BULLETIN
DE LA SOCIÉTÉ
ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DE L'ORLÉANAIS
Tome XXI. — N° 228
ANNÉE 1929
LISTE DES MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DE L'ORLÉANAIS
AU 31 DÉCEMBRE 1929
I
MEMBRES HONORAIRES DE DROIT
MM. Le Préfet du Loiret. Le Préfet de Loir-et-Cher. Le Préfet d'Eure-et-Loir.
Le Général commandant le 5e corps d'armée, à Orléans. Le premier Président de la Cour d'appel d'Orléans. Le Maire d'Orléans. L'Évêque d'Orléans. L'Evêque de Blois. L'Evêque de Chartres.
TOME XXI. — BULLETIN n° 228. 10
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MEMBRES HONORAIRES ELUS MM.
1 HANOTAUX (Gabriel), •& C, ancien ministre des Affaires
étrangères, membre de l'Académie française. Avenue Hoche, Paris (VIIIe). 1898
2 PROU (Maurice), îfc 0., membre de l'Institut et du
Comité des Travaux historiques, directeur de l'Ecole
des Chartes. Rue Madame, 75, Paris (VIe). 1900
3 GOYAU (Georges), $f, membre de l'Académie française.
Rue de la Pompe, 36, Paris (XVIe). 1904
4 MASSON (Léon), # O., directeur en congé, hors cadre,
au Conservatoire national des Arts et Métiers. Rue Alphonse-de-Neuville, 22, Paris (XVIIe). 1904
5 MERLIN (Alfred), jfc, conservateur-adjoint au Musée du
Louvre. Paris. 1909
6 AUBERT (Marcel), fy, professeur d'archéologie à l'Ecole
des Chartes, conservateur-adjoint au Musée du Louvre. Cité Vaneau, 8, Paris (VIIe). 1926
7 BLANCIIET (Adrien), $, membre de l'Institut. Boulevard
Emile-Augier, Paris. 1927
III MEMBRES TITULAIRES RÉSIDANTS 2
MM.
1 POMMIER (Alexandre), juge honoraire au Tribunal civil
d'Orléans, conservateur des estampes du Musée de peinture d'Orléans, correspondant du Ministère de l'Instruction publique pour les travaux historiques, membre de la Société française d'archéologie. Boulevard Rocheplatte, 7. 1882
2 CHARPENTIER (le comte Paul), avocat, membre de la
Société d'Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts d'Orléans. Rue des Charretiers, 14. 1888
1. MM. les Sociétaires sont instamment priés d'indiquer à M. le Secrétaire les changements de domicile ou de titres et toutes les rectifications de nature à assurer l'envoi exact de nos publications.
2. Les noms des membres sont inscrits dans l'ordre des admissions.
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3 JARRY (Eugène), ancien élève de l'Ecole des Chartes,
lauréat de l'Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), membre de la Société d'Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts d'Orléans. Place de l'Étape, 8. 1893
4 SOYER (Jacques), f| I., archiviste du département du
Loiret, ancien élève de l'Ecole des Chartes, membre non résidant du Comité des Travaux historiques, membre de la Société des Études rabelaisiennes. Rue d'Illiers, 28. 1904
5 BAILLET (Jules), |^, docteur es lettres, ancien élève de
l'École normale supérieure, ancien membre de la Mission archéologique du Caire, agrégé de l'Université, lauréat de l'Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), attaché au Musée historique de l'Orléanais. Rue d'Illiers, 33. 1906
6 MASSON (Léon), SU I, architecte des Monuments historiques
historiques le département du Loiret. Rue Serenne, 9. 1909
7 BANCHEREAU (Jules), #, conservateur du Musée historique
historique du Musée Jeanne d'Arc, membre non résidant du Comité des Travaux historiques, trésorier de la Société française d'archéologie, membre correspondant de la Société nationale des Antiquaires de France. Quai Barentin, 6. 1911
8 CUENESSEAU (le chanoine Georges), docteur es lettres,
lauréat de l'Académie française, professeur d'histoire à l'institution Sainte-Croix, inspecteur de la Société française d'archéologie pour le département du Loiret. Rue du Colombier, 19. 1912
9 FOUGERON (Etienne), docteur en droit, membre de la
Société française d'archéologie. Rue de Gourville, 17. 1914
10 FOUGEU (Paul), propriétaire. Rue du Faubourg-Bannier,
Faubourg-Bannier, 1918
11 JOUVELLIER (Pierre), négociant, membre de la Société
française d'archéologie, attaché à la conservation du Musée historique de l'Orléanais. Rue du Colombier, 13. 1920
— 142 —
12 ROBERT (Dr Augustin), membre de la Société d'Agriculture,
d'Agriculture, Belles-Lettres et Arts d'Orléans. Rue Eudoxe-Marcille, 12. 1920
13 LA LOGE (commandant René CASSIN DE), ifc, membre
de la Société d'Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts d'Orléans, conservateur-adjoint du Musée de peinture et sculpture. Rue des Fauchets, 14. 1921
14 JOHANET (Lucien), membre de la Société française d'archéologie.
d'archéologie. de Patay, 65. 1921
15 GARAPIN (Georges), #, président de chambre honoraire
à la Cour d'appel. Rue d'Alsace-Lorraine, 1 bis. 1921
16 BOUVIER (André), bibliothécaire de la ville d'Orléans.
Rue Dupanloup, 1. 1922
17 D'ILLIERS (Louis), $f, secrétaire d'ambassade honoraire,
au château de la Fontaine, à Olivet. 1922
18 BRULEY (Edouard), professeur au lycée d'Orléans, agrégé
de l'Université. Rue Édouard-Fournier, 14. 1923
19 HOUZÉ (René), membre de la Société française d'archéologie.
d'archéologie. Louis-Roguet, 15. 1924
20 LESIEUR (Gaston), greffier honoraire du Tribunal de
commerce, attaché à la conservation du Musée Jeanne d'Arc. Rue Croix-de-Malte, 6. 1924
21 LA GIRAUDIÈRE (Gonzalve DE), propriétaire. Rue de la
République, 12. 1924
22 LAMBERT-DAVERDOING (général Henry), $ 0. FaubourgBannier,
FaubourgBannier, , 1926
23 LEJEUNE (Robert), ancien membre de l'École française
d'Athènes, professeur agrégé au lycée d'Orléans. Rue
des Bouteilles, 14. 1926
24 AUBEY (commandant Joseph), inspecteur d'armes à
I'État-major de l'artillerie du Ve corps d'armée. Rue Jeanne-d'Arc, 35, Orléans. 1928
25 LA MARTINIÈRE (Jules Machet DE), 4$ I., archiviste honoraire
honoraire Morbihan. Rue Saint-Pierre-Lentin, 3, Orléans. 1928
26 DESCHAMPS (Eugène), agent de change honoraire. Rue
des Murlins, 9, Orléans. 1929
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27 CLOMEAU (Mlle Marie-Anne), élève diplômée de l'École
pratique des Hautes-Etudes (section des sciences hisloriques et philologiques). Rue Edouard-Fournier, 9, à Orléans, et rue Pierre-Nicole, 41, à Paris (Ve). 1929
28 DENAINVILLIERS (Henri DE FOUGEROUX DE), propriétaire.
Rue du Boeuf-Sainl-Patcriie, 22, Orléans. 1929
IV MEMBRES TITULAIRES NON RÉSIDANTS MM.
1 AUVRAY (Lucien), #, fjs I., ancien élève de l'Ecole des
Chartes et de l'Ecole française de Rome, bibliothécaire principal au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale, membre du Comité des Travaux historiques. Rue de l'Arsenal, 15, Paris (IVe). 1886
2 CHEVIUER (Pierre). Avenue Kléber, 61, Paris (XVIe). 1903
3 DEBOUT (Mgr), protonolaire apostolique, archiprêtre
honoraire, chanoine honoraire d'Arras et d'Orléans.
Rue de Varenne, 22, Paris (VIIe). 1905
4 DEPRÉAUX (Albert), f| I, lauréat de l'Institut (Académie
des Sciences morales), bibliothécaire de la fondation Thiers. Rond-point Bugeaud, 3, Paris (XVIe). 1920
a BADEY (Lucien), professeur a l'École Arago, à Paris.
Avenue Diderot, 71, le Parc Saint-Maur, Paris. 1920
6 FUSIL (C), agrégé de l'Université, docteur es lettres,
professeur au lycée Michelet. Rue du Moulin-dePierres, 41, Clamarl (Seine). 1924
7 HAY (Jules), procureur de la République, à Reims. 1926
8 HOUSSET (René), notaire honoraire, vice-président de la
Société d'histoire cl d'archéologie de l'arrondissement
de Provins. Saint-Ay (Loiret). 1929
9 TRISTAN (P.-J. DE), au château de l'Émerillon. Cléry
(Loiret). 1929
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V ASSOCIÉS CORRESPONDANTS FRANÇAIS
MM.
1 JOVY (Ernest), &, professeur honoraire de l'Université,
membre non résidant du Comité des Travaux historiques, président de la Société des Sciences et Arts de Vitry-le-François (Marne). 1892
2 CROY (le vicomte Joseph DE), archiviste paléographe.
Château de Monteaux, par Onzain (Loir-et-Cher). 1898
3 RAPINE (Henri), architecte en chef des Monuments historiques.
historiques. du Montparnasse, 11, Paris (VIe). 1905
4 Du FA Y (Pierre), f| I., ancien conservateur de la Bibliothèque
Bibliothèque la ville de Blois. Avenue Trudaine, 16, Paris (IXe). 1905
5 BÉNARD (Agricol), &, artiste lithographe. Rue de la
Collégiale, 25, Paris. 1908
6 BÉRAUD (Armand). Rue du Prêche, 6, la Rochelle. 1908
7 BASSEVILLE (l'abbé), curé-doyen de Gien (Loiret). 1909
8 DESCHELLERINS (Raymond), ingénieur des Arts et Manufactures,
Manufactures, du Musée de peinture et de sculpture. Quai Saint-Laurent, 22, Orléans. 1911
9 BRINON (le docteur), f| I., maire de Chàteauneuf-surLoire
Chàteauneuf-surLoire 1912
10 NOTTIN (Louis), f|, publiciste. Rue de la Lionne, 25,
Orléans. 1913
11 PONROY (Marcel), industriel. Place Saint-Laurent, 2,
Orléans. 1914
12 MARTIN (Louis), négociant. Sully-sur-Loire (Loiret). 1917
13 GENTY (Gabriel), f|, négociant. Rue du Tabour, 14,
Orléans. 1919
14 SIDOISNE (Albert), Il I., bibliothécaire de l'École coloniale.
coloniale. de l'Observatoire, 2, Paris. 1919
15 CAMUS (Alexandre), directeur des tramways du Loiret.
Rue Serenne, 17, Orléans, 1919
— 145 —
16 DE LOYNES DE FUMICHON (baron Pierre). Château de la
Croslaie, par Vailly (Cher). 1919
17 AUDOUX (Arthur), entrepreneur. Quai Saint-Laurent, 2,
Orléans. 1920
18 BASONNIÈRE (Henri DE), maire de Jouy-le-Potier. Château
Château Cendray, commune de Jouy-le-Potier (Loiret). 1920
19 LESAGE (Mlle M.-L.), institutrice à Saint-Aubin, par la
Ferlé (Loiret). 1920
20 PINSSEAU (Pierre), avocat, membre de la Société des gens
de lettres. Briare (Loiret). 1920
21 MOTHE (Paul). Place du Commerce, 9, Paris. 1921
22 MARTIN (Auguste), imprimeur. Rue Saint-Élienne, 10,
Orléans. 1921
23 DURÈGNE DE LAUNAGUET (baron), # 0., inspecteur général
général des Télégraphes, ancien président de l'Académie des lettres, sciences et arts de Bordeaux. Quai de BéThune, 24, Paris. 1921
24 BONPAIN, secrétaire de la sous préfecture. Monlargis. 1921
25 GAITHIER (Raphaël), curé de Saint-ViàTre (Loir-et-Cher). 1922
26 DE BeLLAIGUE DE BUGhAS (le vicomte H.). Château de la
Brossette, à Chanteau (Loiret). 1922
27 CHAMPION (Ed.), libraire. Quai Malaquais, 5, Paris (VIe). 1922
28 CHAUFFY (Eugène), photographe. Rue Bannier, 73, Orléans.
Orléans.
29 LEFRANC (Georges). Rue Louis-Blanc, 3, Gien. 1924
30 CAPVAL (Louis), juge honoraire. Place du Vieux-Marché,
Vieux-Marché, Orléans. 1924
31 MARRON (Marcel). Faubourg Saint-Jean, 26, Orléans. 1924
32 DESSAUX (Paul), industriel. Cloître Saint-Pierre-le-Puellier,
Saint-Pierre-le-Puellier, Orléans. 1924
33 RICHIER (Raoul). Rue Girodet, 1, Orléans. 1924
34 BLANCHARD (Georges). Rue des Carmes, 60, Orléans. 1924
35 ESPIVENT DE LA VILLEBOISNET (comte Achille). Rue de
Recouvrance, 11, Orléans. 1924
36 BAGUENAuLT DE PUCHESSE (le comte Raoul). Boulevard des
Belges, 11, Lyon (Rhône). 1924
— 146 —
37 PRÉVOST (Raymond), membre titulaire non résidant de
la Société polymathique du Morbihan et de la Société française d'archéologie. Rue Jeanne-d'Arc, 30, Orléans. 1924
38 Bibliothèque d'Art et d'Archéologie. Rue Berryer, 11,
Paris. 1925
39 MARCILLAC (Jean DE), # 0. Quai du Chàtelet, 26, Orléans. 1925
40 PILLAULT (Robert), employé de banque. Rue Grison, 6,
Orléans. 1925
41 DULONG DE ROSNAY (Joseph), président de la Société Dunoise.
Dunoise. (Eure-et-Loir) et rue Daru, 29, Paris. 1925
42 DRAMARD (le docteur); Rue d'Illiers, 50, Orléans. 1926
43 BILLAULT (Abel), trésorier de la Société littéraire de Loiret-Cher.
Loiret-Cher. du Bourg-Neuf, 118, Blois (Loir-et-Cher). 1926
44 LUZERAY (G.), libraire-éditeur. Rue Royale, 84, Orléans. 1926
45 ANGENAULT (Maurice), sous-préfet honoraire. Rue SainteAnne,
SainteAnne, 1927
46 PATAY (Dr René), $? 0. Rue Duguay-Trouin, 22, Rennes
(Ille-et-Vilaine). . 1927
47 REGNAULT DE BEAUCARON (comte Edmond). Château du
Gué-Mulon, par Neung-sur-Beuvron (Loir-et-Cher), et
rue Roissière, 49, Paris. 1927
48 GALINAND (abbé Joseph), curé de Neuvy-en-Sullias. 1927
49 BELOUET (abbé). Rue Porte-d'Amont, Meung-sur-Loire. 1927
50 BELLESSORT, notaire honoraire, maire de Neung-surBeuvron
Neung-surBeuvron 1927
51 DUBOIS (Georges), directeur du secteur Orléanais de
l'Union électrique du bassin de la Loire. Rue de la République, 21, Orléans. 1928
52 RICHER (Jacques), négociant. Rue d'Illiers, 44, Orléans. 1929
53 FRAQUET (Jacques), étudiant en pharmacie. Faubourg
Bannier, 350, aux Aydes, Fleury-les-Aubrais. 1929
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VI ASSOCIÉ CORRESPONDANT ÉTRANGER
M.
1 MEIJERS (E.-M.), professeur de droit civil à. l'Université
de Leyde (Hollande). 1919
BUREAU DE LA SOCIETE POUR L'ANNEE 1929
Président : M. Alexandre POMMIER. Vice-Président : M. le chanoine Georges CHENESSEAU. Secrétaire : M. André BOUVIER. Trésorier : M. René HOUZÉ.
Bibliothécaire-Archiviste et Vice-Secrétaire : M. Pierre JOUVELLIER. Membres de la Commission des publications : MM. Jules BANCHEREAU, Jacques SOYER, Edouard BRULEY.
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
Séance du 11 janvier 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
— M. Bouvier, secrétaire, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance.
Procès-verbal. — A propos de l'article de Figaro relatif au Musée historique de l'Orléanais, M. le conservateur du Musée dit qu'il enverra à ce journal une note rectificative.
Allocution du président. — M. Pommier adresse à ses collègues ses remerciements pour sa réélection. Il rappelle les travaux qui ont été présentés à la Société pendant l'année 1928, et fait allusion à l'impression du 2e fascicule du tome XXXVI des Mémoires qui devra se faire cette année.
Correspondance. — M. le Président lit des lettres :
1° De M. de la Martinière, remerciant de son élection comme
membre titulaire résidant.
2° De M. Depréaux, remerciant de sa réintégration comme
membre titulaire non résidant.
