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Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1890-04-26

Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 26 avril 1890

Description : 1890/04/26 (Numéro 2256).

Description : Note : 2ème édition.

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k554090d

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 02/04/2008

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CHRONIQUE PARISIENNE La situation de vaincu est décidément bien pénible, et il est temps que cela finisse, On tombe sur nous de tous les côtés. L'Angleterre, sous prétexte d'income tax, veut toucher des impôts en France. Dès qu'un- commis-voyageur aura mis le pied sur le sol britannique, la maison qu'il représente devra, par ce seul fait, payer au fisc anglais la taxe sur les bénéfices réalisés dans tout le reste du monde.

Si M. de Lur-Saluces vend vingt-cinq bouteilles de château-yquem à un bourgeois de Leicester square, il devra l'impôt sur toute sa récolté. Sj un maître d'armes parisien va donner une leçon de fleuret à un Anglais, il sera tenu de payer la taxe sur tout ce que lui rapporte sa salle d'armes à Paris, y compris la vente des gants, des plastrons et des masques d'escrime. Voilà qui pourrait mettre un terme aux déplacements des comédiens français. Mlle Reiehemberg allant donner trois représentations à Londres, le commissionne¡' lui réclamera quinze pour cent sur ses appointements au ThéâtreFrançais et sur les bénéfices qu'elle a pu réaliser dans ses tournées à Lyon et à Bruxelles. Les Anglais vont plus loin.

Nous achetons à leurs représentants beau- COUP (le paie-aie et Ue pvitor, cane rôolanior à MM. Bass, All Sopp ou Barklay le moindre droit sur les bénéfices considérables qu'ils réalisent en Angleterre ou aux Indes. Ainsi du reste. Il faut savoir se modérer.

Mais ce n'est pas tout. Tandis que l'Italie expulse nos journalistes, Terre-Neuve veut expulser nos pêcheurs. Crispi reproche à nos compatriotes de pêcher de fausses nouvelles, et le gouverneur de Saint-John de pêcher de vrais homards.

Connaissez-vous Terre-Neuve ? Allez donc y faire un tour. Une grande île triangulaire entourée de brumes épaisses. Dans les contours des côtes s'ouvrent de vastes cavernes où les vagues s'engouffrent avec de sinistres mugissements; partout ailleurs des rochers abrupts et nus. Et la morue a dit au homard

Connais-tu le pays oû les glaçons fleurissent,

Oit le sable s'étend sous un brouillard amer,

Où tes galets, battus par les vents qui mugissent, Roulent sinistrement dans l'éternel hiver?

Cette, plage où l'orage a des bruits de crécelle,

Où le tlot se débat sous le ciel blasphémé,

Dis-mois, la connais-tu? Non? Tant pis, car c'est celle Où j'aurais voulu vivre avec toi, bien aimé!

Ce'n'est pas que je regrette'bien vivement les homards conservés dans les cercueils de. fer blanc où on enferme généralement trois quarts de pieuvre pour un quart de homard, mais il paraît que la pêche de Terre-Neuve occupe douze ihjlle marins français qui, si on leur coupe la pêche, vont tous briguer le. dignité de conseiller municipal à Paris.

« La sottise, a ditDryden, est la vocation'de la nature, son travail de tous les jours. Quand elle fait un homme, elle y perd; il lui faut dix sots pour se couvrir de ses avances ». D'où vient donc que le monde affecte tant d'aigreur contre ta sottise ? Les sots, c'est le fonds commun de lacréation: c'est la race pure et peut-être la meilleure part du genre humain. Les autres, l'exception, la race croisée qui se distingue par une légère addition d'esprit d'analyse et de soupèsement, paient aussi, par quelques extravasances, leur tribut la faiblesse humaine, ce qui leur assure une certaine tranquillité car, à défaut de quelque infirmité qui les protège, ils se verraient mis au ban de l'humanité et rejetés comme indignes du commerce de leurs semblables. Un homme sans défauts serait un monstre dans l'ordre social; sa présence dans le monde serait un scandale.

La médiocrité, c'est l'ensemble de l'humanité. Ainsi l'a établi la nature. Toute réclamation est an blasphème. Les mécontents trahissent ou une profonde ignorance d'eux-mêmes ou des prétentions insupportables. Demander la sagesse, seulement le bon sens pour tout le genre humain, c'est un propos de factieux. Le seul fait de la multitude des sots est décisif il implique leur utilité. Tout l'édifice social a pour base la sottise, l'absence- d'une vision nette sur un ordre plus élevé. Une légère dose de bon sens en plus produirait un trouble général. Sauf quelques visionnaires, comme Jean-Jacques Rousseau, as.sez dépravés pour désirer le retour à l'état sauvage, il n'y a personne qui n'accepte la condition vine quâ non du système social.

