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Titre : Bulletin du Comité de l'art chrétien / (Diocèse de Nîmes)

Auteur : Comité de l'art chrétien (Nîmes). Auteur du texte

Éditeur : Imprimerie administrative et commerciale P. Jouve (Nîmes)

Date d'édition : 1879

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459761z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34459761z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 5106

Description : 1879

Description : 1879 (N6).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Languedoc-Roussillon

Description : Collection numérique : Collections de Montpellier Méditerranée Métropole

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5688455g

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

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BULLETIN

DU

COMITÉ DE L'ART CHRÉTIEN

(Diocèse de nismes



BULLETIN

DU

COMITÉ DE L'ART CHRÉTIEN

(DIOCÈSE DE NIMES.)

1879

N° 6

NIMES

IMPRIMERIE ADMINISTRATIVE P. JOUVE Rue Dorée, 24. près le Lycée.

1879



N° 6.

BULLETIN

DU

COMITÉ DE L'ART CHRÉTIIL

(DIOCÈSE DE NIMES ).

L'ÉGLISE ET LES ARTS

Il s'est passé à Rome, en 1867, un fait inoui dans les annales des arts, un fait d'une bien haute signification à tous les points de vue. C'était le moment plein d'anxiété où se fesaient entendre les menaces d'un prochain envahissement du reste des Etats du Pape ; alors que le vicaire de JésusChrist abandonné de toutes les puissances , allait se voir réduit, comme son divin Maître à n'avoir pas une pierre pour reposer sa tête couronnée d'épines, c'est alors aussi que les arts, justement alarmés des conséquences désastreuses qui résulteraient pour eux de la chute complète de la souveraineté temporelle de la papauté , se levèrent instinctivement pour protester contre ce sacrilège envahissement, et témoigner ainsi en face du monde entier, de leur reconnaissance, et de leur filial dévouement au grand Pape Pie IX, qui, comme tous ses prédécesseurs, s'était fait une gloire et un devoir de couvrir de sa haute protection la science et les beaux-arts. On vit, en effet, en ce jour mémorable tout ce que Rome renfermait d'artistes distingués en tous genres ;


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artistes de toutes croyances et de toutes nations; artistes catholiques, protestants, schismatiques, et juifs; artistes français, italiens, espagnols, anglais, allemands, américains même, se réunir dans une même pensée, une même inspiration, et un même élan pour faire la manifestation la plus solennelle et la plus sympathique en l'honneur de la Papauté. Et certes les artistes avaient raison ; car la papauté c'est le catholicisme, et dans nos temps modernes, si le catholicisme venait à périr, ce serait la ruine, pour ne pas dire la mort des beauxarts.

Lorsque au xiie> siècle, l'abbé Suger voulut refaire à neuf sa célèbre abbaye de Saint-Denis, et l'embellir de tout ce que les arts savaient alors créer de plus beau et de plus riche, il fit un appel général à tous les artistes les plus habiles en chaque genre. Alors, nous dit l'historien de sa vie (1), on vit accourir à Saint-Denis, d'abord des architectes, des charpentiers, des peintres, des sculpteurs, des graveurs, des fondeurs, des menuisiers, des orfèvres, etc., puis arrivèrent les vitriers qui trouvèrent également à exercer largement leur brillante et somptueuse industrie. Or ce que le célèbre abbé de Saint-Denis fit alors pour son abbaye, le catholicisme l'a fait en général et en grand dès son apparition dans le monde ; depuis les catacombes jusqu'à nos jours, l'histoire est là pour nous en fournir des preuves nombreuses. Que seraient devenus en effet, la science et les beaux-arts aux époques désastreuses des invasions des barbares, si l'Eglise ne leur eut offert un asile sacré dans ses cathédrales et ses monastères ? Que seraient-ils devenus, sous les règnes non moins désastreux des empereurs iconoclastes de Byzance, si l'Eglise latine ne les eut pris sous sa protection aussi éclairée que généreuse? Que seraient-ils devenus, également, au xvie siècle en présence.du stupide et farouche fanatisme des nouveaux iconoclastes luthériens,

(1) Hist. de Suger, par Dom. Gervaise, tom. m, pag. 43, etc,


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calvinistes, sacramentaires, etc., si le catholicisme ne les avait pas abrités sous l'égide inviolable de ses dogmes sacrés? Et encore aujourd'hui, que deviendraient-ils, sous l'empire des doctrines radicales et socialistes qui envahissent la société, si le catholicisme n'était là pour repousser de toute son énergie conservatrice cette nouvelle barbarie qui tend à dépasser'en fureur de destruction toutes les barbaries des siècles passés? témoins les agents de la commune de 1871.

Il est donc évident que le catholicisme est de sa nature •même, extrêmement favorable à la conservation et au développement des beaux-arts. On peut même dire qu'aucune institution humaine ne leur est autant favorable et il a n'y rien d'étonnant à cela, car pendant que les autres institutions s'agitent dans des cercles plus ou moins restreints, le catholicisme ayant pour mission d'expliquer Dieu, l'homme et le monde, ouvre par là même à l'esprit humain des horizons immenses, infinis, où le génie des arts trouve admirablement à exercer toute sa puissance de création, en cherchant à réaliser le beau idéal sous tous ses aspects.

L'Art chrétien, en effet, a pour domaine le ciel et la terre, le temps et l'éternité, l'homme et Dieu lui-même. Entrez dans une de nos belles cathédrales du moyen-âge, dans celle de Chartres par exemple, une des plus complètes, et vous y verrez comment le ciel visible lui a fourni, pour ses voûtes élancées, son azur, ses étoiles, son soleil, sa lune et ses planètes ; la terre, ses matériaux de construction, ses marbres, ses métaux, ses pierres précieuses, ses perles chatoyantes, ses fleurs, ses fruits, ses oiseaux qui volent et ses animaux: qui marchent, rampent ou nagent, etc.

Un jour la Religion dit à l'Art chrétien , il me faut ici, à Chartres comme ailleurs, un temple pour abriter mes fidèles aux heures de l'office divin ; une maison de prière, digne de Dieu et du culte sublime que nous lui rendons ; un édifice qui soit' lui-même, une prière, un hymne, un chant, une prédication ! à cet appel de la Religion, un architecte, ua


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maître de l'art, ôvêque, moine, ou laïque, répond en lançant dans les airs un gigantesque et merveilleux monument, dont les flèches aussi légères que solides vont se perdre dans la région des nuages, et dont chaque pierre transformée est une prière et un élan d'amour vers Dieu !

La Religion s'adressant alors à la peinLure et à la sculpture, ce temple est beau, leur dit-elle, mais il est nu ! prenez en main le flambeau de la foi, laissez-vous enlever par le génie de l'art catholique, et montez jusqu'au ciel, jusqu'au séjour de la gloire et de l'étemelle félicité, et là contemplez, méditez, savourez tout ce que vous pourrez saisir, à la clarté du flambeau de la foi, des grandeurs, de la puissance, de la majesté, des infinies perfections du Très-Haut, et des splendeurs de la cour céleste qui environne son trône immortel ; descendez ensuite et jetez sur toutes ces surfaces, dans toutes ces niches, sous toutes ces voussures, partout où il y a de la place, les images peintes ou sculptées des merveilles invisibles que vous avez contemplées dans les cieux. Et la peinture, sous l'inspiration du génie et de la foi, enfante et déroule, sur toutes les parois du temple, ces admirables pages qui retracent à nos yeux émerveillés toutes les gloires du Paradis; tous les mystères de la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de sa sainte Mère, mystères joyeux, mystères douloureux , mystères glorieux : toutes les croyances de l'Eglise, ses sacrements, ses cérémonies, ses fêtes, ses luttes et ses triomphes : l'histoire de l'humanité entière depuis Adam jusqu'à la fin du monde ; la mort, le jugement, l'enfer el le Paradis ; les vices et les vertus.

Tout cela et plus que cela se voit peint ou sculpté dans les plus vastes cathédrales du moyen-âge; je dis peint ou sculpté, car pendant que la peinture les couvre de ses sublimes créations, le statuaire y reproduit les mêmes grandes scènes au moyen de ses innombrables statues. Sans sortirdelacathédrale de Chartres, nous pouvons nous en faire une idée. L'artiste imagier y a représenté d'abord la création de l'homme et sa


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chute ; Adam chassé du Paradis terrestre et condamné au travail, à la souffrance et à la mort, au moyen de 75 statues, distribuées en 36 tableaux. Puis c'est l'homme se réhabilitant par le travail, la lutte et la pénitence. Les travaux de l'agriculture y sont figurés par un calendrier des plus curieux, et des allégories saisissantes ; les travaux industriels par les arts et les métiers ; les travaux intellectuels par la philosophie, la géométrie et les autres sciences, en tout 300 figures. Vient ensuite le travail moral, la grande lutte du bien et du mal, des vices contre les vertus, vertus théologales, vertus morales, vertus cardinales, vertus civiles et politiques, vertus domestiques, etc.,représentés par 148 statues. Enfin, se déroule l'histoire de l'homme depuis Adam jusqu'au jugement dernier , 1488 statues ; en tout 2011 statues. A Reims on en comptait 3000 ! Quelle gigantesque épopée ! quel magnifique poëme de pierre et de couleur.

Que serait-ce si à toutes ces peintures et à toutes ces sculptures, nous ajoutions les merveilleuses productions de la miniature et de la vitrerie religieuses? Car elles aussi sont appelées à glorifier Dieu et ses saints, à édifier et instruire les fidèles qui fréquentent nos églises catholiques. Or les vitraux seuls de Chartres nous offrent jusqu'à 3000 figures, et il y en a de plus riches encore ! un seul livre à miniature, la Biblia sacra, par exemple, cotée au numéro 6829 de la bibliothèque nationale renferme plus de 15,000 figures en 3000 tableaux ! et il n'y avait pas autrefois une seule basilique qui ne possédat un nombre plus ou moins grand de ces admirables manuscrits !

Ce n'est pas tout ; à côté de la peinture et concurremment avec elle, la Mosaïque jette dans les absides ses éternelles compositions en pierres fines, en verres dorés et émaillés, ou ses pavés si riches et si variés.

La Céramique étale sous les pas des fidèles, ses briques émaillées, où l'oeil ne sait ce qu'il doit admirer le plus, de ces dessins variés à l'infini, ou de tous les êtres réels ou fan-


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tastiques qui se jouent dans cet océan de couleurs ; figures d'hommes, d'anges, d'oiseaux, de quadrupèdes, de reptiles ; figures de fleurs, d'armoiries, de labyrinthes, de zodiaques, etc.

La Tapisserie et la Broderie relèvent de leurs riches et élégantes décorations les draperies qui ondulent dans les nefs , les ornements de l'autel et les vêtements sacrés du Pontife et de son nombreux clergé.

L'Orfèvrerie crée, façonne et cisèle tous ces chefs-d'oeuvres d'or, d'argent et de bronze, qui étonnent encore autant par la perfection du travail que par la richesse des métaux, surtout quand l'émaillure, la joaillerie et la niellure viennent en aide à l'orfèvrerie, ce qui a presque toujours lieu, et ajoutent des chefs-d'oeuvres à des chefs-d'oeuvres.

En môme temps la serrurerie enfante ces pentures, ces grilles, ces clôtures, ces serrures, d'un travail inimitable, telles qu'on en voit à Notre-Dame de Paris, à Reims, à Albi et dans toutes les églises qui ont su les conserver.

La Menuiserie et l'Ebénisterie ne montrent pas moins de talents que les autres arts en dotant les églises de cette époque mémorable de ces boiseries si belles, d'un style si pur et si élégant, de ces magnifiques chaires à prêcher, de ces riches trônes destinés aux Pontifes, et de ces stalles non moins riches, ni moins admirables qui ornent encore les sanctuaires et les choeurs de tant de Basiliques, telles que celles d'Auch, d'Amiens, de Brou, etc.

L'Horlogerie elle-même ne reste point étrangère à l'ameublement de nos cathédrales ; qui n'a pas entendu parler des horloges de Strasbourg, de Lyon, de Besançon et de tant d'autres, sinon égales en mérite, dignes au moins de l'admiration de l'artiste chrétien ?

Enfin, le temple est bâti, meublé, orné; déjà la Fonderie religieuse lui a prêté la grande voix de son airain sonnant, et du haut des tours les cloches carillonnent et le bourdon


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tonne dans les airs, tandis que dans l'intérieur, la musique n'attend qu'un signal pour inonder les vastes nefs de l'édifice sacré des flots, aussi harmonieux que puissants, de l'orgue, si justement appelé le Roi des instruments ! et relever de la manière la plus heureuse et la plus solennelle, les belles et suaves mélodies du chant grégorien.

Tout est prêt ; supposez maintenant que c'est une de ces grandes fêtes, où la liturgie catholique, cet autre aspect de l'Art chrétien non moins merveilleux, mais plus profond, plus puissamment empreint de l'esprit divin que tous les autres arts, déploie ses plus pompeuses cérémonies, remplissez l'église d'une foule innombrable de fidèles recueillis priant ou chantant, illuminez l'autel, le sanctuaire et les nefs, allumez ces candélabres, ces lustres, ces couronnes de lumières, aux mille lampes, aux mille bougies ! placez sur son trône d'or le Pontife revêtu de ses plus somptueux ornements, la crosse émaillée à la main et la mitre d'or et de diamant sur la tête, environnez-le de tous ses officiants aux riches dalmatiques ou aux chapes artistement relevées de broderies et de pierres éblouissantes, peuplez toutes les stalles d'un nombreux clergé en brillant costume de choeur, et qu'en même temps l'encens fume devant l'autel et remplisse le temple d'un nuage mystérieux et odoriférant, et dites-nous s'il est possible de contempler sur la terre un spectacle plus magnifique et plus capable d'émouvoir le coeur humain, de le grandir et de l'élever jusqu'à Dieu source éternelle de toute beauté, de toutes perfections? Je comprends maintenant, comment l'empereur Justinien put s'écrier, après avoir achevé Sainte Sophie de Constantinople, je t'ai vaincu, ô Salomon! et comment encore, un siècle plus tôt, notre premier roi chrétien, Clovis, avait pu, en entrant dans la riche cathédrale de Reims et ébloui de ses merveilleuses splendeurs, demander à saint Rémi, est-ce là le Ciel dont tu nous a parlé, Evoque? Non, répond le Pontife, ce n'en est que le vestibule ! Quand à nous qui comprenons le Ciel sous des idées plus nobles et plus justes, ne pouvons-


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nous pas dire en toute vérité : non, ce n'est pas le Paradis,

mais la manifestation de l'Art chrétien sous toutes ses formes ?

Et, en effet, quand la cathédrale est complètement achevée dans son architecture, son ornementation et son ameublement . toutes les branches de l'Art chrétien y ont été mises à contribution. Sans doute , le plus grand nombre de nos Eglises, dans les campagnes surtout, sont loin de nous offrir de semblables richesses artistiques ; mais notre Comité de l'Art chrétien n'a pas seulement à admirer , étudier et protéger ces grandes et belles choses, quand elles se trouvent dans la sphère de son activité diocésaine ; elle a encore à veiller sur les moindres édifices religieux soumis à son contrôle, ainsi que sur tous les objets qu'ils renferment ; et à diriger MM. les Curés, les membres des fabriques, et les artistes eux-mêmes dans la construction, la décoration , l'ameublement ou les réparations des églises et presbytères du diocèse : contrôle et direction qui supposent dans ceux qui doivent les exercer une connaissance suffisante d'une des branches de l'Art chrétien, que nous avons signalées , ou tout au moins un goût décidé, et un grand amour de l'Art chrétien. Choisi par Mgr Besson, si compétent en ces matières, le Comité de Nimes offre, certainement, toutes les garanties nécessaires pour inspirer la plus grande confiance dans ses décisions comme dans ses simples avis. Et certes, malgré notre pauvreté en fait d'oeuvres remarquables au point de vue de l'Art, et à cause même de cette indigence, le travail ne lui manquera pas, soit, pour conserver le peu qui nous reste, soit pour arriver à le connaître, à l'apprécier , et à le classer, soit enfin , à découvrir ce qui est dispersé çà et là dans le diocèse et à le réunir au musée du séminaire ou ailleurs sous la protection de l'Evêque et du Comité.

C'est maintenant à MM. les Curés et à tous ceux qui s'intéressent à l'Art chrétien, à favoriser l'oeuvre de ce Comité,


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en lui signalant avec soin , tout ce qui leur est connu , et qui n'est pas encore arrivé à la connaissance de l'autorité, tout ce qu'ils découvrent eux-mêmes, ou qui se découvre autour d'eux , dans de nouvelles recherches faites avec soin dans tout le diocèse, dans ce but; comme aussi tout acte de vandalisme déjà exécuté, ou sur le point d'être exécuté, etc.: et il est certain que si tout le monde, ceux surtout qui y sont le plus intéressés, comme les prêtres, remplissent avec zèle ce devoir que leur impose, plus que jamais, le mouvement des esprits sérieux vers l'étude de nos antiquités religieuses , nous finirons par découvrir avec élonnement, qu'au milieu de notre pauvreté, nous possédons encore beaucoup plus de richesses artistiques, au point de vue religieux, que nous ne le pensons. Espérons que le Bulletin sera bientôt en état de nous en donner des preuves éclatantes.

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LE TRIFORIUIME

DE L'ÉGLISE MÉTROPOLITAINE DE BESANÇON Par Mgr 13 ES S OIS".

L'église de Saint-Jean de Besançon s'est récemment enrichi de magnifiques verrières qui donnent à son triforium un singulier éclat et qui ajoutent beaucoup, par le choix, la suite et l'exécution des sujets, à la beauté du monument.

