MÉMOIRES
DE
L'ACADÉMIE
DES
SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS
ET BELLES-LETTRES D'AIX
TOME XVIII
AIX-EN-PROVENCE
IMPRIMERIE A. GARCIN ,RUE MANUEL , 20. 1902
ACADÉMIE D'AIX
MÉMOIRES
DE
L'ACADÉMIE
DES
SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS ET BELLES-LETTRES
/ SOCIETE D'AIX
TOME XVIII
Aix-en-pvovence
A. GARCIN, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE
1900
LE CABINET
DES
FAURIS DE SAINT VINCENS
à Aix
D'APRÈS DES DOCUMENTS INÉDITS
PAR ALEXANDRE MOUTTET
Les belles collections d'antiquités, d'inscriptions, de médailles, de manuscrits de MM. Fauris de SaintVincens, père (I) et fils (2), présidents à mortier au Parlement de Provence, ont eu leur célébrité à la fin du XVIIIme et au commencement du XIXme siècle. Elles étaient propres à satisfaire les savants et elles excitaient la curiosité de nombreux voyageurs.
Millin les visita, en 1804, au moment des jeux de la Fête-Dieu. Il avait pris gîte, sur le Cours, dans l'hôtellerie qui devait se trouver, croyons-nous, dans la maison portant le n° 17 bis, entre la rue de
(4) Jules-Françpis-Paul de Fauris, seigneur de Saint-Vincens et de Noyers, né à Aix le 21 juillet 4718, mort le 22 octobre 4798.
(2) Alexandre-Jules-Antoine, né à Aix, sur la paroisse Saint-Esprit, le 2 septembre 4750, mort le 45 novembre 4819.
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la Masse et l'ancien hôtel d'Arbaud-Jouques, ayant en face l'hôtel Saint-Vincens, n° 14 (1).
Le lendemain de notre arrivée, dit-il en son Voyage dans le Midi de la France, nous commençons à voir la collection de mon respectable ami. On éprouve un sentiment de vénération en entrant dans la maison de M. de Saint-Vincens ; tout y respire le savoir, la bienfaisance et la vertu. Le vestibule, la cour et les escaliers sont remplis d'inscriptions
(1) Roux-Alphéran nous apprend que cet hôtel a été bâti, vers 4 660, sur les anciens terrains de l'évêché, par Honoré de Rascas, seigneur du Canet, conseiller au Parlement. — En 1668, il le passa à son neveu, sénéchal de Draguignan, qui le revendit, en 4698, à Silvy de Raousset, comte de Boulbon, seigneur de Mazaugues, etc., etc., président à mortier au Parlement.
Antoine de Fauris, chevalier, seigneur de Saint-Vincens, conseiller aux Comptes, père et grand-père de nos deux présidents, fit l'acquisition de cette maison, cour, écuries, remise et grenier à foin, sise dans l'enclos de cette ville et au grand cours, confrontant au levant, maison du marquis de Mirabeau, etc., etc., au prix de 31,060 livres, de Joseph-André-Silvy de Raoulx-Raousset, comte de Boulbon, petit-fils du président au Parlement (Etude Bertrand, dans les minutes de Me Garcin, l'un des prédécesseurs, à la date du 9 juin 1739).
Après la mort du dernier président de Saint-Vineens, sa succession, ayant été acceptée sous bénéfice d'inventaire, l'hôtel fut judiciairement vendu le 4 juin 4 822 et adjugé à sa veuve, née Dorothée de Trimond, au prix de 30,550 fr.
Légué par elle à M. Alphonse d'Esmivy d'Auribeau, directeur des contributions directes à Nîmes, l'hôtel fut remis aux enchères devant Me Béraud, notaire à Aix, et adjugé, le 26 mars 4835, au prix de 38,500 fr., à M. Benjamin Crémieux, qui l'aliéna, le 4 6 juillet suivant, même notaire, à M. le conseiller Auguste Fabry, au prix de 40,000 fr. Il appartient aujourd'hui à ses fils, tous les deux magistrats.
grecques, romaines et du moyen-âge ; les dessus des portes sont ornés de fragments de mosaïque , son cabinet présente une nombreuse collection de livres imprimés et manuscrits, de médailles et divers monuments d'antiquité ou relatifs à l'histoire de son pays (t. II, p. 195) (1).
MM. de Saint-Vincens avaient compromis leur fortune à donner trop libre carrière à leur passion de collectionneurs. Aussi, après le dernier des SaintVincens, mort en 1819, président de la Cour royale d'Aix, ces richesses, si péniblement acquises, furentelles judiciairement dispersées au feu des enchères publiques.
On a été jusqu'ici inexactement renseigné sur
cette vente. La Statistique des Bouches-du-Rhône (2),
qui aurait pu nous dire la vérité, étant rédigée dans
les bureaux de la préfecture au milieu de tous les
documents officiels, effleure à peine le sujet, au
Chapitre des bibliothèques publiques, dans la note
suivante consacrée à la Méjanes :
Cette bibliothèque, remarquable surtout par le choix
des éditions et la beauté des reliures, s'est encore enrichie par différents envois du gouvernement et par l'achat d'une partie de la bibliothèque de M. Fauris de Saint-Vincens, qui
(4) Voyage dans les départements du Midi de la France, par Aubin-Louis Millin. Paris, de l'imp. nat. 1807-1844, 1 vol.in-8° avec atlas in-4°.— Voir l'addition, p. 51.
(2) Statistique des Bouches-du-Rhône, dédiée au roi par le comte de Villeneuve, préfet de Marseille. A. Ricard, 4 vol. in-4° avec atlas in-folio. Marseille. 4821-4 829.
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a été partagée entre les villes de Marseille, d'Aix et d'Arles. Par cet arrangement, la ville d'Aix a, en outre, obtenu les objets d'antiquité et une foule de monuments, sceaux, monnaies du moyen-àge, et des manuscrits précieux, parmi lesquels une certaine quantité ont appartenu au célèbre Peiresc (tome III, p. 582).
Tout cela est bien vague et bien confus et ne fait qu'obscurcir l'histoire.
M. Rouard, bibliothécaire de la ville d'Aix, qui
ne pouvait pas ignorer la provenance du fonds SaintVincens,
SaintVincens, été ni plus explicite ni plus exact que
la Statistique dans la Notice sur la Méjanes (1).
La belle collection, dit-il, que les présidents de SaintVincens avaient formée, en livres et manuscrits, en médailles et autres antiquités, fut acquise en 1820 (c'est 21 qu'il faut lire) par le département sous les auspices du comte de Villeneuve, préfet, à qui rien n'échappait de ce qui pouvait être utile aux sciences et aux lettres, et répartie entre les villes d'Aix, d'Arles et de Marseille ; cette dernière eut les médailles et les livres qui s'y rapportent ; Arles eut à peu près tous les autres ; Aix les manuscrits et les antiquités qui forment la plus riche partie de son musée
Plus tard, Roux-Alphéran dans ses Rues d'Aix, arrivé à l'hôtel des présidents de Saint-Vincens, devait naturellement parler de leur célèbre cabinet. Plein de confiance en l'érudition de son ami, qu'il avait tout lieu de croire au courant des choses de
(4) Notice sur la bibliothèque d'Aix dite Méjanes, par M. Rouard, bibliothécaire. Aix, Aubin, 4834, in-8°, p. 232.
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sa bibliothèque, Roux-Alphéran varia en ces termes le passage que nous venons de citer :
Après lui (le dernier président de Saint-Vincens), le beau cabinet que son père avait passé sa vie à former et que luimême avait augmenté, fut acheté par le département ; les livres furent envoyés à Arles, les médailles à Marseille, les antiquités et les manuscrits demeurèrent à Àix, où ils sont encore, les uns au Musée, les autres à la bibliothèque Méjanes (1).
Les erreurs ont la vie dure ! Bien des années après, en 1894, un érudit parisien, inspecteur général des bibliothèques et des archives, fut chargé de rédiger l'introduction au catalogue des manuscrits de la bibliothèque d'Aix, dressé par le regretté abbé Albanès. Loin d'Aix, étranger à la Provence, que voulez-vous qu'il fit contre deux érudits Aixois, ordinairement mieux informés, il est vrai ? Il résuma ainsi ce qui avait été fort légèrement dit avant lui :
Ces livres et antiquités ont été acquis en 4820 [pardon, c'est en 1821] par le département et répartis entre les villes d'Aix, d'Arles et de Marseille.
Telle est la légende qui s'est faite autour de la vente du cabinet Saint-Vincens, légende à laquelle l'autorité de l'inspecteur général venait donner plus
(\) Les Rues d'Aix, recherches historiques sur l'ancienne capitale de la Provence, par Roux-Alphéran. Aix, typ, Aubin, 4846-1848, 2 vol. gr. in-8°, t. II, p. 209.
— 10de crédit ; mais M. l'inspecteur n'a sans doute pas connu les Catalogues du Musée d'Aix, publiés, en 1862 et en 1882 par M. Gibert, son conservateur. Ils l'auraient mis sur la voie des documents que nous avons trouvés, en fouillant les registres des délibérations du conseil municipal d'Aix, et qui nous ont appris que, si le département a partagé entre les villes d'Aix, de Marseille et d'Arles, le lot de livres dont le préfet fit voter l'acquisition par le conseil général, ces villes avaient acquis, de leurs deniers : Aix, les antiquités et les manuscrits ; Marseille, les médailles, et Arles, qui n'avait pas de bibliothèque, le restant des livres.
C'était assez pour couper court à la légende ; mais M. Gibert n'est pas entré dans les détails, s'il a toutefois connu les documents de la vente SaintVincens, conservés aux archives municipales d'Aix et aux archives des Bouches-du-Rhône à Marseille.
Ces documents, encore inédits, vont nous permettre de rétablir les faits dans leur parfaite exactitude. Mais avant de poursuivre, il nous paraît essentiel de dire sommairement les origines des présidents Fauris, seigneurs de Saint-Vincens et de Noyers.
Les Saint-Vincens, appartenant à une ancienne et très distinguée famille de robe, aujourd'hui éteinte,
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étaient originaires de Manosque (I). Jules-FrançoisPaul Fauris, seigneur de Saint Vincens et de Noyers, arrière-petit-neveu de Christophe de Fauris de SaintVincens, avocat général au Parlement en 1645, était fils de second lit d'Antoine (2), conseiller à la Cour des Comptes, et de Anne-Bartholomée de Bouchet de Faucon, dont le père était conseiller au Parlement ; il naquit à Aix le 12 juillet 1718, et fut baptisé le même jour à la paroisse Saint-Esprit de cette ville. La carrière de la magistrature s'ouvrait devant lui. Tout en étudiant le droit, il faisait ses délices des belles-lettres, de l'histoire et de l'antiquité. Les médailles le passionnaient. Le 8 octobre 1737, il était reçu conseiller au Parlement, au siège de JeanBaptiste de Suffren, et le 10 mars 1746 il remplaçait André-Elzéar de Jouques en sa charge de Président à mortier. Il avait alors à peine vingt-huit ans. Le 31 mai suivant, il épousait Julie de Villeneuve, native d'Aix, âgée d'environ dix-neuf ans, fille du marquis
(4 ) Un des chefs-lieux de canton les plus importants des BassesAlpes, sur la rive droite de la Durance, non loin du château de Mirabeau. C'est dans cette charmante, petite ville que le jeune comte de Mirabeau fut exilé en 1774, qu'il y fut interdit et qu'il découvrit les relations coupables de sa femme avec le mousquetaire de Gassaud, de ce lieu.
(2) Antoine de Fauris avait épousé en premières noces, le 4 6 janvier 4700, Catherine-Thérèse d'Arbaud.
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de Villeneuve-Vence et de Sophie de Simiane, qui avait pour bisaïeule Mme de Sévigné (I).
De cette union, dont le Président eut beaucoup à souffrir (2), naquirent deux enfants :
M. Alexandre-Jules-Antoine que, par la suite, on désigna plus particulièrement sous le nom de M. de Noyers pour le distinguer de son père ; et Julie(4)
Julie(4) de la paroisse Saint-Esprit d'Aix pendant l'année 4746, f. 40.
(2) Voir le retentissant procès en faux survenu entre le vieux maréchal duc de Richelieu et la présidente de Saint-Vincens. La haute noblesse provençale intervint dans ces débats. De nombreux mémoires furent publiés à l'époque. La riche bibliothèque de M. Paul Arbaud possède une collection fort rare de ces factums, trois gros vol. in-4 . Mary-Lafon en a publié un résumé sous ce titre : Les dernières armes de Richelieu — Mme de Saint-Vincent (sic) (lib. Didier, 48 ). Ce livre très partial, incomplet, sans valeur historique, avec le nom des parties souvent estropié, ne manque pas cependant d'intérêt. Notre ami, le regretté M. Lucas de Montigny, en a laissé une relation manuscrite. Ce travail, intitulé : Un procès scandaleux au XVIIIe siècle, composé tout entier à l'aide de lettres inédites de M. et de Mme de Saint-Vincens, de l'illustre Monclar, procureur général du Parlement de Provence ; de Mme de Simiane. du duc de la Vrillière, du marquis de Castellane, du chancelier Maupeou, du conseiller Meyronnet-Saint-Marc, etc., etc., est d'autant plus intéressant qu'il donne, pour la première fois, l'histoire vraie et le dénouement tragique de l'existence de cette malheureuse et spirituelle petite-fille de Mme de Sévigné (voir notre plaquette : G. Lucas de Montigny 1814-1874, Notes et Souvenirs. Aix, 4895, imp. Remondet-Aubin.
Le manuscrit autographe d'Un procès scandaleux au XVIIIe siècle, prêt à être livré à l'impression, fait partie aujourd'hui de la bibliothèque du commandant L. de Montigny.
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Sophie-Rossoline, mariée à Boniface de Perier, conseiller au Parlement, d'où Charles-Jules-Michel et Alexandre-Louis-Gaspard de Perier, qui héritèrent de leur oncle maternel.
Comme son père, Alexandre fut destiné à la magistrature ; comme lui, et sous sa direction, il cultiva les lettres, l'histoire et les antiquités. Né le 3 septembre 1750(1), il était en 1775 reçu conseiller au siège et sénéchaussée d'Aix. En 1782 son père résignait en sa faveur sa charge de président à mortier, sous réserve de cinq ans de survivance, avec rang et séance. La même année il épousait Marguerite-Dorothée, l'une des filles d'HenriJoseph-Gabriel de Trimond, seigneur de Puymichel, petite-fille du conseiller Louis de Thomassin de Mazaugues et de Gabrielle de Seguiran, celle-ci petite-nièce de Peiresc.
Les présidents de Saint-Vincens étaient deux grands collectionneurs, comme le Procureur général de la République des lettres, dont ils devinrent par ce mariage les alliés.
Le président Saint-Vincens père tenait en telle
(1) M. Aude, conservateur de la Méjanes, me communique les placards illustrés qu'il vient de découvrir des deux thèses de philosophie soutenues par le jeune Fauris de Saint-Vincens : In aula Académies Regioe Juliacensis sacerdotum oratorii domine Jesu. Ces thèses sont du 8 février et du 47 août 4768. Fauris de Saint-Vincens n'avait pas encore accompli sa dix-huitiéme année.
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estime la mémoire de son illustre devancier, qu'il lui fit élever, à l'église de la Madeleine, un petit monument confié au ciseau de Chastel (I).Il mourut à Aix le 1er brumaire an VII (22 octobre 1798), dans la quatre-vingt-unième année de son âge, laissant aux mains de son fils les belles collections qu'ils avaient passé leur vie à former ensemble.
Le premier soin de Saint-Vincens, après la mort de son père, fut de rendre un hommage public à sa mémoire en faisant imprimer une Notice sur sa vie publique et privée, dans laquelle il donnait une analyse des travaux littéraires qui l'avaient occupé jusqu'au dernier moment de sa vie (2).
Après la suppression du Parlement, Saint-Vincens fils se tint à l'écart des événements. Il partageait son temps entre l'étude et les soins qu'il donnait à son vieux père. Il n'en fut pas moins quelque peu inquiété ; mais le calme étant revenu, il accepta, en 1802, d'être administrateur des hospices d'Aix. En mai 1807 (3), il remplaça au conseil général M. Millard (4), démissionnaire. Il fut nommé maire
(1) Autour de Peiresc, par T. de Larroque et Mouttet. Aix, 1898.
(2) Magasin Encyclopédique, de Millin, 1798, et réimprimé à Aix par Henricy, an VIII et an IX, in-4°.
(3) Le dép. des B.-du-Rh,, par St-Yves et Fournier, 4899, p. 94. (4) Millard était alors commissaire de police à Aix.
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de cette ville par décret du 18 mars 1808 et installé le 13 mai. L'année suivante, le département l'ayant désigné comme candidat, il fut appelé au Corps législatif par un décret,signé au camp de Schoenbrunn le 13 octobre 1809.
Le décret d'organisation de la Cour impériale d'Aix (1er juin 1811), créa son président, le baron Baffier, premier président, et appela M. de SaintVincens à une présidence de chambre.
Le président Alexandre de Saint-Vincens mourut à Aix le 15 novembre 1819 (1).
Ses deux neveux, Charles et Gaspard de Perier, fils de sa soeur Rossoline, mariée à Boniface de Perier, conseiller au Parlement de Provence, seuls habiles à se porter héritiers de leur oncle maternel, firent, le 22 du même mois et jours suivants, conservatoirement procéder à l'inventaire des facultés mo(1
mo(1 Voici son acte de décès :
Etat-civil d'Aix. Du 16 novembre 4 84 9. Acte de décès de M. Alexandre-Jules-Antoine de Fauris do Saint-Vincens. ancien président à mortier au Parlement de Provence, ancien maire d'Aix, second président en la Cour royale, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres de l'Institut de France, officier de l'ordre royal de la Légion-d'Honneur, décédé hier à midi en son hôte) sur le Cours, ne 46 [il faut lire 4 4] âgé de 69 ans, natif de cette ville, fils de feu M. Jules-François-Paul de Fauris de Saint-Vincens, second président à mortier du Parlement de Provence, et de feue dame Julie de Villeneuve de Veuce, époux de dame Marguerite-Dorothée de Trimond.
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bilières qui composaient sa succession, et ce par Mc Gassier, notaire à Aix (I), assisté de trois experts désignés par eux : MM. Mane, tapissier ; Pontier, imprimeur-libraire, et Marcelin Boyer de Fonscolombe, « réputé par ses connaissances en objets d'art. » Le 10 janvier 1820, ils acceptaient la succession sous bénéfice d'inventaire.
En l'état, l'affaire entrait dans la voie judiciaire, et l'on pouvait se demander quel sort attendait la célèbre collection Saint-Vincens qui allait passer aux enchères publiques.
Heureusement le comte de Villeneuve, préfet des Bouches-du-Rhône, songea à conserver ces trésors à son cher pays de Provence. A cet effet, il adressa au ministre de l'intérieur, M. Decazes, la dépêche suivante :
Marseille, 20 février 1820.
La mort du respectable président Fauris de Saint-Vincens laisse ses héritiers en possession d'un cabinet magnifique en antiquités, en médailles, en monnaies anciennes et modernes, en manuscrits et en livres précieux pour l'histoire de Provence. Son père et lui s'en étaient occupés sans relâche pendant leur longue carrière, et, d'après l'élude que j'ai faite par moi-même de cette immense collection, je puis vous certifier qu'il n'en existe pas de plus intéressante dans son ensemble et dans' ses rapports avec la localité. Cependant elle va être
(1) Les minutes de ce notaire se trouvent aujourd'hui dans l'étude de Me Bernard, successeur de Me Pontier.
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vendue et vraisemblablement dispersée ; la position des héritiers, qui n'ont accepté la succession que sous bénéfice d'inventaire, l'exige impérieusement, et ils font toutes les dispositions préalables à cette vente. Il paraîtrait même qu'ils ont reçu des propositions de quelques amateurs des arts et particulièrement de M. le comte de Blacas.
D'un autre côté, tout ce qui en Provence cultive les sciences, les belles-lettres et les arts, tout ce qui s'intéresse à la gloire de cette partie de la France, déjà si remarquable par ses souvenirs et ses monuments, gémit de voir s'anéantir une réunion d'objets uniques pour la plupart et que les étrangers venaient visiter avec un empressement presque religieux ; c'était, en quelque sorte, un abrégé de ce que la Provence offre d'intéressant, et, de toutes parts, on me supplie d'employer tous les moyens les plus efficaces pour faire en sorte que ce cabinet devienne une propriété publique.
Ces vues rentrent trop dans les miennes, et comme administrateur et comme homme de lettres et comme provençal, pour que je ne les adopte pas avec zèle et empressement ; d'ailleurs, ami et parent de M. de Saint-Vincens, lui ayant entendu dire souvent que si Dieu lui prêtait vie et s'il pouvait payer ses dettes, son voeu était de donner son cabinet à la ville d'Aix ou au département. Je regarde comme un devoir sacré en concourant à l'accomplissement des derniers voeux d'un homme qui fait tant d'honneur à sa patrie de prendre l'initiative pour lui élever ainsi le monument le plus digne de lui et de nous. Je suis convaincu que V. E. est d'avance disposée à me seconder, et, qu'après lui avoir fait connaître mes vues, je vais lui indiquer les moyens que je crois les plus propres à en assurer la prompte exécution (1).
Les héritiers que j'ai vus et qui me paraissent disposés
(4) Minute autographe de la dépêche : Arch. des Bouclies:duRhône.
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à répondre à mes intentions, non moins qu'au désir qu'ils entendent se manifester par tous leurs concitoyens, m'ont dit que le cabinet de leur oncle était estimé 100,000 fr.; mais que cette somme était susceptible de rabais, soit par suite d'une estimation contradictoire, soit même par des arrangements particuliers. Ainsi donc, pour partir d'une base quelconque, et sans rien préjuger toutefois, admettons que le prix soit de 80,000 fr. Cette donnée semblerait même assez juste, car il est notoire qu'en 1812 ou 1813 le cardinal Fesch en avait offert 70,000 fr., sans la bibliothèque, dans laquelle il ne prenait qu'un certain nombre d'ouvrages de choix. ; Cette somme serait bien considérable pour un département peu riche et pour les villes de Marseille et d'Aix dont les ressources financières sont absorbées par des charges énormes ; mais il ne me paraît pas impossible d'y atteindre en éloignant les termes du paiement et en multipliant les parties qui pourraient concourir à la dépense.
Sur le premier point, les héritiers m'ont dit qu'ils étaient disposés à accorder cinq ou six ans et même plus pour le paiement, pourvu qu'il se fît en pactes égaux (sic) et qu'on leur précomptât l'intérêt légal. Ce sont à mon avis les principaux obstacles aplanis.
Abordons ensuite la question relative aux parties qui doivent acquérir :
Le département ne le pourrait et ne le voudrait pas. Un cabinet de ce. genre est par sa nature, un établissement communal, et le Conseil général consentirait tout au plus à accorder un secours pour cet objet aux villes qui, formant cette utile entreprise, auraient besoin d'être aidées.
Marseille et Aix sont celles que la chose devrait naturellement regarder ; mais, outre que leurs dépenses ordinaires absorbent les recettes et que la charge du cabinet en entier serait énorme pour chacune d'elles en particulier, il faut
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convenir qu'il contient des objets qui, inappréciables pour l'une d'elles, serait sans valeur pour l'autre.
Ainsi, par exemple, Marseille pourrait se charger des médailles, attendu qu'elle n'en a pas ou presque pas, et qu'une collection de ce genre y est vivement désirée , tandis qu'Aix tiendrait surtout à avoir les manuscrits, les antiquités et plusieurs objets qui consacrent, en quelque sorte, l'illustration de l'ancienne capitale de la Provence et compléteraient la bibliothèque qu'elle possède déjà.
Quant aux livres, la plupart existent déjà à Aix ou à Marseille. Ces deux villes pourraient se partager les ouvrages qui leur manquent et les doubles seraient envoyés à Arles qui, s'occupant à se créer une bibliothèque, serait indubitablement disposée à voter annuellement quelques fonds pour cette destination.
Ainsi donc, en résumant ces diverses indications, on peut croire que le département consentirait à accorder, à titre de
secours, une somme de Fr. 20,000
payable dans six ans. Elle n'aurait, assurément, rien de difficile à supporter.
En supposant que les villes de Marseille et d'Aix émissent le voeu d'acquérir par moitié ce cabinet, proportion qu'on peut approximativement déterminer entre les médailles et les autres objets, sauf les rectifications entraînées par la reconnaissance de ces mêmes objets, par leur estimation ou par ce qui serait aimablement déterminé par les deux villes, chacune d'elles pourrait y appliquer, pendant cinq ans, une somme de 5,000 fr., ce qui, au bout du terme, produirait un résultat de. ..... 50,000
En admettant la quotité assignée à la ville d'Arles, et dont le montant lui serait imputé en livres, à la somme de 6,000
on aurait un total de Fr. 76,000
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Somme qui, répartie en six paiements, d'année en année, ne saurait être onéreuse et qui d'ailleurs se rapprocherait tellement de la valeur présumée, qu'une augmentation quelconque influerait faiblement sur les calculs ci-dessus, lorsque surtout les héritiers offrent de donner un plus grand nombre d'années pour effectuer le paiement, si la chose est jugée nécessaire.
Jusqu'ici j'ai raisonné dans l'hypothèse que, pour faire cette acquisition, nous serions réduits à nos ressources locales; mais ne pourrions-nous pas nous flatter que, sur nos instances, le gouvernement ne consentît à nous aider sur des fonds généraux ou communs destinés à l'encouragement des sciences, des lettres et des arts, soit qu'il le fit par pure bienveillance envers une contrée intéressante du royaume, soit qu'il voulût lui-même acquérir quelques objets qui peuvent manquer aux collections royales, ce que nous nous empresserions d'offrir.
En outre, la Caisse de commerce de Marseille contenant des sommes considérables sans emploi pressant, on pourrait extraire en tout ou en partie le prix de l'acquisition pour être prêté au département ou aux villes dont il s'agit, de manière à être restitué dans un délai de dix ans, ce qui allégerait d'autant la charge en principal et intérêt ; et, pour cela, il suffirait de donner un an de plus à la ville de Marseille qui rembourse chaque année 72,000 fr. à cette caisse pour le cinquième de la somme empruntée en 4813 pour venir au secours des hôpitaux.
Tels sont les moyens d'exécution que je vous soumets, Monseigneur, pour réaliser un projet auquel tiennent singulièrement tous les Provençaux éclairés. Rien ne me paraît faire prévoir des difficultés impossibles à surmonter, pour peu que vous veuilliez accéder à ces vues ; d'avance, je crois être sûr des bonnes dispositions du-Conseil général et des Conseils municipaux, et je les en entretiendrai officiellement dès que Votre Excellence m'aura fait conna ître ses intentions ;
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elles nous seront favorables, j'en ai pour garant la protection que le Roi accorde aux sciences et sa bienveillance pour cette province dont il a porté le nom, non moins que vos inclinations personnelles qui se manifestent si bien dans chacun de vos actes. Je me bornerai donc à vous assurer que, déterminer cette acquisition, sera faire une chose utile et agréable à cette contrée et dont elle vous aura la plus vive reconnaissance. Veuillez en conférer avec notre très honorable compatriote Siméon (1), qui, né à Aix et connaissant à fond ce cabinet et ses dignes possesseurs, vous donnera des notions certaines sur le prix qu'on doit attacher à empêcher qu'il ne se dissémine. Il se joindra à nous, je n'en doute pas, pour vous prier avec instance de protéger cette entreprise.
En attendant que le catalogue détaillé soit achevé, je vous envoie une notice qui en tiendra lieu autant que possible. Sa lecture vous prouvera que tout ce que je viens d'avoir l'honneur de mettre sous vos yeux n'est pas exagéré et déterminera, de votre part, une approbation sur laquelle je compte avec la plus entière confiance.
Je suis avec respect, de Votre Excellence, le très humble et très obéissant serviteur.
Comte de VILLENEUVE.
Voici la réponse du nouveau ministre, M. Siméon, à la date du 13 mars 1820 :
(1) M. le comte Siméon, à ce moment sous-secrétaire d'Etat au ministère de la justice, était nommé le lendemain 21 février ministre-secrétaire d'Etat au département de l'Intérieur, en remplacement de M. le comte Decazes, démissionnaire pour cause de santé, et que le Roi, par deux ordonnances du même jour (20 février), avait fait duc et ministre d'Etat en son conseil privé. La dépêche du préfet des Bouehes-du-Rhône arriva aux mains du nouveau ministre et la réponse était signée : SIMÉON.
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Monsieur,
J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 20 du mois dernier, concernant l'acquisition du cabinet de M. le président Fauris de Saint-Vincens.
J'ai examiné les propositions que vous avez cru devoir me faire à cet égard et je ne puis qu'être disposé à les approuver si, comme vous semblez l'espérer, vous pouvez les faire adopter par le Conseil général du département et les conseils municipaux des villes intéressées.
Je vous engage donc à procéder d'abord à une estimation contradictoire de là collection dont s'agit, à convenir ensuite du prix définitif avec les héritiers de M. Fauris Saint-Vincens et à vous assurer par les voies qu'indique votre lettre les moyens de faire face aux payements.
Lorsque ces formalités préliminaires seront remplies, vous voudrez bien me renvoyer l'affaire, afin qu'il soit définitivement statué sur son objet.
Vous avez proposé d'emprunter à la caisse de commerce de Marseille les fonds nécessaires à cette acquisition ; mais si, comme vous le dites, les héritiers sont disposés à accorder des termes pour les payements, cette mesure n'offrirait qu'une complication qu'il me semble qu'on peut éviter. .
Agréez, etc. Signé : SIMEON (1).
Conformément à ces instructions, il fut procédé contradictoirement à une première évaluation du cabinet Saint-Vincens, par Sallier (2) et Revoil (3),
(1) Archives des Bouches-du-Rhône.
(2) François Sallier, ancien maire d'Aix, alors receveur particulier des finances de l'arrondissement, le célèbre collectionneur provençal, mort dans cette ville le 20 février 4 831.
(3) Pierre Revoil, peintre d'histoire, ancien directeur de l'école des beaux-arts à Lyon et président de l'Académie d'Aix, père de l'architecte actuel, qui lui succéda comme correspondant de l'Institut.
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« experts désignés, » le premier par le préfet et le deuxième par les héritiers.
Cette évaluation portait le prix total de la collection à la somme de 60,503 fr., savoir : 22,629 frpour les antiquités et manuscrits, 18,723 fr. pour les médailles et 19,151 fr. pour les livres.
Entre temps le préfet adressa aux maires d'Aix, de Marseille et d'Arles une lettre-circulaire tirée de sa dépêche au ministre et de la réponse de S. E. pour inviter chacune de ces villes à voter l'acquisition de la partie du cabinet Saint-Vincens la concernant plus spécialement.
Nous allons nous occuper d'Aix, laissant Marseille et Arles agir de leur côté dans leurs intérêts particuliers.
L'affaire mise à l'ordre du jour de la séance extraordinaire du conseil municipal du 22 avril 1820, d'Estienne Dubourguet, maire d'Aix, dit :
Messieurs,
M. le préfet désirant conserver dans le département les objets précieux qui composent le cabinet de feu M. le président Fauris de Saint-Vincens, a pensé que le seul moyen d'y pourvoir était d'en faire faire l'acquisition par les villes de Marseille, d'Aix et d'Arles ; il s'est empressé, en conséquence, de soumettre ses vues à S. E. le ministre de l'intérieur qui a daigné les approuver, et il me charge de vous les communiquer par sa lettre du 1er de ce mois qui m'a été transmise par le sous-préfet et dont je vais vous donner lec-. ture, bien persuadé que vous seconderez ses intentions pour
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que cette belle collection d'antiquités, de livres et de manuscrits précieux ne soit pas enlevée à la Provence. Je vous invite à émettre votre voeu sur cette proposition.
Après cet exposé :
Le conseil a délibéré à l'unanimité, pour répondre aux vues de M. le préfet, de faire l'acquisition des monuments, livres et manuscrits du cabinet de M. le président de SaintVincens qui intéressent plus particulièrement la ville d'Aix ; qu'à cet effet MM. Pontier (1) et de Fonscolombe (2), membres du conseil, seront chargés de faire la recherche de ces divers objets dans l'inventaire général du dit cabinet, afin que, d'après leur rapport, par l'estimation faite par les experts commis, contradictoirement par M. le préfet et les héritiers bénéficiaires de M. de Saint-Vincens, il puisse voter les fonds nécessaires à cette acquisition, suivant les conditions stipulées pour les paiements.
L'affaire suivit le cours ordinaire. A la session du Conseil général de 1820, le préfet présenta dans la séance du 14 août le rapport suivant sur Vacquisition du cabinet de Saint-Vincens :
Cet honorable membre du Conseil général, dont nous ne saurions assez regretter les éminentes vertus, les bonnes qualités, la profonde érudition et surtout le dévouement à tout ce qui était bon et utile à son pays, a laissé en mourant un cabinet précieux ; Comme collection de médailles, de monnaies des comtes de Provence, d'antiquités, d'inscriptions, de manuscrits relatifs à l'histoire de Provence, bibliothèque choisie, etc.; il serait difficile de trouver ailleurs une
(1) Augustin Pontier, imprimeur à Aix.
(2) Hippolyte Boyer de Fonscolombe, l'aîné des trois frères qui faisaient tous partie de notre Académie.
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réunion plus intéressante, et la voir dispersée par une vente publique ou particulière serait une perte irréparable pouf tout ce qui prend quelque intérêt au progrès des sciences, des lettres et des arts. Tous se sont réunis pour émettre le voeu d'en faire l'acquisition pour un établissement public, afin que ces objets pussent servir aux recherches de l'homme instruit comme aux études de la jeunesse. Toujours il fut ouvert aux personnes qui désiraient la vue ou la communication des trésors qu'il renferme, et ce fut là la principale jouissance de MM. de Saint-Vincens père et fils, qui avaient consacré leur longue carrière à former et à accroître cette collection. L'intention du dernier possesseur (et il l'a plus d'une fois manifestée) était d'en faire don au département ou à la ville d'Aix, pour peu qu'il lui fut possible de se mettre au courant de ses affaires que les circonstances avaient singulièrement dérangées.
Le projet d'acquisition paraissait bien difficile au premier moment, car la valeur présumée de ce cabinet est portée fort haut et aucune de nos villes ne saurait y atteindre avec ses seules ressources. Mais les difficultés se sont affaiblies quand j'ai su que d'une part, les objets pouvaient être répartis d'une manière analogue aux voeux et aux intérêts des villes qui pourraient y concourir, et que de l'autre les héritiers possesseurs actuels étaient disposés à accorder plusieurs années pour effectuer le paiement, désirant eux-mêmes fortement" que le fruit des longs travaux de deux oncles (1) si recommandables ne fût pas perdu pour le pays auquel ils ont consacré tant de veilles et de capitaux.
Ces vues ont été soumises au Ministre de l'intérieur qui, en sa qualité de Provençal, les a particulièrement approuvées
(I ) Inutile de relever ici la distraction du bon préfet. Il oublie que M. de Saint-Vincens fils, étant l'oncle maternel des de Perier, M. de Saint-Vincens père est leur aïeul, et non leur oncle.
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et m'a chargé d'en suivre l'exécution, soit auprès de vous, soit auprès des conseils municipaux, en ayant soin au préalable de faire procéder par des experts contradictoirement nommés à l'estimation de chacun des articles qui composent ce cabinet. Les héritiers ont confié cette mission à M. Revoil, peintre de S. A. R. Madame la duchesse d'Angouléme, aussi recommandable par ses talents que par ses sentiments -, pour mon compte j'ai cru ne pouvoir faire un meilleur choix que celui de M. Sallier, receveur particulier de l'arrondissement, qui possède lui-même un superbe cabinet et réunit toutes les connaissances que ce goût entraîne à un dévouement sans borne, à la gloire de son pays et à une intégrité généralement reconnue.
Ces Messieurs se sont acquittés de cette mission intéressante avec le zèle qu'on devait attendre de l'empressement mis à l'accepter, et leur travail sera mis sous vos yeux s'ils ont le temps de le mettre au net.
On avait cru d'abord et d'après des données généralement admises que ce cabinet pouvait valoir de 70 à 80,000 francs ; il fallait d'ailleurs une base quelconque et dût-elle être exagérée, il convenait de l'accepter,.sauf à la réduire d'après l'estimation.
Cette opération terminée donne en résultat une somme totale de 60,503 francs, savoir :
Antiquités. ...... 22,629 fr.
Médailles. ...... 18,723
Livres 19,151
60,503 fr.
Parmi tous les objets que renferme le cabinet, les seules qui conviennent à la ville de Marseille sont les médailles et monnaies qui dans l'estimation sont portées à la somme de 18,723 francs.
De son côté, la ville d'Aix tend uniquement à avoir les manuscrits, les antiquités et quelques livres de la bibliolhè-
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que; on peut les évaluer à 22,629 francs, et déjà elle a voté en principe l'acquisition de cette quotité.
La ville d'Arles, qui s'occupe de former une bibliothèque, a voté l'acquisition des livres dont Aix et Marseille n'auraient pas besoin, et on peut calculer qu'elle aura à s'abonner à une dépense de 4,000 francs.
Mais le département sera sans doute jaloux de concourir à une acquisition toute d'utilité publique et de donner quelques facilités aux trois villes chefs-lieux d'arrondissement qui ont voté cette acquisition, soit en leur distribuant les livres qui, tombés dans son lot, sembleraient utiles à l'une des villes, soit en formant du surplus une bibliothèque préfectorale. Connaissant mieux que personne votre empressement à seconder les efforts des amis des sciences, des lettres et des arts, je n'ai pu former le moindre doute à cet égard, et Son Excellence le Ministre de l'intérieur m'a expressément chargé de vous en entretenir.
En supposant que vous assigniez au département un contingent égal à la valeur estimative des trois quarts des livres, il s'agirait d'une somme de :
15,160
Marseille aurait donc à payer 18,723
Aix 22,620
Arles - - - • 4,000 )
60,503 fr.
Comme les héritiers ont offert de donner jusqu'à dix ans pour solder la somme, pourvu qu'on leur en bonifiât les intérêts, chaque ville serait maîtresse de prendre tels arrangements qui pourraient lui convenir et de régler le partage des objets acquis d'après lés rapports des commissaires respectivement délégués et sous la direction de l'autorité supérieure; mais le département ne voudrait pas, sans doute, renvoyer ce paiement à des termes si reculés, et en prenant cinq ans il en résulterait seulement une dépense annuelle de 3,000 francs. Le motif que j'ai eu l'honneur de vous
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développer et la certitude d'entrer dans vos vues, m'ont déterminé à la porter dans le budget de cette année ; outre les avantages qui doivent résulter de cette acquisition, vous y trouverez particulièrement occasion de rendre un hommage éclatant à la mémoire d'un homme respectable qui, membre du Conseil général pendant un grand nombre d'années, sut s'y montrer assidu, zélé, dévoué au bien public et y captiva l'estime et l'affection de tous ses coopérateurs (1).
Le Conseil adoptant la proposition, décide de participer à cette dépense jusqu'à concurrence de 15,000 fr., en achat de livres qui seraient également distribués entre Aix, Marseille et Arles.
Par sa lettre-circulaire du 21 du même mois d'août, le préfet fit part de cette décision aux maires de ces trois villes, en les engageant à mettre le catalogue sous les yeux du Conseil et à lui faire voter la somme nécessaire à l'acquisition de la partie à leur convenance et à leur choix. Les délibérations prises à ce sujet leur furent retournées approuvées, avec prière de les mettre à exécution.
En lui transmettant, le 21 janvier 1821, la délibération du Conseil municipal du 22 avril 1820, approuvée le 2 décembre suivant, M. de Coriolis, sous-préfet d'Aix, donnait avis au maire de cette ville que Marseille avait fait son choix et il lui envoyait, pour lui servir de modèle, une copie du
(1 ) Archives des Bouches-du-Rhône, série N°.1, registre 8, p. 105.
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traité intervenu entre la ville et les héritiers bénéficiaires du défunt Saint-Vincens :
Veuillez bien, M. le maire, ajoutait-il, donner suite à la délibération du Conseil le plus tôt possible ; il est urgent que le choix que doit faire la ville ait lieu le plus tôt possible pour que la ville d'Arles et le département puissent retirer de ce cabinet ce qu'ils désirent acquérir. Rien ne peut arrêter vos opérations. M. le préfet vous a remis la copie de l'inventaire estimatif du cabinet de M. de Saint-Vincens, dressé d'après ses instructions ; cette pièce remplit l'objet de la délibération du Conseil municipal qui a nommé deux membres de ce Conseil qui doivent faire les recherches des monuments, livres et manuscrits dont il désire augmenter sa bibliothèque.
Je vous recommande de veiller à ce que cette affaire soit terminée dans le plus bref délai, etc., etc.
En l'état, le Conseil s'étant réuni le 14 février 1821, autorisa le maire à traiter avec les héritiers bénéficiaires au prix définitivement fixé à 17,000 fr. pour les antiquités et les manuscrits.
A la séance du 28 avril suivant, le maire déposa sur le bureau le contrat provisoire qu'il venait de signer avec les héritiers Saint-Vincens et qui est ainsi libellé :
« Par la présente faite à double original
Entre M. d'Estienne du Bourguet, maire d'Aix, chevalier de l'ordre royal de la Légion d'Honneur, agissant au nom de la ville d'Aix, d'une part,
Et MM. Charles-Jules-Michel de Perier et Alexandre-LouisGaspard de Perier, demeurant et domiciliés à Aix, héritiers bénéficiaires de M. Jules-François Fauris de Saint-Vincens,
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président à la Cour royale d'Aix, d'autre part, il a été convenu ce qui suit :
Article Ier. — MM. de Perier, en leur qualité, vendent à la ville d'Aix les morceaux d'antiquités du moyen-âge, les tableaux, dessins et gravures faisant partie du cabinet de M. de Saint-Vincens, suivant l'inventaire- estimatif qui en a été fait par MM. Revoil et Sallier (1).
Art. II. — La susdite vente est faite pour le prix de 17,000 francs pour les morceaux d'antiquités, dessins et gravures spécifiés dans l'inventaire estimatif.
Art. III.—Ladite somme de 17,000 francs sera payable dans le terme de cinq ans, comptables du 1er janvier 1822 jusqu'au 31 décembre 1826, à raison d'un cinquième ou de 3,400 fr. chaque année, avec intérêts au 5 pour 100 par an, franc de retenue, et qui commenceront à courir du 1er janvier 1822, lesquels intérêts décroîtront au fur et à mesure et dans la proportion des paiements. successifs, la ville se réservant
(1 ) Notons en passant que lés Manuscrits — chose essentielle — ne figurent pas dans l'acte de vente ; c'est sans contredit une simple omission du copiste ; les manuscrits faisaient partie du lot que la ville était autorisée à acquérir ensuite de la délibération sus-visée du 4 4 février ; ce qui est confirmé par le catalogue dressé entre les parties, au bas duquel est l'attestation suivante :
« Nous arrêtons le présent catalogue détaillé des manuscrits
dudit feu M. le président de Saint-Vincens, acquis par la ville d'Aix.
« Fait double pour être annexé à chacun des originaux de l'acte • de vente sous seing-privé.
« A Aix, en l'hôtel-de-ville, le 47 mai 1824. »
Suivent les signatures.
Mme Louise de Magallon qui a signé « la marquise de Perier » comme mandataire de son mari Charles de Perier, est la tante paternelle de M. Jules de Magallon, ancien président de l'Académie d'Aix.
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au surplus la faculté d'anticiper sur les termes ci-dessus convenus pour ces paiements.
Art. IV. — La présente convention n'aura d'effet qu'après qu'elle aura été approuvée par une délibération expresse du Conseil municipal de la ville d'Aix, approuvée par M. le préfet du département, et qu'en outre l'acquisition qui en fait l'objet aura obtenu l'autorisation du gouvernement pour la Ville et celle du tribunal de première instance pour les héritiers bénéficiaires vendeurs.
En conséquence, les objets ci-dessus mentionnés vendus à la ville ne seront mis en sa possession que lorsque lesdites approbations et autorisations seront rapportées.
Fait à Aix, en l'hôtel-de-ville, le 10 mars 1821.
Signé : D. DUBOURGUET, Charles DE PERIER, Alex, DE PERIER. »
Le Conseil municipal a unanimement délibéré d'approuver le traité dans tout son contenu et prie enfin le maire de le soumettre à l'approbation de M. le préfet.
Les héritiers bénéficiaires traitèrent aussi, dans les mêmes conditions, avec Marseille pour la collection des médailles et monnaies au prix de 18,000 fr.; avec le département, pour les livres, jusqu'à concurrence de 15 ,ooo fr., et avec Arles, pour le restant des livres au prix de 4,151 fr.
Après quoi, ils provoquèrent, la vente judiciaire des facultés mobilières et immobilières de l'hoirie Saint-Vincens et demandèrent spécialement l'autorisation de faire vendre à l'encan les objets composant le cabinet, décrits dans l'inventaire du 22 novembre 1819, notaire Gassier, pour être, la vente du cabinet, effectuée en trois lots ainsi composés-:
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Ier lot, médailles et monnaies ;
2me lot, antiquités et manuscrits ;
3me lot, la bibliothèque.
Par son jugement, en date du 12 mai 1821, le tribunal ordonna, avant dire droit, que le cabinet, décrit et estimé dans l'inventaire sus-visé, serait vu et visité par M. Diouloufet, sous-bibliothécaire de la ville, expert nommé d'office, lequel déclarera, dans son rapport, s'il est ou non plus avantageux que les dits objets soient vendus en trois lots plutôt qu'au détail. Sur le rapport de l'expert, le tribunal rendit le 6 juillet suivant un nouveau jugement. Voici les passages essentiels :
Attendu qu'il résulte du rapport de l'expert Diouloufet qu'il sera plus avantageux de vendre en trois lots la bibliothèque, les médailles et les morceaux d'antiquités, que de les vendre par volume et pièce par pièce ;
Que néanmoins, pour être assuré de parvenir à ce résultat, il convient d'augmenter la mise à prix des susdits objets, afin de prévenir toutes les chances contraires au but qu'on se propose.
Le tribunal autorise les héritiers bénéficiaires à faire procéder à la vente aux enchères publiques par devant M. Agnelly, juré-priseur de cette ville d'Aix, des facultés mobilières de l'hoirie bénéficiaire de feu Fauris de SaintVincens.
Et, quant au cabinet des médailles, aux antiquités et à la bibliothèque, ordonne la vente en trois lots, dont le premier sera composé du cabinet des médailles ; le deuxième, des morceaux d'antiquités, et le troisième, de la bibliothèque;
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Que le premier lot, composé du cabinet des médailles et monnaies, estimé dans le susdit inventaire à la somme de 8,443 fr. 35 c, sera exposé aux enchères publiques sur la mise à prix de . . 17,900 fr.
Que le deuxième lot, composé des morceaux d'antiquités, etc., estimé à la somme de 2,429 fr., sera exposé aux enchères publiques sur la mise à prix de • • • • 16,900 »
Et que le troisième lot, composé de la bibliothèque, estimé 10,485 fr., sera exposé aux enchères sur la mise à prix de ... 19,000 »
On nous permettra, à propos de ce dernier chiffre, d'ouvrir une parenthèse, au sujet de l'estimation des livres :
Nos amis les bibliophiles ne liront pas sans surprise ni curiosité quelques-unes de ces évaluations. Ils seront frappés de l'écart énorme de ces prix avec ceux qu'atteindraient aujourd'hui les mêmes ouvrages.
Ainsi, d'une part :
Les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, jusqu'en 1818, 50 vol. in-4°, avec 10 vol. des manuscrits de la bibliothèque du Roi, sont cotés 800 fr.;
Et Le Magasin Encyclopédique de M. Millin, 134 vol. 1/2 reliure, 400 fr.
Tandis que, d'autre part, on évalue à des chiffres vraiment dérisoires des ouvrages fort rares et recherchés.
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Qu'on en juge :
Fr.
A) Trois livres d'heures, sur vélin, manuscrits, 3
B) « Breviarium » d'Aix, 1526,1 vol. in-12 goth. 3
c) « Breviarium Aptense, " 1532, in-12 goth. 4
D) « Breviarium Forojuliense, » 1530, in-12. . 3
E) «Breviarium Grassense, » in-8, vieux. ... 6
F) La « Royale couronne des rois d'Arles, » par Bovis, 1641, in-40, parch. 3
G) « Discours sur les arcs triomphaux dressés en la ville d'Aix p our le duc de Bourgogne, » 17 o 1, in-folio .... . 2
H) « Annales de l'Église d'Aix, » par Pitton.
Lyon, 1658, in-40 , . . . 3
Un lot de livres comprenant :
1) I° " L'Entrée de Louis XIII à Arles, » en 1622 6
A) Ces volumes se payeraient aujourd'hui 450 fr.
B) Le Bréviaire d'Aix, 250 fr.
c) Celui d'Apt, 200 fr.
D) Le Bréviaire de Frèjus vaut 200 fr.
E) Celui de Grasse, 4 80 fr. F) Vaut 32 fr.
G) N° 3264 du catalogue Rouard, a été adjugé à 405 fr.; coté 30 fr. au dernier catalogue de la librairie Durel.
H) Ce livre vaut couramment de 48 à 20 fr. . 1) L'exemplaire exceptionnel de la vente Rouard (n° 3333 du catalogue) a atteint le prix de 4400 fr., mais on peut trouver ce livre dans des conditions ordinaires à 450 fr..
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j) 2° « Discours sur les arcs triomphaux dressés à Aix à l'entrée de Louis XIII» en 1624 . . . . 6
K) 3° « Éloges et discours sur la réception du Roi à Paris après la prise de La Rochelle,» 1629 6 4° « La Rochelle aux pieds du Roi, » plus 5 o
diverses pièces de vers 6
Un autre lot de livres composé de sept articles parmi lesquels on distingue :
L) Le « Baudrier de Louis XIII, » petit in-40.
Le tout prisé . 4
C'était le bon temps pour les bibliophiles.