Le but de tout gouvernement est d'établir une sorte de chasse légale, et, sous prétexte de les protéger contre les braconniers, de parquer tous les sots dans une vaste réserve qui s'appelle « un pays », et qui est ouverte aux battues de quelques chasseurs, détenteurs triés ou élus de l'autorité. Une communauté de coquins sans mélange se détruirait elle-même, comme deux meules de moulin, si elles n'étaient séparées par le grain qu'elles broient.

D'autre part, une nation uniquement composée de sots serait bientôt la proie de ses voisins. Mais une société panachée de sots et de fripons, avec un heureux mélange de ceux qui réunissent les deux qualités dans une proportion convenable, se trouve admirablement disposée pour le maintien de l'ordre et. des rapports de la civilisation.

Sans ce pacte accepté, nous n'aurions ni princes, ni évêques, ni généraux, ni magistrats. .Que deviendrait alors l'édifice social? C'est ce qu'il faudrait savoir avant de se risquer. Si le vêtement n'avait d'autre utilité que de nous protéger contre l'intempérie des saisons, et ;si on n'accordait rien à la vanité et à l'ostentalion, que deviendraient les tailleurs et les moSi nous ne mangions que pour nous nourrir, 1 'qu'en serait-il des cuisiniers, des restaurateurs des pâtissiers? Ainsi de tout. Plus de dentelles, plus de dorures, plus de parfumeries, plus de bijoux, rien.

Et la médecine ? et la pharmacie ? Dans la riche variété des médicaments, il y en a tout au plus ÏÏS «emi-douzaine dont les propriétés j us- tifient! étiquette. Les autres sont d'innoconts moyens^ attraper les sots, de faire des dupes. Où est le mal 1 Certains remèdes sont destinés aux maladies du publie, d'autres A ses caprices. Les tribunaux ? Procès et jeux de hasard, c'est tout un, et les plaideurs feraient tout aussi bien déjouer leurs procès aux dés ou aux dominos. Le code international n'est autre chose qu'un sacrifice dé déférence fait v la sottise universelle. ° Et; comme l'a dit Oxenstiern, les sots avérés font toujours les bons ministres. Ils sympathisent avec le public dont ils font les affairesi, et le pu- r Blic sympathise avec eux. L'instinct les pousse.

La haute portée de leurs conceptions ne trou- blera jamais l'ordre de choses établi, et le monde avec eux est à l'abri de ces violentes secousses qui mettent parfois la civilisation en péril. L'aventure récente du charcutier de Sèvres nous prouve que la vie est douce à celui qui, débarrassé de tout préjugé, sait profiter des facilités de la loi.

L'acquittement est presque d'hier. Une jeune fille d'une des plus anciennes familles de la Drôme, Eva Provansal, est entrée an service, après des revers de fortune qui rappellent la déveine d'Edgard de Ravenswood,

Cette servante avait des armes et une devise Punir et pardonner. Ces armes et cette devise lui avaient servi*à obtenir une place de bonne à tout faire chez une dame de Sèvres.

Dans cette localité, si renommée pour sa poroelaine, vivait et vit encore un jeune charcutier nommé Raoul Leroux. Est-ce le prénom de Raoul qui a troublé Mlle de Provansal ? Est-ce le verms que donne à la peau humaine le contact continuel avec le lard qui lubrifie et éclaircit le teint? C'est un mystère que pourrait seul pénétrer le docteur Luiz.

Quoi qu'il en soit, Eva céda à Raoul. Une grossesse s'en suivit, à la suite de laquelle le don Juan du boudin, le Lovelace du cervelas, écrivit au père de sa future « Hé 1 là-bas l votre fille vous a rlAshonorA.. Venez vite la chercher, car un scandal#-pourrait mettre un jeune charcutier dans l'embarras, »

Le père, juge suppléant dans an canton du Midi, accourt, tout éploré. Il supplie le père Leroux de consentir a un mariage qui rendrait l'honneur à sa fille. Mais le charcutier redresse sa hure « Une femme de chambre dans sa famille Que penserait le monde d'une pareille mésalliance ? Impossible 1 »

Avec sa derniere pièce de cent sous, Eva achète un revolver et effleure d'une balle le jambon de son séducteur.

