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Titre : Bulletin du Comité flamand de France

Auteur : Comité flamand de France. Auteur du texte

Éditeur : [s.n.] (Dunkerque)

Éditeur : [s.n.][s.n.] (Lille)

Éditeur : Comité flamand de FranceComité flamand de France (Hazebrouck)

Date d'édition : 1894

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32727278f

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32727278f/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Description : 1894

Description : 1894 (FASC2).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Nord-Pas-de-Calais

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5530688f

Source : Comité flamand de France, 2023-267183

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

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Ce bulletin paraît tous les trois mois.

BULLETIN

DU

COMITÉ FLAMAND

DE FRANCE

ANNÉE 1894 — 2me FASCICULE

BAILLEUL

IMPRIMERIE FICHEROULLE-BEHEYDT Grand'Place, 46.

M DCCC XCIV.



BULLETIN

D U

COMITÉ FLAMAND DE FRANCE

Compte-rendu de la séance du 14 Juin 1894

Présidence de M. Bonvarlet

Le Comité flamand s'est réuni à l'Hôtel-de-Ville de Bergues le 14 juin. En ouvrant la séance son président, M. Bonvarlet, rappelle à ses confrères la perte que le Comité a faite en la personne de M. René Bieswal. Il descendait de l'une des plus vieilles familles du pays. Etablis à Bailleul dès le XVIe siècle, les Bieswal y occupèrent pendant trois cents ans les principales magistratures locales ; quelques membres de cette famille marquèrent aussi à Bergues, à Furnes et à Hazebrouck. L'avocat Benoit-Nicolas-Louis Bieswal, fixé à Bergues, y avait réuni à la fin du siècle dernier un cabinet généalogique contenant des renseignements d'un prix inestimable sur la noblesse et la haute bourgeoisie de la Flandre-Maritime. A Hazebrouck, où son père s'était marié, M. René Bieswal était grandement mêlé à la vie communale de la cité; il était l'un des plus zélés et des plus intelligents défenseurs des intérêts moraux et matériels de sa ville natale, sa mort fut réellement un deuil public pour ses concitoyens.

M. Bonvarlet adresse, au nom du Comité flamand, les plus chaleureuses félicitations à M. l'abbé Monteuuis, dont l'Académie française vient de couronner le bel ouvrage : l'Ame d'un Missionnaire.

Le président lit ensuite une esquisse biographique


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du grand marin Pierre de Hau. La ville de Bergues et la Flandre-Maritime n'ont point suffisamment revendiqué jusqu'ici ce fils dont elles avaient le droit d'être fières et dont les historiens ont généralement défiguré le nom en l'écrivant Dehan. Vice-président de la commission qui se prépare à fêter le deuxième centenaire de la grande victoire remportée par Jean Bart en 1694, M. Bonvarlet tient à mêler le souvenir du vaillant enfant de Bergues à celui du héros dunkerquois.

Pierre de Hau était un des plus brillants officiers de notre marine, il s'était acquis une grande réputation de vaillance dans ses nombreuses rencontres avec les Anglais et les Hollandais ; sa mort fut héroïque. En 1745 il escortait la frégate qui portait en Ecosse le prince Charles-Edouard Stuart, petit-fils de Jacques II et prétendant à la couronne. Assailli par une division anglaise, abordé par un navire de plus fort tonnage que le sien, il tomba frappé mortellement à son banc de quart, au moment où l'ennemi allait amener son pavillon.

M. Bonvarlet, voulant associer le Comité flamand aux manifestations qui se produisent en Flandre en l'honneur de Jean Bart, communique à l'assemblée un tableau généalogique de la famille du héros dunkerquois. M. Bonvarlet est parvenu, après de longues et de patientes recherches, à établir une généalogie aussi complète que possible de, cet illustre homme de mer. Si de très nombreuses personnes peuvent invoquer, leur parenté ou leur alliance avec la famille Bart, il n'existe, plus aujourd'hui que sept descendants directs du célèbre corsaire flamand.