Au commencement de juin 1821 le préfet avait rendu compte au Ministre de l'intérieur des négociations au sujet du cabinet Saint-Vincens, des difficultés et des longueurs qui s'étaient produites et qu'il était parvenu à vaincre, et lui transmit les délibérations du Conseil général et des Conseils municipaux d'Aix, de Marseille et d'Arles, les catalogues estimatifs et les traités provisoires avec les héritiers bénéficiaires.
j) Se vend de 60 à 180 fr. Nous le trouvons porté à 400 fr. dans le dernier catalogue Durel.
K) A été vendu 85 fr. à la vente Sauvageot. (Voir Brunet.)
h) Ce seul volume (n» 2946 du catalogue Rouard) a été adjugé à la somme de 76 fr.
Le regretté Tamizey de Larroque a fait connaître l'origine de ce recueil de vers dans son travail sur Boniface Borrilly, l'un des correspondants de Peiresc. Mém. de l'Académie d'Aix, 4893. Tom. XV.
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J'accompagne toutes ces pièces, ajoute-t-il en finissant, d'un avis motivé qui puisse servir de base à l'ordonnance royale que je vous prie de solliciter le plus tôt possible, afin que les villes de Marseille, d'Aix et d'Arles soient bientôt à même de posséder une si précieuse réunion d'objets rares et dignes de figurer dans les cabinets et bibliothèques publiques de ces villes.
C'est alors que fut rendue l'ordonnance royale à la date du 31 juillet 1821, portant :
Art. Ier. —L'acquisition du cabinet d'antiquités, médailles, manuscrits et livres, formée par feu le fils Fauris de SaintVincens, est autorisée..
Art. II. — Les fonds de cette acquisition seront faits, savoir :
1° Par le département des Bouches-du-Rhône, pour la somme de 15,000 fr. ;
2° Par la ville de Marseille, pour la somme de 18,000 fr. ;
3° Par la ville d'Aix, pour la somme de 17,000 fr. ;
Par la ville d'Arles, pour la somme de 4,151 fr. Entre temps le Tribunal civil de première instance d'Aix avait rendu, à la date du 6 du même mois de juillet, le jugement autorisant la vente en trois lots du cabinet dépendant de la succession bénéficiaire de feu le président de Saint-Vincens, et commettant M. Agnelly, juré-priseur de cette ville d'Aix, pour procéder à ladite vente aux enchères publiques.
En exécution de ce jugement cette vente eut lieu au jour indiqué, 24 septembre 1821, à neuf heures du matin, en la maison qu'habitait, quand il vivait, feu M. de Saint-Vincens, sise sur le Cours, n° 14, en présence des héritiers bénéficiaires du défunt.
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Il résulte dû procès-verbal de la vente, dressé à la date dudit jour par le juré-priseur, que les adjudications furent ainsi rapportées.
Le premier lot, comprenant les livres, au prix de 49,151 fr., savoir : 15,000 fr. pour le compte du département et 4,151 fr. pour la ville d'Arles.
Le second lot, comprenant les médailles et monnaies, au prix de 18,000 fr. pour le compte de la ville de Marseille.
Elle troisième lot, comprenant les antiquités [les manuscrits], au prix de 17,000 fr., par la ville d'Aix (1).
Le catalogue détaillé des manuscrits compris dans ce lot est jointe l'expédition du procès-verbal de la vente qui se trouve aux archives de la mairie d'Aix. Signalons, en passant, les articles ci-après :
4° Manuscrit sur le Parlement sur parchemin de 1504 à 1587, par le sieur Fabry, aïeul de Peiresc, 1 vol. gr. in-f°-,
2° Recueil du Parlement, en grande partie par Peiresc, 1 voL in-f° ;
3° Correspondance littéraire de Peiresc par ordre alphabétique, 13 vol. in-f°, demi reliure, dos parcheminé.
4° Correspondance de Peiresc avec Jérôme Aléandre, en italien, 4 vol.in-f;
5° Traduction de ces mêmes lettres, autre vol.
6° Portefeuille contenant principalement correspondance de Peiresc ;
7° Ancien catalogue de la bibliothèque Peiresc;
8° Manuscrit in-f° de Mazaugues intitulé au dos : Registrum Ludovici III, comitis Provincioe, en caractères gothiques, 1 vol. in-f° ;
(1) On remarquera que les lots n'ont pas été mis aux enchères dans l'ordre porté au jugement.
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9° Délibérations du Parlement par MM. de Mazaugues, 4 vol. in-f ;
10° Catalogue des livres de Thomassin-Mazaugues, titre au dos : Bibliotheca Thomassina, in-4° basane.
Les opérations de la vente achevées, le préfet
prit l'arrêté suivant, relatif à la répartition du lot
des livres acquis au nom du département au prix
de 15,000 francs :
Nous, maître des requêtes, préfet des Bouches-du-Rhône, Vu l'ordonnance du Roi du 31 juillet 1821 qui autorise l'acquisition du cabinet d'antiquités, médailles, manuscrits et livres, formé à Aix par feu Fauris de Saint-Vincens et détermine que les fonds de cette acquisition seront faits, savoir :
1° Par le département des Bouches-du-Rhône, pour la
somme de .!.. Fr 15,000
2° Par la ville de Marseille 18,000
3° Parla ville d'Aix 17,000
4° Par la ville d'Arles . 4,451
Vu la délibération prise le 23 août 4821 par le Conseil général du département à l'effet d'approuver la convention passée le 26 avril précédent entre le préfet et MM. de Perier, héritiers bénéficiaires, pour l'acquisition d'une partie de la bibliothèque de M. le président de Saint-Vincens pour la somme de 15,000 fr. payables en cinq annuités; laquelle délibération porte en outre que les livres payés dès fonds du département seront distribués en valeur égale entre les bibliothèques publiques des villes de Marseille, Aix et Arles, d'après l'état qu'en dressera le préfet, et ce qui recevra de suite son exécution, sauf à le présenter au Conseil général dans sa prochaine session ;
Considérant que, par sa délibération du 4 août 1821, le Conseil municipal de la ville d'Arles a fait le choix des
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livres qu'elle désirerait acquérir pour la somme de 4,151 fr., à laquelle elle contribue dans l'acquisition de ladite bibliothèque de M. de Saint-Vincens, ainsi qu'il résulte de l'état joint à cette délibération ;
Que la distribution des 15,000 fr. de livres payés des fonds départementaux a été faite d'après la connaissance des besoins de chaque bibliothèque dés villes de Marseille, Aix et Arles et en donnant aux deux premières les livres qui avaient rapport aux médailles et aux objets d'antiquités acquis par elles ;
Arrêtons :
Article 1er. — Les livres choisis par la ville d'Arles sur la bibliothèque de feu M. de Saint-Vincens, suivant le catalogue joint à la délibération du 4 mai 1821, seront livrés à M. le maire de cette ville jusqu'à concurrence de 4,151 fr. Ce catalogue restera annexé au présent arrêté sous le n° 1.
Art. 2. — La distribution des 45,000 fr. de livres acquis avec les fonds du département aura lieu suivant les catalogues séparés annexés au présent arrêté sous les nos 2, 3 et 4, entre les bibliothèques de Marseille, d'Aix et d'Arles. MM. les maires de ces villes désigneront des mandataires pour la réception de ces livres, leur enlèvement de la maison où ils sont déposés et leur transport au lieu de leur destination.
Art. 3. — En conséquence, M. le sous-préfet d'Aix est chargé de surveiller en notre nom cette distribution des livres qui sera faite en comparant l'inventaire général dressé le 29 janvier 4820 par MM. Sallier et Revoil avec les catalogues particuliers joints au présent arrêté.
M. le sous-préfet se concertera avec MM. Revoil et Sallier pour que chaque ville reçoive les livres qui lui sont assignés et pour que, dans le cas où il y aurait quelque erreur dans les additions du catalogue général ou des catalogues particuliers, elle soit rectifiée, de manière à ce qu'il revienne
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pour 5,000 fr. de livres à chacune des bibliothèques de Marseille, Aix et Arles.
Art. 4. — Il sera donné récépissé des livres revenant à chaque ville, sur le catalogue particulier qui leur est destiné. Ce reçu sera signé par les délégués de MM. les maires.
Fait à Marseille, le 19 février 1822.
Signé : Comte De VILLENEUVE (1).
Parmi les livres obtenus par la bibliothèque Méjanes, figurent :
72 volumes, journaux et gazettes littéraires reliés en 3 6 liasses ;
46 volumes de Trévoux et des Nouvelles de la République des lettres reliés ;
28 plans de villes, cartes géographiques, chronologiques, héraldiques et albums de moyenne et grande dimension ;
28 liasses de brochures de tous formats, sur diverses matières, avec un catalogue de 900 pièces détaillées, dans un registre-carton, sur papier grand raisin joint aux dites liasses ;
147 volumes manuscrits et 37 portefeuilles ou cartons contenant un grand nombre de pièces sur les antiquités et autres matières, avec un catalogue des manuscrits, estimés 3,500 fr.
Livre essentiel ajouté :
« Catalogue des livres du cabinet du président
(l)-Archives des Bouches-du-Rhône, série K 2, registre 42, p. 388.
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de Saint-Vincens, à Aix; manuscrit de MM. de Saint-Vincens père et fils, écrit en divers temps et contenant des notions raisonnées. »
Les livres choisis par la ville d'Aix ont été remis à la bibliothèque Méjanes le 28 février 1822, suivant reçu donné au bas du catalogue qui se trouve aux archives municipales d'Aix. En voici le texte :
Je, soussigné, bibliothécaire de la ville d'Aix, département des Bouches-du-Rhône, reconnais avoir reçu de M. le maire de ladite ville d'Aix les livres mentionnés dans l'inventaire d'autre part.
A Àix, ce 47 mars 4822.
Signé : GIBELIN, D. M. bibl.
La note qui suit résume les opérations de cette vente :
NOTE ESSENTIELLE.
La bibliothèque de feu M. de Saint-Vincens était composée d'environ 10,500 volumes, dont l'estimation fut portée à 19,151 fr. dans un inventaire dressé par le sieur Pontier, imprimeur-libraire d'Aix. Il fut clos et arrêté le 29 juillet 4820 et approuvé par MM. Sallier et P. Revoil, nommés par M. le comte préfet, et les héritiers bénéficiaires pour procéder coutradictoirement à l'estimation de l'ensemble du cabinet de feu M. de Saint-Vincens.
Le 19 février 1822 M. le comte préfet prit un arrêté pour la répartition, délivrance et transport des livres, conformément au choix qu'en avaient fait les trois villes d'Aix, de Marseille et d'Arles.
M. le comte préfet avait fait délibérer en 1820 par le conseil du département un don de 15,000 fr. pour l'acquisition de la.bibliothèque, dont 5,000 fr. en faveur de chacune des
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trois villes ; et attendu que l'estimation des livres dépassait de 4,151 fr. les 15,000 fr. accordés, la ville d'Arles fut invitée à choisir la première une valeur de livres équivalente de 4,151 fr., payables par ladite ville à des époques convenues. La ville d'Aix choisit pour 5,000 fr. de livres manquant à la bibliothèque Méjanes, et Marseille fit aussi son choix pour la même somme d'une belle suite de livres d'archéologie et de numismatique; Après ces deux choix, la bibliothèque Saint-Vincens s'est trouvée réduite à une dernière valeur de 5,000 fr. dans les livres restant qui ont été dévolus à la ville d'Arles. Du 1er mars au 15 du dit mois le transport de tous les livres a été opéré dans les trois villes, conformément à l'arrêté de M. le comte préfet.
Et voilà comment cette riche collection, judiciairement vendue aux enchères publiques le 24 septembre 1821, aurait été acquise en bloc, en 1820, ainsi que cela a été dit, par le département et répartie entre les villes d'Aix, de Marseille et d'Arles.
La mort du président de Saint-Vincens fut comme
un deuil public, L'Académie y prit une part toute
particulière.
Dans sa séance du 15 décembre 1819, la première
qui suivit ce douloureux événement, M. Marcellin
de Fonscolombe, son président, s'exprime ainsi :
C'est sous de bien tristes auspices que nous recommençons
le cours de nos travaux académiques. Nous ne verrons
plus parmi nous l'homme aimable, le savant sans pédanterie, toujours occupé à décrire les monuments de notre ville, à tirer de la poussière et à dérober à l'oubli les restes précieux qui rappellent encore l'existence de nos anciens souvenirs, les corporations et les familles illustres de notre patrie.
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Notre comité d'antiquité a perdu le plus actif de ses collaborateurs. Il nous donnait à tous une forte impulsion ; la vivacité et la facilité de son esprit ne laissaient pas languir longtemps, dans les bureaux, les rapports dont la commission était chargée.
La Société a délibéré ensuite un éloge public pour honorer la mémoire de feu M. Fauris de Saint-Vincens, un de ses savants les plus distingués, et elle a prié en même temps M. Marcellin de Fonscolombe de rassembler les matériaux
propres à ce sujet (4).
Vingt ans après, l'Académie, toujours soucieuse de la mémoire du président de Saint-Vincens, songea à provoquer un hommage public en sa faveur. Sur la proposition de M. Rouard, elle décida de solliciter du Conseil municipal le transfert de ses restes dans le nouveau cimetière, et donna mission à son président, M. Charles Giraud (qui devint membre de l'Institut et fut ministre), de se concerter avec M. le maire pour l'exécution de cette mesure (Séance du II juin 1839).
Le mois suivant l'Académie demanda une concession gratuite de terrain pour le tombeau du président Saint-Vincens.
Les pourparlers furent longs et laborieux, mais ils finirent à la pleine satisfaction de l'Académie. A
(1) Cet éloge fut lu dans la séance publique annuelle du 3 juin 1820, et inséré au tome II des Mémoires de l'Académie, publié en 4823.
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la séance du Conseil municipal du 3 décembre 1839, M. Aude, maire, expose l'affaire en ces termes :
« Messieurs,
« Le 9 de ce mois de novembre M. le président dé l'Académie d'Aix m'a adressé une demande, au nom de cette société savante, tendante à ce que le Conseil municipal voulut bien concéder gratuitement, au nom de la ville, une place au cimetière actuel pour y transférer, de l'ancien cimetière de Saint-Sauveur, les restes de M. le président Fauris de SaintVincens.
« Cet hommage public à la mémoire de ce magistrat, qui a honoré la cité, soit comme: savant, soit comme administrateur municipal, me semble enfin devoir être accueilli par vous, qui, sans contredit, auriez désiré prendre l'initiative pour rendre aux mânes d'un citoyen si respectable les honneurs qu'ils méritent. »
Et le Conseil délibère d'accorder gratuitement une partie de terrain dans le nouveau cimetière pour y déposer les restes de M. de Saint-Vincens.
Cette délibération, fort honorable pour l'Académie et dont elle sentit vivement tout le prix, lui fut tardivement communiquée à la séance du 6 juin 1843. L'Académie décida alors :
Que la commission nommée pour cet objet se concertera avec M. le maire pour choisir dans le nouveau cimetière le lieu le plus convenable pour recevoir ce dépôt, et poursuivre auprès des diverses autorités les démarches nécessaires à cette cérémonie.
Sur le rapport fait par M. Rouard au nom de la commission, l'Académie vote 500 francs pour sa
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participation aux frais de la translation, et le Conseil municipal vote de son côté la somme de 300 francs (Séance du 18 juin 1843).
Sur le voeu exprimé par l'Académie, le Conseil municipal délègue MM. Alexis, de Fortis et Bouteille pour se joindre à la commission de l'Académie aux cérémonies de la translation, qui eurent lieu le 28 juin 1843 (1).
Cette solennité, à laquelle assistaient MM. les doyen et chanoines du vénérable chapitre métropolitain d'Aix, avait attiré un énorme concours de population.
C'est un devoir pour nous de transcrire ici la
page que le secrétaire de l'Académie, M.Te docteur
Payan, consacra à cette pieuse cérémonie, dans son
compte-rendu des travaux de l'Académie, lu à sa
séance publique annuelle tenue le 8 juin 1844 :
Je ne saurais omettre ici, sans croire déroger à ma tâche, de vous rappeler cette imposante cérémonie, encore présente à tous les esprits, à laquelle prit part l'élite de notre cité, savoir, la translation des restes mortels du président de Saint-Vincens dans le nouveau cimetière. C'est,.en effet, à l'Académie, dont il avait été un des membres fondateurs, que revient l'honneur d'avoir la première exprimé le pa(4)
pa(4) cette commission, composée d'abord de MM. Rouard, Maurin, Castellan et de Fonscolombe, furent adjoints M. Gendarme de Bévotte, M. d'Astros et en dernier lieu M. Mouan, vice-président de l'Académie.
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triotiqùe désir d'un hommage public rendu à sa mémoire. L'inscription qu'elle a fait graver sur le monument funéraire qui recouvre la nouvelle tombe, rappellera sans cesse, à la génération présente et aux âges futurs, le pieux souvenir de l'érudit infatigable, du magistrat intègre et éclairé, du génie bienfaiteur de l'humanité, que notre pays citera toujours comme une de ses gloires et comme un exemple de toutes les qualités qui peuvent embellir un coeur généreux et vertueux.
Voici l'inscription qui fut composée par M. Rouard et légèrement modifiée par l'Académie :
A LA MÉMOIRE
DU PRÉSIDENT DE SAINT-VINCENS
(ALEXANDRE-JULES-ANTOINE DE FAURIS)
ANCIEN MAIRE D'AIX ET DÉPUTÉ AU CORPS LÉGISLATIF,
CORRESPONDANT DE L'INSTITUT ET DEPUIS MEMBRE LIBRE
DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES,
OFFICIER DE LA LÉGION-D'HONNEUR, ETC.,
DONT LES VERTUS ET LA SCIENCE HÉRÉDITAIRES
HONORÈRENT ET SERVIRENT LE PATS.
NÉ A Aix EN 4 750—PRÉSIDENT AU PARLEMENT EN 4782— MORT PRÉSIDENT A LA COUR ROYALE LE 45 NOVEMBRE 4849.
LA TRANSLATION SOLENNELLE DE SES RESTES ICI
A EU LIEU LE 28 JUIN 1843, VINGT-QUATRE ANS APRÈS SA MORT,
SUR LA DEMANDE DE L'ACADÉMIE D'AIX,
DONT IL ÉTAIT MEMBRE FONDATEUR.
LE CONSEIL MUNICIPAL A CONCÉDÉ LE TERRAIN A PERPÉTUITÉ
ET A COOPÉRÉ AVEC L'ACADÉMIE
A L'ÉRECTION DU MONUMENT
AU NOM DE LA CITÉ RECONNAISSANTE.
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Nous sommes heureux d'ajouter à ces documents l'inscription latine que nous venons de découvrir avec notre ami Guillibert, secrétaire de l'Académie d'Aix, sur la pierre tombale, transférée, avec les restes mortels du président, de l'ancien cimetière Saint-Sauveur au nouveau cimetière Saint-Pierre. Elle est plaquée, contre le mur de ceinture,.en arrière du monument que surmonte lé médaillon en marbre du président. Ce médaillon est dû au ciseau de l'artiste provençal, Antoine Olive, né à Biot (Alpes-Maritimes), ancien professeur à notre école supérieure de dessin (I). Il en existe quelques reproductions en plâtre que l'on peut voir au musée, chez M. Paul Arbaud, à la Méjanes et dans la maison, n° 9, de l'ancienne rue Longue-Saint-Jean, où, le 8 février 1858, mourut l'auteur des Rues d'Aix. Cette rue porte aujourd'hui le nom. de Roux-Alphéran, conformément à la délibération du conseil municipal d'Aix du 17 mars suivant, approuvée par décret impérial du 7 juillet même année.
Cette inscription est aujourd'hui un peu fruste; nous avons mis tous nos soins à en restituer le texte.
(4) N° 587 du catalogue du Musée d'Aix de 4882, p. 312.
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Epitâphe gravée sur le monument de 1819 : HIC JACET
PATRIAE MELIORIS SPE INNIXUS
NOBILISSIMUS VIR
ALX. JUL. ANT. DE FAURIS S. VINCENS,
REG. ORD. LEG. HON. MAJOR,
ET EX ACAD. REG. INSCRIPT.
PRIMUM IN SENATU AQUENSI
PRJESUL INFULATUS,
DEIN HUJUSCE URB. AQUENS. PR3ÎF.
POST IN CURIA REG. AQ. PRISES
PER VARIOS VITJE ET HERUM CASUS
SINE MACULIS ET OFFENSA ;
APUD PARENTES ET AMICOS PIETATE
ET SERMONIS AMOENIÏATE ,
APUD DOCTOS, ANTIQUITATUM
ET REI NUMISMATICE NOTITIA ;
APUD PAUPERES LARGITATE,
APUD CIVES OFFICIIS SINE PRETIO DATIS
COMMENDANDUS
DE PATRIA, DE CIVITATE, DE OMNIBUS
BENE MERITUS EST.
OBIIT DIE XV. NOV. MDCCCXIX.
ANNO vETÀTIS SUAE LXX.
POS. UXOR, NEPOTES ET MOERENTES AMICI.
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Il nous a paru intéressant d'accompagner cette étude des reproductions qui suivent :
C'est d'abord le fac-simile en couleurs des armes de la maison de Fauris Saint-Vincens dessinées et peintes par le président de Saint-Vincens père. L'original appartient à notre savant confrère M. J. Laugier, conservateur du cabinet des médailles de Marseille.
Puis, une lettre inédite de chacun des présidents, qui permettra de reconnaître les manuscrits de nos deux érudits. Ces autographes sont tirés de la riche collection de M. P. Arbaud, membre d'honneur de la Compagnie.
La première lettre de Saint-Vincens père est adressée d'Aix, le 13 décembre 1782, à M. Mévoilhon à Paris. Tout nous porte à croire que le desti-, nataire de cette lettre est Jean-Gaspard Mévolhon, fils aîné de Jean-Pierre, consul de Sisteron, frère de Jean-Antoine-Pierre, baron de l'Empire, dont les biographies sont dans l'Histoire de Sisteron, par de Laplane (t. 2, p. 435 et s.). Les armes de la famille de Mévolhon, qui avait à Bevons des terres.voisines de la seigneurie de Noyers, des SaintVincens, sont reproduites dans l'Armorial des Tribunaux de Sisteron récemment publié par M. Eys4
Eys4
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série Saint-Marcel, membre régional de l'Académie. La seconde est du fils, Alexandre-Jules-Antoine. Elle est écrite d'Aix le 2 octobre 1817. Son texte et le titre de cousin donné au destinataire nous autorisent à supposer qu'elle est envoyée au préfet de Marseille, le comte Christophe de Villeneuve, auteur de la Statistique des Bouches-du-Rhône, ou à son frère, le comte François de Villeneuve, préfet de la Meurthe, qui a publié en 1825 l'Histoire de René dAnjou, 3 vol. in-8°.
Le portrait du second président de Saint-Vincens, que nous donnons en tête de cette notice, est inédit.
Il provient du cabinet de Roux-Alphéran, qui l'avait donné à son cousin M. de Sigaud de Bresc, père de notre aimable confrère M. L. de Bresc, possesseur également du superbe Peiresc, de Finsonius. On nous saura gré de le publier, le médaillon par Olive, que nous avons mentionné, n'ayant pas été gravé, ni aucun de ses portraits.
Quant au portrait de Saint-Vincens père, il a été dessiné et gravé par B. Lantelme ; il se trouve dans la plupart des cabinets provençaux, soit en tête de la notice publiée par son fils, soit à part, ce qui nous dispense de le donner ici.
— 51 — Addition h la page 7 de cette étude.
Vers la même époque M. de Labédoyère, comme Millin, visitait la Provence. Il nous paraît intéressant de retenir le passage qu'il a consacré dans son journal, à Aix et au cabinet du président de Fauris , seigneur de Saint -Vincens et de Noyers , qu'il nomme le président Desnoyers :
« On trouve encore (à Aix) chez quelques particuliers de belles galeries de tableaux : Le cabinet de M. le président Desnoyers mérite l'attention des antiquaires. Le goût le plus éclairé, l'érudition la plus vaste en ont dirigé la formation. Il est très riche en fragments d'antiquités, en inscriptions, en livres, en dessins et surtout en médailles. M. Desnoyers possède la suite complète de celles du BasEmpire, ainsi, que toutes les monnaies frappées en France depuis le commencement de la monarchie. Nous étions recommandés à ce respectable savant, qui consacre au soulagement de l'humanité toutes les heures qu'il dérobe à l'étude ; il nous accueillit avec une bonté pleine de grâce et se plut à nous montrer dans un grand détail sa précieuse collection. »
Extrait du Journal d'un voyage en Savoie et dans le midi de la France, en 1804 et 1805, par H. de la Bédoyère (Paris, 1849, p. 180. — C'est une deuxième édition ; la première est de 1807 et fut traduite en allemand en 4809.
L'ABRICOTIER & LE PÊCHER
Par H. CHARLES JORET
Professeur à la. Faculté des Lettres Correspondant de l'Institut.
Quoi qu'on en ait dit, d'ailleurs sans en donner de preuves, l'abricotier et le pêcher ont fait, à une époque relativement récente, leur apparition dans l'horticulture de l'Asie occidentale, de l'Afrique et de l'Europe. La Bible ne les connaît pas, et les inscriptions de l'Egypte et de l'Assyrie, pas plus que celles des Achéménides, n'en font mention. Jusqu'ici Pline a été considéré comme le premier écrivain de l'antiquité qui ait parlé de ces arbres aux fruits délicieux.
« On donne, dit-il dans un passage connu (I), le nom de pomme, quoique d'une espèce différente, à la pomme de Perse — Persica.... Parmi les pêches, la palme est aux duracines. Deux espèces sont dis(4
dis(4 Historia naturalis, lib. XV, cap. 4 4
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tinguées par des noms de nation : la gauloise et l'asiatique , elles mûrissent après l'automne. Les précoces -- praecocia, ce sont les abricots—mûrissent en été ; il n'y a que trente ans qu'on les a; originairement on les vendait un denier — environ 6 fr. 82 c. — la pièce. C'est un fruit innocent qu'aiment les malades; il y en a eu de vendus jusqu'à trente sesterces — 6 fr. 30 c.; — aucun fruit n'a été payé davantage. »
Ailleurs (1), revenant sur le pêcher, qu'il ne paraît pas ici bien distinguer du perséa, arbre égyptien tout différent, l'écrivain latin dit que le premier n'avait été « introduit que tardivement et avec difficulté» dans l'Occident.
D'où venaient l'abricotier et le pêcher, dont les fruits, étaient encore si rares au temps de Pline et ont été si mal décrits par lui ? «Le nom de pomme persique — la pêche, — dit-il (2), montre que, ce fruit, est exotique même dans l'Asie et. la Grèce et qu'il vient de la Perse. ». On. sait que les Romains donnaient aux abricots, le nom de " pomme d'Arménie(3 ); » mais ces noms n'ont aucune valeur scientifique. L'abricotier ne vient, pas d'Arménie, où il est même. à. peine cultivé de nos jours. Si le pêcher
(4 ) Historia naturalis, lib. XV, cap;. 4 3. (2) Historia naturalis, lib. XV, cap. 43. (3) Historia naturalis, lib. XV, cap. 42.
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est cultivé avec succès en Perse et y donne d'excellents fruits, il n'y est pas davantage indigène. D'où proviennent donc ces arbres fruitiers ?
On a rencontré l'abricotier à l'état spontané dans la vallée du Zérafshan et dans le Ferghânah, ainsi que dans l'Alatau transilien et le territoire de Wernoje; il croît aussi dans la Zongarie, la Mandchourie et la Daourie. Przewalski a vu des bois entiers d'abricotiers sauvages sur les bords du Youldous, dans la première de ces contrées (I). C'est de là que cet arbre a dû se répandre dans l'Iran. S'il n'y était pas encore acclimaté avant la conquête d'Alexandre,— sans cela on ne s'expliquerait pas que Théophraste n'en eût pas parlé—il y était sans doute déjà cultivé avant notre ère. De l'Iran, l'abricotier ne tarda pas à pénétrer dans l'Asie antérieure et bientôt même en Europe. Nous venons de voir qu'à l'époque où écrivait Pline, c'est-à-dire vers l'an 60 à 77 de notre ère, cet arbre était connu en Italie depuis une trentaine d'années. La précocité de ses fruits leur avait fait, ainsi qu'à une espèce hâtive de pêches, donner le nom de praecoqua ou praecocia en même temps que celui de « pomme d'Arménie (2). » D'Italie, L'abricotier s'est répandu dans les autres contrées de
(4) A. Engler, ap. V. Hehn, Die Kulturpflanzen. Berlin, 4894, in-8°, p. 418.
(2) Dioscoride, De materia medica, lib. 4, cap. 465 : Ta & [uxpà-îpx 7.K).O'JUÎVK 'âpo«viazâ7 pM^c.ïsri 3i icpauâ/ia.
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l'Europe tempérée occidentale avec le nom transformé qu'il avait reçu des Romains : esp.albaricoque, port, albricoque, it. albercocco, fr. abricot.
Quant au pêcher, bien qu'on l'ait cru indigène dans le Ghilan, où il n'est que naturalisé, sa patrie est encore plus orientale que celle de l'abricotier. On rencontre dans les montagnes des environs de Pékin, ainsi que dans les provinces chinoises de Shensi et de Kansou, une espèce de prunier—Prunus Davidiana — voisine de notre pêcher — le Prunus persica de Linné, — et les diverses variétés dé cet arbre aux fruits savoureux sont cultivées depuis un temps immémorial dans l'Empire du Milieu (I).
C'est de là qu'à la suite des relations commerciales qui s'établirent entre la Chine et la Bactriane, depuis le voyage d'exploration entrepris en 139 avant notre ère par le général Tshang-Kiën sur l'ordre de l'empereur Hsiawouti, le pêcher a sans doute pénétré dans le Turkestan actuel (2). Apartir de 114 et surtout depuis la conquête du Tawan — le Ferghânah — par la Chine, de nombreuses caravanes furent envoyées par les Fils du Ciel dans le pays des 'Ansi —peut-être le royaume des Parthes—et y portèrent
(4) A. de Candolle, L'origine des plantes cultivées. Paris, 4883, in-8°, p. 176-480. — A. Engler, ap. V, Hehn, p. 418.
(2) Nicolas Svertzow, Etude de Géographie historique sur les anciens itinéraires à travers le Pamir. (Bulletin de la Société de Géographie, vol. XI (4890), p. 596.)
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de riches présents. Elles furent suivies d'ambassades qui se rendirent à leur tour de la Bactriane et de la Sogdiane en Chine. Ces échanges de relations contribuèrent à faire connaître et à répandre dans l'Occident.les produits agricoles et industriels de l'Empire du Milieu. Il n'est pas impossible qu'une des ambassades dont je viens de parler ait apporté le pêcher dans la région Caspienne.
Si c'est bien de cet arbre et non du perséa, comme je l'ai supposé (I), que le syrien Posidonius dit qu'il croissait dans son pays, ainsi que le pistachier (2), le pêcher aurait, au premier siècle avant notre ère, été déjà connu dans la région méditerranéenne. Quoi qu'il en soit, il a dû être importé du Turkestan dans l'Iran occidental, sous la domination des Parthes, qui servirent pendant plusieurs siècles d'intermédiaires entre le monde gréco-romain et l'Extrême-Orient. De l'Iran il ne pouvait tarder à passer dans l'Asie antérieure et de là en Europe. Il
(4) Le -iov'Wj de Posidonius. (Revue des études grecques, an. 1899, pp. 43-47.)
(2) <j>fp=i <?= v.a\ -0 -7ÏÏ0GZI.0V r, 'AÛV.ZIC/. Y.V.Ï VJ 2voi.v. v.ai TO v.cù.ovfiîyov Kia-ùv.irj-j. Athénée, Deipnosophistae, lib. XIV, cap. 61 (649 d)- Le savant botaniste de Berlin, M. G. Schweinfurth, croit qu'il s'agit ici réellement du perséa, et il me fait remarquer qu'en supprimant le -/ai, qui suit Suoia, on écarte toute difficulté et qu'on a un sens satisfaisant : « L'Arabie produit le perséa et la Syrie le pistachier », ce qui est conforme à la réalité.
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était cultive du temps de Pline en Italie et même en Gaule, c'est-à-dire évidemment en Provence, où il avait même , nous apprennent Pline (I) et Columelle (a), donné une variété nouvelle.
(1) Cognomen Gallica habet. Historia naturalis, lib. XV, cap. 44.
(2) Quae maxima Gallia donat. De re rustica, lib. X, v. 414.
LES NOUVELLES HEBRIDES
LEUR COLONISATION Par M le DOCTEUR AUDE
Il m'a été donné, dans le cours de ma carrière maritime, de visiter une partie des peuplades de l'Océànie, et, à l'époque où la question de colonisation est partout à l'ordre du jour, j'ai pensé que l'Académie écouterait avec intérêt la description des moeurs et des coutumes des Néo-Hébridais que la France est appelée à coloniser dans un avenir très prochain.
Les Nouvelles Hébrides, appelées aussi Mélanésie, grandes Cyclades, archipel de Quiros,. sont un archipel de l'Océanie centrale situé dans le grand Océan Pacifique, entre les 14e et 20° degrés de latitude sud et les 164e et 168e degrés de longitude est, au nord de la Nouvelle-Calédonie et de l'Australie.
Découvertes en 1606 par Queiros, il s'écoula plus d'un siècle avant qu'un nouvel explorateur, Bougainville, jetât l'ancre, en 1768, dans ces parages
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que Cook visita six ans après. En 1788, Lapérouse parcourant les mêmes régions, se perdit avec ses deux navires, l'Astrolabe et la Zélée, sur les récifs de l'île Vanikoro qui fait partie de l'archipel de Santa-Cruz, voisin de celui des Nouvelles Hébrides.
Ce n'est que vers le milieu de notre siècle que ces contrées, plus fréquentées par les navires européens, ont été évangélisées par les missionnaires et exploitées par les traitants.
Le groupe du nord, formé par les îles Santa-Cruz, est placé sous le protectorat Anglais ; les Nouvelles Hébrides constituant le groupe sud de la Mélanésie, sont sous le protectorat commun de la France et de l'Angleterre, ce qui conduira un jour au partage de ces îles entre ces deux puissances.
Les Nouvelles Hébrides comptent trente-sept îles, dont sept seulement ont une superficie importante ; ce sont : Espiritu-Santo, Mallicolo, Ambrym, Vaté, Erromango, Tanna et Anatom. Elles ont ensemble une superficie d'environ 11,000 mètres carrés et 53,000 habitants. Espiritu-Santo a 20,000 habitants et Tanna 10,000 ; ce sont les deux îles les plus grandes. Situées dans la zone de transition entre la Malaisie et la Polynésie, elles présentent des types variés suivant la juxtaposition des races. C'est une sous-race qui tient le milieu entre le Malais et le Canaque, qui peuple la Nouvelle-Calédonie.
Front bas et fuyant, pommettes saillantes nez
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aplati, lèvres épaisses, teint jaunâtre tournant sur le noir clair, chevelure et barbe laineuses, taille moyenne, peu de corpulence, tel est l'ensemble des caractères physiques des Néo-Hébridais. Les mères, dit Roberjot dans le bulletin de géographie, ont l'habitude de déformer le crâne de leurs enfants au moyen de planchettes qui allongent l'encéphale d'avant en arrière, le rétrécissent et l'abaissent. Aussi sont-ils les plus dolicocéphales des hommes. Pourquoi cette pratique ? Dans un but de coquetterie sans doute, aussi peu raisonné et raisonnable que celle qui déforme les pieds des jeunes chinoises et la taille des européennes. Cook dit qu'à son arrivée aux Nouvelles Hébrides il avait vu des guerriers se serrer tellement la taille avec des cordes, qu'ils ressemblaient à de grosses fourmis. Combien de grosses fourmis circulent aussi dans nos rues ! Du reste, aux Nouvelles Hébrides la plupart des modes d'embellissement usités en Europe sont aussi employés. Les oreilles sont percées pour recevoir, des anneaux ; la poitrine et la tête sont ornées de coquillages rappelant les tortues vivantes qui font en ce moment fureur à Paris et ailleurs ; le visage est peint au moyen d'ocre rouge, de chaux et de pigments divers, et la cendre de certains bois est usitée pour donner à la chevelure une belle couleur dorée ; autant de recettes à retenir par nos élégantes. A Tanna, le suprême du genre, dit Marklam, consiste
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à diviser la chevelure en une multitude de petites touffes liées par des fibres végétales près de la racine des cheveux. On appelle cela en France se poser des bigoudis.
Comme vêtement, celui d'Adam avant la faute était d'abord le seul usité, puis sont venus les pagnes d'écorce battue, de feuilles ou de fibres de cocotier ; et, depuis le séjour des Européens dans les îles, les naturels emploient, pour se couvrir, des étoffes de différentes couleurs.
Les productions de ces îles Mélanésiennes sont très variées. La fécondité des terres et la richesse de la végétation y sont très grandes. Le maïs, le riz, le coton, le tabac, le café s'y développent sans peine, grâce aune fumure constituée par des astérides retirées des mers voisines. La flore comprend un grand nombre d'espèces propres au pays ; les myrrhes et les cèdres y prennent un développement considérable ; le bois de sandal en est très apprécié. Les plantes nourricières et les arbres à fruit sont les mêmes que dans les autres îles Océaniennes : cocotier, sagoutier, arbre à pain, bananier ; les ignames sont l'aliment principal des habitants, et l'époque de leur récolte sert de base à la supputation des années : il y a tant d'ignames depuis tel événement, dit-on habituellement aux Nouvelles Hébrides. La faune indigène est très pauvre : des chauves-souris, des rats, des chèvres et des porcs, ces derniers sont-
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ils encore d'importation assez récente ; aussi, comme nous le verrons bientôt, le porc est la monnaie courante, c'est bien le cas de le dire, et joue un grand rôle dans les cérémonies publiques et les transactions commerciales. La nourriture animale aurait donc été à peu près inconnue aux Néo-Hébridais, qui auraient été des végétariens obligés, si le cannibalisme n'était venu à leur aide. Ils dévoraient d'abord les prisonniers de guerre et les cadavres des ennemis pour se nourrir de leur force et de leur courage; puis, le goût de la chair humaine leur étant venu, ils mangeaient les morts de leur propre tribu. L'anthropophagie ne s'est du reste maintenue que dans quelques îles où elle tend aussi à disparaître à mesure que la chèvre et le porc deviennent plus répandus.
Il n'y a, aux Nouvelles Hébrides, aucune organisation sociale générale : les habitants d'une île sont indépendants de ceux des autres, et même dans chacune d'elles il existe encore des tribus absolument étrangères entre elles. L'unité est la tribu dont tous les membres sont solidaires, ce qui transforme bien souvent un différend d'homme à homme en guerre de tribu à tribu. Chacune d'elles a un territoire fort restreint, très rapproché par conséquent de celui des tribus voisines, et le casus belli naît par suite avec une grande facilité. Qu'un attentat soit commis,la victime use immédiatement de représailles, et si l'agresseur ne s'exécute pas aussitôt qu'il y est invité en
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payant une indemnité, qui est d'habitude constituée par un ou plusieurs porcs, suivant la gravité de l'offense, la tribu toute entière prend parti pour son homme et la guerre est déclarée. Ce n'est pas une guerre ouverte, en rase campagne, mais une série d'embuscades, de pillages, d'incendies, de dévastations, où la ruse, la trahison, la surprise remplacent l'héroïsme, le courage et l'habileté.
Jusqu'à ces dernières années les armes des NéoHébridais étaient celles qui ornent aujourd'hui bien des panoplies d'amateur : des sagaïes, des casse-têtes, des arcs de différentes tailles. Chacune des îles avait sa spécialité pour la fabrication de ces armes. Espiritu-Santo produisait les plus belles sagaïes, Mallicolo les plus beaux arcs et les flèches empoisonnées, les plus terribles ; Ambrym et Pentecôte livraient de superbes casse-têtes ; mais si ces articles d'échange faisaient naître quelques relations d'île à île, les rapports ne devenaient jamais amicaux et la moindre cause les supprimait brusquement. Les Néo-Hébridais lancent les sagaïes, sorte de javelot, avec une dextérité inouïe ; ils se servent surtout du càsse-tête par surprise et des flèches, empoisonnées ou non, lorsque la distance est hors de portée des sagaïes. Ils empoisonnent les. flèches en les trempant dans un cadavre en putréfaction ou dans le suc d'une plante vénéneuse. De nos jours ces peuplades sont _ presque toutes armées de fusils Snider qui leur sont.
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donnés en échange par les maisons de commerce trafiquant avec eux.
Quant au climat, il diffère dans les différentes parties de l'Archipel. En moyenne, l'humidité est très abondante, les pluies fréquentes, la chaleur très élevée ; aussi les Européens y sont-ils décimés par la fièvre et les naturels par la phthisie.
Il faut avouer que tous les explorateurs sont unanimes pour ne pas louer les qualités morales des Néo-Hébridais. L'astuce, la jalousie, la haine sont les mobiles de la plupart de leurs actes. Ils ne sont soumis à aucune loi ; le droit coutumier et au besoin le droit du plus fort règlent les contestations.
Les chefs ne sont désignés ni par l'hérédité ni par les qualités qui peuvent les distinguer ; ils ne doivent leur élection qu'à leur fortune qui leur permet de payer un nombre plus ou moins grand de porcs et de franchir ainsi tous les degrés hiérarchiques pour arriver à la dignité suprême.
Chaque promotion donne lieu à une cérémonie assez piquante. Tous les hommes de la tribu, armés de pied en cap et la figure peinte, se réunissent sur la plage du village, à l'endroit où sont les tambours et où s'exécutent les pilous-pilous. Là se trouve une sorte de toiture en bambous, soutenue par quelques poteaux et abritant de grandes figures grimaçantes taillées dans des troncs de fougères et peintes des couleurs les plus voyantes et le plus bizarrement
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disposées. Derrière ces figures sont plantés, très denses, des bambous qui forment comme un clayonnage serré et qui dépasse la toiture ; une échelle masquée donne accès sur la plate-forme au-dessus des statues. Le chef qui concède le grade se place auprès d'elles, sous le toit et le peuple reste en dehors, attendant le récipiendaire qui, s'il s'agit d'un grade inférieur, se place à côté du chef et offre le prix de sa dignité ; mais pour un grade supérieur, le récipiendaire en armes et la figuré peinte monte par l'échelle et apparaît soudain sur la plate-forme. Il est aussitôt assailli par tous les projectiles qui tombent sous la main des spectateurs: bananes, mangues, ignames, noix de coco. Pour mettre un terme à l'assaut dont il est l'objet, il s'empresse de jeter à la foule, du haut de l'estrade, les porcs qui doivent servir au festin du jour et qui mêlent leurs cris harmonieux à ceux de là foule en délire ; les casse-têtes pleuvent alors sur eux et ils sont immédiatement livrés à la cuisson.
Les grades ainsi acquis sont surtout honorifiques ; le chef nommé aura désormais sa case à part, il ne prendra ses repas qu'avec ses égaux ; après son décès son corps ne sera point enterré, mais placé sur une claie élevée dans sa case où il se décomposera, à loisir. Dans, certaines ; îles les corps; des chefs sont conservés, comme de véritables momies qui deviennent: des fétiches. Le privilège le plus
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précieux du chef est de prononcer le tabou sur un objet quelconque et de le rendre ainsi sacré et inviolable ; il apprécie lui-même la violation, si elle est commise, et elle doit être effacée par le coupable qui doit payer au profit du chef le nombre de porcs jugé nécessaire. Si un chef cependant abusait de son droit de tabouer, il lui serait enlevé et sa déchéance serait prononcée par la tribu entière. Il serait destitué pour abus de pouvoir, dirions-nous en France.
La tribu, ainsi organisée, est formée d'un certain nombre de feux ou familles dont le développement et l'existence nous offrent des particularités intéressantes. La femme n'est rien dans la famille ; elle est achetée par le mari, fait toutes les grosses besognes, travaille la terre, prépare les aliments et ne reçoit que des coups pour toute récompense; c'est la bête de somme. Dans quelques îles, notamment à Mallicolo, on leur brise les deux incisives supérieures; à Anatom, elles doivent suivre leur mari dans la fosse et, le jour même du mariage, on leur met la corde au cou afin de n'avoir plus qu'à la serrer le jour des funérailles. Ne serait-ce pas de la connaissance de cette coutume qu'est née chez nous, à propos du mariage, cette expression humoristique : Se mettre la corde au cou ? Il faut avouer qu'elle est injuste pour les hommes et fort irrévérencieuse pour les femmes.
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L'homme est seul propriétaire, il vit dans l'oisiveté et ne porte que ses armes. Le père a sur ses enfants un droit de propriété absolu qu'il conserve sur ses filles jusqu'à leur mariage, et qu'il perd sur ses fils quand ils sont susceptibles de se défendre eux-mêmes. Lors de la naissance d'un enfant, la famille s'assemble et célèbre l'arrivée du nouveau-né par un repas dont un porc, tué pour la circonstance, fait tous les frais. La circoncision en usage chez les Néo-Hébridais donne lieu à une cérémonie publique. Quand un certain nombre d'enfants de la tribu a atteint l'âge de huit ans, les habitants se réunissent sur la place publique autour d'un grand feu où rougissent des cailloux ; les enfants sont amenés devant le sorcier qui, après avoir introduit un morceau de bois entre le prépuce et le gland, opère la circoncision et cautérise la plaie avec un caillou rougi. Après la cérémonie les enfants sont reconduits dans les cases où ils restent enfermés pendant neuf jours. Leur départ est le signal, d'un pilou-pilou effréné avec accompagnement de tambours. Un grand festin suit les danses et la licence la plus complète règne ensuite dans l'assemblée. Ce jour-là chacun peut ravir la femme qui lui plaît, pourvu que le mari ne s'en aperçoive pas, au moins immédiatement ; ce sont là de vraies saturnales rappelant celles de l'ancienne Rome.
Jusqu'à l'âge du mariage le Néo-Hébridais vit dans
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la famille du travail des femmes, et lorsqu'il s'est procuré des armes il songe à acheter une femme. L'entente se fait avec les parents de la jeune fille sur le nombre de porcs à payer pour cet achat, et le marché conclu, le mari amène sa compagne. Mais il semble que le mariage le place dans un état de subordination vis-à-vis de ses beaux-parents ; il ne peut ainsi ni manger, ni s'asseoir, ni monter sur un arbre devant eux et il paie une amende s'il manque à ces preuves de déférence. Elle consiste en un objet bien précieux pour le pays, un porc à dents recourbées, un sanglier sans doute.
Le divorce est admis aux Nouvelles Hébrides, mais il n'est pas plus gratuit que le mariage et il faut encore payer le père pour qu'il reprenne sa fille. La polygamie est aussi admise : il suffit d'avoir de la fortune pour acheter plusieurs femmes.
Le dernier terme de l'existence, la mort, ne donne pas.lieu à des cérémonies particulières. Quand le Néo-Hébridais se sent mortellement atteint, il se couche dans un coin de sa case et y attend la mort dans le plus grand calme. Les parents essaient bien de le sauver par l'emploi de médicaments que distribue le sorcier de la tribu, mais si les ressources de l'art et de la sorcellerie sont impuissantes, tout respect pour le malade disparaît aussitôt qu'il a rendu le dernier soupir ; le cadavre est enterré sans cérémonie, et quand le squelette est bien desséché, il est.
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vendu sans scrupule à l'Européen en quête de spécimens anthropologiques.
La croyance d'une vie future n'existe pas aux Nouvelles Hébrides, pas plus que l'idée d'une puissance créatrice ; aussi n'y a-t-il aucune religion et n'y redoute-t-on que les fantômes malfaisants qui courent la nuit dans les bois.
Cet esprit superstitieux a donné naissance à la légende du volcan d'Ambrym assez originale pour mériter de vous être dite.
Les habitants de l'île d'Ambrym, montés sur leurs grandes pirogues, se rendaient dans l'île de Pentecôte quand ils rencontrèrent des gens d'Aoba, une autre île, également en voyagé. On fraternisa et les deux expéditions se joignirent. Parmi les gens d'Aoba se trouvait un jeune homme du nom de Tarmanou, auquel ses compatriotes témoignaient une certaine considération. Il plut au chef des hommes d'Ambrym qui l'invita à venir chez lui en manifestant le désir de lui acheter son nom en signe d'amitié. Tarmanou accepta l'invitation pour lui et ses compagnons et on se sépara après mille protestations.
Peu de temps après les Ambryms aperçurent deux grandes pirogues se dirigeant vers leur île : c'était Tarmanou et ses amis qui venaient visiter Ambrym et qui apportaient de nombreux porcs pour en régaler leurs hôtes, La réception fut très cordiale et Tarmanou vendit, comme c'était convenu, son nom
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au vieux chef d'Ambrym. La nuit approchait, les hommes des deux îles causaient joyeusement quand la bise de mer ayant un instant soulevé le pagne de Tarmanou, le vieux chef s'aperçut que son ami était une femme. Il n'en dit rien, mais il lui offrit de partager sa case, ce que Tarmanou accepta sans défiance: Le lendemain, déshonorée, elle s'enfuyait vers là plage en maudissant le chef d'Ambrym. Les gens d'Aoba, épouvantés d'un tel forfait, s'embarquèrent à la hâte en jurant de se venger. Leur île était pleine de montagnes qui vomissaient du feu, tandis qu'il n'y en avait aucune à Ambrym. Ils déposèrent une nuit une de leurs montagnes sur la plage d'Ambrym et s'enfuirent sans être aperçus. Les habitants, irrités contre leur vieux chef qui leur avait valu ce funeste présent, le menacèrent de mort ; mais il leur promit de les débarrasser de ce volcan, et saisissant par l'oreille un superbe porc, il le montra au volcan, qui, entraîné par sa cupidité, se mit en mouvement pouf s'emparer de l'animal. Le chef ainsi suivi par la montagne qui vomissait du feu, marcha vers l'intérieur de l'île ; mais partout où il passait les habitants le forçaient à conduire ailleurs son porc et sa montagne. Il trouva enfin un endroit retiré et désert où il. s'arrêta pour fixer le volcan en lui jetant en pâture l'objet de sa convoitise.