On appelle triforium la double galerie percée de fenestrelles qui surmonte les majestueuses arcades de la grande nef. Ces baies sont à deux étages, groupées trois à trois et encadrées par une série de formerets en arc aigu, qui déterminent de chaque côté de la nef neuf lunettes d'un vaste appareil. Le premier étage date du milieu du douzième siècle et appartient à l'épiscopat d'Humbert. Après qu'on l'eut construit, les poutres et les fermes de la toiture demeurèrent à découvert, et le pape Eugène lit fit solennellement la dédicace de la cathédrale le 3 des nones de mai, l'an 1148. Mais il restait à la voûter. Un incendie dévora les combles en 1213 et fit mieux voir la nécessité d'achever l'édifice. Ce fut seulement en 1237, sous l'épiscopat de Geoffroy, que le chapitre réunit les ressources nécessaires et mit la dernière main à un aussi bel ouvrage. Pour lui donner plus de grandeur encore, on bâtit, au-dessus de la première galerie, un second étage de petites fenêtres à plein cintre, réunies trois à trois comme dans l'étage inférieur, avec cette différence que la fenêtre du milieu dépasse les deux autres en hauteur et qu'elle est seule décorée d'une archivolte retombant sur deux colonnes. Enfin, pour corriger le disparate qu'offrait un cadre ogival avec des arceaux romans, on décora chaque


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lunette d'une triple arcature gothique extrêmement légère, qui part de la corniche et qui s'élève jusqu'à la voûte.

Ce triforium est, pour le nombre des pièces qui le composent comme pour l'harmonieux accord des deux styles qu'on y a mêlés, le plus curieux de tous les monuments du même genre dans l'ancienne France. Il fut comblé et, pour ainsi dire, enseveli dans le XVIIIe siècle sous une grande toiture à deux versants, avec les toits des chapelles et les contre-forts extérieurs. La première pensée de nos architectes modernes devait être de le rétablir, dès qu'ils eurent entrepris la restauration de l'édifice. La grande toiture fut détruite il y a trente ans, les couvertures nouvelles des nefs latérales abaissées au-dessous du niveau du triforium, et la galerie du moyen-âge reparut avec ses colonnettes, ses arceaux, ses fleurons, dans toute l'élégance de sa parure primitive. Mais les fenestrelles n'eurent d'abord que des verres blancs, et ce spectacle ne pouvait satisfaire longtemps ni les regards du grand prélat qui a présidé avec tant de suite et de goût à la restauration de sa cathédrale, ni l'ambition des architectes qui ont si bien interprêté sa pensée. Payons ici un tribut de reconnaissance à la mémoire de M. Robelin, qui commença l'ouvrage, et de M. Painchaux, qui en surveilla l'exécution d'une manière si attentive et si soutenue. C'est M. Guérinot qui l'a achevé , en s'inspirant des mêmes traditions. Après quelques essais, une commande fut faite sous sa direction à la maison Maréchal pour garnir de vitraux peints un triforium si heureusement retrouvé. La pose de ces verrières est finie, et les amateurs commencent à en jouir.

Des dix-huit lunettes qui composent la galerie, seize étaient à remplir; les deux dernières, contiguës à la chapelle du Saint-Suaire, sont masquées, l'une par le grand portail, l'autre par le clocher. L'artiste reconnut tout d'abord le parti qu'il pouvait tirer de ces baies groupées trois à trois et formant, sur deux étages, un total de quatre-vingt-seize fenestrelles. Il y vit naturellement une suite de sujets à traiter et


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de figures à relier par une pensée commune. Ces figures, empruntées à l'histoire de l'Eglise, en sont la plus magnifique et la plus éloquente expression. Elles la représentent, dans le cours des siècles, sous les traits des papes, des évoques et des docteurs, qui, après avoir combattu pour elle sur la terre, triomphent aujourd'hui avec elle dans les splendeurs des saints. Rome tient ici-bas tous les âges et toutes les Eglises réunis dans l'unité ; c'est en se tournant vers elle que toutes les chaires demeurent attachées à la chaire de Pierre, la seule qui soit infaillible; et les paroles d'obéissance qui sont sorties de ces chaires fidèles dans la langue de la prière se répètent sur la lyre des anges pour la gloire des docteurs qui les ont prononcées.

Telle est la pensée qui a présidé à ce grand ouvrage. Les deux étages du triforium contribuent à la mettre en relief. En haut les anges aux ailes étendues et au vol aérien ; plus bas les saints dans toute la magnificence de leur bienheureuse éternité. C'est l'Eglise triomphante en deux tableaux.

La galerie supérieure, éclairée par un jour direct, offre dans les trois fenêtres qui composent chaque lunette de lumineuses grisailles ; mais dans la fenêtre du milieu se détache un ange tenant une banderolle à la main. Tantôt il l'élève, tantôt il la déploie, tantôt il la laisse flotter. Ces attitudes sont variées à chaque travée et reproduites, de l'autre côté de la nef, dans la travée correspondante. Sur la banderolle, on peut lire le texte sorti de la plume des docteurs, qui résume la foi de chaque siècle et de chaque Eglise en l'Eglise de Rome, mère et maîtresse de toutes les autres.

La galerie inférieure, éclairée par un jour indirect, offre, dans chaque groupe de fenestrelles, trois personnages : un pape assis, la tiare en tête, dans l'attitude de la majesté et du commandement ; à droite et à gauche deux personnages, évêques ou docteurs, contemporains du même pape, qui ont contribué par leurs travaux à consolider, à étendre ou à rétablir dans le monde catholique les traditions de fidélité


envers l'Eglise romaine. On reconnaît les martyrs à leur palme, les docteurs à leur livre, les évêques à leur crosse et à leur mître, les patriarches à leur croix, les religieux à la couleur de leur habit.

Suivons, de travées en travées, celte belle galerie de portraits et signalons, en portant les yeux sur le texte de la banderole, la suite merveilleuse d'une tradition doctrinale où la même pensée s'exprime en des termes si différents, mais toujours si précis.

La galerie s'ouvre par Notre-Seigneur Jésus-Christ, placé entre saint Jean-Baptiste, qui est son précurseur, et saint Pierre, qui est son vicaire, avec ces paroles qui se déroulent dans les mains de l'ange : Tu es Petris, et super hanc petram cedificabo Ecclesiam meam (i).

Le pape saint Léon représente la fin du premier siècle, entouré de deux martyrs ; l'un, saint Denis, sorti de l'aréopage pour fonder l'Eglise de Paris ; l'autre, saint Ignace, quittant l'Eglise d'Àntioche pour aller s'offrir en pâture aux lions de l'amphithéâtre. Saint Ignace a chanté l'Eglise romaine, saint Ignace l'a définie l'Eglise qui préside à l'alliance de l'amour : Ecclesia quoe proesidet foederi amoris (2).

Dans l'âge suivant, voici le pape saint Victor donnant sa vie pour l'Eglise ; deux martyrs morts comme lui pour la défendre lui servent d'escorte : l'un est saint Hippolyte, si fameux par son supplice, l'autre saint lrénée, non moins fameux par ses écrits, et c'est saint lrénée qui fournit la devise du siècle dans ces paroles fameuses où il déclare que toute Eglise doit reconnaître la suprématie et l'autorité de l'Eglise romaine : Ad liane Ecclesiam, propter potentiorem principalitatem, necesse est omnem Ecclesiam convenue (8).

Le troisième siècle appartient encore à l'ère des martyrs.

(1) Matth., xvi, 18.

(2) S. IGNAT., Ad Romanos.

(3) S. IIWEN., lib. III.


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Le pape saint Corneille en est la gloire dans l'Eglise universelle, saint Cyprien la représente dans l'Eglise d'Afrique, saint Grégoire dans l'Eglise d'Orient. La doctrine est toujours la môme, témoin saint Cyprien qui déclare que la chaire de Pierre est la principale Eglise d'où le sacerdoce tire toute son unité : Pétri cathedra atque Ecclesia principalis undè unitas sacerdotalis exorta (/).

Voici le quatrième siècle, l'âge d'or de la littérature chrétienne. L'Orient et l'Occident donnent des docteurs, Rome continue à les inspirer et à les soutenir. L'artiste n'aura que l'embarras du choix entre tant de grandes figures et tant de belles paroles. Il choisit d'abord le pape saint Jules, et place à côté de lui saint Basile et saint Hilaire. Saint Jules défend la foi de Nicée, saint Basile la glorifie en Orient, saint Hilaire en Occident. Saint Hilaire en a signalé la source et le fondement dans cette heureuse Eglise de Rome qui ne saurait défaillir, dans cette pierre contre laquelle se brisent les portes de l'enfer : Félix Ecclesioe fundamentum et petra, quoe infemas leges et portas dissolvit (2).

L'artiste a fait une large part aux gloires du quatrième siècle ; on le comprend, car chaque pape de cet âge fameux a un grand nom, chaque docteur est un génie. Regardez le pape saint Damase assis entre saint Ambroise et saint Jérôme. Vous reconnaissez saint Jérôme à cette Bible dont saint Damase lui a fait entreprendre la traduction, saint Ambroise à ces paroles si souvent répétées : Là où est Pierre, là est l'Eglise ; là où est l'Eglise, il n'y a pas de mort à craindre ; c'est la vie et la vie éternelle : Ubi Petrus, ibi Ecclesia; ubi Ecclesia, ibinulla mors, sed vitaoeterna (3).

Le quatrième siècle s'achève sous le pontificat de saint Innocent. Saint Chrysostôme le ferme avec une gloire incom(i)

incom(i) CYPR., Ep. LV.

(2) S. HlL., CXVI.

(3) S. AHBR,


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parable dans les monuments de la langue grecque, saint Augustin en prolonge l'honneur jusqu'au commencement du cinquième dans les monuments de la langue latine, et toute la tradition en est résumée par ce mot de l'évêque d'Hippone, qui salue dans l'Eglise romaine l'autorité immortelle et la vigueur impérissable de la chaire apostolique : In Romanâ Ecclesia semper apostolicoe cathedroe viguit principatus (i).

Dans le cours du Ve siècle, saint Cyrille d'Alexandrie et saint Pierre Chrysologue continuent la gloire des évêques et des docteurs, saint Léon le Grand, celle des papes. On sait comment les conciles ont révéré saint Léon après l'avoir entendu. Ils s'inclinaient devant cette bouche par laquelle Pierre ne cessait de parler : Petrus locutus est ex ore Leonis; vivit semper in cathedra Petrus (2).

Pour passer en revue toutes les célébrités et toutes les traditions du cinquième siècle, l'artiste nous transporte d'Orient en Occident, et des vieilles églises d'Alexandrie et de Constantinople aux jeunes églises des Gaules. Saint Avitus, évêque de Vienne, et saint Rémi, évêque de Reims, représentent l'un les Gallo-Romains, qu'il honore par sa parole, l'autre les Francs, qu'il civilise par le baptême. Entre ces deux grands personnages s'élève le pape saint Anastase, qui a si noblement parlé de Clovis et de son empire. Saint Avitus parle du pape à son tour ; c'est pour le signaler comme le juge infaillible de toutes les questions soulevées dans l'épiscopat : Si papa orbis vocatur in dubium episcopatùs, jam videbitur episcopus non vacillare (3).

Saint Grégoire le Grand, en qui se résume tout le sixième siècle, semble personnifier plus qu'aucun autre le rôle de la papauté. L'Orient se tourne vers lui dans la personne de saint Euloge, l'Occident le bénit par la bouche de saint Isidore,

(1) S. AUGUST., Ep. XXXI.

(2) Concil gén., apud LABBE, t. IV, p. 868,

(3) S. AVIT., Bpist, XXXÎ,


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en déclarant qu'après le Christ, c'est à Pierre que commence tout l'ordre sacerdotal : Post Christum, sacerdotalis ordo à Petro coepit (i).

Les jours de décadence succèdent aux jours de science et de ferveur, mais la papauté ne connaît pas de déclin. Témoin saint Léon III, l'oracle du neuvième siècle. Il apparaît entre saint Nicéphore, l'une des dernières lumières de l'Eglise orientale, et saint Théodore, abbé de Stude. Saint Théodore disait au pape : « Ecoutez nos prières, car vous êtes le vrai Pierre qui occupez et qui illustrez la chaire de Pierre : Preces nostras exaudi, tu apostolatûs princeps, verissimè enim es Petrus qui Pétri sedem tenes atque illustras (2).

Quand il faut revendiquer les droits et les libertés du monde, si intimement liés à ceux de l'Eglise, c'est un pape, c'est saint Grégoire VU qui entreprend cette noble cause. A ses cotés se tiennent Pierre Damien, le héros de la discipline, saint Anselme, le héros de la science, et c'est un mot de saint Anselme qui explique pourquoi saint Grégoire VII a tant combattu et souffert sur le siège de Rome : « Dieu ne chérit rien tant dans ce monde que la liberté de son Eglise : Nihil diligit magis in hoc mundo Deus quàm libertatem Ecclesioe suce (3). ».

Innocent III continue le combat à la fin du douzième siècle, aidé de saint François d'Assise et de saint Dominique, ces deux fondateurs d'ordres qui se sont vus l'un l'autre, dans une sainte extase, soutenant l'Eglise de leurs vaillantes mains, et le concile de Latran, présidé par ce grand pape, proclame solennellement l'autorité de l'Eglise romaine, en tant qu'elle est la mère et la maîtresse de tous les fidèles : Ecclesia romana super omnes obtinet principatum, utpotè mater omnium Christi fidelium et magislra (4).

(1) S. ISID.

(2) S. TIIEOD. STUD,

(3) S. ANSELM., Ep. ix. (i) Conoil. Later., iv.


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Innocent IV termine cette lutte glorieuse pour laquelle les deux grands ordres des franciscains et des dominicains ne cessent d'enfanter des docteurs ; saint Bonaventure , en qui l'éclat de la science efface celui de la pourpre, mais laisse briller la sainte pauvreté, saint Thomas d'Aquin, le prodige d'un siècle si fertile en prodiges, à qui il convenait de déclarer en termes si précis et si nets que de l'unité de la foi dépend l'unité de l'Eglise, et de l'autorité du pape l'unité de la foi : Sine fide unâ nulla Ecclesice unitas, sed sine principe supremo nunquam fides una (1).

Le seizième siècle est représenté par le pape saint Pie V, entouré des doux hommes les plus redoutables à la Réforme, saint Charles Borromée en Italie et saint François de Sales en Savoie. C'est le saint évêque de Genève qui a trouvé l'expression la plus ferme et la plus concise de l'union de l'Eglise et du pape, et c'est la langue française qui l'a donnée : Le pape et l'Eglise, c'est tout un (2).

Enfin, voici les trois derniers siècles représentés par trois noms qui résument les travaux, les combats et les souffrances de l'Eglise , un missionnaire, saint Paul de la Croix, un théologien, saint Liguori, et le grand pape qui donnera son nom au dix-neuvième siècle, Pie IX. Nommer Pie IX, c'est nommer la croix par excellence, tant la passion de Pie IX est longue, glorieuse, indomptable : Crux de cruce.

Telle est la grande leçon que nous donnent les verrières de Besançon dans cette suite de portraits et de devises. C'est un catéchisme en image, c'est une école de foi, d'obéissance, de fidélité et d'honneur.

Des quarante-huit-personnages représentés dans la galerie, quatre ont laissé de grands souvenirs dans cette cathédrale. Saint Pierre Damien en a visité le chapitre et l'a comparé

(i) S. THOM., lib. IV. (2) S. François de Sales.


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« â l'aréopage de la céleste Athènes ; » saint Grégoire VII y a prêché, n'étant encore que prieur de Cluny ; saint François de Sales y est monté dans une autre chaire d'un travail solide et gracieux, heureusement restaurée aujourd'hui à l'angle d'un des piliers ; et le pape Innocent III, consulté après l'incendie de 1213 sur la question de savoir s'il fallait consacrer de nouveau l'église, a déclaré que cet accident n'avait pas ôté à l'édifice son caractère auguste. Un jour, le pape saint Léon IX et le pape Eugène lit, qui ont visité Besançon et consacré le premier la cathédrale de Saint-Etienne , le second celle de Saint-Jean , trouveront leur place , l'un visà-vis de l'autre, dans les verrières du sanctuaire avec l'aigle de saint Jean et le bras de saint Etienne, symbole antique de la réunion des deux églises.

Envisagé sous le rapport de l'art chrétien, le triforium de la métropole de Besançon est une des plus belles oeuvres du siècle. La peinture y est aussi agréable aux yeux que persuasive au coeur et à l'esprit. La vivacité des couleurs mérite, comme dans toutes les pièces sorties de la maison de MM. Champigneulle et Maréchal, le plus complet éloge. Le velours, la soie, le drap, la bure, se détachent avec un admirable éclat sur le fond jaune du vitrail ; les vêtements et les mitres de l'Orient ont une grande richesse et une rare perfection ; l'Occident se révèle à la coupe plus sévère des costumes ; on suit de siècle en siècle les modifications de la tiare des souverains pontifes. Le dessin vaut presque partout la couleur ; mais certains portraits laissent à désirer, soit pour la ressemblance, comme celui de saint François de Sales, soit pour l'expression, comme celui de saint Thomas, C'est par erreur que l'artiste a nimbé la tête d'Innocent III et d'Innocent IV, car l'Eglise n'a pas encore canonisé ces deux grands pontifes. Nous aurions voulu plus de caractéristiques propres à rappeler la vie et les mérites de chaque saint. On ne peut guère signaler que les clefs de saint Pierre, le lion de saint Jérôme , le coeur enflammé de saint Augustin, le chapelet de saint Dominique, le chapeau cardinalice de


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saint Bonaventure et la colombe parlant à l'oreille de saint Grégoire le Grand. Enfin, pour épuiser la critique, le quatorzième et le quinzième siècle auraient dû trouver leur place dans cette histoire, sous la figure du pape Martin V, qui termina le grand schisme, escorté de saint Vincent Ferrier. le modèle des apôtres, et de sainte Catherine de Sienne, qui, malgré son sexe, pourrait sans trop de hardiesse être comptée parmi les docteurs.

