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Titre : Le Ménestrel : journal de musique

Éditeur : Heugel (Paris)

Date d'édition : 1900-01-28

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 28 janvier 1900

Description : 1900/01/28 (A66,N4)-1900/02/03.

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5615462r

Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 01/12/2010

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3592. — 66me ANNÉE — 4. PARAIT TOUS LES DIMANCHES Dimanche 28 Janvier 1900.

(Les Bureaux, 2bis, rue Yiviemie, Paris) (Les manuscrits doivent être adressés franco au journal, et, publiés ou non, ils ne sont pas rendus aux auteurs.)

LE

lie flaméfo : 0 fr. 30

MUSIQUE ET THÉÂTRES

HENRI HEUGEL, Directeur

lte^amépo:0fp. 30

Adresser FRANCO à M. HENRI HEUGEL, directeur du MÉN-ESTREL, 2 bis, rue Vivienne, les Manuscrits, Lettres et Bons-poste d'abonnement.

Un an, Texte seul : 10 francs, Pafis et Province. — Texte et Musique de Chant, 20 fr.; Texte et Musique de Piano, 20 fr., Paris et Province.

Abonnement complet d'un an, Texte, Musique de Chant et de Piano, 30 fr., Paris et Province. — Pour l'Étranger, les frais de poste en sus.

SOMMAIEE-TEXTE

1. Jean-Jacques Rousseau musicien (18° article), ARTHUR POLGI.N. — II. Bulletin théâtral : première représentation du Fiancé de Thijldu au théâtre Cluny; Nouveau-Cirque, PAULHUILE CHEVALIER. — III. Le Tour de France en musique : A propos des noéls de Le Moigne, EDMOND NEUKOMM. — IV. Petites notes sans portée : Le compositeur juge et partie, RAYMOND BOUYER. — V. Revue des grands concerts. — VI. Nouvelles diverses, concerts et nécrologie.

MUSIQUE DE CHANT

Nos abonnés à la musique de CHANT recevront, avec le numéro de ce jour :

LE TAMBOUR DES GUEUX

chanté par M. IMBART DE LA TOUR au théâtre de la Monnaie dans Tlujl Uylenspiegel, drame lyrique de JAN BLOCKX, poème de HENRI GAIN et LUCIEN SOLVAY. — Suivra immédiatement : l'Air des Marjolaines, chanté par MIle GANNE dans le même drame lyrique.

MUSIQUE DE PIANO

Nous publierons dimanche prochain, pournos abonnés à la musique de PIANO : la Petite Rosemonde, polka de OSCAR FETRÂS, grand succès de Hambourg. — Suivra immédiatement : la Rose rouge, polka-mazurka du même auteur.

JEAN-JACQUES ROUSSEAU

m. ix s i o i e n.

(Suite)

• Rousseau, qui, à certains égards, était doué d'un sens musical très fin, ou plutôt, car ce n'est pas la même chose, d'une extrême sensibilité et d"une impressionnabilité très vive par rapport à la musique, avait cependant l'oreille complètement fermée au sentiment de l'harmonie. Tout nous le prouve, aussi bien ses observations et ses dissertations sur la musique que sa musique même. Cette lacune dans son entendement lui faisait considérer comme une monstruosité la moindre apparence de complication dans la trame musicale. Une imitation, un simple contre-chant (ce qu'il traitait bénévolement de contre-fugue, de fugue renversée, etc., sans trop savoir ce qu'il disait) était tenu par lui pour un élément perturbateur et pernicieux, et le mettait hors des gonds ; et son horreur — le mot n'est pas trop fort — son horreur pour la musique française provenait précisément de ce fait que cette musique, douée d'un sens dramatique plus profond, d'une vérité scénique plus étudiée, était moins simple, plus travaillée que la .musique italienne, qui se bornait à le bercer doucement et à l'enchanter par la grâce et la mollesse de ses cantilènes. On vient de voir ce qu'il pensait de l'harmonie « mutilée », c'està-dire des accords incomplets, qui, avec moins de sons, font plus d'harmonie; il en déduit ce principe, en l'appliquant justement

à la musique française : — « C'est donc un principe certain et. fondé sur la nature (!!), que toute musique où l'harmonie est scrupuleusement remplie, tout accompagnement où tous les accords sont complets, doit faire beaucoup de bruit, mais avoir très peu d'expression, ce qui est précisément le caractère de la musique française. »

Ici, toute discussion serait superflue, aussi bien qu'en ce qui concerne l'opinion de Rousseau relativement à la prétendue incompatibilité d'humeur qui existerait entre la langue française et la musique. Sur ce point, nous avons justement à lui opposer le sentiment d'un musicien italien qui ne partageait pas ses idées et qui, comme le philosophe grec, prouvait le mouvement en marchant. Je veux parler du compositeur Duni, qui, après avoir vécu plusieurs années à la cour alors toute française du duc de Parme, avoir écrit pour ce prince deux ou trois ouvrages sur paroles françaises, était venu à Paris, où il allait être, avec Philidor et Monsigny, l'un des véritables créateurs du genre de l'opéra-comique. Il venait de donner ici sa première pièce, le Peintre amoureux de son modèle, il en publiait la partition, et en tête de celle-ci plaçait ce petit « avertissement », dans lequel il visait directement Rousseau :

Tandis qu'à Paris un auteur s'efforçoit de prouver que la langue qu'on y parle n'étoit pas faite pour estre mise en musique, moy, italien, vivant à Parme, je ne mettais en chant que des paroles françoises. Je suis venu icy rendre hommage à la langue qui m'a fourni de la mélodie, du sentiment et des images. L'auteur anti-françois aurait dû aller en Italie et ne faire chanter que des paroles italiennes ; il a fait le Devin du village; il n'y a jamais eu d'inconséquence aussi aimable ; il est fâcheux qu'il n'ait pas continué; il a craint sans doute que ses ouvrages ne lissent trop grand tort à ses propositions.

Cet Italien maniait assez bien l'ironie, et même la langue française, cette langue que Rousseau déclarait si hostile à la musique, et qui lui faisait écrire cette phrase, conclusion brutale de sa trop fameuse lettre : — « Je crois avoir fait voir qu'il y a ni mesure ni mélodie dans la musique françoise, parce que la langue n'en est pas susceptible ; que le chant françois n'est qu'un aboiement continuel, insupportable à toute oreille non prévenue ; que l'harmonie en est brute, sans expression et sentant uniquement. son remplissage d'écolier ; que les airs françois ne sont point des airs ; que le récitatif françois n'est point du récitatif. D'où je conclus que les François n'ont point de musique et n'en peuvent avoir, ou que, si jamais ils en ont une, ce sera tant pis pour eux. » Et Rousseau écrivait cela alors que Rameau était dans tout l'éclat de sa gloire, alors que Monsigny, Philidor et Grétry s'apprêtaient à nous donner, pendant un quart de siècle, tant de délicieux petits chefs-d'oeuvre (1) !

(1) La Lettre sur la musique françùse parut au mois de Novembre 17J3. Dès l'année suivante, le célèbre écrivjin musical allemand Mnrpurg en donnait une analyse dans ses


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LE MÉNESTREL

On se demande ce qui avait pu motiver la haine que Rousseau ne cessa jamais de manifester et contre la musique française et contre notre Opéra. En ce qui touche celui-ci, cette haine tournait à la fureur, el il ne manquait jamais de l'assouvir. Il en p,arle- partout, et toujours de la même- façon; : dans les Confessions.^ dans ses nombreuses brochures, dans ses Dialogues, el jusque dans la Nouvelle Hélo'ise, où Ton peut s'étonner de voir paraître l'Opéra, et où il s'étend complaisamment à son sujet, l'abreuvant de critiques et de sarcasmes qu'il étend jusqu'aux détails les plus infimes, non sans que le chapitre ne soit d'ailleurs curieux et intéressant. C'est ainsi qu'il met en scène Saint-Preux, écrivant à Mm° d'Orbe (!) :

C'est à vous, charmante cousine, qu'il faut rendre compte de l'Opéra ; car bien que vous ne m'en parliez point dans vos lettres et que Julie vous ait gardé le secret, je vois d'où lui vient cette curiosité. J'y fus une fois pour contenter la mienne ; j'y suis retourné pour vous deux autres fois. Tenez-m'en quitte, je vous prie, après cette lettre. J'y puis retourner encore, y bâiller, y souffrir, y périr pour votre service ; mais y rester éveillé et attentif, cela ne m'est pas possible.

Avant de vous dire ce que je pense de ce fameux théâtre, que je vous rende compte de ce qu'on en dit ici ; le jugement des connoisseurs pourra redresser le mien si je m'abuse.

L'Opéra de Paris passe, à Paris, pour le spectacle le plus pompeux, le plus voluptueux, le plus admirable qu'inventa jamais l'art humain. C'est, dit-on, le plus superbe monument de la magnificence de Louis XIV. Il n'est pas si libre à chacun que vous le pensez de dire son avis sur ce grave sujet. Ici l'on peut disputer de tout, hors de la musique et de l'Opéra; il y a du danger à manquer de dissimulation sur ce seul point. La musique françoise se maintient par une inquisition très sévère, et la première chose qu'on insinue par forme de leçon à tous les étrangers qui viennent dans ce pays, c'est que tous les étrangers conviennent qu'il n'y a rien de si beau dans le reste du monde que l'Opéra de Paris. En effet, la vérité est que les plus discrets s'en taisent, et n'osent en rire eru'entre eux.

