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Titre : Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts du département de l'Aube

Auteur : Société académique de l'Aube. Auteur du texte

Éditeur : Imprimerie de Sainton (Troyes)

Éditeur : Ath. PaynAth. Payn (Troyes)

Éditeur : BouquotBouquot (Troyes)

Éditeur : Dufour-BouquotDufour-Bouquot (Troyes)

Éditeur : Imprimeries PatonImprimeries Paton (Troyes)

Date d'édition : 1925

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32813267s

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32813267s/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 1925

Description : 1925 (T62,SER3)-1926.

Description : Collection numérique : Fonds régional : Champagne-Ardenne

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k57192095

Source : Société académique de l'Aube

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 30/11/2010

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MÉMOIRES

DE LA

SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE

D'AGRICULTURE

DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES

DU DEPARTEMENT DE L'AUBE

TOME LXXXIX DE LA COLLECTION

TOME LXII DE LA TROISIÈME SÉRIE

1925-1926

TROYES

J.L. PATON, IMPRIMEUR DE LA SOCIETE

Successeur de E. CAFFE et PAUL NOUEL Rue dix Général-Saussier, 27 et 29

Janvier 1927



SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE

DU

DÉPARTEMENT DE L'AUBE


MEMBRES DE LA SOCIETE ACADÉMIQUE DE L'AUBE

MORTS POUR LA FRANCE

MM.

CABAT Louis 1916

COCHIN AUGUSTIN 1916

Cte SERVIN EDMOND 1916

BLAIZOT PAUL 1918

MM.

BALTET LUCIEN-CHARLES 1918

Cte CHANDON DE

BRIAILLES 1918

Bon DU TEIL JOSEPH 1918

ADMINISTRATION

DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE L'AUBE Pour l'année 1927

M. LE PREFET DE L'AUBE, Président d'honneur.

CONSEIL D'ADMINISTRATION

MM.

PERDRIZET (Alfred), O. &, ancien Conservateur des Eaux et Forêts, 14, rue Charles-Dutreix, à Troyes, Président annuel.

DOÉ (Francis) $, Conservateur des eaux et forêts,

28, rue Hennequin, à Troyes, Vice-Président.

HENNEQUIN (René) #, Q I., Avocat,

23, boulevard du Quatorze-Juillet, à Troyes, Secrétaire.

PERRET (Joseph) »j£, Inspecteur principal honoraire de la Cie des Chemins de fer de l'Est, 14, rue Neuve-de-la-République, à Ste-Savinet (Aube), Secrétaire-Adjoint.

MORIN (Louis) f I., Archiviste municipal,

74, rive droite du Canal, à Troyes, Archiviste.

BABEAU (Jules), Avocat,

30, rue Jaillant-Deschaînets, à Troyes, Trésorier.

Et MM. L. GÉRARD (Agriculture), F. DOÉ $f (Sciences), C. DRIOTON |f (Arts), Abbé BRUSSON (Lettres), P. MATHIEU p, ancien président, H. BABEAU ï$<, président sortant.

COMMISSION DU MUSÉE DE TROYES

MM. VACHETTE, BAUER, J. BABEAU, DE LA PERRIÈRE.

Et MM. les Conservateurs : DE LA BOULLAYE O. g, p, Président, de la

Commission (Peinture et Sculpture), 38, rue de la Monnaie, à Troyes ;

MATHIEU II et DRIOTON f| (Archéologie) ; DURRANT-SOYER (Zoologie);

GDYOT || 1. (Botanique); H. BABEAU ^f (Arts décoratifs).

Siège social de la Société Académique de l'Aube : Au MUSÉE, à TROYES


MÉMOIRES

DE LA

SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE

D'AGRICULTURE

DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES

DU DEPARTEMENT DE L'AUBE

TOME LXXXIX DE LA COLLECTION TOME LXII DE LA TROISIÈME SÉRIE

1925 —1926

TROYES

J.-L. PATON, IMPRIMEUR DE LA SOCIÉTÉ

Successeur de E. CAFFÉ et PAUL NOUEL Rue du Général-Saussier, 27 et 23

Janvier 1927



DISCOURS

PRONONCE PAR

M. PAUL MATHIEU

EN PRENANT POSSESSION DU FAUTEUIL DE LA PRÉSIDENCE

Dans la Séance du 16 Janvier 1925

MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES,

En cette séance où je siège pour la première fois comme président titulaire, était-il bien nécessaire de prendre la parole dans les circonstances particulières au milieu desquelles je me trouve ?

S'il faut en croire nos Mémoires, il en a toujours été ainsi ; la règle n'a jamais souffert d'exception en ce qui concerne le discours au début d'une année, et je dois m'inclinér.

En janvier dernier, à pareille époque, votre Vice-Président qui devait s'initier à son rôle actuel pendant tout le cours de 1924, se trouvait brusquement et sans aucune préparation dans l'obligation de diriger la Société. Combien. vos suffrages s'étaient reportés d'abord sur de plus dignes d'un tel honneur, sur de plus expérimentés, pour occuper le fauteuil quitté par M. Patenôtre après une présidence marquée par d'heureux résultats. M. Guyot qui, régulièrement, devait lui succéder,avait cru, par suite d'événements imprévus, ne pouvoir assurer sa tâche avec assez d'assiduité, et M. Vauthier, élu à sa place, trop peu confiant dans l'état de sa santé, s'était démis dans la quinzaine. Je ne saurais trop remercier les Membres du Bureau et particulièrement notre dévoué Secrétaire de leurs sages avis qui m'ont permis, vaille que vaille, de traverser cette année 1924 sans trop de peine, puisque la peine fut pour eux tous et pour lui tout d'abord.

Cette expérience d'une année m'a mis en contact avec nombre de Sociétés correspondantes semblables à la nôtre. Chacune s'efforce de faire connaître la ville où elle siège, de faire revivre la province où elle exerce son activité, d'en


6 DISCOURS PRONONCÉ PAR M. PAUL MATHIEU

mentionner toutes les particularités et les richesses passées ou actuelles. Là où se trouve une Université, les Sociétés savantes collaborent avec les professeurs passionnés d'histoire pour attirer l'attention sur les vieilles coutumes, pour redonner un lustre aux anciennes capitales qui, dans un avenir plus ou moins éloigné, peuvent redevenir les centres de régions plus étendues que les départements d'aujourd'hui..

N'avons-nous pas vu, dernièrement, les efforts d'une Société locale pour sortir de l'oubli une vieille ville de province qui, de sa splendeur d'autrefois, a hérité d'une Cour d'appel, vestige de son Parlement, d'une Université, d'un corps d'armée, voire même d'un archevêché rappelant son éclat à l'époque romaine ?

Nous n'avons pas, ici, le secours d'une Université ; nous ne possédons pas une pléiade de vieux magistrats ou d'anciens officiers occupant les loisirs de leur retraite à rechercher ce qui a illustré la cité, tout en étudiant ce qui peut lui assurer un long et brillant avenir. La Société Académique est seule pour rappeler la gloire de la capitale de la Champagne et des pays environnants, leurs rôles aux temps passés et celui qu'ils peuvent jouer encore. Elle s'y doit complètement et qui sait, lors d'une nouvelle répartition régionale, si son intervention ne fera pas jeter un regard sur cette grande ville de Troyes, première étape sérieuse de l'une des routes les plus fréquentées reliant à l'Europe centrale Paris et le monde occidental ?

A vrai dire, nous ne pouvons lutter avec Reims, niais le territoire de la province de Champagne fut assez grand jadis pour y voir fleurir deux métropoles : Sens et Reims. Sens fut vite effacée par Troyes qui a conservé sa suprématie sur la contrée. Pourquoi, dans une nouvelle répartition de la France en une quarantaine de régions, Troyes n'aurait-il pas sa place dans l'Est, aux côtés de Reims, Nancy et Dijon !

Notre Société, par sa forme, est plutôt un Institut qu'une Académie : son activité doit être la résultante de l'activité de chaque section. Que chacune d'elle fasse donc oeuvre personnelle et témoigne d'une vie propre. Une question d'agriculture concernant; notre terroir ne saurait offrir moins d'intérêt qu'une question d'archéologie ou de littérature. Mettons en valeur le beau patrimoine artistique de notre Musée, refondons nos catalogues épuisés. Veillons à la conservation de tant de monuments, de vitraux, de


DISCOURS PRONONCE PAR M. PAUL MATHIEU 7

statues et de peintures que l'art des ancêtres a semés dans la ville de Troyes et dans l'ensemble du département de l'Aube. Faisons-les connaître et éclairons les municipalités qui n'en apprécieraient pas les beautés. Restaurons enfin la tradition de nos séances publiques. La Société Académique et les buts qu'elle poursuit ne seront plus ignorés des générations nouvelles : on se remémorera le vif éclat dont elle brillait jadis ; on lui fera confiance pour l'avenir.



PAROLES

Prononcées par M. PAUL MATHIEU

PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE

AUX OBSÈQUES DE M. LE DOCTEUR VOIX

MEMBRE RÉSIDANT

LE 6 MARS 1925

MESSIEURS,

La Société Académique de l'Aube est cruellement éprouvée par la disparition inattendue de M. le Dr Voix. C'est avec une indicible angoisse mêlée de stupéfaction que chacun de nous apprit cette fin prématurée et subite. Nos pensées allaient, du foyer maintenant bouleversé à cet homme de bien, aimable et bon collègue qui n'a fait que passer parmi nous.

Le docteur Voix avait été élu membre résidant le 17 novembre 1922, dans la section des Sciences, en remplacement de M. le marquis de Mauroy, démissionnaire. Nous étions heureux de voir, au sein de notre Société, un représentant d'une vieille famille de la ville, très attaché aux traditions locales et prêt à nous faire partager les fruits de sa vaste érudition. Malgré ses occupations si nombreuses, il nous fit plusieurs communications originales sur les plus récentes découvertes de son art. Les trop courts instants qu'il nous a consacrés ont cependant permis, à chacun d'apprécier l'homme aimable, l'homme serviable qu'était le Dr Voix.

D'autres, plus autorisés, parleront de ses études, de sa thèse, de sa carrière médicale, mais nous ne pouvons passer sous silence tout le dévouement dont il fit preuve envers l'enfance. Il fut l'un des fondateurs du dispensaire, doté si magnifiquement par le Dr Millard.

Là, il prodiguait ses conseils et bien de précieuses petites existences furent conservées grâce aux sages avis et à la persévérante bonté de notre regretté collègue.

En 1914, malgré son âge et sa nombreuse famille, il partit


10 PAROLES PRONONCÉES PAR M. PAUL MATHIEU

immédiatement au front et demeura simplement, tranquillement et courageusement à l'un des postes les plus dangereux, jusqu'à l'épuisement de ses forces !... Il s'était fait oublier !... On se souvint alors qu'il n'était pas à sa place et que de plus jeunes étaient mieux désignés que lui pour un endroit aussi périlleux.

Après une vie toute de charité, d'un dévouement sans bornes pour les malades et les pauvres, notre collègue s'est éteint brusquement. Sa dernière action fut de se rendre, après une journée bien remplie, à une réunion paroissiale ; sa dernière pensée exprimée, fut pour un enfant qu'il avait à coeur de sauver. Une telle existence ne peut qu'être récompensée par le Tout-Puissant : grande et seule consolation de ceux qu'il a laissés ici-bas plongés dans un immense chagrin !

Nous nous inclinons profondément devant la dépouille de notre collègue en priant MME Voix, ses enfants et toute sa famille de bien vouloir agréer les sentiments de sympathiques condoléances des membres de la Société Académique.


PAROLES

Prononcées par M. PAUL MATHIEU

PRESIDENT DE LA SOCIETE ACADÉMIQUE

A L'OCCASION DU DÉCÈS DE M. HENRY DE FONTENAY

MEMBRE RÉSIDANT

DANS LA SÉANCE DIT 15 MAI 1925

MESSIEURS,

La Société Académique est de nouveau en deuil. Il y a quelques semaines, nous rendions les derniers devoirs à l'un de nos plus récents collègues ; le 4 mai, la vieille et curieuse église de Fouchères était remplie d'une foule émue se pressant aux obsèques d'un de nos doyens, M. Henry de Baudreuil de Fontenay, décédé à Paris le mercredi précédent. Il était vraiment touchant de voir un si grand nombre de villageois coudoyer dans un même sentiment de tristesse tout ce que la région compte de notabilités et de personnes haut placées. Vers la fin de la cérémonie, Monseigneur l'Evêque de Troyes, faisant l'oraison funèbre du défunt, retraça la longue série de bienfaits répandus autour de lui par le châtelain de Vaux.

Voici bientôt trente-quatre ans que M. Henry de Fontenay avait été élu à la Société Académique de l'Aube, dans cette section d'Agriculture qui s'enorgueillissait à juste titre de le posséder, car sa réputation avait dépassé de beaucoup les limites de notre Champagne et du Nivernais, son pays natal. L'Académie d'Agriculture de France ne l'avait-elle pas admis, elle aussi, parmi les sommités qui la composent ? Possesseur de riches domaines dans la Nièvre, il introduisit dans notre département cette race bovine charolaise qui là-bas rend de si grands services aux cultivateurs avant de passer à la boucherie.

Avec notre collègue, M. de la Hamayde, nous le voyons également acclimater le cheval ardennais dans nos contrées.

Bientôt, Vice-Président du Comice agricole, Vice-Président de la Société d'encouragement pour l'amélioration de


12 PAROLES PRONONCÉES PAR M. PAUL MATHIEU

la race chevaline, il s'efforça de créer ces foires-concours si utiles et si suivies.

Malgré ses multiples occupations (ne fut-il pas longtemps Maire de Fouchères ?), il n'oubliait pas la Société Académique et il se plut à assister fréquemment à nos séances jusqu'à la déclaration de guerre.

En 1894, après la désastreuse sécheresse de l'année précédente qui l'avait incité à rechercher les succédanés du fourrage, il nous donnait une intéressante et savante étude sur la ramille et la feuille des arbres comme nourriture complémentaire aux animaux de la ferme.

Pendant plusieurs années, M.. Henry de Fontenay, M. Charles de Fontenay, son fils, et M, le Comte Chandon de Briailles, son gendre, firent partie simultanément de la Société Académique. La plaque commémorative des morts pour la France rappelle dans notre salle la fin glorieuse de M. Chandon de Briailles. Le fils de ce dernier, le comte François, vint bientôt remplacer son père parmi nous : digne exemple donné par une noble famille de l'attachement à une Société cherchant à magnifier tout ce qui touche à notre vieille province.

Nous avons encore présente à la mémoire la dernière visite de M. de Fontenay. Un peu en retard, le vénérable vieillard traversa notre salle d'un air de si grande dignité que tous les assistants en firent la remarque. Puis, la séance terminée,, il s'entretint longuement avec son petitfils : derniers conseils, sans doute, d'un aïeul pour continuer les belles traditions dont notre Société est la gardienne.

Le souvenir de notre collègue peut-il s'éteindre parmi nous, puisque son fils et son petit-fils sont des nôtres pour nous le rappeler ?

Les circonstances ne me permirent pas de prononcer les quelques paroles d'usage au cours de la cérémonie funèbre de Fouchéres. Au nom de la Société Académique, profondément affligée de ce nouveau deuil, je prie Mme Henry de Fontenay, M. Charles de Fontenay, M. le Comte François Chandon de Briailles, tous deux membres associés, et la famille de notre regretté et respecté collègue d'agréer l'expression de nos douloureuses condoléances et de notre respectueuse sympathie.


NICOLAS DE HAULT

MAIRE DE TROYES

1588-1592

Ses Origines, sa Parenté, sa Descendance

PAR

M.. HENRI DE LA PERRIÈRE

MEMBRE RÉSIDANT DE LA SOCIETE ACADÉMIQUE DE L'AUBE

AVANT-PROPOS

La Ville de Troyes a eu comme maire, pendant quatre de ces années si pleines et si vivantes de notre histoire nationale qui s'écoulent entre 1588 et 1594, un serviteur dévoué de la maison de Guise, Nicolas de Hault. L'importance de son rôle s'est trouvée tellement accrue par la grandeur des évènements auxquels il s'est vu mêlé, qu'il n'a pas paru sans intérêt d'essayer de faire sortir la figure de ce magistrat municipal des brumes sous lesquelles le temps l'a ensevelie.

A cette époque, Troyes était l'une des villes les plus attachées à la Ligue (1) et elle jouait dans celle-ci un rôle d'autant plus important que sa position géographique et la richesse de ses habitants en rendaient la possession précieuse pour l'un et l'autre parti. Elle formait un petit Etat, ayant, dans la Confédération qu'était la Sainte-Union, une bonne partie des caractères de la souveraineté ; faisant la guerre, contractant des alliances, concluant des traités, levant des impôts, bref, se gouvernant elle-même et ayant voix au chapitre dans la direction générale des affaires de la Ligue.

Des trois Corps qui s'y partageaient normalement l'autorité, sous le contrôle du pouvoir central, le Clergé, la JusCi)

JusCi) ...il n'y avoit ville en France plus seditieuse et plaine, de « vengeance contre le Roy que ceste-cy... ». CARORGUY (Mémoires de Jacques), 1582-1595, publiés par Edmond BRUWAERT, Paris, 1880, in-3°, p. 173.


14 NICOLAS DE HAUXT

tice et l'Eclievinage, le second se trouvait très diminué du fait qu'il y avait contestation sur la personne même du souverain au nom duquel il aurait dû parler, les deux autres avaient partie liée et, les hommes d'Eglise étant ordinairement plus enclins à la prière qu'à l'action, c'est l'Echevinage qui, dans l'association, représentait l'élément le plus entreprenant. Les pouvoirs de son chef, le Maire, devinrent donc rapidement tels qu'ils n'avaient jamais été aux plus beaux jours des libertés municipales, celui-ci concentrant entre ses mains des prérogatives politiques et militaires presque sans limites.

Tour à tour administrateur, juge civil ou criminel, capitaine, financier, économiste et bien d'autres choses encore, difficiles à comparer avec notre organisation moderne, tel apparaît Nicolas de Hault (1) dans sa cité enguerre et tout cela mérite que l'on s'arrête à le regarder vivre et commander.

D'où vient donc ce personnage ? Quel est-il et comment a-t-il été amené à prendre à Troyes la place éminente qui fut la sienne ? Autant de questions auxquelles les pages qui suivent vont essayer de répondre.

(1) Le Maire, faisant corps avec le Conseil de Ville, ne peut agir sans lui : il en est le Président et non pas, comme de nos jours, l'administrateur de la Cite ; mais il n'en est pas moins vrai que, comme tout président dans un Conseil, c'est lui qui est l'animateur de celui-ci. En temps de guerre, notamment, son rôle devient donc de toute première importance.


NICOLAS DE HAULT

CHAPITRE PREMIER

LA FAMILLE DE HAULT

Gérard de Hault, père du Maire de Troyes

fondateur de l'hôpital de Sommevoire

Les Archives de la Haute-Marne se sont enrichies, quelques années avant la guerre, d'un fonds d'une importance considérable qui a été offert au Département par les héritiers de celui qui l'avait constitué, le fonds Laloy. Ces collections, riches de près de douze mille pièces, dont l'origine et la valeur historique font une mine de recherches de tout premier ordre, comprennent des documents concernant Chaumont même, les localités du département, les communautés religieuses et les familles. Leur classement vient d'être achevé depuis peu (1).

C'est dans le fonds Laloy que se trouve la meilleure généalogie que l'on puisse rencontrer de la famille de Hault (2) ; elle se présente sous les apparences d'un cahier de papier ancien de 240 pages, dont les quatre premières sont rongées par l'humidité, couvertes d'une écriture ferme et lisible. Elle ne porte pas de nom d'auteur ni de date, mais il est aisé de reconnaître qu'elle a dû être rédigée vers 1780. Ses indications sont d'autant plus précieuses qu'elle ne se borne pas à donner la filiation des de Hault, mais encore toute la descendance par les femmes de leurs différentes branches jusqu'à l'époque où elle a été composée. Il est facile de la contrôler par diverses autres généalogies, conservées tant au Cabinet des Titres qu'aux Archives de

(1) Pierre GAUTHIER, archiviste de la Haute-Marne, Le fonds Laloy aux Archives de la Haute-Marne, Paris, 1912, in-8°. Voir aussi la préface de l'inventaire imprimé.

(2) Elle, y est cotée à l'inventaire F. 702. Le nom de la famille étudiée ici s'est écrit indifféremment Dehault, Dehaut, De Hault ou de Hault, suivant la fantaisie des écrivains et l'époque considérée. On a adopté la dernière forme qui est la plus normale. Il convient, d'ailleurs, d'attacher peu d'importance à l'orthographe des noms propres, dont la fixité ne date que de la Loi du 6 Fructidor An II et de se souvenir que, contrairement à un préjugé trop répandu, la particule n'a jamais eu la signification nobiliaire qu'on lui prête souvent,


16 NICOLAS DE HAULT

l'Aube (1), mais ces dernières ne donnent rien de plus et souvent ne donnent pas autant. Leur comparaison est néanmoins précieuse en ce qu'elle permet de considérer comme bien établi le tableau généalogique que l'on en peut tirer.

I. — Le premier, auteur connu de la famille est JEAN DE HAULT (2), du lieu de Villars, en Albigeois, qui vint s'établir en Champagne, amené par François de Dinteville (3),

(1) Bibliothèque Nationale : Pièces originales 1491 et Dossiers Bleus 351. Archives de l'Aube E 202, 924 et 1191.

(2) Il a existé en Lorraine une famille de Hault, avec laquelle il ne semble pas que celle qui nous occupe ait de rapports, quelque tentant qu'il puisse être de faire venir de ce pays d'aussi fidèles serviteurs des Guise. Les de Hault lorrains sont, en effet, d'ancienne chevalerie et ont prouvé en 1726, devant la Chambre des Comptes de Lorraine, leur filiation suivie* depuis Demange de Sancy, écuyer, marié à Isabelle de Ruette et père de Jean de Saricy, dit de Hault, écuyer, connu par des actes de 1372 et 1377. Il ne semble pas qu'il y ait là rieu de commun avec la famille de Gérard de Hault.

Il en est de même des De Hault de Lassus et dé Pressenssé** qui ont voulu descendre de ce même Gérard par un certain Nicolas de Hault, capitaine de cavalerie, qui fit souche en Hainaut et qui aurait été fils de Nicolas, maire de Troyes, et d'Anne Bazin. Aucune des généalogies consultées ne conserve trace de ce personnage.

Un descendant de la branche demeurée à Sommevoire, Claude Patot, curé de Sainte-Marie de Joinville, a imprimé dans un abrégé de la vie et des vertus de messire Claude Dehaùlt, chanoine de l'Eglise de Paris, mort en 1728, que « l'on peut voir dans une églisle de Troyes « que les Dehault sont originaires d'Angleterre et qu'il y eut quatre « frères de ce nom qui s'exilèrent volontairement de ce pays sous « Henry VIII pour la Foy ». Rien de semblable ne se retrouve dans les sources consultées.

" On lira utilement sur cette famille l'intéressante monographie de M. Léon GERMAIN consacrée aux Monuments funéraires de l'Eglise de Saint-Etienne à Saint-Mihiel parue dans les MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DES LETTRES, SCIENCES ET ARTS DE BAR-LÉ DUC, année 1884. M. Germain y donne, à propos de l'épitaphe de Sébastien de Hault, seigneur de Rodange, toutes références sur sa famille. " Consulter sur cette famille l'Annuaire de la Noblesse, années 1893,1903 et 1907. (3) Cette version est celle des Dossiers Bleus. La généalogie du fonds Laloy fait venir Jean de Hault de Lhomme, près d'Albi, et lui donne comme patron François de Dinteville, évêque de Riez. Celui-ci est le neveu de l'évêque de Sisteron, il est fils de Gaucher de Dinteville, gouverneur du Dauphiné et d'Anne du Plessis. D'abord chanoine d'Auxerre et aumônier de la reine Louise de Savoie, il devint évêque de Riez, ambassadeur à Rome, abbé de Montierender après son oncle de 1-528 à 1538, puis évêque d'Auxerre. Que ce soit l'oncle ou le neveu, l'évêque de Sisteron ou celui de Riez, c'est toujours un Dinteville qui a été l'auteur du déracinement, si avantageux pour elle, de la famille de Hault et l'a mise en position de parvenir. Ceci explique peut-être que, malgré son attachement aux Guise et à la Ligue, elle ait encore trouvé, à la fin du XVIe siècle, un Dinteville pour la protéger très efficacement, quand Nicolas de Hault, maire de Troyes, eut besoin de son appui.


NICOLAS DE HAULT 17

évêque de Sisteron et abbé de Montierender (1) de 1499 à 1528. II se maria dans l'abbaye même avec Nicole Blessoy qui lui donna sept enfants.

II. — L'aîné de ceux-ci fut un second JEAN DE HAÛLT ; il se maria deux fois, d'abord avec Jeanne Orbinot (2), dont il n'eut pas d'enfants, puis avec Marguerite de Beurville, dont il eut sept enfants. De ceux-ci trois seulement sont connus : Pierre, Gérard et Arnould, tous trois mariés et ayant eu postérité, mais desquels seul Gérard nous intéresse.

III. — GÉRARD DE HAULT naquit à Sommevoire (3) le 1er novembre 1505, du second lit de son père et était le cinquième de ses sept fils. Ainsi qu'on vient de le voir, sa famille était attachée à l'abbaye de Montierender et, celle-ci ayant été gouvernée depuis 1538 par la maison de Guise,

(1) Ce monastère, qui était le plus célèbre du diocèse de Châlonssur-Marne, fut fondé au VIIe siècle par saint Bercaire, en même temps que le couvent de religieuses de Puellemontier. Avec le XIIIe siècle, finit la période d'accroissement de l'abbaye qui eut beaucoup à souffrir de la guerre des Anglais. Lorsqu'elle fut supprimée en 1790, elle, comptait dix-sept religieux outre les frères convers.

Pendant que le Cardinal de Guise était abbé de Montierender, ses moines se distinguèrent par leur esprit belliqueux. Le 12 mai 1580, le roi écrivait à leur sujet : « Je suis adverty que dans l'abaïe de Mon« tierender il y a aulcuns religieux sy desbordés, que sans avoir « crainete de leur abbé et aultres leurs superieurs, commettent jour« nellement plusieurs excès fort scandaleux tant en ladite abaïe « qu'ailleurs avec port d'armes et aultres voies de faict... Je desire « qu'il y soit pourvu de telle manière que les aultres y prennent « exemple... Et afin qu'a l'advenir lesdits religieux n'aient moien de « continuer lesdits excès, vous donnerez ordre de leur faire oster « toutes leurs armes qu'ils ont en leur possession... ».

Cf. Abbé ROUSSEL, Le Diocèse de Langres, Tome II, Langres, 1875, in-4°. — Correspondance de M. de Dinteville, in REVUE DE CHAMPAGNE ET DE BRIE, Tomes II et suivants.

(2) La famille Orbinot semble originaire de Blumerey (HanteMarne), village où, par la suite, on retrouve les de Hault et leurs alliés. Beurville est également un village de la Haute-Marne dont a pris son nom une famille que l'on trouve plusieurs fois alliée aux de Hault et qui s'est éteinte au XVIIIe siècle.

En 1640, Edme d'Orbinot était seigneur de Beurville.

(3) Sommevoire, petite ville du canton de Montierender, sise à cinquante-huit kilomètres de Chaumont, près des sources de la Voire. La seigneurie appartenait à l'abbaye de Montierender qui y percevait les dîmes ; elle dépendait autrefois, au point de vue religieux, du diocèse de Troyes ; au point de vue civil, de l'Election de Joinville, généralité de Champagne et, au point de vue judiciaire, de la prévôté de Wassy, bailliage de Chaumont. Cf. ROUSSEL, op. cit.

LXXXIX 2


18 NICOLAS DE HAULT

les de Hault se trouvèrent naturellement amenés à servir les princes lorrains.

A l'époque où Gérard de Hault parvint à l'âge d'homme, c'est le Cardinal de Lorraine, archevêque dé Reims, qui se trouvait abbé de Montierender et, en s'attachant a sa fortune, un homme intelligent et dévoué ne pouvait manquer de faire la sienne. Tel fut évidemment le sort de Gérard

de Hault « amodiateur des abbayes de Montierender,

" Saint-Urbain, Saint-Lié, puis après de l'évêché d'Alby, « où il s'enrichit fort au service des Cardinaux Charles de « Lorraine et Louis, cardinal de Guise, son frère » (1).

De fait, on trouve qu'il payait à l'abbaye de Montierender six mille quatre cent cinquante-deux livres tournois de cens, rentes et droits seigneuriaux et, en 1564, il prit en adjudication les cens et rentes annuelles et perpétuelles dus à l'abbé dans le canton pour huit mille huit cents livres tournois.

Il paraît avoir principalement habité Sommevoire où il possédait un bel hôtel, toujours debout aujourd'hui, mais dut également résider plus ou moins longtemps à la Cour puisqu'il occupa l'office de chef du gobelet de la reine Marie Stuart, d'où lui demeura le surnom de « Gobelet » (2) par lequel il est assez souvent désigné.

Le gobelet était l'un des offices importants de la maison du souverain, dont le chef, placé directement sous les ordres du premier maître d'hôtel, avait à s'occuper de la paneterie et de l'échansonnerie de la bouche. C'est probablement après le départ de Marie Stuart pour l'Ecosse que Gérard de Hault échangea ce poste, qui dut se trouver supprimé, contre celui de Conseiller et Auditeur des Comptes de la reine d'Ecosse, douairière de France, dont son épitaphe porte renonciation (3).

(1) Dossiers Bleus.

(2) La chapelle de l'église de Sommevoire, où fut enterré Gérard de Hault, est encore connue sous le nom de « chapelle Gobelet ».

(3) ROSEROT a publié, dans le BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGI- : QUE DE LANGRES, année 1902, page 195, l'épitaphe relevée par lui aux archives de la Haute-Marne, fonds Montierender : « Cy gissent nobles « personnes Gérard de Hault, conseiller et auditeur des, comptes de la « Reine d'Ecosse, douairière de France et damoiselle Marguerite « Rolland sa femme, seigneur de Lignol en partie et de Guichaumont, « fondateurs de l'hôpital de Sommevoire, lequel de Hault décéda le « 29 juillet 1584 et sa femme le 15 mai 1569. Priez Dieu pour leur « âme ».

Le monument actuellement existant à Sommevoire porte un tout autre libellé ; on en trouvera la copie exacte à la fin de ce Chapitre.


NICOLAS DE HAULT 19

.L'inscription de ce monument donne également la date de sa mort, qui arriva le 29 juillet 1584, ainsi que de celle de sa femme qui l'avait précédé dans la tombe depuis le 15 mai 1569. Elle nous apprend aussi qu'il était seigneur de Lignol et de Guichaumont (1).

La première de ces dénominations reposait sur un quart de la seigneurie de Lignol (2), acquis en plusieurs fois par Gérard de Hault, à partir de 1555, de divers membres des familles de Luxembourg et de Choisy. Un des actes d'achat, en date du 15 juillet 1557, conservé dans les riches archives du château de Lignol désigne Gérard de Hault sous la qualité de « marchand de grains ». La part de seigneurie qu'il possédait comportait justice, four banal, cens, rentes, certaines 'confiscations et tous droits seigneuriaux ; sa maison (3), dont il reste encore d'importants vestiges au

(1) Ces diverses qualifications se retrouvent dans nombre de pièces. Citons seulement le début d'un acte conservé dans les archives de Joybert, à Rosières (hameau proche de Sommevoire) et communiqué par M. Duchêne, maire de Sommevoire : « L'an mil cinq cent quatre« vingt-seize, le vingtième jour du mois de mars après midy, compa« rurent devant les notaires du Roy nostue Sire au bailliage et pre« vosté de Troyes soubsignez, Pierre de Beurville à cause de damoi« selle Marguerite Dehaut sa femme, et comme tuteur de René « Dehaut, escuyer, seigneur de Pelmonstier, Anthoine Pithou, escuyer, « seigneur de Luyères, commissaire ordinaire des guerres, à cause de « damoiselle Jeanne Dehaut sa femme, Noël Boucher, escuyer, sei« gneur de Paslis, Rosières, la Brosse, à cause de damoiselle Louise « Dehaut sa femme, tous héritiers, chacun pour une quatrième partie, « de feu Louis Dehaut, vivant escuyer, seigneur dudit Pellemontier, « lesquels pour effectuer la volonté de feu Gérard Dehaut, sieur de « Guichaumont, conseiller et auditeur des comptes de la royne « d'Escosse, douairière de France, leur ageul et celle dudit feu sei« gneur de Pellemontier... »

(2) Généralité de Champagne, bailliage de Chaumont, subdélégation de Bar-sur-Aube, diocèse de Langres. Cf. ROUSSEL, op. cit.

A la fin du XVe siècle, la seigneurie de Lignol était partagée en trois parts : une moitié appartenait à Jean de Montigny, elle passa aux d'Amboise, Clermont, puis Saint-Belin en 1542 ; un quart était possédé par Ogier Le Gruyer, il passa aux de Salles, Charpal, Bossancourt, puis Saint-Belin en 1607 ; un dernier quart appartenait à Claude de Dampierre, il passa aux Luxembourg et Choisy, puis aux de Hault et finalement aux Saint-Belin en 1670. Cette dernière famille devint donc seule propriétaire de Lignol qui fut érigé en marquisat en sa faveur.

(3) Elle consistait en « un corps de logis avec granges, écuries, « colombier, cour, jardin, accin, vignes, pressoirs, pourpris, le tout « fermé de murailles et clos de haies vives ». Une grande chambre comportant une belle cheminée sculptée et une taque de foyer qui


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lieudit La Grande-Cour, était située à l'entrée du village en venant de Bar-sur-Aube, dominant toute une contrée de vignes qui porte toujours au XXe siècle le nom de « La Gobelette » qu'il lui avait donné.

Quant à Guichaumont, c'est un écart de Robert-Magnil, hameau constituant un fief particulier ayant son château et ses seigneurs, et qui appartenait à l'abbaye de Montierender. Celle-ci l'aliéna au cours du XVIe siècle, avec plusieurs autres seigneuries de ses possessions, dont Puellemontier. Les moines durent voir d'un mauvais oeil ces ventes rendues nécessaires par la grande politique de leurs abbés car, bien longtemps après, le souvenir n'en était pas encore perdu ! Les Archives de la Haute-Marne ont conservé un dossier de copies (1) faites à la fin du XVIIIe siècle, sans doute par l'Archiviste du couvent, sur chacune desquelles il a mentionné : « Copie faite sur l'original communiqué le 19 octo« bre 1785 par M. Herbin, curé de la paroisse N. D. de « Sommevoire, auquel nous l'avons rendu », dont la première pièce porte l'annotation suivante : « On a donné « aussi mal à propos en cet acte à Gérard de Hault la qua" lité de seigneur de Guichaumont qu'en son épitaphe du « 29 juillet 1584 qui fait partie du présent ouvrage puis« que, en effet, ledit bien de Guichaumont, qui appartenait « ci-devant à l'abbaye, en a été aliéné en roture et non « point en fief ».

Quoiqu'il en soit, la postérité du premier acquéreur se

paraît bien dater du XVIe siècle, avec, à côté, une pièce voûtée, sont les seuls restes visibles de la maison elle-même.

Des deux autres demeures seigneuriales de Lignol, l'une, dite de Bossancourt, a complètement disparu ; la seconde, qui est la plus ancienne et a toujours été la plus importante, subsiste encore aujourd'hui, bien modifiée par le temps, mais telle qu'il est facile d'y retrouver le plan de la demeure fortifiée de l'époque féodale.

Elle appartient à la famille Piot, qui en a fait l'acquisition, en 1842, de la succession de la comtesse de Messtey, née Saint-Belin, dernière de la branche de Lignol.

Les archives, extrêmement riches, de cette importante seigneurie, ont été vendues avec le château et, soigneusement conservées par les propriétaires, sont libéralement ouvertes aux chercheurs. Elles ont fait l'objet d'un classement méthodique par M. Thouyenin, instituteur à Lignol, qui en a rédigé l'inventaire et l'a déposé au cabinet des manuscrits de la Société Académique de l'Aube. Il a également fait don, à la bibliothèque de cette Société, d'une très consciencieuse monographie de Lignol, malheureusement demeurée manuscrite, qui a été largement mise à contribution ici.

(1) H. 33.


NICOLAS DE HAULT 21

para longtemps de cette seigneurie, passée à son gendre Le Marguenat, et, après lui, à la famille du Trousset, issue d'une fille de son fils puîné. Le 17 novembre 1734, mademoiselle du Trousset de Renoncourt vendait la terre de Guichaumont à Joseph Thevenin, bailli de Sommevoire, dans la descendance de qui elle se trouve encore.

Un auteur, originaire de Sommevoire et descendant des de Hault, Ernest RIGNIER, a donné le nom de « Valentine de Guichaumont » à un roman historique qu'il a publié en 1847 (1), où il met en scène Gérard de Hault et ses enfants. Quoique, dans sa préface, il assure que son récit est authentique et a été composé sur documents tirés de papiers de famille, lettres, traditions, manuscrits et recherches, il est difficile d'admettre qu'il y ait, dans les pages qu'il consacre à ses héros, autre chose que de l'imagination. Valentine de Guichaumont, fille de Gérard de Hault (auquel on ne connaît pas d'enfant de ce nom) se dévoue pour épouser un certain baron Conrad de Risberg, chef des ennemis qui ont pris Sommevoire (2) d'assaut, et qui consent à éviter le pillage à la ville à cette condition. Elle meurt épuisée de chagrin avant d'avoir passé, la frontière avec celui-ci, qui, devenu follement amoureux d'elle, entre dans un monastère pour y oublier sa douleur !

Peut-être y a-t-il cependant, au fond de ce roman, une part de souvenir d'un fait véritable, car la même aventure est racontée par Jolibois (3) avec des personnages différents et d'une manière beaucoup plus vaisemblable. Voici ce qu'il écrit à l'article Beurville : « L'ancienne maison de Beur« ville se releva par son alliance avec les de Hault à laquelle

(1) Une seconde édition a été publiée en 1859.

(2) En 1572, les protestants, réunis à quelques bandes d'Allemands, attaquent Sommevoire et brûlent la chapelle de Sainte-Colombe, bâtie en 1322 près de la ville, par un Beurville, et qui fut restaurée, une fois la paix revenue, par Pierre de Beurville. En 1573, autre attaque et pillage ; en 1675, nouvel assaut et prise de la ville et, en 1593 enfin, rentrée définitive sous l'obéissance du Roi. « La mesme saison (1593) « ledit seigneur de Nevers estoit en Champagne qui faisoit la guerre « aux chasteaulx. Il ataqua entre autres Somevoire qu'il prist à « composition et le rendit neutre le laissant en guarde aux moynes « qui sont audict Somevoire qui luy firent promesse de n'y laisser « entrer personne fust d'ung party ou de l'aultre ». CARORGUY, op. cit., page 132.

(3) JOLIBOIS, La Haute-Marne ancienne et moderne, Chaumont, 1858, gr. in-8°.


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" on donne une origine toute romanesque. C'était pendant « les guerres de religion. Les vallées de la Blaise et de la « Voire étaient occupées par des handes armées qui « vivaient sur le pays. Un jour, on apprit à Sommevoire « qu'un régiment était en marche pour venir s'y appro« visionner, c'est-à-dire piller. Comme on savait que M. de « Beurville servait dans ce régiment, on supplia Gérard de « Hault d'aller demander au jeune officier grâce pour ses « compatriotes. Celui-ci offrit à M. de Beurville sa fille en « mariage avec une dot considérable, et le commandant, « par intérêt pour son compagnon d'armes, consentit à « épargner le pays. Gérard de Hault conduisit sa fille au « camp et le mariage se fit de suite. Cette anecdote, « recueillie par Chanlaire de la bouche du dernier seigneur « de Guichaumont, nous a été transmise par dom Dumay, « archiviste de Montierender ».

Si vague que soit le récit, on peut cependant supposer qu'il se rapporte au mariage d'une petite-fille de Gérard de Hault, Marguerite, fille du seigneur de Puellemontier, avec Pierre de Beurville, sur l'existence duquel on a peu de détails, si ce n'est que dans son âge mûr il était commissaire des guerres à Troyes, mais dont on peut admettre que, vers 1575, il faisait campagne plus activement.

Quoiqu'il soit certain, étant données les origines de Gérard de Hault, qu'il fut un déterminé ligueur, on ne trouve rien concernant la part qu'il a pu prendre aux troubles qui se sont produits en Champagne à l'époque de la Sainte-Union. Il dut se faire remarquer par son zèle pour la cause des Guise, car il existe des lettres et brevets de dons faits par Henri IV, aux camps d'Auibervilliers et de Darnetal devant Rouen, les 4 juillet 1590 et 9 décembre 1591, à Ezéchiel de la Vefve, écuyer, seigneur de la Neuroye, homme d'armes de la compagnie du comte de Brienne suivant la cornette de sa Majesté, en considération de ses services, des biens confisqués sur divers personnages, entre autres Gérard de Hault et Louis de Hault, sieur de Puellemontier « estans du nombre des ennemys rebelles de « sa dite Majesté (1) ».

A la date où ses biens étaient confisqués, Gérard de Hault était mort et il est donc bien probable que le sieur de la Vefve n'en eut pas grand profit. Quant au seigneur de

(1) CAUMARTIN, Recherche de la noblesse de Champagne, (article de la Vefve), Châlons, 1673, 2 vol. in-f°.


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Puellemontier, qui mourut peu après, il est à croire que cette confiscation ne fut pas davantage exécutée contre lui, car on retrouve ses héritiers en paisible possession de ses biens. Ce sont là mesures de représailles politiques que la sagesse du souverain sait ne pas pousser jusqu'au bout ! De longues années avant de quitter ce monde, le seigneur de Lignol avait acccompli un acte véritablement fécond, qui lui a mérité de voir son nom passer à la postérité, la fondation de l'hôpital de Sommevoire. Marié, on l'a vu, le 16 octobre 1526, à Marguerite Rolland, Gérard de Hault l'avait perdue en 1569, après de longues années d'union et, sans doute, d'union vivifiée par la pratique des vertus chrétiennes. C'est, en effet, tant en son nom personnel que pour obéir au testament de sa défunte épouse, qu'il fonda, le 2 février 1572, un hôpital dans sa ville natale « pour la « grande et singulière dévotion que lui, et ladite défunte « avaient eu dès leur plus jeune âge et qui s'est continuée « au service de Dieu, notre Créateur, au Saint Sacrement « de l'Autel, à la glorieuse Vierge Marie et à tous les . « benoîts Saints et Saintes du Paradis et voulant pourvoir « au salut et remède de leurs âmes et de leurs parents et « amis trépassés et subvenir aux pauvres, il désire de fon« der un hospital au lieu dudit Sommevoire avec le servis « et prières cy-après desclarez et pour ce faire auroient fait « bastir une maison audict lieu de Sommevoire avec une « chapelle en dedans du pourpris d'icelle fermé de murail« les ainsi qu'il se comporte tant en maisonnement accin et « jardin tenant d'une part en l'hostel Dieu, ancien hospital « dudict Sommevoire et d'autre part sur une ruelle qui va « au moulin, d'un bout à la rivière fluant du jardin du « chasteau et de la maison dudict Dehault et d'autre bout « à la rivière dudict Sommevoire [dans laquelle maison] « veut et ordonne... estre reçus et logés les pauvres honteux « dudict lieu de Sommevoire, présentement et advenir et « pour ce faire veut estre continuellement mis et entre« tenus onze lits, compris ceulx qui seront dans la chambre « du maître et administrateur dudit hospital et les cham« bres où seront lesdits lits bien meublées de toutes les « appartenances et garnitures nécessaires ».

Cette fondation (1) qui fut faite « du consentement de

(1) Consulter principalement à son sujet les Archives de l'Aube, E 202 et G 892, liasses, et les Archives de la Haute-Marne, H 33, liasse.


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« Monseigneur l'illustrissime et révérendissime cardinal de « Lorraine, abbé de l'abbaye de Montierender, des vénéra« bles prieur et religieux du couvent dudit lieu, seigneurs « à cause d'icelle abbaye dudit Sommevoire », présentait une particularité curieuse et qui lui a valu de laisser de nombreuses traces dans les Archives, c'est que le fondateur, voulant que sa famille ne se désintéressat pas de son oeuvre, avait entendu lui réserver la présentation des chapelains qui se succèderaient à la tête de son hôpital. Le bénéfice était à la nomination de Monseigneur l'Evêque de Troyes. mais il ne devait y être pourvu que sur cette présentation, ainsi qu'il est expliqué tout au long dans l'acte-initial, au sujet de la nomination de Jean de Hault, fils des fondateurs : « Comme aiant réservé à eux et à leurs descendants « et leurs successeurs aisnés, enfans masles procréés de la « ligne directe et, défaillans lesdits héritiers masles, aux « filles plus prochaines, de degré en degré, et, défaillant « ladite ligne directe tant des enfans masles que femelles « au plus ancien et plus prochain de la ligne collatérale, le « droit de présentation et patronage dudit hospital ».

Cette présentation n'était d'ailleurs pas le seul droit réservé aux de Hault dans l'administration de la fondation de leur auteur ; en cas de négligence ou de malversation dans l'administration du chapelain, celui qui l'avait fait nommer devait le mettre dehors sans autre forme de procès et en présenter un autre à Monseigneur l'Evêque pour le remplacer.

Comme on le voit, tout était parfaitement bien prévu, et, de fait, la charitable institution de Gérard de Hault vécut pendant deux siècles, comme il l'avait déterminé. Elle possédait tant de vitalité que, bien modifiée aujourd'hui il est vrai, elle subsiste encore de nos jours. La maison qu'avait fait bâtir le fondateur, avec chapelle, ayant accin (1) et jardin, le tout entouré de murailles et tenant au jardin de l'habitation de Hault, a disparu, mais l'hôpital-hospice qui a succédé, depuis 1875, à l'antique fondation, fonctionne aujourd'hui dans la maison même de Gérard de Hault. C'est une belle et vaste demeure, aspectant la place principale de Sommevoire dont, avec ses élégantes tourelles enga(1)

enga(1) est un mot très champenois qui signifie habituellement enclos autour d'une maison de paysan », sans doute de accingere.


MAISON DE GÉRARD DE HAULT A SOMMEVOIRE

abritant aujourdhui l'hôpital-hospice

(Photographie de M. Duchêne, Maire de Sommevoire/



NICOLAS DE HAULT 25

gées dans la façade, elle fait l'ornement (1) et qui donne une haute idée de la fortune de celui qui l'a construite.

L'histoire de l'hôpital-hospice de Sommevoire a été écrite par M. le Docteur Mongin (2) qui lui a consacré, en 1905, un ouvrage aujourd'hui introuvable où il étudie cette institution depuis sa fondation, datant du 2 février 1572, jusqu'au 1er mai 1904. Sans la refaire ici, il n'en est pas moins intéressant de résumer rapidement les vicissitudes par lesquelles passa l'histoire des présentations au poste de chapelain dans ses rapports avec la descendance de Gérard de Hault.

Jean de Hault, fils du fondateur, Pierre Geoffroy et Dimanche Garnier, présentés en 1603 par Glaude de Hault et en 1619 par Nicolas de Hault ses petits-fils, furent nommés sans difficulté, et si le dernier fut troublé dans sa jouissance par un compétiteur du nom de Saulnier, un arrêt de la Cour de Parlement vint, le 22 décembre 1628, l'absoudre des demandes contre lui présentées et condamner ses adversaires aux dépens.

Mais, pour le quatrième chapelain, les choses n'allèrent

(1) Voici la description qu'en donne Ernest RIGNIER, op. cit. « L'hô« tel de Guichaumont était constitué d'un corps de logis rectangulaire « flanqué de quatre tours et de deux autres en retour d'équerre où « était la porte d'entrée. Il avait trois étages sans rez-de-chaussée, « celui-ci étant remplacé par un étage souterrain d'une grande éten« due, éclairé seulement par des lucarnes étroites ou meurtrières « garnies d'une double grille de fer. Un large fossé le longeait : il a « été mis dans la suite de niveau avec la place en abaissant le sol de « celle-ci et des rues adjacentes. Du haut de ses tourelles crénelées la « vue planait, par dessus les maisons du bourg, jusque dans la cam« pagne....

« L'intérieur de l'habitation était composé de vastes appartements « donnant sur de longues galeries ; un escalier tournant, pratiqué « dans l'une des tours, conduit encore aux étages supérieurs distri« bues comme ceux du dessous et, de là, sur une terrasse ou platc« forme qui régnait d'un bout à l'autre de l'édifice au sommet des « combles. Deux côtés étaient libres sur la voie publique, les deux « autres, avec leurs dépendances, étaient protégés par de hautes « murailles et, par les cours intérieures et jardins, on communiquait « avec l'Hôtel-Dieu construit à l'extrémité. Entouré par la rivière, « dont une des sources jaillit au milieu de la propriété, celui-ci se « reliait avec la masse des bâtiments d'une manière immédiate par « un passage couvert ».

(2) J. MONGIN, Histoire abrégée de l'Hôpital-Hospice de Sommevoire, Meaux, 1905, in-8°. L'éditeur, G. Lépillet, a mis au pilon, vers la fin de la guerre tout ce qu'il avait conservé chez lui d'exemplaires de cet ouvrage.


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pas aussi simplement. Le dernier petit-fils de Gérard, victime d'une ruine complète, ainsi qu'on le verra plus loin, avait bien laissé des enfants, mais ceux-ci étaient hors d'état de revendiquer leurs droits, Une ample discussion s'éleva donc entre deux de leurs cousins, au cours de laquelle les avocats ne se firent pas faute d'affirmer qu'il n'y avait plus d'enfants mâles portant le nom de de Hault. D'après eux, il ne demeurait plus que des mâles issus des filles de Nicolas de Hault, fils aîné du fondateur « entre « lesquels mâles il y en a deux plus proches d'un degré « que les autres, savoir Claude Hennequin de Richebourg « (fils de Colombe de Hault, fille de Nicolas) et Nicolas « Allen, Conseiller au Présidial de Troyes (fils de Nicole dé « Hault, demie-soeur de Colombe) lequel, quant à présent, « ne prétend aucun droit audit patronage, d'autant que « ledit Hennequin est plus aîné que lui... ».

En 1658, fut nommé à la maîtrise de l'hôpital un certain Bernard Desmarets, lui-même petit-fils d'une arrière-petitefille de Gérard de Hault, Louise Allen, soeur de Nicolas Allen qui s'effaçait si galamment devant M. de Richebourg, son cousin germain. C'est sur la présentation de ce dernier que l'abbé Desmarets fut nommé, le 9 février 1658, par Monseigneur de Mailly, évêque de Troyes. Cependant, Marguerite de Hault, veuve d'Antoine Gaillard, surintendant de la Maison de Gaston de Bourbon, et fille de Nicolas de Hault, seigneur de Morteau, lui-même petit-fils de Gérard, avait tenté d'abord de faire nommer son fils, Pierre Gaillard, docteur de Sorbonne, doyen de l'église de Langres, lequel s'était retiré de la lutte en apprenant que sa nomination était un sujet de dissentiment entré sa mère et Claude Hennequin. Abandonnée par son candidat, madame Gaillard ne s'était pas tenue pour battue et avait voulu présenter Claude Quelin, prêtre, mais avait du s'incliner devant la juste interprétation de l'acte de fondation, qui stipulait évidemment, on a pu s'en rendre compte, que les branches collatérales n'auraient la présentation qu'au cas de défaillance de tous les mâles issus des filles de la branche aînée (1).

Cette petite affaire ne paraît d'ailleurs pas avoir produit une mauvaise impression sur les compétiteurs, car le dossier des Archives de l'Aube, qui en conserve le souvenir, contient la copie d'une lettre adressée le 19 mars 1660, à

(1) Archives de l'Aube, E 202, liasse.


NICOLAS DE HAULT 27

madame Gaillard, par un représentant des intérêts de son cousin Richebourg, où l'écrivain se montre « heureux dé « connaître à cette occasion des personnes dont l'alliance « était ignorée de part et d'autre et supplie de l'obliger « d'une déduction généalogique pour l'insérer dans celle de « Gérard de Hault notre bisayeul commun ».

Entre temps, madame Gaillard, qui était vraiment tenace, avait obtenu, le 22 avril 1659, une sentence du bailli de Chaumont lui donnant préférence pour la présentation à la maîtrise de Sommevoire sur Jean Mailly, Conseiller du Roi en ses Conseils d'Etat et privé, lieutenant-criminel au. bailliage et siège présidial de Chaumont en Bassigny, lequel, à dire vrai, était en retard sur elle d'une génération, n'étant que le fils de Jeanne de Grand, épouse Mailly, fille elle-même de Louise de Hault, fille de Nicolas.

Et, comme la Fortune aime les gens obstinés, il suffit ensuite à madame Gaillard de laisser mourir son cousin de Richebourg, le présentateur, comme son cousin Bernard Desmarets, le présenté, pour pouvoir à son tour connaître la joie de faire nommer Claude Quelin. Après la mort de celui-ci, survenue en 1669, c'est encore elle qui présente Jean Denys et, en 1680, un dernier cousin, bien inattendu celui-là, Jean de Hault, descendant direct à la sixième génération de Gérard de Hault lequel, à meilleur escient encore que son' prédécesseur Desmarets, aurait vraiment bien pu songer à se nommer lui-même !

Il est vrai que, dès que madame Gaillard fut morte à son tour, les Mailly prirent leur revanche. Ils accaparèrent le droit de présentation qui fut exercé, en 1693, par Jean de Mailly, son malheureux compétiteur, puis, en 1712, par Maurice, fils de celui-ci ; en 1714, par sa fille Marie-Jacquette, veuve de messire Pierre-Philippe Perret, chevalier, seigneur de Bretenay, et, en 1735, par messire François de Mailly, chevalier, seigneur de Viéville, fils de MauriceLe

MauriceLe nommé sur la présentation de ce dernier Mailly, l'abbé de Complainville, mourut en 1759 et les archives de Sommevoire n'ont pas conservé trace de la présentation de son successeur, Claude Thévenin, qui fut mis en possession le 5 juillet 1761 et mourut le 12 juillet 1793, ayant fait, le 2 janvier 1790, déclaration détaillée de tous les biens du bénéfice de l'hôpital de Sommevoire à collation laïque.

Il est évident que, sauf madame Gaillard et la famille de Mailly, aucun des très nombreux descendants par les


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femmes de Gérard de Hault ne paraît s'être intéressé à l'hôpital de Sommevoire. Quant aux descendants directs par les mâles, ils s'en sont étrangement peu occupés, étant donné surtout qu'ils étaient sur place, et il faut arriver à ce dernier chapelain pour les voir rentrer en scène. Dans un mémoire dressé le 15 octobre 1785 par M. de Chanlaire, avocat (1), on trouve en effet cette allusion à leur existence et à leurs droits : « Comme il n'existe plus de de Hault « connu que celui de Saint-Dizier, tout porte à croire que « le patronage de l'hôpital de Sommevoire lui appartient « et que c'est sur sa présentation que Claude Thévenin; à « été nommé chapelain par Monseigneur l'Evêque de « Troyes ». Il s'agit donc de Nicolas de Hault, conseiller du Roi, garde-marteau en la Maîtrise des Eaux et Forêts de Saint-Dizier.

Avec lui devrait finir ce chapitre, mais il n'est pas sans intérêt de noter rapidement le sort ultérieur de l'hôpitalhospice. Les habitants de Sommevoire réussirent à le conserver pour eux, grâce aux démarches faites auprès de l'administration centrale du département, et, avec les restes de la dotation de son fondateur, il traversa tant bien que mal le demi-siècle qui suivit. En 1859, un immeuble nouveau fut bâti pour le loger, que vint bénir Monseigneur Guérin, évêque de Langres (2). Le prélat, après avoir rappelé les bienfaits dé la famille de Hault, félicita et remercia la municipalité et la commission hospitalière de la réparation dont elles se rendaient les auteurs en relevant de ses ruines son hôpital et en faisant de nouveau prier pour les fondateurs, suivant les prescriptions de Gérard de Hault.

Et, enfin, ainsi qu'il l'a été indiqué déjà, l'ancienne maison de ce dernier, possédant des conditions meilleures d'emplacement et de salubrité, fut louée en 1875 à la commune, qui en était devenue propriétaire, par l'administration hospitalière, laquelle, en 1902, en fit définitivement l'acquisition. L'hôpital de Sommevoire se trouve donc aujourd'hui logé, pour longtemps espérons-le, chez son fondateur.

Entre temps, en 1880, il se produisit des difficultés pourie service religieux, qui furent tranchées, en 1886, par une

(1) Archives de la Haute-Marne, H 33, liasse,

(2) Sommevoire fut rattaché au diocèse de Langres après la réorgairisation concordataire.


NICOLAS DE HAULT 29 '

transaction entre l'Hôpital et la Fabrique, où il est stipulé que « la fabrique entend ne se lier en aucune manière vis-à« vis des ayants cause du fondateur et décline toute res« ponsabilité pour inexécution d'une partie des charges de « la fondation ».

Contrairement à tant de beaucoup plus grands seigneurs que lui, Gérard de Hault est donc arrivé à ce que sa fondation, trois siècles et demi après qu'il lui donna la vie, soit encore utile aux habitants de sa petite patrie ! Transformée au cours des âges à la suite des révolutions qui ont détruit beaucoup d'autres institutions plus solides, la sienne est toujours là et le nom de son créateur est encore prononcé, à Sommevoire, avec respect et reconnaissance. Il y a près de cinquante ans, l'inscription funéraire de Gérard de Hault, endommagée par les années, a été rétablie dans l'église Notre-Dame de Sommevoire ; la meilleure conclusion de ce chapitre, qui lui est consacré, sera de la reproduire ici :

CY REPOSENT NOBLE CHEVALIER GERARD DE HAULT

CONSEILLER AUDITEUR DES COMPTES

DE LA ROYNE D'ECOSSE

DOUAIRIERE DE FRANCE

LEQUEL DECEDA LE 14 JUILLET

1584

ET MESSIRE ALEXANDRE DE HAULT BARON D'ANNONVILLE QUI TREPASSA LE 11 OCTOBRE 1616

EN 1880 L'ADMINISTRATION DE L'HOPITAL DE SOMMEVOIRE

A RETABLI CETTE INSCRIPTION

A LA MEMOIRE DE SON FONDATEUR

ET DES BIENFAITEURS DE CE PAYS


30 NICOLAS DE HAULT

CHAPITRE II

LES ENFANTS DE GÉRARD DE HAULT

L'on connaît sept enfants issus de l'union de Gérard de Hault avec Marguerite Rolland.

a) L'aîné est le Maire de Troyes, NICOLAS DE HAULT, dont la biographie fait l'objet du Chapitre III.

b) Le second se nommait JEAN, il naquit le 15 février 1533, et fut, on l'a vu, le premier chapelain de Sommevoire. Mais son rôle dans l'histoire ecclésiastique du diocèse est autrement important. Grand archidiacre de Troyes, il fut député, en 1588, par le Clergé, pour porter aux Etats les Cahiers que cet ordre avait rédigés (1). De retour à Troyes avec son collègue Le Tartier, doyen de Saint-Etienne, qui avait été député pour prendre la parole, ils firent à leurs commettants, le 28 janvier 1589, au Chapitre, de là Cathédrale, le récit des dramatiques évènements de Blois. Après avoir remercié MM. Le Tartier et de Hault de leurs peines (2), les chanoines décidèrent immédiatement de célébrer deux services solennels à la Cathédrale pour le Duc et le Cardinal de Guise.

En 1596, Jean de Hault a fondé l'Office de la Présentation de la Vierge. Il décéda le dimanche 22 août 1604, dans la maison qu'il habitait au petit Cloître.

Sa succession donna lieu à de graves difficultés car, pendant sa dernière maladie, il avait dit à plusieurs personnes, notamment à son confesseur alors qu'on lui administrait les derniers Sacrements, qu'il laissait un testament portant augmentation de ses libéralités vis à vis de l'Eglise. Ses confrères accusèrent les siens d'avoir fait disparaître cette pièce et firent publier des monitoires — même à Lignol — pour enjoindre à ceux qui l'avaient cachée de la rendre. On y voit que les vénérables chanoines, sans prononcer aucun nom, accusent « certaines personnes n'aiant la crainte de « Dieu devant les yeux ni leur salut » de s'être emparées du testament « comme elles ont pris ses clefs et fait trans(1)

trans(1) du Cahier du Clergé du bailliage de Troyes, in Tome I de la Collection des Documents inédits publiés par la SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE L'AUBE, Troyes, 1878, in-8°.

(2) On trouve le mandat délivré au grand archidiacre pour le payement de ses frais, Archives de l'Aube, G 168.


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« porter ses coffres, or monnayé et non, papiers, etc.. « nuitamment à bras et avec brouettes... ».

L'archidiacre de Hault est enterré dans la Cathédrale de Troyes, où sa tombe de marbre noir est malheureusement trop usée pour que l'on puisse y retrouver ses traits (1). On chantait le 23 novembre, dans cette église, une messe solennelle des Morts à son intention et, le 15 mai, on y célébrait un anniversaire pour ses parents, amis et bienfaiteurs.

c) Le troisième fils, Louis DE HAULT, naquit en juin 1535. Il fut Président au Grenier à sel de Beaufort et, dès 1564, commissaire ordinaire des guerres. Le 18 mai 1575, il devint seigneur de Puellemontier (2) par voie d'échange avec le Cardinal de Lorraine, abbé de Montierender. Louis de Hault épousa Marguerite de Vassan, fille de Guillaume de Vassan, écuyer, seigneur de Rizaucourt, etc... grenetier au grenier à sel de Beaufort, et de Jeanne de la Ferté. Il paraît s'être agrégé à la noblesse car son épitaphe (3) était ainsi rédigée :

« Cy gissent Louis de Hault, écuyer, sieur de Hault (4)

(1) Cf. Sur son compte, aux Archives Départementale de l'Aube, les dossiers. G 1289, notamment folios 317 et 326, 1292, 1293 et 2639 ; au Cabinet des Titres, les Pièces originales 1491 et Dossiers Bleus 351, ainsi que FICHOT, Statistique monumentale de l'Aube.

(2) Archives du château de Puellemontier, conservées aujourd'hui à la cure du village. La marquise de Meyronnet, dernière propriétaire du château, ayant fait donation de sa demeure aux Soeurs de Saint Vincent de Paul en 1922, a remis aux archives paroissiales tous les titres de propriété de ses auteurs.

Puellemontier est sis à 74 kilomètres de Chaumont ; sous l'ancien régime, cette seigneurie faisait partie de l'élection de Troyes, prévôté de Bar-sur-Aube, bailliage de Chaumont.

M. l'abbé DIDIER a publié, en 1867, à Troyes, un ouvrage intitulé : Notice historique sur les deux monastères, le village, l'église et le château de Puellemontier.

(3) ROSEROT, loc. cit. La tombe qui la portait était située au-devant du maître-autel de l'église de Puellemontier. Elle se composait d'une plaque de bronze soutenue par six lions portant des écussons. Cf. Cabinet des Titres, Pièces originales 1491.

(4) Au XVIIIe siècle il y avait encore, à Beaufort, devenu Montmorency, le fief de Hault « consistant en trois gagnages à Beaufort, « Villeret et Chavanges, loués 80 livres ; 1/4 des dixmes inféodées de « vin et bled à Villeret et Lentille, avec menu cens de 40 sols sur la « rivière de Beaufort. Point de justice », Cf. L'Election de Vitry-leFrançois, manuscrit de M. DE VAVERAY, publié en 1878 par la Société des Sciences et des Arts de Vitry, gr. in-8°.


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« et Puellernontier et damoiselle Marguerite de Vassan « son épouse, lesquels décédèrent savoir ledit sieur le 22 « avril 1592 et ladite demoiselle le 21 septembre 1583 ». En interligne se trouvait celle de leur neveu : « Cy gist « Gérard de Hault, écuyer, sieur de Puellemontier et capi« taine de deux cents hommes de pied qui deceda le 29 de « May 1589 ».

Dans le contrat de mariage de sa fille Jeanne, Louis de Hault est simplement qualifié de « noble seigneur Louis de « Hault seigneur de Puellemontier ».

Il eut quatre enfants : ca) RENÉ DE HAULT, qui fut après lui seigneur de Puellemontier, Jervilliers et la Borde, et ne paraît pas avoir été marié. En 1619, ce gentilhomme vint visiter Sommevoire et constater comment fonctionnait la fondation de son grand-père. Par un acte du mardi 10 décembre, dont copie est aux archives de l'hôpital, il reconnut que celle-ci « est belle et a bon sujet pour l'honneur de « Dieu » et, ayant vu « la célébration de la Sainte Messe par « chacun jour et l'aumosne qui se fait par chacun jour « d'un demy boisseau de bled mis en pain », il ajouta à la fondation de son aïeul une pièce de vigne. Celle-ci, de la contenance d'un demi-journal environ, appelée la vigne La Musuère, était située au Bouillon ou Fosse-Gordel et tenait d'un côté à Guillaume Faulconnier, docteur en médecine à Vitry.

René de Hault s'étant mis en retard pour payer ses tailles, Puellemontier fut mis en vente sur lui en 1620 et acheté par Pierre de Beurville, son beau-frère, et Jeanne de Hault, veuve d'Antoine Pithou, sa soeur. Il parait néanmoins en être demeuré possesseur, son épitaphe est ainsi rédigée : « Cy gist René de Hault écuyer seigneur de Puelle« montier qui décéda l'an 1626 au mois de Février ».

c b) LOUISE DE HAULT, mariée deux fois : 1°) à Antoine Goureau, secrétaire du duc de Guise et 2°) par contrat, en date à Troyes du 16 novembre 1594, à Noël Boucher, écuyer, seigneur de Pâlis, Rosières, etc., fils de Michel Boucher de Pâlis et Marie Coiffait (1). Héritière de

(1) On ne connaît pas de postérité du premier mariage ; du second vint un fils qui eut de nombreux enfants et continua la famille. Les descendances par les femmes, qui ont été établies aussi complètement que possible par l'auteur jusqu'à nos jours, demanderaient un volume entier pour elles seules ; c'est pourquoi on se borne ici à de rapides indications, destinées à faire connaître très succinctement les principales familles issues des de Hault.


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la cinquième partie du quart de la seigneurie de Lignol, elle la vendit en 1640 à François de Saint-Belin.

c c) JEANNE DE- HAULT épousa par contrat, en date à. Wassy du 12 février 1584, Antoine Pithou (1), écuyer, seigneur de Luyères, commissaire ordinaire des guerres, maire de Troyes en 1610, lequel mourut le 4 mai 1619 et était fils de Pierre Pithou de Luyères et de Bonaventure de Chantaloë.

c d) MARGUERITE DE HAULT épousa Pierre de Beurville (2), écuyer, seigneur dudit lieu, commissaire des guerres et valet de chambre du duc d'Anjou. Habitant à Troyes, Beurville était en 1592 capitaine de la sixième compagnie du quartier de Saint-Jacques et demandait à être déchargé de cette fonction pour pouvoir « s'employer « pour la reveue et monstre des compagnies de gens de « guerre estant en villes de ceste province et gouvernè« nient ». Le 7 mars, le Corps de Ville décide qu'on ne peut accepter sa demande et qu'il sera prié « continuer du « moins pendant les presents troubles ».

d) Le quatrième fils de Gérard, PIERRE DE HAULT, né le 10 août 1539, mort en 1571, fut procureur du Roi au bailliage de Chaumont. La branche qu'il forma fera, l'objet du Chapitre V.

e) JEANNE DE HAULT, première fille, née en septembre 1531, épousa Pierre de Grand, écuyer, seigneur de Briaucourt (3), veuf de Claude du Bois et fils de François de Grand et Claire de Gyé.

(1) La descendance des Pithou fut particulièrement brillante. Une branche s'éteignit chez les La Rochefoucauld-Montendre et les Durand de Villegaignon ; une autre est actuellement représentée par les Doublet de Persan.

(2) La famille de Beurville s'est éteinte à la fin du XVIIIe siècle, chez les Thomassin de Bienville, par qui Puellemontier est passé aux Meyronnet. Ses descendances féminines sont nombreuses et intéressantes. D'une Beurville est venue la famille de Mertrus et, par elle, entre autres noms du pays triyen, les Boucher de la Rupelle ; d'une autre, les Joybert, Guitaut, Salaherry ; d'une autre enfin, mariée à un Dorigny, descendent, par les Le Bascle d'Argenteuil, tous les Maillé et une bonne partie de la maison de Polignac.

(3) Le fils aîné de Pierre de Grand, comme lui prénommé Pierre, continua sa famille. Une des filles épousa à Chaumont, par contrat du 30 janvier 1575, Etienne Perret, écuyer, seigneur de Frenoy, conseiller au bailliage et siège présidial de Chaumont, dont le petit-fils, marié à Claudine de Grand, sa cousine, fut père de Pierre-Philippe Perret, marié à sa cousine Marie-Jacquette de Mailly, qui paraît dans l'histoire de l'hôpital de Sommevoire. Cf. Chapitre I. page 27.

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f) CLAUDINE DE HAULT épousa : 1° Nicolas Le Febvre, seigneur de Bouy et des Chevalliers, veuf de Guillemette Dorey et fils de Christophe Le Febvre et de Claude Le Bé, dont elle eut un fils unique marié à Simonne Mauroy, et 2° Vincent David (1), lieutenanlt-criminel au bailliage de Troyes, président au bureau des Trésoriers de France de Champagne.

g) ANTOINETTE DE HAULT, née en 1544, le jour de la FêteDieu, épousa Nicolas Le Marguenat (2), seigneur de Guichaumont, du chef de sa femme, bourgeois de Troyes. Ii mourut probablement en 1614, car son inventaire après décès est du 30 septembre de cette année.

(1) Deux filles, Anne et Marie, vinrent du second lit, dont l'aînée, en épousant, par contrat du 14 septembre 1591, Jacques d'AIlonville, écuyer, seigneur de Vertron, Oysonville, etc., se trouva l'origine d'une nombreuse postérité. Les d'AIlonville se sont perpétués dans les mâles jusqu'à nos jours ; par les femmes, descendent d'eux les du Mesnil de Chaumesnil, d'Antessanty, du Pont de Compiègne, Testu de Balincourt, pour ne citer que les familles demeurées dans le pays troyen. Celles qui l'ont quitté sont trop nombreuses pour être énumérées ; on en trouve jusqu'en Autriche où a prospéré, depuis la fin du XVIIIe siècle, une branche de la maison de Ségur-Gabanac.

(2) Archives de l'Aube, E 463. La famille Le Marguenat, une dès plus considérables de la grande bourgeoisie troyenné, est encore représentée aujourd'hui, à Paris, par un descendant direct du second fils de Nicolas et d'Antoinette de Hault, le comte de Marguenat, dont les auteurs sont fixés en Normandie depuis le milieu du XVIIIe siècle. Le fils aîné, aussi nommé Nicolas, seigneur de Courcelles, fut le grand-père d'une femme célèbre, Anne-Thérèsé Le Marguenat de Courcelles, marquise de Lambert*. De celle-ci descend une innombrable et très flatteuse postérité, car sa petite-fille épousa le duc d'Harcourt, dont viennent tous ceux qui portent actuellement le nom d'Harcourt et dont les filles et petites-filles ont porté le sang des de Hault dans toutes les familles de la haute aristocratie française.

Les autres enfants de Nicolas Le Marguenat sont extrêmement intéressants au point de vue troyen, car d'eux sont provenus les d'Aubeterre de Villechétif, Ludot, Quinot de la Chapelle, Hennequin de Charmont, Gouault, Berthelin, de Noël de Bûchères, de Courseulles du Rouvray, toutes familles dont la descendance à couvert la Basse Champagne et largement essaimé au loin.

" Les parents de la marquise de Lambert sont les héros d'une des Historiettes de TALLEMANT DES RÈAUX. (Tome IV de l'Édition Monmerqué) où madame de Courcelles-Marguenat paraît sous un jour peu favorable. Après la mort de son mari elle se remaria avec François Le Coignenx de Bachaumont.


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CHAPITRE III

NICOLAS-DE HAULT Maire de Troyes] de 1588 à 1593

Fils aîné de Gérard de Hault, Nicolas naquit en 1529, l'année même du Traité des Dames, c'est dire qu'il était un homme fait lorsqu'éclatèrent les troubles religieux qui déchirèrent la France dans la seconde partie du XVIe siècle. Engagé, ainsi que toute sa famille, dans le service des princes de Guise, il n'y avait pour lui qu'une attitude politique possible, être ligueur et il le fut avec passion. Il n'est peut-être pas inutile de faire remarquer d'ailleurs que la Ligue, si décriée encore aujourd'hui, par une curieuse survivance du discrédit où elle tomba, une fois les Bourbons assis sur le trône, fut, dans son origine, une réaction salutaire et nécessaire de l'esprit catholique et français contre le danger, confusément entrevu, de l'accession au trône d'un prince hérétique.

L'une des grandes lois fondamentales qui régissaient, presque aussi rigoureusement qu'une constitution écrite, le royaume de France, lois trop ignorées du public même, averti, était, il ne faut pas l'oublier, la loi de Catholicité (1). Que la Ligue soit devenue par la suite un instrument aux mains d'un ambitieux, c'est possible, mais elle a été d'abord un acte de légitime défense des catholiques attachés à leur foi et peu soucieux de se laisser traiter comme leurs coreligionnaires d'Angleterre ou d'Allemagne. Il est de mode chez les historiens de les blâmer vertueusement, comme si la soumission à un monarque ou à une forme quelconque de gouvernement devait passer avant l'obéissance aux lois de Dieu et de la conscience, mais il est bon d'avoir assez de liberté dans l'esprit, lorsqu'on étudie nos annales, pour savoir rendre justice à qui elle est due.

N'en déplaise aux auteurs de la Satyre Ménippée, dont l'admirable pamphlet a servi trop souvent de base aux appréciations des historiens qui les ont suivis, mais n'est quand même qu'un pamphlet, la Sainte Union nous a con(1)

con(1) LEMAIRE, Les lois fondamentales de la Monarchie française d'après les théoriciens de l'ancien régime ; Paris, 1907, in-8°. Henri DE LA PERRIÈRE, le Roi légitime, Paris, 1910, in-8°.


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serve, bienfait immense, l'unité de la Foi qui a servi celle de la Patrie. C'est elle, et ceci fait oublier toutes ses fautes, qui a obligé Henri IV à rentrer dans le sein de l'Eglise pour pouvoir devenir le roi national qu'il était, sans conteste, du moment qu'il redevenait catholique romain.

Traiter de ligueur Nicolas de Hault n'est donc nullement lui faire injure, et si les considérations temporelles n'ont pas eu trop de part à ses convictions, il n'y faut voir qu'un titre d'honneur pour lui. A en croire Nicolas Pithou (1) d'ailleurs, ce seraient celles-ci qui l'auraient déterminé et il aurait trouvé dans la Ligue le plus sûr moyen de courir après les créances qu'il avait sur le cardinal de Guise.

Nicolas de Hault épousa en premières noces, en 1552, Colombe Perret (2) qui lui donna cinq enfants ; dès 1561 il se remariait avec Anne Bazin, fille de Guillaume Bazin et de Louise Lebey, veuve sans enfants de François Mauroy, prévôt de Troyes, seigneur de Courcelles du chef de sa femme. C'est dire que son second mariage en faisait un troyen. Cette dernière alliance montre qu'il était certainement dans une brillante position de fortune : l'hoirie de son père fut importante puisque l'on trouve que, rien qu'à

(1) Nicolas PITHOU, sieur de Champgobert, est l'auteur d'une Histoire ecclésiastique de l'Eglise de la Ville de Troyes, qui se trouve en manuscrit à la Bibliothèque nationale, collection Dupuy, volume 698, et dont une copie, exécutée par monsieur Bruwaërt, est conservée par la Société Académique de l'Aube. C'est un ouvrage fort intéressant et plein de détails savoureux, encore que la partialité dont il est rempli le rende parfois fatigant. En le lisant, on a l'impression que tous les réformés sont des saints et leurs adversaires des bandits, ce qui est un peu simple comme vue d'ensemble sur une époque aussi troublée. Les' auteurs qui ont écrit sur Troyes ont parfois lu Pithou avec trop de confiance, ce qui fait que le ton de son oeuvre de partisan se retrouve dans les leurs.

Bithou dut s'enfuir, à plusieurs reprises, soit en Suisse, soit en Allemagne, pour pouvoir pratiquer sa religion sans risquer sa vie ; ses malheurs personnels expliquent bien naturellement l'âpreté dont il a fait preuve dans son livre. Il testa le 3 août 1595 « estant de pre« sent en la ville de Troyes, lieu de ma naissance, voyant que la peste « commence pululer en ladite ville, incertain de ce qu'il plaira à « Dieu disposer de ma vie*... », mais ne mourut qu'après le mois de mai 1598, ne laissant pas d'enfants de son mariage avec Perrette de Vassan. Archives de l'Aube, D 100.

(2) Il serait naturel de croire que cette Perret appartenait, à la famille chaumontaise de ce nom, fréquemment alliée aux descendants de Gérard de Hault, mais l'on trouve l'indication qu'elle était originaire de Sens. (Archives de l'Aube, E 1191).


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Sommevoire, les biens qui lui en advinrent valaient plus de quatre mille écus et il continua lui-même la politique familiale d'amodiation des terres de l'abbaye de Montierender qui avait été si profitable aux siens. C'est pourquoi il est très vraisemblable qu'il se soit trouvé amené à prêter de grosses sommes à la maison de Guise, surtout si, comme nous l'apprend Pithou, il fut trésorier du Cardinal. Dès lors ses intérêts ne pouvaient que renforcer ses convictions lorsqu'il lui fallut prendre parti.

Dans les années qui précédèrent la grande crise de la Ligue, on ne peut relever que quelques traces du futur maire. C'est ainsi que, le 4 juillet 1573, on le trouve cité comme « receveur ordinaire » des finances (1). En septembre de la même année, il achète (2) pour dix mille cinq cents livres, la commission de receveur particulier des décimes du diocèse de Troyes, office dont la création et la vente avaient été autorisées par Charles IX, à la suite du don de huit cent mille livres que lui consentit le Clergé de France « pour les frais du wyage de son frère Henri, roi de « Pologne ». Son père habitant Sommevoire, il lui servait de correspondant à Troyes ; le sieur de Lignol ayant prêté quatre mille livres, tournois à MM. du Chapitre de SaintPierre, le 16 mars 1575, il est mentionné dans l'acte que les fonds ont été comptés par eux et noble homme Nicolas de Hault son fils. On le trouve, en 1577, partageant avec les seigneurs de la maison de Saint-Belin, des terres et prés composant, le petit gagnage de Lignol. En 1581, il achète au même lieu « un demi-journal et quatre carreaux », ce qui prouve que, dès, avant d'avoir hérité de son père, il arrondissait la seigneurie qui devait lui revenir. Il n'eut cependant pas entier le quart que Gérard de Hault en possédait ; les quatre cinquièmes seulement de ce quart lui échurent au décès de celui-ci, l'autre cinquième étant, on l'a vu, attribué à sa soeur Louise. Mais, dès qu'il en fut devenu possesseur, il travailla vigoureusement à s'agrandir car, de 1585 à 1591, ses achats sur ce territoire donnent matière à vingt-six acquisitions différentes. La maison forte qu'y possédait son père se trouva dans sa part d'héritage ; on lit en effet, dans un Etat des châteaux qui tiennent contre le Roi au Gouvernement de Champagne et de

(1) Archives de l'Aube, C 1982.

(2) Archives de l'Aube, G 222. Les recettes réalisées devaient être envoyées à Châlons-sur-Marne où résidait le receveur-général François de Vigny.


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Brie (1) : « Le chastieau de Lignot appartenant au maire de « hault, de Troyes, à deux lieues de Bar-sur-Aube ».

Pour ne plus avoir à revenir sur ce qui concerne cette seigneurie, signalons une transaction de 1588, passée entre Nicolas de Saint-Belin et Nicolas de Hault. Elle concernait l'attribution de quatre cent trente-quatre arpents de bois, restants après le partage qui eut lieu entre les habitants et les co-seigneurs. Il fut également convenu que l'affouage du four banal serait fourni par les seigneurs en proportion de leurs propriétés, ces derniers ayant cependant un droit égal de franchise pour la cuisson de leur pain.

L'Histoire ecclésiastique de la Ville de Troyes fait de Nicolas de Hault un éloge tout à fait inattendu (2) sous la plume de son auteur et qui n'en rend que plus intéressante l'idée qu'elle donne de lui. « Or il y avait en icelle (la ville « de Troyes) un certain personnage nommé Nicolas de « Hault, filz de Gérard de Hault dict Gobelet, natif de Som« mevoyre, village des appartenances de l'abbaye de Mons« tier en Der, de laquelle le cardinal de Guyse estoit abbé. « Cestuy de Hault estoit admodiateur de ladicte abbaye, « tresorier dudict cardinal et son favoris à cause que sa « bource nestoit point fermée pour luy. Au moyen de quioy « ledict Cardinal luy estoit redevable d'une grande somme « d'argent. Pour aider à s'en acquitter, il luy avoit donné « par admodiation, son abaye de Monstier en Der. De Hault « avoit prins en secondes nopces femme à Troyes et si estoit « venu habituer. Il s'estoit tousiours fort bien comporté et « monstre homme doulx et bénin, gratieux, courtoys et « humain, se rendant agréable à tous, tellement que dela a « peu de temps il fut esleu l'un des Conseillers de la Cham« bre de Ville. Auquel estat il s'estoit comporté en homme « de bien et affectionné au parti et proufict de la ville ». Cet honneur lui échut le 11 septembre 1582 où il remplaça feu Edmond Maillet. C'était la consécration de sa naturalisation comme grand bourgeois troyen.

(1) Publié par HERELLE, in La Réforme et la Ligue en Champagne, Vitry, 1888, in-8°.

(2) Pithou devait être assez gêné pour parler de de Hault, dont la femme était une parente de sa mère et dont la nièce, Jeanne de Hault, avait épousé, en 1584, son demi-frère Anthoine Pithou de Luyères, commissaire dès guerres. Il faut reconnaître qu'il s'est galamment tiré de ces difficultés familiales et son portrait n'en a donc que plus de chances d'être ressemblant.


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Il avait établi deux de ses filles du premier lit dans sa ville d'adoption. L'une, Colombe, avait épousé Nicolas Hennequin (1), seigneur de Souligny et de Richebourg, fils de Nicolas Hennequin et d'Anne Perricard ; l'autre, Marguerite, était la femme de Sébastien Mauroy, commissaire des guerres, fils de Hugues Mauroy et, d'Anne Le Mairat. L'un et l'autre étaient capitaines de compagnies bourgeoises et leur influence sur l'élément populaire était considérable. Est-ce leur beau-père qui les détermina à tenter de placer Troyes sous l'obéissance des Guise, sont-ce eux qui l'entraînèrent en lui « mettant tant de frayeurs devant les yeux, « accompagnez de la crainte de perdre l'argent qu'il avait « preste au Cardinal qu'il céda à la fin et se laissa emporter « à leurs damnables et malheureuses persuasions », il est assez difficile de le savoir aujourd'hui. Toujours est-il que ces. trois hommes, s'aidant mutuellement, furent les protagonistes du drame qui allait se jouer.

Dès 1586, nous apprend Nicolas Dare dans son journal, de Hault faillit bien devenir maire (2). Le roi manda qu'il voulait « que, au jour Sainct Bernabé, 10e de juing, que « l'on débvoit eslyre ung majore nouvel... qu'il fust procédé « a la nomination de quatre personnes pour iceulx estre « envoyés les noms et surnoms par devers sa Majesté à « celle fin de choysir pour lui lequel que bon luy semblera.

« C'estoit pour oster les brigues illicites qui se prépa« roint pour un maire nouveau ainsi que Ion avoit faict aux « eschevins à Pasques.

« Les quattre qui ont eu le plus de voix du peuple c'est : « Monsieur le Maire Nevelet pour estre continué, 67 voix. « Monsieur de Hault, recepveur des décimes, 110 voix. « Le Père Jehan Le Cornuat. (Biffé)

(1) Ecoutons Pithou, sans prendre ce qu'il dit pour parole d'Evangile !

« Hennequin estoit en fort mauvaise réputation envers les gens « de bien et d'honneur pour ce qu'il estoit un bateur de pavé, un « putier ordinaire et un grand blasphemateur du nom de Dieu, brief, « un homme d'un mauvais gouvernement et d'une meschanle vie, « perdu et abandonné à toute volupté. Et au demeurant fort teme« raire et insolent. Mauroy n'estoit pas d'un tel humeur, mays bien « d'un fort petit esprit sans jugement ny entendement... ».

(2) Mémoires de Nicolas DARE, édités par Maurice Bailly de Barberey et le vicomte René de Saint-Mauris, in Tome III des Documents inédits sur la Ville de Troyes, publiés par la SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE L'AUBE. Troyes, 1886, in-8°.


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« Monsieur de Villechétif, Dobeterre.

« Le Sire Nicolas Le Marguenat :

« Le roy a escript lettres à Messieurs de la Ville et habi« tans que des quatre esleuz par le peuple il nommoit « pour maire Monsieur de Villechétif nommé Jehan Dobe« terre (1), lequel s'en est fort excusé et a absenté la ville « ung mois durant. Il a fait le serment de maire par devant « Monsieur le Président le VIIIe jour de juillet 1586 ».

Avec juste raison, le roi Henri III n'avait que peu de confiance dans un homme dévoué aux Guise pour lui conserver sa bonne ville de Troyes ! En 1588, mu par les mêmes sentiments, le souverain ordonna que le maire en exercice continuat sa charge mais il s'y prit trop tard et, depuis le 11 juin, date accoutumée de l'élection, Nicolas de Hault l'avait remplacé (2).

C'est que, dans ces deux années, bien des évènements s'étaient passés : la puissance de la Ligue augmentait et, sans rompre ouvertement avec le Roi, ses chefs s'assuraient des places utiles à occuper. Dès. 1585, dans le conseil tenu à Joinville, Langres, Troyes et Châlons avaient été visées,

(1). Jean d'Aubeterre de Villechétif, contrôleur des finances en Champagne, fils de Pierre et Anne Factet, époux de Louise Angenoust dont il n'eut pas d'enfants. Il succédait à Vincent Nevelet, fils de Vincent, seigneur de Dosche et de Jeanne de Mesgrigny, époux d'Edmée Angenoust.

(2) BOUTIOT a publié en 1870 un opuscule intitulé : Des Maires et des Conseils de Ville, in-8°, dans lequel on trouvera tous les renseignements nécessaires sur ceux-ci à l'époque qui nous occupe.

En résumé, à la suite des lettres patentes de Louis XI, en 1470, il fut élu, par un scrutin à deux degrés, trente-six habitants, dont douze formant le corps d'échevinage renouvelable chaque année par moitié et les vingt-quatre autres le Conseil de Ville. Le Président des échevins, plus tard le maire, était choisi, par l'Assemblée générale des habitants, dans le sein du corps de Ville pour deux ans, le jour de la Saint-Barnabe. Les échevins et conseillers de ville n'étaient remplacés qu'à leur démission ou à leur mort.

L'Assemblée générale où, à l'origine, tous les citoyens étaient appelés, ne tarda pas à devenir l'assemblée des délégués des différents corps, métiers et corporations, c'est sous cette forme qu'elle fonctionnait très régulièrement au XVIe siècle.

Cette organisation persista sans grands changements pendant deux siècles environ, où la violation la plus importante subie par la constitution troyenne fut le choix du maire par le Roi en 1586. A là suite de la Ligue une condition nouvelle fut imposée au chef de la Cité : celle d'y être né et d'y compter dix années de résidence. Il est évident que ceci visait directement Nicolas de Hault qui n'était pas troyen de naissance.


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mais, jusque-là, malgré leurs tentatives réitérées, les princes lorrains n'avaient pu détacher Troyes de la cause royale. Guise avait fait défense à ses habitants de recevoir dans leurs murs son lieutenant-général au gouvernement de Champagne, le sire de Dinteville (1), tandis que, de son côté, celui-ci parcourait la province avec l'ordre du Roi d'interdire au Duc, gouverneur de Champagne, l'entrée de Langres, Chaumont, Sens et Troyes. Correspondances, démarches multipliées des royalistes et des ligueurs s'entrecroisent et montrent l'importance que les uns comme les autres mettent à la possession de la capitale de la Champagne.

Le parti lorrain était cependant puissant dans la ville, le nombre des voix obtenues en 1586 par de Hault le prouve à lui seul et, au printemps de 1588, grâce au travail acharné de ses chefs, la balance finit par pencher en sa faveur. Ecoutons Pithou : « Encores que ladicte ville se tint tou« siours ferme et en son debvoir, si n'y avoit-il point au « dedans faulte de ligueurs secrets. Les Royaux estoient en « fort bon nombre, composez des chefs de la justice et des « plus riches et apparens marchants et aultres. Les ligueurs « estoient comme la lie du peuple hormis quelque bien « petit nombre (2). Tous les deux partis asçavoir Royaux

(1) Joachim de Dinteville, chevalier, seigneur dudit lieu Thennelières, Spoy, etc., était fils de Jean de Dinteville et Gabrielle de Stainville. Né à Chaumont en 1540, il mourut à Dinteville au début d'octobre 1607 et fut enterré en la collégiale Saint-Etienne de Troyes. Marié en premières noces à Marguerite de Dinteville et en secondes noces à Eléonore de Saulx-Tavanes, petite-fille du maréchal, il ne laissait pas d'enfants.

Fidèle serviteur du Roi, il avait été nommé lieutenant général au gouvernement de Champagne et de Brie par provisions du 20 décembre 1579 sur la démission de Charles de la Rochefoucauld, seigneur de Barbezieux ; il était à cette époque chevalier de l'Ordre et capitaine de cinquante hommes d'armes des Ordonnances. Son entrée solennelle à Troyes eut lieu en mars 1580 ; jusqu'en 1588 il put conserver la Ville au Roi et, même quand la Ligue l'eut remplacé par Chamoy, il garda toujours de nombreuses sympathies dans la ville ; il y rentra dès qu'elle eut reconnu Henri IV.

(2) A rapprocher de la Satyre Ménippée (Harangue de M. le Cardinal de Pellevé*).... « Que vous semble de tant de caboches** qui se « sont trouvez et que Dieu a suscitez à Paris, Rouen, Lyon, Orléans, « Troyes, Toulouze, Amiens, ou vous voyez les bouchers, les tailleurs, « les chiquaneurs, basteliers, cousteliers et autres espèces de gens de « la lie du peuple avoir la première voix au Conseil et Assemblées de « l'Estat et donner la loy à ceux qui auparavant estoyent grands de


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« et Ligueurs se maintenoient toutefoys soubs l'obéissance « du Roy... Hennequin et Mauroy firent tant qu'ils attirè« rent quelques uns a leur cordelle (1) et estant ceste pra« tique ainsy dressée on en advertit au plus tost ledict duc « de Guyse lequel remect l'exécution a son frère le Car« dinal qui ne s'y endormit pas ». Jugeant donc venu le moment d'agir, celui-ci se présenta devant Troyes le 4 juin ; l'entrée lui fut refusée et, si les échevins vinrent le saluer, ils ne l'en prièrent pas moins de bien vouloir se retirer.

Mieux préparé sans doute, le coup manqué le 4 réussit le 10. Grâce à quelques-uns de ses dévoués partisans, à la tête desquels était Nicolas Hennequin, le Cardinal s'introduisit ce jour-là par la porte de Croncels. Sitôt dans la place, essuyant quelques balles qui ne le touchèrent pas, le prélat se rendit à la Cathédrale où il fit chanter un Te Deum, établit des corps de garde qui recevaient les ordres de lui seul, bref se comporta comme s'il était le maître. Et ri l'était en effet.

Bien que le Maire, d'Aubeterre de Villechétif, paraisse avoir facilité son entrée en donnant des ordres insuffisants, il ne fut pas jugé assez sûr pour être continué puisque le Roi l'avait choisi et, dès le 11, Nicolas de Hault fut élu par le parti vainqueur. Nous savons par Nicolas Dare que, sous le coup de ces évènements, « ...les Conseillers de la « Chambre de Ville tinrent conseil entre eulx et fust advise « que eulx tous estans au nombre de XXIII conseilliers, « se desmettroient tous et remettroient leurs estatz de con« seilliers entre ses mains. Et allors qui fust Vendredi « XXVIIe juing, fust faict assemblée generalle de tous les « estatz ou presidoit ledict sieur Cardinal en la grant salle « de l'evesché pour entendre les plainctes du peuple... ».

« race, de biens et de qualité, qui n'oseroyent maintenant toussir ny « grommeler devant eux ?... ».

" Cette harangue est de Florent Chréstien, précepteur d'Henri IV.

" Le nom de caboches est donné aux séditieux des villes énuméréés ensuite par allusion à la sédition des cabochiens arrivée en 1412 sous Cbarles VI.

Satyre Ménippée, édition Verger et Nodier, Paris, 1824, 2 vol. in-8°.

(1) Le mot cordelle qui s'est longtemps conservé en terme de marine, s'employait autrefois au figuré dans le sens de parti. Tirer quelqu'un à sa cordelle signifie la même chose que l'attirer à son parti :

On attire à sa cordelle

La femme la plus fidelle.


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Notre auteur assure que cette démission collective fut motivée par la nouvelle que le Cardinal voulait déposer quelques conseillers dont la religion lui était suspecte, Pithou affirme qu'il cassa ceux-ci purement et simplement, au nombre de dix-neuf. Il fut de suite procédé au renouvellement du Corps de Ville dont il ne demeura que huit anciens en place.

Avant de quitter Troyes, le Cardinal prit soin de faire prêter par les nouveaux élus le serment d'union et, le 28 juin 1588, arrivaient à Troyes les députés de Paris, de Reims et de Chaumont pour jurer avec eux. Puis, le 18 août, les juges-consuls signèrent sur le registre du greffe et, peu à peu, tous les ressortissants de la Ville, civils ou militaires, vinrent prêter serment entre les mains du Maire et le signèrent sur un registre ad hoc.

Ces émotions politiques n'empêchaient d'ailleurs pas Nicolas de Hault de songer à ses affaires et, le Clergé de France ayant établi de nouveaux décimes, il acheta,.'le 6 août 1588, l'office de receveur alternatif pour deux mille six cent quarante-huit écus trente-huit sols, aux gages de trois cent trente et un écus, six sols, neuf deniers « a raison « de 18 deniers pour livre de ce que se montent grandement « les décimes dudit diocèze, oultre 6 deniers pour livre de « tous les autres deniers extraordinaires qui se leveront sur « le clergé d'icelui diocèze ». Le 13 septembre, les prélats assemblés pour les affaires du Clergé de France font savoir que « pour le bon rapport qui faict nous a esté de la per« sonne de M. Nicolas de Hault et sur sa suffisante prud« hommie religion apostolique et romaine et bonne dili« gence... » — et aussi sur le vu de la quittance qu'il a retirée — l'Office peut lui être délivré. Le 30 novembre 1588, ensuite de ce qui précède, le roi, ayant pour agréable la présentation faite, nomme « nostre cher et bien amé « Nicollas de Hault, recepveur ancien hereditaire des deci« mes et subventions au diocèze de Troyes, à l'office de « recepveur alternatif héréditaire desdits décimes et sub« ventions du diocèze de Troyes » pour en jouir conjointement, lui et ses hoirs, avec son office de receveur ancien.

Ce ne sont là que formules de chancellerie, mais elles s'éclairent quand même d'un jour sinistre, lorsque l'on sait que vingt-trois jours après, le 23 décembre, le roi Henri faisait égorger le grand patron de son cher et bien amé Nicollas de Hault. Il tint à lui annoncer lui-même cette


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bonne nouvelle (1), écrivant le jour où le Cardinal était massacré après son frère à « nos amez et feaulx Maire et « Eschevins de nostre ville de Troyes. Chers et bons amis « oultre les lectres que nous vous avons écrites par les« quelles nous vous avons, fait entendre les justes causes « qui nous ont meu de faire mourir le feu duc de Guise, « nous avons encore voullu vous faire les présentes » et concluant par une exhortation à demeurer soumis à leur souverain où il assure ce corps municipal entièrement acquis à ses victimes qu'il trouverait en lui « un bon Roi « prest a vous gratifier ainsi que vostre fidellité le pourra « mériter ».

Connus à Troyes le 26 décembre selon Dare, le 27 selon Pithou, les actes de justice expéditive et un tant soit peu orientale d'Henri III y eurent une répercussion violente. En l'absence d'un pouvoir local fort, les éléments de désordre en profitèrent pour se livrer aux pires excès. Sous la conduite du capitaine Hennequin, gendre du maire, une bande de ligueurs massacra dans leurs maisons un protestant, l'apothicaire Fillet et le lieutenant du prévôt des maréchaux, nommé Trutat, appartenant au parti des politiques. Les Maire et Echevins de Troyes ne balancèrent pas longtemps sur les résolutions à adopter : une déclaration émanant d'eux fut promptement publiée à son de trompe et cri public par les carrefours de la ville pour en faire connaître à la population les causes et les résultats : « Le « Roy par ses lectres du 24° jour de décembre nous ayant « mandé comme il avoit faict perdre la vie à Monseigneur « le duc de Guyse et après qu'avons esté advertis que aul« très plusieurs bons princes députez des provinces zelez « a l'honneur de Dieu et au rétablissement de ce pauvre « royaume y ont perdu la vie et qu'il se prépare encore de « faire mourir ce qui reste de gens de bien détenus pri« sonniers... se sont [les Maire et Echevins] resoluz de « prendre les armes pour la manutention de la religion « catholique... déclarant ceux qui prendront le party con« traire ennemis et traîtres à Dieu et à la patrie... faisant

(1) Archives municipales H 2. Le Roi écrivit à peu près dans les mêmes termes à toutes ses bonnes villes. A Dijon, siège du Gouvernement de Mayenne, les vicomte-maïeur et echevins reçurent ses lettres concurremment avec les conseillers et gens tenant la Cour de Parlement. Elles se terminaient par les mêmes promesses de récompenses et menaces de châtiments que celles adressées aux troyens, le tout devant avoir aussi peu de succès à Dijon qu'à Troyes.


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« deffences sur peine de la vie à toutes personnes... de « s'eslever en ladicte Province qu'ils n'ayent pouvoir man« dement et adveu signé de mondict seigneur de Mayenne « avec l'attache des dicts Maire et Eschevins de ladicte « ville... ».

Une autre ordonnance, publiée en même temps (1), faisait défense aux habitants « a peine de la vie et d'estre « tenus comme suspects, sectateurs, fauteurs et adhérans « des massacres, assassignats et trahisons nagueres com« mises et perpetrees aux Estais de Blois », de faire courir des bruits destinés à refroidir l'ardeur des catholiques troyens,. ordonnant en outre à tous ceux qui entendraient quelque chose de suspect de venir le dénoncer « afin que la « ville soit nettoyée et répurgée de telles gens apposiez fac« tieux et mal sentans de la foy ».

Ces édits de proscription ne tardèrent pas à porter leurs fruits, Nicolas Petitpied, seigneur de Culoison, politique notoire, est arrêté le 16 janvier et pendu le même jour après un simulacre de jugement, puis un gentihomme, Légras de Vaubercey, subit le même sort.

Nicolas de Hault participa directement à la procédure suivie contre le premier, dont les détails ont été conservés dans le procès-verbal qu'en fit le lieutenant-criminel au bailliage Biaise Feloix (2). L'affaire semble avoir été engagée sous un prétexte permettant tout d'abord d'ameuter le peuple. Appelé au Palais par un bedeau de la Chambre d'Echevinage envoyé par le Maire, Feloix trouve celui-ci à la porte de la salle d'audience. L'on raconte en ville, lui dit de Hault, que plusieurs bourreaux sont arrivés, à la demande des magistrats, pour exécuter un arrêt rendu la nuit précédente contre les bons catholiques; il y a donc urgence pour eux de donner un prompt démenti à ces bruits en faisant appréhender rapidement et pendre ces bourreaux. Le maire ajoute qu'un échevin, Domino (3), a

(1) On trouve le placard d'affichage de ces deux ordonnances à la Bibliothèque Nationale sous la cote Lb34 656.

(2) Connu comme politique le lieutenant-criminel courut ce jour-là les pires dangers. Peu après, il fut arrêté et emmené en captivité à Provins par le maréchal de Saint-Paul avec quelques autres troyens, puis, libéré contre rançon, il revint occuper son siège où on le retrouve en 1594 lors du triomphe de ses idées. Cf. Volume 62 de la Collection de Champagne au Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque Nationale.

(3) Jean Domino, maître orfèvre, élu échevin en juin 1588. Cf. Natalis RONDOT, Les Orfèvres de Troyes, Paris, 1892, gr. in-8°.


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fait des recherches dans la maison de Charles Pinot, exécuteur de la haute justice du bailliage et y a trouvé « quatre « ou cinq neufs licols » et l'un des bourreaux. Quelle preuve veut-on de plus pour condamner les suspects ?

Feloix et les autres juges du siège hésitent, on les décide cependant à se transporter à la prison pour instruire le procès et ils s'y rendent précédés par un groupe armé et encadrés par une populace hurlant à la mort. Une fois les juges arrivés à la prison, le Maire et les quelques conseillers qui l'accompagnaient se retirent chez eux, à l'exception dé Domino et c'est le seigneur de Chamoy (1) qui entre en scène avec son frère à la tête d'une dizaine de soldats. Es menacent les magistrats et, après leur avoir amené un . jeune homme qui, vérification faite, est un aide du bourreau de Langres en séjour chez l'exécuteur des hautes oeuvres de Troyes, ils leur expliquent qu'il s'agit de tout autre chose et que c'est le procureur. Petitpied qu'il faut faire mourir. Celui-ci est depuis . longtemps en correspondance avec Dinteville et a tout fait pour conserver la ville dans l'obéissance du Roi, c'est son crime. On l'amène sur une charrette, couvert d'une robe de chambre, tel qu'on l'a arraché de chez lui, on lit ses lettres devant la Cour ; pour tenter de le sauver, celle-ci rend un arrêt de plus ample informé le condamnant à la question, mais Chamoy veut la mort et dicte au greffier un arrêt condamnant Petitpied à être pendu sur le marché au Blé. Perdant tout courage devant le tumulte grandissant et les menaces qui les assaillent, les magistrats signent et la victime est de suite emmenée au supplice.

Il était temps qu'une main ferme vint mettre fin à l'anarchie qui guettait Troyes. Le duc de Mayenne, arrivé le 25 janvier (2) s'y employa de suite. Agissant en souverain, il

(1) Olivier de la Roëre, seigneur de Chamoy, fils de Jacques et Jeanne de Guesdon, frère de François, vicomte d'Esclavolles, seigneur de Saint-Sepulchre. Après la reddition de Troyes, il fit de son château de Chamoy le refuge des gens de guerre opposés à Henri IV, à qui il finit cependant par le vendre. Cf. pour la généalogie des La Roëre, QUESVERS et STEIN, Inscriptions de l'ancien diocèse de Sens, Tome II, Paris, 1900, in-4°.

(2) « Tous les principaux de la Ville allerent au devant de luy « avec quelques compagnies de gens de cheval et de pied vestuz de « robes noires et en deuil et les chevaux harnachez de mesme ». (PITHOU). Le duc de Mayenne avait été avisé à Lyon de la mort de ses frères par un courrier que lui avait dépêché don Bernardin de Mendoza, ambassadeur d'Espagne. Cet homme devança de quelques heures seulement Alphonse d'Ornano que le roi avait fait partir en poste


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Commença par destituer Dinteville qui avait, par lettres, énergiquement blâmé les crimes commis par les troyens mais ne possédait, en sa qualité de royaliste, nul moyen d'y mettre obstacle non plus que de les punir et nomma à sa place Chamoy (1) qui y avait participé mais pouvait en empêcher le retour. Sous son impulsion, l'Etat ligueur s'organise dans la ville, il réforme la Justice à la tête de laquelle il met un éloquent et courageux avocat, Philippe de Vert (2), il épure le Clergé, il crée un Conseil de gouvernement où sont appelés à siéger le Maire et lès Echevins, il confirme enfin au premier magistrat de la Cité des pouvoirs politiques et militaires presque sans limites et auxquels ne préjudicient pas ceux du bouillant commandant qu'il vient de nommer. Il est bien précisé en effet dans sa commission : « Nous vous avons choisi et ordonné pour « commander en ceste ville de Troyes avec pouvoir d'or« donner aux habitants d'icelle ce que vous reconnaîtrez « estre nécessaire pour leur bon repos et conservation,

pour tuer le duc. Ainsi averti, celui-ci prit la fuite et se retira dans son gouvernement de Bourgogne, où il commença par faire dire que le Roi entendait qu'il soit reconnu pour son Lieutenant-Général « tout « ainsi que si la mort du duc de Guise n'estoit advenue ». Puis, certain de l'attachement à la Ligue des gens de Dijon, il leur laissa pour gouverneur le comte de Grancey, Guillaume de Hautemer, sieur de Fervaques, et gagna Troyes. Cf. Registres du Parlement de Dijon, de tout ce qui s'y est passé pendant la Ligue, l'ouvrage clandestin publié en 1763 par Jacques VARENNE et qui fut condamné le 13 juillet 1771 par le Parlement de Dijon à être brûlé par le bourreau comme attentatoire à sa dignité.

(1) Ses provisions sont du 26 janvier. Cf. Archives municipales H 2.

(2) Avocat à Troyes, Philippe de Vert, peut être originaire du hameau de ce nom, paraît avoir été d'humble extraction. Ligueur de la première heure, il entra au Conseil de Ville lors de son épuration par le Cardinal de Guise, fut député du Tiers aux Etats de Blois où il joua un rôle important et n'évita que par la fuite d'être arrêté le 23 décembre, lorsque le Grand Prévôt, M. de Richelieu, envahit la salle des séances à la tête d'une troupe armée pour s'assurer des personnes des plus fidèles serviteurs du duc de Guise, sous prétexte d'un complot contre la vie du Roi. (Cf. Journal des Estais de Blois, tenus en 1588 et 1589, par Me Estienne BERNARD, avocat au Parlement de Dijon. Manuscrit de la Bibliothèque de Troyes, n° 74).

A son retour, de Vert reçut la charge de lieutenant-général occupée par Eustache de Mesgrigny, absent de Troyes, et la conserva jusqu'à la rentrée de la ville sous l'obéissance d'Henri IV. Malgré les gages qu'il donna alors au parti vainqueur, il dut remettre sa démission et fut remplacé par Jean Angenoust, sieur d'Avant et de Trancault.

En 1603, Philippe de Vert était avocat au Parlement de Paris,


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« voulant néanmoins que l'autorité qui est due au Maire « de ladite ville lui soye conservée et qu'ensemblement « vous confériez des affaires qui se présenteront pour y « donner ordre ». Pour garantir sa personne des dangers auxquels l'exposait son rôle de chef militaire et civil, Nicolas de Hault obtint une garde de quatre hallebardiers et huit arquebusiers (1) et l'année suivante il eut de l'artillerie pour protéger sa maison.

Camper en pied un tel personnage pendant ses années de gouvernement n'est pas facile à faire sans le situer dans l'histoire générale de la Ligue à Troyes ; il ne peut cependant être question de recommencer les Chapitres consacrés à cette époque par BOUTIOT, dans son Histoire de Troyes, et monsieur le chanoine PRÉVOST, dans ses Luttes religieuses en Champagne au XVIe siècle, non plus que l'excellent résumé qu'en donne CARRÉ, dans son Histoire populaire de Troyes. On ne s'étonnera donc pas de ne trouver ici que ce qui se rapporte aux faits et gestes de Nicolas de Hault en sa qualité dé Maire de Troyes (2), les incursions dans l'histoire générale étant limitées à ce qui est nécessaire pour la, clarté du récit ou à quelques anecdotes utiles pour mieux faire sentir l'ambiance.

L'interruption qui existe malheureusement dans les délibérations du Corps de Ville, dont les registres manquent de février 1588 à octobre 1589, empêche de suivre facilement le Maire dans son existence quotidienne, pendant une période qui comprend l'assassinat de Blois, la rébellion de

(1) Les hallebardiers étaient : Odard Mignard, Pantaléon Mignard, Claude Nyel et Guillaume du Chesne ; les « harquebouziers » : Pierre Mignard, Nicolas Mignard, Louis Barat, Jehan Lamy, Nicolas Tixerant, Jehan Regnault, Nicolas Regnault, Jehan Bourgeois. Ces Mignard étaient le père et les trois oncles du célèbre peintre Pierre Mignard.

Les douze hommes de la garde du maire étaient également utilisés au. service de sécurité de la Chambre de Ville, leurs gagés étaient de cinq « escuz sol » par mois et leur étaient délivrés sur le vu d'une ordonnance signée du maire et des echevins « certains du service par « eulx faict tant jour que nuict avec leurs armes près luy comme et « en icelle chambre.. ». Roole contenant les noms et surnoms des soldatz ordonnez tant pour la garde du sieur Maire de la Ville de Troyes que Chambre de l'Eschevinage d'icelle. Archives municipales, A. A; 14° carton, 2e liasse.

(2) Les Archives municipales conservent (A 23 et 24) les registres des délibérations de la Chambre de Ville dont la lecture est précieuse pour reconstituer le tableau des occupations du Maire.


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Troyes et l'attentat de Jacques Clément, tous événements pour lesquels il eut été intéressant de connaître les réactions des dirigeants municipaux. Il est à penser qu'elles furent très violentes puisque les traces écrites qui en demeuraient ont été supprimées !

On a déjà vu ce qui se passa à Troyes à la fin de 1588 et au début de 1589 ; en août de cette dernière année, quand Henri III eut été assassiné à Saint-Cloud, les chefs de la Ligue crurent venue l'heure du triomphe. Nicolas de Hault, en habile politique, voulut en profiter pour ramener à son parti les habitants de Châlons, qui, ligueurs de 1585 à 1588 étaient, en décembre, rentrés sous l'obéissance du Roi. Il leur écrivit donc pour rappeler l'ancienne confédération jurée entre eux et leur faire sentir l'urgente nécessité de ne pas se laisser aller « aux allèchements du Roy de Navarre « qui possédé entièrement par ministres huguenots ne « tasche que remplir tost ou tard le royaulme d'heresie... ». Les lettres écrites à ce sujet aux châlonnais sont vraiment belles (1) et donnent une haute idée de l'attachement à la Foi des troyens qui les écrivaient. C'est ainsi que, le 28 août, ils leur mandent : « ...nous sommes tant transportez « du désir de revoir nostre religion catholique en sa pris« tine splendeur et cestje affligée province en bonne paix et « asseuré repos que nous ne nous lasserons jamais d'essaïer « tous les moïens pour y parvenir mesme de vous y semon« dre instamment et vous en importuner... ».

Que répondirent les habitants de Châlons à leurs correspondants qui signaient « vos plus affectionnez voisins et « amis le Maire et eschevins de la Ville de Troyes », c'est ce qu'il n'est pas difficile de conjecturer d'après les événements. Châlons demeura en effet résolument fidèle à Henri IV et fut le refuge de tous les royalistes troyens exilés. Malgré les efforts des ligueurs, les deux villes voisines se séparèrent donc complètement et suivirent chacune sa voie.

Pour mieux s'assurer de la fidélité de Troyes, Mayenne décida d'y faire résider son jeune neveu, le duc de Che(1)

Che(1) lettres adressées par les Maire et Echevins de Troyes à « Messieurs les Gouverneur et Eschevins de Chaslons » ont été publiées par Edouard DE BARTHELEMY dans le volume de 1870 des Mémoires de la SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE L'AUBE.

LXXXIX 4


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vreuse (1), gouverneur de Champagne en l'absence de son frère. Le Maire expose à la réunion du 11 octobre 1589 « qu'il estoit tres expedient, de pourvoir incessamment a « la venue de Mgr. de Chevreuse que madame de Guyse « estoit sur le point de renvoyer en ceste ville ». Et, comme il faut de l'argent pour recevoir le prince ainsi que pour financer la guerre, il fait décider de lever six mille écus que les conseillers Marguenat et de Vermoise, messieurs Jean de Hault, grand archidiacre, et Lefebvre, sieur de Somsois, sont députés pour aller rechercher dans toutes les maisons. Quelques jours plus tard, le Maire ayant appris que les ennemis veulent « faire entrer dans la ville plusieurs hom« mes de leur party revestus des habits de paysans », propose d'expulser tous les indésirables. Les mesures de police les plus sévères sont prises, les habitants doivent mettre « grands vaissiaux au devant de leurs maisons, allumer « lanternes ardentes le jour et la nuit... les cappitaines des « quartiers (2) seront mandes en ceste chambre... et admo« nestes de faire bonne garde... ils feront recherches exactes « par toutes les maisons... ».

Vers la même époque, le sieur de Baussancourt s'est emparé du château de Saint-Lyébault, qui est à l'amiral de Montmorency, et ne demande pas mieux que de garder la forteresse, à condition d'en toucher les revenus, mais le Maire admoneste son Conseil et lui déclare « que lon ne « doibt composer avec le sieur de Baussancourt pour la « garde du chasteàu de Sainct Lyebault avant l'arrivée de « Mgr. de Chevreuse qui a seul qualité pour la disposition « de sa garnison ».

Sur ce, le duc arrive (3) et les royalistes n'en sont rendus

(1) Claude de Lorraine, duc de Chevreuse, puis prince de Joinville lorsque son frère aîné, qui portait ce titre au moment de la mort de leur père, l'eut abandonné pour ne plus être connu que sous le nom de duc dé Guise.

(2) L'organisation de la milice bourgeoise à Troyes a été étudiée très complètement par Albert BABEAU dans un ouvrage publié en 1879 : Le Guet et la Milice bourgeoise à Troyes, In-8°.

A l'époque qui nous intéresse, il y avait huit capitaines dans chaque quartier, élus dans la Chambre de l'Echevinage.

(3) La présence du duc de Chevreuse était un honneur pour les ligueurs troyens, mais un honneur coûteux. Il toucha, pendant sa présence, mille écus par mois « pour son plat » et huit mille écus par an pour sa garde. La Ville n'épargna rien pour que l'installation du prince, qu'elle avait logé à l'Evêché, fut confortable. C'est ainsi


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que plus entreprenants ; le Maire est informé d'une conjuration pour la prise de la ville dans la nuit du 23 au 24 novembre. Chose grave, c'est un des conseillers de ville, Noël Coeffart, sieur de Vermoise, qui est à la tête de l'affaire. Sans doute était-il bien mal avec le maire car, sitôt entrés dans la ville, les conjurés doivent pendre Nicolas de Hault. On conçoit que celui-ci ait fait toutes diligences pour les en empêcher et proposé au Conseil l'arrestation de Vermoise et de ses complices, ce qui fut fait. Les coupables furent! emprisonnés aux Cordeliers où lé duc de Chevreuse les prit sous sa protection.

Toutes ces agitations n'allaient pas sans grande dépense d'argent ; Nicolas de Hault en avançait et avait bien de la peine à se faire rembourser. En décembre, le Conseil délibère sur ce sujet, non sans une pointe d'ironie semble-t-il : « Pour le remboursement requis par ledit sieur Dehault « maire, de la somme de deux mille huit cents escus qu'il « auroit cy devant preste et advancé pour les urgentes « affaires de la guerre et aultres de ladicte ville, a esté « advisé et conclud quil estoit très raisonnable de faire « ledit remboursement et parce quon ne sait sur quoy le « faire que iceluy sieur Dehaut recherchera les moiens de « ce faire et ce sur toutes sortes de deniers de quelque « nature qu'ils soient sur quoy sera tiré ordonnances du « Conseil de Mgr. le Duc de Chevreuse, gouverneur de ceste « province ».

On croit voir d'ici le Corps de Ville, aussi embarrassé pour nier sa dette que pour l'acquitter, tâchant de faire comprendre à son chef que, ayant poussé à la guerre, il devait se résigner à en faire les frais ! Dès lors, on comprend la triste situation financière où nous retrouverons de Hault à la fin de sa vie.

Et comme si les soucis d'argent ne suffisaient pas, le malheureux maire devait encore, le 13 décembre, faire, en son nom et celui des conseillers, de virulents reproches « aux cappitaines, lieutenants, enseignes, dixmiers et sous« dixmiers des quatre quartiers » qu'il avait fait appeler, parce qu'ils ne veillaient pas suffisamment à la garde, des

que les Maire et Echevins firent prendre une tapisserie de haute lisse, pour garnir sa chambre, chez le sieur de Droupt. Elle y était encore en 1592 et, comme le prêteur excédé la réclamait avec véhémence, on décidait de la lui rendre et de la remplacer dans la chambre ducale par « celle, appartenant au seigneur comte de Bryeune, estant en « l'abbaye Nostre-Dame aux Nonnains ».


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portes et murailles. Ce jour-là, devenu professeur d'art militaire, il se lance dans des explications minutieuses sur la manière dont se doit effectuer la relève de la garde.

