIRE D'ALLÈVES

9. François de Chabod-Lescheraines, qui dilapida sa fortune et dut vendre avant sa mort survenue en 1630, car on n'en parle pas dans sa succession. Les de Chabod portèrent néanmoins pendant quatre générations le titre de Sgr du Cengle.

10. Jacques, fils de Claude-Henri de Montfalcon-Roasson, héritier universel de son aïeule Anatoile d'AIby, morte en 1650, porte le titre de Sgr du Cengle, à la visité pastorale de 1640, où il est témoin.

11. Ses deux fils : Louis, habitant St-Offenge-Dessous, et Jean, habitant au Villard de la Biolle, furent coseigneurs du Cengle.

12. Aimé Philibert, fils de Louis, né en 1666, fut Sgr du Cengle et testa en 1715.

13. Claude, son fils et son héritier universel, né en 1692, mort en 1739, laissa un fils :

14. Louis, 1724-74, n'eut qu'une fille et le Cengle passa à son frère :

15. François, né en 1726, lequel eut deux filles, et le Cengle passa à son frère :

16. Révérendissime Joseph, Archevêque de Tarentaise, mort en 1793. Sa soeur Marie et ses deux,nièces : Joséphine de Savoiroux et Anne Favier de la Biguerne furent ses héritières.

VILLAGE DE MARTINOD OU CHEZ LES MOINES. — Dans une carte topographique des Bauges, publiée par le chan. Morand dans son histoire, Martinod est tout entier compris dans ce massif qui avait pour limite nord le pont de Banges avec, à l'ouest, une ligne suivant la crête de la montagne de Bellecombe et à l'ouest, une ligne suivant la crête des rochers de Banges.

Dans les registres paroissiaux, les habitants de ce village sont toujours nommés " Marthenod ou Martenod habitant le lieu dit « chez les Moines ». A partir de 1650, on a interverti ces noms ; le village s'appellera Martinod et les habitants recevront le. nom de Moine.

Ces deux noms propres indiquent que cette petite partie


LA COMMUNE

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des Bauges avait adopté l'industrie du 1er, sous la direction des moines de Bellevaux et des Aillons. .

Dès les temps les plus reculés on a travaillé le fer dans les Bauges, et on trouve les ruines d'un haut fourneau avec ateliers à Arith. Les établissements de Bellevaux, à Ecole, furent créés en 1654 et exploités par les Bénédictins de 1729 à 1788 ; ceux des Aillons datent de 1658. Le minerai était monté à dos de mulets de St-Pierre-d'Albigny ; les hauts fournaux le réduisaient en fonte, puis en barres et en verges pour être vendus aux forgerons et cloutiers du pays.

Une clouterie représentait une cabane basse et étroite, située sur le bord d'un ruisseau ; une grande roue, mue par l'eau, faisait mouvoir le soufflet de la forge et le martinet. En 1792, il y avait 34 clouteries dans les quatre communes réunies du Noyer, Lescheraines, St-François et le Châtelard, et chacune d'elles comptait environ 7 ouvriers. Le village de Martinod à Allèves devait avoir 2 ou 3 clouteries, car les registres paroissiaux nous signalent plusieurs fois le titre de maîtres-cloutiers, donnés à des habitants de l'endroit.

En 1787, la fonderie de Bellevaux vendit à elle seule 112 tonnes de fer pour le prix de 27.000 livres. En 1836, elle exploitait encore des minerais à Pré-Poulain, sur la commune d'Arith.

VILLAGE D'AIGUEBELETTE. — Ce village, aux belles eaux, ne semble pas avoir utilisé sa force motrice comme Martinod, pour travailler le fer ; mais de tout temps la famille Dagand dit Meunier eut le privilège des moulins à Allèves, avec un foulon et un battoir. Les anciens moulins ont été transportés au pont de Banges et remplacés par une scierie.

EXISTENCE D'UNE VERRERIE AU PONT DE BANGES (CUSY) ET A SAINT-JACQUES (ALLÈVES) 1645-1715. — Pour créer une verrerie dans un endroit déterminé, il faut y trouver les trois avantages suivants : 1° une rivière contenant du sable siliceux ; 2° du combustible en quantité et qualité


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suffisantes pour chauffer continuellement les fours à 1.000 degrés ; 3° une voie de communication permettant d'importer les sels de potasse ou de soude et d'exporter les verres fabriqués pour le commerce. Or, le pont de Banges, à Allèves-Cusy, réunissait d'une manière parfaite ces trois conditions ; le Chéran avec ses crues régulières du printemps, laisse à cet endroit un dépôt très abondant de sable fin; les forêts qui couvraient et couvrent encore les deux pentes de cette vallée fournissaient un bois de hêtre très dur et riche en calories ; enfin, nous savons par un document de 1650 que le pont de Banges « donnait passage de l'Allemagne en Italie ».

« A cette date, nous dit l'Armorial, Silvestre de Pingon, ne en 1621, baron de Cusy, fit construire avec son frère Claude-Eugène une chapelle près du pont de Banges qui donne passage d'Allemagne en Italie, auquel lieu on ne pouvait passer sans danger, tant à cause des voleurs que des loups qui attaquaient autrefois les passants en ce lieu fort étroit et solitaire, désirant empêcher par les prières les mauvaises actions qui s'y pourraient commettre. »

Le pont de Banges datait des Romains et était situé sur la voie romaine, très fréquentée pendant la bonne saison, qui reliait Annecy à Chambéry, par le col de Leschaux, la commune d'Arith et le col de Plainpalais.

Nous pouvons supposer qu'à la suite de l'occupation française de 1630-31, les gouverneurs de la province de Genevois trouvèrent le lieu propice et le signalèrent à leurs amis, maîtres verriers du Dauphiné. Le premier document des R. P. qui nous apprennent l'existence d'une verrerie à Banges est de 1645 et le dernier qui en parle est de 1715. Voici les principaux de ces documents qui nous renseigneront sur la direction et le personnel de cette usine.

Naissance en 1645 : Breton Jean-Michel, fils de noble Anthoyne et de Anne de Belle, sa femme ; avec permission de l'évêque (chose unique dans les annales d'Allèves), l'enfant fut ondoyé à la maison et les cérémonies suppléées solennellement à l'église, un mois après. En 1648 : noble Jean, fils de Jacques Breton, verrier de Banges ; 1649 :


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Pierre Collion, du diocèse de Vienne ; Dupuis, dit Breton, verrier ; Malo Claude, bourguignon ; noble Genix Breton ; noble Jean Dupraz ; noble Anne Dubour ; David, verrier ; Maistre Pierre, du Bourg ; 1654 : Jacques Barroy du Collioz, marchand de vins ; Louise Proc, du Dauphiné ; 1658 : noble François Breton, maître verrier, marié à Victrix de Vovry ; 1661 : noble Jean de Narroure, dit Griselli ; Pierre Gabet, du Dauphiné ; 1685 : Nicolas et Jacques, fils de noble Aymé Breton et Dlle Marie Veillet.

Mariages : 1669 : Maître Jean Breton marié à Jeanne Pavy ; 1671: Mauriaz Jean, habitant le pont de Bange, marié à Louise Mauria, de la ville de Cuspille ; 1675 : Rey Claude, bourgeois d'Annecy, marié à Breton Françoise, fille de Ne Antoine, Me Verrier ; 1684 : Beauquis François, d'AIby, fils de Me Jacques, marié à Breton Antoinette, fille de Ne François, Me Verrier ; 1695 : Guerraz François, de Leschaux, marié à Melchiotte Breton, de Riarey, fille de Sgr Jean et Pavy Jeanne

Décès : 1655 : Noble Antoinette Angonin, nièce de Mre de Breton, verrier de Bange ; 1672 : Marguerite Dupraz, femme de Ne Dupraz, maistre à la verrerie ; 1676 : Ne Breton Antoine, maistre verrier, 60 ans ; 1706 : Honorable Jeanne Pavy, femme de Ne Jean Breton ; 1708 : Long Louise, femme de Nicolas Breton, de Riarey, maistre verrier ; 1715 : Noble Nicolas Breton est témoin dans un procès à Allèves.

On voit à la lecture de ces actes qu'il y avait simultanément quatre maîtres verriers entre 1645 et 1655 : les trois nobles Antoine, Jacques et François Breton avec noble Dupraz ; ils avaient sous leurs ordres un certain nombre de verriers puisqu'un marchand de vins avait jugé nécessaire de venir s'installer à leur service. Les hommes d'Allèves devaient surtout être occupés comme bûcherons et charbonniers pour alimenter les fours.

La tradition a conservé l'emplacement exact de la verrerie, au bout du pont de Banges, sur la rive gauche du Chéran, dans un pré qui était labouré il y a quelques an-


42 HISTOIRE D'ALLÈVES

nées encore et où la charrue découvrait souvent des débris de verre.

Une succursale de Banges fut ouverte, vers 1675, audessus d'Allèves, près la chapelle Saint-Jacques, ainsi qu'en fait foi la tradition qui a conservé le nom de « La Verrière » à un carrefour de route où était l'usine.

De plus, les archives paroissiales conservent deux actes notariés à ce sujet :

1° Par acte du 14 mai 1679, Rd Dagand, curé d'Allèves, vend une coupe de bois, rière Saint-Jacques, à Dlle do Veigy Depigny, Vve de noble Jacques Breton, Sgr Dupraz, maîtresse de verrerie.

2° Par acte du 29 sept. 1684, Rd Dagand loue à noble Aymé l'aîné, fils de noble Jacques de Breton du Vernay, une pièce de terre à Saint-Jacques, lieu dit l'Abbaye, près le chemin d'Allèves à la Verrerie, de la contenance de la semature d'un quart et demi froment, mesure de Rumilly.

Dans un plan dressé en 1705, Rd Bouvard, curé, indique d'une manière précise la pièce de terre louée aux verriers pour leur permettre d'accéder plus facilement au chemin tendant d'Aiguebelette au plan de la Roche. Ce plan, accompagné de notes, existe dans le Registre n° 2 des naissances et mariages, entre l'année 1705 et 1706. Une lettre I indique « le champ appelé la Verrière, en partie de l'ancien bien de la cure, en partie de la commune ». La lettre K montre « l'endroit où était le jet (couloir) descendant à Aiguebelette », qui fut changé sur les terres de Saint-Jacques par les maistres verriers, du consentement des Rds curés, pour édifier leur maison et fourneau ; acte reçu par Me Dagand, le 29 sept. 1684.

L'installation de ces deux verrières pendant une période de plus de 60 ans contribua au développement d'Allèves qui n'avait que 18 feux en 1608 et 40 en 1700. Les coupes de bois durent favoriser beaucoup le défrichement et augmenter ainsi la surface des prairies et champs à ensemencer.

Pourquoi et comment expliquer le départ de ces verriers ? Très probablement, parce qu'on avait exploité toutes


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les forêts des environs et qu'il n'y avait plus le bois nécessaire pour chauffer les fourneaux.

Où s'installèrent-ils après leur départ d'Allèves ? Peutêtre à Thorens, car le questionnaire imposé en 1756 à toutes les communes (A. D. V. C.) semble indiquer que la verrerie d'Usillon est installée depuis peu de temps. « Il existe dans la dîmerie d'Usillon une verrerie dont on ne peut présumer les revenus ; pour le moment, elle s'endette toujours davantage. »

Je laisse à un autre chercheur le soin d'élucider cette question.

CHAPITRE III.

Les Invasions. — Allèves en 1642, 1708 et 1756. Affranchissements. — La Révolution.

PRINCIPALES INVASIONS ET OCCUPATIONS MILITAIRES EN BAUGES ET A ALLÈVES. — 1° Les Sarrasins et les Hongrois. — Jusqu'à Charlemagne, l'histoire de Savoie se confond avec celle de France. En l'an 939, les Sarrasins, qui avaient déjà franchi les Pyrénnées au VIIIe siècle, se trouvaient à Nice cent ans après, envahissant le Dauphiné et la Savoie tout entière. En 967, Conrad le Pacifique s'avançait par Leschaux, Banges, Le Châtelard, chassant devant lui les barbares qu'il battit à Ecole puis à Sainte-Reine ; c'était la victoire définitive.

Parmi les châteaux élevés par les Sarrasins à l'entrée des Rauges, après leur prise de possession, on cite notamment celui du Cengle à Allèves.

2° Invasion du Dauphiné. — Le 10 avril 1305, Antelme de Miolans quitte le château de Brens pour venir chasser les soldats Viennois qui avaient envahi la vallée des Bau-


44 HISTOIRE D ALLEVES

ges et s'étaient emparé du Châtelard. Une rencontre terrible eut lieu dans le défilé de Banges, après le passage de l'Eau Morte, en un endroit appelé encore aujourd'hui le Pré Rouge.

3° Invasion des Français. — En 1630 et 1690-96, il n'est pas question d'eux dans les archives paroissiales. On note seulemnt que la peste de 1630, fit 3 victimes dans la même famille : le père, la mère et un fils Fiornet, décédés les 18, 19, 20 octobre. L'invasion de 1704-13 fut plus mouvementée. En 1709, après la défaite des Français en Piémont, le général Berwich jeta 1.600 homems dans les Bauges pour barrer le passage à l'armée victorieuse du Comte de Thann. En 1711, Victor Amédée II reprit l'offensive, chassant devant lui les Français et les 6 bataillons allemands qui occupaient les Bauges. On se battit à Jarsy, Ecole, Aillon et Bange, puis l'ennemi se rejeta sur Montmélian, en traversant les cols.

Une note des R. P. de Bellecombe dit que « le 11 sept, les Allemands ont pillé toute la paroisse, à la réserve de la cure. »

Au début de 1706, les R. P. d'Allèves enregistrent la naissance suivante : « Joseph à feu Antoine d'Orléans de Champonieu, diocèse de Beley, s'estant informé si le baptême d'une fille qui lui est née dans cette paroisse en novembre 1705, était civile dans le registre, Je soussigné, curé, lui en ayant fait lecture, il me pria de l'enregistrer de nouveau, parce qu'on n'avait pas mis son véritable nom; ce que j'ai fait comme suit : « D'Orléans Marie-Claudine, fille de Joseph et de Louise Moissonier. ». (L'enfant avait été inscrite sous le nom de Perret M.-C.)

4° Invasion des Espagnols. — Du 8 janvier 1743 au 11 février 1749, les Bauges et le reste du Duché de Savoie restèrent au pouvoir des Espagnols, dont les brutalités sont restées légendaires. La taille fut élevée d'un tiers et le droit de capitation était exigé dans la huitaine, sinon l'ennemi procédait aux exécutions capitales. Allèves qui payait 423 livres en 1742, en paya 423 + 141 l'année suivante; soit 564.


LA COMMUNE 45

5° La Révolution et les Autrichiens en 1814. — Le 22 septembre 1792, premier jour de l'occupation française, Allèves vit passer la garnison de Rumilly composée de deux nataillons et d'un détachement de Chevaux-légers qui se dirigeaient vers le Châtelard, pour se rendre de là en Piémont, par le col du Frêne et le Mont-Cenis.

Quelques jours après, apparaîtront les gendarmes français, installés à Alby, qui viendront à la recherche des prêtres cachés dans la montagne ou des soldats enrôlés par la voie du tirage au sort et qui n'ont pas rejoint leur corps au jour indiqué. Ils venaient encore, racontent les vieilles grand'mères, s'assurer si le nouveau jour de repos créé par la République, le décadi, était bien respecté, et quand ils surprenaient quelqu'une d'entres elles à filer, c'était la confiscation du rouet et l'amende. Signalons encore une saisie de pistolets qui furent repris à Alby dans le placard du juge de paix, le jour de la Contre-Révolution, 26 août 1793. Ce jour-là, le maire d'Allèves, François Dagand d'Aiguebelette ne craignit pas de suivre l'avocat Dubellair pour manifester son attachement au Roi. Il avait avec lui les frères Jacques et Jean fils de François Dagand ainsi que Jean-Pierre Dagand, resté légendaire par les paroles énergiques adressées à la femme du Maire d'AIby : « Si, dans la minute, vous envoyez sonner, le Bourg d'AIby est en cendres. »

Puis, ce fut l'arrestation du bon curé Mauroz, le 4 fév. 1800 et son incarcération à Chambéry, qui causa un grand vide dans cette paroisse, pour laquelle il avait tant de fois exposé sa vie.

En 1814, un détachement d'Autrichiens, descendus de Leschaux, couche un soir de Janvier à Allèves et les habitants sont tout étonnés le lendemain de ne plus trouver aucune de leurs poules ou de leurs poulets dans le village.

Heureusement, c'était la fin de la Révolution, qui avait duré douze longues années. Quatre mois plus tard, le 30 mai, le traité de Paris était signé et Victor Emmanuel remontait sur son trône.


46 HISTOIRE D'ALLÈVES

GRAND PROCÈS DE 1642 A 1667. — Noble Christophe de Gerbais, Sgr de Sonnaz et de Montdésir (Alby) demandeur, contre les communiers de Gruffy et Allèves défendeurs, réclame le droit de péage et d'octroi sur toutes les marchandises passant à Alby, en vertu d'un acte daté du 5 mars 1543. Le Sénat lui reconnaît ce droit et condamne les communiers de Gruffy à payer dans 15 jours au château de Sonnaz, la somme de 15 pistoles d'or d'Espagne. Gruffy réclame à Allèves de payer ensemble cette somme, mais ceux d'Allèves prétendent qu'ils ont supporté toutes les charges du procès qui s'élèvent à 382 fl. de vacation payés à Me Dagand de Gusy et à Martin Dagand, procureur d'Allèves ; ils supplient donc le Sénat de faire participer Gruffy à ces dépens.

L'HIVER DE 1708-09. — « Le 6 janvier 1709, advint un froid si rigoureux, qui continua presque tout ledit mois ; il glaça si fort la terre qu'il fit pourrir entièrement les bleds, non seulement en Savoye mais encore dans toute la France et autres pays, tellement qu'à Pâques suivant, on ne voyait aucune plante de bled dans les plaines. Le prix du blé au mois d'avril était de 66 florins de Savoye et coûtait à Grenoble six vingts (120) florins le veissel. Les montagnes de ce pays ne furent pas dans le malheur de la plaine, la neige qui y était, couvrant la terre et les bleds. Dans Allèves, les bleds, tant de la St Michel que de Pâques, y étaient les plus beaux du pays. Le vin coûtait 60 à 70 florins la sommée ». (Reg. Par.).

ROLE DE LA TAILLE PAYE EN 1711 A LA COUR DES COMPTES. — Total : 46 florins, 8 sols, au lieu de 48 fl. comme ci-devant, déduction ayant été faite de 6 deniers par fl. Il y avait alors 50 familles propriétaires sur la paroisse. Les trois qui payaient le plus étaient : Dagand Homonet : 3 fl. 9 sols ; Dagand-Meunier : 2 flor. 10 sols ; Me Dagand, not. à Cusy : 3 fl. dont 1 fl. 6 sols tirés en bourgeoisie.

En 1717, conformément à l'édit du 17 février la taille se payera en livres et sols de Piémont, et non plus en flo-


LA COMMUNE 42

rins, sols, deniers et douzains, comme ci-devant. Ainsi Dagand Blaise qui payait : 1 fl. 6 s. 11 d. 3 d. payera : Liv. 1. 0. 6. 0. En 1804, le montant de la taille était de 242 fr. Vergain Jh, le plus riche, payait 19 fr.

ETAT DE LA COMMUNE EN 1756 (6). (A. D. V. C. 15). — Le premier chiffre représente la quantité rcueillie et le deuxième la quantité nécessaire aux besoins de la population.

1° Froment : 128 coupes-132 ; Seigle : 33-127 ; Légumes : 80-112 ; Orge : 179-349 ; Avoine : 103-106.

2° Huile de noix : 49 pots-55.

3° Fromage : 7 quintaux-8 ; Chanvre : 12-11 ; Laine : 0,58 livres-1,30 liv.; Foin : 279-341.

4° Toile : 385 aunes-379.

5° Bois : 24.220 buches-23.860.

6° Boeufs : 76 ;. Vaches : 43 ; Veaux : 12 ; Bourrique : 1 ; Chèvres : 82 ; Moutons : 74 ; Cochons : 9.

Le poids est celui de Rumilly ; la livre vaut 21 onces ; à Annecy elle vaut 24 onces. Le quintal de Rumilly ne vaut que 87 liv. 12 onces du quintal d'Annecy.

La mesure du blé est celle de Rumilly ; la coupe vaut 4 quarts, mais 3 coupes de Rumilly n'en font que 2 de celle d'Annecy.

La mesure du vin et de l'huile est celle d'AIby. la sommée étant composée de 70 pots, 56 desquels font la sommée d'Annecy. Le pot d'AIby vaut 16 verres, celui d'Annecy : 12 verres.

AFFRANCHISSEMENT DES FIEFS (7). — Le 30 janvier 1784, la délégation générale pour les affranchissements des fiefs de M. le Cte Guigue de Leschaux rière les paroisses d'Allèves, St-Eustache et Leschaux convoque les procureurs de

(6) En 1736, la surface cultivée à Allèves était de 1.685 journaux, et la communauté possédait 1.074 journaux.

Taille roturière et ourgeoise : 339 liv. Taille nouvelle : 451 liv. (A. D. — V. C, 21.)

En 1910, les recettes ordinaires de la commune étaient de 3.365 fr. (Annuaire Départ.).

(7) I. C. IV, 13. Arch. Dép.).


48 HISTOIRE D'ALLEVES

ces trois communes pour le 10 courant, afin de traiter a l'amiable du prix de ces fiefs. Leur voyage fut inutile, par rapport à leur obstination à vouloir affranchir les fiefs de M. le Cte de Revel sans le moindre correspectif.

Le Cengle. — Le 7 fév. 1792, l'ntendant faire faire une requête à la porte de la communauté d'Allèves qui sollicite un emprunt de 1.000 francs pour se libérer envers Mgr de Tarentaise, Sgr du Cengle. Cet emprunt est obtenu 15 jours après et Allèves complète le payement à faire à Monseigneur.

Contrat d'affranchissement de la Communanuté. d'Allèves en Genevois. — 1° De Revel : 399 liv. en 1785. 2° Cathédrale de Moûtiers : 2.700 liv. en 1788. 4° Menthon, baron de Gruffy: 600 liv. en 1788. 4° Commanderie de Compesières : 120 liv. en 1787.

EMPOISONNEMENT DE TROIS PERSONNES A ALLÈVES EN 1787. - Les 23 et 26 mars mouraient à Allèves, les deux soeurs : Emmanuelle, 26 ans, et Perrine, 21 ans, filles de Claude Moine et Dagand Françoise ; le 26 mars, décès de Moine Jean, 50 ans, fils de Claude et Raphin Françoise.

Le 9 avril 1787, l'avocat Richard écrivait : « Un étranger, Antoine Guillot dit Folin du Château-Vilain en Dauphiné a été arrêté à La Roche pour vol de 2 boeufs et une jument vendus à Annecy-le-Vieux. Le crime noir et atroce d'empoisonnement commis à Allèves, et qui a eu des suites si funestes, invite la justice à découvrir les coupables. L'officier local et le chirurgien sont en retard pour nous en faire part.. La punition doit suivre de près un acte aussi grave et aussi nuisible. » Il a été impossible de trouver le dénouement de cette affaire. (A. D. L. C. IV.)

LA RÉVOLUTION .— Allèves fut chargé de fournir du charbon de bois aux armées, comme nous l'indique le document suivant : « Alby, 14 Messidor, an. II. Citoyen, je te préviens que j'ai reçu une missive de l'agent national, par laquelle il m'enjoint de faire du charbon pour la fabrication de la poudre, et je t'invite de nouveau que tu me


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LE PONT DE BANGE

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ENTREE DES GROTTES DE BANGES



LA COMMUNE 49.

dois faire parvenir le tableau de la qualité et quantité de bois livré par chaque particulier. Ne t'arrête qu'a concurrence de 8 à 10 milliers pesant. Salut. Fraternité. Bourgeois, agent. » Voici la réponse :

« La commune d'Allèves a transporté place d'AIby : 1280 liv. de bois pour faire du charbon pour la poudre avec trois charriot ; les deux ouvriers requis : Moine Claude et Charrier Simon ont travaillé 27 jours à 3 fr, par jour. La commune leur a fourni 3 quarts de froment, 3 de seigle, 28 pots de vin, à déduire sur le prix convenu. »

En mai 1793, le Directoire fut réduit, « vu leur esprit anti-révolutionnaire » à ordonner le désarmement des communes d'Allèves, Massingy, Moye, Marcellaz, et confiait aux commissaires chargés de cette exécution, le droit de requérir les Gardes Nationales de Rumilly, Gruffy et même Alby, qui venait d'en établir une. (Ac. Sal. XXIV, 264).

On peut lire dans l'histoire d'AIby comment les hommes conservateurs d'Allèves se rendirent à Alby et reprirent les armes, pistolets qu'on leur avait confisqués.

RECENSEMENT. — Le Pouillé de Genève nous dit qu'Allèves comptait 424 habitants au XIVe siècle (A. S., II, 127). La visité de 1481 indique la présence de douze feux ou familles ; en 1608 : 18 feux ; en 1640 : 26 feux ; en 1667 : 35 feux ; en 1700 :40 feux ; en 1769 : 48 feux et 300 âmes ; en 1861 : 399 habitants ; 1870 : 434 ; 1880 : 424 ; 1890 : 464 ; 1900 : 416 ; 1910 415 ; 1928 : 326.

CHAPITRE IV.

Allèves de 1815 à nos jours.

VENTE DES FORÊTS D'ALLÈVES. — En 1817, Dame Françoise de Montfalcon, épouse du Comte Calvi, fait une re-


50 HISTOIRE D'ALLÈVES

quête pour que les forêts en litige, déclarées succession de Mgr l'Archevêque de Monfalcon (soit les nos 1291 et 92, acquis par Dagand Nicolas, Dagand J.-P., Meunier, Dagand Pierre-Bernard et Joseph, lesquels numéros avaient été achetés par la commune de la maison Monfalcon, le 1er mai 1788) soient surveillées pour n'être pas livrées au pillage.

De 1820 à 1826, il y a des contestations entre Allèves et Leschaux, qui a vendu une coupe à Frèrejean, à un endroit en litige. De guerre lasse, le garde forestier de Leschaux donne sa démission en 1824 avec les raisons suivantes : « Voyant la haine que m'ont juré les habitants d'Allèves, craignant la vengeance d'un peuple effréné, sans éducation et sans 'moeurs, je démissionne. Les gens d'Allèves accoutumés à la dévastation et au commerce des bois, se sont transportés dernièrement sur le lieu de leur coupe, armés de fusils. »

En 1826, les tribunaux donnent gain de cause à Allèves, en l'autorisant à vendre le bois et' charbon en litige, avec charge de payer à Frèrejean les frais d'exploitation. Pour éviter ces ennuis à l'avenir, les gens d'Allèves demandent à acheter eux-mêmes ces forêts, à raison de 6 fr. 50 le journal. L'Intendant n'est pas de cet avis, sous prétexte de la construction d'un clocher et de deux murs de l'église à refaire. Les forêts, dévastées pendant la Révolution, ajoutet-il, doivent être conservées par la commune, en cas de besoin et d'incendie.

En 1829, 59 lots de forêts sont vendus au prix de 12.000 fr. sur mise à prix de 8.000 fr. Il reste encore 5 lots à vendre. L'argent de cette vente doit être affecté à réparer les ruines causées par la Révolution, soit : confection du clocher, réparations à l'église, achat de cloches et confections d'autel. Deux lots, soit 24 journaux, sont réservés au curé pour son affouage ; concession supprimée en 1839.

En 1858, a lieu la vente de la grande forêt qui a été divisée en 66 lots de 1 hect. 20 ares 18 cent. La mise à prix varie de 66 fr. à 433 fr. suivant les lots.

MAISONS D'ECOLES. — Jusqu'à la grande Révolution,


LA COMMUNE 51

le curé avait la charge de tenir les petites écoles. Comme il y avait alors un vicaire, c'était à lui qu'était réservé le soin de faire la classe. De 1815 à 1880, les maîtres d'école sont payés par la commune.

La maison d'école communale, devenue la mairie actuelle, fut bâtie entre 1843 et 1845. Elle a coûté 3.358 fr. payés par la vente, de bois communaux.

En 1852, deux Soeurs de Chavanod : M. Jaillet et F. Chamet ouvrirent une école, fermée en 1854, faute du traitement exigé.

En 1853, nous voyons que Dagand François (Meunier) est autorisé comme instituteur et Julie Raphin comme institutrice. Leurs traitements sont de 250 fr. soit 25 fr. par mois de classe.

En 1883, la maison d'école étant jugée insuffisante, et le gouvernement accordant de larges subventions, le Conseil vota la construction d'une nouvelle maison pour garçons et filles. Elle a coûté 30.382 fr. dont 20.420 pour les bâtiments ; 3.380 pour les préaux ; 1.606 pour la clôture ; 988 fr. de mobilier ; 2.540 fr. d'imprévu et 1.445 fr. pour l'architecte.

L'ancienne maison a été convertie en Mairie et Bureau de téléphone.

FONTAINES PUBLIQUES. — En 1897, eut lieu une adjudication de travaux d'adduction d'eaux aux différents bassins d'Allèves. L'entrepreneur fut Dagand Marie de Rumilly, pour le prix de 2.506 fr.

INCENDIES D'ALLÈVES. — Le registre des décès signale trois, incendies à Allèves aux dates suivantes :

1° Le 3 janvier 1738, « Paccard Claudine, fille d'Humbert, âgée de 10 ans, est morte du feu ». D'après la tradition, cet incendie aurait détruit le pâté de maison qui avoisine celle des Grabier. Pour reconstruire cette dernière maison, on a utilisé des pierres de taille, provenant des démolitions du château du Cengle. Voir la fenêtre placée à droite de la porte d'entrée.


52 HISTOIRE D'ALLÈVES

2° Le 21 septembre 1787, Dagand Jacques (Homonet) âgé de 55 ans mourut « étouffé dans sa maison par un incendie ». On voit encore des traces de cet incendie dans la maison de Jean Homonet, près de l'église.

3° Le 20 avril 1852, à 8 heures du soir, est morte sous les décombres de l'incendie, Vergain Françoise, âgée de 61 ans. Un feu de cheminée à là salle à manger de la cure se communiqua à la toiture en chaume, réduisant en cendres toutes les maisons situées sur la Vi. Rd Pachon, curé, se dévoua beaucoup en allant quêter pendant de longues semaines, pour ses chers paroissiens.

SYNDICS ET MAIRES D'ALLÈVES.

1622 : Vergain Bernard.

1667 : Dagand Guillaume et Louis.

1681 : Paccard Pierre et Dagand Blaise.

1688 : Dagand Charles et Moine Daniel.

1700 : Paccard Claude et Dagand Claude.

1769: Dagand Victor. Conseillers : Dagand François et Simond.

1789 : Dagand François, Maréchal. Biaise Homonet. Nicolas dit Colas.

1808 : Dagand Jean-Pierre (Meunier)... Pierre Fiornet d'Aiguebelette...

1826 : Homonet François-Joseph.

1835-40 : Dagand Joseph dit Colas.

1840 : Dagand Jacques, Meunier, jusqu'à sa mort (1842).

1842 : Dagand Jacques Lapierre, mort par accident en 1852.

1859 : Dagand Jacques Fiornet.

1860 : Dagand Jean-Claude, Meunier. 1865-70 : Dagand François l'Aîné, Meunier. 1870-78 : Dagand Blaise dit Colas.

1878 à 1902 : Dagand Jacques-Marie, Meunier.

1902 : Dagand Jean (Bernard).

1910 : Dagand Claude-François de St-Jacques.


LA COMMUNE 53

1914-1919 : Dagand Charles-Eugène, Meunier. 1919 : Vergain Camille.

LISTE DES SOLDATS D'ALLÈVES, MORTS PENDANT LA GUERRE 1914-1918.

1. DEVILLE Louis-Jules, né le 16 sept. 1888 à Versoix, près Genève, fils de Jean originaire de Limoges (HauteVienne) et de Servel Amélie de Thoiry (Ain), instituteur à Allèves du 1er oct. 1911 au 1er août 1914, tué le 20 août 1914 à Sarrebourg (Lorraine). Sous-lieutenant au 29e d'Inf. Croix de Guerre et Légion d'Honneur à titre posthume. Excellent chrétien et remarquable éducateur dont Allèves conserve un pieux souvenir.

2. DAGAND Humbert-Joseph (Fiornet), fils de ClaudeFrançois et Dagand Péronne, né le 20 avril 1890, tué le

19 août 1914 à Flaschlanden (Alsace).

3. DAGAND Raymond-François, frère du précédent, né le

20 déc. 1887, tué à Verdun le 31 oct. 1916.

4. DAGAND Eugène-Joseph, fils de Joseph (Tailleur) et Dagand-Jeanne-Françoise, né le 4 sept. 1888, tué au col de la Chipotte en 1914.

5. DAGAND Biaise-Marie-Félicien, frère du précédent, né le 2 fév. 1891, tué le 4 juil. 1916, dans les Vosges.

6. DAGAND César-Jean-Marie, fils de François (Mazarin) et de Dagand Judith, né le 13 mai 1890, tué le 27 mai 1916 à Flirey.

7. DAGAND Maurice-Louis, frère du précédent, né le 25 sept. 1892, tué le 5 nov. 1916 à Saillisel.

8. MERMET Victor-Antoine, fils de François et Clerc Marie-Louise, né le 27 avril 1876, marié et père de. deux garçons, tué le 1er nov. 1914.

9. DAGAND Sylvain-Jean-Marie, fils de Jean-Claude (les Charrières) et Dagand Césarine, né le 2 fév. 1880, tué le 14 mars 1915, dans la Meuse.

10. VERGAIN Eugène-Julien, fils de Joseph-Claude et Dagand Josephte, né le 21 oct. 1892, tué le 2 avril 1917, dans la Marne.

11. DAGAND Francis-Jean-Joseph, fils de Jean-Pierre


54 HISTOIRE D'ALLEVES

(les Clercs) et Mermet Marie, né le 24 avril 1896, tué le 17 juin 1917, dans l'Aisne.

12. DAGAND Joseph-Marie-Alphonse, fils de Charles (Meunier) et Dagand Jeanne, né le 27 mars 1895, a péri en mer, sur un bateau torpillé qui allait à Salonique, en 1918.

13. MERMET André, fils de Marie et de Sinope Marguerite, né le 11 mai 1894, tué dans l'Aisne en 1918.

14. DAGAND Jean, fils de Joseph (Homonet), mort à Allèves le 22 oct. 1917.

15. CHARRIER Charles, fils de Jean, marié, né en 1878, mort à Allèves le 23 août 1919.

16. DAGAND Ambroise, fils de Joseph (Maréchal), né en 1893, mort à Lyon le 4 sept. 1919.

17. DAGAND Francis, fils de Jean-Pierre du Platet, né en 1891, mort à Allèves avril 1920.

NOTICE ET LÉGENDES SUR LA GROTTE DE BANGES. — La grotte de Banges, connue aussi sous le nom de grotte d'Allèves est aussi remarquable que celle de la Balme. Elle était très visitée par les baigneurs d'Aix-les-Bains, distant de 20 kilom., avant l'invention de l'automobile.

Elle a 248 mètres de long et se termine par un petit lac qui a la réputation de contenir des paillettes d'or ; au temps jadis, les genevois venaient les pêcher clandestinement. Par les belles soirées du mois d'août, on voyait souvent, à l'entrée de la grotte, un grand feu sur lequel ils faisaient cuire leurs aliments.

Parmi les nombreuses légendes qui se racontent; le soir à la veillée, sur les prétendus habitants de cette grotte, l'historien Savoyard Replat nous a laissé le récit de la suivante :

« Oddon de Compey, assis dans la chambre haute de son manoir, recommande à son fils Raoul, en partance pour la cour de Maurienne, de passer à la grotte de Bange, pour y saluer un de ses amis, qui pouvait lui donner d'utiles renseignements. Cet ami est messire d'Aigremont, connu présentement sous le nom d'Hugues l'Ermite. Il était


LA COMMUNE 55

moult sage et bon chevalier, mais, par grande mélancolie des choses de ce monde, il s'est retiré en lieu solitaire pour servir Dieu plus contemplativement.

— Tu lui porteras cet annel qu'il m'a remis en gage d'un service à me rendre.

Raoul arrive sur le territoire des Beauges, où s'était retirée dans les temps anciens une colonie de Vol ces, à la suite de la malheureuse expédition que ce peuple fit en Grèce. Un jeune enfant de 12 ans, véritable enfant de la Savoie, s'offre pour guide jusqu'à l'entrée de la grotte.

— Tu connais donc Hugues l'Ermite, demanda Raoul ?

— Hé ! Qui ne le connait en la' contrée ? Plus docte que le meilleur physicien, il a guéri mon père, grièvement blessé par un loup du Semnoz ; il a guéri nos vaches, rien qu'en les touchant avec une clef rapportée d'Outre-Mer; quand la tempête passe au ciel, sa voix la détourne de nos moissons. »

Causant ainsi, ils descendirent les sentiers rapides et ombreux qui conduisent à la grotte, au moment où les derniers feux du soleil mouraient sur la cime des rochers à pic, nommés les Tours de Rocheroche ou encore Tours Saint Jacques, parce qu'ils ressemblent à des tours demiruinées. A l'embrunir de la nuit, ils arrivent au terme du voyage.

Le Sire d'Aigremont n'était pas un ermite ordinaire. Ses yeux vifs et ses cheveux encore noirs annonçaient un homme de 40 à 45 ans. Il n'avait pas revêtu le manteau des anachorètes. Pour témoigner que le pieux solitaire avait encore parfois des pensées belliqueuses, une armure complète et une épée massive étaient appendues sous la première voûte de la grotte.

Lorsque l'enfant et Raoul s'y présentèrent, Hugues l'Ermite était agenouillé à l'une des extrémités de la caverne ; il semblait prier. Ses bras étaient croisés sur sa large poitrine ; ses yeux fixés vers l'horizon, paraissaient chercher quelque vision lointaine. Quand il eut terminé son oraison ou extase, Raoul s'approcha et dit : « Paix et Salut au Sire d'Aigrement, de la part du Sire de Compey.


56 HISTOIRE D'ALLÈVES

— Etranger, répondit une voix sonore, qui que vous soyez, Hugues l'Ermite vous salue au nom du Christ. » Raoul lui montra l'anneau que lui avait donné son père et expliqua le but de sa visite.

Après avoir allumé une torche, Hugues conduisit les nouveaux venus dans l'intérieur de sa demeure. Ils arrivèrent dans une espèce de salle, où venaient aboutir les deux entrées de la grotte, et qui était éclairée par une lampe antique, suspendue à la pointe recourbée d'une brillante stalactite. Bientôt un feu de racines et d'ailes de sapins pétilla en mille étincelles ; l'anachorète alla puiser une cruche d'eau vive dans le petit lac des Eaux Mortes, qui termine la caverne. Il servit à ses hôtes des raisins secs et des biscuits faits avec de la farine, mêlée d'avoine et de seigle, qu'ordinairement on ne cuit que deux fois dans, l'année.

Après ce frugal repas, grâces furent dites ; Penfant s'endormit dans un coin, sur de la paille fraîche ; l'ermite et Raoul commencèrent un long entretien. La nuit passa, le matin vint : c'est la chronique qui le dit et je la crois volontiers. L'enfant remonta vers son village du Glapigny; Raoul prit congé de l'ermite et remonta la vallée pittoresque creusée par la rivière de Chéran. Il traversa la vallée des Beauges où de religieux ermites avaient déjà appris aux habitants l'art de forger le cuivre et le fer, et arriva sans encombre au terme de son voyage, guidé par les lumières de Hugues l'Ermite des Banges. »(8).

GROTTE DE BANGES, LIEU DE SÉPULTURES. — La Revue Sav. de 1916, p. 167, nous donne la relation suivante, sortie de la plume de M. Marteaux. " Un de nos collègues, M. Joseph Murgier, m'ayant signalé, à l'entrée du deuxième couloir, de la grotte, l'existence de tuiles romaines, je m'y suis rendu, et après avoir creusé jusqu'à 80 centim. de profondeur, ai retiré de l'excavation, mélangée à des éclats de roche calcaire, dans une terre noirâtre très poussièreuse,

(8) (Voir Académie Florimont., année 1872, page 63.)


LA COMMUNE 57

de nombreux fragments de tuiles à rebords et courbes, un débris de poterie grossière micacée, et avec, des os de porc (tête de radius, vertèbre dorsale), des ossements humains, partie médiane de sternum, vertèbre dorsale, troisième vertèbre cervicale, petite molaire supérieure d'enfant, portion de pariétal très épais, qu'à bien voulu identifier M. Le Roux. La réunion de ces objets fait penser à quelque sépulture en toit de tuiles, d'une date non antérieure à la moitié du IIIe siècle, et détruite à une époque indéterminée. »

ALLÈVES, AU POINT DE VUE ADMINISTRATIF, a toujours fait partie de la Province du Genevois, du mandement d'AIby jusqu'au 28 février 1800, où il est rattaché à l'arrondissement d'Annecy et au canton d'AIby. Le 28 janvier 1801, il est rattaché au canton d'Annecy-Sud ; le 16 déc. 1816, il est rattaché au mandement de Duingt ; le 20 déc. 1860, Allèves fait partie du canton d'AIby qui vient d'être rétabli. (Mgr Rebord. Divisions administratives, 1926).


TROISIÈME PARTIE

Généalogie des familles propriétaires à Allèves

en 1922

BEAUQUIS FRANÇOIS, marié à Reinier Catherine, vint d'AIby ouvrir la première épicerie d'Allèves. Il eut 4 enfants nés à Alby entre 1820, date de son mariage, et 1827 : Claudine, 1822, mariée à Ferroux du Châtelard ; Antoine, 1827, père d'Auguste, retiré à Annecy ; Jean, né à Allèves, 1830, marié à Dagand Josephte en 1857, fille de Jean et Cottard Laurence, émigra à St-Offenge-Dessous, eut 2 fils: Jean, 1860 ; Joseph, 1867, et 2 filles religieuses à La Roche.