Don. — M. Regnault de Beaucaron, membre correspondant, offre un livre dont il est l'auteur : Derniers souvenirs de famille, tome II, in-8°, 1928. Des remerciements lui sont adressés.
Démission. — Sur les instances de M. le Président, M. Laville a accepté d'ajourner sa démission de membre résidant.
Médaille du cinquième centenaire. —M. Deschamps a dit à M. Houzé qu'il laisserait volontiers la Société mettre au
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point le projet de médaille dont il avait pris l'initiative. M. Houzé fait connaître les propositions d'un éditeur. Une commission comprenant MM. Soyer, Aubey, Houzé, Chenesseau et Deschamps est nommée pour s'occuper de ce projet.
— M. Soyer, continuant son étude sur l'origine des noms de lieux du département, examine les toponymes rappelant :
1° Les jeux publics, les sports (BELLÉBAT, BEI.-ET-BAT, BELLEET-BAS, qu'il faudrait écrire « Bel-Ebat »); LE JEU-DE-BOULE; LE JEU-DE-PAUME; LE MAIL) ;
2° Le droit coutumier (LA FERME; LA MAINFERME; LA MÉTAIRIE; Medietaria); c'est la nature du contrat de louage qui a ici servi à dénommer l'exploitation agricole ; LE RAMÉRÉ pour « Le Réméré », terme de droit encore usité; L'USAGE, LES USAGES, en souvenir de droits d'usage dont jouissaient et jouissent parfois encore les habitants;
3° Les anciennes institutions administratives et judiciaires (LA PRÉVOTÉ, LA SERGENTERIE, LA MAIRIE (il s'agit d'une « mairie » féodale), LA POSTE [aux chevaux] ; LE TÉLÉGRAPHE (il s'agit du télégraphe Chappe), LES FOURCHES [patibulaires] ; LE PILORI ;
4° Des divinités gallo-romaines : BEAUNE (souvenir de Belenus, l'Apollon gaulois); LE BEAULIN (Mons Belleni aux IXe et XIe siècles, variante de Belemis, avec l'accent sur le second e); BALÈME, anciennement Delesme, souvenir de Belisama, la Minerve gauloise;
5° Le culte chrétien : le latin basilica, au sens d'église, subsiste dans BAZOCHES, BAROCHES (par rhotacisme); — le latin Monasterium, en vieux français Moustier, se retrouve dans VILLEMOÙTIERS ( Villa Monasterii), ancien prieuré de l'abbaye de Vézelay; dans VILLE-SANS-MOITIÉ OU VILLE-SEMONTIER, pour " Ville-sans-Moustier », c'est-à-dire « domaine sans église » ; — Monasteriolum, diminutif de Monasterium, dans MENESTREAU et MONTEREAU (anciennement Monstereau); le latin oratorium persiste dans OUZOUER (pour Ouroir par sigmatisme), LOUZOUER (par agglutination de l'article), OUVROUEH [-leschamps] (par confusion tardive entre ouroir et ovroir = atelier, operatorium) ; — le latin cella, petit monastère, dans LA SELLE, pour « La Celle » ; — le bas-latin cappella, petit sanctuaire où l'on conserve des reliques, dans LA CHAPELLE, LES
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CHAPELLES et le diminutif CHAPELON ; — ecclesiola, diminutif d'ecclesia, église, subsiste dans GRISELLES, par aphérèse pour Egriselles; — martyretum, LE MARTROI, littéralement « endroit où reposent des martyrs », cimetière chrétien primitif, généralement converti en place publique, champ de foire ou marché.
Séance du 25 janvier 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
— M. Lesieur présente les excuses de M. Hay, qui, nommé procureur de la République à Reims, a dû partir précipitamment, sans pouvoir faire ses adieux à la Société. Il continuera à en faire partie en qualité de membre titulaire non résidant.
Don. — M. Badey offre le Bulletin de décembre 1928 (n° 4 de la 2e année) de la Société d'études historiques et géographiques de la région parisienne, contenant une élude, dont il est l'auteur, sur Les Proverbes de l'Orléanais, et le n° 2 (mai 1928) du même Bulletin contenant un travail de Mlle Raehail, élève de l'Ecole normale d'institutrices d'Orléans sur Une Ferme de Beauce.
Finances. — M. Houzé, trésorier, présente son compterendu financier de l'exercice écoulé, et son projet de budget pour 1929. Compte-rendu et budget sont adoptés, et des remerciements votés au trésorier pour sa gestion.
Dépôt à la Bibliothèque municipale. — M. Bouvier rend compte qu'il a pris possession le 15 janvier, pour la Bibliothèque municipale, de la collection de la Revue des Etudes grecques et d'un certain nombre de publications étrangères, faisant suite à celles qui ont été déposées en 1905 et 1923. Les conditions posées par la Société (voir procès-verbal du 14 décembre 1923) ont été exactement remplies : les publications déposées sont dès maintenant mises en ordre sur des rayons, inventoriées et cataloguées.
Correspondance. — M. Bruley communique une lettre
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que lui a adressée M. de Croy, membre correspondant, dans laquelle il demande, de la part du P. A. de Becdelièvre, si la Société accueillerait éventuellement dans ses publications un travail dudit P. de Becdelièvre, sur la famille Jogues. M. le Président répondra que la Société ne publie que les travaux de ses membres, titulaires ou correspondants, après avis favorable d'une commission des publications.
— M. Franck, président du Syndicat d'initiative, demande à la Société, par l'intermédiaire de M. Baillet, de désigner un de ses membres qui la représentera au sein du Syndicat d'initiative. M. Baillet est désigné et accepte.
Séance du 8 février 1929. Présidence de M. A. POMMIER, président.
Décès. — En ouvrant la séance, M. le Président annonce en ces termes le décès de M. le chanoine Pierre lauch, membre titulaire résidant.
« Depuis notre dernière réunion nous avons eu la douleur de perdre un confrère très respecté, M. le chanoine Pierre lauch, décédé le 28 janvier des suites d'une longue maladie. Il avait été élu le 28 février 1902 comme membre titulaire résidant, en remplacement de Dusserre, l'habile architecte qui a construit la belle église Saint-Marceau-Sainte-Jeanne-d'Arc.
« Le nouvel élu devait ce choix à sa prédilection bien connue pour les études d'histoire, qu'il professa d'ailleurs durant trente ans à l'école Sainte-Croix.
« Esprit grave et réfléchi, meublé d'un grand savoir que dissimulait sa réserve naturelle, notre Confrère, attaché à ses devoirs de professeur, puis de pasteur d'une paroisse, ne s'associa guère à nos travaux d'histoire locale, qui pourtant l'intéressaient, et nous n'avons de lui qu'une brève note sur l'Anoblissement de la famille de Jeanne d'Arc (Bulletin, XIII, 484), mais nous avons pu juger de son esprit d'analyse et de finesse enveloppé d'impartialité dans les brillants rapports
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qu'il établit à plusieurs reprises sur les mérites des candidats au prix quinquennal institué par le testament d'Emile Davoust, mort en 1890, et que notre Société a la charge, souvent laborieuse, de décerner. M. lauch s'acquittait de sa mission de rapporteur toujours avec le même succès, et l'an dernier son nom se désignait de lui-même pour la remplir une sixième fois, si la grave maladie dont il souffrait depuis les premiers jours de février n'y avait mis un obstacle absolu.
« Le défunt avait été nommé chanoine honoraire en 1910 et curé de Notre-Dame de Recouvrance en 1915, charge dont pour le même triste motif il dut se démettre il y a quelques mois.
" Ses obsèques ont eu lieu le 2 février dans cette église, beaucoup d'entre nous y assistaient. En votre nom à tous j'ai dit à sa famille la tristesse que nous éprouvions de sa disparition. »
Cinquième centenaire. Jeux floraux. — Lecture est donnée d'une lettre de M. le Président du Comité d'organisation des fêtes du cinquième centenaire. Cette lettre informe la Société qu'un concours littéraire, dénommé « Jeux floraux », est ouvert par la ville d'Orléans à l'occasion de la Commémoration du cinquième centenaire de sa délivrance par Jeanne d'Arc. La Société est priée de faire connaître son avis sur le règlement du concours, règlement dont un exemplaire est joint à la lettre, et de désigner deux de ses membres pour faire partie du jury. La Société déclare qu'elle n'a pas d'observations à formuler. MM. Pommier et Lejeune sont désignés à l'unanimité pour faire partie du jury.
— M. Soyer termine son étude sur les noms de lieux du département d'origine latine, germanique et française. Il abordera prochainement l'étude des noms de lieux d'origine celtique et préceltique.
Il examine les toponymes rappelant les saints patrons des paroisses :
1° Ceux qui sont formés à l'aide du substantif dominus, domina (monsieur, madame) précédant le nom du saint ou de la sainte (Dominus Petrus = Dampierre; Domina Maria = Dammarie ; cf. Courtempierre = Cortis Domni Petri, c'est-àdire le domaine consacré à saint Pierre);
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2° Ceux qui sont formés à l'aide de l'adjectif sanctus ou sancta précédant le nom du saint ou de la sainte. Voici les vocables dont la forme vulgaire s'éloigne le plus de la forme latine : Agilus (Saint-Ayl, auj. Ay); Albinus (Aubin); Anianus (Agnien, Aignan); Avitus (Avy) ; Benedictus (Benoît); Barbara (Barbe); Briccius, Brictius ou Brictio (Brisson); Cyricus (Cvr); Dyonisius (Denis); Kligius (Eloi); Evurtius (Evurte; puis Euverte, par métathèse); Eusebius (Euroge, pour Eusoge, par rhotacisme); Flosculus (Flou); Genulphus (Genou); Genovefa (Geneviève); Godoaldus (Gault); Gundulfus (Gondon); Laetus (Lyé) ; Lazarus (Ladre) ; Fidolus (Falle, Phalle ou Phal); Leodegarius (Léger); Marcellus (Marceau); Maximinus (Mesmin); Michael (Micheau ; Michel, forme savante); Paternus (Paer, Poair; Paterne, forme savante); Paulus (Pol; Paul, forme savante); Petrus (Père; Pierre, forme dialectale); Pipio (Pipe, forme savante); Pharetrus ou Faretrus (Pallier ou Phallier); Privatus (Pryvé); Quietus (Cinquay, pour Saint-Quiet, commune d'Ardon); Rernedius ou Remigius(Rémy) ; Sigismundus (Sismont, Simon ; Sigismond, forme savante) ; Sulpicius (Souplice, par métathèse; Sulpice, forme savante); Veranus (Vrain); Victor (Viteur; Victor, forme savante) ;
3° Ceux qui sont formés à l'aide du mot Dieu : La CourDieu et son synonyme Villedé ou Vildé(Cortis Dei, Villa Dei);
4° Ceux qui sont formés à l'aide du nom de la Vierge (NotreDame de Bonne-Nouvelle, en vieux français Nostre Dame de Bonnenoiz, de Bono Nuntio; Notre-Dame-des-Aydes, par abréviation Les Aydes) ;
5° Ceux qui rappellent des dignités ecclésiastiques (Villèvêque, Villevoques, l'Evêcvhé, l'Abbaye, Villabé, Vaussoudun, la Prieuré ou le Prieuré) ;
6° Les noms rappellant d'anciens monastères d'hommes ou de femmes (La Moinerie, La Monnerie, Le Couvent, Les Feuillants, Les Capucins, Les Carmes, Les Auguslins, Les Bénédictins, Les Bonshommes, Le Baron, demeure du prieurbaron de Saint-Laurent-lez-Orléans ; L'Abbaye-aux-Nonnains, Le Champ-aux-Nonnains, Gy-les-Nonains) ;
7° Les noms rappelant des établissements d'assistance : L'Hôtel-Dieu, Le Moulin-de-l'Hôpital, La Maladrerie ou La
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Maladrie (pour les lépreux), Le Sanitas ou Sanitat (pour les pestiférés)';
8° Les noms rappelant la croix du Christ : La Croix-Briquet (dont le soubassement est en briques); La Croix-Boissée (c'està-dire la croix ornée de buis) ; La Croix-Morin (du nom du propriétaire) ;
9° Les noms donnés en souvenir de la Terre-Sainte, des croisades et de l'Orient latin : Bethléem, Jérusalem, Olivet (le mont des Oliviers), Montession ou Montission (le mont Sion à Jérusalem), Vauxion ou Le Vaution (la vallée de Sion), Andrinople; Galetas (en souvenir de la tour de Galata, faubourg de Constantinople, prise par les croisés en 1203);
10° Les noms rappelant les ordres militaires et religieux des Templiers, des chevaliers de l'Hôpital ou de Saint-Jean de Jérusalem, des chevaliers de Saint-Lazare de Jérusalem (Le Temple, Les Templiers, Villiers-le- Temple, L'Hôpital, L'Hopitau, Lhopiteau, Le Val Saint-Jean, La Commanderie, résidence d'un commandeur de l'un de ces trois ordres);
11° Les noms rappelant le tombeau du Christ (La Chapelle Saint-Sépulcre) ;
12° Le culte protestant (Le Prêche).
— M. André Bouvier commence la lecture d'un mémoire intitulé Un annaliste Orléanais peu connu : Jean-François Rosier, 1762-1854, et les débuts de la Révolution à Orléans, d'après des documents inédits.
Séance du 22 février 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
— M. le Président signale dans le numéro du 9 février des Annales religieuses du diocèse d'Orléans un article, signé E. Fouqueau, sur le chanoine lauch, et dans le Petit Orléanais un article de notre collègue M. Louis d'Illiers : La mort de l'abbé lauch.
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Don. — M. Pommier offre à la Société un tirage à part de ses Notes sur une vieille famille du Gâtinais, les Pelerin, d'après des documents inédits, Montereau, impr. A. Claverie, 1928, in-8° (extrait des Annales de la Société historique et archéologique du Gâlinais).
Correspondance. — La Société du Folk-lore français, récemment constituée, envoie une circulaire exposant ses buts et son programme.
Cinquième centenaire. — M. le chanoine Chenesseau fait connaître que, si la Société archéologique veut être officiellement représentée aux fêtes religieuses de Jeanne d'Arc, des places lui seront réservées dans la cathédrale. La Société accepte et remercie M. Chenesseau de son initiative.
Vacance de siège. — La Société déclare la vacance du siège de M. Hay, ancien membre titulaire résidant.
Communication. — M. Bouvier continue la lecture de son mémoire sur Jean-François Rosier et les débuts de la Révolution à Orléans.
Séance du 8 mars 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
— M. Bouvier, secrétaire, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance.
Ouvrages reçus. — M. le Président signale un numéro de la Revue du Centre (Nivernais, Bourbonnais, Bourgogne, Orléanais), éditéeà Paris (novembre-décembre 1928), qui donne un compte-rendu de notre séance du 9 novembre. Il est accompagné d'une lettre qui demande un compte-rendu périodique de nos travaux.
Condoléances. — Les condoléances de la Société sont adressées à M. le chanoine Chenesseau, atteint par un deuil récent.
TOME XXI. — BULLETIN n° 228. 11
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Présentation. — MM. Pommier, Lesieur et Houzé présentent, au titre de membre titulaire résidant, M. Eugène Deschamps, agent de change honoraire. L'élection aura lieu à une date ultérieure.
Bulletin de 1928. — M. Bouvier, secrétaire, a fait déposer sur le bureau le manuscrit du Bulletin de 1928, prêt à être envoyé à l'imprimeur. M. Pommier demande s'il n'y aurait pas intérêt à décharger ce volume, qui semble devoir dépasser l'épaisseur moyenne des Bulletins de la Société, de quelques travaux que l'on ferait passer dans le volume de Mémoires en préparation. Après discussion, la Société décide de laire paraître le Bulletin de 1928 tel qu'il est composé.
Communication. — M. Jouvellier signale qu'à la récente exposition des plus belles reliures des Bibliothèques nationales, seule de toutes les villes de France avec Paris, la ville d'Orléans était représentée par une belle reliure à ses armes, du décor dit « à la fanfare » (n° 215 du catalogue de l'exposition). Cette reliure recouvre un exemplaire sur vélin des Coustumes des duché, baillage... d'Orléans, par Achille de Harlay. Orléans, 1583. Saturnin Hotot, in-4°.
Séance du 22 mars 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
— M. le Président souhaite la bienvenue à M. de La Martinière, membre titulaire résidant, nouvellement élu, qui assiste pour la première fois à la séance.
Décès. — 11 fait part du décès de M. Georges Sens, membre correspondant, membre honoraire de la Société des Antiquaires de la Morinie (voir Bulletin historique de cette Société, 279 livraison, t. XIV).
Correspondance. — M. Daupeley accuse réception du manuscrit du Bulletin de 1928. Il annonce qu'il fera son possible pour que le Bulletin paraisse dans le courant de mai. Le
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prix de la feuille est de 290 francs, les corrections sont comptées à 6 fr. 50 l'heure.
Communication. — M. Bouvier continue la lecture de son mémoire sur Jean-Francois Rozier.
