Omnes omnium caritates patria una complexa est.
(CICÉRON : De Officiis, lib. I.)
La Revue
Savoisienne
PUBLICATION PERIODIQUE
de
L'ACADÉMIE FLORIMONTANE D'ANNECY
Reconnue d'utilité publique par décret du 17 décembre 1896
1916
Cinquante-septième Année
ANNECY Imprimerie J. ARRY. Editeur
1916
La Revue
Savoisienne
L'Académie Florimontane laisse à chaque auteur la responsabilité entière des opinions qu'il émet
Omnes omnium caritates patria una complexa est.
(CICÉRON : De Officiiis, lib. 1.)
PUBLICATION PÉRIODIQUE
de
L'ACADÉMIE FLORIMONTANE D'ANNECY
Reconnue d'utilité publique par décret du 17 décembre 1896
1916 Cinquante-septième Année
ANNECY Imprimerie J. ABRY, Editeur
1916
ACADÉMIE FLORIMONTANE
Fondée à Annecy en 1606
par Saint François de Sales et le Président Antoine Favre.
Réorganisée en 1851
par
Louis BOUVIER (1819+1908). Etienne MACHARD ( 1824 + 1887).
Jules PHILIPPE (1827 + 1888). Eloi SERAND (1826 + 1891).
BIENFAITEURS
Dr C. ANDREVETAN (1802 + 1879).
MELVILLE-GLOVER (1884+1897).
Dr. F. DAGAND (1815+ 1886).
MEMBRES DE L'ACADÉMIE FLORIMONTANE Tués à l'ennemi.
Joseph DINGEON. capitaine commandant le 51e bataillon de chasseurs alpins, tué le 14 novembre 1914, aux environs d'Ypres (Belgique), cité à l'ordre de l'armée,
Alfred-Joseph BARD DE COUTANCE, avocat à Bonneville, soldat faisant fonctions de sergent au 109 régiment d'infanterie, mortellement frappé le 1er décembre 1914 a l'assaut de Vermelles (Pas-de-Calais), décoré de la médaille militaire.
Pétrus ROLLIER, notaire à Annecy, capitaine au 416e régiment d'infanterie, tué le 26 septembre 1916 en Champagne (cité à l'ordre de l'armée).
LISTE DES MEMBRES
Présidents honoraires : MM. Dr THONION I, ancien député ;
Ch. MARTEAUX I, professeur agrégé au Lycée Berthollet ;
Max BRUCHÉT I archiviste départemental du Nord, et
Charles BUTTIN, archéologue, à Paris, Trésorier honoraire : M. Jean RITZ C I. compositeur
de musique,
CONSEIL D'ADMINISTRATION ET BUREAU,
Président : M. F. MIQUET A, receveur honoraire des finances.
Vice-Présidents : MM. Albert CROLARD, député, ingénieur . Isidore NANCHE I, chirurgien-dentiste, et J.DESORMAUX I, professeur agrégé au Lycée Berthollet,
Secrétaire perpétuel : M. Marc LE ROUX I, docteur es sciences, conservateur du Musée.
Secrétaire-adjoint : M. G. LETONNELIER A, archiviste départemental de la Haute-Savoie.
Archiviste : M. Joseph SERAND, archiviste-adjoint de la HauteSavoie.
Bibliothécaire et trésorier : M. François GARDIER .
Membres du conseil d'administration : MM. CARRON, GRIVAZ, LAVOREL et G. MARTIN.
Revue savoisienne : Directeur de la Revue: M. LE ROUX.
Comité de rédaction : Section historique et archéologique; MM. CARRON, LAVOREL, LETONNELIER et MIQUET. Section scientifique : MM. N... et LE ROUX. Section philologique et littéraire : MM. DÉSORMAUX et G. MARTIN.
VI
MEMBRES HONORAIRES.
d'admission MM .
1887 ALLART Achille, ingénieur des Arts et Manufactures, à Genève.
1906 D'ARCOLLIÈRES secrétaire perpétuel de l'Académie de Savoie, à
Chambéry. 1918 BORDEAUX Joseph-Paul-Emile (le colonel) O commandant une
brigade de chasseurs de réserve.
1913 BORDEAUX Henry homme de lettres, à Paris.
1906 BORSON (le général) G O G O I, ancien président de l'Académie de Savoie, à Chambéry.
1892 BRUCHET Max I archiviste départemental, à Lille (Nord).
1901 CAMUS Jules I professeur à Turin.
1872 CHANTRE Ernest ancien sous-directeur du Muséum des sciences naturelles de Lyon.
1882 DEMOLE Eugène, conservateur du médaillier de Genève.
1915 DONNET Fernand. administrateur de l'Académie royale des BeauxArts
BeauxArts secrétaire de l'Académie royale d'Archéologie de Belgique, à Anvers.
1878 DUFOUR Th., directeur honoraire de la Bibliothèque de Genève.
1910 FRUTTAZ (le chanoine), président de la Société académique d'Aoste.
1881 HOLLANDE I directeur honoraire de l'Ecole préparatoire à l'enseignement supérieur, à Chambéry.
1900 MANNO Antonio (le baron) G C G C, membre de l'Académie des sciences, à Turin.
1916 MARTIN Paul-Edmond, archiviste d'Etat, docteur ès-lettres, à Genève. 1916 MONTET (de) Albert, à Corseaux (Vaud).
1911 MURET Ernest, professeur de philologie romane à l'Université de Genève. 1916 PÉROUSE Gabriel, archiviste départemental de la Savoie, docteur èsIettres,
èsIettres, Chambéry. 1916 PETIT (Mgr) Louis, archevêque d'Athènes. 1915 PLOCQ Ernest ingénieur, inspecteur honoraire de l'exploitation
aux chemins de fer du Nord, à Paris. 1881 REVIL I, docteur ès-sciences, géologue, ancien président de
l'Académie de Savoie, à Chambéry. 1888 REVON Michel , professeur de littérature orientale à la Sorbonne. 1885 RITTER Eugène, professeur honoraire à l'Université de Genève.
1914 SONNAZ (le comte Gerbaix de) G C G C , ancien ministre plénipotentiaire,
plénipotentiaire, du royaume d'Italie, à Turin. 1911 VAN GENNEP, directeur de la Repue d'Ethnographie et de Sociologie, professeur.
MEMBRES EFFECTIFS.
1910 ABRY Joseph, imprimeur-éditeur, à Annecy. 1910 ADÉ Henri, architecte, à Annecy.
1914 AIX-SOMMARIVA (marquis d') Claude, capitaine au régiment de Savoiecavalerie, à Milan.
1910 ANTHONIOZ Charles A, sculpteur, à Genève. 1912 ANTHONIOZ Alfred A sculpteur, à Genève.
1903 AUSSEDAT Louis, ingénieur des Arts et Manufactures, à Annecy.
1911 BADIN Charles, négociant, à Annecy.
1900 BALLEYDIER Louis I, doyen de la Faculté de Droit de Grenoble.
1906 BARUT Jules. directeur de l'usine du Giffre, à Annecy. 1907 BLANDIN Henri, receveur des Domaines, à Annecy. 1912 BOUCHET Claudius, négociant, à Annecy,
1908 BOUGIÈR, sous-ingénieurdes Ponts et Chaussées, à Annecy. 1913 BRIFFAZ François, docteur en médecine, à Bonneville.
1912 BROCADET A.-P., pharmacien, à Paris.
1896 BUTTIN Charles, ancien président de l'Académie Florimontàne, membre du Comité de perfectionnement du Musée de l'Armée, à Paris. 1911 CALLIES Henri, industriel, à Annecy,
1903 CARLE, capitaine d'infanterie, à Montluçon.
1895 CARNOT François député, ingénieur des Arts et Manufactures,
à Paris, 1909 CARRIER Maurice, avoué, à Bonneville. ■'-
1874 CARRON Jacques, avocat, à Annecy.
1905 CATTIN Benoît, notaire, à Annecy.
1913 CAVARD chef de bataillon au 30 de ligne, à Annecy.
1913 CHOLLEY André, professeur agrégé au Lycée Berthollet, Annecy,
1909 COCHON O I conservateur honoraire des Eaux et Forêts, à
Chambéry. 1903 COSTA DE BEAUREGARD (Cte Olivier), à Sainte-Foy, par Longue-ville
(Seine-Inférieure); 1911 COSTAZ G. A, directeur du Syndicat agricole de la Hte-Savoie,
à Annecy.
1890 CROLARD Albert, député, ingénieur des Arts et Manufactures, à Paris. 1897 CROLARD Francis A, directeur de l'exploitation du tramway
Annecy-Thônes, à Annecy. 1897 CROSET François. , ancien économe de l'Hôpital d'Annecy,
1906 CHOYN A, I, directeur honoraire des Contributions indirectes, à
Pipriac (Ille-et-Vilaîne).
1907 DENARIÉ Jean, notaire, à Annecy.
1906 DÉPOLLIËR Louis A, imprimeur, à Annecy,
1906 DESCHAMPS , sous-ingénieur des Ponts et Chaussées, à Bonneville; 1896 DESORMAUX J. I, professeur agrégé au Lycée Berthollet, à Annecy. 1892 DESPINE Antoine, à, Annecy,
1910 DESSERVÉTAZ Alfred, comptable, à Annecy.
1892 DOMENJOUD Henri, percepteur en retraite, à Annecy.
1910 DUBETTIER, préposé en chef de l'octroi d'Annecy.
1912 DUFOURNETA. (abbé) A, ancien professeur, à.Nogent-s.-Marne
1913 DUGIT Maurice, ingénieur aux Forces du Fier, à Annecy.
1909 DUNAND Alexis, rentier, à Annecy.
1912 DUPONT-André, industriel, à Paris.
1913 DUSSAUGEY, ingénieur civil, à Annecy-le-Vieux.
1915 FALLETTI Eugène, entrepreneur de travaux publics, à Cran-Gevrier.
1914 FAUCIGNY-LUCINGES (le prince Ferdinand de), à Paris.
1904 FAVRE Asghil, propriétaire, à Faverges. . 1906 FAVRE-LORRAINE, maire de Saint-Jean de Sixt. 1901 FERRERO Marias, conseiller général, à Annecy.
1913 FLAMARY, I entomologiste, au Pont-Neuf, près Annecy. 1911 FOÙRNIER Jacques, ingénieur agronome, à Annecy-le-Vieux. 1901 FREY Charles I, entrepreneur de transports, à Annecy. 1892 FRÉZAT Simon, à Bonneville.
1908 GAILLARD Claudius, sous-ingénieur des Ponts et Chaussées, à Annecy. 1906 GALLET Claudius A, docteur en médecine, à Annecy,
VIII
1883 GALLIARD Louis, docteur en médecine, à Annecy.
1906 GARDIER François , à Annecy.
1913 GAVARD (le chanoine), supérieur de l'Ecole de Théologie, à Tessy, par
Metz (Haute-Savoie). 1897 GELEY Gustave A, docteur en médecine, à Annecy.
1904 GENEVOIS Ferréol, docteur en pharmacie, à Annecy.
1913 GOY (le D') A, maire de Reignier, sénateur de la Hte-Savoie. 1886 GRIVAZ Louis A, notaire, à Annecy.
1906 GUINIER Philibert inspecteur des Eaux et Forêts, chargé de cours à l'Ecole forestière, à Nancy.
1906 HÉRISSON Jean A, imprimeur, à Annecy.
1910 LACHENAL Arthur docteur en droit, à Paris.
1907 LAEUFFER Eugène directeur de la Manufacture d'Annecy. 1909 LAEUFFER Jean C rentier, à Annecy.
1905 LAVOREL J.-M. (le chanoine), à Annecy.
1901 LAYDERNIER Léon A , banquier, à Annecy. 1891 LE ROUX Marc I. docteur ès-sciences, bibliothécaire et conservateur du Musée d'Annecy.
1908 LETONNELIER Gaston A, archiviste départemental, à Annecy. 1911 MAILLOT C IO général de brigade du cadre de réserve, à
Annecy.
1911 MARCHAND Francis, avoué à Annecy.
1909 MARES Léon, maire de Lovagny, château de Montrottier.
1891 MARTEAUX Charles I, professeur agrégé au Lycée Berthollet, à Annecy.
1910 MARTIN Georges I, professeur agrégé au Lycée Berthollet, à Annecy.
1913 MARTIN Paul (l'abbé), curé de Moye (Haute-Savoie).
1911 MARULLAZ F. (l'abbé), professeur au Pensionnat Bon-Rivage, à La
Tour de Peilz (Vaud). 1911 MENTHON (le comte Antoine de), à Charbonnière, Menthon.
1914 MERCIER, inspecteur primaire, à Annecy.
1906 MICHEL Amédée, ancien conseiller général, à Thônes.
1893 MILLET A ingénieur honoraire des Ponts et Chaussées, à
Annecy. 1885 MIQUET François A, receveur honoraire des finances, à Annecy. 1899 MONNET (Mlle), à Annecy. 1903 MURGIER Jules, chirurgien-dentiste, à Annecy. 1874 NANCHE Isidore I, chirurgien-dentiste, à Annecy. 1913 NEYROUD Albert, notaire, à Sallanches. 1901 OGIER J.-M. (l'abbé), à Annecy.
1906 ORLYÉ Philibert (d') , propriétaire, maire de Menthon-St-Bernard. 1906 ORLYÉ Jean (d'), licencié ès-sciences, à Paris. 1912 ORMOND Marguerite (Mme), au château de Crevins-Bossey. 1913 PASSORIO PEYSSARD (Ch. de), au château de Montaigu (Chalonnes-surLoire),
(Chalonnes-surLoire), à Nantes.
1911 PAUL-DUBOIS, conseiller référendaire honoraire à la Cour des Comptes,
à Paris. 1902 PÉRILLAT, ancien administrateur du Bon Marché, Paris. 1913 PERKINS Nevil, professeur à l'Université de Bristol (Angleterre).
1912 PERNOUD Louis, curé de Bossey-sous-Salève. 1914 PERNOUD Louis, inspecteur-voyer, à Annecy.
1907 PERRAVEX A, inspecteur des postes et télégraphes, à Annecy. 1909 PERRET Henri, avocat, à Bonneville.
IX
1912 PEPRIER DE LA BATHIE, ingénieur-agronome, à Ugine (Savoie). 1911 PÉRIN , commandant en retraite, à Annecy. 1915 PFISTER Hubert, agent d'assurances, à Annecy,
1915 PFISTER Louis, organiste de la cathédrale, à Annecy.
1894 PICCARD L.-E. (Mgr) I O proton, ap., chan. hon., à Thonon.
1911 PISSARD Louis, notaire, à Saiht-Julien-en-Genevois.
1897 RAILLON I, architecte départemental, à Annecy.
1909 RANNAUD Marie (le chanoine), à Annecy.
4913 REBORD Charles (le chanoine), prévôt de la Cathédrale, à Annecy.
1911 REPLAT Georges, procureur de la République, à Albertville.
1911 REPLAT Jacques, directeur de la Société d'assurances « L'Union »,
à Annecy.
1912 REVIL Jean, licencié en droit, à Annecy.
1903 REY Emile A (N-I), procureur de la République, à Guéret (Creuse). 1901 RICHARD J. géomètre en chef du Cadastre, à Annecy.
1874 RITZ Jean C I, compositeur de musique, Annecy.
1894 ROBERT Victor à Annecy,
1912 ROBERT Louis, employé à la Société générale, à Annecy.
1909 ROSSET I, instituteur honoraire, à Groisy-le-Plot.
1908 RUFFIER Jean I, professeur au Lycée Berthollet, Annecy.
1906 RUPHY Charles, industriel, à Annecy.
1912 RUPHY Louis, architecte, à Annecy.
1897 SAUTIER-THYRION, propriétaire, à Veyrier-du-Lac.
1908 SERAND François, chef de bureau à la Préfecture, à Annecy.
1891 SERAND Joseph, archiviste-adjoint, à Annecy.
1908 SERVETTAZ Claudius A, professeur à l'Ecole supérieure d'Annecy.
1901 SEYSSEL-CRESSIEU (le cte Marc de), château de Musin, par BelIey.
1902 TERRIER Auguste O A, secrétaire général du Comité de l'Afrique
française et du Comité du Maroc, à Paris. 1871 THONION I, docteur en médecine, ancien député, à Annecy. 1874 TISSOT (l'abbé), curé de Cluses. 1914 TRÉSAL (l'abbé), diplômé d'études supérieures d'histoire, à Charenton.
1904 VARAY François, docteur en médecine, à Annecy.
MEMBRES CORRESPONDANTS. MM. 1900 BOSSON François, pharmacien, à Saint-Jeoire. 1915 COUTIL Léon, archéologue. 1916 DUNOYER Norbert, à Juvigny.
1916 EMPRIN (l'abbé), curé de Valezan (Savoie).
1915 MANECY Jules, receveur des douanes en retraite, à Bayonne.
1916 POCHAT-BARON François (l'abbé), supérieur du collège de Thônes.
1914 TERRIER Jean, imprimeur, à Etampes.
LISTE DES SOCIÉTÉS SAVANTES
QUI ÉCHANGENT LEURS PUBLICATIONS AVEC LA REVUE SAVOISIENNE
FRANCE.
AMIENS. Société des antiquaires de Picardie. ANNECY. Académie Salésienne. AUTUN. Société éduenne. AVIGNON. Académie de Vaucluse. BEAUNE. Société d'histoire et d'archéologie. BELLEY. Le Bugey.
BESANÇON. Société d'émulation du Doubs. BOURG. Société d'émulation de l'Ain.
— Société des sciences naturelles et d'archéologie de l'Ain.
— Société Gorini.
CHAMBÉRY. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie.
— Société savoisienne d'histoire et d'archéologie.
— Société centrale d'agriculture.
— Société d'histoire naturelle. CHERBOURG. Société des sciences naturelles. DIJON. Académie des sciences, arts et belles-lettres. GAP. Société d'études des Hautes-Alpes. GRENOBLE. Académie delphinale.
— Annales de l'Université de Grenoble.
— Société de statistique de l'Isère.
— Société des Touristes du Dauphiné. LONS-LE-SAULNIER. Société d'émulation du Jura. LYON. Société de botanique de Lyon.
— Académie des sciences et belles-lettres.
— Société d'agriculture.
— Annales de l'Université. (Bibliothèque universitaire).
— Revue d'histoire de Lyon.
— Revue alpine (don). MACON. Académie des sciences. MONTPELLIER. Académie des sciences et lettres. MOUTIERS. Académie de la Val-d'Isère. NANTES. Société des sciences naturelles. NICE. Société des lettres des Alpes-Maritimes. NÎMES. Académie du Gard.
PARIS. Polybiblion. (Revue bibliographique universelle.)
— Comité des travaux historiques et scientifiques.
— Société nationale des antiquaires de France.
— « Pro Alesia », revue des fouilles d'Alise.
— Revue mensuelle de l'Ecole d'anthropologie.
— Société nationale d'agriculture (don du Ministère).
XI
— Bulletin du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc (don), _ L'Homme préhistorique, .
— Le Mercure de France.
— La Grande Revue (don),
— Revue archéologique (souscription).
SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE. Société d'histoire et d'archéologie, SEMUR, Société des sciences historiques, THONON. Académie chablaisienne.
ÉTRANGER,
AOSTE. Société académique du duché d'Aoste.
BERNE. Mittheilungen der Naturforschend en Gesellschaft.
BRUXELLES. Société royale de botanique.
— Société d'archéologie. CINCINNATI (U.S. A.). The Lloyd Library. GENÈVE. Institut national genevois.
— Société d'histoire et d'archéologie. _ Société suisse de numismatique. — Société de géographie (le Globe). _ Bulletin de la Société Zoologique. LAUSANNE. Société vaudoise des sciences naturelles.
— Société d'histoire de la Suisse romande. _ Revue historique vaudoise.
MILAN. Atti della Società italiana di scienze naturali. Moscou, Société impériale des naturalistes, NEUFCHATEL. Société des scienes naturelles, —- Société neuchâteloise de géographie. PADOUE. Atti dell. Acad. scient. Veneto-Trentino-Istriana. SAINT-LOUIS. (U. S. A.). The Missouri botanical garden. SION (Valais), La Murithienne. TURIN. Miscellànéa di storia italiana (Regia deputazione di storia patria),
— Société d'archéologie et Beaux-Arts.
— Associazione fra oriundi savoiardi e nizzardi italiani.
— Bolletino storico bibliografico subalpine.
URBANA. (U. S. A.). Illinois state laboratory of natur. history, VÉRONE. Madona Verona (Muséo Civico). WASHINGTON. (U, S. A.). Smithsonian Institution. WISGONSIN (U. S. A.). Academy of sciences, arts and letters. ZURICH. Anzeiger fur schweizerische Geschichte alterthumskunde (Indicateur d'antiquités suisses). _ Mittheilungen der antiquarischen Gesellschaft (Soc. des Antiquaires).
JOURNAUX.
ANNECY. Les Alpes. — Industriel, savoisien. — Annecy, son lac, ses environs, PARIS. Le Savoyard de Paris.
DÉCRET PORTANT APPROBATION DES STATUTS
Le Président de la République Française,
Sur le rapport du Ministre de l'Intérieur ; Vu la délibération de l'assemblée générale de l'association dite Société Florimontane, d'Annecy, en date du 15 janvier
Le décret du 17 décembre 1896 qui a reconnu cette association comme établissement d'utilité publique;
Les pièces établissant la situation financière de l'assotion ;
Les statuts proposés;
L'avis du Ministre de l'Instruction Publique et des BeauxArts, du 31 octobre 1914 ;
L'avis du Préfet de la Haute-Savoie, du 1er septembre 1914;
La loi du 1er juillet 1901 et le décret du 16 août suivant ;
Le Conseil d'Etat entendu,
Décrète :
ARTICLE PREMIER
L'association dite Société Florimontane dont le siège est à Annecy et qui a été reconnue comme établissement d'utilité publique, par décret du 17 décembre 1896, sera désormais régie par les statuts annexés au présent décret.
ARTICLE 2
Le Ministre de l'Intérieur est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait à Paris, le 11 mars 1915.
Signé : POINCARÉ.
Par le Président de la République : Le Ministre de l'Intérieur, Signé : L. MALVY.
Copie conforme transmise à M. le Maire d'Annecy pour notification à l'Académie Florimontane.
Annecy, le 26 mars 1915.
Pour le Préfet et par délégation :
Le Secrétaire général.
Signé : DUPRAZ.
N° 1. Ier TRIMESTRE.
ACADÉMIE FLORIMONTANE - ANNECY
Assemblée générale annuelle du 12 janvier 1916
PRESIDENCE M. MIQUET, PRESIDENT
La séance est ouverte à 5 heures 1.
Le SECRÉTAIRE donne lecture du procès-verbal de la précédente séance dont la rédaction est adoptée. Le PRÉSIDENT prononce l'allocution suivante :
Messieurs,
Je viens d'apprendre avec un vif regret la mort de M. Marcel Gaillard, fils de notre sympathique collègue, M. le sous-ingénieur. Gaillard, qui a été tué à l'ennemi le 3 janvier 1916, en Alsace.
C'était un jeune homme d'avenir, qui se préparait à suivre la carrière paternelle, et qui avait subi avec succès le concours d'admission au grade de conducteur des Ponts et Chaussées.
Si glorieuse que soit sa fin prématurée, nous nous associons à la douleur de sa famille et nous présentons à ses parents nos plus vives condoléances.
J'adresse à M. le sous-ingénieur Bougier, notre aimable confrère, les félicitations de l'Académie au sujet des brillantes citations du capitaine Bougier, son fils, du 8e génie, qui a été décoré de la croix de guerre avec deux étoiles et une palme.
Il m'est agréable également de signaler la mise à l'ordre du jour de l'armée du lieutenant d'artillerie Jean Cailles, proche parent de plusieurs de nos collègues, qui est, en même temps, nommé capitaine.
Enfin, je ne saurais manquer de complimenter notre excellent vice-président, M. Nanche, qui vient de recevoir le titre, assurément très flatteur, de président d'honneur de la section d'Annecy de l'Association des Dames Françaises.
1. Sont présents; MM. Adé, Badin, Blandin, Croset, Désormaus, Domenjoud, Falleti, Ferrero, Flamary, Gardier, Hérisson, Lavorel, Le Roux, Général Maillot, Marteaux, Martin, Miquet, Nanche, d'Orlyé, Perrin, H. Pfister, L. Pfister, Richard, Robert, Ruphy, F. Serand, J, Serand,
Excusés : MM. Atory, Cattin, A. Crolard, Gaillard, Pernoud, Sautier-Thynon.
— 2
Il ne semble pas que ce titre pût être mieux appliqué qu'au galant homme qu'est notre ami.