La mère Leroux, à qui la pauvre Eva apportait son enfant, avait répondu avec noblesse « C'est le troisième qu'on m'amène. Mon fils a l'habitude de la galantine; je n'y puis rien. » Eva Provansal est acquittée naturellement, et M. le procureur de la République Chrétien termine sa plaidoirie par ces mots qui sont un soulagement pour la conscience publique « Il est regrettable que nos lois ne permettent pas, comme en Angleterre et en Allemagne, aux Jeunes filles aussi odieusemeni abandonnées de s'adresser à la justice pour obtenir une réparation pécuniaire. »

Mais pourquoi les lois ne le permettent-elles pas ? Depuis le temps que les organes du ministère public flétrissent les drôles qui échappent, chez nous, a toute responsabilité, comment nos législateurs n'ont-ils pas mis notre code à la hauteur du code anglais et eu code allemand ? Il ne suffit pas de crier sur les toits qu'on marche à la tête de la civilisation, il faudrait justifier ses prétentions. Ne marchez pas à la tête, c'est inutile arrêtez-vous au cœur, cela vaudra mieux. Le Pensiero répond à mes accusations par un article ou le persiflage se mêle au sentiment dans des proportions acceptables. Les rapports entre l'Italie et la France étant moins tendus, M. André suit le mouvement.

Ses deux fils sont élevés au collège de SanRemo, mais l'aîné n'ayant guère que dix-sept ou dix-huit ans, aucun d'eux ne saurait être officier dans l'armée italienne. J'avais été induit en erreur. Tant pis pour l'armée italienne qui compterait un excellent officier de plus.

J'ai précisément rencontré hier, chez Mme Adam, le comte Greppi, diplomate italien des plus distingués, à qui M. André avait dédié une volée de bois vert pour quelques mots de conciliation prononcés au banquet de la Vie pour le czar.

Nous n'en sommes plus là, tant mieux. Viva l'Jtalia, viva la Francia, viva Garibaldi l Et je suis heureux de voir que M. André met de l'eau dans son Lacryma-Crispi.

AmiÉLIÉN SCHOLL.

LE MATIN publiera demain un article de M. J. CORNÉLY

L'AGITATION^ AUTRICHE

Un train qu'on a voulu faire dérailler Terrible catastrophe évitée Menées anarchistes.

VIENNE, 25 avril. Par service sp éciad. Up arttentat a été commis cette nuit sur la ligne de Vienne à Pesth, et c'est seulement grâce à la vigilance du arde de la voie qu'une grande catastrophe a été Le train rapide qui arrive il Pesth à minuit dixhuit n'entra en gare de Pesth qu'à deux heures parce qu'il fut avisé en route que la voie n'était pas libre et qu'il devait stopper.

Prés de la station de Raasdorf, un garde avait en effet constaté que les rails avaient été enlevés en quatre endroits et que (énormes pierres avaient été en outre poussées sur la voie. Il se hâta d'aviser la station voisine, et demandadu personnel pour rétablir la voie.

Le garde soupçonne une bande de huit individus qu'il a vus rôder sux environs de son poste dans la soirée; il croit que plusieurs étaient déguisés en femmes.

On a ouvert immédiatement une enquête sur cette affaire assez mystérieuse qui pourrait bien se rattacher aux menées anarchistes signalées de divers côtés.

Le socialisme et l'armée.

PESTa, 25 avril. Par service spéciad. Les autorités militaires viennent de donner des ordres sévères pour empêcher la lecture des écrits socialistes dans la troupe,

La loi martiale.

Vienne, 25 avril. D'un correspondant. L'Apendpost, de Vienne, déclare qu'il est inexact que, lors des excès de Bielitz et de Biala, la troupe ait tiré d'abord à blanc et n'ait tiré à balles qu'après, la décharge à blanc étant restée sans résultat. Des informations puisées aux meilleures sources permettent d'affirmer qu'on n'a pas du tout tiré ft blanc.

A la suite de la première dé charge, il y avait déjà plusieurs morts et htèssés: par conséquent, on nepeut pas mettre en doute que la troupe fera usage de. ses armes d'une manière effective toutes les fois que la loi le commandera.

En outre, d'après la feuille viennoise,le comte raaffe, en présence des événements de Bielitz et de Biala, a attiré l'attention do tous les gouverneurs les provinces sur les circonstances où l'on doit appliquer la loi martiale.