Il faut convenir pourtant qu'on y représente à grands frais, non seulement toutes les merveilles de la nature, mais beaucoup de merveilles bien plus grandes que personne n'a jamais vues ; et sûrement Pope a voulu désigner ce bizarre théâtre par celui où il dit qu'on voit pèle-mèle des dieux, des lutins, des monstres, des rois, des bergers, des fées, de la fureur, de la joie, un feu, une gigue, une bataille et un bal.

Cet assemblage' si magnifique et si bien ordonné est regardé comme s'il contenait en effet toutes les choses qu'il représente. En voyant paraître un temple on est saisi d'un saint respect ; et pour peu que la déesse en soit jolie, le parterre est à moitié païen.

Après avoir rapporté ce qu'on dit ailleurs de l'Opéra, le narrateur continue ainsi, sur le ton plaisant :

Voilà ce que j'ai pu recueillir des discours d'autrui sur ce brillant spectacle : que je vous dise à présent ce que j'y ai vu moi-même.

Figurez-vous une gaine large d'une quinzaine de pieds et longue à proportion ; cette gaine est le théâtre. Aux deux cotés on place par intervalle des feuilles de paravent, sur lesquelles sont grossièrement peints les objets que la scène doit représenter. Le fond est un grand rideau peint de même et presque toujours percé ou déchiré, ce qui représente des gouffres dans la terre ou des trous dans le ciel, selon la perspective. Chaque personne, qui passe derrière le théâtre et touche le rideau produit, en l'ébranlant, une sorte de tremblement de terre assez plaisant à voir. Le ciel est représenté par certaines guenilles bleuâtres, suspendues à des bâtons ou à des cordes, comme l'étalage d'une blanchisseuse. Le soleil, car on l'y voit quelquefois, est un flambeau dans une lanterne. Les chars des dieux et des déesses sont composés de quatre solives encadrées et suspendues à une grosse corde en forme d'escarpolette ; entre ces solives est une planche en travers sur laquelle le dieu s'assied, et sur le devant pend un morceau de grosse toile barbouillée qui sert de nuage à ce magnifique char. On voit vers le bas de la machine l'illumination de deux ou trois chandelles puantes et mal mouchées qui, tandis que le personnage se démène et crie en branlant dans son escarpolette, l'enfument tout à son aise : encens digne de la divinité.

Comme les chars sont la partie la plus considérable des machines de l'Opéra, sur celle-là vous pouvez juger des autres. La mer agitée est

Essais historiques et critiques pour servir au progrès de la musique (tome I, pages 57-58). Plus récemment, un autre écrivain allemand, J. Schlett, a donné une traduction complète de ce pamphlet (Sulzbach, Seidel, 1892, in-8°i. (1) Deuxième partie, lettre XXIII.

composée de longues lanternes anglaises de toile ou de carton bleu, qu'on enlile à des broches parallèles et qu'on fait tourner par des polissons. Le tonnerre est une lourde charrette qu'on promène sur le cintre et qui n'est pas le moins touchant de cette agréable musique. Les éclairs se font avec des pincées de poix-résine qu'on projette sur un flambeau ; l'a foudre est un pétard au bout d'une fusée..

Le théâtre est garni de petites trappes carrées qui,, s'ouvrant au besoin, annoncent que les démons vont sortir de la cave. Quand ils doivent s'élever dans les airs, on leur substitue adroitement de petits démons de toile brune empaillée, ou quelquefois de vrais ramoneurs qui branlent en l'air suspendus â des cordes, jusqu'à ce qu'ils se perdent majestueusement dans les guenilles dout j'ai parlé. Mais ce qu'il y a de réellement tragique, c'est quand les cordes sont mal conduites on viennent à rompre, car alors les esprits infernaux et les dieux immortels tombent, s'estropient, se tuent quelquefois. Ajoutez à tout cela les monstres qui rendent certaines scènes fort pathétiques, tels que des dragons, des lézards, des tortues, des crocodiles, de gros crapauds qui se promènent d'un air menaçant sur le théâtre et font voir à l'Opéra les Tentations de saint Antoine. Chacune de ces ligures est animée par un lourdaud de Savoyard qui n'a pas l'esprit de faire la bète.

Voilà, ma cousine, en quoi consiste â peu près l'auguste appareil de l'Opéra, autant que j'ai pu l'observer du parterre à l'aide de ma lorgnette; car il ne faut pas vous imaginer que ces moyens soient fort cachés et produisent un effet imposant; je ne vous dis en ceci que ce que j'ai aperçu de moi-même et ce que peut apercevoir comme moi tout spectateur non préoccupé; on assure pourtant qu'il y a une prodigieuse quantité de machines employées à faire mouvoir tout cela; on m'a offert plusieurs fois de me les montrer; mais je n'ai jamais été curieux de voir comment on fait de petites choses avec do grands efforts.

(A suivre.) ARTHUR POUGIN.

BULLETIN THÉÂTRAL

GLUNY. Le Fiancé de Tliylda, opérette-bouffe en trois actes et six tableaux, de MM. Y. de Cottens et R. Gharvay. musique de M. Louis Varney.

A Stockholm, le baron de Gondremark liance sa lille Thylda à son neveu Otto "et tient absolument à ce que le jeune homme, encore un peu godiche, aille, avant son mariage, faire un joyeux peliL tour â Parig!TPere très perspicace, il préfère que son futur gendre « s'en fourre jusque-là » avant la signature du contrat pour n'avoir plus à y revenir. C'est qu'il connaît la vie, le vieux baron, car, vous l'avez deviné, c'est bien celui qu'illustrèrent M. Halévy et Meilhac et Offenbach. Plein de prévoyance, il donne au garçon une lettre de recommandation pour une dame qui lui sera de grand secours dans la Baliylone moderne, Métella, une sacoche royalement garnie de cent mille francs, pour ses frais de voyage et de séjour, et un vénérable et sage Mentor, l'illustre professeur d'occultisme Globulus. Thylda fait bien ce qu'elle peut pour empêcher le départ de celui qu'elle aime, mais la résolution est prise et bien prise; demain matin, à la première heure, les voyageurs fileront. Et Otto, en songeant à la tristesse de Thylda el aux émerveillements qui l'attendent, s'endort sur un fauteuil dans le salon.

Un rideau de nuage descend qui, peu à peu, devient transparent et laisse voir, symbole fuyant dans les nuées, le train qui emporte les deux Suédois au pays des rêves. Et de fait c'est de rêve qu'il s'agit maintenant, ce qui permet aux adroits auteurs de donner libre cours à leur invention sans s'inquiéter outre mesure de raison. Fantaisie, fantasmagorie, mise en scène régneront dès lors en souveraines maitresses et aideront puissamment au grand succès du Fiancé de Tliijlda.

Otto et Globulus tombent à Paris dans un hôtel envahi par une bande de gais rapins fêtant bruyamment la fête annuelle de leur atelier. Vous pensez si les deux hommes du nord leur serviront d'excellentes tètes de turc. Otto, de suite, s'emballe sur la petite Rady-Roze ; il mène hardiment sa campagne, lorsque Galipard, le boute-en-train de l'atelier, fait surgir à ses yeux Thylda. Et tout le long de la pièce, Galipard, qui s'intéresse aux amours de la jeune fille, évoquera Thylda. Rady-Roze, Thylda, Thylda, Rady-Roze, chassé-croisé ingénieux qui ne permet à Otto d'atteindre ni l'une ni l'autre, que l'image de la fiancée se dresse dans les somptueux magasins de Red-Place-House ou sur la scène du catapultueux Club-Electric.

Et le rideau de nuage redescend et nous retrouvons Otto endormi dans la même position que celle qu'il avait au premier acte, Otto, qui ne veut plus partir.

Le Fiancé de Thylda, que M. Louis Marx a monté avec uu luxe absolument inconnu à. Cluny, luxe de décors, de costumes, de mise es


LE MENESTREL

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scène, a très brillamment réussi, grâce à la bonne humeur sans prétention des auteurs, à la délicieuse partition do M. Louis Varney, fort bien dirigée par M. Picheran, à une excellente distribution et à la prodigalité du directeur.

Des vingt-quatre numéros dont se compose l'oeuvrette de M. Varney, il en faudrait signaler bien plus de la moitié, à commencer par ceux qu'on a bissés, le « ductto des P'tits vieux très chics », qui, demain, sera aussi populaire que la fameuse « Valse des Cambrioleurs », le joli « terzetto du Rire et des Larmes » et la « Sérénade » d'Otto, en passant par le « duetto des Animaux », le « rondeau de la Voyageuse », le très ingénieux et très réussi « quatuor des Apparitions », qu'on aurait aussi voulu faire recommencer, la « chanson du Petit Pain », et les danses de la pantomime, car il y a une pantomime « jonglée » étonnamment par les Price. Un clou.

La troupe du petit théâtre, toujours si d'ensemble, met cette fois en évidence M. Rouviôre, tout à fait charmant Otto, M. Victor Henry, entraînant Galipard, M. Dorgat, amusant Globulus, MM. Prévost et Gravier, excellents p'tits vieux très chics, MM. Muffat, Gaillard, Lureau, M™" Cuinet, Mllc Cardin, qui danse la « valse-renversée » absolument comme à l'Olympia, et d'autres encore. Thylda, c'est une débutante à Paris, M11'' Andrini, de physique distingué et chaste et de jolie voix; Rady-Roze, c'est M11''Germaine Riva, une gamine de seize ans quia le diable au corps et fera certainement son chemin.

