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Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir

Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)

Date d'édition : 1913-12-14

Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 14 décembre 1913

Description : 1913/12/14 (Numéro 13560).

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5649146

Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 30/06/2008

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AUCUN DOUTE NE SUBSISTE: C'EST BIEN ELLE Nous reverrons au Louvre la belle Monna Lisa

-*•* Il y a des incidents heureux dans les jIS- rapports internationaux, comme dans Ja vie des peuples. La restitution de la faconde sera de ceux-là.

Sans doute le gouvernement italien, en notifiait officiellement au représentant de la France que la Jocon.de était retrouvée, a rempli un devoir de courtoisie. Mais il y a ia manière et,. eu .pareille occurrence, le cabinet de Rome pouvait montrer plus ou moins d'empressement. Le glorieux chef-d'œuvre fMoif connu de 'tous les Français, surtout depuis le jour où sa placo »m Louvre était devenue vide, et ce sont tous les Français San d'avoir sans perdre un instant, avisé M. BarrèTe du surprenant .événement.

La/restitution de la Joconde à notre ambassadeur n'ira certes pas sans quelque so- I' lejmité.. Ni le ministre qui remettra, ni le di. plomate gui recevra le tableau de Léonard, ne se pourront défendre d'une réelle émolion. Mais il y aura chez eux. pius qu'une émotion artistique, -si haut qu'on doive priser pareil sentiment. Ils se diront l'un et l'autre qu'en retournant à Paris, la Joconde. rapportera' chez nous un peu d'amitié itatienne, et que cet incident n» servira pas seulement la noble cause de l'art.

LE CHEF-D'ŒUVRE EST INTACT déclare M. Credaro

ministre italien des Beaux-Arts M. Credaro. ministre des Beau^-Arts. a bien voulu me recevoir ce matin et nre faire; en personne, le-récit du vol de la Joconde. et de sa découverte.

Tout d'abord, ait le ministre, radieux, laissez-moi vous confirmer d'une façon absolue l'authenticité du tableau retrouvé. Quand je reçus le coup de téléphone de M. Corrado Ricci. hipr, à la Chambre, j'hésitai à croire à la véracité d'une pareille nouvelle, malgré la .contianca que j'ai dans la compétence de notre directeur général des Beaux-Arts.

Aussi, téléphonai-je de nouveau, moimême, à Florence, quelques minutes après la première communication pour prier M. Ricci de bien réfléchir encore.

Comment! me répondit M. Ricci, vous n'avez pas encore communiqué une si grande nouvelle à la Chambre?

Réfléchissiez bien, lui dis-je sur le ton de la plaisanterie, que vous jouez votre situation.

J'accepte toutes les responsabilités, ditil, mais, pour l'amour de Dieu, annoncez vite cette grande nouvelle artistique. Alors, continue NI. Credaro, je n'hésitai plus à informer MINI. Giolitti et San Giuliano qui, comme vous le savez, avisa aus4tôt votre ambassadeur, M. Barrère. Ce matin encore, \1. Corrado Ricci me contfrma par télégraphe et téléphone l'authenticité indiscutable du tableau.

Enfin, le chef de division Artom, qui accompagna M. Ricci à Florence, rentra ce matin de cette ville et me fit un rapport tel qu'aucun doute n'est possible désormais. C'est bien la Joconde, l'incomparable Jocondc du divin Vinci, que l'Italie a le bonheur de pouvoir rendre à l'admiration de la France et du monde entier.

Je m'empresse d'ajouter, poursuit le ministre avec feu, que le chef-d'œuvre est complètement intact pas le moindre dommage C'est vraiment miraculeux, comme vous voyez, et ce miracle s'explique, du reste, quand on connaît la façon dont le tableau fut volé et conservé par le voleur. Et M. Credaro, après m avoir fait à grandes lignes le récit de la découverte de la Joconde, me confirma que quelques jours après avoir caché le tableau dans sa chantbre, Perugia reçut chez lui la visite des policiers, comme tous les employés ou ouvriers du musée. On lui demanda s'il ne. pouvait fournir aucun indice sur le vol. Perugia répondit négativement, et on le laissa tranquille.

