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Titre : Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise / [Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise]

Auteur : Académie de Versailles, des Yvelines et de l'Ile-de-France. Auteur du texte

Auteur : Académie de Versailles, des Yvelines et de l'Ile-de-France. Auteur du texte

Éditeur : L. Bernard (Versailles)

Éditeur : H. Champion (Paris)

Date d'édition : 1931-10-01

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34442726j

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34442726j/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 01 octobre 1931

Description : 1931/10/01 (A33,N4)-1931/12/31.

Description : Collection numérique : Fonds régional : Île-de-France

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k56866314

Source : Bibliothèque nationale de France, 8-Lc-128

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 19/01/2011

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Chateaubriand à Savigny-sur-Orge

VIII. Roux DE LABORIE CHEZ PAULINE DE BEAUMONT.

Quel était ce personnage? On trouve sur lui dans la Biographie Michaud une notice complaisante qui s'explique car il fut un des avocats-conseils des éditeurs, mais l'histoire complète de sa vie n'a jusqu'à ce jour tenté personne.

Né en 1769 à Albert en Picardie, Antoine Athanase Roux de Laborie finit ses études au collège Sainte-Barbe où il se lie avec les frères Bertin. Il passe un certain temps à l'institution de l'Oratoire, en sort en 1790. On le retrouve avocat, précepteur de Caroline de la Briche, la future madame Molé. Secrétaire de Bigot de SainteCroix, il est compromis quelque peu au 10 août 1792 par les papiers trouvés chez ce ministre; il se réfugie en Angleterre, laisse l'orage s'apaiser, revient en France. Appelé par la réquisition, il entre au service particulier du contre-amiral Cornic, mais il est réformé. Il sollicite alors une place au Bureau d'analyses des Relations Extérieures (ainsi appelait-on à l'époque le ministère des Affaires Etrangères) et il l'obtient sur la recommandation de La Harpe, un de ses amis, de Daunou et de Boissy d'Anglas qui se portent garants de son dévouement à la Révolution (1 ). Talleyrand en fera par la suite, un de ses hommes de confiance.

Norvins, le chevalier de Cussy, le baron de Frénilly, Marmontel, Grimod de la Reynière, Molé, d'autres encore parmi les contemporains, ont laissé de lui des portraits amusants et peints sans malice; quelques autres l'ont égratigné, de ce nombre est Sainte-Beuve.

(1) Archives du Ministère des Affaires Etrangères, dossier Laborie (lettre enregistrée le 26 frimaire an V (16 décembre 1796).

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Plus près de nous, l'historien Frédéric Masson qui ne pouvait lui... pardonner d'avoir été en 1814, un des artisans du retour des Bourbons, l'a traité sans ménagement dans son Département des Affaires Etrangères pendant la Révolution et dans son exposé de l'affaire Maubreuil.

La Biographie Michaud résume ainsi dans une simple phrase tous les incidents de sa vie au cours des quatre premières années du XIXe siècle : « A la fin de 1800, impliqué avec les frères Bertin dans une conspiration de royalistes, il se tint caché jusqu'en 1804. » Ce peu dont la brièveté fut voulue a besoin d'être rectifié et complété.

Les 1er et 2 pluviôse an VIII (21-22 janvier 1800) Laborie et les frères Bertin, ses anciens condisciples de Sainte-Barbe, deviennent propriétaires du Journal des Débats qui, sous l'impulsion de son premier directeur Bertin l'aîné, conquiert bientôt la faveur du public.

Au cours d'une perquisition chez une dame Mercier, dans les premiers jours de mai de cette année, le ministre de la police entré en possession de tous les papiers d'une agence clandestine royaliste installée à Paris, afin de travailler l'opinion en vue d'une restauration éventuelle de la monarchie; elle a pour chef nominal le chevalier Philippot de Coigny, mais le véritable animateur est un jeune homme, Hyde de Neuville et elle se double d'une contre-police (1) dirigée par Dupérou « ancien agent de diplomatie ». Bonaparte est mis au courant. Sans tarder, on procède à des arrestations qui n'atteignent que des comparses, Hyde de Neuville étant à Londres depuis un mois et de Coigny, d'ailleurs protégé ouvertement par Joséphine de Beauharnais, ayant disparu prudemment.

Dupérou qui revient d'Angleterre avec le passeport d'un certain Frédéric Dierhof est appréhendé à Calais le 24 mai; il fausse compagnie à ses gardiens, se cache dans la ville, est repris le 12 juin, amené à Paris sous bonne escorte et écroué au Temple. A Calais, dans la chambre qu'il avait occupée, on avait trouvé une lettre non encore expédiée, signée de son nom d'emprunt et sollicitant de Bertin l'aîné des renseignements de librairie. Cette lettre suffit à rendre suspect le directeur du Journal des Débats qui est appelé le. 12 prai(1)

prai(1) les menées des agents royalistes à cette époque et sur le rôle de leur contre-police, un livre tout récent: La contre-police royaliste en 1800, par Ernest d'Hauterive, apporte des détails inédits très intéressants, dont nous avons utilise une partie.


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rial (1er juin) à fournir des explications. Il déclare ne pas savoir de quoi il s'agit, ignore l'auteur de la lettre et sort indemne en apparence de cette première épreuve.

Dupérou, traité avec beaucoup de ménagement par Fouché (1), se décide à parler, mais ses premiers aveux semblent destinés à égarer les recherches (2). L'affaire sommeille, mais au retour de Bonaparte après Marengo, elle rebondit. On finit par mettre la main sur Philippot de Coigny le 1 7 messidor (6 juillet) et cinq jours après on arrête Bertin sous l'inculpation « d'espionnage et de correspondance avec les ennemis extérieurs ». Dans le Livre du Centenaire du Journal des Débats, Léon Say précise ce qui lui était reproché. On l'accusait de s'être rendu à Londres, en compagnie d'un armateur de Saint-Malo, Guilloud, pour y prendre les ordres des princes et on le soupçonnait d'avoir profité de son voyage pour remettre au gouvernement anglais, certains documents secrets, copiés sur les registres du Ministère des Relations Extérieures par un agent de ce service, impossible à démasquer.

Il est enfermé au Temple, mis au secret. Le 29 messidor (18 juillet), il produit un certificat de Corvisart son médecin habituel' qui le soigne pour une maladie de peau rebelle. Madame Bertin intervient à son tour par lettre, demande qu'on interroge son mari et qu'on le confronte avec ses accusateurs (3).

A la fin de juillet, Dupérou « afin de donner une preuve non équivoque de sa franchise » rédige pour Fouché un mémoire quelque peu obscur « sur la trahison d'un principal employé aux Relations Extérieures (4) ». Il ne connaît pas le coupable, il ignore « la source qui livre les secrets de la diplomatie française » mais il insinue qu'il faudrait remonter jusqu'à Talleyrand pour la découvrir et il fournit un plan destiné à prendre celui-ci en flagrant délit. Il' n'a jamais vu Bertin « qui ne tient ni de près ni de loin à l'agence royale », mais comme il le soupçonne d'être un homme de confiance du ministre des Relations Extérieures, il conseille de l'élargir espérant qu'aussitôt sorti du Temple, Bertin se trahirait lui-même.

(1) Le 23 messidor (12 juillet 1800), le père de Dupérou, commissaire des guerres à Besançon, remerciait Fouché « pour les égards et les bontés qu'il a eus pour son fils ». Archives Nationales F7 6247.

(2) Ceci est une constatation des policiers chargés de vérifier ses dires. Archives Nationales F7 6251.

(3) Archives Nationales F7 6247. (4) Archives Nationales F7 6249.


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Bonaparte et Fouché approuvèrent-ils les suggestions de Dupérou? Se décidèrent-ils pour d'autres motifs? Nous l'ignorons. Toujours est-il qu'en août, Bertin fut mis en liberté.

Plusieurs mois s'écoulent. La police après son demi-échec dans la répression de la conspiration royaliste (1) continue à poursuivre l'affaire des documents livrés à l'Angleterre. Elle cherche à retrouver un ancien secrétaire du représentant du peuple Delaunay, un nommé Leroux, connu par ses accointances avec Hyde de Neuville. Déjà le 15 thermidor précédent (3 août 1800), elle avait failli l'arrêter à son domicile à Paris « rue des Pères » mais il avait pu. fuir à temps. Villiers du Terrage, secrétaire particulier de Fouché, finit par le découvrir, alité au dernier degré de la phtisie dans un logis de la rue de Verneuil ; il le tourmente de questions, lui arrache un nom, Laborie; le malade épuisé n'en peut dire plus et meurt dans la nuit (2).

Ce nom réveille les espoirs de Fouché. Laborie n'est-il pas un des subordonnés de Talleyrand? N'est-il pas l'associé de Bertin au Journal des Débats? Et le ministre croit enfin tenir tous les fils conducteurs de cette obsédante affaire de livraison de secrets d'Etat restée impunie, en dépit de tous ses efforts.

On arrête de nouveau Bertin le 6 ventôse an IX (25 février 1801 ). On le questionne sur ses relations avec Laborie et Leroux, on procède par insinuation au sujet des documents détournés et sans faire allusion à l'ultime interrogatoire du moribond de la rue de Verneuil, Il se défend vigoureusement et dans une de ses lettres, datée du 1er germinal an IX (22 mars 1801), demande sa liberté immédiate, tout en renouvelant ses protestations d'innocence. « Jamais, écrit-il, je n'ai reçu ni du citoyen Laborie, ni de tout autre, des pièces diplomatiques pour les remettre au citoyen Leroux (3). »

A ce moment, la situation de Laborie est étrange; il n'est pas inquiété, vraisemblablement parce qu'on tint secrète la dénonciation de Leroux et il continue d'assurer son service aux Relations Ex(1)

Ex(1) justice n'eut pas à connaître de ce complot. Hyde de Neuville échappa à toutes les recherches, ainsi qu'une dizaine de ses affiliés. Ceux qui avaient été arrêtés furent remis en liberté, les derniers en 1801, à l'exception toutefois de Philippot de Coigny, exilé depuis octobre 1800 et qui mourut à Emmerich en 1805, et du chevalier Joubert, fusillé non pour participation dans la conspiration, mais pour actes de brigandage.

(2) D'après L'Avènement de Bonaparte, par Vandal.

(3) Archives Nationales F7 6283.


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térieures. Il y a quelque chose de plus. En mai 1801, Fontanes qui dirige le Mercure, appartenant à Lucien Bonaparte, n'est pas enthousiaste de la politique suivie par le gouvernement dans les négociations avec Rome au sujet du Concordat et il en préconise une autre. Le premier Consul se fâche, Fontanes quitte alors la direction du Mercure, en informe Lucien à qui il laisse pour soutenir le périodique jusqu'à nouvel ordre « Esménard pour la partie littéraire et Laborie pour la partie politique " (1).

Le 7 fructidor an IX (25 août 1801) Bertin toujours emprisonné, revient à la charge avec de nouveaux certificats médicaux de Corvisart et du chirurgien du Temple ; il affirme plus que jamais n'avoir rien à se reprocher et il réclame cette fois " non plus sa liberté absolue et définitive qu'il ne veut devoir qu'à la justice du Consul » (2) mais sa mise en liberté sous caution.

Elle lui est accordée, mais alors on s'en prend à Laborie. On commence par le priver de son emploi, puis il reçoit verbalement le conseil « de sortir de France pour voyager » euphémisme dissimulant un ordre d'exil impératif. Il perd la tête, se cache ici et là, se réfugie un instant à Courte-Rente. Pour quelle raison? Il ne semble pas avoir jamais eu de relations suivies avec madame de Beaumont et ce n'est qu'à Savigny qu'il rencontra pour la première fois, Chateaubriand, suivant les Mémoires d'Outre-Tombe. Peut-être arrivait-il du château du Marais que les deux hôtes de Courte-Rente venaient à peine de quitter? Là, madame, de la Briche et sa fille madame Molé pouvaient l'avoir nanti d'une recommandation auprès de Chateaubriand, prié de. faire intervenir pour lui, en haut lieu, l'ami Fontanes qui l'avait connu au Mercure.

Celui-ci qui avait été informé immédiatement de la présence de Laborie chez madame de Beaumont, recevait peu après de Chateaubriand une assez longue lettre (elle est datée du 8 vendémiaire, 30 septembre 1801), dans laquelle on peut lire ce qui suit : « Vous savez qui nous avons (sic) ici. Il est parti fort malheureux, Il vous prie d'agir pour lui ; voici à quoi il réduit ses demandes. IL consent à perdre sa place, puisqu'on le veut absolument, mais du moins, après s'être séparé de l'homme (souligné sur l'original) qu'on le laisse lui

(1) Lettre autographe de Fontanes à Lucien Bonaparte, dans les notes du Roman d'une amitié par Beaunier, p. 324. (2) Archives Nationales F7 6283.


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tranquille, respirer l'air à Paris ou aux environs. Je ne vois rien de plus modéré que cela et je crois qu'à ces termes-là, vous pouvez solliciter votre grande puissance, puisque ce ne sera plus pour l'homme qu'elle peut haïr, mais pour un pauvre diable qui souffre pour cet homme. » Et comme Laborie doit revenir à Courte-Rente, Chateaubriand prie Fontanes d'adresser directement sa réponse à « madame Beaumont » à Savigny.

La démarche auprès de la « grande puissance » fut-elle risquée par Fontanes? C'est improbable. Laborie reparut-il chez Pauline de Beaumont? Nous ne savons. Il passe à l'étranger, en Hollande, semble-t-il bien (1); en 1803, il correspond avec Fouché au sujet d'une affaire de vente de piastres et il peut revoir là France à la fin de 1804, Napoléon ayant alors « oublié le passé » (2).

Cette grave affaire, comme celle de la conspiration royaliste ne fut donc pas portée devant les tribunaux. A.propos d'un détournement de secrets d'Etat dans le premier semestre de 1800, Bertin et Laborie furent exilés sans jugement. Etaient-ils les coupables ou les seuls coupables? Un doute sérieux subsiste, car le maigre contenu de leurs dossiers de police générale ne justifie guère les titres accablants qu'ils portent : « Bertin l'aîné, associé avec Laborie, employé au ministère des Relations Extérieures, trafiquait avec l'étranger des secrets de l'Etat — Laborie, secrétaire particulier du ministère des Relations Extérieures, livrait à prix d'argent au gouvernement anglais, des notes secrètes prises sur les registres particuliers du ministère où il était employé. » Le dossier de Bertin touche bien à l'affaire, mais à part la mention inscrite sur la chemise et rapportée plus haut, celui de Laborie ne renferme que des lettres postérieures à 1801. Nous avons d'ailleurs l'impression que tous deux ont été; rassemblés après coup.

Norvins dans son Mémorial se fait l'écho des bruits qui circulèrent dans Paris, quand on y apprit avec étonnement le départ de Laborie. On disait que celui-ci avait soustrait dans le cabinet de Talleyrand un traité conclu entre le premier Consul et le czar Paul

(1) Berlin fut arrêté une troisième fois au commencement de 1802 et relégué à l'île d'Elbe; il finit son ban en Italie.

(2) Annotation de l'empereur sur la supplique de Laborie (datée du 18 frimaire an XIII - 9 décembre 1804), demandant à être autorisé à rentrer en France. Les préventions contre Bertin duraient encore en 1805, témoin une lettre de Napoléon à Fouché (2 prairial an XIII - 22 mai 1805) peu tendre pour le Journal des Débats et son directeur.


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et qu'il l'avait vendu à l'Angleterre, mais lorsqu'il reparut, les contemporains, toujours d'après Norvins, conclurent de son retour que « si une telle trahison eût été commise par Laborie, jamais il n'en eût été gracié ».

Dans les Mémoires d'Outre-Tombe, Chateaubriand signale la présence de Laborie à Gand, auprès de Louis XVIII et c'est pour lui l'occasion de rappeler brièvement l'arrivée et le séjour à Courte Rente de l'ancien secrétaire du ministère des Relations Extérieures. « Je l'avais rencontré pour la première fois à Savigny, lorsque fuyant Bonaparte, il entra par une fenêtre et se sauva par une autre » (1). Et il poursuit : « Il a été calomnié; la calomnie n'est pas l'accusation du calomnié, c'est l'excuse du calomniateur. »

IX.

LE DERNIER COUP DE MAILLET.

Le Mercure du 1er vendémiaire an X (23 septembre 1801) donnait en variétés une étude sur le Serpent « extraite du Génie du Christianisme, partie de l'histoire naturelle» qui fut aussitôt critiquée par Villeterque dans le Journal de Paris. Sur le moment, Chateaubriand s'est ému de cette nouvelle attaque, mais le 10 vendémiaire (2 octobre), quand il envoie à Fontanes sa discussion historique sur les ruines de l'Ohio (2), il est rassénéré. « Ces gens-là sont méchants, lui écrit-il, mais pour peu que nous tenions ferme et que nous ne nous abandonnions pas les uns les autres, nous les battrons. Le Publiciste et les Débats ont loué loyalement : je ne sais si la Gazette a parlé. Qu'importe! Le grand moment approche. Du courage! Du courage! Vous me paraissez fort abattu. Eh mordieu! Réveillez-vous! montrez les dents. » Et il profite de sa lettre remplie d'enthousiasme, pour donner à Fontanes des nouvelles de sa santé : « J'ai décidément la fièvre tierce, je vais faire des remèdes. »

Son indisposition dure peu et il se remet au travail avec acharnement « afin de sortir de celte galère où il s'est follement embarqué ».

(1) Allusion à la pétulance proverbiale de Laborie, toujours en mouvement, incapable de rester tranquille une heure de suite, dans un salon.

(2) Elle parut dans le Mercure du 16 vendémiaire (8 octobre) sous la signature « Un Canadien ».


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mande-t-il à madame de Staël le 24 vendémiaire (16 octobre). Pour se documenter, il se plonge dans de grands in-folio qu'Arnaud, le frère de Joubert lui a expédiés de Passy-sur-Yonne. La bibliothèque de Fontanes à Paris lui a procuré l'Histoire ecclésiastique de Fleury «très complète et assez, joliment conditionnée » mais qui ne lui a servi «qu'à s'assurer de la hiérarchie». Joubert lui a prêté l'Histoire du Paraguay par le père Charlevoix, extraite de sa bibliothèque de la rue Saint-Honoré, et l'Histoire de la NouvelleFrance achetée tout exprès au libraire Jardé. Et l'obligeant philosophe, la bonté en personne, lui offre encore les cinq volumes des Opuscules et les Discours sur l'Histoire ecclésiastique de Fleury qui pourraient remplacer très utilement « l'Histoire des Moines, le Montfaucon, le d'Héricourt ou la Grande Histoire ecclésiastique » que Chateaubriand a déjà entre les mains.

Notre écrivain a acquis pour son compte chez Bichois, près du Petit-Pont, les 26 volumes des Lettres édifiantes et il en fait « un usage merveilleux », ainsi que de toute l'édition des Moines, mais Pauline de Beaumont s'ennuie mortellement à lui recopier des passages de « ce fatras si sec ». Elle en fait le 20 octobre, la confidence à Joubert et continue : « Il y a véritablement là une sorte de miracle et le secret de l'enchanteur, c'est de s'enchanter lui-même. Il n'a l'air d'avoir fait que rassembler des traits épars et avec cela, il vous fait fondre en larmes et pleure lui-même. Cependant, au milieu de son ravissement, il faut que je vous avoue la crainte dont je suis tourmentée et qui ne me laisse aucun moment de repos. Il veut que son ouvrage paraisse au mois de février au plus tard, et d'après ce qu'il a encore à faire et surtout à refaire, s'il paraît aussitôt, je suis convaincue que ce ne peut être qu'avec de grandes imperfections très faciles à effacer en se donnant du temps, mais la moindre note à ce sujet, le jette dans un abattement qui approche du désespoir... Ce qui m'effraye surtout, c'est la légèreté avec laquelle il énonce certains jugements qui demanderaient pour ne pas effaroucher, à être présentés avec une douceur et une adresse infinies. »

Le départ pour Villeneuve ne se classe pas encore parmi les possibilités immédiates. Comme Chateaubriand estime avoir encore besoin de trois semaines de travail, madame de Beaumont l'excuse auprès de Joubert, renonce pour lui « à prolonger aussi longtemps la vie du plus célèbre des cochons » et rappelle enfin à son corres-


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pondant le souvenir de Lucile de Chateaubriand, veuve du chevalier de Caud, qui est auprès d'elle.

En effet, depuis quelques jours, la soeur de Chateaubriand est à Savigny, et la pauvre fille, en proie à ses accès habituels de « vapeurs noires » promène sa coutumière mélancolie dans le jardin et sous les arbres des bosquets où viennent s'éteindre les appels sonores et les rires joyeux des vendangeurs, en plein travail sur le coteau voisin. Pendant son séjour à Courte-Rente, Pauline de Beaumont et Chateaubriand parvinrent-ils à lui cacher que le sentiment qui les rapprochait dépassait singulièrement l'amitié avouée? Soupçonnat-elle la vérité? Son frère lui communiqua-t-il les pages troublantes de René, commencé à Londres, complété et terminé depuis peu à Savigny? Mystère. Les Mémoires d'Outre-Tombe disent ceci : « Ce spectre plaintif s'assit un moment sur une pierre dans la solitude riante de Savigny. Tant de coeurs l'y avaient reçue avec joie et ils l'auraient rendue avec tant de bonheur à une douce réalité d'existence, mais le coeur de Lucile ne pouvait battre que dans un air fait exprès et qui n'avait point été respiré... Ma soeur n'était point changée; elle avait pris seulement l'expression fixe de ses maux... La vision de douleur s'évanouit; cette femme grevée de la vie semblait être venue chercher l'autre femme abattue qu'elle devait emporter. »

Au reçu de la lettre de madame de Beaumont rapportée ci-dessus, Joubert répondait le 27 octobre en renouvelant de façon pressante son invitation; il accordait à Chateaubriand le délai demandé trois semaines, un mois, plus même, car il désirait que le travailleur ne vînt le rejoindre « qu'après avoir donné à son entreprise, le dernier coup de maillet. »

A la mi-novembre, le Génie du Christianisme est terminé, sauf deux chapitres, l'un sur la Bruyère, l'autre sur les solitaires de PortRoyal réservés pour être écrits à Villeneuve, sous l'oeil de Joubert. Madame de Beaumont est préoccupée; une de ses nièces de la Luzerne est malade à Versailles, elle ne peut ni ne veut s'éloigner avant que « la petite ne soit en convalescence », et puis Chateaubriand attend une réponse « qui le décidera à partir pour la Bourgogne ou pour la Bretagne ». Elle est maussade. L'inquiétude que lui cause la maladie de sa nièce, la déception de ne pouvoir se rendre immédiatement chez les Joubert à Villeneuve sont les causes avouées de cet état d'esprit, mais n'en existerait-il pas une autre tou-


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chant au motif ignoré de ce voyage de Chateaubriand, s'annonçant comme imprévu?

En fin de compte, ces déplacements restèrent à l'état de projet et les deux chapitres réservés du Génie du Christianisme furent mis au point à Courte-Rente. D'après Giraud, le morceau sur Pascal, le dernier écrit à Savigny, n'est que la transcription d'une page de Bossut, développée à l'aide de la vie de Pascal par Mme Périer.

Au commencement de décembre, Pauline de Beaumont et Chateaubriand se réinstallaient à Paris, au moment où la sixième édition d'Atala apparaissait à la vitrine des libraires. L'ami Joubert déçu ne devait les revoir qu'en mai 1802.

Dès septembre 1801, les deux amants avaient formé le dessein de recommencer l'année suivante « leur vie si douce » de Savigny, ainsi qu'en témoigne une lettre de madame de Beaumont à Joubert. Lès Mémoires d'Outre-Tombe confirmeront plus tard ce fait avec le regret exprimé par Chateaubriand « que l'aiguille ne revient pas toujours à l'heure qu'on voudrait ramener. »

En 1803, il se rendait à Rome pour rejoindre son poste d'attaché d'ambassade auprès du Saint-Siège. Le 1er juin, en cours de route, il écrivait de Turin à Joubert et ajoutait à sa lettre « un petit journal barbouillé de crayon sur un portefeuille ». Il y donnait une description de la vallée de Montmélian, aux environs de Chambéry, là où le chemin, disait-il, a moins l'air d'une route publique que de l'allée d'un parc. Et il poursuivait : « Les noyers dont cette allée est ombragée m'ont rappelé ceux que nous admirions dans nos promenades de Savigny. Ces arbres nous rassembleront-ils encore sous leur ombre? » (1).

La pauvre Hirondelle phtisique, malade sans espoir, s'en va au Mont-Dore après le départ de Chateaubriand, puis d'un vol fatigué le rejoint sur les bords du Tibre. Au commencement de novembre 1803, elle est à toute extrémité. Dans un tête à tête suprême, elle rappelle à son ami les beaux projets de retraite d'antan, Savigny qui ne peut plus être, Savigny qui ne sera plus; elle lui conseille de reprendre la vie commune avec sa femme, et elle se met à pleurer.