Puis, le 18 décembre, la scène change : les soucis guerriers sont momentanément abandonnés et il s'agit de recevoir le Légat du Pape, le cardinal Cajetan (1), envoyé de Sixte-Quint. De Hault propose de faire grandement les choses et demande dix mille écus pour y réussir. L'énormité de la somme étonne moins, lorsqu'on sait que le cortège du Légat comptait quatre cents chevaux et qu'un grand nombre de hauts personnages l'accompagnaient, entre autres le duc Georges, son neveu et les archevêques d'Avignon et d'Aix. C'est Saint-Paul (2) qui veillait à sa sûreté et le sieur de Saultour (3) tenta vainement de l'empêcher d'entrer dans la ville comme d'en ressortir. Sa visite à Troyes dura du 9 au 12 janvier ; il trouva le temps, malgré toutes les affaires qu'il avait à régler, d'entretenir personnellement le Maire de la situation de la noble demoi(1)

demoi(1) Cajetan, né le 6 août 1550, créé cardinal par Sixte-Quint le 18 décembre 1585, patriarche d'Alexandrie, légat en France, camerlingue de la Sainte-Eglise, mort le 13 décembre 1599, était fils de Boniface Cajetan, duc de Sermonette et de Catherine Pio, des comtes de Carpi.

(2) Antoine de Saint-Paul, maréchal de France pour la Ligue , c'est un de ceux sur qui s'est particulièrement acharnée la Satyre Ménippée. Cf. sur son compte une note parue en juin 1888 dans la REVUE DE CHAMPAGNE ET DE BRIE, sous la signature de M. DE GOURJAULT et qui remet au point la question des origines de ce brillant homme de guerre dont on avait voulu faire un soldat de fortune, alors qu'il appartenait à une famille de fort bonne noblesse.

Il eut une triste fin ; malgré les services rendus: par lui à la cause de l'Union, le duc de Guise le tua d'un coup d'épée à Reims le 26 avril 1594, devant l'église Saint-Pierre. On fit courir à cette occasion le quatrain suivant :

Qu'on ne me parle plus d'un compagnon de guerre Tant soit-il valeureux, tant soit-il preux et fort Depuis qu'on a vu tuer Saint-Paul devant Saint-Pierre Sans de luy regretter aucunement la mort.

(3) François des Essarts, seigneur de Sautour, écuyer d'écurie du Roi et son lieutenant au gouvernement de Champagne, marié en premières noces à Françoise du Prat de Nantouillet et en secondes à Charlotte de. Harlay de Champvallon. Il eut de cette dernière un fils et deux filles, dont la seconde, Charlotte, fut, sous le nom de comtesse de Romorantin, l'une des maîtresses d'Henri IV et finit par épouser, le 4 novembre 1630, le Maréchal de l'Hôpital. Cf. André FINOT, Les Seigneurs de Neuvy-Sautour, in BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES HISTORIQUES DE L'YONNE, Tome 75, année 1921, Auxerre, 1922, in-8°.


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selle de Luxembourg que la ville conservait en otage. Cette enfant de neuf ans avait été enlevée du couvent de NotreDame aux Nonains, où l'abbesse, sa grand'tante (1), relevait auprès d'elle, pour répondre des personnes de plusieurs troyens auxquels son père (2) avait joué le mauvais tour de les laisser emprisonner alors qu'ils se rendaient auprès de lui, munis d'une sauvegarde de sa main. La chose était d'autant plus pénible pour la Ville que son premier échevin, Yves Le Tartier, doyen de Saint-Etienne, le plus ferme appui de la Ligue à Troyes et le meilleur auxiliaire du Maire, était parmi les prisonniers. Malgré cela, la Chambre d'Echevinage en usait paternellement avec Louise de Luxembourg, le 29 décembre, de Hault rappelait « qu'elle « auroit! esté élargie de la maison du sieur David pour « passer les jours de Noël, à charge de la reprendre les « festes passées » et son Conseil « advise et conclud quelle « debvoit estre mise en bonne et sure garde » puis, le 13 janvier, il décidait, sur la proposition du Maire « et « suivant la promesse qu'il auroit faite au legat, delargir la « demoiselle de Luxembourg moyennant bonne et valable « caution ». Nous verrons tout à l'heure que cela ne se termina pas aussi facilement.

Toutes ces préoccupations n'empêchent pas la Ville de. Troyes de penser aux grands morts de l'année précédente et, le 5 janvier 1590, il est proposé par de Hault de faire un service pour le bout de l'an, de N.N. S.S. les duc et cardinal de Guise, ce à quoi son Conseil applaudit : « a « esté advisé que, ne pouvant assez décorer la mort des « deffuncts princes par les respect que lon debvoit avoir « a leur mémoire, lon debvoit faire celebrer un service « annuel qui se celebreroit a l'église Saint-Pierre de « Troyes avec toutes les solennitez a ce requises et que « Dimanche prochain lon diroit les vigilles et le Lundi « suivant la messe ou Messieurs les minimes seroient priés

(1) Marie de Luxembourg, fille de Charles de Luxembourg, comte de Brienne et de Charlotte d'Estouteville.

(2) François de Luxembourg, duc de Piney, prince de Timgry, pair de France, fils puîné d'Antoine II de Luxembourg, Comte de Brienne et de Marguerite de Savoie. Il épousa en premières noces Diane de Lorraine, fille du duc d'Aumale, morte à Pougy le 16 mai 1585, lui laissant un fils et deux filles dont la seconde est précisément la prisonnière des troyens. Le duc de Piney se remaria avec Marguerite de Lorraine, soeur de la reine Louise et veuve d'Anne, duc de Joyeuse. Il mourut à Pougy te 30 septembre 1613. Cf. sur son compte Louis LE CLERT, Etude historique sur Pougy, in ANNUAIRE DE L'AUBE, 1903.


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« de faire quelque oraison funebre pour esguillonner les « peuples a la reverence de la mémoire des deffuncts « princes ».

Il faut croire que, malgré qu'il leur eut passé la semaine peu de temps auparavant, les officiers des quatre quartiers remplissaient bien mal leurs fonctions car, sitôt cette décision prise, de Hault se plaint amèrement que la garde fait le guet de mal en pis et conclut qu'il faut frapper d'amendes ceux qui négligeraient ses ordonnances. Ce souci ne le quitte pas pendant tout le temps de sa charge et cela se conçoit, puisque de la bonne garde de la ville dépend sa sécurité ; presque à chaque Assemblée du Conseil de Ville, on convoque les officiers pour leur recommander de bien faire leur service et le Maire prend la parole pour leur adresser des remontrances. Il faut avouer d'ailleurs que plusieurs d'entre eux en prennent à leur aise : c'est ainsi qu'en décembre 1591, un certain capitaine Grandfrère « ayant pris le mot du guet du sieur de Hault, maire de « ladite ville, pour aller avec sa compagnie faire le guet « sur la muraille... auquel guet il ne se seroit trouvé... ». Ce capitaine facétieux n'eut d'autre punition que celle qu'il demandait lui-même : être remplacé. Dans l'armée municipale, le Maire, général en chef, suppléait, il faut le croire, aux sanctions par des discours ! Parfois, ses officiers lui répliquent ; le 31 décembre 1590, il est remontré par les capitaines que la garde qui se fait faubourg Saint-Jacques par les soldats de leurs compagnies « leur estoit fort « ennuyeuse, qu'ils en reçoivent journellement clameur et « plainte de leurs soldats » et le Maire admet, sur l'avis des capitaines, lieutenants et enseignes, que le mieux est de percer la muraille de sorte que la rivière des fossés de la ville puisse facilement passer au travers et rendre la place plus forte, ce pourquoi faire on élit quatre notables qui devront « marchander et faire composer cet ouvrage au « meilleur prix ».

Les préoccupations intellectuelles n'étaient pas non plus étrangères au gouvernement ligueur de notre bonne ville ; le Collège de Troyes (1) ayant été mis en fort mauvaise posture tant par les circonstances politiques que par la peste qui frappa la contrée pendant plusieurs années, le Maire proposa, le 16 février 1590, une refonte complète du

(1) Cf. BOUTIOT, Histoire de l'instruction publique et populaire à Troyes pendant les quatre derniers siècles. Paris, 1865. in-8°.


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système d'enseignement. Il voulait supprimer une partie des hôpitaux dont l'utilité lui paraissait contestable (1) et affecter leurs revenus, ainsi que ceux d'une prébende de chacun des chapitres de Troyes, à l'entretien d'un séminaire qui serait logé dans les bâtiments du collège, à moins que ceux-ci ne soient vendus. On décida de nommer une Commission d'enquête, ce qui est toujours un sûr moyen d'enterrer une question ! La Chambre de Ville s'en occupa cependant encore en mai 1592, époque où, malgré les tracas d'une administration difficile, le Maire trouvait le temps de faire voter les articles concernant la réformation (2) et réduction des collèges, arrêtés le 13 du mois par les députés du Clergé, du Magistrat et de l'Echevinage. Mais aucune exécution ne suivit ; le projet de Nicolas de Hault était trop radical pour rallier à lui l'opinion publique et le séminaire ne fut créé qu'en 1696 sans que, pour cela, les autres établissements d'instruction fussent supprimés.

Il faut cependant savoir apprécier ces efforts vers l'amélioration de l'enseignement se produisant dans une période où la ville se débattait dans les pires difficultés. Dès le début de 1590, la guerre s'éternisant, l'état de siège devient le régime normal, les campagnes ne peuvent plus alimenter régulièrement la cité et, compagnes de toutes les époques troublées, les préoccupations sociales viennent bientôt solliciter l'attention des édiles. Le 21 février 1590, de Hault demande « suivant la requeste presentee par le pauvre « peuple de ceste ville sil est expedient a propos ou non « de le faire travailler pour faire dresser oeuvres publiques « en ladite ville afin de donner occasion au pauvre peuple « tant necessiteux de vivre et nourrir leurs femmes et « enfants... en ce faisant le retenir et divertir de mal faire... « et d'adviser pour ce faire a trouver deniers pour les pou(1)

pou(1) établissements hospitaliers sont inutiles et mal tenus : à Saint-Bernard, le revenu est de quatre cents écus et il n'y a que quinze à dix-huit femmes qui vont mendier par la ville ; l'hôpital de Saint-Nicolas « qui est ample » ne reçoit que quinze femmes... et ainsi de suite.

(2) Il n'aurait pas été mauvais de réformer non seulement les collèges mais les collégiens : ou constate dans la délibération du 19 février 1592 que les écoliers du Grand Collège et ceux de M. Trùchot se sont battus à coup de bâton le long des rues « chose de « mauvois exemple et a laquelle il estoit nécessaire pourvoir et « remedier ». Aussi délégue-t-on messieurs Millot et Sainte-Maure, echevins, Guichard et Angenoust, conseillers, pour faire aux précepteurs desdits collèges les remontrances nécessaires.


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« voir satisfaire... sans lesquels on ne pourroyt rien faire ». Son Conseil conclut affirmativement, mais la question deniers est impérative et, le dernier jour du mois, de Hault revient encore sur ce point essentiel, disant « qu'avant de « donner l'ouvrage aux pauvres valides il est nécessaire de « trouver les deniers » et l'on décide de doubler l'aumône, après que les cotes prétendues mal faites seront réformées et que « seront priés Messieurs du Clergé consentir et per« mettre prendre jusqu'à deux mil escus dés deniers des « decimes ».

L'on voit que le Maire n'oubliait pas qu'il était receveur des décimes et qu'il avait trouvé là un moyen élégant de résoudre en partie cette question d'argent toujours si impérieuse lorsque l'on fait la guerre. Le 24 mars, il demande que « lon fasse venir en ceste ville le baron de Saint« Remy (1) qui auroit esté cy devant pris et arrêté prison« nier... afin qu'il soit advisé de sa rançon... », ce qui est un autre moyen de trouver des fonds. Mais les dépenses montaient sans doute plus vite que les recettes car, le 30 mars, de Hault décide les membres de la Chambre de Ville à s'obliger en leurs privés noms, en leur exposant « que « lon debvoit incessamment poursuivre les capitaines et « gens de guerre de continuer à reprendre les places oçcu« pées par les ennemis de la Sainte-Union près de ceste « ville (2) » et faire tout; son possible pour que « iceux « gens de guerre ne se départent de ce pays auparavant que « ce faire... et que tant pour l'execution desdites choses que « pour payer les charretiers, conducteurs de l'artillerie et « des vivres, les pionniers... » il est nécessaire de trouver douze cents écus.

Il ne faut pas oublier que, à cette date, Henri IV avait battu à plates coutures le duc de Mayenne à Ivry, le 14 mars 1590, et que, quoique la duchesse de Guise eut mandé

(1) Henri de Saint-Remy, baron de Fontette, fait prisonnier devant Montieramey avec Sautour. C'était le fils naturel d'Henri II et de Nicole de Savigny ; il fut chevalier de l'Ordre, gouverneur de Châteauvillain, gentilhomme de la Chambre et colonel d'un régiment de cavalerie. Il épousa, par contrat passé à Essoyes le 21 octobre 1592, Christine de Luze.

(2) Quelques succès locaux avaient marqué les premiers mois de l'année 1590 pour les Ligueurs troyens. Lé 24 mars notamment, ils avaient blessé et pris devant Montieramey, où ils assiégeaient, madame de Dinteville, François des Essarts de Saultour qui tentait de débloquer la place. Emmené à Troyes, Saultour fut emprisonné dans une maison d'absent avec un certain nombre d'autres gentilshommes.


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exactement le contraire à ses fidèles troyens, ceux-ci devaient bien se douter de quelque chose et commencer à craindre pour l'avenir.

Le 20 avril cette crainte se précise, car le Maire proclame qu'il faut travailler aux fortifications (1) et il réunit son Conseil pour élire deux conseillers « eu esgard aux grandes « affaires qui adviennent journellement en ladite ville » en remplacement de messieurs Format, décédé, et Legras, valétudinaire et démissionnaire. Heureusement pour lui, c'est vers cette époque que son bras droit, le premier échevin, Le Tartier (2), finit par revenir de sa captivité qui durait depuis le 28 septembre précédent. Enlevé sur la grand'route avec ses compagnons alors qu'ils approchaient de Piney — et cela avait dû être d'autant plus sensible à de Hault qu'il avait prêté ses chevaux à son collègue — les am - bassadeurs troyens avaient; été enfermés à Plancy (3). Claude de. la Croix, baron de Plancy, était le gendre de Nicolas Largentier (4) l'aîné, seigneur de Vaucemain, qui avait

(1) Le bon entretien des murailles de la ville avait préoccupé Nicolas de Hault dès son entrée en charge, si l'on en croit la belle inscription» lapidaire, ornée de ses initiales, que conserve le Musée de Troyes (n° 557 du catalogue). Elle était autrefois encastrée dans le parement extérieur du rempart, près de l'ancienne tour des Violettes, entre la porte de la Madeleine et la porte de Preize. En voici le texte :

HOC OPVS EREXIT FIRMVM GENS FIRMA TRECENSIS SERVIAT VT REGI PROTEGAT ET POPVLVM

N. D. H.

1588

(2) Yes Le Tartier ou Le Tartrier, qui fut doyen de Saint-Etienne de 1564 à 1590, était né à Chaumont du mariage de Jean Le Tartier, issu d'une ancienne famille troyenne, et dé Marie Lefebvre. Le Clergé troyen le députa aux Etats de Blois en 1588 pour y prendre la parole, il y fut élu secrétaire de son ordre. Bernard rapporte (loc. cit.) que le dimanche 9 octobre 1588, après la messe, la Reine le fit prêcher « et « fut la prédication sur le Sacrement de l'Autel... après son sermon « il recommanda le Roy et le sang royal non maculé d'heresie et « censure ecclésiastique car son devoir l'empeschoit de prier pour « ceux qui faisoient la guerre à l'Eglise ».

(3) Cf. Henri DE LA PERRIÈRE, Les prisonniers de Plancy, Troyes, 1924, in-8°.

(4) Nicolas Largentier, écuyer, seigneur de Vaucemain, Auxon, Chamoy, Vauchassis, baron de Chappelaimes, vicomte de Neufchâtel, était fils d'autre Nicolas Largentier et de Simonnette Maillet. Il épousa Marie Le Mairat qui lui donna quinze enfants parmi lesquels Marie


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dû quitter Troyes après avoir vu sa maison envahie par les émeutiers, ses meubles pillés et ses papiers, parmi lesquels il y avait pour plus d'un million de reconnaissances diverses, saisis par la Ville. On peut penser avec quelle joie le beau-père et le gendre durent incarcérer des adversaires aussi notables que le doyen et son escorte, joie d'autant plus compréhensible que la femme et les enfants du sieur de Vaucemain étaient demeurés à Troyes où, malgré une sauvegarde donnée par le duc de Mayenne, ils étaient fort mal traités. Il est même curieux de constater que les ordres du chef suprême de la Ligue n'étaient pas toujours respectés par le Maire de Troyes qui refusa d'enregistrer la sauvegarde en question lorsque la femme de Largentier la lui présenta « aiant afaire a une pauvre femme prisonnière « destituée de tout ayde ».

La capture du doyen et de ses compagnons, parmi lesquels se trouvaient un conseiller de ville, Nicolas Hennequin, un avocat, Jehan Roussel (1), et un gros marchand du quartier de Croncels, René Chiffallot, était donc de grande importance pour Plancy et Largentier, surtout celle du premier. Ils auraient consenti à s'en défaire pour rendre à la liberté le vaillant Saultour au sujet duquel, au printemps de 1590, madame de Piépape, sa soeur (2), fit à de Hault des ouvertures pour l'échanger contre Le Tartier. Mais le Conseil, estimant à plus haut prix la liberté de FranLargentier

FranLargentier avait mariée à Claude de la Croix, baron de Plancy, fils d'autre Claude et de Claude Le Bouteillier. Ces La Croix étaient une branche de l'illustre maison de la Croix de Castries.

Cf. Abbé CHAUVET, La famille Largentier, Troyes, 1886, in-8° ; BOUTIOT op. cit. et Baron G. DE PLANCY, Le marquisat de Plancy et ses Seigneurs, Arcis-sur-Aube, 1895, in-8°.

(1) Dès le mois de mai 1590, Roussel est rentré à Troyes et réclame pour être déchargé de sa cote dans l'emprunt de dix mille écus qui vient d'être décidé. Il a en effet souffert de grandes pertes dans son aventure, il a dû notamment payer au haron de Plancy trois cents écus pour sa rançon. Le Maire propose donc, et le Conseil accepte, de lui accorder sa demande « pour ceste fois seulement et qu'il conserve « la cotte a laquelle il pourrait estre taxé ».

(2) Françoise des Essarts, qui avait épousé en 1570 Antoine d'Amoncourt, seigneur de Piépape et Fresnay, lieutenant de cinquante hommes d'armes, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, etc.,

Antoine d'Amoncourt était maréchal de camp dans l'armée du duc de Guise en Champagne, ce qui devait permettre à sa femme de s'occuper facilement d'adoucir la captivité de son frère, cette proche parenté avec un personnage important de la Ligue ne suffit cependant pas à Saultour pour échapper à la mort, ainsi qu'on le verra bientôt.


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çois des Essarts, résolut de le garder tant que le duc de Guise ne serait pas élargi de sa prison de Tours.

Le doyen rentra pourtant à Troyes sur ces entrefaites, ayant convaincu ses détenteurs comme ses compagnons de captivité qu'il traiterait, mieux que personne, la difficile question de leur rançon. Le 5 juin, son ami de Hault convoque le Conseil pour entendre la lecture des conventions passées à Plancy entre les troyens et leurs hôtes, conventions que le Corps de Ville se refuse à accepter. Il n'admet que la restitution des meubles volés chez Largentier et une rançon de quatre mille écus pour laquelle de Hault s'oblige personnellement vis-à-vis de ce dernier, la Ville n'ayant pas d'argent.

Mais, dans l'affaire, on oublie Hennequin et Chiffallot (1), demeurés à Plancy en garantie du retour du doyen, lequel se garda bien d'aller reprendre sa place auprès d'eux. Ces victimes infortunées demeurèrent trentesept mois et demi en prison ! Les interventions les plus hautes se produisirent cependant, non pas directement en leur faveur, il est vrai, mais dont ils auraient pu avoir la chance de bénéficier. Le pape Sixte-Quint lui-même demandant la liberté de Louise de Luxembourg, la Ville lui répondit bien humblement que si le duc voulait libérer sa fille il n'avait qu'à lui faire restituer ses représentants « sani et incolumes atque immunes ». Le duc de Piney savait que sa fille ne risquait rien, peut-être aussi avait-il peu d'empire sur le baron de Plancy, bref, l'intervention du Pape ayant été de nul effet, la seule ressource des deux abandonnés fut de fatiguer les troyens de leurs lettres. Le 23 décembre 1591 « le sieur Dehault maire » donne lecture de l'une d'elles, contenant « les continuelles clameurs « d'entendre a leur délivrance » ; il explique qu'il a écrit au duc à ce sujet et, après bien des discussions, on arrive à se mettre d'accord sur l'échange des enfants Largentier avec tous les papiers de leur père, que la Ville avait saisis,. contre les prisonniers. De Hault n'oublie pas ses intérêts et

(1) Nicolas Hennequin, de la branche de Lantages, échevin de Troyes en 1584, marié à Jeanne Huez, morte vers 1576, puis à Catherine Paillot. Cf. Sur son compte la Généalogie Hennequin publiée par le comte DE MAUROY dans le Tome XI (1894) de la Revue de Champagne et de Brie. — René Chiffallot, seigneur de Bouy, marié à Perrette d'Aultruy. Cf. pour ces deux personnages le manuscrit 2601, de la Bibliothèque de Troyes, où on les trouve avec toutes leurs alliances et parentés, et l'opuscule déjà cité : Les prisonniers de Plancy.


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fait stipuler que Largentier devra lui remettre, en outre, son obligation de quatre mille écus, sinon « icelluy sieur « maire en sera acquitté et deschargé par la communauté « suivant la resolution d'assemblée generalle tenue au « jour Sainct Barnabé 1590... et a ledict sieur maire des« claré son intention n'estre de soy dessaisir desdiçts « papiers, fils et fille dudict Largentier, sinon qu'il luy soit « faict promesse es noms prives et non quallitatifs ».

Bref, ce n'est qu'à la fin de 1592 que l'on retrouve Hennequin et Chiffallot à Troyes, réclamant de leurs concitoyens le dédommagement de leurs maux, qu'ils finirent par obtenir de là bonté du roi Henri.

Quant à Louise de Luxembourg, passée de la maison de Vincent David dans celle du Président de Mesgrigny, elle était rentrée dans son couvent, où peu d'années après elle succéda à sa grand'tante comme abbesse (1).

Et les chevaux du maire de Hault dira-t-on ? Le 3 décembre 1592, il fait ajourner la Ville pour en avoir remboursement ; étant donnée la rapidité de la procédure à cette époque, il est certainement mort avant d'avoir vu juger son procès.

La rentrée dans Troyes du doyen Le Tartier précéda de peu le moment où Nicolas de Hault devait quitter sa charge. Sa présence n'était pas inutile, car la popularité du Maire paraît être en baisse, on signale des conventicules contre lui, un certain sieur de Pouy (2) provoque des assemblées où il propose au peuple de le conduire « au grand préjudice « de monsieur le Maire qui est seul Chef, premier capitaine « de ceste ville et non autrement ». Aussi, à la séance du 23 mai 1590, l'on mande les capitaines, lieutenants et enseignes, en présence de Maître Anne Felyot, avocat du Roi au bailliage, et de Hault leur adresse un discours bien senti où il leur remontre,« qu'il se plaignoit grandement de ce qu'il « avoit recongnu les assemblées qui se, faisoient par sa « ville et que les habitants d'icelle ayent choisi pour leur

(1) Cf. Abbé Charles LALORE, Documents sur l'abbaye de NotreDame aux Nonnains, Troyes, 1874, in-8°.

(2) Il n'a pas été possible de l'identifier avec certitude. Pouy appartenait en 1550 à Hector de Saint-Biaise, dont le fils, Hector II, est également qualifié de seigneur de Pouy (Cf. CAUMARTIN article SaintBiaise). Ce dernier eut un fils, Louis, seigneur de Fontaines et deux filles Anne et Catherine, femmes de Paul et Jean de Beaujeu. Dans son Armorial historique de l'Aube, LE CLERT cite comme ayant été seigneurs de Pouy au XVIe siècle les Neufvy et Thibout.


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« chef et conducteur le sieur de Pouy... à quoy auroit esté « respondu qu'ils n'avoient jamais recongnu aultre chef « et conducteur que le sieur de Hault, maire, auquel ils « entendent obeir et luy porter tout l'honneur et respect « qui lui est du... ». Mais, comme il n'y a pas de fumée sans feu, le Maire tire de ses fidèles officiers la vérité sur les causes de la désaffection de son peuple et apprend que celui-ci se plaint de ce que l'on tarde à juger les prisonniers faits à Montieramey (1) au mois de mars (au premier rang desquels est Saultour), puis que le Maire hésite à expulser les femmes et enfants de tous les troyens qui sont absents de la ville, lesquels peuvent ainsi savoir ce qui s'y passe.

Il est tout à l'honneur de Nicolas de Hault qu'il ait suscité de telles plaintes, car les prisonniers devaient être sacrés et il semblait inutile d'ajouter aux souffrances des exilés celles de leurs familles ; on verra bientôt malheureusement que la violence populaire fut la plus forte.

Ce n'est pas seulement contre le Maire que le sieur de Pouy agitait le peuple ; avec le médecin Adrien le Tartier, propre frère du doyen, il avait formé un parti extrême, ditdes catholiques zélés, qui créa les pires ennuis au duc de Chevreuse et à ses plus fermes partisans. Mécontents notamment de l'énergie du lieutenant-général de Vert qui, dès son entrée en charge après sa nomination par le duc de Mayenne, « avoit cherché les moiens de remectre l'authorité « au Magistrat, de l'obéissance duquel le peuple s'estoit « fort distrait lorsqu'il est arrivé », ces ultras l'accusèrent d'être politique et de pactiser avec les hérétiques. Le Tartier se fit déléguer par le peuple auprès du duc et, dans une scène violente qui eut lieu le 20 mai 1590, dans le cabinet de celui-ci, entre de Vert et lui, en présence du seul Nicolas de Hault, l'accusa ouvertement de trahir la cause. Pour laver le premier magistrat du Siège de tout soupçon, les conseillers du jeune gouverneur réunirent le lendemain dans la grande salle de l'Evêché un Conseil (2) où il fut appelé à se disculper dans un débat contradictoire avec Adrien Le Tartier. Le sieur de Pouy, qui y assistait,

(1) Le peuple de Troyes délégua auprès du duc de Chevreuse six députés pour demander « l'exécution a mort des prisonniers de « Montieramey, que Dosnon Saultour et aultres tels prisonniers soient « fort reserrez et que les politiques: de ceste ville soient punis ».

(2) Voir le procès-verbal de ce Conseil dans le Tome 62 de la Collection de Champagne, à la Bibliothèque Nationale.


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eut la hardiesse, malgré la défense expresse du duc, de quitter son siège pendant la discussion pour communiquer au peuple amassé devant les portes ce qui se disait de , favorable au lieutenant-général, de manière à exciter ses clameurs, si bien que des membres les plus qualifiés de rassemblée en vinrent à demander au duc des passeports pour se retirer à la campagne puisque la population ne voulait plus lui obéir.

Chacun des membres présents cependant vint exprimer son avis sur le compte du lieutenant-général et tous estiment qu'il remplit fort bien sa charge. Lorsqu'arrive le tour du Maire, celui-ci est visiblement gêné : Le Tartier lui a en effet préparé un traquenard, d'accord avec Pouy, en demandant au duc de le faire juge entre de Vert et lui, moyen habile de le compromettre aux yeux des catholiques zélés s'il soutient de Vert et de le brouiller avec le duc s'il l'accable. Nicolas de Hault s'en tira en déclinant ce périlleux honneur : il déclaré que les mutineries qui se produisent sont regrettables, qu'il a lui-même fait l'impossible pour contenir le peuple et qu'il s'offre pour prêter mainforte aux magistrats afin de châtier les séditieux qui troublent le repos public, mais que « pour estre juge du sieur « de Vert c'est chose qu'il né fera jamais et que l'on en « élise un autre encores qu'il pense qu'il ne soit necessaire « et que le sieur de Vert est trop connu par les gens de bien « et pour luy en particulier l'a toujours vu honorablement « faire sa charge et assister luy et le Corps de Ville à toute « heure... qu'il debvroit en estre congnu par juges que « monseigneur nommeroit...»

Les deux adversaires finirent par se mettre d'accord pour que le sieur Leclert, avocat du Roi, examine les accusations de Le Tartier et soit juge de leur valeur. En attendant le résultat, le duc de Chevreuse renouvela son interdiction de faire des assemblées ailleurs qu'à l'Hôtel de Ville et chargea le maire d'y tenir la main. Celui-ci en profita pour faire expulser le sieur de Pouy de la ville et comme, sorti de Troyes, il continuait a agiter le peuple des faubourgs, de Hault proposait à son conseil, peu de jours après, « que « Mgr. le duc de Chevreuse seroit suplié dé commander « audict sieur de Pouy de se retirer hors les faubourgs et « s'en retourner en sa maison ».

Le lieutenant-général dut aussi quitter Troyes pendant quelques jours', il se réfugia donc à Thennelières d'où il demanda en vain au Maire de l'entendre pour sa défense ;


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celui-ci, trop heureux d'être arrivé à se sortir personnellement d'embarras, le lui refusa. Il crut pouvoir quand même rentrer en ville mais se vit prié, par délibération du 7 juin, de bien vouloir s'en aller de nouveau « de peur qu'il ne « reçoive deplaisir et hasard de sa vie et pour que la ville « soit, en repos ». On ne voit pas que Leclert ait jamais rendu sa sentence ; quant à de Vert, on constate qu'il ne reparaît à Troyes pour y prendre part aux affaires qu'en avril 1591, tout en ayant toujours conservé la confiance des ducs de Mayenne et de Chevreuse,

Cet incident écarté, rien ne s'opposait plus à ce que son parti maintint de Hault à la tête de l'administration municipale où l'on avait besoin de son activité et de son expérience. Aussi, à l'assemblée où devait être désigné son remplaçant, le 11 juin, le duc de Chevreuse, assisté de Dasconia, son précepteur, et de nombreux gentilhomme s, déclara que son oncle, monseigneur le duc dé Mayenne, venait de lui mander que « vu la capacité, zèle et vertueux déporte« ment du sieur de Hault, maire, et le debvoir qu'il avoit « faict de sa charge dont il s'estoit heureusement acquitté » il désirait le voir continué « sy tant estoit que le peuple « fust de mesme advis parce qu'il ne vouloit ni enten« doit prejudicier aux voix et délibérations libres du peuple « de ladicte ville ». Cette motion développée par son secrétaire, le duc se retira. De Hault, ayant dépassé la soixantaine, désirait-il du repos, la chose est possible. On lit en effet dans le procès-verbal que le doyen Le Tartier, premier échevin, « auroit instamment prié et requis au nom de « Dieu le sieur Dehaut a presant maire de continuer sa « charge encore 2 ans attendu qu'il ne connoissoit homme « qui s'en acquitte mieux que luy, déclarant qu'il ne nom« moit autre que luy pour faire ladicte charge encore 2 ans « a quoi luy et aultres eschevins et conseillers de ladicte « ville l'assisteroient et aideroient en toutes choses a leur « pouvoir ». Comme conclusion, de Hault fut prié, à la pluralité des voix, de rester maire et accepta.

C'était un véritable dévouement à son parti, car la situation devenait de plus en plus tendue au point de vue pécuniaire et il se trouvait pris entre la nécessité de dépenser beaucoup et la difficulté de trouver de l'argent. « Pour « paier les ouvriers valides travaillant aux fortifications « advisé de prendre les deniers sur l'aumosne generalle a « doubler », avait-il fait décider le 26 avril, en stipulant que si « lesdits deniers ne sont suffisants pour faire les


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« paiements » l'aumône sera triplée (1). Ce qui n'empêché que, le 3 mai, cherchant à faire payer le vicomte de Chamoy et ses troupes, à qui le Conseil avait promis de l'argent, « et « pour trouver deniers pour payer les pauvres valides tra« vaillant en grand nombre aux réparations et fortifica« tions de ceste ville » Nicolas de Hault ne voit plus qu'un moyen : l'emprunt. Aussi, le 15 mai, fait-il décider que l'on demandera aux habitants aisés de la ville, tant ecclésiastiques que laïques, de prêter dix mille écus. Cette somme ne fait vraisemblablement pas double emploi avec une contribution de dix mille écus imposée aux habitants de Troyes « par forme de subvention conformément au résultat du « Conseil de Mgr. le duc de Chevreuse du 30 mai 1590 », contribution au sujet de laquelle on trouve une obligation, contractée à la date du 17 août 1590, par les chapitres de Saint-Pierre, Saint-Etienne et Saint-Urbain envers noble homme Nicolas de Hault, bourgeois de Troyes et receveur des décimes du diocèse, qui leur avance sept cents écus, somme à laquelle lesdits chapitres étaient taxés par les Maire et Echevins pour leur quote-part de cette imposition. Malgré tous ces expédients, les caisses de l'Union sont toujours vides, on les remplit comme on peut et tous lés moyens sont bons. On loue les biens des absents, on les vend même lorsqu'ils tiennent le parti contraire (2), on recherche leurs caches pour y prendre leur argent ; amendes, saisies de revenus, confiscations pleuvent et l'on n'y va pas de

(1) Aumône générale : institution de bienfaisance fondée par l'èchevinage en 1529 pour donner à manger aux vagabonds et les secourir utilement. Elle fut alimentée par des quêtes, des dons, certaines amendes' et enfin des taxes qu'elle avait le droit de lever sur les habitants. Ses bedeaux avaient des pouvoirs analogues à ceux des sergents royaux. Cf. BOUTIOT, op. cit. Tomes III et IV.

(2) Les absents étaient poursuivi® même après leur mort, c'est ainsi que l'un d'eux, Jean Cornuat, étant décédé à Metz, on remet au jugement de Messieurs les Docteurs en la Faculté de théologie, résidant à Troyes, de décider si l'on doit permettre de célébrer un service public pour le repos de son âme dans cette ville, mais sans que ce jugement « puisse préjudicier au droit que la Cause prétend en la « succession dudit défunt comme absent et retiré ès ville aux enne« mis».

Dans ses notes manuscrites conservées à la Bibliothèque de Troyes (mss. 2740), Boutiot signale toute une série de mesures prises contre les absents. L'une des plus curieuses concerne le château de Rosières dont non seulement tout le mobilier est mené en la Chambre d'Echevinage mais dont, par surcroît, toutes les vitres sont apportées à Troyes pour y être vendues !


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main-morte! En 1591, par exemple, une certaine veuve Beaupoil doit payer cinq cents écus parce qu'on a trouvé chez elle des lettres venant « de la part des refugiés ès villes « ennemyés contenant des communications secrètes avec « icelles ».

C'est que bon nombre de troyens ont quitté leur patrie. Dès l'arrivée du cardinal de Guise, plus de trois cents familles s'étaient exilées à la suite d'Eustache de Mesgrigny (1), président du Présidial et d'autres notables royalistes ; puis, en 1589, le duc de Mayenne avait chassé tous ceux qui refusaient de prêter serment à la Ligue ; en 1590, les femmes des suspects avaient été à leur tour expulsées afin qu'elles ne puissent renseigner l'ennemi. Tout ce monde regrettait amèrement d'être ainsi hors de son pays et de sa maison, de là à essayer d'y rentrer il n'y avait qu'un pas. Mesgrigny décida les officiers du Roi à tenter un coup de main sur Troyes et le 17 septembre 1590, vers trois heures du matin, le comte de Grandpré (2) parut avec plusieurs milliers d'hommes devant la ville sans que ses défenseurs se fussent doutés de son approche. Un gascon, le capitaine Pyrolle (3), guidé par les émigrés troyens, occupa presque sans coup férir le quartier bas, mais se heurta à une défense énergique lorsqu'il voulut déboucher des ponts dans le quartier haut. Repoussé, il se replia en désordre, ses troupes se débandèrent et, après avoir crié ville gagnée, les soldats royaux ne surent que s'enfuir honteusement. Au cours des combats qui se livrèrent aux

(1) Eustache de Mesgrigny, écuyer, seigneur de Villebertain, etc.. né à Troyes en 1544 de Jean de Mesgrigny et Marie de Pleurré, était dès 1575 conseiller du Roi, président du bailliage de Troyes et succéda en 1581 à son père en sa charge de lieutenant-général. Il reçut le 12 août 1589 provisions de la charge de procureur-général au Parlement de Paris, séant à Châlons-sur-Marne. Il mourut dans cette dernière ville le 8 février 1594, laissant sept enfants de son mariage avec Simonne Le Mairat. C'est d'eux que descend la branche de Villebertain dont une fille a apporté chez les du Parc la belle terre de ce nom qu'ils possèdent encore actuellement.

(2) Claude de Joyeuse, comte de Grandpré, gouverneur de Mouzon et de Beaumont en Argonne, marié en février 1588 à Philiberte de Saulx.

(3) Peut-être Arnaud de Castandit, surnommé le capitaine Pyrolles ? Cf. HÉRELLE, Mémoire des choses les plus notables advenues en la province de Champagne 1585-1598, Tome II, page 33, Reims, 1882, in-8° ; le président de Mesgrigny l'appelle Pirolle. Cf. REVUE DE CHAMPAGNE ET DE BRIE, 1882. Dans toutes les délibérations du Corps de Ville il est nommé Pyrolle.

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approches de la cathédrale, le doyen Le Tartier, qui avait bravement quitté l'église où il allait chanter matines, pour marcher à l'ennemi, fut tué (1). Quant au maire, il se trouva prendre la tête des défenseurs de la porte de Comporté, ce qui tend à prouver qu'il était, à cette heure matinale, en tournée sur les remparts. On signale en effet qu'il était bien armé et comme il habitait rue du Chaperon, en plein quartier de Beffroy, la maison voisine ou contre-voisine de l'hôtel du Chaperon (2), il est certain qu'il n'avait pas eu le temps de retourner chez lui. Il fit vaillamment usage de ses armes et, aidé de plusieurs valeureux bourgeois et même des femmes du quartier, mit l'ennemi en fuite sur ce point sans dommage pour sa personne.

Une conséquence immédiate de cette échauffourée fut d'irriter violemment la populace qui, à peine échappée au danger, n'eut qu'une pensée, se venger sur ceux qui le lui avaient fait courir ou sur leurs amis. Avant que les autorités n'aient pu rétablir l'ordre, elle se porta sur les prisons, où elle massacra trente-sept détenus, puis sur les maisons particulières où se trouvaient renfermés les prisonniers de distinction. Le sieur de Saultour (3) périt avec son lieute(1)

lieute(1) son trépas qui donna naissance au proverbe troyen :

C'est aujourd'hui la Saint-Lambert Qui quitte sa place la perd.

(2) Archives municipales F 272. La rue du Chaperon existe toujours aujourd'hui, c'est la partie de la rue de la Monnaie comprise entre la rue Brunneval et la rue des Quinze-Vingts. Cf. ARBELTLER DE LA BOULLAYE, Le dernier emplacement de la Monnaie de Troyes et la rue de la Monnaie, in ANNUAIRE DE L'AUBE, 1897.

(3) CARORGUY raconte que... « les coquine et gens sans adveu ayant « forcé les guardes du seigneur de Saultour et ouvert la chambre où « il estoit le tuèrent à sang froid ». PITHOU donne ces atroces détails que « les corps morts de ces gentilshommes furent traînez ighomi« nieusement par toute la ville... La graisse de celui dudict sieur de « Saultour tirée, son coeur arraché de sa place par un nommé Cer« clé... et le tenant entre ses mains sanglantes et impures dist qu'il « en vouloit manger et a l'instant se print a le mascher entre ses « dents venimeuses... ». Cette mort fut très sensible aux royalistes et, en 1591, ils pendirent sans pitié à un arbre le capitaine des Moulins, de Troyes, fait prisonnier dans une escarmouche, parce qu'il passait pour avoir donné le premier coup à Saultour. L'assassinat de celui-ci est spécialement visé dans l'Edit de réduction de Troyes sous l'obéissance du Roi. Le geôlier qui avait permis l'entrée des prisons, aux émeutiers se nommait Pierre Gourdault, il ne paraît pas avoir été inquiété par ses chefs. Il faut attendre un an pour voir la Chambre de Ville le blâmer, le 18 octobre 1591 « pour exercer des cruautes et « autres actes illicites a l'endroit des prisonniers ».


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nant, le sieur de Dosnon (1), frère du baron de Plancy, et plusieurs autres compagnons de captivité.

Le lendemain, de Hault rassemblait son Conseil et faisait décider des patrouilles pour empêcher le menu peuple de s'assembler, mais il était trop tard. Sans s'attarder à de vains regrets sur le compte d'ennemis, du sang desquels ils ne se seraient pas souillés les mains, mais dont, en leur for intérieur, ils n'étaient pas sans doute très mécontents d'être débarrassés, les conseillers de ville préférèrent écouter leur maire leur exposer l'ordre à tenir aux obsèques solennelles qu'il proposait de faire à l'infortuné Le Tartier (2). Tous se trouvèrent d'accord pour décider qu'on « devoit decorer « la sepulture et convoi dudict doyen... occis et tué par les « ennemis qui estoient entrés par escalade dans la Aille... « [et]... qu'il avoit beaucoup merité de la republicque...». Puis, ces devoirs rendus à un héroïque défenseur, le Conseil de ville décida de faire célébrer un service pour rendre grâces à Dieu d'avoir été délivré de ses ennemis le jour de la Saint-Lambert. Service qui ne fut pas oublié non plus l'année suivante où « en commemoration du benefice que « les habitants ont reçu de Dieu ledict jour » il est décidé que « Mgr. le Prince sera prié de fer assemblée des trois « Corps en sa maison, pour adviser au moyen le plus con« venable pour la solemnité de ceste heureuse journée en « laquelle Dieu auroit redimé ceste ville des ennemis et les « avoient empeschés y pouvoir faire ce qu'ils en trouvoient « bon ». Le Conseil supérieur ayant naturellement admis les suggestions de l'Echevinage, celui-ci décida que les capitaines, lieutenants et enseignes de la ville suivraient la procession (3).

La leçon donnée aux troyens par leurs ennemis ne fut pas perdue et, dès le jour même de l'attaque, de Hault fit

(1) Fait prisonnier par Saint-Paul dans son château. Le sieur de Dosnon avait épousé Odette Saigeot, fille de Germain Saigeot, seigneur d'Avon, commis du Secrétaire d'Etat Laubespin et d'Odette Hennequin, dont il n'eut pas d'enfants.

(2) Celui-ci avait élu sa sépulture en l'église Saint-Etienne, dans la nef, au tombeau de son oncle, et légué dans ce but dix livres au Chapitre. Cette sépulture lui fut accordée avec la grosse sonnerie, dans une réunion du Chapitre tenue, le matin même du jour où il avait été tué, pour écouter la lecture de son testament.

(3) Une rue de Troyes conserve le nom de Saint-Lambert, elle aboutissait autrefois au rempart, dans sa partie la plus voisine de l'attaque de 1590. Gf. CORRARD DE BRÉBAN, Les rues de Troyes anciennes et modernes, Troyes, in-8°, 1857.


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décider que, pour éviter la possibilité d'une surprise comme celle du matin, on ferait occuper la nuit les guettes qui sont sur les portes de la ville par un homme qui pourra « par le « moïen du son de la cloche estant au dessus donner advis « qu'il s'approche quelques personnes ». Comme sans doute on vient de s'apercevoir que le corps municipal peut être directement visé par l'ennemi, on convient également qu'il « feroit bon tenir en la Chambre de Ville quelques « fauconneaux montés sur roues, prests, chargés et équi« pés pour conduire en cas de nécessité à la tête de l'enne« mi... [et que]... en sera mis quelques uns en la maison de « monsieur le Maire ».

Mais, lorsque les vénérables chanoines de Saint-Etienne en demandent autant, on les envoie bellement promener et on leur répond qu'on ne veut qu'en leur cloître « soit mise « aucune artillerie ni fauconneaux pour plusieurs conside« rations. Bien leur est permis de les avoir en leurs mai« sons et en user contre les ennemis en cas de nécessité ».

Deux jours après, le maire convoquait une fois de plus ses capitaines et lieutenants pour leur remontrer que les premiers succès de l'ennemi s'étaient produits « par le « deffault de garde et départ subit des , sentinelles qui « estoient sur la muraille ». Peu désireux de voir le retour de pareille aventure, il prescrit les sages mesures que voici : « En cas qu'il advint quelque alarme en ladicte ville il est « enjoint a tous habitans de sortir incontinent avec leurs « armes et de se retirer suivant les règlements faicts en « la Chambre de Ville sous les cappitaines, lieutenants et « enseignes de leurs compagnies pour s'acheminer en « lieux de rendez-vous a eulx designez sans qu'ils puissent « entrer en maisons de quelques personnes que ce soient « ni vaguer par les rues avec leurs armes a peine de la « vie ».

Plus tard on examine qui a des armes ou non et qui a le moyen ou non d'en avoir, combien d'enfants et de serviteurs capables de les manier chacun d'eux possède, et le Maire décide que « en cas d'allarme inconvenient de feu ou « aultres urgentes nécessitez, seront tenus les serviteurs et « domestiques reconnus capables d'icelles porter, d'aller les « prendre en maisons de ceulx de leurs compagnies sur les« quelles ils seront assignez par les cappitaines... seront « tenus rapporter en maisons esquelles ils les auront prin« ses incontinent après Tallarme passe ». La décision rappelée énumère les armes dont on peut « accomoder » la


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troupe, « comme d'harquebuze, mousquets, hallebardes, « piques, ansguillons »,

La Saint-Lambert avait, on en peut juger, sérieusement remué le Corps de Ville qui,' mais on ne le voit pas dans ses délibérations, avait dû se faire faire d'amers reproches par les gens de guerre du Conseil du duc de Chevreuse. Troyes se gardait elle-même, c'était son privilège le plus cher, mais encore fallait-il qu'elle se gardat bien !

Le dernier résultat enfin de cette affaire fut de rendre plus dure la condition des étrangers, soupçonnés de vouloir incendier la ville pour favoriser de nouvelles tentatives d'assaut. Le maire déclare, le 15 novembre, qu'il est informé, notamment par monsieur de Guyonvelle (1), des machinations que trame l'ennemi et il fait décider que les vagabonds devront quitter Troyes avant midi, à peine de la vie, et que l'on fera dès le lendemain une recherche générale des étrangers, pour laquelle tous ceux qui en logent seront tenus de venir les déclarer et leurs voisins de les dénoncer, à peine de punition corporelle. Le 14 décembre il va plus loin et fait défense à tous les hôteliers, cabaretiers et taverniers de loger ni retirer en leurs maisons aucune personne qui ne soit de leur connaissance. Ordres accomgnés très sagement de l'obligation, déjà portée deux ans avant, de tenir de l'eau « a suffisance » devant les maisons « avec tonneaux, jarres et aultres aysânces », dé faire ramoner et tenir nettes les cheminées et même de faire fermer la ruelle Maillard (2) pour éviter les inconvénients « du « feu qui pourroient en advenir pour estre un lieu obscur « et peu habité ».

L'année suivante, ces précautions prises contre les étrangers ne paraissent pas suffisantes et, le 11 mars, de Hault fait décider qu'il sera interdit à leurs hôtes de les laisser, sortir en ville après huit heures du soir. Il est vrai que les habitants eux-mêmes sont tenus sévèrement ; la même année, le maire ayant appris que plusieurs d'entre eux n'ont pas juré et signé l'Union, ordonne aux capitaines de vérifier la chose dans leurs compagnies et de lui rendre' compte des suspects. C'est là un mot qui, en tout temps, sonne mal ; pas plus qu'ailleurs, dans le Troyes du XVIe

(1) Philippe d'Anglure, seigneur de Guyonvelle, bailli de Chaumont, lieutenant-général de la Ligue en Bassigny.

(2) Connue sous le nom de ruelle Maillard dès 1460, cette voie est devenue depuis la rue des Chats. Cf. CORRARD DE BRÉBAN, op. cit.


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siècle, ne faisait-il bon se le voir appliquer. C'est ainsi que le fils de Largentier, aux arrêts dans sa maison, voit clore et fermer ses fenêtres donnant sur la rue, afin qu'il ne puisse communiquer avec l'extérieur, et que le serviteur d'un chanoine est envoyé en prison pour avoir nié par trois fois être allé à Melun, alors que son maître en a convenu, et ce pour accompagner la femme, justement suspecte, d'un certain du Chesne, absent de Troyes, dont les enfants sont élevés chez le chanoine (1).

Il a été fait allusion plus haut aux difficultés qui pouvaient, se produire entre la Chambre de Ville et le Conseil du Gouverneur, ses délibérations permettent occasionnellement de s'en rendre compte. En 1591, notamment, on trouve une vive protestation contre la diminution du nombre de ceux de ce corps qui font partie du conseil du prince de Joinville et « monsieur de Hault, maire, représentera « s'il luy plaist a mondict seigneur le prince que l'intention « desditz eschevins et conseillers n'est d'y assister cy après, « si non qu'ils y assistassent ainsi qu'ils ont fait cy-de« vant ». Le prince voulut passer outre et, peu de jours après cette délibération, une autre est prise, à la date du 8 novembre, portant: « remonstrances seront faictes à « mondict seigneur qu'estant par le nouvel establissement « rejettes de son Conseil ceulx de ladicte Chambre qui « avoient este esleuz pour y assister avec les sieurs Maire « et Eschevins, il se pourra faire une impression qu'il y « ait eu quelques abus ou faultes commises par eulx et que « tant qu'ils seront en ceste suspicion il n'est raisonnable « qu'ils assistent au Conseil... et sera mondict seigneur « suplié de les en excuser jusqu'à ce que aultrement par « Mgr. le duc de Guise y ait este pourvu ».

Le duc de Guise venait, en effet, de s'échapper (2) et, malgré qu'il fut encore un très jeune homme, son prestige dans le parti était au moins aussi grand que celui de son

(1) Cette affaire se complique d'une histoire d'enfants qui doivent bien être ceux de du Chesne, puisque le chanoine Bessat les déclare tels et nés en loyal mariage, mais au sujet de qui la Chambre de Ville prie le doyen de Saint-Etienne « avoir l'oeil a ce qu'il ne se « voye plus tant d'enfants en maisons des chanoines de ladicte « église, a ce que cela ne puisse apporter scandale ».

(2) « ...le jour de la Nostre-Dame d'aoust monsieur de Guise qui « avoit tousiours demeuré prisonnier depuis l'acte de Blois, c'estant « sauvé de Tours par gentille finesse et tour d'habileté se rendit peu « de temps après sa délivrance à Troyes... ». CARORGUY.


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oncle Mayenne. De plus, il était gouverneur de la province en survivance de son père, aussi, lorsqu'il dut venir à Troyes en septembre 1591, de Hault s'empressa de faire assembler le Conseil pour convenir de la manière la plus convenable de recevoir le prince « par la grâce de Dieu « revenu de sa prison et captivité de Tours », réception pour laquelle, est-il prudemment stipulé que celui-ci sera « suplié pardonner... s'il n'y a... telle solemnité et pompes « que sa grandeur le mérite mais que la misère des temps « ne le permet quand a eulx ». Au mois d'octobre, on précise ce qu'on lui donnera : deux mille écus, mais on ne les a pas, qu'à cela ne tienne ! Le sieur de Virloup, chargé des deniers des munitions en donnera quatre cents et cent pour « un achapt de quelque bel assortiment de linge » à offrir à monsieur de la Chastre (1) qui accompagne le duc. Comme il proteste, défendant les fonds dont il a la charge, on lui déclare qu'il n'a pas à faire de difficultés et n'encourt aucune responsabilité en exécutant les ordonnances des Maire et Echevins. Pour les seize cents autres, de Hault se chargera de les trouver à intérêt pour six mois et propose que lui et les echevins s'obligent en leurs noms personnels, à moins que chacun ne veuille se cotiser selon ses moyens, à charge par Virloup de « promettre les rembourser sur les « premiers et plus clairs deniers qu'il recevra ».

L'on voulait demander tant de choses au duc ! Faire cesser les disputes journalières entre les gentilhommes sur le fait de l'art militaire et, pour cela, nommer un échevin pour commander la gendarmerie de la ville. Faire cesser les assemblées illicites qui se font dans certaines maisons. Et, surtout, obtenir la permission de traiter avec l'ennemi « pour la liberté du commerce et trafficq de marchandise ». C'est la mort des grandes villes marchandes que cet état de guerre perpétuelle et déjà les pays de Lyonnais, Forez et Beaujolais ont obtenu le droit de commercer tout en se battant ; on comprend que Troyes voulût en faire autant. Au milieu de toutes ces questions importantes, le duc eut-il le temps de s'occuper de réconcilier son jeune frère, ou plutôt ses conseillers, avec le Corps de Ville, c'est ce qu'il n'a pas été possible de constater. Celui-ci, pourtant, avait

(1) Claude de la Châtre, baron de Maisonfort, né vers 1536, mort le 13 décembre 1614. L'un des quatre maréchaux créés par le duc de Mayenne, il fut confirmé par Henri IV et nommé gouverneur de Berry. Les trois autres étaient : Saint-Paul, déjà cité, Urbain de Laval Bois-Dauphin et Chrétien de Savigny, baron de Rosne.


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admis à la pluralité des voix que l'on traiterait « en l'hostel « de Ville le seigneur duc de Guise et sa noblesse des plus « signales pour toujours conserver sa bonne amitié qu'il « temoigne a ladicte ville et attirer la cognoissance de la « dicte noblesse et la rendre benevole au bien de ceste « ville ».

Ce n'est pas pour tout le monde que l'on se mettait en de tels frais. Le 14 octobre. 1590 par exemple, le primat de Lyon arrivait à Troyes, ayant couché la veille à Méry et, pour lui faire accueil, on décidait simplement que monsieur le Maire, assisté de tout le Corps de Ville, irait au devant de lui, à la porte seulement, pour le recevoir.

Lorsque le duc de Mayenne avait réorganisé la province, il avait constitué un bureau des finances composé d'un Président et de deux Trésoriers (1), l'on ne saurait, affirmer que de Hault obtint immédiatement la charge de Président dont on le trouve revêtu peu après, mais il y a tout lieu de le croire. Une autre fonction fort importante lui advint au printemps de 1591. Il fut pourvu, à cette époque, de l'état de Contrôleur général des fortifications de la province de Champagne et de Brie et fut amené à rendre compte à l'échevinage de ses fonctions en ce qui concernait Troyes. Le 2 mars il « a remonstré avoir faict visitation des repara« tions estant a faire pour les fortifications de ceste ville « tant au dedans qu'au dehors avec et en présence de « Me Jean Milot, advocat et eschevin et Edme Legas, sieur « d'Errey, par lesquels il desiroit faire signer son procès« verbal sous la déclaration qu'il faisoit de ne prendre « aulcuns gages ou vacations sur la dicte ville en considera« tion de l'affection qu'il porte a i celle ». Ce désintéressement parut précieux à ses collègues qui décidèrent que Milot et Legas signeraient le procès-verbal sans que de Hault puisse demander aucune rémunération à provenir des deniers, dons, octrois patrimoniaux de la ville, ajoutant, ce qui paraît plus extraordinaire, « et sans que ledict sieur « puisse vendre ou resigner son estat si non aux charges et « conditions susdites (2) ».

(1) Edme Coiffart de Marcilly, marié à Edmée Le Gras et Nicolas Hennequin, gendre du maire.

(2) Peu de jours après, de Hault avait, en sa double qualité de Maire et de Contrôleur des fortifications à faire réparer « la ruyne « et chutte de la courtine et murailles respondant sur le boulevard « de Bigle » et, déclarant, dans l'une de ces qualités, que la réparation était d'une urgente nécessité, faisait décider, dans l'autre, que


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Malgré ces excellents rapports avec ses collègues, le Maire ne se voyait pas toujours suivi ; c'est ainsi que, le 12 avril 1591, deux candidats ayant; eu le même nombre, de voix pour un siège de conseiller, il demandait à les départir mais que l'on décida de donner la préférence au sortant. Aussi, à l'Assemblée générale annuelle du mardi de Pâques, tenue sous les yeux du prince de Joinville, de Hault, qui présidait, après avoir donné la parole à l'avocat de la ville, Edme Merille, pour exposer le but de la réunion, qui était le renouvellement des echevins, se garda bien de manifester quelque préférence et se borna à prier l'assemblée d'élire les meilleurs !

Pendant la dernière année de la mairie de de Hault, la Ligue remporta quelques succès militaires, notamment à Rouen, mais, à Troyes même, la situation devient de moins en moins facile. L'argent manque (1), on n'a même pas de quoi payer les appointements du prince de Joinville et encore moins les troupes dont la solde ne se peut plus

l'on y consacrerait « les deniers payés par la dame de Payns pour sa « rançon qui avoient este reserves pour emploier aux affaires de la « guerre et pour reprendre les places et chasteaux des environs de « ceste ville occupés par lés ennemis de la Sainte Union, comme « estant les derniers et les plus prompts ».

La dame de Payns, Jeanne Dupuy, épouse de Jean Dauvet, sieur de Rieux et de Payns, avait vu, le 8 août 1590, son château pris d'assaut par le capitaine Davigneau, dit Picard, après avoir essuyé plus de quatre cents coups! de canon. Elle fut fort maltraitée et amenée à Troyes où on la garda six mois en prison. Elle ne recouvra sa liberté qu'après paiement de trois mille écus de rançon, dont quinze cents pour le canon et le reste pour Picard. Elle mourut des suites de son aventure. Son mari plaida pendant vingt ans contre la ville et les Maire et Echevins en charge au moment des événements ci-dessus, pour se faire indemniser de la démolition de son château et de l'emprisonnement de sa femme. Il paraît avoir transigé pour quinze mille écus, mais n'avoir jamais été entièrement payé. Cf. Archives de l'Aube, E 224.

(1) La ville doit défendre ses fonds contre les grands chefs de la Cause, qui la ruineraient volontiers pour assurer le succès de leurs entreprises sur un autre théâtre. C'est ainsi que le maréchal de SaintPaul ayant voulu faire distraire du produit des tailles et taillons de l'élection de Troyes, quatorze à quinze mille écus pour l'entretien des gens de guerre « estant en villes et places fortes de de la la Marne », le maire fit assembler le Conseil et lui proposa de se transporter en corps par devant le prince de Joinville pour le supplier de faire défense aux receveurs de se dessaisir de ces fonds qui sont spécialement affectés « au paiement de l'appointement de Mgr. le prince de « Joinville et rentes des particuliers habitants de ceste ville, encore « qu'ils ne soient suffisants ». Séance du 30 janvier 1592.


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prendre sur les gabelles, car le produit en est déjà utilisé. Guyonvelle ayant été assiéger Langres, la ville, pour lui en donner les moyens, s'impose extraordinairement de dix mille cinq cents écus (1). Et c'est ce moment que le duc d'Elbeuf choisit pour solliciter des Troyens de participer à sa rançon (2), par lettres qu'il leur écrit le 23 mai, du château de Loches, et qui sont lues le 26 juillet.

L'on s'attend chaque jour a être attaqué, les privilégiés eux-mêmes doivent prendre le service aux murailles « attendu l'imminent péril qui est de présent, en ceste ville « et les entreprises que des ennemys trament sur icelle ». Au début de juin 1591, une conspiration est dénoncée par le prévôt de Bar-sur-Aube, Jean Guenichon, qui écrit à de Hault qu'il doit y avoir dans Troyes « des hommes cachés « cuirassés sur le pourpoinct ».

C'est dire que le Maire se débat au milieu de difficultés perpétuellement renouvelées, auxquelles vient s'ajouter, vers la fin de l'année, la crise de la monnaie. Ce sont les pièces de six blancs qui se trouvent décriées et l'échevinage doit faire publier « injonctions à toutes personnes de recep« voir toutes pièces au coing de France selon le taux porté

« par l'Edict, mesme les pièces de six blancs , avec

« défense a toutes personnes d'achepter, recevoir ny depo« ser l'or ou aultres espèces a plus hault prix que celuy

« porté par l'Edict des monnoyes le procureur du

« Roy est prié d'informer contre ceulx qui billonnent

« et rehaulssent les espèces On le voit, rien n'est

nouveau sous le soleil, et nous, avons connu les mêmes séquelles de la guerre que nos pères avaient rencontrées avant nous.

Aussi ne faut-il pas s'étonner que le peuple, à peu près calmé depuis la Saint-Lambert, s'énerve de nouveau et redevienne cruel, comme il l'est si facilement dans toutes les époques troublées. On en trouve la trace dans les délibérations de ses représentants qui partagent sa vie et: ses pas(1)

pas(1) le « département » fait pour la levée de cette somme, Nicolas de Hault est cotisé à soixante écus, ce qui est une des plus fortes contributions en dehors de celles des grands seigneurs, tels que l'évêque : cent quatre-vingt-dix écus, ou l'abbé de Saint-Loup : deux cent trente écus. Archives municipales, F 272.

(2) Charles de Lorraine, duc d'Elbeuf, fils de René, marquis d'Elbeuf et de Louise de Rieux, petit-fils de Claude, duc de Guise, avait été emprisonné au château de Loches à l'issue des Etats de Blois. Il n'en sortit qu'en 1591. Il mourut en 1605.


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sions. Le 23 août 1591, le Conseil de Ville apprend que le maréchal d'Aumont (1), lors de la prise du château de la Villeneuve-au-Chêne, s'est montré sans pitié pour les soldats du capitaine Audenot qui y commandait « en ayant « faict pendre et estrangler sans les vouloir recepvoir a « misericorde jusqu'au nombre de quinze a ung orme, « estant pris ledict Villeneuve, autres qu'il auroit mis a « grandes et insupportables gehennes..... ». Il décida donc, à la pluralité des voix, de prendre des mesures de rétorsion qui consisteront à faire pendre et étrangler dix soldats ennemis pris dans les prisonniers gardés à Troyes, parmi ceux qui se seront signalés comme ayant le plus volé et pillé sur les grands chemins « ravagé les paysans villageois « et empesché que l'on n'emmène des vivres en ceste « ville ». Cette exécution sommaire dépassant les pouvoirs du Maire, le Corps de Ville supplie le prince de Joinville de dépêcher à cet effet des lettres de commission au directeur de la maréchaussée. Le Conseil du prince ne donna sans doute pas suite à cette demande de pendaison sans jugement, car on ne trouve aucune trace d'exécution.

Il n'en fut malheureusement pas de même dans l'affaire du capitaine Pyrolle. On se souvient que c'est ce bravé officier qui avait escaladé Troyes le jour de la Saint-Lambert et que, s'il n'avait tenu qu'à lui, la ville était prise. Les habitants lui avaient donc gardé une solide rancune et n'eurent pas besoin d'autant de temps que la mule du Pape pour le lui faire voir, Pyrolle fut pris dans une escarmouche aux environs de la ville, en avril 1592, par les soldats du sieur de Grignault et amené à Troyes. Le 22, le Corps de Ville décide qu'on doit « lui mettre les fers aux pieds et le laisser « a la garde de quelques hommes fidelles lesquels il sol« doiera attendant que procès luy soit faict », Pour tenir son ennemi, il n'a pas craint de s'endetter, ayant composé pour la rançon de Pyrolle à deux cent cinquante écus avec les soldats qui l'avaient pris (2) et n'ayant « aucuns deniers »

(1) Jean d'Aumont, baron, de Chappes, conseiller d'Etat, maréchal de France.

(2) La guerre, à cette époque, a un côté, étonnant pour nous, d'entreprise commerciale. Les prisonniers sont, comme au Moyen-Age, des valeurs qui s'échangent et il faut des haines particulièrement violentes pour qu'on les tue ou lieu d'en tirer profit On doit reconnaître que les soldats, étant loin de recevoir leur paye régulièrement, toute capture était pour eux une bonne affaire... et aussi ce qu'ils trouvaient dans les poches des gens qu'ils fouillaient. Le Conseil de Ville en


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pour les payer. Cette fois, ce n'est pas de Hault qui fait les fonds, c'est Nicolas Le Marguenat, conseiller à l'échevinage qui « pour le desir qu'il a de faire service à la ville » accepte une combinaison très compliquée, où l'argent provient en définitive de sommes saisies entre les mains du receveur de mademoiselle de Bourbon, marquise d'Isle, et dues par elle à deux partisans du Roi de Navarre, Menisson et Mesgrigny, dont les rentes avaient été adjugées à la communauté de la Aille.

Pyrolle pris et payé, la population, un mois après, s'étonnait

s'étonnait ne fut pas encore pendu et, le 23 mai, le prince de

Joinville manifestait son mécontentement que cet étonnement

étonnement jusqu'à ce qu'un grand nombre de gens se soient

permis d'envahir son logis « avec paroles fort hautaines et

« indécentes », qu'elles « le poursuivoient de faire juger

« Pirolle et le voulloient comme forcer a ce faire usant de

« paroles fort mal convenables à leur profession et ten«

ten« plutost a sedition qu'autre, ce qui ne se pouvoit

« et debvoit tolerer ny permectre ». Le Maire proposa et

obtint que l'on irait en corps trouver le Prince pour le

« suplier tres humblement croire que la Chambre ne sait

« que cest de ladicte assemblee populaire laquelle ils

« n'avouent et qu'ils feront tout ce qu'ils pourront pour les

« empescher ou que les principaux conducteurs du peuple

« qui auront estes recognus seront mandes en la Chambre

« des Eschevins pour les reprimer de ceste temerite ».

Mais, tout en parlant fort bien, l'Echevinage savait ce qu'il voulait et, peu de jours après, Pyrolle fut mis à mort. Le Maire de Hault va bientôt quitter sa charge ; avant de le suivre dans les réunions qui vont se tenir à ce moment, profitons de la mention répétée, dans les procès-vérbaux, d'une question de ravitaillement, accessoire cependant, pour le voir en rapport avec sa parenté de Sommevoire. La ville avait acheté du sel blanc en Lorraine, ainsi que de la

fait un jour l'aveu naïf, en répondant à mademoiselle d'Oysonville*, qui protestait contre la saisie de cent écus sur deux laquais : « ladicte « somme estant de bonne prise et appliquée aux compagnies des « gardes des mains desquelles il serait malaysé de la retirer...».

Le prince de Joinville, en réglementant par ses lettres du 16 août 1593 (Archives municipales AA 48, liasses 11 et 12) les relations des troyens avec l'extérieur, édicte que « appartiendra le tiers du profit « de la prise à la compagnie qui sera en garde ou qui aura descouvert « les contrevenants tant à l'entrée qu'à la sortie de la ville ».

« Voir à son sujet le Chapitre II, page 31, note 1.


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rozette (cuivre rouge pur) pour employer à la fonte de l'artillerie. Au milieu de septembre 1591, de Hault, explique que le moment lui paraît venu de faire chercher le tout « pendant que les ennemis ne tiennent les chemins et qu'ils « sont alles trouver le Byarnois ». Il propose donc que l'on prenne des charretiers à Sommevoire et lieux voisins « pour « tous lesquels lon respondra de la rançon et perte de leurs « chevaulx advenant qu'ils fussent prins des ennemys tant « allant que retournant ». Le Conseil est de son avis, mais, estimant « que l'on ne pourra commodément descouvrir « charretiers audict Sommevoire sinon, que l'on y emploie « des amys, a esté ledict sieur de Hault, maire, prié et « requis d'escrire au sieur de Puellemontier son frère de « respondre auxdicts charretiers tant; de leurs rançons que « de leurs chevaulx et il en sera indemnisé et dedommagé « par tout le corps de ladicte ville ».

Il était assez naturel que le maire pensat à Sommevoire pour y trouver le charroi voulu, le sel étant à Saint-Dizier, et il est évident que l'organisation du convoi devait, lui être plus facile là qu'ailleurs, mais si les ménagères troyennes comptaient sur lui pour saler leur pot elles eurent le temps de déchanter.

Huit jours en effet après cette mobilisation de charretiers, ceux-ci avaient bien mis en marche vingt-six chevaux, mais le maire avait dû les contremander, avis lui étant venu que les reîtres ennemis étaient près de Vitry. Ne s'en rapportant pas à lui seul, il avait pris l'avis du capitaine de Grignault, spécialement mandé en l'assemblée de l'échevinage, pour savoir s'il était vraiment prudent de former son convoi. Cet homme de guerre ayant trouvé comme lui qu'il « n'estoit besoin de rien bazarder » de Hault, écrivit à Claude Faulconnier — un de ses compatriotes, d'une famille souvent alliée à la sienne — pour le prier de lui donner fidèle avis « par homme esprès » de ce qui se passera « en ces quartiers, afin d'estre aussitost pourvu sur « la traite du sel ».

A la fin d'octobre, le sel était toujours à Saint-Dizier et les charretiers de Sommevoire en avaient sans doute assez, quoiqu'on eut, composé avec eux pour leur dérangement, car le Maire demande l'autorisation de traiter avec le capitaine Comte pour qu'il se charge d'amener la précieuse denrée. Un mois après, le capitaine Comte n'a rien fait et l'on s'adresse au capitaine de Grignault qui est prié de s'en-


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tendre avec le sieur d'Ailleville (1), gouverneur de Bar-surAube, pour prendre des troupes en quantité suffisante, traiter de nouveau une assurance de guerre avec les charretiers de Sommevoire et amener le sel à Troyes « pendant « l'opportunité du temps et que les ennemys n'occupent « les chemins et passages ».

Là dessus, la question se complique, car Jacques Lallement, qui a acheté le sel, est en train de mourir et l'on élit trois conseillers, Marguenat, Aultruy et Marisy, pour clore ses comptes ; il a emprunté mille écus à Nicolas Huez, échevin, qui veut en être payé et qui, ne pouvant l'être que lorsque le sel sera vendu, entreprend de se débrouiller luimême. Il envoie donc un serviteur à Saint-Dizier qui demande de l'argent pour organiser son convoi et, le 13 février 1592 — le temps passe — on décide de vendre le sel de Brouage, qui reste au grenier à sel, pour fournir aux frais du charroi du sel de Lorraine. Enfin celui-ci arrive, le 24 février, ainsi que la rozette, convoyés par le sieur de Grignault et sa compagnie : il ne s'agit plus que dé le vendre.

Auparavant, de Hault a avancé les frais du charroi, sous la promesse que lui ont faite ses collègues que « sitost que « le sel sera arrivé à port de salut » il en sera remboursé sur la première vente. Il s'agit donc, pour l'échevinage, de se mettre d'accord avec les officiers du grenier à sel sur le prix auquel va être vendue leur acquisition, Les frais accessoires étant élevés on décide de remettre à messieurs les Président et Trésoriers de France la déclaration de ce qu'ils ont coûté, ainsi que l'achat principal, en les priant de « bailler le prix dudict sel ».

De Hault, président des trésoriers, prenait probablement fort mal les intérêts de de Hault, prêteur de fonds à la ville, car on apprend, par une délibération du 27 mars, que les deniers provenant du sel qui se vend au grenier ne sont pas suffisants pour acheter celui que les forains amènent en la ville, payer chaque semaine cent écus à Huez pour le rembourser de ses avances et rendre au sieur de Hault, maire, ce qu'il a fourni et prêté sur les voitures et charroi. Ce mauvais résultat d'une affaire aussi sûre provenait en partie de ce que le prix du sel avait dû être « baillé » trop bas car l'offre en devenait abondante « eu esgard a la faci(1)

faci(1) de Balidart, seigneur d'Ailleville, Montier-en-l'Isle et Champfleury en partie, époux de Claude de Chaugy.


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« lité des chemins » mais le Corps de Ville, soucieux d'en déterminer toutes les causes, prie les officiers du grenier de faire faire des perquisitions chez les regrattiers pour voir s'il n'y avait pas de fuites de ce côté.

Comme, en général, toutes les opérations commerciales de l'Etat, celle-ci tourna donc au désastre ; de Hault fut-il remboursé, l'on ne sait... On a déjà vu par ailleurs que, s'il avança beaucoup d'argent pour les besoins de son parti, il ne dut pas le voir revenir souvent dans ses caisses ! Cette affaire du sel est bien caractéristique du genre d'occupations du Maire pendant ses années d'exercice, beaucoup de soucis, perte d'argent et, probablement, peu de reconnaissance de la part de ses administrés.

Cependant les mois passent, amenant inexorablement la fin des importantes fonctions de notre héros. Avant de les déposer, il pense encore à son pays natal et essaye de faire rendre à Sommevoire par Guyonvelle « les boullets par luy « pris audict lieu appartenant à la communauté de ceste « ville », mais celui-ci fait la sourde oreille et l'échevinage doit supplier le prince de Joinville de lui écrire pour y parvenir. L'artillerie de Sommevoire n'était pas bien brillante si elle manquait de boulets, mais celle de Troyes paraît, elle-même, bien mal en point, puisque, le 5 juin 1592, de Hault fait décider l'envoi de Pierre Le Roux vers Son Altesse de Lorraine, qui se trouve alors à Châteauvillain, afin de tenter d'en obtenir quelque somme pour former artillerie « pour deffaut et disette qu'en a ceste « ville ».

L'année 1592, comme les précédentes, le maire tient son Assemblée générale à la date accoutumée, le mardi de Pâques, qui se trouve être le dernier jour de mars. Suivant le protocole habituel, il laisse d'abord Merille, l'avocat de la ville, exposer qu'il s'agit d'élire quatre échevins, puis, prenant lui-même la parole, il donne l'impression de présenter, en quelque sorte, le résumé des sentiments qui l'ont animé pendant le temps où il a dirigé les affaires de la Ville. Voici en effet ce qu'il dit : « ...qu'il prioit et conju« roit tous et chascuns les elisans de choisir et nommer « des hommes gens de bien et d'honneur, zeles et affec« tionnes a la Sainte Cause de Dieu, bons catholicques, « amateurs de la chose publicque, qui soient aptes au ser« vice d'icelle et qui s'y rendent assidus ». Peut-on tracer plus beau programme ? Des quatre personnages élus : Jehan Andry, Jehan Paillot, Jeremie Michelin et Antoine


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Collet, le second devait terminer, l'histoire de la Ligue à Troyes (1) en ramenant la ville sous l'autorité de son souverain naturel. Mais deux années s'écouleraient encore avant que le roi rendit cette solution possible en revenant à la foi catholique et il n'était pas permis même de l'entrevoir lorsque de Hault recevait Jehan Paillot dans l'échevinage. L'on imprimait à Troyes, sous les presses de Jean Moreau, cette même année, un ouvrage curieux qui montre bien l'état, des esprits, très loin de la conciliation : « Le Guy sien, « ou perfidie tyrannique commise par Henry de Valois es « personnes des illustriss. reverendiss. et tres genereux « princes Loys de Lorraine, Cardinal et Archevesque de « Rheims et Henry de Lorraine, duc de Guyse » dédié à « tres vertueux et honorable homme Nicolas Dehault, Pré« sident des Trésoriers et Maire de la Ville de Troyes (2) ». Selon l'usage de l'époque, cette tragédie en cinq actes et en vers est précédée d'une longue dédicace de l'auteur, S. BELYARD, dont plusieurs passages forment une intéressante documentation sur Nicolas de Hault : « ...qui pourra donc « trouver mauvais si a heures desrobées i'ay parachevé « ceste Tragoedie : laquelle ie vous presente (Monsieur) « pour vous rendre conte de mon repos : a vous qui avez le « gouvernement et la police en mains : a vous dis-ie, qui « soubstenez tant courageusement le faix tres pesant et « charge tres onereuse de l'administration de la chose « publique en ce tems tres miserable et calamiteux. En « sorte que il semble que, comme iadis l'on disoit Achille « estre ordonné par le Destin pour mettre a sac Troye la « grande, et les Scipions estre nez pour raser Carthage, « ainsy Dieu vous ayt fait naistre pour ruiner et perdre « les meschans et damnables conseilz et pernicieuses entre« prinses de ceux qui ont traistreusement tant de fois en « nostre tems conspiré de mettre ceste Ville tres-catholic« que es mains des ennemis de la Saincte Eglise... ».

(1) Consulter sur Baillot, au Cabinet des Titres, le Nouveau d'Hozier, n° 257, qui contient une intéressante enquête faite sur sa noblesse. Une copie ancienne de son épitaphe se trouve au manuscrit 2672 de la Bibliothèque de Troyes, folio 234. Sa conduite en 1594 y est rappelée avec éloges.

Jean Baillot mourut à 90 ans, le 28 août 11329, et fut inhumé dans l'église Sàint-Jean-au-Marché.

(2) Un exemplaire de cet ouvrage rarissime se trouve à la Bibliothèque de la ville de Châlons.


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L'auteur, s'adressant toujours à de Hault, termine en souhaitant que son ouvrage lui « ramène en la memoire « que les Belyards ont tousiours este humbles serviteurs « de voz ancestres et bien venuz en vostre maison », mais il ne se doute pas qu'il a résumé en quelques mots le rôle de son patron pendant, quatre années d'une magistrature pleine d'agitations, années où il avait vaillamment payé de sa personne et de ses deniers.

Le 11 juin 1592, après que les députés des Etats et Métiers de la Ville de Troyes, dûment convoqués par les Sergents, furent entrés en la Chambre d'Echevinage « à « sept heures attendant huict du matin », au nombre d'environ cent vingt-cinq, avec sept echevins, vingt conseillers de Ville et les autorités administratives et judiciaires, l'inévitable Merille exposa que, de toute ancienneté, le jour de la Saint-Barnabé voyait assembler le peuple pour procéder à l'élection du Maire et que « ayant Monsieur Dehault con« tinué ceste charge pendant quatre ans consecutifs pen« dant lesquels par la prudence duquel les affaires de « ladicte ville avoient bien esté administrees, estoit neces« saire de faire choix et élection d'un autre en son lieu et « place qui le puisse imiter pour occuper ladicte charge par « le temps de deux ans... Ce faict, le sieur Dehault maire « a remercié l'assistance de l'honneur qu'on luy a faict de « l'avoir appelé à ceste charge et a prié de l'excuser s'il « n'avoit pas faict si bien qu'il devoit, a admonesté le peu« ple de procéder a l'élection d'un aultre sans faveur ami« tié ou inimitié ou par brigué que ce soit et a faict faire « le serment aux assistants de procéder à l'élection d'une « personne qui soit de la qualité requise... ».

Après cet échange de congratulations, on passa au vote qui donna pour remplaçant au maire sortant Jean d'Aultruy (1), l'un des conseillers à l'Echevinage. Le lieutenantgénéral de Vert exhorta le peuple à l'obéissance envers son. nouveau chef et l'on se retira.

Placé à la tête de l'administration municipale à l'époque où celle-ci se trouva démesurément grandie, jeté au milieu des troubles de la guerre civile et des plus grandes affaires politiques de son temps, Nicolas de Hault ne paraît pas avoir été inégal à sa tâche. Brave soldat et financier ingénieux, il a su se tirer à son honneur des difficultés

(1) Jean d'Aultruy, époux de Nicole Mauroy, obtint une reconnaissance de noblesse en 1594.

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qui l'ont assailli ; ce n'est pas sa faute si les affaires générales de la Sainte Union ont mal marché, dans sa sphère il a fait; de son mieux pour conserver en tous cas le précieux boulevard qu'est Troyes aux princes lorrains.

Ceux-ci perdent du terrain ; dès la fin de 1591, débordé à Paris par ses terribles partisans, les Seize, le duc de Mayenne avait dû briser leur tyrannie en en faisant pendre quatre (1), mais diminua du même coup son pouvoir politique en soulignant la discorde latente dans son parti entre les éléments démagogiques et l'aristocratie. De son côté, Henri IV laissait) dire que sa conversion ne tarderait pas, ce qui lui ramenait tous les Français qui n'étaient pas trop engagés dans le parti lorrain pour ne pas pouvoir le quitter. Bref, à la fin de cette longue période de massacres réciproques, les deux adversaires en présence, épuisés et las, ne demandaient qu'à en terminer et le Béarnais, dont le sens politique aiguisé sut discerner le moment propice, ne balança plus à se convertir. Il enlevait; ainsi toute raison d'être à ce qui restait de la Ligue, tout en lui donnant la meilleure justification d'avoir existé puisque son but principal, la catholicité du Roi, se trouvait atteint.

Pas plus que Paris, Troyes ne se rendit immédiatement au Roi légitime (2) ; la conversion d'Henri IV est du 25 juillet 1593, son entrée à Paris du 22 mars 1594, ce n'est qu'en avril que furent signés les articles de la réduction de Troyes. Dans ce laps de près de deux années qui s'écoulèrent entre la fin de la mairie de Nicolas de Hault et l'écroulement de son parti, il est vraisemblable qu'il continua à

(1) Le 4 décembre 1591, Louchard, Anroux, Ameline et Aymonnot étaient pendus par ordre du duc, en punition du crime commis par les Seize peu auparavant. Ceux-ci avaient fait arrêter, le 15 novembre 1591, le président Brisson à neuf heures du matin, avec les conseillers. Claude Larcher et Jean Tardif, les avaient fait juger sommairement au petit Châtelet par le conseiller au Grand Conseil Cromé et pendre à onze heures, à une poutre de la chambre du Conseil. Lors de l'exécution des meurtriers, on fit circuler le quatrain suivant :

Meschants pendards qui les juges pendez, Impunité par la vous pretendez, Mais vous devez tout, le contraire attendre Oncques pendard ne put son juge pendre.

(2) L'idée était cependant dans l'air ; en 1593 « le XXVIIe janvier « ceulx de Troyes ont pris et constitué prisonniers quatre personnes « habitans qui en devisoient ensemble et qui demandoient la paix, « les ayant en oultre chascun condamnez en cent escuz d'amande ». CARORGUY, op. cit.


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prendre part aux délibérations des dirigeants qui séjournaient fréquemment et longtemps à Troyes ; Président des Trésoriers de France, Contrôleur général des Fortifications (1), il était toujours l'un des personnages les plus marquants de la Sainte Union dans sa ville.

Ses rapports avec l'administration qui lui a succédé ne paraissent pas excellents : au moment de la conclusion de l'affaire des prisonniers de Plancy, on essaye de passer sous silence son engagement de quatre mille écus ; il veille et proteste énergiquement, menaçant d'Aultruy et les échevins de les rendre personnellement responsables. Il fait même ajourner la Ville, on l'a vu, pour le remboursement de ses chevaux. Celle-ci, de son côté, lui réclame poliment, mais fermement, ses papiers. Le 6 octobre 1592. voici en effet ce qu'on lit dans le registre des délibérations : « Sur les papiers, mandements et avis importants les affai« res de la communauté de la Ville estant par devers mon« sieur Dehault... a esté advisé que ledict sieur Dehault « sera derechef prié de mectre au Tresor de l'Hostel de « Ville tous et chascuns les papiers mandements qu'il a « reçus pendant sa charge concernant; les affaires de la « ville pour s'en servir et prevaloir en temps et lieu selon « les occurrences qu'il se trouvera. Lesquelz papiers il « baillera s'il luy plaist par Inventaire ».

Depuis le mois d'octobre 1592 jusqu'au 18 septembre 1593, il cesse d'assister aux réunions. Jusque-là, son nom figure très régulièrement, en tête de ceux des conseillers de ville, avec la qualification « ancien maire » ou « maire anticque ». On le voit cependant paraître à une Assemblée du 11 janvier 1593 en tête des Trésoriers de France, revenu à Troyes momentanément pour une réunion importante, sous la dénomination de « Le Président de « Hault ». Depuis son retour, en septembre 1593, il ne manque plus une séance du Corps de Ville, où sa présence était d'autant plus nécessaire que le parti de la résistance à outrance, dont il était) l'âme, faiblissait. On avait à peine pris la précaution de faire renouveler le serment d'union à la population que les royalistes arrivaient à faire recon(1)

recon(1) juillet 1592 on le trouve exerçant sa chargé et visitant les remparts et autres ouvrages de défense de Troyes. Comme précédemment, le Corps de Ville stipule qu'il devra « bailler promesse de ne « rien prendre sur icelle ville pour sa taxation » et lui fait signer cet engagement, pour plus de sûreté, sur le registre des délibérations.


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naître Henri IV au nez et à la barbe des enragés ligueurs troyens.

Ce n'était cependant pas chose facile, car le duc de Chevreuse était toujours gardé par les deux compagnies d'argoulets du sieur de Grignault et du capitaine La Pierre (1). En outre, les trois quarts des gens en place, officiers du Corps de Ville, du Clergé et de la Justice, avaient été pourvus par le duc de Mayenne, ce qui rendait leur défectiond'autant moins vraisemblable qu'ils avaient tout à perdre au changement. Il était donc à craindre que la Ligue ne céda à Troyes qu'après que beaucoup de sang aurait été versé.

L'énergie et l'adresse d'un homme suffirent pour éviter ces extrémités. Le Maire était, on le sait, Jean d'Aultruy, le premier échevin Jean Andry et le second échevin Jean Paillot, sieur de Nuisement. Ce dernier prit des arrangements avec le duc de Piney pour qu'un héraut d'armes fut envoyé, à jour dit, à Troyes, de la part du Roi, porteur de lettres pour les corps constitués. Il obtint du Maire, partisan secret d'Henri IV, mais avant tout désireux de ne pas se compromettre, qu'il se tint chez lui en se disant malade, puis, libre d'agir à sa place, il sut s'organiser pour que, au jour fixé, le 5 avril 1594, une compagnie à lui, celle du lieutenant Gandier, fut choisie pour garder la porte SaintJacques où le héraut devait se présenter. Le commandant du corps de garde posté au bout du faubourg Saint-Jacques eut la consigne de faire conduire par six mousquetaires le personnage attendu à la porte Saint-Jacques où Gandier lui donna une escorte de douze autres mousquetaires pour l'amener à l'Hôtel de Ville. Là, le sieur de Nuisement l'attendait.

Entre temps, il avait fait passer devant et derrière la maison commune un millier d'hommes armés qui n'y laissaient entrer les membres de la Chambre de Ville, venus au nombre de trente et un, qu'après les avoir engagés à être bons serviteurs du Roi, sans quoi ils les passeraient tous au fil de l'épée. L'opinion de ses collègues ainsi bien

(1) Le sieur de Grignault, dont le nom revient souvent, n'a pu être identifié. Il faisait cependant partie du conseil du duc de Chevreuse. Quant à La Pierre, de son nom Priam de Broussel, écuyer, seigneur de la Pierre et autres lieux, capitaine des gardes du duc de Guise, il avait épousé Marie de Mauroy, veuve de Nicolas Cornuel, secrétaire du Roi. Cf. sur son compte : Les capitaines de la Sainte Union, par Charles MUTEAU, Dijon, 1883, in-8°.


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et duement préparée, le second échevin ouvrit devant eux la lettre adressée à la Ville ainsi que la déclaration royale sur la réduction de Paris, cependant que l'on portait au doyen du Chapitre, maître Odard Hennequin (1), et au lieutenant-général de Vert, celles qui concernaient le Clergé et les Gens de fustice. Surpris de s'être ainsi laissés attirer dans un piège, les echevins et conseillers « s'entrere« gardoient tout estonnez de ce que leur avoient dict ces « gens armes en entrant » mais ne prenaient pas de décision, lorsque Paillot leur proposa de déléguer l'un d'entre eux pour apprendre les résolutions des deux autres Corps. Naturellement, il se trouva désigné et se rendit d'abord à l'Assemblée du Clergé qui avait été convoquée au Chapitre de la Cathédrale, sur l'ordonnance des vénérables chanoines de cette église, le siège épiscopal étant vacant (2). Le doyen Hennequin lui déclara qu'il allait en référer au duc de Guise alors à Vitry, ce à quoi Paillot répondit que, si l'on en usait ainsi, il y aurait bien du sang versé ce jour-là dans Troyes, que plus de deux mille hommes en armes menaçaient de tuer tous ceux qui ne criaient pas Vive le Roi et que, d'ailleurs, le Corps de Ville avait convenu de reconnaître Henri IV.

Il n'est rien de tel que de mentir avec assurance ! Les vénérables chanoines en donnèrent la preuve aussitôt, en décidant de se rallier à cette résolution et déléguèrent leur doyen ainsi que Jehan Le Maignien, doyen de Saint-Etienne et Jacques Le Faure, doyen de Saint-Urbain, avec six autres prêtres, pour en porter la nouvelle. L'infatigable Paillot se rendit sur le champ au Palais où il trouva beaucoup plus

(1) Le doyen du Chapitre était, depuis le 4 décembre 1572, Guillaume de Taix, mais il avait quitté la ville lorsqu'elle s'était mise en rébellion ouverte contre le Roi et avait été remplacé par Odard Hennequin, aux termes d'une bulle donnée le 3 avril 1589,. Ce doyen ligueur dut céder la place à de Taix quand la ville reconnut Henri TV. Au décès du doyen royaliste, les chanoines élurent, dans leur assemblée du 17 septembre 1599., Odard Hennequin, pour le remplacer, mais celui-ci ne put entrer en possession de son bénéfice et une bulle du 31 mai 1599 nomma Claude Vestier au doyenné de là Cathédrale de Troyes. Pour pouvoir en jouir, il dut d'ailleurs passer une transaction avec Hennequin. Cf. Archives de l'Aube, G 2561, liasse.

(2) L'évêque de Troyes, Claude de Bauffremont, était mort depuis le 24 septembre 1593 . en sa maison de Scey-sur-Saône. Lui aussi, d'ailleurs, s'était absenté de la ville en même temps que Guillaume de Taix, quoiqu'il eut d'abord adhéré à la Ligue. Né en 1532, il avaitété appelé à l'évêché de Troyes eu 1562,


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de résistance, mais l'annonce des décisions des deux autres Corps entraîna celle de la Robe et messieurs Blaise Feloix, lieutenant-criminel, Louis Martin, lieutenant au bailliage, François Le Febvre, prévôt de Troyes, Louis Quinot, Nicolas Gauthier et plusieurs autres furent désignés, avec le lieutenant-général de Vert, pour annoncer qu'elle s'y rangeait;.

Revenus tous à l'Hôtel de Ville à une heure de l'aprèsmidi, Paillot prit la parole et déclara qu'il n'était plus temps de dissimuler, que tous étaient las de voir tant de roitelets, qu'il fallait donc immédiatement se remettre en l'obéissance du Roi et en donner avis à monsieur de Biron qui tenait la campagne du côté de Torvilliers avec une armée. Là-dessus, il fit entrer le Héraut et quelques-uns de ses acolytes de la rue qui se mirent à crier Vive le Roi, puis l'on passa au vote. Les représentants du Clergé, des Trésoriers de France, des Gens de Justice s'étant déclarés, le Maire, les echevins et les conseillers de Ville opinèrent et dirent « que l'espérance d'une paix generalle les avoit de « longtemps retenuz et suspendu leurs voluntez d'entrer en « la recongnoissance du Roy, mesure l'assurance que Mon« seigneur de Guyse leur en avoit donnée (1). Touttefois « que puisque le Roy les en avoit voullu convier par ses « lectres ils estoient de mesme advis que messieurs du « Clergé et de la Justice ».

On sent combien à regret cette décision était prise, mais l'essentiel était qu'elle le fut ; quelques ligueurs déterminés cependant, au nombre desquels figura Nicolas de Hault, firent l'impossible pour l'éviter, l'ancien maire poussa

(1) A en croire Nicolas Hennequin, gendre du maire de Hault, dans une supplique qu'il présente en 1596 aux Maire et Echevins de Troyes, il se serait trouvé, lorsque la décision de reconnaître le Roi fut prise, en mission près du duc de Guise pour prendre ses ordres à ce sujet. Les évènements ayant marché plus vite que ne le pensaient ses mandants, Hennequin fut consigné à la porte de Troyes par monsieur de Dinteville, qui ne se souciait pas de l'y voir rentrer, et accompagna le duc de Guise à Baris au commencement de 1595 quand « il fut faire la « reverence au Roy affin d'estre recongnu son serviteur ». Il se retira ensuite chez son beau-père, à Courcelles, d'où il fut enlevé par son ancien ami Chamoy qui, n'ayant pas encore fait lui-même sa soumission contre bonnes espèces sonnantes, jugea fort mauvais qu'Hennequin ne fut plus ligueur et le mit en prison pour le pouvoir mieux rançonner « ce qui ne fust arrivé si, suivant la volonté du Roy, il « fust entré librement dans sa maison de ceste ville... et avait pu se « mettre en securité sous le couvert des murailles de ladicte ville ». Archives municipales BB, 14° Carton, 3e Liasse.


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même l'imprudence jusqu'à dire en pleine assemblée qu'il fallait pendre ceux qui parlaient de la paix, ce qui faillit lui coûter cher, car la population, elle, voulait la paix. Vaincus par le nombre, les derniers ligueurs sortant pour se retirer en leurs maisons « y furent conduits par les huées « et crieries de tout le peuple qui mesme ne les y voulût « pas laisser entrer qu'ils n'eussent crié Vive le Roy ». Avant de clore cette émouvante assemblée, on prit soin de faire reconnaître également le Roi par les capitaines, lieutenants et enseignes de la ville, puis l'on élut pour aller lui porter la nouvelle les doyens Hennequin et Le Maignien, le lieutenant général, de Vert, le lieutenant particulier Martin, l'échevin Paillot, qui l'avait bien mérité, et le conseiller Le Marguenat.

Tout ceci terminé, les autorités se rendirent; à la Cathédrale pour remercier Dieu et le héraut, revêtu de son tabard de velours violet parsemé de fleurs de lys d'or, monta à cheval avec ses quatre trompettes et deux que lui donna la Ville, puis se mit à parcourir les rues au cri de Vive le Roi. Le peuple se précipitait sur son passage, lui tendant les enfants à embrasser, touchant avec dévotion les fleurs de lys de sa casaque puis les baisant en s'écriant : voilà qui est bien plus beau que les croix de Lorraine. On mena les trompettes devant la maison de Nicolas de Hault et le peuple cria sous ses fenêtres, en montrant le portrait d'Henri IV : Vive le Roi, car voilà l'ennemi mortel du Roi !

Pendant ce temps, Paillot faisait aviser Biron des événements et, peu après, la ville recevait garnison de troupes royales. Celles-ci l'occupaient depuis quelques heures lorsque l'avant-garde du duc de Guise se présenta devant ses murs pour la conserver à la Ligue. Quant au prince de Joinville, enfermé, à l'évêché, il ne fut nullement inquiété et reçut licence de se retirer où il voudrait avec ses gens (1).

(1) Le récit le plus vivant de la journée du 5 avril 1594 est dans Le Trésor Chronologique et Historique de Dom Bierre DE SAINT ROMUALD, (Paris, 1647, in-f°), et ses péripéties principales sont nettement confirmées par le procès-verbal de la réunion à la Chambre de Ville, malgré la prudence extrême de sa rédaction. Une lettre contemporaine des événements, dont la copie, malheureusement non signée, est conservée dans le Volume 62 de la Collection de Champagne*, vient ajouter des détails précieux sur l'attitude personnelle de de Hault. On peut consulter également, de GROSLEY : Ephémérides (Edition Patris-Debreuil, Tome II), où est rappelée l'attitude de l'im-


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On pourrait croire que le maire de Hault se tint coi et cessa de se montrer en public, ce serait mal le connaître. Dès le 6 avril, il participé à un Conseil où l'on décide d'appeler monsieur de Dinteville ; le 8 il est encore présent et doit être un de ceux qui poussèrent à prendre la décision de ne laisser rentrer les réfugiés qu'après le retour des députés en voyés par la Ville en Cour ; le 12, enfin, une Assemblée générale se tient sous la présidence de Dinteville et il y assiste. Jusqu'au 24 août 1594, on le trouve à peu près à chaque séance, côtoyant ses pires ennemis de la veille et ne paraissant pas s'en mal trouver. Le Conseil ne se réunit plus avant le 7 novembre ; ce jour-là, Nicolas de Hault n'est pas à sa place ; il n'y reviendra jamais.

Que s'était-il donc passé ? L'Edit et Déclaration du Roi sur la réduction de Troyes, en date du 10 mai 1594, avait été publié le 22 août. Dans son premier article, il donnait pleine satisfaction au désir exprimé par les troyens de ne pas subir le contact de l'hérésie. « I... que dans la ville et « fauxbourgs de Troyes il ne se fera aucun, exercice de la « religion que de la catholique, apostolique et romaine... ». Très sagement, Henri IV voulait que « la mémoire soit « ensevelie de tout ce qui s'est passé et fait en notre dite « Ville de Troyes depuis le commencement de troubles et « à l'occasion d'iceux, soit par le Conseil dit de l'Union « établi en ladite ville, Maire, échevins, etc.. ». Il semble donc que de Hault n'aurait pas dû être inquiété, mais son rôle avait été trop important pour qu'il fut possible de l'oublier, peut être même les séditions que l'on sent près d'éclater à Troyes pendant les derniers mois de 1594 rendirent-elles son éloignement nécessaire ? Nous savons qu'il fut emprisonné par le sieur de Chappes (1), mais les échevins de Troyes ayant insisté auprès du Roi pour l'application stricte de l'Edit, le Conseil d'Etat rendit, sur leur

portante Communauté des Marchands-Bouchers «... les premiers qui « se soient opposés à ceux qui ne voulaient pas reconnaître l'autorité du Roi.... » ; on lira enfin utilement les Mémoires historiques et chronologiques des antiquités de la Ville de Troyes, par DUHALLE, manuscrit n° 2545 de la Bibliothèque de Troyes.

* GROSLEY l'a publiée dans ses Mémoires pour l'histoire de Troyes, (Tome I, page 358), Paris, 1811, in-8°.

(1) Celui-ci avait un vieux compte à régler avec lui. CARORGUY nous apprend (p. 61) qu'après la prise de Payns « d'ung mesme sault les « mayeur de Hault et eschevins dudict Troyes feirent venir à Chappes « un nommé capitaine Tenon avec permission de brusler le château « de Chappes ».


NICOLAS DE HAULT 89

requête, le 26 avril 1595, un arrêt où l'on peut lire notamment « ...comme pareillement Sa Majesté a fait inhibition « et defense de mettre en procès les anciens Maire et Eche« vins qui ont eu charge pendant les troubles pour les « choses passées, sous quelque cause et prétexte que ce « soit... (1) ». On peut donc penser que c'est vers ce moment que Nicolas de Hault sortit de prison et fut exilé dans sa propriété de Courcelles-Saint-Germain.

Il semble que les quelques années qui suivent furent particulièrement dures pour sa famille comme pour lui. En mai 1596, un épisode du procès (2) auquel il a été fait allusion plus haut, soutenu par le sieur de Rieux contre Nicolas de Hault comme Maire et les Echevins qui l'assistaient permet de se rendre compte que son hôtel était habité par son gendre Antoine Allen, conseiller au bailliage et siège présidial de Troyes. Un huissier ayant voulu y saisir le mobilier, Allen s'y oppose et déclare « que tous les meubles « estans de present en ladicte maison luy appartiennent, « dadvantage qu'il tient icelle maison en bayage dudict « syeur de Hault absent des longtemps il y a comme il « m'a faict apparoir par certain bayage passé sous le scel « de la prevosté de Troyes et quant a la femme dudict de « Hault, sa belle mere, que j'ai trouvee installee en icelle « maison il la retient pour l'absence dudict de Hault son « beau-père comme enffanz. sont tenuz faire a père et « mère... ». Anne Bazin ne paraît donc pas avoir accompagné son mari dans son lointain exil de Courcelles, elle avait d'ailleurs à veiller aux intérêts de l'absent, sur qui devaient retomber tous ceux qui avaient eu à se plaindre peu ou prou de son administration.

Aussi, en 1597, estimant que sa pénitence avait assez duré, Nicolas de Hault se décida à présenter requête à « monseigneur, monseigneur de Dinteville, chevallier des « deux Ordres du Roy et son gouverneur et lieutenant gene« ral en ses pays de Champagne et de Brie », pour être autorisé à rentrer à Troyes (3). Il fait humblement valoir que ses affaires souffrent de sa longue absence de sa maison, que sa vie est en danger par suite de maladie contractée

(1) De même que l'Edit du 10 mai, le texte de cet arrêt se retrouve aux Archives municipales, Registre H 2, pages 46 et 55. L'un et l'autre ont été publiés.

(2) Archives de l'Aube E 224, liasse.

(3) Archives municipales H 2, page 95.


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dans sa prison, que son logis des champs n'est pas sûr, que ses ennemis l'y menacent et qu'il ne peut s'y mettre en sécurité qu'au moyen de dépenses insupportables. Les Président, Procureur du Roi, Maire et Echevins, consultés par le Gouverneur; trouvèrent la requête de leur concitoyen juste et raisonnable, mais Dinteville hésitait, craignant de déplaire au Roi. De Hault insiste donc et fait valoir que tout retard aggrave sa maladie, en demandant instamment l'entrée de la ville. Dacier, médecin, et Coppois, apothicaire, certifient que « le suppliant) est bien grandement malade », si bien que le Gouverneur se laisse attendrir et lui permet enfin, le 20 mai 1597, de revenir chez lui « pour vaquer « a ses affaires pendant le temps d'un mois a commencer « du jour qu'il y sera rentré ».

Le Roi en fut informé et ne trouva pas au-dessous de lui de régler définitivement la question, ce qui suffirait à démontrer que le Maire de Hault n'avait pas été un adversaire négligeable. Le 20 juin 1597, il écrit (1) « A monsieur « Dinteville, chevalier de mes Ordres, conseiller en mon « Conseil d'Estat et mon lieutenant general en mon Gou«

Gou« de Champagne et de Brie — Monsieur Din«

Din« jay entendu que vous avez ja permis à Me Nicolas « Dehault lentree de ma ville de Troyes laquelle a ce que « jay peu cognoistre luy avoit este interdicte quelque temps « apres la reduction de madite ville pour les soubsons que « lon avoit de la familiere conversation et particuliere « affection qu'il portoit a mon nepveu le duc de Guise et « aux siens. Je croy que vous nestes entre en ceste permis« sion que vous nayez auparavant recongnu les actions et « desportements dud. Dehault que jentends avoir tou« siours este conforme a la fidellité, obeissance et affection « qu'il est tenu de rendre au bien de mon service qui me « fet vous mander maintenant que tels soubsons peuvent « cesser par l'asseurance que jay de la fidellité de mondict « nepveu ou vous trouverez ledict Dehault sestre contenu « depuis lad. expulsion en fidelle debvoir dun paisible sub« ject et cytoyen ayant) esgard a son vieil aage et indispo« sition vous ayez a luy continuer la permission que vous « luy avez donnee de rentrer en madicte ville et le repos « d'icelle requerir ce que me promettant que vous exe(1)

exe(1) archives municipales de Troyes conservent plusieurs lettres de ce monarque. Elles ont été classées et publiées par BOUTIOT en 1857 ; celle qui concerne Nicolas de Hault porte le numéro 12.


NICOLAS DE HAULT 91

« cuterez par vostre prudence au contentement dud. « Dehault et sans incommoder mond. service. Je priray « Dieu vous ayt Monsieur Dinteville en sa saincte garde « Escript a Paris le XXe jour de juing 1597. Henry. Sur le « repli Potier ».

Henri IV, fidèle à son caractère, n'écrasait pas son ennemi vaincu, il pouvait d'ailleurs le laisser rentrer en paix, son « vieil aage » et ses embarras d'argent ne lui donneraient pas beaucoup de temps pour jouir de cette faveur. Un factum de la collection Thoisy, pour demoiselle Anne Bazin, épouse séparée de biens de Nicolas de Hault, contre un banquier du nom de Johannes Moscondo, vient en effet nous donner un aperçu des difficultés dans lesquelles se débattait l'ancien maire. Sébastien Mauroy, son gendre du premier lit, avait emprunté à Moscondo deux mille deux cents écus pour acheter, un état de receveur des gabelles en Champagne et, ayant répondu pour lui, il n'avait pu payer, ce pourquoi sa femme était attaquée à son défaut. Anne Bazin fait ressortir que son mari est couvert de dettes, montant à plus de soixante mille écus, ce qui n'a rien, d'étonnant s'il a souvent avancé de l'argent à la ville comme on l'a vu tout à l'heure. Elle a donc demandé la séparation de biens qui a été ordonnée au début de 1598, par une sentence du bailli de Troyes. Sur ce, Moscondo conteste la séparation et prétend qu'Anne Bazin a dissimulé et soustrait des meubles de la communauté « mais elle n'a recellé « aucuns biens de ladicte communauté, ils avoient esté « serrez à l'occasion de l'absence et prison du dict De Hault « entre les mains du dict sieur de Chappes et pour éviter « que le gardien qui s'en estoit chargé par l'exploit de « saisie qui en auroit esté faicte par Loys Le Mairat sieur « de Drou n'en fust en peine ».

Et comme il faut bien que la prison serve à quelque chose, Anne Bazin se défend d'avoir jamais promis de payer en son nom Moscondo qui arguait d'une lettre qu'elle lui avait écrite « et quand elle l'eust promis cette promesse « seroit nulle pour estre une intervention faicte sans l'auto« rite de son mary qui estoit prisonnier entre les mains du

« dict sieur de Chappes elle luy escrit qu'il se peut assu«

assu« que ledict De Hault le payera, ce qu'il a faict, et a « ledict appelant, depuis lesdites missives accepté dudict « De Hault ses héritages de Sommevoyre ».

L'adversaire ayant prétendu que son mari aurait acquitté des dettes pour elle et amélioré ses propres, notamment le


92 NICOLAS DE HAULT

bien de Courcelles, qui en fait partie, nous apprenons que « ledict De Hault n'avoit rien acquitté des dettes créees par « deffunct maistre François Mauroy, vivant prevost de « Troyes et premier mari de l'inthimée pour le sieur de « Saultour qu'il n'en ait esté remboursé par la dame de

« Saultour et pour le regard desdictes méliorations elles

« ne méritent ce titre, ce sont pures impenses voluptuaires « qui n'ont augmenté le revenu de ladicte terre de Cour« celles, au contraire. Cette terre estoit bastie, il y avoist « une honneste maison pour la retraicte du seigneur et « non pas couverte de paille comme l'appelant pense faire « croire, la maison du fermier qui y estoit dehors est cou« verte de tuiles et non pas des moindres de ceste qualité, « le colombier a pied qui s'y voit y estoit aussi, si ledict « De Hault, au lieu de ceste maison, a voulu faire bastir « une de pierres et faire plus spacieuses les chambres, ce « n'est pas raisonnable que l'inthimée porte ceste folle « despence plus que s'il eust faict dorer ceste maison....»

On voit que, devenu seigneur de Courcelles par son mariage, Nicolas de Hault n'avait pas tardé à y faire bâtir une maison des champs digne de sa fortune. Ses enfants et gendres, ces derniers surtout, durent cependant avoir une sérieuse déception lorsque, après toutes les marques de prospérité données par leur père et beau-père, ils en arrivèrent à être difficilement payés de leurs dots. Le factum d'Anne Bazin nous apprend que ce n'est que la vente de l'office de receveur alternatif des décimes et d'une maison à Troyes qui permit de leur verser ce qui leur était dû. Et ce règlement était contesté en 1598 « estant Odard Dorigny « auquel Nicolas Mauroy, sieur de Belley, a vendu ledict « office appelé pour hypothèque en raison de ce au Grand « Conseil et par devant le bailly de Troyes pour raison de « ladicte maison ». De même qu'il avait fallu vendre cet office, il avait été nécessaire de se défaire de celui de receveur ancien, possédé depuis 1573 par l'ancien maire, et que sa femme, avant la séparation, avait également cédé à Odard Dorigny, comme procuratrice spécialement fondée de Nicolas de Hault, sans en voir d'ailleurs un denier, Dorigny ayant payé directement son prix aux créanciers. A cette vente intervint Claude de Hault, fils du premier lit, avec son beau-frère Allen, à qui il en passa dédommagement.

Les tristesses de tous ces débats de famille et les difficultés de sa situation précipitèrent sans doute la fin du sieur de Courcelles. La date exacte de sa mort n'est pas


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connue, mais on trouve en 1600 un bail d'une pièce de terre souscrit par Anne Bazin, veuve de Nicolas de Hault ; il faut donc placer son décès dans les quelques mois écoulés entre sa séparation de biens et cette date (1).

Sans doute avait-il eu une existence bien agitée mais, à tout prendre, n'avait-il pas vécu plus et plus intensément que tant d'autres dont les jours se sont écoulés sans traverses ? Ses ennuis d'argent ne paraissent pas avoir influé sur la destinée des siens, ses terres de Lignol et Sommevoire se retrouvent chez ses enfants, les familles dans lesquelles étaient entrées ses filles se perpétuent avec distinction. Si la révolution dont il fut un des acteurs principaux sur le théâtre restreint où nous l'avons vu évoluer l'avait laissé en moins bonne posture que lorsqu'il s'y était engagé, il faut donc croire, qu'en attachant sa fortune à celle des Guise, il n'avait tout de même pas fait un trop mauvais calcul et y avait acquis une situation assez assise pour qu'il ait pu supporter les coups de l'abversité sans en être abattu.

(1) Outre les références principales citées dans le texte, et en bas fies pages, on a consulté utilement, pour ce Chapitre : aux Archives de l'Aube, les dossiers E 423, G 229, 3880 et 3975, ainsi qu'à la Bibliothèque de Troyes, les manuscrits 2314 et 2317..

Voir également, en dehors des ouvrages de fond comme le Père Anselme, Moreri, etc.. ALMANACH DE TROYES (notamment année 1786) ; ANNUAIRE DE L'AUBE, notamment l'année 1850, qui renferme la réimpression du Discours de l'entreprise faite sur Troyes le jour de la Saint Lambert, de l'imprimerie de Jean Moreau, et un intéressant extrait des registres du Chapitre de Saint-Etienne ; —. AUFAUVRE, Tablettes historiques de Troyes, Troyes, 1848, in-8° ; — Louis BATIFFOL, Le Siècle de la Renaissance, Paris, 1924, in-8° ; — DE CHALAMBERT, Histoire, de la Ligue sous les règnes de Henri III et de Henri IV, Paris, 1898, in-8° ; — COURTALON-DELAISTRE, Topographie historique de la Ville et du Diocèse de Troyes, 3 vol., Troyes, 1783, in-8° ; — H. FORNERON, Les ducs de Guise et leur époque, Paris, 1877, in-8° ; — Frantz FUNCK-BRENTANO, L'Ancien Régime, Paris, 1926, in-8° ; — Mémoires de Claude HATTON, Curé du Mériot, publiés en 1857, 2 vol. in-4° ; — HENRY et LORIQUET; Correspondance du duc de Mayenne (1590-1591), Reims, 1864, 2 vol., in-8° ; — Auguste HUCHARD, Notice sur Pierre Mignard et sa famille dans la Gazette des Beaux-Arts de 1861 ; — Louis MORIN, Proverbes et Dictons recueillis dans le Département de l'Aube, Troyes, 1904, in-8° ; — Abbé PELTE, Bulletin paroissial de Puellemontier (notamment septembre 1911, août, septembre et octobre 1912) ; — Général DE PIÉPAPE, Une chatellenie du pays de Langres, Chaumont, 1903, in-8° ; — Chanoine PRÉVOST, Le Diocèse de Troyes, Domois, 1923, 1924, 1926, 3 vol. in-8° ; — REVUE DE CHAMPAGNE ET DE BRIE qui, en dehors des études générales dont sa collection est remplie, a réimprimé de multiples pièces fugitives! parues entre 1588 et 1594 (notamment années 1882 et 1889) ; — Collection THOISY, 417, f° 69 ; — Obituaires de la Province de Sens, Tome IV, Diocèse de TROYES, Paris, 1923, in-4°.


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CHAPITRE IV

LES ENFANTS DE NICOLAS DE HAULT

De ses deux unions, Nicolas de Hault laissa neuf enfants : cinq de la première et quatre de la seconde :

a) CLAUDE DE HAULT, écuyer, seigneur de Lignol en partie, qui vivait encore en 1603, année où, conformément aux dispositions testamentaires de son grand-père, il présenta, le 9 septembre, Pierre Geoffroy, prêtre du diocèse de Troyes, pour remplir les fonctions de chapelain de l'hôpital de Sommevoire. Il était mort avant le mardi 27 octobre 1609, jour où, par devant Jean Guenichon, licencié ès loix, prévôt de Bar-sur-Aube, comparurent les trois experts : (1) nommés pour faire le partage de sa succession, qui fut recueillie par ses trois soeurs germaines, à l'exclusion de ses frères et soeurs consanguins, quoiqu'il s'agit de biens provenant de la ligne paternelle.

Claude de Hault ne fut point marié.

b) GÉRARD DE HAULT, capitaine de deux cents hommes de pied, décédé sans alliance le 20 mai 1589.

c) COLOMBE DE HAULT, épouse de Nicolas Hennequin, seigneur de Souligny et de Richebourg. Après la mort de son frère, elle eut dans son lot la maison seigneuriale sise à Lignol avec la jouissance des franchises et droits seigneuriaux, notamment sa part du four banal et de la justice haute, moyenne et basse. A sa mort, la seigneurie de Lignol paraît avoir été partagée entre son fils aîné, Nicolas Hennequin, et ses deux derniers enfants — elle en eut neuf (2) — Claude, marié en 1632 à Anne de Verneuil, et Marie, épouse de Mathieu de Pipault. Le fils de ceux-ci, Nicolas de Pipault et Anne Dumont, sa femme, échangèrent, en 1672, tout ce qu'ils possédaient à Lignol (3) contre

(1) Ces trois experts étaient : Pierre Robert, adjoint aux enquêtes de la prévôté de Bar ; François Briois, marchand, demeurant à Sommevoire, et Jean Borthier, praticien, demeurant à Colombé-aux-DeuxEglises. Cf. Archives de Lignol.

(2) Six des enfants se sont mariés. Leur descendance est assez mal connue : parmi elle figurent les seigneurs de Mondement, de la maison de la Frée, les Chaugy, Moreau de Sainte-Livière, Drouard, etc.

(3) Il est intéressant de noter que les restes de la maison seigneuriale qu'ils habitaient portent encore le nom de maison Pipault.


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divers biens sis à Cirfontaine, Vaudrémont et Saint-Martin.

d) LOUISE DE HAULT, épouse de François de Grand, écuyer, seigneur de Briaucourt, lieutenant criminel à Chaumont, lequel était fils du premier mariage, avec Claude du Bois, de Pierre de Grand, qui épousa en secondes noces Jeanne de Hault, tante de Louise. François de Grand mourut avant 1621, année où, le 15 décembre, sa veuve vend sa charge au profit de leur fils Alexandre (1). Dans le partage des biens de Claude de Hault, elle reçut le moulin à vent de Lignol avec des terres, bois et vignes, ainsi que sa part dans les droits seigneuriaux.

e) MARGUERITE DE HAULT, épouse de Sébastien Mauroy. échevin de Troyes en 1589, commissaire des guerres, lieutenant des arquebusiers de Troyes, receveur général et provincial des gabelles en la généralité de Champagne par provisions du duc de Mayenne, qui furent annulées par arrêt du Conseil le 25 juin 1594. Ledit Mauroy était mort avant 1609, laissant ses enfants sous la tutelle de maître Anselme Mailly, avocat à Chaumont. Leur oncle, « noble homme et « sage maistre Estienne Perret, seigneur de Presnay, con« seiller du Roy, lieutenant generalle au baliage de Chau« mont », parait les avoir élevés (2). C'est lui qui les représente au partage de la succession de Claude de Hault, où ils eurent pour leur part un gagnage à Sommevoire, consistant en « huit vingt douze journal demy cartier de terre « labourable et environ six faulchées et trois cartiers de « prez » et un autre gagnage à Maizière-la-Grande-Paroisse.

f) Le premier enfant du second lit fut un fils, portant peut-être le même prénom que son aîné, Claude, et qui est désigné sous l'initiale N... dans la généalogie conservée aux

(1) Celui-ci était l'aîné de sept enfants. Son frère cadet, Nicolas, eut une part de la seigneurie de Lignol ; l'une de ses soeurs épousa Anselme de Mailly, dont le fils Jean, le petit-fils Maurice, la petitefille Jacquette et l'arrière-petit-fils Henri-François, nommèrent en 1693, 1702, 1707, 1714 et 1735 à l'hôpital de Sommevoire. Alexandre lui-même se maria avec Jeanne Perrin; leur fille aînée, Claudine, épousa son cousin François Perret. (Cf. Chapitre I, page 27 et Chapitre II, page 33, note 3) et en eut un fils qui épousa sa cousine Jacquette de Mailly.

(2) Quatre enfants vinrent de cette union, dont trois étaient vivants en 1609. Leur trace s'est trouvée perdue, même pour le. comte Albert DE MAUROY, auteur de la Généalogie de sa famille parue en 1886. Le travail du fonds Laloy ne rapporte que la postérité d'une fille, mariée à Nicolas Perrin.


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Dossiers bleus. D'Hozier s'exprime ainsi sur son compte : «... il mangea tout son bien et fut réduit à vivre du bien de « l'hôpital fondé par son grand-père ».

