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Titre : Revue d'Ardenne & d'Argonne : scientifique, historique, littéraire et artistique / publiée par la Société d'études ardennaises "La Bruyère"

Auteur : Société d'études ardennaises (Sedan, Ardennes). Auteur du texte

Éditeur : impr. Laroche (Sedan)

Date d'édition : 1906

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328567771

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328567771/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 1906

Description : 1906 (A14,N1)-1907 (A14,N2).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Champagne-Ardenne

Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique

Description : Collection numérique : Zone géographique : Europe

Description : Collection numérique : Thème : Les échanges

Description : Collection numérique : Histoire et géographie

Description : Collection numérique : Arts

Description : Collection numérique : Littérature

Description : Collection numérique : Sciences appliquées

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5623611s

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC18-447

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 18/01/2011

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PUBLIÉE TOUS LES MOIS PAR

LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ARDENNAISES

14me ANNÉE — Nos 1 et 2 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1906

SOMMAIRE :

Ernest HENRY : Les Prisonniers du Mont-Dieu pendant la Révolution

(à suivre).

Paul COLLINET : Le « droit de servage » dans les bois des Ardennes : Etymologie et acceptions du mot servage (4me article).

NÉCROLOGIE Edouard Piette (C. H.).

VARIÉTÉ :

Notes sur les phénomènes de cavernement dans les terrains calcaires de l'Ardenne (Ch. HOUIN).

COMPTES-RENDUS & BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUES.

BUREAUX : SEDAN — IMPRIMERIE EMILE LAROCHE

22 , Rue Gambetta , 22


COMITÉ DE PUBLICATION

MM. CHARLES HOUIN , Agrégé de l'Université (Histoire et Géographie).

ANDRÉ DONNAY , Agrégé de l'Université (Langues vivantes).

PAUL COLLINET , Professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Lille , Secrétaire du Comité.

Pour tout ce qui concerne la RÉDACTION et I'ADMINIS - TRATION , adresser toute la correspondance au Bureau de la Revue.

MODE & CONDITIONS D'ABONNEMENT

La Revue , fondée en novembre 1893, paraît tous les mois et forme chaque année un volume d'environ 250 pages.

L'abonnement est fixé à cinq francs pour tous pays et part du ler novembre de chaque année.

La Revue insérera, à la fin des « Variétés », les demandes de rensei ¬ gnements ayant trait aux matières dont elle s'occupe : les réponses seront communiquées aux demandeurs par le Comité de publication.

Il sera rendu compte, dans la « Bibliographie », de tout ouvrage concernant l'Ardenne ou l'Argonne , dont un exemplaire sera envoyé au Comité.

La reproduction de tout article (même la « Bibliographie » ou les « Variétés ») est interdite, sans le consentement préalable de l'auteur et du Comité.

Pour les tirages à part, les auteurs sont priés de traiter directement avec l'imprimeur de la Revue.


PUBLIÉE PAR LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ARDENNAISES

QUATORZIEME ANNEE 1906-1907

SEDAN

IMPRIMERIE EMILE LAROCHE

22 , RUE GAMBETTA, 22

1907



LES PRISONNIERS DU MONT-DIEU

PENDANT LA RÉVOLUTION

INTRODUCTION

Un grand nombre de nos compatriotes, principalement des Sedanais , arrêtés par ordre des comités révolutionnaires, étaient, on le sait, enfermés à la prison établie dans les bâtiments de l'ancienne Chartreuse du Mont-Dieu (1).

Depuis longtemps l'idée était venue aux historiens ardennais de dresser la liste de ces prisonniers. Charles Pilard , auteur d'une excellente histoire anecdotique de la Révolution à Sedan (2), a donné les noms des administrateurs de la prison et de soixante - treize Sedanais internés au Mont-Dieu, mais sa liste est incom ¬ plète et contient quelques erreurs. L'historien moderne du Mont-Dieu , l'abbé Gillet (3), n'a pas cherché à parfaire l'oeuvre commencée ; il se borne à donner des renseignements sur l'administration de la célèbre prison et les destinées des derniers moines. M. Hannedouche , dans son Dictionnaire historique des communes de l'arrondissement de Sedan (4) , à l'article Mont - Dieu, a établi une série de noms qu'il crut complète ; mais en comparant son travail au nôtre, on en verra facilement les lacunes.

Un travail d'ensemble a été présenté au public en 1903 ,

(1) Canton de Raucourt , arrondissement de Sedan.

(2) Souvenirs d'un Vieux Sedanais. Sedan sous la première Révolution, 9e période. (Extrait de l'Echo des Ardennes , 1877) , en réimpression actuellement dans la Dépêche des Ardennes.

(3) La Chartreuse du Mont-Dieu , Reims , 1889 , in-8°, 660 pages , gravures.

(4) Sedan , 1892 , 1 vol. in-8°, imprimerie Jules Laroche ; ouvrage publié d'abord dans l'Echo des Ardennes.

REV. D'ARD. ET D'ARC T. XIV, n°s 1 et 2.


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seulement, par M. J. Poirier (1) , mais son livre, qui aurait dû épuiser le sujet (autant qu'un sujet peut être épuisé), trompa absolument l'attente des hommes compétents.

Nous avons déjà signalé dans une courte note bibliogra ¬ phique (2) ses défectuosités : double et même triple emploi du même nom sous des formes différentes, répétition de certains noms de femmes sous leur prénom, citation de nom d'un homme qui n'était pas né, omission de plusieurs noms et de la plus grande partie de la lettre V. Tout cela dénotait un travail hâtif et imparfait. Ayant entrepris, pour notre usage personnel, un travail de rectifications, devions-nous nous borner à communi ¬ quer au public le fruit de nos recherches? Nous avons pensé qu'il était plus simple de rééditer la liste complète des prisonniers du Mont-Dieu. Grâce au concours d'un historien local, savant et modeste, dont nous avons le regret de devoir taire le nom, nous espérons que notre oeuvre sera moins imparfaite que celle de nos prédécesseurs.

Ajoutons que nous avons puisé nos renseignements à des sources multiples, dans les différentes archives révolutionnaires du département, des communes, du greffe du tribunal civil de Sedan, dans les états civils. Malheureusement n'existent pas aux Archives Départementales tous les documents qui devraient y être.

Les sources directes de notre travail ont été :

1° Une liste des prisonniers de la main de M. Poullet, ancien juge de paix à Mouzon, qui, paraît-il , avait été dressée par M. Duvivier , premier conservateur des antiquités des Ardennes, et qui indique les numéros des cellules occupées par les prisonniers. (Ce document semble, à cause de cela, être la source de M. Charles Pilard) ;

2° Une autre liste dressée par l'historien local dont nous avons parlé plus haut, d'après les archives départementales ;

3° De listes déposées aux archives départementales dont une

(1) Les Prisonniers de la Chartreuse du Mont-Dieu pendant la Terreur, Paris , 1903, 1 vol. in-8°.

(2) Revue d'Ardenne el d'Argonne, t. XI , 1903-1904 , p. 80.


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paraît être l'oeuvre de Montouilloux et dont il ne faut user qu'avec circonspection.

Nous avons laissé de côté quelques noms donnés par M. Poirier , qui ne figurent pas sur les listes Duvivier et X ... et dont l'authen ¬ ticité n'est pas établie.

Cependant, pour être complet, — autant que possible, — nous donnerons en appendice ceux des noms qui ne font pas double emploi, et ce sans garantie.

Il ne nous paraît pas utile de refaire, même en abrégé, l'histoire de la Chartreuse du Mont-Dieu, pas plus qu'il n'entre dans le cadre du présent travail d'exposer l'action des comités révolu ¬ tionnaires, pourvoyeurs de la célèbre prison. Au contraire, nous donnons quelques renseignements biographiques sur les personnages qui ont constitué l'administration et la garde de la maison de détention du Mont-Dieu, depuis le 22 septembre 1793 , date à laquelle l'administration érigea la célèbre abbaye des Chartreux en prison politique (l).

Ces renseignements sont tirés en partie de la correspondance personnelle de Bouché l'aîné (2) , commandant du Mont-Dieu , de l'acte d'accusation dressé contre les terroristes ardennais, par Pauffin- Tiercelet (3), en exécution du décret de la Convention du 6 prairial an III (25 mai 1795) , et des actes de l'état civil de Sedan.

(1) M. J. Poirier, op. cit., p. 24.—M. J. Poirier résume l'arrêté du 1er octobre 1793 qui réglemente le régime des prisons (p. 25).

(2) Voir notamment, pour la correspondance de Bouché aîné, Mélanges d'Histoire ardennaise , par J. Hubert, pp. 58 et ssv., Charleville , 1876 , in-8°.

(3) Mézières , imprimerie de Trécourt, 1795 , in-4° 91 pages. Le Courrier des Ardennes a publié, en février-mars 1881, le procès des terroristes ardennais.


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ADMINISTRATION DE LA PRISON DU MONT-DIEU

Commandant du Mont-Dieu.

BOUCHÉ (JEAN-BAPTISTE) dit Vive l'Amour, né le 6 juillet 1757, à Sedan , marchand à Sedan , rue des Chevilles (rue au Beurre), en 1793, éperonnier à Sedan, rue du Ménil, mort sur l'échafaud, à Mézières, le 27 messidor an III (15 juillet 1795), âgé de 39 ans 1/2. Le 22 septembre 1792, la maréchaussée lui ordonna de rejoindre les hussards des Ardennes où il était incorporé. Bouché se garda bien de se rendre à son régiment. Le 28 septembre 1792, il prétendit qu'il était seulement chargé de faire des recrues pour le régiment, mais qu'il n'en fit jamais partie. Ses qualités mili ¬ taires le désignaient tout naturellement pour commander la garde du Mont-Dieu. L'acte d'accusation dit qu'il prit une large part aux crimes commis contre les détenus. Les lettres de Bouché aîné, publiées par Jean Hubert, dénotent un sectarisme stupide qui a dû se traduire en pratique par des vexations indignes et cruelles. (Voir le Procès des terroristes ardennais).

Adjoints au commandant.

BOUCHÉ le jeune (JEAN-BAPTISTE), frère du précédent, né le 25 février 1764 à Sedan, menuisier, fils de défunt François, tondeur, marié à Sedan en 1791, à Catherine Connaissant, veuve, qu'il abandonna en l'an III.

BOURGUIGNON (JEAN-BAPTISTE), cabaretier à Sedan , né en 1755, était sergent préposé à la police de la maison de sûreté du Mont-Dieu ; il fut accusé de mauvais traitements et d'horreurs envers les détenus, pour avoir porté plusieurs coups de sabre, entre autres à M. de Beffroy du Breuil, dans le dessein de les tuer; il commit aussi des vols, soit en spoliant les effets et les vivres qu'on apportait aux détenus, soit en leur prenant par la force et la violence leur numéraire et en leur donnant en échange des assignats, comme il lui fut reproché envers A. Fransquin de Lillebonne.

LAPORTE (des Grandes- Armoises). Nous ne savons rien sur lui.


— 5Commissaires.

5Commissaires.

SARRAZIN (PIERRE), notaire à Omont , né à Tourteron le 16 décembre 1753, mort à Omont le 7 novembre 1822. Avant la Révolution, il était notaire royal et procureur fiscal de la prévôté d'Omont et juge de plusieurs terres et seigneuries. Pendant la Révolution, il a été agent de la commune d'Omont, administrateur successivement au conseil et directeur du district de Charleville, membre du conseil général du département, juge de paix en 1790, commissaire du Gouvernement.

Le 1er octobre 1793, il faisait partie de l'administration dépar ¬ tementale, lorsque celle-ci le nomma commissaire pour diriger le Mont-Dieu transformé en maison de réclusion. Cette mission ne devait être que provisoire. Sarrazin fut remplacé par Froment.

Le 2 messidor an II , Sarrazin demanda le remboursement des avances qu'il avait faites pour s'installer au Mont-Dieu , l'administration invita le commissaire du Mont-Dieu à payer à Sarrazin 286 livres pour les meubles par lui fournis et pour les vingt-quatre jours qu'il a été en fonctions.

FROMENT (JACQUES), notaire à Vouziers, membre de l'adminis ¬ tration départementale.

A ce litre il fut nommé en octobre 1793, commissaire de la maison du Mont-Dieu en remplacement de Sarrazin. Il n'occupa cette charge que trente-cinq jours, les représentants Hentz et Bô l'ayant destitué le 4 brumaire an Il , il fut remplacé le 6 par Briet ; les 29 prairial an III et 26 brumaire an VI, il réclama en vain 250 livres et les avances faites par lui pendant son court passage au Mont-Dieu.

BRIET (JEAN), notaire à Francheval, né à Autrecourt le 4 décembre 1759, mort à Francheval le 20 septembre 1806 , commissaire de la maison du Mont-Dieu du 6 brumaire an II au 6 frimaire an II.

PARPETTE (FRANÇOIS), cabarelier à Sedan, rue des Voyards, né le 27 juin 1757 à Sedan, mort au même lieu le 16 février 1813. Etait fils de Hubert Parpelle , originaire d'Escombres , né vers 1732. Le 25 brumaire an II , la Société jacobite et montagnarde de Sedan nomma Parpette commissaire pour la direction des prisons du Mont-Dieu ; le département ratifia ce choix le 6 frimaire.

Le Procès des terroristes fait connaître une partie des excès dont Parpette se rendit coupable envers les détenus, ses querelles


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avec Bouché et leurs vexations révoltèrent l'autorité qui les fit passer en jugement. Parpette fut condamné à cinq ans de fers. Il avait épousé avant 1789 Marie-Catherine Roland , morte à Vienne (Isère) , le 5 février 1824.

MARQUE (JEAN-BAPTISTE), savetier à Sedan, rue des Francs - Bourgeois, né en 1740, mort à Sedan le 27 avril 1794, âgé de 55 ans. Il dut la faveur d'être nommé commissaire au Mont-Dieu à l'exaltation de ses idées démagogiques. Nommé en remplace ¬ ment de Parpette , il fut destitué à son tour le 5 germinal an II et amené manu militari à Sedan pour répondre des accusations portées contre lui, notamment d'avoir accaparé à son profit le meilleur des appointements de la maison du Mont-Dieu et de laisser les soldats et les détenus manquer du nécessaire ; d'avoir fait confectionner pour son usage du pain blanc et de pure farine, tandis qu'il ne livrait aux autres qu'un pain grossier à cinq sous la livre, quoiqu'on ne le vende que trois sous et neuf deniers à Sedan. (Voir Ch. Pilard, Sedan sous la première Révolution, 8° période, page 18).

PILARD (JACQUES), monteur de chardons à Sedan, où il est né le 29 août 1731 et mort le 20 juillet 1811. La faveur de la Société montagnarde de Sedan lui valut le poste de commissaire du Mont-Dieu auquel il fut nommé en germinal an II en remplace ¬ ment du savetier Marque, destitué ; il n'en jouit pas longtemps ; le 28 prairial an II, il fut dénoncé par Montouilloux et la femme Sambin qui étaient sous ses ordres. L'affaire parut assez grave pour que Pilard fût déféré à l'accusateur public (8 prairial an II). Le 14 prairial, Vassant insista pour que des poursuites soient exercées contre Pilard ; celui-ci put échapper néanmoins à toute autre peine que la destitution et il retourna à ses premières occupations.

MONTOUILLOUX (FLORENT), tisseur à Sedan, où il est mort le 29 avril 1820, âgé de 70 ans. Il était membre de la Société jacobite de Sedan, lorsqu'il fut nommé secrétaire du Mont-Dieu. Il succéda à Jacques Pilard dans les fonctions de commissaire et resta en place jusqu'à l'évacuation des détenus.

Sous-commissaire.

SAMBIN (PIERRE), drousseur à Sedan, faubourg du Ménil , né le 24 juillet 1745 dans les environs de Grenoble, marié à Sedan


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en 1793 à Marguerite Parpette, née à Sedan le 21 novembre 1766, soeur de F. Parpette, cité plus haut ; fut destitué de ses fonctions d'administrateur du Mont-Dieu le 9 thermidor an II On lui assigna plus tard (24 ventôse an III) la résidence de Poix, où il devait rester en surveillance et se présenter chaque jour aux autorités. Il retourna ensuite dans son pays d'origine.

Secrétaires.

DAMIEN (SIMON), maître d'école à La Neuville-à-Maire, où il est mort le 30 octobre 1843 ; il était né à Douzy le 15 mars 1763 ; la municipalité de La Neuville le dénonça le 15 ventôse an III pour avoir sonné les cloches et pour avoir chanté des offices à l'église.

MONTOUILLOUX (CHARLES), maître d'écritures à Sedan, né vers 1749, frère de Florent, il épousa à Sedan, en 1776, demoiselle Husson.

LISTE DES PRISONNIERS

1. — ABANCOURT (NICOLAS-ROBERT FRANQUEVILLE D'), commandant militaire de Philippeville, demeurant à Charlemont. Arrêté le 21 septembre 1793, soupçonné d'aristocratie [occupait la cellule n° 40].

2. — ABSOUS (JEAN-BAPTISTE) , officier municipal de Sedan , destitué par Hentz et Bô , le 16 ventôse an II , avec tous les fonctionnaires publics ayant fait partie de la Société fédéraliste « la Vendée ». Fut décrété d'arrestation le 27 nivôse comme suspect, ayant été chassé de la Société jacobite, a vu son diplôme ignominieusement brûlé, a perdu la confiance de ladite Société.

3. — ADAM (JEAN) , aubergiste, maître traiteur à Sedan; il était maître de la communauté des cuisiniers-traiteurs, rôtisseurs, cabaretiers, pâtissiers et aubergistes de Sedan en 1789, veuf de Pétronille Lefèvre, il épousa à Sedan le 12 juin 1788 en secondes noces, Jeanne-Françoise Bourguin, soeur de Guillaume Bourguin. (Voy. ce nom.) Il était parent de Nicolas Adam, curé de Failloué. Arrêté pour avoir fait partie du club de la Vendée , section de la Liberté; il est mort le 1er avril 1798 , rue du Ménil , âgé de 45 à 48 ans [occupait la cellule n° 22]. (Voir Sedan sous la première Révolution, par Ch. Pilard, 7e période, pp. 13 et ssv.).


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4. — ADAM (JEAN-BAPTISTE), curé de Malmy depuis 1775 , né à Relhel, enfermé au Mont-Dieu probablement pour avoir rétracté son serment. Le 27 thermidor an II, il demanda à connaître les motifs de son arrestation pour se justifier. Le Comité révolu ¬ tionnaire de Libreville (Charleville) invita celui de Sedan, le 7 ventôse an III, à le mettre en liberté avec Leclerc, de Gespunsart. Mort curé de La Neuville-à-Maire le 2 août 1811, âge de 72 ans.

5. — AGON (CATHERINE), servante de Vissée de Latude, d'Ivoy, arrêtée avec son maître. (Voy. LATUDE.)

6. — ALEXANDRE , homme de loi à Charleville, ci-devant procureur fiscal à Signy-Librecy. Administrateur du district de Charleville. Accusé d'avoir soustrait des objets précieux dans la vente du mobilier de l'abbaye de Signy. Il fut mis en arrestation le 10 frimaire an II.

7. — ANCEAUX(NICOLAS), de Sauville, domestique du marquis de Sy, âgé de 30 ans (environ). Le 19 mars 1809 est mort à Sauville Nicolas Anceaux, instituteur, âgé de 44 ans, qui devait être l'ancien prisonnier [occupait la cellule n° 4].

8. — ANCEAUX (PIERRE), frère du précédent, 27 ans, aussi au service du marquis de Sy. Les frères Anceaux furent emprisonnés tous deux à Mézières, comme prévenus d'émigration, condamnés au bannissement le 30 ventôse et en attendant la décision du Comité de sûreté générale, détenus au Mont-Dieu [occupait la cellule n° 4].

9. — ANCHELON (DOMINIQUE-AUGUSTIN), né le 9 juin 1730, bénédictin de l'abbaye de Saint-Michel-en-Thiérache, retiré à Brognon. Envoyé au Mont-Dieu par le district de Rocroi, sous prétexte de fanatisme sur la dénonciation de malveillants, il y était encore le 12 brumaire an III. Il se retira dans la Manche.

10. — ANCIENNE (JACQUES-FRANÇOIS), de Fumay, où il est mort le 19 octobre 1814. Détenu au Mont-Dieu après le 17 floréal. On lui imposa, le 19 messidor an II, une contribution pénitentiaire de 200 livres pour l'entretien des détenus pauvres.

11. — ANSART (LOUIS-JOSEPH-AUGUSTE), né à Aubigny (Pas - de-Calais), le 28 mai 1748, curé de Grandpré où il est mort le 29 mai 1823. (Voir Boulliot, Biographie ardennaise). Au 4 décembre 1790, Ansart fut en lutte avec la commune de Grandpré qui voulait lui enlever le presbytère. A l'automne de 1792 , l'église de Grandpré


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ayant été pillée par l'ennemi qui enleva les vases sacrés, Ansart obtint du district un ciboire provenant de Belval. En frimaire an II , il entra avec quatre autres prêtres à la Société populaire de Grandpré dont il devint bientôt l'âme. Deux mois après, il provoqua dans ladite Société une émeute à la suite de l'arrêté du district défendant de sonner les cloches. Les représentants Massieu et Roux firent arrêter les perturbateurs et les firent incarcérer à Sedan. Ansart fut dénoncé avec Coche (Voy. ce nom), au Comité de Sûreté générale, comme étant les principaux auteurs des troubles fanatiques qui se sont manifestés à Grandpré. Ch. Delacroix le fit mettre en liberté le 3 frimaire an III, à condition qu'il se retirerait dans sa patrie. Il revint à Grandpré et Delacroix le fit incarcérer, puis l'éloigna de Grandpré. Ansart y était revenu le 26 messidor an III [occupait la cellule n° 44].

12.—ANTOINE (MARIE-LOUISE), veuve de Jean-Charles Deville , officier d'artillerie au Chesne, née le 22 mars 1752. Internée au Mont-Dieu comme suspecte. Elle se remaria au Chesne le 6 floréal an IV à Jean Kernèves , employé dans la marine [occupait la cellule n° 1].

13. — ARNOULD (JEAN-WILHELME), ex-capucin à Mouzon, né à Solkingen (Moselle), le 19 janvier 1758, fils d'un manoeuvre, curé de Vrigne-aux-Bois. Arrêté le 3 thermidor dans une ferme des environs de Charleville, après deux mois de recherches, pour exercice de ses fonctions en secret. Le 3 thermidor Vassant faisait part au Comité de Salut public de cette capture laborieuse comme d'un événement grave pour la République. Il est mort curé de Thilay le 21 juillet 1837.

14. — ARNOULD (Louis-ALEXIS-JOSEPH-ALEXANDRE), né le 25 août 1753 à Sedan, curé schismatique de Carignan. Incarcéré le 3 pluviôse ; l'agent national d'Ivoy a dit qu'il fut arrêté dans ces temps malheureux où Ivoy avait la douleur de voir exercer les fonctions municipales par des citoyens étrangers à cette commune (11 vendémiaire an III). Il est mort commerçant à Sedan le 24 pluviôse an XIII [occupait la cellule n° 44].

15. — ARNOULD, vicaire de Muno. Interné au Mont-Dieu le 24 floréal, comme soupçonné de complicité avec les tyrans pour favoriser la descente des troupes (correspondance de Vassant). On avait trouvé chez lui quelques écrits du marquis de Bouillé [occupait la cellule n° 7].


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16. — ARRAS (MARGUERITE-GABRIELLE D'), veuve d'Hangest , à Mézières , née à Haudrecy le 21 février 1706, morte à Charleville le 29 fructidor an III [occupait la cellule n° 43].

17. — AUBERT (MARIE), soeur grise de Rethel , née à Lavernoy (Haute-Marne) , le 11 août 1748. Arrêtée pour refus de serment et enfermée au presbytère de Rethel, faute de place dans les prisons. Relaxée le 16 pluviôse an III [occupait la cellule n° 5].

18. —AUBERTIN (PIERRE-PAUL), curé schismatique de Jeandun en 1791, remit ses lettres de prêtrise le 8 frimaire an II, ce qui ne l'empêcha pas d'être envoyé au Mont-Dieu.

19. — AUBREVILLE (NICOLAS), né à Saint-André (Meuse). Juge de paix de Charleville, mort percepteur à Voncq le 15 juillet 1813 ; 72 ans. Accusé d'incivisme et emprisonné au Mont-Dieu [occupait la cellule n° 19], Sa femme était Louise Latour d'Ortaise ou d'Orlhemère. (Voy. LATOUR.)

20. — AUCLAIR (ANTOINE-FÉLIX), né à Sedan le 18 avril 1754. Président du tribunal civil de Sedan, mort conseiller à la cour de Metz, il demeurait à Sedan, rue d'En-Haut. Levasseur décida de le traduire au tribunal révolutionnaire de Paris ; mais il ne se laissa pas prendre. Il était accusé avec vingt et un autres Sedanais de contre-révolution ; lorsqu'on le saisit, on se contenta de l'en ¬ voyer au Mont-Dieu. Le 20 brumaire an III, il se justifia : 1° d'avoir fait partie du club de la Vendée ; 2° d'avoir été l'ami des repré ¬ sentants Calés et Périn ; 3° d'avoir assisté sans costume à une cérémonie civique. Le 1er pluviôse an II, Massieu écrivait que le Comité de surveillance avait cru devoir mettre Auclair en état d'arrestation à raison de la grande fermentation dans les esprits parmi les membres des sociétés populaires et du tribunal [occupait la cellule n° 25].

21. — AUTIER (JEAN-BAPTISTE), né vers 1749, meunier à Joigny, ex-seigneur d'Haulmé en partie à cause de sa femme née MarieAntoinette Baulmont. Envoyé au Mont-Dieu comme ayant un fils émigré. Ce fils, François-René, avait été accusé d'avoir guidé les émigrés qui avaient enlevé 300 bêtes à cornes aux Hautes-Rivières, et, pour se soustraire aux suites de cette accusation, il émigra [occupait la cellule n° 29].

22. — BACOT (ALEXANDRE), fabricant de draps à Sedan, rue Turenne, juge au tribunal de commerce, né à Tours, mort à


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Sedan le 16 mars 1824 ; mis en arrestation par ordre de Levasseur sur la dénonciation de Robert, notaire à Sedan, et interné au Mont-Dieu; il fut mis en liberté le 14 fructidor an II, et redevint juge au tribunal de commerce de Sedan [occupait la cellule n° 11].

23. — BAILLOUX (ROBERT-JEAN), mort à Boulzicourt le

26 mars 1818; 78 ans.

24. — BAILLY (NICOLAS), marchand épicier à Grandpré, détenu au Mont-Dieu. Le 1er messidor an II, il demanda sa mise en liberté qui fut refusée. Il l'obtint le 2e sans-culotide an II [occupait la cellule n° 43].

BAILLY (femme). (Voy. NOËL.)

25. — BAIVIÈRE (MELCHIOR-ALEXIS-JOSEPH), né le 6 janvier 1760 à Momignies, canton de Chimay (Belgique). Curé constitu ¬ tionnel au Chesne, mis en arrestation avec plusieurs de ses ouailles, il fut conduit au Mont-Dieu. Le représentant Massieu le rendit à la liberté le 19 pluviôse an II, son arrestation étant du nombre de celles qui avaient été faites par passion ou par ignorance de la loi. A sa sortie, il se retira à Saint-Pierremont [occupait la cellule n° 6).

26. — BALLOT (d'Haulmé), détenu comme suspect à la prison de Mézières. Le 29 prairial an II , le Comité de surveillance de Mézières ordonna qu'il serait transféré au Mont-Dieu.

27. — BARBETTE (JEAN), maître d'école à Haulmé. Il avait 57 ans en l'an XIV [occupait la cellule n° 31).

28. — BARRA (devait être de Bertrix), chapelain d'Ivoy. Levasseur prononça son arrestation le 14 thermidor an II et la mise de ses meubles sous scellés. Il fut curé constitutionnel de Wé.

29. — BARRÉ (JEANNE-MARIE), veuve Hubert, de Boulzicourt, née vers 1738 [occupait la cellule n° 31].

30. — BAUDELOT (MARIE), veuve Joseph Leroy, de Clairefontaine (commune de Ballay), où elle est morte le 31 mars 1807, âgée de 65 ans. Incarcérée le 25 vendémiaire au Mont-Dieu, elle fut mise en liberté le 14 fructidor an IL Etait accusée d'avoir correspondu avec la veuve Roucy et autres émigrés [occupait la cellule n° 33].


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31. — BAUDISSON (JEAN), curé de Haraucourt, né le 7 octobre 1746 à Neuville-Day. Interné au Mont-Dieu comme suspect, ne connaissait pas les motifs de son arrestation le ler fructidor an II. (Voir Raucourt et Haraucourt, par Sécheret, p. 223).

32. — BAURIN (JEAN), ex-garde du corps à Mézières. Incarcéré le 6 frimaire. La liste Poullet dit que c'est sa femme qui fut incarcérée [occupait la cellule n° 35].

33. — BAYONNET (JACQUES), manoeuvre du pays de Liège (Riennes). Emprisonné quatre jours, il s'évada le 4 frimaire [occupait la cellule n° 4].

34. —BEAUDIER (JEANNE-HENRIETTE), femme de Brion, morte à Blombay, son pays natal, le 2 février 1806, âgée de 66 ans. Arrêtée et conduite au Mont-Dieu, à cause de l'émigration de ses fils. (Voy. BRION) [occupait la cellule n° 31].

35. — BEAUFFEY (JEAN-BAPTISTE), ex-religieux de Grammant, mort à Vouziers le 9 frimaire an VII. Arrêté pour refus de serment, le district de Vouziers-Attigny ordonna le 21 frimaire an II de le conduire au Mont-Dieu. Rendu à la liberté, il fut arrêté de nouveau le 8 brumaire an IV pour être détenu à Charleville [occupait la cellule n° 24],

36. — BÉCHARD (MARGUERITE), de Pauvres, où elle est morte célibataire le 3 ventôse an X, âgée de 81 ans, était fille de Gille Béchard et de Marie-Barbe Béchard [occupait la cellule n° 27].

37. — BÉCHARD (MARGUERITE la jeune), née à Pauvres, y décédée le 5 mars 1828, âgée de 83 ans, fille de Jean-Baptiste et de Jeanne Gallas [occupait la cellule n° 27].

38. — BÉCHARD (MARIE-BARBE), née à Pauvres, y décédée le 19 messidor an X, âgée de 49 ans, était fille d'Etienne Béchard [occupait la cellule n° 27].

39. — BÉCHARD (CATHERINE). — Les membres des familles Béchard, Gallas, Goujard, Lallement, furent arrêtées le 28 brumaire sur la dénonciation du Comité de surveillance de Pauvres et conduites au Mont-Dieu, par suite d'intrigues dont Noël, curé du lieu et secrétaire, était l'âme. Le 26 prairial, l'innocence de ces victimes étant reconnue, Levasseur les fit mettre en liberté. (Voy. NOEL) [occupait la cellule n° 27].

40. — BECHETER (JOSEPH), curé de Mainbressy, né le 7 décembre 1750 à Ancerville (Moselle), décrété d'arrestation


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le 21 messidor an II et conduit au Mont-Dieu pour avoir protesté contre l'inventaire du mobilier de son église, mort à Mainbressy le 13 décembre 1832, à 82 ans.

41. — BEFFROY DU BREUIL (ANTOINE-MARIE DE), seigneur de Villers-devant-Mézières, demeurant à Rouvroy, né à la Grève le 15 septembre 1719. Décrété d'arrestation le 11 brumaire an II pour avoir dit que le roi reléverait bientôt corps saint, que les jacobins étaient des scélérats. Il fut détenu à Mézières, l'administration ordonna son transfert au Mont-Dieu, le 22 frimaire an Il, en même temps que Grandpré-Saint-Urbain, seigneur de Warnécourt, et plusieurs autres. Le 14 prairial, du Mont-Dieu il se plaignit de la commune de Rouvroy qui avait mis sous scellés les registres de Boulonnais, son régisseur ; taxé à une taxe pénitentiaire de 1,000 livres. Il est mort sans enfants en 1800 [occupait la cellule n° 4].

42. — BELLILLE, femme de Sedan. Détenue au Mont-Dieu. Sambin et Montouilloux la dénoncèrent au comité de surveillance de Sedan avec plusieurs autres co-détenus.

43. — BENFELD (CHARLES), chapelier à Mézières, prévenu d'avoir servi l'ennemi et d'avoir entretenu des relations avec l'émigré d'Ivory et sa maison de Bouillon. Arrêté le 29 septembre 1793 comme suspect [occupait la cellule n° 47].

44. — BENOIT (F.-J.), juge à Rocroi. Il fut président du tribunal des Ardennes, puis conseiller à la cour de Metz. Détenu au Mont-Dieu ; le représentant Levasseur le fit mettre en liberté le 23 prairial an II [occupait la cellule n° 69].

45. — BERNARD (JEAN-BAPTISTE), curé de Mogues, le 1er avril 1792, exécuté à Luxembourg le 3 septembre 1804 pour crime d'assassinat. Ami de Mogue qui lui confia plusieurs missions, il fut néanmoins emprisonné au Mont-Dieu. En prairial an III, sorti de prison et rentré à Mogues, il lutta avec la commune pour sa part affouagère. (Voy. Jeantin : Ruines d'Orval) [occupait la cellule n° 7].

46. — BERNARD (GILLE-NICOLAS), curé de Rocquigny depuis 1782, né le 9 septembre 1748. Levasseur ordonna, le 29 prairial an II, son transfert des prisons de Rethel à celle du Mont-Dieu avec neuf de ses confrères, pour avoir dit que les enfants qui meurent sans baptême sont damnés. Mis en liberté le 3 frimaire an III avec un certificat de civisme délivré par les gardiens. Curé de Saulces-Champenoises après le Concordat.


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47. — BEROUDIAUX (PAUL), manoeuvre à Baileux près Chimay [occupait la cellule n° 4].

48. — BERTHÉLEMY (JEAN-BAPTISTE-LÉONARD), né à Donchery le 17 juin 1748, huissier à Sedan depuis 1779, rue Saint-Michel, maison Welker, mort à Sedan le 17 brumaire an XIII, âgé de 57 ans. A levé en compagnie de Puthau l'argenterie de 14 communes du district de Grandpré, emprisonné comme suspect ; Massieu le fit mettre en liberté le 7 pluviôse an II [occupait la cellule n° 25].

49. — BEURET (1) (NICOLAS-JEAN), curé de Bar-les-Buzancy depuis 1788, né le 9 février 1753. Incarcéré le 9 pluviôse comme fanatique et suspect, les scellés furent levés chez lui le 4 thermidor an II parce que son mobilier dépérissait.

50. — BEVIÈRE (MICHEL), né le 24 mai 1728, ex-Prémontré de Resson, retiré à Rethel, mort à Saint-Quentin-le-Petit le 29 thermidor an IX. Fut arrêté en même temps que les autres prêtres du district de Rethel pendant la Terreur et conduit au Mont-Dieu. Après l'évacuation de cette maison, il fut interné à Sedan, dans la maison des Religieuses de la Propagation de la Foi. Rendu à la liberté le 24 germinal an III, le district de Sedan lui fit une retenue de 150 livres pour le temps de sa détention à Sedan, du 1er vendémiaire au 8 floréal an III [occupait la cellule n° 34].

51. — BIOLEY (JEAN), ancien soldat au régiment de Bourbondragons, né à Paris, marié à Charleville à demoiselle Raucourt, mort à Charleville le 11 messidor an VII, âgé de 33 ans. Le 8 germinal an II il fut dénoncé par Mogue.

52. — BODSON DE NOIREFONTAINE (JEAN-GEORGES-LOUIS), lieutenant colonel et lieutenant de roi à Mézières, né à Bouillon le 7 juin 1743, mort au même lieu le 14 juin 1828. Arrêté le 18 floréal an II comme suspect, ci-devant noble, n'ayant pas donné constamment des preuves d'attachement à la Révolution. (Voy. Revue historique des Ardennes, par Sénemaud) [occupait la cellule n° 18].

BOIBLEAU (Voy. SARZACQ femme).

(1) Beuret (Jean-Baptiste), prêtre de Marlemont, fut arrêté le 5 juin 1793 dans le district de Sedan comme réfractaire et condamné à la déportation à Cayenne avec Minon, de La Berlière, et Dumont, de Margut. Mis en liberté le 25 juin 1793. Nous ignorons s'il fut enfermé au Mont-Dieu. Est-ce Jean-Baptiste Beuret, prêtre, mort à Grandpré le 31 octobre 1839.


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53.— BOISSON-DOUGLAS (ALEXISSE-ELISABETH), veuve d'Alexandre-Pierre de Mackensie de Douglas, ancien ministre de France à la cour de Russie, mort à Charleville le 8 mai 1763. Elle est morte à Charleville le 11 janvier 1813, à 74 ans. Emprisonnée sous prétexte qu'elle aurait facilité l'émigration de plusieurs officiers [occupait la cellule n° 30].

54.—BONNE VILLE (JEAN), commissaire du Directoire exécutif près la municipalité de Carignan (an V), né à Carignan. Il est mort au même lieu le 10 prairial an XII, à 53 ans. (Voy. MARTIN E.). Dénoncé par Montlibert, ami et agent de Vassant, emprisonné du 6 frimaire au 15 nivôse [occupait la cellule n° 13].

BOR1N (femme). (Voy. DE MONTGUYON.)

55. — BOUCHÉ (CATHERINE), née à Pressigny (Haute-Marne), le 20 novembre 1725, religieuse de l'hospice de Rethel, arrêtée pour refus de serment; internée au Mont-Dieu, puis à Sedan après l'évacuation du Mont-Dieu où elle était encore le 14 nivôse an III [occupait la cellule n° 5].

56. — BOUDIN, ingénieur des ponts et chaussées à Mézières, mis en arrestation avec plusieurs autres le 30 brumaire an II par les représentants Hentz et Bô, comme aristocrates jurés et suspects [occupait la cellule n° 12].

57. — BOUGE (MADELEINE), fille de confiance de Cloteau, chanoine de Mézières, détenue comme suspecte avec son maître à la maison dite de Pierre, puis transférée au Mont-Dieu le 29 prairial an II.

58. — BOUHON (JEAN-MATHIEU), chef de bureau des domaines à Sedan, né à Mézières le 14 juillet 1767, mort à Balan le 5 mars 1852. (Voir Boulliot.) Incarcéré le 25 frimaire comme secrétaire du club de la Vendée (1) [occupait la cellule n° 43].

59. — BOURDIN (Louis), capitaine de gendarmerie à Vouziers, né à Viroflay, près Versailles, fils d'un ancien premier commis au ministère des affaires étrangères, marié le 5 août 1793 à M.-A. Copin. (Voy. ce nom.)

Bourdin fut arrêté et conduit au Mont-Dieu en brumaire 1793 par ordre du Comité révolutionnaire de Vouziers. Il était accusé de n'avoir pu présenter de certificat de civisme, d'être resté à

(1) Bouhon acheta au district, le 10e jour du 2e mois de l'an II, le presbytère d'Iges, provenant de l'émigré Fleury, ex-curé émigré, pour 3,510 livres.


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son poste pendant l'invasion de 1792; d'avoir alors porté la cocarde blanche et de s'être promené avec des officiers émigrés. Le 19 pluviôse an II, Massieu le fit mettre en liberté; mais le même Comité le fit de nouveau emprisonner. Le 23 brumaire an III, il demanda justice à Ch. Delacroix; mis en liberté le 19 pluviôse an III à la demande des députés des Ardennes [occupait la cellule n° 38].

60. — BOURGEOIS (MARIE-ANNE), femme J.-B. Peschenet ou Perchenet, morte le 12 février 1824 au Chesne, âgée de 81 ans, était née aux Mares, écart de Lametz. Détenue au Mont-Dieu comme suspecte avec sa fille, mise en liberté le 7 thermidor an II [occupait la cellule n° 49].

61. — BOURGEOIS (MARIE-BARBE), morte à Aubigny le 20 août 1814, épouse Morin. Incarcérée comme accusée d'avoir tenu des propos inciviques et aristocratiques.

62. — BOURGUIGNON (HENRIETTE), 26 ans, née à Mézières, limonadière et marchande de modes, acquittée le 29 fructidor par le tribunal révolutionnaire de Paris de l'accusation de conspiration contre le peuple [occupait la cellule n° 49].

63. — BOURGUIN l'aîné (GUILLAUME), avocat, né à Sedan le 25 octobre 1764, mort au même lieu le 23 avril 1833; fils de Jean-Hubert Bourguin, boulanger, puis brasseur, rue Bastion de Turenne. Lors de son arrestation, les scellés furent apposés chez son père, rue Marat [occupait la cellule n° 48].

64. — BOURGUIN le jeune (MATHIEU-HENRI-MARIE), né à Sedan le 2 septembre 1765, fils d'un notaire. Il fut avocat et mourut à Charleville le 11 messidor an XI, c'est le père du fabuliste. Il était détenu au Mont-Dieu depuis six mois, quand le 24 pluviôse an Il, sa mère, Marie-Anne Lejay, demanda les motifs d'arrestation de son fils. Un ordre requit la force publique pour le conduire à Paris au comité de sûreté générale (26 messidor an II).

65.—BOURGUIN (VINCENT DE PAUL), né à Sedan le 1er septembre 1738, professeur de philosophie à Tours, revenu à Sedan pendant la Terreur, il était descendu chez son frère, potier d'étain, place de la Halle, à l'angle de la rue Maqua, et y fut arrêté. Il était détenu à la maison d'arrêt, lors de l'apposition des scellés, le 4 frimaire, on ne trouva qu'une valise [occupait la cellule n° 25].


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66. — BOUVIER (JEAN), né le 26 mai 1743, ex-prêtre habitué de Saint-Roch, à Paris, curé constitutionnel de Blagny ; en janvier 1793 il fut condamné à 5 1. par chaque jour de retard qu'il mettrait à remettre à la municipalité de Blagny un coffre de l'église. Le 24 frimaire an II, la maréchaussée vint au presbytère pour enlever le curé; celui-ci était absent, mais il eut la naïveté de se présenter le lendemain au commandant temporaire de Carignan qui le fit arrêter et conduire à Sedan. Il fut transféré au Mont-Dieu le 15 nivôse, il y était encore le 20 thermidor sans connaître les motifs de sa détention [occupait la cellule n° 7].

67. — BOUVIER (JEAN-BAPTISTE-JOSEPH), de Vesoul, lieutenant du génie, prisonnier des Autrichiens, évadé; passant à Mézières, il fut trouvé porteur d'écrits suspects ; le comité de Mézières le fit arrêter provisoirement [occupait la cellule n° 47].

68. — BRACHET (ANTOINE-ANDRÉ), notaire à Mariembourg, établi par l'ancien gouvernement, a cessé ses fonctions en l'an VI [occupait la cellule n° 19].

BRASSEUR (femme). (Voy. DONNÉ.)

69. — BRENNE (SIMON), garde de bois aux Alleux où il mort le 19 ventôse an XI, âgé de 78 ans; né à Saint-Germainmont. La municipalité le fit conduire au Mont-Dieu, ce qui permit aux maraudeurs de dégrader les bois [occupait la cellule n° 50].

70. — BRETAGNE (PIERRE), demeurant à Sedan, rue de la Commune, au coin de la rue de l'Horloge, chez Piron ; mis en arrestation. Le 25 thermidor an II, ses enfants, Constance et Marc-Antoine, demandent quels sont les motifs qui ont provoqué l'arrestation de leur père.

BRIANCOURT, charcutier à Carignan [occupait la cellule n° 9]. Ce nom est cité seulement dans la liste attribuée à M. Duvivier.

71. — BRIDIER-CHAYAUX (JEAN-BAPTISTE), né à Sedan le 16 mai 1762, fabricant de draps, ancien bijoutier, demeurant rue de la Halle, scellés apposés chez lui le 18 frimaire an II, il demanda qu'on le mette en liberté avec son frère LambertEtienne, né le 26 décembre 1763, afin de fabriquer des draps pour la République. Il était fils de Jacques-Laurent Bridier jeune, maître chaudronnier.

72. — BRION (ETIENNE), cultivateur à Blombay, où il est mort le 7 novembre 1805, âgé de 85 ans. Détenu, au Mont-Dieu


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à cause de l'émigration de ses fils Jean-Nicolas-Etienne, mort curé de Barby, et Jean-Ponce, notaire seigneurial institué pour Laval-Morency, puis huissier à Maubert-Fontaine [occupait la cellule n° 31].

73. — BRION, chirurgien à Chagny. (Il y avait un Brion, chirurgien-juré à La Neuville-à-Maire) [occupait la cellule n° 3].

74. — BRIQUEMONT (FRANÇOIS), amidonnier à Carignan, né à Florenville, plus lard chamoiseur à Sedan (an IX), mort à Sedan le 20 janvier 1841, âgé de 83 ans. Détenu au Mont-Dieu; le 24 fructidor an II, il demanda au Comité révolutionnaire de Sedan de le mettre en liberté pour exercer sa profession utile à la République. Le 24 vendémiaire, il obtint sa liberté provisoire jusqu'à la paix.

75. — BRODEAU (NICOLAS), chirurgien à Charleville, y était encore en l'an VII, époux de Marie-Barbe Lefèvre [occupait la cellule n° 28].

76.—BRODEAU, mère du précédent [occupait la cellule n° 28].

77. — BRODEAU, fille du précédent [occupait la cellule n° 28].

78. — BROUET (1) (NICOLAS), marchand épicier à Charleville [occupait la cellule n° 26].

79.-BRUYÈRE (CHARLES), né à Sedan le 21 avril 1742, écuyer, lieutenant de la connétablie et maréchaussée de France et manufacturier de draps, mort à Sedan, place de la Halle, 53, le 1er avril 1824. Détenu au Mont-Dieu, il demanda sa mise eu liberté pour régler sa part de l'emprunt forcé [occupait la cellule n° 43].

80. — CABOUILLY (MARGUERITE DE), épouse d'Huart, son deuxième mari, née à Metz le 29 octobre 1718, morte à Carignan le 24 mars 1806 [occupait la cellule n° 30].

81. — CAGNART (PIERRE-THOMAS), religieux de Bonnefontaine, curé de Blanchefosse, détenu au Mont-Dieu; le 16 fructidor an II, il demanda avec plusieurs de ses confrères d'être mis en liberté.

(1) Un nommé Jean-Nicolas Brouet, de Hautes-Rivières, terroriste violent, dénonça et fit emprisonner le président de la municipalité malgré son innocence ; il a empêché aussi Petitjean, curé, de prendre possession du presbytère. Le 15 fructidor an III, l'administration arrêta que grouet resterait désarmé. Nous ignorons s'il a été prisonnier du Mont-Dieu.


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82. — CAILLET (LOUIS-PROSPER), curé de Lonny, Sormonne et Ham-les-Moines, né le 2 août 1760, se fit remarquer par son exaltation, son terrorisme dans la prison du Mont-Dieu où il fut enfermé le 3e jour complémentaire an II; Sambin, secrétaire du Mont-Dieu, le signala comme étant l'ami des plus farouches détenus. Se retira à Liart.

83. — CAILLIEZ, de Fumay. Détenu au Mont-Dieu, il fut taxé à une contribution pénitentiaire de cent livres le 19 messidor an II.

84.— CALMANT (JOSEPH), horloger à Givet où il est né et mort le 4 août 1816, âgé de 54 ans, noyé dans la Meuse en voulant la passer en barque ; fut victime des dénonciations de Delecolle [occupait la cellule n° 40,].

85. —CAMERON (ANNE), veuve d'Alexandre Cameron, officier au régiment de Walsh (Irlandais), née à Loabre en Ecosse, morte à l'hospice de Mézières le 6 floréal au IX, âgée de 83 ans. Emprisonnée sans en connaître les motifs.

86. — CAMERON (ALEXANDRE), sergent des grenadiers, fils de la précédente.

CAMUS (veuve). (Voy. MIGEON.)

87. — CAMUS, fille de la précédente.

88. — CAMUS, soeur de la précédente,

89. — CAPITAINE (ETIENNE), né à Rethel, lieutenant de vétérans à Mézières où il est mort le 17 vendémiaire an VII, âgé de 85 ans. Un arrêté de Levasseur du 11 floréal an II prescrivit la mise en arrestation de Capitaine père et de plusieurs autres, déclarés suspects, en outre pour avoir eu des correspondances avec son fils détenu au Mont-Dieu [occupait la cellule n° 39].

90. — CAPITAINE (MICHEL), fils du précédent, ancien capitaine au régiment Royal-dragons, aide maréchal général des logis de l'armée, adjoint de la société américaine de Cincinnatus, mort à Charleville le 8 frimaire an XIII [occupait la cellule n° 39].

CAPITAINE, femme de Michel Capitaine. (Voy. NOEL.)

91. — CARBON (JEAN-FRANÇOIS-XAVIER), magistrat, né à Charleville le 3 décembre 1733, mort le 6 septembre 1812. Traduit au tribunal révolutionnaire de Paris, il fut acquitté.

92. — CARRÉ (ROBERT), curé de Sorbon depuis 1754, né en 1718. Incarcéré au Mont-Dieu pour restrictions dans son serment.


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93. — CATEL (Louis), né vers 1762, domestique à SainteVaubourg [occupait la cellule n° 51].

94. — CAZAMAJOR DE MONCLAREL (LUCE-LOUISE), épouse à Carignan, en 1767, de François-Joseph de Montagnac. Née à Carignan le 12 décembre 1743, elle est morte à Sedan, rue SaintMichel, n° 32, le 27 mai 1826 ; elle était parente des familles de Tassigny et de Vissee de la Tude. La maison dans laquelle elle naquit, sise à Yvois-Carignan, faisant face au levant au portail de l'église, tenant du nord au citoyen Verlet, ex-curé, fut adjugée, comme biens d'émigrée, le 26 du deuxième mois de l'an II de la République, à Hougrand, notaire, et à Bertrand [occupait la cellule n° 45].

95. — CHAHAY (PIERRE-PAUL-FRANÇOIS), de Sedan.

CHAMPAGNE, dont le véritable nom est Vesseron. (Voy. Charles VESSERON) .

96. — CHAMPENOIS (JEANNE-MARIE-ELISABETH), épouse de Simon-François Dessaulx, de Noirval, née à Cheslres, morte à Noirval le 13 septembre 1822, âgée de 78 ans.

97. — CHARDRON (JACQUES), garde de bois, né à Mouzon le 17 octobre 1738, mort au même lieu le 3 juin 1815 [occupait la cellule n° 23].

98. — CHARDRON (BLAISE), curé de Pargny-Resson depuis 1763, né à Rethel le 28 janvier 1730, mort à Pargny le 8 novembre 1810 (80 ans 9 mois). Détenu du 7 thermidor au 6 pluviôse an III pour s'être fait nommer du Comité de surveillance de sa commune, pour empêcher la fréquentation des écoles et avoir écrit en Vendée une lettre suspecte.

99. — CHARLOTEAUX (JEAN-BAPTISTE), ex-prémontré de Laval-Dieu, né à Sedan le 5 mai 1754, nommé professeur au collège de Sedan, il n'accepta pas. Détenu au Mont-Dieu, l'administration demanda les 16 nivôse et 5 pluviôse an II, les motifs de son arrestation [occupait la cellule n° 19].

100. — CHARPENTIER, tailleur, de Château-Porcien, né vers 1767.

CHARPENTIER, femme du précédent (Voy. DOUTÉ.)

CHARRIÈRE veuve (Voy. FRANSQUIN.)

(A suivre). Ernest HENRY.


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Le « droit de servage » dans les bois des Ardennes Etymologie et acceptions du mot servage.

(QUATRIÈME ARTICLE) (1).

Dans l'excellente revue bibliographique, les Archives belges du 25 octobre 1904, p. 221-222, M. K. Arnold rend compte des études publiées par la Revue d'Ardenne et d'Argonne et qui peuvent intéresser l'histoire de la Belgique. Cet article est uniquement consacré à mes diverses notices ; j'en remercie personnellement l'auteur, mais pourquoi ne parle-t-il pas aussi de nos collaborateurs ?

M. K. Arnold écrit, au sujet de mes articles sur le Droit de servage dans les bois des Ardennes :

« Les textes qu'il a pris la peine de relever établissent que, dans la région forestière, voisine de l'embouchure de la Semois, la redevance féodale [j'aime mieux : seigneuriale] payée au seigneur pour l'usage des bois se nommait servage. Voilà certes une signification du mot servage qui était restée inconnue jusqu'ici et qui semble s'être localisée dans cette contrée des Ardennes. M. Collinet, après quelques tâtonnements, croit retrouver une parenté étymologique entre ce mot servage et le terme générique servitium. Il ne s'est pas aperçu que le droit de servage n'est autre que le droit appelé communément sylvagium ou forestagium, et que le dit servage peut venir en ligne directe de sylvagium. d'après la loi phonétique qui a transformé le Silvacus ou Sylviacus carolingien en Servais, nom actuel d'une commune du déparlement de l'Aisne. »

M. K. Arnold est plus compétent que moi sur les questions d'étymologie et je me range complètement à sa manière de voir. Mais il continue :

« Dans le dernier article qu'il consacre à celte question [Revue, fév.-mars 1903, p. 89], l'auteur réunit quelques textes où, d'après lui, le terme servage aurait eu, dans la même région ardennaise, d'autres acceptions que la précédente. Ces textes ne nous paraissent pas suffisamment probants ; M. Collinet s'est notamment

(1) Voy. Revue, t. VI, p. 237, t. VIII, p. 137, et t. IX, p. 89.


fourvoyé en interprétant le mot charlier par charretier, alors qu'il signifie charron, en wallon chaurlî. »

Du fait que je me suis trompé sur la traduction du mot charlier, il n'en résulte pas nécessairement que les textes invoqués par moi soient négligeables. Je me demande comment on pourrait les récuser. Le mot servage a bien eu, dans la région Nord du département des Ardennes, des sens étendus. Un texte nouveau, extrait de la Correspondance des Contrôleurs généraux des finances avec les Intendants, publié par A. de Boilisle (t. III, n° 1011) dont je transcris l'analyse, nous le prouve :

« M. Doujat, intendant en Hainaut,

au Contrôleur général [Desmarelz] 21 mars et 14 juin 1711.

« Il se plaint de ce que le grand maître des eaux et forêts de la province a fait paraître une ordonnance contraire à celle que lui-même avait rendue pour la vente de la terre et seigneurie d''Hargnies, dépendance du gouvernement d'Agïmont, avec les droits de severage sur les bois de la communauté d'Hargnies et le cinquième de la jouissance dans ses bois et aisances, et en général pour les ventes et aliénations de bois du domaine ordonnées par les édits de 1702 et de 1708.

« L'intendant dit, en marge de la première lettre, que, par ce mot de severage, on entend la faculté qu'a le Roi de recueillir les grains semés dans la partie dont il a la jouissance ».

Ainsi, le mot servage s'entendait, non seulement du droit perçu à l'occasion de la vente des bois, mais aussi sur les ardoises, sur les « charliers » et à titre de fouage (voir mon article cité), et encore du droit qu'a le Roi de recueillir les grains semés à Hargnies, dans son domaine. Ces documents montrent à l'évidence que, du sens originaire de servagium = sylvagium, on est passé à un sens plus général, celui de redevance seigneuriale. Les textes intermédiaires seront peut-être découverts un jour.

J'ajoute que le texte analysé par M. de Boilisle dit severage et non « servage » ; c'est un deuxième exemple de la métathèse supposée par moi et déclarée par le chan. Roland une « gymnastique philologique » (1).

(1) Voy. Revue, t. VI, p. 46.


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J'ai profité de la science de M. K. Arnold sur un autre point. Voici :

« Sous le titre : Deux noms nouveaux de seigneurs d'Orchimont: Alfred et Baudouin, M. Collinet publie (novembre-décembre 1902, p. 33), comme « complément à l'Histoire d'Orchimont par M. le chanoine C.-G. Roland », une charte inédite, identique pour le fond à la pièce justificative n° 2 de cet ouvrage, mais qui contient un passage d'après lequel, si l'on corrige parte en patre sans admettre de lacune [le texte se suit très bien], Gislebert II ou III d'Orchimont aurait eu pour père Alfred et pour frère Baudouin.

« Dans la traduction qu'il donne du document, M. Collinet n'a pas pris garde à une erreur assez commune, en interprétant luita par Ivette au lieu de Juette, forme romane de Judith. Cette confusion est de nature à occasionner parfois de graves désordres généalogiques. Ainsi, pour en choisir un exemple dans l'histoire ardennaise, on pourrait croire que Manassès II, comte de Rethel, s'est marié deux fois. Les historiens disent, en effet, qu'il eut pour femme Ivette de Roucy, et voici qu'une charte de 1081 lui donne pour épouse une nommée Judiz ou Judith (SAIGE et LACAILLE, Trésor des chartes du comté de Rethel, t.I, p. 2) ».

Il convient donc de lire dans la charte visée, Juita et non lvita

et traduire Juette (Judith) au lieu d'Ivette. Mais M. K. Arnold

aurait pu mentionner que le chanoine C.-G. Roland lui-même

avait commis l'erreur dans la transcription de la charte en

question (pièce justif. n° 2, p. 368 : lvete) et dans la traduction

par Ivette (p. 45). Je me croyais dans une absolue sécurité en

suivant l'historien d'Orchimont (1).

Paul COLLINET.

(l)Puisque l'occasion se présente de revenir sur Orchimont et ses fiefs du chan. Roland je proposerai quelques rectifications à cet ouvrage : p. 73 et 384, Huonchesnoit, non identifié, est aujourd'hui Hyanchenois, terroir de Gespunsart (D. Alb. Noël, Not. sur le canton de Chartevillle, p. 205). -P. 78 et 380, l'auteur interprète dubitativement par Foigny « !a maison de Fo ny qui est en Linrhamps » ; ne faut-il pas corriger le texte en Fourny conformément à l'analyse du manuscrit de Braux (Arch. des Ardennes, G. 279) : « Linchamps s'appelait autrefois la maison de Fourny. » ?


— 24 — NÉCROLOGIE

EDOUARD PlETTE

Edouard Pielle, qui mourut en juin dernier à Rumigny, n'avait pas pris son pays natal comme champ de son activité scientifique ; mais le renom et la haute autorité qu'il avait acquis dans les éludes préhistoriques nous font un devoir de dire quelques mots de ce savant qui est une illustration ardennaise. On sait qu'on lui doit la connaissance de la transition du paléolithique au néolithique, c'est-à-dire des temps géologiques aux temps actuels. M. E.-A. Martel, le spéléologue bien connu, lui a rendu hommage dans une notice parue dans la revue La Nature (n° du 16 juin 1906, page 46) et qui caractérise très heureusement l'oeuvre accomplie par le savant. Nous en reproduisons ici les principaux passages :

« ... Piette fut un des plus actifs préhistoriens de ces quarante dernières années, au point de vue de l'abondance et de l'importance des trouvailles relatives aux ancêtres de l'humanité en France. Depuis 1869, la liste de ses publications comporte une soixantaine de mémoires dans les Comptes-Rendus de l'Académie des Sciences et de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (qui toutes deux l'avaient couronné), — les Matériaux pour l'histoire de l'homme, — les Comptes-Rendus de l'Association française pour l'avancement des Sciences, et les diverses revues d'anthropologie. Il laisse trois principaux titres de notoriété particulièrement estimables : d'abord ses découvertes de premier ordre dans les cavernes du Mas d'Azil (Ariège) et de Brassempouy (Landes), qui lui livrèrent ces étranges galets coloriés et ces extraordinaires ivoires sculptés qui ont tant étonné le monde savant ; — ensuite le don généreux qu'il a fait, et cela même avant sa mort et sans conditions, de toutes ses précieuses collections au Musée de Saint-Germain-en-Laye ; — enfin, la haute élévation de son caractère de magistrat, qui lui fil jadis préférer, en une circonstance pénible, la rupture prématurée de sa carrière et une inique mise à la retraite, au sacrifice de son impartialité et de sa loyale conscience. « Le gouvernement eût dû depuis longtemps accorder la croix


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de la Légion d'honneur à cet esprit éminent et à ce chercheur émérite, qui se vengea de ses soucis privés par une inestimable largesse aux collections publiques de son pays. La classification assez compliquée que Piette a proposée pour les temps préhistoriques n'est certainement pas plus définitive, ni plus rationnellement acceptable qu'aucune de celles qui ont été dressées jusqu'ici ; mais il en restera au moins deux termes : 1° l'âge glyptique ou des beaux-arts, qui fit fleurir à la fin du paléolithique une véritable esthétique de la sculpture et de la gravure sur os et ivoire, et même de la peinture sur parois des cavernes ; — 2° l'âge asylien ou des galets coloriés, avec lequel Pielle a si formellement comblé le fameux et prétendu hiatus, que certains préhistoriens veulent maintenir encore entre le paléolithique et le néolithique. Ce sont là les deux principaux points acquis de l'oeuvre du travailleur acharné et si désintéressé, qui a droit aux plus sincères hommages. »

Louis-Edouard-Stanislas Piette était né le 11 mars 1827 à Aubigny (Ardennes); il mourut le 5 juin 1906 au château de la Cour-des-Prés, à Rumigny. L'Académie des Sciences, dans sa séance du 18 décembre 1905, lui avait accordé le prix Saintour en le partageant entre lui et M. Marchis, physicien, de Bordeaux ; en mars 1906, l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres lui avait attribué le prix Joest (1). C. H.

VARIÉTÉ

Notes sur les phénomènes de cavernement dans les terrains calcaires de l'Ardenne.

Nous avons relevé dans les Comptes-rendus hebdomadaires des Séances de l'Académie des Sciences de 1905 et de 1906 deux notes intéressantes pour la spéléologie ardennaise.

L'une d'elles est intitulée : Sur les Abannets, de Nismes (Belgique). Note de MM. E.-A. Martel et E. Van den Broeck, présentée par M. Albert Gaudry (Comptes-rendus de l'Académie des Sciences, n° du

(1) Dans la séance de l'Académie des Sciences tenue le 19 novembre 1906, M. A. Gaudry présenta, au nom de M. Henri Fischer, chef des travaux pratiques à la Faculté des Sciences, les dernières oeuvres de son beau-père, Edouard Piette, avec une notice nécrologique écrite par M. H. Fischer.


- 26 -

14 mai 1906, tome CXLII, pp. 1116-1117). Elle relate les recherches faites, fin octobre 1905, par M. Martel avec MM. Rahir, Maillieux et L. Bayet, sur les plateaux calcaires de Nismes et de Couvin, où ces savants ont examiné les excavations naturelles et verticales connues sous le nom local d'Abannets. Nous ne pouvons mieux faire que de reproduire ici le texte de la communication de MM. Martel et Van den Broeck :

« Les Abannets sont, de nos jours, de vastes entonnoirs, à « orifice horizontal, pareils aux avens-types; ils sont ouverts « sur les pentes supérieures et les sommets des plateaux entre « 30 et 70 mètres au-dessus des thalwegs actuels, dans le calcaire « givétien (dévonien moyen). Certains ont plus de 100 mètres de « diamètre et dépassent 30 mètres de profondeur. Tous ont été « (on en a les preuves historiques), depuis l'époque hallstattienne « jusque vers 1840, l'objet d'actives exploitations minières pour « l'extraction de la limonile et des sables qui en obstruaient « le fond. Or, ces sables sont les témoins indiscutables d'une « grande nappe oligocène, nettement caractérisée, dont les « vesliges épars se retrouvent, nombreux, dans la contrée. « Plusieurs géologues veulent même vieillir ces dépôts sableux « jusqu'au Landénien (Eocène), alors que d'autres en font du « Boldérien (Miocène)... »

« ... Il ne serait pas impossible, quoique coûteux, d'achever « de déboucher les orifices pour rechercher les relations qui « continuent de nos jours (en ce qui touche l'engouffrement des « eaux d'orages) entre les Abannets et le réseau hydrologique « souterrain actuel; celui-ci s'étend notamment sur 2,700 mètres, « sous le plateau dit: Pont d'Avignon, depuis VAdugeois ou perte « de l'Eau Noire près Couvin, jusqu'à la résurgence de Nismes, « avec jalonnements par plusieurs Abannets.

« En résumé, les Abannets ne sont que les bas-fonds de points « d'absorption d'eaux courantes, remontant à une antiquité « considérable. Ces eaux coulaient bien entendu à un niveau « beaucoup plus élevé que celui des plateaux actuels ; on ne « saurait tenter d'évaluer ce niveau, qui s'est abaissé au fur et « à mesure de la décapitation, aujourd'hui complète, de l'an« cienne Ardenne, jadis colossalement plus élevée que de nos « jours.

« Ainsi les Abannets, curiosité hydro-géologique et paléo-


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« géographique de la plus grande importance, sont une irréfutable « preuve additionnelle :

« 1° De l'ancienneté très reculée du cavernement des calcaires ;

« 2° D'une continuité absolue dans l'enfouissement souterrain

« et la réduction progressive des eaux courantes extérieures » (1).

La seconde communication, qui est antérieure, a pour titre : Sur la formation de la Grotte de Rochefort (Belgique) et sur la théorie des effondrements. Note de M. E.-A. Martel, présentée par M. Albert Gaudry (Comptes-rendus de l'Académie des Sciences, n° du 19 juin 1905, tome CXL, pp. 1161-1162).

Dans cette note, le savant spéléologue combat l'opinion encore répandue (chez E. Dupont et d'autres) qui attribue la formation des grands abîmes, bétoires, aiguigeois et points d'absorption des eaux à des effondrements de bas en haut, provoquée par des courants souterrains.

Or l'exemple de la classique grotte de Rochefort, entre autres, établit que les gouffres et pertes des terrains fissurés sont, pour la plupart, des cassures agrandies de haut en bas par la pénétration et le travail des eaux externes, que le creusement des vallées et celui des cavernes ont marché de concert et sans antériorité notable de l'un sur l'autre.

Signalons dans le même ordre d'idées le sérieux travail de

M. J. Cornet : Etudes sur l'écolution des rivières belges (Liège, 1904 ;

un vol. in-8°, 142 pp.). Cet ouvrage, extrait des Annales de

la Société géologique de Belgique, présente un grand intérêt

géologique, avec des reconstitutions hypothétiques prudentes,

solidement fondées. Les empiètements des vallées, les captures

réciproques d'affluents par les rivières, les transgressions y sont

exposés sobrement et l'hydro-géologie ardennaise y est expliquée

d'une façon claire et précise.

Ch. HOUIN.

(1) Dans une étude sur le Creux du Soucy (Côte-d'Or) (Association française pour l'avancement des sciences, 34e session, Cherbourg, 1905, pp. 308-316), M. Martel a résumé les lois générales de l'hydrologie des terrains calcaires, lois dont les calcaires givétiens fournissent de nombreuses démonstrations : préexistence des Assures du sol ; capture des cours d'eau extérieurs ; agrandissement progressif des crevasses capturantes, p-.u à peu transformées en pertes, abîmes, généralement de haut en bas, exceptionnellement de bas en haut par effondrement postérieur ; dessèrhement graduel des vallées par ces captures. L'évolution est accomplie au Creux du Soucy, dans les Causses, dans les Abannels de Nistnes ; elle est encore inachevée en beaucoup d'endroits, par exemple sur la Lesse à Furfooz

Cf. également E. Van den Broeck : La Grotte de Rosée, a Engihoul (dans La Nature, n° du 10 novembre 1906, pp. 378-379). Cette curieuse grotte a été découverte le 15 septembre dernier, près de Seraing, dans le calcaire carbonifère.


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COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES

Cartes postales illustrées nouvelles : Illustrations ardennaises. — Types et costumes ardennais d'autrefois.

Maintenant que les éditeurs de cartes postales ont satisfait à la manie des habitants du plus petit village, du plus sale, du plus vulgaire, en répandant à profusion les gares, les mairies, les écoles, les ruelles (sans pittoresque), en jetant dans le commerce des photographies coûieuses de fleurs, d'oiseaux et de scènes... à deux personnages, ils songent aux gens sérieux. Il faut les féliciter de leur bonne pensée, car elle ne leur rapportera pas leurs frais.

M. Suzaine-Pierson, à Sedan, édite une série de 24 caries (2 fr.) : Les Illustrations Lions ardennaises, depuis Sorbon, Gerson, Guillaume de La Marck jusqu'aux personnages illustres du XIXe siècle, en passant par Charles de Gonzague, Turenne, Mabillon, Fabert, Dubois-Crancé, Méhul, Macdonald, etc., d'après des gravures dont quelques-unes sont excellentes et avec une courte notice. Nous demandons une deuxième série où pourraient figurer encore de notables ardennais : Taine, le lieutenant-colonel de Montagnac, etc..

M. Van Praët, à Charleville, publie deux séries (1 fr. 25 la série de 10 cartes) de Types et Costumes ardennais d'autrefois (1820-1840), d'après les dessins de Bruge-Lemaître (collection Tristan-Huon, à Attigny). Ces cartes en couleurs sont fort intéressantes ; le folk-lore du XIX° siècle y gagne une importante contribution. Les types d'Attigny (le Tambour public, qui était une femme, Camuset, le serpent de la paroisse, le père Darcq, boucher, le père Dupuis, montreur de marionnettes) ne sont pas moins curieux que les types moins locaux : le Blatier, le Tisserand, le Peigneur de laine, la Fileuse, le Marchand de « Plumes de bois », le Montreur de Reliques, etc.. Les amis du folk-lore réclament la suite jusqu'à épuisement. P. COLLINET.

Les bataillons de Reims (1791-1794). Essai suivi d'une précieuse liste des Rémois morts pour la patrie, par le Dr Pol GOSSET. — Reims, Michaud, 1905; un vol. in-8°, x-79 pp. (tiré à 125 exemplaires numérotés).

Cette monographie, qui présente de l'intérêt pour la région ardennaise, a été rédigée d'après les documents des Archives communales de Reims, des Archives de la Marne et des Archives nationales. Elle est une importante contribution à l'élude de la question des volontaires. Des recherches faites par l'auteur, il résulte que seul, le premier bataillon de la Marne, formé en 1791, fut vraiment composé de volontaires ; les autres, ceux de 1792 et de 1793, furent levés assez péniblement, en raison de l'indifférence populaire.

Les travaux de ce genre, limités et substantiels, rendent peu à peu, et rendent seuls possible la mise au point de la légende, encore intacte dans le grand public, des « soldats de l'an II ». Une élude de celte sorte serait à tenter pour le département des Ardennes.

C. H.


- 29Un

29Un le général du Boisguy. Fougères-Vitré, BasseNormandie et frontière du Maine, 1793-1800, par le vicomte DU BREIL DE PONTBRIAND. — Paris, H. Champion, 1904 ; un vol. in-8°, x-476 pp.