(1) Lui-même fournira la réponse en 1826, quand ce Journal fut imprimé pour la première fois, dans le Voyage en Italie. Une note correspondant à la question posée en 1803 dit en manière de regret : «ils ne nous ont point rassemblés», allusion à la mort de Joubert en 1824 et à celle de Pauline de Beaumont survenue 21 ans auparavant.


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Encore quelques heures et c'est pour elle la fin des souffrances et le repos dans l'église Saint-Louis des Français de Rome.

UNE EXCURSION DANS LE GÉNIE DU CHRISTIANISME.

Dans un travail très savant de ces dernières années sur le Génie du Christianisme, l'auteur M. Victor Giraud, complétant ses Etudes littéraires sur Chateaubriand, a, entre autres choses et d'après les ressources présentes de la documentation, indiqué les transformations subies par le plan initial et ce faisant a montré la part qui revient à Savigny, dans la mise au point définitive de l'oeuvre.

De notre côté, nous avons essayé de retrouver dans le Génie du Christianisme, ce qui a pu être inspiré par l'ambiance locale, la présence de madame de Beaumont, les suggestions ou l'amitié de Joubert et de Fontanes, et voici le peu que cette recherche a donné.

René illustré dans l'édition originale le chapitre : Du vague des passions (Livre IV de la seconde partie) (1 ), Chateaubriand y a glissé au milieu d'une lettre d'Amélie, le souvenir d'un frère de madame de Beaumont, Auguste de Montmorin (désigné sous l'appellation voilée de jeune du T...), enseigne de vaisseau qui se noya accidentellement en 1793, en s'embarquant à l'Ile de France pour rallier Brest.

Dans Chateaubriand, peintre de la Bretagne (2), M. Legras. écrit que le paysage de René est vaguement celui de Combourg, des chênes, des rochers, un étang, le vent qui siffle, n'ayant rien de bien caractéristique. Après cette constatation qui est de toute évidence, relisons l'adieu à la maison paternelle, un des plus jolis passages de René. Outre des réminiscences littéraires, il y a dans ce récit, un rappel d'impressions de Combourg, renforcées par des images qui ne s'y rattachent nullement, En 1801, le domaine de Savigny était délaissé par madame veuve Hamelin au point que le nouveau propriétaire, aussitôt en possession, se verra forcé d'entreprendre la réfection totale des communs et la remise en état du parc négligé. Pendant son séjour à Courte-Rente, Chateaubriand n'avait pas été

(1) René parut séparément à partir de 1805.

(2) Annales de Bretagne, tome XXXVII, numéros 3 et 4 de 1926.


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sans remarquer l'état d'abandon du château, les fenêtres fermées, les cours désertes, le chardon et le violier jaune poussant entre les pierres disjointes et sur les vieux murs. Ne serait-ce pas de ces détails pris sur le vif à Savigny qu'il aurait, avec d'anciens souvenirs, tiré le poignant épisode que l'on connaît?

Le personnage d'Amélie n'emprunte-t-il pas aussi quelques traits à madame de Beaumont? Chateaubriand n'a-t-il pas visé les excursions intimes qu'il fit avec elle, en parlant des promenades « dont le souvenir remplit encore son âme de délices »? N'a-t-il pas pu voir à l'automne, le pâtre de la ferme de. Champagne » réchauffer ses mains à l'humble feu de broussailles, allumé au coin d'un bois »? N'a-t-il pas pu suivre du regard les oiseaux de passage volant audessus de l'étang du château? Et quiconque est au courant de la topographie locale et de l'emplacement de Courte-Rente, peut en déduire qu'en écrivant certaine phrase de René, Chateaubriand avait devant les yeux, aussi bien que le clocher de Combourg, celui de Savigny, dans la vallée, derrière les grands arbres du parc.

Bardoux prétend que madame de Beaumont, vers la fin du séjour à Savigny, conseilla à Chateaubriand qui l'interrogeait, de se rapprocher de sa femme, et il cite à l'appui, une phrase peu convaincante du petit roman. « Pressé par les deux vieillards, il (René) retourna chez son épousé, mais sans y trouver le bonheur. » Que Pauline de Beaumont se soit résignée à l'avance à un retour éventuel de Chateaubriand au foyer conjugal, c'est dans l'ordre, mais qu'à Courte-Rente elle se soit sacrifiée délibérément, cela dépasse la limite de renoncement d'une femme éprise comme elle l'était de l'auteur du Génie du Christianisme, celui dont le style « jouait du clavecin sur tous ses fibres ». Est-ce qu'elle n'est pas visiblement contrariée quand Chateaubriand, en novembre, attend une réponse de Bretagne? Est-ce que tout le reste de sa vie ne proteste pas contre cette initiative? Est-ce que ce n'est pas seulement à Rome, qu'elle lui donne « les suprêmes conseils qui ne devaient jamais sortir de sa mémoire ».

Dans le Génie du Christianisme proprement dit, sujet dont l'austérité s'accommoda fort bien de l'atmosphère amoureuse de CourteRente, il est un chapitre qui a besoin d'être souligné, celui où Chateaubriand se fait l'apologiste du mariage et le contempteur du divorce, chez son hôtesse, une divorcée, devenue sa tendre amie. En


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le mettant au point à Savigny, il avait sans doute oublié que marié en 1791, il avait abandonné presque aussitôt, celle à qui il venait de donner son nom, et que rentré en France depuis plus d'un an, il n'avait pas manifesté jusqu'alors une bien grande hâte à se rapprocher d'elle.

Au bas d'une des pages de ce chapitre (page 80, tome I de l'édition originale), une note recommande la lecture d'un livre de monsieur de Bonald sur le divorce. Elle fut vraisemblablement ajoutée sur le manuscrit, peu après la réception par Chateaubriand de cet ouvrage expédié par l'auteur, sur l'instigation de Fontanes. De même, une lettre de madame de Beaumont à Joubert, écrite le 20 octobre, permet d'affirmer qu'à ce moment, Chateaubriand était absorbé par la documentation et la rédaction de la quatrième partie de son oeuvre.

Dans ses promenades aux environs de Savigny ou dans le petit parc de sa demeure provisoire, il a recueilli des observations qui lui ont permis de compléter superbement dans la première partie, quelques-unes de ces descriptions d'histoire naturelle où il excelle, entre autres, peut-être, ce morceau magnifique sur le chant du rossignol, entendu plus d'une fois, autour de Courte-Rente, pendant les belles nuits de 1801.

Un jour de la fin de l'été, Fontanes est à Savigny et lit à ses hôtes des vers qualifiés admirables par madame de Beaumont, dans une lettre à Joubert. Ces vers ne seraient-ils pas ceux que Chateaubriand a placés dans le chapitre II de la troisième partie sous le titre : La Chartreuse de Paris? L'auteur y parle de «septembre qui s'enfuit » et ce mois est précisément celui de sa venue à Courte-Rente.

Dans le chapitre VI de la seconde partie et dans les notes reportées dans l'Appendice, Chateaubriand a fait connaître des fragments de poésies inédites d'André Chénier qu'il déclare avoir retenus de mémoire. La vérité est qu'il les a trouvés dans les « idylles manuscrites » écrites par le poète lui-même quelque dix ans auparavant, sur un cahier de madame de Beaumont qui depuis les avait conservées précieusement pour elle.

Voici encore une phrase qui peut s'appliquer au moulin Joppelin, à cheval sur l'Orge, entre Savigny et Morsang : « On nous montrait dernièrement près d'un moulin, sous des saules, dans une prairie, une petite maison qu'avaient occupée trois soeurs grises. C'était de cet


196 CHATEAUBRIAND A SAVIGNY-SUR-ORGE

asile champêtre qu'elles partaient à toutes les heures de la nuit et du

jour pour secourir les bergers... »

« N'abusez pas des citations; si vous les jugez indispensables,

rejetez-les dans les notes; terminez, vous corrigerez à la fin », autant de recommandations que Joubert adresse à Chateaubriand et que celui-ci semble avoir suivies, si on en juge par le témoignage de madame de Beaumont et par les additions qui s'accumulèrent après

l'achèvement du Génie du Christianisme, jusque sur la table de marbre de l'imprimeur; le cinquième et dernier tome de l'édition originale intitulé Appendice compte en effet 187 pages de notes et d'éclaircissements.

XL.

LE VOYAGE EN BRETAGNE.

« J'ai voyagé, j'ai vu le toit paternel. La Révolution a passé par là, c'est tout vous dire. Les cendres mêmes de mon père ont été jetées au vent. Je suis revenu, j'ai trouvé la vie de mes amis en danger; vous ne m'avez point écrit et je n'ai pas voulu vous importuner. Vos chagrins ont été grands, mais vous avez des ressources dans vos talents et mieux encore dans vos illusions. Vous aimez la gloire, vous l'avez; vous en jouirez encore davantage; vous consolera-t-elle?

Je ne sais rien de ma destinée; je cherche de tous côtés une petite chaumière où je puisse m'ensevelir. Je renonce à tout, hors à quelques souvenirs. Penserez-vous quelquefois à moi dans mon désert.

Madame Necker nous a quittés; nous la regrettons tous les jours. Dites-le lui.

Voilà une lettre trop longue pour un homme qui ne veut plus écrire que trois lignes. Adieu; mes respects et mon admiration aux pieds de M. Necker. »

Ainsi s'exprime Chateaubriand dans un billet adressé à madame de Staël et portant simplement comme date : 5 messidor. M. Paul Gautier qui nous l'a fait connaître (1), le situe en 1801 et en tire cette conclusion que notre écrivain venait d'accomplir un pèlerinage à Combourg. Est-ce possible?

(1) Chateaubriand et Madame de Staël, par Paul Gautier. Revue des Deux Mondes, numéro du 1er octobre 1903, pages 633 et suivantes.


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Le 27 prairial an IX (16 juin 1801), Chateaubriand informait madame de Staël qu'il était à Paris « pour solliciter son affaire » et rien dans ce qu'il lui écrivait ne laissait croire ou supposer qu'il se disposait à voyager. Entre celte date et le 5 messidor suivant, il n'y avait qu'une huitaine de jours, à peine suffisante pour permettre à Chateaubriand de se rendre, sans aucun incident de route à Fougères où demeuraient alors sa femme et ses soeurs, de poursuivre sans tarder jusqu'à Combourg, par un très mauvais chemin long de douze lieues, sans service public, les communications n'étant assurées que par voilure particulière ou par cheval (1) et d'en revenir aussitôt pour ne pas manquer à Fougères le passage de la chaise de poste du retour à Paris. Que lui serait-il alors resté pour les raisons de son déplacement, car il faut admettre que ce qui aurait pu l'appeler en Bretagne au moment même où il attendait si impatiemment à Savigny des nouvelles de sa radiation, ce n'était pas le simple désir de revoir en coup de vent sa famille et de jeter un regard rapide sur le château paternel, mais sûrement des affaires impérieuses, urgentes, demandant à être traitées sur place, sans précipitation et non au pied levé, en quelques instants.

« J'ai trouvé la vie de mes amis en danger », dit le billet du 5 messidor et M. Paul Gautier indique dans une note qu'il s'agit ici de Bertin et de Laborie. Nous ne le pensons pas. En juin 1801, Bertin est emprisonné, mais sa détention est fort supportable, l'accusation qui pèse sur lui manque de preuves et partant, sa vie ne semble pas menacée; Laborie est en liberté. D'ailleurs ces deux personnages ne sont pas au véritable sens du mol, des amis pour Chateaubriand. Il connaît, il est vrai, quelque peu Bertin, depuis 1800, mais ce n'est qu'en septembre 1801 à Savigny qu'il entre en relations avec Laborie.

«Madame de Staël ne lui a pas écrit. » Pour 1801, ce reproche ne concorde pas avec la réalité des faits, car la lettre de Chateaubriand datée du 27 prairial (16 juin) est déjà à n'en pas douter par son texte une réponse à la châtelaine de Coppet, répliquant elle-même à une autre de Chateaubriand du 8 prairial (21 mai).

Toutes les lettres connues de Chateaubriand à madame de Staël qui pour 1801, s'échelonnent entre le 8 prairial et le 4 thermidor (23

(1) Carte géométrique des routes de poste de la République Française, dressée par ordre du Conseil d'Administration des Postes aux Chevaux, pour l'an X.


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juillet) parlent de sa radiation et ont une phrase aimable pour le jeune Auguste de Staël; seul le billet du 5 messidor qui par sa place dans la même année, se rangerait entre ces dates extrêmes, ne souffle mot ni de l'une, ni de l'autre chose. Est-ce que cette constatation est négligeable?

Encore une citation : « Je cherche de toutes parts une petite chaumière où je puisse m'ensevelir. » Non, pas en 1801. Avant le départ de madame de Staël pour Coppet en mai, Chateaubriand a pu l'entretenir de ses projets d'avenir subordonnés au dénouement favorable de sa situation d'ancien émigré, mais au milieu de juin, la quiétude de ses lendemains n'est pas encore assurée ; il ignore « si sa patrie voudra le souffrir », il a même prévu « qu'il irait mourir sur une terre étrangère », pourquoi alors chercher à s'embarrasser d'une chaumière dont il aurait été d'ailleurs incapable de solder le prix par ses propres moyens?

Puisqu'il apparaît que le billet du 5 messidor n'a pas été écrit en 1801, en quelle année faudrait-il le placer, afin de situer dans le temps le voyage de Chateaubriand en Bretagne... s'il a été accompli. Rapidement, essayons d'y voir clair; ce faisant, nous ne nous écarterons pas de notre sujet qui se rattache aux incidents vrais ou présumés tels du séjour à Savigny.

Pour rejoindre son poste diplomatique à Rome, Chateaubriand quitte Paris le 26 mai 1803, cette année est donc à écarter, ainsi que la suivante, Necker étant mort le 10 avril 1804, et le billet en parlant comme toujours existant.

Il reste 1802, Madame de Staël réconciliée avec son mari qui venait d'être frappé d'une attaque d'apoplexie, rentrait avec lui à Coppet; sa cousine madame Necker de Saussure qui l'avait suivie en France en novembre précédent, avait, sans doute par discrétion, reculé son propre départ. Le 5 mai 1802, dans une chambre d'hôtel jurassien, à Poligny, une seconde attaque terrassait monsieur de Staël et il en mourait le 9. Sa veuve horrifiée « d'avoir été seule avec ses tristes restes » et très affectée de cette mort, négligeait d'en informer Chateaubriand, d'autant plus qu'un certain froid régnait entre eux, depuis que madame de Staël n'avait pas voulu rendre compte favorablement du Génie du Christianisme dans la bibliothèque de Pougens. Ces détails n'expliquent-ils pas aisément « Vous ne m'avez pas écrit et je n'ai pas voulu vous importuner. Vos chagrins ont


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été grands... » Et plus loin « Madame Necker nous a quittés; nous la regrettons tous les jours; dites-le lui. »

Au printemps de 1802, madame de Beaumont est atteinte d'une sorte de mélancolie nerveuse et sa santé décline de plus en plus. Prise d'un pressentiment funèbre, elle rédige son testament qu'elle confie sous le sceau du secret à Lemoine, l'ancien secrétaire de son père. N'est-ce pas d'elle et d'elle uniquement que Chateaubriand a voulu parler dans cette phrase : «J'ai trouvé la vie de mes amis en danger », car ce mot amis au pluriel ne désignant qu'une seule personne, nous le retrouverons sous sa plume en 1803 (1).

Le voyage de Chateaubriand en Bretagne, au printemps de 1802, pourrait s'expliquer par le besoin de débrouiller sur place des questions d'argent s'annonçant comme fort préjudiciables pour sa femme (2) et en même temps par le désir de se rapprocher d'elle. Contre ce rapprochement s'inscriront en faux en 1803, ses relations avec Delphine de Custine, les lettres qu'il écrivait à Fontanes et à Molé, le voyage de Pauline de Beaumont à Rome, mais en 1802, au moment où la liaison avec cette dernière commençait à lui; peser de toute la force de son accoutumance, il se peut qu'il l'ait prévu dans ses projets d'avenir. Il avait sollicité un poste dans la diplomatie, « les grands paraissaient pour lui bien disposés », le Génie du Christianisme faisait recette; n'était-il pas convenable qu'il cherchât à reprendre avec madame de Chateaubriand la vie commune interrompue depuis dix ans? n'était-il pas naturel qu'il songeât à l'ambassadrice de demain?

Il est temps de conclure. Le billet du 5 messidor semblé avoir été écrit par Chateaubriand, en réponse à une lettre de madame de Staël

(1) Dans une lettre de Chateaubriand à Chênedollé (le père) datée de Paris le 25 mai 1803, on lit ceci : « Une personne doit venir me rejoindre (à Rome) dans six semaines ou deux mois... » Quelques jours plus tard, de Lyon, Chateaubriand écrit à Chênedollé (le fils). « Je crois que vous pouvez faire vos préparatifs pour accompagner nos amis cet automne.» André Beaunier dans le Roman d'une amitié estime «que la personne doit être la même que nos amis» et pour l'identifier, il ne craint pas d'émettre l'hypothèse qu'il s'agit peut-être ici de Delphine de Custine, mais une lettre inédite de Lucile de Chateaubriand, datée du 30 juillet et que M.Aubrée nous a fait connaître dans Chateaubriand et ses soeurs à Fougères, lève le doute et montre que c'est Pauline de Beaumont qui est ainsi désignée.

(2) Les « désastreuses affaires de famille » dont Chateaubriand entretenait madame Bacciochi le 12 messidor (1er juillet 1802) se terminèrent très mal, ainsi qu'il l'apprend à Fontanes dans une lettre du 22 fructidor (9 septembre. 1802). «Ma femme est ruinée par ses parents, l'oncle vient de faire banqueroute au moment où j'avais donné ordre de poursuivre. »

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lui reprochant amicalement de l'avoir négligée. Il n'a pas été écrit en 1801, ce qui détruit la certitude d'un voyage de Chateaubriand en Bretagne, pendant son séjour à Savigny. Si ce voyage a été fait, il n'a pu l'être qu'entre le commencement de mai et la mi-juin 1802 et sous la réserve qu'il s'est terminé à Fougères (1), le pèlerinage au château paternel n'étant qu'une raison d'ordre sentimental inventée par notre écrivain pour donner du poids aux excuses qu'il présente à madame de Staël. Ainsi expliqué, ce billet ne serait pas en contradiction avec les Mémoires d'Outre-Tombe qui affirment qu'après son départ pour le régiment de Navarre, Chateaubriand ne revit Combourg que trois fois, la dernière en 1791, peu de jours avant de s'embarquer pour l'Amérique. Cela dit, armons-nous de patience; le temps se chargera bien un jour d'éclaircir de façon définitive, ce petit mystère de la vie de l'auteur du Génie du Christianisme.

XII.

LA MAISON DE PAULINE.

Après la mort de son mari, madame Pigeon conserve avec ses deux enfants la propriété de Courte-Rente jusqu'à la vente du 26 juin 1806 qui la transmet à Marie-Justine-Angélique Vachou de Belmont, veuve du conventionnel Stanislas-Xavier-Alexis Rovère, déporté au 18 fructidor à la Guyane où il meurt en 1798, tué par le climat.

Le 20 novembre 1808, monsieur et madame Levacher de la Terrinière l'acquièrent. Par deux fois, en 1814 et en 1815, le village de Savigny subit l'invasion étrangère avec son cortège de pillages et de vexations. L'histoire ne le dit pas, mais qui sait si l'ancien nid d'amour de Pauline de Beaumont et de Chateaubriand ne fut pas à la fin de mars et au commencement d'avril 1814, un de ces lieux des environs de Longjumeau, où selon le témoignage du général Lowenstein, les officiers russes passaient leur temps à s'amuser et à faire bombance aux dépens des propriétaires? Qui sait s'il ne fut pas aussi quelques semaines plus tard la victime de ces Prussiens violents et

(1) Dans son livre, M. Aubrée ne compte que neuf voyages de Chateaubriand à Fougères, le septième en 1791, le huitième en novembre 1802, quand il ne put s'arrêter d'après ses dires que 24 heures auprès de sa femme, alors qu'il est bien prouvé par sa correspondance avec Chênedollé, qu'il y resta près d'une semaine.


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indisciplinés auxquels le maréchal Davout, tombé en disgrâce et retiré à Savigny, donna certain jour une leçon de tenue qui ne fut pas oubliée ?

Ici, ouvrons une parenthèse. Si en 1814, peu après la première abdication de Napoléon, il avait plu à Chateaubriand de revoir Savigny, il y aurait déjà trouvé quelques changements. La maison de Courte-Rente lui serait apparue telle qu'il l'avait habitée treize ans auparavant; par contre le château lui aurait montré un visage différent avec ses nouvelles grilles, ses communs restaurés ou rebâtis sur l'ancien emplacement de la rue de l'Eglise, son parc bien entretenu et son moulin Joppelin, tout pimpant neuf dans le cadre de prairies et de grands arbres qu'il avail tant admiré autrefois avec madame de Beaumont.

Au rappel du souvenir des Hamelin qu'il avait connus tout au moins de nom comme possesseurs du domaine de Savigny en 1801, il aurait adressé sans doute, une pensée à l'ancienne merveilleuse du Directoire, à cette madame Hamelin jeune qui en 1811 avait entrepris de le réconcilier avec Napoléon, tentative que fit échouer son discours de réception à l'Académie (1).

Dans la plaine de Longboyau, il aurait vainement cherché un des points de repère de ses promenades d'antan, le clocher de Paray abattu depuis une dizaine d'années, ainsi que la plus grande partie du beau château de Chilly. Quant à Fromenteau, il l'aurait retrouvé à peine remis de l'émotion causée par l'arrivée inattendue de l'empereur au relais de poste, dans la nuit du 30 mars.

A Viry, il aurait pu coudoyer deux habitants, l'un lieutenant-général comte de Beaumont, beau-frère du maréchal Davout, l'autre Armande Catherine de Montmorin, cousine de Pauline de Beaumont, assemblant curieusement les noms matrimonial et patronymique de l'amie de Savigny disparue.

1801, 1814, Savigny, Fromenteau, Paris. Quelle leçon de philosophie se dégage de ce rapprochement de dates et de lieux!

1801. Le petit boursier de Brienne, capitaine d'artillerie en 1793, général en chef de l'armée d'Italie en 1796, est devenu à Paris le maître du gouvernement. Le 18 brumaire lui a donné la puissance et sur la route qui mène à l'empire, il s'avance rapidement.

(1) En 1823, madame Hamelin fut un instant sa favorite : il le lui rappelait le 11 décembre 1844, alors qu'il était «tout ratatiné». «Aimez-moi toujours comme quand vous veniez me chercher aux Affaires Etrangères. »


202 CHATEAUBRIAND A SAVIGNY-SUR-ORGE

Chateaubriand rentré en France sous un faux nom reprend sa véritable identité en publiant Atala. Il demande sa radiation des listes d'émigrés; il l'espère anxieusement à Savigny. Pour lui, de Coppet, madame de Staël intervient auprès de Fouché; pour lui, sur place, madame Bacciochi s'entremet auprès du premier Consul, son; frère. Le voici à Fromenteau, faisant les cent pas en attendant la voiture publique qui va le conduire à Paris pour s'y occuper de son affaire. Il est préoccupé; il a le front soucieux. Quel accueil va lui réserver le ministre de la police? Quelle décision va prendre le maître de l'heure? Après des voyages répétés, après des alternatives d'espoir et de découragement, il peut enfin se dire « citoyen français ».

1814. 30 mars dans la nuit. Un homme descend d'un mauvais cabriolet à ce même relais de Fromenteau. C'est l'empereur avide d'être renseigné. Pendant qu'il trompe son impatience en marchant sur la route, les nouvelles arrivent; elles sont mauvaises; c'est la capitulation de Marmont, ce sont les alliés qui se disposent à prendre possession de sa capitale. A l'auberge du relais, Napoléon se penche une dernière fois sur ses cartes, puis remontant en voiture, se retire sur Fontainebleau. Encore quelques jours, et celui qui avait été le vainqueur de toute l'Europe ne sera plus que le souverain d'une île minuscule entre la Corse natale et la côte italienne.

Dans cette nuit du 30 mars, Chateaubriand est à Paris, imprimant en cachette son haineux et virulent pamphlet : De Buonaparte et des Bourbons, qui ne sera rendu public que le 5 avril. Il a bien oublié à ce moment la préface de l'édition originale du Génie du Christianisme, flatteuse pour le premier Consul, l'épitre dédicatoire plus que grandiloquente de celle de 1803, ses relations d'amitié avec Elisa Bacciochi, et il ne se souvient même pas que le « jeune homme » lui a confié autrefois des postes diplomatiques. En revanche, il y a eu Bonaparte qui en 1804 « s'est jeté devant ses pas avec le corps sanglant du duc d'Enghien », la tempête soulevée par son article du Mercure du 4 juillet 1807, l'affaire de son discours de réception à l'Académie en 1811, bien d'autres griefs encore, et celui qu'il avait salué en 1802 comme un nouveau Cyrus, n'est plus à l'heure de la première restauration des Bourbons qu'un insensé, un tyran « ayant régné par le glaive d'Attila et les maximes de Néron ».