Mais M. Marx n'a pas été fastueusement prodigue que sur la scène ; il a fait remettre tout son théâtre à neuf et Cluny, hier le théâtre le plus sale de Paris, on peut bien le dire maintenant, en est aujourd'hui le plus coquettement moderne. Tout cet or jeté à profusion par les fenêtres va rentrer avec intérêts par les portes nouvellement peintes au Ripolin; on compte, pour cela, sur le Fiancé de Thylda et on n'a pas tort.

Le Nouveau-Cirque nous a conviés, cette semaine, à aller voir une troupe d'Indiens Sioux venant du Dakota, qu'on a encadrés dans lapantomime classique, avec chants, danses, chasse, cortège, batailles, etc. La joie de la soirée, c'est toujours Footitt et Chocolat, comme l'effet le plus curieux en est la voiture toute attelée qui plonge dans la piscine.

PAUL-ÉJHLE CHEVALIER.

LE TOUR DE FRANCE EN MUSIQUE

HP 5 o i t o ix

(Suite.)

V

A PROPOS DES NOELS DE LE MOIGNE

L'occasion fait le larron. Le rarissime opuscule auquel nous avons emprunté un et môme deux Noëls de Le Moigne en contient d'autres, coulés dans le même moule, et aussi un AguillenneufàM même curé, qui rie présente aucun intérêt.

Plus curieuse est une pièce du même genre, qui se trouve à la suite, et que nous ne saurions passer sous silence. Les Aguillenneufs étaient, on le sait, des chansons faites à l'occasion des élrennes et que les enfants allaient chanter chez les gens dont ils espéraient quelques présents.

Celui que nous présente le baron Jérôme Pichon, auteur de l'intéressante préface qui se trouve en tête de la plaquette de la Société des Bibliophiles français, est tiré des Noëls du Plat d'argent, dont il fait remonter l'impression vers 1540.

Le recueil du Plat d'argent portait ce titre, qui ne manque pas d'originalité:

Noels nouveaulx, faits soubz le titre Du Plat d'argent, dont maint se courrouce, Ung soir, au couvent et chapitre Des confrères de plate bource.

Ceci dit, voici YAguillennevf dont nous parlons et qui se chantait sur l'air : Avez-vous point veu mal assignée, celle que on parle, etc.

Geens, à la fin de l'année, Venons chercher Aguillenleu. Vous voyez cy la compaignie. Ceens, à la lin de l'année, Apportez, vous verrez beau jeu, Baillez congnins, chos et poussins,

Lièvres, lapins, Chose ne soit espargnée.

Vous, advocatz

Bsperlucatz, Baillez ducatz, Ou argent une pongnée. S'il y a quelque andoulle fumée, Ceens, à la fin de l'année, Apportez, nous avons son lieu. Boeuf et jambons Sur les charbons Nous seroient bons; Baillez quenouille et fusée, Nous, compaignons, Frisques et mignons, Nous n'en farons refusée.

Mais les enfants qui chantaient ces strophes devaient être de grands garçons, ou tout au moins de joyeux drilles, si nous en jugeons par la

suite :

S'il y a quelque fille esguerée Ceens à la fin de l'année, Pour Dieu, apportez-la en jeu; Layde ou belle, Telle quelle, Saichez qu'elle Sera bientôt décrotée. Nous lui donrons D'un frais jambon, Et d'un chappon, lit d'une andoulle fumée.

Enfin, aux paroles folâtres va succéder le couplet d'adieu, où perce un sentiment à la fois naïf et pieux :

Ailleurs nous fault faire journée,

Ceens, à la fin de l'année.

Pour ce, nous commandons à Dieu.

Adieu, marchans,

Bourgeois des champs,

Bons et meschans, Et toute votre amenée.

Le jour nous fault,

Nuyt nous affault:

Pour ce, il nous fault Départir sans demourée.

D'autres Noëls, non moins curieux, figurent également dans ce presque introuvable recueil.

Ces derniers ne sont point tirés des Noëls du Plat d'argent, mais ont été composés par des prisonniers de la Conciergerie, vers 1324.

Le baron Pichon, dans son avertissement, prend soin de nous dire comment et pourquoi il les a fait imprimer à la suite des Noëls de Le Moigne :

« J'ai ajouté, dit-il, au volume de Lucas Le Moigne, un petit recueil de Noëls faits par les prisonniers de la Conciergerie. C'est surtout ce titre, qui se lie un peu à l'histoire de Paris, qui m'a décidé à donner cet

opuscule ».

Il y a donc double curiosité, et c'est pourquoi nous sommes heureux de pouvoir extraire un de ces Noëls à l'intention de nos lecteurs.

Il est intitulé : Noël sur le chant : « J'ay trop aymé, vraymenl, je le confesse ».

Voici ce qu'il dit :

Chantons Noël et démenons liesse

Au doulx advent de nostre Rédempteur,

Le filz de Dieu, bening réparateur

Du vil péché que Adam fisl par simplesse.

Auprès d'ung beuf et d'ung asne, en la cresche, La digne Vierge enfanta sans>douleur Le doulx Jésus, enfant de grant valleur, Droit à minuyt, en saison froide et fresche.

Joseph, voyant cette grande noblesse, A deulx genoulx à l'enfant fist honneur, Luy présentant corps et âme et vigueur, Tout submettant en sa digne pocesse.

De lieu en lieu après print son adresse, Cherchant drappeaulx. du laict et de ta fleur, Pour apporter à l'enfant son Seigneur, Craignant qu'il n'eut de faim quelque foiblesse.

Aux pastoureaulx fut dicte la haultesse Par les anges du souverain pasteur, Qui étoit né pour eslre directeur Sus les tropeaulx, en les gardant d'opresse.

Puis à danser monstrèrent leur proesse, Gombaut, Roger, Ysambert le rêveur, Belot, Bietris et Thomin le baveur, i Monstrant leur corps en toute gentillesse.


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LE MÉNESTREL

Toute la nuyt n'eurent les pasteurs cesse De rigoller par joyeuse clameur. Faisant voiler la nouvelle ou rumeur Du noble enfant et sa noble jeunesse.

« Rigoller » ! voilà un mot que l'on ne s'attendait pas à trouver sous la plume des rimeurs de cette époque. Ce qui prouve une fois de plus que rien n'est nouveau sous le soleil.

Mais reprenons :

Puis firent tous l'ung à l'autre promesse D'aller porter de leurs biens du meilleur Au noble roy le souverain empereur, Par divers dons et de diverse espèce.

Gombaut lui fist son présent d'une pesche, ' Roger son chien d'une étrange couleur, ïhomin son grant flageollet de doulceur. Puis Ysembert de lart une grant lesche.

Trois rois aussi vindrent à tout grant richesse, Faire présent au glorieux Saulveur D'or, et d'encens, et mirre de faveur, De quoy Marie eut le cueur en liesse.

Hérode, plain de folle hardiesse,

Guydant l'enfant mettre à mort par erreur,

Les innocens fist mourir eu orreur.

One on ne veist si cruelle rudesse.

i Jusqu'à présent, tout cela est fort joli; cependant on n'y voit guère

la note personnelle que semble annoncer le titre du recueil.

Mais voici où perce le bout de l'oreille :

Nous prirons tous la divine princesse, Mère de Dieu, qu'elle oste de langueur Les prisonniers tenuz par grant rigueur, Et qu'on a veu si longtemps en destresse.

Qui servira si bénigne maîtresse, Combien qu'el soit énorme au grand pécheur, Il obtiendra la divine frescheur Que aux bienheurez le Créateur adresse.

Comme on le voit, ce final, sous sa forme pieusement poétique, n'est autre qu'un appel, naïf peut-être, mais à peine déguisé, à la clémence.

Quoi qu'il en soit, les deux pièces que nous venons de citer n'en sont pas moins curieuses.

■ L'opuscule "des Noëls dû Plat d'Argent, de même que celui des Noëls des prisonniers, faisait partie d'un recueil du duc de LaVallière, tombé depuis entre les mains du baron Pichon.

Tous deux sont uniques, ce qui augmente, par conséquent, l'intérêt des extraits que nous en avons publiés.

(A suivre.) EDMOND NEUKOMM.

PETITES NOTES SANS PORTÉE

LE COMPOSITEUR JUGE ET PARTIE

S'il était avéré que « la meilleure critique musicale est le silence », les lecteurs du Ménestrel ne seraient point seulement privés des présentes notes, ce qui ne deviendrait pas, après tout, un malheur public, mais, cas plus grave, des Écrits qu'un maître-compositeur nous a transmis sur son art. Cette boutade, fort heureusement, n'a pas empêché Robert Schumann de prendre un rang très personnel parmi les artistes-écrivains qui marient le précepte à l'exemple.

Quel attrait particulier dans les jugements qu'ils énoncent sur les principes de Fart ou sur leurs rivaux, les artistes ! Quoi de plus attachant que d'entendre un génie s'enquérir du génie, un talent approuver ou discuter les talents qui le précèdent et qui l'entourent, un maître-peintre ou sculpteur dévoiler les secrets de la facture ou s'attaquer au domaine des philosophes? De là cette sympathie qui s'adresse au Journal d'un Delacroix, aux analyses d'un Fromentin, aux leçons d'un Eugène Guillaume. Mais c'est en musique surtout, en cet art à la fois sentimental et savant, où l'impression subie paraît émaner d'une science occulte, qu'il importe de questionner les « professionnels » sur ce mystère fugitif et vague dont la foule reçoit la suggestion sans la comprendre.

