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Titre : Hygiène et traitement des maladies de la peau / par le Dr E. Monin,...

Auteur : Monin, Ernest (1856-1928). Auteur du texte

Éditeur : Société d'éditions scientifiques (Paris)

Date d'édition : 1893

Sujet : Dermatoses

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb309633670

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (160 p.) ; in-12

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Description : Contient une table des matières

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k56508403

Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 8-TE113-16

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 22/06/2009

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Olïioicr de I In-ti ucti >a publique.

PARIS

SOCIETE D'EDITIONS SCIENTIFIQUES

4, RUE ANrOINti-OL'BOIS, 4

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— loui droits réservés —



HYGIÈNE ET TRAITEMENT

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lAtADIES DE LA PEAU


DU MÊME AUTEUR

Étiologle des oreillons (40 p.). .. . épuisé. Les Propos du Docteur (324 p.)... . épuisé, La Propreté (M traductions Étrangères) (40 p.). 1 fr. »

Les Odeurs du Corps Humain (124 p.). 2 »

(Même ouvrage en anglais et en italien). Les Maladies épidémiques (17$* p.). .1 »

L'Hygiène de la Beauté (300 p.). . . 4 » (Même ouvrage en anglais et en russe).

L'Alcoolisme (300 p.) 3 60

L'Hygiène de l'Estomao (400 p.) . . . 4 »

L'Hygiène du Travail (300 p.) . . . . 4 »

La Santé par l'Exercice (200 p.}. ... 2 50

Misères Nerveuses (324 p.) 3 50

L'Hygiène des Sexes (320 p.) 4 0

Formulaire de médecine (650 p.). . . . 5 »

L'Hygiène des Riches (360 p.). .... 4 »

La lutte pour la santé (340 p.) 3 50

Le Jeûne et les Jeûneurs (300 p.) . . épuisé.

(En collaboration avec le Dr Maréchal)

Précis d'hygiène pratique 6 . »

(En collab. avec le D'Dubousquet-Laborderie).

Le Traitement du Diabète (128 p.). . 3 » Hygièneet Médecine journalières (380 p.) 3 60

Envoi FRANCO contre mandat poste


HYGIÈNE Et TRAITEMENT

DES

MALADIES

DE

LA PEAU

PAK

LE D< E. MONIN

Secrétaire général de la Société Française d'Hygiène

Chevalier de la Légion d'honneur

Officier de l'Instruction publique.

PARIS

SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS SCIENTIFIQUES

4, RUE ANTOINE-DUBOIS, 4

PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE

— Tous droits réservés —



PRÉFACE

On ne trouvera dans ce livre (écrit pour les praticiens non spécialistes et pour les gens du monde instruits), aucune prétention à la science, ni même à 1 art didactique. C'est une série de causeries pratiques] sur des sujets que l'auteur connaît bien, et où il s'est efforcé de présenter les données d'hygiène et de thérapeutique les plus utiles au trai^ térnent rationnel des maladies de la peau journellement rencontrées. .


6 PRÉFACE,

J'ai passé sous silence les soins d'hygiène banale du teint et des téguments, ainsi que les diverses formules de là « cosmétique », pour lesquels le lecteur consultera, avec fruit, mon Hygiène de la beauté(,). Je considère, d'ailleurs, le livre d'aujourd'hui comme le complément de celui d'hier. Puisse-t-il recevoir, de mes confrères et du grand pu^- blic, un accueil aussi favorable !

On pourrait s'étonner de ne point trouver, dans ce volume, l'étude des syphilides: c'est qu'elles doivent faire l'objet d'une publication spéciale dé là Petite Encyclopédie médicale. Même remarque s'applique aux maladies dît cuir chevelu...

(1) 6e édition.


PRÉFACE.

J'ai fait, dans les pages qui suivent, une large^place à l'hygiène et au traitement général. C'est que je suis si intimement persuadé de l'indispensable importance clinique de ce traitement, que, — mis en demeure d'opter entre lui et le traitement local, pour la cure des dermatoses, — je préférerais encore (bouchez vos oreilles, ô Viennois!) me priver complètement dés plus efficaces ressources de ce dernier !..,

— Je m'arrête sur cette profession de foi, désireux avant tout, de ne point pontifier et de rester ce que je suis: un humble praticien de l'école française, écrivant ce qu'il pense et ce qu'il a vu...

Paris, (40, rue du Luxembourg), le 1" Juin 1893.


PREFACE.

N. B. — On trouvera, à la fin de cet ouvrage, un choix de formules originales qui m'ont donné les plus grands succès dans ma clientèle. (Pour ne pas augmenter outre mesure le volume de ce petit traité, je prends la liberté de renvoyer à mon « Formulaire de médecine pratique » les lecteurs désireux de posséder les formules des dermatologistes les plus appréciés en France et à l'étranger).


HYGIÈNE a TRAITEMENT

DES

MALADIES DE LA PEAU

CHAPITRE I

DE LA PRÉDISPOSITION AUX AFFECTIONS DE LA PEAU.

La majeure partie des affections de la peau doit être considérée comme le symptôme et le reflet d'un état général constitutionnel. Je n'en excepte même pas les affections parasitaires, qui réclament, pour s'implanter sur nos téguments, certaines conditions diathésiques ou de terrain (comme on dit volontiers aujourd'hui). C'est précisément cette cause constitutionnelle, d'une éradication si malaisée, qui peut nous rendre compte de la ténacité caractéristique des dermatoses. « Plus la maladie dure, disait Sydenham, plus elle participe de l'individu. » C'est surtout dans ces cas difli-


10 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

ciles que le médecin a le devoir de préciser un régime et une médication appropriés, tout en gardant pour lui ses inquiétudes pronostiques et ses soupçons d'incurabilité possible.

De tout temps, on a enregistré l'influence du système nerveux sur les maladies de la peau. Les anciens dermatologistes parlent, à tout instant, de poussées d'eczéma provoquées par la joie ou la colère et d'affections cutanées coïncidant avec les névroses et névralgies. On voit, assez fréquemment aussi, le psoriasis succédant à des causes morales, à des émotions vives et profondes. Les travaux contemporains ont prouvé qu'il fallait rattacher aux nerfs vaso-moteurs ces influences mystérieuses : les lésions microscopiques des nerfs de la peau ont également rendu compte des troubles trophiquesde cet organe et expliqué la symétrie de certaines affections cutanées. Enfin, les rapports intimes de la lèpre, du zona, de l'ichthyose avec les perturbations du système nerveux, sont absolument évidents et classiques.

Que d'éruptions sont liées à des affections gastro-intestinales! Tous les jours,en traitant l'estomac, nous faisons disparaître des dermatoses,


PRÉDISPOSITION AUX AFFECTIONS DE LA PEAU. II

parfois anciennes et rebelles. Chacun sait les relations de l'urticaire et de la gastrite, de la couperose et de la constipation. Le trouble des fonctions de la peau, et notamment de son labeur éliminateur, entretient et aggrave souvent, d'ailleurs, la maladie interne: c'est un cercle vicieux morbide, un échange continu de mauvais procédés. Souvent aussi, nous constatons, chez les malades de la peau, un vice du foie. Les bilieux, les cardiaques, sont prédisposés à l'acné; le foie n'cst-il pas notre grand dépurateur organique, la glande que l'ancienne médecine chargeait d'éliminer les âcretés, et à laquelle la science d'aujourd'hui donne pour mission d'arrêter les microbes! 1 Quoiqu'il en soit, lorsque le foie est congestionné, torpide, la peau perd sa fraîcheur et sa souplesse ; les démangeaisons cl les éruptions apparaissent fréquemment.

11 faut signaler aussi les rapports des maladies uro-génitales avec les dermatoses. La gravellc, l'albuminurie, l'urémie, les cystites et catarrhes vêsicaux entraînent des furoncles, de l'urticaire, des eczémas, etc. On connaît les érysipôlcs et les


12 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

éphélidcs (taches de rousseur) liées aux troubles de la fonction menstruelle ; que de fois l'eczéma et la couperose s'installent avec l'âge critique, enfer des femmes ! Les affections de la peau se rattachent aussi, parfois, aux troubles de la fonc- S tion respiratoire; c'est ainsi que le lichen tropicus\ coïncide avec l'affaiblissement de la respiration] dans les pays chauds. Tout le monde a pu obser- i ver le teint sale et terreux des poitrinaires. L'eczéma et l'asthme coïncident si fréquemment, que Duclos envisage l'asthme comme une sorte d'herpétisme dyspnôiquc aigu, une poussée éruptive, voltigeante et fugace, dans les voies respiratoires. Feu Cazcnave donnait ses soins à un asthmatique qui, durant sept années, ne put, une seule nuit, reposer dans son lit; cet homme est pris, soudain, d'un eczéma des jambes, avec suintement assez abondant. L'oppression disparut, à dater de ce jour, comme par enchantement. Comment ne point croire à un état général servant, ici, de support à la dermatoseî

C'est à cause de ces rapports que, pour éloigner les récidives morbides aiguë" s et faire obstacle à l'invasion des maladies chroniques, nous cher-


PRÉDISPOSITION AUX AFFECTIONS DE LA PEAU. !$

chons, si souvent, par les frictions, les massages, l'électricité, à réveiller, en quelque sorte, à ressusciter même, le bon fonctionnement du tégument externe. C'est pour cela aussi que nous nous gardons bien de guérir brutalement certaines dartres, anciennes et chroniques. Cicatrisez un eczéma invétéré un peu étendu : vous installez le diabète, l'albuminurie, le cancer. C'est surtout à partir du moment où sonne la cinquantaine que s'accentue le rôle important de la peau comme émonctoite et dépurateur naturel.

Les éruptions de l'âge critique suppléent à des fonctions qui s'éteignent et préservent souvent de maladies moins désirables; tel est l'axiome dont tout clinicien,doit être pénétré. Quant aux éruptions déclarées avant la puberté, elles guérissent, assez souvent, par cette révolution d'âge.

L'alimentation défectueuse excite, très volontiers, le vice dartreux.Alibert rapporte qu'au temps des disettes révolutionnaires, le peuple étant réduit à manger des viandes et du pain gâtés et à se nourrir d'une foule d'aliments insalubres, on vit, avec une grande intensité, régner les affections de la peau. De môme, pendant le siège de Paris, l'hôpital Saint-Louis regorgea de malades.


14 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

Bergcron et Jacqucmier accusent le vieux lait (le lait datant de dix ou douze mois) de provoquer les éruptions d'impétigo chez les nourrissons. Bien des fois, chez des enfants et des jeunes gens, j'ai retrouvé cette étiologie particulière et j'engage pour cette raison, les familles à ne jamais choisir, comme nourrice, une femme ayant accouché depuis plus de trois mois.

La vulnérabilité cutanée est infiniment variable, selon les races, les climats, les professions. Comparez les filles des champs mettant, impunément, leur mains au contact des orties, avec nos demoiselles habituées au port des gants, qui affine à un si haut degré la sensibilité tégumentaire l Les enfants, les femmes, les blonds et les roux ont la peau plus fine. Les grandes fatigues, la privation de sommeil rendent la peau susceptible, ainsi que toutes les causes d'affaiblissement : dentition, puberté, lactation, âge critique, etc. Tout ce qui lèse la peau ou entrave son fonctionnement normal, la prédispose aux éruptions : la malpropreté, les parasites (acare éveille dartre, a dit Bazin), la variole, les vôstcatoires, etc., deviennent fréquemment des causes ultérieures d'é-r ruptions.


PRÉDISPOSITION AUX AFFECTIONS DE LA PEAU. 1$

On est forcé, lorsqu'on observe de près les faits, d'admettre l'existence d'une constitution dartreuse. C'est elle qui nous explique la durée longue, les tendances désespérantes aux récidives, aux méiastases internes, aux alternances morbides, que l'on constate, à tout instant, dans l'étude des dermatoses; leur disparition, à la suite des affections graves ; les troubles cérébraux, le cancer succédant à leur suppression brusque, etc.. Souvent héréditaire, la constitution dartreuse manifeste son point faible, son vice latent, à la moindre occasion: un simple coup, un badigeonnage iodé, le maniement de substances irritantes révèlent, par une éruption tenace, la vulnérabilité cutanée. Cette éruption, toutefois, restera élémentaire et respectera le derme, ce qui implique l'absence de cicatrices et ce qui n'arrivera pas, par exemple, dans la scrofule et dans la syphilis, coutumiôres aussi de retentissement cutané...

Les dartreux sont tantôt des arthritiques, tantôt des herpétiques. C'est un tort de confondre ces deux états diathôsiques, qui diffèrent par un certain nombre de traits importants. Voici, en quelques mots, le diagnostic différentiel. L'arthritique


IÔ TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

tend à l'obésité et à la transpiration; il est constipé et hémorroïdaire. L'herpétique, quoique « bonne fourchette )), reste maigre ; sa peau est sèche, son intestin tend à la diarrhée. L'arthritique perd ses cheveux de bonne heure; il est en proie à des céphalées congestives, ù de la dyspepsie flatulcnte, avec aigreurs. L'herpétique est sujet aux démangeaisons, au catarrhe des voies respiratoires, à la gastralgie; de plus, il est névropathe et manifeste habituellement des tendances mélancoliques ou une irascibilité remarquable qui contraste avec l'apathie ordinaire de l'arthritique. Ce dernier souffre, du reste, de rhumatisme, au moins musculaire, parfois de gravclle et de goutte, tandis que l'herpétique se plaint plutôt de névralgies.


CHAPITRE II

HYGIÈNE ET TRAITEMENT GÉNÉRAL DES AFFECTIONS DE LA PEAU.

Tout d'abord, il faut savoir que certaines affections de la peau demandent, sinon à être respectées, du moins à être traitées avec une extrême circonspection. Tous les auteurs signalent des manifestations pulmonaires (asthme) ou cérébrales (méningites) ayant succédé à la suppression brusque d'eczémas un peu étendus. Ces « métastases » morbides résultent probablement de la rétention, dans le sang, de produits toxiques accoutumés à s'éliminer régulièrement par la peau. Il faut donc souvent savoir se borner à une cure graduelle, palliative, et ne jamais négliger, par despurgations, des dépurations rénales ou autres, de suppléer aux habitudes éliminatrices de l'ômonctoire cutané. Et il ne s'agit pas seulement, ici, des affections suintantes : le docteur Gaucher a rapporté, tout récemment, des cas d'endocar-


l8 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

dîtes, de gastrites graves, d'asthme et de rhumatisme cérébral, ayant succédé, chez plusieurs malades, à la guèrison de psoriasis anciens, par suite du déplacement, vers les viscères, des poisons morbides de la peau.

Il est un certain nombre d'éruptions, de cause externe et mécanique, qui disparaissent avec la cause qui les produit : on sait que le frottement répété, le maniement de substances irritantes, l'action du froid et de la chaleur sur la peau, les parasites, et la simple malpropreté elle-même, sont susceptibles d'entraîner sur la peau des affections inflammatoires, purement locales, disparaissant rapidement par la simple suppression de la cause qui les a produites, et par un traitement topique des plus simples. La plupart des dermatoses professionnelles rentrent dans ce cadre des éruptions de cause externe, qui ne font, comme le dit Bazin, qu'effleurer l'organisme du sujet.

Il est bon de remarquer aussi que, chez certains prédisposés, bon nombre de médicaments provoquent dcst éruptions. Tout le monde sait que le copahu et les mercuriaux donnent lieu à des roséoles et à de l'ôrythême; les iodures alcalins


TRAITEMENT DES AFFECTIONS DE LA PEAU. 10,

provoquent l'acné et le purpura. Le chloral cause une sorte d'érysipêle, la belladone une sorte de scarlatine (c'est pour cette raison unique que les homéopathes ont préconisé le traitement de la scarlatine par la belladone). Toutes ces éruptions cessent, dès qu'on suspend la médication: elles semblent, d'ailleurs, liées, d'ordinaire, à une irritation gastro-intestinale. La plupart des exanthèmes constatées lors des dernières épidémies de grippe étaient le résultat de débauches d'antipyrine, médicament alors à la mode contre l'influenza.

L'urticaire est la manifestation habituelle et fugitive d'un grand nombre d'accumulations médicamenteuses: c'est ainsi que la créosote, la quinine, l'antipyrine, les bromures, les salicylates, etc., appellent souvent des éruptions ortiôes. L'arsenic à haute dose est accuse, par les dermatoiogistes anglais, de provoquer le zona: je crois en avoir observé un bel exemple dans ma pratique. Après avoir supprimé le médicament suspect, il faut, par des purgations, des boissons chaudes et par la diète lactée,, favoriser l'élimination de ce qu'il en reste dans l'économie: on doit tenir compte des modifications apportées au sang par la plus-


20 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

part des substances médicamenteuses, si l'on veut expliquer les dermatoses produites en l'absence de tout phénomène irritatifdu côté du tube digestif.

L'intolérance de la peau pour certains aliments et boissons est également bien connue. 11 n'est même guère besoin d'être un prédisposé, pour souffrir accidentellement d'urticaire après l'ingestion de divers poissons de mer (anguilles), mollusques (moules), crustacés (crabes). Les populations de la Baltique souffrent de la lèpre parce que leur régime alimentaire consiste surtout en poisson putréfié.

Lorsque (chose fréquente) j'ordonne à un eczémateux lymphatique l'emploi de l'huile de foie de morue, j'ai bien soin d'aseptiser, en quelque sorte, ce produit avec un peu d'eucalyptol dans le but de neutraliser les principes (acres pour la peau) que renferme l'huile de poisson et de transformer cette dernière en un médicament dermophilc (huile de Pourtal).

La cure des affections de la peau est un problème d'alimentation. Ce n'est pas d'aujourd'hui que cette vérité thérapeutique a droit de cité dans


TRAITEMENT DES AFFECTIONS DE LA PEAU. 21

la science. Déjà Ferncl (1656) les considérait comme des intoxications (venenatus morbus ex veneno intus genito) et préconisait le régime peu copieux", la diète blanche (lait, viandes blanches, légumes blancs, fruits fondants) aux personnes souffrant des dermatoses. Sydenham affirmait, avec raison, les immenses services rendus à ces malades par la diète lacto-végétale, à la condition, disait-il, de ne pas s'en éloigner de la largeur de l'ongle et d'en pousser même la prescription jusqu'à la cura/amis.

Je ne vais pas jusque-là, mais j'estime qu'il faut dresser une liste des comestibles suspects dans les dermatoses. C'est, comme le dit Guéneau de Mussy, entre les deux écueils de la débilitation et de l'hyperstimulatton, que le médecin est appelé à louvoyer. Eviter les conserves, les salaisons, les épices, les boissons acides (cidre, vin du Rhin, eau de Seltz): user modérément du gibier, des champignons et des truffes ; éviter les condiments acres, les oeufs de poisson, les ingesta salés et fermentes. Parmi les végétaux, les plantes de la famille des crucifères (chou), les fraises, les fruits huileux doivent être spécialement incriminés.


22 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

Le café, justement accusé par Brown-Sequard de produire une désagréable et rebelle affection, le prurit anal, le café, disons-nous, convient peu aux sujets atteints de la peau, qui devront s'en abstenir ou lui substituer l'usage du thé, sans alcool, bien entendu.

Dans la plupart des dermatoses, l'emploi des purgatifs répétés est très utile, par leur action dérivative, qui diminue l'abondance des sécrétions cutanées. C'est aux purgatifs salins que l'on donne, ordinairement, la préférence: toutefois, je me trouve bien mieux du calomel et de la rhubarbe, lorsqu'il faut agir sur le foie, comme il arrive fréquemment chez les arthritiques, si enclins à la congestion hépatique.

On a pu nier l'importance du traitement général dans les affections de la peau et faire consister tout dans le traitement local. Je n'hésite pas à déclarer absurde cette manière de procéder. Quand bien même la dermatose ne serait point nettement le reflet d'un état constitutionnel, il faut toujours rechercher la diathèse. Vous ne trouverez point toujours ce qu'on appelle le vice dartreux, arthritisme ou herpétisme. Mais sous le dartreux, vous trouverez toujours un malade.