Ce parallèle entre les destinées de Napoléon et de Chateaubriand,


CHATEAUBRIAND A SAVIGNY-SUR-ORGE 203

de ces deux hommes qui à treize ans de distance se meuvent sur les mêmes scènes, mais dans une situation de fortune renversée, convient aussi à Laborie.

En 1801, il est l'hôte de Pauline de Beaumont. Soupçonné de trahison, frappé d'exil, il cherche de Savigny à apitoyer « la grande puissance » qui à Paris tient en mains les rênes du gouvernement et dispose des faveurs et des grâces, mais c'est en vain. Rentré en France à la fin de 1804, ses bonnes dispositions à l'égard de Napoléon ne durent pas et quand celui-ci est à Juvisy, fin mars 1814, lui est un de ceux qui à Paris, préparent le retour de Louis XVIII. Une quinzaine plus tard, l'empereur déchu prend le chemin de l'île d'Elbe; quant à Laborie, devenu un des puissants du jour, il donne des audiences au public dans l'hôtel de la rue Saint-Florentin, appartenant à Talleyrand, le chef du gouvernement provisoire. Revenons à Courte-Rente. Le 7 mars 1824, monsieur et madame Levacher de la Terrinière cédaient la propriété à monsieur et madame Angiboust qui à leur tour la passaient le 20 septembre 1845 à monsieur et madame Béchet.

A cette époque et par comparaison avec 1801, elle avait bien changé d'aspect et d'étendue. Pour l'établissement de la première ligne de son réseau, la compagnie d'Orléans avait coupé à travers le potager et les bosquets et transformé en impasse l'extrémité du chemin de Savigny à Juvisy qui longeait les murs au nord-est. Du fait, le dit chemin avait été déplacé vers la droite, afin de lui redonner un débouché sur la Grande Rue. Monsieur et madame Roret avaient acquis une partie du jardin; une autre avait été conservée par monsieur et madame Angiboust, deux propriétaires antérieurs ; quant à celle qui comprenait tous les bâtiments, elle s'arrêtait maintenant à la voie ferrée dont elle était séparée par un treillage doublé d'une haie vive. Les anciens communs qui de la rue masquaient une des façades, avaient disparu pour faire place à une cour bourgeoise bordée à droite par une petite grange, un hangar, une serre et une basse-cour.

En 1852, par la vente du 16 août à mademoiselle Euphrasie Michallet, la maison d'habitation allait devenir et rester jusqu'à l'aurore du XXe siècle, un des biens-fonds de la famille Berge qui fut alliée sous la IIIe République; au président Félix Faure. Telle Chateaubriand l'avait connue, telle elle apparaissait encore au milieu du XIXe siècle et telle elle restera jusqu'à sa démolition, sauf quel-


204 CHATEAUBRIAND A SAVIGNY-SUR-ORGE

ques modifications ayant porté sur la distribution et l'aménagement intérieurs, la transformation des combles, la mise en place d'un balcon en fer forgé et la construction dans l'angle sud-ouest du jardin, de nouvelles dépendances qui seules, ont survécu.

Encore une occupation étrangère, celle de 1870, encore quelque vingt ans d'une existence paisible et l'ancienne demeure de Chateaubriand et de Pauline de Beaumont est laissée à l'abandon par ses propriétaires.

En septembre 1892, sur les conseils d'Alphonse Daudet, Adolphe Brisson qui fut depuis directeur des Annales Politiques et Littéraires, venait à Savigny visiter la propriété et de son pélerinage à Courte-Rente tombant en ruines, tirait un bien joli récit ayant pour titre : la maison de Pauline, inséré dans le numéro du 21 septembre du journal Le Gaulois; le 3 octobre 1897, le même article reparaissait dans les colonnes des Annales.

Son premier contact avec « la relique » est plutôt pénible. «De ce logis délaissé, de cette pièce d'eau croupissante, de ce parc humide et silencieux, s'exhale comme une impression de désolation et de tristesse. » Pour sa narration, il fait ici et là des emprunts au livre de Bardoux, le premier historiographe de madame de Beaumont, emprunts qu'il complète agréablement par plus d'une invention de son cru. Le gardien M. David, lui ouvre les portes de la maison « si vieille, si vieille, qu'on ose à peine en franchir le seuil. » Il y pénètre... « En traversant la salle à manger, je cherchais des yeux la place qu'avait occupée l'auteur des Martyrs; en parcourant le salon à parquet de chêne losange, il me semblait encore entendre comme un murmure de voix éteintes; là, sans douté, au coin de la chamminée, s'étaient assis la triste Lucile et le fidèle Joubert. A cette fenêtre, Chateaubriand s'était accoudé près de son amie et ils avaient passé de longues soirées à deviser en regardant les étoiles... »

Brisson monte au premier étage, interroge les murs, les couloirs, déserts, cherche la chambre de Chateaubriand, l'alcôve où reposait madame de Beaumont. « Mystère; la poussière des âges est tombée sur ces boiseries, sur ces planchers, sur ces tentures », Tout a disparu, tout s'est effacé, excepté le souvenir « qui suffit à meubler la maison muette d'ombres indécises et d'impalpables fantômes. »

Devant le perron, il remarque des rosiers sauvages (du moins les qualifie-t-il ainsi) couverts de fleurs blanches, et sur la réponse du gardien « qu'ils ont bien cent ans » il y cueille une rose « la soeur


ANCIENNE PORTE D'ENTRÉE DE COURTE-RENTE, RUE CHATEAUBRIAND.



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peut-être de celles que madame de Beaumont et Chateaubriand effeuillèrent. » Oh non! Ces rosiers cultivés et non sauvages ne remontaient pas aussi loin; c'étaient des Aimée Vibert, de ces généreux Bouquets de la Mariée dont l'ancienneté comme espèce ne dépasse pas la fin du règne de Charles X, mais présenté sous une forme aussi aimable, ce petit incident qui termine la visite d'Adolphe Brisson est, avec le titre bien gracieux de l'article, un hommage rendu à l'Hirondelle, la tendre et fidèle amie; du Volage Enchanteur.

Puis, c'est la fin de Courte-Rente, la maison démolie en 1904, ses pierres servant en partie l'année suivante à la construction de l'Hôtel des. Postes de Savigny, la propriété une dernière fois morcelée. A peine quelques témoins de la vieille demeure, restés en place ou dispersés, sont venus jusqu'à nous : une table de pierre sur laquelle Chateaubriand a peut-être rassemblé des notés tout en devisant avec sa maîtresse ou l'ami Joubert, un banc de fer que la tradition veut avoir appartenu à Pauline de Beaumont, la petite cloche de l'office, un vieux mur éventré et la grande porté d'entrée à barreaux, toute rouillée, que les touristes avertis apprennent maintenant à connaître.

Le 10 février 1906, le Conseil Municipal de Savigny prenait une délibération débaptisant la partie de la Grande Rue longeant Courte Rente pour l'appeler rue Chateaubriand, mais cette délibération ne s'appuie sur aucun considérant, n'apporte pour l'avenir aucune justification écrite de ce changement de nom. Qu'il nous soit donc permis au moment où se termine cette étude, de formuler le voeu qu'un jour prochain une plaqué enchâssée dans le mur en bordure de la rue ou dans un des piliers existants de la porte grillée d'autrefois, rappelle à Savigny le séjour de l'écrivain et y associe discrètement le souvenir de Pauline de Beaumont.

L'Hirondelle mérite bien cet hommage. En débarrassant Chateaubriand de tout souci matériel, elle lui a permis d'affirmer son talent dans la pleine quiétude de la maison de Courte-Rente ; en l'aidant de ses conseils et de ses critiques, en se faisant sa collaboratrice, bénévole, passionnée autant que soumise, elle a contribué pour une petite part à la mise au point et à l'achèvement du Génie dix Christianisme, de cette oeuvre qui a vieilli, mais qui n'en reste pas moins la première dès grandes manifestations littéraires d'où est sorti le Romantisme.

Léon RISCH.


206

Recherches sur quelques dessins de la vaisselle au Grand Roi(1)

Bien que nous ne possédions pas le fameux album, dans lequel, si l'on en croit Charles Perrault, l'orfèvre Nicolas de Launay, aurait reproduit, au moment de leur fonte en 1689, chaque pièce marquante du somptueux mobilier d'argent de Louis XIV, on peut parvenir à imaginer leur aspect général à l'aide de représentations relevées sur des tapisseries tissées à la Manufacture des Gobelins, par l'examen de l'estampe de Dolivar dans le Mercure Galant (2) ou de l'oeuvre gravée de quelques ornemanistes réputés.

Un essai de ce genre serait plus difficilement réalisable, en ce qui concerne la vaisselle usuelle du grand Roi, qui comme on le sait, était d'or, de vermeil et d'argent.

Préservée en 1689, pour être livrée au creuset en 1709, l'usage quotidien, auquel elle était affectée, la simplicité apparente de ses formes, soumises à des nécessités pratiques, ne s'imposa pas à l'attention et personne n'eut le souci de faire relever les contours de ces ustensiles appréciés uniquement pour leur valeur intrinsèque.

Quoique la fonte de l'argenterie des principaux courtisans ou de simples particuliers, ne prit pas l'ampleur souhaitée, ce qui en subsiste aurait eu à traverser, sans dommage, trop de périodes tumultueuses de l'histoire, à triompher de trop de fluctuations du goût, pour nous parvenir dans son intégralité.

(1) Abstraction faite de cas particuliers, nous n'indiquerons aucun ouvrage ayant trait à l'orfèvrerie, nous bornant à renvoyer le chercheur à la très précieuse « Bibliographie de l'orfèvrerie et de l'émaillerie », de M. J.-J. Marquet de Vasselot. Paris, 1925; in-8.

(2) Décembre 1686, tome 2, page 324. Cette estampe présente les pièces d'argenterie, déposées autour du trône de Louis XIV, pour la réception des ambassadeurs siamois.


DE LA VAISSELLE DU GRAND ROI 207

Tout un chapitre de l'histoire des Arts Décoratifs, celui de l'orfèvrerie française civile, de la fin du XVIIe siècle, ne peut qu'être esquissé, faute de modèles suffisants (1).

Assurément, il en existe. Outre de rares pièces échappées au désastre, telle l'écuelle à orillons aux armes de Monseigneur, conservée au Musée du Louvre (2), d'autres dans des collections privées et que l'on a pu examiner à loisir en 1926, lors de la belle exposition organisée par l'Union Centrale des Arts Décoratifs, quelques dessins qui présentent l'aspect de spécimens dé là vaisselle de Louis XIV, peuvent facilement être étudiés. Citons le modèle pour un bassin d'or émaillé, auquel travaillait l'habile Ballin, lorsque la mort le surprit (3) et les dessins assemblés dans un recueil du Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Nationale, que l'on croyait à tort autrefois avoir été formé par l'architecte Robert de Cotte (4).

Connus d'abord de quelques initiés, la publication qu'en fit Henri Bouchot en 1889 a permis au public d'apprécier leur valeur artistique et hautement documentaire (5).

On admettra que le petit nombre de pièces recensées ci-dessus

(1) Il en est de même, d'ailleurs pour le début du siècle. (2) Exposition d'orfèvrerie française civile du XVIe siècle au début du XVIIIe. Paris, 1926, n° 3. Ecuelle à orillons. en vermeil aux armes du Grand Dauphin, fils de Louis XIV, par Sébastien Le Blond (1690-1691). Collection Corroyer, Musée du Louvre. Reproduite dans « Orfèvrerie civile française du XVIe au début du XIXe siècle, par Nocq (H), Alfassa (P.) et Guérin (J.), Paris (1927), in-4°, tome I, planche IX.

(3) Trouvé dans les papiers de l'intendant et contrôleur général des Meubles de la Couronne Gédéon du Metz du Rosnay (aux Archives Départementales de l'Oise, à Beauvais).

(4) Ajoutons à cette courte liste, ce que H. Havard nomme « modèle de nef pour Louis XIV par Ch. Le Brun ». (Histoire de l'orfèvrerie française. Paris, 1896, in-4°, planche XXXI). Le dessin donné avec cette légende se trouve au Musée du Louvre. (Inventaire des dessins français du Musée du Louvre et de Versailles par Jean Guiffrey et Pierre Marcel, tome VIII. Le Brun, n° 5669).

(5) BOUCHOT (Henri).—- Cent modèles inédits de l'orfèvrerie française des XVIIe et XVIIIe siècles, exécutés par les orfèvres sculpteurs royaux... Paris, 1889, in-folio.

Les dessins relatifs à la vaisselle de Louis XIV se répartissent de la façon suivante :

Pl. 1. Cadenas aux armes de France et de Navarre, pour le roi Louis XIV. Projet de Nicolas de Launay.

Pl. 2. Profil du cadenas pour Louis XIV.

Pl. 3. Elévation du même cadenas. Pl. 4. Elévation d'une salière par Nicolas de Launay et plan de la même salière.

Pl. 5. Soucoupe pour Louis XIV. Projet de Nicolas de Launay.

Pl. 6. Sucrier pour Louis XIV. Projet de Nicolas de Launay.

Pl. 7. Couteau, fourchette et cuillère pour Louis XIV, par Nicolas de Launay.

Pl. 8. Cadenas dessiné par Nicolas de Launay et destiné à la reine Marie-Thérèse, femme de Louis XIV.


208 RECHERCHES SUR QUELQUES DESSINS

ne parviendrait pas à illustrer avec avantage la longue suite d'articles, énumérant la vaisselle du grand Roi, que l'on trouve dans l'inventaire du Mobilier de la Couronne, publié grâce aux soins de J.-J. Guiffrey (1).

Cependant, il nous fut permis de supposer que d'autres dessins de la vaisselle employée à Versailles par les services de la Bouche et du Gobelet existaient encore. Nous avons été assez favorisés, pour voir se changer en certitude de fragiles hypothèses et avoir l'occasion de retrouver au National Museum à Stockholm, des dessins qui représentent plusieurs pièces de l'argenterie de table familière à Louis XIV. Leur remise au jour paraît utile, car elle donnera l'occasion de juxtaposer des images précises, à des descriptions de l'inventaire, qui, claires en apparence, n'en demeurent pas moins hermétiques.

Cette fois encore, il s'agit d'un envoi fait par Daniel Cronstrôm, l'infatigable envoyé de Suède en France, à l'architecte Nicodème Tessin le Jeune, surintendant des Bâtiments royaux de Suède (2).

D'après ce que l'on a cru pouvoir déduire de la correspondance inédite échangée entre ces deux personnages, il ressort que le lot, conservé actuellement à Stockholm, fut définitivement constitué au cours de l'année 1699 (3).

Une partie en paraît avoir été fournie par Berain, le dessinateur de la Chambre et du Cabinet de Louis XIV. Mais, il ne s'était préoccupé que de montrer comment l'on disposait et répartissait les desserts et les friandises sur la table du roi de France et il se borna à donner de simples croquis hâtivement tracés et coloriés par un de ses auxiliaires (2).

La seconde partie est d'une façon infiniment plus soignée. Il semble qu'à la suite d'une demande de Tessin, désireux d'avoir des modèles de vaisselle destinés aux artistes suédois ou étrangers qui travaillaient pour la cour de Suède, Cronstrôm se soit adressé directement à l'orfèvre Nicolas de Launay. Celui-ci, en homme qui connaît son mérite, se fit longuement prier, avec vraisemblablement la pensée de faire traîner les pourparlers pour obtenir une commande

(1) Tome 1er, page 102 à 142.

(2) Sur les envois de dessins faits par Cronstrôm à Tessin, voir le début de l'étude sur le «Meuble brodé de la salle du trône de Louis XIV à Versailles». Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, 1930, p. 199.

(3) Tessin à Cronstrôm (16 janvier 1695) : «Je lui rends [à Berain], mille très humbles grâces de ses bonnes promesses... pour les desseins des tables, SERVICE et buffets ».


DE LA VAISSELLE DU GRAND ROI 209

positive (1). On ne peut préciser si les dessins au trait, qu'il remit finalement à Cronstrôm, sont de sa main ou non. Ce ne sera pas diminuer leur intérêt, que dE dire simplement, qu'ils sortent de son atelier. Cette désignation n'implique pas l'habituelle formule passepartout et notre pensée est qu'ils ont été tracés par un élève de l'orfèvre ordinairement chargé du soin de tirer ses compositions au net et d'en multiplier les exemplaires.

Ajoutons que Cronstrôm attentif à réduire le poids et le volume de ses expéditions, fit réunir sur de mêmes planches, les contours de pièces appartenant à Louis XIV et ceux de pièces (2) en la possession de divers « particuliers », dont le duc d'Aumont.

Afin d'éviter toutes confusions, nous n'avons fait entrer dans le cadre, de cette étude— si attachant que puisse être ce que nous avons éliminé (3) — qu'une sélection de modèles sur lequel on peut

lire, tracée par Cronstrôm, la mention « au Roy ».

***

La propriété d'une vaisselle d'or pu d'argent, depuis des temps très anciens, avait toujours figuré parmi les principales manifestations de la richesse des Grands. Elle était considérée également comme une appréciable ressource pour les temps de détresse et, lorsque Louis XIV, les jours sombres venus monnayera son argenterie, peut-on lui faire un grief de s'être conformé à la tradition? Les relations des Plaisirs de l'Ile Enchantée en 1664, de la Fête de 1668, dont Jean Lepautre, grâce aux reconstitutions de Berain (4), gravera dix ans plus tard les épisodes saillants, l'estampe du même Lepautre qui montre la «Table du Festin », dressée dans la

(1) Cronstrôm à Tessin (16-6 avril 1696) : «M. de Launay est l'homme du royaume le plus occupé, pour toutes sortes de dessins et d'ouvrages, pour la cour et pour les particuliers. C'est un des plus beaux génies que la France ait produite, cela vous fait comprendre que ses productions sont malaisées à lui arracher, outre qu'à dire vrai, il a eu beaucoup de peine à se déterminer de faire des dessins, pour faire exécuter par d'autres. Ces messieurs n'en donnent guère que pour exécuter eux-mêmes et d'ailleurs étant persuadé pour lui que ses dessins ne peuvent l'être comme il faut, que chez lui et sous sa direction. »

(2) Cronstrôm à Tessin (1699, lettre n° 20) : «Ci joint aussi les dessins de la vaisselle du Roy et de M. le Duc d'Aumont. J'ai cru que vous seriez bien aise de

le recevoir avec toute la promptitude possible, le paquet n'étant pas trop gros pour la poste. Les 3 dessins de vaisselle, que porte M. le comte Wrangel, de M. Berain, sont sur du papier trop épais pour la poste.

(3) Je me propose d'étudier très prochainement ces derniers morceaux. (R.-A.

W.)

(4) Mercure Galant, avril 1679, page, 109.


210 RECHERCHES SUR QUELQUES DESSINS

Cour de Marbre, lors des divertissements de 1674, offrent de multiples exemples où l'on n'a que la difficulté de choisir, pour prouver que le roi — abstraction faite d'un mobilier d'argent, dont nous n'avons pas à parler ici — posséda de très bonne heure une appréciable quantité de vaisselle précieuse, qu'il se plaisait à voir les jours de solennité, s'étaler et reluire doucement parmi les décorations de toutes sortes.

La cour définitivement installée à Versailles, son rêve inavoué d'avoir une vaisselle d'or ne put qu'imparfaitement se réaliser (1). Il lui fallut, ainsi, se contenter pour sa table d'ustensiles de simple « argent vermeil doré» et de vulgaire «argent blanc». C'est sous ces deux qualifications que seront enregistrées la plupart des pièces, que Nicolas, de Launay (2) lui fournira exclusivement à partir de 1685, date très approximative et que l'on propose une fois pour toutes.

Est-il nécessaire d'ajouter que la rigueur des règlements et des édits relatifs à la fabrication de l'orfèvrerie ne jouait pas, lorsqu'il s'agissait de morceaux destinés au roi et à sa famille. Le cas échéant, afin de respecter les décrets, on délivrait une autorisation exceptionnelle, quitte à récidiver huit jours plus tard.

Voilà pourquoi, l'on ne doit pas s'étonner d'apprendre, que Nicolas de Launay ait pû durant toute la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe, livrer au garde-meuble de la Couronne à Paris, qui les envoyait aussitôt à Versailles, une multitude d'ustensiles d'or, de vermeil et d'argent, depuis des plats, des assiettes ordinaires, « de fonds », à potage dites « bélutes », ou « assiettes à mouchettes », à ragout, mêlées avec les essais, les cadenas, les écuélles, les flacons, les compotiers, jusqu'aux réchauds, tourtières et casseroles (3).

(1) On lira avec intérêt certains détails sur la vaisselle d'argent de Louis XIV, publiés par E. S. Auscher : « La céramique au château de Versailles. (Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise (1903).

(2) Sur Nicolas de Launay, on consultera avec profit la récente notice, qui lui a été consacrée, dans «Le Poinçon de Paris », par Henri Nocq. Paris, 1927, in-4°, tome III, p. 36. Toujours, en ce qui concerne la seule vaisselle du roi, on n'a pu préciser si Nicolas de Launay créait lui-même tous ses modèles. Il reste possible qu'il exécuta certains travaux d'après des idées pour ne pas dire des projets de Jean Berain, dessinateur du Cabinet, que ses fonctions commettait au soin de veiller à la décoration des buffets pour les fêtes et les bals.

(3) Les registres du Journal du Garde-Meubles, aux Archives Nationales O1 3006, O1 3007, O1 3008), indiquent jour pour jour, les livraisons faites par de Launay, de 1685 jusqu'en 1715, année où il laissa à son gendre A. Besnier le soin de façonner la vaisselle royale. Comme ces mentions font double emploi avec les para-


Planche 1.

(NATIONAL MUSEUM. — STOCKHOLM.)


Planche 2

(CABINET DES ESTAMPES DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE.)


DE LA VAISSELLE DU GRAND ROI 211

Le Grand Commun achevé, ce devait être sur cet immense quartier général où était préparé tout ce qui contribuait à l'alimentation des princes, que l'on dirigeait ces pièces.

On présume pourtant, que la vaisselle exclusivement réservée au roi était rangée dans un office au château. Les ordonnances constituant le statut, sur lequel était basé l'organisation de sa maison, ne déclare-t-elles pas que : « la Bouche du Roi n'est jamais hors du lieu où loge Sa Majesté ». C'est pour se conformer à ce principe imposé autant par l'étiquette et la stricte prudence, que les cuisines de Louis XIV se trouvaient au rez de chaussée de l'aile du Midi (1). Les prescriptions, appliquées à la préparation des mets pouvaient, avec facilité, s'être étendues jusqu'aux objets destinés à les contenir.

Un personnel soigneusement hiérarchisé (2) veillait à leur conservation, mais il était néanmoins fréquent que des récipients, des plats, reçussent quelques mauvais chocs inévitables au cours de maniements journaliers. Mis de côté, ils repartaient ensuite chez l'orfèvre, afin d'y être « redressés », puis « blanchis ». Si l'accident avait été trop grave, on ne s'ingéniait pas à entreprendre de coûteuses réparations et on les refondait. Aussi, malgré des apports fréquents, la masse globale de la vaisselle précieuse du Grand Roi finit-elle par

connaître une certaine stabilité.

* * *

Les côtés anecdotiques qui se dégagent de la « mécanique », qui présidait aux repas de Louis XIV ayant contribué à la diffusion des explications avancées par les éditions successives de 1' « Etat de

graphes de l'Inventaire du Mobilier, nous n'avons pas cru devoir les reproduire ici. Par contre, il nous a paru plus utile d'extraire du registre O1 3308, une liste des principales pièces de vaisselle, livrées par de Launay, à partir de 1709. On la retrouvera, à la fin de notre exposé.

En ce qui concerne les payements de la vaisselle, les comptes des bâtiments, sauf une exception (20 juin 1688), n'en mentionnent aucun. Les recherches entreprises dans la série O1 contrecarrées par d'importantes lacunes, n'ont pas donné jusqu'à présent de résultat appréciable.

Des pièces de vaisselle d'argent, semblables à celles de Versailles, faites par Nicolas de Launay : « pour servir au voyage de mon frère et petit-fils, le Roy d'Espagne » ; furent payées : « à raison de trente-huit livres, dix sols le marc, compris argent, façon et contrôle. » (Arch. Nat., carton O1 2928 c, 7 décembre 1702). Ces prix devaient être très voisins, sinon identiques à ceux demandés pour les ustensiles que l'on décrira.

(1) André PERATÉ, Versailles, Paris 1927, in-8° page 179. Mercure Galant, décembre 1686, tome 2, p. 8.

(2) « Le contrôleur général en son semestre est chargé de toute la vaisselle d'or, d'argent et vermeil de la maison du Roy dont il charge ensuite les gardes vaisselles et autres officiers. » (Etat de la France).