La croyance dans cette légende indique un certain degré de naïve simplicité qui n'exclut cependant pas
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la duplicité. On a souvent parlé de la scélératesse et de la férocité des Néo-Hébridais ; il est vrai qu'ils sont traîtres, méditant pendant des années, s'il le faut, une vengeance à exercer, empoisonnant leur ennemi après l'avoir comblé de protestations d'amitié ; c'est bien là de la duplicité, mais elle a été chez eux plus provoquée que native, et les durs traitements qu'ils ont subis lors de l'occupation Anglaise, qui fut la première, sans qu'ils aient pu se défendre ouvertement parce qu'ils n'étaient pas les plus forts, les a conduits à user de ruse et de trahison, qui sont les armes des faibles. Dans les relations entre les Mélanésiens et les blancs, ceux-ci ont été de beaucoup les plus faux et les plus cruels, dit Elisée Reclus. Que de fois les blancs ont assailli les villages pour en capturer les défenseurs, les vendre comme engagés (euphémisme qui veut dire esclaves) sur les plantations lointaines ! Que de fois les blancs ont massacré de sang-froid des femmes, des enfants, des vieillards et brûlé des récoltes pour affamer ceux que les balles n'avaient pu atteindre ! et alors, si parfois des blancs tombaient entre les mains des Mélanésiens, quoi d'étonnant qu'ils les aient dévorés ! Lorsque des missionnaires ou des commerçants ont traité lès indigènes avec justice et bienveillance, ils ne se sont jamais montrés scélérats et féroces envers eux..
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J'ai certainement abusé de vos instants, Messieurs, en insistant comme je l'ai fait sur les moeurs, les coutumes et le caractère d'un peuple que nous sommes appelés à coloniser. Mais en présence du système Anglais, qui consiste à supprimer les autochtones , et du nôtre qui se les assimile , nous avons le droit de nous demander si nous ne faisons pas fausse route à l'égard de gens qui sont cannibales, féroces, traîtres et scélérats, ainsi qu'on l'a dit, en cherchant à leur infuser nos moeurs, nos coutumes et notre caractère, ou s'il ne vaudrait pas mieux les rayer à tout jamais du nombre des humains.
Tels que nous les connaissons, les Néo-Hébridais sont la fidèle image de tous les peuples à leur début, et il ne faudrait pas jurer que nous n'ayions été un peu cannibales dans nos premiers âges. A côté d'instincts qui sont ceux de l'animal et qui se montrent chez les enfants dans les nations les plus civilisées, on en retrouve d'autres tels que la vanité, la coquetterie, l'amour de la parure, la cupidité que les peuples civilisés possèdent encore.
L'organisation civile et celle de la famille procèdent des mêmes idées et la superstition est de tous les pays et de tous les temps. Seules les qualités intellectuelles diffèrent. Elles sont plus ou moins développées suivant les races, et le degré de civilisation ne saurait jamais modifier les aptitudes in-
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tellectuelles que vaut à chaque homme comme à chaque peuple sa conformation cérébrale. N'espérons donc pas voir surgir un jour des hommes de génie parmi les Néo-Hébridais et demandonsleur seulement d'être d'honnêtes travailleurs. Déjà, depuis une vingtaine d'années, lès Nouvelles Hébrides sont occupées commercialement par des Français venus de la Nouvelle-Calédonie qui ont fondé une compagnie pour l'exploitation du coprah, du maïs, du café, du tabac. Cette compagnie prend chaque jour une extension plus grande et elle emploie de nombreux indigènes qui ne sont plus les sauvages qu'ils étaient. Soyons assurés qu'instruits par nos zélés Missionnaires, débarrassés des craintes que leur inspiraient à si juste titre les blancs, ils se façonneront à nos moeurs et ils deviendront de puissants auxiliaires de notre expansion coloniale. Nous aurons ainsi une fois de plus l'honneur de prouver qu'il est plus humain de s'assimiler les peuples conquis que de les détruire.
THÉORÈMES
SUR LA SÉRIE DES NOMBRES IMPAIRS
CONSIDEREE COMME GÉNÉRATRICE DES CARRES
Par le Vicomte DE SELLE.
Soient deux droites rectangulaires A C et B C se coupant en C. Soit une transversale A B rencontrant les deux premières droites en A et en B. Pour une. situation donnée de la transversale A B les trois longueurs A B, A C, C B sont commensurables. Supposons que la situation cherchée de la transversale AB soit celle qu'exprime la figure
et soit i l'angle ABC. On peut toujours admettre qu'entre les trois longueurs À B, A C , B C, il en est deux, A B et C B par exemple, qui sont commensurables.
soit p =q + x. En élevant au carré on obtient :
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On reconnaît la forme du développement d'un carré, dont la racine a été elle-même ramenée à la forme (i m + m).
À cette expression il faut identifier
On doit donc avoir à la fois :x = m2 et x2= m 2; d'où il suit : x= i et l'on obtient p =q + I; d'autre part q = 4 ; d'où p = 5,. et l'on a Cos i = /5, ;
Telle est la position assignée à la transversale AB. Supposons la longueur B C partagée en quatre parties égales et prenons — pour unité : cette unité
sera contenue exactement trois fois dans A C et cinq fois dans A B.
Le triangle-rectangle ABC donne 42 + 3 2= 52 Mais si cette équation est satisfaite, l'équation
(42+ 32) n2= 52 n2 l'est aussi, quelque soit n. Or
cette dernière peut être écrite :
(4n) 2+ (3n) 2 = (5n) 2
Considérons la progression arithmétique dont le premier terme est 1 et la raison 2. Cette série est celle des nombres impairs
1, 3, 5, 7, 9 - (2 n— 1)
Le terme qui occupe le rang n a pour valeur 2 n — 1.
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La somme des n premiers termes est le carré de n.
En effet, cette somme est : 2 n— 1 +1 2
n = n.
2
Si dans cette série on demande quel est le dernier terme de la somme dont la valeur est n 2, on devra prendre la racine carrée de n 2, doubler cette racine et retrancher l'unité.
Si l'on demande quel est le carré exprimé par la série dont le dernier terme est 2 n — 1, on devra ajouter l'unité à ce dernier ferme, diviser par 2 et élever cette moitié au carré.
THÉORÈME I.
Si l'on tient compte de ces observations, on peut écrire les trois identités qui suivent :
(5n) 2=1 +3 +5+....+(6 n—1)+(6 n+4)
....+8 (n—1)+ 8(n+l)+ +(4On—1)
(4n) 2=4 +3+5+...+(6n—4)+(6n+1)+ ....+(8n-4)
(3 n) 2 = 4 + 3 + S 4-.... + (6 n—4)
Mais nous avons démontré que l'équation (5n) 2=(4n) 2 — (3 n) 2 est toujours satisfaite quelque soit n. On a donc :
(4n)2 = (5n)2 —(3n) 2—(6n 4. 4)4 (6 n 4-3) +
4-(8 n — 4)-j-(8 n 4-4) 4-.....+ 10 n — 4)
Et aussi
(3 n) 2 = (5 n) 2 — (4 n) « = (8 n + 1 ) + 8 n + 3) +... + ....4.(40n-4)
La série(6 n+I)+(6 n+3 + ...+(8 n — 1)+... ........ +(10 n—1) comprend 2 n nombres; carie
premier terme (6 n + 1) est de rang (3 n +1) et le dernier terme (10 n — 1) est de rang 5 n.
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La série (8n+ 1) + (8n + 3)+....+(10 n—1) comprend n nombres, car le premier terme est de rang (4 n+I) et le dernier terme (10 n— 1) est de rang 5 n.
Il suit de ces observations :
1 ° Que les carrés de tous les multiples de 4 ; soient : 4 n, peuvent être exprimés par des sommés de 2 n nombres impairs consécutifs, dont le premier (6 n+1) diffère de l'unité.
20 Que les carrés de tous les multiples de 3 ; soient : 3 n, peuvent être exprimés par des sommes de n nombres impairs consécutifs:, dont le premier (8 n+1) diffère de l'unité.
Je n'ai pas trouvé mention de cette observation dans les ouvrages qui traitent des nombres carrés. Il à toujours été enseigné que la série naturelle des nombres impairs commençant par 1 donne par addition successives tous les carrés ; mais je n'ai vu nulle part qu'il ait été remarqué que dans cette série on rencontre périodiquement des groupes de deux,
trois, quatre nombres successifs, dont le premier
diffère de l'unité et dont les sommes donnent néanmoins des carrés. Ces zones numériques privilégiées sont exclusivement réservées à former les carrés des multiples de 3 et de 4.
Exemples : i° Carré de 4 X 3
Calculer la valeur de la somme des six nombres
impairs consécutifs dont le premier est (6 X 3 + 1)
4 Q + 29 49 +24 4.83 4-25+ 27 +29.= — + X6 =
(49+29) X 3=48X3 = 144
(4X3)2 = 422=444.
2° Carré de (3 x 4) :
Calculer la valeur de la sommé des quatre nombres
— 79 — impairs consécutifs, dont le premier est (8 X 4 + 1) 33+35+37+39=33+39/2x4=(33+39)X2=72X2=144
THÉORÈME II.
Tout carré pair peut être exprimé par la somme de deux nombres impairs consécutifs.
Un nombre pair est de la forme 2 n. Le carré de 2 n est 4 n 2; c'est un nombre pair si on divise par 2, la moitié : i n 2 est encore pair. Or, dans la série naturelle des nombres, tout nombre pair est précédé par un nombre impair et suivi par un autre nombre impair. Le nombre impair qui précède 2 n2 est (2. n2— 1) ; le nombre impair qui suit 2 n 2 est (2 n2+ 1). La somme de ces deux nombres impairs est 4 n2 : carré de 2 n.
THÉORÈME III.
Dans la série des nombres impairs, arrêtons-nous arbitrairement au terme de rang n, sa valeur est 2 n — 1. Prenons h termes à sa suite : le premier vaut (2 n + 1), le second (2 n + 3), le dernier est de rang (n+h) et vaut par conséquent 2 (n+h)- 1. Je fais la somme de cette série, cette somme est
soit 2 n h + h 2. J'appelle A cette somme et je pose A = 2 n h + h 2. Revenons au terme (2 n — I) qui est de rang n et faisons la somme de (2 n — 1) et des (h— 1) impairs qui le précèdent, de manière à avoir de nouveau une somme de h termes. Ces termes sont : le premier (2 n— 1), le second (2 n — 3), le dernier 2 (n — h) + 1.
— 80 —.
la somme est donc : 2n + 2n-2h h; 2 n h_h2
et je pose B = 2 n h—h 2
A —B = 2n h + h2 —(2n h—h2) = 2h2;
d'où le théorème dont suit l'énoncé.
Si dans la suite des nombres impairs on trace arbitrairement une barre divisoire entre deux termes consécutifs et que départ et d'autre de cette barre divisoire on prenne 2 h termes : h à droite, h à gauche, la différence entre la somme des h termes à droite de la barre et la somme des h termes pris à gauche est de 2 h 2.
Exemple : 1 3 5 7 | 9 11 13 | 15 17 19 | 21 2? tirons le trait séparatif entre 13 et 15 et prenons trois . termes à droite et trois termes à gauche, la différence entre les sommes doit être 2 X3—2 y 9 = 18.
On a effet : 45 + 17 + 49 = 54 9+14+13 = 33
Différence 18
Mais nous n'avons fait aucune hypothèse sur la valeur de h qui peut varier de un à l'infini. Traçons donc arbitrairement encore une barre divisoire entre deux termes quelconques et convenons de prendre à sa gauche tous les termes qui précèdent jusqu'à 1. La somme de ces termes est un carré n 2. Partageons maintenant la série en tranches comprenant autant de termes que la première. Il suit de notre théorème que la seconde tranche vaut 3 n 2, puisqu'elle excède de 2 n2 la précédente qui vaut h 2; la troisième tranche vaudra 3 n2+2 n 2, soit 5 n2 La n2 tranche
vaudra (2 n—I)n 2.
Du théorème général découle dès lors un corollaire très remarquable que l'on formule en disant
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que tous les multiples impairs d'un carré quelconque n 2, pair ou impair, sont exprimables par des sommes de nombres impairs consécutifs, dont le premier diffère de l'unité. Toutes ces sommes ont un nombre constant de termes : n.
Si l'on pratique dans la série des coupes de deux en deux termes et que l'on s'arrête successivement au second terme à droite de chaque tranche, on obtient tous les carrés pairs.
1 s 2 3 4 . n
1,3|5,7 9,11 13,15 (4n —3) (4n—1)
La Ire tranche vaut 4
La 2e » 3X4
La 3e » 5X4
La ne » ( 2 n—1)4
Tout carré pair a donc sa représentation dans le
schéma qui suit :
4 carré de 2
+
4 + 444 » de 4
... 4 + 4 + 4 + 4 + 4 » de 6
4 + 4 + 4 + 4 + 4 + 4 + 4. » de 8
Dans (2n) 2 il entre (1 + 3+5+...+[2 n-i]) fois 4. Dans la série des nombres impairs isolons l'unité et pratiquons des coupes comprenant deux fermes.
1 2 3 4 . . n
1 3,5 7,9 11,43 45,17 (4n —4)(4n+4)
Appliquons le théorème fondamental. La différence entre une tranche et celle qui la précède immédia6
immédia6
— 82 —
tement est 2 h 2, h étant le nombre de termes qui entre dans chacune des tranches. Donnons à chaque tranche le numéro d'ordre qui lui appartient. La première tranche vaut 8, la seconde 8+2X22=8+8, la troisième tranche 8 + 8 + 2 X22=8+ 8 + 8.... Si on ajoute successivement toutes ces sommes entre elles et à l'unité, on obtient la série des carrés impairs. Tout carré impair a donc sa représentation dans le schéma qui suit :
4 carré de 1
8 » de 3
8 + 8 . . ... .... . » de 5
8 + 8 + 8 » de 7
Dans le carré (2 n+1) 2 il entre donc (1+2+3+....+n) fois 8, soit (2+4+6+8+....+2 n) fois 4
THÉORÈME IV.
Considérons les carrés impairs qui suivent :
4+.3+5..... carré de 3
4+3 + 5 + 7 + 9........... » de 5
4 4-3 + 5 + 7 + 9 + 11+43..... » de 7
Il convient de remarquer que le nombre impair qui occupe le milieu de chacune de ces sommes est précisément la racine du carré exprimé par cette somme. On en voit aisément la raison. Dans toute progression arithmétique, si on prend un nombre impair de termes, celui qui occupe le milieu est la moyenne de tous les autres. Or, dans notre première expression il y a trois termes et 3 est celui du milieu, la somme vaut donc 3 X 3 = 9- Dans la seconde expression c'est le nombre 5 qui succède
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immédiatement à 3 qui sera le terme médian, et l'expression ayant deux termes de plus que la précédente, en aura 5 ; la somme est donc 5X5 = 2 5 La règle est donc générale.
Considérons les carrés pairs qui suivent :
2
4+3 . carré de 2
4
1+3+5+7 » de 4
6
4 + 3 +5 +7+ 9 + 41 . . » de 6
On remarquera que dans chacune de ces sommes le nombre pair déficient, que l'on peut supposer intercalé en son milieu est la racine du carré; exprimé, par la somme. On peut se demander si la règle est générale. Soit n2 un carré pair.
n2—4+3+5+....+2 (n — 4)
Puisque n est pair, on peut poser n=2 h. Si on suppose la série n2 coupée en son milieu par une barre divisoire, le nombre impair le plus voisin de la barre et à sa gauche est de rang h et vaut (2 h—1). Le nombre pair déficient qui serait rencontré par la barre divisoire s'il était intercalé, est donc 2 h. Or 2 h=n, racine de n 2.
THÉORÈME V.
Considérons de nouveau la série des nombres impairs et pratiquons dans" cette série des coupes, en observant les règles suivantes' :
La tranche n° 1 a un chiffre ; la tranche n° 2 a deux chiffres ; la tranche n° n à n chiffres.
— 84 —
Il résulte des remarques antérieures que dans ce mode de partage de la série des nombres impairs :
I° Le carré du nombre qui exprime le numéro d'ordre d'une tranche est ou bien le nombre impair qui occupe le milieu de la tranche, si elle admet un nombre impair de termes, ou le nombre pair déficient que l'on peut supposer intercallé au milieu de la tranche, si elle admet un nombre pair de termes, de telle sorte que ce nombre pair ou impair est la moyenne des termes dont la tranche est formée ;
2° Qu'il y a autant de termes dans la tranche que d'unités dans le nombre qui exprime son numéro d'ordre.
La 4 se tranche vaut donc .. 42x4=4=43 La 2° » » . . 22 X2= 8=23
La 3e » » . . 32x3=27 = 33
La n" » » . . n 2 x n= n3
Ce qui revient à dire que la valeur de chaque tranche est le cube du nombre qui exprime son numéro d'ordre.
THÉORÈME VI.
Nous avons démontré que tout carré pair est de la forme :
22 42 62 .8 ; (2 n)a
[1 +3+5+7+ + 2 n — 4] 4
4 4 9 46 n2
- 85 —
Que tout carré impair est de la forme :
32 52 72 92 (2n + 1)2
4+ [2 + 4 + 6 + 8+. + 2 n] 4
2 6 42 20 n (n+1)
Ces tableaux montrent que tout carré pair est un multiple de 4, et que tout carré impair diminué de 1 est à la fois un multiple de 4 et de 8.
AUTOUR DE SANT-CANADET
Par M. A. DE FONVERT
Prenant exemple du charmant conteur d'un voyage autour de sa chambre, je voudrais vous intéresser—puissé-je y réussir — en vous faisant voyager avec moi autour d'une localité voisine de nous : le petit village de Saint-Canadet.
Ce lieu comprenant une quarantaine de feux, section paroissiale de la commune du Puy-SainteRéparade, est situé au pied de l'un des versants de la Trévaresse, colline dont la chaîne s'étend, du sud au nord, depuis Venelles jusqu'à Rognes, passant sur les laves éparses de l'ancien volcan de Beaulieu.
Des terrasses de ce village, faisant face vers le nord à la ville de Pertuis et au long cours de la Durance coulant de l'est à l'ouest,.on jouit d'un des plus.beaux points de vue de la Provence.
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Parcourir son étendue ne vous donnera aucune fatigue, si je sais, conducteur de la marche, vous en montrer les pittoresques détails.
Dans cette promenade on peut voir, avec la ville de Pertuis, plusieurs villages dont quelques-uns, par le nombre des habitations et de la population, par l'importance des marchés qui s'y tiennent, peuvent, hardiment, prétendre au nom de bourg plutôt qu'à l'appellation de village.
Contempler le vaste horizon qui les renferme est l''attrait du voyage que je vais faire avec vous, si vous voulez bien suivre avec une bienveillante indulgence votre nonagénaire cicerone.Mais les limites du temps qui nous est donné pour l'accomplir nous obligeront à passer, sans nous y arrêter, devant les stations d'un intérêt secondaire et à les parcourir seulement de visu; course, alors, rapide autant qu'en vélocipède, mais moins fatigante, je l'espère.
Sur notre droite voici, d'abord, Meyrargues dont le château perché au haut d'un mamelon que les maisons de la bourgade entourent à sa base, apparaît, de tous côtés, comme une sentinelle placée à la garde de la grande plaine qui se développe à ses pieds.
Peyrolles surgissant au milieu des riantes prairies qu'arrose la Durance.
Passant sur le premier pont suspendu qui fut construit en Provence par les frères Seguin, nous
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voici en face de Pertuis, ville florissante, centre d'une des plus belles exploitations agricoles.
Non loin de ses boulevards Villelaure, Cadenet et Lauris décorant par leurs blanches constructions et par leurs élégantes villas les croupes Ombreuses du Luberon sur lesquelles leur aspect se projette.
Retournant de l'ouest vers l'est sur la rive gauche de la Durance : Charleval et la Roque-d' Antheron, puis la célèbre abbaye de Sylvacanne devenue château dé plaisance, conservant néanmoins de beaux restes de ses anciennes décorations architecturales et son grand cachot souterrain très intact, avec ses poteaux, ses gros anneaux en fer scellés contre des murs suintants et ses lourdes chaînes; sombres et humides oubliettes où croupissaient les brigands pourchassés par la corporation militaire des Frèrespontifes.
A quelques kilomètres plus loin, les ruines du séjour de cette association qui transporta son quartier général sur les terrains de Bonpart, à l'ouest de la ville d'Aix, en un passage alors réputé très dangereux nommé Malepart, parce qu'il était souvent exploité par les voleurs et les assassins et qui dès lors changea de nom sous la protection de ces religieux déposant, à l'occasion, le froc de constructeurs de ponts pour endosser la tunique du gendarme.
Sur notre route nous rencontrons la belle oeuvre de M. l'ingénieur Pascalis, lé grand bassin d'épu-r-
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ration des eaux du canal de Marseille à Saint-Cristophe, et l'élégant essai, de même nature, fait à Poncereau, aujourd'hui abandonné pour cause de capacité insuffisante.
Nous passons devant Saint-Estève-de-Janson et nous traversons le village du Puy-Sainte-Rêparade bâti en plaine après la destruction de la ville du même nom qui couronnait sur un plateau de rochers le pic au pied duquel s'étend aujourd'hui la nouvelle localité ; c'est par antiphrase que celle-ci conserve le vocable de Puy.
Reportant nos regards vers le levant, dans un lointain accidenté par des coteaux boisés, nous voyons la Bastidonne et non loin d'elle La Tourd'Aigues remarquable par les grandes ruines du château du duc de Lesdiguière.
Du milieu des restes de cette princière habitation s'élève une tour carrée, de construction romaine, jadis incendiée et dont, au travers d'une large brèche, on voit encore de très loin l'intérieur avec ses murailles noircies.
En arrière de La Tour-d'Aiguës et par une dépression de la crète du Luberon, apparaissent le clocher et les toitures de deux villages célèbres : Saint-Martin et Cabrières.
De ce côté nous voyons, surpassant les derniers contreforts des Basses-Alpes, la longue échine du
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Cheval-Blanc, montagne couverte, une grande partie de l'année, d'un grand linceul blanc.
A l'entrée de cette échappée de vue apparaissent les gigantesques rochers du défilé de Mirabeau, masquant pour nous le village dont le nom rappelle le célèbre tribun, le puissant orateur.
Au pied de ces rochers, lieu unique pour une belle prise de l'eau de la Durance, nous voyons les travaux inachevés que le savant ingénieur Floquet entreprit, au commencement du siècle qui va finir, pour la création d'un grand canal qui devait arroser presque toute la Provence, projet grandiose et national dont l'exécution s'évanouit dans la tourmente révolutionnaire et qu'une oeuvre très remarquable surtout par son caractère monumental, mais d'une utilité absolument restreinte, a, sic voluere fata, à jamais remplacé.
Faut-il croire, au dire de quelques géologues : que les rochers du défilé de Mirabeau, au temps qui ont précédé le déluge universel, unis en une seule et même masse, opposaient un barrage aux eaux de la Durance ainsi qu'à toutes celles qui s'écoulent en amont des derniers contreforts des Alpes et formaient ainsi un grand lac, une mer dont le fond, aujourd'hui mis à nu, présente un amas de cailloux roulés qui attestent, disent-ils, la préexistence de ce grand lac ? Le vide que laissent entr'ellés les deux grandes masses de rochers au passage de la Durance
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paraît cependant suffisant pour mettre en doute leur ancien raccordement. Mais, si par un effort d'imagination, on l'établit et qu'on contemple la cascade qui déverserait le trop plein du lac d'une hauteur de plus de trente mètres, on a la sensation d'un phénomène rivalisant au moins à celui des chûtes du Niagara.
Traversant avec impétuosité les assises resserrées de ces grandes et hautes murailles naturelles, la Durance. reprenant son cours de traîne effiloquée et sa marche vagabonde sur la plaine qui s'étend devant elle, divise, féconde et dévaste en même temps les terrains qu'elle traverse, donnant aux uns les détritus fertilisants qu'elle charrie, creusant les antres ou bien les comblant de sable, de graviers et de cailloux.
Cette grande étendue de pays a pour enceinte, au nord, la bleuâtre chaîne du Luberon ; à l'est, les collines de Manosque et de Valensole, dominées par les cimes neigeuses des montagnes de Lure et du Cheval-Blanc : puis, avancé vers le sud, le pic de Concors aux pieds duquel s'étend le gros bourg de Jouques.
Le mont Sainte Victoire et la Trévaresse sont, au sud, les dernières bornes du vaste horizon que nous venons de parcourir.
C'est sur le grand champ qu'il circonscrit et qui se prête si bien à la stratégie que furent exécutées,
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en 1876, les grandes manoeuvres, commandées par le général Espivent, repoussant l'envahissement simulé, peut-être prévu, des troupes italiennes.
De cette excursion dans l'étendue du panorama déroulé devant nous, revenons auprès du hameau de Saint-Canadet.
Pourquoi ce nom qu'on cherche vainement dans le martyrologe ?
Un groupe de maisons était anciennement bâti autour d'une chapelle érigée sous le vocable de Saint-Pierre-es-Liens et soumise, ainsi que l'église du Puy-Sainte-Réparade, à la juridiction du chapitre de Saint-Sauveur.
Vers le milieu du XVe siècle la chapelle fut dévastée pendant les guerres de religion.
Chassés de leur demeure, les habitants de ce lieu, dépourvu de source d'eau, se transportèrent en un site plus favorable ; un nouvel hameau fut construit ainsi qu'une nouvelle église, à laquelle on donna le même vocable: Saint- Pierre-es- Liens : Sanctus Petrus ex catenoe: ce dernier mot signifiant lien, chaîne, en provençal Cadeno on en a fait Cadanet puis Canadet, que, par euphémie, on a sanctifié.
Les diverses peuplades qui, dans les temps anciens, ont successivement foulé le sol de notre contrée, ont laissé, comme presque partout ailleurs, de nombreuses traces, des témoins, de leur passagère existence, de leurs usages et de leurs agitations.
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On a trouvé epars dans les terres cultivées, mais surtout autour des habitations, des ossements humains, des squelettes entiers dépourvus de cercueils et parmi eux plusieurs sujets d'une stature dépassant deux mètres.
Dans des tombeaux on a recueilli des armes de guerre, le plus souvent en forme de poignard à large lame avec la poignée croisée ; des boucles en fer et en bronze, des éperons, des mors de cheval, des bracelets ciselés dont quelques-uns ornés de pierres de couleur, des fragments de boucliers et de nombreuses médailles, toutes preuves des agitations belliqueuses de nos ancêtres ou prédécesseurs.
Parmi les objets intéressants récoltés dans nos parages, il faut compter un témoignage topique relatif aux coutumes qui donnent tant d'attrait à l'histoire des variations de la mode pour l'habillement et la parure.
Dans un champ fraîchement labouré un vieux berger faisant paître son troupeau, par un beau clair de lune, ramassa un pendant d'oreilles en or, suivant l'expression populaire un rond, de forme semblable à ceux qui, peu nécessaires à relever le piquant de leurs attraits, portent cependant nos belles artésiennes. Il était plus grand et plus massif avec un chaton à faces pentagonales, ciselé, mais sans gemme.
On plaisanta le vieux pâtre sur sa trouvaille, l'engageant à eh parer sa large oreille ; pas si niais le
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bonhomme, mais émule malin du coq détournant une perle, il porta le bijou à M. Sallier, receveur des finances, grand collecteur d'objets d'art et d'antiquité.
Cet honorable et distingué savant, sachant bien qu'un ducaton ferait mieux l'affaire du berger, le satisfit en l'engageant à chercher et à lui apporter le pendant du rond.
Cinq années après, un honorable jugé de paix, propriétaire à Saint-Canadet, par un temps d'orage, dans un sillon détrempé par la pluie, rencontra le pendant souhaité. Le chaton, cette fois, était garni d'une fort belle amétiste. Le chercheur heureux combla gracieusement la lacune, et l'érudit collecteur, plus heureux encore et très reconnaissant, plaça les deux ronds auprès du fameux papyrus égyptien qu'il possédait depuis quelque temps et que peu de temps après déchiffra le savant orientaliste, M. Champolion, à son passage à Aix.
Aux découvertes déjà mentionnées il faut ajouter les bases d'un petit temple en pierres froides, de forme quadrangulaire. Sur ces pierres ornementées de moulures sont restées les traces d'une enceinte en barreaux de fer.
Des inscriptions dont une en langue hébraïque ( I ),
(1) L'inscription en langue hébraïque, mais dont les mots sont très effacés, a été trouvée sur la façade d'une vieille
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d'autres en latin des temps les plus reculés, de ce nombre une épitaphe sur pierre tombale portant le nom de Valeria.
Tout récemment un autel-votif aux nymphes de la localité et dont le dévot a nom Servacus (I).
Au sommet d'un coteau existe une ancienne ruine qu'on nomme le Castellas ou château de Féline. Quelle est l'origine et quelle fut la destination de cette construction ayant caractère de bâtisse romaine? On l'ignore. Dans ce qui l'entoure, des restes de clôtures, des traces de jardins, paraissent indiquer qu'elle a été habitée. Ce qu'il y a de certain c'est que pendant les guerres de religion elle servit, aux partisans, de refuge fortifié et qu'il y eut échange de bombardement entre eux et les troupes du duc d'Epernon, occupant la ville du Puy-Sainte-Répamaison
Puy-Sainte-Répamaison l'ancienne ville du Puy-Sainte-Réparade, maison épargnée par les démolisseurs. Elle fut acquise par M. l'abbé Castellan, chanoine de Saint-Sauveur, professeur de lithurgie à l'Université d'Aix, membre de notre Académie. Il la plaça dans le tympan de sa demeure, cours Notre-Dame, où on la voit encore.
(1) L'inscription de Tautel-votif aux nymphes Nymphis votum (vovit sous entendu) libens merito servacus a récem- . ment été publiée dans la revue épigraphique dirigée pair M. le capitaine Esperandieu, membre du comité historique et professeur à l'école militaire de Saint-Maixent, grâce à l'obligeance de M. Clerc, professeur à la Faculté des lettres d'Aix, directeur du Musée Borély à Marseille.
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rade en 1582 et 1583. Les deux points culminants sont distants l'un de l'autre, à vol d'oiseau, d'environ trois kilomètres. Nous possédons des biscaïens en fer trouvés au milieu des amas de pierres écroulées du château de Féline.
Quant à l'ancienne ville du Puy-Sainte-Réparade qui s'était maintenue en effervescence de liberté, elle fut détruite en 1612 par ordonnance des Etats de Provence.
Et maintenant la légende s'est emparée des ruines du Castellas, leur donnant un caractère mystérieux. Une chèvre d'or les habite, mais elle n'apparaît qu'une seule fois dans l'année, au moment où le premier rayon du soleil levant surgit et s'élance dans les airs du plus haut sommet du Luberon. L'heureux mortel qui, la surprenant à ce moment précis s'en rendra maître, possédera la source du bonheur. Personne encore n'a saisi l'instant fatidique.
Une autre croyance s'est accréditée : sous ces antiques murailles seraient rangées plusieurs amphores pleines d'un vin célèbre. Un sorcier, il en est toujours là où se trouvent des simples, des superstitieux, celui-ci voulant profiter d'une crédulité sur laquelle il comptait, se faisant fort de la vertu de sa baguette divinatoire, affirmait l'existence du précieux dépôt. Il s'offrait, moyennant bon salaire, à faire les fouilles. Soit, lui dit-on, mais vous vous
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paierez vous-même sur la grosse moitié de la découverte. Le malin, mais peu sorcier en ceci, avait compté sur un autre marché et le précieux vin du Cécube, peut-être, reste encore sous les décombres du Castellas.
Arrivés au terme de notre voyage, heureux, serais-je, Mesdames, Messieurs, si dans mon rôle de conducteur je n'ai pas abusé de votre bienveillance à m'écouter.
Jetons un dernier regard sur le plateau désolé de l'ancienne cité. A son extrémité septentrionale, sous la voûte d'une grotte, découle encore sur un sol boueux un filet d'eau, unique ressource des anciens habitants qui l'appelaient la nymphe Gâcharelle. A l'extrémité méridionale une sorte de pyramide semblable à une quille dont elle porte le nom provençal lou quiaou, s'élève faisant silhouette sur le firmament; c'est un angle du château, croit-on, peut-être de l'église, témoin attristant des destructions faites par la main des hommes. Les pierres qui la forment, couche par couche, s'écroulent lentement ; le jour viendra qu'à son tour elle sera rasée par le temps. Le touriste, alors retour du sud africain, triste encore des actes accomplis au Transvaal, viendra s'asseoir sur sa dernière dalle comme Manlius sur les ruines de Carthage.
THIERS
ÉTUDIANT EN DROIT
SES RAPPORTS AVEC L'ACADÉMIE D'AIX
Par M. le Docteur AUDE.
MESDAMES, MESSIEURS ,
Dans la séance publique de l'an dernier le Président de l'Académie, Monsieur le doyen Guibal, a lu une remarquable esquisse sur la seconde jeunesse de Thiers, rappelant cette partie de la vie de l'historien national de la République, du Consulat et de l'Empire, comprise entre 1821 et 1830.
Je me propose de placer aujourd'hui sous vos yeux la première jeunesse de Thiers, de 1815, date de son arrivée à la Faculté de Droit d'Aix, à 1821, l'année où il quitta notre barreau, pour commencer sa brillante carrière à Paris.
C'est à Aix qu'elle s'écoula et si Thiers, qui présida un moment aux destinées de la France, appartient à l'Histoire, la ville d'Aix, berceau de sa famille et notre Académie, première révélatrice de
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son talent, ont le devoir de rappeler son séjour parmi nous et ses rapports avec nos devanciers.
Thiers fut de cette pléïade de jeunes hommes nés dans les dernières années du XVIIImi'- siècle et les premières du XIXme qui constituèrent ce qu'on a appelé la génération de 1830.
Les guerres de la Révolution et de l'Empire avaient épuisé le prestige des armes, et arrêté le mouvement littéraire du siècle de Louis XIV. L'ère de paix et de liberté qui s'ouvrait donnait un nouvel essor aux conceptions de l'esprit tenues en bride par le despotisme des sectaires et le césarisme militaire, et cette génération accomplit l'oeuvre de rénovation avec Lamartine, Balzac, Victor-Hugo , Thiers, Mignet, de Musset, Berryer, pour ne citer que les plus illustres.
En 1815, la Faculté de Droit d'Aix réunissait sur ses bancs un groupe d'élèves doués de brillantes qualités natives, formant un joyeux cénacle où la jurisprudence, les arts, la politique, la littérature, étaient discutés avec l'ardeur, l'assurance, la désinvolture de la jeunesse. Parmi eux Thiers, doué d'un esprit fin et subtil, d'une intelligence vive, saisissant rapidement les questions les plus ardues et les exposant avec clarté, était de beaucoup le plus entraînant et le mieux préparé à la lutte.
Né à Marseille le 15 avril 1797, il était fils de Pierre et de Marie Amie, cousine germaine des
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Chénier. C'est en souvenir de cette parenté que Thiers reçut au baptême les prénoms de Marie-Joseph. Son grand père paternel, dont l'histoire a été écrite par le distingué bibliophile M. Octave Teissier, né à Aix en 1714, avait été reçu avocat au Parlement et s'établit plus tard à Marseille où il remplit les fonctions d'Archivaire de la ville. Il était luimême le fils de Charles Thiers, bourgeois de la ville d'Aix.
La famille de Thiers est donc originaire d'Aix, puisque son bisaïeul et son aïeul y étaient nés ; il y a demeuré lui-même de 1815 à 1821, aussi pouvait-il écrire en 1830 au docteur Arnaud : « Si je ne suis point d'Aix j'y ai passé tout le temps de ma jeunesse, ma mère a continué d'y habiter elle-même et j'y ai conservé de nombreux amis. »
Après avoir commencé ses études dans une pension particulière, Thiers entra en 1809 au lycée de Marseille, en qualité de boursier, en souvenir des services rendus à la ville par son grand père. Il y fut toujours au premier rang et il en sortit en 1814. A cette époque le baccalauréat n'existait pas ; il était remplacé par des certificats des deux derniers professeurs de l'élève. La Faculté de Droit possède ceux de Thiers dans ses archives. Le professeur de rhétorique, M. Louis Brunet, déclare que l'élève Adolphe Thiers a suivi avec exactitude son cours de deux années et qu'il s'est distingué par son
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application, sa bonne conduite et les succès les plus brillants (I). Le professeur de philosophie, M. Arnaud - Dennas , certifie qu'Adolphe Thiers, élève du gouvernement, a suivi exactement ses cours et s'est rendu également recommandable par sa bonne conduite, son application et ses progrès. Le proviseur du lycée, M. Dubreuil, atteste que l'élève Thiers s'est constamment distingué par sa bonne conduite, ses principes, ses talents et ses progrès. Enfin le censeur du lycée , M. de SaintManac, déclare que Thiers s'est, comporté de manière à mériter les éloges des chefs et que son application suivie pendant plusieurs années et des succès distingués l'ont placé au rang des élèves que l'on voit partir avec regret.
Après sa sortie du lycée Thiers passa une année à Marseille puis il vint à Aix pour suivre les cours de la Faculté de Droit. Il prit sa première inscription le 8 novembre 1815. Il se logea au 2me étage du n° 30 de la rue des Pénitents Noirs (aujourd'hui rue
(4) M. Brunet écrivait encore le 7 avril 4844 à Madame Thiers mère : « M. Thiers est un excellent sujet. Il a fait ses études au lycée de Marseille avec la plus grande distinction. Il a remporté presque toutes les années les premiers prix. Il réunit aux plus sérieuses dispositions pour les sciences et les belles-lettres, l'amour de l'étude et le désir de se distinguer dans une profession honorable. Quelle que soit la carrière dans laquelle il se propose d'entrer, il ne peut manquer de la parcourir avec le plus brillant succès. » (Communiqué par Mademoiselle Dosne.)
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Lièutaud), maison modeste , s'il en fût, à porte étroite et cintrée, avec une seule fenêtre de façade et un magasin au rez-de-chaussée où se trouvait l'établi du propriétaire, un menuisier nommé Chave. En 1815 une chambre de la rue des Pénitents Noirs à Aix, devait être d'un prix bien modique et convenir seulement à un étudiant peu fortuné. Au mois de janvier suivant Thiers alla demeurer rue Plateforme ( aujourd'hui EméricDavid) n° 31, dans une maison appartenant à M. Turrel. En 1817 il change encore de logement et s'installe rue Adanson 3 (bis) chez un maçon nommé Rey chargé de réveiller son locataire chaque matin à la première heure, le maçon allant à son chantier et l'étudiant ouvrant ses livres. En 1818, la mère et la grand mère de Thiers viennent se fixer à Aix ; ils habitent en commun traverse Silvacanne, n° 12, un immeuble appartenant au marquis de Gueydan. Plus tard Mme Thiers, mère , acquit une maison, rue des Chartreux , mais elle l'habita seule, son fils étant alors fixé à Paris.
Thiers prit ses douze inscriptions du 8 novembre 1815 au 3 août 1818; il subit son premier examen de baccalauréat en droit le 20 décembre 1817, le second le 9 juillet 1818 , ses deux examens de licence et sa thèse en août 1818. Dans chacun de ces examens il eut constamment l'unanimité des suffrages et il n'obtint que des boules blanches. La.
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thèse était une formalité sans valeur ; on peut en juger par celle de Thiers qui n'a que trois pages d'impression, une pour le droit romain : « de Ingenuis,» la seconde pour le code civil : « Publication des effets, » la troisième pour la procédure civile : « Des enquêtes. »
Les professeurs de la Faculté étaient : MM. Balzac, doyen, Bouteille, Constans, Bernard, Mottet et Defougères, et les principaux condisciples de Thiers, qui subirent leurs examens avec lui : Mignet, Mottet, Floret, Aude, Alphonse Rabbe , Euzière , Revoil, Tavernier, de la Boulie , Guillibert, de Gabrielli, Rouvière, de Ribbe, Goyrand, Palis, Peisse. Nous trouvons là bien des noms qui sont ceux des plus anciennes et des plus honorables familles de notre ville.
Parmi ces camarades d'école certains devinrent les amis de Thiers, les compagnons habituels de ses études et de ses plaisirs. Notre illustre compatriote Mignet et Thiers se lièrent à cette époque d'une amitié inaltérable et indissoluble, dit SainteBeuve, « qui les honore tous deux, d'une de ces amitiés que si peu d'hommes de talent savent continuer inviolable entre eux après la jeunesse. » Elle dura pendant soixante années et si elle fut rompue par Thiers en. 1877, année de sa mort, elle se continua dans le coeur de Mignet jusqu'en 1884 , au moment où il nous quitta lui-même. Un historien
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de Thiers, Alexandre Laya, a dit en parlant de Thiers et de Mignet : « Rien de plus touchant, rien de plus consolant et de plus précieux que le spectacle de cette amitié qui fut pour les deux jeunes enfants de cette belle contrée de la Provence un lien toujours fort et sacré. Ils marchaient ensemble du même pas, se donnant la main comme frères, se mêlant aux mêmes luttes, aux mêmes travaux, recevant les mêmes impressions, se soutenant enfin dans la vie de cet appui si énergique dont l'association fait la force et l'intimité le charme. L'un prompt, ardent dans la pratique, écrivain passionné pour les faits, se servant de sa plume comme d'une arme, homme d'état toujours sur la brèche, toujours actif, toujours présent aux événements qui demandent la parole et l'action ; l'autre enfermant sa vie pure et modeste dans le sanctuaire de la science et de l'art, harmonieux et beau dans son style, plus philosophe qu'historien, ne se mêlant aux faits que quand on lui demande l'expression d'une âme dévouée et courageuse, aimant la science et l'étude comme Raphaël aimait la Fornarina. »
La ville d'Aix a consacré par une plaque commémorative la place où Thiers et Mignet venaient si souvent travailler à la bibliothèque Méjanes et leur buste orne ces vastes salles, témoins de leurs études.
Dans l'intimité de Thiers, à Aix, se trouvaient
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surtout Alphonse Rabbe, journaliste de talent, Peisse , critique médical très autorisé, RouchonGuigues, historien et magistrat, Mottet, conseiller d'Etat et recteur d'académie, Aude, longtemps maire d'Aix, Floret, préfet sous Louis-Philippe, Martin, président à la Cour des comptes, Giraud, ministre de l'instruction publique, Euzière, conseiller à la Cour.
Tous ces jeunes hommes épris de libéralisme se réunissaient souvent et discutaient avec ardeur les questions de principes dont la Restauration permettait alors l'accès à toutes les intelligences.
Thiers était l'âme de ces réunions ; il s'exerçait volontiers à la parole parmi ses amis et les charmait par sa verve et son éloquence entraînante et persuasive. Le père de Mignet était un de ces serruriers d'art qui fabriquaient à la forge ces belles rampes en fer ornant encore plusieurs de nos maisons d'Aix. Il occupait un grand nombre d'ouvriers dans son atelier, situé au numéro 44 de la rue Bellegarde (aujourd'hui rue Mignet), là même où, signe des temps, est établi un débitant de vins et liqueurs. Au sortir de la Faculté, Thiers et ses amis s'arrêtaient parfois chez Mignet et continuaient leur conversation dans l'atelier. Elle fut un jour si animée que Thiers captiva l'attention de tous les ouvriers qui suspendirent leurs travaux pour l'écouter : « les marteaux restèrent en l'air tant qu'il parla », disait,
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en langue provençale, l'un d'eux racontant cette scène longtemps après.
A ces joutes oratoires se mêlaient aussi de vraies espiègleries bien dignes de jeunes gens de vingt ans. Thiers, écrivant à l'un de ses amis en 1821, peu après son arrivée à Paris, lui disait : « Assure ta mère que je n'oublierai jamais ses bontés et son indulgence pour nos folies. » Il en est une qui a été attribuée à Thiers, mais qui fut commise quelques mois avant son arrivée à la Faculté, au cours de mon grand père, professeur de droit romain. Le fait est assez piquant pour vous être rapporté. En attendant l'heure du cours plusieurs étudiants, se promenant sur la place où est aujourd'hui le buste de Peiresc, aperçurent un âne qu'un paysan venu au marché avait attaché au barreau de fer d'une fenêtre voisine. Si nous faisions entrer cet âne dans la salle du cours, dit l'un d'eux. L'inspiration était bonne, l'âne fut conduit dans l'amphithéâtre où les étudiants se groupèrent autour de lui. Le professeur, montant en chaire, aperçoit les oreilles du baudet émergeant au-dessus de celles de ses auditeurs habituels. Sans se déconcerter il prend ainsi la parole : On ne pourra pas dire, comme dans l'Evangile de Saint-Jean, in propria venit et sui non receperunt eum, mais bien : Il vint parmi les siens et ils l'admirent au milieu d'eux ! Cette spirituelle saillie fut couverte d'ap-
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plaudissements et le néophyte fut reconduit à son barreau.
Mais ce qui est assurément à l'actif de Thiers et de ses amis, c'est le supplice infligé à un jeune chat domestiqué, l'idole d'une jeune fille qui le comblait de caresses et le couvrait de rubans. Il eut les pattes enfermées dans des coquilles de noix scellées à l'aide d'une cire molle et il fut ensuite lâché dans la maison. Ce nouveau chat botté faillit en mourir de peur et sa maîtresse, de chagrin.
Ces jeunes tortionnaires se répandaient aussi dans la campagne pour s'y livrer, il est vrai, à de plus humaines distractions.
La famille Roux-Martin, très hospitalière, les recevait dans sa villa du Tholonet d'où, après une soirée consacrée à la musique et à la danse, on se rendait au quartier de Langesse pour y terminer la nuit à la campagne de l'un d'eux. Comme la maison n'était pas assez vaste pour abriter cette exubérante jeunesse, on s'installait dans une grange dépendant de la propriété, après avoir toutefois subtilisé, avec la complicité du fils de la famille, quelques flacons de cet excellent vin cuit du quartier, jadis si renommé. Les paysans du voisinage appellent encore « bastidon de Thiers » cette grange aujourd'hui couverte de lierres où le futur Président de la République Française remplaçait le sommeil par de bruyantes et joyeuses conversations.
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Je vous demande pardon de ces détails, peut-être puérils et assurément peu dignes d'une réunion académique, et je les aurais passés sous silence s'il n'existait encore parmi vous des fils et des petits-fils de leurs auteurs. Les actions de nos pères, fussentelles des folies, comme le disait Thiers, nous intéressent toujours et leur récit ne nous parait jamais fastidieux.
IL
Le temps n'était cependant pas tout donné au plaisir, une large part en était consacrée à l'étude, peut-être moins à celle du droit qu'aux questions d'art, d'histoire, de philosophie, de politique et de littérature.
La Société des amis des sciences, des lettres, de l'agriculture et des arts, établie en cette ville d'Aix le II février 1808 et qui est aujourd'hui notre Académie, donnait alors des prix d'agriculture et de littérature dont les sujets pouvaient plus particulièrement intéresser les habitants de la région, les étudiants des écoles, les jeunes magistrats. Elle proposa, en 1813, pour prix de littérature à décerner en 1814, la question suivante : « Tracer rapidement l'histoire de l'éloquence judiciaire, surtout dans les temps modernes et plus spécialement en France.
« Rechercher les causes qui en ont retardé la marche, indiquer l'influence que les progrès des scien-
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ces, des lettres et de la philosophie ont exercé sur ce genre d'éloquence et en déterminer les principaux caractères et les principaux effets.
« Distinguer le style propre au magistrat parlant au nom du souverain ou dans l'intérêt de la loi, de celui de l'avocat, soit dans la discussion des affaires civiles, soit dans la défense des accusés.
« Apprécier le mérite de nos orateurs en ce genre, appeler l'attention sur ceux qui doivent servir de modèle et examiner quelle peut être l'influence de la plaidoirie publique sur la jurisprudence, les moeurs et l'esprit général d'une nation. »
Une note disait en outre : « La Société, toujours guidée par ses sentiments patriotiques, verra avec plaisir les concurrents entrant dans quelques détails historiques et critiques, plus particulièrement relatifs à l'histoire de l'éloquence judiciaire dans les anciennes cours de magistrature et dans l'ancien barreau d'Aix, mais en émettant ce voeu elle ne prétend point en faire une condition de concours. »
C'était là un sujet bien attrayant dans une ville où avaient brillé les Monclar, les Castillon, les Saurin, les Décormis, les Pascal, les Gensollen et les Colonia. Cependant aucun mémoire ne fut adressé à la Société et la question fut remise au concours pour 1815. Les événements politiques de cette année s'opposèrent sans doute à la séance publique annuelle, et dans celle du 18 mai 1816 la même
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question de 1813 fut proposée de nouveau pour la troisième fois. En 1817 un mémoire parvint enfin à la Société. Elle y reconnut l'empreinte d'un vrai talent, mais elle y rencontra des défauts qu'elle attribua à la précipitation d'un travail commencé trop tard et elle prorogea le terme du concours jusqu'à l'année suivante.
En 1818 deux mémoires sur l'éloquence judiciaire furent déposés au secrétariat de la Société. Nos archives n'ont pas conservé celui de 1817 et elles ne possèdent des deux travaux de 1818 que le mémoire couronné. Il eût été intéressant de rechercher si l'auteur de 1817 avait suivi les conseils donnés, s'il avait remanié son oeuvre pour la présenter encore au concours de 1818. Nous inclinons à penser que le mémoire primé était le même, retouché, mais nous ne pouvons en donner la preuve.
Nous trouvons, en effet, dans le remarquable rapport de M. de Castellet, chargé de rendre compte des deux mémoires déposés, des considérations sur les défauts et les qualités de l'ouvrage identiques à celles du rapporteur précédent, défauts et qualités forts atténués par un auteur désireux d'un meilleur résultat.
Ce mémoire portait le numéro 1. Il avait pour épigraphe cette pensée des fragments politiques et littéraires de Lacretelle aîné : « Le digne emploi de l'éloquence judiciaire parmi nous n'est pas, comme
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chez les anciens, de soulever les passions contre la raison, d'égarer ou de désarmer la justice, de bouleverser l'empire des lois ; elle s'honore aujourd'hui de les servir. »
L'ouverture du billet cacheté annexé à ce mémoire en fit connaître pour auteur « M. Thiers, étudiant en droit en l'Académie d'Aix. » Son nom fut proclamé dans la séance publique du 2 mai 1818, présidée par M.: le marquis de Foresta, et le prix de la valeur de 300 francs lui fut délivré.