Le président Giolitti, le ministre des Affaires étrangères, M. San Giuliano et moi, continue NI. Credaro, avons tenu, hier soir, une conférence sur la façon dont la Joconde sera rendue au gouvernement français. Nous avons décidé que le tableau sera ramené à Rome et remis solennellement à l'ambassadeur de France, que je viens dinformer de cette décision.

Toutefois, pour répondre au vœu bien lé-

gitime de l'opinion publique j'ai prié le gouvernement français de nous laisser la Joconde exposée pendant quelques jours à Florence, dans la Galerie des Offices, puis à Rome, soit au palais Farnèse, soit dans un de-, nos musées.

.M. Rarrère a voulu nrendre sur lui de transmettre et d'appuyer auprès du gouvernement français ce vœu de l'opinion publique ilalienne, qui s'associe tout entière. soyez-en au; à la joie immense que j'éprouve personnellement^ qu'éprouvent tous mes collègues, d'avoir pu contribuer à sauver et conserver à l'admiration du monde le chefd'œuvre le plus accompli du génie le plus parfait dont s'enorgueillissent ensemble hItalie, qui lui donna lé jon*, igffW*rlaraiK:e, qui lui donna une somptueuse hospitalité. Ainsi conclut le ministre Credaro.

L'acquiescement de la France Sous croyons savoir que le gouvernement, français a acquiesce au vœu qu'a formulé, dans sa déclaration au Petit Parisien, il[. Credaro, et que les Romains pourront, quel(lues jour.s durant, admirer la .foconde. Preuves d'identité

Nous avons reçu, de M. Gustave Soulier, professeur d'histoire de l'art à l'Institut français de Florence, le télégramme suivant

ii Florence, 13 décembre.

C'est bien elle

Je viens de passer une heure auprès de la Joconde; dans le cabinet du directeur des Offices, avec le directeur des Beaux-Arts, M. Ricci, arrivé expressément de Rome. J'ai pu refaire moi-même lec confrontations avec toutes les reproductions, Aucun doute. Ce sont,'bien, les tacher et craquelures identiques,' aux tempes, sous les yeux, au menton, sur les maints, et ces' la même incopiable splendeur.

Au verso du panneau de bois figure l'inscription

If Du Rameau, garde des Sceaux à Versailles-. Première pièce du Directoire; tirirbre des musées royaux n° 316.

Parmi les visiteurs des Offices qui se pres$aicnltdevanl la Joconde, certains pleuraient. COMMENT L'ANTIQUAIRE GERI NÉGOCIA AVEC PERUGIA Rome, 13 décembre.

L'antiquaire Geri a déclaré dans une interview que les négociations avec Perugia s'étaient poursuivies ainsi

Le 29 novembre, M. Geri reçut une lettre signée Léonard Vincenzo et offrant la Joconde à un prix que l'acquéreur fixerait lui-même. La lettre demandait une réponse poste restante place de la République,, à Paris. M. Geri crut d'abord à une fumisterie. puis se ravisant, il prit conseil de M. Poggi, et tous deux rédigèrent la réponse. Ils répliquèrent qu'on s'entendrait sur le prix quand la Joconde serait à Florence et qu'on l'aurait reconnue pour authentique. Le prétendu Léonard écrivit une seconde lettre insistant pour que M. Geri vint à Paris. L'antiquaire riposta que l'affaire devait se faire à Florence.

NI.' Geri reçut, le 6 décembre, une troisième lettre de Léonard, annonçant alors son arrivée pour le à Milan. M. Geri, désorienté, n'avait pas encore décidé de la réponse qu'il ferait quand, le 9 décembre, il reçut de Milan un télégramme de Léonard, annonçant son arrivée à Florence pour le lendemain mercredi.

\L Geri prévint aussitôt M. Poggi, qui était Bolol;ne, et qui rentra à Florence Enfin, mercredi, l'antiquaire vit paraître chez lui un homme maigre, jeune enr-ore. modestement vêtu, déclarant être Léonard et lui offrant de 'lui' montrer la Joconde à l'hôtel Tripoli où il était descendu.