M. l'abbé Monteuuis donne une analyse sommaire de notes fort intéressantes émanant de M. Outters, architecte à Bergues, et ayant trait au beffroi de cette ville. M. Outters durant de longues années étudia avec une admirable patience les archives de Bergues et réunit une foule de renseignements du plus grand intérêt pour son histoire. Il était parvenu à retrouver les preuves couvain-


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cantes de ce fait, que le beffroi de Bergues, dans son gros oeuvre, est antérieur à la destruction de cette ville en 1383 et qu'il ne date point du XVIe siècle convue beaucoup d'historiens et d'archéologues l'ont écrit.

M. Looten entretient ses confrères d'un point d'histoire de la langue flamande récemment élucidé par les philologues de Hollande et de Belgique.

On connaissait déjà le long séjour en Hollande du philosophe Deseartes et les nombreuses relations qu'il s'y fit dans le monde des arts, des lettres et des sciences. D'après des documents récemment découverts au British Museum et la recension d'anciens textes publiés jadis par le savant hollandais van Vloten, il est établi maintenant que non seulement Descartes entendait la langue flamande, qu'il fit traduire en flamand (c'est le terme dont il use lui-même) une de ses réponses au pasteur, calviniste Voetius ; mais qu'il a écrit dans cet idiome plusieurs lettres, d'un style clairet presque entièrement correct.

M. Eeckman lit une note fort curieuse sur un épisode des relations commerciales entre l'Espagne et la Flandre. au XIVe siècle. Une nef de Santander se brisa en 1332 sur les côtes de Flandre et une partie de la cargaison fut, rejetée par la mer sur la terre d'Oye près de Gravelines. Les négociants espagnols, propriétaires des marchandises sauvées des flots, les revendiquèrent devant le bailli d'Oye par mandataire muni d'une procuration notariée, qui nous a été conservée. M. Eeckman prend texte de ce document pour donner sur les relations commerciales entre la Flandre et l'Espagne, comme sur les usagés maritimes du XIV siècle, des indications ayant d'autant plus d'intérêt que les documents sur la marine au moyen-âge sont de la plus grande rareté.

M. l'abbé Flahault a rencontré aux Archives générales du royaume à Bruxelles une source d'informations extrêmement précieuse pour l'histoire religieuse et même civile de la châtellenie de Bergues ; ce sont les lettres annuelles que les pères de, la Compagnie de Jésus adressaient à


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leur provincial. M. Flahault analyse succinctement les lettres des années 1599 à 1666; elles donnent les indications les plus précises sur la fondation du collége de Bergues et sur le personnel qui y enseignait. M. Flahault se propose d'étudier sous tous ses aspects, tant à Dunkerque qu'à Cassel, a Bailleul et à Bergues, l'action de la Compagnie de Jésus, qui fut si puissante dans notre province.

M. Cortyl donne une analyse sommaire du commentaire de la Keure d'Hazebrouck de 1336 écrit par l'un des membres les plusérudits du Comité flamand, M. Edward Gailliard. Dans ce commentaire, publié par l'Académie royale de Belgique, l'auteur ne se contente pas d'expliquer les termes souvent si obscurs de la langue juridique du XIVe siècle, il rapproche chacune des prescriptions du magistrat d'Hazebrouck de réglementations de même genre existant dans lés keures de nos villes de Flandre, dans les vieilles coutumes des provinces Wallonnes ou Néerlandaises, dans celles des cités des pays de langue d'Oil et particulièrement dans les Registres des métiers de Paris d'Etienne Boileau. La grande érudition de l'auteur lui a' permis de faire de son commentaire un tableau des plus savants des prescriptions de police les plus communes au XIVe siècle.

M. Bouchet fait connaître au comité l'existence aux archives municipales de Gravelines d'une série d'actes de procédure ayant trait à de nombreux procès de sorcellerie intentés au XVIe siècle.