Je ne terminerai pas sans féliciter la France d'avoir conservé son grand peintre verrier et ces ateliers que l'Europe entière peut lui envier. L'Allemagne avait, par une exception qui l'honore, offert à MM. Champigneulle et Maréchal de garder leur nationalité française, s'ils voulaient demeurera Metz. MM. Champigneulle et Maréchal refusèrent et transférèrent leur établissement à Bar-le-Duc. Ils ont obéi à un sentiment patriotique dont nous devons nous montrer aussi fiers que reconnaissants. Celte reconnaissance, en se traduisant par de nouvelles commandes, servira les intérêts de l'Eglise, de la France et de l'art chrétien.


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IJ!-; TABLEÉU DU MUSÉE DU GRAND SÉMINAIRE DE NIMES

De tous les objets intéressants que le zèle infatigable autant qu'éclairé de M. Gareiso, Vicaire général et Supérieur du Grand-Séminaire, a réunis dans le musée de cet établissement, il n'en est peut être pas un seul dont l'étude soit plus profitable pour l'histoire ou pour l'archéologie, que cette toile poussée au noir, à peine visible dans ses détails, trouée par les balles, lacérée par les bayonneltes ou les piques, devant laquelle beaucoup passent sans la remarquer et qui représente un des plus sanglants épisodes de nos guerres religieuses.

Je n'ai point ici à faire l'historique du massacre des catholiques de Nimes par les protestants, massacre qui devança de plusieurs années celui des protestants de Paris par ordre de Charles IX. Seulement il est bon de rappeler que les atrocités commises dans la cour du palais épiscopal, en i 567 , furent non pas des représailles sanguinaires mais le programme, pour ainsi dire, de la tuerie faite en 1572 aux environs du Louvre, avec une mise en scène presque identique, de nuit comme à Nimes et à la sinistre clarté des torches.

L'histoire trop rarement impartiale n'a enregistré dans ses annales indignées que le second de ces massacres et laissé avec préméditation dans l'ombre celui de la Michelade.

Mais ici je ne veux m'occuper que du tableau, dire son origine, raconter son histoire, expliquer sa présence dans le musée du Grand séminaire et rétablir la curieuse légende effacée avec tant de soins par des personnes intéressées à


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faire disparaître la trace de ce grand crime si éloquemment raconté par notre historien Ménard.

Depuis longues années le tableau dont je parle se trouvait dans une des salles de l'Hôpital général de Nimes ; d'où venait-il, comment était-il arrivé là? personne ne le savait. A quelle époque avait-il été peint? on ne le savait pas davantage.

Oublié contre un mur et dans un tel état de détérioration qu'à peine si quelques curieux jetaient sur lui un regard distrait, il fut enfin remarqué et signalé à l'attention des administrateurs qui se décidèrent à en confier la restauration à un peintre, plus zélé qu'habile qui, après l'avoir emporté, tourné et retourné, trouva la tâche tellement au dessus de ses forces qu'il renonça à tenter l'entreprise.

Ce fut la seconde étape de la pauvre toile, étape qui aurait bien pu être la dernière, car sa place était prise à l'Hôpital , si l'abbé Gareiso touché de son infortune et devinant qu'elle avait au moins un intérêt historique ne lui avait offert un asile dans son musée.

La malheureuse peinturé s'y morfondait depuis plusieurs années quand un de mes amis me la signala ; comme beaucoup d'autres j'avais passé devant elle sans la voir, je retournai l'examiner.

En la mouillant et en l'exposant au grand jour on pouvait entrevoir pendant quelques instants des groupes assez bien jetés, des détails d'architecture inattendus et qui s'ils étaient vrais, faisaient revivre avec une physionomie peu connue non-seulement le palais épiscopal mais même notre vénérable cathédrale.

Il y avait là une intéressante étude à faire, un jeune peintre de talent M. Rastoux vint à notre secours, lava le tableau partie par partie, peignant à mesure avec fidélité le carré redevenu un instant visible et reconstituant le tout pièce par pièce jusqu'à entier achèvement.


Grâce à cette méthode l'original qui ne pouvait pas être réparé, reprit vie dans la copie qui n'en est pour ainsi dire qu'une scrupuleuse photographie.

Cette partie délicate du travail étant terminée, il est enfin possible d'étudier ce curieux tableau.

Evidemment la peinture en est ancienne, presque contemporaine de l'époque des événements dont elle retrace le souvenir, les costumes le prouvent, ces chapeaux de fer que portent les assasins, ces corselets qui les serrent, la naïveté du pinceau de l'artiste primitif tout, dans l'ensemble comme dans les détails, accuse en effet la fin du xvime siècle.

La grande tour de la Trésorerie qui occupait l'emplacement actuel de la chapelle du Saint-Sacrement élevée par Fléchier est encore debout. Le palais épiscopal aujourd'hui parallèle à l'église lui était alors perpendiculaire ; sa cour comme le disent les documents de l'époque est orientée au levant, le récit auparavant incompréhensible fait par Ménard d'après les enquêtes judiciaires devient parfaitement clair pour quiconque examine le palais dans sa véritable disposition.

C'est toute une révélation.

Remarquons aussi l'absence d'un second clocher flanquant disait-on la porte principale, comme une question résolue.

Malheureusement la légende manquait absolument, un grattage complet l'avait fait disparaître au bas de la toile.

Avec l'aide des notes de Ménard nous avions il est vrai essayé de la rétablir, mais il nous restait quelques doutes et nous ne pouvions pas garder l'espoir d'arriver à une certitude même approximative , quand une découverte inattendue de M. François Germer-Durand , qui déjà m'avait tant aidé de ses conseils, est venue nous apporter non pas un texte acceptable mais la légende elle-même retrouvée par un merveilleux hasard à la bibliothèque nationale dans le tome 92 des manuscrits relatifs au Languedoc, folio 96 à 99.

Mais ce n'est pas encore tout, d'autres feuillets du même


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manuscrit, feuillets non numérotés et placés à la suite d'une table analytique des faits relatifs à la religion réformée, font en outre connaître l'histoire exacte du tableau, antérieurement à sa translation à l'Hôpital et comblent ainsi la lacune à laquelle il paraissait impossible de suppléer.

Voici les termes même dont s'est servi l'auteur de cette précieuse note :

« Le premier de ces monuments est un tableau fort ancien que l'on voit encore dans la maison de l'Hôpital général de celte ville, lequel est venu de la succession de feu M. le chevalier de Cohon, prévôt de l'église Cathédrale et neveu de l'illustre Mgr de Cohon, évêque de Nimes, qui fit peindre ce tableau pour conserver la mémoire des événements arrivés dans la première surprise que les calvinistes firent de la ville de Nimes. Ce tableau est accompagné de notes historiques qui servent à faire remarquer tout ce qui se passa dans cette funeste occasion. Voici ces notes telles qu'on les a transcriptes mot à mot sans y rien changer. Elles sont par ordre alphabétique et le tout ensemble fait une histoire complète. »

Massacre des catholiques fait a Nimes par les hérétiques calvinistes la nuit du mardy 30 septembre entrant au mercredy premier jour d'octobre 1567 , régnant Charles IX.

A. La cour du palais épiscopal ou fut fait le massacre.

B. Le puits de 7 cannes de profondeur et 5 pans et demi de diamètre ou les calvinistes jetèrent environ 80 ou 100 personnes sçavoir lee 3 archidiacres , trois ou quatre chanoines, les curés et les prêtres de la Cathédrale, des religieux augustins, dominicains et obsorvantins, l'aumonier, le secrétaire et maistre-d'hostel de l'Evêque, les gentilshommes, les avocats, bourgeois et habitants catholiques, les uns tués à coup de dague, d'épées ou d'armes à feu, les autres à demi-morts et quelques uns tous vifs.

0. Une porte allant de la cour à l'église Cathédrale regardant le


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midy, laquelle église et toutes les autres tant paroisses que chapelles, les maisons de Mgr l'Evêque, du chapitre des dignités, chanoines et autres bénéficiers de la ville avec les quatre couvents de religieux mendiants ; les monastères de religieux de saint Benôit, abbayo proche de la fontaine, et religieuses de sainte Claire, au faubourg Saint-Antoine, furent dans huit jours pillées et démolies par les hérétiques, excepté l'église sainte Eugénie qui leur servait à piquer la poudre pour faire la guerre au Roy.

D. Face du palais épiscopal regardant le soleil levant, édifice à loger un Roy accompagné d'une célèbre tour, bâti il y à environ 60 ans par un cardinal évoque de Nimes.

E. Porte allant du cloître du chapitre à la cour de l'éveché.

F. Bernard d'Elbène très noble florentin, évêque de Nimes mené au puits et délivré, non pas sans une peine extrême, par un des principaux meneur des religionnaires ; il sortit le jeudy suivant hors la ville par le moyen de M. de Grille sénéchal et mourut quelques mois après de douleur par la perte de son troupeau et de n'avoir pas gaigné la palme du martyre.

G. Monsieur Jean Peberan, grand vicaire et troisième archidiacre fut mis en chemise dons sa maison et eut le corps percé de toutes parts à coups d'épée.

IL André Quatrebars prieur des Augustins, encourageant les catholiques et les exhortants à la patience, en leur disant qu'il voyait les cieux ouverts pour les recevoir ; il fut enfin massacré.

J. Un religieux observantin, tué d'un coup d'arquebuse sous l'arbre de la cour.

K. Pierro Journet, clerc de Nimes, blessé de deux coups d'épée, préservé par un soldat de la nouvelle religion d'être jette dans le puits, eut ensuite pour le mérite de ses plaies un canonicat à la Cathédrale après la sécularisation du chapitre, do la première collation du roy Charles IX qui le voulut voir en passant par Tarascon.

L. Le capitaine Vidal, surnommé Lagarde, gouverneur pour le Roy au chateau, il fut tué et jette dans le puits.


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M. Monsieur Guy Rochette, avocat et premier consul, trainé par les rues, portant son chapeau rouge et jette ainsi que les autres dans le puits ; duquel quoique comblé de terre après le carnage, sortait un grand bruit qui faisait frayeur et dresser les cheveux en tête et qui fut entendu par les catholiques et même par les calvinistes qui en parlaient avec frissons comme si la voix du sang des martyrs eut demandé vengeance à Dieu.

Maintenant il me semble qu'il n'y a plus rien à ajouter à ces notes, le tableau est connu, il est de l'époque, il est exact, il ne reste plus qu'à l'étudier avec soin pour reconstituer dans leur intégrité le Palais et la Cathédrale, c'est affaire aux savants et aux archéologues, je serai heureux pour ma part si ce travail leur prouve l'excellence de l'instrument qu'ils ont à leur disposition.

A. DE LAMOTHE.


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DEUX SCEAUX DU XIIIrae SIÈCLE

BERLION, ÉVÊQUE D'UZÈS NAMILON , SEIGNEUR DE SAINT-MÉDIER.

Nous avons cru utile de faire connaître au Comité deux sceaux du moyen-âge dont nous devons les empreintes à la bienveillance de M. Lombart de Sommières, gendre et héritier de M. Emilien-Dumas. Ces précieux restes du passé, pouvant disparaître, il convient, pensons-nous, de les préserver de l'oubli en les publiant dans notre Bulletin.

Le premier de ces sceaux est une bulle de plomb, bien précieuse à recueillir, car elle est de Berlion, évêque d'Uzès, dont l'histoire est presque ignorée. Les auteurs du Gallia Christiana (les frères Sainte-Marthe, Edit. de 1656) n'en font pas même mention, et ce que nous savons de lui nous le devons aux recherches de M. Charvet. Notre érudit collège place l'épiscopat de Berlion entre les années 1228 et 1231. Ce prélat « passe un compromis avec Roslaing de Sabran au sujet de la juridiction de Saint-Marcel de Careiret, en 1232, et un traité avec Bernard d'Anduze au sujet de Genolbac, en 1233 (1). » On sait, par le Gallia, que Pons de Becmil, son successeur, apparaît en 1240.

Cette bulle a 35 millimètres de diamètre, et représente sur une de ses faces une figure nimbée en relief, à mi-corps, avec cette légende annulaire S. THEODORITVS MR (martyr). Ce relief est d'un modelé ferme, et les lettres d'un beau caractère oncial mêlé de réminiscences de la numismatique ancienne. Cela paraît surtout sur le revers de la bulle dont l'inscription, placée sur cinq lignes horizontales séparées par quatre filets du même relief, rappelle les plus remarquables bulles des papes de ce temps. Et quant aux réminiscences

(1) Charvet ; La première Maison d'Uzès, pag. il*.


2.87

de l'antiquité, nous les trouvons non-seulement dans la forme de plusieurs des lettres, mais dans la présence simultanée de l'N oncial et de l'N augustal, sur l'inscription de ce revers. L'S (sigillum) est fruste ainsi que le B initial de BERLIONIS. Mais on lit fort bien : ERLLIONIS ; VCECIENSIS, EPI. Autre particularité : Cette inscription double L dans le nom de Berlion et porte BERLLIONIS.

Nous ferons observer que les deux lettres frustes correspondent à deux autres lettres de la première face que-la pince à plomber à dû mâcher ou donner insuffisamment, à cause du relief de la corde, relief très-apparent, en ce point là. L'orle extérieur sur les deux faces n'est pas un simple filet mais une belle ligne circulaire de points.

Rien n'indique le martyre du saint patron de la cathédrale. Il est revêtu de la chappe, aux plis nombreux et fins, qui retombe presque carrément de ses épaules, et qu'une bande ouvrée rattache sur la poitrine. Entre l'ouverture de la chappe apparaissent les mains jointes du saint.

Le deuxième sceau dont nous avons à parler est en bronze gravé destiné à produire des empreintes de cire en relief. Il a 28 millimètres de diamètre et porte en bordure ou légende ces mots : SNAMILONIS DNI SMETERII. Sceau de Namilon, seigneur de Saint-Médier. Le blason encadré par cette inscription semble d'abord affecter la forme carrée, mais l'on voit au-dessous un segment de cercle en relief faisant suite comme pour donner à l'écu la forme espagnole. Cette forme ne nous surprend pas et nous allons dire pourquoi. Ce n'est point là le blason du lieu même appelé Saint-Médier, car la communauté de ce nom porte : d'or à une croix losangée d'argent et d'azur. C'est, à n'en pas douter, celui du seigneur Namilon. Mais entr'autres meubles de son écu nous remarquons deux palmes mouvant du milieu d'une divise qui sert de corde au segment de la pointe et se dirigeant vers les cantons dextre et senestre. Entr'elles et au sommet de l'angle, un croissant renversé. En bas, entre les palmes et les bords dextre et senestre de l'écu, deux besans semi-sphériques.


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Nous le répétons, ce blason de forme espagnole ne nous surprend pas : Le nom du seigneur Hamilon a une terminaison assez commune en Espagne. Les palmes rappellent saint Emôtère Agricola, martyrisé, d'après les Bollandistes, à Barcelone en 480. Et ce saint Emétère est encore appelé en Espagne, toujours d'après les Bollandistes, saint. Made. Inutile de faire remarquer le rapport entre Made et Médier : le premier nom explique le second. Quant au croissant renversé, chose extrêmement rare dans l'art du blason, ne rappellerait-il pas un fait d'armes accompli par un ancêtre de Namilon dans les luttes contre les Maures?

Un dernier point d'interrogation : Saint-Médier est la seule commune de ce nom. On trouve Saint-Méry et autres noms, corruptions évidentes d'Emélère ; Médier est le seul qui paraisse dériver de Méda, son appellation espagnole. Celte dernière circonstance, celle de la terminaison toute espagnole de Namilon, la présence du croissant renversé et la forme, arrondie à la base, de l'écu, tout cela ne fait-il pas supposer que c'est la famille de Namilon qui a fait appeler SaintMédier, son apanage, du nom espagnol de saint Emétère, au lieu de lui laisser prendre celui des communautés placées sous le même patronage ?

Cette question n'est pas importante, sans doute, mais elle nous a été inspirée par l'examen de ce blason, de ses meubles et de sa forme, si rare en nos pays et à cette époque.

Disons en terminant que le graveur de ce sceau n'était point malhabile. Les lettres de l'inscription sont d'un beau style. Ici encore l'influence locale se fait sentir, et les nombreux modèles épigraphiques dont le Midi est resté couvert ont inspiré à l'auteur de celle inscription de fort belles lettres, surtout l'N, l'M, et l'R. l'E et le D sont de l'alphabet oncial, et si quelque chose faisait ombre ici, ce serait l'S toujours renversée. Les palmes du blason ont de la hardiesse et les besans sont d'un beau relief.

Chanoine!CARLE.


LE RELIQUAIRE DE SAINT CÉSAIRE

ARCHEVÊQUE D'ARLES.

