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Titre : Provincia : bulletin de la Société de statistique de Marseille / publié sous la direction de M. E. Duprat, secrétaire général

Auteur : Société de statistique de Marseille. Auteur du texte

Auteur : Société de statistique, d'histoire de d'archéologie de Marseille et de Provence. Auteur du texte

Éditeur : impr. F.-N. Nicollet (Aix-en-Provence)

Éditeur : [Société de statistique][Société de statistique] (Marseille)

Date d'édition : 1926-07-01

Contributeur : Duprat, Eugène (1872-1949). Directeur de publication

Contributeur : Reynaud, Jean (1889-1961). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344275917

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344275917/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 3497

Description : 01 juillet 1926

Description : 1926/07/01 (T6)-1926/12/31.

Description : Collection numérique : Fonds régional : Provence-Alpes-Côte d'Azur

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k57085761

Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2009-26561

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

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BULLETIN TRIMESTRIEL

DE LA

SOCIÉTÉ DE STATISTIQUE

d'Histoire et d'Archéologie de Marseille et de Provence

Fondée le 7 Février 1827 Reconnue d'utilité publique le 2 avril 1831

PUBLIE SOUS LA DIRECTION

DE

M. JEAN REYNAUD Secrétaire Général

TOME VI — ANNÉE 1926 3e et 4° Trimestres

Secrétariat Général. Palais de la Bourse,

MARSEILLE

1927


PROVINCIA paraît par fascicules trimestriels ou semestriels à raison d'un volume par an.

Les membres de la Société sont priés de faire connaitre au Secrétaire Général — lorsqu'il y aura lieu — tous les changements et modifications à apporter dans leurs nom, prénoms, profession, titres honorifiques ou adresse.

SOMMAIRE .

BERTAS (Pierre). Les défenseurs de Marseille en 1524. 171

RAMPAL (Auguste). Autane et ses seigneurs. 201

MALZAC (Dr L.). Histoire d'une vieille maison . . . . 257 Bibliographie ...................... 269

Nécrologie : Alfred Duboul .... 266

Paul de Roux. ........... 269

Chronique de la fin du siècle 271

L'excursion et le déjeuner du 6 mai 1926 .. 276

Procès-verbaux des Assemblées générales de la Société .. ... . . .... 284


Les défenseurs de Marseille

en 1524

En 1524, ayant presque anéanti l'armée française dans les plaines lombardes, les Impériaux se ruent sur la Provence qu'ils traversent au pas de charge. Le 19 août, ils mettent le siège devant Marseille. Leur général, l'ex-connétable de France Bourbon, est persuadé* que cette ville de paisibles marchands ne tardera pas à capituler, quoiqu'on y ait jeté pourra protéger trois à quatre mille de ces soldats qu'on appelle les Aventuriers. Marseille prestement enlevée, Bourbon doit se porter au coeur de la France avant que François 1er n'ait eu le temps de réunir de nouveaux bataillons pour défendre son royaume qui, aussitôt la Provence conquise, doit être assailli au Nord par le roi d'Angleterre et au Sud par Charles-Quint.

Les calculs de nos ennemis sont heureusement déjoués par l'admirable résistance de Marseille. Non seulement cette ville ne capitule pas aux premiers coups de canon, mais encore elle retient si longtemps l'envahisseur sous ses murs que le roi peut rassembler à loisir la plus gaillarde des armées, et qu'impuissant même à tenter un assaut Bourbon lève le siège le 28 septembre et bat en retraite.

La France échappe donc au terrible danger dont la menaçaient ses ennemis qui s'en étaient déjà partagé le territoire.

Sans diminuer en rien les mérites des généraux et des soldats du roi, il est permis d'affirmer que l'honneur de


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l'heureuse issue du siège revient pour la plus grande part à la population marseillaise dont Bourbon avait mésestimé le courage et la loyauté.

Avant même que les Impériaux se missent en marche, elle s'était préparée à les repousser. Ses consuls avaient accumulé vivres et munitions. Ses citoyens, sacrifiant sans murmure leurs propres richesses, avaient rasé eux-mêmes tous les faubourgs qui entouraient leur enceinte. Lorsque l'ennemi avait investi la ville, il n'eut pas à combattre, comme il l'espérait, trois ou quatre mille soldats, mais une véritable armée de plus de douze mille hommes, car aux troupes du roi s'étaient joints huit à neuf mille Marseillais, tous munis d'armes et habiles à s'en servir.

Pendant quarante jours gentilshommes, marchands, bourgeois et artisans ne délaissèrent l'arbalète ou l'arquebuse que pour édifier de nouveaux ouvrages de fortification d'une telle importance qu'ils rendirent Marseille inexpugnable mais qui n'auraient pu être accomplis sans la prépondérante collaboration des femmes de la cité.

Rien n'avait pu ébranler l'énergie et le courage des assiégés : ni les dangers de la guerre, ni les fatigues des corvées, ni les privations de la disette. Eux, si pétulants, ils avaient su même maîtriser leur colère, et supporter patiemment les avanies dont les accablaient les mercenaires du roi qui, au lieu de les protéger, les pillaient, les outrageaient, et même se portaient à des violences inouïes allant jusqu'au meurtre.

Le succès avait été le prix de tant d'abnégation et de bravoure. Lés marchands de Marseille avaient mis en fuite les vétérans de Charles-Quint. Ils avaient vaincu les vainqueurs de Bayard. Ils étaient les vrais libérateurs du territoire. C'est ce que peu de jours après la levée du siège reconnaissait hautement le roi de France lui-même qui


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disait aux représentants de la ville héroïque : « Messieurs de Marseille, vous êtes cause que j'ai recouvré mon pays de Provence ».

Il est fâcheux que nos archives municipales aient été jadis si négligées, sans quoi nous retrouverions les noms de ces huit à neuf mille citoyens à qui est dû le salut de Marseille et de la France, inscrits sur les cahiers dressés par le maître tailleur Fouquet de Montfort chargé de les dénombrer. Il nous reste cependant la satisfaction de posséder ceux de plus de cent soixante-dix des plus notables d'entre eux.

Grosson et après lui Méry et Guindon, qui en ont publié la liste, assurent qu'elle est extraite des manuscrits de Valbelle et de Thierry de l'Etoile. Ce n'est pas exact pour ce qui concerne Valbelle. Notre chroniqueur provençal a sans doute rendu hommage à la courageuse attitude de la population marseillaise ; mais il n'a pas songé à nommer ceux de ses concitoyens qui par leur situation émergeaient de la foule. Si nous n'avions pas d'autres sources d'information que son Histoire journalière, nous ignorerions même quels étaient les consuls de la ville à cette époque.

L'unique auteur de la liste des défenseurs de 1524 est l'avocat poitevin, Me Jean Thierry dit de l'Etoile qui, à la prière des consuls, écrivit un récit du siège auquel il avait assisté.

Pourquoi l'a-t-il dressée ? Quelques citations de son ouvrage vont nous l'apprendre.

Tout d'abord il rappelle qu'à l'approche des Impériaux, certains habitants de Marseille d'origine espagnole, italienne et même française s'étaient enfuis de la ville en emportant les biens qu'ils y avaient acquis, Si l'exemple de leur couardise eût été imité, que fût-il


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advenu ? Thierry ne nous le cache pas : « Marseille eust esté facilement prinse et perdue comme furent les villes de Grace, Draguignan et Aix et autres de Provence par les ennemis occupées avecques tout le pays et par aventure les autres païs circonvoisins, ce qui eust tourné en très grand dommage, perte, vitupère et oprobre de la noble couronne de France ».

Si pareille catastrophe a été évitée, à qui le doit-on ? A ces citoyens de Marseille « qui, déclare Thierry, se sont monstréz vaillans et bons Français, et soubzmis à perdre tous leurs biens et qui plus est à vouloir mourir pour la noble fleur de lis ».

Il exalte leur bravoure, leurs labeurs, leur abnégation : « lesquels, dit-il, veillans et travaillans nuict et jour armés ont tant souffert et prins de peine et qui pis estoit, esté pillés, mangés, rongés par aulcuns mauvais adventuriers cliez eulx en Marseille logés, transportés, desrobés, destruicts, forcés, battus, affollés, injuriés, opprimés, oultragés et souventeffois thués ».

Tous les biens qu'ils possédaient dans le terroir ont été ravagés par l'ennemi. Leurs pertes sont si considérables que certains ne s'en relèveront jamais. Et cependant, ajoute Thierry, « du tout ont prins patience, ont tenu bons, gardans les droictz du Tres-Crétien Roy et deffendant sa bonne ville de Marseille et tout le pays de Provence ».

« Au moyen de quoi, s'écrie-t-il, raison veut, bien aussi de droict leur appartient-il que les citoyens et autres habitans... soyent honnorés, extimés, exaltés, remembrés, escriptz, notés et nommés au présent livre du siège affin que de leur loyaulté, fidélité et patience soit mention pardurable et mémoire perpétuelle ».

Mention pardurable et mémoire perpétuelle ! Quarante ans après, le petit livre, sur lequel Jean Thierry de l'Etoile


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avait tracé les noms qu'il recommandait à la vénération des siècles, tombait en lambeaux. Une main pieuse en commença une copie. Elle ne l'acheva point. Ce travail fut repris à la fin du XVI° siècle ou plutôt au commencement du XVIIe. A ce moment l'original, qui a disparu depuis, était sans doute en piteux état. L'encre en avait peut-être pâli et le scribe chargé de le déchiffrer était peu expert ou fraîchement débarqué. La transcription de la liste des défenseurs de Marseille s'en ressentit : un nom fut laissé en blanc, quelques-uns, des familles les plus connues, furent dénaturés. 1 Cependant cette liste si imparfaite fut à son tour reproduite avec de nouvelles erreurs d'inattention ou de mauvaise lecture. D'autre part celle de l'original de Thierry de l'Etoile avait déjà dû aussi être reproduite, si bien qu'il dut circuler plusieurs exemplaires de la nomenclature des notables de 1524 tous erronés mais ne portant pas tous les mêmes défectuosités. Tels noms défigurés sur l'un d'eux sont écrits avec exactitude sur un autre qui par contre en contient de méconnaissables dont on ne peut reconstituer la vraie physionomie qu'à l'aide des listes les plus fautives.

Ces listes les plus fautives, ce sont justement celles qu'on a imprimées. Grosson, le premier, dans son Almanach de 1779 (Pages 152-155). mit en lumière les noms des défenseurs de Marseille. Trois ans plus tard, un certain Fécaïs de la Tour publiait à Paris une liste du même genre qu'il ajoutait à son abracadabrante tragédie de Marseille Sauvée. Elle est pitoyable. Il y manque une vingtaine de personnages et presque tous les noms qu'elle porte sont abominablement travestis.

THIERRY DE L'ETOILE. — Histoire au siège de 1524 Manuscrit Clapiers f° 87 et 83.


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Dans son Histoire de Marseille parue en 1829, Augustin Fabre publia aussi une liste des défenseurs de 1524 presque aussi fâcheuse que celle de Fécaïs de la Tour. En 1847, au V° tome, pages 220-222, de leur Histoire analytique et chronologique des actes et délibérations du Corps et du Conseil de la municipalité de Marseille, Louis Méry et Guindon reproduisaient avec toutes ses nombreuses erreurs la liste parue dans l'Almanach de Grosson.

Enfin la Revue de Marseille, année 1889, pages 456-457, donnait à son tour les « noms des citoyens de. Marseille qui ont combattu avec distinction pour sa défense sous le règne de François Ier ». Venue si tardivement après les autres il semble que la liste de la Revue de Marseille devrait être la meilleure. Il n'en est lien. C'est la plus atroce car l'écrivain qui la fournit, ignorant Grosson, Fabre et même Méry et Guindon, l'avait simplement empruntée à l'opuscule de Fécaïs de la Tour.

Ne connaissant à l'origine que ces textes imprimés, nous tentâmes d'identifier les noms qui y étaient portés. Nous arrivâmes non sans peine à découvrir les traces de l'existence de nombre d'entre eux. Mais beaucoup échappaient à nos investigations. Fallait-il croire, comme le laissait entendre le rédacteur de la Revue de Marseille, que les listes étaient sinon apocryphes tout au moins suspectes et que certains noms étaient purement imaginaires ? L'exemple même qu'il donnait pour justifier sa méfiance nous démontrait au contraire la parfaite sincérité des dites listes qui ont le tort d'avoir été écrites par des gens maladroits. 1

1 Le rédacteur de la Revue de Marseille pensait que nombre de noms étaient suspects, surtout celui d'un Gantel-Guiton « dont Artefeuil ne parle pas » et qui lui paraissait avoir été inventé pour flatter la vanité du Nmaire de Marseille M. de Gantel-Guiton, seigneur de Mazargues a qui Fécaïs de la Tour avait dédié sa tragédie. Nicolas de Gantel-Guiton


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C'est alors que nous avons compulsé à Aix et à Carpentras les copies du XVIIIe siècle qu'on conserve aux bibliothèques de ces villes de la relation du siège de 1524, rédigée en 1608 par le notaire Amiel Prat qui l'a tirée de l'ouvrage de Jean Thierry.

Les listes d'Aix et de Carpentras nous ont été précieuses malgré les fautes dont elles sont émaillées, fautes plus légères que celles des listes imprimées. Nos recherches antérieures nous avaient familiarisé avec les personnalités les plus en vue à l'époque du siège si bien qu'il nous était aisé de reconnaître celles d'entre elles dont les copistes d'Amiel Prat avaient quelque peu estropié les noms. D'aucuns penseront que nous eussions mieux fait de consulter d'abord l'ouvrage de Jean Thierry. Sans doute en avons-nous eu l'intention. Mais elle n'était pas réalisable. La copie qui reste de l'Histoire du siège, placée en un endroit difficilement accessible, était la propriété du regretté marquis Luc de Clapiers qui ne pouvait s'en dessaisir puisT qu'il en préparait la publication. Ce n'est que récemment qu'elle a pu être mise sous nos yeux grâce à l'extrême obligeance de sa veuve la marquise de Clapiers, à qui nous renouvelons nos remerciements respectueux. Sans doute notre amour-propre a été flatté d'y voir que les rectifications que nous avions apportées à certains noms étaient justifiées ; mais nous avons été déçu de constater que la liste qui figure au ■manuscrit Clapiers est en certains endroits plus défectueuse que celles des exemplaires d'Amiel Prat. L'ignorance du scribe se manifeste parfois à propos des familles les plus connues de Marseille, telles

n'a pas été inventé. Il a bel et bien existé. Il était éleveur de troupeaux et fut 3e consul de Marseille en 1525-26; Artefeuil ne parle pas de ce Gantel pour la bonne raison qu'il ne commence la généalogie de cette famille qu'au moment où elle acquit la noblesse.


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les Montolieu qu'il appelle Monthelieu et les Monteux ou Monteaux qu'il écrit Monthieu.

Par suite de l'incorrection de. cette liste quatre personnes nous restent inconnues. Toutefois nous nous estimons heureux d'avoir pu identifier la presque totalité des défenseurs de 1524. Nous n'y fussions jamais parvenu si nous n'avions disposé que des listes imprimées. Songez donc qu'elles portent Arnavet pour Arnaud, d'Arlat pour d'Arsac ou plutôt d'Arsaqui, Asthieu pour Asquier, Aymin pour Aymes, d'Albert pour Dalest, d'Urtis pour Denis, de Gastaud pour Du Chatel ou du Château, Favaret pour Féraud, Fourrat ou Fourant pour Torenc, Gromas pour German, Bremo pour Juve, Gantaul pour Chantal, Lascours pour Laurent, Neva pour Deva, Paris pour Navis, Passide pour Passier, Eignard pour Sighard, Binans pour Vincent, Vimbris pour Venerier.

Comment deviner que Ange Vias de Grosson est Ange de Biaso, tandis que Baptiste de Vega est Baptiste de Vias, bisaïeul d'un poète estime au temps de Louis XIII ? Qui donc aurait pu supposer qu'Edouard de Fabre était en réalité ce Léonard Serre dont le fils Louis Série, fut un médecin vanté par Michel Nostradamus ? Et comment supposer que Biaise Vaye n'était autre que Biaise Doria, de la grande famille des Doria, et plusieurs fois premier consul de Marseille ?

Et Tristan Bezougue ? Sous ce nom qui aurait découvert! Tristan de Velorgue, grand oncle du fameux astrologue Nostradamus ? Enfin, voici un personnage que Méry appelle Boulille et Grosson-Boubille !

Sait-on qui se cache derrière ces appellations vaudevillesques ? un des deux historiens du siège de 1524 : Honoré Valbelle lui-même. Notre pauvre chroniqueur n'a


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vraiment pas de chance : tout récemment il a connu un dernier avatar, on l'a appelé Honoré Valette !

Ce sont là les déformations les plus graves; il en existe beaucoup d'autres plus légères sans doute mais qui eussent rendu infructueux tous nos efforts d'investigation. Nous avons pu rectifier les unes et les autres par la confrontation des listes imprimées avec celles manuscrites, celles-ci corrigeaient celles-là ; parfois c'était l'inverse. C'est ainsi que le manuscrit Clapiers et ceux de Carpentras et d'Aix portent un certain Rollet du Nas que Grosson et Fécaïs de la Tour appellent Rollet de Nans. Or ce sont eux qui ont raison. Rollet de Nans ou Denant est un serrurier réputé de Marseille auquel les actes latins donnent le nom de Raoletus de Nanto.

Pourquoi Méry et Guindon qui ont recopié, nous semble-t-il, Grosson, ne l'ont-ils pas suivi ici ? Pourquoi ontils cru devoir transformer Rollet de Nans en Rollet de Vaul ? Auraient-ils possédé une copie portant ce nom ainsi orthographié ? Nous ne le pensons point, et inclinerions à croire que ce Vaul a pour origine une complaisance. Jamais cette idée malveillante ne nous serait" venue à l'esprit si nous, n'avions été frappé d'une tentative de sophistication de ce genre.

La liste de l'Histoire analytique et chronologique renferme un nom qu'on ne trouve ni dans Grosson, ni dans Fécaïs de la Tour ni dans le manuscrit Clapiers, ni dans ceux de Carpentras et d'Aix. Ce nom est celui d'André de Guindon. Les documents de l'époque ne nous ont pas révélé l'existence de cet André de Guindon, ni celle d'un Guindon quelconque. Or, comme ce nom de Guindon est celui même de l'attaché aux archives qui aida Louis Méry dans son ouvrage de compilation, il est à présumer qu'il a été insinué dans la liste par cet écrivain soucieux de


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se créer un aïeul au XVIe siècle comme il a réussi ingénieusement à s'en découvrir au XVIIe siècle. 1

Puisque nous parlons de supercherie, en voici une autre du même genre. Dans rénumération des avocats de la ville, il en est un. qui n'est désigné que par son prénom de. Mathieu. Sans doute l'original de Thierry était-il maculé ou lacéré à cet endroit ou bien le nom était-il indéchiffrable. Le manuscrit Clapiers ne le porte pas. Amiel Prat lui-même ne l'a pas connu car sur l'exemplaire de sa relation qui existe à la Méjanes d'Aix le prénom de Mathieu est seul. Or, chose bizarre ! sur la copie du même ouvrage déposé à la bibliothèque de Carpentras, ledit prénom est accompagné d'un nom et ce nom est celui de Prat. Il est donc à supposer qu'en faisant recopier au XVIIIe siècle l'oeuvre de son aïeul, un des petits neveux du notaire marseillais n'a pu résister au désir de remplir le blanc qui y existait en inscrivant son propre patronyme.

Malheureusement il est facile de faire la preuve de cette petite imposture. Les avocats sont peu nombreux au temps du siège, une vingtaine à peine dont les noms reviennent souvent dans les registres des notaires où ils sont cités tantôt comme assesseurs ou titulaires de l'une des judicatures de la ville, tantôt simplement comme procureurs de plaideurs. Aucun ne se nomme Prat, et il n'y en a qu'un à porter le prénom de Mathieu : Messire Mathieu Guigonis, licencié es droits. C'est donc celui-ci que nous avons inscrit sur la liste des défenseurs de 1524, non pas de

1 Voir au tome V de l'Histoire Analytique, pp. 232 et 233. l'extrait d'une délibération du conseil du 28 juillet 1658 relative à la création d'une compagnie pour la garde de la ville dont font partie François Gueydon le cadet, Pierre Gueydon fils à feu Jean et enfin Jean André Gueydon fils à feu Jean. Pour chacun de ces personnages une note en bas de page indique qu'il faut lire Guindon au lieu de Gueydon.


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notre propre autorité, mais sous la garantie de M° Robert Ruffi, notaire et archiviste de la ville, qui lui aussi a recopié la liste de Thierry bien avant son jeune confrère Amiel Prat et qui l'a insérée dans le manuscrit conservé à l'Arbaudenco et utilisé par son petit-fils Antoine Ruffi, auteur de l'Histoire de Marseille parue en 1642.

D'autres faussaires ont exercé leur médiocre talent sur le manuscrit Clapiers. Par trois fois on a essayé sans y parvenir de transformer le nom de Cabre en celui de Chabas. On a de même tenté de faire de Baissan Bayssali, que d'aucuns à leur tour ont mal lu et mué en d'Eyssaly. Le notaire Pierre Morlan a été travesti en Pierre Morlanet qui a fini par devenir le Pierre Marlaret de Grosson et de Méry et Guindon.

Complétons nos observations en indiquant que deux personnages n'ont été inscrits que sous leur sobriquet. Le premier est noble Jacques Bourgogne, qui s'appelle en réalité Jacques Caradet dit Bourgogne. Son nom et son surnom lui ont valu d'être cité à deux reprises par Fabre dans son Histoire de Marseille et comme deux personnes différentes : Caradet d'abord et Bourgogne ensuite-. Le second est le fustier Jeannon Tinard que nous avons eu grand'peine à découvrir sous son sobriquet de Flangol ou Flanjol, écrit tantôt Flangue, tantôt Flango et encore Flangor.

Il convient de noter que l'échevin Moustier, célèbre par son dévouement pendant la peste de 1720, n'est point un descendant du citoyen inscrit sur toutes les listes sous le nom de Nicolas Moustier. Aucun des Moustier du temps ne paraît avoir porté le prénom de Nicolas. En réalité les scribes ont mis un u là où il y avait un n et l'ont fait suivre d'un s. Le personnage qu'a voulu désigner


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Jean Thierry est un teinturier d'origine normande, Nicolas Montier, conseiller municipal l'an du siège.

Les listes imprimées n'ont pas seulement mutilé les noms mais encore les prénoms. Elles portent Edouard pour Berpard ou Léonard, Cannat pour Colas, diminutif de Nicolas, Jérôme pour Jaume, Guigue pour Hugues. Comment a-t-on pu lire Honoré de Montolieu là où il y avait Jeannon dé Montolieu? Sans doute Honoré de Montolieu a existé ; mais il est bien jeune à l'époque du siège, auquel temps son grand-père Jeannon de Montolieu assiste . les consuls en qualité de membres du Comité des « députés sur le fait de la guerfe » élus par le Conseil vers mars 1524.

Ces « députés sur le fait de la guerre » ont été connus

de César Nostradamus: qui a publié leurs noms, même

celui de Pierre Baissan que Thierry ne cite pas dans son énumération des gentilshommes. Il n'en a oublié qu'un seul, sans doute à cause de la médiocrité de sa condition : le paysan, Raynaud Garnier. Nous avons trouvé les noms de Baissan et de Garnier sur les bullettes relatives aux dépenses du siège que les députés de la guerre approuvaient de leurs signatures.

Nostradamus a réparé aussi une autre omission de Thierry. Il a fourni le nom de l'assesseur en fonctions pendant le siège, l'avocat François de Sabateris.

On devine les difficultés qu'il à fallu surmonter pour identifier ces modestes héros, disparus depuis quatre siècles, dont cinquante ansaprès on ne savait plus épeler les noms dans le manuscrit où ils étaient consignés. Sans doute la besogne était moins ardue pour les personnages


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appartenant à la noblesse ou dont les descendants l'obtinrent ou se l'arrogèrent. Les recueils héraldiques pouvaient fournir d'utiles indications ; mais ils ne sont pas exempts d'erreurs par suite de supercherie ou d'ignorance. Par exemple, un des gentilshommes de la liste, Jean Martin, des seigneurs de Puyloubier, n'est pas le fils du chancelier du roi René Jean Martin, comme on le croit, mais son petit-fils. Son père était Elion Martin, ignoré des généalogistes, mais dont le prénom a été connu d'Artefeuil qui l'a accouplé à celui de Jean, faisant ainsi un seul personnage de deux des fils du chancelier.

Comme exemple de fraude, signalons le cas de Claude Bourguignon porté sur la liste et dont les descendants furent seigneurs de la Mûre. De ce bourgeois cossu les généalogistes ont fait un chevalier. Ils ont aussi donné lés éperons de chevalier à son grand-père et à son bisaïeul qui étaient jardiniers et naturellement à son père Pierre Bourguignon qui en fait d'armes mania surtout son couteau de boucher.

Quoi qu'il en soit, il était plus aisé de retrouver les traces des gens de l'aristocratie que celles des hommes de la classe moyenne et surtout des artisans. Nous sommes parvenu pourtant à identifier un à un tous les noms inscrits sur la liste de Jean Thierry, à l'exception de quatre : Jean Mosnier ou Mazuyér, Jean Faure, Pierre Faure et Etienne Leclerc. 1

1 Nous n'eussions pas hésité à remplacer Jean Mosnier des textes manuscrits par Jean Monnier si nous n'avions considéré que l'n pouvait être un u. auquel cas on lisait Mosuier se rapprochant de Mazuyer des listes imprimées. Au fond nous pensons que le vrai nom du personnage est Claude Monier. chaussetier, conseiller municipal pendant le siège, ou son fils Jérôme Monier, aussi chaussetier et plusieurs fois capitaine de la ville.

La présence de deux Faure sur la liste est vraiment surprenante. Ce


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La liste ainsi reconstituée que nous allons reproduire contient les grands personnages délégués par le roi pour assurer la défense de Marseille, les chefs de l'armée navale et les principaux capitaines de navires, presque tous citoyens de Marseille et dont les noms signalés par Thierry de l'Etoile ont été publiés dans la plupart de nos histoires de Provence et de Marseille. Viennent après les représentants locaux du roi, les consuls et magistrats de la ville, les capitaines de la milice citoyenne et de l'artillerie, ainsi que les trois Bombardiers dont Valbelle et Thierry ont vanté l'adresse efficace.

C'est ensuite rénumération des gentilshommes qui représentent la plupart des familles nobles de Marseille à l'exception toutefois des Village, Boniface, Remézan, Vassal et Altovitis.

Après eux sont inscrits la plupart des jurisconsultes du temps suivis des deux recteurs des écoles.

La liste se clot par l'énumération des « principaux bourgeois et marchands » au nombre de plus de 110.

Les marchands sont, on le devine, fort nombreux. D'ailleurs même des hommes de métier sont parfois qualifiés de ce titre que revendiquent la plupart des gentilshommes.

nom de Faure, très répandu dans le Dauphiné, est à peu près inconnu à Marseille ou par contre son équivalent Fabre est porté par de nombreuses familles Enfin le nom d'Etienne Leclerc nous est inconnu, mais le prénom est-il exact ? Ne faudrait-il pas lui subst'tuer celui de Jean ? Quoi de plus naturel que de voir figurer sur l'a liste des défenseurs de 15 4 le nom de Jean Leclerc, qui succédant à son père Désiré Leclerc (Clerici), comme secrétaire bulletaire. de la ville a rédigé toutes les bullettes des dépenses du siège et les a inscrites dans un des deux bulletaires écrits de sa main où figurent les comptes de la ville de 1516 à 1536.


DÉFENSEURS DE MARSEILLE EN 1524 183

Sur la liste de Jean Thierry figurent 18 notaires, 10 apothicaires, 4 barbiers chirurgiens. Toutes les corporations et tous les métiers y sont mentionnés. On y compte 11 merciers, 5 drapiers chaussetiers, 1 lamier ou cardeur, 1 teinturier, 3 tailleurs d'habit, 2 corroyeurs, 1 mégissier et 1 cordonnier.

L'alimentation est représentée par 5 boulangers, 1 boucher, 2 patrons pêcheurs. L'industrie du bois y compte

1 charpentier de marine, 1 fustier, 1 scieur de long, 1 calfat ; celle du fer, 3 serruriers et 1 forgeron, sans compter

2 ferratiers ou quincaillers et aussi 2 potiers d'étain. Un corroyeur, un potier d'étain, un chaussetier et un serrurier gèrent chacun une hôtellerie.

Enfin on trouve un nombre important de laboureurs, grands propriétaires ou petits paysans, un mourriguier ou éleveur de troupeaux et un chevrier.

Les personnages inscrits sur la liste ne l'ont pas été au hasard. La plupart sont les notables du moment, qui siègent à l'Hôtel de Ville comme conseillers ou qui sont investis de l'une des charges qu'on y répartit chaque année. Soixante d'entre eux ont administré la cité en qualité de consuls ou d'assesseurs. Quelques-uns ont revêtu le chaperon consulaire deux et même trois fois. Jaunie de Paule l'a porté à quatre reprises.

Et parmi tous ces citoyens se trouvent des hommes de grande valeur, utiles à leur ville et au pays, tel Raphaël Rostan, habile pilote, hardi capitaine, vainqueur de Doria, à qui le roi doit la réfection d'une partie de sa flotte et notre ville la construction de son premier quai.

Sur les 180 citoyens de Marseille dont nous allons faire l'appel, plus de 120 sont nés en cette cité et les origines de quelques-uns, tels les Vïvaud et les Montolieu, remontent au temps de nos vicomtes. Il en est par contre dont la


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famille n'est pas établie depuis longtemps à Marseille, soit qu'elle soit originaire de Provence ou des régions voisines, ou de provinces plus lointaines, soit même qu'elle provienne de l'étranger : tel est le premier consul au moment du siège. Pierre Vento, petit-fils d'Adam qui, vers. 1425, commença en notre ville cette branche de la grande famille génoise des Vento ; tel encore le fameux bombardier, Jaunie Montagne dont le père a vu le jour en Allemagne et dont une fille mariée avec l'apothicaire d'origine lyonnaise Etienne Mazenod nous paraît être la lointaine aïeule de deux évêques marseillais Messeigneurs de Mazenod.

Les soixante autres citoyens, qui ne sont pas nés.à Marseille, y sont venus la plupart des localités provençales, d'autres d'Avignon, du Languedoc, de la Gascogne, du Lyonnais, de l'Orléanais et même de la Normandie. D'autres sont nés dans les Etats du duc de Savoie, et quelques-uns en Italie.