M. Cortyl signale la disparition de la motte qui marquait l'emplacement de l'importante seigneurie de Bellequint près de Bailleul, mentionnée par Sandérus et par Marchantius. Il trace à grands traits l'histoire dé ce fief et des diverses grandes familles qui l'ont possédé du XIIIe siècle à la Révolution. Il appartint au XVIe siècle à l'un des gentilshommes huguenots les plus célèbres de France, au protégé de Marguerite de Valois, à Louis de Berquin, cet adversaire violent du catholicisme, que François 1er lui-même ne put sauver du bûcher. Les


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travaux de terrassement n'ont malheureusement mis à jour aucune substruction, aucune monnaie, aucun objet mobilier digne d'être signalé.

M. Cortyl dépose sur le bureau un petit livre d'emblèmes dont les gravures, dues au burin de Michel Snyders, sont extrêmement curieuses. Ce livre a pour titre: Amoris dieini et humant antipathia, il porte en tête une petite poésie signée J. Van Houtte medecinoe doctor Bergis S. Winnoci. Jusqu'à présent aucun auteur n'avait signalé ce médecin poète vivant a Bergues en 1629 ; c'est pour le faire connaître que M. Cortyl a communiqué l'opuscule de Snyders à ses confrères.

Le président fait part à l'assemblée de l'invitation adressée au Comité flamand par la Fédération archéologique et historique de Belgique, pour le Congrès qui s'ouvrira à Mons le 6 août. Le président espère que de nombreux membres du Comité pourront suivre les travaux du Congrès, qui promettent d'être fructueux pour les études archéologiques.

L'assemblée désigne pour la représenter au Congrès de Mons, M. Alexandre Eeckman, officier d'Académie, membre de la commission des musées de Lille et de la Commission historique du Nord.

Le Comité flamand a reçu divers ouvragés pour sa bibliothèque. M. Emile Bouilliez a envoyé de là part de la municipalité mervilloise quelques exemplaires de l'Inventaire des archives de Merville dressé par M. Finot, archiviste du Nord. M. l'abbé Monteuuis a remis un exemplaire de la Notice biographique de Paul Leroy, qu'il a écrite. Des remerciments seront adressés aux donateurs.

Le Comité flamand confère ensuite le titre de membre titulaire à MM: Léon Blanckaert, président de chambre à la cour d'appel d'Alger, Raphaël de Spot, conseiller provincial et échevin à Furnes, Feys, juge d'instruction au tribunal de Furnes, Gaston Gilbert à


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Bergues, Hél olore de Spot. banquier à Furnes, Cyrille Hullheel, avocat, à la cour d'appel de Douai, Alexandre Delanghen pharmacien à Roubaix, l'abbé Lucien Degraeve professeur à l'Institution St-François à Hazebrouck.


UN GRAND MARIN ORIGINAIRE DE BERGUES

Note de M. A. BONVARLET

La ville de Bergues s'est longtemps trouvée en communication

communication avec la mer; jusqu'aux approches de la Révolution, elle a cherché à récupérer cet avantage que les exigences de la défense du territoire, d'autres causes peut-être aussi, ont concouru à lui faire perdre d'une façon définitive. Elle n'a pas cessé de produire de temps à autre desmarins dont le nom mérite d'être conservé et d'échapper à l'oubli. Sans remonter jusqu'à l'amiral de Flandre, Gérard van Meckeren, dont la biographie intéressante a été écrite par M. L. de Backer et qui s'était fixé à Bergues, (1) n'avons-nous pas vu dans notre siècle MM; Zylof de Créquy et Gaston de Hau de Staplande tenir très honorablement leur rang dans la marine militaire française?

C'est précisément d'un parent de ce dernier que je prends la liberté de vous entretenir aujourd'hui pendant quelques instants.