EXPÉDITION SUR OONGOLA

Le GAraK, 25 avril. D'un correspondant. te >ruit court, qu'une .expédition, sur Dongola est ha» muenle et -qu'où -a'-atieudraii pas la hausse du

FUTURES UNIVERSITÉS LA DÉCENTRALISATION DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Un règlement d'administration publiqueAutonomie croissante des Facultés, Une nouvelle classe d'étudiants

-Bourses et subventions.

Jusqu'à cette année, toutes les dépenses des Facultés, celles du matériel comme celles du personnel, étaient payées directement par le Trésor. La dernière loi budgétaire avait décidé que l'ancien état de choses serait maintenu à l'égard du'personnel, mais qu'à dater de 1890 les Facultés recevraient une subvention de l'Etat pour toutes les dépenses du matériel. La loi ajoutait qu'un règlement d'administration publique préciserait les réglés relatives aux budgets et aux comptes spéciaux des Facultés. C'est ce règlement d'administration publique qui vient d'être élaboré par le conseil d'Etat et rendu exécutoire par un décret du président de la République.

La disposition nouvelle de la loi budgétaire a une portée considérable. Autrefois, quand les dépenses du matériel étaient payées directement par le Trésor, les Facultés dépensaient entièrement le crédit qui leur était ouvert; elles en faisaient un emploi hâtif et souventmauvais; aujourd'hui, au contraire, si elles ne dépensent pas toute la somme qui leur est allouée, la différence restera leur propriété et viendra augmenter leur patrimoine.. Ainsi encouragées à l'esprit d'ordre et d'économie, il est certain qu'elles deviendront bonnes ménagères de leurs deniers et qu'elles augmenteront ainsi leurs ressources et leurs moyens d'action.

Envisagée à un autre point de vue, la réforme de la loi de est un pas de plus fait dans la voie de la transfo mation des Facultés en Universités. Depuis douze ans, la vie universitaire dans les Facultés des lettres et des sciences s'est complètement modifiée. Jadis, les Facultés se contentaient de vulgariser avec talent, dans un certain nombre de leçons publiques, les résultats de la science plus tard, on les invita à créer des cours préparatoires, d'abord à la licence, puis à toutes les branches de l'agrégation. Delà une régénération complète et la formation de ces deux nouvelles catégories d'étudiants inconnues jusque-là l'étudiant en lettres et l'étudiant en sciences. Si on consulte les statistiques jusqu'en 1878, on trouve inscrits des auditeurs, mais pas un seul élève. En 1878 apparaissent les premiers étudiants à Paris, à Lyon, à Bordeaux, a Montpellier; l'année suivante, il en existe à Poitiers, il Douai, à Toulouse, et, en moins de trois ans, il n'est pas une Faculté qui n'en compte un certain nombre. Le mouvement n'a fait que se développer de plus en plus. En 1878, la dernière année enregistrée par les statistiques, on a compté dans les Facultés des sciences et des lettres 3,693 étudiants, 1,620 à Paris, 2,073 en province 1,335 dans les sciences, 2,358 dans les lettres.

Mesures libérales.

Encouragées par cette renaissance universitaire, les Facultés ont manifesté de nouvelles tendances, et le pouvoir central, grâce il M. Albert Dumont, directeur de l'enseignement supérieur, et à son successeur, M. Liard, s'est fait pour elles plus libéral. D'abord il les a rendues maîtresses de leur enseignement. Tout récemment encore, elles étaient tenues de rédiger à l'avance, seconde par seconde, le programme ue leurs cours et de le soumettre a l'administration centrale. Au ministère, ce programme était examiné, corrigé et renvoyé aux Facultés, sans que les professeurs pussent changer un iota à cette formule définitive.

A cette époque, les Facultés n'étaient pas consultées sur les affaires qui les touchaient de plus près. M. Albert Dumont mit un terme il ces errements et décida que, dorénavant, tout projet concernant les Facultés leurserait préalablement soumis. Ce n'était rien encore. La vie intérieure des Facultés commençant à se manifester, on pensa qu'il était nécessaire d'en compléter les organes.

En 1883, on posa aux Facultés la question suivante « Y a-Hl lieu des constituer les Facultés en Universités, analogues à celles de l'étranger ? » En majorité, elles répondirent Oui. Le gouvernement ne crut pas le moment venu de déférer à ce vœu. Il lui parut que ni l'opinion publique, ni les Facultés elles-mêmes n'y étaient préparées.