Le mémoire de Thiers n'est pas entièrement de sa main; un calligraphe, que Thiers n'a jamais eu la prétention d'égaler, l'a copié ; l'épigraphe, les notes et les cinq dernières feuilles ont seules été écrites par l'auteur.
En lisant ce mémoire de quatre-vingt-seize grandes pages on est frappé de la maturité d'esprit et des grandes connaissances littéraires dont fait preuve l'auteur, un jeune homme de 21 ans, et on admire les qualités qui le distinguaient déjà.
M. de Castellet a bien résumé dans son rapport les observations les plus importantes que suggère la lecture du mémoire de Thiers. « L'auteur paraît, dit-il, avoir voulu traiter son sujet en philosophe autant qu'en orateur. Il cherche, dès l'entrée de son discours, à présenter des considérations générales sur l'essence, la nature de l'éloquence. Il y établit cette idée nouvelle,,et qui lui appartient, que l'art
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de la discussion, presque inconnu des anciens, successivement perfectionné dans les temps modernes, est devenu de nos jours le caractère distinctif du barreau, est le plus puissant, le plus fécond des moyens qu'il ait eus en son pouvoir. »
M. de Castellet reproche ensuite à l'auteur « son défaut de méthode dans l'ordonnance générale de l'ouvrage, dans la distribution, l'ordre et l'enchaînement des idées. » Il aurait voulu plus de clarté, mais cette obscurité provient surtout, dit-il, « de la précipitation avec laquelle le mémoire paraît avoir été rédigé. L'auteur n'a pas eu le loisir de mûrir complètement ses idées, de les coordonner, de les éclaircir, de les dégager enfin de toutes ces demiconceptions qui les rendent parfois vagues et confuses. » Mais il ajoute : « Avouons qu'au milieu de cette métaphysique, dont l'auteur s'enveloppe quelquefois, on voit briller par intervalles des vérités lumineuses, et, lorsqu'il abandonne cette nébuleuse métaphysique, soit pour développer les causes morales qui ont influé sur l'éloquence judiciaire, soit pour en retracer les plus glorieuses époques , soit enfin pour en apprécier les chefs-d'oeuvre, sa diction se colore, s'anime, s'élève avec sa pensée. Ce n'est plus alors ce froid dissertateur dont le style sec, entortillé, fatiguait l'attention et mécontentait le goût, c'est un écrivain éloquent et pur, un penseur profond, quelquefois même un orateur éloquent;
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des vérités neuves et philosophiques, des images vives et nobles, des portraits dessinés avec un crayon ferme et solide, des jugements pleins de justesse et de goût, enfin des expressions tour à tour riches, brillantes, énergiques, telles sont les beautés qu'on observe dans cet ouvrage. » Après avoir rendu compte du mémoire n° 2, qui n'était pas sans mérite, M. de Castellet termine par ces lignes son rapport sur le concours de 1818 : « On a dit du Tintoret qu'il avait trois pinceaux, un d'or, un d'argent, un de fer. Ne pourrait-on pas dire que l'auteur du mémoire n° 1 a deux plumes, une de fer et une d'or, qu'il s'est servi de la première dans toute la partie théorique et systématique de son ouvragé ; mais que c'est avec la seconde qu'il a écrit le beau morceau sur l'apologétique de Tertullien, tracé le portrait du grand Arnaud et caractérisé le genre d'éloquence de son immortelle apologie dès catholiques anglais, que c'est enfin avec cette plume d'or qu'il a si dignement apprécié la plupart des chefs-d'oeuvre du barreau moderne ? Quant à la plume d'argent, il paraît l'avoir laissée à son compétiteur. »
Je ne saurais, après M. de Castellet, apprécier le mémoire de Thiers, mais je ne peux résister au plaisir de mettre sous vos yeux le rapprochement qu'il établit entre César et Louis XIV ayant à se prononcer l'un sur Ligarius, défendu par Cicéron,
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l'autre sur Fouquet assisté par Pélisson. « Fouquet avait été disgracié ; la cour nombreuse qui l'entourait s'était dissipée au bruit de ses malheurs ; un ami lui restait, mais il avait partagé sa disgrâce et il était aux fers. Du sein de sa prison Pélisson entreprit la défense du surintendant et, tandis que tout tremblait, que tout, suivant sa belle expression, révérait la colère du Souverain, seul il osa faire entendre à Louis une voix respectueuse, mais énergique. Il écrivit trois mémoires à Louis XIV qui sont le chefd'oeuvre de l'éloquence judiciaire pendant le XVII° siècle. Voltaire les compare.à ceux de Cicéron. Le premier, le plus beau des trois, nous rappelle celui que l'orateur romain prononça pour la défense de Ligarius. Les deux défenseurs s'adressent à un maître absolu. César et Louis XIV étaient juges exclusifs dans la cause dont il s'agissait. Ils aimaient tous deux la louange, ils avaient tous deux une âme sensible, mais tous deux furent jaloux de leur autorité. Il est beau dé voir les deux orateurs allier la force à l'adresse, flatter le maître en conservant leur dignité, dicter les arrêts de la justice en paraissant implorer la clémence et quelquefois inquiéter la conscience du Souverain, réveiller en lui ce secret pressentiment de l'avenir, en prononçant, par intervalle, ces mots de peuple et de postérité.
Dans ces deux causes l'orateur n'est plus protégé ' par les Institutions, il ne parle plus à des juges au
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nom impérieux de la loi ; il est devant un maître dont la volonté est la loi souveraine et qu'il doit fléchir. Ce ne sont pas des arbitres impartiaux qu'il doit instruire, c'est un homme qui s'irritera d'être éclairé. Une résolution est déjà prise, il faut la combattre ; mais en attaquant cette volonté fière et ombrageuse il faut la caresser, il faut la saluer comme souveraine, en l'enchaînant, lui laisser tous les honneurs de la victoire, après l'avoir vaincue !...
Tubéron est l'accusateur de Ligarius et le favori de César. Il accuse Ligarius d'être ennemi du dictateur et il a été lui-même à Pharsale ! Qu'on lise Cicéron dans ce magnifique passage.
On accuse Fouquet d'avoir dilapidé les finances. Mazarin avait absorbé une partie des richesses dissipées. Sa famille était enrichie ; il laissait une fortune immense. Mais sa mémoire était respectée par Louis XIV. Ici la tâche de Pélisson était plus difficile, il la remplit avec un art admirable. Tout est attribué aux largesses du souverain. Les ministres ont voulu seconder sa magnificence. Il peint des plus nobles traits cette libéralité qui fut si chère à Louis XIV et qu'il prit pour une vertu.
Tantôt il rappelle au roi les guerres nombreuses que la France a eu à soutenir et tout à coup il réveille une agitation bouillante dans cette âme guerrière. C'est un tableau sublime. Ce sont ses soldats au pied de Stenay ; la place va céder sous leurs
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efforts, mais soudain les subsides manquent, les soldats se découragent et la victoire a fui. Tel eût été, s'écrie-t-il, le résultat du siège si Fouquet eût suivi la conduite que ses ennemis lui commandent dans leurs accusations.
On trouve dans Pélisson une morale douce et tendre, Une douleur simple et touchante, des plaintes sans reproche. Il se plaint de la fragilité des amitiés humaines et il accuse les séductions de la grandeur. »
Ne sont-ce pas là de belles pages qui justifient le choix de la Société Académique et prédisent la destinée de celui qui les a écrites ?
Thiers, reçu avocat à la fin de cette même année 1818, continua à demeurer à Aix jusqu'en 1821 et il aborda la barre. Il plaida avec succès quelques causes, mais, bien que ses aptitudes si variées lui assurassent un des premiers rangs au barreau d'Aix, c'est sur un théâtre plus élevé qu'il songeait à jouer un rôle. Il s'y prépara par un travail opiniâtre et saisit toutes les occasions pour discuter les questions d'art, de littérature si passionnantes dans une ville comme Aix qui a un nom, un passé, et dont l'avenir, s'il n'est pas tourné vers le gain des affaires commerciales, demeurera toujours digne de sa réputation si noblement acquise.
Thiers, dont le talent était fort apprécié, était recherché et admis dans les meilleurs salons , sur-
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tout chez M. d'Arlatan-Lauris, président à la Cour royale , qui goûtait son esprit et présageait son avenir. « Ce magistrat de vieille roche, dit SainteBeuve, protégeait et encourageait le jeune avocat libéral. » Et il eut l'occasion de le prouver.
Après le concours sur l'éloquence judiciaire la Société Académique proposa pour prix de littérature à décerner en 1820 « l'Eloge de Vauyenargues. » Aucune des neuf pièces déposées sur ce sujet ne lui ayant paru mériter son suffrage, elle prorogea le concours jusqu'en 1821 et porta le prix à la somme de 500 fr. La Société distingua cependant trois de ces éloges, et surtout le n° 9 qui portait pour épigraphe cette pensée de Marc-Aurèle : « Je résolus d'être homme, de souffrir et de faire le bien. » Ce mémoire, déposé par Thiers, est écrit en entier de sa main.
Il y émet sur les grands penseurs précurseurs de Vauvenargues , des opinions peu goûtées à une époque où la littérature du XVIIme siècle était en si grand honneur.
«Montaigne, dit-il, nous transmet ses impressions secrètes, se complaît dans des aveux, les publie avec .orgueil, fier de dire ce que les autres s'efforcent de taire. Larochefoucault, élevé dans les Cours, a surpris quelques faiblesses, quelques hypocrisies de l'homme, quelques déguisements de l'intérêt personnel ; il en compose toute la nature humaine,
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refuse d'admettre le désintéressement qu'il n'a pas rencontré dans les ridicules dissensions de la Fronde, ne croit ni à la grandeur ni à la noblesse d'âme, ni au patriotisme, et seulement à la vanité, parce qu'elle excitait les factieux de son temps, et décide enfin que les grands mobiles de l'homme sont vils de leur nature, parce qu'il ne les a vus qu'avilis.»
En 1821 eut lieu la 12me séance annuelle de la Société Académique dans la grande salle de l'Université, celle même où nous sommes réunis aujourd'hui. Le secrétaire perpétuel fit connaître que six éloges de Vauvenargues avaient été déposés au secrétariat, qu'ils avaient tous, à divers degrés, beaucoup de mérite, que les débats avaient duré longtemps et le travail définitif confié à des commissaires.
Ces paroles du secrétaire étaient l'indice des, divergences que souleva ce concours au sein de 1a Société Académique ; elles étaient le reflet des.opinions émises en ville. L'année précédente M. d'Air-, latan, membre de la Société, avait défendu avec vivacité le discours anonyme de Thiers, mais qui n'était pas un secret pour lui, dit Sainte-Beuve dans ses Portraits contemporains, et les adversaires politiques avaient deviné qu'il s'agissait de Thiers et, s'étaient arrangés pour faire remettre le prix à l'année suivante, comme si le morceau ne se trouvait digne en effet que du second rang. »
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La Société Académique décerna le prix à l'éloge inscrit sous le n° 5 et portant pour devise ces mots : « Doctrina viri per patientiam noscitur. » L'accessit fut donné à l'éloge n° 6 et l'éloge n°3 avec cette devise : « Je résolus d'être homme, de souffrir et de faire le bien » fut seulement jugé digne d'une mention honorable spéciale. C'était le mémoire de Thiers de l'année précédente, avec la même devise, écrite de la main de l'auteur. Le travail de Thiers fut donc encore écarté et rélégué au troisième rang, malgré les retouches et les développements qu'il avait subis.
Thiers, dont les idées libérales étaient connues, n'ignorait pas qu'on disait de lui : Il écrit bien mais il pense mal. Il avait prévu le résultat du concours que lui avait laissé pressentir son protecteur, M. d'Arlatan, et « aux approches du terme fixé, dit encore Sainte-Beuve, Thiers fabriqua en toute hâte un nouveau discours, le n° 5, qu'il fit cette fois arriver de Paris, par la poste. Le secret fut bien gardé. La cabale s'empressa, comme c'était immanquable, d'admirer l'éloge nouveau venu et de l'opposer à celui de Thiers, si bien qu'on lui décerna le prix et à l'autre la mention honorable. Et lorsque le bulletin cacheté qui accompagnait le mémoire n° 5 fut ouvert on y lut encore le nom de Thiers, avocat à la cour d'Aix !
Cette espièglerie venant consacrer le vrai talent
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eut achevé d'établir à Aix la réputation du jeune avocat si Thiers n'était parti vers ce temps-là pour, la capitale. »
J'ai voulu laisser à Sainte-Beuve le soin de vous raconter cette anecdote et en vous donnant quelques extraits de ce mémoire n° 5, qui fut couronné, Vous jugerez que nos devanciers, les Académiciens d'Aix, ont réellement récompensé le talent de l'auteur, sans se laisser influencer par des considérations d'ordre secondaire.
On ne peut s'empêcher de trouver un certain air de ressemblance, de famille, entre ce mémoire arrivé inopinément de Paris et celui que Thiers avait presque ostensiblement déposé au secrétariat de l'Académie. Malgré la souplesse de son talent Thiers n'a pu changer d'opinion sur Montaigne « qui célèbre le plaisir, le repos, se fait une voluptueuse sagesse et se montre un peu cynique, » sur Larochefoucault , « entouré de femmes galantes. » Il complète son appréciation des moralistes par un portrait de La Bruyère plein de finesse pénétrante. « La Bruyère avait un génie élevé et véhément, une âme forte et profonde. Logé à la Cour, sans y vivre, et placé là comme en observation, on le voit rire amèrement et quelquefois s'indigner d'un spectacle qui se passe sous ses yeux. Il observe ceux qui se succèdent et les dépeint à grands traits , souvent les apostrophe vivement, court à eux, les dépouille
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de leurs déguisements et va droit à l'homme qu'il montre nu, petit, hideux et dégénéré. On voit dans Tacite la douleur de la vertu, dans La Bruyère son impatience.
L'auteur des Caractères n'est pas un indifférent comme Montaigne, ou froidement détracteur comme Larochefoucault, c'est l'homme, son frère, qu'il trouve ainsi avili et de qui il dit avec un regret douloureux : il devrait être meilleur. »
Les convictions spiritualistes de Thiers s'étalent ouvertement dans son éloge de Vauvenargues. Il regrette que Vauvenargues se soit montré fataliste lorsqu'il dit que tout est nécessaire, que notre volonté est dirigée au bien ou au mal par un pouvoir surnaturel et qu'il fait ainsi de l'homme un esclave qui se commande à lui-même d'après un commandement supérieur et qu'il ne serait pas plus coupable lorsqu'il égorge son semblable que l'arme dont il fait usage. Il oubliait ainsi, dit Thiers, nos dogmes sacrés, nos doctrines religieuses qui ont si bien concilié la puissance divine et la liberté humaine et qui placent en Dieu la source de tout bien et laissant à l'homme la faculté d'y puiser, lui ont conservé le mérite de ses actions. »
Voltaire avait, on le sait, une grande amitié pour Vauvenargues. « Beau génie , lui écrivait-il, j'ai lu votre premier manuscrit et j'y ai admiré cette hauteur d'une grande âme qui s'élève au-dessus des
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petits brillans d'Isocrate. Si vous étiez né quelques années plutôt mes ouvrages en vaudraient mieux. Vous êtes la plus douce de mes consolations dans les maux qui m'accablent. »
Thiers juge ainsi Voltaire : « Chef monarque et despote du monde littéraire qui ne cherchait dans les écrivains de son siècle que des courtisans et les payait d'un mot et d'un regard des flatteries qu'il en recevait. »
Voltaire n'était pas en odeur de sainteté, si je peux m'exprimer ainsi, auprès des victimes d'une Révolution que ses écrits avaient contribué à déchaîner. Aussi l'auteur du mémoire n° 5, affirmant des idées spiritualistes et jugeant sévèrement Voltaire, devait, quel qu'il fût, rallier bien des suffrages et fixer sur lui le choix de la Société.
Là s'arrêtèrent les rapports de Thiers avec la Société Académique d'Aix. Le stagiaire suivit sa destinée qui l'appelait à Paris. Il partit avec Mignet au mois d'août 1821.
S'il n'entre pas dans mon cadre de l'y suivre, je veux cependant mettre sous vos yeux les premières impressions de Thiers à son arrivée à Paris ; il les a consignées dans une lettre inédite, écrite à mon père, à la date du 23 décembre 1821 :
« Tu connais Paris, tu as rêvé à la Provence dans ce vilain pays et tu as éprouvé combien on y perd du temps en courses inutiles, en regrets pénibles, et
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combien surtout on devient paresseux quand on a vingt personnes à entretenir, non pas de ce qu'on fait, mais de ce qu'on ne fait pas. Je n'ai pas trop à me plaindre de mon voyage. Les choses n'ont point été mal du tout. Cependant il ne faut point se figurer que ce soit ici le pays de Cocagne ; on a beau se baisser pour en prendre, on ne trouve que de la boue ; il faut courir, s'agiter, avoir beaucoup d'assurance et surtout faire espérer d'être utile, car on ne vous accueille qu'à ce prix. Je n'ai pas eu à essuyer trop de refus et on ne m'a pas cassé le nez en me fermant la porte. Cependant je désirerais davantage, parce qu'on n'est jamais satisfait et que je ne le serai d'ailleurs que lorsque j'aurai ramené près de moi tout ce qui m'est cher. Je ne me figurais pas que l'absence fut aussi douloureuse, et souvent je me surprends dans un état de malaise et une violence de regrets que je ne conçois pas de mal plus cruel. Je comprends aujourd'hui ce qu'ont dit tous les exilés de la cruauté d'une telle peine. Tu es plus heureux que m oi et je te souhaite bien sincèrement le bonheur que mérite un esprit agréable, une intelligence très grande et un des meilleurs coeurs que je connaisse. Travaille, ô mon ami, arrive à ton but et pose ta tente. Le bonheur est dans une situation tranquille et réglée ; ne crois pas qu'un peu plus d'ardeur dans l'esprit rende plus heureux. Je voudrais que tu visses de près ces hommes fameux dont nous ambition-
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nons le sort : haine de partis, jalousies de talents, calomnies lancées et rendues, inquiétude continuelle, telle est leur vie. Les plus élevés souffrent davantage, parce qu'ils sont le sujet de plus grands débats. Pourtant il faut aller. Ce ne sont pas là des sermons de Bourdaloue, c'est la triste et triviale vérité. Mon ciel, ma famille et nos niaiseries me vaudraient beaucoup mieux que tout ça. Mais à quoi bon les regrets? j'ai choisi, ou, pour mieux dire, Dieu avait choisi pour moi. Je n'ai donc pas à me plaindre ou du moins ce serait inutile.
Assure ta mère que je n'oublierai jamais ses bontés, son indulgence pour nos folies et que je fais pour elle le voeu le plus heureux pour une mère, le bonheur de son fils. Adieu, mon ami, je ne t'oublierai en aucun temps et en aucun lieu. Je t'embrasse de tout mon coeur. »
Vous me pardonnerez d'avoir ainsi abusé de vos instants, mais il m'a semblé que vous accueilleriez avec intérêt et bienveillance l'évocation de ces souvenirs faite par le fils d'un ancien camarade de Thiers, toujours demeuré son ami. Il vous sera agréable de penser qu'Aix et notre Académie ont signé les premières lettres de noblesse de celui de qui Talleyrand
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a dit : « Il n'est pas parvenu, il est arrivé » et que la France, dans un élan de reconnaissance, salua un jour du glorieux titre de
LIBÉRATEUR DU TERRITOIRE.
COPERNICIENS & ANTICOPERNICIENS
par Le Comte A. DE SAPORTA
Tout un ensemble de preuves irréfutables, tirées des lois de la mécanique et de l'optique, milite aujourd'hui, dans l'état de nos connaissances acquises, en faveur du double mouvement de la Terre : sur son axe pendant la période de 24 heures et autour du soleil dans l'intervalle d'une année. Mais, au milieu du XVIIe siècle, ces démonstrations n'étaient pas connues, et partisans d'Aristote, d'une part, sectateurs de Galilée, de l'autre, avaient beau jeu : les uns pour confirmer leur adage : Terra autem in (sternum stat; les autres pour étayer leur hypothèse de mobilité, soit par des raisonnements dans le vide, soit par des arguments spécieux sans doute, mais enfin non absolument probants encore.
Les auteurs antérieurs à Galilée et à Kepler ne purent étudier le ciel au télescope, et pour cause ; leur incompétence absolue les rend récusables. A partir de la seconde moitié du règne de Louis XIV, après les observations et les études d'Huygens,
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Newton, Roemer, Richer, les coperniciens eurent désormais vraiment trop beau jeu. Ayant publié en 1651 son Almagestum novum, sorte de répertoire astronomique plus complet que choisi, Riccioli incarne précisément une intéressante époque de transition. Nous avons consacré quelques pages à cet auteur dans notre discours de réception, lu le 8 juin 1897 devant l'Académie d'Aix, et examiné la statistique des connaissances alors acquises relativement aux astres. Nous ne reviendrons pas sur cette première esquisse, bien qu'à peine ébauchée, mais nous comptons étudier dans le présent travail les arguments sur lesquels s'appuyaient les savants, soit de l'ancienne, soit de la nouvelle école, pour défendre leurs théories opposées. Nous sommes de ceux qui croient que l'étude des paralogismes dont se contentaient nos devanciers, présente un intérêt rétrospectif non médiocre au point de vue de l'évolution de la pensée humaine. Comme guide, Riccioli nous suffira de reste à lui tout seul, et encore serons-nous forcés de couper et d'abréger beaucoup en parcourant ses dissertations un peu trop prolixes.
Le malentendu qui divisait en deux partis adverses le clan des gens instruits, s'explique bien mieux si l'on réfléchit que l'astronomie était alors exclusivement, ou presque exclusivement, cultivée par des savants dont plusieurs, comme Riccioli, avaient professé la philosophie et dont les autres, sur les
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bancs de l'école, avaient été saturés de son enseignement. Comme d'ailleurs l'étude de la philosophie scolastique se complétait toujours de fortes notions théologiques, les cosmographes adversaires ou partisans du mouvement de la Terre se trouvaient tout naturellement conduits, en développant leur plaidoyer, à fortifier leurs preuves, tirées de la science elle-même, par des raisonnements plus ou moins heureux que leur fournissait l'arsenal de la logique et de la théologie. A cet égard, certains coperniciens astronomes ne le cédaient guère à leurs adversaires qui, n'étant pas toujours du métier, méprisaient les arguments tirés d'une doctrine qu'ils possédaient mal. Le meilleur moyen, à coup sûr, de terminer rapidement cette querelle eût été, pour les uns, de moins feuilleter Aristote et de jeter par dessus bord sa physique vieillie, pour les autres, de se renfermer strictement dans le domaine de la science pure et expérimentale, sans la mêler à tort et à travers d'une théologie de fantaisie. Essayons du moins d'être plus sage que ceux dont nous résumons les idées ; laissons a priori absolument de côté les raisonnements théologiques du P. Riccioli et passons brièvement sur les arguments déduits de la métaphysique du moyen-âge.
I Ayant prouvé la sphéricité de la Terre par la considération de la forme de l'ombre portée sur la Lune
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pendant les éclipses, Copernic dit que le mouvement diurne convient plutôt à la Terre sphérique qu'au monde. Finie ou infinie, la forme de ce dernier est inconnue. L'anglais Gilbert, auquel on doit les premières expériences relatives à l'électricité et la première observation du magnétisme terrestre, Kepler et Gassendi reprennent cette idée qui, traduite en langage vulgaire, peut assez bien s'exprimer ainsi : "Si la Terre est ronde, c'est qu'elle est destinée à rouler. » Ce raisonnement, dit Riccioli, n'est pas décisif, étant donné qu'on à des preuves du repos de la Terre ; d'ailleurs la figure ronde facilite le mouvement de rotation sans lui être absolument nécessaire.
On pouvait se demander comment il se faisait, dans l'hypothèse de Ptolémée, que l'ébranlement provoqué par la révolution du ciel entier fût impuissant à déplacer notre infime demeure. C'est ce que pensèrent Moestlin et, après lui, Kepler. Galilée dans ses dialogues a développé la même idée; Il est bien évident au contraire que la Terre, en tournant, ne saurait entraîner le ciel. Riccioli répond avec assez de justesse en invoquant l'absolue fluidité du ciel. Il oublie d'ajouter, ce qui est bien plus important, que le mouvement constituant un phénomène tout à fait relatif, la Terre aurait été réellement en rotation si l'on avait supposé tout l'univers visible circulant autour d'elle, car alors où prendre un re-
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père pour en constater la fixité ? Les physiciens modernes n'ignorent pas, depuis bien longtemps déjà, que repos et mouvement absolus ne sont qu'une fiction de notre esprit.
Laissons de côté un argument qui sent trop la scolastique et venons à la proposition suivante qui dérive des observations astronomiques anciennes et modernes et non de la vieille physique. On fait remarquer aujourd'hui, au début des cours de cosmographie élémentaire, que le mouvement d'énormes globes célestes s'opérant avec une vitesse vertigineuse, autour d'un grain de poussière comme le globe est chose bien improbable. Peut-être, au XVIIe siècle, les astronomes se faisaient-ils illusion sur l'énorme distance des étoiles qu'ils rapprochaient beaucoup trop de nous, mais plusieurs d'entre eux leur attribuaient une grosseur démesurée, eu égard aux dimensions supposées des planètes et l'objection, somme toute, malgré ces erreurs plus que grossières, persistait avec son autorité implacable. Galilée n'avait pas manqué dans ses Dialogues de faire toucher du doigt la difficulté par Salviati, celui des trois interlqeuteurs qui représente la vraie science et qui parle au nom de l'auteur. Celui, dit-il, qui voit se refléter dans un miroir mobile l'image d'un paysage, se persuade-t-il pour cela que le paysage se déplace ? Plus pratique encore, Kepler compare les incrédules obstinés à un cuisinier qui
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ayant à rôtir une pièce de viande, préférerait faire tourner le feu autour de la broche immobile.
Nourri de classiques, Riccioli ne peut s'empêcher de trouver la comparaison peu relevée : il préfère le style de Gassendi, lequel, n'osant embrasser trop ouvertement la doctrine copernicienne, mettait dans la bouche d'un partisan du mouvement de la Terre d'élégantes périodes qui peuvent se résumer ainsi en style moins fleuri : « Nul ne dira qu'un navire est immobile et que les rivages courent à sa rencontre ; que les édifices se meuvent au gré d'un spectateur qui, pour examiner les diverses parties d'une ville, se tourne au sommet d'un clocher ; que l'auditoire se déplace devant un orateur dont les regards se promènent sur la foule au fur et à mesure qu'il parle. Et pourtant un vaisseau ou un homme n'est-il pas plus important, eu égard à un port, à une ville, à une nombreuse réunion de personnes que ne l'est la Terre comparée au ciel entier, avec tous ses astres. »
Sans doute, répond Riccioli, notre globe remplit une bien faible place dans l'univers comme dimensions brutes, mais n'est-il pas peuplé d'êtres animés, de créatures intelligentes qui en relèvent la dignité ? C'est également par des raisons philosophiques et théologiques qu'il riposte aux novateurs, lorsque ceux-ci lui disent : « Dieu et la nature opèrent toujours par les voies les plus simples ; or, il est plus
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facile de faire tourner en 24 heures la Terre que le ciel. »
Laissons de côté l'argument suivant comme trop analogue au premier que nous avons résumé et passons-en deux autres émis par Copernic : le ciel, comme universel contenant, doit être immobile et, du reste, l'immobilité plus noble que le mouvement convient mieux au firmament incorruptible.
Une nouvelle objection se présente alors sous le patronage de deux anticoperniciens résolus : Longomontanus et G. Gilbert. Nous avons déjà appris que tous deux, incrédules quant au mouvement annuel, défendaient ouvertement le mouvement diurne. Les étoiles, dit Longomontanus, sont situées à des distances de la Terre probablement très inégales ; elles flottent au sein de l'éther ; leurs distances respectives, immuables, d'après les plus anciennes observations, n'ont jamais varié. Dans de semblables conditions, comment songer à leur imprimer un mouvement de rotation en 24 heures, parfaitement simultané ? Gilbert répète le même argument en insistant surtout sur l'immensité des distances mutuelles des fixes et il observe avec raison que ceux qui, avec Ptolémée, n'osent pas faire pivoter la Terre sur son axe de peur d'un bouleversement universel, n'hésitent pas à supposer l'existence d'un phénomène capable de provoquer les plus épouvantables catastrophes que l'imagination
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puisse rêver. Dans ses Dialogues, Galilée n'a garde d'oublier une objection aussi pressante, et Gassendi l'emploie à son tour.
Riccioli s'en tire d'abord en déclarant le ciel des fixes solide et, alors, l'argument tombé, selon lui, où si par extraordinaire ce même ciel est fluide, les intelligences motrices.entretiennent l'ordre universel.
L'auteur de l'Almagestum novum semble dire que là plus redoutable des objections coperniciennes relatives au mouvement des étoiles, est due non à Copernic lui-même, mais à l'allemand Moestlin-, maître de Kepler. Moestlin, se basant sur des calculs de pure fantaisie et fort inférieurs à là vérité, trouvait encore absurde que les étoiles de la zone éqùatoriale fussent obligées de parcourir dans l'intervalle d'un seul battement de n'otre pouls l'énorme espace de 760 milles germaniques (le mille allemand vaut près de 7 kilomètres et demi). Kepler repéta la même remarque ; mais Riccioli lui reproche d'augmenter beaucoup trop, pour les besoins de sa cause, les distances stellaires, d'avoir laissé échapper, en maniant ces énormes chiffres, un lapsus de calcul, bien pardonnable eh pareil cas, et surtout de comparer entré eux, afin de fortifier son argument, les mouvements des planètes qui leur sont propres à ceux des étoiles communs à tout l'univers visible. De fait, Kepler et Galilée trouvaient bizarre qu'après Saturne, qui met trente années à tourner autour du Soleil ou de
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la Terre et au-delà d'un vide dont nul n'avait sondé la profondeur, mais qu'on jugeait considérable, on rencontrât un tourbillon circulant en 24 heures. Tous deux avaient parfaitement raison lorsqu'ils soutenaient qu'en astronomie le mouvement est plus lent à mesure qu'on s'éloigne du centre, et ils justifiaient leur proposition par l'exemple des planètes et des astres de Médicis. Au contraire, si on écoute les divagations des partisans de Ptolémée, nonseulement les étoiles, en dépit de leur immense éloignement, sont forcées de circuler à une allure impossible, mais encore celles qui sont le plus reculées doivent accélérer encore leur course afin de soutenir leur distance ! Le mouvement diurne du ciel, répliquaient Riccioli et consorts, entraîne tous les astres, de la Lune aux étoiles ; il est d'un ordre sui generis et n'a pas d'analogie avec les déplacements planétaires. En se plaçant à leur point de vue, ces « réactionnaires » raisonnaient assez juste.
Même réduite à sa partie essentielle, l'objection, irréfutable aujourd'hui qu'on connaît les énormes distances auxquelles brillent les étoiles, était alors déjà plus que spécieuse, en dépit des préjugés du temps relatifs aux dimensions de l'univers. On personnifiait ce raisonnement en l'appelant «l'Achille des coperniciens, » à cause de sa force. Riccioli ne craint pas d'avancer que cet « Achille » a des pieds d'argile.
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Nos sens, dit-il, répugnent à la rotation du globe, telle que la supposent les coperniciens et du reste nous ne la sentons pas. Au contraire, nous voyons tourner sous nos yeux le ciel d'un mouvement qui peut être très rapide, mais qui nous paraissant assez lent ne choque pas nos organes. Quant aux inégalités de vitesse des astres, elles n'ont rien d'absurde comme proportionnelles aux distances. La même harmonie comparative règle le pas d'un géant et le pas d'une fourmi.
Après une autre remarque qui s'écarte trop du sujet que nous nous sommes imposés pour que nous la résumions, Riccioli insiste, comme parenthèse, sur sa répugnance à accepter l'immense intervalle vide et inutile que les théories de Copernic conduisent à interposer entre Saturne et les fixes.
Lorsque Kepler, Galilée et Lansberg insistent sur l'absurdité de ce mouvement des fixes en 24 heures, comparé à l'allure si lente du vieux Saturne, incomparablement plus rapproché de nous, Riccioli réplique avec les anticoperniciens que le véritable mouvement propre et spécial aux étoiles fixes est celui de la précession des équinoxes. Or, ce déplacement se distingue au contraire du tourbillonnement diurne par son extrême lenteur ; il n'atteint que 50 secondes par an et il faudrait attendre pendant un laps de temps de 26,000 ans pour que la circonférence de rotation fut parcourue. Ainsi, con-
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clut Riccioli, l'allure de tous les astres, depuis la Lune notre voisine jusqu'aux fixes, en passant par le soleil, se ralentit progressivement à mesure que l'on s'éloigne de la Terre et du centre du monde.
Les mêmes auteurs auxquels vint plus tard s'adjoindre Gassendi, se demandaient aussi comment il était possible de concilier cette effroyable impulsion du « premier mobile » qui entraînait l'univers entier avec le déplacement rétrograde vers l'occident qu'on observait chez les planètes à certaines périodes de leur course. Voilà une difficulté offrant moins d'importance que nos coperniciens ne le supposaient, et nos contemporains pourraient la résoudre mieux que ne le faisait Riccioli. Journellement nous voyons des corps animés de deux mouvements en sens inverse : la Lune nouvelle, lorsqu'elle est en conjonction avec le Soleil, chemine en sens inverse de la Terre, qui l'entraîne pourtant avec elle ; nul ne s'étonnera en voyant des enfants jouer à la balle dans le salon d'un paquebot en marche, ou des officiers de marine tromper la longueur de la traversée en s'amusant à tirer au revolver contre une cible disposée à l'arrière du navire.
Les coperniciens et semi-coperniciens, ajoute Riccioli, vantent la simplicité de leur système ; un seul mouvement de rotation maintenant attribué à la Terre en remplace plusieurs infligés aux corps célestes. Mais, dit-il, pourquoi ne pas conserver ces
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révolutions des astres, si complexes qu'elles soient, plutôt que d'admettre que des phénomènes se déroulant dans notre demeure, sous nos yeux, sont en réalité embrouillés, au lieu de s'effectuer, comme ils paraissent le faire, d'après des principes très simples ?
Les principes, par exemple, qui règlent la marche des comètes ne paraissaient alors rien moins que simples. Comme, suivant le sentiment commun, ces astres chevelus ou barbus flottent dans l'espace bien au-dessous de la Lune, pour ne pas bouleverser les cieux solides, auxquels beaucoup ajoutent encore foi, ils ne devraient pas subir le mouvement du premier mobile, qui ne se fait pas sentir jusqu'à la Terre. Mais alors, leur marche devient incompréhensible. Riccioli admet qu'en effet leur trajectoire est très compliquée, mais il pense, lui, qu'elles subissent le mouvement diurne et que des intelligences les guident.
Nous prions le lecteur de nous pardonner l'allure un peu lourde et didactique de notre exposition ; mais, d'une part, la nécessité d'être fidèle en suivant de près notre guide, de l'autre, la forme technique, fatigante à la longue, des raisonnements de Riccioli, nous a obligés à trop de méthode. Aussi croyonsnous être en droit de quitter un instant l' Almagestum pour suivre, dans l'histoire de la science, la question du mouvement diurne de notre planète.
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Descartes avait expliqué, le premier, la nature et les effets de la force centrifuge. L'abbé Picard, excellent astronome contemporain de Louis XIV et fermement convaincu du mouvement de la Terre, soupçonna que cette force développée par la rotation pourrait bien combattre la pesanteur. « Les poids, disait-il, doivent descendre avec moins de force sous l'équateur que sous les pôles. » Comme la force centrifuge, nulle aux pôles que l'homme n'a jamais foulés aux pieds, s'affaiblit sous les latitudes tempérées, et que d'ailleurs en Europe par sa direction elle ne contrarie pas beaucoup la pesanteur, ses effets se feront surtout sentir dans les régions tropicales, dans cette zone où la rotation est rapide et où les effets de cette même rotation agissent absolument en sens inverse de la gravitation;universelle. Aussi l'abbé Picard échoua-t-il lorsqù'ayant opéré à Uraniborg, l'ancien observatoire ruiné de Tyçho, il voulut prouver qu'en ce lieu la longueur du pendule battant la seconde excédait un peu le même élément observé à Paris.
Mais, en 1672, Cassini, alors tout puissant à la cour de Louis XIV (on sait que le protecteur de Molière et Boileau encouragea mieux encore les sciences que les lettres), voulut trancher une grave question astronomique dont nous parlerons: plus loin, et pour mesurer la parallaxe de Mars envoya à Gayenne, comme observateurs, Richer et son aide
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Meurisse. Meurisse ne put résister aux épreuves de ce triste climat et succomba, moins heureux que Richer dont la santé s'altéra pourtant gravement, mais qui revit la France. Durant son séjour, Richer observa que son horloge astronomique réglée à Paris retardait de deux minutes et demie par jour, et pour la mettre d'accord avec le mouvement des étoiles ou le temps sidéral, il dut raccourcir son pendule. Toutefois, il ne put attribuer ce phénomène ni à un excès de résistance de l'air, sans quoi le poids moteur restant le même, l'horloge se fût bientôt arrêtée spontanément; ni, ce qui eût été plus vraisemblable, à la dilatation du métal par la chaleur des tropiques. De retour à Paris, Richer constata que l'instrument dont la marche était juste.à Cayenne, avançait de deux minutes et demie, et il fallut pour rétablir l'accord primitif revenir à l'ancienne longueur pendulaire observée avant le voyage.
La célèbre expérience de Richer prouve que la pesanteur diminue de Paris à l'équateur ; elle établit qu'à Paris la longueur du pendule à seconde est supérieure à la même donnée pour Cayenne. Or, l'expérience de tous les jours, d'accord avec la mécanique élémentaire, prouve que, toutes choses égales d'ailleurs, les oscillations d'un pendule sont d'autant plus précipitées que la force attirante est plus puissante elle-même, et qu'à durée constante de vibration, les longueurs changent comme les forces
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motrices. Or, tout le monde comprend qu'un pendule qui retarde, comme celui de Richer à Cayenne, bat trop doucement, et qu'un pendule qui avance comme le même instrument reporté de Cayenne à Paris, oscille trop vite.
On attribua d'abord à une erreur de Richer un phénomène aussi singulier ; néanmoins, peu d'années plus tard, le célèbre astronome anglais Halley ayant observé à Sainte-Hélène la même anomalie que Richer à Cayenne, l'Académie revint sur sa première opinion. Sur sa demande et par l'ordre de Louis XIV, Varin et Deshaies durent s'embarquer pour Cayenne et répéter l'expérience. Ils constatèrent en effet l'existence d'une erreur commise par Richer, mais cette erreur une fois corrigée, le phénomène, loin de s'atténuer, ressortait plus nettement que lors de la première expédition. Du reste, à cette époque les voyages scientifiques finirent par se multiplier tellement que les variations de pesanteur furent signalées sous les longitudes les plus diverses. Rappelons à ce propos que Cassini eut le mérite d'initier aux études astronomiques bon nombre de missionnaires que les Jésuites envoyaient pour prêcher la foi dans toutes les parties du monde et surtout en Asie.
Mais, observa Newton,- si cette force centrifuge est réelle, elle a dû à l'époque de la formation du globe, lorsque celui-ci était fluide encore, déter-
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miner un aplatissement sensible aux pôles et provoquer un renflement appréciable à l'équateur. Un exemple indiscutable s'offrait pour rendre cette allégation très plausible. Cassini, soit qu'il disposât d'instruments d'optique plus puissants que ses devanciers, soit qu'il fût meilleur observateur qu'eux, avait très bien constaté l'aplatissement énorme du disque de Jupiter, dont l'axe polaire ne vaut que les onze douzièmes environ de l'axe équatorial. Il est singulier,- remarque Bailly, que ce phénomène ait échappé à Galilée, puisque nous le constatons, sans peiné avec des lunettes de force égale à la sienne. D'autre part le même Cassini découvrit sur ce disque Imparfait des taches permanentes, et en guettant leurs' apparitions et disparitions successives , il parvint à constater la rotation de Jupiter sur son axe en 9 heures et 55 ou 56 minutes. Une rotation aussi rapide dpit engendrer une force centrifuge très énergique, propre à provoquer un affaissement dans le sens dé l'axe planétaire, et au rebours ce même affaissement dénote a priori la célérité du tourbillonnement de Jupiter. Les deux phénomènes se corroborent mutuellement.
Fermement convaincu de la rotation de la Terre autour de son axe, Newton annonça que notre planète, par le fait même de cette rotation, devait accuser un léger renflement à l'équateur. En France où tout le monde pensait alors comme Copernic-,
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les opinions de Newton, en général, rencontrèrent pourtant plus d'adversaires que de partisans. Néanmoins, après la mort de Newton, ses idées reçurent une éclatante confirmation à la suite des mesures géodésiques réalisées par des savants français : Clairant et Maupertuis d'une part ; Bougner et La Condamine de l'autre. L'aplatissement terrestre ressortit sans conteste à la suite de la comparaison des mesures d'un degré terrestre estimé en Laponie, puis au Pérou. Sans insister sur une question scientifique très intéressante, mais qui s'écarte de notre cadre, nous nous bornerons à conclure que la rotation devenait bien difficile à nier après une manifestation aussi claire des effets par elle produits.
Aucun homme de bon sens ne pouvait dès lors contester le phénomène, mais un siècle environ plus tard, Léon Foucault, le même physicien qui perfectionna le télescope réflecteur, vint fournir à la suite d'expériences célèbres la preuve physique et palpable de la rotation de la Terre. L'expérience de Foucault est bien simple et n'offre aucune difficulté. La voici telle qu'on la réalise fréquemment dans les leçons publiques des Facultés. Au plafond d'un amphithéâtre suffisamment haut on accroche un fil de fer qui supporte une boule en cuivre bien centrée ; sur le prolongement du fil la boule est munie d'une petite pointe, en fer rasant presque le sol, lorsque le pendule est vertical. On écarte la boule
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de sa position d'équilibre en la retenant par un fil combustible et on entoure la suspension d'un tas de sable annulaire, pareil à ceux qu'amassent les enfants sur les plages ou les promenades. Les choses étant ainsi disposées, on brûle le fil ; le pendule n'étant plus soutenu, retombe, commence à osciller et, à chaque vibration, sa pointe creuse, de côté et d'autre dans le sable, deux légères rainures opposées. Si l'appareil est bien calibré suivant toutes les directions rayonnant autour de la verticale, si, d'autre part, son mode de suspension lui rend également facile le balancement suivant n'importe quel sens, condition délicate à obtenir, mais non irréalisable, on constate au bout de peu de minutes que les rainures tracées par la pointe tournent petit à petit dans le même sens que le mouvement apparent des étoiles, c'est-à-dire en sens inverse des aiguilles d'une montre.
La mécanique rationnelle enseigne en effet que le plan d'oscillation doit, en réalité, rester immobile dans l'espace ; le pendule ne suivant pas la Terre dans son mouvement de rotation, celle-ci se déplace par rapport à lui et le mouvement des rainures sur le sable résulte de ce déplacement angulaire. Sous nos latitudes, le phénomène saute aux yeux, mais son explication théorique est moins simple que si un explorateur heureux venait à bout de le réaliser au pôle même. Pour peu que les précautions néces-
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saires eussent été bien prises et que l'impulsion primitive donnée au pendule persistât durant 2 4 heures ininterrompues, on constaterait au bout d'un jour sidéral que le pendule a décrit un cercle parfait, égratignant successivement le pourtour entier du tas de sable.
L'expérience du pendule de Foucault n'est que la généralisation appliquée du principe suivant énoncé par le géomètre Poisson, mais que jamais l'on n'a pu mettre en pratique : si un canon ou mortier lance un projectile, ce dernier, durant les quelques secondes qui s'écoulent entre le moment où il est chassé par la détente de la poudre et l'instant de sa chute, échappe provisoirement à la rotation terrestre, en sorte qu'il est rejeté vers l'occident d'une quantité inappréciable aux mesures directes, mais que le calcul peut estimer. Or, qu'est-ce qu'un pendule disposé comme nous l'avons dit ? C'est un véritable projectile à mouvement très lent qui refait un très grand nombre de fois le même trajet dans un sens puis dans l'autre : à chaque voyage d'aller et retour les déviations s'accumulent successivement et finissent à la longue par constituer un angle mesurable.
Nous mentionnerons plus loin, à la fin de cette rapide étude, les noms ou les ouvrages de quelques originaux qui, au XVIIIe ou au XIXe siècle, se sont encore refusés à admettre le système de Copernic,
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mais nous tenons à dire que nul d'entre eux, sauf Mercier, n'a songé à contester le mouvement diurne de la Terre sur son axe en 24 heures et que toutes leurs objections, fausses ou sans portée d'ailleurs, s'adressaient au seul mouvement de translation, dont il nous reste à parler maintenant.
II
Tout en présentant une grosseur apparente égale à celle de l'astre des nuits, le Soleil, comme le prouvaient déjà divers phénomènes d'ordre purement négatif, surpassait de beaucoup la Lune en grandeur réelle, et en dépit de la grossièreté des erreurs commises dans l'évaluation des intervalles, les astronomes des XVIe et XVIIe siècles en savaient bien assez pour raisonner ainsi : La Lune, dont on mesure la distance, se présente comme une sphère dont le rayon vaut, en nombres ronds, le tiers du rayon terrestre : * pour que le Soleil, qui est si loin, couvre dans le ciel un espace égal, il faut qu'il soit énorme. Conclusions : nul ne saurait contester que le Soleil ne surpasse en dimensions, non-seulement la Lune, : mais encore la Terre, et de beaucoup.
Un savant moderne n'hésiterait pas et ajouterait
* Le nombre indiqué par Riccioli en personne tient le milieu entre les résultats de Tycho, qui rapprochait trop la Lune de la Terre, et ceux de Kircher qui la jugeait trop éloignée.
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que le corps le plus gros des deux doit être immobile et occuper le centre du système. Mais cet argument spécieux n'ébranlait pas beaucoup d'astronomes et n'émeuvait guère Riccioli qui fait observer que, dans ce bas monde, la grosseur matérielle n'est pas tout et qu'il faut aussi tenir compte de la « dignité » de notre séjour qui ne lui permet pas de pivoter autour du Soleil. Malheureusement pour
Riccioli, les lois du monde moral n'influent guère sur les phénomènes de la mécanique céleste.
Depuis que coperniciens et anticoperniciens avaient vu de leurs propres yeux, au travers de leurs lunettes, les phases de Mercure et de Vénus, il semblait démontré pour tout esprit impartial que ces deux planètes inférieures tournaient autour du Soleil ; quant aux mouvements de Mars, Jupiter et Saturne, il était bien plus simple de les rapporter au Soleil pris pour centre qu'à la Terre. Copernic n'avait pas manqué d'invoquer, en ce qui concerne particulièrement Vénus et Mars, les énormes variations d'éclat de ces deux astres comme une preuve évidente que leur éloignement de la Terre varie dans de larges limites et que dès lors celle-ci n'est pas, à beaucoup près, le centre de leur mouvement. Galilée ainsi que tous ses contemporains et successeurs constatèrent aisément que ce fait était très réel et ne dérivait nullement d'une illusion d'optique. Le fait apparaissant certain pour les planètes inférieures
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et très probable pour les autres, pourquoi la Terre ne se comporterait-elle pas comme ses compagnes en circulant autour du Soleil immobile? Ainsi du moins raisonnaient après Copernic, Rhetius, Galilée et Kepler.
Oui, réplique Riccioli, nous concédons volontiers que la Terre ne soit pas le centre des mouvements de toutes les planètes ; pour Vénus et Mercure surtout le fait est hors de contestation. Mais, d'autre part, le témoignage de nos yeux établit que la Lune et l'ensemble de la sphère étoilée tournent autour de nous, sans parler des comètes ni des étoiles nou- ! velles ; la Terre a donc plus de droit que le Soleil à être placée au centre de l'univers et c'est le Soleil, jouant comme la Lune l'emploi de luminaire, qui, comme elle, enserre dans ses orbes notre demeure, l'astre radieux ayant en plus le privilège d'entraîner avec lui Mercure, Vénus et Mars comme satellites.
Kepler se trompait grossièrement lorsqu'il jugeait, sur la foi de conceptions plus que fantaisistes, le Soleil le plus dense des corps célestes, au lieu qu'en réalité c'est un des plus légers ; il ne se trompait pas moins en lui attribuant une transparence surnaturelle, mais ces rêveries dérivaient du sentiment que le Soleil jouait un rôle prépondérant dans l'univers conçu par Kepler et, avant lui, par Copernic. A travers ces louanges hyperboliques on devinait un argument très juste et très spécieux ;
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ce foyer embrasé qui éclaire et échauffe tout par sa bienfaisante influence doit être placé au milieu même des planètes circulant autour de lui afin de leur mieux distribuer ses effluves. « La lampe, avait dit Copernic, doit être disposée au milieu du temple de l'Univers. » Riccioli nie un peu légèrement cette égalité présumée ; le Soleil favorise plus ou moins tels ou tels astres. Il est vrai qu'à cette époque on n'avait pas encore découvert le phénomène de la révolution des planètes autour de leurs axes.
Comme l'auteur de l'Almagestum, nous passerons bien légèrement sur deux arguments assez puérils : la Terre, séjour de créatures intelligentes, doit se mouvoir afin de leur permettre, par la variabilité du coup d'oeil, de mieux admirer les splendeurs du ciel. De plus, l'univers « macrocosme » ou grand monde a pour image notre corps (?) ; les Cieux figurent la tête et la Terre les pieds. Or, chez l'homme, ce sont les pieds qui marchent et non la tête.