Pierre Dehau, ou plus Correctement de Hau, suivant l'orthographe rationnelle, était, sinon peut-être né à Bergues, au moins très certainement originaire de cette ville où sa famille occupait, depuis assez longtemps déjà, un rang distingué. Sans y prendre garde, Vanderest, presque le seul auteur qui ait parlé de lui, a, par la simple transformation d'une lettre, défiguré son nom et, actuellement, pour le gros du public lettré, Pierre Dehau est devenu Pierre Dehan.

Engagé de bonne heure dans la marine, son courage bien connu et sa capacité lui avaient valu dans la guerre de la succession d'Autriche le commandemeut du corsaire le Matou avec lequel il s'était acquis en 1744, dit Vanderest dans un feuilleton que j'ai en ce moment sous les yeux une grande réputation et fait de nombreuses prisés sur les Anglais et les Hollandais.

(1) Il n'était pas originaire de cette ville.


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En 1745, la marine française se trouvait dans un déplorable, état de faiblesse : les gaspillages de la Cour d'une part ; de l'autre la nécessité de pourvoir à l'entretien de grosses armées de terre, de celle notamment avec laquelle le maréchal de Saxe allait remporter la victoire de Fontenoy, avaient forcé l'Etat à s'inspirer d'expédients déjà employés dans la vieillesse de Louis XIV. Comme le fait judicieusement observer Voltaire, (1) « c'était alors » l'usage que l'on prêtât des vaisseaux de guerre aux » armateurs et aux négociants qui payaient une somme au » Roi et qui entretenaient l'équipage à leurs dépens » pendant le temps de la course. »

C'est dans de semblables conditions que Pierre de Hau, derrière lequel se trouvait assurément une association formée à Dunkerque et composée de négociants, d'hommes politiques, même probablement aussi de Jacobites anglais ou écossais, prit le commandement du vaisseau du Roi l'Elisabeth de 64 canons, dont on a fait à tort une simple frégate de 50 pièces. (2) « Le ministre de la Marine et le roi de France ignoraient à quoi ce vaisseau devait servir.» (3).

Le prince Charles-Edouard Stuart, petit-fils de Jacques II et prétendant au trône d'Angleterre, s'était embarqué le 17 juin 1745 sur une petite frégate de 18 canons qu'un armateur de Nantes, Walsh, irlandais d'origine et ardent Jacobite, avait mise à sa disposition. Le vaisseau de Pierre de Hau lui servait de convoi.

« Le 20 juin (4) l'Elisabeth et la frégate; voguant de » conserve, rencontrèrent trois vaisseaux anglais qui » escortaient une flotte marchande. Le plus fort de ces » vaisseaux, (le Lion), qui était de 70 canons (5) se sépara

1. Siècle de Louis XV p. 195 du t. XXIII de l'édition Lequien ; Paris, 1820 Voir aussi Poncet de la Grave : « Précis Historique de la Manne Royale de France ; » Paris. 1780, 2e partie, p. 216.

2. Percée de 64 sabords, l'Elisabeth n'aurat-elle été armée que de 50 canonsi La chose me parait d'autant plus douteuse que le vaisseau de 64 constituait un type dont la vogue persista, au moins chez les Anglais, jusque sous lepremier Empire. L'on a vu figurer des navires de cette rorce à l'attaque de Flessingue en 1809.

3. Voltaire, Loco CITATO

4. Vanderest et Georges de la Landelle placent l'affaire au 20 Juillet; Voltaire, auteur contemporain, la fixé au 20 juin. Cette date également donnée par Poncet de la Grave dont l'exactitude ne saurait être discutée, est certainement préférable.