Les artistes-écrivains, les musiciens principalement, seraient-ils donc les seuls juges? Non, certes; et l'erreur menace toute sentence humaine, même géniale : mais leurs défaillances mêmes retiennent une allure qui impose. Le critique se venge de l'artiste, en insinuant qu'il n'est pas bon juge parce qu'il est juge etparlie; mais la partialité n'habite-t-elle que chezles artistes?... Et puis, la psychologie, la malicieuse psychologie, ne perd jamais ses droits avec les musiciens qui glissent, dans leurs adorations comme dans leurs taquineries, une sorte d'humour sut gencris, une fantaisie capricieuse, féminine,

féminine, à fait charmante. Et sans parler des théoriciens, des Traités d'un Rameau, des Essais d'un Grétry, des Épîtres d'un Gluck, ou, d'abord, des plaidoyers d'un Richard Wagner, poète et penseur aulant que musicien, — l'étude de l'âme, non moins que l'analyse de l'art, se réjouit dans la société des Lettres de Mozart et de Mendelssohn, des Mémoires de Berlioz, des È?i/reliens de Rubinstein, des saillies narquoises ou rêveuses d'Hoffmann musicien, qui, dès 179o, commentait si poétiquement, devant son piano-forte, le Don Juan frivole au finale terrible.

Les Ecrits de Schumann sont venus à point sur le môme rayon jamais poudreux de la bibliothèque. En Allemagne, no sor.t-iis pas appréciés depuis quarante ans? C'est en 18S4 que Schumann lui-même avait formé son recueil avec ses anciens articles de revue de la Neue Zeitschrift Miïsik do Leipzig, parus sans interruption pendaat dix années, de 1S33 à 1843, en y joignant ses débuts de critique enthousiaste dès 1831, à l'apparition délicieuse de Chopin, et son mélodieux chant du cygne de 1883, où il prophétise en termes si grands l'avenir de Brahms. Longtemps en France, on no put pressentir les Écrits qu'à travers des fragments. Maintenant, grâce à notre confrère Henri de Gurzon, qui profile également la silhouette pittoresque d'Hoffmann dans ses Musiciens du temps passé, sans oublier Mélml, —• nous connaissons les Écrits. Je les rouvre, sous la lampe d'hiver, aujourd'hui que la saison musicale, si captivante, a déroulé toute l'évolution du drame sonore, de Gluck à Wagner, d'fplugénie en Tauride à Tristan et Jseult : toute la lyre ! Et j'y retrouve ces lignes; non moins qu'Hoffmann, Schumann admirait le chevalier Gluck : « Un grand artiste original », écrivait-il le lo mai 1847, à propos de l'autre Iphigéuie; « Mozart a sûrement profité de ses lumières; Spontini le copie souvent mot pour mot. Que dirai-je de l'opéra? Tant que durera le monde, une pareille musique reparaîtra toujours sans jamais vieillir !... Richard Wagner a mis l'opéra en scène et ajoute un finale... C'est parfaitement illicite, cela! Gluck ferait peut-être aux opéras de M. Wagner le procès inverse : il retrancherait, il couperait... » — Le 7 août de la même année, le futur auteur de Geneviève jugeait ainsi Tannhauser : « Un opéra sur lequel on ne peut s'exprimer en deux mots. Il est certain qu'il a une couleur géniale. Si le musicien était aussi mélodique (mélodies) qu'il est riche d'idées (geistreich), ce serait l'homme de l'époque... » De poète à poète, cette intuition semble expressive; on l'a trouvée malveillante : mais, de la part d'un confrère qui se fait critique, n'ost-elle point déjà très méritoire?...

(A suivre.) RAYMOND BOUVEH.

REVUE DES GRANDS CONCERTS

Il ne se passe guère d'année maintenant sans que la Société des concerts nous donne le régal do ce chef-d'oeuvre monumental qui a nom la Symphonie avec choeurs, celle que les Allemands appellent simplement « la neuvième », ce qui suffit à la caractériser. Il est bon, d'ailleurs, qu'une telle oeuvre ne sorte pas du répertoire ; d'abord parce qu'elle est admirable, ensuite parce que l'exécution en est d'autant plus serrée, plus précise, plus parfaite, malgré les énormes difficultés dont elle est hérissée, qu'elle ne sort pas de la mémoire des exécutants. Cette fois encore, cette exécution n'a rien laissé à désirer, en dépit de l'absence de M. Taffanel, retenu au lit par une grave ■attaque d'influenza, cette sotte maladie qui nous revient aujourd'hui d'Angleterre et qui recommence à faire i chez nous des siennes. «Faute d'un moine, dit le proverbe, l'abbaye ne chôme pas ». Nous en avons eu la preuve. A défaut de M. Taffanel, le concert était dirigé par le second chef de la Société, M. Thibault, qui s'est tiré tout à son honneur de cette rude épreuve et qui a dirigé la symphonie avec une sûreté, une précision et un élan remarquables. Orchestre et choeurs ont été superbes d'ensemble et de chaleur, el les soli, confiés cette fois à Mmes Lovano et Laffitte, à MM. Laffitte et Auguez, et chantés à souhait par ces quatre excellents artistes, ont complété cette belle exécution, dont le succès a été complet. On eût pu craindre que le voisinage d'une oeuvre si puissante ne portât préjudice à la Fuite en Egypte de Berlioz, qui venait ensuite, .composition exquise, mais d'un sentiment austère et d'une simplicité voulue. H n'en a rien été, et la grâce angélique de ce délicieux poème religieux n'en a que mieux ressorti peut-être. Il a été l'occasion d'un succès personnel très vif pour M. Laffitte, chargé du solo, et qui a chanté celui du Repos de la sainte famille avec tant de goût et une grâce si délicate que la salle entière le lui a redemandé. La séance se terminait comme elle avait commencé, c'est-à-dire avec le nom de Beethoven et l'ouverture de Fidelio (la quatrième), que l'orchestre a dite avec une verve magnifique. A. P.

Concert Colonne. — L'ouverture du Roi d'Ys, d'Edouard Lalo, a été religieusement écoutée et vigoureusement applaudie par le public : c'est une belle oeuvre, conçue d'après les procédés wéberiens, digne péristyle de ce charmant opéra, qui eut tant de succès à son apparition et qui est une des meilleures productions modernes de l'art français. Passons sur une exécution un peu terne de l'immortelle Symphonie pastorale de Beethoven et arrivons au concerto en style hongrois de Joachim, qui a été dit par M. Hugo HermanD, violoniste allemand de talent, que nous avions déjà entendu il y a un ou deux ans. L'oeuvre de Joachim, bien faite, mais surchargée d'un point d'orgue des plus médiocres qu'il serait peut-être bon de supprimer, est écrite dans une tonalité sourde. C'est une composition triste, que M. Hugo Hermann,


LE MENESTREL

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qui a beaucoup de mérite, a jouée avec tristesse. L'artiste a été plus apprécié dans un joli scherzo de Tchaïkowsky, écrit dans une note gaie; il a été surtout applaudi dans l'adagio du sixième concerto de Spohr, qu'il a dit avec une maestria incomparable et avec un sentiment exquis. Spohr, très oublié, très démodé aujourd'hui, fut, dans son temps, presque un novateur : c'était un grand artiste. Son adagio, plein d'une sereine grandeur, d'un style qui n'est plus de mise et qu'on traite volontiers d'académique et de poncif, m'a vivement ému. J'ai le malheur d'être quelque peu réactionnaire en musique ; les nouveautés me touchent peu : j'aime mieux les grandes choses du temps passé, et cet adagio m'a paru une très belle chose. M. Hugo Hermann a été très applaudi et le public, jusqu'alors un peu froid, n'a pu retenir ses impressions. La Procession nocturne de M. Henri Rabaud, un de nos jeunes qui donnent le plus d'espérances, est une oeuvre méritoire en ce sens qu'elle a un cachet très personnel et qu'elle est tout à fait exempte de vulgarité. Nous l'avions précédemment entendue et nous en avions reconnu le mérite. A un autre ordre d'idées appartient la Calaloîia, de M. Albeniz. Il y a beaucoup de carnaval là-dedans, et ce sont sans doute les approches du mardi-gras qui expliquent celte exhibition. H. BARBEDETTE.