TRAITEMENT DES AFFECTIONS DE LA PEAU. 23

L'utilité du mercure et de l'iodure est évidente chez les syphilitiques; celle des alcalins, chez les arthritiques; celle des arsenicaux, chez les herpétiques : c'est entendu. Mais, à côté de ces états diathésiques, que d'indications résultent de l'observation sérieuse du sujet! Le prurigo n'est-il point l'apanage des utérines et des urinaircs î L'eczéma scrotal ne coïncide-t-il pas avec l'état hémorrhoïdairc* Que de fois ne voyons-nous pas les éruptions milliaires être d'origine'fébrile et nécessiter l'emploi de la quinine; l'acné, le psoriasis, les furoncles, succéder aux accidents rhumatoïdes; l'eczéma alterner avec la goutte, l'asthme, la leucorrhée, la diarrhée!

Après avoir diagnostiqué l'affection locale, ne nous hâtons donc point de libeller un traitement. Interrogeons toujours le status totius substanticc. Je prends l'observation la plus commune: un malade a de l'eczéma, des rhumatismes et de la dyspepsie. Il faut vous efforcer de répondre, par votre ordonnance, aux trois indications qui crient soulagement. Si votre client vous demande une station thermale, vous ne l'enverrez pas soigner son eczéma dans le Puy-de-Dôme, ses articula-


2J TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU,

tions en Savoie et son estomac dans l'Allier: il vous enverrait promener vous-même. Eh bien ! tâchez aussi d'accorder ensemble les indications pharmaeologiques, et cela est toujours possible, pour qui sait dépister le lien de parenté capable de réunir des maladies anatomiquement dissemblables et de leur conférer, synthétiquement, l'identité physiologique.

Les bains alcalins sont utiles aux herpétiques et les bains sulfureux aux arthritiques. Pour éviter les poussées sub-inflammatoircs causées par la balnôation, il faut éviter les bains dans la période aiguô des dermatoses. On se trouvera généralement bien d'ajouter aux bains sulfureux et alcalins des substances susceptibles de diminuer leur mordant. Un kilogr. de gélatine dissoute, ou bien 500 gr. de liqueur de goudron, ajoutés au bain médicamenteux, empêcheront généralement toute dermite, furonculeuse ou eczômatoïde, chez les diathêsiques à peau irritable.

Bricheteau affirme que les dermatoses sont rares chez les vidangeurs et que nombre d'ouvriers


TRAITEMENT DES AFFECTIONS DE LA PEAU. 2$

ont embrassé (si j'ose m'exprimer ainsi) cette peu odorante carrière, dans le but de guérir des éruptions rebelles. La présence du soufre et de l'ammoniaque dans les vidanges rend compte (si le fait est exact) de ces prétendues cures merveilleuses.

Le traitement interne des dermatoses est surbordonnô à l'état constitutionnel. En général, les alcalins conviennent aux arthritiques, l'arsenic aux herpétiques. Chez les arthritiques congestifs, je préfère les préparations de soude ou de potasse (bicarbonates, borates, benzoates. silicates, salicylates). Les préparations de lithine et de strontiane sont indiquées chez les goutteux. Dans l'arthritisme torpide, je préfère l'eau de chaux médicinale et le chlorure d'ammonium, très utile lorsqu'il faut dessécher certaines dermatoses suppuratives. Les balsamiques (goudron, eucalyptol, baume de la Mecque, etc.) conviennent aussi dans ce but: chez les uricômiques, je me suis bien trouvé des gouttes de Haarlem et de l'éthérolô de genièvre. La teinture de thuya m'a rendu des ser3

ser3


26 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

vices pour restreindre les profilérations êpithêliales excessives.

Dans les scrofulides, j'ai employé avec succès toutes les préparations iodées et principalement levin Girard iodo-tannique phosphaté. Je prescris aussi l'huile de foie de morue additionnée de 1/5 d'huile de chaulmoogra.

Les préparations de soufre sont très utiles au déclin des dermatoses arthritiques. On peut, avec ■avantages, les prescrire contre les eczémas et les impétigos anciens, alors qu'il s'agit de restaurer les processus nutritifs de l'épiderme. Le soufre, ajouté aux balsamiques, comme dans le sirop minéral sulfureux de Crosnier, a été préconisé, de longue date, par Devergie, qui avait une pratique fort étendue des dermatoses et obtenait, par cette combinaison de goudron et de monosulfure de sodium, des résultats heureux, dans des cas rebelles et désespérés.

La médication arsenicale, lorsqu'elle est intelligemment maniée, modifie ônergiquement un certain nombre de dermatoses. La plupart des


TRAITEMENT DES AFFECTIONS DE LA PEAU. 27

auteurs, depuis Dioscoridc, ont vanté son emploi dans une foule d'affections, humides ou sèches, de cet organe : mais il faut bien savoir que ce sont surtout les formes chroniques qui bénificient de cette médication. L'arsenic échoue habituellement dans les éruptions acnéiquesctpapuleuscs: j'en fais le plus grand cas pour le traitement des syphilides rebelles, de l'herpès à répétition, des eczémas et du psoriasis.

Administrées aux doses médicinales, les préparations arsenicales stimulent l'estomac et remontent la nutrition, en accroissant le nombre et probablement en améliorant la qualité des globules rouges du sang; elles augmentent l'amplitude respiratoire et excitent les fonctions de la peau ; elles diminuent les oxydations exagérées, débilitantes pour l'organisme et assurent un fonctionnement plus régulier du système nerveux. L'action locale des composés arsenicaux non dilués, est d'ailleurs, essentiellement irritante et caustique. Sous les noms dopâtes de Rousselot et du frère Cosme, l'ancienne médecine faisait grand usage de l'arsenic, pour la destruction des tumeurs et du cancer : on a peut-être eu tort de


28 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

laisser tomber en désuétude ces caustiques « intelligents » qui peuvent rendre de grands services notamment pour l'ablation des productions épidermiques (cancroïdes). On observe, en effet, l'affinité destructive de l'arsenic pour l'épiderme et pour ses sécrétions; le sulfure d'arsenic est l'un des meilleurs dépilatoires connus (n/swa). parce qu'il ne se borne pas à détruire les poils, mais prévient encore {-.'tir repousse ultérieure, en détruisant les bulbes qui leur donnent naissance.

L'action irritante de l'arsenic nous explique pourquoi, sous peine de douleurs gastralgiques et d'immédiate intolérance, on ne saurait l'administrer, intérieurement, qu'à faibles doses et très dilué.

A doses minimes, l'arsenic se montre mortel pour les organismes inférieurs. Il est très usité, pour cette raison, dans l'embaumement et la momification anatomique. Il n'est pas rare de voir des malades, soumis à la liqueur de Fowler ou à toute autre préparation arsenicale, expulser des vers intestinaux, au grand ôtonnement du médecin.

Les effets de la médication arsenicale sur l'é-


TRAITEMENT DES AFFECTIONS DE LA PEAU. 2$

conomie humaine peuvent se résumer ainsi : Augmentation de l'appétence digestive, exaltation fonctionnelle générale, fraîcheur du teint et embonpoint, respiration facile, activité de la ciralation, accroissement de la chaleur animale et des sécrétions. Le sujet se sent plus léger, plus apte à la marche et aux exercices physiques, plus excité au point de vue génital; sous ce dernier rapport, l'action de l'arsenic est, assurément, moins fidèle que celle du phosphore, mais elle rend parfois, cependant, des services dans la pratique courante.

: L'élimination de l'arsenic par la peau appelle parfois, sur cet organe, certaines éruptions; mais je ne lésai guère constatées qu'à la suite de très hautes doses, longuement prolongées, de la médication. Ce que j'ai toujours vu se produire, en revanche, c'est l'excitation marquée du système nerveux, de la sphère d'idéation et même d'imagination : l'augment notoire des forces radicales dont parlait Barthez. Je m'étonne que les auteurs n'insistent point davantage sur cette puissance toni-nervettse de l'arsenic; pour ma part, je ne serais pas loin de lui rapporter tout ce que

3*


30 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU,

l'on sait de l'énergie curative dévolue à cette médication de premier ordre.

Mêlé aux fourrages des bestiaux, l'arsenic ne tarde pas à leur donner de l'embonpoint, de l'allure, un poil brillant et lisse: que de fois les maquignons ont-ils recours à ce truc pour corser la valeur marchande de leurs chevaux !

Lorsqu'on prescrit l'arsenic, il faut progressivement augmenter les doses, puis les diminuer, de la dose maxima à la dose minima et enfin, interrompre quelque temps la médication, une semaine par mois, je suppose. Car le métalloïde a la réputation de s'accumuler dans l'économie : le foie parait être son principal magasin. Aux doses de 3 à 10 centigr. l'acide arsènieux devient toxique: il enflamme le tube digestif et cause, finalement, la mort, par une paralysie du coeur et des poumons. Vous reconnaîtrez l'intolérance pour l'arsenic aux coliques, à la diarrhée, aux crampes d'estomac, aux yeux rouges: le malade a la gorge sèche, il accuse une soif vive et une lassitude générale étrange. Quant à l'empoisonnement proprement dit, nul n'ignore l'extrême analogie qu'il présente avec les symptômesdu choléra.


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\ ;_.

Les préparations les moins irritantes sont celles à base d'arsôniate de soude, comme la liqueur de Pearson. La liqueur de Boudin et les granules de Dioscoridc, la liqueur de Fowler, à base d'arsênitc de potasse, causent des accidents, si l'on dépasse les doses moyennes. L'arsénîate d'antimoine réussit bien aussi dans l'eczéma; l'iodure d'arsenic est excellent dans les dermatoses arthritiques; le bromure d'arsenic (liqueur de Clcmens) est merveilleux dans les éruptions des diabétiques (').

L'arsenic existe aussi dans bon nombre d'eaux minérales: mais bien peu le recèlent à dose vraiment médicinale.

Saint-Honoré-les-Bains (Nièvre) a l'immense avantage de réunir danssa composition le sulfure de sodium et l'arséniate de fer ; cette minéralisation unique, décelée par les beaux travaux du Dr Odin, explique les grands succès de la station contre les dermatoses des débilités.

H est un point un peu bien contradictoire dans l'histoire de l'arsenic. Certains toxicophages arrivent à en tolérer des doses énormes, jusqu'à 30

(1} Voir Dc E. Montn, Traitement du Diabète,


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centigrammes par jour! Le Tyroi, la Basse-Autriche, la Styrie surtout, comptent un grand nombre d'arsônicophiles, qui prennent ce poison, à jeun de préférence, et s'abstiennent ensuite de boisson et de corps gras ; la beauté du teint, la vigueur, l'embonpoint, la prolificitê et la longévité s'observent pertinemment, chez ces peuplades arsônicophages, pour lesquelles le poison devient un besoin vital si irrésistible, qu'ils en donnent à leurs vaches, à leurs porcs, à leurs oies!

En l'état de santé, quels soins locaux réclame la peau du visage> Que faut-il employer, comme lotion faciale <* La réponse varie, évidemment, avec la niture des téguments. Or, il y a presque autant de variétés de peaux que de constitutions et de tempéraments. Toutefois, on devra, d'une manière générale, se mettre en garde contre l'usage habituel du savon; le meilleur savon irrite, rougit, desquame la fleur, si fragile, de l'épiderme facial.

Alors le teint devient plus susceptible: la peau des joues luit, se tend, se sèche, s'écaille ou se craquelé. Il s'y produit une cuisson habituelle,


TRAITEMENT DES AFFECTIONS DE LA PEAU. 33

qui appelle les bouffées de chaleur au visage ; et, la prédisposition aidant, on voit bientôt y surgir des éruptions qui (malgré qu'elles ne fassent, suivant le mot de Bazin, qu effleurer l'organixme) n'en sont pas moins souverainement mauvaises au point de vue de la santé épidermique.

On peut diviser en deux grandes classes les innombrables variétés d'épidermes : les gras et les maigres. Les personnes dont la peau est grasse, onctueuse au toucher, riche en enduits sébacés (propriétés absolument indépendantes de l'état de maigreur ou d'obésité générales) doivent se laver, soir et matin, à l'eau chaude, aromatisée d'un peu de vinaigre virginal suivant notre formule: 60 gr. d'esprit de lavande, 60 gr. de vinaigre aromatique, 15 grammes de teinture d'opoponax et 10 gr. de teinture d'eucalyptus. Au contraire, ce qui convient surtout aux peaux sèches, maigres, pelucheuses, ce sont les douces onctions grasses, au moyen d'une fine mousseline. En employant notre formule de cold-cream (lanoline 60 grammes, glycérine 20 gr., blanc de baleine 15 gr., salol 1 gr., essence de roses X gouttes), on évitera tout prurit et toute poussée desquamative,


34 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

et l'on conservera, jusqu'à un âge avancé, la pureté la plus éclatante du teint. Nous croyons que madame Patti, par exemple, n'a dû qu'à des onctions grasses de cette nature, la conservation incontestable de sa jeunesse faciale.

Au printemps et à l'automne, les dames dont la peau est délicate voient souvent survenir des plaques farineuses, dont le lieu d'élection habituel est le nez ou la joue: pour les faire disparaître promptement, on dissout dans un quart de verre d'eau chaude, i gr. d'acide borique et i gr. de salicylate de soude, et, toutes les heures, on se Iotionne avec un peu d'ouate imbibée de ce mélange. Lorsque les éruptions gagnent les sourcils ou le cuir chevelu [pityriasis), il faut recommander alors des bains alcalins généraux, des coiffures légères et bien aérées, capables de favoriser la perspiration cutanée : le soir, on appliquera sur les parties qui sont le siège de pellicules, une mince couche de pommade avec: 30gr. de beurre de cacao. 1 gr. de benzoate de soude et 50 cent, de résorcinc bien pure.

Il faut savoir aussi que toutes ces éruptions sont surtout fréquentes chez les personnes suspec-


TRAITEMENT DES AFFECTIONS DE LA PEAU. 35

tes d'arthritisme et qu'elles exigent conséquemment une hygiène et un régime appropriés à cette diathèse. Evitez comme peste les aliments et médicaments dont l'ingestion se reflète sur la peau, principalement aux changements de saison et dans les cas de fatigue gastro-intestinale : citons surtout les poissons de mer, crustacés et mollusques (écrevisses et moules particulièrement) ; lesôpices, les viandes fumées et salées, le gibier, la viande de porc, les fromages forts, les fraises et les noix ; l'asperge, l'ail, l'oignon, le chou; le concombre, la truffe et les champignons ; le vin pur et les liqueurs, les boissons gazeuses et glacées. Parmi les médicaments, l'antipyrine, le chloral, la belladone, les mercuriaux, les bromures et les iodures, les balsamiques (copahu, térébenthine), sont les plus notoirement préjudiciables à la beauté du teint.

La chaleur du soleil et parfois même les rayons chimiques de la lumière électrique, causent au visage une rougeur érythémateuse, disparaissant promptement par le glycérolé d'amidon. Les sudations abondantes (surtoutchez les personnes à peau grasse), provoquent aussi une variété de dartre


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vive, linéaire ou en virgule, rouge et prurigineuse, assez souvent symétrique, surtout au visage. Nous conseillons, alors, les lotions avec l'alcoolé de citron, coupé de moitié d'eau : persuadé, en outre, que cette variété d'eczéma sudoral tient, en grande partie, à une dépuration rénale insuffisante, nous prescrivons aussi l'usage du lait additionné de 4 grammes de bicarbonate de soude par litre. La chaleur provoque, enfin, sur le dos des doigts, principalement chez les personnes qui portent habituellement des gants de peau, une éruption dite miliaire (comparable à de petits grains de tapioca). Non traitée, cette éruption de dysidrose persistera plusieurs semaines, causera des démangeaisons et une exfoliation farineuse finale: soignée par de simples lavages avec la moitié d'un citron, elle disparaît promptement, surtout si l'on remplace l'usage du gant de peau par celui du gant de fil préalablement lavé à l'eau chaude. Les lotions de coaltar saponiné Lebeuf étendu d'eau sont également excellentes pour la prévention de toutes éruptions estivales.


CHAPITRE III

L'ECZÉMA.

L'eczéma est une affection de la peau assez fréquente pour avoir été dénommée, par Duncan Bulkley « la pierre angulaire de la dermatologie ».

Caractérisé par la rougeur, la chaleur locale, les démangeaisons plus ou moins vives, son type classique est une éruption pointillëe et vésiculeuse, qui laisse suinter une sérosité peu colorée, riche en albumine, et qui, pour cette raison, empèse le linge. A cette éruption de vésicules succède, habituellement, une période sèche, écailleuse ou croûteuse ; cette période de desquamation ou d'exfoliation épidermique, n'est pas toujours la plus courte et la plus facile à guérir. Il existe, d'ailleurs, un grand nombre de formes éruptives d'eczéma qui s'écartent sensiblement de ce type habituel. Bien souvent l'eczéma n'est (comme le dit Requin) qu'une succession chronique d'exanthèmes aigus.

4


38 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

La flore eczémateuse est d'une richesse des plus bariolées. C'est ainsi que le cuir chevelu peut être le siège d'une forme ôruptive sèche, et primitivement squameuse, productrice de pellicules et cause fréquente de la chute des cheveux. Il est bien certain que ce pityriasis du cuir chevelu (du grec mrjpw, son) réclamera un traitement diamétrale-, ment différent de celui que nous instituerons pour guérir l'eczéma humide de la face, des oreilles ou des mains.

On rattache assez volontiers certains eczémas à une inflammation purement locate du derme, survenue sous l'action de causes irritatives extérieures, d'une manière de traumatisme infligé à la peau. C'est ainsi que les parasites (puces, poux, punaises, moustiques), l'action du froid et celle du soleil, la chatcurd'un four, le frottement répété des vêtements, le maniement habituel de substances irritantes (épiciers, droguistes), et même le simple grattement chez un sujet nerveux ou affecté de varices, etc., sont capables de provoquer des éruptions analogues à l'eczéma. Mais ces éruptions, essentiellement subordonnées à la cause locale, physique ou mécanique, qui les sollicite, n'ont,


L ECZÉMA. 39

en vérité, de l'eczéma que la mine apparente. Lorsqu'elles ne cèdent point à la disparition de l'agent provocateur (sublata causa, tollitur effectus), elles rétrogradent toujours assez rapidement devant une médication locale des plus simples. Au contraire, l'eczéma que nous avons en vue ici, exige toujours, pour sa guérison complète, un traitement général, totius substantioe. Ce n'est pas une maladie ; c'est une portion de maladie.

Les récidives du mal, sa transmission féconde par l'hérédité, ses habituelles aggravations sous l'influence de l'âge, du régime excitant ou d'une vive impression morale; ses retours offensifs au printemps, la concomitance, non rare, de phénomènes généraux : tout contribue, en effet, à faire classer l'eczéma parmi les affections constitutionnelles. C'est ainsi que même les gourmes de l'enfance, variété banale et souvent suppurative de l'eczéma, n'apparaissent guère que chez les descendants lymphatiques de parents notoirement affectés d'herpétisme ou d'arîhritismc. Cette hérédité diathêsiquc se combat très bien par l'hygiène et le régime, Les enfants des riches, affirme Brosvn,


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n'héritent de la goutte que parce qu'ils héritent aussi des clefs de la cave et du garde-manger.

Van Swieten cite le cas d'un vieux goutteux tombé entre les mains des barbaresques et qui, par les travaux forcés de la chaîne, guérit merveilleusement de tophus et d'eczéma très anciens.

*

Il est curieux de constater, ici, combien la vieille opinion d'Ambroisc Paré, attribuant au vice du sang, à l'altération humorale, à la rétention anormale, dans nos tissus, des résidus acrimoniques excrémcntittels de la nutrition, etc. ; combien cette vieille opinion recèle de vérité incontestable. La science moderne a démontré que le sang de l'arthritique contient des hétérogènes particuliers, les acides urique et lactique, entre autres ; par cette analyse chimique, on peut comprendre pourquoi l'asthme, les angines, les arthrites, les névralgies, les migraines, lagravellc, la dyspepsie, réunis par le lien commun de l'altération nutritive, peuvent alterner chez le même sujet, suppléer en lui l'eczéma ou être remplacés par cette éruption. Aussi beaucoup d'eczémateux m'ont-ils affirmé « ne


L'ECZÉMA. 4t

s'être jamais aussi bien portés que depuis leur éruption. »

Le lien diathésique une fois retrouvé, l'eczéma n'apparaît plus que comme la traduction cutanée de l'arthritisme, surtout chez les sujets lymphatiques. C'est probablement par ce tempérament, habituel à la femme et à l'enfant, que peut s'expliquer la vocation eczémateuse du beau sexe et du jeune âge. La plus grande finesse de la peau, la rareté des manifestations goutteuses articulaires chez la femme (qui est soumise, d'ailleurs, à une dépuration naturelle périodique du sang), nous expliquent aussi la prédilection de l'eczéma pour le sexe féminin.