Quel est l'âge de nos héros ? Il apparaît que ce sont tous des chefs de famille, des « caps d'ostal », et que par conséquent la plupart sont dans la maturité de l'âge. Quelques-uns même sont des vieillards chenus tel le capitaine de l'artillerie Gabriel Vivaud qui, consul déjà à la mort du roi René, prêtait hommage, au nom de la ville, à son successeur Charles III, dernier comte de la Provence indépendante. Jeannon Montolieu est certainement plus qu'octogénaire, puisque Valbelle assure qu'il mourut en 1536 à l'âge de 100 ans. Par contre, quelques-uns de nos héros sont en pleine jeunesse ; plusieurs n'ont pas vingtcinq ans.

Enfin pour ceux qu'amusent ces remarques, on pourra se convaincre une fois de plus que le fameux prénom de Marius est encore ignoré des Marseillais. Leur prénom préféré est celui de Jean ou Jeannon que doit porter un


DÉFENSEURS DE MARSEILLE EN 1524 185

cinquième de la population masculine puisque sur les 180 citoyens ci-dessous cités 36 s'appellent Jean, 17 se nomment Pierre ; les prénoms d'Antoine, Louis et Jacques ou Jaunie ont chacun 9 titulaires si l'on peut dire.

Mais ne poussons pas plus loin cette statistique et clôturons ici nos petites observations sur cette liste dont l'authenticité est indiscutable. Tous les citoyens qui y figurent, nous le répétons, ont vécu. Certes leur identification n'a pas été commode. Il a fallu y employer des. années et des années, mais le temps que nous employâmes à les découvrir ne fut pas perdu car dans les archives de la ville et de la Préfecture et dans les registres des notaires, nous avons eu l'occasion de rencontrer, çà et là, certains documents, qui, tout en se rapportant aux défenseurs de Marseille, n'étaient pas sans intérêt pour l'histoire de leur temps tant au point de vue local que national.

Sans doute avions-nous la ferme intention de les mettre en lumière et de publier une notice assez détaillée sur chacun de nos héros oubliés et de l'agrémenter de gravures, de blasons et d'autographes.

Ce projet était réalisable avant la. guerre. La dureté des temps nous oblige à renoncer à l'édification du petit monument que nous rêvions d'élever à la mémoire des sauveurs de Marseille et de la France. A défaut nous leur consacrons dans Provincia cette simple stèle où sont écrits les noms suivis d'une brève mention de ceux que l'avocat poitevin Jean Thierry de l'Etoile, témoin de leur vaillance et de leurs sacrifices, a voulu conserver à la postérité.

Pierre BERTAS.


l86 PIERRE BERTAS

Liste des principaux défenseurs de Marseille

Les Envoyés du Roi

Philippe DE CHABOT, sieur de Brion, lieutenant général du roi ou vice-roi de Provence en 1524. Né vers 1480. Favori de François 1er. Amiral de France en 1525. Conquit le Piémont en 1535. Mort en 1543.

Lorenzo ou Renzo ORSINI DA CERI, dit le capitaine Rence de Cère. Gouverneur de Marseille pendant l'invasion des Impériaux. Condottiere expert dans la guerre de siège. Gentilhomme Romain d'abord au service de Venise puis de la France. Mort en 1536.

Prégent DE BIDOUX, chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem et grand prieur de Saint-Gilles. Gascon, Citoyen de Marseille depuis 1498. Commanda avec succès pendant vingt ans la marine provençale. En 1513 vint infliger devant Brest une lourde défaite à la flotte anglaise dont l'amiral fut tué. Accouru à l'appel de son, ordre, fut un des héros du fameux siège de Rhodes en 1522. Sur la prière de François 1er vint mettre sa valeur et son expérience au service de Marseille assiégée. Mort en 1528 à l'âge de 83 ans.

Les officiers de la Flotte

Antoine DE LA FAYETTE, amiral. — Né en 1474, mort en 1531. Lieutenant général de l'armée de mer de Provence depuis 1515.


DÉFENSEURS DE MARSEILLE EN 1524 187

Bertrand D'ORNESAN, baron de Saint-Blancard. Né au Château de Saint-Blancard (Haute-Garonne), vers 1475. Mort en 1540. Capitaine en 1524 de six galères du roi. Plus tard lieutenant général des galères et marquis des îles d'Or. Est le premier amiral qui ait été admis à pénétrer en 1538 avec une flotte chrétienne dans le port de Constantinople devenue turque.

Frère Bernardin des BAUX, seigneur de ce lieu. Capitaine de deux galères et propriétaire de deux grands mavires. Provençal dont les origines n'ont pas été précisées. Fut à deux reprises le chef de la flotte de Provence. Nos ■ennemis l'appellent le grand corsaire. Mort en 1527.

André DORIA. — Capitaine d'une division de quatre galères lui appartenant. Né à Oneglia en 1468. Mort en 1560. Le plus illustre amiral de son temps. Abandonna en 1528 le service de François Ier pour celui de Charles Quint.

Boniface de PONTEVÈS, seigneur de Giens, fils puîné de Jean de Pontevès sieur de Pontevès. Capitaine de la carraque la Duchesse.

Barthélemy DUPUY dit Servian. — Commande pendant la campagne deux galions et une barque dont il est propriétaire. Originaire du Piémont. Avant 1493 citoyen de Marseille, où il meurt en 1533. Son sobriquet est resté à deux ruelles du vieux Marseille et à un quartier rural, la Serviane.

Barthélémy de LA RIPPE, natif de Bourg-en-Bresse, marié à Marseille à la soeur de son collègue Jean de Carranrais, commande en 1524 la grande nef Sainte-Catherine dite la Tremoille du nom de son propriétaire l'amiral de Guyènne,


188 PIERRE BERTAS

Jean DE LA CÉPÈDE, patron de galère, fils du consul François de la Cépède. Officier estimé de Bernardin des Baux et de Saint-Blancard. 2e consul en 1508, 1er consul en 1526 et en 1532. Mort entre 1544 et 1546. Père de François de la Cépède qui édifia le quai de Rive-Neuve.

Raphaël ROSTAN, capitaine des galéasses. Marseillais, fils de Jean Rostan. Fut de toutes les expéditions maritimes depuis 1496. Avec deux autres patrons de Marseille infligea en 1514 un sérieux échec à André Doria. Construisit en 1511 le premier quai régulier de Marseille, en 1519 deux galéasses et en 1525 quatre galères pour le roi. Mort en 1533. Son fils Louis Rostan continua sa postérité.

Michel de PONTEVÈS. Provençal. Capitaine du grand galion de Bernardin, des Baux la Brave. Disparaît en 1530 après avoir tué François Forbin, capitaine viguier de Marseille. Il est fils de Balthazar de Pontevès seigneur de Buous.

Léonard VENTO, patron de galère. Fils de Jaume Vento. Neveu de Pierre Vento, 1er consul au moment du siège. Père de Christophe Vento.

Ogier BOUQUIN, patron de. galère. Fils de Guillaume Bouquin, patron de galère estimé qui, premier consul en 1515-16, reçut à Marseille François Ier retour de Marignan. Premier consul lui aussi en 1538-39. Mort en 1563 âgé de 76 ans. Père de Pierre et Bernardin Bouquin.

Claude MANVILLE, patron de galère. Né à Castanet près de Toulouse. Avancement rapide dû à la faveur plutôt qu'au mérite. Commandant en 1544 d'une escadre de grands voiliers dont il perdit une grande partie. Destitué en 1546. Mort en 1547.


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Adam RONDOLIN, patron de la nef amirale Sainte-Marie dite la Grande Maîtresse armée aux frais de Marseille. Né à Marseille en 1457 d'un père génois et d'une Vento. Combat sur mer sous Charles VIII, Louis XII et François Ier. Mort en 1552. Père de François, Simon et Gilles Rondolin.

Jérôme COMTE, capitaine d'une nef dont le nom l'Anguille devient son sobriquet. Né à Chiavari. Marié à Marseille avant 1496. Grand-père du second consul Dariès, pendu le 13 avril 1585 à la suite d'un mouvement ligueur.

Jean de CARRANRAIS, patron de galère. Né à Marseille. Fils du gentilhomme breton Hervé de Carranrais, capitaine de la tour Saint-Jean en 1481. Grand-oncle de notre compatriote M. François de Marin de Carranrais, membre de l'Académie de Marseille.

Jaunie DAVID, patron de nef. Né à Marseille en 1480 : fils du laboureur Jaunie David. Simple marinier à l'origine, fut nommé en 1542 capitaine de la galéasse la Reale. Père d'Etienne David.

Les Représentants du Roi à Marseille

Louis DE GRASSE, seigneur du Mas, lieutenant du grand sénéchal de Provence.

Antoine DE GLANDEVÈS, seigneur de Cuges. Viguier royalà Marseille du Ier mai 1524 au 30 avril 1525. Fils de Pierre de Glandevès. Son dévouement fut encore admirable pendant la peste qui suivit le siège. Patron de galère très apprécié, fut assassiné par un autre officier d'origine dauphinoise. Son fils, Antoine de Glandevès, continua la lignée.


19O PIERRE BERTAS

Jean DE CORFOU, juge royal du Palais du Ier mai 1524 au 30 avril 1525. — Origine inconnue, fixé à Marseille par son mariage avec Isabelle Vassal. Mort entre avril 1528 et avril 1529.

Les Elus de Marseille

Pierre VENTO, premier consul du 1er novembre 1523 au 31 octobre 1524. Né à Marseille en 1468 de Persival Vento et d'Amilhette de Remézan. Commande en 1496 la nef Sainte-Marie. Viguier en 1503. Premier consul en 1512 et 1523. Marié à Andrée Guérin, fille du juge-mage Toussaint Guérin, en a déjà treize enfants en 1509 et de ce fait est exempté d'impôts. Mort en 1537.

Pierre DE CONTES, second consul en 1523-24. En 1480 prête hommage au comte de Provence pour sa part de la seigneurie de Peynier, héritée de ses père et mère, Ambroise de Contes et Catherine de Favas, la dernière de cette famille qui, un siècle auparavant, vendit à la ville le terrain où est bâti l'Hôtélde Ville. Notaire. Son dévouement et sa probité lui font attribuer les plus délicates missions. De nouveau second consul en 1532-33. Enterré le 6 février 1534. Son fils Geoffroy de Contes n'eut pas de successeur.

Mathieu LAUZE, troisième consul en 1523-24. — D'origine piémontaise. Qualifié de « ferratier » puis de marchand. Pas de postérité mâle.

François DE SABATERIS, assesseur en 1523-24. — Fils de Jaume de Sabateris qui fut 2e consul en 1494-95 et en 1504-05. Brillant avocat qui avait été déjà assesseur en 1516-17 et le fut encore en 1533-34 et 1539-40. — Nommé


DEFENSEURS DE MARSEILLE EN 1524 191

en 1543 avocat des pauvres au Parlement d'Aix. Mort entre 1556 et 1558. Père de Lazarin et de Pierre de Sabateris.

Etienne D'ARSAQUI, juge au tribunal communal de Saint-Louis. — Origine inconnue. Avocat. Fixé à Marseille avant 1495. Assesseur en 1503 et 1511. Mort avant le 15 octobre 1528. Père de Fouquet d'Arsaqui et beau-père d'Honoré Valbelle.

Guillaume CISTERNE, juge au tribunal communal de Saint-Lazare. — Avocat. Né à Marseille, fils du cardeur de* laine Jacques Cisterne. Nommé en 1536 procureur du roi à la sénéchaussée de Marseille. Enterré le 23 juillet 1569, laissant un fils Bernardin Cisterne.

Les Capitaines

Louis BAISSAN, premier capitaine, capitaine du quartier de Saint-Jean. — Né à Marseille en 1480. Fils de noble Julien Baissan qui fut plusieurs fois consul. Commandait une nef en 1504. Premier consul en 1527. Pas de postérité.

Carlin BLANC, capitaine dit quartier des Accoules. — Marseillais, marchand comme son père Louis Blanc, mêlé à toutes les grandes entreprises dont celle de la pêche du corail sur la côte algérienne. Elu 2e consul à l'issue du siège pour l'année 1524-25. Mort en 1528. Père de plusieurs-fils dont Pierre Blanc, 2° consul en 1561. Sa fille Marthe, mariée à Jean Perret dit Riquetti, est la mère d'Ogier Perret dit Riquetti, premier consul en 1596.

Charles DE MONTEUX, capitaine du quartier de la Blanquerie. — Né vers 1493. Fils de noble Pierre de Monteux. Premier consul en 1521, 1529 et 1536. Enterré le 11 jan-


192 PIERRE BERTAS

vier 1543. Son fils Cosme de Monteux fut premier consul en 1551.

Cosme ARNAUD dit ISNARD, capitaine du quartier de Cavaillon. — Chevrier. Son grand-père avait pour prénom Isnard, qui devint le sobriquet de ses descendants. Il est le fils d'Antoine Arnaud dit Isnard et mourut en 1526, laissant Jean et Bertrand Arnaud dits Isnard.

Gabriel VIVAUD, premier capitaine de l'artillerie. — D'une maison déjà florissante en 1180. Fils du jurisconsulte Jacques Vivaud. Né vers 1455. Consul en 1480, prête hommage au nom de Marseille à Charles III du Maine qui succède au roi René. 1er consul en 1499, 1505 et 1518. Mort en 1529. Sa postérité s'éteint avec son fils Jacques Vivaud.

Jean DE CAULX, second capitaine de. l'artillerie. — Tailleur d'habit comme son père ou son grand-père Richard de Caulx, déjà établi à Marseille en 1455. Né en 1480. Mort entre 1538 et 1539. Ses deux fils André et Marc de Caulx sont aussi tailleurs.

Les bombardiers

Imbert BATENDIER. — Valbelle le dit enfant de. Marseille. Fondeur et poudrier. Mort en 1526. N'a qu'une fille.

Martin CHEVALIER. — Serrurier, chargé après son père Jean Chevalier dit d'Orgon de gouverner l'artillerie de la tour de Saint-Jean dont il a, le commandement en l'absence du capitaine nommé par le roi. Pas de fils.

Jaumet MONTAGNE. — Né à Marseille ; fils du serrurier et bombardier d'origine allemande Hans Montagne, Aban-


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donne le marteau et l'enclume pour se faire patron de nef. Mort en mer en 1542, laissant trois fils : Jean, François et Pierre. Une de ses filles devint l'épouse d'Etienne de Mazenod, apothicaire, originaire de Lyon.

" Les nobles seigneurs, escuyers et gentilshommes de Marseille »

Amiel ALBERTAS. — Arrière petit-fils de Jean Albertas, venu d'Apt s'établir à Marseille vers 1440. — Petit-fils de l'avocat Suffren et fils de Pierre Albertas. — Né vers 1490. Commerçant des plus considérables. 1er consul en 1530, 1543 et 1555. Mort en juin 1560. Père de Nicolas Albertas, seigneur de Gémenos et de Gaspard Albertas, seigneur de Villecroze, 1er consul, assassiné le 29 octobre 1589 pour avoir tenté de faire élire premier consul Charles de Casaulx.

Antoine ALBERTAS. — Cousin germain de Pierre Albertas, père du précédent. Fils de Baudoin Albertas et frère de Surléon « le grand corsaire » dont il hérite en 1503. Officier distingué de notre flotte. Premier consul en 1511. Député à la guerre pendant le siège, mort peu après, avant. le 8 juin 1525. — Plusieurs enfants dont Pierre Albertas sieur de Saint-Chamas.

Jean D'ARÈNE. — Petit-fils de Nicolas d'Arène, jugemage de Provence sous le roi René. — Fils de l'avocat Pierre d'Arène. Est père de Louis d'Arène.

1 Nous empruntons ce titre au manuscrit de Thierry de l'Etoile. Pour la commodité des recherches nous avons classé par ordre alphabétique les personnalités inscrites dans cette liste de la noblesse et nous en ferons autant pour celle des marchands et bourgeois.


194 PIERRE BERTAS

Nicolas D'ARÈNE. — Cousin germain du précédent. Fils de l'avocat Jean d'Arène. Marchand et capitaine de nef. Député à la guerre pendant le siège. Premier consul en 1525 et 1546. Viguier à plusieurs reprises. Mort entre 1554 et 1559. — Son fils Antoine d'Arène, 1er consul en 158586, fut massacré le 1er juillet 1586 par les gens d'Henri d'Angoulème, gouverneur de Provence, après la sanglante rixe en une hôtellerie d'Aix où s'entretuèrent le gouverneur et Philippe d'Altovitis, ancien premier consul.

Pierre BAISSAN.— Frère aîné de Louis Baissan mentionné plus haut comme capitaine de Saint-Jean. Un des députés à la guerre pendant le siège. Avait été viguier en 1518. — Mort en 1526. Père de Bernard et Pierre Baissan, celuici premier consul en 1574. »

Jean BLANCARD. — Né à Marseille vers 1499. Fils de Rostan Blancard, 2e consul en 1497. Viguier de Marseille en 1520 ; 1er consul en 1531 et 1545. Mort en 1562. Un de ses fils. François Blancard joua un rôle important pendant les guerres de religion ; un autre, Christophe Blancard, devint président de la Chambre des enquêtes.

Pierre BLANCARD. — Fils d'Antoine Blancard et de Violande Thomas des seigneurs de Néoules. Né entre 1495 et 1500. Père de François Blancard, seigneur de Néoules, Jean-Pierre et Charles Blancard.

Bertrand CANDOLE. — Petit-fils de Bertrand Candole, plusieurs fois consul ; fils d'Etienne Candole, et frère de. l'avocat Jean Candole dont deux des fils, Cosme et Bernardin, convertis au calvinisme, émigrèrent à Genève. Né en 1490. Nommé trésorier de la ville après le siège meurt deux mois après, laissant un fils, Pierre Candole, futur beau-père de Charles de Casaulx.


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Jacques CARADET dit Bourgogne,. — Petit-fils de Guillaume Caradet, recteur des écoles de Marseille en 1445, fils du notaire Jean Caradet. Né vers 1480. Viguier en 1533. Mort en 1553. Sa première femme, Marie Nouveau, lui avait donné deux fils François et Pierre, la seconde, Catherine. Gautier, Maurice et Philippe ; une troisième, Anne Prévôt, Jacques et François Caradet.

Philippe DE LA CÉPÈDE. — Né vers 1496 du second mariage de l'avocat Jaunie de la Cépède avec Catherine de Bardonnenche. Premier consul, en 1541. Mort en 1568. Père de Jean de la Cépède.

Pierre DE LA CÉPÈDE. — Frère, du précédent, issu du premier mariage de Jaume de la Cépède avec Madeleine Vento. 1er consul en 1516. Ambassadeur de la ville auprès de François 1er à Caderousse pendant le siège. Teste le 24 mai 1529 et meurt peu après, laissant huit fils, dont l'aîné Christophe hérita des biens, du nom et des armes de son oncle maternel, Louis Cassin, seigneur de Peypin.

Gaspard DESCALIS.— Ignoré des généalogistes, il est le fils de noble Michel Descalis dont les autres enfants s'établirent à Aix. Nommé consul immédiatement après le siège pour l'année 1524-25. Mort en 1533, laissant de deux mariages quatre fils, Jacques, Charles, Jacques junior et. Honoré Descalis.

Biaise DORIA. — De la grande famille des Doria de Gênes. Petit neveu de Louis Doria, chambellan du roi René, et fils de Lazare Doria établi à Marseille. Premier consul en 1517, 1535 et 1547. Mort en 1562. Onze enfants dont 6 fils : Jean, Pomponius, Lazare, Louis, Gaspard et Guillaume.


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Charles FORBIN. — Neveu de Palamède de Forbin, le premier gouverneur de la Provence devenue française. Fils de Jacques Forbin seigneur de Gardanne. Premier consul en 1502 et 1507. Viguier en 1516. Député à la guerre pendant le siège. Mort eu août 1528. Père de François fit Claude Forbin.

Bertrand LAURENT. — Probablement d'origine comtadine. Etabli à Marseille à la fin du XVIe siècle. Nommé en 1517, concierge de la maison du roi et garde de ses munitions. Mort au début de 1534. Père de Jean et de Cosme Laurent.

Gaspard LAURENT. — Frère du précédent. D'abord écrivain de navire en 1494, nommé en 1505 clavaire du roi à Marseille ; obtient en 1519 la seigneurie de Septèmes. Mort en 1528, laissant un fils François Laurent, seigneur de Septèmes.

Antoine MARQUÉSY. — Fils de l'avocat d'Aix Guillaume Marquésy. Pas encore majeur en 1496. Mort en 1540 ou 1541. Son fils Etienne Marquésy. fut second consul en 1567.

Jean MARTIN. — Petit-fils de Jean Martin, seigneur de Puyloubier, chancelier de Provence sous le roi René. Fils d'Elion Martin. Né vers, 1478. Mort vers 1527. Il est père de Louis des Martins, maître d'hôtel de Catherine de Médicis, et d'Honoré des Martins, plus connu sous le nom de Grille, qui est celui de sa mère.

Jeannon DE MONTOLIEU,. — Né vers 1440 du premier mariage de Guillaume de Montolieu avec Baptistine de Remézan. Consul en 1482, 1484, 1492 et en 1510. Député à la guerre pendant le siège. Mort en 1536. Son fils Etienne, décédé avant lui, laissait un fils Honoré de Montolieu.


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Thomas DE MONTOLIEU. — Frère du précédent ; issu du second mariage de Guillaume de Montolieu avec Barthélemye Paul. Père de Montolieu de Montolieu qui abreuva sa vieillesse d'amertume. Mort en 1526.

Fouquet NOUVEAU. — Fils du consul Antoine Nouveau ; était déjà marié en 1481. 1er consul en 1501, 1507 et 1519. Mort le 29 septembre 1529, laissant ses biens, son nom et ses armes à son petit-fils François, fils de Jacques Caradet dit Bourgogne, qui commença ainsi la branche des Caradet-Nouveau.

Louis PAUL. — D'une famille d'Aubagne établie à Marseille vers 1350. Fils du consul Guillaume Paul, maître d'hôtel du roi René. Contrôleur des finances pendant le siège. 2e consul en 1515 ; 1er consul en 1528. Mort entre 1531 et 1534. Il est le père de Gaspard et de Balthazar Paul.

Manaud PAUL. — Frère du précédant. Mort entre 1532 et 1535, laissant trois fils : Jean, Jëannot et César.

Jaunie de PAULE. — Né en 1464 ; fils du changeur Jean de Paule. Deuxième consul en 1500 et 1505 ; premier consul en 1522 et 15330. Mort en 1537. De sa première femme Alayonne Vivaud il laissait Balthazar, Pierre et Jean de Paule ; de la seconde Catherine Descalis : Barthélémy, Claude, Victor et Balthazar le jeune.

Léonard SERRE. — Docteur en arts et en médecine établi à Marseille avant 1498. Mort en 1528. Père de François et de Louis Serre, ce dernier, médecin comme son père, vanté par Michel Nostradamus qui le proclame comme un autre Erasistrate.

Louis VENTO. — Frère de Léonard Vento, mentionné plus haut comme patron de galère. Trésorier général de


198 PIERRE BERTAS

la ville pendant le siège. Premier consul en 1534-35. Père de Charles Vento, seigneur des Pennes, qui fut viguier perpétuel de 1536 à 1550 et premier consul en 1564, de Christophe Vento et de Louis Vento, seigneur de la Baume, lieutenant assesseur du sénéchal de Marseille.

Les Hommes de loi

Robert AYMES. — Licencié en droit. Né à Marseille de Jacques Aymes. Mort en 1537 ou 1539. Sans postérité.

François BELLON. — Né à Auriol, fils d'Hugues Bellon. Assesseur en 1509 et 1537. Mort entre 1545 et 1551. Deux fils : Antoine et Gaspard Bellon.

Jean BOËT. — Licencié en droit. Né à Marseille entre 1480 et 1485. Fils du marinier Honoré Boët. Assesseur en 1518, 1324, 1531 et 1536. Mort en 1541 laissant un fils Jean Boët.

François FORBIN. — Fils de noble Charles Forbin, cité plus haut. Docteur en droit. En 1530 nommé par le roi capitaine-viguier perpétuel de Marseille. Assassiné la même année par Michel de Pontevès, un des officiers de notre flotte. Son frère Claude fut son héritier.

Jean JARENTE. — De la famille des Jarente barons de Sénas, fils de Fouquet Jarente. Docteur en droit. Plaide déjà en 1491. Assesseur en 1495; 1500, 1515 et 1530. Marié trois fois, d'où une nombreuse progéniture. Une de ses filles épouse Ogier de Carranrais, frère de Jean, cité parmi les officiers de la flotte. Antoine GONTARD. — Fils de Hugues Gontard, directeur des écoles de Marseille, puis avocat en cette ville.


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Licencié en droit. Assesseur en 1495, 1507, 1513, 1527 et 1535. Député à la guerre pendant le siège. Mort en 1537. Père d'Etienne Gontard.

Mathieu GUIGONIS. — Originaire d'Auriol, licencié en droit. Mort en 1533 ; père de Joseph et de Maurice Guigonis.

Laurent MARQUÉSY. — Marseillais. Fils de Jacques Marquésy. Nommé à l'issue du siège juge de Saint-Lazare et en 1527 assesseur. Mort en 1529, laissait un fils Jean Marquésy.

Jean THIERRY dit DE L'ETOILE. — Docteur en droit. Né à la Chèze-le-Vicomte, dans le Poitou. Assista au siège et en écrivit une intéressante, relation où se trouve inscrite la présente liste des défenseurs de Marseille.

Bérenguier TOURNIER. — Marseillais, fils de Philippe Tournier. Licencié en droit. Assesseur en 1519, 1525 et 1538. Enterré le 21 octobre 1546. Il est le père d'Amiel et de François Tournier, seigneur de Saint-Victoret.

Jean DE VÉGA. — Fils d'Alonse de Véga dit Castille à cause de son origine castillane. Docteur en droit. Assesseur en 1522 et 1528. Lors de la réforme de la justice en, 1536, fut le premier titulaire de l'office de lieutenant du sénéchal à Marseille. Mort en 1552, laissant un fils Fouquet de Véga.

Nicolas VINCENT. — Né à Neuville-aux-Bois (Loiret). Docteur en droit. Plusieurs fois juge du palais. Fut nommé en 1530 juge du palais perpétuel. Emporté par la peste le 20 mai 1546. Père de Virginy Vincent, cabiscol du monastère de Saint-Victor, et de Bernardin Vincent.


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Recteurs des Ecoles

Simon BELMOXT. — Déjà recteur des écoles en 1500. Mort peu de mois après le siège. Son fils Blaise Bermont ou Brémont est souvent aussi appelé Duport, du nom de sa. mère.

Jacques D'OLLIOLIS.— Un des recteurs des écoles en 1509. Assuma en 1515 la direction des écoles qu'il conserva juqu'en 1540. Il est le père du notaire Jean d'Olliolis.

Les principaux bourgeois et marchands de Marseille

Raphaël d'Aix. — Né vers 1465 d'une très vieille famille de Marseille dont est également sorti le viguier Louis d'Aix, le compagnon de Charles de Casnulx. Il est fils du cordier Balthazar d'Aix. Notaire depuis 1488. Secrétaire du conseil l'année du siège. Enterré le 5 décembre 1537. N'eut que des filles.

Jaumet ALPHANTIS. — Fils du notaire Nicolas Alphantis. Notaire aussi. Deuxième consul en 1539 et 1546. Mort vers 1580 le dernier survivant, de la liste des défenseurs de 1524. Père de Pierre, de Jean qui fut notaire, de Bernardin et de deux autres fils entrés dans les ordres.

Jaunie ALQUIER. — Né vers 1488 à Marseille, son père Michel. Alquier est barbier chirurgien. Embrasse la carrière de son père. Mort entre 1544 et 1552. Deux fils : Jaunie et Jean Alquier.

1 C'est le titre du manuscrit de Thierry de l'Etoile.


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Bérengon ANGLES. — D'une très ancienne famille de pêcheurs marseillais. Patron en 1513 d'une galère du roi participant à l'expédition tentée contre Gênes. 3e consul en 1521 . Teste en 1531. Père de Jeannic, Barthélemy et Pierre-Jean Angles, tous pêcheurs.

Honoré ANTELMY. — Fils de Barnabé Antelmy, forgeron à Solliès ; notaire, reçu citoyen de Marseille en 1485. Mort à la fin de 1327 ou au début de 1528. Seul le plus jeune de ses fils, Hector Antelmy, notaire comme son père, eut une descendance.

Guillaume D'ARLAY. — Opulent mercier, né à SaintJulien près de Lyon, mais citoyen de Marseille avant 1486. N'eut qu'une fille Madeleine, unie d'abord à Rollet Cabre puis à Philippe de Casaulx, tous deux portés sur cette liste. Mort vers 1532.

Clément ARNAUD. — Apothicaire, né à Avignon de l'apothicaire Jean Arnaud. Mort entre 1538 et 1541, sans aucune postérité de ses deux mariages.

Etienne ARNAUD dit CHARDONNIÈRE.— Notaire et maquignon. Son sobriquet de Chardonnière. avait été celui du boucher Claude Aldin, premier mari de sa femme Isabelle Martin. Mort dans les derniers jours de 1530 ou les premiers de 1531. Trois fils : Jean, François et Léonard Arnaud dit Chardonnière.

Martin ASQUIER. — Fils de Monet Asquier, d'origine piémontaise. D'abord « ferratier » puis patron de navire. Vit encore en 1551. Nous ignorons s'il eut une postérité.

Hugues AUBESPIN. — Drapier chaussetier. Mort ayant août 1337. Laisse un fils : Barthélemy Aubespin.


202 PIERRE BERTAS

François BARJON. — Fils du boulanger Pierre Barjon, boulanger à son tour. Mort entre 1541 et 1546. Son fils Noé Barjon fut également boulanger.

Guillaume BAUME. — Fils d'Isnard Baume. Paysan et muletier. Courageux citoyen qui après le siège resta dans la ville pestiférée pour maintenir l'ordre à la tête d'une petite troupe de gardes. Mort en 1528. Semble n'avoir eu que des filles.

Antoine BAUSSET. — Marchand originaire d'Aubagne où son père André était notaire. 3e consul en 1503. Mort en 1528. Jean, François et Nicolas sont ses fils. Nicolas de Bausset-Roquefort, capitaine du Château-d'If pendant la Ligue, est un arrière petit neveu d'Antoine Bausset.

Antoine BAYLIER. — Boulanger. Mort avant 1539. Père de François et Jean Baylier, aussi boulangers.

Pierre BAYLIER. — Frère aîné du précédent et boulanger comme lui. Mort avant 1526. A deux fils : Arnaud et Simon Baylier.

Jean BÈRENGER. — Cultivateur, fils du laboureur Hugues Bérenger. Mort peu après le siège avant septembre 1525, laissant cinq fils : Pierre, Jean, Dominique, Paulet et Thomas.

Bertrand BESSON. — Fils du marinier Barthélemy Besson. Patron de navire avant 1496. Commande une galère du roi en 1512. Enterré le 20 août 1540. Pas d'enfant de ses deux mariages.