II. JOSEPH, 1832, marié en 1863 à Dagand Marie, fille de Jacques (Fiornet), remarié à Lapierre Françoise eut 6 enfants, dont : Jeannette, mariée à Maréchal de Genève, et:

III. FRANÇOIS, 1866, marié à Pricaz de Saint-Eustache, remarié à Ferroux Philomène, eut : Joseph, Jean, 1900 et Fernand 1902.

BRUNO JOSEPH, fils de Pierre et Chauland Jeanne, venu de la Motte-en-Bauges pour se marier à Charrier Josephte (IV) fille de Charles et Guevin Pernette eut 7 enfants, dont: Blaise, 1796, marié en 1821 à Dagand Laurence, fille de François Fiornet, et :

II. JOSEPH l'aîné, 1779, marié en 1805 à. Dagand Françoise, fille de François Maréchal, dont il eut une fille ; se remaria à Barbier Josephte dont il eut 6 enfants :

III. JOSEPH, 1814, marié à Dagand Antoinette Mazarin,


GÉNÉALOGIE 59

fille d'Antoine, en 1856, eut : Pierre, 1858. marié à Dagand Caroline fille de Jean-Claude, et :

IV. JEAN-FBANÇOIS, 1861, marié à Dagand Pierrette les. Clercs, fille d'Antoine, eut :

V. JOSEPH-MARCEL, 1900...

CHANAZ JEAN, fils de Jacques, venu de Leschaux pour marier en 1782 : Moine Marie à feu Claude, eut 3 enfants ; se remaria à Revel Antoinette, dont il eut encore 3 enfants:

II. JEAN, 1786, marié à Picon Josephte d'Albens, puis à Burdet Josephte d'Albens, eut 4 enfants de chacune, dont :

III. JEAN-CLAUDE, 1841, marié à Bouvier Louise de Bellecombe, puis à Prica de Bellecombe, eut 5 enfants, dont : IV. WALFRIED, 1888, marié à Burdet Françoise de StFélix, eut : Désirée, 1913...

CHARRIER CLAUDE, mort en 1695, âgé de 80 ans, habitant Aiguebelette, marié à la Bernarde, eut 3 garçons, dont:

II. CLAUDE, mort en 1718 à 60 ans, marié à Jeanne Gros de Cusy eut 5 enfants, dont : JEAN, chef de la deuxième branche, et :

III. CLAUDE, marié à Dufour Estienna eut :

IV. PIERRE, marié à Dagand Claudine, fille de Louis Jobet-Grillan eut 7 enfants, dont :

V. CHARLES, 1721, marié à Guevin Parnette eut 5 enfants, dont : Josephte, mariée à Bruno,

VI. FRANÇOIS, marié à Dagand Mathias, fille de Pierre les Dagands, en 1770, eut 8 enfants, dont Péronne, mariée à Vergain Claude ; Pierre, marié à Ginet M. de St-Offenge, et :

VIL JEAN-PIERRE, 1773, marié à Vottier Josephte, eut 4 enfants, dont :

VIII. CLAUDE-FRANÇOIS, 1810, marié à Morand Claudine de Chainaz, eut 4 enfants, dont :

IX. JOSEPH, 1853, marié en 1888 à Moine Jeanne, fille de Christin eut : Caroline, mariée à Dagand François (Fiornet), et :

X. FRANÇOIS, 1892, marié en 1921 à Dagand Gabrielle, fille de Jérémie les Clercs, eut : Joseph et Francis.


60 HISTOIRE D'ALLÈVES

Deuxième Branche.

III. JEAN dit Lochard, marié en 1691 à Dagand Françoise, fille de Guillaume, eut 5 enfants, dont : Simon, marié à Thomé Melchiotte d'AIby (1).

IV. CHARLES dit Loutiard, marié à Dagand Hugone, eut 8 enfants, dont :

V. SIMON, 1739, marié à Collet Jeanne, eut 6 enfants, dont Joseph, marié à Dagand Claudine, fille de Blaise les Dagands, et :

VI. PIERRE, 1765, marié en 1797 à Dagand Marguerite, fille de Blaise (les Dagands), eut 3 enfants, dont :

VIL SIMON, 1801, marié à Griot Annette d'Arit, eut 10 enfants, dont : JEAN-MARIE, chef de la troisième branche, et :

VIII. JEAN-FRANÇOIS, 1832, marié à Bollard Agathe de Lescheraines, eut 4 enfants, dont : Françoise, mariée à Morand d'Arith ; Philippe, 1870, hôtelier à Paris ; et :

IX. PIERRE-JOSEPH, 1868, marié à Pichot Martine de St-François, eut 3 enfants :Félicie, 1894, mariée à Jonmarin de Paris, et :

X. SIMON, 1898, marié à Fantin Suzanne en 1921, eut : Pierre, 1923.

Troisième Branche.

VIII. JEAN-MARIE, 1834, marié à Dagand Marie, fille de Jacques Fiornet, eut 5 enfants, dont : JOSEPH, chef de la quatrième Branche e; Charles, 1878-1919, marié à Paris, laisse 3 enfants ; et :

IX. FRANÇOIS, 1875, marié à Dagand Eugénie, fille de Jacques d'Aiguebelette, eut 5 enfants : Annette, 1903 ; Valentine, Simone, Edmon, 1908; Marcellin, 1911.

Quatrième Branche IX. JOSEPH, 1876, marié à Maréchal Marie eut : Maurice, 1913 ; Eugène, 1917.

(1) Le 17 juillet 1734, Charrier François, fils de Simon et Thomé Melchiotte, âgé de 14 ans, fut dévoré par les loups ; on a encore trouvé une partie de son corps, qui a été inhumé au cimetière d'Allèves. (R. P.)


GÉNÉALOGIE 61

DAGAND d'Aiguebelette, meunier.

I. PIERRE eut : Guillaume, prêtre en 1613, mort curé de la Motte en 1626 ; et :

II. ANTOINE, marié à Clavel Clauda, eut 6 enfants, dont: Jean-Louis, 1617, prêtre en 1647, curé d'Epersy, mort en 1692 ; Jeanne, mariée en 1653 à Lochard-Charrier d'Allèves ; et :

III. GUILLAUME, 1615, marié en 1653, dans la chapelle St-Jacques, à Faure Clauda, eut 5 enfants, dont : Jeanne, mariée à Dagand la Biguerne ; et :

IV. FRANÇOIS dit Perron, 1647, marié à Vergain Perrine, fille de Claude, eut 10 enfants, dont : Françoise, mariée à Dagand Jean-Claude ; Blaise, marié à Dagand Jeanne ; Jean-François, 1686, prêtre en 1712, curé d'Epersy et Grésy ; JEAN-LOUIS, chef de la deuxième branche; Simon, marié en 1692 ; Humberte, mariée à Dagand François le jeune ; Aymard, marié à Dagand Jeanne ; et :

V. BERNARD, 1679, marié à Dagand Françoise, fille de Charles, en 1703, eut 7 enfants, dont :

VI. JEAN-LOUIS, 1706, marié à Daviet Louise de Mûres, eut 3 enfants, dont : Françoise, mariée à Claude Humbert dit Grabier ; et :

VII. PIERRE, 1739, marié en 1768 à Dagand-Homonet Pernette, fille de Pierre, eut 8 enfants, dont : Louise, mariée en 1807 à Dagand Jacques Fiornet ; Françoise, mariée à Mansoz de Bellecombe ; et :

VIII. CLAUDE, 1779, mariée à Chappet de Leschaux, eut 8 enfants, dont : François, marié à Richard de Gruffy ; Jeanne, mariée à Jacquet de Bellecombe ; et :

IX. CLAUDE, 1818, marié en 1848 à Dagand Caroline, fille de Joseph (Colas), eut 8 enfants dont : Marie, mariée à Dagand Jean, fils de Jean-Claude (Meunier) ; Antoinette, mariée à Dagand-Lanlad de Rumilly ; et :

X. JEAN-PIERRE, 1865, mariée à Martin Josephte d'AIby, eut une fille, Alphonsine, 1893.

Deuxième Branche. V. JEAN-LOUIS dit Perron, 1688, marié en 1712 à Da-


62 HISTOIRE D'ALLÈVES

gand Pernette, fille de feu Me Claude, notaire public à Allèves, eut 6 enfants, dont :

VI. JACQUES, 1730, marié en 1746 à Vergain Pétroline, eut 7 enfants, dont : Joseph, marié à Morel de Lescheraines ; Françoise, mariée à Dagand Jacques d'Aiguebelette en 1715 ; Charlotte, mariée à Richard de Gruffy.

VII. JEAN-PIERRE, 1747, marié en 1781 avec dispense de parenté au 3 égal, à Dagand Jeanne, fille de Jacques Homonet, eut 7 enfants, dont : Charlotte, mariée en 1802 à Dusselier de Leschaux ; JEAN-PIERRE, chef de la troisième Branche ; et :

VIII. JACQUES, 1786, marié en 1813 à Dagand Marie, fille de Claude Lapierre, eut 6 enfants, dont : Jeanne, mariée à Daviet de Gruffy ; Marie, mariée à Chabert de Cusy ; JEAN-CLAUDE, chef de la quatrième Branche e; Josephte, mariée à Dagand Jean-Marie Homonet ; et :

IX. JEAN-PIERRE, 1816, marié à Collomb Mélanie de Cusy, eut 5 enfants, dont : Marie, mariée à Mallinjoud de Gruffy ; Angélique, mariée à Dagand Jean-Claude de Martinod ; Charles, marié à Cusy ; Caroline, mairée à Chabert de Cusy ; et :

X. JACQUES, 1847, marié en 1868, avec dispense de parenté au 2 égal, à Dagand Pierrette, fille de Jean-Marie Homonet, eut 8 enfants, dont : Jean, marié à Gruffy ; Marie, mariée à Sevrier ; Eugénie, mariée à Charrier François ; Honorine, mariée à Ruph de Leschaux ; et :

XI. CHARLES, 1882, marié en 1906 à Dagand Alphonsine, fille de Charles Meunier (X), eut : XII. FERNAND, 1907, Antonin, 1909.

Troisième Branche (Martinod)

VIII. JEAN-PIERRE, 1796, marié en 1823 à Dagand Josephte, fille de Biaise (famille éteinte), eut 5 enfants, dont: Antoinette, mariée à Jarsy ; Marguerite, mariée à DagandFiornet d'Aiguebelette ; Jacques, marié à Guevin Rosine puis à Reinier Adélaïde de Viuz ; et :

IX. JEAN-CLAUDE, 1834, marié à Dagand Angélique Meunier (IX), eut 7 enfants, dont : Antoinette, mariée à Dagand Joseph les Clercs ; et :


GÉNÉALOGIE 63

X. JOSEPH, 1873, marié en 1900 à Dagand Jeanne, fille de François, eut :

XI. JEAN-CLAUDE, 1901.

Quatrième Branche (Aiguebelette).

IX. JEAN-CLAUDE, 1822, marié en 1847 à Dagand Antoinette, fille de Joseph Lapierre, eut 5 enfants, dont : CHARLES, chef de la cinquième Branche ; JOSEPH, chef de la sixième Branche ; Jean, marié à Dagand Marie (Bernard) fixé à Saint-Ours, et :

X. JACQUES, 1855, marié en 1879 à Charrier Adélaïde, fille de Jean, eut 5 enfants, dont : Antoinette ; Joséphine ; Marie, mariée à Dagand Louis (les Charrières) ; Marthe; et:

XI. CHARLES, 1880, marié à Vergain Angélique d'Allèves.

Cinquième Branche (Aiguebelette). X. CHARLES, 1857, marié en 1879 à Dagand Jeanne, fille de Jean-Marie (Homonet), eut 8 enfants, dont aucun, marié.

Sixième Branche (Banges).

X. JOSEPH, 1862, marié en 1888 à Dagand Josephte, fille de Jean (Paccard), eut : Germaine, 1898 ; et :

XI. ERNEST, 1889, marié en 1912 à Dagand Marie, fille de Jean-François (Homonet), eut : Adrien, 1913; Madeleine, 1919 ; Jean, 1921 ; Francis et Jeanne...

DAGAND dit Colas en 1800 ; Garin en 1650 ; le Chef en 1720.

I. JEAN fut père de : - II. BLAISE, marié à l'Antoinette qui eut :

III. GUILLAUME dit le gros Guillaume, né en 1591, marié à Dagand-Fiornet Claudine, eut : CHARLES, chef de la deuxième Branche, et :

IV. DANIEL, 1629, marié en 1656 à Mansoz Philiberte de Bellecombe, eut 7 enfants, dont :

V. CLAUDE, 1660, marié en 1701 à Mermet Noëlla, eut 6 enfants, dont :

VI. FRANÇOIS le Chef, 1711, marié à Charvin Jeanne, eut 7 enfants, dont :


64 HISTOIRE D'ALLÈVES

VIL PIERRE, 1736, marié à Dagand Françoise en 1763, eut 8 enfants, dont :

VIII. BLAISE, 1773, marié en 1797 à Dagand Pernette, fille de Jean-Louis et Anselmet Jeanne, eut 6 enfants, dont: Pierre, marié à Chappet Jacqueline, père de Marie ci-après.

IX. FRANÇOIS-PIERRE, 1802, marié à Chavanne Claudine du Glapigny, eut 6 enfants, dont :

XL PIERRE, 1831, marié en 1863, dispense de parenté du 2 au 3, avec Dagand Marie, fille de Pierre le Chef (VIII) et de Chappet. Jacqueline, eut 7 enfants, dont :

XII. THÉOPHILE, 1885, marié en 1920 à Morand Alice d'Arith, fille d'Arthur et Dagand Marie d'Allèves (le Chantre), eut : Louis, 1921 ; Maria ; André, 1925 ; Lucie ; Léa...

Deuxième Branche (les Colas)

IV. CHARLES, 1643, eut pour parrain Rd Crochon Charles, curé d'Allèves. Il épousa Dagand Anne, fille de Jacques, dont il eut 5 enfants, dont : Claudine mariée à Prisset d'Arith ; Guillelmine, mariée à Orsat de Gruffy ; Perrine, mariée en 1720 à Vergain Joseph d'Allèves, et :

V. FRANÇOIS à l'Anne, 1683, marié à Prisset Françoise., fille de Jacques, eut 8 enfants.

VI. PIERRE, 1707, marié en 1728 à Vergain Pétronille, fille de Jean dit Baron et de Bocon Claudine, eut 8 enfants, dont : Claudine, mariée à Dagand François, fils de Simon dit Gaillard ; et :

VII. FRANÇOIS, 1732-93, marié à Viviand Jeanne, fille de Claude, eut 2 enfants : Marguerite, mariée à Dagand Claude, fille de Jean et de Juvina Marguerite ; et :

VIII. NICOLAS, 1757, marié en 1789 à Morel Françon de Lescheraines, eut un fils :

IX. JOSEPH, 1791, marié à Guillermin Marie de Crempigny, eut 7 enfants, dont : Caroline, mariée à Dagand Claude (Bernard) ; Antoinette, mariée à Dagand JeanPierre (Homonet).

X. BLAISE, 1820, marié à Mallinjoud Françoise de Gruffy, eut 14 enfants, dont : Nicolas, marié à Glapigny ; Antoinette, mariée à Dagand François (Lapierre) ; Caroline,


GÉNÉALOGIE 65

mariée à Domenge d'AIby ; Marie, mariée à Cohendet de Leschaux; FRANÇOIS, chef de la troisième Branche ; Louis, chef de la quatrième Branche ; et :

XL JÉRÉMIE, 1855, marié à Vidal Joséphine d'Aix, eut ; Hector, 1911.

Troisième Branche.

XI. FRANÇOIS, 1874, marié en 1905 à Dagand Eugénie, fille de Claude (les Charrières), eut : Rémi, 1908 ; Roger ; Anna ; Simone ; Camille, 1921...

Quatrième Branche. XI. Louis, 1877, marié à Emonet Victorine de Gruffy, eut 4 enfants : Yvonne, 1903 ; Joseph ; François ; Marie ; remarié à sa belle-soeur Emonet Joséphine, eut : Jeanne, 1910 ; Emilienne ; Léon ; Félix ; Henri ; Simon, 1920 ; Henri ; Léontine ; André, 1927...

DAGAND-FIORNET. Première Branche dite Lanla.

I. GUILLAUME, né en 1580, eut deux fils : Antoine et Jacobé.

II. ANTOINE, marié en 1638 à Dagand Maurise, fille de Pierre, eut un fils.

III. JACOBÉ, marié en 1640 à Rey Bernarde, eut 4 enfants, dont : Pernette, mariée en 1702 à Dagand Joseph à feu Daniel dit Garin ; JEAN-LOUIS, chef de la deuxième Branche ; et :

IV. VICTQR, marié en 1702 à Dagand Anne, fille de Martin, qui est fils de Guillaume, eut :

V. PIERRE, 1712, marié en 1730 à Vergain Françon, fille de François et de Dumarest Péronne, eut 8 enfants, dont : Louise, mariée à Vergain Jh, fils de Joseph et Emin Pernette ; Mathiaz, fille, mariée à Charrier François d'Aiguebelette ; JEAN-CLAUDE, chef de la troisième Branche ; et :

VI. FRANÇOIS, 1737, marié en 1773 à Dagand Claudine, fille de Claude (Grabier), eut 6 enfants.

VII. SIMON dit Lanley, 1792, marié en 1817 à Moine An-


66 HISTOIRE D'ALLÈVES

toinette, fille de François-Forestier, eut 4 enfants, dont : Françoise, mariée en 1850 à Arbarète de Cusy ; et :

VIII. BLAISE, 1817, marié en 1852 à Dagand Françoise, fille de Joseph dit Maréchal, eut 6 enfants, dont :

IX. FRANÇOIS, 1860, marié en 1889 à Dagand Julienne, fille de Jacques (les Dagands), eut : Blaise, 1890 ; Sylvain, 1892 ; Colette, 1895 ; Honoré, 1899.

Deuxième Branche (Fiornet).

IV. JEAN-LOUIS, marié à Jarret Françoise de Gruffy, eut :

V. FRANÇOIS, 1689, marié à Vibert Michelle d'Héry, eut 6 enfants, dont : Blaisa, mariée à Dagand Charles (Maréchal), et :

VI. VICTOR, 1723, marié en 1746 à Vergain Charlotte, fille de. Joseph dit Baron, eut 6 enfants.

VIL JACQUES, 1753, marié à Cochet Marie, eut 7 enfants, dont : PIERRE, chef de la quatrième Branche ; Claudine, mariée en 1813 à Dagand Jean Fiornet, fils de Jean-Claude; et :

VIII. JEAN, 1775, marié à Christollet Jeanne de Cusy, eut 8 enfants, dont : Marie, mariée à Moine Charles, fils d'Antoine dit Forestier ; Pernette, mariée à Cusy ; et :

IX. PIERRE, 1808, marié en 1836 à Guevin Jeanne de Gruffy, eut 10 enfants, dont : trois filles religieuses chez les Fidèles Compagnes de Jésus ; François, 1839, marié et rentier à Annecy ; Jean, 1849, marié à Gruffy, laisse trois garçons ; Mélanie, mariée à Cusy ; et :

X. MARIE, 1841, marié à Bouvier Louise du Glapigny, eut 3 enfants : Mélanie, mariée à Dagand Pierre dit Ignace; et :

XL FRANÇOIS, 1884, marié en 1917 à Charrier Henriette, fille de Joseph (IX) eut : Marguerite, 1920 ; Yvette, 1922...

Troisième Branche, fixée à Saint Jacques. VI. JEAN-CLAUDE, 1753, marié en 1774 à Dagand Françon, fille de Jacques (Meunier), avec dispense de parenté du 4 égal, eut 7 enfants, dont : Jean, 1782, marié à Dagand Claudine (Fiornet) en 1813 (VII) et :


GÉNÉALOGIE 62

VIL JACQUES, 1777, marié en 1807 à Dagand Louise, fille de Pierre (Bernard), eut 3 enfants, dont : Françoise, mariée à Dagand François (les Simons) ; Claudine, mariée en 1837 à Dagand Louis (Paccard) ; et :

VIII. JACQUES, 1812, marié à Anselmet Jeanne de Gruffy, eut 9 enfants, dont : Marie, mariée à Beauquis Joseph (II) ; Jeanne, mariée à Dagand Alphonse (le Lâche) ; Louise, mariée à Charrier Jean-Marie (VIII) ; Françoise, mariée à Dagand Joseph (Tailleur) ; Mélanie, mariée à Dagand François (Grillan) ; et :

IX. CLAUDE-FRANÇOIS, 1845, marié à Dagand Péronne, fille de Pierre (Maréchal), eut 12 enfants, dont deux tués à la guerre ; Léonie, mariée à Carrier de Cusy ; Eugénie, mariée à Annecy et :

X. JOSEPH, 1877, marié à Cochet Louise d'Arith eut : Paul, 1913 ; Edmond, Raymonde ; François ; Odile, 1921 ; Louis ; Albert, 1924.

Quatrième Branche, fixée à Aiguebelette.

VIII. PIERRE, 1777, marié en 1811 à Dagand Péronne, fille de Jacques (Meunier), eut 10 enfants, dont: Joseph, marié à Leschaux ; Ferdinand, marié à Cusy ; Claudine, mariée à Emonet de Gruffy ; Marie, mariée à Guévin de Gruffy ; Josephte, mariée à Dagand Joseph, dit Paccard ; Pierrette, mariée à Menthon de Viuz ; JACQUES, 1826, chef de la cinquième Branche ; FRANÇOIS le Cadet, Chef de la sixième Branche, et :

IX. FRANÇOIS l'Aîné, 1812, marié en 1841 à Guevin Louise de Gruffy, soeur de Jeanne, mariée ci-devant à Pierre Fiornet (IX), eut 4 enfants, dont :

X. JEAN-PIERRE, 1844, marié à Rey Jeanne de Gruffy, eut 6 enfants, dont : Justine, marié à Dagand Marius (les Simons) ; Alice, mariée à Tornier Pierre de Tarentaise.

Cinquième Branche. Aiguebelette.

IX. JACQUES, 1826, marié en 1859 à Dagand Marguerite, fille de Pierre (Meunier), eut 4 enfants, dont : Marie, mariée à Dagand Joseph les Clers ; et :

X. JEAN-PIERRE, 1860, marié à Frénod Rosine de la


68

HISTOIRE D'ALLEVES

Motte, eut 10 enfants, dont : Francis, mort des suites de la guerre ; Céline, mariée à Rey de Gruffy et à Dagand Joseph (Tailleur) ; Emile, 1896, marié ; Léontine, mariée à Dagand Léon (les Dagands) ; Philippe, 1904, et Félicie, 1909.

DAGAND-HOMONET.

I. HUMBERT, marié à la Jeanne, eut 3 enfants, dont :

II. BERNARD, né vers 1595, marié à l'Emma, eut 3 enfants, dont : Guillelmine, mariée à Dagand (Maréchal) et morte à 100 ans ;

III. CLAUDE, 1644, marié à Dagand Perrine, fille de Guillaume (Fiornet), eu 9 enfants, dont : Charles, marié en 1693 à Lamarche de Chambéry ; Claude-François, marié en 1710 à Dagand Perrine (Grabier), eut un fils, François, qui épousa Noble Mansoz Jeanne de Chambéry et eut 6 filles et 2 garçons entre 1738 et 1756 ; l'un d'eux, Blaise, devint prêtre en 1769, prof, de Rhétorique à La Roche, mourut en 1784 ; Marie, 1677, mariée en 1703 à Mermet Charles ; et :

IV. DANIEL, maistre cordonnier, 1661-1729, marié à Francoz Jeanne, eut 7 enfants, dont Pierre, marié en 1729 à Vergain Françoise ; Pétronille, mariée en 1729 à Givez de Chainaz ; Françon, mariée en 1738 à Dagand François (Meunier) ; et :

V. JACQUES, 1715, mourut le 21 sept. 1787 « étouffé dans sa maison par un incendie ». Il avait épousé Cochet Josephte de Marigny, dont il eut 6 enfants : François, 1766, marié à Dagand Claudine (les Simons), père de François, 1789, père de Marc-Eugène, 1845 ; et :

VI. BLAISE, 1764, marié à Galice Pernette de St-Jeanla-Porte, eut 7 enfants, dont : Gaspard, mort à Moscou ; JOSEPH, 1789, chef de la deuxième Branche ; Marie, mariée en 1813 à Dagand Joseph du Châtelard; Marthe, mariée trois fois : 1) Dagand Blaise dit Tournu ; 2) Prisset d'Arith et 3) Vergain Claude-Marie ; Jeanne, mariée en 1819 à Dagand (Lapierre) ; et :


GÉNÉALOGIE 69

VIL BLAISE, marié à Dagand Antoinette du Châtelard, eut 8 enfants, dont : Marie, mariée à Bogey de Cusy ; Marthe, mariée à Dagand François (les Simons) ; Rosine, mariée à Excoffier de Saint-Sylvestre ; Julie, mariée à Laperrousaz de Viuz ; et :

VIII. JOSEPH, 1829, marié à Laperrousaz Jeanne de Viuz, eut 9 enfants, dont : Blaise ; Jean, marié au Châtelard ; Justine, mariée à Gaillard de Vieugy; Jeanne, mariée à Isigny, près Lyon ; François, 1870, prêtre, mort curé de Manigod en 1914 ; Victorine, mariée à Vergain Eugène ; Colette, mariée à Laperrousaz de Viuz ; et :

IX. MAURICE, 1860, marié à Chappet Louise de Leschaux, eut : Herminie, 1903 ; Edmée, 1905 ; Léa, 1906 et Amédée, 1908.

Deuxième Branche.

VII. JOSEPH, 1789-1858, marié en 1819 à Dagand Antoinette, fille de Pierre (chez les Jacques), eut 13 enfants, dont : Marie, mariée à Dagand Claude (les Clers) ; Louise, mariée à Vergain Joseph ; JEAN-PIERRE, chef de la troisième Branche ; et :

VIII. JEAN-MARIE, 1824, marié avec dispense du 3 au 3, à Dagand Josephte, fille de Jacques (Meunier), eut 11 enfants, dont : Jeanne, mariée à Dagand Charles (Meunier) ; et :

IX. JOSEPH, 1859, marié à Estivin Josephte du Noyer, eut 6 enfants : Jean, mort à la guerre ; Emile, 1891 ; Ernest, 1895 ; Alfred, 1898 ; Regina, 1901, religieuse de Saint Joseph d'Annecy ; Anthelme, 1908.

Troisième Branche.

VIII. JEAN-PIERRE, 1827, marié en 1860 à Dagand Antoinette, fille de Joseph (Colas), eut 4 enfants, dont : Caroline, mariée à Dagand Victor (Paccard) ; et :

IX. JOSEPH, 1867, marié en 1894 à Chanaz Louise, eut 5 enfants, dont : Marie, mariée à Vergain Joseph (Baron) ; Lydie, mariée à Moine Théophile ; Gustave, 1898 ; Emma ; Denise, mariée à Charles, Gruffy.


70 HISTOIRE D'ALLÈVES

DAGAND dit Jobbet.

Cette famille a donné onze branches existant en 1921 : Paccard, Grabier, Ignace, Grillan, Maréchal, Viran, Les Clercs.

Première Branche, Dagand-Paccard.

I. FRANÇOIS eut un fils :

II. JEAN dit Jobbet, qui eut trois fils : MARTIN, chef de la deuxième Branche; PIERRE, chef de la troisième Branche ; et :

III. JACQUES, né en 1607, marié, à Peyrollaz Antoinette, puis à Paccard Bernarde, eut 7 enfants, dont : Victor, marié à Dagand Françoise ; et :

IV. GABRIEL, 1641, eut pour parrain Rd Gabriel Ducrest, curé de Gruffy ; marié en 1671 à Dagand Françoise, fille de Honeste Jean-Claude, eut 6 enfants, dont : Pierre, devenu prêtre en 1707, mort vie, de Desingy en 1728 ; Perrine, mariée à Dagand Claude-François (Homonet), laquelle eut un fils prêtre (1744-1784), du nom de Blaise ; Jeanne, mariée à Cusy.

V. ANTHOINE, 1684, marié à Dufour Marie de Gusy, eut 8 enfants, dont : CLAUDE-HUMBERT, chef de la quatrième Branche; Jeanne, mariée à Charrier Pierre, fils de Charles (V) ; et :

VI. CLAUDE-FRANÇOIS, 1724, marié en 1746 à Dagand Pétronille, fille de François et Prisset Françon, eut 6 enfants, dont : Marie, mariée à Dagand Claude, fille de JeanBaptiste, et :

VII. CLAUDE, 1762, marié en 1790. à Paccard Josephte, fille du sieur Paccard et de Carri Françoise, eut 7 enfants, dont : Antoinette, mariée à Moine Jean (Batiau) ; Joseph, marié à Dagand Josephte, père du petit Louis ; Louis, chef de la cinquième Branche ; et :

VIII. JOSEPH-MARIE, 1801, marié à Mermet Eustache de Saint-Eustache, eut 10 enfants, dont : Louis, marié à la veuve de Dagand Joseph (les Clercs) ; Blaise, marié, en 1877 à Dagand Pauline (les Lâches) ; Josephte, mariée à Dagand François (Fiornet le Chantre) ; Théophile, marié


GÉNÉALOGIE 71

à Oberti Marie ; François, marié à Dagand Claudine (Grillan) ; et :

IX. JEAN, 1830, marié en 1863 à Dagand Claudine, fille de Joseph (Grillan), eut 4 enfants : Josephte, mariée à Dagand Joseph (Meunier de Banges) ; Suzanne, mariée à Moine Charles dit Batiau ; Françoise, mariée à Saint-Eustache ; et :

X. VICTOR, 1866, marié en 1895 à Dagand Caroline, fille de Jean-Pierre (Homonet), eut : Colette, mariée à Michaud du Montcel ; et :

XL JOSEPH, 1897, marié à Chanaz Marie, eut : Jean, 1926.

Deuxième Branche. Dagand Ignace ou Nâche.

III. MARTIN, 1610, marié en 1640 à Dagand-Homonet Clauda, fille de Bernard, eut 9 enfants, dont : Blaise, marié à Anselmet de Gruffy, eut une fille, Françoise, mariée à Mazarin Noël ; Georges, 1664, devenu prêtre en 1689, mort curé d'Epersy en 1719 ; et :

IV. DANIEL, 1663, marié à Daviet Jacqueline, eut 6 enfants, dont :

V. IGNACE, 1710, marié à Petel Pernette, eut 3 enfants, dont : Pernette, mariée à Mermet François ; et :

VI. FRANÇOIS, 1756, marié en 1778 à Dagand Louise, fille de François (Meunier), eut 8 enfants, dont : Joseph, marié à Léger Françoise ; Pernette, mariée à Vergain Joseph (Baron) ;

VIL FRANÇOIS, 1785, marié en 1824 à Charrier Josephte, fille de Jacques d'Aiguebelette, eut 6 enfants, dont : Joseph, marié à Vergain Julie ; Claudine, mariée à Vergain Joseph ; Louise, mariée à Dagand Antoine (les Clercs) ; Pierre, marié à Dagand Antoinette (Grillan) ; Marie, fils, marié à Claudine (les Clercs) ; et :

VIII. FRANÇOIS, 1837, marié en 1872 à Dagand Marie, fille de Pierre (les Charrières), avec dispense du 2 au 3, eut 5 enfants, dont : Josephte, mariée à Moine de Viuz ; Pierrette, mariée à Moine, fermier à Viry ; et :


72 HISTOIRE D'ALLÈVES

IX. PIERRE, 1875, marié en 1901 à Dagand Léontine, fille de Marie (Fiornet), eut Marcelle et René, 1906.

Troisième Branche. Grillan.

III. PIERRE, 1612, marié en 1641 à Homonet Guillauma, fille de Bernard, eut 5 garçons : FRANÇOIS l'Aîné, chef de la sixième Branche ; SIMON, chef de la septième Branche ; MARTIN, chef de la huitième Branche; FRANÇOIS le Cadet, Chef de la neuvième Branche ; et :

IV. LOUIS, 1645, marié à Dufour Claudine de Cusy, eut : Antoine, et:

V. FRANÇOIS, 1680, marié en 1711 à Charrier Claudine, fille de Claude (III), eut 7 enfants.

VI. CHARLES, 1720, marié en 1746 à Dagand Blaisa, et remarié en 1751 à Fontaine F., eut 5 enfants, dont :

VIL SIMON, 1756, marié à Vergain Pétroline, fille de Pierre et Dagand Françoise, eut :

VIII. JOSEPH, 1781, marié en 1802 à Dagand Claudine, fille de Jacques (Mazarin), eut 6 enfants, dont : Simon, marié en 1841 à Moine Fr. avec parenté du 3 égal ; et :

IX. JOSEPH, 1809, marié à Chanaz. Françoise, fille de Jean, eut 5 enfants, dont : Claudine, mariée à Dagand Jean Paccard (IX) ; Antoinette, mariée à Pierre dit Nâche; François, marié à Dagand M. Fiornet, puis à Heaumery, mère de Pierrette, épouse de Vergain Camille.

X. VICTOR, 1838, marié en 1877 à Dagand Philomène, fille de François les Simons, eut 5 enfants : Jules, marié à Pollier M. de Mûres ; Georges, marié à Dagand (Maréchal), eut : Victor, 1925...

Quatrième Branche. Grabier ou Humbert.

VI. CLAUDE-HUMBERT OU PHILIBERT, 1731, fils d'Antoine, épousa en 1767 Dagand Françoise, fille de Louis (Bernard) (VI), eut 6 enfants, dont :

VIL JOSEPH, 1776, marié à Charvier Antoinette de Chainaz, eut 6 enfants, dont :

VIII. JEAN-PIERRE, 1812, marié en 1842 à Guevin Marie, fille de Jacques (Saint Jacques), eut 7 enfants, dont : Mi-


GÉNÉALOGIE 73

chelle, mariée à Epersy ; Rosalie, mariée à Lyon ; François, marié et fermier à Vétraz ; Louis, parti en Amérique; et :

IX. JEAN-MARIE, 1845, marié en 1876 à Charrier Mélanie fille de Jacques d'Aiguebelette, eut 4 enfants : Pierre, 1877 ; Marie ; Antoinette ; Jeanne.

Cinquième Branche. Paccard.

VIII. Louis, 1808 ; fils de Claude, marié en 1837 à Dagand Claudine (Fiornet), fille de Jacques (VII), eut 8 enfants, dont :

IX. JOSEPH, 1844, marié en 1876 à Dagand Marie, fille de Blaise (Maréchal), eut 7 enfants, dont : Louise, mariée à Dagand Jérémie (les Clercs); Jean, marié à Lausanne; et :

X. JACQUES, 1878, marié à Veyrat-Delachenal de Manigod, eut : Robert, Germaine, Georges...

Sixième Branche. Maréchal.

IV. FRANÇOIS l'Aîné, 1647, marié à Cochet Françoise, eut 4 enfants, dont : Joseph, 1695, marié à Mermet Claudine, fille de Blaise ; et :

V. FRANÇOIS, 1698, marié en 1725 à Dagand Jacqueline à feu Jean-Claude, eut 9 enfants.

VI. FRANÇOIS, 1745, marié en 1769 à Bretton Pernette, fille de Joseph, avec parenté du 2 au 3, eut 9 enfants, dont: Françoise, mariée à Bruno Joseph ; Blaise, marié à Dagand Louise (Homonet) ; JOSEPH le Cadet, chef de la dixième Branche ; et :

VIL JOSEPH l'Aîné, 1771, marié en 1793 à Léger Françoise, fille de Jean et Dagand Anne, veuve de Vergain Claude, native de la Chapelle-Blanche, eut 3 enfants, dont :

VIII. PIERRE, 1818, marié en 1849 à Guevin Marie, fille de Jean de St Jacques, eut 7 enfants, dont : Péronne, mariée à Dagand Claude-François (Fiornet) ; Céline, mariée à Dagand Jean-Pierre (les Charrières) ; et :

IX. JOSEPH, 1862, marié à Clerc Béatrice du Noyer eut un fils, mort des suites de la guerre, à Lyon.


74 HISTOIRE D'ALLÈVES

Septième Branche. Les Simons.

IV. SIMON, 1650, marié à Chevalier Jeanne, eut 5 enfants, dont :

V. CHARLES, 1692, marié à Becquin Christine de Cusy. eut :

VI. SIMON, 1728, marié à Dagand Marie, eut 4 enfants, dont Claudine, mariée en 1788 à Dagand François (Homonet) ; et :

VII. FRANÇOIS, 1764, marié en 1789 à Dagand Pernette, fille de Blaise et Viviand Marie, eut 8 enfants, dont : Pernette, mariée à Antoine Mazarin ; et :

VIII. CLAUDE-FRANÇOIS, 1805, marié 3 fois ; 1729, à Françoise Fiornet, fille de Jacques ; 1844, à Louise Maréchal, fille de Joseph ; 1852, à Marthe Homonet, fille de Blaise. Du deuxième mariage, il eut : Philomène, mariée à Victor Grillan ; du troisième mariage, il eut 5 enfants, dont Louis, instituteur, marié à Gaillard ; et :

IX. JOSEPH, 1852, marié à Bogey Marie de Cusy, eut 3 enfants, dont : Justine, mariée à Moine Jean-Claude ; Marius, 1883, marié à Dagand Justine (Fiornet d'Aiguebelette).

Huitième Branche. Viran ou Gaillard.

IV. MARTIN, 1652, eut un fils :

V. SIMON, 1682, marié à Durand Françoise eut un fils :

VI. FRANÇOIS, 1719, marié en 1753 à Dagand Claudine, fille de Pierre (Colas), eut une fille unique :

VIL PÉTRONILLE, 1754, mariée à Antoine Gaillard de la famille Viran.

Neuvième Branche. Les Clercs.

IV. FRANÇOIS le Cadet, 1654, marié en 1692 à Dagand Philiberte, eut 8 enfants, dont une fille baptisée par Rd Pierre Dagand ; et :

V. CLAUDE, marié en 1732 à Dagand Paule, eut 5 enfants, dont :

VI. JEAN le Clerc, 1733, marié à Domenge Claudine, eut 8 enfants, dont : JACQUES, chef de la dixième Branche ; et :


GÉNÉALOGIE 75

VIL CHRISTOPHE, 1767, marié à Gouvernon Jeanne d'AIby, eut 6 enfants, dont :

VIII. CLAUDE-FRANÇOIS, 1809, marié en 1846 à Dagand Marie, fille de Joseph (les Jacques), eut 6 enfants, dont : Joseph, marié à Dagand Marie (Fiornet d'Aiguebelette), eut 4 filles : Honorine, mariée à Nestor Mazarin ; Nathalie, 1901, mariée à Marcel Mazarin.

IX. JEAN-PIERRE, 1849, marié à Mermet Marie, fille de Félix, eut 4 enfants : Caroline ; Francis, tué à la guerre ; Joseph, 1899 ; Marcelle, 1903.

Dixième Branche. Maréchal. VIL JOSEPH le Cadet, 1789, marié en 1817 à Dagand Françoise (Lapierre), fille de Claude, eut 10 enfants, dont : Françoise, mariée à Dagand Blaise (Lanla) ; et :

VIII. LOUIS-BLAISE, 1818, marié à Cottet Benoîte de la Compote, eut 4 enfants, dont : Marine, mariée à Dagand Joseph (Paccard) ; et :

IX. JACQUES, 1858, marié en 1887 à Vergain Jeanne, fille de Joseph (Baron), eut 11 enfants, dont : Julie, mariée à Mermet Jean ; Joseph, 1887...

Onzième Branche. Les Clercs. VIL JACQUES, 1772, marié à Moine Emmanuelle, fille de Claude (Batiau), laquelle fit sa première communion pendant la Révolution, dans les rochers sur Allèves, lieu dit « la Barraca du Curé ». Ils eurent 5 enfants, dont :

VIII. ANTOINE, 1821, marié en 1859 à Dagand Louise, fille de Jean (Nâche), eut 8 enfants, dont : Marie, mariée à François Grillan puis à Heaumery ; Pierre, Joseph et Jérémie.

IX. PIERRE, 1859, marié à Pernet Joséphine de Saint François, eut 9 enfants, dont : Louis, 1895, marié à Aymo-nier

Aymo-nier Châtelard ; Sidonie, mariée à Saint Ours avec parenté du 3 égal ; Félicien, 1900, marié à Billième ; Ambroisine, 1902, mariée ; Ernestine, 1905 ; Antoinette, 1908, mariée à. Mégoz d'Aillon-le-Vieux.

IX. JOSEPH, 1865, marié à Dagand Antoinette, fille de


76 HISTOIRE D'ALLÈVES

Jean-Claude de Martinod, eut 6 enfants : Elisa, 1902 ; Clarisse, Hippolyte, Rosalie, Simon et Jean.

IX. JÉRÉMIE, cantonnier, marié à Dagand Paccard, eut une fille : Gabrielle, mariée à Charrier François, et un fils, Emile, 1902.

DAGAND dit Lapierre et Gaillard.