Ce personnage intéresse le département des Ardennes par la dernière période de sa vie. Aimé-Casîmir-Marie du Boisguy, né le 15 mars 1776, mort le 25 octobre 1839, après avoir pris part à la chouannerie jusqu'en 1800, fut confirmé à la Restauration dans la grade de maréchal de camp que le comte de Provence lui avait conféré pendant la Révolution. Arrêté et incarcéré pendant les Cent-Jours, puis remis en liberté par la deuxième Restauration, il reçut en 1816 le commandement du département des Ardennes, qu'il conserva jusqu'en 1830. Il fut alors mis en disponibilité, puis en réforme pour refus de serment au nouveau gouvernement.

Le livre est une apologie et même un panégyrique de Boisguy et de la chouannerie.

Ch. HOUIN.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

INVENTAIRES, SOURCES, DOCUMENTS

Bibliothèque nationale. Département des Estampes. —Inventaire de la Collection Lallement de Betz, rédigé par Auguste FLANDIN, augmenté d'une table alphabétique et d'une notice par Joseph GUIBERT. — Paris, imp. de J. Dumoulin, 1903 ; un vol. in-8°, IX-788 pp. [Important pour les dessins, portraits, vues, plans, cartes sur les Ardennes et sur des personnages ardennais, les La Marck et les Bouillon principalement].

Inventaire d'une partie des titres de famille et documents historiques de la maison de La Tour d'Auvergne, conservée dans les papiers Bouillon, aux Archives nationales, pour faire suite aux inventaires rédigés par Baluze (seconde partie), par Alexandre BRUEL. — Paris et Nogent-le-Rotrou, imp. Daupeley-Gouverneur, 1905; un vol. in-8°, 51 pp. (Extrait de l'Annuaire-Bulletin de la Société de l'Histoire de France, année 1904). [Analyse de 535 documents qui remplissent 11 cartons, compris entre les années 1236 et 1624].

Bullaire de la province de Reims sous le pontificat de Pie II, par

H. DUBRULLE. — Lille, Giard, 1905 ; un vol. in-8°, x-275 pp.

Pouillé du diocèse de Verdun, par l'abbé N. ROBINET et l'abbé J.-B.-A. GILLANT. — Verdun, Laurent fils ; 3 vol. in-8°, parus en 1905.

HISTOIRE GÉNÉRALE ET MÉMOIRES

L'Ardenne belgo-romaine. Etude d'histoire et d'archéologie, par J.-E. DEMARTEAB. — Liège, imp. Henri Poncelet, 1904 ; un vol. in-8°, 250 pp. (avec 8 planches et une carie hors texte).


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Mélanges carolingiens, par F. LOT. — Paris, E. Bouillon, 1905; un vol. in-8°, 60 pp. (Extrait de la revue Le Moyen Age). [Le mélange II, intitulé le Puni de Pitres, contient des détails intéressants sur Antheny, Attigny, Douzy, sous Charles le Chauve].

Histoire critique de Godefroid-le-Barbu, duc de Lotharingie, marquis de Toscane, par Eugène DUPRÉEL. — Uccle, 1904 ; un vol. in-8°, 159 pp.

Mémoires de Jean, sire de Haynin et de Louvignies (1465-1477). Nouvelle édition, publiée par D.D. BROUWERS. Tome Ier. — Liège, Cormaux, pour la « Société des Bibliophiles liégeois », 1905; un vol. in-8°. [Ce chroniqueur est intéressant pour l'histoire de la Belgique et de la France sous Philippe-le-Bon et Charles-le-Téméraire. Le manuscrit original, retrouvé en 1900 dans un lot de manuscrits acheté par le gouvernement belge à Chellenham, rendait insuffisante l'édition de 1892 donnée par les « Bibliophiles belges de Mous » et nécessitait une édition complète et fidèle. Le premier volume contient notamment pour les Ardennes le siège et le sac de Dinant et les trois expéditions de Charlesle-Téméraire contre les Liégeois].

Les passages et séjours du roi Henri IV à Reims, aux mois de mars et d'avril 1606, par Henri JADART. — Paris, Imp. nationale, 1904; in-8°, 35 pp. (avec pièces justificatives). (Extrait du Bulletin historique et philologique du Comité des Travaux historiques, 1904, n° 2, pp. 329-359). [Se rattache au voyage du roi à Mézières, Donchery et Sedan à la même date de 1606],

Louis XIV et la Grande Mademoiselle (1652-1693), par Arvède BARINE.— Paris, Hachette et Cie, 1905; un vol. in-12, VIII-392 pp. (Prix : 3 fr. 50). [Quelques détails intéressants pour les Ardennes].

La Bataille de Türckheim (5 janvier 1675), par Paul MULLER. — Paris-Nancy, Berger-Levraull et Cie, 1906 ; une brochure grand in-8°, 36 pp. avec deux croquis. (Prix : 1 fr. 25).

Les Cendres de Turenne, par Jules POIRIER, publiciste. Recueil contenant de nombreuses pièces justificatives, lettres, propositions, rapports relatifs à la translation des cendres du héros. — Paris, Henri Charles-Lavauzelle, 1905 ; une brochure in-8°, 52 pp. (Prix : 1 fr. 25).

Récits militaires d'Alsace, par P. DE PARDIELLAN, avec une préface de Jules Claretie et des illustrations de Félix Régamey.—Paris, Librairie française et étrangère, 1905 ; un vol. in-4°, 394 pp. [Détails sur Turenne et le combat de Türckheim].

Les Ingénieurs militaires en France pendant le règne de Louis XIV. Origine du corps du génie, par Ch. LECOMTE, colonel du génie. — Paris-Nancy, Berger-Levraull et Cie, 1904 ; un vol. in-8°, 156 pp. avec une carte des places fortes des frontières de France sous Louis XIV. (Prix : 2 fr. 50). (Extrait de la Revue du génie militaire, février-août 1904). [Quelques indications sur Sedan, Mézières, Charleville, le Mont-Olympe, Rocroi, Givet, etc., sur le fonctionnement du service des ingénieurs, la construction des forteresses par adjudication, corvées, etc.].


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Le garde des sceaux Lamoignon et la réforme judiciaire de 1788, par Marcel MARION.-—Paris, Hachette et Cie, 1905; un vol. grand in-8°, 269 pp. (Prix : 6 francs). [Intéresse Rethel et Sedan].

Histoire de Marie-Antoinette, par M. DE LA ROCHETERIE. Nouvelle édition revue. — Paris, Perrin et Cie, 1905 ; 2 vol. in-8°. [Intéressant pour la fuite de Varennes].

Le drame de Varennes, juin 1791, d'après des documents inédits et les relations des témoins oculaires, par G. LENOTRE. Portraits, plans, dessins inédits de Gérardin. Gravures sur bois de Deloche. — Paris, Perrin et Cie, 1905 ; un vol. in-8°, 403 pp. avec 57 gravures. (Prix : 5 francs).

Varennes épisodique. Pages nouvelles sur l'arrestation de Louis XVI à Varennes, par Armand BOURGEOIS. Avec préface de Fernande Sadler. Illustrations de l'époque. — Paris, H. Champion, 1905 ; une brochure in-8°, 35 pp. (Extrait de la revue La Province).

Les bataillons de Reims (1791-1794), par le Dr Pol GOSSET.— Reims, Michaud, 1905 ; un vol. in-8°, x-79 pp.

Mémoires de Pierre - Nicolas Delvincourt, chanoine de Laon, archidiacre de Thiérache (1791-1794), publiés avec une biographie de l'auteur et des notes, par D.Thierry RÉJALOT.—Soissons, G. Nougarède, et Abbaye de Maredsous, 1904; un vol. in-8°, 94 pp. [Ce Delvincourt, né à Montcornet (Aisne) eu 1720, mort au même lieu en 1794, était issu d'une famille originaire de Rocroi. Son neveu. Augustin Delvincourt, réorganisa le collège de Charleville en 1803 et mourut curé de Charleville en 1826. Le livre contient des détails sur les évènements qui se passèrent dans l'ouest et le nord du département des Ardennes sous la Révolution].

La campagne de 1793 à l'armée du Nord et des Ardennes, par

le capitaine V. DUPUIS. — Paris, R. Chapelot et Cie, 1905 ; un vol. in-8°, 512 pp. (avec 8 cartes hors texte).

La campagne de 1794 à l'armée du Nord, par le colonel COUTANCEAU. Tomes I et II. — Paris, R. Chapelot et Cie, 2 vol. in-8°, 1904-1905. [Ces deux ouvrages sont des Publications de la Section historique de l'Etat-major de l'armée].

Napoléon et Larrey. Récits inédits de la Révolution et de l'Empire, d'après les Mémoires, les correspondances officielles et privées, les notes et les agendas de campagne de Dominique Larrey, chirurgien en chef de la Garde et de la Grande Armée, par Paul TRIAIRE.

— Tours, Alfred Marne et fils, 1903 ; un vol. grand in-8°, xv-583 pp. (avec 16 gravures). [Détails et anecdotes sur Corvisart, le maréchal Macdonald, Savary, duc de Rovigo].

Le général de La Horie (1766-1812) par Louis LE BARBIER.—Paris, Dujarric et Cie, 1904; un vol. in-12, 300 pp. [Détails sur Savary, duc de Rovigo].

Rôle militaire de Reims pendant la campagne de 1814, par Jules POIRIER. — Reims, Michaud, 1905; un vol. in-8°.

Le combat de Sidi-Brahim, 23-26 septembre 1845, par A. PERNOT.

— Saint-Dié, Weick, 1905 ; un vol. in-8°. (Prix : 2 francs). [Concerne le colonel de Montagnaç].


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Associations et Sociétés secrètes sous la deuxième République (1848-1851), d'après des documents inédits, par J. TCHERNOFF. — Paris, F. Alcan, 1905; un vol. in-8°, 394 pp. (Prix : 7 francs. (« Bibliothèque d'histoire contemporaine »). [Intéressant pour les cercles et sociétés secrètes du département des Ardennes, qui dépendait du parquet général de Metz, l'un des sept ressorts étudiés par l'auteur. Cf. page 261, par exemple, pour Vrigne-aux-Bois].

La guerre de 1870. Troisième série : L'armée de Châlons. La marche sur Montmédy. Fascicule 1er, par le commandant PICARD. — Paris, R. Chapelot et Cie, 1906 ; 2 vol. in-8°. (Prix : 10 francs). (Publications de la Section historique de l'Elat-major de l'armée).

Histoire du Second Empire, par Pierre DE LA GORCE. Tome VII. — Paris, PIon-Nourrit et Cie, 1905; un vol. in-8°. (Prix: 8 francs]. [Le tome VII et dernier de cet ouvrage de premier ordre va du 6 août au 4 septembre 1870, de Metz à Sedan ; il est d'une grande importance pour notre région].

Der deutsch-franzoesische Krieg in Schlachtenschilderungen,

von C. BLEIBTREU. — Stuttgart, C. Krabbe, 1905 ; 3 vol. in-8°. (Prix : 22 marck 50 pf.).

Uebersichtskarte aller Schlachten und Gefechte, Belagerungen, Einschliessungen und Kapitulationen des deutsch-franzoesischen Kriegs 1870-1871, von General Major VON DER OSTEN. — Stuttgart, Rübsamen, 1905; un vol. (Prix : 2 mark).

Les Indiscrétions de l'histoire (2° série), par le Dr CABANES. — Paris, A. Michel, 1905; un vol. in-18, 394 pp. (14 gravures hors texte). [Dans un de ses articles, l'auteur revient sur la maladie de Napoléon III et son importance insignifiante pour la bataille et la capitulation de Sedan].

HISTOIRE LOCALE

Histoire de Gespunsart, par Mgr P.-L. PÉCHENARD, Recteur de l'Institut catholique de Paris. Deuxième édition. — Charleville, Georges Lenoir, 1906; un vol. in-8°, v-353 pp. avec un plan et 11 planches hors texte. (Prix : 4 francs). [La première édition avait paru en 1877].

Essai sur l'histoire de la Révolution à Verdun (1789-1795), par Edmond PIONNIER. — Nancy, A. Crépin-Leblond, 1906; un vol. in-8°, XIX-565 pp. et CXXXVIII pp. de pièces justificatives, avec 2 plans et 4 autographes hors texte. (Prix : 10 francs).

Le Collège de Verdun après le départ des Jésuites et l'Ecole centrale de la Meuse (1762-1803), par Edmond PIONNIER. — Verdun, V. Freschard, 1906 ; un vol. in-8°, XIII-135 pp.

Le Gérant : E. LAROCHE.

Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22.


LES ÉPITAPHES DE LA FAMILLE DE WIGNACOURT

dans l'église de Warnécourt (Ardennes)

Les inscriptions relatives, à la famille de Wignacourt, précieusement conservées dans la petite église de Warnécourt, n'ont jamais été, croyons-nous, publiées en entier.

La famille de Wignacourt, qui a tracé un sillon si profond dans l'histoire de la noblesse ardennaise, est suffisamment connue. Son nom et sa fière devise Durum patientia frango s'attachent à toute une lignée de valeureux guerriers qui portèrent haut le fleuron de la gloire dans les annales de l'Ordre de Malte comme sur les champs de bataille où plusieurs payèrent l'impôt du sang.

Nous nous bornons à donner ces textes, transcrits lors d'une course rapide dans la région de Mézières.

1. CY GISENT ANNE DE BELLESTAR VIVANTE VEUFE DE MESSIRE

CLAUDE DE WLGNANCOURT CHEVALLIER SEIGNEUR DE WARNECOURT GRICOUR... ARTHAN. MONGON ET THOULIGNY CAPITAINE D'UNE COMPAGNIE DE CHEVAUX LEGERE POUR LE SERVICE DU ROY LESUS DIT CLAUDE DECEDE LE 15me AOUST 1597 AGE DE 55 ANS ET EST INHUME DANS LEGLISE DE MAREVILE SUR OUQUE AU PRÈS DUQUEL LIEU IL A ESTE TUE PAR DES VOLLEURS ET LA DITE ANNE DECEDEE LE 12 NOVEMBRE 1612 AGEE DE 66 ANS. PRIEZ DIEU POUR LEURS AMES.

CY GISENT AUSSY MESSIRE ANTOINE DE WlGNANCOURT ET MARGUERITE DARRAS SA FEME VIVANT CHEVALLIER SEIGNEUR DE WARNECOURT PIERPON HAUDRECY ET THOULIGNY CAPITAINE D'UNE COMPAGNIE FRANCHE DE CENT HOME DE PIED POUR LE SERVICE DU ROY DECEDE LE 30me AVRIL 1630 AGE DE 57 ANS ET LA DITE MARGUERITE DECEDEE LE 31 AOUST 1653 AGEE DE 77 ANS.

PRIEZ DIEU POUR LEURS AMES.

(Marbre noir).

Riv. D'ARD. ET D'ARC. T. XIV, n° 3 et 4 .


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Cette dalle est ornée de quatre écussons. Dans le haut : 1° WIGNACOURT : d'argent à trois fleurs de lis au pied coupé de gueules. 2° BELLESTAL : parti, à une tour crénelée percée de deux ouvertures et à une licorne, la partie inférieure de l'animal brochant sur la tour. Ecu losangé entouré d'une cordelière.

Dans le bas de la dalle :

1° WIGNACOURT. Couronne de comte. Supports : deux lions.

2° ARRAS : D'argent, au chevron d'azur, surmonté de deux oies affrontées de sable, becquées et membrées de gueules.

Claude de Wignacourt était fils de Jean de Wignacourt, écuyer, seigneur de Warnécourt, et de Jeanne des Laires. Il épousa par contrat du 17 juin 1565 Anne de Bellestal (sic au Nobil. de Champ.), Agnès d'après cet acte produit devant Caumartin, fille de Jacques, écuyer, seigneur dudit lieu et de Château-Guison. Il en eut entre autres enfants : Antoine de Wignacourt, marié par contrat du 24 juin 1593 à Marguerite d'Arras, fille de Jean d'Arras, écuyer, seigneur de Haudrecy et de Jeanne ou Joachine de Lescuyer. De celte alliance naquit une nombreuse postérité dont Jean de Wignacourt de l'épitaphe suivante :

2. CY GISSENT MESSIRE IEAN DE WIGNANCOURT VIVANT CHEVALIER SEIGNEUR DE WARNECOURT ESVIGNY, MONCLIN, ESCORDAL SUSANE GUIGNICOURT NEUFVISI ET HAUDRECY CAPITAINE D'UNE COMPAGNIE DE CENT HOMMES DE PIED POUR LE SERVICE DU ROY DÉCÉDÉ LE 15 OCTOBRE 1653 AGÉE DE 59 ANS ET DAME BONNE DE TIGE SON ESPOUSE AGÉE DE 75 ANS DÉCÉDÉE LE 8 DECEMBRE 1682. CY GISSENT AUSSI MESSIRE DANIEL DE WIGNACOURT VIVANT CHEVALIER SEIGNEUR DE WARNECOURT CHARBOGNE, ESCORDAL, ESVIGNY, TERON, HAUDRECY SUSANNE, GUIGNICOURT ET MAUDIGNY. DAME BONNE DE TIGE SA MÈRE LE FIT QUITTER LE SERVICE DU ROY EN 16 (SIC) EN LAQUELLE ANNÉE IL ÉTOIT

IL MOURUT LE 24iemu AVRIL DE L'ANNÉE 1685

AAGÉ DE 49 ANS.

ET DAME AGNES MOET DE BRONVILLE SON

ESPOUSE QUI DÉCEDA LE 3ieme AOUST 1690

AAGÉE DE 52 ANS.

PRIEZ DIEU POUR LEURS AMES.

(Marbre noir).


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Au bas de la dalle deux écussons.

1° WIGNACOURT. Couronne de comte à 7 boules. Supports : deux lions.

2° MOET : De gueules à deux lions adossés d'or, les têtes affrontées. Ecu losangé entre deux palmes. Couronne de comte à 7 boules.

Jean de Wignacourt avait été nommé capitaine d'infanterie par commission du 11 septembre 1627.

Le 15 octobre 1630, il rend acte de foi et hommage au duc de Rethélois, de la terre et seigneurie de Warnécourt et le 16 mai 1649, de celle de Monclin, pour la portion lui appartenant, laquelle lui était échue par le décès de Jean de Tige, écuyer, seigneur dudit Monclin, père de Bonne de Tige, sa femme.

Le 9 avril 1639, Jean de Wignacourt faisait partage avec Charles de Wignacourt, écuyer, seigneur de Touligny ; Antoine de Wignacourt, écuyer, seigneur de Pierrepont et de Haudrecy, premier capitaine dans le régiment de Suze, commandant dans la ville et château de Porantruy; et delle Guillemette de Wignacourt, ses frères et soeur, des biens laissés par Antoine de Wignacourt, leur père « le préciput de noblesse gardé audit Jean de Wignancourt ».

Jean de Wignacourt eut entre autres enfants Daniel cité dans l'épitaphe, qui fournit, le 23 avril 1663, acte de foi et hommage au duc de Rethélois pour la part qu'il possédait en la terre de Warnécourt. Il en fait encore hommage le 15 octobre 1665 « tant pour luy que pour Antoine, Françoise, Robert et Anne de Wignacourt, ses frères et soeur ». (CAUMARTIN, Nobil. de Champagne, généal. de Wignacourt, pièces justificatives).

A la suite des décès de Daniel de Wignacourt et de dame Agnès Moët son épouse, intervint à la date du 24 octobre 1698, partage de leurs biens entre leurs enfants : Antoine, chevalier, seigneur de Charbogne, Ecordal, Suzanne, etc., et Louis, chevalier, seigneur de Warnécourt, Evigny, Haudrecy, etc., capitaine de cavalerie. (Arch. dép. des Ardennes, E. 826).


36

3. CY DEVANT GIST TRES HAUT

ET TRES PUISSANT SEIGNEUR MON SEIGNEUR ROBERT ANTOINE COMTE DE WIGNACOURT BARON DE S' LOUP, SEIGNEUR DE TERRES ET FIEFS NOBLES DE WARNECOURT, CHARBOGNE CHEVENIE VERRIERES, BRIQUEMAUX, LES CRETTES MAI SONNETTES, LES GRAND ET PETIT VLVIER TOULIE, LE GRISSON, BROMILLE, LA HAMELLE

EVIGNIE, MODIGNIE, SlNGLIE, SuSANNE, EsCORDAL BRUNEHAMEL, ET AUTRES LIEUX, SEIGNEUR AUS SI DISTINGUÉ PAR LES EMINENTES VERTUS QUE PAR LA GRANDEUR DE SA NAISSANCE ET DONS LE CARACTERE TOUJOURS BIENFAISANT LE ZELE ARDENT ET ACTIF A SECOURIR LES MALHEU REUX, LA CHARITÉ ENVERS LES PAUVRES DONT IL ETOIT LE PÈRE, ET TANT DAUTRES RARES QUALITEZ QU'IL POSSÉDOIT AU PLUS HAUT DE GRÉ RENDRONT LA MEMOIRE CHERE ET PRECIEUSE A JAMAIS, IL ÉTOIT CHEF DE L'ANCIENNE ET ILL USTRE MAISON DE SON NOM ET FILS UNIQUE DE TRES HAUT ET TRES PUISSANT SEIGNEUR MONSEIGNEUR ANTOINE MARQUIS DE WlGNACOURT SEIGNEUR DE WARNECOURT, CHARBOGNE, EviGNIE ECORDAL, SUSANNE, LES AUTELS, BRUNEHAMEL ET AUTRES LIEUX, GOUVERNEUR DE LA VILLE DE DONCHERY SUR MEUSE : MORT EN L'ANNÉE 1736 ET INHUMEZ EN LADITTE CHAPELLE ET DE TRES PUISSANTE DAME MADAME MARIE HELEINNE MADE LEINNE DE VlLLELONGUE DAME DU BOURG DE BRUNEHAMEL EN THIERACHE, MORTE EN LA MEME ANNE 1736 ET ENTEREZ EN SA CHAPELLE DE LEGLISE PA

ROISSIALE DUDIT LIEU : ET SON EPOUSE TRES HAUTE

ET TRES PUISSANTE DAME MADAME MARIE LOUISE DE

GOUJON DE CONDÉ MORTE EN L'ANNÉ 1729 EST

INHUMEZ EN LEGLISE DE CHARBOGNE, IL

EST DECEDEZ UNIVERSELLEMENT REGRETTEZ

LE 30 OCTOBRE 1756 AGE DE 58 ANS TROIS

MOIS ET QUINZE JOURS. PRIEZ DIEU POUR LE

REPOS DE LEURS AMES.

(Marbre noir).


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Ecusson en tête de la dalle portant dans un riche trophée les armoiries des Wignacourt accompagnées de la devise : Durum patientia frango.

Les armoiries de la famille de Villelongue, non figurées sur le marbre, se retrouvent accolées à celles des Wignacourt sur plusieurs taques de foyer conservées au château du lieu. Ces taques offrent la devise, et la date de 1717. Les deux écussons sont timbrés d'une couronne de marquis.

Les VILLELONGUE portent : Ecartelé aux i et 4 d'argent, au loup de sable ; aux 2 et 3 d'azur, à la gerbe d'or.

L'ancien château de Pierrepont, dépendance actuelle de Launois, conserve également une taque avec lettres entrelacées A. V. (chiffre de Antoine de Wignacourt) et la date 1712. Couronne de marquis.

Le château de Warnécourt subsiste en partie. Le corps de logis actuel a conservé sa façade du XVIe siècle. On peut y lire la date de 1549. Le château de « Ouarenecourt, appartenant au Sr de Vignacourt, à une lieue de Maizière », est mentionné dans 1' « estat d'aucuns chasteaux et maisons fortes qui tiennent contre le Roy au gouvernement de Champagne et de Brie ». G. HÉRELLE, La Réforme et la Ligue en Champagne, t. II, p. 272. — Sur l'état du château à la Révolution, voir l'enquête du citoyen Harmois au t. I de la Rev. hist. des Ardennes, 1864.

Robert-Antoine de Wignacourt naquit à Warnécourt et fut baptisé dans l'église de la paroisse le 15 juillet 1698. Marié à Marie-Louise Goujon de Coudé, il mourut à Charbogne, lieu de sa résidence ; son corps fut transporté le lendemain dans la chapelle seigneuriale de Warnécourt.

Il était le petit-fils de Daniel de Wignacourt dont nous venons de parler et fils de Antoine, décédé gouverneur de la ville de Donchery, le 16 septembre 1736.

Bibliophile, Robert-Antoine de Wignacourt marquait ses livres d'un fer offrant un chiffre formé des initiales R, A, V et surmonté d'une couronne de comte (Cf. le Nouvel Armoriai du Bibliophile, t. II, p. 476 ; H. JADART, Les Bibliophiles rémois, 1894, p. 50.

Les seigneuries indiquées dans les épitaphes Nos 1, 2 et 3, appartiennent aux déparlements actuels des Ardennes et de l'Aisne. Voici pour le n° 3 l'identification de quelques fiefs : Chéveny, Briqueneau (sic au cadastre), les Crêtes Massonnet,


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Verrières, Le grand et le petit Viviers étaient sis au ban de Charbogne. — Le Grisson et Bromille doivent se lire Le Griffon et Bronville, fiefs sis à Terron-sur-Aisne. — La Hamelle est ainsi désignée dans l'aveu et dénombrement présenté au roi par le duc de Mazarin en 1669: t. Le sieur de Vignancourt tient dudit seigneur duc (à Warnécourt) le bois de la Hamelle contenant environ deux muids sous la charge de quatre livres cinq sols parisis de cens perpétuel payable au jour de S' Remy, chef d'octobre. » (Arch. nat. P. 1931).

4. CY GIT TRES HAUT ET TRES PUISSANT SEIGNEUR CHARLES ANTOINE FRANÇOIS MARIE MARQUIS DE WIGNACOURT DÉCÉDÉ A PARIS SUR LA Psse S' ANDRÉ DES ARTS, LE 9 JUIN 1759 TRANSFÉRÉ EN CETTE ÉGLISE PAR LES SOINS DE M. LAMY TUTEUR DE

DAMOISELLE MARIE

CHARLOTTE FRANÇOISE CONSTANCE LOUISE ANTOINETTE DE WIGNACOURT FILLE UNIQUE DDD. SEIGNEUR ET DE TRES HAUTE ET TRES PUISSANTE DAME MADAME CONSTANCE FRANÇOISE

DUSSON DE BONNAC DE

BEAUFORT SON ÉPOUSE

REQUIESCAT IN PACE.

(Marbre noir).

Aucun écusson n'orne cette dalle.

Charles-Antoine-François-Marie de Wignacourt, baptisé en l'église de Warnécourt le 29 juillet 1727, était fils de RobertAntoine de l'épitaphe précédente. Il épousa le 9 mai 1749 Constance-Françoise Dusson de Bonnac, fille de Jean-Louis de Bonnac, ambassadeur de France à Constantinople, et de Madeleine de Gontaut-Biron (Nobil. de Champ, ms. de la BB. de Reims ; Dr H. VINCENT, Inscript, anc. de l'arr. de Vouziers, 1892, p. 159).

Son acte de décès le qualifie seigneur de Charbogne, Warné-


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court, Ecordal, Suzanne, Evigny, Mondigny, Brunehamel, etc., lieutenant de la grande vénerie du roi (Reg. par. de Warnécourt). La seigneurie de Warnécourt resta en la possession de la famille de Wignacourt jusqu'en 1774, époque à laquelle Mlle MarieCharlotte-Françoise-Conslance-Louise-Antoinette de Wignacourt la vendit à Messire François-Joseph-Marie, marquis du Darut, baron de Grandpré, devenu lieutenant général des armées du Roi. Elle était encore la propriété de celui-ci à la Révolution.

H. et Al. BAUDON.

LES PRISONNIERS DU MONT-DIEU PENDANT LA RÉVOLUTION

(SUITE).

101. — CHATELAIN (ANTOINE), aubergiste et garde de bois à La Croix-aux-Bois où il est né vers 1753. Prévenu de conspiration contre la République et d'intelligence avec l'émigré Pavant qu'il est allé voir à Liège, il fut traduit au tribunal révolutionnaire à Paris par ordre de Vassant, a été acquitté le 22 fructidor [occupait la cellule n° 36].

102. — CHATELAIN (JEAN-BAPTISTE), curé de Draize depuis 1784, né à Villers-au-Flos (Pas-de-Calais) vers 1742; détenu d'abord à Rethel avec plusieurs autres prêtres, par arrêté de Levasseur du 29 prairial an II ; le 3 messidor suivant, l'administration prescrivit de le transférer au Mont-Dieu. En l'an X, il resta à Draize où il est mort le 11 avril 1826, âgé de 84 ans.

103.— CHAUVAUX (MARIE-CATHERINE), née à Carignan le 9 mars 1743, morte au même lieu le 9 mai 1813, arrêtée à cause de l'absence de son frère, ancien moine, qui fut curé d'Osnes. Elle était fille de Nicolas Chauveaux dit Saint-Nicolas, serrurier [occupait la cellule n° 22].

CHAYER, nous supposons qu'il est le même que CHAHAY.

104. — CHAUVEAU (LOUIS-RENÉ), avocat à Paris, caissier de la manufacture d'armes, né en 1749; emprisonné le 10 brumaire pour incivisme (a protesté de son civisme) [occupait la cellule n° 29].


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105. — CHEVALIER (ADELAÏDE-MARIE-ROSALIE-MAGDELAINE), dame de confiance de la veuve Courtin de Vaux-Champagne. Elle fut incarcérée avec cette dernière et partagea toutes ses infortunes [occupait la cellule n° 24].

CHEVALIER, perruquier à Sedan, dont le véritable nom est Larieux. (Voy. LARIEUX.)

106. — CHEVREAUX (LOUIS-ANTOINE), né à Thionville, 28 ans, écrivain de la place de Mézières et greffier du tribunal militaire du deuxième arrondissement des Ardennes, il était agent municipal à Mézières pendant les ans IV et V. Marié à Mézières à demoiselle Petitfils. (Voy. ce nom) [occupait la cellule n° 44J.

107. — CHIODY (ANTOINE-F.-S.), ancien lazariste, vicaire général de l'évêque de Sedan, né en 1748. Arrêté pour avoir été un ardent promoteur des troubles et agitations qui ont failli ensanglanter la ville de Sedan. Le 2e jour complémentaire an II, il demanda avec ses confrères en vicariat la liberté que Charles Delacroix venait d'accorder à Rossignol, curé de Saulces-Champenoises [occupait la cellule n° 11].

CICCATI, femme. (Voy. ZWEIFFEL M.-C.)

108. — CLOTEAU (JEAN), chanoine de Mézières du 4 février 1756, détenu à la prison dite de Pierre de Mézières comme suspect, ordre du 29 prairial an II, de le conduire au Mont-Dieu.

109. — CLOUET (Louis), âgé de 48 ans, fabricant de draps à Sedan, rue du Ménil, maison Boire, à l'angle de la rue Turenne, au premier. Les scellés furent levés chez lui le 3 octobre 1793. Accusé d'incivisme et de fanatisme, d'avoir recueilli chez lui un prêtre réfractaire qui pratiquait ses cérémonies superstitieuses. Le Comité révolutionnaire de Sedan prononça son arrestation le 1er frimaire an II.

110. — COCHE (ROCH-HENRI), chanoine de la collégiale de Mézières depuis 1756, né à Charleville, vicaire à Mézières après le Concordat, prêtre habitué en retraite, mort à Mézières le 19 octobre 1817 ; âgé de 78 ans [occupait la cellule n° 6].

111. — COCHE (CLAUDE), bourgeois de Grandpré, mort en cette ville le 27 germinal an VI, âgé de 73 ans. En germinal an II, les représentants Massieu et Roux ordonnèrent son arrestation comme ayant été avec Ansart l'un des fauteurs des troubles qui se sont produits à Grandpré. Elargi le 2 vendémiaire an II.


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112. — COISSART (MARGUERITE), soeur grise de Rethel, née à Lyon, morte soeur de Saint Vincent de Paul à l'hôpital général de Rethel, le 14 septembre 1829, âgée de 76 ans. Incarcérée le 24 brumaire pour refus de serment, libérée le 16 pluviôse [occupait la cellule n° 35].

113. — COL (ROBERT), équarrisseur à Chagny où il est mort, lieudit le Pré Delorme, le 16 janvier 1815, âgé de 62 ans [occupait la cellule n° 4].

114. — COLLARDEAU ( LOUIS-HUBERT-WALLERIC), chanoine régulier de la Congrégation de France à Auxerre, né à Rocroi le 7 octobre 1757, fils de Jacques Collardeau et d'Anne-Louise Mention de Chardonville, En 1792 il a rempli les fonctions d'aumônier militaire, fut arrêté et conduit au Mont-Dieu pendant la Terreur, mis en liberté par le tribunal révolutionnaire de Paris le 18 vendémiaire an III. Le 15 brumaire an III il était à Rocroi [occupait la cellule n° 49].

115. — COLLARDEAU (JACQUES), notaire à Rocroi, sa ville natale, était institué pour Rumigny, qualifie homme probe et jouissant de la confiance la plus distinguée. Juge à Rocroi au tribunal du district, administrateur du district, juge sous l'Empire, mort le 5 avril 1818, était né le 1er mai 1748 [occupait la cellule n° 53].

116. — COLLET (JEAN), curé de Mairy depuis 1775, né à Tournes en 1752, mort à Sedan le 7 février 1814 où il était curé depuis le rétablissement du culte. Le 10 thermidor an II, Vassant demanda à Levasseur un arrêté pour enfermer Collet au MontDieu parce qu'il répandait des catéchismes superstitieux au commencement de la Révolution et s'était fait nommer greffier de la commune.

117.—COLLET (MARGUERITE), religieuse de l'hôpital de Rethel, née à Sery, morte à Rethel le 24 juillet 1813, âgée de 61 ans. Emprisonnée le 14 nivôse an III, elle fut transférée à Sedan après l'évacuation du Mont-Dieu [occupait la cellule n° 55].

118. — COLLETTE (PIERRE-JOSEPH), curé de Vieux-les-Asfeld, né le 6 août 1747 à Bertrix, mort curé de Tourteron le 17 août 1828; le 21 messidor an II, le district de Rethel ordonna de le mettre en arrestation et de le conduire au Mont-Dieu en même temps que le curé de Brienne, dénoncé comme enseignant les prières contraires à la morale républicaine.


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119. — COLLIGNON (THOMAS), curé de Perthes depuis 1782, né le 17 juillet 1735, à Alle (Belgique). Détenu au Mont-Dieu pendant un an. Durant la détention, le district de Rethel le déclara émigré; le Comité révolutionnaire de Sedan le fit mettre en liberté en brumaire an III. En l'an IV, il fut déféré au tribunal criminel comme prévenu d'émigration et fut condamné à la détention jusqu'à la paix. Il fut curé de Sedan après le Concordai jusqu'en 1808 [occupait la cellule n° 26].

120. — COLLOT (JOSEPH), lazariste à Sedan, vicaire épiscopal, demeurait rue des Fours, maison Gratiaux. Arrêté pour avoir fait parti du club de la Vendée, fut chargé d'organiser la bibliothèque de Sedan. Né à Bar-le-Duc le 2 juin 1746, il est mort à Sedan le 30 avril 1812 (occupait la cellule n° 13).

121. — COLSON (JEAN), bernardin à Mouzon où il est né le 15 mars 1765 et mort le 13 germinal an X.

122. — COLSON (PIERRE-BENOIT-MARTIN), prémontré à Mouzon où il est né le 16 juin 1767, mort à Villemontry où il était curé, le 20 mai 1831. Frère du précédent, les frères Colson furent accusés d'être aristocrates, de ne fréquenter que des aristocrates et d'êtres dangereux pour l'opinion publique (Vassant). Ce fut assez pour les envoyer au Mont-Dieu où ils étaient encore le 3 vendémiaire an III, depuis messidor an II.

123. — COLSON (ADRIEN), boulanger à Carignan, né vers 1750. Entré au Mont-Dieu le 6 frimaire, sorti le 12 [occupait la cellule n° 5] (Duvivier).

124. — CONDROTTE (HENRI), maître tondeur chez Desrousseaux, né à Longlier (Belgique) eu 1749, mort sur le champ de bataille, au camp de la Montagne, au bas de la redoute de Curfoz, près Bouillon, le 30 floréal an II [occupait la cellule n° 21).

125. — COPETTE, curé de Sainte-Vaubourg depuis 1744, incarcéré le 26 frimaire an II, mort le 4 nivôse [occupait la cellule n° 58].

126.—COPIN (1) (MARIE-ANGÉLIQUEI, femme L. Bourdin, veuve le 12 mars 1793 de Charles Prevost, capitaine aux chasseurs de Normandie. Détenue volontairement au Mont-Dieu pour tenir compagnie à son mari [occupait la cellule n° 38].

(1) Coppin de Villepreux, capilaine à la suite de la cavalerie, condamné à mort le 6 thermidor an II, comme convaincu de s'être déclaré ennemi du peuple.


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127. — CORDOZE (MARIE-JOSÈPHE DE), mariée à Mouzon à Laurent Pierre, médecin à Mézières, née à Mézières le 3 octobre 1728, morte au même lieu, rue qui Glisse, le 29 juin 1808. Emprisonnée pour avoir fréquenté les aristocrates et montré des opinions contraires à la Révolution [occupait la cellule n° 18].

128. — CORVISIER ou CORVISY (MÉDARD), cordonnier à Williers, mort à Laon le 28 juin 1799, a habité Epinonville (Meuse). Arrêté le 25 brumaire pour avoir réclamé le retour à l'ancien régime. Le 6 thermidor an II, Vassant prescrivit au Comité de surveillance de Sedan de le faire élargir à l'effet de fabriquer des chaussures aux patriotes [occupait la cellule n° 36].

129. — COUET (JEAN-NICOLAS), ancien douanier, né dans le diocèse de Noyon, mort le 8 novembre 1810, âgé de 83 ans, à Saiut-Jean-aux-Bois, où il demeurait lors de son arrestation. Emprisonné au Mont-Dieu pour incivisme soupçonné [occupait la cellule n° 14].

130. — COUET (ROSE-MARIE), emprisonnée, elle ne fut pas interrogée ; fille du précédent, elle est morte à Saint-Jean-auxBois célibataire et âgée de 81 ans, le 29 avril 1842 [occupait la cellule n° 14].

131. — COUET (MARIE-ANGÉLIQUE), soeur de la précédente, incarcérée le 24 brumaire, en même temps que son père et ses soeurs pour le même motif [occupait la cellule n° 14].

132. — COUET (MARIE-NICOLE), soeur des précédentes, incarcérée pour incivisme soupçonné [occupait la cellule n° 14].

133. — COULON dit de la Grange-aux-Bois (JEAN-BAPTISTE), né à Charleville, ex-grand maître des eaux et forêts à Charleville. Son office était estimé 24,000 livres. Détenu d'abord au Mont-Dieu comme employé de l'ancien régime et ensuite traduit devant le tribunal révolutionnaire de Paris, il fut mis en liberté le 5 pluviôse an III ; il avait alors 63 ans.

134. — COULONVEAUX (ANTOINE-JOSEPH), faïencier aux forges de Chimay, détenu au Mont-Dieu, il s'évada dans la nuit du 3 germinal an II [occupait la cellule n° 38].

COURTIN veuve. (Voy. DIROIS) (Louise).

135. — COUVIN (PIERRE-PAUL), garde de bois à Quatre-Champs où il est mort le 11 septembre 1828, âgé de 83 ans, qualifié aubergiste. Le Comité de surveillance de Quatre-Champs l'accusa


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de s'être refusé à concourir à la défense du pays lors de l'invasion, d'avoir tenu des propos inciviques. Il fut arrêté le 5 brumaire an II et conduit au Mont-Dieu ; fut mis en liberté le 4 thermidor an II parce que la religion du Comité avait été trompée [occupait la cellule n° 32].

136. — CRETOT (JEANNE-MARIE-JOSÈPHE), veuve de Pierre Lion, tanneur, née à Stenay, elle est morte à Mouzon, le 1er jour complémentaire an X, âgée de 67 ans. Elle fut détenue au MontDieu comme suspecte et taxée à une contribution pénitentiaire de 300 livres [occupait la cellule n° 49].

137. — CROMMELIN (MARIE-JEANNE-FRANÇOISE), veuve d'Etienne Drouin, fabricant de draps, rue des Laboureurs, à Sedan. Elle est morte à Sedan, le 27 janvier 1808, âgée de 85 ans. Emprisonnée au Mont-Dieu à cause de l'émigration de ses petits-fils de Maillan, les scellés furent apposés chez elle aussitôt son emprisonnement et le 3 pluviôse an II l'inventaire commencé; cet inventaire indique des quantités considérables de marchandises. Ne trouvant rien de suspect, le Comité fit apposer les scellés chez Adelaïde, sa servante. Les recherches faites chez la veuve Drouin par Bailly (L.-J.), employé au trésor de l'armée des Ardennes, amenèrent la découverte, dans une boîte à violon, de quantité de lettres considérées comme suspectes (1) [occupait la cellule n° 43).

138. — DAILLY ou DAY, de Sedan. Détenu au Mont-Dieu, Montouilloux, commissaire, informa le 10 fructidor an II qu'il le mettait en liberté suivant l'arrêté du Comité révolutionnaire de Sedan.

139. — DALCHÉ-JACQUEMART (HENRI), orfèvre à Sedan où il est né le 19 avril 1754, mort en la même ville, rue du Ménil, 16, le 10 avril 1818. Détenu au Mont-Dieu pour avoir fait partie du club de la Vendée. Le 26 thermidor an II, son fils demanda les motifs de l'arrestation de son père afin qu'il puisse se justifier des faits à lui imputés [occupait la cellule n° 48].

140. — DALCHÉ (ISAAC-SIMON), orfèvre à Sedan où il est né le 30 septembre 1757, mort place de la Halle, 35, le 25 septembre 1827, célibataire. Emprisonné pour les mêmes motifs que son

(1) Des extraits ont été donnés par M. P. Collinet dans son ouvrage : Sedan il y a Cent Ans (1793), 1er partie.


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frère le précédent. Ils étaient fils de Pierre Dalché, né à Sedan le 10 août 1731, notable, mort sur l'échafaud révolutionnaire avec la municipalité sedanaise [occupait la cellule n° 48].

141. — DALICOURT ou DAILLICOURT (ANTOINE), né à Gire, district de Grenoble, cavalier au 11e régiment de chasseurs. Incarcéré le 25 brumaire, il recevait du pain pendant sa détention [occupait la cellule n° 15].

142. — DANNEQUIN (CLAUDE), de Mont-Saint-Remy, mis en arrestation le 19 thermidor an II pour avoir tué ses cochons afin de les soustraire à la réquisition.

143. — DARGENT (JOSEPH), domestique à Mézières, né à Robelmont. Incarcéré le 22 brumaire, Levasseur le fit mettre en liberté le 18 floréal an II [occupait la cellule n° 40].

144. — DAUDIGNY (Louis-ANTOINE-JEAN-BAPTISTE), né le 7 février 1757 à Rumigny où son père était lieutenant général au bailliage. Lépine dit dans son Histoire de Rumigny qu'il fut emprisonné un mois au Mont-Dieu, fut magistrat à Rocroi où il mourut le 3 août 1806. Taxé à une contribution pénitentiaire de 200 livres [occupait la cellule n° 69].

145. — DECOUSSY (PIERRE-NICOLAS), de Grandpré. Accusé d'avoir guidé un officier prussien dans les défilés de l'Argonne, lors de la retraite des coalisés ; le 15 ventôse an II le Comité de surveillance de Grandpré ordonna de le mettre en arrestation et de le conduire au Mont-Dieu [occupait la cellule n° 25].

DEGLAIRE femme. (Voy. MIGEON J.-L.).

146. — DEHAYE (ETIENNE), né le 7 octobre 1750 à Rethel, avocat et administrateur à Sedan, fut mis en arrestation pour être allé en députation près de la Convention afin de demander au nom du département le redressement de quelques griefs imputés au Comité de Salut public établi à Mézières par Hentz et Bô. Cette demande était motivée par les événements de fin mai 1793. Condamné à mort par le tribunal révolutionnaire le 29 prairial an II.

147.—DEHERQUE (PIERRE-DONATIEN), né à Bourcq (Ardennes), vicaire de Luzy, 1776-1785, curé de Lélanne depuis 1785, mort à Chémery le 21 germinal an XII, âgé de 55 ans, desservant de Sugny. Détenu au Mont-Dieu, il demanda en pluviôse an II la levée des scellés apposés sur ses meubles, afin que sa belle-soeur


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puisse en extraire 300 livres dont il avait un pressant besoin. Mis en liberté, il se fixa à Chémery où il avait un frère, négociant. Le 15 ventôse an VII il demanda un passeport de colporteur qui lui fut refusé ; il fut missionnaire diocésain et alla plusieurs fois à Attigny [occupait la cellule n° 44].

148. — DELAHAUT (GABRIEL-ETIENNE), né à Ivoy-Carignan le

27 décembre 1768, fils de Lambertine Fraipon. (Voy. ce nom). Détenu au Mont-Dieu avec sa mère, le 30 avril 1793 il demanda sa mise en liberté, fut renvoyé au Comité de surveillance de Sedan. Il épousa à Verdun, le 29 thermidor an II, Jeanne-Victoire La Pèche dont il eut plusieurs enfants. (Voy. Manuel de la Meuse. par Jeantin, p. 2297 [occupait la cellule n° 29].

149. — DELAHAUT (MARIE-JEANNE-HENRIETTE-ANGÉLIQUE), épouse Ide Desse, née à Carignan, morte au même lieu, le

28 décembre 1826, âgée de 56 ans [occupait la cellule n° 13].

DELAHAUT veuve. (Voy. FRAIPONT L.).

150. — DELALLE ou DELHALLE (JOSEPH), dominicain de Revin, ancien professeur de théologie, né à Gédinne le 18 mars 1748. C'est évidemment lui qui fut arrêté le ler frimaire an II pour être conduit le lendemain matin au Mont-Dieu sous le nom un chanoine d'Aile.

151. — DELARUE (PIERRE-PAUL), receveur des domaines, né à Vitry-le-François, mort à Sedan le 19 floréal an XI, âgé de 49 ans, célibataire. Incarcéré au Mont-Dieu pour avoir manqué de convenances avec le public [occupait la cellule n° 23],

152.—DELATTRE-BECKER le jeune (JEAN-BAPTISTE), de Sedan. Incarcéré le 18 brumaire pour avoir partagé les nombreuses machinations du club de la Vendée. Le 5 thermidor an II, lors de l'apposition des scellés chez lui, rue Maqua, dans la maison Guerin, on trouva un imprimé ayant pour titre : La Société Jacobite et Montagnarde de Sedan nouvellement régénérée, à la Convention nationale en date du 13 germinal an II [occupait la cellule n° 22].

153. — DELETANG (MICHEL), charron, né à Omont, mort à Chagny le 9 janvier 1808, âgé de 56 ans.

154. — DELISLE (JOSÉPHINE), épouse Mongelas de Charleville, détenue au Mont-Dieu comme suspecte.


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155. — DELUELLE (AIMABLE), né à Tournay vers 1761, charpentier à Gué d'Hossus [occupait la cellule n° 4].

156. — DEMANDRE (MARIE-MARGUERITE), femme Lhoste, de Charleville, née vers 1740. Incarcérée le 6 frimaire à cause de ses principes religieux.

157. — DEMANET-DECROSSE, de Givet. Détenu au Mont-Dieu pour avoir arraché la plume des mains du maire de Givet, Delecolle, en pleine municipalité. Autipatriote acharné, a dit Delecolle [occupait la cellule n° 40].

158. — DEMAUGRE (JEAN), prêtre pensionné à Carignan. Né à Sedan, place du Château, le 28 février 1714, mort à Carignan le 29 floréal an IX. Détenu au commencement de 1793, étant considéré comme émigré, fut enfermé une deuxième fois comme accusé d'avoir de l'esprit et d'être tenté d'en faire usage pour causer du trouble (il avait 80 ans). (Voy. Boulliot, Biographie ardennaise) [occupait la cellule n° 43].

159. — DEMAUGRE (MARIE-FRANÇOISE), soeur du précédent, née à Sedan, morte à Carignan le 3 germinal an IV, âgée de 75 ans. Emprisonnée avec son frère comme fanatique et aristocrate [occupait la cellule n° 43].

160. — DENIVEL. Détenu au Mont-Dieu le 3e jour complémentaire an II. Sambin le dénonça comme un homme dangereux et dont la probité équivoque lui a valu un mois de cachot. Avec La Chapelle, de Sedan, Caillet, de Lonny, ils formèrent des complots dans leurs conciliabules et suscitèrent des désordres dans la maison de détention.

161. — DENTREMEUZE (LÉONARD-XAVIER), juge au tribunal du district de Charleville, né en celte ville et mort le 29 floréal an XI, âgé de 83 ans, juge au tribunal criminel des Ardennes. Traduit au tribunal révolutionnaire de Paris, il fut acquitté et mis en liberté le 5 vendémiaire 1794.

162.—DEPINOIS ou DESPINOIS (PIERRE), né à Rethel, facteur d'orgues à Vouziers où il est mort le 4 septembre 1806, âgé de 53 ans. Détenu au Mont-Dieu comme accusé de propos antipatriotiques tenus lors de l'invasion. Il sollicita sa mise en liberté le 19 pluviôse au II. Rentré à Vouziers, il subit la honte d'être désarmé ; cette mesure l'aigrit, car il fut accusé d'avoir fait le 22 floréal des menaces violentes au procureur syndic du district [occupait la cellule n° 5].


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163.—DERVIN (NICOLAS), ex-minime, prêtre insermenté à Rethel où il est né et mort le 25 germinal an V, âgé de 77 ans, atteint de paralysie et d'aliénation mentale, recommandé à la surveillance des gardiens du Mont-Dieu comme prêtre dangereux ! [occupait la cellule n° 54].

164. —DERVIN (FÉLIX), missionnaire lazariste de Sedan selon les uns, de Rethel selon d'autres, décédé le 18 brumaire [occupait la cellule n° 53].

165. — DESBORDES père, de Charleville.

166. — DESBORDES (FLORE), fille du précédent.

167. — DESBORDES (EUGÉNIE), id. id. 168.—DESBORDES (ADELAÏDE), id. id. DESBORDES femme. (Voy. SAINT-PÈRE).

169. — DESCARREAUX (ANTOINE), né à Montmeillant, fut aubergiste à Charleville où il est mort sous les Allées, le 1er mars 1837, âgé de 83 ans. Il eut deux fils officiers ; l'un d'eux, Jérôme, officier de la Légion d'honneur, fut sous-inspecteur des forêts à Charleville ; un autre fils fut avoué. Antoine Descarreaux fut emprisonné par ordre de Levasseur du 16 floréal an II [occupait la cellule n° 69].

170. — DESMARAIS (NICOLAS-JÉROME), né à Paris, maréchal des logis de gendarmerie à Charleville, mort en cette ville le 25 novembre 1821, âgé de 72 ans; il étail aubergiste rue de la Paroisse. Envoyé au Mont-Dieu par le Comité révolutionnaire de Sedan ; le 7 pluviôse an II l'administration demanda les motifs de sa détention [occupait la cellule n° 44].

171.—DESMARAIS (FRANÇOIS TORCHON-), prieur de Regniowez et supérieur de la maison conventuelle dudit lieu, né à Paris le 6 janvier 1736; il fut envoyé au Mont-Dieu après le 24 nivôse an II. (Voy. Biographie ardennaise, par Boulliot).

172. — DESPIART (MARIE-LOUISE-ELÉONORE), née le 13 février 1758 à Charleville où elle tint par la suite un café [occupait la cellule n° 17|.

173. — DESROUSSEAUX (LOUIS-GEORGES), fabricant de draps, maire de Sedan, sa ville natale, né le 21 avril 1752, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris et exécuté le 3 juin 1794. Lors de l'arrestation des commissaires de la Convention,


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il dut quitter la ville de Sedan, ce qui lui valut d'être accusé d'émigration ; il n'eut pas de peine à se justifier de cette accusation puisque son commerce l'appelait souvent à l'étranger. Le 16 décembre 1792 le Minisire donna un avis favorable et l'administration le raya de la liste des émigrés. La Terreur reprit ces griefs contre Desrousseaux, l'accusant d'avoir été l'agent de Lafayette, d'avoir contribué à l'arrestation des représentants le 14 août 1792, d'être sorti du territoire de la République, d'avoir eu dans son portefeuille le testament de Capet et d'autres papiers suspects. Il fut incarcéré et toutes les justifications qu'il put fournir ne l'empêchèrenl pas d'être conduit à Paris avec les membres de l'ancienne municipalité et condamné avec eux. (Voy. Biographie ardennaise, ler vol.; Revue historique des Ardennes, par Sénemaud; Almanach Matot-Braine, 1903).

174. — DESSAULX (LOUIS-JOSEPH), ex-lieutenant au régiment d'artillerie de La Fère, né à Chestres le 13 juin 1739, mort à Ballay le 19 prairial an XII, fils de Henri et d'Elisabeth Marlier. Il fut détenu au Mont-Dieu dès le 17 octobre 1793, pour ne pas avoir fait remise de sa croix de Saint-Louis et de son brevet, comme ci-devant noble et sous prétexte que son fils aîné était émigré, alors qu'il habitait Boulain, écart de Wiseppe (Meuse). Le 25 fructidor an II, le Comité révolutionnaire de Vouziers le fit mettre en liberté. Ayant appris que Delacroix révoquait les élargissements prononcés par les communes, L.-J. Dessaulx se constitua de nouveau prisonnier au Mont-Dieu, le 25 vendémiaire an III. Deux jours après il sollicila sa liberté pour pouvoir cultiver ses terres et faire vivre sa nombreuse famille. Les Comités révolutionnaires de Vouziers et de Ballay prirent tant de mesures coercitives contre Dessaulx et sa femme qu'ils furent presque ruinés, leurs bestiaux périrent, on s'empara de leurs bâtiments pour y établir une fabrique de salpêtre [occupait la cellule n° 28].

DESSAULX, femme du précédent. (Voy. LISLEBONNE).

175. — DESSAULX (CHARLES-HENRI-JOSEPH), ancien capitaine au régiment de la Couronne à Ballay où il est né le 5 mars 1743 et mort le 20 floréal an X. Il était fils de Joseph et de Suzanne de Regnier. Enfermé au Mont-Dieu sous prétexte d'émigration et malgré ses justifications et comme ci-devant noble. Il occupait avec sa femme et ses deux enfants la cellule n° 33.


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DESSAULX, femme. (Voy. DE LISLEBONNE).

176. — DESSAULX (MARGUERITE), née à Ballay le 18 décembre 1730, morte au même lieu, le 14 septembre 1808, soeur du suivant, elle fut arrêtée le 17 octobre 1793 comme ci-devant noble [occupait la cellule n° 33].

177. — DESSAULX (SIMON-FRANÇOIS), né à Clairefontaine (Chestres), le ler mai 1743, laboureur à Noirval où il est mort le 27 septembre 1812, étant maire. Incarcéré au Mont-Dieu le 16 brumaire an II parce que son fils Louis était émigré, qu'il avait entretenu des relations avec les émigrés lorsqu'ils occupaient le territoire. L'administration fît sequestrer ses biens. Taxé à 500 livres par arrêté du district de Sedan du 1er floréal an II. Il fut remis en liberté le 1er frimaire an III [occupait la cellule n° 33].

DESSAULX, femme du précédent. (Voy. CHAMPENOIS J.-M.-E.). DESSE, veuve. (Voy. LEROUX). DESSE, femme. (Voy. DELAHAUT).

178. — DESSE (JEAN-FRANÇOIS-OLIVIER-IDE), ex-conseiller à la Cour souveraine de Bouillon, brasseur, plus tard juge de paix, né à Carignan, mort au même lieu, le 7 mars 1843, 80 ans. Jean-François-Olivier-Ide Desse, sa femme, sa mère, sa bellemère, ses trois soeurs, son frère, son beau-frère, furent détenus au Mont-Dieu comme suspects et condamnés à une contribution de 500 livres.

Louis-Etienne POULAIN, ancien maire de Carignan, qui avait épousé sa soeur en 1790, fut décrété d'arrestation en brumaire an II ; il prit la fuite, sans quoi il est à présumer qu'il aurait porté sa tête sur l'échafaud.

179. —DESSE (IDE), née à Carignan, y décédée le 16 janvier 1824, âgée de 56 ans.

180. — DESSE (LOUISE), née à Carignan, mariée à Carignan à Jean-Baptiste François (voyez ce nom), morte à Mouzon le 11 décembre 1832, âgée de 59 ans.

181. — DESSE (MARIE-VICTOIRE), née à Carignan le 17 janvier 1772, mariée au même lieu, le 4 floréal an X, à Ch.-L.-Grég. Philippoteaux, marchand, né à Donchery.

182. — DESSE (CHARLES-LOUIS), fut maître de forges au Fond de Saulx, près Matton, et à Orval, né à Carignan, mort au même


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lieu, le 29 juin 1847, âgé de 77 ans. Toute la famille Desse occupait la cellule n° 13.

183. — DESTENAY (LÉONARD), marchand à Carignan où il est né et mort le 4 prairial an X, âgé de 75 ans. Incarcéré au Mont-Dieu le 3 frimaire. Le 15 nivôse an II, les habitants d'Ivoy attestèrent que L. Destenay et sa fille avaient toujours montré le patriotisme le plus pur.

184. — DESTENAY (ELISABETH), fille du précédent, née à Carignan, morte au même lieu, le 8 ventôse an VIII ; le père et la fille occupaient la cellule n° 20.

185. — DESTREMONT (JACQUES-LOUIS), procureur à AubignyMarlemont. Dénoncé le 4 frimaire an II par le Comité de surveillance du lieu pour avoir troublé les réunions de la Société populaire, l'administration donna l'ordre de le conduire aux prisons de Mézières pour être déféré à l'accusateur public.

DEV1LLE. (Voy. ANTOINE).

186. — DIEBOLD (FRANÇOIS), secrétaire de Paul d'Herville, né à Wautzen. Le Comité de surveillance de Mézières le déclara suspect le 3 brumaire an II et ordonna de le conduire au Mont-Dieu.

187. — DIROIS (LOUISE), veuve Courtin, ci-devant seigneur de Vaux-Champagne. Le 20 avril 1793 on dénonça à l'administration départementale le château de Vaux comme servant d'asile à des prêtres déportés et autres ennemis de la chose publique. Mogue fut délégué pour s'assurer de la personne de ces contrerévolutionnaires ; la veuve Courlin fut arrêtée avec sa servante, Ad.-M.-R.-Mad. Chevalier. L'administration la fit remettre en liberté le 18 mai, à la condition de ne plus tenir de propos inciviques et de payer les frais faits par Mogue et ses acolytes. La veuve Courtin fut de nouveau arrêtée avec sa servante et conduite au Mont-Dieu; elle sollicite de Massieu, le 19 pluviôse an II, sa mise en liberté. Le 24 vendémiaire an IV, elle réclama les armes que Mogue avait enlevées chez elle en avril 1793. Elle mourut à Vaux le 29 pluviôse an VII, âgée de plus de 80 ans.

188. — DONNÉ (MARGUERITE), veuve de Nicolas Chepy ; elle se remaria à Sedan, à l'âge de 35 ans, le 29 juillet 1784, à Jean-Baptiste Brasseur. Dénoncée par le perruquier Figuières, l'un des farouches terroristes sedanais : elle fut incarcérée le


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19 brumaire. Marguerite Donné est morte le 3 prairial an X, pendant que son mari défendait la France. Jean-Baptiste Brasseur est mort capitaine d'artillerie à l'hôpital de Santiago (Espagne), le 31 mai 1809 ; il était né à Sedan le 19 mai 1759.

DOFFAGNE, veuve. (Voy. LECUY).

189. — DOR1VAL (JEAN-FRANÇOIS-ALEXANDRE), procureur en la maîtrise des eaux et forêls de Château-Regnault, né en ce lieu, le 10 décembre 1727, mort à Mézières le 21 pluviôse an VIII. Fut arrêté et conduit au Mont-Dieu comme suspect et ex-procureur du tyran.

190. — DORIVAL (MARIE-BARBE), veuve le 3 avril 1785 de Gabriel Tanton. Incarcérée le 18 brumaire comme accusée de mettre la vie des Jacobins en danger.

DOUGLAS. (Voy. BOISSON).

191. — DOUTÉ (MARIE-JEANNE), épouse F. Charpentier, de Château.

192. — DRIEN (FRANÇOIS), sergent de ville à Mouzon où il est né le 5 octobre 1757 et mort le 24 décembre 1828 [occupait la cellule n° 15).

193. — DRION, d'Aulry. DROUIN, veuve. (Voy. CROMMELIN).

194. — DUFRENE, membre de la Société populaire de Sedan, il fut mis en arrestation ; le 27 ventôse an II, il y eut conflit entre cette Société et la municipalité sedanaise.

DUHAN, dame. (Voy. SAINT-QUENTIN).

195. — DUMENIL (LOUIS-ALBERT-CHRISOSTOME), âgé de 44 ans, arrêté chez son père à Sedan le 19 brumaire, ignorant par quelle autorité. Mis en liberté le 10 fructidor an II, suivant l'arrêté du Comité révolutionnaire de Sedan [occupait la cellule n° 22].

196. — DUMONT (JEAN), curé de Margut depuis 1776, détenu à Mézières, puis au Mont-Dieu, quoique malade, du 23 mai 1793 au 29 octobre 1794 (d'après l'abbé Hamon, Histoire de Margut, il est mort en 1797) [occupait la cellule n° 37].

197. — DUMONT (Louis), curé assermenté de Tétaigne, né le 30 août 1752. Détenu au Mont-Dieu pendant la Terreur, dans la cellule n° 7, Le 29 thermidor an III, il déclara se retirer à Sauville.


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198. — DUPIN, directeur de l'hôpital de Givet, détenu depuis 69 jours, il demanda le 4 pluviôse an II à connaître les motifs de son arrestation, que le Comité de surveillance refusait de lui communiquer.

199. — DUPREZ (JEAN-BAPTISTE), né à Mouzon le 9 août 1750, fils et gendre de tailleurs, acquéreur de la maison abbatiale de Mouzon, détenu au Mont-Dieu ; le 18 pluviôse an II il demanda communication du jugement rendu contre lui [occupait la cellule n° 23].

200. — DURAND (JEAN-BAPTISTE), garde des bois communaux de la Cabe à Lalobbe, né en 1730, mort à Lalobbe le 12 juillet 1813. Arrêté parce qu'il aurait prêté un fusil à Rondeau (voy. ce nom) [occupait la cellule n° 37].

201.—DUTERNE (JACQUES-THIERRY), ex-grenadier au régiment de Foix, fabricant de savons à Sedan, il demeurait place de la Halle, chez Balle. Arrêté le 1er thermidor an II [occupait la cellule n° 23].

202. — EDET (Louis), menuisier à Sedan où il est né le 7 janvier 1730, demeurait rue Berkof. Condamné à mort avec la municipalité sedanaise et exécuté le 3 juin 1794 [occupait la cellule n° 35].

203. — EDET le jeune (MICHEL-LOUIS), charpentier et maître de la communauté des charpentiers de Sedan en 1789, né en cette ville, le 20 février 1748. Arrêté et conduit au Mont-Dieu le 17 brumaire an II comme suspecl, en qualité d'ancien administrateur, destitué par Hentz et Bô. Jeanne Jacquemart, sa femme, sollicita sa mise en liberté pour faire vivre ses enfants. Condamné et exécuté avec son oncle, le précédent [occupait la cellule n° 5). (Voy. Biographie ardennaise, de Boulliot, t. Ier; Almanach MatotBraine, 1904, p. 283-310).

ESCAMOUSSIER. (Voy. L'ESCAMOUSSIER).

204. — ETIENNE (Louis), manoeuvre à Vouziers, né à SaintVincent (Belgique) vers 1765. Marié à Vouziers le 20 fructidor an II.

205. — ETIENNE (PIERRE-MARCELIN), vicaire de Rumigny, curé constitutionnel de Prez. Fut détenu comme suspect à la suite d'une dénonciation faite contre lui ; le 5 ventôse an II, il fit la remise de ses lettres de prêtrise et le lendemain l'administration décida qu'il serait mis en liberté.


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206. — FAILLY (REMY-CHARLES DE), ci-devant seigneur de Condé-lez-Herpy, né à Givry le 29 décembre 1744, mort à Rethel le 5 septembre 1829. Détenu au Mont-Dieu avec sa femme à cause de l'émigration de leur fils [occupait la cellule n° 34].

FAILLY, femme du précédent. (Voy. D'HANGEST).

207. — FAILLY (PHILIPPE-LOUIS DE), de Jonval où il est mort le 2 vendémiaire an XIII, était né aux Andignies le 24 octobre 1728. Emprisonné à Mézières puis au Mont-Dieu pour avoir dit qu'il avait signé dans le temps pour le roi et qu'il signerait encore. Le

18 thermidor an II, l'agent national demanda que de Failly soit traduit au tribunal révolutionnaire. La chute des terroristes le sauva.

208.—FAVEAU (JEAN-GUILLAUME), horloger à Semuy, dénoncé pour fabrication de fausse monnaie, pris et conduit aux prisons de Mézières ; l'accusation portée contre lui n'ayant pas été reconnue juste, il fut néanmoins maintenu en prison comme suspect, mis en liberté après le 7 thermidor an II [occupait la cellule n° 25].

209. — FAVERIAUX (NICOLAS-JEAN), né à Sedan le 29 juillet 1731, fils d'un tondeur de draps, curé de Balan, puis de SaintLaurent depuis 1773, prêta le serment constitutionnel. Emprisonné au Mont-Dieu pendant la Terreur ; le 21 frimaire an II il vivait retiré à Sedan, mort à Saint-Laurent le 22 mai 1807.

210. — FAY (JEAN-PIERRE), cultivateur à Tourteron, envoyé au Mont-Dieu comme suspect, comme accusé d'avoir refusé des grains à ceux de ses concitoyens qui en manquaient. Elargi par Levasseur le 26 prairial an II, il acquitta une taxe de 400 livres [occupait la cellule n° 51].

211. — FAY D'ATHIES (HENRI-FRANÇOIS-JOSEPH DE), né le

19 mai 1754 au Chesnois-ès-Rivières. a habité Rozoy-sur-Serre, puis Charleville. Ancien lieutenant des maréchaux de France, déclaré suspect comme ex-noble, ayant fait des voyages à Verdun lors de l'invasion et n'ayant pas manifesté constamment de civisme. Après l'évacuation du Mont-Dieu, il fut ramené à la prison Saint-Pierre à Mézières ; mis en liberté le 17 nivôse an III. Il avait épousé à Mézières, le 6 mai 1782, Marie-Louise-SimonneMaximilienne de Valentin [occupait la cellule n° 39].

FAY D'ATHIES, femme du précédent. (Voy. VALENTIN). FÉLIX, frère. (Voy. DERVIN).


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212. — FÉRET (CH.-HENRI-LOUIS DE), curé de Bazeilles, né à Géromont, écart de Baâlons, le 20 janvier 1759, mort au même lieu, le 5 mai 1849. Emprisonné comme suspect; pendant qu'il était en prison, plusieurs officiers municipaux ont pillé sa maison de Bazeilles. Sous le prétexte de dresser l'inventaire du mobilier du détenu, ils s'installèrent au presbytère pendant deux jours, tuèrent un porc dont ils mangèrent la moitié, burent trente bouteilles de vin et consommèrent vingt livres de pain ; fut curé de Baâlons après le Concordat jusqu'en 1841. On voit sa tombe à l'entrée du cimetière de Baâlons [occupait la cellule n° 20].

213. — FINFE (CLAUDE-ANTOINE-ROBERT DE), né à SaintPierremont le 28 juillet 1766, mort à Mont-Laurent le 5 décembre 1831 ; incarcéré au Mont-Dieu à cause de l'émigralion de ses frères. Le 29 vendémiaire an III, il s'évada du Mont-Dieu et se réfugia à Saint-Pierremont, chez un ancien fermier de sa famille, puis plus tard à Paris où il se fit inscrire comme étudiant naturaliste [occupait la cellule n° 17].

214. - FOICY ou FOIZY (NICOLAS), curé du Châtelet, né le 14 juin 1744 à Wasigny où son père était maître d'école, mort curé de Saint-Loup le 2 septembre 1816. Conduit au Mont-Dieu avec plusieurs de ses confrères du même district, pour être allé exercer les fonctions du culte à Neuflize. (Voir Histoire du Châtelet-sur-Retourne, par Portagnier).

215. — FOISSET (NICOLLE), née à Carignan le 18 février 1742, morte au même lieu, le 17 mars 1814.

216. — FOISSET (PHILIBERTE), marchande à Carignan où elle est morte le 4 nivôse an III ; 43 ans.

217. — FOISSET (HENRIETTE), soeur des précédentes, née à Carignan le 17 septembre 1756, morte à Sedan le 1er janvier 1826, veuve Charbuy en premières noces et Bridier en deuxièmes noces. Filles de Jean-Pierre Foisset-Destenay, ces trois soeurs furent emprisonnées parce que leur oncle, Pierre-Jean-Baptiste Foisset, curé de Guignicourt, était reconnu émigré ; libérées le 10 fructidor an II (1) [occupaient la cellule n° 22].

218. — FOREST (JACQUES OU JEAN-NICOL), mort à Saint-Jeanaux-Bois le 11 brumaire an III, âgé de 51 ans. Emprisonné avec sa

(1) Françoise Foisset rut inhumée dans l'église de carignan, le 13 lévrier tes*. François-Otton Foisset était chanoine trésorier de l'église collégiale de Carignan en 1709,


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femme et sa fille à cause de l'émigration de son fils Jean-Baptiste, curé de Vaux-Champagne, devenu curé de Saint-Jean-aux-Bois après le Concordat [occupait la cellule n° 14].

FOREST, femme. (Voy. RONDEAU).

219.— FOREST (1) (MARIE-NICOLLE-SOPHIE), fille des précédents, âgée de 23 ans au décès de sou père. La famille Forest occupait la cellule n° 14.

220. — FORTIER (CATHERINE), religieuse de Rethel, détenue au Mont-Dieu avec ses compagnes pour refus de serment. Après l'évacuation du Mont-Dieu elle fut transférée à Sedan où elle était encore le 14 nivôse an III [occupait la cellule n° 5].

221.—FORVAL (MARIE-ANNE-LOUISE-ELÉONORE DESHAYES DE), née à Séez le 4 mai 1744, ex-chanoinesse de Malte à Charleville où elle est morte, rue de la Paroisse, le 1er février 1814. Détenue au Mont-Dieu, elle fit le serment concordataire en l'an X [occupait la cellule n° 17].

FOSSART DE ROZEVILLE. (Voy. ROZEVILLE).

FOUGÈRES, épouse de. (Voy. MONFRABEUF).