Ange de BIASO. — Banquier florentin établi à Marseille avant 1484. 2e consul en 1516 et 1522. Mort sans enfant entre 1527 et 1528.


DEFENSEURS DE MARSEILLE EN 1524 203

Louis BILLARD. — Un acte de 1541 nous révèle qu'il est né à Maubouisson (Doubs), fils de Pierre et que son sobriquet est Bel Ami.

Léonard BILLON. — Mercier, né à Marseille, fils de Gérard Billon. Mort en 1527, laissant un fils : Pierre Billon.

Pierre BILLON. — Frère du précédent. Durant la peste qui suivit le siège, assuma la garde d'une des portes, fut peut-être victime de son dévouement. Mort avant novembre 1526. Un fils : Vivaud Billon.

Etienne BOMPAR. — D'une famille ancienne de pêcheurs. Sa branche se distingue des autres par le sobriquet de Fillebelle. Né avant 1460 de Jean Bompar dit Fillebelle. Mort entre 1533 et 1535. Père de Mathieu, Pierre et Gaspard Bompar, tous pêcheurs.

Thomas BONAUD. — Né en 1469. Fils d'Antoine Bonaud. Potier d'étain et tenancier de l'hôtellerie de la Fleur de Lys, autrefois Ecu de Bourgogne.. Pas d'enfant de deux mariages. Mort en 1542.

Jacques BORRON. — Est déjà établi barbier chirurgien en 1480. Se met au service de la ville durant toutes les épidémies de peste. Mort en 1526. Pas de postérité masculine.

Adam BOUQUIER. — Né entre 1477 et 1500. Petit-fils du consul Bertrand Bouquier ; fils de Jeannon Bouquier. Fut d'abord notaire. Premier consul en 1561. Son fils François Bouquier, deux fois premier consul, joua un rôle important pendant les guerres de religion.

Claude BOURGUIGNON. — Marchand. Né en 1492. Fils du boucher Pierre Bourguignon. Son fils, Balthazar Bourguignon, hérita de son oncle maternel Claude Bussières, seigneur de la Mûre.


204 PIERRE BERTAS

Jeannon BOURGUIGNON. — Oncle du précédent. Fils du jardinier Antoine Bourguignon. Cultivateur. Mort avant 1544. Père de Guillaume et de Cens Bourguignon.

Jérôme BOYER. — Son sobriquet est le Maigre. Fils du tailleur Pierre Boyer dit le Maigre. Tailleur aussi. Mort en décembre 1527 à Auriol. Pas de descendance.

Jaunie BRICARD. — Petit-fils et non fils du consul Gérard Bricard, fils de Jaunie Bricard. Né entre 1488 et 1492. Hardi spéculateur. Second consul en 1533. Mort avant août 1558. Père de Louis et Germain Bricard.

Bastien BUFFE. — Scieur de long. Né à Marseille du scieur de long Arnaud Buffe, natif de Barcelonnette. Durant la peste qui suit le siège, garde la porte du Marché. En. sa vieillesse fut receveur des deniers du roi. Père de Barthélémy Buffe. Mort entre 1541 et 1544.

Gaspard DE BURRES. — Marchand. Se dit noble. Est le père du marchand Amiel de Burres.

Louis CABRE. — Les Cabre sont originaires d'Aubagne. Louis est fils de Jacques et neveu des deux Cabre qui suivent. Mercier comme ceux-ci. 3e consul en 1535 et 2e consul, en 1543. Père de Sébastien Cabre, 2e consul en 1558, acquéreur en 1563 de la seigneurie de Roquevaire.

Peyron CABRE. — Fils de Victor Cabre d'Aubagne. Mercier. 2° consul en 1519. Laisse deux fils : Jacques et Balthazar Cabre, ce dernier 2e consul en 1560.

Rollet CABRE. — Mercier, frère du précédent. Mort avant 1527. Son fils, Joseph Cabre, capitaine de la ville en 1580-81, l'année de la grande peste, resté à son poste y mourut victime de son dévouement.


DEFENSEURS DE MARSEILLE EN 1524 205

Pierre CADENEAU. — Deux Pierre Cadeneau ou Cadenel, d'ailleurs parents et tous deux laboureurs, vivent à l'époque du siège, l'un fils d'Elzéar, l'autre fils de Jean.

Gaspard CAPEL. — Fils de Barthélemy Capel, patron de nef, qui se distingua pendant l'expédition de Naples en 1494. Mort peu après le siège, avant le 31 octobre 1526, laissant un fils : François Capel.

Barnabe CAPELLE. — Notaire, originaire de Solliès. Fils de Pierre Capelle. Mort en 1532. Père de Jean Capelle, notaire et d'Honoré Capelle, marchand.

Philippe de CASAULX. — Fils de Peyroton de Casaulx, originaire d'Auch, marié à une marseillaise en 1483. Né donc vers 1484 ou 1485. Mercier. 3e consul en 1538. Père d'Anne de Casaulx, mariée au patron de galère Fouquet d'Altovitis, d'Antoine et de Guillaume de Casaulx. Il est donc le grand-père de Philippe d'Altovitis, premier consul en 1580, assassiné en 1586 par le gouverneur de Provence, et de Charles de Casaulx, premier consul de 1591 à "1596, assassiné en 1596 par Pierre de Libertat.

Vincent CHAIX. — Fils de François Chaix. Potier d'étain déjà réputé en 1491. Mort en 1529. Laisse trois fils : Rollet, Damien et Jean Chaix. Il est le bisaïeul de l'avocat Jean-Jacques Cordier, député de Marseille aux Etats Généraux de la Ligue en 1593.

Pierre CHANTAL. — Apothicaire, d'origine nimoise. Aucune postérité masculine de ses deux, mariages.

Claude COUDONNEAU. — Marchand. Fils de Pierre Coudoneau ou Codonel. Né avant 1484, vit encore en 1537.

Giraud DALEST. — Corroyeur. Ne nous est guère connu que par ses achats de cuir.


206 PIERRE BERTAS

Jean DALEST. — L'un des quatre fils du laboureur Peyron Dalest. Marchand. Père de Marcelin et grand-père de Jean Dalest. Enterré le 27 septembre 1560.

Charles DENIS. — Chaussetier et tenancier de l'hôtellerie de la Coupe. Vit encore en 1547. A un fils, Suffren Denis.

Jean DESCALIS. — Apothicaire. Petit-fils du notaire Jean Descalis. et fils de l'apothicaire Jaume Descalis. Sa première femme, Jeannone Laurent, lui donna un fils nommé Jean et la seconde, Jeanne Gantél dit Guiton, Jean, Louis et Barthélemy Descalis dit Guiton. Ce dernier fut assassiné en 1562 par des fanatiques catholiques.

Pierre DESCALIS. — Oncle du précédent. Fils du notaire Jean Descalis. Notaire aussi. Secrétaire du conseil pendant le siège. 2° consul en 1534. Mort avant 1548. Père d'Adam Descalis.

Jean de DEVA. — Autre notaire. Fils du maître de hache Pierre de Deva et petit-fils de Manon de Deva également maître de hâche. Enterré le 5 mars 1549. Pas de descendant.

Louis DUBOIS. — Forgeron déjà en vogue en 1480. Prend plus tard le titre de marchand. Envoyé en 1511 en ambassade pour protester contre la taxe imposée par le seigneur de Monaco. Mort avant novembre 1526, laissant un fils, Jacques Dubois.

Gautier DU CHATEAU ou du Châtel. — Né à Rouen, maréchal des logis de la reine de. Navarre. Nommé en 1528 clavaire et. plus tard receveur du roi. Deux fils : Bertrand Du Chatel, qui succéda à son père dans sa charge, et Claude Du Chatel, contrôleur général de la marine. Enterré le 10 avril 1561.


DEFENSEURS DE MARSEILLE EN 1524 207

Rollet DUNANT OU DENANT. — Fils de Girard Dunant, natif d'Albens en Savoie, qui teste à Marseille en 1498. Serrurier réputé, gère l'hôtellerie des Trois Rois. Mort en 1528. Père du notaire Honoré Dunant, de l'apothicaire Antoine Dunant et de Bernard et Louis Dunant. Les petitsfils de Rollet Dunant se font appeler de Nantes.

Claude EMERIC. — Troisième consul en 1522. Nostradamus l'a confondu avec le jeune gentilhomme Claude Emeric. C'est un maître de hâche ou charpentier de marine. Marié en 1481 n'eut que des filles. Disparut entre' 1533 et 1535.

Jean FERLET. — Fils de Guillaume Ferlet, mercier à Marseille et petit-fils de Jean Ferlet, originaire de Bourgen-Bresse. Né avant 1478. Deuxième consul en 1532. Mort sans postérité avant 1540.

Jean FÉRAUD. — Paysan et muletier. Après le siège reste dans Marseille pestiférée pour veiller sur sa, sécurité en qualité de capitaine. Fils de Boniface Féraud et père de Pierre Féraud. Vit encore en 1539.

Antoine FLOTE. — Fils de noble Pierre Flote, de Roque vaire. Exerce la profession de notaire. Enterré le 17 janvier 1539, son fils aîné Marc ou Marquet lui succéda comme notaire, un autre de ses fils, Nicolas. Flote, fut nommé en 1569 conseiller au Parlement.

Mathieu FRANCISCOT. — Originaire du Piémont. Son vrai nom est Frasque qui se transforme à Marseille en Franciscot. Marchand, armateur et patron de navire. Sans postérité, laisse sa fortune au fils de sa soeur, Jean Trabuc, à la condition qu'il renonce au nom de son père et se fasse appeler Mathieu Franciscot. Mort en 1537.


208 PIERRE BERTAS

Nicolas GANTEL dit GUITON. — Eleveur de troupeaux. Son père est Honoré Gantel, de Saint-Zacharie. Son parâtre est le nourriguier ou éleveur de troupeaux Monet Guiton, qui le marie à sa petite-fille Jaumette Guiton, dont le nom devient le sobriquet de son mari. Troisième consul en 1525, mort en 1531. Père de Claude et Barthélemy Gantel dits Guiton. Au XVIIIe siècle les Gantel-Guiton étaient anoblis et seigneurs de Mazargues. Le dernier rejeton fut décapité à Marseille pendant la Terreur.

Raynaud GARNIER. — Cultivateur, fils du laboureur Jean Garnier dit Grand Jean, plusieurs fois capitaine et consul. Fut député à la guerre pendant le siège. Mort avant le, 23 avril 1537. Nous ne lui connaissons qu'une fille.

Pierre GAUTIER. — Apothicaire. N'eut que deux filles. Mort en 1528.

Jacques GERMAN. — Cultivateur. Né en 1468, fils du

laboureur Guillaume German. Lors de la peste de 1500

avait commandé la petite troupe chargée de la garde de la

ville. Mort en 1533. Baptiste, Antoine, Guillaume et Pierre

German sont ses fils.

Jean GILLE. — Notaire. C'est lui qui en 1524 acheta pour six ans les revenus des greffes et des offices de courtiers que la ville aliéna pour se procurer les ressourcés nécessaires à sa défense. Fils du notaire marseillais Pierre Gille. 2° consul en 1528. Mort en décembre 1542, après avoir déshérité son fils Jacques.

Céris GONFARON. — Petit-fils du consul Antoine Gonfaron et fils de Jacques Gonfaron. Fait le commerce des bêtes de somme. Mort avant novembre 1530. Trois fils : Pierre, André et Claude Gonfaron.


DEFENSEURS DE MARSEILLE EN 1524 209

Cosme GONFARON.— Cousin germain du précédent, fils de Guillaume Gonfaron, chez qui tous les verriers de Provence venaient se procurer les matières propres à la fabrication du verre ad faciendum vitra. Troisième consul en 1528. Mort entre octobre 1548 et août 1549. A un fils, Jean Gonfaron.

Trophime GRAS. — Fils de noble Benoit Gras d'Arles. Troisième consul en 1529. Mort entre 1545 et 1547. Il est le père de Jean Gras et le beau-père du Capitaine Gérard Salomon.

Jeannon GROSSON. — Fils du laboureur Jean Grosson. Paysan aussi, mais paysan assez lettré pour tenir un livre de raison. Vit encore en 1532. Pierre et Rollet Grosson sont ses fils.

Claude GUERRE. — Sujet du duc de Savoie établi à Marseille vers 1490 et naturalisé français cinquante ans plus tard. Armurier. Père de Guillaume, Jean et Balthazar Guerre. Une fille de Guillaume Guerre épousait le 31 décembre 1556 le chirurgien, François Prat et de cette union est né. le notaire Amiel Prat qui démarqua l'histoire du siège de Jean Thierry.

Jean HUC. — Opulent mercier. Originaire de Montpellier et établi à Marseille avant 1496. Deuxième consul en 1530. Mort en 1539. Ses deux fils, Antoine et François HUC, n'eurent pas. de postérité masculine.

Georges JOLIET. — Revendeur. Natif de Pont-SaintEsprit. Disparu entre 1530 et 1533. Père de Jean et de Férand Joliet et bisaïeul de Jean-Etienne Joliet, qui se dit écuyer en 1591.

Simon JOUVE. — Barbier déjà établi en 1497. Vit encore en 1536. Père d'Antoine et Michel Jouve.


210 PIERRE BERTAS

Jean LEGRAND. — Corroyeur et hôtelier de l'Ecu de France. A deux sobriquets : Petit Jean et le Breton, ce dernier indiquant sans doute son origine. Postérité inconnue.

Jean LEMAIRE. — Mercier. Oncle du notaire Jean Lemaire.

Jaunie MARTIN. — Fils du laboureur Peyrot Martin. Agriculteur aisé. Mort avant avril 1528. De sa première femme Marite Teissère il avait eu Jean Martin dit Teissère qui suit, de la seconde Barthélemye. Vinèse, Etienne et Jean Martin.

Jean MARTIN dit TEISSÈRE. — Fils du précédent. Son sobriquet est le nom de son grand-père Jean Teissère, courageux corsaire, plusieurs fois capitaine de la ville et 3e consul en 1500 et 15,09. Marchand. Meurt- avant octobre 1541, laissant André Martin dit Teissère et Jacques Martin dit Teissère, moine de Saint-Victor.

Jean MASSATEL. — Notaire. Secrétaire de l'abbaye de Saint- Victor. Né à Marseille en 1468 ; fils du marchandHenri Massatel. Enterré le 28 janvier 1537. Il eut deux fils, Charles et Pierre Massatel.

Barthélemy MICHEL. — Boulanger comme son père François Michel. Mort avant le 14 novembre 1537. Son fils, Etienne Michel fut aussi boulanger. Claude MONTAGNE. — Fils de Jacques Montagne, natif de Craponne, s'établit chaussetier à Marseille avant 1492. Mort en 1543. Son fils Claude Montagne, marchand, fut troisième consul en 1534.


DEFENSEURS DE MARSEILLE EN 1524 211

Fouquet de MONTFORT. — Tailleur comme son père Pierre de Montfort. Organisa en 1516 les danses mauresques exécutées devant François Ier. Recensa en 1524 les hommes aptes à porter les armes. Est père du chaussetier Jean de Montfort.

Nicolas MONTIER. — Né à Rouen d'où il est venu avant 1500 à Marseille exercer la profession de teinturier. Mort entre 1537 et 1539. Père de Toussaint Montier, tué en 1555 d'une arquebusade.

Guillaume MORLAN. — Propriétaire agriculteur. Né vers 1465 d'André Morlan. Troisième consul en 1519. Mort en 1526, ne laissant que des filles.

Pierre MORLAN. — Parent du précédent. Fils d'Antoine Morlan. Déjà notaire en 1495. 2° consul en 1535. Enterré le 26 juillet 1542. Jean et Cosme Morlan sont ses fils.

André DE NAVIS. — Notaire comme son père Antoine de Navis. Mort entre 1540 et 1542. Son fils, le notaire Victor, de Navis, fut notaire et greffier de la, sénéchaussée de Marseille.

Jean de NAVIS. — Sergent, puis huissier à la Cour de Justice de Marseille. Enterré le 28 juin 1540. Nous ignorons s'il eut une postérité.

Simon OBRY. — Boulanger établi avant. 1497. N'est connu que par divers actes relatifs à sa profession.

Gillet OLIVIER. — Calfat, fils de Guillaume Olivier. Mort en 1550. Père de Pierre Olivier.

Pierre D'OLLIÈRES. — En réalité il s'appelle Pierre George dit d'Ollières et est fils de Jean George alias d'Ollières. Notaire comme son père et son grand-père. Mort avant août 1529. Son fils Pierre ou Priam George d'Ollières hérita de s'a charge de notaire.


212 PIERRE BERTAS

Raymond D'OLLIÈRES. — Cousin germain du précédent et fils du notaire Mathieu George dit d'Ollières. Notaire à son tour. Mort entre 1554 et 1559, Père de Pierre George dit d'Ollières, avocat, et de Martin George dit d'Ollières, 'Chaussetiér, dont les descendants s'intituleront seigneurs de Luminy.

Pierre PASSIER. — Apothicaire. Paraît être originaire de Roquevair'e. Mort avant le 12 décembre 1530. Père de François et de Jean Passier ou Passery.

Jean PINTAT. — Mercier. Fils de Nicolas Pintat. Devoué à sa ville natale, mit de l'ordre dans la comptabilité municipale. Mort entre 1554 et 1556. Père de Jean, François, Mathieu et Jacques Pintat.

Louis PITROT. — Apothicaire dont nous ignorons les origines. Mort entre 1540 et 1341, laissant quatre fils : Pierre, Georges, Guillaume et Vincent Pitrot.

Hugues RAVEL. — Revendeur. Né en 1472 à Cotignac et vernu à Marseille, à l'âge de 17 ans. Vivait encore en mai 1537. Père de Pierre Ravel, également revendeur.

Lazare RAYNAUD. — Fils d'Honoré Raynaud, né entre 1460 et 1465, mercier déjà prospère en 1494. Mort entre 1545 et 1548. Pendant le siège lieutenant de la compagnie du quartier de Saint-Jean. Il est le père de Jean et Honoré Raynaud qu'on appelle aussi parfois Raynaudet.

Jean REBOUL dit VILLEFORT. — Originaire de Villefort d'où son sobriquet. Drapier chaussetier. Père de l'avocat Amiel Reboul dit Villefort et de François et Hugues Reboul dits Villefort. Beau-père du fameux capitaine Gaspard Fabre. Teste en 1540 mais vit encore en 1543.


DÉFENSEURS DE MARSEILLE EN 1524 213

Georges ROBETON. — Son bisaïeul Guillaume Roberton ou Robeton, est né à Nogent-le-Rotrou. Son aïeul, Masse Robeton, tondeur de drap, était déjà établi à Marseille, en 1445. Son père est l'apothicaire Chrétien Robeton dont le prénom devient le sobriquet de ses descendants. Apothicaire aussi. Mort en 1528, laissant un fils, l'apothicaire Barthélemy Robeton dit Chrétien.

Bernard Roux. — Négociant fort actif. 3e consul en 1506. Mort entre 1531 et 1534. N'eut que des filles.

Raymond Roux. — Lanier ou tisseur de drap. Originaire de Saint-Maximin mais déjà propriétaire à Marseille en 1481. Eut l'honneur d'être élu troisième consul un mois après la levée du siège pour l'année 1524-1525. Enterré le 5 décembre 1542. A un fils nommé Jean Roux.

François SACCO. — Son père Léonard Sacco, originaire de Savone, fut reçu citoyen de Marseille en 1488. Né en 1499. Il est père de Jean Sacco, pourvu en 1561 de la charge de capitaine de la tour de Saint-Jean. Mort en 1563.

Nicolas SAURON. — Fils de Guillaume, Sauron d'Ollioules.

d'Ollioules. à Marseille avant 1500. Troisième consul en

1531. Mort en 1540. Laisse de ses trois mariages huit fils:

Jean, Guillaume, Louis, François, Jean junior, Jacques,

Peyron et Nicolas Sauron.

Michel SAUZÈDE. — Corroyeur, fils d'André Sauzède, natif d'Aubenas. Il s'était marié à Marseille en 1480. Mort avant 1530. Son fils Jean Sauzède eut de nombreux enfants.

Jean SICOLE. — Fils de Bernard Sicole, notaire à Draguignan. S'établit notaire à Marseille. 2e consul en 1536. Mort avant octobre 1546. Il est le père du notaire Joseph Sicole et de Claude Sicole,


214 PIERRE BERTAS

Arnaud SIGNARD. — Apothicaire, né à Bazièges, près de Toulouse. Teste en 1545. Pas de fils.

Jean TIMONIER. — On l'appelle familièrement Jean Coque. Natif de Lyon. Il exerce avant 1495, à Marseille, la profession de " blanquier » ou mégissier. Son fils Etienne. Timonier mourut sans postérité.

Jeannon TINARD dit FLANJOL. — Fustier, c'est-à-dire menuisier. Il est le petit-fils du berrichon Jean Tinard, né à Vatan, le fils du fustier Guillaume Tinard, marié à Marseille. 3e consul en 1527. Enterré le 23 octobre 1552. Son fils Claude Tinard fut ingénieur du roi.

Louis TORENC — Marchand. Né à Marseille et fils de Mitre Torenc. Mort entre 1526 et 1527. Avait deux fils : Claude et Louis Torenc.

Antoine TURREL. — Fils du chaussetier marseillais Jacques Turrel. Marchand. Enlevé par la peste en mai 1530. Avait eu trois fils : Pierre, Antoine et Raynaud Turrel.

Honoré VALBELLE. — Apothicaire établi à Marseille en 1488. Originaire de la Cadière. On le dit fils de Barthélemy Valbelle et de Marguerite de Candole (?). 2° consul en 1527-28. Mourut à la fin de 1539, laissant des mémoires écrits- en provençal fort intéressants pour l'histoire de Marseille. Son fils, Cosme de Valbelle, continua sa race dont les destinées furent des plus brillantes.

Tristan de VELORGUE. — Probablement d'origine judaïque. Né à Avignon. Exerce avant 1500 à Marseille sa profession de barbier chirurgien. Mort en 1528 ayant fait un legs à son neveu le notaire Me Jacques de Notre-Dame. Il est donc le grand-oncle de l'astrologue Michel Nostradamus.


DEFENSEURS DE MARSEILLE EN 1524 215

Lancelot VÉNÉRIER. — Mercier. Né en 1473. Père de Jacques Vénérier dit Lancelot, mercier comme son père.

Baptiste de VIAS. — Barbier chirurgien. Venu du Piémont, établi avant 1500 à Marseille. Naturalisé français en 1540. Il est le père de Barthélemy, Bertrand et Augustin de Vias et le bisaïeul de Balthazar de Vias, dont les poésies françaises et latines charmèrent les lettrés au temps de Louis XIII.

Léger VINCENT. — Notaire. Fils de Bernard Vincent. Mort en 1547, laissant des enfants en bas-âge dont les noms nous sont inconnus.

François VIRELLE. — Né à Marseille. Marchand et navigateur comme son père le basque Choto Virelle. Trésorier général de la ville, c'est lui qui porta à Aix en 1530 les mille écus que Marseille dut donner pour sa part de la rançon des fils de François 1er retenus en otages depuis 1526. 3e consul en 1548. Semble être resté célibataire..

Pierre VITROLE. — Modeste cordonnier dont l'existence ne nous est révélée que par des achats de cuir, le baptême d'un de ses enfants et les obsèques d'un autre.


Autane

Un arrière fief des Baronnies et ses seigneurs du XIIe au XIXe siècle

Orthographe : Autane — Autanne (Intendant Bouchu) — Otane (Artefeuil) — Aultane (Moniteur, 1830).

Armes fie la famille : D'argent à la croix de gueules, au chef d'azur, chargé de trois étoiles d'or.

Devise: IN HOC SIGNO ROBUR MEUM.

Sources principales : LACROIX, Les arrondissements de Montélimar et de Nyons. — Gui ALLARD, Dictionnaire du Dauphiné. — RIVOIRE DE LA BATIE, Nobiliaire du Dauphiné; — CHORIER, Histoire générale du Dauphiné. — ARTEFEUIL, Histoire héroïque et universelle de la noblesse de Provence. — Archives administratives du Ministère de la Guerre. — INVENTAIRE des Archives de la Drôme, de l'Isère, des Hautes-Alpes, des Basses-Alpes, des Bouches-du-Rhône. — Ulysse CHEVALIER, Regeste dauphinois. — Cyprien BERNARD, Généalogie de la famille d'Autane (in Bull. Soc. d'Etudes des Basses-Alpes, 191319-14, pp. 21-27. — Baron du ROURE, chanoine BERMOND, curé de Lagrand (Hautes-Alpes),Gonzague DE REY, François de MARIN DE CARRANRAIS, H. DE GÉRIN-RICARD, Louis DOUAY, colonel WALEWSKI, renseignements divers.

Note liminaire

A la suite des instructions ministérielles prescrivant d'appliquer à chaque quartier le nom d'un homme de guerre, la caserne de l'Esplanade à Draguignan reçut celui d'Abel Douay, hommage tardif à une des premières victimes de la guerre franco-allemande, né dans cette ville le 2 mars 1809.

Notre ami Frédéric Mireur, très attentif à toutes les gloires l'ocales, était désireux de divulguer au public la car-


AUTANE ET SES SEIGNEURS 217

rière de notre compatriote. L'occasion se présenta favorable en 1910, à l'apparition d'une plaquette élégamment éditée à Strasbourg, à la suite de l'érection, le 17 octobre 1909, du Monument français de Wissembourg aux soldats français morts pour la patrie. Nous décidâmes tous deux de reproduire dans les colonnes du Var (Nos du 25 août 1910 et ssq), les discours prononcés, sur la tombe de Douay par le commandant Baude et le député Wetterlé. Nous y joignîmes ses états de service et ceux de quelques-uns des siens. Son acte de naissance nous révéla que, s'il avait dû aux hasards de la vie de garnison de naître en Provence, sa mère AlixCharlotte d'Autane était de souche provençale.

Nous recherchâmes ses origines : nous les relevâmes dans la Haute-Provence et dans les Baronnes dauphinoises. Et l'étude entreprise pour situer un compatriote dans notre région est devenue un essai de monographie d'une famille très anciennement notable mais demeurée obscure, parce que, suivant le dicton d'ancien régime, elle n'a pas eu l'avantage, pour se classer parmi les familles historiques, de produire un cardinal ou un maréchal de France.

Nous n'avons connu que récemment le travail de M. Cyprien Bernard, Généalogie de la famille d'Autane ; il a été certainement composé au moyen des archives de M. le marquis d'Autane (de Forcalquier), et avec son acquiescement. Nous estimons que le nôtre peut offrir encore un certain intérêt pour le lecteur curieux des particularités locales, parce que, sans nous attacher spécialement à la succession généalogique que nous eussions désiré éclaircir sur plusieurs points, nous avons relevé plusieurs traces de la famille dès le début des Croisades et cherché à déterminer son habitat primitif. Les études de M. Lacroix, archiviste de la Drôme, nous ont été d'un grand secours.


218 AUGUSTE RAMPAL

I

Quelques arrière-fiefs des Baronnies

La famille d'Autane tire son origine et son nom d'un modeste hameau des anciennes. Baronnies compris aujourd'hui dans la commune de Vercoiran, canton du Buis, département de. la Drôme.

Il semble que, au début du XIXe siècle, le nom d'Autane appartenait encore à la nomenclature administrative : une carte du département de la Drôme, éditée en l'an XII, désigne la commune sous le double nom : Vercoiran et Autane.

Avant 1790, cétait une communauté, une paroisse et une châtellenie. Communauté modeste : un mémoire pour la répartition des tailles rédigé, en 1698, par l'intendant de Dauphiné, Bouchu, lui donne 48 habitants ; en 1755, les commis des tailles y comptent 60 habitants ; et quelques années plus tard, 13 chefs de famille ou soit 79 individus. Belleguise y signale un notaire : Gailhac, qui aurait reçu ou délivré copie du testament de Jean d'Hugues, sieur du Villart, 8 avril 1627. 1 Elle dépendait de la subdélégation du Buis et de l'élection de Montéfimar.

La paroisse appartenait à cette partie du diocèse de Sis-, teron dénommée le Petit Diocèse, et était comprise dans le onzième des districts de la répartition Lafitau, statuts synodaux de 1745. — Il n'est peut-être pas superflu de rappeler l'origine de cette enclave d'un diocèse provençal dans les Baronnies dauphinoises.

1 Baron du Roure. Les maintenues de noblesse en Provence par Belleguise, I, p., 180.


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Charlemagne, pour mettre fin aux compétitions des évêque de Die, Gap et Vaison quant à la succession de l'abbaye de Bodon., attribua provisoirement celle-ci à l'évêque de Provence le plus proche ; ce fut Jean II, évêque de Sisteron. Cette situation n'a pris fin qu'au Concordat de 1801. L'enclave, vulgairement dénommée Valbenoît, à raison des nombreuses possessions bénédictines dans la vallée de l'Ennuie, comprenait vingt paroisses sur les soixante-dix formant le diocèse ; elles étaient réparties dans les deux derniers des douze districts diocésains. Une liste des cens dus à Pévêché par les églises de la vallée du Bodon, liste qui remonte vraisemblablement au IXe siècle, indique que l'évêque Jean avait fixé à douze deniers la redevance de l'église d'Autane ; celle de l'église voisine de Vercoiran était la même ; mais l'église Sainte-Marie au même territoire, payait à part six deniers.

Quant au château d'Autane, il formait un arrière-fief qui a originairement appartenu à la famille homonyme sous la suzeraineté des grandes familles du pays : les barons de. Montauban, les princes des Baux, plus tard les Dauphins et, après eux, les rois de France. Aux XIe, XIIe, XIIIe et XIVe siècles, divers membres de la maison des Baux rendent hommage aux Dauphins de Viennois pour une portion d'Autane — la moitié en 1052, en 1242, 1324, 1344, le sixième en un, 1332. 1 On relève des hommages aux Dauphins

Dauphins en 1288 par Raybaud d'Autane, en 1340 par Baude d'Autane, fille de Hugues. Mais, à côté des d'Autane, se

voient divers coseigneurs : en 1277, Rostaing Ami ; en 1329, Raymond d'Agoult ; en 1332, Guillaume de Besignam ; en 1350, Guillaume de Morges. Le 8 décembre 1316,

le dauphin Humbert II inféode le château de Vercoiran à

1 Barthélemy. Inventaire des chartes de la Maison des Baux.


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Guigues — ou Guy — seigneur de Tullins, à la condition que les châteaux d'Autane et de Vercoiran appartiendraient toujours au même seigneur. Nonobstant cette clause prohibitive, Marguerite, fille de Guigues, reçut en dot Vercoiran lors de son mariage avec Guigues de Morges (1318). Plus tard, la condition d'union semble avoir été observée, puisque nous trouvons un Morges à Autane ; et, postérieurement ce sont les mêmes familles qui seigneurisent dans les deux castels : les d'Ambel, les d'Urre, les Massues, les Pape. 1 En 1789, la dame de Vercoiran, Mme de Sade, née Marie-Françoise-Emilie de Bimard, était fille d'une Pape Saint-Auban, mais elle ne possédait pas Autane aliéné dans le courant du même siècle par un marquis de SaintAuban à la famille Autard de Bragard, qui joignit dès lors à son patronymique le nom d'Autane.