I. PIERRE eut un fils :

II. JEAN-CLAUDE dit la Biguerne, lequel eut un fils :

III. CLAUDE, notaire ducal à Cusy en 1683, marié en 1672 à Dagand Jacquemine, fille de Jacobé, eut 6 enfants, dont : Noël (dit la Pierre ou chez les Pierres), marié à Burnier, eut 3 garçons ; François, soldat au Rt National ; Marie, mariée à Dagand Jean-Claude (Meunier) ; Aimée, mariée à Arminjon de Lescheraines ; et :

IV. CLAUDE, 1683, eut :

V. JEAN, 1708, marié à Turina Marguerite, eut 15 enfants, dont : Jeanne baptisée par Rd Dagand, chan. de Siz; ANTOINE, chef de la deuxième Branche ; et :

VI. CLAUDE, 1759, marié en 1786 avec parenté du 4 égal à Vergain Françoise, fille de Pierre et Dagand Françoise, eut 7 enfants, dont : Marie, mariée à Dagand Jacques (Meunier) ; Françoise, mariée à Dagand Joseph (Maréchal) ; et :

VIL JOSEPH, 1787, marié en 1819 à Jeanne Homonet, fille de Blaise, eut 6 enfants, dont : Antoinette, mariée à Dagand Jean (Meunier) ; Françoise, mariée à Beauquis Joseph ; et :

VIII. FRANÇOIS, 1831, marié en 1884 à Dagand Antoinette, fille de Blaise (Colas), eut : Mélanie ; Joseph, 1892 ; et :

IX. BLAISE, 1885, marié à Vergain Léa, en 1920, eut : Claudia, Mélanie, Alexis, 1925...

Deuxième Branche. Gaillard ou Viran. VI. ANTOINE, dit Gaillard, 1754, marié en 1781 à Dagand Pétronille, fille de François qui est fils de Simon-


GÉNÉALOGIE 27

Gaillard (Jobbet, VIIIe Branche, VII), eut 6 enfants, dont : Claude, marié à Communal puis à Garin : et :

VIL BLAISE dit Viran, 1795, marié en 1834 à Chanaz Josephte, fille de François, eut 3 enfants, dont :

VIII. FRÉDÉRIC, 1835, marié en 1857 à sa cousine germaine, Françoise, fille de Claude et de Communal (ci-dessus VI), eut 3 enfants, dont : Marie, mariée à Dagand Jh (Paccard) ; et :

IX. FRANÇOIS, 1858, marié à Porral Augustine de Saint François, eut 4 enfants, dont : Pierre, marié à Paris ; Marie, mariée à Le Gall, en 1918.

DAGAND dit Les Lâches ou Dodèche.

I. CLAUDE eut un fils :

II. PIERRE, mort en 1723, eut 3 fils, dont : Daniel, marié à Lavy Jeanne ; et :

III. SIMON dit l'Hoste ou l'Hostel, marié à Lavy Louise, puis à Charrier Françoise, fille de François qui est fils de Daniel, eut 6 enfants, dont :

IV. GABRIEL dit le Lâche, 1729, marié à Fochaud Françoise de Gruffy, eut 5 enfants, dont :

V. JOSEPH, 1765, marié à Bouvier Claudine de Bellecombe, eut 5 enfants, dont : Claude, marié à Petel de Leschaux ; Joseph, marié, eut une fille mariée à Chanaz Jean ; et

VI. JEAN-MARIE, 1805, marié à Morand Josephte d'Arith, eut 9 enfants, dont : ALPHONSE, chef de la deuxième Branche ; Blaise, marié à Arles en Provence ; Michel, marié trois fois et eut 2 enfants de chaque femme ; Françoise, mariée à Mermet Félix ; Jean, mort soldat à Langres en 1870 ; Pauline, mariée à Dagand Blaise (Paccard) ; et :

VIL JOSEPH dit Dodèche, 1832, marié à Dagand Louise, fille de Blaise (Viran), dont il eut 3 enfants ; remarié en 1874 à Dagand Henriette (Grillan), eut 4 enfants, dont : Eugénie, mariée à Collomb de Mures ; et :

VIII. JEAN-MARIE, 1869, marié à Bouvier Louise de Bel-


78 HISTOIRE D'ALLÈVES

lecombe, eut 4 enfants : Lucien, Camille, Marcel, 1905 ; Hélène, 1903.

Deuxième Branche. Les Lâches.

VIL ALPHONSE, 1834, marié en 1866 à Dagand Jeanne, fille de Jacques (Fiornet de St Jacques), eut 6 enfants, dont une fille mariée à Chaumont (Hte-Savoie) ; et :

VIII. FRANÇOIS, 1881, marié à Morand Delphine d'Arith, eut : Elisée, 1913 ; Françoise et Lucie—

DAGAND dit Mazarin.

I. PIERRE, marié à la Clauda, eut :

II. CLAUDE, 1654, marié à Dufour Jeanne, eût :

III. NOEL, 1683, marié en 1705 à Dagand Françoise (Jobbet), fille de Blaise, eut 9 enfants, dont : Claude, marié à Daviet, eut un fils baptisé par Rd Dagand Claude en 1738 ; et :

IV. SIMON, 1716, marié à Lachenal Françoise, eut 7 enfants, dont :

V. JACQUES, 1741, marié en 1767 à Moine Charlotte, fille de François et de Dagand Anne, eut 5 enfants, dont : Josephte, mariée à Moine Antoine ; Claudine, mariée à Dagand Joseph, fils de Simon et Vergain Pétronille ; et :

VI. ANTOINE, 1776, marié en 1802 à Dagand Perrine, fille de Simon et de Vergain Pétronille, eut 3 enfants ; remarié en 1812 à Dagand Pernette, fille de François (les Simons), eut encore 11 enfants, dont: Marie, mariée à Claude (Tailleur) ; Joseph, marié en 1852 à Péronne (Maréchal), eut : Judith, (ci-dessous VIII) et Césarine, mariée à Jean (les Charrier) ; Louise, 1833, mariée à Bruno Joseph ; et :

VII. PIERRE, 1820, marié en 1859 à Moine Françoise, fille de Charles, eut un fils :

VIII. FRANÇOIS, 1851, marié en 1887 avec parenté du 2 égal et du 3 au 3, avec Dagand Judith, fille de Joseph (Mazarin VI), eut 6 enfants, dont : Valérie ; deux tués à la guerre ; Marcel, 1894, marié à Dagand Nathalie (les


GÉNÉALOGIE 29

Clercs, eut : Cécile...; Narcisse, mariée à Vergain Frédéric (Baronet) ; et :

IX. NESTOR, 1895, marié en 1920 à Dagand Honorine, fille de Joseph (les Clercs), eut : Joseph, Olga, Noémie, 1928...

DAGAND, Tailleur-les Charrières-les Dagands. I. JEAN, eut un fils :

II. Honeste Louis, marié à Homonet Noella. Il eut 3 enfants, dont :

III. FRANÇOIS, 1650, marié en 1671 à Frénod Françoise, eut 3 enfants, dont : François dit Georgin, marié à Charrier Françoise ; et :

IV. BLAISE, 1737, marié à Viviand Marie, eut 9 enfants, dont : Marguerite, mariée en 1797 à Charrier Pierre, fils de Simon ; et :

V. CLAUDE-FRANÇOIS, 1763, marié en 1797 à Charrier Josephte, fille de Simon, eut 7 enfants, dont : Jean-Claude, marié à St-Offenge ; PIERRE, chef de la deuxième Branche; JACQUES, chef de la troisième Branche ; Marguerite, mariée à Mermet Jacques ; et :

VI. CLAUDE, 1804, marié en 1849 à Marie Mazarin, eut 3 enfants, dont :

VIL JOSEPH, 1851, marié en 1874 à Françoise Fiornet, eut 5 enfants, dont : Joseph, mariée à Dagand Céline du Platet (Fiornet), eut : Eugène, 1923 ; Eugène et Blaise, tués à la guerre ; Marie, mariée à Chanaz Jean-Claude ; et :

VIII. JEAN-PIERRE, 1885, marié en 1911 à Fantin Caroline, eut : Henri, 1912 ; Fernande, 1925.

Deuxième Branche. Les Charrières. VI. PIERRE, 1807, marié en 1838 à Moine Josephte, fille de Jacques, eut 8 enfants, dont Françoise, mariée à Emonet de Gruffy ; François, marié à Travers Péronne ; Marie, mariée à Dagand François (Ignace) ; Jean-Pierre, marié à Dagand Célestine (Maréchal), eut 5 enfants, dont : Louis, marié à Dagand Jeanne (Meunier) ; et :


80 HISTOIRE D'ALLÈVES

VIL JEAN-PIERRE, 1853, marié en 1878 à Dagand Césarine (Mazarin), eut 6 enfants, dont : Sylvain, tué à la guerre ; Eugénie, mariée à Dagand François (Colas) ; Sylvie, mariée à Orsat puis à Collombat.

Troisième Branche. Les Dagands.

VI. JACQUES, 1812, marié à Pollier Marie de Mûres, eut 8 enfants, dont : Jeanne, mariée à Mermet Jean-Marie ; Simon, marié à Chambéry ; Julienne, mariée à François Fiornet ; et :

VII. JOSEPH, 1862, marié à Morand Alexandrine d'Arith, eut 5 enfants, dont : Joséphine, Adeline ; Francis, marié en 1919 à Colmant Lucienne de Veignier (Nord), eut : Lucienne, 1922...; Emile, 1892; Léon, 1897, marié à Dagand Léontine du Platet (Fiornet).

MERMET.

I. GEORGES, marié à Noble Francoz Pernette de la Motte, village de la Cropaz, eut 6 enfants, dont : Claude, marié à Mermet Christophla ; Charlotte, mariée à Moine François ; et :

II. CHARLES, 1678, marié en 1703 à Marie Homonet, fille de Claude, avec parenté du 4 égal, eut 6 enfants, dont:

III. FRANÇOIS, 1703, marié à Millet Péronne de Grésy, eut 4 enfants, dont :

IV. FRANÇOIS, 1745, marié en 1772 à Pernette, fille d'Ignace, avec parenté du 4 égal, eut 5 enfants, dont :

V. CLAUDE, 1773, marié en 1793 à Dagand Marie, fille de Jean-Louis et d'Anselmet Jeanne, eut 8 enfants, dont : JACQUES, chef de la deuxième Branche ; JEAN-PIERRE, chef de la troisième Branche ;

VI. FRANÇOIS, 1797, marié en 1829 à Louise Homonet, fille de François, eut :

VIL FÉLIX, 1831, marié en 1864 à Françoise, fille de Marie (les Lâches), eut 6 enfants, dont : Françoise, mariée à Pierre les Clercs ; Lucie, mariée à Dagand Joseph (Paccard) ; Jean, 1875, marié à Julie (Maréchal) ; et :


GENEALOGIE 81

VIII. FRANÇOIS, 1870, marié à Paccard Clotilde de Gruffy, eut : Marcel et Cécile.

Deuxième Branche.

VI. JACQUES, 1803, marié en 1835 à Marguerite, fille de Claude François (les Dagands), eut 7 enfants, dont : Marie, mariée à Mercier de Bellecombe ; JEAN, chef de la quatrième Branche.

VIL FRANÇOIS, 1845, marié à Clerc Marie du Noyer, eut 5 enfants, dont : Léontine, mariée à Paccard de Cusy ; et :

VIII. VICTOR, 1876, tué à la guerre, marié à Alexandrine, fille de François-Fiornet dit le Chantre en 1902, eut: Marcel, 1903 ; et Maxime, 1906.

Troisième Branche.

VI. JEAN-PIERRE, 1812, marié en 1841 à Moine Marguerite, fille de Jean, avec parenté du 3 égal, eut 4 enfants, dont : Carlin, marié à Hudry de Saint-Jorioz ; et :

VIL AUGUSTE-ANTOINE, 1842, marié à Petit Marie de Doucy, eut 3 enfants, dont :

VIII. JULIEN, 1882, marié à Pernet Mélanie de SaintFrançois, eut : Lucien, 1914 ; Paul ; Jeanne ; Eugénie, 1922.

Quatrième Branche.

VIL JEAN-MARIE, 1857, marié en 1879 à Jeanne, fille de Jacques (les Dagands), avec parenté du 2 égal, eut 4 enfants, dont : Jean et Louis, mariés à Paris ; remarié en 1888 à Sinope Marguerite, eut 3 enfants, dont : Delphine, mariée à Menthon de Viuz puis à Burnod de Montagny ; Eugénie ; André, tué à la guerre:

MOINE dit Batiau ou Bateau.

I. LOUIS, marié à Coppier Monette, eut 2 enfants, dont : II. ANTOINE, 1655, marié à Chila Madeleine, fille du granger de Banges, eut 7 enfants, dont :

III. JEAN, 1685, marié à Cottion Françoise de la Motte,


82 HISTOIRE D'ALLÈVES

eut 7 enfants, dont Pierre, syndic d'Allèves en 1747, marié à Dagand Françoise, fille de Simon ; Claude, marié à Dagand Françoise ; et :

IV. FRANÇOIS l'Aîné, 1715-73, marié à Chauland-Petit Anne, eut 7 enfants, dont : Charlotte, mariée à Jacques Mazarin ; Clauda, mariée à Chappet de St-Eustache ; et :

V. CLAUDE, 1745, marié en 1770 à Moine Françoise, fille de feu François, eut 3 enfants, dont : Claudine, mariée à Moine Jean-François, fils de François ; Jean, marié à Dagand Antoinette, fille de Claude (Paccard) ; remarié a Moine Josephte, fille de Charles, avec parenté du 4 égal, il eut 7 enfants, dont : Françoise, mariée à Vergain Simon, fils de Joseph ; Emmanuella, mariée à Jacques, fils de Jean (les Clercs) ; et :

VI. FRANÇOIS dit Batiau, 1790, marié à Davat Marie du Glapigny, eut 11 enfants, dont : Josephte, mariée à Bouvier de Bellecombe ; Jeanne, mariée à Martin de Cusy ; CHRISTIN, chef de la deuxième Branche ; et :

VIL CHARLES, 1840, marié à Bouvier-Berthet du Glapigny, eut 6 enfants, dont : Marie, mariée à Greffier de Leschaux ; Angélique et Pauline, mariées aux moulins de Martinod ; Joseph, instituteur, marié ; et :

VIII. JACQUES, 1876, marié en 1902 à Joly d'Arith, eut 2 filles : Marcelle, Alice.

Deuxième Branche.

VII. CHRISTIN, 1837, marié en 1865 à Laperrousaz Pauline de Viuz, eut 7 enfants, dont : Jeanne, mariée à Charrier Joseph (le Grand) ; Marie, mariée à Noiray Pierre ; Martine, mariée à Berthet-Bouvier de Bellecombe ; Marie, mariée à Cran ; JEAN-CLAUDE, chef de la troisième Branche ; et :

VIII. CHARLES, 1865, marié en 1895 à Dagand Suzanne, fille de Jean (Paccard), eut 3 enfants : Louise, mariée à Pernet d'Arith ; Pierre ;

IX. THÉOPHILE, 1898, marié à Homonet Lydie, eut : Georges, 1922 ; Suzanne, 1929...


GÉNÉALOGIE 83

Troisième Branche. VIII. JEAN-CLAUDE, 1874, marié en 1903 à Justine (les Simons), eut: Arthur, 1903 ; Pierre, 1905 et Henri, 1917.

MOINE dit Forestier. I. PIERRE eut un fils :

II. CLAUDE, marié à Michelette Odebert, eut un fils : III. SIMON, 1654, marié à Vergain Daniella, eut 7 enfants, dont :

IV. FRANÇOIS, marié en 1701 à Mermet Charlotte, fille de Georges, eut 6 enfants, dont :

V. FRANÇOIS, 1707, marié à Vergain Maurise, fille d'Antoine et Dagand Claudine, eut 6 enfants, dont : Jean-François, marié à Moine Claudine, fille de Claude et Mermet J. ;

VI. FRANÇOIS, 1731, marié à Bouvier Maurise, eut 7 enfants, dont : François, marié à Moine Claudine ; et :

VII. ANTOINE, 1766, marié en 1801 à Josephte, fille de Jacques Mazarin, eut 4 enfants ;

VIII. CHARLES, 1806, marié en 1831 à Marie, fille de Jean (Fiornet), eut 7 enfants, dont : Françoise, mariée à Pierre (Mazarin) ; Jeanne, religieuse chez les Fidèles Compagnes de Jésus ainsi que sa soeur Marie ; et :

IX. CLAUDE, 1844, marié en 1870 à Bogey Louise de Cusy, eut :

X. PIERRE, 1883, marié en 1909 à Dagand Marie, fille de Jacques de Martinod, eut : Noémie, Charles, 1911 ; Joseph, 1914.

OBERTI JEAN, fils de Salvador et de Marie Bonaventura de St-Martin-Bergame, Italie, marié à Bretton Marie, fille de Joseph, en 1825, eut 3 enfants, dont : Paul, marié à Claudine (le Chef) ; et :

II. CLAUDE, 1830, marié à Clerc Philomène du Noyer,


84 HISTOIRE D'ALLÈVES

eut 8 enfants, dont : Marie, mariée à Dagand Théophile (Paccard) ; et :

III. PIERRE, 1870, marié en 1896 à Claudine (les Clercs), fille de Claude, eut Claudia et Henri, 1900.

VERGAIN dit Baron, et Baronet.

I. CLAUDE, fils de Pierre, marié à Jeanne Clavel, eut : II. CLAUDE, 1636, marié à Dufour Claudine de Cusy. eut 2 garçons et 3 filles : Pernette, mariée à Crochon de Gruffy ; Claudine, mariée à Daviet de Mures ; Marie, mariée à Moine Claude à feu Claude de Martinod ; et :

III. CLAUDE dit Baron, 1663, marié à Daviet Claudine, eut 5 enfants, dont : Joseph, 1694, marié à Dagand Pierrette, fille de Charles (Colas) ; Françoise, mariée à Pierre Homonet, fils de Daniel ; et :

IV. JEAN, 1702, marié en 1726 à Paccard Charlotte, fille de Claude, eut 9 enfants, dont : VICTOR, chef de la deuxième Branche ; et :

V. CLAUDE, 1731, marié en 1752 à Dagand Paula, fille de François et Vibert Michelle, eut 6 enfants, dont : Perrine, mariée à Domenge de Gruffy ; CLAUDE, chef de la troisième Branche ; et :

VI. VICTOR, 1753, marié à Bally Antoinette, fille de Joseph et de Marquet Henriette de St Maurice d'AIby, eut 3 enfants, dont : JOSEPH, chef de la quatrième Branche; et:

VII. CLAUDE-MARIE, 1797, marié en 1830 à Marthe Homonet, fille de Blaise, avec parenté du 4 égal, eut : Joseph ci-après; remarié en 1837 à Chanaz Emmanuella, eut : François et Péronne mariée à Francoz d'Arith.

VOL JOSEPH, 1830, marié en 1859 à Louise Homonet, fille de Joseph, avec parenté du 2 au 3, eut 5 enfants, dont : Jeanne, mariée à Jacques (Maréchal) ; Marie, mariée à Morand d'Arith ; et :

IX. MARIE, 1860, marié à Christolet Julie de Cusy, eut 3 enfants, dont :

X. JOSEPH, 1891, marié en 1920 à Marie Homonet, fille de Louis.


GÉNÉALOGIE 85

Deuxième Branche.

V. VICTOR, 1751, marié en 1780 à Moine Claudine, fille de Claude et de Dagand Françoise, eut 6 enfants, dont : Françoise, 1792, « morte étouffée dans les décombres de l'incendie d'Allèves (sur la Vi), le 20 avril 1842 » ; et :

VI. FRANÇOIS, 1785, marié à Pingon Louise de Marigny, eut : Maurise, mariée à Paul, fils de Claude (les Lâches) ; et :

VIL CÉLESTIN, 1832, marié à Dumont Martine d'Arith, eut 5 enfants, dont : Louise, mariée à La Biolle ; Julie, mariée à Goddard de Lyon ; et :

VIII. CAMILLE, 1882, marié en 1910 à Pierrette, fille de François (Grillan), eut : Célestine, Marthe, Maria, Juliette...

Troisième Branche. Baronet. VI. CLAUDE, 1762, marié à Pricaz Antoinette, eut 6 enfants, dont :

VIL JOSEPH, 1796, marié en 1821 à Pernette, fille de François (Ignace), eut 7 enfants, dont : Françoise, mariée à Saint-Félix ; Julie, mariée à Joseph, fils de François (Ignace) ; et :

VIII. FRANÇOIS, 1834, marié à Clerc Félicitée du Noyer, eut 9 enfants, dont : Julie, mariée à Paris ; Angélique, mariée à Charles, fils de Jacques (Meunier) ; et :

IX. FRÉDÉRIC, 1876, marié en 1918 à Narcisse, fille de François (Mazarin), eut : Judith, François, 1920...

Quatrième Branche.

VIL JOSEPH, 1799, marié à Bosson Marie du Valais (Suisse), eut : Joseph, marié à Aix et :

VIII. Louis, 1840, marié à Maurice Jeanne de Cusy, eut : Louise et Jean, mariés à Paris, et Joseph, 1867, marié à Oberti.

TORNIER PIERRE, de Tarentaise, marié à Alice Dagand-Fiornet, fille de Jean-Pierre, eut : Louis, 1908 ; Roger, Alice, Yvonne, Louis, Claudia, 1924.


86 HISTOIRE D'ALLÈVES

VERGAIN JOSEPH, fils de François et de Balmin Claudine de Bellecombe, marié en 1726 à Emin Pernette, fille de François d'Allèves et de Jeanne Thomé d'Alby, eut 3 enfants.

II. JOSEPH, 1737, marié en 1766 à Louise, fille de Pierre Fiornet, avec affinité au 4e degré, eut 4 enfants, dont : Joseph, marié à Louise (Lanla) ; et :

III. SIMON, 1766, marié en 1802 à Moine Françoise, fille de Claude, eut : Marie, mariée à Griot de Lescheraines; et :

IV. JOSEPH, 1815, marié en 1844 à Claudine, fille de François (Ignace), eut 7 enfants : Josephte, 1845 ; Pierre et Nicolas, forgerons à Lescheraines ; François, forestier, marié à Cusy ; Césarine, mariée à Thomas de La Biolle; et:

V. CLAUDE-JOSEPH, 1847, marié en 1886 à Josephte, fille de Joseph (Ignace), avec parenté du 2 égal et du 3 égal, eut : Léa, mariée à Blaise (Lapierre) : Félix, 1890 et Eugène, tué à la guerre.

Deuxième Branche. V. EUGÈNE, 1872, marié à Victorine Homonet, fille de Joseph, eut : Fernand, 1906 ; Gaston ; Elie ; et Laurent, 1919.


NOTES ADDITIONNELLES

concernant le privilège du moulin d'Allèves

(p. 30)

I.

Document servant à prouver que le moulin d'Aiguebelette était la propriété du Seigneur de Gruffy.

« L'an mil cinq cent nonante six et le vingt quatrième jour du mois de novembre s'est établi en personne Noble et puissant seigneur George Alexandre de Vallence, Seigneur de Gruffy, lequel abberge perpétuellement à Honorable Pierre, fils de feu Claude Dagand du Mollard, paroisse de Gruffy, ici présent, à scavoir : un mollin et appartements d'icelui ainsi qu'un pré et bois de huit septorées, le tout contigu au dit mollin d'Ayguebellette, jouxte le chemin public tendant dudit Gruffy au Chastellard en Bauges, moyennant la somme de trois cents florins monnaye de Savoie et dix florins d'espingles pour Madame de Gruffy, ladite somme payée en un revenu perpétuel et annuel de trois coupes de froment et trois coupes d'avoine, mesure de Gruffy. Ledit Dagand reconnaît pour lui et les siens être taillable dudit Seigneur de Gruffy, sous condition que ses hoirs soient procréés de légitime mariage.

« Fait au dit lieu de Gruffy dans la maison d'Honorable Amblard Richard, en présence de Me Guillaume Jaret, notaire ducal, Me Pierre Filliard Jadier, notaire, et Mre Jacques Richard, curial, témoins requis. » Delachenal, notayre.

II.

Autre document établissant l'affranchissement des frères Dagand, à eux fait par le Seigneur de Gruffy.

« L'an mil sept cent quarante et le neuvième du mois de juillet, à Alby, dans la maison de moy notaire, s'est établi Messire Bernard Joseph, fils de feu Messire JeanBaptiste de Menthon, Baron de la Balme de Thuy, cosei-


88 HISTOIRE D'ALLEVES

gneur de la Val des Clefs, Seigneur de Gruffy, natif habitant la ville d'Annecy, lequel affranchit honorables Jean Claude (1) et Jean Louis, fils de feu François Dagand dit Perron, tous deux natifs habitants d'Allèves, à scavoir, de toutes les redevances annuelles, servis, censes, tailles et autres droits seigneuriaux sur les biens possédés avec leur autre frère, Rd Jean François (curé-archip. de Grésy-surAix), consistant en maison, grange, moulin, deux scies, battoir, placéages, prés, terres, broussailles, comprenant 19 numéros de la mappe d'Allèves et 12 numéros de la mappe de Gruffy, moyennant le prix et somme de deux cent cinquante livres, comptées, nombrées en 15 louis d'or milletons et pièces de 5 sols par ledit Jean Louis, vérifiées, retirées, emboursées et emportées par ledit Seigneur, voyant moy notaire et témoins. Ledit Seigneur se réserve le servis annuel et perpétuel de 10 sols de Savoye pour reconnaître que les dits biens proviennent de ses fiefs, à ferme des terriers. »

« Prononcé en présence de Michel Crochon de Gruffy et François Paccard, curial d'Alby, témoins ». Arnaud, notaire.

(Ces deux documents m'ont été fournis par Jacques Dagand d'Aiguebellette, co-propriétaire du moulin démoli et de la scierie).

(1) Le susdit JEAN-CLAUDE, meunier, qui ne figure pas dans la généalogie de la page 63, V. avait épousé Dagand Marie; il eut un fils, FRANÇOIS (VI), marié à Dagand Françoise Homonet ; de ce mariage naquit, le 30 juillet 1755 : SIMON, que l'on trouve établi maître chirurgien à Alby. où il meurt, le 15 mai 1815. Il avait épousé Mallinjoud Josephte-Marie, dont le père, bourgeois d'Annecy, propriétaire à Alby, avait épousé Marguerite Arnaud, d'Alby

VII) SIMON, chirurgien, fils de François, qui est fils de JeanClaude, eut : Marie, née à Alby, en 1782. et

VIII) JEAN-JACQUES, né à Alby, le 4 juillet 1784, mort à Alby, le 21 février 1859. Il épousa Grillery Claudine, fille de Jean-Pierre et de Arnaud-Claudine-Rose, soeur de Marguerite, ci-dessus, mais plus jeune qu'elle de 14 ans. De ce mariage naquit :

IX) FRANÇOIS, né à Alby, le 12 mars 1815, marié à Roux Césarine, Docteur en médecine, dont il est parlé plus au long dans l'Histoire d'Alby (Acad. Sal., vol. 46, page 242).


UN DRAME

au

COL DU BONHOMME

le 19 novembre 1784

PAR

L'ABBÉ J. MOUTHON

MEMBRE EFFECTIF DE L'ACADEMIE SALESIENNE

LAURÉAT DE L'ACADÉMIE DE SAVOIE

ANCIEN CURÉ-ARCHIPRÊTRE

DE SAINT-GERVAIS-LES-BAINS



UN DRAME

AU COL BU BONHOMME

le 19 novembre 1784

Le dimanche 21 novembre 1784, à l'issue de la messe de paroisse à Saint-Gervais, une vague rumeur se répandait dans les cercles des fidèles qui venaient d'assister aux offices, faisait traînée de poudre, et passionnait tout-àcoup la paisible population de la Vallée de Montjoie.. On racontait que deux hommes, dans la force de l'âge, victimes des intempéries et de la tempête de neige de l'avantveille, auraient trouvé la mort au col du Bonhomme, et même qu'un troupeau de moutons considérable, confié à la garde des infortunés, aurait péri tout entier dans l'ouragan.

De temps immémorial, on n'ignorait pas à Saint-Gervais que la montagne du Bonhomme, 2.300 mètres, en raison de son altitude et de sa vaste étendue, même pendant la belle saison, n'était pas praticable sans danger les jours d'orage et d'intempéries, et l'on était en ce moment dans les jours courts, neigeux et pluvieux de la seconde quinzaine de novembre. On savait aussi, qu'en toute saison, nombre de personnes bravant le danger, affrontaient sans cesse le Bonhomme, seul chemin reliant le Faucigny à l'Italie et permettant des communications avec les vallées supérieures de la Tarentaise.

Dans cette matinée du 21 novembre 1784, Rd JosephFrançois Besson-Grange, curé de la paroisse de Notre-


92 UN DRAME AU COL DU BONHOMME

Dame de la Gorge, venait de dépêcher un exprès à SaintGervais pour alerter les autorités. Le châtelain de Montjoie, Alexandre Octenier, absent de son domicile pendant la journée, ne prenait connaissance de la lettre du curé de la Gorge qu'à 7 heures du soir. La nouvelle était grave. Le temps de seller son cheval et, en compagnie du vicefiscal du mandement, Jean-François Seigneur-Trombert, il se mettait en route malgré la nuit et le mauvais temps, pour se transporter sur les lieux.

On ne peut lire sans émotion les pièces officielles qui relatent ce drame poignant, que seules les années de la grande Révolution qui suivirent de près, ont pu faire tomber dans l'oubli.

Laissons la parole aux documents :

Procès-verbal de la visite et reconnaissance des cadavres des nommés Jacques Gallo, piémontais, et de Jean-Joseph Velais, de Séez, trouvés morts sur la montagne Bonhomme.

Du 22 novembre 1784, à vous Monsieur le Juge du Comté de Montjoie, et à tous autres Seigneurs et Magistrats de justice à qui la connnoissance peut appartenir, savoir fais je soussigné notaire et chatelain du mandement susdit, que sur la lettre d'avis à moi adressée le jour d'hier par Rd Joseph-François Besson-Grange, curé de la paroisse de N. D. de la Gorge portant que par accident et malheur deux hommes étaient morts subitement sur la montagne du Bonhomme, conduisant un troupeau de nonante moutons qui étoit aussi perdu, et m'étant trouvé absent de mon habitation, je ne serois arrivé chez moi qu'à sept heures du soir, et s'agissant de procéder à la reconnoissance et visite des dits cadavres pour les ôter des injures du tems et de la férocité des bêtes, je me serois aussitôt achemine accompagné du sieur Jean-François Trombert, vice-fiscal de la jurisdiction pour nous transporter au dit lieu de la Gorge, et successivement sur la dite montagne. Et comme il étoit onze heures du soir lorsque à cause du mauvais


UN DRAME AU COL DU BONHOMME 93

tems, nous sommes arrivés au chef-lieu des Contamines, nous, avons été obligé d'y prendre gîte pendant la nuit dans le cabaret des hoirs de François Raddaz, et ce matin nous aurions poursuivi notre route, et sommes arrivés au dit lieu de la Gorge environ dix heures. Et je me serois adressé au dit Rd, Curé, lequel en l'assistance du dit Seigneur Trombert, m'aurait fait la dénonciation suivante :

Je Joseph-François Besson-Grange, curé de la paroisse de Notre Dame de la Gorge, vous dis et déclare, Monsieur, par serment, manus ad pectus more sacerdotum, que le samedy vingt du courant, sur l'heure du diner, il survint dans mon presbitère, le nommé André fils de Jacques Villiend du village de Vermis, paroisse du Bourg-St-Maurice en Tarentaise, qui par un récit allarmant m'auroit appris qu'il venoit d'échapper au danger le plus imminent de la mort, ayant passé la nuit dans les montagnes du Montjovet, La Barme et la Rollaz sous celle du Bonhomme, qu'il conduisoit un troupeau de moutons au nombre de quatrevingt-dix qu'il devoit rendre à Genève ou étoit déjà Henry Martin aussi bien que Jean-Joseph Velais associés, que pour lui il faisoit la conduite du dit troupeau avec autre Jean-Joseph Velais, fils du susdit, et qu'ils avoient été joints par un étranger qui se disoit Jacques Gallo cordonnier du païs de Piémont qui alloit travailler aux minières de Cervoz, que ce dernier s'étoit mis de leur compagnie au lieu du Chatelard, et que tous ayant été surpris par l'impétuosité des vents et le tems le plus rigoureux, après avoir épuisé toutes leurs forces et perdu le troupeau de moutons qu'ils furent contraints de laisser étouffés par les corsières de la neige dans une crase sous le Bonhomme. Le dit Gallo étoit demeuré dans un état d'agonie au dessus du chalet de la Barme vers une grange, et que le dit Velay avait déjà perdu la vie beaucoup plus haut. Sur cette malheureuse nouvelle je m'empressai de m'y rendre avec la Marie-Josette Hôte ma servante pour fournir à ces infortunés, s'il étoit à tems, les secours spirituels et corporels. Ma démarche ne fut pas assez heureuse puisque à force d'avancer en chemin, j'apperçu le cadavre du dit Gallo que je trou-


94 UN DRAME AU COL DU BONHOMME

vai expiré depuis peu de tems par détresse et défaut d'assistance, étendu à la renverse tenant un sac suspendu à son col et les mains croisées sur la poitrine. Comme suivant la relation du dit Villiend duquel j'avois fait prendre soin à la cure vû qu'il étoit gelé et couvert de neiges et glaces, je savois que le dit Gallo étoit le plus âgé et robuste, je présumoi que l'autre était déjà mort, et il ne me fut pas possible d'aller plus loin à moins d'exposer ma vie, attendu qu'il se faisait tard. C'est pourquoi je retournoi sur mes pas faisant emporter le havre-sac du dit Gallo qui s'est trouvé avoir perdu une montre de poche qu'il avoit sur lui et qu'on lui avoit vû en chemin faisant, apparemment en tombant par les traverses et concavités des rocs où ils se jettèrent par l'obscurité des brouillards suivant le dire du dit Villiend. Je vous produis et exhibe le havresac dont je vous fais mention, qui renferme comme vous voyés une chemise, un tablier de cuir, plusieurs outils nécessaires à un cordonnier, et autres petites minuties qui ne méritent pas description.

Lecture faite au dit Rd Curé de sa dénonciation, il déclare la confirmer et qu'elle étoit véritable, en même tems je Chatelain susdit l'ai prié de vouloir rester nanti des choses touvées dans le dit havre-sac, où il y a en outre un petit livre en langue italienne portant des instructions chrétiennes à l'usage du diocèse d'Ivrée, et un brouillard de compte, où sont écrits ces mots Gio Jacomo Gallo qui constatent l'identité du personnage et qu'il étoit de la religion catholique. C'est pourquoy le dit Rd Curé a consenti au susdit dépos jusqu'à ce que les parens du défunt les fassent réclamer sous la proteste de ses droits de sépulture et de n'être point responsable de la rouille et dépérissement des outils et a signé ci-après avec le dit vice-fiscal et je Chatelain.

Je Chatelain susdit ai fait appeler à l'instant le dit André fils de Jacques Villiend auquel j'ai fait lecture de la dénonciation du Rd Sr Curé, et après lui avoir fait les remontrances ordinaires sur l'importance du serment et sur les peines réservées aux parjures, je l'ai fait jurer sur


UN DRAME AU COL DU BONHOMME 95

les Saintes Ecritures de dire la vérité de ce qu'il sait des circonstances ci-devant, ensuite de quoi il a dit et déposé comme il suit :

Je vous assure, Monsieur, que le contenu en la dénonciation de Monsieur le Curé de la Gorge est très vrai. Les bons soins qu'il m'a fait donner avant-hier, sitôt à mon arrivée, m'ont mis en état de me souvenir de tout. C'est pourquoi je vous ajoute que nous sommes partis JeanJoseph Velais le fils et moi, lui de Séez et moi de Vermis pour nous rendre à Genève avec un troupeau de nonante moutons, parce que nous étions attendus en la dite ville par Henry Martin et le père du dit Velais associés, lesquels nous ont. précédés de quelques jours avec un autre troupeau. Nous pûmes à peine nous rendre jeudy dix-huit du courant au soir pour coucher à un quart d'heure au dessus du Chapieux. Le tems paraissoit calme, mais le vendredy lendemain nous fumes tellement tourmentés par les orages, brouillards, neiges et intempéries de l'air que nous nous vîmes dans le plus grand danger, moi-même fut enseveli par une avalanche de neige et mes deux compagnons me crurent mort et firent tous leurs efforts pour me tirer du péril. Lorsque je fut délivré, Jacques Gallo se plaignit que les forces et le coeur lui manquaient. Cependant tout éperdus que nous étions, nous errames dans les rocs et précipices, nous résolumes d'abandonner le troupeau de moutons dans une combe que l'on trouve après avoir passé le plan des Damés, nous n'en pouvions plus, et Jean-Joseph Valais âgé d'environ dix-neuf ans comme moi nous manqua et resta en arrière de défaillance, nous n'avions aucun moyen de nous fortifier. Toute la journée du vendredy se passa et la nuit ensuite ; je parcourus toute l'étendue de la montagne et ce fut comme par miracle que je pus arriver vers le presbytère de la Gorge sur les onze heures. Le Rd Curé me fit donner charitablement les secours et échauffements dont j'avais besoin et tenté comme il a très justement déposé, d'aller secourir les deux compagnons que j'avais perdus.


96 UN DRAME AU COL DU BONHOMME

Sur les généraux interrogats, a répondu :

Je m'appelle André fils de Jacques Villiend, je suis natif et habitant du lieu de Vermis paroisse du Bourg-StMaurice, je suis âgé d'environ dix-neuf ans, laboureur de profession, je n'ai aucun bien pour être enfant de famille ; et je ne suis point parent, allié, créancier, débiteur ni domestique des deux hommes qui sont décédés. Lecture faite de sa déposition, il a déclaré y persister et n'y vouloir rien changer, ajouter ni diminuer, et a signé sur le Registre avec le dit Sr procureur vice-fiscal et je dit Chatelain.

Du dit jour et an j'aurois fait convoquer plusieurs particuliers tant de la paroisse des Contamines que de la présente de la Gorge et des plus robustes pour nous rendre accompagnés d'iceux sur la dite montagne, mais comme elle étoit inacessible à cause de la grande quantité de neige, ils nous auroient dissuadé de cheminer plus loin avec eux, pour éviter tout danger, et je les aurois némanmoins chargés de faire toute leur diligence pour découvrir les dits cadavres aux endroits où plusieurs et charitables personnes avoient déjà fait hier leurs observations, et où le dit Rd Curé avoit laissé le corps du dit Gallo. Ce qu'ils ont exécuté, et notamment les nommés Joseph-Marie Mermoud dit Quinque, Joseph Espiritoz, Alexis Mermoud, Nicolas Calamard. Nicolas Espiritoz, Joseph-Marie Mollard dit Nouet et autres qui après plusieurs fatigues, et avoir pour ainsi parler, exposé leur vie, ont trouvé effectivement le cadavre du dit Gallo au dessus du chalet de la Barme, aïant des bottes molles, culotte d'étoffe noire, juste au corps de drap brun et un gilet de mouleton sous lequel on a trouvé un couteau à gaine, dont le vice-fiscal s'est saisi en forme de séquestre de stilet, et de plus le cadavre du dit Jean-Joseph Velais trouvé au bas de la pointe de la Peny sous les Torassets, vêtu d'une veste couleur musque, un gilet dessous, une ceinture verte, culotte de peau, guêtres d'étoffe noire, lesquels cadavres aïant été apportés et produits devant l'église paroissiale de la Gorge, je les ait fait examiner par


UN DRAME AU COL DU BONHOMME 97

le dit André Villiend qui en vertu du serment par lui prêté a dit et déposé comme il suit :

Je reconnais bien, Monsieur, que les deux cadavres que vous me faites représenter sont les mêmes que ceux des Jacques Gallo et Jean-Joseph Velais qui ont voïagé avec moi, je puis vous l'assurer et les reconnois par leurs habits, traits de visage et autres signalements que je vois et que j'aperçu déjà en couchant avec eux au lieu du Chappieu. C'est bien la vérité dont je rends témoignage et a signé avec le dit vice-fiscal et je dit Chatelain, sur le registre.

Discret Jean-Baptiste feu Joseph Bouvard, natif et habitant de la paroisse des Contamines, témoin produit d'office par le dit vice-fiscal, remontré et assermenté comme le précédent, dit et dépose comme il suit :

Interrogé s'il connoit les cadavres des personnages trouvés morts sur la dite montagne,

Répond :

Je ne les ai jamais vus, mais je vous dirai que ce ne peut être que ceux des particuliers qui ont entrepris de conduire un troupeau de moutons par la montagne du Bonhomme pour les rendre à Genève et qui devoient arriver aux Contamines vendredy dernier au soir et se trouver à Genève à tel jour qu'aujourd'hui vingt-deux novembre.

Interrogé comment il sait que deux particuliers auxquels s'est agrégé un étranger devoient passer en conduisant le susdit troupeaux de moutons jusqu'à Genève,

Répond :

Je savois si bien d'avance que mardy seize du courant je soupai avec les nommés Henri Martin négociant en bétail et honnête homme de ma connaissance, lequel était en la compagnie de Jean-Joseph Velais son associé, ils me firent part de l'objet de leur voïage, qu'ils alloient à Genève conduire un troupeau de quatre-vingt moutons ; m'ajoutèrent qu'ils avoient passé la montagne autant heureusement qu'on le peut désirer ; qu'ils séjourneroient quelque


98 UN DRAME AU COL DU BONHOMME

tems à Genève pour retirer quelques crédits, et qu'enfin ils attendaient pour le vingt-deux du mois par un lundy un autre troupeau de quatre-vingt-dix moutons à la garde et conduite de deux jeunes hommes qui devoient arriver aux Contamines le vendredy au soir pour les faire tondre et ensuite pour suivre leur route de Genève ; que toutes ces circonstances s'accordent assés à la relation touchante faite par André Villiend.

Sur les généraux interrogats, répond :

Je m'appelle Jean-Baptiste feu Joseph Bouvard, natif et habitant des Contamines ; je suis âgé de cinquante-neuf ans, j'ai pour environ treize à quatorze mille livres de biens, et je ne suis point parent, allié, créancier, débiteur, ni domestique des deux individus décédés de mort soudaine, étant laboureur de profession.

Répété au dit Bouvard sa déposition, il a déclaré qu'il y persiste et qu'il ne veut rien y changer, ajouter ni diminuer et a signé sur le registre avec le dit vice-fiscal et je dit Chapelain.