Marié en 1576 avec Anne Perrin, que le généalogiste anonyme du fonds Laloy donne pour épouse à son demifrère Claude de Hault, lequel, on le sait avec certitude, ne se maria pas (1), il a dû mourir dans un âge peu avancé. La branche dont il a fait souche demeura à Sommevoire ; dès son origine elle fut résolument ignorée par ses plus proches parents et, chose plus étonnante encore, ses propres représentants n'ont jamais revendiqués leur droit de présentation à la maîtrise de l'hôpital avant le milieu du XVIIIe siècle. Toutes ces anomalies s'expliquent si l'on constate que, Nicolas de Hault s'étant marié pour la seconde fois en 1561, son fils dût, pour épouser en 1576 Anne Perrin, agir vraisemblablement à son insu et même contre son gré, d'où brouille entre le père et le fils, misère de ce dernier et disparition prématurée. Ses enfants se seront trouvés orphelins de bonne heure et reniés par une famille qui ne voulait plus connaître leur père. Ils exercèrent la profession de tanneurs à Sommevoire et paraissent y avoir acquis rapidement une large aisance qui permit à leurs descendants de retrouver bientôt, à Saint-Dizier, le rang social de leurs auteurs. Ce sont ceux-ci qui exercèrent pour la dernière fois, ainsi que le montre le Mémoire Chanlaire auquel il a déjà été fait allusion, le patronage de l'hôpital de Sommevoire auquel la Révolution n'allait pas tarder à mettre un terme.

g) NICOLAS DE HAULT, prêtre, use en 1619 du droit de présentation à l'hôpital.

h) NICOLE DE HAULT, épouse d'Antoine Allen, conseiller au bailliage et) siège présidial de Troyes, fils d'Antoine Allen et de Catherine Mauroy, laquelle était la propre tante de Sébastien Mauroy, mari de la demie-soeur de madame Allen. Nicole de Hault fut marraine, en 1589, de Pierre

(1) C'est là l'unique erreur que cet auteur ait commise dans son ouvrage et elle porte à croire que le N... de d'Hozier devait s'appeler Claude. Quant à la réalité d'un mariage de Hault-Perrin, dont descend la branche de Sommevoire, elle paraît hors de doute du moment qu'elle est mentionnée dans la consciencieuse étude qui sert de base à celle qui est publiée ici. On constate d'ailleurs que les Perrin ont eu, à la même époque, de multiples alliances avec les familles issues des de Hault : il aurait été intéressant de faire leur généalogie, mais les éléments ne s'en sont pas rencontrés.


NICOLAS DE HAULT 97

Mignard, fils d'un des hallebardiers de la garde de son père. Son mari fut choisi, en 1617, comme exécuteur testamentaire par François Pithou et eut, en cette qualité, à participer à la fondation du collège de Troyes. Tous deux achetèrent en 1618, de noble homme Charles Baillot, bailli de Beaufort, une maison sise à Troyes, au coin de la rue allant à la Madeleine. Ils fondèrent dans cette église d'importants anniversaires qui furent encore augmentés par leurs descendants (1).

i) ANNE DE HAULT, épouse, par contrat du 21 avril 1591, de Nicolas Mauroy (2), seigneur de Belley, Messon, né le 21 novembre 1565, licencié ès-loix, commissaire des guerres par ordonnance de 1592, l'un des cent hommes d'armes des ordonnances du Roi. Le 17 juin 1634, il obtint, une sentence de l'Election de Troyes le déchargeant de la taille en qualité de noble ; le 26 avril 1636, il est dispensé du service du ban et arrière-ban en raison de son grand âge ; il mourut en 1638 et sa veuve obtint en 1641 une confirmation de noblesse. Elle mourut en 1643 et fut inhumée avec son mari dans l'église de Messon, où leurs épitaphes et armoiries gravées se voyaient avant la Révolution. Elle aussi avait tenu sur les fonts baptismaux, avant son mariage, le 26 octobre 1590, un Mignard; cousin-germain comme l'autre, du grand Pierre Mignard.

(1) La descendance des Allen est principalement constituée par les Desmarest de Pâlis et, par eux, les Baillet d'Epence, Berthiers de Viviers, de Miremont, etc..

(2) Le ménage Mauroy a eu une postérité considérable. Leur fille aînée fut la tige des Le Page, seigneurs d'Errey et de Messon, dont descendaient les Congniasse des Jardins ; une autre donna naissance aux Le Lieur de Ville-sur-Arce, encore représentés aujourd'hui dans les mâles et dont une fille, par son mariage avec Denis Guenichon de Duesme, se trouve l'aïeule des Rémond de Montmort, Virieu, GontautBiron, Desprez de Gésincourt, Tarragon, etc.. ; une dernière Mauroy enfin, en entrant dans la famille de Las, est devenue l'ancêtre des Maumigny,. Berthier-Bizy, Falaiseau, Vyau de Baudreuil de Fontenay, Chandon de Briailles, etc.

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CHAPITRE V

LES DE HAULT A CHAUMONT

Le fondateur dû collège de cette ville : Galaad de Hault S. J.

L'un des fils de Gérard de Hault, Pierre, né le 10 août 1539, et qui mourut avant son père, fit, on l'a vu, souche a Chaumont où il occupait l'importante situation de Procureur du Roi au Bailliage et Siège Présidial. Sa branche mérite d'être étudiée avec quelque détail, car le dernier mâle qui l'a représentée a laissé derrière lui une fondation autrement importante que celle de son aïeul à Sommevoire, le collège des Jésuites de Chaumont, dont les bâtiments existent encore de nos jours et abritent le Lycée de cette ville (1).

PIERRE DE HAULT se maria deux fois, tout d'abord avec Marguerite Chamoin, puis avec Christine Avrillot (2). Il mourut jeune, laissant ses enfants sous la tutelle de leur oncle Jean, le grand-archidiacre de Troyes.

Deux fils sont issus du premier lit :

a) NICOLAS, qui suit ;

b) GALAAD, qualifié d'avocat en la Cour de Parlement, demeurant à Chaumont, lequel mourut aveugle et sans alliance. Le 20 mars, ledit Galaad recevait de ses cousins, héritiers de Louis de Hault, un gagnage à Sommevoire en exécution des volontés de leur grand-père.

Un seul fils naquit du second lit :

c) ALEXANDRE DE HAULT, gentilhomme de la maison de Monseigneur le duc de Guise, capitaine du château dé Sommevoire, lequel épousa, par contrat du 8 février 1593, Antoinette de Rochereau, fille de Louis, écuyer, seigneur de

(1) Abbé LORAIN, Histoire du collège de Chaumont, 1540-1840, Chaumont, 1909, in-8°.

(2) Cette dernière est identifiée par une épitaphe de l'église SaintPierre de Bar-le-Duc, publiée par le comte FOURIER DE BACOURT dans le Tome V de la quatrième série des MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DES LETTRES, SCIENCES ET ARTS DE BAR-LE-DUC (année 1907, page 173). Elle a été posée à la mémoire de François Avrillot, membre de la Chambre du Conseil et des Comptes du Barrais, par divers descendants de ce personnage, parmi lesquels Alexandre de Hault d'Annonville « de « Guysionis principibus bello ac pace optime meritus » issu dudit François par Christine, sa seconde fille.


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Hauteville, Stainville, etc., conseiller du Roi, receveur de ses finances en Champagne et de Marie Mauroy. Il est rappelé dans l'épitaphe de son grand-père, à. Sommevoire, où il est qualifié de baron d'Annonville. Son décès est du 11 octobre 1616 et il ne paraît pas avoir laissé d'enfants.

Le 12 octobre 1635, sa veuve présentait ses preuves de noblesse à la Cour des Aides, conjointement avec Denis de Rochereau, seigneur de Hauteville, receveur général des finances de Champagne, son frère, et remettait notamment un extrait du procès-verbal de l'assemblée des habitants de Sommevoire en date du 5 juin 1633, portant leur déclaration « qu'il n'y avoit d'autres exempts en leur paroisse que « ladite Rochereau, laquelle continuant les traces de ses « ancêtres n'auroit fait aucun acte dérogeant à la noblesse « ni esté comprise ès rôles des tailles de ladite paroisse (1) ».

— NICOLAS DE HAULT entra, par son mariage avec Marguerite Rose, dans une des, plus considérables familles de sa ville natale (2) ; voici comment s'exprime, à propos de cette union, l'auteur de l'histoire du collège de Chaumont : « La famille Rose était représentée à Chaumont, au com« mencement du XVIIe siècle, par les enfants de Nicolas « Rose, conseiller du Roi, prévôt de Chaumont, frère du « fameux Guillaume Rose, évêque de Senlis, qui joua un si « grand rôle pendant la Ligue. Les enfants de Nicolas Rose « étaient au nombre de quatre, Antoine qui succéda à son « oncle sur le siège de Senlis et mourut) en 1614 évêque de « Clermont.; Guillaume qui se fit jésuite ; Claude qui « devint prévôt de sa ville natale ; enfin, Marguerite qui « épousa Nicolas de Hault, jeune homme issu d'une souche « non moins distinguée que la sienne. Le père de ce der« nier, Pierre de Hault, était en effet procureur du Roi « quand il mourut à Chaumont en 1571, son fils n'ayant « encore que cinq ans ».

(1) Archives de la Marne, E 286 et 751, liasses.

(2) Les Rose, originaires du Bassigny, y sont demeurés possessionnés ; les terres de Dammartin et Provenchères, au bailliage de Langres, furent érigées en marquisat en 1720, pour Louis-Joseph de Rose, dont une soeur, mariée au marquis de Saint-Belin, fut la mère de la comtesse de Buffon. Sa descendance a pris fin avec le marquis de Rose (1771-1846), mort sans postérité de son mariage avec Anne de Tschudy. Le nom de Rose a été relevé en 1875 par le baron de Tricornot, petit-fils d'une cousine germaine du dernier, marquis de Rose. Cf. Baron DE WOELMONT DE BRUMAGNE, Notices généalogiques, troisième série, Paris, 1925, gr. in-8°.


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NICOLAS DE HAULT

Nicolas de Hault, avocat en Parlement, chevalier du Saint-Sépulcre, devint seigneur de Morteau, le 4 juillet 1596, par l'adjudication qui lui en fut faite sur Anne Antoine, veuve d'African de Saint-Martin, dame de Mortault. Il est nommé, dans cet acte, Nicolas de Hault, écuyer (1), sieur de Fromont, et conserve cette qualification dans divers actes postérieurs, notamment un jugement du Grand Maître des Eaux et Forêts du département de Champagne en date du 20 décembre 1612. Sa femme fut dame de Morteau une fois veuve ; le 8 décembre 1622, elle recevait une sommation en cette qualité (2). Si l'on en croit l'auteur d'une introuvable Notice historique sur la commune de Morteau, publiée à Chaumont en 1903, par S. COLLET, c'est Nicolas de Hault qui aurait fait construire le pittoresque petit château qui existe encore tel quel aujourd'hui et fait l'ornement de cette commune située aux portes d'Andelot, dont l'originalité est d'être la plus petite commune de France.

La date exacte de la mort du sieur de Morteau est inconnue, toujours est-il qu'il était défunt lorsque, le 19 janvier 1618, sa veuve donna, tant en son nom qu'au nom de son mari décédé et de Galaad de Hault leur fils, vingt mille livres pour la fondation du collège des Jésuites. Marguerite Rosé survécut de longues années à Nicolas de Hault et continua à combler cette maison de ses bienfaits, en récompense desquels, seule laïque, elle est enterrée dans la chapelle du collège. On peut encore y lire, sur une plaque de marbre noir encastrée dans le pilier de gauche de la grille du choeur : « Ici gît damoiselle Marguerite Rose vefve de « feu sieur Nicolas de Hault, écuyer, chevalier du Saint« Sepulcre, Fondatrice de ce collège, décédée le 19 février « 1644 agée de 65 ans ».

Elle avait donné à son mari trois filles et un fils, GALAAD DE HAULT, qui vint au monde vers 1598. Ce dernier fit ses

(1) On trouve dans CAUMARTIN (article Thomassin), copie d'un partage du 30 juin 1606, entre Jean Thomassin, écuyer, seigneur de Mortault, bailli de la Principauté de Joinville, Claude Rose, aux droits d'Anne Tabouret, écuyer, seigneur de Varennes, prévôt de Chaumont, et Anne Rose sa femme, Guillaume Rose, avocat en Parlement, Nicolas de Hault, écuyer, seigneur en partie de Mortault, chevalier du Saint-Sépulcre, et Marguerite Rose, sa femme.

(2) Archives du château de Morteau, aimablement communiquées par monsieur Benoist, notaire à Andelot, propriétaire actuel.


NICOLAS DE HAULT 101

études à l'Université de Pont-à-Mousson (1), où, en 1614, on le trouve écrivant quatorze vers de la harangue des étudiants au duc de Lorraine Henri II. Il en rapporta le projet d'entrer dans la Compagnie de Jésus, auquel ses parents souscrivirent sans trop de difficulté, car il obtint d'eux, non seulement leur agrément formel, mais encore la promesse écrite de donner, en son nom, vingt mille livres pour la fondation du collège qu'avait projetée son oncle Guillaume Rose, lui-même membre de la Compagnie et déjà donateur de quatorze mille livres dans ce but.

Assuré des bonnes dispositions de ses parents vis-à-vis de l'oeuvre qui lui tenait au coeur, le jeune Galaad partit pour Nancy au mois d'octobre 1615 afin d'y commencer son noviciat ; on l'a vu plus haut, la promesse qu'ils lui avaient faite fut tenue en 1618, après le décès de son père. Il fit ensuite ses études de théologie à Rome et on ne le retrouve à Chaumont qu'en 1643 où il est chargé de la congrégation des bourgeois. La même année il prêche l'Avent et le Carême à Saint-Jean avec un grand succès.

Ce n'est qu'en 1665 que la Compagnie le plaça enfin à la tête du collège, à la fondation duquel il avait tant contribué, en qualité de Recteur. Dès lors sa vie s'identifie avec son oeuvre et écrire son histoire est écrire celle du collège. On ne peut donc que piller monsieur l'abbé Lorain, dont la science n'a rien laissé à glaner derrière lui. Le R. P. de Hault se préoccupa, sitôt son accession au Rectorat, de couronner les classes de son collège par celle qui en est l'aboutissement normal, la Philosophie. De plus, il avait son plan de reconstruction des bâtiments et, sans se soucier de savoir s'il avait de l'argent dans sa caisse, il mit la pioche dans ceux qu'il voulait remplacer. Le mieux est qu'il arriva à ses fins. Dans une lettre au Père Beauguil, procureur général des Provinces de France à Rome, du 21 décembre 1677, il pouvait dire, longtemps après, qu'il avait mené à bien tous ces travaux « sans avoir endetté la maison d'une maille, ni « aliéné ou engagé en rien les fonds du collège ».

Ses trois années de rectorat achevées, le Père de Hault remit la direction de la maison à son successeur, mais ses supérieurs savaient trop combien sa présence était nécessaire et ils, l'y laissèrent attaché comme procureur. Il con(1)

con(1) Justin FAVIER, Harangues des Etudiants de Pont-à-Mousson au duc Henri II, in MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ D'ARCHÉOLOGIE LORRAINE,

1892.


102 NICOLAS DE HAULT

tinua donc à bâtir, aidé dans sa tâche par ses parents et amis.

Quant à la Philosophie, ce n'est qu'au bout de plusieurs années et non sans avoir eu de nombreuses difficultés avec la Ville de Chaumont et avec ses supérieurs, qui jouaient vis-à-vis de lui le rôle de l'enclume et du marteau, qu'il parvint à la créer. Le traité qu'il avait préparé, d'accord avec la Mairie, reçut dès 1679 l'approbation du Général de l'Ordre, mais ne fut signé que le 24 septembre 1682 par le Père de Lyoncourt, recteur du collège, autorisé à cette fin par le Père d'Haraucourt, provincial, le 8 août 1682. A cette date, le Père de Hault était mort depuis plus d'un an.

Mais il avait encore, avant de quitter ce monde, rendu un dernier service à son collège. En 1679 en effet, un arrêt du Grand Conseil avait supprimé des rentes sur l'Hôtel de ville de Paris, données en 1637 par Claude Cornuel, et décidé qu'elles seraient rachetées par le paiement de trois années d'arrérages. C'était un capital de vingt-sept mille livres élégamment remboursé par quatre mille cinq cents, mais c'était aussi le coup de la mort pour l'établissement. Dans ces graves conjonctures, le Père de Hault, après avoir longuement prié, n'hésita pas à partir, pour Fontainebleau, où se trouvait le Roi, et à aller se jeter à ses pieds. La vue de ce vieillard sanglotant devant lui, les explications qu'il en reçut, tout porta Louis XIV à se montrer généreux en même temps que juste et il fit don au collège de Chaumont d'un secours annuel de deux mille livres pendant dix ans.

En 1680, le recteur d'alors arrivant au terme de ses trois années d'exercice, le Général voulut témoigner au Père de Hault, qui n'avait pas quitté sa procure pendant les douze années écoulées depuis son rectorat, toute la gratitude de la Compagnie pour ses nombreux et signalés services. Malgré son grand âge et ses infirmités, il le plaça donc encore une fois à la tête de la Maison. Et cet octogénaire était toujours tellement dévoré de zèle, que le Père Oliva écrivait de lui, le 21 (janvier 1681, qu'il ne pouvait mourir que debout et commandant. Le 27 mai suivant, en pleine possession de ses facultés, sans s'être alité et après avoir reçu les derniers sacrements dans l'église même, où il avait été transporté sur un fauteuil, Galaad de Hault expirait.

Il fut universellement regrette et laissa après lui la réputation d'un homme aussi distingué dans la théologie et les belles lettres, dans la prédication et la direction des âmes, que dans l'administration des affaires temporelles. Ces qua-


NICOLAS DE HAULT 103

lités et ses vertus lui avaient acquis la vénération de tous, on n'ignorait pas qu'il s'était donné tout entier à son oeuvre et lui avait consacré « ses biens personnels, son intelligence, « son travail, son crédit, sa santé, ses parents, ses amis, sa « vie tout entière, en sorte qu'on pouvait le regarder « comme fondateur, comme bienfaiteur insigne et comme « restaurateur de l'établissement ».

Son corps fut inhumé, après de solennelles obsèques, dans le caveau des religieux, du côté de l'Evangile, auprès de celui de sa mère ; l'inscription qui le désignait au souvenir de ses successeurs a disparu, il ne reste plus que les crochets de fer qui la portaient.

Les trois soeurs de Galaad de Hault furent :

a) MARGUERITE, qui épousa Antoine. Gaillard, surintendant de la maison de Gaston de Bourbon, dont elle était veuve en 1658. A cette époque, elle habitait Paris. On a vu au Chapitre I ses démêlés avec ses cousins au sujet de la présentation du chapelain de Sommevoire (1).

b) ANTOINETTE qui épousa Claude de Comitin, écuyer, seigneur de la Motte et Humbescourt, gruyer d'Eclaron (2), le 4 novembre 1670 ils vendent aux consorts de Bermann ce qu'ils possèdent à Morteau.

c) ANNE, mariée deux fois. La première elle épousa, par contrat, en date à Chaumont du 20 mai 1627, Pierre de Grand (3), écuyer, seigneur de Maranville, et la seconde, Jean-Louis Defresne, écuyer, seigneur de Chevillon, major au Régiment de Guiche.

(1) Des deux fils issus de cette union, le premier fut d'Eglise, le second fut Contrôleur général de la maison de Mademoiselle d'Orléans ; on ignore s'il eut postérité.

(2) Sept enfants naquirent aux époux Comitin ; on n'a pu suivre leur descendance. L'un d'eux entra dans la Compagnie de Jésus, il décéda en odeur de sainteté à Bourbonne, en 1687, et fut enterré dans la crypte du collège de Chaumont, comme neveu du fondateur.

(3) Pierre de Grand était fils d'autre Pierre et de Claude Monginot, lui-même fils du second lit de Pierre de Grand, époux de Jeanne de Hault qui était la grand'tante d'Anne.


104 NICOLAS DE HAULT

CHAPITRE VI

LES DE HAULT A SOMMEVOIRE & SAINT-DIZIER

Avant de continuer la généalogie de la famille de Hault par la descendance du ménage de Hault-Perrin, il est nécessaire de faire remarquer' que l'on a dû négliger bon nombre de représentants isolés du nom, tant) à Troyes, qu'à Sommevoire et villages avoisinants. Depuis le premier degré, représenté par Jean de Hault, bien des fils, à chaque génération, ont pu faire souche et, au XVIIe siècle, de nombreux rameaux existaient dont il serait difficile de retrouver l'implantation sur l'arbre principal. Le nom était porté, en dehors de Sommevoire, à Doulevant, Leschères, Blumerey et sans doute ailleurs, il était représenté à Troyes et les personnages isolés ainsi reconnus prennent des alliances dans les mêmes familles que ceux qui figurent dans là généalogie, ou sont en proches rapports de parenté avec eux.

Une branche des de Hault se distinguait par le nom de la seigneurie de Rochfontaine, sise aux environs de Sommevoire. On la trouve dans cette ville où, le 16 décembre 1646, était) célébré le baptême de Jeanne, fille de Jean de Hault de Rochfontaine et de dame Martinot son épouse, Nicolas dé Hault, grand-père, étant parrain. On la trouve aussi à Bar-sur-Aube — donc bien près de Lignol — où, en 1671, Jean Dehaut, seigneur de Rocqfontaine, est tuteur de Françoise, sa fille, née de son union avec Simonne Haumonté (1). A Troyes mourait, en 1637, vénérable et discrète personne Antoine Dehault, prêtre, curé de Moncetz et Cloyes (diocèse de Châlons) qui fut enterré au-devant de la chapelle Notre-Dame en l'église Sainte-Marie-Madeleine où il avait fondé un office solennel de la Visitation (2).

(1) Archives de l'Aube, 11 H 1.

(2) Comptes de fabrique de l'Eglise Sainte-Madeleine, publiés à Troyes en 1854, in-8°.

Le testament d'Antoine Dehault est du 6 octobre 1637, il est conservé aux Archives de la Haute-Marne, Série B, Sommevoire, bailliage civil.

On y lit que : « ...par devant Nicolas Coulon et Samuel Sansonnot, « notaires royaux, domaniaux et héréditaires au bailliage de Troyes, « fut présent en sa personne vénérable et discrette personne messire « Antoine Dehault, prebtre, curé de Moncetz et Cloyes (diocèse de


NICOLAS DE HAULT 105

Bien d'autres noms pourraient être cités et il n'est pas douteux que nombreux doivent être, parmi ces isolés, ceux qui se sont mariés et ont fait souche ; en cherchant bien on trouverait encore maintenant, entre Saint-Dizier et Troyes, des Dehault qui descendent de l'ancêtre venu d'Albi !

Le ménage de Hault-Perrin, formant le cinquième degré de la filiation, eut) au moins deux enfants, seuls cités dans la généalogie du fonds Laloy :

a) JACQUES, qui suit ;

b) CLAUDINE, mariée en 1607 à Pierre Perrin.

VI. — JACQUES DE HAULT, marié à Jeanne Brouslard, à qui l'on ne peut attribuer avec certitude que trois enfants : a) JACQUES, qui suit ;

« Chaalons), estant malade au lit en une chambre haulte d'une maison « assise audict Troyes, rue du Cocq, néantmoins sain de pensée et « d'entendement comme à l'inspection de sa personne est apparu

« auxdicts notaires Eslit sa sepulture en l'Eglise Sainte«

Sainte« Magdeleine dudict Troyes au devant de la chapelle Notre« Dame. Veut pour son luminaire douze torches de cire honneste qui « seront ARMORIÉES D'UN AGNEAU PASCHAL, UN CHEVRON BRISÉ ET TROIS

« ESTOILLES Lègue et laisse à ladicte église de la Madeleine

« la somme de trois cens livres tournoiz pour une fois, à charge d'y « estre dict à perpétuité, à pareil jour que celuy du décès dudit sieur « testateur, vigiles et messe haulte de Requiem pour chacun an aussy « soit célébré le service de la Visitation Notre Dame du second jour « du mois de juillet, aussy pour chacun an à toujours et sera mise « ladite somme de trois cens livres tournoiz à proffict en achapt « d'héritages ou. rentes au proffict de ladicte église, qui demeureront « hypothéqués spécialement à faire lesdicts services et sera mise une « lame de cuivre au plus proche lieu de la sépulture dudict testateur,

« où sera tracée ladicte fondation Lègue et laisse à l'église

« Notre Dame de Sommevoire la somme de quinze livres tournoiz à « charge d'y estre dict un service solennel de trois messes haultes, « vigiles et commandises à l'intention dudict testateur et de ses feux « père et mère trespassés. Lègue et laisse à Pierre et Marie Dehault, « ses nepveux et niepces, enffans de deffunct Jean de Hault, son « frère, la somme de cinquante livres tournoiz. Lègue et laisse à « ladite Marie Dehaut une bonne robe de serge de Ségovie à l'usage

« dudict sieur testateur A esleu et eslit ledict sieur testateur,

« pour executeur dudict présent son testament, honorable homme « Quantin Musnier, marchand hostelier du Buisson, son cousin-ger«

cousin-ger« demeurant audict Troyes ».

Le 27 octobre, les mêmes notaires recevaient un codicille portant confirmation des dispositions prises trois semaines auparavant et ajoutant cent livres tournois au legs fait à l'église de la Madeleine.


106

NICOLAS DE HAULT

b) MARIE, épouse de Jean Girard, sieur du Mont ;

c) JEAN, qui suivra sous le N° VII bis.

VII. — JACQUES DE HAULT, marchand tanneur à Sommevoire, où il mourut le 12 mai 1665. Il avait épousé Antoinette Morand, née en 1602 du mariage de Jean Morand et Marie de Laumosne (1), et morte elle-même à Sommevoire le 7 janvier 1673. De ce mariage vinrent au moins huit enfants :

a) JEAN, qui suit ;

b) JEANNE, née à Sommevoire le 10 mars 1626, mariée à Edme Girard

c) JACQUES, né à Sommevoire le 15 ... . 1630 ;

d) MARIE, née à Sommevoire le 16 juin 1633, morte avant 1687 (inventaire après son décès en date à Chaumont du 2 mai 1687), épouse Antoine Martinet ;

e) CLAIRE, née à Sommevoire le 4 janvier 1636, morte avant 1687 (inventaire après son décès en date à Chaumont du 17 juin 1687), épouse Louis Herbin (2), né en 1624, mort à Sommevoire le 17 septembre 1724 ;

f) MADELEINE, née à Sommevoire le 5 octobre 1638 ;

g) JACQUETTE, née à Sommevoire le 6 mars 1640, morte à Sommevoire le 6 septembre 1705, épouse à Sommevoire, le 17 juillet 1656, Jean Parison (3), procureur fiscal de Blumerey, lieutenant en la justice de Sommevoire ;

(1) Archives de la Haute-Marne, série B, Sommevoire, bailliage civil.

(2) De ce mariage descend directement la famille Herbin, connue depuis si longtemps dans les milieux industriels troyens et dont une branche s'est fixée en Argentine. D'elle sont venues, par les femmes, les familles Jorry-Prieur, Malval, Thiéry de Cabanes et, particularité intéressante, les Robert-Dehault, qui sont seuls aujourd'hui à porter le nom des de Hault. Marie-Christine Herbin, née à, Sommevoire, le 25 juillet 1792, morte à Saint-Dizier, le 11 mai 1872, descendant au. cinquième degré de Claire de Hault, épousa en effet, à Sommevoire,

le 3 février 1817, Edme-Joseph-Vietor Robert, né à Droyes; le 8 décembre 1795, mort à Droyes, le 22 janvier 1864, dont, entre autres enfants, Louis-Remy-Nicolas Robert (1821-1881), dit Robert-Dehault depuis son mariage à Saint-Dizier, le 30 avril 1858, avec sa cousine HenrietteHéloïse Dehault. (Voir page ,111, XIIIe degré, lettre d).

(3) Les Parison eurent de nombreux enfants dont l'aîné eut pour parrain Nicolas de Grand et pour marraine la soeur de celui-ci, Claudine de Grand, veuve de M. Perret et remariée à M. de Paillette, lieutenant-colonel d'infanterie. La famille Parison s'est perpétuée sur place. C'est par elle que l'auteur de « Valentine de Guichaumont ». Ernest Rignier, descendait des de Hault.


NICOLAS DE HAULT 107

h) NICOLAS (1), né à Sommevoire le 27 septembre 1649, prêtre, chapelain dans la paroisse Notre-Dame, et inhumé dans la nef de l'église auprès de ses ancêtres.

VIII. — JEAN DE HAULT, né à Sommevoire le 22 octobre 1623, marchand tanneur à Sommevoire, où il mourut (2) le 11 janvier 1700, ayant épousé Marguerite (ou Marie) Fauconnier, née en 1625, morte à Sommevoire le 24 janvier 1672. De ce mariage vinrent au moins neuf enfants :

a) JACQUES, né à Sommevoire le 12 novembre 1644, prêtre, curé de Nuisement ;

b) NICOLAS, qui suit ;

c) JEAN, administrateur de l'hôpital de Sommevoire, puis curé de Montierender ;

d) MARIE, épouse à Sommevoire le 4 août 1681, Caude de Lalain, maire d'Eclaron, président du grenier à sel de SaintDizier (3), fils de défunt Claude de Lalain, procureur au bailliage de Larzicourt et de Marie de Barsault ;

e) ANTOINETTE, épouse à Sommevoire le 22 novembre 1683 François Dufour, demeurant à Chaumont) (4), fils de Claude Dufour et de Nicolle Torquenot ;

f) MARGUERITE, épouse à Sommevoire le 25 février 1685 Claude Caritat (5), mort le 18 août 1728 ;

(1) La survivance du prénom de Nicolas dans la descendance du maire de Troyes est intéressante à constater.

(2) Il testa le 8, léguant six cents livres à la fabrique de Notre Dame de Sommevoire pour dire des messes pour défunte Marguerite Fauconnier sa femme et choisissant pour exécuteur testamentaire son fils Jean, curé de Montierender.

(3) De ce mariage vinrent au moins un fils et une fille. On constate que la famille de Lalain s'est perpétuée à Saint-Dizier pendant tout le XVIIIe siècle, sans qu'il ait été possible d'en établir une filiation suivie. Cf. sur son compte : Notice historique et généalogique sur la famille de Lalain, de Vitry-le-François, sans nom d'auteur, Vitry, 1877, in-8°.

(4) Antoinette de Hault fut la grand'mère de Richard Dufour, prêtre, bachelier de Sorbonne, prieur d'Ancerville, de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem et promoteur dudit ordre. L'auteur anonyme du fonds Laloy s'exprime ainsi sur son compte en énumérant les généalogies qui ont servi à composer la sienne : « ... une autre, dressée de la main « de Mr Dufour, prieur d'Ancerville, qui connaissait cette maison dont « il était issu. ».

(5) Quatre enfants vinrent de cette union, dont là postérité n'a pu être suivie.


108 NICOLAS DE HAULT

g) PIERRE, épouse Barbe Potin dont au moins une fille, Marguerite, née à Sommevoire le 19 juin 1690 ;

h) EDME, né à Sommevoire en 1665 ;

f) BARBE, née à Sommevoire le 21 février 1669 ;

j) JEANNE, née à Sommevoire le 24 janvier 1672, épouse à Sommevoire le 10 juin 1692 Jacques Pigeot (1), demeurant à Joinville, fils d'Antoine Pigeot et de Barbe Perrin.

IX. — NICOLAS DE HAULT, né à Sommevoire en 1645, mort à Saint-Dizier le 27 octobre 1696, vint s'installer dans cette ville comme négociant et y contracta mariage, le 3 février. 1671 (Gigny), avec Barbe Estienne, fille d'Abraham Estienne et de Jeanne Huney, née en 1652, morte à SaintDizier le 17 janvier 1678. De ce mariage vinrent au moins cinq enfants :

a) JEANNE-THÉRÈSE, née à Saint-Dizier le 20 décembre 1671;

6) JEANNE, 1672-1674 ;

c) BONNE, née à Saint-Dizier le 10 novembre. 1674 ;

d) NICOLAS, qui suit ;

e) Louis, 1677-1678.

X. — NICOLAS DE HAULT, né à Saint-Dizier le 11 janvier 1676, y mourut le 23 octobre 1735. Il fut échevin de SaintDizier et épousa dans cette ville, le 1er décembre 1696, Marie-Madeleine Lallement, fille de Claude Lallement et de Marie Gérard. De ce mariage vinrent au moins sept enfants :

a) FRANÇOISE, née à Saint-Dizier le 9 avril 1697, morte à Saint-Dizier le 2 novembre 1760, épouse à Saint-Dizier le 27 juin 1718, Charles Guichard de Béguival, écuyer, lieutenant criminel de robe courte, mort à Saint-Dizier le 2 mars 1730, dont postérité ;

b) NICOLAS, qui suit ;

c) CLAUDE, 29 janvier 29 juin 1699 ;

d) CLAUDE, 30 janvier 1700-14 février 1712 ;

e) Louis, 11 avril 1701, prêtre de la paroisse de Gigny ; f) PIERRE, 27 novembre 1702 ;

(1) Un fils, Jean-Baptiste Pigeot, fut avocat en Parlement ; on n'a pu suivre sa descendance.


NICOLAS DE HAULT 109

g) MARIE-MADELEINE (1), 24 février 1704-12 avril 1777.

XI. — NICOLAS DE HAULT, sieur de la Loubère, échevin de Saint-Dizier, conseiller du Roi, gruyer, garde-marteau en la maîtrise des Eaux et Forêts. Né à Saint-Dizier le 27 février 1698, il épousa à Bettaneourt-la-Ferrée, le 30 août 1723, Marie-Anne Houstat, fille de Claude Houstat (2) et de Marie Estienne, laquelle était soeur de Barbe Estienne, grand'mère de Nicolas de Hault. Les deux époux étaient morts avant le 6 septembre 1773, date où leurs enfants se partagèrent sous seings privés leur successions. Ils en avaient eu au moins treize, dont plusieurs moururent avant eux :

a) MARIE-MADELEINE, 2 octobre 1723-7 juillet 1780 ;

b) MARIE-THÉRÈSE, 22 septembre 1724 ;

c) BONNE-CLAUDINE, 25 octobre 1725-31 décembre 1807 ;

d) JOSEPH-NICOLAS, 31 décembre 1726-14 janvier 1727 ;

e) FRANÇOIS, 11-29 juin 1728 ;

f) MÉLANIE-PERPÉTUE-FÉLICITÉ, née à Saint-Dizier le 18 août 1729, épouse à Saint-Dizier le 3 septembre 1759 Charles-François Michel de Moncourt (3), maître de forges à Ecot, fils de feu Nicolas Michel et Marguerite Humbert ;

g) MARIE-ANNE, née à Saint-Dizier le 20 mars 1731, morte à Bar-le-Duc le 2 décembre 1764, épouse à Saint-Di(1)

Saint-Di(1) avril 1778 ses héritiers avaient donné à la fabrique de l'église de Gigny trois mille livres pour l'établissement d'une dame régente. Cette somme avait été placée au denier vingt sur le clergé de France, mais par suite de la réduction d'un cinquième de cette rente, la commune dut prendre à sa charge, le 19 mai 1788, la différence, soit trente livres par an. Cf. B. GUILLEMIN, Saint-Dizier d'après les registres de l'Echevinage, in MÉMOIRES de la Société des Lettres, de Saint-Dizier, 1890-91.

(2) Claude Houstat mourut à Saint-Dizier le 21 février 1733, à quatre-vingt-quatre ans, revêtu de l'office de Conseiller du Roi, gruyer en la Maîtrise des Eaux et Forêts de Saint-Dizier dont, le 1er mars, son gendre de Hault traita avec sa belle-mère et ses co-héritiers. Bar lettres patentes du 2 mai 1733, il fut revêtu dudit office et reçu le 11 juillet. (Archives de la Marne, C 2519, f° 65).

(3) La descendance de ce mariage s'est éteinte avec le comte de Beurges, propriétaire du beau domaine d'Ecot, mort en 1913, trentecinq ans après la fille unique qu'il avait eue de son mariage avec mademoiselle de Rohan-Chabot.


110 NICOLAS DE HAULT

zier le 2 novembre 1758, Jean-François Vaultier (1), contrôleur général des Fermes à Bar-le-Duc, fils de Claude Vaultier, contrôleur général des Fermes, et de Marguerite-Agnès François ;

h) JEAN-BAPTISTE-CLAUDE-NICOLAS, conseiller du Roi, garde-marteau, né à Saint-Dizier le 31 mai 1733, mort sans alliance à Saint-Dizier le 16 mai 1764 ;

i) AGATHE-FLORE-LUCRÈCE-SCIPIONE, .2 décembre 1734 ;

j) MARIE-MADELEINE, 23 décembre 1736-28 août 1743 ;

k) JULIE-EUSTACHIE, 17 mai 1738-23 novembre 1743 ;

l) MARIE-AUGUSTINE-HYACINTHE, 11 juillet 1740-25 janvier 1749 ;

m) JACQUES-GASPARD-MELCHIOR-BALTHAZARD, qui suit.

XII. — JACQUES - GASPARD - MELCHIOR - BALTHAZARD DE HAULT, conseiller du Roi, gruyer, garde-marteau en la Maîtrise des Eaux et Forêts, né à Saint-Dizier le 7 janvier 1743, mort) à' Saint-Dizier le 7 novembre 1796, épouse le 19 octobre 1769 Louise-Colette de la Marche (2), fille de JeanBaptiste de la Marche, écuyer, lieutenant de la Connétablie, bailli de Montierender et de Marie-Marguerite Symon. De ce mariage vinrent au moins neuf enfants :

a) MARGUERITE-LOUISE-ADELAIDE, 24 août 1770 ;

b) NICOLAS, 9 juillet 1771 ;

c) PIERRE, 9 juillet 1771 ;

d) MARIE-JEANNE-FLORE, 25 octobre 1772 ;

e) VICTOIRE-BONNE-CHARLOTTE, née à Saint-Dizier le 6 décembre 1773, morte sans postérité à Saint-Dizier le 24 décembre 1847, y épousa le 9 janvier 1799 Nicolas Page, négociant à Paris, né en 1768 ;

(1) Cf, notamment Archives de la Meuse, Q 901. Deux fils, morts jeunes, et deux filles qui se marièrent à Daniel-Louis Guillot, contrôleur des Fermes à Bar-le-Duc, et à Michel Lanty de Varnet, capitaine au Régiment d'Aunis, naquirent de cette union. L'auteur de la présente monographie a épousé mademoiselle Madeleine Salleron, descendante directe de madame Guillot, Trois ans après, la mort d'AnneMarie de Hault, son mari épousa en secondes noces Marie-Marguerite de Haldat. du Lys, qui lui donna postérité masculine et dont était issu, à la quatrième génération, le comte Fourier de Bacourt, l'érudit connu, auquel il est fait allusion page 98, note 2.

(2) Louise-Colette de la Marche descendait de Pierre de Hault; frère de Gérard. La généalogie du fonds Laloy donne son ascendance complète jusqu'à, cet aïeul.


NICOLAS DE HAULT 111

f) NICOLAS-GERMAIN, qui suit ; g) THÉRÈSE, 1er juillet 1778 ; h) GERMAINE-FLORE, 26 août 1779 ; i) MARIE-ROSE, 14 juillet 1781.

XIII. — NICOLAS-GERMAIN DE HAULT, né à Saint-Dizier le 18 décembre 1776, mort à Saint-Dizier le 11 juin 1856, laissant de son mariage avec Caroline Deschamps :

d) FRANÇOIS DEHAULT, né à Saint-Dizier le 26 juillet 1808, mort à Saint-Dizier le 7 octobre 1857, épouse à Saint-Dizier, le 30 avril 1834, Julie-Clémence Pâquot, dont une fille unique, Germaine-Léontine, née à Saint-Dizier le 8 décembre 1835 et morte sans alliance dans la même ville le 14 janvier 1907 ; ■

b) JULES; qui suit ;

c) HENRI, né le 1er janvier 1821, mort célibataire le 1er février 1882 ;

d) HENRIETTE-HÉLOISE, née à Saint-Dizier le 25 mai 1826, morte à Saint-Dizier le 24 novembre 1892, épouse à SaintDizier, le 30 avril 1858, Louis-Remy-Nicolas Robert (1), maire de Saint-Dizier, conseiller-général, sénateur de la Haute-Marne, né à Droyes, le 22 janvier 1821, du mariage d'Edme-Joseph-Victor Robert et de Marie-Christine Herbin (voir la note 2 de la page 106), et mort à Essonnes le 7 juin 1881, veuf en premières noces d'Aglaë-Marie-Louise Legros Saint-Ange, née à Paris le 20 mars 1875, morte à La Fère le 28. août 1854, qu'il avait épousée à Paris le 7 août 1844.

XIV.— JULES DEHAULT, né à Saint-Dizier le 2 août 1812, mort à Saint-Dizier le 22 mars 1847, y épousa le 15 décembre 1839 Eugénie-Catherine Bontin-Deslauriers, dont un fils unique :

(1) De cette union naquit une fille unique : Louise-Marie RobertDehault, née à Saint-Dizier le 7 mars 1859. Du premier mariage vinrent trois enfants dont l'un a continué sa famille : Georges-Louis-Victor, né à Ajaccio le 18 mars 1848, mort à Saint-Dizier le 31 janvier 1912, y ayant épousé, le 30 juin 1873, Marie-Cécile Giros, née à Belfort le 20 septembre 1854, morte à Saint-Dizier le 19 février 1908. Leurs enfants furent : a) Louis-Georges, né à Saint-Dizier le 16 août 1874, mort à Douai le 30 avril 1892 ; — b) André-Louis-Henry RobertDehault, né à Saint-Dizier le 23 décembre 1875, marié à Saint-Dizier le 15 avril 1907 à Marie-Thérèse Driout, née à Saint-Dizier le 9 mai 1882, dont un fils et deux filles ; — c) Henry-Louis, né à SaintDizier le 26 mars 1877, marié à Paris le 3 juin 1924, à Jeanne-Marguerite Ferreyrolles, née à La Bourboule le 9 mars 1889.


112

NICOLAS DE HAULT

XV. — EDME-NICOLAS-LUCIEN DEHAULT, né à Saint-Dizier le 1er septembre 1841, épousa Apolline Roettel, dont :

a) HENRI-ALEXANDRE, né à Paris le 8 mai 1869, mort à Saint-Dizier le 8 août 1869 ;

b) GEORGES, mort à Saint-Dizier en octobre 1913, marié et sans enfants ;

c) JULIEN, mort à Paris vers 1910, marié et sans enfants..

SECONDE BRANCHE VII bis. — JEAN DE HAULT, marchand tanneur à Joinville, épousa en 1626 Marie Masson, laquelle mourut à Rambescourt; (1), étant veuve, le 16 octobre 1668. Leurs enfants furent :

a) JEAN, né le 27 janvier 1627, prêtre, chanoine de SaintLaurent de Joinville ;

b) NICOLAS, avocat en Parlement, épouse Agnès Maillard ;

c) MARIE, épouse Claude Belbaisier ;

d) GABRIEL, épouse Noël Vitry ;

e) CLAUDE, né le 5 février 1646, mort le 5 décembre 1728. C'est à l'occasion de son décès que son petit-neveu, Claude Patot, prêtre, licencié en théologie, chapelain de l'Eglise de Paris, publia une Lettre contenant un abrégé de la vie et des vertus de messire Claude Dehault, prêtre, bachelier de Sorbonne, l'ancien des chapelains de l'Eglise de Paris, professeur en l'Université et doyen de la Tribu de Reims, qu'il dédia à messire Louis Vitry, docteur en Sorbonne, doyen et chanoine du Chapitre Saint-Laurent de Joinville, neveu du défunt. Il y a déjà été fait allusion lors de l'étude des origines de la famille, on y lit par ailleurs que « messire « Claude de Hault était né le 1er janvier 1647 (différence « avec la généalogie du fonds Laloy) à Joinville en Cham« pagne, ses père et mère étaient plus recommandables par « leur vertu que par les biens de la fortune ».

Le même Claude Patot, alors curé de Sainte-Marie de Joinville, fit graver le portrait de son grand-oncle par Devaux d'après une toile de Bonnard. (Il est conservé au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Nationale).

(1) Elle fut inhumée en l'église Notre-Dame de Sommevoire, devant l'autel de Saint-Joseph.


NICOLAS DE HAULT

113

CHAPITRE VII

LES ARMOIRIES DE LA FAMILLE DE HAULT

Les armoiries qui paraissent avoir été principalement portées par les de Hault sont : d'azur au vase d'or rempli d'un plant de trois lys au naturel, mais plusieurs autres blasons peuvent leur être également attribués.

Laissant de côté, les branches issues de Pierre et Arnould, depuis longtemps éteintes, et se bornant à celle qui descend de Gérard, on trouve tout d'abord, donné à son fondateur par l'auteur du manuscrit du fonds Laloy, un blason d'azur

à une bande d'argent chargée de trois étoiles, dont aucune trace ne se retrouve ailleurs. Le monument funéraire qui lui a été élevé dans l'église Notre-Dame de Sommevoire date seulement de 1880, ce qui ne permet pas de prendre pour un document probant l'écu de gueules à la montagne d'or à deux cimes, au chef cousu d'azur avec trois besans d'or rangés qui y figure. Cet écusson, d'ailleurs, ne fait pas partie 'du monument et a simplement été placé sur le mur audessus de celui-ci sans que personne se souvienne de son origine. L'épitaphe de Gérard de Hault, inscrite sur une plaque d'airain à disparu lors de la Révolution ; on ne peut donc savoir si elle comportait des armoiries.

Par ailleurs, l'Histoire du Collège de Chaumont attribue

IXXXIX 8


114 NICOLAS DE HAULT

aux fondateurs de cet établissement, petits-enfants de Gérard, un blason d'azur à trois besans d'or que monsieur l'Abbé Pelte, curé de Puellemontier, retrouve dans son église et signale dans son Bulletin paroissial de septembre 1911 comme ayant pu être celui des' de Hault, seigneurs de Puellemontier. Pour leur assigner ces armoiries, monsieur l'abbé Lorain se base sur ce fait que les Rose et les de Hault avaient obtenu, comme fondateurs, de placer leurs armes sur le portail extérieur et le maître autel de l'église des Jésuites de Chaumont. On tira au sort, paraît-il, le côté qui serait celui de chaque famille, le côté de l'Epitre échut aux Rose, celui de l'Evangile aux de Hault. Afin d'éviter toute prééminence, il fût alors décidé de les placer en ordre inverse sur le portail. Celui-ci a été détruit en 1817, mais il en demeure des images et l'Histoire du Collège de Chaumont en reproduit une, où les écussons sont parfaitement visibles. Malheureusement, à la place où devrait être celui des Rose, d'argent au chevron d'azur accompagne de trois roses de gueules figure un chevron accompagné de trois fleurs de lys, ce qui permet de penser que l'écu à trois besans qui lui fait face ne représente pas davantage les armoiries des de Hault. On n'en trouve d'ailleurs aucune autre trace.

C'est le blason au vase qui se voit, peint en plusieurs endroits, comme illustration des alliances contractées par lés de Hault avec les Hennequin ou leurs descendants, dans les belles généalogies manuscrites conservées à la Bibliothèque Nationale sous la cote Fonds français 32381, où les armes en question figurent aux folios 56, 112, 136 et 137, ainsi qu'à la Bibliothèque de Troyes, sous la cote 2601, où les armes des de Hault se trouvent peintes aux folios 63 et 111.

C'est encore lui qui figure, tel qu'il est décrit plus haut, sur un carreau de faïence aux armes écartelées Le Febvre, Le Bé, de Hault et Mauroy, conservé au Musée de Troyes. Cet écu compliqué, véritable pennon généalogique, entouré de la légende FR(ançois) DE VIEN(ne) MA DONNÉ A FR(ançpis) LE FEB(vre), réunit les armes de l'aïeule, de la mère et de' la femme de François Le Febvre (1), écuyer, seigneur de la Chaise, conseiller au bailliage et siège présidial de Troyes, à celles de sa propre famille.

On peut en conclure que cet écusson est bien celui qu'a

(1) Cf. Chapitre II, page 34. Ce carreau est décrit et reproduit sous le numéro 206 du catalogue des carrelages du Musée de Troyes.


NICOLAS DE HAULT 115

le plus souvent porté la famille de Hault, mais il est certain que d'autres armoiries fort différentes ont été utilisées par elle. Le 31 décembre 1574, Louis de Hault, commissaire ordinaire des guerres, donne une quittance scellée de ses armes, sceau ovale de vingt-deux millimètres, papier plaqué, dont, malheureusement, l'empreinte est presque illisible ; on y distingue un chevron accompagné de trois meubles sur la nature desquels toutes les suppositions sont possibles (1). Or, la description du blason que l'on trouve dans le testament, cité plus haut (2), du curé de Montcetz et Cloyes, semble pouvoir les identifier puisqu'elle comporte « un agneau paschal un chevron brisé et trois estoilles ».

Coïncidence troublante, sur une taque de foyer (3) aux armes du ménage Le Febvre-Mauroy, le même dont les armoiries, figurant sur un carreau émaillé, fournissent une référence précieuse, deux écus, encadrant le grand écu central, portent un chevron accompagné en chef d'un coeur et d'une étoile et en pointe d'un agneau pascal.

De tout ce qui précède, faut-il conclure que les de Hault utilisaient indifféremment l'un ou l'autre des blasons qui viennent d'être décrits (4) ?

L'Armorial Général de 1696 ne vient malheureusement pas donner le mot de l'énigme, Jean de Hault, chanoine de l'église de Joinville, y fit enregistrer son blason, mais celui-ci est d'azur à trois aigles d'or.

On aurait pu espérer découvrir la solution de ce petit problème héraldique dans les actes de présentation au poste de chapelain de Sommevoire, dont les originaux devraient se rencontrer aux Archives de l'hôpital. Hélas, les nominations faites par Claude et Nicolas de Hault en 1603 et 1619

(1) Cabinet des Titresi Pièces originales n° 1491. L'Inventaire des Sceaux des Pièces originales, publié en 1909, par J. ROMAN, donne de ce sceau une lecture qu'il est impossible de vérifier aujourd'hui, l'empreinte étant trop effacée. Si cette lecture est autre chose qu'une interprétation d'une pièce illisible, la supposition faite ci-dessus devient controuvée. M. Roman voit deux tours affrontées avec avant mur et une tête de lion là où l'on croit distinguer des étoiles et un agneau pascal.

(2) Voir page 104, note 2.

(3) Au catalogue de l'Archéologie monumentale du Musée de Troyes, cette belle plaque de cheminée est répertoriée et décrite sous le numéro 775.

(4) La généalogie du fonds Laloy dit que Nicolas de Hault, sieur de Morteau, ajouta à ses armes (celles au, vase) le chef du SaintSépulcre et portait pour supports deux lions d'or.


116 NICOLAS DE HAULT

ne s'y retrouvent pas. Il n'y subsiste qu'un acte original, en date du 18 juillet 1735, se référant à la présentation de l'abbé de Complainville par messire Henry-François de Mailly, chevalier, seigneur de Viéville. Cette pièce est scellée de son sceau, un joli cachet ovale aux armes des Mailly : de gueules au chevron d'argent soutenant une fasce haussée d'or surmontée de trois étoiles rangées d'or et accompagné de trois étoiles d'or.

Aux Archives de l'Aube, où les séries E et G conservent bon nombre de nominations d'administrateurs de l'hôpital de Sommevoire, les seuls originaux (G 292) émanent de la famille de Mailly et concernent les présentations en 1712 et 1714 d'Ennemond Deshenry, puis de François Maillot par Marie-Jaquette de Mailly, veuve de Pierre-Philippe Perret, écuyer, seigneur de Bretenay. Un élégant, cachet aux écussons accolés Perret et Mailly, entourés d'une cordelière de veuve et sans couronne les authentifie. Quant à la nomination faite en 1603 par Claude de Hault, il n'en subsiste qu'une copie (E 202), où l'on constate avec regret) que l'original était scellé du sceau de ses armes. Cette pièce ne se retrouve pas non plus aux Archives de la Haute-Marne.

Dans son ouvrage sur sa famille, monsieur le comte Albert de Mauroy mentionne qu'Anne de Hault et son mari, Nicolas Mauroy, sieur de Belley, Messon, etc., avaient fait peindre leurs armes sur une verrière de la chapelle de leur château de Messon où, écrit-il en 1887, « elles se voient « encore ». En 1924, la question ayant été posée à monsieur Lasnier, propriétaire actuel du château de Messon, celui-ci a aimablement fait savoir que la chapelle existe toujours, mais que ses vitres sont blanches.


NICOLAS DE HAULT 117

TABLE DES MATIÈRES

AVANT-PROPOS Page 13

CHAPITRE I. — La famille de Hault et Gérard de

Hault, fondateur de l'hôpital de Sommevoire. . . Page 15 Le fonds Laloy aux Archives de la Haute-Marne (p. 15). — Les différentes familles de Hault (p. 16). — L'abbaye de Montierender (p. 17). — Charges et Seigneuries de Gérard de Haullt (p. 19). — Lignol (p. 20). — Guichaumont (p. 20). — Fondation de l'hôpital de Sommevoire (p. 23). — L'habitation des de Hault à Sommevoire (p. 25). — Difficultés pour la présentation du chapelain de l'hôpital (p. 27). — L'hôpital après la révolution (p. 28).

CHAPITRE II. — Les enfants de Gérard de Hault. . . Page 30

L'archidiacre Jean de Hault (p. 30).. — Les seigneurs de Puellemontier

Puellemontier 32). — Familles Boucher de Baslis, Pithou, de Beurville,

Beurville, Grand, d'Allonville, Le Marguenat et descendances (pp. 32,

33, 34).

CHAPITRE III. — Nicolas de Hault, maire de Troyes Page 35 La loi de catholicité (p. 35). — Nicolas Pithou (p. 36). — Office de receveur des décimes (pp. .37, 43, 92). — Acquisitions à Lignol (p. 38). — Elections municipales, de 1586 (p. 39). — Maires et échevins (p. 40). — Entrée du Cardinal de Guise à Troyes (p. 42). — Elections municipales de 1588 (p. 42). — Assassinat du duc de Guise (p. 44). — Condamnation à mort de Nicolas Petitpied (p. 46). — L'ordre remis à Troyes par le due de Mayenne (p. 47). — La garde du Maire (p. 48). — Arrivée du duc de Chevreuse (p. 50). — Le guet et la milice bourgeoise (p. 52). — Visite du Légat (p. 52). — L'instruction publique (p. 54). — Fortifications (pp. 57, 73, 83). — Les prisonniers de Plancy (p. 57). — Troubles politiques : le lieutenant-général de Vert et le sieur de Pouy (p. 61). — Réélection de Nicolas de Hault en 1590 (p. 63). — Conduite des ligueurs envers leurs concitoyens royalistes (p. 64). — Surprise de Troyes le jour de la Saint-Lambert (p. 65). — Massacre du, sieur de Saultour (p. 66). — Les étrangers (p. 69). — Rapports entre la Chambre de Ville et le Conseil du duc de Chevreuse (p. 70). — Arrivée du duc de Guise (p, 71). — La dame de Payns (p. 73). — Difficultés financières (p. 74). — Le capitaine Pyrolle (p. 75). — Le sel de Lorraine (p. 77). — Fin de la mairie de Nicolas de Hault (p. 79). — Lutte entre Mayenne et les Seize (p. 82). — Réduction de Troyes sous l'obéissance d'Henri IV : Jehan Paillot, sieur de Nuisement (p. 84). — Exil et prison de Nicolas de Hault (p. 88). — Lettre d'Henri IV autorisant le retour à Troyes de Nicolas de Hault (p. 90). — Procès soutenu par madame de Hault (p. 91). — Mort de Nicolas de Hault (p. 93).


118 NICOLAS DE HAULT

CHAPITRE IV. — Les enfants de Nicolas de Hault. Page 94 La Seigneurie de Lignol (p. 94). — La branche de Sommevoire (p. 96). — Antoine Allen (p. 97). — Familles de Pipault, de Grand, Mauroy et descendances (pp. 95 et 97).

CHAPITRE V. — Les de Hault à Chaumont et Galaad

de Hault, fondateur du collège. . Page 98

Le baron d'Annonville (p. 99). — La famille Rose (p. 99). — La Seigneurie de Morteau (p. 100). — Fondation du collège de Chaumont (p. 101). — Mort du R. P. de Hault (p. 102). — Familles Gaillard, de Comitin et de Grand (p. 103).

CHAPITRE VI. — Les de Hamlt à Sommevoire et SaintDizier.

SaintDizier. 104

Personnages; isolés (p. 104). — Les de Hault de Rochfontaine

(p. 104). — Le testament du curé de Moncetz (p. 105). La

famille Herbin (p. 106). — Les Robert-Dehault (pp. 106 et 111). — Claude Dehault, professeur en l'Université (p. 112).

CHAPITRE VII. — Les armoiries de la famille de Hault. Page 113


PAROLES

Prononcées par M. PAUL MATHIEU

PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE

A L'OCCASION DU DÉCÈS DE M. AMAND LAGOGUEY

MEMBRE RESIDANT

DANS LA SÉANCE DU 18 SEPTEMBRE 1925

MES CHERS COLLÈGUES,

Pour la troisième fois cette année, mes fonctions de président me font prononcer au nom de tous un dernier adieu à l'un de nos membres résidants.

Doyen de la Section des Lettres, M. Amand Lagoguey était des nôtres depuis le 19 mars 1909, succédant à un autre universitaire, M. Rémond, inspecteur d'Académie, qui, mis à la retraite, s'éloignait définitivement de la Champagne. Pendant douze ans, il occupa les absorbantes charges de trésorier qu'il accepta par dévouement, car ses goûts de fin lettré étaient d'une autre nature et le commerce des grands poètes de l'antiquité grecque et romaine fut la consolation des épreuves multiples qui traversèrent sa vie, l'extinction de toute sa postérité, l'arrêt lamentable et brusque d'une magnifique carrière.

Né à Vosnon en 1841, notre collègue fit ses études à Troyes et devint professeur successivement aux Lycées de Dijon, Sens et Vendôme, puis à Henri IV, à Paris. Nous le retrouvons au Conseil supérieur de l'Instruction publique ; directeur de l'Ecole de Cluny et bientôt proviseur du Lycée de Clermont-Ferrand, M. Lagoguey a raconté lui-même la triste équivoque qui, dans cette ville, brisa sa belle vie universitaire dans un moment de crise politique. Par une coïncidence de hasard, le général Boulanger fut nommé à cette époque au commandement du XIIIe corps d'armée, à Clermont. Il était déjà suspect. Les relations courtoises et officielles de cet homme aimable et serviable qu'était notre collègue avec le général furent mal interprétées et la disgrâce s'en suivit. Transféré brusquement au Lycée de Poi-


120 PAROLES PRONONCÉES PAR M. PAUL MATHIEU

tiers trois mois avant la fin d'une année scolaire, il était peu après révoqué.

Cette disgrâce émut ses anciens collègues du Conseil Supérieur, mais leurs démarches furent vaines. Pendant six ans, M. Lagoguey vécut modestement à Paris, traduisant les tragiques grecs et ciselant des vers, lorsque l'attention d'un Inspecteur général de l'Enseignement, poète délicat, fut attirée par ses travaux. Frappé de tant d'infortune, il obtint pour lui un professorat d'abord au Lycée de Bourges, puis au Lycée d'Angers. M. Lagoguey se résigna et acheva dès lors paisiblement et modestement une carrière qui devait se terminer autrement brillante.

Il revint alors se fixer parmi nous, partageant son temps entre Troyes et la campagne, retournant à ses chers poètes de l'antiquité et les traduisant le plus souvent en vers français. Il publia ainsi les épitres, l'art poétique et deux odes d'Horace ; plusieurs scènes choisies des tragiques grecs.

Un grand chagrin devait assombrir sa retraite. Il perdit en 1915 son dernier enfant, un fils de vingt et un ans, Jean Lagoguey, licencié en droit, lauréat de la Faculté de Droit de Paris.

Notre collègue se remit avec plus d'ardeur à la poésie, choisissant de préférence ce qui avait trait aux plaisirs des champs. Sa dernière oeuvre fut l'épisode d'Aristée, imité des Géorgiques de Virgile.

Désirant s'effacer, voulant être ignoré, il finit ses jours dans ce hameau de Thuisy, en pleine campagne, au milieu des champs qu'il aimait tant, auprès de la modeste église qu'il chérissait et à l'ombre de laquelle il voulut reposer.

Nous conserverons pieusement le souvenir de notre aimable et vénéré collègue.

Ses dernières volontés ne me permirent pas de prononcer sur sa tombe les quelques mots d'usage. Au nom de la Société Académique profondément émue, je prie Mme Lagoguey, Mme Dumanchin et toute la famille de bien vouloir agréer l'expression de nos respectueuses condoléances (1).

(1) À la séance où ces paroles furent prononcées, les dispositions testamentaires de M. Lagoguey n'étaient pas encore connues ; le Président de la Société Académique ignorait le legs que notre généreux collègue avait fait en faveur de celle-ci pour la fondation d'un prix littéraire de mille francs, à décerner tous les cinq ans.


DISCOURS

Prononcé par M. PAUL MATHIEU

PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE

A L'OUVERTURE DE LA SÉANCE PUBLIQUE DU 17 DÉCEMBRE 1925 (1)

MESDAMES, MESSIEURS,

La tradition impose au Président de la Société de prendre la parole au début de cette séance. Lourde tâche pour moi si peu habitué à semblable cérémonie. Mais il fallait revenir aux nobles coutumes d'autrefois et renouer la série des séances publiques interrompue depuis treize ans.

Quel bouleversement, que de chagrins, que d'espérances depuis cette soirée lointaine du 5 décembre 1912 où M. le comte de Launay, alors président, s'adressait à nos invités remplissant la grande salle de l'Hôtel de Ville !

De prime abord, je suis tenté d'agir comme ces visiteurs prenant contact pour la première fois avec Paris depuis les tragiques événements de la guerre, visiteurs dont le premier soin est de se rendre à l'Arc de Triomphe et de s'incliner sur la tombe glorieuse.

Une large plaque de marbre dédiée aux morts pour la France domine l'estrade de notre salle des séances et,' à côté du nom du capitaine Lucien-Charles Baltet, membre résidant, se lisent ceux de M. Louis Cabat, de M. Auguste Cochin, du comte Edmond Servin, du comte Chandon de Briailles, de M. Paul Blaizot et du baron Joseph du Teil, membres associés ou correspondants.

L'inauguration de cette plaque eut lieu le 30 décembre 1921 sous la présidence de M. Vauthier qui prononça en cette circonstance une des plus belles allocutions dont puisse s'enorgueillir notre Société.

« Trois sont morts en 1916, disait-il, et quatre en 1918, « deux dates qui brilleront à tout jamais d'un incompa« rable éclat dans nos Annales.

(1) Voir pour le compte-rendu de cette séance publique, à la fin du volume, le procès-verbal correspondant à sa date.

En raison de son étendue, le rapport de M. Hennequin, Secrétaire, sur les travaux de la Société depuis treize ans, n'est pas publié dans ce volume afin d'y réserver plus de place aux travaux originaux. Ce rapport paraîtra probablement dans le tome suivant,


122 DISCOURS PRONONCÉ PAR M. PAUL MATHIEU

« 1916 ! C'est Verdun, l'effroyable hécatombe, le bastion « inviolé qui, sur les marches de Lorraine, arrêta le bar« bare ; le creuset tragique où; dans un cercle de feu, « bouillonna et resplendit aux yeux du monde, l'étincelant « et pur métal de l'âme française.

« 1918 ! C'est la chevauchée épique de nos drapeaux vers « la frontière : ce beau rêve auquel on n'osait presque plus « croire enfin réalisé. C'est le pas cadencé de nos légions « sur les routes de Lorraine et d'Alsace, leurs chevaux « s'abreuvant aux eaux historiques de la Moselle et du « Rhin ; c'est l'armistice, jour radieux, jour inoubliable où « l'orgueil du triomphe et la joie du retour mettaient des « larmes dans les yeux...

« Larmes de joie, mais aussi de douleur, à la pensée de « ceux qui ne revenaient pas, et qui ne devaient pas reve« nir ! ».

Ce magnifique discours serait à citer en entier et je vous engage beaucoup, lorsque nos Mémoires de 1921-1922 vous retomberont sous la main à relire ces admirables pages glorifiant les chers disparus et leur sublime sacrifice.

Cette interruption des séances solennelles pendant ces treize dernières années a fait quelque peu oublier l'objet de notre Société et succinctement, je vous rappellerai son origine, son but et ses moyens d'actions.

Le noyau en fut une Société d'agriculture dont la réunion première eut lieu le 30 thermidor an VI dans ces mêmes bâtiments de Saint-Loup que nous occupons encore aujourd'hui.

Puis, cette première Société se modifia, fut divisée eh quatre classes : Agriculture, Sciences, Histoire et BeauxArts, prit le titre de Société Académique et subsista jusqu'en 1814 où nos désastres amenèrent sa ruine et où les collections qu'elle avait formées furent en partie détruites par un obus qui vint éclater dans l'une des salles du bâtiment de la Bibliothèque.

En 1818, la Société fut reconstituée en trois sections : Agriculture, Sciences et Arts ; la quatrième section, celle des belles Lettres ne fut autorisée qu'en 1825. Nous ne pouvions mieux faire que de marquer, par la reprise de nos séances solennelles, le centenaire de la forme actuelle de notre Association.

Enfin, un décret remontant à 1853 (confirmé par un autre tout récent, daté du mois de juillet dernier) accorda a la


A L'OUVERTURE DE LA SÉANCE PUBLIQUE 123

Société Académique la reconnaissance d'utilité publique et la personnalité civile.

Le but que notre Société se propose est décrit tout au long dans le premier article de ses statuts : éclairer, favoriser les progrès de l'agriculture et de l'industrie ; encourager et développer le goût et l'étude des Sciences, des Arts et des belles Lettres dans le département de l'Aube ; recueillir et faire connaître tout ce qui peut être utile à son histoire, en rechercher les souvenirs archéologiques ; découvrir et faire connaître ses ressources, ses richesses et ses beautés naturelles ou artistiques ; veiller à leur conservation ou à leur protection ; enfin, administrer et développer le Musée de Troyes que la Société a fondé en 1831 et qu'elle dirige depuis cette époque.

Quant à ses moyens d'action, ce sont :

Les réunions qu'elle tient mensuellement ;

Les séances publiques du genre de celle-ci ;

Les Mémoires et les autres publications qu'elle fait paraître ;

Le Musée qu'elle ne cesse d'enrichir ;

Enfin, les concours qu'elle établit, les prix et récompenses qu'elle distribue, les expositions qu'elle encourage, les correspondances et l'échange de publications qu'elle entretient avec 120 Sociétés savantes de France et 13 de l'étranger.

Comme dans toute Académie, le nombre de ses membres résidants est limité et leur admission ne peut avoir lieu qu'à l'élection au scrutin secret après vacance d'un siège.

Chaque année, un nouveau président est élu, choisi tour à tour dans chacune de ses quatre sections ; la présidence d'honneur étant réservée à M. le Préfet du département.

Depuis 1912, nous avons reçu les magnifiques legs des Guerrois et Piat.

La fondation des Guerrois nous permet de décerner tous les deux ans un prix dépassant 1.500 francs pour couronner tantôt la meilleure pièce de poésie lyrique, élégiaque ou épique, tantôt un travail en prose ayant pour but la glorification de la poésie. Elle comporte, en outre, l'attribution annuelle de récompenses à quatre typographes troyens.

Grâce à la fondation de Mme Piat-Pollet, nous pouvons accorder chaque année, à la suite d'un concours, une bourse de 6.000 francs à un jeune homme désireux de se perfectionner à Paris dans l'étude des arts décoratifs.

A côté de ces legs en argent, se place la très longue liste des envois et des dons qui nous sont faits pour le Musée »


124 DISCOURS PRONONCÉ PAR M. PAUL MATHIEU

l'Etat, la Ville de Troyes y contribuent dans une large mesure. Parmi les plus importantes des dernières entrées, nous citerons les miniatures et bijoux provenant de Mlle Pillard ; les toiles léguées par M. Pierret, avoué honoraire, par le Docteur et par Mme Auguste Millard, par M. Charles des Guerrois ; les curiosités d'Extrême Orient de M. Victor Collin, ministre plénipotentiaire ; les meubles et objets d'art de Mme Piat, destinés au Musée des arts décoratifs fondé par son mari ; les bibelots d'Indochine de Mlle Millot.

Une foule d'autres dons nous sont parvenus ; nous avons reçu avec joie même les plus minimes, tels que les papiersmonnaie des Chambre de Commerce, coupures sans valeur aujourd'hui mais qui pourront en prendre plus tard comme en ont acquis certains timbres-poste maintenant introuvables.

Mais, en raison des affectations spéciales de la plupart des donations, la Société ne pourrait fonctionner normalement sans l'aide de la Ville et du département que nous remercions chaleureusement du dévouement à notre oeuvre. La Ville entretient les bâtiments et les locaux du Musée, elle en rétribue les gardiens, en assure le chauffage, permettant ainsi l'ouverture des collections au public. Le Conseil général nous accorde, chaque année, une subvention pour le Musée et nous avons toujours trouvé le plus bienveillant accueil auprès des magistrats qui se sont succédés à la tête du département de l'Aube. Aussi, remercions-nous spécialement M. le Préfet qui a bien voulu user de son autorité pour hâter la signature du nouveau décret approuvant nos statuts et notre réglement, et à qui nous devons d'avoir pu réaliser certaines donations en souffrance.

Nous devons, par ailleurs, à son prédécesseur la jouissance des trois salles de l'ancien évêché qui ont permis à MM. Durrant-Soyer et Roussin d'installer avec le plus grand, soin une partie des collections d'histoire naturelle et un curieux cabinet de physique, pendant que M. Drioton organisait à Saint-Loup, et avec quelle érudition ! l'ethnographie, la préhistoire et la protohistoire.

Au début, je vous parlais des morts de la grande guerre ; plus nombreux sont ceux de nos collègues que nous avons perdus depuis 1912 ; je me bornerai à citer ceux qui étaient membres résidants à leur décès :

En 1913, ce furent le Docteur Hervey dont la perte fut un deuil public ; le baron Anatole Doé ; M. Camille Jourdan ; l'abbé Nioré, secrétaire. En 1914, la disparition de M.


A L'OUVERTURE DE LA SÉANCE PUBLIQUE 125

Albert Babeau, membre de l'Institut, historien de cette ville et de la contrée, nous laissa un vide irréparable.

Ce furent en 1915 : M. Gustave Demandre, l'abbé Petel et l'architecte Fontaine ;

En 1916, notre bienfaiteur le poète Charles des Guerrois ;

En 1918, Me Laverdet, avocat, et M. Marcel Dupont, un de nos bienfaiteurs aussi ;

En 1919, l'architecte Brouard ;

En 1920, l'artiste peintre Royer et M. Gustave Huot, membre corespondant de l'Académie d'agriculture, qui avait été des nôtres pendant plus d'un demi-siècle.

Après eux, descendirent successivement dans la tombe : M. Robert Vignes, ancien président de la Chambre de Commerce et le vénérable abbé d'Antessanty, naturaliste passionné.

Enfin, cette année nous fut cruelle : le Docteur Voix s'éteignait, brusquement, pleuré d'une foule immense. M. de Fontenay, membre de l'Académie d'agriculture de France, le suivait de près et en septembre dernier nous rendions les derniers devoirs, dans le hameau de Thuisy, à un modeste et délicat lettré : M. Lagoguey.

Excusez-moi si j'ai été long et peut-être fastidieux ; un architecte qui admire toutes les beautés de la vieille cité champenoise et de ses environs n'est pas forcément un orateur.

Mais après cette longue période de treize ans, je vous devais de vous présenter à nouveau notre Société, de vous remémorer son rôle dans la ville et dans le département. Je devais rendre un ultime hommage à ceux qui ne sont plus. Je crois me faire l'interprète de mes collègues, en vous remerciant d'avoir répondu en si grand nombre à notre appel, nous témoignant ainsi tout l'intérêt que vous prenez à nos travaux. Je ne dois pas oublier la Société du Conservatoire qui nous offre ce soir une si gracieuse hospitalité et les deux artistes qui ont bien voulu rendre plus attrayant le programme un peu sévère d'une Société Académique. La tradition est renouée et nous voulons espérer que des événements aussi tragiques que ceux traversés depuis 1912 ne viendront plus l'interrompre dans l'avenir.


SUR LES PRIX DÉCERNÉS PAR LA SOCIÉTÉ

Depuis la dernière Séance publique

Lu par M. PERRET, Secrétaire-Adjoint

LE 17 DÉCEMBRE 1925

MESDAMES, MESSIEURS, .

Le 5 décembre 1912, à la dernière séance publique de la Société Académique, mon distingué prédécesseur, M. MorelPayen, dans un langage charmant dont je n'ai pas découvert: le secret, constatait avec satisfaction que les Concours organisés par la Société étaient de plus en plus suivis.

Il vous présentait, pour les trois années précédentes, une listé longue de lauréats.

Que devrait être celle de 1925, si cet empressement à briguer nos récompenses s'était maintenu pendant les treize années qui viennent de s'écouler ?

Or, pendant les 50 mois de tourmente qui ont ébranlé le vieux monde, les occupations des lettrés, des artistes et des savants allaient vers d'autres objets. Mais depuis ?

Depuis, il y a que les conditions matérielles de l'existence restent bouleversées. Nos ressources, qui proviennent de fondations, n'ont pas suivi le cours de la livre du du dollar.

Certains prix paraissent trop modestes, eu égard aux efforts, aux recherches, au temps exigés par le moindre travail intellectuel.

C'est là, espérons-le, la véritable cause de la grève partielle de candidats que nous constatons, pour la première fois, à plusieurs de nos concours.

Je dis : espérons-le, parce que l'on sent très bien que, dans l'impatience de parvenir très vite à la fortune, aux honneurs, beaucoup de jeunes hommes sacrifient leurs études ou les travaux de l'esprit, à des spéculations plus pratiques, à des réalisations plus immédiates.

N'avons-nous pas vu des bacheliers rendre ValèreMaxime responsable d'un échec retentissant, des orateurs brouillés avec l'histoire, la mythologie, ignorer Croncels, prendre Courtalon pour une infirmité, Triptolème pour une


RAPPORT SUR LES PRIX DÉCERNÉS PAR LA SOCIÉTÉ 127

Muse (celle de l'Agriculture, naturellement) ou Hégésippe Simon pour un grand citoyen ?

La Société Académique a cependant délivré des récompenses, en se conformant aux intentions de ses bienfaiteurs.

Depuis 1912, aux fondations Audiffred, Delaporte, Fariney-Gognart, Hyacinthe Chaillot, Etienne Georges, Savetiez, sont venues s'ajouter trois nouvelles libéralités.

Nous devons au poète Charles des Guerrois, membre résidant de la Société, un prix littéraire de 1.500 francs que la Société décerne tous les deux ans ; la pièce couronnée est lue en séance publique et insérée dans les Mémoires de la Société.

En dehors de cet encouragement aux poètes, M. Charles des Guerrois a voulu laisser un souvenir à de plus modestes collaborateurs des lettres, auxquels il devait les saines jouissances d'un bibliophile passionné.

Il a fondé quatre prix annuels de mérite, que la Société Académique doit distribuer tous les ans à des ouvriers typographes troyens.

Ses intentions se terminent par ces mots où l'on découvre tout son coeur :

« J'ai voulu honorer tout spécialement le livre. Ce sera « un salut du poète à ses amis. Un adieu ému et recon« naissant ».

D'autre part, Mme Piat, née Pollet, veuve du Fondateur du Musée des Arts décoratifs, a laissé par testament une bourse annuelle de 6.000 francs pour permettre à un jeune Troyen de poursuivre, à Paris, l'étude des arts décoratifs.

Véritablement, ce dernier prix arrive à point. L'Exposition des Arts Décoratifs et Industriels qui vient de fermer ses portes, nous a révélé, de la part de toutes les nations, une évolution rationnelle des différentes branches de l'art et de l'industrie modernes.

« La beauté, la sensation esthétique, a-t-on dit fort jus« tement, proviennent avant tout d'une harmonie. Or, qui « dit harmonie, dit conformité de l'organe à la fonction, « et de la fonction à l'organe ».

Pourquoi donc voudrait-on continuer à construire les maisons, à habiter dans le décor, dans les meubles, à porter les vêtements de gens qui ne vivaient pas comme nous ?

Pouvons-nous vraiment concevoir une locomotive (pardonnez cette réminiscence à un ancien inspecteur des chemins de fer), ou bien encore une automobile, un avion


128 RAPPORT SUR LES PRIX DÉCERNÉS PAR LA SOCIÉTÉ

décorés comme les carrosses du grand Roi, la femme qui fait du golf, du tennis et qui dirige elle-même sa « conduite intérieure », avec une perruque, des vertugadins, une jupe à paniers, une crinoline ou seulement avec ce que nos mères appelaient un « strapontin » ?

D'autre part, les ingénieurs, les architectes, les artistes n'ont-ils pas maintenant à leur disposition des matériaux, des procédés nouveaux ?

Il faut donc absolument que nos jeunes décorateurs apprennent à mettre en harmonie leur goût du beau avec les nécessités de la vie moderne.

La Ville de Troyes a un passé artistique incomparable. De ses ateliers de peintres, de huchiers, d'imagiers, de maîtres-verriers, d'éditeurs, sont: sortis des chefs-d'oeuvre merveilleux. Il est impossible que les générations nouvelles ne tiennent pas l'héritage d'un aussi riche atavisme.

La fondation Piat doit aider à réveiller le talent qui sommeille.

Je passe à la nomination des lauréats de ces treize années en m'excusant de l'aridité d'une longue énumération.

Aux agriculteurs, la Société Académique a délivré :

Une médaille d'or à M. Gillet, propriétaire à Bouilly-surArvise, lauréat d'un premier prix de petite culture à Nogent-sur-Seine ;

Une médaille d'or à M. Ballot, propriétaire à la Mi-Voie (Chaource) ;

Une médaille d'or à M. Laurent, fermier à Marigny-leChâtel, pour mise en culture d'une ferme, en friche depuis quinze ans et amélioration de prairies ;

Une médaille de vermeil à M. Douine, de Bercenay-enOthe, qui a présenté un mémoire sur l'emploi de l'électricité dans les travaux de la ferme ;

Une médaille de vermeil à M. Lagoguey, de Saint-Fargeau (Yonne), pour un compte-rendu d'expériences de culture ;

Une allocation de 200 francs à l'Ecole d'Agriculture d'Hiver du Lycée de Troyes ;

Trois récompenses, une de 100 francs et deux de 50 francs à l'Ecole Ménagère de Troyes ;

Un prix de 100 francs à M. Albert Lhoste, vétérinaire, inspecteur des abattoirs du Mans, pour une étude sur l'organisation la plus pratique du crédit agricole, dont le sujet avait été mis au concours.

Est encore du domaine de l'Agriculture, la fondation Hyacinthe Chailliot, qui nous permet de remettre, chaque


RAPPORT SUR LES PRIX DÉCERNÉS PAR LA SOCIÉTÉ 129

année, une médaille d'argent à un habitant des campagnes, protecteur des oiseaux ou animaux utiles. Ont obtenu cette récompense : MM. Thévenet, Picardat, Ribon, Couland, Boissard, Levert, Dorléans, Gremu, Leroi, Privé.

La section des Sciences a décerné : un prix de 100 francs, pour un travail sur les champignons vénéneux ou nuisibles et comestibles de l'Aube, à M. Ployé, membre résidant, l'animateur de plusieurs Sociétés prospères, que dis-je, florissantes de notre ville ;

Une prime de 100 francs à M. Thouvenin, instituteur à Lignol, membre correspondant, pour une étude sur les plantes médicinales de l'Aube ;

Une médaille d'argent grand module à M. Canet, créateur de la Chambre des Métiers de l'Aube, l'apôtre des méthodes rationnelles de sélection et d'orientation professionnelles des jeunes ouvriers.

La section des Belles Lettres a récompensé par une médaille de vermeil une étude de M. Lucien Lagoguey, professeur à l'Ecole primaire supérieure de Sens, sur la dépopulation des campagnes dans l'Aube : sujet attristant, certes ; mais ne faut-il pas connaître le mal pour en chercher le remède ? Son travail nous a paru mériter la publicité de nos Mémoires.

Les origines gallo-romaines de la ville de Troyes ont valu une médaille d'argent à M. Piétresson de Saint-Aubin, archiviste de l'Aube, membre résidant.

Des primes de 100 francs ont été encore obtenues :

1° Par M. Brunet, pour une étude sur une Verrerie dans l'Aube ;

2° Par M. Bécard, sergent-major au 1er Bataillon de Chasseurs, pour la contribution qu'il a apportée à l'histoire militaire du Département, en écrivant une note sur « les milices et les gardes nationales dans l'Aube, ,1789 » ;

3° Par M. Paul Léger, qui nous a donné une « Histoire de l'ancienne paroisse de Gumery et Fontenay-de-Bossenay »

4° Par M. Laisné, professeur au collège Urbain-IV, auteur d'un drame en vers : « Saint Loup et Attila ».

Vous seriez surpris de ne pas entendre, parmi les lauréats des lettres, le nom de M. le chanoine Prévost, membre résidant, qui poursuit avec une ardeur inlassable et sous toutes ses formes, l'histoire religieuse du département de l'Aube.

IXXXIX 9


130 RAPPORT SUR LES PRIX DÉCERNÉS PAR LA SOCIETE

Parmi les nombreuses publications qu'il a présentées, la Société en a retenu trois qu'elle a récompensées :

Une « Histoire des Minimes de Brienne », c'est-à-dire de

l'Ecole Militaire que ces religieux ont dirigée de 1770 à la

Révolution et qui a été illustrée par le séjour de Napoléon;

Une « Histoire du Protestantisme dans la région troyenne » ;

Enfin, le premier volume de son « Histoire du Diocèse de Troyes », auquel elle a attribué le prix trisannuel de 500 francs de la fondation Etienne Georges.

Feu M. l'abbé Millard a obtenu également un prix Etienne Georges pour une « Histoire du prieuré de Saint-Gond ».

Le prix bisannuel de 300 francs de la fondation Delaporte a été mérité par des instituteurs primaires que nous ne saurions trop remercier de leur contribution à l'histoire de la région, par les monographies locales intéressantes et souvent très poussées qu'ils nous envoient. Ce sont : M. Eugène Maury, pour une « Etude sur le peintre Biennoury », de Bar-sur-Aube ;

M. Thouvenin, une « Histoire de Lignol » et plusieurs autres travaux ;

M. Roussin, une « Histoire de Saint-Mards-en-Othe ».

Le prix Charles Des Guerrois, bisannuel, de poésie, d'une valeur de 1.500 francs, a été délivré :

En 1919, à M. Giuliani Joseph, de Lyon, en littérature Germain Trézel : «Lettre d'un Marie-Louise à son père », pour lui conter la victoire de Montmirail.

En 1921 : à M. Louis Poterat, de Troyes, pour la pièce en vers « Symphonie en air et en eau ». Il va vous être donné lecture de ces deux poèmes.

C'est la section des Lettres aussi qui décerne les prix de 100 francs de la fondation Charles Des Guerrois, qui sont attribués, chaque année, à quatre typographes troyens. L'ont obtenu depuis sa fondation :

En 1918 : MM. Gustave Canivet, Jules Montigny, Ernest Tremet, Alfred Pillard.

En 1919. : MM. Paul Verrat, Alphonse Collin, Lucien Parent, Arthur Dumas.

En 1920 : MM. Delaunay, Michaux, Bourlier, Le Corbellier.

En 1921 : MM. Lacombe, Leliégeois, Chapuis, Charles Leroux.

En 1922 : MM. Demy, Logé, Fouger, Flobert.

En 1923 : MM, Baudot, Barthélemy, Ulrich, Paul Bruant.


RAPPORT SUR LES PRIX DÉCERNÉS PAR LA SOCIÉTÉ 131

En 1924 : MM. Febvay, Ernest Jolly, Frissonnet, Vailly.

En 1925 : MM. Camille Leroux, Pierre Jolly, Van, Allègre.

La Société Académique fait constamment appel au dévouement de deux collaborateurs modestes. N'ayant pas' voulu les oublier dans ses récompensés, elle a décerné :

A M. Hutinet, chargé de ses écritures depuis plus de 15 ans : une médaille d'argent ;

Et un rappel de médaille à M. Julien Hébert, son appariteur, dont les habitués de la Bibliothèque Municipale et du Musée apprécient la serviabilité et le zèle.

Dans la section des Arts, la Société a attribué :

Une médaille d'argent à M. le Chanoine Masson, membre associé, pour son travail sur la « Tour de Saint-Nizier » ;

Une médaille d'argent à M. Lapierre, instituteur à Paris, membre de l'Association Française pour l'Avancement des Sciences, qui a pratiqué des fouilles à Courtavant, commune de Barbuise, et mis au jour douze tombes gauloises avec leur mobilier funéraire ;

Une médaille d'argent à M. Jacquemont, propriétaire du champ dans lequel les fouilles de M. Lapierre ont amené la découverte du cimetière gaulois, pour l'aide qu'il a judicieusement prêtée.

Dans la même section des Arts, des allocations sur les fondations Audiffred et Fariney-Cognart ont été attribuées à :

Mlle Yvonne Bungert, d'Essoyes, pastelliste, professeur au Lycée ;

Mlle Lucile Charton, d'Ossey-les-Trois-Maisons, ancienne élève de l'Ecole des Beaux-Arts ;

Mlle Lalloz;

Mme Quignolot-Quincarlet, artiste peintre ;

Mlle Verriez, de Troyes ;

M. Paul Gaillard, artiste peintre, de Paris ;

M. Charles Menneret, artiste peintre ;

M. Marcel Mignot, de Chaource, professeur de dessin dans les Lycées de Paris ;

M. Milleret, de Sainte-Savine ;

M. Marinot, maître de Verrerie à Bar-sur-Seine, dont le monde entier admire les travaux.

Véritable magicien de l'art du verrier, et tout en laissant à la matière sa transparence, son éclat et même son apparence fragile, qui la rend plus précieuse, M. Marinot sait, par une technique toujours en progrès, par la distinction des formes, l'élégance du décor, la somptuosité des émaux,


132 RAPPORT SUR LES PRIX DÉCERNÉS PAR LA SOCIÉTÉ

la délicatesse des teintes, varier à l'infini ses chefs-d'oeuvre et retenir l'admiration des amoureux de vie, de lumière, de couleurs ;

M. Louis Morel, statuaire, lauréat de la Société des Artistes Français ;

M. Romand, de Rosnay-l'Hôpital, ancien élève de l'Ecole des Arts Décoratifs ;

M. Raynal, de Brienne, compositeur de musique.

Les palmarès commencent toujours par la proclamation de leurs prix d'honneur. Le mien, c'est sa seule originalité, se terminera par lui.

La bourse annuelle de 6.000 francs de la fondation PiatPollet, qui est donnée à un jeune Troyen pour se perfectionner, à Paris, dans l'étude des Arts Décoratifs est, en effet, notre grand prix ; elle a été mise au concours deux fois seulement.

En 1924, deux candidats en ont affronté les épreuves, mais le jury ne les a pas jugés suffisamment préparés ; le prix n'a pas été décerné. Cependant, les deux concurrents, MM. Ganne et Raspaud, ont reçu l'un et l'autre, à titre d'encouragement, une allocation de 200 et de 100 francs.

En 1925, trois concurrents sont entrés en loge. Les résultats du concours, bien supérieurs à ceux de l'année précédente, ont permis d'attribuer le prix. Le choix du jury s'est porté sur M. Jean Feuillebois.

Les deux autres concurrents : MM. Ernest Gallimard et Pierre Gannes, ont reçu de la Société, respectivement, une allocation de 400 et de 300 francs qui leur a permis une visite d'étude à l'Exposition des Arts Décoratifs.



FRANÇOISE PITEL DE LONGCHAMPS ÉPOUSE DE J.-B. RAISIN

d'après une gravure conservée à la Bibliothèque nationale


DEUX FAMILLES TROYENNES DE MUSICIENS & DE COMÉDIENS

LES SIRET & LES RAISIN

Lecture (1) faite en Séance publique de la Société Académique de l'Aube LE 17 DÉCEMBRE 1925

Par M. Louis MORIN

ARCHIVISTE MUNICIPAL, SOUS-BIBLIOTHÉCAIRE ARCHIVISTE DE LA SOCIÉTÉ

MESDAMES, MESSIEURS,

La ville de Troyes, qui abrita le berceau de trois véritables grands artistes — Pierre Mignard, peintre, François Girardon et Pierre-Charles Simart, sculpteurs, — n'a pas eu le même bonheur dans l'ordre littéraire, ni surtout dans l'ordre mélodique. Elle a produit, certes, d'excellents écrivains, mais le génie leur a manqué, qui inspire les chefsd'oeuvre immortels ; quant à ses musiciens, ils se sont moins encore imposés à l'attention de leurs contemporains, et ce n'est pas à notre époque, où les goûts changent avec une déconcertante rapidité, que l'on peut attendre des amateurs qu'ils refassent une réputation solide à des compositeurs d'autrefois.

Ceux dont j'ai l'agréable mission de vous parler ce soir avaient cependant de qui tenir. L'un et l'autre étaient l'aboutissement logique d'une lignée plus que séculaire de praticiens qui les avaient inconsciemment préparés à leur profession.

C'est que le simple talent doit beaucoup à l'atavisme et au milieu ; il est surtout, avec quelques dispositions naturelles, un produit de culture et d'entraînement, tandis que le génie est une exception, un accident, une sorte d'anomalie intellectuelle — une folie, a-t-on prétendu — qui naît sans que l'on sache pourquoi dans un cerveau prédestiné.

Ceci pour en arriver à vous dire que Nicolas Siret, l'auteur des morceaux qui vont être tirés à votre intention du

(*) Les notés sont rassemblées à la suite du texte.


134 LES SIRET ET LES RAISIN

long oubli dans lequel ils reposaient, était né, à Troyes, dans une famille où l'on exerçait la musique depuis cent ans et que, par le mystérieux processus d'un mariage d'amour, l'étincelle sacrée passa des Siret chez les Raisin, que l'habitude d'un métier manuel n'y avait pas, eux, préparés.

Les ancêtres de mes personnages étaient de modestes joueurs d'instruments qui s'en allaient par la ville, leur « pochette » à la main, donner des leçons de musique ou de danse aux jeunes bourgeois, ou bien, le dimanche, présidaient aux fêtes corporatives, faisaient se trémousser les villageois aux champs, ou bien encore allaient divertir les hôtes des manoirs des, environs, où la vie devait être parfois bien monotone. C'étaient aussi de ces sages gagne-petit qui, tenus à l'économie, au « ménage », pour élever la nombreuse famille qu'ils avaient tous, s'unissaient entre eux, à la fin du XVIe siècle précisément, en de petites ententes coopératives et de secours mutuels dont les curieux actes d'association étaient, s'il vous plaît, passés par devant notaires, tout comme ceux des grandes firmes industrielles de nos jours (2).

LES SIRET

Les Siret se rencontrent pour la première fois', chez nous, en 1553, à l'occasion d'un baptême (3). Un peu plus tard, en 1569, un Claude Siret, joueur d'instruments, habitant le quartier de Croncels, c'est-à-dire dans la partie sud-ouest de la ville intra-muros, est qualifié « pauvre » sur le rôle d'un impôt levé cette année-là pour acquitter les; dettes de la ville, ce qui lui valut d'être exonéré (4). L'abattement par la base, tant prôné de nos jours, ne date pas d'hier...

Vers le même temps, il existait à Troyes un Pierre Siret, « éguilletier », ou faiseur d'aiguillettes, époux de Jeannette Michel, qui, entre autres enfants (5), dut avoir, vers l'année 1580, un fils Nicolas.

Je ne saurais dire si ce Nicolas Siret fut le bienvenu, à sa naissance, dans la maison de ses parents ; mais, ici, il est bien embarrassant ; car, à défaut de précisions sur sa carrière, je trouve pour lui matière à deux situations d'ordinaire inconciliables : le mariage et la prêtrise.

Est-il le Nicolas Siret, d'abord organiste à Meaux, dont


LES SIRET ET LES RAISIN 135

la femme Marguerite Le Brun fut marraine en l'église Saint-Leu de Paris, le 9 juillet 1635 (6), et qui fit lui-même ensuite, domicilié rue du Verbois, à Paris, baptiser une fille Marie en l'église Saint-Nicolas-des-Champs, le 11 juillet 1638 (7) ? Je n'en sais rien, mais j'en doute : sa paternité aurait été bien tardive.

Est-ce lui, au contraire, « vénérable et discrète personne Nicolas Siret », maître ès arts, maître de musique, organiste et prêtre, qui fit son testament à Troyes (8) le 6 août 1671 et fut enterré trois semaines après, le 27 août, en l'église Sainte-Madeleine, âgé de quatre-vingt-onze ans ? Je n'en sais rien non plus, mais je penche pour celui-ci. Il laissait, entre autres choses : un lit à sa nièce Marie Champy, fille de Jeanne Siret ; à Prudot le jeune, organiste à SainteMadeleine, « son disciple », ses livres de musique imprimés et manuscrits ; à Me Pierre Morel, vicaire à Saint-Jean, tous ses autres livres ; à Jean Prudot l'aîné, « son espinette et le pied d'icelle ». Retenez ce mot, car il reviendra tout à l'heure (9).

L'un ou l'autre de ces Nicolas Siret — le premier, apparemment, — d'abord élève de la maîtrise de la cathédrale (enfant de choeur), fut placé par les chanoines au collège eh 1602 (10). Devenu, grand, il obtint le 15 mai 1619 la charge de maître des enfants de choeur, d'abord à l'essai pour trois mois, puis définitivement ; mais le 13 mai 1620 on dut le congédier « à cause du mauvais exemple scandaleux qu'il donne aux enfans », et trois jours après il rendait ses comptes avant; de partir (11).

D'autres Siret se pressent en foule dans mes notes ; je les passerai sous silence, ils ne vous intéresseraient pas (12).

Venons de suite à un certain Mille Siret, dont l'état-civil ne m'a pas été révélé, mais que, par affinité de profession, je crois pouvoir considérer comme étant le fils ou le petitfils du joueur d'instruments Claude Siret.

Mille Siret, lui, était organiste. Il le fut à l'église SaintJean depuis l'année 1614 environ (13) jusqu'à sa mort, arrivée le 29 janvier 1653. Il « touchait » également les orgues à Saint-Pierre de 1633 à 1653, et accidentellement à Saint-Pantaléon en 1652 (14).

Il peut sembler étonnant qu'un même opérateur occupe ainsi deux ou trois postes pour des offices qui ont lieu généralement à la même heure en diverses églises. C'est que certains maîtres organistes étaient des sortes d'entrepre-


136 LES SIRET ET LES RAISIN

neurs qui se faisaient remplacer par des membres de leur famille ou par des élèves, ainsi qu'on le verra dans la suite de cette étude. Celui-ci était, en outre, maître des enfants de choeur de la cathédrale, et aussi quelque peu facteur d'instruments, comme tous ses confrères (15).

Des dix enfants (16) que lui donna sa femme Françoise Partiot, deux nous occuperont tout particulièrement, les deux seuls, semble-t-il, qui parvinrent à l'âge adulte. Il y avait, en ce temps-là, beaucoup d'appelés mais peu d'élus au banquet de la vie. Faute d'hygiène et de soins appropriés, quantité d'enfants mouraient] jeunes, et cela dans toutes les classes de la société, les premières n'étant pas les moins éprouvées.

Ces deux survivants sont :

D'abord Marguerite Siret, née le 4 novembre 1630, mariée le 12 février 1645 — à quatorze ans et trois mois, ce qui était possible en ce temps-là (17) — avec Edmé Raisin, élève de son père et dont tout à l'heure je vous conterai l'histoire ,

Et Louis Siret, né le 16 avril 1632. Celui-ci tint les orgues de Saint-Pierre et celles de Saint-Jean depuis la mort de son père en 1653 jusqu'à la sienne arrivée le 13 ou le 14 octobre 1704 (18).

Mais il semble qu'il ne fut tout d'abord guère sérieux, car en l'agréant, le 30 avril 1653, aux gages de 150 livres par an, le chapitre de la cathédrale lui recommanda de ne jouer « que des pièces modestes et graves » (19).

Il n'était pas non plus bien riche. Le 23 janvier 1654, on dut lui avancer une demi-année de ses gages, à la condition — car il n'était en outre ni très savant dans son métier, ni très habile — qu'il « s'estudiera a jouer mieux le ton des hymnes et des proses et qu'il apprendra à accorder l'orgue et à tirer les jeux et principalement ceux d'anches » (20).

Le jeune musicien ne faisait guère de progrès ; car le 7 juin 1655, le chapitre accorda à Me Charles Cupis, prêtre et savant organiste, alors de passage à Troyes, 60 livres et le pain des vicaires pour enseigner pendant trois mois son art à Louis Siret et lui faire souvent répéter sur l'orgue ce qu'il lui aurait montré, en présence du maître de musique chargé de surveiller l'exécution de cette décision (21).

A peine cette période était-elle terminée que Siret donnait de nouveau prise sur lui. Pour se détendre de la contrainte à laquelle l'avaient obligé les leçons de l'abbé Cupis, il s'absentait fréquemment et manquait ainsi aux offices où


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l'on avait besoin de lui. C'est pourquoi, le 1er octobre 1655, il fut averti que s'il continuait de manquer à son devoir, il en serait puni sur ses gages. Ceux-ci, cependant, furent élevés de 20 livres le 15 décembre de la même année, « sous les espérances qu'il a données de. s'estudier à se rendre plus capable » et avec la menace qu'une retenue lui sera faite lorsqu'il manquera à son devoir. Enfin, le 8 janvier 1659, le chiffre en fut porté à 200 livres (22).

Son exercice à Saint-Jean n'a pas laissé autant de traces. Reçu, après la mort de son père, aux appointements de 200 livres par an, il se lia aux mêmes conditions, pour cinq ans à compter de la Saint-Remi, par contrat du 6 septembre 1665 dans lequel est prévue une rétenue de cinq sous chaque fois « qu'il serait deffaillant de toucher la dite orgue ».' C'était devenu clause de style. Sa fille le remplaçait à l'occasion, mais les marguilliers n'étaient pas satisfaits de cette substitution. En 1681-1682, il est sommé de « toucher l'orgue... en personne, sinon aux services de vigiles et gaudez, messes de bons jours, qu'il pourra commettre un homme capable et suffisant... comme il est spécifié par ledit contract ». Il était aussi tenu d'accorder son orgue et de le rendre « bien accordant » à la fin de son engagement. Dans les dernières années, il n'était plus payé que 190 livres (23).

Le remplaçant mâle souhaité par les fabriciens se trouva par la suite en la personne du propre fils de l'artiste, Nicolas Siret, qui fut compris dans un nouveau bail commençant à la Saint-Remi 1700, pour une durée de neuf ans, à raison de 230 livres de gages annuels (24).

Louis Siret ne faisait pas que de la musique religieuse, du moins n'en faisait-il pas que pour le compte des églises. Le 16 mars 1682, il fut admis, par ordonnance des maire et échevins — vraisemblablement parce qu'organiste de la cathédrale.— à continuer de toucher de l'orgue aux cérémonies officielles, et à ce titre investi des privilèges et exemptions dont jouissent les officiers de la Ville, c'est-àdire, sans doute, qu'il était exempt de guet et garde, comme aussi de loger des gens de guerre (25).

Le 24 avril 1688, il loua pour trois ans, de François Gentil, apothicaire, quatre chambres situées aux deuxième et troisième étages d'une maison de la Grande-Rue (rue de l'Hôtel-de-Ville) habitée par le propriétaire, auquel il payait un loyer de 45 livres ; le 24 août 1697, il prit également pour trois ans, à raison de 33 livres seulement, un logement


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chez Jacquette Vivien, veuve en dernières noces de Nicolas Le Bey, marchand (26).

Louis Siret avait épousé Catherine Raisin, fille de Nicolas Raisin, maître tailleur d'habits, et en avait eu au moins neuf enfants de 1656 à 1669 (27).

Il mourut, je l'ai dit, en octobre 1704 ; sa femme l'avait précédé dans la tombe le 4 juillet) 1683 (Saint-Remi).

Nicolas Siret, fils de Louis Siret-Raisin, baptisé le 16 mars 1663 en l'église collégiale Saint-Etienne, fut organiste comme son père et devint son associé dans l'exécution de son engagement avec le chapitre de la cathédrale.

Il épousa assez tardivement (à 45 ans sonnés), le 16 avril 1708, Jeanne Leclerc, de huit ans plus âgée encore. Leur contrat de mariage, du 10 avril (28), révèle que le futur apportait une somme de 6.000 livres et la future plus de 35.000 livres. Une vraie fortune ! Hélas ! la richesse ne fait pas le bonheur conjugal ! Y aide-t-elle seulement un peu ? Un an et demi plus tard, les deux époux étaient séparés d'habitation et de biens, la femme faisait avec sa soeur Antoinette, le 25 novembre 1709 (29), un testament dans lequel elles se laissaient mutuellement la presque totalité de leurs biens, et elle mourait à 55 ans, le 14 avril 1710 (30), rendant la liberté à son mari.

Siret ne se fit pas faute d'en user. Il convola, le 22 septembre 1717, en l'église de Saint-Léger-sous-Bréviandes, avec Marie-Françoise Bidelet (31), une maîtresse femme, si l'on en peut juger par sa signature ample, claire et hardie, et qui lui donna trois enfants (32).

A la naissance du premier, en 1719, le père est dit « bourgeois de Troyes », ce qui implique une certaine aisance ; au décès du troisième, en 1722, il est « organiste de l'église de Troyes et receveur des bois de la maîtrise des Eaux et Forets », charge qu'il occupait encore quand il mourut lui-même, âgé de 91 ans, le 22 juin 1754 (Sainte-Madeleine).

Il avait; continué de toucher, au moins nominalement, les orgues à Saint-Jean, à la cathédrale, à Saint-Jacques et à Sainte-Madeleine, sa paroisse. Sa femme, organiste ellemême, le remplaça jusqu'en 1760 (33). Elle mourut le 9 octobre 1762, âgée de 75 ans.

Nicolas Siret ne se bornait pas à être, comme ses ancêtres, un joueur d'orgues capable de les réparer en cas de besoin. Elève dû plus illustre des Couperin (34) — sans que l'on sache dans quelles conditions il en reçut des leçons —


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il a composé des morceaux de clavecin dont deux recueils, imprimés en gravure vers 1719, sont parvenus jusqu'à nous. L'un d'eux se trouve à la Bibliothèque de Troyes, le second à la Bibliothèque nationale (35). C'est le seul exemplaire connu, dans le monde entier, d'une oeuvre qui fut certainement plus considérable.

Il ne m'appartient pas d'émettre un avis sur la musique de Nicolas Siret. En matière d'art, point ne suffit d'avoir des yeux pour voir ni des oreilles pour entendre ; il faut encore que ces organes soient aptes à remplir le rôle d'appréciateurs, qu'ils soient doués, instruits et exercés. Tel n'étant pas mon cas, je vais continuer à vous parler de mes petits personnages, en attendant que vous jugiez par vous-mêmes du talent de l'organiste-compositeur troyen.

Cela permettra de lui faire enfin la place à laquelle il a droit, tant à Troyes qu'au dehors, où il est presque inconnu. En effet, la Biographie universelle des Musiciens, de F.-J. Fétis, dont une deuxième édition a été publiée par la librairie Firmin-Didot, de 1860 à 1880, ne le mentionne même pas ; son auteur ignorait sans doute l'existence des recueils que nous connaissons maintenant ; et M. Emile Socard, dans la Biographie des Personnages de l'Aube (1882), l'a confondu avec Edme Raisin et a mélangé leurs deux biographies en attribuant, par surcroît, au mythe ainsi créé, la date de naissance d'un troisième personnage. Naturellement, depuis lors, ce pseudo « Siret dit Raisin » renaît chaque fois que des écrivains locaux ont à citer l'un ou l'autre, sans se douter de l'erreur commise par leur devancier, lequel est habituellement un guide mieux informé (36).

LES RAISIN

Les Raisin, dont l'histoire est beaucoup plus vivante et plus compliquée que celle des Siret, leurs alliés, n'eurent pas la longue formation musicale de ceux-ci. Ce sont des tailleurs, toute une suite de tailleurs d'habits, qui précédèrent dans l'existence les membres marquants de la famille. A ce sujet, permettez-moi de vous faire remarquer la fréquence relative des générations spontanées d'esprits cultivés — artistes, écrivains, penseurs — dans les ménages de tailleurs de notre ville. Ce métier calme, souvent solitaire, où l'on a le loisir de réfléchir tout en tirant l'aiguille, influe-t-il sur les cerveaux en formation autour


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de l'établi paternel ? Peut-être. En tous cas, les exemples ne manquent point.

Bref, le nom de Raisin apparaît dans les registres de baptêmes des églises de Troyes en 1583.

L'ancêtre, ici, est un certain Denis Raisin, époux d'Edmée Andry, dont naquirent six enfants, sur la paroisse SaintJean, de 1583 à 1602.

Pendant) longtemps, les seuls individus un peu marquants qui l'illustrent sont des prêtres : il y en a trois ou quatre, et leur présence explique la vocation de la Soeur Marie Raisin dont il va être parlé.

C'est d'abord un sieur Raisin, prêtre à Troyes, dont, le décès est signalé dans une circulaire du 30 mai 1649 de la Compagnie secrète du Saint-Sacrement, étudiée par Alfred Rébélliau (Paris, Champion, 1908). Est-ce le Pierre Raisin, prêtre habitué en l'église Saint-Pierre, qui assista au contrat de mariage Raisin-Thevenon le 1er janvier 1645 (37) ? ou bien Jean Raisin, fils d'Antoine Raisin-Chappelot, né le 3 mai 1604, sous-diacre le 25 octobre 1627, prêtre le 20 octobre 1633, prêtre habitué à Saint-Jean le 20 janvier 1645, au contrat de mariage d'Edme Raisin-Siret ? Un Nicolas Raisin, prêtre, décéda le 25 juin 1686, sur Saint-Jacques.

Ces noms démontrent que la famille Raisin avait des bases recommandables.

Je ne vous infligerai pas la nomenclature de tous les Raisin que j'ai rencontrés en cherchant à déterminer la filiation de ceux qui sont intéressants à connaître ; et nous ne nous arrêterons, si vous le voulez bien, qu'auprès d'un certain Antoine Raisin, tailleur d'habits à la fin du XVIe siècle (38), époux de Jacquette Chappelot, qui eut un fils Edme, maître tailleur aussi, mais dont la situation se releva ensuite.

Après avoir habité d'abord comme locataire (29), puis comme propriétaire, la maison portant pour enseigne A l'Empereur, située « proche les allours de la Belle-Croix » (à l'entrée de la rue Champeaux), Edme Raisin alla rejoindre son fils à Paris, dont il devint « bourgeois », et c'est dans cette ville sans doute qu'il mourut).

Ce fils, Nicolas Raisin, baptisé à Saint-jean le 11 septembre 1634, était avocat au Parlement. On ne connaît aucune autre particularité de son existence. Par son testament des 1er, 2 et 21 avril 1687 (40), il laissa à sa soeur Marie Raisin, religieuse, tous ses biens parmi lesquels figure la maison A l'Empereur avec d'autres immeubles.


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Il devait être marié, ou l'avoir été, car les Ecrits autographes de la Soeur Marguerite Bourgeois mentionnent que Marie Raisin fut conduite à Paris par sa soeur (41) ; or, comme il semble qu'elle n'en eut jamais, il faut sans doute lire ici : belle-soeur.

Nicolas Raisin était mort avant le 6 février 1688, date à laquelle son exécuteur testamentaire vendit les immeubles dépendant de la succession (42).

Marie Raisin, sa soeur, baptisée à Saint-Jean le 29 avril 1636, avait répondu à l'appel de la Soeur Marguerite Bourgeois, également née à Troyes (43), quand elle revint en cette ville se chercher des compagnes (44) pour fonder au Canada la Congrégation de Notre-Dame de Villemarie (aujourd'hui Montréal), vouée à l'éducation des jeunes filles de la Nouvelle-France. Leur oeuvre, à présent, rayonne sur tout le continent nord-américain, après avoir puissamment aidé M. de Chomedey de Maisonneuve, seigneur de Neuville-sur-Vanne, le fondateur et défenseur de Montréal, dans son oeuvre délicate et périlleuse.

Le père de Marie Raisin avait commencé par refuser son consentement au départ de sa fille, puis il se laissa toucher par ses prières et par ses larmes et signa l'engagement nécessaire. « Il lui donna même pour son voyage et pour ses bardes 1.000 francs dont je (c'est Marguerite Bourgeois qui parle) ne voulus prendre que 300, et lui laissai le reste, n'en ayant pas besoin. Mais tous les ans il nous donnait 35 livres pour les 700, et après sa mort, son fils a continué. Enfin, à la mont de ce fils, avocat au Parlement, outre ces dons, nous avons eu une" rente de 300 livres poulies 6.000 qui revenaient à sa soeur... » (45).

Marie Raisin semble être morte vers 1692 (46).

Antoine Raisin fut le grand-père d'un autre Antoine, époux de Anne Barrois, tailleur puis bourgeois de Troyes et capitaine enseigne de la milice (47), pourvu de dix-sept enfants ; d'un autre Nicolas, époux de Geneviève Thevenon et père lui-même d'un Nicolas Raisin, bourgeois de Troyes (48) ; d'une fille Catherine qui épousa Louis Siret, et d'un fils Edme dont il me reste à vous entretenir.

Edme Raisin, fils de Nicolas Raisin et de Marie Labbé, avait été baptisé le 5 mai 1621, à Saint-Jean. Il semble avoir fait; quelques études au lieu de croiser les jambes sur l'établi ; puis, n'ayant sans doute pas trouvé à le mieux


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caser, son père l'engagea, à l'âge de 21 ans 1/2, comme apprenti chez l'organiste Mille Siret, pour deux ans, moyennant une rétribution annuelle de 50 livres (49). Le maître, pour cette somme, devait lui montrer à toucher de l'orgue et de l'épinette et lui enseigner la musique ; le jeune homme, de son côté, était tenu d'aller jouer dans les églises où il serait envoyé, et les profits à provenir de ses services étaient réservés à Siret. C'est de cette façon que ce dernier pouvait cumuler les postes.

J'ai dit tout à l'heure que les beaux yeux de Marguerite Siret attachèrent Edme Raisin à la maison de son maître', de telle façon qu'un mariage hâtif, sinon prématuré, fut la seule ressource des parents pour réparer une faute de jeunesse. Le mariage eut lieu à l'église Saint-Jean, le 12 février 1645, après contrat du 20 janvier (50), aux termes duquel chacun des futurs apportait 300 livres.

Que devinrent tout d'abord les nouveaux époux ? Sans doute quittèrent-ils Troyes durant quelques années, car on ne les y rencontre pas, dans les actes de catholicité, avant le 12 avril 1649, où ils eurent leur fille Catherine, puis un fils Nicolas le 3 juin 1650. En août suivant, on voit Edme Raisin suppléer son beau-père aux orgues de Saint-Pantaléon, jusqu'à la même date de l'année 1651 (51). Puis il quitte de nouveau la ville.

Mais cette fois on connaît son gîte : c'est Chaource (52) où, le 20 septembre 1651, il faisait baptiser une fille Elisabeth, et le 7 décembre 1653 un fils Jacques. Du même coup, nous apprenons que le père est principal du collège fondé dans cette petite ville, au XVIe siècle, par le poète Amadis Jamyn, enfant du pays. Il cumule sa fonction pédagogique avec celle d'organiste de la paroisse (53), histoire de s'entretenir la main et pour augmenter un peu ses gages de 150 livres, somme notoirement insuffisante étant donné ses charges de famille.

Au cours d'un déplacement ultérieur, vers 1656, Edme Raisin eut encore un fils, Jean-Baptiste (54) ; enfin, le 9 mars 1658, principal du collège de Bar-sur-Seine, il fit baptiser une fille Marie dont on n'entendra plus jamais parler, alors que ses frères et soeurs feront tous du bruit dans le Landerneau parisien.

Car Edme Raisin, besoigneux, était ambitieux, et pardessus le marché ingénieux autant qu'habile de ses mains. Las de végéter dans la misère et dans l'obscurité de sa province, il voulut tenter la fortune en allant exercer son


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esprit et ses connaissances professionnelles à Paris, où il dut arriver à la fin de 1660.

Ici, je me vois contraint d'adopter pour guide l'un des récits parfois contradictoires qui ont, été faits des débuts de notre héros, quitte à en corriger discrètement les informations. Il ne faut pas être trop exigeant, et quand nous n'arrivons pas à connaître la vraie vérité sur certains faits qui se sont passés hier, qui nous touchent de près et dont cent bouches prétendent nous apporter chacune le fin mot, tout en concluant différemment, il faut bien se contenter d'une certitude approximative sur des faits vieux de plus de deux cents ans.

Mais, au fait, cette histoire, vous la connaissez sûrement ; elle est partout : elle encombre les almanachs, les bibliothèques enfantines, les biographies théâtrales ; la presse locale la réédite de temps à autre, certains d'entre vous l'ont même déjà entendu conter, dans notre séance publique de 1909, par le président d'alors, M. Gustave Huot, et il semble qu'il n'y ait guère que notre Grosley qui l'ait quasi oubliée dans ses livres (55), ce qui est surprenant de la part de cet amateur d'anecdotes. A coup sûr, vous allez la reconnaître ! Puissé-je la réciter assez bien pour qu'il vous soit agréable de l'entendre une fois de plus !

Voici donc ce que raconte le sieur de Grimarest dans sa Vie de Molière (56).

« Un organiste de Troie, nommé Raisin, fortement occupé du désir de gagner de l'argent, fit faire une épinette à trois claviers, longue à peu près de trois piés, et large de deux et demi, avec un corps, dont la capacité étoit le double plus grande que celle des épinettes ordinaires. Raisin avoit quatre enfans, tous jolis, deux garçons, et deux filles ; il leur avoit apris à jouer de l'épinette. Quand il eut perfectionné son idée, il quite son orgue, et vient à Paris avec sa femme, ses enfans, et l'épinette. Il obtint une permission de faire voir à la foire Saint-Germain le petit spectacle qu'il


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avoit préparé. Son affiche, qui promettoit un Prodige de méchanique, et d'obéissance dans une épinette, lui atira du monde les premières fois suffisamment pour que tout le public fût averti que jamais on n'avoit vu une chose aussi étonnante que l'épinette du Troyen. On va la voir en foule ; tout le monde l'admire ; tout le monde en est surpris ; et peu de personnes pouvoient deviner l'artifice de cet instrument. D'abord le petit Raisin l'aîné, et sa petite soeur Babet se metoient chacun à son clavier, et jouoient ensemble une pièce, que le troisième clavier répètoit seul d'un bout à l'autre, les deux enfans aïant les bras levés. Ensuite le pere les fesoit retirer, et prenoit une clef, avec laquelle il montoit cet instrument, par le moyen d'une roue qui fesoit un vacarme terrible dans le corps de la machine, comme s'il y avoit eu une multiplicité de roues, possible et nécessaire pour exécuter ce qu'il lui alloit faire jouer. Il la changeoit même souvent de place pour ôter tout soupçon. Hé ! épinette, disoit-il à cet instrument, quand tout étoit préparé, jouez-moi une telle courante. Aussi-tôt l'obéissante épinette jouoit cette pièce entière. Quelquefois Raisin l'interrompoit, en lui disant : Arrestez-vous, épinette. S'il lui disoit depoursuivre la pièce, elle la poursuivoit ; d'en jouer une autre, elle la jouoit ; de se taire, elle se taisoit.

« Tout Paris étoit occupé de ce petit prodige ; les esprits foibles croyoient Raisin sorcier ; les plus présomptueux ne pouvoient le deviner. Cependant la foire valut plus de vingt mille livres à Raisin. Le bruit de cette épinette alla jusqu'au Roi ; Sa Majesté voulut la voir, et en admira l'invention. Elle la fit passer dans l'apartement de la Reine, pour lui donner un spectacle si nouveau. Mais Sa Majesté en fut tout d'un coup effrayée ; de sorte que le Roi ordonna sur le champ que l'on ouvrit le corps de l'épinette d'où l'on vit sortir un petit enfant de cinq ans, beau comme un Ange. C'étoit Raisin le cadet, qui fut dans le moment caressé de toute la Cour. Il étoit temps que le pauvre enfant sortit de sa prison, où il étoit si mal à son aise depuis cinq ou six heures, que l'épinette en avoit contracté une mauvaise odeur... ».

Ainsi, Louis XIV, sur le vrai caractère de qui l'on revient — les jugements de l'histoire n'étant jamais définitifs — et dont l'absolutisme se tempérait volontiers, on le voit, de bienveillance, avait] pris la chose du bon côté : dupe, comme tout le monde, de la supercherie de notre compatriote, il eut le bon esprit d'échapper au ridicule en se laissant aller


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à un sentiment d'intérêt pour le jeune héros de l'aventure, qui y trouva l'origine de sa future renommée.