— Concerts Lamoureux. — L'oeuvre orchestrale de Rimsky-Korsakow, Aniar, ne semble pas construite d'après un plan très heureux. Cette « symphonie en quatre parties » n'est qu'une quadruple redite d'un même thème

— autour duquel gravitent, tantôt des phrases d'une allure caractéristique rappelant les formes de la mélodie populaire en Orient, tantôt de simples lieux communs de rhétorique musicale sans originalité propre. Tout cela plein de vie, sauvé par une instrumentation brillante, d'une facture d'ensemble d'ailleurs peu sévère. Le programme littéraire a pu être un prétexte au décousu du style, mais il ne l'explique ni ne le justifie, car, vraiment, pour l'auditeur il n'existe pas, tant la trame en paraît puérile. Cela dit sans manquer de respect à la légende d'où il a été assez maladroitement extrait, car celle-ci peut avoir et a certainement sa valeur. Il faut regretter que la musique d'Antar, dénommée symphonie, se rapproche si peu du type classique, car aucun autre ne garantit mieux les qualités do cohésion, d'unité, de style et de variété sans lesquelles il n'existe pas de véritable chef-d'oeuvre. Ces qualités se rencontrent à un degré éminent dans l'ouverture de Léonore et dans celle du Freyschùtz, puis un peu moins frappantes déjà dans la bacchanale de Tannhâuser, trois ouvrages dont l'interprétation a été brillante et vigoureusement menée. Elles se retrouvent encore dans cette oeuvre de la jeunesse de Beethoven, Adélaïde, qui a été chantée par Mlle Marie Delna. On connaît la splendeur de l'organe, fait d'une étoffe exceptionnellement généreuse, que possède cette cantatrice. On n'ignore pas non plus quels sont les défauts de sa diction qui, joints à l'absence trop visible d'émotion et de foi artistique, la rendent peu apte à interpréter les oeuvres convaincues, attendries et profondes de Beethoven et de Berlioz. L'air pathétique de Didon mourante, au 4° acte des Troyens, a laissé beaucoup à désirer; l'âme et le style manquaient. Néanmoins, le succès de l'interprète a été très grand et justifié en partie par les dons absolument rares dont elle a le bonhem- de disposer. Un poème symphonique de M. Léon Moreau, Sur la mer lointaine, d'après le livre de Loti : Pêcheurs d'Islande, a reçu un bon accueil. Il semble que l'auteur ait subi, malgré lui sans doute, l'influence wagnérienne, d'abord au début, où l'on rencontre des analogies frappantes avec l'ouverture du Vaisseau fantôme, puis dans la peinture du calme et de l'immensité de la mer, essayée au moyen d'une mélodie de cor anglais, comme dans Tristan et Isolde. Si M. Léon Moreau pouvait créer lui-même ses moyens d'expression, avec le. savoir technique dont il dispose, il pourrait sans doute produire d'autres ouvrages aussi intéressants et d'une plus réelle originalité. AM. BOUTAREL.

— Programmes des concerts d'aujourd'hui dimanche :

Conservatoire. : Symphonie avec choeurs (Beethoven) : soli par M"" Lovano et Laffitte, MM. Laffitte. et Auguez. — La Fwle en Egypte (Berlioz,), par M. Laffitte. — Ouverture de Fidelio (Beethoven).

Châtelet, confort Colonne : Ouverture de Phèdre (Massenet). — Quatrième concerto pour piano (Beethoven), cadences de Saint-Saéns, par M. L. Diéiner. — Sadko (RimskyKorsakow). — Concert-Sliick pour violon (Diémer), par M. Boucherit. — Première et quatrième scènes de l'Or du Rhin (Wagner), par MM. Ballard, Cazeneuve, M™ 6' Éléonore Blanc, de Kerval et Emile Bourgeois.

Théâtre de la République, concert Lamoureux, sous la direction de M. Camille Chevillard : Ouverture de la Flûte enchantée (Mozart). — Symphonie en la, n° 7(Beethoven).

— Chanson perpétuelle (E. Chausson), par M" 0 Jeanne Uaunay. — Concerto en mi bémol pour piano (Liszt) : M" 0 Marthe Girod. — Fragments symphoniques de Manfred (Schumann). — Air de Fidelio (Beethoven), par M",e Jeanne ltaunay. — Marche hongroise de la Damnation île Faust (Berlioz).

— Au Nouveau-Théâtre, le dernier concert Colonne, intéressant et très varié, s'ouvrait par l'ouverture du Barbier de Séville, que suivait une adaptation très curieuse pour orchestre de deux jolies chansons populaires de Clément Marot : Guillot-Martin et l'Hérmite, ainsi arrangées ayee beaucoup de goût par M. Périlhou et qui ont fait le plus vif plaisir. On a réentendu ensuite la délicieuse symphonie en si bémol d'Haydn, dont le succès avait été si grand au concert précédent. Pour la partie moderne, nous avions d'abord la première audition de Quatre pièces brèves fort jolies, extraites des Heures mystiques du regretté Bocllmann; puis une suite bien intéressante de mélodies de M. Gh.-M. Widor, Soirs d'été, sur des poésies de M. Paul Bourget (Quand j'aimais; Silence ineffable; Brise du soir ; l'Ame des Lys; Près d'un étang; Pourquoi), dites avec beaucoup de goût par Mllcs Odette Le Roy et Gabrielle Donnay; et la séance se terminait par le quintette en fa mineur de Brahms pour piano et cordes, magistralement exécuté par MUo Boutet de Monvel, MM. Parent, Lammers, Denayer et Charles Baretti.

NOUVELLES DIVERSES

ÉTRANGER

De notre correspondant de Belgique (25 janvier) :

Bruxelles est partagé en deux camps qui se disputent à propos de la direction do la Monnaie, vacante par suite de la démission de MM. Stoumon et Calabresi. Il y a beaucoup de candidats ; on cite entre autres M. Melchissédec fils, directeur du théâtre de Gand, M. Frédéric Boyer, de Toulouse, M. Bussac, de Vichy, M. Lefèvre, de La Haye, etc. Mais la lutte reste circonscrite entre deux seules candidatures, celle de MM. Kufferalh tt Guidé, et celle de M. Seguin, associé —par suite du désistement, au dernier moment, de M. Stoumon, qui avait fait mine de se présenter encore, — à M. Albert Vizentiui, l'habile administrateur général de l'Opéra-Comique. M. Vizentini a vécu longtemps à Bruxelles et il y a même été élevé, du temps où son père était directeur de la Monnaie ; il a fait toutes ses études au Conservatoire de cette ville et y a remporté plusieurs prix de violon et de composition; après quoi il fit partie de l'orchestre de la Monnaie, avant de se lancer dans la carrière de chef d'orchestre et de directeur, qu'il a parcourue brillamment. La nomination des nouveaux directeurs par le conseil communal de Bruxelles doit se faire lundi prochain. Les intéressés s'agitent, et ceux qui les soutiennent s'agitent plus encore. Dès à présent les bruits les plus divers circulent sur l'issue de la lutte, et l'on assure que la question de nationalité ne sera peut-être pas étrangère au choix que fera le conseil communal. Qui vivra verra.

Parmi les innombrables concerts, grands et petits, qui se donnent tous les soirs dans tous les coins de Bruxelles, je dois une mention spéciale à une audition tout à fait réussie, donnée cette semaine au Cercle artistique par jolies Louise et Jeanne Douste. Depuis plusieurs années elles n'étaient plus venues en Belgique; quel n'a pas été l'étonnement du public ravi en constatant que ces doux délicieuses pianistes étaient doublées maintenant de deux non moins délicieuses cantatrices ! L'exemple de Mlle Jeanne Douste, qui créa à Londres, il y a deux aDS, Haensel et Gretel, a bientôt gagné sa soeur ainée; et il n'a pas fallu longtemps pour que les deux soeurs devinssent, l'une et l'autre, d'exquises artistes de chant, douées de voix charmantes et interprétant les oeuvres les plus diverses avec un style et un sentiment remarquables. Leur succès au Cercle a été très grand. Elles ont tour à tour — et même ensemble — joué du piano et chanté. C'a été un régal. Aussi doivent-elles revenir bientôt à Bruxelles, où les attendent de nombreux engagements.

L. S.

— A la dernière heure on nous envoie de Bruxelles la dépêche suivante: «La section des beaux-arts du Con&eil municipal de Bruxelles s'est réunie vendredi pour statuer sur le choix des candidats à la direction du théâtre de la Monnaie. M. Lepage, échevin de l'instruction publique et des beaux-arts, a défendu la candidature de MM. Guidé et Kufferath qui a été admise à l'unanimité (sept voix pour, contre un bulletin blanc). Dès maintenant, MM. Guidé et Kufferath peuvent être considérés comme directeurs de la salle lyrique de Bruxelles. »

— Dans sa dernière séance, le conseil communal de Bruxelles a reçu d'un de ses membres la communication suivante :

L'art musical belge a fait récemment en Joseph Dupont une perte très sensible. Le nom de ce grand artiste est non seulement attaché à l'admirable mouvement d'art dont j} fut l'âme et qui depuis vingt-cinq ans a fait l'éducation musicale du grand public, mais il figure encore, dans l'histoire de notre théâtre de la Monnaie, parmi ceux qui ont le plus contribué à l'éclat et à la réputation de notre scène d'opéra. Sous sa direction vivante et passionnée, l'orchestre du théâtre et des Concerts populaires est devenu, au dire même des compositeurs et des maîtres étrangers appelés à le conduire, l'un des plus remarquables de l'Europe, au point de vue de la souplesse, de la compréhension, de l'exécution et de la sonorité. Le collège a cru que le conseil serait heureux de rendre un hommage éclatant à la mémoire de Joseph Dupont, et il vous propose de décider que: 1° le buste du Maître sera placé au foyer du théâtre royal, où se trouve déjà celui de Hanssens, le réputé prédécesseur de Joseph Dupont au pupitre de l'orchestre; 2° le nom de Joseph Dupont sera donné à une des rues de Bruxelles.

Ces deux propositions ont été approuvées par toute l'assemblée. La rue qui sera débaptisée sera la rue du Manège, près du Conservatoire, qui va être prolongée à travers les jardins d'Arenberg jusqu'au boulevard de Waterloo. — D'autre part, un comité, formé d'artistes, de gens de lettres et d'amis personnels de Joseph Dupont, s'est constitué dans le but d'ériger à Bruxelles un monument à la mémoire de l'excellent artiste, et a décidé qu'une souscription serait ouverte à cet effet. Un concert populaire extraordinaire sera donué dans le même but.