Séance du 12 avril 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
Bibliographie. — M. le Président signale dans le Bulletin de la Société d'archéologie et de statistique de la Drôme, 1929, 241e livraison, p. 17, le commencement d'un mémoire de M. Paul Thomé de Maisonneuve, intitulé Le Jacquemart de Romans, histoire d'une horloge cl du maître canonnier des armées de Charles VII et de Jeanne d'Arc.
Don. — M. Anatole Rousse (73, boulevard du Montparnasse. Paris, VIe), offre plusieurs fascicules anciens des Bulletins de la Société. Des remerciements lui sont adressés.
Correspondance. — M. le Président donne lecture d'une lettre de M. Legivre, maire d'Aulnay-la-Rivière, qui donne des détails sur la découverte d'un sarcophage, faite dans cette commune, au lieudif le Paradis. M. Legivre estime que la presse locale a attribué une importance exagérée à cette découverte. Le sarcophage est creusé dans un bloc de pierre tendre; pas d'autre mobilier funéraire qu'une petite urne en terre cuite et un morceau de fer informe.
Élection. — M. Eugène Deschamps est élu membre titulaire résidant en remplacement de M. Jules Hay, qui continue à faire partie de la Société en qualité de membre titulaire non résidant.
Communications. — M. de La Martinière donne lecture d'un travail intitulé : A propos d'une signature de Jeanne d'Arc, ou les suites fâcheuses de la distraction d'un metteur en pages. Ce travail est renvoyé à la commission des publications.
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— M. de La Martinière demande (au nom du compositeur, M. Gastoué) si le texte des motets composés par Eloy d'Amerval pour les fêtes du 8 mai a été conservé. M. Soyer lui signale l'édition qu'en a faite l'érudit allemand André Ott.
Dans ses recherches à la Bibliothèque nationale M. Gastoué a relevé les manuscrits suivants qui intéressent Orléans. « Un lectionnaire de vies de saints, des Xe et XIe siècles, qui contient ensemble, à la suite l'un de l'autre : saint Euverte, saint Aignan, saint Vrain, du fol. 22 au fol. 40; latin 5283. — Un autre, du XIIe siècle, le 3789, a également saint Euverte et les lectures de la fête de l'apparition de la sainte Croix. Un petit fascicule du XVIe siècle, le 5567, contient aussi en bloc saint Euverte, saint Vrain, saint Aignan, avec les leçons réduites pour le bréviaire... Un manuscrit du Xe siècle, le latin 8803, provenant de Saint-Benoît-sur-Loire, et qui contient des chants en l'honneur de saint Aignan. C'est un recueil factice de traités scientifiques, avec un « tonaire » à la fin. A moins que saint Aignan n'ait été spécialement célébré à Fleury, on peut supposer que le manuscrit a été fait pour Orléans. »
— M. Bouvier donne lecture de la troisième partie de son mémoire sur Jean-François Rozier, relative aux Elections de 1789.
Séance du 26 avril 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
Décès. — En ouvrant la séance, M. le Président exprime à la famille de M. Théophile Chollet les condoléances de la Société, dont il était membre honoraire de droit, en sa qualité de maire d'Orléans.
— M. le Président souhaite la bienvenue à M. Eugène Deschamps, nouvellement élu membre titulaire résidant, et qui assiste pour la première fois, en cette qualité, à la séance. Il signale que M. Eugène Deschamps est le petit-neveu de l'archéo-
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logue Orléanais Adolphe Duchalais, jadis membre de la Société archéologique.
Vacance de siège. — La Société déclare la vacance du siège de M. le chanoine lauch, décédé.
Commission des publications. —M. Soyer lit son rapport sur le travail de M. de La Martinière intitulé : A propos d'une signature de Jeanne d'Arc, ou les suites fâcheuses de la distraction d'un metteur eu pages. Il en propose l'insertion au Bulletin de 1929. L'insertion est votée.
Cinquième centenaire. — M. Johannet signale qu'il a pris l'initiative d'ouvrir une souscription dans le Journal du Loiret, afin de faire fleurir pendant la durée des fêtes de Jeanne d'Arc la tombe du Bâtard d'Orléans, à Cléry.
Communication. —M. A. Bouvier donne lecture de la quatrième partie de son mémoire sur Jean-François Rozier, intitulée Les volontaires Orléanais, première période, 24 avril20 mai 1789.
Séance du 10 mai 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
Don. — M. Bruley offre une brochure dont il est l'auteur : Jeanne d'Arc à Orléans. Orléans, Luzeray, 1929, in-8°, 47 p.
Démission. — M. Léon Chailloux, de Châteauneuf-surLoire adresse sa démission de membre associé correspondant.
Cinquième centenaire. — M. Johannet propose que la Société exprime ses félicitations à M. le chanoine Chenesseau, pour la parfaite organisation qu'il a su donner aux fêtes de Jeanne d'Arc à la cathédrale, le goût artistique et la science archéologique dont il a fait preuve à cette occasion. Ces paroles sont unanimement approuvées.
Médaille. — M. Houzé fait circuler un exemplaire en argent et un exemplaire en bronze de la médaille du cinquième centenaire, frappée sous les auspices de la Société. M. le chanoine Chenesseau annonce qu'un exemplaire en or a été offert
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au Pape par Mgr. l'Evêque d'Orléans et figurera dans les collections du Vatican.
Ouvrages reçus. — Communication de M. Jouvellier : La Société a reçu un certain nombre de volumes de la Revue bénédictine et quatre fascicules du Monasticon belge en échange des Bulletins et Mémoires qu'elle a envoyés à l'abbaye de Maredsous. Dans la Revue bénédictine, il y a lieu de signaler ceci :
La congrégation bénédictine de Chezal Benoît, par Dom Berlière (1901), où l'on voit que le 17 décembre 1763, l'évêque d'Orléans devient abbé de Saint-Vincent du Mans.
La translation de saint Benoit et la chronique de Leno, par Dom G. Morin (1902). Il s'agit d'une relique de saint Benoît conservée au monastère de Leno, du diocèse de Brescia.
Dans Les chapitres généraux de l'ordre de Saint-Benoit, par Dom Berlière (1902) est signalée une lettre de Grégoire IX, du 23 octobre 1236, relative à l'interdit dont les visiteurs de l'ordre avaient frappé l'abbaye de Saint-Mesmin, à l'occasion de la publication de ses statuts. — En appendice : liste des monastères de la province de Reims-Sens, avec indication des taxes dont ils étaient frappés au début du XVe siècle.
Parmi les Lettres inédites de Bénédictins de Sainl-Maur, publiées par Dom U. Berlière (1908), sont deux lettres de Dom Gérou demandant des renseignements pour la Gallia christiana et pour un ouvrage sur Orléans.
Dans l'étude de Dom P. Denis intitulée : Le cardinal de Fleury, Dom Alaydon et Dom Thuillier (1909) sont publiées de nombreuses lettres de D. Alaydon, général des Bénédictins, élu en 1729 contre les ordres du roi, car il était « appelant », et exilé au monastère de Bonne-Nouvelle d'Orléans avec ses conseillers.
En 1911, Dom U. Berlière, continuant la publication des, Lettres inédites des Bénédictins de Saint-Maur, en publie plusieurs de D. François Mery à D. Bernard de Montfaucon, datées de Bonne-Nouvelle, 1720. Il y est question très succinctement d'envois de dessins et de difficultés relatives à l'impression du catalogue de la Bibliothèque Prousteau. En échange Montfaucon lui envoyait des médailles.
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Enfin dans une étude sur des Manuscrits démembrés, Dom Quentin signale (1911) que les mss. 2389 de la Bibliothèque nationale (fragment) et 19(16) d'Orléans (fragment), qui contiennent des épitres de saint Paul, ont fait partie du même livre; que ce livre provient sans doute de Saint-Benoît-surLoire, et que l'un des fragments qui composent le recueil de Paris porte le nom de Pierre Daniel.
Communication. — M. André Bouvier donne lecture de la cinquième partie de son mémoire sur Jean-François Rozier : Les volontaires Orléanais et le Comité (juillet-décembre 1789).
Séance du 24 mai 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
Candidature. — MM. Pommier, Bouvier et Bruley présentent comme associé correspondant M. Jacques Richer, négociant, 44, rue d'Illiers. Il sera statué sur cette candidature dans une séance ultérieure.
Communications. — M. Eugène Deschamps donne lecture d'une note sur les monnaies, médailles ou jetons Orléanais où se trouve reproduite la basilique de Sainte-Croix d'Orléans. Il en présente quelques exemplaires à la Société. Ce travail est renvové à la Commission des publications.
— M. Bouvier donne lecture de la sixième partie de son mémoire sur Jean-François Rozier.
Séance du 14 juin 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
Ouvrages reçus. — M. le Président signale dans le n° 210 (janvier 1929) du tome XV des Bulletins de la Société dunoise un article de M. Sidoine sur la maison du ChevalBlanc à Orléans. Cet article a été fait uniquement à l'aide de documents conservés aux Archives nationales.
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Décès. — M. le Président annonce la mort do M. Jules Devaux, avoué honoraire, ancien maire de Pithiviers et ancien membre correspondant de la Société. M. Jules Devaux était sans conteste un des travailleurs les plus sérieux de notre région en matière de recherches historiques. Il avait consacré à l'histoire de Pithiviers de nombreuses études, parues pour la plupart dans les Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais. La Société salue avec regret sa disparition.
Candidature. — MM. Pommier, Banchereau et Chenesseau présentent comme membre titulaire non résidant M. René Housset, notaire honoraire, vice-président de la Société d'histoire et d'archéologie de l'arrondissement de Provins, demeurant à Saint-Ay (Loiret). II sera statué sur cette candidature dans une séance ultérieure.
Communications. — M. de La Martinière signale deux brochures :
R. P. P. d'Hérouville, S. J., Les missions des Jésuites au Canada, XVIIe et XVIIe siècles. Analyse des documents exposés par la Compagnie de Jésus el sur les Jésuites par A. Léo Leymarie, de la Société d'histoire du Canada en France, [à l']exposition rétrospective des colonies françaises de l'Amérique du Nord. Paris, avril-juin 1929. Paris, Enault, 1929, in-8°, 80 pages. On y trouve le meilleur portrait, sans doute, qui ait été tracé du P. Jogues.
Raymond de Rigné, La clef de l'erreur judiciaire de Mgr Pierre Cauchon. Paris, éditions Volp, 1728, in-8°, 94 pages. L'auteur annonce un ouvrage dans lequel il démontrera « comment Cauchon voulut sauver Jehanne du bûcher et comment les Anglais la firent condamner ». Il se classe luimême parmi les « historiens d'art » possédant « un don de vision suraigu, et donc d'imagination transcendante ».
— M. Bouvier termine la lecture de son mémoire sur JeanFrançois Rozier. Ce mémoire est renvoyé à la Commission des publications.
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Séance du 28 juin 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
Don. — M. Badey offre le n° 31 (avril 1929) de la nouvelle série de La Bourgogne d'or, contenant un article intitulé : La fête orléanaise de Jeanne d'Arc, dont il est l'auteur.
— M. Banchereau signale que l'ouvrage annoncé de. M. de Rigné, dont il a été parlé dans la dernière séance, a paru depuis deux ou trois jours sous le titre Jeanne d'Arc champion du droit.
— M. Soyer appelle l'attention de la Société, qui est non seulement antiquitatis custos, ruais encore la gardienne de la vérité historique, sur une inscription récemment placée au côté nord de l'église de Jouy-le-Potier, en commémoration du passage de Jeanne d'Arc dans cette « commune » (sic) en 1429.
Aucun document authentique et contemporain ne signale le passage de la Pucelle à Jouy-le-Potier.
La Société proteste contre l'apposition de semblables plaques propagatrices de faussetés et qui vont se multipliant dans notre région.
Séance du 12 juillet 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
— M. le Président félicite M. le commandant Aubey, qui vient d'être nommé officier de la Légion d'honneur, et M. Paul Fougeu, nommé officier d'Académie. Il exprime à M. de La Martinière, frappé par un deuil récent, les condoléances de la Société.
Don. — M. Badey offre deux articles dont il est l'auteur : l'un, paru dans le numéro du 29 juin du Progrès de l'Oise, est intitulé Jeanne d'Arc sur le Matz, l'autre, extrait des Annales de Géographie, n° du 15 mai 1929, a pour titre : Buffon précurseur de la science démographique.
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— M. Marcel Marron offre la brochure contenant les trois panégyriques du 8 mai 1929.
Correspondance. — M. Soyer donne lecture d'une lettre de M. Pouliot, président de la Société des Antiquaires du Centre, dans laquelle celui-ci conteste que le célèbre Théophraste Renaudot ait été étudiant à Orléans. Il s'agirait, d'après lui, d'un fils obscur de celui-ci, portant le même prénom que son père.
— M. le Président donne lecture d'une lettre que lui a adressée M. Charles Nouguier, secrétaire adjoint de la Société d'émulation de Montargis ; cette Société, constatant que des objets intéressants pour l'archéologie et l'histoire locale trouvés ou recueillis dans l'arrondissement de Montargis sont déposés au Musée d'Orléans au détriment de celui de Montargis, a émis le voeu, dans sa séance du 4 juillet, que la Société archéologique veuille bien, lorsque pareil fait se reproduira, « charger sa jeune soeur d'en faire elle-même la remise au Musée de Montargis ».
M. Soyer fait observer que le Musée d'Orléans est départemental par ses origines. Et M. Jouvellier que l'organisation du Musée de Montargis laisse fort à désirer.
M. le Président répondra en ce sens à la Société d'émulation de Montargis en lui donnant acte de son voeu.
Commission des publications. — Au nom de la Commission, M. Soyer propose d'insérer au Bulletin, sous le litre Sainte-Croix d'Orléans dans la numismatique et en y apportant quelques rectifications, la note lue par M. Deschamps à la séance du 24 mai. L'insertion est votée sous réserve des observations du rapporteur qui seront communiquées à l'auteur.
— M. Soyer présente ensuite son rapport sur le travail de M. Bouvier, intitulé Un annaliste Orléanais peu connu : JeanFrançois Rozier (1762-1854) el les débuts de la Révolution à Orléans. Il en propose l'insertion dans le 2e fascicule du tome XXXVI des Mémoires et signale que l'utilité de ce tra-
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165vail augmentée s'il était suivi d'un Index alphabétique. L'auteur établira cet Index et l'insertion est votée.
Séance du 26 juillet 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
Correspondance. — M. le Président a reçu une lettre de M. le Préfet, l'informant que le Conseil général du Loiret, au cours de sa session d'octobre 1928, a accordé à la Société une" subvention de 2,000 fr.
Bibliographie. — M. le Président signale, dans le tome XXXV, livraison 1 des Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, un important mémoire de M. Waldemar Deonna sur La Fiction dans l'histoire ancienne de Genève et du Pays de Vaud. L'auteur a, cité, utilisé et critiqué le travail de M. Rouvier paru dans le tome XXXVI de nos Mémoires sous le titre : Genabum et Genava. La Légende d'Aurélieu à Orléans et à Genève.
Communication. — M. Pommier donne lecture d'un travail sur les Boiseries anciennes du Musée Fourché. Ce travail est renvoyé à la Commission des publications.
Séance du 11 octobre 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
Décès. — M. le Président, en ouvrant la séance, l'ait part en ces termes du décès de M. le docteur Louis Vacher, membre titulaire résidant :
« M. le docteur Louis Vacher est décédé à Orléans le 29 septembre; il nous appartenait depuis plus de trente ans comme membre titulaire résidant, ayant été élu le 24 avril 1896 en remplacement du chanoine Foucher.
« Notre confrère, plus connu comme médecin que comme
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érudit, s'était, avec succès, spécialisé dans le traitement des affections de l'ouïe et de la vue. Ce n'est pas ici le lieu d'apprécier ses qualités médicales, mais il nous sera permis de dire que par son habileté professionnelle il s'y était acquis une réputation qui dépassait les bornes de la cité et il est juste d'ajouter que son talent remarqué d'opérateur était doublé d'un homme enjoué et compatissant.
« Notre confrère par les exigences d'une pratique médicale très suivie eut donc peu de temps pour s'associer à nos travaux, bien qu'il s'y intéressât. Mais nous n'oublierons pas sa courtoisie, l'aménité de son commerce et nous adressons à sa famille l'expression attristée de nos condoléances.
« Ses obsèques, auxquelles se trouvèrent plusieurs d'entre nous, furent, par l'affluence des personnes de tous rangs qui y assistèrent, une réelle manifestation de la sympathie générale dont jouissait le défunt en souvenir des services rendus.
« Une autre vacance résulte de la nomination de M. Lucien Badey comme professeur à l'Ecole Arago à Paris, mais il tient à rester attaché à Orléans où il professait depuis près de vingt ans; il m'a demandé son inscription sur la liste des membres titulaires non résidants.