212 RECHERCHES SUR QUELQUES DESSINS

la France », on ne répétera pas avec quel apparat le roi mangeait au grand couvert (1), ni quel cérémonial plus réduit avait été adopté pour son « Petit Couvert ». Le dîner, ajoute Saint-Simon : « étoit toujours au petit couvert c'est-à-dire seul dans sa chambre, sur une

table carrée vis-à-vis la fenêtre du milieu. Il était plus ou moins abondant, car il (le roi), ordonnoit le matin petit couvert ou très petit couvert; mais ce dernier était toujours de beaucoup de plats et

de trois services sans le fruit. » (2).

Le fruit correspondait à ce que nous nommons le dessert. Sachant

le goût prononcé du roi, par ailleurs déjà gros mangeur, pour les friandises et les sucreries, ses officiers de Bouche ne pouvaient que lui complaire, en veillant à la variété du fruit. Selon l'Etat de la

France, il se composait de : « deux grands bassins de fruicts cruds, deux de pourcelaines, de deux autres plats de toutes sortes de compotes

compotes confitures liquides et de quatre salades (3). »

Celte indication de : « bassins... de pourcelaine », est légèrement embarrassante. Car de son côté l'Inventaire du Mobilier, nous

fait connaître près de vingt-huit fruitiers utilisés pour la présentation

du fruit et une mention spéciale souligne qu'ils sont : « pour la table du Roy », et que ces « machisnes » sont de vermeil ou d'argent doré. Leur poids oscillait entre vingt et trente-cinq livres, ce qui prouve leur importance. D'où provient maintenant le défaut de concordance entre ces deux passages, qui émanent de textes estimés également dignes de foi, lorsqu'il s'agit de détails secondaires de cet ordre et qui, pour une même année (1698), désignent avec une divergence fondamentale une catégorie d'ustensiles à emploi commun. Le motif exact nous

échappe et nous jugeons préférable de laisser subsister l'interrogation(4).

(1) Au grand couvert le roi prenait habituellement place dans la première antichambre (salle 121), que l'on appelle «la salle ou le roi mange». P. de Nolhac, Versailles résidence de Louis XIV, Paris, 1925, in-8°, page 280.

Sur une feuille d'almnnach «pour l'année 1680» (Cabinet des Estampes. Collection Hennin, tome 57, f° 4, on notera un médaillon bien connu montrant l'aspect du Grand Couvert. C'est : « Le Diné ou la Reyne d'Espagne fut entre le Roy et la Reyne ».

(2) Saint-Simon, Edition Boislisle, tome 28, pages 344 et 345.

(3) Ceci pour le Grand Couvert. Pour le Petit Couvert, le fruit était : « de deux petits plats de fruits cruds, de confitures sèches, dressés dans des pourcelaines et de quatre compotes ou confitures liquides aussy en pourcelaines. »

(4) Il est probable que lors des rééditions annuelles de l'Etat de la France, on se soit occupé seulement à réunir les noms propres, négligeant de mentionner des faits exposés vers 1680 et reproduits depuis lors sans modifications.


Planche 3.

(NATIONAL MUSEUM. — STOCKHOLM.)


Planche 4.

(NATIONAL MUSEUM. — STOCKHOLM.)


DE LA VAISSELLE DU GRAND ROI 213

Les planches 1 et 3 révèlent l'aspect plus singulier qu'agréable de deux fruitiers. L'un sert, déclare une inscription manuscrite tracée par Cronstrôm, « au Grand Couvert à Versailles et à Marly (1) et l'autre de dimensions moindres au « petit couvert du Roy » (2).

Qu'entendait-on exactement, au XVIIe siècle, par le terme fruitier? Un fruitier était un grand plat de métal rond ou ovale recouvert d'un «dessus », sur lequel on disposait circulairement des tasses et des gobelets de diverses capacités, au bord et à la panse légèrement ciselés de motifs ornementaux courants, palmettes, culots, lambrequins, rosettes, oves ou godrons.

Au centre du plat, soutenu par un seul support ou par plusieurs consolés, enjolivées des armes royales, de masques, de têtes d'animaux, se dressait la pièce de milieu, sorte de plate-forme servant de base à une large jatte, entourée à son tour de gobelets. Il pouvait se faire que l'on mêlât à l'ensemble, des «chiffes » ou tasses de très petites dimensions. Peut-être substituait-on parfois, aux récipients de vermeil et d'argent du nombre de six à dix-huit, des tasses de porcelaine de la Chine (3).

Modérément garnis, quand Sa Majesté mangeait en particulier, on disposait (4) sur les fruitiers, lors des fêtes — où ils se plaçaient sur. les buffets — mille choses délectables choisies parmi les plus exquises. C'étaient des confitures sèches ou candies, des biscuits d'amandes,

(1) Voici en quels termes une pièce semblable est enregistrée dans l'Inventaire du Mobilier (ouv. cité, tome I, p. 136)

Deux grands, fruitiers pour la table du Roy, composez chacun des pièces qui ensuivent, sçavoir :

732 Un plat à rebord ......... 10m. 5 o. 4 g.

733 Un dessus pour ledit plat, gravé d'ornements, avec les armes

et chiffres du Roy ... ................... 15m. 1 o. 6 g.

734 Six jattes cannelées pour ledit dessus .......... . 3m.. 0 o. 0 g. 1/2

735 Six jattes plus petites, aussy cannelées .................. . 1m. 2°, 0 g.

736. Une grande jatte pareille pour le hault ........ . 0m. 7 o. 3 g. 1/2

L'autre fruitier composé pareillement... (etc.).

(2) Inventaire du Mobilier de la Couronne (ouvr. cit., tome I, page 138, n°

753-754).

« Deux fruitiers compozes chacun d'un plat couvert, d'un fonds orné des armes et chiffres du Roy, au milieu duquel se lève une manière de petit bassin, soustenu de consoles, et autour entre les armes et chiffres sont six tasses ou goblets, le tout de.vermeil, pezans ensemble .......... 23m. 2 o. 5 g.

(3) Les dessins exécutés pour Cronstrôm étant « de profil », le plan du fruitier pour le petit Couvert (planche 4) est indispensable à consulter pour pouvoir se faire une idée complète de ce qu'était ces pièces.

(4) Le moment de les garnir venu, on bouchait avec un rond de bois ou de carton, l'ouverture de chaque tasse et l'on plaçait là-dessus les friandises.


214 RECHERCHES SUR QUELQUES DESSINS

des massepains : « de pistache, de chocolat, à la fleur d'oranger, de citron, à la framboise », massepains fourrés et glacés, puis des morceaux d'écorce d'orange coupés en bâtonnets baptisés tailladins, de l'angélique et encore : « de ce qu'on appelle des vents, faits avec du blanc d'oeuf et du sucre très cuit » (1 ), douceurs dont le roi était gourmand et qu'il avait la faiblesse de choisir, malgré les objurations de Fagon. Selon les saisons, on ménageait une importante place parmi tant de sucreries, à d'excellents fruits crus ou confits, tels que limons doux, cédrats, oranges du Portugal, oranges mandarines, pommes d'api, abricots à oreilles, prunes de Perdrigon, cerises, coings, figues et melons. Le tout était rendu agréable à la vue, avant de l'être au goût, au moyen de fleurs, fort proprement placées parmi les tasses.

Le bel usage exigeait, selon une tradition vulgarisée vers la seconde moitié du XVIIe siècle, que ce qui faisait partie intégrante du fruitier, fut étagé en pyramide (2). Terminé l'arrangement détaillé et collectif du fruitier, ne manquait pas de se présenter sous l'aspect imposé.

Sur une feuille d'almanach, pour l'année 1662, qui figure un bal à la cour (3) (planche 2), on remarque au premier plan, un officier de Bouche portant un fruitier ainsi garni. Cet exemple est un des seuls que l'on puisse donner avec certitude. On croit ne pas se tromper, en disant que les pyramides de fruits aperçues sur les estampes de Lepautre (4), sur la taille-douce d'Antoine Trouvain (5), ne paraissent pas disposées sur des fruitiers, semblables à ceux que nous publions, mais sur les « corbeilles à filigranes, rondes, longues et carrées »,

(1) Journal de la santé du roi Louis XIV..., écrit par Vallot, d'Aquin et Fagon, publié par J.-A. Le Roi, Paris, 1862, in-8, p. 288.

(2) En 1664, Louis XIV, recevant le légat, le dessert « fut de grandes pyramides de vingt quatre assiettes de toutes sortes de fruits ». Journal d'Ormesson, édition Chéruel, tome II, page 199. Cité par A. Franklin. La Vie privée d'autrefois, 6e partie. Les Repas. Paris, 1889, in-8.

En 1671, Mme de Sévigné écrit malicieusement : « Pour les pyramides de fruits, il faut faire hausser les portes. Nos pères ne prévoyoint pas ces sortes de machines, puisque même ils n'imaginoint pas qu'il falloit qu'une porte fut plus haute qu'eux. » Editions Monmerqué, tome II, page 307.

(3) Cabinet des Estampes. Collection Hennin, tome 59, f° 36.

(4) OEuvre de Lepautre. Cabinet des Estampes Ed. 42 c, f° 116. — Festin donné dans le petit parc de Versailles (fêtes de 1668) et f° 110. — Festin dont la table estoit dressée autour de la fontaine de la cour de marbre du chasteau de Versailles [... etc. ...] (fêtes de 1674).

(5) OEuvre d'A. Trouvain. Cabinet des Estampes. Ed. 95, f° 14 « 6e chambre des Apartemens ».


DE LA VAISSELLE DU GRAND ROI 215

signalées par le Mercure Galant (1), dans sa description de l' « Appartement » de Versailles. Leurs formes devaient être assez voisines de notre : « Grand Pan de corbeille ». (Planche 5, en haut.)

Une dernière gravure anonyme, bien que d'un faire malhabile, doit être citée parce qu'elle possède, malgré la maladresse de sa facture, le précieux avantage de montrer quelle était la disposition apparente du service « du fruit », sur les tables (2). Elle se trouvera dans les éditions successives du « Confiturier Royal », ouvrage culinaire, qui fut goûté à sa juste valeur (3).

Mobile décor de la table qui se prêtait à de nombreuses combinaisons, le défaut des fruitiers était de n'apparaître qu'à la fin des repas.

Les «sur-tout-de-table » (sic), auxquels il donnèrent naissance, obvièrent à cet inconvénient. Après de timides essais de Nicolas de Launay (4) pour Monsieur, frère unique du roi, les surtouts connaîtront avec le dix-huitième siècle, une éclatante vogue.

Les pièces dont on vient de traiter, étaient placées devant le roi, lorsqu'il mangeait. En fut-il de même de celles qui suivent? Nous n'avons plus d'indications fermes pour nous guider et on peut suppo-r ser que, quoique à Sa Majesté, elles ne faisaient partie qu'à titre général de la vaisselle « pour la chambre, la table et les offices ».

Voici, d'abord un « pot à oille du poids de douze marcs (planche 5, au milieu).

Avant de l'étudier, il convient de fixer sa destination. L'oille (5), dit le dictionnaire de Trévoux, « est un ramas des plus excellentes viandes que l'on fait cuire dans un pot ou terrine avec toutes sortes de béatilles, quantités d'herbes fortes et aromates. L'oille est remplie de

(1) Décembre 1682. A propos du buffet, disposé les jours d'Appartement dans le salon de Vénus.

(2) Par opposition au plan gravé d'un dessert royal. Mercure Galant, avril 1679.

1679.

(3) Le Confiturier Royal ou Nouvelles Instructions pour les confitures, les liqueurs et les fruits». (6 éditions jusqu'en 1791).

(4) Mercure Galant, mars 1692 (page 17), avril 1698 (page 261). (5) «Le nom de l'Oille lui venait de ce qu'elle était faite dans une marmite, en espagnol olla, l'équivalent du substantif Oule, usité dans nos provinces méridionales. Puis, par une sorte de pléonasme, on appela pot à oille le vase de forme spéciale, dans lequel on prit l'habitude de servir ce ragout, quand il fut devenu à la mode. (Havard, Dictionnaire de l'ameublement. Article oille). On créa des bassins et des cuillières spéciales, indispensables compléments du pot à oille.

15


216 RECHERCHES SUR QUELQUES DESSINS

toutes sortes de bon gibier et autres viandes, comme faisans, perdrix, cailles, bécasses, bécassines, ortolans, pigeons, becfigues et autres... Le pot à oille que l'on sert sur la table du roi est d'argent. » (1). On conçoit qu'il fallait un robuste appétit pour apprécier un ragout de cette sorte et il faut croire que les contemporains du grand Roi en étaient pourvus, car l'oille importé d'Espagne, sans doute à la suite

du mariage de Louis XIV, devint le mets favori des sujets de la

nouvelle reine de France.

Le roi possédait plusieurs pots à oille. Deux d'entre eux sont spécialement décrits par l'Inventaire. Le premier d'argent blanc « avec

les armes du roi, cizelées en relief au corps et au couvercle et une fleur de lys, au hault, pezant 13 marcs 2 onces 0 gros (2) ». Le second « avec ses deux anses en Termes de femmes et son couvercle au-dessus duquel est une fleur de lis, pezant 10 marcs, 6 onces, 6 gros » (3).

Très proche de ces vases on n'a pu cependant trouver dans l'Inventaire une description aussi complète pour le pot à oille, que Cronstrôm fit copier. Il peut se trouver enregistré avec une autre pièce semblable, sous une cote unique. L'indication de son poids n'est malheureusement d'aucun secours pour son identification puisque le poids donné est un poids total et que l'on ignore le volume respectif de chaque ustensile (4).

Son apparence un peu massive, nécessitée par le mets compact qu'il devait contenir est allégé avec science, par ces deux anses à la courbe agréable, constituées de deux poissons, des dauphins (5) vrai(1)

vrai(1) est évident que l'oille pouvait être plus modestement composée. Cependant, c'était un mets onéreux. L'auteur du dictionnaire critique, pittoresque et sentencieux, Lyon, 1765, déclare qu'une oille : «coûte jusqu'à 20 pistoles et il n'y a guère de grande table en France où ce mets ne soit pas connu.» Sous le nom de «plat du milieu», on peut lire la recette de l'oille, dans «le Nouveau Cuisinier Royal », tome 1, page 483 (Cf. Franklin, ouv. cité).

(2) Ouv. cité, n°631. (Tome I, p. 130).

(3) Ouv. cité, n° 652, (Tome I, p. 132).

(4) Ouv. cité, n° 717-718 (vermeil doré pour Marly). « Deux pots à oilles avec les armes du Roy en relief, pesans 29 m. 2 o. 3 g. » L'absence des armes du roi qui, rapportées et ciselées sur l'épaulement du pot à

oille, devraient être visibles ici comme sur les pièces précédentes et suivantes, pourrait être expliquée en faisant observer que le « profil », donné aux dessins ne se prêtait pas à leur représenttaion et qu'en outre, leur but étant de donner des modèles aux orfèvres suédois, on avait supprimé ce détail, inutile pour eux. A titre documentaire, ajoutons que l'argenterie royale, outre les armes de Louis XIV, portait une marque composée de trois couronnes.

(5) Ces dauphins peuvent faire supposer que ce pot à oille servait aux personnes de la Maison de Monseigneur. On en rapprochera une nef (n° 413), ayant «à chaque bout, un dauphin ».


Planche 5.

(NATIONAL MUSEUM. — STOCKHOLM.)


Planche 6.

(NATIONAL MUSEUM. — STOCKHOLM.)


DE LA VAISSELLE DU GRAND ROI 217

semblablement, enlacés avec un sens artistique remarquable, une connaissance approfondie de la plasticité pouvant être demandée à une matière comme l'argent. Une forte moulure décorée d'un quadrillé aux intersections ponctuées d'une perle, et au centré duquel s'inscrit une fleurette; souligne avec discrétion les bords du couvercle ; légèrement convexe à son sommet, des interprétations d'acanthe figure un bouton. Le récipient repose sur des pieds en pattes de lion supportées par un coussinet de métal. Sous forme de feuilles d'acanthe, ils se prolongent et montent à l'assaut de la panse ou mieux du culot, dont ils épousent étroitement les contours et vont presque rejoindre les anses. Ces diverses parties complémentaires, conçues et façonnées avec adressé, suffisent à conférer à une lourde pièce de vaisselle une empreinte de grand style.

Le goût prononcé qu'eurent nos pères pour les épices pouvant trouver une complète satisfaction dans la préparation des sauces, il est naturel que les saucières apparurent très tôt sur leurs tables. Fabriquées le plus souvent en métal, elles ne devaient pourtant jamais connaître la richesse dispensée à certains autres plats.

Louis XIV, entre autres, possédait : « quatre saucières d'argent vermeil dore, ayant chacune deux anses et deux becs (1)... » Inscrites parmi les acquisitions de l'Inventaire de 1700, Nicolas de Launay put aisément en donner le.modèle à Cronstrôm, au cours de l'année 1,699. D'une grande simplicité de ligne, les caractéristiques de la saucière (planche 5, au bas), correspondent en principe — étant donné la concision du dessin — à ceux mis en évidence, par le redacteur de l'article mentionné. On retrouve les deux anses et un des deux becs chargé d'un coquille et de profondes cannelures. La disposition en gondole, en fait un prototype des saucières utilisées de nos jours.

Cronstrôm fit juxtaposer sur son dessin des ornements empruntés à deux pièces. Ceux du côté gauche, notamment accusent des combinaisons d'entrelacs, paraissent procéder directement des combinaisons ornementales géométriques que Berain se plut à faire entrer dans maintes compositions.

Si les pots : « pour le bouillon » en usage à la cour étaient employés pour la table, ils servaient également « à porter les bouillons de l'office aux salles éloignées et (à) les reschauffer ». Le pot à bouillon (planche 3, figure 2), pesait 4 marcs. On serait tenté de le

(1) Inventaire du Mobilier de la Couronne, ouv. cité, n° 794. (Tome I, p. 140).


218 RECHERCHES SUR QUELQUES DESSINS

rapprocher du pot à oille et d'émettre l'idée qu'il faisait partie d'un même service de vaisselle si les divergences remarquées entre la configuration des pieds ne paraissaient infirmer une telle supposition (1).

Cette influence de Berain se manifeste avec plus de force sur le sucrier (planche 6). Imaginé vers 1698, il correspond parfaitement à la définition faite par le dictionnaire de l'Académie en 1696. Sucrier : « petite vaisselle longue et ronde, dans laquelle on met du sucre en poudre et dont le haut est fait en dôme et percé de petits trous ».

Cette forme, exploitée à une époque où l'on ne disposait que de sucre en poudre, subsista bien après le début du XVIIIe siècle. La gravure s'alliait à la ciselure, pour sa décoration. On a vu de semblables pièces à l'exposition de 1926. Elles ne sont pas rares et il est seulement fâcheux que la multiplication des copies modernes les ait banalisées.

On relève dans l'Inventaire du Mobilier de la Couronne, trente six sucriers, de métal précieux. Leur description : « est trop sommaire, pour qu'on puisse émettre sur ce point aucune présomption bien assise. Ce que nous savons par exemple, c'est que sur ces trentesix sucriers, trois étaient en or et pesaient ensemble 8 marcs 3 onces 2 grains; que dix-huit étaient en vermeil et pesaient 30 marcs, 5 grains ; enfin que les quinze derniers étaient en argent et que leur poids s'élevait à 29 marcs, 7 onces et 6 grains. De tous ces petits vases, un seul est mentionné avec quelques détails; c'est un : « un sucrier d'or (2) à la moderne, cizelé d'ornements et par le milieu de trois testes antiques, avec les armes de France, le chiffre du Roy et trois couronnes gravées entre deux. » (3).

* * *

En juin 1709, Louis XIV, après avoir longuement hésité, décida la fonte de sa vaisselle précieuse. Il s'ouvrit de ce projet au conseil des Finances le 8 du mois, et : « témoigna pencher fort à recevoir la vaisselle de tout le monde » (1).

(1) Enregistré peut-être avec un autre pot plus grand, sous le numéro 716 (tome I, p. 135) : Deux pots à bouillon couverts ayant chacun une ance et un bec, portez sur trois pieds... ».

(2) Inventaire, ouv. cité, n° 800. (Tome I, p. 140).

(3) Havard, ouv. cité, article sucrier.

(I) Saint-Simon, tome XVII, page 105. Editions Boislisle. Les notices des pages 404 à 411, 566 à 568, du même volume, fournissent d'excellentes précisions sur les fontes de l'argenterie en 1709.


DE LA VAISSELLE DU GRAND ROI 219

Peut-être envisageait-on cette éventualité dernière, depuis plus de temps que nous le supposons.

En effet, tout un lot de « vaisselle, d'argenterie », avait été « pesé au garde-meuble de la Couronne, les 22 et 24 septembre 1708, en présence de M. du Metz du Rosnay et du sieur de Launay, orfèvre, pour être remise au sieur de Launay et en faire l'usage qui luy sera indiqué » (2). N'y a-t-il qu'une coïncidence ou cette dernière phrase n'est-elle pas dans son laconisme, un indice des plus explicites?

Aussitôt la décision de Sa Majesté adoptée, le 11 juin 1709, on porta de Versailles à Paris, chez de Launay : «la vaisselle et les filigranes d'or, les filigranes d'argent, l'argenterie de Siam et autres pièces d'or et d'argent que le Roy a ordonné être fondues » (3).

Le 6 septembre 1709, nouvelle fournée (4), puis les 15 et 16 décembée 1710 (5). Les fontes de la vaisselle royale, dans les creusets de Nicolas de Launay, paraissent se borner à ces quatre envois. La suite, s'il y eut une suite, dût être envoyée à la Monnaie (6),

On n'ignore, plus que le vieux roi sacrifia surtout sa vaisselle d'or (7) et il ressort de la lecture des textes qu'il « ne se mit pas en faïence », à l'exemple de ses courtisans, comme on a tendance à le croire.

La question ne fut qu' « agitée » et l'on préconisa finalement un compromis.

« Le roi et la famille royale se servirent de vaisselle de vermeil et d'argent ; les princes et les princesses du sang, de faïence » (7). Solution satisfaisante à tous égards, le prestige royal était sauvé, la hiérarchie respectée et l'exemple donné (1).

(2) Journal du Garde-Meuble de la Couronne. Arch. Nat., O1 3308, f° 36 (recto et verso), f° 37. (3) Ibidem, f° 63 (recto et verso). f° 64 (recto et verso), f° 65.

(4) Ibidem, f° 92 (verso), f° 93 (recto et verso).

(5) ... On indique deux voies à faire le bon citoyen : Launay, orfèvre du Roi et la Monnaie. Ceux qui donnèrent leur vaisselle à pur et à plein l'envoyèrent à Launay... (pages 408-409)... Ceux qui voulurent le prix de la leur l'envoyèrent à la Monnaie... (page 409). Saint-Simon, ouv. cité. Des pages furent arrachées au Registre-Journal du Garde-Meuble et il est possible que d'autres fontes échappent ainsi.

(6) Voltaire, dans son siècle de Louis XIV, ne s'y est pas trompé : « Le roi, dit-il, vendit (sic) pour quatre cent mille francs de vaisselle d'or ». Pas un mot de la vaisselle d'argent. Il est vrai que cela pouvait lui paraître quantité négligeable.

(7) Saint-Simon. Editions Boislisle, tome XVII page 412.

(1) Le roi conservait toujours 210 marcs de vaisselle d'or et 18.192 marcs de vaisselle d'argent ». Louis Carré. Les Poinçons de l'orfèvrerie française. Paris, 1928 in-4° (avant-propos page Vl).


220 RECHERCHES SUR QUELQUES DESSINS

Comme en 1689, Louis XIV ne devait pas tarder à regretter sa détermination. Il était de nouveau trop tard pour sauver les objets les plus curieux. Ce qui subsista de la vaisselle du Grand Roi ne connut pas un sort meilleur et il est à présumer que les dernières pièces en disparurent vers 1760, quand Louis XV renouvela le geste de son prédécesseur.

Roger-Armand WEIGERT.

APPENDICE.

Principales livraisons de vaisselle précieuse effectuées par Nicolas de Launay de 1709 à 1715, d'après le registre-journal du Garde-Meuble de la Couronne (Arch. Nat., O1 3308) (2).

15 octobre 1709 (f° 67). — Deux soucoupes rondes à pied d'argent vermeil.

21 décembre 1709 (f° 68 v°). — Une grande jatte ou terrine ovale d'argent pour servir dans l'office du chambellan.

18 décembre 1709 (f° 69 v°). — Une cave ou contre-caisse d'argent à trois séparations pour mettre 2 caraffes et 1 gobelet de cristal (3).

5 juillet 1709 (f° 88 v°). — Un grand réchaud d'argent [...]. - Un moién réchaud d'argent aussi [..]. — Un autre cadenas vermeil pareil [...]. — (Pour servir dans l'office du Gobelet-pain du roy).

12 septembre 1710 (f° 89). — Un cadenas de Vermeil [...]. - Un autre cadenas vermeil pareil [...]. (Pour servir dans l'office du Gobelet-pain du roy.)

10 octobre 1710 (f° 90). — Un réchaud d'argent à esprit de vin [...] avec sa lampe et couvercle [...].