Léonard demandait un demi-millton que M. Geri promit sans difficulté. L'antiquaire nrévint M. Poggi, avec lequel il alla à l'hôtel jeudi.

M. Geri a déclaré qu'it comptait réclamer la prime promise à la personne qui ferait retrouver la Joconde.

Le vol de la « Joconde »

conté par son auteur

Rame, 13 décembre.

Perugia a fait le récit qu'on va lire du vol de la Joconde

Avec d'autres ouvriers, j'ai été employé au musée du Louvre, en qualité de décorateur. J'ai vu ainsi très souvent le tableau de

Léonard de Vinci et, chaque fois, mon orgueil patriotique en a ressenti une vive humiliation Pourquoi donc. me demandais-je, ce magnifique chef-d'œuvre italien enrichit-il avec tant d'autres le patrimoine artistique français Ce n'est pas juste. La place de ce tableau est en Italie et non ici. n Je cessai de travailler au Louvre, mais j'y revenais souvent. J'v avais de bonnes relations avec tous les ouvriers, nies anciens camarades les surveillants qui me con- naissaient, ne se méfiaient nullement. Du reste, comment auraient-ils pu deviner qu'en moi naissait et se développait le projet de voler le tableau ?

J'avais bien étudié le coup. L'exécution. était extrêmement aisée.

Un jour que je me trouvais seul Sans lé salon Carré, je décidai d'agir. En quelques secondes, j'eus décroché le cadre. Vivement, j'enlevai le parineau, que je laissai un instant contré le mur, le temps d'aller cacher sous l'escalier où on devait le retrouver le cadre volumineux dont je n'avais que faire. Plaçant le panneau sous ma blouse, je sortis tranquillement du musée, sans être le moins du monde soupçonné. J'ai gardé le tableau chez moi pendant deux ans, tremblant à chaque instant, bien que je l'eusse caché, qu'on arrivât à me découvrir.

A la fin, quand le silence s'est fait, je me suis rassuré. J'ai.voulu évidemment tirer an bénéfice de mon vol, mais j'ai tenu aussi ce que mou pays rentrant en possession d'une œuvre qui me paraît lui appartenir naturellement.

La déclaration de Perugia est tenue pour suspecte. Car il semble avéré,, d'après certains autres propose qu'il a laissés échapper, qu'il voulait voler au Louvre un tableau de grande valeur, sans avoir tout d'abord jeté son dévolu sur la Joconde. II avait, parait-il, songé à enlever un Mantegna.

PERUGIA PROMETTAIT

LA FORTUNE^ SA FAMILLE Rome, 13 décembre.

Un journaliste a interviewé le maire de Dumenza, pays natal de Vincent Perugia. lA.' main' a raconta que le octobre 1912, soit il y a quatorze mois déjà, Perugia a envoyé, de Paris, à son père, une lettre où il disait

Je souhaite que 2ous viviez lonqtemps encore pour jouir de la fortune que. votre fila est sur le point de réaliser pour vous est toute la famille. Songez qu'on rien sans sacrifice,; patientez quelque temps encore et j'espère vous rendre tous heureux. Cette lettre montre clairement que Perugia escomptait de gros bénéfices de la vente do la Joconde et que son prétendu désir exprimé hier de venger l'Itah-e des enlèvements tableaux accomplis par Napoléon I" est un simple argument de défense.

Jusqu'ici, l'enquête tend démontrer, que Perufiia a agi spontanément, seul et sans complice.

Le double fond

Florence, 13 décembre,.

Après son arrestation, Perugia a été transféré ü la prisor» de Murate, où il est mis ii la disposition du procureur général, qui a pris 'lui-môme l'affaire en mains et attend à snn sujet des informations de Pa.ris. On a exanriné, ce mat.in, plus attentivement la caisse dont Perugia s'est servi pour transporter la Joconde. un modeste coffret de bois blanc, à double fond le malfaiteur l'avait gardé dans son compartiment durant son voyage de Paris- à Florence, Lorsqu'il sortit la Joconde de ce coffret, devant M. Gùido Poggi, il contenait encore des vêtements usagés et de vieilles chaussures, ainsi qu'une mandoline.