222. — FOUGÈRES (LOUISE-MARIE-JEANNE-FRANÇOISE-JULIE DE), fille de la précédente, née le 26 janvier 1782, mariée à Verrières le 8 septembre 1805 à de Surirey de Saint-Remy.

223. — FOUGÈRES (FRANÇOISE-FLORENCE DE), née à Aure en 1783, mariée aux Petites-Armoises le 10 octobre 1809 à LouisFrançois-Anne de La Rivière.

224. — FOUGÈRES (CHARLES DE), frère des précédentes. La famille de Fougères-Monfrabeuf occupait la cellule n° 1.

225. — FOURIER (JEAN-BAPTISTE), né à Brandeville (Meuse), le 10 mars 1749, mort magistrat à Sedan le 19 novembre 1826. Incarcéré pour avoir fait partie de l'ancien club de la Vendée [occupait la cellule n° 17].

226. — FOURNIER (2) (PIERRE-CHARLES), marchand épicier, né à Sedan le 4 novembre 1751, mort sur l'échafaud révolutionnaire le 3 juin 1794 avec la municipalité sedanaise. Lors de

(1) Jean Hubert, historien, indique Forest de Charleville comme ayant été détenu au Mont-Dieu.

(2) Fournier, de Rimogne, dénoncé le 30 septembre 1793 par plusieurs de ses concitoyens pour avoir tenu des propos inciviques, fut conduit aux prisons de Charleville. L'administration de Rocroi protesta contre cette arrestation qu'elle trouva illégale.


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sa détention, Marguerite Willème, sa femme, demanda les motifs de l'arrestation. (Voy. BOULLIOT) [occupait la cellule n° 22].

227. — FRAIPON (THÉRÈSE-LAMBERTINE), veuve le 23 nivôse an II de Charles-Joseph Delahaut, homme de loi, née à Liège, morte à Carignan le 23 ventôse an IX. Incarcérée le 5 frimaire an II comme fanatique et aristocrate.

228. — FRANCART (JEAN-LOUIS), commis de la manufacture du Dijonval à Sedan, né au Rouilli-Rocroi le 21 septembre 1767, marié à Sedan, il demeurait rue du Ménil, chez son beau-père, M. Esnouf. Le 26 thermidor an II, étant détenu au Mont-Dieu, il demanda au Comité révolutionnaire de Sedan les motifs qui ont provoqué son arrestation.

M. Esnouf (Michel-François), né à Corville (Calvados), fut aussi détenu. Le 26 thermidor il demanda les motifs de son arrestation. Mort à Sedan le 6 thermidor an XI, âgé de 53 ans. [Francart occupait la cellule n° 19].

229. — FRANÇOIS (JEAN-BAPTISTE), né à Marville en 1742, ancien greffier en chef civil et criminel au bailliage de Mouzon, receveur de l'hospice de cette ville, il est mort à Mouzon le 4 mai 1822. Détenu au Mont-Dieu comme suspect ; le 24 fructidor an II, pendant sa détention, il fut mandé à l'administration pour rendre ses comptes. Le 3 brumaire an IV, il sollicita le remboursement des sommes qu'il avait dû verser pendant ses détentions au Mont-Dieu ; l'administration rejeta sa demande, le Mont-Dieu étant en déficit de 50,000 livres; il épousa plus tard demoiselle Desse [occupait la cellule n° 43].

FRANÇOIS, femme. (Voy. PIRRE Gillette).

230. — FRANSQUIN (MARIE-JEANNE), soeur grise de Rethel, emprisonnée pour refus de serment [occupait la cellule n° 5].

231. — FRANSQUIN (JEANNE-MARIE-HENRIETTE), veuve de Jean-Baptiste Charière, receveur des gabelles à Verdun, demeurant à Carignan où elle est morte le 14 floréal an III, âgée de 74 ans. Détenue au Mont-Dieu comme suspecte le 3 frimaire an II.

FRANSQUIN. (Voy. LISLEBONNE).

(A suivre). Ernest HENRY.


— 58 — POÉSIES

QUATRE SONNETS ARDENNAIS( 1)

Sur la route d'Attigny.

J'étais bien jeune, Rose, il vous souvient sans doute A quels jeux innocents nous occupions le jour ? Nous fréquentions la ville; il advint, au retour, Quelquefois, que la nuit nous surprit sur la route.

Vos trois petites soeurs tremblaient du chemin noir, Moi-même, je chantais pour me donner courage, Et mes yeux fouillaient l'ombre, impatients d'y voir Une lumière poindre aux maisons du village.

Tandis que grommelait grand'maman Lardenois, Bonne maman Régnier riait sous ses lunettes, Maman Jeanne pliait sous son fagot de bois.

Ces temps sont loin. La pioche a démoli les toits,

Et, dans le cimetière empli d'herbe muette,

Déjà trop de noms chers se rongent sur les croix !

Vouziers.

Et mon autre racine a son attache ici. 0 Vouziers, pays plat et monotone, en somme Ton jour sobre est égal ; l'horizon éclairci Transmet sa ligne droite aux sentiments de l'homme.

Condé, Biaise, Attigny, Sainte- Vaubourg, Coulomme, Roche, ah ! combien de fois m'égarai-je, ébloui, A travers vos sentiers, seul, affranchi du somme, Tandis que pétillaient les astres de la nuit!

Betteraves, sainfoins, trèfles que l'aube mouille, Saulaie, osiers, vergers, puits dont le fer se rouille, Routes de peupliers vibrants, je vous revois !

Et toi, paisible auberge où s'asseyait Verlaine, Quand rentraient les troupeaux de la ferme prochaine, Et qu'à nouveau le soir faisait fumer les toits !

(1) Ces quatre sonnets ont été publiés dans La Couronne des Jours (Paris, Société du Mercure de France, 1905; un vol. in-18).—Le sonnet sur Vouziers, pays d'origine de la mère du poète, fait suite à un sonnet sur Greffeil, village natal de son père. Les deux sonnets sur Charleville furent composés à l'occasion de l'inauguration du monument d'Arthur Rimbaud.


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Charleville.

I

Rassemblez en bouquets la rose et le lilas, Nouez-les en guirlande à cette architecture, Où — loin des monuments dressés par l'Imposture — Va se perpétuer un los qui ne ment pas !

0 lumières du ciel ! flambeaux ! vous, Dioscures ! Témoignez que Rimbaud, innombrable en ses pas, D'une noble dépouille enrichissant son bras, A bien su de Jason égaler l'aventure !

Aujourd'hui que s'expie un tragique abandon, La foule et le poète échangent leur pardon, Et la Meuse honorée en coule plus fertile.

Rimbaud, reçois ce bronze et, pour juste loyer,

Eternise en retour le nom de Charleville

Qui, sur le tronc de France, ente un nouveau laurier.

II

Le train a remporté mes amis de voyage, Et le square défaille énervé de chaleur, La fête dont l'averse a noyé la lueur Dernière, à travers l'ombre, égoutte son tapage.

Entraînant Angélique au beau chapeau de fleurs, La charmante Isabelle a fui devant l'orage. L'écho ne sonne plus de refrain des buveurs, Et l'âme du mystère a ressaisi l'ombrage.

Dans l'air lourd s'évapore un relent de banquet, Le silence est venu, si ce n'est qu'un hoquet Gargouille au coin d'un mur où vacille un feu blême,

Alors que, dessiné par le feu des éclairs Redoublés, Rimbaud, dieu des feuillages déserts, Porte à son front d'airain l'orage en diadème.

Ernest RAYNAUD.


- 60 - VARIÉTÉ

Inscriptions meusiennes relatives à deux personnages

ardennais.

Les Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc viennent de paraître, t. IV de la IV 0 série, soit le 34e volume : Bar-leDuc, Contant-Laguerre, 1905-1906, in-8°, 430 pages.

Ces mémoires contiennent les inscriptions de l'ancien décanat de Dun, dont faisaient partie les communes d'Andevanne, Barricourt, Tailly.

Ce travail de l'abbé Nicolas, curé de Laneuville-lez-Stenay, contient, outre des reproductions, des Inscriptions de l'arrondissement de Vouziers, par le docteur Vincent, des articles sur Bida, à Murvaux, et de Moriolles, à Halles, qui intéressent les Ardennes.

Sur la cloche de Halles (canton de Stenay), on lit :

L'AN 1787, J'AI ÉTÉ BÉNIE — J'AI EU POUR PARRAIN TRÈS HAUT ET

TRÈS PUISSANT SEIGNEUR MESSIRE ALEXANDRE-NICOLAS-CHARLES-MARIE LÉONARD —

MARQUIS DE MORIOLLES COMTE DE MONCY DE BEAUCLAIR, BEAU

FORT, HALLES, MONT, MONTIGNY, SAULMORY, VILLEFRANCHE

ET AUTRES LIEUX

— MAJOR EN SECOND DU RÉGIMENT DE PENTIÈVRE-DRAGONS ET POUR

MARRAINE TRÈS HAUTE ET TRÈS PUISSANTE DAME MARIE-MARGUERITEANNE

MARIE-MARGUERITEANNE

JOSEPH DE LARDENOY, BARONNE DE MARET

Le marquis de Moriolles, qui était en outre seigneur d'Etrépigny par M. de Cléry, l'un de ses ancêtres, et de Vrigne-aux-Bois par M. Renart de Fuschamberg, autre ancêtre, fut député suppléant pour le bailliage de Sedan en 1789. Déclaré émigré le 4 octobre 1792, ses biens de Vrigne-aux-Bois, Hannogne-Saint-Martin, Etrépigny, Tailly, dans les Ardennes, et ceux de la Meuse furent vendus comme biens nationaux.

Le marquis de Moriolles, émigré en Russie, rentra en France sous la Restauration et mourut en Bretagne en 1845. Il a écrit des Mémoires publiés en 1902, à la librairie Ollendorff, 1 vol. in-8°.

Il a consacré quelques lignes à sa résidence au château d'Etrépigny.


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L'autre inscription est celle du curé de Murvaux, Vivent Bida, qui se trouve sur sa tombe, au cimetière :

CY GÎT V. D. VTVANT BIDA CHANOINE HONORAIRE DE L'ÉGLISE MÉTROPOLITAINE DE REIMS, CURÉ ET BIENFAITEUR DE CETTE PAROISSE PENDANT 40 ANS

DÉCÉDÉ LE 29 JUIN 1808 A L'ÂGE DE 76 ANS, LES HABITANTS

DE CETTE COMMUNE CONSACRENT

A SA MÉMOIRE UN FAIBLE MONUMENT

EN RECONNAISSANCE DE SES BONTÉS

ET DE SES BIENFAITS

PRIEZ DIEU POUR LE REPOS DE SON AME

En 1779, M. Bida établit dans sa paroisse une fondation, destinée à donner annuellement un prix à la jeune fille la plus sage ; le règlement de cette institution était imité de celui de Salency (voir Inventaire des archives de la Marne, clergé séculier, par Demaison, Reims, 1900, p. 265). M. Vivent Bida était né à Charleville le 24 septembre 1732, il était fils de Jacques Bida, greffier de l'hôtel de police, puis brasseur, et de Marie-Thérèse Jacquemart. A la Révolution, le curé de Murvaux se retira à Charleville où il demeura de juin 1791 au 18 mars 1792, puis il émigra. Les deux fermes qu'il possédait à Villers-sur-Bar furent séquestrées le 21 septembre 1792 et vendues le 10e jour du 2° mois de l'an II. La maison de ferme, comprenant cinq espaces de bâtiments, écuries, etc., fut adjugée à Nicolas Billy, de Villers-sur-Bar, pour 5,610 livres. E. H.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

ARCHEOLOGIE PREHISTORIQUE ET RELIGIEUSE

Manuel de Recherches préhistoriques, publié par la Société préhistorique de France. Avec 205 figures dans le texte et 4 tableaux hors texte. — Paris, Schleicher frères, 1906 ; un vol. in-18, IX-332 pp. (Prix : 8 francs).

Orolaunum vicus. Arlon à l'époque romaine, ses inscriptions, ses monuments et son histoire, par J.-P. WALTZING. — Louvain, librairie Peeters, 1904 ; 2 fasc. in-8° parus, 1-52 et 53-92 pp.

Quelques anciennes statues des églises rurales du diocèse de Reims, par Henri JADART. — Reims, impr. de l'Académie, 1905; une


— 62 —

brochure in-8°, 14 pp. (Extrait du tome CXVII des Travaux de l'Académie nationale de Reims). [L'auteur mentionne onze églises ardennaises ou sont conservées d'anciennes statues : Asfeld, Avaux-le-Château, Balliam, Barby, Le Thour, Renneville, Saint-Germainmont, Sévigny-Waleppe et Ville-sur-Retourne (arrondissement de Rethel); — Attigny (arrondissement de Vouziers) ; — Warcq (arrondissement de Mézières)].

FOLK-LORE

Essai de musicologie comparée. — Essai d'une bibliographie de la chanson populaire en Europe, par Pierre AUBRY. — Paris, Alph. Picard, 1905 ; une brochure grand in-8°, 37 pp. (Prix : 5 francs).

La chanson populaire dans les textes musicaux du Moyen Age,

par Pierre AUBRY.—Paris, Champion, 1905 ; une brochure in-8°, 13 pp. (Extrait de la Revue musicale).

Le Folk-lore de la France, par Paul SÉBILLOT. — Tome II : La Mer et les Eaux. — Paris, E. Guilmolo, 1905; un vol. grand in-8°, 478 pp. (Prix : 16 francs).

Flore populaire ou Histoire naturelle des plantes dans leurs rapports avec la Linguistique et le Folk-lore, par Eugène ROLLAND. —Tome V, paru en 1904: Paris, chez l'auteur; un vol. in-8°. [Le tome 1er de cet important ouvrage, qui intéresse tous les départements de la France, a été publié en 1896].

Chansons populaires des Provinces belges. Anthologie, Introduction, Harmonisations et Notes, par Ernest CLOSSON. — Bruxelles, Schott frères, 1905 ; un vol. grand in-4°, XX-222 pp. (Prix : 6 francs).

Règles d'orthographe wallonne, adoptées par la Société liégeoise de Littérature wallonne. Deuxième édition, par Jules FELLER. — Liège, Vaillant-Carmanne, 1905; un vol. in-8°, 72 pp. (Prix : 0 fr. 50).

ÉCONOMIE SOCIALE

La crise de l'état moderne. L'organisation du travail, par Charles BENOIST.—Tome 1er : Enquête sur le travail dans la grande industrie. — Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1905; un vol. in-8°. (Prix: 10 francs). [Indications intéressantes sur les ouvriers en laine et les salaires à Sedan].

GÉOLOGIE, GÉOGRAPHIE, CARTES, VOYAGES

La science géologique. Ses méthodes, ses résultats, ses problèmes, son histoire, par L. DE LAUNAY. — Paris, Armand Colin,

1905 ; un vol. grand in-8°, 751 pp. (avec trois planches hors texte). (Prix : 20 francs).

Traité de géologie, par A. DE LAPPARENT. Cinquième édition, refondue et considérablement augmentée. — Paris, Masson et Cie,

1906 ; 3 vol. in-8°, XVI-2016 pp. (nombr. figures). (Prix : 38 francs).

Résumé sommaire d'éléments de géologie géographique de la France et de l'Algérie à l'usage des touristes, excursionnistes et voyageurs, par J. DEVILERDEAU. — Paris, Imp. Chaudron, 1905; un vol. pet. in-8° 187 pp. (avec gravures). (Prix : 2 francs).


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Les Tremblements de terre, Géographie sismologique, par F. DE

MONTESSUS DE BALLORE, avec une préface par M. A. de Lapparent. — Paris, Armand Colin, 1906; un vol. in-8° (avec 89 cartes et figures et 3 cartes hors texte). [Indications pour l'Ardennej.

Ministère des Travaux publics. — Carte géologique de la France, à l'échelle du millionième, exécutée en utilisant les documents publiés par le Service de la Carte géologique détaillée de la France, sous la direction de MM. MICHEL-LÉVY et TERMIER. Deuxième édition, complètement remise à jour. — Paris, Ch. Béranger, 1905 ; en 4 feuilles de 0m65 sur 0m60, imprimées en 41 couleurs. (Prix : 9 fr. 50), ou en une feuille in-plano collée sur toile et pliée. (Prix : 15 francs).

France : Carte des rivières navigables et des canaux exécutés, en exécution ou projetés, à l'échelle du 1.390.000e. — Paris, 1906; 1 feuille format grand-monde. (Prix : 4 francs), ou collée et pliée sous couverture. (Prix : 8 francs).

Zigzags en France, par Henri BOLAND. — Paris, Hachette et Cie, 1905 ; un vol. in-16 (59 gravures). (Prix : 4 francs). [Réunion de récits de voyage parus dans la Revue mensuelle du Touring-Ctub de France. On y trouve des récits d'excursions dans la Vallée de la Meuse, le Luxembourg, etc. Chaque chapitre est suivi d'indications sur les itinéraires, les moyens de communication, les prix et les hôtels].

La Champagne. Etude de géographie régionale, par Emile CHANTRIOT. — Nancy-Paris, Berger-Levrault et Cie, 1906 ; un vol. grand in-8°, XXIV-316 pp. (avec 31 gravures, 21 planches et 17 cartes ou graphiques). (Prix : 8 francs).

Les Cartes anciennes de la Champagne. Catalogue et observations critiques, par Emile CHANTRIOT. — Nancy-Paris, BergerLevrault et Cie, 1906 ; un vol. grand in-8°, VIII-90 pp. (Prix : 3 fr. 50).

L'Argonne. Guide du touriste et du promeneur. Texte et dessins de Jean DE ROTONCHAMP.— Sainte-Menehould, Libr. Martinet-Heuillard, 1905 ; un vol. petit in-8°, 107 pp. (Avec 13 dessins, une carte des environs de Valmy et une carie hors texte de l'Argonne). (Prix : 2 francs). [La huitième et dernière excursion fait passer le touriste par le département des Ardennes : Autry, Lançon, Senuc, Grandpré, Saint-Juvin, Chéhéry, Châtel et Apremont).

Sur les Côtes de Meuse, par Jean SAINT-YVES. — Paris, Edition de « Patria », 1906 ; un vol. in-16. (Prix : 3 fr. 50).

Les Ardoisières du Bassin de Fumay, par J. LÉVÊQUE, ingénieurdirecteur d'ardoisières. — Edition du journal « L'Usine », à Charleville, 1905 ; une brochure in-12, 54 pp. (avec carte au 5,000°, une coupe au 1,200e et 8 vues en phototypie. (Prix : 1 fr. 25).

Panorama de la Belgique, album photographique du TouringClub de Belgique. — Bruxelles, Touring-Club, 1905 ; grand port-folio illustré (prix : 9 fr. 50). [Belle et luxueuse publication, complète en 12 livraisons, où les provinces wallonnes et ardennaises sont parmi les plus intéressantes. Chaque fascicule s'ouvre par un article de Jean D'ARDENNE. Les photographies sont empruntées à la collection de la maison Edouard Nels ; les clichés sont de Jean Malvaux. Collection unique de documents réunis avec goût et qui donnent une idée extraordinairement vivante des beautés du pays].


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La Vie belge, par Camille LEMONNIER. — Paris, E. Fasquelle, 1905 ; un vol. in-12, 292 pp. (Prix : 3 fr. 50).

Etudes sur l'évolution des rivières belges, par J. CORNET. — Liège, 1904 ; un vol. In-8°, 142 pp.

La Semois pittoresque, par Edmond RAHIR.— Bruxelles, J. Lebègue et Cie, 1903 ; un vol. in-8°, 258 pp. (avec une carte et 55 photographies). (Prix : 3 fr. 50). [La Semois française y est décrite].

Légendes et Profils des Hautes-Fagnes. Autour de la Baraque Michel, par Albert BONJEAN. — Verviers, Ch. Vinche, 1905 ; un vol. in-8°, 253 pp. (avec une planche et gravures). (Prix : 2 francs).

La Spéléologie au XXe siècle, revue et bibliographie des recherches souterraines de 1901 à 1906, par E.-A. MARTEL. — Paris, 1906 ; in-8°, 810 pp. (Extrait de Spelunca, Nos 42-46). (Prix : 25 francs).

LITTÉRATURE ET BIOGRAPHIE

Un socialiste révolutionnaire au commencement du XVIIIe siècle : Jean Meslier, par PETITFILS. — Paris, Giard et Brière, 1905 ; un vol. in-8°. (Thèse de doctorat).

Jules Michelet. Etudes sur sa vie et ses oeuvres avec des fragments inédits, par Gabriel MONOD. — Paris, Hachette et Cie, 1905; un vol. in-18, 384 pp. (Prix : 3 fr. 50). [Intéressant pour les Ardennes].

H. Taine. Sa vie et sa correspondance. — Tome III. L'historien,

1870-1875. — Paris, Hachette et Cie. 1905 ; un vol. in-16, 363 pp. (Prix : 3 fr. 50).

H. Taine, d'après sa correspondance, par C. LECIGNE. — Paris, Sueur-Charruey, 1905 ; une brochure in-8°, 35 pp.

La Psychologie des individus et des sociétés chez Taine, historien des littératures. Etude critique, par Paul LACOMBE. — Paris,

F. Alcan, 1905 ; un vol in-8°, n-382 pp. (Prix : 7 fr. 50). (« Bibliothèque de philosophie contemporaine »).

Rimbaud, par Ernest DELAHAYE. — Reims-Paris, Revue littéraire de Paris et de Champagne, 1906 ; un vol. in-16, 217 pp. (avec 2 gravures hors texte). (Prix : 4 francs. — Est en vente également à la librairie

G. Lenoir, à Charleville).

Vie de M. l'abbé Gillet, archiprêtre de Charleville, par M. l'abbé V. BÉGUIN. — Reims, Typ. et Lith. Lucien Monce, 1905 ; un vol in-8°, 380 pp. (avec portrait). (Prix : 3 fr. 75).

Un poète de la Vie moderne : Emile Lante, par ANDRÉ-FAGE. — Valenciennes, Edition de «L'Essor septentrional», 120bis, rue de Paris, 1905; une plaquette in-8°, 20 pp. (Prix: 0 fr. 50).

Ebauches et Croquis. Sonnets, par Gaston DOQUIN. Avec préface de M. Ch. Lexpert. — Sedan, 1906 ; une plaquette in-8°. (Prix : 0 fr. 60).

Le Gérant : E. LAROCHE. Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22.


A propos de RIMBAUD

SOUVENIRS FAMILIERS

A Charles HOUIN.

Je vous avais proposé de faire dire tout ceci par un supposé tiers, narrateur désintéressé, en vue d'éviter le « haïssable moi » contre lequel, si justement, nous prémunit Boileau. Dédaigneux, des susceptibilités classiques, vous avez répondu : turlululu ! Ils seront donc, cher ami, comme vous l'exigez, ces souvenirs miens de Rimbaud, c'est-à-dire beaucoup plus personnels que je ne l'eusse désiré. Je serai obligé de produire souvent, trop souvent, au risque d'agacer vos lecteurs, mon pauvre, insignifiant « ego » à côté de cette individualité énorme. Fiat voluntas tua!... Mais que les abonnés de la Revue d'Ardenne et d'Argonne vous maudissent, vous pendent, vous fassent président d'une « association cultuelle » : vous ne l'aurez certes pas volé !...

J'ai raconté clans le sévère ouvrage que vend — oh ! presque pour rien — notre ami Georges Lenoir, comment le gamin que j'étais en 1867 vil pour la première fois Arthur Rimbaud tourmentant, de complicité avec son frère aîné Frédéric, une pauvre petite barque amarrée au bord de la Meuse, en bas de la place du Saint-Sépulcre, en face du Mont-Olympe et de la « Tour Lolo », — demandez l'explication de ce dernier vocable aux plus vieilles têtes qui peuvent encore branler sur de carolopolitaines épaules. J'avais été frappé tout de suite, je l'avoue, de ce que ces bons petits garçons aux joues saines, au costume propret non à la mode, différaient sensiblement des autres petits garçons non moins bons, sans doute, mais beaucoup plus remuants ou bruyants, qui s'agitaient, en un hourvari qui m'embêtait bien un peu, sur ladite place du Saint-Sépulcre, en attendant que s'ouvrit une porte surmontée de ce mot, sculpté dans la pierre jaune : « Collège ».

Avec un accent grave. En 1867 c'était une faute d'orthographe, et notre professeur, qui l'avait remarquée, ne manquait pas de Riv. D'ARD. ET D'ARG, T. XIV, Nos 5 et 6.


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nous avertir, très spirituellement, qu'il ne fallait pas prendre pour maître de langage un tailleur de pierres.

A huit heures moins deux, premier coup de cloche, pour avertir; alors le concierge, « le père Chocol », — surnom qui s'explique de lui-même (on en vint à dire — mystérieux abîme de perversité verbale ! — « Chocoul, Choucol, Cheucheul el Chochol ») — respectable vieillard au pas traînassant, coiffé d'une casquette plutôt mollasse, mais, en revanche, cuirassé d'un tablier de toile bleue aux raideurs impressionnantes, ouvrait violemment la porte en chêne clair. On se précipitait — bêlement craintifs, tous ces Capitaine Fracasse en miniature

— moi le dernier avec un inquiet regard vers le bout de la place, car je pensais : « Mes petits amis inconnus vont être en relard !... »

— Huit heures sonnant, pour de bon, alors, second coup de cloche, décisif, el je voyais venir, graves, un peu essoufflés, tout roses, les deux bonshommes à l'air d'enfants anglais, qui, pratiques, n'avaient pas voulu perdre là-bas, dans l'eau, une seconde de plaisir, mais s'arrangeaient tout de même pour arriver, juste, à l'austère devoir.

Frédéric, robuste, jovial, bon comme le bon pain, fut mon voisin de classe, où il ne se faisait guère de bile. Et qu'il avait raison !... Car il vil, le brave homme, encore, pour notre affection, solide gaillard, digne père de famille, — père, notamment, d'un fils que j'ai vu à Reims, tout dernièrement, chez l'exquise champenoise Mme Auberl, et qui ressemble étonnamment, comme traits et comme allure, à sou oncle défunt.

Frédéric me mit en rapport avec son frère. Pourquoi fus-je attiré, tout de suite, vers ces deux enfants? A cause, probablement, de cet air qu'ils avaient de... pas comme les autres, d'un je ne sais quoi d'exotique, dirai-je, bien que fils d'une ardennaise vraie, mais mariée — pour tout faire comprendre — à un officier d'origine provençale. Celte mère, aux yeux d'un azur étrangement beau qui ne s'est retrouvé, je crois bien, que dans ceux d'Arthur, était, par le fait, veuve — le mari absent (1). Sa voix impérieuse, nerveuse, enfantine, mordante, menait, sans réplique, son petit troupeau charmant de quatre âmes : deux fils et deux filles, tous avec des joues également fermes el incarnadines, tous avec des yeux bleus, sous des cils bruns, et de fiers, singuliers redresse(1)

redresse(1) capitaine Rimbaud se trouvait alors aux confins de l'Algérie, chef d'un bureau arabe.


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ments d'épaules. Elle venait, la mère, discrètement superbe, chercher, à la sortie du collège, les deux gars, à qui prenaient de suite les mains leurs soeurettes, et le groupe déconcertant s'en allait, sévère, par la rue d'Aubilly, par la place des Capucins, vers la rue Foresl où ils disparaissaient sous la porte cochère du dentiste Fontaine. Tels je les vois, à ces quarante ans de distance. Et que c'est peu de chose, et que c'est rien le temps !... du moins pour uu déjà, certes, barbon comme votre ami, cher ami, et qui s'aperçoit de l'âge seulement à une faiblesse qui l'envahit peu à peu, je veux dire ce besoin de bavardage... Ah! oui, je disais donc que Frédéric Rimbaud fut mon voisin de banc dans la classe de cinquième, sous l'autorité bienveillante de M. Roulliez, un merveilleux homme aux petites colères brèves, qui s'apaisait pour nous lire du Jules Verne et du Gustave Aymard. Quand venait, le samedi, M. le Principal Desdouests, qui ressemblait à Mirabeau dont il avait, je vous assure, l'éloquence et les grandes façons, ce terrible magister—je me souviens d'une heure de retenue passée debout, sur son ordre, à la porte de son cabinet!... — laissait tomber sur l'insouciant Frédéric un regard, et — vu ses notes —. un mot écrasant : « Mais, malheureux... votre frère!... » Quoi donc, ce frère? Je le demandais à Frédéric, lequel, consolé très vite, et non sans fierté, me disait: « Arthur?... il est épatant... » Les camarades étaient là, aussi bien, pour corroborer. M. Crouet, un grand diable qui passait pour dur, le professeur de sixième, n'avait-il pas montré avec un sombre orgueil, n'avait-il pas fait circuler parmi ses collègues un résumé d'histoire ancienne, oeuvre d'Arthur en 186G, et qui dénotait chez ce bambin de douze ans une maturité d'esprit surprenante!... On avait alors jugé qu'il perdrait son temps s'il ne sautait une classe et n'entrait de suite en quatrième, avec le vieux M. Péretle. Ah I celui-là, personne ne lui en faisait accroire. Il détestait les « réputations », il fermait ses gros poings au nez des petits prodiges (1). Mais Arthur l'avait

(1) Tant que dans les Ardennes il survivra des prêtres vénérables et des bourgeois chenus, ayant, séminaristes on collégiens, passé par la féiule de M. Pérelle, on agitera, je pense, la troublante question de savoir pourquoi cet homme redoutable avait été surnommé « Bos » ou « Jobos» ».

Parce que, assurent les uns, il disait et redisait, d'une voix étrangement caverneuse, le fameux vers de Virgile :

Flammarumque globos liquefactaque volvere saxa, expliquant, bon l umaniste, que la sonorité du mut jobos donne l'impression d'une horreur éblouie.

— Non pas ! — réplique une écule diflérente, mais à cause de l'intensité avec laquelle


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simplement « esbrouffé ».—Du thème grec, de la prosodie latine, tant que lu voudras!... — El devant ces leçons trop bien sues, devant ces devoirs trop bien faits, ces sommaires d'histoire romaine trop complets, il fallait accepter, subir la dispense d'âge. Les lunelles étincelaient, les favoris blancs, dressés, devenaient électriques... n'importe ! Le petit drôle exaspérait son rude et consciencieux professeur obligé de le ficher premier en composition, quoiqu'il en eût. Et M. Desdouests, sans savoir, chauffait à blanc par ses louanges la colère du brave homme, à lel point que celui-ci, un jour, prenant à part son supérieur, lui chuchotla : « Tout ce que vous voudrez... il a des yeux et un sourire qui ne me plaisent pas... je vous dis qu'il finira mal !... »

Le fait est qu'il a fini par être une tête coupée... en bronze, plantée sur une jolie stèle de granit rouge, à l'étonneinent toujours inquiet des bonnes gens de Charleville.

Pour en revenir à noire histoire, il m'intriguait, m'attirait, cet être mystérieusement senti supérieur. J'aurais voulu m'en approcher, lui parler. Je ne pouvais, je n'osais, par crainte de Mme Rimbaud qui venait exactement, après toutes les classes, prendre et emmener sa progéniture.

Frédéric, en s'en allant, m'euvoyait de la tête un amical au revoir. Son frère prit l'habitude de se tourner vers moi, de me sourire de même. Cela me rendit fier et me donna des espérances. L'année suivante, les fils étant grandelels, Madame négligea parfois de venir. Ils s'en allaient donc libres. Les camarades, habitués à les voir faire bande à part, les laissaient. Je m'enhardis. C'est Arthur qui, comme on dit, « rompit la glace » dans une circonstance plutôt drôle.

M. Pérette scandait, faisait sentir, ressentir et lugubrement retentir cette autre onomatopée latine :

Procumbit humi bos...

le « bos » tombant, vraiment lourd, sur le sol frappé de sa télé énorme, après l'écroulement du « procumbit », pour peu que les consonnes soient martelées ou roulées, que les voyelles soient mugies comme savait le faire l'émouvante basse-taille de notre iniliateur à la poésie des anciens.

J'avoue incliner, pour ma pari, vers celle version dernière. Par le l'ait, « Jobos » est de mon temps, alors que le « nickname » s'était, par un long, excessif usage, progressivement, en des bouches capricieuses, déformé ni plus ni moins que « Chocol » tourné à « Choehol ». Même, de mes cont mporains plus diserts ne s'étaient pas détachés de la diction primitive. Je me souviens qu'ils énonçaient encore : « le père Bos ». Et d'excellents esprits des générations classiques précédentes m'ont affiimé que ceux-ci puisaient certainement à la source pure.

Cependant, je m'en voudrais d'exercer, en cette matière, la moindre pression sur le choix des lecteurs de la Revue d' rdenne et d' rgonne. Qu'ils prennent « Bos » ou « Jobos », au gré de leurs tempéraments divers. Je me contenterai d'observer que les insistances prosodiques de M. Pérette n'ont pu qu'impressionner fortement la toute neuve sensibilité poétique de Rimbaud et préparer, en somme, — ô affolement du vieux semeur, s'il avait prévu ce qui pousserait dans la suite ! — le système nommé « Alchimie du verbe ».


Les deux Rimbaud, si légèrement que le temps fût couvert, ne venaient pas au collège sans avoir chacun sous le bras un parapluie de coton bleu. Or, depuis pas mal de temps, l'extrémité de cet ustensile, j'entends le bout opposé à la poiguée, manquait totalement, par suite, à l'un comme à l'autre, d'une égale cassure. Je crus devoir signaler le fait, d'un clignement d'oeil, à Frédéric.

— C'est lui, dit-il, en désignant son frère.

— C'est loi, dit Arthur.

Il voulut bien me conter le drame.

Un dimanche, Mme Rimbaud,, confiante en les rigoureux principes de décence et de bonne tenue qu'elle prenait soin de leur inculquer chaque jour, les avait envoyés seuls à la messe. En entrant dans la belle église romane, toute neuve, bâtie en cette pierre de taille, jaune toujours, dont s'enorgueillissait Charleville, Frédéric eut l'idée... mon Dieu ! loule naturelle... de glisser l'extrémité de sou parapluie entre le mur et la porte—c'est-à-dire du côté des gonds. — L'on admettra bien qu'Arthur, voyant cette lubie, ne pouvait faire autre chose que pousser vile el fort ladite porte, qu'il en résulta un bruit sec el l'amputation consécutive, non moins qu'irrémédiable, du pépin de Frédéric. Celui-ci, pensant à maman, fit une grimace à l'instant même remplacée par le plus stoïque des rires. Quand leurs dévotions furent accomplies, Arthur avait compris son devoir; il glissa le bout de son parapluie au même endroit ; Frédéric, altéré de vengeance, à deux mains devant lui, jeta l'huis fatal : « Eh! va donc !... » Les riflards se trouvaient désormais pareils. Pareille aussi fut la paire... de paires de calottes empochée — si l'on peut dire — par nos galopins, quand Mme Rimbaud vit le délit ; mais de plus, pour qu'ils s'en souvinssent, elle leur déclara qu'ils n'auraient plus d'autres parapluies, qu'ils iraient au collège, qu'ils iraient partout avec, in soecula soeculorum... et cette honte partagée leur causait une joie profonde.

Pour moi, celte fière et sereine façon d'accepter les choses ajoutait au prestige intellectuel de Rimbaud une grandeur morale. A sa place, j'aurais souffert d'entendre les ricanements des camarades. Il n'en souffrait pas, cela me surprenait et me ravissait tout ensemble. Je devins fier de causer avec lui, privilège que ne m'enviait, à ce moment, personne, car la considération qu'avaient pour Arthur Rimbaud les autres élèves n'était pas sans forte méfiance provoquée d'abord par une sienne réserve


- 70bizarrement

70bizarrement d'ironie, sans compter que les passions ordinaires de cet âge : pertes ou gains de billes à la bloquette, couvertures de cahiers ou timbres-poste « rares » échangés pour collections, et aussi les jeux ordinaires, comme poussées, coups de poing dans le dos, boules de neige assénées, etc., lui semblaient trop ouvertement négligeables, sinon même antipathiques. On avait vu très bien que, dès la sortie, au lieu de pousser les trois hurlements de rigueur en fonçant tête baissée dans l'espace, au lieu de s'attarder à tourner sur lui-même en étendant les bras et en imitant des cris d'animaux, il traversait la place diagonalement, d'un pas rapide, entraînait Frédéric. Et je devais trotter pour les rejoindre.

Un peu plus loin, on ralentissait le pas, quand hors de portée des braillards. Et comme cette rue Forest était sur ma route — j'allais à Mézières, — on pouvait bavarder quelques minutes sur de brûlantes questions : anciens et modernes, classiques ou romantiques, ces derniers étant alors considérés, spécialement leur chef, comme de hideux mécréants, et les professeurs les plus libéraux n'en parlant qu'avec prudence. Les grandes, retentissantes interpellations adressées à l'abbé Wilhem, notre professeur d'histoire, sur « les horreurs du moyen âge » étaient d'autres « topics» de ces conversations hâtives, comme dévorées. Mais en politique et en littérature comme je restais en arrière de mon jpune ami, bien que son aîné ! El qu'il me faisait, sur ces terrains, courir terriblement à sa suite! Ce petit rire qu'il eut, quand je lui confiai :

— Paul Labarrière(l), mon voisin de droite, — Frédéric était celui de gauche, — Paul Labarrière désapprouve le Deux Décembre... qu'en penses-tu ?

Rimbaud (dans sa quatorzième année, j'en avais quinze) me répondit brièvement :

— Napoléon III mérite les galères.

' Je fus effaré, enchanté... Où allions-nous, grand Dieu ! C'était charmant... et les marronniers des « Allées » me parurent tout petits. Un jour, en 1868, j'eus à lui narrer de moi un acte prodigieux. N'étais-je pas allé, à pied, jusqu'au premier village de Belgique où, dans l'auberge de Mme veuve Gatin, j'avais lu...

(1) Surnommé « Balirata », à cause de son admiration pour les légendes hindoues. Est maintenant — ou était tout dernièrement — juge de paix à La Ferlé-sous-Jouarre. Auteur de plusieurs nouvelles, dont L'affaire Gautiot; qui a paru en feuilleton dans un grand journal.


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La Lanterne d'Henri Rochefort ! C'était ça, un triomphe!... Pas assez riche pour acheter la brochure, j'en avais appris des passages. Rimbaud, dès lors, m'accorda toute confiance. Il me lut ses premiers vers, des satires imitées du Lutrin, où il débutait dans l'humour violent qui devait nous donner plus tard .4 la musique et Les Assis.

Encore très classique de forme, celte production initiale est malheureusement perdue. Je me rappelle un seul vers :

Au pied des sombres murs, battant les maigres chiens...

Je puis ajouter qu'il s'y trouvait le portrait d'un camarade dont un fort grain de beauté au coin de la bouche (ou sur le menton ?) avait inspiré une bonne douzaine d'alexandrins qu'eût enviés Despréaux. C'est qu'alors Rimbaud était élève d'un boléiste fougueux : Arisle Lhéritier, le petit bourguignon, grand priseur aux larges narines toutes noires sur une moustache en brosse très semblable à un engin de « ramonat », et qui ouvrait sa tabatière aux plus hardis d'entre nous, après la classe, quand il redevenait d'humeur joyeuse, à l'issue de quelque scène de fureur et de cris épouvantables où il nous avait tous envoyés, d'avance, à l'échafaud. Rimbaud ne se vit jamais offrir de tabac en poudre — ni autrement — par le « père Arisle », comme ou disait.

Pourtant il prenait avec lui des leçons particulières, car c'était le moment où M. Desdouesls le « poussait » pour les concours ; mais Lhéritier ne parvint pas à apprivoiser ce timide qui toute sa vie se crispa devant les criards, fussent-ils les meilleures gens du monde. Eu vain le professeur de troisième lui confia qu'il avait écrit des vers en l'honneur d'Orsini ; Rimbaud se contentait d'approuver de la tête, en rougissant, trouvant son maître, je suppose, trop bombe d'Orsini lui-même. Ariste alors, pour autrement dérider le sauvage, barbouillait d'encre, en essuyant sa plume, le nez d'un bonhomme en porcelaine qui lui servait d'encrier... Rimbaud gloussait son petit rire, et c'était tout comme confidence.

Il fut plus à son aise avec le professeur de seconde, calme et doux rêveur, intelligence très fine, délicale et si haute, mystérieusement, que destinée à quelque fin de martyr. En lui Rimbaud rencontrait, pour la première fois, la jeune Université. M. Duprez, peut-être un peu réservé encore à l'égard des


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audaces, était cependant — en classe — un esprit très large. Avec lui, enfin ! il était permis de connaître les romantiques. Dans le même temps, ou à peu près, arrivaient deux autres jeunes: M. Lenel(l), qui remplaçait M. Pérette, et M. Georges Izambard, professeur de rhétorique, le cadet, je crois, de ces trois licenciés qui tombaient là presque ensemble et tout d'un coup, nouveauté grave pour Charleville. C'étail « le feu au couvent ». Coïncidence aggravante, on était en 1869, époque où l'Empire, se jugeant habile, croyait pouvoir lâcher la bride aux « passions subversives » de l'opposition parlementaire et de la presse. L'Université, qui fut toujours, au fond, la grande révolutionnaire — et quelle preuve nouvelle du « génie » prévoyant de son impérial fondateur! — se hâtait de respirer à pleins poumons ce grand vent d'aventure venu de Paris et commençant à souffler un peu partout. L'enseignement littéraire avait son 89. Nous pouvions impunément chiner le grand siècle, hausser les épaules en parlant de Malherbe, citer Ronsard, exalter Hugo. Quand Rimbaud quitta la seconde pour la rhétorique, il était en pleine gloire écolière, ayant obtenu je ne sais plus combien de prix aux concours académiques, ayant écrit des vers et des proses que M. Duprez avait montrés à Georges Izambard. Les jeunes professeurs l'admirent parmi eux, le traitèrent en camarade, lui firent connaître Baudelaire et les Parnassiens (2). Quant à M. Desdouests, il déclarait que l'on pouvait, que l'on devait faire lire tout à ce jeune homme, depuis les poètes ultra-modernes jusqu'aux plus risque-tout des « philosophes », et il lui ouvrait toute grande sa bibliothèque.

(A suivre). Ernest DELAHAYE.

(1) Etait encore, l'an dernier, professeur au lycée d'Amiens. A publié récemment un fort bel ouvrage sur Marmontel.

(2) Relisez Le Forgeron, vous y trouverez du Coppée des Deux douleurs. Et veuillez songer que des universitaires livrant Coppée à leurs élèves en 1869, ce n'est pas bien loin d'être la même chose que si on faisait lire Jules Romains aux lycéens de nos jours. Les Parnassiens sont devenus « classiques » en 1907, je veux bien, mais... plus de quarante ans après leurs débuts, pour tout dire.


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LES PRISONNIERS DU MONT-DIEU

PENDANT LA RÉVOLUTION

(SUITE).

232.—FROMENT (REMY), laboureur à Coulommes, emprisonné parce qu'il avait deux frères déportés ; Médard-Thiéry, né à Coulommes vers 1760, chanoine de Saint-Pierre à Mézières (1), et Jean-Baptiste, chanoine de Mézières. Levasseur le fil mettre en liberté définilive le 11 thermidor an II. A payé uue taxe pénitentiaire de 500 livres [occupait la cellule n° 6J.

GABRIEL, femme Pichon. (Voy. PICHON.)

233. — GAIGNIÈRE (JEANNE-CATHERINE), veuve depuis le 3 septembre 1775 de Gérard Léonet, officier de cavalerie, demeurant à Vouziers où elle est née, et morte le 1er octobre 1813, âgée de 85 ans. Incarcérée comme suspecte à cause de l'émigration de sou frère, Louis Gaignière, ancien capitaine de cavalerie. Le 23 brumaire an III, après une délenlion d'un an, elle demanda à Ch. Delacroix pour se justifier [occupait la cellule n° 28],

234. — GALLAS (MARIE-ANNE), veuve Jean-Baptiste Lallement, de Pauvres. Incarcérée le 28 brumaire, mise en liberté le 22 prairial an II.

235. — GALLIAS (demoiselle), de Mézières. Sur une dénonciation de Lapie, plafonneur, le Comité de surveillance de Mézières ordonna, le 16 thermidor an II, de la conduire au Mont-Dieu comme ennemie des patriotes.

236. — GALLOT, volontaire au 38° d'infanterie.

237. — GARNIER (MARIE-MARTHE-CHARLOTTE), née à Lisle (Vendée), le 12 juillet 1745, religieuse de l'hôpital de Relhel où elle est morte le 10 juillet 1817. Emprisonnée pour refus de serment au Mont-Dieu, puis à Sedan. Le 14 nivôse an 111 elle demanda de la prison de Sedan la resliluliou du mobilier qu'on lui avait pris au Mont-Dieu [occupait la cellule n° 35].

238. — GASPARD (FRANÇOIS), maître d'école. Des auteurs disent Gaspard-Petit, d'autres Gaspard-Petitfrère ; nous avons

(l) Froment (Médard-Thiéry), fds de Pierre et de Marie-Josèphe Bourguignon, -est mort suré-doyen de Monthermé, le 9 janvier 1821 ; 56 ans.


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trouvé Jean-François Gaspard, né à Sedan le 22 août 1773, fils de Jean-Baptiste, maître chapelier; se serait-il fait frère des écoles? les auteurs sont d'accord pour dire qu'il y eut un détenu au Mont-Dieu du nom de Gaspard [occupait la cellule n° 21).

239.—GAUCHÉE (MARIE-JEANNE), née à Sedan le 11 septembre 1741, morte au même lieu le 21 février 1815, rue Sainte-Barbe, où elle tenait une épicerie. Victime des insultes et des mauvais traitements des patriotes!! elle se réfugia en Belgique, puis quand les armées françaises entent envahi la Belgique, elle se rendit au-delà du Rhin, fut déclarée émigrée, c'est pourquoi elle fut emprisonnée au Mont-Dieu jusqu'au 25 messidor an V.

240. — GAUTHIER (JEAN-BAPTISTE-JÉRÔME), né le 29 janvier 1766, curé des Alleux. Conduit au Mont-Dieu pour avoir marié son frère dans l'église de Ternies et célébré la messe dans le Temple de la Raison, malgré le refus du curé. La municipalité des Alleux a protesté contre l'arrestation de son curé.

GAUTHIER (Jean-Baptiste), mort curé de Justine, le 3 septembre 1821, âgé de 55 ans [occupait la cellule n° 51].

241. — GENNOTTE (CATHERINE), ex-religieuse annonciade de Mézières ; 60 ans.

242. — GENTIL (FRANÇOIS-GABRIEL), notaire à Rocroi, arrêté comme suspect et conduit au Mont-Dieu ; il y resta jusqu'à la chute des terroristes. Ch. Delacroix le nomma agent national le 23 brumaire an III. Il renonça à sa charge de notaire. C'est François-Gabriel Gentil, notaire à Rocroi, institué pour Aubigny, ci-devant notaire seigneurial établi en décembre 1779. Il est mort juge au tribunal de Rocroi le 1er août 1815 [occupait la cellule n° 60].

243. — GÉRARD (ANDRÉ), berger à Clairefonlaine, commune de Ballay, où il est mort le 4 octobre 1834 ; 82 ans. Né à Asfeld, il était fils d'un berger mort à Saulces-Chatnpenoises. Arrêté comme accusé d'avoir tenu des propos contre-révolutionnaires [occupait la cellule n° 25].

GERARDIN. (Voy. GIRARDIN.)

244. — GERVAISE (PONCE), facteur d'ardoises à Deville, trouvé assassiné dans le bois de la Havetière, près la roule de Monthermé, le 7 mars 1809, il avait 57 ans.. Détenu comme suspect d'abord à


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Mézières, puis au Mont-Dieu, le 22 frimaire an II [occupait la cellule n° 44]. GERVAISE, femme du précédent. (Voy. MACHINET.)

245. — GERVAISE (FRANÇOIS), prieur de l'abbaye de Signy. Arrêté pour avoir recélé des effets mobiliers de l'abbaye en compagnie des commissaires Alexandre et Baudelot [occupait la cellule n° 40].

246. — GIBOU (Louis), ci-devant notaire à Sedan, rue Michel Lepelletier, né à Sedan le 23 octobre 1758, mort à Sedan le 10 juin 1815. Mis en arrestation comme prévenu de contre-révolution, Levasseur le traduisit au tribunal révolutionnaire de Paris avec vingt et un autres Sedanais le 14 thermidor an II; mais le tribunal criminel des Ardennes leva l'arrestation.

247.— GILBERT (JEAN-BAPTISTE), né à La Besace le 11 août 1720, curé de Yoncq depuis 1751, mort à Yoncq le 25 thermidor an X; emprisonné sur l'ordre de Vassant parce qu'il baptisait les enfants.

248. — GILBERT (JEAN-BAPTISTE), vicaire d'Etalles, curé constitutionnel d'Aoust en 1791, né à Artaise-le-Vivier, mort au même lieu le 22 avril 1840, âgé de 79 ans. Arrêté par ordre de Vassant qui écrivait à son sujet à l'agent national de Roc-Libre. « Aussitôt la réception de la lettre, frère et ami. j'ai mis la « gendarmerie nationale en campagne, l'ex-prètre Gilbert a été « arrêté sur-le-champ (à Arlaise où il s'était retiré) et conduit au « Mont-Dieu où il chaule Benedicamus ». Sorti le 23 brumaire an III.

249. — GILBERT (PONCE-NICOL), tailleur au Chesne. Détenu au Mont-Dieu, le 19 pluviôse an II, Massieu le lit mettre en liberté.

250. — GILBIN (PIERRE), ex-frère lai, bénédictin de Beaulieu, retiré à Monzon et à sa sortie du Mont-Dieu à Lançon.

251. — GILBIN (JACQUES), ex-frère lai, bénédictin de Beaulieu, retiré à Monzon, né à la ferme de Warmonterme le 22 mars 1753, mort marchand à Monzon le 13 novembre 1821. Le 27 messidor an II, Levasseur donna l'ordre de conduire les frères Gilbin au Mont-Dieu. Vassant les ayant dénoncés comme aristocrates et ne pouvant faire que le plus grand mal à l'opinion publique.

GILLET, femme. (Voy. GOUPILLIÈBE.)


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252. — GILMAIRE-BOIRE (NICOLAS), brasseur, rue Bercoff,

n° 65, à Sedan, el officier municipal, né à Floing le 10 janvier 1768, mort à Sedan le 5 septembre 1838. Emprisonné le 21 nivôse comme suspect à cause de la révocation de ses fonctions, le représentant Roux le réintégra dans ses fonctions municipales avec Villepoix; les scellés furent apposés chez lui el, sur la réclamation de Leroy-Gilmaire (son oncle) (voy. ce nom), ils furent levés le 4 octobre et l'on déclara que l'apposition avait eu lieu par erreur; plus lard il devint suppléant au tribunal de commerce, puis de la justice de paix [occupait la cellule n° 43].

253. — GILSON (FRANÇOISE), servante à Carignan, née à Blagny, morte célibataire à Carignan le 22 septembre 1830, âgée de 66 ans. Incarcérée le 6 frimaire, libérée le 15 nivôse [occupait la cellule n° 13].

254. — GIRARD1N, commis voyageur à Sedan, secrétaire du club de la Vendée, emprisonné en cette qualité.

255. — GOBERT, du district de Charleville, iucarcéré le 19 brumaire.

256. — GOBRON (MARIE), femme de P.-F. Lefort, morte à Mouzon le 16 novembre 1807, âgée de 81 ans, emprisonnée au Mont-Dieu sous prétexte de l'émigration de sou fils, prêtre [occupait la cellule n° 50].

257. — GODET (PIERRE), curé de La Neuville-aux-Tourneurs depuis 1788, né à Mont-devanl-Sassey le 24 février 1748, fils d'un laboureur, morl à La Neuville le 3 floréal an IX. Il fut arrêté en germinal an II et emprisonné à Rocroi comme accusé d'avoir interrompu les travaux des roules en disant la messe; relaxé faute de preuves ; mis par la suite sur une liste de suspects remise à Levasseur par des terroristes, Godet fut envoyé au Mont-Dieu ; l'administration du district désavoua celle liste et Godet fut mis en liberté.

258. — GODFRIN (HENRI-VINCENT), brasseur à Sedan où il est né le 23 janvier 1751, Vassanl le fil emprisonner au Mont-Dieu parce qu'il fut membre du club de la Vendée, parce que son frère Jean, ancien curé de Vaux-les-Mouzon, mort à Autrecourt, était émigré et qu'aux yeux de Vassant J. Godfrin était un scélérat [occupait la cellule n° 19].


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259. — GOUJARD (1) (JEANNE-MARIE), journalière à Pauvres [occupait la cellule n° 27J.

260. — GOULET (PIERRE), ancien chanoine régulier de SaintLéon de Tout, ancien curé de Fagnon, vicaire de l'évèque de Sedan en août 1791. né à Novion-Porcien vers 1751 ; fil partie de la municipalité de Sedan à la fin de 1792, refusa de signer l'adresse à la Convention à la mort de Louis XVI, ce qui lui valut d'être enfermé au Mont-Dieu, cellule n° 7, morl curé d'Harcy le 16 mars 1822.

261. — GOUPILLIÈRE (ANNE-MARGUERITE DE LA), née à Chàlons-sur-Marne, épouse de Gillet de Valleroy, directeur de la régie nationale à Mézières; le 13 floréal au II, Levasseur, sur la proposition du Comité de surveillance de Mézières, prescrivit de la conduire au Monl-Dieu comme suspecte; elle y occupa la cellule n° 46 et mourut à Mézières le 12 août 1808, âgée de 68 ans; sou mari, conseiller de préfecture des Ardennes sous l'Empire, mourut à Mézières.

262. — GOUPPY (JEAN-BAPTISTE), né à Mouron, curé depuis 1761 à Challerange où il est mort le 18 juillet 1808, âgé de 80 ans 1/2. Détenu 22 mois au Monl-Dieu puis en l'an IV, vu son grand âge, on le mil en prison à Charleville avec les prêtres sexagénaires ou infirmes [occupait la cellule n° 25].

263. — GOURMAUX (JACQUES), curé constiiulionnel de SaintLoup depuis avril 1791. Arrêté le 21 thermidor an II pour avoir continué ses fonctions, pour entretenir le fanatisme et favoriser la désunion des patriotes, il dut être conduit au Mont-Dieu avec d'autres curés.

264.—GOVIGNON (JEAN-BAPTISTE), de Quatre-Champs, détenu comme suspect, mis en liberté le 14 fructidor au II en vertu du décret du 21 messidor.

265. — GRANDMOUG1N (JACQUES), né le 29 décembre 1761 à la Garde, arrondissement de Lunéville, curé de Givron en 1788 1794, conduit au Mont-Dieu par ordre de Levasseur du 3 messidor an II, mis eu libellé sur la demande des députés Blondel el Thierriel en vertu d'un arrêté du lervenlôse an III, curé de Neuvizy et Villers-le-Tourneur après le Concordat. Il est morl curé de Givron le 11 novembre 1825.

(1) Des auteurs citent Marie Gouchard, de Bossus, comme ayant été détenue an Mont-Dieu.


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266. — GRANDPRÉ (VICTOR-PIERRE DUDARUT dit SAINTURBAIN), prêtre à Charleville. né à Valréas (Vaucluse), vers 1743, frère du baron de Grandpré, ci-devant seigneur de Warnécourt, chez lequel il se relira à Charleville, lut envoyé au Monl-Dieu comme suspect [occupait la cellule n° 29].

267.— GROSJEAN (CLAUDINE), épouse de Jean-Baptiste Posta, de Coulommes, née en 1739 [occupait la cellule n° 32].

268. — GROSMAIRE (JEAN-SULPICE), né le 18 janvier 1738 à Chémery où il était procureur fiscal et notaire public, faisait partie de l'administration départementale des Ardennes lors des événements du 10 août 1792 (arrestation des envoyés de l'Assemblée), condamné à morl par le tribunal révolutionnaire de Paris el exéculé le 19 prairial an II [occupait la cellule n° 7]. (Voy. Biographie ardennaise, par Boulliol, 1er vol.)

269. — GROSMAIRE (femme), emprisonnée au Mont-Dieu, cellule n° 53, paraît être la femme du précédent.

270. — GROSMAIRE, deux filles de ce nom ont été emprisonnées le 8 brumaire et libérées le 8 pluviôse.

271. — GUILLAUME (JACQUES), ancien procureur et notaire, né à Benwez le 1er juillet 1741, mort à Mézières le Ier octobre 1829. Suspect en qualité d'ancien procureur et emprisonné à Mézières, puis au Monl-Dieu pour ce crime horrible ; était encore notaire en 1806 [occupait la cellule n° 17].

272. — GUILLAUME DU FAY (THIERY), homme de loi à Charleville où il est mort le 18 juillet 1811, âgé de 68 ans. Incarcéré au Monl-Dieu puis transféré au Luxembourg à cause de l'émigration de sa femme el de ses enfants [occupait la cellule n° 17].

273. — GUILLAUME (JEAN-JOSEPH), de Monlliberl, prévenu d'infidélité envers la République lors de la dévastation de l'abbaye d'Orval.

274. — GUYON (PIIILIBERTE dite FÉLICITÉ), soeur grise de Relhel, née à Chalon- sur-Saône, morte soeur de l'hôpital général de Rethel le 27 mars 1814, âgée de 50 ans. Incarcérée avec plusieurs soeurs de Relhel pour refus de serment [occupait la cellule n° 35].

275. — GUYOT (AGNÈS), épouse d'Alexandre-Marie de Lillebonne (voy. ce nom), avec lequel elle fut détenue au Mont-Dieu


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comme suspecte en qualité d'ex-noble. Née à Ecurey (Meuse) [occupait la cellule n° 16].

HABRAN (JEAN-FRANÇOIS) (1).

276. — HAGUENIN, femme divorcée de Scellot d'Inaumont. HANGEST veuve. (Voy. D'ARRAS)

277. — HANGEST (CHARLOTTE-NICOLLE-IIENRIETTE D'), épouse à Mézières le 12 février 1782 de François-Pierre de Hédouville, divorcée à Charleville le 26 floréal an VI. Née à Rumigny, morte à Charleville le 4 ventôse an X, âgée de 65 ans. Le Comité de surveillance de Mézières la proclama suspecte le 17 brumaire an II comme étant soeur d'émigré (2) et aristocrate reconnue [occupait la cellule n° 43].

278. — HANGEST (MARIE-MADELEINE D'), épouse de Remy-Ch. de Failly (Voy. FAILLY), née le II avril 1740 à Rumigny, morte à Rethel le 4 juin 1817. Soeur de la précédente, elle fut détenue au Mont-Dieu avec son mari pour cause de l'émigration de leur fils [occupait la cellule n° 34].

279. — HANOT (VICTOR), prémontré, reliré à Mouzon, sa ville natale, où il est mort le 10 novembre 1835; était né le 26 juillet 1766. Le 27 messidor an II, Vassanl le signala à Levasseur comme aristocrate et l'invita à le faire conduire au Monl-Dieu. 11 fut curé de Chémery en 1803.

280. —HANOTEL (JEANNE-MARIE), soeur hospitalière de l'Enfant Jésus et institutrice à Mouzon où elle est morte le 10 mars 1822, âgée de 66 ans. Incarcérée le 4 frimaire [occupait la cellule n°47].

281.— HAUP1ERRE (LOUIS-CHARLES), juge au tribunal militaire de l'armée de Sambre-et-Meuse, né le 30 mai 1760, il épousa à Sedan en 1793 demoiselle Desparros, fille d'un médecin. Le 4 pluviôse il donna sa démission de juge. Le 2 mars 1794 an II, la Convention destitua Haupierre, Jacot, Ferry (L.-E.), né à Gerbeviller, Combe, juges, el Delaltre, officier de police militaire, et ordonna leur arrestation jusqu'au rapport définitif des Comités de salut public et de sûrelé générale. Haupierre était accusé

(1) Habran (Jean-François), né à Pouilly (Meuse), mort Imissier à Carignan le 8 avril 1817, âgé rie 55 ans. En thermidor an 11, Levasseur prescrivit de le mettre en arrestation avec cinq autres de ses concitoyens d'Ivoy et de le traduire au Comité de sûreté générale. Il fut conduit à Paris.

(2) Hangest (Louis-Gabriel vicomte d'), né à Rumigny le 6 mai 1746, capitaine de cavalerie en 1773, propriétaire d'une papeterie à Fantigny; accusé, avec d'autres, d'être auteurs ou complices du complot qui a existé entre Capet. sa femme et les ennemis de la liberté, etc., il fut condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris le 30 avril 1794 et décapité.


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d'avoir été l'apôtre d'un club que ses principes anti-civiques avaient fait surnommer le Club de la Vendée. (Moniteur universel du 4 mars 1794, page 610, 19° vol. de la réimpression). Massieu autorisa sa sorlie du Mont-Dieu pour la levée des scellés qui eut lieu chez lui, à Sedan, le 13 pluviôse [occupait la cellule n° 36].

282. — HÉNON (JEAN-BAPTISTE), manoeuvre à Montcornet, maire de celle commune; mis en arrestation le 20 novembre 1793 avec quatre de ses concitoyens pour incivisme et lui en plus pour avoir signé le certificat de Destremagne, curé du lieu et réfractaire.

283. — HENNUY (ETIENNE), libraire à Sedan où il est né le 12 avril 1747, mort sur l'échafaud révolutionnaire avec la municipalité sedanaise le 3 juin 1794, il était fils d'un libraire. Interné au Monl-Dieu comme suspect [occupait la cellule n° 32].

284. — HERBIER, vicaire épiscopal de Sedan. Le 2° jour complémentaire an II, étant détenu au Mont-Dieu, il demanda avec ses confrères en vicarial sa mise en liberté.

285. - HERBULOT (CHARLES) dit FRANCHECOURT, serrurier à Carignan où il est mort le 27 ventôse an III, âgé de 46 ans. C'était le grand-père du juge de paix Herbulot, de Carignan, mort en 1900 [occupait la cellule n° 5].

286. — HERBULOT (NICOLAS), professeur au collège de Sedan en 1783, vicaire épiscopal de l'évêque Philbert, né à Sedan le 14 septembre 1757, curé de Vrigne-aux-Bois après le Concordat où il est mort le 17 mai 1846. Détenu au Monl-Dieu pour les mêmes motifs que ses confrères en vicarial [occupait la cellule n° 21]. (Voir dans le Bulletin du diocèse de Reims, 1879, p. 246, une notice sur ce prêtre, écrite par l'abbé Lejay.)

287. — HERBULOT (JEAN-BAPTISTE), médecin vétérinaire breveté el privilégié du roi, marié à Sedan, à l'âge de 22 ans, le 25 novembre 1783, à Elisabeth Varin. Détenu au Mont-Dieu sur la dénonciation de Vassanl qui l'accusa d'avoir participé à la dissolution de la Société Jacobite de Sedan en juillet 1793 et d'avoir outragé la nouvelle constitution [occupait la cellule n° 21].

HERCIER. (Voy. HERTZIES.)

288. - HERMÉS (SERVAIS) [occupait la cellule n° 40]. HERVILLE (CH.-F. PAUL D'). (Voy. PAUL.) HERVILLE, femme. (Voy. LESEUR.)


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289. — HERTZIES, HERCIER ou HESTÏER (JEAN-BAPTISTE), lieutenant au 20e régiment de chasseurs (légion du centre) [occupait la cellule n° 22].

HOSTEAU (1).

290.—HOUGRAND. Des membres de celte famille nombreuse, de Margut, habitaient Carignan. Mathieu-Nicolas était notaire; un autre, Louis-Antoine, était distributeur aux parties liquides pour nos frères d'armes à Carignan (sic) en pluviôse an III ; Simon Hougrand, maire de Margut, est morl le 31 mars 1814; il aurait demeuré à Signy-Montlibert. Nous ignorons lequel a été emprisonné au Mont-Dieu [occupait la cellule n° 21].

HOULMONT, femme. (Voy. HUSSON.)

291.—HOUYOUX (LOUIS), ancien dominicain, né le 14 janvier 1724 à Aublain, canton de Couvin, vicaire de Laforêt (Belgique). Arrêté à Sedan et incarcéré le 6 frimaire [occupait la cellule n° 6].

292. — HUART (JEAN-DOMINIQUE baron D'), ancien capitaine d'infanterie, né à Metz le 10 mars 1737, mort à Carignan le 18 novembre 1815. Arrêté avec sa soeur à Saint-Dié et conduits à Paris pour avoir été trouvés détenteurs de lettres contrerévolutionnaires [occupait la cellule n° 30].

HUART (baronne D'). (Voy. CABOUILLY.)

293. — HUART (FRANÇOIS), de Quatre-Champs.

294. — HUBERT (JEAN-FRANÇOIS), marchand brasseur à Charleville, ancien directeur de cette ville, conseiller municipal, où il est mort le 28 mars 1812, âgé de 70 ans, né à MontcyNotre-Dame [occupait la cellule n° 5].

295. — HUBERT (MARIE), fille du précédent.

296. — HUBERT (JEAN-BAPTISTE), charron au Chesne, incarcéré le 25 vendémiaire [occupait la cellule n° 51].

HUBERT, femme. (Voy. BARRÉ.)

HUBERT-LEJEUNE. (Voy. LEJEUNE.)

297. — HUSSON (CATHERINE), mariée à Sedan le 25 octobre 1791 à Jean-Baptiste Houlmont, garçon brasseur, qui mourut à Salamanque (Espagne), le 4 octobre 1810. Elle est morte à Sedan le 3 juillet 1818, âgée de 46 ans [occupait la cellule n° 3].

(1) Le 15° du 2e mois an II, les représentants Hentz et Bô ordonnèrent l'arrestation de Hosteau, garde-magasin des vivres à Sedan, maison Latude, place du Rivage, comme accusé d'incivisme ; les scellés furent apposés chez lui.


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298. — HUSSON (Louis-CÉSAR-CÉLESTIN-AUGUSTE-EDME), subdélégué à Daigny, né à Sedan le 10 janvier 1747, mort à Givonne le 1er septembre 1820. Le 2 prairial an II, Levasseur prescrivit de le mettre en arrestation. Jussy, membre du Comité révolutionnaire de Sedan, fut chargé d'accompagner la force publique requise pour exécuter cet arrêté. Le 24 thermidor an II, sa femme demanda les motifs de son arrestation.

IVORY, femme. (Voy. RAULT DE RAMSAULT.)

299. — JACQUEMART (NICOLAS-GILBERT), curé de Floing depuis 1775, puis maître d'école au même lieu, né à Sedan le 11 avril 1737, mort le 17 novembre 1809 à Vendresse où, dit-on, il fut curé après le Concordat. Arrêté et conduit au Mont-Dieu par suite de son opposition à l'administration, il voulait rester instituteur à Floing et jouir à ce titre du presbytère malgré la cessation de sa nomination. Son frère, François Jacquemart, libraire à Paris, publia deux mémoires contre l'emprisonnement de Gilbert Jacquemart, dans lesquels il accusa Lissoir, né à Floing, d'être le dénonciateur avec l'aide de Leroy, fils du précédent maître d'école.

300. -—JACQUET, écrivain militaire de la place de Sedan, au service de Mayeux, dont les bureaux étaient à la caserne de Torcy.

301. — JACQUET (JEAN-FRANÇOIS), vicaire d'Apremont, né à Montigny (Meuse), le 8 novembre 1756, fils d'un cordonnier, mis en arrestation le 11 pluviôse an II; il est mort curé d'Imécourt et chanoine de la cathédrale de Reims, le 4 octobre 1843.

302. — JACQUET-DELATTRE (SIMON), marchand détaillant, ci-devant maître perruquier, né à Sedan le 11 mai 1745, emprisonné pour avoir fait partie du club de la Vendée, mort sur l'échafaud révolutionnaire avec la municipalité sedanaise [occupait la cellule n° 23].

303. — JACQUILLON (JEAN-BAPTISTE), homme de loi, né à Sommauthe, juge suppléant au tribunal du district de Sedan, juge de paix du canton de Sedan-sud, mort à Sedan le 28 mai 1819, âgé de 73 ans. Incarcéré au Mont-Dieu pour avoir fait partie du club de la Vendée [occupait la cellule n° 21].

304. — JAR (PHILIPPE-LOUIS), marchand épicier à GivetSaint-Hilaire où il est mort le 6 octobre 1834, âgé de 81 ans et


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un mois. Il fut détenu au Mont-Dieu comme accusé d'avoir tenu des propos contre Delecolle ; relaxé, il a été détenu de nouveau comme ayant désiré le retour de l'ancien régime. (Voir le procès des terroristes) [occupait la cellule n° 40].

305. —JARLOT (SIMON), ex-curé de Blanzy, né le 4 août 1739 ; le 11 messidor an II, Levasseur donna l'ordre de le conduire au Mont-Dieu avec d'autres prêtres ; il fut mis en liberté le 29 ventôse an III sur la demande du Comité révolutionnaire de Rethel.

306. — JAYET (VICTOR), pharmacien, place aux Volailles, à Sedan, où il est mort le 2 mai 1813; il était né le 6 mars 1763. Incarcéré au Mont-Dieu parce qu'il a établi que les remèdes du pharmacien Varoquier ne valaient rien [occupait la cellule n° 25].

307. — JONVAL (JEAN-BAPTISTE), cultivateur à Montcornet où il est mort le 5 janvier 1823, âgé de 87 ans. Incarcéré au Mont-Dieu à cause de l'émigration de sa fille Marie-Nicole. Le 11 pluviôse an V, l'administration lui fit remise des biens séquestrés [occupait la cellule n° 4].

308. — LABASSÉE, commandant la 9e demi-brigade à Sedan.

309. — LABAUCHE (Louis), manufacturier de draps à Sedan, place de la Halle, né à Sedan le 26 mai 1739, mort au même lieu le 29 février 1816. Incarcéré le 19 brumaire comme suspect à cause de l'émigration de son fils Louis, né à Sedan le 28 décembre 1767, officier au régiment de Nassau à Metz avant la Révolution ; l'inventaire de ses marchandises nombreuses dura plusieurs jours. Louis Labauche protesta contre son arrestation en disant que son fils n'avait pas d'intérêts dans sa maison, au contraire [occupait la cellule n° 5].

310. — LABBÉ (SÉBASTIEN-JOSEPH dit VICTOR), de Brévilly, ex-capucin de Mouzon, fit le serment civique, âgé de 64 ans.

311. — LABESAUTAINE (PIERRE), homme de loi. LABOURENNE, femme. (Voy. BÉCHARD).

312. — LABROSSE (CLAUDE), ex-vicaire constitutionnel de Ledancourt, fils d'un serrurier de Sainte-Menehould, né le 31 octobre 1766. Vassant invita Levasseur à le faire conduire au Mont-Dieu comme fanatique ; curé d'Hannogne-Saint-Marlin, puis d'Elan après le Concordat, mort à Hannogne le 8 juillet 1854.