« Enfin, avec un grand regret, il nous faut enregistrer la démission de M. Albert Laville en raison de son état de santé; il avait un goût prononcé pour les souvenirs d'histoire locale et nous l'avions élu le 6 mai 1914 en remplacement d'Albert Cagnieul. M. Albert Laville, conseiller municipal, puis maire de 1919 à 1924, nous était très dévoué. »
— M. le Président annonce que la Société a également perdu pendant les vacances un de ses associés correspondants : M. Jules Lenormand, décédé h; 31 juillet. Il exprime à la famille du disparu les condoléances de la Société.
Bibliographie. — M. le Président signale dans le Bulletin trimestriel de la Société des Antiquaires de Picardie, 3e-4e trimestres de 1928, un article intitulé Jeanne d'Arc au Crotoy, par Adrien Huguet.
— M. Soyer annonce qu'il a publié dans La Géographie, revue de la Société de géographie (fasc. de mai-juin 1929, t. LI),
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un article où il étudie spécialement les Souvenirs de la TerreSainte et de l'Orient latin dans les noms de lieux du département du Loiret : BETHLÉEM, qui fut l'appellation primitive de l'abbave de Ferrières-en-Gàtinais, subsiste dans le nom d'un domaine de la commune de Bonny-sur-Loire (canton de Briare); JÉRUSALEM, aussi dans le nom d'un domaine de la même commune. Le nom du mont des Oliviers (Mons oliveti ou Mous olivarum des Ecritures), en vieux français Mont Olivel ou Olivel tout court, s'est perpétué dans OLIVET (commune du canton d'Orléans-Sud), dans OLIVET (hameau, commune de Meung-sur-Loire), dans OLIVET OU OLLIVET(hameau, commune de Chilleurs-àux-Bois, canton de Pithiviers). Comme toponymes de même formation, M. Soyer signale Olivet (ancienne abbaye, Loir-et-Cher), Josaphal (ancienne abbaye, Eure-etLoir), Bit liai ne (= Bethania, ancienne abbaye, Haute-Saône).
Le nom de la montagne de Sion, l'une des quatre collines de la capitale de la Judée, s'est conservé dans MONTISSION OU MONTICION, anciennement MONTESSION (aujourd'hui LE GRAND ET LE PETIT-MONTISSION, commune de Saint-Jean-le-Blanc, canton d'Orléans-Sud), qui appartenait au prieuré de Saint-Samson d'Orléans, dépendant depuis 1152 de l'abbaye de Notre-Dame du Mont-Sion de Jérusalem; de même dans LES MONTASSIONS (commune de Cléry-Saint-André), appartenant aussi au prieuré de Saint-Samson.
Par opposition au mont de Sion, on créa le toponyme VAUXION ou LES VAUXIONS (commune d'Ardou, canton de la Ferté-Saint-Aubin; et commune de Tavers, canton de Beaugency); c'est-à-dire « le val ou les vallées de Sion ».
Les mêmes religieux installés au prieuré de Saint-Samson d'Orléans cherchèrent, mais en vain, à imposer le nom de CONSTANTINOPLE, en souvenir de la capitale de l'empire byzantin, à leur domaine de Marmogne (hameau, commune de Saint-Jean-de-la-Ruelle, canton d'Orléans-Nord-Ouest). Peutêtre est-ce encore à ces religieux qu'est dû le vocable ANDRINOPLE (domaine, commune d'Olivet).
Le nom GALETAS OU CHATEAU-DE-GALETAS (hameau, commune de Foucherolles, canton de Courtenay) rappelle la tour de Galata, faubourg de Constantinople, prise par les Croisés en
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1203 : il n'est pas étrange de rencontrer cette appellation près de Courtenay, dont la famille seigneuriale compte trois empereurs latins.
LE TEMPLE (hameau, commune de Mignères, canton de Ferrières), LE TEMPLE (ferme, commune et canton de Gien), VILLIERS-LE-TEMPLE (hameau, commune d'Épieds-en-Beauce), rappellent des domaines appartenant à l'ordre des Templiers.
L'HÔPITAL (domaine, commune de Montbouy, canton de Châtillon-Coligny), L'HOPITEAU (domaine, commune de Saran, canton d'Orléans-Nord-Ouest), L'HOPITEAU (ferme, commune de Coulmiers, canton de Meung-sur-Loire), L'HOPITEAU ou LHOPITEAU (hameau, commune de Courtenay), rappellent des domaines de l'ordre des Hospitaliers de SaintJean de Jérusalem ; de même, à Pithiviers, LE VAL-SAINTJEAN doit son nom à une église Saint-Jean relevant delacommanderie d'Etampes; de même LA COMMANDERIE (ferme, commune de Montbouy), appartenait au commandeur de SaintMarc-lez-Orléans, seigneur de Montbouy, de l'ordre de SaintJean de Jérusalem. L'ordre des chevaliers de Saint-Lazare de Jérusalem possédait clans l'Orléanais le domaine de Boigny, concédé par Louis VII; d'où le nom de LA COMMANDERIE (hameau et château, commune de Boigny, canton d'OrléansNord-Est), ancienne résidence du grand-maître de l'ordre, dite « commanderie magistrale ».
Enfin, le tombeau du Christ à Jérusalem est rappelé dans ce département par LA CHAPELLE-SAINT-SÉPULGRE (commune du canton de Courtenay) et par l'église désaffectée du SAINT-SÉPULCRE à Beaugency, plus connue depuis le XVIe siècle sous le nom de Saint-Etienne, ancien prieuré de l'abbaye de la Trinité de Vendôme.
Correspondance. — M. Soyer donne lecture de la réponse qu'il a adressée à M. Pouliot, président de la Société des Antiquaires de l'Ouest, au Sujet de Théophraste Ronaudot, étudiant à Orléans (cf. procès-verbal de la séance du 12 juillet). Le fait que le publiciste avait quarante-quatre ans et qu'il était docteur en médecine depuis vingt-quatre ans déjà, à la date où son nom figure sur les registres de l'Université, ne doit
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pas surprendre. On fréquentait l'Université à tout âge. Entre autres exemples, le plus remarquable est celui de Massillon, qui a passé sa licence en droit à Orléans, âgé de cinquantequatre ans, étant déjà évêque de Clermout. Et d'autre part on peut citer de nombreux étudiants de la Nation germanique qui étaient docteurs en médecine. En sa qualité de publiciste, Théophraste Renaudot pouvait avoir besoin de titres juridiques.
Communication. — M. le chanoine Chenesseau lit une note relatant une récente Découverte de sarcophages au cimetière île Saint-Benoît-sur-Loire. Cette note est renvoyée à la Commission des publications.
Séance du 25 octobre 1929. Présidence de M. A. POMMIER, président.
Bibliographie. — M. le Président signale dans le Bulletin de la Diana, avril-juin 1928, un article de M. P. Tézenas du Montai sur La communauté des marchands fréquentant la, rivière de Loire et la navigation dans le Brionnais aux XVe et XVIe siècles; dans les Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais, 2e fascicule du tome XXXIX (1929) : Les origines historiques de Nemours et sa charte de franchises [1170), par M. G. Estournel (on sait que l'abbaye SaintPierre de Nemours a appartenu à l'église Sainte-Croix d'Orléans); et Excursions épigraphiques en Orléanais (cantons de NeuviIle-aux-Bois, d'Outarville et de Pithiviers), par André Lesort; dans le Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest. 2'e trimestre 1929, un travail de M. Pouliot intitulé Jeanne d'Arc et la Société des Antiquaires de l'Ouest.
M. Sover signale le Bulletin de la Société danoise (janvier 1929. n° 210, p. 140-105), qui contient une étude de notre collègue M. A. Sidoisne, membre correspondant, sur Jean Le Crestienné et la Maison du « Cheval-Blanc » à Orléans :
« Il s'agit de la très curieuse maison gothique actuellement
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occupée par M. Chéramy. L' « hostel du Cheval Blanc », comme on disait au XVIe siècle, était situé dans la rue de l'Aiguillerie (auj. rue Sainte-Catherine), en face de l'église paroissiale de ce nom; il ouvrait par derrière sur la rue Neuve (auj. rue Charles-Sanglier).
« Cet immeuble, qui se trouvait dans la censive du prieuré de Saint-Samson, fut donné le 12 mars 1364 (n. st.) à l'abbaye bénédictine de Saint-Florentin de Bonneval-en-Dunois (diocèse de Chartres) par Jean Le Chrétienne (Johannes Christianizati), bourgeois d'Orléans, originaire de la Sudermanie (province méridionale de la Suède). Ce Jean Le Chrétienne mourut dans notre ville entre les années 1381 et 1389. Ses « frères » de Sudermanie, étudiants de la Nation germanique de l'Université d'Orléans, lui élevèrent sous les arcades du grand cimetière un tombeau dont l'épitaphe latine, en caractères l'uniques, rappelait la donation de ladite maison, qui resta la propriété de l'abbaye de Bonneval jusqu'à la Révolution.
« L'étude de M. Sidoisne (avec, en pièce justificative, l'acte de dunation) est fort bien présentée; mais c'est une étude purement historique : la question archéologique reste à traiter.
« L'auteur a fait radicale justice de l'étymologie de Christianizati, donnée dans nos Mémoires par Eric Brate, membre de l'Académie royale d'histoire et d'archéologie de Stockholm, qui voyait dans la finale sali un mot de suédois ancien, alors que Chrislianizati est tout simplement le génitif du participe passé du verbe latin christianizare = christianiser, baptiser. C'est là un génitif patronymique couramment employé dans le latin médiéval : Johannes Christianizati (sous-entendu filius); cf. Johannes Fabri= Jean Lefèvre (le forgeron), Petrus Sutoris = Pierre Lesueur (le cordonnier). On sait que le christianisme s'implanta tardivement chez les Scandinaves; certains restèrent païens jusqu'au XIVe siècle.
« Il est regrettable que M. Sidoisne ait uniquement rédigé son travail à l'aide de documents des Archives nationales et des Archives départementales d'Eure-et-Loir : s'il avait consulté dans la série D des Archives du Loiret, dont l'Inventaire a été publié en 1917, l'important fonds du Collège royal d'Orléans et du prieuré de Saint-Samson uni audit Collège, il au-
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rait trouvé pour son sujet quelques renseignements utiles et inédits : le registre censier du prieuré (D. 649) lui eût fourni l'analyse d'actes relatifs à l'hôtel du Cheval-Blanc de 1387 à 1755; le D. 507, des documents originaux compris entre les mêmes dates, et le cartulaire de Saint-Samson, D. 371 (fol. 110 et 159), lui eurent appris notamment qu'il existait à Orléans, dès 1338, un bourgeois nommé Pierre Le Chrestienné : celui-ci vendit, à cette date, à Saint-Samson, pour la somme de 70 livres en deniers parisis, une maison sise rue Neuve dans la censive de ce prieuré.
« M. Sidoisne a indiqué avec un soin minutieux les ouvrages qu'il a consultés. Sa bibliographie paraît absolument complète.
« Une petite rectification, en terminant : l'accord conclu entre Saint-Samson et Bonneval au sujet de l'immeuble en question doit être daté du 25 février 1388 (n. st.) et non 1387, puisque l'année, dans la région, commençait à Pâques. »
— M. Soyer fait ensuite remarquer qu'à la séance du G mai 1925 M. le Président a signalé, dans les Annales de l'Académie de Mâcon (3e série, t. XXII, 1920-1921), une étude de M. Guy de Valons sur le Domaine de l'abbaye de Cluny aux Xe et XIe siècles. D'après lauteur, Cluny aurait possédé des biens dans le Pagus Ledunensis, qu'il identifie, sans donner aucun motif, avec Lion-en-Beauce (p. 473). Après examen du Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny, publié par A. Bernard et A. Bruel dans les Documents inédits de l'Histoire de France (t. I, 1876, p. 319, et l, III, 1884, p. 86-88), cette identification est insoutenable : Lion-en-Beauce (Lodonum) était sous les Carolingiens non pas chef-lieu de pagus, mais chef-lieu de la vicaria Lodonensis, subdivision administrative du Pagus Aurelianensis. Au reste, les indications qui se lisent au dos de la charte de 990, visée par M. Guy de Valons, prouvent nettement qu'il s'agit de biens situés dans le diocèse de Lyon, et non pas dans notre région.
Cette étude doit donc être rayée de la bibliographie orléanaise.
Vacance de sièges. — La Société déclare la vacance des
TOME XXI. — BULLETIN n° 228. 12
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sièges de MM. Albert Laville et Lucien Badey, anciens membres titulaires résidants.
Correspondance. — M. le Président a reçu une lettre, datée du 2 septembre 1929, de M. Marcel Aubert, directeur de la Société française d'archéologie, annonçant que le Congrès de cette Société se tiendra en juin 1930 à Orléans et exprimant l'espoir que les membres de la Société archéologique prendront une part effective aux travaux dudit Congrès; et une lettre de M. Léon Masson (13 octobre 1929) faisant savoir que la façade et la couverture de l'immeuble appelé La Chancellerie ont été inscrites à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 30 décembre 1924. Le propriétaire a fait une demande régulière pour les transformations qu'il désirait exécuter; il en a soumis les plans à la Direction des Beaux-Arts, laquelle a approuvé le tout, y compris la modification de la porte d'entrée, mais l'ancienne menuiserie sera conservée par le propriétaire et pourra être remise en place au départ du locataire qui fait actuellement les travaux à ses frais.
Communication. — M. Pommier donne lecture de Noies brèves sur deux maisons de la rue de Bourgogne. Ce travail est renvoyé à la Commission des publications.
Séance du 8 novembre 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
Correspondance. — M. Léon Masson annonce qu'il va faire une nouvelle démarche à la mairie pour demander qu'on observé les règlements en ce qui concerne la défense d'afficher sur les monuments historiques.
— M. Pierre Georges, domicilié à Gallerand, par Chilleursaux-Bois (Loiret), a communiqué à la Société deux manuscrits dont il est l'auteur : Souvenirs d'un chien d'Orléans, et En l'an quatre cent cinquante. Dans le premier de ces ouvrages, il met en scène la figure légendaire de Guy de Cailly.
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Les deux morceaux doivent paraître prochainement dans un périodique. L'auteur a tenu à en offrir la primeur à la Société, avec prière à ses membres de vouloir bien lui faire toutes les remarques critiques que pourrait leur suggérer leur counaissance du passé Orléanais. M. le Président l'ait observer qu'il s'agit là d'oeuvres littéraires plutôt qu'historiques; il met néanmoins les deux manuscrits à la disposition de ceux qui voudraient les examiner.
Congrès archéologique. — A propos du prochain Congrès de la Société française d'archéologie, M. le Président donne quelques détails sur le précédent Congrès archéologique d'Orléans, qui eut lieu en 1892, et aux travaux duquel il a pris part.
— M. le chanoine Chenesseau demande qu'à la réception par la Société des organisateurs du Congrès, les membres d'honneur soient invités. Il en est ainsi décidé.
Commission des publications. — Au nom de la Commission, M. Bruley propose l'insertion au Bulletin du travail de M. Pommier sur Les Boiseries anciennes du Musée Fourché.
M. Soyer propose l'insertion au Bulletin de la note du chanoine Chenesseau intitulée Découverte de sarcophages au cimetière de Saint-Benoit-sur-Loire. Les conclusions des deux rapporteurs sont adoptées.
Bibliographie. — M. Bruley signale le Guide illustré des campagnes de César en Gaule, par L.-A. Constans, qui vient de paraître dans la collection Le Monde romain, publiée sous le patronage de l'Association Guillaume Budé.
Communication. — M. le chanoine Chenesseau fait une communication orale sur les anciens celliers de l'abbaye de Saint-Euverte, situés au-dessous des anciens greniers dans lesquels est actuellement installée la lingerie du pensionnat; ils consistent en deux longs berceaux parallèles, réunis par trois baies transversales. Cette construction extrêmement robuste semble pouvoir être attribuée au XIe ou au XIIe siècle.
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Séance du 22 novembre 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
Condoléances. — M. le Président exprime à M. Bouvier les condoléances de la Société pour la mort de son père M. Armand Bouvier.
Affichage sur les monuments historiques. — M. le
Président a fait une démarche à la mairie au sujet des affiches indûment posées sur la clôture de l'ancien grand cimetière, monument historique, entre deux contreforts. Il a appris que la ville avait par erreur concédé le panneau à un entrepreneur de publicité.
Candidature. — MM. Baillet, Bouvier, Bruley et Soyer présentent la candidature, au siège de M. Albert Laville, membre titulaire résidant, démissionnaire, de Mlle Marie-Anne Glomeau, élève diplômée de l'Ecole pratique des hautes études (section des sciences historiques et philologiques), demeurant à Orléans, rue Edouard-Fournier, n° 9, et à Paris, rue PierreNicole, n° 41 (Ve arr.).
Commission des publications. — Au nom de la Commission, M. Bruley demande l'insertion au Bulletin des Notes brèves sur deux maisons de la rue de Bourgogne, par M. Pommier. L'insertion est votée.