M. GARDIER donne lecture de la situation financière pour l'exercice 1915 :
Avoir de la Société :
2 Obligations chemins de fer Ouest-Etat 1.015 40
Numéraire 923 19
RECETTES :
Rente 4 0/0 Ouest-Etat 38 20
Intérêts de la somme déposée à la Caisse d'Epargne 33 37
Cotisation 1914 12 »
Cotisations 1915 1 400 68
Abonnements à la Revue. 210 83
Annonces dans la Revue 30 »
Ventes de publications :
Diverses 63 60
Exemplaires de Boutae 17 55
81 15
Rabais sur factures 5 10
RECETTES ORDINAIRES 1.811 33
Concours de céramique 400 »
Concours de Poésie 1915 100 »
TOTAL GÉNÉRAL DES RECETTES 2 . 311 33
DÉPENSES : Service de la Revue :
Solde facture Abry 1914 493 70
Factures des trois premiers trimestres 1915 643 20
Clichés 41 65
684 85
Boutae. Impression du supplément 18 »
Bibliothèque. —Abonnement .. 3 2 »
Assurance... 11 »
Reliure 132 55
Millénaire de Cluny 2 50
178 05
Correspondance du Bureau pour la Revue et la Bibliothèque. 925
Frais de recouvrements 37 45
Matériel : Rayonnages 42 10
Imprimés 16 »
Fournitures diverses et frais de bureau, étrennes du facteur, envois de fonds, etc 17 50
Participation à l'OEuvre universitaire suisse des Etudiants prisonniers de guerre :
Souscription 50 »
Port de livres et emballage 6 45
56 45
Entretien des tombes des Membres du Bureau, décédés et sans
famille à Annecy 20 75
TOTAL DES DÉPENSES ORDINAIRES 1574 10
Concours de céramique 400 »
Concours de Poésie 1915 100 »
TOTAL GÉNÉRAL DES DÉPENSES 2 074 10
L'excédent des Recettes sur les Dépenses a donc été de 237 fr, 23. Si nous ajoutons cette somme aux 923 fr, 19 qui au 15 janvier 1915 constituaient notre solde, nous atteignons le chiffre de 1160 fr. 42 ; de telle sorte que l'encaisse de la Société à ce jour se trouve ainsi répartie :
A la Caisse d'épargne 1.155 88
Chez le Trésorier.... 454
TOTAL. .......... . 1,160 42
M. GARDIER expose ensuite le projet de budget pour 1916 tel qu'il a été établi par le Conseil d'administration dans sa séance du 8 janvier :
PROJET DE BUDGET POUR 1916. RECETTES : Restes à recouvrer. 1914-1915 :
Exercice 1914. Cotisations : 4 a 12 fr. 48 » Abonnements : 1 à 6 fr. 6 »
54 » » »
Exercice 1915. Cotisations : 18 a 12 fr. 216 » Abonnements : 3 à 6 fr. 18 »
234 » » »
Exercice 1916 : A prélever sur les fonds déposés à la Caisse
d'Epargne pour solder les frais d'impression
du 4e trimestre 1915 de la Revue 272 2 5 » »
Cotisations... " 1.300 » » »
Abonnements 190 » » »
Publicité : Annonces dans la Revue 30 » » »
Vente de publications. 100 » » »
Intérêts de fonds placés 70 » » »
TOTAL DES RECETTES .... 2.250 25 » »
DÉPENSES : Frais généraux :
Recouvrements 40 »
Correspondance.. 30 » .
Fournitures de bureau et divers... 30 »
» » 105 »
Revue Savoisienne : Imprimés et clichés » » 1.400 »
Solde de la facture Abry, 4e trimestre 1915 » » 272 2 5
Bibliothèque et Archives :
Assurance............. 11 »
Archives 30 »
Abonnement à périodique.. 32 »
Reliure 175 »
Achat de livres 150 »
» » 398 »
Dépenses diverses et imprévues » » 23»
Entretien des tombes des membres du bureau,
décédés et sans famille à Annecy » » 24 »
Fonds de réserve prélevé sur les bénéfices de
l'année 1915. 1/10e des bénéfices » » 28 »
RECETTES ET DÉPENSES............ 2.250 25 2.250 25
Balance
Après approbation de ces comptes par l'assemblée, le PRÉSIDENT félicite notre aimable trésorier dont le zèle et le dévouement sont inlassables.
Sont élus vérificateurs des comptes pour 1916 : MM. D'ORLYÉ, DOMENJOUD et PERNOUD.
Le BIBLIOTHÉCAIRE dépose sur le bureau les ouvrages reçus :
Ch. VIBERT, La Race Chamitique, Paris 1916. (don de M. Dépollier.)
Norbert DUNOYER, Ephémérides, Illustrations et célébrités savoisiennes, 2 vol. Thonon 1910.
Conclusions prononcées dans la cause des frères Rosset, de la commune de Viry. par M. GIROD, 1907.
(Dons de M. Norbert Dunoyer)
Ch. REBORD. Le Divin Voyageur, Annecy, 1 900, trois cartes pour l'intelligence de cet ouvrage.
ID., La Maison de la Galerie, Annecy, 1911.
ID., L'OEuvre de la Propagation de la Foi dans la diocèse d'Annecy, Annecy, 1912.
E. CHEVALIER, Notice sur la longévité et les dimensions de quelques arbres, Annecy, 1870.
ID., Notice sur les insectes nuisibles et les insectes utiles de la Savoie. Annecy, 1872.
(Dons de M. le chanoine Rebord.)
La parole est donnée à M. BLANDIN pour la lecture de son rapport sur le concours de céramique ouvert par la Florimontane en 1915 :
L'honneur que vous m'avez fait, Messieurs, en me confiant, après celui des poupées à costumes, le rapport du concours de céramique régionale, n'est pas sans me troubler un peu, en raison de la responsabilité qui m'incombe d'un exposé fidèle de diverses impressions, qui pourrait être entaché de préférences personnelles pour un genre plutôt que pour un autre. Je m'efforcerai de m'abstraire de telles suggestions pour vous présenter, dans la mesure de mes forces, la quintessence des remarques et des observations faites par le jury tout entier.
Je dois vous signaler tout d'abord l'impression générale de votre jury à son entrée dans la salle où se trouvaient groupés les envois des deux concurrents, car il n'y eut que deux concurrents à ce concours qui, à n'en pas douter, eût réuni, en tout autre temps, un plus grand nombre d'exposants ; cette impression était faite tant de surprise au vu de l'importance de chaque lot, que d'admiration pour l'harmonie du groupement et la diversité des pièces offertes à notre jugement. L'effort est manifeste comme le souci des concurrents de s'engager sur des
voies différentes, dans le but de parvenir à la découverte de la vérité, touchant un ou plusieurs types originaux de céramique vraiment régionale. J'adopterai l'ordre alphabétique dans mon étude des envois des deux artistes et je vous ferai remarquer que, si vous n'avez sous les yeux qu'un certain nombre de types de l'oeuvre de chacun, c'est que le jury a tenu à rester discret dans le choix des pièces conservées pour demeurer la propriété de l'Académie Florimontane ; j'ajoute enfin que l'effort de chacun des concurrents ayant parti équivalent, le jury vous propose d'accorder un premier prix ex cequo et de partager par moitié entre M. Béchard et M. Jacquet la somme affectée au concours.
M. Ernest-François Béchard, artiste-peintre à Annecy, 10, placé au Bois, lauréat du prix de Sèvres 1912-1913, a emprunté à la faune, à la flore, au paysage savoyard les éléments principaux de la décoration de ses pièces artistiques. La faveur du jury m'a paru se porter sur un vase décoré de pommes de pin, dont la réussite est sans doute due à la stylisation d'une branche cueillie au hasard d'une promenade en forêt du Crêt du Maure ; sur d'autres objets nos fougères locales plaquent leurs découpures élégantes ; je signale un plat décoratif, dans la note impressionniste, où nous voyons un intéressant effet de soleil couchant sur un paysage d'Angon ; les papillons et les poissons Ont fourni des éléments heureux de décoration à cet artiste. Dans les objets usuels, le jury a fait une abondante cueillette, comme dans ceux de M. Jacquet, estimant que là était l'avenir, au début du moins, de la céramique locale. Je vous prie de remarquer l'heureuse disposition des ornements de la soupière, du pot à eau, du sucrier, des soucoupes, assiettes et menus objets; ces divers morceaux sont de nature à impressionner utilement les fabricants désireux de renouveler leur manière et dé l'améliorer, M. Béchard emploie deux procédés différents : celui des réserves et celui de l'émail ; c'est affaire de goût personnel de marquer une préférence pour le résultat obtenu ; au total il convient de le féliciter de son éclectisme et de ses heureuses tentatives en divers sens pour obtenir un effet original, une décoration inédite qui soit comme le cachet spécial d'une oeuvre sortie d'un four annécien.
M. Paul Jacquet, professeur de dessin à l'Ecole primaire supérieure, demeurant à Annecy, 1, rue Jean-Jacques Rousseau, expose lui aussi dans les deux sections du concours. Ses objets artistiques sont en faïence (terre émâillée) ou en terre
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vernissée décorée au pochoir (procédé du papier) ou au moyen de l'antique barolet (procédé par lequel l'opérateur laisse couler la matière colorée en suivant le contour du dessin). Sans renoncer à une certaine fantaisie dans la disposition de ses sujets décoratifs, M. Jacquet marque une tendance à la disposition régulière, parfois géométrique, de ses ornements ; tels de ses groupements décoratifs rappellent lé style persan ou mauresque; je signale cependant un de ses plats orné d'une carpe contournée dans le goût chinois ou japonais. On a admiré un vase sur les flancs duquel se jouent des poissons hérissés de piquants, telles les nageoires des perches de notre lac ou des rascasses hargneuses, dont les riverains de la Méditerrannée font l'élément principal de leur bouillabaise nationale. Les lézards, escargots, chardons, fleurs alpestres lui ont fourni de nombreux modèles. Il a lui aussi offert un large tribut à la section des objets usuels ; j'attire votre bienveillante attention sur la soupière et le plat décorés en étoiles avec fleurs diverses, comme sur les trois pièces du service à thé, le pot à miel avec cyclamens, le sucrier bleu, le légumier blanc orné de torsades bleues et les deux pots à eau et à vin.
L'Académie Florimontane déposera au Musée les diverses pièces de céramiques retenues ; chacun pourra donc aller les admirer. Les objets usuels, avec décor renouvelé ou rappelant les plantes et les animaux de la Savoie, serviront, j'en suis certain de modèles pour la fabrication régionale que notre Compagnie serait si heureuse de voir renaître dans notre pays. A ce titre, le concours est un succès ; d'ores et déjà le but est atteint et l'avenir semble assuré à une branche à la fois artistique et industrielle, qui peut devenir une source de profits et même de renommée pour une région appelée à un si brillant essor.
Les conclusions du jury et l'attribution des prix à MM. BÉCHARD et JACQUET sont adoptées.
Sur la proposition du Conseil d'administration, sont élus : membres honoraires : MM. Achille ALLART, ingénieur des Arts et Manufactures, à Genève ; Paul-Edmond MARTIN, archiviste d'Etat de la République, à Genève; Albert DE MONTET, homme de lettres, à Corseaux (Vaud) ; Gabriel PÉROUSE, archiviste de la Savoie, à Chambéry; Mgr Louis PETIT, archevêque d'Athènes: membres correspondants : MM. EMPRIN, curé de
Valezan ; POCHAT-BARON, supérieur du collège de Thônes, et Norbert DUNOYER, de Juvigny.
Il est procédé au renouvellement par tiers des membres sortants du Conseil d'administration. Sont réélus: MM. Carron, Grivaz, Lavorel et G. Martin.
L'ordre du jour portant élection du président, M. MIQUET cède le fauteuil au doyen de l'assemblée, M. D'ORLYÉ. Les résultats du scrutin sont : M. Miquet, 24 voix; M. Désormaux, 1 voix; M. Nanche, 1 voix ;. 1 bulletin blanc. Après le dépouillement du scrutin, M. D'ORLYÉ proclame M. MIQUET président de la Florimontane pour une nouvelle période de trois ans.
M. D'ORLYÉ en invitant M. Miquet à reprendre sa place au fauteuil, lui exprime, en termes élevés, la reconnaissance de ses collègues pour le dévouement et l'autorité qu'il a déployés dans la haute fonction à laquelle il vient d'être rappelé, aux applaudissements de tous. Il a consacré son activité à deux nobles oeuvres : la glorification de notre illustre fondateur par le monument à saint François de Sales et la rédaction du Livre d'Or des Savoyards à la guerre, qui perpétuera dans le pieux souvenir de leurs compatriotes les noms des héros tombés pour la France et exaltera les faits d'armes de nos soldats savoyards qui se sont signalés par leur bravoure dans les luttes épiques de la Grande Guerre.
M. MIQUET répond en ces termes ;
Messieurs,
Je vous remercie de la nouvelle preuve de sympathie que vous venez de me donner en me réélisant à la présidence de l'Académie. Je remercie particulièrement M. d'Orlyé des paroles si aimables et si bienveillantes qu'il vient de prononcer.
Je vous prie d'agréer l'assurance que je ferai tout ce qui dépendra de moi pour m'en rendre digne et pour répondre à votre confiance.
A cette époque de l'année, la plupart des corps savants procèdent, comme nous venons de le faire, à des élections pour le renouvellement de leurs bureaux. Partout, les présidents sortants font chorus avec leurs successeurs pour célébrer l'héroïsme de nos armées et la gloire de nos morts.
Vous trouverez naturel que j'associe la Florimontane à ces manifestations et que je répète ici les voeux formulés par M. Ribot dans la dernière séance de l'Académie des Sciences morales et politiques :
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« Puisse l'année 1916, où nous venons d'entrer, nous déli6 vrer, et avec nous le monde entier, des angoisses et des tristesses de cette lutte que nous soutenons pour la liberté et la justice !
« Puissions-nous bientôt marquer le jour de la victoire certaine du droit !
« En attendant, travaillons avec calme, de toutes nos forces et de tout notre coeur, et gardons une confiance invincible dans les destinées de notre pays. »
M. MIQUET fait un excellent commentaire sur deux opuscules offerts par M. Manecy à la bibliothèque florimontane. L'un d'eux, très rare, est une comédie jouée en 1789 en présence du roi : Les deux petits Savoyards, qui forment avec Fanchon la vielleuse et la Grâce de Dieu, la trilogie légendaire. Il donne lecture de plusieurs amusants passages de cette comédie dont l'ignorante naïveté fait maintenant sourire. L'autre opuscule est un très curieux mémoire relatif au droit d'aubaine. (Voir le présent fascicule.)
Le MÊME dit qu'à ce jour il a établi 2.054 fiches pour le Livre d'Or. On compte 13 rosettes d'officiers, 77 croix de chevaliers de la Légion d'honneur, 638 médailles militaires, 1 315 croix de guerre, 11 médailles d'honneur des épidémies. La liste des braves tombés glorieusement comprend 128 officiers, 341 sous-officiers.
M. DÉSORMAUX fait une communication sur la science allemande et la science française, à propos d'un ouvrage récent de géographie linguistique. (Voir dans le présent fascicule.)
M. MARTEAUX, tout en rendant hommage au beau discours de son collègue, fait remarquer qu'il ne faut pas exagérer ; que les événements douloureux que nous traversons ne doivent pas nous empêcher d'être justes ; qu'il est des oeuvres allemandes qui resteront, comme le Corpus des Inscriptions latines de la Gaule d'Hirschfeld, le Trésor celtique d'Holder, le Dictionnaire latin roman de Koerting, etc., que nous avons laissé faire à ces savants, alors qu'elles intéressaient notre propre patrimoine national, et cela par suite de notre manque d'organisation et de coordination dans l'effort, de notre individualisme trop égoïste, de l'indifférence administrative. Apprêtons-nous à faire mieux; que ce soit le but de tout patriote, après la victoire.
Il est décidé que le Concours Andrevetan pour 1916 ne comprendra qu'une section : la Poésie, prix 200 fr. Le concours
d'histoire, en raison des circonstances défavorables aux recherches est ajourné. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 6 h, 3/4.
Le Conseil d'administration se réunit immédiatement afin de nommer son bureau pour 1916. Les mêmes membres sont réélus. (Voir en tête du présent fascicule.)
Le Secrétaire : Marc LE ROUX. Séance du 2 février 1916.
PRESIDENCE DE M. MIQUET, PRESIDENT.
La séance est ouverte à 5 heures 1.
Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et adopté.
Le PRÉSIDENT prononce l'allocution suivante :
Messieurs,
Je suis eh retard pour adresser les condoléances de l'Académie à M. Raillon qui vient de perdre son neveu, le capitaine Ferdinand Belmont. chevalier de la Légion d'honneur et deux fois cité à l'ordre du jour de l'armée, tombé pour la France, à l'âge de 26 ans, le 28 décembre 1915.
Cette mort est d'autant plus déplorable que ce jeune officier est le troisième fils perdu par la famille Belmont depuis le début des hostilités ; les deux autres ont été tués : Jean, le 29 août 1914 et Joseph, le 2 juillet 1915.
Je prie notre excellent collègue, M. Raillon, d'agréer, à cette occasion, l'expression de toutes nos sympathies.
Je souhaite la bienvenue a M. Letonnelier, qui doit à une grave blessure, incomplètement guérie, le droit de reprendre sa place dans nos rangs.
1. Sont présents : MM. Désormaux, Flamary, Gardier, Le Roux, Letonnelier, Général Maillot, Marteaux, Martin, Miquet, Périn, L. Pfister, Robert, F. Serand, J. Serand.
Excusé : M. Nanche.
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M. Letonnelier, dont tous les chefs directs sont tombés au champ d'honneur le jour où il fut blessé, n'a été signalé par personne pour obtenir une récompense : aussi n'en a-t-il pas d'autre que la satisfaction du devoir accompli. En attendant que justice lui soit rendue, — et nous savons qu'une commission de la Chambre est chargée d'ouvrir une enquête sur les cas de cette espèce — il représentera parmi nous le courage modeste, qui n'a pas besoin de signes distinctifs pour s'attirer la considération due à ceux qui ont versé leur sang pour le pays. Je le prie d'agréer l'assurance qu'ici cette considération ne lui fera pas défaut.
M. DÉSORMAUX rappelle que feu le grand duc Constantin, ancien président de l'Académie des Sciences de Pétrograd et membre d'honneur de la Florimontane, avait toujours entretenu d'amicales relations avec notre regretté philologue savoyard, Aimé Constantin, qui fut, à la Cour de Russie, précepteur du Grand Duc et de sa soeur, aujourd'hui reine douairière de Grèce. Le grand duc Constantin, en même temps qu'officier de valeur, était un lettré averti et un poète; on lui doit une traduction d'Hamlet en russe. Il avait gardé d'un court séjour à Annecy, aux Marquisats, un très pénétrant souvenir. Dans une de ses lettres il témoigne de l'admiration que lui causa la beauté du lac d'Annecy. M. Désormaux. au cours de son travail philologique pour l'édition du Dictionnaire Savoyard, a eu entre les mains la correspondance du Grand Duc avec Aimé Constantin ; il donne lecture de plusieurs passages de ces lettres qui montrent la noblesse de caractère et la délicatesse de sentiments du prince russe, mort récemment.
M. LE Roux fait une communication sur des antiquités romaines recueillies aux Fins : une monnaie de Julia Domna, femme de Septime Sévère, don de M. Coutin, rue Sommeiller ; un petit flacon à parfums en verre bleu et un élégant vase à anse en terre cuite, dons de M. René Murgier.
M. le général MAILLOT montre un périscope allemand très perfectionné pour tranchées, recueilli par son fils en Champagne, et en explique le fonctionnement.
M. LETONNELIER fait l'examen critique d'un livre sur Pierre Camus, évêque de Belley, écrit, comme thèse de doctorat, par un allemand. (V. Bibliographie savoisienne.)
M. MARTEAUX fait passer une charte latine de 1530 obligeamment prêtée par notre confrère M. Dubettier et dont M. Letonnelier, archiviste, a bien voulu faire, pour la Revue la transcrip-
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ption. Il s'agit de l'amodiation par le Chapitre de l'église de N.-D. de Liesse du prieuré de Sevrier et dépendances en faveur des frères Aymon et Laurent Abriuz, d'Annecy-le-Vieux, héritiers et successeurs de leur frère Jacques, chapelain de ladite église.
M, DÉSORMAUX donne lecture de quelques sonnets dus à un annécien, M. Jean Fontaine, licencié ès-lettres. Ces poésies écrites, dit l'auteur, à « vingt ou trente mètres des fauves », sont ciselées avec un art très délicat et une remarquable richesse verbale. (Voir dans le présent fascicule).
M. MIQUET expose la biographie du colonel Ferrie, né en 1868 à Saint-Michel (Savoie). (Voir dans le présent fascicule.)
Le MÊME fait une communication sur l'apparition en Franche-Comté d'un cépage savoyard après la guerre de Trente ans. Il résulte du témoignage d'un de ses correspondants, M. Boillot, que la mondeuse a été introduite dans le Jura au moment de l'immigration savoisienne de 1650 à 1670. Ce cépage apparaît sous le nom de Maldoux dès 1731. Il prospère sous ce nom à Poligny, Arbois et Dôle.
M. MIQUET donne lecture d'un acte concernant un grand mariage à Annecy en 1781, entre Benso de Cavour et J.-F.-M.- Philippine de Sales. La bénédiction nuptiale fut donnée dans la chapelle du palais épiscopal par J.-P. Biord, évêque de Genève.
M. PFISTER offre à la Florimontane une médaille en bronze du graveur Borrel, représentant François Quétant, avocat, ancien président de la Société Philanthropique de Paris.
M. J. SERAND présente, de la part de M. Domenjoud, de Sevrier, le dessin du sceau de Gallois de Regard, évêque de Bagnorea, en Toscane, et abbé d'Entremont, de 1560 à 1647. Ce sceau est appendu à une charte, sur parchemin, datée de 1567.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 6 h. 1/2.
Le Secrétaire : Marc LE ROUX.
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Séance du 1er mars 1916 PRÉSIDENCE DE M. MIQUET, PRÉSIDENT
La séance est ouverte à 5 heures 1.
Le procès-verbal de la dernière séance est adopté.
Le PRÉSIDENT exprime les regrets de l'Académie au sujet de la mort de M. le chanoine ALBERT Nestor, ancien vice-président de l'Académie Salésienne, membre effectif de l'Académie de Savoie, survenue aujourd'hui même, à Annecy.
M. Albert, qui était né à Viry le 8 janvier 1843, était un écrivain laborieux et fécond : il laisse de nombreux volumes de biographie, copieusement documentés, et quelques ouvrages de piété, notamment une Somme ascétique de saint François de Sales.
Le SECRÉTAIRE donne lecture des lettres de M. Albert DE MONTET et de Mgr PETIT, archevêque d'Athènes, qui remercient l'Académie pour leur élection au titre de membre honoraire.
Le BIBLIOTHÉCAIRE dépose sur le bureau des ouvrages offerts par MM. Jean Terrier et Rebord.
M. MIQUET donne quelques renseignements sur la biographie du général Perrilliat, originaire du Grand-Bornand, actuellement établi aux Etats-Unis, et dont la fille a fait récemment des dons aux oeuvres militaires françaises. Ces renseignements sont dus à l'obligeance de notre aimable collègue le capitaine Périllat.
M. LETONNELIER présente la photographie d'une bulle du pape Adrien IV, du 12 février 1155. en faveur de l'abbaye de Sixt. L'original, qui est déposé aux archives paroissiales de Sixt, en a été obligeamment prêté par M. le curé Colloud pour en essayer une reconstitution. En effet, cet acte a été odieusement lacéré, on ne sait à quelle époque, et se compose actuellement de cinq fragments. Bien qu'incomplet, il offre un très grand intérêt, tant à cause de sa teneur que de sa date. C'est le plus ancien, connu jusqu'à ce jour, des actes originaux émanés de la chancellerie pontificale et conservés en Savoie.
1 . Sont présents : MM. Désormaux, Falletti, Flamary, Gardier, Genevois. Le Roux, Letonnelier, Général Maillot, Marteaux, G. Martin, Miquet, Nanche, L. Pfister, Périn. Rebord, V. Robert, F. Serand. J. Serand.
Excusé : M. Lavorel.
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— A ce propos, il est intéressant de noter que le professeur Wilhelm Wielderhold, délégué de l'Académie des Sciences de Goettingue, qui, en 1904, parcourait la Savoie à la recherche des anciens actes pontificaux (on a retrouvé sa trace aux Archives départementales), n'a pu, malgré de minutieuses recherches, mettre la main sur la bulle précitée. Même sur le terrain de l'érudition, les Allemands ne sont donc pas irréprochables.
M. FLAMARY présente un hyménoptère très rare, capturé par lui, sous la mousse, en janvier, au Crêt du Maure. (Voir dans le présent fascicule).
Le PRÉSIDENT donne lecture d'une lettre de notre collègue M. J. Cochon qui signale un important manuscrit relevant sept ouvrages incunables publiés en Espagne chez un libraire savoyard Porral Thomas. Allobrogem a Tudela ; treize autres incunables édités par Pierre Brun (de la province du Genevois) et une poésie de Robert Gaguin attribuée à Guillaume Fichet son ami.
M. Poënsen-Ducrest, bibliophile originaire de Rumilly, mort en décembre 1915, avait décrit un autre volume, imprimé à Annecy ;
Selectoria philosophioe specimina propugnata in collegio chapuisiano Anneciensi apud R. R. Clericos Regulares Barnabitas congregationis S. Pauli, mehse Augusto anno MDCLXVI, griffe à 3, à 2, à 1, assertore Joan Francisco Constantin Persensi, Philosophia; candidato, Annecii Typis Collegii, 199 pp., in-8°; à la fin marque de Jacques Clerc.