Copernic n'avait eu garde d'étayer son système sur de pareilles pauvretés. Il n'a pas davantage insisté sur l'argument suivant que Riccioli emprunte à un partisan bien inconnu de la rotation de la Terre : Nous savons qu'on appelait le « ciel » d'un astre mobile les parties de l'espace que l'astre pouvait rencontrer dans sa course. Avec l'hypothèse de la Terre immobile on est conduit à attribuer un très petit ciel « au Soleil dont la marche est assez régu-
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lière et des cieux énormes aux planètes d'allure capricieuse et vagabonde. » Or, quoi de plus absurde que de supposer le Soleil, flambeau de l'univers, si mal partagé, de le forcer à se mouvoir dans un espace bien plus restreint que le vaste domaine concédé à des corps infiniment plus petits ? Il y a quelque chose de plus absurde encore, fait observer Riccioli, c'est d'obliger ce pauvre Soleil à rester immobile en lui refusant même tin coin de l'espace pour se mouvoir ! Nous pouvons renvoyer les adversaires dos à dos. La partie sérieuse de l'objection vise au fond la complication étrange du système planétaire de Ptolémée dont partisans et adversaires étaient obligés de convenir. Quant à la partie fantaisiste, elle touchait peu Riccioli qui attribuait au Soleil un ciel très suffisant, puisqu'il rattachait à l'astre du jour Mercure, Vénus et Mars.
Cette dernière planète, les lunettes l'avaient déjà prouvé lors de ses oppositions, s'approche de la Terre bien plus près que ne le fait le soleil et paraît énorme, comme aux moments où nous écrivons ces lignes. A d'autres époques, Mars s'éloigne bien au-delà du Soleil et se rapetisse singulièrement. Tycho et Riccioli admettaient que Mars tournait non autour de la Terre, mais autour du Soleil. Réfutant le sentiment du premier de ces auteurs, Kepler trouve au moins bizarre que la trajectoire de Mars puisse couper celle du Soleil. Au contraire, dit-il,
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plaçons Mars entre la Terre et Jupiter et chacun de ces trois corps célestes circulera paisiblement dans des portions de l'espace bien distinctes et même séparées par d'immenses intervalles. Ici nous pouvons nous ranger à l'avis de Riccioli : l'argument tombe de lui-même pour ceux qui n'admettent point la solidité des cieux et les autres raisons que fournit l'Almagestum deviennent superflues. D'ailleurs Mars, simple satellite du Soleil suivant Riccioli, doit couper l'orbe solaire ; exactement comme, dans le système de Copernic, la Lune en quadrature peut rencontrer l'écliptique lorsqu'elle précède ou suit la Terre.
Malgré son génie, Kepler se signalait par un étrange penchant à chercher partout des lois harmoniques et mystérieuses. Aussi prétendait-il confirmer d'une manière éclatante le système de Copernic en comparant les cinq planètes, autres que la Terre,, aux cinq polyèdres réguliers de la géométrie, et en forçant les nombres tout relatifs indiquant le rayon des orbites rapporté à celui de l'écliptique, il obter nait par hasard des rapports assez curieux. Exagé-. rant l'importance de cette coïncidence fortuite, il en tirait argument en faveur du système de la mobilité de notre globe, car, disait-il, sans cela ces sublimes relations disparaissaient. Mais, riposte notre jésuite astronome, Kepler prend ses rêveries pour des réalités ; ses-prétendues règles ne sont qu'approchées
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et pourront se trouver en défaut à la suite d'observations plus exactes. Il serait déraisonnable d'imposer à l'Auteur de toutes choses un monde construit d'après nos idées géométriques ou nos conceptions musicales (car Kepler faisait aussi intervenir la musique dans ses étranges théories). Telle est une des raisons que Riccioli oppose à Kepler, et on ne peut s'empêcher de trouver celui-là plus sage, en cette occurrence, que celui-ci.
Si nous remontons à la naissance — non pas du monde, avec l'Intimé — mais de la science astronomique, nous constatons que l'aspect seul du ciel étoile tournant avec une régularité invariable sous les yeux des premiers observateurs leur inspira tout naturellement l'idée d'un mouvement circulaire et uniforme. Ce principe fut étendu ensuite à la course apparente du Soleil et de la Lune, puis, envisagé désormais en tant que loi nécessaire, s'appliqua aussi aux planètes. Seulement pour rendre compte de l'allure capricieuse de celles-ci et des inégalités spéciales à la progression de nos deux luminaires, on admit que leurs trajectoires résultaient de plusieurs mouvements circulaires et uniformes combinés entre eux. Partant d'un point de départ très logique, mais faux, la science finissait par être obligée de compliquer sans cesse les anciennes hypothèses, sans les modifier. Effrayé de cet ensemble qui s'embrouillait de plus en plus à mesure que les
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observations s'accumulaient, Copernic proposa de tout simplifier en disposant le Soleil, à la place de la Terre, au centre de l'Univers. La nature, disait-il, opère par les voies les plus simples. Son disciple Rheticus parla de même et Riccioli ne peut s'empêcher d'admirer la sagacité du chanoine de Thorn qui explique si facilement par les simples déplacements respectifs de la Terre et des planètes ce que Ptolémée et consorts ne pouvaient représenter que par une infinité d'orbes imaginés à grand renfort d'hypothèses. Kepler, bien inspiré cette fois, et Lansberg insistèrent de toute leur force sur l'avantage qu'offrait l'hypothèse copernicienne, au point de vue de l'explication des phénomènes.
Écoutons maintenant la réfutation de Riccioli : Si simple qu'il soit, on ne peut admettre un système contraire au sens commun et aux apparences. A la vérité nos sens peuvent nous tromper, mais alors c'est aussi par des témoignages du même ordre que nous constatons l'illusion. L'entendement dont on invoque ici la force, pour l'opposer à l'impression de nos organes, l'entendement erre dans maintes circonstances. Quant à la nature animée ou inanimée, elle n'offre rien de très simple, et un esprit chimérique pourrait découvrir bien des superfluités parfaitement inutiles à l'homme. Ce qui est très perfectionné n'est pas simple : les meilleures horloges ont beaucoup de rouages. Un concert excitera-t-il
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notre admiration par cela seul qu'il sera composé de peu d'instruments accompagnant quelques voix? Ne gagne-t-il pas au contraire à être exécuté par un très nombreux personnel ?
Le système de Copernic simplifie-t-il réellement les choses ? Il oblige la Lune à obéir à un double mouvement *, force les quatre éléments terrestres à se mouvoir de concert, sans parler d'une nécessité corrélative pour les êtres vivants ; il met les astronomes dans la nécessité absolue de compliquer le tout d'un mouvement diurne en 24 heures... N'est-il pas bien préférable de supposer immobile la Terre et tout ce qu'elle renferme, tandis que les planètes, guidées par des « intelligences, » décrivent leurs spirales dans l'éther ?
Parmi les bizarreries les plus choquantes du mouvement apparent des planètes, il faut signaler d'a- - bord le phénomène de la rétrogradation. Si la marche du Soleil paraît tant soit peu irrégulière, si la course de la Lune présente des anomalies beaucoup plus accusées, du moins ces deux astres s'avancent toujours au milieu des constellations zodiacales dans le sens que les astronomes appellent direct ** en
* Qu'eût dit le bon Père si les coperniciens avaient eu connaissance du mouvement du Soleil vers la constellation d'Hercule ?
** Le mouvement direct a lieu d'occident en orient. Pour un observateur qui, tournant le dos à l'étoile polaire, regarde le Soleil ou la Lune, leur déplacement, sur la sphère céleste, s'opère en sens inverse des aiguilles d'une montre, de la droite à la gauche, comme l'impulsion d'une vis qu'on desserre.
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passant du Bélier au Taureau, du Verseau aux Poissons. Mais les cinq planètes connues au XVIIe siècle, de même qu'Uranus, Neptune et les innombrables astéroïdes aujourd'hui observés, cheminent tantôt dans le sens direct, tantôt dans le sens rétrograde *, en remontant le zodiaque. Les deux périodes de progression directe et de marche rétrograde sont séparées par des stations : l'astre ralentit sa marche et semble un instant s'immobiliser sur la voûte étoilée. Enfin, il est facile de constater sans télescope pour Jupiter, Mars et Saturne, que le mouvement de recul acquiert son maximum de célérité à peu près à l'époque des oppositions, lorsque la planète, passant au méridien à minuit, brille de son plus vif éclat.
Ce phénomène, qui avait mis à la torture l'imagination des premiers astronomes, s'explique très facilement dans les idées de Copernic. Quand Mars, par exemple, est en opposition, il s'avance sur son orbite dans le même sens que la Terre le long du sien ; mais comme sa marche est beaucop plus lente, l'observateur qui rapporte instinctivement tout à la Terre immobile croit voir reculer Mars. Lorsque, au contraire, Mars et la Terre sont séparées par le Soleil, la vitesse propre de la planète s'ajoute à celle
* Le mouvement rétrograde est l'inverse du mouvement direct. Lorsque les planètes sont rétrogrades, elles se déplacent au milieu des étoiles dans le sens des aiguilles d'une montre ou d'une vis qu'on enfonce.
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de la Terre pour déterminer un rapprochement mutuel, et Mars glisse dans le ciel dans le même sens que le Soleil, c'est-à-dire suivant un mouvement direct qui atteint son maximum de rapidité. Entre ces deux situations extrêmes, à l'époque des quadratures, lorsque Mars se couche ou se lève vers minuit, il semble stationnaire, parce qu'alors son déplacement réel et celui de la Terre sont combinés de telle façon que la ligne de visée partant de notre demeure et aboutissant à Mars perce transitoirement le même point de la voûte céleste *.
Kepler, Galilée et Gassendi triomphaient, lorsqu'ils opposaient la complication des cercles de Ptolémée, dont les circonférences servaient de centres à d'autres trajectoires circulaires, à la clarté des conceptions de Copernic. Quant à Riccioli qui transformait Mercure, Vénus et Mars en simples satellites du Soleil, il pouvait, en ce qui concernait les astres susdits, offrir une explication à peu près semblable à celle du chanoine de Thorn. Mais il trouve aussi pour Jupiter et pour Saturne que la marche par épicycles est plus parfaite, par cela seul qu'elle est plus complexe. Riccioli ajoute une réflexion qu'il
* Nous ne rédigeons pas ici un cours élémentaire d'astronomie, aussi ajouterons-nous sans explications que Mercure et Vénus, planètes inférieures, sont animées d'un mouvement direct lorsqu'elles sont pleines et éloignées de la Terre, et d'un mouvement rétrograde lorsqu'elles sont nouvelles et que leur diamètre apparent se développe à un maximum.
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qualifie bien à tort de valde notabilis. Puisque, selon Copernic, la Terre s'avance en tournant sur ellemême, comment ne nous apercevons-nous pas des inégalités énormes de mouvements qui se produisent suivant que les deux impulsions se combattent, ce qui a lieu pendant le jour, ou s'ajoutent, ce qui se produit durant la nuit ? Comment aussi supposer que la Lune soit entraînée aussi par la Terre autour du Soleil, alors que sa trajectoire propre la dirige en sens contraire lorsqu'elle est nouvelle ? N'est-il pas enfin plus simple de sacrifier l'hypothèse de Copernic et d'admettre, non pour notre séjour luimême, mais pour des planètes fort éloignées, un mouvement conforme aux apparences, rétrograde ou direct, avec de courts intervalles de repos ?
Franchement Riccioli fut mieux inspiré lorsqu'il jeta hardiment par dessus bord l'hypothèse de Ptolémée en ce qui concerne Mercure et Vénus. L'étude de leurs mouvements oscillatoires autour du Soleil et surtout l'existence de leurs phases visibles au télescope le conduisit à les regarder comme de véritables satellites du Soleil.
Ce qui dans l'hypothèse de Ptolémée contribuait à ajouter encore à la confusion de la théorie, c'était ce fait que les planètes ne se meuvent pas dans le plan même de l'écliptique ou orbite terrestre. En effet, si la coïncidence existait, pour Vénus par exemple, les passages de l'Etoile du Berger sur le
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disque du Soleil au lieu de ne se présenter que deux fois par siècle *, se renouvelleraient à chaque conjonction, pour la plus grande joie des astronomes. L'hypothèse de Copernic une fois admise et l'inclinaison des orbites étant reconnue et mesurée, les éphémérides des planètes deviennent relativement faciles à dresser ; les calculs, à la vérité, affectent moins de simplicité que si un même plan contenait à la fois toutes les ellipses planétaires. Mais si l'on se cramponne à la vieille croyance, au lieu d'une théorie simple traduisant des phénomènes embrouillés, il faut user d'hypothèses complexes ellesmêmes. Toutefois Riccioli tient au mouvement de libration ou de balancement qu'on avait imaginé pour interpréter les excursions des planètes en dehors de l'écliptique ; il justifie son dire par des raisons qui nous sont déjà connues ; il invoque de rechef le témoignage de nos sens et reprend son apologie de la beauté des complications naturelles. Qui empêche d'ailleurs les « intelligences » de faire décrire aux planètes des spires convenables à l'interprétation des mouvements **.
* On nomme « ligne des noeuds » la droite intersection des deux plans orbitaux. Comme ceux-ci, la ligne des noeuds passe par le centre du Soleil. On voit de la Terre Vénus traverser comme une tache noire le disque solaire lorsque les deux planètes sont l'une et l'autre à la fois très voisines de la ligne des noeuds, ce qui arrive bien rarement.
■ ** Nous passons sous silence l'objection suivante qui, bien que purement astronomique, n'offre ni portée, ni intérêt..
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Aujourd'hui si le mouvement annuel venait encore à être scientifiquement contesté, les astronomes contemporains pourraient, nous le verrons bientôt, alléguer maintes preuves et entre autres ce fait que quelques étoiles, en très petit nombre, ont une parallaxe annuelle infime, mais mesurable. Autrement dit, suivant la position de la Terre sur son orbite, certaines étoiles se déplacent infiniment peu sur la voûte céleste, abstraction faite du phénomène de l'aberration. Néanmoins il a fallu pour constater ce fait,, employer des instruments très perfectionnés, maniés par des savants rompus aux observations. Comment alors admettre que tel ou tel astronome d'il y a trois cents ans ait réellement vu l'aspect du ciel changer de six en six mois ? Copernic lui-même se serait empressé de repousser une semblable allégation et Riccioli a raison de ne pas insister.
Il remporte une victoire non moins facile sur les maladroits amis de Copernic, lorsqu'il étudie la décroissance régulière de la « Pèlerine. » Quelques braves gens, lorsque apparut dans le ciel cette merveilleuse étoile, partirent du principe qu'elle s'était allumée entre Saturne et les fixes. Dès lors, disaientils, si Copernic est dans le vrai, la Pèlerine doit subir des variations sensibles d'éclat suivant que la Terre s'approche ou s'éloigne d'elle. Hélas ! en présence d'une extinction régulière, les novateurs confondus expièrent leur pétition de principe. De même,
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Kepler invoquait trop prématurément certaines inégalités des satellites de Jupiter, lesquelles, mieux approfondies, ont permis à Roemer d'estimer la vitesse de la lumière.
Dans le chapitre suivant Riccioli disserte longuement au sujet de la comparaison de certaines observations anciennes avec des observations plus nouvelles, desquelles il semble résulter un déplacement de la méridienne et une modification de la hauteur du pôle. Purement imaginaires, ces anomalies résultaient seulement de mesures mal faites qu'on ne voulait pas sacrifier.
L'auteur s'écarte ensuite derechef de. son sujet pour aborder deux questions : celle des taches du soleil et de leur découverte par Scheiner plutôt que par Galilée et celle des marées et il s'efforce d'en déduire des raisons en faveur de sa thèse. Nous le laisserons discuter à son aise la question de priorité, et quant aux marées, nous n'infligerons pas au lecteur l'énoncé des quinze opinions que résume complaisamment Riccioli au sujet de ce phénomène. Vient au seizième rang le sentiment de Kepler qui en attribue la cause à la force magnétique de la Lune comme « force magnétique » d'après le contexte, signifie tout bonnement force attractive, on voit, sans analyser à fond la pensée de Kepler, que ce grand astronome n'était pas très éloigné de la vérité. Mais le phénomène, assez ; simple dans sa cause
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réelle, se manifeste, nous ne l'ignorons pas, comme très complexe dans ses effets. Aussi Riccioli trouvet-il facilement des exemples très justes pour infirmer les idées de Kepler. Il combat aussi la dix-septième opinion, celle de Galilée, qui fait provenir le flux et le reflux du double mouvement de la Terre. Là encore Riccioli n'a pas tort. Pour conclure, il émet son propre avis qui est un chef-d'oeuvre d'éclectisme ; la Lune excite comme un bouillonnement au fond de la mer ; mais le Soleil jouit aussi de sa petite influence, ainsi qu'une foule de circonstances relatives à la configuration de chaque mer. Quoique l'auteur de l'Almagestum invoque assez mal à propos . les feux souterrains, les gouffres des Océans, quoiqu'il confesse de bonne foi ne pas comprendre comment la force attirante de la Lune peut s'exercer audelà du centre de la Terre jusqu'au nadir, il conçoit assez bien les marées comme un phénomène gouverné par une cause principale, mais que peuvent modifier diverses influences secondaires. Quant à la controverse avec Galilée, qui prétendait prouver la mobilité du globe au moyen de l'étude des marées, elle n'a aucune portée et nous ne perdrons pas notre temps à l'exposer. *
* Non plus que le paradoxe de Baliani, noble génois du XVIIe siècle qui attribuait les alternatives du flux et du reflux à la rotation de la Terre, non autour du Soleil, mais autour de la Lune ! C'est croyons-nous, le seul auteur qui ait songé à renverser les rôles de la Terre et de son satellite.
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Ici se termine la longue énumération des raisons justes ou fausses, faibles ou puissantes, que les divers auteurs coperniciens ont invoquées à l'appui de leur thèse, souvent à la suite de leur chef d'école.
Ne concluons pas encore, car nous exposerons dans une prochaine étude les répliques de leurs adversaires et enregistrerons les découvertes postérieures qui ont définitivement donné gain de cause aux sectateurs du chanoine de Thorn.
RAPPORT
Sur le cours de M. CLERC, professeur à la Faculté des Lettres
RELATIF A LA
CAMPAGNE DE MARIUS EN PROVENCE
par M. MAURICE DE DURANT! LA CALADE
Il y a un mois à peine que M. Clerc, professeur d'histoire de Provence à la Faculté des Lettres, clôturait son cours public de cette année et terminait en même temps l'étude approfondie de la guerre cimbrique et de la campagne de Marius dans les Gaules," qui avaient fourni la matière de son cours pendant trois hivers consécutifs.
A cette occasion, quelques-uns d'entre vous ont bien voulu manifester le désir que je présentasse à l'Académie un résumé succinct de ce cours dont le sujet est si intéressant pour les habitants d'Àix. Ils m'ont demandé d'indiquer dans ce résumé comment le savant professeur avait envisagé les diverses phases de ce fait d'armes mémorable qui a eu pour théâtre les environs de notre ville, de faire connaître le système qu'il a adopté sur ce thème, à propos duquel tant d'autres, avant lui, ont émis des opinions
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si variées, et enfin de formuler un avis sincère sur la valeur qu'on doit attribuer à ce système.
Je vais essayer de satisfaire ce désir ; mais vous ne vous étonnerez pas si je ne puis le faire que très imparfaitement, bien que j'aie suivi avec assiduité le cours de notre professeur et que j'y aie prêté l'attention la plus soutenue. Il n'est pas aisé, n'ayant pour guide que mes seuls souvenirs, de condenser en quelques pages un enseignement très complet, fortement documenté et qui a fait l'objet de leçons nombreuses et bien remplies.
M. Clerc, en effet, a traité la question de la campagne de Marius avec la haute autorité que lui donne sa vaste érudition. Il est très versé dans la connaissance de l'histoire ancienne et, en particulier, de l'histoire romaine. Il sait trouver, dans les historiens de l'antiquité les moins connus, les textes isolés qui se rapportent à son sujet. Aucun monument épigraphique ne lui échappe. Enfin, en ce qui concerne spécialement la campagne de Marius dans les Gaules, il a analysé et critiqué avec une rare sagacité tous les historiens anciens et les auteurs modernes qui s'en sont occupés. Il a parcouru toutes les localités dont il avait à parler, les a étudiées de très près, tant au point de vue archéologique qu'au point de vue stratégique, aidé des lumières d'un officier d'étatmajor.
Après avoir exposé, dans les deux premières an-
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nées, ce que j'appellerai les préliminaires de la campagne, il a enfin, cet hiver, développé ce qui est. relatif à la campagne proprement dite, c'est-à-dire à la marche des armées belligérantes, à l'emplacement et aux détails des deux batailles, qui ont eu pour résultat la défaite et la destruction des AmbroTeutons.
Comme j'avais, moi-même, en 1892, publié quelques observations sur le même sujet, en réponse à une conférence du capitaine Dervieu (1), j'ai naturellement redoublé d'attention aux leçons de notre; éminent professeur, et ce n'est pas sans une certaine anxiété que je me demandais si le système qu'il allait exposer serait conforme auxidées que j'avais émises..
Cette conformité s'est produite quelquefois.. Cependant, sur un point très important à mes yeux, les conclusions de M. Clerc ont été bien différentes de celles que j'avais proposées.
Je m'étais efforcé, en effet, de démontrer que, sur les deux combats livrés par Marius, le premier avait eu pour théâtre les bords de l'Are très près de notre ville, et le second la plaine de Trets ou de Pourrières. Tandis que M. Clerc soutient que toutes les phases de ce grand drame militaire se sont déroulées
(1 ) Observations d'un habitant d'Aix sur la. brochure de M. Claude Dervieu, intitulée : Campagne de Marins contre le& Teutons. —Aix, A. Makaîre, 1892.
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sur le même champ de bataille et que les deux combats ont eu lieu aux environs de Fourrières.
Sans doute notre professeur a appuyé son opinion sur de fort bonnes raisons. Et, à cause de l'autorité qui s'attache à son nom et à son talent, il est probable que cette opinion prévaudra à l'avenir et qu'il serait téméraire de la contredire.
Cependant je ne puis m'empêcher de penser que ce système n'est pas absolument indiscutable, et je Voudrais tenter de montrer ici les points sur lesquels il peut donner lieu à quelques critiques. Dans ce but il me faudra d'abord, sauf à revenir plus tard sur les questions sujettes à controverse, exposer dans une vue d'ensemble et très sommairement la campagne de Marius telle que M. Clerc l'a comprise.
Pour entreprendre cet exposé, j'aurais voulu avoir sous les yeux un texte écrit. Ce texte paraîtra probablement bientôt, car M. Clerc a annoncé la publication prochaine d'un ouvrage sous ce titre : MASSALIA, histoire de Marseille dans l'antiquité depuis les temps les plus reculés jusqu'à la chute de l'Empire Romain. L'histoire de la guerre des Teutons sera la matière du chapitre 2 du livre IVe de ce grand ouvrage.
Malheureusement je ne puis pas attendre d'être à même de lire ce livre. A mon âge on ne peut compter sur l'avenir et je vais être obligé de parler de l'enseignement de M. Clerc à l'aide de ma seule
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mémoire. Je serai certainement incomplet, peut-être inexact. J'en fais mes excuses d'avance au professeur ainsi qu'à ceux qui voudront, bien me lire.
D'ailleurs je parlerai uniquement de ce que j'ai appelé la campagne proprement: dite. Quant aux intéressants développements auxquels M. Clerc s'est livré sur la composition des armées romaines, l'organisation et la disposition de leurs campements, l'ordre de bataille des légions et les modifications que Marius y a apportées ; quant à la; discussion savante qu'il a fournie en dernier lieu sur les inscriptions, les monuments triomphaux ou tumulaires que l'on a cru relatifs à la guerre contre les Teutons et leur plus ou moins d'authenticité, je n'essayerai pas de les résumer. Mes souvenirs seraient trop infidèles, et c'est dans le livre annoncé qu'il faudra les lire.
Au début des leçons de cette année, M. Clerc a établi le principe suivant : en étudiant là campagne de Marius pour en retrouver les diverses circonstances, pour déterminer quels ont été les mouvements des belligérants sur lesquels les historiens de l'antiquité nous fournissent bien peu de renseignements, il ne faut pas prendre ces circonstances en détail et les discuter dans leur ordre chronologique, depuis le début jusqu'au dénouement. Il faut, au contraire, rechercher d'abord le but à atteindre et,
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une fois qu'on l'a fixé, revenir en arrière sur les points discutables. Car, alors, le but éclaire l'es moyens à prendre pour l'obtenir et, si l'on hésite entre plusieurs combinaisons, on a moins de chances de se tromper en choisissant celle qui conduit le mieux au résultat désiré.
Or, le but que poursuivait Marius, la mission qu'il avait reçue de Rome, c'était d'empêcher la horde des Barbares de pénétrer en Italie. Il devait leur barrer le chemin et, non-seulement les vaincre, mais les anéantir s'il le pouvait.
Marius qui avait séjourné trois ans dans la province romaine, en attendant l'ennemi, avait certainement étudié à fond cette région. Il avait dû chercher un champ de bataille dans les meilleures conditions possibles et il avait, sans doute, reconnu que celui qui répondait le mieux à ses vues c'était la plaine de Trets.
Cette plaine, en effet, qui est actuellement comprise entre les villages de Rousset, de Puyloubier, de Pourrières, de Pourcieux et de Trets, était assez vaste pour que les hordes barbares pussent s'y étendre et s'y grouper. En se dirigeant vers l'Italie et en venant conséquemment du côté de l'ouest, ils ne pouvaient y pénétrer que parle couloir étroit occupé par l'Arc, entre les collines de Châteauneuf-leRouge, dernier échelon de Sainte-Victoire, et les hauteurs voisines de Fuveau et de Château-l'Arc.
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Pour en sortir du côté du levant, il fallait s'engager dans la vallée qui s'ouvre entre Pourrières et Pourcieux, vallée qui forme un cul-de-sac fermé de tous côtés, car c'est là que l'Arc prend sa source. Les hauteurs qui la bornent à l'Est ne sont pas, sans doute, infranchissables. Elles ont cependant une certaine importance, et, après les avoir gravies, on redescend de l'autre côté vers Saint-Maximin et on tombe dans le bassin de l'Argens.
Une armée enfermée dans la plaine qui vient d'être décrite et à qui on barre le passage vers l'Est, ne peut s'échapper ni au Nord ni au Midi, à cause des montagnes inaccessibles de Sainte-Victoire et de la chaîne des monts Auréliens. Elle peut très difficilement rebrousser chemin vers la ville d'Aix, car son entassement dans le défilé près de Châteauneufle-Rouge amènerait un désordre très dangereux en cas de défaite, et d'ailleurs ce passage étroit peut être aisément défendu.
Marius ne pouvait donc trouver un terrain plus avantageux. La plaine de Trets était non-seulement un champ de bataille favorable pour lui, mais un véritable piège dont l'ennemi ne pouvait se tirer après une déroute.
Toutes les combinaisons, tous les efforts, toutes les manoeuvres du général romain ont eu certainement pour objet de faire prendre position à son armée au fond de la haute vallée de l'Arc et d'attirer
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ou de pousser l'ennemi dans le piège ainsi préparé.
Ceci posé, M. Clerc a exposé, ainsi que je vais essayer de l'indiquer, les mouvements des deux armées.
En ce qui concerne l'emplacement du camp où Marius s'était retranché pour attendre l'arrivée de l'ennemi, notre professeur rejette d'abord les anciennes hypothèses insoutenables qui l'avaient placé soit à Marignane, soit à Fos, soit dans la Camargue. Les commentateurs plus modernes étaient à peu près d'accord pour supposer que ce camp était sur un point plus ou moins voisin de Saint-Remy ou de Saint-Gabriel. M. Clerc lui assigne une position peu éloignée de la chaîne des Alpines, sur la Montagnette, petit massif montagneux au Nord-Ouest de cette chaîne et encadré entre Tarascon, Mézoargues, Barbentane et Graveson.
C'est sur un plateau au sommet de ces hauteurs, connu sous le nom de plateau de Beauregard, que Marius, d'après M. Clerc, avait établi son camp d'attente. De là il surveillait le cours du Rhône et celui de la. Durance, très près de leur confluent. Il pouvait voir si l'ennemi arrivait par l'une ou l'autre des rives du Rhône et s'il passait la Durance. Dans ce dernier cas, il était presque assuré que les Barbares ne songeaient pas à remonter cette rivière pour entrer en Italie par le mont Genèvre et qu'ils voulaient y arriver par le littoral.
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Ce camp était d'ailleurs approvisionné par des barques qui remontaient le Rhône jusqu'au pied de la Montagnette, après avoir suivi les fosses, mariennes qui, partant de F os, faisaient communiquer la mer avec la branche orientale du fleuve qui embrasse la Camargue.
C'est dans cette forte position que. Marius attendait les Ambro-Teutons, qui arrivèrent probablement par la rive gauche du Rhône. Ils traversèrent la Durance et le général romain ne chercha.pas à leur disputer le passage, car il ne demandait pas mieux que de les voir s'engager dans les routes traversant la basse Provence où son plan était de les attirer.
Ils s'établirent dans la plaine qui s'étend entre la rivière, la Montagnette et les Alpines.. Ils provoquèrent les Romains au combat ; Marius resta derrière ses retranchements en dédaignant leur défi. Les Barbares essayèrent alors de donner l'assaut au camp des Romains qui les repoussèrent, et, après cet échec, ils poursuivirent leur route dans la direction d'Aquae-Sextiae en suivant un chemin dont, si j'ai bien compris les explications de -M. Clerc, le tracé était à peu près le même que celui de la route nationale actuelle d'Avignon à Aix et passait, par conséquent, par le défilé d'Orgon, entre l'extrémité des Alpines et la Durance. En défilant devant l'armée romaine, ils la bravaient en disant aux soldats
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qu'ils allaient à Rome porter de leurs nouvelles à leurs femmes.
Marius décampe à son tour et les suit, non pas en queue, comme l'ont dit certains historiens trompés par une fausse interprétation du texte de Plutarque, mais par une marche latérale et parallèle. Il a soin de camper sur des lieux élevés pour y passer la nuit en sûreté et s'efforce aussi de gagner l'ennemi en vitesse et même de le devancer. Il le pouvait sans doute, grâce à la mobilité de ses troupes exercées et à la lenteur des Barbares qui, embarrassés de leurs charriots, de leurs femmes, et obligés de s'éparpiller pour trouver des vivres, ne pouvaient avancer rapidement.
Dissimulant ses mouvements derrière le rideau formé par la chaîne des Alpines, l'armée romaine suit d'abord le versant méridional de cette chaîne ; puis, arrivée à la gorge de Lamanon, elle la franchit en se dirigeant vers l'emplacement de Mallemort. J'aurai à revenir, dans la discussion, sur cette manoeuvre, après laquelle Marius, au lieu de se tenir sur le flanc droit de l'armée ennemie, se trouve sur son flanc gauche.
De là, suivant les hauteurs de la chaîne des Côtes et de la Trévaresse, dans la direction de Rognes, il arrive vers Venelles aux environs d'Aix. Continuant ensuite par Saint-Marc-de-Jaumegarde, Vauvenargues, Claps et contournant, la croupe de Sainte-
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Victoire, il arrive enfin près de Pourrières dans la haute vallée de l'Arc.
Parvenu ainsi à l'extrémité orientale du champ de bataille qu'il a choisi d'avance, le consul romain prend position sur une éminence à une altitude de 314 mètres, d'après la carte d'état-major, au point désigné sur la même carte par les mots Bastide blanche. A ce moment les Ambrons, qui marchaient en tête de la horde barbare, avaient déjà pénétré dans Ta plaine de Trets et avaient campé vis-à-vis les Romains, aux environs de Saint-Andéol et de Sacaron.
C'est alors que sur la plainte de ses soldats qui manquaient d'eau, Marius leur montra l'Arc qui les séparait des ennemis. Les valets d'armée descendent vers la rivière pour remplir leurs cruches et le combat s'engage dans les conditions que l'on sait. Les Ambrons sont culbutés et la nuit empêche les Romains d'achever leur victoire.
Marius rentre dans son camp, dont les retranchements ne sont pas achevés, et redoute une attaque nocturne qui ne se produit pas. Les Ambrons battus attendent l'arrivée des Teutons leurs alliés. Une journée.s'écoule et peut-être deux, si on adoptait la version de l'historien Orose. Marius. en profite pour compléter ses fortifications, faire reposer ses troupes et leur faire prendre, à l'heure voulue, le repas du
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soir (I). Il envoie son lieutenant Claudius Marcellus à la tête de 3000 hommes avec l'ordre de se dissimuler dans les ravins couverts de bois qui régnent le long du bord méridional de la plaine, à la base des monts Auréliens, près de Trets et de Peynier, afin de tourner l'ennemi et de le surprendre par derrière, en lui fermant le passage vers Rousset et Châteauneuf:
Enfin, dès le matin, le général déploie sa cavalerie sur son aile droite, dans la plaine du côté de Puyloubier, pour provoquer ses adversaires. Ceux-ci s'élancent à l'assaut du camp romain. Marius recommande à ses légions, rangées en bataille devant les palissades de Soncamp, d'attendre le choc de pied ferme, sans descendre de la hauteur où ils sont placés. L'élan des Barbares est amorti par la montée qu'ils sont obligés de gravir. Bientôt la chaleur du climat méridional auquel ils ne sont pas habitués les accable. Les premiers rangs sont rejetés sur ceux qui sont en arrière: Marcellus enfin paraît à l'extrémité occidentale de la plaine et attaque de ce côté. L'armée Àmbro-Teutonne, se voyant cernée de toutes parts, est saisie d'une terreur panique et tombe dans une inexprimable confusion. La fin de la bataille dégénère eh massacre et lés Barbares sont exterminés.
(1) Asîirvov.
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Telle est, dans ses grandes lignes, la rapide esquisse de l'exposé de la campagne de Marius développé par M. Clerc dans le courant de l'hiver dernier.
On voit que son système repose principalement sur des considérations stratégiques et qu'il présente beaucoup d'analogie avec celui de M. Dervieu. Il en diffère notablement, toutefois, en ce que M. Dervieu, à la suite de M. Tiran, fait prendre position à Marius sur le Pain de munition, ce qui est tout-à-fait inadmissible ; tandis que M. Clerc place son campement au fond de la vallée de l'Arc dans des conditions beaucoup plus conformes aux principes de l'art militaire et aux récits des historiens de l'antiquité.
J'ai maintenant à indiquer les points sur lesquels le système de M. Clerc me paraît prêter à quelque critique.
La première et la principale objection qu'on peut faire au système de M. Clerc, c'est qu'il n'est pas complètement en harmonie avec le récit de Plutarque. En se refusant à admettre que le premier combat livré par Marius a eu lieu sur les bords de l'Arc, en face de notre ville, le savant professeur s'écarte, en effet, quelque peu du texte de l'historien grec, qu'il est nécessaire de rappeler ici en peu de mots.
Le biographe de Marius nous dit dans son XVIIIe
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chapitre que les deux armées arrivèrent au lieu qu'on appelle les Eaux de Sextius. Que le consul romain prit un poste avantageux sur un lieu fort (I), mais où l'eau n'était pas abondante. Que ses soldats se plaignant de la soif, il leur montra de la main une rivière qui coulait près du camp des Barbares, en leur disant : « C'est là qu'il faut aller acheter de l'eau au prix de votre sang. » Que les valets d'armée descendirent vers la rivière avec des cruches et des armes, parce qu'ils s'attendaient à en avoir besoin pour combattre ; et il ajoute ensuite textuellement :
« Ils furent, en effet, attaqués par les Barbares « qui ne vinrent d'abord qu'en petit nombre. La « plupart étaient à se baigner ou à prendre leur « repas après le bain ; car, là môme, le terrain fait « surgir des sources de fontaines chaudes (2), et une « partie des Barbares, séduits par la beauté du lieu, « ne pensaient qu'à s'amuser et à faire bonne chère « quand ils furent surpris par les Romains. »
Les Ambrons cependant prirent les armes et marchèrent en bon ordre au combat en poussant leur cri de guerre.
« Mais la rivière rompit l'ordonnance des Bar« bares, et quand ils l'eurent passée ils ne purent « reprendre leurs rangs et furent chargés par les
(1) Tôirov oxupôv.
(2) Pi-j^wiTt -yàp a'jxdôi vajjiâTcov OepjAÛv ■KT^OLZ b ^tôpo;. (Vie de Marius, chap. XIX).
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« Liguriens qui couraient en descendant la colline.»
Si l'on en croit, dans son intégrité, le passage que je viens de transcrire, l'emplacement du premier combat ne saurait être douteux. Les Barbares se baignaient dans les eaux chaudes qui surgissent à Aix. Ils étaient donc près de cette ville, sur la rive droite de l'Arc. Ils avaient à passer la rivière pour combattre. Donc les Romains étaient de l'autre côté, sur la rive gauche, établis sur un lieu élevé qui ne peut être que le Montaiguet.
Cette conclusion est absolument forcée.
C'est, appuyés sur ce raisonnement, que nos anciens auteurs aixois, Pitton, de Haitze et plus tard M. Rouchon-Guigues ont assigné aux armées, lors du premier engagement, les positions que je viens d'indiquer.
C'est l'opinion que j'avais soutenue moi-même dans mes Observations sur la conférence de M. Dervieu que M. Clerc a bien voulu mentionner et citer avec la plus bienveillante indulgence. Je saisis avec empressement l'occasion qui se présente de lui témoigner à ce sujet ma profonde reconnaissance.
Depuis lors un érudit d'Aix, M. Numa Coste, dans un article publié dans le Sémaphore du 8 février 1893, et M. Bérenger-Feraud dans son ouvrage très complet et très développé sur la campagne de Marius en Provence, ont émis, eux aussi, l'avis que le
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premier combat s'était déroulé tout près de la ville d'Aix.
M. Clerc n'a pas contesté la rigueur du raisonnement qui amène cette conclusion. Pour y échapper, il est obligé de s'en prendre au texte de Plutarque, et voici comment il essaye de l'écarter :
Il s'est demandé d'abord si la phrase incidente, dans laquelle il est question des sources thermales, n'avait pas été ajoutée après coup ; si ce n'était pas une note insérée par un commentateur et qu'un copiste aurait glissée dans le corps même du texte. Il a reconnu pourtant loyalement que rien n'autorisait cette supposition, et que la phrase gênante se retrouvait invariablement dans toutes les éditions de Plutarque.
Notre professeur a recherché également si, comme l'avait insinué M. Tiran, il n'existait pas des sources thermales dans la haute vallée de l'Arc. Il a consuite sur ce sujet des géologues qui lui ont répondu que, non-seulement il n'y en avait point, mais qu'il ne pouvait pas y en avoir.
Cependant il a pris des renseignements sur les lieux et il a découvert qu'aux environs de Pourrières se trouvait un lavoir dont l'eau ne descendait pas au-dessous d'une température de 16 degrés. D'autre part M. l'abbé Spariat, curé de Pourcieux, lui a écrit, si mes souvenirs sont exacts, que, dans cette commune, un certain terrain sablonneux, après
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de grandes pluies, laissait échapper des infiltrations qui n'étaient pas tout-à-fait froides (I).
En admettant l'exactitude de ces faits, il est à peine nécessaire d'y répondre que ces filets d'eau plus ou moins tièdes ne peuvent être confondus avec les sources thermales multiples dont parle le biographe de Marius et n'auraient pu être utilisées par les Barbares pour y prendre des bains.
Au reste M. Clerc n'a pas paru insister sérieusement sur ces découvertes, et il a été enfin amené à dire qu'il ne fallait pas attacher trop d'importance à cette circonstance, rapportée par Plutarque, que les Ambrons se baignaient dans l'eau chaude ; que dans l'antiquité on n'écrivait pas l'histoire, comme on cherche à le faire de nos jours, en compulsant soigneusement les documents authentiques et officiels ; que les historiens anciens s'attachaient plutôt à l'élégance littéraire qu'à une rigoureuse exactitude ; que Plutarque, enfin, plus moraliste qu'historien, sachant qu'il y avait à Aix des sources thermales, avait bien pu tirer de son imagination les bains pris par les Barbares et introduire ce détail dans son récit pour le colorer, le rendre plus intéressant et donner à sa narration un certain relief pittoresque.
(1) Il paraît que, sur ce point, je me suis trompé. Le lavoir de Pourrières est à la température ordinaire ; ce sont les infiltrations de Pourcieux qui ne descendent pas au-dessous de 16 degrés.
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Finalement et comme dernier argument, le meilleur peut-être, il a ajouté que si l'on admet que le premier combat s'est passé à Aix, il devient impossible d'expliquer ce qui l'a suivi et tout le reste de la campagne.
Que Plutarque ait imaginé que les Ambrons s'étaient baignés dans nos eaux thermales, c'est assurément possible. Mais alors comment pourra-ton discuter les circonstances de la campagne de Marius ? Si l'on révoque en doute l'exactitude du seul historien ancien qui fournisse quelques détails de nature à nous éclairer, nous tombons fatalement dans la confusion et l'arbitraire. M. Clerc ne veut pas croire à ces bains. Un autre dira que la soif qui dévorait les Romains et la descente des valets de l'armée vers la rivière ne sont qu'un tableau pittoresque inventé de toutes pièces. Un troisième soutiendra que la résistance opposée par les femmes dans leur camp est une invention du moraliste pour faire ressortir, avec Tacite, la chasteté des épouses de la Germanie, et ainsi de suite.
Dans de pareilles conditions, il faudrait renoncer à reconstituer un fait historique remontant à l'antiquité. Lorsqu'on entreprend une reconstitution de ce genre, toujours difficile, j'estime qu'il faut principalement s'appuyer sur les textes et que les considérations théoriques de stratégie ou autres ne viennent qu'au second rang.
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Dans le cas spécial qui nous occupe, il s'agit d'eniplacer un combat. Plutarque énonce un fait précis qui n'a rien d'impossible ni même d'improbable. Ce fait implique nécessairement la détermination d'un lieu. La topographie de ce lieu correspond d'une façon saisissante avec les circonstances de la bataille dont on recherche l'emplacement. Que peut-on désirer de mieux? On ne trouve pas toujours, dans les études historiques, des éléments de certitude aussi satisfaisants.
Aussi, malgré l'autorité bien méritée qui s'attache à l'enseignement de M. Clerc, je crois qu'il est permis, sur ce point, de ne pas partager son avis. Loin de chercher à faire disparaître du texte de Plutarque la phrase relative aux bains d'eau thermale, j'estime qu'il faut au contraire la recueillir précieusement, parce qu'elle fait voir clairement que c'est très près d'Aix qu'a eu lieu le premier engagement de l'armée de Marius avec les Barbares.
La disposition topographique des environs de notre ville concorde à merveille avec le récit de l'historien. On pourrait même ajouter que le cours de l'Arc, le long du Montaiguet, est plus conforme aux détails du combat que la vallée en amont de Pourrières. En effet, aussi près de sa source, cette rivière n'est encore qu'un petit ruisseau trop peu considérable pour jouer le rôle important que Plurtarque lui assigne dans sa narration.
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Sous le bénéfice de ces diverses considérations, je me crois autorisé à persister dans l'opinion que j'avais émise en 1892, à savoir que les deux victoires remportées par les Romains contre les Ambro-Teutons n'ont pas eu le même théâtre, et que la première bataille s'est déroulée sur les bords de l'Arc, à proximité de la ville de Sextius.
J'examinerai bientôt la question de savoir s'il est vrai qu'en considérant ce point comme acquis, il devient impossible d'expliquer le reste de la campagne. Mais, pour épuiser ce qui est relatif au premier combat, je dois dire un mot du trajet que M. Clerc fait suivre aux Romains, depuis leur camp de la Montagnette jusqu'au champ de bataille définitif. On se rappelle que, d'après notre professeur, Marius longea d'abord le versant sud des Alpines, traversa ensuite le col de Lamanon et arriva près de Pourrières en suivant la ligne jalonnée par Rognes, Venelles, Saint-Marc, Vauvenargues et Claps. M. Clerc admet qu'il aurait pu prendre une autre route et rester, comme dans la première partie de son trajet, sur le flanc droit de l'ennemi au lieu de se porter sur son flanc gauche en passant par la gorge de Lamanon. Les régions où se trouvent maintenant les localités d'Aurons, du Vernègues, de La Barben, d'Eguilles ou de Ventabren lui auraient fourni des points élevés pour établir ses campements de nuit.
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Cependant il a donné la préférence à la ligne.qui se rapproche de la Durance, et a motivé cette préférence sur plusieurs raisons que je vais successivement indiquer.
La première, c'est qu'il trouvait de ce côté des altitudes plus considérables.
Cela est vrai, mais l'essentiel pour le général romain était-il de rechercher les côtes les plus élevées?- Ne suffisait-il pas qu'il choisit pour camper des points dominant suffisamment le terrain occupé par l'ennemi ? Ils ne lui auraient pas manqué dans les. régions qui viennent d'être énumérées.
D'ailleurs, sans avoir la prétention d'être habile dans l'art militaire, il me semble qu'on peut soutenir, que la manoeuvre consistant à quitter la droite des Barbares pour passer à leur gauche par la gorge de Lamanon, en traversant la route que devait suivre l'ennemi, est sujette à la critique.. Marius s'exposait: ainsi à être attaqué - pendant une marche de flanc, ce qui est toujours dangereux.
M. Clerc explique, il est vrai, qu'il pouvait devancer les Barbares et traverser la route avant eux,, ou bien attendre qu'ils eussent défilé, et passer sur" leurs derrières.
Les devancer, c'était difficile. Il n'y a qu'une dizaine de kilomètres d'Orgon à Lamanon, et les Romains qui partaient de la Montagnette ne pouvaient guère gagner une telle avance.
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Attendre leur passage, c'était perdre beaucoup de temps et risquer d'arriver trop tard au but qu'on voulait atteindre.
Seconde raison donnée par M. Clerc : —Marius en restant sur la droite de l'ennemi avait à craindre, en cas d'échec, d'être jeté à la mer.
Il semble qu'entre la route suivie par les Teutons et le rivage, il y a assez d'espace pour que les Romains n'eussent pas à redouter d'y être acculés. Au reste, une attaque était peu probable : les Barbares marchant vers l'Italie ne demandaient qu'à avancer. Ils dédaignaient un ennemi qui leur avait obstinément refusé le combat près du Rhône, et ne l'auraient attaqué que s'ils y avaient été provoqués.
Troisième raison :— Marius avait intérêt à se tenir sur la gauche des Barbares pour s'opposer à leur retour vers la vallée de la Durance et les pousser plus sûrement dans la plaine de Pourrières, où il était dans son plan de les combattre.
Il n'était nullement présumable que les Teutons, après avoir passé la Durance et quitté ses bords, eussent l'idée de s'en rapprocher pour gagner l'Italie par le mont Genèvre. Il semble, au contraire, que Marius pouvait prévoir une autre éventualité qui devait le porter à se tenir sur la droite de ses ennemis plutôt que sur leur gauche. C'est celle où, attirés par l'espoir du butin et du pillage, ils auraient marché sur Marseille pour s'avancer ensuite vers l'Italie
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en prenant les chemins qui devaient servir à relier par voie de terre la citée phocéenne avec ses colonies du littoral, Cythariste, Olbia, Antipolis et Nice.
D'autre part, Plutarque nous dit qu'en suivant les Barbares dans leur marche, Marius se tenait toujours près d'eux(I). Or, d'après le système de M. Clerc, pendant que les Teutons remontaient le cours de l'Arc, les Romains se dirigeaient vers Pourrières par la vallée de Vauvenargues et de Claps. En suivant cette route très accidentée et peu praticable, en longeant ainsi le massif énorme et infranchissable de la chaîne de Sainte-Victoire qui le séparait de l'ennemi, Marius s'éloignait beaucoup de ses adversaires ; il les perdait complètement de vue, il retardait sa marche et s'exposait à n'arriver sur le champ de bataille, choisi par lui, qu'après le passage des Ambro-Teutons, et à manquer ainsi son but.
Telles sont les considérations que je me permets d'opposer au trajet proposé par M. Clerc pour la marche de l'armée romaine du Rhône à la haute vallée dé l'Arc. Elles me font penser que, dans cette marche, Marius n'a pas cessé de se tenir à la droite de l'ennemi, en campant la nuit sur les hauteurs qu'on peut rencontrer de ce côté comme de l'autre.
Au reste, je ne cache pas que, si je donne la préférence à ce dernier trajet, c'est surtout parce qu'il
(1) E^ùç \ibi ââ -/.al 7tap' ai-coùç Ixeïwj; tôpuôjjxvoç. (Vie de Marius, chap. XVIII).
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conduit les Romains sur le Montaiguet, tandis que l'autre les en éloigne.
M. Clerc a eu raison de dire au début de son cours que sur les questions douteuses, au sujet desquelles nous manquons de renseignements, il était sage de se laisser guider par le but à atteindre. J'applique ici le même principe, car j'estime qu'on doit considérer comme but à atteindre, non-seulement le dénouement final de la campagne, mais aussi les faits intermédiaires tels que le premier combat emplacé à Aix, que l'on peut considérer comme suffisamment établi.
Il y a encore une objection de M. Clerc contre l'emplacement de ce premier combat que je ne dois pas passer sous silence.
Marius, nous dit-il, voulant amener ses ennemis sur le champ de bataille de son choix, avait intérêt à les laisser avancer tranquillement et à ne pas les inquiéter en route. Il devait, tout en les surveillant, ne pas se montrer, dissimuler autant que possible sa marche et éviter, avec les Barbares, tout contact pouvant amener un engagement prématuré. C'eût été donc une faute de la part du général romain de se poster sur le Montaiguet à proximité des Ambrons.
Ce raisonnement n'est pas sans valeur, je le reconnais volontiers, à la condition, toutefois, que des circonstances que nous ignorons n'aient pas obligé
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Marius à se départir de sa prudente réserve. Or, des circonstances de ce genre ont pu certainement se produire.
Marius avait-il laissé une garnison dans le Castellum d'Aix pour le défendre? comme l'a pensé M. Numa Coste dans l'article déjà cité, ou bien l'avait-il fait évacuer et livré sans défense à l'ennemi ? M. Clerc ne s'est pas expliqué sur ce point, ou, s'il l'a fait, j'avoue que je n'en ai pas conservé le souvenir.