5. 74, selon Vanderest et la Landelle; le chiffre doit être inexact. Il est étonnant qu'aucun de ces deux auteurs, dont les données reposent sur des documents qu'ils n'ont point indiqués, n'aient pas cru devoir consulter Voltaire, auteur contemporain et bien placé, lorsqu'une passion malsaine et le fanatisme anti-religieux ne régaraient pas, pour être très-exactement miorme


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» du convoi par aller combattre l'Elisabeth, et par un » bonheur qui sembla présager du succès au prince » Edouard, sa frégate ne fut point attaquée. L'Elisabeth et » le vaisseau anglais engagèrent, » ajoute encore Voltaire, sur l'assurance qui lui en a été donnée par l'un des chefs de l'entreprise, a un combat violent, long et inutile. La » frégate qui portait le petit fils de Jacques II échappait » et fesait force de voiles vers l'Ecosse. »

Je n'ai pas, moi, à m'occuper ici des suites de la tentative du Prétendant. Elles demeurent étrangères à l'objet de la présente note et l'on en connaît l'issue fatale. Je ne saurais en revanche assez protester contre le jugement sommaire et peu équitable arraché par la mauvaise humeur à un des lieutenants de Charles-Edouard. On est effectivement en droit de croire que si l'escorte affaiblie par l'absence de son plus fort élément retenu auprès de l'Elisabeth, elle n'eût laissé pas la petite frégate s'échapper et renoncé à lui donner la chasse. Et puis, faut-il compter pour rien l'honneur du pavillon si brillamment, si énergiquement soutenu par nos concitoyens? Je ne saurais maintenant mieux faire ressortir l'acharnement du combat qu'en cédant la parole à M. Vanderest, dont le récit; produit d'une rédaction peut-être légèrement rapide, met en plein de relief la physionomie de Pierre de Hau et celle de son digne lieutenant, PierreJean Bart ; il nous console de la maigreur et de la brièveté des détails donnés par Voltaire.

« Le 20 juillet (1) 1745, se trouvant dans la Manche, » il eut connaissance de 14 voiles qui se trouvaient à cinq » lieues au vent à lui. Il avait été reconnu dans le même » temps ; et lorsqu'il voulut serrer le vent pour s'éloigner, » le vaisseau le Lion, de 74, se détacha de la division » anglaise pour chasser l'Elisabeth. Pierre Dehan continua » sa bordée à la rencontre du Lion, s'attendant toujours à » être attaqué, mais simulant de temps en temps de vouloir » lui-même engager le combat. Cette ruse entraîna le Lion » hors de la vue de sa division. L'Anglais fit Vent arrière, » et les deux navires échangèrent bientôt une bordée. Le » Lion chercha ensuite, au prix de l'avantage du vent, de » passer derrière la poupe de l'Elisabeth pour la canonner

1. voir l'avant-derniere Hote.


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» en enfilade. Pierre Dehan prévint cette manoeuvre en » faisant arriver vent arrière, lorsqu'il fut enlevé par la » seconde bordée du vaisseau anglais. Jean Bart quitta » aussitôt le commandement de la batterie et vint sur le » pont diriger les opérations du vaisseau, dont tous les » agrès étaient coupés, et qui eut bientôt son gouvernail » démonté. Malgré cette circonstance critique, il essaya » de se laisser porter sur lé Lion pour l'aborder; mais » celui-ci ayant évité l'abordage, il fallut combattre bord ». à bord, usant des faibles moyens qui restaient à l'Elisa»

l'Elisa» pour se maintenir constamment par le travers de » son ennemi. L'affaire se continua de la sorte jusqu'à onze » heures du soir. Le Lion avait alors un de ses bas mâts » coupé, son grand mât de hune, sa grande vergue et la » plupart de ses agrès bâchés ; il amena son pavillon et » cessa le feu. Jean-Bart fit de son côté suspendre la » canonnade. Comme il envoyait ses embarcations à bord » du Lion pour l'amariner, les deux vaisseaux firent à la " fois un mouvement, l'un sur tribord, l'autre sur babord,

» qui les sépara. L'Anglais ne tarda pas à en profiter : il » rehissa subitement son pavillon, canonna les embarca» tions, força de voiles et avant que l'Elisabeth, sans » gouvernail, sans agrès, par conséquent hors d'état » d'évoluer rapidement, eût pu se mettre en chasse, le » Lion avait gagné un espace suffisant pour n'avoir plus » rien à craindre; il se trouvait le lendemain matin à » quatre lieues au vent, lorsque ce fut le tour de l'Elisabeth