On ne créa donc pas des Universités, mais on fit dans chaque centre académique un groupement organique des facultés.

Nous ne nous étendrons pas sur ces décrets, que tout le monde connaît. Contentons-nous de rappeler qu'un d'eux rendit la personnalité civile aux Facultés, en leur permettant, non seulement de recevoir les dons et les legs, mais encore les subventions des villes, des départements et même des particuliers, et à en faire l'emploi, comme de biens personnels, en toute indépendance. Le second décret solidarisa les Facultés, leur remit le soin de leurs intérêts généraux et les appela il vivre de leur existence propre.

Ce qui est intéressant à connaître, ce sont les résultats donnés par les décrets. Grâce il la personnalité, lesFacultés ont maintenant leur budget personnel.

Le total des revenus, produits des dons, des legs, des subventions des villes, des départements, des particuliers s'est élevé, l'année dernière, à francs. Sur ce chiffre, les revenus des dons et legs figurent pour francs le reste vient des subventions. Voici quelques exemples de ces subventions et des objets auxquels elles s'appliquent. Paris 15,000 francs pour bourses dans les diverses Facultés, cours d'histoire de la Révolution à la Faculté des lettres, cours de biologie générale a la Faculté des sciences Bordeaux francs pour bourses et cours d'histoire du Sud-Ouest à la Faculté des lettres; Lyon, 9,700 francs alloués par la chambre de commerce à la Faculté des sciences pour l'enseignement pratique de la chimie industrielle Marseille subventions de la ville, du département et de la Compagnie des messageries maritimes Rennes subventions de trois des départements bretons pour un cours de celtique à la Faculté des lettres Toulouse fondatioh par la ville d'une chaire d'espagnol, et par le département d'une chaire de langue et de littérature romanes; Lille rente de 20,000 francs faite par la ville aux Facultés pour être employée au mieux des intérêts de l'enseignement supérieur.

Ambitions locales.

On voit, par les exemples que nous venons de donner, combien est grand l'intérêt que l'on porte de toutes parts à l'enseignement supérieur. Mais Paris et les villes de province ne se contentent pas de donner des subventions, elles voudraient posséder de véritables Universités, s'administrant complètement elles-mêmes, et qui deviendraient des centres de foyers intellectuels. Ce sont surtout les villes de province qui désireraient voir renaître la vie universitaire qui, avant 89, donnait tant d'animation à certaines d'entre elles.

Cette ambition se montre surtout à Bordeaux, Lyon, Lille mais c'est Lyon qui réclame, plus que toute autre ville, son Université indépendante. Il y a là des associations puissantes, riches, composées non seulement de personnes qui, par la nature de leurs occupations, s'occupent de lettres et de scien- ces, mais encore de négociants et de banquiers. Le pouvoir central n'est pas opposé à ce mouvement il le favorisera au contraire de plus en plus par toute une série de mesures qui accroîtront chaque Jour- les' libertés dont jouissent les Facultés, de telle sorte qu'il arrivera un moment où la réforme sera complètement mûre et où la réunion de toutes les Facultés d'une ville en Université indépendante se fera d'elle-même.

ÉMIN-PAGHA

Stockholm, 25 avril, D'un correspondant. La

décerné à Emin-Pacha la médaille de la Véga, et l'a remise à M. Busch, ministre d'Allemagne, avec prière de ta lui faire parvenir.

M. CARNOT

De Nice Draguignan Ovations sur le parcours A Cannes, à Antibea

et à Grasse.

DRAGUIGNAN, 25 avril. De notre envoyé spécial. Le président de la République a quitté Nice à sept heures. Malgré ce départ matinal, la population était déja massée le long de la voie sur une longueur de trois kilomètres environ et elle l'a acLes mêmes acclamations ont suivi le chef de l'Etat à Antibes, à Cannes, à Saint-Raphaël et aux Arcs, où le train présidentiel s'est arrêté pendant quelques minutes.

Toutes les gares étaient magnifiquement décorées et pavoisées. A Cannes et à Antibes, une tente et une estrade avaient été dressées en dehors de la gare.

Le maire d'Antibes, M. Robert Soleau, vice-président au tribunal de la Seine, a prononcé un discours auquel M. Carnot a répondu par quelques paroles pour les habitants de la localité.