— Thyl Uylenspiegel a triomphé — en flamand — à Anvers, deux jours après avoir triomphé à Bruxelles. Le Théâtre lyrique néerlandais ne pouvait, certes, pas mettre à la disposition de l'oeuvre de MM. Jan Blockx, Cain et Solvay des artistes et une mise en scène aussi parfaite que le théâtre de la Monnaie. Mais, dans un cadre restreint, on ar fait des prodiges. Il y a, du reste, au Lyrique d'Anvers, un régisseur, M. Dierickx, extrêmement intelligent, un orchestre bien aguerri, des choeurs pleins de conviction et d'entrain et des chanteurs dont quelques-uns sont vraiment remarquables. M. Leysen, qui fait Thyl, a une jolie voix, M. Tokkie (Lamme)' est adroit comédien, Mmes Judels-Kamphuysen et AreDS-Callemien sont très dramatiques dans les rôles de Nelle et de Soetkin, et les autres sont satisfaisants. Mais ce qui sur-


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LE MÉNESTREL

tout est à louer, c'est l'ensemble, chaleureux, vivant, pittoresque, qui donne à l'oeuvre tout son mouvement et tout son caractère. Le succès a été enthousiaste d'un bout à l'autre. On a bissé le finale du premier acte et celui du troisième, el rappelé après chaque acte un nombre de fois incalculable. Après le deuxième, M. Jan Blockx, qui dirigeait, a été l'objet d'une ovation prolongée, agrémentée de discours, de fleurs et de palmes.

— D'Anvers : « Le Théâtre royal vient de donner une grande représentation au profit des colonies scolaires, avec le concours de M. Jean Noté, de l'Opéra, qui a interprété Hamlet avec une maîtrise incomparable, à côté de M™ Erard, une touchante Ophélio. »

— Tous les journaux d'art italiens sont remplis par les comptes rendus du nouvel opéra de Puccini, la, Tosca, dont la première représentation, exceptionnellement brillante, a eu lieu au théâtre Costanzi de Rome le 14 de ce mois. L'attente du public était énorme, et dès onze heures du matin le théâtre était assiégé par la foule. L'heure du spectacle arrivée, le brouhaha était tel que le chef d'orchestre, M. Mugnone, après avoir fait commencer l'ouverture, dut l'interrompre au bruit fait par les arrivants, qui empêchait d'en entendre une note. Après quelques minutes d'attente, il put enfin recommencer sérieusement. L'ouvrage parait, dans son ensemble, avoir obtenu un grand succès, bien que le second acte, surtout par la faute du livret, ait semblé un peu lourd et manque de lumière ; mais le troisième a ramené les sensations du premier, qui étaient excellentes. « Pour ce qui est de la musique, dit le Carrière dei Teatri, on dirait que Puccini, en tâchant d'éviter la manière de la Bohème, est revenu, avec Tosca, à la conception dramatique d'Edgar et do Manon, reprenant ainsi une voie plus sérieuse. Sa personnalité mélodique reste intacte, et sa personnalité musicale s'accentue davantage. La technique, relativement aux oeuvres précédentes, s'est améliorée sous tous les rapports; l'instrumentation est délicate, fine et sans affectation. L'oeuvre pourra être discutée comme forme d'art, elle pourra ne point contenter parfaitement ceux qui espèrent un renouvellement de notre théâtre musical, mais il est indéniable que Puccini reste une des individualités les plus marquantes, une des meilleures promesses de la jeune musique italienne ». L'exécution a été excellente de la part des interprètes, Mme Dardée, MM. De Marchi, Giraldoni. Borelli et Giardano. En résumé, rappels nombreux, plusieurs morceaux bissés, applaudissements nourris, tel a été le bilan de celte soirée intéressante, à laquelle assistait la reine d'Italie.

— Le succès de la Tosca n'arrêtera pas celui de Werther, qui était donné huit jours auparavant au même théâtre Costanzi. Le même Carrière dei Teatri nous apporte aussi des nouvelles de l'oeuvre de Massenet : « La première deiVerther, nouveauté pour Rome, donné au Costanzi, a été le grand -événement de l'autre semaine. Werther a obtenu uu grand succès et a été un splendide triomphe pour le ténor De Lucia. Après le Roi de Lahore et Manon, le public attendait de Massenet un ouvrage plein de mélodieuses beautés et son attente n'a pas été trompée. Le succès, je le répète, a été splendide. Les applaudissements ont éclaté aux points les plus saillants de l'oeuvre, et De Lucia a dû bisser les romances des premier et troisième actes. Le grand ténor a obtenu un succès colossal, immense. » Ce succès a été partagé par Mmo Maria Stuarda Savelli, qui a fait preuve de grand talent dans le rôle de Charlotte. Les autres étaient fort bien tenus par MUe Rommel et MM. Borelli elTrucchiDorini.

— Pendant ce temps, le succès déjà si brillant de Cendrillon s'accentue encore au Théâtre-Lyrique de Milan, où le public s'empresse aux représentations de l'ouvrage. Après Cendrillon, on vient, à ce théâtre, de remettre â la scène Lakmé, où une nouvelle cantatrice, Mlle Barrientos, a obtenu un succès éclatant. M" 0 Barrientos est une jeune artiste espagnole, douée d'une voix merveilleuse, dirigée avec un talent hors ligne. Elle a dû répéter l'air des clochettes aux applaudissements de la salle entière.

— Et l'activité du théâtre Costanzi ne se ralentit pas, car on y prépare maintenant la représentation du nouvel opéra de M. Mascagni, les Masques, qui doit passer, dit-on, vers le 15 mars, et qui pourrait bien être donné le même jour à Rome et à Milan, au Costanzi et à la Scala. Un journal italien se fait, à ce sujet, l'écho de quelques indiscrétions. « Le nouvel opéra, dit-il, sera d'exécution facile. Il faudra, plutôt que des chanteurs aux voix puissantes, des artistes dégagés et intelligents, doués d'un bon jeu scénique et sachant soutenir leurs rôles avec élégance et vivacité. Par contre, il faudra aussi une masse orchestrale excellente et nombreuse. Il y aura certains fragments mélodiques que Tartaglia ou le Bègue chantera en bégayant et qui sont destinés à plaire beaucoup et à exciter la plus vive hilarité ». Et un autre journal nous apprend (ceci a l'air d'une simple plaisanterie) que M. Mascagni doit placer en tête de sa nouvelle partition cette dédicace, d'une forme non moins nouvelle et quelque peu insolite: A moi-même, avec une immense estime et une inaltérable affection.

— Les oeuvres nouvelles vont d'ailleurs pleuvoir en Italie, au cours de cette saison. A la Scala doit avoir lieu l'apparition d'Anton, opéra en deux parties et un prologue, dont M. Cesare Galeotti a écrit la musique sur un livret de M. Luigi Illica. On annonce à Bologne celle de l'Agitatore, drame lyrique en quatre tableaux, livret de M. Adone Nosari, qui en a fait une thèse sociale, musique de M. Ulysse Azzoni. Puis on parle d'un opéra de M. Luigi Mancinelli, Francesca da Rimini, sur un poème de M. A. Collautti, et d'un autre ouvrage, Maria, en quatre actes et cinq tableaux, paroles de M. Eugenio De Luigi, musique d'un jeune compositeur frieslin, M. Hermann Leban.

— Le Conservatoire do Milan vient de bénéficier du don d'une rente annuelle de 645 francs qui lui est fait par les héritiers de la famille Sessa, pour l'institution d'un prix de composition sous le nom de « Prix Luigi Sessa ».

— En l'église de l'Annunziala, à Gènes, on a exécuté, pour l'anniversaire de la mort du roi Victor-Emmanuel, une messe nouvelle du maestro G. B, Pollori, directeur de l'Insliiut musical civique de cette ville. Cette messe, écrite pour voix, orgue et orchestre d'instruments à archet et d'instruments à vent en bois (les cuivres exclus), a produit la meilleure impression.

— De Monte-Carlo : Très grand succès, au dixième concert classique, pour le distingué pianiste M. Léon Dolafosse, qui a exécuté avec brio et avec grand charme le concerto en mi mineur de Chopin, une romance do Fauré, une valse impromptu de Liszt et une fort belle étude de sa composition.

— L'Opéra impérial de Vienne a joué avec un succès marqué un opéraféerie inédit intitulé : Il y avait une fois..., paroles de M. Holger Drachmann, d'après deux contes d'Andersen, musique do M. Alexandre de Zcmlinszky. La nouvelle oeuvre, qui révèle un talent peu ordinaire, montre encore l'influence directe de Richard Wagner, mais elle fait tout do même preuve d'une certaine indépendance, qui s'affirmera sans doute plus lard, et d'une abondance d'invention qui est un gage pour l'avenir. Le prélude n'a pas produit beaucoup d'impression, mais le premier et le troisième actes ont été acclamés. Le jeune compositeur imberbe a dû se montrer au public plusieurs l'ois au milieu do ses interprètes. Il avait d'ailleurs déjà remporté le « Prix du prince-régent de Bavière » avec son opéra Sarema et d'autres prix encore avec une symphonie et un quatuor à cordes. Plusieurs do ses mélodies sont devenues populaires et une cantate, l'Enterrement au Printemps, sera prochainement exécutée pour la première fois par la Société chorale du Conservatoire de Vienne.

Mlnc Melba vient de jouer à l'Opéra de Vienne la Traviala avec un succès énorme. Ce succès a été encore plus grand auprès de ses camarades viennois, car elle a versé son cachet intégral, soit deux mille francs, à la caisse de retraites de l'Opéra impérial.