De Mouhy (t. III, p. 22) expose cette aventure de façon moins dramatique, sous la date 1662. Selon son récit, Raisin avait été mandé à Versailles pour y exposer l'épinette aux trois claviers devant le Roi et la Cour : « la répétition du troisième clavier excita des cris d'admiration ; Sa Majesté, en étant surprise elle-même au dernier point, ordonna sur le champ au machiniste de lui donner la clef de ce prodige : Raisin ouvrit alors l'instrument ; dès qu'il en eut tiré une planche en coulisse, il en sortit un enfant de cinq ans, c'étoit son fils : il étoit beau comme le jour et vêtu en Amour ; Leurs Majestés le trouvèrent charmant, le caressèrent et lui firent des présents ; toute la Cour en usa de même. Cette agréable scène fut terminée par une petite pièce que les enfans de Raisin et son père et sa mère jouèrent sur le petit théâtre qui avoit été élevé exprès dans la salle. Le roi, content du plaisir que Raisin venoit de lui procurer, lui accorda la permission de jouer à Versailles, sous le nom de Troupe du Dauphin, et en attendant que le théâtre, ordonné sur le champ, fût en état de le recevoir, Raisin retourna à Paris où il continua de montrer l'admirable épinette ; moyen qui valut beaucoup d'argent à cet Organiste, et qui fit sa fortune ».

Ce récit va à l'encontre des précédents : l'enfant vêtu eh amour, le petit théâtre préparé, détruisent l'idée d'une surprise ; d'autre part, son auteur y avance de deux ans au moins la création de la Troupe du Dauphin. N'a-t-il pas brodé là en marge de la vérité (57) ?

Je reprends la narration plus sûre de Grimarest : « Quoique le secret de Raisin fût découvert, il ne laissa pas de former le dessein de tirer encore parti de son épinette à la foire suivante. Dans le tems il fait afficher, et il annonce le même spectacle que l'année précédente ; mais il promet de découvrir son secret, et d'accompagner son épinette, d'un petit divertissement. Cette foire fut aussi heureuse que la première. Il commençoit son spectacle par sa machine, ensuite de quoi les trois enfans dançoient une sarabande ; ce qui étoit suivi d'une Comédie que ces trois petites personnes, et quelques autres dont Raisin avoit formé une Troupe, représentoient tant bien que mal. Ils avoient deux petites pièces qu'ils fesoient rouler, Tricassin rival, et L'Andouille de Troie. Cette Troupe prit le titre de

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Comédiens de Monsieur le Dauphin, et elle se donna en spectacle avec succès pendant du tems ».

On ne possède pas l'analyse de Tricassin rival, nom qui rappelle celui de l'ancienne cité des Tricasses, la Troyes actuelle ; quant à L'Andouille de Troyes, dont le titre révèle également l'origine de son auteur, en voici le thème, paraît-il.

Je dis « paraît-il » afin de ne pas endosser, le cas échéant, la responsabilité d'une supercherie possible. En effet, l'auteur auquel est emprunté ce récit (58) le fait suivre de situations tellement invraisemblables, même contraires à la vérité, puisqu'il fait mourir d'un coup de broche le petit J.-B. Raisin dont la carrière se poursuivit glorieusement jusqu'en 1693, et devenir folle de terreur sa soeur « Babet » qui semble bien avoir conservé la raison jusqu'au bout de sa trop courte existence, que je n'ose me porter garant du commencement de l'histoire (59). Mais elle est amusante, bien dans le goût du temps ; prenez-la comme je vous la donne : si non e vero, e bene trovato. .

« La pièce avait pour titre L'Andouille de Troyes., Or, voici à peu près sur quelle fable elle était bâtie : JeanBaptiste Raisin était mince, fluet et petit ; on le recouvrait tout entier de taffetas gris, on le ficelait comme une andouille véritable, et on le servait au milieu d'une table bien garnie d'autres plats. D'abord les acteurs mangeaient des autres mets, ensuite ils attaquaient l'andouille, en coupaient plusieurs tranches ; puis un d'entre eux, plus gourmand que les autres, proposait de couper l'andouille en deux et d'en manger la moitié à lui seul ; le pari accepté, on procédait avec un grand coutelas à l'autopsie de cette pièce : mais alors l'andouille poussait un cri perçant, sautait en l'air, se roulait sur la table, renversait les plats, les bouteilles ; enfin elle déchirait son enveloppe, comme fait le papillon au printemps. Mais au lieu d'un bel insecte déployant au soleil ses ailes dorées, on voyait apparaître un vilain petit cochon de lait, qui mangeait comme un goulu le dessert préparé pour les convives, qui les mordait ensuite aux jambes. Les acteurs de se sauver, de courir, de crier, ; mais un, plus courageux que les autres, se retourne, reproche à ses camarades leur poltronnerie, et propose de mettre à la broche l'animal révolté. Aussitôt dit, aussitôt fait : le vaillant convive prend une broche, se met à la poursuite du petit cochon ; il va pour le percer d'outre en outre ; mais une nouvelle métamorphose s'opère alors ;


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l'animal, disparaît pour faire place à un petit diable noir, laid, hérissé, furieux, qui saisit la broche pointue, destinée à transpercer son prédécesseur, et en poursuit les agresseurs, qui se sauvent en poussant des cris et finissent par implorer leur pardon... » Suit la fin dramatique de ce jeu, dont je parlais à l'instant.

Les journaux du temps parlèrent de ces nouveautés. Oh ! bien sûr, par la grave Gazette de Théophraste Renaudot, la future Gazette de France, trop occupée à recueillir les nouvelles politiques, militaires et diplomatiques de l'ancien et du nouveau monde, avec les cancans des cours étrangères ; mais la Muse historique, cette curieuse gazette rimée que Jean Loret adressait chaque semaine à Mlle de Longueville (60), consacra des tirades éloquentes aux jeunes Raisin.

Voici ce qu'on y lit dès le samedi 9 avril 1661, à propos de l'épinette mystérieuse, alors dans toute sa nouveauté (61) :

Mardy dernier, Sa Majesté

Admira fort la rareté

D'une Machine surprenante

Faite en Epinette-sonnante,

Qui, par un secret non commun,

Et sans la voir toucher d'aucun,

Joue avéques justesse extrême,

Pluzieurs nouveaux Airs d'elle-même.

Mais ce qui, dans cette action,

Donne plus d'admiration,

Et qui paroît un peu magique,

C'est qu'en belle et bonne Muzique,

Et des tons bien articulez,

Elle fait ce que vous voulez.

Quand on luy dit « Dame Epinette,

« Jouez, un peu, la Boivinette,

« Jouez ceci, jouez cela »,

Soudain cette Machine-là,

Sans faire languir votre atente,

Si parfaitement vous contente,

Qu'on croid, avec étonnement,

Que ce soit un enchantement.

Le Roy, la Reine et Reine-Mère,

D'iceluy Roy, l'unique Frère,

Et l'Objet de son Amitié,

Son aimable et cheré Moitié,

Item, Madame la Comtesse,


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Goûtèrent avec allégresse, Et, mesme avec ravissement, Ce charmant divertissement ; L'Inventeur de cette Machine, De bonne et françoize origine, Est un Troyen nommé Raizin, Pourvu d'esprit et du plus fin, Lequel étant heureux et sage, En la fabrique de l'ouvrage, En a fait les secrets ressorts ; Qui sont deux jolis petits corps Lesquels ravissent à merveille, Les yeux aussi-bien que l'oreille : Je ne dis rien de décevant, Et, j'en parle comme sçavant.

Cet homme de bonne cervelle, Berthod (62), dont la voix est si belle, Et, qu'à le voir, on peut juger Non pas inconstant, mais léger, Comme à luy, volontiers, on ouvre Les plus importants Lieux dû Louvre, La prézenta luy-mesme au Roy, Qui (comme est dit) en bonne-foy, Receut de la susdite afaire, Un plaisir extraordinaire, Audit sieur Berthod témoignant Qu'un Instrument si surprenant, Réjouissoit d'une maniére, Toute rare et particuliére. Ensuite de Leurs Majestez, Quantité de Principautez, Ducs, Pairs et Maréchaux de France, Seigneurs et Dames d'importance, Ont eu la curiosité De voir ladite nouveauté, Que, par-tout, quérir on envoyé, Et qu'on ne peut voir qu'avec joye.

Le 11 mars 1662, Loret revient sur ce sujet à propos de la foire de Saint-Germain :

Cet Homme qui met en pratique, Quand il luy plaît, l'Art de Muzique, Ce Raizin, habile Troyen,


LES SIRET ET LES RAISIN 149

Qui, l'an passé, trouva moyen

De donner au Roy la Régale

D'une Epinette machinale,

Qui, d'elle-mesme, en tons bien clairs,

Exprimoit toutes sortes d'Airs,

Et tels, que de sa synfonie,

Les deziroit la Compagnie,

(Et ce qui paroissoit plus qu'humain)

Sans que personne y mit la main,

Le tout par des ressorts internes,

Qui plairaient à des Holophernes,

Et dont je fis, lors, quelque écrit :

Ce Raizin, donc, homme d'esprit,

En a fait une autre excellente,

De la première différente,

Qui, certes, vaut son pézant d'or,

Et surprend cent fois mieux encor.

L'autre-jour, autant qu'on peut dire,

Il en. charma nôtre-dit Sire,

En ayant, presque, à tous momens,

Cent et cent applaudissemens ;

Berthod, dont la voix est si belle,

Pour cabinet et pour Chapelle,

Mais, à parler sincèrement,

Qui ne fait rien de l'Instrument, N'est pas Autheur de la Machine,

(Si je mens, je veux qu'on m'échine)

Mais c'est luy qui, de bonne-foy,

En donna connoissançe au Roy,

Qui par les yeux et les oreilles

Y prit du plaizir, à merveilles,

Samedi (4 mars), vers la fin du jour,

Et pluzieurs des Grands de la Cour,

Qui (toutefois, sans complaizance)

En dirent du bien d'importance,

Et des trois beaux Enfans aussy.

(Dudit Raizin le cher soucy)

Qui dansoient avec castagnettes

Bien mieux que des Marionnettes,

Eux étans presque aussi petits ;

Oüy, oüy, les ayant vus gratis,

Je puis avec peu d'hyperbole,

Vous l'assurer sur ma parole.


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Certes, tous les Grands et les Grandes, Dont les oreilles sont friandes De doux et de justes acords, Doivent voir ces trois petits corps, Et leur Epinette enchantée, Digne d'être à jamais vantée.

Cette information explique certaines des contradictions relevées plus haut. Raisin aura été mandé à deux reprises chez le roi, en 1661 et en 1662 ; mais, pour la deuxième, il ne faudrait plus parler de surprise : le spectacle, au contraire, dut être minutieusement préparé. On remarquera aussi que, la première fois, les deux reines étaient présentes.

Personne n'a noté si Raisin prit part à la foire de SaintLaurent de cette année 1662, ni à celle de Saint-Germain en 1663 ; mais il était à celle de Saint-Laurent qui suivit ; c'est encore la Muse historique (25 août) qui le relate :

Trois Enfans, de mesme famille,

Deux Fils, une fort jeune Fille,

Y donnent un plaizir, ma-foy,

Qu'on peut dire un plaizir de Roy,

Par de charmantes mélodies, Par de petites Comédies,

Et par d'agréables Balets,

Un peu plus graves que folets,

Dansez avec grande justesse,

Et qu'on voit, avec alégresse,

Moyennant quelque argent comptant

Que l'on ne plaint point en sortant :

Bref, les trois Enfans que j'allégue,

Dont le cadet est un peu bégue,

N'ont pas, encor, je croy tous trois,

Plus de dix-huit ans et dix mois. Au vrai, ils pouvaient avoir alors ensemble environ 33 ans. Mais il ne faut pas chicaner les gens sur l'âge qu'ils veulent avoir, à plus forte raison quand il y a des femmes et, qui plus est, des actrices pour qui la jeunesse est un élément de réussite.

Edme Raisin mourut vers cette époque (1663-1664), on ne sait où (63). Et l'épinette qui aurait pu faire sa fortune si ce qui vient de la flûte ne retournait généralement au tambour ; l'épinette, en tous cas, qui mit ses possesseurs en évidence et leur procura l'occasion de se faire apprécier


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comme acteurs sans avoir à passer par le stage qui est le lot ordinaire des meilleurs, est disparue aussi. Personne ne s'en occupa plus quand elle eut cessé de faire recette, et elle périt sans doute lamentablement sous le marteau, un soir d'hiver qu'on avait besoin de feu à la maison, ou fut vendue à un brocanteur lorsque les. Raisin partirent en province. Si c'était elle — revenue à son point de départ —- que nous avons en ce moment sous les yeux ? Mais non, sa forme particulière, inesthétique, dut empêcher qu'on la conserve, et il n'y a que dans les romans vieux jeu que tout se retrouve à la fin.

Qu'importe ? elle est célèbre, elle a valu à son inventeur — un médiocre, en somme, mais un habile et un oseur — de survivre à sa réputation de musicien.

La mort de Raisin ne prit pas sa veuve au dépourvu. Elle se mit à la tête de la troupe et, avec des concours sur la nature desquels on n'est pas fixé, elle étendit encore la sphère d'action de son personnel.

Si l'on en croit les frères Parfaict (64), Raisin ne serait mort qu'au début de 1664 et c'est lui qui aurait constitué une véritable troupe en adjoignant à ses enfants « des jeunes gens de l'un et de l'autre sexe ». Il semble plutôt que ce fut le rôle de Marguerite Siret. C'est à elle sûrement qu'advint la chance de rencontrer le jeune Baron, de se l'attacher et d'en exploiter les premiers triomphes. Michel Baron était alors, d'après Grimarest (65), en pension à Villejuif ; et son oncle et une tante, ses tuteurs, qui dissipaient son bien, embarrassés de lui, le placèrent; chez la Raisin pour cinq ans, sur le conseil de leur avocat, Margane, auteur de méchants vers, La Nymphe dodue... La Raisin l'accepta avec d'autant plus d'empressement qu'elle y avait été fortement incitée par un fameux médecin qui était de Troyes (66) et qui, s'intéressant à l'établissement de cette veuve, jugeait que le petit Baron pouvait y contribuer, étant fils d'une des meilleures comédiennes qui ait jamais été (67).

« Le petit Baron, ajoute Grimarest à ce qui vient d'être dit, parut sur le Théâtre de la Raisin avec tant d'applaudissement, qu'on le fut voir jouer avec plus d'empressement que l'on en avoit eu à chercher l'épinette. Il étoit surprenant qu'un enfant de dix à onze ans, sans avoir été conduit dans les principes de la déclamation, fît valoir une passion avec autant d'esprit qu'il le fesoit... »


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LES SIRET ET LES RAISIN

La Muse historique du 7 juin 1664 consacra de nouveaux Succès ;

A propos de ce noble Enfant (68),

Pour qui de zéle je me pique,

Sur ma foy sa Troupe Comique,

(Qui ne sont pourtant que Ragots)

Avec leurs surprenans échos (69),

Leurs dances et leurs mélodies,

Pastorales et Comédies,

Se font (foy d'Ecrivain loyal)

Admirer au Palais Royal,

Où le plus petit de la Troupe (70),

Et guéres plus haut qu'une coupe,

Dansant, récitant, annonçant,

Est si rare et si ravissant,

Qu'on le pouroit entr'autre choze,

Nommer le petit Belle-Roze.

A n'en point mentir, sans les voir,

On ne sçauroit bien concevoir,

Comment ces Ragotins s'aquitent

Des jolis endroits qu'ils débitent,

Et (sans à faux en discourir)

Tout Paris y devrait courir :

Car je ne croy pas que personne

Plaignît l'argent que l'on leur donné (71).

Le renom de la troupe en miniature monta jusqu'au roi qui, l'ayant vue, lui accorda le titre de « Comédiens de Monseigneur le Dauphin », avec le droit de représenter dans toutes les villes du royaume. Elle en jouissait déjà tacitement, selon de Mouhy, en 1662 ; Loret le mentionne à la date du 7 juin 1664, et des lettres patentes, enregistrées en bonne et due forme, le confirmèrent officiellement le 1er juillet 1665 (72), un mois avant que Molière et ses camarades n'obtinssent le titre de Troupe du Roi (août 1665).

Revenons à Grimarest, faute d'informateur plus qualifié, Loret, qui a le mérite d'écrire au jour le jour, ne disant pas tout.

« La Raisin s'étoit établie après la foire proche le vieux Hôtel de Guénégaud (73), et elle ne quitta point Paris qu'elle n'eût gagné vingt mille écus de bien. Elle crut que la campagne (lisez : la province) ne lui seroit pas moins favorable... ».

Ce fut un mauvais calcul. Marguerite Siret, dont la vie


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sentimentale avait commencé si tôt, ne s'était pas assagie. Elle ne sut pas résister aux entraînements de son nouveau métier. Les relations de coulisses, les. rencontres de gîtes dans ses courses de ville en ville, où les scènes décrites par Scarron dans le Roman comique devaient être fréquentes, la détournèrent du chemin de la raison... : « à Rouen, au lieu de préparer le lieu de son spectacle, elle mangea ce qu'elle avoit d'argent avec un Gentil-homme de Monsieur le Prince de Monaco, nommé Olivier, qui l'aimoit à la fureur, et qui la suivoit partout ; de sorte qu'en très peu de tems sa Troupe fut réduite dans un état pitoyable. Ainsi destituée de moyens pour jouer la Comédie à Rouen, la Raisin prit le parti de revenir à Paris, avec ses petits Comédiens, et son Olivier », ajoute cette mauvaise, langue dé Grimarest.

C'était au commencement de l'année 1666. N'ayant aucune ressource, Marguerite Siret alla prier Molière de lui prêter son théâtre pour trois jours, afin de s'y refaire un peu. En effet, le premier fut déjà très fructueux, et ceux qui entendirent le jeune Baron revinrent tellement enthousiasmés que le lendemain la salle était comble et que l'on fit plus de 1.000 écus.

Une lettre en vers de Robinet (74), du 21 février 1666, en témoigne :

Cependant au Palais Royal, Avec un plaisir sans égal, On peut voir la Troupe Enfantine, Qu'on nomme la Troupe Dauphine, Dont les Acteurs à peine éclos, Des plus vieux méritent le los. Sur-tout le fils de la Baronne, Actrice si belle, et si bonne, Dont la Parque a fait son butin, A comme elle le beau destin, De charmer chacun sur la Scene, Quoiqu'il n'ait que douze ans à peine. Et certe, il sera quelque jour. Fort propre aux Rôles de l'amour.

Molière, qui était malade, ne put voir jouer Baron les deux premiers jours.. Il s'y fit porter le troisième, et il n'eut pas plutôt entendu le jeune acteur qu'il résolut de l'adopter non seulement dans sa troupe, mais dans son intimité. Dès


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le lendemain matin il courut à Saint-Germain, où était le roi, et obtint un ordre de prendre l'enfant dans sa troupe.

Cela ne faisait pas l'affaire de la Raisin, qui voyait s'échapper une source considérable de profits pour elle. Grimarest dit que tout d'abord, « animée par son Olivier », elle entra toute furieuse le lendemain dans la chambre de Molière, deux pistolets à la main, menaçant de lui casser la tête. Elle se calma toutefois et tenta d'obtenir, par ses Supplications et par ses larmes, qu'on lui rendît son acteur, exposant la misère dans laquelle, privée de lui, elle allait être réduite ainsi que sa famille. Mais l'ordre était formel, il n'y avait qu'à obéir, et Molière ne se serait certainement pas prêté à faire révoquer une décision qu'il avait, sollicitée en connaissance de cause. La Raisin, voyant qu'il n'y avait plus d'espérance, le pria alors de lui accorder que Baron jouât encore trois jours dans sa troupe. Molière lui en accorda huit, mais à la condition que l'enfant ne rentrerait pas chez elle et qu'il serait accompagné au théâtre par un homme à lui, afin d'éviter qu'il ne soit circonvenu. Ces huit jours rapportèrent à la Raisin beaucoup d'argent qu'elle employa, paraît-il, à faire un établissement près de l'Hôtel de Bourgogne.

Une lettre de Robinet (6 mars 1666) se rapporte à cette période :

Vous avez pour tout dire enfin, La Troupe du charmant Dauphin, Dont les Acteurs encore en graine, Peuvent guérir de la migraine, Soit dans les rôles sérieux, Soit dedans les facétieux. Ces marionnettes vivantes, Sont tout-à-fait divertissentes, Et l'on croid vraisemblablement, Que ce soit un Enchantement.

Une dernière lettre, du 12 septembre 1666, montre que la troupe avait fait une nouvelle recrue :

l'ajoute Ici, que je reviens Des beaux petits Comédiens Qui consacrent toutes leurs Veilles, Et leurs agréables merveilles, A notre Dauphin glorieux : Et qu'on admire parmi-eux,


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Une Actrice toute nouvelle,

Toute charmante, et toute belle,

Et qui joue à merveille, aussi,

Vrai comme je l'écris Ici.

Ah ! que dedans vn Rôle tendre,

Elle en forcera de se rendre, Et que Maints, en lorgnans la jeune de Beau Lieu, Posteront volontiers leur coeur en si beau Lieu.

Les Comédiens du Dauphin repartirent en province. On les vit en Languedoc, en Provence et en Bourgogne, notamment à Mâcon et à Dijon. Le char de Thalie s'était remis en route. Ils se trouvaient dans cette dernière ville quand Baron, qui s'était sauvé de chez Molière dont la femme l'avait giflé, et retiré chez la Raisin, qui l'excitait à tenir ferme dans son ressentiment, comptant bien en profiter, reçut de son protecteur une lettre pressante de rappel à laquelle il obéit aussitôt. Après son départ la troupe « se dérangea ». On perd alors la trace des Raisin pendant six bonnes années (75).

Quand on les retrouve, les petits comédiens avaient grandi, ils avaient pris conscience de leur valeur, écarté peut-être de leur société la mère prodigue qui compromettait leurs intérêts. Aussi est-ce à Jacques, Jean, Catherine et Isabelle (pour Elisabeth) Raisin que, le 13 avril 1672, le roi, « instruit du soin et de l'application qu'ils donnent à la représentation de plusieurs comédies », fit délivrer un brevet renouvelant la permission de 1665.

Le 17 mai suivant, le roi témoignait à nouveau de l'excellence de la troupe Dauphine, alors en représentations à Reims, en en détachant un des membres, Jean Villiers, pour l'adjoindre à celle du Palais-Royal (76).

Les bénéficiaires de la permission du 13 avril en profitèrent peu de temps. Passés au service du prince de Condé (77), ils voyagèrent encore, tout en se fixant nominalement à Rouen, où on les voit de 1665 à 1680 (78).

La vie leur fit ensuite des destinées diverses, mais, toujours dans le cadre de la profession, et c'est par un tableau rapide de leurs existences personnelles que nous achèverons cette lecture.

On n'a aucun renseignement sur les dernières années de leur mère ; elle disparaît après la mort de sa fille Elisabeth, en 1676. G. Monval a bien noté que « la Raisin a épousé un Gaillot, fils d'un marchand » ; mais comme il ne


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donne de ce fait ni date ni source, on n'en peut guère faire état.

Les quatre enfants connus d'Edme Raisin étaient donc tous comédiens.

Suivons-les successivement dans cette carrière.

Catherine Raisin, baptisée à Troyes le 12 avril 1649 (79). Elle participa avec ses frères à l'exhibition de l'épinette. Son histoire fut d'abord celle de sa famille : la Foire, la troupe du Dauphin, puis les tournées en province. D'après Georges Monval, elle aurait eu' un enfant à Lyon en 1674, et elle était à Rouen en août 1676 ainsi qu'en juillet 1677. Elle avait épousé, à Grenoble, Jean Deschamps, sieur de Villiers, fils de Claude et acteur comme elle. Son mari ayant eu un jour des scrupules sur la validité de son mariage, il le fit célébrer une seconde fois en l'église SaintSauveur de Paris, le 1er décembre 1679. En avril de la même année, elle était, entrée au théâtre de l'Hôtel de Bourgogne. Pourtant, M. G. Maçon a constaté sa présence, en août 1685 encore, dans la troupe de Rouen qui avait repris le nom de « Troupe de Mgr le Dauphin » ; elle la quitta bientôt d'ailleurs pour former la « troupe des Petits Comédiens du Duc de Bourgogne » et finit par rejoindre ses frères à la Comédie française, où elle débuta le 22 novembre 1691. Elle se retira à Pâques 1696 et mourut à Paris, rue SainteMarguerite, paroisse Saint-Sulpice, le 25 août 1701, peu après son mari, mort le 14 juillet de la même année. De leur mariage étaient nés un fils (80) et une fille.

A ces renseignements, fournis par le Dictionnaire de Lyonnet, qui donne les meilleures références (81), il faut ajouter ceux dus à Georges Monval, corrigeant Noury (82), sur l'existence des Raisin à Rouen.

La troupe de Mgr le Dauphin, dirigée par un sieur Crosnier, et composée de dix associés parmi lesquels se trouve Catherine Raisin, femme de Villiers, résidait a Rouen le 10 mars 1685 ; à cette date, ils donnèrent à deux de leurs camarades une procuration en vue de choisir et adjoindre à leur compagnie deux personnes, dont un homme pour remplir les rôles occupés, il y a deux ans par le sieur Raisin. Un acte de société y apportant quelques modifications le 6 mars 1686 (Min. Detroyes, notaire), ne fait plus mention d'aucun membre de la famille Raisin. C'est que Catherine avait changé de camp et monté pour son compte la troupe des Petits comédiens du Duc de Bourgogne, qui représenta


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sur le même théâtre (à Rouen) en septembre 1685, et existait encore en 1690 ; elle se composait à cette dernière date de huit enfants de la balle, associés avec le consentement de leurs parents.

C'est apparemment de cette dernière troupe, transportée de Rouen à Paris, que parle un factum du temps, cité par Pougin (83) :

« En 1688, la demoiselle de Villiers, femme d'un des comédiens du roy, et soeur des sieurs Raisin aussi comédiens, s'avisa de construire un théâtre et d'y faire représenter des comédies par des enfants sous le titre de Petits Comédiens Français. Les comédiens (du roi) en portèrent leur plainte au roy, et le théâtre fut fermé ». Mais, si l'on en croit le chevalier de Mouhy, « Mademoiselle de Villiers, protégée par Mgr le Dauphin, obtint un ordre le 29 octobre 1691, qui enjoignait à la Troupe, du Roi d'entrer en partage des parts du jour qu'elle représenterait. Elle débuta le même mois dans Britannicus ; elle ne réussit pas, quitta le théâtre en 1696, et mourut au commencement de 1703 » (84).

Cette dernière date diffère de deux ans de celle donnée par Lyonnet, qui doit avoir raison.

Jacques Raisin, dit l'aîné, né à Chaource le 7 décembre 1653 (85), exécutant visible dans l'affaire de l'épinette dès le début de 1661, fit partie de la troupe Enfantine ou troupe Dauphine. Il suivit sa mère en province et on le rencontre à Rouen, notamment, dans la troupe de Condé qu'il quitta pour entrer à la Comédie française, le 24 mars 1684 (86) ; il en sortit dix ans après, le 31 octobre 1694 (87), et reçut le 20 novembre 1695 la pension de 1.000 livres que le rai faisait à ses comédiens. Il mourut, le 3 mars 1702 (88), célibataire ; son service funèbre fut célébré en l'église Saint-Roch de Paris (89).

« Il jouait les seconds rôles dans le tragique et les amoureux dans le comique; il était rempli de probité et d'esprit » ; tel est le jugement que porte sur lui le chevalier de Mouhy.

Il résulte de certains documents signalés par M. Gustave Maçon, l'obligeant conservateur du Musée Condé, que Raisin l'aîné était assez connaisseur en orgues pour se mêler d'en vendre, peut-être même d'en fabriquer. De qui tenait-il les principes du métier ? Il n'avait que onze ans à la mort de son père, et leur existence à Paris, dans les


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dernières années, s'accordait mal avec un apprentissage sérieux.

Quoi qu'il en soit, le 23 novembre 1679, il reçut de l'homme d'affaires du grand Condé une somme de 600 livres, « prix des orgues qu'il a vendues à Monsieur le Prince et qui ont été mises dans la chapelle à Chantilly », et le 25 novembre 1683 encore on payait « Au Sr Jean (-Baptiste) Raisin, comédien du Roi, au nom et comme procureur fondé de procuration, passée par devant les notaires à Rouen le 21 octobre 1683, du sr Jacques Raisin, son frère, comédien de la troupe de Rouen, la somme de 1468 livres pour des nouvelles orgues qu'il a faites par ordre de Monseigneur le Prince à Chantilly, où elles ont été placées » (90).

« Bourgeois de Paris », il acheta en 1696, pour la modique somme de 20 livres (qui, il est vrai, valaient mille francs d'aujourd'hui), le droit d'avoir un blason portant : d'azur, à un chevron d'or, surmonté d'un croissant du même, et accompagné en chef de deux étoiles d'or et en pointe d'une grappe de raisin de sable » (91).

Ces armes se trouvent au bas d'un « très joli portrait » que Jal croyait pouvoir attribuer à Edelinck, mais qui ne figure pas dans l'oeuvre connue de ce peintre et que, d'ailleurs, je n'ai pas retrouvé. A défaut, voici le signalement physique de notre personnage : « il était grand et fort maigre » (92).

Comme beaucoup de ses camarades, il donna des idées de pièces aux auteurs de son temps et en écrivit lui-même quelques-unes qui n'ont été ni imprimées ni conservées. On ne les connaît que par leur inscription sur les registres de la Comédie française (93). Ce sont :

Le Niais de Sologne, comédie en un acte, en prose, donnée le 3 juin 1686 et jouée six fois. — Le manuscrit s'en trouvait dans la collection Soleinne (94). G. Monval paraît l'avoir retrouvé ; il en préparait en 1902 une réimpression qui n'a pas vu le jour, et personne ne sait ce que sont devenus original et copie (95):

Le Petit homme de la Foire, comédie en un acte, en prose, le 20 mai 1687 ; dix-neuf représentations.

Le Faux Gascon, comédie en un acte, en prose, donnée après la tragédie du Cid, le 28 mai 1688 ; huit représentations.

Merlin gascon, comédie en un acte, en prose, le 7 octo-


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bre 1690 ; treize représentations. Reprise le. 29 avril 1691, elle fut encore jouée huit fois (96).

Il composa également la musique des divertissements de quelques pièces jouées à la cour, entre autres pour L'Opéra de village, de Dancourt, en 1692 ; Je vous prends sans verd, de La Fontaine, en 1693 (97) ; les Fous divertissants (98).

« Fort retiré chez lui », selon de Léris, Jacques Raisin était, surtout en comparaison de son frère, une manière de petit bourgeois rangé, ami de ses aises et de son repos. Ce type recommandable d'acteurs, auxquels suffisent les émotions factices des planches, est moins rare qu'on ne le pense.

Beaucoup mieux doué, beaucoup plus dissipé aussi fut Jean-Baptiste Raisin, dit le Cadet à cause de son âge, dit Siret en souvenir de sa mère (99), dit aussi le Petit Molière pour l'excellence et l'universalité de ses talents scéniques.

Né je ne sais où (100), en 1655 ou 1656, puisqu'il avait environ cinq ans lors de ses débuts dans l'épinette mystérieuse en mars 1661, il suivit les membres de sa famille dans leurs pérégrinations, se rencontre à Rouen en mars 1675, en janvier et février 1676 (101), puis épousa, le 20 novembre 1679, en l'église de Saint-Léonard (Oise) dont dépendait alors Chantilly, sa camarade Françoise dite Fanchon Pitel de Longchamps (102), avec laquelle il débuta à l'Hôtel de Bourgogne au mois d'avril, eh même temps que son beau-frère Jean de Villiers ; tous trois passèrent l'année suivante au théâtre de Guénégaud. Ils furent conservés à la jonction des troupes le 25 août 1680 (103), et quand, en 1691, Mlle de Villiers (Catherine Raisin) entra à son tour chez les Comédiens du roi, « cinq sociétaires illustrèrent ce joli nom de Raisin, populaire et bien français » (104).

Jean-Baptiste Raisin, disent les frères Parfaict dans l'article qu'ils lui consacrent, « était excellent dans tous les rôles comiques ; personne n'a joué avec une si grande perfection les rôles à manteau, ceux des valets brillants, des petits-maîtres, des ivrognes, et enfin généralement tous les caractères qu'il a remplis. Sa figure était des plus aimables ; il était d'une taille médiocre, mais bien prise, beau (105) et jouant du visage avec un art admirable : dans les rôles à manteau, tels que Le Grondeur, Arnolphe, etc., il avait un air sévère et maussade ; dans les valets, la physionomie hardie et maligne ; dans les petits-maîtres, un air tendre,


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galant et libertin ; enfin, c'était un vrai Protée, non seulement dans chaque rôle, mais dans chaque situation de ses rôles. Il joignait à ces talents supérieurs de l'esprit, beaucoup de gaieté. Il avait un art singulier pour réciter une historiette ou un conte ; il jouait son récit et y joignait des grâces qui lui donnaient un nouveau mérite ; aussi était-il répandu dans les meilleures compagnies. Cependant, tout dissipé qu'il était par les plaisirs et la bonne chère, qu'il aimait beaucoup, jamais comédien n'a fait plus d'étude de son art. Il y rapportait tout, et lorsqu'il avait saisi dans le monde quelque chose qui pouvait avoir, du rapport à ses rôles, il en faisait usage et même souvent il a proposé des sujets aux auteurs qui travaillaient pour le théâtre », notamment, pour Le Secret révélé, comédie en un acte en prose par l'abbé de Brueys et Palaprat, jouée au Théâtre français en 1690.

Palaprat nous apprend que Raisin fut la cause de l'existence de cette pièce. « L'incomparable acteur; dit-il, avec qui nous passions notre vie, qui contoit dans le particulier aussi gracieusement qu'il jouoit en public, nous fit un jour le conte d'un roulier on chartier qui conduisoit une voiture de vin de grand prix. Les cerceaux d'un de ses tonneaux cassèrent ; le vin s'enfuyoit de toutes parts ; il y porta d'abord avec empressement tous les remèdes dont il put s'aviser, déchira son mouchoir et sa cravate pour boucher les fentes du tonneau ; le vin ne cessait pas de s'enfuir, quelques grands mouvements qu'il se donnât. L'agitation cause la soif ; il s'en sentit pressé ; et pendant qu'il avait envoyé un garçon chercher du secours, il s'avisa de profiter au moins de son malheur pour se désaltérer. Il fit une tasse des bords de son chapeau, et regarda comme un ménage de boire du vin qu'il ne pouvait empêcher de se répandre. Il commença par nécessité, il continua par plaisir, il y prit goût et tant procéda qu'il en prit trop. Or cet excellent acteur rendoit ce conte avec une grâce infinie dans tous les degrés de l'éloignement de sa raison, commençant à être en pointe de vin, affligé de la perte qu'il faisoit et réjoui par la liqueur qu'il avoit avalée, pleurant et riant à la fois, chantant et s'arrachant les cheveux en même temps. Voilà, dit mon ami (l'abbé de Brueys), une scène qui serait plaisante à mettre sur le théâtre. Je ne fus pas de son avis. Je l'entreprendrai, moi, reprit froidement mon associé..., et' à quelque jour de là il me montra le plan de cette petite comédie » (106).


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Les anecdotes foisonnent, dans les récits du temps, sur cet acteur aimé du public, estimé de tout le monde.

A la première représentation d'Esope à la ville, ou Les Fables d'Esope, comédie en 5 actes, en vers, de Boursault, jouée au Théâtre français en 1690, le célèbre Raisin le cadet décida le succès étonnant de cette pièce. Comme il s'aperçut qu'à la 3e fable qu'il venait de débiter, dans le rôle d'Esope, qu'il remplissait, il s'était élevé un certain murmure dans le parterre, qui lui fit craindre que la pièce ne chancelât, il s'avança au bord des lampes et harangua le public en lui disant qu'il avait encore dix ou douze fables à débiter, que l'auteur avait cru devoir faire parler Esope, suivant son génie, en apologues, et qu'il priait le parterre de donner ses ordres pour continuer ou cesser absolument cette pièce. Toute la salle applaudit, on lui cria de continuer, la pièce alla aux nues, elle est restée au théâtre.

A propos de cette pièce, Boursault écrivait un jour à sa femme : « Jamais homme n'a eu tant de peur que j'en eus pendant les trois premières représentations de cette pièce. Les fables qui en font la beauté, supposé qu'il y en ait dans cet ouvrage, ne furent pas du goût de bien du monde et quoique Raisin, qui fait toujours bien, fît mieux Esope qu'Esope ne l'aurait pu faire lui-même, je n'osais me flatter que son mérite fût capable d'en donner assés à ma comédie pour la faire réussir ».

A la 4° représentation, si la pièce avait encore chancelé parce qu'il y avait une cabale contre elle, Raisin devait réciter, entre le 2° et le 3° acte, une fable dont la moralité était une apostrophe aux cabaleurs en ces termes :

Et ne ressemblez pas à ce dogue envieux

Qui ne veut pas manger ny souffrir que l'on mange.

Une lettre adressée en 1691, au même Boursault, par Raisin, tout en montrant qu'il savait tenir une plume et exprimer de façon ingénieuse, fine et ferme à la fois, des pensées délicates, indique combien variée était sa collaboration avec les auteurs de son choix. Il s'agit du Phaëton (107). Il n'était pas moins courtois avec ses camarades, ainsi qu'en témoigne le règlement d'une petite affaire qu'il eut avec Poisson (108).

Virginie, tragédie de Campistron, jouée en 1683, fit lier ce poète avec Raisin, chez qui il demeura plusieurs années pendant lesquelles il se trouva en société avec nombre de personnes d'esprit et de valeur qui fréquentaient avec

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plaisir la maison de Raisin, homme d'un caractère aimable et enjoué. Par reconnaissance, Campistron donnait les premiers rôles de ses tragédies à Mme Raisin, ce qui n'aida pas peu à établir la réputation de cette actrice.

Ce fut pour consoler Mme Raisin qui, par une querelle de comédiens, n'avait pu jouer un rôle d'homnie dans La Femme juge et partie, que Campistron écrivit L'Amante amant, comédie en 3 actes et en prose (1684), qu'il a constamment désavouée parce qu'il la trouvait malhonnête ; il y règne en effet, paraît-il, une liberté qui va jusqu'à l'indécence. Mme Raisin, que Campistron aimait, y fit le rôle d'Angélique habillée en homme, qui avait été composé pour elle. Elle se piquait d'avoir la jambe belle ; c'était pour la faire briller.

Palaprat a narré dans la préface du Grondeur une farce que fit Raisin en illustre compagnie, et dans laquelle il avait pour partenaires et confidents des personnages de marque. Ceci se passait à Anet, le cinquième et dernier jour de fêtes qui y furent données au Dauphin durant le carnaval de l'année 1691.

On devait représenter une comédie. Raisin, qui passait pour buveur, affecta de dire tout haut qu'il avait soif et d'aller à l'office ; mais il se cacha, sous une table couverte d'un tapis. Monseigneur vint, Raisin ne se trouva pas ; on l'accusa de gobeloter ; on le chercha, mais inutilement. Son frère vint faire des excuses pour lui. M. le Grand Prieur et M. le Comte de Brienne, qui étaient du secret, parurent embarrassés. Enfin Raisin ronfla, on l'entendit, on le tira de dessous la table, il feignit d'être ivre, et jouant toujours le même personnage, il dit quantité de choses qui amusèrent plus que la pièce même : « Sa feinte ivresse fut un prétexte pour l'encourager à pouvoir hardiement faire le moulinet sur toute l'assemblée. Il tira tout le monde, et chacun, quand son tour venoit, faisoit le plongeon, en étouffant de rire. Ce fut une des plus plaisantes et des plus vives scènes qui aient jamais été jouées... »

Malice et vérité sans méchanceté, voilà bien l'esprit champenois, et du meilleur crû.

Raisin ne fut pas moins bon dans le spectacle qui suivit cette improvisation :

« Pour le grand acteur que nous avions choisi pour être le pivot sur lequel devoient rouler tous ces divertissemens, et qui en fut aussi toute l'âme, et en fit toute la vivacité, on vit de lui dans cette occasion des prodiges à ne pouvoir être


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crus. Ce gracieux comique enchérit sur tout ce que cet art a jamais fait imaginer ; et non seulement il joua au moins trente différens caractères, mais il chanta, il dansa (que ne fit-il point ?) et en chargeant un peu (en quoi il excelloit), il copia tout ce qu'il y avoit de plus parfait sur les théâtres de Paris, et dans cette assemblée même ».

On conçoit à quel point de tels artistes étaient précieux à la troupe qui les possédait et qu'un annaliste ait pu noter ceci :

« Monseigneur fit jouer Le Grondeur à Anet, pendant les jours gras, par Villiers et les deux frères Raisin ; l'absence de ces trois acteurs fit perdre à la troupe (du Théâtre français) les cinq meilleures représentations de l'année ».

Il y avait cependant de petites anicroches. Si Mgr le Dauphin prisait fort ses comédiens... et leurs compagnes, Mme la Dauphine en était moins engouée. « Exerçant une sorte de surveillance sur la Comédie, elle semble avoir tenu à y faire ' régner, autant qu'il dépendait d'elle, la décence et la régularité ». Et elle ne reculait pas devant les mesures extrêmes : Dangeau raconte, à la date du 22 avril 1684, que « Madame la Dauphine, mécontente de quelques sots procédés des comédiens, pria le roi de casser Baron et Raisin, les deux meilleurs comédiens de la troupe, l'un pour le sérieux et l'autre pour le comique »... Cependant, ni Baron ni Raisin, tous deux fort difficiles à remplacer, ne quittèrent le théâtre à cette date (109).

Ses qualités mondaines lui valurent d'être admis dans l'intimité de grands seigneurs et de participer à leurs divertissements. Ce fut peut-être l'occasion de sa perte. L'amitié d'un grand homme n'est pas toujours un bienfait. Aimant la bonne chère et prisant le bon vin (110), il mourut d'indigestion, le 5 septembre 1693, à l'âge de trente-sept ans, pour être allé prendre un bain « après une débauche de cerneaux » qu'il avait trop largement arrosés.

Etant décédé à Paris, dans une maison portant l'enseigne de la Petite-Bastille, rue Mazarine, il fut inhumé à l'église Saint-Sulpice après avoir renoncé in articulo mortis à la profession de comédien, par une déclaration que Jal a retrouvée sur le registre de cette paroisse :

« Nota, que ledit Raisin n'a été administré et receu en terre sainte qu'après avoir renoncé publiquement à la profession qu'il avoit cy-devant exercé (sic), par un acte, par devant les notaires : « Je promets à Dieu de tout mon coeur « et avec une pleine liberté d'esprit, de ne plus jouer la


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« comédie le reste de ma vie, quand il plairait à son infinie « bonté de me rendre la santé. En foy de quoy j'ai signé ce « 4° sept. 1693. » et a signé : Jean-Baptiste Raisin ». Sa mort fut signalée par les gazetiers du temps, Dangeau, qui était avec la cour à Fontainebleau, annonce le 20 septembre que « Raisin, fameux comédien, mourut ces jours passés à Paris ».

Le Mercure de septembre, p. 57, est moins laconique : « On ne se contente pas de siffler les pièces, on va quelquefois jusqu'à siffler les acteurs, quand ils n'ont pas le bonheur de plaire. Les comédiens françois viennent d'en perdre un qui n'avoit rien à appréhender de ce côté-là, puisqu'il étoit le charme de tout Paris dans le comique. C'est vous faire entendre assez que je parle de M. Raisin, mort dans une grande jeunesse, et d'autant plus regretté de ceux qui aiment la comédie, que c'est une perte difficile à réparer ». .

Cette difficulté est signalée encore beaucoup plus tard à la suite d'une mention de La Gazette (de Hollande), comédie de Dancourt, jouée le 14 mai 1692, date vérifiée : « Ce fut pendant le cours des représentations de cette « Pièce que le Théâtre perdit Jean-Baptiste Siret Raisin, le « plus excellent Comique de la Scene Françoise, dont « Moliere avoit cultivé les heureux talens ; le sieur de la « Torillière qui avoit d'abord joué quelques Rolles Tragi« ques et les Amans Comiques, quitta ces Rolles pour « prendre les Rolles Comiques de Raisin ; les Rolles à « caractères furent distribuez à d'autres, en sorte qu'il « fallut plusieurs Comediens pour remplacer celui-cy ».

Les auteurs sont unanimes, ce qui est rare, sur le talent de Raisin le cadet, « un des plus célèbres comédiens qui aient paru dans la haute livrée ». Ce fut lui qui créa le rôle de Pasquin dans La Coquette et L'Homme à bonnes fortunes, de son camarade Baron (111).

Plusieurs épigrammes, dont le nom qu'il portait faisait tous les frais, coururent à cette occasion. En voici trois, extraites de Le Poëte sans fard, de Gacon, qui les fait pré céder de ce préambule sans prétention : ,

« Je m'étonne que personne ne prenne le soin de nous donner le portrait de Raisin : Voici des Epigrammes sur sa mort, que les amateurs de pointes trouveront de leur goût, mais à parler franchement tous ces jeux de mots ne valent rien ».


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D'accord, mais il créent une atmosphère autour de notre personnage.

Sur la mort de Raisin et La Grange, arrivée pendant la cherté du pain Tout le monde se plaint que l'année est stérile, Et que si cela dure on va mourir de faim ; Mais les Comédiens du Fauxbourg Saint-Germain, Ont plus sujet qu'aucuns d'en émouvoir leur bile : Car n'ayant plus chez eux la Grange ni Raisin, Leur Troupe ne pourra serrer ni bled, ni vin.

Autre forme du même En France je ne vois personne Qui ne se plaigne que l'Automne Ne produit que très peu de Vin ; Nos Comédiens même, ayant perdu la Grange, Baron et le pauvre Raisin, Ne feront plus bonne vendange.

Autre, sur la mort de Raisin Quel astre pervers et malin, Par une maudite influence, Empêche désormais qu'en France On puisse recueillir du vin ? C'est avec raison que l'on crie Contre la rigueur du destin Qui nous ôte jusqu'au Raisin De notre pauvre comédie.

J'en ai trouvé une meilleure dans les papiers de Georges Monval, qui n'en indique pas l'auteur :

Sur la mort de Monsieur le Premier Président de Novion,

et sur celle de Raisin, comédien Novion qui vivait en dévot personnage,

Est mort, depuis sept ou huit jours ;

Raisin,: dans la fleur de son aage,

Vient aussy de finir son cours.

Mais, dans le siècle où nous sommes,

Chacun se déguise si bien

Qu'on ne sçait qui de ces deux hommes

Fut le plus grand comédien.

Raisin eut encore, la gloire d'inspirer, après sa mort, le


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sujet de La Veuve, comédie en 1 acte, en prose, par Champmeslé, jouée le 30 juillet 1699 au Théâtre français, non imprimée, et faite sur ce que la Raisin n'avait pas pu pleurer la mort de son mari quoiqu'elle l'aimât beaucoup. Elle se plaignait de ce que la nature ne l'avait pas traitée comme les autres femmes, qui ont le talent de pleurer quand elles veulent. Ce fut sur ces plaintes que Champmeslé composa sa comédie (112).

Vingt-six ans plus tard, la mémoire du brillant acteur était encore célébrée par le public et par les auteurs dramatiques.

« C'est ainsi que Thomas-Simon Gueullette, écrivant son Arlequin-Pluton, dont la représentation eut lieu le 19 janvier 1719, confond dans de communes louanges le nom de Raisin avec ceux des deux grandes illustrations du Théâtre Italien et avec celui même de Molière !

« Je détache la petite scène où le seigneur Arlequin se promène tout vivant aux Enfers, ni plus ni moins qu'Orphée ou Télémaque :

« MERCURE... . Puisque tu es dans les enfers, je vais te placer avec ces ombres que tu vois de si bonne humeur. « ARLEQUIN. Faites-les-moi donc connaître ! « MERCURE. Le plus proche de nous s'appelait Raisin. « ARLEQUIN. Bonne compagnie ! Nous ne manquerons pas de vin, puisqu'on eh fait avec du raisin.

« MERCURE. Non, Raisin est le nom d'un homme qui, ainsi que les trois autres, appelés : Molière, Fiorilli et Dominique, ont excellé dans l'art de divertir agréablement et avec noblesse le reste des hommes. Tu ne peux être en compagnie qui te convienne mieux.

« ARLEQUIN. S'ils sont d'aussi bonne humeur que moi, nous allons faire crever de rire tous les enfers...» (113).

La veuve de J.-B. Raisin, Françoise Pitel de Longchamps, née en 1661 ou 1662, était fille d'un comédien de province et parut de très bonne heure sur le théâtre : à l'âge de quinze ans elle passa en Angleterre et la troupe dont son père était directeur brilla beaucoup à la cour de Charles II. Après quinze mois (un an à dix-huit mois, disent les Parfaict) de séjour à Londres, elle revint en France, épousa Raisin le cadet et entra avec lui dans une troupe à Rouen. Ils débutèrent ensemble sur le théâtre de l'hôtel de Bourgogne au mois d'avril 1679, furent reçus et conservés à la réunion de 1680 (25 août) ».


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« Mme Raisin remplissait les rôles des jeunes princesses tragiques et des premières amoureuses comiques. Elle s'y distingua. Elle était grande, bien faite, belle, brillante de grâces naturelles. Ses yeux étaient charmants, et quoique sa bouche fût un peu grande, le sourire en était tellement agréable et découvrait des dents si blanches et si bien rangées qu'on ne remarquait point ce défaut. La nature lui avait donné le talent le plus marqué pour le haut comique et pour la tragédie (114) ».

Selon Lyonnet, Campistron, qui logeait chez elle et en était épris, fit à son intention une grande partie de ses pièces ; on cite surtout le rôle d'Irène dans Andronice et celui d'Erinice dans Tiridate, noms bien oubliés !...

Elle aurait eu au moins neuf enfants (115), dont huit nés à Paris, cinq garçons et trois filles sur le nom, la naissance, le sort et la paternité desquels les auteurs ne sont pas d'accord. Nous essaierons ensemble, tout à l'heure, de tirer au clair ce petit problème. Revenons pour l'instant à leur mère.

Je viens de parler de paternités douteuses. S'il ne s'agissait que d'écarts conjugaux ordinaires, nous n'aurions pas à nous en occuper : ce sont des accidents que l'époque et le milieu rendent absolument sans intérêt, tellement ils sont fréquents alors. Mais la dépendance des troupes de théâtre rendait les comédiennes corvéables envers les grands de certains services d'ordre intime qu'autorisaient les moeurs et auxquels, d'ailleurs, elles se montraient rarement rebelles.

Sans doute, j'entre ici en pleine chronique scandaleuse ; mais j'y suis précédé de tant d'autorités devenues classiques qu'en m'efforçant de demeurer convenable, je n'épouve aucun scrupule de conter presque tout ce que j'ai appris.

A en croire La Baumelle (116), Mme Raisin aurait été une courtisane avérée :

« Monseigneur (le Dauphin) eut des galanteries de toute espèce. On lui reproche la Raisin, actrice célèbre par ses talens et fameuse par ses amours. Elle avoit ruiné des princes, des financiers, des étrangers : elle ne ruina point Monseigneur, qui l'aima lontems avec beaucoup de passion et d'économie. Il en eut un fils, qui lui ressembloit en tout, et qui seroit mort dans une misère honteuse, si La Jonchère, trésorier de l'extraordinaire des guerres, le même


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qui sans commerce vouloit enrichir la France, ne l'en eût tiré en lui donnant, sa soeur en mariage ».

Il y a dans ces médisances une exagération flagrante. Aucun autre écrivain n'a chargé Mme Raisin de tant de gros péchés. Galante, elle fut à coup sûr, mais vénale et ruineuse, il ne le semble pas. Si elle fut véritablement « remarquée » par Charles II d'Angleterre (117), elle ne le ruina certainement point et repassa le détroit sans autre fortune que son talent ; si elle eut des complaisances pour Campistron, ce qui est possible mais non certain, elle n'en dut pas tirer de gros avantages et il y gagna d'avoir une interprète dévouée ; l'on ignore tout, le reste.

Mais à quoi bon réfuter La Baumelle ? Les erreurs accumulées dans le passage où il change en un garçon la fille naturelle du Dauphin, le La Jonchère qu'épousa cette fille en une soeur, et où il confond en un seul personnage deux La Jonchère bien distincts, encore que tous deux financiers, l'un en théorie et l'autre en pratique, montrent quel fonds il faut faire de ses allégations (118).

Quant aux relations de l'artiste avec l'héritier du trône de France, elles sont non seulement connues, mais légitimées en quelque sorte par leur publicité.

Voici le fait brutal, annoncé par Mme Du Noyer dans ses Lettres historiques et galantes (119) :

« Monseigneur (le Dauphin) a choisi (pour maîtresse) la Raisin, et on dit que cette comédienne a entièrement supplanté la Marquise du Roure, que le Roi a exilée (120). Le pauvre comte d'Estrades (121) voudrait bien qu'il lui fût permis de chasser dans les plaisirs de Monseigneur, mais il n'y a pas moyen et il a fallu décamper d'auprès de la Raisin ».

Saint-Simon semble avoir fixé le début de cette liaison dans une addition faite au Journal de Dangeau à la date du 21 septembre 1693, où il conte une aventure ridicule et scabreuse arrivée à « Monseigneur » et à la Raisin (122).

Certes, je ne soupçonne personne ici d'envier le sort de Mme Raisin dans son élévation au grade de favorite attitrée. S'il en était besoin, une lettre de la princesse palatine montrerait que tout n'était pas roses dans cette situation dont la hauteur n'empêche pas l'irrégularité.

Voici ce qu'écrivait la princesse à l'une de ses correspondantes, le 13 janvier 1719 :


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« Un jour, le Dauphin fit venir la Raisin à Choisy, et la cacha dans un moulin sans manger ni boire, car c'était jour de jeûne; il pensait que le plus grand de tous les péchés était de manger de la viande un jour maigre. Après le départ de la Cour, il lui donna pour tout souper de la salade et du pain rôti dans l'huile. La Raisin en à bien ri elle-même et l'a raconté à plusieurs personnes. L'ayant appris, je demandai au Dauphin à quoi il avait pensé en faisant jeûner ainsi sa maîtresse ; il me dit : « Je voulais bien faire un péché, mais pas deux » ; et il rit lui-même de bon coeur ».

Un autre récit du même fait offre quelques variantes : « Il paraît qu'elle ne fut pas très heureuse avec le Dauphin, qui, malgré le nom qu'on lui donnait de grand, était un sot et un dévot, qui faisait jeûner sa maîtresse et jeûnait luimême, sans se priver du reste. On les a vus s'enfermer pendant plusieurs jours, sans autres provisions de bouche que du pain, de l'eau, des noix et du fromage ».

Tout a une fin. Sans avoir pâli, l'étoile de la Raisin dut s'éclipser pour des raisons tout humaines. Le Dauphin tomba malade ; il eut une grosse indigestion que l'on prit pour une attaque d'apoplexie.

« La santé de Monseigneur est entièrement rétablie; mais on dit que cette attaque lui a fait un peu penser à sa conscience, et qu'il a promis à son confesseur de quitter entièrement la Raisin, de laquelle il a déclaré qu'il avait, eu deux enfants. Je ne sais si ces belles résolutions tiendront et si après le péril passé on n'oubliera pas ce qu'on a promis au Saint (123) ».

Et la palatine précise, le 19 avril 1701 :

« Monseigneur depuis son accident a peur de mourir. Il a congédié sa comédienne. Il lui fait une pension de mille pistoles, et au jubilé elle doit quitter le théâtre, car c'est une excellente comédienne ».

Sa retraite fut, en effet, liquidée à la date du 2 avril 1701.

Selon Lemazurier c'est Louis XIV lui-même qui, sans désapprouver le goût de son fils, n'aurait pas voulu que sa maîtresse continuât de jouer la comédie et lui aurait donné le choix entre 150.000 livres comptant ou une pension de 10.000 livres qu'elle préféra à tort, car la mort du Dauphin, survenue le 14 avril 1711, en fit arrêter le paiement. De pressantes sollicitations (les officieux ne pouvaient man-


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quer à une telle quémandeuse) lui firent obtenir du Régent, en 1716, une rente de 2.000 livres.

On voit, par toutes ces attentions, que la bénéficiaire était bien considérée à la cour. Saint-Simon le constate : « La Raisin, fameuse comédienne, et fort belle, fut la seule de celles-là qui dura et qui figura dans son obscurité. On la ménageoit, et le maréchal de Noailles (124), à son âge et avec sa dévotion, n'étoit pas honteux de l'aller voir et de lui fournir, à Fontainebleau, de sa table, tout ce qu'il y avoit de meilleur. Il (le Dauphin) n'eut d'enfants de toutes ces sortes de créatures qu'une seule fille de celle-ci... (125) ». Mes Informateurs se contrarient un peu. Nous reviendrons sur ce dernier point, qui éveille, je le comprends, votre curiosité. Achevons d'abord la biographie de notre héroïne. Ce ne sera pas long.

Retirée de la cour et du théâtre à peu près en même temps, semble-t-il, elle vécut obscurément et seuls de rares documents là signalent encore à l'attention.

Déjà, le 9 avril 1697, demeurant rue des Fossés-de-Monsieur-le-Prince, elle avait tenu sur les fonts la fille de l'orfèvre Mignot (paroisse Saint-Barthélemy) ; le 31 août 1701, elle fut marraine d'un enfant de Pierre Le Noir de La Thorillière, qui avait repris une partie des rôles de son mari (paroisse Saint-Sulpice) (126).

Bien que ses ressources ne dussent pas être considérables, surtout après la suppression de sa pension, elle ne laissa pas que de faire quelque bien. Le Mercure de France nous l'apprendra à l'occasion de sa mort ; en voici des témoignages certains. Le 17 juillet 1702, demeurant rue NeuveSaint-Honoré, paroisse Saint-Roch, elle fait donation à un sieur Girard, pour lui aider à apprendre un métier et à s'établir ensuite, d'un capital de 2,000 livres payable par portions, dans des conditions définies et productif d'intérêt.(127).

En 1714, elle habitait rue d'Anjou (avec son gendre) et possédait deux maisons réunies à Chaillot (128).

Ayant rejoint en 1718 où 1719 sa soeur aînée, Mme Durieu (129), à Falaise, elle donne, le 12 mars 1720, à Denise Dubois, fille majeure, demeurant rue Saint-Honoré, à Paris, 300 livres de rente viagère en récompense de ses Services (130) ; elle habitait aussi la terre de La Davoiserie, près de Falaise (131), et c'est là qu'elle serait morte des suites d'un accident de voiture, le 30 septembre 1721,


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Le Mercure de France en informe ses lecteurs dans le numéro d'octobre :

« On écrit de Falaise, en basse Normandie, que Mlle Raisin y étoit morte le 30 septembre dernier, dans la soixantième année de son âge, extrêmement regrettée, surtout des pauvres, qu'elle assistoit en toute occasion ».

On n'a pas conservé son acte de décès, alors que celui de sa soeur existe dans un registre de la paroisse Sainte-Trinité de Falaise, à la date du 7 janvier 1737 (132).

Noury (133) attribue à Mme Raisin cadet, la paternité d'une petite pièce ou farce jouée par les comédiens en 1687, Le Voleur, ou Titipapouf, qui n'eut aucun succès d'ailleurs. Selon Georges Monval, c'est à la mère de notre héroïne. Charlotte-Anne Legrand, épouse de Henri Pitel de Longchamps, et comédienne comme lui, qu'il faut la restituer. « Mademoiselle de Longchamps » désignait, dans le langage du temps, « Madame de Longchamps ».

Le Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale conserve un portrait en pied (301 X 201) de Françoise Pitel, en habits de fée, gravé d'après on ne sait qui, par Bouvard ou Mariette, à la fin du XVIIe siècle, et édité « à Paris, chez Bercy, rue Saint-Jacques, à la Princesse de Savoie ». Il justifie les éloges donnés à la beauté de l'héroïne et l'attachement du Dauphin. Il est reproduit en tête de cette notice.

Ce portrait a inspiré celui qui, gravé à l'eau-forte par Ad. Lalauze, précède l'article de Françoise Raisin dans Acteurs et Actrices du temps passé, par Ch. Gueullette.

On possède aussi l'original des armes parlantes qui furent attribuées, en 1696-1697, à « Françoise Pitel veuve de Jean Raisin, officier du Roy » : d'argent à une pie de sable posée sur une terrasse de sinople, et un chef d'azur chargé de deux étoiles d'or » (134).

Madame Raisin cadet aurait donc eu huit enfants dont Jal a constaté la naissance à Paris, sans pouvoir dire s'il et était venu au monde pendant ses courses en province. Avec celui dont le Dauphin la gratifia, cela fait neuf bien comptés. C'est beaucoup pour une femme constamment, tenue de paraître. On se demande même comment celle-ci pouvait allier ses obligations professionnelles avec les servitudes et les devoirs de la maternité. On se demande aussi com-


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ment les uns et les autres avaient pu laisser sa beauté intacte au point; que l'héritier du trône de France s'en éprenne tardivement. Il y a des grâces d'état...

De ces huit enfants, on ne connaît véritablement que deux ; l'identification de deux autres est douteuse. Toujours la même constatation : nos pères avaient de nombreux rejetons, mais ils n'en conservaient guère.

a) Le premier est une fille, Anne-Louise, baptisée à Chantilly (Saint-Léonard), le 12 novembre 1680. Elle fut tenue sur les fonts baptismaux par Louis de Bourbon, prince de Condé, représenté par Bernard Lenet, abbé de La Victoire près Senlis, et par Anne de Bavière, duchesse d'Enghien, représentée par Hélène du Hallot (135), dame d'Adonville. Les frais du baptême « de l'enfant du sieur Molière (le petit Molière, comme on appelait J.-B. Raisin), furent payés par l'intendant du château ; ils montaient à 56 livres (136).

Anne-Louise Raisin paraît être morte jeune (137).

b) Le 21 août 1683, naquit Jacques-François, qui eut pour parrain son oncle, Jacques Raisin l'aîné, « officier (lisez : comédien) de Monseigneur le Prince de Condé ».

c) Jean-Baptiste, présenté au baptême, le 8 juin 1686, par Campistron, commensal de la maison paternelle.

On ne sait ce que sont devenus ces deux garçons ; mais on peut rapprocher de leurs noms l'information donnée par les frères Parfaict, au tome XIV, p. 538 de l'Histoire du Théâtre français, que la pension de 2.000 livres accordée par le Régent à la Raisin, « après sa mort fut donnée à ses deux fils par égale portion ». Le mot « deux fils » est-il mis là, par erreur, pour les « filles » bien connues, ou faut-il y voir, au contraire, une indication de l'existence de garçons parvenus à l'âge adulte et demeurés dans l'ombre ?

d) Charlotte, née le 6 février 1692, le huitième des enfants nés à Paris. Elle épousa Gérard Michel de La Jonchère, fils de Jacques Michel, élu en l'élection de Paris, et d'Elisabeth de La Rue, fille de Gérard de La Rue, bourgeois de Paris. Son époux, qui avait été reçu trésorier de l'extraordinaire des guerres le 12 novembre 1711, accrut rapidement sa fortune et sous la Régence était l'un des financiers les plus en vue de Paris. Il possédait la terre de La Jonchère, entre Rueil et Bougival (138). Après avoir demeuré


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rue d'Anjou, au Marais, il acquit en 1717 un hôtel situé dans la rue Saint-Honoré, près de l'église Saint-Roch (139).

« Jolie, menant un train de vie insolent, Charlotte Raisin passait pour être la maîtresse de Claude Le Blanc, ministre de la guerre (140) ».

Le 13 août 1714, sa mère lui abandonna divers immeubles en avancement d'hoirie, à charge de lui servir une rente de 900 livres pour lui tenir lieu de l'usufruit de la somme de 18.000 livres à laquelle sont estimés ces immeubles, consistant en une grande maison, jardin et dépendances, situés à Chaillot, dans la grande rue, près de l'église, « avec tous les orangers, fleurs, grenadiers, roziers, figuiers, caisses, pots de fayance, arosoirs, bains et autres choses », le tout acquis par la donatrice, le 15 septembre 1698, de Nicolas-René Quarante, bourgeois de Paris (Barbare, notaire), et par sentence de décret volontaire aux requêtes du Palais, du 14 octobre 1701 ; plus une autre maison, jardin et dépendances, situés à Chaillot et présentement réunis à l'immeuble précédent, etc. (141).

M. de La Jonchère fut interné à la Bastille, le 26 mai 1723, sous l'inculpation de malversations dans le maniement de sa caisse et dans l'ordre militaire de Saint-Denis ; il en sortit en juillet 1725, à peu près blanchi, et mourut vers 1750.

Sa veuve, en 1756, vendit une terre qu'elle possédait à La Malmaison (142).

Son portrait avait été fait par Rigaud, en 1701 et en 1719, sans compter diverses répliques de 1701, 1721, 1723 (143). De ces cinq toiles, aucune ne m'a été signalée aujourd'hui.

e) Une autre fille, Marie-Anne, la seule dont l'existence soit attribuée sans conteste au Dauphin, qui l'avouait, naquit le 21 décembre 1695 dans un village de la forêt de Meudon, Fleury, dont on lui donna le nom. Son acte de baptême fut établi le 23 décembre, à la paroisse Saint-Paul de Paris.

La princesse palatine en parle dans, sa lettre du 9 mai 1711 à la duchesse de Hanovre (144) :

« Le Dauphin a laissé une fille naturelle qu'il n'a pas reconnue. C'est à présent une personne de dix-sept à dixhuit ans, belle comme un ange, de visage et de corps ; elle est au désespoir. Il la fait appeler Mlle de Fleury, d'un village de ce nom qui se trouve dans le parc de Meudon. Dieu sait ce que deviendra cette enfant ! ».


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Nous le savons aussi, grâce à l'attention qu'y portèrent des contemporains. Après une première tentative de mariage qui échoua, Mlle de Fleury épousa, le 15 juin 1715, par les soins de la princesse de Conti, amie et confidente de son père, Antoine Erard d'Avaugour, seigneur du Bois et de La Motte-de-Thouaré (Seine-Inférieure ?), dit le marquis d'Avaugour, et mourut à Tours l'année suivante, en août 1716, sans enfants.

Déjà Saint-Simon nota en parlant du Dauphin : « Il n'eut d'enfants dé toutes ces sortes de créatures qu'une seule fille de celle-ci (la Raisin), médiocrement entretenue, à Chaillot, chez les Augustines ou Bénédictines (145). Cette fille fut mariée, depuis sa mort, par Mme la princesse de Conti, qui en prit soin, à un gentilhomme qui la perdit bientôt après (146) ».

Une série de correspondances va nous faire connaître les questions qui se posèrent au sujet de la jeune fille. Leur texte parlera mieux qu'une analyse.

Madame de Maintenon à Madame la Princesse des Ursins

Versailles, le 1er décembre 1714.

« Je n'ai point encore de vos lettres, mais en attendant, madame, je puis vous informer de ce qu'est Mlle de Fleury (1). Vous serez peut-être assez surprise de savoir qu'elle est soeur du roi d'Espagne. C'est une fille de feu Monseigneur et d'une comédienne que vous pouvez avoir vue, qui s'appelait Mlle Raisin, très jolie et très aimable (2). Monseigneur chargea Mme la princesse de Conti de cette enfant, en la priant d'ordonner à quelqu'une de ses femmes de la faire élever. Elle a toujours demeuré dans un couvent, et les religieuses ne lui ont pas laissé ignorer qui elle est, ce qui ne lui a pas donné de vocation. Elle s'ennuie fort, et veut se marier. Elle est blanche et blonde, bien faite, et ressemblante à Monseigneur. Je crois qu'elle a bien présentement dix-sept ou dix-huit ans : je ne savois point qu'elle s'appela Mlle de Fleury, et ne comprenois rien à la lettre dont vous m'avez envoyé la copie. M. le Maréchal

« (1) Il était question d'un mariage entre Mlle de Fleury et le marquis de Laval, qui sollicitait à cette occasion quelque grâce du roi d'Espagne. »

« (2) Mlle Raisin était une comédienne de l'hôtel de Bourgogne, célèbre par son talent et sa beauté. Sa liaison avec Monseigneur fut très publique. »


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de Villeroy m'éclaircit, et aussitôt je donnai cette lettre au Roi, afin qu'il vit avec Mme la princesse de Conti ce qu'il y aurait à faire. Cette princesse en fut fort surprise, car elle ne sait rien de tout ce qu'elle contient, et il faut que M. le marquis de Laval se soit un peu trop avancé. Voilà, madame, l'éclaircissement de ce que S. M. C. a voulu savoir. Il seroit à souhaiter que cette aventure ne fût pas aussi publique qu'elle est ; mais, après tout, cette pauvre fille n'est rien, puisque Monseigneur ne l'a jamais reconnue. Mme la princesse de Conti presse souvent le Roi de la marier ; il consent qu'on lui cherche un mari dans le fond de quelque province éloignée : les temps sont si mauvais qu'il ne croit pas devoir donner un mariage bien considérable... » (147).

Madame des Ursins à Madame de Maintenon (148)

14 décembre 1714.

« Je ne suis pas surprise, madame, que vous me fassiez l'honneur de me mander que mademoiselle Fleury a celui d'être Soeur du roi d'Espagne, mais je le suis que vous ignorassiez, au milieu de la cour, que feu monseigneur la regardait comme sa fille... J'ai ouï-dire, madame, qu'elle est fort bien faite et très ressemblante ».

Madame de Maintenon à Madame des Ursins (149)

31 décembre 1714. « Je savais bien, madame, qu'il y avait une petite fille de Monseigneur ; mais il n'en parlait jamais, et ne l'aurait pas reconnue tant que le roi aurait vécu, dans la crainte de lui déplaire, car rien n'était égal à son respect et, à son amitié. On dit qu'elle est bien faite, éclatante par de belles couleurs, mais pas de beauté. Je n'ai rien ouï-dire de son mérite ».

Madame de Maintenon à Madame des Ursins (150)

5 mai 1715. « Il est vrai que mademoiselle de Fleury épousé M... ; il se contente de certains billets de cinquante mille écus, dont M. Desmaretz (151) croit qu'on aurait tiré peu de chose... ».

. Puis Dangeau précisera de menus détails (152) :

Dimanche 26 mai 1715, à Marly. « Madame la princesse de Conty, qui conserve un grand attachement pour la mémoire de monseigneur le Dauphin,


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fils du roi, songe à marier une fille qu'il a eue de la Raisin, fameuse comédienne. On appelle cette fille mademoiselle, de Fleury ; Monseigneur savoit bien qu'elle étoit sa fille, mais il ne l'avoit point voulu reconnoître publiquement. Madame la princesse de Conty lui fait avoir 200.000 livres par une affaire qu'elle à faite ».

Mercredi 29 mai 1715, à Marly. « L'homme à qui Madame la princesse de Conty marie mademoiselle de Fleury est M. Dubois d'Avaucourt (sic), qui a l'honneur d'être parent de cette princesse! ; il a été officier dans la gendarmerie, mais il n'est plus dans le service. Ce mariage se fera à la campagne ».

Jeudi 6 juin 1715, à Versailles. « La noce de Mademoiselle de Fleury se fera dans huit jours à la campagne ; le roi en a signé les articles, mais en particulier, et peu de gens le savent ».

Lundi 31 août 1716, à Paris. « Madame d'Avaucourt, fille de la Raisin, et qu'on soupçonnoit fille d'un très-grand seigneur qui ne l'avoit pas reconnue, est tombée malade auprès de Tours, et de la petite vérole ; elle y est morte (153). Elle étoit grosse de sept à huit mois ; on l'a ouverte aussitôt après sa mort, et son enfant a eu baptême ».

Une notice généalogique provenant du Cabinet d'Hozier (154) condense en y ajoutant des détails et des précisions ce qui vient d'être dit sur Mlle de Fleury, laquelle, à ce qu'on y voit, changea deux fois de nom le jour de son mariage.

« Anne Erard d'Avaugour, seigneur de (en blanc) m(aître) de camp de cavalerie, fut marié le 13 juillet 1715 au lieu du Pin près de l'abbaye de Chelles (Seine-et-Marne, canton de Claye-Souilly, arrondissement de Meaux), par l'archevêque de Toulouze (René-François de Beauvau), avec MarieAnne de Bonbour, nom retourné de Bourbon, fille naturelle et non reconnue de Mr Louis Dauphin de France fils de Louis XIV, et de Françoise Telpi, nom retourné de Pitel, veuve du comédien Jean Raisin et elle aussi comédienne. Le Roi lui fit donner 200.000 l. en mariage, Mme la Princesse de Conty, 1er douairière, qui avoit toujours eu soin d'elle, luy fit, présent de la somme de 60.000 1. en hardes, nippes et pierreries, et le s. Michel s. de La Jonchère, trésorier de


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l'extraordinaire des guerres, gendre de la Raisin, luy donna un diamant de 1.000 pistoles. Cette jeune personne profita peu de toute cette fortune et elle mourut de la petite vérole le (en blanc) aoust 1716 sans laisser d'enfant. Elle étoit née le 21 et baptisée à St Paul à Paris le 23 décembre 1695 ».

Hyacinthe Rigaud fit le portrait de Mme d'Avaugour à l'occasion de son mariage, et une réplique en 1717 (155). Où sont ces deux toiles ?

Les deux filles de « la Raisin » se marièrent donc fort bien ; et si l'une d'elles, tout au moins, ne fit pas l'édification de son entourage, il faut le lui pardonner : elle avait tant de circonstances atténuantes à invoquer !

Leur tante Elisabeth Raisin — la Babet de l'épinette — fournit une moins longue et moins brillante carrière. Née à Chaource (Aube) le 21 septembre 1651, comédienne dans la troupe du Dauphin et fixée à Rouen, le 12 novembre 1674 elle y fut marraine d'un enfant de son camarade Du Périer ; elle mourut à Orléans, le 7 janvier 1676, âgée par conséquent de vingt-cinq ans, après avoir renoncé à sa profession, condition alors nécessaire pour recevoir les secours spirituels de l'Eglise ; elle fut enterrée dans cette ville, paroisse Saint-Pierre-l'Ensentellée, le 8 janvier, en présence de sa mère et de quelques autres personnes.

Le 28 janvier, un service fut célébré, à son intention, en l'église Saint-Eloi de Rouen. Deux hommes signèrent l'acte sur le registre de la paroisse : Jean Raisin, son frère, et un certain Charles Longueil (ou de Longueil), originaire de Conflans, qui la suivit dans la tombe trois semaines après, le 17 février, à l'âge de 37 ans (156).

L'imagination aidant, ne pourrait-on pas voir dans ce personnage falot un amoureux sincère de la pauvre Babet, qui n'aura pu supporter sa mort et se sera éteint loin d'elle, tué par le chagrin ? Cela arrive...

Je m'excuse, Mesdames et Messieurs, Mesdames surtout, de finir cette lecture sur une image aussi triste ; mais je ne regrette pas qu'elle soit venue s'y placer ; elle jette quelque poésie sur la sécheresse d'un récit que je vous remercie d'avoir écouté avec patience ; elle nous rappelle que les comédiens, qui s'usent à traduire en accents et en gestes la pensée d'autrui, qui expriment tour à tour toutes les idées, tous les sentiments, toutes les passions humaines, nous

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révélant parfois des replis ignorés de notre personnalité intérieure, ont une âme et un coeur, eux aussi, et que derrière le visage et le langage factices de la scène, ils ont leurs idylles, leurs comédies et leurs drames.

Et que de vide sous leurs bruyants succès, voire leurs triomphes si superficiels, si peu durables !

Enfants mal partagés de la famille artistique, rien ne reste après eux de leur talent, de leur génie, que le fragile témoignage des contemporains. Et pour un Talma qui suivra désormais Napoléon dans l'Histoire, pour une Malibran qui vivra dans la mémoire des hommes autant que les vers de Musset, c'est-à-dire autant que la poésie elle-même ; pour un Raisin, pour une grappe de Raisins qui ! devront à une heureuse rencontre avec le Roi-Soleil de survivre à leur renommée, combien d'acteurs jadis admirés; applaudis, fêtés jusqu'à l'idolâtrie, se sont tus, laissant à peine, étouffé entre les pages de quelques livres, un nom avec des qualificatifs impuissants à ressusciter le moindre jécho de leur voix !

C'est aussi, d'ailleurs, le sort des chanteurs et des musiciens...

Mais ce mot me rappelle que j'avais été seulement chargé, par mes collègues, de faire une manière de préface à l'exécution de deux pièces de clavecin écrites par Nicolas Siret. Et voilà que je m'éternise... Je cède la place, en m'excusant d'avoir si longtemps retardé votre plaisir.

1er décembre 1925.


LES SIRET ET LES RAISIN 179

NOTES

(1) On y a ajouté, pour l'impression, des documents et des notes qui n'avaient pas pu prendre place dans un texte destiné à être lu.

(2) Voy. mon étude sur Les Associations coopératives de Joueurs d'instruments à Troyes, au XVIIe siècle (Mém. Soc. Acad. de l'Aube, 1895).

(3) Jean Siret fit baptiser en l'église Saint-Jean : Nicolas, le 6 décembre 1553 ; Sébastien, le 1.3 mars 1555 (n. st.).

(4) Aroh. mun., F 237, fol. 66 r°.

(5) Pierre Ier Siret, certainement le même que l'époux de « Jehannette Michel, femme de Pierre Syret lesnel », qui fut marraine à Saint-Jean le 27 janvier 1609, aurait eu pour enfants : Pierre II le jeune, Nicolas, puis Anne, baptisée à Saint-Jean le 27 février 1582, et Françoise le 20 Septembre 1592.

(6) Bibl. nat., Cab. des Manuscrits, Répertoire alphabétique de M. le Comte de Laborde.

(7) Ibid.

(8) Min. Huot, étude Gillet.

(9) L'épinette, sorte de clavecin, est l'ancêtre du piano (Larousse).

. (10) Arch. dép., G 1293; fol. 102 r° : « Nicolas Syret, enfant de choeur, sera mis au collège incontinent apprès la feste prochaine de Saint Pierre, et est ordonné au maistre de trouuer ung enfant qui ayt la voix bonne et propre pour estre mis en la place dud. Syret ». 26 juin 1602.

(11) Arch. dép., G 1295, fol. 148 r° , 217 v°, 218 r°. — J'ai été mis sur la piste de ceci par l'Histoire de la Maîtrise de la Cathédrale, de M. le chanoine Prévost (Mém. Soc. Acad. de l'Aube, 1905). Tous ces renseignements concerneraient-ils un seul individu ? Né vers 1680, il aurait été mis au collège en 1602, à 22 ans (c'est bien tard) ; maître des enfants de choeur en 1619, renvoyé en 1620, organiste à Meaux en 1635, père à Paris en 1638 ; devenu veuf et entré dans les' ordres à près de 60 ans (c'est bien tard aussi). Il faut laisser la question en suspens. ..

(12); L'historien n'aura pas les scrupules du conférencier. Voici les Siret dont je n'ai pas voulu encombrer ma lecture. Leurs noms pourront servir.

Pierre II Siret le jeune, sans doute fils de Pierre 1er, époux de Claude ou Claudée Caillot. Il en eut : Nicole, baptisée le 27 janvier 1609, à Saint-Jean ; Jean, le 8 mars 1616, à Saint-Jean ; Nicole encore, le 4 mai 1618, à Sainte-Madeleine.

Etienne Siret, époux de Jeanne Colin, qui lui donna Louise, baptisée le 11 décembre 1628 à Saint-Jean ; puis de Jeanne Fleuriot, dont il eut : Edme le 9 janvier 1630, Etienne le 16 juin 1631, Catherine le 10 décembre 1633, tous à Saint-Jean ; Marguerite le 11 février 1635, à Saint-Nizier ; Jeanne le 25 mars 1638, à Saint-Jean.

Une Jeanne Siret, femme de Jean Sautu ou Santu (?), fut marraine chez Mille Siret en 1636.


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Une Marie-Anne, de la paroisse Saint-Remi, mourut à 2 ans le 18 septembre 1709, à l'hôpital.

Un Edme Siret, de la paroisse Saint-Jacques, mourut à l'hôpital, âgé de 19 ans, le 26 janvier 1710 ; un Nicolas Siret, 48 ans, de la même paroisse (son père peut-être ?), le 12 février, ainsi qu'une Anne Siret, native de Chamoy (Aube), femme de Laurent Tavad (?), le 19 mars 1750. Il y avait d'ailleurs, aux XVII° et XVIIIe siècles, une autre lignée de Siret, compagnons tisserands et drapiers', tout à fait étrangers aux nôtres.

(13) A. Prévost, Instruments de musique usités dans nos églises depuis le treizième siècle (Mém. Soc. Acad. 1904, p. 104) ; Arch. dép., G 2571, 1.

(14) Ibid., p. 126, d'après Arch. dép., 19 G 63, fol. 10.

(15) 13 décembre 1633. Marché passé entre le chapitre de la cathédrale et Milles Syret, maître organiste à Troyes, pour la desserte et l'entretien des orgues. (Arch. dép., G 4394, pièce 5). M. A. Prévost (ibid., p. 54), qui n'avait pas vu cet acte, le dit du 9 décembre, date de la délibération qui en autorise la passation (Arch. dép., G 1298, fol. 76 r°) ; de plus, il en nomme le bénéficiaire « Mile Siret, dit Raisin », confondant, à la suite de tant d'autres, deux individus absolument distincts. Mille Siret devint le grand-père d'un Raisin auquel on a donné le nom de Siret, mais cela ne se savait pas en 1633.

Mille Siret enseignait le plain-chant aux enfants de choeur et était assez habile pour refaire, en 1634, le manucordion qui lui servait à accompagner ses élèves (Arch. dép., G 3902 et 3903, 1.).

(16) Nicolle, baptisée le 2 mai 1628 ; Marguerite, le 4 novembre 1630 ; Louis, le 16 avril 1632; Marie, le 8 septembre 1633; Jeanne, le 20 octobre 1636 ; Elisabeth, le 13 janvier 1639 ; Jeanne, le 7 mai 1640; Nicolas, le 20 novembre 1643; Mille, le 27 décembre 1644 ; Madeleine, le 13 février 1649, tous à Saint-Jean.

(17) La Coutume de Troyes autorisait le mariage des garçons à 14 ans, celui des filles à 12 ; la loi du 20 septembre 1792 le recule à 15 et 13 ans, et l'article 144 du Code civil à 18 et 15 ans, encore bien trop tôt pour notre race.

(18) Inhumation à Saint-Jean, le 15 octobre.

(19) Arch. dép., G 1302, fol. 92 r° ; signalé par M. A. Prévost, op. cit.

(20) Arch. dép., G 1302, fol. 162 r°.

(21) Arch. dép., G 1302, fol. 280 r°

(22) Arch. dép., G 1302, fol. 311 v°, 332 r° ; G 1303, fol. 564 v°.

(23) Arch. dép., 15 G 240, fol. 31 r° ; 258, fol. 31 r° ; 281, fol. 9 r° ; 299, fol. 12 v° ; 306, fol. 11 v°.

(24) Arch. dép., G 306, fol. 11 v°.

(25) Arch. mun., I 19.

(26) Min. Cligny, et. Fournier, liasses 249 et 283.

(27) 1° Marie, le 21 septembre 1656 (Saint-Jean). Sans doute morte en bas âge ;

2° Marie, le 14 septembre 1657 (Saint-Jean). C'est elle, vraisemblablement, qui touchait parfois de l'orgue en place de son père et qui épousa, le 8 février 1695, à Saint-Jean, après contrat du 6 février (Min. Bourgeois, notaire), Pierre Vynot, marchand épicier. Elle apportait 200 livres tant en argent qu'en argenterie « qu'elle a gagnée avec son industrie ». Devenue veuve, elle se remaria le 7 février 1701, à Saint-Nizier, avec Jean-Baptiste Henry, mourut à l'âge de 66 ans ou environ et fut inhumée le 2 juillet 1721 (Saint-Jean) ;


LES SIRET ET LES RAISIN 181

3° Jean, le 13 août 1660 (Saint-Jean) ; 4° Catherine, le 16 décembre 1661 (Saint-Jean) ; 5° Nicolas, le 16 mars 1663 (Saint-Etienne). Il en va être parlé ; 6° Louis, le 25 juillet 1664 (Saint-Jean) ; 7° Catherine, le 22 septembre 1665 (Saint-Jean).

De ces deux Catherine, l'une, dite alors Catherine-Cécile, fut inhumée le 8 mai 1683, l'autre le 9 juillet 1698 (Saint-Remi) ;

8° Berthelemine, le 17 mai 1667 (Saint-Jean). Elle fut inhumée à 14 ans, 'le 20 octobre 1680 (Saint-Remi) ;

9° Enfin, François, le 6 mai 1669 (Saint-Jean). Celui-ci devint marchand épicier, bourgeois de Troyes et marguillier à verges de la cathédrale (1717). Il épousa en l'église Sainte-Madeleine, le 16 juillet 1713, une demoiselle Jeanne Bertrand, après contrat de mariage passé la veille devant Moreau l'aîné (étude Fournier),. Il mourut le 7 avril 1728, employé dans la marque des fers a Chaumont (Saint-JeanBaptiste). Sa femme était morte à Troyes, le 19 avril 1719 (St-Pierre). De leur mariage naquirent cinq enfants dont deux seulement paraissent avoir vécu longtemps : 1° Marie-Jeanne-Cécile, le 6 septembre 1714 (Saint-Nizier). Elle épousa, le 22 novembre 1735, à Sainte-Madeleine, J.-B. Terrillon, marchand, fils d'un officier de la Monnaie de Troyes, et mourut veuve le 22 mars 1788 (Saint-Jean), prénommée Marie-Françoise-Cécile ; ce fut la dernière représentante à Troyes de la famille ; 2° Nicolas Siret, né le 15 décembre 1715 (Saint-Nizier). Marié le 27 septembre 1745, à Nogent-sur-Seine, avec Edmée Gaillard, fille de feu Etienne Gaillard, marchand dans cette ville, où lui-même s'établit, sans doute comme successeur de ses beaux-parents, en même temps qu'il était organiste de la paroisse. Il eut trois enfants : une fille Marie-Nicolle, le 27 octobre 1747, encore vivante ainsi que sa mère en 1768 ; un fils Remy-Cézard-Nicolas. le 26 février 1749, employé au bureau des aides de 1761 à 1765 environ, puis chez Me Bioche, notaire à Paris, en 1768 ; une seconde fille Anne-Marie-Victoire, le 24 août 1751, et qui ne vivait plus en 1765.

On conserve aux Archives de l'Aube (1 E, Siret) les minutes de lettres que Nicolas Siret adressa, de 1764 à 1768, à un M. du Tilloy, d'abord au château de Là Chapelle, puis « en sa maison à SaintCloud proche Paris » ; il y expose l'état de sa famille, dit qu'il croit être son plus proche parent par alliance et insinue qu'il escompte le bénéfice de cette parenté. Par la suite, il apprit que M. du Tilloy avait deux neveux : M. Gayot, et M. Debelombre, fils de M. Gayot, commissaire ordinaire des guerres à Strasbourg, où ils demeuraient aussi tous deux. Qu'à cela ne tienne, Siret adapte ses désirs à la nouvelle situation : Gayot le neveu ayant été nommé chef de bureau général de la guerre, et son fils le remplaçant dans son premier poste, Siret se réclame de tout le monde. Il déclare avoir abandonné le commerce, « ne pouvant s'y soutenir dans un si petit pays qu'est Nogent », et demande à être employé, avec son fils, « dans ce que vous jugerez à propos ». « Votre neveu peut tout pour nous », dit-il ailleurs. Sans doute ne voulut-il pas et le signifia-t-il à son correspondant, car c'est la dernière lettre du dossier, 30 décembre 1768, et le quémandeur mourut toujours organiste à Nogent, le 27 septembre 1780.

(28) Min. Moreau.

(29) Min. Cligny, et. Fournier, liasse 311.


182 LES SIRET ET LES RAISIN

(30) Les deux soeurs demeuraient « au-devant de la Belle-Croix » (place de l'Hôtel-de-Ville), paroisse Saint-Rémi.

(31) Née à Troyes, le 20 avril 1687 (Saint-Remi), elle était fille de Julien Bidelet huissier à cheval au Châtelet de Paris, d'une famille troyenne.

(32) 1° Marie-Cécile, le 16 février 1719 (Sainte-Madeleine); devenue sans doute l'épouse d'Etienne Gruyer, marchand, qui fut inhumée sur Saint-Jean le 18 décembre 1765, à 45 ans ; 2° Marie-Thérèse, inhumée le 24 mai 1722 (Sainte-Madeleine) ; 3° Marie-MadeleineCécile, le 20 novembre 1723 (ibid.).

(33) A. Prévost, Instruments, pp. 98 et 113.

(34) François II Couperin (1668-1733)..

(35) En voir la description ci-après, Appendice Ier.

(36) Emile Socard, Biographie des personnages de l'Aube.

Cette confusion remonte au moins au Dictionnaire, portatif des Théâtres, par de Léris, paru en 1763 : « Raisin (Jean-Baptiste Sirét) », elle fut rééditée par Edouard-Thomas Simon, dans le Journal de Troues du 1er mars 1786 : Anecdotes sur Jean-Baptiste Raisin, dont la famille étoit connue à Troyes, où il étoit né vers le milieu du siècle dernier, sous le nom de Siret... ; Lemazuriér l'adopta en 1810 dans sa Galerie des Acteurs : « Raisin le cadet (Jean-Baptiste Siret » ; Amédée Aufauvre dans : L'Organiste Jean Raisin, publié par le journal L'Aube le 20-21 janvier 1857, et tiré à part, la répète : « Sur la décoration d'avant-scène du théâtre de Troyes se trouvent écrits deux noms, celui de Jean-Baptiste Raisin et celui de Pierre Larriyey... Jean-Baptiste . Raisin se nommait réellement, de son nom de famille, Siret... » ; et Socard l'a consacrée pour toujours.

(37) Min. Levesque, étude Huez.

(38) En l'année 1600, il faisait partie de la 2° dizaine du quartier de Comporté (Arch. mun., F 276, fol. 88 v°).

(39) Bail du 12 septembre 1647. Min. Levesque, et. Huez.

(40) Min. Cligny, et. Fournier, 1. 245. — Voir Arch. dép., 22 H 56, fol. 198 r°. '

(41) Mémoires particuliers pour servir à l'histoire de l'Eglise de l'Amérique du Nord ; Paris, 1853, t. 1er, p. 118.

(42) Min. Cligny, et. Fournier, 1. 247.

(43) Le 17 avril 1620 (Saint-Jean), morte à Villemarie le 12 janvier 1700.

(44) Avec elle partirent de Troyes Anne Châtel, fille d'un notaire apostolique, et Catherine Grolo.

(45) Mémoires particuliers, t. Ier, pp. 115 à 124 ; voir aussi p. 199, Annales de Soeur Morin.

(46) Ibid., p. 339. Sur le rôle de nos compatriotes à ces commencements du Canada, on peut voir encore, sans, d'ailleurs y trouver du nouveau : La Vénérable Mère Marguerite Bourgéoys, sa vie et son temps, par Margaret Mary Drummond, traduit de l'anglais par Joseph Bruneau ; Montréal-Paris, 1910, pp. 59-62.

(47) A son décès, le 2 septembre 1681 (Saint-Jean).

(48) Inhumé le 4 août 1726, à Saint-Jean, en présence des Directeurs des Hôpitaux.

(49) Min. Levesque, étude Huez.

(50) Min. Coulon, notaire à Troues.

(51) « J'ay payé à Monsieur Raisin organiste pour avoir joué de


LES SIRET ET LES RAISIN 183

l'orgue comme il appert par quittance la somme de trente livres ». (Arch. dép., 19 G 62, fol. 24 r°).

(52) Chef-lieu de canton, arrond. de Bar-sur-Seine.

(53) Le compte de la fabrique pour 1653-1654 porte « M. Raisin » comme ayant reçu 25 livres pour deux quartiers ou trimestres (le 4° de 1653 et le 2e de 1654) ; il avait donc 50 livret par an et non 12 1. 10 s. (A. Prévost, op. cit., p. 137). Voir Arch. dép., 108 G 6, fol. 174 v° et 175 v°. C'est la seule année où il figure, et il n'eut de successeur qu'en 1668.

(54) Son acte de mariage le fait naître à Troyes, mais j'y ai cherché en vain son baptême.

(55) Cinq lignes consacrées à « la Raisin » dans les Mémoires sur les Troyens célèbres et trois dans le Farrago, p. 5 (Bibl. de Troyes, ms 2904).

(56) La Vie de M. de Molière (par Le Gallois sieur de Grimarest) .; à Paris, chez Jacques le Febvre, 1705, in-12, pp. 80-88. Rééditée avec Notice de A.-P. Malassis, par Isidore Liseux ; Paris, 1877, pp. 44-56.

(57) Voici d'autres désaccords sur cette mémorable séance.

Loret, qui écrivait au jour le jour, soit comme témoin, soit sur les récits d'assistants, parle de « deux petits corps » dans sa lettre du 9 avril 1661, et de « trois enfants » (deux garçons et une fille) dans celle du 11 mars 1662 ; les frères Parfaict, reproduisant en 1748 le texte de Grimarest datant de 1705, le corrigent en attribuant deux claviers à l'épinette au lieu de trois, et trois enfants seulement au lieu de quatre à l'organiste ; De Mouhy, édité en 1780, mentionne une épinette à trois claviers, tenue ouvertement par deux filles ; Simon, dans le Journal de Troyes, en 1786, dit qu'il y avait d'abord deux claviers à l'épinette au lieu de trois, après quoi l'un des claviers jouait tout seul, puis qu'en 1662 il y eut trois claviers parce qu'une fille de Raisin était alors en état de faire sa partie ; Amédée Aufauvre, en 1857, parle de trois claviers, l'un touché par Raisin père, le deuxième par Babet et le fils aîné, le troisième par personne...

Enfin, M. Léon Dumoustier dit que c'est le petit Baron, exploité par l'organiste Raisin, qui jouait dans l'épinette (Molière auteur et comédien, sa vie et ses oeuvres ; Paris; 1883, p. 197). Relevons cette erreur afin de ne pas l'accréditer par un silence dédaigneux.

Ces divergences n'empêchent pas de tenir l'anecdote pour vraie, mais il serait oiseux de s'attacher à en préciser les menus détails.

(58) J. Caboche-Demerville : Panthéon de la jeunesse. Vies des Enfans célèbres de tous les tems et de tous les pays, 1842, in-8° : Raisin et Babet, pp. 89-96. Trois figures de Cabasson montrent l'entrée de la baraque de Raisin ; l'exécution d'un morceau sur trois épinettes distinctes dont une sans exécutant visible ; la découverte du jeune Raisin par la reine-mère, Anne d'Autriche. C'est de cette narration qu'Aufauvre s'est inspiré ; il aurait pu mieux choisir.

(59) Celle-ci, lancée par un écrivain antérieur (?), avait été recueillie dès l'an VI dans la Vie des Enfans célèbres..., par A.-F.-J. Fréville (Paris, A.-J. Dugour et Durand, an VI ; 2 vol in-12, t. Ier, pp. 178-197, ch. X : Raisin et Babet). Ici, il est dit que Jean-Baptiste Raisin, fameux organiste, surchargé de famille, avait une femme coquette et peu économe, ce qui fut cause qu'il chercha à augmenter ses ressources par le moyen de l'épinette truquée, et que la reine (que l'auteur nomme plus loin Anne d'Autriche) fut effrayée par le bruit de la roue que Raisin remontait avant la séance, n'ayant pas eu l'idée de modi-


184 LES SIRET ET LES RAISIN

fier ce procédé grossier en vue du milieu délicat où l'on l'avait appelé.

Même thème, ou à peu près, dans Les Enfants célèbres..., par Michel Masson (Paris, Didier et Cie, 1867, 7e édition, in-8°, pp. 383-390 : La Famille Raisin). A la fin est une figure où l'on voit la reine-mère (que l'auteur nommé Marie-Anne d'Autriche!), Raisin père et le jeune J.-B. Raisin découvert dans l'épinette. Ces braves auteurs pour enfants leur apprenaient bien mal l'Histoire !

M. P. Jean-Noé n'a pas été plus heureux dans son article sur Les Petits Raisin, publié le 30 avril 1922 par L'Echo de Paris, avec gravure représentant une baraque de foire « A l'Epinette Mystérieuse ». Il y raconte que le petit Raisin fut découvert dans une épinette de trois pieds de long sur cinquante-deux pouces de large par « la reine Anne d'Autriche ». La pauvre Marie-Thérèse est décidément bien effacée derrière son impérieuse belle-mère !

Elles étaient là toutes les deux, selon Loret, en 1661.

(60) Marie, duchesse de Longueville, née à Paris le 5 mars 1625, mariée en 1667 à Henri de Savoie, duc de Nemours, morte à Paris le 16 juin 1707.

(61) On a suivi le texte de la réédition donnée par Ravenel, V. de La Palouze et Ch.-L. Livet (Paris, Daffis, 1857-1878).

(62) « Ordinaire de la musique du roi ».

(63) Dé Mouhy (Abrégé..., t. III, p. 22) dit « 1,684 », mais par suite d'une coquille, puisqu'il parle des relations de la veuve Raisin avec Molière, qui mourut en 1673.

(64) Histoire du Théâtre françois, 1646, t. IX, p. 295.

(65) Vie de Molière, p. 89-92.

(66) Peut-être l'un des Colot, les célèbres lithotomistes ; par exemple Jérôme Gollot, dont La Gravette de Mayolas, dans sa lettre du 18 avril 1666 à la duchesse de Nemours, et Charles Robinet dans celle du 17 avril à Madame, font un éloge enthousiaste pour son habileté dans la taille de la pierre (Les Continuateurs de Loret, t. Ier, col. 809, 819; t. II, col. 885).

(67) Michel Boyron dit Baron, né à Paris le 7 ou le 8 octobre 1653, mort dans la même ville le 22 décembre 1729, était fils de Michel Boyron, acteur, et de Mme Baron, actrice renommée, morte veuve le 5 ou le 6 septembre 1662.

(68) « Monseigneur le Dauphin ».

(69) « On n'entend point ce que veut dire ce vers ».

(70) « Le petit Baron ».

(71) G. Monval, dans ses notes manuscrites, mentionne, à la date du 23 veille de la Saint-Jean (24 juin) 1664, une « affaire exempt et procureur » ; je l'ai vainement cherchée dans Grimarest qu'il indique comme répondant.

Il cite également un vers de Loret : Sur un fauteuil assez mollet... qui devrait être le début de vers consacrés aux Raisin et que je n'ai pas retrouvés.

Georges Monval, ancien bibliothécaire de la Comédie française, à la demande de qui j'avais entrepris, en 1902, des recherches sur les Raisin, et dont les notes m'ont été depuis aimablement communiquées par son fils, M. Jean Monval, actuellement sous-bibliothécaire au même théâtre.

(72) Voir l'Appendice II.

(73) Sur l'emplacement de la Monnaie actuelle.


LES SIRET ET LES RAISIN 185

(74) Ch. Robinet, Lettres à Madame, réimprimées dans Les Continuateurs de Loret, t. Ier, col. 712.

(75) Leur place fut bientôt prise :

« Un célèbre Peintre de ce tems-là, nommé Bamboches, qui ne peignoit que de petites figures, et qui étoit fort à la mode, s'acquit une si grande réputation, qu'un Particulier s'avisa d'élever un Théâtre au Marais, et d'y faire jouer des enfans sous le nom de Bamboches. Cette nouveauté plut, et attira d'abord grand monde. Mais comme on se lassa aussitôt de ce Spectacle, qu'on y avoit couru, cette Troupe ne subsista que pendant quelques mois. (De Mouhy, Abrégé..., t. III, p. 28, à l'année 1673).

Selon Eugène Despoix (Le Théâtre français sous Louis XIV, pp. 8486), le théâtre des Bamboches, fondé en 1677, n'était qu'une troupe de marionnettes perfectionnées, dansant et chantant, et dont l'Opéra privilégié, jaloux de leur succès, obtint la suppression.

Le privilège en avait cependant été accordé par le roi, pour vingt ans, à Dominique de Mormandin, écuyer, sieur de La Grille, sous le nom de Troupe royale des Pygmées.

(76) Voir l'Appendice III.

(77) Le grand Condé avait connu, lorsqu'il gouvernait la Bourgogne, diverses troupes de comédiens, celle du Dauphin, entre autres, dirigée par les frères Raisin et par leur beau-frère de Villiers. Afin d'égayer sa retraite de Chantilly, où il s'était retiré en 1676, il fit appel à ces groupes et une fusion s'opéra entre leurs meilleurs éléments. La nouvelle troupe ainsi constituée fut placée sous la direction de Jacques Raisin, Pitel de Longchamps et Michel du Rieu ; elle débuta en septembre 1677, à Chantilly. N'ayant pu obtenir de monter un théâtre à Paris', mais seulement d'y jouer temporairement, les Comédiens de Monsieur le Prince donnaient des représentations dans les principales villes de Bourgogne quand leur protecteur ne les occupait pas chez lui. Enfin; ils se fixèrent à Rouen, d'où il était facile de les faire venir à Chantilly, où ils étaient bien traités. C'est là que J.-B. Raisin, quoique passé au service du roi, vint se marier aux frais du prince, lequel ensuite tint son premier enfant sur les fonts baptismaux, avec la duchesse d'Enghien, le 12 novembre 1680. (Gustave Maçon, conservateur du Musée Condé : Le Grand Condé et le Théâtre (1676-1686) ; Bull. du Bibliophile, 1898, pp. 565-573 ; 1899, pp. 9-21, 82-92).

(78) Notes de Georges Monval. — Chappuzeau (Le Théâtre françois, éd. 1674, liv. 3, p. 160) parle du séjour que fit à Lyon la troupe du Dauphin en novembre 1673. On connaît, de l'année 1674, une défense aux comédiens de la même ville de Lyon, du nombre desquels étaient Raisin et de Villiers, de jouer le Malade imaginaire, attendu qu'il n'étoit pas imprimé. (Parfaict, op. cit., t. XIII, p. 306).

(79) Lyonnet la dit née à Troyes en 1650 ; il se trompe de peu.

(80) Celui-ci, s'il est né en 1674, pourrait être le « sieur de Vilaire » que le prince de Soubise, gouverneur de Champagne, autorisa à jouer la comédie à Troyes, le 4 décembre 1698 (Arch. mun., AA, 60e carton, 2e liasse).

(81) Lyonnet, Dictionnaire des Comédiens français, t. II, pp. 708709, d'après Lemazurier, Galerie historique, t. Ier ; Georges Monval, Liste alphabétique des Sociétaires ; Jal, Dictionnaire critique.

(82) Georges Monval, Le Théâtre à Rouen au XVIIe siècle (Revue d'Art dramatique, 15 février 1893, pp. 205-215) ; Noury, Les Comédiens


186 LES SIRET ET LES RAISIN

à Rouen au XVIIe siècle ; Rouen, anc. impr. Lapierre, 1893 ; 41 p, in-8° (tiré à 40 exemplaires).

(83) A. Pougin, Supplément à la Biographie universelle des Comédiens, t. II, p. 392, d'après un Mémoire pour les Comédiens du Roy, contre Charles Dollet, Antoine Laplace, Alexandre Bertrand et autres, duquel il convient de rapprocher deux pièces concernant la même affaire sans doute : Plaise, à Nosseigneurs... pour Charles Dolet et Mémoire instructif pour... Charles Dolet, figurant au Catalogue des Factums de la Bibliothèque nationale, t. IV, p. 263.

(84) De Mouhy, Abrégé..., t. II, pp. 484-485.

(85) Et non pas à. Troyes:, le 8 mai 1654, comme dit Socard.

(86) Et non en 1685, selon Fétis. « M. de Hauteroche est sorty de la troupe, le 24 mars 1684, et a cédé sa part sçàvoir, demy à M. Raisin l'aisné (Jacques), et l'autre demy part à Mlle Raisin (la femme de Jean-Baptiste Raisin, Françoise Pitel), qui lui donnent par forme de desdomalgement 300 louis d'or ». (Jal, Dictionnaire, p. 1034, d'après le Journal de Lagrange.

(87) Et non en 1690, à cause de sa mauvaise santé, selon Quérard, Supercheries littéraires, 2e éd., t. III, p. 314.

(88) Et non pas en 1698 ou 1699, selon de Mouhy (op. cit., t. II, pp. 465 et 291), qui attribue son décès à une pleurésie.

(89) Note de Grandval le père, rapportée par G. Monval dans les siennes. — Ce dernier pensait que Jacques Raisin s'était d'abord retiré à Troyes, mais rien ne l'indique. Il s'expliquait sans doute par là sa disparition, que d'autres ont attribuée à une mort prématurée.

(90) G. Maçon, op. cit., p. 572.

(91) Bibl. nat., Armorial manuscrit de d'Hozier : Paris, t. II, p. 999, n° 80 de l'enregistrement, et Paris, t. II, p. 2135 des blasons armoriés.

(92) Lemazurier, op. cit., p. 515. (93). De Mouhy, op cit. '

(94) 1509. Ms. Le Niais de Sologne, Comédie en un acte, en prose, par Raisin l'aîné. In-4° sur papier, écriture du temps, non relié. Cette pièce, représentée par les comédiens du roi, en juin 1688 (sic), n'a rien de commun avec celle de Dorigny, portant le même titre, jouée sur le théâtre de la foire longtemps après-. (Bibl. dram. de M. de Soleinne, t. II, p. 38).

(95) Voici, à titre de curiosité, le titre très poussé que G. Monval a laissé dans ses papiers. Cela sent l'imminence de la mise sous presse, tous les détails y sont; et cependant cela doit n'être qu'un projet pour la réalisation duquel manquaient les principaux éléments : le texte de la pièce et le portrait de son auteur.,

Jacques Raisin. Le Niais de Sologne, comédie en un acte, en prose (1686) imprimé (ou) publié pour la première fois avec une notice et des notes par Georges Monval, archiviste de la Gomédie Française. Fac-similé du portrait peint par Edelinck avec les armes de l'Armorial de Paris. Paris, Librairie Molière, rue Richelieu, 1902. Tirage à 200 dont 150 numérotés. Imp. N. Texier.

(96) Quoique tous les biographes depuis les Parfaict attribuent cette pièce à Jacques Raisin, il paraît que lé registre de la Comédie française l'indique comme étant de Dancourt (Georges Monval; Le Théâtre à Rouen au XVIIe siècle). Cependant, elle ne figure pas dans


LES SIRET ET LES RAISIN 187

les oeuvres de ce dernier. C'était sans doute le fruit d'une collaboration étroite entre l'écrivain et le comédien.

(97) Fétis, op. cit.

(98) Parfaict, op. cit., t. XIII, p. 305.

(99) Cette appellation, qui a fait fortune et s'est imposée malgré son invraisemblance, a déjà été relevée comme fausse par Jal (p. 1034), qui l'avait lue dans Lemazurier, trompé lui-même, apparemment, par l'article du Journal de Troyes. « Aucun des actes que j'ai, vus, dit Jal, n'ajoute à son nom celui de sa mère. Il signait : Raisin, Raisin le jeune, J.-B. Raisin, ou Jean Baptiste Raisin (sic) », et cette dernière signature est reproduite pour preuve à la suite de l'article.

Sa femme signait comme on la nommait : « la Raisin ».

(100) Son acte de mariage le dit né à Troyes, mais l'acte de son baptême ne s'y rencontre pas dans les registres des paroisses, cependant bien complets 1.

(101) Notes de Georges Monval.

(102) Voir l'Appendice IV. — La cérémonie coûta au budget du prince 30 livres dépensées par le concierge de Chantilly « pour le mariage du petit Molière, comédien ».

(103) Leur entrée fut signalée par le Mercure galant du mois d'avril 167-9, p. 363-364 : « La Troupe Royale (de Bourgogne) a fait paraître trois nouveaux Acteurs, qui ont eu de grands applaudissemens. Vous n'en serez point surpris quand vous sçaurez qu'ils étoient dans la Troupe de M. le Prince, qui après les deux qui jouent à Paris, est la meilleure qui soit en France ».

(104) G. Monval, au Congrès des Sociétés savantes de 1902.

(105) Les frères Parfaict (t. XIII, p. 319) disent que « sa famille possède son portrait peint d'une habile main ». Il doit y avoir là confusion avec le portrait de Jacques Raisin, dont ces auteurs ne parlent pas, mais dont l'existence est certaine, bien que j'aie cherché en vain ce qu'il est devenu depuis le XVIIIe siècle.

(106) Les OEuvres de Monsieur de Palaprat, Paris, Ribou, 1712, t. I, pp. 107-109.

(107) Voir l'Appendice V.

(108) Voir l'Appendice VI.

Raisin cadet était, avec Le Comte, l'un des auxiliaires de La Grange dans la gestion de la Comédie française. (Charles Varlet de La Grange et son registre, par Edouard Thierry ; Paris, 1876, p. 69).

(109) Despoix, Le Théâtre français sous Louis XIV, pp. 348-349 ; Dangeau, Journal, éd. Soulié et Dussieux, t. Ier, p. 159.

On trouve dans le travail ci-dessus indiqué d'Ed. Thierry (p. 68, n. 3) les causes de cette disgrâce et ses suites :

« M. de Rochemore, dit La Grange (avril 1685), est entré à la place de M. Poisson et a sa part.

« Nota, ajoute-t-il, que, le jeudi saint, 19° avril, la Troupe est allée à Versailles présenter le Sr de Rochemore, et que des gens mal intentionnés rendirent en cette occasion de si méchants offices à MM. Baron et Raisin cadet, qu'ils furent exclus de la Troupe, par ordre du Roi, pour avoir manqué de respect à Mme la Dauphine. La Troupe avait trop d'intérêt à les justifier. On employa tout le crédit et toutes les sollicitations possibles. Enfin, le 2e mai, ils obtinrent leur, grâce, et le lendemain jeudi 3e, ils allèrent remercier Mme la Dauphine, et jouèrent en public le vendredi 4 mai ».

M. de Rochemore devait avoir été lancé à Guénégaud par l'entourage


188 LES SIRET ET LES RAISIN

de Mme la Dauphine. Baron et Raisin cadet, qui avaient peu d'estime pour le comédien protégé, eurent sans doute l'imprudence de s'exprimer trop vivement sur sa réception. Ce qui ne devait pas être entendu fut rapporté aux oreilles des dieux et la foudre partit ; mais, en somme, après avoir menacé les hautes cimes, elle finit par frapper juste, en frappant au-dessous.

On lit sur le grand registre du Théâtre, à la date du 18 septembre : « Une partie de la troupe étant à Chambord, Mme la Dauphine n'ayant pas trouvé Rochemore capable de remplir la place du Sr Poisson, elle a ordonné que la part du Sr Poisson dont jouissait le dit Rochemore sera distribuée comme il suit... »

M. le Grand-Prieur, dont, il est question un peu plus haut, était Philippe de Vendôme, et le comte de. Brienne, Louis-Henri de Loménie (1636-1698).

(110) Quoiqu'il aimât beaucoup sa femme, remarque Lemazurier, il semble qu'il aimait encore plus le bon vin, puisque « il y avoit des temps où il auroit donné sa femme pour une bouteille de Champagne », Suivant une expression plaisante recueillie par les frères Parfaict dans les notes manuscrites de M. Jean-Nicolas de Tralage et qu'on retrouverait sans doute parmi les papiers de celui-ci à la Bibliothèque de l'Arsenal.

(111). Note de Jules Bonnassies à la Lettre sur Baron et la Dite Le Couvreur, par l'abbé d'Allainval, rééd. Paris, L. Willem, 1870, p. 36.

(112) Elle est analysée dans l'Histoire du Théâtre français, t. XIV, pp. 131-132. Cette petite pièce, venue bien tard après l'événement qui l'inspirait, n'eut que cinq représentations.

(113) Ch. Gueullette, Acteurs et Actrices du temps passé, 1881, p. 123.

(114) « Le Coigneux de Bachaumont la dit « nièce de la Champ« meslé, qui l'avait formée pour le théâtre, et en avait fait une

« actrice qui avait bien des mérites ». (Frédi Lock, La Jeunesse de Bachaumont, dans le Magasin de Librairie, 1859). Que Marie Desmares ait été l'introductrice au théâtre de Françoise Pitel, c'est possible , mais je ne vois pas comment elle était tante de Françoise ». (Jal, Dictionnaire, p. 1035).

(115) Lemazurier (op. cit., p. 520) lui attribue ; quatre garçons et deux filles, ceux sans doute qui vécurent un certain temps.

(116) Mémoires pour servir à l'histoire de Madame de Maintenon et à celle du siècle passé ; Amsterdam, 1756, in-12, t. IV, pp. 216-217.

(117) « La jeune demoiselle Pitel brilla beaucoup à la Cour d'Angleterre, par ses grâces naturelles et son talent pour le Théâtre, et

s'attira même l'attention du Roy Charles II ». (Parfaict, op. cit., t. XIV, p. 536).

(118) Voltaire les a relevées en plusieurs de ses ouvrages (voir aux, Tables des OEuvres complètes) et notamment dans le Mémoire pour être à la tête de la nouvelle édition qu'on propose du « Siècle de Louis XIV », éd. Hachette, t. XXVI, p. 361.

(119) Lettres historiques et galantes de deux dames de condition (par Anne-Marguerite Petit, dame Du Noyer) ; Amsterdam,... P. Brunel, 1720, t. Ier, p. 13.

(120) Marie-Anne-Louise de Gaumont, fille du duc de La Force, nommée fille d'honneur en juillet 1686, mariée le 8 mars 1688 à Louis-Scipion de Grimoard, marquis du Roure, mort à la bataille de Fleuras, le 1er juillet 1690. (Saint-Simon., t. II, p. 136, note.)


LES SIRET ET LES RAISIN

189

(121) Louis-Godefroy, comte d'Estrades, colonel de Dragons, maréchal de camp en 1704, mort eh Hongrie, d'une blessure de guerre, le 18 août 1717. (La Chenaye-Desbois, Dict, de la Noblesse).

(122) Saint-Simon, Mémoires, éd. Hachette, t. XXI, pp. 71-73 et 396 et 439. Cette aventure a été attribuée, par divers auteurs, à deux filles d'opéra, les Moreau (ibid. t. XXI, pp. 438-439, notamment d'après les Annales de la Cour publiées en Hollande par Gatien des Courtilz de Landras, année 1697-1698, t. II, pp. 387-389). Dans Les Cours galantes (Paris', Dentu, 1861-1864), t. Ier, pp. 240-241, Gustave Desnoiresterres, parlant de l'aventure ridicule du Dauphin et de la Moreau, dit que « Saint-Simon... mêle au jeu la Raisin, qui n'y est pour rien ».

(123) Lettres historiques et galantes, 1720, t. Ier, p. 334.

(124) Anne-Jules, duc de Noailles, maréchal, 1650-1708.

(125) Saint-Simon, Mémoires, éd. Hachette, t. XXI, p. 72 ; voir aussi t. XVI, p. 380.

(126) Jal, Dictionnaire, p. 1035.

(127) Arch. nat., Y 276, fol. 86.

(128) Voy. trois pages plus loin.

(129) Anne Pitel de Longchamps, épouse de Michel Durieu, comédien (1651-1737).

(130) Arch. nat., Y 307, fol. 29.

(131) Commune de Vignats, arr. de Falaise (Calvados).

(132) Lettre de M. le Maire de Falaise, dans les papiers Monval.

(133) Les Comédiens à Rouen au XVIIe siècle. — Les frères Parfaict disent (op. cit., t. XIII, p. IV et 58) que l'auteur, « Mademoiselle LongChamps, Pitel de Longchamps, était soeur de Mademoiselle Raisin, et a rempli pendant plusieurs années, à la Comédie, l'emploi de souffleuse. » Soeur est là pour mère, évidemment.

(134) Bibl. nat., recueils manuscrits de d'Hozier : Paris, Enregistrement, t. II, p. 1227, n° 878, et Blasons, t. II,. p. 1809.

(135) « De Dalot » selon Jal, Dictionnaire, p. 1034.

(136) Le Moliériste, année 1880, pp. 177-179.

(137) Georges Monval (Intermédiaire des Chercheurs, t. XLVIII, col. 62 et 851) la nomme Mlle de Fleury et en fait la future Mme d'Avaugour ; on verra plus loin son erreur ; cette dernière était parfaitement identifiée déjà par les chroniqueurs contemporains.

(138) Le pavillon de ce domaine, avec quatre hectares de parc, fut acheté par Bonaparte, en 1801, pour servir de résidence à Eugène de

Beauharnais (F. Masson, Napoléon et sa famille, t. II, p. 216).

(139) Arch. nat., Q 1, 1140.

(140) Albert Babeau, Un Financier à la Bastille sous Louis XV. Journal de La Jonchère (Mém. Soc. de l'Histoire de Paris, t. XXV (1878), p. 3, note 2, d'après P. Clément, Portraits historiques, 1855, pp. 337-338.

(141) Arch. nat., Y 290, fol. 257 v°.

(142) A. Babeau, op. cit., p. 2. On le soupçonna même d'avoir fait assassiner un de ses commis pour éviter des révélations dangereuses. Voy. Bibl. de l'Arsenal, Archives de la Bastille, ms. 10801.

(143) J. Roman, Le Livre de raison du peintre Hyacinthe Rigaud, 1919, pp. 86, 88, 90, 91, 187, 191, 192, 197.