Peut-être encore, comme l'avait, croyons-nous, pressenti Vogel, l'éruption vésiculeuse est-elle un artifice spécial, inventé par la nature, pour éliminer, au moyen de la peau, vicaire du rein, un excès d'albumine et de matières inorganiques de désassimilation, contenu dans l'organisme. Cette théorie nous rend compte d'un certain nombre d'accidents viscéraux graves (méningites, cancers, néphrites, etc.) ayant, incontestablement, succédé à une guérison trop rapide de l'eczéma.


42 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

Ces accidents arrivent surtout (il faut bien le dire) à des médecins qui, insoucieux du traitement général, se bornent aux applications topiques substitutives, desséchant l'eczéma, mais ne déracinant point ses germes morbides, profondément implantés dans l'organisme.

C'est principalement chez les hômorroïdaircs, les dyspeptiques et les asthmatiques, qu'il faut savoir respecter les manifestations extérieures de l'eczéma. L'alternance de cette affection avec certaines bronchites est même si commune, que T. Fox a pu surnommer l'eczéma un catarrhe de la peau,

11 faut aussi rétablir les fonctions du foie, chez un certain nombre d'eczémateux. L'insuffisance biliaire retentit notablement sur le fonctionnement cutané. Souvenez-vous de l'expérience de Kûss, qui, en supprimant, chez un chien, la sécrétion biliaire, au moyen d'une fistule, a amené le dépérissement du pelage de l'animal et des troubles variés dans la nutrition épidermique. Et, puisque nous parlons d'expériences sur les animaux, rappelons encore que Garrod et Gigot-Suard, en mêlant l'acide urique à la nourriture journalière des


L'ECZÉMA. 4)

chiens, ont déterminé chez ces animaux des lésions constantes sur la peau et les reins.

L'eczéma est aussi très fréquent chez les femmes qui croient ne pas devoir allaiter leurs enfants : la nature se venge, par ce lait répandu (comme l'appelle le vulgaire) de l'infraction commise envers ses lois; ou, plus justement, le sang ne se dépouillepoint, alors, de certains principes irritants, excrémentitiels, que la sécrétion lactée aurait su dériver parfaitement.

L'eczéma entraîne des démangeaisons qui sont loin d'être toujours la dolorifcra votttptas de Dietrich ; insupportables et constantes, analogues à des myriades de fourmis s'ébattant sur la peau, ces démangeaisons entraînent l'insomnie ; elles désespèrent le malade par leur ténacité, Il n'est pas rare de voir des eczémateux dégoûtés de la vie et bannis de la société, devenir la proie de la manie ou chercher à s'évader de l'existence par le suicide. L'irritation et le prurit s'aggravent surtout par les changements de température, la chaleur, l'exercice, le travail et la digestion, les chagrins, les émotions morales. Souvent l'eczéma n'est que le contre-coup d'un ébranlement émotif.


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Constamment, l'usage du vin, de l'alcool, du café, du poisson, des aliments épicés, salés et fumés l'aggravent et l'exaspèrent... _•*■*

L'eczéma, débourre, en même temps ^jue les bourgeons des arbres, dans la saison du renouveau : ce qui nous prouve que germinal n'étend point sculemenbsoninfluence sur lasèvevégétajj?, mais aussi sur celle des affections constitutionnelles et diathésiques.

Avant de chercher, par une médication locale, à faire disparaître une éruption eczémateuse, il faut toujours s'efforcer de modifier, tout d'abord, le terrain sur lequel a poussé cette éruption. Borné aux méthodes externes, le traitement peut, momentanément, effacei* l'eczéma. Mais le malade n'est que blanchi, il n'est point guéri. Il est, de plus, exposé déjà (nous l'avons fait pressentir) à des rétrocessions de la diathôsc sur des organes plus importants, à son déplacement sur les viscères internes, etc. C'est ainsi qu'on a pu dire que la dartre était souvent la forme la plus bénigne *ît la plus désirable de l'arthritisme :

Souvent la peur du mal nous conduit dans un pire.

Dans la forme aiguë de l'éruption, il importe de


L'ECZÉMA. 45

faire tomber la lièvre locale, ifophlogose cutanée, au' moyen de cataplasmes de féadé, laudanisés et boriques, et' de lotions émollieijiçs et détcrsives

avec Uûnu d'amidon ou l'eau de sureau légèrement

y satuïnèes. Aprctf deux ou trois jours, on aura

recours aux pommades substitutives, capables de calmer le pr-urit et la douleur, en provoquant la restauration du vernis épidermique. Les préparations à ;base de glycérolé lartrique, de vaseline à l'oxyde de zinc, de beurre de cacao au précipité blanc, de glycérine et d'huile de cade, sont particuliiâ^ment utiles, lorsque l'acuité de l'éruption est déjà un peu émoussée.

On use et on abuse de la poudre d'amidon pour le traitement de l'eczéma. Je lui préfère, de beaucoup, la poudre de vieux bois. La poudre de vieux bois, préparée au tamis le plus fin avec du coeur de chêne vermoulu est la préparation siccative, astringente et résolutive par excellence. On ne peut que déplorer, avec DeVcrgie, l'abandon de cet excellent topique.

La méthode d'occlusion par la gutta-percha laminée procure les bénéfices d'une sorte de bain de vapeur local, très favorable à l'élimination des


40 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU

déchets de l'ôpiderme et à la réparation définitive de la peau. Cette méthode a, de plus, le précieux avantage de mettre obstacle au grattage, qui entretient et exaspère les éruptions les plus bénignes et compromet ainsi les médications les mieux combinées. D'ailleurs, il est universellement reconnu que l'eczéma-aime la chaleur (').

Dans la période aiguô de l'eczéma, il est assez rationnel d'activer les fonctions cutanées par l'emploi des sudorifiques internes (jaborandi, poudre de Dowcr) et par un enveloppement à la Priessnitz de toute la région (serviettes imbibées d'eau boriquée). L'arsenic, nous le savons, n'agit guère, comme modificateur, qu'à la faveur de son élimination par la peau.

Toutefois, lorsque la dermatose suintante paraît s'éterniser, j'estime qu'il faut, alors, au contraire, chercher à restreindre le fonctionnement des glandes de la peau. Je n'ai rien obtenu de bon ni de l'agaric blanc, ni de l'atropine : mais je dois, en ce sens, au phosphate de chaux (4gr. par jour) de véritables succès dans ma pratique. Je veux

(t) Les gants et masques de Rainai frères, dont on trouvera ici les dessins, sont les plus employés dans la pratique quotidienne.


L'ECZÉMA 47

aussi donner, ici, le traitement local efficace de l'eczéma strumeux, tel que je l'emploie depuis quinze ans, avec un succès qui ne s'est jamais démenti. Je confectionne un cataplasme d'amidon ordinaire, auquel j'incorpore quinze à vingt gouttes de teinture d'iode: j'obtiens ainsi, grâce à la formation de Tjodure d'amidon, un cataplasme puissamment résolutif et cicatrisant, bien que toujours doué de propriétés assez émollientes.

Lorsque le suintement eczémateux s'accompagne de tension inflammatoire et d'un violentprurit, j'applique des compresses trempées dans un verre d'infusion de sauge tiède, avec une cuillerée à soupe de glycérine, une cuiller à café d'alcool camphré et 4 gr. d'alun ordinaire ou de potasse.

Suivant ses formes et les régions qu'il habite, l'eczéma réclame, du reste, un traitement local des plas variables: il faudrait plusieurs volumes pour en réaliser Tênumération complète.

Le traitement général de l'eczéma doit consister d'abord, dans des laxatifs. Toutes les semaines, je prescris une grande cuillerée à soupe de phosphate de soude dans un verre d'eau de scltz,


48 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

à prendre à jeun, le matin. Avant chaque repas, l'un des paquets suivants:

2L Poudre de cascara sagrada. . V

n ...... [ ââ o.io

Bcnzoate de hthuic. .....;

M. .

Il importe de régulariser ainsi le fonctionnement normal des sécrétions digestives, souvent troublées chez les arthritiques et de décongestfonrncr le foie, dont l'obstruction préside, habituellement, au développement et à l'entretien des éruptions eczémateuses. Comme traitement diathôsîque, je me suis toujours bien trouvé d'associer l'iode à l'arsenic; je donne, tous les matins, dans une tasse de lait, six gouttes de teinture d'iode et six gouttes de liqueur de Fo\vler,cn interrompant cette médication une fois par semaine, le jour où j'administre le phosphate de soude.

L'usage des tisanes n'est plus guère à la mode; mais il est, pourtant, fort utile dans un grand nombre d'eczémas. Lorsque la forme est sèche et chronique,'" ) conseille la tisane de scabieuse ou celle de g» iCts; lorsque la suppuration est marquée, celles de monésia ou d'orme pyramidal,

L'eczéma est, plus que toute dermatose, justi-


L'ECZÉMA. 49

ciablc de l'hygiène diététique: c'est un problème d'alimentation.

Le vin, et surtout les vins alcooliques ou aigrelets, le cidre, sont très nuisibles aux eczémateux: chacun sait la rougeur faciale du buveur de vin et du Normand amateur de cidre.

Régime doux; ni épices, ni sauces relevées, éviter les aliments trop salés, et non seulement les poissons et viandes conservés dans la saumure, mais toutes les conserves alimentaires en général: salaisons, charcuteries, même les conserves de légumes frais. Les escargots (peu assaisonnés) sont plutôt favorables.

Les fromages fermentes, le gibier, les champignons et les truffes, les condiments chargés d'essences acres tels que : poivre, cannelle, ail, oignon, gingembre ; le sarrazin et le maïs, le cresson, les pâtes non fermentées, la viande de porc, interdite par Moïse et Mahomet ; et surtout les poissons de mer, coquillages et crustacés; — voilà autant de mets dont l'eczémateux doit faire son deuil. Qu'il se souvienne, du reste, que beaucoup de ces aliments sont suspects de provoquer l'urticaire chez des sujets bien portants. « La peau, a dit Bayle,

5


50 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

est le miroir du sang. » Si vous échauffez votre sang, vous irritez votre peau; le corps humain n'est qu'un seul et grand organe, dont toutes les parties sont solidaires. Tout rentre dans le sang et tout en sort. C'est une aberration mentale que de vouloir traiter séparément et considérer comme « locales » les affections cutanées, qui sont peut-être les types les plus parfaits de l'exhibition humorale interne !

L'indication du régime et du traitement interne se fait surtout sentir en avril, époque des récidives dartreuses humides. Comme l'amour et comme la mort, l'eczéma aime le printemps 1

Quel doit être le régime dans l'eczéma > Des végétaux herbacés en abondance, afin de corroborer, par la chimie de la nature, la médication alcaline et anti-arthritique: la chicorée, lesépinards, laitues, asperges, oscille, artichauts, cscarolc, cardons, haricots verts, etc. ; un usage modéré du sucre et des farineux, en exceptant, toutefois : les oranges, les pommes de terre et pois en purée, que l'on peut manger ù volonté; toutes les pâtes


L'ECZÉMA. 51

alimentaires ; comme viandes journalières; le veau le poulet, le lapin, le dindon, bien cuits et môme rissolés; du lait, des oeufs et du fromage très frais ; des fruits bien mûrs. Voilà, en quelques mots, notre ordonnance alimentaire. A propos des fruits, la plupart doivent être préférés cuits en compotes, car il n'est pas rare de voir les fraises, framboises, abricots, pêches et raisins-muscats, même bien mûrs, déterminer des poussées eczémateuses. On fera bien de rejeter les fruits huileux, sauf les amandes et noisettes vertes.

Il faut renoncer à l'usage du cidre et du vin pur, boire de la petite bière, du petit-lait ou bien du bordeaux léger très étendu, Les boissons aqueuses ou amôres (houblon, pensée sauvage, douceamère, centaurée), lavent très bien le sang, rétablissent les sécrétions dans leur intégrité, et entraînent, par le grand êgout collecteur de l'économie, toutes les impuretés organiques. Nous avons vu certains eczémas très aigus rapidement amendés par la diète lactée et par le régime végétarien sévère. (Les médecins allemands, qui envoient souvent paître les eczémateux, obtiennent parfois ainsi de magnifiques succès). Enfin, conseil-


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Ions l'abstinence du thé, du café et surtout du bouillon, véritable solution toxique, qui souille le sang de produits cxcrémentitiels (xanthine, créatine, etc.), et vient ainsi compliquer l'arthritisme préexistant.

L'eczémateux sera placé dans un air pur, à micôte, près d'une forêt, loin de la mer. Il prendra pour devise : quiétude de l'âme, mouvement dans le corps. Il changera tous les jours son linge et s'abstiendra de la flanelle. On le soumettra à des bains avec un kilogramme d'amidon et 300 grammes de carbonate de soude ; ou mieux, on lui choisira une station hydro-minérale convenable. lien est d'excellentes,pour l'eczéma, en France et à l'étranger ('); et nous croyons qu'il n'avait jamais soigné d'eczémateux, notre amusant Gui-Patin, lorsqu'il déclarait que les eaux minérales [plus habent celebritatis quant salubrilatis) avaient fait plus de cocus qu'elles n'avaient jamais guéri de malades !

(1) Saint-Honorc et Schinznach figurent parmi les meilleures.


CHAPITRE IV LACNÉ ET LA COUPEROSE.

. L'acné ordinaire est une affection éruptivc, siégeant principalement à la face, et caractérisée par des papules rouges qui deviennent pustuleuses, pour faire place, enfin, à des taches cicatricielles couleur lie de vin. L'acné est une affection fréquente dans la jeunesse : ce qui faisait dire aux anciens qu'elle se guérit par le mariage [matrimonio curât varus). Elle est causée par une irritation particulière des glandes sébacées de la peau, et , les formes qu'affecte cette irritation sont, d'ailleurs, extrêmement variables. Tantôt la peau semble comme vernissée et huileuse, sans éruption apparente (acné fluente) ; tantôt elle se parsème d'incrustationsconcrétes et cornées: cesdeux formes d'acné sont assez fréquentes au cuir chevelu. Les variétés boutonneuses et éruptives siègent surtout, comme nous l'avons dit, à la face. Les points noirs (tannes) que certaines personnes


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présentent aux ailes du nez, ne sont, eux-mêmes, qu'une forme spéciale de cette dermatose (acné punctata). D'autres fois, les boutons s'indurent et s'enkystent, en quelque sorte. Enfin, il existe une forme surtout connue et détestée (j'en appelle à toutes les femmes !) : c'est la forme rosacée, couperose ou goutte-rose, assez rebelle aux traitements ordinaires, et qui est capable de rendre repoussants et hideux les plus jolis visages.

Les causes de l'acné sont : tout d'abord, une certaine prédisposition particulière de la peau, dont nous avons essayé de déterminer la nature dans notre Hygiène de la beauté. L'abus des onctions grasses sur le visage et l'usage immodéré des poudres soi-disant de riz, qui mettent obstacle aux fonctions perspiratoires des téguments, constituent, pour nous, les grandes causes déterminantes de la couperose, chez une foule de femmes de trente à trente-cinq ans, car c'est à cet âge-là que débute le mal et qu'il importe de l'arrêter, pendant qu'il en est temps encore. *

On désigne souvent sous le nom d'état sèbor-


L'ACNÉ ET LA COUPEROSE. 5$

rhéique de la peau cette prédisposition locale aux éruptions acnéiqucs : or, Barthélémy et Jacques ont prouvé que cet état séborrhéique, qui crée sur la peau un bon terrain de culture pour les germes, peut être, assez souvent, la conséquence et le résultat de troubles digestifs dus à une alimentation défectueuse. Les troubles de la fonction hépatique, notamment chez les buveurs, provoquent souvent l'état oléiforme de la peau, reflet d'unchimismedigestifdéfcctueuxjdanslessujetsà nutrition ralentie et acidifiée. Les affections cutanées qui puisent leurs origines dans l'état séborrhéique sont l'acné et le pityriasis versicolor, sans compter les points noirs, tannes, kystes sébacés, comédons, eczémas dits séborrhéiques. Comme conclusions, l'antisepsie intestinale, le lait, les boissons chaudes, les eaux alcalines et la cuisine hygiénique s'imposent contre la séborrhée. La constipation, surtout, sera combattue par les lavements et les laxatifs ; en même temps, on agira sur la peau par l'excercice, les frictions, l'hydrothérapie, les topiques savonneux et antiseptiques. En veillant à l'insuffisance digestive, on restreindra l'élimination des toxines par la peau et on


56 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

préviendra les dermatoses qui puisent leur raison d'être dans l'état séborrhéique des téguments externes. Comme laxatif, je recommande surtout la poudre laxative de Vichy, qui est à la fois antiseptique et déplétive.

La chaleur au visage, déterminée par l'action du soleil, d'un poêle, d'une lampe; l'usage interne des préparations à base d'iode et l'excès des liqueurs alcooliques et du vin pur sont, maintenant, les grandes causes accessoires de l'acné. Ce mal affecte, de préférence, des femmes qui ont été longtemps soignées comme anémiques ou lymphatiques, et qui ont, parfois, ingurgité des préparations ferrugineuses et iodées au point d'en avoir l'estomac détérioré. Alors, se traduit sur la peau le reflet de l'état général, compliqué de l'action médicamenteuse. Les arthritiques et les rhumatisants ; les jeunes personnes dont les époques sont peu régulières et ont été difficiles à établir, sont prédisposées aussi £ l'acné et à la couperose. 11 faut, du reste, remarquer combien toutes les affections éruptives, en général, se trouvent influencées par les époques menstruelles et aussi par l'état gastrique.


L'ACNÉ ET LA COUPEROSE. 57

Les éruptions dont nous parlons sont essentiellement traîtresses', elles mordent, comme on dit, sans aboyer; et tous les jours elles réalisent, lentement, un nouveau progrès, surtout si, au lieu de les soigner rationnellement, on se contente (ce qui n'est que trop fréquent) de les masquer par des fards et des cosmétiques, provocateurs d'irritations nouvelles désastreuses. Il faut, dès le début, s'efforcer, au contraire, de décongestionner le visage et de lui éviter, dans la mesure du possible, toutes causes d'irritation. L'exposition au froid et à la chaleur, la fréquentation des salons surchauffés, les discussions, colères, émotions vives, sont, par exemple, à éviter. Il faut cesser l'usage du café, du bouillon gras, du vin pur, des liqueurs, du gibier, du porc, des épices, du fromage avancé. Les poissons de mer, les huîtres et surtout les moules, ne doivent être tolérés qu'avec méfiance; la charcuterie, les oignons, les truffes, les choux, chouxfleurs, asperges seront également écartés du régime de l'acnéique, qui est presque toujours entaché, du reste, d'arthritisme héréditaire,


58 TRAITEMENT DBS MALADIES DE LA PEAU.

C'est en traitant avec soin l'estomac, notamment par le moyen des alcalins (bicarbonate de soude), que l'on modifiera, de la manière la plus sûre, la prédisposition générale. Il faut aussi assurer, à l'aide des laxitifs, la liberté du ventre et régulariser, par un ensemble de moyens, les fonctions spéciales du beau sexe. On évitera soigneusement le froid aux pieds, l'usage des bromures et des iodures, du fer et de l'huile de foie de morue. Comme traitement local, les lotions d'eau chaude, alcaline ou sulfureuse, réussissent merveilleusement, aux premières périodes de l'affection. Dans la couperose confirmée, les scarifications sont fréquemment nécessaires pour arriver à la guérison complète.

La couperose n'est, en somme, qu'une inflammation des glandes sébacées, avec des poussées congestives qui s'exagèrent par l'exercice actif, les travaux qui exposent à avoir « le sang à la tête» les régimes qui stimulent la circulation (vin pur, thé, café, constipation). Il arrive aussi que la rougeur du nez est primitive (congestion réflexe), les lésions de l'acné n'apparaissant que consécutivement, De là, cet important précepte d'examiner


L'ACNÉ ET LA COUPEROSE, 59

toujours l'état de la muqueuse nasale et des cornets, avant d'instituer un traitement de la couperose nasale. Fréquemment, nous avons constaté, chez les jeunes filles mal réglées, des tuméfactions hypcrtrophiques de la membrane de Schneider, dont la guérison entraînait rapidement la disparition du « nez rouge».