Les amateurs de folklore retrouveront plusieurs fois le. nom d'Autane dans les oeuvres du poète gapençais Faure (XIXe siècle).

Le village de Vercoiran est placé à mi-côte et aux flancs de la haute montagne rocheuse de Moulaud, dominant la rive droite — nord — de l'Ouvèze. Autane, hameau de quinze maisons, est plus près du sommet, et l'un des cols qui l'avoisinent — altitude : 902 m. — porte son nom et le fait communiquer avec la commune de Bésignan dans la vallée de l'Ennuie.

Indiquons que Bésignan, à maintes reprises possédé par la famille d'Autane, a ses maisons qui s'échelonnent sur une pente assez raide au midi de la vallée de l'Ennuie. Son territoire offre cependant deux plaines d'une superficie totale de 223 hectares. La paroisse appartenait au diocèse

1 Lacroix. L'arrondissement de Nyons, passim ; — Pilot de Thorey. Catalogue des actes du Dauphin Louis II (= le roi de France Louis XI) relatifs à l'administration du Dauphiné, n° 255.


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de Sisteron, et la communauté relevait des bailliage et subdélégation du Buis.

Un fief, où seigneurisent les d'Autane dès qu'on rencontre leur nom, et où leurs descendants directs — par les femmes — gardèrent des droits jusqu'au XVIIe siècle, est Piégon, seule localité des Baronnies qui ait pris le nom d'un ancien seigneur : Podium guigonis — puy guigon — Piegon. C'est une localité du canton actuel de Nyons, assise à l'extrémité du contrefort méridional de la montagne d'Autuche, regardant à l'ouest vers la vallée de l'Aygues, aux confins du département de Vaucluse. Elle a appartenu au diocèse de Vaison, au bailliage du Buis, à l'élection de Montélimar.

D'après M. Brun-Durand, Dictionnaire topographique de la Drôme, et M. de Coston, Etymologies des noms de lieu de la Drôme, Poët-Sigillat (ou Poët sur Sainte Jalle), canton de Rémuzat, aurait relevé par moitié des abbés de l'Isle-Barbe et appartenu en 1275 auxd'Autane, puis aux Mévouillon ; en 1330 aux Guilhem et aux Bésignan ; en 1407, aux Monteynard, qui la vendirent en 1412 aux Thollon. La part des Bésignan passa vers 1667 aux Fortia, qui en dotent une fille mariée chez les Coriolis-Limaye (1713). La part des Guilhem advint, en 1341, aux l'Epine, qui la vendirent, en 1596, aux LatourGouvernet, et ceux-ci aux Duclaux, derniers seigneurs concurremment avec les Coriolis (1789). 1

Signalons encore un village du Diois où les d'Autane, en suite de mariages, ont longtemps seigneurisé : « Bonneval échut à l'origine aux évêques et aux comtes de Die, et par ces derniers aux Artaud d'Aix et aux princes d'Orange. Un voile épais nous cache, un siècle ou deux, les noms de ses possesseurs ; mais, en 1351, les Rosans, sor1

sor1 L'arrondissement de Nyons, II, p. 250.


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tis de la localité de ce nom, sur les confins de la Drôme et des Hautes-Alpes, possèdent le fief, jusqu'à ce que deux filles de leur, maison, Françoise et Jeanne, le transmettent, l'une à Louis d'Autane, en 1520, et l'autre à Jean de Draguignan. 1 Celui-ci vendit sa part à un voisin, Gaspard de Bésignan, ainsi nommé d'une seigneurie contigüe à celle de M. d'Autane, sur Vercoiran entre la vallée de l'Ennuie et celle de TOuvèze ; puis Rixende de Bésignan, par son mariage avec Antoine d'Autane, ramena dans cette famille la terre de Bonneval divisée en deux portions ou pareries. L'une passa chez les d'Agoult, famille illustre de Provence, par l'alliance avec Girau'd, l'un de ses membres, de Jeanne d'Autane, fille de Louis ; et dans la suite chez les Deshières, dont Marie-Gabriel épousa Jeanne d'Agoult de Montmaur. L'autre part demeura chez les d'Autane et fut aliénée vers 1704, à Victor Vial, d'Allais, originaire du Trièves, capitaine au régiment de Cambis ; et vers 1714 à EtienneAndré de Gilbert, originaire de Die, lieutenant général de l'artillerie de France ». (Lacroix).

Bonneval, modeste commune du canton de Châtillon-en Diois, était, avant 1790, une paroisse du diocèse de Die, bailliage de Die, élection de Montélimar, inscrite au registre des taillabilités pour quarante chefs de famille et cent soixante-quinze individus. Son, territoire est contigu, vers l'est, à celui de Lus-la-Croix-Haute où les d'Autane ont possédé des terres au xme siècle ; et, au couchant, à celui de Boule dont une section, Sérionne, appartint successivement aux Rosans, aux d'Autane, aux Engilboud, aux Bardonnenche et obvint, au XVIIIe siècle, à l'aïeul d'un conseiller à la Cour de Cassation bien connu des étudiants en droit, il y a un demi-siècle, le romaniste Accarias.

1 Ce parait être un néophyte juif qui avait préféré l'abjuration à l'exil, auteur d'une famille fondue ultérieurement dans celle d'Albert de Rioms.


AUTANE ET SES SEIGNEURS 223

Cette rapide incursion sur les terres jadis possédées aux Baronnies par la famille d'Autane a. eu pour but de démontrer que celle-ci est originaire d'une marche entre le Dauphiné et la Provence, que la géologie, la topographie rapprochent beaucoup de cette dernière et qui en a d'ailleurs fait partie. Les Baronnies ont été longtemps provençales; les Angevins, les ont revendiquées ; Charles 1er, en .257, n'a reconnu les droits du Dauphin Guigue VII, que contre abandon par celui-ci de ses prétentions sur le Gapençais. Nous avons indiqué plus haut la situation du Petit Diocèse. Cela suffirait pour rattacher la famille d'Autane à la Provence, même si un de ses membres n'était pas venu y faire souche d'une nouvelle branche, à Allons.

II

Les seigneurs d'Autane aux XIIIe et XIVe siècles

Nous relevons le nom -de la famille d'Autane dans le cartulaire des Templiers de Roaix tout au début du XIIIe siècle.

Pierre Imbert et les siens avaient fait une donation au prieuré ; sa veuve la contesta, alléguant le défaut de ratification par sa fille Béatrice, épouse de ROSTAING D'AUTANE. Pour trancher le différend un plaid est tenu in villa que dicitur Bois (Le Buis) ; et les Templiers, en échange de la ratification, s'engagent à payer aux époux d'Autane 250 sols viennois, à l'octave de la saint Jean-Baptiste. — Acte passé, le 22 mai 1200, devant l'église du Buis. Parmi les fidéjtisseurs fournis par Rostaing d'Autane figure ROLLAND D'AUTANE ; parmi les témoins, BERTRAND et RIPERT D'AUTANE, frères. A l'octave, le prieur de Roaix se transporte à Ro-


224 AUGUSTE RAMPAL

chebrune (en Baronnies) et s'acquitte en mains des époux d'Autane. Alors la veuve de Pierre Imbert confirme la donation de son époux et la ratifie pour elle et ses deux filles, Béatrice et Jordane, se portant fort pour la dernière en minorité. — Acte du 1er juillet 1200.

Quinze ans plus tard, il s'agit d'une guerre privée entre les frères d'Autane. Le sang a coulé, les ruines sont nombreuses ; une sentence arbitrale de Dragonet et Raymond de Mévouillon met fin à la querelle. Lès agresseurs sont ARMAND D'AUTANE et son gendre Pelestort de Bourdeaux ; ils achètent leur absolution moyennant cinq mille sols viennois à verser aux trois frères Rostaing, Rolland et Ripert d'Autane. Acte passé à Nyons, devant l'église, le 27 juillet 1215 (V. Chevalier, Regeste Dauphinois, n° 6321).

Deux jours plus tard, exécutant un autre article de la sentence, les parties conviennent que la convention faite au sujet de la non aliénation du château d'Autane et son tènement est annulée. — Acte passé à Autane le 29 juillet 1215 ; il parle des quatre frères d'Autane : Rostaing, Bertrand, Ripert et Rolland. Ce dernier, au dire de Salvaing de Boissieu, était marié à Béatrix de Piégon.

Cinquante ans plus tard nous relevons un accord entre le prieur du Temple de Lus (la Croix-Haute); et GUILLAUME [II] D'AUTANE, au sujet de la donation faite par autre GUILLAUME [I], son père, à l'Ordre du Temple, lorsqu'il se sentit mourir à la maison du Temple de Saint-Jeand'Acre. — Acte du 11 mai 1260. L'accord est approuvé par ARNAUD, GUIGUES et RIPERT D'AUTANE, fils de Guillaume [II].

La même année, 1260 et le 12 octobre, était concédée à la communauté de Laborel une charte de coutumes par R... de Mévouillon avec l'agrément de Galburge, dame de Mison et de Serres, représentée par Rostaing de Sault,


AUTANE ET SES SEIGNEURS 225

son baille général, et encore de divers damoiseaux et paraigers du lieu. Les dix-huit articles de la coutume furent rédigés à Laborel devant la maison de GUILLAUME D'AUTANE (sans doute le même que le précédent) et P. Baille ; et G. d'Autane figure parmi les témoins. 1

Ces deux actes, en original à la Bibliothèque de Lyon, y font partie de la collection Morin Pons. 2

Le 19 juillet 1262, à Nimes, Dragonet de Montauban donne aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, représentés par Fr. Barras, grand prieur de Saint-Gilles, divers biens lui appartenant en propre et tenus de lui en fief ; témoins à cet acte... RAYMOND D'AUTANE. 3

Le deux des nones de mars 1276 (5 mars 1277), reconnaissance passée en faveur de Randonne de Montauban, fille de feu Dragonet, par RAYMOND et ROLLAND D'AUTANE, chevaliers ; Rostaing Ami (Amici) 1 chevalier ; Pierre, Raymond et Guillaume Artellier, Arnaud et Guillaume de Durfort, damoiseaux, pour les châteaux d'Autane, Vercoiran et Sainte-Euphémie. 5

Le 10 des calendes de juin 1282 (22 juin 1282), Raymond de Mévouillon, " fils émancipé », ayant assemblé ses vassaux dans une maison du cloître de Sainte-Jalle, leur expose sa triste' situation financière. Profondément émus, ils lui font abandon pur et simple de leurs créances. Parmi ces vassaux généreux figure : GUILLAUME D'AUTANE, seigneur de BÉSIGNAN. 6

1 Caillet. Les coutumes de Laborel, in Nouvelle Revue historique de droit, 1910 pp. 683 690.

2 Lacroix et Chevalier. Inventaire de la collection Morin - Pons.

3 Raybaud. Histoire du Grand Prieuré de Saint-Gilles, Mss de la Méianes, édit. Nicolas, I, p. 169.

4 Autre hommage par le dit au même Dragonet de Montauban pour un huitième de la terre de Vercoiran, Arch Isère. B. 2636.

5 Arch. de l'Isère, Inventaires, 3645 (1270-1278).

« id. id. B. 3649 (1281-1282).


2 96 AUGUSTE RAMPAL

En 1284, hommage pour la seigneurie d'Autane par RAYBAUD D'AUTANE à Randonne de Montauban, fille de Draconet et épouse de Rajunond Geoffroy de Castellane. 1

Vers 1290 Raymond [III] de Mévouillon fonda, au Buis, un couvent de Frères Prêcheurs. Un chapitre provincial tenu à Montpellier avait envoyé deux frères à cet effet 2 ; ils échouèrent et furent remplacés par les frères BERTRAND D'AUTANE et Guillaume de Reilhoni (Reillane ?) — celui-ci natif du Buis, — qui plus heureux posèrent la première pierre d'un édifice construit pour vingt-cinq religieux et où se retira bientôt pour y mourir, le 29 juin 1294, un archevêque d'Embrun, oncle du donateur, son homonyme et l'instigateur de sa libéralité. 3 Cette fondation fut approuvée par bulle du pape Clément V, Avignon, 13 novembre 1309.

Au XIVe siècle nous relevons un compromis passé entre nobles Rostaing et Lagier de Durfort, frères, Raymond Reybaud, seigneur en partie de Sainte-Euphémie, et Bertrand Raybaud, seigneur de La Bâtie Verdun, et les syndics des habitants de Sainte-Euphémie, et nommant GEOFFROY D'AUTANE, Jaucerand, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, et Bérengier Cor pour terminer leurs difficultés touchant le territoire de Durfort. 4

En 1334, hommage au dauphin Humbert II par AGNÈS D'AUTANE, fille de BERTRAND, pour tout ce qu'elle possède à Autane. Elle épousa Eymond de Cussières dont elle eut deux fils, Henri et Mondon, qui, en 1340, vendirent

1 Chambre des Comptes du Dauphiné. Arch. de l'Isère. 2 Jean de Genest, Raoul de la Forest.

3 Raymond de Mévouillon O P. du couvent de la Baume lès Sisteron, évêque de Gap (1282-1289), archevêque d'Embrun (1289-1294), 4 Arch. de la Drôme, I, 2975. Sainte Euphémie (1285-1395).


AUTANE ET SES SEIGNEURS 227

à Jean Eymard, notaire à La Chaulx — La Chau —, tout ce qui avait appartenu à leur mère.

Le dernier février 1335, BAUDE D'AUTANE, fille de HUGUES et épouse de Ricaud Adhémar, seigneur de La Chau, teste et donne divers cens et rentes reposant à Autane à CHARLES D'AUTANE, fils de Guillaume. Elle rendit hommage au Dauphin en 1340. Elle avait possédé aux Baronnies une Bâtie, désignée tantôt comme la Bâtie de dame Baude, ou la Bâtie de Ricaud Adhémar. Elle possédait en commun avec le prieuré de La Roche sur le Buis, membre de l'abbaye de Saint-André, à Villeneuve-lés-Avignon, des droits de pâturage à Vercoiran, qui furent abandonnés aux habitants de Sainte-Euphémie et donnèrent lieu à de nombreux procès. En 1409, d'accord avec le prieur de La Roche, Déodat de Catuniac (ou Catunat), la communauté les céda à Jean Archimbaud, apothicaire du Buis. Les seigneurs de Vercoiran soulevèrent des difficultés jusqu'à ce qu'un arrêt du Parlement de Grenoble, du 20 septembre 1477, maintint définitivement aux habitants de SainteEuphémie leurs droits de pacage et bûcheronnage dans le terroir de Vercoiran. 1

En 1346, sentence d'Antoine de Blado, juge-mage des Baronnies, où figure noble RAYMOND D'AUTANE à titre de syndic de diverses communautés de la région, parmi lesquelles Autane et Vercoiran.

Signalons encore la présence d'un GUILLAUME D'AUTANE au contrat de mariage en 1406, passé au château de Sahune, de Pierre de Vesc seigneur de Becone avec Catherine, fille de Juel Rolland, seigneur de Condorcet ; l'épouse fut dotée de 800 florins or. 2

1 Arch. de la Drôme, E, 5972, 2977.

5 id. E, 1893 (1406-1499).


228 AUGUSTE RAMPAL

III

Les d'Autane, seigneurs aux Baronnies du XVe au XVIIIe siècles

Jusqu'à présent nous n'avons pu établir de filiation suivie entre les divers membres de la famille d'Autane dont nous avons relevé l'existence. Désormais nous serons plus heureux.

I. — En 1474, lors de la révision des feux, élection de Montélimar, on trouve sur la liste des nobles possédant biens :

A Puy Giron : CLAUDE D'AUTANE. 1 Nous croyons pouvoir l'identifier avec le Claude d'Autane par lequel les Nobiliaires de Chorier, Artefeuil, Rivoire de la Bâtie commencent la généalogie de cette famille qui, disent-ils, jouissait des privilèges de la noblesse au milieu du XVe siècle. Gui Allard le compte parmi les cinquante-quatre gentilshommes dauphinois qui tombèrent sur le champ de bataille de Monlhéry en 1465.

II. — Chorier signale : ESTIENNE D'AUTANE, fils de CLAUDE, coseigneur de Piégon (on peut ajouter avec Cyp. Bernard : et de Sainte Marie du Val d'Olle), épouse Marie de Rivière l'an 1489 (et le 14 janvier. — Dossier du XVIII° siècle pour preuves de noblesse, collection Morin-Pons).

III. — LOUIS D'AUTANE, seigneur de Piégon et de Bonneval, épousa Françoise de Rosans le 16 — ou le 26 — mai 1520.

Dans la collection Morin-Pons est un acte du 16 mai 1543, par lequel François Planchette, écuyer, seigneur de

1 Gui Allard. Dictionnaire du Dauphiné, v° Feu.


AUTANE ET SES SEIGNEURS 229

Piégon, reconnaît devoir à Louis d'Autane, coseigneur du même lieu, l'hommage lige et le serment de fidélité, comme Etienne son père les a prêtés jadis à Marguerite Penchinat, dame de Piégon; et que n'ayant pas rempli ce devoir il est déchu de ses droits de justice et de ses biens.

Les droits des Planchette à Piégon provenaient immédiatement des Bésignan, à l'un desquels, Guillaume, le dauphin Humbert II avait inféodé une portion de la seigneurie. Didier, fils de Guillaume, la morcela ; un lot passa ultérieurement aux Planchette. Celui que garda Didier vint postérieurement aux d'Autane par l'alliance de Rixende de Bésignan et d'Antoine d'Autane.

Un testament du. 20 août 1542 nous révèle une alliance antérieure entre les d'Autane et les Rosans. DELPHINE, soeur de Marie de Rivière, DAME D'AUTANE, avait été mariée à Pierre de Rosans, seigneur de Bonneval ; elle testa en faveur de ses neveux, nobles RAYNAUD et CLAUDE D'AUTANE, fils de Louis et de Françoise de Rosans, avec substitution au profit d'ANTOINE D'AUTANE, frère de Claude.

IV. — Le testament ci-dessus nomme trois fils de Louis d'Autane : RAYNAUD, CLAUDE et ANTOINE. Il y en eut un quatrième, Louis, qui fut chevalier de Malte. Deux filles épousèrent :

L'une, JEANNE, Giraud d'Agoult, seigneur de la Baume d'Argenton et lui porta des droits dans les seigneuries de Piégon et de Bonneval, que leur fils Louis d'Agoult augmenta par des alliances et des acquisitions chez les Planchette. (Contrat du 3 décembre 1540). 1

La deuxième, MARGUERITE, s'unit à Balthazar Buzet, châtelain de Sigoyer-sur-Tallard (1551-1575). La col1

col1 Louvet. Additions... à l'histoire des troubles de Provence, 2e partie (VI), Aix, David, 1680, p. 48.


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lection Morin-Pons a recueilli son contrat de mariage passé à Bonneval, le 15 mai 1553, en présence des frères Barthélemy et Giraud d'Agouit : l'épousée est dotée de deux cents écus par sa mère, plus cent écus d'or et cent florins que son frère Claude d'Autane promet de payer sous la caution de Giraud d'Agoult, seigneur de la Balme (la Baume) ; l'augment de dot est de cent écus, outre cent florins pour bagues et joyaux.

a) Louis fut reçu chevalier de Malte le 10 décembre 154g ; il appartenait au Grand Prieuré de Saint-Gilles et fit partie, en 1565, de l'armée réunie à Messine pour porter secours à Malte. Raybaud le dénomme : Jean d'Autane, fils de Jean, seigneur de Bonneval et de Françoise de Rosans. 1 Bernard indique qu'il délaissa ses biens à son frère Claude.

b) CLAUDE D'AUTANE fut seigneur de Piégon et de Volonne. il eut un fils (V), RAYNAUD D'AUTANE, marié à Antoinette de Rame, d'où (VI), un chevalier de Malte : JEAN D'AUTANE-BONNEVAL, 2 et deux filles mariées:

(ANNE, dame de Monjai, à François II d'Agouit, coseigneur de la Baume des Arnauds et seigneur de Chahousse (25 juin 1571). 3 De cette union naquit Antoine-René d'Agoult, sieur de Monjai (du chef de sa mère ?) et de Chanousse.

ELÉONORE (Hélionne), dame de Volonne, épousa noble César de Valayoire, écuyer, seigneur de Voix ; fils d'Antoine et de Marguerite de Forbin. (Contrat du 21 décembre 1578, Maurety, notaire). 1

1 Raybaud. Histoire du Grand Prieuré de Saint-Gilles, I, p. 474 (Méjanes, mss).

2 Cf. Vertot et Bernard.

3 Cf. Louv,et, 1. c. p. 50.

4 Cf. du Roure. Maintenues de noblesse de Belleguise, I, p. 236.


AUTANE ET SES SEIGNEURS 231

Quelques années plus tard, ces dames transigeaient avec messire Pierre de Rame, baron de Mison, frère ( ?) de leur mère, et reçurent la seigneurie de Volonne avec tous ses droits et dépendances, contre une somme de treize mille écus d'or sol qu'elles s'engageaient à payer dans un délai de six ans. (Acte du 24 juillet 1582, Barthélemi Blanqui, notaire royal à Sisteron ; enregistré le 21 janvier 1619). 1 c) ANTOINE D'AUTANE, — seigneur de Bonneval de son chef

— par son mariage avec Rixende (ou Reynaude) de Bésignan (1er janvier 1540, Bernard, ou 1550, Artefeuil), se rapprochait du centre d'origine de sa famille. Il devenait,

— du chef de sa femme, — coseigneur de Piégon à côté de son frère Claude ; il acquérait, du même chef, une fraction de la seigneurie de Bonneval. Tout cela engendra des procès : son épouse, invoquant des substitutions antérieures,

antérieures, une donation faite par son frère Geoffroy de Bésignan, de tous ses biens à François des Massues, dit d'Urre, seigneur de Vercoiran. 2 Relevons aussi un partage entre Geoffroy de Bésignan et Antoine d'Autane, seigneurs du lieu, d'immeubles albergés à la confrérie de Bésignan par François de Bésignan. 3 Le 15 décembre 1554, il rendit hommage au roi-dauphin pour Bésignan et Bonneval. Le 21 mars 1587 intervient un arrêt du conseil de justice de Die relatif aux différends entre les époux. 1

V. — Antoine d'Autane, teste le 24 juin 1591 en faveur de son fils JEAN. Le gratifié avait un frère MANASSÉS ; en novembre 1587, le conseil de justice établi par les protestants à Die ordonnait l'arrestation des deux frères

1 Arch. des B -du-Rh. B, 3445, f° 726 v°. Inventaire B, t. III, p. 189.

2 Arch. de la Drôme, B, 982 (1576-1589), consultation de jurisconsulte.

3 Id. E. 2341, Autrand, notaire à Sainte Jalle (1571-1172).

4 Arch. de l'Isère, B, 257(1, cf. Jules Chevalier. Essai sur la ville de Die.


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En juin 1606 (le 3 ou 13) ils terminaient leurs divers procès par une transaction en l'étude de Me Barnier, notaire à Die. Jean est qualifié seigneur de Bésignan, Manassés, coseigneur de Bonneval. 1

Artefeuil désigne Manassés comme tige de la branche dauphinoise de la famille d'Autane. Il donne le 28 octobre 1597 pour date du mariage de Jean avec Espérite de Charavel (sic : Chorier, Artefeuil, Rivoire de la Bâtie), ou Charruel (de Sève, jugement de maintenue de noblesse).

Le dit Jean rendit hommage, en 1603, pour la coseigneurie de Bésignan.

VI. — Chorier ne parle que de ses fils CLAUDE et JOACHIM, seigneurs de Bésignan et de Val Benoit. Le jugement de maintenue de noblesse en faveur d'iceux, rendu par l'intendant de Sève, le 18 novembre 1641, visé des transactions entre CLAUDE, CHARLES, PIERRE et JOACHIM D'AUTANE frères, des 13 septembre 1628, 14 janvier 1630, 4 novembre 1635.

Une sentence du juge de Marsanne du 7 septembre 1622 déclare Claude, Pierre et Joachim d'Autane fils et héritiers de Jean.

Ailleurs Joachim est qualifié seigneur de Méaux.

Mais, en 1630, Ariey, notaire à Sainte-Jalle, rédige une transaction entre noble Claude d'Autane, seigneur de Bésignan, et Pierre d'Autane, seigneur de Bonneval, 2 par laquelle Claude abandonne à son frère la coseigneurie de Bonneval comprenant la moitié de la juridiction, les lods,

1 Arch. de la Drôme, E. 2238,

2 Pierre d'Autane vendit à Adam Taxil, de Monjai, ses droits sur Bésignan. Il épousa Catherine d'Ambrun de la Berianne qui fut son héritière et fit un legs aux Frères Prêcheurs du Buis, en 1697. Arch. de la Drôme, E, 690 (1589-1744).


AUTANE ET SES SEIGNEURS 233

censes et corvées, à l'exception de la grange de Mioix, donnée à Charles d'Autane. 1

On voit figurer ce dernier, titré seigneur de Bésignan, dans diverses instances. 2 De même pour Claude d'Autane. 3

VII. — Le 23 mars 1680, noble ETIENNE-JEAN D'AUTANE, seigneur de la Val-Sainte-Marie et de Bésignan, fils de Claude, rend hommage pour cette dernière coseigneurie ; en 1686 il dénombre pour ses deux terres. Alors l'autre moitié de Bésignan était à dame Elizabeth de Marsanne, veuve de Samson Pape, seigneur de Saint-Auban.

Le 13 juillet 1687 il produit, pour ne plus être recherché comme faux noble, le jugement de maintenue de 1641. En 1696 il fait enregistrer son blason à l'Armoriai de d'Hozier, pour l'élection de Gap ; il se titre seigneur de la Val Sainte-Marie. 1

Rey, gendre de Joubert et acquéreur des créances de son hoirie, instrumente contre le dit d'Autane. 5

VIII. — Les mêmes procédures s'engagent contre CHARLES D'AUTANE, seigneur de Sainte-Marie ; celui-ci nous paraît le fils du précédent. 6

Au XVIIIe siècle nous rencontrons deux d'Autane que nous ne savons pas rattacher aux précédents : PIERRECHARLES D'AUTANE, avocat au Parlement, lieutenant particulier, assesseur aux soumissions au siège royal de For1

For1 de la Drôme, E, 2343.

2 id. B, 1583 (1648-1729). E, 12826 et 12870, commune de Châtillon (au sujet d'un fonds acquis à Bayene avant 1632).

3 Arch. de la Drôme, B, 42 (1638- 1650) ; 1049 (1656-1657) ; E, 2342 (il s'agit de quittances de censes et droits seigneuriaux reçues par Ariey, notaire à Sainte Jalle, (1623-1624).

4 Chaix-d'Est-Ange écrit maladroitement Lavail-Sainte Marthe. 5 Arch. de la Drôme, B, 418 (1690-1699). 6 id. B, 511 (1720-1729).


234 AUGUSTE RAMPAL

calquier ; provisions du 1er septembre 1745 1. — Le 23 janvier 1771, dom Bernard Roubaud, de l'ordre de Cluny, sacristain de Saint-André de Rosans, résigne le bénéfice de la sacristie, à JOSEPH-PIERRE-ANTOINE D'AUTANE, clerc du diocèse de Sisteron. Le sacristain ne gardait pas la résidence à laquelle sa charge l'obligeait, car il devait célébrer dans l'église paroissiale une messe basse tous les jours de dimanche et de fête. Le prieur et les habitants de Saint-André mécontents, présentent alors requête à l'évêque de Gap pour obtenir que le sacristain réside ou qu'il soit pourvu à son remplacement. Le prélat rend alors une ordonnance en vertu de laquelle les biens de la sacristie sont unis au prieuré et, au lieu et place du sacristain, un vicaire est attribué à Saint-André (20 mai 1787). En 1780, d'Autane figurait encore sur les états de service avec un revenu de 464 livres, 2

IV

Les d'Autane seigneurs d'Allons XVIT et XVIIIe siècles

A. — Artefeuil date du 1er mai 1594 lé mariage de PIERRE D'AUTANE, officier de dragons (Bernard : capitaine au régiment de Normandie) avec Marguerite de Requiston, fille de Melchior, seigneur d'Allons et d'Entrages, et de Marguerite de Rochas ; la dot de l'épousée comprenait la coseigneurie d'Allons possédée par les Requiston depuis le XIIIe siècle et qui devait rester aux d'Autane jusqu'à la

1 Arch. des Basses-Alpes, B, 1502, f° 114.

2 Communication de M. le chanoine Bermond.


AUTANE ET SES SEIGNEURS 235

chute de l'Ancien Régime. (Contrat aux minutes de Fabry, notaire à Saint-André des Alpes). 1 Il qualifie l'époux de noble Pierre d'Autane, de la ville de Montélimar, sans indiquer sa filiation, ce qui nous empêche de le rattacher aux homonymes précédemment nommés. Mais nous repousserons l'assertion d'Artefeuil qui le dit fils de Jean d'Autane et Espérite de Charavel ; les dates des mariages. de l'un et l'autre s'y opposent.

B. — Nous avons trace de quatre fils du premier d'Autane, seigneur d'Allons :

a) HENRI D'AUTANE, marié à Madeleine de Requiston, sans doute une cousine, dut mourir assez jeune ; car, en 1646,

sa veuve plaidait contre ses beaux-frères : SCTPION, JEAN et CHARLES D'AUTANE, au sujet de la succession de Pierre d'Autane père d'iceux. 2

b) JEAN D'AUTANE — seigneur de Saint-Domnin (Bernard) — aurait épousé, en 1644, Catherine de Michel. En 1667, à titre de preuves de noblesse, dépôt d'un contrât, délivré par le notaire Serret, du 29. mai 1656, portant échange de, biens entre Gaspard de Requiston, seigneur de La Forest, et Jean d'Autane.

c) CHARLES -D'AUTANE — seigneur du Villars et d'Allons. (Bernard) — semble avoir vécu-loin de la Provence ; il fut

marié, le 2 janvier 1636 à Elizabeth de Marin — alias Mairan — fille de François, seigneur de Montfort et de Madon (Madeleine) de Ronchat d'Arles. De là, deux fils: CHARLES et FRANÇOIS (C). Le dernier titré seigneur de Montfort,

épousa à Paris, le 4 mai 1680, Claude Bourgoing, peut-être une parente du supérieur de l'Oratoire. De ce mariage naquit un fils JEAN-BAPTISTE (D), baptisé à Paris le 3 no1

no1 des Basses-Alpes.