(144) Correspondance, recueil Brunet, t. Ier, p. 264 ; recueil Jaeglé, t. II, p. 150.

(145) Il paraît qu'il n'y avait ni Augustines ni Bénédictines à Chaillot, mais une maison de Filles de Sainte-Marie.


190 LES SIRET ET LES RAISIN

(146) Saint-Simon, Mémoires, éd. Hachette, t. XXI, pp. 72-73. On y lit en note que, né en 1672 et d'abord officier de gendarmerie, M. d'Avaugour, qu'on nommait aussi M. du Bois d'Avaucourt, acheta un régiment de cavalerie en mars 1713, devint brigadier en 1719, et mourut le 18 septembre 1756, veuf de quatre épouses. M. Potier de Courcy, dans sa continuation de l'Histoire généalogique, t. IX, 2° partie, p. 174, le rattache à la famille des Avaugour, de la maison de Bretagne, « ce qui semble douteux », ajoute l'annotateur de SaintSimon. M. H. de W., dans L'Intermédiaire des Chercheurs (t. XLVIII, col. 62), dit que M. Dubois d'Avaucourt « était de Touraine et non des d'Avaugour, issus des bâtards de Bretagne ». Ce n'est pas l'avis de M. Georges Collon, conservateur de la Bibliothèque de Tours, qui a bien voulu étudier cette question et me répondre que les seuls membres de la famille qui aient joué un rôle en Touraine sont : Henri d'Avaugour, doyen de Saint-Martin de Tours de 1417 à 1419, Guillaume d'Avaugour, bailli-gouverneur de Touraine de 1418 à 1425, et de 1444 à 1446, inhumé dans la chapelle Saint-Lidoire aux Gordeliers de Tours.

La Bibliothèque nationale conserve deux pièces desquelles il ressort que Anne-Erard d'Avaugour, qui fut d'abord guidon des gens d'armes d'Anjou, était fils de Louis, d'Avaugour, chevalier, seigneur de Thouaré, et de Célestine Bruneau de La Rabastelière, laquelle (veuve et habitant à Nantes en 170,2), était fille de Charles Bruneau, vicomte de La Rabastelière, et de Marie de La Baulme Leblanc, sa seconde femme. (Pièces originales, 152, d'Avaugour, fol. 30.)

(147) Mme de Maintenon, par A. Geoffroy, t. II, pp. 355-356, d'après Musée britannique, Add. n° 20.920:, et t. III, pp. 145-146, de l'éd. Bossange.

(148) Lettres inédites de Mme de Maintenon et de Mme des Ursins (Paris, Bossange, 1825), t. IV, p. 528.

(149) Ibid., t. III, p. 161.

(150) Ibid., t. III, p. 175.

(151) Nicolas Desmaretz, contrôleur général des Finances. — Selon les éditeurs des' Mémoires de Saint-Simon (t. XXI, p. 73), « elle avait eu cent mille écus de dot, dont deux cent mille livres données par la princesse de Conti sur une affaire de finances ».

(152) Journal, t. XV, pp. 425, 426, 431 ; t. XVI, p. 438.

(153) Son acte de décès ne figure dans les registres d'aucune des paroisses de Tours (Lettre de M. le Conservateur de la Bibliothèque municipale).

(154) Bibl. nat., pièces originales, n° 152, d'Avaugour, fol. 11 : Copie de la notice généalogique qui se trouve dans la généalogie de la famille d'Avaugour. Cabinet d'Hozier, 16, dossier 164, fol. 2, v°.

(155) J. Roman, op. cit., pp. 177 et 184.

(156) Voir Appendice VII. Charles Longueil habitait la maison du jeu de paume des Deux Mores, où jouaient les comédiens rouennais ; il devait faire partie de leur troupe, mais on ne sait rien de plus sur son compte.


LES SIRET ET LES RAISIN

191

APPENDICES

I

Voici la description des deux recueils de musique de Siret. I. Recueil de la Bibliothèque de Troyes, cab. loc. 293.

Titre réduit. L'original a 157. X 220. In-4° oblong de 19 ff. gravés, s. d.

F. 1. — Titre.

F. 2. — A Monsieur Couperin chevalier de Latran, Organiste de la chapelle du Roy, Professeur, Maître de composition et de clavecin de Monseigneur le duc de Bourgogne, etc.

F. 3. — Avertissement.

La page 1 de musique commence au verso ; une page blanche entre la 14 et la 15. — Quinze morceaux.


192 LES SIRET ET LES RAISIN

II. Recueil de la Bibliothèque nationale, Vin7. 1876. Dimensions 157 X 221.

In-4° obl. de 30 ff. gravés.

F. 1. Titre. — Verso blanc.

F. 2. A Monseigneur l'Illustrissime et Reverendissime Jacques Benigue Bossuet Evesque de Troyes Conseiller du Roy en tous ses Conseils, etc Siret, Organiste des Eglises de Troyes. — Verso blanc.

F. 3. « Privilege general », accordé au sieur Nicolas Siret... de faire imprimer et graver, pour douze ans. 3 mai 1719. — Registre à la Communauté le 9 mai.

La page 1 de musique commence au verso.

Textes sur les pages 1 à 54, et la dernière blanche. — Vingt-six morceaux.

II

Brevet pour confirmer l'établissement des comédiens de Monseigneur le Dauphin.

Aujourd'hui 13 avril 1672, le Roy étant à St Germain en Laye bien informé du soin et de l'application que Jacques, Jean, Catherine et Isabelle Raysin donnent à la représentation de plusieurs comédies depuis que Sa Majesté leur a par son brevet du 1er juillet 1665 per-


LES SIRET ET LES RAISIN 193

mis l'établissement de leur troupe sous le titre de Monseigneur le Dauphin, et voulant leur faciliter les moyens d'y réussir au contentement et satisfaction du public, Sa Majesté en confirmant le dit brevet leur a de nouveau permis de former une troupe de comédiens sous le titre de Monseigneur le Dauphin et pour cet effet de prendre les acteurs et actrices qui leur seront nécessaires avec pouvoir de jouer et représenter les comédies en toutes les villes et lieux du royaume que bon leur semblera aux mêmes avantages et libertés que les autres troupes de ses comédiens. Mande et ordonne à cette fin à tous gouverneurs, commandans, maires, consuls, jurés, échevins et magistrats desdites villes de les faire jouir de la dite permission sans permettre qu'il leur soit fait ou donné aucun trouble ou empêchement, m'ayant Sa Majesté pour témoignage de sa volonté commandé de leur en expédier le présent brevet qu'elle a signé de sa main et fait contresigner par moi son coner (conseiller ?) secrétaire d'Etat et de ses commandements et finances.

(Arch. nat., O1 16. 1672 ; Bibl. nat., fonds Clairambault, n° 665, p. 135, d'après une note de G. Monval.)

III

Ordre pour faire venir un Comédien d'une troupe de province en celle du Palais Royal.

De par le Roi

Sa Majesté voulant rendre les troupes de ses comédiens complètes et les remplir à cet effet des meilleurs acteurs des autres troupes, et bien informée que le nommé Villiers 1, l'un des comédiens de la troupe de la demoiselle Raisin qui représente à présent à Reims, a toutes les qualités requises pour remplir une place dans la troupe des comédiens qui représentent dans la salle du Palais Royal, Sa Majesté mande et ordonne audit de Villiers de se rendre incessamment à Saint Germain en Laye pour y recevoir ses ordres, veut et entend que les comédiens de la dite troupe qui est à présent à Reims aient à le laisser sûrement et librement partir sans lui donner aucun trouble ni empêchement nonobstant les conventions, contrats, et traités avec clause de dédit qu'ils pourraient avoir fait ensemble dont sa Majesté l'a relevé et dispensé. Enjoint à tous ses officiers et sujets qu'il appartiendra de tenir la main à l'exécution du présent ordre. Fait à St Germain en Laye le 17 mai 1672. Signé Marie Térèse et plus bas Colbert.

IV

Le dix huitième jour de novembre 1679 ont été fiancés Jean Baptiste Raisin, natif de Troyes en Champagne, aagé de vingt trois ans ou environ, de la paroisse Saint-Sauveur de Paris, et Françoise Pitel de Longchamp, natifve de Grenoble, aagée de dix-sept ans, aussi de la dite paroisse, accompagnés et du consentement de leurs parents et amis soussignés. J. B. Raisin, Françoise Pitelle, Charlotte Legrand, M. Siret, G. Michon, Raisin. »

« Le vingtième jour du mois de novembre 1679, par la permission de Mr le grand vicaire de Senlis, ont été mariés avec toutes les

LIXXIX 13


194 LES SIRET ET LES RAISIN

solennités requises et nécessaires, ayant obtenu dispense de deux bans, Jean-Bte Raisin, comédien de Son Altesse Sérénissime Mgr le Prince [de Condé], et Mlle Françoise Pitel aussi comédienne du Roy, en présence et du consentement de leurs parents et amis soussignés.

« Jean-Bte Raisin, Françoise Pitelle, Henry Pitel [le père], Charlotte Legrand, Nicolas Raisin, Philippe Pitelle, Durieu, Blanchet, Richard, Vaultier, Catherine Raisin, Michel Pitel, G. Michon, curé de Saint-Léonard, Avilly et Chantilly ».

Nicolas Raisin-Thevenon, oncle du mari ?

Charlotte Legrand, femme de Longohamp (Jal la nomme Anne). Sa fille Anne était mariée à Durieu.

Philippe Pitel, frère de la mariée, né à Saint-Jean-de-Luz en 1660.

Catherine Raisin, soeur du marié ; elle épousa Jean Deschamps de Villiers le 1er décembre suivant.

Michel Pitel, sans doute un autre frère de la mariée.

Durieu, beau-frère de la mariée.

Richard, concierge de Chantilly.

Blanchet, aumônier du grand Condé.

V

L'acteur Raisin à M. Boursault.

Je dois ce soir, moi indigne, souper avec MM. de Vendôme, de la Fare, l'abbé de Chaulieu, et quelques autres de ce mérite, où approchant, à qui j'ai dit que le vôtre ne paroissoit petit qu'à ceux qui ne le connoissoient pas. Je leur ai soutenu que Molière, dont les ouvrages ont tant de réputation et si justement, ne faisoit pas mieux des vers que vous et je me suis offert à les en faire convenir s'ils vouloient avoir autant d'équité qu'ils ont d'esprit. A vous dire le vrai, je crois m'estre un peu trop avancé, mais cela vous regarde plus que moi, et si je ne sors pas de cette affaire à mon honneur, ce sera encore moins au vôtre. Aidez-moi, je vous prie, à me faire tenir la parolle qui m'a échappée et ne manquez pas, toute chose cessante, de m'envoyer la scène que Momus et Phaéton font ensemble, où j'ai trouvé d'aussi beaux vers qu'on en puisse faire sans excepter qui que ce soit. Je l'étudierai avec soin, je la réciterai avec tant de feu, que je me trompe fort si je ne la fais pas trouver bonne...

Ne perdez pas un moment à me donner la satisfaction que j'attends de vous, et je me flatte que vous en recevrez de moi une entière.

Décembre 1691. Je vous donne le bonsoir.

RAISIN.

Réponse de Boursault à M. Raisin.

A quoy diable vous êtes-vous engagé? et que pouviez-vous faire de pis contre moi que disposer mes vers à une critique si délicate ! Je sais bien qu'il n'y a pas d'approbation plus glorieuse et que le plus grand honneur que je puisse avoir seroit de le mériter. Mais vous me parlez de gens trop accoutumez a voir de belles choses et a en faire


LES SIRET ET LES RAISIN 195

pour en applaudir de médiocres : et quelque dessein que vous ayez eu quand vous avés dit que Molière ne faisoit pas mieux des vers que moi, c'est une hérésie dont je serois au désespoir d'estre soupçonné. Je vais faire transcrire la scène que vous me demandez non dans la pensée de lutter avec un aussi habile homme que celui avec qui vous avez eu l'imprudence de me comparer... Quand au reste, demelez-vous en comme vous pourrez : comme je n'ai point de part à l'entreprise, je consens à n'en point avoir au succès. Persuadé que si vous réussissez, il y aura plus de votre mérite que du mien et que ce ne sera pas la première méchante chose que vous aurez fait valoir...

(Le Cabinet historique, 1861-1862, p. 51.)

VI

« Nous remettons à la Compagnie nos intérêts et tout le ressentiment que nous pouvons avoir lun contre lautre, au sujet du démeslé arrivé entre nous dans Lassemblée de ce matin, et promettons d'exécuter ce que la Compagnie trouvera à propos pour nous accomoder et entretenir paix et amitié entre nous.

« Fait ce 26e jour de décembre mil six cent quatre-vingt-dix.

« POISSON. RAISIN.

« La Compagnie, après avoir examiné toutes les circonstances du démeslé arrivé ce matin dans l'assemblée entre M. Raisin et M. Poisson, a jugé à propos de le terminer comme il suit : c'est assavoir que ces deux messieurs seront amenez dans la grande salle dassemblée chacun par une porte différente ou estant en présence L'un de L'autre, Monsieur de La Grange leur prononcera ces parolles en présence de la compagnie : Messieurs, nous avons examiné tout ce qui s'est dit et passé dans vostre démeslé jusques aux moindres circonstances. Nous avons jugé à propos de n'en point rappeler icy le détail, persuadés que nous sommes qu'il est plus avantageux pour l'un et l'autre d'ensevelir de pareils démeslés dans un oubly perpétuel. Vous avez remis vos intérêts entre nos mains. Nous vous disons connu' arbitres d'oublier pour toujours tout ce qui s'est passé, et nous vous prions comme camarades de vous rendre réciproquement votre estime, vous assurant que la compagnie gardera le souvenir de la déférence que vous avez eue pour Elle. Il ne nous reste plus, messieurs:, qu'à vous dire en arbitres de vous embrasser en notre présence pour confirmer l'accomodement.

« DE LA GRANGE, LE COMTE, DELATHORILLIÈRE, GUÉRIN-CHAMPMESLÉ, DE ROSÉLIS, BÉAUVAL, DESMARE, DU PÉRIER. » (René Delorme, Le Musée de la Comédie française, p. 159-160.)

VII

Ce jourdhuy huictiesme de janvier mil six cent soixante et seze a esté inhumé dans notre cimetière le corps de feu Elisabeth Raisin fille du sieur Edme Raisin et de Marguerite Siret aagée d'environ dix huit ans decedée du jour précédent dans nostre paroisse après avoir receu les saincts sacrements', ayant auparavant renoncé à


196 LES SIRET ET LES RAISIN

l'estat de comédienne qu'elle a professé, natifve du bourg de Chaoux paroisse St Jean évesché de Troyes en Champagne présents Marguerite Siret sa mère, Jean Prau, François Pillad, Anthoinne La Molenne, Guillaume Lemoinne, Jean Le Sage (quelques-uns ne savent signer). Jean Le Sage, Marguerite Siret, F. Pilliad.

(Registre des Baptêmes, morts et mariages de l'église et paroisse de St Pierre Ensentellée d'Orléans depuis le 8 août 1675, p. 15 r°.)

28 janvier 1676. Fut célébré dans cette église un service pour le repos de l'âme de défuncte Elisabeth Raisin, fille de Edme, vivante demeurant en cette paroisse en la maison où pend pour enseigne les deux Mores, aagée de 18 ans, laquelle est décédée et inhumée en la présence de Jean Raisin son frère et de Charles Longueil, soussignés. Signé : Raisin, de Longueil.

17 février 1676. Charles de Longueil, âgé de 37 ans, de la ville de Conflans, a rendu son âme à Dieu après avoir reçu les Sts sacrements dans la maison où pend pour enseigne les 2 Mores, de cette paroisse, et son corps fut inhumé le lendemain dans cette église en la présence de Jean Raisin et de Jean de Villiers, soussignés. Signé : de Villiers, Raisin.

(Notes Monval).


VIII. — GÉNÉALOGIE DES SIRET



DISCOURS

PRONONCE PAR

M. PAUL MATHIEU EN QUITTANT LE FAUTEUIL DE LA PRÉSIDENCE

Dans la Séance du 28 Décembre 1925

MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES,

Voici deux ans que vous m'honoriez de vos suffrages en me portant à la vice-présidence. Je ne me doutais guère que la retraite prématurée de M. Vauthier me laisserait presque aussitôt seul et sans expérience à la tête de notre Société,

Votre inépuisable bienveillance, la collaboration constante de tous les Membres du Bureau m'ont permis d'arriver au terme de ce long mandat.

Cette durée anormale d'une magistrature, que nos règlements ont la sagesse de limiter à un an, aurait permis à tout autre de mener à bien les choses de longue haleine, alors que je laisse à l'éminent avocat qui me succède une partie de la tâche que j'aurais dû remplir. Je m'étais proposé, en poursuivant l'affaire du legs de Mlle Millot, d'arriver à une entente avec ses exécuteurs testamentaires. J'aurais désiré faire éditer, avec la collaboration des divers conservateurs, un catalogue restreint du Musée, signalant au public les oeuvres les plus remarquables de chaque salle. J'aurais voulu que le nom des donateurs figurât tout au moins sur les objets les plus importants.

Tout ceci est encore en projet et je déplore ici le peu de loisirs que m'ont laissés mes occupations professionnelles. J'aurais été heureux de pouvoir les consacrer à la mise en valeur des richesses artistiques de notre Société.

Grâce à vous, mes chers Collègues, cette année 1925 pourra cependant compter dans nos annales. Les nouveaux Statuts ont été approuvés et la séance publique a pu avoir lieu.

Pour les articles de nos Statuts et pour ceux du Règlement, les Membres d'une Commission spéciale étudièrent les textes avec la plus minutieuse précision, pesant chaque mot, examinant chaque phrase afin d'écarter les moindres obstacles pour l'avenir.

La séance publique comportait pour notre secrétaire, M.


200 DISCOURS PRONONCE PAR M. PAUL MATHIEU

Hennequin, et pour notre secrétaire-adjoint, M. Perret, de longs rapports remontant aux treize années précédentes. C'était pour eux des recherches longues et absorbantes unies à la difficulté de présenter au public sous un jour agréable une quantité de faits et de noms dont la nomenclature trop sèche n'aurait été d'aucun attrait pour nos invités. Nous devons adresser à nos deux collègues tous nos remerciements pour cette besogne ingrate dont ils se sont acquittés à la satisfaction générale.

M. de la Perrière en retraçant la vie de Nicolas de Hault, maire de Troyes sous la Ligue ; M. Morin en contant l'histoire des deux familles troyennes de musiciens : les Siret et les Raisin, tinrent les auditeurs sous le charme par ces travaux d'érudition locale, raison d'être de nos Académies de province.

Et quelle résurrection que ces deux oeuvres de Siret exécutés sur l'épinette par un maître du clavier ! Quel plaisir d'écouter ce chef-d'oeuvre de délicatesse, de goût et.de technique musicale qu'était le premier morceau, si près des compositions de Couperin ! Et cela avec un timbre rappelant les sons que ses contemporains avaient pu entendre, grâce au bel et rare instrument que l'un des nôtres avait eu la gracieuseté de mettre à la disposition de l'artiste.

Il n'en faut pas plus pour remettre en vogue des oeuvres tombées dans l'oubli, et pour montrer que dans notre Champagne, à côté de l'architecture, de la peinture et de la sculpture, la musique fleurissait également.

Malheureusement, cette année 1925 fut cruelle pour nous. Parmi les Membres résidants, M. le Docteur Voix fut bien peu de temps des nôtres. Sa récente élection nous donnait l'espoir que ce représentant d'une famille troyenne estimée resterait longtemps au milieu de nous, pour conserver et transmettre les traditions de notre vieille Société.

Après lui, quelques semaines plus tard, M. de Fontenay, de l'Académie d'Agriculture de France, disparaissait, nous laissant l'impression de cette distinction courtoise et fine, particulière aux gentilshommes de notre région.

Puis ce fut M. Lagoguey, à l'esprit si cultivé, qui s'éteignit à son tour. A l'ombre de la petite église de Thuisy, il repose, selon son désir, tout près de la maison champêtre qui fut la sienne, où il aimait rêver d'Horace et de Virgile et où il composa les élégantes traductions en vers de ses auteurs préférés.


DISCOURS PRONONCÉ PAR M. PAUL MATHIEU 201

Enfin, M. Det, se sentant de santé trop chancelante, a voulu renoncer à son siège, malgré nos instances.

Saluons ceux qui vinrent combler ces vides : M. Piétresson de Saint-Aubin, archiviste du département ; M. Richard Tremblot, industriel, ancien élève de l'Ecole Polytechnique; M. Charles de Fontenay, agriculteur, élu en remplacement de son père ; enfin, M. Victor Lesaché, député de l'Aube.

Parmi les autres membres, associés ou correspondants, disparus au cours de cette année, nous relevons avec regret les noms de Me Emile Blondont, avocat à Paris ; de M. Bernard Georget, de M. Marin, industriel à Marigny-le-Châtel, membres associés, et ceux de Me Henri Allard, avocat a Paris ; de M. Bréaudat, docteur en pharmacie ; de M. Herbin-Vivien, industriel à Nancy, membres correspondants.

Les vacances ouvertes par ces deuils nombreux auraient sensiblement diminué l'effectif, de notre Société, si nous n'avions pas été assez heureux pour compter parmi nos nouveaux associés : MM. Paton, Bourgeois, Gombault, Dubreuil et Gris, et parmi nos membres correspondants : M. Léon Maître, M. Alfred Pereire, M. Lapierre, M. le comte de la Rochelambert et M. Henri Lallemant.

Enfin, nous n'aurions garde d'oublier : M. Det, M. le marquis de Baye et M. François Paul-Dubois, qui ont été inscrits parmi nos membres honoraires.

Avec de tels collègues, notre Compagnie ne peut que continuer à prospérer.

D'ailleurs vos travaux, en 1926, seront dirigés par un érudit et un homme de loi dont la science et la compétence vous sont connues, que vous avez appelé plusieurs fois déjà à votre tête.

Ma reconnaissance va tout spécialement à lui pendant cette année de présidence au cours de laquelle ses conseils me furent précieux. Elle va à MM. Hennequin et Jules Babeau, qui ont bien voulu assumer les tâches si lourdes et si absorbantes de secrétaire et de trésorier. Elle va enfin à M, Perret, secrétaire adjoint, et à M. Morin, archiviste, dont les collaborations sont si utiles pour le bon fonctionnement de notre Société. Enfin, je ne saurais trop remercier au nom de tous, ceux d'entre-vous qui ont bien voulu nous donner la primeur de leurs travaux d'érudition, moissonnant, glanant ici et là, rassemblant pour en faire profiter l'ensemble de notre Compagnie, et tous les lecteurs de nos Mémoires, suivant la vieille devise de la Société Académique : Colligunt ut spargant.



DISCOURS

PRONONCE PAR

M. HENRY BABEAU EN PRENANT POSSESSION DU FAUTEUIL DE LA PRÉSIDENCE

Dans la Séance du 15 Janvier 1926

MES CHERS COLLÈGUES,

L'excès de modestie de M. Surchamp, que tout désignait

dans la section des Lettres pour occuper ce fauteuil, la

fidélité de votre bienveillance, dont je suis profondément

touché, me valent aujourd'hui, pour la troisième fois, le

très grand honneur de diriger vos travaux.

Je trahirais vos sentiments unanimes, si mes premières paroles n'étaient l'expression de notre gratitude envers notre président sortant. Fait peut être unique dans nos annales, pendant deux années, d'abord comme vice-président, ensuite comme président, M. Mathieu, sans manquer une séance, a apporté dans ses fonctions délicates un dévouement, une compétence, une courtoisie souriante, qui ne se sont jamais démenties. Il a tenu le gouvernail d'une main habile, gantée de velours, qui a su éviter tous les écueils. Il a eu, enfin, l'honneur, pour couronner sa présidence, de renouer brillamment, après treize années, la tradition brisée par la guerre, de nos séances publiques. Les remerciements que je lui adresse, au nom de la Société, restent bien au-dessous de notre reconnaissance.

Si je regrette de ne plus retrouver au Bureau M. MorelPayen, qui a quitté la Société et notre vénéré collègue, M. le Chanoine Brusson, qui, seul à s'apercevoir qu'il vieillissait, n'a pas voulu conserver ses fonctions de secrétaire adjoint, j'ai du moins la joie de pouvoir compter sur le concours éprouvé de MM. Morin, Hennequin, Jules Babeau et Perret, et le grand plaisir de voir M. Perdrizet prendre place à mes côtés. L'unanimité de nos suffrages a eu raison de sa résistance : elle lui a montré les sympathies qu'il avait parmi


204 DISCOURS PRONONCE PAR M. HENRY BABEAU

nous et les espoirs que nous mettions dans l'ancien et brillant président de la Société Horticole.

Après quatre années, je retrouve notre situation financière rétablie. Malheureusement, la crise du logement, qui ne dépend pas de nous, est restée insoluble. Si, grâce à la bienveillance des autorités municipale et préfectorale, dont nous avions encore la preuve lors de notre dernière séance publique, nos collections d'Histoire Naturelle ont pu trouver dans les salles de l'ancien Evêché une annexe, dont il ne nous est pas interdit d'espérer l'inauguration, l'archéologie, la sculpture et la peinture débordent les locaux qui leur sont affectés. Nos conservateurs auront à se demander s'il ne serait pas utile d'exiler, momentanément tout au moins, dans la poussière discrète des combles, des oeuvres qui n'ont même pas l'excuse d'un intérêt local. Un critique chagrin a comparé les Musées à des cimetières, dans lesquels les oeuvres d'art, sans lien de parenté entre elles, venaient s'ensevelir au hasard. Retenons, sans l'adopter, la comparaison pour ne pas accorder des concessions à perpétuité à des médiocrités, qui n'en sont pas dignes. Un Musée doit être une sélection et la valeur d'une collection dépend, moins du nombre des objets exposés, que du choix judicieux de ces objets, de leur groupement rationnel et de leur présentation.

Si le Musée ne cesse de se développer, notre Société rn'apparaît plus vivante que jamais. Dans une grande revue parisienne, M. Savanit, en commençant une série d'articles sur les Académies de Province au travail, constatait le réveil de ces sociétés locales. A lire, comme je l'ai fait lors de mes précédentes présidences, les mémoires de ces Académies, à constater, même en pleine guerre, l'abondance et l'érudition de leurs travaux, je ne crois pas qu'aucune d'elles ait jamais laissé éteindre, ou même pâlir, la flamme de son foyer. La nôtre, plus que centenaire, si elle s'était quelque peu assoupie, et elle ne l'a jamais fait, aurait eu du moins l'excuse de son grand âge.

A peine, pourrait-on dire qu'elle vieillit. La jeunesse avide de vivre, insouciante du passé, n'a de regards que pour l'avenir, l'âge mûr réalise le présent, et c'est seulement sur son déclin que l'homme, las du combat de la vie et désabusé, se repose sur ses souvenirs et se retourne vers le passé dans lequel il va bientôt disparaître.

Les grands problèmes économiques ou scientifiques, sans nous laisser indifférents, n'attirent que trop rarement nos


DISCOURS PRONONCÉ PAR M. HENRY BABEAU 205

études ; la presque totalité de nos travaux s'attache à faire revivre le passé.

Nous pourrions être tentés de rechercher dans l'histoire le secret de l'avenir, car elle n'est qu'un éternel recommencement. Entre les difficultés financières du règne de Louis XVI, la vaine recherche d'un ministre des finances et d'impôts populaires, la faiblesse du pouvoir royal à son déclin et la situation actuelle, ne pourrions-nous faire des rapprochements faciles, et, si nous ne savions que la France est le pays des redressements imprévus, nous demander, avec quelque anxiété, si demain les mêmes causes n'engendreront pas les mêmes effets qu'hier ! Et remontant plus loin encore le cours des siècles, ne nous serait-il pas possible d'entrevoir avec les diplomates de Locarno, dans la brume incertaine d'une lointaine aurore, la ruée des hordes de la vieille Asie, secouée de sa torpeur par une Russie redevenue l'avant-garde de l'Orient, sur notre Europe occidentale épuisée par des luttes séculaires.

Nos préoccupations sont moins ambitieuses et, dans notre foi patriotique, nous n'avons cure des prophètes de malheur. Académie régionale, nos horizons ne dépassent guère — et c'est notre raison d'être — les limites de notre département. L'un de vous, dans une de nos vieilles églises de village, humbles mais charmantes soeurs de nos vieilles églises troyennes, soulève la pierre tombale armoriée, que la foule ignorante ne piétine plus dans le Sanctuaire désert, la tombe livre son secret, le mort revit avec ses descendants et son ascendance. Un autre parmi vous, pour lequel les archives n'ont pas de secrets, reconstruit pierre par pierre un de nos monuments sacrés, que des barbares, chargés de veiller sur les trésors de la cité, laisseraient tomber ou même ruineraient de leurs mains sacrilèges. Nous avons même un spirite (j'ai nommé notre archiviste) qui, d'un vieux clavecin, aux lignes pures et aux sons discrets, évoque avec succès l'esprit un peu effacé, mais combien distingué et délicat, d'un de nos compatriotes, musicien oublié depuis deux siècles.

Et, ainsi, mes chers Collègues, dans l'intimité cordiale qui fait le charme de nos séances, le passé nous fait oublier le présent : la vie chère, la neige qui tombe et les impôts avec elle, les jazz-bands et la danse éperdue des changes, les changements de ministères ou de domestiques, les déceptions de la paix et les appréhensions du lendemain ; quelques instants, en ce temps, où rien n'apparaît stable, nous


206 DISCOURS PRONONCÉ PAR M. HENRY BABEAU

nous arrêtons à ce qui demeure : l'esprit, l'art, la science et le beau !

Quelques instants, nous oublions ensemble l'étreinte du présent et du labeur quotidien... et, moi-même, en abusant si longuement de votre indulgente attention — la tradition qui m'impose de vous infliger un discours est mon excuse — j'oublie l'heure qui fuit...


RAPPORT

PRÉSENTÉ A LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE L'AUBE Dans la Séance du 16 Avril 1926

Par M. Louis MORIN

ARCHIVISTE, PRÉSIDENT ANNUEL DE LA SECTION DES LETTRES

SUR LE CONCOURS DE 1925 POUR LE PRIX DE POÉSIE DE LA FONDATION CHARLES DES GUERROIS

MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES,

Le Concours littéraire Charles Des Guerrois qui s'est clos le 31 décembre 1925 était consacré à la Poésie. Il a réuni vingt-cinq concurrents, chiffre assez élevé sans être écrasant. Deux ont été écartés : l'un parce qu'il avait envoyé de la prose, l'autre parce qu'il avait signé son envoi.

Sur les vingt-trois pièces restantes, un certain nombre, médiocres, n'ont pas retenu longtemps notre attention ; d'autres, assez bonnes sans dépasser toutefois une honnête moyenne, n'auraient pas valu le prix important en vue duquel elles nous étaient soumises. Enfin quatre ont dû être examinées de plus près, afin d'en peser les mérites respectifs. Ce sont celles intitulées : Chant de Sylphes, J'aime à te voir danser, Le Chemin de craie, Le Sûr Flambeau.

A première lecture, le Chant de Sylphes plaît beaucoup. Il est poétique, harmonieux, chantant.

Mais ces effets semblent obtenus à bon compte, grâce à d'habiles répétitions et à l'absence de plan, de thème bien arrêté, ce qui facilite singulièrement la tâche du rimeur que rien ne bride dans le choix des expressions, voire dans la succession des idées. Aussi constate-t-on des brisures dans la pièce cependant courte ; elle est conjuguée ici au présent, là au futur, ailleurs au passé, en sorte qu'on ne sait trop comment cela s'enchaîne. C'est de la marqueterie. Et puis, vraiment, il y a trop d'accrocs aux règles de la prosodie classique.

Nous savons bien qu'à présent toutes les licences sont admises — au moins par ceux qui les prennent — ; qu'on fait des vers qui n'ont ni rythme ni rime, et pas beaucoup de raison, et que ces nouveautés trouvent des admirateurs ; mais sans être fanatiques des vieilles règles, notre rôle n'est


208 FONDATION DES GUERROIS

pas de couronner de telles hardiesses : M. Des Guerrois ne serait pas content.

Beaucoup plus intéressant, homogène dans le développement de sa trame, ayant de plus le grand attrait pour nous d'être d'inspiration locale et fort réussi à ce point de vue, Le Chemin de craie n'est malheureusement pas exempt de défauts regrettables dans un concours de haute tenue comme celui-ci.

D'abord, des mots mal et inharmonieusement nombrés : laborieux, lion, million; dont la dernière syllabe sonne dur et faux, preuve que la dissyllabe réglementaire a sa raison d'être. Quelques chevilles trop visibles déparent aussi cette belle page et un quatrain (le. 15°) est de construction équivoque.

On pourrait aussi blâmer l'excès d'imagination qui fait voir à l'auteur quantité de choses dans son petit chemin champenois et attribuer, à celui-ci des intentions vraiment incompatibles avec sa nature. Rivé au sol, ses intentions ne visent et ses desseins n'atteignent certainement pas si haut. Mais tant de prétendus poètes demeurent près de terré qu'il faut plutôt se réjouir quand l'un d'eux dépasse les limites praticables, au risque de perdre le souffle. Plus choquante est la véritable pluie de conjonctions « et » qui s'est abattue sur les dernières strophes.

C'est dommage, car l'ensemble est fort bien, l'allure générale est superbe.

Plus poétique, plus artistique dans sa phrase chaude, colorée, vibrante et vivante, et avec cela traduisant exactement ce qu'elle veut dire, est la pièce qui s'appelle : J'aime à te voir danser. Bâtie en tercets, assez courte, elle peint à ravir les jeux et. les aspects changeants de la lumière; elle en a le chatoiement, les rutilances ; elle en reproduit les folles sarabandes, les sautes d'humeur, comme elle traduit les calmes reposants des couchers de soleil.

A dire vrai, ces strophes ailées sont faites surtout d'épithètes, de mots à facettes dont la plupart n'ont qu'un rôle de décor et eussent aussi bien pu être tout autres sans que le sens en fût affecté ; des nécessités d'écriture ont le plus souvent décidé de leur, choix; il n'en est pas moins vrai qu'elle est très belle. Aussi nos suffrages ont-ils hésité un moment avant de lui préférer Le Chemin de craie, qui l'a emporté surtout grâce à son enseigne champenoise et sous les réserves faites plus haut.

Heureusement, nous avons mieux encore à vous présen-


RAPPORT 209

ter. C'est l'admirable pièce qui a nom Le Sûr Flambeau et à laquelle aucune autre ne saurait disputer la priorité. Le sujet et l'exécution en sont également remarquables ; elle est à la fois de pur style classique et d'inspiration toute moderne ; elle a la souplesse et la force, la rectitude et la grâce ; c'est véritablement un beau morceau, un poème de tout premier rang.

L'auteur expose d'abord le désespoir qu'il éprouve à voir la vanité finale de l'effort, le néant de la vie tant dans ses conséquences immédiates et personnelles qu'au regard de la postérité ; il dit le peu que pèsent la gloire, le génie, quand les siècles ont passé, et professe le renoncement au travail, à l'amour créateur, au chant poétique même. Les déceptions de l'après-guerre, la faillite d'une victoire si durement achetée cependant, l'inutilité par suite de l'héroïsme de nos fils et de nos propres sacrifices lui sont arguments pour appuyer son appel à la désertion de la vie.

Le désarroi de cette âme d'élite, torturée par le doute, est absolument poignant.

Puis, tout à coup, en un sursaut courageux, l'âme désenchantée se reprend, l'esprit abattu se ranime, et le poète, conseillé par la voix des ancêtres et par leur exemple, nous dit qu'il faut faire son devoir quand même : qu'il faut oeuvrer, qu'il faut aimer, qu'il faut produire, qu'il faut chanter et faire en sorte de repasser le flambeau à ceux qui doivent nous suivre et qui réaliseront peut-être les rêves que nous avions formés.

Pour conclure, Messieurs, nous vous proposons de décerner le prix Des Guerrois de 1925 à l'auteur de la poésie intitulée Le Sûr Flambeau ; et puisque les circonstances permettent cette année d'en donner un second plus modeste, de récompenser par un prix de 200 francs, sans médaille, le chantre du Chemin de craie.

La lecture de ces deux poèmes vous permettra de dire si ce sera justice.

Après ratification de ce choix par la Société Académique, l'ouverture des plis cachetés, correspondant aux devises inscrites sur les manuscrits, a fait connaître que les auteurs des poésies primées, ci-après reproduites, étaient MM. Jean Suberyille et Edouard Oudiette (membre associé de la Société), tous deux demeurant à Paris (1).

(1) Séance du 16 avril 1926. — Ce rapport et les pièces couronnées sont imprimées dans le présent volume, conformément à l'article 3 du concours.

LXIIIS 11


200 FONDATION DES GUERROIS

LE SUR FLAMBEAU

PAR

JEAN SUBERVILLE

La terre tourne, et les étoiles se consument Dans un azur cerné de changeants horizons ; La terre tourne, et la nature la parfume Des souffles fugitifs des jours et des saisons.

Et dans cette terrestre et mobile demeure, D'une chaîne vivante anneaux mystérieux, Les hommes, tour à tour, naissent, passent et meurent, Emportant dans la mort leurs rêves et leurs dieux.

Tout se dissipe ; et fol qui, suspendant sa marche, Devant le soir qui vient rappelle le matin ; Nul n'a jamais fixé, roi, mage ou patriarche, Dans ce monde mouvant l'ancre de son destin.

Où sont les beaux héros de Virgile ou d'Homère, Et les neiges d'antan que célébra Villon ? Mais où donc êtes-vous, poètes éphémères ? Vos cendres ont accru le sol que nous foulons !

En vain, les conquérants pour ne pas disparaître Eternisent leur gloire en des arcs triomphaux, Sûrs que l'aride mort qui domptera leur être, Sur le marbre du moins rompra sa rude faux.

Leurs exploits sont gravés en éclatantes strophes : « Celui-ci fut vainqueur, celui-là fut vaincu » ; Mais que surgisse et coure un vent de catastrophe, Le monde ignorera même s'ils ont vécu.

Sois donc belle, ô Phryné ! Fais un geste superbe, César ! Et toi, Byron, chante un hymne immortel ! Un grillon fait autant de bruit sous un brin d'herbe Que vous n'en fîtes tous sous la voûte du ciel !


RAPPORT 211

La terre tourne, et nos poussières sont mêlées.. Que veux-tu donc, être chétif qui pleure en moi ? Pourquoi palpites-tu dans les nuits étoilées ? Les constellations brillent-elles pour toi ?

Tu n'es rien ; et, d'ailleurs, serais-tu quelque chose, Pourrais-tu sans folie espérer un instant Sauver ton cri, poète ; amant, sauver ta rose Du tourbillon du monde et du pilon du temps ?

Laisse ! Tout chant est vain, tout exploit ridicule. Tu n'as pas demandé le soleil que tu vois : D'une âme égale et simple attends le crépuscule ; La sagesse est d'aller sans gestes et sans voix.

Même si, renonçant au leurre de la gloire,

Tu voulais par amour de tes frères humains

Dire au moins ta chanson d'espoir dans la nuit noire,

Scelle ta bouche folié et poursuis ton chemin.

La guerre a dévasté le printemps de ton âge ; Et, d'avance vieillis, vainement triomphants, Ceux que le sort avare a soustraits au carnage Cheminent avec plus de morts que de vivants.

Toute notre jeunesse est du côté des ombres ; L'espoir de nos vingt ans dort son dernier sommeil ; Une autre vie en vain fleurit sur les décombres : Le soleil qui reluit n'est plus notre soleil.

Nous sommes revenus étrangers en ce monde, Hommes qu'on a meurtris, héros qu'on a trompes ; Et nous nous dressons tels, qu'en la forêt féconde De jeunes arbres morts que la foudre a frappés.

Laisse ton siècle fol creuser sa sépulture ;

Ce temps est sans écho pour ton chant sans éclat. Laisse, puisqu'aussi bien, pour finir l'aventure, Le monde entend venir les chevaux (d'Attila...

Eh bien ! non ! Pauvre mort mal tué, ressuscite ! Fuis cette lâcheté de mourir dans ton coeur ! Sois un vivant ! Agis ! Et si ton âme hésite, Puise en son désespoir un regain de vigueur !


212

FONDATION DES GUERROIS

Qu'importent les débris que les âges étalent Sur l'écorce du globe inégal et mouvant ; Et la sereine indifférence des étoiles, Et l'éternelle extravagance des vivants !

Si tu crois qu'en ta chair vit une âme immortelle, Qu'attends-tu pour vouloir ? Qu'âttends-tu pour agir ? Fatigué d'endurer ton oisive tutelle, L'esprit qui pleure en toi finira par rugir.

Fais l'oeuvre, quel que soit l'horizon qui l'enferme. Dans le temple souillé que montent tes chants purs ; A la cité branlante apporte ton coeur ferme Pour défendre son âme aussi bien que ses murs.

Ne fuis pas le devoir de l'amour ; va sans crainte Vers la mystérieuse étrangère qui doit, Dans l'élan créateur de votre intime étreinte, Fleurir en d'autres chairs dont le germe est en toi.

Reprends avec fierté le labeur des ancêtres ; Songe à leurs épis drus, si ton bras est lassé ; Si la mort te surprend, tu pourras disparaître : Tes fils achèveront le sillon commencé.

Homme, libère donc ton âme triomphante Du boisseau sous lequel tu l'étouffes en vain ; Lève-toi sans tristesse et va sans épouvante Braver la nuit humaine avec ton feu divin !

Car, malgré l'ombre épaisse et l'angoisse profonde Où les forces du mal parquent l'humain troupeau, D'âge en âge, il suffit, pour éclairer le monde, Que quelques nobles mains se passent le flambeau.

Elève donc ton âme en chantant ton cantique ; Bondis toujours plus haut, poursuis toujours plus loin ; Et passe sans faiblir, comme un coureur antique, Dans la vie et la mort, ta belle flamme au poing !


RAPPORT 213

II

LE CHEMIN DE CRAIE

PAR

EDOUARD OUDIETTE.

Sous les baisers brûlants et sous les flèches d'or Dont te couvre, implacable et fougueux, Messidor, Petit chemin qui cours tout blanc dans la campagne, J'aime ton sol crayeux et léger de Champagne.

D'autres chemins, je sais, plus larges et plus longs, Au flanc d'autres coteaux, au creux d'autres vallons Semblent un beau tapis de silex ou de roche Sonore au pas rythmé qui le frappe et s'approche.

Tour à tour, l'aube en fleur, le midi, le couchant Irise, dore, empourpre, allume en s'y penchant Les millions de cristaux qui font leur mosaïque : Mais toi, petit Chemin, modeste et prosaïque,

Sans éclat, sans reflet, sous les pieds du passant Etendant sans orgueil ta robe d'innocent, J'aime, parmi nos champs, dans sa marche si franche Le naïf déroulis de ta ceinture blanche.

Le grain de ta chaussée est si fin, si léger Que le pas d'un pinson le peut désagréger, Et, quand un papillon de trop près te survole, La poudre de ton front se soulève et s'envole.

Le soir, au clair de lune et quand tout est d'argent, N'étant plus qu'un rayon vers le Ciel convergeant. Ton profil irréel et presque astral m'enchante, Et comme ces ruisseaux qu'Astarté, la méchante,

Fait prendre dans la nuit pour quelque doux sentier, Tu n'es plus qu'un chemin de rêve tout entier, Ou, sur la nuit au froc fait de sombre futaine, Qu'une écharpe de lin idéale et lointaine.


214 FONDATION DES GUERROIS

Mais, c'est lorsque le vent, surgissant par hasard, Prend des airs de mistral et des voix de blizard Et rugit longuement comme un lion qui gronde Que j'aperçois surtout ta nature profonde.

Alors, petit Chemin qu'on croyait résigné

A n'être qu'un ruban gisant et dédaigné,

Ou qu'un serpent honteux qu'on écrase et qui rampe,

Tu n'es plus qu'un drapeau qui claque sur sa hampe !

Et, vibrant au contact de ce baiser nouveau

Ainsi que l'arbre aux jours troublants du renouveau,

Feu follet sautillant, tourbillon, oriflamme,

Tu n'es plus qu'un élan, qu'un essor et qu'une âme !

C'est alors qu'on te voit, parmi les champs peureux Dresser hautainement ton long corps vaporeux. Et, comme un sylphe blanc fait de poudre impalpable, Faire appel jusqu'à Dieu contre le vent coupable.

Dressé magiquement comme un mur, un rempart, Bond farouche et fougueux de tigre ou de guépard, Spectre d'atomes blancs, hydre, dragon, tarasque, Bouclier généreux tendu vers la bourrasque,

Toi seul, parmi l'émoi des champs et des buissons, Le long salut courbé jusqu'au sol des moissons Et le frémissement des sapins et des chênes, Toi seul es le guerrier qui ne veut pas de chaînes !

Toi seul, face au danger, devant le vent soudard As déployé ton vaste et poudreux étendard Et changé crânement avec un geste unique En panache argenté ton sol catalaunique !

Et je retrouve alors, petit Chemin crayeux, Dans ton réveil soudain l'âme de nos aïeux Et toi que ne soumet, ne dompte ou ne terrasse Nul esclavage, ô toi, vertu de notre race !

Car, tout pareils à toi, petit Chemin français, Loin de tout fol orgueil et loin de tout excès, Nous allons simplement par le inonde en folie Notre allure de paix mesurée et polie :


RAPPORT 215

Dans le cadre apaisé de nos clairs horizons, Par nos sentiers discrets flanqués de verts gazons, Nous allons, laborieux, diligents et modestes, Vers nos villages gais et nos coteaux agrestes,

Satisfaits sans jactance et sans morgue admirant Notre passé si noble et notre honneur si grand, Ne demandant à Dieu qu'à jamais Il lui plaise De garder notre race indomptable et française !

Mais, si quelque mâtin l'orage ou l'ouragan

S'en vient avec défi pour nous jeter le gant,

Notre vieux' sang gaulois s'échauffant dans nos membres,

Les fils du vieux Clovis sont alors des Sicambres !

Et, comme au pied fleuri des volcans en sommeil Soudainement l'on voit la vigne au grain vermeil Se changer en torrents de lave et de fumée, Notre peuple debout se change en une armée...

Et, poursuivant parmi les morts et les tombeaux La troupe des chacals et le vol des corbeaux, Au-dessus des moissons de froments et de seigles, Nos grands soldats ailés planent comme des aigles !

Et comme toi, Chemin pacifique et gracieux, Dont la poussière au vent s'envole vers les Cieux, Notre Gloire, enfourchant nos grands oiseaux de toiles, Monte indéfiniment et va jusqu'aux Etoiles !



COURMONONCLE

Une Seigneurie disparue Un ancien Village. — Une vieille Gentilhommière

PAR

M. JULES BABEAU

LICENCIE ÈS-LETTRES

AVOCAT

MEMBRE RESIDANT DE LA SOCIETE ACADÉMIQUE DE L'AUBE.

AVANT-PROPOS

La Vallée et les Eaux de la Vanne

Orientée est-ouest, la vallée de la Vanne sépare le joli et curieux massif de la forêt d'Othe, au midi, des dernières laideurs de là Champagne pouilleuse au nord. Boisés au midi, presque dénudés au nord, les coteaux qui la bordent lui font un cadre doux et plaisant à l'oeil. Des sommets, vite atteints, la vue se repose, sur des lointains tranquilles, de lignes et de teintes simples, et suffisamment variés pour distraire sans fatiguer.

Les brumes, qui montent nombreuses du fond humide de la vallée, y renouvellent, chaque jour de beau temps, des levers de soleil ravissants et des couchers incomparables qui font la vraie beauté du pays.

Communication naturelle entre les deux vieilles villes de Sens et de Troyes, la vallée a été fréquentée dès les premiers âges : les époques du silex taillé, de la pierre polie, du fer, y ont laissé d'innombrables traces ; c'est ainsi qu'on trouve encore souvent des silex taillés dont quelques beaux exemplaires se trouvent au Musée de Troyes. Entre SaintBenoît et Villemaur, dans le bois Luteau, au-dessus de la ferme de Cosdon, la « Pierre aux dix doigts », ancien polissoir de grès, est un joli but de promenade ; et dans les champs, les taches noires, ne sont souvent que des amas de Scories, témoins des anciens et primitifs ateliers de forgerons que groupait surtout Rigny-le-Ferron.

Jadis, la route de Sens à Troyes, remontait la rive gau-


218 COURMONONCLE

che de la Vanne en longeant ses marécages, passant exactement au pied du village de Courmononcle. Une vieille chronique du XVe siècle prétend qu'il fallait huit jours aux voitures chargées pour franchir la distance qui sépare les deux villes. On peut juger de l'état pitoyable de cette route, des fondrières et des obstacles de toutes sortes qui s'y rencontraient par ce fait que, sur cette voie pourtant d'importance, un plan de 1838 signale encore sous la chapelle Saint-Gengoult, de Courmononcle et devant les deux sources qui jaillissent du coteau, un gué !

C'est que, dans la vallée-, les eaux et les pâtures sont tout. Le fond, plat sur une largeur d'environ un à deux kilomètres, est presque totalement occupé par les « Pâtures », prairies tourbeuses couvertes d'une herbe souvent coupante et d'ailleurs aussi épaisse que mauvaise, piquetées de mottes, criblées de trous, où jamais le pied ne trouve à se poser d'aplomb. Plus au milieu, c'est un vrai marécage, couvert d'immenses roseaux, parsemé de buissons touffus d'aunelles traversé lentement par une rivière aux bords indécis, coupé de canaux et de fossés.

L'aspect n'en a pas dû changer depuis des centaines et des milliers données.

C'est naturellement un excellent refuge pour les animaux sauvages les plus variés, gibier d'eau, gibier de plaine et même de bois, puisque durant l'hiver 1920, dans les cendres des roseaux qu'une exceptionnelle sécheresse de l'hiver avait permis de brûler, on trouva, sur la pâture de Vulaines, près de la route de Rigny, trois sangliers carbonisés.

Le râle de genêts ou roi de caille, la bécassine, le râle d'ean, lé canard sauvage y fréquentent couramment ; les faisans, quand on en met, s'y plaisent. La chaleur, prendelle ? Lièvres et perdreaux s'y réfugient au frais avec les cailles. Ramiers et tourterelles s'y reposent en passant, et les pâtures sont ainsi, en tout temps, un merveilleux terrain de chasse pour qui ne craint ni la fatigue, ni les chutes, ni les bains, ni les enlizements, ni les aoûtas. Si vous savez surmonter tous ces obstacles, vous êtes sûrs, avec un bon chien et une bonne dose de constance, de ne jamais rentrer bredouilles, mais un tel terrain n'est recommandable ni aux trop jeunes, ni aux trop vieux, ni à ceux que ne brûle pas le feu sacré. Au demeurant peu aiment à y chasser et savent le plaisir qu'on y trouve.

Ces pâtures sont le royaume des eaux, le collecteur de toutes les sources de ce côté de la forêt d'Othe qui descend,


COURMONONCLE 219

du sud, vers la vallée de Vanne. Toutes ces eaux y accèdent, non pas à ciel ouvert, mais par une série de conduits souterrains, débouchant au bord des pâtures, ou même, comme les sources des « Bîmes » et du moulin d'Ambly, au plein milieu des prés.

En raison de la nature du sous-sol de la contrée d'Othe. constitué par un massif crayeux très épais, l'eau ne séjourne pas au dehors, mais pénètre de suite dans les fissures du massif, les élargit à la longue et chemine souterrainement, non pas en nappe, comme dans les graviers de la Seine, mais comme de véritables ruisseaux souterrains : ainsi au hameau de la Bouillant, un puits, traversant la voûte d'un de ces conduits, s'alimente dans une rivière d'eau courante qu'on peut descendre et remonter sur un certain parcours ; ainsi encore, en bas de pente Chevret, un laboureur vit-il en 1910 son cheval et sa charrue s'enfoncer subitement de quelques mètres dans un ancien conduit naturel dont leur poids avait crevé la voûte ; ainsi enfin, le dégagement de l'orifice d'une source au Foulon, lors des travaux de captage pour la ville de Paris, provoqua un changement subit de niveau dans un puits de la ferme des Chênettes à 8 ou 10 kilomètres de là.

Tout ce réseau souterrain, extrêmement curieux, s'étend sans aucun ordre dans le massif et provoquera indéfiniment des surprises.

Parfois la présence et la direction de ces conduits se. manifestent au dehors, sur le sol : on peut observer, par exemple, le long de la garenne Michaux et du bois Pottier, puis en travers du chemin de Courmononcle à Rigny, une ligne plus verte en été, plus sombre en hiver, et où la neige ne tient pas, qui bifurque, d'un côté sur Armentières, de l'autre sur Courmononcle et correspond, à n'en pas douter, aux sources de la Bouillarde (Jardin de Paris) et de SaintGengoult.

Le même système souterrain fournit l'explication de la source des « Bîmes », de celle du moulin d'Ambly et sans doute aussi de celle de la tourbière d'Armentières qui a dû diminuer d'importance : elles sortent du massif crayeux qui traverse profondément la vallée, sous la Vanne. Pour remonter au niveau des eaux de la rivière, ces sources s'échappant de leur gaîne de craie traversent l'épaisse couche de tourbe et d'alluvions dont elles opèrent dans une sorte de puits, un brassage continuel qui rend le fond vaseux, inconsistant, insondable, inabordable, et donne nais-


220 COURMONONCLE

sance à la légende des « Bîmes » ou abîmes, « dont on ne trouve pas le fond ».

Depuis longtemps on a tenté, mais toujours en vain, l'assèchement et le draînage des pâtures ; c'est l'origine d'une partie dés fossés d'ancienneté et de profondeurs différentes qui les sillonnent et réservent aux chasseurs de si désagréables surprises, cachés qu'ils sont dans les hautes herbeset les roseaux. Ainsi fut creusé, pour drainer les « Bîmes », le canal Tunc [ou Tunque (?)] qui longe la propriété Fruitier, puis le chemin de Courmononcle à SaintBenoît, qu'on appelle aussi canal de flottage (flottage de quoi ?.) et qui remplace un plus ancien canal signalé dans un plan de 1738. De même le « fossé d'abreuvis » traverse les pâtures de Saint-Benoît et du château au nord de la Vanne, et vient longer les basses maisons de Saint-Benoît.

D'autres fossés coupent en tous sens la pâture Fruitier, celles de Saint-Benoît, de Courmononcle, d'Armentières, de Vulaines, vestiges d'ancienis travaux, d'antiques limites, des déversoirs primitifs de sources captées ou disparues; les plus récents qui entourent les pâtures d'Ambly, à l'ouest du chemin de Courmononcle à Saint-Benoît, ont été creusés, aux frais de la famille d'Ambly, en 1917-1918, par une équipe de prisonniers allemands logeant dans les communs du château de Saint-Benoît, et tel est le peu de pente du fonds de la vallée et des pâtures que l'eau d'un de ces fossés, de long du chemin de Courmononcle à Saint-Benoît coule thord-rsud (si même elle coule encore), tandis que de l'autre côté du même chemin, l'eau du canal Tunc coule sud-nord.

Le plus souvent, même bien loin des rives de la Vanne, les pâtures sont pleines d'eau et il faut une année d'exceptionnelle sécheresse comme 1921 pour y pouvoir circuler partout à pied sec.

L'épaisse couche de tourbe qui constitue leur sous-sol et témoigne de leur ancienneté, n'a jamais été exploitée d'une façon suivie : elle est d'ailleurs franchement mauvaise à hauteur de Courmononcle où subsistent cependant quelques traces d'anciennes extractions. Pendant la guerre 1914-1919, la pénurie du combustible amena une société, éphémère d'ailleurs, à risquer à Paisy-Cosdon. une tentative d'exploitation qui fut abandonnée sitôt la cessation des hostilités.

Le débit très régulier des sources de la vallée, la pureté de leurs eaux, avaient naturellement attiré les Romains qui,


COURMONONCLE 221

à Aix-en-Othe et Paisy-Cosdon, avaient construit d'assez somptueuses villas et installé des bains.

Plus récemment, en 1868, la Ville de Paris capta, pour son usage, les principales sources de la vallée, Armentières et le Foulon, notamment ; mais grâce aux démarches de M. Fruitier, celles de Courmononcle échappèrent à l'expropriation pour la plus grande joie des amateurs de cresson et d'eau fraîche.


222 COURMONONCLE

COURMONONCLE

Un château disparait, une route s'éloigne et un village en meurt : c'est toute l'histoire de Courmononcle.

Lorsque, à une époque relativement récente, le Chemin de. Sens à Troyes, qui longeait la rive gauche et traversait tant de villages — construits de ce côté a causé des sources — vint à être remplacé par la route impériale de la rive droite, ce fut là déchéance de toutes ces communes, et, tout particulièrement, de Courmononcle.

Le touriste qui sort de Sens, en passant proche la très vieille église de Saint-Savinien, pour entrer à Troyes près de l'église Sainte-Savine, suit cette grande route assez fastidieuse où « la vue » est constamment à droite. Il y rencontre les deux merveilles de Villeneuve-l'Archevêque avec son porche du XIIe, et de Villemaur avec son jubé unique; en bois sculpté, de 1521, et, entre ces deux bourgs, à hauteur de Saint-Benoît-sur-Vanne, aperçoit de l'autre côté de la vallée, au pied du coteau, et sur ses premières pentes, quelques huit ou dix maisons espacées, une vieille chapelle, deux ou trois fermes un peu plus importantes, un bouquet d'arbres : c'est tout ce qui reste de ce village jadis indépendant, assez vivant, maintenant pauvre hameau endormi, écart de Saint-Benoit-sur-Vanne.

I

Les origines de Courmononcle

Comme pour tant d'autres villages, il est absolument : impossible de fixer la date ou même l'époque approximative du groupement primitif.

Le premier repère certain est celui de la période galloromaine; en effet, au milieu de ces villages aux nom caractéristiques : d'Aix-en-Othe (Aquae Sextiae), Paisy-


COURMONONCLE 223

Cosdon (?), Vaujurennes (Vallis Jusanii), Courmorin (ancien nom de Saint-Benoît, Curtis Morini) et Villemaur, Courmononcle sent aussi le romain : c'était la Curtis Mononculi ou Monoculi (cour ou domaine du Borgne ?) Dans l'acte le plus ancien où soit cité Courmononcle (1360), il est question dé la « Curia mei avunculi supra vannam », mais ce n'est là, sans doute, que la rectification d'une forme plus ancienne, scientifiquement effectuée au moyen âge par quelque scribe d'une abbaye voisine.

En tous cas, il faut s'y tenir, sans s'arrêter aux orthographes fantaisistes de Cormononcle (vieux actes) ou de « Corps mon oncle » (lettre d'un ouvrier de Rigny, 1842).

Et quant au nom de l'oncle en question, il faudra nous résigner à ne jamais le connaître, non plus que celui du neveu si attentionné pour l'héritage de son cher parent.

Au surplus de toutes ces étymologies, on peut disserter sans fin, puisque, en résumé, nous ne savons rien.

Toujours est-il que, dès la fin du XIe siècle environ, Courmononcle était assez important pour s'offrir une chapelle encore existante, dédiée à saint Gengoult.

Le choix d'un tel patron fleure le très vieux temps et donne du cachet à l'antique, mais bien modeste monument. Gengoult, ou Gengoulf, ou Gengon, né au VIIIe siècle près de Langres, y vivait, calme et assez solitaire, partagé entre la pratique des vertus et les seuls plaisirs de la chasse ; par la suite, marié à une femme de caractère emporté et de tempérament excessif, il eut de plus la malchance d'être entraîné à de trop, fréquentes 1 absences ; or, chacun le sait, les absents ont toujours tort. Souvent parti, soit en chasse, soit à la guerre, avec Pépin le Bref qui l'emmena jusqu'en Hollande, il eut l'occasion, lors d'un retour inopiné, de concevoir, sur la vertu de son épouse, quelques doutes ; mais par excès de scrupules et de bonté, l'excellent homme offrit à sa femme la possibilité de se disculper par le jugement de Dieu et l'épreuve de l'eau glacée.

Bien entendu, la tradition locale assure que Gengoult fit, à cette occasion, jaillir à Courmononcle la source de la Chapelle, tout exprès pour permettre à sa femme de faire éclater son innocence. Mais on n'est pas forcé d'y croire.

Au surplus, l'épouse qui avait les meilleures raisons d'appréhender la suite des événements, n'y trempa qu'un bras hésitant et qu'elle retira d'ailleurs tout dépiauté, dit la légende.

Bien convaincu alors, Gengoult laissant à sa femme la


224 COURMONONCLE

plus grande part de ses biens, quitta la place et se retira dans l'Avallonnads où il vécut seul, partageant son temps entre les bonnes oeuvres et la chasse, et où pour être encore plus assurée de sa tranquillité, sa femme le fit bientôt assassiner par un ami à elle.

Ce pourquoi et aussi en considération de tant de vertus, canonisé par l'Eglise, ce bon patron des mal mariés devint bientôt un saint très populaire.

Dans la vieille chapelle romane de Courmononcle, il érige sa statue au-dessus de l'autel, en costume du moyen âge, l'épée au côté, le faucon sur le poing, chevauchant un robuste courtaud, pie de robe et boulonnais de forme.

Cette statue, dont l'ancienneté fait la seule valeur, constitue avec une demi-douzaine de vieux carreaux vernissés (qui proviendraient du château) l'unique curiosité du monument. Et chaque année, les vertus du bon saint y sont fêtées le dimanche qui suit le 11 mai.

Jadis la chapelle et la source étaient un lieu de pélerinage extrêmement fréquenté où se pressait, paraît-il, une grosse affluence de fidèles. Ces dévots n'étaient pas tous, ni nécessairement, des époux malheureux, et la source, où les mères trempaient leurs enfants, avait la réputation de protéger contre les fièvres malignes.

Il ne resté pas d'autre trace du village primitif. Pourtant, dès avant la construction de la chapelle, une bâtisse importante, devenue par la suite un château, s'élevait au fond de la vallée, au pied de cette chapelle, et au bord des pâtures, exactement à l'emplacement actuel de la propriété de M. Fruitier qui, vers 1890, a retrouvé les fondations d'une tour ou d'un colombier, seuls vestiges de l'ancienne seigneurie de Courmononcle.

II

La Seigneurie de Courmononcle

Fief mouvant de la baronnie de Villemaur, la seigneurie de Courmononcle a la bonne fortune de posséder dés archives assez complètes pour qu'on en puisse suivre facilement l'histoire : en effet, à la fin de l'ancien régime, la baronnie de Villemaur relevait elle-même du duché d'Estissac, alors au marquis de la Rochefoucauld Liancourt ; or, le chartrier d'Estissac, remarquablement tenu, constitue un des fonds les plus riches de nos archives départementales.


COURMONONCLE 225

Ces archives ont été, pour la plupart, déchiffrées, analysées et classées, vers 1880, par M. Alphonse Roserot. Les pièces concernant la Seigneurie consistent surtout, au nombre d'une quarantaine, en procès-verbaux de foi et hommage rendus par les vassaux à leurs suzerains, en déclarations d'aveux et de dénombrement des terres de la seigneurie établis pour la perception des droits seigneuriaux, enfin en quelques actes de vente et rôles de tailles.

Le travail fait aux Archives de l'Aube par M. Alph. Roserot est très complet ; je n'ai donc pas eu à le reprendre pour Courmononcle ; au surplus, n'étant pas chartiste, je me suis contenté de manier avec respect tous ces vénérables parchemins, dont quelques-uns sont encore munis de leur lourd scel de cire rouge ou verte attaché au bas de l'acte par quelque lien de parchemin ou de fils multicolores ; j'ai contrôlé cependant les passages et les noms cités par M. Roserot et relevé, en plus, quelques noms dé lieux.

D'histoire en elle-même, ou plutôt d'histoires, une si petite seigneurie n'en pouvait avoir : seuls, les grands évènements nationaux, guerres ou dissensions intestines, ont pu laisser des traces que nos archives permettent parfois de relever.

Ce que l'on suit mieux, et plus clairement, c'est le transfert même de la seigneurie à ses propriétaires successifs, son endettement ou son regroupement au gré des successions, échanges ou acquisitions, mais le tout restant, à chaque époque, en indivision, sans que jamais l'unité de la seigneurie soit entamée sur le terrain. Ce n'est qu'au milieu de XVIIIe siècle qu'elle sera, pour la première fois, divisée en deux lots formés, l'un, des trois quarts, qui tombera et se trouve encore dans le patrimoine de la famille d'Ambly, de Saint-Benoît, l'autre, d'un quart seulement, qui constituera la modeste gentilhommière devenue finalement) la propriété de M. Henry Robin.

Nos coteaux champenois n'offrent, autant dire, aucune défense naturelle. Faute de pouvoir construire son château sur un roc ou un piton abrupt, on dût, le plus souvent, dans nos pays, emprunter aux eaux leurs défenses et s'abriter derrière elles.

Dans un fonds choisi, près d'une source, on creusait, en rectangle, des fossés, dont la terre, rejetée à l'intérieur, constituait, sur le carré ainsi découpé, une « motte ».

Ce fut, à l'époque gallo-romaine, l'origine de notre sei-


226 COURMONONCLE

gneurie, autour de laquelle vinrent se fixer quelques cultivateurs et ouvriers employés au domaine pour la plupart.

C'est ainsi qu'en 1360, les archives nous mentionnent la première châtelaine : Mélinette de Foujon, dame de Cormononcle, qui fait aveu et dénombrement à la comtesse de Flandre, dame de Villemaur pour, notamment « la motte de Cormononcle, tous les hommes et femmes de corps du dit lieu » (serfs et serves).

Vers la même époque, Génovète de la Broce, dame de Saint-Benoît, faisait aveu et dénombrement pour les bois du Grand et du Petit Chevret.

Ensuite viennent Jean de Cormononcle, écuyer, fils et héritier de Guyot de Cormononcle, écuyer (1390), Guillaume de la Palu, qui fait dénombrement à cause de Jeanne de Cormononcle, sa femme, « ...pour la fort maison de Cormononcle... la chasse à toutes bêtes rousses et noires ».

Ainsi, de la motte primitive et de sa villa gallo-romaine en bois, il n'est déjà plus question ; mais au même endroit, sous la chapelle Saint-Gengoult et près des meilleures sources, s'élève maintenant cette « Fort Maison » dont on va suivre désormais l'histoire.

Un siècle plus tard, en 1543, les droits sur la seigneurie sont en plusieurs mains : Claude de Midy, fait aveu et dénombrement pour un quart, Jacques de Nausot, pour un autre quart, et la seconde moitié se divise par tiers entre Charles de la Haye, Nicolas Poard et Louise des Essarts. Et dans l'énumération des biens figure la « maison seigneuriale ».

Six ans après, en 1549, Jacques de Nausot rend foi et hommage à son suzerain, le baron de Villemaur, qui était alors le duc de Nevers.

C'est une leçon très claire de droit féodal que nous fournit) l'histoire de notre seigneurie : le fief reste toujours la propriété du suzerain ; chaque fois que celui-ci change, le vassal va, de sa personne, lui présenter « foi », c'est-à-dire lui jurer fidélité, et lui « faire hommage », c'est-à-dire lui offrir et remettre entre ses mains le fief qu'il détient seulement. A quoi le suzerain répond en donnant à son vassal l'Investiture : c'est-à-dire que, gardant pour lui le domaine éminent ou la nue propriété du fief, il lui en concède le domaine utile, ou usufruit. Et cet ensemble constituait le Serment féodal.

En retour de ce droit d'usage, le vassal devait à son suzerain le service militaire et divers impôts. En outre, tenu


COURMONONCLE

227

de remettre le fief dans l'état où il l'avait reçu, il devait chaque fois que lui-même changeait, faire « l'aveu et le dénombrement » des biens constituant le fief, c'est-à-dire en établir, pour son suzerain, une sorte d'inventaire détaillé ; lorsque, par succession, différents ayants-droit indivis apparaissaient, ils étaient tenus de faire également aveu et dénombrement. Mais jamais, tout au moins au moyen âge, le vassal ne pouvait vendre le fief, soit totalement, soit seulement en partie. Et c'était logique, puisqu'il n'en était, pas propriétaire. C'est seulement à la fin de l'ancien régime que le lien féodal s'étant relâché, puis ayant tout à fait disparu, les vassaux, devenant peu à peu propriétaires, purent aliéner l'ancien fief.

Le fonds de la Rochefoucauld Liancourt contient plus de vingt aveux et dénombrements s'étendant sur la période du XIVe au XVIIIe siècle. On peut donc suivre facilement l'histoire de la seigneurie, car ce système de déclaration fonctionnait admirablement : quelque nouveau vassal omettait-il, volontairement ou non, de faire aveu et dénombrement, une bonne saisie féodale vous le rappelait à l'ordre.

C'est ainsi, qu'ayant deux ans durant, négligé de faire aveu, Guillaume de la Palu dût, en 1454, verser 50 sous tournois d'amende pour faire tomber la saisie. De même, pareille mésaventure survint à Louise des Essarts pour avoir oublié, à la mort de son mari, de faire aveu pour les bois de Chevret.

La déclaration de ses biens par le contribuable, la contrainte et l'amende ne sont donc pas innovations modernes de notre administration fiscale.

Au surplus, si le suzerain serrait de près son vassal il savait aussi lui rendre justice, et même lui faire grâce : en 1537, Jeanne Davally (ou Danally), dame de Saint-Benoît, épouse de Jacques de Nausot, écuyer, seigneur de Courmononcle, obtint, de son suzerain, remise des dommages et intérêts qu'elle lui devait, pour avoir porté atteinte à ses droits de « gruerie » (droits de coupe et de chasse) et de « graierie » (les mêmes droits en commun avec d'autres bénéficiaires) sur ces fameux bois de Grand et de Petit Chevret en la contrée d'Othe.

On peut s'offrir la fantaisie de supposer que tant de mansuétude ne fut due qu'aux beaux yeux de la jolie braconnière.

Pendant tout ce seizième siècle. La seigneurie de Courmononcle passe et se partage entre les mains de nombreux


228 COURMONONCLE

ayants-droit : en 1596, Etienne de Saint-Pol en possède un quart, plus la moitié d'un autre quart, plus le neuvième de l'autre moitié ; le reste se partage entre Louis de Chaumont, Jehan le Masson et les héritiers de Claude de Midy. Quel casse-tête ! mais la législation des successions n'a jamais été simple.

Triste période du reste, pour la seigneurie ; l'aveu dé Saint-Pol, en 1600, décrit ainsi le château : « le lieu sei« gneurial, clos de fossez à eaue et pont levys, où souloit « avoyr maison seigneurialle, granges, estables et collom« hier, cour, jardin et, actin, à présent ruyné et bruslé par « les guerres et dissensions civilles, et n'y a de présent, « synon le dict collombier, le tout contenant un arpent « envyron et inhabité ».

D'ailleurs, dans le même temps de l'autre côté de la Vanne, le château de Saint-Benoît n'était guère mieux en point ; détruit jusqu'aux fondations, malgré sa double ceinture de canaux, il n'avait pas pu résister non plus au passage des Reîtres, dont les bandes, après avoir dévasté le Senonais, remontaient à ce moment en Champagne.

Mais tandis que, peu après, et sur les plans primitfs, le château de Saint-Benoît se reconstruisait en bel appareil, celui de Courmononcle « faulte d'argent » sans doute, n'était restauré que sommairement et de façon peu solide. C'est sûrement pour cette cause que le premier subsiste encore aujourd'hui intact, tandis que du second il ne reste pas pierre sur pierre.

Naturellement, le morcellement excessif des droits héréditaires sur notre seigneurie, en amena un jour le regroupement qui va suivre. En 1601, Louis de Chaumont, seigneur de Royainvilliers, demeurant à Cormononcle, fait aveu et dénombrement « pour les cinq parts en la moictyé « de la terre et seigneurie de Cormononcle, et la neuvième « partie en l'autre moictyé, les six faisant le tout à luy « estant et appartenant (avec ce mot perce déjà la première « affirmation par un vassal d'un droit réel de propriété) « par le décedz, mort et trespas de feu Anthoine de Chau« mont, son père, en son vivant seigneur de Saint-Chéron, « gouverneur de Joinville, surintendant de la Reine « d'Ecosse, Douairière de France (Marie Stuart) qu'il tient « par indivis avec Etienne de Saint-Pol, Jehan le Masson « et les héritiers de Claude de Midy, seigneurs pour le sur« plus de la dicte terre de Cormononcle ». Ensuite, bien qu'apparaissent encore, les années suivan-


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tes un Simon Cottenet, un Gallas, de Bérulles, dès 1608, par rachat de ces diverses parts de droits, Louis de Chaumont devient seul seigneur de Courmononcle.

Les droits de cette famille de Chaumont sur la seigneurie provenaient du mariage d'un Jacques de Chaumont (père d'Anthoine) avec une damoiselle Mahaut Guerry Davally qui était dame de Cormononcle vers 1520. Et c'est à la même époque que la famille de Vienne dût prendre pied à Saint-Benoît (?).

Sous un possesseur unique, les ruines disparaissent et le dénombrement de 1619 mentionne ainsi le château reconstruit : « cloz de fossez à eaue où il y a maison seigneurialle, « grange, estables, escuryes, collombier, le tout contenant « neuf quartiers ou environ, les jardins et actins qui sont « assys au devant du pont du dict Château ».

A noter, en passant, que le dénombrement d'Amaury de Chaumont, fils de Louis, indique en 1630 « la tuylerie près le boys » : il doit s'agir là, très probablement, du bois Pottier ou de la Terre au Pot.

En 1652, la fille d'Amaury, dame de Sacey, veuve de Christophe de Sommermont, fait de tous ses biens deux lots qu'elle donne à ses deux filles : Claire, épouse de Charles de la Grange de Villedonne, et Marie, épouse de Louis de la Beaume. Le sort fait échoir la seigneurie de Courmononcle au seigneur et à la dame de Villedonne, dont les armes sont « d'azur à trois ranchiers d'or ».

En 1691, Madeleine de Bretel, veuve de Joachim de la Grange de Villedonne (lui-même fils de Charles), mère et tutrice de deux garçons et deux filles, doit présentier requête au seigneur de Villemaur « pour obtenir main levée de la « saisie féodale de la Terre de Cormononcle, leur apparte« nant par le décedz de leur père susnommé, arryvé au ser« vice du Roy, quelques années auparavant ».

Dans quel désarroi cette mort avait-elle dû laisser la pauvre veuve, pour qu'elle eût, autant dire, oublié de déclarer la succession de son mari !

L'aîné des orphelins, Charles François, reprend le domaine. Au service du Roy, comme son père, il est, en 1712, capitaine d'une compagnie de Chevaux au Régiment de Rennepont. Et en 1742, il faisait dénombrement en se donnant comme ancien lieutenant colonel du Régiment royal de Cravattes (Régiment composé de cavaliers Croates).

Lorsqu'il mourut, vers 1758, à Courmononcle, il laissait quatre filles, orphelines, bien empêtrées de la seigneurie et


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qui furent trop heureuses de la vendre aux voisins. Ce fut une vente véritable, non seulement; du titre, mais aussi du domaine, suivant acte de Me Loyson, notaire à Paris, des 30 avril et 4 mai 1759, et sans aucune intervention du suzerain, le baron de Villemaur : le régime féodal est bien près de sa fin.

Ces acquéreurs voisins sont précisément les châtelains de Saint-Benoît. Sur les quatre fils de François Pomponne, comte de Vienne, l'un, chanoine à Troyes, est, à la vérité, pourvu, et se désintéresse ; le second, jeune officier aimant son métier, se désintéresse aussi, mais les deux autres saisissent avec empressement cette aubaine.

Ayant tous deux servi, comme il convenait, aux armées du Roy, ils étaient assez vite revenus à Saint-Benoît, l'aîné par devoir, puisque il était devenu à là mort de leur père (1746) et de leur mère (1751), seigneur de Saint-Benoît ; le cadet, par amour du pays et parce qu'il rêvait d'y planter choux.

Voilà pourquoi « Nicolas François Pomponne, comte de Vienne, ancien capitaine au Régiment de Saintonge, demeurant en son château de Saint-Benoît-sur-Vanne, acquit des quatre demoiselles de Villedonne les trois quarts de leur domaine, tandis que Charles François, vicomte de Vienne, lui achetait le dernier quart. Dans la grosse part de l'aîné, était comprise « une maison seigneurialle en très mauvais « état, ne servant actuellement que de logement au fermier, « jardin et dépendances, contenant le tout cinq arpens « entourés de fossés ».

Encore un sursaut des vieux usages féodaux : en 1764, le comte de Vienne fait aveu et dénombrement pour sa seigneurie de Saint-Benoît (qui dépendait aussi de Villemaur) et les trois quarts de celle de Courmononcle. Anne-Catherine Derelongue, veuve du vicomte Charles François de Vienne, fait, par le même acte, aveu et dénombrement « comme mère et tutrice de Maris-Anne-Adélaïde de Vienne, dame de l'autre quart, en qualité de seule héritière du dit vicomte de Vienne, son père ».

Une dernière fois, en 1786, foi et hommage sont rendus au baron de Villemaur, duc d'Estissac, par « Nicolas René « Peschard, baron de Levoncourt, Chevalier d'Ambly, Sei« gneur de Saint-Benoît et des trois quarts de Courmo« noncle, ancien major d'infanterie, comme ayant épousé « Marie-Jeanne-Louise de Vienne, fille et héritière de Nico« las François Pomponne; comte de Vienne ».


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C'est fini de la seigneurie de Courmononcle, la Nuit du 4 Août, en supprimera le titre, et, du vieux château déjà en ruines, les fossés eux-mêmes disparaîtront presque totalement.

Mais, sur sa part, le vicomte Charles François de Vienne avait construit une gentilhommière dont l'histoire fera suite à celle du village.

III

Le Village de Courmononcle

Jusqu'à la fin du XVIIe siècle les archives sont muettes sur le village de Courmononcle : on ne peut donc s'en rapporter qu'aux traditions et aux vestiges du passé, quand on en trouve. Or, si le sous-sol de Courmononcle n'offre pas la même richesse que celui de Paisy-Cosdon où de nombreuses fondations romaines et même d'assez belles mosaïques ont été relevées; il est certain cependant qu'on y a retrouvé pas mal d'anciennes substructions.

Mais il faut se méfier de l'imagination et des traditions qui amplifient : un essai de statistique du canton d'Aix-enOthe, écrit en 1859, par un sieur Monchaussé, ancien instituteur à Planty, puis régisseur de la famille d'Ambly, consacre quelques paragraphes à Courmononcle. Lorsqu'il cite un Geoffroy de Saint-Florentin, sire de Courmononcle en 1290, un Manassès, seigneur en 1328, ou une dame de Corferant vers la même époque, on peut le croire, car des noms propres ne s'inventent pas, mais lorsqu'il assure que Courmononcle possédait autrefois des places publiques et que son église était plus vaste, le doute est permis. A la vérité, le cimetière était plus grand qu'il n'est maintenant et c'est un indice intéressant. Il y avait aussi une halle.

En réalité, aucun document ancien n'existe sur lequel on puisse s'appuyer. A la plus belle époque de prospérité, Courmononcle contenait-il 300 habitants ? Même en restituant son auvent à. la chapelle, elle n'aurait pu les contenir. La cloche donnée en 1562 par Nanceau, seigneur de Courmononcle et Marguerite des Essaies, ne dut jamais en convoquer plus de deux cents, y compris les fermiers d'Armentières et du Foulon, écarts dépendant de Courmononcle, et appartenant à l'abbaye de Vauluisant (près Courgenay).

Quelques rôles de tailles des années 1699 à 1703 conservés aux archives relèvent à Courmononcle une vingtaine de


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familles imposées, et, à la même époque, 44 à Saint-Benoît, et 58 à Paisy-Cosdon. En y joignant les non imposés, les ouvriers du château et ceux d'Armentières, on ne dépasse pas encore ce chiffre de deux cents, si même on l'atteint.

Ce qu'on sait c'est qu'en 1859, Courmononcle avait encore 85 habitants et qu'aujourd'hui il n'en possède plus que trente !

Ce qu'on sait encore, c'est que le territoire de la commune, enserré entre les Bois et la Vanne, n'a guère varié comme superficie : en 1848, il comporte 533 hectares de terres, 118 de pâtures, 78 de bois, 26 de terrains plantés, 20 de landes, en tout 795 hectares imposables pour un revenu de 6.084 francs 14 centimes. Toutes ces terres se distinguent par les noms de contrées ou de lieux dits. Or, les plus anciens aveux citent déjà les mêmes noms de lieux dits que ceux employés aujourd'hui : Tête au loup, Vieille garenne, Réaulx (très vieille et primitive forme du mot : « royaux »), Terre au Pot, Bois Pottier, Chevret, Olivet, Cristallins.

Et comme ces dénombrements donnent un nombre de parcelles presque aussi grand qu'aujourd'hui avec des superficies sensiblement égales, on doit admettre que, depuis des siècles, l'aspect des terres de la vallée n'a pas plus varié que celui des pâtures.

Maintenant, si on veut s'offrir la reconstitution de Courmononcle au cours des âges, c'est facile.

Vraisemblablement, comme dans tant d'autres villages autour du château de leur seigneur, la vie des serfs et vilains devait s'écouler tranquille. A la saison des grands travaux, fenaison, moisson, les habitants fournissaient au seigneur les corvées d'usage ; tant de journées de leur corps. A certaines fêtes, ils apportaient au château les redevances coutumières, poulets, oeufs et beurre. En hiver, les hommes fournissaient encore aux corvées de bois.

Le reste du temps, chacun cultivait son lopin de terre, content de peu, satisfait surtout de la sécurité que leur donnait le voisinage du château et la présence du seigneur.

Celui-ci partait-il en guerre, sous la bannière du baron de Villemaur, il emmenait avec lui quelques-uns des plus jeunes, et des plus solides habitants du village. Ensemble on cheminait, on campait, on se battait et l'on rentrait, plus ou moins vile, au pays.

Au retour, chacun reprenait ses habitudes, et le seigneur, surveillant ses terres, faisant rentrer ses redevances, gérant


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son domaine, passait ses loisirs à la pêche ou à la chasse, cheminant sur son courtaud, faucon au poing, dague au côté, tout comme lui montrait à faire la statue du bon saint Gengoult qu'on voit encore au-dessus de l'autel dans la. chapelle de Courmononcle.

Aux mauvais jours, lorsque passait, allant de Sens à Troyes, quelque bande de pillards, le village se réfugiait au château, derrière les fossés et le pont-levis relevé ; ou s'égaillait dans les bois en attendant l'éloignement des malandrins.

Lorsque, plus tard, à l'apparition des armées régulières, le seigneur prit du service, il n'apparut plus que rarement, et parfois même déserta le château. Pourtant, les seigneurs de Courmononcle font figure de militaires, mais non de courtisans, rentrent paisiblement au château, une fois terminée leur carrière, et y vivent tranquillement.

De telles moeurs ne sont pas pour donner aux habitants le mauvais exemple, aussi n'encombrent-ils ni les prétoires ni les justices criminelles, n'ont-ils aucun démêlé avec une administration quelconque.

Pourtant il y avait déjà une administration, et même plus embrouillée, et aussi tatillonne que de nos jours ! A qui s'adresser, quand on veut réclamer ? Tandis que SaintBenoît dépend du diocèse de Troyes, Courmononcle relève de celui de Sens ; et si tous deux, pour la justice et poulies forêts, dépendent du Bailliage et de la Maîtrise de Troyes, Courmononcle va chercher son sel au grenier de Villemaur, et Saint-Benoît à celui d'Estissac. Pour l'administration féodale, les deux seigneuries relèvent de Villemaur ; mais pour la royale, si les deux villages sont de la Généralité de Paris, Saint-Benoît est rattaché à la subdivision de Troyes et Courmononcle à celle de Sens !

Par ailleurs, les deux villages s'ignoraient, n'ayant entre eux aucun pont sur la Vanne.

Vienne la fin de l'ancien régime et la disparition de la seignerie, le déplacement de la grande route qu'on reporte sur la rive droite, non loin, mais en dessous de l'ancienne voie romaine (qui passait plus haut, au-dessus de l'église de Saint-Benoît) et ce sera la décadence de Courmononcle.

Viennent aussi les armées alliées et les Cosaques de 1814, et le pauvre village verra de bien mauvais jours : l'imprudence d'un habitant qui aurait tiré sur un estafette russe, ou les représailles d'une embuscade tendue aux éclaireurs


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par les habitants occasionnèrent l'incendie d'une partie du village.

Ce fait est réel comme nous le montrera l'histoire de notre gentihommière. De plus, une tradition locale très sûre donne le nom de « faillitte aux Cosaques » à un foyard isolé qui se dresse encore au lieu dit « Le fonds de la Vieille Garenne », à quelques mètres de l'entrée dans le bois, du chemin de Courmononcle aux Chênettes.

Quelques soldats russes, tombés là, y reposent sous un tertre encore bien visible. L'incendie d'une partie du village (dont notre gentilhommière) a-t-il payé pour leur mort, ou le contraire, c'est ce qu'on ne sait pas et l'on peut imaginer ce qu'on voudra, notamment qu'un certain Aubin Martin, dont nous ferons bientôt connaissance, ne devait pas être loin le jour du guet-apens.

Ce qui est certain, c'est que les Cosaques ont été enterrés là où ils sont tombés : tués dans le village, ils n'auraient pas été transportés sur un point visible de toute la vallée et, pour cacher leurs corps, les pâtures eussent été plus proches et plus discrètes.

Ce qui est certain aussi, c'est, qu'à partir de cette époque, le village dépérit. Le nombre des habitants tombe bientôt eh dessous de cent et les difficultés d'administration Commencent à naître : impossible de trouver la quantité de conseillers suffisante, d'assurer avec d'infimes ressources les dépenses même indispensables comme l'entretien des chemins, encore moins de songer à en établir de nouveaux.

Pourtant il serait bien utile de pouvoir gagner facilement. Saint-Benoît, et pour passer la Vanne il n'existe, au bout d'un sentier, qu'une passerelle formée de deux troncs d'arbres, plus dangeureuse que pratique et où deux jeunes filles se noient en 1848.

Or Saint-Benoît-augmente de tout ce qu'a perdu Courmononcle et la grande route impériale y passe maintenant.

La préfecture poussele village à construire une chaussée, l'y contraint presque et on n'y arrive qu'à force de corvées ; mais lorsqu'il faut payer la construction du pont sur la Vanne, sous le moulin d'Ambly, en 1850, c'est tout ce que la commune peut faire de verser les 592 francs de sa part contributive, et pour construire le petit pont, sur la fausse rivière (Pont de la truite), MM. d'Ambly, Fruitier et Robin sont forcés de prendre à leur charge les 700 francs qu'il coûtera.


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Et que d'ennuis suscités à la Préfecture : un vieux procès soulevé par la commune vers 1810 contre un sieur Aubin Martin, n'est pas encore réglé en 1836 et l'avoué de la commune réclame en vain à sa cliente qui ne dispose même pas des 1.200 francs demandés.

Vers 1830 un certain Brunat, conseiller municipal, est aussi garde-champêtre ; parent des deux tiers du pays, il empoisonne l'existence de l'autre tiers, favorise les uns au détriment des autres, exige que les moutons suivent tel chemin et non tel autre, permet à ceux-ci, défend à ceux-là de faire rouir leur chanvre. On réclame et sa démission n'est pas obtenue sans mal : il faut qu'un secrétaire de Préfecture vienne enquêter sur place.

Tout cela agace et rebute l'Administration centrale et, par arrêté du 14 juin 1854, Courmononcle est définitivement réuni à Saint-Benoît-sur-Vanne.

Le hameau somnole maintenant en songeant à sa petite opulence passée ; les beaux pélerinages à Saint-Gengoult sont finis qui groupaient des milliers de fidèles ; les mères ne trempent plus les enfants dans la source pour les préserver des fièvres ; les ruines mêmes du château ont péri, et, . dans la pâture, proche son emplacement, deux tables de pierre fruste, sans doute anciens autels druidiques, s'enfoncent un peu plus chaque siècle.

IV

La Gentilhommière de Courmononcle § I. — Du milieu du XVIIIe Siècle à la fin du Premier Empire

Lorsque, le 4 mai 1759, le Vicomte Charles-François de Vienne, ancien capitaine au Régiment de Picquigny, achetait le quart de la seigneurie de Courmononcle, c'était bien avec l'intention de s'y fixer. Or, le château de Saint-Benoît était occupé par le frère aîné, Pomponne, qui possédait aussi celui de Courmononcle, à moitié ruiné et occupé par un fermier. Il lui fallait donc se construire une demeure.

Quatorze ans auparavant, déjà bien décidé à s'installer à Courmononcle, il avait acheté, le 20 décembre 1745, de Marie Ferré, veuve d'Arnauld, de Vulaines, foulonnière, demeurant au Foulon d'Armentières, « une petite maison sise audict Cormononcle, « lieu dit Courlicochon et com-


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prenant Une chambre basse, une petite chambre sans cheminée servant d'écurie, grenier au-dessus, cour et jardin », Garçonnière, bonne tout au plus, comme rendez-vous de chasse, à un officier n'y passant que ses temps de congé. Mais lorsqu'il aura pris sa retraite, épousé Anne-Catherine Derelongue, et acquis son quart de la seigneurie, il édifie, sur le même lieudit Courlicochon (ou Perlicochon, d'après un très vieil acte ; maintenant rue (!) Torlicochon), la gentilhommière de ses rêves, et, comme il entend faire valoir lui-même ses terres, il dispose les bâtiments d'exploitation dans la forme pratique et classique d'un quadrilatère, et y adjoint un parc d'où la vue s'étendra sur le couchant de la vallée, ses coteaux et le joli groupe de la ferme d'Armentières.

Assez confortable, cette demeure qui occupe un des côtés du rectangle, mais rien d'un château ; brique et silex. C'est un bâtiment d'un étage sur rez-de-chaussée, avec, sur la cour, deux petites ailes à chaque extrémité. Au centre, face à la cour, un petit vestibule d'entrée sur lequel prend l'escalier. A gauche, au rez-de-chaussée, la cuisine, son four, son cellier avec une cave.

A droite, la salle à manger, son office et, dans l'aile, un bureau, servant aussi de salon, lambrissé du sol au plafond, de panneaux de bois rehaussés d'ornements dorés, dans le joli style de l'époque. C'est, à n'en pas douter, la pièce de luxe et de prédilection où il se tiendra d'habitude ; c'est de là qu'il surveillera la porte charretière voisine.

Au premier étage, même disposition : symétriquement au palier de l'escalier, deux grandes chambres ont vue sur la cour au sud et, au nord, sur la vallée ; elles commandent chacune deux petites pièces logées dans les ailes.

Au-dessus court un grand grenier dont les lucarnes ovales sont le seul et bien modeste sacrifice fait à l'ornementation extérieure.

On travaille vite et dès 1761, le Vicomte s'installe avec son épouse. Près d'eux, dans le joli cabinet du rez-de-chaussée, petonne et joue une petite Marie-Anne-Adélaïde, née le 18 septembre 1758.

Hélas ! le nid construit, l'oiseau s'envole et, le 28 octobre 1762, le vicomte Charles-François meurt.

Jeune encore et pleine de courage, Anne-Catherine Derelongue accepte sa nouvelle tâche et gère le domaine. Pendant presque trente ans la vie sera facile, les gens servia-


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bles, la main-d'oeuvre abondante. Il faisait si bon vivre à la fin de l'ancien régime ! Les années passent tranquilles, Adélaïde grandit et le seul point noir c'est que les épouseurs ne viennent pas.

Ce qui vient, par contre, c'est la Révolution, l'esprit nouveau et le désarroi ; ce qui vient ensuite, c'est l'Empire et les levées répétées d'hommes qui font le vide dans les campagnes.

Alors, pour les deux femmes commence une triste vie ; les années sont mauvaises : la terre, mal cultivée, ne rend plus. Il faut aviser et remettre un homme à la tête du domaine ; mais qui trouver ? Courmononcle n'attire personne ; au surplus, il reste bien peu de nobles ; quelquesuns guillotinés, le reste émigré, et puis un tel mariage n'apporterait pas la sécurité ! Quitte à déroger, il faut se rabattre sur quelque roturier au nom peu reluisant, le premier venu autant dire et, en 1792, la vicomtesse de Vienne épouse un sieur Louis Sompsois, gendarme, probablement originaire de Saint-Benoît-sur-Vanne, auprès de qui du moins elle pourra faire figure de citoyenne.

Mais pourquoi est-ce la mère qui s'est dévouée, et non la fille ?

Et quel mariage a-t|-elle fait-là ? A peine Sompsois a-t-il épousé, qu'il disparaît pour toujours. Dans un acte du 21 Messidor an XIII (10 juillet 1805), Anne-Catherine Derelongue se donne comme veuve en premières noces de Charles-François de Vienne, et en secondes noces de Louis Sompsois ; mais dans un jugement du 16 août 1814, elle figure en qualité d'épouse en secondes noces de Louis Sompsois « militaire prétendu en activité de service absent depuis plus de 20 ans, demeurant ordinairement au dit Courmononcle ». Mais encore, dans une expertise d'octobre 1815, elle se dit aujourd'hui épouse de Louis Sompsois, gendarme en activité de service et absent depuis plus de dix-neuf ans.

Au vrai, la pauvre femme n'est pas très fixée ; mais dans le pays on la dit veuve et elle passe pour telle devant l'Administration. C'est ainsi que sur la matrice cadastrale de l'époque, ses biens apparaissent comme appartenant à la « veuve Sompsois ». Et sur la même matrice, d'autres parcelles sont portées au nom de « Dambly, émigré ».

Celui-là, c'est l'ancien major d'infanterie dont nous avons déjà parlé, l'époux de Marie-Jeanne-Louise, fille de Pomponne de Vienne et cousine-germaine par alliance de la


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veuve Sompsois ; nous l'avons vu en 1766 faire hommage pour les trois quarts de la seigneurie de Courmononcle.

C'était un homme prudent : la Révolution venue, il avait émigré des premiers, laissant à sa femme le soin de se débattre pour sauver le domaine familial. Son départ a fait de ce domaine un bien d'émigré, donc un bien national qu'on va saisir et vendre. Madame d'Ambly de Vienne n'hésite pas ; elle renie le fuyard, demande et obtient le divorce contre cet ennemi de la nation, reprend alors la propriété de ses biens, se débat devant le Comité départemental, affiche son civisme dont le Comité municipal lui délivre attestation régulière (archives de la famille d'Ambly) et finalement conserve son patrimoine amoindri seulement de ce qu'elle a dû vendre pour satisfaire à « l'impôt volontaire ».

Ainsi passa pour elle la Révolution. En 1802, l'accalmie revenue, l'émigré divorcé regagne discrètement le manoir conjugal où il vivra encore douze ans sans que jamais son nom figure dorénavant sur aucun acte à côté de celui de son ex-épouse.

Quelle époque troublée et comme il faut se garder de porter un jugement : de ces deux cousines, également attachées à leur domaine, pour sauver leur bien, l'une mariée à un émigré, divorce, et l'autre, veuve, épousé au passage un gendarme !

Mais si la première a réussi, la seconde n'est pas plus avancée et la misère vient : les terres sont « mal entretenues », les bâtiments « en mauvais état » , la pauvre femme, découragée, se laisse déborder par sa tâche.

Près d'elle vit, toujours seule, sa fille Adélaïde ; l'enfant qui jouait) jadis dans le joli cabinet de son père dépasse maintenant la cinquantaine et toutes deux se rendent compte que, faute d'homme à la tête du faire valoir, c'est à brève échéance la ruine.

Alors, et pour cette seule raison semble-t-il, Adélaïde prend un parti : malgré ses 51 ans sonnés, elle épouse un sieur Aubin Martin, de Buchères, rien de plus qu'un cultivateur, probablement leur valet de charrue.

Si la mère avait dérogé, vraiment la fille s'encanaille, et à partir de cette date, 1809, toutes relations sont rompues avec les cousins d'Ambly qui ne lui pardonneront jamais. Si longtemps après, et en l'absence de toute preuve, on est mal placé pour juger la conduite d'Adélaïde de Vienne, qui


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n'avait pas été sans faiblesses (1). Admettons au moins, qu'elle n'a agi ni par amour, ni pour régulariser une faute, ni par dépit de vieille fille, mais uniquement pour sauver le domaine. Aubin Martin avait 36 ans ; c'était un chef de culture qu'elle attachait au fonds, et pas autre chose.

Si seulement elle était bien tombée ! mais il s'en faut, et les pauvres femmes n'ont pas fini de souffrir. Aubin Martin, une fois implanté, régente et de bien triste façon : pendant que les terres continuent à rester sans soins, que tout va à la diable et que les créanciers (car il y en avait) commencent à grommeler, Martin, à peine marié, défriche et draine, en bordure d'un pré du domaine, un coin des pâtures où, de nos jours, le bétail ne se risque même plus.

Ce terrain de 196 cordes, ne lui appartient pas très positivement et c'est sans doute ce qui, pour lui, en fait l'intérêt : un hectare, même de mauvais pré, est toujours bon à prendre, voire à garder, donc à défendre, et comme la commune, qui se croit propriétaire, s'émeut, voilà Aubin Martin qui lance la maisonnée dans un furieux procès.

C'est un normand, ce champenois retors et madré, et qui connaît le nouveau Code qui joue des exceptions et des nullités !

En 1810, un an après son mariage, le garde-champêtre lui dresse procès-verbal. — J'ai des titres, dit-il, « et plus qu'il ne m'en faut ». — Pourtant, dûment autorisée par la Préfecture, la commune assigne Martin. — Eh là ! ce n'est pas lui le propriétaire, mais Adélaïde et madame Sompsois ; qu'on s'adresse à elles. — On les assigne, — Doucement ! la dame Sompsois n'est pas veuve : il lui faut l'autorisation maritale. — Comme Sompsois est disparu depuis longtemps, on fait gravement « un Parquet » exactement dans les mêmes termes que ceux employés aujourd'hui (2). —

(1) Le 18 octobre 1799 (28 Vendémiaire an VIII) la vicomtesse de Vienne déclare à la Mairie de Courmononcle la naissance d'un Charles-Français-Emmanuel (sans autre nom), fils de Marie-Anne-Adélaïde, « ci-devant noble », âgée de 42 ans.

De cet enfant naturel, non reconnu, il ne sera pas question au moment du mariage avec Martin, en 1809 ; et si, le 5 mars 1829, Anne-Adélaïde de Vienne reconnaît régulièrement son enfant (elle a alors 72 ans), Aubin Martin ne bouge pas

Ce Charles-François-Emmanuel n'apparaît nulle part, dans aucun acte et décède on ne s'ait où ni quand.

(2) « Faire un Parquet », c'est, en argot du Palais, accomplir la formalité de procédure qui consiste à remettre entre les mains du procureur de la République (magistrat du parquet, distinct de ceux du siège) l'assignation concernant une personne dont le domicile est inconnu.


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Enfin on va plaider. — Pas encore, dit Martin : la commune a-t-elle l'autorisation préfectorale pour actionner Adélaïde, et Catherine, et Sompsois ? — On régularisé, et le Tribunal de Troyes peut enfin (16 août 1814), rendre un jugement préparatoire et ordonne une expertise,

Serment dûment prêté, car Martin ne les en a pas dispensés, les trois experts Vérollot, Charmontier et Berthier, de Rigny, se rendent les 12 et 13 avril 1815 sur les lieux litigieux. C'est, maintenant, d'abattre son jeu.

Naturellement, de titres, Aubin n'en a pas, ni sa femme, ni les Sompsois ; ils sont au château d'Ambly, affirme-t-il, et il va les chercher mais revient les mains vides : « L'émigré les a perdus en Allemagne ». — Comme c'est vraisemblable. — Mais j'ai un jugement de 1758 qui fait foi ! — Pas plus de jugement que de titres. — Mais j'ai l'usage constant du pré depuis plus de 60 ans ! — On lui prouve le contraire. — Mais le fossé qu'il n'a fait que « rafraîchir », voilà sa vraie limite. — Erreur : on lui montre une levée de terre séparant les pâtures de Courmononcle de celles d'Armentières, « d'autant plus visible que cet endroit est aquatique », fait observer le maire Prévost dans son dire. — Martin se tait et, après avoir entendu les anciens du village, les experts vont lui donner tort. — Au moins, donnez-moi ma contenance dans le pré de Vienne qui est bien à nous ! — Quelle est-elle ? — Martin ne retrouve pas davantage ses titres. — Or, la commune, elle, possède les siens : certain contrat d'échange du 31 mai 1644 entre Amaubry de Chaumont, chevallier, seigneur de Cormononcle et les habitants dudict lieu qui, pour soulte d'une contenance moins grande que celle du pré d'Amaubry, devaient chaque année « au dyct seigneur et ses descendants, une poule par feu à la Saint-André et une journée dé leur corps en telle saison qu'il plairait au dyct Seigneur » (les veuves exceptées). »

Cette fois, voilà Martin muselé, et les experts, constatant que «... non content d'être perpétuellement en contradiction avec lui-même, et, bien qu'il ait connaissance de tous les titres et faits qui lui sont opposés, il n'a produit aucun fait ni présenté aucun titre qui puisse donner couleur à son étrange entreprise », le renvoient et donnent gain de cause à la commune.

L'effet produit par un tel soufflet ! Le pays dut en parler, et pour Martin, pour sa femme aussi, c'est la honte.

Il faut payer les quatre ou cinq jugements rendus, les


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21 témoins entendus, l'arpenteur et son plan, les trois experts et tout cela c'est un gros chiffre.

Si gros chiffre même, que ce Martin tâchera encore d'en esquiver le versement. Il paiera son avoué et les intéressés immédiats, témoins, experts ; mais l'avoué de la commune, qui néglige de se faire régler de suite, ne l'était pas encore en 1832. Son successeur réclama à la commune qui déclara ne rien devoir et renvoya l'avoué à Martin !

Au lendemain de ce procès, la situation des malheureuses femmes, est désespérée ; le domaine est dans un état épouvantable : les 70 hectares de terre, en 63 parcelles, sont « fort mal entretenus » ; la maison d'habitation est « en très mauvais état » ; et, pour comble de malechance, « tous « les autres bâtiments dudit Château, granges, écuries, ont « été incendié, en 1814, par les militaires des armées « alliées, dont il ne reste plus qu'une partie des murs « (sic) ». Le domaine tout entier n'est estimé (13 octobre 1815) qu'à 20.500 francs, dont 2.000 pour la maison.

Mais voilà que les époux Martin ont lié partie contre Anne-Catherine Derelongue, épouse ou veuve Sompsois : les créanciers crient de plus en plus fort et dès 1813, Martin a parlé de vendre le domaine.

Vendre le domaine constitué par son mari ! cette maison construite par lui ! Anne-Catherine ne peut accepter cela ; il lui reste encore une suprême ressource : frapper à la porte des cousins d'Ambly.

Mais quelle pénible démarche ! et qu'en sortira-t-il ? — Elle la risque cependant, subit les reproches trop mérités, reconnaît le scandale de ces mésalliances, ce gendarme, ce valet de charrue, le ridicule du procès engagé, la honte des créanciers qui s'ameutent. Elle accepte tout et obtient l'assistance dont elle a tant besoin.

A une condition cependant : elle se reconnaîtra débitrice des d'Ambly qui, à ce titre, vont pouvoir intervenir. L'émigré esquisse un geste, niais meurt en 1814. Son fils, heureusement, est là, dressé à la lutte par l'exemple de sa mère qu'il n'a pas quittée durant la Révolution, content de s'entremettre pour sauver un domaine quasi familial.

C'est un beau caractère que cet Alexandre-Nicolas d'Ambly, bien racé, joliment « ancien régime » et « vieilles formules ». Le voilà qui 's'attaque aux Martin et les tord d'un tournemain. Mais il faut faire vite et d'abord liquider la succession du vicomte Charles-François de Vienne, restée en suspens

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depuis 1764, car ceci est important : co-propriétaire indivis avec sa fille, Catherine serait sans armes, nul n'étant tenu de rester en indivision : au contraire, le partage fait, chacun reprend sa liberté et les Martin, qui le savent et pensent en tirer profit, donnent dans le panneau. L'expertise a lieu, le 13 octobre 1815 ; les parts sont tirées au sort le 13 avril 1816 : mais immédiatement le notaire termine son travail de liquidation d'où Anne-Catherine ressort créancière de sa fille, alors qu'elle-même est débitrice des d'Ambly. Naturellement, les époux Martin ne peuvent payer et, le 2 juin 1816, M. d'Ambly fait signifier à, la « Vicomtesse de Vienne, mère tutrice et ayant la garde noble des biens de sa fille » la saisie immobilière faite entre les mains des sieur et dame Martin.

De sa main, sur le résumé qu'il a fait de cette procédure, et que nous possédons, Alexandre d'Ambly ajoute : « Les époux Martin... ne peuvent plus, aux termes de l'article 692 du Code de procédure, aliéner le dit domaine qui reste à la Vicomtesse de Vienne ».

Le domaine est sauvé, Martin roulé ; et Alexandre d'Ambly le note joyeusement. Pour un peu, de plaisir, il danserait une pavane, et. comme il restitue joliment à AnneCatherine Derelongue son titre de Vicomtesse de Vienne !

Pauvre vicomtesse ! elle est sauvée, mais tant d'émotions la tuent ; elle meurt un an après, le 7 juin 1817, et elle est inhumée à Courmononcle.

Son unique héritière, Adélaïde Martin recueillerait donc le domaine ? Cela jamais : plutôt des étrangers que ces époux Martin et Alexandre d'Ambly ne les lâche pas. Il est créancier de cette nouvelle succession et si Adélaïde hérite du bien, elle répond aussi des dettes. Voilà pourquoi, le 15 septembre 1816, à la requête et en présence de d'Ambly, le domaine est adjugé aux époux Lagoguey, de Brienon, moyennant 15.000 francs dont 13.000 iront aux créanciers des époux Martin.

Ceux-ci disparaissent et se retirent en quelque masure de Courmononcle où ils vivent silencieusement. Encore poursuivie, sur la fin de son existence, par cette histoire de frais du fameux procès que Martin n'a pas payés; Adélaïde mourra à 78 ans, sans postérité, en 1836, et sera, comme sa mère, inhumée à Courmononcle.

L'abandon final de sa fille par la vicomtesse de Vienne, l'hostilité tenace et non déguisée d'Alexandre d'Ambly contre les époux Martin sont les seuls indices qui donné-


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raient à croire qu'Adélaïde a fait autre chose qu'un mariage de raison.

Tout cela découle, clair comme l'eau de Saint-Gengoult, des titres et documents scrupuleusement suivis que nous possédons et que complètent ceux des archives départementales, tout cela vit intensément : la tristesse des deux femmes isolées à Courmononcle, l'activité de la cousine à Saint-Benoît, le passage de Sompsois, et surtout Martin, l'expertise sur place, dans cet « endroit aquatique », les gestes, de Martin partant à Saint-Benoît chercher des titres qu'il sait n'y point trouver, l'embuscade des Cosaques et l'incendie dé la ferme, la démarche de la vicomtesse au château de Saint-Benoît et sa mort dans cette maison croulante.

§ II. — La Gentilhommière de Courmononcle de la Restauration à la fin du Second Empire

Malgré le prix infime d'achat), et sans doute faute de ressources, les époux Lagoguey ne font que passer ; on les devine gênés car ils vendent en deux fois le domaine aux époux Harel (20 septembre 1819 et 2 août 1820), moyennant le prix total de francs : 14.318 ; n'est-ce pas là un prix de dette principale augmentée de ses intérêts et dont on se libère en abandonnant le gage ?

Ils ont cependant commencé à reconstruire les bâtiments d'exploitation ; les suivants vont continuer, mais sans mieux réussir sinon à revendre le domaine qu'ils cèdent moyennant 32.000 francs, le 29 janvier 1825, à M. de Brioude.

La description de la ferme et de l'habitation, contenue dans cet acte, répond exactement aux dispositions actuelles, sauf naturellement pour l'aile nouvelle.

Durant cette période, d'histoire du domaine n'offre vraiment pas grand intérêt : par treize achats différents. M. de Brioude augmenté la propriété de 10 hectares et demi et y réunit notamment la Terre au Pot. Notons qu'à cette époque tous les paiements sont stipulés « en or ou argent et non en papiers d'aucune sorte ».

Vers 1836, M. de Brioude entame une contestiation avec son voisin, Eugène François d'Ambly au sujet du chemin des Réaulx qui longe les pâtures et que ce dernier s'approprierait sans droit ; contestation courtoise d'ailleurs, et qui ne va pas plus loin qu'un mémoire remis par de Brioude à la Préfecture. D'Ambly ne devait pas avoir tout à fait tort


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car le chemin subsiste encore, mais considérablement! réduit par rapport aux dimensions alors relevées.

Mais le mémoire nous intéresse, et surtout le plan annexé, qui mentionne l'ancien aspect du pays, la rue Torlicochon et le gué sous la chapelle Saint-Gengoult, les Bîmes, le fameux canal Tunc (écrit : Tunque) déjà commencé, et certaine île Agnès, sur la rive gauche de la Vanne, où se trouvait un moulin disparu depuis.

Le chemin des Réaulx, ou Riots, note le ■mémoire, longe les pâtures, entre Courmononcle et Paisy ; « il semble remonter à la plus haute antiquité et avoir longtemps servi de route entre Sens et Troyes ». La partie qui nous intéresse s'appelait plus spécialement « chemin du grenier à sel », étant empruntée pour gagner le grenier à sel de Villemaur par tous les habitants de Courmononcle qui, à moins de s'adresser aux faux sauniers et de risquer prison ou amende, devaient s'approvisionner aux greniers royaux.

En 1837, autre contestation avec M. d'Ambly, a propos du curage du rupt dit de la roise; mais tout cela galamment et toujours avec cette jolie politesse! de l'ancien régime : dans la correspondance échangée, ces deux nobles se donnent (mutuellement; « du très humble et très obéissant serviteur. ».

Dès son entrée, en 1825, M. de Brioude avait eu aussi maille à partir avec la commune au sujet de la rue Torlicochon pour un prétendu empiétement qu'il aurait commis à l'angle nord-ouest du croisement de ce chemin avec celui de Courmononcle à Rigny (tout près de la « Carrière de Sapins »). M. Verollot, juge de paix à Aix, donne raison à M. de Brioude en faveur de qui, pour faire encore une fois pièce à la commune, Aubin Martin délivre un certificat, comme ancien propriétaire.

Le 5 juillet 1843, M. de Brioude, se portant fort pour madame Antoine Catherine de Brioude, sa fille, veuve d'un baron de Schauenburg, demeurant tous deux à Courmononcle, loue la ferme pour 18 ans à Casimir Michon, moyennant 3.000 francs par an et les impositions ; il réserve, pour son habitation le rez-de-chaussée à droite en entrant par la cour de ferme et tout le premier étage.

A cette date le domaine comprend 93 hectares, dont 9 en prés-pâtures (chiffres ronds) et, déjà, M. de Brioude réservait au bail le cas de la canalisation de la Vanne et de la construction d'une ligne de chemin de fer !


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Ce monsieur de Brioude était assez remuant, pétitionnant, réclamant sans cesse ; il a laissé dans les archives de là commune actuellement réunies en partie aux archives départementales de nombreux rapports verbeux et parfois intéressants : certaine lutte avec le maire et le garde-champêtre Brunat vers 1830, lui fit noircir bien du papier. Il mourut en 1844.

C'est vers cette année 1844 que M. Henry Robin, avocat à Troyes, apprit que Mme de Schauenburg, vendrait volontiers son domaine. A ce sujet, son ami intime M. Verollot, de Rigny, juge de paix à Aix-en-Othe, lui donne tous les détails nécessaires que lui complète le notaire Coudrot,

d'Aix.

Mais M. Robin, tout en aimant la campagne et surtout la vallée de là Vanne à l'avenir de laquelle il croit avec quelque enthousiasme, ne se décide pas si rapidement : il réfléchit mûrement), lentement, demande d'autres renseignements à M. Eugène Peschard d'Ambly, alors maire de Saint-Benoît, et qu'il ne semble pas connaître particulièrement.

Au surplus, la baronne de Schauenburg a de fortes prétentions : de son bien elle veut 120.000 francs, plus 3.000 d'épingles, et M. d'Ambly n'évalue la propriété qu'à 90.000 francs, le nouveau fermier, Chossemier, ne payant que 2.800 francs nets.

Enfin, après bien des lenteurs, on tombe d'accord sur le prix de 93.500 francs sans épingles (l'acte reçu par Me Noché, notaire à Troyes, le 14 décembre 1847, ne porte que 80.000 francs et il y a une contre lettre de 13.500 francs).

Sur ce prix, la baronne de Schauenburg, assez gênée, ne touchera que 31.500 francs, le reste étant versé par M. Robin, aux mains de ses créanciers, et la bonne dame, fille d'une ancienne dame d'atours de Marie-Antoinette, se retirera à Villeneuve-l'Archevêque où, le 8 avril 1862, elle donnera quittance du dernier versement, pour solde, en assurant ses acquéreurs de l'honneur qu'elle a d'être « leur très humble servante » ;

L'acte de vente est à peine signé ; déjà M. Robin reçoit de son fermier Chossemier avis qu'un sieur Prévost et d'autres habitants prétendent extraire du sable d'une carrière qui lui appartient. Vieillie histoire, qu'on veut réveiller à l'occasion du changement de propriétaire ! M. Robin ne s'en laisse pas conter et donne mandat d'agir à Chossemier : comme celui-ci est aussi maire de Courmononcle il n'hé-


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site pas, dresse lui-même procès-verbal à Prévost qui met les pouces et lui verse deux francs d'indemnité.

En lui annonçant l'heureuse issue de son coup de force, Chossemier signale au nouveau propriétaire les dégâts causés par les lapins du bois Pottier et demande à qui s'adresser pour en obtenir paiement.

Autre ennui au débotté : la commune (sauf le maire qui s'oppose) lui intente un procès au sujet de la terre au Pot, elle y veut sa « fin » (limite) au ravin : c'est encore une vieille histoire qui date du prédécesseur et, comme la commune n'a pas de titres, elle perd (11 septembre 1850).

Qui terre a, guerre a, dit le proverbe, et M. Robin, sans s'inquiéter de ces misères, s'installe. Comme il compte bien habiter Courmononcle aux vacances, il cherche d'abord à supprimer, ou tout au moins réduire la communauté, avec la ferme : de cette entrée en possession date, dans ses notes, un petit plan au crayon annoté avec humour : Pour les chambres de la ferme il prévoit. un badigeonnage à la chaux « purement et simplement,... c'est rural... et républicain » ; et c'est écrit en 1847.

Or, l'année suivante, 1848, le vent souffle à la République et Joseph Lebrun, de Paisy, lui faisant des offres pour planter des bouleaux aux Cristallins, l'assure de son « salut fraternel », mais, très vite, les lettres du brave Lebrun reprennent les anciennes et respectueuses formules.

Cet escalier commun, ce rez-de-chaussée réservé, à droite aux maîtres, à gauche au fermier, s'ils faisaient l'affaire des prédécesseurs ne font plus celle de M. Robin. Il faut une entrée spéciale, et, puisque les fermiers se plaignent d'être à l'étroit, qu'ils prennent le rez-de-chaussée tout entier. Tant qu'à construire, M. Robin construira pour lui.

Non sans hésiter, ni discuter pourtant, car les revenus sont minces : un premier devis de 5.168 francs, un deuxième de 6.586 francs sont écartés. Un troisième, signé Jules Dhuyelle est agréé : il ne monte qu'à 2.097 francs ; c'est peu, et c'est pourtant ce qu'a coûté l'aménagement actuel : entrée particulière, salle à manger et salon ; mais l'escalier « rustique » (et raide aussi) sera fourni et posé pour 80 francs et le reste des prix est à l'avenant. Dans les chambres de la baronne on remettra du papier neuf, et tout dure ainsi depuis 1850.

Et maintenant un tour aux terres : il faut procéder à la récollection des parcelles, à la vérification des bornages : cela c'est besoigne connue d'un homme de loi : M. Robin se


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fait copier la matrice cadastrale de 1840 ; il retrouve et recueille une matrice encore plus vieille, celle où figurent la veuve Sompsois et Dambly, émigré. Muni de ces paperasses, il arpente avec ardeur, rectifie des limites, reprend ou redonne des contenances et plante contradictoirement quatre-vingt-dix-huit bornes !

Ainsi en état vérifiée et surveillée, la ferme était bonne à prendre, et Chossemier s'en allant, M. Robin loue à Siret, de Saint-Benoît, pour six ans, moyennant un loyer annuel de 3.000 francs, plus deux voyages à Troyes pour transporter son mobilier.

La contenance de la ferme est alors de 93 hectares et demi, dont 9 hectares de pâtures.

Alors commencent quelques années heureuses, donc sans histoire. Mais les vacances passées à Courmononcle laissent aux quatre et bientôt cinq enfants de M. Henry Robin des souvenirs inoubliables. « Courmononcle était le rendez-vous de toute la famille » et la seule tristesse c'était qu'octobre et la rentrée arrivaient trop vite.

Cependant, les petits soucis du propriétaire ne manquaient point à M. Henry Robin. En 1856, Siret ne renouvelle pas son bail et, sur les chaudes recommandations de son cher ami, M. Verollot, de Rigny, M. Robin traite avec un sieur Courtin.