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313. — LACAILLE (JACQUES-FRANÇOIS), laboureur à Fligny, né à Bossus, mort à Fligny le 13 avril 1808, âgé de 67 ans. Le 22 frimaire an II, l'administration le fit arrêter et conduire au Mont-Dieu sur la dénonciation de Lefort, chargé du recensement des grains dans le district de Roc-Libre.

314. — LACAVE (ANTOINE), né à Marseille, âgé de 23 ans, chasseur au 11° régiment [occupait la cellule n° 1.5].

315. — LACHAPELLE (CLAUDE GIRARD dit), chapelier à Sedan, né à La Rochetaillée (Loire), le 17 janvier 1772, mort à Sedan le 30 août 1851 ; les scellés furent apposés chez lui le 14 floréal an II.

316.—LAFONTAINE (PIERRE NICOLAS dit), magistrat à Sedan, sa ville natale, où il est mort le 31 mars 1826, âgé de 70 ans 1/2. Détenu au Mont-Dieu, cellule n°13, comme suspect; le 26 nivôse an II il demanda sa mise en liberté provisoire pour régler sa part de l'emprunt forcé.

LAGRIVE (femme).

LAHAUT. (Voy. DELAHAUT.)

317. — LALLEMENT (THOMAS), marchand de porcs, mort à Gespunsart le 28 mai 1825, âgé de 87 ans. Emprisonné au MontDieu sur la dénonciation d'un patriote, parce qu'il distribuait de l'eau bénite à ses enfants chez lui.

LALLEMENT-GALLAS. (Voy. GALLAS.)

318. — LALLEMENT (AUGUSTINE-HENRIETTE-MARIE-LOUISE), née le 14 mars 1773, veuve de Ch.-Louis Béchard, remariée à Pauvres le 17 floréal an III à Jean-Baptiste Pocquet, cultivateur à Warmériville ; elle était fille de Jean-Baptiste Lallement et de Marie-Anne-Antoinette Gallas.

319. — LALLEMENT (MARIE-SOPHIE), de Pauvres, âgée de 25 ans.

320. — LALLEMENT (MARIE-AGATHE), de Pauvres, soeur des précédentes [occupaient toutes la cellule n° 27].

321. — LALLEMENT (JEAN-BAPTISTE), curé de Biermes depuis 1786, né à Renwez le 16 janvier 1753 ; emprisonné au Mont-Dieu pour avoir continué ses fonctions ecclésiastiques, plus tard curé de Renwez (1809-1820), où il est mort le 6 septembre 1822.

322. — LALUSTIÈRE (SÉBASTIEN-CHARLES TOUCHAIN DE), ex-lieutenant au régiment de Conty, cultivateur à Bossus, mort


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à Lamécourt, écart de Rubécourt, le 16 septembre 1809, âgé de 81 ans et 7 mois.

323— LALUSTIÈRE DU CARBONET (CHARLES TOUCHAIN DE), frère du précédent, curé d'Hannapes depuis 1784 (nommé le 15 décembre 1769) jusqu'en 1815, mort à Charleville, dans sa maison, rue de la Butte, le 22 avril 1828, âgé de 95 ans. Emprisonné au Mont-Dieu sur la dénonciation de deux de ses paroissiens ; le 23 frimaire an II il était obligé de vendre son mobilier pour se créer des ressources. Les frères Lalustière occupaient la cellule n° 40.

324. — LAMBERT (HENRI), ci-devant quincaillier, place de la Halle, à Sedan, âgé de 50 ans, emprisonné parce qu'il avait un frère déporté ; les scellés furent levés chez lui en sa présence le 15 germinal an II (1) [occupait la cellule n° 34].

325. — LAMBERT (ANTOINE-SIMON), cultivateur à Ste-Vaubourg où il est né le 29 novembre 1743 et mort le 17 mai 1819. Juge de paix à Attigny. Arrêté et conduit au Mont-Dieu sur l'ordre du Comité révolutionnaire de Vouziers comme suspect, agent de Capet, etc., mis en liberté le 24 brumaire an III. (Voy. Biographie ardennaise, par Boulliot.)

326.—LAMBERT (JEAN), ex-bénédictin de Liège, né à Brévilly le 22 mars 1738, mort curé au même lieu le 6 juin 1816. Accusé de fanatisme par Vassant, Levasseur le fit arrêter et conduire au Mont-Dieu le 14 floréal an II, mis en liberté après le 9 thermidor [occupait la cellule n° 7].

327. — LAMBINET (JEAN-MAURICE), médecin à Charleville où il est mort le 19 août 1822 ; était né à Tournes le 6 novembre 1741.

328. — LANCELOT (MARIE-LOUISE-MARGUERITE), dite soeur Tièse, ex-religieuse annonciade à Mézières, pensionnée. Incarcérée le 26 frimaire, cellule 31. Née à Charleville, elle mourut à l'hôpital de Mézières le 14 mars 1822, âgée de 85 ans.

329. — LANDRU (JACQUES-JOSEPH-EUGÈNE DE), né à Arras, lieutenant-colonel de gendarmerie à Mézières où il s'est marié le 24 décembre 1792, fut enfermé au Mont-Dieu avec sa femme le 6 frimaire an II comme aristocrales notoires sur un ordre des

(1) Les scellés furent apposés le 3 germinal an II chez Lambert, ci-devant commissaire ordonnateur de l'armée des Ardennes à Sedan, qui venait d'être mis en arrestation ; il demeurait dans la maison Raffroy, directeur de l'hôpital ambulant. Le représentant Roux le fit arrêter comme conspirateur et conduire au tribunal révolutionnaire de Paris. (Voir le procès des terroristes ardennais.)


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représentants Hentz et Bô et leur détention dura plus d'un an ; mort à Gruyères le 13 juin 1814 [occupait la cellule n° 37].

LANDRU (DE), femme. (Voy. ZWEIFFEL DE SUÈVE, A. M. CC.)

330. — LANGLOIS (THÉRÈSE), couturière à Gérouville, puis domestique à Sedan [occupait la cellule n° 43].

331. — LAPONTONIÈRE (VINCENT-FRANÇOIS), de Tours, capitaine au 43e d'infanterie, adjoint à l'état-major de l'armée des Ardennes à Sedan pour l'achat des chevaux, demeurait chez le citoyen Jacquet, rue Maqua, au deuxième, quand les scellés furent apposés chez lui le 4e jour de la 1re décade du 2e mois de l'an II. Incarcéré comme suspect [occupait la cellule n° 20].

332. — LA RAMÉE (JEAN-JOSEPH), religieux de Chéhéry, né à Rocroi le 17 juin 1725, fils de Ch.-Nicolas, trésorier de la guerre. Le 13 prairial an II, il se rendit à l'administration, demandant à être reclus comme prêtre sexagénaire, on l'expédia au Mont-Dieu avec le suivant pour refus de serment.

333. — LA RAMÉE (LOUIS-NICOLAS OU FRANÇOIS-AUGUSTIN), né à Rocroi le 21 juin 1737, cistercien, frère du précédent. A leur sortie de prison, les frères La Ramée furent envoyés en surveillance à Rocroi.

LARDENNOIS (ETIENNE) (1).

334. — LARGILIÈRE (MADELAINE), épouse Ledoux fils. Mise en arrestation par le Comité de surveillance de Carignan, le Comité révolutionnaire de Sedan ratifia cette arrestation le 1er frimaire an II et prescrivit de conduire toute la famille Ledoux au Mont-Dieu (occupait la cellule n° 29].

335. — LARIEUX (JEAN) dit CHEVALIER, perruquier à Sedan, rue Saint-Michel, âgé de 53 ans. Détenu au Mont-Dieu, le 3 frimaire an II il sollicita sa mise en liberté, protestant de son patriotisme el ayant été lieutenant des grenadiers de la garde nationale [occupait la cellule n° 17].

336.—LA ROCHE-LAMBERT (ANNE-CHARLOTTE-JOSÉPHINE DE), veuve depuis le 6 juin 1781 de Canelle de Provisy, ex-capitaine, morte à Charleville le 15 mars 1812. Arrêtée le 11 messidor an II comme noble.

(1) D'après le docteur Henry Lardennois de Reims, né à Mouzon, Etienne Lardennois, né à Noyers, acquéreur de la ferme de la Loire, où il est mort le 27 pluviôse an XII, âgé de 47 ans, a été emprisonné au Mont-Dieu.


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LARUE. (Voy. DELARUE.)

337. — LARUE (ANTOINE), né à Neufmaison le 27 mars 1752, curé constitutionnel de Liart, mort curé du Frety le 12 mars 1826. Il occupait la cellule n° 6.

338. — LATOUR (LOUISE-ANNE DORCHEMÈRE DE), femme Aubreville. Le Comité de surveillance de Mézières la déclara suspecte pour avoir fait plusieurs voyages à l'étranger, et le 18 floréal an II, Levasseur ordonna qu'elle serait, par mesure de sûreté générale, enfermée dans la maison des suspects dite du Mont-Dieu [occupait la cellule n° 19].

339. — LATUDE (BERNARD V1SSEC DE), capitaine d'infanterie à Carignan, né à Sedan le 3 février 1743, mort à Carignan le 31 mars 1815.

Le 1er thermidor an II, Vassant écrivit à Levasseur que Vissee de Latude, détenu au Mont-Dieu, avait émigré dans le temps de l'arrivée des Prussiens à Ivoy, parce qu'il craignait qu'ayant trahi sa pairie on ne lui fît subir le sort de son frère qui venait d'avoir eu révolutionnairement la tête coupée à Sedan ; quoi qu'il en soit, lui disait-il, tu peux prendre un arrêté pour envoyer Vissee au tribunal révolutionnaire : « son compte est bon ». Le 2 thermidor, Levasseur prit l'arrêté demandé par Vassant, l'infortuné Latude fut extrait du Mont-Dieu et conduit à Paris. Il y rejoignit sa nièce, Anne-Joséphine de Vissee, qui fut enveloppée dans la même accusation. La chute des terroristes sauva Vissee et ses coaccusés. Dans cet intervalle sa femme mourut de chagrin [occupait la cellule n° 43].

340.—LAURENT (THOMAS), de Thilay. Arrêté le 29 nivôse an II comme suspect à cause de l'émigration de sa fille, Marie-Jeanne, âgée de 21 ans. Elle était allée à Opont (Belgique), chez ses parents. Il fut gardé à vue à ses frais pendant 50 jours.

(A suivre). Ernest HENRY.


BRIBES DE FOLK-LQRE

I. Proverbes, Dictons, Locutions populaires, etc.

— Quand le coucou a mangé la fleur de seigle, il ne sait

plus chanter.

(Boulzicourt).

— Quand les poules ont mangé la fleur du foin, elles ne

pondent plus.

(Boulzicourt).

*

* *

— Quand le roitelet chante en haut de l'arbre, signe de beau

temps. S'il chante dans la haie, signe de pluie.

(Porcien).

***

— Le loriot, dans les cerises vertes, chante :

Elles rougiront, elles rougiront !

(Porcien).

* *

— Nom populaire du « ver-blanc » : chien de terre.

(Porcien). -7T-. Nom populaire de la Voie Lactée : le chemin de la Prairie.

(Porcien).

— Proverbes météorologiques :

1° Sainte Croix, Keu (cueilles) tes pommes et grau (gaules) tes noix.

2° Saint Lu,

IVsèmes p'us, ou sèmes p'us dru.

(Porcien).

* *

— Se dit aux personnes u"une longévité tenace :

V's êtes de l'année des bus,

Vous n's'en irez avant qu'on n'vous tue !

(Boulzicourt).


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— Se disait des jeunes gens difficiles à « caser » :

Il est si bête que j'en ferai un fabricant.

(Sedan).

*

— Le cousin « Trente Sous » : c'est-à-dire l'auberge des

voyageurs qui n'ont ni famille, ni amis pour les recevoir,

l'auberge où ils trouvent l'abri frugal en échange de leurs

trente sous.

(Sedan).

* .

* *

— La « Bazeilles » et la « Brute » étaient des jeux de cartes

populaires à Sedan.

(Sedan).

II. Petits souvenirs légendaires, Sorcellerie.

La Poule Noire.

— Dans les fonds de Bétenvaux, près du « Laid Trou », il y a un lieudit « la Queue de Butz », dont la réputation était suspecte. On n'aimait pas passer par là : la Poule Noire y revenait.

(Boulzicourt).

*

* *

Les Chats blancs.

— Des chats blancs venaient, la nuit, rôder autour de l'église

de Boulzicourt.

(Boulzicourt).

*

* *

L'Homme nu.

— L'Homme nu faisait peur aux gens, entre Boulzicourt et

Lafrancheville.

(Boulzicourt).

*

* *

Les Sorciers.

— Le sommet du cône de Châtillon était le rendez-vous favori des sorciers. On les entendait « faire de la musique ».

(Boulzicourt).

Georges DELEAU.

(Renseignements fournis par MM. Sandra et Baudrillard, cultivateurs à Boulzicourt, et par M. l'abbé Rasquin, en retraite à Boulzicourt).


- 90 - VARIÉTÉ

La réforme judiciaire de 1788 dans les Ardennes.

A la fin de l'ancien régime, le garde des sceaux Lamoignon avait entrepris la lourde tâche de remanier et de simplifier l'organisation judiciaire de la France, si défectueuse et si compliquée. Par cette importante réforme de 1788, il s'était proposé de diminuer le nombre exagéré des juridictions el de rapprocher la justice des justiciables : il laissait subsister les Parlements, mais en les privant de leurs prérogatives politiques et de la presque totalité de leurs attributions judiciaires, et il réduisait de même l'importance des justices seigneuriales. Les édits élevaient dans les ressorts des différents Parlements quarante-sept présidiaux à la dignité de grands bailliages, au-dessous desquels les présidiaux restaient comme seuls tribunaux royaux.

L'hostilité des parlementaires s'efforça d'empêcher la réforme et la formation des grands bailliages : l'oeuvre réformatrice, non soutenue par l'indolence du roi, avorta devant la coalition des égoïsmes lésés. Ce fut d'ailleurs une courte victoire pour les Parlements qui ne tardèrent pas à disparaître dans la tourmente révolutionnaire. M. Marcel Marion a étudié les détails de cette réforme et les péripéties de celte lutte dans un ouvrage compréhensif el fortement documenté : Le garde des sceaux Lamoignon et la réforme judiciaire de 4788 (Paris, Hachette,. 1905 ; grand in-8°, 269 pp.), dont de longs extraits avaient paru précédemment dans la Revue des Etudes historiques (Nos de mai à décembre 1905). On trouve dans le volume, en appendice, l'état des grands bailliages érigés par les édits de mai 1788 et de leurs ressorts respectifs.

Le livre de M. Marion nous fournit quelques indications intéressantes pour notre région. On y voit que le grand bailliage de Châlons put, en dépit des résistances, se constituer et fonctionner et qu'il propagea même le système de Lamoignon dans les Ardennes, à Rethel. Rethel ne possédait qu'un bailliage ducal, une élection, un grenier à sel et une juridiction des traites ; ces trois derniers sièges devaient disparaître en vertu des nouveaux édits, mais la ville était désignée pour être le siège d'un présidial : « On comptait avec raison que les officiers des juridictions supprimées aimeraient encore mieux être présidialisés que n'être rien. Effectivement, ils se jetèrent tous sur la planche de salut qui dans ce grand naufrage leur était encore


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offerte, et le gouvernement n'eut que l'embarras du choix entre un très grand nombre de candidats, rethélois et même étrangers. Les officiers du bailliage de Sainte-Ménehould, notamment, après des démarches inutiles pour être présidialisés eux-mêmes, revendiquèrent les sièges du présidial de Rethel avec une telle avidité qu'il faillit n'en point rester pour la gent relhéloise. Deux des grands baillis [de Châlons], Champion et Martin, vinrent à Rethel présider à l'installation solennelle (14 août 1788) du nouveau présidial : à la messe, au Te Deum, à la procession qui suivit, où ils eurent soin de se faire porter la queue, ils déployèrent, avec une ostentation que les pamphlets adverses couvrirent de ridicule (1 ), les pompes et les splendeurs, éphémères, hélas ! du grand bailliage. »

D'autre part, le ressort du Parlement de Metz, bizarrement découpé en trois tronçons sans communication entre eux (Sedan et Verdun, Toulois, pays messin, plus les deux enclaves isolées de Longwy et de Sarrelouis), semblait tout désigné pour recevoir plusieurs grands bailliages. Un seul pourtant y fut établi, à Metz même, et ne put jamais se constituer. La résistance fut d'ailleurs à peu près unanime dans tous les sièges de ce ressort, à Sedan, à Sarrelouis, à Metz, etc. Verdun, toutefois, enregistra les édits, évidemment dans l'espérance d'oblenir le séduisant avantage que les Messins n'osaient pas accepter. Mais ce fut en vain, et peu de temps après la réforme de Lamoignon était condamnée. La Révolution devait reprendre son oeuvre en la modifiant et en l'élargissant.

Ch. HOUIN.

COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES

Généalogie de la famille de Maniquet, par le vicomte Olivier DE POMPERY. — Lyon, impr. Rey, 1906 ; in-8°, 54 pp. (Tirage à part de la Revue d'histoire de Lyon, 1906, tome V, pp. 353-402).

La généalogie de cette famille originaire du Dauphiné, très savamment élucidée par M. 0. de Pompery, contient un certain nombre d'indications relatives au département des Ardennes.

Un membre de cette famille, Hector de Maniquet, écuyer, seigneur du Fayet en Dauphiné, fut le 27 novembre 1570 maître des Cérémonies à Mézières, au mariage de Charles IX avec Elisabeth d'Autriche. Hector

(1) Cf. Récit de l'installation du présidial de Rethel par un témoin oculaire (Bibl. nationale : LB 39. 6515).


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fut chargé de reconduire la reine en Allemagne, quand elle devint veuve en 1574.

Un autre, Prosper de Maniquet, écuyer, seigneur du Fayet, fut blessé à Rocroi en 1643. Un des fils de Prosper, Bénis de Maniquet, fut capitaine au régiment de Meuse.

Dans la deuxième moitié du siècle dernier, Marie-André Maniquet épousa en premières noces, à Belley (Ain), le 28 mai 1872, Marie-Louise Berlin, fille de feu le colonel Constant Bertin et de Marie-Madeleine de la Chevardière de la Grandville (famille d'origine ardennaise).

C. H.

Etudes sur Léonard de Vinci.—Ceux qu'il a lus et ceux qui l'ont lu,

par P. DUHEM. Première série. — Paris, A. Hermann, 1906 ; un vol. grand in-8°, 360 pp. (fig.). (Prix : 12 francs).

Dans un chapitre intitulé : Léonard de Vinci, Cardan et Bernard Palissy, l'auteur traite de la formation des fossiles selon Bernard Palissy, qui, on le sait, a trouvé les éléments de sa théorie au cours de ses recherches dans les Ardennes et particulièrement aux environs de Sedan.

Or Bernard Palissy a eu des devanciers. Un maître de l'Université de Paris, Albert de Helmstoedt, dit Albert de Saxe, semble avoir été en ces questions un précurseur. Selon Albert de Saxe, la principale cause de déplacement de poids à la surface du globe est l'érosion par les fleuves et les rivières, à laquelle il attribue fort exactement la sculpture du relief du sol. C'est pour commenter el corroborer cette doctrine que Léonard de Vinci a écrit ses remarques justement admirées sur la sédimentation et la formation des fossiles.

Dans la lre édition de, son livre De Subtilitale et plus encore dans la 2e édition, Cardan résuma, assez mal d'ailleurs, ces fragments de Notes de Léonard. Bernard Palissy, à son tour, emprunta à Cardan sa théorie de la fossilisation, bien que l'illustre potier ne cite Cardan que pour le combattre.

Ainsi, conclut M. Duhem, par Bernard Palissy, Cardan et Léonard de Vinci, la stratigraphie moderne se trouve rattachée aux commentaires qu'un maître de l'Université de Paris développait au milieu du XIVe siècle, touchant le De Coelo d'Aristote. C. H.

Bibliographie des Chants populaires français, par DE BEAUREPAIEEFROMENT. — Paris, édition de la Revue du Traditionnisme, 60, quai des Orfèvres, 1906; in-8°, 41 pp. (Prix : 1 fr. 50).

Il n'existe pas pour la France de bibliographie générale traditionniste. M. de Beaurepaire-Froment, chez qui l'écrivain se double d'un érudit, vient de combler cette lacune en ce qui concerne les chansons populaires. Sa bibliographie est divisée en deux sections : Ouvrages généraux et Ouvrages relatifs aux Provinces ; elle donne la liste des recueils imprimés depuis le XVIe siècle, sauf omissions inévitables dans un travail de ce genre et constitue un répertoire indispensable aux érudits, aux lettrés, aux artistes, aux curieux, à tous ceux qu'intéressent nos merveilleuses chansons populaires. C. H.


-93Histoire

-93Histoire département des Forêts (le Duché de Luxembourg de 1795 à 1814), par Alfred LEFORT. membre titulaire de l'Académie nationale de Reims. — Luxembourg, P. Worré-Mertens, 1905 ; in-8°, 350 pages, avec cartes el plans (extrait des Travaux de la section historique de l'Institut Grand-Ducal).

M. Lefort a publié, d'après les archives luxembourgeoises et françaises, le premier volume d'une histoire de l'ancien département des Forêts qui comprenait les cantons de Paliseul Florenville, Neufchâteau, Sibret, Bastogne, Fauvillers, Etalle, Virton, Arlon et Messancv et le GrandDuché de Luxembourg actuel. C'est l'histoire des faits révolutionnaires qui se sont passés dans ces pays : on y trouve les faits militaires, l'annexion, l'organisation des administrations, la persécution religieuse, la chasse aux moines el aux nobles, l'emprisonnement des suspects, le pillage des églises, etc. C'est en somme l'histoire de la Révolution française dans ces pays avec le cortège de ses maux.

Cette histoire est très intéressante, non seulement pour ceux qui s'occupent d'histoire locale, mais pour ceux qui aiment à connaître l'histoire de la Révolution française.

Trois volumes sont annoncés : souhaitons la prochaine apparition des deux derniers et félicitons M. Lefort de son travail. E. H.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

LITTERATURE ET BIOGRAPHIE

Le Joaillier. Poème, par Gaston DOQUIN. — Sedan, Imp. H. Bourguignat, 1906, une brochure in-8°, 8 pp. (Couverture dessinée par Clarin).

Quelques Idées, par Paul et Victor MARGUERITTE. — Paris, PlonNourrit et Cie, sans date [1905] ; un vol. in-18, 359 pp. (Prix : 3 fr. 50). [Aux pages 273-299, étude intitulée : Les Charges de Sedan, relative aux charges d'Illy et de Floing le 1er septembre 1870 et à la controverse sur la retraite par Mézières ou par Carignan].

Les bastions de l'Est. Au service de l'Allemagne, par Maurice BARRES. — Paris, Modern-Bibliothèque, Artbème Fayard, sans date [1905] ; un vol. gr. in-8°, 126 pp. (Prix : 1 fr. 50) (avec illustrations d'après les aquarelles en noir et en couleurs de Georges Conrad). [Aux pp. 55-58, passage curieux sur Taine qui visita Sainte-Odile, dans le chap. VI intitulé : La Pensée de Sainte-Odile].

Les Dernières Cartouches.—I. Le Roman du Mari.—II. Le Roman

de l'Enfant, par Jules MARY.—Paris, E. Flammarion, sans date [1903]; 2 vol. in-18, 429 el 535 pp. (Prix : 7 francs). [Roman dont l'action se passe en partie dans les Ardennes, pendant la guerre de 1870, aux environs de Sedan, de Bazeilles et d'Autrecourt].

La Meuse, par J. BELLER. — Lille, Imp. de « la Croix du Nord », 1903 ; un vol. in-16, 413 pp. (Prix : 3 fr. 50). [Roman à tendances sociales et patriotiques, qui décrit les moeurs des bateliers de la Meuse et dont l'action se passe en grande partie aux environs de Sedan].


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Comme va le ruisseau, par Camille LEMONNIER. — Paris, Ollendorff, 1903 ; un vol. in-18 (Prix : 3 fr. 50). [Roman dont l'action se déroule sur les bords de la Meuse belge, à Profondeville, et dont le fleuve est le principal acteur, comme dans le roman précédent de M. J. Beller].

Le Coeur de François Remy. Roman, par Edmond GLESENER. — Paris, F. Juven, 1904 ; un vol. in-8°, 368 pp. (Prix : 3 fr. 50). [Histoire de roulotliers qui voyagent avec leur « maringote » de Liège à La Roche-sur-Ourthe, Bouillon, La Chapelle, Sedan, etc.].

Nouveaux contes à Marjolaine, par George GARNIR. — Paris, F. Juven, 1904 ; un vol. in-18, 258 pp. (Prix : 3 fr. 50). [Scènes et paysages de l'Ardenne belge].

PÉRIODIQUES ET JOURNAUX

Revue d'histoire moderne et contemporaine. — P. Caron : Les Comités militaires des Assemblées de la Révolution (1789 — an VIII) (n° de juillet 1905, t. VI. pp. 689-711).-—Gustave Lanson: La formation de la méthode historique de Michelet (n° d'octobre 1905, t. VII, pp. 5-31) [Intéressant pour les Ardennes, dont Michelet était originaire par ses ascendants maternels],

La Révolution française. — G. Laurent : Les Archives judiciaires de la Marne (n° du 14 juillet 1905). [Versées depuis la Révolution au Tribunal civil de Reims, où elles étaient abandonnées, elles ont été transférées en 1902 du Palais de Justice à l'Hôtel-de-Ville de Reims, aménagées, et l'inventaire en a été commencé. — Elles contiennent des documents d'un haut intérêt, par exemple ceux qui sont relatifs à la convocation des Etats-Généraux dans les bailliages de Reims, Fismes, Châtillon, etc., la collection complète des cahiers de doléances et des procès-verbaux des assemblées des Communautés des campagnes].

La Révolution de 1848. — Bouilly : Notice sur les deux frères Buvignier et lettres inédites à Charles Buvignier (n° de mai-juin 1905). [Isidore Buvignier, 1822-1859, avocat et homme politique, et son frère Charles Buvignier, 1823-1902, avocat et journaliste, ont joué dans l'Est un rôle actif en 1848 : le premier comme sous-préfet de Verdun, puis comme député de la Meuse, le second comme sous-préfet de Montmédy. — M. Bouilly publie sept lettres écrites à Charles, les cinq premières par Isidore en 1848, les deux dernières par Ledru-Rollin en 1851 : détails sur le 15 mai 1848, les journées de juin, et l'effort de propagande démocratique en 1851].

Revue des questions historiques. — E. Lesne : Hincmar et l'empereur Lothaire (n° du 1er juillet 1905, pp. 5-58). — Victor Pierre : Le Clergé de France en exil. Pays-Bas autrichiens, Liège, Trêves et Luxembourg. Hollande, 1791 à 1794 et 1795 (n° du 1er octobre 1905, pp. 533-569). [Nombreux détails sur le clergé et les communautés religieuses réfugiées dans les pays voisins du département des Ardennes. Beaucoup de prêtres venaient, on le comprend, du diocèse de Reims, et aussi des diocèses de Verdun, Metz, Châlons, etc. — Indications sur la communauté de la Providence de Charleville, sur l'archevêque de Reims, Talleyrand, sur le pillage de l'abbaye d'Orval (juin 1793), sur leurs vicissitudes, leur genre de vie, etc.].


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Revue des Deux Mondes. — Ch. Benoist : Le travail dans la grande industrie.—1. Le Lin et le Jute.—II. La Laine et la Soie (Nos du 1er août 1904 et du 15 novembre 1905). [Le 2e article intéresse les ouvriers en laine de Sedan].

La Grande Revue.— F.-L. Malapeyre : Un épisode dramatique de l'invasion en 1870 (n° du 15 novembre 1905). [En novembre 1870, une colonne du 64e de landwehr fut attaquée à Vaux-Villaine, près de Rocroi, par un parti de francs-tireurs. Le commandant prussien exigea la livraison de trois otages, qu'un habitant se chargea de désigner et qui furent fusillés. Cet événement donna lieu en 1873 à un procès dont le dossier, conservé au greffe du tribunal de Rocroi, a fourni à l'auteur les éléments de son article.

Les trois victimes étaient Jean-Baptiste Depreuve, berger, Louis Georges et Charles Georges. Un monument commémoratif leur a été élevé à Vaux-Villaine, ainsi qu'à l'abbé Marteau qui offrit sa vie pour les sauver : ce monument a été inauguré le 14 octobre 1906].

Revue de cavalerie. — Paul Millier : Campagne de Turenne dans la Haute-Alsace (1674-1675). Le combat de cavalerie de Mulhouse et la bataille de Türckheim (n° de juillet-août 1905, avec deux croquis).

Revue d'histoire rédigée à l'Etat-Major de l'armée. — V. D.

[Capne V. Dupuis] : La campagne de 1793 à l'armée du Nord et des Ardennes. De Valenciennes à Hondschoote (suite) (Nos de mai, juillet et octobre 1905). —V. D. : Les opérations militaires sur la Sambre en 1794 (n° de mai 1906) [intéressant pour les mouvements des armées sur la Meuse, marche sur Namur, attaque dirigée par les Autrichiens sur Bouillon]. — B. [Colonel Coutanceau] : La campagne de 1794 à l'armée du Nord (17 pluviôse-8 messidor an II) (suite) (Nos de mars 1905 à avril 1906) [nouveaux détails sur l'armée des Ardennes et sur son commandant, Charbonnié, etc.]. — E. [Ct Picard] : La guerre de 18701871. — L'armée de Châlons. lre partie: La marche sur Monlmédy (Nos de juin 1905 à janvier 1906); 2e partie : Nouart-Beaumont (Nos de février à mai 1906).

Etudes, revue fondée en 1856 par des Pères de la Compagnie de Jésus. •— H. Chérot : Comment sombra l'Empire à Sedan, d'après un ouvrage récent (n° du 20 juin 190b [d'après le tome VII de l'Histoire du Second Empire de P. de la Gorce]. — L. Roure : Les idées politiques de Taine, d'après sa Correspondance (n° du 20 août 1905, pp. 511-517. [Analyse du tome III de la Correspondance]. — Victor Delaporte : Paul Verlaine et ses poésies chrétiennes (n° du 20 février 1906, pp. 454-471).

Le Correspondant. — F. Pascal : Le patriotisme de Taine (n° du 25 septembre 1905, pp. 1097-1113). — G. Bord: La légende de Léonard, coiffeur de la Reine (n° du 25 juillet 1905, pp. 373-384) [se rattache à la fuite de Varennes].

La Revue hebdomadaire. — G. Bertaut: La Correspondance de Taine (n° du 22 juillet 1905).

Revue de synthèse historique. — Paul Lacombe : Notes sur Taine (suite). III et IV : Observations sur la recherche méthodique des causes en histoire littéraire (Nos d'avril 1905, pp. 149-171 ; de juin 1905, pp. 261-268). — P. Boissonnade : Les Etudes relatives à l'Histoire


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économique de la Révolution française (1789-1804) (Nos de février à décembre 1905) [intéressant pour les Ardennes |.

Le Figaro.—Camille Lemonnier: La Terre belge (n°du 17 août 1905).

— Paul Bourget : Madame Taine (n° du 21 août 1905). [Article écrit à l'occasion de la mort de Mme Taine en juillet 1905 et consacré à l'influence de Mme Taine sur son mari, surtout au point de vue religieux].

La Chronique médicale. — Lettre de Madame Taine (n° du 1er août 1905, p. 516) [sur la carrière scientifique et médicale de Taine].

Le Mercure de France. — Jacques Morland : Une visite au tombeau de Taine (n°du 15 novembre 1905, pp. 231-237. [Détails intéressants sur son esprit et sur sa méthode : «... Fils d'un avoué de Vouziers, il était d'une race de fonctionnaires laborieux, la plupart magistrats : gens habitués à tout entendre, mais retenus par le souci de leur réputation. Nul plus que lui ne se conforma aux exigences du milieu où il vécut ».]

— Péladan : Réfutation esthétique de Taine (n° du 1er février 1906, pp. 321-339). — Féli Gautier: Documents sur Baudelaire (n° du ler avril 1906). [Aux pages 373-374, on trouve une lettre de Baudelaire à Taine (6 octobre 1863) et une lettre de Taine à Baudelaire (30 mars 1865). Baudelaire demandait l'appui de Taine pour vulgariser ses traductions d'Edgar Poë et une préface pour Eureka. Taine s'excusa de ne pouvoir préfacer Eureka. Sa réponse devait cependant être des plus sympathiques, puisque Baudelaire lui demanda de nouveau un article sur Poë; pensant peut-être que sa lettre tiendrait lieu de préface, Taine écrivit à Baudelaire la lettre du 30 mars 1865].—Victor Ségalen : Les Hors-la-loi : le double Rimbaud (n° du 15 avril 1906, pp. 481-501). [Etude intéressante sur l'énigmatique et inquiétante duplicité d'Arthur Rimbaud, d'abord poète, puis négociant et explorateur].

Le Bulletin monumental. — H. Jadart : Une inscription dans l'église du Bar (Alpes-Maritimes) (Nos 1-2 de 1905, pp. 104-107 [concerne deux chanoines de Reims, 1712],

Revue Henri IV [supplément des Annales Fléchoises]. — H. Jadart : Sully et les plantations d'arbres (n° de septembre-octobre 1905). [L'auteur montre par les textes que Sully n'a pas innové en ordonnant des plantations d'arbres, « Sullys » ou « Rosnys », le long des routes. La prescription était ancienne; Sully l'a renouvelée comme grand maître de l'artillerie : il songeait à avoir du bois pour les affûts de canon].

Nouvelle Revue rétrospective. — Deux volontaires de Sambre-etMeuse. Lettres de Maurin et de Rouvière à Dessales, 1792-1797 (Nos du 10 février et du 1er mars 1902). [Lettres conservées à Montpellier, dont les volontaires et leur correspondant étaient originaires : elles contiennent des détails intéressants sur l'état de la France et surtout des armées à la fin de 1792 et au début de 1793, et quelques renseignements sur les campagnes de 1794 en Belgique, de 1796 et 1797 sur le Rhin et en Italie].

Le Gérant : E. LAROCHE.

Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22.


A propos de RIMBAUD

SOUVENIRS FAMILIERS

(SUITE).

A Charles HOUIN. II

Cependant il y eut un moment où cette sortie diagonale dont je parlais tout à l'heure, ce parti pris de Rimbaud d'échapper aux bruyances des jeunes garçons rués, si exubérants, hors du collège, revêtirent l'apparence d'une réprobation assez évidente pour que leur amour-propre en fût offensé. On aurait pu leur dire que chacun, en ne gênant personne, est libre d'agir comme il l'entend, mais...

Je me souviens d'un honnête chien assis au seuil d'une boutique devant laquelle, chaque minute, passaient, au trot vif ou bien au pas flemmard, des attelages de toute sorte. Habitué, depuis tant de jours, au grincement des roues et au piaffement des chevaux, ce chien mangeait ses puces très paisiblement. Survint une automobile. Aussitôt il s'élança furieux, aboyant mille injures, prenant à témoin, l'on aurait pu croire, le ciel et la terre de l'indignation à lui causée par cette innovation absurde, par ce scandale inouï : une voiture qui marchait toute seule ! Plusieurs mois après, je revis mon chien à la même place ; des automobiles défilaient nombreuses ; il ne disait plus rien, il s'y était fait, la pauvre bête. Beaucoup d'humains sont pareils, si quelque peu primitifs, si enfants, par exemple. Ce ne sont pas les plus mauvais : ils ont de l'excellent animal l'esprit conservateur et propriétaire, l'attachement aux traditions, la crainte, l'horreur de l'imprévu. Et ils manifestent ces sentiments avec de l'impétuosité qui révèle un jugement prompt, un peu court, incapable de subtilité. Soyez sûr qu'ils deviendront de bons citoyens, grognant contre le percepteur, mais aimant leur patrie, sans bien savoir pourquoi — ce qui est le dernier mot de la vertu — et montrant à l'étranger une défiance ou un dédain salutaires.

Riv. D'ARD. ET D'ARG. T. XIV, Nos 7 et 8.


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Chez plusieurs de ces réguliers la conscience en révolte finit par monter aux dents, pour jaillir en huées aiguës ; les jambes, surexcitées par une immobilité trop longue, portèrent en avant les corps, les poussèrent à suivre, impulsifs, la retraite répugnée du singulier camarade ; les poitrines se dilatèrent joyeusement à remplir de « hou! hou! » justiciers la rue muette aux portes closes.

Rimbaud refusa d'apprécier à leur valeur ces vociférations au fond très amicales ; obstinément il continua d'éviter le contact des bons petits garçons qui lui criaient le mépris dû à l'austère étude, aux raffinements grammaticaux ou littéraires. Il fila, plus rapide, comme on se détourne d'un coup de vent chargé de débris aveuglants et malpropres. Peut-être eût-il fini par voir le vrai, par se rendre compte

Que poursuivre la gloire et la fortune et Part C'est folie et néant

s'il n'eût trouvé des malheureux qui semblaient approuver son erreur. Cette constatation faite par les petits criards qu'à leur bizarre compagnon pouvaient parler tout de même des gens vulgaires comme moi laissa naître en leur indulgente « mentalité » cette conviction qu'il n'était pas, après tout, si anormal. En sorte que leur animadversion, atténuée, tourna peu à peu de la clameur à l'indécis murmure.

El puis le dégourdi Labarrière, qui plaisait à tout le monde à cause de sa nature ouverte et franche, nous apporta l'appoint de sa popularité. En le voyant lui aussi frayer avec les frères Rimbaud, on les laissa tout à fait tranquilles. Or ne louons pas trop ce chevaleresque. Il y avait dans son cas de l'intérêt bien entendu. Le gaillard faisait des vers, commençait des romans et des drames. Son bonheur était donc de déployer, tandis que nous remontions tous quatre vers les « Allées » où demeurait sa famille, des papiers qu'il lisait en relevant à petits coups de tête la visière de son képi, et ne s'arrêtant que pour confronter, l'oeil étincelant, la critique blagueuse du bon Frédéric. Et celui-ci, n'étant pas soutenu, prenait le parti de tirer une sonnette, ce qui mettait fin à la conférence, car il fallait alors, chacun de son côté, jouer des jambes.

Labarrière, je crois bien, était avec moi le jour où j'assistai, sur la place Ducale, à une scène non seulement comique, mais


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encore lamentable. Des gamins pleins de joie, des femmes ardemment curieuses, qui se poussaient, pour voir, avec des mines dégoûtées, entouraient un pauvre diable d'ouvrier tellement ivre qu'il ne pouvait faire trois pas et pleurait à chaudes larmes, en gémissant: « crapule... crapule... je suis crapule!... » et s'administrant, pour eu témoigner, de grands coups de poing dans l'estomac. Je contai la chose à Rimbaud, croyant le faire rire. Il fronça le sourcil, devint très rouge, et ne dit rien. Mais quelque temps après, il écrivit Le Forgeron, ce beau poème de colère et de pitié :

C'est la crapule,

Sire. Ça bave aux murs, ça monte, ça pullule. Puisqu'ils ne mangent pas, Sire, ce sont des gueux !

On ne veut pas de nous dans les boulangeries ; J'ai trois petits. Je suis crapule. — Je connais Des vieilles qui s'en vont pleurant sous leur bonnet, Parce qu'on leur a pris leur garçon ou leur fille.

C'est la crapule —

Oh ! tous les malheureux, tous ceux dont le dos brûle Sous le soleil féroce, et qui vont, et qui vont, Qui, dans ce travail-là, sentent crever leur front : Chapeau bas, mes bourgeois, oh ! ceux-là sont les Hommes !

L'année scolaire 1869-1870 le vit en rhétorique (1). Vous et Jean Bourguignon avez énuméré ses brillants succès en narration latine, discours français, vers.latins, histoire, etc. (2). Les élèves pensionnaires, plus sensibles, je crois, que nous autres polissons d'externes à la gloire de l'établissement, avaient Rimbaud en grande estime. C'est qu'à la distribution des prix, les séminaristes, nos voisins, qui assistaient aux mêmes cours et qui étaient d'enragés bûcheurs, avaient pris l'habitude de tout ramasser, et nous, collégiens, oh rentrait chez soi les mains dans ses poches. Ça nous était bien égal, certainement, vu que les récompenses distribuées consistaient en chefs-d'oeuvre classiques, el la moindre pipe en écume eût beaucoup mieux fait notre affaire. Mais les parents — qui ne comprennent jamais rien aux choses les plus simples — avaient parfois la faiblesse de s'étonner, de demander: comment? qui? quoi? pourquoi?...

(1) Rimbaud était né le 24 octobre 1854.

(2) Poètes ardennais. Arthur Rimbaud (Revue d'Ardenne et d'Argonne, 1896-97, t. IV).


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— Ils sont donc plus malins que vous, les séminaristes?

— Plus malins que nous?... qui est-ce qui a dit ça?

— Eh! bien, le palmarès... et puis M. le Préfet qui les embrasse!... Vous n'arriverez donc jamais à vous faire embrasser par le Préfet?...

Ces plaisanteries devenaient intolérables. Aussi quelle joie, quelle fierté, quelle réhabilitation éclatante, quand — enfin ! — le nom d'un collégien retentit deux, trois, quatre fois de suite, comme une fusillade, après les mots: premier prix... premier prix... premier prix... Ce coup de théâtre avait eu lieu dès que Rimbaud eut fini sa seconde. Il passait désormais pour un « type calé », un « chic type ».

Ce n'est pas, du reste, à cause de ses places en composition, mais parce que, en dehors de cela, il était un garçon très intelligent et très loyal, que Billuart et d'autres lui vouèrent une amitié solide, fidèle.

Mais revenons à notre histoire. L'année de rhétorique fut pour Rimbaud la plus laborieuse. Par une admirable rencontre, sa force de travail et sa hardiesse d'esprit se trouvaient, l'une dirigée, l'autre accompagnée par un professeur doué d'exceptionnels talents pédagogiques en même temps que d'une intelligence des plus originales. Georges Izambard se distinguait des autres maîtres de Rimbaud par ceci que les audaces, même les étrangetés intellectuelles de son élève ne l'inquiétaient guère et l'amusaient toujours. Pour l'avoir laissé réciter en classe « ... degueulare » au lieu de « ... debellare superbos », il fallait qu'il eût connu dès longtemps cette particularité morale de Rimbaud : la révolte contre l'orgueil se produisant sous forme de convulsif dégoût. Il ne prenait pas cela pour une fumisterie de potache, puisqu'il y reconnaissait l'expression naïve d'un sentiment fort, et il se contentait de paraître n'avoir pas entendu, cela va de soi, tout en riant sous cape.

Dès après ce mois de juillet 1870, marqué pour la rhétorique de Charleville par des victoires si glorieuses remportées au Concours académique, ce fut le bien connu patatras détruisant tout à coup l'espérance énoncée par M. Desdouests que Rimbaud entrerait à Normale avec le numéro un. Non seulement le terrible enfant ne voulait plus entendre parler de rien qui fût universitaire, mais il venait de jeter le gant à toute espèce de discipline et d' « ordre établi », s'était offert, pour commencer, « la paille


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humide des cachots », comme Blanqui ou Raspail, et ce ne fut pas de sa faute s'il ne resta à Mazas que deux semaines, car il avait bravé la tyrannie et ses sbires avec assez d'éclat pour se faire expédier sur les pontons, si ces gens-là eussent eu un peu de coeur au ventre. Heureusement, ils n'en avaient pas, et le petit bonhomme fut renvoyé à sa maman.

Il dédaigna cette impertinence, mais plusieurs jeunes gens sérieux blâmèrent son initiative et déclarèrent qu'il prenait « un mauvais chemin ». J'avoue à ma honte que tel n'était pas mon avis. Pour moi il devenait un héros, et voilà tout.

Aussi jugez de ma joie, quand un après-midi d'octobre, il vint me trouver « chez nous », à Mézières. Ma mère, ignorant ses frasques et ne connaissant de lui que sa brillante réputation scolaire, le reçut avec empressement, jugeant que cet élève studieux pouvait être pour moi d'un bon exemple. Cependant les petits messieurs de l'âge que nous avions échangent difficilement, dans le sein des familles, des propos qui soient pour eux d'un intérêt bien intense : — Je vais le reconduire... — Oui, et ne sois pas trop longtemps... — Je le reconduisis pendant deux heures, c'est-à-dire que pour aller du côté de Charleville, nous remontâmes la rue de Saint-Julien, itinéraire à la Christophe Colomb — ajouterai-je pour les personnes qui ne connaissent pas la topographie du chef-lieu des Ardennes — et qui équivaut, en effet, à chercher les Indes en passant par les Antilles ; nous suivîmes le chemin-de-ronde qui longeait une caserne, puis le couvent des Dames de Sainte-Chrétienne, franchîmes la Meuse par le pont qui va au Faubourg-de-Pierre, — petite erreur de rien du tout, comme vous voyez, — revînmes par la place de la Gendarmerie, par la rue de l'Hôpital, par le même pont de tout à l'heure, par des rues dont j'ai oublié le nom, qui nous menèrent place de la Poste, puis place de la Préfecture ; nous nous assîmes sous les platanes, à droite du violon — dit « château d'eau » ; — nous trouvâmes ensuite le moyen d'être, sans savoir comment, rue des Etuves, puis place du Château, rue Bayard, et enfin Faubourg-d'Arches, où dans les molles tristesses du crépuscule naissant, la demoiselle du boucher, celle du ferblantier, celle de l'aubergiste, et une autre, jouaient au volant une partie à quatre, excitant l'admiration de Fifi, l'amouleux, grand amateur de sports. Nous négligeâmes de ratiociner sur cet oubli complet des malheurs nationaux ; tout au plus fîmes-nous, à l'extrémité


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du faubourg, une halte de quelques minutes pour contempler l'antre du maréchal-ferrant, parce que c'était si drôle de voir l'énorme soufflet faisant pétiller un gros las de braises, tandis que sur l'enclume le solennel tapage du marteau s'accompagnait de mille étincelles qui montaient, en files rayonnantes, jusqu'au plafond tout noir !...

Il n'avait fallu pas moins que ce bout de féerie, dont la vue ne coûtait rien, pour interrompre la captivante conversation déroulée sur tant de macadams raboteux ou de trottoirs aux largeurs inégales. Rimbaud m'avait conté ses aventures depuis la distribution des prix qui vit ses derniers triomphes et termina pour toujours son existence d'écolier bien sage. Nous avions—je le confesse avec une humilité qui ne va pas jusqu'au repentir — malicieusement revu les incidents de cette journée fameuse : le discours élégant de M. Lenel sur Virgile, celui de M. le Procureur impérial parlant avec attendrissement de notre auguste souverain qui n'était encore, pour lui et pour tout le monde, à cet ironique instant (1), que le vainqueur de Sarrebrück marchant sur Berlin, puis, par un splendide soleil, la dislocation papillotante de l'assemblée aux si belles toilettes parmi lesquelles étincelaient des couronnes de papier verni, l'arrêt soudain de ce monde joyeux qui se cassait le nez sur le mur de la maison Pouillard où l'on venait d'afficher, depuis quelques minutes, un papier blanc terrible, copie d'un télégramme officiel... défaite de Wissembourg !...

Il m'avait dit la vente des gros volumes dorés sur tranche et reliés en « peau de chagrin », fastueux trophées du Concours académique, la vingtaine de francs, ainsi procurée, payant son voyage à Paris, l'effarement des agents de police au nez desquels il cria tout de suite: « A bas la rousse!... », l'épithète de « morveux » qui blessa, comme de juste, son amour-propre, l'insistance qu'il mit à « repiquer au tas », les bons « flics » obligés, pour en finir, de lui mettre la main au collet, son interrogatoire, séjour à Mazas, etc.; — puis, aussitôt ramené à Charleville, son inaptitude à rester dans l'endroit qui le vit naître, les fugues nouvelles, cette fois à pied, une en Belgique, jusqu'à Charleroi, une vers Douai où il fut accueilli fraternellement par Izambard. Ce dernier et lui avaient fait quelque temps

(1) 5 août 1870.


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du journalisme de combat. Mais Rimbaud, par la violence de ses opinions, par la truculence de ses propos, effaroucha le républicanisme fort tempéré des Flamands. Il en résulta que sa collaboration fut plulôt néfaste. Les deux amis s'étaient consolés en se lisant mutuellement leurs vers (1). Car il va sans dire que la vie errante venait de puissamment fomenter l'inspiration du gamin poète. Et j'avais entendu, ravi, extasié, tandis que nous trottions par ce vieux et tout renfrogné Mézières, Ma bohème, Au cabaret vert, La maline...

— Mais que feras-tu maintenant? — lui dis-je, au moment de le quitter à l'entrée du dernier pont-levis.

— Je ne sais... j'attends, pour repartir, un moment favorable... Maintenant, c'est difficile... c'est impossible... cette maudite guerre étant partout... Paris bloqué...

— Alors, viens me voir.

— A demain !

Il n'y avait rien de mieux à faire pour l'heureuse jeunesse qui vit ces temps calamiteux que de se promener en babillant. Douce époque ! Nos professeurs, portant le képi noir décoré de passe-poil rouge, s'amusaient à monter la garde et abandonnaient totalement leurs classes. La moitié des élèves, originaires de campagnes très occupées à faire la soupe des Prussiens, ne pouvaient rentrer au collège, et cet établissement—où le nouveau concierge, celui qui remplaça « Chocol », se faisait du lard — délicieusement restait clos à nos yeux enchantés.

Rimbaud vint donc le lendemain et les jours suivants. Dès qu'il avait tourné le bec-de-cane et refermé la porte vitrée de notre petite boutique où se vendait un peu de tout: sucre d'orge, cassonade, billes et menus jouets, fil, aiguilles, chaussures, cache-nez, gilets de flanelle... — exactement à ce coin de la rue du Pont-de-Pierre et de la Grande Rue qui est du côté de l'église, — il me trouvait prêt à sortir, car les enfants ne sont bien que dehors, et ma mère, indulgente, comprenait qu'à seize ans l'on a besoin de se dégourdir quotidiennement les jambes. On s'en allait. La saison étant encore clémente, on se dirigeait vers Saint-Julien, ce Bois-de-Boulogne de Mézières, d'autant plus

(1) La pièce de Rimbaud, qui commence ainsi :

« On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans... s a été inspirée par des vers d'Izambard sur le même sujet.


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commode qu'à deux pas, et que, pour les causeries, l'on trouvait tout de suite une suffisante solitude. Aussitôt après le pont jeté sur le fossé profond, là, comme un abîme, on entrait sous une sorte de tunnel percé dans un ouvrage de fortification assez bizarre, en forme à peu près de coeur et qui s'appelait l'As-de-pique— oeuvre de quelque ingénieur un peu fou, je pense. —Après quoi, nouveau pont donnant sur un fossé moindre, mais large aussi ; puis des chemins-de-ronde, des talus, banquettes, plongées et autres fantaisies de polytechniciens dégotteurs de Vauban. Quand traversées toutes ces complications amusantes, on était sur le glacis, on avait à sa droite un bosquet singulier dissimulant je ne sais quel noir tumulus nommé <r la Glacière », devant soi un endroit plat et vide qui était donc, cher ami, pour vous entretenir en gaieté, comme je le dois, la place de la guillotine... mon Dieu, oui!... Rassurés, dès lors, on obliquait un peu à gauche, on descendait par un chemin — encaissé un peu, très peu. — Ce chemin tournant avec douceur, accompagné d'ormes légers, se trouvait avoir tout à coup, à sa droite (1), un groupe de maisonnettes auxquelles vous ne pourriez cependant appliquer la strophe du « poète inconnu » des Cimetières :

Et c'est à peine si,

Comme des brebis étonnées, Loin du troupeau fumant des douces cheminées, Loin du clocher, ce pâtre amoureux d'horizons,

Quelques maisons

Abandonnées,

Toutes fanées

Par les saisons

Car si anciennes qu'elles fussent — et si mélancoliquement jolies, — ces humbles demeures n'étaient pas vides et abritaient de bonnes dames qui vendaient du lait. Puis le chemin formait deux angles droits successifs et l'on se trouvait à l'entrée du petit parc appelé « Bois d'Amour ». Il commençait par une allée sablée, entre des murs, d'un côté, et, d'autre part, une haie d'aubépine haute et bien fournie où s'encastraient les énormes

(1) Je vous demande pardon de tous ces « droite... gauche », mais j'éprouve une satisfaction bien grande à reconstitue!' aussi précisément que je puis la disposition des lieux où s'ébattit mon enfance, et je voudrais que ce récit, à l'intention pour ainsi dire exclusive de mes bien aimés compatriotes, leur apportât quelqu'une des sensations mystérieusement douces et charmantes que me donne encore parfois l'évocalion des temps disparus.


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troncs de vieux, magnifiques tilleuls. Le « grand jardin », vestige potager d'une demeure seigneuriale disparue au siècle précédent, était le premier des jardins clos de murs. Une porte assez grande, protégée par une grille de fer forgé aux barreaux terminés en flammes, indiquait la supériorité de son origine sur la « race » de ceux qui le suivaient (sept ou huit), avec des portes étroites, basses, quelques-unes cintrées, toutes ayant l'air de branlantes, clignotantes petites vieilles.

L'avantage pour nous de ces portes de jardins, c'est qu'elles avaient pour palier une ou deux marches fort commodes pour s'y asseoir, le dos contre l'huis vermoulu, et allumer quelque cigarette amoureusement façonnée, tout en guettant qui venait le long de l'avenue aux beaux tilleuls. Vous savez en effet ce qu'il arrive aux jeunes gens sans méfiance : un bon monsieur, une brave dame qui vous connaissent : « Ah ! ah ! (hypocritement) Bonjour mon ami ! » Et puis ils vont dire aux parents : « J'ai vu votre garçon qui fumait comme un Suisse... » Là ! je vous demande un peu si ça les regarde !... Et ce sont des histoires à la maison. Sans compter que M. Desdouests, notre excellent principal, était grand promeneur, et qu'on le rencontrait partout, et que cet homme, fumeur lui-même, avait la singularité de vouloir interdire

— mais absolument ! — cet innocent plaisir aux élèves du collège. Or les armées les plus glorieuses peuvent subir des défaites, les sociétés peuvent changer de forme et de principe ; les gamins auront toujours le goût obstiné des satisfactions défendues.

Rimbaud et moi, du reste, n'en abusions guère, n'ayant pas beaucoup de sous, et les buralistes, bien que la France n'eût pas, à cette époque, déboursé d'un coup cinq milliards, ne donnant tout de même, pour dix centimes, que dix grammes de tabac... et encore !... On économisait par force... Quand nous avions suivi de l'oeil, voluptueusement, aussi longtemps que nous pouvions, les volutes légères et parfumées, Rimbaud, qui avait vu, la veille, quelque professeur ami d'Izambard, tirait de la poche de son veston un Champfleury, un Flaubert, ou bien la traduction de ce chef-d'oeuvre de Dickens : Les Temps difficiles. C'était la littérature d'observation, que je n'avais connue d'abord que par Le Sage et Balzac, et dont il suivait le développement avec ferveur, qu'il aimait pour son réalisme hardiment honnête.

— Non pessimisme, affirmait-il, car les pessimistes sont de petits


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méchants, faibles d'esprit. La réalité cherchée, c'est le véritable optimisme. C'est un genre sain, et saint... Bien voir et voir tout, de près, décrire avec une précision sans peur la vie sociale moderne, les déformations qu'elle fait subir à la créature humaine, les vices, les maux qu'elle impose... Bien connaître les préjugés, les ridicules, les erreurs, enfin le mal, pour en hâter la destruction... Et ce qui sortira de cette âpre étude, n'est-ce pas la foi, n'est-ce pas l'espérance et la charité !...

Huit ou dix ans avant de lire Zola ça me cassait un peu, des théories pareilles. Je comprenais ! Mon Dieu ! disons, si vous voulez, que je me sentais forcé de commencer à comprendre. Supposez un accouchement par les fers... En tout cas, Rimbaud avait traduit ses sentiments et ses sensations à lui — d'accord avec ce que je viens de dire autant qu'il pouvait être tout à fait d'accord avec quelque chose ou quelqu'un ou lui-même — en de la poésie singulière dont l'énergie me causait une ivresse étonnée ; il me lisait : A la Musique, Le Bahut, Le Mal, Le Dormeur du Val, Les Effarés...

On se levait, un peu fiévreux, ou marchait, on allait jusqu'à la fin du parc, lequel s'élargissait après les jardins et s'emplissait d'arbres centenaires. Nous restions alors à contempler le soleil qui se couchait dans des nuages d'or et de pourpre, là-bas, au bout de la prairie voisine. Rimbaud revenait à ses rêves d'art :

— Je n'en suis encore qu'à entrevoir le but et le système : des sensations nouvelles, des sentiments plus forts à communiquer par la magie du verbe. Je perçois, j'éprouve ; je ne formule pas comme je veux... Si les termes de la langue nationale sont insuffisants, j'ai les langues anciennes, les langues étrangères modernes ; mais quand la science est venue, la jeunesse est partie, les vibrantes sensibilités s'endorment... Les réveiller... Des excitants, les parfums terribles aspirés par la sibylle... Oracles, poètes... Ah ! c'est toujours la même chose, la loi éternelle...

(A suivre). Ernest DELAHAYE.


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107gLES DU MONT-DIEU

PENDANT LA RÉVOLUTION

(SUITE).

341. — LAVAUX (FRANÇOIS-STANISLAS BERTRAND DE), ancien officier de la légion de Lauzun, mort à Mouzon le 12 décembre 1806, âgé de 79 ans. Dénoncé par Germain Decloux dit frère Terrible, il fut mis en arrestation par le Comité de surveillance de Mouzon sur l'ordre de Levasseur à qui Vassant l'avait signalé, Le 1er thermidor an II, Lavaux était accusé de s'être compromis lors de l'arrivée des Autrichiens à Mouzon ; la chute des terroristes le sauva, car il avait été traduit au tribunal révolutionnaire.

342. — LEBLANC (JEAN-PHILIPPE), curé de Rubigny depuis 1764, né le 20 mai 1728, mort à Rubigny le 23 vendémiaire an XI. Détenu au Mont-Dieu du 7 thermidor an II au 6 pluviôse an III.

343. — LEBRUN (PIERRE), curé de Brienne où il est mort le 17 décembre 1803, était né à Aumetz (Moselle), le 15 mai 1744, fut détenu au Mont-Dieu en messidor an IL

344. — LECLERC (JEAN-ANDRÉ), maître es arts, curé constitutionnel de Gespunsart et maire de cette commune en janvier 1793, né à Monthois le 29 novembre 1756. Emprisonné au MontDieu en nivôse an II pour ne pas avoir remis ses lettres de prêtise et renoncé au culte pour avoir réuni des catholiques à l'église, pour être soupçonné de royalisme en annonçant la fête des ci-devant rois (Epiphanie). Le 7 ventôse an III, le Comité révolutionnaire de Charleville demanda la liberté de Leclerc en vertu de la loi du 3 ventôse qui permettait l'exercice du culte. Curé du Thour après le Concordat, il est mort dans ce village le 13 mars 1825 [occupait la cellule n° 25].

345. — LECOUFFLET (MAGDELAINE), épouse Ledoux, à Carignan.

346. — LECOUPEUR (MARIE), soeur grise de Rethel, née à Courbepine le 3 avril 1729. Incarcérée au Mont-Dieu pour refus de serment.

347. — LECOURT (PIERRE-NICOLAS), curé de Machéroménil en 1792, né à Reims le 26 juin 1763. Arrêté le 21 messidor an II


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et conduit au Mont-Dieu comme neveu et frère d'émigré et parce qu'il enseignait aux enfants une morale qui n'était pas républicaine, mort curé de Montcy-Notre-Dame le 2 aoûl 1817.

348. — LECUY (JEANNE), veuve Pierre Doffagne. Détenue au Mont-Dieu du 16 frimaire au 15 nivôse, morte à Carignan, le 9 germinal an XII, âgée de 66 ans [occupait la cellule n° 43].

349. — LEDOUX (LUCIEN), receveur des gabelles à Montfortl'Amaury. Mis en arrestation avec sa famille par le Comité de surveillance de Carignan. Le Comité révolutionnaire de Sedan ratifia celle arrestation le 1er frimaire an II et prescrivit de conduire toute la famille Ledoux au Mont-Dieu. Il occupait la cellule n° 29.

350. — LEDOUX (Louis), fils.

351. — LEDOUX, fille du précédent.

352. — LEDUR (NICOLAS), chanoine de Braux du 18 décembre 1765. Emprisonné dans la maison de réclusion des sexagénaires.

353. — LEFEBVRE (FRANÇOIS-BARTHELEMY), ci-devant notaire royal à Vouziers, né à Stenay en 1755. Administrateur du district de Vouziers ; destitué pour incivisme et improbité et pour ces causes envoyé au Mont-Dieu. Sorti le 14 nivôse pour aller déposer à Mézières, n'a pas reparu au Mont-Dieu. Le 26 germinal an VI les administrateurs du département des Ardennes constatèrent que ce notaire réunissait la moralité et un républicanisme prononcé et qu'il avait tous les talents requis pour un bon notaire, mort à Vouziers le 27 mars 1815 [occupait la cellule n° 53].

LEFEBVRE (JEAN) (1).

354. — LEFORT (PIERRE-FRANÇOIS), tailleur à Mouzon où il est né et mort le 29 ventôse an VII, âgé de 75 ans. Arrêté et conduit au Mont-Dieu le 22 frimaire avec sa femme et sa fille, à cause de l'émigration de Pierre Lefort, son fils, vicaire et ancien professeur au collège de Mouzon [occupait la cellule n° 50].

LEFORT (MARIE GOBRON épouse). (Voy. GOBRON.)

355. — LEFORT (JEANNE), de Mouzon, fille des précédents.

(1) Jean Lefebvre, dit la Douceur, lamier à Sedan, rue de la Liberté, ci-devant rue SaintMichel, maison Chayaux, n° 342, né à Chollet, mort à Sedan le 6 juillet 1819, âgé de 68 ans. Le 8 floréal il fut arrêté. Les scellés furent apposés chez lui et chez dix-sept autres Sedanais suspects.


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356.— LEGRAND (JEANNE-MARIE), femme Mouroux, de Mouzon. Emprisonnée au Mont-Dieu parce que son mari s'en était évadé.

357. — LEGROS (MARIE-CHARLOTTE), née à Pauvres où elle est morte le 21 avril 1835, âgée de 57 ans, était fille de Charles et de Marie-Anne Varlet.

358. — LEGROS (CHARLES), de Pauvres. La famille Legros occupait la cellule n° 27.

359. — LEJEUNE (MARIE), âgée de 24 ans, originaire de Bouillon [occupait la cellule n° 45].

360. — LEJEUNE (HUBERT), curé assermenté de Villy, né en pays étranger. Emprisonné au Mont-Dieu en messidor an II sur les conseils de Vassant.

361.—LEMAIRE (JOSEPH), d'Ucimont, près Bouillon. Incarcéré le 29 prairial pour avoir dit qu'il se f... de la république.

362. —LEMARIÉ (JEAN-AUGUSTIN), né à Sedan le 24 avril 1745, mort au même lieu le 9 avril 1810. Nommé procureur à Sedan le 5 mars 1769, plus tard officier de la maîtrise des eaux et forêts, il devint commissaire national près le tribunal de Sedan. En brumaire an II, un de ses premiers soucis fut de dénoncer Niclot et Servais, gardes des bois du prince de Condé ; ceux-ci furent arrêtés comme suspects. Lemarié se trouva peu après impliqué dans l'affaire des clubs de Sedan ; le Comité révolutionnaire le fit arrêter et conduire au Mont-Dieu. Le 14 nivôse, l'administration demanda son remplacement dans ses fonctions près le tribunal. Il fut plus tard inspecteur des forêts à Mouzon [occupait la cellule n° 11].

363. — LEMOINE (JEAN-BRICE), né à Reims vers 1740, il était maître de pension à Monthermé lorsqu'on l'appela à» Sedan en avril 1791 pour occuper la chaire de seconde au collège, Charloteau n'ayant pas accepté. Il devint maire de Sedan et Collot, vicaire épiscopal, le suppléa dans sa chaire du collège. La modération de Lemoine ne tarda pas à le compromettre aux yeux des terroristes sedanais, il fut arrêté et conduit au Mont-Dieu ; les scellés furent apposés chez lui au collège le 2e jour de la seconde décade du 2e mois de l'an II. Pendant son emprisonnement qui dura près de six mois, sa famille, dont il était le soutient, était totalement sans ressources. En 1806 il était bibliothécaire à Charleville [occupait la cellule n° 21].


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364. — LENIER ou LESNIER (ANTOINE), vigneron à Ballay où il est mort le 20 août 1817, âgé de 84 ans. Emprisonné le 29 vendémiaire pour avoir tenu des propos contre-révolutionnaires. Le Comité révolutionnaire de Vouziers-le fit mettre en liberté le 13 fructidor an II.

365. — LENOBLE, détenu à la prison de Mézières. Le Comité de surveillance prescrivit de le conduire au Mont-Dieu avec plusieurs co-détenus.

LEONET, femme. (Voy. GAIGNIÈRE.)

366. — LEONET (MARIE-CATHERINE), née à Vouziers le 23 septembre 1758, mariée à Vouziers le 24 ventôse au III à Vincent Levasseur, lieutenant de dragons, devenu plus tard maire de Vouziers et qualifié chevalier de l'Empire. Elle fut incarcérée avec sa mère comme suspecte à cause de l'émigration prétendue de Louis Gaignière, son oncle [occupait la cellule n° 28].

367. — LEPOIVRE (JOSEPH), curé de Seraincourt, accusé de fanatisme. Traduit au tribunal révolutionnaire de Paris, il y resta en détention du 7 thermidor an II au 7 pluviôse an III ; la chute des terroristes le sauva.

368. — LEPOIVRE (CHARLES-LOUIS-JOSEPH), prémontré, né à Donchery (1) le 5 septembre 1745, curé depuis 1784 à la Hardoy où il est mort le 15 mars 1808. Levasseur ordonna le 28 prairial an II de le conduire au Mont-Dieu avec plusieurs autres prêtres. Il était accusé d'empêcher les enfants de fréquenter les écoles et d'enseigner que les enfants qui mouraient sans baptêmes n'étaient pas sauvés.

369. — LEQUIN (ANTOINE), né le 28 avril 1733 à Rethel. Curé de Coucy depuis 1771 où il est mort le 12 pluviôse an VIII. Il fut arrêté le 29 prairial an II et conduit au Mont-Dieu le 11 messidor avec plusieurs autres prêtres détenus à Rethel.

370. — LERICHE, conduit le 16 frimaire devant le tribunal criminel de Mézières.

371. — LEROUX (LOUISE), née à Mézières, veuve de Pierre D'Esse, de Carignan, morte à Carignan le 2 février 1806, âgée de 73 ans. Elle fut incarcérée le 7 frimaire avec toute la famille

(1) 11 était fds de Philbert Lepoiv (sic), capitaine de dragons, puis lieutenant-colonel, mort à Donchery le 23 juillet 1764.


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d'Esse et taxée à mille livres de contribution pénitentiaire [occupait la cellule n° 13].

LEROUX (VINCENT-F. LAPOTONNIÈRE) (Voy. LAPONTONNIÈRE).

LEROY veuve. (Voy. BAUDELOT.)

372. — LEROY (NICOLAS-FRANÇOIS), curé de Cernion depuis 1781, né à Château-Porcien vers 1714. Arrêté pour refus de serment [occupait la cellule n° 53].

373. — LEROY (CLAUDE), curé de Corny, rétracta son serment constitutionnel le 7 septembre 1792 et fut envoyé en réclusion à Mézières, mais préféra émigrer et mourut en Allemagne le 3 juin 1795, âgé de plus de 80 ans.

374.—LEROY-GILMAIRE (NICOLAS), né à Glaire le 23 novembre 1746, mort à Sedan le 9 décembre 1813. Commis à la manufacture Rousseau, de Givonne, membre fondateur du club de la Vendée. Incarcéré le 6 frimaire an II ; le 24 thermidor, sa fille Marie demanda à connaître les motifs d'arrestation de son père, conformément à la loi du 18 thermidor. Le district auquel elle s'adressa la renvoya au Comité de surveillance ; celui-ci, ignorant les motifs d'une arrestation à laquelle il n'avait pas participé, la renvoya à l'agent national ; celui-ci, pour toute réponse, transmit au Comité de sûreté générale des lettres saisies sur Leroy pendant sa détention. Dans ces lettres, Leroy se concertait avec des co-détenus qui correspondaient au dehors à l'insu du commissaire Marque [occupait la cellule n° 43].

375. — LESCAMOUSSIER (CHARLOTTE-MARIE-URSULE MOYEN DE), née à Reims, morte à Stenay en 1827, âgée de 69 ans. Elle avait épousé à Autruche, le 12 janvier 1779, Armand-Louis-Edmond de Roucy (de Cheveuges). Incarcérée parce que son mari était sur la liste des émigrés [occupait la cellule n° 45] (1).

376. — LESCUYER (JEAN-AUGUSTIN), tanneur et maire sortant de Mézières, né à Beauvais, mort au Pont-de-Pierre à Mézières le 26 pluviôse an VI, âgé de 58 ans. Incarcéré le 22 brumaire an II [occupait la cellule n° 40].

377. — LESENNE (JEAN-BAPTISTE-ADRIEN), ancien commis des fermes du roi, né à Doullens, marchand épicier à Mouzon où il est mort le 24 décembre 1820. Fut nommé officier municipal à

(1) Jean-Marie Moyen de l'Escamoussier, son frère, né à Reims en 1756, ancien officier habitant Saint-Juvin, fut arrêté le 7 vendémiaire an III et conduit à Mézières, libéré le 27 brumaire an III.


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Mouzon ; destitué, puis rétabli ; le 16 ventôse an II il fut détenu au Mont-Dieu, et le 29 prairial il sollicita sa mise en liberté pour vaquer à ses récoltes [occupait la cellule n° 23].

378. — LESEUR (MARIE-ANNE-NICOLE), née à Mézières en 1731, épouse de Ch.-F. Paul d'Herville. Incarcérée le rr brumaire an II parce que son mari aurait été destitué et elle prévenue d'émigration pour être allée quelques jours à Dinant en octobre 1792. Le 15 floréal an II, les habitants de Saint-Marceau députèrent quatre de leurs concitoyens pour réclamer Mme Paul d'Herville et la ramener parmi eux, mais Levasseur n'accueillit pas leur demande ; elle fut libérée seulement après le 25 frimaire an III [occupait la cellule n° 18].

379. — LHOSTE (ANSELME), négociant tanneur à Charleville où il est né le 19 septembre 1735, fut député suppléant de Cochelet à la Constituante, mais ne siégea pas. Incarcéré le 6 frimaire an II pour son attachement à la religion catholique [occupait la cellule n° 26].