En conséquence des procédures ci-devant, je chatelain susdit, avant que de permettre la sépulture des dits cadavres, ai fait venir le Sr Joseph de feu Jean-François Charvey chirurgien, natif et habitant de la paroisse des Contamines, lequel quoique non juré, est reconnu savoir la chirurgie et guérir par les opérations de sa main les maladies et corps de l'homme ; je lui aurois enjoins de visiter en présence de je dit Chatelain les cadavres qui viennent d'être représentés, à cet effet je lui ai fait prêter serment sur les Saintes Ecritures entre mes mains touchées ensuite des remontrances ordinaires, de procéder attentivement à la dite visite et de me faire son rapport circonstancié suivant les règles de son art, en homme d'honneur et de probité, à quoi il a satisfait comme cy-après :

Je Joseph Charvey, chirurgien, vous dis et rapporte, Monsieur, qu'ensuite de la prestation de serment par moi


UN DRAME AU COL DU BONHOMME 99

faite entre vos mains et de la visite que je viens de faire en votre présence et celle de l'intervenant pour le fisc, des deux cadavres que vous m'indiques tant de celui de Jacques Gallo piémontais que de Jean-Joseph Velais le fils, je n'ai trouvé sur iceux aucune plaie, meurtrissure ni contusion quelconque, et il est certain qu'ils ne sont morts que par la rigueur et les intempéries de l'air, le froid, la gelée, toute incommodité les ayant accablés et forcés d'abandonner le troupeau de moutons qu'ils conduisoient pour n'avoir eu aucune assistance ni secours dans une montagne aussi difficile et spacieuse que celle du Bonhomme, où seroient péris cent hommes des plus robustes et au delà, étant déjà non grande consolation et un motif de surprise extraordinaire que André Villiend ait échappé de ce danger. Lecture faite au dit Sr Charvey de son rapport, il a déclaré le confirmer et a signé.

Sécutivement à ce que dessus, je Chatelain susdit, de ce que résulte des dites visites et reconnoissance de cadavres et du rapport du dit Sr Charvey, en ai permis la sépulture dans le cimetière de N. D. de la Gorge qui est plus à portée, ainsy que l'a requis le dit Villiend, les droits du Rd Sr Curé des Contamines réservés comme ayant été trouvés dans l'étendue de sa paroisse, ayant fait dépouiller les dits cadavres de leurs vêtements et fait envelopper d'un linge, lesquels vêtements seront distribués aux pauvres qui se sont prêtés à la dite découverte et autres soins nécessaires, au discernement du Rd Sr Curé, ayant été trouvé dans le gousset de la culotte du dit Velais une livre dixhuit sols six deniers, et dans celui du dit Gallo, a forme de la déclaration du dit Sr Curé, quatorze livres cinq sols six deniers en monnoye de billon. Sur quoi le dit Rd Curé a été prié par le dit Villiend de prendre L. 7, 4, 0 pour les droits de sépulture qui lui reviennent y compris la rétribution d'une messe que tous avoient vouée dans le tems du péril, et les neuf livres restantes sont demeurées au pouvoir soit entre les mains du fisc düement cachettées aussi bien que le susdit couteau soit stilet. De tout quoi j'ai donné


100 UN DRAME AU COL DU BONHOMME

acte au dit intervenant pour servir et valloir ainsy que de raison au dit lieu de la Gorge l'an et jour que dessus.

Du vingt-quatre novembre mil sept cent quatre-vingtquatre, au bourg de Saint-Gervais, dans mon étude, par devant moi chatelain du Comté de Montjoie soussigné, en l'assistance du dit Sr Jean-François Trombert, vice-fiscal de la présente' jurisdiction, a comparu honnête François fils de Joseph France, natif et habitant de la paroisse de Traversaille, province d'Yvrée en Piémont, témoin produit d'office par le dit vice-fiscal, remontré et assermenté comme les précédents, lequel dit et dépose comme suit :

Interrogé s'il sait qu'on ait trouvé sur la montagne du Bonhomme les cadavres de deux hommes décédés de mort subite les derniers jours de la semaine dernière, et en ce cas de nous en dire les circonstances,

Répond :

J'ai bien oui dire, Monsieur, étant au bourg de SaintGervais où je suis depuis quelques jours avec un compagnon, que deux hommes avaient péris sur la montagne dont vous me parlés, et l'on m'a même dit que l'un d'eux s'appeloit Jacques Gallo du païs de Piémont, sans me rappeler du nom de l'autre, et autre ne sais.

Interrogé s'il les connaissoit :

Répond :

Je connaissois parfaitement le dit Jacques Gallo qui étoit de la même paroisse que moi, et avec lequel j'ai même travaillé aux minières de la Thuile duché d'Aoste ; nous partîmes ensemble de ce même endroit, il y a environ quarante" jours dans l'intention de nous rendre aux minières de Cervoz, où effectivement j'ai été avec mon compagnon en passant par le Valais ; et le dit Jacques Gallo qui savoit travailler du métier de cordonnier a passé par la Tarentaise et doit s'être arrêté à Séez, après avoir fais parvenir au lieu de Cervoz quelque peu de ses hardes.

Interrogé sur les signalemens du dit Gallo,


UN DRAME AU COL DU BONHOMME 101

Répond :

Du tems qu'il nous a quitté, il étoit habillé d'un surtout soit juste au corps de drap brun, de deux gillets de moulton blanc, culottes noires, portoit des bottes pliantes, tenoit dans un havre-sac les outils de son métier de cordonnier, comme tranchant, aleine, marteau et tenailles et autres; il avoit même deux tabatières, l'une en corne blanche aïant une figure de personnage dessus, et l'autre d'une espèce de composition doublée d'écaillé avec un médaillon dessus, autour du médaillon un cercle en or ; quant au visage le dit Gallo l'avait un peu long, cheveux noirs, barbe noire, les dits cheveux en queue, de la taille d'environ cinq pieds quatre pouces. Il avoit une femme et quatre filles toutes jeunes.

Exhibition faite au dit témoin du couteau à gaine soit stillet trouvé sous le gillet du dit Gallo,

Répond :

C'est bien le même que je lui ai vu il y a environ quarante jours, je le reconnois au manche couvert de fil d'archal jaune, il l'avoit acheté d'un cabaretier au lieu de Morgex en Val d'Aoste pour s'en défendre en cas de besoin ; ne m'étant point aperçu qu'il en ait fait mauvais usage.

Sur les généraux interrogats,

A répondu :

Je m'appelle François fils de Joseph France, natif et habitant de la paroisse de Traversaille, province, d'Yvrée, suis mineur de profession et laboureur de terre ; je n'ai aucun bien pour être fils de famille, suis âgé de vingt un ans, et je ne suis point parent, allié, créancier, débiteur ni domestique du dit Gallo, excepté que je lui appartiens au quatrième degré d'affinité.

Lecture faite de sa déposition, qu'il a confirmé sans rien changer, ajouter, ni diminuer, et a signé sur le registre avec le dit vice-fiscal et je dit chatelain.


102 UN DRAME AU COL DU BONHOMME

Et moi Chatelain susdit ai donné acte au dit vice-fiscal de l'observation faite que les signalemens rapportés par le dit témoin sont les mêmes que ceux remarqués lors de la visite du cadavre, lui aïant incontinent restitué le couteau à gaine pour être transmis au greffe s'il est ainsi ordonné, signé au registre par le dit vice-fiscal et je dit Chatelain.

Par extrait pour enregistrement.

A. Octenier, Chatelain. Vacqué trois jours.

EPILOGUE

Un siècle et demi s'est écoulé. Les cadavres du piémontais Jacques Gallo, père de quatre enfants en bas âge, et du jeune Jean-Joseph Velais de Séez, reposent ignorés des hommes, dans le cimetière aujourd'hui désaffecté de Notre Dame de la Gorge.

Depuis que les chemins de fer se sont ouverts une voie rapide et directe à travers les entrailles de pierre des montagnes, le col du Bonhomme n'est plus le grand chemin de communication entre notre vieille province du Faucigny et l'Italie. Mais ce passage, que connurent déjà les légions romaines, ne cesse d'être fréquenté de nos jours par des légions de touristes accourus de toutes les parties de l'Europe et même du fond des lointaines Amériques. Arrivé au plan des Dames, plateau dénudé et sauvage à plus de 2.000 mètres d'altitude, le guide qui entraîne sa caravane, ne manque pas d'attirer l'attention des voyageurs sur un tertre arrondi de 3 à 4 mètres de hauteur et de 5 à 6 mètres de diamètre, et sur lequel en passant, chaque touriste jette une pierre selon l'usage établi. « C'est là, dit-il, d'après la tradition, la sépulture d'une dame ita-


UN DRAME AU COL DU BONHOMME 103

lienne et de sa servante, surprises jadis par l'ouragan et mortes en ce lieu. Les bergers qui les retrouvèrent plus tard, ne pouvant creuser leur fosse sur ce plateau qui n'offre même pas quelques centimètres de terre, les recouvrirent d'une épaisseur de cailloux ». (1). Mais le guide, rappelant ce souvenir, ne dit pas que lui et ses hommes foulent en ce moment les ossements desséchés de 90 moutons destinés aux boucheries de Genève à la veille des fêtes de l'Escalade, et qui périrent en ce lieu, éouffés par la neige. Il ne dit rien surtout de ce lugubre drame du vendredi 19 novembre 1784. La tradition ne semble pas l'avoir enregistré.

(1) Voir J. Magnin, Saint-Gervais-les-Bains et ses environs, p. 87.

FIN.



ABBÉ FRANCIS MUGNIER

CHANOINE HONORAIRE

LICENCIÉ ES LETTRES, DOCTEUR EN THÉOLOGIE

PROFESSEUR AU GRAND-SÉMINAIRE

D'ANNECY

UNE BELLE FAMILLE DE VIEUGY

au service de l'Eglise pendant la Révolution française

L'Abbé André BALLY

L'Abbé Jean BALLY

La Mère Louise-Aimée BALLY


AVANT-PROPOS

La Révolution Française eut au moins cela de bon qu'elle suscita dans chaque province de véritables héros.

La Savoie eut ses martyrs : les noms des Vernaz, des Morand, des Revenaz, des Joguet sont dans toutes les mémoires. Elle eut aussi ses grands hommes comme les de Thiollaz, les Vuarin. Pourtant, plus que ces noms illustres, ceux de quelques personnages légendaires par leurs prouesses, autant que par leur zèle apostolique, ont passé à la postérité. Tels sont l'abbé Bouvet (l'oncle Jacques) et l'abbé Marin Ducrey; Et, sans doute, ces derniers eurent de nombreux émules moins connus qu'eux-mêmes, et qui sont comme les gloires cachées de notre pays.

L'abbé André Bally nous paraît être de ce nombre. De lui nous ne séparerons pas son frère Jean, ni sa soeur Balthasarde, devenue en religion Soeur Louise-Aimée, puis Mère Louise-Aimée de la Visitation.

Leur histoire est presque totalement ignorée. Peut-être ne sera-t-il pas sans intérêt de recueillir les quelques faits épars qui ont échappé à l'oubli.


UNE BELLE FAMILLE DE VIEUGY

CHAPITRE PREMIER La Famille Bally

La famille Bally était une ancienne famille d'Annecy. Jean-Etienne, le grand-père de nos confesseurs de la foi, était « natif bourgeois et habitant de la ville d'Annecy » et occupait un appartement dans cette ville, rue NotreDame. François-Hyacinthe, leur père, se fait faire, le 28 juillet 1754, une promesse de vente dans les trois mois, ou même plus tôt, s'il le juge à propos, d'une boutique de drapier sise rue Filaterie. Le vendeur éventuel est un sieur Déffrène (1). Le 12 septembre 1756, il est encore à Annecy (2). Toutefois, le 21 janvier 1756, il passe un bail d'amodiation et assencement de terres appartenant à Etienne et Pierre Rassat de Vieugy (3). Un peu plus tard et à la date du 13 mars 1756, il est indiqué comme propriétaire à Vieugy (4). En réalité, c'est par sa femme, Marie-Claudine Allioud, que la chose a lieu. Le père de cette dernière, Estienne Allioud, était mort en 1721, le 2 décembre ; sa mère, née Antoinette Dufournet, en novembre 1741 ; son frère Joseph, en 1736. Après la mort de la mère, eut lieu le partage des biens entre les quatre enfants survivants. Marie-Claudine et Amédée gardèrent leurs biens indivis, de même Rd Jacques-Antoine et Anne (5). Le 13 janvier

(I) Archives départementales : Tabellion, 28 Août 1754, Folio 350.

(2) Tabellion, 1756, liv. II, folio 516, verso.

(3) Tabellion 1756, liv. I, folio 204.

(4) Archives municipales de Vieugy : Livre des transports, folio 28.

(5) Tabellion, 1742, vol. II, folio 232,


108 UNE BELLE FAMILLE DE VIEUGY

1752, Jean à feu Jean Pierre Bauquis, natif de Montagny, habitant à Vieugy, acheta la part des biens de Amédée Allioud (Gouville, notaire) restant indivis avec ceux de Marie-Claudine, sa soeur. Le 13 juin, on fait des instances pour obtenir un partage. Ce partage a lieu seulement le 26 août 1755 (Bocquet, notaire), (6). Ainsi, les biens de famille de Claudine Ailloud situés à Vieugy deviennent biens de famille pour elle et son mari François-Hyacinthe Bally.

Ils passèrent ensuite à leurs enfants. Il est assez facile de les suivre dans leurs différentes destinations.

Balthazarde, propriétaire en date du 21 janvier 1817, vendit la totalité de ses avoirs sis à Vieugy le 24 janvier 1829 (7). Les propriétés appartenant à André (8) passèrent par mutation à différents propriétaires (Janin, Dumaret, Gaillard, Mugnier, Martin, Rassat, Sallaz). Plusieurs maisons faisaient partie de ces biens. L'une d'elles était située au pied de la montagne du Semnoz. Il n'en reste que des ruines appartenant à Rassat Gabriel. Une autre était dans le bourg ou ancien chef-lieu. Elle appartient aujourd'hui à Sallaz Augustin (9).

Il est intéressant de suivre ces différents changements, car ces demeures sont vénérables par les souvenirs qu'elles rappellent. Elles servirent, nous le verrons, d'abri à André Bally et à sa Soeur religieuse pendant la tourmente révolutionnaire ; et leurs pierres mêmes méritent quelque chose de la vénération qui s'attache à de véritables reliques.

Les époux Bally eurent six enfants : Louise-Françoise, née le 2 mai 1756 ; André, né le 1er mai 1757 ; Marie-Françoise, née le 5 mai 1758. Tous trois sont nés et baptisés à

Annecy (10). Viennent ensuite Jean, né le.. ;

Françoise, née le 6 mai 1762 et Balthasarde, née le 28 mai 1766. Les deux dernières sont nées et baptisées à Vieu(6)

Vieu(6) 1755, Liv. II, folio 405.

(7) Livre des transports. Folio 27 bis.

(8) Livre des transports. Folio 28.

(9) Archives de Vieugy.

(10) Archives paroissiales de Saint-Maurice.


LA FAMILLE BALLY 109

gy (11). Pour Jean, il est né sans doute à Vieugy (12), cependant il n'a pas été possible de retrouver l'acte de baptême qui l'indiquerait d'une façon incontestable.

Les deux fils André et Jean entrèrent dans l'état ecclésiastique ; Balthasarde devint religieuse de la Visitation sous le nom de Louise-Aimée. Les autres soeurs s'établirent dans le monde. Actuellement il n'en reste aucun descendant qui porte ce nom, les deux fils étant devenus prêtres.

Ce nom de Bally a été défiguré dès l'époque dont nous parlons. On lui trouve en effet différentes orthographes : Bally, Bailly et même Balli et Bailli. Il semble bien que la première soit la véritable quoique la seconde, Bailly, ait fini par triompher. C'est ainsi que, pour la Mère Bally, c'est toujours cette façon d'écrire qu'elle emploie dans ses signatures ; et cependant sa notice biographique que nous aurons souvent l'occasion de citer porte uniquement la mention Bailly.

Hyacinthe Bally et sa femme étaient, semble-t-il, à l'aise ; mais surtout ils étaient de fervents chrétiens. Ils donnèrent à leurs enfants une éducation religieuse solide. Ainsi, ils les préparèrent admirablement à remplir les grandes missions que Dieu devait leur confier. Sans se soucier de conserver après leur mort un nom qui devait s'éteindre, ils n'hésitèrent pas à consacrer au Seigneur leurs deux seuls garçons. Mais Dieu devait récompenser leur sacrifice en conservant à la postérité ce nom auréolé de la gloire des confesseurs de la foi.

(II) Archives de l'Evêché d'Annecy.

(12) Rebord, Gavard : Dictionnaire du Clergé.


110 UNE BELLE FAMILLE DE VIEUGY

CHAPITRE II

L'Abbé André Bally

Celui qui devait être le missionnaire de Vieugy pendant les temps révolutionnaires naquit à Annecy le premier mai 1757 (1).

Par l'acte de baptême, on voit clairement que notre Bally portait bien le nom d'André, et non Antoine, comme l'a écrit Fenouillet dans son « Histoire de Seyssel ».

Il était le second de la famille. Quoique né et baptisé à Annecy, il passa toute son enfance à Vieugy, car ses parents, peu de temps après sa naissance, vinrent habiter dans cette paroisse, où nous voyons que leurs autres enfants ont reçu le saint baptême. Lui-même devait être, le 28 mai 1756, le parrain de sa soeur Balthasarde (2).

Nous aimerions suivre notre jeune homme dans les différents endroits où il reçut l'instruction et l'éducation qui le conduisirent au sacerdoce. Sans doute, après la première initiation à Vieugy, vint-il à Annecy, au collège Chapuisien où toute la jeunesse distinguée d'Annecy et des environs recevait une formation de premier ordre (3).

De là il passa au Grand Séminaire. Il eut le bonheur d'y recevoir les leçons et d'observer les exemples de celui qui devait être la gloire du Grand Séminaire d'Annecy. Le Bienheureux François Régis Clet, né à Grenoble le 19 août 1748, Prêtre de la Mission, était à Annecy depuis 1773 et ne devait en partir qu'en 1788, pour aller diriger le novi(I)

novi(I) de baptême de André Bally : « Mai, le premier, né, le second baptisé André, fils de Sr François-Hyacinthe Bally et de Dlle Marie-Claudine Aliouz, mariés ; par le sieur André Chatron, de Thônes ; mar. Dlle Claudine Gurcel.

(2) Archives de l'Evêché : Registre des baptêmes de Vieugy.

(3) Gonthier : Histoire de l'Instruction publique, Académie Salésienne, Vol. X, p. 141-142.


L'ABBÉ ANDRÉ BALLY 111

ciat de saint Lazare. La révolution vint interrompre son oeuvre à Paris ; mais lui alla l'achever par le martyre en Chine, le 16 juin 1819. C'est donc à l'école de ce martyr que André Bally fit toute son éducation cléricale. Il y reçut les leçons de celui que l'on appelait une « bibliothèque vivante » et qui, quelques années plus tard, devait verser son sang pour la cause de Jésus-Christ.

André Bally fut ordonné prêtre le 18 décembre 1784 (trois mois après son frère Jean) (4).

Immédiatement et jusqu'à la révolution, nous le trouvons faisant fonction d'altarien à Seyssel. Comme tel, il a différents emplois dans la paroisse : service de chapelles et divers offices d'église.

En 1792, il est confesseur et aumônier des Visitandines de cette ville. Le Curé de la paroisse, Claude François Puthond, avait émigré et s'était réfugié chez les Barnabites de Chieri, sans qu'il ait été possible de préciser ce qu'il était devenu depuis. A son départ, il laissa sa paroisse aux soins de l'abbé Bally, à qui sa qualité d'aumônier permit d'attendre les nouveaux décrets d'avril.

« Un dimanche après les vêpres, le citoyen Philibert Michard, président du club, monte en chaire pour y débiter un discours révolutionnaire. L'abbé Bailly le prie de lui donner le temps d'enlever le Saint Sacrement avant qu'il ne commence de parler. Ce loisir lui est refusé : ce qui le mit en larmes. La soeur de Michard qui se trouvait à l'église se lève alors et s'écrie en pleine assemblée : « Ne l'écoutez pas, c'est un polisson qui n'a jamais rien fait de bon ».

« Un autre jour que l'abbé Bailly allait dire sa messe à l'église paroissiale, le même Michard, pendant que le prêtre s'apprêtait à monter à l'autel, se mit à dire à haute voix : « Vous allez voir le citoyen Bailly qui va prêter serment avant de dire la messe.

« — Citoyen Michard, vient s'exclamer le prêtre, jamais je ne t'ai promis cela : plutôt recevoir un coup de poignard au coeur que de prêter le serment. »

(4) Rebord, Gavard : Dictionnaire du Clergé.


112 UNE BELLE FAMILLE DE VIEUGY

« Par trois fois, il répéta cette fière parole, célébra ensuite et prit le parti d'émigrer à son tour presque de suite après cette scène. » (5).

Il partit sans doute en même temps que son frère Jean, comme l'indique un document que nous citons plus loin, car il était parmi ceux qui le décourageaient d'entreprendre la traversée du Grand Saint-Bernard où il devait trouver la mort.

Parti au mois d'avril 1893, notre émigré se réfugia au couvent de la Visitation de Villafranca. Combien de temps y demeura-t-il ? Burdet, dans son ouvrage Le Palais de l'Isle , page 236, nous dit : « Emigré en Piémont, où il passa une année, il revint en qualité de missionnaire à Vieugy. » L'affirmation est précise, et cependant elle ne va pas sans soulever de graves difficultés.

A cette date, comme nous le verrons, et depuis le mois de juin 1793, la soeur du missionnaire était sortie de son couvent de Seyssel et était venue se réfugier à la maison paternelle de Vieugy. Mais avant 1796, on ne trouve aucune trace de l'abbé Bally dans la contrée.

Y était-il revenu dès 1794, comme l'affirme Burdet ? c'est possible. Aurait-il, pour garder un incognito absolu, pris le parti de ne laisser aucun vestige de son ministère ? c'est possible encore. La chose toutefois paraît surprenante, si l'on songe que d'autres missionnaires vinrent à la même époque faire différentes visites dans la paroisse.

La paroisse de Vieugy depuis la mort de Révérend Claude Fleury (20 janvier 1793) (6) était privé de tout

(5) Lavanchy, Le Diocèse de Genève pendant la Révolution française, II, p. 656.

(6) Registre des délibérations du Conseil général de la commune de Vieugy, 1793-1796, feuillet 1.

La mort de R. Claude Fleury en janvier 1793 rend plus que douteuse la nomination prétendue de Jean Charcot à la cure de Vieugy en 1783.

C. Fleury mourut en faisant la commune héritière de 2.536 livres 8 sols.


L'ABBE ANDRE BALLY



L'ABBÉ ANDRÉ BALLY 113

pasteur. Jean Charcot, que l'on cite comme succédant à R. Fleury, n'y accomplit aucun acte. Il fut déporté à l'île de Ré et on ignore ce qu'il devint. De 1793 à 1795, on ne voit pas qu'aient été accomplies des fonctions ecclésiastiques dans la paroisse. Dans le courant de l'année 1793, Junod, le régisseur du couvent de Bonlieu, jureur, se présenta un jour pour faire le culte à Vieugy ; il trouva l'église fermée et le clerc Claude Gaillard fut condamné à trois jours de prison pour avoir refusé les clefs (7). En mai 1795, R. Fr. M. Dunoyer, vicaire à Rumilly, baptise sous condition les enfants nés en 1793, 1794, 1795. D'autres actes sont signés de J. Passet, de C. X, d'autres enfin, à partir de 1796, de Rd Jean Chappaz, curé de Montagny, missionnaire, qui, le 11 mars 1797, fait la bénédiction et réconciliation de l'église de Vieugy (8).

Tous ces actes rédigés sur des feuilles volantes, et dont quelques-uns sont sans signature, furent copiés et collationnés mot pour mot en avril 1797 par l'abbé Bally luimême (9). Il était donc certainement là à cette époque et, sans doute, depuis assez longtemps ; mais il semble difficile de fixer exactement la date de son arrivée dans la paroisse.

Une chose certaine, c'est qu'il devint le missionnaire de la contrée et son souvenir s'est perpétué par tradition jusqu'à nos jours.

Quelques trop rares documents nous parlent de son ministère.

Un historien de ce temps écrit de lui : « On montre encore à Vieugy sur les flancs de la montagne la chapelle du curé Bailly. C'est une petite grotte dans laquelle le saint homme allait célébrer le divin sacrifice et abriter sa tête lorsque les grondements de l'orage devenaient menaçants et forçaient les ennemis de l'Eglise

(7) Billet, Mémoires, p. 68.

(8) Registre de l'église paroissiale de Montagny.

(9) Notes manuscrites laissées par Rd Pichollet, curé de Vieugy Tous ces actes ont malheureusement disparus depuis la mort de

Rd Pichollet.


114 UNE BELLE FAMILLE DE VIEUGY

à se réfugier dans les coins les plus retirés dé leurs maisons. Pour les fidèles c'était le beau temps ; l'orage ne les effrayait pas. N'allaient-ils pas s'entretenir avec leur Dieu ? Que pouvaient-ils craindre ? Aussi se dirigeaientils d'un pas assuré vers la grotte sacrée. Dans les intermittences de tranquillité, et grâce au dévouement de toute la paroisse, le bon M. Bailly pouvait reposer quelquefois ses membres fatigués sous le toit de chaume de ses ancêtres. » (10).

La grotte dont il est ici question n'a pas pu être sûrement identifiée, quoiqu'il en existe plusieurs dans la montagne toute proche.

Selon le témoignage de Péronne Gaillard, née Mugnier le 11 février 1828, que nous avons pu directement interroger avec toute la liberté que nous donnait son affection de grand'tante, l'emplacement de ce lieu de réunion ne serait plus exactement connu. En revanche, elle affirmait avec insistance qu'il y en avait un. De plus dans le haut du village de Vieugy (ancien chef-lieu) existait une châtaigneraie dont il ne reste que des vestiges. Là se trouvait un gigantesque châtaignier creux dans lequel avait été installé un autel. Plusieurs personnes interrogées, entre autres mon père, m'ont affirmé s'être amusés autour, dans leur enfance; et la tradition disait que, dans les excavations de cet arbre, la messe avait été autrefois célébrée.

Les prêtres qui osaient affronter la mort pour remplir leur saint ministère de charité trouvaient dans la maison Bally un asile toujours assuré. La Soeur Bally avec ses compagnes ne craignait pas de joindre l'audace à la sainteté et leur demeure tenait lieu, à l'occasion, d'église.

« Nos chères soeurs, dit la notice concernant la Mère Bally, avaient obtenu la permission de garder le Saint Sacrement chez elles. Il était confié à notre bonne soeur Louise Aimée, qui le tenait dans un petit buste de Notre Seigneur dont le piédestal était creux, et que nous possédons encore. »

Il était impossible, qu'un prêtre restât là ordinairement.

(10) Burdet, Le Palais de l'Isle, p. 235.


L'ABBÉ ANDRÉ BALLY 115

Il aurait été bien vite découvert. Aussi, ajoute le même document, « (les Soeurs) allaient quelquefois très loin pour se procurer la grâce d'entendre la Messe. Elles faisaient même jusqu'à deux journées de trajet dans ce but, ou, d'autres fois, pour secourir les ministres du Seigneur cachés dans les montagnes. » (11).

Aussi, quelle ne devait pas être la joie de ces saintes filles quand la divine Providence leur permettait d'héberger quelque prêtre en quête d'un logis ! Et quel bonheur quand ce prêtre était l'enfant de la maison, André Bally lui-même, le missionnaire de la contrée ! Cependant, plus d'une fois, sans doute, les pieux colloques du frère et de la soeur furent interrompus par l'arrivée soudaine des émissaires de la révolution.

« Un jour que les révolutionnaires étaient à sa recherche, il n'eut pas le temps de s'évader. Nos Soeurs le cachèrent à la hâte sous le plancher d'une de leurs chambres. On ferma si précipitament l'ouverture qu'un pan de la soutane resta pris et passait au-dessus quand les gendarmes à sa poursuite se présentèrent. Mais Dieu veillait à la conservation du saint confesseur de la foi. Un des officiers de la municipalité, qui présidait à la visite domiciliaire, s'aperçut le premier de l'accident et mit avec adresse le pied sur le fatal morceau d'étoffe en criant plus fort que tous les autres qu'il fallait absolument découvrir le calotin. Il tint bon à son poste, tandis que ses compagnons redoublaient vainement ailleurs leurs perquisitions. Enfin, ne le trouvant point, ils s'en allèrent, et le brave gardien, sortant le dernier, dit tout bas à nos pauvres Soeurs tremblantes : « Attention ! » (12).

Nous aimerions à connaître le nom de ce courageux citoyen qui ne craignait pas de s'exposer lui-même à quelques terribles représailles. Grâce à Dieu, la race de ces vaillants ne s'est pas encore perdue dans nos campagnes ; et s'il fallait renouveler ce geste du fier officier de la muni(II)

muni(II) donnée à l'Institut, en 1857, par le monastère de la Visitation de Chambéry. Ce document sera cité sous le nom de Notice. (12) Notice.


116 UNE BELLE FAMILLE DE VIEUGY

cipalité, il se trouverait à ce glorieux ancêtre inconnu de dignes descendants.

Obligé par ses fonctions d'accomplir une triste besogne qui répugnait à sa conscience de catholique, il sut faire tourner au salut d'un prêtre une criminelle perquisition qui lui était imposée au nom de la liberté.

Il est facile de s'imaginer quelle devait être la vie de notre confesseur de la foi pour sauver sa propre existence, et assurer le secours de son ministère aux braves habitants du pays. L'anecdote suivante, racontée par celui-là même qui en fut le héros, en donnera quelque idée :

« Quelques années après l'époque néfaste que j'essaie de décrire, je remplis un office de messager dont le souvenir m'est toujours agréable. C'était un matin ; un ami était venu prévenir en toute hâte mon père qu'une visite domiciliaire devait être faite dans le courant de la journée chez le missionnaire Bailly à Vieugy. Pour avertir ce bon curé du danger qui le menaçait, l'embarras était grand ; il fallait choisir avec beaucoup de circonspection les commissionnaires, de crainte de livrer celui qu'on voulait sauver. Mon père était trop surveillé pour qu'il pût songer à accomplir lui-même cette délicate commission : les gendarmes, le voyant prendre cette route y seraient arrivés avant lui. Dans la pénible perplexité où il était, il prit conseil à (sic) mon excellente mère et il fut décidé qu'on m'enverrait moi-même à Vieugy. Je me rappelle encore l'air mystérieux et inquiet avec lequel il me remit la lettre destinée à prévenir le bon missionnaire. J'avais à peine six ans. Il me recommanda bien vingt fois de ne dire à personne ni où j'allais ni ce que je portais et surtout de ne remettre la lettre qu'à M. Bailly lui-même ou aux Soeurs. Ayant ensuite avec une sollicitude toute paternelle garni ma poche de pommes avec un beau radis doré, il me confia à la garde de Dieu sur la route de Vieugy.

« Fier de la mission toute de confiance dont j'étais chargé, j'allais de toute la vitesse de mes petites jambes et j'arrivais bientôt au sommet de la montée de Vieugy. Là, je m'arrêtais un instant et je cherchais à appliquer


L'ABBÉ ANDRÉ BALLY 117

au terrain les indications qui m'avaient été surabondamment données, lorsque j'aperçus M. Georges T..., qui inspectait ses champs. A certaines questions qu'il m'adressa, je répondis par un noble silence. L'excellent homme devina tout, car il lâcha contre quelques personnes de gros mots dont je ne me souviens pas et il m'indiqua le sentier qui devait me conduire au terme de ma mission. Aussitôt que M. Bailly eut pris connaissance de la missive, il s'empara de sa canne et de son bréviaire, jeta son manteau sur ses épaules et s'éloigna.

« Je revins à Annecy, tout fier de mon succès et heureux d'avoir accompli ponctuellement et sans encombre mon long voyage d'une lieue. J'étais persuadé que je venais d'accomplir plus qu'un simple acte d'obéissance, c'est-àdire une bonne action et cela me faisait du bien au coeur. Je rencontrais sur la route les gendarmes qui trottaient vivement vers Vieugy ; mais je ne leur fis pas la nique, j'avais trop peur d'eux. » (12).

Ce fait raconté par Aimé-Antoine Burdet devait se passer vers la fin de l'année 1795 ou 1796 car l'auteur, né le 1er octobre 1790, déclare qu'il avait à peine six ans.

Cette anecdote ne fut évidemment que l'un des mille incidents qui, en ces temps troublés, marqua la vie des zélés missionnaires de nos contrées. Notre courageux apôtre continua ce charitable ministère jusqu'en 1803.

Le 20 août 1803, M. Bally fut nommé à la cure de Cruseilles où il resta cinq ans. Les registres de cette paroisse indiquent que le digne ecclésiastique s'acquitta avec grande charité de sa charge. Toutefois, à part la régularité des actes qui y sont inscrits, on ne trouve, pas qu'il y ait des événements notables vraiment dignes d'être rapportés (13).

Le 2 avril 1808, ce vénérable curé fut transféré à Bonneville, où il continua jusqu'à sa mort son ministère de dévouement.

(12) Burdet, Le Palais de l'Isle, p. 236-237.

(13) Registres paroissiaux de Cruseilles.


118 UNE BELLE FAMILLE DE VIEUGY

Dès le premier mai, il avait la joie de voir une sainte émulation parmi ses paroissiens :

« Dame Josette Delagrange, veuve Pacthod, s'est ensuite présentée au Conseil (de fabrique) ; elle lui a observé qu'aussitôt qu'une lueur d'espérance lui a pu faire croire à la faculté d'exercer publiquement le culte, elle s'est empressée de concert avec quelques autres personnes pieuses de préparer les voyes et les moyens de subvenir aux réparations les plus urgentes de l'église de cette ville.

« Qu'à cet effet, elles ont fait diverses cueillettes et entr'autres recueilli, par l'intermédiaire de quelques personnes de bien, deux legs, l'un de 200 francs, l'autre de 360 que des âmes pieuses avaient dans leurs derniers moments craint de laisser ouvertement pour cet effet. « (14).

M. Bally fit encore pour sa paroisse d'utiles acquisitions, entre autres une pièce de terre située au nord du jardin de la cure.

Paisiblement, il acheva sa vie pleine de mérites eu avril 1831.

A sa louange, nous ne rappellerons plus qu'un souvenir que nous empruntons à la vie de Mgr Magnin, par le Chanoine Nestor Albert.

« En 1862, l'ancien vicaire de Bonneville (Mgr Magnin) venait en qualité d'évêque visiter cette importante paroisse. La réception fut un triomphe. Mais, lorsque la municipalité offrit à Monseigneur, avec une délicatesse infinie, le portrait de M. Bailly, son ancien curé, notre prélat oublia le triomphe pour verser des larmes d'attendrissement. Le fait nous est raconté par M. le Curé actuel de Bonneville (1916). A la vue de ces larmes, les témoins de la scène se disaient : « Oh ! comme ils s'aimaient ! » (15).

(14) Registre des délibérations de la Fabrique de. Bonneville.

(15) Académie Salésienne, T. XXXVIII, p. 20.


L'ABBÉ JEAN BALLY 119

CHAPITRE III

L'Abbé Jean Bally

L'abbé Jean Bally naquit à Vieugy, car c'est vers cette époque que la famille entière de Hyacinthe Bally se transporta dans cette paroisse. Les biens de famille de sa femme, Marie-Claudine Ailloud, venaient d'être partagés de leur indivision en août 1755. D'autre part, Marie-Françoise, soeur de Jean, est la dernière qui soit mentionnée aux registres des baptêmes d'Annecy.

Toutefois, nous n'en avons pas la preuve absolue; mais nous savons par l'acte de baptême de Balthasarde et de ses frère et soeurs, qu'il était au moins le quatrième enfant de la famille.

Son éducation dut être en tout semblable à celle de son frère André. Après la première initiation familiale, il vint sans doute à Annecy se former aux sciences et aux lettres chez les maîtres du collège Chapuisien. Comme son frère, il passa au Grand Séminaire, où il eut le bonheur de rencontrer le bienheureux Clet. II devait, à son école, apprendre à donner sa vie pour le Divin Maître.

Chose assez singulière, il fut ordonné prêtre trois mois avant son frère André de deux ans au moins plus âgé que lui. Il est vrai que André était âgé de 27 ans à son ordination. Jean reçut le sacerdoce le 18 septembre 1784.

Il exerça tout son ministère dans la paroisse de SaintFerréol. A la Révolution, son curé, Hyacinthe Grivod d'Annecy, émigra aussitôt après la proclamation du 8 février 1793.

Jean Bally demeura encore deux mois dans cette pa-


120 UNE BELLE FAMILLE DE VIEUGY

roisse. En fut-il vraiment le curé, comme le portent diverses notes le concernant (1), il a été impossible de le déterminer sûrement.

De ce jeune prêtre, nous ne savons plus qu'une chose, c'est qu'il mourut en essayant de traverser le col du Mont Saint Bernard au moment, de l'émigration.

Les « Etrennes religieuses » de 1801 racontent ainsi la mort de notre héros :

« Engagé par un militaire pressé de rejoindre son corps en Piémont, à entreprendre avec lui le passage de la montagne un peu tard dans la matinée, en un jour où le temps était mauvais, il succomba avec son compagnon dans la périlleuse entreprise. Le lendemain, son frère et quelques autres ecclésiastiques qui l'avaient vu avec inquiétude partir du bourg de Saint Pierre en Valais, ne furent pas plus tôt arrivés au Saint Bernard, qu'ils apprirent avec effroi que les deux voyageurs de la veille n'y avaient pas paru. Il fut jugé par trop certain qu'ils avaient péri. Les religieux font la descente pour les chercher. A une lieue du couvent, à là naissance de la montée la plus rapide, ils découvrirent le militaire gelé, assis sur un tas de neige et couvert de neige fraîche. Ils descendent encore, et, à un petit quart d'heure de là, ils aperçurent briller sur la neige le pommeau d'une canne à parasol ; ils approchent, déblaient la première neige et trouvent le prêtre aussi gelé, étendu les bras en croix sur la neige. Ils eurent des indices qu'après avoir assisté le militaire jusqu'à son dernier soupir, cet ecclésiastique, désespérant de faire le trajet de la montagne, avait rétrogradé pour chercher un asile dans un chalet... et avait succombé d'épuisement dans cette traversée. Ils portèrent son corps au couvent et lui firent des obsèques religieuses, » (2).

Cette narration concorde avec le récit, moins détaillé cependant, de l'obituaire de l'Hospice du Grand Saint Bernard :

« Die 19 Aprilis anni 1793 ; Dominus Joannes Bailli

(I) Rebord, Gavard, Dictionnaire du Clergé séculier et régulier. (2) Etrennes religieuses, 1801, p. 131. Lavanchy, II, p. 719.


L'ABBÉ JEAN BALLY 121

presbyter Sabaudus prae fugenda immani persecutione contra fidem prsesertim fideles ecclesiasticos in Sabaudia a Gallis excitata, Pedemontium means, e burgo S. Petri non obstantibus ejusdem vici burgensibus periculum imminens in ascensu montis suppliciter exponentibus eumque comitari recusantibus, cum infra nominato Ludovico Bruchez montem scandendum profectus, mortuo socio, ad reditum sese disponens, jactatus ventis fluctibusque nivium circumvolutus, interrit in monte s. Bernardi et prope pontem Petrse vulgo « de la Pierre » a Religiosis die 22 éjusdem mensis et anni fuit inventus et ad claustrum transportatus. Ejusdem exsequiae die 23 aprilis anni 1793 in ecclesia s. Bernardi solemniter fuerunt celebratae et in ossuario religiosorum sub magno altari fuit sepultus.

« In quorum fidem S. G. N. Claivaz C. R. prior el. » (3).

Mgr Bourgeois, dans l'obligeante communication qu'il veut nous faire de ce document, ajoute : « Le compagnon dont il est ici question, Louis Bruchez, avait été retrouvé la veille, soit le 21, au lieu dit « les lits de l'hôpital », et son corps, déposé à la morgue de l'hôpital. »

Selon Burnier (4), ce seraient des moines de Tamié émigrants qui auraient fait cette découverte :

« Pas un des moines de Tamié, dit-il, ne périt en route. Aux limites du Valais, ils trouvèrent gisant sur la terre le cadavre de M. Bailly, curé de Saint-Ferréol, qui avait succombé sans secours au milieu de la tempête. »

Ces différentes versions ne se contredisent point, car il est fort possible que ce soient ces moines avec d'autres émigrants parmi lesquels, André, le frère de la victime, qui aient donné l'alarme aux religieux de l'hospice du Grand Saint-Bernard et qu'ainsi on puisse légitimement leur attribuer la découverte.

(3) Obituaire du Grand Saint-Bernard.

(4) Tamié, p. 192.


122 UNE BELLE FAMILLE DE VIEUGY

CHAPITRE IV

La Mère Louise-Aimée Bally

Louise-Aimée Bally naquit à Vieugy le 28 mai 1766 ; elle fut le dernier enfant de la famille.

« Elle était à peine âgée de deux ans, lorsque ses pieux parents la portèrent à Annecy pour la faire assister aux fêtes de la canonisation de notre Sainte Mère (Sainte Jeanne-Françoise de Chantal). Malgré son âge si tendre, elle fut tellement frappée des pompes extraordinaires de cette solennité qu'elle en a toujours gardé le souvenir, surtout d'une immense illumination qu'elle aurait bien désiré revoir. » (1).

Elle reçut de ses parents une forte éducation chrétienne. A peine fut-elle effleurée par la tentation du plaisir et le goût de la danse. Son coeur ardent fut bien vite conquis par Dieu.

A vingt-deux ans, elle foula aux pieds les vanités de la terre et entra au monastère de la Visitation de Seyssel où, après un fervent noviciat elle eut le bonheur de prononcer ses voeux le 6 mai 1790.

Elle n'y devait pas longtemps demeurer en paix. Les biens du monastère avaient été loués le 20 mars 1793 ; un peu plus tard, ils étaient vendus, et le 30 mai de là même année, elle fut contrainte, ainsi que tous les membres de la communauté, de sortir de son cher monastère (2).

Devant la tourmente révolutionnaire, elle regagna la maison paternelle.

L'abbé André Bally, en partant pour le Piémont, avait

(I) Notice.

(2) Fenouillet, Histoire de Seyssel.