15 novembre 1710 (f° 91 v°). — Un milieu de table d'argent composé d'un plateau chautourné [...] et une cuvette [...]. (Pour le service du chambellan.

24 octobre 1711 (f° 104). — Deux soucoupes rondes d'argent à pied ciselé de feuilles [...].

28 décembre 1712 (f° 124 v°). — Deux saucières d'argent [..]. (Pour le service du chambellan).

(2) Il ne s'agit ici que des pièces pour la seule Maison du Roi, abstraction de la vaisselle commandée pour les autres membres de la famille royale et des dons faits par Louis XIV à des ambassadeurs.

(3) Indiqué à nouveau le 24 Mai 1710, plutôt qu'une seconde livraison semblable. (Ibid., O1 3308, f° 82.)


DE LA VAISSELLE DU GRAND ROI 221

7 août 1713 (f° 137 v°). — Un couvercle ovale d'argent blanc, ciselé de godrons brunis, rosettes et feuillage, fait pour servir au milieu de table de l'office du chambellan [...].

6 juin 1714 (f° 151 à 152 v°). — Huit fruitiers d'argent doré pour la table du Roy, savoir quatre ronds et quatre ovales (n° 497 à 505 de l'inventaire).

16 juin 1714 (f° 153). — Deux casserolles. — Quatre couvre-plats (pour la Bouche). — Trois poèles à confitures, deux clayons d'argent (pour le Gobelet).

25 octobre 1714 f° 161 v°). — Douze compotiers d'argent doré, ronds, chantournés (pour la table du Roi.)

24 décembre 1714 (f° 162 v°). — Huit petites salières d'argent octogones et ovales (pour servir dans l'office du chambellan).

18 mai 1715 (f° 177 v°, par remplacement). — Une écuelle de vermeil.

20 mai 1715 (f° 178). — Un tranchant ou grand couteau d'argent. — Une grande fourchette d'argent. (Pour servir aux tables des officiers à Versailles...)


222

CHRONIQUES ET MÉLANGES

Les grandes Statues de la Cour du Château.

CHATEAU DE VERSAILLES. — Les grandes statues qui s'élevaient sur les balustrades entourant la grande cour d'entrée (appelée jadis avant-cour ou Cour des Ministres) ont été enlevées de leurs piédestaux et réparties en divers lieux, au cours de l'année 1931. C'est le moment de résumer leur histoire (1) et de désigner les emplacements où les marbres sont maintenant érigés.

Napoléon Ier, par un décret signé le 1er janvier 1810, publié dans le Moniteur du 10 février, ordonnait que « les statues des généraux : Saint-Hilaire, Espagne, Lasalle, Lapisse. Cervoni. Colbert. La cour (pour Lacoste, tué en Espagne), Hervo, morts au champ d'honneur, seraient placées sur le pont de la Concorde », à Paris. Les larges plates-formes ménagées par Perronet à l'appui des piles et destinées à des lampadaires en forme de pyramides, étaient au nombre de douze. Quatre places restaient encore libres. On adjoignit aux huit militaires morts à l'ennemi déjà désignés, deux autres ; Valhubert, tué à Austerlitz, Roussel, tué en 1807; deux places restaient libres encore.

Des sculpteurs primitivement désignés, quatre achevèrent leurs commandes : Deseine (statue de Colbert), Espercieux (Roussel), Calla(1)

Calla(1) les ouvrages suivants :

Statues du pont Louis XVI avec le plan et la coupe de ce monument dessinées et gravées par J.-N.-M. Frémy, peintre. Paris, chez M. Frémy et Jules Renouard, 1828, in-8, 68 p. et 12 gravures au trait.

Victor Bart. Notice historique sur les statues monumentales de la cour d'honneur du palais de Versailles. Versailles, impr. Cerf, 1892, in-12, 11 pages. — Du même : Les statues monumentales de la cour d'honneur de Versailles, dans « Réunion des Sociétés des beaux arts des départements », 1896, p. 432-437.

Paul Fromageot, Les statues de la cour du château de Versailles. Que faut-il en faire? dans «Archives de l'art français», nouvelle période, t. VII, 1913, p. 496508 (Mélanges Lemonnier).


CHRONIQUES ET MÉLANGES 223

mardi (Espagne) et Debay père (Valhubert). Aucun de ces colosses (d'environ quatre mètres de hauteur) ne fut posé sur le pont de la Concorde avant la chute de l'Empire.

Louis XVIII ne pouvait mettre à l'honneur les serviteurs de l'usurpateur, cependant il reprit la pensée de Napoléon et décida d'orner le pont Louis XVI (nouvelle dénomination de l'oeuvre de Perronet) par des statues de grands hommes de l'ancienne monarchie.. En conséquence, l'ordonnance royale publiée par le Moniteur le 18 février 1816, déclarait que 12 statues colossales et 4 trophées seraient exécutés. Les hommes d'Etat, les illustres guerriers désignés étaient :

Duguesclin et Bayard; Turenne et Condé; Sugef et Richelieu; Sully et Colbert; Tourville et Duguay-Trouin ; Duquesne et Condé.

Les statues étaient demandées à : Roland, Houdon, Ramey, Bridan, Stouf, Gois fils, Espercieux, Marin, Lesueur, Roguier, Milhomme et Dupesquier.

Houdon, trop vieux pour travailler encore, Roland, mort en 1816, furent remplacés par David (d'Angers) et Moutoni. Les statues furent exécutées à partir de 1817 et étaient placées sur le pont en 1828. La brochure illustrée de Frémy précitée et plusieurs gravures en apportent la preuve.

Quand Louis-Philippe fit rechercher dans les dépôts de la couronne les oeuvres d'art pouvant être affectées au musée historique qu'il organisait à Versailles, on lui signala l'existence aux Invalides de quatre statues de généraux de l'Empire, qui avaient été terminées et mises en dépôt; c'étaient les généraux Colbert, Espagne, Roussel et Valhubert. On les transporta, sur l'ordre du roi, à Versailles, et l'architecte Nepveu vit arriver ces énormes masses avec une vive surprise. L'idée vint aussi, de transporter dans la cour du château, transformé en temple des gloires françaises, les colosses du pont, redevenu de la Concorde, où leur silhouette était assez défavorablement appréciée. Mais, aux côtés de si illustres personnages, les généraux parurent faire pauvre figure. On voulait exposer au moins des maréchaux, et on tenta une métamorphose. Le sculpteur Laitié, ancien prix de Rome, reçut la tâche de changer la personnalité des statues en mo-


224 CHRONIQUES ET MELANGES

delant de nouvelles têtes et modifiant des accessoires des uniformes. Le marché fut conclu en 1835 pour 14.000 francs. Le général Valhubert (de Debay père), devint le maréchal Jourdan; le général Roussel (d'Espercieux), devint le maréchal Masséna; le général Espagne (de Callamard), devint le maréchal Lannes ; et le général Colbert (par Deseine) représenta le maréchal Mortier.

Les douze grands hommes du pont de la Concorde furent transportés à Versailles en 1836, ou début de 1837. Joints aux quatre maréchaux, ces illustres Français montèrent désormais la garde dans la grande cour du palais, précédant l'énorme statue équestre de Louis XIV (le cheval par Cartellier, le cavalier par Petitot), érigée malencontreusement en avant de la cour de marbre, rompant toute l'harmonie des bâtiments du petit château de Louis XIII, conservé, remonté et orné par le grand Roi.

Depuis de longues années, l'enlèvement des colosses gênants était projeté, mais toujours différé. Des opinions contradictoires avaient été développées et des plans avaient été discutés. On songea à placer les marbres géants autour de la place d'Armes, le long de l'avenue de Paris, sur les allées entourant la pièce d'eau des Suisses, au-delà du grand canal... aucun de ces projets n'ayant été adopté, on se résolut à la dispersion de l'ensemble; ce qui fut exécuté pendant l'année 1931. La répartition des statues a été accomplie de la façon suivante :

A l'Ecole militaire de Saint-Cyr : Duguesclin (par Bridan) ; Bayard (par Moutoni) ; Turenne (par Gois) ; Condé (par David d'Angers).

A l'Ecole navale, à Brest : Colbert (par Milhomme) ; Duquesne (par Roguier) ; Suffren (par Lesueur).

A Saint-Omer (Pas-de-Calais) : Suger (par Stouf).

A Rosny-sur-Seine (Seine-et-Oise) : Sully (par Espercieux).

A Richelieu (Indre-et-Loire) : Richelieu (par Ramey).

A Tourville (Manche) : Tourville (par Marin).

A Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) : Duguay-Trouin (par Dupasquier).

Quant aux quatre généraux dont on vient de retracer la métamorphose, ils ont été piteusement enfouis dans un dépôt, dont ils ne sortiront probablement plus... sic transit...

Comme conséquence de l'enlèvement des statues, les socles ont


CHRONIQUES ET MÉLANGES 225

été dérasés et toutes les balustrades de la cour restaurées. On a rétabli à l'entrée, de chaque côté, les deux beaux termes de bronze d'où coule un filet d'eau, hors un masque grotesque, dans une auge de pierre.

La disparition des grandes statues rend plus pénible la vue du colosse de bronze qui écrase de sa masse les façades discrètes de la cour de marbre; la question du déplacement du Louis XIV se pose avec urgence, mais où le porter?

Quand on aura débarrassé le château de cette masse gênante, le projet de restituer les grilles fermant la cour royale et les cours latérales pourra être mis à l'étude. Pour l'harmonie de l'édifice, comme pour la sécurité des collections qu'il abrite, le rétablissement des grilles est nécessaire. Les documents sont assez abondants et clairs pour permettre une restitution sûre.

G. B.

La Manufacture de Sèvres en 1931

Le Musée Céramique de la Manufacture Nationale de Porcelaines de Sèvres s'est enrichi au cours de l'année 1931 de 295 pièces nouvelles alors que l'année 1930 s'était montrée lamentablement au-dessous de la moyenne.

Le hasard, si toutefois il est permis d'employer ce terme imaginé, à.défaut d'autre, pour masquer notre ignorance, est peut-être pour quelque chose dans ces alternatives, mais la publicité résultant de l'activité des Amis de Sèvres et les expositions de l'été dernier contribuèrent aussi pour une large part à cet heureux résultat.

Un nombre, si éloquent soit-il, n'exprime que la quantité, un autre élément, bien plus intéressant est la qualité.

Or, si dans l'ensemble du legs Margueritte de la Charlonie, qui vient, après plusieurs années d'attente, d'échoir au Musée, comporte un certain nombre de pièces de qualité ordinaire, il renferme par contre un charmant petit vase de Potrat en porcelaine tendre de Rouen adroitement décoré d'arabesques en camaïeu bleu, inspirées de Berain ; c'est une pièce de valeur. La même collection comprend


226 CHRONIQUES ET MELANGES

encore trois vases Mycéniens rarissimes, des céramiques persanes des XVe et XVIe siècles, des bols à reflets, du XIIIe siècle de Raghès et enfin un lot de carreaux orientaux des XVe au XVIIe siècles.

M. le docteur Chompret, président des Amis de Sèvres, poursuivit ses libéralités en offrant au Musée une assiette fort curieuse de SaintClément et deux autres, l'une de Moustiers, l'autre de Strasbourg, absolument identiques : camaïeu bleu, représentant les armes de Charles de Lorraine et celles de Charlotte d'Orléans, son épousé ; le don est complété par une petite soucoupe de Bergerac du XVIIIe siècle dans le goût de Moustiers.

M. James Hyde, l'un des vice-présidents des Amis de Sèvres, a fourni cette année encore une preuve de l'intérêt qu'il porte au Musée : deux charmants médaillons ovales, pâte tendre d'Etruria, XVIIIe siècle, qui viennent de prendre place dans les vitrines. Ils reproduisent les profils du marquis et de la marquise de Rokingham.

Quelques nouvelles pièces de la fabrication parisienne de Nast ont été données par M. Fabius, ami fidèle de nos collections et M. Segredakis a comblé une lacune en enrichissant ces mêmes collections de quelques poteries vernissées byzantines.

Le. Musée était assez pauvre en céramique chinoise des hautes époques; grâce à Madame Lévy, nous pouvons exposer aux yeux du public une assiette en émail Céladon de l'époque Soung XIIIe siècle.

De M. Douville, membre de l'Institut, nous avons reçu une très belle collection de carreaux de revêtement, une grande fontaine en terre de Noran et des briques à inscriptions rapportées de la Susiane, Xe et XIe siècles de notre ère.

A citer encore des beaux carreaux de revêtement de Rubelles, don de M. Mangeant.

Pièces contemporaines : grès et faïences du regretté Methey, donnés par M. et Mme Guarnati. Céramiques de Jean Besnard, Beyer, Jean Gaziello, Giberot, Kiefer et M. et Mme Luc Lanel, toutes offertes par leurs auteurs à l'issue de l'exposition de l'an dernier,

L'Exposition Coloniale, elle aussi, a apporté un, intéressant tribut; plat de Fez de fabrication ancienne, gourde de Safi, don du docteur Herber; céramiques tunisiennes anciennes et modernes, don du Commissariat Général du Gouvernement tunisien et de M. Chemla. L'Indo-Chine, de son côté, a offert cinq vases, oeuvres des


CHRONIQUES ET MÉLANGES 227

élèves des Ecoles d'Art indigène et le Gouvernement letton un ensemble céramique de pièces anciennes et modernes.

M. Lechevallier Chevignard a tenu, comme les années précédentes, à ce que la fabrication de la Manufacture soit représentée par des pièces choisies parmi les meilleures dans l'ensemble de la fabrication de l'année. Le Musée lui-même a pu acquérir de ses deniers un sucrier en camaïeu vert, faïence de Marseille, XVIIIe s., une coupe de Decoeur, un vase en grès de Beyer, six grès de Methey et une terre cuite de Carriès. Un vase de faïence d'Avenard a été acheté par la direction des Beaux-Arts.

L'activité ne s'est pas limitée à l'organisation des expositions, elle se donne carrière dans le but de fournir plus d'importance documentaire aux collections sans leur enlever rien de leur charme d'art. C'est ainsi que les vitrines des porcelaines tendres et dures présentent un aspect nouveau plus séduisant, les pièces n'étant plus entassées et, par leur nouveau classement, plus documentaire.

La belle série des céramiques chinoises est en ce moment même l'objet d'un groupement logique qui permettra d'étudier dans les meilleures conditions les travaux et les efforts d'art accomplis par les Chinois pendant une longue suite de siècles, depuis les origines jusqu'à nos jours.

Les amateurs pourront apprécier sous peu le Haut intérêt présente par ces heureuses transformations.

Enfin, depuis quelques mois, le classement des archives du Musée, jusque-là assez éparses, a été entrepris. Il est en bonne voie de réalisation et d'ici peu de temps, les documents qui les composent, correspondance, notes sur les fabriques françaises et étrangères, photographies, etc. pourront être aisément consultées par tous ceux qu'intéressent les questions touchant l'art passionnant de la céramique.

MANGEANT.


228 CHRONIQUES ET MÉLANGES

Monuments Historiques

Classements effectués en 1931.

1° Immeubles.

20 décembre 1930. — Maisons-Laffitte : Hôtel Royal, avenue Richelieu (M. H.).

30 décembre 1930. — Verneuil-sur-Seine : église (M. H.).

12 janvier 1931. — Argenteuil : Château du Marais; porte principale (I. S.).

2 février 1931. — Maffliers : choeur de l'église (M. H.).

11 avril 1931. — Villiers-Ie-Bel : église (M. H.).

29 avril 1931. — Chalou-Moulineux : restes de l'église de Moulineux (I. S.) ; — Epône : pavillon de David, rue du Pavé (I. S.) ; — Etampes : portail de l'ancien prieuré, rue du Hameau de Bretagne (I. S.) ; — Etréchy : portail de la ferme du Touchet à Vaucelas (I. S.); — Saint-Hilaire : restes de la chapelle du Prieuré (I. S.); — Sucy-en-Brie : portail d'entrée du Château (I. S.);— Souzy-la-Briche : restes de l'ancienne église (I. S.).

4 juillet 1931. — Bruyères-le-Châtel : Eglise (M. H.).

7 octobre 1931. — Versailles : façades et toitures des baraques du Marché Saint-Louis (I. S.).

7 octobre 1931. — Rochefort-en-Yvelines : bâtiment Louis XIII et ruines de la tour du château (I. S.).

23 décembre 1931. — Ableiges : église (M. H.).

2° Objets mobiliers et immeubles par destination.

7 octobre 1930. — Sainte-Geneviève des Bois : borne à fleur de lys portant le n° 16 et située devant la maison dite « La Maréchaussée » sur le chemin G. C. n° 68 (I. S.).


CHRONIQUES ET MÉLANGES 229

12 janvier 1931. — Morsang-sur-Orge : borne ornée du bonnet phrygien n° 12, située au tord du chemin G. C. n° 25 (I. S.) ; — Saint-Michel-sur-Orge : borne à fleur de lys n° 13, sur la route de Versailles à Corbeil (I. S.).; — Savigny-sur-Orge : borne ornée du bonnet phrygien n° 10, au bord du chemin G. C. n° 25 (I. S.) ; 19 janvier 1931. — Dourdan (église) : coffre de la communauté des merciers, drapiers, épiciers de la ville de Dourdan, bois, 1733 (M. H.); — Banquette bois sculpté XVIIIe siècle (M. H.).

7 février 1931. — Limay (ermitage Saint-Sauveur) : 2 fragments de retable, bois peint XVe siècle (M. H.), la Mise au Tombeau, le Christ et six personnages, groupe, pierre, XVIe siècle (M. H.), le Christ aux liens , statue assise, bois XVe siècle (M. H.), le Christ enfant, statuette, marbre (volée).

21 juillet 1931. — Viry-Chatillon (église) : saint Nicolas, statue, pierre 1716 (M. H.).

8 octobre 1931. — Chérence (église) : la Vierge et l'Enfant, statue, pierre, XVe siècle (M. H.).

12 octobre 1931. — Saint-Rémy L'Honoré (église) : saint Rémy, statue, bois polychrome, XVIIe siècle (M. H.), la Cène, bas-relief, bois sculpté, XVIIe siècle (M. H.).

17 octobre 1931. — Chaumontel (église) : la Vierge et l'Enfant, statue assise, bois, XIVe siècle (M. H.), la Vierge et l'Enfant, statue bois, fin du XIVe siècle (M. H.), la Vierge de Pitié, groupe bois, XIVe siècle (M. H.).

17 octobre 1931. — Herblay (église) : bénitier, pierre sculptée daté de 1627 (M. H.).

21 novembre 1931. — Guernes (église) : le Christ en Croix, la Vierge, saint Jean; trois statues formant calvaire, bois commencement du XVIe siècle (M. H.).

11 décembre 1931. — Commeny (église) : la Vierge au milieu des apôtres, bas-relief, pierre peinte, XVIIe siècle (M. H.).


230 CHRONIQUES ET MÉLANGES

Une demande d'orangers pour Versailles en 1796

L'envoyé extraordinaire de la République française près la République de Gênes, adressait le 9 brumaire an V (30 octobre 1796), cette lettre aux administrateurs du département des Alpes-Maritimes, à Nice (1) :

J'ai reçu hier, Citoyens, une lettre du Ministre de l'intérieur, dont je joins ici la copie (2). Vous y verrez qu'il désire pour l'Orangerie de Versailles, que je lui envoyé des graines de Bigarrades, et d'autres espèces d'orangers, ainsi que quelques livres de Bayes de Laurier franc, le tout accompagné de renseignements et d'instructions précises dans sa lettre. Mon collègue s'imaginait que nous sommes, à Cênes, au milieu de forêts d'orangers, tandis que nous n'y avons que des châtaigniers (3).

J'ai pensé que le superbe climat de Nice vous donnerait le moyen de remplir ses intentions. Je crois qu'il se trouve, à Menton, un établissement d'arbres et de plantes qui appartient à la République. Je vous invite donc, Citoyens, au nom des sciences et de mon collègue Benézech, dont j'ai à coeur de seconder le zèle pour les servir, à charger quelque personne instruite dans votre département, de trouver les objets qu'il demande, de les faire emballer et partir pour Paris à son adresse. S'il y a quelques déboursés, vous voudrez bien me

(1) Arch. départ. des Alpes-Maritimes, liasse 126.

(2) Cette copie manque. Pierre Benézech, né à Montpellier en 1775, dirigeait une agence d'affaires avant la Révolution. Ses talents et son intégrité l'ont fait désigner comme ministre de l'Intérieur.

(3) Actuellement, toutes les petites stations de la côte ligurienne, comme Finale Marina, Varazze, Nervi, possèdent des plantations d'orangers, de citronniers, même de dattiers, et des jardins de végétation tropicale, dont le plus célèbre est le parc de la Villa Paravicini, étage au-dessus de Pégli.


CHRONIQUES ET MÉLANGES 231

le faire savoir et je vous en ferai repasser le montant. Il sera important que tout soit bien étiqueté et accompagné des instructions demandées. Salut et fraternité,

(signé) : FAIPOULT (1).

Cette lettre mit quatre jours pour parvenir à Nice, il y fut répondu le 15 brumaire, et c'est seulement le 23 que l'administration s'adressa au conservateur des jardins de Menton.

Elle témoigne des exigences de fonctionnaires parfois insuffisamment renseignés sur les ressources des régions, auxquelles ils s'adressent de Paris. Or, les régimes changent, mais les bureaux restent.

De telles demandes qui se multiplient, surtout en périodes de crise, ont donné lieu, pendant le blocus continental notamment, à des correspondances, qui seraient sans doute plus édifiantes encore, telles que celles relatives à la culture du coton « au flanc des Alpes-Maritimes ». Il serait également curieux de suivre les vicissitudes de certaines d'entre elles, et les solutions plus ou moins ingénieuses qu'elles ont reçues, au cours des transmissions officielles...

A un point de vue plus général, il est possible que cette demande d'orangers pour Versailles ne soit qu'une suite des extractions, auxquelles le Directoire avait décidé de procéder en Italie, dès le 19 mai 1796, et dont le général en chef donnait l'exemple, non pour lui-même d'ailleurs, témoin cette lettre du 1er juin, précisément à Faipoult ;

« Je vous choisirai deux chevaux parmi ceux que nous requérons à Milan; ils serviront à vous dissiper des ennuis et des étiquettes du pays où vous êtes. Je veux aussi vous faire présent d'une épée. »

Ainsi que l'a reconnu Gaffarel, dans son livre intitulé : Bonaparte et les républiques italiennes : « L'Italie était devenue une ferme qu'on exploitait sans pitié, et la guerre n'était plus qu'une opération financière bien conduite. » La France l'a bien éprouvé depuis.

Georges MAUGUIN.

(1) Notre ministre plénipotentiaire à Gênes, Faipoult de Maisoncelle, est né à Paris en 1752. Sorti de l'Ecole de Mézières, il démissionne comme capitaine du génie en 1780, pour se livrer a des études scientifiques. Secrétaire général au ministère de l'Intérieur, il est proscrit comme noble en 1793. Il est nommé ministre des Finances après le 9 thermidor, du 1er octobre 1794 au 12 février 1796. C'est un homme agréable, spirituel et instruit. Bonaparte l'estime beaucoup. A Gênes, il est l'âme du parti démocrate, contre le parti aristocratique, qui s'appuie sur l'Autriche et l'Angleterre.

16


232 CHRONIQUES ET MÉLANGES

La chanson du curé de Châtres

Le samedi 4 décembre 1700, Philippe d'Anjou, nommé roi d'Espagne, quittait la Cour à Sceaux pour aller prendre possession de son nouveau royaume. Le soir même, il arrivait à Châtres (Arpajon).

Là il fut comme de coutume harangué par les notabilités. Le lieutenant du bailliage d'Etampes, François de Dinan, lui fit des compliments ampoulés, quant au curé, l'abbé le Gastelier, il se contenta d'une chanson.

On a maintes fois déjà publié ces quelques vers ; si nous les offrons de nouveaux aux lecteurs dé la Revue, c'est qu'en classait aux Archives Départementales les papiers du prieuré de Saint-Eloi de Longjumeau (1), nous avons retrouvé le texte exact, et contemporain de cette petite chanson. On remarquera, à la fin, la note : « 50 pistoles », preuve que le curé fut royalement récompensé!

Malheureusement notre papier ne nous dit pas si le curé, après avoir reçu l'argent dit : Bis! au Roi, comme il paraît que le Roi l'avait dit au curé, après avoir entendu la chanson. Quoi qu'il en soit, voici copie du document :

(1) Série 4 H.


CHRONIQUES ET MÉLANGES 233

Harangue du curé de Châtres au Roy d'Espagne.

Comme je scay, Sire, il y a long temps, que les longues harangues sont ennuieuses et que les plus petites sont les meilleurs, ainsi, je me. contenteray de dire à V. M. que depuis son arrivée en cette ville

Les Bourgeois de Châtres Et ceux de Monthléry

Viennent tous à grande haste Vous chanter aujourd'huy : Petit-fils de Louys Que Dieu vous accompagne Et qu'un prince si bon, bon, bon, Cent ans et par dela, la, la, Règne dans les Espagnes.