J'ai constaté aussi, plusieurs fois, dans ma pratique, la coïncidence, non pas seulement de la couperose, mais de l'acné inflammatoire et de l'état séborrhéique avec les affections organiques du coeur, le rétrécissement mitral principalement. Quant à la syphilis, elle produit des lésions acnéiformes, mais dont les croûtes et l'absence de comédon sébacé nous donneront la clef du diagnostic différentiel.

On trouve dans les anciens auteurs des données étiologiques très exactes touchant l'acné. Guy de Chauliac déclare que le régime rafraîchissant et la liberté du ventre sont indispensables au traitement. Ambroise Paré dit que la couperose est plus marquée en hiver qu'en été (( parce que le


Ô0 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

froid clot les porcs et partant, la matière ne se pouvant évacuer, est tenue sous le cuir où elle acquiert acrimonie et mordacité faisant cftleurir boutons et croustes. »

Les glandes sébacées servant, en somme, à éliminer hors de l'économie les matières grasses, peuvent être considérées comme les vicaires du foie. Aussi, sont-elles plus développées chez les bilieux, les congestifs, les continents, les alcooliques, les sujets exposés à la vie en plein air. La pousse du système pileux lors de la puberté excite, d'une façon connexe, le développement du système sébacé, surtout chez les peaux molles et grasses, à pores béants.

II existe, ai-je dit, plusieurs types d'acné. Le type papuleux est rouge et sec ; le type pustuleux est couronné d'un petit bouton purulent; parfois, l'acné est indurée et noueuse, sans apparence inflammatoire. Parmi les acnés non inflammatoires, figurent aussi le comédon proprement dit et l'acné ■miliaire. Le sycosis simple n'est qu'une acné pilosébacôe.


L'ACNÉ ET LA COUPEROSE, 6l

La couperose débute, habituellement, par les ailes du nez, du côté des lèvres. D'abord fugace, elle se manifeste après les repas, Bientôt elle est plus persistante, elle s'exaspère par poussées, envahit le nez, le front et les joues, dilate et bleuit les vaisseaux capillaires, épaissit les tissus, bosselé et gerce le nez, où fleurissent, çà et là quelques pustules d'acné éruptive. C'est une marche lente, qui ne rétrograde que par un traitement suivi ; parfois, cependant, la couperose semble guérie sous l'influence d'une grossesse. Mais c'est pour reparaître plus féroce ensuite.

D'après ce qui a été dit des causes de l'acné, on déduira aisément le régime et le traitement général. J'ai obtenu Beaucoup de résultats heureux par l'emploi interne du bicarbonate de soudeà haute dose (') et des bains sulfureux, additionnés ou non de sel. D'une façon générale, dans les premières périodes, il vaut mieux s'abstenir de savon et de corps gras. OnB fera la toilette journalière

(t) On peyt donner, tous les jours, aux repas: Bicarbonaté de soude'. .'.... 15 gr.

Poudre de soufre lavé. ..... 1*50

M. (en 3 ou 4 paquets).

6


62 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

avec de l'eau chaude additionnée de parties égales deglycérolé de borax au cinquième.

Tous les auteurs conseillent de traiter les éruptions acnéiques par les lotions chaudes, qui sont essentiellement dêtcrsives et résolutives, decongestives et modificatrices.

Les lotions chaudes, additionnées de 5 gr. de sel ammoniac par verre, ont la propriété de réveiller la contractilité du follicule sébacé, qui n'avait plus la force d'expulser son contenu. On les pratiquera matin et soir et on les fera suivre de lotions soufrées suivant la formule suivante :

2L Eau de laurier cerise. , . . )

.... [ âà 60 gr.

Alcool camphré )

Hyposulfite de soude. ... 10 »

M.

Lorsque ces lotions auront épuisé leur action, on les remplacera par le topique suivant :

2J. Vaseline blanche. . . . -. 40 gr.

Borate de soude, .... 4 »

Microcidine 1 »

Résorcine. o » 50

M


LACNÊ ET LA COUPEROSE 63

S'il ne survient pas d'irritation cutanée, on pourra poudrer avec parties égales de fleur de soufre, de salicylatc de bismuth et d'amidon (').

Les scarifications des vaisseaux sont parfois indispensables, ainsi que les cautérisations des acnés hypertrophiques (rhinophyma), L'acuô kèlotdienne les comédons, l'acné miliaire et l'acné varioliforme, (aujourd'hui considérée comme un molluscum contagieux) sont également justiciables de la petite chirurgie: évidement par une aiguille à cataracte, puis cautérisation avec l'acide chrômique ou l'acide lactique.

Contre lespoints noirs du nez, nous conseillons, avec succès, les applications chaudes de mousse de savon noir, matin et soir, suivies de frictions avec la liqueur d'Hoffmann, saturée de silicate de soude.

Mais il faut bien savoir que, pratiquement, il existe deux variétés de points noirs: l'une est

(1) J'ai guéri une couperose datant de dix ans par des badigeonnages avec parties égales de teinture de garou et de teinture de cantharide. Les sparadraps médicinaux de F. Vigier rendent aussi des services.


64 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

constituée par des grains de poussière fixés sur l'orifice des glandes sébacées (acné punctata vulgaire) et se guérit aisément. L'autre est essentiellement pigmentairc et ne s'efface que par l'ablation du pigment faite au moyen d'une aiguille à cataracte : on cautérise, ensuite, avec l'essence de winter-green additionnée d'un peu de sublimé.

Dans les affections acnôiques du cuir chevelu, il faut, d'abord, faire tomber les croûtes et nettoyer la place avec des lavages au bois de Panama ou au savon vert ; on utilisera ensuite, comme topique, un mélange de sublimé et d'alcoolat de Fioravanti, dans la proportion d'i pour 200.

Worms considère l'aphte comme une acné des muqueuses et conseille, avec raison, de dissoudre par l'ôther l'exsudat graisseux qui le constitue.


CHAPITRE V

LE PSORIASIS.

Après l'eczéma et l'acné, le psoriasis est, assurément, dans nos pays, la maladie la plus fréquente de la peau. Elle atteint les adultes en pleine santé, dans toute la fleur de leur robustesse musculaire; c'est pourquoi Neumann surnomme le psoriasis morbusfortiorum.

Le psoriasis (dont l'étymologie signifie dartre émiettante) est une éruption superficielle, non contagieuse, arrondie en lamelles squameuses superposées, stratifiées, d'une couleur nacrée ou blanc d'argent. On a souvent comparé ses apparences extérieures à celles de plâtras, de taches de bougies ou bien encore aux contours d'une carte géographique; le liseré congestif, qui limite la plupart des éruptions de psoriasis, fait naître cette dernière ressemblance.

Les lieux d'élection de l'éruption sont les genoux, les coudes, le cuir chevelu, la région fes6*

fes6*


66 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

siôre ; mais elle peut exister sur tous les points du territoire cutané. Le psoriasis est, toutefois, rarement généralisé. C'est une dartre discrète et tolérante, causant peu ou point de démangeaisons; elle évolue par poussées successives, entrecoupéesdepériodes d'accalmie plus ou moins longues.

Lorsqu'on racle les squames du psoriasis, on arrive bientôt à une petite macule d'un rouge orangé, facilement saignante: c'est elle qui est, vraisemblablement, le point de départ et l'origine de cette desquamation épidermique, parfois si active qu'elle remplit, comme de poignées de son, le lit de certains malades. Si l'on songe combien notre épiderme est riche en fer, en chaux, en soufre, en silice, etc.,on comprendra comment la dêbilitation générale vient aux psoriasiques invétérés, dont le sang s'appauvrit par ces pertes continues et journalières.

Suivant la forme et la grosseur de ses poussées éruptives, le psoriasis a reçu diverses appellations; il est dit ponctué, gultata, nummulairc (forme d'une pièce do i ou 2 francs), circiné (arrondi avec peau saine au centre), sinueux (&ynt/<t), diffus, etc. Au cuir chevelu, le mal est assez souvent con-


LE PSORIASIS. 67

fondu avec l'eczéma séborrhéique, bien moins rebelle au traitement et plus coutumier de procurer la calvitie. Aux ongles (le psoriasis unguéal n'est pas une rareté), il apparaît sous forme de rainures inégales et écailleuses, qui ne sont guère plus caractéristiques. Dans les formes invétérées, il y a souvent aussi complications de gerçures, de fissures et d'éruptions eczémateuses, qui ne laissent point d'embarrasser le diagnostic et le traitement.

Le psoriasis ne semble pas exister sur les muqueuses et l'on sait aujourd'hui que les plaques blanchâtres de la langue, si communes chez les buveurs, les fumeurs et les syphilitiques, ne sont aucunement, quoiqu'en pensât Bazin, du psoriasis lingual. Elles ne s'en rapprochent guère que par leur rébellion au traitement et leurs récidives faciles.

La science est bien peu fixée, touchant les origines précises du psoriasis. J'ai déjà dit qu'il était l'apanage des tempéraments musculo-sanguins; il est en effet très rare chez les sujets lymphatiques et surtout scrofulcux. C'est de vingt à trente ans, en général, qu'il s'installe sur les téguments.


68 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU

et c'est souvent, hélas I pour persister, silencieux ou tapageur, pendant toute la durée de la vie. Ses poussées sont excitées par les excès de table, l'alcoolisme, la grossesse, l'allaitement, les fatigues exagérées, les émotions vives. J'ai retrouvé, bien des fois, l'influence déterminante du choc moral chez des patients dont l'activité cérébro-médullaire était nettement déséquilibrée, souvent par l'hérédité. Le psoriasis paraît aussi provoqué (je parle des poussées, bien entendu) par les professions qui exposent à des contusions ou à des frottements répétés (portefaix, débardeurs). Le tatouage est connu, enfin, pour déterminer des poussées, en irritant les dermes prédisposés.

Le psoriasis est fréquemment héréditaire, et, dans ces cas, il résiste toujours aux traitements les mieux combinés. Un nombre respectable d'auteurs autorisés le considèrent comme une forme atténuée delà lèpre: Balmano Squirc explique ainsi sa prédilection marquée pour la race sémitique et sa fréquence excessive en Asie. L'origine parasitaire du psoriasis a été aussi invoquée» dans ces dcrnièrcs-annècs, par certains bactériologistes intransigeants, dont l'argumentation m'a semblé


LE PSORIASIS. 69

bien peu convaincante. Pour moi, cette maladie cutanée ressortit surtout à la diathése arthritique. Ce qui le prouve, c'est l'état névropathique, héréditaire et constitutionnel, très commun chez les psoriasiques ; la fréquence assez grande des complications articulaires, et notamment de l'arthrite sèche, dans cette dermatose ; enfin la concomitance habituelle de la dyspepsie flatulentc, de la congestion hépatique, des tendances à l'asthme et à l'angine granuleuse, tous phénomènes habituellement placés sous l'invocation de l'arthritisme.

Le traitement du psoriasis consistera clans l'hygiène commune à tous les malades de la peau: éviter les fatigues, les émotions, Les excès, les aliments capables de provoquer des poussées. Il faut assurer la liberté du ventre et la décongestion du foie, en administrant, deux fois par semaine, au moment du coucher, vingt centigrammes de calomcl. La plupart des spécialistes vantent l'usage interne de l'arsenic et des alcalins: ils prescrivent, d'ordinaire, de 6 à 40 gouttes de liqueur de Fowler, tous les jours, à doses sans cesse croissantes puis décroissantes, afin d'éviter les dangers do l'accumulation médicamenteuse.


70 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

J'ai, pour ma part, donné depuis longtemps mes préférences à l'arsêniatc d'antimoine (ta 6 milligrammes par jour), dont la tolérance et l'activité me semblent supérieures. Quant aux alcalins, je prescris 4 grammes de borate ou 2 grammes de silicate de soude, tous les jours, dans un bol de tisane de salsepareille. Lorsque le psoriasis revêt la forme humide, l'emploi interne de la teinture d'iode iodurée réussit beaucoup mieux que celui de l'arsenic : mais il ne faut pas craindre de prescrire les hautes doses. J'y joins l'hydrocotyle, 50 centigrammes de poudre, avant chaque repas, dans un cachet.

Le traitement externe du psoriasis consiste d'abord à décaper la peau par le moyen des cataplasmes d'amtdon, des bains et de l'enveloppement caoutchouté, lorsqu'il est possible: j'emploie aussi les onctions d'huile de foie de morue mélangée d'un dixième de goudron de Norvège. Un spécialiste américain, le docteur Bcrry, préconise les applications dune pommade êmolliente préparée en faisant cuire, pendant une heure, des feuilles fraîches de mauve, hachées avec de l'axonge, puis filtrées. La peau, une fois décapée, les


LE PSORIASIS. 7t

meilleures compositions pour pousser à la réfection épidermique et combattre l'élément récidivant sont: l'huile de cade, mêlée d'abord à la glycérine ou au glycérolé d'amidon, puis, finalement, employée pure, en badigeonnages ; les pommades à la chrysarobinc ou à l'acide pyrogallique, au dixième.

Le docteur Rollet, de Lyon, conseille plutôt le gallol ou gallanol, mélangé à de la vaseline (10 pour 60) (le gallanol se produit en faisant bouillir le tannin avec l'aniline et en traitant ensuite par de l'eau acidulée d'acide chlorhydrique). •

On peut aussi employer, selon les ordonnances viennoises, la traumaticine chrysophanique, c est-à« dire le badigeonnage de la peau avec un mélange de : 10 de chloroforme, 1 de gutta-percha et ï d'acide chrysophanique. Les acides chrysophanique et pyrogallique doivent s'employer avec précaution et sur des surfaces très limitées : on a vu des cas d'empoisonnements causés par des applications trop généralisées et peu circonspectes. Il faut savoir aussi que les préparations pyrogalliques colorent en noir la peau et les poils, pendant que les chrysophaniques teignent les cheveux en


72 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

jaune et la peau en violet. D'ailleurs, malgré leur énergie, ces diverses préparations sont loin de procurer toujours la guérison !

Le traitement qui m'a paru amener les rémissions les plus longues, dans le psoriasis, et rendre les poussées plus rares et plus discrètes* c'est le traitement général libellé précédemment, auquel j'ajoute: deux bains tièdes d'une heure, chaque semaine, avec 500 gr. de gélatine et 500 gr. de borax. Malgré tout ce qu'on peut faire, le psoriasis reste la dermatose la plus déplorablemcnt résistante. Sa guérison complète est des plus rares ; en revanche, il s'aggrave en s'invétérant et cause la mort par le cancer, l'albuminurie pu le catarrhe suffocant, qui sont ses complications ou transformations ultimes préférées. On a vu le psoriasis disparaître, toutefois, à la suite d'un êrysipèle ou d'une perturbation vitale profonde, causée par la foudre, une fièvre typhoïde grave, etc., assez coutumiôrcs (on le sait), de guérir les affections organiques les plus intenses.

Le psoriasis se termine aussi, parfois, pat Vherpètide maligne exfoliatrice, dans laquelle le malade perd d'énormes quantités de lamelles épidermi-


LE PSORIASIS. 73

ques. Les indications thérapeutiques consistent alors: dans une médication tonique intensive; dans le massage de la peau avec le glycérolé d'amidon additionné d'i gr. pour 30 de chlorate de potasse, et dans les bains de vapeur térébenthinée. On peut aussi essayer l'emploi des courants continus.

La dermatite exfoliatrice primitive ou maladie d'Erasmus Wilson est d'un pronostic bien moins grave, quoiqu'elle se complique de lièvre, d'albuminurie et de congestions viscérales. Son traitement nécessite le régime lacté et l'enveloppement ouaté des lésions (ouate boriquée ou salolée de Rainai frères).


CHAPITRE VI

LES ERYTIIÈMES — LE LICHEN — LE PITYRIASIS CUTANÉ

On appelle érythêmes des éruptions éphémères de la peau, ordinairement caractérisées par des taches ou des élevures rosées, qui s'étalent en vieillissant et deviennent bleuâtres. Les roséoles des fièvres éruptives, ainsi que la plupart des éruptions médicamenteuses ne sont que des variétés d'érythêmes. L'ôrythême noueux, consistant en petites bosselures douloureuses au voisinage des articulations, est d'origine notoirement rhumatismale et s'accompagne de fièvre plus ou moins forte: cette éruption est commune, à la suite de la fatigue, chez les goutteux et les rhumatisants. Son traitement le meilleur consiste dans le repos, la poudre de Dowcr à l'intérieur, la diète lactée et les lotions fréquentes avec l'eau de Cologne salicylée 2 pour 100 d'acide salicylique),


LES ÉRYTHÊMES, LE LICHEN 75

D'autres fois, l'érythême est dû aux frottements, chez les personnes grasses, ou au séjour trop prolongé dans le lit, chez les malades. Ces lésions, contusives, en quelque sorte, disparaissent avec la cause qui les a produites. Pour les malades, le matelas à eau et les emplâtres non irritants constituent le traitement préventif et curatif. Lorsque l'érythême s'accompagne de vésicules ou de desquamation (polymorphisme), il faut alors employer les poudres et les topiques usités contre l'herpès et l'eczéma.

Le lichen est une éruption saisonnière, fréquente dans les années où le printemps est chaud et le soleil piquant. Elle consiste en petites papules rouges occasionnant de vives démangeaisons. Il existe une variété fort rebelle "de lichen : le lichen plan ou ruber, fréquent au cou et aux poignets, ■chez les personnes nerveuses, à peau fine et délicate. Ce'te affection de la peau nécessite un régime végétal sévère, des laxatifs et des antispasmodiques. Le traitement direct des éruptions consistera en douches chaudes et en lotions avec du vinaigre de vin additionné de 2 pour 100 d'hydrate de chloral. Chez les sujets lymphati-


76 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

ques, on obtient la guérison et l'on éloigne les récidives par l'emploi de l'huile de foie de morue à haute dose et de l'arsôniatc de fer (5 centig. par jour, en 3 pilules.

Le pityriasis du visage, vulgairement appelé dartres volantes, n'est, selon moi, qu'une variété d'érythème saisonnier, qui devient squameux et siège communément au cou, aux joues, au pourtour des lèvres et au cuir chevelu. Je recommande surtout comme traitement, un régime doux et laxatif, l'abstinence des viandes fortes et des épices: localement, des lotions avec de l'eau de goudron chaude saturée de nitre ou de borax.

L'influence des rayons solaires sur un grand nombre d'érythèmes n'est pas douteuse, lorsqu'on observe que ce sont surtout les femmes et les enfants, dont les téguments externes sont les plus sensibles, qui sont atteints, au printemps et en été, de ces diverses éruptions, siégeant, avec prédilection, sur les parties découvertes du corps. Sont-cc les rayons lumineux ou les rayons calorifiques qui agissent pour les produire'* Ce qui est certain, c'est qu'au printemps, bien des clames ne sauraient sortir au soleil sans revenir


LES ÉRVTHÈMES, LE LICHEN 77

avec un superbe érythème facial, dégénérant parfois en eczéma. Les voilettes vertes ou mieux les voilettes imprégnées de bichromate de potasse (Veiel) doivent être recommandées, contre ces érythêmes solaires à répétition.

Les jeunes femmes à peau fine, surtout lorsqucllcs se livrent à des écarts de régime (repas irreguliers, abus des pâtisseries) ou a des exercices violents, sont prédisposées aux éruptions faciales, qu'elles s'empressent, d'ailleurs, invariablement, d'aggraver par l'emploi des cosmétiques en renom que leur vante leur journal de mode. Disons-leur, une fois encore, qu'un régime rafraîchissant, de fréquents lavements, l'abstention d'un régime acre et stimulant, le coucher et le lever de bonne heure, l'absence de contention d'esprit, un peu d'arséniatc de fer à l'intérieur suffisent pour assurer la guérison qui leur tient à coeur et pour éloigner toute rechute.

Contre les dartres furfuracées volantes, un traitement bien simple m'a fréquemment donné des résultats curatifs rapides: ce sont (j'en ai déjà parlé) les frictions avec une tranche de citron fraîchement coupé. Il faudra également s'abstenir de


78 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

savon pour le lavage de la face : on le remplacera avantageuscmcnten mettant sur la serviette mouillée quelques gouttes du mélange suivant : glycérine purifiée, 60: borax, 10; huile de bouleau et essence de santal, six gouttes. (Mélangez.)