M. Cazagnère, maire de Cannes, a rappelé à M. Carnot qu'il avait habité cette ville.

« Vous savez, a-t-il dit, de quelle estime et de quelle considération y étaient entourés votre regretté père et sa famille. o

Au moment du passage du train présidentiel, le colonel Lichtenstein s'est arrêté à Cannes et a rendu visite à dom Pedro.

Les 55 minutes d'arrêt consacrées à Grasse ont été fort bien employées.

Des landaus ont transporté le président de la République jusqu'au sommet de la colline sur les flancs de laquelle cette ville est bâtie en amphithéâtre.

La population était massée sur le haut des escarpements qui conduisent de la gare à la cathédrale et qui forment comme autant d'espaliers disposés en vue de l'industrie horticole du pays.

On a dû détacher de la voiture de M. Carnot deux des quatre chevaux qui composaient l'attelage et qui se montraient trop fringants.

Cinq cents francs ont été laissés pour les pauvres de la ville et six cents ont été remis au préfet des Alpes-Maritimes pour les ouvrières nécessiteuses de la manufacture des tabacs de Nice.

M. Mavilain a eu la courtoise attention de faire voir aux journalistes les belles, toiles de Fragonard, commandées à cet artiste par la Dubarry pour l'ornementation du château de Louveciennes et dont les quatre sujets, empruntés à la galanterie, sont la Déclaration, la Surprise, la Possession et l'ALandon. Ces toiles ont été laissées il Grasse par Fragonard, qui était venu s'y réfugier pendant la Révolution.

Les autorités ont été présentées, à la sous-préfecture, par MM. Chiris et Rouvier.

A Draguignan.

Le séjour il Draguignan du président de la République a été de deux heures et demie.

Les autorités ont été présentées, à la préfecture, par M. Chadenier, préfet du département. Un déjeuner a été offert par la villo et par le département.

Le départ a eu lieu il 1 h. 45.

GUILLAUME Il EN ALSACE

Dîner chez le statthalter Départ pour Sarrebourg.

Strasbourg, 25 avril. D'un correspondant. Outre l'empereur, assistaient au dîner d'hier soir chez le statthalter le grand-duc de Bade, le général de Heuduck, commandant le & corps, le secrétaire et les sous-secrétaires d'Etat, le président de la délégation, le président du département, lg maire de Strasbourg, févêque, le président du directoire de l'Eglise de la confession d'Augsboùrg, le directeur de la police et une vingtaine d'officiers.

Aucune allocution n'a été prononcée, aucun toast n'a été porté.

L'empereur, accompagné du grand-duc de Bade, s'est rendu ce matin à sept heures et demie, par un train spécial, à Sarrebourg, où le général commandant le corps d'armée et les autres généraux l'avaient précédé.

L'empereur, accompagné du grand-duc de Bade, est parti à trois heures, par un train spécial, pour Darmstadt, où il se rend par la voie de Kehl. Il a pris cordialement congé, sur le quai de la gare, de la princesse de Hohenlone et d, la princesse Elisabeth, qui l'avaient attendu, du gouverneur de l'Alsace-Lorraine, du général commandant le corps d'armée et du gouverneur de la place de Strasbourg.

ÉCHO OU JUJLTURKAMPF

La loi d'expropriation Projet voté par le Bundesrath.

BERLIN, avril. D'un correspondant. Le Reichsanzeiger annonce que le Bundesrath a sanctionné le vote du Reichstag abrogeant la loi d'expatriation.

Cette loi, promulguée à l'époque du Kulturkampf, autorisait le gouvernement à expulser du territoire de l'Empire les ecclésiastiques qui persistaient à exercerle ministère malgré la défense des autorités civiles.

Des expulsions de nombreux évêques avaient été faites en vertu de cette loi, bien que le Reichstag en eût voté à plusieurs reprises l'abrogation. Tant que le prince de Bismarck fut chancelier, le Bundesrath avait toujours refusé de donner force de légalité au vote du Parlement.

DANS LES BALKANS

L'influence russe Mécontentement exprimé par le gouvernement autrichien. BELGRADE, 2à avril. Par service spécial. On assure, dans les cercles diplomatiques, que le gouvernement autrichien est loin d'être satisfait de l'attitude du baron Thomel, ministre d'Autriche-Hongrie à Belgrade.