Communication. — M. de La Martinière commente des lettres patentes de Charles VII, datées de Sully, septembre 1429, qui accordent à Gilles de Rais le privilège d'ajouter à ses armes un orle aux armes de France.
II ajoute : « Cet acte se trouve aux archives de La Trémoille. Les Archives nationales ont entrepris d'établir l'inventaire des archives particulières importantes que leurs propriétaires accepteraient de rendre accessibles. C'est ainsi que M. Charles Samaran, archiviste honoraire aux Archives nationales, a fait paraître un volume représentant un travail considérable mené avec une étonnante rapidité : Archives de la maison de La Trémoïlle, Paris, Champion, 1928; in-8°, XX-375 p. On y trouve
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en partie l'inventaire analytique, davantage le répertoire numérique du chartrier de Thouars (plus de 2,300 articles), de celui de Serrant (1,250 art.) et des papiers Duchâtel (24 art.). Madame la duchesse de la Trémoïlle a réuni ce magnifique ensemble de documents, les plus riches archives seigneuriales de France, sans doute, dans son hôtel du boulevard Delessert, et veut bien accorder l'autorisation de les consulter, sous certaines conditions, aux érudils qu'elles intéressent.
« La fable alphabétique permet de dresser la liste de nombreux articles qui renferment des pièces de premier ordre pour l'histoire de notre région. On sait, en effet, que Sully passa dans la famille de la Trémoïlle par le mariage de la dernière représentante du nom, Marie, avec Guy VI de la Trémoïlle.
« Voici les articles intéressant le Loiret : Lettres du roi Philippe V au profit du bouteiller Henri de Sully (22 et 2217). — Comptes de la seigneurie de Sully pendant un siècle, de 1491 à 1590 (2101-2118). — Pièces concernant cette même seigneurie, XVe-XVIe siècles (21 19-2126). — Trois inventaires des titres de Sully du XVe siècle (2100). — Contrats de mariage de Jean de Sully avec Marguerite de Bourbon, en 1320, et de Marie de Sully avec Charles de Berry, comte de Poitou, en 1381 (553). — Pièces diverses se rapportant à Marie de Sully, femme de Guy VI de la Trémoïlle (163-l66). — Procès entre Jacques de la Trémoïlle, seigneur de Mauléon et de Bommiers, et Avoie de Chabannes, sa femme, d'une part, et Georges de Sully, seigneur de Cohors, d'autre, en 1492 (180). — « Abrégé de la valeur des terres de Monseigneur », parmi lesquelles Sullv, 1502-1505 (700). — Pièces intéressant Chàteauneuf-surLoire. XVe et XVIe siècles (1532). — Pièces intéressant Chàteaurenard (1577). —Inventaire l'ait au château de la Mothe de Chàteaurenard, après le décès de Charlotte de Nassau, duchesse de la Trémoïlle, eu 1631 (380). — Comptes de Courcelles en Saint-Gondon, XVe ou XVIe siècle (1586). — Pièces sur Saint-Gondon (2082). — Pièces sur Meung-sur-Loire (1913). — Donations par Charles VII à Georges de la Trémoïlle des chàtellenies de Montereau et de Montargis, au cas où il parviendrait à s'en emparer avant trois mois. Avec la signature autographe du roi. Issoudun, 14 novembre 1436
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(2229). — Voyage à Montargis de Louis II de la Trémoïlle, 1515 (197). - Comptes de Moulinfrou de 1514 à 1542 (19361956). — Pièces sur Moulinfrou, XVe-XVIe siècle (1957). — Lettre de Thibault d'Auxigny, évêque d'Orléans de 1452 à 1473 (609). — Lettre des habitants de Gerdon, XVIe siècle (617). »
L'article de M. de La Martinière, intitulé Gilles de Rays en face de Jeanne d'Arc, est renvoyé à la Commission des publications.
— M. Jouvellier fait connaître que M. de Tristan a fait dégager les pierres de l'ancien Hôtel-Dieu d'Orléans, qui avaient été achetées par son grand-père, et transportées au lieu dit le Colombier, près de Cléry. Elles sont maintenant exhumées et conservées au château de l'Émerillon.
— M. le Trésorier fait savoir qu'ainsi qu'il en avait été décidé par la Société, il a vendu pour le prix de 6,000 francs, dès maintenant encaissé, la collection des Annales du Musée Guimet.
Séance du 13 décembre 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
Bibliographie. — M. le Président signale, dans le Bulletin de la Société d'archéologie et de statistique de la Drame, la fin du mémoire de M. Paul Thomé de Maisonneuve sur Le Jacquemart de Romans, Histoire d'une horloge et du maître canonnier des armées de Charles VII et de Jeanne d'Arc.
Correspondance. — Lecture est donnée d'une lettre de M. le maire d'Orléans, annonçant qu'une plaque commémorative va être posée, conformément au voeu qu'avait émis la Société, sur le mur gallo-romain du jardin de la Bibliothèque, et demandant à la Société de rédiger elle-même l'inscription. Après, délibération, le texte suivant est adopté : « Vestiges de l'enceinte de la ville au IVe siècle. »
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Candidatures. — MM. Bouvier, de La Martinière et Pommier présentent, sur la demande qui leur en a été faite, la candidature de M. Henri de Fougeroux de Denainvilliers, membre correspondant, au siège de M. le chanoine lauch, membre titulaire résidant, décédé.
— MM. Jouvellier, de La Loge et Pommier présentent, sur la demande qui leur en a été faite, la candidature de M. P.-J. de Tristan, membre correspondant, demeurant au château de l'Emerillon, à Cléry, au titre de membre titulaire non résidant.
Don. — M. Soyer fait don d'un tirage à part de son article Souvenirs de la, Terre-Sainte et de l'Orient latin dans les noms de lieux du département, du Loiret, extrait de La Géographie, n° de mai-juin 1929.
Communications. — M. Banchereau donne lecture de son rapport annuel au Préfet sur les travaux qui ont été effectués au Musée historique, au cours de l'exercice écoulé. Ce rapport sera inséré au Bulletin.
— M. Soyer annonce que le Recueil des Chartes de l'abbaye de Saint-Benoit-sur-Loire, par Prou et Vidier, interrompu par la mort de M. Vidier, va être repris et continué par MM. Prou et Stein.
Il donne lecture d'un article intitulé Encore Vellaunodunum, réponse à un mémoire de M. Th. Chartier, paru dans le Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, année 1926 (Auxerre, 1927), sous le titre : Au sujet de l'opuscule de M. J. Soyer sur l'identification de « Vellaunodunum oppidum Senonum ». M. Soyer réfute cet essai de réfutation. Il n'a absolument rien à changer à ses conclusions de 1921. Cet article sera inséré au Bulletin.
— M. Soyer donne ensuite lecture de son Rapport, de 1929 sur le service des Archives départementales.
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Séance du 27 décembre 1929.
Présidence de M. A. POMMIER, président.
Félicitations. — M. le Président exprime les félicitations do la Société à M. le général Lambert-Daverdoing pour sa récente nomination à ce grade.
Bibliographie. — M. le Président signale dans la Bibliothèque de l'Ecole des chartes, n° de janvier-juin 1929, p. 108-138, un article de M. Louis de Grandmaison sur La maison de Jeanne d'Arc à Tours, et dans la même revue un Etal sommaire des documents entrés aux Archives nationales par des voies extraordinaires (dons, achats, échanges), de 1918 à 1928. On y trouve, à la page 149, mention d'un Cartulaire incomplet du collège du cardinal Lemoine, XIVe siècle, 60 fol., qui a été transmis aux Archives nationales par M. Soyer, archiviste du Loiret, en 1925.
Don. — M. le comte Charpentier offre deux Bulletins de la Société, les nos 154 et 182.
Candidature. — MM. Chenesseau, Lejeune et Fougeu présentent, sur la demande qui leur en a été faite, comme membre correspondant, M. Jacques Fraquet, étudiant en pharmacie, demeurant faubourg Bannier, n° 350, aux Aydes, Fleury-les-Aubrais.
Élections. — Mlle Marie-Anne Glomeau est élue membre titulaire résidante.
— M. Henri de Fougeroux de Denainvilliers est élu membre titulaire résidant.
— M. René Housset est élu membre titulaire non résidant.
— M. Pierre-Jean de Tristan est élu membre titulaire non résidant.
— MM. Jacques Richer et Jacques Fraquet sont élus associés correspondants.
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Élections du Bureau. — M. Pommier est réélu président.
— M. le chanoine Chenesseau est réélu vice-président.
— M. de La Marfinière est élu membre de la Commission des publications, en remplacement de M. Bruley non rééligible.
Vacance de siège. — La Société déclare la vacance du siège de M. le Dr Vacher, membre titulaire résidant, décédé le 29 septembre dernier.
— Sur la proposition de M. Johannet, la Société décide qu'à l'avenir elle attribuera un jeton, à titre de félicitations ou d'encouragement, aux propriétaires de maisons anciennes qui, par d'intelligentes mesures de conservation, en auront mis en valeur l'intérêt artistique ou archéologique. En application de cette décision, des félicitations sont votées à M. Fugeray, poulies travaux qu'il a fait exécuter à sa maison de la rue du Tabour, et à Mme Godefroy, propriétaire de la maison des QuatreClefs, rue du Cheval-Rouge, dont les quatre arcades viennent d'être heureusement dégagées.
A PROPOS
D'UNE
SIGNATURE DE JEANNE D'ARC
LES SUITES FACHEUSES DE LA DISTRACTION D'UN METTEUR EN PAGES
Trois lettres émanant de la Pucelle portent sa signature : Jehanne, longtemps considérée comme tracée de sa main 1. M. de Terline, dans un curieux article de la Revue d'histoire de l'Eglise de France2, met en doute l'authenticité de la signature de la seconde lettre, datée de Sully, 16 mars 1430. Personne n'a encore tenté de réfuter directement ses assertions, qui paraissent sérieuses, à première vue.
En réalité, toute l'argumentation de M. de Terline a pour point de départ une singulière erreur.
Dans la quatrième édition illustrée de la Jeanne d'Arc de Wallon, parue en 1883, chez Didot, le fac-similé de la signature placée au bas de la lettre du 16 mars 14303 est identiquement le même que celui placé dans les éditions précédentes 4, par le même éditeur, au bas de l'autre lettre de Jeanne, celle
1. Comte de Maleissye, Les Reliques de Jehanne d'Arc, ses lettres. Paris, Bloud, 1909; in-16. — Du même auteur, Les Lettres de Jehanne d'Arc el la prétendue abjuration de Saint-Ouen. Paris, Marly, 1911, in-4°, 1™ éd.; et Paris, Maison de la Bonne presse, s. d.; in-8°, 2e éd. Les principaux passages de ce dernier ouvrage ont paru dans la Revue des Deux Mondes, n° du 1er' février 1911.
2. Intitulé : Une signature suspecte de Jeanne d'Arc, n° 35, avril-juin 1921.
3. Reproduit par M. de Terline, fig. I.
4. 1re éd., 1875; 2e éd., 1876; 3e éd., 1877,
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dite de Riom, datée du 9 novembre 1429 1. Autrement dit le prote de la maison Didot a fait passer par inadvertance la signature de la lettre de Riom au bas de la lettre du 16 mars 1430, créant ainsi un acte fau'x, du moins quant à la place des éléments qui le constituent.
La lecture attentive de l'article de M. de Terline m'avait donné la certitude morale de cette substitution. La certitude matérielle apparaît quand on confronte les fac-similés Terline, les fac-similés de l'édition Didot de 1876 et ceux des éditions Marty 2.
Nombreuses sont les victimes du prote de Didot, avant M. de Terline, et tout d'abord le consciencieux érudit rémois Jadard 3. Quant au chanoine Debout il trompe doublement ses lecteurs, si j'ose dire, en publiant une phototypie de la signature et des lignes qui la précèdent, non pas d'après la photographie du document, mais d'après celle du fac-similé au trait d'une des éditions erronées de Didot4. Anatole France, constatant l'identité de la signature attribuée par les fac-similés à deux lettres de dates différentes, suppose « un calque du seing de la Pucelle qui aurait servi pour toutes les lettres émanées d'elle 5 ».
Mieux encore, M. de Maleissye, lui-même, sans se reporter
1. Il existe une exellente reproduction de ce document, qu'a bien voulu me signaler mon confrère, M. Soyer, dans Le Musée des Archives départementales. Paris, 1878, p. 303, n° 124, planche XLVII, et que ne semble pas avoir connue M. de Tprline.
2. En outre de l'ouvrage de M. de Maleissye cité ci-dessus, M. Marty a publié sous son nom L'Histoire de Jeanne d'Arc d'après les documents originaux et les oeuvres d'art du XVe ou XIXe siècle. Cent fac-similés... Paris, Marty; Orléans, Marron, 1907; in-4°, pl. 10. — M. de Terline ne cite pas celle reproduction parfaite dont le cliché n'est pas le même que celui utilisé pour l'ouvrage de M. de Maleissye. La première reproduction de la lettre du 16 mars 1430, d'après la photographie, se trouve dans le journal l'Autographe, n° 24 du 15 nov. 1864. M. de Terline ne parait pas l'avoir examinée.
3. Jadard, Jeanne d'Arc à Reims. Reims, Marchand, 1887, in-8°; et Jeanne d'Arc à Reims, ses relations avec Reims, ses lettres aux Rémois. Reims, 1910, in-8°.
4. Henri Debout, Jeanne d'Arc. Grande histoire illustrée. Paris, Maison de la Bonne presse;, 1905-1906, deux in-8°.
5. Anatole France, Vie de Jeanne d'Arc, t. II, p. 122,
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à l'original de la lettre du 16 mars 1430, qui est sa propriété, se félicita un jour de l' « identité complète » des deux signatures de Jeanne 1, s'imaginant y voir une preuve d'authenticité.
Bien à tort, car il faut distinguer, en expertise d'écriture, l' « identité complète » de deux signatures, qui implique généralement la fausseté de l'une d'elles, de leur conformité.
C'est, ce qu'a fait le maître Quicherat, le 20 octobre 1864, dans sa réponse à M. de Villemessant 2 qui lui demandait son avis sur l'authenticité de la lettre et de la signature du 16 mars 1430, avant de les publier dans l'Autographe. Tous les termes de cette lettre portent. Retenons-en seulement ici la conclusion. «... Nul doute pour moi que votre autographe ne soit cet original [de la lettre du 16 mars]... J'ajoute que la signature est conforme à celle d'une autre, lettre... que la ville de Riom possède en original..Bien loin donc que j'aie à revenir sur mon premier jugement, je regarde comme un complément d'authenticité pour la pièce en question la production qui a lieu aujourd'hui par vos soins. »
Au moment où j'adopte, comme nouvelle patrie, la cité libérée par Jeanne d'Arc, voici cinq siècles, il me plairait de penser que j'ai pu contribuer, pour une faible part, à dissiper tout « trouble », tout « doute angoissant » sur l'une des « trois grandes reliques de la sainte 3 » qui fut toujours si chère au coeur de ses habitants.
J. DE LA MARTINIÈRE.
Avril 1929.
1. Lettre adressée à l'Intermédiaire des chercheurs et des curieux, n° du 30 avril 1903.
2. Publiée une première fois dans l'Autographe, n° 24 du 15 nov. 1864; une seconde fois par M. de Maleissye, Les Lettres..., loc. cit., p. 74. M. de Terline semble n'avoir pas connu la première publication. Luimême a reproduit le texte de la lettre.
3. De Terline, loc. cit.
SAINTE CROIX D'ORLEANS DANS LA NUMISMATIQUE
La basilique de Sainte-Croix d'Orléans a été reproduite sur plusieurs monnaies, médailles ou jetons Orléanais.
Dès l'époque mérovingienne, un denier faisant partie d'une trouvaille faite à Bais (Ille-et-Vilaine) porte la mention :
Sca Crus Aurilianis.
Il a été catalogué et décrit par M. Prou et par M. Bougenot dans la Revue numismatique, 1906-1907.
Et parmi les monnaies carolingiennes, quelques deniers frappés à l'atelier d'Orléans, sous Charles le Chauve, ont dans le champ, sur une des faces : un temple surmonté d'une croix, avec cette simple mention :
Aurelianis.
Je ne crois pas qu'il soit question autrement de la basilique de Sainte-Croix avant le règne de Louis XV.
Du moins, je n'ai jamais entendu parler ni de jetons, ni de méreaux particuliers à Sainte-Croix d'Orléans.
1° En 1767, pour commémorer le souvenir de la signature par Louis XV, du don en date du 4 janvier 1767, approuvant l'achèvement de Sainte-Croix en seize ans, il a été frappé une médaille.
En bronze, assez commune, elle est rare en argent.
De 0m004 de diamètre, gravée par Duvivier, elle est à mon avis la meilleure de la série orléanaise.