Le grattage est fort nuisible dans la plupart des érythômes : c'est par lui que nous aggravons les simples piqûres des puces ou des cousins, ou les légères éruptions qui résultent de contacts plus ou moins malpropres. Un grand nombre do fièvres ortièes n'ont pas d'autre cause que le grattage, chez des sujets nerveux, à peau susceptible et excitable. Chez la femme, la grossesse, les affections utérines et même la simple fluxion mensuelle exagèrent encore cette excitabilité. J'estime aussi qu'elle coïncide, fréquemment, avec un mauvais état des voies digestives et notamment avec la congestion ou l'obstruction du foie et de la circulation veineuse abdominale (hèmorroïdaires). On conçoit combien ces données causales apportent au traitement rationnel de précieux éléments de succès.

Pour combattre l'état chronique dans les érythômes et les lichens, je recommanderai les bains alcalins au carbonate de potasse (2 à 300 gr.); ils


LES ÉUYTHÉMKS, LE LICHEN 79

ont une action révulsive et antiprurigineuse, que j'estime très supérieure à celle des bains alcalins ordinaires au carbonate de soude. Ces bains doivent être prolongés graduellement, d'un quart d'heure à deux et trois heures : ils déterminent à la peau de vastes congestions, parfois même des poussées herpétiques aiguCs,guérissant spontanément. Tout le secret des cures merveilleuses par certains établissements thermaux, en des cas de dermatoses chroniques et invétérées, réside évidemment dans les bains prolongés. A l'intérieur, outre l'arsenic, je recommande, pour leur action sédative et dêcongestive, la teinture decantharides (2 à 20 gouttes par jour progressivement) et l'extrait d'hydrocotyle (trois pilules de 5 centigr. dans les 24 heures).

Contre cette congestion faciale persistante, dont les poussées s'exaspèrent au printemps et prédisposent singulièrement à la couperose, je donnerai ici quelques méthodes curatives; car cette variété d'érylhème affecte singulièrement le moral des jeunes femmes et les pousse à employer sans réflexion des cosmétiques nuisibles.

Ce sont surtout les peaux molles et grasses


8o TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

dont les pores sont béants et qui appartiennent fréquemment au tempérament lymphatico-sanguin, qui semblent prédisposées à ces rougeurs.

L'hérédité, la continence exagérée, le séjour au grand air, alors qu'on n'y est plus habitué, le froid aux pieds, la constipation, la grossesse, la congestion menstruelle, l'abus des viandes fortes,etc., sont aussi à incriminer. Il faut donc veiller ici aux fonctions de l'intestin, de l'utérus et de l'estomac ; conseiller les lavenu ts de sauge et de camomille, le petit-lait comme boisson; les emménagogues, les bains de pieds vinaigrés ou sinapisés.

Comme traitement local, je me suis bien trouvé des lotions chaudes avec une solution à 5 0/0 de benzoate de lithine; des pulvérisations avec: eau de laurier-cerise 300, hyposulfite du soude 10, teinture d'opoponax 15. Les préparations belladonées m'ont rendu également des services. On sait que l'eau distillée du belladone servait, au temps du Titien, de cosmétique facial très répandu chez les belles Italiennes dont le teint était trop haut en couleur (d'où lu surnom de bella dona, donné à cette solanéc). J'ai eu à me louer d'avoir,


LES ÊRYTHÈMES, LE LICHEN. 8l

le premier, ressuscité ces propriétés, très réelles, en donnant, dans mon Hygiène de la beauté, diverses formules à base de belladone, contre les rougeurs du teint.


CHAPITRE VII

L'URTICAIRE. — LE PRURIGO.

Voilà le type des dermatoses qui reflètent une irritation viscérale interne et qui démontrent combien la peau est un fin réactif du tube digestif. J'ai soigné et je soigne journellement, chez des enfants, chez des jeunes filles surtout, des éruptions d'urticaire à répétition, qui résistent désespérément aux traitements les plus rationnels. L'estomac dilaté, l'intestin enflammé, élaborent bientôt des poisons, encore peu connus, mais qui s'éliminent par la peau en produisant \a.Jîhre orlièe. La dentition et l'état nerveux semblent favoriser l'apparition de ces élevures prurigineuses, de ces plaques blanchâtres et dures, éphémères ou persistantes, que l'on a justement comparées à des piqûres d'ortie. Ajoutons que le meilleur traitement de l'urticaire infantile est celui qu'a conseillé Hebra: l'huile de foie de morue en frictions et à


L'URTICAIRE, LE PRURIGO. 83

l'intérieur. Une bonne hygiène alimentaire, la suppression de la viande, du vin, du café, desépices; l'interdiction de toute boisson en dehors des repas ; l'emploi réitéré des lavements et des bains tiôdes, empêcheront tout retour offensif d'une éruption, assez grave chez les enfants, parce qu'elle entraîne la fièvre, l'insomnie et l'agitation nerveuse, par les violentes démangeaisons qu'elle occasionne et les furieux grattages qui en sont la conséquence.

Tous les ingesta que nous avons déjà signalés comme « poussant à la peau » sont capables de provoquer des éruptions d'urticaire : les moules, huîtres, anguilles, crevettes, crabes, écrevisses, charcuterie, ail, choux, noix, gibiers, truffes et champignons, cresson, concombre, céleri, fraises, framboises, vins acides, oeufs peu frais, café très fort, tels sont les aliments à suspecter le plus sérieusement. Les boissons glacées, les préparations balsamiques (copahu, créosote), les iodures et les bromures sont également à éviter pour les sujets prédisposés à l'urticaire.

Ordinairement limitée au tronc et à la racine des membres, la fièvre ortiée se généralise parfois sur


84 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

tout le corps. Ordinairement, les larges papules auréolées, plates et irréguliôres qui constituent l'éruption n'apparaissent qu'après démangeaisons et grattages. En même temps que la fièvre, existent souvent des douleurs articulaires et des troubles digestifs.

On a décrit une urticaire interne, occupant les muqueuses, déterminant certaines variétés de coryza, d'angine, de laryngite, et parfois une toux irritante, accompagnée d'une oppression des plus vives. Pour certains théoriciens, l'asthme ne serait même qu'une urticaire bronchique.

L'urticaire peut naître sous l'action des émotions morales : colère, chagrins, perturbations affectives, opérations chirurgicates. C'est la forme dite spasmodique ou émotive. Nous en observons, journellement, des exemples: il nous suffit de faire déshabiller une jeune fille pour ausculter sa poitrine: le rougede la pudeur apparaît aussitôt, sur les bras et les épaules, sous la forme de plaques o niées. .

Certaines femmes annoncent infailliblement leurs époques par une urticaire qui ne les trompe point: nous étudierons, tout à 1'ncurc, sous le


L'URTICAIRE, LE PRURIGO. ■ 85

nom de dcrmographisme, ces phénomènes de vulnérabilité cutanée exquise, qui .assortissent évidemment à des réflexes vaso-moteurs, encore très obscurément accueillis par la physiologie contemporaine.

L'impression du froid au moment de la digestion; les piqûres des mouches, puces, punaises, araignées, chenilles, méduses (orties de mer), etc., etc., sont les causes susceptibles de provoquer une éruption ortiéc de cause externe. Certaines personnes ne sauraient prendre un bain froid ni revêtir une flanelle, sans présenter bientôt de l'urticaire.

Donnons icî quelques préceptes à l'adresse des sujets prédisposés à l'urticaire. Ils devront fuir les aliments qui leur ont paru solliciter l'éruption, éviter, d'ailleurs, toute nourriture exagérée et excitante, qui impose au tube digestif, et surtout au foie, un labeur excessif. Le régime végétal, laxatif et rafraîchissant, la cuisine simple et la sobriété habituelle leur sont recommandés: ce sont choses, d'ailleurs, qui n'ont jamais fait de mal qu'aux médecins.

Pour guérir l'éruption, une fois qu'elle est ins-


86 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

tallée, il faut que le praticien s'efforce, d'abord, d'en dépister la cause et de la déloger ensuite. S'il y a embarras gastrique, une purgation saline ou un vomitif en auront raison. Comme traitement local, les lotions tièdes vinaigrées et les frictions avec une tranche de citron nous ont assez fréquemment réussi. Dans les formes rebelles et chroniques, il faut prescrire, à l'intérieur, les alcalins, l'antipyrine, les gouttes de Baume, les granules de sulfate d'atropine, sans préjudice, bien entendu, du changement de régime et d'habitudes. Comme lotions générales, on imbibe une petite éponge avec de l'eau phéniquée au soixantième ou une solution d'hydrate de chloral, à 5 grammes pour 200 d'eau. Dès que la peau a été lotionnôe, on saupoudre avec la veloutine anti-êrythômatcusc dont j'ai donné la formule à la fin de cet ouvrage.

* «

Les démangeaisons, le prurit, les cuissons et picotements sont communs à un grand nombre de dermatoses, mais peuvent être indépendants de toute lésion cutanée. C'est ainsi que chez les goutteux, les diabétiques, les hystériques, les brighti-


L'URTICAIRE, LE PRURIGO. 87

ques, les urémiques et simplement les vieillards, on constate fréquemment un prurit généralisé sans cause connue. Besnier estime que ce prurit annonce fréquemment l'apparition du cancer.

Brown-Sequard rapporte le prurit anal à l'abus du café; mais, presque toujours, en soignant l'eczéma et l'état hômorroïdaire concomitants, on triomphera de cette odieuse infirmité, sans avoir à supprimer la tasse de cafépostprandium^ si agréable à l'homme civilisé. Le prurit nasal coïncide assez souvent avec des vers intestinaux. Le prurit vutvaire dépend d'une métritc, d'un état de grossesse et fréquemment du diabète: je conseille, dans ce dernier cas, le bromure d'arsenic et les lotions créolinôes chaudes à 5 p. 100.

Le prurigo proprement dit ou maladie de Hèbra est une névrodermitc, un lichen féroce et polymorphe, sujet à des exacerbations et accalmies parfois très longues. Le docteur. Quinquaud recommandedans ces cas, l'emploi de l'huile defoie de morue intra et extra à hautes closes. J'y ajoute, pour ma part, des bains avec 1 kilog, de gélatine dissoute et additionnée de 15 grammes d'acide phonique neigeux,


TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

Le prurit hivernal ou mal de Duhring semble d'origine arthritique : il reparait périodiquement, dans nos pays, avec le froid sec, et désarme, d'habitude, les médications les mieux dirigées. Le régime anti-arthritique, les iodures à l'intérieur, le port d'une chemise de soie, et surtout le changement de climat, sont les remèdes du prurigo hivernal. L'un de mes clients s'est guéri en passant trois hivers de suite au Brésil.

Le strophulus des enfants est une sorte de prurigo ou de lichen, lié surtout au lymphatisme et guérissant par les antiscrofulcux à l'intérieur.

Le prurit du gland indique assez souvent la présence d'un calcul dans la vessie: c'est un phénomène réflexe ou sympathique,

Toutes les personnes soumises au prurit doivent suivre un régime alimentaire d'une stricte sévérité et se méfier principalement des aliments excitants et des boissons alcooliques. Les soins de l'estomac et de l'intestin, la surveillance des sécrétions et des excrétions, le traitement moral et les bonnes conditions d'hygiène s'imposent à qui veut triompher des dermatoses et des clermalgies prurigineuses, véritables croix des malades et des médecins spécialistes!


CHAPITRE VIII DERMOGRAPHIE OU AUTOGRAPHISME

On appelle ainsi un phénomène singulier, assez rare, consistant dans l'apparition, sur la peau, d'une sorte d'urticaire, sous l'influence de l'excitation la plus légère des téguments. Vous prenez un stylet mousse, un crayon, une tige quelconque, avec laquelle vous tracez sur la peau, en appuyant légèrement, les mots ou emblèmes que vous désirez reproduire. Aussitôt se montre, aux points touchés, une raie blanche ou rose, suivie bientôt de saillies dites ansérines (c'est-à-dire ressortissant au phénomène que tout le monde connaît sous le vocable de chair de poule), les élevures reproduisent exactement (la plupartdu temps sans prurit), les lettres ou dessins virtuellement tracés.

Signalée déjà par les anciens dcrmatologistes Willan et Gull, sous le nom d'urticaire factice, la deriiiographic n'a guère été étudiée que dans ces

8*


90 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

derniers tenïps. C'est ainsi que Blachcz rapporte, en 1872, l'observation d'une dame rhumatisante qui, lorsqu'on lui appliquait sur le bras une pièce de monnaie, était prise aussitôt d'une éruption ortiée localisée, reproduisant, exactement et en relief, la figure de cette pièce. En 1879, une jeune hystérique qui présentait, au plus haut degré, les phénomènes autographiques (d'une persistance de six à huit heures en moyenne) fit courir à l'hôpital Saint-Antoine tout le Paris médical: on ne parlait, à cette époque, dans notre microcosme du quartier Latin, que de la femme-cliché, ou femme lithographique, du service de M. Beaumetz.

Depuis cette époque, on a publié un assez grand nombre d'observations d'autogrephisme, et le docteur Mesnet présentait, il y a trois ans, un mémoire académiquo des plus étudiés sur cette question. L'auteur fait remarquer, au cours de ce mémoire: que l'autographismc appartient, par sa valeur rétrospective, à l'histoire de la sorcellerie, et que la connaissance exacte du phénomène sainement interprété, aurait, à coup sûr, sauvé du bûcher un grand nombre d'innocentes victimes.


DERMOQRAPIIIE OU AUTOGRAPHtSME. 91

Il y a trois cents ans, en effet, le Diable régnait en maître et le crime de sorcellerie, ou de possession démoniaque, était couramment admis par les Parlements et par les cours judiciaires : il suffisait de constater, à la surface du corps, une empreinte, un stigmate quelconque, pour que la justice de cette époque y vit, invariablement, la griffe.du démon. L'infortuné stigmatisé était alors expédié à la mort sans autre preuve. Qu'auraient dit les juges de cette époque, en présence de ces reliefs cutanés persistants, de ces emblèmes visibles à vingt mètres de distance ? 11 est probable que plus d'un névrosé, atteint d'autographisme, a dû subir ainsi la crémation obligatoire, dont notre douce Eglise, au seizième siècle, se montrait si prodigue, alors que maintenant elle n'admet môme plus la crémation facultative post mortem ! La dermographic, ainsi que les stigmates des hystériques (Marie Alacocque, Louise. Latcau, etc.), ne représente pas autre chose qu'un trouble vaso-moteur de la peau, c'est-à-dire une déviation des fonctions vasculaires et nerveuses du tégument externe, parfois poussée jusqu'au purpura. On l'observe, le plus ordinairement, chez les né-


92 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

vropathes, hystériques, épileptiques, aliénés et souvent aussi chez des arthritiques sujets à l'urticaire ou chez des malades en proie à l'empoisonnement par le plomb (saturnisme). Ladermographie puise probablement sa source dans une excitabilité anormale des nerfs vaso-dilatateurs. Le seizième siècle, si parfaitement ignorant de la physiologie, trouvait plus commode de rapporter à Satan ces phénomènes étranges et d'en faire le sigiltum diaboli. Mais maintenant, la science et la raison ont définitivement crié « Vade rétro, Satanas » et sonné la retraite du merveilleux.

Le docteur Guimbail (auquel la médecine psychique est déjà si redevable), vient de publier, sur cette question de la dermographic, une étude où il cherche à éclairer le mécanisme de la production des phénomènes autographiques, Les jeunes sujets blonds, à peau fine et lisse, sont, dit-il, particulièrement prédisposés; c'est entre les épaules que se trouve le lieu d'élection favorable du phénomène. Sans méconnaître la part évidente du réflexe nerveux clans sa production, Guimbail nous démontre qu'il existe un autre facteur puis-


DERMOGRAPHIE OU AUTOGRAPHISME. 9?

sant, pour l'apparition de la névrose cutanée; ce facteur, c'est le trouble nutritif, c'est .l'élimination par la pcrai des principes, plus ou moins toxiques, charriés dans le torrent circulatoire. Il cite à l'appui de sa théorie, le cas d'une jeune femme phtisique, d'un équilibre nerveux parfait, qui présenta des phénomènes démographiques caractérisés, à la suite d'un traitement prolongé par les injections sous-cutanées d'eucalyptol. Ces phénomènes disparurent complètement, après suppression du traitement en question.

Chez certaines personnes dyspeptiques et arthritiques, j'ai souvent constaté que les empreintes des tissus et dentelles restent parfaitement gravées sur le corps, avec tous leurs dessins.

La dermographie ne constituerait donc, comme le pressentait Gull, qu'un urticaire factice, c'est-àdire, une variété d'urticaire développée, pour ainsi dire à l'état latent, par une cause toxique quelconque, intrinsèque ou extrinsèque: l'éruption apparaîtrait, alors, sous l'impulsion occasionnelle du plus léger attouchement. La névrose seule est, conséquemment, impuissante à créer, de toutes pièces, l'autographisme : il faut l'intervention


94 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

d'un état irritatif préalable du liquide sanguin. Autrement, dit-il, il y a échange de mauvais procédés entre la névrose et l'état du sang, dont la dermographie n'est, alors, que le reflet.

Le traitement local de ces accidents est, d'ailleurs, le même que celui que nous avons déjà décrit pour l'urticaire. Il consiste dans l'enveloppement ouaté local, qui favorise les éliminations cutanées; dans l'usage d'un régime doux, plus végéta! qu'animal, réduisant à son minimum la production des/o.vmcsalimcntaires;il consiste, enfin, et surtout, dans l'abstention de tous aliments ou médicaments suspects de pousser, comme l'on dit, à la peau : poissons de mer, crustacés, huîtres, moules, viandes salées et fumées, charcuterie, gibiers, fromages forts, noix, oignons, choux, choux-fleurs, concombres, truffes et champignons, café, liqueurs, Champagne et vins alcooliques; antipyrine, chloral, belladone, balbamiques (copahu), bromures et iodures, etc.. On sait, en effet, que toutes ces substances sont susceptibles de déterminer, chez les sujets prédisposés, un certain nombre d'efflorescences cutanées et principalement des poussées d'urticaire.


DERMOGRAPHIE OU AUTOGRAPIIISME. 95

A l'intérieur, il faut prescrire les laxatifs et les préparations amies de l'cstomac,commc la pepsine, la quassinc, la strychnine. Mais le traitement qui réussit le mieux contre la dei mographic, c'est le traitement hydrothérapique. On commence par les bains tiédes et la douche écossaise et l'on arrive graduellement aux bains frais et à l'hydrothérapie froide. Un traitement de deux mois suffit ordinairement pour assurer la guérison. C'est ce qui fait dire à Barthélémy, par allusion au sort naguère réservé aux stigmatisés : Autrefois le feu, aujourd'hui l'eau!

Si la cure est moins radicale, elle est, assurément, plus humaine.


CHAPITRE IX

L'HERPÈS. — LE ZONA.

L'herpès est une affection vésiculeuse de la peau, survenant par groupes éruptifs isolés ou réunis en bulle. Il s'accompagne, habituellement d'une cuisson ou d'un prurit désagréables: en deux ou trois jours, les vésicules subissent la dessiccation, qui les transforme en croùtellcs. Voilà pour l'herpès de la peau. Sur les muqueuses, après une courte période vésiculeuse (souvent inaperçue), l'herpès provoque des fausses membranes blanchâtres, qui recouvrent une petite ulcération bientôt cicatrisée.

Le type d'herpès le plus banal est celui qui siège à la lèvre supérieure, à la commissure labiale, à l'aile du nez ; il apparaît parfois au moindre mouvement fébrile. Commun chez la femme à l'époque menstruelle, il s'observe aussi pendant la grossesse et l'allaitement, ainsi qu'à la suite,


L'HERPÈS, LE ZONA. 97

d'émotions vives. Cette variété ne réclame aucun traitement: on tiendra simplement l'herpès à l'abri de toute irritation et l'on respectera ses croùtellcs jusqu'à leur chute spontanée.

Il existe une variété d'herpès buccal, à répétition, très commune chez les sujets arthritiques qui ont autrefois contracté la syphilis: cet herpès a été considéré, à tort, comme une éruption atténuée de plaques muqueuses. Il n'a, en effet, rien de contagieux. Son traitement exige surtout l'abstinence du tabac, de l'alcool et des épices. On doit lui opposer un régime des plus sévères, surtout lorsqu'on a affaire à des clients de souche goutteuse qui, sous peine de tenaces récidives, doivent se rapprocher, le plus possible, de l'idéal végétarien et abstême. Localement, on pourra toucher l'herpès buccal avec le collutoire chlorhydrique du Codex : mais ne comptez pas en abréger ainsi notablement la durée.