50 pistoles.

H. LEMOINE, Archiviste Départemental.


234

Bibliographie de Seine-et-Oise

1929-1951

Le présent travail comprend exceptionnellement trois années, en vue de regagner le retard. Ensuite, la bibliographie pourra redevenir annuelle. N'y sont pas compris les Palais de Versailles et de Trianon, ainsi que la Topographie de Versailles. Cette tâche n'aurait pu être menée à bien sans de précieuses collaborations : je remercie particulièrement mes confrères Lesort et Lemoine, MM. Gaston Boudan et Emile Houth pour leurs dépouillements de revues et de journaux. Beaucoup de livres ont été trouvés dans la bibliothèque annexée aux Archives départementales de Seine-et-Oise.

Voici les abréviations adoptées :

A. M. E. : Amis du Musée d'Etampes.

A. V. S. G. : Ami du Vieux Saint-Germain.

C. A. : Conférence d'Argenteuil.

C. A. S. O. : Commission des Antiquités de Seine-et-Oise.

D. V. E. R. : Documents sur la Vie économique sous la Révolution.

M. S. P. V. : Mémoires de la Société de Pontoise et du Vexin. R. A. C. F. : Revue de l'Automobile Club de France. R. H. V. : Revue de l'histoire de Versailles.

PRÉHISTOIRE.

M. COUVREUR donne une Contribution à la.pétrographie de Seineet-Oise (1). Le docteur COTARD étudie les cimetières gaulois, galloromains et mérovingiens d'Argenteuil (2). M. Victor AUBERT parle

(1) C. A., p. 105-107.

(2) Ibid., p. 142-145.


BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1031 235

de Beynes préhistorique (3). Le regretté Léon SlLVESTRE DE SACY a relevé les signes lapidaires du donjon de la Montjoye, en forêt de Marly (4), la pierre à légendes du Pas du Roy et les blocs des « Deux Museaux», en forêt de Saint-Germain (5). Avec le docteur BAUDOUIN il a étudié le crâne trépané de l'allée couverte du Mississipi à Marly-le-Roi (6). M. Victor AUBERT donne une notice sur quelques grès préhistoriques du plateau de Champeaux à Montmorency (7) et décrit la mare de Fleuret à Thoiry, station néolithique robenhausienne (8). M. G. COURTY parle de l'habitat magdalénien en Seine-et-Oise préhistorique (8 bis).

ARCHÉOLOGIE.

Dans son Ile de France M. Edmond PlLON consacre plusieurs chapitres à Versailles et les Trianons, jardins de Seine-et-Oise, Mantes et la vallée de la Seine, Yveline et Hurepoix (9). M. Charles BRISSON publie aussi une Ile de France, avec illustrations de Gabriel Belot (10). M. Gaston BOUDAN consacre un long article aux tombes historiques de Seine-et-Oise (11). Mlle J. BALLOT étudie le décor intérieur au XVIIIe siècle à Paris et dans l'Ile de France (12). M. Fernand de L'EGLISE décrit le pays de l'Arthies, situé au nord de Mantes (13). Le comte de SAÏNT-PÉRIER cite une plaque de ceinture mérovingienne trouvée en 1908 à Boigneville (14) et la pierre tombale de la seigneurie de Bonnevaux actuellement au château de Morigny (15). M. Robert DUBOIS-CORNEAU étudie les cloches de

.Brunoy, données en 1769 par le célèbre marquis (16) et retrace la biographie des Godiveau, fondeurs de cloches (17).

(3) Ibid., p. 131-136.

(4) Ibid., p. 159-163.

(5) Ibid., p. 129-130.

(6) Ibid., p, 104-105.

(7) Tribune de Seine-et-Oise, 2 juin 1928.

(8) Indépendant de Rambouillet, 22 août 1930. (8) bis C. A. S. O., XLV-XLVI, p. 120-124.

(9) Grenoble, Arthaud, 1929 (Les Beaux Pays). (10 Elbeuf, Paul Duval. (11) Echo de Versailles, 3 mars 1931.

(12 Editions Van Oest, 1930. (13) Revue des Voyages, août et septembre 1929. (14) C. A. S. O., XLV-XLVI, p. 125-126. (15) Ibid., p. 133-152.

(16) Ibid., p. 163-189.

(17) Ibid., p. 190-197.


236 BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931

M. Gaston BOUDAN étudie les pierres tombales de l'église de Buc, du XVIe au XVIIIe siècle (18). On a consacré une notice à l'église StChristophe de Cergy (19). Le regretté Lionel de LA TOURASSE donne une notice sur une pierre tombale du XIVe siècle découverte par lui dans l'église de Chambourcy (20). M. l'abbé Jean de LAUNAY décrit l'église de Champagne-sur-Oise (21). M. Gaston BOUDAN retrace l'histoire de Châteaufort, décrit les ruines du donjon et les tombes de la famille de Nogent au cimetière (22). M. Louis BIGARD commente les inscriptions de l'église de Chatou (23). M. QUERVELLE décrit le château d'Ecouen (24) et M. LOTTE, le mausolée de Victor Charpentier, dans l'église d'Ennery (25).

Le regretté Maxime LEGRAND décrit une statue du Musée d'Etampes provenant des Mathurins (26), et M. Marcel AUBERT une statue du XIIe siècle dans le même Musée (27). M. de SAINT-PÉRIER y signale des carreaux de la Renaissance (28) et retrace l'histoire géologique de la vallée de la Juine à Etampes (29). M. MON JEAN parle d'un baptistère mérovingien à Fourqueux (30), M. Victor AUBERT décrit la crypte romane de Garancièrés, remontant peutêtre à la première église (31). M. Marcel PETIT décrit Haute-Ile, village troglodytique voisin de Mantes et chanté par Boileau (32). M. Gaston BOUDAN, dans un travail historique sur Jouy-en-Josas, cite le curé Hardy de Levaré (1736-1781 ) et le capitaine russe Paul Pietrow, mort de ses blessures chez Oberkampf le 20 avril 1814 (33). M. REGNAULT relève les bornes armoriées de l'ancienne abbaye de Chelles, sur les territoires de Livry, Clichy-sous-Bois, Vaujours (34). Le comte de SAINT-PÉRIER donne une ancienne vue du Mesnil Gi(18)

Gi(18) 4 avril 1929.

(19) Echo Pontoisien, 16 juillet 1931.

(20) A. V. S. G., n° 5, p. 16-18.

(21) M. S. P. V., t. XL, p. 109-120.

(22) Semeur, 18 avril 1929.

(23) C. A., p. 137-141.

(24) Larousse mensuel illustré, septembre 1929.

(25) Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français 1929, p. 201-209.

(26) A. M. E., n° 6, p. 25-28.

(27) Bulletin des Musées de France, novembre 1930.

(28) A.M.E., n° 6, p. 29-32.

(29) A. M. E., n° 9, p. 39-49.

(30) Echo de Rueil et de Saint-Germain, 10 juillet 1931.

(31) Indépendant de Rambouillet, 6 septembre 1929.

(32) Journal, 17 septembre 1929.

(33) Semeur, 5 décembre 1929.

(34) Société historique du Raincy (1929).


BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931 237

rault, près Etampes (35). M. COQUELLE étudie le cimetière galloromain de l'Ile Belle à Meulan (36). M. DELVILLE donne une troisième édition augmentée de son guide historique de Montfort-l'Amaury (37). M. JACOB décrit aussi Montfort-l'Amaury (38). M. R. de SAINT-PÉRIER parle d'un bracelet en schiste découvert à Morigny (39). M. Victor LE RONNE attribue au XIIIe siècle la croix d'Omerville, provenant de la commanderie de Louvières (40). M. Léon PLANCOUARD décrit une table-carte du XVIe siècle découverte à Pontoise (41). M. Gaston BOUDAN a relevé les tombes d'une famille Clemenceau à Rochefort en Yvelines (42). Le regretté André HALLAYS décrit les peintures de la vie de saint Louis à SaintCyr (43). M. Gaston BOUDAN parle de Sainte-Gemme et de sa chapelle, dans la forêt de Marly (44), M. A. CHAUDUN donne quelques notes sur les ruines gallo-romaines de l'ancienne forêt de SainteGeneviève des Bois (45). M. R. de SAINT-PÉRIER parle d'une bouteille gallo-romaine découverte à Souzy-la-Briche (46), et, dans ce même village, d'un manoir démoli en 1912 (47). M. Pierre CoQUELLE donne une monographie de l'église de Théméricourt (48). M. Gaston BOUDAN relève à Villiers-le-Bâcle la tombe de Mgr René des Moustiers Mérinville, aumônier de Marie-Antoinette, évêque de Dijon, puis de Chambéry, après le Concordat, mort au château de Versailles le 29 novembre 1829 (49).

HISTOIRE LOCALE.

M. Emile HOUTH consacre une étude détaillée aux couvents du tiers-ordre régulier de Saint-François dans le diocèse de Versailles

(35) A. M. E., n° 7, p. 47-49.

(36) C. A. S. O., XLV, XLVI p. 127-128.

(37) Rambouillet, Pierre Leroy (1927), 39 illustrations.

(38) Petit Journal, 12 juin 1929.

(39) A.M.E., n° 6, p. 33-35.

(40) Petit Mantais, 16 août 1930.

(41) Comité des Travaux historiques, Bulletin de la section de Géographie (1929), p. XXII, XXIII.

(42) Semeur, 2 janvier 1930.

(43) Journal des Débats, 18 mars 1928.

(44) Semeur, 11 juillet 1929.

(45) C. A. S. O., p. 129-132.

(46) A. M. E., n° 7, p. 43-46.

(47) Ibid., n° 9, p. 59-61.

(48) M. S. P. V., tome XXXIX, p. 124-131.

(49) Semeur, 11 avril 1929.


238 BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931

avant la Révolution. Franconville aux Bois, Rocquemont les Luzarches. N.-D. de Pitié à Limours, Saint-Nom de Jésus à Meulan (50).

La Conférence des Sociétés Savantes de Seine-et-Oise, tenue à Argenteuil du 1er au 3 juin 1928, a suscité d'excellents travaux historiques, réunis dans un volume de 200 pages publié en 1930 à Gap chez Louis Jean. M. l'abbé LASSAILLY a étudié Argenteuil à travers les âges (51). M. Robert MATHIEU l'abbaye royale de Montmartre et Argenteuil (52). M, DUCHAUSSOY les bans de vendanges d'Argenteuil et de Montmorency appliqués à la météorologie locale (53). M. P. Hoc la vigne et le vin d'Argenteuil (54), sujet traité aussi par M. Jules VERAN (55). M. l'abbé GÉRIN l'Hôpital d'Argenteuil à travers les âges (56). M. GIRARDIN le Musée d'Argenteuil (57). Mlle Anne-Marie BIDAL a soutenu en janvier 1931 à l'Ecole des Chartes une thèse sur le temporel du monastère Notre-Dame d'Argenteuil (58). M. Léon JANROT a signalé un faux recensement d'Argenteuil sous le Directoire (59), M. l'abbé PARCOT a consacré une longue, étude à la Sainte Tunique (60), M. Félix LORIN a rappelé que la fille de Molière, Madeleine, mariée à Claude de Montaland, est morte à Argenteuil en 1.723 (61 ).

Le docteur CHRISTEN a étudié Georges Mareschal, premier chirurgien de Louis XIV, seigneur de Bièvres, mort le 23 novembre 1736 Son successeur Germain Pichault de La Martinière, fut aussi seigneur de Bièvres (62). M. Léon MlROT a rappelé les villégiatures parisiennes à Bièvre depuis Eustache Deschamps jusqu'à Victor Hugo (63). M. G. COURTY a étudié l'Eau en Beauce autour du puits de Chauffour (64). M. G. BOUDAN rappelle que la famille de

(50) Extrait des Etudes Franciscaines ; 21 p.

(51) C. A., p. 36-40.

(52) Ibid., p. 47-64.

(53) Ibid., p. 118-128.

(54) Ibid., p. 170-179.

(55) Autour des pressoirs d'Argenteuil, Echo de Paris, 6 octobre 1931.

(56) C. A., p. 26-35.

(57) Ibid., p. 145-146.

(58) Positions de thèse de l'Ecole des Chartes. 1931.

(59) R. H. V., octobre-décembre 1930, p. 290-291.

(60) Une brochure. Paris, Bonne Presse.

(61) C. A., p. 20-22.

(62) R. H. V., janvier-mars 1931, p. 24, 32, 37.

(63) C. A., p. 64-69.

(64) Abeille d'Etampes, 4 février 1928.


BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931 239

Noailles, avant la Révolution, habita le château de Chaville (65).

M. Emile HOUTH a fait le 22 mai 1931 une conférence sur Le Chesnay à travers les âges (66). Mlle Cécile GAZIER retrace le transfert au Chesnay, en 1644 et 1656, des écoles de Port Royal près du château actuel de Rocquenconrt (67). M. Maurice-Pierre BOYÉ a publié en novembre 1931 un livre sur Chevreuse aux belles ombres (68). Un article anonyme a été consacré à la forêt de Bondy, de lugubre mémoire, à Notre-Dame des Anges et au château de Clichysous-Bois (69). M. Lucien NOEL a étudié la chapelle de N. D. des Anges, dont la fondation remonte au XIIIe siècle (70). M. REGNAULT a parlé du cimetière calviniste de Clichy-sous-Bois (71).

M. LEGRAND DALLIX a décrit la jolie ville d'Etampes (72). M. G. COURTY a étudié l'origine du nom d'Etampes (73) et d'Etréchy (74). M. H. MATAIGNE consacre une copieuse monographie à Franconville la Garenne depuis le IXe siècle (75). Un article anonyme a été consacré au vignoble garchois (76). M. Henri LEMOINE commente le livre de raison de Madame de Galard, châtelaine de Grignon de 1768 à 1792 (77). M. G. MAUGUIN publie une élégante plaquette de 49 pages. Un grand mariage au temps du Consulat : Ney au château de Grignon (78). Le comte de SAINT-PÉRIER donne une monographie des Villezan, seigneurs de la Tour de Guillerval (79).

M. Paul JARRY a parlé de l'abbaye d'Hérivaux près Luzarches (80). M. G. DUCLOS retrace l'histoire d'Hérouville du XIe au XVIIIe siècle (81). Il faut signaler, avec quel retard, un important ouvrage de M. Henri CLOUZOT : La Manufacture de Jouy et les toi(65)

toi(65) de Versailles, 1er janvier 1929.

(66) Echo de Versailles, 31 mars 1931.

(67) Revue Bleue, 18 avril 1931, p. 237, 243.

(68) (69) R. A. C. F., décembre 1929.

(70) Echo du Raincy, 23 août 1930.

(71) Société historique du Raincy, 1930.

(72) Revue du Touring Club de France, octobre 1931, p. 272-275.

(73) Réveil d'Etampes, 25 juillet 1931.

(74) Ibid., 29 août 1931.

(75) Pontoise et Paris, s. d., in-4°

(76) Républicain de Seine-et-Oise, 10 mars 1928.

(77) R. H. V., janvier-mars 1931, p. 40-46. (78) Versailles, J.-M. Mercier, 1930, in-8.

(79) A.M.E., n°7, p. 50-58.

(80) Intermédiaire des chercheurs.. 30 mars 1929, col. 249.

(81) M.S.P.V., t. XXXIX, p. 28-91.


240 BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931

les imprimées au XVIIIe siècle (82). M. Louis RAILLARD fait une promenade autour de Juvisy, au pont des Belles-Fontaines (83).

Richelieu séjourna en 1626 au château de Limours et en 1627 à Villeroy près Corbeil (84). M. Georges GOYAU célèbre le 9e centenaire du pèlerinage de Longpont (85). M. Louis GlLLET retrace le séjour de Benjamin-Constant à Luzarches (86). M. Ernest PRÉVOST fait un pèlerinage à Magny-les-Hameaux, le vallon d'Albert Samain (87). M. RlFFAULT relaté le séjour accidenté de Voltaire à Maisons-Laffitte (88). M. Maurice LOTTE raconte que le salon de musique de l'impératrice Joséphine fut transporté à Fourdrain, dans l'Aisne (89). M. Georges RAVON décrit un triptyque de Corot ornant une salle de bains à Mantes et aujourd'hui transféré au Louvre (90).

M. Edmond LERY étudie les travaux de Sébastien Truchet, de l'Académie des Sciences, à Versailles et à Marly (91 ). M. Jean LECOQ parle de Marly à l'époque de Louis XIV (92). M. J. TOUTTAIN consacre deux articles à l'Exposition rétrospective de Marlyle-Roi qui eut lieu l'été dernier (93 et 94). M. Roger HEIM a étudié Le Verduron, propriété de Victorien Sardou à Marly; on a célébré en 1931 le centenaire de sa naissance (95).

M. Emile HOUTH décrit le château de Médan (96), maintenant possédé par Maeterlinck; au XVIe siècle Jean de Brinon, conseiller au Parlement, y reçut Ronsard (97). M. THIBAUD étudie le jardin du château de Mesnil Saint-Denis (98). M. Houth fait l'histoire du couvent des Capucins de Meudon, le. premier qu'ils aient eu en

(82) Paris, Van Oest, 1926.

(83) Petit Journal, 2 décembre 1931.

(84) Revue des Deux Mondes, 1er août 1931, article de MM. G. Hanotaux et

duc de La Force.

(85) Figaro, 23 mai 1931.

(86) Ibid., 3 décembre 1930.

(87) Revue des Poètes, 15 décembre 1931, p. 229-233.

(88) Seine-et-Oise horticole, juin 1931.

(89) Revue de l'Art, janvier 1931, p. 37-40.

(90) Figaro, 17 mai 1929. (91) R. H. V., octobre-décembre 1929, p. 220-241.

(92) Petit Journal, 12 décembre 1931.

(93) R. H. V., octobre-décembre 1930, p. 300-302.

(94) Echo de Versailles, août 1931.

(95) Jardinage, novembre 1925.

(96) C.A., p. 147-152.

(97) Mercure de France, 15 avril 1925, p. 532-537.

(98) Bulletin de la Société nationale d'horticulture, mars 1929.


BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931 241

France (99). M. pierre COQUELLE a donné un travail approfondi sur la confrérie de Charité de Notre-Dame de Meulan, fondée en

1639, abolie en 1793 et disparue définitivement en 1849 (100). Le même, d'après les archives communales, a étudié des testaments de bourgeois de Meulan de 1498 à 1589 (101). M. Eugène DARRAS publie une monographie du prieuré grandmontain de Notre-Dame des bonshommes au Meynel lez Maffliers (1169-1791 ) (102). M. L. HUAN étudie les registres paroissiaux de Moisselles (103), M. Paul JARRY publie pour le Syndicat d'initiative une élégante plaquette sur Montfermeil, ses fiefs, son château (104).

M. Lucien NOEL a étudié l'ancien château de Montfermeil, oeuvre de Le Doux, et maintenant détruit (105) et a publié un volume sur Montfermeil et sa région, avec préface de M. Funck-Brentano (106). Dans un article, il évoque la Folie Joyeuse et ses propriétaires 107).

M. Henri LEMOINE a parlé des registres paroissiaux de Montgeron (108). Le comte René de MARTIMPREY raconte comment la marquise de Montgeroult fut sauvée de l'échafaud en 1793 (109). Un article anonyme relate les souvenirs séculaires du Château de la Chasse en forêt de Montmorency (110).

M. Henri BRAME a consacré deux savants articles à l'abbaye de Neauphle le Vieux qu'il habite (111). M. KUNTZ retrace l'histoire de Noisy-le-Grand (112). Le vicomte FLEURY évoque le premier souper de Louis XV à Pourras (Le Perray) (113).

M. André LÉSORT a relevé aux archives départementales de Seineet-Oise les sources de l'histoire de Poissy jusqu'à 1800 (114). M.

(99) Etudes franciscaines, 1929, p. 45-63.

(100) M. S. P. V., t. XXXIX (1929), p. 110-123.

(101) Ibid., t. XL, (2) p., 73-80.

(102) Pontoise, et l'Isle-Adam, 1928, in-8. Voir Echo Pontoisien, 18 avril 1929. (103) Tribune, 4 février 1928.

(104) Société historique du Raincy, 1930.

(105) Ibid.

(106) Aurillac, Poirier Bottreau.

(107) Echo du Raincy, 11 avril 1921.

(108) Intermédiaire... des curieux, 30 décembre 1931, col. 998-999.

(109) Figaro, 13 décembre 1930.

(110) Petit Journal, 18 juin 1930.

(111) Revue Mabillon, juillet-septembre et octobre-décembre 1931.

(112) Société historique du Raincy, 1930.

(113) Correspondant, 10 janvier 1928.

(114) M. S. P. V. XXXIX, p. 95-103.


242 BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931

PARGUEZ a consacré une étude détaillée aux capucins de cette ville (115).

Madame Odette Dufourcq-Latron a présenté à l'Ecole dés Chartes en janvier 1929 une thèse sur le Monastère royal de Saint-Louis depuis sa fondation en 1304 jusqu'à l'institution de la Congrégation réformée au début du XVe siècle (116). Soeur Mary-Hilarine SETLER a présenté à l'Université catholique d'Amérique une thèse sur Anne de Marquets, la célèbre poétesse dominicaine du XVIe siècle (117) qui a aussi attiré l'attention de M. Eugène DARRAS (118). M. Jacques MEURGEY identifie un Office des morts enluminé à la fin du XVIe siècle, par une religieuse de la famille parisienne Baillet, dominicaine à Poissy (119).

Un guide de Pontoise et de ses environs a été publié en 1931 par M. FAUTRAS (120). M. Maurice FEUILLÉ a étudié un Pontoisien célèbre, Nicolas Flamel (121). Le chanoine LEMAN, dans sa biographie de Madame Acarie (Marie de l'Incarnation) parle de son séjour au Carmel de Pontoise (122). Le baron de Renty, célèbre homme d'oeuvres du XVIIe siècle, dont le P. Albert BESSIÈRES a publié la biographie, eut une fille carmélite à Pontoise et y fonda l'hospice des Renfermés (123).

M. l'abbé LEFÈVRE publie un volume sur la paroisse Notre-Dame de Pontoise dans le passé, ses établissements, ses rues, ses habitants (124) et mariages et baptêmes parisiens à Saint-Martin de Pontoise (125). Mme S. MERCET a consacré deux articles à Porchefontaine, la belle forteresse de Pierre de Craon (126).

M. André HALLAYS a publié un livre sur les Solitaires de Port Royal, dans la collection Nobles vies, grands coeurs (127). M. l'abbé Georges DENIS, de Nantes, a consacré six conférences au ce(115)

ce(115) franciscaines, 1929, p. 589-604.

(116) Positions de thèses de l'Ecole des Chartes, 1929.

(117) Washington, 1931, in-8 de 149 p.

(118) M.S. P. V., XXXIX, p. 104-107.

(119) Bulletin Soc. Nat. Antiquaires de France, 1930, p. 102-107 (planche).

(120) A l'Echo Pontoisien, 7, place de la Harengerie, 9 francs.

(121) Echo Pontoisien, 5 mars 1931.

(122) Paris, Lethielleux, 1926.

(123) Paris, Editions Spes, 1931, in-8.

(124) Pontoise, s. d., 126 p.

(125) M. S. P. V., XL (2) p. 51-61.

(126) R. H. V., avril-juin 1929, p. 69-10 et octobre-décembre, p. 197-219.

(127) Plon, 1927.


BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931 243

lèbre couvent (128). Mlle Cécile GAZIER a publié l'histoire du monastère de Port-Royal, avec préface d'André Hallays (129) et a étudié un courtisan anachorète, Arnauld d'Andilly (130) et les Petites Ecoles, maîtres et élèves (131). Mgr G. AUDOLLENT a parlé de l'Education à Port Royal (132). Mlle Jane PANNIER a étudié une grande chrétienne, la Mère Angélique (133) et M. Gaston BOUDAN la sépulture de la famille Arnauld à Port-Royal (134).

Rambouillet a été l'objet d'importants travaux de M. LENOTRE (135), et de M. Louis DlMIER (136). M. Alfred GRANGER a publié un volume : Chroniques d'Yveline et de Hurepoix (137), et de courtes études : Une ancienne carte du domaine de Rambouillet et le château comparé à l'état actuel d'après un inventaire de 1832 (139), et les mérinos de Rambouillet (140), M. Octave AuBRY a consacré aussi une chronique à ce château (141).

On a publié un volume : Manuscrits et médailles du château de La Roche-Guyon (142) et un article anonyme (143). M. Louis BlGARD a retracé savamment l'origine de Rueil (144). A Saint-Brice était situé le fief de Mauléon, dont Catherine Gary porta le nom. Elle eut des démêlés au sujet d'un prêt avec la succession de Bossuet relatés par l'abbé CARRIÈRE (145). M. J. DANIEL cite trois bretonnes à la Maison royale de Saint-Cyr, les demoiselles de Goulhezre, de Crozon (146).