LA MÈRE LOUISE-AIMÉE BALLY 123

sans doute demandé à sa soeur, Supérieure de la Visitation de Seyssel, de rentrer dans sa famille et de se faire oublier là avec celles de ses religieuses qui voudraient la suivre. C'est ce qui arriva.

« Elle se rendit avec trois de ses Soeurs auprès de sa famille qui leur donna avec joie un asile dans une de ses habitations de campagne à Vieugy...

« Pendant trois ans, Madame Bally eut la consolation d'être soignée par sa fille qui lui ferma les yeux. » (3).

Le registre des délibérations du Conseil général de la commune de Vieugy (1793-1796) contient la délibération suivante :

« 22 Vendémiaire an troisième de la République une, indivisible et démocratique, à Vieugy :

« Ensuite de l'arrêté de l'administration de ce district du treize fructidor, le conseil général déclare que dans cette commune, il y a trois cy devant religieuses du cy devant couvent de Seyssel qu'elles y habitent dès le premier juin 1793 (v.s.) et que le tableau en sera envoyé à la dite administration. » (5).

Quelle fut la suite de cette délibération ? Nous l'ignorons. Mais il ne semble pas qu'on ait beaucoup inquiété nos religieuses.

Dans cette communauté réduite que recélait la maison Bally, la vie religieuse refleurissait. Selon l'historien du

(3) Notice.

(4) Acte de baptême de la Mère Bally :

Le Vingt-huit Mai 1766, est née et a été baptisée Balthasarde, fille légitime de Hyacinthe Bally et de Marie-Claudine Allioud, originaires d'Annecy, habitant à Vieugy. Elle a eu pour parreins son frère aîné André Bally et sa soeur aînée Louise-Françoise. Ainsi est. Claude Fleury, curé.

Nous connaissons déjà le parrain. Sa soeur ici mentionnée est peutêtre Louise, née le mai 1762 et baptisée le lendemain. Voir registres des baptêmes de Vieugy. (Archives de l'Evêché.)

Nous devons à l'extrême obligeance de la Révérende Mère Supérieure de la Visitation de Chambéry la notice nécrologique de la Mère Louise-Aimée Bally.

C'est de ce document précieux, dont nous la remercions vivement, que nous avons tiré la plupart des renseignements ici mentionnés, touchant notre héroïne.

(5) Archives communales de Vieugy.


124 UNE BELLE FAMILLE DE VIEUGY

Palais de l'Isle, les Soeurs Leo, Augustine (de Mont-Fouilloux) Thérèse et Burdet formaient tout le groupe.

Leur vie était la vie même du couvent moins la clôture.

« Ce qui surpasse toute admiration, c'est la fidélité avec laquelle elles observèrent leur règle au milieu même du , monde.

Elles récitaient en commun le saint Office aux heures qui... sont marquées. Dans la belle saison, elles disaient matines en choeur au milieu des champs.

Elles observaient scrupuleusement les jeûnes, abstinences et autres oeuvres régulières.

Tous les ans, elles faisaient, chacune à leur tour, la retraite annuelle avec les mortifications et pénitences d'usage au réfectoire. Le clocher abandonné de l'église de la paroisse était le lieu que notre chère Soeur Louise-Aimée choisissait de préférence pour faire ses oraisons. Là elle versait son âme devant son Dieu et lui demandait la cessation des maux qui accablaient l'Eglise.

Tous les trois ans, ces bien-aimées Soeurs étaient fidèlesà faire l'élection d'une Supérieure et toutes les fois qu'elles l'ont pu d'après nos saintes lois, elles firent tomber leur choix sur notre respectable Soeur Louise-Aimée à laquelle l'administration temporelle fut constamment dévolue. » (6).

Nous avons vu plus haut avec quel empressement nos religieuses accueillaient les prêtres traqués par les révolutionnaires.

Elles ne furent pas moins admirables dans leur charité envers les habitants de la paroisse.

« Le bien que faisaient nos ferventes Soeurs dans les environs de Vieugy était immense. Elles y étaient comme les mères communes de toute la paroisse et il n'est pas une famille du canton qui ne les nommât à juste titre leurs bienfaitrices. » (7).

A Vieugy même, leur charité fut inépuisable.

« Quoique n'ayant aucun moyen de subsistance, ces pauvres religieuses se chargèrent avec empressement d'une

(6) Notice.

(7) Notice,


LA MÈRE LOUISE-AIMÉE BALLY 125

jeune fille dont la raison était égarée et que sa famille, très recommandable, désirait placer dans un lieu retiré pour cacher sa triste position. Elle n'eut pu mieux réussir qu'en la confiant à ces bonnes Soeurs, soit sous le rapport de la solitude, soit pour les soins que l'état de cette pauvre enfant réclamait.

« Ces religieuses s'occupèrent aussi de l'éducation des jeunes filles de la paroisse et même des tout petits garçons. C'est à cette circonstance favorable que cette contrée doit de compter tant de saintes mères de famille, tant d'hommes vertueux et une jeunesse si exemplaire. » (8). La notice biographique concernant notre Soeur n'est pas moins explicite :

« Elles s'occupaient de l'instruction de la jeunesse, procuraient à tous les secours religieux dans les temps difficiles, terminaient tous les différends, entretenaient les principes chrétiens dans le pays dont elles étaient comme les anges et les apôtres, et l'esprit de foi et de piété s'y fait encore remarquer à présent d'une manière frappante. » (9).

C'est une institution assurément singulière que celle de cette école congréganiste clandestine. Souvent les émissaires de la Révolution durent la frôler sans se douter qu'elle renfermait ces redoutables ennemis de la liberté.

Enfin, la tempête révolutionnaire s'apaisa. Mais notre vénérée Soeur Louise-Aimée demeurait retenue dans le monde par sa position : deux des trois Soeurs qui l'avaient suivie à la campagne réclamaient plus que jamais son dévouement à cause de leurs infirmités. La troisième s'était réunie aux Soeurs de Mâcon.

...En 1823, de concert avec Soeur Marie-Augustine de Montfouilloux, l'une de ses compagnes, elle demanda avec instance d'entrer dans la communauté de Chambéry, laissant l'autre compagne infirme aux soins intelligents d'une vertueuse fille de service qui l'a assistée jusqu'à la mort.

(8) Burdet, Palais de l'Isle, p. 236.

(9) Notice.


126 UNE BELLE FAMILLE DE VIEUGY

Les bons habitants de Vieugy, s'apercevant que nos deux vénérables Soeurs allaient les quitter furent dans une grande désolation ; et leur digne pasteur (Cl. Duret), secondé de ses paroissiens, s'opposait de tout son pouvoir à leur éloignement. Mais il fallait céder : l'amour de la vocation l'emportait ; et, au mois de septembre 1823, la Soeur Bally et la Soeur Marie de Montfouilloux entraient à la Visitation de Chambéry reconstituée depuis 1806 par la réunion de divers membres de Visitations dispersées, aux survivantes de celle de Chambéry.

Dès son arrivée, Soeur Louise-Aimée remplit avec une admirable charité l'emploi d'infirmière. « C'était, dit sa notice nécrologique, une Religieuse consommée en vertus ; l'air du inonde ne l'avait pas plus atteinte que si elle n'avait jamais respiré. »

Aussi ne demeura-t-elle pas longtemps dans cet emploi, En 1824, à la mort de Mère Marie-Agnès de Virieu, ancienne professe de la Visitation de Grenoble, Mère LouiseAimée Bally fut élue Supérieure.

Le gouvernement de la Mère Louise-Aimée Bally fut fécond pour la Visitation de Chambéry.

Pendant ses deux, premiers triennats (1824-1827 ; 18271830), elle accrut rapidement le bien spirituel et temporel de cette Maison, dans laquelle « sa conduite rappela mille fois celle de la sainte Mère de Chantal. »

Elle se fit spécialement remarquer par « Une charité universelle ». Très bonne et affable pour chacune des Soeurs, elle n'aurait pas souffert « que le moindre mot altérât même légèrement la paix et l'union ». « Elle sut, avec sa religieuse simplicité, sa régularité parfaite, entretenir la concorde la plus admirable dans cette grande famille »... « composée alors de personnes mûres, expérimentées, d'humeurs, de patries différentes, d'habitudes diverses et parmi lesquelles se trouvaient des intelligences et des capacités supérieures par l'étude et les talents » à celles de la Mère Bally.

Sa régularité était exemplaire.

« Jamais elle ne se dispensa d'assister aux offices, ni


LA MÈRE LOUISE-AIMÉE BALLY 127

d'officier aux fêtes où la Supérieure doit le faire, quelque souffrante qu'elle fut, ce qu'elle pratiquait encore dans son dernier triennat à l'âge de 73 ans, continuant même jusqu'à sa mort à unir sa voix tremblante au chant du choeur...

« Elle usait largement de sa forte santé pour satisfaire sa dévotion... elle bravait les douleurs des érysipèles dont elle était quelquefois atteinte... sans manquer à se trouver à l'oraison du matin et à Matines le soir.

« Pour donner une idée de son recueillement, nous citerons un seul trait : elle tint serrée avec la main, tout le temps de Prime, une souris qui s'était glissée dans ses vêtements, ne croyant pas pour cela, devoir sortir, ni manquer à la tranquillité et au silence qui sont prescrits en ces temps là. »

Un ecclésiastique disait d'elle qu'elle était « une règle vivante. »

C'est à cette époque et par ses soins, que furent construits l'église de la Visitation et la plus grande partie des bâtiments du Pensionnat.

Ses deux premiers triennats expirés, elle fut nommée Directrice et s'adonna alors principalement à la formation des novices.

Elle fit un troisième triennat de 1836 à 1839 ; après cela, elle mit tant d'insistance à écarter pour elle cette charge, qu'on fut contraint de céder à ses désirs.

La Mère déposée donna alors le plus magnifique exemple de dépendance qu'il soit possible d'imaginer.

« On la vit, avec un humble dévouement, solliciter les plus menus emplois, tels que l'assistance des ouvriers, de petits balayages ou autres occupations de ce genre, pour soulager les Officières dans l'exercice de leurs charges. »

Elle avait le culte de l'obéissance, soit à l'égard de la Supérieure, dont le moindre désir devenait pour elle un ordre, soit à l'égard des Soeurs infirmières et du médecin qui était dans l'admiration devant l'exquise cordialité avec laquelle elle le recevait.


128 UNE BELLE FAMILLE DE VIEUGY

Quand son grand âge et ses infirmités l'empêchèrent de remplir un emploi, elle obtint de prier selon son attrait et sa dévotion. Dès lors, ses journées presque entières furent consacrées à la prière. Elle commençait par le Chemin de la Croix qu'elle réitérait plusieurs fois et qu'elle appelait son festin. Si on l'engageait à se servir d'une chaise pour le faire avec moins de peine, parce qu'elle avait une grande difficulté à se mettre à genoux et à se relever, elle répondait : « Il faut bien souffrir quelque chose ; ce n'est pas en vain que cette pratique de piété s'appelle chemin de Croix. » Souvent, après l'avoir fini, elle recommençait en sens inverse, pour suivre les pas de la Sainte Vierge dans son retour à Jérusalem. Après cet exercice, venait le Rosaire, puis les sept Psaumes de la pénitence, les petits offices de la Providence, de divers Saints, des couronnes, etc...

Si on lui témoignait de la surprise du saint empressement qu'elle mettait à remplir tant d'actes de dévotion dans la journée, elle disait :

« Notre Mère m'a donné pour emploi, de prier, il faut bien que je remplisse ma charge, et puisque le Bon Dieu m'a gratifie du don de piété, ajoutait-elle ingénument, ne faut-il pas que je le fasse valoir ?»

Ainsi, elle était continuellement en prière pour les âmes, pour la Communauté, pour la Sainte Eglise dont les douleurs l'affligeaient profondément et dont les triomphes la remplissaient de joie. Son besoin de prier la poussa jusqu'à un saint excès en ses dernières années. Il lui arriva bien des fois de se lever au milieu de la nuit, dans la crainte de manquer le signal du matin ; et, si l'obéissance n'eût arrêté cette édifiante méprise, elle se fut encore plus souvent répétée.

Elle se plaisait à remercier Dieu d'avoir passé sa vie « dans la paisible et aimable société de Soeurs aimantes et


LA MÈRE LOUISE-AIMÉE BALLY 129

aimées qui ont le même but, qui servent et aiment le même Dieu et qui seront à jamais unies dans la même béatitude. »

Cependant, la fin de cette très longue existence approchait. Ses jambes lui refusèrent leur service ; quelques absences de mémoire la reportaient, sans qu'elle s'en doutât, à des années passées depuis longtemps. Sa robuste constitution semblait triompher de son grand âge, quand une attaque d'apoplexie vint la terrasser.

Elle reçut le Saint Viatique, l'Extrême Onction, l'indulgence apostolique. Elle cessa de parler et de donner des signes de connaissance quarante-huit heures environ avant son trépas. Elle était alitée depuis le 2 août, et, le 8 septembre 1855, à minuit, elle mourait comme meurent les saints.

Elle était âgée de 89 ans, dont 65 de profession religieuse.

Grande vie, plus encore par les vertus que par les années, qui reste un modèle de vie religieuse.

« Bienheureux ceux qui meurent dans le Seigneur. »


130 UNE BELLE FAMILLE DE VIEUGY

Epilogue

A lire ces quelques faits que nous avons essayé de coordonner, on se prend à regretter que ne soient pas parvenus jusqu'à nous de plus nombreux documents. Peutêtre en existe-t-il encore que le temps pourra révéler. Nous serions bien heureux si, demain, cette petite notice se trouvait être incomplète. Quoi qu'il en soit, même mutilée, l'histoire de nos confesseurs de la foi nous remet devant les yeux des exemples qui méritent de n'être pas totalement oubliés.

A côté de nos grands héros, qui, pendant la Révolution française, ont porté si fièrement le drapeau de la foi, les deux abbés Bally font noble figure. Leur soeur, la Mère Louise-Aimée, n'est point indigne de ses frères. C'est vraiment une belle famille, que peuvent prendre pour modèle toutes les familles chrétiennes de Vieugy. Heureux les parents qui savent donner de tels enfants à Dieu et à la Sainte Eglise.

La vérité, la justice et la reconnaissance nous faisaient un devoir ne de pas laisser se perdre de si grands souvenirs.


LES ANCIENS

CHATEAUX

DU FAUCIGNY

PAR

Lucien GUY

DESSINS DE MARIUS TERRAZ CLICHÉS Echo de Savoie



« Je vous salue, ruines solitaires, tombeaux saints, murs silencieux ! c'est vous que j'invoque ; c'est à vous que j'adresse ma prière. Oui ! tandis que votre aspect repousse d'un secret effroi les regards du vulgaire, mon coeur trouve à vous contempler le charme des sentiments profonds et des hautes pensées. Combien d'utiles leçons, de réflexions touchantes ou fortes n'offres-vous pas à l'esprit qui sait vous consulter. »

(VOLNEY, Les Ruines)

Château de Faucigny

Le Faucigny est l'une des plus belles régions de la Savoie ; une des parties les plus montagneuses qui s'enorgueillit de porter sur son territoire le Mont-Blanc qui domine toute l'Europe.

Cette très ancienne province dont la formation remonte au XIe siècle, au roi de Bourgogne Conrad le Salique, qui lui donna son autonomie, a joué un rôle important en Savoie au Moyen-Age. Elle fut la première province savoyarde annexée à la France par sa cession au dauphin de France en 1349, pour retourner à la Savoie en 1355 après la conquête du Comte Vert. Elle forme aujourd'hui l'arrondissement de Bonneville. Elle doit son nom (Fulciniacum) à ses anciens princes qui l'empruntèrent euxmêmes au château de Faucigny, dans la vallée de l'Arve, berceau de cette illustre famille.

Le château de Faucigny, jadis d'une importance considérable et le plus puissant de la vallée, mais aujourd'hui ruiné, s'élevait au-dessus du bourg de Contamine-sur-Arve,


134 LES ANCIENS CHATEAUX

à environ 6 kilomètres de Bonneville. Il était campé sur un plateau rocheux dominant la vallée de 250 mètres, à une altitude de 666 mètres. Les flancs de la colline étaient couverts de forêts et de tous les points du pays environnant apparaissaient les tours puissantes et imprenables, dressées sur le roc escarpé et inaccessible. C'est d'Arenthon qu'il donne le mieux l'impression de sa puissance.

La situation de ce château était des mieux choisie, car de leur donjon, les sires de Faucigny découvraient la moitié de leurs possessions. Le panorama qui s'étale au-dessous et au loin est magnifique ; l'horizon est très étendu. Au point de vue stratégique, la position était habilement utilisée pour la défense, ainsi qu'on le verra dans sa reconstitution. (1)

Ce château paraît avoir été construit vers le milieu du Xe siècle ; le premier seigneur connu, Aymerard y résidait déjà tout au début du XIe siècle. Son architecture semble appartenir à cette époque.

On accédait à la première enceinte du château, sorte de camp retranché, par une porte fortifiée située à l'extrémité du plateau inférieur, du côté du village actuel. Cette porte était défendue par deux tours carrées, larges de 6 mètres environ, qui existent encore en partie et servent de maisons d'habitation, reliées par une chambre forte et séparées par un couloir de 3 mètres de largeur ; on distingue encore assez nettement le revêtement en molasses et la rainure dans laquelle glissait la herse qui précédait une porte blindée. Un pont-levis permettait de franchir un fossé qui baignait la base extérieure des remparts d'enceinte qui partaient des deux tours et entouraient tout le premier plateau sur lequel étaient groupées les habitations des gens du château et au milieu duquel s'élevait une chapelle.

Au-dessus de ce premier plateau, une large terrasse portait le château proprement dit ou demeure seigneuriale dont il subsiste encore quelques pans de murs. Une courtine en suivait le pourtour du côté Nord.

(I) D'après le P. Bouchage : Les Ruines de Faucigny.


DU FAUCIGNY 135

On pénétrait dans la seconde enceinte, celle du château, par un système très ingénieux de portes ouvrant sur une cour triangulaire assise sur un rocher surplombant la route actuelle. Après avoir franchi cette barbacane, on se trouvait devant l'habitation seigneuriale, sur une esplanade comprenant, à gauche, la cour d'honneur, à droite, la cour d'armes. Les bâtiments se composaient d'une maison-forte d'environ 18 mètres de longueur sur 10 de profondeur et 16 de hauteur ; la façade principale du côté du levant (2). Ce corps de logis était flanqué de deux tours : au sud-ouest, du côté de la vallée, une tour carrée, ou tour basse, appelée aussi la Tour dé la Reine (dont il reste 3 pans de murs), mesurant près de 20 mètres de hauteur, sur une base de 8 à 10 mètres ; du côté nord, une autre tour rectangulaire et plus élevée, le donjon.

Le corps central comportait la distribution suivante : au rez-de-chaussée, à droite, près du donjon, les écuries, ensuite, le cellier ou magasin, puis le four touchant à la cuisine. Au premier étage, du côté du donjon, deux petites chambres sur les écuries, l'une au midi, l'autre au nord, séparées probablement par un vestibule ; au milieu, une grande salle (magna aula), avec plusieurs fenêtres du côté de Bonneville, et 3 du côté de Contamine. En suivant, à gauche de cette salle, une grande pièce appelée la chambre décorée (magna camera picta), touchant à la tour basse, avec fenêtres du côté de Bonneville. Derrière cette chambre, toujours à la suite de la grande salle, mais du côté de Contamine, une autre grande pièce appelée garderobe. Au deuxième étage, plusieurs chambres au-dessus de celles précitées.

La tour basse ou tour de la Reine, comprenait : au rez-de-chaussée, la cuisine reliée à l'étage supérieur par un escalier en bois. Au premier étage, une grande pièce appelée la chambre du vice-châtelain, qui possédait une

(2) Nous avons reconstitué l'ancien château, aussi exactement que possible, d'après les comptes des châtelains de Faucigny, conservés à Turin (notes de M. le chanoine A. Gavard) aux XIVe, XVe et XVIe siècles.


136 LES ANCIENS CHATEAUX

cheminée en tuf et en pierre. Au deuxième étage, de petites chambres. A l'angle nord-ouest, une échauguette. Sous la cuisine, un caveau ou prison.

La grande tour ou donjon, de forme rectangulaire, s'avançait vers le nord en formant un angle droit avec le corps central ; elle était très élevée et dominait les autres bâtiments. L'entrée principale des logis se trouvait au pied de cette tour, près des écuries, et donnait, par une porte, fermée avec des barres, sur un vestibule avec escalier en pierre, qui desservait les étages ; derrière, une. salle réservée probablement au corps de garde. Au premier étage, les appartements du seigneur et, plus tard, du châtelain. Au deuxième étage, plusieurs petites chambres. Le toit de cette tour était dominé par deux pommelles de chêne garnies de tôle blanche (placées en 1416). (3).

Les toits du bâtiment central et des tours étaient recouverts d'ancelles ou tavaillons fixés par des clavins, souvent arrachés par la violence des vents.

Le donjon était relié à la deuxième porte de la cour triangulaire, par un mur qui fermait la cour d'armes. Celle-ci était entourée d'une courtine semi-elliptique qui mesurait environ 30 mètres de largeur sur 24 de profondeur. A l'est, cette courtine était coupée par une tour ronde à l'intérieur et carrée à l'extérieur, qui était réservée au guetteur et qui contenait un escalier en vrille d'un rayon de un mètre et demi environ (édifié en 1517). conduisant au sous-sol où se trouvait un cachot pour les malfaiteurs. Il ne reste de cette tour, qu'un moignon dépassant la muraille. A l'extrémité sud-ouest de l'esplanade s'élève actuellement une croix qui domine la roche abrupte au-dessus du coude de la route.

Gomme on peut s'en rendre compte, la position de ce château était excellente. Il n'était accessible que d'un seul côté, celui du village. L'assaillant devait d'abord franchir la première porte fortifiée, ensuite, la dangereuse barbacane protégée par la courtine et où il risquait d'être pris

(3) Cette tour est désignée sous le nom de donjon dans les comptes du châtelain Hugonin de Lucinge.


RUINES DU CHATEAU DE FAUCIGNY

TOUR DES COMTES DE GENÈVE ET CHATEAU DE L' ECHELLE, A LA ROCHE



DU FAUCIGNY 137

comme dans une souricière, ou s'attaquer à la courtine élevée qui défendait avantageusement le manoir. Les rochers rendaient inaccessibles les autres côtés.

Vers 1200, les sires de Faucigny abandonnèrent le château de Faucigny pour occuper celui de Châtillon, sur Cluses, situé plus au centre de leurs états. Ils ne laissèrent à Faucigny qu'une petite garnison avec un sénéchal puis un châtelain. La sénéchalie était restée un privilège de la famille de Lucinge (4).

Comme sénéchaux de Faucigny, on relève les noms de : Falco, en 1138 ; Aymon et Turumbert, en 1168 ; Gérard, en 1185 ; Rodolphe de Lucinge en 1222 ; Guillaume de Lucinge, en 1263 ; Reymond Vieux, en 1274 (5).

Au nombre des châtelains de Faucigny, on peut citer : Humbert de Thoyre (1313-1314) ; Guigues de Soumont (1355-1393) ; Hugonin de Lucinge (1394-1409) ; Mermet de Villier (1410-1423) ; Pierre de Villier, fils de Mermet (1423-1436) ; Pierre Massuer (1437-1439) ; Henri de la Fléchère (1441, mars à août) ; Aymon de la Fléchère, neveu de Henri (août 1441-1462) ; Acquinet de Clers (1462-1463); Nicod de la Fléchère (mars 1463-1466) ; Louis d'Avanchy (1466-1480) ; Antoine de Menthon (1480-1494) ; Georges de Menthon (1494) ; Jean de Moyron (1532) (6).

Acheté par les Barnabites, du duc Victor-Amédée II, en 1699, le château de Faucigny ne formait plus qu'un amas de masures en 1738, mais le gros oeuvre restait encore tout entier. Sous la Révolution, il fut démantelé par les villageois pour la construction de leurs maisons.

Le gouvernement sarde intervint trop tard en 1815 pour arrêter la démolition. Le député Bastian se rendit alors acquéreur du plateau, où la famille Guillermin, une des héritières de ses biens, fit élever la croix. On ne peut que déplorer, de nos jours, la destruction brutale de cet antique et célèbre château dont le nom est si intimement

(4) Le château de Faucigny possédait au XIVe siècle, une garnison comprenant : 20 lanciers, 50 balistiers, 50 hommes d'armes (comptes de Guigues de Soumont).

(5) D'après P. Bouchage : Les Ruines de Faucigny.

(6) D'après les comptes des châtelains de Faucigny.


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lié à l'histoire de la province dont il fut le berceau, et qui était l'un des plus imposants monuments de la vallée.

La maison de Faucigny (branche cadette), s'est continuée dans la lignée de Rodolphe le Teutonique, fils de Rodolphe Ier de Faucigny, tige des princes de FaucignyLucinge, qui occupent actuellement un rang très honorable dans la haute société française (7).

Le blason des sires de Faucigny était « palé d'or et de gueules ». Les couleurs jaune et rouge sont restées celles de la province du Faucigny.

(7) Pour la généalogie des Sires de Faucigny, consulter notre ouvrage : Bonneville et le Faucigny, chap. II.

Lea Châteaux de La Roche-sur—Foron

La ville de La Roche doit son nom au rocher qui porte les ruines de l'ancien donjon des comtes de Genevois, qui prétendaient descendre du paladin Olivier, le compagnon du preux Roland. Ce château construit ou agrandi par le comte Robert de Genève, au début du XIe siècle, était probablement déjà un ancien château burgonde, car ses origines paraissent antérieures à l'an 1000, date présumée de la fondation de la ville. Les comtes de Genève, souverains du Genevois, en fortifiant cette place, songèrent évidemment avant tout, à s'opposer aux entreprises des barons de Faucigny, leurs puissants voisins.

Ce château que l'on désigne sous le nom de château des princes de Genevois, était l'habitation des comtes de Genève,


DU FAUCIGNY 139

et plus tard du seigneur marquis de La Roche. Le comte de Genevois y tenait un vidomne qui prenait le titre de grand châtelain de La Roche. « Le château de La Roche, écrit Vaullet, avait un rang distingué dans la hiérarchie féodale, sous les comtes de Genève, ce qui est prouvé par des chroniques et par ce fait historique, savoir, que pendant la durée de cette dynastie, ce château fut constamment possédé et souvent habité par les princes souverains du Genevois. Une autre preuve de cette assertion résulterait encore du fait de la résidence des nombreuses familles aristocratiques qui se fixèrent à La Roche dès son origine, et qui s'y succédèrent dès lors, sans interruption, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Quoique situés dans le Genevois et possédés par le comte de Genève, le château et le bourg de La Roche relevèrent cependant, à une certaine époque, des barons de Faucigny ; mais l'hommage de ce fief prêté par la maison de Genève à celle du Faucigny, ne fut pas de longue durée ni sans contestation. »

En 1179, ce château fut le théâtre d'un épisode glorieux qui mérite d'être rappelé : Le comte de Genevois Guillaume Ier, poussé par l'ambition, voulut s'emparer de Genève, mais fut battu par.le comte de Maurienne appelé par l'évêque de Genève (souverain spirituel et temporel) au secours de la ville menacée. Son épouse, Béatrix de Savoie, se réfugia avec ses deux fils, Humbert et Aymon, au château de La Roche. Grâce à son énergie, elle soutint le siège de cette place assez longtemps pour permettre à son époux de réorganiser son armée et reprendre l'offensive. Il réussit à chasser l'ennemi et rentra en possession de tous les biens dont il avait été dépouillé. L'héroïque résistance du château de La Roche avait sauvé la famille du prince ainsi que ses états. Béatrix, pendant ce siège mémorable, avait fait le voeu solennel, si elle obtenait la délivrance des assiégés, de céder aux Chartreux toutes les terres que possédait le comte de Genève sur le versant occidental du Salève. Celui-ci, en reconnaissance de ce succès inespéré, accomplit la promesse de son épouse en faveur de la Chartreuse de Pomiers qu'il avait fondée.


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Au milieu du XIIIe siècle, ce château fut encore assiégé par le comte Pierre de Savoie. Rodolphe, comte de Genevois, qui s'y était réfugié, fut forcé de rendre la place et d'abandonner le château qui fut restitué quelques années plus tard à la maison de Genève.

Mais cet échec porta une grave atteinte au prestige des comtes de Genevois, dont la puissance s'affaiblit de plus en plus.

Par testament du 24 mars 1393, Pierre de Genève légua le château de La Roche à sa veuve Marguerite de Joinville, qui épousa en secondes noces, Frédéric de Lorraine, auquel elle apporta la seigneurie en dot. En 1411, ils en firent cession au duc Amédée VIII de Savoie.

Ce château paraît avoir été détruit par les troupes du roi Henri IV lors de l'occupation de la Savoie en 1600. Une partie des matériaux a été utilisée pour la construction du couvent des capucins, en 1617. Il en reste une énorme tour assise sur le rocher et dominant la ville. On jouit, de son sommet, d'une vue magnifique sur la vallée. Ce monument contribue pour beaucoup à l'aspect si pittoresque de la ville. Le château contenait une chapelle dédiée à Saint Maurice.

Outre son château seigneurial, La Roche était fortifiée par un mur d'enceinte continue et défendu par les châteaux-forts du Saix et de l'Échelle.

Le château du Saix, qui protégeait le bourg du côté Nord, était juché sur un rocher abrupt. Il en reste d'intéressants vestiges.

Sa construction remonterait à Jean du Saix, vers l'an 1200. Il fut la propriété de la famille Saultier de la Balme. En 1626, les Bernardines vinrent à La Roche et achetèrent le château et le pourpris du Saix, d'Antoine Saultier de la Balme, pour 5.500 florins.

« ...Le donjon du Saix, écrit Léandre Vaillat, se dresse avec ses fondations crispées dans le roc. Une masse carrée, flanquée d'une habitation robuste, des caves et des souterrains creusés dans la pierre dure, une plateforme


DU FAUCIGNY 141

éblouissante de clarté, une cour plantée d'arbres, voilà le séjour que choisirent, vers 1626, trois Bernardines réformées, venues de l'abbaye de Sainte-Catherine... Le 30 juillet 1670, à 9 heures du matin, elles quittèrent le château du Saix, devenu pour elles trop étroit, et se rendirent en procession solennelle, à travers la ville qu'elles ne connaissaient pas, à leur nouvelle demeure. » Ce château appartient à la famille Arestan.

Le château actuel de l'Echelle, belle construction comportant une habitation carrée de deux étages flanquée, au nord-est d'une tour carrée coiffée d'un toit reposant sur des créneaux, au couchant, d'une tour ronde ceinturée de créneaux et de machicoulis, à l'angle sud-ouest, d'une autre tour carrée sans ornementation dépassant d'un étage le logis principal, a été bâti sur l'emplacement d'une ancienne maison-forte du même nom, par Jean-Georges de Chissé de Polinge, vers le milieu du XIXe siècle. Il est situé dans un beau parc, à l'extrémité orientale du plateau qui portait la cité, le Plain-Château.

L'ancien château ou maison-forte de l'Echelle, mentionné dès le XIVe siècle, fut occupé tour à tour par les familles Saultier de la Balme, Déage, seigneurs de Mesmes et de Loisinge, de Chissé de Polinge. La dernière descendante de cette famille, Mlle Marie-Polixène-Philiberte de Polinge, a légué ce château à Mme la Comtesse NazalliRocca.


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Château de Cornillon

Le château de Cornillon, dont il ne reste que des ruines, était situé sur un rocher étroit et escarpé qui domine la gorge du Borne, au-dessus de Saint-Laurent. On y reconnaît nettement encore les substructions d'une tour ronde et quelques pans de murs adossés au rocher. Il regardait la vallée de l'Arve au nord. D'après ces vestiges, il ne paraît pas avoir été très important, vraisemblablement en raison de l'exiguité du rocher et des difficultés d'accès. Aussi est-il probable qu'il fut assez vite abandonné pour une habitation plus avantageuse et tomba en ruines ou fut détruit à la suite d'un assaut.

Son origine semble remonter au XIe siècle. Il constituait un fief des comtes de Genevois et appartenait primitivement à une famille de Cornillon, famille très ancienne, de noblesse immémoriale, qui serait originaire de Tarentaise (d'après A. de Foras). Elle portait « d'or au chevron de gueules accompagné de trois corneilles volantes de sable, membrées et buquées du second, les deux du chef affrontées. »

En 1180, un Guillaume de Cornillon est témoin d'un accord, à Genève, entre l'Abbaye d'Aulph et Amédée, seigneur de Lieu, en Chablais (1).

En 1210, Béatrix, fille du comte Guillaume Ier de Genevois et épouse du comte Thomas Ier de Savoie, reçoit en dot Cornillon qui revient ensuite à son frère le comte Guillaume II.

Le 5 octobre 1256, Alix, comtesse de Genevois, veuve du comte Guillaume II, cède à son fils, le comte Rodolphe,

(I) Regeste Genevois.


DU FAUCIGNY 143

le château de Cornillon avec tout le territoire du Bornant, sous la condition que le comte payera, jusqu'à concurrence de 100 marcs d'argent, les dettes qu'elle a contractées (2).

Par son testament du 24 septembre 1306, Amédée II, comte de Genevois, fils de Rodolphe, institue ses fils, Amédée et Hugues, héritiers de divers châteaux, entre autres Cornillon et Rumilly-sous-Cornillon, pour le vidomnat des Bornes (3).

Dès le début du XIIIe siècle, le château de Cornillon semble avoir été éclipsé par le château voisin de Rumillysous-Cornillon, plus important, situé plus bas, et duquel il relevait alors. Déjà la famille de Cornillon ne l'occupe plus et s'est transplantée, une branche dans la région de Sallanches et l'autre branche à Reignier, au château de Meyrens. Il est donc à peu près certain qu'à cette époque, le château de Cornillon abandonné n'était plus habitable à la suite d'un événement qu'on ignore et il n'est plus mentionné que pour désigner un fief.

(2) Regeste Genevois.

(3) Ibid.

Château de Rumilly-sous-Cornillon

A environ un kilomètre au nord et au-dessous des ruines du château fort de Cornillon, sur un piton de 550 mètres d'altitude qui domine la commune de Saint-Pierre-deRumilly, les comtes de Genève bâtirent au XIIIe siècle, un château qui prit le nom de Rumilly-sous-Cornillon (Remelier sub Cornillion) et que l'on appelle aussi improprement


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le château d'Arcine. Ce vieux manoir, souvent mentionné dans l'histoire du Faucigny, a subi quelques transformations au cours des siècles, ce qui lui a laissé un ensemble irrégulier, sans manquer de pittoresque.

Au Sud-Est une grosse tour carrée, à trois étages, avec des murs très épais. Au rez-de-chaussée, on distingue encore l'emplacement d'un étroit cachot pour les prisonniers; à côté, un escalier intérieur. Au-dessus, des appartements avec des fenêtres de dimensions plus réduites à chaque étage supérieur. Sous la toiture très élevée, de hautes et étroites ouvertures. A la suite de ce donjon massif, au Nord-Ouest, s'allonge un corps de logis d'un étage, avec une aile s'avançant au Nord-Est et formant avec la partie centrale, un angle obtus sur la cour. Ces bâtiments contiennent des appartements qui ont été aménagés différemment suivant les époques. Ce château est situe sur une large terrasse ombragée, d'où le regard embrassé toute la vallée de l'Arve, depuis le mont Orchez jusqu'au Salève et aux Voirons, et l'étroite vallée du Borne qui coule à ses pieds, au fond d'une gorge encaissée, entre les rochers abrupts de Leschaux et les pentes boisées de la montagne de Couz.

Comme Cornillon-sur-Saint-Laurent, Rumilly-sous-Cornillon gardait le débouché de la vallée du Borne ; sa juridiction s'étendait sur un territoire de 12 kilomètres carrés. Les seigneurs de Chuet et de Saint-Laurent relevaient de celui de Rumilly.

Rumilly-sous-Cornillon qui appartenait primitivement aux comtes de Genève, constituait une châtellenie du comté. Ce château semble avoir été construit après la destruction de celui de Cornillon-sur-Saint-Laurent, situé plus haut sur un rocher trop inaccessible. On le trouve mentionné en 1210 dans la dot de Béatrix de Genève qui épousa le comte Thomas Ier de Savoie. Dans son testament (24 septembre 1306) Amédée II, comte de Genevois, institue ses fils Amédée et Hugues héritiers de divers châteaux parmi lesquels Rumilly-sous-Cornillon et Cornillon poulle vidomnat des Bornes. Le comte Pierre de Genève, mort


CHATEAU DE CHUET

CHATEAU DE RUMILLY-SOUS-CORNILLON



DU FAUCIGNY 145

en 1395, donna Rumilly en douaire à son épouse Marguerite de Joinville, laquelle se remaria en 1411 avec le comte de Vaudemont et abandonna Rumilly au duc Amédée VIII de Savoie. Ce dernier inféoda Rumilly à Claude du Saix, en 1430. Cette seigneurie passa ensuite à Jean d'Amancy en 1452.

Philippe de Savoie, duc de Nemours, qui épousa Charlotte d'Orléans-Longueville, se dépouillant à. regret de Rumilly en faveur de Pierre de la Forest, lui imposa en 1530, un contrat de reachapt pour lui et ses successeurs, sous réserve de reprise moyennant 3.000 écus d'or.

Avec Pierre de la Forest, le château de Rumilly passait à une nouvelle famille originaire de Saint-Jean-de-Chevelu, au pied du mont du Chat, où elle possédait une maison forte, qui fut son berceau ; elle avait pour armes : « Sinople a la bande d'or frettée de gueules », et pour devise : « Tout à travers ». Pierre de la Forest, né en 1490, fils d'Antoine de la Forest et de Claire de Bonnivard, était seigneur de la Barre, en Bugey, d'Outrechaise, de Montchauvin, en Savoie, de Feissons en Tarentaise, baron de la Val d'Isère, capitaine du château de Chambéry, conseiller du duc de Savoie ; il fut envoyé comme ambassadeur de Savoie auprès de FrançoisIer en 1531 et 1534. Il avait épousé Jeanne-Huguette de Soumont. Leur second fils, Charles, né en 1522, hérita de Rumilly ; comme lieutenantgénéral de Savoie, il combattit le fameux baron des Adrets et fut tué à Vienne en 1565. De son mariage avec Françoise de la Charnée était né Jean de la Forest, leur héritier, colonel du régiment de Savoie, tué en 1590, dans un combat' livré près de Bonne-sur-Menoge, contre de Sancy, après avoir chassé, en 1589, les Bernois de cette place dont il. avait été nommé gouverneur. Georges de la Forest, fils de Jean et de Charlotte du Crest, se rendit propriétaire de toute la seigneurie de Rumilly et prit le titre de baron de Rumilly II participa aux guerres du Montferrat et du Piémont. Il fut inhumé dans l'église de Saint-Pierre-de-Rumilly à côté de son père. De son mariage avec Hélène de Viry il eut douze enfants dont Gilbert de la Forest, l'aîné,

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qui reçut la seigneurie de Rumilly, et Claude-Antoine qui eut celle de Saint-Laurent. Gilbert né au château de Rumilly en 1623, mourut et 1706 et fut enseveli dans l'église de Saint-Pierre-de-Rumilly. Il fut gouverneur du fort de Vens et commanda en qualité de lieutenant-général, sous les ordres du marquis Joseph de Sales, général en chef de l'armée de Savoie. En 1665, Gilbert prit le titre de comte de Rumilly-sous-Cornillon, qui fut confirmé à son second fils. Il avait épousé Jeanne-Françoise Symond, veuve de Laurent de Gingins, seigneur et baron de Divonne, qui lui apporta cette seigneurie avec le titre de baron de Divonne. Gilbert légua Divonne à son premier fils Albert-Eugène, et Rumilly à son second fils François-Emmanuel-Ennemond de la Forest. Lorsque le mandement de Rumilly fit retour à la couronne de Savoie, à la mort de Henri II, duc de Nemours, en 1659, Gilbert revendiqua ses biens qui lui furent restitués en 1674. François-Emmanuel-Ennemond obtint l'érection de la baronnie de Rumilly en comté en 1698 ; étant décédé sans postérité au château de Rumilly, le 28 février 1733, son cousin Victor-Amédée de la Forest, seigneur de Saint-Laurent, hérita du comté de Rumillysous-Cornillon. Cette même année, avec l'autorisation du roi de Sardaigne, il vendit Rumilly-sous-Cornillon à PierreFrançois Muffat de Saint-Amour, neveu du maréchal comte Jean-Pierre Muffat de Saint-Amour et se retira à la Tour de Grilly. L'acquisition de la seigneurie se fit pour le prix de 57.000 livres et 10 louis d'or, avec les droits féodaux qui y étaient attachés. Pierre-François étant l'aîné, prit le titre de comte de Rumilly ; son frère Jean-Baptiste, celui de comte de Saint-Maurice, et son autre frère Pierre, celui de comte de Saint-Pierre.

Jean-François Muffat de Saint-Amour, général au service de l'Autriche, vendit, en 1807, Rumilly aux de Planchamp, marquis de Cluses. Eugénie-Françoise de Planchamp de Cluses, épousa le colonel Jean-François Collomb d'Arcine, décédé en 1874. Elle mourut le 1er avril 1881, léguant le château de Rumilly-sous-Cornillon à son neveu, le vicomte Louis Rivérieulx de Chambost, déjà propriétaire


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de celui de Chuet. Ce dernier a vendu le château de Rumilly-sous-Cornillon à Mme d'Ennemont, le 16 janvier 1909. (1).

Cette antique demeure seigneuriale est l'une des rares que les guerres et le temps aient laissé subsister dans le Faucigny ; elle méritait d'être mentionnée, tant pour le rang qu'elle occupa dans cette province que par les personnages illustres qui l'habitèrent.

(1) D'après les notes de M. le Comte H. de la Forest-Divonne, Revue Savoisienne 1900, et M. le chanoine A. Gavard : Le Général Comte J. P. Muffat de Saint-Amour.