L'herpès de la gorge entraîne une variété d'angine extrêmement fréquente chez les femmes, les enfants, les jeunes gens. Cette angine, dite cotze/ineuse bénigne, est souvent fort douloureuse et se plait également assez aux récidives. Jé'con§ei]le,


98 TRAITEMENT DES MALADIES DK LA PEAU.

contre elle, les vomitifs et les fréquents gargarismes tiècles avec un verre d'infusion d'uva ursi additionné d'un jus de demi-citron.

Les herpès génitaux, très communs dans les deux sexes et surtout chez les arthritiques, les diabétiques, les syphilitiques, surviennent à l'occasion des irritations locales les plus ordinaires. Ils récidivent,par poussées régulières, sous l'action d'un excès de la table, d'une excitation génésique prolongée et surtout de l'infidélité connubiale, qui paraît être le principal agent provocateur de l'éruption. Celle-ci est le siège de picotements pénibles et constants, parfois douloureux et névralgiques. Le meilleur traitement consiste dans les lavages locaux habituels, au coaltar de Lcbeuf coupé d'eau, et dans des pansements pulvérulents de l'éruption; les meilleures poudres sont le calomel, le salol, le bismuth, l'iodol.

Tout individu sujet à l'herpès doit éviter le refroidissement et la fatigue; soigner son estomac, ne point s'écarter du régime rafraîchissant et laxatif. Le médecin remontera le moral des malades, très affectés surtout par le siège gênant des éruptions. La plupart des sujets herpétiques sont,


L'HERPÈS, LE ZONA, 99

d'ailleurs, des nerveux et des arthritiques, que guette l'hypocondrie: ils accusent ordinairement des migraines, névralgies, troubles digestifs (dilatation de l'estomac); ils présentent des hémorroïdes, du varicoeôle, de la spermatorrhée, du déséquilibre mental.

Cette constatation clinique implique la nécessité d'un traitement général, basé sur l'hydrothérapie (elle m'a toujours donné des résultats très encourageants contre les récidives herpétiques) ; les préparations arsenicales et surtout le bromure d'arsenic, les bains sulfureux, le ferrocyanate de quinine, etc.

Il est une variété d'herpès qui diffère notablement des précédentes. Je veux parler du zona ou zoster, qui consiste en une éruption de Vésicules herpétiques, groupées sur le trajet des rameaux nerveux et accompagnée, précédée même, de douleurs névralgiques constantes, exaspérées pendant la nuit et remplacées, parfois, par une sensation de brûlure plus ou moins vive.

Le zona était connu des anciens sous le nom


100 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU

de feu sacré ou de ceinturon sacré. Son nom de zona signifie, du reste, ceinture : car, dans sa forme classique, c'est une éruption de la région intercostale inférieure, apparaissant en demi-ceinture, c'est-à-dire unilatérale et le plus souvent du côté droit; on ignore, du reste, le pourquoi de cette préférence.

Le zona est loin, d'ailleurs, d'être toujours intercostal. 11 siège assez souvent sur le trajet du nerf ophtalmique, branche du trijumeau, et se complique alors d'inflammation de la conjonctive et même de la cornée de l'oeil correspondant. Il existe aussi des variétés cervicale, sacro-lombaire, etc., de cette curieuse maladie. L'angine herpétique m'a paru aussi revêtir, assez fréquemment, les caractères d'un véritable zona amygdalopharyngien.

L'éruption peut se terminer par gangrène de la peau : fréquemment elle laisse, après elle, des cicatrices indélébiles et une prédisposition régionale à des névralgies ultérieures. J'ai "constaté surtout ces suites pour le zona ophtalmique. L'herpès zoster se rapproche des fièvres éruptives en ce sens qu'une première atteinte confère ordinaire-


I. HERPÈS, LE ZONA. h)I

ment l'immunité future. Toutefois, il est bon d'observer que le zona apparaît assez souvent sans fièvre. Il vaut donc mieux, je crois, rapporter cette éruption à la diathèse rhumatismale, tout en reconnaissant que les fatigues physiques et morales, les chagrins, les ennuis, les passions dépressives possèdent, sur sa genèse et son évolution, une influence certaine. Le zona est, d'ailleurs, d'une fréquence à peu près égale dans les deux sexes: c'est une maladie de l'âge adulte.

Je conseille, pour abréger les souffrances et surtout la durée de l'éruption, la méthode curative suivante. On débute par une bonne purgation saline et, si le sujet est affaibli, on lui prescrit, à prf. ■ :c dans les vingt-quatre heures, une potion avec 4 gr. d'extrait de quinquina et 30 gouttes de teinture de gclsémium. Lorsque les douleurs névralgiques sont très violentes, on donnera, quatre fois par jour, une pilule avec : bromhydrate de quinine 15 centigr. ; nitrate d'aconitinc, un quart de milligramme.

Localement, j'estime qu'il faut se garder de percer les vésicules; on protégera l'éruption du contact de l'air par plusieurs couches de vaseline

9-


102 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

boriquée, saupoudrée ensuite de parties égales d'amidon et d'iodoforme, puis d'une feuille de coton au menthol, qui aura l'avantage double de masquer l'odeur de l'iodoformc et de contribuer, pour sa part, à l'antsthésic de la région. Contre les névralgies et les troubles persistants de la sensibilité qui succèdent, assez souvent, au zona, je me suis bien trouvé des frictions avec l'essence pure de wintergreen et des courants électriques continus.

Le zona, commun chez les arthritiques, les migraineux, les hépatiques, les dyspeptiques et les diabétiques, est aujourd'hui considéré par quelques auteurs comme infecto-contagieux. Il est, en effet, certaines formes de zona qui s'accompagnent de fièvre violente et nécessitent l'emploi du sulfate de quinine à haute dose. Mais, habituellement, ce n'est, qu'un simple trouble trophique névralgique. Toutefois, il semble plus commun chez les sujets voués à la tuberculose : je l'ai vérifié trop souvent pour qu'il s'agisse de simples coïncidences. Et je ne parle pas seulement, ici, du zona classique intercostal, mais de l'ophtalmique et du trifacial, qui sont infiniment plus


L'HERPÈS, LE ZONA. 103

rares et que j'ai, trois fois, constatés chez des malades qui succombèrent plus tard à la phtisie pulmonaire rapide.

Méfions-nous donc du zona, même lorsqu'il survient chez des personnes cîont {'habitus général nous parait florissant !


CHAPITRE X

LES SCROFULIDES. — LES GOURMES. — LE LUPUS.

Les gourmes, que Bazin a justement définies une scrofulide exsudative bénigne, constituent des affections communes dans le groupe infantile, dont le lymphatisme est le tempérament ordinaire. La lésion principale des gourmes consiste en une éruption de vésicules séro-purulentes nommée impétigo, qui stratifié sur la peau des croûtes épaisses et mclliformes. Certains auteurs considèrent, aujourd'hui, l'impétigo comme contagieux et inoculable. Les gourmes sont excitées par la dentition et la croissance; elles provoquent, d'ordinaire, des démangeaisons et des engorgements des glandes lymphatiques. Elles aiment à débuter parles narines ou le derrière des oreilles, d'où elles gagnent la face et le cuir chevelu, si Ton ne les arrête à temps...


LES SCKOFULIDES, LES GOURMES, LE LUPUS. |OJ

Il ne faut pas négliger le traitement de ces éruptions, si bénignes qu'elles puissent sembler : mal soignées, elles mènent aux écrouelles, aux ophtalmies et otites chroniques, à l'ozêne, et prédisposent à la calvitie précoce, sans parler des cicatrices vicieuses qu'elles peuvent entraîner. Mais un préjugé aussi tenace que celui qui respecte les gourmes, doit avoir quelque racine de vérité : et en effet? il y a danger à traiter localement l'impétigo d'une manière trop énergique. On a vu la brusque guérison d'une de ces éruptions anciennes et étenr1'es occasionner des accidents fort graves. Mais, en soignant les gourmes dés leur début et en inaugurant toujours le traitement par la méthode émolliente, nous ne courrons jamais le danger d'aucune répercussion viscérale, surtout si nous ne négligeons pas l'emploi des laxatifs et des modificateurs totius snbstantia:

Décaper la peau par des cataplasmes tièdes de fécule, arrosés de glycérine boratée au dixième : la décongestionner ensuite, par des pommades au goudron et à l'oxyde de zinc: voilà les moyens de guérir l'impétigo et de réparer ses lésions. Quant à ces macules luisantes et vineuses, qui persistent


106 TRAtTEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

parfois, on les efface, assez vite, avec une pommade contenant, pour 50 grammes de beurre de cacao, 1 gramme de précipité rouge et 1 gramme d'huile de bouleau. Le traitement interne des gourmes consistera à interdire tous ingesta irritants; à faire boire des infusions amôres (houblon), à donner des laxatifs, des arsenicaux, du fer, du vin iodo-tannique de Nourry, de l'extrait de feuilles de noyer, de l'huile de foie de morue cucalyptée de Pourtal. Lorsque les éruptions siègent au cuir chevelu, le port d'une 'calotte en gutta-percha suffira à les guérir, avec le traitement interne bien entendu.

La malpropreté, les fatigues, la mauvaise nourriture, sont les principaux facteurs des gourmes, chez les enfants blonds et lymphatiques. Pour empêcher l'irritation des éruptions et peut-être leur auto-inoculation par le grattage, les médecins de l'enfance feront bien d'exiger le pansement de l'impétigo par occlusion.

C'est aussi une scrofulide (mais celle-là n'est guère bénigne), que le lupus, dartre rongeante qui défigure si atrocement les visages qu'elle toit-


LES SCR0FUL1DES, LES GOURMES, LE LUPUS. 107

che. Le lupus est considéré, volontiers, aujourd'hui, comme une tuberculose de la peau, et on paraît l'avoir produit en inoculant directement le virus tuberculeux : Leloir a cité des cas de lupus transmis par le baiser ou le mouchoir de phtisiques, des boucles d'oreilles, hardes et instruments souillés par des tuberculeux, etc.... D'autres auteurs considèrent le lupus comme une forme atténuée de la lèpre et nient son caractère contagieux. Quoi qu'il en soit, le lupus est notoirement héréditaire. Il se montre deux fois plus fréquent chez la femme que chez l'homme. Il affectionne les jeunes sujets lymphatiques ou strumeux, et sévit, avec prédilection, sur les pays humides, l'All^-nagne du Nord, le Danemark et la Hollande particulièrement. En voyageant dans ce dernier pays, chacun remarque combien fréquents sont les passants privés de nez : ce sont des victimes du lupus, presque toujours de jeunes femmes. Car les lupeux sont fréquemment fauchés à l'âge mûr, par la phtisie pulmonaire. Certaines maladies débilitantes antérieures, telles que la rougeole, la fièvre typhoïde, paraissent fournir prétexte et donner prise au développement du lupus.


108 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

Formé de nodules mous et transparents, habituellement groupés en placards, le lupus nous apparaît sous forme de taches rouge-brun, squameuses, tuberculeuses ou ulcéreuses. A mesure que la lésion se cicatrise au centre, elle s'étend à la périphérie. Toutefois, une forme, plus maligne encore, de cette odieuse maladie, le lupus vorax ou exedens, creuse, à la fois, en surface et en profondeur, accomplissant, parfois en quelques semaines, de véritables mutilations.

Quoique lent et indolent, quoique dépourvu de retentissement ganglionnaire habituel, le lupus vulgaire n'en nécessite pas moins (sauf, toutefois, chez le vieillard) un traitement actif, rapide, intense et énergique. Autrement, on déplore des exacerbations dans les lésions, des récidives inévitables, des formes extrêmement graves (esthiomène) et, en tout cas, des cicatrices difformes et indélébiles. Le traitement consiste d'abord à modifier la scrofulosc au moyen des agents tirés de l'hygiène (air pur, nourriture riche, bonnes conditions générales) et de la pharmacie (iode, fer, arsenic, huile de foie de morue).

Je ne dirai rien du thuya, de l'hydrocotyle, du


LES SCROFULIDES, LES GOURMES, LE LUPUS IO9

graphite, de la sépia, médicaments auxquels j'ai vu, avec peine, certains malades avoir recours, sur la foi des homéopathes!

A part les préparations mcrcurielles (bi-chlorure et bi-iodure), les topiques seuls sont bien peu actifs contre le lupus; les meilleurs, qui sont les acides lactique et pyrogallique et la solution de bichromate de potasse, ne sauraient être employés que comme pansements, à l'issue du traitement chirurgical.

Ce dernier consiste clans l'ablation, lorsque (chose rare), le placard lupeux est bien limité. Vidal conseille les scarifications nombreuses et réitérées, suivies d'applications emplastiques de miniumetcinabre. Besnicr a recours auxcautérisations par le galvano-cautêre à pointe-fine. Leloir préfère le raclage, suivi d'applications caustiques et de pansements iodoformés. Je ne dirai rien des injections de Koch, qui mériteraient pourtant de survivre, comme traitement du lupus, à l'avatar mérité qu'elles rencontrèrent dans la cure des phtisiques.

La méthode des scarifications quadrillées hebdomadaires, renforcées par des cautérisations su-


110 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

perficielles bi-mcnsuelles, au thermo-cautère, me paraît devoir être, dans le lupus, la méthode de choix. Dans les intervalles de ces opérations, on appliquera des emplâtres au calomcl et à la résorcine, ou bien des compressesde tarlatane, imbibées d'une solution de sublimé au millième. J'ai eu la candeur d'essayer l'argile, vantée par ce charlatan sacré (retournez, si vous le voulez, les termes) que l'on appelle l'abbé Kneipp. C'est une plaisanterie de mauvais goût, à moins qu'il ne s'agisse d'argile au sublimé... ce qui est possible en somme! Je doute aussi véhémentement de l'électrolyse, médicamenteuse ou non, ainsi que de la cautérisation solaire, pratiquée, à l'aide d'une forte lentille, par le docteur Thaycr (de San-Francisco).

11 existe une variété de lupus qui ne s'attaque guère qu'aux adultes et aux vieillards. On l'observe surtout aux pommettes et aux oreilles, sous la forme de placards rouges, écailleux, crétacés. C'est le lupus érythémateux, que les uns considèrent comme une forme légère ou avortée du lupus vulgaire, tandis que pour les autres, il ne représente qu'une variété d'acné. Des cautérisations légères, suivies de pansements à la rôsorcinc, triomphent ordinairement du lupus érythémateux.


CHAPITRE XI LE PURPURA.

On nomme purpura (pourpre) ou maladie tachetée de Werloff, une affection caractérisée par des hémorragies de la peau. Les stigmatisés, comme Saint François-d'Assise, Louise Latcau, etc., qui portent (aux pieds, aux mains ou aux lombes) une représentation surnaturelle des plaies infligées à Jésus, ne sont que des purpuriques : la christomanie, plus ou moins intéressée, a transformé chez ces malades, en miracle, une manifestation cutanée véritablement assez commune.

Le purpura consiste en taches rouges ou noirâtres, sortes d'ecchymoses spontanées, ne disparaissant pas sous la pression du doigt. Leurs dimensions varient entre une tête d'épingle et une pièce de cinquante centimes, Avant de disparaître, le sang des macules épanché se résorbe, peu à peu, en passant, comme les ecchymoses, par toutes


112 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

les couleurs de l'arc-en-ciel. Le purpura se plaît surtout aux membres inférieurs et du côté de la flexion. Parfois, ses poussées sont précédées ou accompagnées de mouvements fébriles. Cette affection récidive facilement, surtout au printemps: si elle atteint surtout les membres inférieurs, cela lient aux lois de la pesanteur, qui favorisent sa production, en cette région, comme nous l'avons vu pour les varices.

A côté de la forme simple, essentiellement curable et même bénigne du purpura (dont l'origine semble rhumatismale), on décrit une forme accompagnée d'hémorragies plus ou moins graves, survenant par les divers orifices: cette forme est un genre de scorbut sporadique. On a reconnu aussi un purpura infectieux, dans lequel le traitement est des plus aléatoires : c'est là probablement une forme anormale et insolite de la fièvre typhoïde, de la scarlatine et d'autres fièvres graves.

Certains médicaments, tels que les iodures, les alcalins à haute dose, la quinine, l'alcool, le phosphore, poussent à l'apparition du purpura: d'autres fois, il apparaît comme un symptôme qui vient compliquer un urticaire ou un eczéma


LE PURPURA. 113

préexistants. Les jeunes gens cl les femmes à peau blanche, arthritiques, enclins à l'irritabilité nerveuse, sont particulièrement prédisposés. Le froid humide, l'air confiné, la mauvaise nourriture, un labeur excessif, la priva'ion de sommeil et de lumière, possèdent, sur la genèse du purpura, une influence très marquée. Les prisonniers, les aliénés, les habitués des hôpitaux paient, pour ces raisons, un lourd tribut à ce mal de misère.

L'allaitement prolongé, les excès vénériens, les émotions violentes (colère), l'alcoolisme : en un mot, tout ce qui affaiblit l'économie au physique et au moral, tout ce qui vient troubler la constitution intime du sang, peut amener le purpura. Aussi est-il la complication ultime d'une foule d'étatsmorbidesanciens (phtisie, cancer, albuminurie, diabète, paralysies) où son apparition annonce, d'habitude, la mort prochaine. Dans toutes les maladies de dénutrition, le sang perd sa plasticité fibrineuse qui l'empêche de transsuder à travers les parois des vaisseaux ; c'est pourquoi la pellagre, l'impatudismc, les anémies pernicieuses, les affections de la rate et des organes lymphoïdes, l'infection purulente et toutes les cachexies nrovo10*

nrovo10*


I 14 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

quent l'apparition du purpura. D'ailleurs, dans la plupart de ces affections cachectisantes, ce n'est pas seulement la composition du sang qui est altérée: les parois des vaisseaux capilllaires ont dégénéré; leur résistance est moins grande; une élévation circulatoire passagère, accidentelle, consommera leur rupture, et le purpura sera produit.

Le traitement consiste dans le repos au lit, l'hygiène sous toutes ses formes, l'alimentation réconfortante sans excitants (viandes bien faites» oeufs frais, légumes verts, vieux bordeaux ou bonne bière, lait, consommé, jus de viande). Comme boisson, je recommande la limonade sulfurique, additionnée de quatre à cinq grammes d'extrait de quinquina par litre. Comme médicaments, un gramme de seigle ergoté, en trois paquets, chaque jour, pour tâcher d'obtenir une action vaso-constrictive, et dix gouttes de perchlorure de fer liquide (également trois fois par jour), dans le but de remédier aux altérations du sang.

Sur les macules, on fera de douces frictions avec le vinaigre aromatique et saturné, puis une compression légère avec de l'ouate et un bas lacé en coutil. Cette compression est, pour moi, Jtrôs


LE PURPURA IK

utile, quand bien même elle n'aurait pour but que d'empêcher le grattage ! On veillera à l'état des gencives, souvent saignantes et l'on raffermira leur tissu par des applications locales de papier buvard imbibé d'un mélange de teinture de cochléaria et de ratanhia. Si le malade est alcoolique, on le soumettra à la diète lactée, aux bains sulfureux et à l'arséniate de strychnine (cinq milligrammes par jour).


CHAPITRE XII ECTHYMA — PEMPHIGUS — RUPIA.

Je dirai un mot de Yecthyma, affection pustuleuse inoculable qui est, aussi souvent que le purpura, sous la dépendance d'un mauvais état général. L'ecthyma est commun chez les syphilitiques, les scrofulcux, les variolcux, les diabétiques les albuminuriques, ainsi qu'à la fin des fièvres graves (fièvre typhoïde). Sa terminaison par gangrène n'est point très rare.

Lorsque l'éruption est limitée aux jambes, elle est beaucoup plus bénigne et dépend, alors, fréquemment, d'un état variqueux du membre. L'ecthyma a, parfois aussi, une origine parasitaire et apparaît fréquemment aux fesses, èhez les cavaliers novices, sans qu'on ait pu, jusqu'ici, donner une explication pleinement satisfaisante des causes de cette éruption, bien connue clans nos régiments.


ECTHYMA, PEMPHIGUS, ItUI'l.V. Il'

L'ecthyma se soigne par des lotions avec l'eau de Cologne étendue d'eau et additionnée d'un millième de sublimé corrosif (traitement du début de l'éruption). Dès que les ulcérations sont produites, il faut les panser, à sec, avec la poudre d'iodoforme que l'on recouvrira de sparadrap des hôpitaux. On instituera un traitement général approprié à la maladie dont l'ecthyma n'est que le reflet : l'iodurc de fer chez les scrofuleux, l'iodure de potassium chez les syphilitiques, feront merveille.