» de prendre chasse devant la flotte de la veille. Cent » boulets en plein bois, douze à l'a flottaison, quarante » dans les mâts, cinquante-cinq hommes tués et cent » quatre-vingts autres hors de combat n'empêchèrent pas » Jean Bart de ramener heureusement la' frégate à » Dunkerque. Le combat de l'Elisabeth est cité à juste titre " comme l'un des beaux faits d'armes dont s'honore la » marine française. Le Roi continua à Jean Bart le » commandement de la frégate jusqu'en 1747; l'intrépide » dunkerquois fit dans cet intervalle de nombreuses » prises. »

Ces renseignements de M. Vanderest sur le combat de l'Elisabeth et du Lion ne seraient pas complets si je n'y


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joignais, au moins à titre de simple information, ceux donnés par Georges de là Landelle dans ses Neveux de Jean Bart où, par intervalles, le roman cède le pas à l'histoire vraie:

« Le 20 juillet 1745, il montait en qualité de second le » vaisseau de 50 canons l'Elisabeth, commandé par Pierre » Dehau, brave marin, qui s'était précédemment signalé » par ses courses entre les Anglais et les Hollandais.

» Quatorze voiles ennemies sont reconnues à environ, » cinq lieues au vent; l'Elisabeth prend chasse devant le » 74 anglais le Lion.

" Pierre Dehau se fait poursuivre; il parvient à » entraîner le Lion hors de vue de l'escadre, et engage » enfin un combat ardemment désiré, qui se termine tout » à la gloire de Pierre-Jean-Bart, car le capitaine fut tué » dès le commencement de l'action.

» L'affaire s'étant prolongée, bord à bord, jusqu'à onze » heures du soir,' les Anglais amènent pavillon. Les » Français suspendent le feu et se disposent à amariner » leur prise ; mais tout-à-coup, le Lion profite de ce qu'un » accident a séparé les deux navires. Il rehisse ses « couleurs, établit quelques voilés et s'échappe, tandis » que l' Elisabeth, sans gouvernail et dégréée, est hors » d'état d'évoluer promptement.

» Pierre Bart, irrité de la fuite déloyale du vaincu » qu'il vient d'épargner, se hâte de rétablir sa voilure pour » le poursuivre et le coule sans miséricorde cette fois.

» Malheureusement, au point du jour, la division de » la veille reparut à l'horizon. Force fut de battre en » retraite.

» Pierre Bart déploie alors tous les talents du plus » habile manoeuvrier. Il a reçu cent boulets en plein bois, » douze à la flottaison, quarante dans la mâture; il a perdu » cinquante-cinq hommes ; cent quatre-vingt blessés sont » sur les cadres ; treize navires exempts d'avaries le

» chassent et le canonnent.

» Le neveu de Jean Bart n'en ramène pas moins à bon » port le vaisseau l'Elisabeth, dont le Roi voulut qu'il » gardât le commandement. »

Les divergences qui se présentent entre le récitis


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complet de Vanderest et celui de Georges de la Landelle n'offrent au point de vue qui' m'occupe qu'une valeur insignifiante. Il importe peu en effet de savoir si PierreJean Bart coula ou non le vaisseau anglais coupable de félonie, ou s'il fut presqu'immédiatement contraint de battre en retraite devant la poursuite des treize compagnons de ce navire. Pas davantage n'ai-je à épiloguer sur la nature du brevet conféré au brave officier; si le commandement lui fut maintenu jusqu'en 1747, d'après les ordres personnels du Roi ou si, comme la chose me parait être plus vraisemblable, ce fut la société d'armement de l' Elmabcthqm lui fit obtenir une lettre de marque à l'aide de laquelle il fit de nombreuses prises.