Nous nous excusons de signaler si tard le monumental ouvrage, honoré d'une préface de Mgr Baudrillart, que M. l'abbé Pierre

(128) Nantes, Maison de la Bonne Presse.

(129) Perrin, 1929.

(130) Correspond, 10 novembre 1931, p. 321-345.

(131) Revue Bleue, 4 avril 1931, p. 212-215.

(132) Ecole, 27 novembre 1931.

(133) Issy-les-Moulineaux, éditions Je Sers.

(134) Semeur, 27 août 1931.

(135) Calmann Lévy, 1930.

(136) Les Châteaux de France, 1931.

(137) Rambouillet, Pierre Leroy, 1927, 230 p.

(138) C. A. S. O., XLV, XLVI, p. 153-156.

(139) Ibid., p. 157-162.

(140) D. V. E. R., p. 72-74.

(141) Candide, 11 septembre 1930.

(142) Giraud Radin, 1927, in-4°,

(143) R. A. C. F., février 1929.

(144) R. H. V., juillet-septembre 1929, p. 163-170.

(145) Revue d'Histoire de l'Eglise de France, octobre-décembre 1931, p. 475-482.

(146) Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. LV (1928).


244 BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931

TORRY a consacré à Saint-Germain, une paroisse royale, origine et histoire (147).

Le 17 juillet 1930 ont eu lieu les obsèques de M. Lionel de la Tourrasse, conservateur de la Bibliothèque, dont il avait mis les joyaux" en valeur notamment les « Oraisons et prières de Saint Pierre de Luxembourg, enluminées au XIVe siècle (148), M. Alphonse POUX discute une question de philologie locale : faut-il dire SaintGermanois ou Saint-Germinois (149). M. Stéphane LAUZANNE étudie l'origine du nom de Saint-Germain (150). En parlant des Francine, M, Albert MOUSSET a cité les travaux exécutés au Château Neuf de Saint-Germain sous Henri IV (151). M. Jean STERN, dans un ouvrage sur l'architecte du XVIIIe siècle Bélanger, a cité aussi des travaux à Saint-Germain (152).

M. Charles MONTJEAN a étudié les moulins du rû de Buzot et les gibets ou fourches patibulaires (153), la fontaine de Charles IX et la Tour du Carrefour (154), et a fait le 28 février 1931 sur les vieux hôtels historiques de Saint-Germain une conférence qui sera publiée (155). M. Maurice MÉRY a étudié la source Sainte-Catherine ou la fontaine de Catherine de Médicis (156). M. Marcel DANIEL résume l'histoire du château de l'an 1000 à 1867 (157). Le janséniste Mesenguy, auteur d'Hymnes du bréviaire de Paris, évoqué par M. Octave LECLANCHER, se retira en 1748 à Saint-Germain, où il mourut en 1763 (158). M. P. M. BONDOIS a étudié la garenne de Saint-Germain-en-Laye et le terroir de Croisy-sur-Seine en 1660 (159).

M. Albert SCHUERMANS a parlé de Saint-Leu la Forêt et de ses souvenirs historiques (160). On a étudié le blason de Saint-Ouen

(147) Mayenne, Floch, in-8, XVI-330 p.

(148) A. V. S. G., n° 9, p. 7-13.

(149) Ibid., p. 27.

(150) Echo Pontoisien, 5 juin 1930.

(151) Les Francine, Mémoires de la Société de l'Histoire de Paris, t. LI.

(152) Plon, 2 vol. in-8, 1930.

(153) Bulletin du S. I., août 1931.

(154) Bulletin du S. I., juin 1930. (155)

(156) Ibid., juin 1931.

(157) Journal de Poissy, 21 août 1930.

(158) A. du V. S. G., n° 9, p. 24-25 (joli portrait).

(159) Bulletin du Comité des travaux historiques, 1928-1929, p. 91-102.

(160) Petit Parisien, 3 juillet 1931.


BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931 245

l'Aumône (161). M. G. BOUDAN a parlé de Madame Timbert, amie d'Archambault, piqueur de Napoléon Ier, qui mourut à Sannois (1.62). M. GUÉRIOT a écrit un livre sur Sartrouville (163). M. Robert de COURCEL a consacré une; étude approfondie à la forêt de

Sénart (164).

M. Gaston BOUDAN parle de la famille Aubusson de Caverlay, originaire de la Marche, qui donna un maire à Thiverval (165) et de la famille Pluchet, à Trappes, du XVIIIe au XXe siècle (166). M. Maurice FEUILLÉ relate le séjour de Corot à Valmondois (167).

Mlle Agnès JOLY consacre une étude intéressante aux Archives, municipales de Versailles et montre tout ce qu'elles offrent au chercheur (168). M. Albert MOUSSET, dans le livre cité plus haut sur les Franchie (151), parle des Grandes Eaux de Versailles. M. G. LENOTRE a fait une recension de ce livre (169). M. UNGERER au dernier chapitre d'un livre décrit l'horloge actuelle du Palais de Versailles (170). La Tribune de Saint-Gervais, en 1929, a publié des articles sur les orgues et organistes de Notre-Dame de Versailles (171). Le docteur BONNET étudie les apothicaires de Versailles (172). M. Edmond LERY a donné deux articles sur le théâtre de la Montansier (173), et M. Alfred HACHETTE à parlé des turbulents petits pages et de M. Amelot (174).

M. Robert de COURCEL consacre une grande monographie à Vigneux-sur-Seine (175). M. Henri LEMOINE publie de très intéressantes notes historiques sur Villepreux, dont La Balue, Retz et Francine furent seigneurs (176). M. Léon RISCH étudie Grimod de La Reynière, le fameux gourmet, seigneur de Villiers-sur-Orge (177).

(161) Echo Pontoisien, 30 juillet 1931.

(162) Revue des Etudes Napoléoniennes, janvier 1931, p. 52-54. (163) Articles du Journal de Sartrouville.

(164) Mémoires de la Société de l'Histoire de Paris, t. L (29 planches) 439 p.

(165) Semeur, 4 septembre 1930.

(166) Ibid., 21 novembre 1929.

(167) Echo Pontoisien, 22 octobre 1931.

(168) R. H. V., avril-juin 1931, p. 59-65.

(169) Echo de Versailles, 26 mai 1931.

(170) Horloges et édifices, Gauthier Villars, 1926; 334 p.

(171)

(172) Pharmacie française, juillet-septembre 1930.

(173) Echo de Versailles, 3 et 17 mars 1931.

(174) R. H. V., janvier-mars 1929, p. 13-34.

(175) Evreux, Charles Hérissey, 1928, in-8.

(176) R. H. V., avril-juin 1931, p. 66-86.

(177) Gazette de Seine-et-Oise, 12 novembre 1931.


246 BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931

M. A. LAROQUE, maire de Yerres, publie une brève, mais intéressante notice historique sur cette commune, ses origines et curiosités historiques (178).

HISTOIRE CHRONOLOGIQUE.

M. Louis BlGARD a étudié le Domaine fiscal de Rueil au temps dès invasions normandes et à la fin du Moyen-Age (179). Mlle Hélène FRÉMONT a présenté à l'Ecole des Chartes en janvier 1930 une thèse : Etudes sur la forêt de Saint-Germain en Laye du XIe au XVIIIe siècle (180). Le regretté Maurice PROU, directeur de l'Ecole des Chartes, a étudié une ville ouverte au XIIe siècle, Etampes (181). Le regretté Joseph DEPOIN a recherché les origines de la maison de Montmorency (182). M. Henri. BRAME étudie un syndicat agricole en Ile-de-France au XIIIe siècle (183) et M. André LAPEYRE; le camp royal de Mantes en juillet 1468 (184).

M. Paul DUPIEUX, archiviste-adjoint de la Seine, a donné un ouvrage important sur le Bailliage et les institutions royales d'Etampes au début de l'époque moderne (1478-1598). (185). Parmi les Lucquois auxquels M. Léon MIROT a consacré de suggestives études, certains comme les Céname devinrent français. L'un d'eux, seigneur de Luzarches, de Vaux-sur-Orge et d'Ablon, fut enseveli dans ce dernier village en 1508 (186).

Le 1er novembre 1931 la Société de l'Histoire du Protestantisme français a fait apposer une plaque commémorative du Colloque de Poissy (9-26 septembre 1561), qui eut lieu dans le réfectoire de l'abbaye; le portail seul subsiste (187).

M. Paul DUPIEUX consacre une étude à la Défense militaire d'Etampes au XVIe siècle (188). M. Ernest MALLET, ancien maire de

(178) Villeneuve-Saint-Georges, Desbouis, 1930, in-8 de 32 p. (plans, gravures).

(179) 1929, in-8.

(180) Positions de thèses de l'Ecole des Chartres, 1930.

(181) Mélanges d'histoire offerts à M. Henri Pirenne, 1926, in-8, p. 379-389.

(182) M. S. P. V., XXXIX, p. 108-109.

(183) Revue d'Economie rurale, mars-avril 1929.

(184) R. H. V., janvier-mars 1930, p. 16-23. (185) Versailles, J.-M. Mercier, 1931, 283 p.

(186) Etudes lucquoises, Champion, 1930, p. 186,

(187) Bulletin d'octobre-décembre 1931, p. 519-520.

(188) R. H. V., octobre-décembre 1930, p. 273-289.


BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931 247

Pontoise, a relaté les démêlés entre prévôt et lieutenants de baillis de Senlis à Pontoise aux XVIe et XVIIe siècles (189).

XVIIe SIÈCLE.

M. Jean GRIMOD a étudié Pascal dans la vallée de Chevreuse (190). Sous ce titre : Un cas de conscience du grand roi, le chevalier de Lorraine et Henriette d'Angleterre, Madame Marthe BASSENNE, évoquant le drame mystérieux de Saint-Cloud en 1670, se prononce pour l'empoisonnement (191). M. Victor LE RONNE raconte l'ambassade du chevalier Alexandre de Chaumont, natif d'Arthieul, près Magny en Vexin, auprès du roi de Siam en 1685 (192).

A propos de lettres de Louis XIV publiées par M. Pierre Gaxotte, M. G. LENOTRE évoque le mariage du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, en décembre 1697 (193).

Les Mémoires de François Hébert, curé de Versailles de 1686 a 1704, publiés par Georges Girard avec préface de l'abbé Brémond, parlent de la fameuse affaire du quiétisme (194).

M. Paul JARRY a publié de beaux volumes : La Guirlande de Paris et Les Maisons de plaisance aux XVIIe et XVIIIe siècles : le second comprend la Celle Saint-Cloud, Meudon, Savigny-sur-Orge, Versailles et Viroflay (195). M. Gaston BOUDAN a retracé l'oeuvre de Le Nôtre dans le Mantais (196). Le château de Clagny, construit par Mansart pour Madame de Montespan, est souvent mentionné par M. André MAUREL dans le livre qu'il a consacré à la duchesse du Maine (197).

M. l'abbé L. LEFEVRE consacre un article au séjour du cardinal de Bouillon à Saint-Martin de Pontoise (198). M. Albert CHÉREL,

(189) C. A., p. 40-46.

(190) Petit Journal, 18 juin 1930.

(191) Plon, 1930, in-16.

(192) M. S. P. V., XL (2), p. 67-69.

(193) Echo de Versailles, 22 septembre 1931.

(194) Editions de France, 1927, in-8, 331 p. (195) Contet in-folio.

(196) Semeur, 19 septembre 1929.

(197) Hachette, 1928, in-8.

(198) M. S. P. V., XL, p. 65-96.

17


248 BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931

dans la biographie de Rancé, rappelle l'hospitalité reçue par le roi d'Angleterre Jacques II à Saint-Germain (199).

Les Lettres de Madame de Maintenon (1708-1716), données à la bibliothèque de Versailles par la comtesse de Gramont d'Aster, ont été soigneusement commentées par M. Victor GLACHANT (200). Préparant une nouvelle édition de ses oeuvres, M. l'abbé Marcel LANGLOIS consacre plusieurs pages à la directrice fort autoritaire de la Maison de Saint-Cyr (201).

XVIIIe SIÈCLE.

M. Gaston BRIÈRE étudie un portrait de Louis XV par LouisMichel Van Loo à la bibliothèque de Versailles (202). Le P. Abel DECHÊNE a consacré un excellent volume à un prince méconnu, le Dauphin, fils de Louis XV (203). M. Henri BRAME étudie l'action des intendants au XVIIIe siècle pour le maintien à la terre (204). M. Emile HOUTH donne une notice sur un peintre vexinois, Jean-Martial Frédou, pastelliste, né à Fontenay-Saint-Père en 1710 (205). M. Louis RÉAU parle de Jean-Baptiste Defernex, sculpteur du duc d'Orléans (1729-1783) dont certaines oeuvres sont à la Manufacture de Sèvres (206). M. l'abbé LEFÈVRE parle du mariage de M. de Lameth (5 octobre 1757) (207). M. Henri Lemoine retrace la biographie du marquis de Briges, commandant de la Grande Ecurie (208).

Mlle Elise MAILLARD consacre un volume à Houdon (209). M. Paul VlTRY étudie Houdon dessinateur (210) et décrit un buste de la collection Camondo, la Négresse. M. Gaston BRIÈRE a fait une conférence sur Houdon portraitiste (212).

(199) Paris, Flammarion, 1930, in-16.

(200) Versailles, J.-M. Mercier, in-16 de 64 p.

(201) Revue Historique, novembre décembre 1931, p. 276-284.

(202) Bulletin des Musées de France, décembre 1931, p. 232-234.

(203) Editions du Dauphin, 39, rue Vaneau.

(204) Revue d'Economie rurale, novembre-décembre 1929.

(205) M. S. P. V., XXXIX, p. 93-94.

(206) Gazette des Beaux-Arts, juin 1931, p. 349-365.

(207) M. S. P. V., t. XL, p. 107.

(208) R. H. V., juillet-septembre 1929, p. 181-187.

(209) Editions Rieder, 1931.

(210) Beaux-Arts, 1er avril 1928.

(211) Gazette des Beaux-Arts, novembre 1931, p. 307-312.

(212) C. A., p. 142.


BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931 249

M. Bernard FAY, dans ses Débuts de Franklin en France, donne des détails intéressants sur la réception de l'homme d'Etat américain à Versailles, le 20 mars 1778 (213). M. Joseph DEPOIN raconte sous le titre : La Folie Joyeuse, un grand mariage à Montfermeil, la journée du 21 mai 1787, où le marquis dé la Tour du Pin Gouvernet épousa Henriette Lucy Dillon (214). M. F. LORIN rappelle le séjour de Mirabeau à Argenteuil; le père y est mort le 11 juillet 1789 et son fils y habita le château du Marais (215). M. Lucien NOEL consacre un article à M. de Sainte-Fàrre, dernier abbé de Livry, fils naturel du duc d'Orléans, mort en 1825 (216). M. Jean MARCHAND publie les Mémoires de la chanoinesse de Franclieu, dernière abbesse d'Yerres, morte en 1814 à 84 ans (217).

RÉVOLUTION FRANÇAISE ET EMPIRE.

M. R. HENNEQUIN raconté la nuit du 4 août 1789 d'après le constituant Parisot (218). M. VAILLANDET traite de Robespierre et des Amis de la Constitution à Versailles d'après un manuscrit dé la bibliothèque de cette ville (219). M. G. MAUGUIN relate la réception à Versailles des soldats suisses de Chateauvieux (220). M. A. DEFRESNE étudie quelques faits d'histoire économique (221) et les mesures prises sous la Révolution pour le maintien de l'ordre dans les communes des environs de Versailles (222). M. F. EVRARD relate les mesures prises par la Commission des subsistances de l'an II dans le département de Seine-et-Oise (223).

M. Georges GlRARD donne une belle vie de Lazare Hoche (224). Mlle Mathilde ALANIC étudie le mariage de Hoche (225) et M. Gaston DESTRAIS son portrait par Ursule Boze (226).

M. Pierre de NOLHAC consacre deux importants articles à Ver(213)

Ver(213) de Paris, 1er février 1931, p. 601-604.

(214) M. S. P. V., XL (2), p. 35-50.

(215) C. A., p. 23-25.

(216) Echo du Raincy, 6 juin 1931.

(217) Paris, Didot, 1931.

(218) Révolution française (1927), p. 17-22.

(219) Annales historiques de la Révolution française, janvier-février 1931. p. 49. (220) R. H. V., juillet-septembre 1930, p. 230-248.

(221) D. V. E. R., p. 57-62.

(222) Ibid., (1922-1927), p. 63-71.

(223) Ibid., p. 91-96.

(224) Gallimard, 1926.

(225) Perrin, 1928.

(226) R. H. V., janvier-mars 1929, p. 51-66.


250 BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931

sailles sous la Révolution (227). M. Alfred HACHETTE étudie l'affaire Mique : Richard Mique, auteur du Hameau de la Reine, fut victime de la Terreur (228). M. Henri JANIN fait la biographie d'Augustin Rousseau, maître d'armes du Dauphin, propriétaire du château de Beauplan, près Saint-Rémy les Chevreuse, aussi victime de la Terreur (229). M. Pierre ROBIN étudie le séquestre des biens ennemis sous la Révolution française (230) et M. A. GUÉRIN la confiscation de la maison dé campagne du comte de Mercy-Argenteau à Chennevières (Conflans Saint-Honorine) (231).

M. André LESORT raconte une grève de boulangers à Corbeil en mai 1789 (232). M. Emile AUVRAY publie un premier fascicule de, l'Histoire de Dourdan pendant la Révolution française (1787-10 août 1792) (233). M. Albert MATHIEZ parle de la paroisse d'Ermont contre son curé (234). M. Léon MOINE donne une biographie de Charles Dupré, huissier, commissaire de police et premier imprimeur d'Etampes (235). M. J.-J. GORNEAU étudie le marquis JeanJoseph de la Borde, garde du trésor et le premier président de la Chambre des comptes, Nicoly, victimes de la Terreur (236). M. Léon JANROT a continué l'histoire d'Herblay : Un village d'autrefois sous la Révolution (237). M. Lucien NOEL a étudié le canton de Livry sous la Révolution (238). M. Léon VlBERT parle d'une école d'aérostation à Meudon en 1790 (239). M. L. HUAN retrace une page d'histoire locale : Moisselles, Salaires et marchés des céréales et du pain en 1794 (240). M. Lucien NOEL a étudié le tribunal à Montmorency pendant la Terreur (241). M. A. GRANGER traite de la forêt de Rambouillet à l'époque révolutionnaire (242), M. F. BOULÉ de l'extraction révolutionnaire du salpêtre dans le dis(227)

dis(227) Universelle, 15 avril et 1er mai 1930.

(228) Perrin, 1928, in-16.

(229) Versailles, Mercier, 1928, in-8.

(230) Paris, Editions Spes, 1929, 384 p.

(231) R. H. V., juillet-septembre 1929, p. 207-229.

(232) D. V. E. R., p. 84-90.

(233) Rambouillet, 1929, 103 p.

(234) Annales historiques de la Révolution française, 1929, p. 486-491.

(235) C. A., p. 12-20.

(236) A. M. E., 1926-1929, p. 26-38.

(237) Gap Louis-Jean, 1929, 414 p.

(238) Echo du Raincy, 14 février 1929 et Société historique du Raincy (1929).

(239) L'Illustré du Petit Journal, 22 novembre 1931.

(240) Tribune, 4 août 1928.

(241) Ibid., 26 avril et 3 mai 1930.

(242) D. V. E, R., p. 78-79.


BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931 251

trict de Versailles (243). M. F. LORIN public une curieuse affiche de vente à Paris, le 25 octobre 1792, de meubles provenant des châteaux royaux (244). Un anonyme (245) et M. R. Boulanger ont évoqué le souvenir d'André Grétry, mort à Montmorency le 24 septembre 1813 (246). Le domaine du Raincy fut confisqué sur le fameux Ouvrard (247).

Madame Campan, assistante de Napoléon, directrice de l'institution à Saint-Germain, et surintendante d'Ecouen a été étudiée dans un livre de Madame Gabrielle RÉVAL et dans deux articles de M. Marc VARENNE (249) et Gaston BOUDAN (250). Il est aussi question d'elle dans les Mémoires de la reine Hortense, publiés en 1928 par M. Jean HANOTEAU (251). M. Louis BlGARD évoque la SaintNapoléon à Rueil et les événements de 1814 (252). Le regretté Gabriel VAUTHIER décrit Versailles et Seine-et-Oise pendant les Cent Jours d'après les rapports de police (253).

DEPUIS 1815.

L'évasion de La Vallette, qui possédait le château de La Verrière, a été rappelée dans plusieurs articles (254 et 255). M. Georges CALLON a consacré un travail savant au Mouvement de la population en Seine-et-Oise de 1821 à 1920 (256). On a rappelé les promenades à âne du jeune duc de Bordeaux dans la forêt de Montmorency (257). Un livre de Mgr LE ROY sur le P. Frédéric Le Vasseur, parle de la pension de M. Millet à Versailles très fréquentée vers 1830 par les candidats aux grandes écoles (258). Rambouillet

(243) Ibid., p. 119-124.

(244) Ibid., p. 97-98.

(245) Echo Pontoisien, 19 septembre 1929.

(246) Progrès de Pontoise, 4 août 1928.

(247) Echo du Raincy, 17 mai 1930.

(248) Albin Michel, 1931.

(249) Petite Gironde, 26 août 1931.

(250) Echo de Versailles, 13 janvier 1931 : Madame Campan à Mantes.

(251) Plon, 1928, in-4.

(252) R.H.V., 1929, tirage à part.

(253) Ibid., janvier-mars 1930, p. 24-37.

(254) Echo de Versailles, octobre-novembre 1930. (255) R. A. C. F., février 1930.

(256) R. H. V., janvier-mars 1930, p. 38-74.

(257) Echo Pontoisien, 29 août 1929.

(258) Paris, 1930, in-8, p. 24-25.


252 BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931

il y a cent ans et une élection législative à Rambouillet ont été évoqués par M. F. LORIN (259, 260).

Les Mémoires d'Alexandre DUMAS père décrivent la fameuse marche des Parisiens sur Rambouillet après la Révolution de juillet (261). M. Pierre FRANCASTEL consacre un long article au Palais de Versailles sous Louis-Philippe (262). M. Louis GUIMBAUD rappelle que la famille d'Adèle Foucher, femme de Victor Hugo, résida à Fourqueux en 1835 et que Léopoldine y fit sa première communion en 1836 (263). M. Louis MORET a parlé aussi de ce séjour (264). A Champlatreux résida Madame d'Arbouville, dont les lettres à la marquise de Vogué ont été récemment publiées (265). C'était le château du comte Molé, ministre de Louis-Philippe, dont le comte de Noailles vient de publier la biographie en six volumes avec extraits de correspondances (266). Le comte Molé se présenta aux élections législatives en 1849 (267).

A Montfermeil mourut le 16 octobre 1847 Monseigneur Guillon, évêque de Maroc, dont Rome n'avait pas accepté la désignation pour Beauvais, à cause de son rôle à la mort de l'abbé Grégoire (268). M. Gaston BOUDAN rappelle aussi la mort, en 1854, à Eaubonne, du général comte Antoine Merlin (269). Le même auteur signale que le poète polonais Adam Mickiewicz reposa au cimetière de Montmorency (270). Il y avait dans cette ville une colonie de patriotes polonais.

Sous ce titre : Souvenirs de 80 ans sont publiés des extraits des Mémoires inédits de Madame de Nicolay, qui vécut à Osny, près Pontoise (271). M. Emile HOUTH consacre une notice à AndréFrançois Michaux, fondateur de l'Ecole d'horticulture de Seine-etOise (272). Le chanoine MABILE consacre une copieuse biographie

(259) Indépendant, 2 février 1928.

(260) Ibid., 30 mars 1928.

(261) Editions de France, préface de Raymond Recouly.

(262) Revue de Paris, 1er septembre 1930, p. 52-78.

(263) Figaro, 18 mai 1929.

(264) Illustration, 24 août 1929.

(265) Correspondant, 10 septembre 1931, p. 641-671.

(266) Champion.

(267) Intermédiaire... des curieux, 30 juin 1931, col. 565-566.

(268) Semeur, 3 janvier 1929.

(269) Chronique versaiilaise, 15 septembre 1930.

(270) Semeur, 9 mai 1929.

(271) M. S. P. V., XL, p. 97-106.

(272) Ibid., XL (2), p. 71.


BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931 253

à Mgr Mabile, evêque de Versailles de 1858 à 1877 (273). M. G. BOUDAN parle du dernier seigneur de Septeuil, Achille-Jean-Louis Tourteau, mort en 1861 (274). Le même auteur suit la Cour sous le second Empire à Saint-Cloud, à La Marche et à Villeneuve l'Etang (275). M. G. LENOTRE étudie le Palais de la Présidence de M. Thiers, qui occupa la Préfecture de Seine-et-Oise en 1871 (276). Les dernières années de la princesse Mathilde à Saint-Gratien ont été deux fois évoquées par M. Maurice d'OCAGNE (277, 278), et par M. Maurice FEUILLE (279). M. Gaston BOUDAN commémore deux cinquantenaires, la mort de Daumier à Valmondois (280) et celle d'Auguste de Villemessant, le célèbre directeur du Figaro, et habitant d'Enghien,le 12 avril 1879 (281). M. Gaston BOUDAN a parlé d'une petite-fille de Racine vivant à Montfermeil, Mlle Geneviève Vaudrey d'Illiers (282). On a oublié en 1928 le centenaire d'Edmond About, qui vécut à Osny, près Pontoise (283). En revanche l'on songe déjà à celui d'André Theuriet, qui dédiait en 1853 des vers sur Marly, sa patrie, à M. Piton (284).