Il y a près d'un siècle, à la veille de la grande Révolution, un enfant de treize ans frappait à la porte du presbytère actuel de la cathédrale d'AIais. C'est là qu'habitait l'abbesse des religieuses de Saint-Bernard ; des armoiries, que l'on voit encore dans la rampe de l'escalier, en rappellent le souvenir. Cet enfant était le servant de messe du couvent. Sur le point d'apprendre un métier, il venait avertir Madame la supérieure de l'impossibilité, où il serait bientôt, de continuer son pieux service. Celle-ci ne voulut pas le laisser s'éloigner sans une récompense. « Tiens, dit-elle à l'enfant, ceci te portera bonheur, » et elle lui remettait en même temps un coffret de forme carrée, recouvert d'une couche épaisse et noirâtre semblable à de la poix. Ce coffret était un reliquaire, il renfermait quelques débris d'ossements négligemment plies dans un papier.

L'enfant grandit; pendant toute sa vie il se souvint de la parole de l'abbesse : « Ceci te portera bonheur, » et conserva avec respect son précieux trésor. A sa mort, une pieuse parente le recueillit en héritage. C'est de ses mains, qu'après de nombreuses sollicitations, M. l'abbé Bertrand, alors curé de Saint-Joseph, à Alais, le reçut en 1867. Son premier soin fut d'enlever, avec précaution, la couche noirâtre dont nous avons parlé. A sa grande joie l'opération mit au jour de magnifiques émaux du xne siècle, sur lesquels se détachaient des personnages et des ornements d'architecture, gravés ou en relief.

Il est évident que cette couche de résine était destinée à


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cacher la richesse du reliquaire aux regards d'ennemis dont il aurait excité la convoitise. Quelle date lui assigner? Les faits que nous avons raconté plus haut se passaient avant la grande Révolution. Nous savons d'ailleurs que les religieuses de saint Bernard ont habité longtemps dans la commune de Saint-Julien-de-Valgalgues, un monastère encore conservé, transformé en villa et en filature par le propriétaire actuel, M. Auguste Bonnald, d'Alais. La communauté fut souvent inquiétée par les troubles des Camisards. Mgr de Beauteville, évoque d'Alais, comptait alors sa soeur parmi les religieuses; ému des dangers qu'elles avaient courus, il les fit venir dans sa ville épiscopale et leur donna pour habitation les maisons voisines du presbytère actuel. Nous n'hésitons pas à faire remonter la date de cette couche noirâtre à l'époque des religionnaires, quelque temps avant le départ des religieuses de leur monastère de Saint-Julien-de-Valgalgues.

Tel est en peu de mots le résumé des documents que nous avons pu recueillir sur l'histoire de l'objet d'art qui nous occupe. Passons maintenant à sa description.

Le reliquaire atteint une hauteur totale de 0m30 c. sur une largeur de OH 45 m. Sa forme est celle d'une petite chapelle carrée, à toit pyramidal. Sur une des faces est percée une porte, à plein cintre, qui s'ouvrait de haut en bas, assurément pour rendre le mouvement plus facile, en évitant de faire battre l'émail de sa porte contre les plaques voisines. Le bois, de chêne vieux, est recouvert à l'intérieur d'une couleur rouge vermillon, à l'extérieur il est revêtu de plaques de cuivre rouge, sur lesquelles le burin a creusé des vides nombreux, remplis d'émail de diverses couleurs. Le cuivre qui paraît à la surface a été doré ; il dessine des personnages et des ornements variés d'architecture, des rinceaux, des fleurs, etc. La plupart des personnages sont simplement gravés, plusieurs cependant ont la tète saillante et NotreSeigneur tout le corps en relief.

La porte a été perdue, Elle manquait lorsque le reliquaire


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fut remis par l'abbesse à l'enfant de choeur. Autour de l'ouverture, sur un fond en émail bleu foncé, se dessinent des rinceaux bysanlins, à chaque enroulement s'épanouit une fleur de couleur variée. De chaque côté de la porte, dans l'espace agrandi par la courbure du cintre, deux médaillons à fond vert, renferment deux anges, aux ailes déployées, un livre à la main gauche, et simplement gravés, sortant à micorps d'un nuage d'azur. Trois des pentes de la pyramide présentent de semblables médaillons, mais d'une dimension un peu plus grande. Nous croyons volontiers, avec M. Gareiso (l'Archéologue chrétien, tom. n, p. 25), que les artistes do. moyen-âge, en nous cachant ainsi les pieds des anges, ont eu pour but de nous rappeler que ces esprits n'ont rien de terrestre et ne touchent pas même au sol du monde matériel.

La façade principale du reliquaire, celle qui est opposée à la porte dont nous venons de parler, offre un bien plus grand intérêt. La richesse des dessins et des couleurs le dispute à la multiplicité des personnages. L'artiste a représenté dans le pignon le Christ nimbé, bénissant, assis sur l'arc-en-ciel, les pieds sur un nuage aux couleurs variées, dans une ellipse en forme de vesica piscis, tel qu'on le voit si fréquemment représenté sur le tympan des églises du XIIe siècle. Le corps entier était en relief, mais il a été enlevé. Au bas de l'ellipse se trouvent, à droite de Notre-Seigneur, le lion, à sa gauche le boeuf, l'un et l'autre sortent à mi-corps, les ailes déployées, ils portent le livre des Evangiles. Au-dessus, tout-à-fait au sommet du pignon, l'ange occupe le côté droit et l'aigle le côté gauche. Comme pour le lion et le boeuf, on ne voit que la partie supérieure de leur corps. Ces quatre figures des évangélistes ont la tête seule en relief, le reste du corps n'est que gravé. Des fleurons de diverses couleurs relèvent le fond en émail bleu.

Au-dessous se trouve représentée la scène de NotreSeigneur en croix, ayant à ses côtés la très-sainte Vierge et saint Jean , et au-dessus deux anges aux ailes éployées.


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Le corps du Christ, tout en relief, a été arraché. Nous ne pouvons en étudier les détails que dans les traces qui restent ; il nous sera cependant très-facile de retrouver dans l'empreinte du relief les caractères nécessaires à notre description.

Le Sauveur est attaché à la croix en émail vert, symbole de sa vertu, par quatre clous, les pieds reposent sur le suppedaneum, comme on l'a fait jusque vers la fin du xme siècle. Le corps, un peu déjeté, garde cependant une pose ferme, la tête, légèrement inclinée sur le côté droit, est couronnée du nimbe crucifère, en émail vert, à croisillons rouges. Les bras ont la position horizontale, une robe descend de la ceinture jusqu'aux genoux, tout autant de caractères, on le voit, antérieurs au xiiie L'inscription porte seulement les caractères IHS, comme la croix émaillée de sir Robert Curzon, de la même époque, dont parle le comte de Grimouard de Saint-Laurent, dans son Guide de l'Art chrétien. Du côté droit de la croix, la très-sainte Vierge, debout, le visage empreint d'une amère tristesse, lève ses deux mains vers son Fils crucifié. La tête est en saillie, le reste du corps est gravé. Du côté gauche, saint Jean, debout, est représenté comme Marie, la tête en saillie et le reste du corps gravé. Il porte, à sa main droite, le livre des Evangiles, sa gauche, au lieu d'être appuyée contre sa joue, comme on le trouve si souvent à cette époque, est simplement posée contre sa poitrine. Au-dessus des deux personnages, deux anges aux ailes déployées, sortent à mi-corps d'un nuage irisé. Comme la sainte Vierge et saint Jean, ils n'offrent que la tête en saillie. Aucun signe ne les distingue l'un de l'autre, de sorte qu'on ne peut leur attribuer la personnification du soleil et de la lune, si fréquente dans les compositions de ce genre.

Pour terminer la description de cette façade du reliquaire, nous devons ajouter quelques détails sur les ornements qui décorent le fond en émail bleu. Deux bandes parallèles au


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petit bras de la croix et de même couleur verte, divisent la surface en trois panneaux égaux ; les vides laissés par la croix ou les personnages sont ornés de fleurons, les uns crucifères, les autres de moindre dimension, offrant la richesse et l'éclat d'agathes polies.

Les deux autres façades du reliquaire sont décorées chacune par deux arcatures à plein cintre, reposant sur une colonne isolée, celle du milieu, et deux engagées, celles de droite et de gauche. Dans les champs en émail bleu, traversés par deux'bandes vertes et agrémentés de fleurons variés, se détachent quatre personnages gravés au burin. L'espace formé par la courbure des cintres au-dessus des arcatures est garni paroles ornements d'architecture et des fleurons.

Le premier de ces personnages, nimbé, comme les trois autres, porte la barbe ; il est revêtu de la tunique et d'un manteau, formant draperie à très-petits plis. Sa main droite semble bénir, tandis que la main gauche porte le livre des Evangiles. Il est facile de reconnaître ici le saint dont le reliquaire renfermait les ossements, c'est-à-dire saint Césaire, archevêque d'Arles, comme nous le verrons bientôt par l'authentique trouvé dans l'intérieur du monument qui nous occupe.

Les trois autres personnages nous paraissent plus difficiles à déterminer. Ce sont trois jeunes saintes, nimbées, portant chacune un livre, le livre des constitutions monastiques. Leurs vêtements serrés forment, comme celui de saint Césaire, des draperies à plis nombreux, mais de plus coupés par des bandes d'une extrême richesse. On le voit, aucun signe certain ne peut nous dire le nom de ces personnages ; l'histoire seule peut venir à notre secours.

Les Bollandistes nous apprennent que saint Césaire, archevêque d'Arles, fonda un monastère de jeunes filles, dans les murs de la ville, et que sa soeur Césarie en devint supérieure. C'est d'ailleurs ce que nous lisons dans le Propre du Diocèse de Nimes, au 27 août, jour de la fête du saint évêque. « Puel3

Puel3


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» larum coenobium construxit, ut virginum choris Arela» tensium civitas muni7°etur. Ipsis monialibus, Coesariam » sororem suam proefecit. » Serait-ce se hasarder que de reconnaître, dans les trois personnages qui nous occupent, trois saintes, sorties du monastère dont le saint évêque fut le fondateur? Nous ne le pensons pas, et nous croyons volontiers que l'artiste a voulu, en rappelant les vertus héroïques des filles, augmenter la gloire du père.

L'intérieur du reliquaire, ainsi que nous l'avons,dit au commencement, renfermait quelques débris d'ossements, plies dans un vieux papier. Ce papier manuscrit n'est autre chose qu'une authentique des reliques. En voici la copie :

« Nous, vicaire général et officiai en l'archevesché d'Arles, » attestons avoir tiré une pièce d'ossement d'environ un » quart de pan de longueur, où il y a cette inscription : » S' Cesarii episcopi, de la châsse de bois doré, où sont les » reliques de saint Césaire, archevesque d'Arles, et de l'avoir » remise à Mmo de Caderousse, abbesse d'Alais, fermée dans » du taffetas rouge, avec un cachet.

» A Arles, ce 17 novembre 1682.

V » GÉRARD, vie. gén. et off. »

Place du sceau.

En même temps que la relique insigne, l'abbesse dût recevoir le reliquaire, l'un et l'autre assurément faisaient partie du trésor de l'église Saint-Trophime. Celte origine suffit pour expliquer la beauté et la richesse de l'objet d'art que nous venons de décrire. Nous sommes heureux de pouvoir dire en finissant que le propriétaire, M. l'abbé Bertrand, a l'intention arrêtée de le léguer, à sa mort, au musée du Grand-Séminaire de Nimes.

L'abbé FRANÇOIS DURAND,


295

TRANSACTION

Entre Guillaume de VÊNÉJAN et les seigneurs d'ANDVZE , coseigneurs d'Alais,

Au sujet de Génolhac, Saint-Ambroix, Montalet et Saint-Brès

DOCUMENT PUBLIÉ PAR M. G. CHARVET

(Mars 1199).

Traité passé entre Guillaume I de Vénéjan, évêque d'Uzès, et Bernard III d'Anduze et Pierre Bermond son fils, seigneurs d'Alais, dans lequel interviennent Arnaud, Pons Arnaud et Gausberl, seigneurs de Montalet et précédemment de SaintJean-de-Valériscle. Ces derniers cèdent à Pierre Bermond tout ce qu'ils possèdent à Saint-Ambroix et ses dépendances. De leur côté, Bernard d'Anduze et son fils donnent auxdits seigneurs de Montalet une tour et une habitation équivalentes dans la ville d'Alais, et, à l'évêque, l'albergue et la juridiction qu'ils possèdent sur l'église et les ecclésiastiques de Génolhac. A son tour, l'évêque d'Uzès abandonne à Bernard d'Anduze et à son fils, du consentement du Chapitre d'Uzès et de Raimond d'Uzès, recteur de l'église de Génolhac, la moitié de ses droits sur ledit lieu de Génolhac, sauf ce qui relève de l'église ; il leur donne, en outre, en fief, la tour édifiée audit Génolhac, et les revenus de la route ou les péages de Saint-Ambroix et de Saint-Brès (1).

(I) Ce document fait partie des archives de M. le marquis de Montalet-Alais, qui a bien voulu nous en communiquer l'original.


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Sit omnibus presentibus et futuris manifestum quod anno incarnali Verbi millesimo centesimononagesimo nono, mense marcio ; Innocentio, papa tertio, présidente ; régnante, Philippo, rege Francorum, conlroversia que diu fuerat inter dominum Guillelmnm (1), Uceciensem opiscopum, ex una parte; et dominum Bernardum Andusie et Petrum Bermundi (2), filium ejus, ex altéra, super villa et ecclesia de Genollac, et earum redditibus et jurisdictione, et super Castro Sancti Ambrosii et de Montaleno (3), amicabililcr inter eos et eliam cum dominis de Montaleno, in hune moduin est deflnita. Scilicet quod domini de Montaleno Amaldus, Pondus Amaldi et Gausberlus, fralres, prius apud Sanctum Johannem de Vadaliscle (4) , donaverunt, cesserunt alque Iradiderunt Petro Bermundi, quicquid ipsi habebant vel habere debebant in Castro Sancti Ambrosii et ejus pertinimento sicut aqua vergit versus Sanctum Ambro(1)

Ambro(1) 1 do Vénéjnn, évêque d'Uzès, de 1190 à 120f, descendait à ce qu'on croit de la maison de Sabran. En 1107, il inféoda à Elzénr I de Sabran le château de Blauzne. En 1190, il reçut île Raymond Pelet II l'hommage du château de Rousson. Il assista, en 1200, à la dédicace de l'église Sainte-Croix, à Montpellier. En 1201, il fonda la Chartreuse de Valbonne et s'y retira après s'être démis du siège épiscopal. Il ajouta dès lors, après son nom, la formule quondam Uticensis episcopus ; et on le retrouve, sous cette dénomination, jusqu'en 1214.

(2) Bernard III d'Anduze et Pierre Bermond, son fils, co-seigneurs d'Alais. Bernard III était fils de Bernard II et d'Eustorge, et petit-fils de Bernard I dit le Viol et d'Azalais de Roquefeuil. Il se maria en 1183 et mourut en 1222. Il laissa trois enfants Pierre Bermond, marié en 1203, à Constance, mort à Rome en 1215 ; Bernard, co-seigneur d'Alais, mort en 1223 ; Bermond, évêque de Viviers. Ce sont Bernard III d'Anduze et Pierre Bermond, son fils, qui, de concert avec Raymond II Pelet, octroyèrent aux habitants d'Alais la charte de 1200.

(3) Montalet, ancienne localité, aujourd'hui château ruiné, situé sur le territoire de la commune de Meyrannes et qui domine la rive droite de la Cèze.

(4) Saint-Jean-de-Valérjscle, commune du canton de Saint-Ambroix.


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sium ; et si mansi, qui sunt iafra vallem habent aliquid extra, et illud similiter donaverunl ; et omnia predicta absque omni conditione, exceptione et retencione. Et Petrus Bermundi débet eis turrim et salam hedificare et redditus equipolleiites dare. Deinde, apud Alestum, B. Andusie et Petrus Bermundi, filius ejus, dederunt hec omnia que a dominis de Montaleno habuerant, sicut predictum est, domino G., Ucetiensi episcopo, ex causa permutacionis vel transaclionis, cesserunt atque tradiderunt absque omni exceptione et retentione, et de evictione nominati promiserunt.

Et dominus G. episcopus, propter hoc similiter, ex causa transaclionis, dédit consensu Raimundi de Ucetia(§), rectoris ecclesie de Genollac et consensu capiluli Ucetiensis, Bernardo Andusie et Petro Bermundi, filio ejus, et. eorum successoribus, in perpetuum, medietatem ville de Genollac et omnium que quocumque modo ibi habet vel débet habere vel est habiturus, videlicet medietatem firmanciarum, justiciarum, cartalli, lede, furni, molendinorum et omnium acapitorum, laudimiorum, usaticorum, censuum et quarumlibet obvenlionum, ita ut utrumque omnia que ibi habent bona et commoda atque lucra presentia et futura quolibet modo, et nominalim mansus qui fuit Gaucelmi de Navis, sint eis perpetuo comunia, ut dominus Bernardus Andusie et Petrus Bermundi, filius ejus, et eorum successores habeant medietatem, et dominus episcopus atque ecclesia de Genollac aliam medietatem, exceptis propriis domibus ecclesie et domibus Bernardi Andusie et ecclesia excepta que débet precipua habere décimas et primicias et omnes oblaliones et relicla morientium et cimiterium et proventus qui ratione ecclesie provenienl ; cui ecclesie dominus Bernardus Andusie et Petrus Bermundi, filius ejus, solverunt et prorsus desamparaverunt albergum et omnem jurisdictionem quam in ipsam ecclesiam vel in clericos ejus pelebant et nominalim

(5) Raimond d'Uzès, frère sans cloute de Raymond-Rascas.