C'était une perle, ce Courtin ; M. Verollot ne tarit pas sur lui : « Tu ne peux espérer mieux ; c'est un cultivateur émérite, hors ligne, offrant des garanties exceptionnelles de solvabilité ; tu as la certitude de posséder un fermier que tout le monde serait heureux de choisir et d'avoir », etc., etc., le tout souligné. Là-dessus, M. Henry Robin, ravi, traite, le 8 avril 1856, au prix annuel de 3.300 francs les onze premières années, 3.600 la douzième. En plus, Courtin fournira 50 bottes de foin, 20 doubles d'avoine, la paille de litière d'un cheval, 5 kg. de beurre, 3 paires de poulets et la nourriture d'une chèvre qui restera à la ferme en l'absence des bailleurs.

C'est un bail excellent, inespéré, et M. Robin ne s'en cache pas : on jubilerait à moins.

Et l'on prévoit toujours la canalisation de la Vanne, l'établissement d'une ligne de chemin de fer (sur la rive gauche, bien entendu).

Rien à noter alors, sinon qu'en 1860, M. Fruitier prétend faire curer le canal Tunc. Quelques riverains y consentent, mais M. Robin ne s'inclinera que devant l'ordre de l'autorité


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compétente et il est bien tranquille, puisque son ami Verollot; juge de paix à Aix, l'assure confidentiellement que Fruitier n'a aucun droit pour exiger le travail. Mais celui-ci réclame : n'a-t-il pas, pour défricher et assécher ses pâtures, acheté des boeufs qui coûtent et ne font rien en attendant le curage du canal. La correspondance est d'ailleurs courtoise, et puis tout se calme

Vers 1860, aussi, Courtin et sa femme demandent un petit délai pour payer.

M. Henry Robin le leur accorde volontiers : la vie est si heureuse alors : on chasse, on pêche ; les enfants grandissent et les garçons réussissent; M. Robin qui, d'avocat est devenu juge suppléant à Troyes en 1850, puis juge à Nogent en 1857, vient de voir ses voeux comblés et d'être nommé juge au Tribunal de Troyes (1860) ; comment presser son fermier lorsqu'on est si heureux.

Mais les époux Courtin paient de plus en plus lentement.

Pourtant le 27 juillet 1864, ils renouvellent leur bail; et le même jour, ils empruntent 4.600 francs à M. Henry Robin avec un luxe de garanties hypothécaires et autres devant lesquelles toute crainte doit disparaître.

L'année suivante, M. Pelée de Saint-Maurice, président du Conseil de préfecture, s'offre le malin plaisir de débouter son cousin Robin et M. Fruitier sur une question de frais au sujet du fameux syndicat de canalisation de la Vanne.

Les Courtin paient de moins en moins. Et pourtant le 28 septembre 1868, nouveau bail avec les mêmes !

Arrive 1870 : « Les Prussiens passent à Courmononcle sans que leur présence ait été marquée par aucun malheur en particulier », écrit Merlet, notaire à Rigny, le 28 décembre 1870.

Or, ce n'est pas l'avis de Courtin qui, devenu veuf, a enterré avec sa femme toutes ses belles qualités et ses rares vertus : à son dire, les Prussiens lui ont enlevé, entre autres :

30 Hectos d'avoine à 18 francs. 13 Hectos de froment à 20 francs. 2 Chevaux harnachés pour 600 francs. 200 Volailles à 1 fr. 50.

6 Feuillettes de cidre à 2 francs (?). 1 Porc de 150 kg. à 75 francs les 100 kg. 13 Moutons à 18 francs. Et le voila qui joue du Prussien, exagère ses pertes, cache


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son blé, dissimule son bétail, déménage à la cloche dé bois, tant et si bien que M. Robin se voit forcé de le saisir et de l'assigner en résiliation avec vente immédiate.

Non sans avoir essayé de résister, de finasser, Courtin s'incline, abandonne la ferme en laissant ses récoltes, son cheptel estimé 5.327 francs (dont un cheval blanc 250, un gris 400, 2 chiens de berger 80 ; 77 moutons à 22 francs ; les vaches n'ont pas été retrouvées) et l'indemnité de ses dommages de guerre évalués à 3.000 francs par M. Uffoltz, interprète à la Préfecture.

Alors, et sans doute faute, au lendemain de la guerre, d'avoir trouvé un fermier, M. et Mme Robin vont se mettre à exploiter eux-mêmes et durant quatre ans habiteront Courmononcle avec leur dernière fille Henriette, qui a douze ans, et qui aime tant les bêtes.

Us engagent leur monde, Eloi, garçon de culture, pour 42 francs par mois, un berger pour 600 francs par an, les sabots en plus ; à la fête de Saint-Benoît,: ils lui donneront 0 fr. 50 de gratification et 1 fr. 50 à celle de Saint-Gengoult. Ils paient un charretier 2 francs par jour, une basse-courrière 1 franc, et tous sont nourris.

Les comptes sont tenus par M. Robin, scrupuleusement sur des cahiers que lui coud, à la diable, la jeune Henriette : il en commence beaucoup mais n'en finit guère et en recommence d'autres ; en tous cas n'omet pas une dépense et note tout avec détails ; ce n'est pas sans intérêt : une ferrure complète de cheval 2 fr. 80; un tombereau de sable 4 francs; les tuiles 22 francs le mille ; deux poules et leurs poulets 9 fr. 50 ; 12 moutons à 15 francs ; un bélier 40 francs ; le pain bénit à la Saint-Eloi 1873, 4 fr. 25 ; une oie 7 francs ; un jeune porc 15 francs ; 10 oeufs de dinde 2 fr. 50 ; une vache 330 francs ; une jument achetée à Versailles 375 francs.

A cette occasion, il paie à Eloi 75 francs de voyage pour reconduire à Versailles « le cheval du gouvernement » et en ramener cette jument.

Pour noter les recettes, c'est le même soin, mais ce ne sont pas les mêmes cahiers : il vend 18 moutons à 35 ou 40 francs, plus les quatre au cent ; le « bled » bleu 46 francs le quintal (le sac) ; le seigle 22 francs ; l'orge 13 francs ; la navette 30 francs ; le froment 32 fr. 50 ; quatre peaux de mouton pour 8 francs ; la laine 5 fr. 60 le kilog, plus les quatre au cent ; 10 oeufs d'oie 2 fr. 50 ; et la douzaine d'oeufs, presque en tout temps, 0 fr. 70.


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Mais quelle nouvelle vie, et quel apprentissage pour ce magistrat, plus versé en droit, certes, qu'en culture. Tant qu'il s'esti agi d'arpenter, de borner, de passer des baux, il vivait sur son acquis ; mais pour le reste c'est tout un travail à reprendre et il s'y met, redevient étudiant, lit Buffon, l'annote, le résume, y relève que l'odeur forte du bouc, provient non de sa chair mais de sa peau ; que le cochon n'a pas de cornes, qu'il n'a qu'un estomac et ne rumine pas. Il collectionne les recettes de journaux et les remèdes de bonnes femmes, et lorsqu'il construit ou répare, pioche le vocabulaire du charpentier et du maçon.

La jolie chose que de pouvoir connaître les gens par leurs notes : ils s'y révèlent si naturels, point apprêtés ni guindés, avec leurs belles qualités ou leurs légers défauts ; ne pensant point aux autres, ni à l'effet produit! ; n'ayant d'autre souci que de s'éclaicir, pour eux-mêmes, les idées. Or, à cet examen, M. Robin devait être délicieusement candide et foncièrement bon.

Mais, pour faire valoir, où il excellait, c'était sur son terrain de basoche : tout pour lui se résume en notes et surtout en mémoires et si ses terres sont cultivées vaille que vaille, du moins sont-elles respectées : en 1873, la commune de Saint-Benoît procède au redressement de divers chemins et celui de Courmononele à Armentières est pas mal tortueux : c'est l'ancienne route « de Courmononcle à Sens ». On va l'aligner aux dépens du clos ; déjà les piquets sont posés, qui mangent la haie et quelques fruitiers ! M. Robin rédige alors un mémoire complet, et si lumineux que la commune s'incline, non seulement! pour le long du clos , mais encore bien plus loin et laisse intact le vieux chemin.

Avec tout cela, M. et Mme Robin s'étaient fait aimer des habitants : déférents, ils écoutaient les conseils dont ils avaient tant besoin et que leur donnaient les Patenôtre et les Fruitier ; chacun les aidait et la crise de main-d'oeuvre ne les atteignit jamais. Serviables, ils obligeaient la fermière du Foulon, un Milliard, de Courmononcle et s'entendaient avec M. Fruitier père, comme avec M. Eugène d'Ambly avec qui ils partagaient l'ahonhement du journal l'Aube par moitié et du Figaro par tiers quoiqu'il coutât 0 fr. 20 le numéro. :

Ils achetaient en commun plusieurs outils agricoles et, pour les commander, affranchissaient leurs lettres à 0 fr. 25.


COURMONONCLE 251

Durant quatre années, les époux Robin firent ainsi valoir Courmononcle.

Jouer à la fermière, chasser, pêcher les écrevisses, c'était, pour les enfants, le Paradis. Il n'en était sans doute pas de même pour leurs parents qui, dès 1874, se décidèrent à relouer la ferme : il devenait sans doute plus facile de trouver un cultivateur.

Avec autant de soin qu'il avait ouvert et tenu ses comptes, M. Robin les clôt et résume ses opérations :

1871. — Dépenses. 6.167

1872. — Dépenses. . . . 6.036

1873. — Dépenses 6.158

1874. — Dépenses 3.241

Total des dépenses 21.000

1871. — (Reprise de matériel). Recettes. »

1872. — Recettes 6.441

1873. — Recettes 9.151

1874. — Recettes 11.846

Vente du matériel du cheptel. . 10.366

Total des recettes 37.800

On avait donc vécu quatre ans sur la ferme et mis de côté un peu plus de 16.000 francs ou, d'après un autre calcul de M. Robin, 14.300 francs.

Gain minime pour tant de travail, normal sans doute à l'époque et pour des débutants. Au demeurant, récompense honorable d'une tentative audacieuse où la bonne volonté ne pouvait guère remplacer l'expérience.

Ainsi se clôt l'histoire obscure d'une bien modeste gentilhommière comme on en rencontre presque dans chaque village en France et qui ne valait guère la peine d'être contée. Tout de même, on s'en excuse pour la minime contribution apportée à l'histoire du Pays d'Othe.

Troyes. Hiver 1921-1922.



BIBLIOGRAPHIE AUBOISE

ANNÉES 1924-1925

PAR

P. PIÉTRESSON DE SAINT-AUBIN

ARCHIVISTE DÉPARTEMENTAL MEMBRE RÉSIDANT DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE L'AUBE

SOMMAIRE

Apprentissage, 133. — Arbre de la Liberté, 151. — Archéologie, 9, 10, 11, 13, 17, 18, 19, 20, 26, 34, 37, 39, 40, 44, 69, 78, 164, 167, 170. — Archives, 1, 41, 45, 84, 91, 123, 125, 126, 130, .175. — Arcis-sur-Aube, 16, 149. — Arsonval, 8. — Assencières, 34. ■— Attila, 148. — Avon-la-Pèze, 162. — Balnot-la-Grange, 9. — Barbuise, 10, 11. — Bar-sur-Aube, 32, 45, 85, 91, 96, 97, 99. — Bar-su-Seine, 57, 63, 131, 153, 160, 162, 163. — Bataille de la Marne, 85. — Baudement (de), 159, 163. — Beline (sainte), 38. — Bergerat, 162. — Bérulles, 122. — Beurnonville, 24. — Bibliographie, 110. — Bligny, 177. — Bornes armoiriées, 17, 162. — Bouilly, 54. — Brienne, 30,159. — Capucins, 91. — Canines, 141. — Cellessur-Ource, 19, 153, 163. — Chacenay (de), 159, 163. — Champagne, 1, 23, 28, 42. — Charment, 34. — Chaussepierre, 157. — Chavanges, 75. — Chemins de fer, 121. — Chennegy, 162. — Chomedey (de), 81, 86, 115, 116, 161. — Clairvaux, 33, 98, 126, 145, 152, 163. — Colombé-le-Sec, 20. — Colonne milliaire, 164. — Coqueley de Chaussepierre, 63. — Cunfin, 17. — Cussanigy, 162. — Dampierre, 94, 95, 113, 114. — Danton, 93,

149. — Département, 6, 7, 15, 25, 56, 64, 67, 72, 78, 100, 108,

150, 177. — Dépopulation, 25. — Desrues, 110. — Durnay (de), 159, 163. — Ervy, 27. — Fantaine-les-Grès, 44. — Franc-Maçonnerie, 96. — Gaulart, 75. — Généalogies, 55, 76, 105, 159, 163..—

Grande Peur, 23. — Grutters, 109, 114. — Guérard, 55. — Gyésur-Seine; 151. — Halinis, 50. — Imprimerie, 71, 110, 111. — Industrie, 43, 51, 62, 65, 73, 80, 104. — Isle-Aumont, 154. — Jamyn (Amadis), 22. — Jansénisme, 135. — Jasseines, 92. — Landreville, 36 à 40. — Ligue, 77. — Linçon, 157. — Lirey, 147. — Littérature médiévale, 74, 75, 129. — Louveau, 146. — Macey, 170. — Mâchy, 157. — Mailly, 34, 132. — Marcilly-leHayer, 88. — Mesnil-Sellières, 34. — 1814, 57. — 1870, 176, —


254 BIBLIOGRAPHIE AUBOISE

« Moagium », 158. — Mont-Aigu, 154.— Montgueux, 76. Morvilliers, 102. — La Motte-Tilly, 82. — Mystère, 129. — Napoléon I, 30. — Neuville-sur-Vanne, 81, 115, 116.— Les Noës, 34, 137. — Nogent-sur-Seine, 90, 118, 119, 176. — Perrine . (sainte), 169. — Plancy, 77. — Plessis-Gâtebled, 83. — Pont-surSeine, 162. — Pouillés, 156, 163, 173. — Préhistoire, 40, 78.— Protestantisme, 41, 162, 168. — Ramerupt, 105. — Reine (sainte), 122. — Révolution, 23, 27, 36, 58, 70, 93, 131, 149, 151, 166. — Les Riceys, 57. — Riglet, 76. — Romilly-sur-Seine, 31. - Rosnay-l'Hôpital, 143. — Sacey, 34. — Saint-Germain, 34. — SaintLéger-sous-Brienne, 164. — Saint-Thibault, 167. — Sèche-Fontaine, 140. — Serey, 153, 163. — Simart, 144. — Simon, 59. — Sociétés populaires, 27. — Stalles, 46, 127, 128. — Thibaut V, comte de Champagne, 42. — Thil, 132. — Thomassin, 29. — Troyes, 18, 23, 26, 35, 52, 61, 12, 73, 74, 87, 104, 107, 109, 114, 134, 142, 172, 174 ; — arts et artistes, 29, 46, 47, 48, 49, 50, 107, 117, 127, 128 ; — assistance publique, 23 ; —bibliothèque, 79, 84 ; — cathédrale, 46, 89, 120, 127 ; — chambre de commerce, 21 ; — curés cardinaux, 142 ; — diocèse, 139, 141, 155, 156, 163, 173 ; — évêques : de Boulogne, 53,138 ; de Brie, 162 ; Caracciolo, 168 ; de Noé, 12, 60 ; — foires, 104 ; — juridiction consulaire, 1:25, 130 ; — maires, 87 ; — musée, 13, 171 ; — Saint-Jean, 136 ; — Saint-Martin-ès-Vignes, 106 ; — Saint-Nizier, 165, 166, — Usages locaux, 15. — Valois de Saint-Remy (de), 14. — Vauchassis, 14. — Vendeuvre (de), 159, 163. — Villenauxe, 66, 68, 69, 70. — Vouillemont, 8.

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IX. A quelle date est mort Nicolas de Brie, évêque de Troyes. -—

X. Inhumation d'une dame protestante d'ans une église catholique (1602) [à Pressigny, Haute-Marne]. — XL Manuscrits donnés en paiement [aux chanoines de Châteauvillain, 1416]. — XII. Objets précieux donnés en garde aux moines de Morimond (1340). — XIII. Un curé facétieux [Etienne Bergerat, curé de Chennegy, 1630-1655]. — XIV. Bail du Domaine du Roi à Barsur-Seine (1767), — XV. Bornes forestières armoriées du XVIe siècle [à Cussangy].].

163. ROSEROT (Alphonse). Variétés Historiques sur la Champagne Méridionale. Troisième série. XVI-XX. Troyes, Impr. de la Renaissance, 1925, in-12, 42 p. [Tirages à part des articles détaillés ci-dessus, numéros 152, 153, 156, 159, 160].

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177. La viticulture dans le Vallage champenois et le vignoble du Château de Bligny. Illustr. économ., p. 45-59 (46 photos).



DISCOURS

PRONONCE PAR

M. HENRY BABEAU EN QUITTANT LE FAUTEUIL DE LA PRÉSIDENCE

Dans la Séance du 27 Décembre 1926

MES CHERS COLLÈGUES,

Au moment où les pouvoirs de votre Président expirent avec l'année en cours, nous avons l'habitude de nous arrêter quelques instants, pour contempler le chemin que nous avons ensemble parcouru.

Si nous portons nos regards au-delà du cercle restreint dans lequel se meut notre activité, l'année qui finit nous apparaît faite de contrastes, et trop souvent de déceptions.

A un printemps, d'une humidité désespérante, qui a compromis la récolte de blé, a succédé un été d'une sécheresse à rendre l'Amérique jalouse !

Dans le domaine économique, le franc a connu des variations déconcertantes : en juillet, sa chute continuelle ébranlait le pays ; .six mois après, l'a confiance revenue, sa trop rapide reprise provoque des appréhensions non moins vives, la vie industrielle est paralysée, le chômage, inconnu depuis la guerre, réapparaît. Crise passagère prévue, mais toujours redoutable !

L'homme, encore chancelant de ses blessures, continue à chercher l'équilibre et une paix stable : 1926 ne lui a apporté ni l'un, ni l'autre. Sans doute, des rives pacifiques des lacs italiens et suisses, où se confondent dans la brume les artificielles frontières imposées par les peuples à leurs empires, des paroles généreuses s'échangent, des hymnes à l'a paix universelle s'élèvent, mais leurs échos n'arrivent jusqu'à nous que troublés d'inquiétantes rumeurs, de cliquetis d'armes mal étouffés ; des intrigues


268 DISCOURS PRONONCÉ PAR M. HENRY BABEAU .

se nouent, l'ami d'hier se dresse, prêt à se muer en l'ennemi . de demain.

Nous voulons espérer que l'année nouvelle apportera à l'inquiétude humaine la réalisation d'espoirs que l'année qui finit a déçus !

Cependant, pour notre Société, 1926 a été une période de calme travail et de labeur fécond. La mort même s'est montrée presque clémente à notre égard : Quatre d'entre nous seulement sont tombés sur la route : M. Edmond Mérendet, un de nos membres associés les plus anciens, qui avait su, dans son château de Rosnay, s'entourer d'oeuvres d'art ; MM. Vallée, Cornereau et Léan Maître, tous trois membres correspondants, le premier, ancien sous-préfet de Rar-surAube et député du Pas-de-Calais, le second, allié à une vieille famille troyenne et auteur de plusieurs communications sur des questions locales, le troisième, ancien archiviste de la Loire-Inférieure.

Nous avons en, en outre, le regret d'accepter la démission de M. Rossignol, le distingué Inspecteur d'Académie. Sa retraite anticipée nous a privés d'un membre résidant actif. Nos voeux l'accompagnent sur la scène plus vaste, où il continue son apostolat en faveur des familles nombreuses.

Ces pertes sensibles, encore trop nombreuses, ont été comblées par les élections nouvelles. Jamais peut-être le recrutement de notre Société n'a été plus actif. Le Commandant Reynard-Lespinasse, récemment nommé membre résidant dans la Section des Arts, apporte à la Société et au Musée le goût délicat et sûr d'un collectionneur passionné. Vingt-trois membres associés et deux membres correspondants ont été élus depuis notre séance publique. Plusieurs d'entre eux, répondant à un voeu que j'ai souvent formulé, assistent à nos séances et collaborent à nos travaux.

La vitalité.de notre Société ne s'est pas seulement manifestée par la facilité de son recrutement ; elle s'est affirmée par l'abondance et la valeur de vos travaux. Grâce à vous, Messieurs, nos séances ont été variées et toutes intéressantes. Nous n'ayons pas encore organisé — et je le regrette —des excursions archéologiques dans une ville et un département si riches en monuments remarquables, mais nous avons fait, à la suite de notre infatigable Secrétaire, « un voyage autour de notre Salle », une visite au Musée avec « la collection Morlot » et « les Tableaux de la Chapelle Godefroy », et même, sans quitter, nos fauteuils»


DISCOURS PRONONCÉ PAR M. HENRY BABEAU 269

une.promenade au Palais de Justice, tandis qu'une autre fois, M. Piétresson de Saint-Aubin nous conduisait « aux Logettes de Saint-Jean ». Je ne veux pas vous rappeler toutes vos études, elles sont présentes à la mémoire de tous. Permettez-moi seulement de dire, sans crainte d'être démenti, que de nombreux comptes-rendus ont présenté, par leur caractère personnel, l'élégance de la forme et la finesse des appréciations, autant d'attraits que des travaux originaux.

L'accroissement de nos membres, la réputation de nos Mémoires et de l' Annuaire, sont la récompense de nos efforts. Nous en trouvons une non moins grande dans les libéralités qui, chaque année, viennent augmenter notre patrimoine et étendre notre action. Quel plus bel hommage un homme généreux peut-il rendre à une Société que de la juger, digne de perpétuer son nom et ses volontés ! Après la fondation d'un prix quinquennal par notre vénéré collègue Lagoguey, nous avons été appelés à recueillir la succession d'un étranger à notre Société, mais qui lui était attaché par son origine troyenne et par son culte pour les lettres et les arts, M. Georges Simonnot. Les revenus de ce legs, le plus important sans doute que la Société a été appelée à recueillir, permettront au Musée de peinture de s'enrichir chaque année d'oeuvres de valeur, cependant que, grâce aux libéralités de M. et Mme Piat-Pollet, le musée des Arts Décoratifs continuera à développer ses collections. Le renom de notre Académie rayonne au loin avec le concours Des Guerrois ; son action locale s'accroît chaque jour avec ses ressources.

J'ai, au sujet du Musée, deux regrets à exprimer. Les portes des nouvelles salles de l'ancien Evêché sont toujours closes, je redoute que d'autres années s'écoulent avant qu'elles ne s'ouvrent. J'aurais voulu enfin, avec nos conservateurs, que les pierres sculptées qui, sous la morsure des intempéries s'effritent dans le jardin, trouvent un abri dans la salle à l'extrémité de la galerie. La municipalité, toujours bienveillante, nous a accordé le local, mais si le Maire propose, les services disposent. Ce n'est que vers Pâques que les promesses deviendront des réalités —.ou à la Trinité !

Je quitte donc mes fonctions sans avoir rempli mon programme. Je me suis laissé dire, pour m'en excuser, que cet accident arrivait à d'autres élus. Vous avez cependant tout


270 DISCOURS PRONONCÉ PAR M. HENRY BABEAU

fait pour, faciliter ma tâche ; votre constante indulgence a écarté de ma route tous les écueils ; appelé à vous diriger, je n'ai eu qu'à vous suivre.

Avant de transmettre mes fonctions à l'aimable successeur que vous m'avez donné, je tiens à le remercier, ainsi que tous les membres du Bureau, d'une collaboration qui a été un des charmes de ma présidence.

A cette place, que je quitte avec le regret qui s'attache à tout ce qui finit, M. Perdrizet ressentira la même fierté que j'ai éprouvée à l'occuper. Il trouvera dans la lecture des travaux des Sociétés correspondantes, l'intérêt captivant que leur variété présente et que, trop imparfaitement, j'ai essayé de vous analyser. Il écoutera, avec un plaisir sans cesse renouvelé, vos études et vos communications et, plus heureux que moi, il saura, en sa qualité d'ancien Président de la Société horticole, orner de fleurs l'austérité de vos séances !


EXTRAIT DU REGISTRE

DES

PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE L'AUBE Pendant les années 1925 et 1926

Année 1925

16 Janvier 1925. — Présidence de M. MATHIEU, Président. — Présents : MM. Mathieu, H. Babeau, Hennequin, Perret, Morin, J. Babeau, Patenôtre, Gérard, Perdrizet, Huot, Durrant-Soyer, Guyot, Dr Biaise, Doé, Drioton, de la Boullaye, Rossignol, abbé Prévost, Surchamp, abbé Brusson, de la Perrière, membres résidants ; abbé Bernard et Groley, membres associés. — Excusés : MM. Vauthier et Lagoguey.

Correspondance et Communications. —■ Discours du Président. M. Mathieu, siégeant en cette première assemblée de 1925 comme Président titulaire, prononce à ce titre le discours d'usage.

Décès. — M. le Président fait part du récent décès de deux de nos collègues, M. Emile Blondont, membre associé depuis le mois d'octobre 1922 et M, Henri Allart, membre correspondant depuis 1899. Tous deux étaient avocats à Paris.

Me Henry Babeau, vice-président, retrace la vie et fait l'éloge des disparus. Il rappelle que Me Emile Blondont (de Nuisement), inscrit depuis plus de trente ans au barreau de la Cour d'Appel, y laisse la réputation d'un avocat disert et très écouté. Il était surtout un causeur charmant ; membre de presque toutes les Sociétés auboises, il ne manquait guère d'assister à leurs réunions et à leurs banquets ; ses toasts pleins d'humour y obtenaient toujours un succès très vif. Nul plus que lui n'avait d'affection pour tout ce qui touchait à son département d'origine.

Me Henri Allart était également un avocat très estimé de la Cour de Paris ; il faisait partie du Conseil de l'Ordre. Spécialisé dans les questions de marques de fabrique, de contrefaçon, de brevets d'invention, on lui doit en matière de propriété commerciale des études de jurisprudence et même des traités qu'on considère comme classiques. Il était né à Brienne-le-Château. Il a trouvé la mort, en pleine santé, dans un stupide accident de rue.

L'assemblée s'associe aux sincères regrets exprimés à l'occasion de ces deux décès et aux vives condoléances adressées aux familles de nos collègues.


272 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES

Publications et Travaux des Sociétés correspondantes. — Académie d'Agriculture de France (Bulletins des 26 nov. et 17 déc. 1924) : Monographie agricole du département de la Seine-Inférieure, par MM. Labounoux et Jeannin, publication présentée comme un exemple à suivre. — Communications de MM. Ringelmann et Tamier, Ingénieur en chef du Loir-et-Cher, sur L'emploi du charbon de bois comme carburant pour les tracteurs. — Pays du Champagne, le Vignoble, le Vin, par M. Moreau-Bérillon ; préface de M, Léon Bourgeois. Cet ouvrage important est indiqué comme contenant des renseignements très intéressants aux points de vue historique et cultural (Peut-être seraient-ils à contrôler en ce qui concerne le vignoble aubois). — Mémoires de la Société d'Agriculture de Seineet-Oise (1915-1923) : Revue très étudiée de la plupart des' questions qui se sont posées pour l'agriculture et l'alimentation pendant la guerre et au moment de la paix. — Romania (Numéro de juillet 1924). Etude de M. E. Farral sur Le fabliau latin au moyen-âge, considéré par l'auteur comme un genre de transition entre la comédie des anciens Latins et le fabliau français. — Revue d'Aunis et de Saintonge (XLI, 4e livraison de 1924) : Le séjour de Marie Mancini dans le Gouvernement de La Rochelle et Brouage, par M. Sottas. Récit des petits événements et incidents d'une retraite imposée par le Cardinal Mazarin à sa nièce,, pour l'éloigner du jeune roi Louis XIV trop empressé auprès d'elle.—;Travaux de l'Académie de Reims (1923-24). Note sur les archives des Capucins irlandais et des missions irlandaises ayant eu leur siège en France, au XVIIe siècle, notamment à Bar-sur-Aube. Renseignements tirés en partie des Archives de l'Aube, XI-H-I, par M. Massiet du Biest, archiviste des Ardennes.

Rapports et Comptes-rendus.— M. de la Perrière lit son rapport sur une note de M. Piétresson de Saint-Aubin, archiviste départemental, relative à des Fragments de stalles troyennes conservées au Musée de Châlons ; malheureusement, l'auteur de la note n'a pu, malgré ses recherches, lever le mystère qui couvre l'origine de ces stalles, tant au sujet de l'artiste qui les sculpta qu'au point de vue du sanctuaire d'où elles furent enlevées. De l'avis du rapporteur, cette note documentaire, illustrée par d'excellentes photographies, n'en trouverait pas moins très utilement place dans le prochain Annuaire. (En fin de séance, le renvoi à cet effet au Comité de publication est voté).

- M. Surchamp donne connaissance des prix atteints par quelquesuns des objets d'art qui garnissaient naguère le château de Dampierre-de-l'Aube, lors de la vente, en novembre dernier, de la collection du vicomte de Beuret, propriétaire de ce château. Deux dessins de Fragonard furent payés 40 et 42.000 francs ; deux gouaches de Mallet, ensemble 73.000 francs; une autre de Moreau l'aîné, 91.000 francs ; deux tableaux de Schall, l'un 75.000 francs,' l'autre 51.000 francs. (Extrait de la revue : L'Art vivant, numéro de janvier 1925).

M. Surchamp rend compte ensuite du volume de poésies et souvenirs récemment offert par leur auteur, Mme la marquise de Monspey, membre correspondant de la Société, intitulé : Fleurs séchèes. Ce sont, conclut-il, en vers bien rythmés, écrits selon les règles Classiques, des poèmes détachés, composés au gré du coeur et de l'inspiration, et qui. ne manquent ni de charme ni de souplesse, ni de cette âme


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secrète qui fait la poésie bien plus que la rime ou le rythme. Ce livre, qui respire une grande sincérité et beaucoup de fraîcheur, fait incontestablement honneur à la plume de Mme de Monspey.

— M. Jules Babeau analyse un autre ouvrage, également offert par son auteur, Jean Nesmy, « dont le pseudonyme ne trompe plus personne » dans l'assemblée : Un coeur en tutelle, « drame honnête et sain, qui se termine par deux mariages à la joie générale, et qui n'est qu'une glose jolie et neuve, à la vérité, de l'axiome connu : les absents ont toujours tort ». La trame du livre est fournie par les complications sentimentales qu'a pu faire naître le mariage par procuration né et disparu avec la dernière guerre ; quant au cadre du roman, c'est dans la bonne ville de Troyes et plus particulièrement dans le quartier même où loge M. Surchamp qu'on le découvre à certaines pages, dont la note de couleur locale rappelle la manière et le souvenir de notre Louis Ulbach.

Ouvrage offert. — Par l'auteur, M. Albert Canet, Vice-Président de la Chambre des Métiers de l'Aube : La culture du coton dans les Colonies françaises (Renvoyé à M. de la Perrière). Remerciements au donateur.

Fondation Hyacinthe Chailliot. — Sur les arrérages de cette fondation, trois prix sont accordés à MM. Ribon Emile, de Vanlay ; Picardat Gabriel, d'Avirey-Lingey et Couland, de la maison forestière de la Madeleine, qui se sont employés avec zèle et succès tant à la destruction des animaux nuisibles qu'à la protection des animaux utiles.

Musée. — M. Drioton donne lecture de la liste des objets entrés au Musée par suite de dons pendant les 2e, 3° et 4° trimestres de l'année 1924. Des remerciements sont votés aux donateurs.

Société correspondante. — Il est décidé que la Société littéraire et historique de la Brie, à Meaux, sera ajoutée à la liste des Sociétés correspondantes pour l'échange de nos publications.

Elections. — Présentation. — MM. Léon Maître, 2 place SaintDonatien, à. Nantes, et Alfred Péreire, 35, faubourg Saint-Honoré, à Paris, présentés à la séance du 19 décembre 1924, sont élus membres correspondants.

M. Victor Bourgeois, huissier honoraire, propriétaire, rue GodardPillaveine, n° 15, à Troyes, est présenté comme membre associé. Il sera procédé au scrutin d'élection à la séance du mois de février prochain.

20 Février 1925. — Présidence de M. MATHIEU, Président. — Présents : MM. Mathieu, H. Babeau, Hennequin, Perret, Morin, J. Babeau, Gérard, Perdrizet, Durrant-Soyer, Guyot, Vauthier, Dr Biaise, Bauer, Vachette, de la Boullaye, Rossignol, abbé Prévost, Lagoguey, abbé Brusson, membres résidants et abbé Bernard, membre associé. — Excusés : MM. Surchamp et de la Perrière.

Correspondance et Communications. — Promotion. — M. le Président fait part de la haute distinction que vient de recevoir notre compatriote, M. Delatour, membre correspondant ; ce dernier

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a été élevé à la dignité de Grand Croix de la Légion d'Honneur, avant de quitter la Caisse des Dépôts et Consignations, à là direction de laquelle il avait été appelé, voilà plus de 25 ans. L'Assemblée entière s'associe aux félicitations et aux marques de., sympathie adressées à notre éminent collègue par M. le Président, au nom de la Société, à propos de cette distinction.

Décès. —.M. le Président fait également part du récent décès de M. Bréaudat (originaire de Thieffrain, près Vendeuvre),.. membre correspondant depuis 1906, docteur en pharmacie, pharmacien à l'Institut Pasteur ; il envoie à la famille de notre collègue défunt toutes les condoléances de la Société.

Admission. — M. Léon Maître, de Nantes, prévenu de son élection, accepte de partager les travaux de la Société ; il est, par suite, proclamé membre correspondant.

Démission. Honorariat. - Lecture est donnée de la lettre par laquelle M. Det, membre résidant de la section des Lettres, l'un de nos doyens, persiste dans sa décision d'abandonner son siège pour raisons de santé. L'Assemblée témoigne le vif regret que notre vénérable et estimé collègue, d'une érudition et d'une affabilité si appréciées, qui compta parmi les membres les plus actifs et les plus dévoués de la, Société, n'ait pas cru pouvoir revenir sur sa détermination. Par un vote unanime, M. Det est ensuite élu membre honoraire. La vacance de son fauteuil sera en conséquence annoncée.

Publications et Travaux des Sociétés correspondantes, — Académie d'Agriculture de France (séance du 24 décembre 1924) : Note sur les champignons des charpentes. Remède proposé pour en enrpêcher le développement : le microsol, inodore et, dé eé fait, préférable au carbonileum ; il est aussi actif. (Séance du 14 janvier 1925) : Les forêts du comté de Dabo (Alsace). Droits d'usage subsistant au profit de quatre communes dans ces forêts domaniales par une exception à notre législation forestière. — Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayûnne (1924, nos 3 et 4) : Survivance du costume ibérique chez les Basques actuels : l'abarca (chaussure), les houseaux, la ceinture, la cape, la blouse et le béret des hommes, la mante et le mouchoir de tête des femmes. Observations sur le projet de réforme du calendrier, actuellement en cours d'examen devant la Société des Nations. Le Régime des courses de taureaux à Bayonne sous le second Empire. L'auteur conclut au maintien d'un usage, peut-être regrettable en soi, mais qui est une des coutumes locales dont l'ensemble constitue le patrimoine des libertés régionales du pays basque. — Bulletin de la Société Archéologique et Historique du Limousin (tome 71), année 1924). Longue étude sur Le métayage en Limousin du XIII° au XVIe siècle..— Mémoires de la Société Eduenne (tome 45, 1er fasc. 1924) : La Vierge d'Autun. Description d'une très expressive statue de pierre, datant probablement de la seconde moitié du XVe siècle, portant encore des traces de polychromie et représentant la Vierge avec l'enfant Jésus sur les bras. Une jolie reproduction est jointe au texte. — Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (Bulletin août-oct. 1924) : Compte rendu de récentes et, fructueuses fouilles exécutées sur l'emplacement d'Alésia par l'Académie de Dijon. — Société libre d'Agriculture, Sciences et Arts de l'Elire; (1923) : Intéressante étude iconographique sur Nicolas Poussin, originaire des


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Àndelys. — Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne (1923) : Le clergé d'Auxerre pendant la Révolution, d'après les Mémoires du .chanoine Frappier, par M. Porée. Une curieuse famille d'animaux aquatiques, fréquentant la vallée du Serein (les Blongios, communément appelés Butors) par M. Guimard.

Rapports et Comptes-rendus. — M. Perdrizet signale la prochaine constitution d'une Société coopérative de reboisement dans notre région (la Société forestière champenoise, et, à cette occasion, fait un éloquent rappel des motifs d'intérêt général qui doivent inciter à restaurer en France la forêt. Il y va de l'avenir de nos finances pour la richesse publique et de celui de nos enfants pour la défense du sol de la patrie. L'arbre est, dans la nature, un facteur essentiel de l'activité humaine ; ne le rencontre-t-on pas au début de toutes ses formes ? Les belles-lettres ont commencé à s'épanouir à l'ombre de ses rameaux ; les beaux-arts lui doivent les plus anciens essais d'architecture ; il a fourni à la science ses premiers instruments.

- M. Vauthier analyse ensuite quelques-uns des comptes rendu des séances de l'Académie des Sciences :

Paléontologie. Découverte à Salutré (Saône-et-Loiré) de squelettes préhistoriques. Alignement rigoureux est-ouest des squelettes, là tête vers l'Est. Outillage de pierre taillée (âge aurignacien) ; caractéristiques : taille, indices céphalique, etc. — Microbiologie. Mode d'action de la chaleur sur les ferments lactiques dans la pasteurisation du lait (M. Strassand). La pasteurisation ne produit qu'un retard dans la fermentation du lait. Jusques 2 ou 3 jours, les 99/100 des bactéries sont détruites; puis ensemencement nouveau des espèces plus résistantes, dont la pasteurisation a seulement diminué la vitalité. Pasteurisation haute : 95° pendant 2 secondes ; pasteurisation basse : 60° pendant 25 secondes ; pasteurisation en couche mince : 70° pendant 8 secondes. — Médecine : (A) Absorption par la peau des rayons ultraviolets (M. Saidman). Rayons « eubiotiques » et « abiotiques ». Filtrage. Inégalité d'action suivant les longueurs d'onde. Choix à faire suivant la nature des affections. Loi de Grotthus (n'agissent que les rayons absorbés). Différence d'action des lampes à arc à charbon et des lampes à vapeur de mercure. Elimination des radiations simplement calorifiques. Importance thérapeutique considérable de la question. — (B) Tétanie expérimentale par hyperpoée volontaire. Respiration forcée pendant 20 à 35 minutes produisant tous les signes de la contracture tétanique. L'effet sur le muscle est moins prononcé (2 ou 3 fois) que sur le nerf. Phénomènes de même ordre que dans la suppression, par compression, de la circulation dans un membre. (C) Agents de transformation des toxines en anatoxines (MM. Berthelot et Ramon). Une toxine, même très nocive (diphtérique) peut être transformée en une autre conservant tous ses caractères, y compris le pouvoir immunisant, mais ayant perdu toute toxicité. On emploie, à cet effet, acides, alcalis, éthers, aldéhydes, etc. Etude détaillée des divers agents pour chaque toxine. — Physique du Globe. Système tétraédrique (M. Lallemand). Théorie de Lowthian Green. Application au tétraèdre terrestre. C'est la forme du minimum de contraction superficielle (volume minimum pour une surface extérieure donnée). Et cela est vérifié par la distribution sur notre


276 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

globe des quatre continents et des quatre océans. — Chimie physiologique. Valeur nutritive de l'escargot (M. Léger). Un usage culinaire récent réduit la partie utilisée au « pied » et à la partie antérieure du corps, le foie volumineux et les organes annexes étant éliminés. On utilise environ 70 % et on perd 30 % ; malheureusement, ce qu'on jette est la partie la plus nutritive, la plus digestive et la plus savoureuse, c'est le « tortillon ». Il est curieux de constater que nos pères ne commettaient pas cette faute, qu'évitent encore nos paysans. — Mécanique. Moteur Andreau (par l'auteur). Par une disposition mécanique fort ingénieuse, M. Andreau a obtenu ce résultat que les courses aller et retour du piston sont sensiblement inégales. Il en résulte que, dans un sens, les gaz brûlés sont complètement évacués et que, dans l'autre sens, la détente est sensiblement augmentée (de 5 à 12,5) ; d'où un rendement supérieur, et une économie sensible de carburant. (Rendement thermodynamique 0,40).

— M. Hennequin rend compte d'un travail déposé par M. Morin, intitulé : Essai bibliographique sur les ouvrages de François Desrues. Ce Normand de la fin du XVIe siècle, dont on ne savait pour ainsi dire rien et sur lequel, après de longues recherches, notre collègue est parvenu à recueillir quelques indications biographiques, est l'auteur de diverses oeuvres littéraires et surtout d'une « Description » des principales villes de France, qui ont été maintes fois réimprimées. Sa description, ouvrage marquant et utile pour le temps, eut notamment plus de vingt éditions, dont quatre ont été faites à Troyes. C'est par cette particularité que le livre de Desrues nous touche. Elle a conduit M. Morin à rassembler, tant sur cet ouvrage que sur les autres productions du même auteur, une abondante documentation, qui ne saurait manquer d'intéresser les chercheurs et les curieux de notre pays et ceux de la région normande. (En fin de séance, le renvoi du travail de M. Morin au Comité de publication a été voté).

— M. Bauer indique qu'il aurait été récemment trouvé, sur le territoire de Rigny-le-Ferron, des traces de gisements aurifères et argentifère, à un endroit que l'auteur ne précise point encore. Les plus anciens habitants du pays se rappellent qu'autrefois on aurait déjà recueilli, sur les coteaux qui le dominent à l'est, des cailloux contenant des parcelles de métal pur auxquels on ne prêta qu'une attention passagère. La nouvelle n'est à accueillir que sous réserves pour l'instant.

— M. Morin signale deux récentes publications de notre collègue M. Maury, membre associé : dans la Nouvelle Revue de Champagne (numéro de janvier 1925), une étude sur Le passage de Louis XV à Bar-sur-Aube, en 1744, d'après le registre des délibérations municipales, et, dans les Annales Révolutionnaires (numéro de nov.-déc. 1924), L'Inventaire du cabinet d'histoire naturelle de l'abbaye de Clairvaux.

Ouvrages offerts. — OEuvres posthumes de Ch. Des Guerrois : Les poètes anglais (Thomas Chatterton. — Kirke White) Renvoyé à M. Lagoguey.

Par l'auteur, M. H. Destainville : Les sociétés populaires du district d'Ervy (Extrait des Annales historiques de la Révolution française). Renvoyé à M. Morin.


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Par la Chambre de Commerce de Troyes, Compte rendu des travaux en 1923.

Par l'auteur, M. le Dr Huguier, membre correspondant : 1° Causerie médicale sur l'appendicite aiguë et étude philosophique, critique et pratique de l'appendicite chronique. — 2° Quelques bouts-rimés humoristiques d'un chirurgien.

Par l'auteur, M. Léon Maître, membre correspondant : Le ---tombeau de Saint-Martin à Tours (Extrait de la Revue Mabillon). — Des remerciements sont adressés aux donateurs.

Manuscrits déposés. — Par M. Léon Maître : L'antiquité du culte des saints sénonnais, Saint Savinien et Saint Potentien (Renvoyé à M. l'abbé Prévost).

Par M. Thouvenin, membre associé : Guide pour la rédaction d'une monographie communale à l'usage des élèves des écoles (Renvoyé à la section des Lettres ; histoire locale).

Nouveaux Statuts et Règlement. — Les modifications de rédaction demandées par l'Administration supérieure pour quelques articles sont adoptées conformément aux propositions de la Commission spéciale, après discussion.

Monument aux Morts de la Ville de Troyes. — M. Vauthier demande que la Société Académique émette un avis sur la question de l'emplacement où devra être élevé le Monument aux Morts de la Ville de Troyes pendant la dernière guerre, question qui préoccupe l'opinion publique , et dont la solution se trouve retardée par les controverses auxquelles elle a donné lieu. Après un échange de vues préliminaires, la motion de M. Vauthier est renvoyée pour étude et propositions à la Section des Beaux-Arts.

Election. — Démissions. — M. Bourgeois, huissier honoraire, propriétaire, 15, rue Godard-Pillaveinne à Troyes, est élu membre associé.

— Sur la proposition de M. le Trésorier, MM. Antoine (Alfred) et Charpentier (Charles), sont considérés comme démissionnaires et rayés de la liste des membres correspondants.

20 Mars 1925. — Présidence de M. MATHIEU, Président. — Présents : MM. Mathieu, H. Babeau, Hennequin, Perret, Morin, J. Babeau, Patenôtre, Perdrizet, Huot, Durrant-Soyer, Dr Biaise, Guyot, Vauthier, Doé, Bauer, Vachette, Drioton, de la Boullaye, Rossignol, Surchamp, abbé Prévost, abbé Brusson, Gérard, membres résidants, MM. Groley et Bourgeois, membres associés. — Excusés : MM. Lagoguey, de la Perrière et Ployé.

Correspondance et communications. — Décès. Après avoir rappelé l'émotion provoquée dans toute la ville de Troyes par le décès subit de M. le Dr Voix, membre résidant de la Section des Sciences depuis 1922, M. le Président donne lecture du discours qu'il prononça lors de ses obsèques, au nom de la Société Académique, le 8 mars courant.

Admissions. MM. Péreire et Bourgeois ayant accepté de partager les travaux de la Société à la suite de leur récente élection sont pro-


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clamés, le premier, membre correspondant, le second membre associé. M. le Président souhaite la bienvenue à M. Bourgeois, présent à la séance.

Démission. Honorariat. M. le marquis de Baye, membre correspondant depuis 1875, exprime par lettre le regret que sa santé très éprouvée ne lui permette plus' de poursuivre ses études archéologiques et de continuer à notre Société une collaboration suivie. M. le Président et M. de la Boullaye rappellent les communications, les travaux et les dons d'ouvrages dont la Société est redevable à M. de Baye. En s'inclinant, à regret aussi, devant sa décision, l'assemblée décide unanimement de l'inscrire, à l'occasion de ses cinquante années de sociétariat, sur la liste des membres honoraires.

Syndicat d'initiative de l'Aube. Pour la constitution définitive de ce Syndicat, dont le but est de mieux faire connaître Troyes et le département de l'Aube, au point de vue touristique et artistique, par des Guides, et dès brochures qui y attireraient les étrangers, et aussi d'organiser des fêtes locales, MM. Bauer et Perdrizèt sont désignés comme délégués de la Société, en réponse à une demande de notre collègue, M. Ployé, président du Comité provisoire du Syndicat.

Publications et Travaux des Sociétés correspondantes. —

Mémoires de l'Académie de Dijon (février 1925) : Billets de confiance et monnaie de cloches (1791-1794) par le Général Duplessis, — Revue de Saintonge et d'Aunis (1925, 41e vol., 5e livr.) : La chanson de Malbrough, « chantée par la nourrice de Mgr le Dauphin pour l'endormir au berceau et mise sur les Eventails de l'année 1783 par ordre de la Reine », texte quasi-officiel de la chanson populaire bien connue. — Mémoires de la Société d'Orléans (1923) : Le français tel qu'on le parle, spirituelle étude sur l'emploi croissant de locutions vicieuses. — Bulletin de l'Académie dès Sciences, Lettres et Arts de Clermont-Ferrand (Bulletin de l'Auvergne), n° de février 1925 : Discours sur les Prix de Vertu, par M. d'Hauterive. Intéressant historique sur cette sorte de prix décernés par les Académies ; curieuse anecdote relative à la statue qui orne le tombeau de M. de Montyon, exécutée une vingtaine d'années après sa mort d'après les traits d'un fermier de la Brie, sosie du célèbre philanthrope et ancien Intendant des pays d'Auvergne, où le souvenir de ses bienfaits est resté vivace. — Mémoires de l'Académie de Stanislas (tome 19, 1921-22) : La Faculté de médecine de Nancy de 1732 à 1914 (Renvoyé, à M. le Dr Blaise) ; (tome 21, 1923-24) Etat de l'agriculture en Lorraine au lendemain de la Révolution, par M. Hottinger. Rapprochement entre là situation agricole à cette époque et celle d'aujourd'hui. — Revue Mabillon (janv.-mars 1925, p. 112) : Compte-rendu bibliographique sur les deux premiers volumes de l'histoire du Diocèse de Troues, publiés par notre collègue, M. le chanoine A. Prévost.

Rapports et Comptes-rendus. — M. Drioton lit une communication concernant de nouvelles fouilles archéologiques faites sur le territoire de la commune de Barbuise par M. Simon ; elles complètent et corroborent celles que MM. Lapierre et Jacquemard ont entreprises l'an dernier au même endroit. Sur la proposition de M. Drioton, de vives félicitations sont adressées à M. Simon pour la science et la méthode avec lesquelles il a de même conduit ses investigations personnelles, marquées d'ailleurs par d'heureuses et fort utiles décou-


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vertes, dont il a pris soin de garder trace par d'excellents dessins exécutés de sa main.

— M. le chanoine Prévost rend compte d'une analyse faite par M. Léon Maître, archiviste paléographe, membre correspondant, des « Objections de M. J. Perrin à la thèse de M. l'abbé Duchesne, auteur des Fastes épiscopaux, sur l'antiquité du culte des saints sénonnais, St Savinien et St Potentien ». — M. de la Boullaye rappelle les études très documentées que M. l'abbé Garnier, membre résidant, publia jadis sur ce sujet, études qui sont toujours à consulter.

— En l'absence de M. de la Perrière, M. Hennequin lit un rapport dé ce dernier sur un travail de M. Albert Canet concernant La culture du coton dans les colonies françaises. Dans son opuscule, abondant en renseignements précis, M. Canet étudie les possibilités cotonnières de chacune de nos colonies et fait surtout ressortir le secours que la France pourrait tirer à ce point de vue d'une exploitation rationnelle de ses terres d'Afrique, en sachant cultiver chaque sorte de coton là où elle réussit le mieux et en habituant les indigènes à apporter dans leurs opérations les soins indispensables.. Nous arriverions ainsi à nous libérer du tribut que nous devons payer aux Américains et aux Anglais. Ce petit ouvrage mérite d'être vulgarisé et son auteur d'en être félicité, conclut le rapporteur.

— M. Vauthier analyse ensuite quelques comptes-rendus des travaux de l'Académie des Sciences :

Physiologie, (a) Viande cuite et viande crue (M. Charles Richet). Chez les carnivores (le chien) une alimentation exclusive par viande cuite ne peut entretenir la vie, tandis qu'une alimentation exclusive à la viande crue entretient admirablement vie, santé, robustesse. Cela tient à la question des vitamines. Mêmes résultats pour les poissons, d'après des expériences directes, (b) Respiration des tissus dans l'avitaminose et l'inanition (M. Jean Roche). Une théorie récente attribue aux vitamines un rôle de premier plan dans le mécanisme des oxydations cellulaires. La privation cause les désordres suivants : hypothermie, diminution de l'excrétion de l'acide carbonique et du quotient respiratoire. (c)La vie sans pancréas (M. Hédon). Possible par l'insuline. Expériences sur des chiens. Rôle du bicarbonate de soude en injection. — Océanographie. Salinité des eaux sur la côte occidentale du Maroc (M. Gruvel). En thèse générale, la salinité croît avec la profondeur, jusqu'à une certaine limite, puis décroît (en Méditerranée, la limite est 4 à 500 m.). Par une anomalie inexpliquée, c'est le contraire, au moins jusqu'à 200 m., sur la côte occidentale du Maroc : l'eau la plus salée est en surface. Observation à poursuivre, notamment en profondeur. — Physique physiologique. Effet photo-électrique des rayons ultra-violets (M. J. Saidman). Il en résulte une électrisation négative tant chez les plantes que chez l'homme. Emploi de la lampe à vapeur de mercure (200. v, 3,5 ampères) en quartz. Cette déperdition existe même à la lumière du jour. Action sur la peau (réduite à 1/10.000 pour une profondeur de 1/10 m/m). On ne peut encore expliquer l'action en profondeur, sinon par une pénétration progressive. — Zoologie. Les poules à becs croisés. Curieuse anomalie qui n'empêche pas la vie. Les extrémités sont tronquées par l'usure sur le sol, provoquée par la recherche de la nourriture. Hérédité (?) ■— Physique appliquée. Méthode d'examen microscopique de l'intérieur des perles. Généralisation du procédé (M. Izilard). Description du


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dispositif à établir sous le microscope pour étudier l'intérieur de corps opaques (perles, os, cuirs, bois, minerais, êtres vivants) immergés dans un liquide d'indice de réfraction convenable, en particulier l'huile de cèdre. Possibilité de différencier les pertes artificielles des perles naturelles. — Météorologie. La vase atmosphérique et la mer de nuages (M. Dauzère). Produites par les poussières dans l'air comme dans l'eau. Facile à constater en pays de montagnes (Pic du Midi) où. on a une véritable coupe verticale de l'atmosphère. Plan supérieur nettement horizontal. La condensation de la vapeur d'eau par ces poussières produit la « mer de nuages » d'égale altitude (entre 1,000 et 2.000 m). Le phénomène exige un temps calme. — Acoustique. Montage rationnel des instruments à corde (M. A. Broca). Importance de la disposition des appuis sur la caisse de résonnance. Les points d'appui du chevalet, de l'àîne et du tire-cordes doivent être sur une « ligne nodale » (interférence de deux ondes qui s'annulent. Appui punctifofme. Ces précautions, qui ont fait le succès de. certains luthiers, travaillant par expérience, améliorent considérablement les instruments en intensité, puissance et facilité de jeu.

— M. Morin signale que, parmi les merveilles bibliographiques exposées à la Bibliothèque Nationale en janvier dernier, à l'occasion . du quatrième centenaire de la naissance de Ronsard, on a beaucoup remarqué deux livres d'une exceptionnelle rareté, intéressants pour nous. L'un est l'exemplaire unique de la seule oeuvre de Ronsard qui ait été imprimée en caractères gothiques : le Discours des misères de ce temps, publié en 1562 et sorti des presses de François Trumeau, imprimeur à Troyes. L'autre est L'avant entrée du Roy trescrestisn à Paris, oeuvre de Ronsard, imprimée à Paris, pour Gilles Gorrozet, en 1549, dont la bibliothèque de Troyes possède l'unique exemplaire connu ; cette pièce a été découverte par M. Alfred Péreire, notre nouveau collègue, membre correspondant.

M. Morin annonce en outre le don fait à la Société Académique pour le Musée, par M. G. Mennesson, ingénieur à Troyes, administrateur des anciens établissements Canson et Montgolfier, à Vidalon-lèsAnnonay : 1° d'une forme à papier, avec filigrane et contremarque, du début du xixe siècle ; 2° d'une photographie représentant la fabrication du papier à la main, à Vidaion, à l'époque actuelle. L'assemblée remercie le donateur.

— M. Hennequin fait . ensuite un exposé oral sur le Musée de. troyes, envisagé dans son essence et du. point de vue des salles qui furent successivement affectées à la Société Académique pour la réunion et l'aménagement, pour le développement et la conservation des diverses collections qui le composent. Historiquement, expliquet-il, le « Musée de Troyes » n'est pas le Musée de la Ville de Troyes ; sa constitution n'est point d'origine municipale. Fondé et toujours « dirigé », autrement dit administré par la Société Académique, il rentre, sans avoir rien perdu de son caractère initial, dans la catégorie nullement exceptionnelle des musées ouverts au public appartenant à des associations privées. La Société Académique de l'Aube, personne juridique du . fait de sa reconnaissance d'utilité publique, est propriétaire de l'établissement particulier qu'est le Musée de Troyes considéré en lui-même ; le « fonds » qu'il représente est sa chose. Cela n'implique d'ailleurs en aucune façon que la. Société soit propriétaire de tous les objets d'art, de science ou de curiosité renfermés dans les


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locaux municipaux ou départementaux officiellement mis à sa disposition pour l'exposition de ces. objets. Elle en possède en propre une notable partie ; elle ne détient les autres qu'à titre de dépôt. Ces derniers continuent d'appartenir aux déposants (Etat, département, ville ou particuliers), mais elle en a été constituée la gardienne et la gérante par ses statuts approuvés. Cette thèse traditionnelle, que des apparences peuvent obscurcir, s'appuie sur des décisions de principe et sur un ensemble de faits remis en lumière par M. Hennequin dans son exposé.

Manuscrits déposés.— Par M. Thouvenin, membre associé . : Etude sur la carrière et les fours à chaux « Saint-Bernard », à Clairvaux (Renvoyé à M. Guyot).

Par M. J. Babeau, trésorier : Courmononcle. Une seigneurie disparue ; un ancien village ; une vieille gentilhommière (Renvoyé à M. de la Perrière).

Par M. Peyre, professeur au lycée de Dijon, ancien professeur au lycée de Troyes : Le département de l'Aube. Ses transformations administratives depuis son origine jusqu'à l'établissement de l'Empire, 1789 - an XIII (Renvoyé à M. Hennequin).

Ouvrages offerts. — Par l'auteur, M. Morin : Menus faits d'histoire, locale (sur la mort du Ct de Dampierre, 13 octobre 1870 — Auguste Gruters, professeur de musique, officier prussien).

Par l'auteur, M. Maurice Jacob : Une Milice nationale en 1789 (Episode concernant Villenauxe).

Par l'auteur, M. Eugène Maury : Le passage de Louis XV à Bar-surAube. Le roi traversa Bar, où de grands préparatifs avaient été faits, sans s'y arrêter, « ce qui mortifia très fort les magistrats et les bourgeois ». La maison où le roi devait descendre avait été par avance . appelée « le Louvre », comme il arrive aujourd'hui encore qu'on désigne sous le nom de « palais royal », l'hôtel affecté au logement d'un souverain en visite officielle à Paris.

Par l'auteur, M. le baron de Baye : Les Icônes russes. Intéressante étude sur ces images qui représentent à la fois un emblème religieux et un emblème national. Notre distingué collègue avait eu l'espérance de voir créer à Paris un musée d'art russe ; les icones y eussent tenu une place importante.

Des remerciements sont adressés aux donateurs.

Election — Présentation.— M. Piétresson de Saint-Aubin, archiviste départemental, est élu membre résidant pour la Section des Lettres, en remplacement de M. Det, démissionnaire.

M. Lapiefre, instituteur, 12, rue de Trétaigne, à Paris (XVIIIe), membre de la Société préhistorique française, est présenté comme membre correspondant. Le scrutin d'élection aura lieu à la séance d'avril.

Concours d'art décoratif. — Le programme et les conditions du Concours d'art décoratif annuel Piat-Pollet sont adoptés conformément à la rédaction proposée par la Commission de ce Concours.

Prix Des Guerrois. — Il est décidé, sur la proposition de la Section des Lettres, que M. P. Billaud, lauréat du dernier concours de prose, sera mis en demeure de restituer le montant du prix qu'il a touché, pour cause d'infraction aux conditions imposées par le pro-


282 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES

gramme, découverte après . coup. On remettrait ensuite ce prix au concours.

17 Avril 1925. — Présidence de M. MATHIEU, Président. — Présents : MM. Mathieu, H. Babeau, Hennequin, Morin, abbé Brusson, abbé Prévost, de la Boullaye, Drioton, Vachette, Bauer, de la Perrière, Doé, Vauthier, Ployé, Durrant-Soyer, Huot, Perdrizet, Gérard, P. Royer, membres résidants ; Abbè Bernard et Bourgeois, membres associés. — Excusés : MM. Perret, J. Babeau, Surchamp, Dr Biaise et Rossignol.

Correspondance et Communications. —Promotion. M. le Président fait part de la haute distinction que vient de recevoir notre compatriote, M. Alfred Boucher, membre honoraire. Ce dernier a été élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d'honneur. L'Assemblée entière s'associe aux félicitations et aux marques de sympathie adressées par M. le Président, au nom de la Société, à l'éminent artiste dont maintes oeuvres sont l'ornement des salles de sculpture et de peinture de notre musée.

Décès. M. le Président annonce ensuite la mort prématurée de M. Bernard Georget, de Ramerupt, membre associé depuis 1918, qui s'était déjà fait apprécier par des poésies et des recherches sur l'histoire locale : il envoie à la famille de notre regretté collègue les sincères condoléances de la Société.

Admission. M. Piétresson de Saint-Aubin ayant accepté de partager les travaux de la Société, est proclamé membre résidant de la Section des Lettres.

Congrès des Sociétés Savantes à Paris (avril 1925). M. le Président rappelle les communications faites à ce Congrès par plusieurs de nos collègues : 1° par M. Piétresson de Saint-Aubin, sur La juridiction conslulAire de Troyes (1564-1791) ; — 2° par M. Morin, sur L'impression des Coutumes, au XVIe siècle, à Troyes et en Bourgogne ; — 3° par M. Maury, sur La bibliothèque d'un bourgeois de Bar-sur-Aube au XVIIIe siècle. Les extraits du compte-rendu sommaire du Congrès qui ont été publiés relativement à ces lectures, témoignent, par les échanges de vues qu'elles suscitèrent, de l'intérêt que les auditeurs avaient pris à les écouter.

Publications et Travaux des Sociétés correspondantes. —

Bulletin de l'Académie du Var (1924) : (a) Note sur Christophe Colomb et la découverte de l'Amérique. Suivant une thèse développée naguère à Toulon par M. le chanoine Castaing et admise par de récentes études faites en Amérique, Christophe Colomb, est né à Calvi, en Corse, et non à Gênes ; s'il a été considéré comme Gênois, c'est parce que Calvi était alors sous la domination de Gênes. De plus, ce n'est pas lui qui a découvert l'Amérique en .1492 ; vers l'an mille, la partie du Rhode Island et des Massachusets avait été touchée par Leif Erikson ; en 1742, une expédition partie du Danemark aborda dans les mêmes parages. Christophe Colomb l'aurait su, il serait même allé se documenter en Islande en 1477. (b) Traits distinctifs du visage physique et moral de la Provence (Prix de l'amiral Senès, 1924) .; publication des deux pièces couronnées à ce concours de prose. — Académie d'agriculture de France (séance solennelle du 25 février 1925, p. 258). Sur la proposition de la Section des cultures spéciales, l'ouvrage de


PENDANT L'ANNÉE 1925 283

M. Moreau-Bérillon, intitulé Au pays du Champagne a été récompensé par un diplôme de médaille d'or. — Bulletiin Archéologique du Comité des travaux historiques du Ministère de l'I. P. (1923, 2e livraison) : (a) Le tumulus de Banges n° 4, à Minot (Côte-d'Or). Description des quinze sépultures découvertes dans ce tumulus par M. H. Corot, en 1901. — (b) Rapport sur la Découverte faite en 1901, à Vertilium (Vertault, Côte-d'Or) d'un important dépôt de. poteries à noms gaulois, par M. H. Lorimy, Président de la Société archéologique du Châtillonnais, membre correspondant de la Société Académique de l'Aube. La mise au jour de ce gisement céramique a révélé l'existence, à Vertault : 1° d'ateliers dont la période de grande activité doit se placer dans la seconde moitié du premier siècle avant J.-C; 2° d'un centre de fabrication de poteries gauloises fines et de vases usuels en terre commune, (c) Mitres du Trésor de Sens dites de Saint Thomas Becket, l'archevêque martyr de Cantorbery, assassiné en 1170. Ce ne sont que d'anciennes mitres ayant servi à des archevêques de Sens du XIIIe siècle. — Annales de la Société d'histoire, d'archéologie de Chaumont (1925, n° 6) : Découverte archéologique sur la place de l'Hôtel de Ville. Il s'agit de la première pierre de la Colonne départementale qui devait être élevée en l'an VIII à la mémoire des défenseurs de la patrie. On posa de ces premières pierres avec solennité dans chaque chef-lieu de département (à Troyes, ce fut sur la place du Préau), mais on ne connaît aucun exemple d'une colonne édifiée par la suite. — Mémoires de la Commission des Antiquités de la Côte-d'Or (mars 1925) : La flore du rétable de l'Hôpital de Beaune, par M. Genty, directeur du jardin botanique. Les plantes représentées dans cet ouvrage sont pour la plupart des oeuvres d'imagination. — Bulletin de l'Académie de Montpellier (juillet-décembre 1924) : Le Maréchal Lyautey, capitaine de cavalerie. — Annales météorologiques de Stockolm et Publications américaines : études nombreuses, documentées et superbement illustrées sur des sujets de science minéralogique et géologique.

Rapports et Comptes-rendus. — M. de la Perrière rend compte d'une notice manuscrite de M. J. Babeau, sur Courmononcle, dans laquelle l'auteur, sous la forme d'une narration à ses enfants, a étudié cette seigneurie et ce village d'autrefois, ainsi que la vieille gentilhommière, seul reste du passé, qui est devenue sa propriété. Dans la description des lieux, dans les scènes de la vie des ancêtres, la poésie et l'humour apparaissent en plus d'un endroit, masquant la trame des documents d'archives et des papiers domestiques analysés dans l'ouvrage. Dégagée de son allure toute familiale, rendue un peu plus objective, cette monographie alerte trouverait utilement place parmi nos publications d'histoire locale, de l'avis du rapporteur et de l'assemblée qui apprécia les extraits dont il avait donné lecture.

— M. Morin rend compte d'une plaquette de M. Destainville, Instituteur à Barberey, intitulée Les Sociétés populaires du district d'Ervy. Ce n'est qu'un chapitre d'une étude plus ample, dans laquelle l'auteur démontrait que ces Sociétés, créées au début de la Révolution par des citoyens désireux de participer au mouvement, de réforme, tour à tour désapprouvées, reconnues et utilisées par les pouvoirs publics, ne jouèrent pas un rôle aussi important qu'on pourrait le croire d'après les textes décrétés à leur sujet. Dans les 73 communes du district d'Ervy, on ne compta que 12 Sociétés populaires, dont l'action fut partout empreinte de prudence. Des recherches faites dans le


284 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

reste du département de l'Aube et dans les départements limitrophes ont abouti aux mêmes constatations.

— M. Hennequin poursuit son étude hitorique et juridique sur le Musée de Troyes. Il montre comment, du droit de possession de la Société Académique sur le fonds que représente l'ensemble des collections du Musée, a découlé pour elle celui d'administrer ce fonds et, jusqu'à ces derniers temps, celui d'en nommer elle-même les conservateurs. A l'origine, en 1834, contre une revendication du maire, puis plus tard, en 1885 et en 1890, contre des observations du Ministère, basées sur un décret de 1852, ce dernier droit a été énergiquement et victorieusement défendu par la Société. En le lui reconnaissant, une décision ministérielle du 12 décembre 1890 a, par là même, admis que le Musée de Troyes n'était pas un musée communal.

Aujourd'hui, la situation de ce Musée serait régie par un décret de 1910, dû fait qu'il est dépositaire d'un certain nombre d'oeuvres d'art appartenant à l'Etat, et aussi, pour raison d'analogie (suivant. une thèse que lé Ministère a soutenue en 1920) par certaines dispositions d'un décret de 1906, du fait que la Société, propriétaire du fonds, est, dotée de la personnalité civile. Résultât-il de ces textes que les conservateurs des collections (et non pas seulement des Objets de l'Etat) ne peuvent plus être nommés que par arrêté préfectoral, la Soc. Académique tiendrait encore du décret de 1906, entre autres avantages, le droit de présenter seule au Préfet des candidats pour ces emplois. Aussi ne saurait-elle, sans paraître acquiescer à une modification du caractère de l'établissement qu'elle a fondé, sans abandonner son oeuvre presque séculaire, sans risques pour, ses prérogatives traditionnelles dans l'administration d'un patrimoine dont elle peut s'enorgueillir, négliger à l'avenir de faire directement et sous certaines réserves ces présentations de candidature ; pour la sauvegarde de ses droits, il doit ressortir des actes officiels que celles-ci émanent d'elle et d'elle seule.

(N. B.) A l'appui, tout au moins, des indications qui précèdent, il est à noter qu'à l'égard, du Musée de Lanigres, dont la situation est semblàble à celle du Musée de Troyes, le Ministère n'a pas persisté, à la fin de 1920 dans l'opinion qu'il avait d'abord émise relativement à la nomination du conservateur de ce Musée par le Préfet. Il a finalement reconnu, au contraire, que ce droit de nomination appartenait exclusivement à la Société historique et archéologique de Langres, reconnue d'utilité publique, propriétaire du Musée, à laquelle le décret de 1910 n'était pas applicable (Cf. Bulletin de la Soc. hist. et arch. de Langres, T. VIII, n° 110 du 15 déc. 1921, pp. 213 et suiv. Sces des 26 août, 30 août, 21: sept, 29 oct. 1920 et 15 janv. 1921). R. H.

— A la suite de cette communication, un membre demande ce qu'il advient des collections d'histoire naturelle qui ont été transportées dans les salles de l'ancien Evêché. Il serait désirable qu'on pût les voir au moins à certains jours et que le travail auquel notre collègue M. Durrant-Soyer, aidé de M. Roussin, s'est consacré depuis plusieurs années pour remettre ces collections en état de présentation, ne restât pas plus longtemps sans utilité pratique. La question du nettoyage des salles et celle de leur surveillance aux heures d'ouverture n'ont pas encore pu être résolues.

Ouvrage offert — Par l'auteur, M. E. Maury, membre associé :


PENDANT L'ANNÉE 1925 285

La Franc-Maçonnerie à Bar-sur-Aube ; la Loge « l'Union des coeurs » (1810-1851).

Election. — M. Lapierre, instituteur, 12, rue de Trétaigne, à Paris (XVIIIe) est élu membre correspondant.

15 Mai 1925. — Présidence de M, MATHIEU, Président. — Présents : MM. Mathieu, H. Babeau, Hennequin, Perret, Morin, J. Babeau, Gérard, Perdrizet, Durrant-Soyer, Dr. Blaise, Vauthier, Guyot, de la Boullaye, Rossignol, Surchamp, abbé Brusson, abbé Prévost, Piétresson de Saint-Aubin, L. Royer, Doé, Huot, membres résidants ; abbé Bernard, membre associé, — Excusé : M. de là Perrière.

Correspondance et Communications. ;— Décès. M. le Président prononce l'éloge funèbre de M. Henry de Fontenay, membre résidant de la Section d'agriculture depuis 1891, dont les obsèques ont eu lieu à Fouchères, le 4 mai courant. L'Assemblée s'associe unanimement aux témoignages de regret et aux sentiments dé condoléances adressés à la famille de notre respecté et distingué collègue.

Admission. M. Lapierre ayant accepté les conditions du règlement

est proclamé membre correspondant. Sa lettre d'acceptation annonce

Une prochaine communication de biogéographie et d'archéologie

-concernant le Montois et le Morvois (région de Nogent-suir-Seine et de

Provins).

— M. le Président souhaite la bienvenue à M. Piétresson de SaintAubin, archiviste départemental, nouveau membre résidant, qui assiste à la séance. A l'exemple de ses prédécesseurs admis dans la Société, il ne saurait manquer d'apporter aux travaux de celle-ci une collaboration active et fructueuse.

Publications et Travaux des Sociétés correspondantes. —

Annales de l'Académie de Maçon (1920-21). Imposant volume contenant d'intéressantes études sur Le domaine de l'abbaye de Cluny au Xe et XIe siècles et sur Les témoins du IXe et du Xe siècles à SaintPhilibert de Tournus. Au début du discours de réception de M. Nicolle, consacré à une propriété et à la famille de Lamartine, à l'occasion du centenaire de ses Méditations, on lit : « Le but des Sociétés savantes de province n'est-il pas de réunir les souvenirs historiques d'une contrée, de recueillir ses traditions économiques, de marquer ses mouvements sociaux pour les léguer aux générations futures ? Ainsi se réalise à travers les âges une communauté de recherches et une collaboration incessante ». C'est bien la traduction de la devise de notre Société. — Mémoires de l'Académie nationale de Metz (1923) : Les Français à Metz en 1552, par M. Fleur. Réfutation de la thèse allemande, suivant laquelle Metz aurait alors été arraché à l'empire allemand par un crime. Le connétable de Montmorency, commandant l'armée française aurait attiré les échevins dans un guet-apens, les aurait fait assassiner et se serait emparé de la ville par surprise. - Topographie du village lorrain, par le général de Vaulgrenant, avec un rappel de l'ouvrage de M. A. Babeau : Le village sous l'ancien régime », à l'occasion du mode de défense des communautés de campagne contre les bandes armées. — Bulletin du Comité des travaux historiques et scientifiques du Ministère de H. P. (1923). Compte rendu des Congrès des Sociétés savantes à Paris, en 1921, et à Mar-


286 . PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

seille, en 1922 (section des sciences économiques et sociales) ; à citer notamment : La nouvelle législation suisse sur les accidents du travail, par M. Joran ; La crise de l'apprentissage et les remèdes à y apporter, par M. P. Brun; L'évolution de l'Allemagne, discours de M. Georges Blondel, à la séance de clôture.. — Revue Mabillon (avril-juin 1925) : Recueil des chartes et Bulles de Clairvaux (suite), par notre collègue, M. le chanoine Prévost. —Bulletin de la Société des agriculteurs d'Algérie (n° 465) : Essai de culture du coton dans la Mitidja (Renvoyé à M. Rossignol)..

Rapports et Comptes-rendus. — M. Vauthier analyse quelques comptes rendus des travaux de l'Académie des Sciences :

Moteurs à explosion. Reconstitution du moteur des frères Niepce de 1806 (M. Clerget). D'après un remarquable rapport de Lazare Carnot à l'Académie des Sciences, en 1806, les inventeurs, qui ont, dès cette époque, pu actionner un bateau sur la Saône, ont compris de suite et très nettement la supériorité du moteur à combustion interne et la possibilité d'emploi d'un combustible solide (poudre de lycopode), précédant ainsi le célèbre moteur Diesel. Si l'on pouvait cultiver en grand et d'une façon économique, le lycopode, l'idée serait à reprendre, et pourrait conduire à créer un excellent moteur. — Géodésie. Prétendu affaissement du sol de la France (M. Ch. Lallemand). Se basant sur les résultats de deux nivellements généraux du sol de notre pays, exécutés l'un de 1857 à 1864 par Bourdaloue, l'autre de 1884 à 1893 par M. Lallemand, des savants allemands prétendent en conclure à un affaissement continu de notre sol, qui, de nul dans le midi, atteindrait un mètre dans le Nord. L'auteur conteste absolument cette affirmation, les deux nivellements cités, n'étant, par suite d'erreurs systématiques du premier, pas comparables. Ceci est confirmé par l'observation, du niveau moyen de la mer à Brest et à Marseille. L'auteur accuse hardiment de légèreté les savants allemands. -—• Physiologie végétale. Absorption sélective du potassium par les plantes. (MM. André et Demoussy). L'observation des plantes terrestres montre toujours qu'elles absorbent beaucoup plus de potassium que de sodium (quatre fois plus du premier que du second) en opérant par diffusion dans les mêmes conditions. Expériences sur les bettes raves. La cause paraît être la plus grande « mobilité » du potassium, . supérieure à celle de tous les autres métaux. — Astronomie. Trajectoire du protosoleil dans la nébuleuse primitive et origine des Comètes (M. E. Belot). Un protosoleil pénétrant avec une vitesse de l'ordre de mille à deux mille kilomètres dans une nébuleuse se déplaçant avec une vitesse de l'ordre de cinquante kilomètres, à la . façon d'un projectile, donnera lieu à une vitesse relative composée, et sa masse augmentera constamment, en même temps que sa vitesse diminuera. De plus il repoussera devant lui les molécules légères. Pulsation due au choc. Les masses concentrées donnent lieu aux Comètes. Dans notre système solaire, l'angle des deux vitesses (soleil et nébuleuse) était aigu, ce qui a donné lieu à l'inclinaison de l'écliptique, et au sens direct de rotation, nombre limité de planètes. — Bactériologie. Soufre transformé en hyposulfites par les microorganismes du sol (M. Guittonneau). C'est une période transitoire de la transformation en sulfates, par oxydation du soufre. Les hyposulfites peuvent être réduits par beaucoup de microorganismes étudiés par l'auteur. Ces hyposulfites acidifiés deviennent opalescents,


PENDANT L'ANNÉE 1925 287

laiteux, dégagent de l'acide sulfureux. Ils décolorent l'iode,-etc. — Hygiène. Epuration des eaux (M. Diénert). Processus chimique et processus biologique.- Epuration par le sulfure de fer : l'absorption de l'oxygène dissous le produit naturellement dans le sous-sol. Importance des sels ferreux et manganeux. Epuration biologique : filtrage, submersion et mûrissement des filtres. Eau javellisée. Inconvénient. Accoutumance par l'acide phénique. — Physique. Le Bertillonage des tableaux modernes par la radiographie (M. Grandgérard). Quadrillage particulier de la « trame-support » ou zébrure du panneau de bois. On les décèle par la radiographie combinée avec la photographie, la première indiquant parfaitement la nature de plans superposés, d'où caractères d'identité mesurables et inimitables. Règles pratiques d'exécution, Les clichés étant conservés, impossibilité de fraudes dans l'avenir. — Météorologie. La capacité pluviale du courant équatorial, facteur périodique du climat (M. Louis' Besson). D'après observations de 50 années à l'observatoire de Montsouris, on a constaté : 1° pluviosité des 7 mois de novembre à mai, plus grande depuis 1900, de 27 % de la moyenne générale antérieure ; 2° sa cause : le courant équatorial, chaud et humide, venant du Sud-Ouest. Les courbes de ce courant et des pluies sont absolument concordantes. Variation nettement périodique, la période étant de dix années. Il faut comparer chaque période d'été au semestre d'hiver suivant. Sinuosités secondaires, d'une période de 5 années. — M. Hennequin donne quelques renseignements généraux sur un travail relatif à la formation du département de l'Aube et à ses transformations jusqu'en 1805, que M. Peyre, ancien professeur au lycée de Troyes, a déposé naguère. Ce travail original sera également examiné par MM. Piétresson de Saint-Aubin et Morin ; il fera ensuite l'objet d'un rapport à la Société au point de vue de l'intérêt que sa publication pourrait présenter.

Ouvrages offerts. — Histoire de l'abbé de Valois, curé de Vauchassis et de sa célèbre tisane, par M. 0. Beuve (Tirage à part).

Carreaux, de pavage de Saint-Gond, par M. de Baye, membre honoraire. Ces carreaux sont dûs à des artisans du nom de Mocaut, travaillant à la tuilerie de Chantemerle, canton d'Anglure, et aussi à un certain Giles. On retrouve des carreaux fabriqués par les Mocaut à Sézanne, à Périgny-la-Rose, à Aix-en-Othe. Celui qui se trouve au Musée de Troyes, provenant vraisemblablement de Périgny-la-Rose, porte le nom de Renier Mocaut. Ceux de Giles ne se retrouvent guère qu'à Saint-Gond et sont armoriés. Il est difficile d'assigner une date précise à ces carreaux que M. Le Clert attribue à là fin du XIVe siècle.

Remerciements aux donateurs.

Manuscrit déposé. — Par M. Aristide Estienne : Le fief Bouvrot et le droit de muage à Landrevilïe (Renvoyé à l'examen de la Section des lettres : histoire communale).

Monument aux Morts. — Sur le rapport de la Section des Arts et après discussion, la Société émet l'avis que le Monument aux Morts de la Ville de Troyes, qui a été conçu et exécuté par l'artiste pour un ossuaire, ne saurait être placé sans préjudice pour son effet ailleurs qu'au cimetière municipal.


288 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES

19 Juin 1925. — Présidence de M. MATHIEU, Président. — Présents ; MM. Mathieu, H. Babeau, Hennequin, Perret, Morin, J. Babeau, P. Royer, Perdrizet, Durrant-Soyer, Vauthier, Doé, de la Perrière, Vachette, Bauer, de la Boullaye, Rossignol, Lagoguey, Piétresson de Saint-Aubin, abbé Prévost, D Blaise, Guille, Patenôtre, L. Royer, Surchamp, abbé Brusson, membres résidants ; Bourgeois, G. Groley et abbé Bernard, membres associés. — Excusés : MM. Huot et Guyot.

Correspondance et Communications. — Décoration. M. le Président annonce que M. Alfred Péreire, homme de lettres et bibliographe, l'un de nos membres correspondants, vient d'être nommé Chevalier.de la Légion d'honneur, pour sa participation aux fêtes organisées,à l'occasion des centenaires de Ronsard et de Saint-Simon ; il adresse,à notre collègue les sincères félicitations de là Société.

— A là demande de la Commission du Concours d'art décoratif Piat-Pollet, MM. Briden et Gris sont proposés au choix de la Société comme membres titulaires, et M. Péchiné comme membre suppléant, pour le jury de ce concours. (Adopté).

Publications et Travaux des Sociétés correspondantes. —

Bulletin de l'Académie d'Agriculture de France (séance du 20 mai 1925) : (a) Discours nécrologiques du Président et du Secrétaire perpétuel concernant notre regretté collègue M. de Fontenay, membre de l'Académie, dans la Section d'économie des animaux, (b) Compte rendu d'un ouvrage de M. Roule sur Daubenton, né à Montbard, qui devint le collaborateur de Buffon. au Jardin des Plantes. Daubenton entreprit avec succès de créer en France une race de moutons à laine fine ; son Instruction pour les bergers et les propriétaires de troupeaux eut un grand retentissement ; le Gouvernement s'intéressa à l'élevage et la bergerie établie à Rambouillet en 1788 acquit une réputation universelle. — Journal des Savants (numéro de mars-avril 1925) : Delphine Gay et sa mère. — Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (numéro de janvier-février 1925) : Les reliefs préhistoriques du Fourneau du Diable à Bourdeilles (Dordogne). — Académie des Jeux floraux : Les deux coupes, ode à signaler parmi les ouvrages couronnés ou distingués. — Mémoires de l'Académie de Toulouse (12° série, tome II) : (a) Le duc et la duchesse d'Angonlême dans le Midi. La duchesse, fille de Louis XVI, royaliste farouche, plus royaliste que le roi Louis XVIII, était d'un zèle infatigable pour la restauration de l'ancien régime. Sa fermeté fit dire à Napoléon, lors des Cent Jours, qu'elle était « le seul homme de la famille». Le duc, son mari, prenait les choses moins à coeur ; « puisqu'ils ne veulent pas de moi, eh bien ! qu'ils s'arrangent », dit-il. des Français, en août 1830, quand la Révolution eut triomphé, (b) Les primitifs français et leur influence sur l'art flamand et sur l'art italien de la Renaissance. — Mémoires de l'Académie de Dijon (numéro d'avril 1925) : Notice sur le savant Gueneau de Montbeillard, originaire de Semur, qui fit une partie de ses études à Troyes.

Rapports et Comptes-rendus. — M. Rossignol donne lecture de la première partie d'un compte rendu très documenté relatif à la culture du coton.

M. Hennequin présente ensuite oralement diverses observations sur l'incertitude des confins de l'ancienne « Province de Champagne ». Même à la veille de la Révolution de 1789, cette expression n'avait


PENDANT L'ANNEE

1925 289

pas géographiquement de sens précis: En voulant s'appuyer sur elle, les arrêts de justice qui sont récemment devenus définitifs au sujet de la délimitation viticole du sud du département de l'Aube n'ont pas été sans commettre quelques erreurs d'appréciation ; elles ne permettront pas, en dépit de l'autorité qui s'attache à la chose jugée, de classer ces décisions parmi les documents à consulter pour l'histoire ancienne de notre région.

M. H. Babeau reprend la question au point de vue juridique. Il montre comment s'expliquent, par le jeu de la procédure, certaines particularités des arrêts visés. Mil. Guille et de la Boullaye ajoutent à propos des cépages, notamment de celui d'Arbanne de l'arrondissement de Bar-sur-Aube, d'intéressantes explications. ,

Ouvrages offerts. — Par l'auteur, M. le chanoine A,Masson, membre associé : L'Eglise de Jasseines, instructive notice concernant la construction de la nouvelle nef de cette église, en 1877 et 1878.

Par l'auteur, M. Lorimy, membre correspondant : Rapport sur un Important dépôt de poteries à noms gaulois découvert à Vertault (Côte-d'Or) (Extrait du Bulletin du Comité des travaux historiques).

Par l'auteur, M. Piétresson de Saint-Aubin, membre résidant : La Passion de N.-S. Jésus-Christ (Extrait de la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes) et Fragments de stalles troyennes au Musée de Châlonssur-Marne (Extrait de l'Annuaire de l'Aube, 1925).

Des remerciements sont adressés aux donateurs.

Manuscrits déposés. — Par M. le Lieutenant-colonel en retraite Gry, membre associé, originaire de Messon : Discours prononcé le 14 juin 1925, lors de l'inauguration du Monument aux enfants de Messon morts pour la France (Le dépôt- aux Archives de la Société est voté).

Une étude sur Moirey est renvoyée, pour examen, à une Commission composée de MM. de la Boullaye, Morin, Piétresson et l'abbé Prévost.

Vote de Crédits. — Sur la proposition du Conseil d'administration, l'Assemblée décide l'ouverture au budget des dépenses de l'exercice 1925, d'un crédit nouveau de 600 francs (article 21), imputable sur l'excédent de recettes dudit exercice, pour la tenue d'une séance publique dans le courant du mois de décembre prochain.

L'assemblée décide en outre de faire assurer contre l'incendie le mobilier et la bibliothèque de la Société Académique, pour une somme de 70.000 francs, à la Société d'assurances « L'Urbaine », qui a offert le taux le plus avantageux, celui de 0 fr. 33 pour mille.

Élection. — Présentation. — M. Richard Tremblot, ancien élève de l'Ecole Polytechnique, industriel, 2, rue Charies-Dutreix à Troyes, est élu membre résidant dans la Section des Sciences, en remplacement de M. le docteur Voix, décédé.

M. le comte de la Rochelambert, à Esternay (Marne), est présenté comme membre correspondant. Le scrutin d'élection aura lieu à la séance du mois de juillet.

17 Juillet 1925. — Présidence de M. MATHIEU, Président. — Présents ; MM. Perret, Morin, J. Babeau, de la Hamayde, de Launay, Gérard; Patenôtre, L. Royer, Perdrizet, Durrant-Soyer, Tremblot, P. Royer, Guyot, Vauthier, Vachette, Drioton, de la Boullaye, Rossignol,

LXXXIX 19


290 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

abbé Brusson, Piétresson de Saint-Aubin, membres résidants ; abbé Bernard, membre associé. — Excusés : MM. H. Babeau, Hennequin, de la Perrière, Surchamp.

Correspondance et Communications. — Admission. M. Tremblot remercie de sa nomination comme membre résidant et s'engage à remplir les obligations du règlement. En conséquence, M. Tremblot est proclamé élu et M. le Président souhaite la bienvenue à notre nouveau collègue, qui assiste à la réunion.

Décès. M. le Président annonce le décès de M. Marin, membre associé depuis le 19 décembre 1913, survenu à Marigny-le-Châtel le 28 mai 1925.

Legs Victor Collin. M. le Préfet nous, a transmis deux exemplaires de l'arrêté qu'il a pris le 1er juillet 1925 pour autoriser la Société Académique à accepter le legs de M. Collin de Plancy.

Cet arrêté consacre le rôle de la Société dans le Musée et donne officiellement une liste d'objets qui deviennent sa propriété. Dans l'avenir, il y aurait intérêt à provoquer de semblables arrêtés.

Divers, a) M. de la Perrière, membre résidant, a fait hommage à la Société Académique de sa brochure : « Les prisonniers de Plancy », anecdote du temps de la ligue. En 1589, des Troyens ligueurs se rendaient vers François de Luxembourg, duc de Piney, lorsqu'ils furent faits prisonniers par des cavaliers et emmenés à Plancy dont le seigneur faisait la guerre à la ville de Troyes pour le service du roi. Ce fut l'objet d'un procès entre le duc et Claude de là Croix. Les prisonniers furent relâchés sous certaines conditions qu'ils se firent rembourser largement plus tard par Henri IV.

b) de M. Alphonse Roserot, 3° série des Variétés historiques sur la Champagne méridionale. (Hommage de l'auteur).

c) de M. André Hache. — « Une nuit en Poitou », fantaisie spectacle en un acte jouée au théâtre de Troyes.

d) du même. — « En plein coeur de l'été », féérie musicale exécutée par les élèves de l'école de plein air : « Le grand Air ».

e) Lettre de M. Briden, regrettant de ne pouvoir faire partie de la Commission Piat.

Publications et Travaux des Sociétés correspondantes. —

Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts ■— Bulletin philologique et historique — Années 1922-1923. a) Additions et corrections à la « Gallia Christiana » abbayes d'Oyes et de N.-D. d'Audeuz., ancien diocèse de Troyes, par M. Piétresson de Saint-Aubin, b) De M. d'Auriac, un travail sur les noms de famille à Provins au XIIIe siècle. Provins était alors la résidence des Comtes de Champagne. Le fonds de la population est Franc et non Gaulois : très peu de noms témoignent d'une origine gauloise. M. d'Auriac remarque aussi que les noms à sens religieux sont rares : Pascal, Toussaint, Noël, si fréquents ailleurs n'y existent pas. c) Epitaphe de Pierre de Ronsart sur la mort de Charles de Boudeville, enfant de Vaux. — Plaque de cuivre martelé recueillie au Musée de Cluny.

Société d'Emulation du Doubs (1924). a) Le Tourisme en Franche-Comté et sa fonction économique. L'auteur, M. Guenot, étudie le rendement industriel résultant pour cette province de l'affluence des voyageurs qui la visitent et y séjournent, b) Les prisonniers d'Etat à Besançon, sous Louis XIV : L'épilogue du drame des poisons. Etude


PENDANT L'ANNÉE 1925 291

fort intéressante de M. Gazier. Ces prisonniers avaient échappé à des procès criminels et à la peine capitale à cause de leurs rapports avec Mme de Montespan. Ils étaient mis au secret le plus absolu, c) Les origines du Parlement de Franche-Comté, par M. Blondeau.

Bulletin de la Société archéologique- de Soissons. — Volume consacré en entier au rôle de Soissons dans la campagne de 1814.

Rapport, par M. Lorimy, Président de la Société archéologique et historique du Châtillonnais, sur la découverte à Vertillium (Vertault, Côte-d'Or), d'un important dépôt de poteries à noms gaulois.

Mémoires de l'Académie de Copenhague.

Rapports et Compte-rendus. — M. Guyot rend compte d'une monographie que M. Thouvenin, instituteur à Lignol, membre associé de la S. A-., vient de consacrer à la commune de Rouvres-les-Vignes.

M. Rossignol signale à la Société Académique l'intérêt qu'il y aurait à obtenir des instituteurs communaux qu'ils consacrent leurs loisirs à doter leur commune de monographies de ce genre.

M. Thouvenin se déclare prêt à leur en fournir le plan en s'inspirant d'un travail publié en 1918 par la Société Académique sous le titre ; « Programme pour la rédaction d'une monographie communale ».

M. Rossignol termine la lecture du compte rendu sur la culture du coton.

M. Piétresson de Saint-Aubin donne lecture d'un travail très intéressant sur la ville de Bar-sur-Seine au XVIIe siècle. La Société décide de renvoyer cette étude au Comité de publication.

M. Vauthier analyse quelques comptes rendus de l'Académie des Sciences.

RELATIVITÉ. Variation de la masse d'un mobile en mouvement (M. Leroux), Bien que la masse relativiste soit fonction de la vitesse, le rapport de deux masses ayant même vitesse est constant, et c'est ce rapport constant que la mécanique dite classique appelle masse. De même pour la définition de la force. Il n'y a donc aucune contradiction, mais deux manières différentes d'exprimer la même chose.

GÉOLOGIE. Rognons de silex dans la craie du bassin de Paris (M. Cayeux). Leur origine est sous-marine et leur formation simultanée avec celle du dépôt sédimentaire ; leurs déplacements et remaniements sont également contemporains.

CHIMIE BIOLOGIQUE. DU nickel et du cobalt chez les animaux. Des analyses d'une grande précision en font ressortir la présence certaine, mais à dose très faible, de l'ordre d'une fraction de milligramme par kilogramme, l'organe le plus riche étant lé foie.

MÉCANIQUE. Réalisation de très grandes vitesses de rotation (MM. Henriot et Huguenard). Aucune communication, même fluide, du rotor avec le stator — automaticité de l'axe de rotation — très faible diamètre — Le rotor séparé du stator par une fraction de m/m seulement, et avec un diamètre de 20 m/m peut atteindre une vitesse de 11.000 tous par 1", soit 660.000 tours par minute. L'auteur a en construction un appareil devant réaliser le million de tours. La vitesse n'est limitée que par la résistance du métal à la force centrifuge. Un appareil de ce genre est applicable à un miroir rotatif dans les expériences sur la vitesse de la lumière.


292 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

MÉCANIQUE APPLIQUÉE. Utilisation des antidélonanis dans les moteurs à explosion (M. Dumanois). Leur emploi s'oppose à l'inflammation prématurée et permet de pousser plus loin la compression, — d'où : combustion plus régulière, suppression de l'encrassement. Le plomb tétraéthyle est le meilleur antidétonant. Il permet l'emploi d'essences plus lourdes, même d'une certaine proportion de pétrole ordinaire lampant.

CHIMIE AGRICOLE. Des nitrates dans les sols forestiers. L'azote mobile (c'est-à-dire à l'état d'acide azotique) paraît être la forme la plus convenable des nitrates pour la nutrition des peuplements forestiers (Boussingault, Weis). L'auteur a analysé un grand nombre de sols pour les différentes essences d'arbres et trouvé une proportion d'azote nitrique de 7 à 48 milligrammes par kilogramme.

PHYSIQUE BIOLOGIQUE. Générateur à courant continu 500.000 volts (d'Arsonval). Les laboratoires industriels ont obtenu le million de volts en alternatif. Les laboratoires de physique ou médicaux s'orien-, tent plutôt vers le courant continu. Dans le traitement du cancer, on réalise 500.000 volts à 30 milliampères (M. Perrin), et on envisage la possibilité d'arriver aussi au million, comme avec l'alternatif.

PHONÉTIQUE. Théorie de l'émission de la voix chantée (MM. Labriet et Husson). Dans l'organe vocal, à distinguer : une soufflerie (poumons) — un mécanisme phonateur (larynx) — des cavités de renforcement (pharynx, bouche) — des leviers de commande (maxillaire, langue, voile du palais, orifice buccal) et de réglage-— l'accord vocal, etc. ,

PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. Action sur le poumon des grandes dépressions bariméiriques (M..R. Bayeux). Expériences sur des animaux qu'on fait respirer dans un vide partiel et qu'on sacrifie rapidement à différents stades de ce vide (jusqu'à celui correspondant au plafond de 11.000m.) — Hypertrophie des parois des cellules, d'où écrasement des vaisseaux capillaires. Pour, les explorateurs de montagnes, les aviateurs, on pourrait employer des masques à pression. l'oxygène seul ayant échoué (mont Everest).

La Société des Ingénieurs de New-York a fêté solennellement le centenaire de la publication des Réflexions sur la puissance motrice du feu de notre illustre Sadi Carnot (1825), ouvrage qui marque une date non seulement dans la science, mais aussi dans l'histoire de la pensée humaine. L'Académie des Sciences lui en a exprimé sa reconnaissance.

CHIMIE BIOLOGIQUE. Cobalt dans les tissus animaux. Il y coexiste avec le nickel, et en proportion plus forte que ce dernier. Dans les tissus végétaux, c'est l'inverse. Il entre dans la composition de la matière vivante, 25 éléments métalloïdes ou métaux.

CRISE MONÉTAIRE (M. Ch. Lallemand). L'illustre Copernic en parlait déjà il y a,quatre cents ans dans son ouvrage de Moneta (1521) comme une des causes les plus graves de l'abaissement d'une nation, et, ajoutons, des moins comprises. Le remède, et le seul, est l'amortissement de la dette flottante par la destruction des billets en excédent.

SISMOLOGIE. Observations à l'occasion d'une forte explosion à Hagondange. Explosion simultanée de 15 fourneaux de gamsite, très brisante, qui a abattu 45.000 tonnes de calcaire.


PENDANT L'ANNÉE 1925 293

Vitesse des ondes : à proximité, 5 km. 700 (à Raucourt) ; — à Strasbourg, 2 km. 600.

Déplacement du sol : à Raucourt, 8 microns ;

à Strasbourg, 1/4 micron.

GÉOGRAPHIE PHYSIQUE ET GÉNIE CIVIL (M. Ed. Imbeaux). Irrigation et electrification de la Palestine. Utilisation de l'énergie solaire, basée sur la faible altitude du lac Tibériade (— 208 m) et de la mer Morte (— 394 m) par rapport à la Méditerranée. M. Pierre Gandillon propose d'utiliser la chute en résultant pour obtenir 240.000 kilowatts utiles aux usines, à tous usages (chemins de fer, industrie, agriculture). Brevet pris à Londres, qu'une Société franco-anglaise se prépare à exploiter.

Elections. — Présentation. — M. de Fontenay est élu membre résidant dans la Section de l'Agriculture en remplacement de M. d Fontenay, son père décédé.

M. le Comte de La Rochelambert, à Esternay (Marne) est élu comme membre correspondant.

MM. Gombault et Dubreuil sont présentés comme membres associés.

48 Septembre 1925. —Présidence de M. MATHIEU, Président. — Présents : MM. Mathieu, H. Babeau, Hennequin, Morin, J. Babeau, Perdrizet, Huot, Vauthier, de la Perrière, Bauer, Drioton, abbé Brusson, Doé, Durrant-Soyer, membres résidants ; abbé Bernard, G. Groley et Bourgeois, membres associés. — Excusés : MM. Perret, Tremblot, Guyot, Rossignol et Piétresson de Saint-Aubin.

Correspondance et Communications. — Décès. M. le Président prononce l'éloge funèbre de M. Amand Lagoguey, membre-résidant de la Section des lettres depuis 1909, ancien trésorier de la Société, dont les obsèques ont eu lieu à Thuisy, commune d'Estissac, le 12 septembre courant. L'Assemblée s'associe unanimement aux sentiments de sincères condoléances adressés à la famille de notre dévoué collègue, dont la perte sera vivement regrettée.

M. le Président fait part également du récent décès dé M. Lucien Lagoguey, professeur à l'école primaire supérieure de Sens, qui n'était ni parent de M. Amand Lagoguey, ni membre de la Société, mais à qui celle-ci est redevable d'un important Essai statistique sur la dépopulation des campagnes auboises, publié dans nos Mémoires de 1918. Il exprime aussi à sa famille les condoléances de la Société.

Admission. MM. Charles de Fontenay et de la Rochelambert remercient de leur élection et s'engagent à partager les travaux de la Société. Ils en sont en conséquence proclamés membres.

Statuts et Notice. M. le Président donne lecture du décret en date du 28 juillet 1925 fixant les' Statuts qui régissent désormais la Société Académique. Tels qu'ils sont annexés au décret en question, ces statuts sont conformes au texte arrêté dans les séances des 18 juillet 1924 et 20 février 1925. L'Assemblée charge M. le Président de remercier M. le Préfet, Président d'honneur de la Société de cet envoi et de le prier de solliciter le prompt retour du Règlement soumis à l'approbation de M. le Ministre de l'Intérieur.

On pourrait alors réimprimer le fascicule relatif à l'organisation


294 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES

de la Société, avec ses nouveaux textes organiques, en les faisant précéder d'une Notice historique refondue, et suivre de la liste tant des membres résidants que de ceux de ces membres qui ont fait partie du bureau, jusqu'à ce jour. M. H. Babeau, vice-président, propose de confier la rédaction de cet opuscule à M. Hennequin, comme suite aux communications orales qu'il a faites sur les origines et sur le fonctionnement de la Sociétés L'Assemblée souscrit à cette proposition. M. Hennequin acceptant de se charger de ce travail, il en est ainsi décidé. ;

Association bourguignonne (Saint-Bernard). L'Association bourguignonne des Sociétés savantes tiendra en 1927, à Dijon, un Congrès à l'ordre du jour duquel elle met la question suivante : « Saint-Bernard et son temps », en demandant à tous les amateurs d'histoire que ce sujet intéresse, de lui envoyer des communications.

Publications et Travaux des Sociétés correspondantes. —

Bulletin de la Société d'émulation de la Seine-Inférieure : Trois portraits normands (étude sur Gustave Flaubert, Louis Bouihet et Guy de Maupassant). A signaler également : Jeanne d'Arc, et la prétendue abjuration de Saint-Ouen. — Bulletin de la Société scientifique de l'Isère : Gisements houillers des Alpes françaises. Le problème du franc et une vaste étude sur : Les affluents du Rhône inférieur. -— Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne : Un dessin de la prison du Temple par Madame Royale pendant sa captivité. — Revue de Saintonge et d'Aunis : L'église de Marennes. Le gouvernement du Brouage et La Rochelle sous Mazarin (suite). — Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France : on y signale une oeuvre d'orfèvrerie (un cor en cuivre à embouchure ronde) due à Philippe Thomassin de Troyes, qui vécut à Rome (1551-1622). — Recueil de la Société archéologique de Constantine : nombreuses figures d'objets trouvés dans des fouilles. — Journal des Savants : L'Art français en Pologne et en Russie, par H. Lemonier. — Revue Mabillon : Recueil des chartes et bulles de Clairvaux (suite), par notre collègue M. le chanoine Prévost.

Communications et Comptes-rendus. — M. de la Perrière résume une intéressante monographie qu'il a consacrée à Pierre Boilletot, capitaine de la 2e Cie de Croncels, lors de la création de la garde nationale, à l'aurore de la Révolution. Il augmente l'agrément de cette communication en présentant les photographies de deux curieuses aquarelles militaires relatives à cet officier, prises par ses soins l'une au musée Carnavalet, l'autre à la Bibliothèque municipale, dont il offre des exemplaires à la Société pour ses collections. (En fin de séance, l'Assemblée a décidé le renvoi de ce travail au Comité de publication)

— M. Vauthier analyse ensuite quelques comptes rendus des travaux de l'Académie des Sciences :

CINÉMATIQUE APPLIQUÉE. Solution grapho-mécanique des équations algébriques (M. Roudaire). L'auteur réalise, au moyen d'articulations simples (à l'exclusion des joints de Cardan) la liaison établie par m équations algébriques entre n variables, et cela sans transformation trigonométrique.

MÉTÉOROLOGIE. Application de la météorologie du cycle astrono-


PENDANT L'ANNÉE 1925 295

mique de 744 années (M. Gabriel). On a découvert en astronomie des périodes ou cycles célèbres, de 744 ans, 372 ans et 186 ans, les 2 derniers n'étant autre chose que des sous multiples du premier. L'auteur croit pouvoir en faire application à la météorologie. On n'a pas malheureusement jusqu'ici d'observations bien précises remontant au delà de deux siècles. On connaît cependant des étés et hivers exceptionnels depuis le IXe siècle. Ainsi en ajoutant au millésime 995 d'abord 186, puis 372, on trouve 1553 : hiver exceptionnel (siège de Metz par Charles-Quint) ; et en ajoutant à ce dernier chiffre 187, on a 1740, correspondant à un très grand hiver, etc. En ajoutant à 1740 une période de 186 ans, on aurait en 1926 un hiver exceptionnel. On obtient le même millésime 1926 en ajoutant à 1553 (grand hiver') la période de 373 (à un an près). -— Asymétrie de la circulation atmosphérique (M. W. Herbert Hobbs). Contrairement à la croyance générale qui suppose identiques les conditions atmosphériques aux deux pôles, avec Féquateur comme seul plan de symétrie, il n'y a nullement identité entre les deux pôles. Le pôle Nord est un bassin maritime, le pôle Sud un continent recouvert d'une calotte de glace d'une épaisseur de 3.000 m. qui donne lieu, par radiation à un anticyclone (ou atmosphère de hautes pressions) constitué par des pulsations de calmes et de tempêtes. Au pôle Nord il y a aussi une calotte de glace de 3.000 m., mais très excentrée par rapport au pôle, de 19° latitude. Cela a une grande influence sur notre climat et sur celui du Groëland. ASTRONOMIE. Nouveau mode de construction des grands miroirs de télescope (M. Ritchey). L'auteur, au lieu de les couler d'un seul bloc, avec une épaisseur assurant leur rigidité, mais qui leur donne un poids considérable, les forme de parties nervurées, de faible épaisseur (13 à 15 m/m. pour diam. de 0 m. 75 et 1 m. 50), réunies par un ciment très spécial, dit bakelite extrêmement résistant. On construit actuellement un miroir concave de 1 m. 50 de diamètre et de 16 m. de rayon.

PHYSIOLOGIE. Grandeur de la respiration des tissus et masse active au cours du développement des organismes (M. Ch. Kayser, etc.). Il s'agit du mode de respiration des divers tissus des organismes vivants, et de la consommation correspondante d'oxygène, laquelle est d'autant plus grande que l'organisme est plus jeune, etc. — Au sujet de la marche dite (à tort) sur la pointe des pieds (M. J. Aurar). Marche sur les « avant-pieds ». Résultat favorable pour la respiration abdominale. Règle : corps en avant, tête relevée, jarret tendu, 130 pas à la minute, un quart d'heure matin et soir.

— M. le Vice-Président rappelle qu'à l'occasion des réjouissances organisées à Troyes pour la Fête des Bonnetiers, le Syndicat d'Initiative a eu l'heureuse idée de songer à certaines reconstitutions du passé, comme celle de l'aspect des anciennes boucheries de la ville, pour ne citer que cet exemple. Il y a là une tendance à encourager pour d'autres fêtes populaires. Notre collègue M. Ployé, Président du Syndicat et tous ceux qui l'ont secondé dans cette première tentative méritent d'être félicités du succès qu'elle a obtenue, du plaisir qu'elle a procuré. L'Assemblée partage ce sentiment ; elle charge M. le Président d'en transmettre l'expression à M. Ployé.

Ouvrages et objets offerts.— Manuscrist déposés. — M, Arthur Daguin, juge de paix honoraire, membre correspondant, a envoyé


296 PROCES-VERBAUX DES SÉANCES

pour la Bibliothèque de la Société et pour son Musée, divers documents imprimés, ainsi que des médailles, des jetons et autres objets de curiosité.

M. Lacoste, instituteur public à Troyes, fait hommage d'un Memento. d'histoire locale, dont il est l'auteur (Renvoyé à M. Hennequin, pour compte rendu).

Un nouveau volume des OEuvres posthumes de Charles Des Guerrois est offert par ses héritiers et éditeurs.

La Société adresse tous ses remerciements aux différents donateurs.

— M. de la Perrière dépose sur.le bureau un important travail consacré à, : Nicolas de Hault, maire de Troyes de 1588 à 1592, ses origines, sa parenté, dont il se propose de communiquer des. extraits à une prochaine séance.

M. Papillon, membre correspondant, envoie la traduction d'un article de revue anglaise consacré a un vol de 1,600 km, exécuté par l'aviateur Alan Cobham, avec un aréoplàne léger, en vue de démon- ' trer que ce mode de transport offre plus d'intérêt et comporte moins de dangers que l'emploi de la moto-cyclette.

Présentation. — M. Henri Lallemant, propriétaire à Sommevoire (Haute-Marne), amateur d'archéologie et de bibliographie champenoise, est présenté comme membre correspondant.

Le scrutin d'élection aura lieu à la réunion d'octobre, ainsi que Ceux relatifs aux candidatures de MM. Dubreuil et Gombault, auxquels il n'a pu être procédé à la présente séance où, en raison des vacances, le quorum exigé pour les élections de membres de la Société ne se trouve pas atteint.

16 Octobre 1925. — Présidence de M. MATHIEU, Président. — Présents : MM. Mathieu, H. Babeau, Hennequin, Perret, Morin, J. Babeau, Perdrizet, Durrant-Soyer, Dr Biaise, Vauthier, Doé, Vachette, Drioton, de la Boullaye, abbé Prévost, abbé Brusson, Piétresson de SaintAubin, Bauer, L. Royer, Patenôtre, membres résidants ; Bourgeois, abbé Bernard, membres associés. — Excusés : MM. Guyot, Surehamp, de la Perrière, Tremblot, Rossignol.

Publications et Travaux des Sociétés correspondantes.

— Mémoires de la Société Dunkerquoise : (a) La puériculture dans les cités du réseau du[Nord, par le Dr Delbecq. En France, la mortalité infantile atteint 11 % ; elle n'est que de 2,37 % dans les cités du réseau du Nord ; elle tombe même à 0,8 % dans la cité de Longueau, grâce au centre d'hygiène infantile qui y a été créé. (Renvoyé à M, le Dr Biaise), (b) Etude sur Jacques Offenbach, considéré par l'auteur comme un grand musicien en son genre, (c) Dunkerque et la Baltique, statistique commerciale avec les pays du Nord. — Bulletin de la Société des Sciences, d'Agriculture et des Arts de Lille (1923-24) : Discours de M. Cordonnier, président (architecte, membre de l'Institut, auteur du palais de La Haye) ; il y prône l'architecture régionale et déplore l'enseignement de l'Etat français, d'un caractère trop uniforme. En regrettant que l'ouvrier du bâtiment, l'artisan, ne soit plus qu'un salarié, il montre ce qu'était l'ancienne organisation des corporations de métier. Si aux XIIe , XIIIe et XIVe siècles, les artistes abondaient dans les grandes villes, on en trouvait également dans les


PENDANT L'ANNÉE 1925 297

villages, dont les oeuvres. témoignent d'un art relativement aussi élevé que celui des grands édifices des capitales. — Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne (1925, 1-2) : volume presque entièrement consacré à un travail très complet, très original et illustré sur le Théâtre comique basque, par M. Georges Hérelle, l'un de nos membres correspondants. — Provincia ou Bulletin de la Société de statistique, d'histoire et d'archéologie de Marseille (1925, 1-2) : Le couvent des frères mineurs capucins de Marseille de 1578 à 1790, étude relatant les services rendus par ces religieux pendant les épidémies de peste. — Bulletin de la Société de Borda (1925-3) : l'Aquitaine historique et monumentale. Dax aux temps préhistoriques. — Bulletin de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier (1er sem. 1925) : Les métaux légers, ultra-légers et leurs alliages, par M. de Mortillet. — Académie des Antiquités de Stockholm : Fouilles archéologiques, architecture du moyen-âge, étoffes anciennes (nombreuses illustrations).

Communications. — M. Hennequin donne lecture d'une notice biographique concernant Edme Quenedey, des Riceys, portraitiste au physionotrace (1756-1830). Il explique en outre ce qu'étaient les portraits exécutés par ce procédé, qui fut « la photographie de la Révolution et de l'Empire », comment on peut déterminer la date approximative de la confection de ces portraits et quelle prudence s'impose en général pour l'identification des personnes représentées. Il fait circuler à l'appui dé ses indications, sa collection personnelle de physionotraces de Quenedey, comprenant des spécimens de chaque époque : Louis XVI, Révolution, Empire et Restauration. (En fin de séance, l'assemblée a décidé le renvoi de ce travail au Comité de publication).

— M. Piétresson de Saint-Aubin donne ensuite lecture du début d'une notice historique sur L'Eglise Saint-Jezn au Marché de Troyes, rédigée d'après des documents des Archives de l'Aube. Certains détails de la construction de cette église font l'objet d'un échange d'observations entre MM. Vauthier, Bauer, Piétresson et Mathieu.

Concours d'Art décoratif de 1925. — M. Perret, secrétaireadjoint, donne lecture du procès-verbal des opérations de la commission et du jury pour le deuxième concours d'art décoratif organisé en exécution de la fondation de Mme Piat, née Pollet, dans leurs séances des 19 juin, 24 septembre, 13, 14 et 15 octobre 1925. Le jury a été d'avis, à l'unanimité, d'accorder le prix de la fondation, consistant en une bourse d'études à Paris de 6.000 francs, au candidat n° 14 ; à la majorité, d'accorder des primes d'encouragement : de 400 francs, au candidat n° 36 et de 300 francs, au candidat n° 23.

Après examen des travaux des concurrents exposés dans la salle des séances et échange de vues entre plusieurs membres, l'assemblée a ratifié les décisions du jury. L'ouverture par M. le Président du pli cacheté contenant les noms des concurrents a fait connaître que le n° 14, lauréat du concours, bénéficiaire de la bourse, était M. Jean Feuillebois ; le n° 36, M. Ernest Gallimard, pour la prime de 400 francs ; le n° 23, M. Pierre Ganne, pour celle de 300 francs.

Il a été décidé enfin que les travaux de ces jeunes gens seraient exposés publiquement dans une des salles de la section des Arts décoratifs au Musée (salles Piat), du 18 au 25 octobre.


298 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

Honorariat. — Elections. — M. François Paul-Dubois, ingénieur principal à la Cie du chemin de fer d'Orléans, a fait connaître que les exigences de ses occupations professionnelles ne lui permettaient plus, à son grand regret, de suivre les travaux de la Société Académique et qu'il lui paraissait plus conforme au règlement de renoncer à en faire partie.

Tout en ne pouvant qu'enregistrer cette détermination, à regret également, la Société, par l'organe de son président, a estimé que le nom de M. Paul-Dubois ne saurait disparaître de la liste de ses bienfaiteurs. En reconnaissance du don inestimable que la famille du grand sculpteur a fait à la Société Académique, pour le Musée de Troyes, de l'atelier du Maître, l'assemblée a donc décidé, par un vote unanime,, que M. François Paul-Dubois serait inscrit parmi les membres honoraires de la Société.

— MM. René Dubreuil, avoué, 21, rue du Palais-de-Justice, à Troyes, et Pierre Gombault, agent général d'assurances, 21, rue de l'Hôtel-deVille, à Troyes, sont élus membres associés.

M. Henri Lallemant, propriétaire à Sommevoire (Haute-Marne), est élu membre correspondant.

20 Novembre 1925. — Présidence de M. MATHIEU, Président, - Présents : MM. Mathieu, H. Babeau, Hennequin, Perret, Morin, J. Babeau, de la Hamayde, Patenôtre, Perdrizet, Dr Biaise, Guyot, Doé, de la Perrière, Bauer, Surchamp, de la Boullaye, abbé Brusson, abbé Prévost, Piétresson de Saint-Aubin, Rossignol, Vauthier, Tremblot, Gérard, P.. Royer, Durrant-Soyer, L. Royer, membres résidants ; Bourgeois, abbé Bernard, membres associés.

Correspondance et Communications. — Décès. M. le Président fait part du décès de M. Herbin-Vivien, industriel à Nancy, membre correspondant depuis 1904; il rappelle que c'est en exécution d'un désir exprimé par feue Mme Herbin, que le Musée est entré en possession de l'épi de toiture provenant de la tourelle de l'ancienne maison dite de l'Election, incendiée en 1903. M. Herbin acheta alors cet épi et le fit habilement réparer à ses frais avant d'en faire don. M. le Président adresse à la famille de notre généreux collègue les sincères condoléances de là Société.

Démission. M. le Dr Boigey, ancien médecin-chef de : l'Ecole de gymnastique de Joinville-le-Pont, fixé maintenant à Bordeaux, donne sa démission de membre correspondant.

Admissions. MM. Dubreuil, Gombault et Lallemant remercient de leur élection et s'engagent à partager les travaux de la Société ; ils en sont en conséquence proclamés membres.

M. François Paul-Dubois envoie ses remerciements pour son élection de membre honoraire, en se disant très touché de l'hommage rendu sous cette forme au nom de son père.