Le possesseur de cet ouvrage, M. Lepreux a signalé en note que l'imprimerie Jacques Clerc aurait donc existé en 1666, deux ans avant la date de 1668 indiquée par Dufour et Rabut. Ce volume ne figure pas à la Bibliothèque nationale, mais il a été mentionné dans la Bibliographie savoisienne de Barbier, Perrin et Serand.
M. MARTEAUX présenté les objets et débris antiques recueillis au cours de ses minages personnels effectués l'année dernière dans la parcelle 401, avec l'autorisation du propriétaire, M. A, Crolard. Ils proviennent soit des tranchées militaires, soit de l'égoût qui bordait autrefois à l'air libre la rue centrale de Boutae. Ces débris consistent en poteries diverses ornées ou avec marques, anses d'amphores, fragments de vases peints, monnaies, etc. Il y joint un curieux croësu d'argile et d'autres fragments qui lui ont aimablement été donnés par MM. Lacombe frères! II se fait, à son tour, un plaisir d'offrir au Musée
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de la ville toutes ces trouvailles qui seront prochainement décrites.
M. MARTEAUX donne lecture d'une note sur les Alamans en Savoie :
Malgré ses deuils irréparables, ses tristesses profondes et ses difficultés de vivre, la Savoie est encore heureuse de n'avoir pas subi les horreurs de l'invasion ; elle se trouve avoir ainsi joui d'un siècle de paix et de prospérité. Si l'on remonte cependant le cours des âges, on voit qu'elle a, comme bien des provinces de France, payé un tribut douloureux aux guerres qui ravagent et qui tuent. Parmi celles-ci, aucune n'a été plus effroyable que celle qui dévasta, avec le sens latin d'une action néfaste dont l'étendue et l'intensité dépassent l'imagination, la Sapaudia dans la seconde moitié du troisième siècle. Ce temps n'est pas aussi lointain qu'on pourrait le croire ; car, à raison de trois générations par siècle, ce sont seulement les cinquantièmes ancêtres de plusieurs de nos familles actuelles qui vécurent ces heures affreuses. Par deux fois, avec un intervalle d'une vingtaine d'années, une horde germanique de plusieurs centaines de milliers de barbares, les Alamans, franchit le Rhin et se rua sur la Gaule avec une rage de destruction qui n'a été égalée que de nos jours. La Savoie, qui se trouvait sur leur passage, n'échappa pas à la ruine. A la nouvelle de l'approche de leurs bandes féroces, que signalaient au loin dans la nuit les grands feux rouges des incendies, les habitants affolés songèrent à sauvegarder leur existence. On cacha ce qu'on ne put emporter, les employés des administrations, leur caisse, et les particuliers, leur petit trésor que beaucoup ne revinrent jamais plus chercher; puis les gens se sauvèrent, les uns dans les bois, les autres dans les grottes ; d'autres, au fond des montagnes sauvages où ils périrent de faim ou sous la gueule des bêtes fauves. Et la horde passa : les villes et les bourgs, comme Boutae, furent saccagés et détruits; les édifices publics, les fabriques, les habitations pillées et brûlées ; les statues de bronze et de pierre furent renversées et brisées ; les temples s'écroulèrent sur les dieux impuissants et dans les campagnes les flammes qui consumaient les villas et les moissons mûres montèrent immenses vers le ciel. Les rares habitants qui restèrent et survécurent durent conserver longtemps dans leurs regards la vision d'épouvante de leurs concitoyens égorgés, des femmes violées, des enfants cloués au sol par la lance meurtrière et des cavaliers barbares, pen-
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chés sur leurs chevaux en sueur et galopant avec des cris rauques sur les pavés rouges de sang. Et cependant, à l'annonce du danger terrible, les lèvres avaient par milliers murmuré des prières et des animaux sans nombre avaient été sacrifiés au seuil des lieux saints ; mais Jupiter qui n'avait pu en 79 sauver Pompéï de là destruction ne pouvait empêcher l'inéluctable de s'accomplir. Si l'un de ces malheureux avait levé vers l'Olympe un regard de reproche, un observateur averti aurait pu lui dire, sans crainte de la censure, que c'en était une fois de plus la faute au gouvernement.
Après le désastre de Varus, Rome, satisfaite de l'avoir vengé, s'était repliée de l'Elbe sur le Rhin et avait adopté envers les Germains une politique défensive. Elle pensait qu'en prenant à sa solde quelques contingents barbares, en exécutant quelques razzias, en entretenant lés guerres intestines, elle pourrait contenir ces multitudes incapables de stabilité qu'attirait sans cesse l'appât d'une proie magnifique et qui réclamaient à grands cris une place au beau soleil des Gaules. Or, puisqu'elle avait assumé le rôle de protéger, avec l'empire, la civilisation latine, elle avait le devoir d'accumuler, au lieu des 70.000 hommes qui jalonnaient sa frontière, des troupes assez nombreuses pour conquérir, soumettre et s'assimiler par une pénétration lente, mais continue, ces peuples prolifiques et désordonnés ; et ainsi, sur cette marche plus ou moins romanisée, se seraient peu à peu amorties les grandes poussées des invasions futures, pareilles aux flots mouvants qui viennent expirer sur la grève en ne laissant après elles qu'un peu d'écume vite évanouie.
Mais la crainte d'une prépondérance de l'élément militaire, la répugnance des citoyens pour le métier des armes, les jalousies ambitieuses des généraux, l'indiscipline, les révoltes empêchèrent toute augmentation des effectifs ; et ainsi, aux côtés de la Gaule florissante et déjà affinée, mais mal défendue, grossit de siècle en siècle une masse amorphe de barbares ignorants et haineux, orgueilleux et brutaux, fourbes qui n'avaient comme idéal guerrier que le massacre et le butin et qui n'attendaient que l'occasion propice de se ruer sur elle. Les faits généraux les plus anciens ont une répercussion infinie; nous subissons encore actuellement les conséquences de la défaillance de Rome et de la nôtre ; comme elle, nous avons eu une politique qui manquait trop d'esprit de suite ; comme elle nous n'avons pas assez su voir le danger. Puisse cette
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leçon être la dernière; puissions-nous comprendre enfin qu'il n'y a rien en ce monde de beau comme la force, quand elle se fait l'auxiliaire du droit. Il faut maintenant qu'à tout prix nous ayons la victoire, car celle de l'Allemagne serait pour la délicate et généreuse pensée latine le signal d'une régression plus attristante que celle qui suivit la chute de l'empire romain, sans l'espoir d'une Renaissance libératrice.
M. MIQUET donne lecture de la copie faite par M. Boillot du manuscrit d'un officier franc-comtois sous le Ier Empire, qui raconte son voyage d'aller et retour en Italie lors du passage du Grand-Saint-Bernand. Cet officier, dont le carnet de route est écrit d'une façon précise et très alerte, donne des détails géographiques et ethnographiques bien observés.
Le MÊME fait les communications suivantes :
1° Dans la séance du 7 octobre 1914 (voir Rev. Sav., 1914, p. 166 et 175) j'ai parlé des remplaçants militaires, et j'ai dit que je n'avais pas trouvé d'actes pour la période comprise entre 1792 et 1803.
En compulsant à nouveau les registres déposés aux Archives départementales par l'administration de l'Enregistrement, j'ai retrouvé trois actes d'engagement qui remontent à l'an VIII ; ce sont les premiers qui ont été passés dans notre région :
I. — Du 24 prairial an VIII (13 juin 1800). Engagement par Jean Bévillard, d'Aviernoz, pour remplacer
Pierre-Gervais Eminet, d'Annecy, dans les armées de la République, pendant tout le temps auquel il pourra y être tenu, pour le prix de 302 livres. Duparc, notaire.
II. — Du 7 thermidor an VIII (26 juin 1800). Engagement par Jean-Joseph Vindret, d'Alex, de servir
dans les armées de la République à la place de Claude Mugnier, de Talloires, conscrit de l'an VIII, pour le prix de 468 livres. Velland, notaire.
III. — Du Ier fructidor an VIII (19 août 1800). Engagement par Claude Mugnier, de Cusy, de service à la
place de Charles Bogey, de Cusy, conscrit de l'an VIII, pour le prix de 108 livres. Callies, notaire. Ce prix modique est le plus bas qui ait été consenti.
2° Dans les mêmes registres, on voit de curieuses soumissions présentées par des citoyens pour devenir adjudicataires de la
— 17 — perception des contributions directes dans la commune de leur résidence et même dans les communes voisines,
Pierre-Louis Robert soumissionne Argonnex et Mez, moyennant un gage de un sou par livre.
Jacques-André Pignarre soumissionne Menthon et Bluffy, moyennant 4 centimes 1/2 par franc.
Jacques Daviet soumissionne Saint-Eusèbe et Thusy, moyennant 4 deniers par livre.
Joseph Boccon soumissionne Gruffy, moyennant 2 cent. 1/2 par franc.
Maurice Perret soumissionne Annecy, moyennant 3 centimes par franc.
Claude Excoffier soumissionne Talloires, moyennant 11 deniers par livre.
Joseph Miguet soumissionne Choisy, moyennant 4 francs 95 centimes par 100.
Raymond Perrissoud soumissionne Sillingy, moyennant 4 francs 75 centimes par 100.
18 brumaire an XI : Pierre Laydernier soumissionne Vieugy, à forfait pour 90 francs.
Prosper Marchand soumissionne Dingy-Saint-Clair, 2 deniers par livre.
Ce système d'adjudications dura jusqu'à la loi du 5 ventôse an XII qui créa l'emploi de percepteur.
Les premiers titulaires de cet emploi furent d'anciens adjudicataires ; mais la nécessité de venir en aide aux mutilés de la guerre leur fit peu à peu substituer des militaires mis à la réforme sans pension.
Presque tous les percepteurs du premier Empire étaient d'anciens officiers.
3° Par suite d'un oubli, le compte-rendu de la séance du 6 octobre 1915 ne mentionne pas une communication faite à cette date sur l'origine savoisienne du général de division Châtelain Marie-Joseph.
Ce général, né le 19 juin 1851, à Villersexel (Haute-Saône), est le fils de Maurice Châtelain, marchand, qui vit le jour au Bouchet de Serra val le 2 avril 1815.
On trouvera plus loin le relevé de ses services (p. 65).
M. J. SERAND montre notre album où il a réuni les portraits des membres anciens et actuels de la Florimontane, Il prie les Sociétaires qui n'ont pas encore adressé leurs photographies
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de bien vouloir les lui remettre ; elles seront acceptées avec reconnaissance.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 6 h. 1/2.
Le Secrétaire : Marc LE ROUX.
ACADÉMIE FLORIMONTANE D'ANNECY
FONDATION ÂNDREVETAN
AVEC LA PARTICIPATION DE LA VILLE D'ANNECY
43ME CONCOURS DE POÉSIE
Le Concours de 1916 est consacré à la Poésie; 200 francs y sont affectés.
Sont admis à concourir : 1° Les étrangers qui sont membres honoraires, effectifs ou correspondants de l'Académie Florimontane; 2° tous les Français, excepté les membres de l'Académie Florimontane ainsi que les personnes qui ont fait partie de cette dernière et dont la démission remonte à moins de quatre années révolues au moment de l'ouverture des Concours : 1er janvier 1916.
Les personnes qui ont obtenu deux fois un premier prix dans un concours Andrevetan ne sont pas admises à concourir de nouveau dans la section où elles ont été récompensées.
Les difficultés de toute nature qui pourraient se présenter seraient tranchées par le jury du concours qui a pleins pouvoirs à ce sujet.
Le choix du ou des sujets est laissé aux concurrents : seront exclues cependant, les oeuvres présentant un caractère de discussion, de polémique ou de satire politique ou religieuse, de même que celles qui ne pourraient supporter une lecture publique. Le nombre minimum des vers, en une ou plusieurs pièces, est fixé à cent. Les travaux devront être composés en langue française.
Les envois porteront une épigraphe qui sera répétée à l'extérieur d'un billet cacheté à la cire dans lequel l'auteur indiquera ses nom, prénoms, qualité, nationalité et domicile (les pseudonymes ne seront pas admis). Il devra inscrire sur le manuscrit, en dessous de l'épigraphe la déclaration que l'oeuvre est inédite et n'a été présentée à aucun concours. Chaque auteur pourra également, le cas échéant, en plus de son nom, indiquer le pseudonyme sous lequel pourraient être publiées ses oeuvres..
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Les divers envois d'un auteur devront porter la même épigraphe et il sera statué sur l'ensemble des pièces présentées.
Les manuscrits resteront la propriété de l'Académie Florimontane qui se réserve le droit de les publier, en tout ou en partie; toutefois, les auteurs pourront en prendre copie.
Les oeuvres devront parvenir franco, par la poste et sous pli recommandé, au secrétariat de l'Académie Florimontane, à l'Hôtel-de-Ville d'Annecy; pour le 31 octobre 1916, dernier délai de réception, avec la mention : « Concours de poésie de 1916. »
Les concurrents qui se feraient connaître, par n'importe quel moyen, ou qui ne rempliraient pas exactement toutes les clauses et conditions du concours seraient exclus.
Sur un hyménoptère rare des environs d'Annecy
Il y a vingt-deux ans, en chassant dans les environs d'Annecy, j'eus le bonheur de capturer un Ichneumon que M. Berthoumieu décrivit en ces termes dans la Revue scientifique du Bourbonnais, 1894:
«ICHNEUMON ANALOGUS.— Femelle. — Corps finement ponctué, noir mat. Clypeus avec une petite fossette au milieu du bord. Antennes assez robustes et assez fortement atténuées, annelées de blanc, neuvième article carré. Mandibules, en partie, orbites internes des yeux, devant du scâpe et lignes orbites internes des yeux, devant du scape et lignes devant et sous les ailes roux. Mésothorax et écusson beaucoup plus élevés que le métathôrax ; l'écusson très convexe, subtectiforme, roux dans la moitié postérieure. Métathorax subcoriacé, avec les aréoles subtilement bordées, la supéromédiane carrée, échancrée en arrière, spiracules subréniformes. Ailes un peu enfumées, stigma roux. Pieds noirs ; tibias et tarses roux, les postérieurs noirs sur le côté externe ; cuisses assez robustes. Postpétiole chagriné, gastrocèles transversaux-linéaires peu profonds. Marge du postpétiole, base et marge du 2ème segment rousses. Tarière et huitième segment exserts. Long. 15 m/m.
« Mâle: Inconnu.
« Patrie: Savoie (Flamary). »
Dans sa Monographie des Ichneumonides d'Europe (Anna-
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les de la Société entomologique de France, 1895, p. 569), M. l'abbé Berthoumieu place l'Ichn. analogus dans le groupe castaneus de la IVe section, près de Ichn. praestigiator, Wesm. Le mot analogus fait allusion à sa ressemblance avec l'espèce de Wesmaël, mais notre ichneumon en diffère par l'absence de scopules aux hanches postérieures.
Je n'avais pas revu cet insecte depuis l'époque déjà lointaine de sa découverte. Mes occupations m'ont tenu éloigné d'Annecy pendant de longues années et depuis mon retour je néglige un peu les hyménoptères. J'étais donc loin de penser à I. analogus, Berth, lorsque le 21 janvier 1916 je l'ai retrouvé sous la mousse, au Crêt-du-Maure. En cette saison, les mâles d'Ichneumons sont morts depuis longtemps, c'est donc une femelle que j'ai trouvée, seule de son espèce, mais en compagnie de deux I. altercator Wesm, et d'un I. pistorius Grav. Les quatre bestioles étaient enfoncées dans la mousse d'un rocher, sous les Becs, à l'exposition nord. Elles n'avaient pas façonné de loge distincte; en ce point la mousse avait conservé le même aspect de feutre épais qu'aux alentours ; les ichneumons s'étaient évidemment bornés à se glisser, non sous la couche végétale, mais dans l'épaisseur du matelas, montrant par là combien est juste le terme de schlupfwespen par lequel les Allemands les désignent (du verbe schlupfen : glisser, échapper et aussi se glisser, se fourrer.)
La présence au même lieu de Ich. analogus Berth. et de deux autres espèces tout à fait distinctes montre que la petite société ne provenait pas d'une éclosion d'automne faite à cette place, où je n'ai du reste vu aucune chrysalide, mais de la rencontre fortuite de quatre insectes cherchant un abri contre le froid. L'instinct les avait d'ailleurs bien servis car ils étaient à peine engourdis par la température assez basse qui règne là-haut pendant l'hiver. Quand je retournai et brisai le feutrage qui leur servait de refuge, ils parurent d'abord surpris par la lumière et par le froid extérieur, mais ils retrouvèrent bientôt leur agilité et cherchèrent à fuir parmi les brins de mousse.
Cette observation prouve que Ich. analogus Berth. hiverne à l'état parfait, ce qui n'est pas le cas, semble-t-il, du plus grand nombre des Ichneumonides, et c'est en cela qu'elle offre peut-être quelque intérêt.
Ant. FLAMARY.
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BOUTAE
par Charles MARTEAUX et Marc LE ROUX
Nouvelles fouilles aux Fins d'Annecy1
3me SUPPLÉMENT
401. A la suite de sondages particuliers effectués par l'un de nous en août-septembre 1915, le sol archéologique des tranchées militaires livra en A, de huit à dix mètres du mur 5 (voir plan H et RS, 1915, 64) entre autres débris 2 :
Un fragment de panse de bol rouge représentant une scène
de cirque avec la marque demi circulaire CENSORR..., Censorinus étant un potier lédosien du deuxième siècle 3 (Boutae. 474), (pl. CXXXV. fig.4),
1. Voir Boutae ( 1er supplément) Revue savoisienne, 1914, p. 143 et 2e supplément RS, 1915 p. 58.
2. Ils ont été remis au Musée de la ville, ainsi que les suivants.
3. C'est la première marque qu'a livrée la Narbonnaise ; cp. DÉCHELETTE : Vases ornés. I, 197. La scène se rapporte à la fig. 64-2 bis dont il ne reste que
la partie inférieure (id. II).
[Rev. sav., 1916] 3
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Fragment de fond de vase gris micacé estampillé de la marque circulaire MARTINVS FE suivie d'un gros point triangulaire et entourée de deux filets concentriques : c'est la quarante cinquième connue à Boutae.
Fragment de bord de terrine à déversoir avec, à l'extérieur, sous le col, légèrement incisé, le graffito IV. Ce débris a été recueilli à om40 seulement de profondeur.
Fragment de panse gris rougeâtre pectine de longues rayures (pl. CXXXIV, fig. 4).
Plus loin, c'est-à-dire en se rapprochant du mur 6, la tranche se compose toujours de terre végétale om45, d'un lit de grosses pierres ou cailloux et de tuiles om35 et d'une couche de terre noirâtre charbonneuse reposant sur un cailloutis à 1m20; elle renfermait des pierres, des tuiles, des débris de conduits d'hypocauste, etc., et de poteries. A un endroit, le cailloutis argileux avait été défoncé et les décombres étaient enfouis jusqu'au delà de 1m40. Les rares et menus fragments de vases trouvés appartiennent à la première moitié du IIIe siècle ; ce sont :
Fragments de vases rouges ornés, usés ; — de bol à décor oculé ; — d'écuelle à glaçure rouge jaunâtre ; — de vase à décor excisé (pl. CXXXIV, fig. 6), à vernis rougeâtre.
— de gobelets à vernis brun, à irisation argentée, à guillochis ; l'un était décoré d'imbrications (v. pl. XX, 3, p. 92 ; CXXXIV, fig. 5) ; — de gros vase rougeâtre à décor d'excavations rectangulaires ou triangulaires grossièrement exécutées au poinçon ou à la roulette (v. plus loin ; pl. CXXXIV, fig. 2).
— de cruche rouge jaunâtre qui, à l'exhumation, présentait comme une vive couleur d'or.
Débris d'un grapin de fer (pl. CXXXIV, fig. 9).
Nous avons dit qu'en B, nous avions constaté, entre les murs 5 et 6, l'existence d'un double pavimentum, lequel s'étendait aussi en A (p. 63). Le béton supérieur était fait de menus cailloux blancs ou bleuâtres et d'éclats de pierres calcaires agglutinés avec de la chaux. Une particularité, non encore observée, consistait en ce que ce béton, recouvert de 0m10 de fragments de mortier à fresques colorées en noir et rouge, blanc et jaune, et épais de om25, se terminait à angle droit sur le côté qui a pu être dégagé, tandis que le béton inférieur de om25 sur lequel il reposait, se continuait seul, mais en laissant entre la partie doublement bétonnée et lui, un espace vide de omi8. De plus, le long de l'arête du béton supé-
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rieur courait un bourrelet hémisphérique d'un diamètre de 0m03 et divisé en deux secteurs adossés, l'un en mortier, l'autre en rudus fin. Le tout était recouvert de terre mélangée de poussière de mortier, de débris de panneaux colorés, de tuiles ; un fragment de tasse à glaçure rouge y a été constaté. On peut se demander si le vide de 0m18 ne marquait pas l'emplacement d'une paroi verticale de mortier peint que le bourrelet aurait protégé contre les heurts des pieds ou contre l'eau qui servait au lavage du pavimentum (pl. CXXXIV, fig. I).
A quelques mètres nord-ouest du mur 4, la tranche A présentait 0m40 de terre végétale, puis sous un béton défoncé par places, une terre noire charbonneuse renfermant pierres et gros cailloux, débris de tuyaux d'hypocauste, dents de cheval, clous, tuiles et briques et des fragments divers et uniques de poteries, datés par un petit bronze de Claudius II; rev, autel et CONSECRATIO (368-370) recueilli entre deux pierres, à 0m60, le sol de l'habitation en cailloutis se trouvant à vingt centimètres en-dessous ; ce sont :
Fragments de vases rouges ornés (pl. CXXXV, fig. 5); l'un est un bestiaire du type 634 (DÉGHELETTE, II, p. 104) luttant contre un ours; l'autre, une bête féroce.
— de vase rouge Caréné excisé en lignes de petites piqûres (pl. CXXXI, 3) en demi lune ou droites.
— de panse de gros vase poinçonnée de petits creux carrés en lignes (pl. LXI, 3 ; p. 222 et pl, CXXXIV, fig, 2).
_ de gros vase également à grains quartzéux, présentant une décoration de lignes de triangles en creux, mais faiblement imprimés et obtenus vraisemblablement par la roulette (cp, pl. XXXIX, 13).
— de terrine à déversoir.
— de vase à vernis brun rougeâtre orné d'un semis de petits triangles.
— de gobelets à vernis brun incisé et fond d'un autre gobelet à vernis rougeâtre, marqué du graffîto M.
— de vase en pierre ollaire.
Débris de flacons en verre, dont une anse droite.
Epingle en os; la tête est simplement dégagée par une rainure circulaire (pl. CXXXIV, fig. 10.)
Fragments de lamelles de bronze.
Ainsi les objets auraient été fabriqués encore la plupart dans la première moite du IIIe siècle.
Près du mur 5 même tranche, mêmes débris, très clairsemés
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de bols ou tasses rouges, dont un fond estampillé LQ /// (pl. CXXXVI, fig. 15).
Fragment de panse de vase à mauvais vernis rouge avec le graffîto M (pl. CXXXIV, fig. 11) ; de vases à bandes blanches et rouges, de vases noirs à côtes ; d'écuelle grise micacée.
Débris de couvercle en argile.
Poignée de coffret ou gâche de verrou en fer (pl. CXXXIV.
fig. 8).
Minage de l'égout. — A l'extrémité nord-ouest de la tranchée A, l'un de nous, avec l'autorisation de M. A. Crolard, déblaya vers la fin de 1915 sur une longueur de sept mètres, de l'ouest à l'est, et sur une largeur de plus d'un mètre, le canal ou fossé plein de sable, de gravier et de décombres, qui bordait la voie centrale du vicus 1. Les cailloux provenaient de son infrastructure; le sable pouvait y avoir été amené de sa surface par les pluies; les débris y avaient été jetés à différentes époques. Voici, d'après la coupe du terrain, la suite des couches :
Terre végétale noire avec petits cailloux, débris de tuiles et de poteries provenant de déblais voisins; ép. 0m40.
Lit de décombres, pierres, mortier, rudus, tuiles, marbre, poterie, qu'il semble qu'on ait étendu sur l'aire sablonneuse vers la fin du IIIe siècle; il pèse sur une couche de terre très fine, cendreuse, celle-ci ayant pris la couleur noirâtre de l'humus, nue; ép. totale 0m30. A 0m70 commence la couche sablonneuse où le sable, d'abord presque pur, est mélangé ensuite de gravier plus gros et plus compact à mesure qu'on approche de 1m40, limite de la fouille en profondeur ; elle renfermait des débris divers énumérés ci-après (v.fig. 84).
Il était peut-être hasardeux de tirer une chronologie de l'étude des niveaux où gisaient les objets. Elle est en effet simplement basée sur ce fait que la cuvette du fossé étant trapézoïdale, ceux-ci, jetés, se ramassent et se superposent dans le fond en couches chronométriques approximatives. Mais il est bien entendu que les dates données dans la figure ci-contre ne concernent que celles de l'abandon de l'objet. Pour fixer la date de sa fabrication, il faut reculer d'un certain nombre d'années en arrière et, bien que déterminer la durée de l'existence d'un vase soit chose aléatoire, cependant, en lui accordant
1 . V. Boutae, plan général et p. 1 3 2, RS, 1915, p. 68. A Vindonissa (Windisch, Suisse) la voie était également bordée d'un canal de drainage (Indic. d'Antiq. suisses ou Anzieger fur, etc., 1913, 4).