■— On annonce de Vienne que Mmo Melba a été nommée cantatrice de chambre (Kammersaengerin). C'est un honneur qui n'a pas été conféré depuis fort longtemps à la cour d'Autriche et le nombre d'artistes étrangers qui possèdent ce litre aujourd'hui est singulièrement réduit. La doyenne de ces artistes reste Mm 0 Patti, qui est cantatrice de chambre à la cour d'Autriche depuis 30 ans.

— Le conseil municipal de Vienne a décidé de donner le nom du compositeur Milloecker à la rue du Théâtre située dans le faubourg Mariahilf, tout près du théâtre an der Wien, où l'artiste remporta ses premiers succès.

— Le théâtre an der Wien de Vienne a joué avec pou de succès une opérette inédite, intitulée le Train de six heures, paroles imitées de la jolie pièce de Meilliac, Décoré, musique de M. Richard Heuberger. Comme toute opérette viennoise qui se respecte, cette nouvelle oeuvre contient une valse que le public fredonnait en quittant le théâtre.

— L'Opéra de Berlin prépare un cycle dos oeuvres de Gluck qui comprendra aussi Armide, avec une nouvelle et superbe mise en scène. Le corps de ballet de l'Opéra royal tout entier prêtera son concours à celte représentation.

— L'empereur Guillaume II a ordonné un festival théâtral de mai (Maifestspiel) au théâtre de la cour de Wiesbaden, festival qui doit commencer, en sa présence, le 16 mai prochain. Il sera inauguré par une représentation d'Oberon dans la nouvelle version que nous avons déjà mentionnée à plusieurs reprises. Guillaume II a fait venir à Berlin MM. Lauff et Schlar, auxquels il a confié le travail délicat d'arranger l'oeuvre de Weber, pour prendre connaissance de ce travail et pour leur donner ses instructions. Parmi les opéras qui seront joués pondant le festival figure Fra Diavolo avec une nouvelle mise en scène.

— A Munich vient d'avoir lieu la première exécution de Roméo et Juliette de Berlioz, sous la direction de M. Henri Porges. L'oeuvre a provoqué un véritable enthousiasme.

—- Le nouveau Théâtre du Prince-Régent, à Munich, vient d'engager comme chef d'orchestre M. Pohlig, qui remplissait les mêmes fonctions au Théâtre Ducal de Cobourg.

— M. le baron de Frankenberg, intendant du théâtre de la cour de Gotha, a notifié à tous les artistes du théâtre et aux membres de l'orchestre et des choeurs que le duc a ordonné une réduction générale du personnel. En dehors de quelques solistes spécialement désignés, l'intendant a déclaré qu'il accepterait la démission, avant l'expiration de leur engagement, de tous les artistes qui en feraient la demande. Il a ajouté que cette mesure n'avait pas été. prise sur son conseil et a prié les artistes de bien vouloir terminer dignement la saison. Cette mesure du duc de Gotha est en contradiction avec le mouvement général en faveur des théâtres qui se dessine partout en Allemagne, où môme les petits princes souverains et les villes modestes tiennent à honneur de doter convenablement leurs théâtres. Mais n'oublions pas que le duc de Gotha est en réalité le duc d'Edimbourg, fils de la reine Victoria, et n'habite l'Allemagne que depuis sept années. Or, dans son pays d'origine, l'usage n'existe pas de grever la liste civile de subventions accordées aux théâtres, et la reine d'Angleterre n'a pas de théâtre de cour. — En dernière


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heure, une dépêche de Goboiirg nous annonce qu'un congé de trois mois: a été octroyé à l'intendant baron de Frankonberg et que sa démission ne fait pas l'ombre d'un doute. On peut se demander de quelle façon se terminera cette affaire, dont on parle beaucoup dans le monde théâtral d'outre-Rhin.

— Les écrits on prose de Richard Wagner viennent d'être publiés dans une bonne traduction anglaise de M. W. Ashton Ellis; ils forment huit volumes, dont chacun a exigé un an de travail. Le même traducteur a commencé une version anglaise de l'excellente biographie de Richard Wagner par M. Glasenapp, dont la nouvelle édition, considérablement augmentée, est en cours de publication. Ces entreprises de longue haleine prouvent que l'engouement pour Richard Wagner, dans les pays de langue auglaise, est loin de diminuer.

— Grand succès à Alexandrie pour la Fedora do Giordano, succès grandement partagé par la principale interprète, MUe Febea Strakosch : « MUe Strakoscli, dit la Réforme, sait parfaitement chanter et elle a composé son rôle en comédienne consommée. Si j'ajoute que la voix est pure et étendue, que le style est distingué, et si enfin je constate que la nature a traité en prodigue la Fedora que nous possédons, la Mimi et la Manon que nous aurons bientôt, j'aurai suffisamment expliqué, je crois, les causes du grand succès de femme, de tragédienne cl de chanteuse remporté par M1"" Strakosch. »

— Un compositeur italien, M. Vittorio Vanzo, vient de faire exécuter à Chicago, avec succès, une symphonie en quatre parties. L'exécution, excellente, était dirigée par M. Mancinelli.

— On nous écrit de Saint-Pétersbourg que les répétitions de Werther au théâtre impérial Mario marchent à souhait et que la première, impatiemment attendue, est d'ores et déjà fixée au 10 février. Les protagonistes : Mme Arnoldson (Charlotte) et M. Masini (Werther), sont les grands favoris du public do Saint-Pétersbourg. Pour la saison prochaine on attend Cendrillon avec Mmc Arnoldson, qui raffolle du rôle de Cendrillon, qu'elle connaît déjà et qui d'ailleurs lui convient si bien sous tous les rapports.

PARIS ET DÉPARTEMENTS

L'Académie des beaux-arts a procédé, dans sa dernière séance, à l'élection des jurés titulaires et supplémentaires qui seront adjoints aux sections compétentes pour prendre part au jugement des concours de Rome en 1900. Ont été élus pour le concours de composition musicale : jurés titulaires, MM. Joncières, Samuel Rousseau, Gabriel Pierné; jurés supplémentaires : MM. Paul Hillemacher et Duvernoy.

— Dans une de ses dernières séances, la commission des grandes auditions musicalesde l'Exposition universelle de 1900, présidée par M. Théodore Dubois, a pris la décision suivante, qui intéresse particulièrement nos compositeurs :

Conformément à l'article 8 du règlement général des auditions musicales, les compositeurs franc lis justifiant de leur nationalité, dans le cas où il s'agirait d'oeuvres non encore exécutées, pourront présenter à l'examen de la commission une oeuvre non exécutée de musique symphonique et une oeuvre non exécutée de musique de chambre. Ne pourront être soumises au jury les oeuvres anonymes ou inachevées. Les partitions devront être complètement instrumentées ; une réduction au piano devra être jointe à la partition. Le dépôt des oeuvres devra être fait à la direction des beaux-arts, bureau des théâtres, avant le 1" mars.

— De Nicolet, du Gaulois : « La commission supérieure des théâtres a tenu une longue séance consacrée, pour la plus grande partie, à l'examen de divers projets d'établissements d'exhibitions extérieurs à l'Exposition universelle, — car, en ce qui concerne l'intérieur de l'Exposition, la commission a décliné toute responsabilité morale et a déclaré s'abstenir, l'administration de l'Exposition ayant assumé personnellement la responsabilité des précautions à prendre pour assurer la sécurité du public. Ces attractions installées en dehors de l'Exposition sont nombreuses, et tous les jours il en pousse do nouvelles. Où cela s'arrètera-l-il .' Je crains qu'il n'y ait bien des mécomptes et que, quelle que soit la quantité de visiteurs qui passeront par Paris, il ne s'en trouve jamais assez pour faire vivre toutes ces entreprises qui vont pendant six mois transformer notre capitale en une gigantesque foire de Neuilly. A la dernière séance, trois nouvelles demandes se sont produites, avec plans à l'appui. C'est d'abord le projet d'installation avenue de Sufl'ren, près du quai, d'une nouvelle « rue du Caire », avec bazars, cafés mauresques, orchestres orientaux, danses du ventre, caravanes d'àniers, etc., voire une grande piscine où l'on ferait des promenades en bateau. Il y aurait, dans cette rue du Caire, place aisée pour la circulation de quinze cents personnes à la fois. Ensuite, celui d'un musée de figures de cire, genre musée Grévin, à élever avenue de La Mothe-Picquet, et aussi celui de montagnes russes d'un nouveau genre, consistant en bateaux insubmersibles lancés à toute vitesse qui iraient terminer leur course dans la Seine. Enfin, ce même jour, l'administrateur du Cirque-Palace des Champs-Elysées, actuellement en construction, a fait parvenir à la commission ses plans définitifs, qui ont été transmis à l'architecte en chef de la préfecture de police, pour l'examen et le rapport. »

— Ainsi que nous le laissions prévoir, dès dimanche dernier, la date de la première représentation de Louise, à l'Upéra-Comique, se trouve reportée à

vendredi, la répétition générale devant, dans ce cas, avoir lieu mercredi dans la journée. C'est que si M. Albert Carré est très soucieux des moindres détails de sa mise en scène, M. Gustave Charpentier no l'est pas moins do ceux de son exécution musicale. Donc, directeur et auteur, s'ontendant parfaitement pour essayer d'approcher le plus possible de la perfection, ont, d'un commun accord, résolu ce léger retard qui leur permettra do satisfaire leur légitime souci d'art.

— On dit que la première représentation de Lancelol à l'Opéra sera donnée très probablement le mercredi 7 février. Répétition générale le 4.