Château de Chuet

Le château de Chuet (ou Chouet, Chuit, Chuyt), est situé sur la commune de Saint-Maurice-de-Rumilly, près Bonneville. C'est un vaste bâtiment, d'architecture simple mais imposante, comprenant trois parties assez distinctes: au midi, une habitation carrée, à deux étages, remontant au XIIIe siècle, avec d'épaisses murailles et de beaux appartements spacieux, sur une terrasse donnant vers le parc ; au nord, un corps de logis moins important, d'un étage, de construction récente, datant de la seconde moitié du XIXe siècle. A l'intersection de ces deux bâtiments, au levant, se dresse un beau donjon carré, très ancien, flanqué d'une échauguette avec machicoulis, perpendiculaire sur la porte communiquant avec la terrasse. Cette tour massive, à quatre étages, contient un bel escalier. L'entrée principale du château, au pied du donjon, au couchant, est précédée d'un large perron ; sur le fronton sont sculptées les armes de la famille de Planchamp de Cluses, qui


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portait « d'argent au chêne naissant en pointe de sinople englanté d'or, au chef de gueules denché d'or ». Un magnifique parc d'une superficie de trois hectares et demi, avec un étang ombragé, entoure ce château.

Chuet appartenait primitivement à une branche de la maison princière de Faucigny, laquelle en a pris le nom. Rodolphe de Faucigny, dit de Chuyt (1221-1233), époux d'Alix de Genève, était le fils de Rodolphe de Faucigny, le Teutonique, tige des Faucigny-Lucinge, et petit-fils de Rodolphe Ier, quatrième sire de Faucigny.

Cette seigneurie passa aux nobles du Fresnoy en vertu du testament de Pernette de Montfort, veuve de Nicod de Chuet, dernier de sa race, qui légua Chuet en 1402 à son parent Jean du Fresnoy.

En 1545, Alexandre du Fresnoy, seigneur de Chuet, chambellan, gouverneur de Nice, lieutenant-général (qui mourut, dit-on, empoisonné par sa femme Jeanne-Françoise de Ballaison, de complicité avec Jacques de SavoieNemours, prieur commandataire de Talloires), étant le dernier de son nom, légua Chuet à son neveu Jean Martin, fils de Jean Martin, seigneur de Loysin et de FrançoiseNicolarde du Fresnoy, fille de Jean du Fresnoy, à condition de prendre le nom et les armes des du Fresnoy : « d'or à la fleur de lys de sable. »

En 1700, Joseph Martin du Fresnoy, seigneur de Chuet, fut institué marquis de Cluses par le roi Victor-Amédée II, qui érigea Cluses et Châtillon en marquisat en sa faveur. Vers 1764, avec Louis-Martin du Fresnoy, marquis de Cluses, baron de Châteaufort, seigneur de Chuet, s'éteignit la maison du Fresnoy. Avec le marquisat, Chuet passa à son neveu, Pierre-Joseph de Planchamp. La famille Planchamp est originaire de Mieussy où Pierre Planchamp était notaire en 1344 ; Claude Planchamp, notaire, 1601-1618 ; Jean Planchamp, notaire en 1625 ; Jean-François Planchamp, notaire, châtelain de Châtillon et Cluses, 1630-1647. Noble Pierre Planchamp, seigneur de Châteaublanc, né en 1637, mort en 1703, fut trésorier de la province de Faucigny, père d'Alexis, sénateur, commandant de la vallée


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d'Aoste en 1716, et de Joseph de Planchamp, seigneur de Mieussy, Châteaublanc, né en 1675, mort en 1743. Du mariage de ce dernier avec Pernette du Fresnoy naquit, en 1727, à Bonneville, Pierre-Joseph de Planchamp, marquis de Cluses, comte de Châteaufort, baron de Châtillon, seigneur de Mieussy, Châteaublanc, Onion, Ravorée et la Motte, qui épousa Georgine de Cambiaque. Leur fils aîné, Louis de Planchamp de Châteaublanc, marquis de Cluses, né en 1755, à Bonneville, fut major dans le régiment des Gardes de Savoie. Il épousa Joséphine-Marie de la Fléchère de Veyrier ; leur troisième fille, Isidore-Philiberte-Georgine, épousa le vicomte Claude-François-Hippolyte Rivérieulx de Chambost. Ce dernier transmit le château de Chuet à son fils Louis, qui l'a légué à son fils le vicomte Hubert de Chambost. Les Rivérieulx de Chambost portent : « d'azur à une rivière agitée d'argent en pointe surmontée d'un croissant de même. » (1).

(1) D'après les notes communiquées par M. le Vicomte Hubert de Chambost et d'après H. Tavernier, Mieussy, (famille de Planchamp).

Château de Cohendier

Au nombre des anciens châteaux que possède la commune de Saint-Pierre-de-Rumilly, il faut mentionner celui de Cohendier, ou des Tattes, un des plus beaux du Faucigny. S'il n'a pas joué un rôle militaire ou politique, il remonte à une époque ancienne et fut habité par des familles qui ont honoré le pays, et mérite d'être classé parmi nos monuments les plus intéressants.

Ce château, d'architecture élégante, se compose d'un grand bâtiment carré, orienté de l'ouest à l'est, haut de


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deux étages,' flanqué de deux tours rondes aux angles nordest et sud-est, et d'une tour hexagonale, plus haute, au nord-ouest.

Cette dernière est couronnée de créneaux sur lesquels repose une toiture conique, comme sur les deux autres tours. Les fenêtres sont à meneaux, ainsi que les lucarnes.

Contrairement à l'usage, ce château n'a pas donné son nom à une famille noble, mais l'a reçu d'une famille bourgeoise, et au moment où celle-ci s'éteignait. Il n'était, au XIVe siècle, qu'une simple maison forte qui appartenait à la famille Cohendier, dont les membres étaient notaires, et comprenait deux bâtiments dont l'ensemble s'appelait alors les Tattes, et dénommés l'ancienne maison et la maison neuve qui, en 1367, était qualifiée la grande maison neuve ; c'est probablement celle-ci qui a subsisté et qui a formé la partie principale du château actuel. Les deux tours rondes furent ajoutées au XVe siècle ; c'est la partie la mieux conservée de l'antique demeure. La tour hexagonale est peut-être un peu plus récente. C'est le baron Ludovic de Viry qui la coiffa d'un toit et qui fit placer les meneaux des fenêtres lorsqu'il restaura, le château au XIXe siècle (de 1860 à 1880).

Au XVIe siècle s'éteignit la famille Cohendier qui laissa son nom à la maison-forte des Tattes et la transmit en 1565 à la famille de Menthon-Beaumont par le mariage de Jeanne, dame de Cohendier, fille unique de Vincent Cohendier, dernier de ce nom, avec Jacques de Menthon-Beaumont (1). A la suite d'un mariage, et en vertu de deux testaments, de 1624 et 1632, le château de Cohendier passa des Menthon-Beaumont aux de Montfort. Le 6 septembre 1680, Charles-Emmanuel de Montfort vendit Cohendier à Charles-François de Rochette. Ce dernier appartenait à une ancienne famille, dont l'un des membres, Charles de Rochette, fut conseiller d'Etat du duc Emmanuel-Philibert en 1572, sénateur, préfet de Nice, ambassadeur auprès du roi Henri IV en 1592 et premier président du Sénat de

(1) Deux membres de la famille Cohendier furent vice-châtelain de Châtillon : Jean Cohendier en 1415 et Humbert Cohendier en 1451.


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Savoie en 1598. La petite-fille de Charles-François de Rochette épousa en 1731, le comte François-Joseph de Viry, et lui apporta Cohendier, La famille de Viry, qui posséda ce château jusqu'en 1909, est l'une des plus anciennes et des plus illustres de la Savoie. Elle remonte avec Hugues Ier de Viry, gendre d'Aymon Ier, comte de Genève, à l'an 1000; elle a donné de grands hommes de guerre et d'habiles diplomates. Le baron Amé de Viry, l'un des plus fameux capitaines de son temps battit glorieusement le duc de Bourgogne en 1410 et fut nommé lieutenant-général de l'armée du roi Charles VI. Le baron Albert de Viry prit part aux campagnes d'Italie et fut gouverneur de Pignerol, et son frère, le comte François de Viry, fut ambassadeur et ministre du roi de Sardaigne en 1764. Le comte Georges de Viry, baron de Cohendier, fils de l'amiral Eugène de Viry, a eu une brillante carrière militaire qui lui a valu en 1910, le grade de lieutenant général dans l'armée italienne. Cette famille est encore dignement représentée dans la province de Genevois.

En 1909, les héritiers du baron Ludovic de Viry vendirent le château de Cohendier au baron de Karsten. Celuici étant de nationalité autrichienne, le château fut mis sous séquestre par l'Etat français pendant la grande guerre de 1914-1918, puis acheté par M. Rabourdin.

Le château de Cohendier est entouré d'un magnifique parc, planté d'arbres séculaires, avec un étang, et bordé par le torrent de Borne (2).

(2) D'après les notes communiquées par M. le Comte P. de Viry, et d'après A. Anthonioz, Les Généraux Savoyards.


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Château de Bonneville

Malgré les transformations qu'il a subies à travers les siècles, le château de Bonneville a gardé les grandes lignes de son architecture médiévale. Vaste construction, d'aspect austère, convertie en prison d'Etat; ce château domine de ses tours rondes l'antique capitale du Faucigny dont il fut le berceau et qu'il protégea des attaques de ses rivales. Du haut de la colline sur laquelle il repose, il apparaît de tous les points de la vallée et semble vouloir encore étendre sa puissance déchue sur tout le pays environnant.

L'origine de ce château, (Castrum Arvense, Burgum castri) remonte au XIIIe siècle. Il fut probablement construit par Aymon II de Faucigny. Sa petite-fille Béatrix augmenta sa puissance défensive en même temps qu'elle faisait fortifier la ville et l'entourait de remparts.

Il formait un vaste bâtiment rectangulaire flanqué de tours rondes, à chacun de ses angles. On y accédait sur la façade Ouest, par une porte fortifiée, entre deux tours précédées d'un pont-levis. A l'intérieur, on se trouvait en présence des appartements seigneuriaux, adossés à la façade Sud, du côté de là ville. C'est dans ce corps de bâtiment qu'étaient aménagés les logements du seigneur souverain, du châtelain et de la garnison, ainsi que deux salles, une grande et une petite, souvent mentionnées dans les anciennes chartes, la première destinée aux séances solennelles et aux assemblées des princes et de leurs vassaux, la deuxième affectée aux services administratifs de la châtellenie. A la suite de ces logis et sur la même façade, s'élevait la chapelle du château, dédiée à sainte Catherine. Elle était adossée au mur d'enceinte qu'elle dominait.


CHATEAU DE COHENDIER

CHATEAU DE VILLY (PRÉS CONTAMINE, RESTAURÉ)



DU FAUCIGNY 153

Elle était de style gothique ; on voit encore sur la face extérieure les cintres de deux baies aujourd'hui murées. Une cour rectangulaire était fermée par ces bâtiments et le mur d'enceinte de la façade nord, épais d'environ cinq mètres à sa base et garni intérieurement de pierraille contenue par les deux pans extérieurs. Les deux tours rondes qui subsistent terminaient les fortifications au levant et étaient reliées par un mur à bretèches. La grande tour, qui a près de vingt mètres de hauteur, mesure environ trois à quatre mètres de diamètre intérieur. Ses murs ont à leur base, plusieurs mètres d'épaisseur. Ils sont percés de meurtrières et d'ouvertures donnant jadis sur des hourds. L'autre tour, plus petite, avec des murs moins épais, contient à l'intérieur une voûte remarquable. La muraille d'enceinte était surmontée d'un chemin de ronde qui faisait le tour du château en communiquant avec les tours. Un autre chemin de ronde longeait la base du château à l'extérieur.

Les deux tours d'entrée ont été démolies lors de l'aménagement des prisons ; celles qui subsistent auraient été reconstruites après l'incendie de 1393 ; les appartements ont été transformés en cellules et une nouvelle chapelle orientée nord-sud, domine actuellement ces logements.

C'est dans ce château que résidait le châtelain du mandement et que se réunissait le conseil de la cité. Les princes souverains y séjournaient à leur passage en cette ville, et c'est probablement pour cette raison qu'on l'a appelé le Souverain.

Le château de Bonneville s'est trouvé, par sa situation, mêlé aux événements qui agitèrent cette province. Il résista au siège de la ville par l'armée du Comte Philippe de Savoie en 1282. C'est dans ce château que furent accordées à la ville et au mandement, les libertés et franchises signées par Béatrix de Faucigny, le dauphin Humbert et son épouse Anne, en 1283, puis en 1289, confirmées plus tard par le dauphin Hugues en 1306. Ce dernier y reçut du seigneur de Valbonnais, les terres de Faucigny, le 2 janvier 1304. En septembre 1309, c'est là que fut passé le contrat de mariage de Hugues avec Marie-Catherine, fille du Comte


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de Savoie. Les princesses Béatrix de Faucigny, la Grande Dauphine et Bonne de Bourbon séjournèrent souvent dans cette résidence qu'elles affectionnaient.. En 1393, il fut en partie détruit par un incendie. En 1589, il résista à l'invasion des Bernois et des Genevois qui l'épargnèrent. Le 27 juin 1815, il assista au violent combat qui se livra au pied de ses murs entre l'armée autrichienne du général Bogdan et. les troupes du général Montfalcon et du colonel Rubillon qui repoussèrent bravement l'ennemi.

Ce vieux château a présidé à tous les événements qui se déroulèrent dans cette ville depuis sa fondation. Il reste le seul témoin de son passé et son plus précieux monument.

Château des Tours

Le château actuel des Tours, qui domine Bonneville du haut d'une colline couverte de bois et de vignobles, a été construit sur l'emplacement d'un ancien château, mais sur un plan complètement différent.

Le vieux château des Tours devait remonter au XIVe siècle ou peut-être à la fin du XIIIe siècle. Il formait un assemblage de plusieurs constructions qui comprenaient : à l'ouest, une grande tour carrée, de deux étages ; à la suite, de l'ouest à l'est et. face au midi, un bâtiment allongé, également à deux étages, percé comme la grande tour de nombreuses fenêtres, et flanqué à l'angle sud-est d'une tourelle. Au nord, derrière le corps central, une autre tour carrée, plus haute que la première, mais moins large. La grande tour et le bâtiment central étaient occupés par des. appartements. Ce château possédait aussi une chapelle. Ces différentes constructions reposaient sur une large pla-


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teforme soutenue par un mur d'enceinte flanqué de tours semi-circulaires, sorte de bastions dont deux subsistent sur les côtés ouest et nord-ouest (1). Ce château a été détruit par les troupes bernoises et genevoises pendant l'été de l'année 1589.

Il appartenait à la famille de Montvuagnard, qui portait : « d'argent au lion de gueules, à la cotice fascée d'or et de gueules ». Cette famille était très ancienne, car on trouve déjà un Guigues de Vuagnard ou Montvuagnard cité comme témoin à Annecy en 1283. Elle possédait des terres ou châteaux en Genevois, Faucigny et Dauphiné, notamment Senoche (Peillonnex), Lornay, les Tours, Boëge, Rochefort, Pierrecharve, Mécoras, Evires, Châtel Saint-Denis (Suisse), Apremont en Dauphiné.

La troisième branche de cette famille, qui vint se fixer à Bonneville, au château des Tours, descendait de Robert Ier, bailli du Faucigny en 1329, frère de Pierre, chef de la branche aînée de Lornay. Son fils Hugonin, seigneur des Tours, épousa Alix d'Oron en 1341. De ce mariage naquit Robert II, marié à Melchiotte de Menthon en 1363. Leur fils, Robert III, chevalier, seigneur des Tours, fut le plus illustre de cette famille ; châtelain ducal à Sallanches en 1424 ; écuyer de Marie de Bourgogne, duchesse de Savoie ; conseiller d'Amédée VIII et président de la Chambre des Comptes en 1433. Jean II, seigneur des Tours, de Rochefort, de Boëge, épousa en 1425 Claudine de Boëge, fille unique du seigneur de Rovorée, qui lui apporta tous les biens des de Boëge, et dont il eut Robert IV, marié en 1462 à Antoinette de Menthon, héritier universel de son père. Leur fils Anthelme, seigneur de Boëge, des Tours et Rochefort, épousa' en 1507 Jeanne de Montfalcon, fille du seigneur de Pierrecharve. Ils eurent un fils, Alexandre, seigneur des Tours, qui épousa en 1539, Anne de Montmayeur, et dont naquirent deux fils : Sébastien, gouverneur des Allinges, et François, seigneur de Pierrecharve, héritier de son frère, conseiller d'Etat, gouverneur des forts

(I) Reconstitution d'après le : « Théâtre des Etats de S. A. R. le duc de Savoie ».


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de Bonne, Boringe, Sainte-Catherine, marié à Péronne de Genève-Lullin en 1598. Cette famille dût abandonner le château des Tours après sa destruction en 1589 (2).

Le château actuel, dont l'architecture trop régulière ne présente aucune ligne intéressante, mais qui cependant produit un assez bel effet, vu de la vallée, se compose d'une habitation carrée flanquée d'une tourelle carrée, à chacun de ses angles. Il est bâti en partie sur les anciennes fondations ; les caves sont taillées dans le roc. Il est entouré de beaux ombrages. C'est un magnifique belvédère. Il a été construit vers 1865 par M. Pierre Blanc, avocat, qui l'a transmis à son fils, M. Angel Blanc, plus tard souspréfet de Bonneville. Peu de temps avant la guerre 19141918, il fut acheté par M. Alfred Bard de Coutance, avocat à Bonneville, tombé au champ d'honneur en 1914. Depuis, ce château a passé à divers propriétaires.

(2) D'après A. de Foras, Armorial et l'Abbé F. Coutin, Histoire d'Alby.

Château de Cormand

Le vieux manoir de Cormand (du XIVe siècle), est situé près de Bonneville, à la Côte Dio, sur un petit plateau qui domine légèrement la rive droite de l'Arve, et d'où le regard embrasse toute la vallée! avec son magnifique cadre de montagnes. De beaux ombrages, des vergers et des vignobles entourent cette antique demeure dont les puissantes murailles ne semblent pas avoir abrité de farouches guerriers mais de paisibles gentilshommes venus s'y retirer pour jouir de la douce tranquillité de nos campagnes.


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L'ensemble des bâtiments présente un corps central, avec façade principale au couchant, coupée dans son milieu par une haute tour carrée, avec deux ailes se rabattant à angle droit, du côté du levant, sur une cour intérieure prolongée par un jardin dont l'aménagement sobre mais accueillant s'harmonise avec ce décor romantique. La tour qui a gardé au château son antique aspect, est percée à sa base, d'une large porte cochère conduisant à la cour et donnant accès aux logis ; elle présente encore à mi-hauteur, une rangée de corbeaux effrités. Une des ailes donne du côté sud, sur l'Arve et la plaine d'Arenthon ; l'autre, du côté de la chaîne du Rerey et du bois du Ban. Sur la façade de cette dernière, regardant la cour, on peut voir, sculptées dans la pierre, les armoiries de la famille de Menthon-Montrottier, qui porte : « de gueules au lion d'argent, à la bande d'azur chargée de trois points d'or, brochant sur le tout. » Des murs très épais, des caves voûtées comme des casemates, rappellent la puissance défensive de cette construction. Des fossés entouraient jadis les bâtiments à l'extérieur ; ils étaient encore en partie visibles il y a une trentaine d'années. Il y avait autrefois une chapelle. De beaux appartements spacieux et confortables ont transformé avantageusement cette ancienne maison-forte tout en lui conservant son cachet moyenageux. Aujourd'hui, Cormand n'a plus à redouter les assauts des pillards; sa vieille tour qui dresse toujours sa lourde silhouette sur cette campagne paisible rappelle l'importance de ce manoir au temps déjà lointain des rivalités féodales.

L'histoire ne nous a pas laissé beaucoup de souvenirs sur ce château. Les archives départementales nous apprennent néanmoins qu'il appartint jadis à des familles distinguées qui tinrent un rang honorable dans le pays.

La première famille connue, qui ait possédé Cormand, est celle des Sadot (ou Sadoti, Saddod, Saddoz), qui était originaire de Bonneville et dont une branche se fixa au XVe siècle dans la vallée du Giffre et occupa des charges relevées. Wuifred Sadot, chevalier, seigneur de Cormand, était châtelain de Bonneville en 1347. Il devint proprié-


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taire de Cormand suivant un albergement passé en sa faveur par le dauphin de Viennois.

La seigneurie passa ensuite à l'illustre famille de Menthon, branche de Montrottier.

Suivant contrat de mariage du 27 novembre 1399, entre Pierre, fils de François de Menthon, chevalier, seigneur de Beaumont, d'une part, et Jeannette, fille de noble Marguerite de Rossillon et de feu Marquet de Villa, damoiseau, de l'autre, la fiancée reçoit en dot de sa mère (veuve de Louis Sadot dont elle avait hérité), la maison-forte de Cormand qui appartenait jadis à messire Wuiffredus Sadoti, chevalier, avec ses appartenances notamment des vignes et des bois qui s'étendaient en deçà et au delà de l'Arve proche le pont de Bonneville. Par transaction du 29 février 1409, les biens de Jeannette passèrent à la famille de Menthon.

Pierre de Menthon, seigneur de Montrottier, PetitGrésy, Sauterens, teste le 8 avril 1451 et son épouse, le 25 mai 1455, dans la maison-forte de Cormand en faveur de leur fils Nicod de Menthon, fort célèbre en son temps, qui fut gouverneur de Nice. Le 12 janvier 1471, Nicod de Menthon, seigneur de Montrottier, institue pour son héritier, son frère Claude, seigneur de Cormand. Le 25 août 1479, Claude de Menthon lègue à son fils Charles, la maison-forte de Cormand. En 1534, François de Menthon est qualifié seigneur de Cormand. En 1563, Cormand est compris dans l'apanage de Jacques de Savoie-Nemours, protonotaire apostolique (1).

Le 27 juin 1815, lors de l'attaque de Bonneville par l'armée du général autrichien Bogdan, un violent combat se livra tout près de ce château. Une troupe de grenadiers français massée sur la rive gauche de l'Arve, tenta de traverser la rivière au-dessous de Cormand, en faisant la chaîne, pour surprendre les Autrichiens qui arrivaient de la Côte Dio et descendaient la route du Clos. Ceux-ci craignant d'être pris à revers, mirent en batterie sur le plateau et braquèrent leurs canons sur les hardis Français

(1) Archives Départementales de la Haute-Savoie.


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qui se noyèrent dans le courant rapide. L'armée française de secours dut renoncer à cette entreprise et essuya des pertes assez importantes. Cet épisode n'empêcha pas le général Montfalcon d'infliger aux Autrichiens une lourde défaite dans la soirée.

Ce château devint plus tard la propriété de la famille Duparc, puis de la famille Thévenet, qui le vendit au commandant Amoudruz. Il appartient actuellement à M. Pigot, qui l'a réparé et meublé avec le meilleur goût et en a fait une charmante résidence.

Il y avait une autre seigneurie de Cormand, dans le Faucigny, à Saint-Jeoire. Elle appartenait à la famille de la Faverge, qui apparaît en Savoie en 1552, à Saint-Jeoire et s'éteint en 1801. Les de la Faverge portaient : « d'azur à la croix d'or chargée d'une croix de gueules cantonnée aux 1er et 2e d'une ancre d'or et aux 3e et 4e d'un calice de même. »

Jean de la Faverge, seigneur de; Cormand, eut 11 enfants, dont Louis, chef de la branche de Montpon (près Alby) ; François, l'aîné, garde du Pape, qui épousa Françoise de Machard de Chillas, et eut 8 enfants, dont CharlesPhilibert, seigneur de Cevins ; Claude-François, seigneur d'Esery ; Jacques-François dont une fille épousa JosephFrançois de Thiollaz et fut la mère de Mgr de Thiollaz ; enfin Joseph-Marie, sénateur, seigneur de Montpon et de Cormand, qui mourut en 1801, en laissant tous ses biens à la famille de Thiollaz.


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Les Châteaux de Villy

Deux châteaux ont porté ce nom dans le Faucigny, pour avoir appartenu à la même famille, l'un près de Contamine-sur-Arve, l'autre près de Reignier.

Le château actuel de Villy, près Contamine, est bâti sur les pentes d'un plateau, au nord-ouest de cette localité. Il se compose d'une haute et épaisse tour rectangulaire, s'élargissant à la partie supérieure, sur une rangée de machicoulis et de meurtrières. Contre cette tour ou donjon s'appuie un bâtiment allongé, orienté du sud-ouest au nordest, comportant deux étages, avec de belles fenêtres à meneaux. Coupé au sud-ouest, il présente, de ce côté, une façade surmontée d'une cheminée formant pignon. Sa façade donnant au levant, la plus belle, est précédée d'une terrasse reposant sur un péristyle et s'appuyant à une tourelle ronde adossée au donjon, au pied duquel s'ouvre l'entrée principale. Les toitures de la grande tour et du logis sont ornées de belles lucarnes et terminées par une crête.

Entièrement reconstruit à la fin du XIXe siècle, sur les restes de l'ancienne demeure des seigneurs de Villy, par M. Périllat qui éleva le corps principal d'un étage et l'embellit de larges fenêtres, de cheminées de style et y installa de luxueux appartements, ce château constitue aujourd'hui un résidence somptueuse.

L'ancien château de Villy était une modeste gentilhommière, composée d'un bâtiment rectangulaire comportant deux étages (la tour actuelle réduite d'un tiers). Contre la façade sud-ouest ornée de quatre fenêtres encadrant à


CHATELET DE CRÊT D'OT (Lavis de M. Terraz)

CHÂTEAU DE CORMAND (Dessin de M. Terraz)



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l'étage supérieur une grande baie, s'appuyait un autre petit bâtiment d'un seul étage, enfoui dans là verdure. Bien que solidement construite et confortable pour l'époque, cette résidence très simple, sans ouvrages de défense, ne présentait aucune apparence de maison-forte ou d'habitation seigneuriale et semble n'avoir été qu'un paisible lieu de repos. C'est dans cette humble demeure que résidèrent les seigneurs de Villy, que passa Saint François de Sales, que mourut la Philothée le 1er juin 1645. Villy restauré sur un plan trop grandiose, n'est plus le petit château historique témoin des entretiens de François de Sales avec sa cousine Madame de Charmoisy, poursuivant le même idéal de piété.

Son origine paraît remonter au XIVe siècle. Il appartenait à la noble famille de Villier ou Villy. A la fin du XIVe siècle, Jeannette, fille de noble Mermet de Villy, l'apporta à son époux, noble Jean de Vidomne de Chaumont (C. dot. 1 fév. 1397). Cette dernière famille possédait dès le XIIe siècle un château-fort au-dessus de Frangy. De Jean de Vidomne de Villy, le château de Villy passa à son fils Pétremond qui le transmit à son deuxième fils Philibert, époux de Louise de Folliet, lequel testa en 1515 en faveur de son troisième fils Amblard, seigneur de Villy, marié à Gasparde de Ravoire, dame de Charmoisy. Leur fils aîné Charles, seigneur de Villy, eut pour héritier un fils JeanClaude de Vidomne, seigneur de Villy et de Charmoisy, qui épousa le 11 juillet 1600, Louise Duchatel (la Philothée). D'origine normande, celle-ci fut demoiselle d'honneur de Catherine de Clèves, duchesse de Guise. Ayant perdu subitement son époux qu'elle chérissait, Saint François de Sales, au cours de ses nombreux voyages à travers son diocèse, lui écrivit, pour l'aider à supporter son épreuve, ces lettres sublimes qui, réunies, ont formé son chefd'oeuvre : L'Introduction à la vie dévote. Henri, seigneur de Covette, fils de J.-C. de Villy eut une fille, Catherine, mariée trois fois ; en 1647 à Fd Melchior de Montvuagnard (3 filles) ; en 1659 à Victor de la Val d'Isère (1 fils, 2 filles) ; en 1676 à Jean de Bellegarde, seigneur des Marches,

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qu'elle quitta pour entrer au couvent. Christine, fille de Catherine et de Victor de la Val d'Isère, épousa le marquis Joseph de Sales en 1678 et hérita de Villy. Leur fils François III de Sales (1682-1769) eut deux fils, Victor-Amédée (1719-1778) et Paul-François (1721-1795).

Acheté avant la Révolution de 1791, à crédit pour 55.000 livres (qui furent payées à la Nation), par Cl.-François Vuy, le château de Villy a été revendu en 1822 à Auguste Chatrier, dont les héritiers le vendirent à la fin du XIXe siècle (après 1896), à M. Emile Périllat, ancien administrateur des Grands Magasins du Bon-Marché, de Paris, qui en a fait le château actuel (1).

Dans le courant du XVe siècle, une branche de la famille de Vidomne de Villy, avec noble Pierre de Villy, feudataire des nobles de Thoyre, de Syrier, alla se fixer non loin de Reignier, sur la rive gauche de l'Arve, au nord-est de cette localité, tout près des ruines de l'ancien châteaufort de Syrier (du XIIe siècle), détruit par les armées bernoise et genevoise en 1589-91, et qui appartenait à la maison de Thoyre. Il paraît vraisemblable que les matériaux tirés des restes du château de Syrier servirent à construire le deuxième château de Villy, à proximité. Ce manoir, assez typique, et bien conservé, d'aspect austère au premier abord, comprend une vaste maison d'habitation au couchant, séparée des rustiques par une large cour, le tout entouré de hautes murailles. L'entrée principale est au nord, sur un chemin ombragé et délaissé. La campagne environnante semble déserte. Mais de beaux jardins et des vergers donnent à ce château, sur l'autre côté, un aspect riant et même opulent.

Les nobles de Villy-Syrier devinrent ensuite seigneurs de Saintange par l'acquisition de ce domaine, près de Magny. Joseph-Marie de Vidomne; seigneur de Villy et de Saintange, dernier descendant de cette lignée, vendit le

(1) Notes communiquées par M. le chanoine A. Gavard.


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château de Villy-Syrier à André Burnier-Fontanel, le 30 décembre 1787 (2).

(2) D'après le chanoine J.-M. Chevalier, Monographie de Reignier et autres notes.

Le Cnâtelet de Crêt-d'Ot

Comme un îlot rocheux, au milieu de la plaine de Reignier, émerge, dans la campagne, le monticule qui portait le Châtelet de Crêt d'Ot, sur les confins de la commune de Cornier, entre La Roche et Reignier.

Bâti sur un rocher isolé, dont l'escarpement facilitait la défense, il occupait un vaste emplacement élargi encore par une première enceinte qui encerclait le pourtour inférieur de son large socle, et dont les fondations sont encore apparentes. Le château qui tenait toute la superficie supérieure de ce rocher, constituait une puissante forteresse rectangulaire, dont la courtine formée d'épaisses murailles subsiste en partie. A l'extrémité méridionale, se dresse encore une tour, perchée sur le roc, du plus gracieux effet. On retrouve à sa base quelques restes du parement en belles pierres de taille, qui revêtait ses murs aujourd'hui décrépis. Comme les Allinges, dans le Chablais, le Châtelet de Crêt d'Ot, dans le Faucigny, est une des ruines qui donnent le mieux l'impression formidable et grandiose de l'architecture féodale.

Le nom de cette antique place forte a été écrit différemment : Crêt-d'Ot, Crêt-d'Ost, Crêt-d'Oz, Credoz, Credu, Credo. L'orthographe authentique semble avoir été Crêt-


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d'Ot ou Crêt d'Ost, qui désignait un lieu de rassemblement de l'Ost, lors des montres ou revues ordonnées au moyenâge par les seigneurs à leurs vassaux afin de s'assurer du nombre d'hommes en état de porter les armes (1).

Le Châtelet de Crêt d'Ot occupait un point stratégique sur la route de la Roche à Bonne, par Boringe et Nangy. Il était le chef-lieu d'un important mandement qui relevait du duc de Savoie après les sires de Faucigny, et comprenait les communes d'Arenthon, Scientrier, Cornier, Jussy, Reignier et Saint-Romain avec les châteaux de Syrier, Boringe, Polinge, Arculinge, Bellecombe, Marsinge, Plagne, Saintange, Villy, Meyrens, Magny.

Ce château dont l'origine remonte au début du XIIIe siècle aurait appartenu primitivement aux comtes de Genevois et aurait été enclavé dans lés possessions des sires de Faucigny (charte du 10 mai 1225) (2). Il devint ensuite la propriété de ces derniers qui le transmirent à Agnès, fille d'Aymon II de Faucigny, épouse de Pierre II, comte de Savoie, lequel y fit des réparations importantes (lettres patentes de Versoix du 7 juin 1263) (3). A la mort d'Agnès (11 août 1268), une ligue se forma entre Philippe de Savoie et Béatrix de Thoyre-Villars, soeur d'Agnès, contre Béatrix de Faucigny, fille d'Agnès, veuve depuis peu de temps de Guigues VII. La Dame de Thoyre réussit à s'emparer de la Dauphine et de son fils Jean, qu'elle emprisonna au château de Vigon (4). Cette dernière obtint sa libération en remettant en gage à sa tante et au comte Philippe, divers châteaux du Faucigny, notamment Crêt- d'Ot (15 novembre 1269) (5). Suivant accord en date du 13 février 1270, tous ces châteaux furent placés sous la garde de Philippe de Savoie (6). La paix fut conclue le 3 août 1271 entre

(I) Mugnier, Mém. et Doc. Sté Sav. Hist. et Archéol. tome XXIX. D'après Viollet-le-Duc, on désignait par Châtelet, non pas une résidence seigneuriale, mais un fort habité par un capitaine et des hommes d'armes, et destiné à la défense ou à la garde d'un poste.

(2) Regeste Genevois.

(3) Ibid.

(4) Ibid.

(5) Ibid.

(6) Ibid.


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Béatrix de Thoyre et Béatrix de Faucigny qui reprit ainsi Crêt d'Ot. Suivant actes des 26 et 27 mai 1293, la dauphine fit donation entre vifs à son cousin Amédée V de Savoie, de divers châteaux, entre autres Crêt d'Ot, que le comte lui inféoda (7). Par le traité de Montmélian du 16 août 1308, entre Amédée V d'une part, et Béatrix et le dauphin Hugues d'autre part, il fut stipulé que le Châtelet de Crêt d'Ot demeurerait un fief du comte de Savoie (8). La terre du Châtelet fut ensuite vendue à Amé de Viry, puis à Jean du Clos, de qui Philippe de Savoie la racheta en 1441, au prix de 4.377 écus d'or (9). Donné en apanage à Philippe de Savoie, duc de Nemours (14 août 1514), Crêt-d'Ot fut cédé par celui-ci en douaire, à son épouse Charlotte d'Orléans, suivant contrat du 17 septembre 1528, et resta dans la famille de Nemours jusqu'en 1659. Lorsque le duc Victor-Amédée II vendit ses châteaux, en 1700, le « Châstelet de Credoz » fut acheté aux enchères par les Granery, comtes de Mercenasque, marquis de La Roche (10).

Le 22 mai 1702, il fut inféodé avec d'autres terres, par Victor-Amédée II, au seigneur abbé Marc-Antoine Granery et à son héritier, le chevalier Maurice-Ignace Granery, qui devint marquis du Châtelet de Crêt-d'Ot. Charles-GaspardBernard Granery possédait encore le Châtelet en 1732.

En 1706, ce château était à l'état de masures. Jadis, les sires de Faucigny y installèrent un sénéchal puis un châtelain, comme à Faucigny, Châtillon, Bonneville, Charousse, etc.. (11).

Il apparaît comme vraisemblable que le Châtelet de Crêt-d'Ot souffrit des invasions et, peu à peu abandonné, tomba en ruines. Aujourd'hui, cette antique place-forte est déserte. A ses pieds, un vieux moulin ajoute à la mélan(7)

mélan(7) Genevois.

(8) Ibid.

(9) Baron Raverat, La Haute-Savoie et Grillet Dict. Historique.

(10) A. de Foras, Armorial.

(11) Une ancienne charte nous apprend qu'il y avait en outre, un portier, dont le salaire consistait dans la redevance d'un petit pain (unam bucellam seu plantemelam panis) qu'il recevait chaque année, à Noël, de tout habitant faisant feu. (Mugnier, Mém. et Doc. Sté Sav. Hist. et Archéol., tome XXIX.)


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colie du lieu le clapotis monotone et rythmique de ses aubes moussues. Seuls quelques rares touristes ou archéologues visitent en passant ses ruines silencieuses et admirent du haut de ses terrasses le superbe panorama qui embrasse toute la riante vallée de l'Arve.

Château de Boringe.

Dans un cadre plus réduit, Boringe rappelle l'enchantement de la gorge étroite et profonde du Rhin, de Bingen à Coblentz, avec ses rives escarpées que dominent d'antiques manoirs féodaux aux mystérieuses légendes. A Boringe, l'Arve s'est creusé un lit tourmenté, à travers la forêt et les rochers. Et c'est sur l'une de ces buttes de la rive gauche, en face de Nangy, que se dressent les ruines du vieux burg, tapissées de lierres, évoquant des luttes héroïques.

Enfoui dans la verdure, ce château semble se dérober à la curiosité des visiteurs qui souvent l'ont approché sans soupçonner sa présence. A ses pieds, un pont très ancien, mentionné déjà en 1242, aujourd'hui détruit, mais dont on aperçoit encore les deux culées, franchissait jadis la rivière. C'était là le principal passage suivi au moyen âge par les voyageurs et les troupes armées se rendant d'Annecy et La Roche, à Bonne, à Genève ou en Chablais.

Compris dans le mandement, du Châtelet de Crêt d'Ot, Boringe était la plus importante des places fortes qui entouraient Reignier. Les fouilles effectuées à Boringe vers 1850 par le docteur Bizot, ont permis de reconstituer, en partie, l'ancien château :

Une tour carrée énorme et massive flanquait, au nord,


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la porte principale très bien conservée et fermée par de lourd vantaux de chêne bardés de belles ferrures. A côté de cette tour, au sud-est, se trouvait la chapelle dont on reconnaît les vestiges. Du même côté, une autre tour carrée, très élevée, contenait un escalier. A l'intérieur du château qui occupait une surface très étendue, on retrouve les fondations et cloisons des différentes salles qui constituaient les appartements, entrepôts, casernements et autres dépendances. Une double ceinture de murs entourait les constructions ; de larges fossés, de trois côtés, et l'Arve très profonde, de l'autre, les protégeaient des attaques (1).

L'origine du château de Boringe est très ancienne puisqu'il est déjà cité dans les lettres patentes données à Versoix, le 7 juin 1263, qui nous apprennent que Pierre de Savoie, époux d'Agnès de Faucigny construisit et fortifia Boringe.

En 1296, Béatrix de Faucigny inféoda Boringe au chevalier Guillaume, seigneur de Confignon. Celui-ci et son fils Mermet y apportèrent d'importantes améliorations. Le château resta propriété des sires de Faucigny jusqu'en 1319. Le dauphin Hugues remit alors Boringe et son mandement à Humbert de Choulex. Ce dernier n'ayant pas eu d'enfants, céda ses biens à son frère utérin Nicod de Fernay (30 août 1345), auquel succéda son fils Pierre. Les trois fils de Pierre : Rodolphe, Jean et François, moururent sans enfants. Leur soeur Guillemette qui épousa Thomas de Genève, eut un fils Guillaume qui hérita de Boringe. La seigneurie passa ainsi successivement à Pierre, bâtard de Genève ; Thomas de Genève, seigneur de Lullin ; Guillaume de Genève, seigneur de Lullin ; Jean de Genève ; Aymon de Genève ; Jacques de Genève ; Gaspard, premier marquis de Lullin ; Chériadus, deuxième marquis de Lullin ; Albert-Eugène-Martin, troisième marquis de Lullin, qui ne laissa qu'une fille, la marquise de Pancalier. Boringe passa alors à la Maison de Savoie. Victor-Amédée II donna le 20 novembre 1696, l'investiture du comté de Boringe à

(I) D'après le chanoine J. M. Chevalier : Monographie de Reignier. et autres notes.


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Janus de Bellegarde, transmise ensuite à son fils François de Bellegarde. En 1744, le comte de Conzié, seigneur d'Arenthon, acquit du marquis des Marches, le comté de Boringe qu'il démembra en partie au profit de la baronnie d'Arenthon. Marc-Antoine de Genève de Boringe fut autorisé à acheter le comté dont il portait le nom. Pendant la période révolutionnaire, Boringe devint la propriété des Burnier-Fontanel, de Villy, puis fut acheté vers 1850 par le docteur Bizot qui fit déblayer les ruines et aménagea le magnifique parc aujourd'hui détruit. En pratiquant ses fouilles, le docteur Bizot découvrit des boulets en fonte, des débris de cuirasses et d'armes (2).

En 1607, Henri de Savoie érigea Boringe en mandement avec une administration locale comprenant : juge-procureur, greffier, châtelain, curial, métrai.

C'est sous Gaspard de Boringe, marquis de Lullin, que ce château fut assiégé, pris et brûlé par les armées française et genevoise, les 1er et 2 janvier 1591.

Dès 1588 commencèrent les luttes entre Genève réformée et la Maison de Savoie. Le roi de France Henri III, jaloux des succès du duc Charles-Emmanuel Ier, s'allia avec les Genevois et les Bernois. L'armée des coalisés forte de 10.000 hommes et munie de canons, était commandée par les Français de Sancy et de Guitry et le Genevois Ami Varro. Le 16 juillet 1589 ils bombardèrent le château et, essayèrent de démolir le pont qui était solidement barricadé et résista à l'attaque. L'ennemi se retira sur SaintJeoire, après avoir pillé la campagne environnante.

En janvier 1591, une armée franco-genevoise, forte de 2.000 hommes et 3 pièces de canon, commandée par de Sancy et ses lieutenants de Lurbigny et de Conforgien, vint assiéger Boringe défendu par le marquis de Lullin avec une petite garnison de 40 hommes, sans artillerie.

Les historiens Spon et Guichenon et l'abbé Is. Jolivet nous ont laissé le récit de cette expédition : Arrivés fort tard dans la nuit, devant le château de Boringe, les troupes campèrent sur les deux rives de l'Arve et, au point du

(2) Monog. de Reignier.