On lui reproche' de n'avoir pas assez énergiquement combattu l'influence russe qui, grâce à sa faiblesse, gagne ici de jour en jour plus de terrain. Aussi, le gouvernement de Vienne songerait à adjoindre au baron Thomel un ennemi déclaré de la Russie, en la personne du conseiller de légation Koziebrodzki, actuellement à Bucharest, et qui serait prochainement nommé en la même qualité à Belgrade, en remplacement du comte Pallavicini. UNE GIFFLE

Philippopoli, 25 avril. Par service spécial. A la suite de l'opposition toujours plus vive qui se manifeste dans la Roumélie-Orientale, M. Stambouloit a envoyé un de ses plus chauds partisans, en même temps haut fonctionnaire, le docteur Zogoroff, en qualité de commissaire du gouvernement, à Philippopoli. Celui-ci a été gifflé dans un restaurant par le rédacteur du journal Plovdiv, -M, Semerdzieff. LES SOCIALISTES ALLEMANDS

Chemnitz, 25 avril. v'ziyx correspondant. Le tribunal de première instance a condamné M. Schippel, membre socialiste du Parlement allemand, à neuf mois de prison pour avoir répandu au? nouvelles fausses, inventées dans l'intention d'inspirer au publie du mépris pour les mesures adoptées par les UN RESCRIT A L'HORIZON

Bbbun, 25 avril. D'un correspondant. Un journal annonce que l'empereur adresser ua; rescrit au sujet de la réfarnze de renseignement.

CELLES QUI. ATTENDENT LES CHANTEUSES ET NOS DIREC- TEURS DE THEATRE

Manquons-nous de voix? Jérémiade. connues Une série d'interviews Constatations édifiantes– La mu-

sique rend sourd.

L'année musicale est pour ainsi dire terminée. Avec les derniers concerts spirituels se sont envolées les dernières joies des mélomanes, car les œuvres telles que le Dante, dont on nous annonce la prochaine première représentation, ne sont guère que pièces d'été..

A cette époque de la saison, les mêmes plaintes *se font entendre, les mêmes critiques sont soulevées nos théâtres subventionnés manquent de chanteurs. Viendra le moment des concours du • Conservatoire, et les plaintes dégénéreront en co.lères. On redira de cette noble institution ce quo tout le monde en a dit déjà l'année dernière comma les années précédentes; on reprochera à ses élèves de ne savoir ni le chant ni la musique on accusera les professeurs de toutes sortes de vilenies; on ira même jusqu'à s'en prendre à la respectable barbe blanchie sous le harnais du vénérable M. Thomas, auquel quelques-uns n'accorderont même pas le prénom doux et divin d'Ambroise bref, on. décriera toutes ces choses cependant essentielles à notre société moderne.et rien ne changera pour cela. Avant que les chandelles du Conservatoire ne s'allument, avant que les éternelles jérémiades ne recommencent, cette fois encore, il nous a paru intéressant de rechercher si, dans ce Paris même, que l'on accuse de ne savoir pas garder ce qu'il sait faire éclore de beau et de bon, il n'existe pas quelques chanteurs de talent capables de nous faire attendre en patience que ces messieurs et ces demoi.selles de la rue Bergère aient appris à chanter et à jouer, c'est-à-dire pour employer l'expression consacrée à se « débrouiller » sur une scène ly rique.

Nous avons été assez heureux, dans nos premières recherches, pour découvrir, et sans grande peine, une dizaine de cantatrices qui n'attendent que l'occasion de paraître ou de reparaître devant le publie. C'est moins à nos lecteurs qu'aux directeurs de l'Opéra et de l'Opéra-Comique que ces lignes s'adressent; quoi qu'il en soit les uns et 1 es autres peuvent en faire leur profit.

Mlle Marimon.

La présentation est inutile. Les succès de cette charmante chanteuse sont trop près de nous pour qu'il soit utile de les rappeler. Sans remonter aux souvenirs du petit théâtre lyrique de la rue Scribe, nous nous rappelons tous les brillants débuts de cette «reine de la vocalise » dans la Clé d'or et dans Giralda, à la Gaîté.

Mlle Marimon, que nous trouvons chez elle, dans son coquet appartement de la rue de Tilsit, veut bien nous dire tout de suite qu'elle n'a qu'un regret, celui de ne plus chanter a Paris, dans ce Paris qu'elle aimera jusqu'à son dernier souffle. de voix. Mais peut-ôtre, faisons-nous observer, les guinées et'les dollars vous ont-ils gâtée, mademoiselle. Vous savez mieux que personne que Paris n'est pas assez riche pour disputer les chanteuses à Londres et à l'Amérique.