Nouveau Règlement. M. le Préfet a fait parvenir le nouveau Règlement

Règlement la Société, approuvé par M. le Ministre de l'Intérieur ; son

texte est demeuré conforme à celui qui avait été adopté dans les

séances des 18 juillet 1924 et 20 février 1925. L'Assemblée remercie

M. le Préfet, Président d'honneur de la Société, de cet envoi.


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Publications et Travaux des Sociétés correspondantes. —

Mémoires de l'Académie des Sciences, lettres et arts d'Arras (192124) : (a) Les canaux de Picardie et d'Artois, par M. Plocq, intéressant historique relatif à ces voies navigables, dont les études furent commencées sous Louis XIV et dont l'exécution se poursuivit depuis le milieu du XVIIIe. siècle jusqu'à l'époque de la Restauration. Le commerce de Troyes notamment avait réclamé la création de ces canaux. L'intérêt de la défense militaire de notre frontière du Nord joua un rôle important dans l'adoption de leur tracé, (b) Discours de réception de M. Wartel, notaire honoraire ; dans ce discours et dans la réponse du président est analysée toute l'histoire du notariat depuis l'antiquité, (c) L'affaire Jean Petit, par M. Vergneau. Ce Jean Petit, un religieux d'Hesdin, dont la réputation de savoir et d'éloquence était grande, fut chargé en 1408 de justifier le duc de Bourgogne du meurtre du duc d'Orléans. Il trouva douze arguments (autant que d'apôtres) et conclut que le roi devait récompenser le duc de Bourgogne comme Dieu récompensa Saint-Michel d'avoir occis Lucifer. Cette justification fantaisiste fut condamnée par le Concile de Paris en 1414 et le plaidoyer fut brûlé publiquement sur le parvis de Notre-Dame. L'affaire ayant été portée en appel au Concile de Constance, celui-ci annula le jugement de l'Assemblée de Paris, en janvier 1416. La lutte de procédure se poursuivit et ne se termina qu'en 1435, au Congrès d'Arras, où la paix se fit enfin entre les deux partis qui se déchiraient la France. — Mémoires de l'Académie de Bordeaux : Le centenaire du Pont de Bordeaux ; histoire de cette oeuvre hardie. — Travaux de l'Académie de Reims (1924-25) : Reims à la fin du XIIe siècle, d'après la vie,de Saint-Albert, évêque de Liège, par M. Demaison. Venu à Reims pour s'y faire consacrer, l'évêqùe Albert y fut victime d'un guet-apens. La tombe et les Ossements de ce martyr, vénéré en Belgique et pairon du souverain actuel, ont été retrouvés et authentiqués, en 1919, par M. Deneux, architecte chargé de la restauration de la cathédrale. En 1612, on avait transporté à Bruxelles d'autres ossements ; au lieu de ceux de l'évêque de Liège, ce furent probablement ceux d'un archevêque de Reims dont la tombe était voisine. — Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie (1925 ; 2-3) : Les plaques de cheminées, par M. de Gilles ; intéressante notice sur les « taques », depuis leur Origine (qui ne remonte pas au delà de la fin du XVe siècle) jusqu'à l'époque de l'Empire, qui marque la fin de leur fabrication artistique. Ces ornements du foyer, conclut l'auteur, peuvent fournir, comme les pages d'un livre d'airain, mille documents révélateurs, mille constatations précieuses qui aident à déchiffrer bien des énigmes du passé. — Revue Mabillon (juiletseptembre 1925) : Recueil des Chartes, et Bulles de Clairvaux (suite), par notre collègue, M. le chanoine Prévost. — Bulletin de la Société d'Emulation d'Abbeville (1924 ; 1-2) : Deux menuisiers picards auteurs des stalles de la Cathédrale de Troyes, par notre collègue, M. Piétresson de Saint-Aubin. Ces stalles n'existent plus ; elles ont disparu à la Révolution ; elles avaient été faites de 1526 à 1530, en s'inspirant de celles des Cordeliers de Châlons, par Adam d'Aubellemère et Mathieu de Rommelles, son gendre, « huchiers » d'Amiens. Intéressants de détails sur les conditions d'exécution de ces stalles et sur la lenteur de leur confection qui obligea l'évêqùe Odard Hennequin à intervenir, mais pas toujours dans le même sens que le chapitre.


300 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES

Communications et comptes rendus. — M. de la Perrière donne connaissance des parties principales de son étude sur Nicolas de Hault, maire de Troyes sous la Ligue, groupées en vue d'une lecture qu'il pourrait faire à la prochaine séance publique. L'offre de cette communication recueille l'assentiment général.

— M. le chanoine Prévost lit ensuite une notice sur Les celliers de l'abbaye de Clairvaux.

— M. Richard Tremblot présente, en l'appuyant d'un intéressant commentaire, une élégante plaquette de son parent, M. Jean Tremblot, sous-bibliothécaire à la Bibliothèque Mazarine, intitulée : Le sourire de Madame Elisabeth. C'est la curieuse histoire d'un buste représentant cette princesse, dû au ciseau du sculpteur Bosio, fait en exécution d'une disposition testamentaire de M. de Monthyon, placé dans la salle des séances publiques de l'Académie française, dont l'idenditê n'en était pas moins demeurée à peu près inconnue depuis un siècle. (Les oeuvres de Bosio joueraient-elles de malchance ? Le Musée de Troyes possède un beau buste de femme, en marbre blanc, provenant des magasins de l'Etat envoyé en 1904, sans attribution de nom ni d'auteur, qui serait de ce « Premier Sculpteur du Roi » et représenterait la duchesse de Berry).

— M. Rossignol présente au nom de M. Gatouillat, instituteur à Bercenay-en-Othe, un Calendrier historique de cette commune, relatant des faits relevés dans ses registres de catholicité et d'état-civil de 1668 à 1863, et un Tableau des naissances, mariages et décès survenus dans cette même localité de 1668 à 1924. Ce tableau démographique d'une de nos communes rurales est des plus intéressants à parcourir ; il peut prêter à d'utiles commentaires ; on n'y voit que trop apparaître notamment le mouvement général de dépopulation et de désertion des campagnes.

— M. Guyot, lit un rapport concernant une étude scientifique de M. Thouvenin, membre associé, instituteur à Lignol, sur La Carrière et les Fours à chaux « Saint-Bernard », à Clairvaux (usine créée en 1861). L'auteur y rappelle les travaux de l'ingénieur Vicat ; il montre comment à la suite de ces travaux les dépôts de calcaire jurassique de Clairvaux ont été reconnus propres à la fabrication de la chaux hydraulique et du ciment. Il entre ensuite dans lé détail des nombreuses préparations qu'exige cette fabrication. Le rapporteur conclut à l'attribution d'une récompense à M. Thouvenin pour son étude méthodique et consciencieuse. Il en est ainsi décidé en principe ; suivant les disponibilités, cette récompense pourra être accordée sous la forme d'un prix en argent où sous celle d'une médaille.

Ouvrages offerts et manuscrits déposés. — Notre collègue, M. Surchamp (Jean Nesmy) fait hommage d'une charmante édition de ses Contes limousins. M. le Président remercie le donateur au nom de la Société et renvoie l'ouvrage pour compte rendu à M. de la Perrière.

M. Piétresson de Saint-Aubin dépose sur le bureau, au nom de son frère, M. Piétresson de Saint-Aubin, avocat, un travail manuscrit sur Les Syndicats agricoles et les Sociétés d'agriculture dans l'Aube (Renvoyé pour rapport à M. Patenôtre).

Prix et récompenses à décerner en 1825 et en 1927.— Fondations artistiques Audiffred et Fariney-Cogniard, — Sur le rapport de


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M. de la Boullaye, au nom de la Section des Arts et du jury de la fondation Fariney-Cogniard, la Société décide d'attribuer en 1925 : 1° sur les arréragés de la fondation Audiffred, 400 francs à M. Bernard Milleret (actuellement au 41e bataillon de génie, au Maroc), domicilié 3 bis, rue Bergeot, à Sainte-Savine ; 300 francs à Mlle Yvonne Bungert, à Essoyes ; 300 francs à Mme Quinquarlet-Quignolot, 92, avenue des Ternes, à Paris (17e) et 300 francs à M. Gaillard, 7, rue Edouard-Jacques, à Paris (14e). — 2° le montant de la fondation Paul Fariney-Cogniard, soit 500 francs, à MIle Yvonne Bungert, à Essoyes.

— Fondation Des Guerrois (Typographes). Sur le rapport de M. Morin, au nom de la Section des Lettres, le choix que la Chambre syndicale des Maîtres-Imprimeurs a fait des lauréats des quatre prix Des Guerrois de 100 francs chacun, en faveur de typographes troyens, est ratifié. Ce choix s'est porté pour 1925 sur MM. Camille Leroux (1, rue des Chats), de la Grande Imprimerie ; P. Joly (9, rue de la Gémillarde), de l'Imprimerie Paton ; André Van (30, rue des QuinzeVingts), de l'Imprimerie de la Renaissance ; René Allègre (15, rue Traversière-des-Marots), de l'Imprimerie coopérative.

— Récompenses à MM. Hébert et Hutinet. Sur le rapport de M. Hennequin, au nom du Conseil d'administration, l'Assemblée décide d'accorder : 1° à M. Hébert Julien, appariteur de la Société et préparateur du Musée, un rappel de médaille en nouveau témoignage de satisfaction pour ses loyaux et dévoués services ; 2° une médaille à M. Hutinet, chargé des écritures de la Société, à titre de récompense pour sa collaboration depuis plus de 15 ans. Ces médailles seront remises aux bénéficiaires lors de la prochaine séance publique.

— Fondation Delaporte. Prix pour 1927. Sur la proposition de la Section des Arts, une Etude sur les épis artistiques de l'Aube est mise au concours pour le prix Delaporte à décerner en 1927.

Séance publique. — M. Hennequin, Secrétaire, soumet à l'Assemblée l'ordre, du jour préparé pour la séance publique du 17 décembre prochain. Il comporte, en outre des discours et des rapports d'usage du Président et des Secrétaires : la lecture des pièces couronnées au Concours de poésie Des Guerrois, une communication de M. de la Perrière sur De Hault, maire de Troyes sous la Ligue et une communication de M. Morin sur Deux familles troyennes de musiciens : Les Siréi et les Raisin, illustré d'exemples musicaux. Ce programme est adopté.

Présentation. — M. Charles Gris, Président de la Société Artistique de l'Aube, libraire, 70,. rue Emile-Zola, à Troyes, est présenté comme membre associé. Le scrutin d'élection aura lieu à la séance du mois de décembre.

14 Décembre 1925. — Séance extraordinaire.— De 16 à 18

heures et demie, a été tenue la réunion des membres résidants prévue

par l'article 16 § 1 du Règlement, pour entendre préalablement à la

séance publique du 17 décembre les discours, rapports et mémoires

qui devaient être lus au cours de cette dernière séance.

Etaient présents : MM. Mathieu, président ; Hennequin, Perret, Morin, J. Babeau, de la Perrière, Rossignol, Vachette, Drioton,


302 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

Perdrizet, Guyot, Gérard, Doé, Bauer, Durrant-Soyer. Excusés : MM. H. Babeau, Surchamp, Tremhlot, abbés Brusson et Prévost.

Sous réserve de quelques retranchements, demandés dans la mesure du possible afin d'éviter une séance trop longue, la teneur des Communications présentées a été unanimement approuvée.

17 Décembre 1925. — Séance publique. — Il était d'usage, avant la guerre, que la Société Académique tînt, tous les trois ans, dans la grande salle de l'Hôtel de Ville, Une séance à laquelle elle conviait, outre ses membres, toutes les personnes qui s'intéressent aux études littéraires ou artistiques et aux recherches historiques ou scientifiques.

Cette coutume interrompue depuis 1912 a été reprise, à l'occasion du centenaire de la création de la Section des Lettres, par la séance publique qui eut lieu le jeudi 17 décembre, à huit heures et demie du soir, dans la salle des Concerts du Conservatoire de Troyes, devant une assistance aussi nombreuse que choisie, comprenant comme d'ordinaire beaucoup de dames. M. le Préfet de l'Aube, Président d'honneur, qui avait bien voulu accepter de présider la cérémonie, en ayant été empêché au dernier moment, avait délégué pour le remplacer M. Barthélémy, Vice-Président du Conseil de Préfecture. M. le Maire de Troyes, frappé par un deuil tout récent, s'était excusé de ne pouvoir assister à la réunion.

Aux côtés de M. Mathieu, président annuel et du représentant de M. le Préfet, les membres du Bureau et les membres résidants de la Société avaient pris place sur l'estrade.

M. le Président ouvrit la séance par le discours d'usage dans lequel, après avoir rappelé l'origine, le but et le rôle de la Société, puis remercié le Conseil général de l'Aube, le Conseil municipal de Troyes et l'Office agricole de leur constant appui moral et financier, il rendit un hommage ému à la mémoire des membres de la Société morts pour la France pendant la guerre et de ceux qui sont décèdes depuis treize ans.

M. Barthélémy, dans une élégante improvisation se fit ensuite l'interprète de l'administration préfectorale pour reconnaître lès importants services rendus dans le département par la Société Académique depuis sa création, à l'agriculture, aux sciences, aux lettres et aux arts en particulier par la fondation, la direction et l'administration du Musée de Troyes.

. M. Hennequin, secrétaire, lut le compte-rendu des travaux de la Société depuis la séance publique du 5 décembre 1912 ; puis M. Perret, secrétaire adjoint, donna connaissance des diverses récompenses littéraires et artistiques décernées pendant cette période par la Société, tant en son nom qu'en celui de ses bienfaiteurs : MM, JeanLouis Delaporte, Abbé Etienne Georges, Charles Savetiez, Hyacinthe Chailliot, Paul Fariney-Cogniard, François-Joseph Audiffred, Charles Des Guerrois et Mme Piat-Pollet.

Sept lauréats présents reçurent ensuite solennellement les prix ou les médailles qui leur avaient été attribués pour l'année en cours.

A cette remise succéda la lecture par le professeur de diction du Conservatoire des deux pièces couronnées à la suite du premier concours de poésie institué en exécution de là fondation littéraire de


PENDANT L'ANNÉE 1925 303

M. Des Guerrois : Symphonie en air et en eau, de M. Poterat et Lettre d'un " Marie-Louise »..., de M. Giuliani, pièces dont le texte a été publié dans le volume de nos Mémoires de 1923.

Après un entr'acte de quelques minutes la séance se poursuivit par la lecture de communications historiques, dues à deux de nos membres résidants, qui intéressèrent vivement l'auditoire : l'une, de M. de la Perrière, sur Un Maire de Troyes sous la Ligue (Nicolas de Hault), alerte récit des luttes politiques et municipales qui agitèrent notre ville à la fin du XVIe siècle ; l'autre, de M. Louis Morin, sur Deux Familles iroyennes de Musiciens (Les Siret et les Raisin), démontrant l'erreur de la confusion généralement commise entre ces deux noms et dans laquelle l'auteur a rajeuni par des détails inédits l'anecdote de l'épinette automatique qui défraya un instant la chronique au temps de Louis XIV.

Une audition très goûtée de deux morceaux de musique tirés des oeuvres de Siret, dont la Bibliothèque de Troyes possède l'un des deux seuls cahiers connus, termina la soirée. Ces morceaux furent exécutés par le professeur dé piano du Conservatoire sur une épinette gracieusement prêtée par notre collègue M. Surchamp, qu'on ne put trop remercier de cette obligeance, grâce à laquelle la cérémonie finit de la manière la plus agréable, aux applaudissements de l'assistance, un peu avant minuit.

La tradition des séances publiques était renouée.

18 Décembre 1925. — Présidence de M. MATHIEU, Président. — Présents : MM. Mathieu, H. Babeau, Hennequin, Perret, Morin, J. Babeau, Gérard, Perdrizet, Dr Blaise, Guyot, Vauthier, de la Perrière, Bauer, Vachette, Rossignol, Surchamp, abbé Prévost, Piétresson dé Saint-Aubin, abbé Brusson, membres résidants ; abbé Bernard, membre associé. — Excusés : MM. Doé, Tremblot, Patenôtre, de la Boullaye.

Correspondance. — M. Bauer, président de la Société Archéologique du département de l'Aube (dont M. le Préfet a accepté d'être le Président d'honneur), sollicite par lettre l'autorisation d'inscrire parmi les membres du Comité de patronage de cette Société naissante, en qualité de Vice-Président d'honneur, le Président de la Société Académique (Accepté).

Par une autre lettre, M. Bauer, chargé de la conservation des antiquités et objets d'art du département, a signalé l'urgence de mettre à l'abri des intempéries les fragments sculptés provenant de la cathédrale que le Service des Monuments historiques a déposés au Musée. Cette lettre a été transmise par M. le Président à M. le Maire de Troyes, en vue d'obtenir l'affectation à ce dépôt du local, déjà demandé par lui, qui existe à la suite de la galerie d'archéologie, sous la grande salle de la Bibliothèque, où il sert de bûcher.

Publications et Travaux des Sociétés correspondantes. —

Bulletin de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (juin-août 1925) : Le redressement de la colonnade Nord du Panthéon, par M. Balanos. — Annales de l'Académie de Mâcon (1922-23) : Historique de l'enseignement agricole, dans le discours de réception de M. Raynaud. Un substitut de Fouquier-Tinville : Claude Roger, par M. Montarlot. Congrès de l'Association bourguignonne des Sociétés


304 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES

Savantes (en 1923, à Mâcon), avec excursion à Cluny, Saint-Point, Solutré et Tournus. — Journal des Savants (sept.-oct. 1925) : Histoire de la première croisade de M. Chalaudon (compte rendu par le comte Delaborde). Commentaire d'un manuscrit inédit de Chateaubriand : L'Àbencéraye (1810), oeuvre publiée en 1826 sous le titre : Aventures du dernier des Abencérages, par M. Hazard. — Mémoires de la Société d'émulation du Jura (1924) : La fabrication des fromages cuits (Gruyère et .Emmenthàl). — Académie d'Agriculture de France (18 nov. 1925) : Le vitriolage des semences, son remplacement par le verdissage pour préserver les blés de la carie, par M. Vermorel.

Communications et comptes rendus. — M. Piétresson de SaintAubin donne lecture de la seconde partie de son étude historique sur L'Eglise Saint-Jean-au-Marché de Troyes, relative à la reconstruction du choeur.

Au nom d'une commission (dont faisaient également partie MM. Hennequin et Morin) il rend compte ensuite d'un travail déposé par M. Peyre, professeur au lycée de Dijon, ancien professeur au lycée de Troyes, sur : Le département de l'Aube; ses transformations administratives depuis son origine jusqu'à l'établissement de l'Empire (1789-an XIII). Il signale l'intérêt et l'utilité de cette étude, à laquelle il conviendrait toutefois que quelques retouches fussent apportées par son auteur.

Le renvoi de ces deux travaux au Comité de publication a été décidé en fin de séance.

— M. Rossignol, comme suite à ses précédentes communications sur la crise mondiale du coton et sur la production cotonnière dans notre empire colonial, montre que cette production dans l'Afrique française est essentiellement une question de démographie. La culture du coton exige une main-d'oeuvre considérable. Or l'Afrique Occidentale et l'Afrique équatoriale française sont presque vides d'hommes. Pour 6 millions de kilomètres Carrés (onze fois la superficie de la France), on compte 15 millions d'habitants, soit 2 1/2 par kilomètre carré (la France en compte 72 pour la même surface) et la dépopulation y sévit plus encore que chez nous. L'alcoolisme, importé par nous, favorisé par nous, la mauvaise hygiène, les maladies endémiques, les épidémies déciment la race. Il faudrait, par centaines, des dispensaires et des hôpitaux et, par milliers, des médecins encadrant d'innombrables auxiliaires indigènes. Le coton est un produit ; comment le faire pousser dans notre Afrique française ? Les producteurs y manquent et risquent d'y manquer de plus en plus.

— M. de la Perrière rend compte en quelques mots de l'Epitaphier de Picardie, publié par M. Roger Rodière dans le tome XXI (1925) des Documents inédits de la Société des Antiquaires de Picardie. A noter, car elles ne figurent pas dans l'Armoriai de M. Le Clert, les armes de Jacques de Becel, originaire de Troyes en Champagne, commissaire des guerres en Picardie, Flandres et Artois : d'azur au chevron d'or accompagné de trois cygnes d'argent. Tenants : deux sauvages ; cimier : un sauvage.

— M. Vauthier analyse ensuite quelques comptes rendus des travaux de l'Académie des Sciences :

MÉDECINE. Régime des sources hydrominérales (M. d'Arsonval). Contrairement à une opinion répandue, ce régime est variable, quant à la


PENDANT L'ANNÉE 1925 305 .

composition. Importance de la préservation des sources contre toute contamination. Travaux poursuivis depuis quelques années à l'Institut d'hydrologie. Détermination d'un périmètre de protection. — Injection sous-cutanée de substances gazeuses (MM. Lafont et Douris). On connaît l'importance qu'ont prise dans la thérapeutique les injections sous-cutanées, jusqu'à présent liquides. L'injection de substances gazeuses présente des difficultés particulières, parce que, pour un dosage exact, il faut tenir compte des éléments : température, volume et pression. Les auteurs ont dû construire un outillage spécial à cet effet. L'application principale consiste dans des injections d'oxygène dans les cas suivants : broncho-pneumonie, grippe, coqueluche, asthénie, anémie grave, tuberculose, etc.

CHIMIE INDUSTRIELLE. Action des solutions de chlorure de sodium sur les métaux ferreux (M. R. Girard). On plongeait les éprouvettes à 0 m. 50 de profondeur dans une solution de 20 grammes par litre de chlorure, de sodium aérées ou désaérées. On déterminait la perte de poids en fonction du temps. L'effet est à peu près constant dans la solution désaérée : pas de revêtement. Dans la solution aérée, il se produit un revêtement qui, pour les fontes seules, est protecteur.

OCÉANOGRAPHIE. Reconnaissance et mesure des courants océaniques profonds (M. Thoulet). Zone des courants mesurables inférieure à 3.000 mètres ; ils sont caractérisés par des vitesses extrêmement faibles et par une salure constante (maximum à la partie inférieure). — Etude océanographique de la Mer. Noire (M. Schokalsky). Deux couches : une superficielle de 200 mètres, l'autre de 200 m. jusqu'au fond (environ 2.000 m.) ; l'inférieure est plus salée. On a ,pu déterminer le point où le courant de fond venant du Bosphore se déverse dans la mer Noire. M. Nikitine a trouvé que la profondeur du « plankton » (ou zone vitale) ne dépasse guère 200 mètres.

ASTRONOMIE. Progrès dans l'étude du soleil, réalisés à l'Observatoire de Méudon (M. Deslandres). Action du soleil sur la terre, très complexe. — Variation undeccunale des taches (exactement onze ans 1/10 pour la période) ; influence sur les couches atmosphériques (aurores boréales ; champs magnétique et électrique ; orages magnétiques ; influence sur l'aiguille aimantée). L'observatoire de Meudon est remarquablement outillé pour l'étude constante et journalière nécessaires.

BALISTIQUE. Application de la photographie sur plaque mobile à l'étude du mouvement des projectiles. Les appareils ordinaires ne peuvent plus s'appliquer pour un angle de tir supérieur à 30°. Pour un obus tiré sous 45° à la vitesse de 800 mètres par seconde, il faudrait placer l'appareil à 160 mètres de hauteur. On obvie à cet inconvénient en suivant le projectile par l'appareil en mouvement monté comme une lunette de théodolite. Cela permet : 1° d'étudier le mouvement des gaz à la sortie du canon ; 2° de faire de la photographie posée.

OPTIQUE. Nouveau procédé de différenciation des perles artificielles (M. Perrin). Les couches des perles naturelles sont concentriques;, celles des perles artificielles sont parallèles. Un appareil (l'endoscope) permet de reconnaître les premières d'après ce principe que l'éclairement se produit d'une façon intense spéciale dans toute la couche concentrique, laquelle est traversée en deux points par le canal central ; cela n'a pas lieu pour les perles artificielles.

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306 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

HYDROGRAPHIE. La grande presse a parlé naguère d'un relèvement important qui se serait produit dans les fonds marins, au large du golfe de Gascogne. Des relevés exacts effectués par le Service hydrographique ont démontré que ce bruit n'était pas fondé.

PATHOLOGIE VÉGÉTALE. Traitement nouveau des maladies de la pomme de terre. Certaines sont propagées par les insectes ; ce sont ceux-ci qu'on cherche à détruire par des émulsions d'hydrocarbures sulfurés. Le même remède fait disparaître le blanc du rosier.

BOTANIQUE. Collections botaniques du prince Roland . Bonaparte... (M. H. Lecomte). Léguées par sa fille, la princesse de Grèce, au Muséum, ces collections sont absolument hors de pair ; elles comprennent 10.000 cartons botaniques, dont 2.000 de fougères du monde entier ; herbier sans rival. La collection des phanérogames a été léguée à la Faculté des Sciences de Lyon.

CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. Recherche de l'or dans l'organisme (M. Lomholt). Essai, en thérapeuthique, de solutions solubles d'or (tuberculose). La distribution a été étudiée dans les divers organes par voie électrolytique. Après injection intraveineuse, on a retrouvé : dans les deux reins, 6 % ; dans le foie, 1,5 % ; dans le poumon et le coeur, des quantités négligeables. L'élimination se fait surtout par les urines et l'intestin, la plus grande partie en 15 jours ; il faut plusieurs mois pour la totalité.

MÉDECINE. Effets physiologiques des courants à haute fréquence à sens constant (MM. Cluzet et Chevalier). On élimine la moitié de la décharge oscillante alternative par l'emploi de valves électroniques, ce qui diminue de moitié la tension. Ces courants peuvent faire de l'électrolyse, charger des condensateurs. Ils ont une action spéciale sur les muscles striés et sur les nerfs. Une intensité suffisante peut tétoniser les muscles. — La mort par l'électricité (M. St. Jellineck). L'auteur appelle « changements de peau » les brûlures occasionnées par l'électricité ; elles n'ont rien de commun avec les brûlures ordinaires. Elles n'occasionnent pas de douleur et marquent une grande tendance à guérir. Elles contrindiquent souvent l'amputation des membres, que paraît prescrire la pathologie générale. Leur pronostic est souvent très bénin.

Ouvrages offerts et manuscrit déposé. — Par M. Morin : Essai bibliographique sur les ouvrages de François Desrues et par M. l'abbé Guérard : Les Guérard de Champagne et de Brie (Tirages à part de leurs travaux insérés dans les Mémoires de 1924).

Par M. Cornereau, membre correspondant à Dijon : Mathieu de Berbisey et sa famille. La tombe de ce personnage, commandeur de l'ordre de Malte, décédé le 28 janvier 1753, a été retrouvée à Beaune, siège de la commanderie. Le tombeau de son père, le président de Berbisey, se voit aujourd'hui à l'église Saint-Bénigne de Dijon, où il fut transporté lors de la Révolution.

M. le chanoine Prévost dépose le manuscrit de son étude sur Les celliers de Clairvaux, dont il avait lu le début à la séance de novembre, en vue du renvoi de ce travail au Comité de publication.

Prix Hyacinthe Chailliot. — Parmi les cinq gardes-particuliers et forestiers présentés pour le zèle et le succès avec lequel ils se sont employés tant à la destruction des animaux nuisibles qu'à la protection des animaux utiles, l'assemblée décide, sur le rapport de M. J,


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Babeau, d'attribuer le prix H. Chailliot de 1925 à M. Lucien Muller, garde particulier au château du Plessis, par Clérey.

Séance publique. — Crédit supplémentaire. — Une somme de 300 francs imputable sur l'excédent des recettes de l'exercice 1925 est allouée en supplément à l'article 21 du budget des dépenses (délibération du 19 juin), pour couvrir les frais de la séance publique.

M. Vauthier propose à l'assemblée de remercier les membres du Bureau et les auteurs des communications lues du dévouement dont ils ont fait preuve et des soins qu'ils ont pris pour assurer le succès de cette séance (Adopté).

Assemblée générale réglementaire. — La tenue en est fixée au lundi 28 décembre, à 17 heures.

Élections. — Présentation. — M. Victor Lesaché, avoué honoraire, membre associé, rue Jaillant-Deschainets, à Troyes, est élu membre résidant pour la Section des Lettres, en remplacement de M. Lagoguey, décédé.

M. Charles Gris, Président de la Société Artistique de l'Aube, libraire, rue Emile-Zola, à Troyes, a été élu membre associé.

— M. Leprince-Ringuet, inspecteur général des mines', domicilié à Bercenay-en-Othe et à Paris, est présenté comme membre associé. Le scrutin d'élection aura lieu à la séance de janvier 1926.

28 Décembre 1925. — Assemblée générale réglementaire.

— Présidence de M. MATHIEU, Président. — Présents : MM. Mathieu, H. Babeau, Hennequin, Perret, Morin, J. Babeau, Perdrizet, Patenôtre, Huot, Tremblot, Guyot, Vauthier, de la Perrière, Bauer, Surchamp, abbé Prévost, abbé Brusson, Piétresson de Saint-Aubin, membres résidants et G. Groley, membre associé. — Excusés : MM. Gérard et de la Boullaye.

Correspondance et communications. — Admissions. M. le Président donne lecture des lettres par lesquelles MM. Lesaché et Gris remercient de leur récente élection et s'engagent à partager les travaux de la Société ; ils en sont en conséquence proclamés membres.

Promotion. M. le Président fait part de la récente promotion au grade d'Officier de la Légion d'honneur, dont notre collègue M. Cabat, membre résidant, Président honoraire à la Cour d'appel de Paris, vient d'être l'objet ; il lui adresse à cette occasion les félicitations de la Société.

Rapport du Conseil d'Administration. — Au nom du Conseil d'administration, M. le Président rend compte verbalement de la situation morale et financière de la Société qui est en tous points satisfaisante. Il rappelle ensuite les questions dont le Conseil s'est occupé pendant l'année et notamment les décisions suivantes qui ont été prises au cours de la réunion tenue dans la matinée de ce jour :

Gratification exceptionnelle de 100 francs à M. Hébert ; attribution d'un prix de 100 francs à M. Thouvenin, instituteur à Lignol, membre associé, en exécution de la délibération du 20 novembre (sommes payables sur le crédit inscrit au budget de 1926 pour dépenses de prix et médailles). —- Affectation à la création d'un second prix au


308 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.

concours de poésie Des Guerrois actuellement ouvert de la somme de 200 francs versée par M. Billaud. Ces décisions sont aprpouvées.

Le Conseil d'administration a de plus vérifié le compte du Trésorier pour l'exercice 1925 et établi le projet de budget pour 1926.

Cotisation des membres résidants. — Sur la proposition du Conseil d'administration, le taux de la cotisation des membres résidants est porté à soixante francs, par application de l'article 5 § 2 des nouveaux statuts ; la situation financière de la Société ne permet pas encore avec l'élévation du prix de toutes choses depuis l'époque de l'adoption des statuts (juillet 1924), de revenir comme on l'avait espéré au chiffre minimum prévu au § 1 dudit article 5.

Compte et Budget. — M. J. Babeau, Trésorier, donne lecture du compte de l'année 1925, puis du projet de budget de 1926. Sous réserve (à la demande de M. Vauthier, pour plus de régularité) de. l'inscription « pour mémoire », aux recettes de la fondation Ch. Des Guerrois, d'une créance qui sera probablement irrécouvrable d'après les renseignements recueillis, le compte.est approuvé et le budget voté, tels qu'ils sont annexés au présent procès-verbal.

. L'assemblée s'associe aux remerciements et aux félicitations que M. le Président adresse à M. le Trésorier pour sa gestion financière.

Rapport de la commission du Musée. — En l'absence de, M. de la Boullaye, M. Guyot, secrétaire de la Commission, expose brièvement la situation du Musée. M. Hennequin indique que des travaux de réfection assez importants ont été exécutés cette année aux frais de la Ville dans les salles d'histoire naturelle (remplacement de toutes les fenêtres du côté du jardin). Il conviendrait, semble-t-il, qu'au nom de la Société Académique, la Commission en témoignât sa satisfaction et ses remerciements à la municipalité ; cela ne pourrait qu'aider à l'aboutissement d'autres demandes (Adopté).

Elections. — 1° Vice-Président.. M.Perdrizet ayant obtenu la majorité absolue, au premier tour de scrutin, a été élu et proclamé Vice-Président pour l'année 1926.

2° Membres du Conseil d'administration. Sur la présentation de leurs sections respectives, ont été élus au premier tour et proclamés membres du Conseil d'administration pour quatre années (1926 à fin 1929) : M. Gérard, M. Doé, M. Drioton et M. l'abbé Brusson.

— Bureaux des Sections. Des scrutins auxquels il a été procédé dans les Sections pour l'élection des Vice-Présidents et Secrétaires est résulté la composition suivante de leurs Bureaux particuliers, pour l'année 1926 :

Agriculture : M. Huot, Président.; M. Patenôtre, Vice-Président ; M. Gérard, Secrétaire. ■

Sciences : M. Lucien Royer, Président ; M. Vauthier, Vice-Président ; M. Tremblot, Secrétaire.

Beaux-Arts : M. de la Perrière, Président; M. Bauer, Vice-Président ; M. Mathieu, Secrétaire.

Lettres : M. Morin, Président ; M. Surchamp, Vice-Président ; M. Rossignol, Secrétaire.

— Comité de publication. Ont été élus par leurs sections respectives pour faire partie de ce Comité en 1926 et 1927 (deux années au lieu de trois, par transition, pour faire concorder l'époque de renouvellement de ce Comité, avec celui de la Commission du Musée qui a


PENDANT L'ANNÉE 1926 309

la même durée de fonctions) : MM. Perdrizet, Durrant-Soyer, Mathieu et Surchamp.

Séances ordinaires de 1936.. — Elles sont fixées aux dates sui^ vantes : 15 janvier j 19 février ; 19 mars ; 16 avril ; 21 mai ; 18 juin ; 16 juillet ; 17 septembre ; 15 octobre ; 19 novembre ; 17 décembre.

Sociétés correspondantes. — La Societas pro Fauna et Flora Fennica d'Helsingfors (Finlande) demande l'échange de nos Mémoires avec ses publications. Sur la proposition de M. Morin, archiviste, il en est ainsi décidé.

Impressions. Tirages à part. Sur la proposition de M. Morin et après discussion, l'assemblée décide de revenir à la pratique antérieure d'une impression de 65 tirages à part des travaux d'auteur, dont 25 pour l'auteur, conformément au Règlement et les 40 autres pour les membres résidants et les Archives de la Société.

Discours de fin d'année. — Avant de quitter le fauteuil, M. le Président prononcé le discours d'usage, dans lequel il passe en revue les travaux et les résultats de l'année, . rappelle le souvenir des membres décédés et les noms des nouveaux sociétaires, remercie ses collaborateurs du Bureau et se félicite d'avoir à remettre en des mains expérimentées la direction de la Société. D'unanimes applaudissements saluent la péroraison de ce discours ; ils témoignent à M. Mathieu que ses deux années de présidence laisseront le souvenir d'une tâche exceptionnelle utilement et brillamment remplie.

Aimée 1926

15 Janvier 1926. — Présidence de M. Henry BABEAU, Président, Présents : MM. H. Babeau, Perdrizet, Hennequin, Perret, Morin, Gérard, Patenôtre, Durrant-Soyer, Dr Blaise, Vauthier, Doé, de la Perrière, Drioton, de la Boullaye, Rossignol, Surchamp, abbé Prévost, abbé Brusson et Piétresson de Saint-Aubin, membres résidants ; abbé - Bernard, G. Groley, Bourgeois et Gris, membres associés. Excusés : MM. J. Babeau, Mathieu, Vachette, Guyot et Tremblot.

Communications et Corresposdance. — Admission. M. le Président souhaite la bienvenue à M. Gris, membre associé, qui prend séance. Ce dernier répond en assurant à ses nouveaux collègues qu'il sera heureux de suivre leurs travaux avec zèle et dévouement, tant à titre personnel que comme président de la Société Artistique.

Discours d'usage. M. le Président prononce ensuite l'allocution traditionnelle d'entrée en fonctions que l'assemblée applaudit vivement. On en relira le texte dans les Mémoires de la présente année.

Démission. M. Coutil, des Andelys, membre Correspondant depuis 1918, donne sa démission, motivée par son grand âge. Il nous fait néanmoins hommage d'une de ses dernières publications, mentionnée ci-après aux ouvrages offerts. L'assemblée témoigne ses regrets de voir cet archéologue distingué contraint de quitter notre Société et le remercie d son envoi.

Publications et Travaux des Sociétés correspondantes. —

Annales de la Société d'histoire... de Chaumont (n° 7 ; 1926) : Note sur un poignard de bronze, par M. Lereuil ; trouvaille de 1923, inté-


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ressante du fait « de l'extrême rareté de l'outillage primitif en bronze ou en cuivre dans la région de Chaumont ». — Une municipa-. lité de canton sous le Directoire, par M. Bulard ; étude des résultats d'une forme d'organisation administrative sans précédent et sans lendemain en France. — Bulletin de la Société archéologique de Nantes (tome 64, 1924) : Recherches sur les anciennes enseignes de Nantes, par M. Delattre. —-. Bulletin de la Société d'anthropologie de Paris (1925, 1ER fasc.) : Les chants funéraires de la Pologne, par lé Dr Bugiel. — Académie d'agriculture de France (16 déc. 1925) : La crise du caoutchouc et sa production dans les colonies françaises, par M. Dubowski. — Revue agricole du Comice de l'Aube (ler janv. 1926) : Le sulfate d'ammoniaque sur les blés en automne, par M. Guille.

Comptes-rendus et Rapports. — M. de la Perrière lit d'abord une analyse, très spirituellement encadrée dans une fable de La Fontaine, des Contes limousins de notre collègue Jean Nesmy (M. Surchamp) : « contes, dit-il, dont le grand mérite est qu'ils ne paraissent pas avoir été inventés, mais qu'ils donnent l'impression de sortir des entrailles même du sol qu'ils évoquent avec les petites gens qu'ils mettent en scène ; contes très modernes d'expression, où cependant il semble que l'on voit s'agiter une très vieille humanité, semblable à elle-même depuis des siècles et aussi naïve que nous la montrent nos romans du Moyen-âge ». Cette lecture fut pour ses auditeurs un régal de quelques instants.

— (Tableau du Musée. Acceptation). M. de la Perrière communique en second lieu une note sur Le portrait de Jérôme de Mesgrigny. Il s'agit d'un tableau ancien dont le dernier possesseur voulut bien faire . don à la Société Académique pour le Musée, en 1924. Grosley en avait parlé dans ses Ephémérides et suivant une tradition l'attribuait à l'un des Carrache, par qui l'aurait fait faire à Bologne, au retour d'un voyage en Terre Sainte, Jérôme de Mesgrigny, conseiller d'Etat, représenté là dans l'attitude de Moïse tenant les Tables de la Loi.

Du château de Villebertin où elle se trouvait quand Grosley la vit jusqu'au Musée où restaurée et remise dans son vieux cadre, elle attend sa place, M. de la Perrière raconte les vicissitudes de cette toile et rappelle la généalogie des membres de la famille de Mesgrigny, qui l'avaient recueillie par héritage depuis le XVIIIe siècle. Cette notice fixe autour du curieux portrait en question une série de points utiles à connaître pour son histoire.

M. le Président s'est fait l'interprète de la Société pour adresser de nouveau à M. le marquis de Mesgrigny l'expression de la reconnaissance avec laquelle elle a accepté le don de ce tableau.

■— (Ouvrage récompensé) M. Hennequin fait ensuite un rapport

oral sur un ouvrage imprimé, offert par son auteur, M. Paul Lacoste,

directeur de cours complémentaires à Troyes, intitulé : Mémento

d'histoire locale pour aider à connaître Troyes et sa région, des

origines à 1789.

En 75 pages, M. Lacoste a construit un remarquable outil de travail. C'est un répertoire unique en son genre dans notre bibliographie locale ; la préface signée de notre collègue, M. Rossignol, en a déjà fait ressortir le mérite et l'utilité pratique. Il serait aisé de dire comment on pourrait l'amender ; mais il fallait d'abord le faire.

Sur la proposition du rapporteur, l'assemblée décide à l'unanimité


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d'accorder à M. Lacoste (à qui l'on doit déjà une bonne étude sur La vallée de l'Ardusson) une médaille d'argent grand module, pour son Mémento.

— M. Hennequin rend compte également d'un ouvrage manuscrit déposé par M. Estienne, sur Le fief Bouvrot et le droit de muage à Landrevilïe. D'accord avec MM. Morin et Piétresson de Saint-Aubin qui l'ont examiné de leur côté, le rapporteur estime que ce travail consciencieux aurait besoin d'être revu et allégé, avant que l'éventualité de son insertion dans les publications de la Société put être envisagée (Adopté).

— M. Vauthier analyse ensuite quelques comptes-rendus des travaux de l'Académie des Sciences :

BOTANIQUE. Existe-t-il une après-maturation chez les céréales récemment récoltées ? (M. Munerati). L'auteur tire une conclusion négative d'un grand nombre d'expériences faites sur les différentes céréales. La vérité, c'est qu'il y a germination assez rapide du blé coupé, dans certaines conditions de température. Celle-ci varie suivant les espèces considérées, de 20 à 22° pour les « poulards », 12 à 14° pour les blés de Bordeaux, et jusqu'à 6° pour d'autres. Mais l'après-maturation n'existe pas.

PHYSIOLOGIE. La signification de l'homochromie chez quelques animaux marins (M. Cuénot). D'une façon générale, la propriété de certains animaux de prendre plus ou moins exactement la couleur de leur entourage, a été considérée comme une propriété défensive contre leurs prédateurs. Cela est contesté par l'auteur qui trouve ce raisonnement un peu trop « humain ». Il suggère deux autres solutions : 1° Homochromie nutriciale ou alimentation par le support (éponges) ; 2° Homochromie antispectrale, basée sur la recherche, par l'animal, de l'obscurité ou, tout au moins, de l'éclairement minimum — Du temps de latence des réaction d'équilibration aux brusques accélérations longitudinales — La sensibilité et la réaction à des variations brusques d'inclinaison ont été étudiées chez les aviateurs. On en fait autant depuis peu pour les réactions à des accélérations brusques dans lie sens rectiligne, à la suite des projets de quais mobiles d'accès à un trottoir roulant. On a pour cela cinématographié des sujets porteurs d'un pendule léger, en faisant varier les vitesses, dans les deux sens. Pour un individu normal, et des accélérations brusques variant de 0 m. 30 à 0 m. 66 par seconde, le temps nécessaire à la correction d'équilibre, varie de 1/2 seconde à une seconde — Reproduction. Croissance et équilibre alimentaire. Expériences faites sur plus de cent rats, nourris de façons différentes et tendant à déterminer l'influence de la nourriture sur leur accroissement, ainsi que sur leur fécondité ou stérilité. Les conclusions sont que : le beurre est nécessaire et suffisant pour le mâle, mais pas pour la femelle à laquelle la caséine est également nécessaire. Il faut aussi une certaine proportion de sels minéraux. Certain régime, bon pour la croissance, rend les animaux absolument stériles.

TÉLÉGRAPHIE SANS FIL. Propriétés détectives du bioxyde de plomb(M. Cayrel). On sait qu'on emploie généralement comme « détecteur » un cristal de sulfure de plomb naturel (galène). L'auteur dit avoior obtenu de très bons résultats avec un fragment de bioxyde de plomb, venant par exemple d'une plaque d'accumulateur, à la condi-


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tion d'avoir une pointe en matière convenable. Un contact léger et glissant est excellent.

CHIMIE PHYSIQUE. Influence de la zone thermique de travail sur la sélection des aciers pour soupapes de moteurs d'aviation (M. Ch. Grard). Ces aciers doivent pouvoir, dans un cycle thermique étendu, conserver toutes leurs propriétés, sans points critiques, c'est-à-dire être pratiquement réversibles. Ceux riches en nickel grippant ; ceux dits « acier rapide » sont durs et fragiles. Les meilleurs paraissent être au chrome-silicium, qui sont d'ailleurs légers (propriété capitale dans cette application). Les essais ont eu lieu jusqu'à une température de 900° dans un moteur d'aviation Lorraine de 450 HP et l'expérience a duré 50 heures consécutives sans le moindre incident.

BIOLOGIE VÉGÉTALE. Hérédité de la propriété remontante chez les plantçs greffées (M. Louis Daniel). L'auteur a recherché si la propriété remontante était héréditaire par graines ; il poursuit ses expériences qui n'ont pas encore donné de résultats décisifs. Pourtant le greffage paraît provoquer par hérédité la faculté remontante.

Ouvrages offerts et Manuscrit déposé. — Par l'auteur, M. Piétresson de Saint-Aubin : Additions et corrections à la « Gallia Christiana » : Abbayes d'Oyes et de N. D. d'Andecy (Tirage à part extrait du Bulletin philologique et historique, 1922-23).

Par l'auteur, M. Coutil : Archéologie de l'Eure (5e fascicule) ; les quatre premiers ont valu à M. Coutil le prix des Antiquités nationales (Renvoyé à M. Drioton).

Par M. de la Perrière : L'Arrétin moderne (Rome 1776), ouvrage contenant certaines appréciations sur Troyes et Bar-sur-Seine.

— M. Piétresson de Saint-Aubin dépose sur le bureau un exemplaire de la Bibliographie Auboise qu'il a établie pour les années 1924 et 1925.

Cette Bibliographie comporte le relevé des publications, des travaux ou des articles de journaux concernant l'histoire de la région •de l'Aube. Son insertion dans les Mémoires de la Société ou dans l'Annuaire, sans y prendre beaucoup de place, pourrait rendre d'utiles services (Renvoyé au Comité de publication).

Composition du Conseil d'administration. — Conformément à l'article 10 des nouveaux Statuts, le Conseil d'administration de la Société comprendra, en 1926, outre les membres du bureau général (en fonctions jusqu'en 1929) et les membres élus à l'assemblée générale réglementaire (MM. Gérard, Doé, Drioton et abbé Brusson, en fonctions jusqu'en 1929), M. Mathieu, président sortant (en fonctions en 1926 et 1927) et M. Vauthier, dernier président sorti (pour l'année 1926 seulement, à titre transitoire).

Présentations et Election. — MM. Adenet (Auguste), industriel et maire, à Pont-Sainte-Marie ; Arnold (Gaston), notaire, 68, rue de l'Hôtel-de-Ville, à Troyes ; Couturat (Raymond), industriel, 13, rue Largentier, à Troyes ; Herbin (Henri), industriel, 14 bis, boulevard Victor-Hugo, à Troyes ; Martinot, ancien notaire, 90, rue Thiers, à Troyes,; de Montgolfier (Pierre), industriel, 26, boulevard Carnot, à Troyes ; Poron (René), industriel, 35, rue de la Paix, à Troyes ; Samuel (Georges), propriétaire, 7, boulevard Danton, à Troyes. sont


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présentés comme membres associés. Le scrutin d'élection aura lieu à la séance de février.

M. Leprince-Ringuet est élu membre associé.

19 Février 1926.— Présidence de M. Henry Babeau, Président. — Présents : MM. Henry Babeau, Perdrizet, Hennequin, Perret, Morin, Jules Babeau, Gérard, Patenôtre, Royer, Durrant-Soyer, Tremblot,. Doë, Vauthier, de la Perrière, Mathieu, Vachette, de la Boullaye, Lesaché, Rossignol, abbé Prévost, abbé Brusson et Piétresson de Saint-Aubin, membres résidants ; Gris et abbé Bernard, membres associés. — Excusés : MM. Surchamp et Dr Blaise.

Communications et Correspondance. — Admission. M. le Président souhaite la bienvenue à M. Lesaché, membre résidant, qui prend séance. M. Lesaché remercie ses nouveaux collègues de leur accueil. Il s'associera bien volontiers à leurs travaux.

Promotions. — M. le Président adresse les félicitations de la Société à M. Eusèbe Gréau, membre correspondant, promu Officier de la Légion d'Honneur ; à M. Jean Chantavoine, membre associé, nommé Chevalier de la Légion d'honneur ; à M. le Chanoine Prévost, membre résidant, nommé Officier d'Académie ; à M. Piétresson de Saint-Aubin, archiviste départemental, membre résidant, pour son avancement de classe ; à M. l'abbé Roserot de Melin, membre correspondant, pour le prix dont l'Académie des Sciences Morales et Politiques a récompensé son ouvrage Sur Antonio Caracciolo, évêque de Troyes.

Musée (archéologie). M. le Président fait part à la Société des deux visites que.la commission municipale de là Voirie a faites au Musée pour examiner la question de l'affectation du local servant de bûcher au dépôt des vestiges archéologiques'. Une décision favorable paraît pouvoir être espérée.

Publications et travaux de Sociétés, correspondantes. — Revue agricole des 22 janvier et 12 février 1926. Résumé d'une conférence de M. Guille : Allocations familiales à la Campagne. Cette organisation peut être, appelée, si elle réussit, à enrayer l'exode des ouvriers agricoles vers la ville. — Académie d'Agriculture (Séance du 16 décembre 1925). Proposition de substituer dans les baux à ferme, un fermage en nature, au fermage en argent. Cette nouvelle formule mettrait le fermier à l'abri des conséquences d'une baisse possible sur les produitsi agricoles et pourrait engager le propriétaire à consentir sans risques, des baux de longue durée, — Mémoires de la Société d'Emulation de Cambrai (tome LXXII. 1925) : La vie chère, par M. Dumont, professeur d'agriculture qui préconise l'éducation des producteurs et des consommateurs. Il faut éviter de décourager l'agriculture par une fiscalité excessive et tracassière. — Bulletin de la Société Archéologique de Sens : Voltaire et les Archevêques de Sens. — Bulletin des sciences historiques et naturelles de l'Yonne (78° vol. 1924). 1° Les sépultures de l'âge de Bronze, par M. Corot (Renvoyé à M. Drioton) ; 2° Note sur les châteaux de Tanlay et d'Ancy-le-Franc, par M. Porée. — Bulletin archéologique du Tarn-et-Garonne,. Tome LI. 1923: Manon Lescaut et Lamotte_ Cadillac, par M. Souleil. Manon Lescaut a-t-


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elle existé ? N'est-elle pas une création de l'Abbé Prévost ? Tome LII, 1924 : L'académie des jeux Floraux a célébré en 1924 son VIe centenaire ; Fêtes du Gai Savoir. — Bulletin de la Société du Borda, de Dax (IVe trimestre 1925). — Gascons mal mariés, par M. Degert. Arnaud de Castelnau, quitté par sa femme (rapt ou abandon) qui a pris un autre époux, en demande la restitution, d'abord à son évêque, puis au pape .; Procès interminable qui s'éteint par la mort des parties et de leurs juges. — Revue Mabillon n° 61, janvier 1926. — Recueil des Charles et bulles de Clairvaux, par M. L'Abbé Prévost, notre collègue. ■— Là Picardie historique et monumentale : Ouvrage très remarquable, texte et illustrations.

Rapports et Comptes-rendus. — M. Piétresson de Saint-Aubin donne lecture d'une notre très intéressante sur les Logettes de SaintJean-au-Marché. Ces logettes furent d'abord temporaires et élevées pour chaque foire sur les terrains libres voisins de l'église ; devenues permanentes vers le milieu du XIVe siècle, elles donnèrent lieu, entre-leurs propriétaires et la fabrique de Saint-Jean, à de nombreux et pittoresques procès, où l'on trouve de précieux détails sur l'histoire de l'église et sur' les moeurs troyennes des XVe et XVIe siècles. Les travaux d'agrandissement de Saint-Jeàn au XVIe siècle en firent disparaître une bonne partie ; celles qui restaient ont été démolies presque toutes au cours des dernières années comme nuisibles à la conservation du monument (On doit, en effet, attribuer la chute du clocher, survenue en 1911, aux emprises malencontreuses de la maison qui s'y adossait). L'auteur s'est efforcé de dresser l'a monographie des vingt maisons qui existèrent sur l'emplacement et autour de Saint-Jean, ainsi que l'histoire de ses habitants.

M. Piétresson de Saint-Aubin analyse en second lieu un travail de M. Forgeot Tardy sur la Bataille des Champs Catalauniques. Où a-t-elle eu lieu ? Une connaissance parfaite du pays permet à l'auteur de préciser la position de Moirey (le Mauriacus des historiens), village, disparu sur le territoire de la commune de Dierrey, où la bataille à pu s'engager. M. Piétresson,aidé de M. Morin a préparé une bibliographie de ce sujet. Elle pourrait y être ajoutée comme annexe.

— M. Vauthier résume ensuite quelques comptes-rendus des travaux de l'Académie des Sciences :

MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. — Classification de tous les procédés de calcul qui dérivent de la géométrie et de la mécanique (M. d'Ocagne). 1° Calcul mécanique ; 2° Calcul graphique ; 3° Calcul grapbomécacanique ; 4° Calcul nomographique ; 5° Calcul nomographo-mécanique. Suivant que les nombres représentant les données et les résultats sont liés entre eux par des systèmes de lignes on par des organes mécaniques, ou par des combinaisons des deux systèmes.

PHYSIQUE DU GLOBE. — Etude de la matière fulminante. Energie, au moment de l'explosion (M. Mathias). Deux méthodes : a) Eclair descendant, violent ; b) Eclair ascendant, inoffensif. On compare les résultats. La valeur de l'énergie à la décharge dépend uniquement du potentiel et de la densité de décharge par unité de surface ; elle est indépendante de la longueur de l'éclair et du régime de déchargé, en particulier de" sa durée. Foudres sphériques. Contraction et refroidissement. Energie par centimètre cube de la matière fulminante pure égale 2860 kilogrammètres, s'oit par gramme 5145 calories ; à titre


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de comparaison, c'est quatre fois plus que la nitroglycérine, la plus énergique des substances explosives, solides ou liquides.

PHYSIOLOGIE. — Sur le vertige de rotation (MM. Garsaux, Mallassez et Toussaint). Le sujet, mis dans un fauteuil à l'extrémité, d'un manège rotatif, éprouve la sensation, durant la vitesse croissante, d'une élévation dans les airs et inversement, d'une descente pendant la vitesse décroissante (vitesse maxima 11 mètres par seconde). A vitesse constante, sentiment de vertige vers l'extérieur ou vers l'intérieur. Question ; liée à la physiologie de l'oreille interne, et qui est liée à la sécurité des aviateurs.

CHIMIE PHYSIQUE. — Mécanisme de la fusion de la houille (M. Audibert). Certaines houilles éprouvent, quand on les chauffe entre 350 et 400° une fusion pâteuse qui les agglomère si elles sont pulvérulentes. C'est le principe de la fabrication du coke. Conditions : Chauffage brusque, entre 325 et 450°, suivant les houilles ; teneur en matières volatiles supérieure à 15 %. A une vitesse plus faible d'échauffement, par rapport à une certaine vitesse limite, la soudure des grains ne se produit pas. Cette vitesse limite est de 1° par minute pour les cokes métallurgiques.

Musée (Dons pour le). — M. Mathieu donne lecture de la liste des dons faits à la Société pour le Musée pendant l'année 1925, dont les objets sont inscrits sur le registre des entrées sous les N°s 1996 à 1998, 2000 et 2002 à 2011.

M. le Président remercie les donateurs. Au nom de la Société, l'assemblée déclare ensuite accepter les dits objets. Il est demandé que connaissance des dons soit donnée dorénavant au plus tard à la fin de chaque trimestre.

Ouvrage offert. — Par l'auteur, M. Piétresson de Saint-Aubin : Le fonds de la Juridiction consulaire de Troyes aux Archives de l'Aube (Extrait du Bibliographe moderne 1924-25).

Élections. — Présentations. — MM. Adenet, Arnold, Couturat, Herbin, Martinot, de Montgolfier, Poron (René), Samuel (Georges), présentés à la séance de janvier, sont élus membres associés.

MM. l'abbé Gondé (Gabriel), professeur à Troyes, 1, Petite-Rue Grosley ; le comte de Massiac (Antonin), 24, rue de la Paix, à Troyes ; Oury (Roger), agriculteur à la Planche (Commune de Saint-Léger) ; Mauchauffée (Pierre), villa Courtalon ; Poron (Jean), 15, boulevard du l4-Juillet ; Renaudeau d'Arc (Paul), 25, boulevard du 14-Juillet ; Waldmann, 2, villa Courtalon, industriels à Troyes, sont présentés comme membres associés. Le scrutin d'élection aura lieu à la séance de mars.

19 Mars 1926.— Présidence de M. Henry Babeau, Président.

— Présents : MM. H. Babeau, Hennequin, Perret, Morin, J. Babeau, Huot, Durrant-Soyer, Guyot, yauthier, Doë, Vachette, Mathieu, de la Boullaye, Rossignol, Surchamp, abbé Prévost, abbé Brusson et Piétresson de Saint-Aubin, membres résidants ; abbé Bernard, Bourgeois, Groley, membres associés. — Excusés : MM. Gérard, Perdrizet, Royer, de la Perrière et Tremblot.

Communications et Correspondance. — Admissions. MM. Leprince-Ringuet, Arnold, Martinot, G. Samuel Adenet, Couturat, R.


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Poron, de Montgolfier, remercient de leur élection et s'engagent à participer aux travaux de la Société ; ils en sont en conséquence proclamés membres associés. :

Décès. M. Vallée, ancien député de Saint-Pol (Pas-de-Calais), membre correspondant, fait part du récent décès de M. Edmond Edmont, l'un des érudits auteurs de l'Atlas Linguistique de la France, étude monumentale des patois et expressions du vieux français. L'Aube tient dans cet ouvrage une placé importante. L'assemblée s'associe unanimement aux regrets que cette perte cause au monde savant.

— M. Morin annonce qu'il s'est rendu avec M. Drioton à LandrevilLe, pour assister aux obsèques de M. Estienne (Aristide), archéologue, historien et poète, récemment décédé, qui, au cours de sa vie laborieuse, avait notamment réuni une collection d'objets préhistoriques trouvés dans la région du canton d'Essoyes, d'un réel intérêt.

Publications et Travaux des Sociétés correspondantes. —

Académie d'Agriculture (Séance du 10 février 1926). 1° Note de M. Carrière : L'huile de pépins de raisin paraît entrer dans la phase industrielle, Le vignoble français pourrait donner plus de 75.000 tonnes dE cette huile qui peut remplacer l'huile de ricin dans les moteurs d'avions. 2° Vendanges de. 1925 : La récolte de la France et de l'Algérie réunies s'est élevée à la moitié de celle de l'Europe entière. 3° Note de M. Hitier sur la valeur de la terre et la baisse du franc : Dans la Marne, l'Yonne et l'Aube la valeur foncière en 1925 n'avait progresé que de 100 à 150 % par rapport à 1914.-4° Corbeaux de France ; leurs dégâts dans les champs de céréales. — Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (Bulletin de septembre-décembre 1925) Notice sur Ernest Babelon, membre de cette Académie, conservateur du Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale. Il était né à Cerres (Haute-Marne) — Comité des travaux historiques du Ministère de l'Instruction Publique. Bulletin (1924, 1re livraison) : Notice de M. Perrault-Dabot sur les clochers en pierre de la région Beaunoise au Moyen Age (Renvoyé à M. Mathieu) — Bulletin de la Commission Historique du Département du Nord (T. XXXII. 1925) : La découverte archéologique de Warneton (Belgique) par M. Beaucamp (Renvoyé à M. Drioton) — Revue de Saintonge et d'Aunis (XLIIe vol, 1re livr. 1926) : La Chanson du Chevalier errant.

Rapports et Compte rendus. — M. Hennequin, sous le titre : Voyage autour de notre Salle, fait, une agréable causerie sur l'origine et les conditions d'occupation du local que la Société doit à la libéralité de M. et Mme J. Audiffred ; il explique la provenance du mobilier, des tableaux et des statues qui le garnissent, provenance dont, la diversité est utile à connaître pour déterminer avec exactitude le patrimoine propre de la Société et le distinguer là, comme dans le Musée, de celui dont elle n'est que la dépositaire ou la co-propriétaire.

— M. Vauthier résume ensuite quelques comptes-rendus des travaux de l'Académie des Sciences :

CHIMIE PHYSIQUE. Simulation d'êtres vivants (M. Berrera). Si dans une solution A de gazoline et huile d'olives, on verse quelques gouttes d'une solution B (soude caustique, eau et rhodamine), celles-ci se segmentent, rampent, se déforment, ressemblant à s'y méprendre à des amibes, infusoires, etc., mais beaucoup amplifiés et visibles sans


PENDANT L'ANNÉE 1926 317

miscroscope. Ce phénomène curieux serait dû à des courants actifs d'otmose et de diffusion.

LITHOLOGIE. Structure microscopique des houilles (M. Duparque). L'examen microscopique montre deux constituants : 1° corps figurés végétaux (spores, algues) ; 2° pâte colloïdale dont le dépôt est nettement postérieur. Le deuxième élément s'est formé soit du premier, par gélification, soit par précipitation de substances organiques en solution. Les proportions relatives des deux éléments principaux différencient entre elles les différentes sortes de houilles (bogheads pâte minimum, algues très nombreuses, au maximum — canuet-coals où la pâte ne constitue que 25 % de leur masse, etc.) Les teneurs en matières volatiles (400 à 250me par tonne) sont en raison inverse de la proportion de la pâte.

PHYSIOLOGIE. Perception monoculaire du relief par vision directe (MM. Quidor et Hérubel). Elle peut être obtenue en amenant sur la même rétine deux images au moyen de prismes. Mais on peut l'obtenir également en interposant un diaphragme à ouverture variable, mû soit suivant l'axe optique, soit transversalement, soit incliné. Un objectif remplaçant l'oeil décèle toutes les variations de l'image qu'on peut dès lors enregistrer et projeter sur un film. « L'oeil composé » des insectes, bien plus compliqué, donne aussi plusieurs images des objets ; et ce sont ces images multiples qui produisent la sensation du relief. Mais la vision binoculaire conserve seule son avantage de fusionner en une seule les deux impressions cérébrales.

CHIMIE VÉGÉTALE. Humification de la couverture morte des sols forestiers (M. Antonin Nemec). Une partie, la plus apte à subir la décomposition naturelle des matières organiques constitue « l'humus ». L'auteur a fait agir sur l'humus le peroxyde d'hydrogène, et déterminé la perte ou le gain en azote nitrique dans un temps donné (30 jours). De nombreuses expériences dans des forêts de Bohême ont montré l'humus des peuplements feuillus moins acide, plus humifié et plus propre à la nitrification.

- MÉDECINE. La défense de l'organisme contre les médicaments (M. Marage). L'organisme n'est pas neutre, comme dans un tube d'essai, à l'action des réactifs ingérés, parce qu'il réagit déjà contre le médicament, lequel peut troubler cette réaction. Il résulte de cette « défense » de l'organisme qu'un médicament peut donner des résultats contraires à ceux prévus. Un organe malade est suppléé par d'autres, d'où équilibre qui imite la santé, mais qui est instable.

Ouvrages offerts. — 1° Par M. J. de Chauvigny, membre associé : Essai généalogique de la maison de Chauvigny de Blot, rédigé et publié par M. le chanoine A. Prévost, d'après les documents rassemblés sur sa famille par notre collègue (Préface de M. H. de la Perrière) .

2° Par l'auteur, M. Piétresson de Saint-Aubin : Le voyage du comte d'Artois dans l'Aube en 1814 (Extrait de la Revue de Champagne et de Brie, fév. 1926) — Remerciements aux donateurs.

Elections. — Présentation. — M. l'abbé Gondé, M. le Comte de Massiac, MM. Oury, P. Mauchauffée, Jean Poron, Renaudeau d'Arc, Waldmann, sont élus membres associés.

M. l'abbé André Chané, vicaire de Saint-Jean, 35, rue du GénéralSaussier, est présenté comme membre associé. Le scrutin d'élection aura lieu à la séance d'avril.


318 PROCES-VERBAUX DES SEANCES

16 Avril .1926. — Présidence de M. Henry Babeau, Président

— Présents : MM. H. Babeau, Perdrizet, Hennequin, Perret, Morin, .T. Babeau, de la Hamayde, Guille, Patenôtre, Gérard, Guyot, Vauthier, Doë, de la Perrière, de la. Boullaye, Mathieu, Rossignol, Surchamp, abbé Prévost, Bauer, Durrant-Soyer, abbé Brusson, Piétresson de Saint-Aubin, membres résidants ; abbé Bernard, Bourgeois, Groley, Martinot, membres associés. — Excusés : MM. Lucien Royer, Drioton et Dr Blaise.

Commnnications et Correspondance. — MM. l'abbé Gondé, Renaudeau d'Arc, le Comte de Massiac, Jean Poron, remercient de leur élection et s'engagent à participer aux travaux de la Société: ils sont en conséquence proclamés membres associés.

Fondation Lagoguey. ■— M. le Président, informé par Me Martin, notaire à Troyes, des dispositions de dernière volonté de M. AmandLudovic Lagoguey, ancien membre résidant de la Société, décédé le 10 septembre 1926, en donne connaissance à l'Assemblée. Aux termes de ces dispositions, notre ancien collègue a légué à.la Société Académique en nue-propriété :

1° Dix obligations de 500 francs chacune de capital nominal et son portrait peint par Clauzel ;

2° La phoptographie de feu son fils, Jean Lagoguey, prématurément décédé en 1915, le grand code Dalloz, les médailles et les diplômes de ce dernier, plus dix autres' obligations de 500 francs chacune de capital nominal, au choix de ses héritiers, comme les premières, parmi les valeurs de bourse qui dépendront de sa succession.

Ces legs sont faits à la charge, par la Société Académique, de fonderà titre perpétuel un prix quinquennal de mille francs en faveur d'une oeuvre littéraire d'une réelle importance, en prose, respectueuse de la religion et des bonnes moeurs, dont le sujet sera laissé au libre choix des concurrents et qui pourra être exceptionnellement partagé en deux prix de 500 francs.

Bien que ces legs soient en nue-propriété seulement, M. Lagoguey a chargé Mme Lagoguey, sa légataire universelle, de remettre tous les 5 ans, au Président de la Société Académique, une somme de mille francs pour le prix par lui fondé , prix, ajoute-til, que la Société devra continuer à attribuer dans les mêmes conditions que précédemment après le décès de Mme Lagoguey.

M. le Président exprimé au nom de la Société tout entière la reconnaissance de celle-ci pour les généreuses intentions manifestées en sa faveur par M. Lagoguey. Elles perpétueront le souvenir de l'homme de bien et du poète délicat que fut notre regretté et vénéré collègue, si soucieux d'entretenir dans notre département le culte des belles-lettres 1 auquel il avait consacré une partie de sa vie. La Société est particulièrement touchée du témoignage d'estime et d'affection qu'il lui a donnée en voulant qu'elle fût l'a gardienne de souvenirs chers à son coeur de père.

L'Assemblée s'associe unanimement aux paroles de M. le Président et, à sa demande, exprime le voeu que les dispositions testamentaires de M. Lagoguey soient ratifiées par l'administration préfectorale.

Publications et travaux des Sociétés correspondantes. — Académie d'Agriculture (Séance du 10 mars 1926) Note de M. Veutre. L'huile de pépins de raisins n'est pas une nouveauté. Son extraction était connue au XVIIe siècle. — Société Centrale. d'Agriculture des


PENDANT L'ANNÉE 1926 3l9

Deux-Sèvres (Bulletin de mars 1926) M. Lefort expose les. dégâts causés par le Doryphora, insecte parasite de la pomme de terre, dans plusieurs départements du Sud-Ouest (M. Guille confirme que cet insecte est un véritable fléau et que le désastre, malheureusement, n'est pas circonscrit. Dix départements sont atteints). ■— L'Abeille mars 1926), revue des Apiculteurs de l'Aube, donne la traduction d'un article d'un journal berlinois relatif à un merveilleux système de renseignements que possèdent les abeilles, et qui ne paraît pas avoir été déjà signalé. — La Société d'émulation des Vosges (Bulletin ler trimestre 1926) rend compte d'un procès de sorcellerie curieux. — Société polymathique du Morbihan (Bulletin de' l'année 1925) Atelier monolithique de Nazareth en Saint-Gongaud (Morbihan), haches en

silex (renvoyé à M. Drioton). Académie du Var (Bulletin de l'année

1925) : 1° Résultats de concours annuels de poésie, de prose et d'histoire. 2° Note du général Aymerich, sur le drame de Mayzirqui : Assassinat du colonel Klobb, du capitaine Vaulet et du lieutenant Chanoine en 1898, dans le centre africain. 3° Deux comédies, l'une en prose : En express ou le coup de rasoir, par M. E. Mourrou ; l'autre en vers : Fraternité, de M. E. Jouvenel. — Comité Colonial de l'Aube (Bulletin n° 5 d'avril 1926) Reproduit un article de M. Luc, paru dans le Petit Parisien et relatif à la culture du coton à Madagascar, dont on peut espérer le développement (M. Vauthier fait remarquer que l'on signale dans cette colonie une crise de main-d'oeuvre sérieuse).

Concours littéraire Des Guerrois. — M. Morin, président de la Section des Lettres, donne lecture du rapport concernant le concours de poésie Des Guerrois de 1925.

Sur une trentaine de pièces présentées, la Société a décidé, conformément aux conclusions du rapport, d'attribuer le prix à celle qui avait pour titre : Le sûr flambeau et pour devise : Lux in tenebris, « poème de pur style classique et d'inspiration toute moderne, supérieur à tous les autres par sa souplesse, sa force, sa rectitude et sa grâce ». Un second prix de 200 francs (sans médaille), exceptionnel et indépendant des arrérages de la fondation pour 1925, a été décerné à la pièce : Le chemin de craie (devise : 0 rus, quando te aspiciam).

L'ouverture des plis cachetés correspondant aux devises, a fait connaître que Le sûr flambeau était l'oeuvre de M. Jean Suberville, demeurant 7, rue d'Armaillé à Paris (XVIIIe) et que Le chemin de craie était dû à M. Edouard Oudiette, 123, avenue de Wagram à Paris (XVII 0) et à La Chapelle-Saint-Luc. M. E. Oudiette, Directeur de la Banque nationale de Crédit, est l'un de nos membres associés.

Rapports et Comptes-rendus.— M. Hennequin fait une communication sur le Palais de justice de Troyes, sur l'origine du bâtiment qui l'abrite depuis un siècle et sur les transformations de la maison particulière dans lequel il a été installé. Il raconte à cette occasion une anecdote relative au court séjour fait par le czar Alexandre, en 1814, dans l'hôtel Michaux qu'était alors cette maison.

— M. Gérard fait une communication sur la valeur qu'il faut attribuer aux baux ruraux en argent que l'on tend à transformer en baux en nature. Un échange de vues a lieu sur cette question.

— M. Vauthier résume ensuite quelques comptes-rendus des travaux de l'Académie des Sciences :

CHIMIE AGRICOLE. Influence de la lumière sur l'absorption de l'acide phosphorique et du potassium par les plantes (MM. Nemec et Graca-


320 - PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

nin). Les auteurs donnent des précisions intéressantes aux notions générales.connues de l'action de la lumière sur les plantes. A; cet effet, ils ont dosé les matières minérales (phosphore et potassium) contenues dans de jeunes plants de seigle cultivés sous cloche, en verre incolore, vert, violet et rouge. Au point de vue potasse, le vert est défavorable, le violet et le rouge très favorables. La: coloration paraît sans influence sur l'acide phosphorique.

PHYSIQUE DU GLOBE. La lune est-elle radioactive ? (M. Brillouin). D'après l'auteur, elle doit l'être, étant composée' des mêmes (éléments que la terre (en particulier, uranium, thorium et leurs dérivés radioactifs). Ces radiations, à la faveur de l'absence d'atmosphère de la lune, doivent exercer une ionisation appréciable sur l'atmosphère terrestre, et son état magnétique. L'action serait maximum au lever de la lune et à son coucher.

HYGIÈNE. Degré de souillure de l'atmosphère (MM. dArsonval et Bordas). On s'en rend compte par la jauge d'Owen, qui agita la fois comme collecteur de poussières et pluviomètre. Au centre de Paris, en un mois, en février 1925, on a trouvé, comme poussières, 12 gr, 8 par mètre carié, composées de : carbone, hydrocarbures, acide sulfurique, chlore, ammoniaque. Aux environs de Paris, on a trouvé beaucoup plus, ainsi, à Vitry 1 k. 600 par mètre carré, ce qui est dû à des charbons à 30 % de cendres — Saveur d'iodoforme des eaux industrielles purifiées par le chlore (la Marne et la Seine).

AGRONOMIE. Mesure de la force de succion du sol par l'eau (M. Korr neff). La terre arable absorbe l'eau avec d'autant plus d'avidité qu'elle est plus sèche et plus argileuse. L'auteur a pu « mesurer » cette force d'absorption en alimentant d'eau la terre à travers un vase poreux relié à un manomètre à mercure. Le manomètre, donne alors une« mesure » de la succion. L'irrigation des racines par succion est très supérieure d'ailleurs à l'arrosage de la surface du sol.

ENTOMOLOGIE. Torpeur hibernale chez les moustiques. Inertie (purement biologique, asthénobiose) ; froid non nécessaire. Le développement des oeufs et des larves exige un délai assez long, indépendant de la température. Exemples.

CHIMIE INDUSTUESLLE. Synthèse de l'ammoniaque aux fours à coke (M. Georges Claude). L'hydrogène nécessaire est emprunté aux gaz des fours à coke qui en contiennent moitié de leur volume, ce qui permettrait la production de 1.000 d'ammoniaque par jour, et sans dépense spéciale de charbon; L'azote est obtenu de l'air par simple combustion de cet hydrogène. L'auteur a établi des usines à cet effet dans le Nord de là France, en Belgique, en Espagne et au Japon — Application importante : le sulfate d'ammoniaque ; engrais.

Musée. — M. Mathieu lit la liste des objets entrés au musée pendant le premier trimestre de 1926 et enregistrés sous les nos 2012 à 2015. M. le Président remercie les donateurs au nom de la Société, laquelle accepte les objets qui lui ont été donnes.

Une lettre particulière de remerciements sera adressée à M. Marcel , Blaise, de Saint-Léger-sous-Brienne, l'inventeur et le donateur d'une pierre milliaire d'un haut intérêt, la première que l'on ait trouvée dans le département.

Election. - Présentations. — M. l'abbé Chané est élu membre associé. M. Vignon, notaire à Troyes, et M. Paul Lacoste, directeur du


PENDANT L'ANNEE

1926 321

Cours complémentaire Jules Ferry, sont présentés comme membres associés ; M. Emile Gavelle, directeur de l'Ecole des Beaux-Arts de Lille, 7 rue de l'Eglise, Saint-André-les-Lille (Nord), est présenté comme membre correspondant. Le scrutin d'élection aura lieu à la séance de mai.

21 Mai 1926. — Présidence de M. Henry Babeau, Président.

Présents : MM. H. Babeau, Perdrizet, Hennequin, Morin, J. Babeau, Gérard, Durrant-Soyer, Guyot, Dr Biaise, Vauthier, Doé, Tremblot, de la Perrière, Mathieu, de la Boullaye, Surchamp, abbé Brusson, Piétresson de Saint-Aubin, abbé Prévost, Lesaché, Bauer, membres résidants; de la Fuye, Bourgeois, Martinot, abbé Bernard, abbé Gondé, Groley, membres associés. — Excusés : MM. Perret, Patenôtre, Huot, Drioton, Rossignol.

Communications et Correspondance. — M. Waldmann et M. l'abbé Chané remercient de leur élection et s'engagent à participer aux travaux de la Société ; ils sont en conséquence proclamés membres associés.

Legs Lagoguey. Par lettre du 29 avril, Me Martin, notaire à Troyes, fait connaître que par acte passé ledit jour en son étude, Mme veuve Lagoguey a consenti à l'exécution du testament et a fait délivrance' au profit de la Société Académique du legs y contenu en sa faveur. Il résulte de renseignements recueillis que les 20 obligations délivrées et mentionnées audit acte se composent de 5 obl. Ville de Paris (Emprunt du Métropolitain), 8 obl. Ville de Paris (1904) et 7 obl. Crédit Foncier (1 de 1913 et 6 de 1899). (Renvoi au Conseil d'administration — N. B. Réuni à l'issue de la séance, ce dernier a décidé que, dans ces conditions, il y avait lieu d'accepter la libéralité de M. Lagoguey conformément à la loi du 4 fév. 1901, art. 8, en attendant l'autorisation administrative.

Legs Simonnot. Suivant testament et codiciles en date des 18 février et 8 mai 1924, 15 mai 1925, déposés en l'étude de M8 Chartier, notaire à Troyes, M. Georges Simonnot (instituteur retraité, domicilié à Troyes, puis à St-Florentin et décédé à Paris le 24 avril 1926, sans laisser aucun héritier à réserve) a institué la Société Académique sa légataire universelle, à charge par elle, après délivrance de divers legs particuliers de peu d'importance, d'entretenir sa tombe à perpétuité, de servir uûe rente annuelle et perpétuelle de 200 francs à la Société horticole, vigneronne et forestière de l'Aube, enfin de consacrer les revenus de son avoir à l'achat de tableaux et oeuvres d'art d'artistes champenois de préférence, à exposer au Musée de Troyes.

M. le Président, en des termes auxquels l'assemblée s'associe unanimement, rend à la mémoire de M. Simonnot un hommage ému et reconnaissant ; il indique que c'est à l'intervention discrète de M. de la Boullaye à qui le défunt avait fait part de son intention de disposer de son bien en faveur d'un établissement public, que la Société Académique est redevable de la plus importante des libéralités qu'elle aura reçues jusqu'alors. On estime en effet que la fortune laissée par M. Simonnot s'élèvera à 250.000 francs environ. (Renvoi au Conseil d'administration — N. B. Réuni à l'issue de la séance, ce dernier a.«décidé qu'il y avait lieu d'accepter le legs de M. Simonnot,

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322 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

conformément à la loi de 1901, art. 8, mais sous bénéfice d'inventaire) .

Legs Mlle Millot. Connaissance est donnée d'une lettre de l'un des; légataires universels de Mlle Millot (en date du 7 mai), admettant, quant à la modalité du prix à fonder en exécution des volontés de la testatrice, la dernière suggestion de M. le Président pour l'attribution à l'auteur d'un ouvrage concernant l'Indo-Chine, mais — ajoute le légataire — « en respectant intégralement l'esprit et la lettre du testament ». Après échange de vues avec M. Tremblot sur le concours que le Comité Colonial de Troyes pourrait, le cas échéant, prêter à la Société Académique pour la désignation du lauréat, renvoi au Conseil d'administration pour finir par donner, si possible, une solution à cette affaire.

Publications et Travaux des Sociétés correspondantes — Revue Agricole du Comice de l'Aube (23 avril 1926) : L'appellation « Champagne » (note statistique sur la quantité, de vins déclarés Champagne récoltés dans l'Aube de 1919 à 1925 ; pour les 12 communes de l'ancien comté de Bar, 14.352 hectolitres, en moyenne annuellement ; pour 48 autres communes, 51.490 hectolitres; en moyenne annuellement ; soit une moyenne de 66.000 hectolitres seulement apportés par l'Aube chaque année, compte tenu des bonnes et des mauvaises récoltes, pour l'approvisionnement du Champagne. — Académie d'Agriculture : 1° (21 avril.1926), rapport de M, Moussu sur l'introduction en France des viandes frigorifiées et du bétail sur pied (nous ne produisons plus assez pour nos besoins comme avant la guerre). 2° (5 niai 1926). communication de M. Saillard sur l'état de l'industrie sucrière en France (cette industrie est maintenant reconstituée avec 110 sucreries au lieu de 206 avant la guerre ; en général le nombre d'hectares cultivés en betteraves est plus élevé qu'avant la guerre, plus faible dans l'Aisne, le Nord, la Somme, les Ardennes, plus fort dans les autres départements) — « Provincia », bulletin de la Soc. d'Hist. et d'Arch. de Marseille (1925, 3-4) : Les conditions de la vie en Provence aux siècles derniers (M. Anastay) — Académie de Rouen (1920) : Discours de réception de M. Geùsoul, premier président honoraire : La révolte des faits contre le Code (commentaire d'un ouvrage publié sous ce même titré par M. Morin, prof, à la Faculté de droit de Montpellier) ; il s'agit de l'individualisme du Code civil mis en échec par la législation corporative moderne ■— Revue Mabilïon (avril-juin 1926) : Chartes et Bulles de Clairvaux, par notre collègue M. le chan. Prévost (Suite) — Soc. Arch. et Hist. de l'Orléanais (1925) : Le culte de saint Lyé dans le diocèse de Reims (M. Ed. Bruley) — Soc. d'Arch. lorraine (1923-25) : La Cour polonaise de Lunéville (1737-1766) par M. P. Boyé (renvoyé à M. de la Perrière)..— Soc. Dunkerquoise (1925) : La colonisation française en Afrique du Nord, par M. G. Morael (renvoyé à M. Tremblot)— Revue des DeuxMondes (15 avril 1926) : Quelques images françaises, par M. Louis Bertrand (Article contenant des pages intéressantes consacrées à la. ville de Troyes).

Communications et comptes-rendus.— M. Hennequin fait l'historique de la création et du développement de l'Annuaire de l'Aube; arrivé en 1926 à la centième année d'une existence ininterrompue. Il indique le rôle de la Société Académique dans cette publication, la


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part qu'elle y a prise et qu'elle y conserve, enfin, le lien traditionnel qui unit les éditeurs et la Société, rappelant que l'un d'entre eux, M. Dtufour-Bouquot,, compte au nombre de ses anciens présidents. Cette communication, dans ses développements, complétait l'Avertissement placé en tête de l'Annuaire de 1926.

— M. Vauthier fournit d'intéressantes indications scientifiques à propos d'un phénomène atmosphérique récemment constaté à Troyes (soulèvement à une certaine hauteur et déplacement latéral sans cause apparente de plusieurs châssis vitrés dans un jardin potager du quartier de Preize). La remarque est à faire que le phénomène s'est produit à midi 10, au moment de la plus haute température d'une chaude journée, et en l'absence de toute brise. Il paraît en conséquence s'expliquer par une sorte de « tornade » et le poids d'un châssis n'est pas tel qu'il puisse contrebalancer la force ascensionnelle résultant de la différence de pression barométrique audessus et à l'intérieur du châssis, aucun vent n'étant venu, par le mélange ' des couches d'air, égaliser. cette pression. Mais pourquoi certains châssis, se sont-ils soulevés, alors que des châssis voisins restèrent en place ? La visite faite par l'auteur sur les lieux ne lui a pas permis d'en découvrir la raison. '

— M. Piétresson de Saint-Aubin expose l'état actuel de nos connaissances sur la Sculpture troyenne au XVIe siècle et analyse les travaux parus sur cette question depuis l'ouvrage bien connu de MM. KoechHn et Marquet de Vasselot, notamment ceux que M. Emile Gavelle, directeur de l'Ecole des Beaux-Arts de Lille, a, publiés récemment.

Il fait ressortir l'importance, indéniable aujourd'hui, des influences étrangères, en particulier des gravures allemandes : la Visitation, de Saint-Jean, est imitée de Durer. Il souligne ensuite la nécessité de recourir aux documents d'archives pour étudier l'histoire de l'art troyen, montrant par des exemples typiques, en même temps que l'utilité de ce travail, son étendue et les difficultés de toutes sortes qui ont empêché jusqu'ici les éditeurs de textes de' faire oeuvre sérieuse (Nicolas Halins, détails du jubé de Sainte-Madeleine, le caractère de l'oeuvre de Jacques Bachot complètement dénaturé par une interprétation erronée de documents). Malheureusement, les documents n'ont pas encore livré le nom de l'auteur de la Sainte Marthe de la Madeleine et des oeuvres remarquables groupées avec elle sous la désignation d' « Atelier aux figures tristes, », dont le domaine vient d'être enrichi singulièrement par les découvertes de M. Gavelle (oeuvres principales : Sainte Marthe, Sépulcres de Chaource et de Villeneuve-l'Archevêque, Pitié de Bayel, Donateurs de Saint-Nicolas de Troyes, Passion de Rumilly, Christ de Feuges, etc). Nicolas Halins dit le Flamand est mieux connu ; il est fréquemment cité dans les Comptes de 1494 à 1544. Son travail principal, la décoration du grand portail de la Cathédrale, à disparu, ainsi d'ailleurs que la plupart de ses oeuvres ; il ne reste de lui que la Prédication du Christ aux gens du monde, au jubé de Sainte-Madeleine, les deux Visitations de Virey-sous-Bar et de Saint-Jean, et le rétable de Lirey, aujourd'hui à Londres ; par contre, il a inspiré de nombreuses oeuvres encore' existantes dans la région (jubé de Villemaur, divers rétables, Vierges dites, à tort, de l'atelier de Saint-Léger).

L'auteur termine sa communication en signalant brièvement diverses études consacrées à des stalles troyennes, et aux Sculpteurs Jacques Juliot, François Gentil et Claude Bornot,


324 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES

M. Vauthier analyse ensuite quelques comptes-rendus des travaux de l'Académie des Sciences.

CHIMIE ALIMENTAIRE. Composition de la graine de fenu-grec ; son mélange, au blé (M. Fleurent). L'aspect et la forme de cette graine différant peu de ces mêmes éléments dans le blé, en rendent la séparation difficile. Elle renferme une huile spéciale qui la rend nauséabonde et en rend la panification impossible. Le règlement des marchés de blé de la place de Paris l'exclut absolument. Au congrès céréaliste de 1925 à Alger, on avait toléré 1/8 %, ce qui était encore trop et a donné lieu à des difficultés. Quand on élimine l'huile, il reste une saveur amère qui ne vaut guère mieux.

ASTRONOMIE. Aurore boréale du 14 avril 1926. A l'observatoire de Meudon, admirablement outillé, on a des spectrohéliographes qui relèvent à chaque instant l'aspect des quatre couches du Soleil, et un magnétrographe enregistreur avec sonnerie pour prévenir des grands écarts, à distance. Le 14 avril, la sonnerie a averti d'une forte déviation de l'aiguille aimantée, laquelle a coïncidé avec une intense aurore boréale ; les deux phénomènes sont en effet simultanés.

MÉTÉOROLOGIE. Inversions de la température (M. Dauzère). Ce phénomène se produit dans la seconde moitié de la nuit, pendant la saison froide, particulièrement en certains lieux. Les fortes inversions sont accompagnées de nébulosité (atmosphère brumeuse), les particules en suspension dans l'air qui troublent la transparence ne tendant ni à monter, ni à descendre.

PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Migration automnale des matières azotées chez le chêne (M. Combes). A l'automne, au jaunissement des feuilles, il y a transport de l'azote des feuilles aux autres organes (branches et racines), de sorte que la quantité totale reste constante. La même observation a été faite pour le hêtre. On s'est demandé si cette émigration automnale continuait seulement les transports de substance normaux pendant la vie de la feuille ou constituaient un phénomène nouveau. L'auteur partage la deuxième manière de voir.

MICROBIOLOGIE. Du sol (M. Vinogradsky). Certaines substances incorporées au sOl déclanchent des pullulations de milliards de microbes, par ex. les fixateurs aérobies (azotobacter), qu'on peut observer au microscope. Ces substances constituent pour les germes, qui doivent préalablement exister, un milieu de culture. Mais si la culture ne donne rien, il ne faut pas se hâter de conclure à l'absence des germes qui peuvent exister, tout en refusant de le développer dans leur sol d'origine, mais se développent abondamment dans un autre sol. Il faut trouver alors l'élément qui manque et l'incorporer au sol donné ; cette question capitale est mal connue des agriculteurs. On ignore généralement qu'une dose, même faible, de 1 sur 100.000 d'azote nitrique empêche la pullulation.

L'agent de la Scarlatine. Inoculation sans résultat chez tous les animaux du laboratoire et même chez les Tunisiens, cela paraissant dû à une forme antérieure atténuée de la maladie, ayant servi de vaccin. L'agent est bien un streptocoque spécial contre lequel la vaccination s'impose.

Expériences sur l'infection charbonneuse. Les animaux sensibles à l'infection charbonneuse paraissent ne pouvoir s'infecter que par une lésion de la peau. Mais ce n'est pas la peau, c'est le système nerveux qui est sensible, notamment le cerveau.


PENDANT L'ANNÉE 1926 325

MÉDECINE. Influence de la dose du médicament sur la défense de l'organisme. (M. Marage). D'après des expériences très précises faites avec des doses très variables d'un médicament donné, on peut conclure : 1° Que des doses infinitésimales peuvent, sur certains organismes, produire autant, et même plus, d'effet que des doses fortes ; 2° Qu'il est difficile en clinique de conclure, pour un médicament donné, à la relation de cause à effet, sauf dans le cas de symptômes mesurables (proportion de sucre, d'albumine, tension artérielle, etc.).

GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. Danger de capture par le Niger des affluents du Tchad (M. J. Tilho). L'existence du lac Tchad est principalement assurée par le système hydrographique de Logone-Chari et celui-ci est menacé d'être absorbé par la Bénocé, affluent de gauche du Niger, qui, partie du même point dans le massif du Ngaoundéré (altitude 1.300), est constamment plus basse que lui. Aux crues, il, y a tendance au ravinement des terrains qui les séparent, conséquenlce très grave : 200.000 ki'lom. carrés de terres argilo-siliceuses (élevage et culture) privés d'eau, c'est-à-dire désastre éventuel.

PHYSIOLOGIE. Amplification et audition collective de bruits faibles, comme les bruits du coeur (M. Lafon). Au moyen d'un stélhoscope à microphone, d'un circuit alimenté par une petite batterie, d'un transformateur, d'un amplificateur à lampes analogue à celui du T.. S. F. et enfin d'un haut parleur diffuseur. Utilisable comme démonstration et enseignement.

Elections -— M. Vignon, notaire à Troyes, M. Paul Lacoste, directeur de Cours complémentaire à Troyes, sont élus membres associés. M. Emile Gavelle, directeur de l'Ecole des Beaux-Arts à Lille, est élu membre correspondant.

18 Juin 1926. — Présidence de M. Henry Babeau, Président.

— Présents : MM. H. Babeau, Perdrizet, Hennequin, Perret, Morin, J. Babeau, Gérard, Guille, Guyot, Vauthier, Mathieu, de la Boullaye, Rossignol, abbé Brusson, abbé Prévost, Piétresson de Saint-Aubin, Bauer, Surchamp, membres résidants ; Oury, G. Samuel, abbé Bernard, Martinot, abbé Gondé, Groley, membres associés. — Excusés : MM.- Doë et Tremblot.

Communications et Correspondance. — MM. Lacoste, Vignon et Oury remercient, de leur élection et s'engagent à participer aux travaux de la Société ; ils sont en conséquence proclamés membres associés.

Publications et Travaux des Sociétés correspondantes. —

Revue agricole du Comice de l'Aube (11 juin 1926) : Compte-rendu du Concours de Troyes des 5-7 juin, qui fut des plus importants dans toutes les branches de l'industrie agricole et dont le succès a été très grand ; l'assemblée s'associe aux félicitations que M. le Président adresse au nom de la Société aux organisateurs. — Bulletin de la Société des Antiquaires de France (1925) : Notice nécrologique sur M. E. Lefèvre-Pontalis. — Bulletin de lia Société d'Agriculture, Lettres, Sciences et Arts de la Haute-Saône (1925) : Monographie du bourg de Marnay (Haute-Saône), dédiée à « M. le Duc Th. de Bauffremont,


326 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

marquis de Marnay, en son hôtel, rue de Grenelle, à Paris » (Membre associé de la Société Académique).

Communications et Comptes-rendus ■— M. Guyot, à propos des pluies excessives et des fatales gelées qui ont marqué le premier semestre de 1926, rappelle les souvenirs qu'on a gardés d'autres années où les intempéries causèrent autant de pertes à la culture.

Un ancien membre correspondant de la Société Académique, M. Gallois, a mentionné dans les Noies qu'il a laissées, à propos de l'an 1853 : « On n'a pas vu depuis 1816, une année aussi désastreuse. Comme alors, des prières publiques ont été dites dans les églises ».:

Quant à l'année 1816, on trouve dans un article publié par la Gazette de l'Aube, les indications suivantes : « A entendre certaines personnes, jamais on n'a éprouvé une température à celle qui règne.... Il y a pourtant eu des années aussi mauvaises dans le passé. Ainsi en 1524, il a plu tout l'été et il a gelé le 6 juillet. Les années 1756, 1758 furent très humides. En 1789, le mauvais temps régna pendant les mois de juin et de juillet ; le ravitaillement de Paris en souffrit et ce fut une des causes des journées d'agitation dans la capitale ».

Par contre en 1540, on vendangea en août et là moisson avait eu lieu avant la Saint-Jean.

— A la communication qu'il fit à la dernière séance sur la « tornade » de Preize, M. Vauthier ajoute le complément suivant : La Société Météorologique de France admet également comme cause probable du phénomène un tourbillon ou tornade à axe non vertical, ce qui explique le mouvement de translation qui à déplacé, les châssis horizontalement. Il faut dire aussi, en réponse à l'objection qu'une quantité d'autres châssis, placés dans les mêmes conditions, au même lieu ou dans les mêmes parages, n'ont pas été déplacés, que c'est précisément le caractère d'une « tornade » d'être essentiellement locale et fugace; les conditions d'équilibre des gaz en mouvement (ici l'air), étant très instables, ne sont réalisées que rarement dans le temps et dans l'espace pour produire des effets importants, bien que d'observation fréquente sur une échelle beaucoup plus réduite (tourbillons d'air ou de feuilles).

— M. Vauthier analyse ensuite quelques comptes-rendus des travaux de l'Académie des Sciences :

THERMO-CHIMIE. Air liquide, Oxygène, Azote (M. Georges Claude). Applications : Soudure autogène. Coupage de fer jusqu'à 0 m. 60 d'épaisseur, exigeant de l'oxygène à 99 % de pureté. Explosifs à oxygène liquide. Ammoniaque synthétique. Gaz rares.

ELECTRICITÉ. Moteur synchrone à démarrage à distance par ondes hertziennes (M. Routin). L'ensemble, comprenant un émetteur d'ondes hertziennes, un poste récepteur, et les appareils accessoires, permet la téléindication, la télévision à distance, sans fils, et le démarrage d'un moteur pour toutes applications. i

MÉTALLURGIE. Granulation des scories et des métaux (M. Bogitz). Procédé très usité en métallurgie, soit pour réduire des laitiers en sable pour les constructions, soit pour « granuler » les métaux fondus tombant dans l'eau d'une grande hauteur, sons la forme de sphères. Danger d'explosion, évitable par injection d'air comprimé.

ASTRONOMTE. Perturbations magnétiques terrestres, dues au soleil. (M. Deslandres). Augmentation, depuis 1893, de la fréquence et de


PENDANT L'ANNÉE 1926 327

l'importance des taches solaires, et, par suite, des aurores boréales et des orages magnétiques. Emissions corpusculaires du soleil (loi de l'hexagone). L'auteur résume en un tableau toutes ses observations. Les variations magnétiques seraient dues à une émission en quelque sorte volcanique des matières profondes ionisées ou radioactives.

Limites probables de l'âge de notre système planétaire (M. E. Belot). La masse du soleil, qui est de 1,96 X 1027 tonnes, perd par radiation 4 millions de tonnes par seconde. Sa température, qui a dû autrefois atteindre 8.000° n'est plus que de 6.000°. Son diamètre actuel n'est plus que le 1/62,3 du diamètre, primitif. D'après la loi des distances planétaires, les planètes, à l'origine, devaient être de 1/10 plus rapprochées du soleil. D'après des calculs théoriques, l'auteur fixe à 330 millions d'années l'âge du système solaire actuel — le même pour toutes les planètes. L'existence des roches radioactives donnerait un chiffre différent, atteignant 1.500 millions d'années. Ce peut être l'âge de la nébuleuse, mais non celui de la terre, qui n'a capté qu'à sa surface, en traversant la nébuleuse, ces éléments radioactifs. Mais l'âge du soleil peut être évalué à 10 fois Celui des planètes, soit à plus de 3 milliards d'années.

THÉRAPEUTIQUE. Pouvoir antirachitique de l'huile de foie de morue (MM. Lesné et Simon). A été admis à titre purement empirique, et d'ailleurs discuté. Expériences comparatives sur des rats traités avec cette huile, comparativement avec des témoins traités par huiles végétales, dont l'effet est nul. Les effets des huiles de foie de morue sont variables suivant leur nature et leur préparation ; il faut les « essayer » dans le rachitisme expérimental, car les réactions chimiques connues ne révèlent rien. L'action des rayons ultra-violets leur est supérieure.

Ouvrages offerts.— Par leurs auteurs : Pierre Boilletot, de M. de la Perrière et Bar-sur-Seine au XVIIe siècle, de M. Piétresson de SaintAubin (Extraits de l'Annuaire de l'Aube, 1926) ; Supports de vases, en pierre et en terre cuite de l'époque gallo-romaine, de M. H. Lorimy, président de la Société Archéologique et Historique du Châtillonnais, l'un de nos membres correspondants (Extrait du Bulletin Archéologique, 1924).

Par M. Jean Régné, archiviste départemental de l'Ardèche : La vie économique et les classes sociales en Vivarais au lendemain de la guerre de Cent ans (Renvoyé pour compte-rendu à M. Piétresson de Saint-Aubin) — Remerciements aux donateurs.

Mémoires de 1925. — M. Hennequin, secrétaire, soumet à la ratification de l'assemblée, les propositions adoptées dans sa dernière réunion par la Commission de publication relativement à la composition du volume des Mémoires de 1925,. savoir : Discours d'usage — Rapport et pièces couronnées au dernier concours de poésie Des Guerrois — L'industrie de l'émail aux époques gauloise et galloromaine et les objets émaillés du Musée de Troyes, notice de M. Drioton — Les Siret et les Raisin de M. Morin et Nicolas de Hault, maire de Troyes sous la Ligue (1re partie tout au moins) de M. de la Perrière, lectures faites à la séance publique — Adopté.


328 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

16 Juillet 1926. — Présidence de M. Henry Babeau, Président.

— Présents : MM. H. Babeau, Hennequin, Perret, Morin, Piétresson de Saint-Aubin, abbé Brusson, Surchamp, Rossignol, de la Boullaye, Mathieu, Bauer, de la Perrière, Vauthier, Guyot, Dr Biaise, DurrantSoyer, Guille, Patenôtre, Gérard, membres résidants ; abbé Gondé, abbé Chané, Groley, Plauche-Gillon, Martinot, Bourgeois, membres associés. —Excusés : MM. Perdrizet et J. Babeau.

Communications et Correspondance. — Admission. —M. Gavelle. directeur de l'école des Beaux-Arts de Lille, remercie la Société et s'engage à participer à ses travaux ; il esti en Conséquence, proclame membre correspondant.

Décès. — Démission. M. le Président fait part du récent décès de M. Edmond Mérendet, membre associé depuis 1891 ; il envoie à la famille de notre regretté collègue les condoléances de la Société.

M. le Président donne ensuite lecture de la lettre par laquelle M. Rossignol, Inspecteur d'Académie, qui prend sa retraite, donne sa démission de membre résidant, en s'excusant de n'avoir pu, à cause de ses occupations professionnelles, prendre aux travaux de la Société une part aussi active qu'il aurait désiré le faire. L'assemblée, qui garde le souvenir de plusieurs intéressantes communications économiques et démographiques de notre sympathique collègue, encore présent à cette séance, s'associe unanimement aux regrets de le voir quitter Troyes si tôt et aux voeux pour le succès de son apostolat en faveur des familles nombreuses que lui adresse M. le Président.

Distinctions. M. le Président adresse à M. le Dr Bailleul, membre correspondant, récemment promu officier de la Légion d'honneur et à notre collègue M. Surchamp, dont un ouvrage vient d'être couronné par l'Académie française, les sincères félicitations de la Société.

Legs Lagoguey. Par lettre du 19 juin, M. le Préfet a démandé, pour la décision administrative à intervenir, copie de la délibération d'acceptation par la Société des libéralités testamentaires de M. Lagoguey. Cette copie a été envoyée.

—- MM. Gris et Péchiné sont proposés par la Commission du concours d'art décoratif Piat comme membres adjoints au jury de ce concours (Adopté).

Publications et Travaux des Sociétés correspondantes. —

Mémoires de la Société d'émulation du Doubs (1925) : La presse bisontine sous l'ancien régime, par M. Gaziér. Les anciennes cloches dans le département du Doubs, par M. l'abbé Boiteux — Recueil de l'Académie des Jeux Floraux (Toulouse, 1926) — Mémoires de l'Académie des Sciences de Toulouse (1925) : Les communications radiotélégraphiques et radiotéléphoniques en Allemagne et en France, par M. J. Signorel. Syndicats ouvriers et grèves révolutionnaires dans le Castrais à la fin de l'ancien régime, par M. H. Tournier — Revue historique et archéologique du Maine (1925) : Les peintures de l'Oratoire du Lude, par le Dr Candé (remarquable décoration italienne du XVIe siècle, attribuée à Jean d'Udine qui fut le collaborateur de Raphaël, découverte sous un camouflage de protection générale exécuté en 1791 pour en masquer les parties armoriées) ■— Bulletin de l'Auvergne ou de l'Académie de Clermont-Ferrand (juin 1926) : Discours de M. Camille Julliau, de l'Académie française, à une; séance de la Commission du Vieux-Paris, sur les noms des rues : «... le


PENDANT L'ANNÉE 1926 329

nom d'une rue est comme celui d'une ville, comme celui d'une famille; il est l'oeuvre du temps qui l'a façonné pour celle qui le porte ; il ne nous! appartient plus... » — Académie d'Agriculture de France (juin 1926) : Les appellations d'origine des produits agricoles, par M. Capus (résumé de l'état de la questiori de ces appellations concluant à la nécessité de modifier la loi du 6 mai 1919) — Office régional agricole de l'Est (Bull, de juin 1926) : L'agriculture dans la Marne en 1926.

Communications et Comptes-rendus — M. le la Perrière lit une notice sur Jamerey Du Val (1695-1775), originaire d'Arthonay (Yonne), ancien village du bailliage de Troyes. Ce savant, valet de ferme dans sa jeunesse, après s'être instruit seul, devint bibliothécaire du duc de Lorraine, professeur d'histoire, de géographie et d'antiquités à l'Académie de Lunéville, d'où il suivit, en qualité de bibliothécaire, à Florence puis à Vienne, son maître devenu duc de Toscane et ensuite empereur d'Allemagne. On lui doit la publication, en 1756 et 1759, des grands catalogues numismatiques qui conservent le souvenir des collections de cet Empereur ; son Traité des Médailles, composé à cette époque, est malheureusement perdu. Jamerey Du Val joignait à l'érudition une grande bienfaisance dont son village et sa famille ont reçu des preuves qu'on trouve consignées dans la notice en question. (En fin de séance, le travail de M. de la Perrière a été renvoyé à la Commission de publication).

— M. Piétresson de Saint-Aubin, archiviste départemental, rend compte d'une étude très détaillée sur la vie économique et les classes sociales en Vivarais au lendemain de la guerre de cent ans, oeuvre et don de son collègue M. J. Régné, archiviste de l'Ardèche. Ce travail tire sa principale documentation d'une précieuse enquête cadastrale faite dans ce pays, en 1564, par les autorités locales sous la direction des gens du roi. La découverte d'un document aussi complet concernant notre région fournirait d'utiles indications comparatives.

M. Piétresson signale en outre, dans la Revue d'histoire de l'Eglise de France (n° d'avril-juin 1926), la partie de l'article de M. le chanoine Carrière, relative aux Grèves de décimables au XVIe siècle. Dans les cas de refus de dîmes qui se multiplièrent alors, l'auteur Se demande s'il faut toujours voir des actes de huguenoterie et compter les révoltés au nombre des ralliés à la Réforme. Il cite in-extenso, à ce propos, un arrêt du Parlement de Paris de juin 1567 rendu à la requête du curé de La Motte Tilly, fief dont le seigneur, Jean Ragnier, était converti à la Réforme. Ce document et son commentaire complètent en un petit point la notice historique sur l'ancienne seigneurie de La Motte-Tilly de notre collègue M. Ch.-P. Léger, publiée dans le volume des Mémoires de la Société Académique de 1923.

— A l'occasion du violent orage qui éclata au-dessus de Troyes le 15 juillet 1926, M. Vauthier donne sur les effets de la foudre d'instructives indications. Il signale : 1° le danger de juxtaposer les distributions de lumière ou de sonnerie électrique aux canalisations de gaz (fils et tuyaux passant par le même trou) ; 2° le peu d'utilité pratique de la fermeture de l'interrupteur principal (les appareils de distribution intérieure étant établis en prévision d'un courant de 110 à 120 volts, alors que le voltage de la foudre — encore inexactement connu — est évalué à un million de volts) ; 3° utilité de la fermeture des fenêtres, le verre des vitres offrant une protection qui peut être efficace : 4° effets particulièrement favorables des temps orageux sur la


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végétation, par la création d'azotate d'ammoniaque qui est un fertilisant puissant et d'ozone dont le rôle ne paraît pas non plus, néglir geable.

M. Vauthier analyse ensuite quelques comptes-rendus des travaux de l'Académie des Sciences :

PHYSIOLOGIE. Effets protecteurs des injctions salines préalables sur l'anesfhésie chloroformique (MM. Richet et Lassablièrè). Une injection suffisante de chlorure de sodium empêche la syncope cardiaque, cause de mort. Expériences sur des chiens, qui peuvent supporter, sans accident, six fois plus de chloroforme. Mais l'anesthésie est plus lente.

AVIATION. Approvisionnement des avions en oxygène (M. Garsâux). Masque respiratoire des aviateurs alimenté par des bouteilles d'oxy- ■- gène à 150 atmosphères, à écoulement automatique d'après l'altitude. L'oxygène employé à l'état liquide permet d'employer des bouteilles . genre « thermos », d'un poids.dix fois moindre. On peut supporter ainsi une dépression correspondant à l'altitude de 13.300 mètres.

MOTEURS A EXPLOSIONS. Effet retardateur d'inflammation produit par les corps dits antidétonnants (M. Dumanois). La proportion nécessaire est infime (1/1.000e en volume), le corps augmentant le temps nécessaire à l'allumage (de 1/200e de seconde), sans augmenter, d'après l'auteur, la température d'inflammation. Le corps employé, qu'on pourrait plutôt appeler retardateur d'allumage, est le plomb tétraéthyl, à la dose de 1/1.000e.

MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. Vaccin aitirabique formolé (M. Plantureux).. Les procédés de traitement de la rage, d'un effet d'ailleurs prouvé, exigent un grand nombre d'injections et la présence prolongée dans un Institut antirabique, ce qui les rend inapplicables en médecine vétérinaire. L'auteur a employé avec succès les vaccins au formol (à 1/21.000°); en opérant sur des chiens, des lapins. A titre préventif, le résultat est d'autant plus assuré qu'on multiplie davantage le nombre des injections en les espaçant. A titre thérapeutique, on doit aller plus vite, 4 inoculations suffisent, à 2 ou 3 jours d'intervalle.

BIOLOGIE. Magasins de réserve du campagnol des champs. Cet animal (microtus arvalis), par sa pullulation formidable, constitue ' pour l'agriculture un redoutable fléau. On a observé des magasins de réserve constitués par lui, d'une importance, relativement très grande (jusqu'à 3 kilogr.) et comprenant de la gernotte, sorte d'avoine sauvage, .des graines de légumineuses (sainfoin), et beaucoup d'autres* d'une conservation parfaite tout l'hiver. L'existence des friches et;le développement des mauvaises herbes à rhizomes, à bulbes ou à racines pivotantes sont éminemment favorables à la multiplication de ces animaux qui, cela est à remarquer, en font une consommation très supérieure à celle du grain proprement dit.

Musée. ■— M. Mathieu donne lecture des objets entrés au Musée au cours du deuxième trimestre de 1926 et enregistrés sous les nos 2016 à 2019. L'Assemblée décide d'accepter ces dons et remercie les donateurs, en particulier M. Eusëbe Gréau, membre correspondant j pour la collection de clichés photographiques représentant l'ensemble des anciens fossés et remparts de la ville de Troyes, collection constituée par M. Julien Gréau, son père, ancien membre résidant et bienfaiteur du Musée.

M. Henry Babeau rend compte des objets achetés pour la section des


PENDANT L'ANNÉE 1926 331

arts décoratifs sur le crédit de la fondation de Mme Piat-Pollet ; il fait part des conditions très avantageuses auxquelles M. Lalique a bien voulu consentir la cession en faveur du Musée de ceux de ces objets provenant de ses ateliers. L'assiemblée ratifie ces acquisitions et remercie M. Lalique de sa générosité.

17 Septembre 1926. — Présidence de M. Henry Babeau, président. — Présents : MM. H. Babeau, Perdrizet, Hennequin, Morin, J. Babeau, abbé Brusson, Bauer, de la Perrière, Mathieu, Vachette, Cabat, Vauthier, Durrant-Soyer, L. Royer, Patenôtre, membres résidants ; abbé Bernard, Martinot, Bourgeois, Leprince-Ringuet, Groley, membres associés — Excusés : MM. Perret, Tremblot et Guyot.

Correspondance. — Legs Lagoguey. M. le Président donne connaissance : 1° de l'arrêté préfectoral en date du 23 juillet 1926, aux termes duquel la Société est autorisée à accepter, aux Clauses et conditions ■ indiquées dans le testament, le legs de valeurs et d'objets mobiliers' à elle fait par M. Lagoguey ; 2° d'une lettre de Me Martin, notaire; relative à la décharge de ce legs qui peut maintenant être donnée.

Publications et travaux des Sociétés correspondantes. — Annales de la Société historique et archéologique de Château-Thierry (1922-1925) : Au cours de guerre, par M. Haudot (souvenirs d'histoire locale). Les vieux marteaux de portes à Château-Thierry, par M. Riboulot. « Les heurtoirs, y lit-on, ont été utilisés dès l'antiquité ; mais c'est surtout à partir du moyen-âge qu'ils ont pris l'aspect qu'on leur connaît. Les plus anciens modèles seraient ceux avec mufle de lion en bronze et anneau en fer. Ces anneaux facilitaient le tirage des vantaux, de plus ils constituaient un signe d'asile ; pour requérir l'asile, il suffisait de saisir l'anneau suspendu aux portes de certaines églises ou maisons seigneuriales ». Les cloches du canton de Château-Thierry, par M. Riomet (Renvoyé à M; Martinot) — Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie (1926, n° 1) : Armes de fouilles découvertes - près de Crécy (lieu de la bataille de 1346), par M. de Franqueville. Requête au roi par les filles du comté de Ponthieu (1770), pour la réformation de la coutume locale qui les maintenait presque toutes dans le célibat ; oeuvre fantaisiste et de légère satire commentée par M. Hluguet — Bulletin philologique et historique du Ministère de l'Instruction Publique (1924) : Le nom de « Bar » et ses dérivés, par M. Davillé. Ce nom assez répandu dans toutes les régions de la France, désigne d'ordinaire des localités voisines d'une élévation de terre et en étroit rapport avec elle. Etudes de toponymie, par M. Berthoud (au § II, allusion dans l'Aube à un lieu habité disparu, du nom de Aqueranda, près de Fouchères, sur la limite des Tricasses et des Lingons) — Mémoires de l'Académie d'Arras (1926) : Influence de certains livres au point de vue social, par M. le chanoine Vergneau. L'auteur cite notamment la Satire ménippée (de Pithou, Chrestien, Passerat, tous trois champenois, et d'autres) qui fut lue avec assiduité et fit pencher l'opinion publique en faveur de Henri IV ■— Revue Mabillon : Charles et Bulles de Clairvaux (suite); par notre collègue M. le chanoine Prévost — Académie d'Agriculture de France (juillet 1926) : Le zinc dans le blé, par M. Bertaud. Ce métal est toujours présent dans le grain de blé, surtout dans le germe de ce grain, et par


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conséquent dans la farine ; celle-ci renferme aussi du manganèse.:Les quantités infinitésimales de ces métaux sont utiles, même nécessaires, pour l'accomplissement des phénomènes biochimiques de la nutition humaine.

Comptes-rendus. — M. de la Perrière fait un vivant compte-rendu - de l'étude de M. Pierre Boyé sur la Cour polonaise de Lunéville, partie dans les Mémoires de la Société d'Archéologie lorraine (vol. de 192325). Dans cette étude, l'auteur montre, contrairement à l'opinion admise par les historiens locaux, la survivance de l'esprit polonais et des affections polonaises chez Stanislas Leckzynski, qui ne cessa d'espérer une restauration dans le pays dont il avait été un instant le souverain électif. Après avoir longuement étudié la famille de Stanislas et passé en revue les personnes de sa maison, M. Boyé consacre Un chapitre à la brillante Ecole des Cadets polonais, qu'on appelait « l'Académie », puis un autre aux hôtes et aux visiteurs polonais de la cour de Lunéville ; un dernier enfin à l'éparpillement de l'entourage de Stanislas après sa mort en février 1766. Ouvrage, conclut son analyste, fertile en rapprochements intéressants pour la politique et l'histoire, rédigé par un savant qui manie notre langue en écrivain de race.

— M. Vauthier résume ensuite quelques comptes-rendus des travaux, de l'Académie des Sciences :

ASTRONOMIE. Loi des orages magnétiques terrestres, correspondant aux régions actives du soleil (M. Deslandres), C'est une loi simple : 3 couches jalonnées par 6 méridiens solaires équidistants, à 60°, tantôt actives, tantôt inertes. Retard de l'émission par rapport au passage au méridien : environ 45 heures. La succession des orages correspond à des multiples de 60°, 30°, 15°. Rayonnement corpusculaire du soleil. Période solaire undécennale.

PHYSIOLOGIE. Effets protecteurs du chloralose sur l'anesthésie chloroformique (MM. Ch. Richet et Lassabière). Le chloralose ne facilite pas l'anesthésie, au contraire, mais il empêche l'intoxication des ganglions du coeur, en les tonifiant. Dose, pour des chiens : 0 gr. 05 par kilo ; pour l'homme : 0 gr. 50 au total. On supprimerait par là le danger de syncope cardiaque.

CHIMIOTHÉRAPIE. Action du nickel et du cobalt sur le diabète. C'est le pancréas qui contient ces métaux à la teneur la plus' élevée. Les solutions incorporées à. du blanc d'oeuf ou à du sérum ne produisent aucun inconvénient, aucune douleur et se résorbent bien. Dose très faible : 0 mg 1 par centimètre cube. Résultats non encore assurés, mais encourageants ; expériences à poursuivre.

BIOLOGIE. Prolongation de la vie chez les papillons décapités (M. Camboué). Fait connu pour les insectes, qui s'explique par la faible importance, dans leur organisme, des ganglions cérébroïdes. L'auteur a étudié spécialement un papillon de Madagascar qui, décapité, a vécu plus longtemps (de 50 à 100 %) que la normale !

PSYCHOLOGIE ANIMALE. Intelligence des araignées. (M. Roussy). L'auteur a observé dans le plus grand détail des faits troublants de là part des araignées dans l'établissement de leurs toiles : emploi de fils à plomb pour assurer la verticalité, raccourcissement opportun du fil, etc., ne pouvant s'expliquer par un instinct aveugle toujours, le même. Une araignée de 5 cgr, arrivait à soulever 27 egr.


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ECONOMIE RURALE. Destruction des campagnols par le virus de Danysz. On sait les dégâts considérables occasionnés par la pullulation de ces animaux. En Normandie, on les a combattus avec succès au moyen d'jm virus fourni par l'Institut Pasteur. Ce. virus est très actif ; lors des labours profonds de contrôle exécutés 15 jours après le traitement, il n'est pas rare de trouver jusqu'à 12, 18 et même 24 animaux morts dans le même gîte. La mort survient soit par ingestion de grain empoisonné ou d'aliments souillés, soit par simple cohabitation, ou encore par sonsommation d'animaux malades ou morts. (N.-B. Voir à ce sujet, la communication de M. Régnier, directeur de la station entomologique de Rouen, sur le Bull, de la Soc. des Amis des Se. nat. de Rouen (1924-25, p. 25).

MÉDECINE. Immunité antitétanique chez le nouveau-né. On a expérimenté d'abord sur des lapins, par injections sous-cutanées d'anatoxine tétanique; on a injecté aussi des lapines en cours de gestation, et après la mise bas, l'immunité antitétanique acquise est capable de neutraliser 2.000 fois la dose tétanique mortelle pour un cobaye. Cette immunité est transmise aux petits, mais sous forme passive ; pour l'active, il faut l'injection directe, plus efficace que celle due à l'ingestion. On a essayé alors, et avec succès, l'injection d'anatoxine tétanique sur des femmes et des enfants (tétanos d'origine ombilicale dans certaines contrées d'Afrique).

CHIMIE AGRICOLE. Méthodes chimiques de détermination du besoin d'engrais azotés et potassiques dans les sols agricoles (M. Némec). L'auteur, par des expériences ahsolument précises, a déterminé, pour chaque espèce de plantes de grande culture, la proportion limite d'azote nitrique et de potasse, indiquant si le sol a, ou non, besoin d'engrais de cette nature ; il a déterminé également l'augmentation de rendement obtenu par leur emploi.

Ouvrages offerts. — Variétés historiques sur la Champagne méridionale (4° série), par M. A. Roserot — La tuberculose chez les bovins et son diagnostic par la tuberculine, par M. Declaude, docteur-vétérinaire (renvoyé à M. Guille) :— Deux nouveaux volumes des OEuvres posthumes de M. Ch. Des Guerrois : La vie et les lettres de John Keats et Vaillamment.

Musée. — Sur la proposition de M. le Président, MM. Mathieu et Bauer reçoivent mission de faire une nouvelle démarche auprès de M. le Maire en vue d'obtenir la mise à la disposition de la Société pour l'agrandissement de la secticoe archéologique du local contigu aux salles d'art décoratif.

15 Octobre 1926. — Présidence de M. Henry Babeau, président.

— Présents : MM. H. Babeau, Perdrizet, Hennequin, Perret, Morin, J. Babeau, Guille, L. Royer, Durrant-Sojyr, Guyot, Vauthier, Vachette, Mathieu, de la Boullaye, Bauer, de la Perrière, abbés Brusson et Prévost, membres résidants ; abbé Bernard, Martinot, Bourgeois, Gris, Oury, Groley, membres associés ; A. Babeau, membre correspondant. — Excusés : MM. Tremblot, Drioton, Piétresson, Dr Blaise.

Publications et Travaux des. Sociétés correspondantes, — Bulletin du Musée historique de Mulhouse (1925) : Les avocats (Fùrs-


334 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

precher) à Mulhouse aux XVe et XVIe siècles, par. M. Moëder - Bulletin du Comité des travaux historiques et scientifiques du Ministère (Section des Sciences économiques et sociales) (1928) -.L'Assistance de l'enfance dans le Puy de Dôme au XVIIIe siècle, par M. Blin. Aménagement du territoire des villes anglaises, par MM. Rendu et Cacheux. Une théorie nouvelle de l'imprévision fondée sur l'article 1150 du Code Civil, par M. Fyot. L'évolution de la pensée allemande au XIXe siècle, par M. Georges Blondel — Mémoires de la Société d'émulation de Cambrai (tome 53 ; 1926) : Les procès-verbaux du garde de Troisvilles en 1789, par le Dr Dalbiez — L'Apiculteur (octobre 1926) : Observations et expériences sur les abeilles, par M. Lataste — Revue du Comice agricole, de l'Aube : (n° du 17 septembre 1926) Constitution de la Caisse d'allocations familiales des Agriculteurs de l'Aube. (n° du 1er octobre) Protégeons nos blés contre les corbeaux, par M. J. Carré (Renseignements sur les espèces de corbeaux observés dans l'Aube et sur leurs méfaits).