5 Communication de M, le baron du Roure.


236 AUGUSTE RAMPAL

vembre 1689 (collection Morin-Pons n° 659), militaire ayant tenu garnison en Alsace, marié à Paris le 6 juin 1725 à Marianne Ferrand, puis capitaine d'une compagnie d'Invalides, tenant garnison à Landskrön. Il est la victime de divers accidents : une voiture chargée lui écrase le pied droit (1728) ; le 1er mars 1729, allant à Huningue chercher la solde de la troupe, son cheval s'abat sur lui et lui déboîte la cheville. Il sollicite un secours pour faire une cure à Plombières et obtient deux cents livres (26 mars 1729), à raison des bons certificats de ses chefs : « C'est un fort bon officier et rempli de conduite, et ce dernier accident lui est arrivé en marchant pour le service de la garnison ». (Carbonneau, commandant le détachement des Invalides). — « M. d'Autane est un fort bon sujet et fort à plaindre ». (De la Chassaigne, commandant au château de Landskrön). Plus tard il demanda à faire élever à SaintCyr sa fille MARIE-CATHERINE-DENISE (E), née à Fort-Mortier le 8 février 1727. 1

Charles d'Autane, frère du dit François (C) eut une plus brillante carrière : Exempt dans la compagnie des Cent Suisses de la Garde de Monsieur, frère de Louis XIV, il passa au service de, Pologne, du temps de Sobieski (Bernard) et s'y fit agréger au corps de la noblesse; il attira dans le royaume du nord plusieurs parents.

d) SCIPION D'AUTANE, seigneur d'Allons, se maria en 1632, — le 5 ou le 16 septembre, — avec Leone ou Eléonore (Bernard) de Gallice, fille de Gaspard de Gallice, seigneur en partie de Villevieille, et de Madeleine de Requiston. Son contrat fut produit — c'est la plus ancienne pièce par sa date — au jugement de maintenue de noblesse de 1787, pour l'entrée aux Etats de Provence. Peu d'années après,

1 Ministère de la Guerre, Arch. administratives.


AUTANE ET SES SEIGNEURS 237

on trouve la dame séparée de biens d'avec son mari et colloquée sur les biens d'icelui (19 mars 1638). 1

Faut-il attribuer à Seipion l'aventure suivante, en 1649 : « A son retour de La Ciotat, Melchior d'Allier, prieur de Mane, trouva son frère malade encore d'une blessure qu'il s'était faite lui-même, en se battant en duel contre M. d'Allons, capitaine de chevau-légers ». 2 Bernard nomme les deux adversaires : Pierre d'Allier, seigneur de Châteauneuf, et HENRI D'AUTANE, capitaine de chevau-légers. Mais il ne peut s'agir du frère de Scipion, qui était mort avant 1646.

C. — Nous connaissons deux fils de Scipion d'Autane :

a) CHARLES D'AUTANE, marié à Honorade de Ferrus, 3 eut un fils (D) qui alla servir dans la cavalerie polonaise.

b) JEAN-JACQUES D'AUTANE, dénommé le cadet d'Allons dans son contrat de mariage du 15 février 1678 avec Jeanne de Montblanc, fille de Scipion de Montblanc, seigneur des Sausses, et de Blanche de Martin des Sausses.

D. — a) Une fille du cadet d'Allons, ANNE-MARIE, née en 1695, épousa N... Simon, bourgeois de La Mûre :

Deux fils furent prêtres : N.... né en 1699, mourut curé de Vergons en 1772. L'autre fut prévôt de l'église de Kosk, au diocèse de Cracovie ; il aurait été Doctrinaire et, sur les conseils de Soanen, évêque de Sénez, aurait répondu à l'appel que lui adressait de Pologne son oncle Charles d'Autane. Là, pourvu d'un riche bénéfice, il aurait envoyé divers secours à sa famille par l'entremise des prêtres de

1 Arch. des Basses-Alpes, B. 710, et du Roure, III, p. 179.

2 P. de Faucher. Les Allier, seigneurs de Châteauneuf de Roüe, in Annales des Alpes.

3 Nous adoptons cette orthographe de préférence à Ferris ou Fornier parée qu'il y a eu dans la Haute Provence des Ferrus originaires du .marquisat de Saluces et passés en Briançonnais au XVIe siècle,


238 AUGUSTE RAMPAL

la Mission et de l'évêque de Sénez. Belsunce se serait offusqué de l'intervention du supérieur de son séminaire de Marseille, le soupçonnant d'alimenter quelque boîte à. Perrette, administrée par Soanen. 1

b) JEAN D'AUTANE épousa le 6 février 1723 Françoise, une des trois filles de feu messire Jean d'Henry, seigneur en partie d'Allons, de la Mottière, etc. (Contrat du 26 février 1726, notaire Chiris à Castellane). Les soeurs de l'épousée entrèrent dans les familles de Richery, coseigneurs d'Allons, et Goiran, avocat à Draguignan, seigneur de la Mottière.

E. — Enfants de Jean d'Autane et de Françoise d'Henry :

a) JEAN-CHARLES D'AUTANE, seigneur d'Allons, des Sausses, Roquebrune, etc., né le 2 janvier 1726, épousa le 6 septembre 1748, Gabrielle de Demandolx, fille de Pierre de Demandolx, seigneur et marquis de La Palud et de Anne d'Aubert (Albert), de La Palud. (Contrat du 16 septembre 1748, à La Palud, notaires Turrot et Verdollin, d'Annot). L'époux fut ultérieurement (15 juillet 1767), témoin au mariage du fils de son notaire, alors jeune avocat, plus tard notaire à son tour, puis consul d'Annot, député à la Constituante, à la Convention, mort en 1793. 2

6) FRANÇOIS D'AUTANE, né le 1er avril 1729, embrassa la carrière des armes et mourut à Paris le 11 octobre 1765.

c) JEANNE-MARIE D'AUTANE, née le 21 avril 1743, fut mariée à Louis-Bernard Constans, seigneur de Beynes, conseiller au Parlement de Provence, fils d'Antoine, conseiller du roi, trésorier général de France, et de Thérèse Court, en résidence à Mezel, diocèse de Riez. 3

1 Cf Annexe A,

2 Cf. Martial Sicard. Les Officiers généraux bas alpins, II, p. 173. 3 Cf. Boisgelin-Clapiers Chronologie des officiers fies Cours souveraines de Provence, p. 133.


AUTANE ET SES SEIGNEURS 239

F. — Enfants de Jean-Charles d'Autane et de Gabrielle de Demandolx :

a) JEANNE-GABRIELLE-CHARLOTTE D'AUTANE, née en 1755, vivait célibataire à Annot au début de la Révolution: elle y fut incarcérée quelques semaines, du Ier Frimaire an III au 12 Pluviôse suivant, à cause de l'émigration de son frère.

b) JEAN-CHARLES-FRANÇOIS D'AUTANE, né à Allons le 21 juin 1757, lieutenant d'infanterie, épousa en 1780 AbèleJeanne-Marie-Madeleine de Bardonnenche, fille d'AntoineCésar, vicomte de Trièves, seigneur de Toranne, etc., et de Marie-Madeleine Vachon de Belmont. (Contrat du 10 février 1780, notaires : Allemand et Faucherand, au Monêtier-de-Clermont). Il quitta l'armée de bonne heure, et fit, en 1789, ses preuves pour entrer aux Etats de Provence. 1

Le 3 avril 1789, il prend la parole, au nom de l'ordre de la noblesse, à la réunion des trois ordres de la sénéchaussée de Castellane tenue en la chapelle des Pénitents Bleus.

Député de son ordre il assiste, à Draguignan, le 7 avril, dans la chapelle des Doctrinaires (Collège), à l'assemblée

générale des sénéchaussées de Draguignan, Grasse et Castellane, et à l'élection des députés aux Etats généraux ; il est même désigné comme député suppléant du colonel de Rafélis de Brovès, non présent : mais il n'eut pas à exercer son mandat. En mars 1791, il émigra en Piémont avec femme et enfants par la montagne d'Annot et fit la campagne de 1792 à l'armée des Princes ; son nom avec celui de ses deux fils figure sur la liste générale des émigrés an II, p. 46. Ses biens vendus nationalement, les ans II et IV, produisirent, ceux d'Allons 203.920 l., ceux des Sausses 115.950 l. Sa famille a conservé le souvenir qu'il reçut des acquéreurs une faible indemnité à son retour

1 Arch des B. -du-Rh., C, 1830, f. 71.


240 AUGUSTE RAMPAL

d'émigration. L'empire, puis la monarchie l'employèrent dans l'administration des Postes et il mourut receveur à Cambrai en 1837, après avoir reçu la croix de Saint-Louis, au retour des Bourbons, 5 octobre 1814.

c) MARIE-CLAUDINE-FÉLICITÉ D'AUTANE, née en 1764, morte en 1767.

G. — Enfants de J.-C.-F. d'Autane et d'Abèle de Bardonnenche :

a) ADÉLAIDE D'AUTANE, à en croire une tradition de famille, fut égarée tout enfant, tandis que ses parents émigraient ; recueillie par des paysans, elle fut par eux dirigée sur Grenoble où elle disait avoir des parents ; elle s'est fixée dans cette ville, y est restée célibataire et y est morte en 1866.

b) ALIX-CHARLOTTE D'AUTANE épousa à Vérone, en 1806, sous les auspices de la famille Mosconi, alliée aux Montgrand, un officier français, originaire d'Amiens, capitaine au 1er régiment de ligne ; c'est la mère des généraux Douay.

c) MARIE-RENÉ-CHARLES-MARC-ANTOINE D'AUTANE, né à Allons le 14 avril 1787, tenu sur les fonts par ses aïeux Bardonnenche, commença par servir à treize ans dans les chasseurs nobles de l'armée de Condé ; le Gouvernement impérial l'enrôla comme vélite dans les troupes italiennes (1806) ; sous-lieutenant au 4e régiment de ligne italien, en 1808, il fit campagne en Dalmatie , au Tyrol, en Allemagne et en Espagne, où il se distingua à Murviedo, et fut mis à l'ordre de l'armée. Aux Cent-Jours, il fut blessé au pont de la Drôme, affaire de Loriol, soigné à Montélimar dans la' famille de la Bruyère à laquelle il s'allia (1er juillet 1816), reçut là croix de Saint Louis des mains du duc d'Angoulème, et servit dans la Garde jusqu'à sa promotion au grade de colonel (28 août 1827). Il commanda le 3e de ligne dans


AUTANE ET SES SEIGNEURS 241

les Alpes et à Toulon où il fut stupidement tué le 27 janvier 1830 par le sergent de grenadiers Joseph Bitterlin, qui paya de sa vie cet inexplicable attentat. La veuve reçut une pension de mille francs. 1

d) CHARLES-GUSTAVE D'AUTANE, né en émigration à Puget-Théniers le 26 février 1792, fut quelques mois après — 26 juillet — reçu chevalier de Malte de Minorité. 3 Il servit sous la Restauration clans les gardes du corps, la garde royale et l'infanterie de ligne qu'il quitta en 1825 pour prendre un emploi civil. 3

H. 1 — Le colonel d'Autane laissait deux fils en bas-âge:

L'aîné, CHARLES, marié à Saint-Paul-trois-Châteaux à N. Donneaud, a eu cinq enfants : RENÉ, JOSEPH, MATHILDE, LOUISE et MARIE, dont aucun n'a fait souche. Mlle Marie d'Autane, seule, vit à Saint-Paul-trois-Châteaux en 1927.

Le cadet : MARIE-CHARLES-ANATOLE-AUGUSTIN-LOUIS, fit ses études au collège de Vendôme, entra dans l'administration des Télégraphes, fit les campagnes de Crimée et d'Italie comme officier payeur à la division Regnault de Saint-Jean-d'Angely. Ultérieurement il fut successivement inspecteur et directeur des Télégraphes dans l'Ardèche et dans le Tarn ; mort à Albi, en 1887, à 57 ans. Marié à Saint-Paul-trois-Châteaux avec Camille Monnet, décédée au même lieu en mars 1917.

I. — Du mariage d'Autane-Monnet sont issus trois enfants :

1 Ministère de la Guerre, Arch. administratives. — Historique du 3e régiment d'Infanterie. — L'Aviso de la Méditerranée, journal de Toulon, janvier à Avril 1830. — Moniteur Universel, 1830.

2 Raybaud. Histoire du Grand Prieuré de Saint Gilles, édit. Nicolas, tableau des réceptions, III, p. 271.

3 Ministère de la Guerre. Arch. administratives.

1 H, I, communication de M. F. de Marin de Carranrais.


242 AUGUSTE RAMPAL

FÉLICIEN, né en 1863, employé à la Banque de France à Marseille, décédé en 1890.

CHARLES-MARIE-JOSEPH, né le 4 mars 1869, marié à Marie-Marthe-Joséphine Séréna de Rey, fille unique de Louis de Gonzague-Marie-François-Xavier de Rey et de NoélieClaire-Joséphine Payan d'Augery, habite Forcalquier et le Prieuré d'Ardène par Saint-MicheL (B.-A.).

ALIX, veuve de François Buffet-Delmas, vit à Marseille, rue de Rome, 103 ; d'où deux enfants : Louis Buffet-Delmas, marié à N. de Boisséson, et N. Buffet-Delmas, célibataire, qui vit avec sa mère..

Auguste RAMPAL.


AUTANE ET SES SEIGNEURS 243

ANNEXES

A. — Extrait de la vie de Messire Jean Soanen évêque

de Senez

(Cologne, 1750, in 16, pp. 200-202)

Un prêtre de la Doctrine chrétienne (le P. d'Autane), issu d'une famille noble, mais fort pauvre, dans le diocèse de Sénez, avoit un proche parent en Pologne, qui désira de l'avoir auprès de lui, M. de Sénez consulté par le P. d'Autane, s'il iroit en Pologne, crut qu'il pourroit y faire quelque bien, et lui dit, allez-y. Peu de tems après y être arrive, on lui donna une cure d'un revenu considérable. Il n'oublia pas qu'il avoit une famille pauvre. Peutêtre aussi recueillit-il la succession de son parent qui étoit riche et fort âgé. Quoiqu'il en soit, il se servit des relations que MM. de Saint-Lazare ont en Pologne, pour faire tenir à M. de Sénez les aumônes qu'il vouloit faire à sa famille. Le supérieur lazariste du Séminaire de Marseille, étoit celui qui faisoit remettre l'argent à. M. de Sénez. M. de Marseille le sut et en fit un crime au Lazariste. Il fallut donc prendre une autre voye pour l'exécution de cette bonne oeuvre, comme nous l'apprend la lettre qui suit du Procureur Général de Saint-Lazare à Paris.

18 Octobre 1719.

« Monseigneur, j'ai déjà eu l'honneur de vous faire tenir quelque argent pour M. d'Autane, conseigneur d'Allons, par le Supérieur du Séminaire de Marseille. Mais comme il n'est pas actuellement à Marseille, et que d'ailleurs Monseigneur son évêque, qui en a eu connoissance, lui en a fait un crime, je lui ai promis de ne le point gêner. C'est pourquoi je supplie Votre Grandeur d'avoir la bonté de me faire savoir par quelle voye elle souhaite que je lui fasse tenir encore la somme de 600 livres pour M. le conseigneur d'Allons, en m'envoyant, comme cy devant, un récépissé double, afin que j'en garde un pour ma décharge, et que j'envoye l'autre en Pologne. Si Votre Grandeur a peine à trouver une lettre de change et quelle ait plus de facilité à toucher le montant en billets de banque, je ferai sur cela ce qu'elle souhaitera, argent ou billets de banque.

J'ai l'honneur... LAMI,

Prêtre de l'a Congrégation de la Mission.


244 AUGUSTE RAMPAL

B. — Etats des services de MM. d'Autane

I. — D'AUTANE JEAN-CHARLES-FRANÇOIS :

Sous-lieutenant au régiment de Lorraine Infanterie, 27 novembre 1774 ; — affecté à la compagnie de chasseurs 4 juillet 1777 ; — passe aux grenadiers royaux du Lyonnais, 29 avril 1782 (compagnie attachée au régiment provincial d'artillerie de Grenoble).

" Cet officier, quoique jeune, a déjà des services dans un autre corps ; a également de la naissance et la plus jolie tournure. Il est beau-frère de M. le comte de Bardonnenche, mestre de camp commandant le régiment provincial d'artillerie de Grenoble, et il annonce être déjà en état de faire son service avec distinction. » — Duc de Clermont-Tonnerréj notes d'inspection, 1782.

Allocution de M. d'Autane, pour L'ordre de la noblesse, à l'assemblée des trois ordres de la sénéchaussée de Castellane, tenue le 3 avril 1789 en la chapelle des Pénitens bleus :

et Vous nous voyez ici en bien petit nombre pour qu'il nous soit possible d'exécuter les ordres du Roi dans tous les points ; mais nous ne voulons pas vous laisser ignorer combien nous sommes portés à nous unir à vous pour faire à notre Maître le sacrifice de nos biens. L'acquittement de la dette nationale nous intéresse tous et tous les ordres doivent en partager le fardeau. Notre voeu, MM. est que tout impôt pécuniaire soit perçu également sur tous les biens des trois ordres ».

II. — D'AUTANE MARIE-RENÉ-CHARLES-MARC-ANTOINE, né le 14 avril 1787 au château d'Allons, sénéchaussée de Castellane, Provence (Basses-Alpes), fils de Jean-Charles-Françoist ancien officier, et d'Abèle-Jeanne-Marie de Bardonnenche, marié à Marie-LouiseElizabeth-Antoinette de la Bruyère, le Ier juillet 1816 à Montélimar (Drôme), chasseur noble à pied à la 11e compagnie de l'armée de Condé, décembre 1800 ; — licencié, 29 mars 1801 ; — vélite au régiment de Vélites royaux d'Italie, 4 juillet 1806 ; — caporal, 29 octobre 1806 ; — sergent 1er mars 1807 ; — sous-lieutenant au 4e régiment italien d'Infanterie, 22 juin 1808 ; — lieutenant, 30, juin 1810 ; — capitaine, 21 décembre 1811 ; — licencié du service d'Italie, 31 mai 1814 ; — admis au service de France, capitaine au 10e régiment d'infanterie de ligne, 24 juin 1814 ; — capitaine au ier régiment de la Garde royale, 23 octobre 1815 ; — chef de bataillon, 30 octobre 1816 ; — chef de bataillon, affecté


AUTANE ET SES SEIGNEURS 245

au 7e régiment d'infanterie de ligne, 30 mai 1821 ; — chef de bataillon au 1er régiment de la Garde royale, 30 décembre 1822 ; — lieutenant-colonel du 7e régiment d'infanterie de ligne, 8 juin 1825 ; — colonel du 3e régiment d'infanterie de ligne, 28 août 1827 ; — tué à Toulon, par accident, 27 janvier 1830.

Campagnes : 1806 à 1808, Dalmatie ; — 1809, Allemagne ; — 1810, Tyrol ; — 1811 et 1812, Espagne ; — 1813, Saxe ; —1814, Italie ; — 1815, intérieur, armée du Midi.

Blessures : Deux coups de feu à l'aisselle et à la jambe gauche, le 23 août 1813, près de Berlin ; — grièvement blessé au pont de la Drôme, le 2 avril 1815.

Action d'éclat : en Espagne, à Murviedo (?), en reconnaissance avec une compagnie de voltigeurs, tombe dans un corps de trois mille Espagnols, se défend pendant cinq jours dans une maison mise en état de défense, et fait quelques prisonniers. Fut délivré au moment où on le croyait perdu.

Décorations et Pensions : Chevalier de la Légion d'honneur, 17 mars 1815 ; officier, 23 mai 1825 ; — chevalier de Saint-Louis, 16 novembre 1815 (avec rang du 6 avril où il reçut la croix à l'ambulance des mains du Duc d'Angoulême) ; — chevalier de la Couronne de fer, 24 décembre 1813 ; — pension de 2.000 fr. sur la cassette du duc d'Angoulême. (Moniteur, 10 juillet 1818). La veuve eut une pension du roi de 1.000 fr., 30 mars 1830.

BIBLIOGRAPHIE : Historique du 3e régiment d'infanterie, — Rey de

Foresta ; le Procès de Joseph Bitterlin, Marseille, Imprimerie du

Sémaphore, 1830. in-8°. — Moniteur Universel, janvier, février et

avril 1830. — L'Aviso de la Méditerranée, Toulon, 30 janvier, 3 février,

février, mars et 2 avril 1830.

III. — D'AUTANE CHARLES-GUSTAVE, né à Puget-Théniers, comté de Nice, 26 février 1792 ; -— chevalier de Malte de minorité, 1er juillet 1792 ; — garde du corps du Roi, compagnie de Luxembourg, 27 juin 1814 ; — accompagne le roi à Gand, 1815 ; — chevalier de la Légion d'honneur, 22 août 1815 ; — sous-lieutenant au 1er régiment d'Infanterie de la Garde royale, 23 octobre 1815 ; — lieutenant au corps, 20 novembre 1816 ; — capitaine d'Infanterie de ligne, 27 juin 1818 ; — capitaine affecté au 49e régiment d'Infanterie, 16 mai 1821 ; — démissionnaire, 1825 ; — prend un emploi administratif.


246 AUGUSTE RAMPAL

APPENDICE

Origine provençale du Général Abel Douay 1

Le noble vaincu de Wissembourg appartient à nos provinces du Nord par son ascendance paternelle ; à la Provence par sa naissance et sa lignée maternelle ; à l'Alsace par son mariage et par sa mort.

Son père, né'à Amiens dans une famille d'artisans, le 23 août 1772, fut un valeureux soldat, aux brillants états de service. Incorporé vingt mois (1790-1792) au régiment de Barrois (91e régiment d'infanterie), puis rengagé aux volontaires de la Somme (15. mars 1793)j il guerroya d'abord en Vendée où il gagna l'épaulette, y fut blessé et y obtint une flatteuse citation ; il passa presque toute la période du Consulat et de l'Empire à l'armée d'Italie et y devint chef de bataillon, ne parut à l'armée du Rhin qu'en 1815 (blocus de Schlestadt), demeura au service sous la Restauration et prit sa retraite en 1834. Pendant son séjour en Italie, il se maria à Vérone, avec une Provençale, fille d'émigrés, Mlle Alix-Charlotte d'Autane, et ce mariage fut ménagé par une noble dame de la ville, la comtesse Mosconi, à la famille de laquelle venait de s'allier un futur maire de Marseille, le marquis de Montgrand, auteur d'une bonne traduction française des Fiancés de Manzoni. Son régiment, le 1er de ligne, étant rentré en France en 1807, vint tenir garnison à Draguignan, ancienne ville comtale, puis siège de sénéchaussée et chef-lieu du département du Var. C'est là que Mme Douay mit au monde, le 2 mars 1809, le deuxième de ses enfants — le premier fut une fille, Adélaïde, plus tard dame de Saint-Denis —, et le premier de ses garçons, Charles-Abel.

Un journaliste, 2 s'est avisé, voici près de quarante ans, de donner à la naissance du général Douay un cachet romanesque : la mère aurait accouché brusquement le jour de Pâques pendant l'office, dans une chapelle rurale, et cette circonstance aurait valu

1 La notice qui suit a été communiquée au Congrès des Sociétés Savantes tenu à Strasbourg en 1920, et était demeurée inédite. C'est pourquoi nous croyons pouvoir l'insérer ici.

2 Fulbert Dumonteil, Petit Marseillais, 6 avril 1800, dimanche de Pâques.


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à Douay dans sa famille et parmi les troupiers d'Afrique le sobriquet d'Alleluia. En réalité, la famille n'a gardé aucune trace ni souvenir de pareille légende, et la date de la naissance — 2 mars — la controuve absolument, la fête mobile de Pâques ne pouvant figurer au calendrier qu'entre les dates extrêmes du 22 mars et du 24 avril.

A propos des noms de l'enfant, signalons l'usage administratif d'individualiser le général par son prénom d'Abel avec lequel il est entré dans l'histoire, pour le distinguer de ses frères Gustave et Félix. En famille, on le désigna constamment sous celui de Charles, traditionnel chez les d'Autane. Celui d'Abel provenait de l'aïeule maternelle, Mme d'Autane, née de Bardonnenche, qui, lors des cérémonies du baptême célébrées à Casai, en Italie, le 3 octobre 1810, tint l'enfant sur les fonts avec son fils aîné, alors modeste lieutenant, et destiné à une fin tragique.

Après Charles-Abel, Mme Douay mit au monde plusieurs enfants, dont deux devaient parvenir à de haute grades dans l'armée : Gustave-Paul, né à Sienne, le 1er mars. 1810, tué à Solférino à la tête de son régiment, le 70e d'infanterie ; et Félix-Charles, né à Paris le 14 août 1816, qui fut aide-de-camp de Napoléon III et commanda le 7e corps d'armée en 1870. Elle mourut en 1818. Son mari, qui occupait alors un emploi sédentaire à Paris, plaça son fils: aîné au Collège Royal de Versailles ; celui-ci y fit toutes ses classes, de la septième aux mathématiques spéciales ; il remporta quelques succès, fut plusieurs fois lauréat en histoire, mais ne semble pas s'être placé hors de pair ; il concourut à la fois pour Saint-Cyr et l'Ecole Polytechnique et il ambitionnait celle-ci ; ayant d'abord été reçu à la première, il y entra, suivant

suivant conseils paternels, le 12 novembre 1827 ; il obtint en deuxième année les galons de sergent, mais ne les conserva pas et sortit de l'Ecole avec le n° 72 pour rejoindre le 54e régiment d'Infanterie à Toulon, où il était nommé sous-lieutenant.

Douay rejoint son corps au milieu de l'hiver, et fait étape à Aix-en-Provence, pour présenter ses hommages à un parent de sa. mère, l'archevêque de Richery, qui l'accueille avec bienveillance. Le prélat avait auprès de lui sa soeur, Mme Sauteron de Séranon, qui faisait, avec ses filles, les honneurs du palais épiscopal. La chronique de l'époque prétendait que le soir, quand l'archevêque

était rentré dans ses appartements, la jeunesse faisait volontiers un tour de valse avec les amis du voisinage. Le nouveau sous-lieutenant dut se mêler à ces ébats et aurait fixé son attention sur une de ses cousines; A peine installé à Toulon il priait son père de la demander en mariage. Le père répondit sagement qu'il fal-


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lait d'abord songer à avancer dans la carrière. Tandis que s'échangeait cette correspondance, Toulon devenait le théâtre d'un drame qui allait enlever au jeune officier un puissant protecteur.

Dans notre port méditerranéen tenaient alors en garnison deux régiments de ligne : le 3e et le 54°. Douay trouva à la tête du premier son oncle maternel et parrain, le colonel d'Autane. Celui-ci, tout en lui reprochant de n'avoir pas demandé à servir sous ses ordres, l'accueillit affectueusement et s'apprêtait à le traiter en fils quand il mourut dramatiquement le 27 janvier 1830. Au lieu de recourir aux chroniques contemporaines, cédons ici la parole à Douay :

« Toulon, 28 janvier 1830. — Mon cher papa. Pourquoi faut-il que je sois venu, à Toulon ! à peine avais-je le temps d'apprécier les bontés de mon oncle et de goûter le plaisir de vivre dans sa famille-si aimable qu'il faut le voir enlevé tout à coup et d'une manière si affreuse. Figures-toi que tout à l'heure, en revenant de l'exercice, nos deux régiments rentraient par la porte d'Italie ; le mien marchait en tête ; lorsque le 3e est arrivé à quelques centaines de pas de la porte, mon. oncle s'arrête et fait face à la colonne pour voir défiler sa troupe ; il voit un sergent de grenadiers quitter son peloton et courir vers la ville, il l'appelle et lui dit' de revenir à son rang. Celui-ci, au lieu d'aller reprendre sa place vient droit à mon oncle et lorsqu'il est auprès de lui il l'appelle : « Mon Colonel ! » Mon oncle se retourne et aussitôt le scélérat lui tire à bout portant et dans le ventre un coup de fusil chargé de trois balles. Mon pauvre oncle est tombé roide sur le coup, il n'a pas donné le moindre signe de vie et tout secours a été inutile. Juge un peu de l'embarras terrible où tout le monde était lorsqu'il a fallu apprendre cela à ma tante...

« Quelle perte inattendue et quel genre de mort ! Assassiné par un homme qu'il avait comblé de bienfaits ! Tout cela est inconcevable ; et si je n'avais pas moi-même pressé les mains déjà glacées de mon pauvre oncle, je ne pourrais pas y croire. Il n'y avait pas cinq minutes que je venais de serrer cette même main au moment où mon oncle, qui était toujours si gai, plaisantait encore avec moi. La ville est dans la consternation. Son régiment est accablé. Nous le sommes tous ». 1

L'auteur de l'attentat, Joseph Bitterlin, né à Pont-à-Mousson en 1805, était ouvrier ferblantier à Strasbourg quand il s'engagea au 3e de ligne le 31 mars 1822 ; il y devint sergent de grenadiers

1 Communication de M. Louis Douay.


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et était assez bien noté et apprécié du colonel quand il crut injustifiée une punition qui lui fut infligée pour négligence de tenue par l'adjudant Bécu, l autre Lorrain. Surexcité par cet incident, et peut-être pris de boisson, on le vit le jour du drame charger et décharger son arme, comme s'il méditait un suicide, sur le terrain 'd'exercice, où il ne fut pas commandé de manoeuvre. -Devant le Conseil de guerre de Marseille son avocat plaida la folie momentanée, mais ne put l'arracher à la peine capitale prononcée par 6 voix contre I. L'accusé réclama lui-même le châtiment suprême pour expier son crime et eut une attitude très courageuse et très digne tant en présence de ses juges que devant le peloton d'exécution. Il ne sut d'ailleurs fournir aucune explication de son acte : « Un instant avant de tuer le colonel, dit-il en pleurant sur la sellette, j'aurais donné ma vie pour sauver la sienne ». — « L'action que j'ai commise mérite la mort ; je l'attends avec résignation et je la subirai en soldat français ». — Il se banda les yeux, et commanda le feu : « Mes amis, ne me manquez pas, traitez moi en sergent de grenadiers ». 2

La ville de Toulon accorda une concession au cimetière communal pour recevoir la dépouille du colonel d'Autane. Le .«régiment fit ériger un monument qui subsiste au fond de l'allée centrale (et qu'il continuerait d'entretenir). La veuve fut ramenée dans sa famille à Montélimar par le jeune Douay, dont l'attitude en la circonstance donna lieu à cet éloge flatteur de Mgr de Richery : « L'affreux événement de Toulon nous a consternés. L'infortunée veuve est dans ce moment auprès de nous avec ses enfants et vous jugez de son extrême affliction. Votre excellent Charles l'a accompagnée de Toulon ici. Il s'est conduit comme un ange dans cette douloureuse circonstance ; il n'a quitté cette pauvre femme ni nuit ni jour et lui a prodigué les plus tendres soins ; aussi elle en est bien touchée et bien reconnaissante., je vous assure. Vous avez là un fils parfait. Nous l'aimons tous comme notre enfant, et il vous donnera, j'en suis sûr, toutes sortes de satisfactions... ». (à M. Douay père, Aix, 8 février 1830). 3

Rentré-dans sa garnison, le lieutenant Douay chercha-t-il à participer à l'expédition d'Alger ? Nous l'ignorons. Faut-il attribuer à une déception de cet ordre sa résolution de passer aux colonies ?