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firmantias clericorum, ut nullo modo super ecclesiam vel clericos ejus aliquam excerceant jurisdictionem, sed omnino sint liberi ab eorum poleslate. Et domini predicli debent precipua habere alberga super homines de Genollac, sicut ante habebanl. Cetera vero omnia que predicli omnes et ecclesia habent infra eandem villam vel quolibet modo sint habitura et nominalim quisfe et toile et omnes exactiones, perpeluo debent eis esse communes, nec débet aliquis predictorum, per se vel per alium, in predicta villa querere aliquid vel adquirere ab hominibus ville vel ab aliis quibuslibet sine altero, nec domini predicli silicet B. Andusie et P. Bermundi, filius ejus, debent ullo modo adquirere aliquam dominationem a quibuslibet vel jurisdictionem sive servitutem super ecclesiam vel clericos de Genollac, et si fecerint ipsi ecclesie habebit adquisitum ; alia omnia adquisita et quandocumque quolibet modo adquisitura sint eis perpeluo comunia, et nominalim furni et molendina locius ville que sunt vel fuerint unquam et omnes aque et riperie el piscarie a predictis perpetuo communiler possideantur, nec quod alter ab altero nunquam possit provocari ad divisionem ac omnes civiles cause et criminales et bonorum publicationes eis debent esse communes.

Preterea dominus episcopus donavit ad feodum Bernardo Andusie et Petro Bermundi, filio ejus, turrim hedificatam in predicta villa et omnes que ibi ab eis fient muniliones, et omnia que ab episcopo, in predicta villa vel ejus lerminiis sunt eis concessa ; ad feudum perpetuo debent tenere ab eo, et propter hoc debent semper ecclesiam et episcopum atque clericos ejusdefendere etjuvare fîdeliter. Ea vero que habent extra villa non communicantur nisi molendina, riperie et piscarie.

Item donavit episcopus B. Andusie et P. Bermundo, filio ejus, et eorum successoribus in perpetuum ad feudum penam inferendi sanguinis hominibus Sancti-Ambrosii, lite criminali, per suum et eorum baiulum comuniter examinanda.


299

Donavit etiam eis ad feudum strata Sancti-Ambrosii et Sancti-Bricii (1) ut dictis possint prestare ducatum sub tuicione caslrorum et hoc idem eis concessit, per universam terrain suam, exceptis capitalibus inimicis, et hoc idem poterit facere episcopus, per totam terrant eorum.

Propter hec autem predicta, B. Andusie et P. Bermundi, filius ejus, remiserunt et absolverunt et prorsus desamparaverunt suam petitionem et omne demandamentum quodcumque facere poterant in Castro Sancti-Ambrosii et SanctiBricii, et albergam quam pelebant in ecclesia de Genollac.

Item domino G., episcopo stipulant proniiserunt quod castrum de Montaleno et illud quod habent in villa de Genollac, et justicias sanguinis quas nomine episcopi facere debent in castro Sancti-Ambrosii, et ejus tenemento, in alium non transférant ullo modo, et si de facto fecerint, non valeat, et in penam eorum ipso jure devolvatur ad episcopum totum quod habent in villa de Genollac, nisi commoniti infra viginti dies totum quod contra promissa fecerant, revocaverint.

Eodem modo dominus episcopus promisit eis quod medietatem quam habet in Genollac et dominium quod sibi retinuit in alia que eis concessit medietate et dominium quod habet in castro Sancti-Ambrosii et in castro de Montaleno nunquam alicui donet vel quocumque modo alienet, et si fecerit non valeat; ipsius tamen in penam devolvatur ad eos, scilicet ad B. Andusie et P. Bermundum, filium ejus, totum quod episcopus habet in villa de Genollac, scilicet medietatis ipsius etalterius medietatis dominium, nisi infra vigenti dies commonitus retractaverit totum quod contra promissa fecerat.

Item si dominus B. Andusie vel ejus successores contra ea que promiserunt vel remiserunt domino episcopo facere

(I) Saint-Brès, commune du canton de Saint-Ambroix.


300

presumpserint, vel alius quicumque pro eis, et requisisli stalim non cessaverint et quod factum fuerit contra, predicta non emendaverint, episcopus vel rector ecclesie de Genollac vel quis nomine eorum débet percipere absque omni conlradictione et habere omnes redditus eorum de Genollac, donecde usurpalione sit eis plenissime salisfactum, fruclibùs insorlem non computandis.

Item dominus B. Andusie et P. Bermundi, filius ejus, cognoverunt episcopo quod castrum de Montaleno lenent ab eo, et ab ecclesia Ucetiensi, et est verum, et episcopus débet illud recuperare et vexillum suum levure in mulatione episcopi et domini de Salve. — Idem et eodem modo débet et potest facere episcopus de omnibus municionibusde Genollac. Hec omnia et singula inter predictos bona fuie et jure celebrata, juravit patris mandato P. Bermundi se tenere et rata semper habere ; hec eadem Raimundus de Ucetia, rector ecclesia; de Genollac, domini episcopi mandato, juravit.

Adhuc sciendum est quod si alicujus in causa sanguiuis dampnati in castro Sancti-Ambrosii bona publicabuntur mobilia inter dominum episcopum et Bernardum Andusie equis partibus dividi debent; immobilia vero ad episcopum insolidum pertinebunt. Ad majorem autem et perpetuam omnium supra dictorum firmitatem et ut predicta nullis unquam careant adminiculis, secl semper et ubique validam et irrevocabilem auctoritatem et firmitatem oblineanl, presens pagina bullis plumbeis dicli domini episcopi et dicli domini B. Andusie, de mandato et volunlate ipsorum est communita.

Acta sunt hec omnia apud Alestum, in hospilali SanctiJohannis (1), in presenlia et testimonio Raimundi Rascalii

(1) La maison et l'église des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem étaient situées au nord de la ville, à l'entrée des Prés-Saint-Jean, au bas de la rampe de la Comté.


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de Ucetia (1); Rfaimundi], fratris sui ; Guillelmi deMarcellanicis ; Berlrandi de Rossatio ; Guillelmi de Roca ; Bernardi Frenelli ; Alamanni, fratris dicli Berlrandi de Rossatio, farssiloris ; Willelmi de Taraus ; Willelmi, scribe domini Pétri Bermundi; Willelmi de Cambris ; domini Willelmi de Boissedone; Ugonis de Sala; Rotbakii de Porlis ; Stephani Gonterii; Johannis Arnulfi; Bertrandi de Blaudiaco; Bertrandi Maurini: Raimundi Bermundi; Marzantii; Monlagutu Stephani de Armentaricis; Berlrandi Roquela ; Stephani de Ruelz ; Pétri de Vilareto; Bertrandi Rufi; Bertrandi de Mercoirol, hospitalarii ; Pétri de Ulmo, hospilalarii. Arberci, scribe, et Poncii, scribe.

(1) Raymond-Rascas, fils de Bermond I d'Uzès, qui apparaît de 1168 à 1209. Il laissa deux fils : Bermond II, qui épousa Guiraude, et Raymond-Décan, son fils aine, mort sans postérité.

En novembre 1247, les Consuls d'Alais se plaignirent aux inquisiteurs de diverses extorsions commises à leur préjudice par Pierre Athiis dit Faber, ci-devant Sénéchal de Beaucaire.

Tiburge, veuve de Bernard Pelet II et Bernard Pelet III, son fils, seigneur d'Alais, se plaignirent aussi de ce que ce sénéchal avait fait détruire la Tour d'Alais (la Tour palatine, sans doute), malgré les prières do Guiraude. dame d'Uzès, ec l'appel de Sibylle, veuve de Raymond Pelet II et aïeule de Bernard Pelet III.

(Hist, rjén., de Languedoc, t. in, p. 459).


302

PROCÈS-VERBAUX DES REUNIONS DU COMITÉ DE L'ART CHRÉTIEN

N° 22. — Séance du 3 avril 4879. — La séance ne réunit qu'un petit nombre de Sociétaires et ne fut remplie que par une intéressante causerie sur divers objets d'art, sur une visite faite au musée du Grand-Séminaire par un amateur parisien qui a beaucoup admiré les tableaux de cette collection, et sur le vandalisme anglais qui fait chaque jour disparaître ce que lui avait légué le moyen-âge, témoin un riche propriétaire qui viole les tombeaux de son château et en disperse les cendres pour y enterrer ses morts.

N° 23. — Séance du l" 1 mai 1879. — M. de Lamolhe lit une notice sur le tableau de l'Assomption peint par Mignnrd et appartenant à la Cathédrale de Nimes (Voir ce travail à la page 239, n° 5 du Bulletin).

M. l'abbé Goiffon lit un travail sur quelques pièces concernant le P. Brydayne ; ces pièces ajoutent quelques nouveaux faits à la biographie du célèbre prédicateur (Voir à la page 244-, n° 5 du Bulletin).

A la suite de celte lecture, Mgr l'Evêque a donné d'intéressants détails sur l'érection projetée d'une statue de Brydayne à Chusclan, son pays natal.

Une autre leclure du même membre a été faite à propos de deux bulles récemment données aux Archives de l'évêché. Ce sont les bulles qui signifient au Chapitre et au peuple de


303

Nimes l'institution canonique de Nicolas Habert, évêque de Nimes de 1420 à 1429 (Voir page 232, n° 5 du Bulletin).

A la fin de la séance, Mgr l'évêque a appelé l'attention des Membres du Comité sur six évêques de France originaires des diocèses qui forment aujourd'hui le diocèse de Nimes ; ces prélats siégeaient en 1789.

N° 24. — Séance du 5 juin 1879. — M. Gareiso fait une lecture sur la protection dont l'église a toujours entouré les arts (Voir le présent numéro du Bulletin, page 261).

La séance s'est terminée par la nomination de trois Membres nouveaux du Comité : M. le chanoine Gilly, M. l'abbé Ferry, supérieur de la Maîtrise de la Cathédrale, et M. l'abbé Durand, vicaire de Saint-Baudile,

N° 25. — Séance du 3 juillet 4879. — M. le Secrétaire a fait connaître la lettre par laquelle M. l'abbé Paradis accepte le litre de Membre correspondant du Comité.

La parole a été donnée ensuite à M. de Lamothe pour lire une étude sur un des remarquables tableaux rassemblés dans le musée du Séminaire. Ce tableau représente l'un des plus sanglants épisodes de nos guerres religieuses, le massacre connu dans l'histoire locale sous le nom de la Michelade (Voir ce travail dans le présent numéro du Bulletin, page 280)

Après cette lecture, les Membres du Comité se sont rendus sur les lieux où se fit le massacre et, après un examen sérieux, ils ont reconnu que l'orientation du palais épiscopal a été changée dans la reconstruction qu'on en fit au xviie siècle; que la cour, théâtre du massacre, est occupée de nos jours par la cour de la Maîtrise et l'aile orientale du palais ; que le puils dans lequel furent précipitées les victimes n'est autre que celui qui existe encore le long de la façade méridionale, dans les sous-sol de l'évêché, au-dessous du salon rouge.


30 i CATALOGUE ANALYTIQUE

DES ÉVÊQUES DE NIMES (1).

Une tradition donne pour fondateur el premier pontife de l'Eglise de Nimes Célidoine, l'aveugle-né de l'Evangile, plus lard évêque de Saint-PauI-trois-Châteaux ; mais quelque respectable que soit cette tradition, elle nous parait moins certaine qu'une autre en vertu de laquelle la foi chrétienne aurait été prêchée à Nimes par saint Saturnin, mort à Toulouse à la fin du 1" siècle. Ce saint, envoyé dans les Gaules par l'apôtre saint Pierre, s'adjoignit à Nimes l'un de ses plus zélés coopéraleurs, saint Honeste, l'apôtre de la Navarre (2).

Le passage de saint Saturnin dans nos contrées avait été précédé de celui de sain l Paul lors de son voyage en Espagne. L'apôtre des Nations avait dû traverser la cité de Nimes, puisque la route de Rome en Espagne passait par cette ville. N'est-il pas permis de croire que, dès cette époque, un noyau chrétien s'était formé à Nimes?

Mais la petite colonie fidèle eul-elle dès lors une hiérarchie et une succession d'évêques? Nous l'ignorons, et les actes du martyre de saint Baudile, vers la fin du me siècle, semblent insinuer le contraire. Ce qui est moins problématique, c'est que la cité de Nimes eut, elle aussi, ses martyrs, ainsi que le prouvent diverses inscriptions chrétiennes de la lin du ne siècle (3).

(1) L'impression de ce catalogue a été décidé ; par le Comité dans sa séance -e du (i novembre 187!).

(2) Voir notre notice sur les bénédictins à Aimes, p. 5. — S. Bawlile et son culte, par M. l'abbé Azaïs, p. 18.

(3) S. Baudile et son culte, p. 25.


305

Ce n'est que vers la fin du ive siècle que l'histoire religieuse de Nimes commence d'une manière certaine et nous présente un évêque parfaitement incontestable.

I. — Saint Félix (374-40'?)

Deyron (1) fait naître saint Félix à Bouillargues ; ce village, du reste, le reconnaît pour patron. Saint Félix assista probablement au Concile tenu à Valence, en 374 (2). Le 1er octobre 394 il fut du nombre des vingt-un évoques qui tinrent à Nimes un Concile national contre l'erreur des Priscillianistes. Il fut martyrisé et cloué sur la croix, en 407, lors de l'invasion de Crocus, chef des Vandales, Alains, Suèveset Burgondes qui ravagèrent nos contrées, en 407 et 408. Ses reliques, d'après une tradition constante et générale, sont conservées sous l'autel de l'église de Grasse, en Provence (3).

Ménard (Histoire des Evêques de Nimes) place après saint Félix Eugène en 451 et Crocus en 475 ; mais dans sa grande histoire de la ville, il reconnaît que ces deux prélats, s'ils ont existé, n'ont pas occupé le siège de Nimes.

IL — Sedatus (506)

Sedatus assista, le H septembre 506, au Concile d'Agde tenu dans l'église Saint-André, sous la présidence de saint

(1) Antiquités de Nimes , p. 121.

(2) Semaine religieuse de Nimes, année 1869-1870, p. 564. — Etude de D. Lévêque sur les actes du Concile de Nimes.

(3) Ibid et Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, 1.1, liv. 1, ch. 46 et note 18,


306

Hilaire (1). On croit qu'il avait été moine de la fameuse abbaye de Lérins. Il se distingua par la sainteté de sa vie et par ses prédications. Ménard fait mention de deux discours et d'une lettre de cet évêque (2).

III. — S. Jean I (vers 511 et avant 526)

Ce prélat (3), auparavant archidiacre de l'Eglise de Nimes, fut élu à la suite d'une protection miraculeuse du martyr nimois saint Baudile. Grégoire de Tours (4) nous apprend qu'il était fort pieux et qu'il prenait un grand soin de l'instruction de la jeunesse, à l'époque où il n'était encore qu'archidiacre. Il fut inhumé hors de l'enclos du monastère de Saint-Baudile, dans l'église de Saint-Julien-lès-Nimes.

IV. — Pelage (589)

6 mai 589, il fut représenté par son archidiacre Valérien au troisième Concile de Tolède (5). 1er novembre 589, il assista au Concile de Narbonne où l'on décida que l'on chanterait la doxologie Gloria Patri, à la fin de chaque psaume, et où l'on régla la décence des clercs pendant la célébration des saints mystères. Ce Concile défendit de travailler le dimanche et de fêter le jeudi (6).

V. — S. Remessarius (633-640) 5 décembre 633, il assista au quatrième Concile de Tolède

(1) Labbe, conc. t. IV, p. 1381 et seq. — P. Sirmond, concil. de la Gaule. t. I, p. 174.

(2) Ménard, Histoire de la Ville de Nimes, t. I, liv. I, ch. 57.

(3) Brev. de Nimes apud Hist. de Lang., t. II, pr. c. 10.

(4) De Glor. martyr, libr. I, cap. 78.

(5) Labbe, conc. t. V, p. 1017. - (6) Ibid. p. 1031.


307

qui introduisit dans la Septimanie la liturgie mosarabique (1). Vers 640, il donna à son Eglise la terre de Garons qui était de son patrimoine (2); il enrichit encore sa Cathédrale du terrain de Villeverte. Il fut inhumé dans l'église de Saint-Julien auprès de son prédécesseur Jean I.

VI. — S. Jean II (vers 650)

Ménard place ici Jean II, d'après l'ancien catalogue des évêques de Nimes (3) qui assure qu'il fut inhumé auprès de saint Bemessaire dans l'église de saint Julien. Quoique en disent les auteurs du Gallia christiana (4) qui le confondent avec Jean I, l'historien nimois affirme que ce sont deux évêques différents et croit que c'est Jean H dont la fête était fixée au 26 de juin.

VII. — Arégius (672-675 au moins)

Arégius était évêque de Nimes lorsque le comte Hilderic se révolta contre le roi Wamba. Le rebelle essaya vainement d'entraîner le pontife dans sa révolte (672), le chassa de son siège, l'exila en France et le remplaça sur le siège de Nimes par un abbé de son parti du nom de Ramire ou Ranimir qui fut sacré par deux évêques étrangers, sans intervention du métropolitain. Bamire ne fut qu'un intrus qui ne doit pas être compté dans la liste des évêques légitimes (5). Arégius rappelé à Nimes par le roi Wamba, après la reddition de cette ville, mourut probablement sur son siège.

(1) Labbe, conc. t. V, p. 1072. — Mabill. Liturg. Gallia lib. I, c. i, n° 8.

(2) Brev. de Nimes, apud Histoire de Lang., t. II, pr. c. 10. — Ménard' Hist. de la Ville de Nimes, t. I, pr. chron. V.