La face représente le buste de Louis XV, lauré à droite; le revers avec l'inscription latine en abrégé :
Basilica S. S. Crucis Aurelianensis
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(Basilique Sainte-Croix d'Orléans), a dans le champ le parvis de la basilique et en exergue :
HENRICI IV VOTUM PERSOLVIT
LUD. XV, 1767
(Louis XV s'acquitte du voeu de Henri IV, 1767).
Ce voeu est celui que Henri IV avait fait le 18 avril 1601, en posant la première pierre des nouveaux travaux, pour la réédification de la nouvelle basilique.
M. le chanoine Chenesseau, dans son bel ouvrage sur la cathédrale de Sainte-Croix, indique la même médaille, mais avec le buste de Louis XV à droite, gravé par Roetiers Filius.
Il y a lieu de remarquer que la cathédrale représentée sur ce revers n'est qu'un projet tel qu'elle devait être, avec deux étages seulement à ses tours, alors qu'en réalité elle en a trois actuellement.
2° Lottin dans ses recherches sur la ville d'Orléans à la date du 8 mai 1829 dit :
« Pour perpétuer la mémoire de l'achèvement de l'église de Sainte-Croix et la sortie de la procession de la fête de ville dite « de la Pucelle », il fut frappé une médaille en cuivre représentant d'un côté le monument terminé et la procession sortant par le perron sous les tours. Au revers est écrit : « Année séculaire de la Pucelle, 1829, sous le règne de « Charles X. »
Cette médaille en bronze ayant 0m064 de diamètre, gravée par Caqué, représente bien le parvis de Sainte-Croix, ainsi que l'indique Lottin. mais le revers porte cette mention : « A la mémoire de Jeanne d'Arc, 400 ans après la délivrance d'Orléans, cinquième année du règne de Charles X. »
Le coin du revers de cette médaille doit être inutilisable, les dernières frappes portent la trace d'une brisure.
3° Lors de l'inauguration de la statue de Jeanne d'Arc, sur la place du Martroi, le 8 mai 1855, il a été frappé ou plutôt fondu une médaille avec bélière, ayant sur la face dans le champ, la statue équestre de Jeanne d'Arc par Foyatier.
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Le revers représente la façade de Sainte-Croix avec cette mention :
Cavalcade historique aux flambeaux à l'occasion de l'inauguration de la statue de Jeanne d'Arc.
Cette médaille a dû être gravée par Jourdain, mais la signature est presque illisible.
Son diamètre est également de 0m064, je ne connais que le modèle en étain.
Elle est peu artistique et de beaucoup la moins bonne de toute la série orléanaise.
4° L'Académie de Sainte-Croix, dont le siège était à Orléans, avait un jeton de présence représentant sur une de ses faces : Sainte-Croix avec en exergue cette mention :
Sanctae Cracis Aurel. Academia. 1863.
Ce jeton, par les soins de M. Herluison, avait été gravé par Dautzell.
II a été frappé en argent, cuivre et bronze.
Son diamètre est de 0m033.
5° Depuis cette époque, toujours sous l'inspiration de M. Herluison, il a été frappé quatre jetons ou plutôt quatre médailles pouvant nous intéresser aujourd'hui :
La première en 1878, après le décès de Mgr Dupanloup.
Dans le champ de la face : le buste à gauche de l'évêque d'Orléans, avec F. A. P. Dupanloup, évêque d'Orléans, et la signature : H. Herluison.
La deuxième en 1887, pour être offerte à M. l'abbé Vie, décédé depuis évêque de Monaco, alors Supérieur du petit séminaire de la chapelle Saint-Mesmin.
Cette médaille lui était offerte par ses condisciples, 18661867, et ses anciens élèves, 1886-1887.
La troisième en 1888, à la mémoire de Mgr Bougault, décédé évêque de Laval.
La quatrième en 1893, à celle de Mgr Laroche, décédé évêque de Nantes.
Ces quatre médailles sont du même module de 0m036.
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Elles ont le même revers avec, dans le champ, la cathédrale de Sainte-Croix et l'inscription :
Cathédrale d'Orléans.
Ce revers a été gravé par Dautzell.
Elles ont été frappées en argent, vermeil et bronze.
Avant de terminer, il faut remarquer que trois médailles ont été frappées pour commémorer le souvenir de Mgr Dupanloup :
1° Celle indiquée ci-dessus.
2° Une autre antérieure date de 1875, pour l'anniversaire de ses vingt-cinq années d'épiscopat et ses cinquante ans de prêtrise.
3° Et une dernière frappée en 1887 ayant comme revers la face de la médaille de Mgr Vie ci-dessus énoncée.
Sur ces trois médailles, la face est la même, les revers seuls sont différents.
Mais seule la médaille de 1878 reproduit la cathédrale d'Orléans.
Eugène DESCHAMPS.
LES
BOISERIES ANCIENNES DU MUSÉE FOURCHÉ
Il est utile de signaler que nos confrères, les conservateurs du Musée de peinture, ont remis en lumière plusieurs collections d'anciennes boiseries qui depuis longtemps sommeillaient aux réserves de ce Musée. Avec goût et discernement ils les ont installées sous le portail d'entrée du Musée Paul Fourché, dont les dimensions leur procurent une agréable présentation.
Ces boiseries ont plusieurs provenances et sont de différents styles. Sur le mur de droite on remarque tout un ensemble de panneaux, cheminées, dessus de porte, lambris, trophées, sculptés dans le style, dit de Louis XVI, qui triomphe vers 17601. Cette collection proviendrait d'un château des environs d'Orléans, de celui de la Ferté-Saint-Nectaire, d'autres disent du château de la Brosse près Malesherbes.
Pour la Ferté, nous pouvons préciser qu'après la mort de M. Masséna, duc de Rivoli et prince d'Essling, fils du maréchal, un partage passé le 12 avril 1864 devant un notaire de Paris attribua à sa veuve la propriété du château et de tout le mobilier y contenu. La princesse d'Essling réalisa le mobilier, dans une série de ventes comprenant 900 lots qui, heureux temps pour les amateurs! ne produisirent que la somme de douze mille francs; mais ni les procès-verbaux de vente du
f. Consulter sur la réaction contre le style rococo l'ouvrage documenté d'Henri Destailleur, Notice sur quelques artistes français, architectes, graveurs et dessinateurs du XVIe au XVIIIe siècle. Paris, Rapilly, 1863 (volume n° 214 au cabinet des Estampes).
TOME XXI. — BULLETIN n° 228. 13
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notaire, ni ses comptes de recettes ne portent trace de ventes de boiseries. Quant au château, il fut vendu le 12 juillet 1864 à Mme Andrieu 1.
Quelle que soit la provenance de ces sculptures, malheureusement arrachées des appartements qu'elles ornaient, elles sont charmantes et dans le meilleur goût du temps qui les créa, telles que les estampes de La Londe, de Ranson, de Salembier en ont représenté les modèles pour renseignement des jeunes artisans 2 du XVIIIe siècle.
Mais suspendons un instant notre admiration pour les humbles artistes dont les noms ne nous sont pas parvenus et qui, de leur burin habile et patient, ont sculpté ces merveilles, et regardons le panneau de gauche où des oeuvres plus sévères vont fixer notre attention.
D'abord des souvenirs, à n'en pas douter, de notre ancien Châtelet, où siégeaient les justices du Bailliage, de la Prévôté et du Présidial; un panneau sculpté qui représente la Justice avec ses attributs le sceptre et la balance. Dame Thémis est assise sur son siège magistral, sous un dais orné, un soleil rayonnant étincelle sur sa poitrine; ses traits doux et calmes nous rappellent les figures de femmes qui se voient sur les portes extérieures de Sainte-Croix. L'ensemble accuse le style de la seconde moitié du XVIIe siècle et une fabrication orléanaise 3.
Sur le même panneau nos confrères ont dressé une cheminée en bois, sculptée dans le goût du début du XVIIe siècle. Une note d'Eudoxe Marcille 4 indique qu'elle provient de la maison Lambron achetée en 1865 par la ville d'Orléans, aux héritiers d'Emmanuel Lambron, décédé en 1860, maison qui
1. Nous devons ces renseignements à l'extrême obligeance de Me Claveau, notaire à la Ferté-Saint-Aubin et nous savons d'autre part que dans le partage de la succession reçu par Me Charlet, notaire à Paris le 12 avril 1864, il n'y a pas mention de boiseries sculptées.
2. Pour les consulter voir au cabinet des Estampes d'Orléans les copieux portefeuilles 134 à 137.
3. Nous reproduisons ci-contre ce panneau.
4. M. Eudoxe Marcille, excellent critique d'art, fut de 1870 à 1890, directeur de notre Musée de peinture qui prospéra grandement sous son administration.
PI. I.
PANNEAU SCULPTÉ PROVENANT DE L'ANCIEN CHATELET D'ORLÉANS.
PI. II.
CHEMINÉE DE LA MAISON LAMBRON.
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depuis fut englobée dans le Musée historique avec la maison Lorraine et l'Ecu de France autrement dit Hôtel Cabu.
Cette cheminée mérite une étude et quelques instants d'attention. En effet, le fronton de l'encadrement du foyer est décoré en son milieu d'un écusson sans armes, surmonté d'un cimier, et flanqué à droite et à gauche de bandeaux horizontaux ornés de rinceaux sculptés.
Le dessus de la cheminée comprend un panneau central accosté de guirlandes de (leurs verticales dans des encadrements. Sur le même plan, aux extrémités, l'artiste a sculpté des guirlandes de rinceaux dans lesquelles sont encastrés des entrelacs d'initiales de douze centimètres de hauteur. Nous y lisons deux D adossés, dont les cordes forment avec un V central les jambages d'un M 2.
Or, nous savons par nos recherches sur l'Ecu de France, notamment par le Papier ceusier du prieuré de Saint-Samson 3, que les trois maisons qui, depuis 1865, forment le Musée historique actuel appartinrent jusqu'au début du XVII siècle aux héritiers Cabu et celle, en particulier, qui au siècle suivant devint la propriété du chirurgien Lambron, était à Geneviève Cabu, épouse de Michel Daneau. Elle vivait encore eu 1590, lors de la mort de son frère Philippe, constructeur du charmant hôtel.
Le dessin très net des lettres entrelacées semblerait s'appliquer à Michel Daneau. Est-il téméraire de l'imaginer? Il est même singulier que les deux D privés de leur corde donnent encore l'initiale du nom de Cabu.
Le chanoine Hubert comprend les Daneau dans les familles nobles de l'Orléanais !, mais ne leur connaît pas d'armes, ce qui pourrait expliquer l'absence de signes héraldiques sur l'écu de notre cheminée.
1. Sur la formation de l'cdilice actuel renfermant le Musée historique, on pourra consulter notre travail sur l'Ecu de France dans Mémoires de la Société archéologique de l'Orléanais, t. XXXVI.
2. Voir planche II.
3. Archives du Loiret, D) 650. Papier censier des biens du collège d'Orléans, t. III, fol. 964, 991, 968.
4. Bibliothèque municipale d'Orléans, Manuscrits du chanoine Hubert, vol. IV, foi 108.
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La noblesse de cette famille remonte à Jean Dalneau ou Delneau, dit Goujon, natif de Thiérache en Picardie, soldat de la compagnie de Xaintrailles, qui, à la bataille de Patay, le 14 juin 1429, fit Talbot prisonnier et pour ce fait d'armes reçut de Charles VII en mars 1438 des lettres d'anoblissement.
Notre confrère le chanoine Victor Pelletier les a publiées dans nos Bulletins1, avec une notice documentée sur la descendance de Jean, qui vint s'établir à Orléans et s'y unit aux anciennes familles du pays, les Compaing, Brachet, Masson, etc.
On y remarque un Michel Daneau qui épousa Jacquette Conipaing dont il eut huit enfants et l'un d'eux fut le père du fameux théologien protestant Lambert Daneau né à Beaugency en 1530.
On voit plus tard un second Michel Daneau, seigneur de Villerouche, épouser Geneviève Cabu. N'est-ce pas leur chiffre entrelacé qui se lit sur le dessus de cheminée de la maison Lambron?
A. POMMIER.
1. Bulletins, VI, 576.
DECOUVERTE DE SARCOPHAGES
AU CIMETIÈRE DE SAINT-BENOIT-SU R-LOIRE
Au commencement de juillet dernier, le fossoyeur de SaintBenoit, en creusant une tombe, rencontra une large pierre qui avait toutes les apparences d'un couvercle de sarcophage. On suspendit la fouille qui fut reprise en ma présence le 18 juillet. Elle amena la découverte non seulement d'un sarcophage aux trois quarts intact, mais d'un second, dont il ne restait malheureusement qu'une partie.
Le fond du premier reposait à 1 mètre environ du niveau du sol. Il était orienté d'ouest en est, la tète à l'ouest. La cuve mesure 1m95 de longueur. Elle se rétrécit de la tête aux pieds : à cette extrémité elle a 0m35 de largeur. Il est impossible de mesurer la tète, car cette partie est incomplète : le fond et la paroi de gauche manquent. La hauteur de la cuve est de 0m40 aux pieds et de 0m54 à la tête. Du couvercle il reste un peu plus de la moitié, sur 1m17 de longueur. La partie qui couvrait la tète a disparu : celle qui subsiste était encore en place et scellée au mortier.
A côté de ce sarcophage, à la distance de 0m50, dans une position parallèle, mais à une profondeur moindre, on a trouvé une partie de la cuve d'un autre sarcophage, la partie des pieds. Le morceau mesure 0m89 de longueur et 0m32 de largeur à l'extrémité. La hauteur de cuve est de Om36 aux pieds, de 0m40 à l'endroit de la fracture.
Ces deux sarcophages sont en calcaire grossier, mélangé d'oolithes et de coquillages : on retrouve la même matière (probablement une pierre de Bulcy de qualité inférieure) parmi les sarcophages conservés dans la crvpte de l'église de SaintBenoit. D'ailleurs la forme est tout à fait semblable à celle de ces derniers : même profil du couvercle, à pans coupés, et sur-
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tout même taille, à stries grossières tracées en fougère, sur toutes les parois. La taille du petit sarcophage est un peu plus soignée que celle du grand.
Dans ces deux sarcophages il restait des ossements : la partie intacte du plus grand en contenait un amas qui semblait provenir de deux squelettes. Il est probable que ces sépultures ont été violées et partiellement détruites pour aménager une autre tombe orientée différemment. La partie du cimetière où la découverte a été faite est toute proche de l'emplacement de l'ancienne église paroissiale de Fleury. Nous croyons que les fouilles qui pourront être faites dans ces parages, où l'on commence seulement d'inhumer, devront être conduites avec circonspection. On doit s'attendre à rencontrer non seulement d'autres sépultures, mais encore les fondements, et peut-être d'intéressants débris, de l'ancienne église.
M. le maire de Saint-Benoît et M. le curé se sont mis d'accord pour transférer à la crypte de la basilique, auprès des autres sarcophages, ceux qui viennent d'être découverts. Cette opération est maintenant chose faite.
G. CHENESSEAU.
NOTES BREVES
SUR
DEUX MAISONS DE LA RUE DE BOURGOGNE 1
Ces maisons portant les numéros 331 et 333 dissimulent leur ancienneté sous un ravalement moderne, qui cependant en laisse voir quelques vestiges aux fenêtres de l'étage supérieur. En regardant leurs devantures disparates, on remarque celte singularité de construction qu'une toiture commune abrite les deux immeubles dont l'un (331) est englobé dans les magasins d'habillement qui s'étendent sur les nos 325 à 329, alors que l'autre (333) est autonome. Les titres do propriété nous apprennent, en effet, qu'un même propriétaire les a réunis anciennement sous sa main.
Ces papiers respectables qui, sans lacune, remontent à 1607, n'apportent guère de contribution importante à notre histoire locale, néanmoins nous y puiserons quelques renseignements que nous résumerons brièvement :
Tout d'abord les deux maisons y sont désignées comme sises sur la rue de la Tamellerie, auprès ou au coin Maugars. C'était le nom de la rue qui descendant de la porte Régnant, se prolongeait jusqu'à la rue Sainte-Catherine, à la Porte Dunoise. Elle portait aussi les noms de rue du Tabourg, des Papegaux, grande rue Porte-Régnard. Le percement de la rue Royale en 1750 l'a traversée et l'on a donné le nom de rue Faverie au tronçon Est, celui de rue du Tabour restant à la partie Ouest; néanmoins, nous retrouvons la Tamellerie dans les titres postérieurs à cette opération de voirie.
Le n° 331 est invariablement désigné dans ses mutations
1. Ce petit travail est compose eu grande partie sur le dossier assez compact des titres de propriété mis à noire disposition par M. Robert Gougeard, acquéreur récent des deux immeubles. Les autres sources seront signalées.
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successives sous le nom de maison du Mouton d'or qui relevait de la censive de l'abbaye de Voisins 1 à laquelle elle devait une rente annuelle de 28 sols et. pour chaque mutation, un droit de vente du franc quatre blancs 2. L'importance de celte redevance est indiquée dans une quittance du 17 août 1689; l'abbesse de Voisins y reconnaît avoir reçu de Jeanne Hoctins, veuve de Claude de Villeneuve, bourgeoise d'Orléans, la somme de 107 livres 10 sols pour profit du franc quatre blancs, qui était dû à cette abbaye, à raison de l'adjudication du Mouton d'or faite à cette dernière le 16 juillet précédent.