1 Ce militaire, en proie au remords d'avoir été la cause involontaire de la mort du colonel d'Autane, se suicida le 31 mars 1830. Aviso de la Méditerranée, 3 avril.

5 Rey de Foresta. Procès de foseph Bitterlin,

3 Communication de M. Louis Douay.


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ou bien l'arrivée au 54e régiment de son frère Gustave, sorti de Saint-Cyr en 1831, lui fit-elle entrevoir quelque inconvénient à la présence de deux frères dans la même unité (en fait, leurs biographes confondent leurs états de service) ? Quel qu'ait été le motif de sa décision, il fut nommé lieutenant le 1er février 1832, affecté au 1er régiment d'infanterie de marine et envoyé aux Antilles. Il en revint capitaine en 1838, après y avoir été rejoint par son frère Félix, qui, engagé à 16 ans dans la marine, permuta ensuite vers l'infanterie. A la création des chasseurs à pied à Saint-Omer, il fut affecté au 7e bataillon et passa avec lui plusieurs années à Strasbourg (1840-1844), au cours desquelles il se maria avec Mlle Héancre, petite-fille de ce Charles Schuhlmeister qui, à raison du concours qu'il prêta aux armées de Napoléon, a fixé l'attention d'un historien de mérite. Plus tard, il fut envoyé en Algérie, y commanda le 8e bataillon de chasseurs, à la tête duquel il assista à la soumission d'Abd-el-Kader et y demeura presque constamment jusqu'à sa nomination au grade de général de brigade. Il en remplit les fonctions à Lyon, puis en Italie, où il fut sérieusement blessé à Solferino, et derechef à Lyon où il reçut sa troisième étoile'. Il est inutile de revenir, eu Alsace, sur les circonstances de sa mort, elles sont connues de tous dans les moindres détails. 1

Douay laissait deux fils dont l'aîné, Charles-Louis, né à Strasbourg en 1844, ancien élève de l'Ecole Centrale (mort à Paris, 18 janvier 1898), vécut de bonne heure à l'écart de sa famille ; ramené, par atavisme ou par profession, vers le Nord, il eut un fils, GabrielJules, qui, très chargé de famille, mais sans postérité mâle, vivait péniblement à Lille avant la dernière guerre. Le cadet, M. Louis Douay, auquel nous devons la plupart des renseignements insérés ci-dessus, et qui fut présent à l'inauguration du monument de Wissembourg (16-18 octobre 1909), habite Nice où la guerre l'a trouvé officier d'artillerie de réserve et fonctionnaire d'une administration semi-publique (Cie des Eaux de Nice). Ainsi chacun des fils d'Abel Douay est retourné vers les provinces où leurs ancêtres ont vécu de longs siècles.

On a maintes fois confondu les états des services des trois frères Douay 3 ; c'est pourquoi nous les insérons ci-après à la suite de ceux de leur père.

1 Cf. les Histoires de la Guerre Franco-allemande : Rousset, Palat. — Le monument de Wissembourg, etc.

2 P. ex. Dick de Lonlay. Français et Allemands. - Wetterlé. Discours de Wissembourg ; Grande Encyclopédie, V° Douay (Charles Abel).


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Etats signalétiques et des services

I. — DOUAY LOUIS-CHARLES-BARTHÉLEMI, né le 25 août 1772 à Amiens, fils de Noël, marchand tapissier et de Marie-Anne Corbillon. Incorporé au régiment de Barrois (devenu 91e régiment d'Infanterie), 29 novembre 1790 ; — caporal, 31 mars 1791 ; — fourrier, 15 avril 1792 ; — libéré, 31 août 1792 ; — volontaire au 8e Bataillon de Volontaires de la Somme, 15 mars 1793 ; — sous-lieutenant, 1er mai 1793 ; — (incorporé dans la 30e demi-brigade légère) lieutenant, 5 mai 1793 ; — adjudant-major, 29 avril 1794 ; — démissionnaire, 13 février 1797 ; — rentré au service comme adjudant-major capitaine au 1er bataillon auxiliaire de la Somme, 2 août 1799 ; — incorporé à la 1re demi-brigade légère d'infanterie de ligne, 5 février 1800 ; — passe dans le recrutement, employé en Italie, 1er septembre 1807 ; — chef de bataillon au 101e régiment d'infanterie, 28 janvier 1813 ; — licencié, 1er février 1816 ; — major de la légion des Basses-Alpes, 27 mars 1816 ; — passé comme capitaine commandant à la 9e compagnie des sous-officiers sédentaires à Bicêtre, 27 mai 1819 ; — passé à la 1re compagnie à Paris, 1er janvier 1824 ; — retraité, ordonnance du 23 juillet 1834.

Campagnes : 1792, aux Alpes-Maritimes ; — de 1793 à 1797, aux aimées de l'Ouest ; du 2 août 1799 au 21 mai 1801, et du 23 septembre 1805 au 1er septembre 1807, armée d'Italie ; — 1815, armée du Rhin (bloqué dans Schlestadt).

Blessures : coup de feu à la jambe droite à Châtillon, le 11 octobre 1703 ; — deux coups de sabre, dont un à la tête et l'autre au bras gauche dans la forêt de Prince, près le Port-Saint-Père, le 8 juin 1794.

Déccratuns : membre de la Légion d'honneur, 1er novembre 1804; officier le 12 octobre 1813 ; chevalier de Saint-Louis le 7 octobre 1814.

Action d'éclat : le 29 mai 1794, étant à la découverte de l'ennemi, il fut pris par un peloton de 12 hommes au débouché d'un bois, ayant pris les devants de sa compagnie ; il ne voulut pas se rendre et, en criant : « A moi, grenadiers ! » il tua à coups de sabre deux hommes, en blessa deux autres, et le reste s'enfuit.

II. — DOUAY CHARLES-ABEL, né le 2 mars 1809, à Draguignan (Var), fils de Charles-Louis-Barthélemy et d'Alix-Charlotte d'Autane, marié le 3 novembre 1842 [à Strasbourg] à Lina-Aimée-Louise Héancre (autorisation ministérielle du 11 octobre 1842).


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Elève à l'école spéciale militaire, 12 novembre 1827 ; — caporal, 1er décembre 1828 ; — sergent, er mars 1829 ; remis élève, 28 avril 1829 ; — sous-lieutenant au 54e régiment d'infanterie, 1er octobre 1829 ; — lieutenant au 1er régiment d'infanterie de marine, 29 février 1832 ; — capitaine, 30 août. 1836 ; — capitaine adjudant major, 29 janvier 1837 ; — passé au 45° régiment d'infanterie de ligne, 18 juin 1838 ; - capitaine au 7e bataillon de chasseurs à pied, 27 octobre 1840 ; — chef de bataillon au 9e régiment d'infanterie de ligne, 11 septembre 1844; — commandant le 8e bataillon de: chasseurs à pied, 10 novembre 1847 , — lieutenant-colonel du 43e régiment d'infanterie de ligne, 11 décembre 1848 ; — commandant supérieur du cercle de Philippeville, 7 juillet. 1850; — rentré avec le corps en France, 8 janvier 1851 ; — colonel, 7 janvier 1852 ; — passé au 65e régiment d'infanterie de ligne, 23 octobre 1852 ; — commandant par intérim la subdivision de Blidah, 3 septembre 1854 ; — commandant la subdivision d'Orléansville, 8 décembre 1854 ; — général de brigade, 28 décembre 1855 ; — commandant la 2e brigade de la 2e division d'infanterie de l'armée de Lyon, 9 janvier 1856 ; — commandant la 1re brigade de la 1re division d'infanterie du 4e corps de l'armée d'Italie, 25 avril 1859 ; — commandant une brigade d'infanterie à Paris, 17 août 1859 ; — Commandant une subdivision du Rhône et la place de Lyon, 17 mars 1860 ;— général de division, 12 août 1866 ; — commandant la 7e division militaire, 24 août 1866 ; — inspecteur, général du 13e arrondissement d'infanterie, 25 mai 1867 ; - inspecteur général du 16e arrondissement d'infanterie, 8 avril 1868 ; — commandant la 2e division d'infanterie du 2e camp de Châlons, 9 juillet 1868 ; — a repris le commandement de la 7e division militaire, 15 septembre 1868 ; — inspecteur général du 6° arrondissement d'infanterie, 26 mai 1869 ; — inspecteur général du 15e arrondissement d'infanterie, 18 mai 1870 ; — commandant la 2e division d'infanterie du 1er corps de l'armée du Rhin, 17 juillet 1870 ; — tué à la bataillé de Wissembourg, 4 août 1870.

Campagnes : du 11 avril 1832 au 10 octobre 1837, Martinique et Guadeloupe ; — du 28 septembre 1847 au 8 janvier 1851, et du 7 mai 1854 au 12 février 1856, Algérie ; — du 25 avril au 5 août 1859, Italie ; — 1870, contre l'Allemagne.

Blessures : coup de feu au pied gauche le 24 juin 1859, à la bataille de Solférino. 1

1 Le projectile ne put être retiré qu'au bout de plusieurs-années, quand le général tenait garnison a Lyon. Moniteur de l'armée. Cf. Mémorial de la Loire, 27 mars 1865.


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Décorations : chevalier de la Légion d'honneur, 14 août 1842 ; officier, 8 août 1858 ; commandeur, 15 juillet 1859 ; grand officier, 24 décembre 1869 ; — médaille d'Italie ; — chevalier de l'ordre de Léopold de Belgique (autorisation du 27 juillet 1841) ; — grand Croix de l'ordre pontifical de Saint-Grégoire le Grand (autorisation du 26 mai 1868).

Acte de Naissance : Draguignan — Etat civil — 1809 — n° 68.

Du 6 mars 1809. Acte de naissance de Charles-Abel Douay, né le deux à sept heures du soir, fils de Charles-Louis-Barthélemy, capitaine du 1er régiment de ligne, membre de la Légion d'honneur,

en garnison en cette ville, et d'Alix-Charlotte d'Autane, son épouse. Témoins : Charles-Marie Brun-Favas, propriétaire, 35 ans, et François

François lieutenant au 1er régiment de ligne, 46 ans, en garnison en cette ville.

BIBLIOGRAPHIE : Le monument français de Wissembourg, Strasbourg, 191.0. — Edgar Hepp, Wissembourg au début de l'invasion de 1870. Récit d'un sous-préfet, Paris, Berger-Levrault, 1887. — Général Pellé, Historique de la 2e division du 1er corps de l'armée . du Rhin. — Commandant Rousset, Histoire générale de la guerre franco-allemande, 1870-1871. — Pierre Lehaucourt (général Pallat), Histoire de la guerre de 1870-1871, III, Paris, Berger-Levrault, 1903. - Pierre de la Gorce, Histoire du Second Empire, Paris, Pion. — De Bazancourt, la Campagne d'Italie, II. — Dick de Lonlay, Frangeais et Allemands, II. — Historiques des 7e et 8e bataillons de chasseurs à pied.

Le Petit Marseillais, n° du 6 avril 1890 ; — le Gaulois, août 1895 ; — La Dépêche de Lille, l'Echo de Paris, mars 1911...

III. — DOUAY GUSTAVE-PAUL, né le 1er mars 1811 à Sienne (Toscane), fils de Charles-Louis-Barthélemy, capitaine de recrutement, et de Marie-Charlotte-Alix d'Autane.

Elève à l'école spéciale militaire, 11 novembre 1828 ; — souslieutenant au 54e régiment d'infanterie de ligne, 101 octobre 1831 ; - lieutenant, 9 avril 1S38 ; — capitaine, 19 juillet 1845 ; — capitaine adjudant major, 13 mars 1847 ; — major au 6e régiment d'infanterie légère, 9 janvier 1852 ; —- chef de bataillon au 11e régiment de ligne, 24 décembre 1853 ; — commandant le 17e bataillon de chasseurs à pied, 25 décembre 1853 ; — lieutenant-colonel au 80e régiment d'infanterie, 30 juin 1855 ; — passé au régiment de voltigeurs de la Garde.impériale, 11 mars 1857 ; — colonel commandant le 70e régiment d'infanterie de ligne, 17 mars 1858 ; — tué à la bataille de Solférino, 24 juin 1859.


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Campagnes : 1851, France ; du 4 décembre 1854 au 17 décembre 1855, Crimée ; - 1858, Algérie ; — 1859, Italie.

Blessures : a eu la jambe droite fracturée par une balle le 7 juin 1855, au siège de Sébastopol.

Décorations : chevalier de la Légion d'honneur, 9 août 1854 ; — médaille de Crimée.

Citations : Cité par le général en chef de l'armée d'Orient le 15 juin 1855 pour s'être fait remarquer particulièrement par sa bravoure à l'enlèvement de vive force des rédoutes russes en avant de Sébastopol le 7 du même mois.

IV. — DOUAY FÉLIX-CHARLES , né le 14 août 1816 à Paris, fils de Charles-Louis-Barthélemy et de Alix-Marie-Antoinette (sic) d'Autane, époux de N. Lebreton.

Volontaire à la 2e division des équipages de ligne, 16 décembre 1832 ; — fourrier de 3e classe de ligne, 12 mars 1834 ; — caporal fourrier des régiments de la marine, 1er août 1835 ; — sergentfourrier, 11 octobre 1835; — passé au 1er régiment de la marine, 21 novembre 1835; — sergent-major, 16 juin 1837 ; — adjudant, 1er septembre 1838 ; — sous-lieutenant, 10 octobre 1838 ; — passé au 1er, régiment d'infanterie de marine, 1er juin 1839 ; — lieutenant, 8 octobre 1840 ; - capitaine au 2e régiment d'infanterie de ligne, 8 février 1845 ; — chef de bataillon au 22e régiment d'infanterie légère, 26 juillet 1849 ; — chef de bataillon an 68e régiment de ligne, 20 janvier 1850 ; — lieutenant-colonel au 20e régiment d'infanterie de ligne, 14 janvier 1853 ; — passé au 2e régiment, de voltigeurs de la Garde impériale, 6 mai 1854 ; — colonel du 50e régiment d'infanterie de ligne, 26 juin 1855 ; — colonel du 2e régiment de voltigeurs de la Garde impériale, 11 août 1855 ; — général de brigade, 10 juin 1859 ; — commandant la 1re brigade de la 2° Division du 1er corps de l'armée d'Italie, 16 juin 1859; — commandant la subdivision de la Somme, 17 août 1859 ; — commandant la 2e brigade de la 3e division d'infanterie au camp de Châlons, 28 avril 1860 ; — inspecteur général du tir, 2 octobre 1860 ; — commandant une brigade du corps expéditionnaire du Mexique, 15 mars 1862 ; — commandant provisoirement la 2e division d'infanterie, 10 novembre 1862 ; — général de division dans le même commandement, 14 janvier 1863 ; - inspecteur général pour 1865 du 26e arrondissement d'infanterie au Mexique, 25 avril 1865 ; — commandant la 1re division d'infanterie du corps expéditionnaire du Mexique, 1er juillet 1865 ; — inspecteur général pour 1866 du 28e


AUTANE ET SES SEIGNEURS 255.

arrondissement d'infanterie au Mexique, 2 mai 1866 ; — rentré en France, 24 mars 1867 ; — commandant la 4e division d'infanterie du camp de Châlons, 28 avril 1867 ; — inspecteur général pour 1867 du 12e arrondissement d'infanterie, 25 mai 1867 ; — commandant la 1re division d'infanterie du 1er corps d'armée à Paris, 16 août 1867 ; — aide-de-camp de l'Empereur en gardant ce commandement, 4 avril 1868; — inspecteur général pour 1868 du 3e arrondissement d'infanterie, 8 avril 1868 ; — inspecteur général pour 1869 du 3e arrondissement d'infanterie, 26 mai 1869; — inspecteur général pour 1870 du 3e arrondissement d'infanterie, 18 mai 1870 ; — commandant le 7e corps de l'armée du Rhin, 17 juillet 1870 ; — prisonnier dé guerre, 2 septembre 1870 ; — rentré de captivité, 20 mars 1871 ; — commandant le 5e corps de l'armée de Versailles, 20 avril 1871 ; — commandant le 4e corps de l'armée de Versailles, 24 avril 1871 ; — membre du Comité de défense, 11 juin 1873 ; — commandant le 6e corps d'armée à Châlons, 28 septembre 1873 ; — réunit à son commandement celui de la 4e (plus tard 6e) division militaire, 16 août 1874 ; — disponible, et le même jour inspecteur général de corps d'armée, 11 février 1879 ; — décédé à Paris (maison des FF. de Saint-Jean de Dieu, rue Oudinot), 4 mai 1879.

Campagnes : 1833, à bord du vaisseau. l'Orion ; — du 13 juillet 1834 au 31 juillet 1835 à bord du brick, le Lutin ; — du 21 novembre 1835 au 2 janvier 1837, Martinique ; — du 5 janvier 1837 au 30 août 1843, Guadeloupe ; — du 18 mars 1845 au 27 juin 1848, Algérie; — 1849, Rome ; — 1850 à 1853, Algérie ; — du 2 avril au 17 juin 1854, Crimée ; — d'avril au 29 décembre 1855, Crimée; — 1859,. Italie;— de mars 1862 au 24 mars 1867, Mexique; — 1870, contre l'Allemagne ; — 1871, intérieur.

Blessures : coup de baïonnette à l'avant-bras gauche et une légère blessure à la partie Inférieure et externe de l'humérus du même côté, sous les murs de Rome, 30 juin 1849 ; — blessure légère à la cuisse le 24 juin 1859, à la bataille de Solférino [a eu deux chevaux tués sous lui].

Citations : Ordre du jour de l'armée, 28 mai 1855 : pour s'être fait particulièrement remarquer dans les combats de nuit du 22 au 24 mai. 1855 devant Sébastopol; — ordre général de l'armée 17 août 1855, n° 21 : pour sa conduite particulièrement brillante dans le combat du 16 août 1855 sur la Tchernaia (Crimée) ; — ordre général du corps expéditionnaire du Mexique du 25 décembre 1864 pour l'habileté dont il a fait preuve dans la conduite des opérations de la campagne du Sud contre les troupes du général Ortéaga.


256 AUGUSTE RAMPAL

Décorations : chevalier de la Légion d'honneur, 10 décembre, 1851; — officier, 22 août 1855 ; - commandeur, 15 juillet 1859 ; — grand officier, 13 mars 1864 ; — grand'croix, 18 juillet 1871. — Médailles d'Italie, du Mexique, de Crimée.

Chevalier de l'ordre pontifical de Pie IX (autorisation du 4 juin 1850) ; — chevalier compagnon de l'ordre du Bain (Aut. 26 avril 1856) ; — décoration de 3e classe de l'ordre du Medjidié de Turquie (Aut. 17 avril 1857) ; — décoré de la médaille de la valeur militaire de Sardaigne (Aut. 10 juin 1857) ; — grand'croix de l'ordre mexicain de N.-D. de Guadaloupe (Aut. du 5 août 1867) ; --- décoration de 1re classé de l'ordre de la Couronne de fer d'Autriche (Aut. 31 mars 1868).

De son mariage avec Mlle Lebreton, fille d'un général, député d'Eure-et-Loir et questeur de la Chambre des députés, Félix Douay a eu: une fille mariée en 1885 à Charles Walewski, d'abord diplomate et fils du ministre des Affaires étrangères de Napoléon III, lors du Congrès de Paris. Le comte Walewski, étant secrétaire d'ambassade à Londres à la déclaration de guerre de 1870, résigna ses fonctions pour s'engager dans un régiment de mobiles et poursuivit, après la paix, la carrière militaire dans la légion étrangère puis dans l'infanterie métropolitaine, et se retira comme officier supérieur. Il occupa un poste d'inspecteur du personnel du Crédit Lyonnais à Paris et y est mort en 1918 (ou 1919). Il fut quelque temps officier d'ordonnance du maréchal de Mac-Mahon.


HISTOBIETTES MARSEILLAISES

I

Histoire d'une Vieille maison

L'histoire générale est formée, a-t-on dit, d'une multitude de détails, d'historiettes recueillies par ceux qui ont le soin de les noter au cours de leurs recherches. Aussi faut-il être très reconnaissant envers ces bibliomanes, ainsi que s'intitule très modestement notre érudit confrère M. de Barbarin, quand ceux-ci veulent bien nous communiquer les pièces intéressantes qui se trouvent dans leurs collections. C'est ainsi qu'un jour, à nos 5 à 7 du mardi, M. de Barbarin me confia très aimablement l'acte qui me permet aujourd'hui de vous faire cette comimunication. C'est donc à lui, si elle vous intéresse, qu'il faudra manifester votre gratitude.

Vous Connaissez tous, pour avoir franchi, au moins une fois dans votre vie, le seuil du bureau de tabac, dit la Civette du Chapitre, la maison qui occupe le coin des allées des Capucines et de la rue Saint-Bazile. Elle était ombragée jusqu'au printemps de 1926 par une rangée de beaux platanes disparus en pleine sève de par un ukase municipal.

Cette maison, portant actuellement le n° 75 des allées Léon-Gambetta, appartenait, nous dit l'état comparatif de l'ancien numérotage de Marseille par îles et sections, publié


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en 1809, à la section 23, île 13, numéro 19, du Champ du 10 août, et le numéro 69 des Allées de Meilhan dans le nouveau numérotage.

L'île 13 comprenait tous les terrains situés hors des remparts, à gauche de la place des Fainéants, au-delà de la lisse du même nom, boulevard Dugommier actuel. Ils formaient un vaste espace triangulaire dont la pointe aboutissait en face de l'église des Réformés et dont les grands côtés étaient les Allées de Meilhan et le chemin traversier aboutissant au vieux chemin de la Madeleine.

Dans la partie élargie se trouvaient surtout les bâtiments et les jardins du couvent des Capucines. Le sommet du triangle était formé de jardins et de terrains à bâtir. Il appartenait à la fin du XVIIIe siècle au représentant d'une vieille famille parisienne devenue marseillaise par le mariage, en 1610, de Pierre Lemaître seigneur des Brosses, capitaine au régiment de Champagne, avec Clarisse d'Altovitis, soeur cadette de la fameuse Marseille d'Altovitis. Elle lui apporta en dot la seigneurie de Beaumont dans le quartier de Saint-Julien. Les noms des rues Lemaître et Beaumont, tracées depuis dans ces terrains, rappellent de nos jours leur souvenir.

Tout au sommet de l'île 13 se trouvait une maison « faisant coin au vieux chemin de la Madeleine qu'elle confronte du levant, confrontant en outre du midi les dites allées de Meilhan, du couchant la dite maison acquise par le citoyen Second faisant le N° 18 de ladite île et du septentrion chemin traversier aboutissant au vieux chemin de la Madeleine ».

En 1795, à la suite du partage de la succession de JeanFrançois Lemaistre entre ses enfants, Nicolas-Jean-André et ses soeurs Marie-Anne, Marie-Hippolyte-Elise et MarieThérèse-Adélaïde, cette maison devint la propriété indivise


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de ces trois jeunes femmes. Comme elles étaient majeures, soit pour faire cesser l'indivision, soit pour tout autre motif, elles décidèrent de s'en défaire. Pour cela, au lieu de la mettre en vente, elles eurent recours à un procédé peu banal pour retirer le plus d'argent possible d'une maison de faubourg à cette époque, éloignée du centre des affaires. Elles mirent tout simplement cette maison en loterie. Il y eut 830 billets à 12 livres chacun. Leur vente donna un total de 9.950 livres, somme assez rondelette à ce moment. Si nous nous en rapportons à d'Avenel, la livre de 1795 valait 0 fr. 95 centimes d'avant-guerre. Aux prix actuels quintuplés, cette somme donnerait environ 47.310 fr., prix auquel, vu la situation actuelle de la maison, nous nous porterions tous acquéreurs, ne dut-elle servir qu'à abriter nos collections de revues et nos livres.

Tous les billets étant placés, le tirage de la loterie eut lieu le 4 fructidor an V (21 août 1797), par devant Me Pons, notaire « dans la, salle principale de l'administration municipale de la section du midi de ce canton, en présence de deux administrateurs municipaux ainsi que desdites venderesses et du public assemblé avec toutes les formalités d'usage ».

Le tirage d'un tel gros lot. important pour l'époque avait dû attirer, en plus des propriétaires de billets, une nombreuse affluence. Les coeurs devaient battre fortement au moment où le traditionnel orphelin plongeait sa main dans l'urne aux 830 numéros. Ce fut le numéro 489 qui sortit. L'heureux bénéficiaire était « le citoyen Jean Amman, commis de négociant, originaire de Schaffouse en Suisse, demeurant en cette commune depuis au-delà 20 années, logé présentement rué de la Providence, maison 409, île 20, arrondissement I ».


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Le lendemain, le gagnant se rendait chez le notaire pour passer avec les demoiselles Lemaistre l'acte de désemparation de la maison que nous a communiqué M. de Barbarin. Après avoir déclaré « l'avoir vue, visitée aujourd'hui dans toutes ses appartenances, droits et dépendances, et de laquelle il est instruit qu'il se trouve exceptée une suspente supérieure de l'ancien magasin sur le fond, enclavée et dépendant d'une autre maison, pu est un four à cuire le pain, acquise des citoyennes Lemaistre par la citoyenne Magdeleine Second, veuve de Jean Mumine Monges, le citoyen Jean Amman est déclaré en être dorénavant propriétaire ».

Cependant, bien que la prise de. possession fut fixée au 1er Vendémiaire suivant, Jean Amman ne put pas venir « en jouir et disposer » tout de suite « à ses plaisirs et volontés ». En effet, dit l'acte, cette maison « est tenue en arrentement par le citoyen Jean Féraud, boulanger de cette commune, au loyer annuel de 400. livres, suivant le bail existant dont le citoyen Amman a également connaissance' et qu'il sera tenu d'entretenir en conformité des conditions de la loterie énoncées dans le verbal du tirage. Cet arrentement est de toute la maison lotie, à l'exception du magasin ou boutique au rez-de-chaussée prenant entrée sur les allées, qui est arrenté séparément de ladite maison au loyer annuel de 66 livres au citoyen Roux, dont le bail sera observé sur ce pied pour l'année prochaine ».

Somme toute, défalcation faite pour la première année, des frais d'enregistrement qui atteignaient 400 livres, le bon Suisse avait gagné pour ses douze livres de capital un revenu annuel de 466 livres, en attendant de pouvoir jouir d'un appartement plus hygiénique que celui qu'il occupait dans la rue de la Providence.


HISTOIRE D'UNE VIEILLE MAISON 261

Jean Amman conserva cette propriété jusqu'en 1819. A cette date, la maison passe, nous indique le cadastre, aux mains de Reynoard père (Jean-François). Celui-ci la revendit en 1827 à Meissel (André-Etienne). Le revenu cadastral fut pendant toute cette période de 167 francs. Il' serait facile de retrouver les propriétaires successifs jusqu'au dernier: la ville de Marseille, en vue, dit-on, d'une démolition prochaine.

Telle qu'elle est, avec ses quatre fenêtres à chacun des trois étages, ses,deux magasins dont encore une boulangerie, et son annexe de la Civette, cette maison a toujours fort bon aspect. Si sa démolition future est regrettable pour les locataires auxquels l'arrachage des platanes a donné du soleil à l'excès, il n'en est pas de même pour l'utilité générale du public marseillais. Sa disparition permettra de compléter l'allure de grande voie américaine donnée déjà à tout ce quartier par le rétrécissement du berceau de verdure des Allées. Elle permettra surtout de donner une perspective plus étendue aux Danaïdes de la fontaine du Chapitre, de faciliter les évolutions et peut-être aussi l'allure des taxis marseillais dans la traversée mouvementée de ce carrefour des Réformés, auquel la juste postérité donnera sans doute, un jour lointain, le nom de l'édile qui l'aéra si fortement, à moins que les piétons marseillais ne le baptisent, d'après sa qualité principale, le désert du Sahara. Ad huc sub judice lis est.

Dr L. MALZAC.


BIBLIOGRAPHIE

DE GÉRIN-RICARD (H.) et ISNARD (Emile). — Actes concernant les vicomtes de Marseille et leurs descendants. Monaco, Archives du Palais et Paris, Aug. Picard, 1926, 1 vol. LXX-331 p. (Edité dans la Collection des textes pour servir à l'histoire de Provence, publiée sous les auspices de S. A. S. le Prince Louis II de Monaco).

Cet ouvrage n'est pas uniquement un recueil de textes intégralement reproduits ou simplement analysés. C'est presque une histoire de cette vieille famille vicomtale de Marseille qui, du Xe au XIIIe siècle, a exercé sur la ville une véritable souveraineté. C'est donc une importante contribution à cette histoire de la plus ancienne cité des Gaules qui, avant d'être écrite d'une façon définitive doit être précédée de nombreux travaux de détail. L'origine des vicomtes, leur rôle politique et leur dépendance font l'objet d'une copieuse introduction qui éclaire les tableaux généalogiques et les textes qui la suivent.

'L'histoire féodale de la Provence ne trouvera pas moins son compte dans cette publication où fourmillent tant de noms de familles ou de fiefs. Les chercheurs qui sauront tirer parti de cette utile publication — ce qui n'est point difficile étant donné son plan judicieux — y recueilleront quantité d'indications utiles d'ordre géographique et généalogique résultant de textes les plus divers dont bon nombre se trouvaient inédits. Leur mise à jour à nécessité de longues et laborieuses recherches dans les dépôts d'archives publiques ou privées de France et de l'étranger, sans parler du dépouillement bibliographique en vue du relevé des documents déjà mentionnés ou publiés ailleurs.

Pour être pleinement utilisable, un tel ouvrage doit être muni de bonnes tables. Les auteurs l'ont bien compris et leur rubrique des noms de personnes et de lieux est des plus complètes. Cette publication méritait à tous égards la récompense qui lui a été attribuée par l'Institut au concours des antiquités nationales — J. F.


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VOLLE (Joseph). — Nos Précurseurs. — Histoire des sociétés excursionnistes marseillaises antérieures à la création de la « Société .des Excursionnistes marseillais ». Aix-en-Provence, Nicollet, imp., 1923-26. Un vol. in-8°.