(3) Ibid. — (4) T. VI, p. 429.

(5) Ménard, Hist. de la ville de Nimes, 1.1, hv. 1, ch. 72 et seq.


308

VIII. — Crocus (vers 880)

Le Bréviaire de Nimes (1) indique vers 680 un évêque du nom de Crocus, cujus tempore fuerunt beatus Mgidius et rex Flavius. L'historien Ménard admet l'existence de Crocus, ainsi que celle ,de Pallade et de Grégoire, que le môme Bréviaire place ensuite.

IX. — Palladias (737)

Les auteurs du Gallia christiana (2) inscrivent après Arégius les noms de Palladias, Casatus et Gregoinus sans appuyer leur existence sur d'autres documents que l'ancien Bréviaire de Nimes. Tout en admeltanl Palladias et Gregorius, Ménard croit devoir rejeter Casatus qui, d'après lui, ne serait pas différent de Sedatus inscrit plus haut (3). Du temps de Palladias eut lieu l'invasion Sarrazine et l'incendie de Nimes par ordre de Charles-Martel (737).

X. — Gregorius (vers 745)

Il ne faut pas s'étonner si les ténèbres enveloppent notre histoire de la mort d'Àrégius jusqu'à l'épiscopat de Sesnand, c'est-à-dire pendant l'espace d'un siècle environ ; les troubles et les calamités du temps expliquent les lacunes que nous rencontrons (4).

(1) Hist. de Lang., t. II, pr., c. 10.

(2) Tom. VI, p. 429.

(3) Ménard, Histoire de la ville de Nimes, t. I, liv. 1, ch. 81.

(4) Ibid.


309

XI. — Sesnandus (784-788)

Cet évêque n'est pas mentionné dans le Gallia christiana. Ménard l'insère dans sa liste d'après un acte de 788 (quatrième de Sesnandus) rapporté dans une sentence rendue sous l'évêque Agilard, au sujet des limites de la terre de Garons. L'historien nimois pense que les troubles de celte époque mirent un assez long intervalle entre l'épiscopat de Grégoire et celui de Sesnand (1).

XII. — Vintering ou Viteriscus (791-798) (2)

Viteriscus (3) assista, le 27 juin 791, à un Concile tenu à Narbonne contre Félix, évêque d'Urgel, qui enseignait que Jésus-Christ n'était Fils de Dieu que par adoption et qui renouvelait l'hérésie de Nestorius. —798, l'évêché d'Arisitum fut incorporé à celui de Nimes, après environ deux siècles et demi d'existence (4).

L'historien Catel place après l'évêque Vintering un prétendu prélat du nom d'Aimeric ; mais cet historien n'appuie cette opinion que sur un acte dont l'authenticité est plus que suspecte ; c'est l'acte de consécration de l'autel de SaintSauveur d'Aniane par le pape Léon III, en présence de Charlemagne et de 166 évêques, que rapporte Gariel (5), mais que les meilleurs critiques regardent comme faux et apocryphe.

L'ancien Bréviaire de Nimes fait mention d'un évêque

(1) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, t. I, liv. 1, ch. 98.

(2) Bréviaire de Nimes. — Hist. de Lang., II, pr. c. 10.

(3) Labbe, conc. t. VII, p. 964.

(4) Ménard, Histoire de la Ville de Nimes, 1.1, liv. I, ch. 101.

(5) Séries praesul, Magalon. p. 48.


310

Girbertus auquel Charlemagne aurait donné l'abbaye de Psalmodi ; mais l'existence de ce prélat est tout-à-fait incertaine, ainsi que celle de Jean III qui est porté comme incertain dans la liste du Gallia christiana ; les nouveaux historiens de Languedoc l'ont cependant inséré dans leur catalogue sans observation (1).

On voit bien un évêque du nom de Jean souscrire, en 813, le testament du seigneur Dadila en faveur de l'abbaye de Psalmodi ; mais cet évêque avait son siège aux environs de Nimes peut-être, il n'occupait pas celui de Nimes.

XIII. — Christianus (808-850)

808, il obtint de Charlemagne un diplôme par lequel ce prince prit sous sa protection l'église de Nimes alors dédiée à Notre-Dame et Saint-Baudile; par ce même diplôme Charlemagne confia à Chrétien les monastères de Tornac et de Saint-Gilles (2). — 28 novembre 814, le roi Louis-le-Débonnaire, par un diplôme daté d'Aix-la-Chapelle, confirma l'acte de 808 (3).

835, Chrétien, l'un des évêques fidèles à Louis-le-Débonnaire, assista à la diète de Thionville qui examina la conduite des prélats partisans de Lothaire qui avaient déposé l'empereur; quelques jours après, Chrétien assista à la cérémonie de Metz dans laquelle Louis-le-Débonnaire reprit les insignes de son autorité et se lit de nouveau couronner (4). Chrétien fonda et dota de son propre patrimoine l'église de Parignargues qu'il donna à sa cathédrale ; il unit les deux bénéfices de Luc et de Costebalens (5).

(1) Hist. de Lang., nouvelle édition, t. IV, note 59.

(2) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, t. I, liv. 2, chap. 1.

(3) Hist. de Lang., t. I, p. 479.

(4) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, t. I, livr. 2, chap. 6.

(5) Ibid. t. I, pr., chartes III et V.


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Nous croyons devoir attribuer à cet évêque une donation de 850 à l'abbaye de Psalmodi (1) ; une mauvaise copie, la seule que nous ayons, attribue cet acte à un évêque du nom de Franciscus; il est facile, comme on peut s'en apercevoir, de mal lire et de changer Christianus en Franciscus.

XIV. — ïsnardus (858-860)

858, le pape saint Nicolas I lui confirma la possession des monastères de Saint-Gilles, de Saint-Baudile, de Psalmodi et de Tornac (2).

XV. — Anglard I ou Agelardus (867)

867, Anglard reçut du pape Adrien II concession des monastères déjà accordés à son prédécesseur (3).

XVI. — Gilbert (vers 870-890)

Vers 870, il reçut d'Adrien II l'ordre de ne vexer ni inquiéter le monastère de Saint-Gilles et de lui rendre ce qu'il lui avait pris (4). — 875, il souscrivit une charte par laquelle les évêques de la province de Lyon réunis à Chalonsur-Saône maintinrent l'abbaye de Tournus en certaines possessions (5). — 22 avril 876, il recouvra le village de Bizac à la suite d'un plaid tenu devant le château des Arènes

(1) Archives du Gard, H, 106.

(2) Brev. de Nimes, loco citato. —Hist. de Lang., 1.1, p, 135. — Gall. Christ, t. VI, p. 430.

(3) Ibid. — (4) BuIIaire de Saint-Gilles.

(5) Labbe, conc. t. IX, p. 275 et seq.—Conc. de la Gaule, patrol, 1.126, p, 818,


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en présence du vicomte Bertrand, des viguiers Gisalfred et Gontarius et autres juges (1). — 14 avril 878, il assista à l'invention des reliques de saint Baudile qui eut lieu en présence de Wifred, évêque d'Uzès, de plusieurs autres pontifes et d'un grand nombre d'abbés (2). — Cette même année, l'abbaye de Saint-Gilles fut déclarée exempte de la juridiction de l'évêque de Nimes ; la bulle donnée à ce sujet par le pape Jean VIII fut confirmée au Concile national de Troyes, où se trouvait l'évêque Gilbert (3). — 17 novembre 887, Gilbert assista au Concile de Port où furent déposés les deux évêques intrus de Girone et d'Urgel (4).

890, Gilbert fut un des premiers à reconnaître l'autorité du roi Eudes, et eut recours à lui pour se faire rendre Bizac dont un seigneur nommé Genèse s'était emparé. Allidulfe, commissaire du roi, après informations judiciaires, fil restituer ce lieu à Gilbert, en présence de Raymond, comte de Nimes (5). — Ce plaid pourrait être rapporté à 892, si l'on suppose que le roi Eudes ne fut reconnu à Nimes qu'en 890, comme semble l'indiquer une donation faite au Chapitre sous l'épiscopat d'Anglard II et datée du dimanche 3 avril, la huitième année du règne du roi Eudes ; la lettre dominicale montre que cet acte est de 897 (6). — C'est probablement à cet évêque qu'est due la première organisation du Chapitre cathédral en communauté régulière sous la règle qu'avait renouvelée le Concile d'Aix-la-Chapelle en 817.

Quelques auteurs ont cru qu'il fallait reconnaître deux évêques successifs de Nimes du nom de Gilbert, et se sont

(1) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, t. I, liv. 2, chap. 9 et pr., ch. I.

(2) Ibid. liv. 2, chap. 11 et pr. chron. 3. ,(3) Ibid. pr., charte 2.

(4) Labbe, conc. t. IX p. 375 et leq. — Hist. de Lang. t. II, p. 526.

(5) Ibid. t. 2, pr. p. 26.

,(6) M. Germer-Durand, cartul. de N.-D. de Nimes, p. 14, met cet acte en 896.


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appuyés sur ce que le siège épiscopal est dit vacant, lors du sacre de saint Théodard, archevêque de Narbonne, qui eut lieu le 15 août 885 ; mais l'acte ne dit pas autant qu'on lui fait dire, et nous pensons qu'on ne doit compter qu'un Gilbert (1).

XVII. — Anglard II, Agelardus (895-905)

29 avril 897, Anglard assista au second concile de Port.(2). — 3 mai 898, il obtint une sentence en sa faveur au sujet des limites de la terre de Garons (3). — Le 23 du même mois, dans un plaid solennel, il se fit rendre l'église de Parignargues.usurpée par un nommé Rostaing (4). — Ménard et d'autres historiens prolongent l'épiscopat d'Anglard jusqu'en 909 et le font assister aux conciles de Barcelonne, en 906 et de Sainl-Tibéry, en 907, mais la charte X du Cartulaire de N.-D. de Nimes (5) nous apprend que dès l'an 905 le siège de Nimes était occupé par l'évêque Hubert.

XVIII. — Hubert ou Ugbert et Wicbert (905-928)

24 avril 905, le prêtre Marlèse lui donna, ainsi qu'aux Chanoines de Nimes, des propriétés à Vignoles, près de la ville (6), Ménard place cet acte en 909 (7). — 909, le pape Sergius lui confia les monastères de Psalmodi, de Saint(1)

Saint(1) de Lang., t. II, p. 17. ^2) Labbe, conc. t. IX, p. 478.

(3) Hist. de Lang., nouvelle édition, t. IV, p. 275, note 59.

(4) Cartul. de N.-D. de Nimes, p, 16, ch. 8, (5; Ibid. p. 20, ch. 10.

(6) Ibid.

(7) Ménard, Hist. de la Ville d» Nimes, 1.1, livr. 2, ch. 25.


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Gilles et de Tornac (1). — 3 mai 909, Hubert assista au concile de Jonquières, près dePoussan, au diocèse deMaguelonne (2). — 914, il recouvra en justice un alleu situé près d'Anduze et usurpé sur l'église de Nimes (3). — Avec les évêques de la province, il se plaignit au pape Jean X de l'intrusion de Gérard dans l'archevêché de Narbonne (4). —918 l'archidiacre Didyme céda au Chapitre des fonds situés dans la Vaunage, près de Saint-Cosme (5). —921, l'évêque Hubert présida un plaid au sujet des dîmes de Luc (6). — 928, il est encore nommé dans plusieurs chartes (7).

XIX. — Rainard ou Reginaldus (929-941)

929, le pape Jean XI lui confirma la possession de plusieurs églises ou monastères donnés précédemment à l'église de Nimes (8). — 14 mai 932, l'évêque Rainard et son chapitre firent un échange avec un seigneur nommé aussi Rainard et sa femme Gode (9). — 15 août 933, il reçut une donation à Redessan (10). — 937, il assista au concile tenu à Ausède, près Saint-Pons-de-Thomières (11). — 940, il signa deux actes par lesquels l'archevêque de Narbonne et l'évêque de Béziers firent des donations à l'abbaye de Saint-Pons (12). — Octobre 941, il est nommé dans une donation faite au chapitre de Nimes (13).

(1) Brev. de Nimes, loco citato.

(2) Labbe conc, t. IX, p. 519. — Baluze, conc. Gall. Narb., p. 8.

(3) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, t. I, pr. chart. IV.

(4) Hist. de Lang. t. II, p. 48 et pr., p, 55.

(5) Cartul. de N.-D. de Nimes, p. 31, ch. 19.

(6) Ibid. p. 33, ch. 20.

(7) Ibid. p. 56 et seq., ch. 32, 33 et 34.

(8) Brev. de Nimes, Loco citato.

(9) Cartul. de N.-D. de Nimes, p. 61, ch. 35.

(10) Ibid. p. 64, ch. 37.

(11) Hist. de Lang., t. II, p. 71 etpr. p. 77

(12) Ibid. p. 75 et pr., p. 81.

(13) Cartul. de N.-D. de Nimes, p. 72 ch. 43.


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XX. — Bernard I (943)

Cet évêque omis dans le Gallia Christiana n'a siégé que peu de temps, il est connu par deux acles datés du 15 et du 25 février 943. Le premier est une donation faite à son église par Leutald et sa femme Rangarde d'un alleu situé à Redessan (1).

XXI. •— Bégon (943-946)

8 mai 943, de concert avec son chapitre, il fit un acte d'échange avec Pons et sa femme Hermessinde d'un champ situé près de la porte d'Espagne contre une vigne au lieu dit Cabane, près de la même porte (2). — 24 décembre 945, jeudi, il fit un autre échange à Uchaud avec le prêtre O.lilon (3). Ménard place ces actes le 1er en 945 et le 2me en 946 (4).

XXII. — Bernard II d'Anduze (947-983)

Ce fut l'un des plus illustres évêques de Nimes, il appartenaità la puissante maison d'Anduze (5). — Lundi, 12 mars 947, il est nommé dans une donation faite à son église par Pons, sa femme Marie et son fils, Frambert (6). — Ménard

(i) Cartul. de N.-D. de Nimes, p. 74, ch. U. — Hist. de Lang., nouvelle édition, t. IV, p. 275, note 59.

(2) Cartul. de N.-D. de Nimes, p. 79, ch. 45.

(3) Ibid. p. 82, ch. 47.

(4) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, 1.1, liv. 2, chap. 88,

(5) Brev. de Nimes, locisjum citatis.

(6) Cartul. de N.-D. de Niraes, p, 84, ch. 48.


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place cet acte en 949 (1). — 7 septembre 961, Bernard II reçut pour son église du comte de Rouergue, Raimond II et de la comtesse Berthe, mère de ce seigneur, donation d'un alleu situé dans les territoires d'Aimargues et de Teillan (2).

— 18 août 965, cette donation fut confirmée avec extension à Malaspels (3). — 29 juillet 970, il fit avec l'évêque de Béziers un échange d'allenx. — Août 985, il reçut de l'archevêque d'Arles, pour le prix de 300 sols, l'alleu de SaintEtienne au comté d'Uzès, et l'église de Saint-Césaire de Gauzignan (4). — L'évêque Bernard d'Anduze vivait encore en 986; il est mentionné dans une charte dn 23 février (5).

— Ce prélat échangea avec son frère le château de SaintMarcel contre celui de Saint-Martial qu'il donna ensuile à ses successeurs (6).

La famille seigneuriale d'Anduze avait pour armoiries : de gueules, à trois étoiles d'or, 2 en che( et 4 en pointe (7).

XXIII. — Protaire I (987-1016)

Il était fils de Bernard II, vicomte d'Alby et de Nimes ; il était évêque d'Alby lorsqu'il fut transféré au siège de Nimes, en 981 (8). — D'après Ménard, D. Mabillon, D. Vaissette et les auteurs du Gallia christiana, Frotaire I fonda en

(1) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, t. I, liv. 2, chap. 39.

(2) Cartul. de N.-D. de Nimes, p. 102, ch. 61. — Hist. de Lang., t. II, pr., p. 113. — Ménard, ibid. chap. 41.

(3) Cartul. de N.-D. de Nimes, p. 109, ch. 66. — Hist. de Lang., t, II, pr., p. 115. — Ménard, ibid, chap. 42.

(4) Gall. Christ, t. VI, p. 435.

(5) Cartul. de N.-D. de Nimes, p. 132, ch. 82.

(6) Brev. de Nimes, locis citatis. Cl) Salles des croisades, à Versailles. (8) GaU. Christ, 1.1, p, 8.


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991 le monastère de Saint-Sauveur de la Font de Nimes ; mais M. Germer-Durand pense qu'il fuit retarder cette fondation d'une quarantaine d'années et la reporter à l'épiscopat de Frotaire II (I). Frolaire I est mentionné dans plusieurs actes du Carlulaire de Notre-Dame de Nimes, de 991 à 1015 (2). — Il assista, en 1004, à l'assemblée qui rétablit l'abbaye de Psalmodi et, en 1010 (18 novembre), à l'assemblée d'Urgel qui institua dans cette église la vie régulière des chanoines (3). — Juin 1016, de concert avec ses chanoines, il fit avec Bernard le Brun et sa femme Gode Blanche un échange de terres à Monlignargues, au vicomte d'Uzès (4).

Ce prélat portail : fascé d'or et d'hermines (5).