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une vingtaine d'années pour les belles poteries rouges, quelques années seulement pour les poteries plus fragiles, on peut délimiter une période relativement restreinte pendant laquelle ce vase aura vu le jour.
Comme particularités, on peut signaler la présence de nombreux culots de fer, dénotant le voisinage d'une fonderie ; sur plusieurs mètres de longueur, le sol en a pris une teinte ferrugineuse : les abords du canal sont aussi couverts de dépôts cendreux. A 5m30. gros cailloux roulés et tuiles écroulés à droite, côté sud-est.
Poteries. — Il a été recueilli de nombreux fragments de vases de tout genre dont aucun n'a pu être reconstitué, vu l'éparpillement de ces fragments.
Vases à glaçure rouge. — Débris de tasses unies de taille et de forme différentes, écuelles, coupes à feuilles à long pédoncule anépigraphes, prof. 0m80.
Bols divers.
Fragment de bol 29 avec panse à rinceaux délimitant des
Fig. 84. COUPE DES TERRAINS DE L'ÉGOUT
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motifs floraux alternés ; sont figurés deux canards volant l'un contre l'autre et avec une partie supérieure à rinceaux et à médaillons renfermant un lapin ; le col manque (pl. CXXXV, fig. 3) ; de plus le fragment paraît usé de chaque côté de la moulure médiane comme s'il avait été souvent pris entre les paumes de chaque main (?) ; il serait donc demeuré longtemps intact après sa fabrication, prof. 1m20. Celle-ci datant probablement du début du règne de Vespasien, si l'on accorde au vase une vingtaine d'années d'existence, la profondeur du fossé accuserait un niveau contemporain au moins des premières années du règne de Trajan.
Fragments de panse de bol de même forme ; un cordon de perles sépare la moulure médiane d'une zone de godrons (pl. CXXXV, fig. 6).
La partie inférieure offre des compartiments à cadres de grénetis décorés d'imbrications de fers de lance 2 et d'animaux courant, cerf et lion; 1m15 : ce bol daterait de la fin du premier siècle.
Fragment de vase à panse ovoïde, à lèvre évasée, à vernis peu brillant. Il se rapproche de la forme 67 figurée par Déchelette 3 mais avec un décor de rinceaux. Entier, il pouvait avoir 0m 11 de haut., prof. 1m05.
Autres menus fragments de petits vases de même genre, (prof. 1m), épais de 0m002 à 0m004
Fragments de cols de bols 29 décorés de fins rinceaux.
Fragment de panse à rinceaux plus larges limités par une guirlande à chevrons; ce serait le décor de transition d'un bol 37, prof. 1m20.
Fragment d'un bol cylindrique, peut-être forme 30, d'origine rutène d'après le vernis, ép. 0m003, représentant la partie inférieure d'une femme drapée 4, un piédestal et un lapin, prof. 1m25 (pl. CXXXV, fig. 13).
Fragments de bols moulés à reliefs déforme 37 du 11e siècle offrant: partie inférieure d'un Jupiter assis s (pl. CXXXV. fig. 10); partie supérieure en deux compartiments d'un guerrier, peut-être Paris, et d'un groupe féminin dont peut-être
1. DÉCHELETTE : Vases ornés, I, pl. VII, 20; II, 148, 1015-1016.
2. Nous nous sommes peut-être trop avancés en voyant dans ce décor une forêt de sapins stylisés (Boutae, p. 266).
3. I, pl. VI, 1, 2.
4. DÉCHELETTE : voir I. fig. 71, p. III.
5. Nous renvoyons à DÉCHELETTE, II, 5, fig. 6.
— 27 — Médée1 (pl. CXXXV, fig. 9) ; —partie supérieure, sous une bordure d'oves insolites, d'un arbrisseau et d'un cerf 2 (pl.
1. C.p. id., n° 491 et 549, le dernier est bien un motif lédosien. 2. Id. fig. 11 34; cp. 86.5.
— 28 —
CXXXV, fig, 12), prof. 1m ; —fragment d'un bol à grands médaillons, avec la figuration d'un triton et la partie inférieure d'un héros 1 ; trouvé à 0m35, il provient d'un déblai ; — partie inférieure d'un fragment d'Albucius ; il représentait Neptune sans le bloc de pierre et Apollon 2 (pl. CXXXV, fig. 11 ).
Voici les marques recueillies sur des fonds (pl. CXXXVI).
ERICIM, sur un fond de tasse présentant extérieurement une cuvette circulaire de 0m02 ; cartouche elliptique aminci au centre en souvenir de la forme in planta pedis ; lettres grasses, h. de 0m002 (fig.I) Ericus, au nom celtique (Holder), exportait entre autres localités, à Fictio (Vechten, Pays-Bas). Cette station ayant été abandonnée sous Antonin, il fabriquait au plus tard et probablement sous Hadrien car le tesson a été trouvé à 0m95.
L(AV)R///, sur un débris de petite tasse, en lettres grêles h. de 0m003 ; peut-être Lauratus (p. 476 ; Insc. de Lyon. IV, p. 358), (fig. 2) ; trouvé dans le sable entre 0m70 et 1m.
LOGIR///. en belles lettres de 0m004 ; Logirnus, potier de Montans, trouvéaussi à La Graufesenque, devait fabriquer au début du IIe siècle, prof. Im ; il exportait à Vechten (fig, 3).
OMOM////, sur fond de grosse tasse, h. 0m0025 à 0m003 (1m20). Le rutène Mommo vivait de Néron à Vespasien, puisque ses marques ont été trouvées à Neuss, av. 70. Ses bols ont été recueillis aussi à Pompéï, en 79 (fig. 4).
N••M, sur un fond de grosse tasse; le centre du cachet est écrasé (fig. 5).
OFPO(NT)I, sur un débris de fond trouvé dans les déblais sablonneux des soldats; en lettres h. de 0m003. Pontus était un potier rutène qui vivait au premier siècle (B, p. 468). Sous le fond, un graffito incomplet (fig. 6 et 7).
..ISCVI, en lettres grasses, inégales ; probablement du potier lédosien Priscus qui vivait sous Hadrien ou Trajan, d'après la profondeur 1m (fig. 8).
QVINTI.M, sur le fond umbonné d'un grand bol; même marque quedans la collection Kuhn ; trouvé à Clermont et nom déjà connu à Boutae (pl. XLVII, 16); mais plusieurs potiers ont pu porter le même nom ', car nos estampilles ne ressemblent
1. C'est le deuxième exemplaire d'un motif cité RS, 1915. pl. CXXIX, fig. 12. p. 66.
2. DÉCHELETTE, id., II, n°s 14 et 56.
3. Ce fond a été trouvé dans le lit de décombres, soit à 0m65 ; ce serait donc un potier de la fin du IIe siècle au plus tôt.
_29_ pas à celles signalées par A. Nicolaï (Mas d'Agenais, 82) et E. Gamoreyt (Objets antiques de Lectoure) qui paraissent plus anciennes et doivent appartenir au potier de Montans (fig. 9). CSILVI, sur fond de tasse tronconique trouvé dans le sable, en lettrés grasses, un peu espacées, h. de 0m0025. C. Silvius a été recueilli à Trion (Insc, de Lyon, IV, 420) en cinq exemplaires semblables ; il paraît avoir eu comme surnom Pat(ernùs?) 1.
Il est cité comme un des potiers ayant fabriqué des vases moulés et dont la résidence est inconnue (475). Est-il le même que Silvim du C. XIII, 10.010, 1,815) et Of Silvi et Silvi Pâte de la liste de l'abbé Cérés (DÉCHELETTE, I, 85) ? Ce serait dans ce cas un potier de la Graufesenque (fig. 10). VARIA, sur un fond de tasse, h. 0m002 ; cp. Variatus trouvé
1. L. Cosius Virilis a signé tantôt son nom entier, tantôt son surnom seul ; il est probable que plusieurs potiers connus par un gentilice ou un surnon ne doivent faire qu'une même personne.
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à Tongres (Holder). Peut-être cette marque est-elle identique à celle de la collection Kuhn, lue Variacus (475) (fig. II). Trouvé dans le sable.
...ILVS F, en lettres fines et grêles sur un fragment de tasse à double renflement ou évasement; trouvé dans le sable. Peut être de Coccilus (fig. 12). Fragment de fond avec marque ...I et dessous, en graffito, ENM.... 1m15 (fig. 14).
Fond de vase à pâte friable, trouvé sur le lit de décombres à 0m50, à peinture rouge orangée, peut être un bol, présentant dans un cartouche rectangulaire nettement imprimée, haut. 0m0045, une estampille (fig. 13) que l'on peut comparer à certaines autres de la collection Kuhn (Rev. épigr., IV, 281 ; V, 43). Une de ces dernières terminées par M = manu, indiquerait qu'il s'agit de noms de potiers ; cp. dans Holder INIXII, IXII, ce dernier peut être Ixus. Ces genres de vases appartiennent au troisième siècle.
Fond de vase à vernis rouge à coulées brunes ; l'intérieur présente une couleur rouge feu mordorée ; le fond est décoré de quatre cercles concentriques exécutés avec une grande sûreté de main.
Vases à bandes peintes. —Nombreux fragments appartenant à une trentaine de vases : ollas (l'une avait un diamètre de 0m17), grands ou petits bols, carénés ou demi-ovoïdes. Ils étaient fabriqués à la fin du premier siècle et encore au début du IIIe siècle, puisqu'il en a été recueilli aussi bien à 0m80, même dans la terre à décombres, qu'à 1m20 1. Parmi les fragments intéressants décorés de figures géométriques alternant avec des oiseaux, v. pl. CXXXVII. fig. 3 à 18.
Ces poteries à bandes peintes sont ainsi représentées par de nombreux débris. A part une ou deux exceptions, il n'a pas été possible de reconstituer de vases donnant le profil. Autant qu'on peut en juger par les éléments de décoration recueillis, on peut se rendre compte de la formule décorative employée par les potiers en vases peints (p. CXXXVII).
D'une façon générale l'ornementation la plus simple est obtenue par des bandes horizontales plus ou moins larges, plus ou moins multipliées et descendant à peu près jusqu'au tiers inférieur (fig. 9). La base est peinte en jaune ou d'un ton transparent qui laisse voir la couleur de la terre. Ces bandes
1. Cela confirme nos constatations précédentes (Boutae, 416-417).
31
Pl. CXXXVII
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sont tracées avec une couleur rouge-brun, et séparées entre elles d'une manière constante par des zones blanchâtres. C'est celles-ci qui servent de champ pour la peinture en couleur brune tirant sur le noir de motifs décoratifs empruntés aux animaux ou aux végétaux.
Les premiers sont uniquement représentés par des oiseaux (fig. 5, 6, 7, 8, 10, 11, 12) dont la silhouette offre une physionomie conservant un commun air de famille.
La tête formée d'un carré porte à l'angle inférieur une indication très nette de bec ouvert (fig. 8). Il n'est pas possible, croyons-nous, d'y reconnaître une espèce déterminée; ce serait plutôt une stylisation grossière.
Les végétaux sont rendus soit par des branches (fig. 4, 5, 14 et 18) soit par des séries de chevrons emboîtés qui représenteraient schématiquement un arbre dont le tronc ne serait pas indiqué. Au milieu de lignes ondulées, on voit sur un échantillon (fig. 16) un fleuron trilobé.
Les motifs géométriques sont formés de grandes lignes minces verticales ondulées par deux ou par groupes en zig-zag, ou séparant des compartiments par groupes de cinq.
Il existe aussi un système de grillages horizontaux (fig. 17) en balustre (fig. 1, 2) ou en damier.
Certains de ces vases sont recouverts à l'intérieur d'un enduit noir luisant, probablement pour empêcher la porosité.
Vases noirs (p. 432-436). — Leurs débris se rencontrent dans toute l'épaisseur du gravier; on les fabriquait vers la fin du 1er siècle (prof. 1m25) au IIe et au début du IIIe siècle. Ont été recueillis les fragments des vases suivants :
Gros vases en forme de soupières à lèvre évasée et au col orné de deux côtes horizontales faisant cannelures ; la panse est décorée de côtes longitudinales disposées en arcature ; le pied relativement étroit étant donné le diamètre de l'orifice, 0m13, a été trouvé à part; ils se fabriquaient aux premiers temps du deuxième siècle, prof. 1m05 (pl. CXXXVIII. fig. 1).
Ollas du type pl. CXIII, 2 avec décoration au lissoir; v. encore pl. CXXXVIII, fig. 3 et 4.
Ollas à col vertical, sans lèvre (pl. XLIV, 1) trouvées à 0m80, à 0m70, et fabriquées, suivant nos données, confirmées du reste par les autres fouilles, dès le début du IIIe siècle.
Nous avions d'abord supposé (p. 435) que les côtes qui décoraient ces vases étaient obtenues, non par moulage, procédé réservé aux vases à décoration compliquée, mais par pression
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latérale de la pâte au moyen du calibre. Il n'en est rien : un fragment, privé d'une portion de côte accidentellement tombée, prouve que la panse du vase était d'abord lisse, que le potier la rayait ensuite par une fine incision et qu'il y faisait couler de la barbotine dont la rainure favorisait l'adhérence : ainsi tout le décor, côtes et pastillage, était obtenu par le même moyen (pl. CXXXVIII, fig. 2).
Vases à pâte grise, — Ce sont des vases vulgaires, mais intéressants, parce que leur décoration procède de types anciens. Nous citerons :
Fragment de grand récipient à bord rentrant, à lèvre massive arrondie en boudin ; il est décoré de zones circulaires de petits rectangles en relief obtenus à la roulette et donnant avec l'effet des creux l'impression d'un grillage (v. plus loin; pl. CXXXIX, fig. 9) ; il rappelle en petit le grillage à balustre des vases peints ; on en fabriquait au IIe siècle.
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Fragment de vase analogue dont le bord offre ou non une moulure extérieure et dont la panse est ornée de faibles stries horizontales (pl. XXXIX, I, p. 155) ; on tournait ces vases à la fin du premier siècle, car un fragment a été trouvé à 1m30.
— Débris de plusieurs couvercles à bouton nu (p. 441)1.
— Fragment de couvercle plat décoré de rayons à la pointe mousse, prof. 1m10.
— de petit vase à pâte blanchâtre tendre à glaçure rosée, à panse décorée d'une zone de hachures donnant l'apparence de petites imbrications rectangulaires et obliques, ép. 0m003 (li. CXXXIX, fig. 2).
— de panse, ép. de 0m003, à pâte blanc jaunâtre, d'un vase un peu plus gros, décorée de zones de grands guillochis limitées en haut par un cordon de petits losanges creux, en-dessous, par un sillon, prof. 1m05 (pl. CXXXIX, fig. 4).
— de petits vases globuleux à vernis brun, sablés, à col droit dégagé par une moulure ou à col rabattu extérieurement ; cp. pl. CX, 6; prof. 1m, ils datent du deuxième siècle (pl. CXXXIX,fig. 3).
Moitié de petit pot à paroi épaisse, à pied court, haut d'environ 0m06.
Petite soucoupe en terre blanchâtre (pl. CXXXIX, fig. 7) et débris de plusieurs autres godets plats, minces, pouvant aussi servir de couvercles (pl. CXXXIX, fig. 6).
Moitié de petit couvercle en terre blanchâtre, diam. 0m10 prof. 0m80.
Petite tasse à rebord, forme jatte, h. 0m035 ; prof. 0m80 (pl. CXXXIX, fig. 8).
Fragment de panse de cruche ou de lagène avec un graffito lisible, mais incomplet et d'interprétation difficile ( CXXXIX, fig. 10); il a été trouvé dans le sable. On pourrait lire... L(ucii) fil(ius)...
— inférieur de panse d'un vase rougeâtre, ép. 0m007, avec, à la pointe, SXI (pl. CXXXIX, fig. 5) peut être Sextarii XI = 6 litres ; prof. 0m80.
— de panse d'un vase rougeâtre avec le graffito ////, peut être quatre setiers (pl. CXXXIX, fig. 1).
— de gros vase rougeâtre à décor de traits géométriques à lèvre évasée 2 (LXXIX, 1 ; p. 271). Il a été trouvé dans la terre au-dessus du lit de décombres (fin du IIIe ou IVe s.)
1 . Table des matières; add. aux couvercles en argile : p. 60. 2. L'explication d'un mortier à broyer les aliments (p. 271) doit être abandonnée. Notre vase donne l'impression d'avoir été une sorte de grosse urne.
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Fragment de figurine en terre blanchâtre (pl. CXXXIX, fig. 11) h. 0m06; représentant la partie postérieure de la tête d'une Vénus ; on observe très bien la chevelure ondulée et le chignon.
Amphores (anses d'). — Outre des anses rondes anèpigraphes, il a été recueilli les marques suivantes appartenant à des potiers rhodaniens ou italiens de la fin du premier siècle ou du début du second (pl. CXXXVI).
Q.F-V-, en lettres épaisses, en relief, h. de 0m01, dans un cartouche rectangulaire allongé sur l'anse ; argile, extérieure beige clair. Même marque à Genève (ALLMÈR: Insc. de Vienne, IV, n° 1633; atlas (VF); (fig. 1); appendice du Q en crochet. La branche droite du V oblique; elle est suivie d'un point allongé qu'on a pu prendre pour une lettre ligaturée ; prof. 1m15.
L-.P-M. en lettres soignées, h. de 0m009, dans un cartouche rectangulaire imprimé à l'extrémité de l'anse, au raccord de la panse. Argile de surface sablonneuse, micacée, beige foncé rose, prof. 1m10 (fig. 2).
RO(MA)NI), dans un cartouche allongé en belles lettres
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de la fin du premier siècle, prof. 1m20; R a 0m012 de haut; argile beige gris. Même marque au Musée de Lyon (Insc, IV, p. 249) et à Lectoure. L'anse est à section ovale (fig. 3).
Moitié de lampe ronde, signée en relief COM... ; peut être Communis; prof. 1m.
Objets en verre. — Fragments de vases à côtes, verdâtres ou bruns (XLII, 9); — de long goulot en verre bleuâtre clair, diam. 0m013 ; autre goulot et attaches d'anses (pl. CXXXIV, fig. 7) d'un flacon à huile 1m10, etc.
Objets en bronze. — Beaucoup ont été détériorés par l'oxydation et l'humidité du sable : clou à tête ronde de 0m0022 ; fragment de plaque circulaire très mince ; d'une autre avec crochet ; autre petite plaque carrée avec rivet en fer ; —aiguille poinçon à section carrée, 1. 0m135; aiguille de 0m 11, à tête moulurée (pl. CXXXIV, fig. 77); clou d'ornement à large tête plate; diam. 0m035 (fig. 14); plaque rondelle, diam. 0m024, adhérant par sertissage (fig. 12), prof. 1m20.
Objets en fer. — Clous de tout genre, grand clou long de 0m17 (pl. CXXXIV, fig. 13). rondelette trouée, diam. 0m05 ; style à tête en spatule, h. 0m1 15 (fig. 16).
Rondelle en plomb, diam. 0m025.
Objets en os. — Outre de nombreux os d'animaux, surtout de porc, une aiguille à tête appointée et à chas de la fin du IIIe siècle (pl. CXXXIV, fig. 15).
Matériaux de construction. — Débris de plaques en calcaire poli, ép. de 0m014, 0m016, 0m025, 0m028, présentant les graffiti LXI peut être II pieds en longueur, soit 3m de paroi sur un côté de la chambre (pl. CXXXIV, fig. 21).
— une décoration sculptée qu'on retrouve sur les tombeaux (pl. CXXXIV, fig. 20).
Tuiles, briques, tuyaux; grosse et épaisse brique rectangulaire, etc.
414bis. M. Paul Lacombe, renonçant pour l'instant à défoncer le sol du forum, creusa le long de la propriété Vincent (v. le plan général) un fossé profond d'environ un mètre pour y établir un chemin privé large d'environ 1m50.
Au cours de son travail exécuté fin 1915, il rencontra à 58m du chemin rural n° 10 un puits qu'il fouilla en partie; il en retira des pierres, des tuiles à rebord (dont l'une marquée 1 en
1. Il s'agit probablement de la tuile numérotée d'un monument public; cp. Boutae, 81.
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Creux V) et des fragments de vases parmi lesquels il voulut bien mettre de côté pour l'un de nous :
Fragments de bols à bandes peintes et à décor géométrique, l'un de forme mi-ovoïde (pl. CXXXVII, fig.I) l'autre, de forme trônconique (fig. 2).
Fragments d'assiettes rouges dont un marqué ////VSF. (pl. CXL, fig: 2):
— de vases à pâte grise, décorés à la roulette de zones de petits rectangles verticaux (pl. CXL, fig. 11) ou de filets horizontaux traversés de bandes verticales tracées à la pointe mousse avec polissage et distant de 0m02 à 0m05 (fig. 10).
— d'ollas grossières, de marmites à trois pieds ; de plat en argile grise à couverte polie (fig. 1, 9).
Pierre de chenêten mollasse, grossièrement taillée, incomplète, mais devant figurer l'avant corps d'un bélier (cp, Boutae, p. 232).
A 1m50 du puits, le long de la limite Vincent, commençait un mur qui se continuait sur dix mètres, dans la parcelle 415. A cinq mètres du puits, adhérant à ce mur, existait un petit bassin carré de 0m90, en pierres sèches, dont la destination reste inconnue. Puis apparurent les deux mètres de cailloutis sur lit de pierres d'un chemin, et aussitôt après l'amorce d'un mur pénétrant obliquement dans la parcelle Vincent sur une longueur de trois mètres. Le long de ce mur, avec, en face, un autre mur d'habitation, se continuait le chemin cité. Plus loin, le sol paraissait avoir été déjà miné jusqu'à l'extrémité de la parcelle.
415, Sur tout ce parcours, M. P, Lacombe sortit des décombres qu'on avait répandus sur le cailloutis du chemin quelques débris qu'il réserva pour l'un de nous :
Vase à glaçure rouge. — Bols, assiettes, plats, tasses, etc., avec. les deux marques suivantes (pl. CXL).
BIOI//// sur un fond de petite tasse = Bio fecit, en lettres h. de 0m0015. Ce potier, exportait à Trion et le Musée de Lyon renferme dix de ses marques (fig, 3).
CAPITOF, Capito fecit, en belles petites lettres du premier siècle; six exemplaires trouvés à Trion ; c'est un potier à résidence inconnue (B., p, 476) (fig, 4).
OFI-FIRM, en lettres moins soignées;; peut être Firrno (fig. 6).
II(NN)I//// sur moitié de fond de grand bol avec graffito incomplet. SI (fig. 5).
Fragment de bol rouge ; dans un demi médaillon, une
(Rev. sav., 1916 4
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corbeille avec anse en forme de deux dauphins ; à côté un granule ; encadrement de gros grenetis rectangulaires ornés d'une petite encoche; au point d'aboutissement, un cylindre 1 (pl. CXXXV, fig. 7).
Fragment d'assiette avec le graffito K (pl. CXL, fig. 12).
Moitié de pot à anses dont l'une restant, en argile blanchâtre, à panse légèrement carénée, h. 0m 11 (pl. CXL. fig. 16).
Fond de plateau gris clair (fig. 1).
Couvercle à bouton quadrifolié obtenu par la pression des doigts (fig. 14).
1. DÉCHELETTE : II, fig. 1069 a ; cylindre, variante du n° 1111.
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Lampe grossière en argile grise, longue de 0m075, ancêtre du crouésu savoyard; fabriquée à Boutae (pl. CXL, fig. 17).
Amphore anse d'. — PMNS (?) dans un long cartouche rectangulaire ; lettres inégales et usées (cp. Insc. de Lyon, IV, p. 246) (pl. CXL, fig. 18).
Objet en argile. — Peut être un poids 1 de notre type tronconique F ; h. 0m 115, malheureusement ébréché et usé par un frottement circulaire. Il est sans trou et porte, en mince relief, des signes non dus au hasard et difficiles à expliquer;
Peut-être aussi faut-il y reconnaître un bouchon d'amphore dont la plaque supérieure aurait été brisée; ainsi s'expliqueraient les traits d'usure circulaire bien visibles ; mais comment expliquer les signes? (pl. CXL, fig, 15).
Objets en fer. — Clous divers, style (pl. CXXXIV, fig. 16) un coutelas dont la tige manque, long de 0m21 ; il était emmanché dans une poignée de bois avec rivet (pl. CXXXIV, fig. 19), clou à crochet (fig. 18).
Objets en verre. — Débris de vases à côtes, aux tons verdâtres ou brun ; goulot en verre bleuâtre, etc.
396. Dans cette parcelle, M. Richard, en établissant les fondations d'un atelier, découvrit un puits dans l'angle nordest ; dans la terre qui comblait la partie supérieure, il retira des matériaux vulgaires de construction, de gros morceaux de charbon, des débris d'amphore et de vases noirs dont un fond au nom de c(atullus) F, la treizième marque trouvée à Boutae. A l'angle opposé, vers m, il retrouva le prolongement d'un des murs du groupe a, de la parcelle 395.
Des monnaies trouvées récemment dans les déblais voisins de la parcelle 401, sont venues compléter cet inventaire. Les auteurs de ces trouvailles n'ont pu préciser l'endroit où elles ont été faites.