On a constaté que Perugia avait collé du papier sur le double fond de la caisse pour dissimuler le tableau. Le commandeur Paggi a exprimé, dans une interview, l'opinion que Perugia est fou. M. DOUMERGUE NOUS DIT SA GRATITUDE POUR L'ITALIE M. Doumergue. président du Conseil, en recevant, hier soir, l'un de nos collaborateurs, a bien voulu .lui dire' ces quelques mots

Le gouvernement français a été très touché de l'ernpressement que le gouvernement italien a apporté à l'aviser de

l'heureuse découverte de la Joconde. Je tiens notre gratitude pour le ministre des Affaires étrangères, M. di San Giuliano, et pour le ministre de l'Instruction pubtique, M. Credaro, et nous ne, saurions trop les remercier de la courtoisie qu'ils nous ont témoignée. L'opinion publique éprouvera le même sentiments que nous. Cet incident, dont je me félicite, ne saurait qu'accroî- tre la sympathie qui m'a toujours animé à, l'égard de nos voisins.

Et M. Doumergue ajoute en riant « La disparu quelques jours après iwn départ de l'Instruction publique; elle revient quelques jours après mon retour aux affaires. Ne me faites surtout pas conclure.» Le président du Conseil a télégraphié, hier, ses remerciements à MM. Giolitti, di San Giuliano et Credaro.

M. Viyiani,. ministre de l'Instruction publique, a adressé de son côté au ministre de l'Instruction publique d'Italie la dépêche, suivante

A Son Excellence M. Credaro.

ministre de l'Instruction publique, Rome. J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien agréer i'expression do ma gratitude pour le service que vous avez rendu à l'Art en permettant à la France de reprendre possession d'un chefd'œuvre immortel dû au génie '3'un des plus nobles fils ,de l'Italie.

PERUGIA A PARIS Vincent Perugia,' né à Damenza; province de Cômc, est connu depuis longtemps de la police et de la justice françaises. Arrêté, le juin 1908, à Màcon, pour tentat?ve de vol comme on le verra plus loin il fut condamné, le 23 du même mois, par le tribunal dé cette ville.

Le 24 janvier il était de nouveau arrèté, il Paris, pour violences et conduit au commissariat, du quartier Saint-Ambroise. Le 18 février de la même année, il était condamné, par la dixième chambre correctionnelle de la Seine, a huit jours de prison et à 16 francs d'amende, -pour Coups et blessures et port d'arme prohibée.

Il avait donc sa .fiche anthropométrique au service dé l'identification judiciaire. Elle fut rapidement trouvée.

Or, comme, d'autre part, M Bertillon avait photographié soigneusement l'empreinte du ]>ouce gauche, laissée par le voleur sur la. vitre du cadre de' là Joconde, on n'avait qu'il comparer les empreintes digitales de Perugia, prises en quand il fut condamné par le tribunal de la Seine, avec celles de la vitre.

Ses empreintes sont reconnues 11 y a identité absolue entre ces empreintes. Aucune erreur n'est donc possible c'est bien Vincent Perugia qui a laissé la marque de son pouce gauche sur la glace du tableau volé.

Cette identification des empreintes provoque tout de suite une question

Pourquoi, puisque l'on possédait les empreintes de Vincent. Perugia et qu'il avait laissé la marque de son pousse gauche sur la vitre du cadre de la Joconde, n'a-t-on pas découvert pins tôt l'identité du' voleur? Si le vol çùt été commis dans la République Argentine, l'identité du coupable n'eut pas tardé à être connue. Cet Etat a adopté cécemment le système Herlillon avec une modification suggérée pe.r le chef de notre service anthropométrique, modification que )'on ne peut introduire en France sans un bouleversement comple,' du service d'identi[¡cation:

En Argentine, ia classification des fiches anthropométriques a pour base les empreintes digitales les mensurations ne viennent que comme complément de classification. En France, au contraire, c'est par les merrsiirations que se fait le classement. On classe les individus par taille, puis par les signes distinctifs de la tête, des oreilles, du nez,, etc.