Frolaire I eut un coadjuleur nommé Adelme de Cambon, mentionné dans plusieurs acles de 1004 à 1008 (6); ce ccadjuleur mourut avant Frotaire ; il était prieur de SaintBenoit de Castres ; son épitaphe se trouvait dans l'église de ce prieuré et était ainsi conçue :

HlC DORMIT IM PACE ADELMUS DE CAMBONO MONACHUS

S. BENEDICTI DE CASTRO ET EPISCOPUS NEMAUSI. ORATE (7).

XXIV. — Géraldus d'Anduze (1016-1026) Quoique les auteurs du Gallia christiana assurent (8)

(i) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, t. I, liv. 2, chap. i% — Mabill. 990. n° 59. — Hist. de Lang., t. II, p. 124. — Gall. Christ., t. VI, p. 508. — Cartul. da N.-D. de Nimes, pp. VII et 217 (note).

(2) Cartul. de N.-D. de Nimes, ch. 85 à 110

(3) Mabill. 1001, n° 59. —Marc. Hispan, p. 974 et seq.— Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, t. I, liv. 2, chap. il et 48.

(4) Cartul, de N.-D. de Nimes, p. 1S2, ch. 115.

(5) D'après un sceau donné par D. Vaissette.

<fi) Hist. de Lang, nouvelle édition, t. IV, p. 276, note 59.

(7) Ibid. t. V, p. 4° - Gall. Christ., t. VI, p. 1118.

(8) Gall. christ., t, VI, p. 435.


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que Géraud possédait le siège de Nimes dès l'an 1015, l'acte rapporté ci-dessus prouve qu'il ne put en prendre possession qu'à la fin de 4 016 au plutôt ; il était fils de Bernard Pelet, seigneur d'Anduze et de Sauve et frère de Frédol, évêque duPuy (1). — 18 juillet 1019, il signa l'acte de fondation du monastère de Saint-Génies, au diocèse de Maguelonne (2).—■ 20 octobre 1020, de concert avec son père et ses frères, il fit une donation considérable à sa cathédrale (3). — D'après le nécrologe de Saint-Gilles, ce prélat mourut le 16 septembre, probablement en 1026 ; il vivait encore en 1025, époque où il assista à l'élection de Judith, abbesse de Sainl-Géniès (4). La famille d'Anduze portait : de gueules, à trois étoiles d'or (5).

XXV. — Frotaire II (1027-1077)

Il était neveu de Frotaire I et fils d'Alon II, vicomte d'Alby et de Nimes. — 13 mars 1027 (1028), il signa l'acte par lequel Rostaing, seigneur de Gallargues et ses fils Rainon, Rostaing et Pons fondèrent en ce lieu un monastère de filles (6). — 18 décembre 1029, il signa l'acte de fondation du monastère de Sauve (7). — Vers la même époque, d'après M. Germer-Durand (8), il fonda l'abbaye de SaintSauveur de la Font de Nimes. — Vers 1038, de concert avec

(1) Ménard, Histoire de la ville de Nimes, t. I, liv. 2, ch. 51.

(2) Hist. de Lang., t. II, pr., c. 171.

(3) Cartul. de N.-D. de Nimes, p, 189, ch. 120, — Voir Ménard, 1.1, p. 159 et Hist. de Lang., t. II, pr., c. 173.

(i) Hist. de Lang., t. II, pr., c. 177.

(5) Salles des Croisades, à Versailles,

(II) Hist. de Lang., t. II, pr., c. 180.

(7) Ibid, c. 182. — Gall. christ., t. VI, p. 436.

(8) Cartul. de N.-D. de Nimes, pp. VII et 217 (note).


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son frère, Bernard-Àton III, il vendit, pour le prix de 5000 sols, l'évêché d'Alby et ses dépendances à Bernard-Aymard et à son fils Guillaume pour en jouir à titre d'évêque, après la mort de l'évêque Amélius (1).

1040, de concert avec son frère et l'évêque Amélius, il fit bâtir un pont sur le Tarn, à Alby (2). — La même année, il fut présent à la consécration par Benoît IX de la basilique de Saint-Victor de Marseille. — 4 septembre 1042, il assista au Concile de Saint-Gilles où se trouvèrent vingt-un évêques des provinces de Narbonne, d'Arles et d'Embrun ; on y traita de la trêve et de la paix de Dieu (3). —17 mars 1043, il souscrivit le septième Concile de Narbonne où se réunirent sept évêques (4). — 1er août 1043, il assista au huitième Concile de Narbonne, 17 évêques (5). — 13 juillet 1050, il envoya un procureur le représenter au Concile de SaintThibéry (6). — 11 octobre 1050, il permit la fondation de l'église de Saint-Guilbemde Vignoles, près de Nimes, laquelle fut dédiée, le 13, par l'archevêque d'Arles (7).—1054, il fut présenta la consécration de la cathédrale de Maguelonne (8). — 25 août 1054, il assista au neuvième Concile de Narbonne sur la paix de Dieu (9). — 1055, il excommunia un moine qui avait envahi le prieuré de Sauve; cette sentence fut confirmée en 1062 par le pape Alexandre II. — 13 septembre 1056, il assista au Concile convoqué à Toulouse par le

(1) Hist. de Lang., t. II, pr., c. 202.

(2) Hist. de Lang., nouvelle édition, t. IV, p. 276, note 59.

(3) Labbe, conc. t. IX, p. 1082 et seq.

(4) Anecd. de D. Martène, t. IV, p. 83 et seq. .

(5) Idem, ibid.

(6) Idem, ibid, p. 877.

(7) Ménard, Histoire de la Ville de Nimes, t.1, pr., charte IX.

(8) Episc. Magal. de Verdal, p. 96.

(9) Ménard, Hist. de la ville de Nimes, t. I, pr., charte X.


pape Victor II contre les simoniaques (1) — 26 décembre 1058, avec plusieurs autres prélats de la province de Narbonne, il signa un acte par lequel Héli, duc mahométan de Dania et des iles Baléares, soumettait à l'église de Barcelone toutes les églises de ses étals (2).

Vers 1060, de concert avec son frère, il rendit à l'église de Saint-Salvi. au diocèse d'Alby, tout ce que le prévôt y avait possédé, augmenta les possessions de cette église et promit de respecter et de faire respecter ces domaines par tous autres (3). — Vers 1061, il excommunia l'abbé de SaintGilles, ce dont se plaignit le pape Alexandre II (4). — 5 novembre 1062, de concert avec son neveu, le vicomte Raymond Trencavel, il donna l'abbaye de Sorèze à celle de Saint-Victor de Marseille, en réparation des aclesde simonie dont ils avaient pu se rondre coupables (5). — 5 mars 1066 (1067), un acte de donation cilé dans le Cartulaire de NotreDame de Nimes (ch. 1o0), nous apprend que devenu vieux Frotaire s'était donné un coadjuteur du nom â'Eléfant; à partir de celte époque Frotaire prend le titre à'Episcopus vêtus, sans cependant se désintéresser de l'administration diocésaine. — 22 mars 1074 (1075), le pape Grégoire VII lui écrit pour le détourner de ses entreprises sur l'abbaye de Saint-Gilles. — Frotaire II vécut jusqu'en 1077 et fut cinquante ans évoque de Nimes.

Comme son oncle, ce prélat portait : fascé d'or et d'hermines.

(1) Labbe, conc. t. IX, p. 1084.

(2) Mar . Hispan, p. 1117.

(3) Gall. chrisi., t. I, instr. c. 5.

(4) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, t. I, liv. 2, ch. 68.

(5) Hist. de Lang., t. II, pr. c. 243.

(6) Cartul. de N.-D. de Nimes, p. 238, ch. 150.

(7) Ibid. p. 242, ch. 132.

(8) Grégor. VII, lib. I, Epist, Ç8.


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XXVI. — Eléfant (1066-1084)

Eléfant, coadjuteur de Frotaire II. dès l'an 1066, lui survécut et fut seul évêque en 1077.—Ce prélat, que le Gallia christiana ne mentionne qu'en sa qualité de coadjuteur , était encore sur le siège de Nimes en 1084. Une charte du 21 avril de celte année (1) l'indique comme présent à une donation qui fut faite à l'église de Nimes. Ce fut pendant son épiscopat, en 1078, que le chapitre cathédral fut réformé et embrassa la règle de Saint-Augustin et la vie commune dans le cloître. (Ménard (2) place ce fait un peu plus tard).

Eléfant eut un coadjuteur du nom de PierreErmengaud, qui paraît déjà dans un acte de 1080 et dans une donation qu'il fit lui-môme à l'abbaye de Saint-Victor de Marseille (3), donation confirmée par un bref du pape Grégoire VII (4).

XXVII. — Pierre I Ermengaud (1080-1090)

Pierre I, d'abord coadjuteur d'Eléfant, lui succéda probablement en 1084 , époque où celui-ci disparaît des monur ments historiques.— 28 décembre 1084, pour relever l'antique monastère de Saint-Baudile , dans lequel ne se faisait plus aucun service , à la demande de Raymond de SaintGilles et de la vicomtesse de Nimes Ermengarde , l'évêque Pierre Ermengaud et son chapitre consentirent à donner ce

(1) Cartul. de N.-D. de Nimes, ch. 160.

(2) Ménard, Histoire de la Ville de Nimes, 1.1, liv. 2, ch. 79.

(3) Gartul. de Saint-Victor de Marseille, oh. 859.

(4) Gall christ., t. VI, p. 438 — Hist de Laag,. t. H, p. 954.


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monastère à Seguin, abbé de la Chaise-Dieu, pour y rétablir le service divin (1).

Pierre Ermengaud vivait encore en 1090. Au printemps de cette année, il assista au 7me concile de Toulouse (2), et, peu de temps après , de concert avec les légats Richard et Âmat et les évêques Dalmace de Narbonne , Matfred de Béziers, Godefroi de Maguelonne , Pierre de Carcassonne , Bernard de Lodève, Bérenger d'Agde et Guillaume d'Alby, il fulmina l'excommunication contre RaimondAbbon de Neyran et sa famille, qui avaient usurpé une église donnée jadis à SaintMartin de Béziers (3).

XXVIII. — Bertrand I de Montredon (1095-1097).

Il fut sacré à Nimes , à la fin du mois d'août 1095 , par le pape Urbain II (4), qui le réconcilia , quelques jours après , avec Odilon, abbé de Saint-Gilles , sur le monastère duquel les évêques de Nimes renouvelaient souvent leurs prétentions (5). — 18 novembre 1095, il assista au concile de Clermont où fut résolue la croisade (6). — 29 juin 1096, il fut présent à la bénédiction de l'île de Maguelonne, faite par le pape Urbain II (7).—Dimanche 6 juillet, Urbain II consacre la cathédrale de Nimes, terminée depuis peu, et y préside un concile où se trouvèrent sept cardinaux , dix archevêques et quatre-vingt-six prélats (8). — 12 mai 1097 , Bertrand fut

(1) Hist. de Lang., t. II, pr., c. 319. — Ménard, t. I, liv. 2, chap. 77.

(2) Labbe, conc. t. X p. 479 et seq.

(3) Gall. christ., t. VI, p. 439. — D. Martène, anecd. IV, p. 120.

(4) Ruinart, in vita Urbani II, n° 194 et seq.

(5) D. Mabill., an 1095, n° 20.

(6) Labbe conc, t. X, p. 506. et seq.

(7) Ruinart, ibid, n° 268 et seq. — Verdal, proesul. Magalon., p. 199 et seq.

(8) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, t. J, livr. 2, chap. 85. — Hist. de Lang., t. II, p. 341.


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élu archevêque de Narbonne par les évêques assemblés pour les funérailles de Dalmace , précédent archevêque. — Urbain. II approuva ce transfert, à cause, dit-il, de l'urgente nécessité, déclarant qu'il n'en permettrait plus de pareil à l'avenir (1).

Les Montredon portaient : d'azur au lion d'or , à la bordure composée d'argent et de gueules (2).

XXIX. — Raymond I Guillaume (1097-1112)

Ce prélat , né à Montpellier , appartenait à la maison seigneuriale de ce lieu ; c'était très-probablement le frère de Guillaume V, qui se fit remarquer par ses exploits dans la première croisade (3).—1097, à peine nommé , Urbain II le choisit, avec Bertrand, son prédécesseur, et Gibelin, archevêque d'Arles, pour juger arbitralement le différend entre Foulques, abbé de Psalmodi, qui prétendait ne relever que du Saint-Siège, et Richard, cardinal et abbé de Saint-Victor de Marseille , qui soutenait que Psalmodi relevait de SaintVictor. Le cardinal acquiesça à la décision qui lui fut contraire (4). — 1098 Raymond fut sacré (5). — 4 avril 1099, Urbain II lui écrivit pour lui reprocher l'excommunication lancée contre le monastère de Saint-Gilles , et lui ordonna de venir à Rome pour obtenir son pardon et donner pleine satisfaction au Saint-Siège (6). — 6 janvier 1100, Raymond fit un accord avec Pons, abbé de la Chaise-Dieu. L'abbé

(1) Hist. de Lang., t. II, p, 344.

(2) Salles des Croisades, à Versailles.

(3) Hist. de Lang., t. II, p. 616. — Ménard, Hist. de la Ville de Nimes t. I, liv. 2, ch. 89.

(4) Ruinart, in vita Urbani II, n° 277.

(5) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, 1.1, pr., chron. V.

(6) Biblioth, nat. lat., 11018, Bullaire de Saint-Gilles, fol. 26, b.


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céda les chapelles de Saint-Martin et de Saint-Pierre au château des Arènes, la chapelle de Saint-Thomas , sise sur le mur de la ville, celle de Saint-Etienne au Capitole et celle de Saint Vincent. L'évêque et ses clercs cédèrent l'abbaye de Saint-Baudile, salva reverentia et obedientia episcopali, et celle de Saint-Sauveur de la Font, avec leurs dépendances , savoir l'église de Saint-Paul d'Uehaud et les églises qu'on pourrait prouver avoir appartenu à Sainl-Baudile. L'évêque ne s'y réserva que le quart des dîmes, prémices et oblations, ainsi que la justice et l'autorité épiscopale. L'accord permettaitaux habitants de la ville d'élire sépulture dans le cimetière de Saint-Baudile , à moins qu'ils ne fussent excommuniés ou interdits ; de même pour le cimetière de la cathédrale. Quant à celui de la Posterle, sujet de litige entre les chanoines et les moines , il fut interdit par l'évêque , du conseil de Godefroid , évêque de Maguelonne , d'Arbert , évêque d'Avignon , de Fulcon , abbé de Psalmodi , et de Lelbert , abbé de Saint-Ruf (1).— 1112, Raymond I mourut et fut inhumé dans sa cathédrale.

Les armoiries de la famille de Montpellier étaient: d'argent au tourteau de gueules (2).

XXX. — Jean III (1113-1134)

On croit ce prélat natif de Bourgogne et cousin de Pierre, évêque de Viviers ; c'était un homme d'une grande sainteté (3). — 1113 , il fut sacré évêque de Nimes. — Octobre 1115, il assista à l'assemblée de Cassan, au diocèse de Béziers, pour la consécration d'une église de monastère (4). — 1118, il transigea sur ses droits épiscopaux avec

(i) Hist. de Lang., t. II, pr., c. 352. —Ménard, Ibid. t. I, tir. 2, ch. 90.

(2) Salles des Croisades, a Versailles.

(3) Brev. de Nimes, locis cicatis.

(4) Hist. de Lang., t. II, pr., c. 395.


325

l'abbé de Saint-Gilles (1). — 1130, Innocent II lui écrivit, le 29 novembre , pour le prier de défendre l'abbaye d'Aniane contre l'injustice de certains chevaliers (2).—5 décembre 1132 , il assista à la consécration de l'église de SaintMartin de Creissan , au diocèse de Narbonne (3). — 1134, il fut présent au concile de Montpellier, tenu au sujet de l'église de Bessan, disputée par les abbés de la Chaise-Dieu et de Saint-Thibéry (4). Il se mit ensuite en chemin pour le pèlerinage de Saint-Jacques en Galice, mais il mourut à Tolède et fut inhumé dans l'église de Saint-Servand , près des murs de cette ville. C'est à tort que certains le font mourir à Toulouse (5).

XXXI. — Guillaume I (1134-1141)

1134 , il fut élu et sacré dès que l'on sut à Nimes la mort de Jean III (6). — 1139, il assista à un concile convoqué à Uzès par Innocent II, pour terminer le différend sur l'église de Bessan (7). Aussitôt après , il fit un voyage à Rome, où il se trouvait le 1er mai 1139 (8).—Il mourut le 3 octobre 1141 et fut inhumé dans sa cathédrale , près du tombeau de l'évêque Raymond Guillaume. D. Vaissette, ayant mal lu notre ancien catalogue , place le tombeau de Guillaume I près de celui de saint Guillaume, et se demande quel peut être ce saint dont il n'a jamais été question auparavant (9).

(1) Gall. Christ., t. VI, p. 486.

(2) Hist. de Lang., t. II, p. 469.

(3) Labbe, concil., t. X, p. 989.

(4) Hist. de Lang., t. II, pr., c. 474.

(5) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, 1.1, livr. 2, ch. 112.

(6) Brev. de Nimes, ut supra.

(7) Hist. de Lang., t. II, pr., c. 488 et seq.

(8) Gall. Christ., t. VI, instr. p. 136.

(9) Hist. de Lang., t. II, pr„ c. 11 et Gall, Christ, t. VI, p. 441.