L'abbaye de Voisins, dit Jules Doinel, dans son Introduction au Cartulaire de ce monastère 3, possédait à Orléans, outre autres biens, une censive sur trois maisons de la Tamellerie.
La maison 333 n'a pas de nom spécial, les titres la dé-" signent comme touchant d'un long au Mouton d'or et dépendant de la censive de la seigneurie des Turpins dont nous reparlerons.
Ces deux maisons furent de tout temps habitées par des commerçants et particulièrement par des orfèvres : Nicolas Martin qui acheta, le 20 avril 1607, la maison attenante au Mouton d'or (c'est-à-dire le 333) est qualifié dans l'acte de maître orfèvre et marchand bonnetier.
Un siècle après, cette maison appartenait aux époux Guillaume Bruant et à leur fils prêtre-vicaire de Saint-Paul; ils la vendent le 1er mars 1714 à un orfèvre nommé Charles Payen et elle passe par la suite à sa, fille Catherine Payen qui a épousé un orfèvre nommé Martin Lumière. Marie-Rose Lumière, fille du précédent et femme de François Drufin, notaire royal au chàtelet d'Orléans en héritera plus tard et la vendra le 25 mai 1782 à Jean-François Béchard-Brégeon, maître orfèvre.
1. L'abbaye de Voisins fut canoniquement supprimée en 1778; les bâtiments vendus en 1781 ont été transformés en château (commune de SaintAy, Loiret).
2. Le franc valait vingt sous, synonyme de la livre. — Quant au blanc c'était une piécette d'argent A litre faible.valant environ six deniers.
3. Ce cartulaire publié et annoté par Jules Doinel dans le tome XVI des Mémoires de la Société archéologique de l'Orléanais, pages XXXV-1 à 240.
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Or, depuis quarante ans, son père François Béchard Capy est propriétaire du Mouton d'or, l'ayant achetée le 8 octobre 1741 et il y tenait un commerce de meubles. L'année suivante, Béchard-Brégeon, par un arrangement de famille, acquiert le Mouton d'or et y continue sa maîtrise d'orfèvre. L'une de ses filles épousera le 16 décembre 1805 Charles Levé dont le père était marchand de draps. Ce Charles Levé-Béchard qui mourut prématurément en 1806 est l'auteur de ces récits curieux sur la guerre de Vendée que notre confrère Albert Depréaux a publiés dans nos Mémoires1 sous ce titre : L'Odyssée d'un Orléanais pendant la Révolution. Souvenirs de Charles Levé. C'est par lui et par sa descendance que les deux maisons dont nous avons étudié les titres sont entrées dans le patrimoine de l'honorable famille Levé et en dernier lieu dans celui d'Alphonse Levé, petit-fils du soldat de la Révolution.
Mais, pour finir, revenons à la censive des Turpins dont relevait la maison sans nom (333). Cette censive était une des nombreuses censives particulières qui avaient été très anciennement créées sur des biens dans la ville d'Orléans. Dans nos recherches, nous avons trace d'une sentence du 9 juin 1446 « portant main levée d'opposition à l'obstacle fait à la requête des seigneurs de la censive des Turpins contre Pierre Théveneau, locataire d'une maison rue do la Talmellerie 2 ».
Il est permis de supposer qu'il s'y agit de notre maison et ceci nous amène, au sujet de cette même censive, à étudier un document plus moderne, fort curieux dans son contenu comme par sa date. Au moment de la Révolution, le seigneur de la censive des Turpins était M. Tassin de Charsonville, grand maître des eaux et forêts du duché d'Orléans qui demeurait rue d'Escures. —L'Assemblée constituante avait décrété le 11 août 1789, en abolissant le régime féodal, « que dans les droits tant féodaux que censuels, ceux qui tiennent à la mainmorte réelle ou personnelle et à la servitude personnelle sont abolis sans indemnité. Tous les autres sont déclarés rachetables ». Mais comment distinguer les premiers des seconds? Les juristes de la Constituante, après de longs débats
1. Tome XXXIV, 1913, p. 333 à 480.
2. Archives du Loiret, A B 1887, page 21, 2e colonne.
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et voulant protéger tous les droits respectables, firent voter le décret du 15 mars 1790 qui déclarait « rachelables et devant être payés jusqu'au rachat effectué tous les droits féodaux ou censuels qui sont la condition d'une concession primitive du fonds », et, en l'absence presque générale des titres constitutifs, le décret décidait que toutes les redevances seigneuriales annuelles en argent, grains, denrées, etc., servies sous le nom de cens, censives, etc., présumeraient l'existence du contrat primitif.
Jean-François Béchard, notre maître orfèvre du coin Mangars, rue de la Tamellerie, voulut profiter de cette disposition législative et il fit offrir à M. Tassin de Charsonville, le 24 mai 1792, notons la date, par procès-verbal d'offres réelles, la somme de 418 livres, 6 sols 8 deniers « pour le rachat et entier amortissement, tant du fonds du droit de cens que de la casualité des profits dus par lui à cause de sa dite maison, relevant à droits de cens et de relevoison à plaisir pour toutes mutations dus au sieur Tassin de Charsonville, à cause de sa seigneurie des Turpins ».
L'huissier commis à cette opération exhiba deux billets assignats de chacun la somme de 200 livres payables par la caisse de l'extraordinaire, trois billets assignats de chacun la somme de 100 sols sur la même caisse, deux billets de caisse patriotique d'Orléans de chacun trente sols, signé Benoist fils, six gros sols, une pièce de deux liards et une autre d'un liard.
Notre document ne dit pas si Tassin, qui, à ce moment, était absent de sa demeure, accepta ou refusa les offres, mais ne doit-on pas admirer l'honnêteté scrupuleuse de cet honorable marchand, et il ne fut pas le seul à accomplir ce geste, qui, en pleine révolution, trois mois avant la chute de la royauté et le bouleversement général qui s'ensuivit, observait encore l'exécution d'un contrat suranné et le paiement de redevances dont les chiffres n'étaient même pas fixés dans ses titres d'acquisition.
Alexandre POMMIER.
1. Voir Emile Chénon, Les Démembrements de la propriété, foncière en France avant et après la Révolution. 1923, librairie Sircy.
ENCORE « VELLAUNODUNUM »
Le Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, année 1920 (Auxerre, 1927), renferme (page 07) un mémoire de M. Th. Chartier, intitulé : Au sujet de l'opuscule de M. J. Soyer sur l'identification de « Vellaunodunum, oppidum Senonum ».
C'est un essai de réfutation de mon étude, publiée par le Ministère de l'Instruction publique dans le Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, année P.121 (Paris, Imprimerie nationale, 1923, p. 39-51, avec une carte; tirage à part de 13 pages1).
D'après M. Chartier, Vellaunodunum serait aujourd'hui Toucv-sur-l'Ouanne (la thèse n'est pas de lui et n'est pas neuve, il aurait pu le dire). Le nom de Vellaunodunum serait non pas gaulois, mais latin 2, et signifierait le fort d'arrêt (vallum) de la rivière de l'Ouanne (Oduna)\
Le nom actuel de la localité de Toucy, qui a pris la place de Vellaunodunum, serait lui aussi latin et proviendrait de Tosca, petit buisson 2 ! On croit rêver en lisant de semblables étymologies et l'on se demande si nous sommes revenus au temps de Ménage.
L'auteur n'a aucune idée de la philologie. S'il avait lu, même superficiellement, les travaux des plus éminents celtistes, d'Ar1.
d'Ar1. Chartier a cru devoir cacher à ses lecteurs le périodique dans lequel avait paru mon étude, dont il ne donne nulle part le titre exact; c'est pourquoi je l'indique ici avec la plus grande précision.
2. Page 75.
3. Le latin médiéval tosca signifie bois de haute futaie servant à l'ornement d'un domaine, et non pas petit buisson. —Toucy, en latin carolingien Tocianus (voir A. Longnon, Allas historique de la France, p. 205), est un toponyme formé à l'aide d'un nom d'homme et du suffixe acus.
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bois de Jubainville, Alfred Holder, Georges Dottin, il aurait pu y trouver facilement le sens de l'adjectif vellaunos — bon, qui n'a rien de commun avec le nom authentique de l'Ouanne Odoana1 (et non pas Oduna).
Il ignore le nom véritable de Sens, qui est non pas Agendicum, mais agedincum.
Il n'a rien compris à la campagne de César dans le Sénonais, l'Orléanais et le Berry; car il écrit 2 que le proconsul est parti de Sens « non avec une armée, mais avec une colonne volante, sans aucun bagage ». Or, en réalité, César est parti d'Agedincum, se dirigeant sur Genabum ou Cenabum, avec huit légions.
Tout le reste est à l'avenant : les citations latines sont remplies de barbarismes et solécismes et la plupart des noms propres géographiques, tant anciens que modernes, sont estropiés 3.
Le président de la Société a cependant trouvé que les arguments de M. Chartier « avaient des bases solides » ; il a même ajouté qu' « il n'est guère possible d'admettre avec M. Soyer, qui s'appuie sur des raisons philologiques, que Vellaunodunum soit le Petit-Villon (Loiret) ».
Je n'ai jamais soutenu que Vellaunodunum fût le Petit-Villon. J'ai dit exactement que VELLAUDUNUM, variante de Vellaunodunum dans certains manuscrits des Commentaires, aboutissait régulièrement à VILON et que ce modeste oppidum devait être placé au GRAND-VILLON, commune de Girolles (Loiret), ancienne paroisse du diocèse de Sens (civitas Seuonum).
Sans insister longuement sur le phénomène bien connu de la chute de la dentale intervocalique, j'ai donné des exemples du passage de l'e gaulois non accentué à i; on peut y ajouter
t. Voir A. Longnon, op. cit., p. 22, note 3 et p. 30. Odoana = Ouanne, lieu et rivière.
2. P. 71.
3. Ainsi Gerge.au, pour Jargeau; Nouant-le-Fuzelier; pour Nouanle-Fuzelier; Nohant-en-Gour, pour Nohant-en-Goût (p. 69). — J'ajoute qu'Orléans s'appelait non pas Aurelianum (p. 75), mais Aureliani, ou plutôt Aurelianis, locatif pluriel qui a fini par être employé à tous les cas.
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Villenauxe (Seine-et-Marne), en latin médiéval Velonessa 1, forme secondaire de * Vellaunissa-.
Après les preuves philologiques, j'ai fourni, comme il convenait, les preuves topographiques et archéologiques; et c'est l'ensemble de ces preuves qui m'a forcé à admettre que Vellaudunum s'était perpétué sous la forme Vilon, aujourd'hui Villon.
Je n'ai rien, absolument rien, à changer à mes conclusions de 1921. Chose curieuse et même amusante, M. Th. Chartier n'est pas le seul érudit qui ait cru reconnaître dans Vellaunodunum le nom de la rivière de l'Ouanne :
En 1922, un membre de la Société d'émulation de l'arrondissement de Montargis, M. H. Le Roy, offrait à ses collègues cette singulière étymologie du toponyme en question : « Vel = tète, embouchure; auno = Ouanne; dunum = colline, oppidum; c'est-à-dire colline à l'embouchure de l'Ouanne»; et voilà pourquoi, d'après M. Le Roy, Vellaunodunum est indiscutablement Montargis 3.
En 1863, un membre de la Société d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts d'Orléans, Boutet de Monvel, plaçait Vellaunodunum à Triguères, bourg situé sur l'Ouanne, « la Vouanne [ Ve/launo], comme disent les gens du pays 1 ».
En résumé, pour M. Chartier, le nom de la rivière de l'Ouanne se retrouve dans la finale odunum; pour M. Le Roy dans la partie médiane auno, et pour Boutet de Monvel dans la partie initiale Ve/launo!
Il est regrettable que des sociétés savantes laissent imprimer dans leurs publications de pareils enfantillages.
Jacques SOYER.
1. La forme Velonessa m'a été signalée par M. H. Stein dans un acte de 1176 des Archives départementales de l'Yonne, A 13G2.
2. Voir à ce mot A. Holder, All-celtivcher Sprachschalz. Leipzig, 1907.
3. Bulletin, de la Société d'émulation de l'arrondissement de Montargis, année 1922. Montargis, 1926, p. 14. — M. Le Roy ne dit pas, et pour cause, en quelle langue vel signifie tête ou embouchure.
4. Élude sur les expéditions de César dans les Cumules (Mémoires de la Soc. d'agr. sc., belles-lettres et arts d'Orléans, t. VII, 1863, p. 43) : tissu d'erreurs el d'absurdités.
GILLES DE RAYS EN FACE DE JEANNE D'ARC
LETTRES PATENTES
ACCORDANT UN ORLE DE FRANCE EN SUPPLÉMENT D'ARMOIRIES AU MARÉCHAL DE RAYS
Sully-sur-Loire, septembre 1429.
Aux archives de La Trémoïlle ' se trouvent des lettres patentes du roi Charles VII, certainement authentiques 2, insuf1.
insuf1. centralisées à l'hôtel de La Trémoïlle, à Paris. On sait avec quelle libéralité Mme la duchesse de La Trémoïlle les rend accessibles aux travailleurs. Elle nous permettra de lui en adresser, pour notre, part, nos plus respectueux remerciements. M. Ch. Sainaran a publié l'inventaire des Archives de la maison de La Trémoille. Paris, 1928, grand in-8° de 374 p. Les lettres patentes de septembre 1429 sont cotées, p. 227, sous le n° 2228.
2. L'exemplaire des lettres conservées aux archives de La Trémoïlle n'a pas été enregistré, el Marchegay l'a vu non scellé en 1883. Je n'attribue aucune valeur au sceau de majesté dont il est actuellement muni, plus grand (de 7 millimètres) que le plus grand des sceaux de Charles VII conservés aux Archives nationales. Mais on connaît plusieurs sceaux de Gilles de Rays postérieurs à 1429. Tous portent l'orle; on pourrait même dire pour plusieurs que le blason de Laval y figure en abîme sur l'écu de France. 1° Un sceau des contrats de Tiffauges, dont la matrice se trouve au Musée archéologique de Nantes (Catalogue du Musée., éd. de 1903, p. 174, n° 80). — 2° Un sceau pour les sauf-conduits dont le moulage se trouve au Musée archéologique de Nantes. Il est cime d'un cygne et a deux cygnes pour soutien. — 3° Un sceau apposé au bas d'un règlement de comptes du 20 mai 1430 (Cb. Sainaran, loc. cit., p. 224, n°2211, 5°). — 4° Un sceau du 7 novembre 1435 (Archives de la Loire-Inférieure, E 174). Il a été reproduit par Dom Morice, Hisloire.de Bretagne, Preuves, II, pl. XIV, n° CCXXXII. Le heaume du cimier porte deux longues cornes formant croissant, entre lesquelles repose un dragon ailé. Deux anges supportent de leurs 'mains le cimier et encadrent la partie supérieure de l'écu placé à l'extrême base du sceau. — 5° Un sceau daté de 1436 par dom Morice (loc. cit., pl. XIII, n° CCXVIll) sensiblement plus petit que
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fisamment signalées 1 jusqu'ici par les seuls historiens du fameux Gilles de Rays. Elles contribuent grandement à mieux faire comprendre quelles difficultés éprouva Jeanne d'Arc pour remplir sa mission.
Le roi octroie à Gilles de Rays, maréchal de France, un orle aux armes de France, qui viendra s'ajouter au blason des Laval, en considération de ses « hauls et recommandables services », et « des grans périls et dangiers » auxquels il a « moult chevaleureusement » exposé sa personne, « comme à la prinse de Lude, et autres pluseurs beaulx faiz, au lievement du siège que tenoient nagueres, devant la ville d'Orliens, les Angloys. anciens ennemis de noustre royaume et seignorie, à la journée aussi et bataille de Patay où, après ledit siège levé, nos diz ennemis ont esté desconfiz, et depuis en l'armée que nagueres avons faicte tant en la ville de Reims, pour noustre couronnement et sacre, qu'autre part, oultre la rivière de Seine, pour la recouvrance de pluseurs nos païs, que adoncques occupoient nos diz ennemis, lesquels païs, par le bon aide et loyal service que nous y ont fait ledit mareschal et autres noz chiefs de guerre et vassaulx, en la compaignie de pluseurs des seigneurs de noustre sang, qui nous y ont aussi accompaigniez
le précédent et présentant avec lui celte différence que, sur le heaume, sans cornes, au lieu d'un dragon se trouve un lion. Les 1°, 2° et 4° ont été dessinés récemment par M. l'abbé Boulin dans l'ouvrage de J. Aubert, Le vieux Tiffauges, et cité par M. l'abbé Bourdeaut, Chantocé, Gilles de Rays et les ducs de Bretagne. Nantes, 1924, p. 29, n. 1.