LHOSTE, femme. (Voy. DEMANDRE )

380.—LIGLÉ (ALEXISSE-JEANNE), religieuse novice de l'EnfantJésus de Reims, née à Château-Porcien [occupait la cellule n°55]. LION veuve. (Voy. CRÉTOT.)

381. — LILLEBONNE (MARIE-SCHOLASTIQUE FRANSQUIN DE), née à Ballay le 17 mai 1752, morte au même lieu le 12 août 1835, mariée à Charles-Joseph-Henri Dessaulx. Incarcérée le 17 octobre 1792 à cause de la ci-devant noblesse de son mari et comme soeur d'émigrés (1) [occupait la cellule n° 27].

382. — LILLEBONNE (MARIE-CATHERINE FRANSQUIN DE), soeur de la précédente, née à Ballay le 29 août 1750, morte au même lieu le 2 frimaire an VI, épouse de Joseph-Louis Dessaulx. Incarcérée le 5 frimaire an II, avec six de ses enfanls, comme soupçonnée d'avoir deux frères émigrés et un enfant soupçonné d'émigration [occupait la cellule n° 33].

383. — LILLEBONNE (2) (ALEXANDRE-MARIE FRANSQUIN DE), marchand à Vouziers, né à Ballay le 19 mai 1756, marié à Vouziers le 19 janvier 1787 à Agnès Guyot (voy. ce nom). Il fut incarcéré

(1) LILLEBONNE (PIERRE FRANSQUIN DE), né à Ballay le 18 octobre 1755, mort à Châlons-sur-Marne le 26 mars 1832, lieutenant-colonel en retraite, émigra. Son frère qui était prêtre, émigra aussi et mourut vicaire général en Bretagne.

(2) Il a signé Lilbonne et sa femme a signé Guiot.


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le 29 vendémiaire à cause de sa noblesse et taxé à une contribution de mille livres pour l'entretien des détenus indigents [occupait la cellule n° 16].

384. — LISSOIR (REMACLE), ex-abbé de La Val-Dieu, né à Bouillon le 12 février 1730, mort à Paris le 13 mai 1806, emprisonné au Mont-Dieu, il en sortit en 1795. (Voy. Biographie ardennaise, par Boulliot, 2° vol., page 107).

385. — LOBBET (JEAN-BAPTISTE), ex-dominicain de Revin, ex-curé constitutionnel de Pouru-sur-Chiers, né le 30 mai 1734, mort à Rimogne le 26 ventôse an VIII. Fut emprisonné au MontDieu sur dénonciation de Vassant qui l'accusait de fanatisme.

386. — LOISON (MARIE-ANNE), née à Donchery le 18 mai 1737, fille d'un chapelier, rentière à Sedan, incarcérée le 19 brumaire an II sur l'accusation de fanatisme, morte à Sedan le 5 janvier complémentaire an IX.

387. — LOISON (MARIE-JEANNE), née à Donchery, veuve de Pierre-André Tileux qu'elle avait épousé à Donchery le 29 mai 1747, arrêtée le 17 brumaire pour les mêmes motifs que sa soeur la précédente ; les soeurs Loison occupaient la cellule n° 11.

388. — LOISON (CHARLES), tisseur, ancien maire de SaintMenges où il est mort le 20 décembre 1808, âgé de 86 ans. Arrêté et détenu en fructidor an II pour avoir pressé la décision de l'Assemblée nationale sur une demande de la commune de Saint-Menges [occupait la cellule n° 36].

389. — LOLOT (JOSEPH), brasseur à Charleville où il est mort le 31 juillet 1811, âgé de 77 ans.

390. — LOLOT (FRANÇOISE HENRION épouse), enfermée au Mont-Dieu avec son mari.

391 —LUDET (JOSEPH), domestique chez la citoyenne de Dale, à Primat; incarcéré le 18 vendémiaire an II [occupait la cellule n° 10].

392. — MABILLON (ETIENNE), curé de Chagny et Marquigny depuis 1780, né à Beaumont-eu-Argonne le 5 mars 1732, mort à Tourteron le 11 pluviôse an X. Interné au Mont-Dieu après le 17 floréal an II.

393. — MACHINET (JEANNE-FRANÇOISE-BERTHE), épouse Gervaise, de Deville, âgée de 42 ans. (Voy. GERVAISE.) Détenue depuis le 10 frimaire comme accusée d'avoir dit qu'elle se f... de


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la Décade et que tous ceux qui venaient chercher de la marchandise au maximum étaient des voleurs ; elle protesta contre cette accusation [occupait la cellule n° 44].

394. — MAGIN ou MAIIG1N (MARIE-MADELAINE), religieuse de Marat-sur-Aisne (Château-Porcien), soeur de l'hôpital de Rethel ; fut détenue au Mont-Dieu comme suspecte pour refus de serment. Le 14 nivôse an III elle sollicita en vain sa mise en liberté, le 14 germinal an III elle fut transférée à Sedan [cellule n° 55].

MAHIEU, commissaire des guerres à Sedan. (Voy. MAYEUX.)

MAILFAIT épouse. (Voy. RONDEAU.)

395. — MAILFAIT (ADELAÏDE-MARIE-THÉRÉSE), fille de Victor Mailfait, notaire à Saint-Jean-aux-Bois, émigré avec son fils, ancien curé de Saulces-Champenoises.

396. — MAILFAIT (MARIE-ANGÉLIQUE-AIMÉE), soeur de la précédente, morte à Fleignes-les-Oliviers le 2 janvier 1847, âgée de 74 ans, veuve de Pierre Chartier. Les deux soeurs Mailfait furent emprisonnées au Mont-Dieu le 24 frimaire pour iucivisme, émigration de leur père et de leur frère [occupaient la cellule n° 14].

397.—MAILLARD (PIERRE), cultivateur, marchand de bestiaux au Chesne où il est mort le 9 février 1808, âgé de 67 ans. Né à Saulces-aux-Bois, il fut mis en arrestation le 9 nivôse an II, par le Comité de surveillance du Chesne pour avoir mis ses bestiaux pendant la nuit dans les empouilles des particuliers, et avoir occasionné par là des dégâts de plus de 1,500 livres, ce qui le fit conduire dans les prisons de Mézières pour être jugé. Après son jugement il fut interné au Mont-Dieu d'où il sortit le 7 thermidor an II par ordre de Levasseur. Taxé à 300 liv. [occupait la cellule 25].

398. — MAITREHUT femme, de Charleville, fut arrêtée et couduite au Mont-Dieu pour avoir présenté un passeport irrégulier. Remise en liberté le 27 thermidor, sur le rapport de Vassant, attendu qu'elle était réclamée par la municipalité patriote de Charleville.

399. — MALHERBE (JEAN), horloger à Charleville, sous les Allées, où il est mort le 4 juin 1810, âgé de 78 ans. Incarcéré au Mont-Dieu comme suspect [occupait la cellule n° 22].

400. — MANCEAUX, garde de bois à Charleville. Détenu au Mont-Dieu comme suspect, Ch. Delacroix le fît mettre en liberté le 9 fructidor an II [occupait la cellule n° 15].


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401. — MANGIN père (ALEXIS), de Rethel. Incarcéré le 18 brumaire et de nouveau le 17 frimaire [occupait la cellule n° 15].

402. — MANGIN (JEAN-NICOLAS), maire de Mouzon, ancien député, né à Varennes le 16 janvier 1744, mort à Mouzon le 21 novembre 1809. Fut détenu au Mont-Dieu comme suspect; le 21 thermidor an II il fit demander les motifs de son arrestation afin de se justifier et de solliciter sa mise en liberté. Le 22 thermidor an VII ? il fut révoqué de ses fonctions de municipal pour incivisme, empêchant la célébration des fêtes républicaines [occupait la cellule n° 45].

403.— MARCHAL (Louis), prémontré, curé constitutionnel de Thilay, né le 19 juin 1756. Le Comité de surveillance de Thilay le dénonça le 16 brumaire an II, ce qui lui valut d'être envoyé au Mont-Dieu. Se retira à Joigny [occupait la cellule n° 19].

404. — MARCHAND (JEAN-BAPTISTE OU JEAN-PIERRE), dit Frère Maximilien, frère (1) à Rethel, sa ville natale, né le 16 mars 1755. Envoyé au Mont-Dieu pour refus de serment le 6 brumaire, mis en liberté le 4 frimaire an III, fut ensuite écroué à Brest. Il était entré en noviciat de Saint-Yon en 1783 et avait fait profession à Melun en 1785.

405. — MARCHOT (REMI-THOMAS), ancien dominicain, prêtre confesseur et prédicateur à Revin, sa ville natale, ancien curé de Gué-d'Hossus, vicaire épiscopal de Sedan le 7 décembre 1791. Né le 17 octobre 1765, fils d'un notaire (2), fut envoyé au MontDieu le 7 frimaire avec ses confrères en vicariat. Le 2e jour complémentaire an II il sollicita sa mise en liberté ; en germinal an III il se retira à Givet avec une pension de 800 livres. En l'an IV il résidait à Mouzon, devint commissaire de police à Sedan où il mourut célibataire, le 2 janvier 1814 [occupait la cellule n° 3].

406. — MARÉCHAL (ANTOINE), domestique à Ballay, âgé de 31 ans, arrêté parce qu'il fut deux ans au service du curé Lillebonne, émigré, puis à celui de Louis Dessaulx [occupait la cellule n° 33].

(1) Un Frère de Reims, Patroche, âgé de 80 ans, originaire de Saint-Laurent, près Mézières, fut poursuivi à Reims par les révolutionnaires pour refus de serment.

(2) Pierre-Joseph Marchot, notaire à Revin, institué le 23 ventôse an III ; sa moralité et son civisme étaient dignes d'éloges.


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407. — MARÉCHAL (ERASME-HUBERT), récollet de Montargis, né vers 1732, curé constitutionnel de Nohan. Envoyé au MontDieu le 4 frimaire au II comme suspect parce qu'il n'avait pas rapporté de certificat de résidence de la commune d'Agimont où il resta malade un mois ; le 3 frimaire an III il se retira à Givet [occupait la cellule n° 53].

408. — MARÉCHAL (ELISABETH), épouse le 23 octobre 1782 de Nicolas Tilmant, ancien receveur des droits du roi. Née à Sedan le 15 décembre 1755, morte au même lieu le 12 ventôse an X. Elle fut détenue au Mont-Dieu deux fois à cause de l'émigration de son mari au service de Petit de Moranville.

409. —MARSANGE (MARIE), carmélite de Troyes, née vers 1739. Arrêtée à St-Menges le 22 nivôse, elle fut conduite au Mont-Dieu où elle tomba malade, en sortit le 24 germinal an III [occupait la cellule n° 12].

410. — MARTIN (ANTOINE), cordonnier de Signy-le-Petit, né vers 1761. Arrêté le 20 juillet 1793 sous le soupçon de correspondance avec des émigrés à cause de détention de deux assignats faux. Il fut absous par le tribunal criminel de Mézières qui l'envoya au Mont-Dieu le 22 frimaire [occupait la cellule n° 22].

411. — MARTIN (ELISABETH), épouse Jean Bonneville, marchande à Carignan où elle est morte le 21 thermidor an V, âgée de 39 ans [occupait la cellule n° 13].

412. — MARTINET, mendiant, arrêté comme suspect et envoyé au Mont-Dieu le ler messidor an II par le Comité de Mézières.

413. — MARY (MARIE-ANNE), servante de Lebeau, curé de Lametz, née à Chuffilly. Elle fut accusée avec son maître de contre-révolution et arrêtée pour ce fait. Détenue d'abord à Mézières, elle fut transférée au Mont-Dieu le 7 prairial an II ; elle partit à Paris le 28 prairial an II pour être traduite au tribunal révolutionnaire. Lebeau s'était soustrait aux poursuites par la fuite [occupait la cellule n° 32].

414. — MARY (NICOLE-CLAUDINE-FRANÇOISE), de Mézières.

415. — MARY (FRANÇOIS), ouvrier, Grande Rue, à Ballay où il est mort le 29 mai 1814, âgé de 65 ans. Arrêté comme suspect avec Antoine Leignier, il fut envoyé au Mont-Dieu pour s'être répandu en propos contre-révolutionnaires. Fut rendu à la liberté le 14 fructidor an II en vertu du décret du 21 messidor [occupait la cellule n° 33].


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416. — MATHA (PIERRE), ancien capitaine au régiment de Bouillon à Charleville, détenu au Mont-Dieu comme suspect depuis le 1er octobre, mis en liberté le 4 germinal an III [occupait la cellule n° 17].

417. — MAUBEUGE (JEAN DE), mort à Rethel le 3 germinal an XIII, âgé de 75 ans. Arrêté comme suspect et incarcéré le 24 brumaire [occupait la cellule n° 33].

418. — MAUBEUGE (HENRIETTE-CHARLOTTE DE), fille du précédent, née le 3 octobre 1761, morte à Rethel le 11 janvier 1844, veuve du capitaine de cavalerie Pierre du Sillet, né à Brieulles-sur-Bar en 1739 [occupait la cellule n° 33].

419. — MAUCOMBLE (PIERRE-JEAN-BAPTISTE), ancien seigneur d'Artaise, ancien commissaire aux saisies réelles, rue de l'Egalité, à Sedan, où il est né le 25 juillet 1730. Incarcéré le 25 brumaire comme ennemi de la République et oncle d'émigré, condamné à une contribution de 3,000 livres [occupait la cellule n° 29].

420. —MAURICE (JEAN) ou MORRIS (JAMES), irlandais, domestique de Lesse, commandant de Libreville, âgé de 30 ans. Arrêté depuis trois mois comme étranger [occupait la cellule n° 25].

421. — MAUVY (JEAN-BAPTISTE-REMY), brasseur à Vouziers, né à Torcy le 13 janvier 1763, fils de Mauvy-Warin, boulanger. Détenu au Mont-Dieu comme suspect depuis le 9 vendémiaire par ordre du Comité de surveillance de Vouziers. Le 5 thermidor an II il écrivit à Levasseur pour demander les motifs de sa détention qui durait depuis huit mois. Sorti le 14 nivôse, réincarcéré le 23. Sa brasserie fut transformée en atelier de salpêtre pendant sa détention [occupait la cellule n° 11].

MAUVY, femme. (Voy. PONSIN.)

422. — MAXANT ou MAXAUX (PIERRE), garde champêtre à Leffincourt, né en 1739. Incarcéré le 9 pluviôse comme suspect tandis qu'il était bon patriote [occupait la cellule n° 4).

423.— MAYEUX (CÉSAR-ANTOINE-MARIE-NICOLAS), commissaire des guerres à Sedan, rue de l'Egalité, maison Poncelet (auberge Dumet). Destitué de ses fonctions et par ce fait suspect, arrêté en conséquence le 13 frimaire [occupail la cellule n° 5].

424. — MAZY (JEANNE-MARIE-CATHERINE), femme de chambre chez Mme d'Ivory, à Mézières [occupail la cellule n° 47].


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425. —MENU fils (PAUL), né à Sedan vers 1772, instituteur, fils de Jean Menu, tondeur, né à Douzy en 1739, demeurait avec son père dans la maison de la Mission. Incarcéré au Mont-Dieu du 22 nivôse au 11 pluviôse ; lors de l'inventaire chez lui l'on y saisit de nombreux cahiers de discours, réflexions, lettres, etc. [occupait la cellule n° 36].

426. — MERNIER (JEAN-VIVENT), curé d'Estrebay depuis 1785, né à Braux le l4 avril 1743, mort le 20 janvier 1816, curé d'Estrebay. Envoyé au Mont-Dieu après le 17 floréal an II, l'administration ignorait les motifs de cet emprisonnement.

427. — MERNIER (JEANNE-CATHERINE), femme Migeon, de Charleville, née vers 1744. Incarcérée sous prétexte qu'elle avait deux fils émigrés [occupait la cellule n° 29].

428. — MESLIÈRES, tisserand à Rouvroy, détenu au MontDieu comme suspect, mis en liberté le 29 messidor an IL

429. — MESSAGEOT, de Sedan, ci-devant Gabeleur, puis employé dans l'administration des fourrages militaires.

430. — MEURICE (MARIE-JEANNE). Emprisonnée au Mont-Dieu elle en sortit par ordre verbal du Comité révolutionnaire.

431. — MICHAUX (ETIENNE), prêtre de Chimay, vicaire de Saint-Remy, âgé de 70 ans.

432. — MICHAUX (PHILIPPE), de Chimay, âgé de 76 ans, curé d'Audigny (Aisne), frère du précédent. Les frères Michaux furent arrêtés en sortant du village d'Agimont par un nommé Charlier, de Givet, et incarcérés le 4 frimaire [occupaient la cellule n° 32].

433. — MIDOUX (JOSEPH-MARIE), serrurier à Charleville où il est mort le 30 juin 1815, âgé de 45 ans. Enfermé au Mont-Dieu du 22 brumaire au 30 frimaire pour avoir menacé les commissaires qui violaient le secret des lettres [occupait la cellule n° 26].

434. — MIGEON (JEANNE-FRANÇOISE), épouse le 21 août 1759 de Jean-Baptiste Deglaire, boucher. Incarcérée au Mont-Dieu.

435. — MIGEON (JEAN-BAPTISTE), marchand de clous à Charleville, né en 1735. Incarcéré le 24 brumaire à cause de l'émigration de deux de ses enfants au service de la République.

436. — MIGEON (ALEXANDRE), fils du précédent.

437. — MIGEON (VICTOIRE), soeur du précédent. Cette famille Migeon occupait la cellule n° 29.


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438. —MIGEON (MADELAINE), veuve le 4 avril 1791 de JeanBaptiste Camus, de Charleville, morte à Charleville le 19 germinal an XI, âgée de 69 ans. Envoyé au Mont-Dieu avec ses deux filles comme aristocrates. (Voy. CAMUS.)

François-Xavier Camus, fils de Mme Camus-Migeon, fut maire de Charleville sous la Restauration.

439. — MIGNOT (MARGUERITE), épouse Saillant, de Rethel. Incarcérée le 24 brumaire [occupait la cellule n° 49].

440.—MILARD (MARIE-JEANNE), religieuse de Rethel. Envoyée au Mont-Dieu pour refus de serment, mise en liberté le 24 germinal an III [occupait la cellule n" 55].

441. — MILLARD ou MILLAS (PONCE), facteur de clous, ci-devant maire de Gespunsart où il est mort le 25 octobre 1807, âgé de 64 ans.

442. — MILON (JEAN-BAPTISTE), ex-capucin à Arreux, chez de Villelongue, né le 27 juin 1718. Incarcéré le 26 frimaire par ordre du Comité de surveillance de Charleville, motifs ignorés, sorti le 28 nivôse an III [occupait la cellule n° 16].

443. — MINET (JEAN-JACQUES), né le 27 mars 1747, curé de Revin depuis 1774 ; en juillet 1793, il fut député pour porter à Paris, au nom de sa commune, l'acceptation de la Constitution. Il fut ensuite incarcéré au Mont-Dieu le 15 nivôse comme suspect. Rentré à Revin, il reprit ses fonctions de curé et fut noyé dans la Meuse le 6 mai 1813 [occupait la cellule n° 11]. (Voir Revin et le P. Billuart, par S. Dunaime, 1858).

MONFRABEUF veuve. (Voy. THIBOUST DE BERRY DES AULNOIS) (1 ).

444. — MONFRABEUF (LOUISE-FÉLICITÉ-ANNE DE), née à Thenorgues le 20 février 1771, morte à Rouen le 10 mars 1830, mariée aux Petites-Armoises le 10 pluviôse an III à Philippe Christophe, devenu général et baron de l'Empire sous le nom de Lamotte-Guery.

445. — MONFRABEUF (MARIE-ANNE-LOUISE DE), soeur de la précédente, mariée aux Petites-Armoises le 19 frimaire an III à J.-N.-Ch.-G. de Parizot (voy. ce nom), morte à Faux-Lucquy le 20 désembre 1817.

(1) Les armes des familles de Monfrabeuf et de Thiboust de Berry des Aulnois sont décrites dans l'Armoriai de Lorraine, par Georgel, 1882, in-folio.


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446. — MONFRABEUF (LOUISE-CHARLOTTE-ALEXIS DE), soeur des précédentes, née le 30 avril 1773, morte aux Petites-Armoises le 7 février 1835, mariée aux Petites-Armoises : 1° le 20 germinal an III au général Giraud ; 2° le 9 novembre 1814 à N.-Ferdinand de Colnet qui fut juge de paix du canton du Chesne.

447. — MONFRABEUF (CHARLOTTE-ANNE-SUZANNE DE), soeur des précédentes, mariée à Alexandre-Louis de Fougères, officier. Elle est morte aux Petites-Armoises le 23 mars 1835. Toute la famille de Monfrabeuf fut arrêtée par ordre du Comité de surveillance des Petites-Armoises sur la dénonciation de Vesseron, de Sauville, et une lettre de menaces de Parpette, commissaire au Mont-Dieu et incarcérée le 18 frimaire. Elle occupait la cellule n° 30.

448.—MONGELAS ou MONTGEL.VS (ETIENNE-HARDY-MARIE-EL. DUPLESSIS-), ancien consul de France à Cadix, mort rentier à Charleville le 20 germinal an XII, âgé de 58 ans. Incarcéré avec sa femme comme suspects le 13 brumaire [occupait la cellule 29],

MONGELAS, femme. (Voy. DELILLE.)

MONJOT. (Voy. TASSIN.)

449. — MONIN (NICOLAS-JOSEPH), curé constitutionnel de Neufmaison, né le 19 février 1724. Envoyé au Mont-Dieu parce qu'il disait la messe à Thin-le-Moutier, dont les habitants allait le chercher en armes ; se relira à Monthermé.

MONTAGNAC veuve. (Voy. CAZAMAJOR.)

450. — MONTAGNAC (CLAUDE-LOUISE-PAULINE DE).

451. — MONTAGNAC (MARIE-THÉRÈSE-JOSÈPHE DE), née à Lamoncelle en 1768, morte au même lieu le 15 avril 1815. Ces deux filles furent arrêtées avec leur mère et emprisonnées au Mont-Dieu le 10 frimaire an II à cause de l'émigration de leurs frères. Elles avaient trouvé dans leur cellule au Mont-Dieu un tableau religieux qu'elles défendirent contre les fureurs de Bouché et qu'elles emportèrent à leur sortie de prison [occupaient la cellule n° 45].

452. — MONTGUYON (CLAUDE-ALEXANDRE DE), cultivateur et directeur des régies nationales au Haut Chemin, écart de Jandun, né à Puiseux, mort au Haut Chemin le 18 janvier 1831, âgé de 78 ans. Emprisonné comme noble et aristocrate [occupait la cellule n* 19].


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453. — MONTGUYON (LUCIE-HONORÉE DE), née à Butz le 23 juin 1749, morte à Donchery le 2 mai 1831, veuve de JeanBaptiste Borin. Emprisonnée comme noble et épouse d'émigré.

454. — MOREAU (NICOLAS), maître d'école à Jandun. Arrêté le 29 brumaire comme suspect et chef du parti contre-révolutionnaire [occupait la cellule n° 31].

455. — MORIGNY (JEAN-LOUIS), curé d'Auvillers-les-Forges depuis 1779, né à Couvin le 26 janvier 1739. Envoyé au Mont-Dieu avec plusieurs de ses confrères parles terroristes de Rocroi ; le district ignorait en fructidor an II les motifs de son arrestation.

456. — MORIGNY (JEAN-FRANÇOIS), curé d'Havys depuis 1792, neveu du précédent, né le 7 septembre 1762. A sa sortie du Mont-Dieu, il se retira à Aubigny où il mourut le 12 août 1838.

457. — MORIN (CHARLES), imprimeur à Sedan depuis 1788, né à Charleville le 18 juin 1759, mort à Sedan le 28 juillet 1841. Arrêté pour avoir fait partie du club de la Vendée et avoir pris part à des mouvements sectionnaires. Emprisonné au Mont-Dieu, le représentant Roux le fit mettre en liberté le 10 germinal an II. Fut juge suppléant de la justice de paix nord de Sedan depuis 1806, puis suppléant du tribunal de commerce en 1820-1822 [occupait la cellule n° 43].

458. — MORIN (PIERRE-ANDRÉ), d'Aubigny, fut détenu au Mont-Dieu avec sa femme Marie-Barbe Bourgeois, qui était accusée d'avoir tenu des propos inciviques et aristocratiques. Le 15 pluviôse an II, le district émis l'avis qu'il n'y avait pas lieu de retenir plus longtemps Morin qui n'était pas compris dans le procès de sa femme et de sa servante, toutefois le représentant le maintint en détention.

459. — MORIVAL (MARIE). Incarcérée le 16 brumaire.

460. — MOUROUX (REMY), né au Pont-d'Arches à Charleville le 27 septembre 1755, mort à Sedan le 30 mars 1832. Etait notaire à Mouzon quand il fut arrêté et conduit au Mont-Dieu comme aristocrate. En messidor an II il s'évada, ce qui provoqua la colère de Vassant et du Comité révolutionnaire de Mouzon. Le Comité fit arrêter et conduire au Mont-Dieu la femme du prisonnier en fuite, Jeanne-Marie Legrand, fille mineure d'un notaire de Mouzon qu'il avait épousé en 1779 [occupait la cellule n° 48]. (Voir la Revue historique ardennaise, 1901, page 195).


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461. — NICLOT (JEAN), dit Montmédy, parce qu'il était originaire des environs de cette ville, garde des bois du Rossignol, appartenant au prince de Coudé. Arrêté comme suspect, détenu au Mont-Dieu depuis le 13 octobre, réintégré dans ses fonctions de garde de bois le 12 pluviôse an III [occupait la cellule n° 51].

462.—NICOLAS (JACQUES), curé de Châtel, doyen de Varennes, condamné à la déportation pour refus de serment ; en raison de son grand âge, il fut envoyé au Mont-Dieu et y resta jusqu'à l'évacuation et en outre ses biens furent confisqués [cellule n° 24].

463. — NOEL (JEANNE), d'Aulrecourt, femme de Bailly, avocat, plus lard conseiller à la Cour de cassation. Cette femme qui s'était fait remarquer par son courage et son dévouement lors de l'assassinat du colonel Juchereau, à Charleville, fut conduite au Mont-Dieu parce qu'elle faisait des démarches en faveur des victimes de la Révolution [occupait la cellule n° 39].

464. — NOEL (MARIE-CATHERINE), d'Aulrecourt, née vers 1757, épouse à Charleville le 19 août 1790 le capitaine Capitaine. (Voy. CAPITAINE.) (1). Elle était soeur de la précédente. Elles étaient filles de Jean Noël, négociant et maire d'Aulrecourt, mort à Autrecourl le 11 février 1785, dont le nom est conservé par une inscription dans l'église d'Aulrecourt [occupait la cellule n" 39].

465. — NOEL (MICHEL dit LAURENT), confiseur, place de la Halle, n° 205, à Sedan. Incarcéré au Mont-Dieu le 22 nivôse comme contre-révolutionnaire ; les scellés, apposés chez lui le 26 thermidor, furent levés le 9 octobre. Toutes les pièces trouvées chez lui, notamment celles relatives aux militaires, devaient écarter tous soupçons d'incivisme. Il fut guillotiné avec la municipalité sedanaise. (V. BOULLIOT) [occupait la cellule n° 22].

466. — NOEL (JACQUES), curé de Pauvres, né à Hardoncelles en mars 1768. Fit arrêter injustement et conduire au Mont-Dieu la famille Béchard, de Pauvres ; Levasseur fit mettre les victimes en liberté et conduire Noël au Mont-Dieu ; traduit devant le tribunal révolutionnaire de Paris, il fut acquitté. Il était à Charleville en l'an VI.

467. — NOEL (JEAN), ancien prêtre, retiré chez son père, cultivateur à Villy ; né à Villy, il y est mort le 19 avril 1821,

(1) Le capitaine Capitaine était le fils d'un officier nommé général à la Révolution.


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âgé de 67 ans. Emprisonné au Mont-Dieu à cause de sa qualité de prêtre [occupait la cellule n° 36].

468. — OLJACQUES (J.-NICOLAS), né à Villance (Sambreet-Meuse le 12 octobre 1772, marié à Sedan, il fut destitué de ses fonctions de chef de division des équipages d'artillerie et emprisonné au Mont-Dieu comme suspect le 14 frimaire, en sortit par ordre verbal du Comité révolutionnaire.

469. — OUDIN (JEAN), curé de Renwez depuis 1764, né le 11 janvier 1728, mort à Renwez le 24 floréal an X, âgé de 74 ans ; fit le serment constitutionnel et resta en fonctions avec un traitement de 1,500 livres, fut dénoncé par les patriotes de Renwez pour avoir baptisé un enfant dans une cave et en secret, et pour ce fait envoyé au Mont-Dieu comme fanatique [occupait la cellule n° 44].

470. — OUDIN (CHARLES), horloger à Sedan, place de la Halle, né à Aubreville, près Clermont-en-Argonne, mort à Frénois le 23 messidor an XI, âgé de 60 ans [occupait la cellule n° 54].

471. — OUDIN (MARGUERITE), femme de Jean Tinet, greffier militaire de la cour martiale des Ardennes, habitant précédemment Paris, née vers 1740, fut arrêtée comme suspecte avec ses deux filles et le 13 frimaire an II, elle demanda à pouvoir se rendre à Sedan auprès de son frère (probablement le précédent) ; pour toute réponse, le district commanda le voiturier Launois pour la conduire au Mont-Dieu.

PAIGNON (MARIE-HYACINTHE) (1).

472 et 473. — PAILLAS ou PAILLES. Deux filles incarcérées le 25 brumaire au Mont-Dieu, y sont restées peu de temps.

474. — PAQUI (ROBERT), curé de Francheval depuis 1784, ci-devant vicaire à Donchery, curé d'Illy après 1802. Né le 15 février 1747 à Sedan, mort à Illy le 16 mars 1818. Fut dénoncé à l'administration le 16 ventôse an II, pour l'exercice de ses fonctions à Francheval malgré l'abolition du culte. Le 25 germinal l'administration ordonna de le mettre en arrestation ; lorsque les

(t) Paignon (Marie-Hyacinthe), épouse divorcée du comte Mounet d'Hanneville, propriétaire de la manufacture du Dijonval. Née a Paris, elle est morte à Sedan le 10 messidor an X, âgée de 66 ans. Dénoncée comme aristocrate et es-noble, Vassant projetait de la traduire au Comité de sûreté générale. Le Comité de Sedan la fit mettre en liberté le 29 floréal pour que sa manufacture puisse travailler pour les besoins de la République. Elle envoya 300 livres au gouvernement pour le paiement de deux soldats.


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gendarmes se présentèrent pour exécuter cet ordre, ils furent repoussés par la population. Ils revinrent deux jours après, les femmes de Francheval excitèrent un mouvement populaire, on sonna le tocsin et l'émeute dura une partie de la nuit, les gendarmes entendirent ces propos à leur adresse : « Est-ce que j'n'avons comi des fagols pour les brûler ». Paqui fut néanmoins enlevé et conduit au Mont-Dieu. Le 11 prairial an II, Vassant dénonça le Comité de surveillance de Francheval pour s'être montré hostile à l'arrestation de son curé. Le 13 thermidor, Paqui, étant tombé malade au Mont-Dieu, obtint que MarieAnne Robert, sa servante, puisse venir le soigner.

475. — PAQUIER (JACQUES), marchand roulant à Inaumont où il est mort le 15 février 1821, célibataire, âgé de 78 ans. Détenu à Sedan, le 1er germinal an III, Baudin le fit mettre en liberté [occupait la cellule n° 9].

476. — PAQUIER (JEAN-BAPTISTE), maçon à Montcornet où il est mort le 23 août 1807, âgé de 75 ans, et Marie Vilaine, sa femme, furent conduits au Mont-Dieu le 20 novembre 1793 comme suspects, parce qu'ils avaient deux enfants, Jean-Baptiste et Simon, émigrés. Marie-Jeanne Paquier, domestique au service de Paquy, maire de Champigneulle, portée avec lui comme déportée. Marie Vilaine est morte le 6 mai 1832, âgée de 98 ans.

477. — PARIS, de Rocroi, fut emprisonné au Mont-Dieu (1), est-ce Nicolas Paris, né le 5 mars 1759, avocat à Eteignières?

478. — PARIZEL (MARTIN), cloutier à Haulmé, 37 ans. Arrêté le 14 novembre 1793 comme suspect et parce qu'on l'accusait d'avoir dit que ceux qui vont à la messe des prêtres constitutionnels seront damnés.

479. — PARIZOT (NICOLAS-JEAN-CHARLES-GEORGES DE), né à Semide en 1755, aide-de-camp de Villelongue, son oncle. Le 30 brumaire an II, le Comité de surveillance de Mézières le fit mettre en arrestation, puis détenir au Mont-Dieu comme suspect. Il est mort maire de Faux-Lucquy le 8 octobre 1848.

(A suivre). Ernest HENRY.

(1) D'après Lépine, historien de Rocroi.


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Une nouvelle Revue : Les Annales rethéloises (1).

Depuis le commencement de l'année 1907, paraît une « revue historique et littéraire, publiée sous le patronage du Comité de la Bibliothèque de Rethel ». Ce périodique nouveau se propose d'allier à l'étude des événements du passé la chronique des faits contemporains; il justifiera ainsi son titre: Les Annales rethéloises. Le premier numéro est un parfait modèle de ce que veulent réaliser les fondateurs. En voici le sommaire : Les Armoiries de la ville de Rethel, par Al. Baudon, la rue de Gerson à Paris, par H. Jadart, le patois des environs de Rethel, par Hon. Baudon, nos éphémérides, chronique locale et régionale.

Nous ne doutons pas de la réussite de la nouvelle revue ardennaise ; les noms des rédacteurs, archéologues, historiens, littérateurs, en sont un sûr garant. Chacun prêchant pour son oeuvre, il nous sera cependant permis d'espérer que nos collaborateurs rethélois très appréciés, MM. H. Jadart, P. Pellot, Alb. Baudon, P. Laurent, ne nous priveront pas de leur concours.

P. COLLINET.

COMPTE-RENDU BIBLIOGRAPHIQUE

Essai sur le caractère ardennais et sedanais d'après quelques causes permanentes générales et certaines causes historiques et religieuses, par Henry ROUY. — Sedan, E. Laroche, 1907, 33 pages.

La brochure de notre fécond concitoyen, récompensée par l'Académie de Reims, applique à la question si complexe du caractère la méthode objective, la théorie du milieu et du climat esquissée timidement par Jean Bodin au XVIe siècle, reprise au XVIIIe siècle par Montesquieu et, de notre temps, rajeunie, fortifiée et éclairée par Taine et son école. A cette influence incontestable, l'auteur n'omet pas d'ajouter une influence purement psychologique, déterminée par l'histoire politique et religieuse de Sedan. Il arrive donc à expliquer les traits essentiels du caractère sedanais : sobriété, économie, équilibre, sérieux, froideur, modération, sévérité avec esprit de critique (ou « vivacité agréable »), intelligence plus passive que douée d'initiative, travail, patriotisme, soit par la dureté des roches liasiques, soit par la rudesse du climat,

(1) Paraissant tous les deux mois ; abonnement: 3 francs (éditeur : Huet-Thiérard, 11, place de Ville, à Rethel.


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soit par la forte impression laissée par le protestantisme dans notre ville. Tout cela paraît très juste. Mais je me demande, moi Sedanais, si l'analyse psychologique est complète, si, du moins, elle n'aurait pas gagné à être développée surtout du côté des « qualités » qui m'apparaissent plutôt comme des défauts. M. H. Rouy n'est pas personnellement exposé à ce qu'on lui reproche telle ou (elle de ces qualités... négatives ; mais beaucoup de Sedanais, à commencer peut-être par moi-même, auraient intérêt à se connaître mieux, c'est-à-dire à connaître mieux leurs défauts : la froideur va parfois chez nous, il le faut avouer, jusqu'à la dissimulation et la défiance vis-à-vis de ses meilleurs amis, la passivité engendre la routine, la manie de critique frise assez l'injustice, l'amour, je dirai la passion de la chasse, y dépasse de beaucoup le goût de l'étude, des lettres et des arts, enfin la concorde et l'union, dont se félicite M. Rouy, ne me semblent pas comme à lui (mais je suis pessimiste) avoir toujours eu et dans tous les camps pour synonyme « l'harmonie sedanaise ». P. COLLINET.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

PERIODIQUES ET JOURNAUX

Almanach-annuaire... de la Marne, de l'Aisne et des Ardennes

(49e année, 1907) (Reims, H. Matot). — Prix: 1 fr 25. — Notice sur Mézières et environs [par un officier de l'Ecole du génie de cette ville (1766), continuée par Chermont du Poucet, capitaine du génie], par N. GOFFART (pp. 97-136) (5 planches). —Essai de topographie rethéloise, par Al. BAUDON (pp. 153-156). — Les temples protestants dans la principauté de Sedan, par E. HENRY (pp. 210-211). — La Bitarde, conte ardennais, par Ch. CAILLAUDAUX (pp. 231-235). — Lettres ardennaises, par Michel MISOFF (pp. 251-258. — Sapogne et le château de Tassigny (Ardennes), par E. BIGUET (pp. 267-281) (2 planches). — Patois des vallées, par Em. TAILLARD (p. 296). — Notice historique sur le canton de Givet (suite 1, [Givet, suite], par D. Alb. NOEL (pp. 297-319). — Le village d'Herpy, quelques pages de son histoire, par Ch. BRAIBANT (pp. 326-335) (une planche). — Pays d'Argonne (suite), par E. DELIÈGE (pp. 336-358) (3 planches). — La Vallée de la Retourne (suite), par Al. BAUDON et Paul PELLOT (pp. 207-414).

Revue universelle [Larousse|. — J. Plantadis : Les Colonies provinciales à Paris (n° du 1er septembre 1905).

L'Intermédiaire des Chercheurs et Curieux. — Boucher de Perthes. Réponses du Dr Marcel Baudouin, de A. B., de V., du Dr L., à un article de M. Arm. Dayot (n° du 10 novembre 1905, col. 692-696. [A propos de l'histoire de la mâchoire trouvée à Moulin-Grignon, qui donna lieu à des controverses et même à un véritable procès scientifique. Mais ce procès fut le triomphe de Boucher de Perthes].

Réunions des Sociétés des Beaux-Arts des Départements. —

H. Herluison : Les sculpteurs Gois père et fils (année 1904) [Edme Gois est l'auteur de la statue de Turenne à Sedan].

Revue des questions héraldiques, archéologiques et historiques.

— Théodore Courtaux : Généalogie des Hachette, libraires à Paris (n° du


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25 janvier 1905, pp. 412-415). [Indications vagues et erronées : l'auteur n'a pas connu la notice documentée de M. P. Pellot sur la famille Hachette, publiée en 1898].

Revue champenoise et bourguignonne. — Léon Brétaudeau : Les

oeuvres de saint Vincent de Paul dans le pays rémois (n)S de novembredécembre 1904, pp. 241-265, et de janvier-février 1905, pp. 50-70). — H. Jadart : Table générale de la Revue de Champagne.

Revue d'Alsace. — Henri Bardy : Turenne et le lieutenant-général Reinhold de Rosen (nos de janvier-février 1905, pp. 69-88, et de marsavril, pp. 142-151).

Le Pays lorrain. — Paul Merlin : Etude sur André Theuriel (n° de juillet 1905).

Vers et Prose. — Jean Moréas : Paysages et sentiments (n°s de septembre-novembre 1905, pp. 8-9 et 23-24) [notes fines et nouvelles sur Verlaine].

Revue littéraire de Paris et de Champagne. — F. Clergel : LouisXavier de Ricard (nos de novembre et de décembre 1905, pp. 401-421 et 529-538 [Passim, sur ses relations avec Verlaine]. — André Salmon : Arthur Rimbaud (n° de mai-juin 1906, pp. 429-430). [Poème en l'honneur du poète carolopolitain].

Le Temps.—Fernand Momméja : Un Phalanstère communiste (n 0! des 11 et 13 juin 1905). [Article curieux sur la colonie libertaire fondée près d'Aiglemont par Fortuné Henry],

Le Génie civil. — Ch. Dantin : Installation hydro-électrique de l'Usine Mazarin à Mézières (Ardennes) (n° du 16 décembre 1905, pp. 105-106, avec 6 figures et carte et une planche hors texte).

La Nature. — Jean Laffllte : La faune el la flore glaciaires de la Baraque-Michel (n° du 24 mars 1906, pp. 258-259). — E. Rahir : Voies antiques dans les rochers (n° du 5 mai 1906, pp. 356-357, avec 3 grav.). [Description du « Chérau de Charlemagne », taillé aux flancs abrupts des Fonds de Leffe, près de Dinant, sans doute vestiges d'un plan incliné construit par les Romains pour une voie carrossable qui devait gagner les plateaux. L'article est le résumé d'une étude qui sera publiée prochainement par MM. le baron de Loë et Rahir]. — V. Turquan : Extinction des loups en France (n° du 20 octobre 1906, pp. 322-323, avec une carte par départements de l'extinction des loups) [grâce à une prime instituée en 1882, l'Administration de l'Agriculture a pu relever, année par année et par département, la destruction des loups, qui est aujourd'hui presque achevée. En 20 ans, depuis 1882, 8,215 loups ont été détruits : 58 dans les Ardennes, 650 dans la Meuse, 0 dans l'Aisne et 188 dans la Marne |.

La Science au XXe siècle. — Louis de Nussac : La Société pour la protection des paysages (n° du 15 septembre 1906, pp. 275-280). [Article remarquable sur l'origine, le but et les moyens d'action de la Société et sur la loi Bauquier promulguée le 21 avril 1906].

Wallonia. — Le Congrès Wallon (Exposition de Liège, 30 septembre, 1" et 2 octobre 1905). [Le n° d'octobre 1905, tome XIII, pp. 263-432, constitue un important fascicule consacré à la reproduction intégrale


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des 22 Rapports préparés pour le Congrès Wallon de Liège, dont quelques-uns sont d'un grand intérêt pour tous les Ardennais : Le sentiment wallon dans la Littérature d'expression française, par Charles DELCHEVALERIE ; la Littérature et le Folklore, par Maurice DES OMBIAUX ; la Philologie wallonne, par Jules FELLER ; Musées régionaux et locaux, par Charles DIDIER ; Un premier parc national en Wallonie, par Charles DIDIER (l'auteur propose de nationaliser la vallée de l'Amblève, comme l'est déjà le parc de Yellowstone aux Etats-Unis), etc.—Le n° de décembre 1905, tome XIII, pp. 501-562, donne le Compte-rendu analytique du Congrès Wallon de Liège].

Sedan-Journal. — Florian Parmentier : Sedan (Impressions furtives). Bazeilles (n° du 27 septembre 19051.

Le Courrier des Ardennes. — J.-P. Guilloleaux : Les excursions d'un Paysagiste. [Série de 16 articles intéressants parus du 2 août 1905 au 6 avril 1906 et concernant : Belval, le Châtelet-sur- Sormonne, Montcornet, les vallées de la Semoy, de la Meuse et de la Lesse, le Mont-Olympe, Warcq et Prix, les Mazures, Gruyères, Rocroi ; en outre quelques descriptions relatives à la Flandre, à la Zélande et à l'île de Seeland]. — Henry Rouy : L'Eglise Saint-Charles de Sedan. Hier, Aujourd'hui, Bemain (nos des 26 novembre, 1er et 2 décembre .1905). — Dom Albert Noël : Notice sur le canton de Givet (suite) (nos des 4, 5, 6 juillet 1906). [Givet pendant la Révolution].

L'Echo des Ardennes. — A l'occasion du 230e Anniversaire de la mort de Turenne (27 juillet 1675) (nos des 10 et 24 août, 21 et 28 septembre 1905). [Publication de documents intéressants]. — Un aïeul de Turenne ou le Présent de noce, comédie en un acte (n°sdes 14, 21 et 28 septembre, 5 et 12 octobre 1905). [Comédie de date incertaine et d'auteur inconnu, communiquée par M. J.-B. Brincourt].

La Dépêche des Ardennes. — X. : Fragment de conversation avec un vieux Sedanais (n° du 13 mai 1905). — Paul Flamant: La vallée de la Meuse. Quelques types. Quelques aspects. Notes cursives (n° du 20 juin 1905). — André Fage : Choses et gens d'Ardenne. 1. Georges Beleau, imagier (n° du 17 mai 1905) ; — II. Jules Bépaquit, philosophe (n° du 26 mai 1905) ; — III. Jules Mazé, poète et romancier (n° du 5 juin 1905) ; ■— IV. Paul Acker, journaliste (n° du 8 août 1905) ; — V. A propos de « l'Ardenne qui s'en va», George Belaw et Jean Ajalbert (n°du 8 novembre 1905) ; — VI. Paul Clarin, peintre (n° du 28 juillet 1906). — Henri Domelier : Silhouettes ardennaises. Adolphe Aderer (nos des 21 et 22 août 1906). — E. Delahaye : Le séjour de Paul Verlaine dans les Ardennes (1877-1883) (n°s des 26 et 28 juin, 3 et 4 juillet 1906). [Reproduction de l'article de notre collaborateur paru ici même, tome XIIIj.—Intéressant document historique (n° du 22 octobre 1906). [Cahier de doléances de la communauté de Flaba (écart de Raucourt) en 1789 ; publié sans indication de source. — Ce cahier se trouve dans les Archives du greffe du Tribunal civil de Sedan, avec tous ceux des communautés du bailliage de Mouzon, dont Flaba faisait partie en 1789].

Le Gérant : E. LAROCHE.

Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22.


A propos de RIMBAUD

SOUVENIRS FAMILIERS

(SUITE).

A Charles HOUIN.

III

Pauvre « Bois d'Amour » ! Nous vîmes l'épouvantable outrage que tu subis à celle époque de guerre, et dont l'humilialion le reste, hélas! pour bien longtemps encore, inconsolée.

Rimbaud étant venu à la maison de bonne heure, l'idée nous sourit d'une promenade plus longue. Toute séduisante que l'ut la rue de Saint-Julien où le voyageur s'égayait en passant à voir grimper, tortillante, la « rue-qui-glisse », reposait ses yeux sur le calme aspect de l'hôtel Tridémy, puis les réjouissait à noter cette enseigne : « Café turc » au front d'un pur estaminet flamand, nous prîmes, ce jour-là, une direction différente. Simple caprice? Non, raison grave: il s'agissait d'une attraction connue seulement des Macérions

A peine au sortir de l'enfance,

et qui consistait eu le chien de la prison, pas moins. Cet animal, qui devait être énorme autant qu'il était fidèle et rigidement consciencieux, on ne le voyait pas, mais on l'entendait... à travers une ouverture grillée, au bas du grand mur; on causait avec lui, on le blaguait, il se fâchait, vous flanquait des sottises, d'une voix rude, rauque, formidable. On sentait bien, à l'« intonation », qu'il s'ennuyait de garder les prisonniers, et qu'il profitait de la moindre provocation venue de la rue pour se distraire un peu. C'était, par conséquent, charité pure que de lui « mouler des bateaux ». Mais ce plaisir ne pouvait durer longtemps, car le tapage amenait dehors M. le gardien-chef qui, d'un ton comminatoire, proposait aux petits drôles de les mettre nez à nez avec son chien, afin de lui mieux expliquer leur affaire. Et vous voyez d'ici les galopades.

Rimbaud et moi causâmes donc avec le chien et nous fîmes par lui congrûment eng... — ainsi que ce devait, beaucoup plus

REV. D'ARD. ET D'ARC

T. XIV, n°s 9 et 10.


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tard, être la mode chez Rruant. — Quand parut le gardien, un peu esbroufïé de voir des garçons déjà grands faire de pareilles bêtises, nous primes un air indigné et criâmes à la cantonade : « Ah! las de gamins!... ils se sont sauvés... du côté de l'Arquebuse... » Et nous nous lançâmes à leur (?!) poursuite.

Parmi les nombreux ouvrages détachés qui couvraient l'enceinte de Mézières, il n'en était guère qui pussent rivaliser avec « l'Arquebuse » pour la diversité des applications utiles. D'abord elle commandait une partie du cours de la Meuse. Fort bien. Ce n'était pas tout. A l'une de ses extrémités exislait un « bàlardeau » surmonté d'un petit mur où se perchaient maints et maints pêcheurs à la ligne prenant là, toujours, de.-- ablettes superbes, sinon des carpillons dodus. A merveille. Mais je n'ai pas fini. Quand vous aviez, quittant la rue de la Prison tout embaumée — celle rue somnolente — par les « drages » de la brasserie Fortemps-Heck, traversé le rempart sous un passage voûté, franchi le fossé sur un pont de bois vermoulu, vous constatiez que l'Arquebuse renfermait un assez vaste espace découvert où l'on avait installé un abattoir, disposé tout auprès une place pavée, munie d'anneaux, pour tuer puis griller les porcs, et enfin, à l'autre bout, construit une maison carrée, d'un seul étage, et qui était le Conseil de guerre.

Justice militaire et abattage des animaux de boucherie voisinaient, sans qu'il y eût, du reste, eu ce rapprochement aucune intention de symbolisme. Il arrivait simplement que, parfois, un cortège de fusils, encadrant quelque piteux pioupiou, croisait, sur le vieux pont de bois, deux ou trois boeufs accompagnés de garçons bouchers en chemises de couleur, ou un cochon candide retenu par une corde à la patte. Et cette occurrence n'était pour offenser personne. Le bâtiment du Conseil de guerre, cependant, prétendait garder ses distances, et vraiment l'on n'y parvenait qu'en tournant le dos à l'abattoir, par une allée garnie de gravier entre deux carrés de sol maigre poétisé de pâquerettes, surtout de ce joli trèfle rampant aux fleurs d'un si joli, si tendre blanc foncé. Il fallait, pour monter au tribunal, gravir un escalier bâti à l'extérieur et protégé par une rampe de fer. Sur cet escalier venaient, insouciantes, s'asseoir les mères de famille du quartier, pour bavarder en cousant, tandis que, parmi l'orge sauvage, les petits s'émerveillaient, avec des cris et des rires, d'un doux cloporte ou d'un staphylin belliqueux.


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Les marches de pierre grise parurent à Rimbaud des sièges convenables pour une dînette littéraire. Il servit une friandise encore assez rare, que nous ne connaissions que de réputation, parce que longtemps interdite en France, mais qui passait librement la frontière depuis la révolution de Septembre. C'était Les Châtiments, de Victor Hugo, édition belge (ou suisse?), brochure bleue amusanle comme tout, à cause de son allure clandestine : imprimée en petits caractères et les noms propres, les noms des « flétris », indiqués seulement par des initiales. Le grand jeu était de retrouver tout son monde en des vers comme ceux-ci :

M , M le grec, S A le chacal,

Tous se hâtent, P , M , S ,

R , cette catin, T , cette servante.

Ah! elles étaient bien traitées, les gloires! J'en étais, pour mon compte, abasourdi, et quoique l'Empire nous eût mis dans la panade, j'avais peine à croire que ces messieurs, dont je conseillais à rire, fussent d'aussi vilains personnages. Ame leute que la mienne ! Rimbaud ne trouvait démesurée aucune invective. Le spectacle de tous ces noms illustres couverts de boue l'affermissait dans sa haine et dans son mépris des classes dirigeantes. Il acheva de me désemparer en me déclarant froidement : « Rassure-toi... les gens du nouveau régime ont à peu près la même valeur ».

— Hhooh !...

Mais octobre n'est pas si chaud que l'on puisse rester longtemps sur un escalier de pierre. Nous continuâmes notre excursion parmi les fossés, les terre-pleins, les redans, les demi-lunes, tout ce côté des fortifications ayant été fort travaillé, depuis cinq ou six ans, par des officiers d'une science un peu vieillote, mais d'une activité incontestable. Nous escaladâmes une contrescarpe et nous trouvâmes sur la partie du terrain de servitude que l'on appelait le « pré Réole ». Ce pré allant jusqu'à la Meuse, j'avais l'intention de montrer à mon ami un tourbillon curieux connu sous le nom de « Fosse au Dragon » (1), quand il étendit le bras dans la direction opposée : « Que s'est-il donc passé là-bas?» dit-il en montrant des jardins non loin du rempart. Ce qu'il y

(1) Cf. Paul Hanrion, dans Revue d'Ardenne et d'Argonne, n9 de janvier 1894,1.1, p. 45.


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avait eu, ce qu'il y avait encore était si surprenant que nous y courûmes tout de suite, oubliant la Meuse et ses tourbillons.

Imaginez un paysage auquel seraient accoutumés nos regards et qui s'effacerait tout d'un coup. Là où existaient la veille, en masse touffue, de grands arbres fruitiers, s'étendait l'immense blancheur du ciel sur un las confus de verdure saccagée, effondrée, aplatie. Dans celle broussaille gambadaient, couraient, une troupe comme de singes, à première vue, en réalité de gamins et de femmes du peuple avec des paniers remplis de pommes ou de poires — à moins que des deux sortes en la même vannerie — et que poursuivaient de gestes désespérés, de cris furieux, quelques honnêtes propriétaires de ces jardins infortunés. Les bonnes gens répondaient en se sauvant: « Eh bien! quoi?... Puisque à présent nous sommes en république !... » Pour ces naïfs raisonneurs, la « république », c'était que l'on avait coupé les haies par le pied, renversé toutes portes de clôtures. « Tiens !.. » ricana mon Rimbaud, « je ne trouve pas qu'ils ont tort ». En somme, l'auteur de ce bel ouvrage était M. le Commandant de place, qui avait ordonné, conformément aux lois et règlements militaires — l'ennemi étant proche — de raser autour des fortifications tout ce qui pouvait gêner la défense. Et l'amour, la joie, l'espoir, le souci de vingt générations de rentiers horticulteurs allaient aboutir à quelques fagots. Adieu les hauts poiriers d'Angleterre, adieu les reinettes et les « canadas », adieu les abricots savoureux, adieu, ô vous, exquises, divines reines-Claude !... Les soldats du génie avaient opéré avec un zèle rigoleur; pas un arbre, pas un arbuste ne restait debout, ils avaient coupé jusqu'aux groseillers. La hache ou la pioche à l'épaule, sarcasliques et chantonnants, ils s'en allaient vers d'autres forfaits. En sorte que, très amusés, nous les suivîmes.

Naguère, quand on voulait passer du pré Réole au Bois d'amour, il fallait prendre un sentier contournant les vergers: maintenant, l'on pouvait aller tout droit, pourvu que l'on eût, comme nous, des jambes lestes pour franchir les branches demi-dressées, et des férocités de jeunes cabris heureux d'écraser sous leurs pieds bondissants les craquantes ramilles. Dès l'entrée du Bois, nouvelle extase. Tout le côté gauche, en face du grand jardin, n'était plus, comme au pré Réole, qu'un vaste abattis. Mais ce qui fit déchanter Rimbaud, c'est que les gros tilleuls avaient subi le même sort. Ils gisaient, proprement sectionnés,


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en travers de la route. Pour les amants du pittoresque le « génie malfaisant » n'avait pas eu plus d'égards que pour les épiciers gastronomes. Nous enjambions chaque tronc l'un après l'autre, et de plus en plus déconfits. « C'est dommage !... » murmura le poète. Sa réflexion n'était que trop sincère : les coupeurs d'arbres attaquaient alors le commencement du Bois proprement dit; plusieurs ormes étaient tombés, deux tilleuls, les plus beaux de tous, venaient de s'abattre ; ils étaient là, couchés, séparés irréparablement de leurs racines, deux géants âgés de plusieurs siècles et dont la vigueur, pourtant, semblait devoir être éternelle. Les soldats s'étaient arrêtés après celle horreur ; appuyés sur leurs terribles instruments de mort, ils se reposaient, graves, presque indécis... Près du vieux banc de pierre moussue, nous regardions, atterrés... Les sabots d'un cheval sonnèrent au bout de l'avenue ; un maréchal des logis d'artillerie arrivait au galop; il tendit au chef de l'escouade un bout de papier: c'était l'ordre d'arrêter le massacre.

Pauvre Bois d'Amour !...

Dans la suite on replanterait des ormes, des marronniers, des tilleuls, et puis l'on attendrait que les jeunes arbres, en leur patient, inlassable effort, fussent parvenus à la beauté des anciens colosses. Mais des générations et des générations d'hommes seraient descendues au tombeau; nous tous qui étions là, ce jour fatal, nous serions morts, morts nos enfants à leur tour, que le grand mutilé serait toujours triste, malgré ses oiseaux chanteurs, et toujours montrerait — si lente, oh ! si lente à guérir! — son affreuse blessure.

Nous revenions pensifs. Rimbaud marmotta, ou balbutia, si vous préférez, comme il avait l'habitude en les minutes émues :

— Il est des destructions nécessaires... Puis, s'animant, d'un ton net et railleur :

— Il est d'autres vieux arbres qu'il faut abattre, il est d'autres ombrages séculaires dont nous, perdrons l'aimable coutume.

??

— Cette société elle-même. On y passera les haches, les pioches, les rouleaux niveleurs. « Toute vallée sera comblée, toute colline abaissée, les chemins tortueux deviendront droits et les raboteux seront aplanis ». On rasera les fortunes et l'on abattra les orgueils individuels, Un homme ne pourra plus dire :


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je suis plus puissant, plus riche. On remplacera l'envie amère et l'admiration stupide...

— ??

— Par la paisible concorde, l'égalité, le travail de tous pour tous.

— Alors on ne produirait plus que le nécessaire?

— J'y compte bien !

— Ce serait la médiocrité universelle. Nous n'aurions plus de luxe, plus d'art, plus de beauté, plus de grandeur.

Simplement, au bord du chemin il cueillit une fleurette, la première venue ; c'était l'achillée millefeuilles, qui fleurit, comme vous savez, jusqu'aux premiers frimas.

— Regarde. Où achèteras-tu un objet de luxe ou d'art d'une structure plus savante et plus raffinée? Quand toutes les institutions sociales auraient disparu, la nature nous offrirait toujours, en variété infinie, des millions de bijoux. Et quelle grandeur, et quelle beauté vois-tu dans la cupidité grossière, la vanité idiote ? Souffrirais-tu vraiment beaucoup de voir s'évanouir ces chers mobiles de l'activité moderne ?

Que répondre?... C'était bien affolant, certes !... Mais savait-on jamais où allait la causerie avec ce logicien bizarre?... Nous avions commencé par nous entretenir bien gentiment de littérature, innocemment courir, ensuite, sur des rameaux en marmelade, et puis... Pourquoi, aussi, les honnêtes professeurs du collège de Charleville prêtaient-ils à Rimbaud les oeuvres de Jean-Jacques où il lisait de vilaines choses, comme ceci, par exemple : « ... Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux et comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne !... » Et pourquoi le chauvinisme étourdi de la bourgeoisie française venait-il d'amener ces déplorables circonstances qui tuaient du même coup les tilleuls, les poiriers et la morale publique !...

Le collège ne rouvrant toujours pas, nous continuâmes nos promenades et nos babillages. Mézières parfois nous retenait dans ses murs par l'attrait de quelque incident patriotique. La garde nationale s'énervait. A la « Porte noire » (n'était-ce


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pas plutôt à la « Porte neuve » ?) le poste arrêtait une voiture d'ambulancières anglaises, et irrité de leur accent trop peu local, prétendait, au mépris de toute Croix Rouge, fouiller leur « bagnole ». Intervention du commandant de place, indignation des gardes contre cet officier supérieur qui faisait relâcher les insulaires et s'en allait en haussant les épaules. Tumulte et rassemblement de personnes nerveuses.

— Qu'y a-t-il ?

— On a trouvé des fusils, des cartouches, des canons...

— Dans la voiture ?

— Pardi !...

— Pour les Prussiens ?

— Bien sûr !

— C'est dégoûtant!...

Un autre jour, cris de victoire. Quel est ce joyeux cortège? Des francs-tireurs en délire, et qui brandissent de beaux trophées tels que gibernes, fusils, sabres, ceinturons, conduisent au général Mazel quinze ou vingt Allemands capturés bel et bien sur la route de La Francheville. Nous avons même pris un cheval ainsi qu'une voiture, c'est-à-dire une charrette contenant des effets d'équipement, un barillet de schnaps, une vieille canfinière laide à faire frémir et vêtue de guenilles. Les Prussiens marchent gaillardement, béret en arrière, mains dans les poches. Rimbaud fait l'observation qu'ils paraissent enchantés de l'aventure.

— Les voilà, pour jusqu'à la fin de la guerre, tranquilles et au chaud : des veinards.

— Il n'y a que la cantinière qui serait froissée dans son amour-propre, car elle fait une tête !...

— Ah ! oui, c'est une interruption dans le « bédit gommerce »... et puis son matériel choppé : sale affaire.

Mais va te promener ! la scène change. Tout le monde revient. Le général n'a rien voulu savoir, il a traité de « gaffeurs » les vainqueurs ébahis... Quoi donc ?... Eh bien ! voilà : il y a maldonne, c'est un coup qui ne compte pas. Nous sommes en armistice, pour cause d'évacuation de blessés, ou tout autre détail que les francs-tireurs ont oublié dans leur étourderie habituelle et dans leur ignorance totale des règlements militaires. Ce qu'il y a de certain c'est que les bons « tringlols » allemands se baladaient « sur la foi des traités » et qu'on n'avait pas le


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droit de les prendre. Zut alors! car ils s'en retournent, accompagnés, celte fois, de troupe régulière, el ces gros garçons, rendus à la liberté... de se faire massacrer pour le roi de Prusse, n'ont pas l'air contents du tout; mais Rimbaud me montre la canlinière qui triomphe à présent sur son barillet de schnaps. Le perfide abuse même de la situation pour exprimer à propos de la guerre, de ceux qui eu profilent el de ceux qui y laissent leur peau, des opinions très saugrenues.

L'historien que vous êtes, cher ami, n'ignore pas que ce fut la mode, en ces temps gais, de taxer de trahison toutes les personnes, militaires ou civiles, ayant une responsabilité quelconque. Généraux, colonels, commandants, préfets et maires passaient couramment pour vendre leur patrie à l'ennemi. Vous pourriez me dire qu'il en est de même chez nous chaque fois que nos affaires ne marchent pas suivant nos trop naturels désirs. Les Macérions se gardaient bien d'échapper à la loi commune. J'ai entendu dire qu'un professeur d'histoire, il y a quelques années, les avait accusés de tiédeur. Comment?... Mais c'étaient des enragés, les défenseurs de Mézières !... J'ajouterai que plusieurs, quand les krupps nous envoyèrent des bonbons, se firent estropier, aux remparts, le plus honnêtement du monde.

De leur côté, le général — un crâne petit homme — le commandant de place, les autorités de tout ordre, se donnaient un mal de chien, faisaient tout leur devoir. Il y avait sûrement autant de zèle et de bonne foi chez les officiers que chez les gardes nationaux, mais que voulez-vous?... une petite ville n'a-t-elle droit, comme une grande, à cette maladie chic dénommée « fièvre obsidionale » ?...

Pour quelques-uns, « leur bête noire » c'était un excellent officier d'artillerie, plein de dévouement, qui avait le tort—unique — de ne pas se monter la tête. Or la garde nationale voulait, que l'on tirât le canon, désir bien légitime : autrement ce n'est pas la peine d'être assiégé. Le sceptique disait :

— Pourquoi faire ?

— Mais il y a des Prussiens là-bas !

— Vous les voyez ?

— On nous l'a dit...

— Qui ?

— Les paysans qui viennent ici vendre leurs oeufs et leur fromage.


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— Où sont-ils, les Prussiens ?

— Sur ces collines.

— A plus d'une lieue!... Vos canons ne portent pas à douze cents mètres.

— Quand même!... Nous voulons tirer.

— Tirez donc, si ça vous amuse.

Et l'on tirait, l'on tirait... que c'en était un beurre.

Certain soir, philosophant à propos « de toute chose connaissable et de quelques autres »—ces dernières avaient nos préférences — nous passions, ingénus, sur le pont du Faubourg d'Arches. La citadelle était en train d'envoyer quelques obus qui s'en allaient, en jouant de l'accordéon, par dessus nos têtes...

Savoir où, ce n'est pas l'affaire,

et cette curiosité, je crois bien, ne tourmentait personne, mais nous étions fort amusés d'entendre le « boum ! » quand ça partait, puis, un quart de minute plus tard, le coup sourd du projectile éclatant au loin... quelque part ou ailleurs. Or la seconde détonation, parfois, suivait de trop près, vraiment, la première... c'était singulier!... Des fragments de pierre enlevés soudain au parapet, des éclaboussements violents dans la rivière, un morceau de fonte caracolant sur le trottoir nous firent comprendre qu'un obus à mèche — quand celle-ci est mal mise — peut éclater autre part que dans les rangs ennemis.

— C'est bête, dit Rimbaud, ces plaisanteries d'artilleurs!... Puisque l'on ne pouvait atteindre ces damnés Pruscos toujours

« cachés dans les bois », suivant leur coupable habitude, il fallait tout au moins se garer de leurs malices. La ville de Mézières avait la conviction d'être visitée chaque jour, sans compter les nuits, par des nuées d'espions. Vous jugez si on leur donnait la chasse. Nous eûmes la satisfaction d'en voir pincer plus d'un, notamment ce jeune turco, d'une belle couleur chocolat, que l'inculpation d'être allemand plongeait dans une stupéfaction profonde, aussi le vieil instituteur surpris sur le rempart en contemplation devant les belles pièces de bronze verdâtre, fondues au temps de Louis XV, et les admirant si naïvement, les caressant avec tant d'amour, que la population, furibonde, voulait absolument le jeter dans la Meuse. Eh bien ! cher ami, figurez-vous que le commandant de place, quand on lui amenait ces pervers, les faisait relâcher incontinent et qualifiait de


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« gourdes » les patriotes qui les avaient arrêtés!... Allez donc défendre votre pays dans des conditions pareilles!...

Et puis, à chaque instant, des parlementaires. De grands flandrins, ma foi très bien mis, dont un bandeau couvrait les yeux mais ne cachait pas l'ironique sourire jouant dans leur jolie barbe soyeuse. Le général, le commandant, le préfet recevaient ces lascars venant insinuer que l'on devrait bien leur rendre la place, que ce serait gentil de notre part, que ça leur ferait plaisir... enfin des propos malhonnêtes. Et au temps que durait la conversation, chacun devinait que l'on prenait un tas de mitaines pour leur répondre que — ... Non... parole d'honneur! pas moyen... mille regrets!... — C'est du moins ce que l'on disait dans les rassemblements de populaire amassés devant la préfecture. Et les réflexions que nous entendions — nous glissant dans celle foule comme des rais — dénotaient à l'égard du droit des gens une remarquable insouciance :

— Des politesses à ces cochons-là... au lieu de les flanquer dehors à grands coups de bottes !...

— Une balle dans la peau, moi, ça serait ma réponse... Une grosse bonne femme disait, d'un air placide :

— Pas les tuer tout d'un coup. Faudrait les faire souffrir. Je les mettrais dans un tonneau garni de pointes, et je les ferais rouler comme ça jusqu'en bas du « Basavau » (1).

Ah ! si tout le monde avait eu ces « saintes colères » !... Mais ouiche ! Le Prusco sortait entier, intact — et flambard — de la préfecture. Par précaution, des officiers très courtois et un piquet d'infanterie l'accompagnaient jusqu'à ce qu'il eût rejoint ses deux crapules de hulans qui l'attendaient en haut de la côte... Et il était si simple d'en faire de la compote quand on l'avait sous la main !...

Nos regards, offensés par ces « trahisons » à jet continu, se détournèrent de la défense nationale. Du reste, les rigueurs de décembre nous obligeaient désormais à trotter ferme. Et c'était très bon pour « remuer des idées ». Vers le pré Réole, les glacis couverts de neige, déroulant sous nos pas un tapis merveilleux à reflets lunaires, nous offraient une solitude absolue, délicieuse, où l'on était bien sûr, pour le coup, de ne pas rencontrer monsieur le principal, car maintenant — ô horreur !... ô désordre des

(1) La colline du Boisenval.


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moeurs, ô malheurs de la France!... — on ne se contentait plus de la cigarette, on fumait, Rimbaud une « Gambier », moi un «Jacob ». Et l'on agitait des questions haules, vous pensez!... De la sociologie transcendentale on virevoltait à de quintessenciée littérature. Lui clamait vers le ciel couleur d'encre des vers de Mallarmé :

Hosannah sur le cistre et sur les encensoirs !

Il arriva que nos silhouettes, par trop brunes sur la neige trop blanche, agacèrent le brave moblot en sentinelle de l'autre côté de la rivière, sur un des bastions qui cerclaient la « Couronne de Champagne ». Ce n'était pas naturel, après tout, ces deux promeneurs, dans un tel endroit, par un temps pareil. Que pouvait-on savoir?... L'ennemi était si canaille!... Ce serait un peu fort qu'il y eût un sale coup pour Mézières, juste au moment où c'était lui qui montait la garde !...

— Eh! là-bas... qui vive?...

Si Rimbaud avait prévu la langue parlée en 1907 par les beaux esprits, nul doute qu'aussitôt il n'eût répliqué à cet homme du devoir : « ... ta bouche, bébé !... » Mais la prescience des plus grands génies a ses limites, et manquant des termes convenables, il resta muet, d'abord, de stupeur. Ne voulant pas en démordre, le moblot arma son fusil :

— Qui vive?... ou je tire...

— Fif' le France !... lui lança Rimbaud, riant comme un fou, avec l'accent le plus allemand qu'il pouvait. Notre guerrier, fort heureusement, se contentait à bon compte; il répondit d'un ton grave : « A la bonne heure ! » Le poète lui tourna le dos, et soufflant dans ses doigts, se mit à réciter du Leconte de Lisle :

Les ânes de Khamos, les vaches aux mamelles Pesantes, les boucs noirs, les taureaux vagabonds Se hâtaient sous l'épieu, par files et par bonds, Et de grands chiens mordaient le jarret des chamelles Et des portes criaient en tournant sur leurs gonds.

Seulement, quand la neige tombait de nouveau, quand l'âpre bise nous en fouettait le nez, les oreilles, les yeux, on ne pouvait rester là tout de même. Nous cherchâmes un abri. J'ai dit que


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les jardins à gauche du Bois d'Amour, ceux qui n'étaient pas clos de murs, avaient été rasés au commencement du siège. Ils le furent un peu précipitamment, sans doute, car en flânant par les petites allées bordées de buis où nous prenions plaisir à suivre les méandres singuliers tracés par des pattes d'oiseaux, nous découvrîmes, sous l'écroulement de deux cerisiers, une de ces baraques où se rangent les outils de jardinage et qu'avait oubliée la hache des sapeurs. Alors, s'il devenait temporairement impossible de rester dehors, on venait là, écartant les entrelacs de brindilles couvertes de givre. On lirait de leur cachette les deux pipes. La maisonnette n'avait plus de porte, eh bien ! tant mieux ! nous y verrions plus clair... Que faisait lèvent glacial?... Qu'importait le détail insignifiant de, parfois, un obus lancé au hasard, vers les champs lointains, par quelque bastion inquiet?... Rimbaud ouvrait un volume de Banville, et dans ses yeux de myosotis qui suivaient la douce ivresse des flocons dansant par milliards autour de nous, s'allumait une flamme candidement joyeuse quand il lisait, en battant la semelle, l'adorable Ballade pour trois soeurs qui sont ses amies :

Le soleil rit sur les blancs escaliers, Et Marinette est là, qui verse à boire.