326

XXXII. — Aldebert ou Adalbert d'Uzès et de Posquières (1141-1180)

Il appartenait à l'illustre maison d'Uzès ; c'était le fils de Raymond Décan et le frère de Raymond, évêque de Viviers, en 1160 ; de Pierre, évêque de Lodève, en 1154 , et de Raymond, évêque d'Uzès, en 1150 (1). — 1141, il étaitàRome avec le titre d'évêque coadjuteur de Nimes, non encore sacré, lorsque Guillaume mourut; il fut sacré à Rome même, le jour de saint Thomas, 21 décembre, parle pape Innocent II, qui lui donna les monastères de Cendras et de St-Sauveur de la Font; Eugène III et le roi lui confirmèrent cette concession, avec les châteaux , villages et domaines des environs de Nimes (2). — 1143 , il fut présent à la fondation , par Pons Guillaume, du monastère de Franquevaux (3). — 4146, il fut témoin d'un engagement pris par Aton, vicomte de Nimes, envers Rostaing de Posquières, son neveu (4).— 1147, les premières donations faites à Franquevaux le furent en sa présence (5). — 4151 , il fut témoin des dires de l'archevêque de Narbonne et de l'évêque d'Apt, sur le don fait par Raymond de Saint-Gilles à l'abbaye de Saint-Gilles de la ville et du territoire environnants (6). —10 décembre 1156, l'évêque Aldebert obtint du pape Adrien IV une bulle qui énumérait et distinguait les unes des autres les possessions de l'évêque et du Chapitre de Nimes (7). — 4157 , il obtint du roi Louis VII confirmation des privilèges de son église (8).

(1) Hist. de Lang., t. II, p. 640 et seq.

(2) Brev. de Nimes, ut supra.

(3) Gall. christ., t. VI, instr., p. 192

(4) Hist. de Lang., t. II, pr., c. 516.

(5) Ibid. t. II, p. 502, 514 et t. V, p. 685. — Gall. christ., t. VI, instr, p. 193.

(6) Hist. de Lang., t. II, pr., c. 536 et seq.

(7) Cartul. de N.-D. de Nimes, p. 335, ch. 213.

(8) Hist. de Lang., t. II, pr., e, 563 et seq.


327

— Juillet 1162, il reçut le pape Alexandre III (4).—4165, il assista au concile tenu à Lombez contre les Albigeois (2).

— 1169, il confirma la concession faite par son prédécesseur Jean III au monastère de Saint-Pierre de Sauve de quelques églises, salva episcopali obedientia (3). — 18 avril 1176, il fut présent au traité de paix qui fut passé dans l'île Gernica située entre Beaucaire et Tarascon ; ce traité fut conclu par Alphonse II, roi d'Aragon, et Raimond V, comte de Toulouse (4).— 1177, il confirma les droits du monastère de Sauve et rétablit la concorde entre Franquevaux et les héritiers de Guillaume de Sainte-Colombe (5). — octobre 1180, il signa une charte par laquelle l'abbé de Psalmodi céda au monastère de Franquevaux la dîme et des cens sur la ferme des Pêcheries (6).

Aldebert mourut peu de temps après, sans que nous ayons la date certaine de sa mort.

Il avait les armes de la famille d'Uzès : de gueules, à la bande de trois pièces d'or.

Il existe aux Archives nationales, n° 16, une bulle de plomb de 30mm appendue à un hommage fait à l'évêque Aldebert par Bernard d'Anduze. Cette bulle représente : une vierge debout, vue de face, à mi-corps, nimbée, voilée et bénissant des deux mains ; inscription MATER XPISTI — au revers, sur quatre lignes, on lit : *J« ADBT — NEMAV— SENSIS — EPS (7).

Les frères Sainte-Marthe intercalent ici un évêque du nom. d'Arnaud ou d'Ainard de Montredon et le font succéder à Aldebert en 4177, époque où celui-ci occupait encore le siège de Nimes. Cet Arnaud ne saurait être admis, si ce n'est en qualité de coadjuteur temporaire de l'évêque Aldebert (8).

(1) Gariel, les évêques de Maguelonne, p. 139.

(2) Hist. de Lang., t. III, p. 4 et 535.

(3) Gall. christ., t. VI, instr. Salv.

(4) Hist. de Lang., t. III, p. 41 et 450.

(5) Gall. christ., t. VI, et Arch. du Gard, H. 37.

(6) Hist. de Long., t. III, pr., c. 151 et Gall. christ., t. VI, p. 443 et 489.

(7) Mns. de M. L. de Bérard.

(8) Ménard, les Evêques, 1.1, p. 172.—San-Marthan, Gall. christ., t. III, p. 778.


328

XXXIII. — Guillaume II d'Uzès (1181-1207) Ce prélat était fils de Bermond d'Uzès et neveu du précédent évêque (1). — 1183, il fut témoin d'une donation faite par Bernard d'Anduze à la Confrérie de Sommières (2). — 15 août 1198, il fut chargé par le pape Innocent III de prêcher la Croisade, conjointement avec l'archevêque de Narbonne et l'évêque d'Orange (3). — 1206 et 1207, il fut présent aux traités de paix conclus entre Pierre II, roi d'Aragon et les habitants de Montpellier (4).

Comme son oncle, ce prélat portait : de gueules, à la bande de trois pièces d'or.

XXXIV. — Hugues de Lédignan (1207-1209)

Les auteurs du Gallia christiana n'ont pas inscrit ce prélat dans leur liste des évêques de Nimes, son existence n'est cependant pas douteuse ; il était prévôt de la cathédrale lorsqu'il remplaça Guillaume d'Uzès. — 1207, il fut présent au réglement qui mit fin aux brouilleries entre les habitants de la cité et les chevaliers du Château des Arènes (5). — 18 octobre 1208, de concert avec son Chapitre, il confirma une inféodation d'un champ situé au terroir de Saint Cosme (6). — 18 juin 1209, il assista à l'absolution donnée au comte Raymond VI par le légat Milon, et au Concile tenu à Saint-Gilles à la suite de celle cérémonie (7). — Il prit la croix et suivit l'armée contre les Albigeois (8).

(1) Hist. de Lang., t. III, p. 52.

(2) Hist. de Lang., t. III, pr., c. 153.

(3) Innoc. III, lib. 1; epist. 336.

(4) Hist. de Lang., t. III, pr.. c. 204.

(5) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, t. I, liv. 3, chap. 40 et pr. ch. 34. (6) Ibid. liv. III, chap. 41.

(7) D. Martène, anecd. t. I, p. 815. — Innoc. III, epist., t. II, p. 348.

(8) Ménard, ibid., chap. 46.


329

XXXV. — Rodolfe (1210)

Ce prélat signa, le 24 août 1210, un acte conservé dans les archives de Toulouse, par lequel il fut médiateur entre les habitants de Nimes et le viguier du comte (1). — 27 octobre 1210, Innocent III le convoqua à Arles avec Bernard, évêque de Cavaillon, et Pierre, prévôt d'Avignon, pour juger l'affaire des marais de Montmajour dont les habitants d'Arles s'étaient emparés (2). — D'après Ménard, Rodolfe serait l'auteur d'une somme latine des Sacrements (3).

XXXVI. — Arnaud (1212-1242)

Arnaud était abbé de Saint-Ruf, en 1212, lorsqu'il fut élu évêque de Nimes. — Janvier 1213, il assista au Concile de Lavaur tenu contre le comte de Toulouse (4). — 11 août 1213, il fit confédérer contre les routiers les habitants de Nimes et d'Arles (5). — 7 février 1215, il reçut de Simon de Montfort donation de la terre et seigneurie de Milhaud qui lui furent confirmées par Raymond VII, en 1224, et par Louis VIII, en 1226 (6). — Arnaud fut un ardent adversaire des Albigeois; il avait une grande habileté dans les affaires, aussi fut-il souvent employé dans les plus importantes (7). — 1241, il fut pris par la flotte de l'empereur Frédéric, avec

(1) Hist. de Lang., t. III, pr., c. 213.

(2) Gall. christ., t. VI, p. 444.

(3) Ibid. p. 465 et Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, t. I, liv. 3, chap. 49.

(4) Labbe, conc, t. XI, p. 81 et seq.

(5) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, t. I, pr., ch. 40.

(6) Hist. de Lang., t. III, pr.. c. 246, 296 et 321.

(7) Ménard, ibid. passim.


330

les autres prélats du royaume qui allaient à Rome au Concile convoqué par Grégoire IX contre cet empereur. — Quelque temps après tous les prélats français prisonniers furent mis en liberté à la prière de saint Louis, mais Arnaud était mort en prison, en 1242, à Avellino, dans la terre de Labour; inhumé d'abord dans la cathédrale d'Avellino, son corps fut ensuite porté à Nimes (1). — Sous son épiscopat, les FrèresMineurs s'établirent à Nimes en 1222 (2). — Les Clarisses y vinrent en 1240 (3).

On trouve aux Archives nationales, 331, n° 3, un fragment de sceau ogival de 24mm appendu au traité de Paris de 1228 conclu entre saint Louis et Raymond VII. Il représente un évêque vu de face, mitré, crossé et bénissant ; l'inscription porte : * S. ARNALDI AVSENSIS (4).

XXXVII. — Raymond II Amauri ou Amalric (1242-1272)

19 juillet 1242, nous le trouvons déjà cité avec le titre d'évêque de Nimes dans un acte concernant l'Eglise de Carcassonne (5). — 12 avril 1243, il assista au Concile de Béziers dans lequel se soumit Raymond VII (6). — 1244, il assista au Concile de Narbonne qui traita de l'étendue des pouvoirs des inquisiteurs (7). — 19 avril 1246, il assista au Concile de Béziers où l'on traita de la conduite à tenir envers les hérétiques, de la réformation de la discipline et de la

(1) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, t. I, liv. 3, chap. 93.

(2) Ibid. note 25.

(3) Ibid. chap. 92.

(4) Mns. de M. L. de Bérard.

(5) Gall. christ., t. VI, p. 446.

(6) Ibid. instr. p. 155.

(7) Labbe, conc, t. XI, p. 487 et seq. — Hist. de Lang., t. III, p. 444 et 585.


331

conservation des biens de l'Eglise (1). — 4248, passage de saint Louis à Nimes (2). — Novembre 1248, Raymond II assista au Concile de Valence tenu contre l'empereur Frédéric (3). — 4252, il rédigea le livre synodal de l'Eglise de Béziers et fit travailler Pierre de Sampson à celui de Nimes (4). — 4258, il assista à un Concile tenu à Montpellier pour la réformation des moeurs ecclésiastiques. — 4263, établissement des Dominicains à Nimes (5). — Raymond II mourut en 4272 et fut inhumé sous l'autel de la chapelle de Sainte-Agnès qu'il avait fait bâtir dans sa cathédrale. Le roi saint Louis lui avait donné le village de Bernis et autres possessions (6).

Les archives nationales 335, n° 2, possèdent un sceau ogival de l'évêque Raymond II ; ce sceau de 50 millimètres est appendu à un acte du 3 juillet 4269; il représente un évêque debout, vu de face, crossé, mîtré et bénissant, avec l'inscription : * RAMVNDI EPISCOPI NEMAVSEN (7).

XXXVIII. — Pierre II Gaucelme (1272-1280)

Ce prélat appartenait à la maison de Lunel, l'une des plus considérables de la province ; il était prévot de Marseille lorsqu'il fut élu , en 1272, par la majorité du Chapitre , la minorité ayant porté ses voix sur Bernard de Languissel, notaire du pape Grégoire X ; cette concurrence fut cause que

(1) Labbe, ibid. p, 676 et seq.

(2) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, t.I, liv. 3, ch. 99.— Hist. de Lang., t. III, p. 460.

(3) Labbe, conc, t. XI, p. 695 et seq.

(4) Hist. de Lang., nouveUe édition, p. 278 note 59.

(5) Ménard, Hist de la Ville de Nimes, t. I, note 25 et liv. 3, chap. 115.

(6) Brev. de Nimes, locis jam citatis.

(7) Manuscrit de M, L. de Bérard


332

Pierre Il ne fut sacré qu'en 1273; son concurrent fut pourvu de l'archevêché d'Arles (1). — 6 janvier 1275 , il jura obéissance à Pierre de Montbrun , archevêque de Narbonne (2). — 4 mai 1279, il assista au Concile de Béziers, où l'on traita de la réformation des clercs et de la conservation des biens de l'Eglise (3). — 10 mai 1280 , il mourut. Les seigneurs de Lunel avaient pour armes : d'azur , au croissant renversé d'argent.

(A continuer).

(1) Ménard, Hist. de la Ville de Nimes, t. I, liv. 4, chap. 6. — Gall. christ., t. VI, p. 447.

(2) Hist. de Lang., nouvelle édition, t. IV, p. 279, note 59.

(3) Baluze, conc., Narb., p. 81 et seq. — Labbe, concil., t. XI, pars. 1, p. 1061,


333

LISTE

DES MEMBRES DU COMITÉ

DE L'ART CHRÉTIEN

BUREAU :

Date de Nomination :■

26 février 1876. Président : Mgr Besson, évêque de Nimes ;

Id. Président honoraire : M. A.. Blanchard, *, C. >£<,

Maire de Nimes ;

Id. Vice-Président : M. J. Garciso, Vicaire-général, Supérieur

Supérieur Grand-Séminaire ;

Id. Secrétaire-Archiviste : M. l'abbé Goiffon, Chanoine

honoraire , Archiviste diocésain ;

Id. Trésorier: M. Ernest Drouot, Littérateur-Archéologue.

Littérateur-Archéologue.

Id. MM. le baron R. de Larcy, G. C. >£<, sénateur.

Id. — le P. d'Alzon , Vicaire général honoraire.

Id. — l'abbé Clastron, Vicaire général.

Id. - E. Germer-Durand, ^, 0. ©, bibliothécaire

de la ville de Nimes, membre du Comité des travaux historiques et des Sociétés savantes, etc.


334

26 février 1876. MM. A. de Lamothe , Archiviste du département du

Gard , correspondant du ministre de l'instruction publique pour les travaux historiques et philologiques.

Id. — le marquis R. de Ginestous, membre

de la chambre consultative d'agriculture du Vigan.

Id. — A.-H. Revoil, architecte diocésain

diocésain membre du Comité des travaux historiques.

Id. — C. Lenthérie, ingénieur

des ponts-et-chaussées.

Id. — le chanoine L. Vessière.

Id. — l'abbé Boissin, chanoine honoraire , archiprêtre

d'Alais.

Id. — l'abbé A. Delacroix, chanoine honoraire, curé

de Bagnols.

Id. — L.-N. Baragnon, G. sénateur et

conseiller général du Gard.

Id. — V. Faudon, conseiller à la Cour d'appel de

Nimes.

Id. — M. de Cray.

Id. — M. Doze, peintre d'histoire, directeur

de l'école de dessin et conservateur du Musée de Nimes.

Id. — L. d'Albiousse, juge au Tribunal civil d'Uzès.

Id. — le marquis A. de Cabrières , membre de la

chambre consultative d'agriculture de l'arrondissement de Nimes.

Id. — E. Tribes, 41, docteur en médecine,

chirurgien en chef des hospices de Nimes.

Id. — l'abbé J.-B. Carle, chanoine prébendé, aumônier

aumônier l'école Normale , à Nimes.


335

26 février 1876. MM. l'abbé J. Carrière, curé de Sauve.

Id. — C. Domergne , littérateur -archéologue, à

Beaucaire.

Id. — H. de Pontmarttn, archiviste-paléographe ,

aux Angles.

Id. — P. de Lachadenède , membre de la chambre

consultative d'agriculture de l'arrondissement d'Alais.

Id. — G. Charvet, 0. ©, agent-voyer d'arrondissement

d'arrondissement Alais, correspondant du ministre de l'instruction publique pour les travaux historiques.

Id. — L. Bruguier-Roure, membre de la Société

française d'archéologie, au Pont-Saint-Esprit.

Id. — l'abbé de Laville, chanoine honoraire d'Olinda

(Amérique du Sud) , curé de Saint-Etienne d'Uzès.

Id. — le marquis C. de Valfoms, C. >£<, député du Gard.

Id. — l'abbé T. Blanc , curé de Domazan.

Id. — l'abbé J. Martin, professeur à Sommières.

Id. — L. Alègre, 0. © , peintre d'histoire , conservateur

conservateur Musée-Bibliothèque de Bagnols.

Id. — P, Foussat, archéologue, à Uzès.

Id. — l'abbé E.-P. d'Éverlange, chanoine honoraire,

curé de Saint-Gilles.

Id. — l'abbé T. Bouzige, curé de Tresques.

Id. — le comte de Montlaur, archéologue.

7 février 1878. — T. Calderon, membre de la Société géologique de France.

4 mars 1879. — Monin, professeur d'histoire au Lycée de Nimes.

5 juin 1879. — le chanoine A. Gilly, docteur en théologie et droit canon.


336

5 juin 1879. MM. l'abbé C. Ferry, docteur ès-leltres , Supérieur de la Maîtrise.

Id. — l'abbé F.-J. Durand, vicaire à Saint-Baudile ,

membre de la Société française d'archéologie.

Membres Correspondants :

26 février 1876. MM. l'abbé P. Azaïs , *, O. Il, ancien membre

résidant du Comité, ancien aumônier du Lycée de Nimes.

Id. — Pellerin, membre de la Société des antiquaires

de Normandie , ancien membre résidant du Comité.

Id. — R. Deloche, $, ingénieur en chef du département

département Lot, à Cahors, ancien membre résidant du Comité.

2 avril 1879. — P. Falgairolle , archéologue-paléographe , à

Vauvert.

Id. — l'abbé Paradis, premier vicaire à Saint-Thomasd'Aquin,

Saint-Thomasd'Aquin, Paris.

6 novembre 1879. — l'abbé H. Rigny, curé de Vauvillers (HauteSaône).

Erratum. — Page 194, ligne 4, au lieu de Consuls, lisez : religionnaires.

Nimes. — Imprimerie Jouve, rue Dorée. 24.