Le pemphigus est une éruption bulleuse, c'està-dire beaucoup plus considérable que l'ecthyma, et plus fréquemment encore que lui, accompagnée de complications hémorragiques et gangreneuses. Sauf chez le nouveau-né, où le pemphigus est d'un pronostic beaucoup moins sombre, cette éruption est fort difficile à guérir et elle conduit fréquemment au marasme et à la mort. A part la syphilis, on ne connaît guère exactement ses causes: toutefois, la déchéance nerveuse et l'alimentation malsaine peuvent être, à bon droit, incriminées.

Le meilleur traitement du pemphigus consiste


Il8 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

dans un enveloppement ouaté, comme on le fait pour les brûlures. A l'intérieur, on prescrira le régime lacté et l'usage d'un sirop ainsi composé (2 cuillerées à soupe par jour): sirop de quinquina, 300 gV. ; hypophosphite de chaux, 20 gr. ; teinture de noix vomique 10 gr. On peut également avoir recours à l'arsôniate de fer (2 à 5 centigr. par jour). Ilébra (de Vienne) recommande les onctions locales avec l'huile de cade et les bains renfermant 5 centigr. de potasse caustique par litre d'eau tiède. J'ignore si cette méthode spéciale vaut l'enveloppement ouaté: mais celui qui l'a libellée ne paraît pas y placer une très grande confiance et force est bien de ne pas être plus royaliste que le roi...

Le rupia (du gvccp'jmî, ordure) est une affection pustulo-bulleusc, s'incrustant rapidement en couches rugueuses superposées, qui ressemblent à des écailles d'huîtres. Le rupia dépend toujours de la scrofule ou de la syphilis. Il réclame impérieusement un traitement général subordonné à ses origines. Le traitement local, ici, n'est qu'accessoire et j'estime même, avec Bazin, qu'il faut favoriser la période d'incrustation et respecter les


ECTHYMA, PEMPHIGUS, RUPIA. II9

croûtes. En cas d'ulcération, on pourra faire des pansements avec une solution au millième de nitrate acide de mercure. Même lorsque le rupia nous apparaît nettement comme une syphilidc pustulo-crustacée, il est indiqué de tonifier toujours l'état général au moyen du protoiodure de fer, de l'huile de foie de morue et des agents physiques reconstituants et analeptiques de tout ordre.


CHAPITRE XIII LES AFFECTIONS PARASITAIRES DE LA PEAU.

Le professeur Hardy laissera, dans la science, un nom impérissable, rivé qu'il est à un immense progrès dans la pratique. Chargé en 1852, du traitement, si important, de la gale, à l'hôpital SaintLouis, Hardy eut la gloire de rendre ce traitement infaillible, d'incertain qu'il était jusqu'alors. Depuis cette époque, il n'y a plus d'hospitalisation pour les galeux: traités à la consultation, ces malades s'en retournent, aujourd'hui, guéris, pour ainsi dire, séance tenante, puisque les diverses opérations subies par eux ne dépassent guère la durée d'une heure et demie au total.

Quoique plus fréquente chez les ouvriers pauvres, la gale ne respecte aucune classe sociale : et la garde qui veille, etc., n'en défend pas nos rois. On sait que Napoléon 1" en souffrit longtemps, la médecine de son époque considérant la gale


LES AFFECTIONS PARASITAIRES DE LA PEAU. 121

comme une maladie humorale, qu'elle traitait surtout par les purgatifs. 11 était réservé à un Corse, Renucci (1835), de venger son illustre compatriote, en démontrant l'origine parasitaire de ce mal, dont la guérison n'est plus aujourd'hui qu'un jeu..., le jeu de la « frotte ».

C'est un arachnide, un sarcopte, Yacarusscabiei, le grand coupable: sa taille, qui atteint prés d'un demi-millimétre, le rend presque visible à

I oeil nu. On connaît fort bien sa vie, ses moeurs, son «état d'âme» : mais je renverrai, pour ces détails, mes lecteurs, aux traités d'histoire naturelle.

II nous suffit de savoir que c'est l'acare femelle, qui, en creusant dans notre peau de profonds sillons, pour y déposer, maternellement, le produit de sa ponte, cause les lésions caratéristiques de la maladie. Malheureusement, les sillons sont souvent aggravés et masqués par diverses éruptions secondaires, eczémateuses ou pustuleuses, amenées par l'irritation cutanée et surtout par le grattage. La gale occasionne, en effet, principalement la nuit, des démangeaisons terribles : les mains, les seins et les organes génitaux sont les lieux d'élection préférés du parasite. Les éruptions éveillées


122 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

par lui sont, naturellement, plus graves chez les sujets débilités par la misère, la scrofule, l'alcoolisme, la syphilis. Les galeux de Saint-Louis ressemblent à ceux de la clientèle à peu prés comme les anarchistes aux réactionnaires !

Très contagieuse, la gale se transmet surtout la nuit, par un lit, un vêtement, des gants malpropres, un coussin de voiture, une banquette do théâtre. Mais il faut, quatre-vingt-dix-neuf lois sur cent, incriminer le coucher à deux. Certaines gales animales semblent transmissibles à l'homme, celles du mouton et du cheval particulièrement, L'acarus du chien (car toutes les bètes ont leur sarcopte spécial) meurt vite sur la peau humaine. La gale se contracte rarement par contact diurne. Ses éruptions respectent constamment la peau du visage: on ne sait trop pourquoi.

Le mal, s'il n'est point traité normalement, a une durée indéfinie ; généralisé en quelques semaines, il se complique d'insomnie, de furonculose, d'albuminurie, même. Il est des pays (chez nos bons, mais sales amis les Russes, par exemple) où le nouveau-né prend la gale à sa naissance et la quitte à sa mort 1 Une maladie grave interciir-


LES AFFECTIONS PARASITAIRES DE LA PEAU. 12}

rente peut, toutefois, produire la suspension ou même la guérison du mal, en causant le dépérissement et la mort du parasite, dont la patrie est la peau, mais la peau bien portante.

Le traitement consiste, d'abord, en un savonnage d'une demi-heure au savon noir, savonnage que Ton continue dans un bain alcalin chaud ; puis, une friction d'une demi-heure avec une pommade soufrée que l'on conserve jusqu'au lendemain. Les jours suivants, on soignera les éruptions secondaires par les bains alcalino-amidonnés et la pommade à l'oxyde de zinc. Il va sans dire que vêtements, linge et literie seront passés à l'étuve. Dans les éruptions localisées, et chez les enfants, j'emploie avec succès une pommade composée de : styrax et vaseline, vingt grammes de chaque, naphtol quatre grammes, et menthol deux grammes.

J'estime enfin qu'en ne bornant pas à la. frotte le traitement actuel de la gale, on peut rendre aux malades de réels services, tout en flattant les idées humorales de chacun et en inspirant ainsi une plus grande confiance dans le traitement : il y a, d'ailleurs, dans la gale, pour une médication totius substantioe, deux indications primordiales: i°Com-


12-f TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU

battre le lymphatisme, qui forme toujours le fond du terrain acarien (iode, arseniate de fer, huile de foie de morue, etc.); 20 Lutter contre le prurit (potion phôniquée, antipyrine, bromures),

A côté de la gale, je dirai quelques mots de la phthirfose, ensemble de lésions occasionnées par les poux... puisqu'il faut les appeler par leur nom ! On sait combien les enfants sont prédisposés aux poux de la tôte ; ccu\ du corps ont une prédilection étrange pour les vieillards \ ceux du pubis (ce sont trois espèces bien différentes, animées de goûts différents) affectionnent particulièrement les adultes robustes. Ces parasites occasionnent du prurit, des rougeurs érythèmateuses, des taches ombrées, bleues ou noires et toutes les lésions si multiples, que détermine le grattage. Chez les enfants, un pou est capable parfois, en suscitant de l'impétigo, d'engorger le système glandulaire et d'éveiller ainsi la scrofule. La propreté exquise (eau et savon, peigne et brosse), l'application de pommades au naphtol ou au calomcl; les lotions avec du vinaigre de toilette additionné de sublimé (1 gr, pour un demi-litre) guérissent fort bien la phthiriase, sous toutes ses formes. Mais l'étuvage des vête-


LES AFFECTIONS PARASITAIRES DELA PEAU. 125

ments est une nécessité à laquelle il ne faut jamais se soustraire : on veillera aussi à la coiffure des enfants.

Outre les parasites de la peau, appartenant au règne animal, on connaît, aujourd'hui, un certain nombre de champignons dermophiîes ou cuticules, dont les principaux sont : le microsporon furfur (causant le pityriasis versicolor) ; le microsporon Audouini (causant la pelade) 5 Yachorion Schoenleinii (parasite de la teigne vulgaire) et le trichophyton tonsurans, qui engendre les diverses variétés de trichophytie, sur la peau et le cuir chevelu (*).

Le pityriasis versicolor est une éruption très commune chez les sujets débilités et surtout pendant la saison chaude: son lieu d'élection est le devant de la poitrine, où elle siège sous forme âe taches café au lait, de dimensions graduellement progressives. Le microsporon furfur, qui en est le corps de délit, est très contagieux par sa nature. Le Dr Lancereaux rapporte qu'un jour, en ayant

(1) Les dermatoses produites sur le cuir chevelu par ces parasites sont amplement traitées, dans cette Petite Encyclopédie mêjicale, par notre savant confrère le Ds Butte (Les Teignes),

11*


126 TRAITEMENT DES MALDIES DE LA PEAU.

recueilli à l'hôpital, il l'oublia dans sa poche de gilet ; un mois après, sa femme et lui étaient atteints de pityriasis.

Cette éruption occasionne de faibles démangeaisons et disparaît généralement par les bains sulfureux et les lotions de sublimé au cinq-centième, avec la pierre ponce.

Le trichophyton tonsurans est transmis à l'espèce humaine par le chien, le chat, le cheval, le boeuf, le lapin, la souris et probablement aussi par d'autres espèces animales. Méfions-nous, comme le veut R. Blanchard, des bêtes domestiques dont la peau présente un aspect anormal, dont les poils semblent tomber pur places, ou se briser spontanément. Les litières, couvertures et tapis ayant servi à ces animaux peuvent, également, nous contaminer et doivent nous être notoirement suspects. Les lésions que cause, sur la peau.proprement dite, le trichophyton, consistent surtout dans l'érythême circiné, tache rosée qui s'accroît excentriquement, en conservant les caractères d'un cercle squameux parfait. Plus rarement, il s'agit d'un sycosis pustuleux. Le meilleur traitement de ces dermatoses parasitaires consiste dans les badigeonnages répétés à la teinture d'iode.


CHAPITRE XIV DIFFORMITÉS CUTANÉES.

A l'exemple de Hardy, je décrirai brièvement, sous cette dénomination, les noevi, \elentigo, \evitiligo, Yichthyose et les chcloïdes. Ces lésions des appareils vasculaire, pigmentaire, ôpidermique et dermique ont pour principal caractère commun leur tendance à rester stationnaires, une fois qu'elles ont acquis leur développement.

Les ncevi sont rapportés par le vulgaire à des impressions maternelles matérialisées par le foetus Sans nier absolument l'influence héréditaire des impressions morales fortes et continues, sur la production de certaines défectuosités physiques (') j'estime que les néoplasies cutanées d'origine embryonnaire reconnaissent bien rarement une origh)3 psychique.

(i) Voir DrE. Monin, Hygiène des Sexes, page 132, 4' édition, 189.').


128 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

J'ai guéri, assez souvent, par une cautérisation superficielle, des ncevi pigmentaires ou légèrement hypertrophiques. Quant aux noevi vasculaires, s'ils sont de faible dimension,on aura plutôt recours, contre eux, à la vaccination ou à l'électrolyse.

Quant aux tumeurs ërectiles proprement dites, elles sont justiciables de l'ablation chirurgicale ou mieux de l'ignipuncture: nous repoussons les injections coagulantes de Piazza, parce qu'elles exposent, parfois, à des embolies dangereuses.

J'ai, dans mon Hygiène de la beauté, donné, contre les éphclidcs et le lenligo, un certain nombre de formules, plus ou moins efficaces suivant la ténacité de la pigmentation. Toutes les méthodes visent, évidemment, à la desquamation, qui emporte avec elle l'hyperchromie mélano-dermique. Contre lechloasma des femmes enceintes, on peut se contenter du lait antéphélique de Hardy ou d'une pommade avec 30 grammes de lanoline, 10 grammes d'eau de laurier cerise, 5 de naphtol et 0.50 d'acide salycilique. Contre le lentigo rebelle, je recommande les compresses de papier buvard imbibé de la solution suivante :


DIFFORMITÉS CUTANÉES. 129

, 2j. tëau-de-vie de lavande ambrée. . 100 gr.

Acide lactique 10 »

M.

que l'on laisse en place jusqu'à dessiccation et que l'on renouvelle 2 ou 3 fois par 24 heures. Dés que ces applications deviennent cuisantes, on les remplace par des onctions avec la crème magique, dont j'ai donné plus loin la formule.

Le vitiligo est souvent d'origine nerveuse, origine bonne à connaître pour ne point négliger le traitement général de cette achromic rebelle. Les courants continus et les injections de pilocarpine peuvent être essayés, comme traitement local, ainsi que les frictions, 3 fois par jour, avec la pommade de Philipps :

2J. Onguent hydrarg. double. . 10 gr.

Teinture d'iode 4 »

M

. Uichthyose est une sécheresse native de la peau, accompagnée d'exfoliation épidermique et d'atrophie des poils. C'est une xêrodermie généralisée, contre laquelle il faut prescrire, à l'intérieur,


130 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

l'huile de foie de morue et l'arsenic à haute dose; à l'extérieur, les massages avec la glycérine et les bains alcalins amidonnés. On ne peut, du reste, que pallier la « peau de poisson », vice de conformation fort commun, bien plus rare chez la femme que chez l'homme, endémique chez les Taïtiens et les Berrichons ('). L'ichthyose est rarement soignée, parce qu'elle respecte, habituellement, la face. J'ai employé, plusieurs fois, avec succès, chez des jeunes filles, le traitement de Hébra :

Frictions deux fois par jour au savon mou, suivies d'enveloppement dans des couvertures de laine, pendant dix jours, Au bout de ce temps, bain tiède quotidien de deux heures au moins.

Les chèloïdes ou hèloïdes (/n/r,, patte d'écrevisse) sont des tumeurs irréguliôres et aplaties, habituellement rougeâtres, cylindracées ou rameuses, indolentes et sans gravité, produites par une hyperplasie des éléments du derme. Ordinairement unique, la kéloïdo est assez fréquente chez les enfants, dans la région sternale : chez ces jeu(1)

jeu(1) les milliers de vaccinations que j'ai pu faire, comme inspecteur des Écoles de Paris, j'ai relevé, en moyenne, 2 à 3 cas d'ichthyose pour. 200 garçons, et 0.5 pour la même proportion de filles.


DIFFORMITÉS CUTANÉES. 131

nés sujets, on réussit fréquemment à la faire disparaître par des applications de sparadrap deVigo renouvelé tous les quatre jours et alterné avec les frictions de winter-green(Monin).

A la suite de l'acné, do la variole, du lupus et de toutes les lésions dermiques suppuratives, apparaissent parfois les kéloïdes. Ces petites tumeurs difformes sont surtout fréquentes chez les nègres et chez les scrofuleux ; elles ne so.vt pas toujours, chez eux, cicatricielles : elles peuvent être spontanées. Gênantes, mais rarement douloureuses, les kéloïdes spontanées ou morphées doivent être traitées par la compression avec l'emplâtre iodé et belladone et par le traitement ioduré interne. Quant à l'extirpation, si elle n'est pas largement pratiquée, elle est toujours suivie de récidive, Dans certains cas, on peut, avec quelque chance de succès, conseiller l'électrolyse.

Il nous reste à dire quelques mots des verrues, ceS;tubercules ronds, durs et raboteux, qui végètent fréquemment à la face et aux mains, pénétrant parleurs racines jusque dans le tissu cellulaire sous-cutané. Les verrues sont l'apanage de la jeunesse et des peaux fines et délicates. Lors-


132 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU

qu'elles sont pendantes, pédiculées, on peut en entraîner la chute en les serrant avec un fil de soie. Sinon, on les attaquera, avec précaution, par les agents chimiques 5 le suc de citron, l'acide acétique, le pcrchlorurcdcfer, l'acide salicylique, l'acide nitrique, le nitrate acide de mercure, sont les agents le plus souvent usités. Il existe aussi un remède interne, trouvé par le docteur Lambert (de Hagucnau) en 1853, et recommandé par nombre de praticiens éminents. On prend, tous les jours, une demi-cuillerée à café de magnésie calcinée, et l'on voit, au bout de quelques semaines, la pullulation des verrues s'arrêter, et les petites tumeurs existantes se flétrissent et s'atrophient. Pourquoi? On ne sait, mais cela est ainsi,

On a conseillé aussi, dans les cas rebelles, la teinture d'iode a l'intérieur (Imossi) et les applications d'onguent gris additionné de 5 p. 100 d'arsenic (Altschul). Les agrégations de verrues, si rebelles aux traitements ordinaires, disparaissent parce moyen.

Lorsque les verrues sont confiucntcs, on a, d'ailleurs, remarqué qu'il suffit d'en attaquer une pour voir bientôt les autres disparaître et s'atrophier.


DIFFORMITES CUTANEES. 133

Les durillons et les cors, lorsqu'ils sont glinégés, peuvent causer des complications phlcgmoneuses. Les collodions salicylés à l'etxrait de cannabis, les cautérisations superficielles avec le sublimé au vingtième, rendent de très grands services contre ces callosités épaisses, ordinairement causées par des chaussures malfaites, mais

Plus souvent encore par des orteils mal faits!

Lorsque les cla vipedum sont compliqués de bourse muqueuse, l'ignipuncture devient alors le traitement de choix. L'oeil-dc-perdrix est un cor interdigital, qui guérit par la simple interposition journalière d'un peu d'ouate salicylée entre les orteils.

Terminons l'étude sommaire des malformations cutanées par quelques mots sur les lésions non chirurgicales des ongles. Les ongles prennent souvent une teinte ardoisée, sous l'influence du traitement interne par le nitrate d'argent? ils se colorent en noir chez les saturnins qui prennent des bains sulfureux (sulfure de plomb). Je n'insisterai pas sur leur couleur rouge-sombre


134 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

chez les tanneurs, non plus que sur leur usure prononcée chez les blanchisseuses, graveurs, dentellières, horlogers, paquetcuses, écosseuscs de pois? tailleurs de pierre.... (Voir notre Hygiène du travail).

Les ongles sont, comme la peau, le miroir des maladies constitutionnelles. Que du fois n'ai-je pas diagnostiqué rétrospectivement des fièvres graves, des attaques rhumatismales aiguës, des troubles digestifs prononcés, par l'examen de sillon* transversaux unguéaux plus ou moins pror fonds? Quel est, du reste, le médecin assez fou pour nier la valeur séméiologiquc de Yhippocratisme unguéal)

Les ongles se ramollissent dans le scorbut et la chlorose, s'enflamment dans la scrofule, voient tomber leurs lames cornées (alopécie unguéale) dans la syphilis. L'eczéma des ongles est commun chez les arthritiques et les glycosuriques. Il faut, contre cette affection, recommander les emplâtres salicylés et les doigtiers en gutta-percha, Contre les onyxis syphilitiques, l'onguent napolitain et l'emplâtre de Vigo surajouteront leurs bons effets topiques à ceux du traitement spêcill-


DIFFORMITÉS CUTANÉES 13$

que totïus substantùv. Contre l'ongle incarné, il faut toujours essayer (avant d'opérer), les applications locales de charpie imprégnée d'une solution de perchlorurc de fer: elles m'ont réussi, neuf fois sur dix, dans ma pratique.

Il est une altération bizarre des ongles, c'est leur achromie, que l'on nomme vulgairement fleurs des ongles ou mensonges. S'il est malaisé d'en indiquer la pathogénie, je crois, en revanche, que ces taches blanchâtres n'ont pas grande importance séméiologique.


CHAPITRE XV

CHOIX DE FORMULES PERSONNELLES

A L'AUTEUR 01 . t I. — Pommade contre l'acné punctata

2j. Cérat de Galicn. 40 gr.