Pierre de Hau n'était plus là... Frappé, comme ou l'a vu, au début de l'engagement, il était glorieusement tombé à son banc de quart. Après l'avoir secondé l'année précédente sur le corsaire le Matou, son jeune lieutenant (1) qui, lui aussi, était destiné à une fin héroïque, jouit seul du triomphe que les habiles manoeuvres du capitaine avaient su préparer. Qu'il me soit donc permis de rendre aujourd'hui à la mémoire de Pierre de Hau un hommage ému. Ne sommes-nous pas en ce moment réunis dans la ville de Bergues et n'y a-t-il pas pour moi, membre d'une Commission qui se prépare à fêter le deuxième centenaire de la grande victoire remportée par Jean Bart, un pieux devoir de rajeunir le souvenir du vaillant enfant de Bergues de celui qui a su porter si haut et si fermet les enseignes dunkerquoises?

12 Juin 1894.

(1) Neveu de l'immortel Jean Bart, Pierre-Jean part, capitaine de brûlot, né le 22 Octobre 1712, périt le 27 Mars 1759 dans le légendaire combat soutenu par la frégate la DANAÉ, qu'il commandait, contré trois fregates anglaise. Son fils Benjamin, qui était son second, périt en même temps que lui,ainsi que Thomas Desticker, lieutenant de ce navire. Témoins de leur trépas héroïque les Anglais s'honorerent en misant au pere et au fils de magnifiques obsèques Nicolas Gaspard, arrière grand père de l'auteur de la présente note, était PILOTIN a bord de la DANAE. Il mourut subitement le 24 Août 1815.


UN EPISODE

des relations commerciales entre l'Espagne et la Flandire au XIV Siècle.

Une Nef de Santander chargée à Séville près la Tour d'Or, (qui existe encore de nos jours) emportant une riche cargaison, se brisa en 1332 sur un Banc des cotes de Flandre, probablement celui de Waldan ou Walde, en face de Merch, où a été établi en 1859 un Trépied de Fonte par l'administration des Phares. Une pièce notariée léguée à la Bibliothèque Nationale (N. Acq. Lat 2328 N° 11) et que M. E. T. Hamy a exhumée nous a conservé l'histoire des balles de marchandises rejetées sur la terre d'Oye près de Gravelines.

Les autorités du pays les ont recueillies et en ont averti leur lointain propriétaire, Bartholomé Çagarra, citoyen de Majorque qui, devant les Juges, l'Alguazil et autres Probehommes du Conseil de la très noble cité de Séville, est venu certifier qu'il a confié au dit navire ayant pour maître Fernand Gonzalve Guerra, de Santander, chargeant à Séville, 8 Balles de cire (octo Balles de Cera), soit 8 pains de Chire en langage de Flandre, marchandise très recherchée par le commerce de notre pays à cette époque, et dont 3 balles rejetées par la mer sur la côte de Flandre ont été réclamées par lui au Bailly d'Oye qui a refusé de les rendre à un autre marchand de Majorque, Bernard Durand à qui il avait été donné une procuration à cet effet. Ce bailli de Flandre ne les rendra que s'il a la preuve convaincante que Bartholomé Çagarra en est bien le propriétaire. Or les balles de Çagarra ont une marque

commerciale à lui propre ainsi libellée : y A et il

produit 4 témoins devant le tribunal de Séville, attestant sous la foi du serment, que cette marque est bien celle de Bartholomé Çagarra dont il se sert depuis longtemps et continue toujours depuis lors. Un procès-verbal en règle une procuration notariée, minutieusement détaillée au dit jugement rendu au nom de Bernard Duràn et de Guillaume


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Net, marchands à Majorque, leur est remis avec pleins pouvoirs pour aller défendre en Flandre les intérêts de Çagarra.

Sur les côtes de Flandre, comme en Espagne, à cette époque, la législation relative au jet de mer par suite de sinistres, sauvegardait depuis longtemps déjà, en temps de paix, les droits des expéditeurs; Dès la fin du XIIe siècle, les coutumes barbares de l'ancien Lagan (jet de mer) avaient été abolies et la charte de la terre d'Oye était aussi explicite que celle de Valence (Espagne).