(A suivre).

Ernest DELAHAYE.


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LES PRISONNIERS DU MONT-DIEU

PENDANT LA RÉVOLUTION

(SUITE).

480. — PARUIT (FRANÇOIS-JEAN-BAPTISTE), marchand de sel à Valelle-Sainl-Cerni ou Cerny-sous-Laon, district de Laon, 49 ans. Arrêté le 3 pluviôse à Alligny par ordre du Comité de surveillance, parce qu'il voulait vendre son sel au-delà du maximum. Incarcéré au Mont-Dieu le 6 pluviôse, il en sortit le 18.

481.—PAUBON (MARTIN), curé deTahure (Marne), depuis 1774 ; curé constitutionnel de La Cassine, né à Singly le 12 novembre 1733. Compromis dans une émeute contre le curé de Vendresse. Paubon fut arrêté, conduit d'abord dans les prisons de Mézières, puis au Mont-Dieu le 29 prairial an II; il semble y être resté jusqu'à l'évacuation.

482. — PAUL D'HERVILLE (CHARLES-FRANÇOIS DE), écuyer du Saint-Empire romain, né le 4 septembre 1722 à Givet, mort à Saint-Marceau le 2 floréal an VI. Il avait épousé à Mézières, le 18 janvier 1730, sa cousine Marie-Anne-Nicolle Leseur (de Lemée). Ancien commissaire ordonnateur des guerres à Mézières. Détenu d'abord à Mézières, transféré au Mont-Dieu le 2 brumaire par ordre de Pascal, commandant de gendarmerie, comme suspect à cause de l'émigration de son fils, mais il croyait que c'était parce qu'il avait été destitué de son emploi [occupait la cellule n° 18].

483. — PENOT, de Bulson, incarcéré le 16 nivôse [occupait la cellule n° 23],

484.—PEQUET ou PECQUET (CHRYSOSTOME), bénédictin prieur de Prix, préfet de l'abbaye de Saint-Hubert, né vers 1730. Le 10 brumaire an II le Comité de surveillance de Mézières fit arrêter Pecquet comme suspect, étant étranger, né dans le Luxembourg, agent de l'abbaye autrichienne de Saint-Hubert et membre des assemblées aristocratiques qui se sont tenues chez Brincourt, à Mézières. Pecquet fut envoyé au Mont-Dieu.

485. — PÉRARD (ADRIEN), maître particulier des eaux et forêts à Château-Regnault, fut arrêté par le Comité de surveillance de Mézières comme suspect et conduit au Mont-Dieu le 30 brumaire


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où il était en nivôse an II. Le 30 messidor an II, remis en liberté, il fut arrêté de nouveau [occupait la cellule n° 24].

486. — PERCEBOIS (PIERRE), garde à Loisy, né eu 1740, détenu au Mont-Dieu depuis le 2b nivôse par ordre du Comité de surveillance de Vouziers.

487. — PERCHENET (VICTOIRE), née vers 1770, fille des époux Perchenet-Bourgeois. (Voy. BOURGEOIS.) Incarcérée au Mont-Dieu le 24 vendémiaire.

488. — PÉRIN (NICOLAS-PIERRE), vicaire épiscopal de l'évèque de Sedan, né à Marville le 27 novembre 1751. Dénoncé le 10 thermidor au II, avec d'autres ecclésiastiques, comme fanatique. Vassant invita Levasseur à faire mettre Périn en cage, il fut envoyé au Mont-Dieu pour peu de temps. Fut nommé bibliothécaire du district et après le Concordat doyen de Juniville. 11 avait cependant fait le serment de haine à la royauté et à l'anarchie et de fidélité à la République et à la Constitution de l'an III.

489. — PETIT (FRANÇOIS), de Olos-Berteau, écart de l'Echelle, né à Château-Porcien, homme de loi à Charleville. Arrêté à Monlhermé el condamné à être détenu jusqu'à la paix parce qu'il avait un fils émigré. Il est mort à Charleville le 15 novembre 1813.

490. — PETITFILS (CHARLES-CONSTANTIN), accusateur public à Mézières, destitué par Hentz et Bô et comme conséquence de cette destitution déclaré suspect. Mis en arrestation et envoyé au Mont-Dieu du 25 brumaire au 7 frimaire. Né à Mézières le 24 novembre 1751, fils de Jean-Nicolas Petitfils, maître de ville ; il est mort au même lieu le 10 germinal an X, âgé de 50 ans [occupait la cellule n° 6].

491. — PETITFILS (JEAN-BAPTISTE), médecin de l'hôpital sédentaire de Sedan, demeurait place du Rivage. Né à Mézières le 7 avril 1744, fils de Petilfils-Ninnin ; destitué de ses fondions par Hentz et Bô le 15° jour du 2° mois de l'an II de la République comme le plus insigne aristocrate du pays et le plus acharné des antipatriotes, ils ordonnèrent sa mise en arrestation ; fut incarcéré au Monl-Dieu le 18 brumaire, sorti le 4 pluviôse provisoirement. Membre de la municipalité sedanaise, il fut condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris et exécuté le 3 juin 1794 [occupait la cellule n° 13].

492. — PETITJEAN (BAUDOIN), vicaire de Sévigny-la-Forêl, puis curé constitutionnel de Maubert-Fontaine. Né à Graide


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(Belgique) le 16 décembre 1742, envoyé au Mont-Dieu pendant la Terreur et taxé à une contribution pénitentiaire de 200 livres [occupait la cellule n° 26].

493. — PHILIPPOTEAUX (JEAN-BAPTISTE-ONÉSIME), né à Donchery le 16 avril 1759, mort à Sedan le 14 juin 1845. Marchand à Sedan, place d'Armes, n° 245 (en face l'Eglise, plus tard n° 12), notable destitué et arrêté comme suspect, les scellés furent apposés chez lui le 26 septembre 1793, en conformité de la loi du 17 dudit mois, art. 3, attendu qu'il a été suspendu de ses fonctions de notable et comme tel, dit l'ordre d'arrestation, il doit être considéré comme suspect et mis en état d'arrestation.

Il fut envoyé en mission, il faisait des achats à Reims pour le compte de la République, lorsqu'un arrêté du Comité de sûreté générale ordonna de le mettre en arrestation; son signalement fut aussitôt transmis à tous les districts ; il fut arrêté et détenu à Douai du 12 floréal au 10 fructidor.

Le 23 fructidor an II, Ch. Delacroix rétablit Philippoteaux dans ses fonctions de juge au tribunal de commerce auxquelles il avait été élu le 20 novembre 1792, il présida longtemps ce tribunal.

Il devint sous-préfet sous l'Empire, de nouveau président du tribunal de commerce sous la Restauration et de nouveau juge. Officier de la Légion d'honneur [occupait la cellule n° 35].

494. — PICHON (NICOLLE-CLAUDINE-FRANÇOISE GABRIEL), femme de Christophe Pichon, née vers 1752, a habité Charleville jusqu'au 30 mai 1792. Incarcérée le 25 brumaire an II parce que son mari, commissaire des guerres à Verdun, émigra après la prise de cette ville par les Prussiens [occupait la cellule n° 26].

495. — PICHON (SOPHIE), fille des précédents, arrêtée à cause de l'émigration de son père [occupait la cellule n° 26].

PIERRE, femme. (Voy. CORDOZE.)

496. — PIERRE (GILETTE), première femme de Jean-Baptiste François, greffier à Mouzon, qu'elle avait épousé à Marville le 1er août 1770, morte à Mouzon le 22 ventôse an XI, âgée de 78 ans [occupait la cellule n° 18].

497. — PIERROT (JEAN), curé constitutionnel de Tarzy, envoyé au Mont-Dieu comme suspect; le 16 fructidor an II, lorsqu'il demanda sa mise en liberté, l'administration qui ignorait


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sa détention, le renvoya à ceux qui l'avaient fait incarcérer. Se retira à Soissons en l'an III.

498. — PIETTE (AUGUSTE-SULPICE), curé d'Antheny depuis 1781, né à Rumigny le 2 octobre 1743. Interné au Mont-Dieu pour le même motif que le précédent. Mort à Antheuy le 18 octobre 1828.

499. — PIGEAU (FRANÇOIS-JOSEPH), vicaire d'Aiglemont depuis 1786, né à Harzé le 20 février 1744, décrété d'arrestation sur la dénonciation de Jean-Baptiste Bourguin, régent des écoles.

En l'an X, il habitait les Hautes-Rivières où il est mort le ler brumaire an XII.

500. — PIQUART (MARIE-ANNE-JULIE ou JUDITH dite PICARD ou), née vers 1754, ancienne cuisinière du curé Pâté, de Rethel, arrêtée le 16 brumaire au II parce que le curé Pâté était émigré [occupait la cellule n° 35].

501. — PIRE (JEAN-JACQUES), religieux, curé constitutionnel de Wagnon, né le 24 juin 1752 à Fumay. Transféré des prisons de Rethel au Mont-Dieu le 11 messidor an II, comme fanatique. Curé de Wagnon après le Concordat, a béni les cloches en 1808.

502. — PIRET (GUILLAUME), né à Givet, mort au même lieu, rue Royale, le 3 novembre 1818, âgé de 93 ans; détenu au Mont-Dieu comme prévenu d'émigration, victime d'une infâme intrigue de Delecolle qui avait en vue de s'emparer de la fortune de Piret. Piret était sorti de France, mais c'était pour les intérêts de la République et toujours munis de passeports réguliers.

503. — PLAISANCE (GABRIEL),' né à Bar-le-Duc le 7 mai 1751, ancien lazariste, vicaire de la paroisse cathédrale de Sedan. Incarcéré le 15 nivôse an II. A sa sortie, il se retira à Balan, où il mourut curé le 4 mai 1830 [occupait la cellule n° 21].

504. — PLOTHO (MARIE-THÉRÈSE DE), née à Saint-Mihiel le 24 septembre 1742, morte au même lieu le 1er avril 1809, épouse le 28 avril 1767, à Justine, Jacques de Williers (d'Herbigny). Emprisonnée au Mont-Dieu le 18 frimaire, à cause de l'émigration de son mari.

505. — POINSIGNON (DOMINIQUE-GABRIEL), ancien carme, vicaire constitutionnel de Chaumont-Porcien en 1791, arrêté comme suspect et fanatique, il fut transféré des prisons de Rethel au Mont-Dieu le 11 messidor an 11.


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PONSIGNON (Jean-Alexandre), curé de Chaumont-Porcien depuis 1788, a obtenu un certificat de civisme le 3 messidor an IL Né le 11 septembre 1734. il est mort curé de Launois le 21 novembre 1815.

506. — POIX (JEAN-FRANÇOIS), religieux, curé constitutionnel de Chesnois-Auboncourt (nommé le 2 octobre 1798), né le 8 avril 17S4 à Mézières, transféré des prisons de Rethel au Mont-Dieu le 11 messidor an II ; curé de Machault après le Concordat, puis de Novion-Porcien où il est mort le 17 mars 1835. Il fit le panégyrique de Bavard en 1806. (Voyez Revue historique des Ardennes. par Sénemaud, 2° année, page 100).

507. — POLICE (MARIE-CLAUDE), d'Asfeld.

508. — POLICE (JEANNE-PERETTE), d'Asfeld, née en 1769, soeur de la précédente. Ces deux soeurs furent arrêtées parce qu'elles avaient écrit à Didier, prêtre déporté. Elles occupaient la cellule n° 2.

509. — PONCELET, du district de Sedan, emprisonné au Mont-Dieu après le 17 floréal.

Il y eut Jean-Baptiste Poncelet, bénédictin, retiré à Francheval, son pays natal, où il est mort. Est-ce lui qui fut détenu?

510. — POROUET (CHARLES), curé de Saint-Ferjeux, ordonné prêtre en 1792 par Marolles, évêque de l'Aisne ; à la suppression du culte, il se fit berger pour pouvoir continuer à donner les secours de la religion à ceux qui les réclamaient. Le 2 messidor an II, il fut transféré des prisons de Rethel au Mont-Dieu. Il mourut curé de Beaumont-en-Beine (Aisne), en 1826.

511. — POSTAL ou POSTAT (JEAN-BAPTISTE), maréchal-ferrant à Coulommes, né vers 1739. Arrêté avec sa femme, Claudine Grosjean (voy. GROSJEAN), et détenus au Mont-Dieu le 2 frimaire. En pluviôse an II, ils sollicitèrent en vain leur mise en liberté. Postal dut acquitter une taxe pénitentiaire de 200 livres [occupaient la cellule n° 32].

Leur fils Louis Postal fut mis en arrestation sur la dénonciation du maître d'école et conduit au département sous prétexte d'avoir tenu des propos contre-révolutionnaires.

512. — POTIER (JEAN-BAPTISTE), plafonneur à Carignan, sa ville natale, mort le 4 janvier 1852, âgé de 87 ans. Incarcéré le 16 frimaire, libéré le 13 nivôse [occupait la cellule n° 5].


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POUPART DE NEUFLIZE (1).

513. — PRAITRAL, la citoyenne, tenancière d'un café à Sedan ; lors de l'apposition do scellés chez elle, le 6 thermidor an II, on ne trouva rien de suspect.

514. — PRETROT (NICOLAS), vicaire d'Epernay. curé constitutionnel de Vaux-Champagne, puis d'Alliguy (17 septembre 1791). âgé de 32 ans. Saisi comme suspect et emprisonné au Mont-Dieu le 30 brumaire, il y était encore en prairial an II. Lors de son interrogatoire au Mont-Dieu, le 12 pluviôse, Prelrot déclara qu'il était détenu depuis le 29 brumaire par ordre des commissaires révolutionnaires à ce qu'il croyait et que le motif de l'arrestation était deux procès qu'il avait contre le ci-devant procureur de la commune d'Alliguy qu'il avait gagnés en première instance ("occupait la cellule n° 21].

515.—'PREVOST (PIERRE-NICOLAS), fabricant d'armes a Nouzon, son pays natal, où il est mort le 29 juillet 181(1, âgé de 80 ans. Arrêté parce que son frère (2) fui considéré comme émigré et déporté. Il fui écroué au Mont-Dieu le 10 frimaire [occupait la cellule n° I0J.

516. — PROFINET (JEAN-BAPTISTE), né a Chàlons-sur-Marne, ex-régisseur des aides à Sedan, puis négociant à Sedan, place du Port, mort à Sedan dans la salle des administrateurs de l'hospice, le 2 floréal an VI, âgé de 65 ans. Fut impliqué avec Poupart de Neuflize dans l'affaire du club fédéraliste et pour ce motif envoyé au Mont-Dieu. Il était l'un des vingt-deux traduits au tribunal révolutionnaire par Levasseur le 14 thermidor an II, sous l'accusation de contre-révolution. Profinet était alors à Paris où l'appelait son commerce de fournisseur d'armes aux soldats de la République. Il échappa à la mort avec ses co-accusés [occupait la cellule n° 211.

517.— PROFINET fils (Louis-VALIONTIN), né à Chàteau-Porcieu le 7 juin 1762, mort à Sedan le 21 décembre 1823. aurait aussi été

(I) Poupart do Neuilize (Jean—Abraham—André), né à Sedan le 18 juillet 1752. mort au même lieu le 29 mai 1814. Manufacturier de draps, maire de Sedan, lianin de l'Empire le 23 juin 1810. Destitué de l'Assemblée fédéraliste la Vendée. Vassant le lit saisir avec vingt et un Sedanais et les envoya à Paris où Levasseur les transmit au tribunal révolutionnaire. La chute des terroristes le sauva.

(2) Prévost (Jean-Nicolas), né à Nouzon, curé de Prix et Belval depuis 1719, quitta sa cure pour refus de serment et si! réfugia prés de son frère ; mais, dans la nuit du 1er avril 1792, une bande d'ouvriers de la l'orge, en armes, vint le saisir pour le conduire à l'étranger. Lorsque. la bande passa à Neufmanil, la municipalité, qui était en séance, voulut s'y opposer, mais elle fut obligée (le se retirer devant la force. Prevost fut considéré comme émigré et déporté ; il n'obtint sa radiation qu'après le 28 vendémiaire an IX.


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emprisonné ; les scellés furent apposés chez lui le 25 thermidor an II.

518. — PRUDHOMME (PIERRE-LOUIS), né à Mézières le 14 juillet 1724, mort au même lieu le 29 juin 1808, ancien maire de sa ville natale. Le Comité de surveillance de Mézières le déclara suspect le 3 brumaire an II et prescrivit de le conduire au Mont-Dieu ; le 2 pluviôse an II, il déclarait être détenu depuis deux mois et douze jours sans en connaître les motifs. Taxé à une contribution de 500 livres pour l'entretien des détenus indigents [occupait la cellule n° 11].

519. — PRUNIER (GUILLAUME), chapelier à Sedan où il se maria en 1786, né vers 1748. Détenu au Mont-Dieu comme suspect; mis en liberté le 9 fructidor an II

520. — QUICLET ou CUICLET (Louis), ci-devant concierge ou régisseur de Bidal, d'Asfeld, né vers 1723. Incarcéré le 25 brumaire comme suspect en raison de ses anciennes fonctions.

521. — QUICLET, femme. (Voy. REGNAULT.)

522. — QUICLET (VICTOIRE), fille des précédents, née vers 1767, incarcérée pour s'être promenée dans le parc du marquis d'Asfeld pendant la messe du jour de la fédération [occupait la cellule n° 2].

523. — RAHU (JEAN), de Zurich, né vers 1729, lieutenant colonel du régiment suisse de Steinen, en résidence à Givet. Incarcéré avec sa femme le 9 octobre 1793 au Mont-Dieu pour incivisme et parce qu'il avait un frère émigré ; sorti le 18 ventôse. Cette incarcération donna lieu à des correspondances diplomatiques entre la République de Zurich et Barthélémy, ambassadeur de France près le Gouvernement suisse [occupait la cellule n° 18].

RAHU, femme. (Voy. RENARD.)

524. — RAINCOURT (ANTOINE DE), ex-seigneur de Balaives, né à Soiru, près Boutancourt, le 11 juin 1730, mort à Balaives le 27 thermidor an XII. Dénoncé comme ex-noble par le Comité de surveillance de Mézières, Levasseur prescrivit le 8 thermidor an II de le mettre en arrestation et de le conduire au Mont-Dieu.

525. — RATY (MARIE-ELISABETH LALOY), mariée à Charleville le 21 avril 1787 à Jean Raty, alors âgé de 75 ans, distillateur à Charleville [occupait la cellule n° 22].

526. — RAULT (MARIE-ELISABETH-BARTHELEMY), épouse Isarn, domiciliée à Mézières, née à Paris vers 1721, a accompagné la


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dame d'Ivory à Bouillon et, pour ce fait, prévenue d'émigration, elle fut enfermée au Mont-Dieu. Le 23 pluviôse an II elle fut appelée du Mont-Dieu à Mézières pour y être interrogée. MarieElisabeth-Barthelemy d'Isarn est morte au château du Faucon, le 3 fructidor an V, âgée de 76 ans.

RAULT (Barthelemy-Louis-Joseph), de Mézières, parent de la précédente, fut arrêté le 28 septembre 1793 sur ordre du Comité de Mézières comme soupçonné d'émigration et détenu du 1er frimaire au 23 nivôse [occupait la cellule n° 47].

527. — RAULT DE RAMSAULT (MARIE-LOUISE-URSULE), née à Condé (Nord), épouse d'Ivory (11, morte au Faucon, écart de Donchery, le lu janvier 1825. Conduite au Mont-Dieu comme prévenue d'émigration pour être allée passer quelques jours chez son beau-frère, commandant le château de Bouillon. Elle était arrêtée le 26 septembre 1793 ; elle était dans la prison Saint-Pierre à Mézières le 21 avril 1794 [occupait la cellule n° 47j.

528.— RAYMOND (NICOLAS-TOUSSAINT), capucin de Rethel, âgé de 66 ans. Détenu au Mont-Dieu le 24 brumaire an II comme suspect et être contraire à la constitution civile du clergé, mis en liberté le 4 frimaire an III sur l'ordre de Delacroix [occupait la cellule n° 34].

529. — REGNARD (NICOLAS-ANTOINE), receveur de la régie nationale, trésorier de la commune de Fumay, notaire établi par l'ancien gouvernement ; en l'an VI les autorités constataient qu'il était bon républicain et avait beaucoup d'érudition ; il est mort à Fumay le 28 août 1810. Arrêté en vendémiaire an II comme suspect parce qu'il avait été subdélégué de l'intendance de Haynault. Le 5 fructidor, étant malade, il fui ramené à Mézières et mis en liberté sous caution [occupait la cellule n° 11].

530. — REGNAULT (CLOTILDE), épouse de Louis Quiclet (d'Asfeld), née vers 1742. Incarcérée le 25 brumaire comme suspecte [occupait la cellule n° 2].

531. — REGNAULT DE MONTGON (ADAM-REMY), rentier à Semuy, né à Montgon le 28 février 1733 (2). Incarcéré le 27 frimaire

(l) Le comte d'Ivory (Jean-Claude), capitaine au corps royal du génie, né à Mézières le 16 novembre 1745, est mort au Faucon le 12 mai 1821 avec le grade de maréchal de camp.

2) Extrait des actes de baptêmes de la paroisse de Monlgon : « .le soussigné, ai ondoyé « en 1733, le 23 aout, le tils de Nicolas Renault, seigneur de Montgon, et de Nicole-Eléonore « dos Robert, son épouse... lequel garçon est né le 28 février de la même année et a été « ondoyé à la maison. « Signé : DEVILLE) curé des Alleux et de Montgon. »


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an II au Mont-Dieu sur la dénonciation du Comité de surveillance de Semuy comme accusé: 1° de s'être refusé de s'inscrire sur les registres de la garde nationale de Semuy ; 2° d'être noble ; 3° d'avoir un fils émigré depuis quinze mois ; 4° que loin de donner des preuves de civisme, il s'est toujours montré ennemi de notre sainte révolution ; 5° d'être violemment soupçonné d'avoir eu des intelligences avec l'ennemi lors de son invasion dans le district de Vouziers [occupait la cellule n° 3].

REGNAULT DE MONTGON, femme. (Voy. THIBOUST.)

532. — REGNIER (JEAN-BAPTISTE), dominicain de Revin, né le 6 juillet 1741, curé constitutionnel de Rocroi en 1791. Emprisonné au Mont-Dieu pendant la Terreur avec les autres prêtres du district comme fanatiques et sur la dénonciation des sans-culottes de Rocroi et Givet, dirigés par Delecolle.

REGULUS (TAILLEUR). (Voy. TAILLEUR (REGULUS).

533. — REIZER ou REISZER (JEAN-JOSEPH-CHARLES), secrétaire piqueur au bureau du génie de Sedan, âgé de 22 ans. Le 27 septembre 1793, il se plaignit du Comité de surveillance qui exigeait de lui un certificat de civisme, ce qui lui valut d'être envoyé au Mont-Dieu le 18 brumaire comme suspect. Ecrivant de sa prison à Joseph Balle, l'un des vingt-deux que Vassant et Levasseur envoyaient au tribunal révolutionnaire le 26 thermidor an II, Reizer termine sa lettre par une formule polie où il se qualifie le serviteur du destinataire ; cette expression offusqua les procédés égalitaires de Vassant qui s'empressa de transmettre sa lettre au Comité de sûreté générale [occupait la cellule n° 22].

534. — RENARD (GERTRUDE), épouse Rahu, de Zurich, née vers 1746. Arrêtée le 21 vendémiaire avec son mari à Givet; le représentant Roux l'a fait relaxer le 18 ventôse [cellule n° 18].

535. — RENAUD, tisserand à Rouvroy, détenu au Mont-Dieu, mis en liberté par ordre de Levasseur du 29 messidor an II

536. — RENNESSON (JEAN-EMMANUEL), tailleur à Monthermé où il est mort le 15 février 1815, âgé de 80 ans. Le Comité de surveillance de Monthermé l'envoya au Mont-Dieu et le 16 nivôse an II l'administration réclama en vain le procès-verbal de cette arrestation dont elle ignorait les motifs. Le 10 pluviôse an II il déclara qu'il croyait que sou arrestation avait eu lieu parce qu'il avait logé Charloteau (voy. ce nom) [occupait la cellule n° 15].


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537. - RETHORÉ (PIERRE-ANTOINE), né à Montauban, maire de Carignan en 1800. Incarcéré le 24 frimaire, sorti le 13 nivôse, percepteur à Carignan sous la Restauration, mort en cette ville le 7 juin 1822, âgé de 64 ans.

538. —RETHORÉ, femme du précédent, née Catherine Guinin, morte à Carignan le 14 mars 1821, âgée de 72 ans. Incarcérée le 15 frimaire, sortie du Mont-Dieu le 13 nivôse ; les époux Rethoré occupaient la cellule n° 43.

539. — RICHOT (JEAN-CHARLES), vicaire de Vendresse, né à Rethel le 19 septembre 1751. S'étant trouvé mêlé à la manifestation qui eut lieu à Vendresse en frimaire an II, il fut mis en arrestation et amené avec d'autres à Mézières. Le 29 prairial an II le Comité de surveillance ordonna de le conduire au Mont-Dieu. En prairial an X il était à la Horgne.

540. — RIFFLET femme, coutelière à Sedan. Détenue au MontDieu du 18 au 23 brumaire. Le 25 thermidor au II, les scellés furent apposés au domicile de Rifflet Jean-Baptiste, adjudant général, rue des Fours, chez Jean-Baptiste Rifflet, ex-chaudronnier, décédé le 3 brumaire an VII.

M. Ch. Pilard a écrit que Rifflet, bijoutier-ciseleur, a été interné au Mont-Dieu, cellule n° 1.

541. — ROBERT (PAUL), de Voncq ; nommé membre du district de Vouziers, en remplacement de Lefebvre, destitué. Le 24 messidor an II, Levasseur prescrivit de le mettre en arrestation ; le même jour les scellés furent apposés à Sedan, rue Marat, chez Robert, notaire, parce que Paul Robert, sou frère, était venu chez lui le 20 thermidor. P. Robert fut saisi et envoyé à Paris ; la chute des terroristes le sauva.

542.—ROBERT (MARIE-JEANNE), ex-religieuse à Floing, où elle est née vers 1760, morte à l'hospice de Sedan le 8 janvier 1832. Accusée de tenir des conciliabules avec l'abbé Périn et de fomenter le fanatisme.

543. — ROBERT (PIERRE), manoeuvre à Montcornet, où il est mort le 19 thermidor an VII, âgé de 71 ans. Incarcéré au MontDieu le 4 frimaire, pour cause d'incivisme.

544. — ROBERT (HENRY), manoeuvre à Montcornet, où il est morl le 22 juin 1796, âgé de 71 ans. Arrêté le 20 novembre 1793 et conduit au Mont-Dieu comme suspect parce qu'il avait une fille mariée dans le Luxembourg (aux Louettes) et déclarée émigrée.


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545. — ROBERT (PHILBERT), fils du précédent, garde champêtre, morl à Montcornet le 11 novembre 1833, âgé de 70 ans. Incarcéré avec son père le 4 frimaire parce qu'il est allé voir sa soeur il y a deux ans, aux Louettes, où elle s'est mariée. Il avait épousé la fille de Jean-François Wiart.

[Ces trois derniers occupaient la cellule n° 4].

546.— ROBERT (JEAN-BAPTISTE), de Marat-sur-Aisne, né vers 1766, aveugle, crieur public. Arrêté le 2 frimaire pour avoir tenu des propos contre-révolulionnaires.

547. — ROGER (NICOLAS) (1), ex-curé de Sy, né à La Neuvilleà-Maire le 4 décembre 1751. Fit le serment coustitutionnel, fut détenu quelque temps à Buzancy comme accusé d'émission el de commerce de faux assignais; le 25 frimaire an II, ou le 15 nivôse, il fut conduit au Mont-Dieu comme suspect où il resta pendant plus de neuf mois; cependant le Comité de surveillance de Sy déclare que son curé s'est toujours montré bon sans-culolte. Le 24 messidor an III, Roger fut élu ministre du culte aux PetitesArmoises. Roger est mort curé du Chesne après le Concordat [occupait la cellule n° 11].

548. — ROGER (JEAN-PHILIPPE), commis dans la maison Jean Labauche (Louis, successeur), né à Sedan le 11 février 1751, devait être protestant. Mort place de la Halle, 47, à Sedan, le 19 septembre 1827, arrêté le 19 brumaire ; trois lettres furent saisies chez lui et remises à Vassant [occupait la cellule n° 32].

549. — ROLIN (FRANÇOIS-JOSEPH), homme de loi et notaire à Sedan depuis 1757, où il est mort le 11 février 1811, âgé de 78 ans ; fortement soupçonné d'avoir eu des correspondances avec l'émigré Petit de Morenville, il fut emprisonné le 22 nivôse sous prétexte que son fils Barthélémy était émigré, tandis qu'il était brigadier-fourrier au 21° de cavalerie à Beauvais : pendant sa détention, plusieurs fois les scellés furent levés chez lui

(1) Roger (Nicolas), menuisier et marchand de bois à La Neuville-à-Maire, où il est mort le 19 décembre 1814, âgé de 91 ans, chez Damien, maître d'école. Proche parent du curé do Sy ; fut mis en arrestation en prairial an 11 et détenu à ta prison de Sedan (Poirier dit que sa détention eut lieu au Mont-Dieu) comme accusé d'avoir, dans le commencement de prairial, à propos de l'affaire du camp de la Montagne, prés de Bouillon, tenu les propos suivants :

« Les patriotes ont ce qu'ils méritent ; quand ils vont sur l'empire, ils pillent, ont eu tort de « déclarer la guerre à toute l'Europe, ont eu tort de s'enfoncer dans l'empire pour faire périr « beaucoup de monde ; l'ennemi ne nous a fait que ce qu'on lui a fait, l'assemblée ne l'ait pas « de trop bonnes affaires, on n'est pas encore au bout. »

Cette appréciation de la situation était aux yeux des patriotes sans-culottes un crime de lèse-nation. Roger fut compris dans le nombre îles vingt-deux que Vassant et Levasseur avaient résolu de livrer au tribunal révolutionnaire de Paris, pour crime de contre-révolution.

Roger fut sauvé par la chute des terroristes et échappa ainsi à une mort certaine.


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pour en retirer des pièces nécessaires à ses clients [occupait la cellule n° 11]. Alban Rolin, général de division, mort en 1869, était son petit-fils.

550.— ROLLIN (MARIE-JEANNE ou CATHERINE), religieuse annonciade à Mézières où elle est morte le 3 pluviôse an VI, âgée de 61 ans. Emprisonnée au Mont-Dieu le 26 frimaire.

551. — RONDEAU (MARIE-ANGÉLIQUE), épouse de Jacques Forest, de Saint-Jean-aux-Bois, née vers 1743, morte le 6 mai 1814, âgée de 70 ans. Arrêtée le 11 novembre 1793 avec son mari (voy. Forest) et conduite au Monl-Dieu à cause de l'émigration de leurs enfants Jean-Baptiste, curé de Vaux-Champagne (plus tard curé de Saint-Jean), et Marie-Victoire. L'administration les autorisa le 15 pluviôse an II à faire apporter au Mont-Dieu pour leur subsistance deux pièces de cidre, deux sacs de farine, 200 oeufs, un poinçon de fruits [occupait la cellule n° 14].

552. — RONDEAU (MARIE-NICOLE-AUG.), épouse de Victor Mailfait, née vers 1742. Internée au Mont-Dieu à cause de l'émigration de son mari et de son fils qui était- prêtre. A sa sortie, le 5 frimaire an III, Marie-Nicole Rondeau constata la dilapidation de ses biens dont la gestion avait été confiée au citoyen Charles Rodes [occupait la cellule n° 14].

553. — RONDEAU (CH.-HENRI), garde de bois à Montmeillant, mort à Saint-Jean-aux-Bois le 30 mai 1808, âgé de 73 ans. Incarcéré au Mont-Dieu le 10 frimaire parce qu'au moment où il fut arrêté il était détenteur d'un fusil. En sa qualité de garde, il croyait avoir le droit de le conserver [occupait la cellule n° 37].

554. — RONDU (PIERRE), domestique chez Bidal, à Asfeld, né vers 1720, mort à Asfeld le 20 brumaire an IV, âgé de 75 ans. Incarcéré le 25 brumaire parce que son fils, au service de Bidal, aurait émigré avec son maître.

555. — RONDU (MARIE-LOUISE), fille du précédent, célibataire, née vers 1757 à Asfeld, morte à Asfeld le 11 février 1830, âgée de 78 ans. Incarcérée, pour le même motif et en même temps que son père, dans la cellule n° 2.

556. — ROSSIGNOL (JEAN-LOUIS), curé de Saulces-Champenoises, né le 1er septembre 1760; détenu au Mont-Dieu pour avoir fait des quêtes à l'église, pour se procurer les ornements nécessaires au culte et pour avoir prêché presque tous les dimanches. Retiré à Remilly après sa sortie [cellule n° 51].


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ROUCY. (Voy. LESCAMOUSSIER.)

557. — ROUSSEAU (PIERRE), de Givet, négociant [occupait la cellule n° 40].

558. — ROUSSEAU (SIMON-JACQUES), couvreur d'ardoises à Marat-sur-Aisne, marchand épicier, né vers 1768, mort à Château le 3 août 1816, âgé de 57 ans. Arrêté le 2 frimaire pour avoir tenu des propos fédéralistes.

559. — ROUSSEAU DE GIVONNE (DENIS), manufacturier, capitaine de la garde nationale, né à Sedan le 19 décembre 1767, mort à Sedan le 23 décembre 1819. Fut détenu au Mont-Dieu depuis le 18 brumaire comme suspect; le 26 thermidor an II, il demanda communication des motifs de son arrestation afin de pouvoir se justifier [occupait la cellule n° 23].

560. — ROUSSELET (MARIE-HUBERT), ex-religieuse à Mézières, née vers 1769, arrêtée le 25 frimaire en même temps que quatre religieuses annonciades avec lesquelles elle habitait. Elle ignorait les motifs de son arrestation [occupait la cellule n° 46].

561. — ROUYER (JEAN-JACQUES), ancien commis des fermes à Carignan, né à Vecqueville (Haute-Marne), mort à Carignan (maison n° 37), le 16 décembre 1814, âgé de 84 ans. Détenu au Mont-Dieu comme suspect. En nivôse an II il demanda en vain les motifs de son arrestation. Le 10 vendémiaire an II, l'agent national d'Ivoy, rendit témoignage du patriotisme de Rouyer et déclara qu'il fut arrêté, lorsque la faction des sanguinocrates étrangers avait l'autorité à Carignan [occupait la cellule n° 20].

562. — ROUYER (ANDRÉ), fils du précédent, maître de forges, maire de Carignan et conseiller d'arrondissement sous la Restauration, mort à Corenne (Belgique), le 28 juillet 1829, a été aussi emprisonné le 20 pluviôse [occupait la cellule n° 53] (1). Cette famille est aujourd'hui représentée par le colonel Allaire et son frère, magistrat [occupait la cellule n° 20].

563. — ROZEVILLE (LOUIS-FRANQOIS FOSSART DE), officier de gendarmerie à Mézières, né à Paris, mort à Fumay le 7 janvier 1831, âgé de 76 ans. Déclaré suspect et conduit au Mont-Dieu pour ce motif le 7 brumaire. Le 9 nivôse an III, le Comité de sûreté générale prescrivit de le mettre en liberté [cellule n° 38].

ROZEVILLE, femme. (Voy. ZWEIFFEL M.-M.)

(1) Rouyer, de Sedan, canonnier au 1er bataillon, détenu au Mont-Dieu comme suspect.


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564. — ROZOY (HENRI), cabaretier à Sedan où il est mort le 7 pluviôse an III, âgé de 65 ans. Conduit au Mont-Dieu le 22 brumaire par ordre de Varoquier, pour avoir troublé les réunions de la Société populaire. Crin réclama contre l'arrestation de ce « chaud patriote attaché aux armes «. Rozoy fut mis en liberté en 30 brumaire.

ROZOY (PIERRE), né vers 1760, armurier à Charleville, sérail le prisonnier du Mont-Dieu, d'après un auteur [cellule n° 26].

565. — SAILLANT (JEAN-FRANÇOIS), de Rethel, né vers 1749, ancien capitaine au 57e d'infanterie, ancien aide-major à Calvi. Incarcéré le 24 brumaire an II comme suspect d'incivisme [occupait la cellule n° 49].

SAILLANT, femme. (Voy. MIGNOT.)

566.— SAINT-PÈRE, épouse Desbordes, de Charleville. Arrêtée avec son mari et ses tilles pour avoir fréquenté des aristocrates et ne pas avoir donné des signes d'allachement à la Révolution.

567. — SAINT-QUENTIN (MARIE-JOSÉPHINE-SOPHIE DE), épouse d'Alexandre-Louis Duhan, morte à Harzilleniont le 9 août 1804. Incarcérée au Mont-Dieu le 26 frimaire, sans en connaître le motif. Le 23 brumaire an III, Delacroix lui accorda un secours de 40 sols par jour sur les biens séquestrés de son mari [occupait la cellule n° 5].

568. — SALIGNAC (DE), commandant du génie et professeur de l'école du génie de Mézières. Le 30 brumaire an II, Hentz le révoqua de ses fonctions comme ex-noble aristocrate avec ordre de se retirer à 20 lieues dans l'intérieur. Sur la dénonciation du Comité de surveillance de Mézières, Levasseur ordonna le 18 floréal an II de le conduire au Mont-Dieu [occupait la cellule n° 17].

569. — SAINGEVIN ou SINGEVIN (ALEXIS OU MARIE-ALEXIS), de Chagny. Détenu après le 17 floréal.

570. — SALMON, couturière à Charleville, détenue cellule n° 35.

571. — SANDRAT (FRANÇOIS), né à Sedan le 28 octobre 1750, mort au même lieu le 21 novembre 1831, rue du Ménil, n° 11. Interné au Mont-Dieu le 2 frimaire an II, sur l'ordre du Comité révolutionnaire de Sedan, pour avoir pris part à l'érection du club anti-jacobin, appelé Vendée [occupait la cellule n° 30].


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572. — SARZACQ (née MARIE-ANNE BOIBLEAU, femme de JeanBapliste). Née à Sedan le 24 février 1746, morte au même lieu le 21 juillet 1811. Fut détenue au Mont-Dieu pour intempérence de langage sur le compte des sans-culottes. Le 23 messidor an II, Vassant émit l'avis de lui rendre la liberté, la croyant suffisamment punie.

573. — SAUCE (HUBERT), curé de Villemontry el du faubourg de Mouzon depuis 1774, détenu au Mont-Dieu comme suspect le 4 brumaire, par ordre du Comité de surveillance de Mouzon [occupait la cellule n° 7].

574. — SAUDÉ (NICOLAS), ancien instituteur et secrétaire de mairie, né en 1740, mort à Boulzicourt le 7 février 1812. Incarcéré le 2 frimaire. Notice sur lui dans le Bulletin du diocèse de Reims, 1870, page 353 [occupait la cellule n° 31].

575. — SÉCHERET (LAURENT-CYPRIEN), né à Beauménil, écart de Haraucourt, le 4 février 1757, curé de Balan, puis de Noyers en 1790, détenu au Mont-Dieu le 15 nivôse, comme suspect ; retiré à Autrecourt. A demandé, le 1er germinal an III, à rentrer à Noyers comme ministre du culte, mort à Noyers le 23 septembre 1820 (Voy. Histoire de Raucourt et de Haraucourt, par Sécheret) [occupait la cellule n° 36].

576. — SERMONNE (JEAN-BAPTISTE), huissier depuis 1776 à Mouzon où il est né; juge de paix, mort à Mouzon le25 mai 1829, âgé do 81 ans. Incarcéré le 7 brumaire comme suspect [occupait la cellule n° 48].

577. — SERVAIS, garde de bois à Issancourt, pour le prince de Coudé. Destitué et conduit au Mont-Dieu pour incivisme ; rétabli dans ses fonctions le 9 pluviôse an III.

578. — SIMONET DE SINGLY (ANTOINE DE), capitaine au régiment de Turenne, retrailé en 1791 après 35 ans de service, mort à Charleville le 11 février 1808, âgé de 70 ans. Emprisonné le 6 frimaire comme ci-devant noble et parce qu'il n'avait pas déposé ses brevets et qu'il fréquentait habituellement Mongelas (voy. ce nom) [occupait la cellule n° 18].

579. — SINGLY (PONCE-DIDIER DE), curé de Saint-Loupen-Champagne, âgé de 53 ans, retiré à Monthois. Incarcéré le 19 brumaire an II pour refus de serment comme suspect. Après l'évacuation de cette maison, il fut interné à Sedan d'où il ne sortit que le 26 thermidor an III [occupait la cellule n° 25].

(A suivre). Ernest HENRY.


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Découverte d'un sarcophage à Carignan.

Une découverte archéologique assez curieuse vient d'être faite à Carignan.

En creusant une tranchée en face du chemin de la gare, au milieu de la route départementale qui va de Sedan à Montmédy, les ouvriers ont mis à jour un sarcophage de grande taille. Ce sarcophage, creusé dans une seule pierre et recouvert de dalles en partie brisées, était plein de terre et contenail une tête, des ossements, et quelques objets, dont une petite urne funéraire, munie de deux anses. Ces objets sont fort anciens et datent probablement de l'époque romaine. De chaque côté du sarcophage on a trouvé aussi des ossements qui semblent être des ossements de chevaux. (L'Echo des Ardennes).

VARIÉTÉ

LA FEUILLE DE LAMPEIXOIS

Conte populaire

M. Charles Sadoul a commencé en 1904 dans la Revue des Traditions populaires la publication d'une série de contes populaires qu'il a recueillis dans la région vosgienne. L'un d'eux, paru dans le numéro de décembre 1904 (pages 555-557) et intitulé La feuille de lampenois, est une jolie variante d'un conte populaire qui appartient à la famille des récits classés sous l'appellation générique de Sifflets enchantés ou de Roseaux qui chantent. On trouve des contes similaires dans la plupart des provinces françaises, dans presque tous les pays d'Europe et chez de nombreuses tribus sauvages. M. A. Meyrac en a publié un dans les Traditions, Coutumes... des Ardennes (pages 486-490) sous le titre : La Rose de Pimperlé, où la flûte révélatrice chante ce couplet :

Siffle, siffle, berger,

Mes frères m'ont tué

Dans la forêt d'Avé Pour la rose de Pimperlé.

La version lorraine, recueillie par M. Sadoul de la bouche d'un carrier de Raon-l'Etape (Vosges), a pour nous un intérêt particulier : le conteur a placé, en effet, le théâtre de son aventure


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merveilleuse dans la forêt des Ardennes. C'est aussi dans notre vieille forêt aux mystérieuses profondeurs que s'est envolé l'oiseau du Sifflet enchanté, recueilli par M. E. Cosquin dans ses Contes de Lorraine :

Siffle, siffle, berger, C'est mon frère qui m'a tué Dans la forêt des Ardennes Pour l'oiseau que tu as laissé envoler.

Il est assez curieux de constater cette même préférence des conteurs lorrains à placer leur récit dans une forêt relativement éloignée, mais dont l'antique réputation a survécu dans l'imagination populaire. Le conte de M. Sadoul se différencie du conte de M. Cosquin par une affabulation plus complète et par de nombreux détails, dont les lecteurs de notre Revue pourront apprécier la saveur par la reproduction intégrale que nous en donnons. Ch. HOUIN.

* * La feuille de lampenois.

Il était une fois un roi qui était très malade. Les médecins lui déclarèrent qu'une seule plante pouvait le sauver ; c'était la feuille de lampenois, herbe qui ne se trouvait que dans le jardin d'un géant, où il était difficile d'arriver, tant à cause de l'horreur des lieux qui entouraient ce jardin, que de la férocité de son possesseur qui en même temps que géant était ogre. Ce roi avait trois enfants, deux fils et une fille ; il ne voulut point confier à d'autres qu'eux le soin de sa guérison, et les réunit au pied de son lit, promettant la couronne à celui d'entre eux qui lui rapporterait la feuille merveilleuse. Ils partirent, et à un carrefour dans la forêt d'Ardenne ils se quittèrent, s'y donnant rendez-vous au bout de trois mois, le premier arrivé devant attendre les autres. La fille, qui sans doute avait pris le bon chemin, parvint devant le château du géant et osa en affronter l'aspect.

Elle frappe à la porte. La femme du géant vient lui ouvrir et ne l'ayant pas plutôt vue s'écria : « Malheureuse, que viens-tu faire ici? Ne sais-tu point que tu es dans la maison d'un ogre terrible? » — « Cela m'est égal, je n'ai point d'asile, répondit la princesse ; je demande à être abritée du mauvais temps. »

La femme de l'ogre, émue de sa beauté et prenant en pitié sa jeunesse, lui répondit: « Notre fille vient de mourir; entre, lu la remplaceras ». — Quand le géant revint, sa femme courut au-devant de lui et lui dis : « Notre fille n'est point morte, elle


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est revenue ». Le géant crut ce que sa femme lui avait raconté et embrassa bien fort la princesse, la tenant dans ses bras comme si elle eût été sa fille. De son côté, celle-ci était aux petits soins pour lui, ainsi que sa fausse mère le lui avait recommandé. Elle se promenait souvent avec lui dans son jardin et cherchait à y découvrir la fameuse feuille de lampenois. Un jour elle vil la troc he ; comme l'ogre était avec elle, elle n'osa l'arracher; elle laissa tomber comme par mégarde son mouchoir dessus et rentra avec son père supposé. Au bout d'un moment elle retourna au jardin et ramassa la troche avec son mouchoir. Feignant d'être fatiguée, elle s'attarda dans le jardin et parvint à se sauver. Elle arriva au rendez-vous où ses frères l'attendaient depuis trois jours. — Enfin te voilà, nous te croyions perdue ». — La jeune fille raconta ses aventures et montra l'herbe merveilleuse. Le frère aîné, furieux de son insuccès et en rage de voir le trône lui échapper, se précipita sur sa soeur et la tua sans pitié. Le cadet vil cela avec horreur, mais menacé de subir le même sort n'osa rien dire, et par peur aida son frère à enterrer la princesse sous un gros aulne creux qui se trouvait là.

Pendant ce temps le père s'inquiétait de ne pas voir revenir ses enfants. Il fut heureux d'en retrouver deux. Après avoir pleuré sur sa fille que ses frères lui dirent avoir élé dévorée des bêles féroces dans les bois, il usa de la feuille de lampenois et fut guéri. Selon sa promesse il donna la couronne à celui qui la lui avait rapportée.

Quelque temps s'était écoulé, quand le berger du Roi coupa une branche du gros aulne creux au pied duquel était enterrée la princesse, et s'en fit un sifflet. Il souffla dedans et fut bien étonné d'entendre une voix flûtée qui en sortait disant :

Souffle, souffle, berger (1), Ce n'est pas toi qui m'as tuée Dans ces grands bois d'Ardenne Pour avoir la feuille de lampenois.

Le berger porta le sifflet au vieux roi qui, soufflant dedans, entendit :

Souffle, souffle, mon père, Ce n'est pas toi qui m'as tuée Dans ces grands bois d'Ardenne Pour avoir la feuille de lampenois.

Le roi comprit qu'il y avait là un mystère et fit assembler (1) Sur l'air du Roi Dagobert.


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toute sa cour, faisant souffler dans le sifflet les courtisans et les valets ; chaque fois la voix répétait son refrain.

Quanti arriva le tour du fils aîné, il ne voulait pas souffler ; mais son père l'y força, et le sifflet dit alors :

Souffle, souffle, lourdaud, Car c'est toi qui m'as tuée Dans ces grands bois d'Ardenne Pour avoir la feuille de lampenois.

Le père le fil aussitôt arrêter malgré qu'il se défendît de son crime. Il dut l'avouer quand son cadet eut raconté comment avait eu lieu l'assassinat, et qu'on eut trouvé les os blanchis de la princesse sous le vieil aulne creux. On les enleva pour les mettre en terre sainte et on reprit la couronne à l'assassin. On fil sur la grande place un énorme bûcher où fut invité tout le peuple, et on brûla le criminel. Le cadet eut alors la couronne.

(Conté par Claude Hussler, carrier à Raon-l'Etape).

COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES

Commission météorologique du département des Ardennes. — Compte-rendu des observations faites en i905. Vingtième année. — Mézières, imprimerie Charpentier-Richard, 1906 ; in-4° de 33 pages.

L'année 1905 a été caractérisée par le grand nombre des orages, dont deux notamment ont présenté une intensité extraordinaire et ont causé de grands dégâts par le vent, la grêle ou la pluie : le cyclone du 30 juin 1905, qui s'est déchaîné du sud au nord sur l'arrondissement de Retliel ; et le cyclone du 9 août 1905, qui s'est fait sentir sur une assez grande largeur, 50 kilomètres environ, d'une part entre Signy-le-Petit et Tagnon, de l'autre entre Fumay et Raucourt ; mais son action dévastatrice ne s'est exercé que sur une bande assez étroite passant par Herpy, Château-Porcien, Ecly, Inaumont, dans la vallée de l'Aisne, Neuvizy, Jandun, Montigny, Poix, dans la vallée de la Vence, Lûmes, Donchery, Floing, Saint-Menges, Fleigneux, Givonne, La Chapelle, Illy, Sedan, Balan, Bazeilles, dans la vallée de la Meuse, Saint-Aignan et Cheveuges, dans la vallée de la Bar.

Le compte-rendu de la Commission, outre les renseignements habituels, donne des détails circonstanciés sur ces deux ouragans qui marquèrent si tristement l'année météorologique 1905.

C. H.


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L'Arbre, la Forêt et les Pâturages de Montagne. — Manuel de l'Arbre, pour l'Enseignement sylvo-pastoral dans les écoles, par E. CAUDOT, inspecteur des Eaux et Forêts. — Paris, Touring-Club de France, 1907 ; in-4° de 94 pp. (avec nombreuses photogravures). (Prix : 1 fr. 50).

Ce manuel populaire, destiné à faire connaître le respect et la protection dus aux arbres, est une des plus utiles et des plus attrayantes publications qui aient paru depuis longtemps : il devrait se trouver dans la bibliothèque de toutes les communes et de toutes les écoles des Ardennes où les forêts et les pâturages couvrent de vastes étendues.

L'auteur, dans un langage d'une parfaite clarté, dans le style le plus simple, suggère à l'instituteur, à l'enfant, les pensées de l'ordre le plus élevé, tout en leur faisant sentir sur le vif l'utilité, la nécessité du reboisement, et le charme que l'arbre peut apporter aux campagnes et aux paysages de France. C. H.

Monographies des grands réseaux de chemins de fer français,

par Henri LAMBERT, contrôleur des comptes des Chemins de fer au Ministère des Travaux publics. — Réseau de l'Est. Précis historique, statistique et financier. — Paris, H. Dunod et E. Pinat, 1907 ; in-8°, ix-196 pp. (Prix : 3 francs).

Cette étude, accompagnée de références aux sources officielles, de nombreuses notes doctrinales et de tableaux relatifs aux charges de l'Etat, aux titres financiers de la Compagnie et aux lignes exploitées, résume, sous une forme concise, l'histoire complète du réseau des chemins de fer de l'Est ; à ce titre, elle est d'un intérêt particulier pour notre département.

L'ouvrage comprend deux parties: d'abord une analyse des documents touchant la constitution du réseau ; puis une série de tableaux récapitulatifs qui se rapportent aux lignes concédées ou exploitées jusqu'en 1906. Il est accompagné de trois cartes qui donnent la situation du réseau en 1852, en 1870 et en 1905. C. H.

Mémoires du comte Valentin Esterhazy, publiés avec une introduction et des notes par Ernest DAUDET. — Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1905 ; in-8°, LII-360 pp.

Ces Mémoires intéressent quelque peu le département des Ardennes, car leur auteur fut gouverneur de Rocroi. Ils embrassent la fin du règne de Louis XV, celui de Louis XVI et la Révolution.

Valentin Esterhazy, officier sans fortune, mais de noble famille hongroise, fut comblé de faveurs par la France : en 1764, à 26 ans, il devenait colonel d'un régiment portant son nom, puis brigadier, maréchal de camp, inspecteur des troupes, gouverneur de Rocroi, chevalier des ordres du Roi, etc. C. H.

Le Gérant : E. LAROCHE.

Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22.


LA NOBLESSE ARDENNAISE A LA DÉFENSE DE RETHEL EN 1652

La reprise de Rethel par le maréchal du Plessis-Praslin (10 décembre 1650) ne devait pas clore, pour la ville, la série des hostilités allumées par les querelles de partis. La Fronde se réveilla avec le passage de Condé aux Espagnols. Un retour offensif de l'ennemi allait bientôt replonger notre cité dans de nouvelles ruines.

Dès les premiers mois de 1652, le bruit de l'approche des Lorrains qui, disait-on, n'épargnaient « que les chasteaux en estât de se deffendre (1) », s'accusait suffisamment pour ne laisser aucun doute d'une tentative de leur part sur Rethel. Le 14 avril, le Conseil, réuni, était « d'advis d'escrire à la 'noblesse des environs d'envoyer pour la conservation d'icelle ville nombre de leurs habitans avec armes et vivres el de donner par eux advis à Messrs les eschevins du nombre des hommes qu'ils pourront envoyer... (2) ». Trois coups de canon devaient être tirés pour « servir d'advertissement au voisinage de se tenir sur ses gardes, et de se retirer es lieux de seureté (3) ».

Au premier appel des échevins, la noblesse du pays avait répondu en venant se jeter résolument dans l'enceinte :

« Je vous suis très obligés, leur écrivait le seigneur d'Haute« ville (4), de la faveur que vous me faites de me doner advis de « l'aproche de Messieurs les Lorains et de me tesmoigner prandre

(1) Arch. comm. de Rethel, EE. 42.

(2) « Il est aussy escript à Monsr le Marquis de Mouy qu'il ne souffre que les habitans des villages du plat pays autre que les siens se refugient aux lieux quy luy appartiennent au contraire leur faire enjoindre de se rendre en ceste ville avec armes et vivres pour la deffense de la place ». (Arch. comm. BB.).

(3) Arch. comm. BB.

(4) François d'Orjault, chevalier, seigneur de Hauteville, Jonval, La Malmaison, Son, Inaumont, Sorbon en partie, époux de Catherine d'Estourmel.

REV. D'ARD. ET D'ARG. T. XIV, n° 11.


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« part à ma conservation. Je seray très aise de vous tesmoigner « par mes services le ressantimant que j'en aie en me rangeant « auprès de vous pour contribuer de tous mes soings a vous « tesmoigner le désir que j'ay de périr avec vous et de vous faire " cognoistre que je suis avec passion

« Messieurs « Vostre très humble et très affectionné « serviteur

« HAUTEVILLE. »

Les mêmes sentiments animaient les autres membres de la noblesse. En l'absence du gouverneur (1) qui était au feu, le commandement de la place fut confié au sieur d'Arnicourt et cinq compagnies du régiment de Mondejeux mirent la ville en état de défense. La liste des vaillants défenseurs se trouve d'ailleurs à la suite de la pièce suivante conservée aux archives communales :

« Les advis qui sont venu aux eschevins gouverneurs de « Relhel de la marche des ennemis du costé de lad. ville les « ont obligé d'en advertir la noblesse du pais qui s'est ietté « volontairement dans la place avec un dessein généreux de « la défendre avec les habitans soubz le commandement de « M 1' d'Arnicourt qui leur avoit esté ordonné par Monsr de « Besançon et qui n'a rien obmis des soings que l'on doibl avoir « pour la conservation de cette place 1res imporlante que le « soin des échevins ont prémuni des choses nécessaires, aians « faict réparer les boullevarts, faict mettre leurs batteries en « estât, et souldoier pendant quelques iours à leurs despens « cincq compagnies du régiment d'infanterie de M 1' le Comte de « Mondieux, commandées par le sr de Bohan du Chesnoy, premier « capitaine, qui a tesmoigné dans cette occasion pressante « l'assertion de la fidélité qu'il doibt au Roy, en animant non « point seullement ses soldats, mais encor les habitans préparés « à soustenir un siège et à périr plus tost que de se rendre à la « mercy de ceux que nous estimions noz ennemis.

(1) Matliicu Le Rasle, nommé gouverneur de Rethel en 1641, le fut une seconde fois, après la reprise de la ville, le 16 décembre 1650. Il fut tué le 14 septembre 1653 d'un coup de canon devant Saint-Venant.


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Liste de la noblesse du pals.

Monsr D'ARNICOURT.

Mr DE JOFFROIVILLE.

Mr D'OSSEIGNEMONT.

Mr D'INAULMONT.

Mr DE PUISSEUX.

Mr DE VILLELONGUE.

Mr D'ARGY.

Mr DE SONS.

Mr DE LIGNY.

Mr DE COUCY-PARPEVILLE.

Mr DE LA CHESNÉE.

Mr DE RICHEBOURG.

Mr D'AVANSON.

M'r DU POIRIER.

Officiers de Mondieux.

Mr DE BOHAN CHESNOIS.

Mr DU CHESNOIZ, son frère. Mr DE BELAISTRE. Mr DE THELINE. Mr DE BLAIZE. »

E. Jolibois : Histoire de Rethel, narre ainsi les péripéties du siège :

« Le samedi 26 (octobre), quelques escadrons de cavalerie parurent sur les hauteurs de Rethel, du côté d'Acy; bientôt toute la campagne fut couverte de troupes et deux pièces de canon vinrent battre la porte du bourg de Chef. Elle fut renversée le soir même et, à la faveur de la nuit, quatre ou cinq cents fantassins pénétrèrent dans le faubourg malgré la vigoureuse défense des cinquante bourgeois qui gardaient ce poste. Mais le lendemain, dès le matin, quelques soldats s'étant réunis aux bourgeois avec le seigneur de Coucy (1), l'ennemi fut chassé.

(1) « ... Cela faict quatre ou cinq cents fantassins sestants présentez entrèrent dedans le fauxbourg après une deffence raisonnable par les habitans dudit fauxbourg qui ne faisoient au plus que cinquante hommes ce qui fut faict la nuit et le lendemain les mesrnes habitans accompagnez de quelques vingt cinq soldats commandés par le sr de Coucy-Parpeville les furent attaquer dans le mesme fauxbourg dont ils les chassèrent après en avoir tué un grand nombre que l'on nous a dit depuis monter a plus de cent, oultre quinze prisonniers qui furent ramenez dans la ville... » (Relation contemporaine du siège, pièce datée du 18 novembre 1652 aux Archives communales).


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Une seconde batterie dressée près de Sorbon, sur une éminence appelée le Hottin, fut gênée par le canon de la place et ne produisit aucun effet. Reportée à La Neuville, près du moulin à vent, elle endommagea la tour de l'église, mais sans avancer le siège. Condé, pressé d'en finir, résolut alors de tenter l'assaut. En effet, dans la nuit du mercredi au jeudi, à une heure, les Espagnols attaquèrent les boulevards près de la porte du bourg de Chef. Trois fois, ils furent repoussés par la jeunesse qui avait demandé ce poste difficile. Au quatrième assaut, forcés de céder à des forces vingt fois supérieures, les braves défenseurs se retranchèrent assez près de la porte, dans un petit réduit où ils demeurèrent jusqu'au moment de la capitulation, empêchant, par un feu continuel, l'ennemi déjà maître de l'avant-poste, de passer les palissades. Il était désormais impossible de tenir plus longtemps ; on n'avait pas d'espoir d'être secouru ; la garnison était forte au plus de cent quatre-vingts hommes, mal armés, car on avait été obligé de convertir les faulx en fers de hallebardes, et les munitions manquaient.

« Le Conseil fut assemblé (1er novembre)... On fut d'avis de capituler le plus avantageusement possible, mais aussi de régler les conditions de la capitulation et de tenir, dans le cas où elles ne seraient pas acceptées. Alors, on fit battre la chamade, puis lorqu'on eut donné des otages et reçu des sauf-conduits, deux conseillers se rendirent au camp. Condé accepta sans difficulté les propositions qui lui étaient faites et il prit aussitôt possession de la ville. Pendant le siège, le seigneur d'Inaumont, qui s'était distingué dans les rangs des bourgeois, avait été tué d'un coup de mousquet. Plusieurs habitants avaient aussi péri. »

La noblesse ardennaise on le voit, perdit l'un des siens dans cette défense que le manque de bras et de munitions ne permit pas de poursuivre plus longuement.

Nul doute que les valeureux seigneurs dont nous avons lu plus haut les noms ne se soient trouvés dans la ville assiégée. Outre le sieur d'Inaumont, tué d'un coup de mousquet et qui ne cessa, nous apprend la relation contemporaine du siège, « de garder nuict et jour les dehors », nous connaissons par le même document, la belle conduite de M. de Coucy-Parpeville.

« Jean de Leignier, seigneur d'Inaumont, chevau-léger de la garde du Roy et chef du vol pour le Héron, mort en deffendant


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la ville de Rethel », était fils de Gilles de Leignier, seigneur d'Inaumont et de Saint-Pierremont en partie, chef du vol pour le Héron, et de Elisabeth de Hézecques. Il avait épousé, par contrat du 14 octobre 1647, Charlotte-Françoise de Feret. (CAUMARTIN, généal. Leignier, prod. 1668). — L'Impôt du Sang, publié par Louis Paris (Paris, 1875), enregistre la mort du valeureux gentilhomme « tué, dit-il, à la défense de Rethel sous Louis XIV » (tome II, pag. 84). Sans même la précision de date, ce Jean de Leignier ne peut être que le personnage appelé M. d'Inaumont, quoique M. J.-B. Caruel, référence fort douteuse en la circonstance (page 260 de son Essai sur Rethel), inscrive « le sieur Depuiseux (sic), seigneur d'Inaumont », ce qui ferait supposer un Hénin-Liétard. La suscription d'une lettre des échevins, conservée en minute aux Archives communales et adressée à M. de Puiseux à lnaulmont, a pu induire en erreur l'auteur que nous venons de citer.

M. de Coucy-Parpeville n'était autre que Jacques d'Escannevelle, écuyer, seigneur de Coucy et de Parpeville, marié par contrat du 2 mai 1622 à Sydoine de Greffin, fille de feu François de Greffin, écuyer, sieur de Rivry. Il habitait Biermes, près Relhel, et était fils de Jacques d'Escannevelle, écuyer, seigneur de Coucy et de Parpeville, maître d'hôtel de Madame la comtesse de Chaligny, capitaine du château de Thugny en 1623, et de Marguerite de Susanne.

Son frère, Pierre d'Escannevelle, écuyer, seigneur de Coucy, était en 1656 capitaine d'une compagnie de cavalerie au régiment de M. de La Meilleraie.

En 1617, le capitaiue d'Escannevelle était parmi les défenseurs de Rethel assiégée par le duc de Guise.

Quelques notes sur plusieurs des autres seigneurs peuvent être ajoutées ici.

Nous avons vu qu'en l'absence du gouverneur de Rethel, Mathieu Le Rasle, le commandement de la place avait été confié à M. d'Arnicourt. Sans aucun doute celui-ci appartenait à la noble et vieille famille de Rémont et nous pouvons l'identifier avec Charles de Rémont, inscrit au Nobiliaire de Caumartin.

« Charles de Rémont, chevalier, seigneur d'Arnicourt, de Sery, de Sorbon, Inaumont, etc., baron de Saint-Loup, gendarme de la compagnie du duc d'Anjou au siège de Montaubau, premier capitaine et lieutenant-colonel au régiment de Vervins, capitaine de chevau-légers au régiment du mestre de camp de France,


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puis en celui de Grammont », avait épousé, par contrat du 14 février 1635, Marie Camart, fille de Antoine Camart, seigneur de Semeuze et de Rochefort, élu en l'Election de Rethel, procureur général du duc de Mantoue, et de Marie Symonnet.

Charles de Rémont vivait encore en 1656. Les archives de Rethel possèdent deux lettres de lui dans lesquelles il fait part aux échevins (29 et 30 mai 1648) des courses de l'ennemi aux environs de Signy et de Launois.

M. de Puisseux ne peut être que François de Héniu-Liétard, chevalier, seigneur de Semide, Puiseux et Inaumont y demeurant, époux de Aveline d'Escannevelle. Il vivait encore en 1667, époque où il produit avec son frère Antoine, à la Recherche de Caumartin, diverses pièces datées du 26 juillet 1635 au 24 juillet 1638 « qui sont certificats et attestations d'officiers commandans la noblesse, lettres de provisions de la charge de lieutenant au gouvernement de Rethel, etc. ».

François Le Danois, seigneur de Geoffreville, y demeurant, connu sous le nom de M. de Geoffreville, en son vivant gouverneur de Rocroi, était fils de Philbert Le Danois, seigneur dudit lieu, gouverneur de Mézières, puis de Rocroi, et de Louise de Boham. Il avait épousé par contrat du 17 février 1628 Catherine Le Danois, fille aînée de feu haut et puissant seigneur Messire Charles Le Danois, chevalier, seigneur de Ronchères, et de haute et puissante dame Marguerite de Lenoncourt. Son fils, Philbert, seigneur de Geoffreville et vicomte de Ronchères, se maria (cont. du 17 octobre 1652), à Antoinette d'Orjault, fille de François d'Orjault, chevalier, seigneur de Hauteville, et de Catherine d'Estourmel.

Une de ses lettres datée du 17 mai 1652, dans laquelle il offre ses services aux échevins de Rethel (Arch. comm. EE. 42), porte un cachet aux armes de la famille : d'azur à la croix d'argent, les extrémités fleurdelisées d'or, sur un écartelé de Rollin-Beauchamps et de Bourbon-Duisant.

Pierre de Villelongue, écuyer, seigneur de Condé et de Chevrières, fils de Thomas de Villelongue, écuyer, seigneur de Neuvizy et de Chevrières, dont le père, Charles, seigneur de Neuvizy, était homme d'armes des anciennes ordonnances sous la charge du duc de Lorraine, et de Marie d'Argy, s'était uni le 8 février 1649 à Claude Le Prévost, fille de François Le Prévost, écuyer, seigneur de Sevricourt.


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Le 14 février 1670, Pierre de Villelongue mourut à l'âge de 54 ans, dans sa maison de la Saint-Martin, et fut inhumé dans l'église de Novy.

M. d'Osseignemont était un Ivory et très probablement Christophe d'Ivory, chevalier, seigneur de Haussignemont et de Sery en partie, fils de Jacques d'Ivory, écuyer, seigneur d'Ecordal, Haussignemont, Sery, etc., et de Bénigne de Vernier. Il habitait cette dernière localité en 1670. (Etat civil noble de Sery) (1).

D'Argy doit être identifié avec Louis d'Argy, écuyer, seigneur de Villerzy et d'Herbigny en partie. Il était capitaine d'une compagnie de gens de pied et fils de Gilles d'Argy, écuyer, seigneur d'Herbigny, et de Eléonore de Muret. Il mourut à Justine le 31 mars 1711, à l'âge de 89 ans : « Cejourd'huy trente et unième mars 1711, est décédé en cette paroisse Messire Louis Dargy, escuyer, seigneur de Herbigny et de Sery en partie, veuf en premières nopces de damoiselle Marie Clair de Lysogne, aagé de quatre vingt neuf ans ou environ, el a été inhumé dans l'église de cette paroisse, en la chappelle de S' Nicolas ou nous l'avons conduit avec les cérémonies accoutumées ». F. P. Pasquier (curé). (Etat civil noble de Justine, 1711) (2).

Argy avec les capitaines d'Aubilly, de Thin et de Chartongne, prit part à la défense de Rethel en 1617. Il signe les articles de la capitulation le 16 avril de cette année. (Arch. comm. AA. 22).

Charles de Saint-Quentin, seigneur de Son, etc., est le personnage cité plus haut sous le nom de M. de Sons. Il était fils de Adrien de Saint-Quentin, seigneur de Son, et de Marguerite de Montbeton. Par son mariage le 26 avril 1622 avec Gillette de Boucher, fille de Jacques, seigneur de Richebourg, et de Marguerite Symonnel, il devint le beau-frère de Jacques et de René de Boucher dont il sera parlé plus loin. Il épousa en secondes noces Louise de La Taste.

Plusieurs membres de cette famille se distinguèrent à l'armée et furent tués à l'ennemi. (CAUMARTIN. Pièces justif.).

« Antoine Lescuyer, seigneur de La Chanée, demeurant à Justine, Elect. de Reims », ainsi mentionné au procès-verbal de

(1) Les registres paroissiaux de cette commune conservent l'acte de décès de sa femme (juillet 1636) : « Le 13 mourut dame Antoinette de Villelongue, femme de Monsr d'Hosignemont, non pestiférée ».

(2) Son épouse était morte bien avant lui : « 24 avril 1676, moruz damle Marie Clerc de Lizon, femme de Louis d'Argy, escuier, seigneur de Herbigny et autres lieux (47 ans), inhumée te lendemain ». (Arch. du greffe du Tribunal civil de Rethel).


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la Recherche de 1667, est le même que M. de La Chesnée figurant dans la liste des défenseurs. Il était fils de Charles de Lescuyer, sieur de Paradis, et de Simonne Godet, et épousa par contrat du 29 janvier 1649 Marie des Laire. Il avait obtenu le 16 janvier 1632 une charge de capitaine d'infanterie en récompense de ses services.

MM. d' Avanson et de Richebourg étaient tous deux fils de Jean-Jacques de Boucher, écuyer, seigneur de Richebourg, et de Marguerite Symonnet.

Le premier, René de Boucher, écuyer, seigneur d'Avançon et de Loisy-sur-Marne, épousa (cont. du 20 février 1633), Jeanne de Clèves, fille de défunt Philbert de Clèves, vivant seigneur de Sorbon, et de Jeanne de Brodart ; il était mort en 1668 lors de la production de sa veuve à la recherche de Caumartin. Les pièces justificatives du Nobiliaire de Champagne donnent trois mentions de services rendus au roi par René de Boucher.

Le second, Jacques de Boucher, écuyer, seigneur de Richebourg el de Sorbon, veuf de Louise Baillet, épousa en secondes noces (cont. du 22 janvier 1633), Marguerite de Feret, fille de JeanJacques de Feret, écuyer, seigneur de Mont-Laurent, et de Jeanne Dey. Son fils, René, écuyer, seigneur de Richebourg, de Sorbon et de Mont-Laurent, était en 1660 cavalier de la compagnie du maréchal de Schulemberg.