Les mensurations identifient suffisamment les individus. Ce n'est que par surcroît de précautions que la classification est complétée par les empreintes des doigts de la main droite.

Ces empreintes forment une subdivision de la classification.

Quant aux empreintes de la main gauche, elles sont' bien prrses,. elles, aussi, mais ne sont pas utilisées pour le classement. Or,

comme le voleur avait laissé seulement la marque de son pouce gauche, il était matéricllement impossible de retrouver, parmi les fiches du service anthropométrique, remj>reinte de la, main gauche de Pe- Dans la République Argentine, où, on vient de-le voie,- la classification se fait au moyen des empreintes, rien n'eût été plus facile. Perugia avait été interrogé

à la suite du vol

Le premier soin de M. Drioux, à la suite du vol du portrait de Monna Lisa, avait été de faire rechercher, par la sûreté, et de faire interroger tous les ouvriers qui dans le courant de l'année 1911 avaient travaillé au musée du Louvre.

Vincent Perugia n'avait pas échappé à ces investigations. On avait 6u, en effet, qu'étant au service de M. Gobier, entrepreneur de peinture, 280, rue Saint-Honoré, il avait travaillé, en janvier 1911, au Louvre. Les travaux de peinture et de nettoiement auxquels procédait cet entrepreneur avaient été terminé le 24 janvier et, depuis cette date, l'Italien n'était plus revenu comme ouvrier au musée.

S'il est donc vrai que c'est alors qu'il travaillait au Louvre que l'idée lui est venue de voler la Joconde pour la ramener en Italie, il a prémédité, on le voit, son acte pendant se t mois.

Quand les inspecteurs de la sûreté le trouvèrent en octobre 1911, Perugia était occupé par la maison de peinture Pérrotti, 13, rue de Maubeuge.

Il déclara qu'en effet, il avait travaillé au Louvre,' mais qu'il n'y était pas retourné depuis le mois de janvier, date de la fin des travaux. Il ne pouvait donc fournil aucun renseignement sur la fuite de \lonna Lisa. Auparavant, en 1908, Perugia avait travaillé chez M. Desagne, entrepreneur de peinture, 8, rue Tronson-Dueoudray. Il avait quitté son patron à la suite d'une discussion motivée par une question de salaire. Le différend fut tranché par le conseil des prud'hommes. Au point de vue moral.ité,les rienseignements recueillis par la police auprès de M. Desagne furent bons. On ne le soupçonna donc pas.

La même année, Perugia avait également travaillé pour le compte d'un autre entrepreneur de peinture, M. Compans, 24, rue Pavée.

Au service des anarchistes,à la préfecture de police, on ne possède aucun dossier le concernant.

Au service des garnis, on a retrouvé deux fiches au nom d'Antoine Perugia., peintre en bâtiment, originaire de Domenza (Italie). Ce dernier doit être le parent de Vincent dont nous parlons plus loin.

L'INSTRUCTION EST REPRISE M. le juge Drioux, qui fut chargé de l'instruction relative au vol de la Joconde.. s'est rendu, hier, au musée du Louvre, avec NI. Vignolle, commissaire de police adjoint de In sûreté générale.

Cette visite avait pour but de faire connaître, sur place, à M. Vignolle, les constatations que le magistrat .instructeur avait failes lé jour de la disparition du chef-d'oeuvre dé Léonard àe Vinci.

M. Vignolle est parti hier soir pour Florence afin d'interroger Vincent ou plutôt Vincenzo Berugia. Il était indispensable qu'il eut des indications précises.

M1. Drioux, ses procès-verbaux d'enquête en main, lui a montré le trajet qu'avait suivi le voleur, lui a indiqué comment, en sortant par la porte donnant sur la cour du Sphinx, il avait cru bon d'enlever le bouton de fermeture de.cette porte, afin qu'on ne pùt :J'ouvrir, au cas où il aufait été poursuivi..