Non seulement, alors, le bailli devait tenir compte aux victimes du sinistre des objets de toute nature, rejetés sur le littoral de la vicomte de Marck, mais il était en outre obligéde poursuivre comme voleurs ceux de ses administrés, qui dérobaient ce que l'on continuait à appeler le Lagan, c'est-à-dire d'une manière générale, les jets de mer, réclamés ou non par des tiers.

C'est ainsi que les comptes de Jakemon Peket, garde de la baillie pour 1334, conservés aux archives d'Arras, nous montrent quelques pillards « Tassart, Cadewalle et autres » condamnés à de fortes amendes « pour ce qu'ils » avoient eu des biens des lagains des nefs brisées en la » baillie de Merch l'an MCCCXXXII. » La Nef de Gonzalve Guerra était assurément du nombre.

« Li damages doit estre restorés a chelui ki laura eu », dit le texte de la charte de commune de Merch de 1233. « Les choses, tolues a marcheans doivent estre restorées a » marcheans, etc. »

(Comptes Jakemon Peket, garde de la baillie de Merch fais par la main Piere de Ham, recheveur de Merch, dou terme de le Candelier l'an mil trois chens trente et trois (2 février 1334).

Bartholomé Gaguarra dut rentrer en possession de ses marchandises (vers la fin de 1333) à la Toussaint, moment de reddition des litiges, car le compte de Huguet Sarra, qui en avait sur le même navire, les récupéra en février 1334 selon le compte de Le Candelier.

D'autres négociants en effet avaient aussi chargé des marchandises sur la nef de Gonzalve Guerra et avaient eux aussi revêtu leurs balles de leurs marques


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respectives. Celle de Thumassin Dyan l'était ainsi :

et celle de Huguet Sarra

Ce nom de Sarra était assez répandu parmi les marchands de Majorque, car on voit, dans la collection des Documents Capmany, T. II p. 90 N° 54, un Bernard Sarra emmené prisonnier avec sa galère à Sandwich, par des pirates anglais.

Il y avait encore sur la Nef de Gonzalve Guerra (qui a dû être engloutie, car il n'y a aucune réclamation faite pour ce qui lui appartenait), des pipes de Saim (Saindoux) en vidange et 5 d'entre elles furent vendues faute d'être réclamées par leur propriétaire.

Des nombreuses expéditions commerciales faites d'Espagne en Flandre à cette époque, 5 seulement sont connues et elles le sont par les désastres dont elles ont été victimes. Ce sont: En 1323, un bateau marchand de Majorque alors, en mer d'Allemagne, qui est capturé pardes corsaires anglais, puis aussi deux galères appartenant à Berenger-Licoux, rentrant en Espagne avec des marchandises de Flandre, enlevées entre Calais et Sandwich. En 1325 d'autres galéasses de Barcelone, bien chargées en Flandre, le sont encore et emmenées à Sandwich. En 1343, 2 coches à Pierre Tosquerii et autres de Barcelone sont également dévalisées.

Telle était le peu de sécurité sur mer que le commerce éprouvait il y a six ou 700 ans, et le fonctionnement de la justice en Flandre pour les épaves de navires naufragés.

Baillou Imp. Menerceil Bezeydt




Le Comité flamand de France a décidé de mettre à la disposition de ses membres les tomes 1. II. V. IX.X.XI.XIII.XIV. XV. XVI et XVII de ses Annales au prix réduit de 2 francs.

Par la poste . . . . 2.70

Le prix des autres volumes non épuisés reste fixé pour les membres de la Société à . . ... 6 francs.

Par la poste . . . 6.70

M. l' abbé Vansocterstede membre de la commission de la bibliothèque (rue du Collège à Bailleul) veut bien se charger de répondre aux demandes d'envoi accompagnées d'un mandat des poste.