Dans le premier cas, c'est-à-dire si le Castellum était gardé, on peut admettre que le général romain ait cru nécessaire de s'en rapprocher pour savoir s'il était assiégé et le secourir en cas d'attaque.
On pourrait supposer encore que Marius, ayant des raisons de craindre que les Teutons, arrivés à Aix, ne voulussent marcher sur Marseille, serait venu se poster au Montaiguet pour leur fermer la route.
Ce ne sont là que des exemples. On pourrait en trouver d'autres et ils tendent seulement à établir que l'argument de M. Clerc ne serait véritablement concluant que, si l'on connaissait à fond, et mieux qu'il ne nous est possible de le. faire, tous les détails, toutes les combinaisons et tous les mouvements des deux armées belligérantes.
En dernière analyse, si l'on veut que Marius ait commis une faute en engageant prématurément le
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combat près d'Aix, il est certain qu'elle lui a réussi. C'est ce que semble dire l'historien Florus dans cette phrase : « Il est douteux de savoir si le général « a agi de dessein prémédité, ou s'il a su tourner « habilement une erreur à son avantage (I). »
Il me reste maintenant à examiner si, en admettant que le premier combat a eu lieu près d'Aix, il est impossible d'expliquer le reste de la campagne.
Je vais essayer de montrer que cela est possible. Je reconnais cependant, et j'ai toujours reconnu, qu'en l'absence de tout renseignement fourni par les auteurs anciens, c'est réellement difficile. Tous ceux qui ont supposé, comme moi, que les deux batailles s'étaient déroulées sur des terrains différents, ont été obligés, pour expliquer le mouvement des armées entre ces combats, de présenter des hypothèses plus ou moins probables, mais aussi toujours contestables sur quelque point. Je ne prétends pas échapper à cette difficulté.
Dans mes Observations sur la conférence de M. Dervieu, j'ai traité cette question de l'intervalle entre les deux batailles.
Je ne veux pas répéter tout ce que j'ai dit alors, et, pour abréger, je me contente d'y renvoyer le lecteur qui voudrait connaître les diverses opinions
(1) Consultone id egerit imperator, an errorem in consilium verterit, dubium. (Florus, abrégé d'Hist. Romaine, liv. III, chap. 3).
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émises sur ce, sujet. Je ne me mets aujourd'hui en présence que de celle de M. Clerc. Mais, pour lui répondre, je crois nécessaire de revenir sur une question que j'avais examinée dans le temps ; car je ne voudrais pas m'exposer, après avoir défendu de mon mieux l'exactitude du récit de Plutarque, à être accusé de l'attaquer à mon tour.
Il est certain que, lorsqu'on lit la biographie de Marius, on est tenté d'en conclure qu'après le premier combat, ni les Romains, ni les Barbares n'ont changé de position : en ce qui concerne les premiers, l'historien dit qu'après avoir passé la nuit dans l'anxiété et la crainte d'une agression nocturne, ils ne furent pas attaqués, et que Marius profita de ce répit pour envoyer Marcellus opérer son mouvement tournant, pour faire souper ses soldats et leur donner un peu de repos.
Quant aux barbares, Plutarque dit que, dans la nuit qui suivit le combat et dans la journée subséquente, ils ne survinrent pas, c'est-à-dire qu'ils n'attaquèrent pas et qu'ils employèrent leur temps à s'arranger entreux et à se préparer (I). Comme je l'ai dit ailleurs, une armée peut s'arranger pour une marche aussi bien que pour une bataille.
On voit que ce texte ne dit pas, il est vrai, que les armées ont changé de place, mais il n'affirmé pas
(1) Où \rr\-t STzrikdov àXkà auvcâxmvcEç èamoùç xaî irapainteua—
ÇôjiEvoi SIETÉX'O'JV. (Vie de Marius, chap. XX).
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non plus qu'elles n'en aient pas bougé. Et comme, d'autre part, en admettant que les combats ont eu un champ de bataille différent, il faut qu'un mouvement se soit opéré dans l'intervalle, il en résulte qu'il y a dans le texte, non pas une inexactitude, mais une lacune.
Or, on m'accordera, j'espère, que nier la vérité d'un fait précis affirmé par un historien, et combler une lacune qu'il a laissée dans son récit, sont deux choses bien différentes.
D'ailleurs on ne peut s'étonner de cette lacune. Plutarque écrivait à Cheronée. Comme les autres historiens de l'antiquité, il ne connaissait pas la localité. C'est parce que nous l'avons sous les yeux que nous arrivons à nous convaincre que la disposition des lieux sur les rives de l'Arc, près d'Aix, permet de se rendre compte parfaitement des péripéties de la première bataille, et qu'au contraire elle ne se prête nullement aux conditions topographiques de la seconde. L'historien grec a donc pu penser que le même champ de bataille avait servi aux deux engagements. Du point de vue éloigné où il était placé, les environs immédiats d'Aix et la plaine de Trets se confondaient pour ne former qu'un seul et même lieu.
Ceci dit, j'aborde la continuation de la campagne de Marius après le premier combat, que je suppose livré aux bords de l'Arc, au pied du Montaiguet et
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près du quartier que nous désignons encore sous le nom de Malouesso.
J'admets également que les Romains n'ont eu là affaire qu'aux Ambrons qui marchaient à l'avantgarde des barbares et que les Teutons étaient encore en route, ou à peine arrivés dans les régions qui s'étendent au couchant de la ville d'Aix.
Cette question de savoir si les Ambrons marchaient à la tête ou à la queue de la horde, et sur laquelle les anciens historiens sont muets, est très importante, car sa solution exerce une grande influence sur les suppositions que l'on peut concevoir au sujet des mouvements des belligérants. Pour ma part, j'avais toujours pensé que les Ambrons étaient en tête, mais les raisons que j'en donnais n'étaient pas, je l'avoue, très solides. J'ai été heureux de constater que, sur ce point, M. Clerc partageait ma manière de voir et en fournissait une preuve qui me paraît très concluante.
En effet, j'ai déjà dit que, dans le système de notre professeur, Marius, venant de son camp de la Montagnette, avait marché, non par derrière, mais parallèlement à ses ennemis en cherchant toujours à les devancer ou, tout au moins, à se tenir au niveau de leur tête de colonne. Or, comme, d'après l'histoire, ce sont les Ambrons qu'il a rencontrés au premier contact, il est évident que ceux-ci formaient l'avant-garde.
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Je reviens maintenant à Marius campé sur le Montaiguet.
Après sa victoire interrompue par l'obscurité du soir, il regagne son camp qu'il n'a pas eu le temps, de fortifier. Il passe une nuit inquiète, craignant une attaque nocturne. Mais dès qu'il le peut il se hâte de quitter une position dangereuse et, dès l'aube, peutêtre même avant le jour, il décampe et poursuit sa marche en avant en se dissimulant derrière les hauteurs du Montaiguet.
Il ne faut pas oublier que cette chaîne, après avoir régné de l'Ouest à l'Est parallèlement à l'Arc, se détourne brusquement vers le Nord-Est au lieu connu sous le nom de Langesso, et a l'air de fermer complètement la vallée, dans laquelle la rivière s'introduit pourtant en se frayant un lit très étroit dans l'anfractuosité des collines. Ainsi les Romains, toujours protégés et masqués par ce rideau montagneux, peuvent avancer dans la direction de Pourrières jusqu'à six ou sept kilomètres à l'Est de la ville d'Aix, et descendre au niveau de la rivière sans être aperçus de leurs ennemis.
Ceux-ci, pendant toute la nuit, ont déploré leur défaite par des lamentations et des hurlements féroces. Au lever du soleil ils ne voient plus l'armée romaine. Ils ignorent la direction qu'elle a prise. Ils hésitent, attendent leurs alliés les Teutons qui, sans doute, arrivent successivement et par bandes. Ils
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tiennent conseil et se décident enfin à se ranger, comme le dit Plutarque, soit pour avancer, soit pour combattre s'ils sont attaqués. Ils ont perdu ainsi un temps précieux dont Marius a pu profiter pour atteindre son but.
Lorsque j'ai écrit mes Observations je pensais que le consul romain, arrivé au-delà des gorges de Langesso, s'était dirigé vers le plateau du Cengle pour s'y établir. J'avais été séduit, je l'avoue, par cette position si admirablement fortifiée par la nature. M. Clerc a critiqué cette idée. A ses yeux, Marius, pour livrer la bataille décisive, devait se placer en travers de la route des Teutons et barrer le fond de la haute vallée de l'Arc. D'ailleurs, dit-il, si les.Romains avaient pris position sur le Cengle, ils pouvaient s'y trouver bloqués, en cas de revers et sans ligne de retraite possible.
M. Clerc peut fort bien avoir raison sur ce point, et je renonce à le discuter, car c'est toujours avec le plus grand regret que je me vois réduit à le contredire.
Si donc Marius ne marche pas sur le Cengle, une fois qu'il a dépassé la chaîne du Montaiguet, il me semble que rien ne l'empêche de prendre le chemin que ses ennemis doivent suivre après lui, chemin qui plus tard, sous les Empereurs romains, s'appellera la Voie Aurélienne, et de gagner rapidement et
directement ces hauteurs de la Bastide-Blanche, que
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notre professeur lui assigne comme dernier campement. C'est le cas, pour lui, de déployer cette merveilleuse rapidité dont parle Florus en ces termes : « Marius avec une admirable célérité, ayant « pris les chemins les plus courts, prévint l'en« nemi (I). » Je suis porté à croire qu'il pouvait faire cette manoeuvre sans danger.
Du quartier de Malouesso à la Bastide-Blanche il y a, à vol d'oiseau, 27 kilomètres; mettons-en une trentaine à cause des détours inévitables. C'est une étape qu'une armée exercée peut parcourir en sept ou huit heures. En quittant le Montaiguet de grand matin, les Romains pouvaient être rendus au terme de leur course à une heure peu avancée de l'aprèsmidi du même jour. Marius avait le temps d'établir et de fortifier son camp, de faire souper ses soldats et de leur laisser passer une nuit tranquille. A plus forte raison avait-il le loisir nécessaire, en acceptant le texte d'Orose qui donne un jour de plus.
En route, le général avait toute facilité pour détacher son lieutenant Marcellus sur sa droite avec ses 3,000 hommes, en lui ordonnant de se cacher dans les ravins boisés au-dessous de Peynier et de paraître en temps opportun sur les derrières de l'ennemi.
En définitive la bataille finale s'engagera exacte(1)
exacte(1) mira statim velocitate occupalis compendiis, proevenit hostem. (Florus, liv. III, chap. 3).
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ment dans les conditions proposées par M. Clerc. Les règles stratégiques sont respectées et le texte de Plutarque reste intact.
Ce que je viens de dire je ne le donne, bien entendu, que comme une hypothèse plausible. J'en avais proposé une autre il y a huit ans. Aujourd'hui je présente celle-ci pour me rapprocher de l'enseignement de M. Clerc. Quelqu'un autre, convaincu comme moi que les deux batailles ont eu lieu sur des champs différents et connaissant mieux la topographie de la plaine de Trets et de ses environs, en trouvera sans doute une meilleure.
J'ai voulu montrer seulement qu'en admettant comme vrai le fait des bains pris par les barbares dans nos eaux thermales, il n'était pas impossible de comprendre les dernières phases de la campagne et de les expliquer de plusieurs manières.
Je ne me fais pas cependant illusion et, comme je l'ai dit en débutant, lorsque notre éminent professeur aura publié lé livre qu'il annonce, il est probable que cet ouvrage fera autorité et que ceux qui alors étudieront la guerre contre les Teutons le prendront pour guide.
En tout cas j'estime qu'à la suite des savantes études de M. Clerc, la solution des questions qui se rattachent à ce fait historique aura fait un grand pas. Il a réfuté victorieusement, selon moi, l'opinion des nombreux auteurs qui prétendaient que les Ro-
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mains avaient constamment marché derrière leurs ennemis jusqu'à la fin de la campagne. Il a démontré aussi que les Ambrons marchaient en tête de l'armée barbare. En établissant ce dernier fait, il a même facilité, pour l'avenir, la tâche de ceux qui, ne partageant pas son avis, sur l'identité de champ de bataille pour les deux engagements, voudraient étudier encore le problème du mouvement des armées entre ces batailles; car, la position des Ambrons étant fixée, le champ des hypothèses qu'ils auraient à imaginer se trouve considérablement restreint.
Quant à moi, j'aurai tout au moins tenté de défendre une opinion qui me paraît soutenable, et, en attendant que le dernier mot soit dit sur la campagne de Marius, je demande la permission de croire encore que le premier des deux combats livrés par ce général s'est passé à nos portes et de continuer à l'appeler : la bataille d'Aix.
8 Mai 1900.
LE ROI RENE
Seigneur de Gardane
Par M. Louis BLANCARD Correspondant de l'Institut.
René avait acheté le domaine de Gardane quelques semaines avant de partir pour l'Anjou. Il se hâta d'en instituer la gérance par une ordonnance datée d'Aix et du 8 juillet 14 5 4. Le 14 juillet, il était en route à l'étape d'Avignon ; le 20 août, il arrivait à Angers, d'où il ne repartit pour la Provence qu'en avril 1457. Vers la fin de l'année il fit mettre le château de Gardane en état et y vint enfin pour la première fois le 31 décembre 1457.
« Lo redier jorn de desembre vent lo Rey à Gar« dana pendre lo primier jorn de l'an, au tôt son « estât on era Mossen de Calabria, Mossen de Va« démon; que lo Rey mi comandet que dones fen « à tostlos cavals, ont hi avia CLX cavals, hont si « despendet gran fen. » (B. 1472, f° XXXV, v°).
C'est ainsi que Gibert d'Auton, le gérant, mentionne la première visite de René à son nouveau domaine.
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Le Roi s'était fait précéder de son maître d'hôtel, Jean de la Salle, qui arriva le 28 décembre avec quatre chevaux; de Fabrici et Pierre, « ses fruictier et garde-robe ; » de son pellicier, de son fourrier, assistés du fourrier du duc de Calabre, de celui de Ferry et de plusieurs autres, au nombre de douze, « à cause de prendre et adouber les logis à la première venue du Roy. » (B. 1657, f° 35).
Tout n'était pas prêt. Il fallut en toute hâte mettre des portes à plusieurs chambres et entr'autres à celle du duc de Calabre, des crémaillères aux cheminées, des bancs et des torchères, étendre cà et là des nattes de sparte achetées à Marseille pour la circonstance. Quatre juifs vinrent d'Aix pour tendre et adouber les lits et courtines du palais. Quatre ménétriers prirent part à la fête de la première venue du Roy ; quatre chapelains Augustins aidèrent à faire la procession à la dite venue. (B. 1657, f0S 34 v°et 3 5).
Le Roi fit donc sa première entrée à Gardane au son de la musique, précédé processionnellement du clergé et de ses vassaux, entouré d'un nombreux et brillant cortège.
Avant de reprendre le chemin de l'Anjou, ce qu'il fit à la fin de 1461, René retourna plusieurs fois à Gardane. M. Lecoy de la Marche a signalé des chartes royales faites en cette ville aux dates des 18 juillet et 16 novembre 1 458,10 janvier 1459,
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21 février, 29 mai et 29 novembre 1460, 15 mai et 9 août 1461 (Le Roi René, t. II, p. 459 à 462).
René se mit en route pour l'Anjou dès la fin de décembre, malgré la rigueur de la saison, et la Provence ne le revit plus qu'en novembre 1469.
Aussitôt revenu à Aix, il s'occupa de Gardane.. Pendant l'absence du Roi, René de Castillon s'y était logé, il en avait usé le linge et détérioré les ustensiles et les meubles. Or, quoiqu'il eût vidé les lieux depuis plus de quatre ans, après y, avoir demeure durant dix-huit mois, les traces de son séjour restaient encore. Le châtelain commença à les faire disparaître sitôt que le retour du Roi fut connu.
Brisés par Castillon et ses gens, quatre grandes symoises, deux petites, vingt-un plats, quatre douzaines d'écuelles en étain étaient dès le 10 novembre entièrement refaits; les broches de la cuisine forgées et aiguisées à nouveau, Tes escabeaux rétablis sur leurs pieds; les chandeliers de la chapelle, le lustre de la salle basse à six doubles branches avaient été raccommodés et écurés; trois pièces de toile de Mâcon, cinquante-six cannes de toile de Hainaut et de Constance récemment achetées. ; à Avignon étaient déjà transformées en .quarante, paires de draps à joindre aux trente draps en toile de Bourg qui restaient de l'ancien linge tissé de la main même de la châtelaine; un beau lit de pare-
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ment recouvert d'une grande couverture pleine de duvet d'oie avait été dressé.
Me Gentil, peintre de Marseille, achevait de restaurer les peintures jadis faites par Léon de Forli; bref, le zèle des serviteurs s'était étendu à tout et le Roi pouvait venir : « l'hôtel avait été remis en état d'un bout fin à l'autre. »
Le Roi pourtant différa sa visite. En décembre 14 6 9, il y envoya d'abord des officiers de sa maison, puis le fils du comte de Vaudémont, Monseigneur le Bâtard, M. de Beauvau et quelques autres gentilshommes, autorisés à chasser. Il y eut alors dans les écuries royales jusqu'à vingt-six chevaux. Enfin vint le Roi. Ce fut sans pompe. Il demeura à Gardane quelques jours, pendant lesquels il fit peindre ses armes sur un écusson qu'il plaça dans la cour de l'hôtel. Il est probable que ce séjour se serait prolongé malgré la rigueur de la saison, si le feu n'avait pris à la cuisine et de là gagné tout l'édifice. René retourna à Gardane le 1er avril 1470. (LECOY sur Le Roi René, p. 470). Sous ses yeux, le 12 avril, il fit déblayer, approprier, garnir de bancs une place qui se trouvait au pied de Captivel afin d'y prendre son ébat (f° 5 5 7). En même temps il lui « plus » de prendre une vigne, laquelle était de dame Mauvière, de Gardane, et la « volut avoir pour son plaisir, à cause qu'elle était près de sa mayson » et la fit estimer et récompenser en un sien « prat, » et
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aussitôt après son départ, l'on en « déraba » les souches, on aplanit le sol en forme de «prateau, » l'on y planta des cerisiers, des pêchers et d'autres arbres à fruit.
Au commencement de juillet 1470, en revenant de Saint-Maximin à Aix, le Roi passa par Gardane et y donna l'ordre de paver la salle basse du château, d'y creuser un puits et au-devant de cette salle, « là où il y a un trilhat regardant sur le vallat, » de faire « ung pradeau avec des sièges tout en tour. »
Ces travaux étaient terminés quand le Roi se retrouva à Gardane le 28 du même mois ; il s'y reposa durant une semaine et peu après reprit le chemin d'Angers. Le séjour qu'il y fit et qui dura, environ un an fut le dernier.
C'est à Angers qu'il apprit la mort quasi soudaine de son fils et qu'il vit du coup s'évanouir ses plus chères espérances. Il n'avait sans doute pas le projet de s'attarder en Anjou. Les circonstances hâtèrent son départ, et dès le mois de novembre de 1471 il avait regagné la Provence. Il y avait laissé bien des affections, il les retrouva avec bonheur, ainsi que ce bon soleil qu'il avait toujours aimé et dont il commençait à avoir besoin. Gardane lui avait aussi manqué ; il se proposa de le visiter sans retard et ordonna qu'en attendant sa visite on y apportât quelques embellissements. On était à la saison où l'arbre et la vigne achèvent de perdre leurs feuilles,
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où la terre de labour est dépouillée ; les prairies et les bois gardaient seuls leur verdure. René qui reposait volontiers son regard sur les prés, tint à les agrandir et « pour son plaisir, » et par son ordre on en construisit un nouveau ; la vue des bois le charmait également, surtout quand la chasse les animait. Aussi, en même temps qu'on étendait le tapis vert de ses prairies, on mettait la main à « ungts escalliers de pierre et de terre, afin que le Roi put aller sur la montagne de Captivel, à cause de veser la chasse et pour prendre son déport. »
Ce n'est pas la seule amélioration que le Roi fit apporter durant l'hiver de 1471-72 au domaine de Gardane. Il fit construire deux galeries couvertes qui, appuyées et en saillie sur les façades de l'hôtel, formèrent un promenoir agréable et de pittoresque aspect.
René demeura à Gardane du mercredi 15 janvier 1472 au dimanche suivant. Il se plaisait dans ce domaine. A quelques centaines de mètres au sud du château était l'étang, le grand pesquier, dont il avait relevé les bords et facilité l'accès, peuplé les eaux avec les brochets de l'étang des Baux et les carpes des fossés d'Aix. Sur ce vaste bassin le Roi aimait à se promener en barque ; la barque ayant coulé, ce fut une distraction pour lui de l'en faire sortir. L'opération eut lieu le samedi 18 janvier :
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huit hommes appelés de Marseille y travaillèrent avec succès.
Le Roi quitta Gardane le lendemain pour y rentrer le 27 janvier, attiré par le spectacle de la chasse, à laquelle se livrait à ce moment, par son ordre, son braconnier le Picart, avec une meute de vingt-quatre chiens.
Le Picart et sa meute chassaient depuis le 19. Ils continuèrent jusqu'au 6 de février, et du haut de Captivel le Roi put durant deux jours les suivre dans leurs évolutions et leurs courses. Le 6 février 1472, le Picart qui chassait aux perdrix, aux lièvres, aux lapins et même aux renards et aux loups, partit et fut remplacé par Jean-le-Page, valet de chambre de René, Yvonnet, valet de la garde-robe, et six autres attachés à la maison du Roi qui vinrent par son ordre dresser l'iraigne.
L'iraigne, en fil de chanvre ou en soie, n'était autre que le filet actuel; elle tirait son nom de l'araignée dont la toile est un inimitable filet. Le filet ne servait qu'à prendre la gent volatile et elle y donnait abondamment. On se servait de pièges comme aujourd'hui pour prendre Tes lièvres et les lapins et surtout les renards et les loups : en une semaine, au commencement de janvier 1474, deux louvetiers, Et. Bonnet de Sujens et Jean Maurel, du Puy-Saint-Martin, appelés par le Roi et les éleveurs de la région, prirent au piège vingt-deux renards sur
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le territoire de Gardane. Les loups étaient également nombreux et s'attaquaient non-seulement aux moutons, mais aux porcs, aux boeufs et même aux chevaux. La chasse au filet et au piège avait moins d'attrait que la chasse à courre. Les gentilshommes ne se livraient qu'à celle-ci.
C'est ainsi que chassèrent pendant douze jours, en décembre 1469, deux écuyers et l'arbalétrier du Roi, suivis de leurs valets montés ; après eux, le 28 décembre, Mgr de Vaudemont, Mgr le Bâtard, M. de Beauvau, Mgr de Nogent et plusieurs seigneurs de leur rang. Chaque hiver depuis lors jusqu'à la mort de René, les gentilshommes de son entourage vinrent chasser à Gardane ; mais cette chasse, généralement destinée à alimenter la table royale aux jours de réception, fut surtout pratiquée par des officiers royaux : c'était tantôt le fou du Roi qui avec furets et chiens avait ordre de pourvoir de lapins un banquet donné par son maître (11 nov. 1479, B. 1666, f° 81); tantôt les valets de la cham-i bre ou l'oiseleur du Roi qui, dans le même but, tendaient leurs filets de novembre en avril, chassant aux cailles à cette époque-ci (B. 1665, f° 236; B. 1666, f° 81); tantôt son arbalétrier qui pareillement en avril chassait à courre (B: 1665, f° 236). Parfois: nul des gens du Roi ne venait, et les maîtres d'hôtel se bornaient à écrire au châtelain qu'il eût à envoyer à la chasse le jour même, c'est-à-dire le samedi, ceux
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de la Ville qui ont « accoustumé » de chasser « pour ce que le dit Seigneur avait délibéré de tenir son estat dymenche qu'estait la Pentecouste, » et quatre hommes s'employaient alors durant la journée eux et leurs chiens à fournir de gibier la royale réception.
Le Roi trouvait à Gardane un autre spectacle aussi attrayant que la chasse, c'était celui du troupeau. Pons de Rousset, l'un des prédécesseurs du Roi dans la possession du domaine de Gardane, élevait la vache et la jument, lorsque pour crime de félonie son bien lui fut confisqué. La donation de ce bien, faite par Louis III le Ier octobre 1429 à sa mère Yolande, mentionne eh effet dans l'avoir du domaine ce double élevage : « Nec non armentis sive rasciis vaccarum et jumentorum. M (B. 11, f° 13). Mais ce n'était pas là ce qui constituait le troupeau. Le troupeau proprement dit n'existait pas sous Pons de Rousset ni même sous Guillaume, son neveu ; on n'en trouve aucune mention dans la vente que celui-ci fit à René. Ce fut René lui-même qui lé créa.
Dans l'année de sa rentrée en Provence, le Roi constitua sa vacherie et sa porcherie, puis le 5 avril 1458 il acquit 1300 brebis. Ainsi fut créé son troupeau. L'accroissement en eut tout naturellement lieu et fut sensible ; René s'y intéressa. Il fit parfois venir le troupeau à Aix au moment de la tonte afin d'y assister ; il se complaisait aussi à en voir défiler les
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trenteniers nombreux lorsqu'ils rentraient de l'estivage et il en égayait la marche monotone en la faisant accompagner par des musiciens de circonstance, par exemple par des « compaignons cornemusaires lougas pour cause que le Roy voulait veser son aver passer par devers son jardin joyeusement et en bonne chière faisent, et tenus ung jour entier pour jouer des cornemuses. » (13 octobre 1472, B. 1662, f° 82).
Dans son instinctive bonté, il ne dédaignait pas de présider lui-même aux soins à donner aux brebis prêtes à mettre bas, et il prenait plaisir à leur faciliter la délivrance en faisant curer tous les jasses à cause « des fedes qui sont venues à court et à jasses pour ygneler. » (Ibid. f° 82 v°).
La bonté de René que ses sujets ont louée, que ses historiens ont admise, s'était vers la fin de ses jours alliée d'une brusquerie dont les textes gardent le témoignage.
Avant de quitter la Provence, en août 1470, René avait ordonné la construction de galeries qu'on se hâta de terminer à sa rentrée, en novembre 1471, pour « que le Roy ne se courcest, » et de même s'empressa-t-on de réparer la toiture de l'hôtel « à celle fin que le Roy n'eust cause pour quoy de ce courrocier. » (B. 1661, f° 150 et 151). Il est vrai que l'affaire en valait la peine, puisque le Roi n'aurait pu venir à Gardane si son hôtel n'avait été en état
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de le recevoir ; mais on a la preuve qu'il se laissait aller à cette époque à des accès de mauvaise humeur à propos des moindres ennuis, par exemple au sujet d'une corde cassée, « pour une corde joncquière comprat pour le poux à cause que l'austre était rompue, et que le Roy ne s'en courçast, ou parce que, n'ayant pas sous la main ses jeux de « tables, » le Roy se corrossait quand il les demandait. » (B. 1662, fos 156 et 157).
Le séjour de Gardane était cependant pour lui un délassement, il y oubliait ses chagrins et ses regrets ; il tenait à y être simplement reçu quand il venait seul ; le chatelain prévenu la veille louait un ou deux journaliers qui nettoyaient la place des Ormes, la cour de l'hôtel, mettaient de là paille dans les écuries. Ainsi fit-on quand on le reçut les 11 avril, 24 juillet, 21 septembre, 6 et 15 octobre, 20 décembre 1472; 9 mars, 7 avril, 21 mai, 12 juin, 1473; les 26 janvier et 5 novembre 1474 et le 16 mars 1478.
Une réception aussi sommaire ne pouvait être décemment faite à la reine. Aussi lorsque le Ier juin 1472 Jeanne de Laval arriva à Gardane, escortée, il est vrai, « d'auculnes demoyselles qui jamés n'avoient esté en Provence, il y eut provision de rames de greos ou joux en my la place garnie d'aurenges. » (B. 1661, f° 156), et lorsqu'elle revint, le 6 juillet 1474, en compagnie du duc de Calabre (depuis
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Charles III), elle trouva l'hôtel garni de verdure et embaumé « de bonnes herbes de senteur. » (B. 1663, f° 194).
Le Roi se passa une seule fois, pour lui seul, cette fantaisie, peu coûteuse du reste, d'une « grant quantité de may et plusieurs bonnes herbes pour mettre à l'ostal, » ce fut le 21 mai 1473, en allant à SaintMaximin. (B. 1662, f° 1 59).
Toutefois, s'il se contentait d'être simplement reçu dans un hôtel propre et durant l'hiver bien chauffé, il ne s'accommodait ni pour son.logement ni pour la table, des ressources que lui offrait son personnel de Gardane.
Etait-il nécessaire de procéder à quelque nouvelle installation intérieure parce que le Roi par exemple, afin de logier plusieurs seigneurs et dames venus veser jouer la Passion, avait fait porter tout le ménage de Gardane en son jardin d'Aix, « c'était à des valets de la garde-robe du Roy ou de la Royne, en compagnie de Juifs, qu'en estoit confiée la besogne. » (B. 1662, f° 160).
Le Roi se proposait-il de séjourner à Gardane, ne fut-ce que pendant quelques jours, il s'y faisait apporter des provisions de bouche et chargeait ses propres cuisiniers du soin de les accommoder, et eux s'y employaient si bien que tantôt le « fougueron de l'une des cheminées de la cuysine estoit tout fondut par la grande force du feu qu'ils fay-
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soient (B. 1662, f° 150) et tantôt le feu se mestoit à l'ostal par le tuau de la cheminée de la cuisine. » (B. 1660, f° 556).
Le bon René aurait pu, sans inconvénient, laisser à son palais d'Aix des serviteurs si zélés, et s'en tenir au service du chatelain de Gardane. On confiait à celui-ci le blanchissage du linge royal ; c'était quelque chose, car il fallait une forte « buguade » pour laver le linge du Roy « qu'estoit parfois tout salle; » une lessiveuse n'y suffisait ordinairement pas, même quand le Roi ne passait à Gardane que deux jours, comme dans le cas auquel s'applique le texte que je viens de citer (B. 1665, f° 222). On aurait même pu laisser au châtelain la direction des fourneaux de l'hôtel. Du reste, quand il ne s'agissait pas du Roi ou de quelqu'un de sa famille, il l'avait toujours, et la plupart des registres de comptes se terminent par des articles à taxer pour frais de « chières et receuillements faits par les survenans à la mayson de Gardane et les passans pour la veser, tant gens de la mayson du Roy, que aultres » comme sont Mgr de Nogent, Mgr d'Epernay, Mgr le contrôleur, Mgrs d'Entrevennes et le Brau, Mme de Beauchastel et Mgr de Charlus, gouverneur de Languedoc, avecques toutes leurs familles « et aultres que sont venus et sans nombre visiter la dicte maison (B. 1662, f° 163) sans en avoir rien heu, sinon de grans mercis. » (B. 1665, f° 237).
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Les gens du Roi remerciaient sans doute, mais moins que d'autres se faisaient scrupule de s'attarder à Gardane aux frais du chatelain, comme le fit « Michau, » l'oyseleur du Roy, qui, venu chasser aux cailles pour le plaisir dudit seigneur, se sentit malade en estant à la chasse et fut tellement malade que devint tout despouderat, en telle manière qu'il ne se povait aider des mains ni des piez, fors de la langue seulement, et incontinent qu'il se sentit malade manda quérir par son valet une sienne commère qu'il avait à Aix où il logeoit, qui se nommait done Anthoinecte la lanternière, pour le penser et gouverner, etc.; lequel a été tenu aux dépens du chatelain ambe la femme et son varlet, troys semaines justement à pain, à vin et à companaige, etc. (B. 1665, f° 236).
Le séjour de Michau eut pour cause sa maladie. D'autres étaient traités par ordre royal, et lorsque René tenait à être aussi gracieux que possible, par. exemple quand son invitation s'adressait à des femmes, le chatelain se surpassait en prévenances.
Voici en quels termes, dans une circonstance de ce genre, il se rend témoignage qu'il s'est conformé aux instructions du Roi :
« Le samedi après diner, premier jour de décembre (1472), les Bouquines de Marseille sont venues souper et couchier à Gardane en compaignie de cinquante ou soixante chevalx, tant de leur part que
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de la bande de l'espousat, et l'endemain après disner s'en sont tous allés à-s-Aix ; dont nostre sire le Roy m'avait commandé par deux foys que, comment que fust, que je tinse ayse ladite compaignie et que fussent bien couchiés, traités et bien pancés et que tout leur fust abandonné et que les meilleurs vins fussent percés et que l'on leur fist grant chière et que fussent grandement reculhis, dont ay despendut deux sommades et demye de sivade, et plus que moins, et de foing à foyson et à leur abandon, et si ay fait faire grant feu par toutes les chambres ainsi que se le Roy y deust venir, car ainsi le m'avait-il commandé, et que fussent bien festiés, et si ont beu des vins blancs et rouges leurs plaines testes et si ont estes couchés blanc et mol, et l'ostal estoit bel net et paré, ainsi que se le Roy y deust arriver, etc. Et ledit seigneur a fait porter la provision du companaige comme poysson et cher et tout le surplus ay proveu à mes despens, donfiou susdit met pour la despense, tant pour le souper que landemain disner, XV florins, et s'y ay despendut plus que moins. » (B. 1662, f° ancien 153).
Une question se pose tout naturellement à la lecture de cet article de dépenses : Quelles étaient ces femmes que le comptable désignait simplement par leur nom, sans adjonction de titre, tandis que le Roi les comblait de ses amabilités ? Pour tirer quelque induction de ce double fait, il ne suffit pas
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de savoir que depuis près de un tiers de siècle René traitait le chef de la famille Bernard Bouquin avec bienveillance, qu'il avait préféré lui céder plutôt qu'à la ville de Marseille (5 décembre 1442, B. 13, f° 14) la place au. Change que cette ville voulait acheter, et que trente ans après (le 24 avril 1472) il l'avait anobli (1), manifestant par cette faveur nouvelle la persistance de sa bonté pour son féal marseillais. (B. 112, f° 58).
Tout cela est intéressant à connaître, mais n'explique pas le contraste existant entre la galanterie de René pour les « Bouquines » et le sans-façon avec lequel le chatelain désignait les invitées de son maître.
Une des filles de Bernard Bouquin, Honorade, épousa Jacques de Néry. Celui que l'article du chatelain nomme « l'espousat » était-il ce gentilhomme ? Honorade, veuve en 1478, remplissait en cette année-là et probablement depuis quelque temps de très délicates fonctions : elle était la nourrice de deux enfants naturels de René, que les comptes de 1478 appellent « le petit seigneur et la petite dame, » et touchait en cette qualité 300 florins de gages an(1)
an(1) de Margalet fît enregistrer ces lettres de noblesse le 13 janvier 4688 ; il avait épousé Isabeau de Thoron, fille d'Antoine de Thoron, dont la mère fut Isabeau de Bouquin, fille d'Antoine de Bouquin.
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nuels (B. 2484, f° 19). Mais elle n'était pas encore leur nourrice en 1472, et qu'était-elle alors, si elle faisait partie du groupe des «Bouquines» que le châtelain accueillit sur l'ordre du Roi si poliment, et mentionna dans ses comptes si cavalièrement? Pendant qu'Honorade nourrissait à Avignon, lieu de sa résidence, deux enfants naturels de René, probablement les derniers qu'il ait-eus, Mme de Beauvau, la plus connue des filles naturelles de ce prince, accouchait d'une fille à Tarascon (I)(B. 2484, Ier janvier 14 7 9), et le marquis grandissait sous la direction du célèbre Matheron son gouverneur et s'instruisait aux leçons d'un « magister » du nom de Michelet (B. 2484, fos 14 et 15). Le marquis, que les comptes de Gardanne dénomment crûment le « Bastard du Roy, » était encore entre les mains de sa gouvernante en 1472. Au mois de juin 1472, une mortalité exceptionnelle sévissait sur la ville d'Aix. René jugea prudent de mettre son jeune « bastard » à l'abri et il l'envoya à Gardane, sous la conduite de Nodum son valet de chambre et de Vincent son
(1 ) La date de la mort de cette princesse doit donc être rectifiée : Mme de Beauvau avait, je crois, en Mme de la Jaille une soeur naturelle et royale : ceci est une supposition fondée sur ce fait, que René ne se séparait pas plus de Mme de la Jaille que de Mme de Beauvau.
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charretier qui, avec l'aide de deux valets, menait le charriot royal attelé de cinq chevaux.
« Ledit Monseigneur le Bastard du Roy avoit pour son estat, à Gardane, cinq personnes pour le servir et un cheval, et sont si déclérés : et primo Mme de Pugniers pour le régir et le gouverner et René son fils, ung serviteur nommé Léo pour euysiner, un paige nommé Ricart pour le servir, et une servente nommée Margarite pour adober sa chambre ; lequel seigneur avecques son estat a demouré audit lieu l'espace d'ung moys, jusques à samedi 1 o de juillet que s'en ala à la bastide du Roy près de Marseille, à cause de la pestillence que commenssoit estre audit lieu, ou estoit mort une jeune fille de XV à XVIII ans, et après la visite de maistre Jehan Acanart, médecin de la Royne, qui vint à cause que ja se murmurait, audit lieu qu'estoit inficit de pestillence. » (B. 1662, f° 321).
Le Roi vint fréquemment à Gardane en 1472 et 1473 et y séjourna longuement. En 1474 il n'y vingt que deux fois, une seule en 1478 ; il s'abstint d'y paraître en 1479. Le domaine fut donc peu à peu délaissé par René, malgré les améliorations considérables qu'il y avait apportées en 1458, malgré les embellissements qu'il y fit en 1472.
L'animation, la vie que les visites et les chasses royales avaient amenées à Gardane, s'éteignirent en même temps que René, et, lui disparu, le château
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rentra dans le cercle des demeures seigneuriales qui n'ont point d'histoire.
SONNETS
Par le Baron DE MEYRONNET-SAINT-MARC.
LA RECHERCHE DU BONHEUR
L'homme s'empresse en ce bas monde, Les yeux fixés sur l'avenir, Et, guidé par l'ardent désir, Poursuit sa course vagabonde.
Courtisant la brune et la blonde A la recherche du plaisir, Ou de la science martyr Bravant les tempêtes de l'onde ,
Partout, il va d'un pas pressé, Triste ou joyeux, mais harassé Dans sa recherche infatigable,
Puis il meurt, tout est consommé Près du seul bonheur véritable Qu'il ignore : aimer, être aimé !
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DE LA SOLITUDE
J'ai l'horreur de la solitude ; Elle est faite pour le chagrin Ou pour le vieux Bénédictin Que son goût plonge dans l'étude.
Malgré sa noire ingratitude, Je préfère encor mon prochain, Dussé-je du soir au malin, En éprouver la lassitude,
Que de rester seul avec moi. Si vous me demandez pourquoi, Je ne saurais trop que vous dire.
Mais, à mon sens, oh n'est heureux, —- Ne croyez pas que je veux rire,— Que dans la solitude à deux.
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LE VERGISSMEINICHT
Chacun a de la préférence Pour une fleur, dans son jardin. Ce qu'on aime dans le jasmin C'est un symbole d'espérance.
Le muguet convient à l'enfance Et la tulipe à l'homme vain, Quant au lys, attribut divin, De la Vierge il peint l'innocence.
Pour moi, simple dans sa pâleur, Le " vergissmeinicht " est ma fleur Et c'est pour elle que je chante.
Désirez-vous savoir pourquoi ? En Français cette fleur charmante S'écrit : Souvenez-vous de moi.
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LE CHOIX
Un homme aimait deux soeurs. Ce cas Peut se présenter dans le monde, L'une était brune, l'autre blonde ; Vous concevez son embarras.
Vers l'océan portant ses pas, Il connut l'une au bord de l'onde, Et dans sa course vagabonde Trouva l'autre au temps des lilas.
Choisir lui semblait impossible :
Prenant une tige flexible
Il y pendit deux poids égaux ;
Ils montaient, baissaient en cadence... Quand soudain sur l'un des plateaux L'amour fit pencher la balance.
POÉSIES
Par le Baron GUILLIBERT
A LA MEMOIRE DE V1LLEB0IS-MAREUIL
Tel un preux de l'antiquité, Si devant le nombre il succombe, Les armes à la main il tombe Pour le Droit et la Liberté.
Pour venger sa propre Patrie Chez les Boers il combat l'Anglais ; Il nous montre en donnant sa vie Comment sait mourir un Français.
— 222 — Dieu nous rendra sa mort féconde : Pleurons, mais gardons nos coeurs hauts ; Déjà la grande voix du monde Mêle les espoirs aux sanglots.
18 avril 1900.
AU PRESIDENT KRUGER
Oumage Triouleti
I
Au capoulié Kruger-lou-Grand Salut, respèt, oumage e glôri ; Nosti cor van en l'amiran Au capoulié Kruger-lou-Grand. E sèmpre li pople diran, Dins lis annalo de Piston : Au capoulié Kruger-lou-Grand Salut, respèt, oumage e glori.
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II
De sa fiero e libro nacioun Manten H dre 'mé sa valènsi ; Es l'amo di resoulucioun De sa fiero e libro nacioun: La lucho sènso remessioun, Mouri pèr soun independènci. De sa fièro e libro nacioun Manten li dre 'mé sa valènsi.
III
E que vou pèr si bravi Bourgh ? La liberta de la Patrio ; Dins lou fougau lou sant amour, Es ço que vou i bravi Bourgh. Dieu benesira sis ardour ; Un soulèu d'espèr escandiho, Amor que vou i bravi Bourgh La liberta de la Patrio.
225
MAMDADIS
au Président KRUGER à soun desbarca de Lorenço-Marquez à Marsiho.
Tre qu'au marage de la Franco Desbarques, Eros segne-grand, Li Prouvençau t'oufron subran Sa fe vivo en tis esperanço.
Àis-de-Prouvènço
lou 22 de nouvembre 1900.
15
A SON EXCELLENCE LE PRÉSIDENT
POUR LE 75me ANNIVERSAIRE DE SA NAISSANCE.
Ton nom au jour de ta naissance Par tous les coeurs Boers est fêté ; Il symbolise résistance, Espoir en Dieu, foi, volonté.
En vain, Albion les opprime Et contr'eux accroît les horreurs ; Le Droit est le vengeur qui prime La Force et dompte ses fureurs.
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Il n'est rien contre la Patrie, L'amour du sol et du foyer ; Comme toi, ta race est pétrie D'un fer qui ne saurait ployer.
Kervallat par Ais-en-Provence 11 octobre 1901.
FONDATION IRMA MOREAU
I.
Mademoiselle IRMA MOREAU, décédée à Aix-enProvence le 19 janvier 1899, a, suivant testament authentique reçu le 7 du même mois par Me Mouravit, notaire, disposé de sa fortune en ces termes :
« Je recommande mon âme à Dieu.
J'institue pour ma légataire universelle l'Académie des sciences, agriculture, arts et belles-lettres d'Aix, établie à Aix-en-Provence, voulant qu'elle recueille, dès le jour de mon décès, tous les biens qui composeront alors ma succession, sans exception ni réserve, mais à charge des legs et aux conditions ci-après :
Ces prélèvements opérés et dès que tous les biens de ma succession étant réalisés, on aura fait face aux legs particuliers ci-dessus, la somme restée libre sera de suite et entièrement employée à l'achat d'un titre de rente sur l'Etat Français au nom de l'Académie des sciences, agriculture, arts et belles-
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lettres d'Aix et les arrérages ou intérêts de ce titre de rente seront exclusivement appliqués à la fondation de prix destinés à offrir une récompense et procurer un secours à des personnes qui seront particulièrement recommandées par leur honnêteté et leur vertu notoires et qui se trouveront les plus dignes de ces prix.
Ces personnes seront choisies dans les deux catégories suivantes :
I° Pères de famille veufs ou non et mères de famille veuves, connus comme gens malheureux et nécessiteux, exempts d'ivrognerie ou autres vices et ayant au moins deux enfants ;
2° Ouvrières pauvres atteintes ou de maladie, ou d'infirmité, ou de vieillesse, les mettant dans l'impossibilité de suffire à leurs besoins.
Ma légataire universelle appliquera l'émolument entier des intérêts produits par la rente sur l'Etat précitée à des pensions annuelles qui seront attribuées, à raison de deux cents francs par an, à chaque lauréat.
Les deux cents francs de rente alloués aux lauréats leur seront servis semestriellement, termes échus, les dix juillet et dix janvier de chaque année, le premier terme devant écheoir le dix juillet qui suivra la proclamation du prix sera acquis en entier au lauréat, quelle que soit la date de cette proclamation, et ladite pension sera ainsi servie, savoir :
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I° Aux ouvrières pauvres, leur vie durant, à
moins qu'il ne survienne au cours de leur existence
un changement dans leur situation, comme guérison
ou héritage, supprimant la nécessité de leur rente ;
2° Aux pères et mères de famille malheureux, tant qu'ils resteront dans l'infortune et qu'ils conserveront au moins deux enfants, et jusqu'à ce que le plus jeune de leurs enfants ait atteint dix-huit ans révolus.
En outre, ma légataire universelle restera toujours libre de faire cesser la rente, pour les uns ou les autres des bénéficiaires, lorsque sur le rapport de trois de ses membres et après une délibération prise en présence de douze de ses membres au moins, elle aura décidé cette suppression.
Aux cas prévus par les trois paragraphes qui précèdent, la suppression des rentes ne pourra être prononcée que par une délibération de l'Académie, à laquelle son bureau prendra part tout entier, sauf empêchement légitime pour l'un ou l'autre des dignitaires ; la cessation de la rente aura lieu dès la date de la délibération.
Il devra être pourvu au remplacement des rentiers lauréats au fur et à mesure des extinctions ou des suppressions ; la proclamation de tous lauréats se fera dans chacune des séances publiques annuelles de l'Académie.
Enfin voulant mettre à jour le mobile impulsif et
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déterminant de mes présentes dispositions et bien définir leur caractère, en ce qui concerne les fondations des prix annuels en rentes viagères que je viens de faire, je tiens à ajouter que ces fondations ont, dans ma pensée comme dans mon but, une complète analogie avec les prix déjà fondés à Aix par M. Rambot et par M. Reynier ; ainsi l'Académie sera juge souveraine des mérites respectifs des candidats ; elle demeurera chargée de tous les détails qui assureront le service exact de leurs rentes, et sauf ce point qu'il suffira aux candidats d'être Français, elle appliquera aux présentes fondations les règles qu'elle a adoptées pour les deux premières que je viens de rappeler. C'est ainsi, notamment, que les prix devront être décernés et proclamés en séance publique et que toute décision pour le choix des candidats sera prise à la suite de rapport et de pièces officielles, au moyen de la délibération d'au moins douze membres de l'Académie présents. Telles sont mes intentions. »
H.
Dans sa 79e séance publique du 16 juin 1899 l'Académie a fait connaître la libéralité dont elle était l'objet.
M. le doyen Guibal qui présidait s'est ainsi exprimé :
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« L'Académie a, par l'organe de son président, un pieux devoir de reconnaissance à remplir envers la mémoire de Mlle Irma Moreau.
Obéissant à une pensée de charité et de philanthropie, depuis longtemps arrêtée dans son esprit net et ferme, MIle Moreau a, par son testament du 7 janvier 1899, institué notre Compagnie sa légataire universelle.
La somme que les legs particuliers une fois acquittés et les droits d'enregistrement et de mutation payés laisseront libre, sera employée à l'achat d'un titre de rente sur l'Etat français, au nom de l'Académie des sciences, agriculture, arts et belles-lettres d'Aix. L'Académie appliquera l'émolument entier des intérêts et arrérages de cette somme à des prix sous la formé de pensions annuelles de 200 francs chacune.
Ces prix ou pensions seront attribués à des personnes particulièrement recommandées par leur honnêteté et leur vertu notoires et choisies dans les seules catégories suivantes :
I° Pères de famille veufs ou non et mères de famille connus comme gens malheureux et nécessiteux, exempts d'ivrognerie et autres vices et ayant au moins deux enfants;
20 Ouvrières pauvres, atteintes de maladie, d'infirmité ou de vieillesse, qui les mettrait dans l'impossibilité de suffire à leurs besoins.
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Ces dispositions témoignent d'une sollicitude éclairée pour le travail et la vertu qui seront récompensés et assistés à domicile, avec un profond respect pour la vie de famille et pour la sainteté des plus humbles foyers.
L'Académie que Mlle Moreau a choisie, après une longue enquête, pour exécuter ses dernières volontés et gérer sa fortune, est d'autant plus touchée de cette marque de confiance qu'elle ne s'enrichit que de nouveaux devoirs à remplir.
Elle n'avait pas le droit de les décliner ; elle attend avec une patiente tranquillité le moment de s'en acquitter.
Ils ne la surprendront pas. Il existe dans le sein de notre Compagnie une tradition de justice élevée et sereine, à laquelle, après MM. Rambot et Reynier, Mlle Moreau a rendu un public hommage.
Cette tradition ne peut que puiser une force nouvelle dans nos réunions solennelles qui entourent d'un culte esthétique et moral les choses les meilleures et les plus hautes du monde de l'art, de la pensée et de la conscience : j'ai nommé le talent ou le génie, la charité, la vertu. »
III.
L'Académie a été autorisée à accepter la fondation Irma Moreau par décret du 18 janvier 1901, rendu
— 235 —
par M. le Président de la République française, le Conseil d'Etat entendu.
L'ampliation de cette décision reçue, la Compagnie a, par délibérations des 26 février et 2 avril 1901, décidé de faire célébrer un service solennel pour le repos de l'âme de Mlle Irma Moreau et de transporter sa dépouille mortelle dans la concession lui appartenant, en modifiant le monument pour que son médaillon figure à côté de ceux du président de Fauris Saint-Vincens et des fondateurs de prix Rambot et Reynier.
IV.
Cet hommage funèbre à Mlle Irma Moreau a été fidèlement exécuté.
Voici le compte-rendu qui en a été publié :
Les restes mortels de Mlle Irma Moreau, décédée à Aix le 19 janvier 1899, ont été transférés, le mardi 21 mai 1901, dans le tombeau de l'Académie où reposaient ceux du président de Fauris SaintVincens. La cérémonie, d'un caractère intime et pieux, a réuni autour de M. le curé et du clergé de Saint-Jean-Baptiste (paroisse de la défunte) MM. les vice-président, secrétaire-perpétuel et de nombreux membres de la Compagnie, parmi lesquels M. de Magallon, représentant la famille de Saint-Vincens.