L'existence de ces sceaux suffit à prouver l'authenticité de la charte. Volontairement je n'ai pas voulu aborder ici son examen diplomatique. Je la livre comme un nouveau point de comparaison aux diplomatistes qui possèdent des connaissances héraldiques spéciales. Il me suffira d'allumer normale, à celle époque, la représentation des armoiries dans le corps du document, en invoquant sur ce point l'autorité d'une communication orale de M. Max Prinel à M. Ch. Samaran.
1. Elles ont été publiées par Marchegay, dans un petit recueil aujourd'hui bien difficile à découvrir : Anecdotes galantes el tragiques du
XIVe au XVIIe siècle. Les Roches-Barilaud, 1883, p. 24-27; Bibl. nat., Rés., Li 2 66. Après lui par le docteur J. Hébert, l'ne cause célèbre au
XV siècle. Gilles de Rays, dans le Bulletin de la Société académique de Brest, 1892-1893, p. 203-205. Enfin par Bertrand de Broussillon, Cartulaire de la maison de Laval, t. III, p. 80. M. de Broussillon publie même la reproduction en phototypie de la charte, p. 81.
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et serviz, nous avons, l'aide de Dieu tousjours devant, réduiz et remis en noustre obéissance ».
La date des lettres : septembre 1429, ajoute de la valeur à ces termes qui me semblent en avoir déjà une singulière par eux-mêmes.
Gilles de Laval, sire de Rays, a participé à la campagne du bas Maine et à la chute de Lude en compagnie d'Ambroise de Loré; c'est Jeanne la Pucelle qu'il est venu rejoindre à Orléans; c'est Jeanne qui fut le grand animateur de la campagne de Jargeau à Patay, dans l'armée conduite par le lieutenant général duc d'Alençon, à laquelle se rallia le connétable de Richemont; c'est Jeanne qui décida le roi à se faire sacrer à Reims; c'est grâce à Jeanne, surtout, que villes sur villes se rendirent ensuite à lui.
Charles, cependant, a signé une trêve désastreuse, le 28 août 1429, avec le duc de Bourgogne; arrêté brusquement, le 9 septembre, le siège de Paris. « Il semblait, a pu dire Petit-Dutaillis, que le roi voulût s'assurer des garanties contre les victoires de la Pucelle1. »
Nos lettres patentes ne viennent-elles pas à l'appui de ce jugement? Dès lors qu'Orléans est reconquis, le roi sacré à Reims, que les bonnes villes ont, en nombre, reconnu Charles comme souverain, qu'enfin et surtout des négociations sont entamées avec le duc de Bourgogne, la cour paraît vouloir effacer le souvenir de Jeanne. Les chefs de guerre et les vassaux, en compagnie des princes du sang, ont tout fait, assurent les lettres, sans une allusion à la Pucelle. A peine ajoutent-elles cette clause de style : « L'aide de Dieu toujours devant. »
Bien plus que le roi, certainement, son conseil, dominé par La Trémoïlle, est responsable. Celui qui, sans doute, propose la faveur royale et, en tout cas, l'approuve, comprend l'évêque de Séez, que l'on peut supposer avoir surveillé spécialement la rédaction des lettres; le seigneur de Trêves, Robert le Maçon, ancien chancelier; le sire d'Albret, fils du connétable, demifrère de La Trémoïlle par leur mère, Marie de Sully; le sire de Mareuil; enfin, le sire de Gaucourt, gouverneur de la ville
1..Histoire de France de Lavisse, t. IV, II, Charles VII, Louis XI..., p. 60.
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d'Orléans, qu'elle rabroua si fort un jour. Presque tous, sinon tous, ont participé à la préparation de la trêve du 28 août qui contrista si fort Jeanne, quand elle eu eut connaissance 1. Tous, certains volontairement, d'autres, peut-être, inconsciemment, suivent le jeu que La Trémoïlle a préparé.
Depuis plusieurs années déjà, dans une étude pénétrante 2, trop peu connue des historiens de Jeanne, M. l'abbé Bourdeaut a évoqué les raisons qui ont déterminé sa conviction. La Trémoïlle « tenait... à surveiller le mouvement d'enthousiasme qui se dessinait autour de Jeanne pour qu'il ne tournât pas contre lui », et « il chercha un homme de confiance, un homme à lui, capable, sinon de diriger l'aventure, du moins de veiller à sa propre fortune. Cet homme fut Gilles de Rays 3 ».
Le 8 avril 1429, Gilles signe de son sang, semble-t-il, des lettres de fraternité d'armes avec La Trémoïlle. Les chroniqueurs contemporains1 nous montrent Gilles, escortant Jeanne, au nom du roi, avec ses Manceaux et ses Angevins qui forment, d'abord, le principal contingent de l'armée royale; les comptes de la ville de Tours annoncent un seul vainqueur à Orléans, après la Pucelle, et c'est Gilles; Dunois, au procès de réhabilitation, place Gilles au premier rang de tous les chefs du siège; c'est Gilles qui accompagne Jeanne quand elle part rendre compte au roi, le 9 mai; ce sont deux des compagnons de Gilles, des Angevins, les sires de la Jaille et de Serrant, qui vont interdire au connétable de Richemont, de par le roi, de rejoindre l'armée; à Patay, Gilles ne marche pas avec l'avant-garde qui décida la victoire, mais avec le corps de bataille, près de Jeanne, retenue là malgré elle; à Paris, Gilles se trouve dans le fossé où Jeanne est blessée 3.
1. De Beaucourt, Histoire de Charles VII.
2. A. Bourdeaut, Chantocé, Gilles de Rays et les ducs de Bretagne. Rennes et Nantes, 1924, iu-8° de 110 p. Extrait des Mémoires de la. Société d'histoire el d'archéologie de Bretagne.
3. A. Bourdeaut, loc. cit., p. 24.
4. Chronique de la Pucelle, Chronique de la procession du 8 mai, Trimant, secrétaire de Jean de Bueil, Jean Chartier.
5. Les faits énumérés dans ce paragraphe ont été exposés par A. Bourdeaut, loc. cit., p. 25-30.
TOME XXI. — BULLETIN n° 228. 14
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Déjà, le 17 juillet, jour du sacre, le sire de Rays avait été magnifiquement récompensé. Chargé d'escorter la sainte Ampoule, le roi lui avait conféré le titre de maréchal de France, à vingt-quatre ans. Mais cela ne suffisait pas.
A Chinon, le 2 juin, le roi « ayant congneu les proesses de Jehanne la Pucelle et victoire du don de Dieu et son conseil intervenues 1 », avant de la faire suivre par l'armée du duc d'Alençon, lui avait conféré, ainsi qu'à sa famille, des armoiries où se trouvaient l'appelées « les très nobles et excellentes armes de France ». A Sully, dans le château de La Trémoïlle, trois mois plus tard, il accorde à Gilles de Rays, « pour l'ennoblissement de ses armes et acroyssement d'onneur pour lui, sa postérité et maison », une « orleuse » de ses armes « en laquelle aura fleurs de lis d'or semées sur champ d'azur ».
Et le rapprochement est voulu, le contraste cherché. En juin, le roi, dans l'entraînement de la délivrance d'Orléans et de l'enthousiasme populaire, avait honoré des lys une humble famille en raison des « proesses » de Jeanne. En septembre, il « ennoblit les armes » du sire de Rays « ayans esgart » à ses « grans noblesces et seignories », et parce qu'il « est de puissant et noble hostel, dont il est à présent chief », pour ses « hauls et recommandables services » devant Orléans, à Patay, et dans une campagne dont le succès serait dû à la noblesse.
Ne dirait-on pas, vraiment, que le roi prévoit le procès de Rouen et entend fournir aux juges de la Pucelle une des accusations sur lesquelles ils insisteront, parce qu'elle répondait, sans doute, aux rumeurs, aux envies, aux intrigues d'une par1.
par1. termes sont empruntés à l'analyse des lettres accordant des armoiries à Jeanne d'Arc et à sa famille. On la trouve dans le fr. 5524 de la Bibliothèque nationale, et elle a été publiée en fac-similé par Wallon, Jeanne d'Arc, éd. de 1876, p. 411. Que cette analyse soit celle d'un acte authentique, il n'est guère possible d'en douter. Les armoiries de Jeanne d'Arc nous sont connues par des documents contemporains qui les décrivent avec précision. Le procès de Rouen affirme qu'elles furent octroyées par le roi, et on doit conclure, en comparant ses dires avec les lettres d'anoblissement de la famille d'Arc, que les lettres attributives d'armoiries furent indépendantes des lettres attributives de la noblesse. Enfin le dessin des armoiries ajouté correspond à l'usage de reproduire sur les lettres de concession les armoiries concédées.
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tie de la cour de Charles : « En trop grand oultrage, orgueil et présumpcion [Jehanne] demanda avoir et porter les très nobles et excellentes armes de France1. »
Il fallait, aux politiques d'alors, conduits par La Trémoïlle, trouver un personnage à leur dévotion qu'ils pussent substituer, au moins dans une mesure, à la Pucelle, le cas échéant. Un mot à la mode aujourd'hui, mais non encore académique dans cette acception, explique leur pensée, bien qu'il semble étrange, appliqué à Gilles de Rays. A la mystique populaire qu'avait créée Jehanne, ils voulaient opposer une autre mystique, celle du maréchal de France de vingt-quatre ans appartenant à la première noblesse de France. Les lettres patentes de septembre 1429, surtout, sont frappantes à cet égard, et nous ne connaissons pas, pour notre part, de document qui trahisse plus clairement avec quel art savant fut préparé le lâchage de la Pucelle, par les « bureaux ministériels 2 ».
Utiliser pleinement le grand mouvement de foi patriotique créé par Jeanne leur paraissait, en tout cas, dangereux pour leur influence. A plus forte raison ne pouvaient-ils attacher aucun intérêt à l'avertissement, donné après le siège d'Orléans, par Gerson qui, les connaissant et prévoyant leurs manoeuvres, les flétrissait par avance : « Que le parti qui a juste cause prenne garde de rendre inutile, par incrédulité ou autres injustices, le secours divin qui s'est manifesté si mira1.
mira1. du roi d'Angleterre du 18 juin 1431 et procès; édit. Quichcral, t. I, p. 470; p. 117 et 300.
2. M. l'abbé Bourdeaut a bien vu comment ces lettres, ajoutées à tant de témoignages recueillis par lui, prouvaient l'intervention de La Trémoïlle et de Rays. Il ajoute même ce mot que nous ignorions au moment où nous avons écrit les lignes ci-dessus : « L'honneur de porteries lys de France n'est accordé qu'à la Pucelle et à Gilles. On dirait vraiment qu'il est le sauveur de la monarchie au même titre que Jeanne ! Ces faits ont une signification, ou bien il faut renoncer à interpréter le moindre document. La Trémoïlle nous dirait lui-même que Gilles fût son délégué près de la Pucelle, que la chose ne serait pas plus évidente aux yeux de qui sait voir. » Loc. cit., p. 29. — Sur l'hoslilité rencontrée par Jeanne à la Cour, les conclusions de Quicheral, Aperçus sur l'histoire de Jeanne d'Arc, demeurent presque entières, nonobstant un récent article de M. Tony Catta dans la Revue des questions historiques, 1er octobre 1929. M. Catta a commis nombre de méprises.
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culeusement... car Dieu, sans changer de conseil, change l'arrêt selon les mérites 1. »
Ce restera le grand honneur des Orléanais d'avoir conservé, envers et contre tous, le culte de la sainte Pucelle libératrice.
On connaît la fin du maréchal. La folie de l'orgueil le ruina. Voulant se procurer de l'or à l'aide de la magie noire, il sombra dans les pires turpitudes, les crimes les plus atroces, en complet désaccord avec le pur symbole des cygnes et des anges choisis par lui comme supports de ses armes. On le vit monter sur le bûcher, plein de repentir et de courage, le 26 octobre 1440 2.
Les deux lys d'or de la Pucelle rayonnent plus que jamais, après cinq siècles. Qui se souvient des lys sans nombre de Gilles de Laval, sire de Rays, maréchal de France 3?
J. DE LA MARTINIÈRE.
1. Cité par Wallon, loc. cit., p. 154.
2. La dernière biographie de ce personnage est l'oeuvre de M. Emile Gabory, La Vie et la mort de Gilles de Rais. Paris, 1926, in-16 de 241 p. On trouvera les principaux articles de la bibliographie, p. 240-241.
3. Nous nous faisons un devoir d'exprimer tous nos remerciements à M. Ch. Samaran pour l'aide qu'il a bien voulu nous donner.
M OSÉE HISTORIQUE DE L'ORLEANAIS
RAPPORT ANNUEL (1929)
5 juillet 1929.
MONSIEUR LE PRÉFET,
J'ai l'honneur de vous adresser le rapport annuel sur les travaux qui ont été effectués au Musée historique de l'Orléanais, au cours de l'exercice écoulé.
Aucun aménagement nouveau n'a été entrepris, ni envisagé ; l'inventaire des collections est continué et se poursuit normalement; au Cabinet numismatique, M. Jouvellier s'occupe activement de l'inventaire, il a complètement revu le legs Delahaye et commencé d'autres séries. Mais j'ai dû, cet hiver, laisser quelque temps les collections générales pour me consacrer plus spécialement aux collections johanniques dont les fêtes augmentaient l'intérêt : j'ai, en effet, reçu un assez grand nombre de visites, sans compter une copieuse correspondance, de personnes qui désiraient revoir les objets que possède le Musée, mais voulaient surtout consulter les documents iconographiques et la bibliothèque. Les dossiers des fêtes se sont déjà considérablement accrus, mais sont loin d'avoir reçu tout ce qui doit leur parvenir concernant les solennités de 1929, car c'est toujours avec lenteur que les objets les plus importants prennent le chemin des collections du Musée.
Je dois remercier M. de Maleissye qui a remis un exemplaire des fac-similés des lettres de Jeanne d'Arc; M. Fournier-Sarlovèze qui a fait parvenir la documentation complète relative à la manifestation du Grand-Palais ; M. Monnier, l'auteur de la
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plaquette du Comité des Fêtes d'Orléans, qui a offert un exemplaire en bronze de son oeuvre; les Femmes de France de NewYork qui ne manquent jamais d'adresser les invitations et programmes des réunions qu'elles organisent en l'honneur de Jeanne d'Arc. Je me garderai d'oublier M. Mandement, qui, étant venu à Orléans chercher une documentation pour un film, a pris, dans les diverses collections du Musée, des clichés photographiques qu'il a gracieusement offerts. M. Baudry, sculpteur Orléanais, ayant institué la ville d'Orléans son légataire universel, j'ai eu de ce fait la bonne fortune de faire entrer tout récemment au Musée un certain nombre d'objets. Parmi les dons, je signalerai encore deux vases de poterie ancienne, trouvés dans une fouille en forêt d'Orléans et envoyés à la Société archéologique par M. Desgruelles, inspecteur principal des forêts à Lorris; également une dague trouvée sur le territoire de la commune de Chailly est remise par M. L. Guillaume pour les collections départementales. La médaille que nous envoie chaque année la Société des Amis de la Médaille nous fait posséder un beau portrait du cardinal Luçon.
Le relevé des entrées a donné pour l'année 1928 : au Musée historique, 990 visiteurs les jours payants et 2,379 les jours gratuits; au Musée Jeanne d'Arc, 1,975 visiteurs les jours payants et 3,724 les jours gratuits, soit un total de 9,068 visiteurs pour les deux établissements.
Les dépenses auxquelles il est indispensable de faire face dans un musée archéologique, pour les acquisitions, pour la présentation et aussi pour la sécurité des objets, justifient très largement la subvention accordée annuellement par le Conseil général; j'avais, l'an dernier, en terminant mon rapport, constaté que la subvention, après avoir été de 2,000 francs depuis 1855 jusqu'en 1920, n'avait été portée qu'à 2,500 francs en 1921 et je demandais un sérieux relèvement d'une allocation devenue insuffisante par suite du changement de valeur du franc. Le Conseil général m'a alloué immédiatement pour l'exercice en cours une augmentation de 500 francs et je lui en suis grandement reconnaissant, mais je me permettrai de ne considérer ce supplément que comme une mesure transitoire, et demanderai pour l'avenir que le chiffre primitif soit
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au moins doublé, c'est-à-dire que la subvention annuelle soit, au minimum, portée à 4,000 francs, car il est absolument impossible actuellement d'accueillir certaines propositions, les prix demandés dépassant trop souvent les disponibilités du conservateur qui est mis dans la nécessité de laisser échapper des découvertes importantes et des objets d'intérêt régional.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l'assurance de mes respectueux sentiments.
Le Conservateur du Musée historique
et du Musée Jeanne d'Arc,
J. BANCHEREAU.
NOGENT-LE-ROTROU, IMPRIMERIE DAUPELEY-GOUVERNEUR.