Ammoniaque liquide [

Essence de reine des prés. 2

Vinaigre rosat 1

M. S. A. Pour frictionner soir et malin,

Acné confluonte.

itt Malin et soir, onction avec la mixture suivante :

11. — 2J. Glycérine. \o gr.

Oxyde de zinc 5

Teinture de savon........ 10

Alun de potasse.......... 2

M. S. A.

(1) Ces formules, appartenant à la pratique du l)r Monta, ne sauraient, naturellement, ctre reproduites que sous son nom d'auleur, puisqu'elles sont sa propriété.


CHOIX DE FORMULES PERSONNELLES A I. AUl'EUR. 137

2(> Tous les deux jours, prendre le matin a jeun, une cuillerée à soupe du mélange suivant :

III.— 21 Huile de ricin....)., .. . , ^ i\A parties égales.

Glycérine très pure. )

M

Topique oontre la couperose.

IV. — 2j. Baume du Pérou .'.o gr.

lodoformc................ 2

Huile de bouleau .... /

Extrait de ratanhut .. \

l'essence de géranium...... X gtr

M. S. A.

V. — Blepharite ctltatre.

2J. Cold-cream 10 gr.

Précipité blanc et résorcinc .... i .,,

Baume du Pérou........... >

M

En frictions gros comme un grain de chénevis sur le bord libre des paupières, principalement contre l'acné méïbomécn.

1 J*


I38 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

VI. — Eau de toilette contre la séborrhée.

2J. Alcool à 900 150 gr.

Ethcr sulfurique 50

Essence de bergamote..... 6 Teinture de benjoin....... 2

Acide salicylique 1

Vanilline 0 50

M. S. A.— (Filtrez). Pour lotions, trois par jour, à l'aide d'un flacon à stilligoutte, quelques goutles sur le coin d'une serviette-épongc, trempée d'eau très chaude, puis exprimée.

VII. — Couperose rebelle.

21 Spermaceti t

Huile de ricin >

Résorcine t

Pierre divine o 20

M. Pour onctions matin et soir, (principalement lorsque la couperose est localisée au nez).

VIII. — Chromldrose. Friction, malin et soir, avec:


CHOIX DE FORMULES PERSONNELLES A L'AUTEUR. I39

2J. Beurre de cacao... s,

Cold-cream.... r âîl p. oe.

Axonge bcnz '

M. S. A.

IX, — Crevasses du sein.

2J. Glycérine redistilléc à 300.... 40 gr.

Teinture de baume de tolu... 5 — ihébaîque....... 2

Salol pulvérisé............. 1

M. S. A.

X. — Crevasses interdigitales syphilitiques.

2|. Eau distillée de roses <;oo gr.

Sublimé corrosif. 1

Teinture de tolu........... 30

M. En application sur bourdonnets de charpie.

XI. — Eczéma seo du visage.

21 Lanoline.............. 1 ..

rM , . M to gr.

Glycérine '

Nitrate de potassse.... « 2

Essence de cumin...... 1

M.


140 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

En onctions 3 fois par jour.

XII. — Sirop des eczémateux lymphatiques.

2J. Sirop d'iodure de fer 500 gr.

Extrait de gentiane 1

» de noix vomiquc.... 0 30 M. Cuiller a dessert avant chaque repas.

XIII. — Eczéma pltultaire.

2j. Eau distillée de mélilot..... 200 gr.

Glycérine très pure \o

Sulfate de cuivre .......... 3

Essence d'amandes amèrcs.. Xg,,c

M. S. A.

Introduire, matin et soir, dans la narine malade un bourdonnet d'ouate hydrophile boriquée *mbibé de cette mixture, et le maintenir pendant dix minutes environ. Laguérison s'opère en trois ou quatre jours.

XIV. — Eczéma des lèvres.

2j. Beurre de muscade......... 35 gr.

I tuile de bouleau 1

Acide salicylique,.......... o 30

Essence de reine des prés ... XII gtle* M. S. A.


CHOIX DE FORMULES PERSONNELLES A L AUTEUR I4I

Pour onctions trois fois par jour.

XV. — Eozéma palmaire

2| Alcool à 960 ,.. 200 gr. •

Sublimé corrosif o 20

Acide thymiquc. 10

Essence de Wintergreen .... XX gUal Carmin de safranum, Q. S. pour COLKOI. En frictions trois fois par jour, avec une brosse de blaireau. La nuit, porter gant caoutchouc Rainai.

XVI. — Sirop contre l'eczéma arthritique.

2|. Sirop de kola. 200 gr.

Iodure de lithium.......... 10

M. Cuiller il café avant chaque repas. .

XVIt. — Solution contre les dermatoses suppuratives.

2J. Décoction de quinquina gris. 300 gr. Chlorure d'ammonium...... 10

M. S. A. Une cuillerée a soupe, matin et soir, dans une infusion de houblon.


142 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

XVIII. — Engelures.

Bains sinapisés locaux, ou lotions au vinaigre des quatre voleurs, lorsqu'il n'y a pas d'ulcération.

A l'intérieur, pilules de fer et Colombo de Pourtal, vin de quinquina, huile de foie de morue, vin Nourry iodo-tané.

Contre les engelures ulcérées, pansements au salol, à l'iodoforme, cautérisations au nitrate d'argent, compresses a^ ce l'alcool camphré, la glycérine boriquée, la liqueur de Labarraque, l'eau de Goulard, le vin aromatique, etc..

XIX. — Traitement abortlf des engelures. 2j. Glycérine pure 30 gr.

Teinture d iode.......... )

., . aa 1

— d opium. ....... }

M.

pour badigeonnages trois fois par jour. Appliqué

au début, ce traitement est abortif et préventif.

XX. — Traitement des engelures rebelles. 2J. Vaseline camphrée......... 45 gr.

Borate de soude. $

Bichromate de potasse...... t

Huile de bouleau XX gUe»

Essence d aspic ............ XX

M. S. A.


CHOIX DE FORMULES PERSONNELLES A L AUTEUR. I43

En onctions trois fois par jour, puis recouvrir de gants de fil préalablement lavés à l'eau chaude.

XXI. — Engelures du nez.

2{. Beurre de cacao 40 gr.

Huile de noisettes. ' 10

Acide citrique o 50

Précipité blanc 0 30

Teinture de musc XX gttes

M. Onctions trois fois par jour, précédées de lotions tièdcs avec l'eau de feuilles de noyer.

XXII. — Gerçures par le froid.

2J. Eau de laitue 200 gr.

Glycérine pure. 50

Teinture de baume du Pérou 15 Salicylate de soude......... 4

M. En lotions matin et soir.

XXIII. — Gerçures des lèvres

2J. Beurre de cacao to gr.

Huile de ricin 3

Extrait de cachou .......... 1

Huile de bouleau XXII gltei

Essence de santal XV

M.


144 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

XXIV. — Traitement des éphélides.

Toucher les taches, individuellement, avec

2[ Liqueur d'Hoffmann 20 gr.

Acide salicylique 2

M. On peut remplacer la liqueur d'Hoffmann par l'eau de Rabel, puis lotionner avec mélange d'eau de fleurs d'oranger et de laurier-cerise, parties égales.

XXV. — Taches pigmentaires, masque* de la grossesse.

2|. Kaolin 4 gr.

Lanoline 10

Glycérine 4

Carbonate de magnésie... t Oxyde de zinc............ S

M S. A.

En applications sur le visage, laisser sécher.

XXVI. — Contrôles taohes de rousseur rebelles.

2J. Lait virginal. 100 gr.

Glycérine pure 60

Acide chlorhydrique méd.... 10 Chlorhydrate d'ammoniaque 8 M. S. A.


CHOIX DE FORMULES PERSONNELLES A L AUTEUR I45

Toucher matin et soir les taches avec un pinceau à aquarelle imbibé de cette mixture.

XXVII. — Erythôme noueux.

2j. Infusion de sureau 500 gr.

Chlorure d'ammonium...... 30

Teinture de gaultheria,..... t $

M. S.A. En applications topiques, à l'aide d'ouate hydrophile salicylée, recouverte de taffetas gommé. Traitement général de l'arthritismc.

XXVIII. — Veloutlne antl-érythômateuse

2). Poudre de talc de Venise........ )

j 1 J [ aft 20 gr.

— de Iycopode ) °

— detannin(proc.Pelouzc) ) .. »...-.' . . 1 ââ /o Acide borique porphyrisé ..... )

Essence de patchouly. Q. S. pour parf.

M.

A appliquer à la houppe sur les visages sujets

aux efllorescenccs.

»?


I46 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

FURONCULOSE.

XXIX. — Topique ahortif. "'

2j. Teinture d'iode. j

» d'arnica /âàp.é.

Alcool camphré. .1

M. A l'intérieur, boire de l'eau de goudron. Dans le cas de furonculose confluente, donner chaque matin une cuillerée de :

XXX. — 2J. Glycérine pure à 300.... 250 gr. Acide phénîque crist... 4 Essence de badiane..,, XX g»es M. S. A. dans de l'infusion de pensées sauvages.

XXXI. — Traitement topique des furoncles et des petits phlegmons.

2j. Vaseline 20 gr.

Extrait d'arnica. 1

Acide borique 3

Teinture de tolu XX g1'»

M pour applications.


CHOIX DE FORMULES PERSONNELLES A I. AUTEUR I47

A l'intérieur, chez les lymphatiques, une cuillerée à soupe de : ,

XXXU. — 2J. Sirop de goudron.... )

— d'iodure de fer, ) '

M.

Antisepsie intestinale, avec 50 centigrammes desalicylate de bismuth et 50 de benzo-naphtol, en trois cachets, tous les jours.

Chez les lymphatiques: X gouttes de teinture d'iode dans du lait tous les jours. Chez les herpétiques, 50 centigr. de poudre de soufre avant chaque repas; tous les matins, dix gouttes de liqueur de Pearson dans du sirop de térébenthine. Chez les arthritiques, 'préparations de colchique et pou* dre de Pistoïa. Chez les diabétiques, traitement du diabète (').

XXXIII. — Prévention des récidives de l'herpès génital.

Deux fois par semaine, douche froide de trente secondes, en lance, sur le rachis lombaire;

(i) Voir Dr E. Montn, Hygiène et Traitement du Diabèt* (à la Société d'Kditions scientifiques).


I48 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU.

2" Lotion glando-préputialc, matin et soir, avec le vin aromatique. Ces lotions ont, en outre, pour effet, de renforcer la puissance génésique;

30 Hygiène sévère, Jidèlitè conjugale; ne pas changer son alimentation ; se garder du découragement ; continence pendant les éruptions (voir notre Hygiène des sexes),

XXXIV. — Herpès oiroinô.

Badigeonner journellement avec huile de cade et teinture d'iode morphinôe, parties égales.

XXXV. — Herpès labialis.

% Glycérine )

J âa Salicylate de bismuth ... )

M. en applications. Contre l'herpès iris, buccal ou oculaire, applications de compresses boratées et glycôrinées.

XXXVI. —' Lotion contre l'intertrigo diphtéroïde infantile.

2j. Infusion de camomille 100 gr.

Eau de Cologne............ 20

Teinture d'iode \.

t j • \ ' - -

Iodure potassique ;

M. S. A.


CHOIX DE FORMULES PERSONNELLES A L AUTEUR 149

XXXVII. — lotortrlgo rebelle

2J. Émulsion de créoline 200 gr.

Acide salicylique........... 10

Essence de badiane XV gl,es

M. S. A. En badigeonnages trois fois par jour et recouvrir d'ouate hydrophile.

XXXVIII. — Pommade contre le lichen.

2J. Styrax ,. } .

Cold-Cream )

Précipité blanc 1

Huiles de santal et de bouleau, ââ X gttes M. S. A. En onctions trois fois par jour. Cette pommade possède l'agréable odeur du cuir de Russie. On calme très bien le prurit du lichen agrius par des lotions d'acide chrômique au millième.

XL.—Lichen ruber.

.2j. Axonge ou mieux beurre frais... 45 gr. «Chloroforme pour anesthésie ... 4

Acide nitrique fumant XV g u

■. . . M, , (Onctions 3 fois par jour).

13*


150 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU,

XLÏ. — Pommade anti-phtiriasique.

2J. Glycérolé d'amidon ,,., 45 gr.

Calomel. 4

Huile d'aspic ,,, 5

M.

Je recommande aussi le mélange, par parties égales, de glycérine, baume de la Mecque saponiné et liqueur Van Swieten.

XLII. — Contre le pityriasis de la face.

2j. Coldcream 30 gr.

Bicarbonate de soude....... 2

Térébenthine de Chio....... 3

Teinture de vanille...,,.,)

2 âà a — d'ambre )

M. S. A.

pour onctions trois fois par jour.

Régime végétal (les enfants surtout).

XLHI. — Prurit labial.

2|. Blanc de baleine carminé... 10 gr. Glycérine très pure......... 5»

Huile de bouleau *. 2

Essence de laurier VgUM

M.


CHOIX DE FORMULES PERSONNELLES A ^AUTEUR I $ l

XLIV. — Prurigo senilis.

Ajouter à l'eau d'un bain 500 gr. de liqueur de Labarraque, 250 gr. d'amidon et 250 gr. de gélatine, et rester quarante minutes dans ce bain chloro-gôlatino-amidonné. Les démangeaisons cessent après le premier bain, et l'éruption disparaît après deux ou trois semblables.

XLV. — Prurit vulvaire.

2J. Lanoline .. )

Huile de parafline j

Acide benzoïque 4

Extrait d'aconit 0 60

M. Cette préparation m'a rendu de grands services contre le prurit vulvaire ou préputial des diabétiques,

XLVI. — Badtgeon anti-psoriaslque.

2j. Glycérine boratée 100gr.

Teinture d'aloès. 5°

Acidearsônieux .,,,........ 0 10

M.


153 TRAITEMENT DES MALADlKS DE LA PEAU.

Matin et soir, avec une brosse à dents en blaireau, et recouvrir de gaze humide.

XLVH. — Contre le prurit anal rebelle.

2j. Huile de foie de morue.... ]

Huile de bouleau blanc .., i ââ 10 gr.

Lanoline pure /

Nitrate d'argent. o » 30

M. (au bain-marie). Onctions 3 fois par jour, après agitation de la mixture.

XLVI1I. — Topique contre les écrouelles.

2(. Eau de chaux.............. 200 gr,

Teinture de myrrhe. 50

Arséniate de soude o 05

M. Un tampon d'ouate trempé dans cette mixture et laissé 3 fois par jour, pendant dix minutes, en contact avec les lésions, atténuera sûrement les cicatrices scrofuleuses et lupiques.

XLIX. — Séborrhée.

2J. Eau distillée de goudron..... 300 gr.

Chlorate de potasse.. 10

Ammoniaque liquide 4

M. S. A.


CHOIX DE FORMULES PERSONNELLES A L AUTEUR I 53

Pour lotions avec une petite éponge.

L. — Hyperhidrose.

Lotions avec un soluté de bichromate potassique à 5 pour 100, additionné \de 5 pour 100 de teinture de belladone. Matin et soir, l'une des pilules suivantes :

LI—2J. Agaric blanc pulvérisé ogr,05

Tannate de quinine. o 10

Extrait de chanvre indien . ^

— de belladone,,,,,, j âà o 02

— de jusquiame .....) M. pour une pilule.

LU, — Crèmo magique.

2J. Axonge benzoïnée )

Glycérine boriquée j

Oxyde de zinc ,, 3

Précipité blanc 1

M. S. A. (Contre les roséoles et les macules en général).


154 TRAITEMENT DES MALADIES DB LA PEAU.

LUI. — Bain contre l'urtloaire ohronique.

2J. Acide chlorhydrique fumant. 50 gr.

Essence de thym........... 10

— de Wintergreen.... 5 M. S.A. pour 250 litres d'eau.

Bain d'une heure (baignoire de bois).

LIV. — Vitiligo.

Combattre les névralgies et le nervosisme. Localement,frictions avec la mixture suivante:

2J. Alcoolat de citron ••

— de capsicum ( aa p. se.

— de roses ........ )

M. S. A.

Essayer les injections sous-cutanées de pilocarpine (Besnier) et l'électrisation cutanée (Monin).

LV. — Onctions contre le zona,

2j. Liniment oléo-calcairc,,,,.. 125 gr.

Dermatol.. ,... 5

Chlorhydrate de cocaïne .... • 0 ; 50

— ' de morphine.. 0 10 M. S. A.


CHOIX DE FORMULES PERSONNELLES A L'AUTEUR 15 5

Pour onctions matin et soir et recouvrir de : poudre de vieux bois 3 parties; salicylate de bismuts 1 partie; ouate et bandage de corps.

J'emploie aussi, avec succès, le badigeon de perchlôrure de fer et teinture thébaïque, pratiqué discrètement.

LVI. — Bain contre l'atonie outanée.

Verser dans l'eau d'un bain 1 kil. de sulfate de fer et 125 gr. de teinture de benjoin. Bain d'une heure (baignoire de bois).

LVIII. — Mixture oontre dermatoses anciennes.

2J. Sirop de fumeterre......... 500 gr.

Extrait degaïac, ,.,. 10

Phosphate de soude 60

Arsôniate d'ammoniaque..., 0 25 M. , Une cuiller à soupe le matin, dans une infusion de douce-amêre (contre les récidives herpétiques). .■'••■


156 TRAITEMENT DES MALADIES DE LA PEAU,

LIX. — Pansement de l'eothyma

2L Baume du Pérou ) ■

Iodoforme................. )

Chlorhydrate de cocaïne,.,.. 0 gr. 20

Teinture de quillaya... Q. S. povr- émuls. M. S. A.

Pansement, matin et soir, avec cette mixture étalée sur un écusson en calicot. Même traité-- ment s'applique aux ulcérations pemphigo-rupiques.

Lx, — Onctions contre le prurigo.

Huile de foie dé morue.... \ V

■■— l naphte.......... J ûâ 200 gr,v -

— bouleau.,.,.,,.. ) Ess. de cannelle de Ceylan * 10 gr. r

: ; ■ "... 'M. s. A.;■■■..,■; ';;•:/.';;..'•

LXI. -r Eczéma palmaire. vV

2J. Glycérine de Price. ......... hM ?fg|

Sulfo-ichthyolate d'amoniaque ) ; ; ?;;

Nitrobenzin.e ...,,... *..., ) _ „''- : v)î Essence de badiane.,,,.... ) ; ^

•'■;>■ Vv^ -*/■■■■ M- .Sv'A.;; ; .;i;iv^i;;'/,Ç;;

Pour onctions, trois fois par jpur, et ïeçou^ vrir de tarlatane salicylée* < -


CHOIX DE FORMULES PERSONNELLES A L AUTEUR IJ7

LXII. — Eeau de toilette contre la séborrhée faoial*

2|. Alcoo'é de lavande.......

— de menthe i

— de citron f âà 50 gr.

Teinture de myrrhe. i

— de quillaya j

Benzoate de soude 20 ~"

M. S. A.

Pour lotions, trois fois par jour; imbiber à l'aide d'un flacon stilligoutte le coin d'une serviette mouillée d'eau chaude^ et exprimée.

M



TABLE DES MATIÈRES

Pag«(. PRÉFACE DE L'AUTEUR 5

CHAPITRE I De !a prédisposition aux dermatoses, 9

CHAPITRE II Hygiène et traitement général 17

CHAPITRE 111 L'Eczéma 37

CHAPITRE IV L'Acné et la Couperose... 53

CHAPITRE V Le Psoriasis 65

CHAPITRE VI Les Êrythemes, lichens, etc 74


l6o TABI.ti DUS MATIÈRES

CHAPITRE VII

L'Urticaire, le prurige 82

CHAPITRE VIII Dermographie ou autographisme 89

CHAPITRE IX L'IIcrpcs, le p.ona , 96

CHAPITRE X

I.esscrofutides, gourmes, lupus 104

CHAPITRE XI Le Purpura no

CHAPITRE XII Ecthyma, pemphigus et rupin 116

CHAPITRE XIII

bermatoses parasitaires,...,....,. tao

CHAPITRE XIV

hiflormîtcs cutanées (tueuis, tentîgo, vitiligo, ichthyose, kélokle, verrue, durillons et cors). Maladies des ongles 137

CHAPITRE XV Une soixantaine de FORMULES etc l'autcfic-.;.. !>•,. «}''