Tiberius. As très fruste, R. Autel ROM ET AVG frappée à Lyon (Cohen, n° 44) ; monnaie contremarquée d'un poinçon circulaire en creux, diam. 9m/m, portant en relief CAE. Julia Domna, femme de Septime Sévère, moyen bronze
IVLIA AVGVSTA R MATER CASTRORVM SC (Cohen, n° 172). I. Le poids complet devait peser une livre (320 gr.) et une once.
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Bibliographie : Revue archéologique,, mai-juin 1915, p 303 ; W. DEONNA : Au Musée d'art et d'histoire de Genève. Enumère, avec d'utiles références, un certain nombre d'objets antiques dont plusieurs proviennent des Fins d'Annecy et dont nous avons parlé. Reproduit la casserole en argent de Reignier et non de Pregny, avec les graffiti qui y sont tracés et qu'on pourrait lire, sous le fond Vitalis(ma)nu, de la main de Vitalis, nouveau nom d'ouvrier bronzier ; et sur le revers du manche, en trois compartiments avec petits traits d'ornementation : Vitalis II/II(fil)(ius) III/A tiso II. Atiso, fils de Vitalis, qui a peutêtre achevé l'oeuvre interrompue par la mort de son père portait un nom celtique, non cité dans Holder, mais dont la racine se retrouve dans Atis et Atisios. L'auteur reproduit également la casserole et le plateau en argent de Saint-Genis (Gex) trouvés en 1821 dans un large vase en bronze avec d'autres bijoux et 216 monnaies non postérieures à Gallien, l'enfouissement datant probablement du règne de ce prince, lors de l'invasion des Alamans ; la chronologie des dernières monnaies nécessiterait une étude particulière. Sous le manche de la casserole existe tracé à la pointe le nom d'un autre bronzier (Ma)inuilo également non connu. Sous le plateau il y a cinq noms tracés : le celtique Uruntio, Mormux peut-être d'origine grecque, les latins Victor et Regina, et près du bord, en lettres plus petites, un nom plus difficile à lire.
Indicateur d'antiquités suisses, 1915, 3 et suiv. ; W. DEONNA ; Catalogue des bronzes figurés antiques du Musée d'art et d'histoire de Genève. Cette publication, entreprise avec l'autorisation et le concours du distingué directeur général, M. A. Cartier, paraîtra plus tard en un volume qui comblera de façon heureuse une lacune que bien des archéologues regrettaient. Elle ne pouvait être confiée à de meilleures mains, l'auteur s'étant surtout spécialisé dans l'étude de la statuaire antique à laquelle il a consacré plusieurs travaux originaux. Le classement en est méthodique, le texte sobre et précis ; la bibliographie aussi complète qu'elle peut l'être, l'illustration suffisante. Nous y reviendrons.
J. DÉCHELETTE : Manuel d'archéologie, II, archéologie celtique ou protohistorique ; troisième partie. — Le très regretté savant, dont une mort glorieuse a interrompu les travaux, publie ce nouveau volume, si plein d'érudition et de clarté et qui honore la science française. — P. 1401. Au sujet des chenets en pierre, il est probable que la plupart des maisons
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de Boutae en possédaient.et que plusieurs, usés et méconnaissables, ont dû être négligés au cours des fouilles.—P.1489-1493. Ce n'est pas seulement un vase complet à bandes peintes et à décor d'oiseaux qui a été trouvé aux Fins d'Annecy, mais encore deux autres (RS, 1914, 153), dont l'auteur n'a pu faire état et qui ont été recueillis dans un puits avec de la poterie rouge sigillée du premier siècle ap. Chr.; ils ont donc dû être fabriqués durant cette période. Mes fouilles. de l'égoût (v. ci-dessus) en ont livré de nombreux fragments qui ne peuvent être datés que du même temps ou du siècle suivant. Quant aux vases à bandes peintes nues ou à simple décor géométrique, leurs débris sont innombrables et la date de leur fabrication appartient sans nul doute, nous l'affirmons encore, à une période qui s'étend jusqu'au milieu du IIIe siècle ap. Chr. Recueillis dans une sépulture bien datée, ils ne pourront que confirmer notre thèse chronologique. CM.
LE COLONEL FERRIE
Directeur technique de la radio-télégraphie militaire
Tous ceux qui s'intéressent à la télégraphie sans fil connaissent, au moins de nom, le colonel Ferrie. Beaucoup ignorent qu'il est notre compatriote.
M. Gustave-Auguste Ferrie naquit le 19 novembre 1868, à Saint-Michel (Savoie). Son père, originaire de Limoux, était venu en Maurienne comme conducteur des Ponts-et-Chaussées à Saint-Jean et y avait épousé une demoiselle Manecy, soeur de notre sympathique confrère Jules Manecy. Quittant son administration pour devenir ingénieur au chemin de fer Fell, il fut plus tard ingénieur dans la compagnie des chemins de fer du Sud et c'est sous sa direction que fut construit le monumental viaduc des Gorges du Loup.
Celui qui est aujourd'hui le colonel Ferrie n'avait pas dixneuf ans quand il fut admis à l'école polytechnique, en 1887, avec le n° 106 sur 220. Il en sortit dans le génie et fit quelques garnisons en province.
Au moment de sa nomination au grade de capitaine (6 avril 1897), il fut détaché au dépôt central de la télégraphie militaire, à Paris.
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Il accompagna Marconi dans sa tournée pour l'établissement de la télégraphie sans fil, se spécialisa dans cette partie, fut adjoint à la mission envoyée à la Guadeloupe, fut chargé de nombreuses missions en Russie, en Belgique, au Canada et participa à tous les congrès relatifs à sa spécialité.
Il était chef de bataillon, adjoint au directeur du matériel du génie, à Paris depuis le 24 septembre 1908, quand il fut promu lieutenant-colonel et nommé directeur technique de la radiotélégraphie militaire (23 mai 1914).
Les services qu'il a rendus pendant la guerre lui ont valu le grade de colonel (26 décembre 1915).
Chevalier de la Légion d'honneur le 12 juillet 1905 ; officier le 30 décembre 1911, notre compatriote n'est pas seulement l'un des plus jeunes colonels de l'armée; il s'est fait une place à part dans le monde savant.
En 1912, l'Académie des Sciences lui décerna le prix Wilde, pour l'ensemble de ses travaux scientifiques 1, pour le développement qu'il a donné en France à la T. S. F. et pour la part qu'il a prise, comme correspondant du Bureau des longitudes, à l'organisation de la conférence internationale de l'heure, dont il a été le secrétaire général.
On doit au colonel Ferrie (en collaboration avec le colonel J. Boulanger) La télégraphie sans fil et les ondes électriques, ouvrage devenu classique et dont les éditions ne se comptent plus.
François MIQUET.
I. Parmi ces travaux, M. Marc Le Roux nous signale les suivants :
Etant commandant, M. Ferrie indiqua, en 1900, le principe du détecteur électrolytique et construisit cet appareil qui est employé en T. S. F. concuremment avec le détecteur à cristaux.
Il inventa un type d'Ondamètre pour la mesure des longueurs d'ondes hertziennes.
Il créa une méthode pour les comparaisons radio-télégraphiques de chronomètres et de pendules à distance (expérience entre Paris-Bizerte et Paris-Brest).
Il collabora en 1914 à la détermination respective des longitudes de Paris et de Washington par les signaux radio-télégraphiques.
Enfin, les compte-rendus de l'Académie des Sciences mentionnent de nombreuses communications sur des recherches de radio-télégraphie.
- 43 - UN PROCÈS POUR LE DROIT D'AUBAINE
A juger en l'audience de la Grand-Chambre
(de la Cour de Bordeaux)
pour le receveur des domaines du Roy dans la Généralité de Guyenne,
contre Françoise Dupuy, veuve de Jean Simon, marchand graisseux de la présente ville, originaire du duché de Savoye.
Tel est le titre d'un curieux placard, soit mémoire, imprimé en 1744, à Bordeaux, chez Pierre Brun, et offert à la bibliothèque de l'Académie Florimontane par notre collègue J. Manecy.
Il s'agit d'un pourvoi introduit par l'agent du domaine royal contre une ordonnance du Trésorier de France en Guyenne qui avait, à la date du 8 janvier 1744, (abusivement, semble-t-il), exonéré du droit d'aubaine la veuve et héritière d'un de nos compatriotes.
On sait que, sous l'ancien régime, les biens acquis en France par les étrangers non naturalisés étaient, après la mort de ceux-ci, dévolus au fisc, en vertu du droit d'aubaine.
Il existait un certain nombre de conventions faites avec les gouvernements de divers Etats pour abolir réciproquement le droit d'aubaine entre les Français et les nationaux de ces pays. Une convention de cette espèce, remontant à juillet 1669, avait été conclue au profit des Savoyards établis en Dauphiné, comme à celui des Dauphinois fixés en Savoie ; mais elle ne s'étendait pas aux Savoyards habitant les autres provinces du royaume de France. Dans toutes les parties de ce royaume autres que le Dauphiné, nos compatriotes étaient Aubains : libres d'acheter des biens, ils pouvaient « d'iceux librement disposer, entre-vifs », mais s'ils venaient à décéder dans le Royaume, « ils mouraient comme serfs, c'est-à-dire privés du droit de tester qui n'appartient qu'aux seuls citoyens ».
Or, le sieur Jean Simon, « natif et originaire du village de Vilaledy(?) en Savoye», et décédé sans enfants, à Bordeaux, dans les premiers jours de janvier 1732, était aubain. Mais il avait disposé de ses biens, qui étaient considérables, au profit de sa femme Françoise Dupuy, par testament du 4 juillet 1724 confirmant les clauses d'un contrat de mariage du 4 janvier 1702. Il semble bien que ce testament était nul, vu l'incapacité légale du testateur, et c'est ce que soutient l'agent du fisc.
La veuve était une ancienne servante qui, « lorsqu'elle se
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maria avec feu Simon, s'était constituée en dot une modique somme de 105 livres, indépendamment de quelques mauvais meubles et de quelques droits chimériques qui n'ont jamais rien produit ». Elle trouvait dur d'abandonner au roi la fortune acquise depuis le mariage, et elle plaidait... Ses raisons?
Elle exposait que « son mari étant venu à Bordeaux dans un temps où la France s'était rendue maîtresse de la Savoye par la force des armes, il avait acquis par ce moyen le droit de cité et de Régnicole », ajoutant que pendant un séjour de plus de trente ans, « Simon avait été Trésorier de l'Hôpital de Saint-André, marguillier de l'Eglise paroissiale Sainte-Eulalie et sergent d'une des compagnies bourgeoises de la ville ». On ne pouvait équitablement le considérer comme étranger... Ces arguments, acceptés par les premiers juges, prévalurent-ils en appel?... C'est douteux : le fisc, comme l'avare Achéron, ne lâche point sa proie...
On peut se demander ce qu'était cette profession de marchand graisseux, qui avait permis à notre compatriote de réaliser une fortune qualifiée de considérable.
Dans le Nord, on appelle graisseux les éleveurs qui engraissent le bétail pour le commerce de la boucherie. Mais ce métier n'est rien moins que sédentaire ; or, les pièces de la procédure établissent que Jean Simon exerçait son commerce dans une boutique, où il trafiqua jusqu'à la fin de sa vie. Il faut donc croire qu'il débitait de la graisse ; vraisemblablement de la graisse d'oie, ce qu'on appelle aujourd'hui des terrines et des confits. Il nous répugnerait de voir dans cet honnête Savoyard un précurseur de ces fabricants d'odieuses mixtures qui depuis longtemps cherchent à supplanter le beurre.
Pour en finir avec le droit d'aubaine, ajoutons que l'avocat Mansord, ancien député du Mont-Blanc au Conseil des CinqCents, lui consacra en 1819 un ouvrage fort remarqué. Mais cette année fut précisément celle de la suppression du droit d'aubaine en France, où, sacrifié sur l'autel de la fraternité en 1790, il avait été rétabli par le Code civil. Il est permis de regretter sa disparition : le jour où nous cesserons d'être dupes d'un sentimentalisme trop naïf, nous le rétablirons, ne serait-ce que pour atteindre certaines catégories d'immigrants, qui sont nos frères comme Caïn fut le frère d'Abel.
François MIQUET.
Contribution à la Geographie physique de la Haute-Savoie
ETUDE GEOLOGIQUE ET MORPHOLOGIQUE des Bassins du Borne et du Nom
aux environs de Saint-Jean de Sixt
I. — GÉOLOGIE.
Un observateur attentif aux formes du terrain est tout surpris, lorsqu'il arrive à Saint-Jean de Sixt, de se trouver sur un double col, dominant le croisement de deux profondes vallées qui se coupent presque à angle droit, pu plutôt qui ont l'air de se couper; en réalité l'endroit où les thalwegs devraient se rencontrer est précisément occupé par le col et les deux cours d'eau, sans communication entre eux, se trouvent couler chacun dans des éléments de vallées différentes en formant un coude rectangulaire un peu avant d'arriver en ce point d'intersection théorique. (Voir carte).
Cette disposition des lieux, qui fait de Saint-Jean de Sixt une localité privilégiée au point de vue de la ventilation et lui a valu le surnom de Saint-Jean-la-Bise, mérite d'être étudiée en raison de son originalité.
C'est à quoi nous nous sommes attaché pendant un séjour que nous y avons fait en 1914 et qui fut malheureusement écourté par la guerre ; l'étude se ressent de sa brusque interruption ; mais ne sachant pas s'il nous sera jamais donné de la continuer, nous avons tenu à faire part des résultats qui nous paraissent d'ores et déjà acquis.
Le bassin du Nom en entier et celui du cours supérieur du Borne jusqu'à la douane des Etroits, qui seul nous intéresse, sont contenus dans la moitié nord de ce que les géologues ont nommé le synclinal Serraval-Réposoir, du nom des deux communes où se trouvent les extrémités de ce vaste plissement des hautes chaînés calcaires de la Savoie ; la moitié sud comprend le bassin du Fîer supérieur et les différents torrents qui forment celui de la Chaise.
Ce synclinal, orienté sensiblement NE-SO, est limité vers le S-E par la chaîne des Aravis qui ne se laisse traverser par aucun cours d'eau et au N-0 : par la montagne de la Tournette
_ 46 _ et celle de la Cottagne qui la prolonge, la longue arête que domine le rocher du Lachat, puis celle qui porte le Jalouvre. Cette barrière est coupée en deux endroits par les cluses de Thônes et d'Entremont où le Fier d'une part et le Borne de l'autre emportent la presque totalité des eaux du synclinal. Au nord, le Foron dont la vallée est parallèle à l'axe du synclinal et, au sud, la Chaise achèvent le réseau hydrographique de cette région.
Les cols des Annes et de la Colombière au Nord sont à peu près respectivement aux cotes 1700 et 1450, celui de Serraval au sud n'est guère qu'à 83o et les seuils des Etroits et de Thônes respectivement à 860 et 660. Que l'on ferme par un mur imaginaire d'au moins 200 mètres de haut ces deux cluses et toute l'eau du synclinal s'écoulera par Serraval dans la direction de Faverges où nous lui laissons le choix entre son ancien cours probable vers le lac d'Annecy et son cours actuel vers l'Arly et l'Isère.
Au lieu du système hydrographique simple, qui est généralement celui de ces grands plis synclinaux, où un cours d'eau placé dans l'axe draîne toutes les eaux du bassin et en sort soit par une extrémité, soit par une cluse perpendiculaire, nous trouvons un réseau compliqué avec quatre exutoires aboutissant à trois affluents du Rhône : l'Arve, le Fier et l'Isère, très distants l'un de l'autre.
C'est la cause de cette anomalie que nous allons rechercher.
Si on jette les yeux sur une carte où le figuré de terrain est vigoureusement relevé, le 1/200.000e du service géographique par exemple, on voit tout de suite se dessiner une vaste ellipse allongée ayant les limites que nous avons assignées plus haut au synclinal 1.
L'étude de la carte géologique nous montre que les hautes crêtes qui forment les flancs de ce synclinal sont constituées par les calcaires urgoniens plongeant sous une faible épaisseur de Gault et de Sénonien, réduite parfois à rien, que recouvre le calcaire nummulitique, surmonté lui-même d'une épaisseur très grande de Flysch (fig. 1). A la montagne de Sulens ainsi qu'au col des Annes un paquet de terrains plus anciens comprenant du Lias et du Trias rejeté de fort loin sans doute, forme lambeau de recouvrement. C'est la coupe classique.
1. En réalité les crêtes sont à l'intérieur du synclinal d'avant l'érosion, les charnières des anticlinaux latéraux ayant été enlevées.
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Bien qu'on n'attache plus une grande importance à la théorie d'Elie de Beaumont, nous avons cru devoir reporter sur la carte la direction de ceux des soulèvements indiques par lui et qui concordent d'une façon remarquable avec les principaux accidents orogéniques et hydrographiques de la région qui nous occupe ici (Atlas militaire de Marga). La cote 830 au Marais (col de Serraval) a été omise.
Entre les deux bords du synclinal, on trouve une longue suite de hauteurs en occupant précisément l'axe ; ces hauteurs d'aspect varié, moins hautes que les bords, ont cependant à peu près l'attitude du col des Annes où elles aboutissent, soit 1700 mètres environ, ce sont : la montagne de Sulens, celle de Vaunessin, l'Ars, le mont Durand, lesocle du Danay et les montagnes du col des Annes. Seul de ces hauteurs, ou à peu près, le mont Durand est couronné par des falaises d'aspect urgonien, les autres sont couvertes de pâturages et de bois.
La carte géologique indique au centre du synclinal ce mont Durand et son prolongement sur la rive gauche du Nom, l'Ars, comme de l'Urgonien perçant le Flysch sans indication du calcaire nummulitique qui les sépare et qui pourtant a été soulevé par ce bombement. La rectification des contours des terrains dans la région qui nous occupe, le tracé plus exact des couleurs conventionnelles de la carte, les coupes détaillées de ces terrains sont l'objet de cette première partie. Nous essayerons ensuite d'étudier le réseau hydrographique, car l'anomalie apparente dans ce réseau s'explique d'elle-même : cette cloison intermédiaire introduit des cluses supplémentaires qui fragmentent les combes et par la combinaison des deux éléments presque à angle droit produit la diversité des directions des cours d'eau.
Le chemin d'Entremont à la Clusaz, presque perpendiculaire au plissement, fournit une coupe des plus intéressantes.. Prenons-la un peu plus bas que le bureau de la douane, aux Etroits. Des deux côtés de la rivière, nous voyons l'Urgonien plongeant un peu plus que la surface structurale puis un calcaire nummulitique 1 qui, taillé en sifflet, forme une bande au pied des hauteurs ; il a été suivi depuis Forgeassoud jusqu'au communal du Grand-Bornand près de Villaret, mais sans doute se continue-t-il au delà, il figure d'ailleurs sur la carte géologique. A partir des parcelles cultivées ou en prairies on est sur le Flysch dont les assises ont bien la direction générale des couches sous-jacentes. Dans ce Flysch plus ou moins marneux ou argileux se trouvent des bancs de grès qui semblent avoir une grande continuité, nous en aurions re1.
re1. carte géologique indique une mince bande de Sénonien et même du Gault, ces terrains nous ont sans doute échappé, s'ils existent; comme ils font défaut au mont Durand on devrait en conclure ou bien qu'ils ont été emportés par l'érosion très active qui se produisit après leur dépôt ou que le bombement du mont Durand formait un îlot dans les mers du Gault et du Sénonien, submergé plus tard dans la mer Nummulitique, ces deux hypothèses conduisent à supposer que ce plissement était ébauché dès la fin de l'Urgonien.
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connu trois couches d'épaisseur variable à des niveaux différents. A nos yeux ces couchés ont eu une importance très grande, sur la forme actuelle du sol car elles constituent, au milieu de couchés tendres, des parties plus résistantes qui
forment une sorte de squelette; nous y reviendrons. Ces couches sur le flanc droit de la Vallée plongent vers le sud avec une inclinaison d'autant plus faible qu'on se rapproche du thalweg'; elles se relèvent en sens inverse sur le flanc sud, formant nettement un synclinal dont l'axe serait légèrement au sud et dans la direction du cours général du Nom après SaintJean de Sixt ; à la sortie de la cluse des Lombardes ce torrent coule quelque temps sur le flanc sud puis sur le flanc nord, ce n'est que près des Villards qu'il semble couler exactement au fond du plissement.
Dans un mémoire publié par les Archives des Sciences physiques et naturelles de Genève (1 5 mai 1895), figure une
Une erreur dans le dessin a fait placer le cours de Borne plus haut que celui du Nom, c'est l'inverse qu'on constate ; le coude du premier est en effet à 43m environ en contre-bas de celui du Nom.
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coupe, cotée même, de ces bancs gréseux, nous l'avons cherchée en vain sans la reconnaître, mais nous croyons pouvoir affirmer que les couches de grès de Tavayannaz 1 et d'Urgonien qui y figurent n'ont jamais existé. Ce grès, très recherché par les gens du pays pour la construction de leurs fours, se trouve, au plus près, vers les Annes ; c'est là qu'ils vont le chercher, non sans peine; ils ne le feraient pas s'ils en avaient à leur porte. Ce qui a pu causer l'erreur c'est qu'en effet à cet endroit, comme dans tout ce que j'appellerai le bassin des Lombardes, on trouve des blocs plus ou moins gros de ce grès, mélangés à des roches plus anciennes, comme un conglomérat empâtant des fossiles noirs du Gault, dans le voisinage du ravin descendant du col de la Mouille jusqu'au bas de la vallée et dans le reste d'une moraine de fond située près de la scierie.
Les trois couches de grès polygénique apparaissent au-delà de Saint-Jean de Sixt : 1° au premier petit ruisseau qu'on rencontre en sortant du village, 2° au coude suivant de la route, et enfin 3° à l'entrée du bassin des Lombardes où l'épaisseur est assez considérable pour avoir formé barrage en aval du bassin. On peut les suivre jusque sur les sommets des deux rives du Nom grâce à la saillie qu'elles forment sur les autres couches du Flysch beaucoup plus friables.
Lorsqu'on arrive au mur de soutènement qui sépare la nouvelle route de l'ancien chemin de Saint-Jean de Sixt à La Clusaz, on retrouve le calcaire nummulitique nettement caractérisé par de petites nummulites assez rares d'ailleurs, une grande quantité d'énormes huîtres (ostrea gigantica?), et des pectens. Le contact avec le Flysch en concordance est des plus nets.
On peut mieux voir ces couches en descendant à la scierie des Lombardes; un pont nouvellement construit a fait ouvrir des carrières au fond de la vallée et les coupes y sont fort nettes (fig. 2). On y retrouve les fossiles ci-dessus et en quantité des Orthophragmina. La dernière couche voisine du Flysch offre cette particularité d'être imprégnée d'hydrocarbures, ce qui rend le calcaire fétide, et de présenter des géodes remplies d'un liquide pétroloïde. Au-dessus de ces carrières, M. Le Roux, qui avait bien voulu nous accompagner, a reconnu la présence d'un petit amas glaciaire, reste de la moraine de fond dont nous parlons plus haut; il y a constaté
1. Peut-être cette appellation a-t-elle été étendue par l'auteur au grès polygénique de Douxami, nous la réservons au grès moucheté typique.
l'existence de blocs striés et d'une brèche composée de fossiles du Gault avec ciment glauconnieux. Sur le ravin qui, du col de la Mouille, aboutit en ce point nous avons d'ailleurs reconnu trois dépôts analogues étages dans la hauteur.
En remontant sur la route et en continuant vers La Clusaz, on traverse ces couchés de calcaire nummulitique et on arrive à l'Urgonien. Celui-ci comme on le voit immédiatement (fig 1) forme une belle voûte restée intacte sur la rive gauche où elle constitue la montagne de l'Ars, mais dont le pilier nord s'est effondré sur la rive gauche en formant la falaise du mont Durand et le chaos recouvert par la forêt qui s'étend à son pied. Ce chaos forme un vaste talus d'éboulis remontant jusqu'au col de la Mouille où subsiste en grande partie le pilier nord. On y retrouve les fossiles caractéristiques de la scierie et sur le sommet de la voûte transformée en lapiaz on rencontre quelques rares nummulites 1. C'est à ce col que la voûte
calcaire s'enfonce sous le Flysch qui constitue le Danay. A l'aplomb de la falaise, c'est-à-dire dans l'axe de la voûte, parmi des éboulis exploités pour l'empierrement, apparaît le noyau Hauterivien (une carrière est ouverte à ce niveau à gauche de la route de La Clusaz. Sur la rive opposée la voûte offre une coupe intacte.
En continuant la route, après une certaine épaisseur d'Hauterivien, on retrouve l'Urgonien pendant vers les Aravis, puis à une centaine de mètres au-delà de la petite chapelle, le calcaire nummulitique et enfin le Flysch sur lequel est bâti La
1. Pour atteindre en moins de deux heures (fort jolie promenade) le col de la Mouille, il faut prendre à gauche de la route de La Clusaz au sortir de Saint-Jean de Sixt un sentier longeant un ruisseau et qui rejoint bientôt un des lacets dans la magnifique forêt d'epiceas qui couvre les éboulis en face de la falaise du mont Durand.