De vieille famille marseillaise. M. Voile est un amoureux fervent de sa ville natale, de la Provence tout entière. Il les parcourt dans tous les sens, se rendant, en bon excursionniste, félibre et archéologue, tous les dimanches dans tous les lieux où il peut voir, photographier ou fêter même quelque chose de provençal. Tout doucement, ce timide, avec une volonté cependant très ferme, réunit une collection de documents historiques, littéraires ou photographiques dont l'importance sera considérable.

A ces qualités d'amateur averti, M. Voile ajoute celles, beaucoup plus administratives, d'inspecteur de l'enregistrement. Pour lui, les inventaires n'ont pas de secrets. Le dernier qu'il vient de dresser, intitulé « Nos Précurseurs », est un modèle du genre. En parcourant ces pages publiées d'abord en tronçons et réunies aujourd'hui en un volume de 280 pages, on peut prendre une connaissance complète du mouvement excursionniste" à Marseille avant la création de la grande société actuelle. Très justement, M. Voile en est un des dignitaires et un des chefs d'excursion les plus suivis.

Après avoir, dans sa première partie, donné une courte histoire générale de l'excursionnisme à Marseille, cet auteur laisse ensuite parler les documents qu'il a classés très méticuleusement. Le dossier administratif des Chevaliers de l'Etoile, celui des Franc-caminaïres prouvençaou en particulier, passent sous nos yeux pièce à pièce: Il nous fait connaître à fond tous ces joyeux lurons, souvent poètes, mais toujours amateurs de leur bien-être. Pour eux, semble-t-il, la promenade au grand air est un prétexte à faire bonne chère et joyeuse beuverie. Heureux temps où l'on pouvait chanter le Cabanon ou des ballades aux étoiles après avoir absorbé, à quarante-huit excursionnistes: 8 dindes à 3 fr. 75, 10 paires de poulets à 55 sous, 10 paires de pigeons à 45 sous, 22 livres de merlan à 13 sous, sans compter 8 gigots, les pâtés et le reste ! Le tout cependant ne coûtait à nos heureux prédécesseurs que 13 fr. 40 par tête! Et l'on regrette, en lisant ces énumérations gargantuesques en ce temps de vie chère, même avec la stabilisation future du franc, de n'avoir pu accompagner à Cassis les Francs-caminaïres prouvençaou pour se griser avec eux du bon soleil cher aux cigales, ou du muscat chanté par Calendal : « N'escoulariéu un fiasco aro se lou teniéu ». C'est une satisfaction toute morale, hélas ! que nous procure M. Volle en nous faisant connaître ces excursionnistes du


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temps passé. Il n'essaye pas d'influencer notre opinion par des commentaires superflus. Le procès, d'ailleurs, sur le vu des pièces réunies avec tant de patience, est gagné d'avance. La bibliographie de toutes ces sociétés est désormais bien établie. — Y. Z.

KASSAB (Jacques). — Le Coton en Egypte. — Tome 1er, Aix, Nicollet, 1925. Un vol. in-8°.

Voici un ouvrage de géographie économique pure, qu'on nous excusera d'analyser ici à grands traits. La Société de statistique, cette historienne archéologue, est une grande dame qui se souvient de ses origines et se donne, à l'occasion, la coquetterie d'y revenir. N'oublions pas pourtant de dire que ce livre contient une importante partie historique qui intéresse Marseille et l'histoire de la colonisation française.

A l'heure où le problème, de l'alimentation en textile des filatures se pose impérieusement devant les industriels occidentaux, il était bon qu'un spécialiste vînt apporter une étude substantielle et méthodique du coton dans la vallée du Nil, puisque l'Egypte se classe aujourd'hui au troisième rang des Etats producteurs. M. Kassab n'a pas manqué de retracer l'historique de cette culture au pays des Pharaons, et de rendre justice aux remarquables efforts accomplis par Méhémet-Ali, avec l'aide des Français, dans le premier tiers du XIXe siècle. Puis l'auteur étudie les conditions d'ordre physique et humain de l'Egypte cotonnière, composition des sols arables, fumure, irrigation ; à signaler ici quelques pages du plus haut intérêt sur la crue du Nil, les barrages-réservoirs et la distribution de l'eau. La vie de la plante est ensuite observée pas à pas, des semailles à la récolte. Un deuxième tome nous apportera vraisemblablement des renseignements sur les qualités de la fibre indigène, les quantités de coton exportées et les pays de destination.

La lecture de ce premier volume laisse apparaître un très gros effort de documentation; il est illustré de belles gravures horstexte et les tableaux statistiques y abondent. Si le tome suivant ressemble à ceilui-ci, l'ouvrage complet rendra certainement les plus grands services aux économistes, aux géographes et aussi, disonsle, aux historiens. — G. R.

JEANBERNAT BARTHÉLEMY DE FERRARI-DORIA (Capitaine J.-M.). — Lettres de guerre. Paris, Plon, édit., 1918. Un vol. in-8°.

Parmi la foule d'ouvrages de ce genre publiés depuis 1918, les Lettres de guerre du capitaine. J.-M. Jeanbernat-Barthélemy de


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Ferrari-Doria méritent une place à part par leur simplicité et l'élévation des sentiments qu'elles expriment. Mieux encore que l'artistique médaille où sont gravées les mâles figures des deux frères morts pour la patrie, ces quelques pages sans prétention nous font connaître une belle âme de soldat. Ayant, comme ce chef; vécu les mêmes heures tragiques dans la Meuse et dans la Somme, nous avons retrouvé dans ce pieux recueil toutes nos impressions écrites dans un style émouvant. Comme lui, nous avons parfois écouté d'une oreille attentive le rapport des cuistots et honni la boue gluante de ces régions où l'on voyait, suivant l'expression d'un de nos hommes, bon Marseillais, le soleil à l'envers. Avec lui, nous rendons l'hommage qui leur est dû à ces soldats de France, fils du peuple, qui grognaient parfois comme les' vieux soldats du premier Empire, mais qui comme eux aussi n'hésitaient pas à charger l'ennemi. De telles lettres font regretter encore plus que leur auteur n'ait pas survécu à la tourmente pour servir d'exemple et de chef à ceux qui depuis ont bien oublié et à ceux surtout qui, dans leur embusquage prudent à l'arrière n'avaient rien appris, sinon le port de costumes impeccables et la chasse aux décorations et aux pensions.

Dans sa simplicité voulue, ce volume nous donne une leçon de haute moralité et de devoir civique résolument accompli en toute connaissance. Ce soldat d'occasion restait un citoyen modèle, guidé dans sa. conduite par la seule idée de dévouement au devoir. Honorons les familles capables de donner une telle éducation à leurs fils. En ces temps de veulerie générale, ce sont elles qui constituent encore la force et la grandeur de la France. — L. M.


NÉCROLOGIE

M. Alfred Duboul

Le 10 avril 1926, est décédé à Marseille, M. Alfred Duboul, industriel, ancien président du Tribunal de Commerce, commandeur de la Légion d'Honneur, une des personnalités les plus marquantes de la société et du haut commerce marseillais, qui appartenait à la Société de Statistique depuis 1887, fut son président en 1889, et devint membre honoraire en 1907.

On peut dire avec juste raison, en reprenant la pensée de son ami et collaborateur M. Paul Rousset, que M. Alfred Duboul « est tombé en plein labeur au champ d'honneur des hommes d'action », et sa disparition a causé dans notre cité, et dans nos rangs, une douloureuse surprise. Agé de 75 ans, il n'en continuait pas moins à s'occuper de ses nombreuses affaires, et en particulier de celles de la Société Immobilière Marseillaise dont il était le président dévoué et écouté, et dont il présidait encore, le 8 janvier 1926, l'Assemblée générale, en pleine lucidité, en pleine énergie morale, luttant stoïquement, et sans vouloir en rien laisser paraître, contre le mal qui le terrassait.

Alfred Duboul était né à Tonneins, petite ville industrielle et agricole du Lot-et-Garonne, le 21 janvier 1851. Son père y avait fondé une importante filature-corderie que l'extension des affaires maritimes fit bientôt transférer à Marseille, sur les sollicitations de M. Louis Bénet, un des fondateurs des ateliers des Messageries Maritimes à la Ciotat, et aussi de la Société Générale de Transports Maritimes à vapeur.

Alfred Duboul avait huit ans lorsqu'il suivit son père dans notre ville qu'il ne devait jamais plus quitter. Aîné dé trois fils, il fit d'excellentes études, plus particulièrement doué pour les sciences qui séduisaient son jeune esprit ; mais, dès la seizième année, son père, qui avait mis sur pied sa solide industrie de cordages de marine et de ficellerie, l'initia sans plus tarder à ses travaux et sa maison connut avec lui et continua, sous la direction de son fils Alfred, une constante progression.

Se tenant sans cesse au courant des améliorations apportées à l'outillage moderne, qui ne tarda pas à remplacer les chantiers où le travail s'effectuait à la main, le jeune chef d'industrie auquel


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son frère Joseph Duboul apportait sa collaboration précieuse, sut se montrer tour à tour technicien, commerçant et administrateur avisé. En 1886, la Société de Statistique de Marseille lui décernait une médaille de vermeil et citait comme modèle sa corderie mécanique.

Dès lors, et les affaires prospérant, Alfred Duboul eut le légitime désir d'orienter son intelligence et de consacrer une partie de son temps aux institutions d'intérêt général vers lesquelles le poussait son généreux altruisme.

En 1SS1, il entrait à la Société pour la défense du commerce, dont il devenait bientôt le secrétaire ; puis, en 1887, à la Société de Statistique.

Pendant plusieurs années, Alfred Duboul fit bénéficier notre Société de son activité et de son ardeur au travail. Nul ne s'étonnera qu'il se soit occupé d'une façon spéciale des questions économiques et sociales. Il étudie pour la Société: là question de l'augmentation des salaires ouvriers en France au cours du XIXe siècle. Un voyage qu'il fit à Barcelone en septembre 1888 lui donna l'occasion d'examiner la situation économique de cette grande ville espagnole. Il étudie ensuite le commerce et l'industrie de Marseille, et ne manqua pas de donner à ses collègues un avis motivé sur la fameuse loi douanière alors en projet et qui fut votée en 1892.

Vice-secrétaire de la Société de Statistique en 1888, président en 1889, conseiller en 1890, vice-président de 1892 à 1896, il ne cessa dans ces diverses fonctions de faire preuve des talents les plus complets d'animateur.

En 1907, il était inscrit parmi les membres honoraires de la Société. Ses nombreuses occupations ne lui permettaient plus de jouer un rôle actif dans notre groupement. On le voyait cependant encore de temps en temps à nos séances ; la dernière fois, ce fut a celle du mois de juin 1924. On peut dire qu'il n'a jamais cessé de s'intéresser à nos travaux.

Mais sa mesure, il devait la donner complètement dans les grands corps publics.

Dès 1887, à l'âge de trente-six ans, il était élu juge au Tribunal de Commerce, où il siégea neuf ans, et, quittant la judicature comme premier juge, il s'en vint occuper un fauteuil à la Chambre de Commerce jusqu'en 1905.

Sa présence dans les Conseils de cette compagnie se manifeste par une prodigieuse activité, que signalèrent de nombreux et intéressants rapports dont nous pouvons citer : celui sur le travail des enfants, des femmes et des filles mineures dans les établissements, industriels, celui sur le règlement amiable des différends relatifs


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aux conditions du travail ; ceux sur les retraites ouvrières, la sécurité de la navigation maritime, sur les propositions de loi tendant à remplacer l'impôt des prestations par des centimes additionnels, sur la vérification des poids et mesures, sur les modifications à apporter à la loi des accidents du travail ; sur des projets de loi sur l'hygiène et la sécurité des travailleurs, sur les récompenses industrielles, sur la création d'un corps secondaire de l'inspection du travail, etc., etc.

Ses rapports d'un style clair, sobre, précis, élégant dans sa simplicité, d'une exactitude allant jusqu'au scrupule, rappelaient sa parole éloquente et familière, où l'art de convaincre et le désir de plaire étaient une des formes mêmes de sa courtoisie et de sa bonté.

Les électeurs consulaires l'appelèrent de nouveau en 1912 à siéger au Tribunal de Commerce pour l'élever à' la présidence qu'il occupa pendant les années particulièrement difficiles de la' guerre. M. Alfred Duboul s'acquitta brillamment de cette mission si ardue et si absorbante, malgré des conditions qui mettaient la justice consulaire en présence de faits nouveaux, sortant bien souvent des cadres de la jurisprudence établie pendant une longue période de paix.

M. le- président Labussière, dans son discours d'adieu, le rappelait, avec sa juste et sobre éloquence, rendant ainsi un hommage bien mérité à son regretté prédécesseur : « En dictant ses sentences, le président Duboul a ouvert la voie dans laquelle devait entrer plus tard le Parlement, en votant les nombreuses lois basées sur l'imprévision. »

En août 1919, le gouvernement reconnaissait hautement l'importance des services rendus en nommant le président Duboul au grade de commandeur de la Légion d'honneur.

Ceux qui eurent l'honneur dé l'approcher en ces dernières années se souviendront de sa perspicacité quand il avait annoncé la crise économique qui devait succéder à l'activité trompeuse des années de guerre, avec toutes ses conséquences financières et sociales.

Grand admirateur des Frédéric Le Play et des Albert de Mun, il recherchait avec avidité une ligne de conduite dans les enseignements de ces économistes et de ces sociologues. Aussi le vit-on contribuer avec Eugène Rostand à la fondation de ces oeuvres si belles et si généreuses que sont les Habitations salubres et à bon marché, la Caisse de Crédit populaire, les succursales de la Caisse d'Epargne, et tant d'autres oeuvres remarquables.

Il était aussi le président de l'Association des anciens juges du Tribunal de commerce et des anciens membres de la Chambre


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de Commerce, celui du Comité régional des conseillers du commerce extérieur de la France, etc.

Marié en premières noces à Mlle Dor, d'une vieille famille marseillaise, en secondes noces, à Mlle Piriou, d'une vieille famille aixoise, alliée aux Bourguignon de Fabrégoule, Alfred Duboul demeura toute sa vie un père de famille admirable, un homme d'ordre, laborieux et clairvoyant.

Il a quitté ce monde avec une stoïque résignation, après avoir reçu avec toute sa connaissance les secours de la religion dont l'idéal avait guidé sa vie entière.

Notre Société salue avec respect la mémoire de son ancien président et prie Madame Alfred Duboul et ses enfants de vouloir bien trouver ici l'expression sincère de ses regrets profonds, qu'elle unit avec émotion à leur douleur. — J. de S.

M. Paul de Roux

M. Paul de Roux, né à Marseille le, 10 juin 1854, est décédé dans cette ville le 8 décembre 1926.

Issu d'une vieille famille marseillaise qui a joué un grand rôle dans la politique et les affaires, allié par son mariage à la famille Grand-Dufay, dont la notoriété n'est pas moindre à Marseille, M. Paul de Roux ne fut point tenté de suivre la voie tracée par ses ascendants ou ses parents. Il se consacra exclusivement à sa famille, à ses amis et aux oeuvres de charité qui lui doivent beaucoup. Il s'intéressa spécialement à la vieille société de Bienfaisance et de Charité, dont il fut le président pendant plusieurs années.

Les questions historiques — surtout l'histoire locale — ne le laissaient point indifférent, et c'est à ce titre qu'il adhéra, en 1925, à notre Société. Nous le vîmes à plusieurs de nos séances, où sa haute courtoisie et sa parfaite amabilité avaient attiré à lui toutes les sympathies.

Nul mieux que lui ne méritait d'être appelé un honnête homme, dans le sens qu'au grand siècle on donnait à ces mots. Et si l'on devait faire l'éloge de ses qualités principales, on devrait parler surtout de sa modestie et de sa discrétion, dont son fils M. Joseph de Roux, nous apporte un témoignage direct: « Mon père, nous écrivait-il, était un homme de devoir, mais qui ne recherchait pas les honneurs. Il aurait été certainement très flatté, mais aussi très


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étonné, s'il avait pu savoir que l'on penserait un jour à parler de lui dans votre revue ».

La Société de Statistique, d'Histoire et d'Archéologie gardera le souvenir de cet excellent confrère qui n'est resté que trop peu de temps parmi nous. Elle présente à toute sa famille, spécialement à son fils, M. Joseph de Roux, l'expression de ses condoléances émues. — J. R.


Chronique de la fin du Siècle

(1919-1926)

Après le long silence imposé par la guerre, la Société de Statistique de Marseille reprit ses travaux le 28 avril 1919. Dès cet instant, une propagande active assura un recrutement brillant, -— et. après la fusion avec la Société Archéologique de Provence, elle devint en fait une des plus puissantes sociétés savantes de province.

En effet, la liste de nos sociétaires s'arrête au 31 décembre 1926, à 243 membres, dont un membre bienfaiteur (ayant versé plus de 1.000 francs à la société), 20 membres perpétuels — c'est-à-dire ayant racheté leurs cotisations par un versement unique de 300 francs — 202 membres titulaires et 12 membres correspondants, plus 8 munbres d'honneur ou honoraires (exemptés par les statuts de cotisation).

De tels chiffres se passent de commentaires et démontrent l'état prospère de la Société.

Dès la première séance d'après-guerre, et jusqu'à ce jour, sept années et demie se sont écoulées qui ont achevé, en plein rendement, son premier cycle centenaire.

Huit Présidents aux titres autorisés se sont succédé à sa tête,. qui ont dirigé avec un égal bonheur sa vie sociale. Ce sont :

MM.

Joseph Fournier, archiviste bibliothécaire de la Chambre de Commerce de Marseille, membre de l'Académie de Marseille, en 1919;

Le comte Henry de Gérin-Ricard, conservateur-adjoint du Musée d'Archéologie de Marseille, membre de l'Académie de Marseille, en 1920 ;

Raoul Busquet, ancien élève de l'Ecole des Chartes, archiviste en chef des Bouches-du-Rhône, en 1921;

Louis Bergasse, docteur en droit, secrétaire général de la Chambre de Commerce, en 1922 ;

Gabriel Ancey, docteur ès-lettres, directeur de l'Ecole libre de. Provence, en 1923 ;

Pierre Labarre, ingénieur des Arts et Manufactures, en 1924.

Henry Pellissier-Guys, avocat, en 1925 ;

Eugène Michel, agrégé de l'Université, professeur d'histoire au Lycée de Marseille, en 1926.


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Deux secrétaires généraux: M. Eugène Duprat, professeur au Lycée de Marseille, de 1920 à 1923 ; — M. Jean Reynaud, archiviste-adjoint de la Chambre de Commerce, depuis 1924.

Un trésorier, combien dévoué, M. Auguste Rampal, docteur en droit, membre et trésorier de l'Académie de Marseille, depuis 1919.

La Société de Statistique s'est réunie en assemblées générales tous les mois, sauf juillet, août et septembre, pour entendre en communication des études historiques et scientifiques les plus variées, dont la plupart paraissent ensuite dans sa revue Provincia. On peut compter de 18 à 20 communications par an. De 1920 à 1926, elle, en a entendu 131, que l'on peut répartir ainsi - et jamais statistique n'aura été si opportune :

Histoire des institutions administratives et judiciaires..,. 17

» de l'art ..... ......... 2

» économique et sociale 14

» diplomatique .et consulaire 1

» littéraire 7

» maritime . — 2

» de la médecine 2

» militaire . 3

» de la philosophie 1

» politique .... 3

» religieuse .... . .. 10

Archéologie 10

Sigillographie et numismatique 4

Topographie marseillaise 14

Fêtes et Protocoles 3

Monographies : Familles, individus 17

» Localités 2

» Etrangers . . 2

Géographie, cartographie, hydrographie 4

Bibliophilie 2

Philologie ............ . 1

Botanique 4

Géologie 1

Voyages et excursions 2

Folklore 1

Fantaisie 2


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De ces 131 communications, en très grande majorité d'ordre historique, on le voit, M. Raoul Busquet détient le record avec 11, suivi par MM. Jean de Servières, 10; Eugène Duprat, 9; Joseph Fournier et Jean Reynaud, 8 ; Louis Bergasse, le comte de Gérin-Ricard, Louis Laurent, 7; Gabriel Ancey, 6; le Docteur Malzac, 5; Marc Dubois, Gaston Rambert, le Docteur Solari, 4; Oudot de Dainville, Pellissier-Guys, Auguste Rampal, 3 ; Anastay, l'abbé Arnaud-d'Agnel, Pierre Bertas, Auguste Brun, Pierre Labarre, l'abbé Véritier, 2 ; l'abbé Blanc, André Bromberger, V.-L. Bourrilly, Paul Cassan, Paul. Chanfreau, Jean Denizet, Dieudonné, Georges Doublet, Victor Faure, Fontanarava, Lucien Fontanier, Jasse d'Ax, Camille Jullian, Charles Latune, Mme J. Laurent, Ferdinand Servian, Fortuné Tressens, Troump, Joseph Volle et... Anonyme, chacun 1.

Voilà pour le travail : — La part en est belle, on en conviendra, et le IIe siècle qui va s'ouvrir pour notre Société, ne peut qu'accentuer la production, encouragée par de tels exemples.

Une grande conférence publique, sous les auspices de la Société, fut donnée le 22 décembre 1924, à la Faculté des Sciences, par notre collègue. M. Gaston Rambert, sur et Port-de-Bouc, l'éveil d'un port), l'éclosion d'une ville ».

Des visites archéologiques, signalées par la presse et destinées au grand public, ont été conduites tour à tour par le R. P. Lagier, MM. l'abbé Arnaud-d'Agnel, l'abbé Véritier, V. Faure, H. de GérinRicard, Marc Dubois, qui ont obtenu, chaque fois, un légitime succès.

Des visites de belles collections particulières, réservées aux seuls membres de l'Association, eurent lieu chez MM. S. Gaymard, Georges Usslaub, Fleury et Victor Faure, à Marseille, et d'Estienne de Saint-Jean, à Aix.

Ajoutons que, tous les mardis, une réunion privée groupe nombre

nombre fidèles habitués, à notre local du boulevard Longchamp, n° 63,

où la bibliothèque, parfaitement tenue depuis 1923 par M. le Dr

Malzac, notre bibliothécaire, et les collections par M. Marc Dubois,

leur conservateur, sont à la disposition de tous nos adhérents.

Un concours a été ouvert en 1922: Faire la monographie d'une commune à l'époque pré-romaine et romaine, dont les lauréats ont été: M. le commandant Laflotte, membre de l'Académie du Var, et M. F. Tressens. de Monaco, qui ont reçu respectivement la médaille d'argent et la médaille de bronze de la Société, pour leurs mémoires sur Flayosc (Var) et la Penne (Bouches-du-Rhône).

La médaille de la « Fondation Paul Paret », fondée en 1924, a été attribuée deux fois :


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En 1925, à M. l'abbé Joseph Sautel, pour ses travaux remarquables et ses fouilles concernant Vaison-la-Romaine ;

En 1926, à M. Pierre de Brun, conservateur et fondateur du Musée des Alpilles à Saint"-Rémy-de-Provence.

Les titulaires ne posent pas leur candidature et leurs mérites les désignent seuls aux suffrages du Conseil d'Administration.

A son tour, la Société de Statistique a reçu la Médaille d'Or, à l'Exposition Coloniale de Marseille en 1922 et le Prix Dassy de l'Académie de Marseille, décerné pour la première fois, en 1926, montant à 1.500 francs.

Passons aux réjouissances. Depuis 1924, un déjeuner annuel, tout à fait amical, véritables agapes au sens affectueux et lointain du mot, a réuni les plus zélés de nos membres.

Le 1er eut lieu le 10 mai 1923, à la Société Nautique,.

Le 2e, le 8 mars 1924, au Cercle des Phocéens,

Le 3e, le 18 mai 1924, aux Salons Sabathier, à la Plage, pour le jubilé du comte de Gérin-Ricard, qui fait partie de la Société depuis le 18 janvier 1899, et qui reçut, à cette occasion la Médaille d'honneur de la Société,

Le 4e, le 5 avril 1925, à la Société Nautique,

Le 5e, le 6 juin 1926, à Rognac, au cours d'une excursion officielle (dont le compte rendu figure dans ce présent fascicule).

Au cours de ces sept années nous eûmes à déplorer la mort de dix-neuf de nos collègues :

MM. Paul Foumier, le marquis de Clapiers-Collongues,, François Magnan, Albert Ritt, Frédéric Malaret, Guy de Courville, J.-B. Astier, Paul Paret, Marius Richard, le docteur Adrien Guébhard, le baron Seipion du Roure, Robert Laurent-Vibert, Alfred Duboul et Paul de Roux, membres titulaires ;

MM. le baron de Bonnault d'Houët, le chanoine Ulysse Chevalier, Eug. Lefèvre-Pontalis, le baron d'Avon de Collongues et Henri Barré, membres correspondants.

Nous eûmes le grand honneur de voir notre illustre confrère M. Camille Jullian, élu membre de l'Académie Française en 1924; l'un de nos Présidents, M. Raoul Busquet, et l'un de nos collègues M, Henri Brenier, élus membres de l'Académie de Marseille en 1925 et 1926.


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Plusieurs de nos collègues furent l'objet de hautes et flatteuses distinctions. C'est ainsi qu'en 1925, M. Raoul Busquet obtint le grand prix Gobert de l'Institut, pour sa Provence au Moyen-Age (en collaboration avec M. V.-L. Bourrilly) ; en 1924, nos collègues, MM. Paul Masson (20.000 francs), Michel Clerc (15.000 francs), J. Fournier, Louis Bergasse, Emile Isnard (1.000 francs chacun), se virent attribuer des parts du prix Beaujour, décerné par la ville de Marseille, à des travaux intéressant le commerce et l'industrie de notre ville, et en 1922, notre collègue M. Jean de Servières, le prix Beaujour, décerné par l'Académie de Marseille, pour l'ensemble de son oeuvre.

Dans l'ordre de la Légion d'honneur, nous eûmes à nous féliciter des nominations ou promotions de plusieurs de nos collègues:

MM. Camille Jullian, membre d'honneur, et Lucien Estrine, membre perpétuel, promus commandeurs ; J.-B. Samat, et Adrien Artaud, promus officiers; J. Fournier, Arnaud-d'Agnel, Albert Aicard, Emile Ripert, Gabriel Lugagne, nommés chevaliers.

M. Robert Guigou-Blancard, en 1920, reçut la Médaille militaire; MM. Eugène Duprat, Gaston. Vimar, Jean de Servières, Charles Latune, Auguste Brun, la rosette de l'Instruction Publique; MM. Etienne Gros, Emile Ripert, Louis Bergasse, l'abbé Marcelin Chailan, P. Chanfreau, Emile Isnard, Paul Cassan, le commandant Boucherie de Lamothe, Marc Dubois, Maurice Oudot de Dainville, le docteur Beltrami et Jean Reynaud, le ruban d'officier d'Académie. M. Fortuné Tressens, la médaille d'argent de la Mutualité.

* * *

Tel est, en cette rapide vue d'ensemble des sept années d'aprèsguerre, le bilan moral de notre vaillante Société, prête à célébrer, avec un bonheur qu'elle mérite bien, le 1er centenaire de sa fondation.

Jean de SERVIÈRES.


L'Excursion et le Déjeuner

du 6 Mai 1926

On pouvait supposer que la fondation du déjeuner annuel avait déjà subi une éclipse, si nos collègues n'avaient été avisés qu'il aurait lieu, cette année, au cours d'une excursion instructive et récréative qui, en effet déroula sans accroc son attrayant programme, le dimanche 6 juin, par une de ces belles journées de Provence où le printemps n'est plus mais où l'été n'est pas encore, et qui semblent commandées sur mesure au Dispensateur Souverain.

A une heure modérée, très loin de patron-minette, soit vers les 7 heures de relevée, un ronflant auto-car pris d'assaut par une compagnie exacte, démarrait majestueusement du ci-devant Plan Fourmiguier, prêt à gratter les kilomètres avec un évident mépris de la panne.

Devant lui, derrière lui, le dépassant, se laissant dépasser, plusieurs autos particulières accompagnaient sa marche, tel un superbe croiseur de haute mer au milieu de ses torpilleurs en patrouille, remarquait notre collègue M. Pottier qui fût de l'Inscription Maritime, tel un éléphant de Pyrrhus entouré de chevaux arabes, proposait M. Maurice Danon, notre collègue se souvenant de sa licence ès-lettres, tel un Zeppelin harcelé par une escadrille d'avions, transigeait notre collègue, M. Edouard Davin, en l'espèce VAdvocatus diaboli, tel un aigle poursuivant de chastes colombes, suggérait, conciliante, une dame, d'ailleurs indifférente à la métaphore.

Mais quelle que fut la rhétorique, le premier objectif limité étant les Pennes, les machines automotrices se rangèrent sagement le long d'un mur, devant lequel il s'était passé quelque chose, peu de jours avant : le cortège nuptial de Célimène, pas moins !

La vérité nous oblige à déclarer que nous ne pénétrâmes pas dans l'église, hier encore parée de myrtes, pour y reconstituer en pensée l'édifiante cérémonie, mais bien pour y écouter les explications de M. le comte de Gérin-Ricard, qui n'étaient pas à l'intention des petites filles modèles, de Mme la comtesse de Ségur... née Rostopchine.

Notre savant collègue commente l'intéressante inscription relatant une consécration de l'église de N.-D. de Fabrégoules, où figureun plaid devant la marquise de Provence au XIe siècle; et. nous


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fait remarquer, dans une vieille sculpture les trois générations : Sainte Anne, la Sainte Vierge et l'Enfant Jésus, représentées sur les genoux l'une de l'autre, et que jadis, feu M. Charles Vincens avait tout particulièrement étudiée dans une artistique plaquette.

M. de Gérin-Ricard nous ayant promenés parmi les vestiges des fortifications du château des Pennes, fief de la famille marseillaise des Vento. achève à peine sa démonstration qu'un archéologue inattendu vient assurer sans malice que les moulins à vent dont on voit ici plusieurs exemplaires ne sont ni plus ni moins que d'anciens postes du télégraphe Chappe désaffectés. Il est immédiatement lapidé, mais l'insolent ré-chappe !

Satisfaits et nourris de ce premier petit déjeuner lapidaire, d'aucuns y ajoutant des cerises, voire d'innocentes pâtisseries — sans doute des Chevaliers du Croissant — nous reprenons nos véhicules, et par un. gai soleil, sur une belle route libre et sans poussière, dans l'odeur aromatique des pins et des thyms, ce fut l'ascension patiente du plateau d'Arbois: halte au sommet, où tour à tour nos collègues, M. Gaston Rambert et M. Louis Laurent nous font un brillant exposé géologique, puis botanique,. de ce sympathique massif qui a l'honneur de porter aujourd'hui, à sa cime, les représentants enchantés d'une Société savante centenaire, et par le cadre biblique de Réaltor, c'est la course vers Roquefavour, où nous tombons en arrêt devant la prodigieuse architecture de l'Aqueduc. Ah! qu'on est fier d'être Romains quand on contemple ses pylones ! A la soixantième génération, bien entendu, lui et nous !