•— Dans les premiers jours de la semaine, nous aurons au Théâtre-Lyrique de la Renaissance la première représentation de Martin et Martine. — MM. Milliaud frères préparent pour la carême un spectacle religieux qui sera composé d'une partie de l'Enfance du Christ de Berlioz, et de Ruth de César Franck, l'une et l'autre oeuvres mises à la scène complètement. — Enfin on prépare l'Euplirosine de Méhul, pour laquelle on vient d'engager MHo Charlotte Lormonl, une jeune artiste de talent.

— Placés de façon à ne pouvoir rien voir de ce qui se passait sur l'estrade et d'autre part, trompés par une fautive indication du programme, tous les critiques qui ont assisté à l'audition du Messie à l'église Saint-Eustache ont compris le nom de Mlle Passama parmi ceux des quatre artistes qui concouraient à l'exécution. Le critique du Ménestrel a fait comme ses confrères, ce qui lui vaut une réclamation, assez naturelle d'ailleurs. Mme Charlotte Telska nous écrit donc pour nous prier de faire savoir que c'est elle qui, au pied levé, a chanté la partie de contralto du Messie aux lieu et place de M" 0 Passama, qui s'était trouvée malade au dernier moment. Voilà qui est fait.

— Un rédemptoriste hollandais, le R. P. J. Bogaerts, vient de publier en français, sous ce titre : Saint Alphonse de lÀguori musicien et la réforme du chant sacré, un livre qui a paru à la librairie: Lethielleux. Le nom de saint Alphonse de Liguori n'a jamais été, que je sache, mentionné dans aucun ouvrage de biographie musicale. L'auteur, de qui nous apprenons que son héros vivait au dix-huitième siècle, nous fait savoir qu'il composa les paroles et la musique de nombreux cantiques et qu'il écrivit une sorte d'oratorio à deux personnages, dont, sous le titre de Chant de la Passion, il nous donne en appendice le texte poétique et musical. Mais son livre, beaucoup plus dogmatique que musical, a surtout pour but, non de nous faire connaître saint Alphonse en tant que compositeur, mais de montrer le zèle qu'il déploya en faveur du chant grégorien, et de ses efforts pour repousser de l'église l'emploi du chant figuré et le remplacer par le- plain-chant traditionnel. Comme évêque de Sain te-Agathe, saint Alphonse paraît s'être montré intraitable sous ce rapport, et le livre du R. P. Borgaerts est, à cet effet, fertile en témoignages probants. Autrement, l'intérêt purement musical en est à peu près nul, el l'ouvrage ne nous apprend rien d'utile au point de vue artistique proprement dit.

— A Toulouse, le succès de Cendrillon a pris les proportions du triomphe. Voici les appréciations du si distingué critique Orner Guiraud, sur l'interprétation : « C'est Frédéric Boyer lui-même qui a tenu à l'honneur de créer Pandolfe; il a mis dans ce rôle tout ce que lui inspirait son haut talent de chanteur exquis et de comédien. — La toute mignonne M"e Buhl personnifiait Cendrillon. On dirait que cette partie a été écrite pour elle; sa voix, toute menue de timbre mais étendue, s'y plaisait à souhait. Le duo du troisième acte : Viens, nous quitterons la ville, a été bissé d'acclamation. •— La fée, c'était 3\Tme Valduriez, la virtuosité faite femme, roucoulant à ravir les innombrables vocalises de la partition avec une vélocité remarquable. Et M"eDelormes, bien en voix, donnait au prince Charmant l'appoint d'une comédienne très experte et d'une chanteuse sachant dire, sachant phraser avec un goût très pur. II faut aussi louanger Mlles Pérès et Breton, les deux filles de Mme de la Haltière. — J'ai gardé pour la fin celle-ci ; Mme de la Ilallière était confiée à Mlle Guenia. J'avoue, en toute sincérité, que rarement je vis plus intelligente et plus artistique traduction. Notre contralto s'y montre étourdissante, ébouriffante de fine cocasserie, et son succès, à elle aussi, a été très grand. M. Bareille est bien amusant dans le Doyen, MM. Albert et Gailbard, en des rôles secondaires, méritent d'être nommés, et le ballet, fort bien réglé, n'a récolté que des bravos. Bravo donc aux frères Boyer pour avoir monté ce délicieux ouvrage, dans lequel ils ont mis fout ce que leur âme d'artistes pouvait leur suggérer. Et maintenant, en voilà pour un bon nombre de représentations ! »

— D'Alger: Très gros succès pour Cendrillon. Mise on scène fort artistique, dont on ne saurait trop complimenter le directeur, M. Saugey. L'orchestre et les artistes ont fort bien interprété l'oeuvre de Massenet.

— De Lyon : Le 2e concert donné parla nouvelle Association symphonique lyonnaise a obtenu le plus grand succès. La salle de la Scala, où se donnent ces séances, était archi-comble dimanche dernier. Au programme le violoniste Jean ten Hâve, qui a interprété avec une sûreté d'exécution, une pureté et une sobriété de style remarquables, le 2e concerto de Max Bruch, la romance en fa de Beethoven et le Caprice de Guiraud. La symphonie de Schumann en ré mineur, les Préludes de la Création d'Haydn, el de Fervaal, de d'Indy, la marche des Ruines d'Athènes, de Beethoven, et deux Danses hongroises de Brahms, ont permis d'apprécier un orchestre souple, sonore et très discipliné. MM. Mirande et Jemain se partageaient, comme de coutume, la direction du concert.


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LE MÉNESTREL

— SOIRÉES ET CONCERTS. — 51"" Dignat a repris ses matinées d'élèves. Sa première a eu lieu le 18 janvier avec un grand succès, car parmi ces élèves se trouvent déjà de véritables artistes. C'est M. I. Philipp qui présidait la séance. M 11" Dignat a exécuté de lui quelques oeuvres charmantes, dont sa Barcarolle et sa jolie transcription Sous les tilleuls, d'après Massenet. Citons encore, au cours du programme, en outra des nombreux morceaux classiques qui forment la base solide de l'enseignement de M""' Dignat, le Cavalier fantastique de Godard, un scherzo et une étude de Marmontel. — Au dernier programme de la Trompette, gros succès pour une série de mélodies de Périlhou, chantées d'une façon charmante et d'une bien jolie voix par M"' Jane Bathory : Xell, Vdlanell; Musette, M'amye, Chanson à danser. — La dernière des matinées Berny était consacrée à l'audition des oeuvres de M. Louis Diémer et a obtenu un très grand succès. On a bissé les Ailes à M™ 0 la comtessede Maupeou et fait très grand et très mérité succès à M. Mauguière dans Si je savais et Dernières roses, à MM. Boucheril, Gillct, Bazelaire, Berny et à l'auteur qui accompagnait lui-même ses oeuvres. — Très élégante et très charmante, la dernière soirée artistique de Mmc du Wast-Duprez dans la salle du Journal. On y a entendu et applaudi M,,c' Rose Witzig, Le Oambier, Diebold et Marguerite G..., MM. Dubosc et Faurens, dans divers fragments de Philémon et Baucis, A'Iphigénii en Tauri le, de la Fée aux Roses et

du Barbier de Séiille. L'n des grands succès de la séance a été pour l'excellent violoniste Willaume, qui a exécuté trois morceaux de sa composition. Puis M"c Jeanne du Wast, MM. II. Cortin et Pierre du Wast ont joué avec un rare ensemble l'émouvant petit drame

de M. André Tlieuriel, Jean-Marie.

NÉCROLOGIE

Cette semaine est mort à Paris un de nos confrères, M. Ely-Edmond Grimard, qui remplissait aux Annales politiques el littéraires, depuis la fondation de ce journal, les fonctions de critique musical.

— On annonce aussi la mort, dans un âge avancé, du compositeur Marc Chautagne, qui avait publié un nombre considérable de romances et de chansons,

chansons, qui avait écrit des couplets et des airs da danse pour de nombreuses pièces représentées sur divers théâtres.

— Et de Nancy nous parvient la nouvelle de la mort d'un artiste distingué, M. Pierre-Charles Jacquot, ancim luthier, à qui ses travaux remarquables avaient valu la croix de la Légion d'honneur. M. Jacquot était âgé de 71 ans.

— On annonce de Venise la mort d'un dilettante fort distingué, le comte Giuseppe Contin di Gastelseprio, qui avait acquis, sous la direction de Mayseder, un talent remarquable de violoniste et qui fut très étroitement mêlé à la vie artistique. C'est à lui qu'on doit, à Venise, la fondation du Lycée musical Benedetto Marcello, pour lequel il sacrifia une grande partie de sa fortune. Il fut aussi, pend.tnt plusieurs années, président d? la commission du grand théâtre de la Fenice de Venise, et c'est à son initiative qu'on doit l'apparition sur ce théâtre d'un grand nombre d'oeuvres importantes. Le comte di Castelseprio s'était fait connaître aussi comme compositeur.

HENRI HEUGEL, directeur-gérant.

Par suite de décès, on demande un ouvrier connaissant parfaitement la réparation complète des pianos, harmoniums et de la lutherie. Pressé. S'adresser maison J. BAUX.UN à Laval (Mayenne).

Vient de paraître chez E. Fasquelle, les Chansons de Bilitis de Pierre Louys, accompagnées de 300 gravures et de 2i planches en couleurs, hors texte, par Notor, d'après des documents authentiques des musées d'Europe. Prix : 3 fr. B0 c.

IMPRIMERIE CENTRALE DES CHEMINS DE FER. — IMPRIMERIE CIIAtX, RUE BERGERE, 20, PARIS. — (Encre LorïUeUX).