(Dessin de M. Terraz) TOUR DE BELLECOMBE

(Dessin de M. Terraz) CHATEAU DE BONNEVILLE

(Dessin de M. Terraz) PORTE DE BORINGE



DU FAUCIGNY 169

jour mirent les. canons en batterie. La cavalerie napolitaine venue de La Roche au secours de Boringe, fut surprise près de Magny et battue. Sancy qui s'était porté à la rencontre des Napolitains, revint bombarder Boringe avec acharnement. Le lendemain, après avoir essuyé 72 coups de canon, la garnison demanda à capituler avec les honneurs de la guerre. Devant le refus des assiégeants qui les menacèrent même de ne pas faire de quartier s'ils attendaient l'assaut, les Savoyards s'échappant par une poterne, réussirent à gagner le pont d'Arve et se dirigèrent sur Bonne. Sancy occupa le château qu'il fortifia en élevant des bastions, et y laissa deux compagnies de garde. Mais, ne pouvant s'y maintenir, il démolit la forteresse et quitta avec ses troupes le Faucigny, le 9 janvier 1591. Les Savoyards réoccupèrent le château qu'ils réparèrent.

Aujourd'hui, le vieux château de Boringe n'est plus qu'une belle ruine. Au cliquetis des armes a succédé le tintement des clochettes des troupeaux qui errent à travers ses murs, dans les broussailles. L'ombre légendaire du marquis de Lullin semble planer encore sur ces murs pendant les claires nuits d'hiver, comme au soir de la bataille qui vit crouler son château.

Château de Bellecombe

Comme son joli nom l'indique, le château de Bellecombe (en Faucigny), se trouvait dans un vallon très pittoresque, sur les bords de l'Arve qui roule, en cet endroit, ses flots rapides à travers la forêt et les rocailles. Il était situé sur la rive gauche, près du pont actuel, du même


170 LES ANCIENS CHATEAUX

nom, sur la route de La Roche à Findrol. Une haute tour carrée, assez bien conservée, dressée sur un rocher isolé, rappelle aujourd'hui l'antique manoir des seigneurs de Thoyre, ruiné par les guerres et le temps.

Les origines du château de Bellecombe sont inconnues, mais il semble remonter à la fin du XIIIe siècle. Vers 1280, les sires de Faucigny avaient fait élever ou réparer plusieurs places fortes dans cette région, comme Boringe et Crêt d'Ot. Bellecombe fut probablement construit à cette même époque, ce que paraît confirmer son architecture. Ce château faisait en effet partie du groupe comprenant Boringe, Syrier et Crêt d'Ot. La tour qui, seule est restée debout, est assise sur un énorme rocher abrupt, formant une terrasse où l'on relève les substructions d'anciens murs marquant l'emplacement du manoir qui enserrait la tour. Celle-ci, très haute, est percée de quelques ouvertures aux étages, mais ne possède pas de porte d'accès. Quelques pans de murailles adossés au rocher permettent de reconstituer d'importants bâtiments qui servaient de logements en même temps qu'ils formaient lin premier ouvrage de défense. Il y avait aussi une chapelle où l'on célébrait le culte divin. Une source qui jaillit du rocher laisse supposer que cette place était alimentée par une canalisation souterraine.

Ce château qui était un fief des sires de Faucigny fut occupé d'abord par la famille de Bellecombe, qui portait « de gueules à la fasce d'or chargée de trois fleurs de lys d'azur, au chef d'argent au lion issant de sable ». Jean de Bellecombe hérita d'Aymon, comte de Genevois, par testament du 18 novembre 1280. En 1377, Jean léguait ses biens à ses trois fils Nicolas, Humbert et Jean. Les deux premiers, morts sans postérité, testèrent en faveur de Guillaume, fils de Jean, époux de Catherine d'Hauteville, qui mourut également sans postérité et légua la seigneurie de Bellecombe à la maison de Thoyre.

Dès 1314, Bellecombe appartint constamment à cette famille qui l'occupa jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Le château était presque à l'état de masure lorsque Joseph


DU FAUCIGNY 171

de Thoyre l'habitait encore en 1732. Les de Thoyre portaient « d'azur à la bande d'argent ». Un écusson en pierre de taille reproduisant leurs armes, et provenant sans doute du château, est encore visible sur la porte d'une maison de ferme située tout près du rocher. Par Raymond, fils de Rodolphe Ier, quatrième sire de Faucigny, les de Thoyre descendaient de cette illustre maison. La famille de Thoyre possédait en outre les seigneuries de Boussy, Bâthie de Choulex, Bâthie Dardel, Brison, Châteaublanc, Graveruel, Hauteville, Monnant, Plagne, Rente, Syrier, Saintange, Thuet, Rossy, le Quarre, etc. A l'époque de la Révolution, Bellecombe était la propriété du marquis d'Allinges de Coudrée (1).

Le château de Bellecombe qui existait encore en grande partie en 1793, a dû subir les ravagés de l'invasion genevoise et bernoise de 1591, des révolutionnaires et du temps. C'est une belle ruine qui attire de loin le regard.

(1) D'après le chanoine J. M. Chevalier, Monographie de Reignier, et autres notes.

Les Châteaux d'Esery

Esery est une petite commune, à flanc de côteau, qui domine la plaine de Reignier. Elle formait autrefois une seigneurie et possédait deux châteaux-forts qui se dressent encore auprès de l'église, l'un au nord et en contrebas, désigné sous le nom de château d'Esery, l'autre au midi et sur la butte, appelé château de Sacconay.


172 LES ANCIENS CHATEAUX

CHATEAU D'ESERY. — C'est le plus ancien des deux. On suppose qu'il a remplacé la villa gallo-romaine d'Asiriacus à laquelle Esery devrait son origine. Il possédait autrefois quatre tours, dont deux ont disparu ; l'une flanquait au sud-est le corps de logis principal, belle maison rectangulaire qui a subsisté, et l'autre, en face et à proximité du cimetière, formait avec la précédente et les deux que l'on voit encore, une enceinte quadrangulaire qui n'aurait été détruite qu'au début du XIXe siècle. Une double porte à bretèches, réunissait antérieurement les deux tours d'entrée subsistantes. Ce château est entouré d'un parc d'où le regard embrasse toute la vallée de l'Arve (1).

Esery fut pris et brûlé le 28 février 1591, par les troupes franco-genevoises commandées par Harlay de Sancy, de Guitry et de Conforgien, qui l'avaient occupé et durent l'abandonner à l'approche de l'armée savoyarde de secours. Ravitaillé par le marquis de Treffort, il fut dévaste de nouveau le 7 mars 1593 par le capitaine de Conforgien avec une petite armée genevoise de 200 hommes et 100 chevaux, après le départ des trois compagnies de cavalerie savoyarde qui s'y étaient installées. Le château incendié deux ans auparavant, ne devait plus être en état de résister (2).

Les premiers seigneurs féodaux connus et probablement les fondateurs du château, sont les sires d'Aiseri, que Ménabréa, dans ses « Origines féodales », classe parmi les principaux seigneurs du Genevois. Les documents n'en mentionnent que deux : Armann, qui donna l'église d'Esery au prieur de Saint-Victor, et Aimon qui figure en 1153, à la suite du comte de Genevois et qui est témoin avec Guillaume de Nangy dans un acte de donation à l'église d'Abondance.

Par les des Balmes, la seigneurie d'Esery serait parvenue aux nobles Alamand, en suite d'alliance (3). Les des

(1) Extrait du manuscrit de M. Fr. Gaillard, huissier à Reignier : Reignier et ses environs, 1922, auquel nous empruntons notre documentation.

(2) D'après Spon, Grillet et Guichenon.

(3) Nous empruntons ces diverses généalogies au manuscrit de M. F. Gaillard,


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Balmes portaient : « d'argent à l'aigle d'azur, armé, langué et bec de gueules ». Mermette des Balmes épousa Aimon Alamand ; ils vivaient en 1418. Les Alamand (d'après A. de Foras), auraient possédé le château d'Esery dès le commencement du XVe siècle, ainsi que les terres de Vozerier et Eserier. Les Alamand portaient : « de sable au lion d'argent — alias d'or — à la cotice de gueules — alias bandé — brochant sur le tout, ou de gueules à 3 têtes de cheval 2 et 1 ».

Jean Alamand, seigneur d'Esery et Vozérier, fils d'Aimon et de M. des Balmes, épousa Pernette de Langin. Le 7 décembre 1452, le duc Louis de Savoie inféoda en sa faveur les château et terres d'Esery. En 1459, il acquit les biens de Pierre et Claude de Vozérier. Ses deux fils Louis et Jean se partagèrent l'hoirie. Louis, seigneur d'Esery, est probablement celui qui, le 21 avril 1521 donna ses biens et notamment Esery, à son cousin Michel de Vozérier. Les nobles de Vozérier portaient : « d'argent à 3 heaumes de sable, 2 et 1, ou de gueules à 3 heaumes d'argent, ou de gueules à 3 têtes de cheval d'argent, qui est d'Alamand ». Michel de Vozérier, seigneur d'Esery en 1521, avait épousé Antoinette de Genost, laquelle devenue veuve, se remaria avec Jean V Martin du Fresnoy. Il avait eu une fille, Françoise de Vozérier, qui épousa Jean VI Martin du Fresnoy, auquel il aurait transmis la seigneurie par testament de 1578. (Inféodation en sa faveur du 8 mars 1525). Esery passa donc aux nobles Martin du Fresnoy, qui gardèrent la seigneurie pendant un siècle. Jean VII épousa en 1607, Claudine de Rochette, dont il eut Jérôme-François époux (1647) de Balthazarde de Lambert, qui eut Esery dans le partage du 4 avril 1626 fait avec son frère JeanCharles-Antoine, seigneur de Chuyt et Blanzy. Héritier (1663), Jérôme du Fresnoy, dernier représentant de sa branche, testa en 1672 et 1679 (date de sa mort) en faveur d'un cousin, noble Charles du Clos, seigneur de Loisin, à charge de relever le nom et les armes de sa famille. Les du Clos portaient : « écartelé : au 1er, d'argent à la fasce de gueules au chef emmanché de 4 pièces de sable ; au 2e à


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la fleur de lys de sable, qui est du Fresnoy ; au 3e d'or au sautoir de sable, qui est de Martin ; au 4e, de gueules à l'ar bre d'or, clos de même, qui est du Clos. »

La famille du Clos, qui était originaire de Bonne, possédait de nombreux fiefs et seigneuries, notamment à Arbusigny, la Muraz, Reignier, Cusy, Saintange, Nangy, Fillinges; à Bonne, dont elle acquit en 1681 le mandement érigé en comté en sa faveur. La seigneurie d'Esery ne fut jamais érigée en comté, bien que les du Clos se soient qualifiés comtes de Bonne et d'Esery. Charles du Clos, sénateur (1650), épousa en 1653, Raymonde de Michal du Mollard. Comme héritier des du Fresnoy, il reconnaît le 18 septembre 1698, tenir en fief du roi Victor-Amédée, ses possessions du mandement de Mornex avec le château d'Esery. Son fils François-Hyacinthe président du Sénat de Savoie, épousa en 1695, Charlotte-Adélaïde Bertrand de la Pérouse. Il testa en 1737 en faveur de son fils JosephAlexis, baron et seigneur d'Esery, colonel, qui épousa la même année, Marier-Thérèse Bertrand de la Pérouse. Il acheta le château voisin de Sacconay, en 1759. JosephHyacinthe, fils de Joseph-Alexis du Clos, colonel en 1796, fut le dernier de sa branche. Il épousa en 1789, LouiseAdélaïde de Milliet d'Arvillard qui fut son héritière. Le comte Joseph-Hyacinthe ayant émigré en 1793, ses biens furent mis sous séquestre. Esery et Bonne furent vendus par sa veuve. Esery devint, au commencement du XIXe siècle, propriété de la famille Collomb d'Arcine. Suivant acte de partage du 16 novembre 1825, Esery fut attribué au général Emmanuel Collomb d'Arcine, le vainqueur de Staouëli, dont le seul fils fut tué en 1870 et dont l'une des filles, veuve du général de Vouges, hérita ; elle vendit ensuite le château à son cousin, M. Charles de Magny, possesseur actuel.

CHATEAU DE SACCONAY. — Ce château, situé au midi et à proximité du précédent, n'en était séparé que par l'église et portait le nom de ses anciens possesseurs, peut-être ses fondateurs, les nobles de Sacconay. Il n'a


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conservé que deux tours rondes, alignées du nord au sud, hautes d'une douzaine de mètres, percées de meurtrières, distantes d'une trentaine de mètres, encadrant un portail dans la courtine à demi-ruinée, seuls vestiges laissés par l'incendie de 1867. A l'intérieur, une grande cour entourée de rustiques et de l'habitation des métayers. Autrefois, l'ensemble formait un carré fermé par quatre tours d'angle, en plus de trois autres flanquant l'avant du château (de l'O. à l'E.) ; proche de l'église était une tour carrée massive, sur les ruines de laquelle fut édifié en 1807, le presbytère actuel. Ce n'est plus aujourd'hui qu'une ferme appartenant aux héritiers de Jacob et Jean-Charles Galissard de Marignac, qui en étaient devenus possesseurs après la Révolution. Il est la propriété actuellement de la famille Ador (4).

Les nobles de Sacconay portaient : « de sable à 3 étoiles d'argent 2 et 1, au chef de même, chargé d'un lion issant de gueules ».

On relève les noms de : Guichard, chevalier (13801400) ; Pierre, son fils, écuyer, époux de Andrée de Bellegarde, qui eurent plusieurs enfants : 1° Henri, seigneur d'Esery, ancêtre de Cl.-François, seigneur d'Esery, dernier du nom, qui laissa une fille, Anne-Marie-Péronne, épouse en 1625 de François de Clermont Mont-Saint-Jean, auquel passe la seigneurie; 2° Jean, seigneur de Vesancy ; 3° Guillaume, seigneur de Sacconay, le Grand (branche cadette) ; 4° Pétremond, chanoine ; 5° Jacques et François, comtes de Lyon. En 1650, les seigneurs de Thoyre passent une reconnaissance en faveur d'illustre et puissant seigneur Pierre de Sacconay, chevalier de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem.

En 1625, Anne-Marie-Péronne, dame de Sacconay, ayant épousé François, fils de Claude de Clermont Mont-SaintJean et d'Anne de Montfalcon, conseiller d'état et chevalier de l'Annonciade, lui apporte la plus grane partie des biens paternels. Plusieurs enfants naquirent de cette union dont Jean-Claude, marquis de Mont-Sain-Jean en 1681,

(4) Emprunté au manuscrit de M. F. Gaillard.


176 LES ANCIENS CHATEAUX

comte de Sacconay, qui épouse en 1674, Marie-Antoinette de Rossillon de Bernex ; leur fils Jean-François vend, le 20 octobre 1759, le domaine de Sacconay, moyennant 26000 livres, à noble Joseph-Alexis du Clos, seigneur d'Esery, comte de Bonne, qui réunit les deux seigneuries. Sacconay fut vendu au profit de la Nation, sous la Révolution (5).

(5) D'après le manuscrit de M. F. Gaillard.

Château de Polinge.

Le château-fort de Polinge se dresse sur un plateau qui domine la plaine de l'Arve, au-dessus de Reignier, non loin de Mornex. Bâti au milieu de prairies et de vergers, il découpe fièrement sa lourde silhouette sur un horizon verdoyant.

Il était jadis entouré de larges fossés, au fond dallé, qui servirent longtemps de vivier.

A l'ouest, sur une grande cour bordée actuellement de bâtiments ruraux à l'usage de ferme, s'ouvre l'entrée principale formée d'une grande et belle porte flanquée de deux tours rondes, hautes d'environ 7 mètres sur 5 de diamètre extérieur. L'ouverture principale ou porte charretière, avec une arcade ogivale en molasse qui mesure 2 m. 60 de largeur, est séparée de la tour sud par une poterne haute de 2 m. 20 et large de 80 centimètres faisant pendant à un poste de défense contre la tour Nord. Les murs de ces tours ont 1 mètre d'épaisseur et sont percés de meurtrières. Cette porte qui commandait le pont-levis, donne accès à l'enceinte même du château, ou courtine, jadis plus élevée, qui entoure tous les bâtiments et qui est munie de meurtrières espacées de 4 mètres, aujourd'hui murées.


(Dessin de M. Terraz)

CHATEAU DES RUBINS, A SALLANCHES

CHATEAU DE POLINGE (Dessin de M. Terraz)



DU FAUCIGNY 177

Le château comporte un vaste édifice quadrangulaire, très élevé, orné de nombreuses fenêtres et surmonté d'une haute toiture garnie d'épis de faitage. Les murs extérieurs mesurent 1 m. 75 d'épaisseur. Une haute tour ronde massive contenant l'escalier et mesurant environ 5 mètres de diamètre intérieur, est adossée à la façade Est. Malgré les bouleversements qu'il subit au cours des siècles, ce château, dont les constructions étaient autrefois plus considérables, conserve de belles salles encore imposantes dans leur délabrement. Le rez-de-chaussée est occupé par des caves spacieuses et voûtées.

On pénètre dans le château, au pied de la grande tour, par un beau portail gothique taillé dans la molasse, dont les moulures se sont effritées dans le bas, mais assez bien conservées aux archivoltes. La porte s'ouvre sur un vestibule étroit et voûté, soutenu par un arc de décharge. Un magnifique escalier en spirale conduit aux étages supérieurs, éclairé par d'étroites ouvertures grillées s'évasant à l'intérieur et superposées du côté Nord-Est.

Au premier étage, on entre, à droite, par une large porte, dans une pièce carrée, ancienne cuisine, avec fenêtre grillée au nord, dont la grande cheminée s'est effondrée. A gauche, une salle carrée avec cheminée basse, éclairée au midi par une fenêtre et un oeil-de-boeuf. Après cette salle, à l'angle sud-ouest, une autre, très éclairée par des fenêtres géminées à l'ouest, couronnées au fronton de deux accolades. La chambre voisine, au nord-ouest et à la suite de la cuisine, est percée de deux fenêtres au linteau en accolade ; elle a été divisée par une cloison. Les plafonds de ces salles sont à poutrelles. Sur la face est, dans la partie saillante appuyée à la tour, une petite pièce rectangulaire paraît avoir été la chapelle.

Au deuxième étage, à gauche en entrant, une pièce carrée avec fenêtre au midi. A droite, une belle salle aux murs décorés de fresques en partie dégradées, représentant des scènes de chasse, jardins, fontaines, avec fenêtre au nord. En suivant, à l'angle nord-ouest, une pièce carrée avec fenêtres au nord et à l'ouest. Une porte, à. gauche, sur12


128 LES ANCIENS CHATEAUX

montée de l'écusson de Savoie, la fait communiquer avec la plus belle salle éclairée, à l'ouest, par une fenêtre au linteau à double accolade, près de laquelle se dresse une haute et large cheminée portant, sur la face supérieure du manteau, les armoiries de Polinge en couleurs et, au-dessous, la date 1607 et l'inscription I. H. S. Une fenêtre, au midi, a été murée. Les plafonds de ces quatre pièces sont aussi à solives. Contre l'escalier, près de la salle décorée et sur la façade est, au-dessus de l'oratoire, un colombier, avec une jolie baie grillée.

Le troisième étage qui, comme les étages inférieurs contenait quatre grandes salles, est aujourd'hui complètement délabré. Les plafonds se sont effondrés lors du dernier incendie ; les planchers sont en partie défoncés. Une cheminée apparaît encore sur la droite. Les ouvertures donnent au sud et à l'ouest.

Toutes les fenêtres, taillées dans les murs, s'élargissent vers l'intérieur en présentant des sièges de pierre disposés dans l'épaisseur des, embrasures.

Au-dessus du troisième étage, les combles sont éclairés par une rangée de petites baies donnant par trois sur les façades nord, ouest et sud, sous une corniche sur laquelle s'appuie la charpente du toit.

Là grosse tour de l'escalier, autrefois plus élevée, est couverte d'une toiture conique oblique reliée à celle du bâtiment principal. Elle se termine par une ceinture de créneaux reliés par une corniche supportant les sablières.

Au sud-est de l'édifice subsiste en partie une tour contre laquelle a été construit un petit bâtiment à l'usage de four et de pressoir.

Cette antique demeure seigneuriale est certainement une des rares qui aient résisté aux ravages des années et du temps, et l'une des plus intéressantes à visiter de toute l'ancienne province du Faucigny.

Le château de Polinge, dont l'origine semble remonter au début du XIVe siècle, appartenait primitivement aux sires de Faucigny. Vers 1390, il devint la propriété de l'illustre famille de Chissé, alliée aux de Lucinge, avec le cheva-


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lier Raymond de Chissé, qui épousa Babelle, héritière de la seigneurie de Polinge. La maison de Chissé paraît avoir eu pour berceau, l'antique manoir de Sainte-Anne, au-dessus de Sallanches, aujourd'hui ruiné, appelé encore Tour de Chissé, où elle est mentionnée dès 1246. Le domaine de Polinge resta propriété de cette famille jusqu'en 1830, avec Jean-Georges de Chissé de Polinge, le dernier descendant, qui épousa en 1846, la fille du comte de La Chavanne. Les de Chissé de Polinge vendirent alors le château aux nobles Constantin de Magny. En 1865, le prince Charles-Marie de Lucinge-Cystria acheta le domaine de Polinge avec celui de Vorzier situé à proximité. Mais, appelé en Bretagne, il revendit le tout au sieur Joseph Chevallier, dont la descendance resta propriétaire. (1)

Rappelons que l'illustre maison de Chissé a donné des archevêques en Tarentaise et des évêques à Grenoble, des chevaliers, des barons, des comtes, qui se distinguèrent au service des rois de France et d'Espagne et des ducs de Savoie.

Les seigneurs de Polinge qui se sont succédé depuis Raymond de Chissé sont : André (1448) ; Jean, chevalier, seigneur de Polinge (1454) ; Henri, seigneur de Polinge et de La Bâthie (1490) ; Humbert, seigneur des dits lieux ; Jean, seigneur de Polinge et des Forêts, de Crest, de la Bâthie-Dardel, qui épousa Jeanne de Cornillon ; leur fils aîné Philibert, seigneur de Polinge, marié en 1583 à Antoinette de Bruel, défendit le château contre les soldats franco-genevois en 1591. Claude de Chissé, fils de Philibert, marié à Bénigne de Montferrand en 1615, donna deux branches, l'une avec son fils François, seigneur des Forêts, époux de Guillermette de Livron de Savigny (1644), dont il eut un fils Louis, seigneur de la Bâthie-Dardel, né en 1645, marié à Jeanne-Charlotte du Fresney ; l'autre branche avec son fils Jean-François, né en 1632, seigneur de Polinge, qui épousa Marguerite Noyel de Bellegarde ; leur fils Jean-Claude, né en 1669, donna deux lignées : LouisMarie de Chissé, mort en 1790, père de 15 enfants, dont

(1). D'après le chanoine J. M. Chevalier : Monographie de Reignier.


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un fils Jean-Baptiste-François-Marie, seigneur de Polinge, né en 1768, marié en 1791 à Anne-Philiberte Baytaz d'Echallon, qui eurent pour héritier un fils unique François-Victor, mort en 1835 ; l'autre fils de Jean-Claude, Claude-Marie-Melchior de Chissé de Polinge, né en 1747, qui fut maire de La Roche, épousa en 1782 Gilberte-Isidore Déage de Mesme de Loisinge ; leur fils unique, JulienFrançois, seigneur de Polinge, né en 1782, marié en 1810 à Jeanne-Marie-Françoise de Sauvage, laissa un fils JeanGeorges de Chissé de Polinge, né en 1812, qui épousa RoseJoséphine de la Chavanne en 1846, et dont la descendance s'éteignit avec Marie-Polixène-Philiberte de Polinge, propriétaire du château de l'Echelle, à La Roche. (2)

Le château de Polinge fut attaqué et détruit en partie, sous Philibert de Polinge, par l'armée franco-genevoise, Je 10 mars 1591. L'historien genevois Spon raconte ainsi cet évènement : « Sur la fin de février, l'armée, après avoir fourragé les bailliages d'Evian et de Thonon, prit la route de Bonne, traînant avec beaucoup de peine, parce que les chemins avaient été rompus par les pluies, deux pièces de canon jusqu'au pont de Boringe, et de là au château de Polinge qui se rendit d'abord ; la garnison qui y était n'ayant pas trouvé bon d'attendre que le canon y fit brêche.... Les sieurs de Sancy, de Guitry et de Conforgien, postés à Boringe, avertis que l'armée savoyarde, assemblée à La Roche, y venait fondre sur eux, retirèrent promptement les garnisons de Polinge et d'Esery, où on mit le feu, et envoyèrent reconnaître l'ennemi. Mais, de peur de témoigner de la crainte, ils demeurèrent encore un jour au même camp, et le lendemain, au lieu d'entrer plus avant dans le Faucigny, ils vinrent se loger en-deçà dé la Menoge, à Annemasse et Ville-la-Grand, pour se garder de surprise et empêcher les ennemis de venir se poster vers cette rivière, entre Genève et eux. » D'autre part, les historiens Guichenon et Grillet relatent ainsi la prise de Polinge : « Les Français prirent le château de Polinge et voulaient se rendre à Bonne. Sur ces entrefaites, ils apprirent que

(2) Monographie de Reignier.


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le général espagnol Olivares était arrivé à La Roche avec 6.000 fantassins, 400 dragons et 500 lanciers, commandés par le chevalier de Sonnaz, le marquis de Treffort et le comte de Châteauneuf. Avertis que ceux-ci marchaient sur eux, ils se retirèrent en désordre et abandonnèrent Polinge que les Genevois pillèrent et incendièrent. Sonnaz les suivit jusqu'auprès de Monthoux, les chargea, et y fut tué avec cent des siens. Les troupes de Savoie rentrèrent à La Roche. »

A l'histoire du château de Polinge se rattache un épisode des guerres de Savoie, qui eut un certain retentissement à l'époque. Le duc Charles-Emmanuel de Savoie avait fait entreposer au château de Polinge des échelles destinées à la fameuse escalade des remparts de Genève, tentée par les Savoyards le 11 décembre 1602. Au moment choisi, ces échelles furent transportées à Genève par le fermier Chevallier, qui reçut le surnom d'Escalloux resté attaché depuis à sa descendance.

C'est au château de Polinge que mourut, le 17 septembre 1602, Mgr Claude de Granier, évêque de Genève, prédécesseur de Saint François de Sales, chez son neveu Philibert de Chissé, fils de sa soeur Marie de Granier. Le château assiégé quelques années auparavant par les troupes franco-genevoises, était alors fortement endommagé.

Polinge, réparé en partie en 1607, fut restauré en 1748 par Jean-Claude de Chissé.

Les de Chissé de Polinge portaient : « partie d'or et de gueules au lion de sable armé et lampassé de même brochant sur le tout ». Devise : « Toujours ».


182 LES ANCIENS CHATEAUX

Château de Magny

Ce château situé au hameau de Magny, près de Reignier, remonte, en partie, au XVIe siècle. La construction la plus ancienne de l'édifice est une tour carrée située derrière le château, du côté nord, qui daterait de 1400, et qui flanquait une demeure plus basse, constituant une seigneurie relevant des comtes de Genevois. Des tours et un mur d'enceinte disparus depuis 1860, défendaient ce manoir, sans lui donner toutefois la puissance d'une place forte. Actuellement, il comprend une belle et vaste maison d'habitation, entièrement réparée et confortable, dominée par la vieille tour carrée, avec façade principale au midi précédée d'une large avenue. Un magnifique parc l'entoure en lui donnant un aspect très accueillant. S'il n'a pas joué un rôle historique, il rappelle toute une lignée de gentilshommes distingués qui se dévouèrent au pays où leur descendance jouit encore d'une grande popularité. La famille Constantin de Magny qui possède ce château depuis le XVIe siècle, a donné des hommes de guerre et de lettres. Propriétaires de grands domaines, les membres de cette famille ont mené une vie patriarcale au milieu des agriculteurs en gagnant leur estime et leur affection.

Au début du XVIe siècle, le château de Magny et le vaste domaine qui l'entoure, appartenaient à Jehan Chevallier dont les deux filles épousèrent les deux frères Constantin, Etienne et Mamert. Marguerite Chevallier apporta à Etienne Constantin la seigneurie de Magny dont le nom s'ajouta


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désormais à celui de son époux, et qui demeura l'apanage de la branche aînée, avec anoblissement en 1560.

En 1622, Saint François de Sales autorisa l'érection d'une chapelle au château de Magny.

Au nombre des membres qui ont illustré cette famille, il convient de citer : Pierre III Constantin, châtelain de Cret d'Ot vers 1580. Le père Boniface Constantin de Magny, de la Société de Jésus, fils de Philippe et petit-fils d'Etienne précité, mort en 1652, qui a écrit plusieurs ouvrages importants, entre autres : « La Vie de Claude de Granier, évêque de Genève ; L'Eucharistie Couronnée ; l'Idée d'une Sainte Mort ; Historiae Sanctorum Apostolorum ; Hexameron, seu duorum mundorum ». Claude-François de Magny, surnommé le Diable Boiteux, né le 23 février 1693, mort en 1764, docteur de l'Université de Louvain, qui se distingua dans les lettres et fut bibliothécaire du maréchal d'Estrées, du roi de Pologne Auguste III, puis du duc de Richemont ; il a laissé des ouvrages de valeur écrits avec beaucoup d'esprit, dont les plus fameux sont : une Dissertation sur le Paradis Perdu ; I'OuilIia Putrida, et de nombreuses lettres. Claude-Melchior de Magny (1697-1780) fut capitaine au Régiment de Savoie. Un de ses fils, Louis-Marie de Magny, né en 1745, fut lieutenant-colonel au régiment de Chablais en 1816 ; un autre, Joseph-Marie de Magny, né en 1747, commanda le fort de Bard de 1796 à 1799. Charles-JeanBaptiste, seigneur de Magny, né en 1743, fut capitaine au régiment de Genevois. Louis-Joseph-François de Magny, né en 1789, fut major-provincial au régiment de Savoie en 1826. Emmanuel-Aimé-Alexis de Magny, né en 1820, fut capitaine au régiment de Savoie. Alexis-François-Marie de Magny, né en 1824, était colonel dans l'armée sarde. JosephLéon de Magny, ne en 1832, fut capitaine dans les zouaves pontificaux.

Les nobles Constantin de Magny portent : d'azur chargé d'un cerf d'or au dernier d'un chesne de sinople posé à la pointe du dit escu ; cimier : un cerf issant d'or ». Comme devise : Velocitate et constantia.

Ce château appartient actuellement à M. Charles-


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Edouard-Marie Constantin de Magny, ancien officier d'infanterie. (1)

(I) D'après le chanoine J. M., Chevalier, Monographie de Reignier, et notes de M. Ch. de Magny.

Château du Vivier

Sur le territoire de la commune de Scientrier, près de la vieille tour de Bellecombe, dans un site tranquille et retiré, le coquet petit château du Vivier, l'un des plus jolis du Faucigny, attire l'attention du promeneur par son aspect gracieux et accueillant. « C'est une demeure paisible et douce, élégante et robuste, écrit Léandre Vaillat ; son calme n'a rien de monotone et sa mélancolie n'a rien de la tristesse. »

C'est une maison carrée à deux étages, à la toiture surmontée d'épis de faitage, et flanquée d'une tour ronde au levant. Celle-ci renferme un escalier en colimaçon éclairé par de petites baies grillées ; elle est chaperonnée d'un toit en éteignoir sur un couronnement de meurtrières et de corbeaux en saillie. Au nord et au levant, des fenêtres à meneaux, style Renaissance.

Au premier étage, angle nord-est, une grande salle (la salle à manger), avec plafond à solives, ornée d'une haute et large cheminée et d'un beau mobilier, s'harmonisant avec le décor de la pièce, éclairée par deux fenêtres dans la profonde embrasure desquelles sont disposés des bancs de pierre. A côté, angle nord-ouest, une autre pièce, le salon, autrefois une chapelle, avec un magnifique plafond à poutrelles sculptées finement et différemment. On y voit encore


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de superbes meubles en bois ouvragé et une statue de Saint Maurice, qui remonterait au XVIe siècle. Au midi, des chambres faisant suite aux appartements.

Au deuxième étage, d'autres pièces ayant à peu près la même disposition et les mêmes dimensions.

Au rez-de-chaussée, de grandes salles affectées à l'office et aux divers services.

Au pied de la tour, sur la porte d'entrée, un écusson sculpté dans la muraille, reproduit les armes de la famille de Thoyre : « d'azur à la bande d'argent ».

L'inscription suivante, en lettres gothiques, y fut ajoutée : « Sola sollicitudo me fecit ».

Le Vivier, ancienne gentilhommière, très bien conservée, entourée de beaux ombrages et meublée avec un goût parfait, était une maison-forte dont la construction remonte à la fin du XVIe siècle. Ce château fut probablement construit par les seigneurs de Thoyre, après la destruction de leurs antiques manoirs de Boussy, Bellecombe, Syrier et Plagne, par les armées bernoise et genevoise, à la fin du XVIe siècle. Il possédait une tour semblable à celle du château de Polinge, reliée au toit à la même hauteur. Ce fut M. Demôle qui, vers 1850 l'éleva et en fit l'élégante tourelle actuelle.

En 1730, Le Vivier appartenait à Joseph de Thoyre qui avait épousé en 1709 Antoinette de la Val d'Isère. Il mourut sans descendant en 1762, en son château du Quarre, à Amancy. Il avait testé en 1753 en faveur de son neveu, le colonel baron Joseph-Prosper de la Val d'Isère. Ce dernier institua pour héritier son neveu Joseph-Joachim d'Allinges-Coudrée, dont le dernier du nom mourut en 1840, ne laissant pour lui succéder que des collatéraux parmi lesquels le marquis d'Alfieri di Sostegno, qui vendit tout ce qu'il possédait sur Reignier, Saint-Romain et Scientrier, en 1857, à l'avocat Demôle, agronome genevois qui, à son tour, revendit l'héritage à divers propriétaires, ne gardant que Le Vivier qui, à sa mort, passa à divers héritiers parmi lesquels la famille Roussel, propriétaire actuelle, qui en a fait une délicieuse résidence en l'aménageant dans le style


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de l'époque. C'est l'un des plus précieux vestiges du passé. (1)

(1) D'après les notes communiquées par M. F. Gaillard, huissier à Reignier.

A l'entrée du domaine du Vivier se trouve une pierre monumentale avec l'inscription « Sta Viator ». Voici son origine : En 1890, environ, un tailleur de pierre de La Roche avait reçu commande d'une pierre funéraire à placer sur une tombe du voisinage. Elle déplut à l'intéressé qui la laissa pour compte à l'ouvrier. Celui-ci la vendit au propriétaire du Vivier, M. Demôle, qui la fit placer à l'entrée de sa propriété avec l'inscription connue. (Note de M. le chanoine A. Gavard.)

Château de Baudry

Le château de Baudry (ou Boudric, Boudry) à Arthaz, au bord de la route de Bonneville à Genève, aurait été construit par Raymond de Baudry (mort avant 1543) à la fin du XVIe siècle (1). Il est mentionné dans une reconnaissance à Bonne, du 29. mai 1501. Une date beaucoup plus ancienne relevée sur une cheminée, le ferait même remonter au XIVe siècle. Des substructions de murs ont été découvertes au sud du château, ce qui laisse supposer qu'il aurait remplacé un autre château plus ancien, possédé par la noble famille d'Arthaz, à laquelle appartenait la mère de Raymond de Baudry et qui venait de Bonne.

Ce château consiste en une belle maison carrée à deux étages. On peut y voir deux jolies portes gothiques anciennes au rez-de-chaussée ; des plafonds à poutrelles ; plusieurs fenêtres gothiques et à meneaux ; une cheminée de

(1) D'après A. de Foras,


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pierre. Sur la façade sud-ouest, une grosse tour ronde, avec escalier en colimaçon, qui fut réparée en 1828-29 par Gaspard-Philibert de Baudry, ex-garde du Corps de Sa Majesté. Aux angles nord et est, des tours rondes plus petites, percées de meurtrières, encadrent une terrasse. Près du château existait l'ancienne église d'Arthaz, aujourd'hui démolie et remplacée par une chapelle construite en 1851 par le chanoine Joseph-Louis de Baudry ; son tombeau ainsi que celui de sa soeur la comtesse de la Fléchère de Veyrier, se trouvent tout près de cette chapelle.

Raymond de Baudry précité, était petit-fils de noble Etienne de Baudry, châtelain de Cluses en 1409, et fils de François de Baudry, de Bonne. Il eut un fils, Loys, père d'Alexandre et de Jean de Baudry. Ce dernier eut six enfants dont Charles, père de Claude-François. La branche aînée s'est éteinte avec Louis-Victor de Baudry, mort à Arthaz, le 31 mai 1854, laissant deux filles, Marie, épouse de Clément Raphy, de Saint-Sixt, et Hélène, épouse d'Edouard Chardon, de Bonneville. Cette branche contracta de belles alliances avec les familles de Sales (1659), de Foras, de Livet de Moisy, Saultier de la Balme, de Machard de Chasey, du Clos de Bonne. La branche cadette s'est éteinte avec le chanoine Joseph-Louis de Baudry, vicaire général de Tulle et d'Annecy, écrivain renommé, mort à Carouge le 2 avril 1854, fils du comte GaspardPhilibert de Baudry, sénateur.

Les de Baudry qui avaient reçu le titre de comte au XVIIIe siècle, portaient : « d'azur à 3 fleurs de lys d'or posées en pal, flanqué en arc de cercle d'argent. » (2)

(2) D'après les notes communiquées par M. Louis Pfister et J. M. Chevalier, Monographie de Reignier.


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Château d'Arenthon

Ce château, bien conservé, présente un type très caractéristique des anciennes gentilhommières du XVII siècle. Il est situé au village d'Arenthon, à mi-chemin entre Reignier et Bonneville. Son architecture très sobre est celle d'une habitation spacieuse et confortable et non d'une maison-forte. C'est un vaste bâtiment d'un seul étage, de forme trapézoïdale, aux ailes ouvertes à angle obtus, orienté face au couchant. Une inscription gravée sur la façade principale, porte la date 1628, qui est probablement celle de sa construction.

Cette façade percée de 13 fenêtres de 2 mètres 30 de hauteur, et que resserrent deux ailes, sur la cour d'honneur, était précédée autrefois, d'une belle avenue de peupliers. A gauche du portail, un petit pavillon avec de jolies fenêtres Renaissance, ancienne conciergerie, est l'ouvrage le plus intéressant au point de vue architectural. A droite, des rustiques, à l'usage du château.

Une porte cochère, à l'intersection du corps central et de l'aile droite, s'ouvre sur une allée voûtée, tournant légèrement de côté et traversant tout le rez-de-chaussée pour aboutir au parc qui s'étendait derrière le château. A droite de cette voûte, immédiatement en entrant, un bel et large escalier donne accès aux appartements du premier étage, desservis par un étroit vestibule. Deux armoiries sont peintes sur la cloison. Les salles, qui ont été transformées, étaient plus vastes, très éclairées, avec des plafonds à poutrelles. Dans l'aile droite se trouvaient les cuisines et dépendances, reliées à la cour par un petit escalier intérieur.


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Dans la partie centrale, du côté levant, le grand salon qui communiquait avec la salle à manger donnant sur la grande cour. Derrière, sur le parc, la chambre dite du général, puis, à la suite, une petite chapelle à laquelle conduit un escalier tournant. Un tableau reproduisant un portrait de saint François de Sales, est resté fixé au-dessus de l'autel.

L'aile gauche, qui comprenait la suite des appartements, est flanquée à l'un de ses angles extérieurs, d'une tourelle ronde qui contient un escalier en colimaçon. Un balcon en encorbellement surmontait le porche de sortie de l'allée du rez-de-chaussée, donnant sur le magnifique parc réputé pour ses ombrages, mais aujourd'hui entièrement rasé. Derrière l'aile droite, avait été creusé un étang entouré autrefois de beaux arbres et servant de vivier, d'une superficie de onze ares, et dont les eaux, en se déversant, actionnaient un moulin situé en contre-bas, du côté du village. Une poterne carrée, sur la rive, donnait accès à cet étang.

Aujourd'hui, transformé en habitation rurale, ce château a conservé les grandes lignes de son architecture, et son propriétaire actuel a su heureusement respecter tout ce qui pouvait lui garder son cachet ancien.

La seigneurie d'Arenthon appartenait primitivement à la maison de Faucigny-Lucinge. Par suite d'alliance entre Edouard de Conzié, capitaine aux gardes, et une héritière de Lucinge, en 1705, elle passa à la famille de ce gentilhomme qui la transmit à son fils François-Joseph de Conzié, comte de Chanaz, seigneur des Charmettes, baron d'Arenthon, député de la noblesse en 1746, ami de JeanJacques Rousseau.

La famille de Conzié était originaire du château de ce nom, situé à Bloye, près de Rumilly. Le comte de Conzié acheta en 1744 du marquis des Marches, le comté de Boringe avec les fiefs s'étendant sur les paroisses de Reignier, Scientrier, Arenthon, Saint-Romain, pour les annexer à la baronnie d'Arenthon possédée par sa mère. Etant resté célibataire, il institua pour ses héritiers, les comtes de Ger-


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baix de Sonnaz, d'Habère, fils de Claudine-Magdelaine de Conzié.

L'illustre famille de Sonnaz, qui compte 12 généraux est originaire des environs de Chambéry. Elle aurait pour ancêtre Guillaume de Gerbaix, seigneur de Sonnaz, grandmaître des Templiers, de 1244 à 1250. Un tableau placé dans le château d'Arenthon, avec une inscription, rappelait les traits et les mérites du vaillant guerrier, qui mourut au cours de la première croisade, près de Mansourah (1).

La seigneurie de Sonnaz fut érigée en comté par le duc de Savoie en 1681.

Le château d'Arenthon a été vendu par Mme la baronne de Livet, née de Sonnaz, à M. Dumarais, en 1924.