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Les formalités administratives étaient remplies par M, le commissaire central.
Les prières liturgiques récitées, et avant le scellement de la pierre tombale, M. le baron Guillibert, secrétaire-perpétuel de l'Académie, a prononcé cette allocution :
« Messieurs et Chers Confrères,
Au moment où nous déposons dans le caveau, spécialement construit à cet effet, les restes mortels de Mlle Irma Moreau, et en attendant l'achèvement des superstructures d'art de ce monument funèbre, il est de notre devoir d'exprimer publiquement comment nous avons pensé rendre un hommage de reconnaissance à la mémoire de notre généreuse fondatrice de pensions, en la faisant reposer dans le tombeau de l'Académie, à côté du président de Fauris Saint-Vincens.
La Compagnie n'a cessé, depuis sa fondation plus que séculaire, de concourir au bien-être général de la Provence et particulièrement de son antique capitale, en s'appliquant à améliorer les ressources de notre région agricole, à développer les études littéraires et scientifiques, à provoquer les recherches d'histoire et d'archéologie et à faire fleurir le goût des arts.
Le souvenir de notre glorieux passé, le maintien de nos traditions de « ville studieuse et policée en-
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tre toutes » sont l'âme de nos travaux. De vénérés donateurs ont élargi notre domaine en instituant des prix de vertu pour récompenser les actes les plus méritoires qui nous seraient signalés.
Nos efforts ne se sont pas ralentis un instant dans la.meilleure réalisation de cette mission dont nous sommes fiers ; rigoureux et fidèles observateurs de la volonté de nos testateurs, nous avons exécuté avec une scrupuleuse exactitude les mandats dont ils nous ont chargés ; aussi avons-nous continué leur mémoire, en perpétuant le souvenir de leur générosité et de leur dévouement à la ville d'Aix.
Parmi les membres de l'Académie, il en est un dont le nom méritait d'être conservé avec un soin jaloux : celui de l'un de nos fondateurs, le président A.-J.-Antoine de Fauris Saint-Vincens, né à Aix en 1750, y décédé le 15 novembre 1819, «dont les vertus et la science héréditaires honorèrent et servirent le pays. »
Sur la proposition de notre Compagnie, le Conseil municipal, présidé par un de nos membres d'honneur (1), qui revit si bien par son fils et son petit-fils au milieu de nous, accorda à l'Académie, le 3 décembre 1839, une concession gratuite dans le nouveau cimetière Saint-Pierre pour y transférer
(1) M. Aude, maire d'Aix.
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les restes de M. de Saint-Vincens, reposant depuis 1819 dans les sépultures de Saint-Laurent. La solennité d'inauguration du monument eut lieu le 2 5 juin 1843.
Le 19 janvier 1899, Mlle Irma Moreau rendait son âme à Dieu, à l'âge de 66 ans. Elle laissait la majeure partie de sa fortune à l'Académie, en vue de distribuer comme prix de vertu des pensions de 200 francs à des pères et mères de famille et ouvrières nécessiteux et d'une parfaite conduite.
Les volontés de la testatrice sont ainsi exprimées (suit le texte du testament).
L'autorisation d'accepter ce legs universel a été accordée à la Compagnie par décret présidentiel rendu en Conseil d'Etat le 18 janvier 1901.
L'Académie a délibéré que son premier hommage public à Mlle Irma Moreau devait être de faire célébrer un service solennel pour le repos de son âme et d'inhumer sa dépouille mortelle dans le tombeau qui lui a été concédé en 1839.
La cérémonie religieuse a eu lieu, le 12 mars dernier, dans l'église Saint-Jean-Baptiste, paroisse de la défunte.
Un arrêté de M. le Maire, du 22 avril suivant, a donné les autorisations nécessaires pour la construction d'un caveau, les exhumations et transferts et la reconstruction du monument.
Vous savez, Messieurs, que nous avons confié à
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l'habile ciseau de notre confrère M. Pontier, un maître de la sculpture, conservateur du Musée, de reproduire en médaillons, du genre de celui de Saint-Vincens, la douce et intelligente figure de MIlc Moreau, ainsi que celles de MM. Rambot et Reynier.
Une cérémonie officielle marquera l'achèvement de la construction du monument. Notre réunion intime de ce jour a pour but de constater les transferts des cercueils de Mlle Irma Moreau et de M. de Saint-Vincens dans leur définitive demeure.
Si de savants travaux et un dévouement héréditaire à la Cité ont valu au président de SaintVincens des honneurs funèbres exceptionnels, Mlle Irma Moreau a bien mérité de l'Académie et des familles ouvrières pour en obtenir de semblables. Ses dispositions testamentaires ne sont pas seulement inspirées par son coeur généreux, elles sont aussi le fruit d'observations sages et méditées des faits économiques contemporains : cette institution de pensions ouvrières à des candidats exempts d'ivrognerie n'entre-t-elle pas en effet dans la solution pratique des problèmes sociaux du moment ?
En tous cas, nous avons là une preuve de l'esprit éclairé et des vues élevées de Mlle Moreau.
Et lorsque, venant prier sur ce tombeau, nos successeurs et les visiteurs verront l'image d'Irma Moreau à côté de celles de Saint-Vincens, Rambot et
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Reynier, ils pourront dire que l'Académie fait oeuvre de bien social en réalisant ainsi, sous l'égide de la vertu et de l'étude, l'alliance des classes laborieuses et du monde savant. »
V.
Les travaux du monument ont été terminés au mois de décembre 1901.
L'Académie a fixé le jour de l'inauguration à l'anniversaire de la mort de Mlle Moreau.
Sa lettre d'invitation était ainsi conçue :
Aix, le 14 janvier 1902. Monsieur,
Nous avons l'honneur de vous prier de vouloir bien assister à l'inauguration du monument funèbre, consacré par l'Académie à la mémoire de Mlle Irma Moreau, fondatrice des pensions ouvrières, et de MM. Rambot et Reynier, qui ont institué nos prix de vertu.
Cette cérémonie aura lieu lundi 20 janvier, à onze heures du matin, au cimetière d'Aix.
Nous avons l'honneur d'être vos très humbles et très obéissants serviteurs.,
Docteur Aude, président de l'Académie ; baron deTourtoulon, vice-président; baron Guillibert, secrétaire-perpétuel.
Ordre de la cérémonie :
1 ° Bénédiction du monument. Allocution de M. le chanoine Cherrier, membre de l'Académie ; 2° Discours de M. le docteur Aude, président ; 3° Discours de M. le docteur Bertrand, maire d'Aix ; 4° Stances en l'honneur d'Irma Moreau.
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VI.
Une foule sympathique où se trouvait représentée la population tout entière a répondu à cette invitation.
Mgr l'Archevêque absent, MM. le premier président, le sous-préfet, le colonel commandant d'armes, empêchés, s'étaient excusés.
Des fonctionnaires et représentants de tous ordres civil et militaire, des membres du clergé, de la magistrature et de l'Université, des délégués des sociétés, cercles et groupes sociaux de la ville, un grand nombre de personnes de toutes conditions et de dames formaient une assistance importante autour de M. le Maire et MM. les conseillers municipaux.
M. le docteur Aude, président, ayant à ses côtés M. Guibal, ancien président, doyen honoraire de la Faculté des Lettres, et M. Pison, membre honoraire, doyen de la Faculté de Droit, étaient, ainsi que Messieurs de l'Académie, à côté du monument.
M. le chanoine Cherrier, l'un des anciens de la Compagnie, a le premier pris la parole avant de bénir le monument, et ensuite elle a été donnée à M. le président, à M. le Maire d'Aix et à M. le secrétaire-perpétuel.
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illocation de I. le Chanoine CHERBIER.
Messieurs,
Le monument que nous allons bénir et inaugurer est une oeuvre d'art délicat, de pieux souvenir et de grave enseignement.
L'art est l'expression du vrai, dans une harmonieuse proportion, par la pureté des lignes et la suavité des contours.
Tels les médaillons incrustés aux pierres de ce tombeau. Fauris de Saint-Vincens, Rambot, Reynier, Irma Moreau avec leurs têtes fines, leur visage ouvert et leur air de bonté nous y apparaissent dans la fidélité résistante qui les suivra jusqu'à l'immortalité.
Immortalité convenue, dans le marbre, dans le bronze, dans nos archives d'Académie,. dans le coeur de ceux dont les blessures ont été guéries et les dévouements récompensés.
Immortalité vraie, dans la vie qui s'élance des cimetières, « Mourir, dit S. Paul, c'est commencer à vivre. » (I)
Au moment du départ, en rencontrant, aux confins des deux mondes, Dieu qui est son élément sympathique, comme le feu est l'élément sympa(1)
sympa(1) XI, 15.
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thique de la poudre, l'âme qui s'en va portant- de belles actions sur ses ailes, s'irradie et se dilate dans une félicité sans limite. Plus tard, au premier coup de clairon de la Résurrection, la poussière qui fut riche palais ou hutte à charpente disloquée par les ans, sera spiritualisée. « La substance qui a animé le premier germe de la vie, dit S. Thomas (I), sera retrouvée. Avec elle, Dieu nous refera un corps glorieux, reconnaissable dans ses traits principaux, correct dans son modelé, d'un âge qui sera le même pour tous, conforme à la beauté du Christ notre éclaireur et notre frère aîné dans la région des morts (2). »
Ce sera le triomphe final de l'art dans la rutilante fixité de l'idéal dont la palette et le ciseau ne peuvent nous donner qu'un pâle et fugitif reflet. L'espoir qui jaillit d'une si consolante doctrine suffit pour nous réjouir vivants et nous embaumer au tombeau.
Cette vérité qui émerge de toutes les croyances et de tous les caveaux a fait éclore notre « pieux souvenir, » indiqué par ce mot bien doux : Reconnaissance.
(1) Tom. XII, p. 700.
(2) Cor. XV, 20.
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La reconnaissance est justement appelée la mémoire du coeur. Un poète a dit :
L'honnête homme à la reconnaissance Sur toute autre vertu donne la préférence. Un bienfait le captive, et des vices du coeur Il voit l'ingratitude avec le plus d'horreur.
Le bon Dieu lui-même qui n'a besoin de rien veut que nous lui rendions grâce pour le pain qu'il nous donne.
Le cardinal de Richelieu, créateur de l'Académie Française, pour presser la publication du Dictionnaire, avait rétabli, en faveur de Vaugelas, une pension de 2,000 livres. Celui-ci alla remercier le cardinal qui lui dit : « Vous n'oublierez pas, du moins, dans le Dictionnaire, le mot pension. » — Non, Monseigneur, encore moins celui de reconnaissance. Cette parole aimable que nous faisons nôtre est, pour l'Académie d'Aix, plus qu'un écho dans la solitude et l'oubli. Les donateurs qui nous ont constitués leurs fondés de pouvoirs, en établissant des prix pour les héroïques ignorés et des pensions pour les douloureuses réalités de la vie, ont touché notre âme avec la leur au point de faire d'eux et de nous un seul être moral. A mesure que les années descendent, nous faisons connaître leur nom dans mille endroits où, de leur vivant, on n'eût pas songé à leur existence. Mission sacrée qui est accomplie
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avec amour, non pour un jour, mais avec la séduisante magie de la perpétuité.
Il est juste, d'ailleurs, que ce qui jaillit du coeur retourne au coeur en pluie délicieuse. Nous y avons, pensé.
« Rien de plus pur et de plus frais, pour les défunts, que la prière intime ou collective, (I) » — « Les solennités funèbres, expiatoires pour les morts, dit S. Thomas, sont utiles aux vivants, parce qu'elles affirment la vie personnelle et distincte, dans les responsabilités d'outre-tombe. (2) »
Quoi de plus émouvant que nos grandes réunions académiques ! Chaque année, sous l'oeil ravi d'une assemblée sympathique, nos lauréats, leur diplôme à la main, rendent hommage aux testateurs dont le nom a, pour eux, un prestige qui tient du ciel et de la terre. « Merci, M. le président ! Merci, Messieurs! » Cette gratitude cordiale dite sans discours, et non sans larmes, nous la renvoyons à ceux dont nous sommes les représentants et ils l'acceptent avec une joie qui augmente leur bonheur. « Par les anges, par d'autres âmes venues du pays, par une révélation spéciale, les âmes séparées savent ce qui les intéresse parmi les survivants. (3) »
(l) Machale, XII, 46.
(2) Tom. XV, p. 556.
(3) S. Th., tom. III, p. 429.
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Ainsi confondus dans le même « pieux souvenir, » les économes et les protégés de la Providence associent aux inspirations dont ils cueillent les fruits savoureux quelque chose qui les divinise. L'érudit qui a coopéré à la formation de notre Société, les hommes de nobles pensées chez qui la générosité naturelle et l'amour de la vertu n'étaient point séparables, la femme de prévision tendre qui alliait tant d'idées. hautes et de sentiments exquis, sont honorés ensemble par le monument funéraire que la main respectueuse et fidèle de l'Académie a fait élever à leur mémoire. Enfaîté de la croix, consacré par la bénédiction qui rattaché à Dieu la pierre froide et les brûlants soleils, cet édifice de reconnaissance est la traduction ciselée de cette parole encourageante : « Ce que vous faites aux plus petits des miens, vous le faites à moi-même. —Si vous avez la charité, faites ce qu'il vous plaira. »
Quel enseignement aussi projette ce mausolée, en rappelant ceux qui ont reçu de Dieu, avec une ardeur scientifique, extrême, le don d'une sensibilité si active aux maux et aux sacrifices de leurs frères ! Ce n'est pas l'enseignement des désirs vains et sans action, c'est l'enseignement des caractères trempés
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pour le bien, qui en savent le prix et donnent à leurs paroles la sanction de l'exemple.
Le songe caressé par les esprits élevés, l'idée qui remue l'opinion, qui inspire tant de belles pages, l'idée de la fraternité a ici une application chaude et féconde. Le pauvre qui ne comprend pas l'état du riche aimant mieux enfouir que donner, le dévoué qui voit tant d'âpres appétits à la curée de ce monde, diront en lisant ces épitaphes : Pourtant, sur cette terre qui paraît le patrimoine privilégié des plus habiles et des plus forts, il y a toujours l'exception de ceux qui partagent avec nous la peine des travaux et la joie des biens.
Quand le peuple voit qu'on l'aime, que l'on comprend ses efforts et ses besoins, ses yeux s'ouvrent; dans sa pensée simple et pratique, la fraternité naît d'elle-même, comme l'olive naît de son arbre et tombe de soi quand elle est mûre.
En répondant avec tant de bon vouloir aux intentions de ses donateurs, Messieurs, l'Académie peut goûter le doux pressentiment qu'elle n'est pas inutile à la cause de la Religion de la morale et de l'humanité.
— 248 — Discours de m. le Docteur AUDE, Président de l'Académie.
Messieurs,
Si un sentiment d'intime tristesse nous étreint en franchissant le seuil de cet asile, où dorment les nôtres, où nous reposerons demain peut-être, la pensée du pieux devoir qui nous réunit l'adoucit aujourd'hui.
Nous venons saluer avec gratitude et respect l'image et la mémoire des bienfaiteurs du pauvre.
L'Académie d'Aix, dépositaire de leurs volontés, veut aussi être la gardienne de leurs cendres et unir, après la mort, ceux dont la vie modeste s'est achevée dans une même pensée généreuse. — Parents par l'élévation du coeur, ils forment une famille toujours ouverte, que l'Académie, son héritière, abrite sous la pierre du plus éminent de ses fondateurs.
Le 15 novembre 1819 s'éteignait à Aix le dernier descendant de l'illustre maison des Fauris, seigneurs de Saint-Vincens et de Noyers, qui, pendant près de deux siècles, avait donné aux Comptes et au Parlement une longue série de conseillers et de présidents.
Comme son père, Alexandre-Jules-Antoine eut la passion de l'antiquité. Il avait réuni dans son hôtel du cours Mirabeau de merveilleuses collections d'inscriptions, de médailles, de manuscrits, de
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livres et consacré, sans compter, son temps et sa fortune à la recherche et à l'acquisition de tout ce qui pouvait dérober à l'oubli les anciens souvenirs de la ville d'Aix et des familles qui l'ont le plus honoré. — Le président Fauris de Saint-Vincens avait pour trisaïeule Mme de Sévigné ; il était l'arrièrepetit-neveu de Peiresc. — Cet atavisme le voua aux belles-lettres et aux études archéologiques. Aussi, lorsqu'au commencement du siècle passé, notre Académie se forma, le président Fauris de SaintVincens en fût-il le plus zélé promoteur et jusqu'à sa mort le membre le plus actif.
En 1839, le terrain où nous sommes devint l'unique champ de repos de la ville d'Aix. — L'Académie sollicita la concession d'un emplacement pour transférer du cimetière Saint-Laurent la dépouille mortelle du président Fauris de Saint-Vincens et lui élever un monument commémoratif.— Le maire, membre d'honneur de l'Académie, et dont la mémoire vénérée me sera toujours si chère, assura l'exécution de ce pieux hommage et, en 1843, notre nécropole vit s'élever ce tombeau, devenu dès lors la propriété de l'Académie. — La courtoisie envers notre Compagnie est demeurée de tradition à l'Hôtel-de-Ville. Cette année encore, au moment où il a fallu rajeunir l'oeuvre d'il y a soixante ans, la municipalité et son chef si digne de la représenter dans les intérêts qui de près ou
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de loin mettent en lumière notre héritage littéraire ou scientifique, le conservant ou l'accroissant, nous ont donné le plus bienveillant concours. Qu'ils reçoivent ici le témoignage public de notre reconnaissance.
Dans ces derniers temps de généreux philanthropes ont agrandi le cercle d'action de l'Académie en l'instituant l'exécutrice testamentaire de leurs libéralités. — C'est là une, noble tâche qu'elle a acceptée et, chaque année, l'Académie distribue, depuis 1858, le prix Rambot, depuis 1870 les prix Reynier ; cette année les pensions ouvrières d'Irma Moreau recevront leur destination.—Devenue ainsi la mandataire des donateurs, l'Académie s'est inspirée du sentiment de gratitude des obligés et elle a décidé de consacrer ce monument à la mémoire des fondateurs passés et à venir de prix de vertu, de pensions ouvrières ou de tout legs analogue qu'elle aurait la mission de délivrer. Vous assistez aujourd'hui à l'exécution de cette pensée de l'Académie.
Des tombeaux de famille ont recules dépouilles mortelles de Rambot et de Reynier; celles d'Irma Moreau reposent en paix sous ce mausolée. — Décédée à Aix le 19 janvier 1899, la translation de ses cendres a eu lieu le 21 mai dernier en présence du clergé de sa paroisse, de notre bureau et de nombreux membres de l'Académie. — Après les
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prières liturgiques, notre distingué et si dévoué secrétaire perpétuel, le baron Guillibert, a rappelé l'origine de ce monument, son affectation actuelle. Au médaillon reproduisant les traits du président Fauris de Saint-Vincens ont été joints le médaillon géminé de Rambot et de Reynier et celui d'Irma Moreau. —- C'est au délicat et fin ciseau de notre confrère de l'Académie, M. Pontier, que sont dues ces sculptures où la douce image de nos bienfaiteurs est si fidèlement reproduite.
L'hommage public que la ville entière rend aujourd'hui à leur mémoire ne saurait être complet si je ne vous rappelais les fondations qu'ils ont faites :
Rambot établit un prix destiné à rémunérer, à honorer les belles actions et les bonnes, fussent-elles les plus modestes et les plus obscures. — Il veut récompenser, mettre en évidence, proposer en exemple les actes de dévouement, de courage, de désintéressement, les soins donnés à la vieillesse, à l'enfance pauvre et abandonnée.
Reynier fonde plusieurs prix à distribuer aux personnes qui s'en seront le plus rendu dignes par des actes de dévouement, de fidélité, de secours au malheur, parles soins durables donnés aux infirmes, aux vieillards, ainsi qu'à l'enfance délaissée et pauvre. — Une partie des prix sera réservée pour les parents qui élèvent le mieux leurs enfants, c'est-à-
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dire d'une manière chrétienne, honnête et laborieuse.
Irma Moreau consacre toute sa fortune à l'établissement de pensions ouvrières qui seront attribuées à des pères, des mères de famille connus comme gens malheureux, nécessiteux, ayant au moins deux enfants ; à des ouvrières pauvres atteintes ou de maladie ou d'infirmité ou de vieillesse, les mettant dans l'impossibilité de suffire à leurs besoins.
N'y a-t-il pas là, Messieurs, tout le programme de la charité la plus pure, la plus élevée, celle que la foi chrétienne sait si bien inspirer à nos coeurs ? Cette bienfaisance posthume n'est-elle pas la lumineuse trace de l'âme libérée des misères terrestres et prenant sa suprême envolée ?
Il semble exister une sorte de loi qui rapproche ces généreux testateurs des Sociétés littéraires ou scientifiques. — C'est presque toujours aux Académies qu'est confiée la haute mission de distribuer les largesses humanitaires faites aux pauvres, aux vieillards, aux infirmes épuisés par le malheur ou le travail, celles qui récompensent les belles actionsCe
actionsCe paraîtrait de prime abord devoir incomber aux bureaux de bienfaisance. Il lui reviendrait sans conteste s'il n'existait une profonde différence dans la mission dévolue à chacune de ces institutions.— Le bureau de bienfaisance distribue des secours, l'Académie décerne des récompenses. Aussi, celui
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qui désire assurer la stricte exécution de ses volontés cherche autour de lui une Société qui, par sa composition, son but et son caractère," sa constitution éternelle, autant que peuvent l'être les choses de ce monde, son éloignement des agitations qui passionnent et faussent l'impartialité, lui présente une sécurité et une garantie de tout repos.
Ces justes considérations ont conduit M. de Monthyon et ses imitateurs à désigner l'Académie Française, cette élite intellectuelle de la France, comme l'exécutrice de leurs volontés, et si les Académies de province ne prétendent pas au même lustre, elles ont du moins la même auréole de probité qui attire vers elle la confiance des donateurs.
L'Académie d'Aix, déjà dotée de prix de vertu par Rambot et Reynier, est, je crois, la seule Académie de France qui soit aussi appelée à distribuer des pensions ouvrières. — Elle a reçu le premier souffle de ce vent généreux qui pousse à l'institution de pensions de retraite pour les laborieux hors d'état désormais de travailler. Puisse la généreuse pensée d'Irma Moreau être fécondée, puissions-nous un jour la voir s'étendre, par de justes et saines applications, à tous les ouvriers seuls dignes de ce beau nom. — Alors, ce que l'initiative individuelle a commencé, la collectivité l'achèvera, et lorsque, plus tard, on écrira l'histoire des pensions ouvrières,
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on dira qu'Irma Moreau fut la première à les établir par une fondation faite à l'Académie d'Aix.
Notre Compagnie ne faillira jamais à la délicate mission dont elle est investie. Elle aura toujours dans ses décisions le seul souci d'obéir à la pensée des testateurs, de n'écouter aucune de ces préférences basées sur les recommandations ou les sympathies locales et personnelles, d'attribuer aux plus dignes les prix de vertu et les pensions viagères.— Une seule considération l'influencera parfois, celle de Tâge. Les vieillards peuvent moins attendre. En cela nous obéirons encore aux voeux des donateurs qui, tous, ont plus particulièrement signalé la vieillesse à notre attention.
Sous de captieuses interprétations nous ne changerons pas la destination de ces héritages. Nous attirerons ainsi à nous, au lieu de les éloigner, les testateurs de l'avenir, séduits par les beaux exemples de Rambot, de Reynier, d'Irma Moreau.
L'Académie d'Aix considérera toujours comme la plus haute de ses attributions le devoir de remplir fidèlement les intentions généreuses dictées par le sentiment le plus élevé qui puisse germer dans le coeur de l'homme, l'amour du prochain.
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Discours de H. le Docteur BERTRAND, Maire d'Aix.
Vous venez d'entendre, Messieurs, des voix plus autorisées que la mienne, vous exposer le motif de cette cérémonie ; vous venez d'écouter le discours du si sympathique et si savant président de l'Académie d'Aix, et c'est à peine si j'ose après lui prendre la parole et vous adresser quelques mots :
Je le dois cependant, car je tiens à affirmer ici les liens d'affectueuse sympathie qui, depuis sa fondation, n'ont jamais cessé d'unir les membres de l'Académie et les représentants de la population de notre cher pays.
Votre président n'a pas voulu vous dire les services rendus par l'Académie des sciences, agriculture, arts et belles-lettres.
Il n'a pas voulu vous exposer le rôle de cette éminente Compagnie dont il est aujourd'hui l'écho si justement apprécié.
N'ayant quant à moi aucun des motifs qui ont pu lier sa modestie, j'ai le droit et le devoir de dire combien est aimée et respectée l'Académie dans notre chère ville d'Aix, et je ne veux pour preuve de la confiance qu'elle inspire à tous; que le but même de la cérémonie touchante d'aujourd'hui.
Oui, Messieurs, si jadis on ne connaissait, au point de vue des misères humaines, que le bureau de bienfaisance ou les hospices, institutions chari-
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tables qui gardent pieusement les noms de de Bourguignon-Fabregoules, d'Auguste Castellan, de Tavan, de Gros, de Bausset, de Gontard, de de Gueydan, d'Arnaud, de Marie Ollivier, de Ponsard, de Chambarel, de Zallony, etc...... depuis quelques
années de généreux philanthropes ont reconnu le rôle bienfaisant que peut jouer une assemblée éloignée des troubles et des querelles politiques, et qui par son recrutement particulièrement choisi ne peut que rester elle-même en maintenant ses-traditions de savoir, de sagesse, je pourrais dire de.... vertu.
La ville d'Aix est fière de son Académie, elle en est fière et nous pouvons affirmer qu'elle l'a toujours été, parce que sa composition même en a toujours fait, depuis sa fondation, une réunion d'élite, un groupement de savants, d'artistes et de littérateurs de premier ordre, et je répète volontiers la phrase d'un des magistrats municipaux les plus regrettés et les plus estimés de notre ville, du père de votre si sympathique président qui disait lors de l'inauguration des statues de Siméon et de Portalis, nos deux éminents compatriotes : « .... La ville d'Aix ne produit pas seulement des jurisconsultes, des historiens, des littérateurs, des savants, elle donne aussi le jour aux artistes qui reproduisent les traits des célébrités qu'elle enfante, »
Et c'est précisément, Messieurs, ce qui nous permet de contempler encore les physionomies si sym-
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pathiques et si populaires de Reynier et de Rambot et les traits si doux, si intelligents d'Irma Moreau, la bienfaitrice de l'ouvrier, qui revit aujourd'hui par son image, grâce au ciseau si plein d'habileté de notre compatriote et ami, l'éminent sculpteur Henri Pontier.
L'ancienne capitale de la Provence, Messieurs, n'est pas déchue, elle ne le sera jamais et nous tenons à l'affirmer chaque fois que l'occasion se présente. Elle peut avoir perdu de son importance au point de vue administratif ou commercial, mais elle est toujours restée, n'en déplaise à quelques-uns, la ville studieuse et policée entre toutes, la vieille capitale de la politesse, du bon ton, de l'intelligence et du savoir.
Elle restera toujours l'Athènes du Midi, parce qu'il y a chez nous un génie propre à la terre natale que nul ne saurait transférer parce qu'il s'évanouirait en fumée en franchissant le seuil de nos vieilles murailles.
On pouvait croire, Messieurs, avec quelque semblant de raison, que nos richesses littéraires et artistiques ne devaient plus s'accroître, tant elles étaient abondantes et inappréciables, et cependant, grâce à vous, je suis bien obligé de le dire, elles s'accroissent tous les jours, et je n'en veux pour preuve que les études si pleines de finesse et de vérité du regretté M. de Ribbe, que les découvertes
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et les conceptions universellement connues de notre compatriote Gaston de Saporta, pour ne citer que ces deux éminentes figures parmi celles qui viennent à peine de disparaître.
L'héritage de vos pères est lourd à porter ou du moins il paraît l'être, mais il est confié en de telles mains, que loin de se répandre follement comme jeté au hasard de la vie par un enfant prodigue, il ne cessera, j'en suis certain, d'être religieusement recueilli et sans cesse augmenté par vous dont la modestie empêche les éloges et par les générations futures.
Il manquait quelque chose à notre Académie des sciences, d'agriculture, des arts et des belles lettres, Rambot et Reynier l'ont compris et ils l'ont choisie comme intermédiaire pour la fondation d'un prix destiné à récompenser les belles actions et les bonnes, fussent-elles les plus modestes et les plus obscures (extrait du testament olographe de G. Rambot, 1858).
Et tout récemment une femme, intelligente et bonne, une femme qui a eu du socialisme une conception vraie, a compris que la création de pensions ouvrières en faveur de pères ou de mères de familles, malheureux et nécessiteux, exempts dé vices et d'ivrognerie, en faveur d'ouvrières pauvres, atteintes de maladie, d'infirmités ou de vieillesse, était le
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meilleur moyen d'utiliser après elle la fortune qu'elle pouvait laisser.
Elle a choisi pour distribuer ses pensions, pour être l'interprète de ses pensées, l'Académie d'Aix, parce qu'elle savait que cette Compagnie rigoureuse et fidèle observatrice de la volonté des testateurs, remplirait scrupuleusement, religieusement ses intentions et que, confiées à des mains telles que les vôtres, ses générosités iraient directement à leurs destinations, sans qu'un soupçon puisse jamais effleurer ses exécuteurs testamentaires.
Et, Messieurs, puisque j'ai la parole, et puisque vous daignez m'écouter quelques instants, permettezmoi d'affirmer les sentiments de gratitude, de reconnaissance et d'admiration de notre population pour votre Académie, se souvenant de votre origine et de la part prise dans vos travaux par quelquesuns des hommes éminents qui se sont succédés, à l'Hôtel-de-Ville, dans le siècle qui vient à peine de finir, la municipalité d'Aix est heureuse et fière d'être invitée à vos réunions : elle vous en remercie.
Elle vous remercie du dévouement dont vous faites preuve dans toutes les circonstances et, voulant s'associer à votre oeuvre, elle me charge de vous dire, au nom du Conseil municipal tout entier, qu'elle donne le nom d'Irma Moreau à la rue de la ville que cette si charitable bienfaitrice habitait.
Et c'est encore au nom de notre bonne ville d'Aix,
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ainsi que l'histoire se plaît à l'appeler, que je vous remercie d'avoir bien voulu honorer la mémoire de ces amis du peuple qui, sans le savoir, ont trouvé le véritable secret du progrès social, par cela seul qu'ils ont été très charitables et très bons et qui ont fait plus pour le soulagement de la condition humaine que tous les théoriciens du monde entier.
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STANCES A IRMA MOREAU
Par M. le Baron GUILLIBERT.
Quand la foule, ivre, se remue A la poursuite du plaisir, Ton âme, au sort du peuple émue, Rêve et s'emplit d'un seul désir.
Rechercher la sombre misère, Aider l'honnête travailleur Et secourir l'humble ouvrière A qui devient lourd son labeur.
Tu veux qu'au foyer de famille Nombreux grandissent les enfants , Tu songes à la pauvre fille Malade, infirme en ses vieux ans.
Et tu prescris que la plus sage De leurs vertus à louanger Sera qu'ils n'aient point fait usage De boissons, ferments de danger.
Dans la vision des problèmes De nos régimes sociaux Tu mets, fuyant de vains systèmes, Le remède à côté des maux.
Puis, cherchant une sûre amie Qui respectât tes volontés, Tu lègues à l'Académie Tes biens, tes libéralités.
Le coeur d'une modeste femme A lui seul est un vrai trésor ; Au contact d'une sainte flamme Il s'épure et grandit encor.
— 262 —
Et cette flamme en toi rayonne, Intelligence et charité : C'est ta belle âme qui se donne Et conquiert l'immortalité.
Au-dessous du médaillon d'Irma Moreau a été
gravée sur marbre cette inscription, composée par
M. l'académicien Mouravit :
A LA MÉMOIRE
DE JEANNE-IRMA MOREAU,
NÉE A MAZAMET (TARN) LE 9 SEPTEMBRE 1819.
PLEINE DE BONTÉ,
METTANT EN PRATIQUE LA GRANDE IDÉE
D'UN MODERNE PHILANTHROPE,
ELLE FORMA LE DESSEIN D'ENCOURAGER ET DE SOUTENIR
LES OUVRIÈRES ET OUVRIERS BESOGNEUX
EN LEUR PROCURANT UNE ASSISTANCE
AUSSI PERSISTANTE QUE LEURS NÉCESSITÉS.
DANS CE BUT ELLE A LÉGUÉ
LA TOTALITÉ DE SA FORTUNE
A L'ACADÉMIE DES SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS
ET BELLES-LETTRES D'AIX,
CHARGÉE D'EXÉCUTER SES VOLONTÉS
SOUS FORME DE PRIX ANNUELS ET VIAGERS.
ELLE VOULUT DONNER CE BEL EXEMPLE
AUTANT POUR OBÉIR A UNE PENSÉE SPONTANÉE .
QU'EN MÉMOIRE
DE SA MÈRE ET DE SON UNIQUE ET TRÈS AIMÉ FRÈRE,
LE CAPITAINE VICTOR-MARIUS MOREAU,
MORT POUR LA PATRIE EN 1870. ELLE EST DÉCÉDÉE A AIX, LE 19 JANVIER 1899.
263
Les pensions ouvrières fondées par Mlle Irma Moreau commenceront à être attribuées dès l'année 1902. Ces prix consistent en pensions viagères de 200 francs, au profit des personnes particulièrement recommandables par leur honnêteté et leur vertu notoires et choisies dans les deux catégories suivantes :
1° Pères de famille, veufs ou non, et mères de famille veuves, connus comme gens malheureux et nécessiteux, exempts d'ivrognerie ou autres vices et ayant au moins deux enfants;
.2° Ouvrières pauvres, atteintes ou de maladies, ou d'infirmités, ou de vieillesse, les mettant dans l'impossibilité de suffire à leurs besoins.
Les formalités à remplir pour l'obtention de ces pensions viagères sont les mêmes que celles en vigueur pour les prix de vertu Rambot et Reynier, annuellement décernés par l'Académie.
Un mémoire établissant en détail la situation des candidats au regard des intentions de Mlle Moreau et revêtu des apostilles et signatures de personnes notables, doit être produit à l'Académie et déposé au secrétariat avant le 31 décembre de chaque année; il est accompagné de pièces justificatives, le tout sur papier libre. Les signatures sont soumises à la légalisation en mairie.
LISTE ALPHABETIQUE
DES
Membres de l'Académie d'Aix
DEPUIS SA FONDATION EN 1765
JUSQU'AU 15 JUIN 1902.
Les noms des membres titulaires sont suivis d'un T
Ceux des membres d'honneur ou honoraires d'un H
» associés régionaux d'un R
» correspondants d'un C
Date
de
réception
1809. ACHARD Jean-Joseph-André, à Marseille C
1867. ACHINTRE Joseph . T
1808. d'ADAOUST Pierre-Augustin T
1858. ADRIANI Jean-Baptiste, à Turin C
1844. AGARD Félicien T
1883. AGARD Michel, à Marseille R
1808. AGUILLON, juge à la Cour d'appel ...:.... T
1808. AILHAUD, juge à la Cour d'appel T
18081 d'ALBERT-St-HIPPOLYTE, ancien président à mortier
au Parlement T
1883. ALECSANDRI Vasile, à Bucarest C
1808. ALEXIS, adjoint au Maire d'Aix T
1781. ALPHERAN François-Nicolas-Boniface T
1812. AMATON C. N., à Dijon C
1868. AMARI (CARNAZA), à Catane C
1808. AMÉ T
1830. AMPERE André-Marie, de l'Institut C
— 266 —
1850. AMPHOUX de BELLEVAL, à Miramas . ...... C
1863. ANDRÉ Ferdinand, à Mende . . C
1901. ANINARD Casimir T
1883. ARBAUD Paul. H
1808. d'ARBADD-JOUQUES (comte) Bache T
1808. d'ARBAUD-JOUQUES (marquis) Charles ...... T
1828. d'ARBAUD-JOUQUES Philippe, à Marseille C
1887. d'ARC (LANÉRY) Pierre. ............ T
1808. d'ARLATAN-LAURIS (marquis) Boniface-Marie-JosephAlexandre
Boniface-Marie-JosephAlexandre
1812. ARNAUD, procureur général T
1881. ARNAUD Emile. T
1808. ARNAUD Jean-Honoré-André T
1789. ARNULPHY, consul d'Aix. . . T
1816. ARTAUD, à Lyon. .... . . . C
1817. d'ASTROS Joseph-Jacques-Léon T
1830. d'ASTROS Paul-Thérèse-David, cardinal . ..... H
1883. AUBANEL Théodore, à Avignon R
1883. AUBE Frédéric, au Luc . . . ... . R
1808. AUDE Antoine-Laurent-Michel T
1837. AUDE Antoine-François, maire H
1900. AUDE Edouard R
1897. AUDE Philippe T
1902. AUDE Sextius, à Paris. . . . H
1818. AUDIFFRET Louis-Dominique, à Draguignan. . . . C
1826. d'AUDIFFRET Charles-Hippolyté, à Paris C
1835. AUDOIN Victor, à Paris ............. C
1812. AUGIER, à Allein C
1898. AUTHEMAN, aux Marti gués . . R
1808. d'AUTHEMAN. . T
1785. d'AUTRIC (marquis), premier consul d'Aix T
1808. AUVET Antoine T
1858. AYMA Louis T
1877. AZAIS Gabriel, à Béziers. . C
1808. BAFFIER (baron), premier président T
1781. de BALLON-la-PENNE, consul d'Aix T
1808. BALZAC Jean-Antoine T
1813. BANON, à Toulon . . . . C
— 267 —
1826. BARD Joseph, à Thorey C
1882. BARTHÉLÉMY, à Marseille R
1808. . BOUDIER Antoine-Augustin T
1808. BAUDIER, sous-préfet à Barcelonnette T
1808. BAUMTER Jean-Baptiste. . T
1808. de BEAULIEU (de ROBINEAU) Armand-Benoit. . . ... ..T
1874. BEAUMARCHEY Louis T
1876. BEAUNE Henri, procureur général . . H
1883. de BEAUREGARD (REVEILLÉ) R
1778. de BEAUVAL (CYMON) Louis-Théodore-Xavier . . . T
1779. de BEAUVAL (CYMON), consul d'Aix. ....... T
1894. de BEC Albert T
1808. de BEC Fortuné . T
1878. de BEC Léon, à la Montauronne C
1844. de BEC Polydore, à la Montauronne C
1808. BEISSON Etienne . . . T
1890. BELIN Ferdinand, recteur H
1882. BELLET, l'abbé, à Tain C
1886. BELUZE Eugène R
1873. BENOIST Eugène T
1783. BENOIT fils, consul d'Aix. ............ T
1865. de BERLUC-PERUSSIS Léon T
1808. BERNARD T
1808. BERNARD Aimé, président du Tribunal T
1808. BERNARD le Jeune T
1808. BERNARD, notaire. T
1778. BERNARD fils, à Trans T
1883. BERNARD Charles, à Dijon R
1808. BERNARD Jean -Baptiste-Antoine-Tranquille . . . . T
1901. BERNARD d'ATTANOUX (comte) Henry R
1883. BERNARD-BLACAS Albin R
1812. de BERNARDI, à Monteux C
1836. BERNET Jacques, cardinal H
1778. BERTRAND, membre de la Société d'agriculture. . . T
1808. BERTRAND de FONSCUBERTE . . . T
1876. BESSON, évêque de Nîmes . . C
1808. BEYLOT, chanoine T
1861. BILLOT Frédéric, à Arles C
— 268 —
1778. BLANC, de la Société d'agriculture T
1883, BLANC Edmond, à Nice R
1868. BLANCARD Louis à Marseille C
1808. BLANCHE, grand-vicaire. . T
1822. BLAVEER, ingénieur en chef des mines T
1878. BLONDEAU Charles T
1810. BODARD, docteur, à Paris .... ; C
1896. de BOISGELIN Eugène (marquis) H
1849. BONAFOUS Norbert-Alexandre T
1900. BONAFOUS Raymond T
1883. BONHOMME, chanoine, à Riez . . . . R
1897, de BONNECORSE de BENAULT de LUBIÈRES d'ALBE
de ROQUEMARTINE, (comte) Charles T
1812. de BONSTETTEN (baron), à Berne . . C
1872. BONVALOT Edouard, à Colmars. . . C
1896. BOREL Gilles . R
1808. BORÉLY Toussaint-Joseph, procureur général. . . . C
1836. BOSQ Louis-Charles T
1854. BOURGEAT Jean-Baptiste, l'abbé, à Oullins C
1879. BOURGET, recteur H
1896. BOURGUET Alfred. T
1866. BOURGUET Benjamin-Eugène T
1808. de BOURGUIGNON de FABREGOULES Jean-Baptiste T
1895. BOURRELLY Marius, à Pourcieux R
1867. BOUSCHET Henri, à Montpellier C
1861. BOUSCHET de BERNARD, à Montpellier C
1858. BOUSQUET Casimir-Gabriel, à Marseille C
1808. BOUTEILLE aîné Alexandre-Joseph . T
1808. BOUTEILLE cadet, juge de paix. T
1865. BOUTEUIL, doyen de la Faculté de droit. ..... H
1888. BOVET Alfred, à Montbéliard C
1870. BOYER Jean-Pierre, cardinal . . . T
1814. BOZE, l'abbé, à Apt '. C
1829. BRACCINI Frédéric-Louis-Charles-Gaëtan T
1808. BRÉMOND T
1891. de BRÉMOND d'ARS, marquis de MIGRÉ, à Nantes. C
1883. de BRESC (de SIGAUD) Louis. T
1828. BRESSIER, à Dijon C
— 269 —
1841. BRESSON C
1882. BRISSE Alexandre, à Rome C
1883. BRUN à Nice R
1878 de BRUNY de la TOUR-d'AIGUES (baron) JeanBaptiste-Jérôme T
1858. CABANTOUS T
1831. CABASSE Prosper, à la Guadeloupe C
1896. de la CALADE (de DURANTI) Maurice . ...... H
1808. CAMOIN, professeur T
1808. CAPPEAU Louis-Jean-Joseph-Pierre ........ T
1882. de CARNÉ (vicomte) Olivier R
1867. CARRO A., à Meaux C
1808. CARSI . . . T
1808. CASSAGNE, docteur T
1843. CASTAGNE Jean-Louis-Martin T
1808. de CASTELET (de COYE) Antoine-Joseph-LazareHippolyte
Antoine-Joseph-LazareHippolyte
1808. CASTELLAN, à Rians T
1808. CASTELLAN Jean-Probace, chanoine T
1833. CASTELLAN, président de chambre à la Cour. . . . T
1781. de CASTELLANE-MAZAUGUES (marquis) ..... T
1864. CASTILLON, à Berre C
1866. de CAUMONT, directeur de l'Institut des provinces . C
1830. CAVALIER Jules, à Draguignan C
1869. CAZALIS Frédéric, à Montpellier C
1894. CHABRIER Achille. . . ....... T
1883. CHAILAN Alfred ....;..... R
1894. CHAILLAN (l'abbé), à Beaurecueil. ........ R
1857. CHALANDON Georges-Claude-Louis-Pie, archevêque. H
1808. CHAMBAUD Joseph-François-Florentin T
1814. CHAMPOLLION-FIGEAC, à Paris C
1830. CHAMPOLLION-le-jeune, en Egypte C
1808. CHANSSAUD, avocat. T
1851. CHAUDRUC de CRAZANNES, à Auch C
1808. CHAUSSE (l'abbé) . . T
1880. CHAVERNAC, docteur T
1856. CHERBONNEAU, à Constantine C
1808. CHRISTINE Antoine-Etienne T
— 270 —
1819. de CICÉ (CHAMPION) Jérôme-Marie, archevêque . . H
1872. CHERRIER, chanoine. . T
1882. de CLAPIERS (marquis) R
1883. CLAPPIER Félix. .... R
1878. CLÉMENT-SIMON Gustave H
1808. CLÉRIAN Louis-Mathurin. T
1810. de COETLOGON T
1811. COLLIZI Vincent, à Rome C
1893. de COLLONGUE (d'AVON, baron). R
4892. COLLOT Louis . R
1812. COLOMB, avocat général T
1808. CONSTANS Casimir T
1823. CONSTANT Jacques T
1808. CONSTANTIN Jean-Antoine T
1894. CONSTANTIN, chanoine . . R
1839. COQUAND, géologue. . . T
1844. COQUAND (abbé) T
1829. de CORIOLIS Léon. . H
1886. CORTÈS Fernand, à Saint-Maximin ; R
1828. COTTARD Louis-Magloire T
1888. COTTIN Paul, à Paris C
1808. COURCIÈRES, professeur. T
1864. de COURTOIS, à Paris . C
1809. COUTURE (abbé), aux Martigues C
1898. CROUSILLAT Antoine C
1890. da CUNHA Xavier, à Lisbonne C
1892. DAIME Louis, à Digne . R
1808. DALGA (abbé) T
1778. DARLUC, directeur du Jardin des Plantes T
1826. DAUDIN, colonel, à Angers . C
1838. DAUVERGNE, docteur, à Manosque C
1778. DAVID, membre de la Société d'agriculture. .... T
1866. DAVID (baron) C
1808. DAVIN (abbé) Henri T
1828. DEFOUGÈRES 'de VTLLANDRY Paul, recteur. . . . T
1822. DELEMER Ch., Ad., à Bruxelles C
1846. DELEUIL, à la.Montauronne C
1879. DELIGNE Albert T
— 271 —
1787. de DEMANDOLS-la-PALU (marquis) T
1879. DEMONTZEY Prosper-Gabriel-Louis H
1861. DESCLOZEAUX Ernest, recteur H
1867. DESJARDINS Arthur T
1833. DESMICHELS, premier membre élu de l'Académie. . T
1813. DEEUDÉ (curé), à Entrevaux C
1808. DIOULOUFET Jean-Joseph-Marius T
1895. DOLLIEULE Frédéric, à Marseille R
1883. DORLHAC de BORNE Alphonse T
1814. DOUNANT, assesseur à la Cour prévôtale ..... T 1778. DUBREUIL aîné, membre de la Société d'agriculture. T
1785. DUBREUIL cadet Joseph, assesseur d'Aix T
1850. DUFAUR de MONFORT, à Vagney C
1828. DUPIN (baron) Charles, à Paris. C
1835. DUPONCHEL, à Paris C
1789. de DURANTI-COLLONGUE, consul d'Aix T
1866. EGGER, de l'Institut, à Paris C
1808. ÉMÉRIC-DAVID Toussaint-Bernard T
1808. ESPARIAT (chevalier) T
1858. ESPIEUX, chanoine T
1819. d'ESTIENNE du BOURGUET, maire d'Aix ..... T
1836. ESTRANGIN, à Arles C
1785. de l'EVESQUE, consul d'Aix T
1808. d'EYGLUMEN Jacques T
1808. d'EYMAR André-Alexandre . T
1808. EYMIEU, curé de Saint-Sauveur T
1882. EYSSÉRIC-SALNT-MARCEL, à Sisteron ...... R
1813. FABRE Jean-Antoine, à Brignoies C
1829. FABRE Augustin-Jules-Esprit, à Marseille C
1808. FABRY Pierre-Denis-Prosper T
1808. FABRY-CHEYLAN, précepteur des enfants du duc
d'Otrante T
1838. FALLOT de BROIGNIART, à Marseille C
1876. FALSAN Albert, à Lyon C
1789. de la FARE (RUFFO, marquis), premier consul d'Aix T
1894. FASSIN Emile T
1883. de FAUCHER Paul, à Bollène R
1808. FAUCON, juge à la Cour criminelle T
— 272 —
1864. FAURE, professeur. . . . T
1827. FEISSAT Toussaint, à Marseille . C
1849. FÉRAUD Jean-Joseph-Maxime, aux Sièyes C
1857. FÉRAUD-GIRAUD Louis-Joseph-Delphin T
1861. FERRAND Joseph-Jacques ... .7 C
1894. FERREE-BARR, à New-Yorck C
1896. FERRIER-RAYMOND. . . R
1884. FIGUIÈRES Joseph-Charles. T
1808. FLORENS, grand-vicaire. T
1878. FONCIN Joseph T
1808. de FONSBELLE (REINAUD), adjoint T
1778. de FONSCOLOMBE (BOYER) E.-H T
1808. de FONSCOLOMBE (BOYER) Hippolyte ....... T
1808. de FONSCOLOMBE (BOYER) Marcellin T
1812. de FONSCOLOMBE (BOYER) Charles . T
1866. FONSSAGRIVES, à Montpellier . C
1809. de FONTANES (comte), président du Corps législatif H 1808. FONTANIER, greffier de la Cour criminelle. .... T