Communications et Comptes-rendus, — M. Vauthier donne lecture d'une notice intitulée : De l'erreur économique de la fixation des salaires d'après les « indices » du coût de la vie, notice dont il est l'auteur et dont voici, de sa main, le résumé :

« Les deux questions du coût de la vie et du chiffre des salaires sont liées d'une façon évidente. Une idée simpliste, mais fausse, est de les faire varier proportionnellement. Il en résulte que le salarié ne souffrant en rien de l'élévation des prix n'a aucune raison de restreindre sa consommation. Or, en vertu de la loi générale de l'offre et de la demande, les prix dans ces conditions ne pourront baisser : et si, pour d'autres motifs, ils montent, l'élévation qui en résultera pour les salaires, partie importante du prix de revient, les fera monter encore, et ainsi de suite. On est conduit ainsi, par cette erreur de méthode •— qui ne tient pas compte du prix de revient indéfiniment croissant et rendant toute production impossible — à créer un véritable cercle vicieux, générateur d'une situation économique redoutable dans un avenir prochain, et qui s'appelle le chômage et la misère.

« On eût dû après la grande guerre, tant destructive de richesses, produire plus et dépenser moins. On a fait tout le contraire, notamment par la loi de huit heures, qui n'est guère appliquée strictement qu'en France. La conséquence naturelle a été la hausse énorme des salaires qui nous mène à des extrémités paradoxales. A ce principe faux, on a donné une consécration officielle, par la création des Commissions paritaires chargées de déterminer les prix de toutes choses ou « indices », et de donner par là une base solide aux revendications des salariés, dont la demande au marché ne diminuant pas, . est une cause de hausse indéfinie.

« Il est à remarquer que les graphiques des prix de gros et de détail indiquent des variations nettement « décalées dans le temps ». Il en résulte que, au grand étonnement de quelques-uns, les prix de gros peuvent baisser, alors que les prix de détail continuent à monter.

« On remarque aussi, dans les graphiques, qu'alors que les prix en monnaie saine, à l'étranger, ont monté d'environ 160 % depuis 12 ans, en France, ils sont revenus, exprimés en or, à la parité des prix d'avant-guerre, ce qui prouve à l'évidence que c'est le franc qui a baissé, et non les prix qui ont monté.


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« Cette question est, dans le domaine économique, un cas particulier d'une loi tout à fait générale, et qu'on constate dans un grand nombre de phénomènes physiques, la loi de l'équilibre dynamique. Lorsqu'une force agit et produit certains effets, il résulte de ces effets .eux-mêmes une force antagoniste qui s'oppose à la première et tend à en arrêter les effets, à la façon d'un frein automatique. Dans notre cas, si le consommateur ne souffre pas de la hausse des prix, puisque son revenu leur est proportionnel, il ne se restreint pas, la loi est faussée, car le frein manque. C'est tellement vrai qu'on n'a pas pu, dans les faits, conserver' la proportionnalité ; et les indices sont devenus une simple base sur laquelle s'appuient les intéressés, mais qui ne les empêche pas de discuter, comme précédemment le taux des salaires, de gré à gré, dans des conditions plus éloignées toutefois de la véritable loi économique.

« Le défaut économique grave aurait apparu beaucoup plus tôt s'il n'y avait que des salariés, et si d'autres consommateurs non salarié,», et qui eux souffrent cruellement, ne servaient en quelque sorte « d'amortisseurs », pour enrayer par leurs restrictions forcées et excessives, la hausse exagérée des prix. C'est là une situation véritablement injuste, anormale, intolérable, et qui doit cesser ».

— M. Martinot rend compte de deux études campanaires, publiées' : l'une, par M. l'abbé Boiteux, sur les cloches du département du Doubs antérieures à 1700 (Mémoires de la Société d'émulation de Besançon) ; l'autre, par M. Riomet, sur toutes les cloches existant dans le canton de Château-Thierry (Annales de la Société historique de cette ville). Ces deux travaux apportent quelques documents intéressants pour un art. encore peu étudié. Le rapporteur s'élève, avec M. l'abbé Boiteux, contre les curés ignorants de cet art qui n'hésitent pas à faire fondre une belle cloche ancienne pour en avoir deux nouvelles plus faciles à sonner et. contre certains fondeurs modernes, qui, faute de savoir mettre leurs cloches à l'unisson des vieilles, abîment celles-ci en allant parfois jusqu'à les passer au tour.

— M. Hennequin, après une visite des membres présents aux Salles de peinture, fait un exposé des conditions dans lesquelles sont entrées en 1833 à Saint-Loup les toiles provenant du cabinet de M. Morlot, qui ont constitué la majeure partie, du premier fond de la galerie de tableaux du Musée.

De celles que M. Morlot avait primitivement léguées à la Ville de Troyes au nombre de près de cinquante, il ne reste que la moitié à peine, dont les meilleures. Dans la moitié disparue, une douzaine de tableaux médiocres furent mis autrefois en vente publique ; il en est résulté quelques erreurs dans les indications d'origine mentionnées aux derniers catalogues. Tel tableau attribué à la libéralité de M. Morlot a, par exemple, été acheté par la Société Académique ; il est en conséquence sa propriété et non celle de la Ville comme les autres. Peintre amateur, M. Morlot, par modestie, n'a compris dans son legs aucune de ses productions ; par contre, le Musée de Troyes lui doit d'être plus riche que tout autre, même que celui de Langres, en oeuvres du peintre langrois du XVIIe siècle, R. Tassel. M. Morlot, originaire lui-même de Langres, avait été professeur de dessin dans cette ville pendant plus de 20 ans ; relevé de ses fonctions en 1816, il était venu se retirer à Troyes, où il mourut dans sa 74e année, 15


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ans plus fard. Le généreux fondateur de notre Musée de peinture n'était qu'un Troyen d'adoption.

Manuscrit déposé. — M. Piétresson de Saint-Aubin a fait parvenir à M. le Président, en vue de son insertion dans les Mémoires, un travail sur La Juridiction consulaire de Troyes (sa composition, son fonctionnement, sa compétence et son ressort), travail lu au Congrès des Sociétés savantes, à Paris, en 1925, par notre collègue. Ce dernier estime qu'il serait possible d'obtenir, pour l'impression d'une étude locale et neuve sur une institution encore mal connue en France, une subvention du Ministère et peut-être aussi de la Chambre de Commerce de Troyes. M. le Président veut bien se charger d'engager les négociations préparatoires nécessaires. (En fin de séance, l'Assemblée a décidé qu'ily avait lieu de prendre en considération la demande de l'auteur. Renvoi au Comité de publication).

Concours d'Art décoratif de 1826. — M. Mathieu lit le procèsverbal des opérations de la Commission et du Jury relatives à ce concours. Le Jury conclut à l'attribution de la bourse de 6.000 francs, fondée par Mmo Piat, née Pollet, au, candidat n° 8, Après examen des travaux des concurrents, l'Assemblée ratifie cette décision. L'ouverture par M. le Président du pli cacheté contenant les noms des concurrents a fait connaître que le n° 8, lauréat du concours, bénéficiaire de la bourse pour l'année 1926-1927, était M. Bernard Milleret, élève peintre, à Sainte-Savine.

Musée.— M. Mathieu donne lecture de la liste des objets entrés au Musée pendant le 3e trimestre de 1926 par suite de dons enregistrés sous les nos 2021 à 2023. L'Assemblée décide d'accepter ces dons ; elle adresse ses remerciements aux donateurs.

Présentations.— MM. de Riencoùrt de Longpré (Patrice), au château de Charmont, et Gatouillat (Aimé), instituteur à Bercenay-enOthe, sont présentés comme membres associés. Le scrutin d'élection aiira lieu à la séance de novembre.

Jetons de présence. — M. le Président donne connaissance de la proposition que le Conseil d'administration, dans sa réunion du 29 septembre dernier, a décidé de présenter à l'Assemblée relativement aux jetons de présence, dont le stock se trouve presque épuisé.

Le jeton en argent coûte maintenant très cher ; sa valeur intrinsèque est hors de proportion avec son taux de reprise ; l'intérêt des finances de la Société exige en conséquence, dans les circonstances actuelles, le retour provisoire à une distribution de jetons en bronze pour les Assemblées autres que l'Assemblée générale réglementaire de fin d'année. Tous les jetons continueront d'être repris par le Trésorier pour trois francs, comme par le passé.

Cette proposition mise aux voix est adoptée, après discussion, à la majorité.

19 Novembre 1926.— Présidence de M. Henry Babeau, président. — Présents : MM. H. Babeau, Perdrizet, Hennequin, Morin, J. Babeau, Huot, Durrant-Soyer, Guyot, Doé, Vachette, Mathieu, Drioton, de la Boullaye, abbé Prévost, abbé Brusson, Piétresson de Saint-Aubin, Vauthier, Tremblot, Dr Biaise, membres résidants ; Martinot, G. Samuel,


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abbé Gondé, Bourgeois, membres associés. — Excusés : MM. Perret, Patenôtre, Surchamp, L. Royer, de la Perrière.

Correspondance et Communications. — Admissions. MM. Herbin et P. Maùehauffée ayant souscrit aux conditions des Statuts, sont proclamés membres' associés.

Démission. M. le Président donne lecture de la lettre par laquelle M. Perret, obligé à la suite d'une opération de prendre un repos assez long, donne sa démission des fonctions de Secrétaire-adjoint, L'assemblée s'associe avec sympathie aux voeux d'un complet rétablissement prochain et aux remerciements pour le concours prêté au Bureau par notre collègue qui lui sont adressés par M. le Président.

Une démarche sera faite auprès de M. Perret avec l'espoir que sa détermination, subordonnée à son état de santé, n'est pas définitive.

Changement de Section. La Section des Lettres, par délibération de ce jour, ayant agréé la demande faite par M. de la Perrière de passer dans cette section, en remplacement de M. Rossignol, démissionnaire, M. le Président en informe l'assemblée et déclare que M. de la Perrière quitte la Section des Arts pour faire désormais partie de celle des lettres.

Publications et Travaux des Sociétés Correspondantes. — Polybiblion (sept.-oct. 1926) : Mention du volume de, nos Mémoires de 1924 — Revue Mahillon (oct.-déc. 1926) : Recueil des Chartes et Bulles de Clairvaux (Suite), de notre Collègue M. le chanoine Prévost ■— Académie de Reims (1925-26) : 1, Les Serfs de Saint-Remi de Reims, par M. G. Robert. 2, Le Cimetière de.,Porte Mars à Reims (1786-1891), par M. Sarazin. 3, Etat des fiefs du Bailliage de Troyes, par M. le comte François Chandon de Briailles, membre correspondant de l'Ac. de Reims (et membre associé de la. Soc. Académique) ; ce document inédit publié avec des notes est particulièrement intéressant pour nôtre région!. (Renvoyé à M. de la Perrière pour compte-rendu) — Bulletin de la Soc. arch. et. hist. de Nantes (1925) : 1, Notes sur J. Fouché, par M. Barthélémy, d'après les papiers des Archives de la Loiret-Inférieure qui le concernent et qui ont échappé à l'enlèvement ordonné par lui lorsqu'il était ministre de la Police. 2; La Préhistoire dans l'arrondissement d'Ancenis, par M. du Plessix — Mémiores de la Soc. d'Emulation du Jura (1925) : Sépultures néolithiques sous tumulus dans la région de Dole (Renvoyé à M. Drioton) — Académie d'agriculture de France : (6 oct. 1926) La récolte du blé en 1926, par M. Brétignière ; (13 oct.) Les progrès réalisés en un demi-siècle dans la culture du blé en France (Exemple d'une grande ferme du Soissonnais), par M. Çaziot ; (13 oct.) La production laitière actuelle, par M. H. Girard — Revue du Comice agricole de l'Aube (5 nov. 1926) L'appellation « Champagne » de 1908 à 1926, article dans lequel M. Chappaz, Inspecteur général. de l'Agriculture, résume les phases par lesquelles est passée la délimitation viticole de la Champagne depuis 15 ans.

Communications et Comptes-rendus. — M. Perdrizet rend compte d'une étude très intéressante et très documentée de « géographie botanique », de « sociologie végétale », due à M. le professeur Issler ef parue dans le Bull, de la Soc. d'Hist. naturelle de Colmar (tome XVII). Ce mémoire traite des Associations végétales des Vosges méridionales et de la Plaine Rhénane. L'analyse de M. Perdrizet met

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en lumière le rôle considérable des facteurs climatériques, édaphiques et biotiques dont la réunion constitue les conditions du milieu auxquelles répondent les groupements naturels en associations végétales de la région étudiée. Elle montre combien le mémoire de ce professeur est instructif pour le forestier qui, à la seule inspection du tapis végétal, peut souvent constater si la forêt qu'il administre est en bon état de production, en voie d'amélioration ou menacée de diminution dans sou rendement.

— M. Jules Babeau donne lecture d'un rapport sur l'ouvrage de notre collègue M. de la Fuye et de MM. d'Applaincourt, de Kermadec et de. Broissia sur La Bécasse à grande quête, élégamment présenté comme un « roman des quatre», dont la forme doit plaire même à qui ne s'intéresserait guère au fond. Elle est, pour M. de la Fuye, le meilleur terrain. Dans la, partie qu'il a traitée, on peut voir la plume aussi bien maniée que le fusil; les traits d'esprit y partent en coups de feu et certains tableaux descriptifs valent des tableaux de chasse. Au résumé, un livre de plus de l'auteur à mettre en bonne place dans les bibliothèques de chasse.

D'une longue étude de M. Morael sur La colonisation française en Afrique du Nord (Algérie et Maroc), publiée par la Société Dunkérquoise des Sciences, Arts, et Lettres, M. Tremblot fait ensuite Une analyse d'une précision, d'une clarté et d'un intérêt qui peuvent dispenser de recourir au travail de l'auteur, pour garder en mémoire tout ce qui est à retenir des documents d'ordre économique, géographique, ethnographique, historique et même psychologique mis en oeuvre par M. Morael avec le talent d'un fin lettre et l'expérience d'un observateur sagace ne parlant que de ce qu'il a vu.

Son étude, dans laquelle il compare deux méthodes de colonisation française, l'algérienne et la marocaine, est divisée en 4 parties; il y traité : de la terre et des hommes — des villes et de la colonisation urbaine — des campagnes et de la colonisation rurale — enfin du problème ethnographique africain, dont l'importance est capitale pour la France, car « dans un demi-siècle, il y aura en Afrique du Nord plus de Berbères ou d'Arabes plus ou, moins berbérisés qu'ils n'y aura de Français en France et leur sol ne pourra pas les nourrir (Lyautey) ».

— Au sujet de l'important travail rédigé de première main d'après des documents, des Archives de l'Aube par notre collègue M. Piétresson de Saint-Aubin sur 'l'institution de la « Juridiction consulaire de Troyes », M. Hennequin rappelle qu'il pensa rendre service à l'auteur en lui signalant l'erreur une fois de plus reproduite dans sa savante étude, d'après la « Statistique monumentale de l'Aube » relativement à la Maison de la Juridiction consulaire : maison que Ch. Fiehot a vue le premier, d'imagination, dans celle qui existe encore à gauche de l'Hôtel de Ville de Troyes. M. Hennequin donne lecture d'une note démontrant cette erreur, notamment par un texte du temps échappé aux recherches de notre collègue, dans lequel il est dit que « pour la « construction de l'hôtel de ville (actuel), il avait été nécessaire « d'abattre le logis où se tenaient les audiences de la dite juridiction « (consulaire), lequel lui appartenait » (Délibération en Assemblée consulaire du 12 août 1670), M. Hennequin donne également quelques renseignements sur ce qu'était à la fin du XVIIIe siècle cette prétendue " maison consulaire » (simple habitation d'un notaire, Me Bailly,


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lorsqu'elle fut acquise par la ville en remplacement de celle que M. Brunneval avait léguée dans sa rue d'aujourd'hui, pour le service de l'école municipale de dessin) et sur les diverses utilisations de l'immeuble au XIXe siècle.

— M. Piétresson de Saint-Aubin indique ensuite qu'en contrôlant l'exactitude de l'indication précédente, il a été amené à reconnaître l'erreur de Fichot et à retrouver une suite de renseignements' remontant au XII« siècle sur la maison baptisée par Fiehot « maison consulaire ». Cette maison qui ne cessa d'être une demeure particulière, fut d'abord celle dite de « Robert au pied » (entre temps : de « Philippe de Dijon »), puis celle qu'on appela la « maison ou l'hôtel de Notre-Dame » (d'une enseigne représentant la Vierge, remplacée plus tard par une statue de celle-ci, statue visible sur le vitrail de Linard Gontier représentant l'entrée d'Henri IV) ; elle fut habitée successivement et notamment par des; membres des familles Faultrey, de Bleurre, Doé, Bailly ; le notaire de ce nom fut, en 1774, l'un de ses acquéreurs et la céda à la Ville, ainsi qu'il est dit ci-dessus, par des actes de 1778 et 1783.

, Un point d'histoire urbaine se trouve ainsi élucidé et une erreur rectifiée, conclut M. le Président. .

— Sur le mot Igoranda, comme complément aux indications extraites des Etudes de toponymie de M.. Berthoud (Bulletin philologique du Ministère de l'I. P. 1924), et rapportées au procès-verbal de la séance du 17 septembre dernier, M. Piétresson rappelle que ce nom gaulois, d'où dérivent les formes Aqueranna, EwirandA, en français, Ingrande, Guérande, etc., semble signifier « limite d'eau ». IL . se rencontre toujours dans le voisinage des limites des anciens diocèses, qui reproduisirent, comme on le sait, jusqu'à la Révolution, les frontières des nations gauloises. A Aqueranna, cité par M. Berthoud aux environs de Fouchères au XIIe siècle, peuvent être ajoutés trois autres noms analogues : Eweranda, dans la forêt d'Orient, en 1210 ; La Guérande, aujourd'hui La Guéraude, finage de Courtaoult ; La Garaude, près de Pargues, en 1545. Les deux premiers ont été mentionnés par la Revue Archéologique en 1894 ; le troisième est extrait de la collection de notre collègue M. Chandon de Briailles. Tous ces noms désignent des lieux proches des limites du diocèse de Langres et de ceux de Troyes et de Sens.

M. Vauthier analyse ensuite quelques comptes-rendus des travaux de l'Académie des Sciences :

PRÉHISTOIRE. Le gisement néolithique de Glozel (Allier)' (M. Dépéret). Un propriétaire du hameau de Glozel a trouvé en 1914 un riche gisement préhistorique comprenant des tablettes d'argile cuites au feu et couvertes d'une série alignée de signes alphabétiformes, ainsi que des galets roulés portant des gravuresi d'animaux de l'époque, toutes choses complètement inattendues' dans le « néolithique ». D'où discussions très vives, jusqu'à l'accusation de faux ! D'après l'auteur, l'authenticité de ces objets ne souffre aucun doute. Il considère cette découverte comme l'une des plus importantes faites depuis longtemps dans la préhistoire française.

PHYSIQUE DU GLOBE. Dépression atmosphérique produite sous le vent d'un obstacle élevé (MM. Charcot et Idrac). Constatée par le Pourquoi pas ? dans le voisinage immédiat de l'île Jan Mayen, qui est constituée tout entière par un volcan, le Beerenberg, de 2.300 m. Le


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navire, en y cherchant un abri, constata une dépression de 1 m. 8 par un vent de 13 m. 1 et de 2 m. 5 par vent de 18 m. Ce phénomène paraît dû à une forte colonne d'air ascendante sous le vent du Beerenbérg ; on le constate aussi à l'abri d'une meule à parois raides, par exemple. A l'île Mayen, le phénomène, très net, était marqué par un nuage fixe surplombant la zone de calme.

GÈODÉSÎE. Sur une grande opération mondiale, de mesures dé longitudes (M. Ch. Lallement). L'Académie des Sciences a pris en 1920 l'initiative de cette grande opération ayant pour but de déterminer, avec toute l'exactitude permise par les instruments actuels, les longitudes d'un certain nombre de points répartis autour du globe. Elle s'effectue actuellement, en utilisant les ressources de la radiotélégraphie et les procédés les' plus perfectionnés de l'astronomie, et trente nations y prennent part. C'est le général Ferrie qui a arrêté tous les détails du projet.

Les déterminations sont faites par séries de 3 points situées sur le même parallèle, à environ 120°, et constituant un polygone fermé, ce qui permet une vérification rigoureuse des résultats..

On contrôle les heures (dont la différence est précisément la longitude cherchée) par voie raddotélégraphique avec une très grande exactitude. Cela permettra de contrôler si les îles et les continents subissent un déplacement dans le sens Est-Ouest.

PHYSIOLOGIE. Signe biologique marquant le retour de la respiration spontanée dans le cas de mort apparente (M. Jellinek). D'après l'auteur,, le dernier signe de vie d'un mourant n'est pas le dernier soupir, mais le dernier mouvement de déglutition qui le suit à quelques secondes. Et dans le cas de retour à la vie par les procédés de respiration artificielle, c'est encore un mouvement de déglutition, la bouche largement ouverte, qui précède de quelques secondes le retour à la respiration naturelle.

Ce fait est important. Car, dans tous les cas de réanimation (noyés, asphyxiés, électrocutés), il marque la fin, s'il se produit, des essais artificiels, dont la continuation ne pourrait qu'être néfaste à la reprise de la-'vie. L'auteur appelle l'attention sur le rôle primordial que joue, chez les êtres vivants, ce phénomène de la déglutition.

— A l'analyse qui précède, M. Vauthier ajoute le résumé suivant d'un rapport adressé à M. le Ministre du Commerce par M. Pierre Lemy, Président de. l'Union des Syndicats de l'Alimentation en gros (septembre 1926) :

Il y a en France environ 3 .millions d'ouvriers étrangers, absorbant 15 milliards de salaires, dont 8 milliards pour leur entretien et 3 milliards leur restant.

Sur les 8 milliards entretien, il y a : 5 milliards d'importation étrangère et 3 milliards de produits français, qui, sans eux, seraient disponibles.

Les ouvriers français, s'ils travaillaient 10 heures au lieu de 8, remplaceraient facilement ces 3 milliards, sans augmentation sensible de consommation,' et en nous' allégeant des 3 milliards de produits français (d'où diminution de nos prix intérieurs) et des 5 milliards d'importation, au bénéfice de notre change.

Cela remettrait complètement à flot notre situation économique.

Il est à remarquer que, sur les 7 milliards de salaires restant aux


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étrangers (Italiens, Polonais, Tchécoslovaques), une bonne partie s'évade hors de nos frontières. Joli résultat !

Ouvrages offerts. — Par leurs auteurs :

1. Etat des fiefs du Bailliage de Troyes, de M. le comte Chandon de Briailles (membre associé) ; tirage à part extrait des Mémoires de l'Académie de Reims (1925-26). Renvoyé à M. de la Perrière).

2. La décoration héraldique, de M. le baron de Baye (membre honoraire). (Renvoyé à M. Drioton).

3. Un étudiant en médecine pendant la seconde République, de M. le Dr André Finot, membre correspondant. Il s'agit de M. le Dr Audigé, son grand-père, décédé membre correspondant de la Société Académique. (Renvoyé à M. Hennequin).

4. Choses et Gens d'autrefois ; causeries d'histoire locale (2e série), de M. R. Hennequiin, secrétaire de la Société.

L'Assemblée adresse ses remerciements aux donateurs.

Manuscrits déposés. — 1. Par M. le Dr André Finot, membre correspondant : Comtes de Champagne — Rois de Navarre : Don Enrique el Gruso ; Régence de la reine Dona Blanca. Fin de la Royauté champenoise (1271 à 1275). Fin d'un travail publié dans les Mémoires de 1918 et de 1924. (Renvoyé à M. Hennequin).

2. Par M. Papillon, membre correspondant : Les principales racines latines dans la langue anglaise. Etude de linguistique longuement réunie par l'auteur, avec un soin particulier d'appuyer ses rapprochements de nombreux exemples et de montrer que dans beaucoup de mots anglais le caractère original a été altéré ou défiguré. Ce travail pourra être très utilement consulté ; le Secrétaire, après quelques citations, conclut au dépôt dans les Archives de la Société. (Adopté).

Prix et Récompenses à décerner en 1926. — Fondations artistiques J. Audiffred et Ch. Varnet. Sur le rapport de M. de la Boullaye, au nom de la Section des Arts, la Société décide d'attribuer, en 1926, une somme de 800 francs sur les arrérages de la fondation Audiffred à M. Bernard Milleret, à Sainte-Savine (le supplément du crédit, soit 500 francs, étant réservé pour un emploi ultérieur) et de proposer le même jeune artiste à M. le Maire de Troyes pour l'attribution du prix Varnet de la présente année, payable sur la Caisse municipale.

— Fondation Des Guerrois (Typographes). Sur le rapport de M. Morin, au nom de la Section des Lettres, le choix que la Chambre Syndicale des Maîtres-Imprimeurs a fait des lauréats des quatre prix Des Guerrois de 100 francs chacun au profit des typographes troyens est ratifié. Ce choix s'est porté, pour 1926, sur MM. Ernest Villain (route de Saint-Parres), de l'Imprimerie Paton ; Lucien Lucas (1, rue du Paon), de l'Imprimerie Martelet ; Emile Clément (43, rue de Preize), de la Grande Imprimerie ; Roger Olzewski (10, rue Charlesdes-Guerrois), de l'Imprimerie de la Renaissance.

Une suggestion de la Chambre syndicale, relative à la répartition de cette fondation, est renvoyée pour examen et rapport au Conseil d'administration.

— Fondation H. Chailliot. Sur le rapport de M. Doé, le prix de 1926 est attribué pour le zèle et le succès avec lesquels il s'est employé à la destruction des animaux nuisibles et à la protection des


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animaux utiles à M. Armand Charpentier, brigadier des eaux et forêts, à Bourguignons.

■— Fondation Saveliez. Conformément aux conclusions du rapport, circonstancié de M. Drioton, rappelant les travaux déjà effectués dans la région de l'Aube sur les anciens souterrains, montrant l'intérêt . archéologique et même pratique (le cas s'est présenté pendant la dernière guerre) des études de ce genre, analysant enfin l'examen soigneusement fait du Souterrain-refuge de Villeloup par l'auteur du Mémoire déposé sous la devise : « Paix et Peu », le jury (Bureau et 3 membres de la Section des Lettres) du prix Savetiez a décidé, en fin de séance, d'accorder le prix pour ce Mémoire. L'ouverture de l'enveloppe par M. le Président a fait connaître que M. Gabriel Groley, membre associé, en était l'auteur.

Élections. — MM. Patrice de Riencourt et Aimé Gatouillat, présentés le mois précédent, sont élus membres associés.

17 Décembre 1826. — Présidence de M.. Henry Babeau, président. ■— Présents : MM. H. Babeau, Perdrizet, Hennequin, Morin, J. Babeau, de la Hamayde, Patenôtre, Gérard, Guyot, Doé, Bauer, Vachette, Mathieu, Drioton, de la Boullaye, de la Perrière, Surchamp, abbé Prévost, Piétresson de Saint-Aubin, Durrant-Soyer, Tremblot, membres résidants ; MM. G. Samuel, Martinot, abbé Bernard, Bourgeois, abbéGondé,

abbéGondé, associés. Excusés : Mil. Vauthier, Perret,, abbé

Brassons Dr Blaise.

Correspondance et Communications. — Remise de prix.-M. le Président adresse quelques paroles de compliment aux lauréats des prix.Des Guerrois (typographes), et Savetiez, de 1926, qui ont bien voulu venir les recevoir à la séance et leur remet ces prix, avec un jeton de présence, en souvenir de cette remise.

— Admissions. Retrait de démission. Décès. MM. Gatouillat et de Riencourt qui ont accepté de partager les travaux de la Société, sont proclamés! membres associés.

M. Perret a bien voulu revenir, à l'a demande du bureau, sur sa détermination d'abandonner les fonctions de Secrétaire adjoint. L'assemblée applaudit à cette décision et à la nouvelle du rétablissement de la santé de notre sympathique collègue.

M. le Président a le regret, par contre, d'annoncer les décès * de M. Léon Maître, né à Troyes en 1840, archiviste de la Mayenne, puis de la Loire-Inférieure, membre correspondant ; de M. Léonce Lex, archiviste de Saône-et-Loire, conservateur, de la bibliothèque et du musée du Mâcon, ancien membre correspondant, et de M. Vallée, ancien sous-préfet de Bar-sur-Aube, ancien député du Pas-de-Calais, membre correspondant. Il adresse aux familles de nos collègues défunts les sincères condoléances de la Société.

— Monuments mégalithiques. M. le Président donne lecture d'une lettre par laquelle M. G. Groley, membre associé, rédacteur à la Tribune de l'Aube, communique une lettre reçue d'un correspondant de ce journal, en faveur de la protection des monuments mégalithiques de la région de M'arcilly-le-Hayer. Après échange de vues, une commission composée de MM. Drioton, Bauer, Doé, membres rési-


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dants, et Groley, est chargée d'étudier l'intéressante question dont il s'agit et d'en faire l'objet d'un rapport à la Société.

Travaux et Publications des Sociétés correspondantes. — Soc. des Sc. agric. et arts de Lille (XXVIII, 1926) : Les Imprimés lillois de 1594 à 1815, par M. F. Danchin (1er fasc.) (Renvoyé à M. Morin) — Mémoires de la Soc. hist. du Cher (1925-1926) : (1) Les confréries d'arts et métiers de Bourges, par M.. Aveline. (2) Notice sur la Société, par M. Turpin — Recueil de l'Académie de Tarn-et-Garonne (1924-1925) : Sur quelques nouvelles explorations souterraines (dans ce département), par M. le Dr Perrier — Annales de la Faculté de droit d'Aix (n° 15, 1926) : La pêche sur le littoral français méditerranéen (enquête économique) — Bull, de la Soc. d'hist. nat. de Toulouse (19126, 3e trim.) : Note sur un intéressant fossile (mandibule de Brachyodus porcinus), par M. Astre - Mémoires de la Soc. Savoisienne (LXIII, 1926) : Les Charmettes au temps de J.-J. Rousseau et de Mme de Warens, par M. Denarié — Bull, de la Soc. des Sciences de l'Yonne (1924) : Les châteaux de Tanlay et d'Ancy-le-Franc, par M. Oh. Porée — Acad. d'agriculture de France (Séa. des 10-17 nov. 1926) : Le coton dans la vallée moyenne du Niger, par M. Barois — Revue du Comice agricole de l'Aube (19 nov. 1926) : Le prix du lait, par M. Gouin.

Communications et Comptes-rendus.—M. Drioton lit une fort intéressante Note sur un tronçon de colonne milliaire avec inscription trouvée, en 1925, à Saint-Léger-sous-Brienne. Ce fragment de borne romaine, le premier qui ait été découvert dans l'Aube, mesure 0 m. 80 cm. de hauteur et 0 m, 45 cm. de largeur. L'inscription qu'il porte est malheureusement très incomplète ; elle ne donne que les premiers mots de dix lignes ; elle s'arrête à celle qui nous eût donné l'indication précieuse d'une distance et d'un nom de lieu. M,, le commandant Espérandieu, dont la science épigraphique fait autorité, a bien voulu restituer les parties manquantes de l'inscription ; il estime qu'elle se rapporte à Septime Sévère et à ses deux fils Caracalla et Géta.; il la croit de l'an 199.

Cette pierre a été trouvée par M. Marcel Biaise, cultivateur à SaintLéger, en labourant une de ses terres au bord de l'ancienne voie romaine de Reims à Langres par Bar-sur-Aube ; M. Blaise a bien voulu en faire don à l'a Société Académique pour le Musée de Troyes, dans une salle duquel elle a été soigneusement placée par M. Drioton.

Des fouilles faites par ce dernier, de concert avec M. Blaise, autour de remplacement où ce fragment avait été découvert, n'ont amené que la trouvaille de quelques autres débris de la colonne n'offrant pas d'intérêt. (En fin de séance, la notice de M. Drioton a été renvoyée au Comité de publication).

— M. Drioton rend compte en outre d'une note publiée par M. H. Corot dans le Bulletin de là Société des Sciences de l'Yonne (année 1924) sur Les sépultures de l'âge de bronze dans la région auxerroise. Dans son savant commentaire de cette note, notre collègue rapproche des objets- rencontrés près d'Auxerre certains de ceux qui ont été découverts dans l'Aube et dont le Musée de Troyes possède des moulages (jambières à spirales de Champigny) ou des originaux (chaudron de Buchères).

— Sous le titre : Comment sont entrés au Musée les tableaux pro-


344 PROCÈS-VÈRBAUX DES SÉANCES —

venant du château de La Chapelle-Godefroy, M,. Hennequin expose ensuite qu'il y a lieu de faire, parmi toutes ces toiles saisies sous la Révolution comme appartenant à des émigrés, une distinction entre celles qui ont été déposées à la suite de délibérations du Conseil général en 1834 et en 1871, dont la liste est connue, et celles qui ne sont pas comprises sur ces listes. La plupart de ces dernières toiles sont entrées au Musée dans des conditions qui demeurent obscures, mais il en est une au moins pour laquelle l'auteur a pu arriver à une certitude établie par des documents d'archives. C'est pour Le baptême de l'Eunuque de Candace, par Louis de Boulllongne (n° 44 du Gat. de 1911).

Cette toile vendue au rebut avec beaucoup d'autres par la Préfecture, fut achetée par Un Troyen, M. Gadan, qui la céda en 1845 pour le Musée à M. Arnaud, conservateur, au prix de cinquante francs, payé sur les fonds de la Société Académique. Cette dernière est donc personnellement propriétaire du tableau en question.

A propos des deux grands tableaux de fleurs et fruits (n°s 349 et 350 du même Cat.) provenant de la Chapellle-Godefroy et dont les conditions d'entrée sont incertaines — tableaux attribués à Mùnnoyer, dit Baptiste, puis à Grosdrop et à Cerqnozzi, enfin à un auteur inconnu, M. Hennequin rappelle l'hypothèse, autrefois émise par un de nos membres correspondants non dépourvu de compétence en matière artistique, M. Braquebaye, et qui n'a jamais été soumise à une critique approfondie.

En se basant sur le monogramme C. G. inscrit sur l'une de ces toiles,, notre ancien collègue avait estimé que toutes deux pourraient, être l'oeuvre de Catherine Girardon, née Catherine Duchemin, épouse de notre grand sculpteur, la première femme reçue à l'Académie de peinture et réputée pour l'excellence de ses tableaux de fleurs, dont aucun n'est connu, Adhuc sub judice lis est.

— M. Hennequin donne lecture de la seconde partie de son étude sur Quenedey (des Riceys), relative à l'oeuvre de ce portraitiste au physionotrace. (En fin de séance, ce travail est renvoyé à la Commission de publication).

Assemblée générale réglementaire. — La tenue en est fixée au lundi 27 décembre, à 17 heures.

Élection. — Présentation. — M. le Commandant Reynard Lespinasse, demeurant au château de Rosières, est élu membre résidant dans la Section des Arts, en remplacement de M. de la Perrière précédemment passé dans la Section des Lettres.

M. Chevillotte (Augustin-Léon), docteur en droit, avoué à Bar-surAube, est présenté comme membre associé. Le scrutin d'élection aura lieu à la prochaine séance.

27 Décembre 1926 — Assemblée générale, réglementaire. — Présidence de M. Henry Babeau, président. — Présents : MM, H. Babeau, Perdrizet, Hennequin, Morin, J. Babeau, Gérard, Patenôtre, P. Royer, Guyot, Doé, de la Boullaye, Lesaché, Surchamp, ahbé Prévost, Piétresson de Saint-Aubin, de la Perrière, Drioton, membres résidants et G. Groley, membre associé. Excusés : MM. Perret, DurrantSoyer, abbé Brusson, Mathieu et Dr Blaise.


PENDANT L'ANNÉE 1926 345

Communications et Correspondance. — Admission. M. le Commandant Reynard Lespinasse ayant accepté de partager les travaux de la Société est proclamé membre résidant pour la Section des Arts.

— Décès. M. le Président fait part du décès de M. Cornereau, ancien magistrat à Dijon, allié à une famille troyenne, membre correspondant ; il adresse aux parents de notre Collègue les vives condoléances de la Société.

— L'Académie d'Agriculture de France, par une lettre-circulaire du 15 déc. 1926, fait connaître que des raisons d'économie l'obligent à demander aux Sociétés comme la nôtre un abonnement réduit, de moitié .(25 francs au lieu de 50 francs), à partir du 1er janvier 1927, pour l'envoi des comptes-rendus de ses séances. Après discussion de l'a question, il est décidé que si l'envoi de nos Mémoires n'est pas accepté à titre de simple échange, la Société, par raison d'économie également, ne pourra prendre d'abonnement ni continuer le service gratuit de ses Mémoires.

Rapport du Conseil d'administration. - Au nom du Conseil d'administration, M. le Président rend compté de la situation satisfaisante de la Société, et fait connaître les décisions suivantes prises ce jour avant l'assemblée, dans la séance au cours de laquelle le Conseil a vérifié le compte du Trésorier pour l'année 1926 et établi le projet de' budget pour 1927, savoir :

Demande à la préfecture de l'Yonne de l'état d'avancement de l'instruction du legs de M. Simonnot — Offre de versement à la Ville de Troyes, en exécution des conditions de la fondation, du montant du prix Delaporte de 1923 non attribué (389 francs). Ces décisions sont approuvées.

Compte et Budget. — M. le Trésorier donne lecture du compte de l'exercice 1926, puis du projet de budget de l'exercice 1927. Le compte est approuvé sans observations et le budget voté sans modifications. L'assemblée s'associe aux remerciements et aux félicitations que M. le Président adresse à M. J. Babeau pour l'excellence de sa gestion financière.

Rapport sur la situation du Musée. — Au nom de la Commission du Musée, M. de la Boullaye donne lecture de ce rapport. Un gardien supplémentaire a été accordé par la Ville pour permettre l'ouverture à certains jours des salles' Paul Dubois. La mise à la disposition de la Société Académique de la pièce servant de bûcher, à l'extrémité de la galerie d'archéologie monumentale, est promise mais la décision tarde à venir et il conviendra d'insister à nouveau près de la municipalité. Il serait d'autre part à souhaiter que les bâtiments du Musée puss'ent être agrandis pour permettre, par la création de nouvelles salles de peiinture, de dégager les salles actuelles et d'exposer de nombreux tableaux relégués dans les combles faute de place.

M. le rapporteur ajoute oralement que la municipalité a bien voulu reprendre à sa charge, en 1926, comme jusqu'avant la guerre, une part importante des frais d'entretien mobilier du Musée. La Société remercie M. le Maire de l'aide qu'elle a retiré cette année et qu'elle retirera à l'avenir de cette obligeante mesure.

M. le Président fait appel au concours de ses collègues pour l'indication de nouvelles acquisitions qui pourraient être avantageusement faites sur les crédits de la fondation de Mme Piat-Pollet, pour la


346 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

Section des Arts décoratifs ; il serait désirable notamment d'y voir figurer de nouvelles oeuvres de M. Marimot, dont la maîtrise n'est pas représentée suffisamment dans les vitrines de cette Section.

Mémoires.- Annuaire.— Sur la proposition de la Commission de publication, rassemblée décide d'ajouter au prochain volume des Mémoires, dont l'impression s'est trouvée retardée et qui paraîtra en conséquence sous la rubrique 1925-1926, là notice de M. J. Babeau sur Courmononcle, l'a Bibliographie auboise de M. Piétresson de SaintAubin et, si possible sans nouveau retard, le travail de M. ForjotTardy sur Moirey (partie relative à la bataille d'Attila), qui serait en tous cas inséré dans le volume suivant, avec, en principe, la notice de M. de lia Perrière sur Jamerai Du Val, les notes de M. Drioton sur les Objets émaillés et sur La borne milliaire du Musée. La Commission a également envisagé l'éventualité de la publication dans le volume de 1927 du Souterrain de Villeloup, de M. Groley (après réduction et révision) et de La juridiction consulaire de Troyes, par M. Piétresson de Saint-Aubin (sous réserve des concours' financiers espérés).

Pour l'Annuaire de 1927, l'assemhlée a décidé d'autre part l'insertion du travail de M. le chanoine Prévost, sur Les celliers de Clairvaux et de celui de M. Hennequin sur L'oeuvre de Quenedey. La Commission météorologique est priée de déposer le rapport de ses Observations en 1925 aussi promptement et aussi succinctement que possible.

Élections. — 1° Vice-Président. M. Doé ayant obtenu la majorité absolue au premier tour de scrutin est élu et proclamé Vice-Président pour l'année 1927.

2° Bureaux des Sections. Des scrutins auxquels il a été procédé dans les Sections est résultée la composition suivante de leurs bureaux particuliers! pour l'année 1927 :■

Agriculture : M. Patenôtre, Président ; M. P. Royer, Vice-Président ; M. Guille, Secrétaire.

Sciences : M. Vauthier, Président ; M. le Dr Biaise, Vice-Président ; M. Tremblot, Secrétaire.

Beaux-Arts : M. Bauer, Président ; M. Mathieu, Vice-Président ; M. de la Boullaye, Secrétaire.

Lettres : M. Surchamp, Président ; M. l'abbé Brusson, Vice-Président ; M. de la Perrière, Secrétaire.

3° Membre associé. M. Chevillotte, avoué à Bar-sur-Aube, présenté à la dernière séance, est élu membre associé.

Séances ordinaires de 1927. — Elles sont fixées aux dates suivantes : 21 janvier ; 18 février ; 18 mars ; 29 avril ; 20 mai ;T7 juin ; 8 juillet ; 16 septembre ; 21 octobre ; 18 novembre ; 16 décembre.

Discours de fin d'année. — Avant de quitter le fauteuil, M. le Président prononce le discours d'usage auquel l'assemblée applaudit unanimement.


347

TABLE SOMMAIRE

DES

PROCÈS-VERBAUX

BARBUISE (Fouilles archéologiques, par M. Simon) : 278.

BERCENAY-EN-OTHE (Calendrier historique et Tableau démographique, par M. Gatouillat) : 300.

BUDGETS ET COMPTES :289, 307, 308, 345.

DÉCÈS, DÉMISSIONS, HONORARIAT : 271, 274, 277, 278/282, 285, 290, 293, 298, 309, 316, 328, 337, 342, 345.

DÉCORATIONS ET PROMOTIONS : 273, 282, 288, 307, 313, 328.

ELECTIONS : 273, 277, 281, 285, 289, 293, 298, 307, 308, 312, 315, 317, 320, 325, 337 (changement de Section), 342, 344, 346. .

FONDATIONS ET PRIX : H. Chailliot, 273, 306, 341. — Des Guerrois (littérature), 281, 319 ; (typographes), 301, 341. — Piat-Pollet (art décoratif), 281, 288, 297, 328, 336. — Audiffred, 300, 341— Ch. Varnet, 341. — Fariney-Cogniard, 300 — Savetiez, 342. — Delaporte, 301, 345.

LECTURES, COMPTES RENDUS ET COMMUNICATIONS : M. Mathieu : Allocutions présidentielles, 271, 277, 285, 293, 309 ; Comptes rendus des travaux des Sociétés savantes à toutes les séances de 1925. - M. Henry Babeau : Allocutions présidentielles, 309, 346 ; Comptes , rendus des travaux des Sociétés savantes à toutes les séances de 1926. — M. Surchamp,. 272 (Fleurs séchées, par Mme la Mise de Monspey). — M. de La Perrière, 272 (Fragments de Stalles troyennes au Musée de Châlons, par M. Piétresson de Saint-Aubin) ; 279 (Le coton dans les colonies françaises, par M. Canet) ; 283 (Courmononcle, par M. J. Babeau) ; 294 (Pierre Boilletof) ; 300 (Nicolas de Hault, maire de Troyes, 1588-92) ; 304 (Epitaphier de Picardie (tome XXI), par M. Roger Rodière) ; 310 (Contes limousins, par J. Nesmy, et Le portrait de Jérôme de Mesgrigny) ; 329 (Jamerai du Val) ; 332 (La Cour de Lunéville, par M. P. Boyé). — M. Jules Babeau, 273 (Un coeur en tutelle, par J. Nesmy) ; 338 (La Bécasse à grande quête, par MM. de la Fuye et autres coauteurs). — M. Martinot, 335 (Sur deux études cainpanaires). — M. Driotou, 343 (Sur un tronçon de colonne milliaire trouvé à Saint-Léger-sous-Brienne et Les sépultures de l'âge de bronze dans l'Auxerrois, par M. Corot). — M. Perdrizet, 275 (Société forestière champenoise) ; 337 (Associations végétales dans les Vosges et dans la Plaine Rhénane, par M. Issler). — M. Hennequin, 276 (Essai sur les ouvrages de François Desrues, par M. Morin) ; 280 et 284 (Le Musée de Troyes, établissement de la Société Académique) ; 288 (Les limites de l'ancienne Champagne) ; 297 et 344 (Edme Quenedey des Riceys, portraitiste au physionotrace) ; 310 (Mémento d'histoire locale, par M. Lacoste, et Le fief Bouvrot à Landrevilïe, par M. Estienne) ; 316 (Voyage autour de notre Salle) ; 319 (Le Palais de Justice de Troyes) ; 322 (L'Annuaire de l'Aube ; son centenaire) ; 335 (Les tableaux de M. Morlot au Musée) ; 338


348

(La prétendue Maison de la Juridiction consulaire à Troyes) ; 343 (Comment sont entrés au Musée les tableaux du château de la Chapelle-Godefroy). — M. Morin, 276 (Travaux de M. Maury) ; 280 (Livres rares imprimés à Troyes, exposés à la Bibl. Nat.) ; 283 (Sociétés populaires du district d'Ervy, par M. Destainville). — M. le chanoine A. Prévost, 279 ; 300 (Les celliers de l'abbaye de Clairvaux). — M. Rossignol, 288 et 304 (Le coton, sa culture et sa production en Afrique) ; 300 (Calendrier historique et Tableau démographique de Bercenay-en-Othe, par M. Gatouillat). — M. Piétresson de Saint-Aubin, 291 (Bar-sur-Seine au XVII" siècle) ; 297 et 304 (Eglise Saint-Jean au Marché, de Troyes) ; 304 (Le département de_ l'Aube, 1789 an XIII, par M. Peyre) ; 314 (Logettes de Saint-Jean au Marché et Bataille d'Attila, par M. Forgeot) ; 323 (La sculpture troyenne au xvi" siècle) ; 329 (En Vivarais après la guerre de Cent ans, par M. Régné, et Les grèves de décimables, par M. le chanoine Carrière) ; 339 (L'Hôtel Notre-Dame à Troyes et Igoranda). — M. R. Tremblot, 300 (Le sourire de Madame Elisabeth, par M. J. Tremblot) ; 338 (La Colonisation française en Afrique du Nord, par M. Morael). — M. Guyot, 300 (La carrière et les fours à chaux « Saint-Bernard » à Clairvaux, par M. Thouvenin) ; 326 (Anciennes mauvaises années). — M. L. Gérard, 319 (Baux en nature). — M. Vauthier, 323 et 326 (Tornade à Troyes) ; 329 (Orage à Troyes) ; 324 (Une erreur économique) ; analyses des comptes-rendus des travaux de l'Académie des Sciences presque à toutes séances de 1925 et 1926.

LA MOTTE-TILLY, 329 (Adjonction à l'histoire de sa seigneurie).

LEGS : Victor Collin, 290. — Amand Lagoguey, 318, 321, 328, 331, — Georges Simonnot, 321. — Mlle Millot, 322.

MARCILLY-LE-HAYTER : Voir à Monuments mégalithiques.

MONUMENT AUX MORTS (Troyes) : 277, 287:.

MONUMENTS MÉGALITHIQUES : 342.

MUSÉE (Dons pour le) : 273, 280, 296, 310, 315, 320, 330, 336 ; — Etudes sur le) : 280, 284, 316, 335, 343 ; — (Locaux du) : 284, 303, 308, 313, 333i 345.

OUVRAGES OFFERTS : 273, 276, 281, 284, 287, 289, 290, 295, 300, 306, 312, 315, 317, 327^ 333, 341.

PRIX ET MÉDAILLES (de la Société) : 300 (M. Thouvenin) ; 301 (MM.

Hébert et Hutinet) ; 310 (M. Lacoste). RIGNY-LE-FERRON (Gisements aurifères et argentifères). : 276. SAINT-LÉGER-SOUS-BRIENNE (borne millitaire fe) : 343. SÉANCE PUBLIQUE : 301, 302, 307. SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE L'AUBE : 303.

SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES : 273, 309, 345 (Acad. d'Agriculture).. SOCIÉTÉS SAVANTES (Congrès de 1925) : 282 (Communications faites par

des -membres de lia Soc. Ac).

STATUTS ET RÈGLEMENT : 293, 298, 308 (Cotisation) ; 309 (Tirages à

part) ; 312 (Conseil d'administration) ; 336 (Jetons de présence). SYNDICAT D'INITIATIVE (TOURISTIQUE) DE L'AUBE : 278.


LISTE

DES

OBJETS ENTRES AU MUSÉE DE TROYES

PAR DONS ET LEGS OU A TITRE DE DÉPOTS Avec indication de leur provenance *

Année 1925 Il a été reçu de MM. :

BAUÉR, membre résidant : Sept jetons (Guerre 1914-18), La Rochelle, Roy an, Toulouse, Châtellerault.

MENNESSON : Forme à fabriquer le papier.

Mme BAUDELION Georges, rue Kléber, 7 : Une monnaie grecque ancienne en argent.

VILLE DE TROYES : quatre bons de 1,franc et quatre de 2 francs (Projet d'émission du 5 septembre 1914 non réalisé).

LALLEMANT, de Sommevoire (Haute-Marne), membre correspondant : Billets communaux de 0 fr. 10 et 0 fr. 25. Trois pièces Sommevoire, Sept. 1917.

SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE (Acquisition) : Trois vases funéraires, fibule, bague, boucle de ceinturon en bronze ornementé, petit bronze de Constantin (Epoques gallo-romaine et barbare),

THÉVENOT, à Lhuitre : Bronze et plaque de marbre, signés : P. Thévenot, Mars 1892 — Un cadran solaire.

M™ MICHEL, aux Riceys : Divers modèles de charpente et menuiserie (Arts industriels) — Divers dessins et compositions (Art décoratif).

M. et Mme ROGER, rue Brunneval, 9, à Troyes : Un navire exécuté à Malte par M. Désiré Martinet, son grand-père pendant sa captivité.

FINCHER, 168, faubourg Croncels, à Troyes : Clé trouvée dans sa propriété (moyen-âgé).

Mme GUILLEMIN, à Lille : Vierge en pierre, art flamand, XIVe siècle ; hauteur 53 centimètres.

(1) Pour les listes précédentes, voir les Mémoires de là Société à partir de 1849


350 OBJETS ENTRÉS AU MUSÉE .

PILLOT, 87, avenue Galliéni à Sainte-Savine : Trois percuteurs en silex, trouvés! devant son atelier à 1 m. 50, de profondeur ; une petite clé en bronze trouvée au nouveau cimetière de la Ville de Troyes.

DAGUIN, à Astaffort (Lot-et-Garonne) membre correspondant : Six insignes, dont une décoration créée par don Carlos, lors de sa tentative de restauration en Espagne. — Trois médàiles de l'Exposition universelle de 1878. — Cinq reproductions de médailles en souffre.

BOURACHAT, rue des Hauts-Clos à Troyes : Un insigne de cuivre et quatorze monnaies de bronze (deux modernes, un décime de.l'an VII, un Louis XVI et le reste de l'époque de Henri III).

PERREAU Raymond, 2, rue Gambetta Sainte-Savine : trois peintures à l'huile de, sa composition : 1. Le matin dans le port de Dieppe. — 2. Au pied du château de la Rochefoucault (Charente). — 3. La Moselle à Epinal.

VILLE DE TROYES : Une peinture à l'huile par Victor Salle : Le bon bock.

Année 1826 (JANV.-OCT.) Il a été reçu (de MM. :

L'exécuteur 'testamentaire de Mme Jean VERNIER : Buste en marbre de celle-ci, par D. Briden.

Mme Veuve GUILLEMIN, à Gliolet (M.-et-L.) : La place du pilori à Rochefort-sur-Loiire, aquarelle de J. B. Guillemin.

L'auteur : Vieux vigneron aubois, toile de Marie-Victor SALLE, 8, rue du Colonel-Driant, à Troyes.

BLAISE Mariciel, cultivateur, à Saint-Léger-sous-Brdenine : Un tronçon de borne militaire avec fragment d'inscription romaine (trouvé en 1925 à Saint-Léger-sous-Briennie, en bordure de la voie qui reliait Langres à Reims).

DOLLAT : Carte d'entrée à une fête de la Concorde (14 mai 1848).

Mme Veuve JOISSANT, 12, rue du Printemps : 1. Carmen, toile de H. Bréval — 2. Portrait de M. Joissant, par B. Bukovack — 3 et 4. Deux paysages (vues prises à Grain ville, Eure), toiles de M. Joissant.

Le comité Maurice de ROFFIGNAC, en exécution des volontés de sa tante, Mlle de MESGRIGNY, huit portraits anciens sur

toile, savoir : 1 et 2, du jurisconsulte Pithou. et de sa

femme — 3, d'Athanase de Mesgrigny, évêque de Grasse, par Jouvenet — 4, du comte Gaston de Mesgrigny, enfant, par Boilly — 5 à 8, portraits présumés de : Pierre-François; grand bailly de Champagne, mort en


OBJETS ENTRÉS AU MUSÉE 351

1795 ; d'Anne-Edniée Marchai de Saincy, femme de Louis-Marie de Mesgrigny, député de la noblesse en 1789, général debrigade ; d'un membre de la famille de Mesgrigny (probablement celui qui fut chef d'escadre sous Louis XIV) ; d'une daine en costume de la;fin du règne de Louis XIV.

GRÉAU Eusèbe, directeur honoraire de la Banque de France, membre correspondant de la Soc. Ac. : Collection de clichés photographiques représentant les anciens remparts et fortifications de Troyes (collection constituée par son père, M. Julien Gréau, ancien membre résidant de la Soc. Ac).

MARGUILLIER, membre correspondant de la Soc. Ac. : Trois gravures (Vues de Paris) et quatre affiches de Guerre,

GENTIN, rue Sainte-Jule, à Troyes : 2 vases gallo-romains en verre à long (col.

Pour extrait conforme au Registre des Entrées :

P. MATHIEU.

Les personnes qui désireraient faire à là Société Académique des dons pour le Musée peuvent s'adresser soit à M. le Président, soit à MM. les Conservateurs.

Il est en outre rappelé aux membres de la Société qu'aux termes du Règlement, chacun d'eux doit s'efforcer d'augmenter les collections du Musée.


FONDATIONS ET PRIX

DE LA

SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE L'AUBE

A. Fondations annuelles I. FONDATION ANNUELLE FRANÇOIS-JOSEPH AUDIFFRED

MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE L'AUBE

La Société Académique dispose chaque année des arrérages de cette fondation pour être employés en un ou plusieurs prix artistiques et en subventions à des jeunes gens peu fortunés ayant des dispositions pour les beaux-arts, de préférence originaires du département de l'Aube.

Les candidats remplissant ces conditions, qui désireraient obtenir une subvention sur cette fondation, devront en faire parvenir la demande à M. le Président de la Société avant le 10 octobre. Toutes les demandes devront contenir des renseignements détaillés sur les titres du pétitionnaire, les motifs de sa demande, etc.

II. FONDATION ANNUELLE HYACINTHE CHAILLIOT

Chaque année, en exécution de cette fondation,une médaille de la valeur de la rente (25 francs environ) est 'décernée à an habitant des campagnes qui s'occupera de protéger les oiseaux et animaux utiles.

Les candidats devront faire connaître leurs titres, avant le 10 octobre, à M. le Président de la Société.

III. FONDATION ANNUELLE CHARLES DES GUERROIS (EN FAVEUR DES TYPOGRAPHES TROYENS)

La Société Académique dispose chaque année d'une somme de 400 francs, pour être employée en prix de 100 francs chacun, destinés à récompenser « quatre ouvriers typographes de la ville de Troyes, y demeurant, et ne travaillant pas exclusivement aux journaux ».

Les candidats à ces prix devront adresser leur demande, appuyée de toutes justifications utiles, à M. le Président de la Société, avant le 10 octobre.


FONDATIONS ET PRIX 353

IV. FONDATION ANNUELLE DE Mme PIAT-FOLLET (CONCOURS D'ART DÉCORATIF)

La Société Académique dispose chaque année des arrérages d'une fondation due à Mme Piat, née Pollet, pour l'institution d'un concours entre les jeunes gens, âgés de 17 à 25 ans, nés dans le département de l'Aube, de parents français et domiciliés en France, qui désireraient se perfectionner à Paris dans l'art décoratif.

Le lauréat du Concours recevra une bourse de 500 francs par mois, sur justification de son installation à Paris.

Indépendamment de l'attribution de cette bourse au lauréat, des primes en argent pourront être accordées aux concurrents reconnus dignes d'une récompense de ce genre, à titre d'encouragement, sans obligation pour eux de travailler à Paris.

Le Concours aura lieu au début d'octobre de chaque année. Les candidats devront adresser leurs demandes à M. le Président de la Société avant le 31 août, dernier délai.

B. Fondations bisannuelles

V. FONDATION BISANNUELLE DELAPORTE

Un prix correspondant au montant de la fondation (260 francs environ) est décerné à l'auteur de la meilleure étude sur un sujet indiqué par la Société pour l'année 'du concours.

Si le prix n'est pas attribué cet année là, le sujet est remis au concours successivement pendant trois autres années au plus. A l'expiration de la quatrième année, si de prix n'a pas été décerné, le montant doit en être remis à la Ville de Troyes pour être employé en gratification aux 'instituteurs ou aux élèves des écoles primaires municipales.

Date extrême de là remise des manuscrits : 10 octobre.

Années des concoure : 1925, 1927, 1929; 1931, etc.

Sujet du prix de 1925 (3e année de mise au concours) : Etude sur les inventions nées dans le département de l'Aube qui ont contribué au développement des grandes industries locales.

Sujet du pirix de 1927 (1re année de mise au concours) : Les épis artistiques de l'Aube.

VI. FONDATION LITTÉRAIRE BISANNUELLE CHARLES DES GUERROIS

En exécution de cette fondation, un prix en argent de 1.500 francs au moins et une médaille sont décernés à l'auteur de la meilleure pièce de poésie lyrique; élégiaque ou épique (Sujet laise au choix des Concurrents) ou du meilleur travail en prose traitant « de la glorification de la poésie, de préférence sous la forme d'une étude de large critique ».

Les manuscrits' envoyés devront être inédits et n'avoir jamais

LXXXIX 23


354 FONDATIONS ET PRIX ■

été présentés à un Concours. Une pièce récompensée à un pré- . cèdent concoure ayant été reconnue, postérieurement à l'attribution du prix, comme ne 'remplissant pas la condition première d'une production originale et inédite, son auteur a dû s'engager à rembourser le montant de ce prix.

La pièce ou l'étude couronnée sera imprimée gratuitement dans les Mémoires de la Société,, si elle ne dépasse pas 200 vers du 200 lignes.

(N. B. — De par la volonté formelle du Fondateur, les dames ne sont pas admises à concourir pour les prix de poésie — Les concours de prose n'ont lieu que tous les six ans).

Le programme complet de chaque concours, sera envoyé sur demande accompagnée d'une enveloppe affranchie d'avance et portant l'adresse du demandeur.

Années des concours : 1927, 1929 (prose), 1931, 1933, 1935 (prose), etc.

Date extrême de l'envoi des manuscrits à M. le Président de La Société : 31 août de l'année du concours.

VIL FONDATION BISANNUELLE PAUL FARINEY-COGNIARD

Pour l'emploi de cette fondation, la Société Académique de l'Aube doit décerner, tous les deux ans, dans une de ses séances publiques, un prix de 500 francs à un artiste peintre, natif de Troyes ou du département de l'Aube, de famille honorable, mais peu fortunée. A défaut de candidats, ou en cas d'insuffisance de leurs titres, elle doit affecter cette somme à l'acquisition, pour le Musée, de tableaux d'un artiste de même origine.

Les demandes des artistes devront être adressées à M. le Président de la Société, avant le 10 octobre de l'année du concours ; elles devront contenir l'indication des titres des pétitionnaires, les motifs de leurs demandes, etc.

Années des concours : 1927, 1929, 1931, 1933, etc.

VIII. FONDATION BISANNUELLE CHARLES VARNET

Tous les deux ans, la Société Académique de l'Aube est chargée, relativement à cette fondation inscrite au budget de la Ville de Troyes et comportant l'attribution d'un prix de 464 francs, de désigner pour ce prix un artiste originaire du département de l'Aube et peu fortuné, qui se sera distingué dans la peinture ou le dessin.

Les demandes des artistes devront être adressées à M. le Président de la Société, avant le 10 octobre de l'année du concours ; elles, devront contenir l'indication des titres des pétitionnaires, les motifs de leurs demandes, etc.

Années des concours : 1928, 1930, 1932, 1934, etc..


FONDATIONS ET PRIX 355

C. Fondations trisannuelles IX. PRIX TRISANNUEL FONDÉ PAR M. CHARLES SAVETIEZ

NOTAIRE HONORAIRE

En exécution de cette fondation, un prix, de la valeur de 100 francs, est décerné à l'auteur 'du meilleur travail archéologique, historique ou littéraire, écrit ou publié dans le cours des trois années précédentes. En cas de non attribution, le prix n'est pas remis au concours, de par la volonté du fondateur.

Date extrême de la remise ides manuscrits : 10 octobre de l'année du concours.

Années des concours : 1929, 1932, 1935, etc..

X. PRIX TRISANNUEL DE 500 FRANCS

FONDÉ PAR M. L'ABBÉ ETIENNE GEORGES, DE TROYES

MEMBRE DE PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES

Conditions du Concours fixées par le Fondateur

1° Les travaux historiques, littéraires, archéologiques ou biographiques, présentés pour le prix trisannuel de cinq cents francs fondé en 1891 par M. l'Abbé Etienne Georges, de Troyes, devront être relatifs à la province de Champagne ;

2° Les travaux adressés par les concurrents devront être, avant tout, divisés en deux catégories : les travaux inédits et les travaux publiés ;

3° Les travaux inédits devront être examinés avant les travaux publiés ; les travaux publiés ne pourront entrer au concours qu'à défaut de travaux inédits ayant une valeur suffisante pour obtenir le prix ;

4° Les auteurs des travaux inédits ne devront pas se faire connaître, sous peine d'être exclus du concours ;

5° Quant aux travaux publiés, ils devront l'avoir été dans le courant des trois années écoulées depuis la précédente attribution du prix et ne pas avoir été déjà couronnés ;

6° Il ne sera pas interdit aux Membres de la Société Académique de l'Aube, soit résidants, soit associés, soit correspondants, soit honoraires, de concourir ;

7° Le prix ne sera jamais partagé ;

8° Dans le cas où les travaux inédits et les travaux publiés n'auraient pas une valeur suffisante pour obtenir le prix, la somme de cinq cents francs sera conservée dans la caisse de la Société Académique pour être employée au mieux suivant ses besoins ;

9° Bien que, dans ce cas, la Société Académique ait la libre disposition de ladite somme, elle devra la consacrer de préférence à l'achat d'un ou plusieurs objets d'art pour le Musée ;


356 FONDATIONS ET PRIX

10° Ces objets d'art devront, autant que possible, être l'oeuvre d'un artiste du département de l'Aube. En tout cas, la mention de ces objets devra être accompagnée du nom du fondateur du prix dont la somme aura contribué à l'achat.

Les concurrents pour ce prix devront faire parvenir leurs manuscrits au Secrétariat de la Société, avant le 1er juillet de l'année du concours.

Années des concours : 1927, 1930, 1933, 1936, etc..

D. Prix et médailles de la Société

Indépendamment des prix sus-énoncés, la Société Académique de l'Aube décerne, tous les ans, des prix, des récompenses ou des encouragements pour des travaux manuscrits ou imprimés et des ouvrages artistiques qui lui sont envoyés par leurs auteurs, mais ià l'égard desquels elle réserve entièrement son droit (d'appréciation quant à la récompense qu'ils peuvent mériter ou non.

Elle décerne en outre, lors de ses séances publiques, des médailles d'or et d'argent aux auteurs des perfectionnements introduits ou opérés dans le département, qui auront été jugés le plus utiles à l'industrie, au commerce et à l'agriculture.

Des médailles sont également attribuées aux auteurs des meilleures statistiques communales, rédigées conformément au questionnaire publié en 1918.

CONDITIONS CQIMUNES A TOUS LES CONCOURS

Les manuscrits devront être inédits. — Ils porteront chacun une épigraphe ou devise qui sera répétée dans et sur le billet cacheté joint à l'ouvrage, et contenant le nom de l'auteur. Celuici ne devra pas se faire connaître, sous peine d'être exclu du concours.

Les concurrents sont prévenus que la Société ne rendra aucun des ouvrages qui auront été envoyés aux concours. — Les auteurs auront la liberté d'en faire prendre des copies.

. -LISTE DES PRIX

autres que ceux des Fondations annuelles à décerner dans les prochaines années (1) En 1927 : Delaporte, V — Des Guerrois (poésie), VI — Fariney-Cogniard, VII — Et. Georges, X. En 1928 : Ch. Varnet, VIII.

En 1929 : Delaporte, V — Des Guerrois (prose), VI — Fariney-Cogniard, VII — Savetiez, IX.

(1) Les chiffres romains renvoient au paragraphe de la liste précédente portant le même chiffre, où sont indiquées les conditions d'attribution du prix.


LISTE

DES

SOCIÉTÉS SAVANTES ET DES ÉTABLISSEMENTS SCIENTIFIQUES

AVEC LESQUELS CORRESPOND

LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE L'AUBE .

Aisne. — Château-Thierry: Société historique et archéologique.— Laon: Société académique. — Saint-Quentin: Société académique; Société industrielle de Saint-Quentin. — Soissons: Sociélé archéologique, historique et scientifique.

Algérie. — Alger : Société d'agriculture.

Alpes-Maritimes— Nice : Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes. -

Alsace-Lorraine. — Colmar : Sociélé d'histoire naturelle. — Metz :■ Académie. — Mulhouse : Musée historique. — Strasbourg : Société des sciences, agriculture et arts de la Basse-Alsace.

Aube. — Troyes : Archives municipales; Archives départementales; Bibliothèque de la ville; Ecole normale; Comice agricole; Société d'apiculture de l'Aube; Sociélé l'Abeille ; Société horticole, vigneronne et forestière; Société d'hygiène; Société des Vétérinaires.

Basses-Pyrénées. — Bayonne : Société des sciences et arts.

Bouches-du-Rhône. — Aix : Académie des sciences, arts et belleslettres ; Bibliothèque de l'Université d'Aix-en-Provence. — Marseille : Société de statistique.

Calvados. — Caen : Société Linnéenne de Normandie.

Charente-Inférieure. — Roche fort : Société de géographie. — Saintes : Société des Archives historiques de l'Aunis et de la Saintonge.

Cher. —Bourges : Société historique, littéraire et scientifique du Cher.

Côte-d'Ox. — Beaune : Société archéologique et historique. — Châtillon-sur-Seine : Société archéologique et historique du Châtillonnais. — Dijon : Académie des sciences, arts et belles-lettres. — . Semur : Société des sciences historiques et naturelles.

Deux-Sèvres.— Niort : Société centrale d'agriculture du département.

Doubs. — Besançon : Académie des sciences, belles-lettres et arts; Société d'émulation du Doubs. — Montbéliard : Société d'émulation.


358 LISTE DES SOCIÉTÉS SAVANTES.

Eure. — Evreux : Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres.

Eure-et-Loir. — Chartres : Société archéologique.

Finistère. — Brest : Société académique.

Gard. — Nîmes : Académie (ancienne Académie du Gard); Société d'étude des seiences naturelles.

Gironde» — Bordeaux : Académie des sciences, belles-lettres et arts; Société Linnéenne.

Haute-Garonne. —Toulouse : Académie des jeux floraux; Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres ; Société d'agriculture de la Haute-Garonne et de l'Ariège; Société d'histoire naturelle.

tfïaute-lfarne.— Chaumont : Société d'histoire, d'archéologie et des beaux-arts. — Langres : Société historique et archéologique. — Saint-Dizier : Société des lettres, sciences, arts, agriculture et industrie.

Haute-Saône — Vesoul : Société d'agriculture, sciences et arts; Commission d'archéologie.

Haute-Vienne — Limoges : Société archéologique et historique du Limousin.

Hérault. — Béziers : Société archéologique, scientifique et littéraire.— Montpellier : Académie des sciences et lettres.

Indre-et-Loire. — Tours : Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres.

Isère. — Grenoble : Académie Delphinale; Société de statistique, des . sciences naturelles et des arts industriels.

Snr&. — Lons-le-Saunier : Soeiété d'émulation du Jura.

Landes — Box : Société de Borda.

Loire-Inférieure. — Nantes : Société académique de la LoireInférieure; Société archéologique de Nantes et de la LoireInférieure; Société des sciences naturelles de l'Ouest de la France.

Loiret — Orléans: Soeiété d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts; Soeiété archéologique et historique de l'Orléanais.

Maine-et-Loire. — Angers : Société d'agriculture, des sciences et arts; Société industrielle d'Angers et du département.

Manche — Cherbourg : .Société académique ; Société des sciences naturelles.

Marne.— Ghâlons-sur-Marne: Société d'agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne. — Reims : Académie. — Vitry-le-François : Société des sciences et arts.


LISTE DES SOCIÉTÉS SAVANTES 359

Meurthe-et-Moselle. — Nancy : Société des sciences, lettres et arts (Académie de Stanislas); Société d'archéologie lorraine.

Meuse. — Bar-le-Duc : Société des lettres, sciences et arts.

Morbihan — Vannes : Société polymathique du Morbihan.

Nièvre — Neveis : Société académique du Nivernais.

Nord. — Cambrai : Société d'Emulation. — Douai : Société d'agriculture, sciences et arts, centrale du département du Nord. — Dunkerque : Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts.

Oise. — Beauvais : Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise. — Senlis : Comité archéologique.

Pas-de-Calais. — Arras : Académie.

Puy-de-Dôme. — Clermont-Ferrand : Académie des sciences, belleslettres et arts.

Pyrénées-Orientales. — Perpignan : Société agricole, scientifique et littéraire.

Rhône — Lyon : Académie des sciences, belles-lettres et arts, au Palais des Arts; Soeiété d'agriculture, d'histoire naturelle et des arts utiles.

Saône-et-Loire. — Autun : Société Eduenne; Société d'histoire naturelle. — Chalon-sur-Saône : Société d'histoire et d'archéologie. — Mâcon : Académie des sciences, arts, belles-lettres et d'agriculture.

Sarthe — Le Mans : Société d'agriculture, sciences et arts ; Société historique et archéologique du Maine.

Savoie, — Chambéry : Académie des sciences, belles-lettres et arts; Société d'histoire naturelle de Savoie; Société savoisienne d'histoire et d'archéologie.

Seine.— Paris : Institut de France : Académie des inscriptions et belleslettres ; Académie des sciences, palais de l'Institut, quai Conti, 23 ; Comité des travaux historiques et scientifiques, près le Ministère de l'instruction publique (5 exempl.); ; le Muséum d'histoire naturelle, au Jardin des Plantes; Société d'anthropologie de Paris, à l'Ecole de médecine: Société centrale d'horticulture, rue dé Grenelle, 84; Société de l'histoire de France, rue des FrancsBourgeois, 60; Société des antiquaires de France, au palais du du Louvre; Société nationale d'agriculture de France, rue de Bellechasse, 18; Bibliothèque d'art et d'archéologie, 11, rue Berryer.

Seine-et-Marne. —Fontainebleau: Société historique et archéologique du Gàtinais. — Melun: Société d'archéologie, sciences, lettres et arts de Seine-et-Marne. — Meanx : Société littéraire et historique de la Brie.


360 LISTE DES SOCIÉTÉS SAVANTES

Seine-et-Oise. — Pontoise : Société historique et archéologique de l'arrondissement de Pontoise et du Vexin. — Versailles: Société d'agriculture de Seine-et-Oise.

Seine-Inférieure. — Le Havre : Société havraise d'études diverses. — Rouen: Académie des sciences, bel les lettres et arts'; Comité, des antiquités; Société des amis des sciences naturelles; Société libre d'émulation du commerce et de l'industrie de la Seine-Inféreure ; Elbeuf : Société d'étude des sciences naturelles et du Musée d'histoire naturelle.

Somme. — Abbeville : Société d'émulation. — Amiens : Académie des sciences, lettres et arts; Société des antiquaires de Picardie; Société Linnéenne du nord de la France.

Tarn-et-Garonne. — Montauban : Académie des sciences, belleslettres et arts de Tarn-et-Garonne; Société archéologique de Tarn-etGaronne.

Var. — Draguignan : Société d'agriculture, de commerce et d'industrie du Var; Société d'études scientifiques et archéologiques. — Toulon-' Société académique du Var.

Vienne. — Poitiers : Société académique d'agriculture, belles-lettres, sciences et arts. — Ligugé : Société Mabillon. Vosges. — Epinal : Société d'émulation des Vosges.

Yonne. — Auxerre : Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne. — Avallon : Société d'études. — Sens : Société archéologique.

Amérique. — Mexico : Muséum d'histoire naturelle.

Angleterre. — Manchester : Société littéraire et philosophique.

Autriche. — Vienne : Musée d'histoire naturelle.

Belgique. —Bruxelles: Société des Bollandistes, 14, rue des Ursulines. — Liège : Société royale des sciences.

Etats-Unis. — Boston : Société d'histoire naturelle de Boston. — Washington : Institut Smithsonien ; Uniled States géological survey. — Urbana : The University of Illinois Library; Cambridge: Musée de zoologie comparée.

Finlande. — Helsingfors : Societas pro Fauna et Flora Fennica.

Italie. — Turin: Socleta piemontese di arclieologia e Belli Arli, via Napione, 2,

Suède.— Stockholm: Académie royale suédoise des sciences; Académie royale des belles-lettres, d'histoire et des antiquités de Suède.

Suisse. — Neuchâtel : Société de géographie.


LISTE

DES

MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE L'AUBE

Au 31 Décembre 1926

MEMBRES RÉSIDANTS

MM.

DE LAUNAY (le,Comte Adolphe), ancien Elève de l'Ecole Polytechnique, Agriculteur, Maire de Clérey, Conseiller général et Député de l'Aube, au château de Courcelles, commune de Olérey (24 mars 1879).

ARBELTIER DE LA BOULLAYE (Ernest), 0. Inspecteur des Forêts en retraite, 38, rue de la Monnaie, à Troyes

(18 mars 1887).

VACHETTE (Emile), Ancien manufacturier, 23, boulevard Danton, à Troyes (8 août 1890).

FINOT (Albert), 0. I, Docteur en médecine, 19, rue du Musée, à Troyes (16 novembre 1894).

DE LA HAMAYDE (Maximilien) , Propriétaire, à Saint-Parres-lesVaudes (20 août 1897).

GÉRARD (Lucien), Docteur en Droit, Juge honoraire au Tribunal civil, 13, avenue Pasteur, à Troyes (15 février 1907).

MORIN (Louis) Il I., Sous-Bibliothécaire, Archiviste municipal, 74, rive droite du Canal, à Troyes (21 février 1913)..

PATENÔTRE (Joseph), Agriculteur, à Rachisy, commune de Piney (14 mars 1913).

SURCHAMP (Henri) , Inspecteur des Eaux et Forêts, 6, place Saint-Pierre, à Troyes (16 mai 1913).

BABEAU (Henry) , Avocat, Docteur en droit, 8, rue du CloîtreSaint-Etienne, à Troyes (18 juillet 1913),

BRUSSON (l'Abbé Henri), Chanoine honoraire, Vicaire général, Curé doyen de Saint-Jean, 57, rue Louis-Ulbach, à Troyes

(20 février 1914).

CABAT (Augustin) O. S I., Président de Chambre à la Cour d'Appel de Paris, 28, rue Mitantier, à Troyes, et 1, rue des Saint-Pères, à Paris-VIe (17 avril 1914).

PLOYÉ (Alfred) S, Pharmacien, 6, rue Thiers, à Troyes

(15 février 1918).


362 MEMBRES RÉSIDANTS DE LA SOCIÉTÉ

MM.

GUYOT (Alexis) W I., Directeur honoraire de Cours complémentaires, voie des Maures, 4, à Troyes (15 mars 1918).

PRÉVOST (l'Abbé Arthur-Emile) S A., Chanoine titulaire, Archiviste diocésain, 18 bis, rue Général-Saussier, à Troyes

(19 avril 1918).

MATHIEU (Paul) W, Architecte diplômé du Gouvernement, 7, avenue Pasteur, à Troyes (17 mai 1918).

VAUTHIER (René), Ingénieur des Arts et Manufactures, 16, rue du Paon, à Troyes (18 octobre 1918).

DOÉ (Francis) *, #, Conservateur des Eaux et Forêts, 28, rue Hennequin,' à Troyes (20 décembre 1918).

ROYER (Paul), Agronome, à Brantigny, commune de Piney

(16 mai 1919).

PERDRIZET (Alfred) O. *, ®, Conservateur des Eaux et Forêts en retraite, rue Charles-Dutreix, à Troyes (21 novembre 1919).

DURRANT-SOYER (René), Radiologiste, 9, boulevard du QuatorzeJuillet, à Troyes (18 juin 1920).

BAUER (Jacques), Architecte diocésain, Inspecteur des Monuments historiques, 2, rue de la Madeleine, à Troyes

(16 juillet 1920).

DRIOTON (Clément) W, Archéologue, 32, rue de l'Hôtel-de-Ville, à Troyes (17 septembre 1920).

HENNEQUIN (René) *, f, § I. , #, Avocat, ancien Sous-Préfet, 23, boulevard du Quatorze-Juillet, à Troyes (15 octobre 1920).

GUILLE (Léon) *, ©, Directeur des Services Agricoles de l'Aube, 5, rue de la Monnaie, à Troyes (17 décembre 1920).

BLAISE (Paul) *, Docteur en médecine, rue Jaillant-Deschàînets, 35, à Troyes (18 mars 1921).

BABEAU (Jules), Avocat, rue Jaillant-Deschaînets, 30, à Troyes (20 janvier 1922).

LA PERRIÈRE (Henri de), Industriel, rue Hennequin, 26, à Troyes (17 mars 1922).

PERRET (Joseph) *, Inspecteur principal honoraire de la Compagnie de l'Est, rue Neuve-de-la-République, à Sainte-Savine

(21 avril 1922).

HUOT (Pierre), Agriculteur à la Loge-Madame, commune de

Piney (16 mars 1923).

ROYER (Lucien), Pharmacien, rue de la Monnaie, 54, à Troyes

(16 novembre 1923).

PIÉTRESSON DE SAINT-AUBIN (Pierre), Archiviste départemental, rue Charles-Delaunay, 45, à Troyes (20 mars 1925),


MEMBRES RÉSIDANTS DE LA SOCIÉTÉ

363

MM.

TREMBLOT (Richard) *, g, Industriel, 2, rue Charles-Dutreix, à Troyes (19 juin 1925).

FONTENAY (Charles de), Agriculteur à Fouchères, et 174, avenue Victor-Hugo, à Paris (16°) (17 juillet 1925).

LESACHÉ (Victoir), Avoué honoraire, Député de l'Aube, 16, rue Jaillant-Deschainets, à Troyes (18 décembre 1925).

RÈYNARD-LESPINASSE (le Commandant Louis-Joseph) C. #, ï, au château de Rosières (Aube) (17 décembre 1926).

REPARTITION DE MM. LES MEMBRES RESIDANTS

Dans les quatre Sections

Agriculture MM. DE LAUNAY

DE LA HAMAYDE GÉRARD

PATENÔTRE

ROYER (Paul)

PERDRIZET

GUILLE

HUOT

DE FONTENAY

Sciences

MM. PLOYÉ GUYOT VAUTHIER DOÉ

DURRANT-SOYER BLAISE (Dr) PERRET

ROYER (Lucien) TREMBLOT

Beaux-Arts

MM. A. DE LA BOULLAYE VACHETTE FINOT (Dr) CABAT MATHIEU BAUER DRIOTON BABEAU (Jules) REYNARD-LESPINASSE

Lettres

MM. MORIN

SURCHAMP

BABEAU (Henry)

BRUSSON (Abbé)

PRÉVOST (Abbé)

HENNEQUIN

PIÉTRESSON

LESACHÉ

DE LA PERRIÈRE


364 MEMBRES HONORAIRES DE LA SOCIÉTÉ

MEMBRES HONORAIRES

MM.

ROSEROT.(Alphonse) 9 I., Homme de Lettres, à LochesrsurOurce (16 décembre 1887).

BAROTTE (Edmond), 2, rue d'Arsonval, à Limoges

(20 décembre 1895).

BOUCHER (Alfred) G. 0. *, Statuaire, 2, passage Dantzig, à Paris .(XVe) (18 décembre 1908).

RÉMOND (Théodore), *, W I. , Inspecteur honoraire d'Académie, . 32, rue Théophile Gautier, à Paris (XVIe) (15 février 1909),

MORTIER (Auguste) 0. *, SI., ancien Manufacturier, 6, rue de Villejust, à Paris (XVIe) (17 décembre 1909).

RENAUD (Henri) ^ï L, #, Propriétaire aux Bordes-d'IsleAumont (19 décembre 1913).

CAQUOT (Albert) *, Ingénieur des Ponts et Chaussées, 58, rue. d'Assas, à Paris (VIe) (16 juillet 1915).

BONNEFOI (Léon) *, Ji, ancien Elève de l'Ecole Polytechnique, Filateur, 6, faubourg des Vosges, à Belfort, ou 14, rue Raynouard, à Paris (XVIe) (18 juillet 1919).

MAUROY (Adrien de) G. 0. S, Ingénieur civil des Mines, à Wassy (Haute-Marne) (21 juillet 1922).

GRAND D'ESNON (Gaston), Agriculteur, 9, rue Colbert, à Versailles (15 décembre 1922).

LAMBERT (Jules), Docteur en droit, Président honoraire du Tribunal civil de T=oyes, 30, rue des Boulangers, à Paris (Ve)

(29 décembre 1922).

LE CLERT (Louis) *, & I., Conservateur honoraire du Musée de Troyes, 4, rue Ambroise-Cottet, à Troyes (21 mars 1924).

DET (Silvère) S I., Bibliothécaire honoraire de la Ville, 83, rue de la Paix, à Troyes (20 février 1925).

DE BAYE (le Baron Joseph) *, C. (B, ïï I. , Archéologue, au château de Baye (Marne) et, 58, avenue de la Grande-Armée, à Paris .(XVIIe) (20 mars 1925).

PAUL-DUBOIS (François), Ingénieur principal à la Cte dû. chemin de fer d'Orléans, 75, rue de Lille, à Paris (VIIe )

(16 octobre 1925).


MEMBRES ASSOCIÉS DE LA SOCIÉTÉ 365

MEMBRES ASSOCIÉS

MM.

PETIT DE BANTEL (René) C. 83, Propriétaire à Mussy-sur-Seine, et 32, rue de l'Arcade, à Paris (VHP) (21 novembre 1873).

THIERRY-DELANOUE, ancien Député de l'Aube, à Soulaines

(18 octobre 1889).

LOPPÉ (Marie-Amédée) fi L, Docteur en Médecine à May-surOrne

May-surOrne (15 mai 1891).

MASSON (l'Abbé Emile), Chanoine, 64, rue de la Cité, à Troyes

(19 février 1892) — A VIE. DE FONTARCE (René) C. *, C. 83, 83, 83, 83, 83, 0. *, Ministre

plénipotentiaire, à Vitry-le-Croisé (20 juillet 1894) — A VIE. RENAUDAT (Alphonse) C. #, Agriculteur, Sénateur de l'Aube, à

SoIigny-les-Etangs (16 novembre 1894).

LABILLE DE BREUZE, Sylviculteur, château de Guilbault, par Moutiers-en-Perche

Moutiers-en-Perche (17 janvier 1896).

SEURAT (Adolphe), ancien Percepteur, 22, rue Antoine-Parmentier,

Antoine-Parmentier, Sainte-Savine (19 janvier 1900) — A VIE.

MÉNESTREB (Ferdinand) *, Sï, #, Conservateur honoraire des

Eaux et Forêts, à Lusigny (25 novembre 1901).

SOT (Ludovic), Architecte, à Chaource (17 avril 1903).

BERTRAND (Paul) *, Docteur en médecine, à Saint-Parres-IesVaudes

Saint-Parres-IesVaudes avril 1903).

MARÉCHAL (Valère) 0. *, fï, ancien Notaire à Bar-sur-Seine

(16 octobre 1903) — A VIE. DORÉ (Saint-Anige), Industriel, à Fontaine-les-Grès et 33, rue

Turenne, à Troyes (16 octobre 1903) — A VIE.

LA COUTURE (Joseph), Propriétaire à Auxon, et 4, rue du CloîtreSaint-Etienne, à Troyes (16 janvier 1904). DE BAUFFREMONT (le duc Théodore) *, g, S, château de Brienne,

Brienne, 87, rue de Grenelle, Paris (VIP) (16 juin 1905) — A VIE. BOURLON DE SARTY (Paul) &, Sylviculteur, au château de Vendeuvre,

Vendeuvre, 20, boulevard La Tour-Maubouirg, à Paris (VIP)

(19 janvier 1906).

FLASSAYER (Henri) *, W I., Proviseur honoraire, à Pont-surSeine (19 avril 1907).

JACOB (Maurice), Rédacteur au Monde Illustré, 35, rue Jacob, à Paris (VP), et à Monthureux-sur-Saône (Vosges)

(16 octobre 1908) — A VIE.

PLAUCHE-GILLON (Joseph), Docteur en droit, Avocat à la Cour d'appel, à La Chapelle-Saint-Luc (20 novembre 1908) — A VIE.

THIERRY-DELANOUE (Edmond), ancien Elève diplômé de l'Ecole des Hautes-Etudes, Conseiller d'arrondissement, à Soulaines, et 4, boulevard Malesherbes, à Paris (VHP) (19 août 1910),


366 MEMBRES ASSOCIÉS DE LA SOCIÉTÉ

MM.

THÉVENY, Docteur en médecine, Député de l'Aube, à Plancy

(11 octobre 1910).

RENAUD (Jacques), Ingénieur agronome, aux Bordes-d'IsleÀumont (19 mai 1911) — A VIE.

GUYOT (Henri), Conseiller honoraire à la Cour d'Appel de Douai, 14, rue du Cloître-Saint-Etienne, à Troyes (20 octobre 1911).

POISSENOT (l'Abbé Edmond), Chanoine honoraire, 10, rue des Marots, à Troyes (17 novembre 1911).

BORDAS-LARRIBE * (le Commandant), Propriétaire, au château de Montceaux (Aube) (21 février 1913) — A VIE.

TASSIN (Maurice), Avocat, 12, rue de Penthièvre, à Paris (VHP), et à Bar-sur-Aube (21 juin 1918) — A VIE.

CLÉMENT (Etienne), Industriel, 26, rue du Musée, à Troyes

(21 juin 1918).

JOURNÉ (Antoine), Industriel, 5, rue de Paris, à Troyes

(20 décembre 1918) — A VIE.

GIBAULT (Paul), Industriel, à Vendeuvre (20 décembre 1918).

BERNARD (l'Abbé Ulysse), 115, rue de Preize, à Troyes

(21 février 1919).

CHANDON DE BRIAILLES (le Comte François), château de la Cordelière, à Chaource, et 24, rue Murillo, à Paris (VHP)

(19 décembre 1919).

THOUVENIN (Adrien) S, 0. #>, Instituteur, à Lignol

(19 mars 1920).

BRETAGNE (Henri), Ingénieur-Agronome, au château d'Ailleville (Aube) (16 avril 1920).

GROLEY (Gabriel), Publiciste, 7, rue Largentier, à Troyes

(18 février 1921).

MAÛRY (Eugène) Il I., Instituteur et Bibliothécaire, à Bar-surAubè (7 mars 1921).

BARTHÉLÉMY (André), Industriel, ancien Président de la Chambre de Commerce, 6 bis, boulevard Gambetta, à Troyes

(17 juin 1921).

OLIVIER (Emile), Avoué à la Cour d'Appel, Propriétaire, à Landrevilïe, et 8, rue d'Anjou, à Paris (VHP)

(16 septembre 1921) — A VIE.

OUDIETTE (Edouard) *, Directeur de la Banque Nationale de Crédit, 123, avenue de Wagraim, à Paris (XVIIe), et à La Chapelle-Sainit-Lue (18 novembre 1921) — À VIE.

LHUILLIER (Robert), à Arcis-sur-Aube (17 mars 1922).


MEMBRES ASSOCIÉS DE LA SOCIÉTÉ 367

MM.

ROUSSIN (Ladislas), Secrétaire de l'Office Départemental des Pupilles de la Nation, Directeur d'école, rue Godard-Pillaveine, à Troyes (21 avril 1922).

PIGNEROL (Léon) *, Notaire honoraire, 15, rue Ambroise-Cottet, . à Troyes (19 mai 1922).

ROBLIN (Louis), Docteur en Médecine, à Flamboin (Seine-etMarne) (17 novembre 1922) — A VIE.

COMPIÈGNE (le Marquis de), au château de La Chaise, par Soulaines (Aube) (15 décembre 1922) — A VIE.

VAUTHIER (Pierre), Ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées, 16, rue du Paon, à Troyes (15 décembre 1922).

HUYARD (Alcide), Président de la Chambre Syndicale des Marchands de bois, à Brienne-le-Château

(19 janvier 1923) — A VIE.

DAUTEL (Henri), Négociant, adjoint au Maire, à Brienne-leChâteau (19 janvier 1923).

D'ALSACE (le Comte), Prince d'Hénin $, Sénateur, au château de Bourléinont (Vosges), et à Paris, 20, rue Washington (VHP)

(16 février 1923).

DE TRUCHIS DE VARENNES (le Comte), au château de Varennes, par Pierre-de-Brosse (Saône-et-Loire) (16 mars 1923) — A VIE.

DOUINE (Arthur), ancien négociant, 15, rue Godard-Pillaveinne, à Troyes (16 mars 1923).

BÉZINE (le docteur Jacques) *, g, à Auxon

(18 mai 1923) — A VIE.

GUILHERMET (Georges) *, Avocat à la Cour d'Appel, 112, Boulevard Saint-Germain, à Paris (VIe), et villa Les Glycines, à Jaucourt (Aube) (19 octobre 1923) — A VIE.

CHAUVIGNY DE BLOT (le vicomte Joseph de) *, #,53, rue des Deux-Paroisses, à Troyes (21 mars 1924) — A VIE.

CHANTAVOINE (Jean) *, Secrétaire Général' du Conservatoire de Musique de Paris, 9, rue du Val de Grâce, à Paris (Ve); et à Mussy-sur-Seine (21 mars 1924).

PATON (Jean-Louis), Imprimeur, rue du Général-Saussièr, à Troyes (20 juin 1924) — A VIE.

JACQUIN (Charles), Ingénieur des Arts et Manufactures, 168, Avenue Parmentier, à Paris (Xe), et à Mussy-sur-Seine

(18 juillet 1924).

BOURGEOIS (Victor), Huissier honoraire, 15, rue Godard-Pillaveinne, à Troyes (20 février 1925) — A VIE.

GOMBAULT (Pierre), Agent général d'assurances, 21, rue de l'Hôtel-de-Ville, à Troyes (16 octobre 1925) — A VIE.


368 MEMBRES ASSOCIÉS DE LA SOCIÉTÉ

MM.

DUBREUIL (René), Avoué,. 21, rue du Palais-de-Justice, à Troyes (16 octobre 1925) — A VIE.

GRIS (Charles), SI., Libraire, Président de la Société Artistique : de l'Aube,, 70, rue Emile-Zola, à Troyes

(18 décembre 1925) — A VIE.

LE PRINCE-RINGUET (Félix), 0. Inspecteur général des mines,

14, rue du Cherche-Midi, à Paris (VIe), et à Bercenay-en-Othe

(15 janvier 1926) —A VIE,

ADENET (Auguste), Industriel et Maire à Pont-Sainte-Marie

(19 février 1926) —A VIE.

ARNOLD (Gaston), Notaire, 68, rue de l'Hôtel-de-Ville, à Troyes

(19 février 1926) — A VIE.

CO.UTURAT (Raymond) *, Industriel, 13, rue Largentier, à Troyes

(19 février 1926) — A VIE.

HERBIN . (Henri), Industriel, 14 bis, boulevard Victor-Hugo, à.

Troyes (19 février1926) —A VIE.

MARTINOT (Edmond), Notaire honoraire, 90, rue Thiers, à Troyes

(19 février 1926) — A VIE.

MONTGOLFIER (Pierre de), Industriel, 26, boulevard Carnot, à Troyes (19 février 1926) — A VIE.

PORON (René), Industriel, 35, rue ,de la Paix, à Troyes

(19 février 1926) — A VIE.

SAMUEL (Georges), *, Propriétaire, 7, boulevard Danton, à Troyes (19 février 1926) — A VIE.

GONDÉ . (l'Abbé Gabriel), Professeur, 1, Petite-Rue-Grosley, à Troyes (19 mars 1926).

MASSIAC (le Comte Antonin de) *, Industriel, 24, rue de la Paix, à Troyes (19 mars 1926) — A VIE.

MAUCHAUFFÉE, (Pierre), Industriel, villa Courtalon, à Troyes

(19 mars 1926) — A VIE.

OURY (Roger), Agriculteur à La Planche (commune de SaintLéger)

SaintLéger) mars 1926) —A VIE.

PORON (Jean), Industriel, 15, boullevaird du 14-Juillet, à Troyes

(19 mars 1926) — A VIE.

RENAUDEAU D'ARC (Paul), Industriel, 25, boulevard du 14-Juillet, à Troyes (19 mars 1926) — A VIE.

WALDMANN: (Albert) , Industriel, 2, villa Courtalon, à Troyes

(19 mars 1926) — A VIE. CHANÉ (l'Abbé André), Vicaire de Saint-Jean, 35, rue du GénéralSaussier, à Troyes (16 avril 1926) — A VIE.

VIGNON (Eugène-François), Notaire, 25, rUe.Turenne, à Troyes

(21 mai 1926)—A VIE.


MEMBRES CORRESPONDANTS DE LA SOCIÉTÉ 369MM.

369MM.

LACOSTE (Paul), Directeur du Cours Complémentaire Jules Ferry,

à Troyes (21 mai1926) — A VIE.

RIENCOURT DE LONGPRÉ Patrice de), au château de Charmont

(Aube) (17 décembre 1926) — A VIE.

GATOUILLAT (Aimé), Instituteur à Bercenay-en-Othè

(17 décembre 1926) — A VIE.

CHEVILLOTTE (Augustin-Léon), Docteur en droit, Avoué à Bar-sur-Aube 527 décembre 1926) A VIE.

MEMBRES CORRESPONDANTS'

HÉRELLE (Georges) *, S I., 23, rue Vieille-Boucherie et rempart Lachepaillet, 9, à Bayonne (Basses-Pyrénées)

(20 avril 1877) — A VIE.

DAGUIN (Arthur) &, Il I., 0. Juge honoraire, à Astaffort (Lotet-Garonne) (19 octobre 1883) — A VIE.

PAPILLON (Jules-Alexandre) lï I., Professeur à la Société Polytechnique militaire, 5, rue Galleron, à Paris (XXe)

(16 décembre 1885) — A.Vie.

VALTON (Henri), Ingénieur civil, parc de Montretout, à SaintCLoud (Seine-et-Oise) (18 février 1887)— A VIE.

BEAU (Léon), Ingénieur-Constructeur, 20, rue de Paris, à Puteaux (Seine) (20 avril 1888) — A VIE.

REGNAULT DE BEAUCARON (le Comte Edmond), 49,rue Boissière, à Paris (XVIe), et au château du Gué-Mulon, par Neung-surBeuvron (Loir-et-Cher) (15 juin 1888).

GÉRARD (Henri), Professeur honoraire de la Faculté de Droit à l'Université d'Alger, villa Yusuf, à Alger (21 février 1890).

MARGUILLIER (Auguste) *, I., Secrétaire de la Rédaction de

la Gazette des Beaux-Arts, 18, rue Las-Cases, à Paris (VIIIe)

(20 mars 1891).

HOPPENOT (Paul) *, Archiviste paléographe, 103, boulevard Malesherbes, à Paris (VIIIe) (18 novembre 1892) —, A VIE.

TAUSSERAT-RADEL (Alexandre) &,' « I., Sous-Chef du Bureau historique au Ministère des -Affaires étrangères, 36, rue Friànt, à Paris (XIVe) (20 avril 1894).

GERVAIS (Fernand) *, , Fabricant de bronzes, .12, rue des FilIes-du-Calvaire, à Paris (IIIe) (15 février 1895).

BARTHÉLÉMY (Gaston), 15, rue Pétrarque, à Paris, et 20, quai de Dampierre, à Troyes (21 juin 1895).

MAISON (Ferdinand) O. *, Inspecteur général des Mines, Directeur du Contrôle de l'exploitation technique des chemins de fer, 68 bis, rue Jouffroy, à Paris(XVIIe)

(18 octobre 1895) — A VIE.

LXXXIX 24


370 MÈTRES CORRESPONDANTS DE LA SOCIÉTÉ

MM.

GRY (Arsène) C. Lieutenant-colonel d'infanteriie territoriale,

à Lihus, par Crèvecoeur-le-Grand (Oise)

(18 octobre 1895) - A VIE.

LEFEBVRÈ (Jules) *, I., Directeur de l'Enseignement primaire

primaire la Seine, 274, boulevard Raspail, à Paris (XIVe)

(20 décembre 1 895)-— A VIE, LORIMY (Henri) Il I., Président de la Société Archéologique des

Châtillon-sur-Sëine (17 janvier 1896).

STORELLI (Ferdinand), Propriétaire, 20, rue Joubert, à Paris

(IXe). (17 janvier 1896) - A VIE.

GODOT DE MAUROY (Roger), Propriétaire, 23, rue des Mathurins, à Paris(VIIIe ) (17 janvier 1896).

LETAINTURIER-FRADIN (Gabriel) O. P I., G. , ancien Préfet de l'Yonne, au château de Trucy-sur-Yonne, par Mailly-laVille (Yonne) (16 octobre 1896).

RUELLE (Alphonse-Auguste), 25, rue du Pont à Brienne-le-Châ- " teau (19 novembre 1897).

KOECHLIN (Raymond), Rédacteur au Journal des Débats, 14, boulevard Saint-Germain, à Paris (Ve). (17 décembre 1897). DELATOUR (Albert) G. C.*, SI., G, Membre de l'Institut, ; Conseiller d'Etat, Directeur général honoraire de la Caisse des Dépôts et Consignations, 8, rue Clément-Marot, à Paris (VIIIe) (18 février 1898). FERLET DE BOURBONNE, ancien Sous-Préfet, à Bar-sur-Seine (18 février 1898).

CHANOINE (Georges), Directeur honoraire de la Banque de France, 26, rue de Vittel, à Besançon (20 mai 1898).

DE LARMINAT (Victor) , Inspecteur-adjoint dès Eaux et Forêts, 8, rue Sambin, à Dijon (Côte-d'Or)

(19 janvier 1900) - A VIE.

GUILLEMAIN D'ECHON (Joseph), Propriétaire, à Corbigny (Nièvre)

(18 mai 1900).

Du PARC (le Vicomte Guy), propriétaire, au château de Villebertin

Villebertin de Moussey) et 35, rue Vannerie, à Dijon

16 novembre 1900) - A VIE.

PINARD *., Membre de l'Académie de Médecine, Professeur à la

Faculté de Paris, Sénateur, 10, rue Cambacérès, à Paris(VIIIe)

(19 avril 1901) - A VIE.

HUGUIER (Auguste), Architecte diplômé du Gouvernement, Lauréat de la Société centrale des Architectes de France, Avenida Centrale, à Rio-de-Janeiro (Brésil).

(19 avril 1901) - A VIE.

LAURENT (Jacques), Bibliotbécaïre-Adjoint de la Ville, 8, rue Notre-Dame, à Dijon (Côte-d'Or) (17 mai 1901).


MEMBRES CORRESPONDANTS DE LA SOCIÉTÉ 371

MM.

RÉGNIER (Jacques) J, H I., 0. #, Préfet honoraire, 4, rue de Commaille, Paris (VIIe) et au château de la Haute-Gazoire, par Nort-sur-Erdre (Loire-Inférieure (21 juin 1901) — A VIE.

TILLET (Jules), Architecte en chef des Monuments historiques, 76, rua de Miromesnil, à Paris (VIIIe) et à Nogent-sur-Seine

(17 janvier 1902) — A VIE.

PIERRE (Joseph) § L, S, Publiciste, château de Charon, près Cluis (Indre) (21 février 1902).

CARRIÈRE (l'Abbé Victor), Licencié en histoire, 212, rue de Rivoli, à Paris (1er) (17 avril 1903).

ROYER (Maurice) fï' I., Docteur en médecine, 33, rue des Granges, Moret-sur-Loing (Seine-et-Marne)

(19 juin 1903) — A VIE.

GRÉAU (Eusèbe), 0V#, Directeur de la Banque de France, à Lille

(20 novembre 1903) — A VIE.

COSTEL ÏÏ, ancien Notaire, à Beton-Bazoche (Seine-et-Marne) (20 novembre 1903).

RABEL (André), Homme de lettres, 35, rue de Logelbach, à Paris (XVIIe) (18 décembre 1903).

PATENÔTRE (Henri), Docteur en droit, à Piney (15 février 1904).

CHATEL (Achille) *, îl, # 0;, G. 0. ffi, C. #., S, Président honoraire de la Chambre mixte de Commerce et d'Agriculture, avenue de Paris, à Sfax (Tunisie), et à Essoyes (Aube)

(18 novembre 1904).

DEMEUFVE (Georges), Propriétaire; 4, rue des Michottes, à Nancy (21 juillet 1905) — A VIE.

EXPERT-BEZANÇON (le Général) G. #; ï, 2, boulevard Arago, Paris (XIIIe) (17 novembre 1905) — A VIE..

PIGEON (Edmond) $, Médecin-chef de l'Hôpital militaire Mailloti à Alger (16 novembre 1906). TARTARY (Georges) *, 8 I.,: #, Ingénieur, 12, rue de Constantinople, à Paris (VIIIe) (21 décembre 1906).

CHARMETEAU (Victor) iï, Pharmacien, Vice-Président de la Société des Lettres et Arts, à Saint-Dizier (Haute-Marne)

(15 février 1907). CORNU, Docteur en médecine, à Neuvy-Sautour (Yonne)

(21 juin 1907).

DE COURCEL (Valentin), ancien Elève à l'Ecole des Chartes et à

l'Ecole des Hautes-Etudes, à Athis-Mons (Seine-et-Oise), et rue

de Vaugirard, 20, à Paris (VIe) (15 novembre 1907) — A VIE.

GÉRVAIS (Charles) Vice-Président de la Société des Amis du

Vieux Saint-Germain, 15, rue de la République, à Saint-Germain-en-Laye

Saint-Germain-en-Laye (15 novembre 1907) — A VIE.


372 MEMBRES CORRESPONDANTS. DE LA SOCIÉTÉ

MM.

MOUÇHOTTE (Joseph) #, Docteur en médecine, rue Freycinet, 8,

à Paris (XVIe) (20 décembre 1907)— A VIE.

HUGUIER (Alphonse) .*, Chirurgien, de l'hôpital Saint-Joseph, 15, avenue de Tour ville, à Paris (VIIe)

(17 janvier. 1908) — A VIE. DEMONSPEY (Mme la Marquise), née de STNETY, au château de Montchervet, par Saint-Georges-de-Reneins (Rhône)

(17 juillet 1908).

D'ALLEMAGNE (Jean), Propriétaire, 15, rue d'Astorg, a Paris (VIIIe), et au château de Polisy (Aube)

(16 octobre 1908)— A VIE. PIERCY (Robert-Charles), Propriétaire, 16, Viale Ugo Foscolo, à Viareggio (Italie), et à Maconler (Sardaigne)

(16 octobre 1908} — A VIE. NOBLET, Docteur en médecine; 49, rue Sainte-Anne, à Paris (IIe)

(20 novembre. 1908)— A VIE.

DE FIGUEROA (Mariano HERNANDEZ) &, Chef de bataillon au 89e régiment de ligne, 45, rue Saint-Ferdinand, à Paris (XVIIe)

(15 octobre 1909)— A VIE.

ALLART DE MESGRIGNY (Ch.-Lucien) lî I., ÈB, ancien Percepteur,

7, rué du Château, à Saint-Lô (Manche) (15 octobre 1909). GARNIER (Emile) *, ancien Capitaine breveté, Avocat, à Remiremont

Remiremont (19 novembre 1909) — A VIE.

SALET (Pierre), Astronome à l'Observatoire de Paris, 120, boule

vard Saint-Germain. (VIe) (18 février 1910) — A VIE.

■LÉGER. (Charles-Paul); S A., Archéologue, principal Clerc de notaire, 43, rue du Bourg, à Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or).

(15 avril 1910). DE BOURCIER (le Comte), rue du Boccador, 5, à Paris (VIIIe)

(11 octobre 1910)— A VIE.

PLAUCHE-GILLON (Paulin), Président honoraire, 30, rue Gengoult, à Toul (Meurthe-et-Moselle), et au château de La Cordelière, à La Chapelle-Saint-Luc (Aube) (11 octobre 1910).

GUYOT (Paul),.*, g, Avocat, Docteur en droit, Professeur a la Faculté de: Droit, 179, cours Jean-Jaurès, à Grenoble

(18 novembre 1910) — A VIE.

GILLET (Maurice), Licencié ès-Lettres et Docteur en Droit,

Notaire, 9, rue Charbonnet, à Troyes

(19 janvier 1912) — A VIE.

FLICHE (Louis), Avocat à la Cour d'Appel, 1, rue de l'Université,

à Paris (VIIe) (19 avril 1012).

CHADENET (Julien) #; Docteur endroit, 12 bis, avenue Bosquet, à Paris (XIIIe) (21 février 1013) — A VIE.


MEMBRES CORRESPONDANTS DE LA SOCIÉTÉ 373

MM.

DE LA FUYE (Maurice), Docteur en droit, Propriétaire aux Chênes, par Margerie-Hancourt (Marne)

(21 novembre 1915) — A VIE.

TAQUEY (Henri), Greffier à la Cour d'Appel, 4, rue Brown-Séquard, à Paris (XVe) (21 novembre 1913) — A VIE.

ROSEROT DE MELIN (l'Abbé Joseph) J, Membre de l'Ecole française de Rome, à Rome, et 21, rue du Cloître-Saint-Etienne, à Troyes (21 novembre 1913) — A VIE.

BAREAU (Emile-Albert), Avocat à la Cour d'Appel, 50, rue de Monceau, à Paris (VIIIe) (20. février 1914) — A VIE.

VALEN DE LA JAUFRIE (Ludovic), Greffier du Tribunal des dommages de guerre, 11, rue Michelet, à Charleville. (Ardennes)

(20 février 1914) — A VIE.

FORTRAT (René), Professeur à la Faculté des Sciences de Grenoble (Isère), et au Chêne, par Arcis-suf-Aube

(20 février 1914) — A VIE.

POULET,(Henry), C. .*, Il I., 6B, licencié ès-Lettres, Docteur en Droit, Conseiller d'Etat, Commissaire du Gouvernement, à Colmar, Lauréat de l'Institut, 201, faubourg Saint-Honoré, à Paris. (VIIIe), et à Thiaucourt (Meurthe-et-Moselle)

(19 mars 1915).

BAILLEUL (Léon) 0. *, Docteur en médecine, ancien Interne des Hôpitaux de Paris, Chef de clinique chirurgicale, chargé de la chirurgie orthopédique à l'Hôpital Boueicaut, 174, boulevard Saint-Germain, à Paris (VIe) (21 mai 1915).

CHOMPRET (le Docteur Joseph) %, Professeur de Stomatologie, à l'Hôpital Saint-Louis, 182, rue de Rivoli, à Paris (Ier)

(16 juin 1916) — A VIE.

FINOT (André), Docteur en médecine, 3, rue Le Verrier, Paris (VIe) (15 mars 1918).

DE SAINT-MAURICE (Roger) ï, Ingénieur agronome, 54, avenue de Breteuil, à Paris (VIIe) (19 avril 1918) — A VIE.

HOPPENOT (Auguste), à La Tour, Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-etLoire) (21 juin 1918) — A VIE.

GAUVREAU (l'abbé G.), des R. P. Oblats, à Aylmer (Est) P. Q.

(Canada) (19 juillet 1918) — A VIE.

DE SAINT-MAURICE (Jean) &, Architecte diplômé, 11, rue

Edouard-Detaille, à Paris (XVIIe) (9 août 1918) — A VIE.

GUÉRARD (l'Abbé Louis), 3, rue des Entrepreneurs, à Paris (XVe)

(15 novembre 1918) — A VIE.

MILLET (le Commandant E.) *, Commandant le dépôt du 37e de ligne et du 47e territorial, à Scey-sur-Saône (Haute-Saône)

(20 décembre 1918) — A VIE.


374 MEMBRES CORRESPONDANTS DE LA SOCIÉTÉ

MM.

DU TEIL (Mme la Baronne Joseph), 10, rue de Barouillère, à Paris (VIe) (27 décembre 1918) — A VIE.

RÉVY (Jacques) *, ï, lieutenant de cavalerie, détaché à l'artillerie d'assaut, 120, avenue de Versailles, à Paris (XVI°)

(27 décembre 1918).

BAROTTE (Charles) *, Docteur en médecine, 30, rue Baudin, à Paris (IXe) (21 avril 1922)—A VIE.

BAROTTE (Raymond), Industriel, Papeterie de Bouchet-SaintBrice (Haute-Vienne), et à Vannes, commune, de Sainte-Maure (Aube) (21 avril 1922) - A VIE.

BAROTTE (Bernard), Ingénieur-Constructeur, 21 bis, avenue Baudin, à Limoges (21 avril 1922) — A VIE.

SAINT-PHALLE (le Marquis de), château de Mohtgoublin, à SaintBenoît d'Azy (Nièvre) (19 mai 1922) — A VIE.

HOPPENOT (le Capitaine Jacques) *, I, à l'Etat-major de la

Division, à Tunis (17 novembre 1922) —A VIE,

CHAMPION-BRITISH (Edouard), Libraire-Editeur, 5, quai Malaquais, à Paris (VIe) (15 décembre 1922).

DES RÉAULX (le Marquis François),, Industriel, à Eurville (HauteMarne) et 63, rue de l'Université, à Paris (VIIe) (11 avril 1924).

PICTORY DE SORMERY, 2, impasse du Cardinal-Lemoine, à Paris (Ve) (18 juillet 1924) — A VIE.

SAINT-PHALLE (le Comte de), 1, rue de la Tourelle, a Boulognesur-Seine (Seine) (17 octobre 1924) — A VIE.

PÉREIRE (Alfred) $, Bibliophile, Secrétaire des Amis de la Bibliothèque nationale, 35, faubourg Saint-Honoré, à Paris (VIIIe) (16 janvier 1925).

LAPIERRE (G....), Instituteur publie, 12, rue de Trétaighe, à Paris (XVIIIe) (17 avril 1925) — A VIE.

LA ROCHELAMBERT (le Comte de), à Esternay (Marne) (17 juillet 1925) — A VIE.

LALLEMANT (Henri), Propriétaire, à Sommevoire (Haute-Marne)

(16 octobre 1925) — A VIE.

GAVELLE (Emile) «, S I., Directeur de l'Ecole des Beaux-Arts de Lille, Membre résidant de la Société des Sciences, 7, rue de l'Eglise, à Saint-Andrè-lez-Lille (Nord)

(21 mai 1926) - A VIE.

On est prié d'indiquer les rectifications, radiations et changements, de domicile à l'Archiviste de la Société


TABLE DES MATIERES

contenues

dans le Tome LXXXIX de la collection des Mémoires

de la Société Académique de l'Aube

1925-1926

Pages

Discours de M. P. MATHIEU, Président (16 janvier 1925) 5

Paroles de M. P. MATHIEU, Président, aux obsèques de

M. le Dr Voix, membre résidant (6 mars 1925) 9

Paroles de M. P. MATHIEU, Président, après le décès de

M. Henry de Fontenay, membre résidant (15 mai 1925) 11

Nicolas de Hault, maire de Troyes (1588-1592) : ses origines, sa parenté, sa descendance, par M. Henri DE LA PERRIÈRE 13

Paroles de M. P. MATHIEU, Président, après le décès de M. Arnaud Lagoguey, membre résidant (18 septembre 1925) 119

Discours de M. P. MATHIEU, Président, à la séance publique du 17 décembre 1925 12l

Rapport sur les prix décernés par la Société depuis la dernière séance publique, par M. PERRET (17 décembre 1925) 126

Deux familles troyennes de musiciens et de comédiens :

les Sir et et les Raisin, par M. Louis MORIN 133

Discours de M. P. MATHIEU, Président (28 décembre 1925) 199

Discours de M. Henry BABEAU, Président (15 janvier 1926) 203

Rapport de M. Louis MORIN, sur le concours de 1925 pour

le Prix de poésie Des Guerrois (16 avril 1926) 207

Le Sûr Flambeau, par M. J. SUBERVILLE (pièce couronnée) 210.

Le Chemin de craie, par M. Ed. OUDIETTE (pièce couronnée) 213

Courmononcle : une Seigneurie disparue ; un ancien Village; une vieille Gentilhommière, par M. Jules BABEAU 217

Bibliographie Auboise (années 1924 et 1925), par M. PIÉTRESSON

PIÉTRESSON SAINT-AUBIN 253


376 TABLE

Discours de M. Henry BABEAU, Président (27 décembre 1926) 267

Procès-verbaux des séances des années 1925 et 1926 suivis

d'une Table 271

Objets entrés au Musée en 1925 et 1926 (Liste des) - 349

Fondations et prix de la Société (Liste et conditions d'attribution) 352

Sociétés correspondantes (Liste des) 357

Membres de la Société (Liste des) 61



de la

SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE D'AGRICULTURE DES SCIENCES ART ET BELLES-LETTRES

DU DÉPARTEMENT DE L'AUBE 1822-1928— 86 volumes in-8°, avec planchés et cartes

Ces Mémoires sont livrés au public par souscription. Le prix est fixé, par année, à DIX FRANCS, pour les distributions qui se font à Troyes, — à ONZE FRANCS, franc de port, pour la France.

On souscrit chez M. le Trésorier ou chez M. l'Archiviste de la Société

Les fascicules de la table générale des matières contenues dans les Mémoires, imprimés séparément, sont en vente au prix de :

Période 1822-1846 1 fr. 50

— 1817-1863 1 50

— 1864-1883 1 50

— 1884-1920 2 »

COLLECTION DE DOCUMENTS INEDITS

RELATIFS A LA VILLE DE TROYES ET A LA CHAMPAGNE MÉRIDIONALE 1878-1893.— 5 volumes in-8°.

ADRESSER LES DEMANDES A M. L'ARCHIVISTE DE LA SOCIÉTÉ

CATALOGUES DU MUSEE DE TROYËS

Tableaux et supplément

Sculptures et supplément........

Archéologie monumentale

Art décoratif (Musée Piat) et supplément

Bronzes

Carrelages vernisses, incrustés, historiés et faïences

Emaux peints

Monnaies gauloises et supplément

Sigillographie

Herbiers

Météorites.

8e cat. (Épuisé 5e cat. (Épuisé) 1er cat. (Épuisé)

1er cat. (Épuisé)

Ier cat. PRIX : 15 fr..

1er cat. PRIX : 7 fr. 50 1er cat. PRIX : 1 fr. 50 Ier cat. PRIX : 2 fr. 2e cat. PRIX : 2 fr. 50 1er cat. PRIX : 1 fr. 50 1er cat. PRIX : 1 fr.

ANNUAIRE DE L'AUBE

1826-1926. - 99 volumes. - Prix : 9 fr. ; — par la poste, 10 fr. 25 Depuis l'année 1835, l'Annuaire de l'Aube est publié sous les auspices et sous la direction de la Société Académique de l'Aube, mais, depuis 1882, seulement pour la seconde partie, dans laquelle sont insérés dès mémoires historiques, des notices archéologiques et des documents statistiques. — A partir de l'année 1854, l'Annuaire est du format in-8°, et il contient des planches et des illustrations. (Le volume de 1871 est le seul qui n'ait pas paru). On le trouve chez l'éditeur, à l'imprimerie J.-L. PATON, à Troyes.

TRPYES, J.-L. PATON, lMPr DE LA SOCIETE ACADEMIQUE DE L AUBE