M. PICHARD DU PAGE a parlé des expositions de Marie-Antoinette (285) et du centenaire de Houdon à la bibliothèque de Versailles (286). Le Conseil des Musées nationaux a ratifié diverses acquisitions pour Malmaison (287). M. POURCHET étudie l'art moderne à Sèvres (288). On a dénombré les acquisitions du Musée céramique (289). M. Jacques HAUMONT en a parlé également (290). M. Henri LEMOINE a publié un rapport sur les acquisitions des Archives de Seine-et-Oise (291).

(273) 2 volumes, Téqui, 1926.

(274) Semeur, 26 septembre 1929.

(275) Chronique versaillaise, 1er mars 1931.

(276) Echo de Versailles, 1er septembre 1931.

(277) Correspondant, 25 juillet 1931, p. 661-673.

(278) C. A., p. 186-191.

(279) Echo Pontoisien, 20 août 1931.

(280) Semeur, 22 août 1929.

(281) Echo Pontoisien, 2 mai 1929.

(282) Semeur, 3 janvier 1929.

(283) Réveil de Seine-et-Oise, 28 janvier 1928.

(284) Bulletin de la Société des Lettres de Bar-le-Duc, janvier-juin 1931, p. 80.

(285) Beaux-Arts, 15 juin 1927.

(286) R. H. V., avril-juin 1929, p. 130-136.

(287) Echo de Paris, 23 juillet 1831.

(288) Renaissance, novembre 1929.

(289) R. H. V., octobre-décembre 1930, p. 294-296.

(290) Bulletin des Musées de France, décembre 1931, p. 234-235.

(291) R. H. V., octobre-décembre 1930, p. 299.


254 BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931

Le XXe siècle a amené une grande affluence de population dans le département de Seine-et-Oise et on n'a que trop d'occasions de parler des lotissements.

M. l'abbé Charles COLLIN publie : Silhouettes de lotissements où il parle d'Aulnay-sous-Bois, Le Raincy et Gonesse (292). Seine-etOise a aussi sa place dans les livres du Père Pierre LHANDE : Le Christ dans la banlieue; le Dieu qui bouge (293) et du baron Emmanuel Van der Elst : le bon Dieu dans le bled (294). M. DANEL a parlé des lotissements dans le canton d'Argenteuil (295).

NOTICES NÉCROLOGIQUES.

Le 4 juillet 1931 a été inauguré à Saint-Cloud un monument au poète belge Emile Verhaeren (296).

M. A. GlRONDEAU a donné une notice sur Louis-Eugène Lefèvre, archéologue d'Etampes (297) et M. Gustave FAUTRAS a parlé d'Ernest Mallet, président de la Société du Vexin (298).

M. André LESORT consacre une notice à son prédécesseur M. Emile Coüard (299).

Enfin le numéro de la Revue d'Histoire de Versailles d'avril-juin 1930 a été consacré à son directeur Charles HlRSCHAUER (18871929) aux discours prononcés lors de l'inauguration de la plaque commémorative et aux articles inédits de l'excellent érudit. Ainsi la Revue a dignement loué celui qui l'a si bien servie.

(292) Bloud et Gay, 1931.

(293) Editions Spes, 1930.

(294) Beauchesne, 1929.

(295) C. A., p. 76-77.

(296) Mercure de France (1931), élégante plaquette de 73 p.

(297) A. M. E., n° 7, p. 13-19.

(298) M. S. P. V., XL (2), p. 35-38.

(299) R. H. V., juillet-septembre 1929, p. 137-162.

Paul DESLANDRES.


BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931

255

TABLE DES NOMS DE PERSONNES ET DE LIEUX

Ablon, 180. About (E.), 283.

Acarie (Mme), 122. Alanic (Mathilde), 225. Arbouville (Madame d'), 265. Argenteuil, 2, 51 à 61, 215, 295. Arnauld (les), 134. Angélique, 133. Arnauld d'Andilly, 130 Arthies, 13. Aubert (Marcel), 27. Aubert (Victor), 1, 7, 8, 31. Aubry (Octave), 141. Audollent (Mgr), 132. Auvray (Emile), 233.

Ballot (Mlle), 112. Bassenne (Mme), 191. Baudouin (Dr), 6. Bélanger (J.-B.), 152. Bessières (le P.), 123. Beynes, 3. Bidal (Mlle), 58. Bièvres, 62, 63.

Bigard (Louis), 23, 144, 179, 252.

Boigneville, 14. Bondois, 158. Bonnet (Dr), 173. Bonnevaux, 15. Bordeaux (duc de), 257. Bossuet, 145.

Boudan (Gaston), 12, 18, 22, 33, 42, 44, 49, 65, 134, 162, 165, 196, 250, 269, 270, 274, 275, 280, 282. Bouillon (cardinal de), 198.

Boulanger (R.), 245. Boulé (F.), 243. Boyé (Maurice-Pierre), 68. Brame (H.), 111, 183, 204. Brière (G.), 202, 212, 296. Briges (marquis de), 208. Brisson (Charles), 10. Brunoy, 16, 17. Buc, 18.

Callon (G.), 256.

Campan (Madame), 248 à 250.

Capucins de Meudon, 99, de Poissy,

Poissy, Carrière (abbé), 145. Céname, 186. Cergy, 19. Chambourcy, 20. Champagne-sur-Oise, 21. Champlâtreux, 265 à 267. Châteaufort, 22. Chatou, 23. Chaudun (A.), 45. Chauffour, 64. Chaumont (A. de) , 193. Chaville, 65. Chennevières , 231. Cherel (A), 199. Chesnay (Le), 66, 67. Chevreuse, 68. Christen (Dr), 62. Clagny, 197.

Clichy-sous-Bois, 69, 70, 71. Clouzot (H.), 82. Collin (abbé Charles), 292. Constant (Benjamin), 86. Coquelle (P.), 36, 48, 100, 101.


356

BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931

Corbeil, 232. Corot, 90, 167. Cotard (Dr), 2. Couard (Emile), 299. Courcel (R. de), 164, 175. Courty (G.) , 8 bis, 64. Couvreur. 1.

Danel, 295. Daniel (J.), 146. Daniel (Marcel), 157. Darras (E.), 102, 118. Daumier, 280. Dechêne (Abel), 203. Defernex, 206.

Defiesne (Alfred), 221, 222. Delville, 37.

Denis (abbé G.), 128. Depoin (Joseph), 182, 214. Destrais (G.), 226. Dimier (L.), 136. Dominicaines de Poissy, 116 à

119. Dourdan, 233. Dubois-Corneau, 16, 17. Duchaussoy, 53. Duclos (G), 81. Dufourcq-Latron (Mme), 116. Dumas père, 261. Dupieux (P.), 185, 188.

Eaubonne, 269. Ecouen, 24. Ennery, 25. Ermont, 234. Etampes, 26 à 29, 72, 73, 181,

185,188,235. Etréchy, 74. Evrard (F.), 223.

Fautras (G.), 120, 298.

Fay (B.), 213.

Feuillé (Maurice), 121, 167,279.

Flamel (Nicolas), 121.

Fleury (vicomte), 113.

Fourqueux, 30, 263, 264.

Francastel (P.), 262.

Francine (les), 151, 169.

Franciscains, 50.

Franclieu (chanoinesse de), 217.

Franconville, 75.

Franklin, 213.

Fredou, 205.

Frémont (Mlle), 180.

Galard (Mme de) , 77.

Garancières, 31.

Garches, 76.

Gazier (Mlle Cécile), 67, 129.

130, 131.

Gérin (abbé), 56.

Gillet (L.), 86.

Girard (G), 194, 224.

Girardin, 57.

Girondeau, 297.

Glachant (V.), 200.

Godiveau, 17.

Gorneau, 236.

Goyau (G), 85.

Grandmontains, 102.

Granger (A.), 137 à 140, 242.

Grétry, 245, 246.

Grignon, 77, 78.

Grimod (J.), 190.

Grimod de la Reynière, 177.

Guérin (A.), 231.

Guériot, 163.

Guillerval, 79.

Guillon (Mgr), 268.

Guimbaud (L.), 263.

Hachette (Alfred), 174, 228. Hallays (André), 43, 127. Hanotaux, 84. Haumont (J.), 290. Haute-Isle, 32. Hébert (F.), 194. Heim (R.), 95. Hennequin (A.), 218. Henriette d'Angleterre, 191. Herblay, 237. Hérivaux, 80.


BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931

257

Hérouville, 81. Hirschauer (Charles), 300. Hoc (P.), 54. Hoche (général), 224 à 226. Hortense (la reine), 251. Hbudori (Jean) ,209 à 212, 286. Houth (Emile), 50, 66, 96, 97,

99, 205, 271. Huan (L.), 103, 240. Hugo (Victor), 263, 264.

Jacob, 38. Jacques II, 199. Janin (H.), 229. Janrot (L.), 59, 237. Jarry (P.), 80, 104, 195. Joly (Mlle Agnès), 168. Jouy-en-Josas, 33, 82. Juvisy, 83.

Kuntz, 112.

La Borde (frères), 236.

La Force (duc de), 84.

Lameth, 207.

Langlois (abbé Marcel), 201.

Lapeyre (A.) , 184.

Laroque (A.), 178.

Lassailly (abbé), 51.

La Tourrasse (L. de), 20, 148.

Launay (abbé de), 21.

Lauzanne (Stéphane), 150.

La Vallette, 254, 255.

Lecoq (Jean), 92.

Lefèvre (abbé L.), 124, 125, 198,

207.

Lefèvre (Louis-Eugène), 297.

L'Eglise (F. de), 13.

Legrand (Maxime), 26.

Legrand-Dallix, 72.

Lemoine (H.), 77, 108, 176, 208,

291. Le Nôtre, 196.

Lenôtre (G.), 135, 169, 193, 276. LeRonne (V.), 40, 192.

Le Roy (Mgr), 258. Lery (E.), 91, 173. Lesort (A), 114, 232, 299. Lhande (P.), 293. Limours, 50, 84. Livry, 34, 216, 238. Longpont, 85. Lorin (F.), 61, 215, 244, 259, 260.

Lotte (Maurice), 25, 89.

Louis XIV, 193.

Louis XV, 113, 212 (le dauphin

fils de) : 203. Luzarches, 86, 186.

Mabile (Mgr), 273. Magny-les-Hameaux, 87. Maillard (Mlle Elise), 209. Maintenon (Madame de), 200,

201.

Maisons Laffitte, 88. Mallet (Ernest), 189, 298. Malmaison, 89, 287. Mantes, 90, 184. Marchand (Jean) , 217. Marie-Antoinette, 285.

Marly-le-Roi, 91 à 95, 284. Marquets (Anne de), 117, 118. Martimprey (comte R. de), 109. Mataigne (H.), 75. Mathieu (R.), 52. Mathiez (Albert), 234. Mathilde (la princesse), 277 à

279. Mauguin (G.), 78, 220. Mauléon (Mlle de), 145. Maurel (André), 197. Médan, 96, 97. Mercet (Mme S.), 126. Mercy-Argenteau, 231. Merlin (le comte), 269. Méry (Maurice), 156. Mesenguy, 158. Mesnil Girault, 35. Mesnil Saint-Denis, 98. Meudon, 99, 239.


258

BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931

Meulan, 36, 50, 100, 101. Meurgey (J.), 119. Meynel (le) lès Maffliers, 102. Michaux (A.-F,), 272. Mickiewicz, 270. Mique, 228. Mirabeau, 215. Mirot (L.), 63. Moine (L), 235. Moisselles, 103, 240. Molé (le comte), 266, 267. Molière (Madeleine), 61.

Montfermeil, 104 à 107, 214, 268, 282.

Montfort-l'Amaury, 37, 38.

Montgeron, 108.

Montgeroult (marquise de), 109.

Montjean, 30, 153 à 155.

Montmorency, 110, 241, 245, 246 (maison de), 182.

Moret (L.), 264.

Morigny, 39.

Mousset (Albert), 151.

Napoléon III, 275.

Neauphle-le-Vieux, 111.

Ney (le maréchal), 78.

Nicolay (Mme de), 271.

Noailles (famille de), 65.

Noël (Lucien), 70, 105 à 107, 216, 238.

Noisy-le-Grand, 112.

Nolhac (P. de), 227.

Ocagne (M. d'), 277, 278. Omerville, 40. Osny, 272, 283. Ouvrard, 247.

Pannier (Jane), 133.

Parcot (abbé), 60.

Parguez, 115.

Pascal (Blaise), 192.

Petit (Marcel), 32.

Pichard du Page (R.), 285, 286.

Pilon (E.), 9.

Plancouard (L.), 41.

Pluchet, 166.

Poissy, 114 à 116, 187.

Pontoise, 41, 120 à 125, 189,

198. Population de Seine-et-Oise, 256. Port-Royal, 127 à 134. Pourchet, 288.

Pourras, 113.

Prévost (Ernest), 87. Prou (Maurice), 181.

Quervelle, 24.

Racine (descendante de), 282. Raillard (L.), 87. Raincy (le), 247. Rambouillet, 135 à 141, 242,

259 à 261. Ravon (A.), 90. Réau (L), 206. Regnault, 34, 71. Renty (Gaston de), 123. Réval (G), 248. Richelieu (le cardinal de), 84. Riffault, 88. Risch (L.), 177. Robespierre, 219. Robin (P.), 230. Roche-Guyon (La), 142, 143. Rochefort en Yvelines, 42. Rocquemont, 50.

Rousseau (Augustin), 229

Roux (Alphonse), 149. Rueil, 144, 179, 252.

Saint-Brice, 145. Saint-Cloud, 191, 238, 296. Saint-Cyr, 43, 146, 201. Saint-Germain en Laye, 147 à

159, 178, forêt, 5, 180. Saint-Gratien, 277 à 279. Saint-Leu la Forêt, 160, 257. Saint-Périer (le comte de), 28, 29,

35, 39, 46, 47, 79. Sainte-Gemme, 44. Sainte-Geneviève des Bois, 45.


BIBLIOGRAPHIE DE SEINE-ET-OISE 1929-1931

259

Samain (Albert), 87. Sannois, 162. Sardou (V.), 95.

Sartrouville, 163.

Schuermans (A.), 160.

Seiler (soeur M. H.), 117.

Sénart (forêt de), 164.

Septeuil, 274.

Sèvres, 206, 288, 289, 290.

Silvestre de Sacy (L.), 4, 5, 6.

Souzy la Briche, 46, 47. Stern (Jean), 152.

Théméricourt, 48.

Theuriet (André), 284.

Thibaud, 98. Thiers (A.), 276.

Thiverval, 165. Thoiry, 8.

Tombes historiques, 11.

Torry (abbé Pierre), 147. Touttain (J.), 93, 94.

Trappes, 166.

Ungerer, 170.

Vaillandet, 219. Valmondois, 167, 280. Van der Elst (Emmanuel), 294. Varenne (Marc), 249. Vaudrey d'Illiers (Mlle), 282. Vauthier (Gabriel), 253. Véran (Jules), 53. Verhaeren (Emile), 296. Versailles, 168 à 174, 220, 227,

253, 258, 262, 298. Vibert (L.), 239. Vigneux, 175. Villemessant (de), 281. Villepreux, 176. Villezan (les), 79. Villiers le Bâcle, 49. Villiers-sur-Orge, 177. Vitry (Paul), 210, 211. Voltaire, 88.

Yerres, 178, 194, 217.


260

TABLE DES ARTICLES DE L'ANNÉE 1931

BOULÉ (F.). — I. Notes sur la rue Satory. II. La rue du maréchal Joffre ........ 1

Id. — Les transports en commun par terre et par eau de 1790

à l'établissement des chemins de fer ... 111

CHRISTEN (Dr E.). - La chirurgie et les premiers chirurgiens

du roi aux XVIIe et XVIIIe siècles ...... 15

DESLANDRES (P.). — Bibliographie de l'Histoire de Seine-etOise (1929-31) .. ..... 234

JOLY (Agnès). — Les Archives municipales de Versailles .... 59

LEMOINE (H.). — Le livre de raison de Mme de Galard, châtelaine de Grignon ...... ...... 40

Id. — Notes historiques sur Villepreux 66 et 131

LERY (E.). — Les outils de Louis XVV 87

Id. — Les pendules de Marie-Antoinette .... 95

MAUGUIN (G.). — I. Deux fêtes civiques à Versailles en 1792.

II. Le premier enfant de Versailles offert à la Patrie 47

Id. — Un versaillais mort pour l'indépendance américaine 154

MÉNEVAL (Baron de). — Un favori de Mesdames de France, mort

aide de camp de Napoléon Ier ...... 101

RISCH (L.). — Chateaubriand à Savigny-sur-Orge 157 et 183

WEIGERT (R. A.). — Recherches sur quelques dessins de la

vaisselle du grand roi ... . ...... ........ 206

CHRONIQUES ET MÉLANGES. — Les grandes statues de la cour du château (G. B.). — La manufacture de Sèvres en 1931 (M.). — Monuments et objets classés comme monuments historiques. — Une demande d'orangers pour Versailles en 1796 (G. M.). — La chanson du curé de Châtres (H. L.) .... 222


261

TABLE DES ILLUSTRATIONS

Balcon des Chevaux-Légers, n° 17 de la rue Satory, hors-texte,

vis-à-vis la page 3

Grille de Satory (milieu du XIXe siècle), hors-texte, vis-à-vis la

page ... 6

Ancienne glacière au n° 30 de la rue du Maréchal-Joffre. F.

Prodhomme del, hors-texte, vis-à-vis la page 10

Le château et le parc de Grignon en 1791, hors-texte, vis-à-vis

la page 40

J. M. C. A. Goujon, député à la Convention, hors-texte, vis-à-vis

la page 50

Sceaux des seigneurs de Villepreux, hors-texte; vis-à-vis la page 71

Le château de Villepreux au temps des Gondi (XVIIe siècle),

hors-texte, vis-à-vis la page 79

Costume de postillon du relais de Longjumeau, (Musée de la

Voiture), hors-texte, vis-à-vis la page 120

Le coche d'eau de Corbeil (reconstitution de M. Leloir au Musée de la Voiture), hors-texte, vis-à-vis la page ........ 121

« L'Aigle », hors-texte, vis-à-vis la page 124

« Le Parisien », faisant le service du quai d'Orsay à SaintCloud par V. Adam (1834), hors-texte, vis-à-vis la page 125

Plan du château des Gondi en 1792, hors-texte, vis-à-vis la page 142

Villepreux et ses environs en 1685, hors-texte, vis-à-vis la page 143

Un des derniers aspects de la maison habitée par Pauline de Beaumont et Chateaubriand à Savigny, hors-texte, vis-àvis la page 162

La propriété de Courte-Rente en 1811, hors-texte, vis-à-vis la

page 163

Ancienne porte d'entrée de Courte-Rente, rue Chateaubriand,

hors-texte, vis-à-vis la page 204

Dessins de la vaisselle de Louis XIV, hors-texte, vis-à-vis les pages 210, 211, 212, 213, 216 et 217


262

TABLE ANALYTIQUE DES PRINCIPALES MATIÈRES ( 1)

Ableiges (église), 228.

Adélaïde (Mme), 103.

Andouillé, premier chirurgien du roi, 38, 39.

Argenteuil (château du Marais), 228.

Aubigny (François d'), marquise de Maintenon, 61.

Beaumont (Pauline de), 157-205. Berain, dessinateur, 208 et suiv. Bertin, directeur des Débats,

184 et suiv. Bessière (maréchal), 13. Blaizot, libraire, 2. Bonaparte, 184, 186. Bontemps (Alexandre), intendant

de Versailles, 61. Bossuet, 61. Bruyères-le-Châtel (église), 228.

Chalou-Moulineux (église), 228. Chateaubriand (René de), 157205.

157205. (Lucile de), 191. Châtres (aujourd'hui Arpajon),

232. Chaumontel (église), 229.

Chavignat (Jean), premier chirurgien de Marie Leczinska, 4.

Chenier (André), 8.

Chérence (église), 229.

Colbert (Edouard François), comte de Maulevrier, 80, 82.

Coste, maire de Versailles, 64. Daquin, médecin du roi, 4, 16,

17.

Dionis, chirurgien du roi, 18. Dourdan (église), 229. Durfort de Civrac, duc de Lorges, 12.

Epône (pavillon de David), 228. Etampes (ancien prieuré), 228. Etréchy (portail de ferme), 228.

Fagon, premier médecin du roi, 16, 17, 24, 27.

Félix (Charles), premier chirurgien du roi, 18, 19, 20.

Florian, 179.

Fontanes, 165, 180, 187, 195, 199.

Fouché, 185, 186.

Francini (Thomas), 80.

(1) Les noms des personnes sont en romain, les noms de lieux, en italique, les noms d'institutions, de collectivités, etc., en caractères gras; les localités dont le département n'est pas pas indiqué sont en Seine-et-Oise.


TABLE DES MATIERES

263

Francini (Clémence), seigneur

de Villepreux, 80. Francini (François), seigneur de

Grandmaison, 80. Francini ( Thomas-François ),

comte de Villepreux, 84.

Galard (Mme de), châtelaine de

Grignon, 40-46. Gigot de La Peyronie, premier

chirurgien du roi, 27 et suiv. Gondi (Albert de), seigneur de

Villepreux, 76. Gondi (Pierre de), archevêque de Paris, seigneur de Villepreux, 77. Gondi (Philippe-Emmanuel de),

général des galères, seigneur de Villepreux, 78. Gondi (Jean François Paul de),

archevêque de Paris, seigneur

de Villepreux, 78. Grignon (château de), 40-46. Guernes (église), 229.

Herblay (église), 229.

Joubert, 165 et suiv.

La Balue Nicolas), maître des

comptes, seigneur de Villepreux, 75.

Lacretelle aîné, 179.

La Harpe, 176, 179.

Launay (Nicolas de), orfèvre de

Louis XIV, 206 et suiv.

Le Nostre (André), contrôleur des bâtiments du roi, 161.

Lepautre (Jean), graveur 209, 214.

Le Roy (Philibert), ingénieur et architecte du roi, 61.

Louis XIII, 60.

Louis XIV, 15-28, 61, 62, 206 et

suiv.

Louis XV, 29-36, 62, 63, 87.

Louis XVI, 37, 87-94.

Maffliers (église), 228.

Mareschal, premier chirurgien du roi, 21 et suiv.

Marie-Antoinette, reine de France, 62, 95.

Marmontel, 179, 183.

Molé, 179, 199.

Morsang-sur-Orge (borne), 229.

Napoléon, 202, 222. Narbonne-Lara (Louis, comte

de), 101 et suiv. Necker, 196.

Pichault de La Martinière, premier chirurgien du roi, 34-38.

Pluyette, contrôleur des bâtiments du roi, 2.

Rameau, maire de Versailles, 65. Richaud (Hyacinthe), maire de

Versailles, 64. Robin, horloger de Marie-Antoi

nette, 183. Rochefort-en-Yvelines (bâtiment

Louis XIII), 228.

Saint-Hilaire (prieuré), 228. Saint-Lambert, homme de lettres, 179. Saint-Michel-sur-Orge (borne), 229.

St-Rémy-l'Honoré (église), 229. Saint Vincent de Paul, 78. Sainte Geneviève des Bois (borne), 228. Savigny-sur-Orge, 159-205. Sèvres (musée céramique), 225. Souzy-la-Briche (église), 228. Sucy-en-Brie (porte du château),

228.

Talleyrand, 183.

Verneuil-sur-Seine (église), 228.

Versailles, actes de l'état civil,

59-65; auberge de l'Aigle d'or,


364

TABLE DES MATIERES

4; auberge du Petit saint Antoine, 4; baraques du marché Saint-Louis, 228 ; baraques de la rue Satory, 8; cabaret du Jardin royal, 3; écuries de la comtesse d'Artois, 7; fêtes civiques en 1792, 47-57; hôtel de la Vrillière, 7; hôtellerie de Lannion, 3; maison de Ducis, 5; maison de Lazare Hoche,

Hoche, orangers, 230; poste aux chevaux, 117; recensements en 1790 et 1792, 63; rue du Maréchal Joffre, 5-15; rue de Satory, 1-5; statues de la cour du château, 222.

Villepreux, histoire 66-86; 131153.

Villiers-le-Bel (église), 228.

Viry-Châtillon (église), 229.

Le Directeur-gérant. EDMOND LERY.

RODEZ, IMP. P. CARRÈRE (FONDÉE EN 1624). 1500