Nous n'avons pas trouvé d'autre personnage pouvant être identifié avec M. du Poirier que Marc de Giraud, écuyer, seigneur du Poirier et de Noirval en partie, dont nous devons la connaissance à l'obligeance de M. Paul Pellot. Le parrainage de Pierre de Villelongue au baptême d'un de ses fils (Reg. par. des Alleux, acte du 7 septembre 1687), nous incite à le regarder comme le défenseur de Rethel.

Avec les frères Boham du Chesnois, officiers au régiment de Mondejeux, nous voyons également paraître MM. de Belaistre, de Theline et de Blaize.

Le premier était Charles de la Fontaine, écuyer, sieur de Belestre et de Neuvizy, fils de Raoul de la Fontaine, écuyer, seigneur de Warnécourt, Harzillemont et Neuvizy en partie, y demeurant, et de Christophe de Bohan, celle-ci fille de Jean de Bohan, sieur du Chesnois. Il s'allia lui-même par contrat du 12 novembre 1633 à Barbe de Bohan, fille de Jean de Bohan,


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vivant écuyer, seigneur de Montigny. Il avait été nommé capitaine au régiment de M. le maréchal de Schulemberg, par commission royale du 19 mars 1652.

M. de Theline et M. de Blaize appartenaient à la famille Guyot de Richecourt dont plusieurs membres furent au service des comtes de Rethel. Elle était représentée au milieu du xviie siècle par Claude Guyot de Richecourt, chevalier, seigneur dudit lieu, de Biaise, Charbogne, Theline, etc., gouverneur de La Cassine et capitaine de la prévôté d'Omont, marié à Jeanne Dubois. (CAUMARTIN : Nobiliaire de Champagne, généal. Hermant).

Le sieur de Richecourt envoyé par le duc de Rethel, Louis de

Gonzague, pour défendre la ville en 1586, était un Guyot. [Arch.

comm. CC. 129 ; cf. notre notice sur la Fondation de la Neuve Ville,

Rethel, 1903, page 11).

Al. B AU DON.

LES PRISONNIERS DU MONT-DIEU

PENDANT LA RÉVOLUTION

(SUITE).

580. — SOILEAU (JEAN-PAUL), ancien greffier au bailliage de Mouzon, né à Clavy, mort à Mouzon le 18 septembre 1820, âgé de 80 ans, époux de Anne de Pouru. Dénoncé par Louis Delarbre, tanneur, et autres sans-culottes de Mouzon, Soileau fut arrêté et conduit au Mont-Dieu où il dut acquitter une taxe pénitentiaire de 300 livres [occupait la cellule n° 6].

581.—SOLDE (MARIE-ANNE), femme de chambre chez Rousseau de Givonne, a Sedan, née en 1749. Le Comité révolutionnaire de Sedan la fit arrêter le 24 brumaire an II comme suspecte, pour avoir répandu l'alarme en semant de faux bruits. Le 18 floréal an II, les scellés furent apposés chez elle ; le 24 floréal an II, Vassant invita le Comité de surveillance à la faire conduire au Mont-Dieu où elle fut en effet détenue [occupait la cellule n° 14].

582. — SOUCHARD (ELISABETH), soeur grise de Rethel, tenant la pharmacie de l'hospice, née à Saint-Saturnin (Cantal), le 21 juillet 1746, refusa de faire le serment schismatique. Arrêtée


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le 7 ventôse an II avec ses compagnes et envoyée au Mont-Dieu. Elle fut libérée le 16 pluviôse an III; décédée soeur à l'hospice de Rethel le 18 septembre 1810, âgée de 64 ans [occupait la cellule n° 5].

583. — STASSART (JEAN-BAPTISTE-JOSEPH), bénédictin de Saint-Pierre-de-Châlons, né à Bouillon le 26 septembre 1733. Se retira à Bazeilles le 5 juillet 1791 ; fut détenu au Mont-Dieu le 3 pluviôse comme suspect. Le 1er fructidor an II, en sollicitant un secours comme ex-religieux, il demanda communication des motifs de son arrestation. Le 19 fructidor an V, il se retira à Euilly [occupait la cellule n° 44].

584. — TAILLEUR REGDLUS, du Quesnoy. Aide de camp du général Witche, incarcéré le 20 pluviôse [occupait la cellule n° 15].

585. — TANCIN (Louis), huissier (concierge) du département, révoqué, âgé de 34 ans. Ayant proféré des menaces contre Vassant dont les violences ne lui plaisaient pas, il fut arrêté et conduit au Mont-Dieu le 11 frimaire au II. Interrogé à Mézières le 11 pluviôse au II [occupait la cellule n° 36].

TANTON, femme. (Voy. DORIVAL.)

586. — TASSIGNY (BERNARD-HENRI LAMBIN D'ANGLEMONT DE), propriétaire du château de Reméhan, ancien chef d'escadrons de cavalerie au régiment de Grussol, retraité après 24 ans de service et 4 campagnes, juge de paix du canton de Douzy en 1790. Né à Carignan le 23 octobre 1719, il est mort à Reméhan le 30 octobre 1807. Incarcéré le 16 frimaire au Mont-Dieu comme suspect et relaxé le 3 nivôse sur la demande des habitants de Pouru-SaintRemy et d'Escombres [occupait la cellule n° 43].

587. — TASSIN (MARIE-CATHERINE-VICTOIRE MONJOÏ), née à Sedan le 8 août 1764, fille de Christophe Monjot, major des terres de Sedan, épouse le 9 février 1789 de Louis Tassin, perruquier. Incarcérée le 2 frimaire par ordre de Vassant pour avoir insulté le club des jacobins ; relaxé le 10 du même mois pour cause de maladie [occupait la cellule n° 1].

588.—TATON (JEAN-BAPTISTE), garde forestier, mort à Chémery le 21 décembre 1808, âgé de b8 ans. Dénoncé comme ayant paru à la tête des émigrés dans la commune de Voncq lors de l'incendie de ce village. Taton fut envoyé au Mont-Dieu le 4 frimaire ; le 29 pluviôse an II, après interrogatoire à Mézières,


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il fut envoyé au tribunal militaire chargé de juger ceux qui ont fait partie des rassemblements armés ou qui ont été pris les armes à la main [occupait la cellule n° 7].

589. — TAUGART (HENRI), volontaire au 38°. THÉRÈSE. (Voy. LANGLOIS.)

590. — THIBOUST DE BERRY DES AULNOIS (MARIE-FRANQOISELOUISE), née à Fontenay-Bossery (Aube), veuve de Monfrabeuf, morte aux Petites-Armoises le 1er messidor an VII, âgée de 72 ans. Incarcérée le 14 frimaire avec ses filles. (Voy. MONFRABEUF) [occupait la cellule n° 20].

591. — THIBOUST DE BERRY DES AULNOIS (MARIE-SUZANNE), soeur de la précédente, née le 14 décembre 1735, mariée le 16 décembre 1766 à Regnault de Montgon, de Semuy, où elle est morte le 15 février 1808, âgée de 72 ans. Arrêtée le 26 brumaire an II comme accusée d'avoir attiré chez elle tous les muscadins des environs et que là se tenaient des assemblées suspectes ou se débitaient les propos les plus inciviques et les plus dangereux [occupait la cellule n° 3].

592. — THIÉRY (MARIE-CHRISTINE), née à Challerange, morte au même lieu le 30 ventôse an XII, âgée de 64 ans, fille d'un notaire. Elle fut arrêtée le 19 brumaire an II parce que Jean-Baptiste Thiéry, curé de Challerange, son frère, était émigré et comme accusée de propos inciviques. Le Comité de salut public ordonna de la mettre en liberté, elle sortit le 2 vendémiaire an III.

593. — THILLOY (PIERRE), marchand de draps à Sedan, juge au tribunal de commerce de Sedan, né en 1749, mort à Sedan le 4 ventôse an III, âgé de 43 ans. Etait du conseil général de la commune lorsque Hentz et Delaporte révoquèrent tous ceux qui en faisaient partie. N'ayant pas été rétabli dans ses fonctions, il fut considéré comme suspect et le 27 prairial, Levasseur ordonnait de le mettre en arrestation avec plusieurs autres ; le même jour les scellés furent apposés chez lui, place de la Halie, n° 209 ; on trouva chez lui un écrit dans lequel il gémissait sur les maux de la patrie. Fut envoyé au Mont-Dieu [occupait la cellule n° 6].

TILMANT, femme. (Voy. MARÉCHAL.)

TINET, femme. (Voy. OUDIN.)


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594 et 595. — TINET. deux filles arrêtées avec leur mère et emprisonnées au Mont-Dieu le 29 brumaire [occupaient la cellule

n° 1].

596. — TISSERON (GASPAR-VICTOR), né vers 1765, directeur de la poste aux lettres à Mézières, fut révoqué, puis arrêté parce qu'il s'opposait à la violation des correspondances que voulaient commettre Mogues, Pascal et Barrau, envoyé au Mont-Dieu le 20 brumaire an II comme suspect par suite de sa destitution, par le représentant du peuple. Il était détenu depuis quatre mois quand sa femme demanda sa réintégration [occupait la cellule n° 40]. (Voir la Revue des Ardennes, par Sénemaud).

597.—TISSERON (GÉRARD), né à Chalandry, ancien instituteur, maire de Gespunsart où il est mort le 7 pluviôse an X, âgé de 70 ans. Détenu au Mont-Dieu comme fanatique et favorable au curé Leclerc.

598. — TITEUX (NICOLAS) dit LEBLOND, mort à Gespunsart le 3 nivôse an VII. Détenu pour les mêmes motifs que le précédent. (Voy. Histoire de Gespunsart, par l'abbé Péchenart, page 230).

599.—TITEUX, de Charleville, administrateur du département, enfermé à Saint-Pierre de Mézières pour une lettre saisie à Braux, qu'il faisait passer à un prêtre étranger, mis en liberté le 29 frimaire an II.

TITEUX, femme. (Voy. LOISON.)

600. — TONNELIER (ANTOINE), du Chesne, où il est mort le 5 vendémiaire au VII, âgé de 53 ans, né à Grandpré. Détenu comme suspect, mis en liberté en pluviôse an II par ordre de Massieu.

601. — TOURY ou THOURY (JACQUES), né le 30 août 1729, curé constitutionnel de Rumigny où il est mort le 20 thermidor an VIII. Pendant la Terreur il fut arrêté et conduit au Mont-Dieu par ordre du Comité terroriste de Rocroi; l'administration ignorait cette détention eu fructidor an II.

TOURTE, femme. (Voy. BÉCHARD Cath.).

602.—TOUSSAINT (PIERRE-CLAUDE), ex-lazariste, né le 7 octobre 1754, vicaire épiscopal à Sedan, envoyé au Mont-Dieu comme suspect le 18 brumaire, il sollicita sa mise en liberté le 2° jour complémentaire an II.


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603. — TRAILIN (PONCE), chamoiseur à Sedan, né à Donchery, mort à Sedan le 25 germinal an X, âgé de 87 ans. Déclaré suspect le 17 brumaire an II à cause de l'émigration de son fils Jacques, vicaire à Mézières ; il fut arrêté et conduit au Mont-Dieu le 19 brumaire. Les scellés furent apposés chez Nicolas Trailin, tanneur ; Thomas Trailin, marchand tanneur, 633 et 634, faubourg du Rivage, et Catherine Trailin, épouse Jean-Baptiste Pilard, 268, rue Maqua, tous enfants de Ponce Trailin, et levés le 1er octobre 1793 [occupait la cellule n° 54 ].

604. — TRÉCOURT (JEAN-BAPTISTE-Louis), imprimeur à Mézières, né à Bouillon le 6 février 1769, mort à Glaire où il était maire le 16 mai 1840, fut emprisonné au Mont-Dieu comme suspect par ordre de Levasseur du 16 floréal an II. Il avait épousé Françoise-Elisabeth-Charlotte de Moy de Sons, morte à Mézières le 27 prairial an X, fille du seigneur de Montfauxelle [occupait la cellule n° 39] (Voy. Revue des Ardennes, par Sénemaud, 2e vol.).

605. — TRUC (CHARLES-NICOLAS), ex-notaire royal pour Aubigny, procureur de l'ancien régime, né à Aubigny le 21 septembre 1761, mort à Bonnefontaine le 30 mai 1841. Fut emprisonné le 17 fructidor an II pour avoir démoli et vendu les matériaux d'une partie des bâtiments de l'abbaye de Bonnefontaine avant d'effectuer des paiements, quoiqu'il s'y fut engagé. Le 2 frimaire an III, il obtint mainlevée de son acquisition après avoir acquitté les sommes exigées (cent mille livres).

(Voir l'arrêté de Levasseur, Revue des Ardennes, par Sénemaud, 2e vol., page 72 ; la Monographie de l'abbaye de Bonnefontaine, par l'abbé Chardron, Revue de Champagne et de Brie).

606. — VALENTIN DE LA ROCHE (MARIE-LOUISE-SIMONNEMAXIMILIENNE), née le 17 avril 1767, morte à Reims le 15 mai 1842, fille de Ch.-F. de La Roche Valentin, maréchal de camp, mariée à F.-J. de Fays d'Athies (voy. ce nom), emprisonnée au Mont-Dieu comme ex-noble le 1er brumaire.

607. — VARNET ou WARNET (CATHERINE), religieuse hospitalière de Rethel, née à Bannogne. Détenue au Mont-Dieu pendant 18 mois pour refus de serment. A l'évacuation du Mont-Dieu elle fut transférée à la Propagation de la Foi à Sedan. Le 24 germinal an III le Comité de sûreté générale la mit en liberté. Après le 9 thermidor, elle tint une petite école à Rethel. En 1813, elle fut


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admise à la Congrégation de Reims où elle mourut sous le nom de soeur Marie des Anges [occupait la cellule n° 5].

608. — VAUTIER (JACQUES), employé des fermes à Sedan avant 1789, puis maître d'écritures et commis chez Rousseau de Givonne, né vers 1746, détenu au Mont-Dieu depuis le 7 brumaire [occupait la cellule n° 23].

609. —VERMON (FRANÇOIS) , tanneur au Pont d'Arches [occupait la cellule n° 12].

610. — VESSERON (CHARLES) dit CHAMPAGNE, tisseur, fabricant de draps ou charpentier, né vers 1759, mis en arrestation à Warcq et conduit au Mont-Dieu le 4 frimaire, pour n'avoir pas produit de passeport en se rendant à Givet pour aller voir son père. Le 30 fructidor, Delacroix le fil mettre en liberté, il ne savait pas signer [occupait la cellule n° 4].

611. —VIGNERON DE BRAQUIS(ELISABETH), épouse à Verdun, en 1769, Nicolas Petit de Morenville, de Sedan. Incarcérée à cause de l'émigration de son mari, accusé d'avoir fait de mauvaises fournitures aux armées de la République.

612. — VILLAIN, de Sedan.

La liste Montouilloux indique un citoyen Villain du district de Charleville, emprisonné après le 17 floréal.

613. — VILLAINE (MARIE-MARGUERITE), née à Montcornet, morte à Charleville le 10 avril 1835, âgée de 89 ans, veuve depuis le 4 juin 1807 de Jean-Henri Destremagne, menuisier. Elle fut emprisonnée au Mont-Dieu avec son maria cause de l'émigration de leur fille. (Voy. PASQUIER.)

614. — VILLEMART (JEAN-MARIE), de Charleville, âgé de 23 ans, détenu depuis le 23 août 1793 par ordre de la municipalité de Charleville; depuis détenu au Mont-Dieu le 29 vendémiaire pour avoir fréquenté des prêtres et la dame de Roucy [occupait la cellule n° 25].

615.—VILLEPOIX (FRANÇOIS-NOEL), pasteur protestant à Sedan depuis 1789, fut pasteur à Deventer de 1773 à 1778 et de 1796 à 1803, mort à Bréda le 2 mai 1813. Son arrestation fut ordonnée le 27 nivôse an II pour avoir fait partie de la Société la Vendée et refusé de signer la mort de Capet. Interné au Mont-Dieu, le représentant Roux ordonna sa mise en liberté le


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18 ventôse an II et le rétablit dans ses fonctions municipales le 18 du même mois [occupait la cellule n° 29].

VILLIERS (DE), femme. (Voy. PLOTHO.)

616. — VILLIERS (MARIE DE), demeurait à Charleville, chez de Landru ; née à Herbigny en 1772. Fille de Jacques de Villiers, ancien officier, elle fut incarcérée au Mont-Dieu le 18 frimaire an II comme suspecte, à cause de l'émigration prétendue de son père. Par la suite, elle sollicita en vain une indemnité pour ses frais de translation au Mont-Dieu [occupait la cellule n° 5].

617. — VILLIERS (MARIE-JEANNE-JOSÊPHE DE), morte à Justine le 6 germinal an IV, âgée de 66 ans. Détenue dix mois au MontDieu, depuis le 14 brumaire, à cause de l'émigration de son frère. Le 1er jour complémentaire an II, la municipalité de Justine rendit témoignage à son civisme [occupait la cellule n° 5].

618. — VILLELONGUE (1).

619. — VIOT (NICOLAS), né à Etalles, chanoine de Mézières depuis le 17 mars 1750, détenu au Mont-Dieu le 26 frimaire, il est mort au Mont-Dieu le 7 ventôse an II, âgé de 74 ans (2) [occupait la cellule n° 34].

VISSEC. (Voy. LATUDE.)

620. — VITRY (JEAN-FRANÇOIS), ex-bénédictin de Novy, curé constitutionnel de La Ferté, né à Saint-Etienne-au-Temple (Marne) le 13 août 1736. Détenu au Mont-Dieu comme suspect. En l'an X il était retiré à Beaumont, curé dans le canton de Rethel après le Concordat [occupait la cellule n° 44].

(1) Villelongue (Jean-Pierre-Jacques de), colonel du génie, seigneur de Condé-les-Vouziers, Arreux, etc., né à Lourdeau le 18 novembre 1731, mort à Mézières, fut arrêté le 18 novembre 1793 et relaxé le 16 novembre 1794 ; il figure sur la liste de Montouilloux du 22 thermidor an II.

(2) Sont morts dans la maison de détention du Mont-Dieu :

1° Carré (Robert), ancien curé de Sorbon, le 7 frimaire an III, âgé de 78 ans ;

2° Cloteau (Jean), chanoine de Mézières, originaire d'Auvillers-les-Forges, le 11 fructidor an II, âgé de 79 ans ;

3° Copette, ci-devant curé de Sainte-Vaubourg, le 4 nivôse an II ;

4° Dervin (Félix), frère lazariste de la Congrégation de la Mission à Sedan, le 28 brumaire, âgé de 78 ans ;

5° Dessaulx (Pierre-Henri-Joseph-Eustache), fils de Charles-Henri-Joseph, le 6 vendémiaire an III, âgé de 7 ans ;

6° Lillebonne (Alexandre-Marie Franquin de), le 4 fructidor an II;

7° Quiclet (Victoire), fille de Louis et de Clotilde Regnaut, ci-devant concierge du château d'Asfeld, le 3 thermidor an II, âgé de 50 ans ;

8° Viot ;

9° Silot (Laurent), de Sedan, servant la patrie dans la garde nationale, 3° bataillon, compagnie fixe, lequel était du détachement commandé par Bernard-Gillet pour la garde de la maison de détention du Mont-Dieu, arrivé en juillet, mort le 7 ventôse an II, âgé de 58 ans.


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621. — WARIN ou WOIRIN (NICOLAS), brasseur à Thilay, âgé de 42 ans. Emprisonné au Mont-Dieu le 4 frimaire comme accusé d'avoir des relations avec les ennemis du dehors ; il avait fait écrire une lettre à son beau-frère, Jacques-Louis Sagebin, inspecteur général des douanes à Saint-Wit, duché de Luxembourg [occupait la cellule n° 21].

622. — WATELET (MARIE-GÉRARDE-PERETTE), annonciade de Mézières, née en 1738, détenue au Mont-Dieu comme suspecte depuis le 25 frimaire. Le 18 ventôse an III, à sa sortie, elle se retira à Reims [occupait la cellule n° 31].

623. — WIART (JEAN-BAPTISTE), charron à Montcornet, arrêté le 20 novembre 1793 pour incivisme. Il devint par la suite maire de Montcornet et y mourut le 26 novembre 1835, âgé de 81 ans. Son fils Louis était alors curé de Chilly, pays d'origine de la famille [occupait la cellule n° 4].

624. — WIART (JEAN-FRANÇOIS), manoeuvre à Montcornet, âgé de 68 ans, détenu au Mont-Dieu depuis le 4 frimaire, mort le 7 nivôse an VII [occupait la cellule n° 4].

625. — WILQUIN (JEAN-LOUIS), perruquier à Sedan, né vers 1759, détenu au Mont-Dieu depuis le 25 brumaire, en ignorait le motif [occupait la cellule n° 13],

626.—ZABÉE (JEAN-PIERRE), curé du Tremblois, prèsCarignan, depuis 1786, né à Bauvillers (Moselle) vers 1750, prêtre sans moeurs, trafiqua de sa cure du Tremblois ; l'Administration le fit emprisonner au Mont-Dieu du 19 brumaire au 14 nivôse à cause des difficultés qu'il lui suscitait. D'après le Bulletin du diocèse de Reims du 15 février 1887, il aurait été curé de Tourteron du 7 août 1798 au 4 juin 1800 [occupait la cellule n° 16].

627. — ZWEIFFEL DE SUÈVE (MARIE-MADELAINE DE), née à Dun-sur-Meuse, mariée à Louis-F. Fossart de Rozeville, morte à Fumay le 20 mars 1835, âgée de 82 ans. Emprisonnée au Mont-Dieu comme suspecte du 10 brumaire an II au 9 nivôse an III à cause de son ex-noblesse et ayant un certificat de civisme [occupait la cellule n° 38].

628. — ZWEIFFEL DE SUÈVE (AMÉLIE-JEANNE-CHARLOTTECATHERINE DE), née à Dun-sur-Meuse, mariée à J.-J.-Eugène de Landru (voy. ce nom), morte à Gruyère le 27 avril 1833. Elle fut emprisonnée deux fois avec son mari et détenue plus


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d'un an. Elle donna naissance à son fils au Mont-Dieu, le 7 avril 1794 [occupait la cellule n° 37].

629. — ZWEIFFEL DE SUÈVE (MARIE-CHARLOTTE DE), mariée à Champigneulle le 16 février 1792 à F.-Aug.-Théobald de Beraud de Cicaty. Née à Gruyère, elle mourut au même lieu le 18 mai 1829, âgée de 76 ans. Elle fut emprisonnée au Mont-Dieu le 10 frimaire parce qu'elle était belle-soeur de de Landru [occupait la cellule no 37].

Ces trois dames étaient filles de André-Joseph de Zweiffel, capitaine au régiment de Penthièvre, et de Charlotte de Pouilly, née à Saint-Marceau, morte à Mézières le 2 mars 1793, âgée de 64 ans.

Anselme-Jean-Jacques de Zweiffel de Suève, frère des dames de Cicaty, de Landru, et de Rozeville, a été massacré au château de Naomé, près Paliseul (Belgique), en 1793.

(A suivre). Ernest HENRY.

CHRONIQUE

Ardennais lauréats de l'Académie nationale de Reims.

Les prix et médailles de l'Académie nationale de Reims décernés dans la séance publique du 11 juillet 1907 ont récompensé de la façon suivante nos compatriotes :

POÉSIE.

Une médaille d'argent est décernée à M. Gaston Doquin, à Sedan, pour son conte : L'Autel en fleurs.

HISTOIRE.

1° Une médaille d'or à M. Louis Malaizé, instituteur à La Horgne (Ardennes), pour sa Monographie de cette commune.

2° Une médaille de vermeil à M. Henry Rouy, membre correspondant de l'Académie à Sedan, pour sa Monographie de Noyerset-Thelonne (Ardennes).

3° Une mention honorable à M. Gaignot-Millet, pour sa Monographie de Terron-sur-Aisne (Ardennes).


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Inscription campanaire de Nepvant (Meuse) relative aux familles de Hezecques et de Pouilly.

La plus vieille des deux cloches de l'église de Nepvant (Meuse) porte l'inscription suivante :

LAN 1782 JA EU POUR PARAIN ET MAREINE HAUTE ET PUISSANTE DAME MADAME LUCE LOUISE DE HESEQUES DAME DE LOMBUT MONCEVILLE MESSAINCOURT NEVANT E.T.C., V.E. EN PREMIERE NOCE DE MESSIRE LOUIS JOSEPH BARON DE POUILLI ET EN SECONDE NOCE DE MESSIRE JOSEPH COMTE DE JUVIGNY DE POINTE CAP. DE CAVA. HONGROISE

CHEVALIER DE LORDRE ROYAL ET MILITAIRE DE SAINT LOUIS ET MESSIRE ALBERT BARON DE POUILLI SON PETIT FILS I. P. H — N

CHEVRESSON ET BAGUE

Luce-Louise de Hezecques, marraine de la plus ancienne cloche de Nepvant (1), naquit au château de Lombut, canton de Mouzon, le 30 octobre 1711. Elle était fille de Jean de Hezecques(2), chevalier, seigneur de Lombut, Nepvant, capitaine de cavalerie au régiment de Courcillon, major du régiment de cavalerie de Bélhune, et de Marie-Thérèse Lambin, décédée à Sedan le 16 septembre 1743, à l'âge de 52 ans, et petite-fille de René-Louis de Hezecques, seigneur de Lombut, et de Louise de Fauveau.

Elle épousa en premières noces, le 13 septembre 1729, au château de Lombut, Louis-Joseph de Pouilly, chevalier, baron

(1) L'autre cloche, fondue en 1828, a eu pour parrain le général Jamin.

(2) Une pierre tombale, qui se trouve dans l'église Saint-Hilaire du cimetière de Marville (Meuse), mentionne deux membres de la famille de Hezecques au xvie siècle. Cf. Ch. Houin : Une visite à Marville (dans Revue d'Ardenne et d'Argonne t. III, p. 45), où l'inscription de cette pierre tombale est reproduite.


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de Chaufour, seigneur de Pouilly, Vilosne, Andevanne, Quincy, mort à Carignan le 2 mars 1755, âgé de 53 ans. A sa mort, il est qualifié en outre seigneur de Lombut, Nepvant et Messincourt. Ce premier époux de Luce-Louise de Hezecques était fils de messire Albert de Pouilly, seigneur dudit lieu, baron de Chaufour et Quincy, et de Marguerite de Chamisso.

Luce-Louise de Hezecques épousa en secondes noces, à Straimont (Belgique), le 18 juin 1756, Joseph de Juvigny de Pointe, capitaine de hussards, demeurant ordinairement à Thionville.

Le parrain de cette cloche de Nepvant, Albert baron de Pouilly, né au château de Pouilly le 14 juin 1775, fut tué à la bataille de Trébia en 1799. Il était fils de Albert-Louis et de Marie-Antoinette de Custine.

Albert-Louis baron de Pouilly devint maréchal des camps et armées du roi le 1er janvier 1784 ; député de la noblesse du bailliage de Verdun aux Etats généraux de 1789, il émigra et fut la tige des Mensdorff-Pouilly qui résident à Vienne (Autriche) et dont l'un fut ambassadeur, puis ministre des affaires étrangères de l'empire d'Autriche en 1864.

E. HENRY.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

PERIODIQUES

Travaux de l'Académie nationale de Reims, 116e volume (année

1903-1904, tome II). — La Léproserie de Reims du XIIe au XVIIe siècle, par M. Paul Hildenfmger (pp. IX-323, avec 1 planche hors texte). [Des dons furent faits à la léproserie dans tout le diocèse de Reims, et notamment dans les Ardennes ; de nombreux passages intéressent des personnages et des localités de notre département : Acy, les Alleux, Auboncourt, Beaufuy (commune de Voncq), Biaise, Bourcq, Chufilly, Cornay, La Mure (commune de La Neuville-en-Tourne-àFuy), Lucquy, Marcelot ou La Vagnerie (commune des Alleux), Mézières, Monclin (commune de Saulces-Monclin), La Neuville-enTourne-à-Fuy, Quatre-Champs, Rethel, Saint-Loup, Terron, Thelines, Vauzelles, Voncq, Vouziers, etc.].

117e volume (année 1904-1905, tome Ier). — L'Affaire des CoursBrûlées (an IV de la République), par A. Duval (pp. 181-204). [Parmi les criminels de cette cause célèbre, on trouve les noms de Jean Mauroy, âgé de 38 ans, domicilié à La Hardoye, canton de Rocquigny (Ardennes), et Claude Renaud, 28 ans, marchand, demeurant à Charleville]. — Quelques anciennes statues des églises rurales du diocèse de Reims (Marne et Ardennes), par Henri Jadart (pp. 295-308). [Mention de onze localités ardennaises qui possèdent encore d'an-


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ciennes statues]. — Les Christs de Prétoire. Recherches sur leur origine et quelques-uns de leurs types intéressants, à Paris, à Reims, et en quelques autres villes, par Henri Jadart (pp. 309-331). [Etude faite à propos d'un singulier Christ de Prétoire, provenant du bailliage du comté d'Avaux (Avaux-la-Ville, aujourd'hui Asfeld) et timbré aux armes de Jean-Jacques de Mesmes, président au Parlement de Paris et membre de l'Académie française. — La description de cette oeuvre, avec une reproduction de la peinture sur toile, a paru dans le compte-rendu de la 29e session de la Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements à Paris, au mois de juin 1905, publié chez Plon, 1 vol. gr. in-80]. — Compte-rendu des Envois du général de Piépape, par A. Duval (pp. 333-345). [On y trouve signalé Un Episode de la bataille de Sedan, récit épique de quatre ou cinq cents vers].

Mémoires de la Société des Lettres, Sciences et Arts de Bar-leDuc, IVe série, tome IV (1905-1906). — Testament de Robert de Schelandre (27 mars 1591), (pp. cxxx-cxxxii du Bulletin mensuel. [Communiqué par M. E. Henry d'après l'original déposé aux minutes de l'étude de Me Piquart, notaire à Sedan; Cf. Revue d'Ardenne et d'Argonne, t. IX, p. 33]. — Une lettre de 4809 sur le « Sépulcre » de Saint-Mihiel (pp. CXXXVII-CXLII). [Cette lettre est datée de Mézières, sept. 1809, et signée P. LAMBINET. Ce Lambinet est inconnu : était-ce un prêtre ardennais ?] — Inscriptions de l'ancien décanat de Dan, par M. l'abbé Nicolas (pp. 3-52). [Des 23 paroisses qui le composaient au début du xviiie siècle, 4 font aujourd'hui partie du département des Ardennes : Andevanne, Barricourt, Nouart et Taillv. Parmi les inscriptions intéressant la région ardennaise, on peut citer : l'épitaphe de Nicole des Armoises (1514), l'épitaphe de Thévenin Perceval et Madeleine de Beauvois (1562-1568), dans l'église de Dun ; l'épitaphe de Nicolas Grandjean et Jeanne Paradis (1667), dans l'église de Doulcon ; l'inscription de la cloche (1789), dans l'église de Halles ; l'épitaphe de J.-F. Galopin (1736), dans l'église de Mont-devantSassey ; l'épitaphe de Vivant Bida (1808), dans le cimetière de Murvaux ; l'épitaphe de Gillette de Dugny (1312), dans l'église de Saulmory ; l'épitaphe de Christophe de Gorgias (1585), dans l'église de Villefranche. — Les inscriptions d'Andevanne, Barricourt, Nouart et Tailly avaient déjà paru dans l'ouvrage du Dr Vincent sur les Inscriptions de l'arrondissement de Vouziers. Cf. également Revue d'Ardenne el d'Argonne, t. XIV, p. 60]. — Monographie historique du village de Génicourt-sur-Meuse, par C. Dublanchy (pp. 113-281). [Renseignements sur la famille d'Ambly et autres].— L'esprit publia dans le département de la Meuse au moment de l'arrestation de Louis XVI à Varennes (21 juin J79I), par André Lesort (pp. 283-300). — Etat sommaire des fonds de la période révolutionnaire aux Archives départementales de la Meuse et aux Archives communales de Verdun, par P. d'Arbois de Jubainville (pp. 301-400, avec 1 carte). [Nombreuses indications pour les Ardennes].

Le Gérant : E. LAROCHE.

Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22.


SOUVENIRS

SUR

LE SIÈGE DE MÉZIÈRES EN 1815

(Extraits des Manuscrits inédits du Baron de Trémont) Par J.-G. PROD'HOMME et L. RADIGUER (1)

... Formé à l'administration, au Conseil d'Etat, sous les yeux de l'empereur, qu'aucun souverain n'a égalé dans ses soins à juger personnellement et à récompenser le zèle ; sa bonté m'avait déjà confié deux intendances et une importante mission, lorsqu'en 1810, il me nomma préfet, quoique bien jeune pour une telle fonction, de l'un des départements de l'ancienne France, ce qui était alors plus considéré que d'être employé dans les pays réunis.

La Restauration eut lieu, Napoléon fut exilé à l'île d'Elbe, et le 20 mars I8I5, il rentra à Pains.

Je me croyais oublié de lui, et je confesse que, malgré le prodige de son retour, je souhaitais vivement cet oubli, lorsque, dès le lendemain, quoique ne m'étant pas présenté aux Tuileries, je reçus ma nomination à la préfecture des Ardennes avec l'ordre de m'y rendre sur-le-champ. J'avouerai encore que je n'eusse

(1) Ces extraits sont tirés du Ms. Fr. 12,757 de la Bibliothèque Nationale. Notices et Autographes. Collection du Baron de Trémont, 1er volume.

DE TRÉMONT (Louis-Philippe-.Joseph GIHOD DE VIENNAY), né à Besançon le 28 octobre 1781, était fils d'un maréchal de camp. Il fut successivement auditeur au Conseil d'Etat, préfet de l'Aveyron en 1810, préfet des Ardennes le 22 mars 1815 et remplacé le 14 juillet suivant ; était préfet de la Côte-d'Or en 1831, il mourut à Saint-Germain-en-Laye le 1er juillet 1852. Il avait été créé baron de Trémont le 16 décembre 1810 avec un majorat de 5,040 francs composé du domaine de Rosey (situé sur le territoire de cette commune, arrond de Vesoul, dép< de la Haute-Saône). Le baron de Trémont légua au département des Ardennes une somme pour donner une bourse à un élève de l'Ecole polytechnique.

L'abbé d'Elvincourt, dont il est beaucoup parlé dans ces extraits, est DELVJNCOURT (HenriAugustin-Antoine), né à Mainbressy le 15 mars 1767. 11 était le neveu de Pierre-Nicolas Delvincourt, chanoine de Laon, archidiacre de Thiérache (1720-1794). Entré au collège de Charleville à onze ans, il reçut la prêtrise à Liège, rentra à Charleville en 1802 et contribua à la réorganisation du collège, du séminaire, des établissements religieux de cette ville ; pour ces oeuvres, il donna plus de 150,000 francs de ses deniers. Il mourut curé de Charleville, le 26 février 1826.

REV. D'ARD. ET D'ARC.

T. XIV. n° 12.


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pas accepté tout autre destination, croyant peu au succès de l'entreprise hasardeuse de l'empereur ; mais il me donnait une marque de haute confiance, ce département frontière devant être le principal pivot des opérations militaires clans la guerre à laquelle il fallait se préparer. Cette place forte devait être immédiatement ravitaillée et occupée par des gardes nationales mobilisées, les troupes de. ligne étaient trop peu nombreuses pour être distraites de l'armée active. J'aurais donc cru manquer à la reconnaissance et faire un acte de pusillanimité en n'acceptant pas. Je fus alors prendre les ordres de l'empereur, qui ne me dit que ces mots : « Je compte sur vous. »

Son retour avait été accueilli avec enthousiasme dans les Ardennes, dont la population, toute militaire, avait lutté énergiquement contre l'invasion de 1814, et se sentait profondément blessée d'avoir vu enlever à la France le drapeau sous lequel elle avait glorieusement combattu.

Le duc de Plaisance lut d'abord envoyé comme gouverneur militaire de la division. Ses qualités, son esprit conciliant, le faisaient aimer et estimer partout où il était employé ; mais, la guerre devenant menaçante, l'empereur le rappela près de sa personne et nomma à sa place le général Vandamme. Ce général, dont le nom est devenu presque synonyme de violent et d'intraitable, était ulcéré contre la restauration. Revêtu de pleins pouvoirs, l'arbitraire n'était pour lui qu'un moyen de satisfaire son aversion pour tout ce qui s'était montré dévoué à la maison de Bourbon. Il faisait opérer des arrestations dans les départemens de sa division. Je ne voulais pas le souffrir dans le mien. Je devais au petit nombre de royalistes qui s'y trouvaient, sûreté et protection, puisqu'ils ne troublaient pas l'ordre public. J'obtins ce résultat de mes relations journalières avec le général, précisément par l'opposition de nos caractères.

Ce n'était pas la première fois que je me trouvais soumis à une semblable épreuve. Le hasard ou, peut-être, la volonté de l'empereur, m'ont fait administrer dans les commandemens militaires des généraux dont le couloir a passé pour le plus absolu : les maréchaux Masséna et Marmont, les généraux Deszons et Vandaniiue, croyant tous que les diflicultés de l'administration se surmontent comme on enlève une redoute.

Et pourtant, mes rapports ont été constamment agréables avec eux. Je l'ai dû à opposer le sang-froid à l'emportement : à savoir


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écouter sans me permettre un mot d'interruption ; puis, l'orage des paroles passé, à dire avec calme et fermeté :

« Je suis responsable envers l'empereur de ce que je crois utile à son service, et toujours prêt à expliquer mes motifs aux chefs militaires, je ne puis néanmoins rien changer aux mesures dictées par mon devoir ; si elles sont erronées, il doit s'en plaindre à Sa Majesté qui me remplacera par un plus capable. »

Ce calme raisonné ne parut jamais une résistance offensante ; la haute intelligence du général Vandamme le comprit, et il n'eut pas l'occasion d'articuler une plainte contre moi, car j'eus l'honneur d'être mis deux fois à l'ordre du jour de l'armée, pour l'efficacité de mes services.

L'esprit des troupes qui occupaient les Ardennes avant le commencement des hostilités, était, comme celui de la masse commune de la population, fort animé contre les prêtres, et particulièrement contre le grand séminaire de Charleville.

Quoique Napoléon eût été le restaurateur de la religion en France, et l'oint du Seigneur, néanmoins, la confiscation des Etats romains, la dépossession de Pie VII, et son séjour à Fontainebleau, enfin, le bref d'excommunication comminatoire lancé par Sa Sainteté, le 27 mars 1808, lui avait enlevé l'affection du clergé, qui avait d'ailleurs compté sur une plus grande influence sous le règne des Bourbons. Le principe de la légitimité, fondé sur le droit divin, s'accorde bien aussi avec les sentimens de l'Eglise, avec l'accroissement des biens temporels qui concourent à sa puissance.

Charleville n'est séparé de Mézières que par les fortifications de cette dernière, où est établie la préfecture.

Les jeunes séminaristes, avec la vivacité naturelle à leur âge, et malgré les prudentes recommandations de leur directeur, ne surent pas dissimuler leurs regrets du retour de l'empereur, et les exprimèrent assez hautement pour qu'ils se répandissent au dehors. L'autorité impartiale, équitable, ne devait y voir qu'une imprudence, sans portée, et son devoir était d'assurer la sécurité de l'établissement. Mais cette modération, ou plutôt, cette justice, n'était pas partagée par le général Vandamme. Je fus informé qu'un rassemblement considérable de peuple et de soldats devait se porter au séminaire et y faire maison nette. Cette scène de dévastation eût été déplorable. J'en conférai sur-le-champ avec le gouverneur, qui me dit en riant : « Et si cela arrivait, le grand


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mal? — Le mal, lui répondis-je, serait que l'empereur blâmerait amèrement votre conduite et la mienne, et qu'il ne tolérerait pas que nous ayions laissé commettre de tels excès, fruit de haineuses passions, qui n'entrent ni dans sa pensée, ni dans son système de gouvernement. Veuillez y réfléchir un moment, mon général. Si vous me refusez les moyens de prévenir cet acte de violence, j'en repousse la solidarité et je m'en justifierai. »

Le général Vandamme était un homme d'esprit ; il sentit que j'avais raison et mit à ma disposition les forces nécessaires pour assurer ma tranquillité.

L'abbé d'Elvincourt, qui était dans de mortelles angoisses, vint me remercier comme le sauveur de son établissement.

Les événemens marchèrent, le général Vandamme fut appelé à l'armée, et le général Lemoine, vieil officier d'une grande énergie, fut envoyé pour commander Mézières, dans la prévision d'un siège. Le désastre de Waterloo eut lieu. L'empereur traversa la ville, où il ne fit que changer de chevaux, à deux heures de la nuit, et bientôt, ses troupes, qui avaient passé si fières, y présentèrent les débris de la défaite et de la bravoure succombant sous le nombre et aussi sous la trahison.

Je ne saurais oublier l'effet que produisit sur moi la vue du général de Bourmont et de son chef d'état-major le colonel (depuis général) Clouet. Je ne connaissais le premier que de vue, mais je m'étais fréquemment trouvé avec le second, remarquable par sa belle et franche physionomie. Il me parut inexplicable de les voir l'un et l'autre soucieux, préoccupés, absorbés. M. de Bourmont avait mis en oeuvre toutes les sollicitations et protestations imaginables pour que l'empereur lui confiât une division. Napoléon s'y était refusé en disant: qu'à la vérité, M. de Bourmont, ancien chef vendéen, s'était franchement rallié au drapeau tricolore sous l'empire, mais qu'ayant à la restauration embrassé la cause qu'il avait d'abord servie, il n'était pas convenable qu'il s'armât contre elle ; qu'ainsi il ne l'emploierait point. « Les instances continuèrent jusqu'à l'obsession, l'empereur céda, et M. de Bourmont et son chef d'état-major passèrent à l'ennemi... » Un autre souvenir est celui du maréchal Ney. Comme il se rendait à l'armée, je dînai à ses côtés chez le général Dumonceau, commandant la division, et à la préfecture. Dans ces grands repas, la conversation devint individuelle. Je fus frappé de l'incohérence dé celle du-maréchal ; il me sembla avoir la tête troublée, et il en


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donna une preuve bien frappante en parlant de la manière la plus inconvenante de l'empereur, de celui pour lequel il venait de trahir le roi. Hélas ! cet Ajax sur le champ de bataille, ce héros de la Moskowa était un faible esprit partout ailleurs. Sa glorieuse conduite dans la campagne de Russie lui valut, de la part de l'empereur Alexandre, de telles avances, que, jointes à la distinction avec laquelle Louis XVIII l'accueillit, son discernement en fut réellement ébranlé, et, lorsque, au retour de l'île d'Elbe, Napoléon appela à lui le brave des braves, il ne sut résister à l'entraînement auquel il devait le moins céder. C'est ainsi que je le trouvai en proie à un conflit de sentimens pénible qui l'irritaient contre celui dans les bras duquel il venait de se jeter. Il paraît même qu'à la bataille de Waterloo, sa conduite militaire se ressentit du trouble qu'il éprouvait. Ayant, avec sa valeur habituelle, occupé la Haie Sainte, il fit la faute, après avoir repoussé les Anglais, de ne pas s'y maintenir et de la quitter pour arriver sur le plateau de Mont-Saint-Jean. « Ce mouvement prématuré, dit Napoléon, peut avoir des suites funestes ». Le corps prussien du général Bulow déboucha tout entier sur la droite de l'armée dont le salut et les succès assures dépendaient alors tout entiers de l'arrivée du général Grouchy qui commandait 35,ooo hommes de troupes fraîches et 108 pièces de canons. « Le voilà », dit l'empereur, entendant une forte canonade. C'était Blûcher dont la jonction se faisait avec l'armée anglaise, alors en désordre. Par une inexplicable fatalité, Grouchy resta l'arme au bras, sur la rive droite de la Dyle, à trois lieues du champ de bataille où une effroyable canonade devait l'appeler et faire supposer que les officiers porteurs d'ordres n'avaient pu parvenir jusqu'à lui. Je sais d'un officier qui était près de l'empereur que, dans la plus vive anxiété, il demanda au maréchal Ney, chef de l'état-major général, combien il avait envoyé d'ordonnances à Grouchy ? « Trois, Sire ». — « Berthier en aurait envoyé vingt », dit tout bas Napoléon au général.

Avant le commencement des hostilités, l'empereur avait donné l'ordre aux préfets et aux généraux des divisions militaires, dont la résidence était dans les places fortes, de ne pas s'y laisser enfermer en cas de siège, leur service devenant alors inutile au reste de leurs départemens et commandemens. Mais la position de Mézières était telle que l'ennemi ne pouvait pénétrer dans les Ardennes sans que cette ville ne fût aussitôt investie. La voilà


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donc attaquée par un corps de Hessois et de Prussiens, sans que le général Dumonceau ni moi ayons pu en sortir. Notre autorité eût cessé immédiatement ; et le général Lemoine devenait commandant absolu.

Je n'assistai au siège que vingt-quatre heures ; voici pourquoi. Dès les premiers coups de canon, le général Lemoine m'écrivit que tous les pouvoirs civils lui étaient soumis, il me requérait de présider en permanence la municipalité, d'organiser une police active dans la ville, et de lui dénoncer tout habitant qui parlerait de rendre la place. Je n'avais reçu que des marques de bienveillance de la population. Comme dans tout le département, elle avait supporté avec un empressement patriotique les charges pesantes que les circonstances lui imposaient ; elle m'avait su gré d'avoir cherché à les adoucir autant qu'il était compatible avec mon devoir. Le rôle qui m'était assigné m'apparut donc intolérable. J'envoyai alors copie de l'ordre de l'empereur au général, ajoutant que, n'ayant pas dépendu de moi d'y obéir avant l'investissement de la place, résolu que j'étais de m'y conformer, il voulût bien m'envoyer au plus tôt un officier pour m'accompagner jusqu'à la porte de Charleville, où l'ennemi n'était point encore. Malgré les observations du général, il ne put s'y refuser. Je compris comment l'officier qu'il envoya devait être moins tranquille que moi : « Considérez, me dit-il, les suites possibles de votre résolution. Forcés que nous allons être de passer sous le canon des assiégeans et des assiégés, nous pouvons être tués ou estropiés ; pour vous ce serait l'effet d'un choix volontaire ; mais moi, si je suis mis hors d'état de servir, sans titre à aucun avancement, ne serait-ce pas bien dur ? »

Ma réponse fut que je regrettais la mission qu'il avait reçue, mais que j'espérais qu'elle tournerait bien et qu'au surplus, il savait que l'obéissance n'avait point d'alternative.

Nous sortîmes donc de Mézières et arrivâmes sains et saufs à Charleville. Cette ville de 12,000 habitans n'a aucune fortification. Un vieux général en retraite, dont j'ai oublié le nom, y commandait la garde nationale. Dans un zèle bien mal entendu, il fit la faute d'ériger à la hâte une enceinte de palissades qui ne pouvait résister un quart d'heure. Il distribua des cartouches et fit fermer les deux uniques portes de la ville, qu'on ouvrait d'heure en heure, pour recevoir les habitans des campagnes qui venaient chercher un refuge contre les exactions de l'ennemi. Je fus obligé


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d'attendre trois quarts d'heure l'ouverture de la porte, au milieu d'une foule où l'on me reconnut.

Il faut rappeler ici que le général Blucher, en pénétrant sur le territoire français, avait déclaré dans une proclamation, que tous les chefs d'administration qui auraient accepté du service de l'usurpateur, et que l'on pourrait saisir, seraient conduits en Prusse. Deux préfets furent ainsi garrottés sur des charrettes et très brutalement traités dans leur route.

La porte ouverte, j'allai demander asile à M. Raucourt, libraire et imprimeur de la préfecture. Je fus cordialement reçu.

La maladresse du commandant de la garde nationale porta ses fruits ; les assiégeans de Mézières, loin de s'opposer à l'établissement des palissades de Charleville, s'en réjouirent fort ; car, d'après les lois de la guerre, toute ville qui fait résistance est de droit mise au pillage. C'était donc une excellente aubaine pour l'ennemi.

L'attaque eut lieu le soir même de mon arrivée ; les palissades furent enlevées d'un coup de main, et la ville fut pillée pendant toute la nuit. C'était un déplorable spectacle que celui d'une soldatesque qui se livre à tous les excès. Je courus aux cris poussés par mon hôtesse ; on lui arrachait ses boucles d'oreilles. J'avais une grande redingote bleue et une cravate noire ; la chambre était obscure, les soldats me prirent pour un prêtre. Le fond de sentimens religieux de ces hommes fut une protection pour mon hôtesse et pour moi. Profitant de leur méprise, je les exhortai à l'aide du peu d'allemand que je savais; je leur donnai de l'argent et ils s'éloignèrent.

Le pillage fut arrêté à la pointe du jour, l'ennemi ayant à s'établir dans la ville et à s'en ménager les ressources.

Dans la matinée, M. Raucourt entra dans ma chambre, pâle et consterné. Il me montra une proclamation portant, entre autres dispositions : que toute personne étrangère à la ville devait en sortir sur-le-champ et que les habitans qui en recevraient une seule seraient fusillés.

« Mon cher Monsieur Raucourt, lui dis-je, dans un quart d'heure j'aurai quitté votre maison.

— Hélas ! où irez-vous ?

— Je n'en sais rien, je tâcherai de trouver un abri dans la campagne, mais quoi qu'il arrive, à aucun prix, je n'exposerai votre hospitalité. »


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J'avais laissé à Mézières mon secrétaire particulier et mes domestiques, pour ne pas leur faire courir les chances hasardeuses de ma sortie. J'allais donc partir, lorsque l'abbé d'Elvincourt se présenta à moi :

« Monsieur le Préfet, me dit-il, vous avez sauvé le séminaire. Il n'a rien eu à redouter de l'ennemi : dès son entrée, il nous a donné une sauvegarde. Je viens vous chercher ; vous trouverez parmi nous sûreté entière et reconnaissance. »

Après avoir reçu l'assurance du bon abbé que je ne le compromettais en rien, je le suivis en pensant que l'accomplissement d'un devoir trouvait quelquefois une autre récompense que celle de la conscience.

Il fallut traverser toute la ville. A moitié chemin, nous rencontrâmes la municipalité, qui, avec l'Etat-major ennemi, cherchait les localités propres à établir des magasins, des logemens militaires et un hôpital supplémentaire. Nous passâmes au milieu d'eux, aucun membre de la municipalité n'eut l'air de me reconnaître, et les officiers saluèrent respectueusement le vicaire général. Arrivés au séminaire, tous, jeunes et vieux, m'entourèrent et ils m'exprimèrent combien ils étaient heureux de me voir parmi eux.

Me voilà donc établi chez les séminaristes et objet constant deleurs prévenances ; mais je ne croyais à la possibilité de cacher ma retraite au-delà de quelques jours.

« Dès que Mézières sera rendu, me dit l'abbé d'Elvincourt, nous vous aurons un passe-port sous un nom supposé et vous partirez en sécurité. »

J'attendais donc à chaque instant la fin du siège. Plus je connaissais les faibles moyens de la résistance, plus je regrettais de voir les habitans prodiguer leur courage et leur sang pour une cause que je savais perdue. Mais on les sommait de se rendre à discrétion, et ils répondirent qu'ils ne capituleraient qu'avec les honneurs de la guerre. Cette lutte prolongée irritait les assiégeans, et, de moment en moment, je croyais être arrêté au séminaire. Tout Charleville m'y savait réfugié. Le jardin où je me promenais matin et soir était entouré de maisons desquelles je recevais des saluts de mouchoirs. Comment échapper à l'indiscrétion irréfléchie d'un enfant, d'un domestique? N'y eut-il pas quelque chose de providentiel dans leur silence ? L'abbé d'Elvincourt me répétait, chaque fois que je lui en parlais : « Reposez-vous sur la Providence ; vous êtes aimé et estimé ici ; personne ne vous trahira. »


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Les fortifications de Mézières, de troisième ordre seulement, mal armées, et dans le plus mauvais état d'entretien, n'avaient pour défenseurs que la garde nationale d'une population de 3,6oo habitans et 250 douaniers, qui s'étaient réfugiés dans la place. Ils se multipliaient sur tous les points ; les femmes, les enfans des gardes nationaux leur apportaient à manger sur la brèche. Cette ville, qui aurait pu être prise en quarante-huit heures, soutint héroïquement six semaines de tranchée ouverte. Cette mémorable défense fut passée sous silence, parce qu'elle avait eu lieu sous le drapeau tricolore. Enfin, les honneurs de la guerre furent accordés aux assiégés, et les communications avec Charleville aussitôt rétablies.

La diligence de Mézières à Paris reprit ses départs de deux jours l'un, et je pus m'en servir, puisque c'eût été déceler mon séjour que de réclamer ma voiture laissée à la préfecture.

Mon secrétaire, auquel l'abbé d'Elvincourt fit donner de mes nouvelles, conseilla aussi cette voie comme la plus pradente. J'eus un passe-port sous un nom étranger ; ma place fut retenue ; mais la voiture partait à l'heure précise de l'ouverture des portes, et par la porte opposée à celle de Charleville. Je ne pus donc arriver à temps et, deux fois manquant le départ, il me fallut traverser les deux villes à pied pour retourner au séminaire. C'était une nouvelle épreuve à subir, car alors le faux nom de mon passe-port pouvait me compromettre, Mézières n'étant pas encore remis à une garnison française. Ainsi, deux villes peuplées de 16,000 âmes gardèrent deux mois entiers le secret de ma retraite. Je n'ai lu ni entendu citer nulle part un semblable fait. Aussi ma reconnaissance pour le département des Ardennes est-elle sans bornes.

J'arrivai à Paris sans accident et n'y fus pas moins touché en apprenant que la députation royaliste qui s'y était rendue et à laquelle s'étaient joints d'autres habitans appelés pour leurs affaires, était allée demander au ministre Foucher (duc d'Otrante) que je sois maintenu dans ma préfecture. Il répondit que, si la nomination était à faire, il l'eût volontiers proposée au roi, mais que Sa Majesté avait nommé tous les nouveaux préfets avant sa rentrée à Paris.

Je rentrai dans la vie privée.

Bon DE TRÉMONT.


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A propos de RIMBAUD

SOUVENIRS FAMILIERS

(SUITE).

A Charles Houix.

IV

Il y avait alors à Charleville un photographe, nommé Jacoby, dont le visage bienveillant et grave s'ornait de la plus imposante calvitie, de la plus longue barbe argentée qu'il soit possible de voir. Il était naturellement — barbe oblige — républicain « de vieille roche » et ancien « proscrit de Décembre », ce qui faisait que Rimbaud le jalousait un peu et volontiers lui eût reproché d'être venu au monde trente ans avant lui. Cependant, — sans le connaître davantage,— il l'aimait beaucoup, parce que cet apôtre venait de fonder un journal démocratique, intitulé: Le Progrès des Ardennes, et que lisaient, avec un plaisir coupable, toutes les personnes mal pensantes du département. J'entends dans les endroits où ne régnait pas la censure prussienne ; car nos ennemis, je dois leur rendre cette justice, nous faisaient l'honneur de s'intéresser à nos petites affaires de ménage et, en fait d'opinion politique, ne toléraient que l'opinion « comme il faut ». Mais, sapristi ! nous n'étions pas sous leur coupe, et l'on pouvait encore, de Charleville jusqu'à Givet, lire tous les jours, grâce au Progrès, de jolies périodes sur « l'homme de Sedan », celui « au coeur léger », et autres méchants plus ou moins notoires. Cela aidait à passer le temps, faute de mieux, en attendant que reprit, dans sa beauté, le commerce des clous el des brosses.

Rimbaud ayant, je vous l'ai dit, raté ses débuts comme journaliste à Douai, pensa qu'il pouvait recommencer la tentative à Charleville. Jacoby fut son espoir ; il lui envoya des vers — je ne me rappelle plus lesquels — et des proses, parmi lesquelles un petit chef-d'oeuvre dont voici le schéma :

Bismarck est abominablement saoul. — Vous ne voudriez pas d'un Bismarck autrement, je suppose!... — Donc il est « rond comme une cosse » (1), monsieur le Chancelier de l'Allemagne

(1) Les comparaisons, en cette matière, ne manquent pas dans notre belle langue ; j'ai préféré celle-ci, parce qu'elle est ardennaise.


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du Nord, et il rêve, accoudé sur une table où s'étale une carte de France... ah! brigand!... L'oeil alourdi par l'ivresse, l'oeil clignotant du monstre suit l'index qui tourne, tourne... autour de Paris... qu'il faut prendre..., s'arrête çà et là, marque des points de repère : Etampes, Soissons, Versailles, repousse d'un geste furibond des choses, là-bas, du côté de la Loire..., tourne, tourne encore, peu à peu rétrécit le cercle fatal ; puis l'homme se penche, il pose enfin sur le point voulu sa pipe de porcelaine dorée..., voluptueusement il grogne...; mais l'oeil se ferme, la grosse tête chenue s'incline, s'affaisse... il dort — tellement saoul!... — Tout à coup, un cri, un hurlement... il s'éveille, le nez dans sa pipe ardente !...

Cet ingénieux symbole ne fut pas inséré par l'homme grave qu'était Jacoby. Sans se décourager, Rimbaud en envoya d'autres, moi aussi, je dois dire—que voulez-vous? nous n'avions que ça à faire !...—notamment une belle lettre à grandes phrases, douzième accessit de discours français — où, en réponse à un article très sensé du Courrier des Ardennes, je déclarais furieusement qu'il fallait être bonapartiste « jusqu'à la garde » pour contredire l'affirmation lancée récemment par Léon Gambetta : « Le maréchal Bazaine a trahi... »—Depuis, je me suis documenté sur la question Bazaine, et je regrette bien d'avoir écrit pareille sottise. — D'ailleurs, le Progrès des Ardennes recevait tout cela et n'ins'rait rien... Quel bon journal !... Vraiment, la presse a bien changé, cher ami !... Or, il y avait autre chose que nous apprîmes — vous verrez — trop tard. Ce qui gênait Jacoby, c'est que nos élucubrations étaient signées de pseudonymes. Il nous en avertit, le 29 décembre, dans la colonne « Correspondance », en les termes suivants: « MM... vos articles m'intéressent, mais... soulevez un peu le bavolet de votre loup. s. v. p. ».

—Il ne lui faut que cela ? dit Rimbaud. Parfait ! nous irons le voir.

Chouette!... On allait être des journalistes!... Vous pensez qu'aucune espèce de roi n'aurait pu se dire notre cousin, même à un degré très éloigné, quand nous lûmes ces lignes prometteuses, dans la petite baraque, en fumant nos bouffardes culottées déjà de façon gentille.

C'était le 30 décembre; le ciel, qui devait être radieux le lendemain, pour la petite noce que nous préparait l'artillerie allemande, fut ce jour-là plus noir que jamais, la neige tomba


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plus drue, jusque vers quatre heures, les bastions tonnèrent plus souvent, et Rimbaud me disait, narquois :

— Qu'est-ce qu'il a donc, ton pays ? l' est malade ?...

Cependant les choses ayant l'air de tourner au vilain, et les

portes pouvant être fermées subitement, ainsi qu'il était arrivé, plusieurs fois, dans des cas d'alerte, nous jugeâmes à propos de rentrer de bonne heure. Par un excès de précaution — que nous eûmes à regretter — j'emportai les deux pipes.

En descendant la rue de Saint-Julien, nous vîmes un rassemblement de populaire autour du tambour de ville. Le maire donnait avis à la population qu'une dernière sommation venait d'être apportée à la place, et que l'ennemi ouvrirait le feu au lever du jour.

— Est-ce que cela y serait tout de même, en définitive ?... depuis le temps!... Bah !... encore une blague... nous n'aurions pas la chance de voir ça !... La vie était ici toute en banalité, en pot-bouille... Pouvait-il arriver quoi que ce fût dans une petite ville aussi vulgaire ?...

C'est ce que suggérait à nos imaginations folles le visage austère, grognon, maussadement positif de ces vieilles maisons où n'habitaient que des gens hostiles — nous pensions — à toute espèce de littérature, par conséquent à toute poésie, à toute tragédie, à tout ce qui sort de l'économie domestique, du linge empilé dans les armoires, de la vaisselle rangée dans le buffet, des « choses à leur place » ; et il nous semblait que pareille collection humaine, que pareille ville repoussait, de soi-même, excluait forcément le pittoresque rutilant des catastrophes... Comme on est bête quand on est jeune !... Et l'en a bien raison !...

Le rendez-vous habituel fut donné avec un scepticisme bravache, non sans espoir, frissonnant, qu'il serait impossible, attendu que... l'on verrait enfin—enfin, enfin!... — quelque chose de drôle.

Ce fut très drôle, en effet... j'en avais assez au bout d'un quart d'heure.

Le bruit du canon, pleinement, largement sonore, nous fait sursauter avec une émotion non désagréable, et puis on l'associe d'instinct à des souvenirs de fête. Mais un obus qui éclate!... Imaginez la sensation brutalement imposée d'une grosse farce inattendue, le tapage absurdement, stupidement excessif d'un


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pétard fabriqué pour quelque enfant de Brobdignac... C'est ridicule !!... El c'est très fatigant... Je sais bien que quand la plaisanterie commence, les premières explosions suscitent le départ des vitrages qui viennent alors, en foule, danser par terre avec des chants d'harmonicas ; mais la compensation reste insuffisante pour l'oreille et cesse d'exister, notez bien, dès qu'il n'y a plus de carreaux à aucune fenêtre. Alors vous n'entendez que l'obus tout sec. Je ne vous le recommande pas, je ne le recommande à personne. Il convient d'ajouter que, si l'accident a lieu non loin de vous, même tapi dans une cave profonde, vous avez le tympan déchiré de façon atroce, et vous êtes — c'est un simple déplacement de l'air — jeté rudement sur le sol par quelque invisible et odieux balourd. En sorte que chacun dit : « Très bien !... maintenant, autre chose !... » Et puis ça recommence. Ah! les sales bêtes!...

Le feu avait pris tout de suite. Nul besoin pour cela d'obus « à pétrole » ni de fusée incendiaire. Comment voulez-vous qu'un objet léger, tel qu'il y en a dans tous les appartements, un rideau, une tenture, une étoffe quelconque, ne s'enflamme pas au voisinage immédiat de quinze à vingt kilos de poudre explosant d'un seul coup?... Et les fenêtres brisées, les portes idem: courant d'air... alors ce n'est pas long.

Les premiers obus tombèrent dans la Grande Rue dès huit heures du matin. A dix heures, sur la hauteur du Château, la pension Royer, qui servait de point de mire, brûlait tant qu'elle pouvait. En dessous, les toits crevés s'ouvraient aux étincelles. La maison du grainetier Brice, celle du chapelier Pivet furent les premières que je vis s'allumer toutes joyeuses. Car il n'est rien de triomphalement gai comme un incendie livré à lui-même, sans aucun pompier qui le dérange (1). Le temps était superbe, le ciel bleu, irradié ; le côté de la rue que je voyais recevait la brillante clarté du midi. Cette prise de possession des maisons par les belles flammes, non rouges mais d'un or pur, avait lieu dans une complète solitude, comme en rêve : pas un cri d'homme ou de femme, pas de geste, pas un être vivant Le feu seul parlait, d'une voix sèche et hâtive, contrastant, du reste, avec ses allures de joie. Les maisons s'embrasaient ainsi l'une après l'autre, paraissant dire : « A moi?... Quel bonheur!... » Je vois encore, à

(1) On ne put se servir des prises d'eau, toutes gelées.


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un deuxième étage, une vitre, épargnée par miracle, où jouait un rayon de soleil paisible et doux ; tout autour, vite, vite, aux fenêtres noires les flammes d'or s'appelaient. De temps en temps, dans l'air, un bruit d'archet sur la note grave, puis un sifflement rdgeur, puis l'assourdissant, le déchirant fracas du sale obus.

— Décidément, pensais-je, l'affaire se prolonge. Il n'est pas possible que Rimbaud vienne aujourd'hui...

Mais, depuis un bon moment, j'étais intrigué par quelque chose d'étrange que j'entendais, que je ne voyais pas, qui se passait tout près, en face... Notre boutique étant restée close, je ne pouvais apercevoir, par le vasistas au-dessus des volets, qu'une part de l'incendie, et jusque dans la cave me poursuivait ce bruit mystérieux...

— De l'eau qui tombe?... Une cascade?...

Pour la troisième fois, je remontai..., je voulus savoir, j'entr'ouvris la porte...

La boucherie Ponciuet, fermée seulement par une grille, — comme la plupart des boucheries, — laissait voir ses étals, ses billots, son comptoir, tout cela dans un état de parfaite incandescence, mais les quartiers de moutons et de boeufs restaient suspendus à leurs crocs, et c'était le crépitement de ces viandes changées en torches énormes, c'était une gigantesque et fabuleuse friture qui produisait mon bruit de « cascade ». Or elle coulait, mon cher ami, elle ruisselait... sur des fleurs!... Dans cette boucherie, l'on avait placé un appareil à gradins métalliques supportant des pois de géraniums. Vous savez qu'ils fleurissent très bien pendant l'hiver. El devenus, sous la graisse qui coulait toujours, d'inépuisables chandelles à branches, ils brûlaient debout, floraison inouïe, incessamment renouvelée, accrue, sur leur étagère de fer rouge.

L'espoir de conter à Rimbaud ce charmant épisode me rendit fier. Néanmoins, j'avoue que je voulais bien, maintenant, voir finir toutes ces histoires. La maison de « rouenneries » GilletToisoul, la pâtisserie Fanconi, la librairie Blanchard illuminaient à leur tour. Il se faisait tard, le soleil avait disparu. Les Prussiens continueraient-ils à tirer pendant la nuit?... Si le lendemain était pareil?... Si Charleville brûlait comme nous?... Quel dérange-


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ment dans mes habitudes ! Quelles complications embêtantes !.. Voici que montait en moi une haine violente contre la guerre et les conquérants.

Charleville ne brûlait pas. Charleville avait reçu des projectiles seulement dans la matinée. Mme Rimbaud, en mère prudente, enferma tout son monde et mit la clef dans sa poche.

— Non, monsieur Arthur : on ne va pas voir tomber les bombes... cela n'a rien d'intéressant..., au contraire !...

« Monsieur » Arthur dut ronger son frein jusque vers sept heures du soir. Quand il put s'échapper, ce fut pour courir vivement roule de Flandre, d'où l'on voyait... Cette petite ville noire, ramassée, muette, qui brûlait de bout en bout, lui donna l'impression d'un objet hideux.

« C'était laid, me dit-il plus tard, laid sans grandeur : une tortue dans du pétrole... »

D'autres gens étaient là, simplement très intéressés par le spectacle d' « une chose que l'on ne voit pas tous les jours », et s'animant surtout à échanger des commentaires passionnés.

— Il n'en restera pas beaucoup des habitants de Mézières !... Du tac au tac répondit l'interlocuteur dont le bras, soudain

tendu, effaça du monde, à l'instant, plusieurs milliers d'existences :

— Jusqu'à tout à l'heure, il en est sorti... pas beaucoup!... Maintenant il n'en sort pas un... Eh bien! qu'est-ce que vous dites?. . Quand vous chercherez midi à quatorze heures !... Tout ce qui reste là-dedans est rôti... Voyons!... pas difficile à comprendre !...

— Parbleu !... dit un troisième personnage qui aimait les solutions nettes.

— Et puis quoi ?... c'est la guerre !...

Content de son éloquence, fier de sa philosophie, l'homme énergique redescendit vers Charleville. Rimbaud se mit à penser à moi, et dans le creux de sa main droite soupesa, non sans une ironie mélancolique, le petit tas de cendres que pouvait former son ami.

Supposition fâcheuse... qui se trouva pour ainsi dire confirmée, deux jours après, par la lecture d'un long article paru dans l'Etoile Belge. Cet excellent quotidien racontait le bombardement de Mézières, disait les bras, jambes, tètes emportées, les soixante


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ou quatre-vingts personnes mortes d'asphyxie, narrait des cas particulièrement effrayants, celui, par exemple, de cette pauvre famille Blanchard dont tous les membres : grand-père, grand'- mère, oncle, tante, père, mère, fille et gendre, avaient cru avantageux de se réunir dans une même cave qui paraissait très sûre, creusée qu'elle était dans le roc du Château, et, la maison écroulée fermant les issues, s'étaient endormis ensemble de l'éternel sommeil ; enfin, après avoir nommé toutes les victimes déjà retrouvées, il donnait une longue énumération des disparus, demeurés probablement sous les décombres non fouillés encore. Ma mère, mes soeurs et moi étant portés sur cette lugubre liste, Rimbaud devait nécessairement admettre qu'il ne subsistait aucun doute. Pourtant, il voulut s'assurer du fait par lui-même.

Les Prussiens étaient entrés dans la ville vingt-quatre heures après la capitulation ; ils avaient d'abord, soigneusement, fermé les portes, et puis, leur installation faite, ils se décidaient à les rouvrir.

Donnez-vous la peine d'entrer, bons « boyaux rouges » ; venez voir ce qu'il est resté de « coucous » !...

(A suivre). Ernest DELAHAYE.

LES PRISONNIERS DU MONT-DIEU

PENDANT LA RÉVOLUTION

APPENDICE

Dans l'introduction qui précède notre travail (page 3), nous avons annoncé un appendice contenant les noms, avec leur numéro, donnés par M. Poirier comme prisonniers dont la détention au Mont-Dieu est restée douteuse pour nous. A celte liste, contenant seulement les noms qui ne font pas double emploi et ceux dont nous n'avons pas rectifié l'orthographe, nous ajoutons quelques noms de détenus qui figurent sur différentes listes avec les numéros des cellules; nous faisons aussi quelques rectifications typographiques.


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30. — BAUDOIN (FRANÇOIS), du district de Charleville (1) (2).

36. — BEAUJET (MARGUERITE), du district de Charleville.

45. — BERGUERODSSE (CHARLES), suédois. A reçu du pain pendant sa détention.

BERNARD, n°46 de notre liste, page 18, lire 1843 au lieu de 1743.

47.— BERNAYouMMET, volontaire au 38u régiment. A reçu le pain pendant sa détention.

49. — BERTRAND (NICOLAS), incarcéré le 10 frimaire; en liberté le 17.

53. — BILLY, du district de Libreville (Charleville), sorti avant le 22 thermidor.

61. — BOUHOX (femme). Il y aurait eu deux citoyennes Bouhon, de Charleville, au Mont-Dieu ?

63. — BOUQUET ou BOUSQUET, du district de Roc-Libre.

Un maréchal de camp du nom de Bouchet. commandant militaire à Civet, a été, dit-on, emprisonné sur l'ordre de Delecolle.

64. — BOUQUET (femme).

74. — BRABANT, incarcéré le 30 frimaire, évadé le 9 nivôse.