1862. de FONVERT (REINAUD) Amédée . T
1858. de FONVERT (REINAUD) Alexis. . T
1810. de FORBIN (comte) Auguste-Louis-Nicolas-Philippe. C
1882. de FORBIN d'OPPÈDE (marquis) Louis-Michel-MariePalamède
Louis-Michel-MariePalamède
1876. FORCADE Augustin, archevêque d'Aix. ...... H
1816. de FORESTA (marquis) Marie-Joseph-Maffre. . . . T
1808. de FORTIS, maire d'Aix . T
1845. de FORTIS, président de chambre '. . T
1810. FOUCHÉ duc d'OTRANTE Joseph, sénateur d'Aix . H
1773. FRANC, professeur de la Société d'agriculture . . . T
184 0. FRANÇOIS de NEUFCHATEAU H
1808. FRÉGIER Antoine. . T
1859. de FRESQUET Raymond-Frédéric T
1836. de FREYCINET (de SAULCE) Louis. C
1808. GABRIEL Joseph-Etienne T
1860. de GABRIELLI de GUBBIO (comte) Charles-FortunéJean-Baptiste
Charles-FortunéJean-Baptiste
1844. de GALLIFET (marquis), à Paris C
1891. GAMBER, à Marseille , R
— 273 —
1822. GARCIN de TASSY Joseph-Héliodore, à Paris . . . C
1836. de GARIDEL Augustin-Joachim-Léon T
1824. GARNIER, à Toulon C
1837. GATTA, docteur, à Turin C
1867. de GAUCOURT, à Saint-Saëns C
1808. GAUFRIDY de SAINT-ESTÈVE T
1863. GAUT Marius-Jean-Baptiste ........... T
1846. GAUTHIER Auguste, à Lyon C
1808. GAUTIER du POET, ancien conseiller au Parlement. T
1888. de GAVOTY Laurent, à Marseille R
1840. GENDARME de BÉVOTTE,insp. des ponts-et-chaussées T
4787. GÉRARD, consul d'Aix T
1901. de GÉRIN-RICARD (comte) R
1808. GIBELIN aîné, Esprit-Antoine, corresp 1 de l'Institut. T
1808. GIBELIN Jacques, conservateur de la Méjanes . . . T
1808. GIBELIN, juge de paix à Gardanne T
1852. GIBERT Joseph-Marc T
1860. GILBERT, à Paris C
1883. GIMON, à Salon R
1870. GIBAUD, à Paris C
1825. GIRAUD Charles, ministre T
1851. GIRAUD Magloire, à Saint-Cyr C
1860. GISTEL Jean, à Ratisbonne. C
1783. de GLANDEVÈS (baron), premier consul d'Aix . . . T
1816. GOUFFÉ de LACOUR (chevalier) Roch-Bernard-Marie,
à Marseille C
1890. GOUTHE-SOULARD Xavier, archevêque d'Aix . . . H
1810. GRANET François-Marius, à Paris C
1822. GRANGE Jean-Baptiste-Henri -Amédée, à Marseille . C
4 894. GRANIER Désiré, doyen de la Cour H
1895. GRAS Félix, à Avignon C
1811. de GRAS, maire d'Aix T
1859. GRAS du BOURGUET C
1893- de GUBERNATIS (comte) Angelo C
1808. GUÉRIN Charles-Antoine. . . . T
1860. GUÉRIN Joseph, à Grasse C
1884 GUIBAL Georges, doyen de la Faculté des lettres . . T.
1855. GUIET (abbé) T
18
— 274—
1883. GUIGOU Juct, à Marseille. . R
1883. GUILLAUME Paul, à Gap. C
1878. GUILLIBERT (baron) Hippolyte T
1839. d'HAUTHUILLE (MÉNIOLLE) Alban T
1808. HENRICY Antoine T
1811. HERNANDEZ, à Toulon . C
1821. d'HOMBRES-FIRMAS (baron) Louis-Augustin. . . . C
1841. HONNORAT à Digne.. C
1809. d'HORBRlENECK . C
1821. HUART à Paris . C
1897. HULOT (baron), à Paris . . . C
1826. ICARD Ambroise-Ange T
1883. d'ILLE (de GANTELMI) Charles-Joseph-Tancrède
(marquis). .......... T
1883. ISNAHD à Digne R
1808. ISNARDON, curé de la Madeleine . . T
1830. d'ISOARD Joachim-Jean-Xavier, cardinal H
1808. d'ISOARD Joseph, grand prévôt. . . T
1836. d'ISOARD-VAUVENARGUES (baron) Aloïs-Joachim,
auditeur de.Rote. T
1871. JANNET Claudio . . T
1808. JANSSAUD, de Forcalquier . T
1808. JAUBERT, docteur. . . . . T
1823. JAUBERT (chevalier) Amédée-Pierre-Emilien-Probe,
à Paris. ;........... C
1811. JAUFFRET Gaspard-Jean-André-Joseph, archevêque
nommé d'Aix . . ... . T
1819. JAUFFRET Louis-François, à Marseille ...... C
1821. JAUFFRET Adolphe T
1810. JAY François, de l'Institut . ........... C
1883. de JESSÉ-CHARLEVAL (marquis), à Marseille . . . R
1883. de JESSÉ-CHARLEVAL (comte), Antoine, à Marseille R
1884. de JOANNIS (marquis) à ITsle-sur-Sorgue R
1783. de JOANNIS-la-BRILLANNE, consul d'Aix. .... T
1808. JOLY, docteur. T
1860. JOLY Aristide. . ..... . . T
1893. JORET Charles, de l'Institut ............ T
1896. JOUBERT Alexis. R
1882. JOURDAN Alfred, correspondant de l'Institut. . . . T
1901. JOURDANNE Gaston. .... C
— 275 —
1863. JULIEN Félix, à Toulon C
1827. JULLIEN A., à Paris. . . . . C
1884. JULLIEN Ernest, à Reims C
4808. JURAMY, sculpteur T
1808. de LA BOULLIE-la-DURANE Esprit-Joseph-Balthazar. T
1.853. de LA BOULIE Camille, à Marseille . .. ..... C
1900. LACOSTE Ernest, à Toulon . ........... R
1829. de LADOUCETTE (baron). . . . G
1849. LAFAYE ......:. T
1808. de LAGOY (de MEYRAN, marquis) Jean-Baptiste. . H
1835. LAIR Pierre-Aimé, à Caen C
1858. LALLEMANT Louis, à Nancy . . C
1808. LAPIERRE, musicien. T
1866. de LARCY (baron). C
1879. LAUGIER Joseph-François, à Marseille. C
1818. LAURE Henri-Alexandre, à Toulon. . C
1809. LAURENT, à Marseille C
1872. LAURIN Auguste T
1870. LAVOLLÉE Paul-René, à Paris .......... C
1898. LE BOURGEOIS Ludovic. ............ R
1869. LEGUAY Louis, à Paris. . ... . . C
1809. LEJEY François, à Milan . C
1867. LE MAISTRE (chevalier), à Tonnerre ........ C
1808. LE PAIGE, général T
1859. LEROY, à Marseille. . . C
1866. LESCOUVÉ, président . T
1866. de LESSEPS (comte) Ferdinand. ......... C
1808. de LESTANG-PARADE Alexandre. .... * . . , T
1808. LEYDET, architecte de la ville . . ... ..... T
4781. LEEUTAUD consul d'Aix . . ... . . . . ..... T
1900. LIEUTAUD Victor, à Volone . . . .... . . . . R
1810. LION, à Marseille ................ C
1823. LIOTARD Charles-Laurent-Joseph T
1814. LOQUEZ, à Nice. . C
1860. LORTET, docteur à Lyon. C
1823. LUDICKE (comte de HORTENSTEIN). ....... C
1787. LYON de SAINT-FERRÉOL, consul d'Aix . .... T
1885. de MAGALLON Jules T
— 276 —
1889. de MAGALLON Xavier, à Marseille R
1808. MAGNAN (marquis de la ROQUETTE). ....... T
1828. MAILLARD de CHAMRURE, à Dijon C
1841. MAILLET Alphonse, à la Tour-d'Aigues . . . . . . C
1870. MALINOWSKI, à Alais. . C
1898. de MANTEYER (PINET) Marie-Barthélemy-Georges . R
1808. MANUEL Jacques-Antoine, député T
1887. MARBOT chanoine T
1881. MARION Antoine-Fortuné R
1838. MARLOY C
1838. MARTIN F . . . C
1821. MARTIN-GUILLAUME C
1866. MATHERON Philippe, à Marseille R
1897. MAUREL J.-M., à Puymoisson R
1841. MAURIN Elysée-François. . . . T
1882. MAZEL, à Marseille R
1808. de MAZENOD Eugène-Cbarles-Joseph, évêque de
Marseille T
1808. MEYFRED (chevalier), juge à la Cour d'appel. . . . T
1778. de MÉJANES (marquis de PIQUET) Jean-Baptiste, pre-.
mier consul d'Aix T
1852. MÉRY Louis . . . . T
1861. du MESNIL-MARIGNY C
1813. de MEVOLHON (baron), à Sisteron ........ C
1838. MICHAUD, à Paris. . C
1808. MICHEL, graveur T
1778. MICHEL, membre de la Société d'agriculture . . . . T
1809. MICHEL Etienne, à Paris C
1902. MICHEL Evariste, à Paris H.
1838. MICHEL de LOQUI Etienne T
1882. MIGNET François, à Paris . . H
1808. MILLE T
1893. MILLE Joseph, chanoiné-curé. . . T
1872. MILLIEN Achille, à Beaumont-la-Ferrière ..... C
4813. de MIOLLIS (comte) Sexlius-Alexandre-François,
généra}. H
1883. MIREUR F., à Draguignan . R
1863. MISTRAL Frédéric, à Màillane H
1848. de MONLÉON, à Paris . C
— 277 —
1785. MOLLET de BARBEBELLE fils, consul d'Aix . . . . T
1809. MOLLET Joseph, à Lyon C
1902. de MONCLAR (marquis de RIPERT) François . . . R
1820. MONNIER, à Avignon C
1840. MONNIER du JURA, à Toulouse C
1808. de MONTMEYAN (d'EYMAR) Joseph-François-Pascal. T
1812. de MONTMEYAN (d'EYMAR) Isidore T
4808. de MONTVALON (de BARRIGUES, comte) Casimir . T
1894. MOREAU Félix T
1901. MORIS Henri, à Nice . C
1867. MORISOT Jean-Baptiste. T
1809. MORLAND, docteur à Dijon C
1899. MORROZO della ROCCA (comte) Emmanuel, général
à Turin C
1866. MORTREUIL, de l'Institut, à Marseille C
1808. MOTTET, professeur de droit T
1833. MOUAN Jean-Louis-Gabriel-Napoléon T
1894. de MOUGINS-ROQUEFORT Eugène H
1890. de MOUGINS-ROQUEFORT (vicomte) Charles. . . . R
1884. MOURAVIT Gustave T
1863. MOUTTET Alexandre, à Toulon C
1901. MULSANT Sébastien, à Saint-Etienne R
1816. MUS, à Bordeaux C
1901. MUTERSE Maurice, à Antibes R
1808. NATOIRE, peintre T
1824. NICOT, recteur, à Montpellier C
1808. d'OLIVARY Gaston-Marius-Ovide . . T
1778. OLIVIER, consul d'Aix. . . T
1842. d'OLIVIER-VITALIS H C
1844. d'OLIVIERA-BARBORA, à Rio-de-Janeiro C
1883. OLLIVIER, docteur à Digne R
1808. OUVIERES, docteur T
1860. OUVRÉ Henri T
1883. PANESCORSE Ferdinand, à Draguignan R
1895. PARIS Gaston, de l'Académie Française H
1808. PARMENTIER, de l'Institut, à Paris H
1864. PARROCEL Etienne, à Marseille. C
1773. PASCALIS Jean-Joseph-Pierre, assesseur d'Aix . . . T
— 278 —
1821. PASCALIS Antoine-André, général. . T
1839. PATAILLE Alexandre-Siméon, premier président . . H
1841. PAYAN Pierre-Scipion, docteur T
1863. de PAYAN-DUMOULIN, conseiller à la Cour ... . T
1808. de PAZERY-THORAME François-Pierre-Joseph . . . T
1824. PÉCLET Eugène, à Paris. C
4901. PÉCOUL A., à Draveil C
4808. PEISSE (chevalier), procureur général T
1808. PEISSE Hippolyte T
1891 PELISSIER E., à Montpellier. .......... R
1847. PELLICOT André, à Toulon . C
1808 PELLICOT de SEILLANS .. T
1883. PELLISSIER, grand-vicaire à Digne . ...... . R
1813. du PELOUX Alexandre, sous-préfet ........ T
1808. de PÉRIER (marquis) Charles T
1808. de PÉRIER, chanoine, prévôt du chapitre T
4863. PÉRIGOT, à Paris . . . . . C
1808. PERRIN. .. . . T
1897. PETIT, docteur, à Royat C
4810. PEYRON Jean-François-Pierre, à Paris . ...... C
1836. PIERQUIN, docteur, à Grenoble C
1808. PIN Jacques, chanoine. . . . . T
4 894. PISON, doyen de la Faculté de droit H
1872. PLAISANT Thomas T
1867. PLAUCHON Emile, à Montpellier C
1882. PLAUCHUD Eugène, à Forcalquier R
1778. de POCHET, assesseur d'Aix T
1808. POILROUX, docteur . T
1809. POILROUX Jacques, docteur à Castellane ..... C
1809. POITEVIN-PEITAVI, à Toulouse . C
1893. PONCET Henri ......... R
1869. PONCY Charles, à Toulon .... C
1849. PONS, doyen de la Faculté des lettres T
1843. PONS Emile, docteur. T
4883. PONS Lucien, à Grenoble. R
1825. PONS Zenon, à Toulon. ; . C
1808. PONTIER Augustin . . . T
1808. PONTIER Henri, inspecteur des forêts. ....... T
— 279 —
1892. PONTIER Henri, conservateur du musée T
4778. PONTIER Pierre, médecin T
1895. PORTAL Emmanuel, commandeur, à Palerme . . . C
1779. PORTALIS (comte) Jean-Etienne-Marie, ministre . . T
1809. PORTALIS (comte) Joseph-Marie, ministre H
1809. de PORTALY-MARTIALIS Philippe . . . ... . . T
1824. PORTE Jean-Baptiste-François. . . . . T
1824. de POSADA-RURIN de CELIS Antoine, évêque de
Carthagène. H
1811. POUILLARD Jacques-Gabriel, à Paris C
1838. POUJOULAT J.-J.-François, à Paris . C
4845. POULLE-EMMANUEL, premier président . . . . . H
1891. PROAL Louis. T
1898. PROU-GAILLARD, à Marseille R
1844. PRUDHOMME; docteur en médecine à New-Yorck . . C
1811. QUENIN, docteur à Châteaurenard. ........ C
1778. du QUEYLAR, conseiller au Parlement ...... T
4808. du QUEYLAR Paulin-Hugues-Jean-François. .... T
4902. de QUINTANA-Y-COMBIS don Albert, à Barcelone . C
4808. RABBE Alphonse T
4829. RAFN Charles-Chrétien, à Copenhague. . ..... C
4 833. BAILLON Jacques, archevêque d'Aix ....... H
1848. RAMBOT Bruno-Gustave T
4839. RAMUS Joseph-Marius, à Paris C
1850. RAYBAUD. T
4882. REYNAUD Félix, à Marseille . .......... R
4819. RAYNOUARD François-Just-Marie, à Paris C
4844. REBOUL Jean, poète C
1767. REBOUL B.-L., secrétaire de la Société d'agriculture. T
1778. REDORTIER, chanoine T
1779. REDORTIER, consul d'Aix T
1778. de REGINA, de la Société d'agriculture T
4898. REGNIER Antony, à Marseille R
1877. RÉGUIS Marius, à Meyrargues C
1825. REINAUD Joseph-Toussaint, à Paris . ....... C
4847. REMACLE, député à Arles . . . . . . C
1.898. REMACLE (comte) Louis, à Arles . R
1879. RENOUX, chanoine ............... T
— 280 —
1901. REQUIN, à Avignon . R
1862. de REVEL du PERRON (comte), à Dieppe C
1877. RÉVOIL Henri, correspondant de l'Institut, à Nîmes. C
1816. RÉVOIL Pierre, correspondant de l'Institut. .... T
1808. REY Claude, évêque de Dijon T
1858. REY, à Montauban. C
1883. de REY Gonzague, à Marseille R
1870. REYNALD Hermite T
4808. REYNAUD, docteur, inspecteur des Eaux Sextius . . T
1809. REYNAUD, à Toulon C
1816. REYNAUD à Marseille. C
1857. de RIBBE Charles. T
4846. RICARD Adolphe, à Montpellier C
1843. de RICARD Joseph-César-Paul, à Marseille . .... C 1830. de RIGHERY Charles-Alexandre, archevêque d'Aix . H
1844. RIEDEL, à Rio-de-Janeiro C
1830. RIFAUD . . C
1859. RIGAUD Emile, premier président H
1827. de RIVIÈRE (baron), à Saint-Gilles C
1812. ROBERT Louis-Joseph-Marie, à Marseille C
1846. ROBERT neveu, docteur à Marseille C
1808. de ROBINEAU de BEAULIEU, doyen du chapitre. . T
1808. ROCCAS père, docteur T
1808. ROCCAS Jean-Baptiste-Antoine T
1900. de ROCHAS d'AIGLUN Albert, à Paris. ...... C
4900. ROLLAND Henri, chanoine. ..... T
4849. ROMAN, chanoine. . T
1789. ROMAN de TRIBUTIIS, assesseur d'Aix. ..... T
4 878. ROQUE-FERRIER Alphonse, à Montpellier . .... C
4 863. ROQUES (abbé), à Albi . ............. C
4844. ROSTAN Casimir, à Paris C
4853. ROSTAN Louis, à Saint-Maximin R
1853. ROTHE Auguste, à Soroë, Danemarck C
1882. de ROTROU, à Rome C
1828. ROUARD Etienne-Antoine-Benoit T
1825. ROUCHON-GUIGUES. Etienne-Charles T
4868. ROUMANILLE Joseph, à Avignon C
4808. ROURE, docteur ...... . T
— 281 —
1845. ROUSTAN recteur T
1808. ROUTIER, architecte de la ville. . . . . T
1808. ROUX, jurisconsulte T
1819. ROUX, secrétaire de l'Académie, à Lyon C
1883. ROUX Jules-Charles, député à Marseille. R
1866. ROUX Pascal, maire d'Aix H
1838. ROUX Pierre-Martin, à Marseille C
1808. ROUX-ALPHERAN François-Ambroise-Thomas. . . T
1808. ROUX-MARTIN Antoine T
1830. RUFFIN, à Bastia ........ C
1825. SABÀTERY, à Grenoble C
1808. de SAINT-MARC (de MEYRONNÉT baron) Philippe. T 1880. de SAINT-MARC (de BOYER de FONSCOLOMBE de
MEYRONNET baron) Philippe ......... T
1821. de SAINT-MAURICE Charles, à Paris ....... C
1808. de SAINT-VINCENS (de FAURIS, chevalier) Alexandre-Jules-Antoine
Alexandre-Jules-Antoine T
1808. de SAIZIEU (BARTHÉLÉMY) père. ........ T
1808. de SAIZHEU (BARTHÉLÉMY, baron) fils ...... T
4816. de la SALLE (BOISSON) Joseph-Amédée-Xavier. . . T
1844. de SALLES Eusèbe, à Marseille . . . C
1808. SALLIER François, ancien maire ......... T
1880. de SALVE-VILLEDIEU Isnard-Louis-Ernest . . . . T
1833. de SAPORTA (marquis) Adolphe. . T
1866. de SAPORTA (marquis) Louis-Charles-Joseph-Gaston T
1892. de SAPORTA (comte) Antoine. .......... T
1883. SARDOU, de Nice R
1883. SARRAZIN Jules R
1809. SARRAZIN de MONTFERRIER .......... C
4809. Mademoiselle SARRAZIN de MONTFERRIER Victoire C
1861. SAUDBREUIL, procureur général . T
1892. SAWAS-PACHA, ancien ministre ottoman , C
1879. SCHIMPER, à Strasbourg ............. C
1866. SEGOND-CRESP Paul-Jean-Baptiste-Théodore. . . . C
1893. de SELLE (vicomte) Albert . . T
1893. SÉNEQUIER, à Grasse. . . R
1808. de SÉRAN Jules. T
1858. de SÉRANON (de SAUTERON) Jules T
18 bis,
— 282 -
1778. SERRÉ, trésorier général de France . T
1824. de SÈZE Casimir, premier président de la Cour ... H
1838. SIBOUR Léon, évêque de Tripoli . T
1808. SICARD, de l'Académie des Inscriptions . . T
1860. SIGAUDY Jean-Louis-Honorè. . . . H
1858. SILBERT, docteur T
1783. SIMÉON (comte) Joseph-Jérôme, assesseur d'Aix. . . T
1813. SIMÉON (vicomte) Joseph-Baltbazar, pair de France. H
4809. de SINÉTY, à Marseille C
4884. SOUBRAT Charles, conseiller T
1810. de STASSART (baron), préfet. .. C
1808. SUCHET, président du Tribunal de commerce . . . . T
1814. de SUFFREN, à Salon ....... . C
1779. de SUFFREN de SAINT-TROPEZ (marquis) PierreMarie,
PierreMarie, consul d'Aix . . . T
1809. de SYLVESTRE (baron) Auguste-François, à Paris . C
1863. TAILLARD, président à la Cour de Douai C
1880. TAMIZEY de LARROQUE Philippe, à Gontaud. . . . C
1808. TASSY, juge au Tribunal . . . . . T
1808. TASSY Antoine-Biaise-Laurent. T
1844. TAUNNAY, consul de France à Rio-Janeiro C
1840. TAVERNIER Adolphe-Alexandre T
1879. TAVERNIER Eugène, conseiller. ...... T
1840. TAXIL, docteur, à Toulon. .............. C
1897. du TÉIL (baron) Joseph, à Paris .. . R
1863. TEISSIER Octave, à Toulon . . C
1808. TEISSIER Pierre, curé de Saint-Jean . T
1883. de TE RRIS-SAINT-JAUME Jules, à Avignon . . . . R
1844. TEISSIER, professeur de botanique C
180S. THIBAUDEAU, préfet . H
1861. THIERS Adolphe .. H
1820. THOMAS . C
1778. de THOMASSIN SAINT-PAUL, consul d'Aix T
1809. de THOZET (COTTION), à Versailles C
1889. THUMIN Auguste . : R
4861. TISSERAND (abbé), à Nice . C
1847. TOPIN Hippolyte, à Marseille . .....; C
1808. TOPIN Joseph, chanoine. T
— 283 —
1870. TOPIN Marius, à Paris C
1852. de TOURNADRE Théophile T
1878. de TOURTOULON (baron) Charles T
1896. de TOURTOULON (marquis de BARRE) Pierre. . . . R 1812. de la TREILLE Pierre-André, à Paris C
1814. TRÉLIS Jean-Julien, à Nîmes. C
1894. TYPALDO-BASSIA à Athènes C
1810. VALENTIN, docteur à Marseille . C
1867. VALÈRE-MARTIN, à Cavaillon C
1841. de VALERNES (BERNARDY, vicomte) C
1877. VALLET Pierre, conseiller T
1867. VALLIER Gustave, à Grenoble . C
1808. de VALORY aîné. . T
1810. de VALORY Henry C
1808. VASSAL, magistrat . T
1811. VASSE de SAINT-OUEN, inspecteur d'Académie . . T
4883. de VAUZELLES Ludovic, à Hyères , . R
1778. de VENTO (marquis des PENNES), 1er consul d'Aix. T
1808. VIAL, receveur de la ville , . . T
1879. VIDAL François, conservateur de la Méjanes T
1869. VIEILLE, recteur de l'Académie d'Aix H
1812. VIENNET, à Paris C
4817. de VILLENEUVE-BARGEMONT (comte) Christophe,
préfet H
1901. de VILLENEUVE-FLAYOSC (marquis de TRANS)
Léonce R
1818. VINCENT-SAINT-LAURENT, à Nîmes C
1812. de VOGHT (baron), à Copenhague C
4865. de VOULX Albert, à Alger C
1815. WILLIAMS J C
1876. WYSE (BONAPARTE) sir WILLIAM Charles, à
Waterford C
1809. de ZACH (baron), à Marseille C
1897. ZEILLER Charles-René, à Nancy fi
1855. ZELLER T
1877. ZÉVORT, recteur de l'Académie d'Aix H
1901. ZUCCARO Luigi, à Aquila G
( 679 Membres. )
— 284 —
Tous les renseignements biographiques ou bibliographiques concernant les personnes qui figurent sur cette liste seront recueillis avec reconnaissance par l'Académie d'Aix, en vue de la prochaine publication d'une histoire de la Compagnie, qui contiendra une notice aussi complète que possible sur chacun de ses anciens membres. Nos correspondants sont priés de les adresser à M. d'ILLE, archiviste-bibliothécaire de l'Académie, à Aix-en-Provence.
TABLEAU
des
MEMBRES DE L'ACADÉMIE
MEMBRES D'HONNEUR.
MM.
BEAUNE $fc »J«, Henri, ancien procureur général à Aix, doyen de la Faculté libre de Droit à l'Institut catholique de Lyon. Élu le 25 janvier 1876.
CLÉMENT-SIMON Ifê G. %, Gustave, ancien Procureur général près la Cour d'appel d'Aix, au château de Bach, près Tulle. 19 février 1878.
BELIN 0. j£§I. P. p, recteur de l'Université d'Aix. 21 janvier
4890.
ARBAUD y Paul, bibliophile à Aix. Associé régional le 5 janvier 1883, membre d'honneur le 30 janvier 1894.
GASTON PARIS C. $J, de l'Académie Française et de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. 11 novembre 1895.
MISTRAL 0. ^ C. ■$ >J« Frédéric, à Maillane. Correspondant le 2 mars 1863, membre d'honneur le 6 juin 1899.
— 286 —
MEMBRES TITULAIRES.
MM.
FERAUD-GIRAUD 0. ^ >ï« I. P. P Delphin, président honoraire à la Cour de Cassation, doyen de l'Académie. Élu le 10 février 1857. Rue Eméric-David, 12.
REINAUD DE FONVERT Alexis, ancien membre de la commission
des Musées. 16 mars 1858. Rue Lacépède, 8. BERLUC-PERUSSIS (de) ϧJ O. ►}« Léon. 24 janvier 1865. Rue
Cardinale, 25.
CHERRIER (l'abbé) Auguste, chanoine titulaire de la Métropole, docteur en Théologie. 15 avril1872. Boulevard SaintLouis, 15.
GUILLIBERT (baron) ^ O. >J« Hippolyte, ancien bâtonnier de l'ordre des avocats à la Cour. 15 janvier 1878. Rue Mazarine, 10.
VIDAL p ^ François, conservateur honoraire de la bibliothèque Méjanes. 21 janvier 1879. Avenue Victor-Hugo, 15.
MEYRONNET DE SAINT-MARC (baron de) >& Philippe. 2 mars 1880. Cours Mirabeau, 18.
CHAVERNAC Félix, docteur en médecine, lauréat de l'Académie de médecine. 9 mars 1880. Rue Matheron, 14.
MOURAVIT »J« Gustave, ancien président de la Chambre des notaires. 8 février 1884. Place de la Madeleine, 34.
SOUBRAT Charles, ancien conseiller à la Cour, président du Comice agricole. 15 février 1884. Rue Mazarine, 4.
GUIBAL >J« I. P. y Georges, doyen honoraire de la Faculté des Lettres. 15 février 1884. Rue Roux-Alpheran, 23.
— 287 —
MAGALLON (de) % !§« C. »J« Jules, ancien membre de la Commission des Musées. 9 mars 1885. Place des Prêcheurs, 10.
MARBOT (l'abbé) Edmond, chanoine, ancien vicaire général. 28 mars 1887. Rue Villeverte, 21.
GANTELMI D'ILLE (marquis de) t§s >ï< O. $< Charles. Associé régional le 12 janvier 1883, membre titulaire le 17 juin 1890. Cours Mirabeau, 6.
LANÉRY D'ARC sg* >5« C. ^ O. ifr Pierre, docteur en droit, lauréat de l'Institut. Associé régional le 12 décembre 1887, membre titulaire le 8 mars 1892. Rue des 4-Dauphins, 23.
PONTIER I. P. «!$ Henry, conservateur-directeur du Musée. 5 avril 1892. Rue Cardinale, 13.
SELLE (vicomte de) $fe C. >& t%> Albert, ingénieur, professeur honoraire à l'Ecole Centrale. 16 mai 1893. Cours Mirabeau, 46.
SIGAUD DE BRESC (de) Louis, ancien conseiller général. Associé régional le 12 janvier 1885, membre titulaire le 23 janvier 1894. Rue Sallier, 5.
FASSIN Emile, I. P. y, conseiller à la Cour. 24 avril 1894.
Boulevard du Roi-René, 46. BEC (de) Albert. 1er mai 1894. Rue Eméric-David, 34.
MOREAU I. P. p Félix, professeur à la Faculté de Droit. 8 mai 1894. Cours Mirabeau, 10.
TOCRTOULON (baron de) I. P. O G. O. >J« C. %■ Charles, ancien président de la société des Langues Romanes. Correspondant le 4 juin 1878, membre titulaire le 28 mai 1895. Rue Roux-Alphéran, 13.
SAPORTA (comte de) Antoine. Associé régional le 2 février 1892, membre titulaire le 23 mars 1897. Rue Cardinale, 26.
AUDE 0.4&i§» & Philippe, médecin en chef de la marine, en retraite. 6 avril 1897. Rue du Lycée, 1.
— 288 —
BONNECORSE LUBIÈRES (comte de) Charles, avocat à la Cour. Associé régional le 27 décembre 1897, membre titulaire le 30 mai 1899. Rue de l'Opéra, 24.
BONAFOUS I. P. p Raymond, professeur à la Faculté des Lettres. 30 janvier 1900. Rue du Bras-d'Or, 2.
ROLLAND I. P. P Henri, chanoine titulaire de la métropoles aumônier du Lycée Mignet. 18 décembre 1900. Rue du Louvre. 29.
BOURGUET Alfred, avocat à la Cour. Associé régional le 10 mars 1896, membre titulaire le 29 juin 1901. Cours Mirabeau, 3.
ANINARD >J« Casimir, ancien bâtonnier de l'ordre des avocats. 5 février 1901. Rue du 4-Septembre, 5.
N.... (Fauteuil de M. le chanoine MILLE.)
— 289 —
MEMBRES HONORAIRES.
MM.
PISON ^ I. P. y »J< Alexandre, doyen honoraire de la Faculté de droit. 30 janvier 1894. Rue d'Italie, 14.
MOUGINS DE ROQUEFORT (de) Çfê C. >& O. Eugène, conseiller doyen honoraire à la Cour. 1er mai 1894. Rue Mazarine, 8.
GRANIER $fê Désiré, conseiller doyen honoraire à la Cour. 29 mai 1894. Cours Mirabeau, 17.
BOISGELIN (marquis de) C. >}« Eugène. 16 juin 1896. Rue des Quatre-Dauphins, 11.
MICHEL Evariste, docteur en médecine. 21 février 1902. Villa Mignet, à Aix.
AUDE Sextius, ancien trésorier payeur général, 25 féviier 1902. Rue Saint-Georges, 37, à Paris.
BOREL ^ Gilles-Jacques, officier en retraite, compositeur de musique. Associé régional le 12 mai 1896, membre honoraire le 10 juin 1902. Rue Lice des Cordeliers, 15.
19
— 290 —
ASSOCIÉS RÉGIONAUX.
MM.
EYSSERIC Saint-Marcel, ancien magistrat et conseiller général inspecteur départemental de la Société d'Archéologie, à Sisteron. 19 décembre 1882.
PLAUOHUD I. P. y Eugène, président de l'Athénée, à Forcalquier, 19 décembre 1882.
FAUCHER (de) Paul, membre de l'Académie de Vaucluse, à Bollène (Vaucluse). 5 janvier 1883.
REY (de) Gonzague, château du Prieuré d'Ardène, près SaintMichel (Basses-Alpes). 5 janvier 1883.
TERRIS (de) G. O. >J« igt Jules, membre de l'Académie de Vaucluse, à Avignon. 5 janvier 1883.
GUIGOU Just, docteur en droit, doyen honoraire de la Faculté libre de droit, à Marseille. 12 janvier 1883.
AUBE Frédéric, ancien notaire au Luc, membre de la Société Française d'Archéologie. 12 janvier 1883.
Roux $fè Jules-Charles, ancien président de la Société Artistique de Marseille, ancien député. 12 janvier 1883.
ISNARD y I. P., archiviste des Basses-Alpes, secrétaire delà Société Académique, ancien élève de l'Ecole des Charles, à Digne. 12 janvier 1883. .
OLLIVIER ^, docteur en médecine, ancien conseiller général, président honoraire de la Société.scientifique et littéraire de Digne. 12 janvier 1883.
MIREUR -^, archiviste du département du Var, membre du comité des travaux historiques, à Draguignan. 19 janvier 1883.
— 291 —
BONHOMME (l'abbé), chanoine à Riez (Basses-Alpes). 9 février
1883. BERNARD ^ Charles, président à la Cour de Dijon, ancien
avocat à la Cour d'Aix. 16 février 1883.
CLAPPIER ^ Félix, ancien procureur général, conseiller général des Basses-Alpes, à Moustiers. 16 mars 1883.
PELLISSIER (l'abbé), vicaire général à Digne. 6 avril 1883.
MAGALLON (de) Xavier, avocat, ancien conseiller général des Hautes-Alpes, à Marseille. 16 mars 1889.
MOUGINS-ROQUEFORT (vicomte de) Charles, avocat à la Cour d'Aix. 11 mars 1891.
GAMBER (l'abbé) Stanislas, aumônier du Lycée, à Marseille. 7 avril 1891.
PÉLISSDER y Léon-G., professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier. 4 juin 1891.
DAIME Louis y, ingénieur, à Marseille. 19 janvier 1892.
COLLOT P Louis, professeur de géologie à la Faculté des Sciences de Dijon. 26 janvier 1892.
MILLE (l'abbé) Joseph, chanoine, doyen de Saint-Remy. Titulaire le 23 mai 1893, associé régional le 4 décembre 1900. SÉNEQUIER Paul, juge de paix à Grasse. 30 mai 1893.
COLLONGUE (d'AvoN baron de), î^ ►{< O, >&, ministre plénipotentiaire, au château de Collongue, par Cadenel (Vaucluse). 6 juin 1893,
CONSTANTIN (l'abbé), curé doyen à Château-Renard (Boucb.esdu-Rhône). 9 janvier 1894.
CHAILLAN (l'abbé), lauréat de l'Institut, curé de Beaurecueil (Bouches-du Rhône). 12 janvier 1894.
FERRIER Raymond, amateur d'art, à Aix. 16 juin 1896.
TOURTOULON (baron de) marquis de BARRE, Pierre, docteur en droit, à Aix. 12 janvier 1897.
— 292 —
TEIL (baron du) >J< Joseph, à Paris. 4 mai 1897.
MAUREL (l'abbé) Marie-Joseph, ancien curé de Puymoisson (Basses-Alpes). 18 mai 1897.
RÉGNIER Antony, artiste peintre, I. P. y à Marseille. 15
février 1888. ; AUTHEMAN, ancien maire de Martigues. 15 février 1898.
LE BOURGEOIS (l'abbé), à Aix. 1er mars 1898. PROU-GAILLARD, ancien directeur de l'Académie de Marseille. 3 mai 1898.
PINÈT DE MANTEYER Georges, villa du Castellar, à Manosque. 13 décembre 1898.
LACOSTE Ernest, ingénieur à Toulon (Var). 20 février 1900.
AUDE Edouard, conservateur de la Bibliothèque Méjanes. 20 mars 1900.
LIEUTAUD ^< Victor, ancien bibliothécaire de la ville de Marseille, notaire à Volone (Basses-Alpes). 15 mai 1900.
VILLENEUVE-TRANS (marquis de) ^, président, de l'Union des Syndicats agricoles des Alpes et de Provence, à Aix. 5 février 1901,
MULSANT DE ROQUEFORT »J« Sébastien, avocat à Saint-Etienne. 19 mars 1901.
MUTERSE Maurice, ancien offieier de marine, ancien souspréfet, à Antibes. 7 mai 1901.
BERNARD D'ATTA%OUX (comte) Henri, avocat, ancien magistrat à Nice. 14 mai 1901.
REQUIN (l'abbé), archiviste du diocèse d'Avignon. 14 mai 1901.
GÉRIN-RICARD (comte de), secrétaire perpétuel de la Société de statistique de Marseille. 4 mars 1902.
RIPERT DE MONCLAR (marquis de), C. ^ , François, ministre plénipotentiaire, au château d'Allemagne, près Riez. 18 mars 1902.
293
ASSOCIÉS CORRESPONDANTS.
MM.
Ferrand Joseph, ancien préfet, correspondant de l'Institut,
à Amiens (Somme). 20 janvier 1861. Teissier Octave, conservateur de la Bibliothèque, à Draguignan.
Draguignan. avril 1863.
Lescouvé, conseiller honoraire à la Cour de Cassation. Titulaire le 20 février 1866, correspondant le 3 décembre 1878.
Blancard Louis, correspondant de l'Institut, archiviste honoraire des Bouches-du-Rhône, à Marseille. 7 décembre 1868.
Lavollée Paul-René, docteur ès-letlres, ancien consul général, à Paris. 25 avril 1870.
Bonvallot Edouard, ancien conseiller à la Cour de Dijon, à Paris. 26 février 1872.
Millien Achille, lauréat de l'Académie Française, à Beaumontla-Ferrière (Nièvre). 16 décembre 1872.
Faisan Albert, à Lyon. 14 mars 1876.
Roque-Ferrier Alphonse, président du Félibrige latin, à Montpellier. 4 juin 1878.
Bec (de) Léon, à Rieux-en-Minervois (Aude). 11 juin 1878. Bellet (l'abbé), à Tain (Drôme). 12 décembre 1882. Dorlhae de Borne, directeur honoraire d'Ecole Normale, à Tarascon.Titulaire 6 avril 1883, correspondant 9 mai 1893.
Jullien Ernest, président honoraire du Tribunal civil , à Reims. 2 mai 1884.
— 294 —
Bovet Alfred, président de la Société d'émulation de Montbéliard. 4 juin 1888.
Cottin Paul, bibliothécaire à l'Arsenal, à Paris, 11 juin 1888.
Bremond d'Ars-Migré (marquis de) Anatole, conseiller général, château de la Porte-Neuve-en-Riec (Finistère). 27 janvier 1891.
Proal Louis, conseiller à la Cour de Paris. Titulaire le 22 décembre 1891, correspondant le 15 décembre 1896.
Joret Charles, membre de l'Institut. Titulaire le 16 mai 1893, correspondant le 12 décembre 1899.
Zeiller Charles-René, membre de l'Institut, à Paris.-19 janvier 1897.
Petit Alexandre, docteur, en médecine à Royat et Paris. 4 mai 1897.
Hulot (baron), secrétaire général de la Société de Géographie, à Paris. 11 mai 1897,
Rochas d'Aiglun (comte de), colonel, ancien administrateur de l'école polytechnique. 24 avril 1900.
Pécoul Auguste, à Paris. 5 mars 1901.
Moris Henri. 12 mars 1901.
Jourdanne Gaston, à Carcassonne. 14 mai 1901.
— 295 —
ASSOCIÉS CORRESPONDANTS A L'ÉTRANGER.
MM.
Adriani J.-B., membre du comité royal d'histoire nationale
et de l'Académie des sciences, à Turin. 26 janvier 1858. Carnazza-Amari, ancien professeur à l'Université de Gatane,
sénateur du royaume d'Italie. 6 avril 1868. Rotrou (de), à Rome. 2 mai 1882. Son Excellence Sawas-Pacha, à Menton, ancien ministre des
affaires étrangères de l'Empire Ottoman, 26 janvier 1892. Gubernatis (comte de) Angelo, professeur à l'Université, à
Rome. 3 janvier 1893. Typaldo-Bassia, député, professeur agrégé à l'Université
d'Athènes. 23 janvier 1894. Barr-Ferree, à New-York. 5 juin 1894, Portai (le commandeur Emmanuel), à Palerme. 12 février
1895. Morozzo della Rocca (comte de) Emmanuel, général, à Turin.
21 mars 1899. Da Cunha Xavier, conservateur de la Bibliothèque royale à
Lisbonne. 11 décembre 1900. Zuccaro Louis, professeur à l'Institut royal technique d'Alexandrie (Italie). 2 avril 1901. Son Excellence don Alberto de Quintana y Coinbis, Travesia
Travesia à Gerona (Espagne). 22 avril 1902.
Le présent Tableau a. été arrêté le 14 Juin 1902 , conformément à l'article ÎO du. Règlement intérieur.
Le Président : Le Docteur AUDE.
Le Secrétaire Perpétuel:. Baron GUILLIBERT.
LISTE
DES
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES.
Abbevillc. Société d'émulation.
Agen. Académie Jasmin.
— Société d'agriculture, sciences et arts. Alais. Société scientifique et littéraire.
Alençon. Société.historique et archéologique de l'Orne.
Alger. Association scientifique algérienne.
Amiens. Société des antiquaires de Picardie.
— Conférence littéraire et scientifique de Picardie. Angers. Société académique de Maine-et-Loire.
— Société d'agriculture, sciences et arts.
— Société industrielle d'A ngers et de Maine-etLoire.
Maine-etLoire.
Arras. Académie des sciences, lettres et arts.
Avignon. Académie de Vaucluse.
Bar-le-Duc. Société des lettres, sciences et arts. Bayonne. * Société des sciences et arts.
Belfort Société Belfortane d'émulation.
Besançon. Académie des sciences, belles-lettres et arts.
— Société de médecine.
Béziers. Société archéologique, scientifique et littéraire.
— Société d'étude des sciences naturelles. Bordeaux. . Académie des sciences, belles-lettres et arts.
Boulogne-sur-Mer. Société académique.
— Société d'agriculture de l'arrondissement. Bourg. Société historique et littéraire de l'Ain.
— 297 —
Brest. Société académique.
— Société d'agriculture de l'arrondissement. Caen. Académie des sciences, arts et belles-lettres.,
— Société française d'archéologie.
— Société linnéenne de Normandie.
— Société des beaux-arts.
— Société d'agriculture et de commerce.
Cahors. Société des études littéraires, scientifiques et
artistiques du Lot.
Cambrai. Société d'émulation.
Cannes. Société académique.
Carpentras. Commission de la bibliothèque.
Chdlons-sur-Marne. Société d'agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne.
Chalon-sur-Saône. Société d'histoire et d'archéologie.
Chambéry. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie.
— Société savoisienne d'histoire et d'archéologie. Chartres. Comice agricole.
Cherbourg. Société nationale académique.
Constantine. Société archéologique du département.
Digne. Société scientifique, littéraire et artistique des
Basses-Alpes.
Dijon. Académie des sciences, arts et belles-lettres.
— Commission archéologique.
— Société d'agriculture et d'industrie agricole du
département.
Douai. Société d'agriculture, sciences et arts.
Draguignan. Société d'études scientifiques et archéologiques.
— Société d'agriculture et de commerce du Var.
Dunkerque. Société dunkerquoise pour l'encouragement des Sciences, des lettres et des arts.
Forcalquier. Athénée littéraire, scientifique et artistique.
Gap. Société d'études des Hautes-Alpes.
Grenoble. Académie delphinale.
— Société de statistique, des sciences naturelles
et des arts industriels de l'Isère.
Hippone. Académie.
-, 19 bis.
— 298 —
Le Havre. Société nationale hâvraise d'études diverses.
— Société des sciences et arts, agricole et horticole.
horticole.
Lille. Société des sciences, de l'agriculture et des arts.
Limoges. Société archéologique et historique du Limousin.
Limousin.
Lons-le-Saulnier. Société d'émulation du Jura.
Lyon. Académie des sciences, belles-lettres et arts.
— Société littéraire, historique et archéologique.
— Société d'agriculture, histoire naturelle et arts
utiles.
— Société botanique.
— Société académique d'architecture.
Le Mans. Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe.
Marseille. Académie des sciences, belles-lettres et arts.
— Société de statistique.
— Société de géographie. —- Société de médecine.
— Société départementale d'agriculture des Bouches-du-Rhône.
Bouches-du-Rhône.
— Société d'horticulture.
— Société botanique et horticole de Provence.
Mende. Société d'agriculture, industrie, sciences et arts
de la Lozère.
Montauban Société d'agriculture du Tarn-et-Garonne.
Montbéliard. Société d'émulation.
Montbrison. La Diana.
Montpellier. Académie des sciences et lettres.
— Société pour l'étude des langues romanes.
— Société archéologique. Nancy.. Académie de Stanislas.
— Société centrale d'agriculture et comice de
Nancy.
Nantes. Société académique de Nantes et de la LoireInférieure.
LoireInférieure.
— Société des sciences naturelles de l'ouest de la
France.
— 299 —
Nice. Commission de la bibliothèque de la ville.
— Société des lettres, sciences et arts des AlpesMaritimes.
AlpesMaritimes.
— Société centrale d'agriculture, d'horticulture et
d'acclimatation de Nice et des Alpes-Maritimes.
Nimes. Académie.
— Société d'étude des sciences naturelles. Niort. Société centrale d'agriculture des Deux-Sèvres. Paris. Faculté des sciences.
— __ Association philotechnique.
— Société philotechnique.
— Société nationale d'encouragement au bien.
— Société française de numismatique et d'archéologie.
d'archéologie.
— Société philomatique.
— Société ethnographique.
— Société de secours des amis des sciences.
— Société de biologie.
— Société de médecine légale.
— Société des antiquaires de France.
— Société des études historiques.
— Société centrale d'agriculture de France.
— Société zoologique de France.
— Société protectrice des animaux.
— Musée Gui met.
Pau. Société des sciences, lettres et arts.
Perpignan. Société agricole, scientifique et littéraire.
Poitiers. Société académique d'agriculture, belles-lettres,
sciences et arts.
Quimper. Société archéologique du Finistère.
Reims. Académie nationale.
Rennes. Société archéologique d'Ille-et-Vilaine.
La Rochelle. Société littéraire.
— Société des sciences naturelles.
Rodez. Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron.
Romans. Comité de rédaction du Bulletin d'histoire
ecclésiastique des diocèses de Valence, Gap, Grenoble et Viviers.
— 300 —
Rouen. Académie des sciences, belles-lettres et arts.
— Société centrale d'agriculture de la SeineInférieure.
SeineInférieure.
Saint-Mienne. Société d'agriculture, industrie, sciences, arts et belles-lettres de la Loire.
Saint-Lô. Société d'agriculture, d'archéologie et d'histoire naturelle de la Manche.
Saint-Omer. Société des antiquaires de la Morinic.
Saint-Quentin. Société académique des sciences, arts, belleslettres, agriculture et industrie.
Saintes. Société des archives historiques de la Saintonge
et de l'Aunis. ..
Toulon, Académie du Var.
Toulouse. Académie des jeux floraux.
— Académie dès sciences, inscriptions et belles
lettres.
— Société d'agriculture de la Haute-Garonne.
— Société hispano-portugaise.
Tours. Société d'agriculture, sciences, arts et belleslettres.
belleslettres.
— Société archéologique de Touraine.
Troyes. Société académique d'agriculture, des sciences,
arts et belles-lettres de l'Aube.
Valence. Société départementale d'archéologie et de
statistique.
Versailles. Société d'agriculture et des arts de Seine-et-Oise.
— Société des sciences morales, des lettres et des
arts de Seine-et-Oise.
Vitry-le- François. Société des sciences et arts.
— 301 -—
ECHANGES INTERNATIONAUX.
Anvers. Académie royale d'archéologie de Belgique.
Boston. American academy of arts and sciences.
— Society of natural history. Bruxelles. Comité du Bulletin Rubens.
— Académie d'archéologie.
— Société belge de géologie et de paléontologie.
— Comité de la revue de Belgique. Bucarest. Académie roumaine.
Buenos-Air es. L'Université.
Chicago. Académie des sciences.
Christiania. Université royale frédéricienne de Norwège.
Claudiopoli. Sociéé royale universitaire hongro-claudiopolitaine
hongro-claudiopolitaine
Colmar. Société d'histoire naturelle.
Colombus. Ohio state agricultural society.
Florence. Société dantesque italienne.
Genève. Institut national genevois.
Metz. Académie des lettres, sciences, arts et agriculture.
Mexico. Société, scientifique Antonio Alzate.
Milan. Institut lombard.
— Société italienne des sciences naturelles. Montevideo. Musée national.
Moscou. Société impériale des naturalistes de Moscou.
— Société impériale d'agriculture. Munich. Société d'histoire naturelle. Naples. Institut royal d'encouragement.
Neufchâtel (Suisse). Société neuchàteloise de géographie.
Ottawa. Institut canadien.
— Société royale du Canada.
Rio de Janeiro. Commission géologique des États-Unis du Brésil.
— Musée national.
— Observatoire national.
Rome. Bibliothèque centrale Victor Emmanuel.
— L'Orient (revue).
— 302 -
Santiago. Société scientifique du Chili.
Stockholm. Académie royale d'histoire et d'antiquités.
Turin. Université royale des études.
Washington. Smithsonian institution.
— United states geological and geographical Survey
Survey the terri tories.
— Académie américaine. Vienne. Musée d'histoire naturelle.
Envois du Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts.
Bulletin du comité des travaux historiques et scientifiques.
Répertoire des travaux historiques.
Revue des travaux scientifiques.
Réunion des sociétés savantes des départements, section des beaux-arts.
Archives des missions scientifiques.
Dictionnaire tôpographique de la France.
Répertoire archéologique de France.
Journal des savants.
Romania.
Rapports sur les archives nationales.
Annales de l'Institut national agronomique.
Bulletin du Ministère de l'agriculture et du commerce;
Bulletin consulaire français.
TABLE DES MATIERES
DIJ XVIIIme VOLUME.
Le cabinet des Fauris de Saint-Vincens à Aix, d'après des documents inédits, par M. Alexandre MOUTTET . 5
L'Abricotier et le Pêcher, par M. Charles JORET, de l'Institut 53
Les Nouvelles Hébrides, leur colonisation, par M. le
docteur AUDE 59
Théorèmes sur la série des nombres impairs, considérée comme génératrice des carrés, par M. le Vte de SELLE 75
Autour de Saint-Ganadet, par M. Alexis de FOKVEUT. . 87.
Thiers, étudiant en droit, ses rapports avec l'Académie d'Aix, par M. le docteur AUDE 99
Coperniciens ,st Anticoperniciens, par M. le comte Antoine de SAPORTA 127
La Campagne de Marius en Provence, par M. Maurice . de DURANTI LA CALADE 163
Le Roi René, seigneur de Gardane, par M. Louis BLANCARD, correspondant de l'Institut 197
Sonnets, par M. le baron de MEYRONNET-SAINT-MARC. . 217
Poésies, par M. le baron Hipp. GUILLIBERT 221
Fondation Irma MOREAU 229
Liste alphabétique des membres de l'Académie d'Aix, depuis sa fondation 265
Liste des membres 285
Liste des Sociétés correspondantes 296