Le temps de cueillir quelques brassées de coquelicots et d'allumer une cigarette, le boute-selle sonne à coups de trompes et l'expédition va procéder à l'attaque de Ventabren.

Horreur ! des intelligences dans la place nous en ont ouvert les portes; nos collègues, MM. Joseph de Barbarin, Charles Tassy et Mlle de Barbarin, qui étaient venus nous y attendre, en avaient reçu les clefs sur le capot dé leur automobile.

A vaincre sans péril on triomphe sans gloire...

Liassaut du vieux Castelas est décidé quand même, et les plus braves s'élancent. Anéantie, une arrière-garde héroïque se contente de former le carré autour de la Croix, et de contempler un paysage grandiose qui baigne dans une suave luminosité, tandis que là-haut; M. de Gérin-Ricard reconstitue l'historique de Ventabren, le passé guerrier de son donjon, fief des d'Agouit, aux restes impressionnants, tout en fumant avec béatitude son calumet de paix.

La place ainsi emportée, sans déplorer d'autre perte que le talon trop Louis XV d'une de nos gracieuses compagnes resté entre deux rocs, nous redescendons sans abuser de la victoire et M. de Gérin-


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Ricard, en maréchal de bataille, indique de sa pipette familière la direction de Roquepertuse, où, à la queue leu-leu — car les voies du Seigneur, ici, sont étroites, sinon impénétrables — se suivent nos bagnoles gémissantes. Que de soupirs s'échappent, à échappement libre, dans ces chemins rocailleux, malaisés, cahoteux et qui, passé Velaux, s'y perdent!

Bientôt, le capitaine de route commande halte. Les autos se rassemblent et forment le parc dans un champ, préposés à la garde du poète Jean de Servières, qui n'ayant pas son brevet de chauffeur, ne sera pas tenté de les prendre pour Pégase. Son jeune fils et lui, en attendant, chassent des papillons.

Et la troupe alerte et gaillarde entreprend l'escalade du sanctuaire gaulois de Roquepertuse. M. de Gérin-Ricard, dont la complaisance est sans limite,— d'ailleurs n'est-il pas ici chez lui?— nous donne un savoureux aperçu de ce que sera son étude, réservée au volume spécial du Centenaire, où nous retrouverons avec plaisir, en de nombreuses planches, le souvenir de notre belle visite et le texte scientifique. Ici, notre savant collègue en termes aimables, sans effroyable terminologie, sans asséner à nos méninges des coups de framée, d'ossements ou de poteries, se contente de nous souligner l'importance archéologique de ce sanctuaire gallo-ligure du temps de la colonie grecque.

Substantés par cette substantifique leçon, personne n'a remarqué qu'il est midi.

Midi, roi des étés, épandu sur la plaine

Tombe en nappes d'argent des hauteurs du ciel bleu...

et les clochers, au loin, égrènent l'Angélus.

D'argent ou non, les nappes sont mises à Rognac. Il ne s'agit pas de laisser brûler le rôt.

Explosion de moteurs, caresses aux carburateurs," flatteries aux embrayages, dérapage ! En route, et en 4e vitesse !

En avant! Tant pis pour qui tombe...

Car tout le monde commence à tomber... d'inanition.

Il n'y a, rassurez-vous, pas d'autre? chutes.

C'est dans une fanfare de trompes et de claxons que font leur entrée à Rognac nos chars regroupés. Nous avons la joie de voir certains de nos collègues, arrivés de Marseille par l'express, MM. Marc Dubois et P. Joannon, M. et Mme J. Fournier; de Port-deBouc, par la route de l'Etang, M, et Mme Albert Pommé, nous y souhaiter la bienvenue, et après avoir voiture au garage, dans la cour de Royal-Provence, nos « commodités de la circulation » — ceci


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pour braver les Précieuses ! — nous pénétrons, tous, d'une allure décidée, dans le grand Dancing local, où " le couvert se trouva mis. ».

Naturellement, à part M. le président Michel que ses fonctions attachent à la table dite d'honneur, — comme si les autres étaient de honte, — entouré de nos collègues de Rognac, MM. Pierre Théry, Moingeon, Freydier et Chanfreau, le protocole est accroché au vestiaire et chacun choisit, au petit bonheur, la place et le voisinage qui lui conviennent. D'où gaîté sans affectation.

Cinquante-trois convives en appétit, la fourchette en garde, fondent sur le menu qui fond à son tour, largement arrosé par d'innombrables « Royal-Provence », rouge et blanc, sur qui le

Gai compère du mistral Qui sait lamper la Durance Comme un flot de vin de Crau,

notre beau soleil, en un mot, allume topazes et rubis. Menu sans recherche, mais tel qu'il était désiré après ces quelques heures' au grand air.

Olives authentiques, saucisson d'Arles venu directement de Tarascon, — « encore un déni de justice ! ». — en rondelles provocantes, et un beurre, un beurre que MM. les contrôleurs-visiteurs du beurre frais, créés sous Louis XIV, auraient fait porter à la « Bouche du Roi ».

Et ces omelettes ! Une de ces omelettes à la Célestine, « ronde, ventrue et cuite à point », telle que Brillat-Savarin les souhaitait. Ah! quelle omelette, ma Présidente! qui devait laisser passer inaperçus ces bons petits pois prenant nos fins becs pour des sarbacanes ! Des boulets de canon en miniature, affirme notre collègue le commandant Boucherie de Lamothe, chef d'escadron d'artillerie.

Puis, gentiment, sans insolence de parvenu, ni provocation de nouveau riche, le gigot ! le bon « gigot bourgeois » de Mme de Maintenon .! Que dis-je ? Les gigots ! avec ail et sans ail ! Au choix ! Ad libitum! On n'est pas plus Régence !

Un patriotisme exaspéré éclate à la question posée par les gentes servantes au rire moqueur : Avec ou sans ail ?

De l'ail! de l'ail! réclament non seulement de fines g... mais de jolies bouchés, et sauf les orateurs éventuels qui se souviennent « des premiers consuls, dont les paroles sentaient les aulx » — Balzac dixit! — l'ail national ne connaît pas de renégats. Bien mieux, il fait une conquête en la personne de notre collègue M. G. Guénin, homme de l'Est,


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D'ailleurs, il récidive avec la salade, cueillie dans le jardin voisin, une de ces salades qui « rafraîchissent sans affaiblir et confortent sans irriter! » A moi, la Physiologie du Goût!

Si bien qu'arrive à temps une énorme bombe glacée, aux parfums de framboise, de moka, de citron et d'amandes, entourée de gâteaux et de fruits, et moult accompagnée de ce Royale-Provence mousseux qui fait son attaque, brusquée en décochant un de ces feux à volonté où ses pétulants bouchons entrecroisent leurs trajectoires.

De valeureux nettoyeurs de trachée jurent de tenir jusqu'au bout et se défient, buire en mains, en d'homériques rasades.

Au demeurant ni morts ni blessés, malgré ou à cause de la présence de nos deux collègues docteurs, MM, Solari et Soulas, tout prêts à prescrire le repos, seul remède apporté dans leur trousse de voyage.

Il avait été. convenu qu'il ne serait infligé aucun discours. M. le Président en avait fait le Serment. Mais comment remercier alors M. Pierre Théry, le distingué propriétaire du Royal-Provence, qui avait fait installer gracieusement, ce qui se traduit aussi en français: gratis, pro Deo, une succursale de ses caves à même nos tables,, offert ces desserts succulents, ce café et ces liqueurs ?

M. E. Michel prend la parole et s'acquitte de cet agréable devoir avec la plus aimable simplicité, puis il tourne galamment aux dames et damoiselles un compliment délicat et très poudré à la Maréchale.

Nommons-les: Mmes M. Danon, E. Davin. J. Fournier. Freydier, G. Guénin, E. Michel, X. Moretti, A. Négrel, P. Paret, A. Pommé, G. Rambert, J. Reynaud, H. Soulas; Mlles de Barbarin, Danon, Davin, M. Guénin, Larune, Rambert, Soulas, Valère-Bernard.

M. J. Fournier, réclamé par les choeurs, n'en profite que pour adresser de justes éloges à notre dévoué Président, et constaier la bonne brise qui enfle les voiles de notre Société, au moment de doubler le cap... de bonne espérance de son proche centenaire. Et tandis qu'un poète se trouvait fort engagé avec un jeune agrégé dans une discussion sur la couleur des vins et son influente sur la poésie anacréontique, que nos collègues MM. Poinso, autre agrégé, et X. Moretti, n'arrivaient pas à arbitrer, M. le Président le ramena à l'ordre du jour, en le priant d'improviser — ce devait être si facile! — un remerciement de circonstance.

Notre collègue Jean de Servières, ainsi désigné, improvisa, sans, plus se faire prier, en tirant de sa poche un papyrus plié en quatre, le lut...


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BALLADE POUR LE ROYAL-PROVENCE

I

C'est notre soleil qui rutile Dans ses flammes de Messidor, C'est notre terroir si fertile Qui nous dispense son trésor, Noble vin aux beaux reflets d'or, Par les vignes de ta chevance ! Emplis nos verres jusqu'au bord, O généreux Royal-Provence !

II

Grâce à toi, la chaleur du style Ou l'éloquence sans effort Ajoute à la verve subtile L'audace du Conquistador Et la sagesse de Nestor ! Tu soumets à ton observance Orateur, poète ou ténor, Spirituel Royal-Provence !

III

Quel nectar en toi se distille D'où s'envole le fol essor Du rêve qu'un doute mutile Et du désir que l'on croit mort ! Ton mot d'ordre doit être : Encor ! Avec le coeur, de connivence; L'amour sait ton confiteor, Galant et gai Royal-Provence !

IV (Analogue à la circonstance)

Messieurs, agréable et utile, L'Histoire, notre réconfort, N'est pas une plante aquatile Des fonds vaseux de Réaltor, Mais un arbre ombrageux et fort; Aussi, Rognac, en ta mouvance Nous sommes venus, tous d'accord, L'arroser de Royal-Provence !


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ENVOI

Princes, bénissez votre sort ! Que vaut la Source de Jouvence Lorsqu'ici loetificat cor Bonum Vinum Royal-Provence ?

... et l'ayant déposé sur un plateau d'argent le fit porter ès mains de M. Pierre Théiy, tandis que l'agrégé plus haut cité — le jeune — couronnait de roses, comme au festin de Trimalcion, — il y en avait à toutes les tables — le poète mis au ban, auquel une voix féminine, et qu'on devinait humectée de nectar, susurrait mezza voce: « Poète, prends lion luth! ». Il ne prit qu'un biscuit à la-table très gaie de notre collègue Auguste Négrel, réclamant un bis, tandis que le jeune M. Pagliano, o ter quaterque beatus! se réjouissait d'être jeune.

Mais, ce que l'on prit tous ensemble, ce fut la direction des Caves du Royal-Provence, où MM. Théry, Moingeon et Freydier, en de vivantes démonstrations.! initiaient les visiteurs aux procédés de fabrication et de champagnisation de ce vin exquis. Conférence oenologique, avec exemples sous les yeux, du plus vif intérêt. Claireleçon de choses, à laquelle les libations généreuses ajoutaient une preuve de plus. De ces divers sous-sols où l'électricité étincelle sur des milliers et des milliers de bouteilles, nous remontons à la sutface, où le soleil, d'un rayon éloquent, nous rappelle aux obligations de notre programme.

Remerciements à nos aimables hôtes, shake-hand cordiaux et nos piaffantes autos décollent dans un virage impressionnant.

De légers nuages de cigares et de cigarettes s'épousent à la voûte de l'auto-car, fumoir ambulant, tandis que nous roulons vers Vitrolles.

Bientôt, nous atteignons le coeur de ce village haut perché dont nous troublons sans scrupule la quiétude dominicale, et, sans trop redouter la contagion — car ce fut ici, au Moyen-Age, une léproserie modèle — nous ascensionnons jusqu'au point culminant du vieux donjon.

Quel admirable panorama! Quelle magnifique vision!

Ohé ! les conférenciers ! Happés par l'azur ! Fondus dans le ciel ! C'est à peine si l'on distingue, par petits groupes, une docte voix qui prête une âme à ces vieilles pierres.

Comme à regret, nous regagnons, nos voitures, et la vedette amirale de M. et de Mlle Latune prend la direction de Marignane.. Suivons la! Course affolante à travers les oliviers de Minerve qui fuient, « espovantés » de chaque côté de la route et les vignes du Sei-


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gneur où se laissent bercer quelques rêveries digestives. L'auto-car -

fonce comme un buffle, et balance aux tournants bien « enrégués » sa carapace jaunâtre.

Va-t-il pas verser, en tanguant, sur les flots dorés de l'Etang de Berre?

Que d'eau ! que d'eau ! per Baccho, pour ceux qui honorèrent le vin !

Le cigare de M. P. Labarre élève vers le ciel d'impavides volutes.

Mais non, craintes vaines, nous arrivons tous en bon port, devant le perron de l'hôtel du marquis de Marignane, beau-père de M. de Mirabeau. Nous pénétrons dans le grand salon où le portrait du cher comte nous fait les honneurs de sa maison avec un regard

qui n'a rien d'engageant. Nous prend-il pour M. de Dreux-Brézé ? — Monsieur Gabriel, nous sommes ici par notre volonté et nous n'en sortirons que par la puissance de notre horaire.

Et, en effet, après avoir admiré ce qu'il reste d'admirable dans ce vieil hôtel seigneurial, devenu Hôtel de Ville — boiseries, ameublement, sculptures — nous reprenons la randonnée, en suivant le bien-aller de la 11-CV de Mme Paul Paret qui empaume la voie où se précipite la poursuite. Mi J. Fournier jette par la glace arrière un regard inquiet.

Hallali du soleil couchant, teintant de son sang pourrire l'eau verte du Canal de Marseille au Rhône, à la sortie du tunnel du Rove, notre dernière halte en pleine... brousse, où notre secrétaire général, Jean Reynaud, nous fait au pied levé — les honneurs du pied, bien sûr, à la Chambre de Commerce de Marseille! — un exposé tout à fait ministériel sur les travaux, les dépenses, les réalisations de ce travail gigantesque où s'oriente l'avenir colossal de Marseille.

Bref, une première inauguration à laquelle il ne manquait que le Président de la République.

Voici le soleil disparu. La fraîcheur du soir tombe à l'improviste. Frissons frissonnants. Cette berge historique doit voir notre dislocation. Congratulation générale. Effusions et. poignées de mains amicales, coups de feutre de haute courtoisie, saluts à laronde, sourires et voeux de bon retour. En voiture! et chaque voiture s'éloigne, se détache peu à peu, gagne au volant, allume ses phares, fuit sans plus se soucier de dépasser ou de l'être, et par la route qu'elle préfère, regagne Marseille, où tout le monde — nous le sûmes depuis — arrivait aux environs de huit heures, sans incident de route, avec la satisfaction d'avoir vécu une délicieuse journée.

X. Y. Z,


Procès-Verbaux des Assemblées Générales

de la Société de Statistique, d'Histoire et d'Archéologie de Marseille et de Provence

Sommaire

Année 1926

14 JANVIER. — Présents: 34. — Excusés: 4. — Bienvenue à M. le Dr Bourde. —- Allocution de M. H. Pellissier-Guys, président sortant. — Election du Conseil d'administration pour 1926. — Discours de remerciements de M. Eugène Michel, président élu. — Admission définitive de Mme D. Aviérinos; MM. le Dr Bourde, R. Guastalla, R. Siffrein-Blanc. — Félicitations à M. H. Brenier, élu à l'Académie de Marseille. — Exposé d'un projet d'organisation d'une Fédération des Sociétés savantes à Marseille. — Commission du Centenaire de la Société. — Don d'une médaille offerte par M. E. Jeanbernat-Barthélemy de Ferrari-Doria. -— Communication de M. André Bromberger: Le Salon de Madaine de Vento des Pennes.

11 FÉVRIER.. — Présents: 31. — Excusés: 4. — Bienvenue à Mmes Ch. Bortoli et D. Aviérinos. — Condoléances à MM. L. Estrine pour la mort de Mme Estrine et G. Assouad, pour la mort de sa! mère. — Félicitations à M. Camille Jullian, promu Commandeur de la Légion d'honneur. — Admission définitive de Mme D. Aviérinos; MM. le Dr Bourde, R. Guastalla, R. Siffrein-Blanc. — Candidatures de Mlle B. Albert ; MM. Maurice Démarquet, Ch. Mourre, A. Pommé, le Dr G. Monteux. — Remerciements à Mme Cérati-Genin, pour le don d'un sceau; M. Marc Dubois, poulie don d'un livre. — Projet de Fédération des Sociétés savantes de Provence. — Rapport moral de l'Exercice 1925. — Compte de gestion du trésorier. — Approbation du projet de budget pour 1926. — Communications de MM. le comte de Gérin-Ricard et P. Chanfreau: Autels votifs dé Rognac (imprimé); de M, le Dr Solari : Remèdes secrets lors de la peste de 1720.


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11 MARS. — Présents: 37. — Excusés: 3. — Bienvenue à Mlle B.

Albert ; MM; le Dr. G. Monteux et H. Abeille. — Admission définitive de Mlle B. Albert, MM. M. Démarquet, le Dr G. Monteux,

Ch. Mourre, A. Pommé.— Candidatures, de MM. H. Abeille, E.

Roux, Dr Jean-Simon. — Condoléances à M. Jean Rocca pour la

mort de son beau-père. —: Subvention de la Ville de Marseille.

— Communications de MM. Oudot de Dainville : Une page sentimentale de la vie de Pierre-]ean-Paul Bonnet, avocat du Roi au bureau des finances de Provence (imprimé); de M. Jean; de

Servières : Au Mariage de la dernière comtesse de Provence,

1771 (imprimé).

15 AVRIL. — Présents: 35. — Excusés: 7. — Invités: 6. — Bienvenue à M. L. Cachard. — Eloge funèbre de M. Alfred Duboul, ancien président de la Société; de M. Henri Barré. — Suspension de séance. — Admission définitive de MM. H. Abeille, E. Roux, Dr J. Simon. — Candidature de M. H. Luzzatti.— Compte rendu de la visite au Musée Borély. — Distribution de Provincia. — Communications: Anonyme: Un précédent antique à L'affaire des platanes des Allées de Meilhan; de M. Louis Bergasse: La Vie en Provence au début du Consulat (imprimé).

27 MAI. — Présents: 40. ■— Excusés: 2. — Admission définitive de M. H. Luzzatti. — Candidatures de Mme Maurice de Barbarin, MM. G. Barthelet, H. Enjoubert, comte de Bezaure, G. Guénin, M. Marmy. — Voeu pour la conservation des forts Saint-Jean et Saint-Nicolas. — Projet d'excursion archéologique. — félicitations à M. Jean Reynaud, nommé officier d'Académie et à M. F. Tressens, qui a reçu la Médaille d'argent de la Mutualité. —

Communications de M. Joseph Fournier : Les Missions des Représentants Barras et Fréron, et celle de Maignet, dans le Midi, 1793-1794; du Dr Malzac: Une « Galéjade » au XVIIIe siècle.

17 JUIN: — Présents: 31. — Excusés: 4. — Admission définitive de Mme Maurice de Barbarin, MM. G. Barthelet, H. Enjoubert, comte P. de Bezaure, G. Guénin, M. Marmy. — Candidatures de Mme Ed. Davin, MM. J. du Colombier, le colonel comte de Villeneuve-Bargemon. — Compte rendu de l'excursion archéologique du 6 juin. — Commission du Centenaire. — Communications de M. Marc Dubois: L'origine des sceaux marqués d'un coeur crucifère (imprimé) ; — M. Jean Reynaud : l'Etendard de la Ville de Marseille à l'expédition de Vinche guerre (1616); — M. Charles Latune: Une Lettre de cachet de famille au XVIIIe siècle.


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28 OCTOBRE. — Présents: 30. — Excusés; 5. — Bienvenue à M. le Dr Barbot. — Condoléances à MM. J. et H. de' Barbarin et Ch. Tassy pour la mort de M. A. Maurel, leur beau-frère et oncle; à Mme Maurice de Barbarin et M. Hubert Giraud, pour la mort de M. Louis Paquet, leur frère et beau-frère ; à M. Louis Laurent, pour la mort de son fils ; à M. Guastalla, pour la mort de son père ; à M. R. Vente, pour la mort de sa mère. — Félicitations à M. Gabriel Lugagne, nommé chevalier. de la Légion d'honneur; à M. Gaston Rambert, nommé Directeur de l'Ecole Superieure de Commerce. —- Admission définitive de Mme Ed. Davin; MM. Jean du Colombier, colonel comte de Villeneuve-Bargemon.

— Candidatures de MM. le Dr M. Barbot, C, Ernesto Velasquez, L. Richard, J. Raoult, Louis Roux, — et comme membre correspondant: M. Henri Bosco. — Communications de M. Raoul Busquet : La Chambre Rigoureuse (imprimé dans le volume du centenaire); M. Jean Reynaud: Les origines du Consulat de Satalie de Caramanie.

25 NOVEMBRE. — Présents: 44. — Excusés: 5. — Bienvenue à Mme Maurice de Barbarin, MM. G. Guénin, R. de Joly, L. Richard.

— Admission définitive de MM. le Dr Barbot, C. Ernesto Velasquez, L. Richard, J. Raoult, L. Roux et H. Bosco. — Candidatures de MM. Landry de Barbarin, R. J. de Joly, J. Repelin, V. Ansaldy, Wulfran Jauffreti H. Simonnot. — Condoléances à M. le marquis de Campou de Grirnaldi-Régusse,. pour la mort de M. Pichaud, son beau-père. — Prix Dassy décerné à la Société par l'Académie de Marseille. — Bi-centenaire de l'Académie de Marseille. — Attribution, de la Médaille de la Fondation Paul Paret à M. Pierre de Brun, conservateur du Musée des Alpilles, à Saint-Rémy. — Augmentation de là cotisation en 1927. -— Communication de M. Gaston Rambert: La Mission de Lange Bonin à Paris et les causes de son incarcération à la Bastille (16671668). — Présentation par M. de Gérin-Ricard de documents de procédures du XVIIIe siècle, concernant la famille d'Entrecasteaux et appartenant à M. Cadet de Fontenay, et d'une note d'archéologie concernant Rognac.

9 DÉCEMBRE. — Présents : 42. — Excusés : 2. — Bienvenue à Mme Ed. Davin, MM. Wulfran Jauffret et Louis Roux. — Admission définitive de MM. L. de Barbarin, R. de Joly, J. Repelin, V. Ansaldy, W. Jauffret, H. Simonnot. — Candidature de M. André Latreille. — Eloge funèbre de M. Paul de Roux; suspension de séance. — Condoléaces à M. Antoine Maurin pour la mort de son oncle M. P. de Roux; à M. F. A. Bérenger pour la mort de son


287

père. — Remerciements de M. Pierre de Brun. — Création d'un Bulletin mensuel à partir de janvier 1927. — Compte rendu de la Commission du Centenaire. — Communications de M. Pierre Bertas : Les défenseurs de Marseille en 1524 (imprimé); — M. le Dr Malzac : Histoire d'une vieille maison appelée à disparaître (imprimé). -— Rapport d'exploration de l'Aven du Trou du Chien de Vaufrèges, par M. R. de Joly (sera imprimé).

Le Secrétaire:

JEAN DE SERVIÈRES.


CORRIGENDA

A la page 242 de ce n° de Provincia le dernier alinéa de la notice sur la famille d'Autane doit être complété et rectifié comme ceci :

ALIX, mariée à Paul Buffet-Delmas, d'où deux enfants: Louis Buffet-Delmas, marié à n. de Boisséson, et Camille Buffet-Delmas, célibataire ; habitent 103, rue de Rome, à Marseille.


Table des Matières du Tome VI

I. — Actes de la Société

Conseil d'administration pour 1926 . 5

Liste des Membres de la Société ... 6

Compte rendu des travaux de la Société pendant

l'année 1925 : 21

Comptes de l'exercice 1925 25

Projet de budget pour l'exercice 1926 .27

II. — Mémoires

BERGASSE (Louis). — La vie en Provence au début du Consulat 61

BERTAS (Pierre). — Les défenseurs de Marseille en

1524 ......... 170

DAINVILLE (M. Oudot de). — Une page sentimentale

de la vie de P.-J.-P. Bonnet 53

DUBOIS (Marc). — Recherches sur l'origine des sceaux marqués d'un coeur crucifère et du chiffre

quatre 86

GÉRIN-RICARD (H. de) et P. CHANFREAU. — Autels

votifs de Rognac 29

MALZAC (Dr Louis). — Histoire d'une vieille maison. 257 RAMPAL (Auguste). — Autane, un arrière-fief des Baronnies et ses seigneurs du XIIIe au XIXe siècle.... 216 SERVIÈRES .(Jean de). — Au mariage de la dernière

Comtesse de Provence (1771). 35

VÉRITIER (Abbé Antoine). — Notice sur la paroisse Saint-Laurent de Marseille 92


290

III. — Bibliographie

GÉRIN-RICARD (H. de) et ISNARD (Emile). — Actes ■ concernant les vicomt.es.de Marseille et leurs descendants (J. F.) 262

VOLLE (Joseph). — Nos Précurseurs: Histoire des" Sociétés excursionnistes marseillaises antérieures à la création de la Société des Excursionnistes Marseillais (Y. Z.). 263

KASSAB (Jacques). — Le Coton en Egypte (G. R.)... 264

JEANBERNAT-BARTHÉLEMY DE FERRARI DORIA (capitaine J.-M.). — Lettres de guerre (L. M.)...... 264

IV. — Chronique

NÉCROLOGIE .: M. Alfred Duboul (J. de S.) . 266

M. Paul de Roux (J. R.) 269

CHRONIQUE DE LA FIN DU SIÈCLE, 1919-1926 (Jean de

Servières) 271

L'EXCURSION et le déjeuner du 6 juin 1926 (X.Y.Z.). 276

V

PROCÈS-VERBAUX des Assemblées générales de la Société en 1926 284



Imprimerie F.-N. NICOLLET — 5, Rue Emeric-David — Aix


Extraits des Statuts et du Règlement Intérieur

Statuts: Art. 2. — Pour être membre titulaire, il faut: 1° Etre présenté par deux membres de l'Association, être agréé pat le Conseil d'Administration et être accepté par l'Assemblée générale à la majorité des deux tiers au moins des membres présents.;-

2° Payer Une cotisation annuelle dont le minimum est de vingt francs. La cotisation peut être rachetée en versant une somme minima égale au moins à quinze fois le montant de la cotisation annuelle.

Les Membres correspondants sont nommés dans les mêmes formes que les membres titulaires parmi les personnes ne résidant pas dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Var, des Alpes-Maritimes, des Basses-Alpes et de Vaucluse. Le titre ne comporte aucune obligation et confère seulement le droit d'être admis aux séances de l'Assemblée générale, niais sans voix délibérative, et de pouvoir y faire des communications. Leur nombre est limité à 25. Les personnes morales peuvent faire partie de l'Association. Il en est de même des dames qui pourront être élues à toutes les fonctions. Pourront recevoir le titre de bienfaiteur, les Membres qui auront fait à l'Association des libéralités en argent ou en nature, d'une valeur minima de mille francs

Règlement intérieur: Art. 8. — La Société se réunît en Assemblée générale, le deuxième ou à défaut le troisième jeudi de chaque mois. D'autres séances peuvent avoir lieu aux dates fixées par le Conseil d'Administration. Le Conseil décide, lorsqu il le juge à propos, que la séance sera ouverte aux invités des membres de la Société....

Art. 10. — Tout membre qui désire donner lecture d'un travail doit en indiquer, par avance, le titre au Secrétaire Général. Les lectures sont portées à l'ordre du jour, en observant autant que possible la date de leur inscription. Les auteurs conservent la propriété de leurs travaux qui doivent être inédits pour être admis à la lecture:

Art: 17. — La Société publie, en principe, chaque année un volume ou Bulletin paraissant par fascicules trimestriels. Une annexe contient les procès-verbaux des Assemblées générales. Le premier fascicule de l'année indique la composition du conseil d'Administration, donne la liste des membres de l'Association, le compte-rendu moral et les comptes de l'année précédente. Suivant les disponibilités budgétaires, le Conseil d'Administration peut accroître ou réduire le nombre des fascicules annuels. Des documents et des ouvrages se rapportant à la Préhistoire, à l'Archéologie et à l'Histoire de Provence peuvent être publiés dans chaque fascicule avec pagination spéciale ou même être édités à part.

Art. 18. — Le Conseil d'Administration règle la publication du Bulletin. Ne sont admis à l'impression que les travaux inédits ayant trait à la préhistoire, à l'archéologie et à l'histoire de Provence. Les auteurs sont responsables des opinions et assertions émises dans leurs études.

Art: 19. — Les travaux qui seront imprimés dans le Bulletin devront avoir été auparavant présentés en séance....


Publications de la Société de Statistique, d'Histoire et d'Archéologie de Marseille et de Provence

Société de Statistique de Marseille et Société Archéologique de Provence réunies

I. — ANNALES DES SCIENCES ET DE L'INDUSTRIE DU MIDI DE LA FRANCE. Années 1832 à 1834, 3 vol. in-8°. Epuisé.

II. - REPERTOIRE DES TRAVAUX DE LA SOCIETE DE STATISTIQUE

STATISTIQUE MARSEILLE. Années 1837 à 1920, 48 vol. in-8°. Prix divers. (Quelques années sont épuisées).

III. --- BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE PROVENCE. Années 1904 à 192 I. 3 vol. Prix divers.

IV. — PROVINCIA (années 1921 à 1925), l'année : 30 fr.

Adresser toute demande de renseignements au Secrétaire Général, Palais de la Bourse, Marseille.

Les livres et brochures doivent être envoyés au Siège de la Société, 63, Boulevard Longchamp, Marseille.

La bibliothèque est ouverte tous les mardis soir, de 17 à 19 heures, 63, boulevard Longchamp, au 1er étage.

Pour faire partie de la Société de Statistique, d'Histoire et d'Archéologie de Marseille et de Provence, il faut être présenté par deux membres titulaires, être agréé par le Conseil d'Administration et accepté par l'Assemblée générale.

La cotisation est fixée à 20 francs par an. Elle peut être rachetée movennant un versement unique de 300 francs au minimum.

Les personnes étrangères à la Société peuvent s'abonner à Provincia pour le prix (le 25 francs par an. Pour les administrations et établissements, publics, ce prix est réduit à 20 francs.

Des tirages à part pourront être faits par les auteurs. Ceux-ci en supporteront les frais et s'entendront avec l'imprimeur dès la correction des premières épreuves. La couverture devra porter au recto la firme de la Société.