Je sais qu'on dit cela, mais je vous assure que si j'avais à.choisir entre Paris et l'étranger, j'accepterais les propositions les plus honnêtes. celles de mes compatriotes. Tous mes succès à l'étranger, je les donnerais pour quelques applaudissements à Paris. Cela tient surtout à mon horreur de la mer. La traversée de la place du Châtelet me semblerait moins pénible. Mais il paraît que M. Carvalho n'a pas trop de chanteuses.

M. Car val ho demandons-nous. Vous voulez dire M. Paravey.

C'est vrai, nous répon.d Mlle Marimon. Pardonnez-moi. Je n'ai pas entendu parler de l'Opéra-Co.miquedepuis son ancienne direction.

Et comme pour détourner la conversation, notre interlocutrice se met au piano, et nous chante avec sa voix de vingt ans la valse du Pardon de Plo&rmel.

Je vous assure que le public de l'Opéra-Comique l'eût redemandée. Mais nous étions pressé do pousser plus loin notre enquête.

Mme Yveling Ram-Baud.

Aucune cantatrice, depuis Mme Pauline Viardot, n'a compris et exprimé les œuvres de Gluck avec cette profondeur de sentiment, cette élévation do style qui sont le propre du talent de Mme Yveling Ram-Baud.

Et comme nous manifestons à l'éminente cantatrice notre surprise, notre regret surtout de ne l'avoir, jusqu'à ce jour, applaudie que dans des concerts

Ne vous en étonnez pas, nous dit-elle. La vie d'artiste est faite tout entière de déceptions et de désillusions.

Je crois à mon art, j'y crois fermement, sincèrement. Cet art n'est pas fait uniquement do conventions, de traditions. L'artiste, l'artiste véritable, a le devoir d'y apporter ce qu'il sent, ce qu'il rossent. C'est peut-être cette foi vive, qu'on veut bien me reconnaître, qui éloigne de moi les directeurs de théâtre, habitués à la routine et croyant-bien à tort que le théâtre ne peut vivre que par la rou. tine.

En quittant Mme Y. Ram-Baud, qui a consacré son existence d'artiste à faire connaître les œuvres nouvelles de nos jeunes compositeurs, nous nous rendons chez Mlle Litvinne, de retour d'Italie depuis quelques jours seulement.

Mlle Litvinne.

Nous trouvons la gracieuse artiste au milieu des malles et des paquets.

Soyez le bienvenu, nous dit-elle. Quelques jours encore et je n'aurais pas eu le plaisir de vous serrer la main.

-Ainsi, vous nous quittez encore?

Hélas 1 oui. Telle est notre destinée, à nous autres chanteuses..comme le Méphisto de Gœthe» nous voyageons toujours.

Cette fois, vous allez faire un long voyage ? Je pars pour l'Amérique. J'avais espéré rester à Paris. C'était mon rêve, le rêve de toute ma vie. Jusqu'au dernier moment, j'ai résisté à tous les engagements il m'a fallu enfin prendre un parti.C'est pourquoi je quitte la France.

Et notre belle Valentine, celle-là même qui sut si profondément remuer les cœurs parisiens le jour où elle débuta à l'Opéra, partira, comme elle nous l'a dit, la mort dans l'âme, mais sans remords, sinon sans regrets, car elle aura tout tenté, elle aura fait toutes les concessions pour rester au milieu dt MlleGay.

On se rappelle certainement les débuts pleins de promesses de Mlle Marguerite Gay dans le Jocelyn Île M. Godard, au Çhâte2«-d.'Ej™ La presse n eut pour elle que des éloges, et \lS étaient mérités. Sa jolie voix et son gracieux parque nous char- tnérent tous. Mlle Gay, que nous avons eu le plaNsir de voir hier, est à la recherche, elle &JSS1> dune position. sociale.

Gomme, le public et la critique, les direetôuT». lui reconnaissent du talent et de la grâce, mal.* aucun ne songe à l'engager. A l'Opéra, où elle a passé dernièrement une excellente audition, on la troùvée «trop mignonne». Elle n'eût pas été, pat raît-il, à sa place, à côté des chanteurs grands de la maison. Il ne lui restera plus qu'à se «faire grandira à moins qu'elle ne se décide à entrer dans un théâtre d'opérette, où les directeurs « sérieux » fini rôùv peut-être quelque jour par la remarquer, Aior% lecleuffi'.JI