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Clusaz. Une partie de la couche du calcaire nummulitique du sommet, a glissé jusqu'à La Clusaz et a formé un chaos dans lequel nous avons trouvé les fossiles habituels, ostrea sp., pecten, lima, etc.
Sur la rive gauche du Nom la même disposition se présente, le calcaire nummulitique se retrouve en manteau presque continu sur les deux flancs de l'Ars et disparaît sous le Flysch des hauts pâturages de la région de Beauregard.
L'examen de la coupe ainsi décrite rapidement confirme donc la présence d'un anticlinal au milieu du synclinal classique Serraval-Reposoir; dans sa partie médiane, il a été décapé de tout le Flysch, mais aux deux extrémités celui-ci subsiste sur une épaisseur considérable dont le Danay constitue un superbe témoin.
Une coupe plus au nord montrerait que l'anticlinal médian semble se tordre vers le nord sous l'effort des poussées latérales qui ont charrié le lambeau des Annes sous lequel le synclinal extérieur se refermerait complètement.
Cette cloison centrale bien que n'atteignant pas la hauteur que devaient présenter à la fin du Miocène les bords du synclinal n'en a pas moins eu une action très grande sur l'hydrographie primitive du bassin. C'est cette influence que nous présenterons ultérieurement dans un travail morphologique sur l'ancien réseau hydrographique de cette région comparé à celui de nos jours.
Charles GORCEIX, Commandant du génie en retraite, Ancien chef de brigade topographique.
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Science allemande et Science française
(à propos d'un ouvrage récent de géographie linguistique).
Vers la fin du XIXe siècle et le début du XXe, nous avons vu naître ou se développer deux branches nouvelles des sciences du langage. La Sémantique est assez connue, grâce au beau livre du regretté Michel Bréal. La Géographie linguistique est plus récente et plus ignorée. Comme la sémantique, comme tant d'autres sciences auxiliaires de l'histoire ou de la philologie, elle est d'origine française. Les Allemands n'ont pas eu le temps de l'accaparer. L'esprit de finesse leur fait trop défaut pour que la sémantique leur doive quelque chef-d'oeuvre. Est-ce pour ce motif que nos jeunes linguistes trouvent un si grand attrait à ces recherches nouvelles? Et ce n'est pas seulement en France, mais dans la Suisse, romande ou alémanique, que M. Gillieron a suscité de fervents disciples. Nous avons en plusieurs fois déjà l'occasion de signaler ici les travaux de M. J. Jud, professeur à l'Université, de Zurich. M- É. Muret nous le présentait jadis comme l'un des romanistes qui suivraient de près les traces des maîtres. L'ouvrage récent de M. Jud justifie ces espérances. Notre intention n'est pas de le commenter longuement. Il nous suffira de renvoyer ceux de nos collègues qui s'intéressent à la linguistique au compterendu critique inséré par M. Dauzat dans l'avant-dernier fascicule de la Revue de Philologie française 1. Nous nous associons volontiers à l'éloge que M. Dauzat fait de cet ouvrage. Problème des altromanischen Wortgeographie : tel en est le titre. 2. Il est écrit en allemand. Ce n'est pas une raison pour en méconnaître ou déprécier la valeur. La France ne vient-elle pas de rendre un hommage éclatant au grand poète Carl Spitteler ? D'ailleurs le français n'est pas moins familier à l'auteur que l'allemand ou l'italien. S'il nous permettait toutefois d'exprimer un souhait, c'est que toutes les publications de M. Jud soient désormais rédigées en langue française.
« Ce sont les problèmes relatifs à la répartition géographique des mots en latin vulgaire et en roman primitif que M. Jud aborde aujourd'hui. Pour attaquer avec succès un
I.. Tome XXIX, 2e trim., 1915, p. 154.
2. Extrait de la Zeitschrift für romanische Philologie, XXXVIII.
[Rev. sav., 1916] 5
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aussi vaste domaine, il fallait une érudition considérable, une connaissance approfondie, non seulement des langues et des parlers romans et du latin vulgaire, mais encore des dialectes celtiques et germaniques ; il fallait enfin et surtout une puissance de synthèse capable de dominer le sujet sans se laisser entraîner à des généralisations hâtives. M. Jud a été à la hauteur de sa tâche : son étude est aussi remarquable par la nouveauté des vues générales que par la richesse et le choix des matériaux. » (M. A. Dauzat.)
Quels emprunts ont été faits au latin vulgaire et au roman par les dialectes celtiques et germaniques, comment l'examen de ces emprunts facilite la solution des problèmes de géographie linguistique, voilà l'objet de M. Jud. Qu'il s'agisse, soit de mots exportés par le latin ou le roman, soit de « mots trouvés et adoptés par la langue des conquérants dans des territoires latins postérieurement germanisés », emprunts fort nombreux, la méthode d'investigation est la même.
Elle est très délicate. Pour qu'elle aboutisse à des résultats sérieux, il faut qu'elle soit pratiquée par des linguistes aussi avertis, et ce qui est plus nécessaire, aussi consciencieux que l'est M. Jud.
Il n'est pas sans intérêt, constate M. Dauzat1, « de savoir, au point de vue chronologique, que le bas-allemand tins a été emprunté à l'époque où C (+ E, I) latin se prononçait ty, et que Tschingel, qu'on trouve dans la nomenclature alpestre du pays bernois, repose sur cingulus arrivé déjà à l'étape tçenglo 2 = (tchenglo).
Fort bien. Mais pourrait-on dater ou localiser exactement des modifications phonétiques telles que celles dont nous venons de parler ?
On sait combien l'évolution des sons est complexe. Un exemple nous permettra de préciser notre pensée.
Nous avons jadis réfuté 3 une assertion fort légèrement émise par un romaniste, M. Marchot, sur les patois de notre région. Les parlers savoyards, disait-on, pour les avoir sans doute étudiés d'une façon très superficielle, n'offraient rien de bien intéressant. M.Grammont, reprenant notre idée, écrivait ces lignes suggestives 4 : « Un domaine où le C latin appuyé donne suivant les
1. Compte-rendu cité, p. 156.
2. Cf. JUD : Op. cit., p. 6 et 7.
3. Préface du Dictionnaire Savoyard, p. XVI.
4. Revue des Langues romanes, XLVII, mars-avril 1904, p. 184.
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lieux tch, ch, t, ty, ts, st, s, çh, f, x, ne peut point passer pour avoir une phonétique banale. »
Ty, ts, st, etc.. issus de c latin appuyé, coexistent en Savoie. Ne pouvait-il en être de même ailleurs, à une période, ancienne ? Le moyen, dans l'état actuel de la science, d'établir une chronologie ou des ères géographiques suffisamment précises ? Succession en ligne, directe ou emprunt à un parler voisin ? La question risque d'être souvent insoluble.
En effet, à ces époques lointaines où M. Jud nous convie à le suivre, sans doute la variété des formes phonétiques était loin d'atteindre la floraison des parlers de nos jours ; nombreuses devaient être pourtant les divergences de prononciation.
La réserve que nous indiquons s'imposera, semble-t-il, à tous ceux qui traiteront de questions aussi ardues. Elle n'enlève rien au travail de M. Jud. Ce n'est pas le lieu de remettre en discussion le problème des limites dialectales et de nous demander s'il est vrai que les lois phonétiques sont absolues. L'ouvrage de M. Jud nous ouvre de vastes horizons : cela suffirait à retenir notre attention.
Voila bien des vétilles, pensera-t-on, pour qui voit les hommes et les choses à la lueur des incendies d'Arras et de Louvain. On aura raison. Les recherches de M. Jud ont paru peu de temps avant la guerre. Actuellement, pour un Français, tout ce qui n'a pas trait à la défense et à la libération de notre patrie, au triomphe du droit et de la liberté, est de minime importance, comme de minime intérêt.
Si je me permets d'exposer aujourd'hui ces réflexions rapides, c'est qu'en approfondissant le sujet, ou les alentours du sujet, nous pouvons aboutir à des conclusions qui ne sont pas complètement en dehors des problèmes du temps présent.
L'Allemagne, disions-nous, n'a rien à opposer aux travaux de géographie linguistique dus à l'école de M. Gilliéron. Il n'en est pas de même pour les autres branches des études romanes. Nous avons souvent regretté, et nous croyons ne pas être le seul, que le premier essai de grammaire savoyarde (celle de Duret) ait dû, pour être publié, trouver en Ed. Koschwitz un éditeur, et un imprimeur à Berlin. C'est aussi un érudit allemand qui vient de faire paraître une étude sur le vocabulaire du Mystère de Saint Bernard de Menthon 1. Les travaux
1. J. FOURMANN : Uber die Sprache des Mystère de Saint Bernard de Menthon mit einer Einleitung über seine Uberlieferung. Extrait de Romanische Forschungen, XXXII.
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allemands concernant la Savoie sont relativement peu nombreux ; mais, pour d'autres parlers romans, ils sont légion. Quelle valeur convient-il de leur attribuer? Voilà une question qui mérite bien tout au moins d'être posée.
Les sciences du langage, comme l'histoire, comme toute science, doivent être avant tout désintéressées. « Je professe absolument et sans réserve, disait Gaston Paris, cette doctrine que la science n'a pas d'autre objet que la vérité pour elle-même, sans aucun souci des conséquences bonnes ou mauvaises, regrettables ou heureuses, que cette vérité pourrait avoir dans la pratique. Celui qui, par un motif patriotique, religieux, ou même moral, se permet dans les conclusions qu'il en tire la plus petite dissimulation, l'altération la plus légère, n'est pas digne d'avoir sa place dans le grand laboratoire où la probité est un titre d'admission plus indispensable que l'habileté 1. »
Ces nobles paroles pourraient être inscrites au frontispice des deux volumes qui ont présenté — magnifiquement — l'oeuvre de nos savants à l'exposition de San-Francisco. Voilà la science française.
Peut-on parler ainsi de la science allemande, historique ou philologique ?
Certes il est difficile à un Français, sauf peut-être à M. Romain Rolland, de rester impassible après tant de forfaits monstrueux, et, par suite, d'apprécier absolument sine ira les produits de la Kultur. A qui la faute? Mais l'indignation ne doit pas exclure l'impartialité. Efforçons-nous du moins de juger avec sérénité.
Combien était sujet à caution, malgré son grand talent, appuyé sur une immense érudition, un historien tel que Mommsen, nous le savions déjà, ou nous le pressentions. M. R. Pichon l'a montré plus nettement dans un article récent de la Revue des Deux-Mondes 2. Que penser des disciples ? Est-il utile.d'insister sur l'extraordinaire manifeste des 93? Tare désormais indélébile. Ceux qui ont signé ce factum odieux ont souscrit pour jamais la condamnation des méthodes germaniques. Or, dans la patrie de Leibnitz et de Kant, pas une voix n'a crié sa protestation !
« Quelle responsabilité, écrit à ce propos le critique suisse
i. Cité par M. BÉDIER, dans sa Leçon d'ouverture au Collège de France, éd. des Cahiers de la Quinzaine, avril 1904, p. 12. 2. Mommsen et la mentalité allemande, 15 oct. 1915.
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M. Maurice Muret, dans un livre que tout Français cultivé doit lire et méditer, quelle responsabilité n'ont pas assumée, devant l'Histoire qu'ils excellèrent à travestir, les Lamprécht, les Schiemann et ce Hans Delbrück qui osa écrire dans les Preussische Jahrbücher : « Bénie soit la main qui a falsifié la dépêche d'Ems 4 ! »
Historiens et hommes d'état sont d'accord : la fin justifie les moyens. Pédagogues s'élancent à la rescousse : « Nous enseignons ce qui peut nous être utile, que ce soit le vrai ou le faux, peu nous importe ; nous voulons que l'Allemand croie ce qui nous semble nécessaire pour atteindre le but que nous poursuivons. » Voilà ce que ne rougit pas de professer l'un des organisateurs de l'enseignement prussien, Haugwitz. Belle leçon de cynisme, sinon de véracité !
Aussi bien l'oeuvre historique de ces Savants d'outre-Rhin est-elle à reprendre, parce qu'elle est viciée dans son principe. Il n'est pas un historien celui qui cherche uniquement dans l'histoire des arguments pour déprimer tout ce qui ne relève pas de la race élue.
En revanche, combien plus grand nous apparaît maintenant notre Fustel de Coulanges !
Certes nous n'aurions garde de prétendre que l'oeuvre des historiens allemands est tout entière un tissu de mensonges ou d'erreurs. Mais ne suffit-il pas de penser que les faits ont pu être faussés, dénaturés, par des hommes capables de placer leurs passions au-dessus de la vérité, pour que nous refusions notre adhésion à des travaux dont la probité nous est suspecte ?
Nous avons appris à quelle aberration pouvaient aboutir des savants indignes de ce nom. Leur châtiment, c'est d'avoir pour longtemps enlevé tout crédit aux productions de l'esprit allemand.
Ce qui est exact pour les historiens le serait-il aussi des linguistes ? Auraient-ils la même mentalité? M. Morf, par exemple, bien que d'origine helvétique, sauf erreur, a signé le trop fameux manifeste. Cela ne l'a pas empêché, en rouvrant son cours public à l'Université de Berlin, d'adresser au maître des maîtres, Gaston Paris, un éloge reconnaissant. Nous voudrions croire que cet exemple n'est pas unique.
D'ailleurs la linguistique est moins malléable que l'histoire. Il est relativement aisé d'altérer les faits historiques en les
1. Maurice MURET : L'Orgueil allemand, chap. 1, «L'Orgueil historique», p. 13 ; Paris, Payot, 1915.
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interprétant d'une certaine façon, ou d'en tirer les conséquences les plus extraordinaires. Mais, quand il s'agit de phonétique ou de lexicologie, il est plus difficile de travestir la vérité que de tronquer un texte ou de falsifier la dépêche d'Ems.
Pourtant, que nous fassions cette constatation avec joie ou plutôt avec mélancolie, tels arguments invoqués contre les historiens porteraient également contre les linguistes, et plus spécialement contre les romanistes.
Lorsque des savants allemands venaient recueillir les diverses formes de nos parlers dialectaux, était-ce bien toujours, comme nous le faisons, comme nous devons le faire, sans aucune arrière-pensée? On les accueillait avec l'urbanité française 1, où l'on mettait comme une pointe de coquetterie raffinée : on était curieux de montrer à ces ennemis d'hier, de demain peut-être, ce que valait notre hospitalité. Eux compilaient, compilaient. Mais, sans parler de tentatives d'espionnage, peut-être dissimulées sous le prétexte d'enquêtes fallacieuses, qui sait ce que méditaient de pareils hôtes ? Compiler ou piller ? Leurs recherches n'avaient-elles pas pour objet de revendiquer plus tard, grâce à des subtilités philologiques, telle ou telle des localités explorées, comme d'autres régions furent décrétées germaniques, à grand renfort de documents historiques ou pseudo-historiques?
Si tout coin de terre foulé jadis par des bandes germaines doit faire retour au Deutschland, il ne manquera pas de linguistes pour prétendre, à l'aide de la phonétique et de la lexicographie, que telle région fut allemande ou doit le devenir. Les habitants de Sixt, comme ceux de Pesey 2, en Savoie, n'auraient qu'à se défier de pareils logiciens. Ils annexeraient leurs vallées au nom de la linguistique, comme d'autres, au nom de l'histoire, revendiquent toute province où les Burgondions vinrent chercher une vie plus douce sur un sol plus clément.
Projets extravagants, dira-t-on. D'accord. Il n'en est pas
1 . Un des érudits avec qui nous entretenions avant la guerre une correspondance philologique nous écrivait (2 juillet 1912) : « C'est l'amabilité et la courtoisie françaises proverbiales que votre lettre fait connaître et à cause desquelles je respecte tant les Français. » Nous nous permettons de transcrire ce témoignage, pour être absolument impartial. On peut l'ajouter à semblables documents recueillis et commentés dans La Grande Revue.
2. Sur les articulations étrangères au français commun, cf. Abbé BRUNET : Essai sur tes Parlers d'Albertville et de Moûtiers, in Mémoires de l'Académie de la Val d'Isère, I, p. 209) ; TAVERNIER : Chansons de Ducros de Sixt, p. 8.
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moins vrai que la philologie allemande devenait Thumble servante, ou plutôt la complice, de cet orgueil allemand qui n'a plus rien de commun avec la science.
De tout cet amas historieo-philologique, que restera-t-il après la victoire du droit, qui sera aussi le triomphe de la probité? Les ouvrages absolument «objectifs» 1 (vocabulaires, grammaires, répertoires bibliographiques, recueils épigraphiques, etc.)
Ailleurs, les faits, la documentation, tout devra être vérifié de nouveau. Que de travaux à faire ou à refaire 2 !
J'entends déjà l'objection. Après la victoire? Mais,qui donc, après la victoire, s'occuperait encore de semblables questions? Permettez-moi, Messieurs et honorés Collègues, de vous soumettre ma réponse : ce sera ma conclusion.
Cette guerre atroce est l'une de « ces grandes et terribles leçons » que Celui dont « relèvent tous les empires » donne parfois aux rois, (ou aux roitelets de village), comme aux simples savants. Rois et roitelets la comprendront-ils? Nous voudrions en être certain. Et nunc erudimini. Nous aimons du moins à penser qu'après la paix « l'union sacrée» subsistera entre tous les Français, avec le mutuel respect de toutes les convictions sincères.
La politique ne s'abaissera plus à n'être souvent qu'une suite de mesquines intrigués et de flatteries démagogiques. Quant aux savants, et à tous ceux qui, sans aspirer à ce nom, sont épris de curiosité, scientifique, ne seront-ils pas pour longtemps éloignés de l'étude ? Beaucoup cesseront pour jamais leurs recherches, convaincus, après ces innombrables hécatombes, que la science est la plus décevante des illusions, qu'une seule importe à l'homme, celle de bien vivre, et surtout de bien mourir, pour la patrie et pour la liberté.
Nul n'a rendu à la science un plus magnifique hommage qu'Augustin Thierry, dans la Préface de Dix ans d'études historiques. Bien souvent en classe, mes élèves et moi, nous avons commenté avec émotion ces belles paroles : «J'ai donné à mon pays, dit le grand historien presque aveugle, tout ce que lui donne le soldat mutilé sur le champ de
1. C'est la meilleure réponse à faire à H. von Treitschke et à ses disciples., pour qui « l'objectivité, est le contraire du vrai sens historique ».
2. Comme guide bibliographique, cf. Ed. FUETER (prof, à l'Univ. de Zurich) : Histoire de l'historiographie moderne, trad. E. JEANMAIRE, Paris, Alcan, 1914, un vol. grand in-4°.
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bataille. » Peut-être ce touchant témoignage, que légitime une vie tout entière consacrée à l'étude, serait-il nuancé d'un regret, si A. Thierry eût vécu de nos jours. Il faudra bien pourtant que la génération nouvelle poursuive la tâche interrompue. Les uns la reprendront pour continuer à « tresser de la paille dans leur cachot », comme dit A. de Vigny, ou pour « user noblement leur vie »; les autres pour ne pas laisser éteindre ce flambeau de la vérité que des mains pieuses leur ont transmis.
Il y aura donc encore des historiens et des philologues, voire même de simples dialectologues.
En Savoie notamment, les recherches dialectologiques sont à peine ébauchées.
Nos jeunes « poilus » victorieux ne dédaigneront pas de les compléter. Etudier la langue d'un peuple ou d'une famille est l'un des plus sûrs moyens de bien les connaître et de les apprécier justement. Quant à la géographie linguistique, quelle source précieuse de renseignements ne fournira-t-elle pas à l'histoire primitive de nos régions? Il nous sera peut-être donné de suivre à la piste, sur les grandes voies de communication, nombre de vocables, comme M. Bédier a vu naître sur les routes parcourues par les romiers ces légendes épiques où survit l'héroïsme de nos pères.
En apportant sa petite pierre au vaste édifice, le plus modeste érudit de nos sociétés savantes, n'ayant d'autre préoccupation que la recherche de la vérité, pourra se dire qu'il a mieux servi sa patrie et « l'intérêt de la science » qu'en élevant sur des bases fragiles un orgueilleux monument.
Il laissera à leur oeuvre intéressée les savants d'outre-Rhin. Il se fera moins volontiers scrupule de ne point les connaître; non par une fatuité ridicule, comme les élèves de l'Institut germanique du Caire se targuaient d'ignorer les travaux de M. Maspéro, mais parce que, la «science allemande » ayant fait banqueroute, nous ne saurions avoir plus de confiance en ses résultats qu'en sa loyauté ; parce qu'enfin, et personne ne l'a mieux démontré que les 93 savants allemands, « science sans conscience n'est que ruine de l'âme ». Ce sera la rénovation, ou plutôt le retour aux belles traditions de l'histoire et de la philologie françaises !
J. DÉSORMAUX.
La Muse annécienne aux tranchées
La poésie fleurit dans les tranchées. Tantôt joyeuse et pétillante d'esprit, tantôt délicate ou mélancolique, toujours vibrante de patriotisme, elle exalte les vieux grognards et sourit aux Marie-Louise. A cette Muse guerrière devrons-nous bientôt quelques nouveaux chefs-d'oeuvre ? Les héros de 1914-1916 trouveront-ils leur Hugo, comme leurs aînés de l'an II? O
guerres épopées En attendant, nous recueillons avec
émotion ces vers, composés parfois, comme ceux qu'on va lire, à trente mètres de l'ennemi.
Les cinq pièces suivantes sont l'oeuvre d'un Annécien. Il les a dédiées à l'un de ses anciens maîtres du Lycée Berthollet et, par son intermédiaire, aux jeunes lycéens, ses futurs émules. M. Jean Fontaine-Vive appartient à une famille très estimée dans notre cité. Son oncle, M. Fontaine, d'AIbigny, architecte, inspecteur départemental des monuments historiques, a longtemps été membre de la Florimontane.
Avant la guerre, M. J. Fontaine-Vive, licencié ès-lettres (histoire), était inscrit comme étudiant à la Faculté de Droit de Lyon. Il fut l'un des lauréats de l'Académie de Savoie, lors d'un récent concours. Aujourd'hui notre jeune concitoyen est sous-lieutenant au 163e de ligne, « Le turbulent lycéen, nous écrit-il, s'amuse à jouer des tours aux Boches. » Il les joue si bien que son courage lui a valu une fort belle citation. Le Lycée Berthollet sera fier de lui, comme il l'est déjà des MugnierPollet, des Gromier, des Fayre-Coutillet, des Preti, de tant d'autres héroïques officiers et soldats, tombés au champ d'honneur ou qui, glorieusement, continuent la croisade contre les Barbares.
Aux rugissements de la bête, entre deux attaques, Jean Fontaine trouve assez de loisir et de liberté d'esprit pour ciseler des sonnets. Il le fait, comme le lecteur s'en apercevra, en élégant disciple de Hérédia. Ayant vingt fois échappe à la mort, le soldat-poète puise des énergies renouvelées dans la lecture de quelques livres consolateurs ; il médite « les pages superbes où Rabindranath Tagore affirme la beauté secrète de mourir ». Et cette pensée inspire le délicat sonnet : Neige sur la W...
Comme les lettres du front, ces vers sont des « confidences ».
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Le meilleur commentaire de ces paysages, ou plutôt de ces états d'âme, serait cette phrase, que l'on me permettra d'extraire d'une lettre datée du 28 janvier 1916 :
« Ici, aux tranchées, l'un se réclame de Jeanne d'Arc, l'autre de g3, la majorité de l'obscur sentiment qu'ils font bien... Tous nous sommes unis indéfectiblement, par quoi? par notre communauté d'enthousiasme, parce que nous sommes de coeurs, sinon d'idées, semblables.... »
Que cette France est belle! plus belle, peut-être, qu'elle n'a jamais été.
Quelles espérances pour les lendemains de la victoire !
Aussi bien le lecteur de la Revue Savoisienne saura gré à son Directeur d'accueillir quelques-uns de ces vers où vibre une jeunesse ardente. II y trouvera sans doute le même plaisir que les membres de l'Académie Florimontane présents à la séance de février, au cours de laquelle nous en avons donné lecture. J. D.
PILOSUS ARTIFEX.
Les ciseleurs de bagues d'aluminium.
Penché sur le burin comme un antique orfèvre, Longtemps il médita la forme et l'ornement. Le soir mauve en ses yeux se perd : c'est le moment Où, loin d'ici, son âme ardente qui s'enfièvre,
Fuyant, comme un oiseau, les plaines de la Woëvre, Se pose aux îles d'or de ses rêves d'amant, Où, dans le soir, il l'attendait, languissamment; Et des baisers furtifs frissonnent sur ses lèvres,
Comme s'il murmurait d'amoureuses prières. L'anneau léger s'incurve, acanthe, coeur ou lierre; Mais le canon s'éveille et hurle à pleine voix.
Et lui, semeur de rêve en la brutale histoire, Reprenant l'anneau clair entre ses rudes doigts. Cisèle un peu d'amour dans un lambeau de gloire.
Redoute des Braves, Bois de H. ; septembre 1915.
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NEIGE SUR LA W
Il neige sur la plaine, interminablement, Comme si tout le ciel sur nous voulait descendre ; L'air est tout étoile d'une candide cendre ; II neige dans nos coeurs un doux apaisement.
Calme d'une heure brève, ô douceur d'un moment ! Le ciel rose a des tons de chair vivante et tendre, Et mon coeur se dissout : il me semble comprendre La douceur de mourir sans deviner comment.