BRIANCOURT, charcutier à Carignan. Nous avons porté ce nom sur notre liste (à la page 17) ; nous croyons que ce nom est erroné: le copiste a écrit Briancourt pour Bricmont, lisez Briquemont, et charcutier pour chamoiseur. Briancourt et Briquemont ne font qu'un (voy. BRIQUEMONT.)

79. — BRINGOT, du district de Charleville. Recevait du pain pendant sa détention.

87. — BUFFET (CHARLES), incarcéré le 1er brumaire ; relaxé le 23 frimaire.

92. — CAMERON (ALEXANDRE), sergent de grenadiers. Ne paraît pas avoir été incarcéré.

110. — CHAYET (FRANÇOIS), et 583 RAYET (FRANÇOIS). Ces noms paraissent applicables à Chahay (P.-P. François).

119. — COLORIS, peut-être COLLER Y, emprisonné après le 17 floréal.

(1) Les mois en italique indiquent les additions et rectifications que nous faisons.

(2) Les scellés furent apposés chez Pierre Baudoin, imprimeur à Sedan, le 8 thermidor an II


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123. — CORDIER, ex-prêtre du district de Sedan, engagé volontaire au 38e.

126. — COTAT, incarcéré le 18 brumaire, avec treize Sedanais.

COURTIN (Louis-Pierre-Joseph), aumônier, directeur des carmélites de Fumay, curé dans le canton de Rumigny après le Concordat.

148. — CUNISSE, traduit au tribunal révolutionnaire à Paris.

157. — DE BAQUE (femme), du district de Vouzicrs.

158. — DEBAUX, peut-être DEBBAUX (Jean-Bernard), né à Givet en 1753, mort au même lieu le 21 septembre 1834, marchand de draps, ancien officier municipal.

DEBREUX (Bigobert), curé de Foulzy depuis 1781, né à Rallicourt le 9 décembre 1743, incarcéré après le 17 floréal.

DECOUX-ROSSE (Pierre-François), officier municipal de Givet où il est né le 10 novembre 1736 et mort le 15 mai 1810, marchand tanneur, maire de Givet, 1799-1809.

163. — DELAHAUT aîné (Jean-Baptiste), né à Charleville le 28 septembre 1754, mort au même lieu le 24 février 1837. Bachelier en droit, procureur et notaire en la baronnie des Pothées avant la Révolution, puis avoué; était juge suppléant au tribunal civil de Charleville en 1811 et juge à sa mort [occupait la cellule n° 12).

DELAHAUT. veuve le 7 février 1792 de Toussaint DELAHAUT. meunier, née GABDIEN, née à Beaumont (Belgique) en 1754, morte à Givet-Notre-Dame le 2 août 1828, détenue au Mont-Dieu, cellule n° 57.

DEMANET-DECROX (Jacques), marchand épicier, plusieurs fois officier municipal de Givet, adjoint au maire, 1801-1809 (I).

DESTREMAGNE (Jean-Henry), menuisier à Charleville où il est mort le 4 juin 1807, détenu au Mont-Dieu à cause de l'émigration de sa fille.

208. — DRION, d'Autry. Arrêté par ordre du commandant de Mézières.

DRION (Pierre), notaire royal à Autry, où il fut juge de paix en 1790, mort notaire à Autry le 10 floréal an VI, âgé de 52 ans.

211. — DRUMEL-LAMBINET, de Charleville.

1) L'Echo de Givet du 22 mai 1904, feuilleton n° 47, a publié ce qui suit : Arrestation le 19 mai 1794 de Hermès, commandant de la garde nationale, Gervais, secrétaire de mairie, Demanet-Decrox, Demanet fils, Lachonal et Etienne Rousseau, etc., en tout quarante et une détentions dont la plupart n'évitèrent la guillotine que grâce au 9 thermidor.


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212. — DUCHENE (MARIE-MARGUERITE-MARIE-ANNE), épouse Bourgeois.

213. — DUCHESNE, de Charleville, incarcéré pour avoir logé pendant deux mois Léon Mijoin, déserteur de son bataillon.

217. — DUMENIL (JEAN-ANTOINE).

231. — FAYNOT (ANTOINE), boucher à Torcy où il est mort le 24 fructidor an XI, âgé de 45 ans, détenu après le 17 floréal.

FOUQUET, journalier à Surice, près Civet [occupait la cellule n° 56\.

FRANCOUAL (PIERRE), confiseur à Charleville où il est mort le 2 janvier 1809, âgé de 64 ans, fils d'un marchand, gendre du chirurgien Leclerc [occupait la cellule n° 56].

GAILLOT (NICOLAS), vicaire épiscopal, maire de Sedan en 1792, né le 1ei mars 1743, se retira à Sugny (Belgique), où il avait été curé depuis 1775.

255. — GARNIER dit GASPARD. Nous pensons qu'il s'agit de CASPARD, petit frère des écoles, n° 238 de notre liste. Emprisonné le 16 pluviôse.

GIROULT (Mad.-Josèphe), épouse ANTOINE, marchande à Cochenée, près Civet [occupait la cellule n° 56].

281. — GODARD. Est-ce Jean-Baptiste Codard, écuyer, seigneur de Valcontant (Neufmaison), brigadier des gardes du corps, mort à Valcontant le 23 floréal an III ?

GOSSET, du district de Charleville. Il y avait Cosset, curé de Lumes depuis 1783.

287. — GOULET jeune, prêtre à Sedan, fanatique qui, sous prétexte de la liberté des cultes, cherchait à troubler et à fanatiser le peuple. Ce nom fait probablement double emploi avec notre n° 260.

290. — GOUSSARD (fille), incarcérée le 30 brumaire. Est-ce Marie Goujard ou Coissart ?

296. — GROMAIRE. La femme de Jean-Sulpice Gromaire n'a pas été emprisonnée : ses deux soeurs, Jeanne-Alexisse, née le 28 avril 1741, et Jeanne-Henriette, née le 24 mai 1752, ont été emprisonnées le 8 frimaire à cause de l'absence de leur frère, Pierre-Louis Gromaire, curé de Mézières : libérées le 8 pluviôse [occupaient la cellule n° 7).

GUERIN (LOUIS-MARIE), notaire à Grandpré, détenu à la prison du Luxembourg, mis en liberté à la fin de l'an II


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299. — GUENET (femme) (Jeanne-Marie-Poncette LHOSTE), née

à Charleville le 27 septembre 1765, mariée à Charleville le 27 octobre 1784, à Charles-Philbert Guenet, receveur des épices de MM. de la grande Chancellerie à Paris, âgé de 46 ans, plus tard tanneur ; a été emprisonnée pour les mêmes motifs que son oncle (voy. LHOSTE).

GUILLAUME (Jean-Joseph), cultivateur à Signy-Montlibert où il est mort le 6 août 1814, âgé de 60 ans, était né à Grand-Verneuil. Dénoncé par Nourry, chef de bataillon, pour dilapidations, il fut condamné en prairial, par le tribunal criminel des Ardennes, à restituer à l'Etat une certaine quantité de planches (voy. n° 233).

3. — HAGUETTE (ANTOINE), au lieu d'ACUETTE, né à Sedan te 4 juin 1761, prêtre professeur d'humanités au collège de Charleville, puis à l'école centrale du département des Ardennes, député suppléant à la Convention, mort à Charleville le 22 octobre 1802.

307. — HAGUENIN, n° 276 de notre liste; il existe aux archives départementales une liste de détenus avec le nom de Arquenin-Collot et une autre avec le nom de Hannequin.

312.—HENRIAUX (JEAN-BAPTISTE), officier de la garde nationale de Civet, incarcéré le 4 frimaire.

HERMEZ (HENRI), négociant à Givet où il est né le 29 mars 1744, mort au même lieu le 27 avril 1821, fut lieutenant-colonel de la garde nationale de Civet-Notre-Dame du 6 février 1790 au 9 mars 1793.

314. — HERBIN, du district de Sedan, arrêté après le 17 floréal. Est-ce Jacques-Augustin Herbin, ex-chanoine, mort à Villette le 11 août 1806 ? ou Herbier, vicaire général, n° 284 de notre liste.

320. — HERTZIES (JEAN-BAPTISTE), âgé de 37 ans, lieutenant au 20e régiment. Sur interrogatoire, il a déclaré avoir été arrêté le 10 octobre et élargi ensuite du rapport fait sur sa conduite; que l'accusateur public près le tribunal de l'armée des Ardennes l'avait fait de nouveau arrêter sur la dénonciation du colonel et autres officiers de son régiment; que ce tribunal l'avait condamné à deux mois de prison et a subi sa peine à Sedan ; après quoi il a été transféré au Mont-Dieu et il a signé Hertzies [occupait la cellule n° 36].

321. — HORBETTE (Jean-Louis-Alexandre), né à Murtin le 20 juin 1768, ordonné prêtre le 20 septembre 1793, curé d'Harcy.

334.—JACQUART (J.-CATHERINE), fait double emploi avec notre n° 233.


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341. — JANOTTE (Catherine), et Germot, n° 262, ne font qu'une seule et même personne avec Gennotte, n° 241 de notre liste. Incarcérée le 26 frimaire, elle a signé Gennotte à son interrogatoire. Elle occupait la cellule n° 31.

343. — JARLOT (PHILIPPE). Un Jarlot, d'Etalles, fut emprisonné sur Tordre de Crin.

LAHAUT. (Voy. DELAHAUT.)

LAMBERT (A.-J.), n° 235 de notre liste, est né à Attigny le 29 octobre 1746. Il adressa de nombreuses pétitions à la Convention, reproduites au Moniteur universel de l'époque.

379. — LAPLANCHE, du district de Charleville. Serait-ce le général Laroque dit Laplanche, mort à Charleville?

381 et 443.—LARBY ou LURBY (JOSEPH dit LANGE), ouvrier, arrêté le 4 frimaire comme étranger, évadé le 9 nivôse.

LEFEBVRE (JEAN-BAPTISTE), curé de l'Echelle depuis 1769.

397. — LEFEBVRE, directeur des diligences à Sedan, lié à des amis du scélérat Miackzinski (général qui commanda sous Lafayette dans les environs de Sedan), est depuis longtemps suspect.

Il a existé à Sedan Pierre-Alexandre Lefèvre, directeur des messageries nationales, qui eut une fille à Sedan le 2e jour de la 2e décade de frimaire an II, prénommée LIBERTÉ-ÉGALITÉ-SOPHIE.

413. — LEPOIVRE et n° 368 de notre liste, le nom doit être écrit LEPOIR ou LEPOIRE. Ce prêtre fut arrêté après le 17 floréal avec Poinsignon, Grandmougin, Jean-Baptiste Chatelain, Lequint, J.-F. Poix, Cille-Nicolas Bernard, Simon Jarlot, Jacques Pauquet et Pire, tous prêtres du district de Rethel, transférés des prisons de Rethel au Mont-Dieu par ordre de Levasseur du 29 prairial. Delacroix les fit mettre en liberté le 3 frimaire an III (voy. BERNARD, n° 46).

435. — LOISEAU (JEAN-PIERRE), emprisonné le 19 brumaire?

453. — MANGIN (ALEXIS), n° 401 de notre liste. Mangin était prêtre. 456. — MARCHAND (LAMBERT), incarcéré le 10 frimaire.

464. — MARLIÈRE, du district de Sedan.

465. — MARQUANT, du district de Charleville. 473. — MATHIEU, du district de Charleville.


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479. — MENARD, du district de Charleville, incarcéré après le 17 floréal.

488. — MENU père. M. Poirier dit qu'il fut emprisonné pour avoir calomnié le Comité de sûreté générale et avoir mis des patriotes en liberté et ridiculisé Levasseur. Nous doutons encore de l'emprisonnement de Menu père au Mont-Dieu.

492. — MEURANT (Jeanne-Sophie GUYONNET, femme, le 9 janvier 1781, de Pierre Meurant, professeur au collège de Charleville. Née à Charleville, elle est morte veuve le 8 octobre 1836, âgée de 76 ans. Incarcérée après le 17 floréal comme aristocrate et fanatique [occupait la cellule n° 36].

MONIN, n° 449 de notre liste, au lieu de : les habitants allait, lire allaient.

513. — MOREAU (REMY), incarcéré le 7 brumaire.

516. — MORIVAL (MARIE), incarcérée le 16 brumaire.

517. — MORTIER (PIERRE), capitaine retraité du régiment de Bouillon, demeurant à Liège ?

527. — OUCHARD (ALEXIS), de Rethel. A reçu le pain pendant sa détention.

PAUQUET (JACQUES), curé dans l'arrondissement de Rethel.

PENAUD, de Bulson. Est mort à Bulson le 18 janvier 1831, Jean-François Penaud, né à Sedan le 19 mai 1777, fils de JeanFrançois, maître vitrier, et de Bemiette Rognon (de Torcy), et petit-fils d'Etienne Penaud, maître chirurgien à Mézières (1).

PEROTEL (FRANÇOIS), né vers 1715, curé de Wadelincourt en 1744, de Haraucourt à la Révolution, chapelain de l'hôpital de Sedan en 1791.

PESTIAUX, du district de Libreville.

PIGENOT, du district de Libreville.

POIX, n° 506 de notre liste, religieux prémontré, curé de ChesnoisAuboncourt où il s'est installé lui-même en 1792 (au lieu de 1798).

559. — PONCELET. Il paraît y avoir eu au Mont-Dieu un détenu du district de Charleville du nom de Poncelet. Est-ce Jean-Baptiste

(1) Le 21 juin 1792 l'apposition des scellés fut ordonnée chez Etienne Penaud, né à Torcy en 1760, accusé d'un vol a Monthermé.


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Poncelet, armurier à Charleville où il est mort en retraite le 11 août 1822, âgé de 83 ans ?

PREVOT, du district de Roc-Libre.

PRINTELLE (femme), du district de Charleville.

570. — PUISEUX, incarcéré après le 17 floréal.

594. — RICHOUX, incarcéré après le 17 floréal. Est-ce JeanBaptiste Richoux, quincaillier, né à Aubenton, mort à Charleville le il octobre 1811 ?

598. — ROBERT (ANTOINE), vidangeur à Sedan ?

603. — ROGER (JOSEPH). (Voy. ROGER, p. 215.)

608.—RONCIN, arrêté après le 17 floréal. Serait-ce Thiery Roncin, curé de Saint-Laurent de Soissons, né à Murtin le 12 décembre 1740 ?

611. — RONDEAU (PIERRE), de Saint-Jean-aux-Bois.

ROUSSEAU, du district de Rocroi.

626. - SAINGERY, au lieu de SAINT-GERY.

SAINGEVIN (ALEXIS).

640.—SERVAIS (HENRIET), arrêté pour avoir fourni des vivres à l'ennemi lors de son séjour à Vouziers.

661. — TOUBLANC (NICOLAS-AUGUSTIN), mis en liberté le 7 thermidor.

VESSERON (Marie), du district de Libreville.

VILLELONGUE (J.-P.-J. de), directeur de l'école du génie de Mézières, mort à Mézières le 23 nivôse an V [occupait la cellule n° 53], (Voir Revue historique des Ardennes, Sénemaud, 1er vol., p. 94).

WAGNART (Henri), vicaire de Vaux-Villaine, né à Murtin le 12 novembre 1761, mort curé de Bemilly-les-Pothées en 1835.

WALLET (NICOLAS), curé de Signy-Montlibert depuis 1761, né le 10 juillet 1736 à Montmédy-bas, mort à Signy le 15 janvier 1809, a fait le serment constitutionnel et fut maire ; dénoncé par Vassant le 10 thermidor qui l'accusa d'intrigues et de perversion. Levasseur le fit emprisonner le 14 thermidor en compagnie de Bara, Collet, Labrosse, Perin et M.-J. Robert. Cette détention dura peu.


— 204 — LES SUSPECTS

Les Sedanais, en grand nombre, ont été emprisonnés au Mont-Dieu ; mais beaucoup, emprisonnés provisoirement dans les prisons de Sedan, ne sont pas allés jusqu'au Mont-Dieu. Voici quelques noms de suspects dont l'arrestation a été ordonnée par blocs.

Le 23 septembre 1793, le Comité de surveillance de la commune de Sedan, sur l'ordre du district, ordonna l'apposition des scellés chez les ci-après, dont la plupart étaient arrêtés :

1° Louis LABAUCHE le jeune, père, manufacturier devant la Halle (1); sa femme, née LOUISE-SUZANNE CHRESTIEN, et ses enfants : Louis, né le 21 décembre 1767, et JEAN, né le 10 décembre 1769, à Sedan.

2° SIMON POUPART, ci-devant brasseur au Grand Cerf, place du Collège, né le 20 décembre 1738, mort le 20 février 1812, à Sedan.

3° CLOTILDE-MARIE-PAULINE POUPART, fille du précédent, mariée le 4 juillet 1783, à Tournay, à Pierre-Jacques Malfuson, manufacturier, né à Saint-Quentin, mort à Sedan.

4° CAROLINE POUPART, chez la dame Malfuson.

5° Les deux fils de SIMON POUPART, chez la dame Malfuson, JEAN-ABRAHAM, né le 5 janvier 1768, et SIMON-Louis-JEANABRAHAM, né le 2 août 1770.

6° Le citoyen GODFRIN (H.-V.) (voyez notre n° 258).

7° La citoyenne LOUIS-GABRIELLE GODFRIN, mariée à Torcy, le 8 juillet 1783, par son oncle, le curé Godfrin, à Jean-BaptisteLeger Mozet, boulanger.

8° La citoyenne GODFRIN, sa soeur.

9° Le citoyen LELIÈVRE (PIERRE), tondeur, né à Rocquigny, et CATHERINE PIERRE, sa femme, son fils Louis, rue de l'Horloge, 535.

10° L'épouse TILMANT (voy. n° 408).

(1) Le représentant Roux le fit mettre en liberté le 14 pluviôse an II et ordonna un inventaire minutieux chez lui.


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11° Le citoyen MAUCLAIRE (JEAN-FRANÇOIS-LOUIS), et sa femme SUZANNE GERARD, née à Stenay, fille du greffier de la prévôté et maîtrise de Stenay, marchands de vins, rue St-Michel.

12° LESIEUR (JEAN-ANDRÉ), tondeur chez Rousseau de Givonne, né à Vieil-Saint-Remy en 1743.

13° MAUCOMBLE, rentier, rue de l'Egalité (voy. n° 419).

14° CLOUET (voy. ce nom), et son épouse née SAINCTELETTE, maison Boire, rue du Ménil.

15° TRAILIN-THILOY, tanneur, faubourg du Rivage, 633.

16° TRAILIN-HENRION, tanneur, faubourg du Rivage, 633.

17» Epouse PILARD-TRAILIN, rue Maqua. (Voy. TRAILIN.)

18° LENOIR (JEAN), receveur des droits d'enregistrement.

19° LAMBERT (HENRI), ex-quincaillier, place de la Halle (voy. n° 324).

20° Epouse RYSS (SÉBASTIEN), musicien, né à Valinsart, près Colmar, mort à Sedan le 3 août 1838. Cette dame, née MARIEELÉONORE PERRIN, née à Torcy, est morte à Sedan, 7, rue des Francs-Bourgeois, le 7 octobre 1819, âgée de 70 ans.

21° Veuve ETIENNE DROUIN (voy. ce nom).

22° PIERRE BÉCHET, ci-devant manufacturier.

Tous parents d'émigrés.

Tous ces citoyens ont été arrêtés; les scellés ont été apposés chez eux et la plupart du temps, lors de la levée de scellés, ils étaient gardés à vue par les gendarmes ou les gardes nationaux.

Le 28 floréal an II : Figuière (Pierre-Paul), perruquier; Brion, Clarin, Girard, Mitteaux, Détré dit Cassius, tous membres du Comité révolutionnaire, ordonnèrent l'apposition des scellés chez :

1° TERNAUX et fils, rue de la Liberté, ci-devant rue St-Michel, elle eut lieu en présence de Jean-Laurent Sthurler, leur commis. 2° DEFFAUX (JEAN), fabricant.

3° BESTEL (LOUIS), fils, rue de l'Unité, ci-devant boulanger, né vers 1763, gardé par Nicolas-Bap. Legay.

4° CARRÉ-ROPITAL (CLAUDE), fabricant, rue de l'Horloge, était gardé par Hubert, fusilier de la garde nationale.


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5° DUBAR (NICOLAS), fabricant dans la maison de RenaudCordier, rue Brutus, au premier, sur la cour.

6° PICARD (EVRARD), tondeur, rue du faubourg du Rivage, mort en l'an V, gardé par Colson.

7° Veuve BAUDIN.

8° GIPPON (PHILIPPE), ancien charpentier, né à Donchery en 1753, fabricant, faubourg du Ménil.

9° METILLIÉ (FRANÇOIS), né vers 1750, marchand, rue Brutus, ci-devant rue au Beurre, marié en premières noces à X... Dubar.

10° MALFUSON. (Voy. p. 204.)

11° MENU père.

12° TITEUX (l'apposition ne paraît pas avoir eu lieu).

13° PÉTRÉ ou PAITRAY (JEAN), fabricant chez Garet, rue de l'Égalité (absent, sa femme ANNE GREUSELIN était présente).

14° SILOT (NICAISE), tisseur, place d'Armes, né en 1764.

15° VAUTARD (NICOLAS), rue du faubourg du Rivage, maison Trailin.

16° ROUSSEL (NICOLAS-JOSEPH), fils, tailleur, puis fabricant, maison Toulmonde, rue de l'Horloge, né en 1762 à Virton, gardé par Sirclet.

17° FEVRIER (NICOLAS), tondeur, rue de l'Horloge, maison Jaillot, couvreur, au rez-de-chaussée (où est l'Epicerie Centrale), né à Donchery en 1759.

18° LAMBERT (DOMINIQUE), tailleur, rue du Bastion de Turenne, au premier, né en 1753.

Ont été aussi poursuivis les citoyens ci-après et les scellés apposés chez eux :

BALLE (LOUIS-JOSEPH), sujet autrichien de naissance, portefaix, place de la Halle, dans une maison qu'il avait achetée, né en 1750. Lors de la levée de scellés, Vassant, qui y assistait, s'empara d'une lettre adressée à Balle par Reiszer (voy. ce nom), terminée par ces mots : Votre serviteur, marque de l'ancien régime a dit Vassant.

Le général BEAUREGARD, maison Labauche, rue de l'Egalité, à Bazeilles, arrêté à Arras. Les scellés ont été apposés le 2 brumaire et levés le 20 fructidor.


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ARNOUD-GUYOT, débitant de tabacs, rueMaqua (23 frimaire)(1).

BRIET, membre du Conseil du district, maison Clouet, faubourg du Ménil (30 frimaire); mis en liberté le 3 nivôse.

VERONIQUE, marchand (26 nivôse).

RUBIN, accusateur public (sur la porte du Ménil) (7 pluviôse).

RAFFROY, directeur de l'hôpital ambulant (3 germinal) (ordre du représentant Roux).

CAIROL l'aîné, commissaire des guerres, maison Cliquot, tanneur, faubourg du Rivage (3 germinal).

POMMIER, chez Chevalier, orfèvre (3 germinal).

BOUCHIER (NICOLAS-JEAN), marchand de vins, rue Saint-Michel, né à Châlons-sur-Marne, mort juge de paix à Sedan en juillet 1803. Poursuivi devant le tribunal révolutionnaire de Paris avec la municipalité de Dun-sur-Meuse, il fut acquitté après les plaidoiries des 7, 8 et 9 vendémiaire an III (4 germinal).

GARET (22 prairial).

Colonel BERTÈCHE, chez sa mère, place d'Armes (1er messidor). On a trouvé une adresse intitulée Bertèche au Comité de salut public.

CAILLON-BOIRE (19 messidor).

OUDART, chamoiseur à Sedan, arrêté à Vendresse (9 messidor).

DESPREZ (NOÉ), ci-devant ingénieur et commandant la place de Roc-Libre, époux de Agathe Gentil ; habitait Sedan où il eut un fils, Marie-Joseph-Albert-Eugène, le 7 thermidor an II (19 messidor).

AUBLIN (JACQUES), gendarme (19 messidor).

COUSTIER cadet, ex-clerc de procureur, rue du Ménil, 54 (20 messidor).

Vve BERTÈCHE, BERTÈCHE neveu, BRINCOURT-LAMBQUIN.

HENRION, ci-devant employé à l'administration du district, demeurant au Petit Renard (5e jour des sans-culottides, 3e jour complémentaire an III).

DUFRÊNE (ALPHONSE), pharmacien de la 3e classe à l'hôpital ambulant, maison Billy, faubourg du Rivage, né à Bruxelles (3e jour des sans-culottides an 11 (21 septembre 1794).

(1) Les dates en italique sont celles de l'apposition des scellés.


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QUELQUES ARDENNAIS VICTIMES DES TERRORISTES

(1793-1794)

D'AGUISY (JEAN-ANGÉLIQUE dit MAINBRESSON), chevau-léger de la garde du tyran (Roi), domicilié à Rozoy-sur-Serre, né à Mainbresson le 15 mai 1743, condamné à mort par le tribunal criminel des Ardennes le 20 septembre 1793 pour émigration.

(Voir le procès dans l'Essai sur Rozoy-sur-Serre, par Martin, 2e vol., p. 612-17).

ANDRÉ, domestique, domicilié à Givet, condamné à mort comme émigré le 30 vendémiaire an III par la Commission militaire séant à Bois-le-Duc.

ARCHAMBAULT-REGNARD DES COUDRÉES (NICOLAS), né à Paris le 15 août 1741, marié à Neufmanil le 8 mai 1769 à MarieFlorence-Théodore Desprez de Barchou ; ex-chevalier du tyran, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris (1) le 7 thermidor an II pour avoir conspiré dans la maison d'arrêt de Saint-Lazare, etc.

BAILLY (MARGUERITE, femme CHARTIER dit COLIN), domiciliée à Maubert-Fontaiue, âgée de 44 ans, née à Wasigny (Ardennes), condamnée à mort par le tribunal criminel des Ardennes le 11 thermidor an II, comme émigrée.

BART (JEAN-BAPTISTE), né à Charleville le 3 novembre 1736, logeur et chef de pension, rue de la Sourdière, à Paris, accusé d'être l'un des complices des complots et conjuration contre la liberté, a été acquitté le 21 messidor an II par le tribunal révolutionnaire de Paris, mais condamné à rester détenu comme suspect jusqu'à la paix.

BERTRAND (PIERRE-HUBERT), MARÉCHAL (JEAN-FRANÇOIS) et JOUINET (PIERRE), tous cordonniers à Rethel, accusés d'avoir, comme experts, reçu des fournitures infidèles en souliers, ont été acquittés par le tribunal révolutionnaire de Paris le 21 pluviôse an II.

BILLARD (JEAN), brigadier de gendarmerie nationale à Fontevrault, né à Signy-l'Abbaye (Librecy) en 1731, accusé d'avoir entretenu des intelligences avec les rebelles de la Vendée.

(1) Gourmeaux, ex-juge à Rethel, à Château-Porcien, fut nommé juge au tribuual révolutionnaire de Paris le 23 thermidor an II.


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Condamné à mort le 17 vendémiaire an II par le tribunal révolutionnaire de Paris.

(Voir Revue historique des Ardennes, par Sénemaud, 5e vol., p. 72).

BREZILLON (A. DE), né à Grandpré vers 1749, brigadier à l'armée révolutionnaire à la Chapelle-Egalité, convaincu de propos tendant à l'avilissement des autorités constituées et à ébranler la fidélité des soldais et autres citoyens envers la République, a été condamné à mort le 1er prairial.

(Moniteur, réimpression, 20e vol., p. 536).

BRINCOURT (JEAN-BAPTISTE-M.), né à Sedan le 2 août 1762, était fils de Jean-Nicolas, directeur de l'hôpital de Sedan, capitaine au 29e d'infanterie en cantonnement à Mer, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris le 14 messidor au II, pour conspiration contre la République, la liberté et la sûreté du peuple français.

(Voir Revue historique des Ardennes, par Sénemaud, 4° vol., p. 218).

CHENNAUX (BERNARD), marchand colporteur à Frasne (Ardennes), condamné à mort le 18 frimaire an II par le tribunal criminel de la Seine comme distribu leur de faux assignats.

CLAMANT (JEAN-BAPTISTE), cultivateur à Mézières, né à Xhoris, arrondissement de Huy (Belgique), âgé de 28 ans, condamné à mort le 7 thermidor an II par le tribunal criminel des Ardennes comme distributeur de faux assignats.

COLLOT ou COLLOZ (JEAN-MICHEL), né à Bouillon en 1721, ex-bénédictin, prieur de Saint-Siry, bibliothécaire de Verdun, condamné à mort comme conspirateur par le tribunal révolutionnaire de Paris le 5 floréal an IL

COULONVAL (JEAN-JOSEPH), né à Matagne-la-Grande, âgé de 38 ans, condamné à mort comme distributeur de faux assignats par le tribunal criminel des Ardennes, guillotiné à Mézières le 7 fructidor an II.

DARAS (MARGUERITE), femme CARMANSE, tailleuse à Paris, rue de Chartres, 336, née à Sedan le 31 décembre 1750, condamnée par le tribunal révolutionnaire de Paris le 15 prairial à trois ans de détention.

DAVENNE (PONCE), né à Signy-Librecy le 3 novembre 1756, ex-membre de la commune de Paris du 10 août, capitaine des travaux et commissaire du pouvoir exécutif nommé par le ministre


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Servan, condamné à mort le 13 vendémiaire an III par le tribunal révolutionnaire de Paris comme convaincu d'avoir fait une mauvaise fourniture pour le compte de la République. Des citoyens de Signy et Maranwez, ses coaccusés, ont été acquittés au nombre de huit.

DAVESNE (FRANÇOIS), manoeuvre à Mézières, né à La Neuvilleaux-Joûtes, âgé de 30 ans, célibataire, coudamné à mort le 6 prairial an II par le tribunal criminel des Ardennes comme distributeur de faux assignats.

DEFFAU (MARIE-PIERRE), femme PÉRIOT, tenant une échoppe près le guichet de la rue Froide-Manteau, à Paris, née à Charleville le 22 mars 1753, a été condamnée le 6 prairial an II par le tribunal révolutionnaire de la Seine à six ans de détention et à deux heures d'exposition publique pendant trois jours.

DEJARDIN (G.), âgé de 64 ans, né à Saint-Quentin-le-Petit (Ardennes), ci-devant domestique de l'abbé Farjonnel, ex-conseiller au Parlement de Paris, condamné à mort le 5 messidor an II par le tribunal révolutionnaire de Paris pour avoir applaudi aux écrits d'Hébert dit le P. Duchêne.

DEPREZ (G.), âgé de 50 ans, né à Givet-Sainl-Hilaire, gendarme à Verdun, condamné à mort avec les Vierges de Verdun.

DIEUDONNÉ (N.), né à Tailly, demeurant à Betancourt, près Saint-Dizier, ex-prêtre, convaincu d'avoir entretenu des intelligences avec les émigrés, a été condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris le 28 ventôse an II.

FAVON-BOSSU (A.-J.), né à Mouron, âgé de 45 ans, ex-commissaire terrier à l'Etang, condamné à mort le 22 messidor an II par le tribunal révolutionnaire de Paris comme convaincu de s'être rendu ennemi du peuple en participant au complot liberticide du tyran dans la journée du 10 août 1792, etc.

FERRY (L.-G.-J.), né à Gerbéviller en 1763, juge au tribunal criminel du premier arrondissement du département des Ardennes à Sedan, acquitté par le tribunal révolutionnaire de Paris le 22 messidor an II de l'accusation de conspiration, mais réintégré en la maison d'arrêt du Luxembourg où il était précédemment détenu pour d'autres causes. (Voy. HAUPIERRE.)

FLOCON (PIERRE-FRANÇOIS), religieux de la Piscine, ancien curé de Remaucourt, y demeurant, né à Verdun, condamné à


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mort comme réfractaire par le tribunal criminel du département de la Meuse le 23 messidor an II, exécuté à Saint-Mihiel le lendemain.

FORTIER (JACQUES), maçon à Neuville-lez-Wasigny, condamné à mort le 27 frimaire an II par le tribunal criminel îles Ardennes comme distributeur de fausse monnaie.

GALLET (JACQUES), manoeuvrier et marchand de bestiaux, domicilié à La Neuville-aux-Joûtes, condamné à mort le 5 ventôse an II par le tribunal criminel des Ardennes comme distributeur de faux assignats.

GAUTHIER (JEAN-BAPTISTE), âgé de 50 ans, né à ChâteauPorcien, concierge de la maison d'arrêt de la Mairie, convaincu de conspirations contre le peuple par l'événement desquelles il a été pratiqué des manoeuvres ; condamné à mort le 5 prairial an II par le tribunal révolutionnaire de Paris.

GENTIL (NICOLAS-JOSEPH), né à Altigny, district de Vouziers, menuisier et dessinateur, rue Montorgueil, 82, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris le 5 prairial.

(Cf. Les derniers Montagnards, par Claretie).

GEOFFROY (ALEXANDRE-CASIMIR), âgé de 38 ans, né à Maubeuge, ci-devant marchand de chevaux, lieutenant au 11e régiment de chasseurs à cheval, demeurant à Sedan, maison Parfondevaux, porte de Balan, a été condamné à mort le 28 messidor an II comme convaincu de s'être rendu ennemi du peuple en entretenant des intelligences avec les ennemis de l'Etat, etc.

GILBERT (ANTOINE), voiturier à l'armée, domicilié à Signy-lePetit, condamné à mort le 27 prairial an II par le tribunal criminel des Ardennes et exécuté à Mézières pour distribution de faux assignats.

GRANDJEAN (N.), âgé de 60 ans, né à Courty, pays de Luxembourg, ex-curé de Beusanville, demeurant à Mézières, condamné à mort le 25 messidor an II par le tribunal révolutionnaire de Paris comme ennemi du peuple.

GRINCOURT (DAVID), né à Carignan le 9 mai 1772, tailleur de pierres à Sedan où il est mort faubourg du Ménil, poursuivi devant le tribunal révolutionnaire de Paris comme accusé d'avoir tenu, le 6 thermidor, à Sedan, des propos tendant à ébranler la fidélité des jeunes citoyens envers la Nation et à les empêcher


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de se rendre à l'école de Mars ; le fait n'étant pas constant, il a été acquitté le 21 fructidor.

(Moniteur, réimpression, 21e vol., p. 766).

GUIDET (ARNOULD), né a Jonval en 1729, soldat invalide à Mézières, accusé de conspiration avec Dumouriez et Lafayette, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris le 15 prairial (avec la municipalité sedanaise) comme conspirateur.

HANGEST (voy. ce nom ci-devant).

HIÉRARD (JEAN-BAPTISTE), demeurant à Rethel, ci-devant Mazarin, âgé de 43 ans, fabricant de savon, convaincu d'être auteur ou complice d'une fourniture infidèle faite à la République, de hampes de piques qui, par leur faiblesse et leur mauvaise construction, auraient compromis la vie de nos frères et la sûreté de la République, a été condamné à la peine de mort par le tribunal révolutionnaire de Paris le 16 nivôse an II (voy. DAVESNE).

(Moniteur, 19° vol., p. 149).

HERVIEUX (JEAN-BAPTISTE), menuisier, administrateur du déparlement, né à Sommauthe le 27 février 1756, étudia la théologie à Lausanne d'où il revint en 1778, appelé comme pasteur de l'église réformée de Monneaux-en-Brie, de là il passa à La Ferté-sous-Jouarre, puis en 1785 à Meaux où il peut exercer le ministère ouvertement, grâce à l'édit de tolérance. Lorsque la Révolution éclata, il fut choisi comme membre du Directoire du département de Seine-et-Marne et désigné comme juré de la haute-cour nationale. En 1792 il fut dénoncé par un jacobin pour avoir tenu des propos contre-révolutionnaires ; cette première dénonciation n'ayant pas eu d'effet, fut renouvelée en 1794 par le Comité révolutionnaire de Meaux et aboutit à un procès devant le tribunal révolutionnaire de Paris qui condamna à mort l'infortuné ministre le 3 messidor an II Jean-Baptiste Hervieux fut exécuté en place de Grève le 22 juin 1794.

Le dossier de cette affaire se trouve aux Archives nationales, W. 393, n° 912.

BIBLIOGRAPHIE. —Le Protestantisme en Brie, en Basse-Champagne, par Elisée Briet, 1885.

Un ancien pasteur du désert, mort sur l'échafaud, J.-B. Hervieux; article de M. A.-Armand Lods, dans le Bulletin de l'Histoire du Protestantisme français, 1890, pag. 320.

JOURNET (JEAN-BAPTISTE), âgé de 62 ans, né à Son, district de Rethel, ex-charron, membre du Comité civil de la section de l'indivisibilité, rue des Tournelles, prévenu (avec autres) de complicité dans la conspiration qui a eu lieu le 9 thermidor et


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à la tête de laquelle étaient les triumvirs Robespierre, Couthon et Saint-Just, d'avoir adhéré aux mesures liberticides et à la rébellion de la commune envers la représentation nationale et d'avoir apposé leurs signatures pour encourager par cette adhésion les conjurés dans leurs trames et complots ; les débats commencés le 13 termidor ont élé terminés le 15. Il en est résulté que Journet était seulement un égaré. Il a été acquitté. (Moniteur, tome 21, p. 719).

LEFORT (JEAN-FRANÇOIS), prémontré, curé de Mouilly (Meuse), né à Mouzon le 19 juin 1751, déporté à Rochefort où il est mort le 29 septembre 1794, enterré à l'Ille-Madame.

LESCOFFIER (L.-C.-N.-EMMANUEL), âgé de 68 ans, né à Baâlons (Ardennes), cultivateur à Corbeil, convaincu d'une conspiration qui a existé dans la commune de Brutus, ci-devant Ris, tendant à allumer la guerre civile, par l'effet de laquelle les citoyens de cette commune ont été armés les uns contre les autres, etc., a été condamné à la peine de mort par le tribunal révolutionnaire de Paris le 6 floréal an II.

(Moniteur, 20° vol., p. 368, 3 mai 1794; Revue hist. des Ardennes, Sénemaud, 6° vol., p. 198).

LESCUYER D'HAGNICOURT (CHARLES-JOSEPH), général de brigade, major général de la cavalerie en Belgique, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris le 14 août 1793.

(Voir son procès au Moniteur et dans la Revue historique des Ardennes, Sénemaud, 4° vol., p. 312).

LESUR (NICOLAS-REMY), avocat et législateur, né à Vouziers le 6 décembre 1734, enquêteur et commissaire examinateur au bailliage de Sainte-Ménehould en 1760, conseiller du roi, lieutenant général civil et criminel, puis président, lieutenant général civil et criminel, député du Tiers-Etat pour le bailliage de Vitry en 1789, juge de paix de Sainte-Ménehould, convaincu d'être l'un des auteurs ou complices du complot qui a existé contre la sûreté de l'indivisibilité de la République, la liberté et la sûreté du peuple français, a été condamné à la peine de mort le 15 frimaire an II par le tribunal révolutionnaire de Paris.

LOILLIER (PIERRE), âgé de 36 ans, né à Taizy (Ardennes), boulanger, aubergiste, fabricant d'étoffes à Reims, accusé de conspiration tendant à détruire la représentation nationale, à corrompre l'esprit public, etc., a été condamné à mort le 29 prairial par le tribunal révolutionnaire de Paris.

(Moniteur, 21e vol., p. 40; Revue hist. des Ardennes, Sénemaud, 4e vol., p. 107).


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LOMBARD (JACQUES), notaire à Montfaucon pendant 15 ans, avant la Révolution, instituteur à Marcq, né à Châtel en 1750, poursuivi devant le tribunal criminel de la Meuse, il fut acquitté de la prévention de trahison le 19 frimaire, mais le jugement ayant été cassé par le représentant Mallarmé, il fut condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris le 16 floréal.

(Moniteur, 21e vol., p. 766; Revue historique des Ardennes, Sénemaud, 6e vol., p. 182).

MACHAUT (J.-L.), âgé de 48 ans, né à Liart, ci-devant teinturier, rue de Vaugirard, accusé d'être auteur ou complice d'une conspiration qui a existé contre la République, tendant à empêcher ou retarder le succès de ses armes contre ses ennemis, et à favoriser l'entreprise des tyrans contre la France, a été acquitté par le tribunal révolutionnaire de Paris le 19 ventôse an II.

MAGNIETTE (ETIENNE-ALEXIS), marchand de chevaux à la Petile-Chapelle, près Couvin (Ardennes), condamné à mort le

27 ventôse an II par le tribunal criminel des Ardennes comme distributeur de faux assignats.

MECKENHEM D'ARTAIZE (HENRI DE), né à Artaize le 15 avril 1720, ex-noble et capitaine de cavalerie, cultivateur à Versailles, condamné à mort le 25 messidor an II par le tribunal révolutionnaire de Paris comme convaincu avec Grandjean et Roze (voy. ces noms) et autres, de s'être déclarés ennemis du peuple en entretenant des intelligences avec les ennemis ; en participant aux complots de Capet ; en cherchant à jeter l'alarme et le désordre dans l'armée de Sambre-et-Meuse lors de la bataille de Fleurus. Décapité le 26 juillet 1794 sur la place de la Barrière de Vincennes.

(Voir les procès de Meckenhem et Roze dans la Revue hist. des Ardennes, Sénemaud, tome V, pp. 201 et suiv.).

MINET (ELISABETH), âgée de 46 ans, couturière à Quincy (Seine-et-Marne), née à Cons-la-Grandville (Ardennes), en 1748, condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris le

28 prairial comme convaincue de s'être rendue ennemie du peuple en cherchant à rétablir le despotisme, à avilir par des propos et discours la représentation nationale et les autorités constituées, à allumer la guerre civile par le fanatisme.

(Moniteur, 21e vol., p. 32).

Le district de Corbeil la déféra au tribunal criminel pour avoir essayé de vendre des figures de la sainte Vierge et du Christ.

(Voir Archives nationales, W. 38R, dossier 902).


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MISSET (ETIENNE), directeur des mines de Montretuis, domicilié à Sedan, condamné à mort comme conspirateur le 7 ventôse an II par la Commission militaire séant à Angers.

NAVAUX (JOSEPH), manoeuvre, domicilié à Oisine, district de Couvin (Ardennes), âgé de 67 ans, condamné à mort comme distributeur de faux assignats par le tribunal criminel des Ardennes le 7 thermidor an II.

PACO (Louis), ex-dominicain à Revin, vicaire de Gimnée, né à Couvin le 22 mars 1760, convaincu de conspirations contre le peuple par suite desquelles des intelligences ont été entretenues avec les ennemis de l'Etat; des secours en hommes et en argent leur ont été fournis ; des révoltes contre l'autorité légitime ont été provoquées par le fanatisme et tous autres moyens tendant à détruire la liberté et à rétablir le despotisme, a été condamné à mort le 29 floréal par le tribunal révolutionnaire de Paris.

PERRIN (JOSEPH), voiturier à Florenne, âgé de 36 ans, condamné à mort par le tribunal criminel des Ardennes le 28 prairial an II comme distributeur de faux assignats.

POGNON (E.). femme WATRIN, cultivatrice à Bethelinville, âgée de 36 ans, née à Fossé (Ardennes), accusée de propos contre-révolutionnaires devant le tribunal révolutionnaire de Paris, a été acquittée le 25 vendémiaire an III (octobre 1794).

QUINET (RIGOBERT), né à Angecourt le 11 février 1744, ex-infirmier-major à l'hôpital de Reims, convaincu de s'être rendu ennemi du peuple en conspirant contre la sûreté, contre l'unité et l'indivisibilité de la République en excitant des émeutes contre-révolutionnaires, en tenant des conciliabules, en favorisant la retraite et le rassemblement des prêtres réfractaires, en provoquant par toutes espèces de manoeuvres et propos la dissolution de la représentation nationale, etc., a été condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris le 13 messidor (7 juillet 1794). Il avait dit que les sociétés populaires et les assemblées de section étaient autant d'ennemis qui ne cherchaient que la guerre civile et qu'il y avait plus des deux tiers de ces sociétés qui porteraient leur tête sur l'échafaud, ajoutant qu'il ch... sur les bonnets rouges.

(Voy. Moniteur, 21e vol., p. 128).

ROGER (J.), dit BEZIER, âgé de 39 ans, ex-garde de Capet, savonnier à Sedan, soldat au 83e, convaincu avec autres de


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s'être déclaré ennemi du peuple en entretenant des intelligences avec les ennemis de l'Etat, en pratiquant des faux pour favoriser leurs projets, en participant aux conspirations de Capet, en tentant de dissoudre les sociétés populaires, en provoquant des émeutes, etc., a été condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris le 23 messidor.

ROZE (JEAN-EVANGÉLISTE), âgé de 53 ans, né à Château-Porcien, ancien procureur-syndic du département des Ardennes, demeurant à Grandchamp, condamné à mort le 25 messidor par le tribunal révolutionnaire de Paris comme ennemi du peuple et conspirateur.

(Voir son procès, Revue historique des Ardennes, Sénemaud, 5' vol., p. 201).

SEROUX (MARIE-CATHERINE DE), épouse de Simon-Charles Chardon, officier au régiment de Bouillon, à Carignan, condamnée à mort par le tribuual criminel des Ardennes pour avoir entretenu des relations avec des personnes de sa famille qui avaient émigré, exécutée à Mézières le 12 frimaire an II.

THIRY (ETIENNE), né à Sedan le 24 novembre 1768, fils d'un cordonnier.

(Voir son procès, Moniteur, 20e vol., pp. 30 el suivantes, et sa condamnation à mort pour abus de pouvoirs, p. 92 du même volume, 31 mars 1794).

TUGOT (ANTOINE-JOSEPH), né à Sedan le 27 septembre 1757, fils d'un bijoutier qui fut parrain du capitaine Brincourt (voy. ce nom), était bijoutier à Paris, commissaire civil de la section des Arts de la rue de la Poterie, poursuivi devant le tribunal criminel de Paris ; les débats, commencés le 13 thermidor, ont été terminés le 15, il en est résulté que l'accusé était un homme seulement égaré, il a élé acquitté.

(Moniteur du 24 fructidor, 10 septembre 1794, p. 720).

TUGOT (JEAN-BAPTISTE-JOSEPH), orfèvre et graveur à Mézières, de la famille du précédent, condamné à quinze ans de fers comme distributeur de fausse monnaie par le tribunal criminel des Ardennes, le 25 nivôse an III.

VILMET (ANTOINE), âgé de 36 ans, né à Laval-Morency (Ardennes), cabaretier à Lyon, condamné à mort comme contrerévolutionnaire le 7 pluviôse an II par la Commission révolutionnaire de Lyon.

VOIRON (Louis), scieur de long, domicilié à La Neuville-lezWasigny, condamné à quinze années de fers par le tribunal criminel du département des Ardennes, le 27 frimaire an II, comme distributeur de fausse monnaie.


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VUIBERT (ROBERT-FRANÇOIS-STANISLAS), né à Rethel le 23 février 1743, accusateur public près le tribunal militaire du département des Ardennes à Sedan, demeurait au-dessus de la porte du Ménil. Destitué par Bos le 18 brumaire an II comme auteur d'un mémoire imprimé (1), tendant à inapprouver le jugement prononcé par la Convention nationale sur Louis Capet, d'infidélité, influence dangereuse dans les fonctions de son ministère, notamment dans le jugement du sieur Nicolas, chef de brigade du 1 Ie régiment de chasseurs à cheval, mort à Charleville, condamné à mort le 12 messidor an II par le tribunal révolutionnaire de Paris; décapité le 1er juillet 1794.

Sa fille, Catherine-Sophie, épousa à Sedan, le sexlidi 3° décade de frimaire an II, Jean-Baptiste d'Avrange, né le 3 mai I747, ancien vicaire de l'évêque de Sedan.

Citoyens condamnés le 3° jour complémentaire an IV par la Commission militaire siégeant au Temple, comme complices d'un rassemblement qui a eu lieu dans la nuit du 23 au 24 fructidor, dans le camp de Grenelle, tendant à égorger la troupe, par suite le Directoire, le Corps législatif, etc., à rétablir la constitution de 1793.

FLOQUET (JEAN-BAPTISTE), menuisier en bâtiment à Paris, né à Sedan le 5 janvier 1769, condamné à mort.

FIGUIÈRE (PIERRE-PAUL), perruquier à Paris, né à Sedan le 6 janvier 1751, condamné à la déportation.

* *

L'abbé Boulliot a donné dans sa Biographie ardennaise la liste des administrateurs du département des Ardennes el des membres de la municipalité sedanaise qui ont porté leur tête sur l'échafaud révolutionnaire. M. Sénemaud a publié le procès de la municipalité sedanaise dans la Revue historique des Ardennes, 1865, 3e vol. M. Poirier a publié aussi un long article sur le procès de la municipalité sedanaise dans l'Almanach Matot-Braine, 1904, pag. 283 et suiv.

Nos lecteurs qui voudront connaître ces procès pourront se reporter aux ouvrages cités.

Ernest HENRY.

(1) Chez Raucourt, à Charleville, en 1793, intitulé : Opinion sur le procès de Louis XVI Raucourt, poursuivi, fut acquitté.


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LA PLUIE DANS LES BOIS

A Mademoiselle Lucie DONNAY.

// s'est mis à pleuvoir sur les bois, dans la plaine.

Les champs restent muets, le vent tient son haleine ;

Bien ne bouge ; le ciel est immobile et gris ;

L'horizon tout entier par la brume est conquis.

Le bois s'est assombri, les clairières s'endeuillent;

Ecoutez la chanson des gouttes dans les feuilles :

Uniforme et berceuse, elle chante, en pleurant,

Un vieil air très lointain, lointain comme le monde,

Sur un rythme inégal au léger bruissement,

Il s'égrène sans fin dans la forêt profonde ; Les mille perles d'eau, donnant chacune un son,

En frappant chaque feuille, ont fait une chanson.

Ce sont les pleurs, les pleurs des souffrances anciennes,

Des secrètes douleurs et des deuils inconnus,

Qui se sont amassés et se sont confondus.

Ils retombent en pluie, et sur terre reviennent ;

Tristes infiniment et pourtant apaisés,

Ils n'ont pas de hoquets, ni de sanglots brisés,

Ne passent pas sur nous en tragiques rafales ;

Mais, serrés et menus, ils pleuvent des deux pâles.

Larmes des pauvres gens, larmes lourdes des vieux,

Froides larmes d'orgueil qui rarement tombèrent,

Larmes douces d'enfants, larmes des jeunes yeux,

Ayant coulé jadis, abondantes et claires, —

Ces mille perles d'eau chantent une chanson ;

Leurs innombrables voix s'unissent et résonnent

Comme une seule voix. Légères, elles donnent,

Chaque goutte une larme, et chaque larme un son,

Etendant sur les bois leur divine harmonie,

Comme une vague lente, une plainte infinie.

H. SARTHOY.


- 219 — CHRONIQUE

Trouvailles archéologiques à Fraillicourt et à Seraincourt.

Des découvertes archéologiques ont été faites depuis quelque temps sur les territoires limitrophes de ces deux communes.

A Fraillicourt, les ouvriers occupés au terrassement de la ligne de chemin de fer de Wasigny à Renneville ont mis à jour deux sarcophages de l'époque romaine, contenant des morceaux de très curieux vases en verre peint, une ampoule, patène, etc.

A Seraincourt, M. Paquis, peintre, a découvert des objets en silex et en bronze, des débris de poteries, meules el tuiles de l'époque gallo-romaine, et une monnaie gauloise. Il en a fait don au musée de M. J. Carlier, à Bray-lez-Hannogne.

(La Dépêche des Ardennes, n° du 5 septembre 1907).

VARIÉTÉ

Cahier des doléances de la communauté de Flaba.

Le cahier des doléances de la communauté de Flaba (aujourd'hui écart de Raucourt) aux Etats Généraux de 1789 a été publié par la Dépêche des Ardennes, dans son n° du 22 octobre 1906, sans indication de source et avec quelques inexactitudes ou omissions.

Le texte de ce cahier, dont nous devons la copie exacte à l'obligeance de M. E. Henry, se trouve aux Archives du Greffe du Tribunal civil de Sedan, où il est déposé avec les autres cahiers des communautés du bailliage de Mouzon, dont Flaba faisait partie en 1789.

Cahier des doléances, plaintes, remontrances et observations des habitans de la paroisse de Flaba, Intendance de Metz, Bailliage de Mouzon dressé dans l'assemblée des dits habitans le 15 Mars 1789, pour être remis à ceux qui seront députés pour représenter le Tiers Etat, à l'assemblée des Etats Généraux convoquée par lettre de sa Majesté du 24 janvier dernier.

Pénétrés des sentimens de la plus vive reconnaissance pour les marques de bonté que le Roy veut bien donner à tous ses sujets en leur rendant les Etats généraux après un laps de


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temps de près de deux siècles, persuadés, convaincus même que sa Majesté ne prend tant et de si sages précautions dans le choix qu'elle veut faire des membres qui composeront cette auguste et respectable assemblée, que pour procurer à ses peuples et à son Royaume les avantages les plus considérables, les habitans soussignés reconnaissent la dette de l'Etat comme dette de la Nation, désirent que pour l'éteindre il soit fait choix des impôts les moins onéreux dans leurs perceptions, que les trois ordres réunis fixent la loi qui commandera à tous sans exception ny privilège.

En conséquence les susdits habitans reconnaissent qu'il est nécessaire et de la plus grande équité que la répartition des impôts qui seront consentis lors de la tenue des Etats généraux ne s'étende point audela du parfait et entier remboursement de la dette ; les secours fournis par la Nation ne devant durer qu'autant qu'il est justifié que l'état en a besoin.

2° Que le produit des dits impôts ayant pour but le soutien de l'Etat et l'acquittement de la dette dont il est chargé soit connu de toute la Nation ainsi que la dette Nationale afin qu'on puisse voir si les impôts n'excèdent pas les besoins actuels de l'Etat ou s'ils ne sont pas employés à d'autres usages.

3° Que le moyen le plus facile, le plus équitable et le seul efficace pour parvenir à ce but est que la répartition des impôts se fasse d'une manière uniforme sur tous les Regnicoles c'est à dire à raison des biens que chaque particulier possédera ou du commerce qu'il pourra faire.

Représentent les dits habitans que ce qui procurerait le plus grand avantage et le plus grand soulagement à la classe infortunée des manoeuvres ce serait de l'exempter de toute taille industrielle, qu'il serait même de la justice la plus exacte d'en agir ainsi envers ces malheureux.

1° Parceque c'est du sein de leur famille que sont tirés presque tous les soldats qui aux dépens de leur vie deffendent la patrie contre les hostilités et incursions de ses ennemis.

2° Parceque ces manoeuvres qui sont pour l'ordinaire chargés de beaucoup d'enfants, n'ayant pour toute ressource que leurs bras se trouvent souvent dans l'impossibilité de se procurer à eux et leurs familles les choses même les plus nécessaires à la vie, ce qui devient une charge très onéreuse pour ceux qui sont d'une classe différente.


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3° Que pour parer à ces fâcheux inconvénians il serait nécessaire que l'assemblée voulut bien s'occuper du soin de faire établir dans chaque ville, bourg et village un bureau de charité pour le soulagement des pauvres ; la plupart des paroisses qui jouissent de certains revenus communaux n'étant pas d'ailleurs trop surchargés de tailles ou autres impositions pourraient facilement parvenir à cet établissement si désirable.

Celles qui n'ont aucun revenu comme celle des supplians pourraient aussi y parvenir quoique plus difficilement soit à l'aide de quelques secours à elles accordés pour cet effet par le gouvernement, soit en employant ces indigens à quelque genre de travail proportionné à leurs talens, à leur âge et à leurs forces, soit enfin en s'imposant volontairement à elles mêmes une taille bourgeoise et proportionnée aux facultés des individus qui les composent, taille qui serait bien au dessous de ce que l'on est forcé d'accorder aux importunités d'une infinité de mandians étrangers dont on est sans cesse assiégé et qui pour la plupart font des charités qu'ils reçoivent, souvent un fort mauvais usage et quelques fois même scandaleux. Par là l'Etat retrouverait bientôt un très grand nombre de journaliers, d'ouvriers en tous genres et des cultivateurs, dans ces hommes, qui à l'aide des secours qu'on leur accorde au dehors s'accoutument insensiblement à vivre dans l'oisiveté et la faineantise. Par là enfin, messieurs les administrateurs pourraient très facilement reconnaître les vrais pauvres de leurs paroisses respectives et n'assistant que ceux qui se trouveraient dans un besoin réel et pressant on aurait la consolation de se voir délivrer d'un grand nombre d'êtres qui, pour la plupart, sont des voleurs de pauvres et n'ont bien souvent que des besoins apparens.

Observent les sus dits habitans que, quoique le gouvernement ail agi très sagement en faisant faire les corvées royales sur les grands chemins à prix d'argent ; cependant ces grandes routes étant avantageuses à tout le monde et singullièrement aux gens en place, à la noblesse comme au clergé il est de la justice la plus stricte qu'ils soient obligés de contribuer à leur entretien et à leur réparation dans la proportion de leurs facultés.

Représentent aussi les mêmes habitans que le commerce national étant une des principales ressources de la France, la Nation a le plus grand intérêt à ce qu'il fleurisse et s'étende de plus en plus ; qu'il serait nécessaire pour cela, qu'ayant supprimé


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tous les commis et employés des fermes générales, il plut à sa Majesté de faire choisir parmi les invalides et autres stipendies par l'Etat un nombre d'hommes suffisant de bonne volonté et capables encore de porter les armes et de leur confier la garde des barrières dont le reculement procurerait à nos frontières cette liberté si désirée et si avantageuse au commerce. Ces gardes seroient d'autant moins à la charge de l'Etat, que jouissant déjà de quelques bienfaits du Roi, ils seraient amenés à l'aide d'une petite gratification honnête annuelle ou quotidienne de vivre d'une manière aisée dans ces postes sédentaires, et de remplir leurs devoirs avec la plus grande exactitude.

Au reste pour quelque raison qu'on ne prévoit pas cette suppression totale ne pourrait avoir lieu, il serait au moins très facile de diminuer le nombre de ces employés et cela en fixant surtout à l'extrémité des frontières, le prix des denrées comme sel, tabac, etc., au même prix quelles se vendent chez lez étrangers nos voisins et même au dessous, par ce moyen ny ayant aucun apas pour la contrebande on n'aurait pas besoin non plus d'un nombre aussi prodigieux d'hommes qui coulent immensément à l'Etat.

Représentent encore les dits habitans que ce qui contribuerait aussi infiniment à l'avantage de tous les sujets de Sa Majesté ce serait :

1° Qu'il lui plût d'établir dans chaque province une cour souveraine.

2° De créer tous les bailliages avec ressort d'environ deux cents paroisses et de former leur arrondissement nonobstant la diversité des coutumes et cela pour le plus grand avantage du peuple.

3° De créer dans les campagnes des prévotés de vingt à trente villages où l'on put juger définitivement et en dernier ressort toutes les petites causes qui ne passeront pas cent livres.

4° De réduire le nombre des notaires, des huissiers et de leur former des arrondissements.

5° De supprimer les huissiers priseurs vendeurs qui sont pour le peuple un nouveau genre de vexations.

6° De former un nouveau règlement des frais de justice non général, mais relatif aux différents bailliages et à leur localité,

7° Enfin de créer pour tout le royaume une forme d'administration semblable à celle des habitans du Dauphiné.


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Les susdits habitans demandent :

1° Qu'il soit fait deffance aux curés, ecclésiastiques et autres bénéficiers quelconques de tenir et vendre aucunes denrées autres que celles qui leur proviennent de leurs bénéfices ou patrimoines et notamment de prendre à bail aucune ferme ou autre bien appartenant aux domaines du Roy.

2° Que les directeurs, controlleurs, receveurs buralistes, etc., soient imposés à la taille à raison du rapport de leurs charges et qu'ils ne soient plus regardés comme privilégiés.

Enfin les susdits habitans représentent que ce qui procurerait encore aux habitans de la campagne la plus grande satisfaction et le plus grand avantage, ce serait que les milices qui se lèvent tous les ans et qui coûtent prodigieusement aux paroisses et surtout aux pères de famille pussent se lever surtout en lems de paix d'une manière différente, c'est-à-dire en imposant sur chaque garçon sujet au sort une somme de trois livres plus ou moins ; cette imposition modique en elle-même, produirait considérablement à l'Etat, et il n'y a aucun père de famille qui ne la payât d'autant plus volontiers, qu'outre la convention que leurs enfants sont obligés de donner à ceux qui tombent au sort ou qui se vendent pour être soldats provinciaux, il leur en coûte encore bien davantage tant pour leur temps perdu que parce qu'ils sont obligés de faire, dix, douze, quinze lieus plus ou moins pour se transporter aux subdélégations du ressort desquels dépendent leurs paroisses.

Signé : Bonnivert, Rozoy, François Bonne, F. Manfay, Chantriau, Nicolas Petit, Massart, Jean-Baptiste Renel, Jean Bouguery, Lallement, Jacques Rénel, Marie Jeuge, Fescourt, greffier.

L'inspirateur de ce cahier paraît être François-Joseph-Nicolas Bonnivert, receveur des fermes à Flaba, bureau à Haptout, avant la Révolution, qui mourut maire de Flaba, le 31 mai 1814. Parmi les signataires du cahier, il y a J.-B. Renel, qui fut maire de Flaba, en l'an VI. Nicolas Fescourt était maître d'école à Flaba.


— 224— BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

PERIODIQUES

Société des Naturalistes et Archéologues du Nord de la Meuse (Montmédy).

Tome XVII (1905) : SCIENCES NATURELLES : Excursion entre Cervisy, Nepvant et Bronelle, par F. Houzelle (pp. 4-7). — Excursion dans la Forêt de Montmédy, par F. Houzelle (pp. 10-19).

Tome XVII (1905) : ARCHÉOLOGIE ET HISTOIRE LOCALE : Les ruines de la villa de Madiacum » à Montmédy, par F. Houzelle (pp. 1-40, avec 3 planches). — Promenade dans la vallée de la Semoy. De ChâteauRegnault à Hautes-Rivières, par E. Biguet (pp. 41-53). — L'Eglise et la Recevresse d'Aviolh (Meuse), par E. Biguet (pp. 54-95, avec 1 planche).

Tome XVIII (1906) : SCIENCES NATURELLES : Excursion à Lamouilly, Nepvant, Bronel et Brouenne, par F. Houzelle (pp. 5-10). — Excursion botanique dans les bois de Lémont et de Dannevoux, par F. Houzelle (pp. 13-17).— Excursion à Breux-Gérouville, par F. Houzelle (pp. 19-22). — Excursion au camp du Châlelet, par J. Nicolas (pp. 24-30).

Tome XVIII (1906) : ARCHÉOLOGIE ET HISTOIRE LOCALE : Brouenne, par F. Houzelle (pp. 1-151, avec 3 tableaux généalogiques). [Intéressant pour les familles de Pouilly, de Chamisso, etc. ; monographie complète de la commune de Brouenne, de Ginvry et du château de Bronel].

Bulletin de la Société philomathique vosgienne, 31e année,

1905-1906 (Saint-Dié, 1906). — Chr. Pfister : Tableau de la Lorraine et de Nancy de 4644 à 4670 (pp. 167-291). [Quelques indications intéressantes pour les Ardennes].

32e année, 1906-1907 (Saint-Dié, 1907). — Chr. Pfister : Tableau de Nancy et de la Lorraine pendant le règne de Léopold (4697-4729) (pp. 119-224).

Table alphabétique générale des trente premiers volumes des Bulletins de la Société philomatique vosgienne (1875-1905), rédigée par Charles SADOUL. — Saint-Dié, C. Cuny, 1907 ; un vol. in-8°, 102 pp.

Annales de la Société historique et archéologique de ChâteauThierry, année i904. — Minouflet : Pièces de monnaie (pp. 14-15). [Pièces de monnaie, en bronze, du duc de Bouillon, de 1638,1639 et 1640, trouvées à Montfaucon, canton de Charly (Aisne). On sait que


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le duché de Château-Thierry passa aux ducs de Bouillon, en 1642, en échange des principautés de Sedan et de Raucourt cédées à la Couronne]. — Maurice Henriet : Les fonctions forestières de La Fontaine, (pp. 151-171). [La Fontaine était capitaine des chasses, maître particulier ancien et maître particulier triennal des eaux et forêts du duché de Château-Thierry cédé en 1642 à Frédéric-Maurice de La Tour ; quand Louis XIV confirma en décembre 1656 le contrat d'échange en faveur de Godefroy-Maurice, fils aîné de FrédéricMaurice, la maîtrise des eaux et forêts fut officiellement supprimée. Détails sur les rapports de La Fontaine avec les Bouillon pour la liquidation et le remboursement de ses charges ; d'octobre 1668 à janvier 1671, il obtint une vingtaine de mille livres en indemnité].

Annales de la Société historique et archéologique de ChâteauThierry, année 1905. — Dr A. Corlieu : Les médecins de l'Hôtel-Dieu de Château-Thierry (pp. 99-111). [On y relève les noms de deux Ardennais, Nicaise et Germain. — NICAISE (Jean-François), né à Séchault, reçu docteur à l'ancienne école de Nancy en 1787, vint se fixer à Château-Thierry ; il obtint la place de médecin à l'Hôtel-Dieu vers 1802, aux appointements de 300 francs par an ; en 1806, il quitta Château-Thierry pour s'établir à Meaux, puis revint à ChâteauThierry en 1832, fut nommé médecin honoraire le 2 octobre 1832 et y mourut le 25 septembre 1843. — GERMAIN (Victor-Flavien-Joseph), né à Buzancy le 29 mars 1828, était licencié en droit quand il se fit inscrire à la Faculté de médecine de Nancy ; il fut reçu docteur à Paris le 18 février 1856. Sa mère avait épousé en secondes noces Laylavois, qui avait été sous-préfet de Château-Thierry en 1845. Il fut nommé médecin-adjoint de l'Hôtel-Dieu le 24 juillet 1859, démissionna en 1861 et fut nommé médecin du chemin de fer de l'Est]. — L.-B. Riomet : Epigraphe campanaire de l'Aisne : les cloches du canton de Fère-en-Tardenois (pp. 222-244, fin). [Une cloche de 1538, dans le clocher de Villers-Agron-Aiguizy, a pour parrain et marraine des personnages apparentés à des familles ardennaises : Jehan de Bussy, écuyer, seigneur d'Ogny et de Rongnac, mort en 1566, fils de Henri de Bussy et de Jehanne de Lions, descendante des seigneurs d'Espaux et de Sy ; et sa femme Jehanne de Miremont, qu'il avait épousée en 1530, fille d'Allard de Miremont, chevalier-seigneur de Lhéry, et d'Isabeau de Bouthillier, des seigneurs de Senlis. La branche ardennaise des Miremont possédait Quatre-Champs et Noirval. Cf. Revue d'Ardenne et d'Argonne, tome XII, p. 185].


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Bulletin de la Société d'Histoire naturelle des Ardennes. Onzième année, tome XI, 1904. — P. Pigeot : Une exploitation de nodules de gaize près de Saulces-Moncliu (pp. 8-9).—P. Pigeot : Cynipides gallicoles des Ardennes. Troisième note (pp. 13-24).—P. Pigeot : Poissons du Crétacé des environs de Relthel (pp. 27-29). — P. Pigeot : Note sur les nodules d'Auboncourt (pp. 41-43). — F. Restel : La flore des environs de Chagny. Notes de géographie botanique (pp. 44-65). — Comptes-rendus d'excursions géologiques, botaniques et mycologiques, à Aubignyles-Pothées, à Baàlons et sur les Crêtes de Poix, dans l'Ardenne française, etc. (pp. 65-104).

Douzième année, tome XII, 1905. — P. Pigeot : Catalogue des Echinides irréguliers du Jurassique des Ardennes (pp. 13-17).—V. Harlay : Composition de deux minéraux trouvés sur les Schistes de Laifour (pp. 48-52). — F. Bestel : Le sondage de Boulzicourt (pp. 52-54). — F. Bestel : Les ossements d'un mammouth à Alland'huy (pp. 54-57).—P. Pigeot : Quelques mots sur les crinoïdes et Catalogue des espèces rencontrées dans le Jurassique des Ardennes (pp. 58-63). — Comptes-rendus d'excursions à Viel-SaintRemy et Neuvizy, à Vendresse, à Pouru-Saint-Remy et à la frontière belge, à Bourg-Fidèle, aux environs de Vireux, dans le bois des Pothées, entre Haraucourt et Raucourt (pp. 68-90).


TABLE DES MATIERES

I. ARTICLES DE FOND.

PAGES

A propos de Rimbaud, souvenirs familiers (Ernest DELAHAYE) 65, 97, 129, 190

Bribes de folk-lore (Georges DELEAU) 88

« Droit de servage » (Le) dans les bois des Ardennes : Etymologie et acceptions du mot servage (4e article) (Paul COLLINET) 21

Epitaphes (Les) de la famille de Wignacourt dans l'église de Warnécourt (Ardennes) (H. et Al. BAUDON) 33

Noblesse (La) ardennaise et la défense de Rethel en 1652 (Al. BAUDON)1 161

Prisonniers (Les) du Mont-Dieu pendant la Révolution (Ernest HENRY). 1, 39, 73, 107, 141, 169, 196

Souvenirs sur le siège de Mézières en 1815 (Extraits des manuscrits inédits du baron de Trémont) (J.-G. PROD'HOMME et L. RADIGUER) 181

IL CHRONIQUES.

Ardennais lauréats de l'Académie nationale de Reims 177

Découverte d'un sarcophage à Garignan 156

Trouvailles archéologiques à Fraillicourt et à Seraincourt 219

Une nouvelle Revue : Les Annales Relhéloises (P. COLLINET). 125

III. VARIÉTÉS.

Cahier des doléances de la Communauté de Flaba. 219

Feuille (La) de lampenois, conte populaire

(Ch. HOUIN) 156


228 —

PAGES

Inscription campanaire de Nepvant (Meuse), relative aux familles de Hezecques et de Pouilly

(E. HENRY) 178

Inscriptions meusiennes relatives à deux personnages ardennais (E. H.) 60

Notes sur les phénomènes de cavernement dans les terrains calcaires de l'Ardenne (Ch. HOUIN).. 25

Réforme (La) judiciaire de 1788 dans les Ardennes

(Ch. HOUIN) : ' 90

IV. NÉCROLOGIE. Edouard Piette (C. H.) 24

V. POÉSIES.

La pluie dans les bois (H. SARTHOY) 218

Quatre sonnets ardennais (Ernest RAYNAUD) 58

VI. BIBLIOGRAPHIE.

Bulletins bibliographiques 29, 61, 93, 126, 179, 224

Comptes-rendus 28, 91, 125, 159

Le Gérant : E. LAROCHE.

Sedan. — Imprimerie EMILE LAROCHE, rue Gambetta, 22.