La famille de Gerbaix de Sonnaz possède encore d'autres châteaux en Savoie, près de Chambéry, à Thonon, à Habère-Lullin.

Les Gerbaix de Sonnaz portent : « d'azur au chef d'argent chargé de trois étoiles de gueules ».

(1) Pour la biographie des généraux de Gerbaix de Sonnaz, consultez A. Anthonioz, Les Généraux Savoyards.

Château de Marcossey

Trois châteaux ont appartenu à la noble famille de Marcossey, dans le Faucigny, dont deux à Viuz-en-Sallaz ; l'un à Brénaz dont il ne reste que les vestiges d'une tour ; l'autre au nord de Brégny.

Ce dernier, aujourd'hui à l'état de ruines, remontait au XIIe siècle. Il était bâti sur un tertre entouré de fossés.


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La façade principale, au midi, comportait une entrée avec pont-levis en bois, encadrée par deux tours d'angle ; à l'ouest, une tour ronde, à l'est, une tour carrée. Derrière cette façade, une grande cour rectangulaire, au milieu de laquelle, face au pont-levis, s'ouvrait la porte du manoir. Derrière la tour ronde, une petite cour carrée ; à la suite de celle-ci, au nord-ouest, des bâtiments comprenant là grange et les écuries. Au milieu de la façade nord, une tour carrée. Le château avait la forme rectangulaire et était orienté de l'ouest à l'est. Les murs extérieurs avaient huit pieds d'épaisseur. Ainsi défendu, ce château pouvait soutenir un siège, (1).

Marcossey, qui relevait des sires de Faucigiry jusqu'en 1309, fut ensuite sous la dépendance des évêques de Genève. Philippe de Marcossey l'agrandit considérablement en 1514. Il fut détruit en 1589 par les Bernois et Genevois. « Ceux-ci s'en emparèrent le 14 avril ou le 4 avril (vieux style). Sur la fin du mois de mai, le baron d'Hermance, ayant repris Saint-Jeoire, vint menacer le château de Marcossey (29 mai), mais il dut se retirer à l'arrivée d'un puissant renfort envoyé de Genève à la garnison. Peu de jours après, 6 juin, celle-ci jugeant la place intenable, abandonna Marcossey qu'elle livra aux flammes. Les Savoyards y trouvèrent encore quelques provisions. Le château ne fut pas relevé. » (2).

La famille de Marcossey comprend deux branches : la première établie près de Scionzier (au château de Mussel, brûlé par les Bernois en 1589, suivant Grillet), ayant comme tige Rodolphe de Marcossey (1236), père de Guillaume Fournier de Marcossey, évêque de Genève (1366-1377) ; la deuxième, celle de Viuz, ayant comme tige Lancelot, père de Jean de Marcossey (1275), dont le fils Claude (1376) eut trois fils, Gaspard (1469), Jean-Louis et Jean (1481), père de Jean, prieur de Peillonnex (1477-1505), enseveli dans l'église de Peillonnex, de Claude (1484) et de Jacques

(I) D'après l'abbé E. Rollin, Monographie de Viuz-en-Sallaz et Ducis.

(2) Chanoine Gonthier.


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(1487), vice-châtelain de Bonne. Charles, troisième fils de Claude, fut prieur de Peillonnex (1505-1521) ; son frère Philippe (1541) eut un fils Gaspard (1559) et un petit-fils Jean-François, père de Jean de Marcossey, seigneur de Goint, Essey, Passavant, baron de Saint-Georges d'Haussonville en Lorraine, fait comte en 1618 par Charles-Emmanuel le Grand, duc de Savoie. Jean de Marcossey étant mort sans enfant à Nancy (1620), le comté fit retour à la couronne de Savoie (3).

Les nobles de Marcossey portaient « d'azur au lévrier d'argent accolé de gueules ».

(3) D'après l'abbé Rollin, Monographie de Viuz-en-Sallaz et le chanoine A. Gavard, Peillonnex.

Château de Thyez

« Thyez (ou Thy, Thyz, Tez), était un château des évêques de Genève, sur le ruisseau de ce nom, dans la terre de Salaz en Faucigny ; il a porté aussi le nom de Viuz ou de Salaz, d'après le nom de son chef-lieu ou de sa châtellenie de Thyez. » (1).

Ce château se trouvait près de Viuz-en-Sallaz (et non en aval de Cluses, comme certains l'ont cru). Son origine doit remonter au début du XIIe siècle. Il appartenait primitivement aux sires de Faucigny. Ardutius de Faucigny, évêque de Genève, fils de Rodolphe Ier, hérita de ce château qu'il légua, à sa mort (1185), avec le mandement de Thyez,

(1) Regeste Genevois.


CHATEAU DE BEAUREGARD

CHATEAU DU VIVIER



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aux évêques de Genève, ses successeurs (2). Dès lors il resta leur propriété.

Il était bâti sur les bords d'un marais, au-dessous de Ville-en-Sallaz. Le mot Thyez signifie, d'après Blavignac, « maison-forte sur les eaux » Il formait un quadrilatère avec entrée principale à l'est, sur une cour rectangulaire, « plantée d'ormeaux », dans le sens de la façade du château orientée nord-sud, flanquée d'une tour carrée au midi, d'une tour ronde au nord, et percée au milieu, d'une porte; une autre tour ronde défendait l'angle sud-ouest. Les bâtiments mesuraient 33 mètres de longueur sur 21 mètres de largeur. Il était baigné par les eaux du marais sur les côtés nord et ouest (3). Le dauphin Humbert s'en empara en 1291 (4).

Les évêques de Genève venaient souvent faire des séjours à leur château de Thyez. Saint François de Sales s'y trouvait en juillet 1607. Ils étaient tenus à un simple hommage envers les sires de Faucigny, en raison de leurs anciens droits sur ce territoire, mais ils recevaient hommage des titulaires des fiefs relevant de leur souveraineté. Un vidomne puis un châtelain administrait le château et le mandement.

Aujourd'hui, il ne reste presque rien de l'antique demeure des évêques.

(2) Besson.

(3) D'après l'abbé E. Rollin, Monographie de Viuz-en-Sallaz.

(4) Regeste Genevois.


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Château de Beaurégard

Le château de Beauregard est l'un des plus beaux et des plus pittoresques du Faucigny. Il est situé à SaintJeoire-en-Faucigny, sur une butte qui domine la ville, et abrité par le versant boisé des Brasses. Il fut bâti au XIIIe siècle, mais brûlé par les Bernois et Genevois en avril 1589, et restauré ensuite (1).

Les bâtiments sont orientés du nord-ouest au sud-est, et se composent d'une grande maison carrée haute de trois étages, prolongée au sud-est par une annexe moins élevée, et flanquée au nord d'un beau donjon contenant un escalier. Le rez-de-chaussée du corps principal, autrefois à l'usage de caves, a été transformé en belles salles voûtées, aménagées en salons. Sur la cour nord, s'élèvent d'autres bâtiments moins importants et de construction récente.

Ce manoir se dresse sur une vaste esplanade entourée de trois tours rondes qui étaient reliées autrefois par un mur d'enceinte. Celle qui est située au nord-ouest abrite la chapelle, réparée sous Louis-Philippe, et dans laquelle Saint François de Sales aurait célébré la sainte messe ; elle domine un petit étang. Au-dessous de cette esplanade, s'avance une large terrasse carrée, flanquée d'échauguettes en poivrières aux angles, et couronnée d'un mur crénelé.

Depuis 1260, ce château est resté la propriété des comtes de la Fléchère. Cette famille qui, suivant certains historiens, serait originaire d'Irlande (Flescher), se serait établie dans le Faucigny sous le règne de Pierre de Savoie

(1) D'après Jules. Vuy (chanoine François de Ronis, lettre du 29 avril 1589) ; Mém. Acad. Chablaisienne, tome IV, p. 176-177.


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et Agnès de Faucigny. Dès 1236, elle est mentionnée en Savoie avec Pierre de La Fléchère, témoin à Cluses, à une convention entre Aymon II, sire de Faucigny, et le prieuré de Chamonix. Cette famille est donc l'une des plus anciennes de notre vieille province où elle a tenu un rang très honorable dès le XIIIe siècle. Dans lé courant du XVIIe siècle, Jacques de La Fléchère s'unit à Antonie de Bellegarde, une des dernières descendantes de la branche de Bellegarde, en Faucigny, qui ajouta son nom à celui de son époux. Les comtes de La Flechère-Bellegarde, seigneurs de Beauregard (Saint-Jeoire), ont continué cette noble famille dans le Faucigny et conservé le vieux manoir. Ils portent « d'azur au sautoir d'or cantonné de quatre aiglettes d'argent. »

Plusieurs membres de cette famille méritent d'être signalés : Henry de la Fléchère, châtelain de Faucigny en 1441 ; son neveu Aymon de la Fléchère, châtelain de Faucigny, 1441-1462 ; Nicod de la Fléchère, châtelain de Faucigny, 1463-1486. Guillaume de la Fléchère, conseiller ducal vers 1438, se transporta en Chablais, au château situé à Concise, qui joua un rôle assez important dans les guerres du XVIe siècle, et sur les ruines duquel fut construit au XIXe siècle un couvent de capucins. Le Rd M. François, prieur de Sillingy, qui fut parrain de Saint François de Sales en 1567. François-Melchior de la Fléchère, capitaine d'une compagnie de l'Escadron de Savoie, qui possédait la maison-forte de la Fléchère à Saint-Jean-de-Tholome. Trois généraux ont illustré cette ancienne famille savoyarde : Claude-Joseph de la Fléchère, seigneur de Cormand, lieutenant-général au Régiment de Roussillon, mort en 1749. Le comte Pierre de la Fléchère, né à Saint-Jeoire, qui fut gouverneur de Cagliari et défendit vaillamment cette place en 1793 contre la flotte française ; puis gouverneur d'Ivrée et de Coni en 1794 ; président du Conseil suprême de l'administration du Piémont en 1800. Il mourut à Saint-Jeoire où il s'était retiré. Le roi Victor-Amédée III le nomma grand croix de l'ordre des SS. Maurice et Lazare.


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LES ANCIENS CHATEAUX

Le comte Georges-François de la Fléchère né en 1775, fut gouverneur de la province de Sassari en 1825 et reçut le commandement de la province de Savoie en 1829. Grand croix de l'ordre des SS. Maurice et Lazare.

De ce château, le regard s'étend sur un cadre magnifique de montagnes, entre autres le Mont-Blanc avec le Mont-Maudit et le Tacul, justifiant ainsi le nom de Beauregard. (2).

(2) D'après les notes communiquées par M. le Comte H. de la Fléchère ; d'après H. Tavernier, Histoire de Mieussy ; A. Anthonioz, Généraux Savoyards ; et notes communiquées par M. le chanoine A. Gavard.

Château de Montanier

Sur une colline dominant le bourg de Samoëns, se voient encore les ruines de l'ancien château de Montanier (castrum Montanerii, ou Montagnier, Montagny), dont le nom rappelle sans doute sa situation au milieu des montagnes, nommé aussi, vulgairement et improprement Tournelette.

Ces ruines forment une enceinte presque circulaire de 75 mètres de circonférence. Une ouverture ronde de 15 centimètres de diamètre perce l'épaisseur des murs au couchant. D'après les comptes des anciens châtelains, on peut reconstituer ainsi, en partie, ce manoir : A l'intérieur, une petite et une grande prison, plusieurs salles à plafond lambrissé, une grande pièce dite la Chambre (aula), des escaliers en bois. Du couchant, une ouverture oblongue, l'archière. Le toit couvert en bardeaux ou tavaillons cloués.


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Au-dessus du toit, une tour avec pommelles revêtues de tôle. Une grande porte d'entrée au levant (1).

Albanis Beaumont fait remonter la construction de ce château à l'époque burgonde. L'église de Samoëns existe déjà en 1167. Mais Montanier n'est mentionné qu'à partir de 1309, lors du mariage du dauphin Hugues avec MarieCatherine, fille du comte Amédée V de Savoie, à Bonneville ; l'époux donne en hypothèque plusieurs châteaux parmi lesquels celui de Samoëns.

On a prétendu que Montanier pouvait correspondre avec le château de Chàtillon par des signaux lumineux. Il commandait le mandement de Samoëns. C'était le château du prince, la résidence du châtelain, le lieu des assemblées, de la curie. Au nombre des châtelains de Montanier on relève les noms les plus illustres de l'époque, les de Compeys, de Bellegarde, de Menthon, de Graveruel, de Gex, etc.

En 1339, Hugues de Genève, sire de Varey, l'un des plus grands capitaines de l'époque, lieutenant principal du dauphin pour le Faucigny, adversaire acharné de la Maison de Savoie, reçoit de ce dernier, en fief, le château de Montanier.

Par les traités de 1354 et 1355, Samoëns avec le Faucigny passèrent à la Couronne de Savoie.

Le château de Montanier fut vraisemblablement détruit lors de la prise et de l'incendie de la ville de Samoëns par les Valaisans, le 11 juin 1476 (2).

(1) D'après H. Tavernier, Samoëns. (2) Ibid.


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Château de Châtillon

Au nord-ouest de Cluses, entre le dôme d'Agy et le pic d'Orchez, s'ouvre le col de Châtillon, qui fait communiquer les vallées de l'Arve et du Giffre. A la partie méridionale de ce passage, se dressent sur un piton, les ruines de l'antique château de Châtillon (castrum Castillionis), jadis le plus important de la province après celui de Faucigny, et qui a donné son nom à la pittoresque bourgade bâtie en cet endroit.

« Ces ruines, en forme de parallélogramme, s'étendent du nord-est au sud-ouest. Le corps principal de l'édifice a 24 mètres de longueur sur 17 mètres de largeur, le tout non compris les murs qui, à hauteur d'homme, ont 1 m. 30 d'épaisseur. Du côté de la montagne, la façade haute de 10 pieds, tapissée de lierres, percée de trois ouvertures superposées, offre des baies sans croisées. A l'opposite se voient les restes d'une tour quadrangulaire à 3 étages. Les moellons en grès sont reliés par un ciment très dur. » (1).

« Ce château était entouré d'un mur très épais avec créneaux. Au levant, montait depuis le bas de l'escarpement, un glacis solide, sur lequel ce mur était bâti. Il y avait trois tours, d'importance et de grandeur inégales. L'une sur la porte principale et la défendant ; la herse devait s'engaîner dans son mur extérieur. Au sommet était la place de la gaîte ; elle s'appelait la première ou la grande tour. Il en existait une seconde et Bonne de Berry en fit

(1) D'après H. Tavernier, Taninges et le chanoine J. M. Lavorel, Cluses et le Faucigny. Nous ne saurions mieux faire que reproduire les descriptions de ces deux historiens.


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bâtir une troisième. Il y avait aussi une tourelle (tornella). Deux salles de cour, l'une plus grande appelée magna aula, l'autre d'importance moindre. A côté était une grande chambre (magna camera), probablement l'appartement du seigneur. Il y avait une chapelle (2) avec une porte extérieure et, tout près de l'entrée du château, la chambre de l'aumônier. Le chauffoir (charforium) devait être aussi à cet étage. Il n'est pas question d'escaliers. Sans doute il en existait à l'intérieur et dans les tours ; mais les offices, chambres des approvisionnements, réfectoire des serviteur, devaient être suffisamment enterrés du côté nord, pour qu'on entrât de plain-pied dans l'étage supérieur. Il y avait une prison pour les malfaiteurs ordinaires, et un ratier ou prison souterraine, pour les voleurs, les homicides et les traîtres. Il y avait aussi d'autres souterrains, des caves, des écuries et dépendances. Au-dessus des salles de cour se trouvait une salle appelée' la chambre ferrée, puis une pièce désignée sous le nom de garde-robe. A la façade extérieure de celle-ci était un balcon recouvert d'un toit que supportaient des colonnes. Il y avait en outre, les appartements de la Dame, ceux des étrangers, les chambres des écuyers. » (3).

« Le château de Châtillon avait été réparé par Pierre de Savoie, vers 1260. Le Comte-Vert y fit exécuter de nombreux travaux, pour cause de vétusté. De 1368 à 1371, l'antique manoir se rajeunit. On démolit les courtines, depuis la première porte du château jusqu'en regard de Bonneville. On répare les prisons. On construit un portail à l'entrée du mur d'enceinte, et une grande porte ailleurs ; on rétablit ce mur, y compris le glacis et les créneaux. On refait une ouverture près de l'entrée de la chapelle ; on adapte à celle-ci deux fenêtres et une à la tourelle. Dans l'intérieur, on répare les murs, on refait les cheminées avec leurs manteaux. » (4).

(2) D'après le baron Raverat, l'église actuelle de Châtillon serait l'ancienne chapelle du château.

(3) Chanoine Lavorel, Cluses et le Faucigny. (4) Ibid.


200 LES ANCIENS CHATEAUX

Comme pour tous les châteaux de cette époque, les toits étaient recouverts d'encelles ou tavaillons fixés par des clavins.

Châtillon appartint primitivement à une noble famille de ce nom. L'histoire mentionne Alimar de Châtillon en 1178-1185 et son fils Turumbert en 1210 ; Conon en 1203, et Girard en 1209 (5). Au XIIIe siècle, le château appartient à Aymon II, sire de Faucigny. Sa fille Agnès, son héritière, est fiancée à Pierre de Savoie, le Petit Charlemagne, à Châtillon en février 1234. Leur fille, Béatrix de Faucigny, la Grande Dauphine, épouse à Châtillon, Guigue VII, dauphin de Viennois en 1250 ; elle garda ce château jusqu'à sa mort. Le dauphin Humbert II inféoda à sa tante Béatrix de Viennois d'Arlay, le mandement de Cluses et Châtillon. Le château resta encore pendant cinquante ans aux mains des héritiers de Béatrix, jusqu'à l'abandon que Jean de Chalons-Arlay fit de tous ses droits au duc Amédée VIII (13 janvier 1406). Dès lors, Châtillon cesse d'être une demeure princière ; il ne sera plus que la résidence du bailli, des châtelains du mandement, jusqu'au jour inconnu de sa destruction. Certains historiens prétendent qu'il fut brûlé par les Bernois en 1589, et qu'avec ses débris on bâtit l'église actuelle ; d'autres pensent qu'il fut abandonné et tomba de vétusté (6).

(5) Regeste Genevois.

(6) D'après H. Tavernier, Taninges.

Château de Bellegarde

A environ un kilomètre en amont de Magland, sur la rive droite de l'Arve, au débouché de la gorge sauvage de


DU FAUCIGNY 201

la Colonnaz, se dresse une haute tour carrée appelée la Tour de Bellegarde. Ce bâtiment d'aspect rigide, coiffé d'une haute toiture, assez bien conservé quoique transformé intérieurement par ses nouveaux habitants, est entouré de rustiques qui ont occupé peu à peu les constructions annexées à ce donjon et qui formaient autrefois l'important château de Bellegarde. La Tour de Bellegarde, très élevée, se voit de tous les points de cette vallée. Son principal intérêt serait d'avoir été le berceau de l'illustre famille de Bellegarde (1), qui s'installa ensuite à Sallanches et à Mieussy. Cette famille a donné des baillis et vicebaillis du Faucigny. Les de Bellegarde étaient mestrals de Cluses (1496). Ils dûrent occuper le château de BellegardeMagland jusqu'à la fin du XVIe siècle et ensuite se fixèrent de préférence à Sallanches.

Au nombre des plus anciens membres de cette famille, nous relevons Aymon de Bellegarde, cité en 1205. Mermet, fils de feu Henri de Bellegarde en 1289. Claude de Bellegarde, qui épouse Françoise d'Amidoux en 1583. Leur fils Claude, syndic de Cluses en 1626, seigneur de Ponthior, épouse Bernardine de Verboz. Sébastien de Bellegarde est possesseur de la maison-forte de Magland en 1632. CharlesClaude de Bellegarde, petit-fils de Claude, épouse Guillermine de l'Isle vers 1681. Antoine de Bellegarde, seigneur de Ponthior est syndic de Cluses en 1655.

Suivant Charles-Auguste de Sales, la famille de Bellegarde serait originaire de Mieussy (Missier ou Messy, hameau de Mieussy) mais, en réalité, le fondateur de la branche de Mieussy est Jacques de Bellegarde (1414-1448), fils de Jean, originaire de Sallanches, marié à Priste de Berbey.

Le château de Bellegarde, avec les biens en dépendant, fut constitué en dot à la marquise de Wuache de Chaumont, dont le bisaïeul, Jacques de la Fléchère, seigneur de Beauregard, épousa Antonie de Bellegarde, fille de PierreNoël de Bellegarde, de Sallanches, dernière descendante de cette ancienne maison du Faucigny, qui lui apporta le dit château de Bellegarde lequel, délaissé en raison de sa

(1) D'après A. de Foras, Armorial.


202 LES ANCIENS CHATEAUX

situation, tomba peu à peu en ruines. La noblesse de cette famille est de temps immémorial. Les de Bellegarde, seigneurs du Praz, de Ponthior, des Presrin, Bougé, Miribel, etc., portaient : « d'argent à trois pals de sable à la fasce de gueules brochant sur le tout, chargé de trois heaumes d'argent. »

Une autre famille appelée Noyel de Bellegarde, originaire des environs de Chambéry, s'est installée à ReignierSaint-Romain et en Autriche.

Les Châteaux de Sallanches

D'après certains historiens, le nom de Sallanches apparaîtrait au XIe siècle, époque où les sires de Faucigny y auraient restauré un ancien château burgonde. Son emplacement n'a pas encore été précisé, plusieurs châteaux ayant été reconstruits en cet endroit. Celui de Bourbonge paraît être le mieux désigné si nous le comparons aux différentes constructions de l'époque burgonde et à leur situation stratégique.

En 1263, Pierre de Savoie, époux d'Agnès de Faucigny, fil élever un château-fort à Sallanches, sur les terres possédées par son beau-père Aymon de Faucigny (1).

Au milieu du XVIIe siècle, la cité de Sallanches possédait plusieurs châteaux, la plupart encore debout aujourd'hui, mais en partie détériorés ou transformés. Il nous est cependant relativement facile de les reconstituer d'après leurs intéressants vestiges (2).

(1) Regeste Genevois.

(2) Reconstitution d'après Moentjens : Théâtre des Etats de S. A. R. le duc de Savoie, et Monod, Guide de Sallanches.


DU FAUCIGNY 203

Sur la terrasse qui domine la place de la Grenette s'élevait le château de Montagny (actuellement maison Brêche), appelé aussi autrefois Tour de Fer, vaste bâtiment carré flanqué d'une tour ronde au sud-est, avec de beaux appartements spacieux, et qui appartenait aux seigneurs de Loche de Montagny. Les Français le démantelèrent en partie en 1793, parce que son propriétaire prit part à la bataille de Méribel et combattit dans les rangs des troupes sardes ; il a été restauré depuis.

A l'entrée de la gorge de Lévaud, le château des Rubins (du XIVe siècle), se dresse sur un bloc de molasse. C'est l'un des mieux conservés. Il comporte un bâtiment carré, à plusieurs étages, avec de balles fenêtres à meneaux au linteau en accolade, sur la façade nord, de chaque côté d'une haute tour carrée percée de cinq baies grillées superposées ; la toiture surmontée de deux épis, repose sur une crénelure ; sur les côtés, des corbeaux en saillie devaient soutenir des hourds de bois ; une échauguette s'appuyait à l'angle sud-ouest de cette tour. De l'autre côté du bâtiment principal, s'élevait une autre tour carrée dont la partie supérieure s'est écroulée. Ce château était muni autrefois d'échauguettes aux quatre angles. Il appartenait aussi aux seigneurs comtes de Loche, baillis du Faucigny.

Quatre membres de cette ancienne et illustre famille furent bailli du Faucigny : Jean de. Loche, en 1563 ; Pierre de Loche, fils du précédent, en 1578 et en 1600 ; François de Loche, seigneur de Montagny, la Balme, en 1650 ; Gaspard de Loche, en 1658. Les de Loche portaient « de gueules à trois glands d'or, au chef d'argent, au croissant d'azur. »

Au-dessus de l'église, le château de Disonche, bâti par Antoine de Bellegarde, demeuré intact, large et haute maison rectangulaire, surmontée d'une toiture très élevée s'appuyant sur des merlons, où séjournait le juge-mage du Faucigny, fut possédé par les familles de Bellegarde, de Menthon, de Regard.

Un peu plus à l'ouest, sur le même coteau, le château de la Frasse, conservé à peu près dans l'ancien état, cons-


204 LES ANCIENS CHATEAUX

truit en 1602, possédé de 1680 à 1732 par les seigneurs marquis d'Oncière de la Serraz (aujourd'hui pensionnat des Soeurs) présente une grande bâtisse carrée flanquée au levant d'une tour ronde s'évasant dans le bas.

Au-dessous de Disonche, à l'ouest de l'église, le petit château de Pormonay, maison-forte carrée, flanquée d'une tour ronde au midi, appartenait anciennement aux de Compeys, ensuite aux de Loche.

Au hameau de Saint-Joseph, s'élevait jadis la Tour de Bellegarde, château des seigneurs de Beauregard, aujourd'hui rasé, édifice quadrangulaire flanqué d'une tour carrée à l'est et d'une tourelle au nord-ouest, qui passa par alliance en 1655 aux nobles de la Fléchère et en 1744 à Joseph-Marie de la Grange, comte de Taninges, et dans lequel Saint François de Sales vint un jour, sur l'ordre de son père, rendre visite à une demoiselle Suchet qu'on voulait lui faire épouser (3).

Sur la colline qui s'élève entre les gorges de la Frasse et de la Sallanche, se dressait le puissant château de Bourbonge, des seigneurs comtes de Menthon, vaste bâtiment entouré de murs et de bastions, sur une terrasse imprenable, dominé par une grosse tour carrée ou donjon, haute jadis de 16 mètres, munie d'échauguettes à ses quatre angles. Une autre tour, plus petite, surplombait la gorge profonde de la Sallanche, à l'extrémité de la cour d'honneur. Le corps du logis, qui présente encore quelques fenêtres grillées dans ses épaisses murailles, et une ancienne porte ogivale, est transformé actuellement en maison de ferme.

(3) Vie de Saint François de Sales, par Gonthier et Letourneau, I, p. 107.


DU FAUCIGNY 205

Château de Saint-Michel

Les ruines de l'ancien château-fort de Saint-Michel se dressent sur un rocher boisé, que longe la rive gauche de l'Arve, en amont de Servoz. Le site est très pittoresque. Les deux versants de l'étroite vallée, que Victor Hugo a comparée à un tombeau, se resserrent comme un sombre couloir. Autrefois, le lac de Servoz baignait le pied du rocher de Saint-Michel. Ce décor sauvage a impressionné les imaginations fécondes et inspiré des légendes. Il semble d'ailleurs établi que « le fantastique château des Rosières » ne fut autre que celui de Saint-Michel (1).

Ce château n'a conservé pour tout vestige, qu'une tour et quelques pans de murs. Il se composait d'un bâtiment de forme rectangulaire, orienté nord-ouest, sud-est, mesurant environ 24 mètres sur 12 mètres, percé de meurtrières à l'est, et flanqué à son extrémité sud-est d'une haute tour ronde, de 4 mètres de diamètre intérieur, dont les ruines s'élèvent encore à une dizaine de mètres et ne présentent pas d'ouverture. L'entrée principale devait se trouver au nord-ouest.

Sur l'emplacement des ruines de Saint-Michel devaient exister primitivement des constructions, ainsi que le prouverait l'acte du 26 octobre 1289, par lequel Richard de Villette, prieur de Chamonix, cède en fief à Béatrix de Faucigny « le molard du Lac avec ses bâtiments ». Ces

(1) L'ancien lac de Servoz, disparu vers le IIe siècle de notre ère, occupait une large superficie, soit depuis les marais dénommés Les Rosières (roseaux, en patois), au pied du rocher de Saint-Michel, jusqu'audessus du tunnel du Châtelard, où l'on voit encore les parois polies du déversoir naturel, au-dessous duquel fut percé un canal souterrain, à l'époque gallo-romaine. Il fut peu à peu comblé par les alluvions de la rivière et se déversa par suite de l'effondrement de sa partie inférieure, en laissant un petit lac aux Rosières.


206 LES ANCIENS CHATEAUX

constructions furent vraisemblablement édifiées pour la défense de la région, et l'on peut même supposer qu'elles remontaient à une époque très ancienne, soit à la fin du Ier siècle de notre ère, lorsque les Ceutrons, par suite de la délimitation de l'an 74, durent abandonner aux Allobroges leur camp fortifié du Châtelard qui jusqu'alors défendait leurs possessions dans la haute vallée de l'Arve. Bien que la paix régnât en ce temps là entre les deux peuplades, il paraît naturel que les Ceutrons aient jugé prudent de fortifier leur nouvelle frontière sur les rives du lac de Servoz. On peut donc en conclure que ce château, dès le début, n'a servi qu'à protéger la haute vallée de l'Arve, soit le territoire du Prieuré, comme forteresse occupée en temps de guerre seulement.

Les prieurs de Chamonix, et Béatrix de Faucigny ensuite, tenaient ce château en fief de l'abbaye dé SaintMichel de la Cluse, en Piémont (d'où sans doute le nom de Saint-Michel).

Par suite de la cession de 1289, Béatrix fit reconstruire cette place forte qui porta désormais le nom de Château de Saint-Michel du Lac (castrum Sancti Michaelis de Lacu) ainsi qu'il est désigné en 1319 dans la reconnaissance passée par Hugues, dauphin de Viennois, petit-fils de Béatrix, en faveur de Guillaume de Villette, prieur de Chamonix.

Catherine, fille du dauphin Humbert II, est qualifiée Dame de Servoz et de Saint-Michel du Lac en 1341.

La châtellenie de Saint-Michel fut réunie à celle de Montjoie jusqu'au traité de 1355 où elle passa à celle de Servoz nouvellement détachée de celle de Montjoie.

Par une transaction du 2 mai 1435, entre Jacques de Crecherel, prieur de Chamonix et Humbert de Chissé, châtelain de Servoz, ce dernier rétrocéda au prieur le château de Saint-Michel. L'avouerie ou garde de la vallée fut remise au duc de Savoie qui, en cas de guerre, pouvait faire occuper militairement le château (2).

(2) D'après les notes communiquées par M. Léon Félisaz, géomètre à Servoz.


TABLE DES MATIÈRES

BULLETIN V à XXXII

Histoire d'Allèves (Mandement d'Alby-en-Genevois). 1

PRÉFACE 3

PREMIERE PARTIE. — LA PAROISSE

CHAPITRE I. — Origines. Charges et Revenus. La Révolution de 1792. Les Fondations. Les Confréries 5

CHAPITRE II. — Eglise ancienne et église actuelle. Ses chapelles. Cimetière. Clocher. Cloches. Presbytère. Abbaye et Chapelle de Saint Jacques.. . 15

CHAPITRE III. — Le Bienheureux Guillaume d'Orlier. Sa

biographie. Son tombeau. Ses Miracles et son Culte. 21

CHAPITRE IV. — Liste des prêtres originaires d'Allèves.

Liste des curés d'Allèves de 1400 à nos jours...... 24

DEUXIEME PARTIE. — LA COMMUNE

CHAPITRE I. — Etymologie. Superficie. Limites. Altitude. Géologie. Sources et cours d'eau. Grottes de Banges. Richesses du soi. Or du Chéran. Habitants. Hameaux. Routes anciennes et nouvelles 31

CHAPITRE II. — Famille noble de Jean d'Allèves. Seigneurie et Château du Cengle. Villages de Martinod et d'Aiguebelette. Verrerie installée au pont de Banges et à Saint Jacques 35

CHAPITRE III. — Principales invasions et occupations militaires. Sarrasins. Hongrois. Espagnols. Autrichiens. Etat de la Commune en 1632, 1708, 1711, 1756. Affranchissements de 1785 à 1787. Un empoisonnement en 1787. Quelques faits sur la Révolution 43

CHAPITRE IV. — Allèves de 1815 à nos jours. Vente des forêts communales. Construction des maisons d'école, mairie et fontaines publiques. Incendies de 1738, 1787 et 1852. Liste des Maires. Liste des Morts de la Grande Guerre. Une légende sur les grottes de Banges. Allèves, au point de vue administratif 49

TROISIEME PARTIE CHAPITRE UNIQUE. — Généalogie des familles d'Allèves

en 1922 58

Un drame au Col du Bonhomme. 89

Une belle famille de Vieugy au service de l'Eglise

pendant la Révolution française 105

AVANT-PROPOS 106

CHAPITRE I. — La Famille Bally 107

CHAPITRE II. — L'Abbé André Bally 110

CHAPITRE III. — L'Abbé Jean Bally 119


208 TABLE DES MATIÈRES

CHAPITRE IV. — La Mère Louise-Aimée Bally 122

ÉPILOGUE 130

Les Anciens Châteaux du Faucigny 131

Château de Faucigny 133

Les Châteaux de La Roche-sur-Foron 138

Château de Cornillon 142

Château de Rumilly-sous-Cornillon 143

Château de Chutet 147

Château de Cohendier 149

Château de Bonneville 152

Château des Tours 154

Château de Cormand 156

Les Châteaux de Villy 160

Le Châtelet de Crêt-d'Ot 163

Château de Boringe . 166

Château de Bellecombe 169

Les Châteaux d'Esery 171

Château de Polinge 176

Château de Magny 182

Château du Vivier 184

Château de Baudry . 186

Château d'Arenthon 188

Château de Marcossey 190

Château de Thyez 192

Château de Beauregard 194

Château de Montanier 196

Château de Châtillon 198

Château de Bellegarde 200

Les Châteaux de Sallanches 202

Château de Saint-Michel 205

GRAVURES

Le Canton d'Alby et la Commune d'Allèves (Cartes).... 1

Vue d'Allèves. — Les Tours St-Jacques et Aiguebelette. . 32

Le Pont de Banges. — Entrée des Grottes 48

L'Abbé André Bally 113

Ruines du Château de Faucigny. — Tour des Comtes de

Genève et Château de l'Echelle 136

Château de Chuet. — Château de Rumilly-sous-Cornillon 145

Château de Cohendier. — Château de Villy 152

Château de Crêt-d'Ot. — Château de Cormand 160

Tour de Bellecombe. — Château de Bonneville. — Porte

de Boringe 168

Château des Rubins. — Château de Polinge 176

Château de Beauregard. — Château du Vivier 192

IMPRIMERIE COMMERCIALE D'ANNECY


Tome XVI. — Jh-M. LAVANCHY. Monogr. de Saint-Jorioz. — J.-F. GONTHIER. Journal de S. François de Sales durant son épiscopat, Ire part.

Tome XVII. — J.-F. GONTHIER. Journal de S. François de Sales durant son épiscopat, 2e part. — M. ORSAT. Monogr. de Servoz. — Registre des anniv. des Macchabées à Genève.

Tome XVIII. — J. FALCONNET. La Chartreuse du Reposoir.

Tome XIX. — E. ROLLIN, Monogr. de Viuz-en-Sallaz. — J.-F. GONTHIER. Variétés. — P.-J. MORAND. Monogr. de Villaz

Tome XX. — H. FEIGE. Hist. de. Mélan, monastère de moniales Chartreuses.

Tome XXI. — P.-M. - LAFRASSE. Table alphabétiq. des 20 premiers volumes de l'Acad. Sal. — N. ALBERT. Les trois abbés Picollet.

Tome XXII. J.-F. GONTHIER. Les Evêques de Genève du grand schisme à la Réformation (suite). — Orbituaire du Clergé du Dioc. de Genève de 1704 à 1742.

Tome XXIII. — J.-M. CHEVALLIER. Monogr. de Reignier, Ire partie. — J.-F. GONTHIER. Les Abbés des mon. chan. réguliers de S. Augustin.

Tome XXIV. — A. GAVARD. Peillonnex, prieuré, paroisse, commune.

Tome XXV. — N. ALBERT. Vie et écrits de M. le Chan. J. Mercier. — J.-M. CHEVALLIER. Monogr. de Reignier, 2e partie.

Tome XXVI. — P.-M. LAFRASSE Etude sur la Liturgie dans l'anc. Dioc. de Genève, Ire partie.

Tome XXVII. — P.-M. LAFRASSE. Etude sur la Liturgie dans l'ancien. Dioc. de Genève (suite et fin). — Visites pastorales des paroisses du Dioc. de Genève, de 1411 à 1518. — J.-M. LAVOREL. La Révolution et le Clergé en France et en Savoie. — Orbituaire des Cordeliers de Genève. — J.-F. GONTHIER. Liste des Papes, Cardinaux et Evêques, originaires de la Savoie. — J.-M. LAVOREL. Les Cartelles de la Cathédrale et du Chapitre d'Annecy.

Tome XXVIII. — J.-F. GONTHIER, inventaire inédits de l'abbaye

d'Aulps, Ire partie.

Tome XXIX. — J.-F. GONTHIER. Inventaire inédit de l'abbaye d'Aulps (suite et fin). — Communications diverses fort intéressantes.

Tome XXX. - Nestor ALBERT. Histoire de Mgr C.-F. de Thiollaz, premier Evêque d'Annecy (1752-1832), et du Rétablissement de ce Siège épiscopal (1814-1824), tome Ier. — Communications diverses.

Tome XXXI. — Nestor ALBERT. Histoire de Mgr C.-F. de Thiollaz, premier Evêque d'Annecy (1752-1832), et dit Rétablissement de ce Siège épiscopal (1814-1824, tome II. — Communications diverses..

Tome XXXII.— J.-F. GONTHIER. Le Traité de Lausanne ; la Philothée ; la Dime en Savoie. — Marie RANNAUD. La Chartreuse de Pomier, Diocèse d'Annecy (Haute-Savoie), 1170-1793.

Tome XX XIII. — J.-M. LAVANCHY, La Sainte-Maison de Thonon (1590-1793). - P.-J. MORAND. Notice historique sur Loisin. — J.-F. GONTHIER. Origine des noms de famille savoisiens.

Tome XXXIV. — A. GAVARD. Les Archives de l'Abbaye de Sixt avant la Révolution. — Jacques CARRON. Insurrection de la vallée de Thômes en 1793


Tome XXXV. — J.-M. LAVOREL. Notice sur les Translations des Reliques de nos Saints. — J.-F. GONTHIER. Les Plébanies. La paroisse de Bons, notice historique. — A SERVETTAZ. Le Catéchisme dans l'ancien diocèse de Genève et le Diocèse d'Annecy. — J. MOUTHON. La Vallée de Boege pendant la Révolution. — Ch. REBORD. Histoire de la Propagation de la Foi et de la SainteEnfance.

Tome XXXVI. — A GAVARD. L'Obituaire de l'Abbaye de Sixt — A. CHAPERON. Monographie de Saint-Gingolph. — Ch. REBORD. Tableau des Paroisses du Diocèse de Genève ou moment de la Réforme.

Tome XXXVII. — J. MOUTHON, Le Villard et la Vallée de Boëge

pendant la Révolution.— Ch. REBORD. Le Collège de Saint-Nicolas

(dit aussi « de Savoie ») à Avignon, avec un Epilogue sur Louvain,

Tome XXXVIII. — Nestor ALBERT. Vie de Mgr C.-M. Magnin, évêque

d'Annecy. — Le tombeau de Mgr Rey et procès-verbal d'exhumation.

d'exhumation. Au Bulletin : détails et faits de guerre intéressant les

membres de l'Académie et leurs familles.

Tome XXXIX. — Bulletin. Inclus : J.-M. LAVOREL, Une fête à

l'Académie. Biographie de M. le chanoine Jules Gavard. —

MOUTHON. Le Calvaire de Miribel.— A. SERVETTAZ. Les comparaisons

comparaisons saint Francois de Sales dans l'Introduction à la vie dévote.

— M. SAUTIER-THYRION. Le transfert du coeur de saint François de Sales. — D. DURET. Promenade à Sainte-Catherine. — Ch. REBORD. Etat du diocèse de Genève par Mgr Biord, et résumé des autres. Retraites ecclésiastiques. — Louis PERNOUD. Table des matières des manuscrits de Besson. — J. DESPOIS. PRIX de poésie décerné par l'Académie de Savoie.

Tome. XL. — Buletin. — P. LAFRASSE. Monographie de Dingy-SaintClair. — P. MARTIN. Les Orpailleurs et Chercheurs d'Or de l'Abyme.

— P. MARTIN. Les décollations de la Saint-Jean, à Moye, au XVIIIe siècle. — F. MARULLAZ. A propos de l'Escalade.

Tome XLI. — C.-F. TROSSET. Monographie de Fessy-Lully.

Tome XLI bis — P.-M. LAFRASSE. Tablé générale des Tomes XXI

à XL.

Tome XLII. — Bulletin. Inclus : Mgr REBORD, Simond et Albitte en Savoie ; J.-M. LAVOREL, Biographie, de M. le chanoine Jn-François Gonthier. — F. MARULLAZ. Rd Marin Ducrey et le Collège de

Mélan (1804-1834).

Tome XLIII. — Bulletin. Inclus : Sainte Colette en Savoie. — M. le Ch. F, POCHAT-BARON. Histoire de Thônes, Ire partie

Tome XLIV. — M. le Ch. F. POCHAT-BARON. Histoire de Thônes 2e partie.

Tome XLV— Bulletin — Abbé Dom ALEXIS. Église de Tamié. — Abbé F. COUTIN. Histoire d'Alby, Ire et 2e parties.

Tome XLVI. — Bulletin.— Abbé MOUTHON. Saint-Gervais-Montjoie à la Veille de la Révolution. — Chanoine GAVARD Les Vaudois, Luzernois où Barbets, en Savoie (1685-1690). — R. P. VICTORIN. L'Introduction des RR. PP. Capucins en France et en Savoie. —

Abbé F. COUTIN. Histoire d'Alby, 3e partie

Tome XLVII. — Bulletin — Abbé COUTIN. Histoire d'Allèves. — Abbé

MOUTON. Un Drame au Col du Bonhomme.— Abbé MUGNIER. Une belle famille de Vieugy.— Lucien GUY. Les anciens Châteaux du Faucigny.