Avec le crissement d'un ciseau dans la soie. Une torpille s'ouvre une stridente voie Dans l'espace muet, ainsi qu'un sanctuaire.
Et je rêve ; et tout bas, sans haine ni rancoeur, Comme un accord perdu dans ce vaste suaire, L'écho des jours heureux pleure au fond de mon coeur.
12 décembre 1915.
VISION.
La forêt bouge (MACBETH): Or, tandis que penchés sur les parapets sombres Les nocturnes veilleurs fouillaient en vain les ombres, J'eus cette vision étrange dans la nuit, Comme en eurent jadis en Juda les prophètes. Mort-Mare me semblait une ville aux cent faîtes Se renvoyant l'écho d'un fantastique bruit.
Muette en la nuit lourde était la ville morte, Car nul n'avait franchi le seuil de ses vingt portes Et le stérile orgueil de ses portiques d'or, S'amplifiait du vide immense de ses rues. Elle avait la beauté des cités disparues, Babylone de fer qui sous le sable dort.
Nul frisson n'agitait la cité millénaire
Et, lugubres, les tours sous la clarté lunaire
Dressaient la froide horreur de leurs fantômes blancs.
L'ombre, implacable, avait noyé les avenues.
Et rien ne vivait plus dans la ville inconnue
Que la lune funèbre au fond des deux tremblants.
Souvent je t'ai revue, ô ville réprouvée ! Sodome de mon coeur, sur qui ne s'est levée Ni la brise des soirs aux candides parfums. Ni l'étoile d'amour qui tend nos énergies Vers le pôle inconnu cher à nos nostalgies, Impassible tombeau de nos rêves défunts.
Aubarède, 18 août 1915.
-64MATIN
-64MATIN
C'est un matin brumeux de Lorraine. Si triste Est l'exquise chanson des herbes sous le vent Que mon coeur éperdu sanglote, soulevant Un parfum d'autrefois, suave et qui persiste
Comme un accord mineur sous les doigts de l'artiste. Au loin la Woëvre grise et le tableau mouvant Des étangs, des taillis, des coteaux, où souvent Mon rêve indéfini mit des tons d'améthyste.
La colline est sans fleurs et les bois sans verdure. Tout ce qui vit, tout ce qui rit, tout ce qui dure Semble à jamais banni du fier pays lorrain.
Et mon âme, alanguie en cette heure si rare,
Ecoute au loin la voix profonde de l'airain
Qui tonne sans arrêt vers ton antre, ô Mort-Mare.
CRÉPUSCULE AUX TRANCHÉES.
Le jour s'attarde encore au fond de la tranchée. Un chant s'élève au loin, monotone et traînard, Et du val de Rémière au bois de la Sannard Vibre l'appel plaintif d'une biche lâchée.
Face à la Bête au gîte une forme penchée S'anime du dernier reflet du jour blafard. L'ombre lente a couvert la plaine de son fard. C'est l'heure inquiète et grave où la lune est cachée,
Où nos coeurs sont étreints d'une mélancolie Douce et triste à la fois, dont notre âme est fleurie Comme d'une senteur subtile d'immortelle.
Et notre âme se fait enfantine, ce soir, Notre âme nostalgique et Filiale, et telle Que la lune qui monte entre les sapins noirs.
Redoute d'Aubaréde, 17 octobre 1915.
65
ÉTAT DES SERVICES DU GÉNÉRAL
CHATELAIN MARIE-JOSEPH.
Engagé volontaire le 1er octobre 1870, Marie-Joseph Chate. lain fut admis à l'Ecole polytechnique en 1872 avec le n° 114 sur 290 ; il en sortit sous-lieutenant d'artillerie le Ier octobre 1874 et fut nommé :
Lieutenant le 1er octobre 1876 ;
Capitaine le 3 novembre 1880, instructeur à l'école militaire de l'artillerie et du génie ;
Chef d'escadron le 10 juillet. 1894 au 25e régiment, puis chef d'état-major de l'artillerie du corps expéditionnaire de Chine ;
Lieutenant-colonel le 12 juillet 1901, maintenu dans son emploi, puis homme directeur de l'artillerie à Besançon ;
Colonelle 23 septembre 1904 avec les mêmes fonctions, puis colonel du 4e régiment d'artillerie commandant par intérim l'artillerie du 20e corps d'armée ;
Général de brigade le 23 mars 1908, commandant la brigade régionale dé Lyon, puis inspecteur des cours de tirs de campagne à Lyon ;
Général de division le 28 juillet 1912, inspecteur des cours de tir de campagne au ministère de la guerre à Paris.
Inspecteur général de l'Ecole polytechnique le 16 janvier
Chevalier de la Légion d'honneur le 30décembre 1892, étant instructeur à l'école militaire de l'artillerie et du génie (22 ans de services, 1 campagne) ;
Officier le 11 juillet 1902 (étant lieutenant colonel, 32 ans de services, 3 campagnes) ;
Commandeur le 31 décembre 1913 ;
Placé dans le cadre de réserve le 23 décembre 1915.
_66_
LES SAVOYARDS
décorés de l'Ordre de la Légion d'honneur
de 1848 à 1914
(suite)
11 juillet 1897. PÉDERSIN Joseph-Auguste, capitaine en second à l'école d'artillerie du 14e corps d'armée (annexe de Valence) ; 19 ans de services, 3 campagnes.
12 — — GENIN Léon-Paul, capitaine au 29e bataillon
de chasseurs à pied : 15 ans de services, 10 campagnes.
28 — — BORSON Edouard-François, capitaine au 97e
de ligne; 22 ans de services, une campagne.
— — MONTANGIS DE VIRY Timoléon, chef de bataillon
bataillon territoriale; 29 ans de services.
29 — — CANET Félix, conseiller général depuis 1877 ;
maire d'Albens depuis 1864, président de la commission départementale ; 23 ans de services.
— — CHIRON François (docteur), chirurgien des
hôpitaux de Chambéry depuis 1878, chef de service en 1883, chirurgien-major des sapeurs-pompiers, conseiller municipal en 1888 ; 20 ans de services.
— — TRUCHET Florimond, vice-président du conseil
conseil de la Savoie, conseiller municipal depuis 186g, maire de Saint-Jean de Maurienne depuis 1881, conseiller d'arrondissement en 1880, conseiller général en 1885, fondateur et secrétaire de la société de secours mutuels ; 28 ans de services.
— — DUPONT René (docteur), conseiller général
de la Haute-Savoie depuis 1874 ; 23 ans de services.
_67_
31 août 1897. CHALLIÉR Jules, maire de Chambéry, censeur et administrateur de la Banque de France.
11 octobre — DUNÀND (Mgr), vicaire apostolique du SeTchuen
SeTchuen ; 28 ans de services en Extrême-Orient, 26 août 1898. DÉJERINE Joseph-Jules (docteur), médecin chef de service à l'hospice de la Salpétrière, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris; 24 ans de pratiqué médicale.
12 déc. — GONDRAND François, président de la Chambre
de commerce française de Milan. président du comité central de la colonie française, membre du conseil de la société de bienfaisance. Services dévoués rendus aux intérêts français, en particulier à l'occasion du récent accord commercial avec l'Italie.
29 déc. 1898. CHASTEL Raimond, capitaine au 8e de ligne, 25 ans de services. — — BOCH Louis-Paiii-Laurent, maire d'Annecy
depuis 1888, membre de la commission de surveillance des prisons depuis 1871, conseiller municipal en 1874; 27 ans de services.
— RULLAND Raoul, capitaine en premier au 14e régiment d'artillerie; 24 ans de services.
10 juillet 1899. GUIRITTE Marie-Henry, capitaine au 153e régiment d'infanterie, 18 ans de services, 8 campagnes.
24 déc. — BARFÉTY Marie-Ferdinand, capitaine d'infanterie
d'infanterie marine; 18 ans de services, 10 campagnes, dont 6 de guerre (passé au 4e tonkinois). Né le 13 février 1861.
25 — — PANTHIN Paul-François, capitaine en premier,
premier, au 6e bataillon d'artillerie à pied ; 27 ans de services. 25 février 1900. WARCHEX François-Aimé, maire de Bonneville depuis 1888, conseiller général, président de la société d'agriculture et du commerce de Bonneville ; inscrit au barreau depuis 45 ans;
— 68 —
11 juillet 1900 AVET Charles-Philibert-Emmanuel, lieutenant au 5e régiment de chasseurs d'Afrique, 20 ans de services, 12 campagnes.
— — DESCHAMPS Charles-François-Marie-Eugène,
lieutenant au 39e régiment d'infanterie ; 20 ans de services, 4 campagnes. — CHASTEL Edgard-Alphonse-Johanny, chef de bataillon au 40e régiment d'infanterie ; 25 ans de services. 11 août — COTTET Charles, peintre. Exposition universelle de 1900 : médaille d'or.
— — LACHENAL Edmond, céramiste d'art. Exposition
Exposition de 1900 : médaille d'or, classe 72 ; médaille d'argent, classe 69.
— — CHENAL Georges, fabricant d'appareils de
laboratoire, maison Chenal, Douilhet et Cie. Grand-prix.
— — DUPONT François, secrétaire général de l'association
l'association chimistes de sucrerie et de distillerie, secrétaire-général du congrès international de chimie appliquée, membre du comité de la classe 55.
— — NACHON François-Joseph, architecte du
palais médian des Invalides.
— — VEVRAT Ernest-Ferdinand (le docteur), médecin
médecin chef de l'Hôtel-Dieu de Chambéry, médecin du bureau de bienfaisance depuis 1879, médecin des écoles communales, du lycée, de l'institution nationale des sourds-muets et des douanes, chirurgien-adjoint à l'Hôtel-Dieu en 1878, chirurgien en chef depuis 1880; campagne de 1870-71 ; 30 ans de pratique médicale. 29 déc. 1900. COSTA DE SAINT-GENIX de BEAUREGARD Stanislas-Marie-Victor-Catherine, chef d'escadron au 22e dragons ; 23 ans de services.
— — BINCAZ Auguste-Ernest, lieutenant porteétendard
porteétendard 27e dragons ; 20 ans de services, 5 campagnes.
— — DE ROLLAND François-Joseph, capitaine
commandant au 8e régiment de chasseurs ; 25 ans de services.
- 69 -
30 déc. 1900. FRÈREJEAN Joseph-Benoît-Louis, capitaine d'infanteriede marine; 17 ans de services, 12 campagnes, dont 5 de guerre. 4 janvier 1901. JALABERT Hyacinthe-Joseph, aumônier de l'hôpital militaire de Saint-Louis (Sénégal) ; 17 ans de services aux colonies. Services exceptionnels rendus à l'occasion de l'épidémie de fièvre jaune au Sénégal.
26 — — DE MAGDELAIN Albert, agent-voyer en chef du département de la Haute-Garonne; 30 ans de services.
11 juillet — DE BROTTY D'ANTIOCHE Marie-FerdinandFrançois-Adhémar,
Marie-FerdinandFrançois-Adhémar, de cavalerie territoriale, affecté dans la 14e région (service d'état-major) ; 30 ans de services, une campagne.
— — MONET Albert, officier d'administration de
1re classe dans la 14e région (bureaux de l'intendance) ; 29 ans de services, 5 campagnes.
— — DE BUTTET Marc-André-Marie, chef de bataillon
bataillon 108e régiment territorial d'infanterie; 31 ans de services, une camp. —- — BARATAY Jules, capitaine au 30e régiment
d'infanterie; 17 ans de services, 11 campagnes.
— — CARRIN Michel, capitaine au 79e de ligne ;
20 ans de services, 3 campagnes.
12 — — BARFÉTY Paul-Marie-François, capitaine de
1re classe au 4e régiment de tirailleurs tonkinois (né le 29 novembre 1862). 9 janvier 1902. ANCENAY Antoine-Eugène-Marie, inspecteur des finances ; 26 ans de services.
21 — — COTTET, juge de paix du canton d'Evian ; 50
ans de services.
26 — — GOY Louis-Emile-Joseph, maire de Reignier,
membre du Conseil général depuis 1883, médecin de l'asile des vieillards, des enfants assistés et du bureau de bienfaisance depuis 1880, membre de la commission départementale ; 22 ans de services.
[Rev. sav., 1916] 6.
— 70 —
11 juillet 1902. GOYBET Mario-Francisco-Julio, capitaine breveté au 99e régiment d'infanterie; 20 de services, 4 campagnes.
22 — — BORREL Etienne-Louis, ancien instituteur,
correspondant du ministère de l'Instruction publique à Moûtiers : importants travaux d'histoire et d'archéologie.
30 déc. — CLAVEL Alexandre-Joseph, lieutenant trésorier à la compagnie de gendarmerie à Madagascar ; 15 ans de services, 15 campagnes.
10 janvier 1903. CHARVET, président du tribunal de première instance de Chambéry ; 21 ans de services.
i3 — - — CLÉRY François-Régis-Joseph-Marie-Léonce,
ingénieur ordinaire de 1re classe au corps des ponts et chaussées; 23 ans de services.
14 — — BLANC Jules-François, industriel et banquier
à Turin, président du conseil d'administration des papeteries méridionales d'Italie ; services rendus aux intérêts français depuis plus de vingt ans.
13 juillet — BÉTRIX Jean-Joseph, capitaine au 22e régiment d'infanterie coloniale; 16 ans de services, 10 campagnes (Madagascar).
29 déc. — RAIMOND DE LA GRANGE Jean-Marie-Alexis, capitaine au 113e de ligne; 24 ans de services.
2 janvier 1904. PAYOT Jules-Antoine, recteur de l'académie de Chambéry; 25 ans de services.
5 — — JORIOZ Adolphe, membre du Conseil général
de la Savoie; conseiller d'arrondissement de 1877 à 1889, conseiller général depuis 1889, membre de la commission départementale, ancien conseiller municipal de Moûtiers ; 27 ans de services. — — TAPPONNIER Paul, président du conseil d'arrondissement
d'arrondissement Saint-Julien, maire d'Archamps ; conseiller municipal en 1855, maire depuis 1871 ; élu au conseil d'arrondissement en 1877, président de cette assemblée depuis 1884; 48 ans de services.
16 mars 1904. AGNELLET François-Julien, capitaine de réserve, affecté dans la 20e région ; 30 ans de services.
13 juillet CHAÛTEMPS Claude-François-Marie, conseiller provincial de 1848 à 1860 (régime sarde), conseiller d'arrondissement de 1860 à 1871, conseiller municipal depuis 1847, nommé syndic de Valleiry en 1847, maire de Valleiry depuis 1870, Commandeur du mérite agricole, vice-président du comice agricole de l'arrondissement de Saint-Julien de 1860 à 1871 et président depuis 1871. Lauréat de la prime d'honneur de la Haute-Savoie en 1865 ; ancien membre du jury régional des primes d'honneur : a beaucoup contribué au progrès de l'agriculture dans son département.
26 — - DELACHENAL, conseiller à la Cour d'appel de
Chambéry ; 34 ans de services. . . 7 octobre — DUGLOZ François-Victor, imprimeur-éditeur à Moûtiers. Membre du comité central des maîtres imprimeurs de France, 30 ans de pratique industrielle et commerciale. 7 déc. — BRAZIER Charles-Henri, ingénieur, directeur de la maison de construction d'automobiles Richard-Brazier, a gagné avec la voiture automobile construite d'après ses plans l'épreuve internationale dité« coupe Gordon-Bennett », courue en Allemagne au mois de juin 1904 ; 20 ans de pratique industrielle. ;
29 déc. 1904. PARAZ Jean-Marie, maréchal des logis à la 14e légion bis de gendarmerie ; 26 ans de services, 26 campagnes. (Né le 1er mars 1856 à Grésy-sur-Isère).
— — DE BOIGNE, capitaine en premier au 10e régiment
régiment 24 ans de services.
— _ BAL, capitaine hors cadres, commandant le
bureau de recrutement de Lyon ; 26 ans de services.
— 72 —
29 déc. 1904 FROMENT, officier d'administration de 2e classe à Rochefort (service de l'artillerie) ; 30 ans de services.
31 — — VUILLERME Charles Joseph, ingénieur principal
principal génie maritime; 20 ans 3 mois de services, dont 2 ans 7 mois à la mer ou aux colonies en paix et 14 jours à la mer en guerre.
12 juillet 1905. VERNAZ, capitaine au 158e régiment d'infanterie ; 25 ans de services.
13 — — ROZE Jean-Baptiste-Albert, directeur-délégué
directeur-délégué la société anonyme des papeteries de Leysse ; juge, pendant huit ans, puis président du tribunal de commerce de Chambéry. Par sa valeur et sa grande compétence, a augmenté considérablement l'importance de la manufacture de Leysse et assuré ainsi la prospérité de ce village.
15 — — GRAND Léopold, cantonnier sur la route
n° 90, gardien du refuge Sainte-Barbe près le Petit-Saint-Bernard; 20 ans 1/2 de services. Titres exceptionnels : a par son énergie et son courage sauvé d'une mort certaine de nombreux voyageurs et soldats surpris par des tourmentes de neige ou des avalanches. Titulaire de plusieurs médailles d'honneur françaises et italiennes. 30 déc. — VILLIEN, capitaine trésorier au 66e de ligne ; 21
ans de services, 4 campagnes (Moûtiers). 26 janvier 1906. RAUGÉ (le docteur Paul-François-César), médecin à Challes-les-Eaux ; 33 ans de pratique médicale. Maire de Challesles-Eaux de 1896 à 1904 ; s'est distingué par la publication de travaux remarquables sur différents sujets de médecine, de chirurgie et d'hydrologie. 14 février — MAYAN Marie-Alexandre-Mathieu-Marc, trésorier-payeur général de l'Yonne; 40 ans de services.
7 — — COLLONGES Pétrus, capitaine territorial affecté
_73—
dans la 14e région ; 35 ans de services, une campagne. 9 mars 1906. TERRIER Auguste-Jean-François, secrétaire général du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc. Missions : Algérie et Tunisie, 1899 et 1901; Maroc, 1904 et 1905.
22 juillet — BOUCHE Frédéric, avocat général près la Cour de l'Indo-Chine; 26 ans de services.
11 octobre — RANNAZ François-Marie, fabricant d'horlogerie à Cluses. Membre du jury de l'exposition de Liège.
— — BORREL Alfred, graveur en médailles et en
pierres fines. Exposant hors concours à Saint-Louis. 30 déc. - JARRE, conseiller à la Cour d'appel de Chambéry
Chambéry 39 ans de services. ;
— — EMONET Claude-Félix, médecin de 2e classe
de réserve (marine) ; 22 ans de services, dont 7 ans à la mer.
— — CHAMOUX, capitaine au 109e régiment territorial
territorial ; 36 ans de services, une campagne ; dans l'armée territoriale depuis le 1er juin 1877.
10 mai 1907. CONSTANTIN, lieutenant d'infanterie de réserve au régiment d'Annecy; 23 ans de services, 9 campagnes, une blessure; dans la réserve de l'armée territoriale depuis le 8 juillet 1899.
17 — — CONVERSET, capitaine au 131e de ligne, détaché
détaché la direction de l'infanterie, 2e bureau ; 23 ans de services.
10 juillet — ORSAT, capitaine au 97e de ligne, 25. ans de services. — — FALCONNET,. capitaine au 111e de ligne; 26
ans de services.
— — DE FORAS, capitaine au 4e dragons ; 25 ans
de services.
— — GIGNOUX, capitaine au 2e zouaves, 21 ans de
services, 5 campagnes.
— — MARULLAZ, officier d'administration de 1re
classe, gestionnaire des vivres à Maubeuge: 30 ans de services, une campagne.
— 74 —
6 août 1907. GREYFIÉ DE BELLECOMBE, capitaine commandant au 13e régiment de chasseurs ; 25 ans de services.
29 déc. — DECOUX Laurent-Claude-Pierre, lieutenant de vaisseau; 15 ans, 3 mois de services, dont 13 ans 6 mois à la mer ; Madagascar, 1895-96 ; Tonkin et Quang-Tchéou-Wan, 1898-99 ; Chine, 1900 ; Tonkin, 1902.
31 — — GRAVIER, capitaine en deuxième au 12e bataillon
bataillon à pied, à Modane ; 25 ans de services.
— — GALLIARD, capitaine en premier au 34e régiment
régiment ; 25 ans de services.
— — MOLLARD, capitaine au 108e territorial ; 35
ans de services ; dans l'armée territoriale du 12 mai 1878. 15 janvier 1908. ORSAT, avocat général près la Cour d'appel de Chambéry; 30 ans de services.
— — GUILLAND (le docteur) Jean-Louis, médecin à
Aix-les-Bains depuis 1876 ; 31 ans de pratique médicale ; services exceptionnels rendus comme vice-président de l'Association départementale des médecins de la Savoie depuis sept ans.
— — CHENAL François-Amédée, conseiller général
de la Seine, maire de Maisons-AIfort. Conseiller municipal de Maisons-AIfort en 1888, maire en 1896, conseiller général en 1900 ; 20 ans de fonctions électives. Services distingués rendus à la ville de Maisons-AIfort et au département de la Seine.
— — PERRIN, capitaine au 28e bataillon de chasseurs
chasseurs 24 ans de services, 2 campagnes.
— — CHAMOUSSET, capitaine au 99e de ligne ; 26
ans de services.
— — DE THIOLLAZ, capitaine-commandant au 4e
régiment de cuirassiers ; 23 ans de services, 2 campagnes.
— — PACORET DE SAINT-BON, capitaine-commandant
capitaine-commandant 16e régiment de chasseurs; 25 ans de services.
-7515
-7515 1908. ARNOLLET, capitaine en second à l'état-major du commandant de l'artillerie en Tunisie, sous-inspecteur du matériel de 75 ; 22 ans de services, 6 campagnes.
— — PERRIER DE LA BATHIE, capitaine en second
à la direction de l'artillerie de Brest ; 20 ans de services, 8 campagnes.
— — BOTTERO, officier d'administration de Ire
classe à la direction du service. de santé à Rennes ; 23 ans de services, 6 camp.
— — VUILLERMET, capitaine au 21e régiment d'infanterie
d'infanterie ; 23 ans de services, 10 campagnes. 30 déc. — RUET, capitaine au 5e régiment d'infanterie;
25 ans de services.
— — BERN, capitaine au 97e régiment d'infanterie:
26 ans de services.
— — PETETIN, capitaine au 6e bataillon de chasseurs;
chasseurs; ans de services. 22 janvier 1909. MAÎTRE Joseph-Etienne., directeur des travaux de la ville de Limoges depuis 1890, ingénieur de la ville de Limoges, depuis 1887 ; 21 ans de services, avril — GUILLEEMIN Joseph, capitaine au 8e régiment d'infanterie coloniale ; 22 ans de services, 11 campagnes. 4 mai — RECOUX, chef de musique de 1re classe au 6e régiment d'artillerie; 29 ans de services.
11 juillet — ANTHÔINE, capitaine au 30e régiment d'infanterie:
d'infanterie: ans de services.
— — GOYBET Victor-Louis, chef de bataillon breveté
breveté 98e régiment d'infanterie; 26 ans de services. 30 déc. . — VALLORY, capitaine au 2e régiment de tirailleurs algériens ; 15 ans de services, 13 campagnes.
12 juillet 1910. PAULME, capitaine au 3e régiment de zouaves ;
24 ans de services, 4 campagnes.
— — FAVRE Antoine, vice-président de la commission
commission des Hospices civils de Chambéry, membre de cette com-
— 76 —
mission depuis 1890, vice-président depuis 1902, conseiller municipal de 1888 à 1903 : ancien juge et président du tribunal de Commerce, membre de la Chambre de Commerce en 1888, viceprésident de 1895 à 1901, président depuis 1901 ; 22 ans de services. 1er août 1910. DUFAYARD Charles, professeur d'histoire au Lycée Henri IV ; 25 ans de services.
— — BORDEAUX Henri-Camille, homme de lettres.
— — CACHOUD François-Charles, peintre. Médailles
Médailles de 3e classe en 1896, de bronze en 1900 (E.U), de 2e classe en 1902 ; hors concours. 2 août — BRUNIER Etienne, distillateur à Lyon, membre du jury à l'Exposition de Londres, classe 61. 12 juillet — CHAPUIS Hippolyte, lieutenant de réserve au régiment d'Annecy; 22 ans de services, 8 campagnes, une blessure, une citation. Dans la réserve depuis le 24 septembre 1903.
— — DE CHILLAZ, capitaine d'artillerie à l'atelier
de Tarbes ; 26 ans de services. 29 déc. — CERRUTY Marie-Dominique, directeur du
personnel et du matériel au Ministère des Finances ; 32 ans de services.
— — TOCHON, major au 32e régiment d'infanterie;
26 ans de services,
— — CHEDAL-BORNU, chef d'escadron de gendarmerie
gendarmerie la 18e légion ; 27 ans de services.
— — CHEVRON, médecin-major de 1re classe au
149e régiment d'infanterie; 22 ans de services, 5 campagnes.
— — NOVARINA, officier d'administration (tribunaux
(tribunaux de Ire classe, hors cadres, greffier près le conseil de revision de l'Indo-Chine et le Ier conseil de guerre du Tonkin; 31 ans de services, 3 campagnes.
