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Titre : Le Ménestrel : journal de musique

Éditeur : Heugel (Paris)

Date d'édition : 1913-07-12

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 44462

Description : 12 juillet 1913

Description : 1913/07/12 (A79,N28)-1913/07/18.

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5615949m

Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 01/12/2010

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! 4294. - 79eAMÉE.;N° 28. PARAIT TOUS LES SAMEDIS Samedi 12 Juillet 1913.

(Les Bureaux, 2"■, rue YMemie, Paris, n- m<)

(Les manuscrits doivent être adressés franco au journal, et, publiés ou non, ils ne sont pao rendus aux auteurs.)

SOJWlWflilîlE-TEXTE

I. Les concours du Conservatoire (3° article), RAYMOND BOUTER. — II. Nouvelles diverses,

concerts et nécrologie.

MUSIQUE DE CHANT

Nos abonnés à la musique de CHANT recevront, avec le numéro de ce jour : LA CHANSON NORMANDE

de G. PERDUCET, nos H et 13 (Margot, pour té que j'endure de maux et Voilà mon pied, voilà ma jambe). — Suivra immédiatement : Crépuscule d'Été, nouvelle mélodie de GABRIEL DUPONT, poème de CÉCILE PÉRIN.

PIANO

Nous publierons samedi prochain, pour nos abonnés à la musique de PIANO : te Clocltes du Soir, idylle de RICHARD EILENBERG. — Suivra immédiatement : Fricassée, d'Ai.BERT LANDRY.

LES GOflGOUltS Ou GOflSEltVRTOlRE

(Suite.)

TRAGÉDIE (suite).

Remontons, comme disent les auteurs de romans-feuilletons, de quelques heures en arrière... Le piano s'est fermé : ce n'est plus la chaude atmosphère lyrique où se colportait, entre deux scènes de soidisant opéra-comique, la nouvelle du décès d'Henri Rochefort; et, dehors, dans le ciel gris du matin, plus un rayon de soleil! On dirait que l'hiver est revenu pour faire honneur aux tristesses incolores de la déclamation. Ce mot seul est une date et nous reporte aux premiers temps du Conservatoire où florissait la noblesse morose de l'alexandrin, — le seul aristocrate épargné par la plus classique des révolutions.

En bannissant, des fleurs au front, tout poète vivant, la réforme des morceaux de concours a favorisé ce retour à la tradition qui nous est cher et qui restera la surprise des historiens de notre siècle irrésolu, — cette amende honorable, un peu tardive, à la Tragédie qui prend, à l'heure qu'il est, l'aspect lointain d'un anachronisme, même dans nos classes d'où le grec et le latin s'évadent comme la Joconde de nos musées dorénavant ouverts à l'impressionnisme... Et Victor Hugo figure à côté de Racine, absolument comme dans les médaillons du péristyle de notre premier Théâtre français; mais Victor Hugo, tout comme Richard Wagner, est un classique qui se rapprochede plus en plus, aux yeux de l'avenir, des maîtres dupasse qu'il croyait combattre; et Victor Hugo n'a pas radicalement disloqué « ce grand niais d'alexandrin » : ce ne fut pas plus un vers-libriste, au fond, que Ponsard.

Aux feux de la rampe qui se rallume à ' 9 ' heures du matin, la séance, à défaut d'autres vertus, offrira donc le mérite de l'unité.

Plus do choquantes disparates ni de pots-pourris dramatiques, où Sophoclecommuniait dans l'amour d'Electre avec M. Hugo von Hoffmanstahl ! Et pour fêter dignement l'année du tricentenaire d'André Le Nôtre, qui précéda de deux siècles Richard Wagner, allons ^°us promener dans ce jardin régulier de la tragédie qui nous restitue lune des plus ressemblantes images du génie français, puisqu'on pourrait

pourrait définir aussi : «la grandeur unie à l'ordre ». La musique s'est tue, muse indéfinissable qui ne peut rien exprimer ni décrire clairement par elle-même — et qui, dans son hymen avec le discours, étouffe le plus souvent celui-ci sous ses baisers de femme : il nous faut aujourd'hui tout entendre et ne plus perdre un mot, et cette clarté du. verbe est la lumière de l'àme, le rayonnement de la pensée pure ; mais, pour que l'auditoire entende, il faut que l'interprète prononce... et ce serait vraiment un trop beau résultat pour une première année de la nouvelle classe de diction, qui ne fait pas grand bruit !

Voici toujours les données de la statistique, extraites du programme docile aux volontés d'en haut : Sophocle y figure deux fois, avec deux scènes traduites de son Anligone; Corneille, quatre fois, avec le Cid, Cinna, Polyeucle et Nicomède; Racine, cinq fois, avec Andromaque, Britannicus, Jphigénie en Aulide, Phèdre et Athalie; les modernes une fois chacun : Soumet, avec Jeanne d'Arc (1825) ; Victor Hugo, avec Cromwell (1827); Casimir Delavigne, avec Louis XI (1832), et Ponsard, avec Lucrèce (1842). Cet ordre chronologique est celui des pièces, Casimir Delavigne étant l'ainé de neuf ans de Victor Hugo. Shakespeare et son s ournois adaptateur Voltaire ne paraissent pas dans ce raccourci de théâtre classique, où Cromwell oublie sa « préface ». Observons rapidement quel secours le maître apporte à l'interprète, quelle déformation l'interprète impose au maître. Ce sera la meilleure moralité de ce froid concours de diction.

Sophocle, c'est Sophocle, c'est-à-dire l'Acropole d'Athènes illuminant le fond du tableau des variations d'un art qui se croit immuable ; mais peut-on le juger sur l'ennuyeuse traduction, style Louis-Philippe, des collaborateurs Paul Meurice et Auguste Vacquerie? « Otez le style à Homère, il reste Bitaubé », disait Hugo qui savait encore mieux écrire que penser; et dans les deux immortels couplets d'Anligone, l'un sur « 1 es lois non écrites », mais dictées par la voix de la nature, l'autre exhalant un regret harmonieux à la lumière du jour, à la vie, à l'hyménée, à la chère tète du fiancé que ses bras n'enlaceront point, Mlle Netter-Antigone n'évoque ni Sophocle ni Bartet : une voix blanche sous des voiles blancs ; la plastique est lumineuse, mais le débit reste obscur : on n'est plus au penchant de l'Acropole. Auparavant, M. Daltour, dans le rôle d'Hémon, le fiancé, qui s'emporte contre la rigueur de Créon, son père, avait montré du coeur : il conquiert le premier prix du sentiment.

Vive notre vieux Corneille qui, ce matin, rayonne et domine. Il est vrai qu'il reste assez pâle encore avec M. Yonnel, un Rodrigue en habit noir et l'épée en main, qui fait un sort à chacun des concelti douloureux des Stances du Cid; il ne dépasse point la rampe avec MUo Lesville, une aimable Pauline confiant à sa Stratonice son amour secret pour Sévère, le chevalier romain dont son « malheureux visage » a captivé le coeur ; il se cabre non sans noblesse avec M. Rolla-Norrhan, Nicomède assez cornélien, qui ne burine et ne ponctue pas assez profondément la superbe témérité du jeune Bithynien, quand il s'écrie devant l'ambassadeur de Rome :

Et si Flaminius en est le capitaine,

Nous pourrons lui trouver un lac de Trasimène...

Et le bon Prusias a raison de riposter prudemment : - Ah! ne me brouillez pas avec la République!