Le magistrat a accompagné M. 'Vignolle jusqu'au fossé du Louvre, près du Carrousel, où le voleur, qui avait été aperçu sur le quai par un témoin, avait été perdu de vue.

Perugia eut-il un complice? Ces explications données, M. Drioux a remis au commissaire les procès-verbaux d'enquête où toutes ces constatations matériëuii sont consignées. Il lui a confic, en outre, les interrogatoir-es des témoins entendus. Ces derniers procès-verbaux ont une certaine importance.

Il semble, en effet, si les détails fournis par Perugia sur les circonstances de son vol ont été fidèlement transmises, que le voleur n'ait pas dit toujours la vérité. Ainsi il est inexact que le lundi du mois d'août ou le vol a eu lieu l'Italien ait échangé quelques paroles avec » ses amis les décorateurs qui travaillaient au Louvre ». Ce lundi, il n'y avait, dans le musée, que deux ouvriers. Ils furent entendus minutieusement par le magistrat. Ils déclarèrent qu'ils n'avaient vu personne en dehors des gardiens, et que le vol avait déjà eu lieu quand ils étaient arrivés.

D'autres détails inexacts ont été encore relevés par M. Drioux. Aussi, le juge ne doute pas on va voir pourquoi que le vol ait été commis par Perugia, il se demande si celui-ci n'a pas eu un complice.

M. Vignoic a surtout pour mission de chercher à connaître, en interrogeant le voleur et en le mettant cn contradiction avec les constatations matérielles, si réellement il est seul coupable.

Il sera jugé en Italie

Vincent Perugia ne sera pas extradé. l'Italie n'extradant pas ses nationaux. Il sera poursuivi à Florence, sur la plainte du gouvernement français, sur l'inculpation de vol cominis à l'étranger, délit puni par le code pénal italien d'un maximum de deux ans de prison.

[Voir la suitr la deuxième, paqc). Martin =Gauthier est condamné à quatre ans de prison

Les débats de l'affaire Martin-Gauthier se sont terminés, hier, il six heures et demie du soir, par une condamnation de l'ancien secrétaire de Duez à quatre années de prison, 100 francs d'amende. 7.500 francs de restitution envers les Domaines et à des dommages-intérêts il fixer par état Le jury de la Seine avait répondu affirmativement aux nombreuses questions qui lui étaient posées sauf sur quatre concernant les détournements au préjudice de Duez et la complicité de détournements au préjudice das rédemptoristes et des oblats. Il avait, en outre, accordé à l'accusé le bénéfice des circonstances atténuantes. La lecture des questions, faite par M. le conseiller Tournade. commença à midi pour se terminer à une heure vingt. Les jurés étaient aussitôt entrés dans la salle de leurs délibérations ou ils étaient demeurés jus- I qu'à cinq heures trente-cinq. La délibération I de la cour demanda trois quarts d'heure et la lecture de l'arrêt dix minutes environ. Martin-Gauthier paraissait fort abattu. Il comptait sur un acquittement.

On a dû vous donner, tout à l'heure, cent francs en moins. Le caissier ma charge do vous apporter ses excuses et réparer Terreur commise bien involontairement. \ou.lez-vous vérifier votre liasse de billets?. L'homme tenait ostensiblement un billet de cent francs. M. Broussc le remercia, puis, avant de sortir sun portefeuille, il pénétra dans le couloir d'une maison, rue Berger, où son interlocuteur le suivit.

Sans défiance, le comptable commença à compter ses billets.

A ce moment, l'inconnu bondit sur lui <H, d'un geste brusque, lui arracha portefeuille et billets de banque. Après quoi il s'enfuit. Revenu de sa surprise, M. Adolphe Brousse s'élança à la poursuite du vole-m-, en criant « Au secours Arrètez-lc

ces, rue Bailîeul, se joignit à lui ci Ions deux réussirent à rejoindre !e fuyard, co ;ni me celui-ci venait de s'engager dans le L'onloir d'un immeuble à double issue.