— 77— 15 avril 1911. CHARLÉTY Camille-Sébastien-Gustave, directeur général de l'enseignement à Tunis; 19 ans de services ; services exceptionnels rendus à l'enseignement en Tunisie.
— — CURTELIN Jean-Baptiste, membre de la
Chambre de Commercé de Tunis, membre de la conférence consultative ; 28 ans de pratique commerciale en Tunisie, Services rendus aux intérêts français. 12 juillet — FAVIER DU NOYER DE LESCHERAINES, capitaine au 3e bataillon de chasseurs à pied ; 26 ans de services.
— — DUVERNEY, capitaine au 13e bataillon de
chasseurs à pied ; 26 ans de services. — — VINCENT, capitaine au 132e régiment d'infanterie
d'infanterie ans de services,
— — VOUTTIER, lieutenant au 4e régiment de
zouaves à Casablanca ; 23 ans de services, 6 campagnes.
— — VUILLERME, lieutenant en premier au 6e régiment
régiment génie ; 11 ans de services ; services distingués rendus à l'aviation, blessé grièvement en service commandé. 20 octobre — GIRARD Bernard-Antoine, fabricant de produits pharmaceutiques à Paris. Diplôme d'honneur à l'exposition de Bruxelles (classe 87) ; 25 ans de pratique industrielle.
— . — RUFFIER DES AIMES Roger-André, banquier
à Paris. Trésorier du groupe 19 (section coloniale française) ; grand prix de collaboration à l'exposition de Bruxelles ; 24 ans de services.
— — SANGUET Joseph-Louis, constructeur d'instruments
d'instruments précision. Grand-Prix à l'exposition de Bruxelles, classe 15 ; 33 ans de pratique industrielle. 30 déc. — CALLIES, capitaine au IIIe de ligne; 26 ans de services.
(A suivre.) François MIQUET.
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Chronique des Archives du Département de la Haute-Savoie. (I). — Sous cette rubrique, nous publierons désormais, toutes les fois qu'il y aura lieu de le faire, un exposé succinct de tout ce qui concerne les dépôts d'archives du département (archives départementales, communales, hospitalières et des sous-préfectures). Ces dépôts sont en effet comme des « laboratoires » où se préparent la plupart des travaux d'érudition publiés par les Sociétés savantes. On ne s'étonnera donc pas que la Revue savoisienne, organe de l'Académie Florimontane, nous ait paru spécialement désignée pour faire connaître à ceux qui s'intéressent à l'histoire du pays, en suivent les progrès et y collaborent d'une manière quelconque, ce qui est capable de les éclairer, de les instruire et de les guider au besoin dans leurs recherches. Nous citerons notamment les enrichissements des séries des archives anciennes et modernes, l'accroissement de la bibliothèque historique, les améliorations apportées dans le service, les instruments de travail manuscrits (fiches ou registres) ou imprimés mis à la disposition des travailleurs, les acquisitions, les dons, bref tout ce qui est digne de fixer leur attention et capable de leur rendre quelque service.
Nous commençons aujourd'hui cette « chronique » en mentionnant cidessous tout ce qui est survenu d'intéressant dans le courant du premier trimestre de l'année 1916. Nous avons adopté une fois pour toutes les cadres de classement en usage en France pour les différents dépôts d'archives énumérés ci-dessus, mais, nous avons pensé qu'il y avait lieu de consacrer aux choses de la guerre un paragraphe spécial.
ARCHIVES DÉPART. DE LA HAUTE-SAVOIE. (Acquisitions.)
Série E. (Familles, notaires, communes.)
I. E. (Familles). Pièces concernant Ci.-L. Excoffier, d'Annecy. 1734.
II. E. (Notaires). Minutaire d'un notaire d'Annemasse. (1494-1502); 1 registre.— Minutaires du notaire Amoudry, d'Annecy. (1653-54; 1656-57; 1662-67; 1670-72); 4 reg. — Minutaire de Joseph Vidal, notaire à Grésysur-Aix. (1559); 1 reg. — Minutaires de J.-B. Dépolier, notaire à Annecy. (1648 : 1649; 1650 ; 1654 ; 1655; 1666; 1673-76; 1677-78; 1693 ; 1695); 10 reg. (Don de feu M. Petrus Rollier, notaire à Annecy 1.
1. Ces minutaires avaient été achetés en 1908, lors d'une vente d'immeuble à Sevrier, par Me Petrus Rollier, notaire à Annecy, capitaine de réserve au 416e d'infanterie, mort au champ d'honneur en septembre 1915. En faisant cette acquisition, notre regretté confrère s'était proposé d'étudier ces importants documents et d'en faire don ensuite aux archives ; mais sa mort glorieuse et prématurée ne lui a pas permis de rédiger le travail historique qu'il avait dû entreprendre. Les chercheurs pourront au moins apprécier la valeur des minutaires légués par lui. Ceux-ci complètent le fonds des minutes notariales déjà existant aux archives, et constituent un apport d'une importance particulière, à tel point que depuis la donation de notre confrère M. Domenjoud en 1910 (dix registres de visites de l'évêché de Genève), nous n'avions pas eu à enregistrer un accroissement aussi considérable dans le fonds ancien des Archives.
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Série H. (Clergé régulier).
I.Fonds d'Abondance. 1608, 30 avril. Transaction conclue entre Rd Vespasien Aiazza, abbé commendataire, et Rd D. Jean de St Malachie, prieur dud. monastère. (Copie exécutée d'après l'original appartenant à M. Bruno Dubouloz, de Thonon-les-Bains),
2. Fonds de Sixt. 115.6. février 7. Bulle du pape Adrien IV confirmant à l'abbaye de Sixt ses droits et possessions. (Photographie d'après l'original appartenant aux archives paroissiales de Sixt.)
Série Q. (Domaines).
3. Q. : Emigrés : An II-An IX. Liasse de 26 pièces papier, concernant les biens de l'émigré Amblet (Claude-Marie) d'Annecy, et sa femme née Péronne-Françoise Dépollier, (Don de M. Favre, président du Tribunal civil d'Annecy.)
Série R. (Guerre et affaires militaires). Voir ci-dessous.
Série T, (Instruction publique, Sc. et Arts).
6. T. Bibliothèque historique des Archives.
a). Inventaires spéciaux à la Savoie,
Table chronologique des documents relatifs aux Etats Sardes (1210-1745) déposés aux Archives par A. Teulet. Reg. in-4°, 86 fos. (Copie exécutée d'après l'original des Archives nationales, registre manuscrit coté AB. XIII 14.)
b). Ouvrages généraux, instruments de travail.
ALMANACH IMPÉRIAL, An bissextil M. DCCC.VIII, présenté à S. M. l'Empereur et Roi par Testu. Paris, Testu, s.d. [18.08], in-8% 880 p. (Acquisition).
ALMANACH NATIONAL. Annuaire officiel de la République Française pour 1914 présenté au Président de la République. (216° Année), Paris, Berger-Levrault, s.d. [1916], in-8°, VIII- 1738 p. (Acquisition).
CARON (Pierre) : Manuel pratique pour l'étude de la Révolution Française. Avec une Lettre-Préface de M. A. Aulard. Paris, Aug. Picard, 1912, in-8% xv-294 p. (Acquisition).
CHEVALIER (Le chanoine Ulysse) : Regeste Dauphinois, ou Répertoire. Chronologique et Analytique des Documents imprimés et manuscrits
relatifs à l'Histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes à l'année 1349. Valence, Imp. Valentinoise, 1913-1915, 4 vol. in-4°. (Acquisition),
COVECQUE (E.). : Vieilles Archives notariales. Comment les classer et les inventorier. Conseils et exemples. Paris, 1912, in-8°, 52 p, (Extr. du Bull, de la Soc. de l'Histoire de Paris et de l'Ile de France 1912, tome XXXIX) (Don de l'Auteur).
LASTEYRIE (Robert de), et Alex. VIDIER : Bibliographie générale des travaux historiques et archéologiques publiés par les Soc. savantes de la France. Tome VI, 1er et 2e livraisons. Paris, Impr, Nat., 1914, in-4°, 400 p. (Don de l'Etat).
LASTEYRIE (Robert de), et Alex. VI-
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DIER : Bibliographie annuelle des travaux historiques et archéologiques publiés par les Soc. savantes de la France, 1909-1910. Paris, Impr. Nat., 1914, in-4°, 320 p. (Don de l'Etat).
LEGRAND (Léon) : Les sources de l'histoire religieuse de la Révolution aux Archives nationales. Paris, E. Champion, 1914, in-8° 210 p. (Acquisition).
RÉVOLUTION FRANÇAISE (La). Revue publiée par A. Aulard. Janvier-Février, 1916, fasc. 8° (Acquisition).
TUETEV (Alexandre) : Les papiers des Assemblées de la Révolution aux Archives nationales. Inventaire de la série C (Constituante, Législative, Convention). Paris, Soc. de la Révol. Franc, et E. Cornely, 1908. in-8°, XYII-299 p. (Acquisition).
c). Grandes collections.
Recueil des Actes du Comité de Salut Public, publié par F.-A. AULARD, Tome XXIV.Paris, Impr.Nat., 1914 in-4°. (Coll. des Docum. inédits sur l'Histoire de France) (Don de l'Etat).
Commentaires de la Faculté de Médecine de l'Université de Paris (1395-1 516) publiés avec une Introduction et des notes par le Dr Ernest WICKERSHEIMER. Paris, Impr. Nat., 1915, in-4° (Coll. des Docum. inédits sur l'Hist. de France) (Don de l'Etat).
Catalogue général des manuscrits des Bibliothèques publiques de France. — Archives de la guerre. Tome II, par Louis TUETEY. Paris. Impr. Nat., 1914, in-8° (Don de l'Etat).
— Paris. Tome II. Paris, Impr. Nat., 1914, in-8° (Don de l'Etat).
— Départements. Tome XLV. Paris, Impr. Nat., 1915, in-8°. (Don de l'Etat).
FESTY (Octave) : Les Associations ouvrières encouragées par la deuxième République (décret du 5 juillet 1848). Documents inédits. Paris, Rieder, 1915, in-8°, 192 p. (Tome IV des Notices, Inventaires et Documents publiés par le Comité des Trav. Hist. et Scientif) (Don de l'Etat).
Les vicissitudes du domaine congéable en Basse-Bretagne à l'époque de la Révolution. Documents publiés par Léon DUBREUIL. Tom I. Rennes, Oberthur, 1915, in-8°. (Coll. des Docum. inédits sur l'Histoire économique de la Révolution française) Don de l'Etat).
Série Z. (Annexes).
LE DAUPHINÉ. Revue hebdomadaire publiée à Grenoble par le Dr Xavier Drevet. (Don de M. Dépollier, directeur des Alpes) (Lacunes).
LE TEMPS. Journal quotidien. (Don de M. Hérisson, directeur de l'Industriel savoisien (Lacunes).
La Guerre et les Sources de son Histoire. — Certains historiens et non des moindres, ont déjà, comme chacun sait, entrepris d'écrire l'histoire de la guerre présente. Nous n'avons pas à rechercher s'ils ont eu tort ou raison, si leur effort est prématuré ou vient à son heure : mais, nous pouvons affirmer hardiment qu'ils n'auront pu dire tout ce qu'il y a d'intéressant relatif à la guerre. Bien des documents n'auront pas été connus par eux, et devront être explorés par les historiens futurs.
La moisson de ceux-ci ne sera jamais trop abondante, et jamais sujet
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n'aura mérité d'enquêté plus minutieuse et plus scientifique. Par une circulaire en date du 3 mai 1915, adressée aux Recteurs et aux Présidents des sociétés savantes, relativement à la conservation de la tradition orale pendant la présente guerre, M. le Ministre de l'Instruction Publique a invité les instituteurs « à prendre des notes sur les événements auxquels ils assistent présentement ». II a fait appel également à la bonne volonté des personnes et des sociétés " qui s'occupent plus particulièrement d'études historiques et dont l'évident désintéressement rassurerait toutes les timidites ». En outre, des instructions ont été données aux Archivistes pour recueillir et classer avec le plus grand soin tous les documents d'ordre administratif touchant la guerre : affiches, circulaires, publications périodiques nées de la guerre, etc.— D'autre part, dans certains diocèses, notamment ceux de Lyon et de Chartres, il a été recommandé aux prêtres de noter «par écrit leurs impressions, faire mention de la vie paroissiale, de la fréquentation des fidèles à l'église et aux sacrements, des prodiges de charité ». Enfin, Mgr L, Lacroix dans sa brochure Le Clergé et la guerre de 1914 invite ce dernier à réunir les matériaux pour une « histoire religieuse » de la grande lutte qui ensanglante l'Europe. Il y à lieu de penser qu'une aussi vaste enquête produira, d'excellents résultats,
Il nous apparu que les dépôts d'Archives pouvaient être désignés pour centraliser ces résultats. Nous faisons donc dès maintenant appel à tous ceux qui pourraient collaborer à l'utile tâche qui consisterait à recueillir les « monuments » écrits de la guerre, manuscrits ou imprimés, officiels ou privés, illustrés ou non. — Dans ce genre d'idées, il a déjà été remis aux archives départementales :
BULLETIN DES ARMÉES de la République. N° 3 7 (1914) à 184 (1916). (Lacunes). (Don de M. Claudius Servettaz, professeur à l'école primaire supérieure d'Annecy).
LE MUSÉE DE LA GUERRE. Revue générale de tout ce qui a été publié et édité sur la guerre. Paraissant le 1er de chaque mois. Paris, Libr. Colbert, 57, rue de Richelieu. Abonn année, 2 fr. (Les n°s de janv.-févr.- mars de 1916. Don de l'éditeur):
LA RECHERCHÉ DES DISPARUS. Organe officiel de l'Association française pour la recherche des disparus, et de l'Agence des Prisonniers de guerre de la Croix-Rouge française. Journal bi-mensuel. Phôtog., Lyon, 2, rue de Sèze. (Don de l'éditeur).
Pendant la guerre. OUVROIR MUNICIPAL. Hôtel-de-VilIe d'Annecy, 19151916. 2 photogr. 18X24. F. Caboud, photogr. (Don de M. Blanc, maire de. la ville d'Annecy),
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE SAVOISIENNE
OEuvres de Saint François de Sales. Edition complète, publiée par les soins de Religieuses de la Visitation du 1er Monastère d'Annecy, —- Tome XIX. Lettres-Volume IX. Lyon et Paris, Emm. Vitte. Annecy, Imp, J. Abry, 1914, in-8° XIX-496 p. fac-similé hors texte. 8 francs..
Commencée en 1902, « sur l'invitation de Mgr Isoard, évêque d'Annecy », l'édition complète et, on peut ajouter définitive des oeuvres de St François de Sales en est aujourd'hui à son tome dix-neuvième. En douze ans
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(1902-1914), les éditeurs ont mis au jour Les Controverses (t. I), La Défense de l'Estendart de la Sainte-Croix (t. II), L'introduction à la Vie dévote (t. III), Le Traité de l'Amour de Dieu (t. IV-V), Les Vrays entretiens spirituels (t. VI), quatre volumes de Sermons (t. VII-X), et neuf volumes de Lettres (t. XI-XIX). Tous ceux qui s'intéressent à l'histoire et aux belles-lettres se réjouissent de voir cette vaste entreprise si heureusement conduite, et l'Académie Florimontane en particulier se plaît à rendre un spécial hommage aux éditeurs des oeuvres de son fondateur. Celles-ci, dans la partie théologique, dogmatique et morale, ont montré au public lettré toute l'étendue de la science du Docteur de l'Eglise, la vigueur du dialecticien, l'ardeur de l'Apôtre, et dans les sermons le talent de l'orateur.
Avec la Correspondance, nous avons pénétré dans l'intimité du saint, et nous avons vécu avec lui pour ainsi dire au jour le jour, partageant ses inquiétudes et ses tristesses, mais aussi ses pures joies de pasteur de diocèse, de fondateur d'institut religieux, d'évangélisateur, de réformateur d'ordres, de directeur de consciences.
Nous touchons maintenant à la fin de sa vie. Le tome XIX nous conduit du mois d'août 1619 à la fin décembre 1620 et renferme deux cents trois lettres dont trente-huit étaient inédites, Qu'elles soient adressées au duc de Savoie, au prince de Piémont, à l'évêque de Belley, à Madame de Chantai, à l'abbesse de Port-Royal, au chanoine de Sales, son frère, ou bien simplement à un ami, à une religieuse, elles reflètent toutes avec une même force « cette grâce aimable et fine » qui ne laisse jamais de nous séduire. Elles nous renseignent en même temps sur les principaux événements qui le concernent, notamment la nomination de son frère Jean-François comme coadjuteur, et les témoignages d'estime aussi affectueux que flatteurs que lui prodiguent rois et princes. Enfin, elles éclairent d'un jour particulier la physionomie et le caractère de ses correspondants dont quelques-uns sont illustres. L'historien comme l'homme de lettres y trouvent leur profit.
Abbé S. Mouthon : Le Villard et la vallée de Boëge avant la Révolution. Annecy, Impr. Commerciale, 1914, in-8°, 274 p., 2 pl. hors texte.
M. l'abbé Mouthon, qui nous avait déjà donné un bon travail intitulé La Révolution dans la vallée de Boëge a eu l'heureuse idée d'y ajouter un complément sous la forme d'une monographie de la même vallée avant la Révolution. Ainsi ce coin de Savoie qui jusqu'à ces derniers temps n'avait guère exercé la patience des chercheurs ni tenté la plume des annalistes, a maintenant, lui aussi, son histoire et jusqu'aux premières années du XIXe siècle.
L'auteur a d'abord eu le grand mérite de recourir aux documents de première main : Juvat accedere fontes, atque haurire. Il a consulté les archives communales du Villard, les archives de la paroisse, celles du département de la Haute-Savoie, notamment les séries E et G. Il a pris la peine d'explorer les archives d'Etat de Genève et celles du Sénat de Savoie à Chambéry. — D'autre part, il a pu disposer de sources d'autant plus importantes à noter qu'elles ne sont pas à la portée de tout le monde : telles sont les notes manuscrites du Dr Pinget, du Villard (+1883); celles de l'abbé Pettex, mort curé de Marignier ; celles de l'abbé Jacques Dufour, appartenant à l'heure actuelle à M. l'abbé Dufour, curéarchiprêtre de Chamonix ; celles de M. le chanoine Rebord sur diffé-
rents ecclésiastiques. Enfin, il a complété sa documentation déjà abondante en lisant les nombreux ouvrages historiques qui renferment des textes comme Besson, et en regardant les sites qu'il décrit ainsi que les ruines qu'il interroge. De tout cela M. l'abbé Mouthon a su tirer une étude claire et qu'on lit agréablement. Il n'a guère pu s'étendre sur le haut moyen âge, et cela n'est pas sa faute, car il reste si peu de « monuments écrits » relatfs à cette lointaine époque. Mais à partir du XIVe s. ses développements historiques commencent à prendre de l'importance. Pour le XVIIe s. on trouvera des chapitres qui sont d'heureuses contributions à l'étude des institutions militaires et judiciaires en Savoie, De même il nous a donné d'utiles indications sur l'instruction, les épidémies, le climat, la situation économique, la question de l'affranchissement, la biographie des principaux personnages nés dans la vallée de Boëge. _ Quoique ses lectures soient nombreuses, l'auteur paraît avoir ignpré l'étude de M. G. Pérouse où il aurait pu trouver d'intéressants renseignements sur les Communiers, qu'il distingue d'ailleurs ajuste titre des paroissiens. De même, il nous semble qu'il aurait dû indiquer toujours, même quand ce sont des archives privées, où sont présentement les sources qu'il utilise. Le lecteur ne voit pas, par exemple dans quel dépôt ou dans quel recueil sont les n°s 1, 7 et 11 de ses pièces justificatives, _ Mais, ces petits griefs sont compensés par de réelles et. solides qualités que les lecteurs sauront apprécier, et auxquelles il convient de rendre hommage.
Bayer (Albert-Albin) : Jean Pierre Camus. Sein Leben und seine Romane.
Inaugural Dissertation zur Erlangung der Doktor wûrde einer Hohen philosophischen Fakultat der Universitat Leipsig, vorgelegt von Albert Bayer, aus Limbach i. Sa. — Leipsig, Dr Seele & Co. 1906, in-80° 95 p.
Les lecteurs de la Revue Savoisienne pourront s'étonner tout d'abord de trouver dans un périodique consacré à l'histoire du pays un compte-rendu bibliographique intéressant un évêque qui n'était pas d'origine savoyarde et qui ne vécut pas en Savoie. Mais ils se souviendront à propos que Camus fut à la tête du diocèse de Belley, voisin de celui de Genève; que saint François de Sales le considéra comme un ami et un conseiller sûr, qu'il écrivit un gros volume appelé L'esprit de saint François; de Sales, qu'il fut avec ce dernier évêque en relations constantes, à tel point qu'on à pu se demander s'il n'avait pas été parmi les premiers membres de l'Académie florimontane, lorsque celle-ci fut fondée. — Un jeune étudiant saxon (il avait alors 2 5 ans) a écrit sur lui voilà dix ans un ouvrage de 95 pages dans lequel il a prétendu nous faire connaître sa vie et ses ouvrages, et grâce auquel il a pu obtenir le titre de Docteur. Si le jury de la Faculté de Leipzig appelé à se prononcer sur la valeur de son travail a cru devoir satisfaire son ambition, il n'en résulte pas que le but de M. Bayer ait été atteint, car sa modeste contribution à l'étude de Camus et de son oeuvre ne nous apporté rien de nouveau sur ce sujet. —Et c'est là une déception pour le lecteur qui en ouvrant un livre écrit par un étrangersur un personnage français de deuxième plan s'attend au moins à trouver sort histoire complètementrenouvelée, grâce à des documents nouvellement mis au jour ! Quel est celui de nous qui se sentirait le courage, d'écrire une thèse de doctorat sur un évêque de Koenigsberg par exemple, s'il n'avait, à défaut d'intérêt pour son sujet, des sources historiques de premier ordre à mettre en valeur? Mais,
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M. Bayer ne semble pas s'être aperçu de l'importance de l'objection. Après nous avoir très honnêtement annoncé qu'il avait fait de de vaines recherches aux archives de l'évêché de Belley, il nous donne aussi très scrupuleusement la « littérature » de son sujet, soit une énumération de 36 ouvrages tant allemands que français. Il est regrettable que le manque de place nous empêche de la publier in-extenso : elle suffirait à elle seule et sans commentaire, à édifier le lecteur. Le Dictionnaire de Moreri, l'Histoire de la Littérature de Petit de Julleville, la nouvelle Biographie générale du D' Hoeffer, le Cours de Littérature dramatique de Saint-MarcGirardin ; voilà, pour le fond français, les « sources » principales. Du côté allemand, citons parmi les trésors scientifiques explorés, l'Histoire de la Littérature française de Birch-Hirschfeld, l'Encyclopédie générale de Ersch et Gruber, l'Histoire du Roman en France au dix-septième siècle de Koerting. Tels sont les ouvrages que M. Bayer considère comme de première main et qui servent de fondement à son travail. Son cas est tout à fait analogue à celui d'un étudiant français en histoire qui en voulant écrire une étude scientifique sur Calvin par exemple puiserait sa documentation dans l'Histoire de Spon, la Biographie de Michaud, l'Histoire générale de La visse et Rambaud et le Dictionnaire de Larousse. — Si cette « littérature » pour employer le mot des Allemands quand ils parlent de bibliographie, est manifestement insuffisante, on pourrait s'attendre à ce qu'elle fut au moins correcte. Mais, elle n'a pas cette humble qualité. Les ouvrages sont indiqués sans qu'on sache ni leur format, ni le nombre de volumes qui les composent. L'édition de saint François de Sales dite de la Visitation est appelée édition Dom Mackay (il s'agit de D. Mackey) et datée de 1897, alors que les deux premiers volumes ont été publiés déjà en 1892. Le Gallia Christiana des Bénédictins français, les Frères de Sainte-Marthe est attribué à Sammarthani, mot qui est bien la traduction latine du nom des auteurs, mais dont l'emploi, sous la plume d'un Allemand, nous porte à croire qu'il ignore leur nationalité ou qu'il l'a présume italienne. — S'il nous était possible de rendre compte en détail de la « thèse», on verrait combien le travail est superficiel : ainsi l'auteur s'est contenté de donner l'énumération soi-disant chronologique des oeuvres de Camus en trois pages (p. 19-21), sans nous dire un mot de la question des éditions, ni des pseudonymes employés. (On se rappelle que certains ouvrages de l'évêque de Belley furent publiés sous le nom de Mussac, anagramme de Camus). S'agit-il de donner au lecteur une idée du contenu de ces oeuvres, quelques lignes y suffisent. « Spiridion » est exécuté en cinq lignes, et « Hermiante » en quatre. Bref, on cherchera vainement ce qui fait l'intérêt de cette étude. Le rôle et l'oeuvre de Camus méritaient davantage. En 1846, l'abbé de Baudry publia le Véritable esprit de saint François de Sales qui est resté un des bons ouvrages écrits sur l'évêque de Belley. Il est regrettable que M. Bayer ne l'ait pas mentionné dans sa « littérature », mais, la raison de cette omission est peut-être que réellement il n'en a pas eu connaissance.
G. L.
Le Directeur-Gérant : Marc LE ROUX.
22.404. — Annecy. Imprimerie J. ABRY