Arrêté en dépit d'une résistance ̃drb.srnvr. le malfaiteur fut traîné au commissariat de M. Durand, rue des Prouveires. En cours de route, il fut assez sérieusement mtiliacné

200.000 FRANCS DE TIMBRES VOLÉS Un pbMélisîe hongrois

est victime d'un rat d'hôtel un riche philatéliste, d'origine hongroise, établi à Lucerne, descendait à l'hôtel Richemond, -11,. rue du Helder, où il avait retenu la chambre 23, qu'il a l'habitude d'occuper lors de ses séjours à Paris.

M. Szekula-Béla venait traiter une grosse affaire il apportait, avec lui, trois valises, une grande et deux plus petites, qui cqntenaient une véritable fortune deux rollections de .timbres rares estimées à plus de iOO.OOO francs.

Hier matin, à onze heures et demie précises, le philatéliste quitta sa chambre pour aller jeter une lettre à la poste. Il revint un quart d'heure plus'tard. Quelle ne fut pas sa stupéfaction. de, constater que pendant son absence quelqu'un avait pénétré dans sa chambre et lui avait enlevé ses valises. Sans perdre un instant, M. Szekula-Bela se mit à la recherche de la femme de chambre chargée dp ln surveillance de Il la trouva dans la chambre 22, contiguë à la sienne. Elle tenait, à la main,, la plus grande des valises du philatëliste, qu'elle examinait curieusement. ̃ Comment cette valise se tco.uvaif-elle là ̃?. Et où étaient les doux autres qui contentaient les collections de timLa servante renseigna aussitôt l'étranger.

Pendant l'absence de M. Szekuta-Briw.'ditvoisin, Stephen Luzzâtti, avait quitte l'hôtel, et la -domestique venait de trouver sous ln lit, la dite valise, qu'elle croyait avoir été nnbliée par ce locataire.

On prévint M. Ducrocq. commissaire fin quartier de la Chaussée-d'Antin, qui vint, accompagné de son secrétaire, NI. Towne, procéder aux constatations.

Le voisin du philatéliste, l'occupant de la chambre s'était présenté, vendredi soir. à l'hôtel Richemond il s'était inscrit sous le nom de Stephen Luzzatti, vingt-deux ans. venant de Milan.

Il n'avait pas quifté sa chambre depuis tors.

vers onze heures et demie, il avait prié le chasseur d'aller lui chercher un taxi. car il devait, disait-il, prendre un train vers midi. Quelques instants après le voyageur avait de nouveau sonné le garçon pour faire enlever sa malle, nuis était parti.

C'est cinq minutes plus tard que le philatéliste s'était aperçu du vol.

La chambre communiquait avec la chambre 23 par une porte qui était condamnée. On suppose que Luzzatti, qui n'était autre qu'un ha.bile rai d'hôtel, a dil rouvrir à l'aide d'une fausse clef.

Ce. malfaiteur devait filer le philatéliste depuis son arrivï>c h Paris. Il connaissait fort bien les habitudes de sa victime, <nr il n'a même pas cherché a ouvrir la volis. trouvée après son départ 'vllr-ri ne contenait que du linge.

Il" avait loué la chambre 22 pour guetter sa proie et s'emparer des colis précieux au bon moment.

Dans un coin de la pièce on a trouvé un compartiment, que le voleur avait retiré de sa molle, pour laisser de la place aux deux valises.

On recherche le conducteur du înxi qui a

En sortant d'un grand magasin un comptable est dévalisé

ON ARRÊTE M. Adolphe Brousse, comptable de la fabrique de chaussures Hamelin, passage René, s'était, rendu, hier après midi, vers deux heures, dans un grand magasin de la rue de Rivoli, pour y encaisser une somme de deux mille quatre cents francs. On lui avait remis deu: billets de mille francs et quatre billets de cent francs qu'il 'avait p'acés dans sun portefeuille.

Comme il arrivait h hauteur de lu Uoui-se de commerce, un individu, ayant les allures d'un- garçon livreur, l'aborda et .très poliment, lui dit

Un passant, M. Leroy, marchand Ur gia-